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(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration poursuit ce matin
sa consultation générale sur le document intitulé
"Décloisement des intermédiaires". Est-ce que M. le ministre est
ici?
Je vais vous faire part... Il n'y a pas de remplacement, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui?
Le Secrétaire: Mme Hovington (Matane) remplace M. Chagnon
(Saint-Louis); M. Houde (Berthier) remplace M. Després (Limoilou) et M.
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) remplace M. Fortin
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous faire
part de l'ordre du jour. À 11 heures, nous entendrons le Groupe
Coopérants; à 12 heures, le groupe de la Mutuelle des
fonctionnaires du Québec. Il y aura suspension à 13 heures et
nous reprendrons à 15 heures avec le Comité ad hoc des grands
cabinets de courtiers d'assurances. À 16 heures, nous entendrons le
groupe Info-ultima, pour poursuivre, à 17 heures, avec le groupe
Association des courtiers d'assurances de la province de Québec. Nous
suspendrons à 18 heures pour reprendre à 20 heures avec le Groupe
Commerce, à 21 heures avec le groupe Bureau d'assurance du Canada,
à 22 heures avec Allstate compagnie d'assurance et à 23 heures
avec le Regroupement des experts en sinistres pour l'assuré.
Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ordre du jour est
adopté.
J'inviterais les représentants du Groupe Coopérants
à bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Permettez-moi de vous faire part de la procédure. Votre organisme
aura 20 minutes pour l'exposé de son mémoire et 40 minutes seront
consacrées aux échanges avec les parlementaires des groupes
ministériels concernés. C'est donc dire que nous disposons, pour
l'audition de votre organisme, d'une heure.
Maintenant, est-ce que le porte-parole de l'organisme pourrait
s'identifier et nous présenter, s'il vous plaît, les gens qui
l'accompagnent.
M. Bastien (Richard): Merci, M. le Prés/dent. Mon nom est
Richard Bastien. Je suis le premier vice-président, investissements,
finances et développement, du Groupe Coopérants. Je suis ici un
peu en remplacement de M. Shooner, le président du groupe, qui est
à l'extérieur du pays présentement. Il aurait bien
aimé être ici et m'a demandé de le remplacer.
À ma droite, M. Alban Asselin, vice-président, relations
publiques, au Groupe Coopérants et à ma gauche, M. Richard
Fortier, vice-président, directeur général de Les
Coopérants, société mutuelle d'assurance-vie, qui est la
maison mère du groupe, qui chapeaute tout le Groupe
Coopérants.
Groupe Coopérants
Le Président (M. Lemieux): Merci. Vous pouvez
procéder à l'audition de votre mémoire.
M. Bastien: Merci, M. le Président. Si vous me permettez,
au lieu de reprendre le document ou le mémoire d'un bout à
l'autre, comme vous l'avez, j'imagine, sans doute déjà lu,
j'aimerais replacer un peu, dans le contexte de ce document de consultation, ce
qu'est le Groupe Coopérants et ce pourquoi nous sommes très - je
pèse mes mots - très intéressés par le
problème ou par la question du décloisonnement des
intermédiaires financiers.
D'abord, comme vous le savez sans doute, le Groupe Coopérants est
une compagnie de gestion, ce qu'on appelle communément un holding
financier, qui a été nouvellement créé. C'est
probablement l'un des plus jeunes dans le contexte actuel. Il date seulement de
janvier 1988. Donc, il a à peine quatre mois. Il est
contrôlé à 100 % par Les Coopérants,
société mutuelle d'assurance-vie. Ce qui nous a permis de
créer ce holding financier, c'est le transfert de notre charte mutuelle
d'assurances que nous avions à Ottawa. On l'a transférée
au mois de janvier dernier au Québec, ce qui nous a permis, finalement,
de mettre notre groupe sur pied.
Le Groupe Coopérants est présent dans les quatre secteurs,
dans ce qu'on appelle les piliers des services financiers. Dans l'assurance,
par notre mutuelle assurance-vie et aussi par notre filiale à part
entière dans l'assurance générale qui s'appelle Les
Coopérants, compagnie d'assurance générale. Nous sommes
présents dans les services de fiducie par notre filiale Fiducie Guardian
Trustco qui a une charte provinciale et qui a des bureaux à
Montréal, Toronto et Vancouver. Nous sommes présents dans le
courtage de valeurs mobilières par notre participation dans la firme de
courtage Les Investissements Disnat inc, qui est un courtier à escomptes
bien connu au Québec, et aussi par notre investissement dans Guardinvest
qui est une filiale du groupe Guardian et qui est un
courtier de plein exercice, principalement actif dans la distribution de
fonds mutuels et de mise sur pied de sociétés en commandite.
Finalement, nous sommes aussi présents dans le quatrième pilier
ou ce qu'on peut appeler, nous, pas encore un pilier bancaire, mais c'est un
semblant de parabancaire, par notre implication, notre investissement dans la
Société d'entraide du Québec, bien connue, je pense, de
l'Assemblée nationale ou des gens du gouvernement et ce, par notre
actionnariat dans la Financière Entraide-Coopérants, entreprise
qui a été mise sur pied l'an passé et qui est cotée
à la Bourse de Montréal. C'est ce qu'on peut appeler les quatre
services, les quatre principaux secteurs des services financiers.
Par contre, nous avons aussi une présence très
intéressante dans les services connexes. Je pense à la
planification financière. Vous avez eu l'occasion d'entendre notre
partenaire, notre associé dans la planification financière qui
s'appelle Lacaille, Ouellet inc. Je pense qu'ils sont venus ici il y a deux
jours. Nous sommes présents et très actifs aussi dans la
distribution de produits d'assurances générales par ce qu'on a
appelé notre réseau affilié de courtiers qui est aussi
chapeauté par un holding qu'on a appelé Gescour inc. et qui a eu
aussi l'occasion de se faire entendre à la commission. Nous sommes
présents et actifs dans la gestion de fonds, gestion de portefeuille,
par une compagnie qui s'appelle Gestion d'Investissements Coopérants
inc. qui est sur le point de recevoir ses permis de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Nous sommes présents dans
l'immobilier par plusieurs groupes à l'intérieur de la famille
Coopérants, que ce soit dans le développement par Coopdev, dans
la mise sur pied de sociétés en commandite, dans l'immobilier par
Lacaille, Ouellet. Nous sommes présents et nous serons présents
bientôt dans le courtage immobilier par la fusion éventuelle que
nous espérons tous entre les caisses d'établissement et la
Société d'entraide.
Donc, je pense que c'est un peu le portrait du groupe. Vous voyez que
nous sommes un peu partout malgré notre taille relativement modeste,
environ 1 500 000 000 $ au moment où l'on se parle. Nous sommes quand
même présents dans à peu près tous les services
financiers, et, pour nous, la discussion du jour est très pertinente.
Mais avant de parler, encore une fois, du mémoire comme tel, j'aimerais
ajouter un élément que nous trouvons et que nous jugeons
très important en ce qui concerne le Groupe Coopérants. Il y a
évidemment beaucoup de groupes financiers sur le marché
maintenant. Il y en aura de plus en plus. Nous avons un caractère qui
est un peu particulier et je pense à notre caractère
régional. Le Groupe Coopérants et ses entreprises sont
très présents dans les régions du Québec, autant du
côté historique de notre groupe que du côté
réel, actuel. Vous vous rappelez que Les Coopérants est issu
d'une fusion entre Les
Artisans, société mutuelle d'assurance-vie qui
était, et qui est encore aujourd'hui, une coopérative
d'assurance-vie très présente dans les régions, issue
même des régions. Une des entités qui a donné
naissance aux Coopérants d'aujour d'hul était une entreprise
d'assurance qui avait été fondée par l'UPA, Union des
producteurs agricoles, l'UCC à l'époque. En ce qui concerne la
Société d'entraide économique du Québec, je n'ai
pas besoin de vous expliquer longtemps que sa vocation première est le
développement économique régional. Finalement, les caisses
d'établissement qui devraient faire partie du groupe bientôt, sont
aussi issues des régions et très présentes dans les
régions. M. le Président, avant de commencer à parler plus
précisément du mémoire, c'était là une
entrée en matière pour vous situer un peu le groupe dans le
contexte du décloisonnement.
Le mémoire que nous avons soumis à la commission
parlementaire se voulait un mémoire où l'on regardait une vue
d'ensemble, une vue globale du problème. Nous avons deux autres
entreprises dans le groupe qui sont plus particulièrement
intéressées par le décloisonnement, c'est-à-dire
plus touchées directement, soit Lacaille, Ouellet et Gescour. Les deux
se sont fait entendre ici. Vous me permettrez tout simplement de résumer
en ce qui nous concerne les grandes lignes de notre mémoire.
En préambule, permettez-moi de souligner que pour nous, le
décloisonnement des intermédiaires est une suite tout à
fait logique au décloisonnement des institutions financières.
Depuis quelques années, les institutions financières se sont
décloisonnées, se sont donné des structures de groupe, des
structures de distribution, etc., pour pouvoir profiter du
décloisonnement et répondre davantage aux besoins des
consommateurs qui, d'après les études de marché,
désiraient se faire servir de cette manière. Donc, pour nous,
décloisonner les institutions financières est une chose, mais
pour que ce soit vraiment complet, il faut procéder au
décloisonnement des intermédiaires financiers. C'est seulement
à cette condition que nous pourrons vraiment faire valoir tous les
efforts de synergie qui sont mis en place et en faire profiter les
consommateurs.
Juste pour vous situer encore en ce qui concerne nos réseaux de
distribution ou les systèmes de distribution que Les Coopérants
ont, je vous rappelle que nous avons un réseau d'agents exclusif pour la
Mutuelle d'assurance-vie et notre filiale d'assurances générales,
qui compte environ 350 représentants, répartis dans une vingtaine
de bureaux un peu partout au Québec. Nous avons quatre succursales de
Fiducie Guardian au Québec. En tenant compte de la fusion
éventuelle avec les caisses d'établissement, nous avons une
cinquantaine de succursales bancaires ou parabancaires de la
Société d'entraide économique du Québec. Les
courtiers affiliés au Groupe Coopérants ont environ une
vingtaine de bureaux répartis un peu partout au Québec
également, ce qui donne pour le Groupe Coopérants environ 100
points de vente répartis assez uniformément sur le territoire.
Lorsqu'on regarde ces points de vente, ce sont des réseaux
indépendants les uns des autres, mais pour nous, si on veut vraiment
développer des économies d'échelle, des synergies, le
décloisonnement est une étape très importante, et c'est la
raison de notre présence ici aujourd'hui.
L'esprit qui anime notre mémoire et qui doit être vraiment
bien compris pour illustrer tout ce qu'on va dire, c'est vraiment le souci de
protéger le consommateur québécois et de lui permettre,
surtout en ce qui nous concerne, de bénéficier pleinement du
décloisonnement des institutions financières. Il y a eu beaucoup
d'évolution dans ce domaine depuis quelques années, et je pense
que si le consommateur veut vraiment profiter de ce décloisonnement, il
devra pouvoir profiter des synergies que les institutions veulent mettre en
place. Dans ce sens, il faut donc décloisonner jusqu'à un certain
point les intermédiaires. C'est un peu le principe général
de notre mémoire.
Pour ce qui est des commentaires plus particuliers qui concernent le
document de consultation que nous avions reçu, ils se résument
à peu près à huit. Si vous me le permettez, je vais passer
les huit commentaires principaux que nous avons à émettre.
Premièrement, nous devons préciser, et on le fait avec
enthousiasme, que nous appuyons le programme de décloisonnement qui a
été soumis et qui est expliqué en détail dans le
mémoire ou dans le document de consultation. Nous le faisons avec
beaucoup d'enthousiasme et beaucoup d'optimisme, parce que cela répond
vraiment à un besoin que nous décelons chez le consommateur et
à ce que nous aussi avons cru et à ce que nous avons tenté
de mettre sur pied depuis quelques années.
Deuxièmement, nous favorisons l'approche multidisciplinaire par
rapport à l'autre mentionnée dans le document, qui est l'approche
des lignes multiples. Les compagnies d'assurances ont connu les lignes
multiples. Nous vivons des expériences très intéressantes
dans l'assurance, autant en assurance-vie, en assurance IARD et possiblement en
fonds mutuels. Ce sont des choses déjà connues, mais cette
approche a des limites. Vous vous douterez bien qu'une personne ou un
représentant ne peut être compétent dans toutes les
matières. C'est déjà assez difficile. On le voit, nous,
par expérience, qu'un représentant est toujours meilleur soit
dans l'assurance-vie, soit dans l'assurance générale, et
lorsqu'on lui ajoute un autre ou deux autres produits, on le mêle plus
que d'autres choses, et c'est souvent le consommateur qui va être le
moins bien servi en fin de compte. Donc, pour nous, l'approche des lignes
multiples est acceptable, elle est déjà en place en bonne partie;
mais l'avenir, pour nous, compte tenu du genre de groupe que nous avons
formé, est vraiment vers l'approche multidisciplinaire.
Troisièmement, les principes d'autoréglementation et de
contrôle qui sont énoncés dans le document de consultation
vont suffire, à notre avis, à assurer aux consommateurs des
services de qualité et un libre choix. Nous avons peut-être
certaines réserves sur la réglementation; nous y reviendrons
tantôt. Nous favorisons le partage des commissions, les honoraires de
référence, etc., sujet à la divulgation. Nous y
reviendrons également.
Quatrièmement, nous sommes tout à fait d'accord pour
permettre à une organisation, une institution financière ou un
groupe financier, comme le Groupe Coopérants, d'acquérir et de
contrôler toute corporation d'agents, de courtiers, d'équipes
multidisciplinaires, qui pourrait voir le jour, etc. Permettez-moi de souligner
à ce moment-ci, d'ouvrir une parenthèse, pour mentionner - vous
avez rencontré, je pense, les gens de Gescour hier - que pour nous, le
principe qui déjà guidait la mise sur pied de Gescour et notre
association avec les différents courtiers que nous avons faite au cours
des dernières années, allait justement dans le sens du
décloisonnement. Les courtiers nous avaient identifiés. Les
courtiers qui nous avaient approchés, avaient certainement
identifié une espèce d'angoisse ou de crainte devant
l'évolution des institutions financières, devant
l'évolution des services financiers, et se cherchaient à la fois
du capital mais surtout un groupe qui pouvait leur offrir d'autres produits,
pour pouvoir offrir de meilleurs services et d'autres produits à leur
clientèle. C'était là une demande qui était
très évidente de la part des gens à qui on parlait.
D'autre part, nous sommes convaincus que l'avenir est dans les
réseaux de distribution. Les institutions financières vont se
battre dans les systèmes, dans les produits mais, au bout de la ligne,
les produits vont se ressembler de plus en plus, les systèmes seront
davantage efficaces, la flexibilité ne sera plus nécessairement,
comme on peut le dire, une guerre. Cela sera vraiment de plus en plus uniforme,
et nous pensons que les réseaux de distribution vont éclater.
Certainement, le fait de pouvoir s'associer avec des courtiers en assurance
générale qui ont déjà une très bonne
crédibilité vis-à-vis de leur clientèle, qui ont
une bonne fidélité aussi de leur clientèle, pour nous,
cela va dans le sens du décloisonnement des intermédiaires.
Cinquièmement, nous jugeons important que le consommateur soit
averti des liens qui existent entre les divers intermédiaires et les
institutions, de sorte qu'il puisse évaluer le plus objectivement
possible les recommandations de produits qui lui seront soumis. Nous ne sommes
pas contre la divulgation; nous avons peut-être quelques réserves
concernant certaines modalités de la divulgation.
Sixièmement, le cadre d'autoréglementation,
qui est proposé dans le document de consultation, répond
bien, d'après nous, à nos attentes, et nous croyons que la
structure des conseils qui est proposée assurera un contrôle
adéquat des intermédiaires. Cependant, nous avons certaines
réserves ou de sérieuses réserves sur le superconseil qui
est identifié. Nous avons de la difficulté a comprendre et
à percevoir quel sera vraiment le rôle de ce superconseil et nous
émettons de sérieuses réserves, du moins, à ce
moment-ci, d'après ce que nous en connaissons.
Septièmement, devant tout le processus de décloisonnement,
nous sommes persuadés que cela va entraîner de sérieuses
modifications dans les formules de rémunération, dans les
formules de formation, dans le développement de réseaux ou
d'équipes multidisciplinaires pour la distribution de produits, et je
pense que les institutions financières auront besoin d'un peu de
temps.
Nous suggérons une certaine période de transition.
Celle-ci sera plus ou moins longue selon l'ampleur que prendront à la
fois le décloisonnement et les exigences quant à la formation,
quant aux divulgations, etc.
Ce qui est toujours important, à notre avis, c'est vraiment de
s'assurer que nous respectons les droits et les pouvoirs du consommateur, et
que ce soit réellement ce qui nous préoccupe.
Huitièmement, quelques mots, si vous me le permettez, sur la
divulgation des commissions dans la vente, que ce soit l'assurance-vie ou tous
les autres produits connexes. Nous voulons préciser ici que nous ne
sommes pas contre la divulgation. Au contraire, nous sommes d'accord avec le
principe.
Je pense que le consommateur doit savoir que l'intermédiaire qui
est devant lui reçoit une rémunération qui est en fonction
du service rendu. Cela devrait faire, je l'espère, l'unanimité
parmi les institutions financières. Notre problème ou le
problème possible est lorsqu'on tente - le document là-dessus
n'est pas tellement clair - de vouloir imposer la divulgation, soit des
pourcentages de commissions, soit des montants précis que
l'intermédiaire recevra.
Pour nous - on pourra peut-être donner plus d'explications
tantôt lorsqu'on arrivera à la période de questions - cela
peut être un exercice dangereux. Il y a tellement de formules de
rémunération. Tous les services, toutes les institutions
financières ont des formules différentes de distribution. Si vous
avez une distribution au comptoir dans une succursale, vous avez des salaires,
vous avez des bonis, vous avez des loyers à payer, etc. Pour nous, on
voudrait s'assurer qu'il n'y ait pas de discrimination entre un service de
distribution ou un intermédiaire par rapport à un autre.
M. le Président, on aurait probablement beaucoup de choses
à ajouter en ce qui concerne toute cette question de la divulgation.
Notre mémoire comportait trois ou quatre pages strictement sur cette
question. Mais je pense que nos prédécesseurs, Lacaille, Ouellet
inc. et
Gescour inc, vous en ont parlé longuement. J'aimerais tout
simplement conclure que nous sommes très enthousiastes devant le
processus, devant le projet de décloisonnement. Nous le voyons avec
optimisme comme un projet qui répond à nos aspirations et
à celles de nos membres et de nos assurés. En ce sens, nous
sommes très heureux et nous remercions le gouvernement de cette
initiative.
Nous faisons deux réserves que j'aimerais rappeler. La
première est sur la divulgation. On voudrait bien s'assurer qu'on ne
s'enfarge pas, comme on dit, qu'on ne s'écarte pas trop de la principale
préoccupation qui est la protection du consommateur et non pas
strictement, de façon très théorique, de lancer un chiffre
en l'air en disant. Quand on fait une vente, on reçoit x % de
commission.
Deuxièmement, c'est sur la façon - pas tellement le
principe de la réglementation - qu'on va réglementer tout ce
processus de décloisonnement. Je pense que l'autorégtementa-tion
qui est énoncée est un excellent principe, mais on a hâte,
dans le fond, on espère voir des règles à cette
réglementation - excusez le jeu de mots - pour que ce soit le plus clair
et le plus précis possible. M. le Président, on vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Fortier (Outremont): Merci, M. le Président. MM.
Bastien, Fortier et Asselin, merci d'être venus nous communiquer votre
expérience. Comme vous l'avez si bien décrit, le Groupe
Coopérants, qui est maintenant une institution financière
à charte québécoise de près de 1 500 000 000 $, est
une institution non seulement importante, mais qui est présente dans
toutes les régions du Québec. C'est peut-être là, ce
matin, qu'est notre intérêt à entendre votre
présentation puisque, je le disais lors de mes commentaires au
début de la commission parlementaire, il me semble que le
décloisonnement des intermédiaires devrait favoriser davantage
les régions. Je pense que dans ce sens-là, c'est important. (11 h
45)
Je vous dis tout de go mes remerciements pour l'appui au
décloisonnement comme tel. Vous avez quelques réserves et on a
maintenant l'occasion d'en dialoguer. Sur le superconseil, je le dis
immédiatement - je crois qu'on le signalait dans le texte, d'ailleurs -
il n'en est pas question pour le moment. C'était une hypothèse.
Pour le moment, il n'est pas question de créer ce superconseil. On peut
même se poser la question à savoir si on a besoin d'un
superconseil- Pour le moment, je n'aimerais pas que la discussion bifurque de
ce côté-là parce que ce n'est réellement pas un
enjeu.
Vous abordez différents problèmes. Vous dites que le
décloisonnement des intermédiaires
va être nécessaire pour l'utilisation de vos nombreux
points de vente. Vous avez certaines réserves sur la divulgation.
J'aimerais peut-être vous poser quelques questions très
brèves. Étant donné que notre temps est assez
limité, je vous demanderais d'être bref dans vos
réponses.
En ce qui concerne la propriété des cabinets de courtage
dans le domaine de l'assurance, nous avons entendu ici certaines
réserves. Cet après-midi et demain, je crois que nous entendrons
d'autres groupes nous formuler leurs réserves. L'argument fondamental
est celui-ci: comment un groupe qui possède des compagnies d'assurances
générales en particulier peut-il être propriétaire
de cabinets de courtage dans le domaine de l'assurance, sans réellement
influencer les courtiers qui y sont présents pour les amener gentiment
à recommander plutôt les polices d'assurance qui peuvent
être offertes par une compagnie du groupe?
Autrement dit, est-ce que le fait d'être propriétaire
à plus de 51 % ne met pas en péril l'indépendance des
courtiers qui y sont présents? Bien sûr, les gens font une
distinction entre la propriété des cabinets de valeurs
mobilières où, dans le domaine des valeurs mobilières, les
produits sont cotés en Bourse et le prix est dicté non pas par la
compagnie qui offre le produit, mais par la Bourse. D'autre part, un courtier
en valeurs mobilières offre, par définition, plusieurs produits.
De l'analogie que j'avais en tête lorsque j'ai proposé la
propriété des maisons de courtage, on me dit qu'elle n'est
peut-être pas aussi bonne. J'aimerais avoir votre réaction
là-dessus parce que je crois que c'est un point important.
M. Bastien: Oui. Évidemment, c'est une question non
seulement très importante, mais très pertinente qui s'est
posée chez nous dans les deux dernières années. Je dois
dire, si le débat n'est pas nécessairement terminé, que
nous avons une bonne idée. Je vais vous donner celle des
Coopérants. Je ne suis pas sûr qu'elle est partagée par les
autres institutions qui ont fait le même exercice ou le même genre
de développement.
Il faut se souvenir que les courtiers d'assurances
générales, à la différence d'un représentant
exclusif ou d'un agent d'assurance-vie ou d'un agent d'assurances
générales des Coopérants, représentent d'abord et
avant tout leurs clients. Il y a une culture qui est bien importante à
la base, c'est-à-dire que le client qui fait affaire avec son courtier
est habitué et exige, parce que sans cela il irait ailleurs, de se faire
offrir une certaine variété de produits: deux, trois, quatre ou
cinq compagnies. Il magasine par l'intermédiaire de son courtier. Si
cette notion de confiance n'existe plus demain matin parce que le courtier
représente de façon détournée, et ce sera connu
dans la divulgation, mais représente quand même une compagnie plus
que les autres, par exemple, Les Coopérants, s'il se mettait à
vendre 30 % ou 50 % de son volume d'affaires des Coopérants, imaginez le
client au bout de la ligne qui se ferait offrir un produit des
Coopérants, lorsque le courtier est possédé à 51 %,
pour prendre votre exemple, par Les Coopérants. Le doute va
immédiatement s'installer dans l'esprit du consommateur. Pour nous qui
avons investi des sommes importantes dans un réseau de courtiers
affiliés, de prendre le risque de gaspiller tout l'achalandage ou le
"good will" que nous avons acquis par cette opération de courtage
justement, ce serait un risque d'affaires que nous ne sommes pas prêts
à prendre.
À l'intérieur des Coopérants, nous avons
établi des normes et des règles. On a même pris la peine
d'expliquer en long et en large à tous les assureurs qui faisaient
affaire avec notre réseau, que nos intentions sont loin d'être
à l'effet d'imposer ou d'essayer de vendre les produits des
Coopérants. Pour nous, le courtage d'assurances générales
a un intérêt. Cela nous permet de distribuer d'autres produits.
Cela nous permet en même temps d'être dans les régions de
façon encore plus profonde. Comme vous avez dit tantôt, les
régions sont un endroit où les succursales bancaires, les
succursales de fiducie sont moins présentes et d'avoir un réseau
de courtiers, pour nous, c'est bien intéressant. Je ne sais pas si je
réponds exactement à votre question, peut-être que mes
collègues peuvent en ajouter, mais assurément, pour nous, nous ne
voyons pas de contradiction dans le sens que nous ne désirons pas vendre
nos produits par le réseau de courtiers.
M. Fortier (Outremont): Lorsque vous parlez de la culture, je
dois vous avouer que depuis que je m'intéresse davantage au secteur des
institutions financières, j'ai appris beaucoup de choses sur le courtage
dans le domaine de l'assurance. Mais beaucoup de gens comme moi - et dans le
passé, c'était mon cas - ne savent pas qu'ils... Parce que
lorsqu'ils appellent le courtier, ils disent: Donne-moi une police d'assurance;
le courtier le rappelle et lui dit: Je t'assure avec telle compagnie, à
tel prix. On ne connaît pas toujours les responsabilités profondes
du courtier et, pour plusieurs Québécois, appeler son courtier,
c'est se faire offrir une police d'assurance à un prix. C'est
très rare, à mon avis, pour avoir parlé à des
individus que pour... Je parle surtout de produits sains, parce que quand on
parle de courtage, il y a le secteur commercial et industriel, mais là
je parle de la maison, de la voiture, surtout pour une police d'assurance qui
coûte 250 $, la prime sera de 15 % ce montant, on ne parle pas d'un
montant... Alors il serait illusoire de croire que, pour une commission de 50
$, le courtier va passer trois jours à chercher à travers le
monde pour savoir quelle est la meilleure police d'assurance. Il ne faudrait
pas charrier.
M. Bastien: Vous avez tout à fait raison. Et
c'est déjà le cas, si vous me permettez, M. le ministre,
présentement. Les courtiers font affaire avec quatre ou cinq compagnies,
ils ont des quotas à respecter, à rencontrer et,
déjà, indépendamment d'un pourcentage ou d'une
propriété quelconque, le consommateur peut se questionner
effectivement sur le degré de "bargaining power" que le courtier utilise
pour lui. Dans ce sens-là, pour nous, indépendamment du
degré de propriété d'un groupe par rapport à un
autre, je pense que la divulgation des ententes commerciales entre un courtier
et un assureur, que ce soit par lien d'actionnariat ou autre, doit être
mise en place. À ce moment-là, le consommateur sera mieux servi
et cela répondra peut-être un peu à votre question.
M. Fortier (Outremont): En ce qui concerne... Oui, j'ai
terminé?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre. Je m'excuse.
M. Fortier (Outremont): Pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je pense bien que le courtier
ne recommence pas l'opération à chaque client. Il fait des
propositions en réalité. Il dit: Tu dois t'assurer pour telle
affaire pour 1 000 000 $ ou 2 000 000 $. Il fait la recherche une fois et elle
est faite pour l'année au fond, en réalité. Il fait des
propositions à ses clients, qu'ils les prennent ou non. Il offre une
valeur à neuf, mais il ne l'offre pas pour l'automobile par exemple et
des choses comme cela. Mais il ne recommence pas les recherches chaque
fois.
M. Bastien: Je dois dire, M. le député, que les
différents courtiers... Évidemment, il y a des courtiers qui font
mieux leur travail que d'autres, mais quand vous parlez de prime de 1 000 000 $
ou de montant couvert de 1 000 000 $, ils doivent faire une certaine recherche.
Vous remarquerez dans les renouvellements, si vous avez des cas précis
comme ceux-là, souvent l'assureur peut changer d'une année
à l'autre. Il y a un travail qui est fait.
M. Garon: Oui, d'une année à l'autre. Mais sur la
question des dommages, si on parle par exemple d'une automobile, quand il fait
un inventaire sur la question, il n'a pas vraiment besoin de recommencer chaque
fois une grosse recherche pour chaque individu.
M. Bastien: Non, pas à chaque fois.
M. Garon: Alors, il l'a faite pour l'année. S'il y a 300
ou 400 individus, if va faire des propositions, il va vous dire: Je pense que
ce serait bon de faire telle chose et il laisse le choix. Mais une fois qu'il a
fait le tour de la question au début de l'année, il l'a pas mal
fait par rapport à toutes les compagnies à moins qu'il n'y ait
des changements au cours de l'année.
M. Bastien: Le problème ou la possibilité, c'est
que le client ait besoin d'un service dans le courant de l'année. C'est
là que le représentant ou le courtier doit bien s'assurer que la
compagnie qu'il a choisie est en mesure de livrer la marchandise à ce
point de vue-là.
M. Garon: Oui, mais habituellement, il appelle quelqu'un d'autre
qui va aller vous voir ou il vous envoie voir la compagnie avec laquelle vous
êtes assuré; si c'est une maison, il va vous dire que telle
personne va venir vous voir selon qu'ils sont des ajusteurs ou des experts en
sinistres.
M. Bastien: ...des évaluateurs.
M. Garon: Oui. Après cela, ils font rapport au courtier
parce qu'ils nous disent habituellement: Votre courtier va vous le dire.
M. Bastien: Vous avez raison. On ne changera pas le monde du
courtage. Ce que nous disons dans le fond, c'est que la propriété
soit légèrement modifiée ou qu'il y ait un investissement
à faire par un groupe financier par le courtier, ne change pas ce que
vous mentionnez. Le courtier a une façon de travailler, une culture de
courtage et cela va continuer. On va avoir de bons courtiers, de moins bons
courtiers et, dans ce sens-là, je pense que cela ne changera pas
grand-chose.
M. Garon: Où je ne vois pas trop trop, quand vous parlez
au sujet des commissions, il y a le service et il y a la commission. En quoi la
divulgation de la commission, je parle dans les dommages, ne rendrait pas
service à tout le monde? Le courtier qui a une commission plus forte
d'une compagnie, une compagnie peut décider qu'il y a deux façons
de travailler: je donne le service à l'assuré ou bien je
m'attache le courtier ou l'agent en lui donnant une meilleure commission. Ce
sont deux façons de travailler. Je suis convaincu qu'il y a des
compagnies qui disent: J'aime autant avoir la loyauté du courtier que
d'avoir la loyauté de l'assuré, et d'autres qui disent: J'aime
autant offrir un service à l'assuré parce que, à la
longue, c'est cela qui va me profiter. Mais je suis convaincu qu'il y a les
deux façons de procéder.
M. Bastien: Dans les produits relativement simples, M. le
député, déjà, au moment où l'on se parle,
les commissions sont à peu près nivelées. Qu'on mentionne
que c'est 10 %, 15 % ou 20 %, je ne sais pas. Je pense que ce n'est pas
tellement pertinent ou important. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que vous
avez, et vous
allez en avoir de plus en plus, de la distribution d'assurances
générales supposons au comptoir. Vous avez vu le Mouvement
Desjardins. Vous en avez entendu parler beaucoup ici. Vous allez avoir d'autres
institutions bancaires ou paraban-caires qui vont suivre cet exemple et le
décloisonnement des intermédiaires va permettre ce genre de
choses. À partir du moment où vous avez un bonhomme ou un
représentant qui, lui, est payé à commission, qui doit
dire: Bien moi, je reçois sais-tu combien en vendant ta police
d'assurance automobile? Je fais 15 %, donc 300 $, je fais 50 $. Mais le client
va partir, va aller à la succursale et fait affaire avec un
préposé ou une préposée qui, lui, est payé
à salaire, lequel peut varier en fonction peut-être d'une certaine
productivité. Il y a peut-être des bonis à la fin de
l'année et il y a un paquet de choses qui peuvent être
rattachées à cela. Où arrête-t-on dans cela? C'est
cela notre problème. On dit: C'est bien beau de dire, on va divulguer
qu'on reçoit 15 % de commission. Mais à ce moment-là,
est-ce qu'on va embaucher des gens payés à salaire et on va leur
donner des bonis a la fin de l'année? Ils n'auront pas de commission.
C'est là le problème lorsqu'on commence à parier de
divulgation trop précise et trop détaillée.
M. Garon: Je vais vous poser une question. Prenons un cas.
L'assurance automobile, vous êtes obligés de vous assurer. La loi
vous oblige à vous assurer. En quoi cela prend-il un vendeur à
commission pour vous inciter, pour vous vendre un produit que vous êtes
obligés de prendre? Moi, je me dis à ce moment, ce qu'il faut,
c'est avoir de bons renseignements. Vous êtes obligés de vous
assurer, de toute façon.
M. Bastien: Ce que vous omettez, M. le député,
c'est le service après vente. Lorsque vous vendez un produit simple
comme l'automobile, vous avez une Pontiac. Vous pouvez magasiner
vous-même si vous voulez, ou vous pouvez appeler les compagnies qui font
de la vente directe. Vous allez recevoir à peu près, je dirais,
le même montant de prime et cela peut varier d'une année à
l'autre. Il y a des années où une entreprise est meilleure qu'une
autre. Où vraiment on va se rendre compte de l'efficacité de
l'attribution directe, c'est-à-dire au comptoir par soit les services
des caisses populaires ou des banques, etc. C'est lorsqu'on aura besoin de
services après vente, c'est lorsque le client aura eu son accident et
qu'il aura besoin de faire un changement sur sa police ou quoi que ce sort et
qu'il va se présenter à la préposée à la
succursale qui va lui dire: Bien, téléphone à tel
numéro. Tu téléphones à ce numéro et tu ne
sais pas à qui tu parles. On te renvoie d'une personne à l'autre.
Avec le système actuel, avec les courtiers on doit au moins avouer que
le client sait qui appeler, à qui parler et à qui gueuler. Il
dit. L'année prochaine, si tu ne m'as pas donné le service que
j'attendais, je vais faire affaire avec un autre courtier. Dans ce sens, nous
sommes convaincus qu'il y aura toujours de la place pour un service
personnalisé et que les courtiers auront leur rôle. Nous sommes
aussi convaincus que l'avenir pour les produits simples va se faire de plus en
plus par la distribution directe, rémunéré peut-être
à salaire, je ne sais pas, mais d'une autre façon que ce qu'on
connaît aujourd'hui. C'est un peu pour cela que nous voulons être
un peu dans les deux. Nous ne cachons pas nos intentions en ce sens que nous
désirons, à un moment donné, lorsque les lois le
permettront, faire un peu la même expérience que les caisses
populaires et que les sociétés d'entraide qui vendent des
produits simples de façon directe. Mais lorsque vous arrivez avec des
produits plus complexes, que ce soit avec d'autres choses que l'automobile,
vous avez votre immeuble à faire assurer, vous avez un bateau à
faire assurer ou vous avez un commerce à faire assurer, là je
pense que cela va être très difficile de combler ces besoins au
comptoir et cela va prendre des experts et il y aura de la place pour les
deux.
M. Garon: Quand on fart de la vente à commission, quel est
le but de mettre une commission? (12 heures)
M. Bastien: Je vais laisser parler un expert qui est un actuaire.
Les commissions, on en voit parfois à 5%, si vous voulez, dans
l'assurance-vie. Je pense que cela va peut-être ajouter quelque
chose.
M. Garon: Quel est le but?
M. Fortier (Richard): Je pourrais vous parler davantage
d'assurance-vie que de courtage en assurances générales,
sûrement. Le but d'avoir une commission, évidemment, un peu comme
mon confrère le disait, est beaucoup lié au service. Les
représentants d'assurances ont souvent une mauvaise réputation.
Quand on fait des enquêtes sur les professions, on les retrouve avec
beaucoup d'autres professions honorables très bas dans l'échelle.
Il n'en demeure pas moins qu'on a investi beaucoup d'argent dans la formation
de nos équipes de vente, et que cette formation apporte une information
très importante au client. En assurance-vie, par exemple, on leur parle
beaucoup de leur testament, de leur situation financière, d'avoir un
produit qui répond vraiment à leurs besoins. Ces gens-là,
les vendeurs, n'exigent pas d'honoraires. Souvent, un vendeur d'assurance-vie
se déplace plusieurs fois pour aller voir son client. Il va aller vous
rencontrer, il va prendre connaissance de vos besoins, il va retourner à
son bureau faire du travail, II va retourner vous voir à domicile au
moment où cela vous convient, à vos heures, selon vos
convenances. Pour tout ce travail, il n'est jamais payé, sauf au moment
où il fait une vente. Donc, nous croyons que parce qu'il rend
de bons services à sa clientèle, qu'il la conseille, cette
personne est autonome en plus, alors elle paye ses propres dépenses, on
lui paye une commission. C'est une façon de rémunérer le
travail qu'il fait, qui est actuellement celle qui est utilisée de
façon générale dans le monde de l'assurance-vie.
M. Garon: Vous ne pensez pas que le but de la commission est
d'inciter à vendre le plus possible pour avoir la meilleure commission
possible? Soyons objectifs.
M. Fortier (Richard): Je vais toujours vous parler
d'assurance-vie. L'assurance générale, c'est un contrat à
court terme, mais il y a une commission qui est payée, que je sache, et
qui est nivelée à peu près chaque année. En
assurance-vie, c'est un contrat qui est fait pour longtemps, avec une
échelle de commission qui est très variable. Il y a des
compagnies qui en ont beaucoup à la première année et peu
dans les années suivantes. Il y en a d'autres qui nivellent un peu plus.
Cela devient très difficile de comparer le salaire réel d'un
vendeur d'assurances à commission si on ne regarde que la commission au
moment de la vente. Il y a une commission qui est très
étalée dans le temps, qui est très variable et qui va,
dans certains cas, de 60 % jusqu'à 2 %, selon les années. Alors,
cela devient très complexe et très difficile.
M. Bastien: Je pourrais ajouter un mot, si vous me le
permettez.
Le Préskient (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît.
M. Bastien: II y aura toujours là aussi des vendeurs plus
ou moins compétents, mais je pense que, par expérience et les
compagnies d'assurances pourront vous répondre qu'une mauvaise vente, si
effectivement notre vendeur ou notre représentant a décidé
ou a fait de la pression pour vendre un produit ou un montant de prime plus
élevé pour protéger sa commission ou augmenter sa
commission, ou encore a vendu un produit autre qui, lui, était plus
payant au point de vue commission, c'est que tôt ou tard on va perdre le
client. L'année suivante, il va passer un autre représentant
d'une autre compagnie qui va lui démontrer - et on vit cela tous les
jours - qu'il y a d'autres produits qui sont meilleurs, avec un prix plus
compétitif, etc. Ces représentants qui s'amusent - entre
guillemets - à tout simplement vendre sous pression strictement pour
leurs fins personnelles de commission ne demeurent généralement
pas longtemps dans l'industrie et dans le marché. Vous vous en doutez
sans doute, il y a un "tum around" ou un roulement des représentants
dans l'industrie qui est très élevé. Les
incompétents ou les gens qui sont des vendeurs à pression ne
demeurent pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Fortier (Outremont): Seulement pour continuer sur la
même lancée que mon collègue le député de
Lévis, je crois que dans votre texte vous dites que vous n'êtes
pas contre l'étalement des commissions. On parle d'assurance-vie. Nous,
enfin, je crois que tout le monde dans le milieu croit que ce serait
peut-être une meilleure formule pour éviter les abus. D'ailleurs,
cela donnerait plus de valeur au cabinet de courtiers dans le domaine de
l'assurance-vie. En tout cas, il y a des avantages et il y a des
problèmes d'ajustement. Donc, je vais vous poser la même question
que j'ai posée à d'autres hier. Si on prenait la décision
d'aller dans cette direction et même d'obliger les compagnies
d'assurance-vie au Québec à aller dans cette direction, si on
vous donnait un délai raisonnable d'ajustement, est-ce que vous n'y
verriez pas d'objection?
M. Bastien: Je pense que c'est là que vous avez
pratiquement répondu, c'est le délai raisonnable. L'industrie de
l'assurance-vie, puis M. Fortier pourra peut-être ajouter son avis, a une
méthode de rémunération qui date, j'oserais dire, de 100
ans ou je ne sais pas, enfin, qui est peut-être un peu archaïque.
L'industrie a de la difficulté à évoluer dans ce domaine
parce qu'on se demande toujours qui va faire le premier geste, etc. Dans ce
sens, on est convaincus qu'il faudra démystifier un peu toute la
question du commissionnement, de la rémunération des
représentants. Pour la conservation de nos affaires, là on parle
en tant qu'assureurs-vie, je pense qu'on a intérêt de plus en plus
à niveler la commission parce qu'on se rend compte de plus en plus, avec
les produits qui sortent année après année, que si vous
avez donné le gros paquet de commissions la première année
puis que le représentant tombe à 2 % ou 5 % dans les
années subséquentes, qu'une autre compagnie arrive avec un autre
produit puis, à ce moment-là, vous perdez votre client. Donc, on
a intérêt vraiment à niveler les commissions et je pense
qu'on s'en va vers cela. Mais on va avoir besoin de délais, d'une
période de transition.
M. Fortier (Outremont)-. Comme vous dites, si c'est la même
règle pour toutes les compagnies d'assurance-vie au Québec, donc,
la compétition se fait sur la même base. À ce
moment-là, c'est acceptable.
M. Bastien: Nous pensons, nous, que le décloisonnement des
intermédiaires, tel que nous le lisons, va nous amener vers cela. Que ce
soit obligatoire ou pas, je pense que ce sera une étape qu'on devra
franchir.
M. Fortier (Outremont): C'est la seconde question que j'aimerais
vous poser. Étant donné qu'il y aura toujours une compagnie
d'assurance-
vie qui ne fera pas comme les autres et qui va pousser ses vendeurs
à vendre davantage, avec des commissions plus élevées la
première année, si ce n'est pas obligatoire, il y aura toujours
une compagnie d'assurance-vie qui va décider de faire
différemment des autres. C'est la raison pour laquelle, quand je pense
à ce problème-là, j'opine plutôt du
côté de croire qu'on devrait arriver à une mesure
obligatoire pour le Québec, en espérant que les autres provinces
canadiennes suivent.
M. Fortier (Richard): Effectivement, j'entends parler des
commissions nivelées depuis à peu près dix ans dans le
travail que je fais. Tout le monde trouve que c'est une bonne idée,
principalement au profit de la conservation des affaires, sauf que personne ne
veut être le premier à le faire. Je pense que si on fait le tour
des entreprises d'assurance-vie, on va trouver exactement le même
principe. Tout le monde est à peu près d'accord, sauf que
personne ne veut bouger en premier. Deuxièmement, le problème que
cela soulève, c'est le niveau adéquat, au niveau de la
rémunération des vendeurs. Souvent un vendeur, quand on l'engage,
quitte un emploi pour en avoir un nouveau dans lequel il n'a pas de
clientèle. Le temps de se construire une clientèle, il faut
financer le représentant. Alors, il y a, évidemment, aussi le
niveau du nivellement de la commission qui est très important pour
s'assurer que ces gens-là, si on veut qu'ils continuent à donner
de bons services et protéger le consommateur, il faut qu'ils aient un
niveau de vie quand même acceptable. En plus de l'idée de niveler,
il y a aussi le niveau en soi qui est important.
M. Fortiar (Outremont): D'un autre côté, il est vrai
que pour un nouveau dans le métier, cela va lui prendre un peu plus de
temps. Donc, la compagnie devra trouver une formule. Mais d'un autre
côté, cela va remettre peut-être plus de stabilité
dans le système parce que vous parliez d'un "turnover"
élevé, donc s'il y avait un étalement, est-ce que vous
croyez - enfin, c'est ce que j'imagine - que cela permettrait une plus grande
stabilité des vendeurs dans le système comme tel?
M. Fortier (Richard): Absolument, pour autant que les
premières années de vente sont passées.
M. Fortier (Outremont): Dernière question touchant le
conseil des assurances. Dans le domaine de l'assurance-vie, je pense que c'est
acquis, les compagnies nous l'ont dit très clairement. Dans le secteur
de l'assurance générale, vous avez dit, je crois, vous y
étiez favorables et vous êtes aussi favorables, j'imagine,
à la participation des compagnies comme telles dans ce conseil des
assurances générales. Pourriez-vous nous dire pourquoi et est-ce
que votre compagnie serait désireuse de participer à un tel
conseil si jamais il était formé?
M. Bastien: Absolument. Il ne faut pas oublier que les compagnies
ou les institutions d'assurances sont celles qui produisent. Donc, elles
doivent être à l'écoute et être bien au fait des
préoccupations des consommateurs, autant du point de vue marketing que
du point de vue légal, du point de vue protection du consommateur, etc.
Dans ce sens-là, je pense que le conseil doit faire la place à la
fois aux producteurs, aux distributeurs et aux consommateurs.
M. Fortier (Outremont): Je ne sais pas si d'autres
députés ont des questions, en tout cas, pour ma part, en
commission parlementaire, on entendra ceux qui favorisent la fusion des caisses
d'établissement et des caisses d'entraide. Cela se fera par un' projet
de loi privé plus tard, durant le mois de juin. Enfin, j'ose
espérer que le tout se déroulera dans le sens de vos ambitions et
que cela formera un autre groupe financier. Parfois, on fait de l'inflation
verbale et le député de Lévis me chicanait sur la
terminologie des mammouths. En fait, c'est un peu de l'inflation verbale parce
que, quand on regarde nos supposés mammouths, même à 30 000
000 000 $ dans le domaine international, ce n'est pas beaucoup. Le vôtre
à 1 500 000 000 $, quand on le compare à des grosses institutions
financières internationales, ce n'est pas beaucoup, mais quand
même, cela donne plus de solidité et comme vous l'avez dit
vous-mêmes, l'important, c'est tout le réseau de distribution
à travers le Québec. C'est là, je crois, que cela va
donner une certaine stabilité à votre organisme. Alors, en tout
cas...
M. Bastien: C'est un peu ce qu'on répond.
C'est que nous, on juge... Évidemment, on est très modeste
en termes de taille, par contre, on a réussi à être
présent un peu partout et c'est dans ce sens-là qu'on peut dire
qu'on est très impliqué et très intéressé
par le décloisonnement.
M. Fortier (Outremont): Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je parle dans une perspective de
décloisonnement, si on veut penser en termes de consommateur, il ne faut
pas que des distorsions soient créées par la
rémunération de vendeurs. J'ai le sentiment... Par exemple, vous
avez quelqu'un qui a, supposons 35 ans, il est marié, il est un peu
au-dessus de la famille moyenne, il a trois enfants. S'il rencontre un agent
d'assurances, il va vouloir lui vendre de l'assurance alors qu'il n'est pas
certain que le mieux pour lui est un mélange... Je ne parle pas de
quelqu'un
qui est très sophistiqué, qui est dans les placements
compliques et tout cela. Mais, il veut prévoir sa retraite, penser qu'il
peut mourir, assurer la sécurité de sa famille, mais en
même temps, s'il ne meure pas, il aime autant qu'il en reste un peu dans
ses poches. Alors, s'il a en face de lui quelqu'un qui est à la
commission, il va essayer de lui vendre de l'assurance parce que c'est plus
payant pour lui de vendre de l'assurance alors que le régime de retraite
ne donnera pas grand-chose en termes de commissions. Alors, j'ai l'impression
que les commissions peuvent créer des distorsions du point de vue du
consommateur. Alors, pourquoi - je pense en termes d'avenir - quelqu'un qui est
dans ce domaine et qui doit être, à mon avis... Aujourd'hui, on
les appelle des conseillers à condition d'en savoir assez pour
conseiller. Ils s'appellent tous des conseillers. Il n'y a plus de vendeur
d'assurances. Ce sont des conseillers en assurances, mais à la condition
d'en savoir assez. La meilleure façon pour celui qui est là
d'être un vrai conseiller, c'est de ne pas avoir un intérêt
personnel à ce que vous preniez telle ou telle chose, mais d'avoir
intérêt à vous conseiller pour que vous fassiez de bons
choix en fonction de votre situation. Autrement, ce que vous avez en face de
vous, ce n'est pas un conseiller, c'est un vendeur d'un produit. Et si vous
prenez tel produit, cela le paie plus que tel autre.
M. Fortier (Richard): C'est une question qui comporte, dans le
fond, beaucoup de points. Je vais essayer de répondre dans l'ordre
à peu près où ils étaient posés. Au
début, vous parliez de quelqu'un qui a un peu un conflit entre la vente
d'assurances et la vente d'épargne, par exemple, pour un plan de
pension. Je ne suis pas tellement âgé, mais je me rappelle d'une
époque où les taux de commission sur les plans de pension
étaient très élevés. La concurrence est venue des
banques, des compagnies de fiducie pour l'épargne et a fait en sorte que
le commissionnement sur l'épargne est parvenu à un niveau
à peu près semblable partout. Aujourd'hui, les gens ont tendance
à vivre plutôt selon le principe: achète de l'assurance pas
trop chère et investis la différence pour ton épargne.
Dans le fond, on a cassé les anciens produits d'assurance-vie en deux
pour séparer la partie assurance de la partie épargne. Je pense
qu'on n'a pas vraiment de conflit. On peut comparer l'assurance avec
l'assurance et l'épargne avec l'épargne. Le vendeur se trouve
beaucoup moins et presque pas en conflit maintenant par rapport à ce
qu'il était il y a quelques années, si on parle des plans de
retraite. Je ne sais pas si cela répond exactement à votre
préoccupation. À moins que mes confrères aient des choses
à ajouter. (12 h 15)
M. Asselin (Alban): Je voudrais peut-être ajouter ceci.
Dans le domaine de l'assurance, on ne fait pas affaire de la même
façon que si c'est un bien de consommation courant. Il y a une question
de prise de conscience très souvent d'un besoin, en ce qui concerne
l'assurance, que vous connaissez plus ou moins où vous devez prendre un
certain nombre d'heures avec un individu à étudier son besoin et
à lui faire prendre conscience des réalités de sa
situation personnelle dans le domaine. Le travail comme tel qu'un individu peut
y consacrer, à mon sens, que vous soyez salarié, il va falloir,
à un moment donné... Si l'individu était salarié,
il va falloir faire ce genre de démarche. Vous n'allez pas acheter votre
assurance au magasin. Vous attendez qu'à un moment donné
quelqu'un vous rencontre et s'assoit avec vous pour faire une espèce
d'étude de besoins, et cela prend un certain temps avant d'arriver
à la conclusion d'une vente. Alors, le mode de
rémunération peut être amélioré, mais il va
un peu en ligne avec le genre de biens et la façon de rencontrer le
client, le démarchage. Il y a beaucoup de temps utilisé, d'appels
téléphoniques, de rendez-vous, d'études de besoins, de
retours et de services après vente qui sont donnés, de maintien
d'un dossier personnel, dans les pratiques d'assurances.
Le fait que les produits ont beaucoup varié pour séparer
l'épargne de la protection fait en sorte que le mode de
rémunération est à la commission, mais c'est brut.
L'individu doit ensuite payer ses frais lui-même et il doit aussi voir
très souvent à payer ses propres locaux, son propre
téléphone, faire ses propres démarches et c'est une
pratique de l'industrie qui, en soi, ne fait pas comme tel... Ceux qui sont
professionnels dans le domaine ne sont pas des vendeurs nécessairement
axés sur la commission, c'est bel et bien de conserver le client parce
que dans ce domaine-là, vous ne vivez pas et vous ne survivez pas si
vous n'êtes pas quelqu'un de consciencieux, c'est impossible; le client
vous laissera tomber.
M. Bastien: J'aimerais ajouter que si on veut considérer
le point de vue du consommateur dans cette question-là, s'il se voit
devant le choix de payer un honoraire à un consultant pour le
conseiller, à savoir s'il a besoin de tel produit ou tel autre dans les
produits aussi complexes que l'assurance-vie, souvent sa réponse sera:
Je ne paie pas. Cela ne me tente pas de payer des frais inutiles,
peut-être que je n'en ai pas besoin. Tandis que le représentant
qui vient le voir dans le moment, le fait de façon gratuite. Il recevra
une rémunération seulement s'il a une vente éventuelle.
C'est bien important, si on veut s'assurer que les consommateurs soient bien
protégés, bien couverts. Malheureusement, on n'a pas beaucoup de
formules, on n'a pas beaucoup de choix. Si le choix est qu'à chaque
conseil que le client demandera, il paiera un honoraire quelconque, le
consommateur va simplement se retirer du marché, il ne voudra pas. C'est
déjà un produit qui se vend, comme on dit, qui ne s'achète
pas. C'est déjà difficile de vraiment
rendre conscient le consommateur qui a des besoins: il a une famille,
une retraite à penser. Il faut donner la chance à cette
négociation-là qui s'installe de fonctionner et s'il faut, encore
une fois, que le client ait des frais fixes strictement pour demander un
conseil, il n'en demandera pas, puis il ne sera pas couvert et je ne suis pas
sûr qu'il sera bien protégé.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. En
conclusion, M. le ministre.
M. Fortier (Outremont): J'avais déjà conclu, je
m'excuse. Je vous remercie de votre présentation et bonne chance dans
votre développement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie également.
Groupe de la Mutuelle des fonctionnaires
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
participation à cette commission parlementaire.
J'invite le Groupe de la Mutuelle des fonctionnaires du Québec
à bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
J'en profite immédiatement pour vous donner la procédure
en vigueur. Nous disposons d'une heure. Vous ayez 20 minutes pour
présenter votre mémoire et 40 minutes d'échanges avec les
parlementaires.
Est-ce que le porte-parole de l'organisme pourrait s'identifier et
présenter les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît?
M. Gravel (Claude): Je m'appelle Claude Gravel. Je suis le
vice-président exécutif et directeur général de la
Mutuelle des fonctionnaires du Québec. À ma droite
immédiate, M. Réal Circé, vice-président
exécutif et directeur général de La Capitale, M. Alain
Roch, directeur du contentieux à la Mutuelle des fonctionnaires, et
à ma gauche, M. Jacques Breton, vice-président des ventes,
toujours à la Mutuelle des fonctionnaires du Québec.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la commission
parlementaire, le Groupe de la Mutuelle des fonctionnaires du Québec est
un groupe de douze entreprises oeuvrant dans divers secteurs financiers
comprenant principalement les assurances-vie et de dommages, la fiducie, les
fonds communs de placement, le conseil en placement et la gestion de
portefeuille, les cartes de débit et de crédit, le prêt
personnel et hypothécaire, le placement en immeubles et la planification
financière, fiscale et successorale. Nos principales entreprises sont:
la Mutuelle des fonctionnaires du Québec, la compagnie mère qui
chapeaute le groupe, La Capitale, compagnie d'assurance générale,
la Société nationale de fiducie et La
Personnelle, compagnie d'assurances du Canada.
Tout d'abord, un mot sur ce que nous sommes, ensuite, comment nous
fonctionnons et comment nous réagissons au document de réflexion
déposé par le ministre. La MFQ a d'abord été
créée en 1940, à la suite d'une décision de
l'Association générale des employés civils de doter ses
membres fonctionnaires d'un service d'assurance de personnes.
Donc, ce fut d'abord une société de secours
funéraires à laquelle on greffa en 1947 une caisse
d'assurance-vie. En 1956, une loi spéciale en fit une compagnie mutuelle
d'assurances. Créée par des fonctionnaires pour les
fonctionnaires, la loi spéciale de la mutuelle consacre son
caractère d'exclusivité au service des secteurs public et
parapublic.
Depuis cette époque, la mutuelle n'a cessé de se
développer pour atteindre, au 31 mars 1987, un actif de 400 000 000 $
pour elle-même et de plus de 800 000 000 $ pour l'ensemble du groupe
qu'elle gère. C'est en demeurant à l'écoute des besoins de
son milieu que la mutuelle a évolué et a grandi en offrant les
services correspondant aux besoins exprimés. C'est ainsi que La
Capitale, sa filiale en assurance générale, est née en
1975. Depuis, La Capitale est devenue un assureur sérieux et
respecté avec l'un des plus fort taux de croissance au pays.
C'est aussi pour satisfaire aux besoins de ses membres que la mutuelle a
élargi la gamme de ses services en acquérant, en 1983, la
Société nationale de fiducie. Celle-ci, de son côté,
créait une société de conseillers en placements,
Placements SNF inc, pour gérer les placements mobiliers du groupe et de
clients externes. SNF acquérait par la suite les Locations Lutex
itée, une entreprise de location d'automobiles et d'équipement
industriel et commercial, direction procurant pour le groupe un véhicule
de placements à rendement supérieur.
En 1987, la mutuelle complétait sa gamme de services en mettant
sur pied une filiale de courtiers en épargne collective, Sogefonds MFQ
inc, qui offre ses propres fonds mutuels, les fonds d'investissemt MFQ.
Parallèlement, La Capitale acquérait la compagnie Carte Corp-Rate
inc. qui offre une carte de paiement corporative acceptée partout au
Canada et destinée à la gestion de parcs d'automobiles. Depuis
1985, cette carte a également son équivalent, une petite soeur,
comme on dit, pour le particulier. Il s'agit de "carte capitale", une carte de
débit qui permet de gérer les dépenses reliées
à l'usage d'un véhicule automobile, tout en
bénéficiant d'escomptes d'achat.
Enfin, en mars 1988, La Capitale acquérait La Personnelle,
compagnie d'assurances du Canada dont le siège social est à
Toronto. Cette acquisition concrétisait le désir d'expansion de
La Capitale hors Québec.
On arrive maintenant au décloisonnement du groupe MFQ. Toutes ces
réalisations furent le résultat d'une volonté ferme des
membres de
notre conseil d'administration, eux-mêmes tous fonctionnaires,
d'offrir à notre clientèle la gamme la plus complète
possible de produits et services financiers. Cet objectif ne pouvait être
atteint, dans un premier temps, que par le regroupement d'un ensemble
d'Institutions et d'entreprises financières spécialisées
chacune dans leur domaine propre. Ce fut ce qu'on peut appeler la phase du
décloisonnement des institutions. Bien que nécessaire, cette
étape ne pouvait permettre à elle seule d'atteindre l'objectif
ultime qui est d'offrir, avec une efficacité accrue et des coûts
amoindris, et ce, dans l'intérêt du consommateur, une gamme
complète de produits et de services financiers. L'atteinte de cet
objectif passe inévitablement par le décloisonnement des
intermédiaires. En effet, ceux-ci constituant le prolongement de
l'institution sur le terrain et auprès de la clientèle, il
était devenu essentiel qu'ils jouissent de pouvoirs élargis pour
offrir au public les produits rendus disponibles par le groupe d'institutions
auquels ils appartiennent.
La mutuelle a été l'une des rares institutions à
prendre avantage du cumul complet des permis actuellement autorisés pour
un agent d'assurances de personnes, à savoir l'assurance de dommages et
l'inscription à la Commission des valeurs mobilières du
Québec comme représentant en épargne collective. Cet
élargissement des pouvoirs de nos intermédiaires, quoique mince,
a quand même permis au groupe d'expérimenter une formule de
décloisonnement partiel, mais aussi la formule la plus poussée
qui soit connue au Québec pour ce qui est des représentants.
L'une des conclusions qui se dégage de cette expérience est que
le décloisonnement est possible à la condition de fournir au
représentant multidis-ciplinaire un support technique de première
qualité.
Permettez, M. le Président, que nous vous fassions partager notre
problématique et expérience pratique vécue, fort
indicatrice à notre avis de l'environnement de demain auquel s'adresse
avec clairvoyance le document de réflexion du ministre Fortier.
Chacun des produits ayant ses particularités propres, le
représentant doit emmagasiner un bagage élevé de
connaissances spécialisées en assurance-vie, rentes, assurance
automobile, biens et fonds mutuels. De plus, la vente de ces produits implique
l'usage de livres de tarifs et de formulaires propres à chaque ligne de
produits, de telle sorte que cette masse de documents était devenue
encombrante, peu pratique et difficile de consultation. L'image qui traduit le
mieux cette réalité chez nous est celle du représentant ou
de la représentante qui se trimballe avec deux lourdes valises
bourrées de papiers et qui en aurait besoin d'une troisième. Ces
contraintes s'avéraient suffisamment sérieuses pour freiner
l'objectif du décloisonnement total, du moins par la voie du
réseau traditionnel, jusqu'à ce que, profitant du
développement de la technologie, la mutuelle mette au point ce qu'il est
maintenant convenu d'appeler la mallette informatisée du
représentant.
Le Président (M. Lemieux): Je réalise que vous
êtes rendu à la page 5 de votre mémoire.
M. Gravel: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je veux que vous sachiez que
nous avons tous déjà lu ce mémoire. Je ne sais pas si
c'est votre intention de lire ces 22 pages, mais je veux simplement vous
rappeler que vous n'avez que 20 minutes pour faire votre exposé et que
les parlementaires aimeraient bien avoir un échange de propos avec vous.
D'autant plus, comme le soulignait le député de Lévis, que
je suis moi-même en conflit d'intérêts parce que je suis
assuré par La Capitale. C'est simplement pour vous en faire part.
M. Gravel: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Si vous pouviez résumer
dans les grandes lignes vos conclusions, il n'y a aucun problème. Nous
tenons à ce qu'il y ait un échange de propos avec les
parlementaires.
M. Gravel: D'accord. M. le Président, j'avais fait une
répétition et j'arrivais à l'intérieur de mes 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Gravel: Si tout le monde l'a lu, on peut tout de suite passer
aux questions.
Le Président (M. Lemieux): Non, si vous avez fait une
répétition, il n'y a pas de problème. On vous
écoute attentivement. Vous pouvez continuer, vous étiez au haut
de la page 6.
M. Gravel: Mais je ne voulais surtout pas insinuer que vous n'en
aviez pas fait la lecture, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Gravel: Notre mallette est donc un miniordinateur portatif et
doté d'une imprimante avec toute l'information qui nous permet de faire
un travail de planification financière et d'analyse de
sécurité financière. Il y a une liaison
téléphonique de ce mini-ordinateur avec l'ordinateur du
siège social qui rend cet outil particulièrement vivant et
toujours à la fine pointe des développements qui sont faits au
siège social.
Cette assistance technique facilite sûrement la tâche du
représentant en le libérant de l'obligation de retenir une
multitude de détails d'ordre technique et assure sûrement une
analyse plus professionnelle et objective des besoins du client. Cette mallette
est évidemment rendue obligatoire et tous nos représentants en
font
usage. Cette expérience particulièrement positive nous
paraît être non pas le seul modèle, mais un des
modèles d'avant-garde qui sera suM par l'industrie au cours des
prochaines années.
De même, nous avons développé, au Groupe mutuelle
des fonctionnaires, un système de gestion des primes qui perçoit
les primes à la façon d'un guichet unique. C'est aussi là,
je pense, une expérience assez particulière dans notre groupe qui
évite la multiplication des chèques pour autant de contrats ou de
polices de nos différentes compagnies ou lignes d'affaires.
J'en arrive aux propositions du document de consultation pour vous
rappeler que nous sommes d'accord avec l'ensemble des propositions, si ce n'est
que quelques points dont nous faisons part dans notre mémoire. Nous
croyons que dans la distribution des produits et services,
particulièrement des prêts hypothécaires, il y aurait lieu
d'établir clairement dans la Loi sur le courtage immobilier que l'agent
d'assurances qui réfère son client au service des prêts
hypothécaires de son institution contre rémunération ne
participe pas à une opération immobilière requérant
le permis de courtier en immeuble. Enfin, nous sommes d'avis qu'il y aurait
avantage à élargir le rôle du représentant en
épargne collective, dûment inscrit auprès de la Commission
des valeurs mobilières du Québec, de même que celui du
courtier en épargne collective pour lui permettre la distribution de
titres admissibles au Régime d'épargne-actions du
Québec.
La première mesure aurait pour effet de stimuler encore davantage
la concurrence dans l'offre de financement hypothécaire, dont le grand
bénéficiaire serait le consommateur, alors que la deuxième
mesure aurait pour effet de rapprocher l'offre de titres de l'investisseur
moyen, souvent peu familier avec le réseau traditionnel des
courtiers.
Par ailleurs, le Groupe Mutuelle des fonctionnaires accepte
d'emblée le concept d'équipes multidisciplinaires, puisque nous y
sommes déjà rendus dans notre groupe, où seront
regroupés des spécialistes de divers domaines qui viendront
appuyer les efforts de l'équipe de vente de première ligne. En ce
qui a trait à l'avenue proposée dans le document au sujet de
l'excer-cice de l'activité de planification financière, nous
souscrivons aussi pleinement au principe d'une réglementation de
l'activité, effectuée par la corporation ou l'association
professionnelle à laquelle le conseiller appartient et ceci, en accord
avec le conseil de planification financière. Cela a le grand
mérite d'être pratique et efficace et respecte les
prérogatives de chaque corporation et association professionnelles. (12
h 30)
En conséquence, le Groupe Mutuelle des fonctionnaires du
Québec appuie, en principe, les propositions du document de consultation
ayant trait à l'élargissement des pouvoirs de l'agent
d'assurances, au concept d'équipes multidisciplinaires et à
l'exercice de l'activité de plani- fication financière.
Il y a tout de même deux des mesures proposées dans le
document de consultation qui soulèvent chez nous de fortes
réserves: la divulgation des commissions et le rabais de primes. Pour
notre part, nous n'aurions aucune objection au fait même de divulguer les
commissions payées à nos représentants. Même en ce
sens-là, sur le plan compétitif, cela pourrait nous avantager
puisqu'en général nous payons des commissions plus basses que la
compétition. Toutefois, nous anticipons qu'une telle mesure aura pour
effet d'introduire dans l'industrie un nouveau mode de
rémunération à terme, soit le nivellement des commissions
sur plusieurs années. L'introduction de ce nouveau mode de
rémunération occasionnera des bouleversements importants qui
causeront des problèmes de transition majeurs. En effet, nos
représentants ne reçoivent que des commissions de première
année, sans aucune commission de renouvellement. La mise en place de
commissions nivelées suppose alors, pendant les premières
années du nouveau système, une forme de remplacement du revenu
qui consisterait en avances de commissions jusqu'à ce qu'un cycle de
cinq à dix ans ait été complété. La gestion
de cette période de transition pose des problèmes d'application
très importants dont les implications mériteraient une
étude plus poussée. Le problème de financement qui se pose
pour la période transitoire représente un effort
particulièrement exigeant pour des compagnies de taille moyenne ou
modeste comme le sont les compagnies québécoises.
Quant à la proposition sur le rabais de primes, nous nous y
opposons également car nous sommes d'avis qu'elle se ferait au
détriment d'intermédiaires puisque la pression
créée par une telle mesure est de nature à réduire
le niveau de revenu requis pour attirer des intermédiaires de
qualité, ce qui n'est pas facile, et à les éloigner de
l'exercice de cette profession et à rendre le recrutement très
difficile.
Nous croyons donc que nos représentants reçoivent une
juste rémunération et qu'ils y ont droit comme tout le monde.
Nous sommes aussi d'opinion que le système actuel n'empêche
aucunement un client de comparer ce qui importe, soit le prix global des
produits qu'il acquiert, et non un seul volet, soit-il celui de la commission.
Cette comparaison s'effectue donc tout simplement, et comme il se doit, sur un
prix global qui comprend, entre autres, la rémunération de
l'intermédiaire. Pour ces motifs, nous recommandons que ces deux
questions soient soumises au conseil des assurances pour l'étude
approfondie de leur bien-fondé et des implications qu'elles comportent
dans l'industrie de l'assurance. Je passe maintenant la parole à mon
collègue, M. Circé, de La Capitale, pour des commentaires
particuliers à l'assurance générale.
M. Circé (Réal): Merci. M. le Président,
sans commenter toutes les implications que la
réforme projetée pourrait entraîner pour l'industrie
des assurances de dommages et sa clientèle, nous limiterons nos
interventions aux avenues susceptibles de profiter directement aux
consommateurs tout en respectant les Impératifs des opérations
particulières d'un assureur de dommages qui ne transige pas par
l'entremise d'intermédiaires d'indépendants.
Je vais vous résumer brièvement notre intervention. En
fait, nous proposons, dans un premier temps, à cause de la
simplicité des assurances des particuliers, la création de deux
classes de permis: une classe selon les assurances des particuliers et une
classe selon les assurances commerciales.
Nous recommandons aussi, au plan de la formation, que soient inclus dans
la formation tous les aspects juridiques propres au Québec. Nous
proposons que la formation soit identique, tant pour l'intermédiaire
indépendant que pour l'employé d'un assureur en direct.
Bien sûr en ce qui concerne le cumul des permis, nous recommandons
que les permis soient cumulés et qu'il soit autorisé qu'ils
soient cumulés tant par les intermédiaires indépendants
que par les employés d'un assureur direct.
Nous sommes d'accord avec le document de consultation en ce qui concerne
le service de la vente et l'après-vente, c'est-à-dire qu'ils
soient unifiés, et qu'on permette tant à l'expert en sinistres
qu'au courtier la vente de l'assurance ou au préposé d'un
assureur direct de régler pour les compagnies d'assurances.
Enfin, nous faisons certaines recommandations à l'égard de
la formation du conseil des assurances. Il est bien sûr qu'il n'y a pas
d'association pour des intermédiaires dépendants de compagnies,
ce qu'on appelle dans le métier les agents captifs. Nous proposons par
contre la création d'une association d'assureurs directs qui verrait
à représenter ce champ d'activité et à en
établir, avec d'autres membres du conseil, le code de
déontologie, les besoins de formation, la réglementation,
etc.
Enfin, en terminant, je voudrais remercier les membres de la commission
de nous avoir entendus. Nous espérons répondre à vos
questions.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre.
M. Fortier: Merci pour un très bon mémoire. On voit
qu'il est à l'image du dynamisme du groupe Mutuelle des fonctionnaires
du Québec, qui, de plus en plus est décidé à
prendre de l'expansion, non pas seulement au Québec, non pas seulement
avec les fonctionnaires, mais avec les autres gens et à
l'extérieur du Québec, en Ontario et dans les autres provinces
canadiennes. Je vous remercie de l'appui que vous donnez à la politique
que vous avez mise de l'avant.
Vous avez certaines réserves sur certains points. Bien sûr,
l'exemple que vous donnez avec la mallette qui peut se brancher sur
l'ordinateur à distance par le téléphone est un exemple
frappant que le décloisonnement peut se faire de différentes
façons. Je le dis et je le redis. On dirait ne pas le souligner assez.
Tout le monde retient l'exemple du décloisonnement qui est fait par le
Groupe Desjardins et par la vente dans les caisses, mais votre façon de
procéder est même plus insidieuse et on en parle moins. Vos frais
généraux, j'imagine, je ne sais pas s'ils sont
élevés par l'achat de la mallette ou par les frais de
l'ordinateur, mais il me semblerait que les frais généraux sont
moins élevés dans la mesure où vous n'avez pas
d'établissements à travers le Québec. Vous pouvez visiter
vos clients, aller chez eux, apporter la mallette, la brancher sur leur
téléphone et ensuite automatiquement être branchés
sur l'ordinateur Ici à Québec. C'est pour moi une forme de
décloisonnement qui est très insidieuse. C'est pour cela, quand
on me disait à un moment donné qu'il faudrait arrêter le
décloisonnement, je disais: Est-ce qu'on va arrêter toutes les
formes de décloisonnement? S'il avait fallu arrêter le
décloisonnement, il aurait fallu arrêter cette forme-ci qui est la
vôtre également.
En ce qui concerne les points particuliers, sur les prêts
hypothécaires, je suis très favorable. On va essayer de faire des
représentions auprès du ministre de la Justice qui est
responsable de la Loi sur le courtage immobilier pour différencier la
vente des immeubles comme telle et le prêt hypothécaire. À
ce moment-là, peut-être que l'inspecteur pourra avoir une certaine
responsabilité dans l'octroi d'un permis pour le prêt
hypothécaire comme tel. Je pense que cela irait dans le sens de votre
demande.
Pour le Régime d'épargne-actions, j'ai de la
difficulté à comprendre votre demande. Dans le fond, ce que vous
demandez c'est un permis de la Commission des valeurs mobilières ou
enfin l'autorisation de vendre des titres boursiers spécifiquement pour
le Régime d'épargne-actions. À première vue, j'ai
de la misère à me convaincre qu'on devrait faire une distinction
entre les titres boursiers du Régime d'épargne-actions et les
autres titres boursiers. Cela demande autant de compétence dans un cas
comme dans l'autre et même il y en a qui disent que cela demanderait plus
de compétence dans le secteur du REA dans la mesure où cela peut
être plus risqué à l'occasion. Alors, je suis moins enclin
à aller dans votre direction dans la mesure où cela serait une
dispense par rapport à la Commission des valeurs mobilières. En
tout cas, j'aimerais entendre votre point de vue sur cela.
Sur la commission nivelée dans le domaine de l'assurance-vie, je
pense bien qu'on a entendu d'autres interlocuteurs. Je me convaincs de plus en
plus d'aller dans cette direction et de donner un délai raisonnable aux
compagnies pour s ajuster.
Sur le rabais de primes, je pense que vous nous convainquez que ce n'est
peut-être pas la
chose à faire. En tout cas, nous allons entendre d'autres
intervenants.
Dans l'assurance générale, vous dites: Deux classes de
permis. Bien sûr, on suggère dans le document, et d'autres gens
nous ont suggéré des niveaux de permis. Il pourrait y avoir un
premier niveau de permis qui serait le permis le plus élémentaire
et si quelqu'un voulait passer aux secteurs commercial et industriel il devrait
obtenir un permis plus élevé. Je pense que c'est une formule qui
pourrait être retenue lorsqu'on parlera de l'octroi des permis au sein du
conseil des assurances en particulier.
Pour les experts en sinistres, vous dites, et c'était notre
proposition: Les Uoyd's le font, pourquoi pas nous? Mais maintenant, vous le
savez. J'ai rencontré l'autre fois, le président des Lloyd's, M.
Lawrence qui est certain que les Lloyd's font beaucoup d'éducation
à l'intérieur de leurs réseaux et parmi leurs courtiers.
J'imagine que si on allait dans cette direction, il faudrait peut-être
limiter le genre de sinistres qui est traité par les courtiers, mais
d'un autre côté, on s'attendrait que les compagnies d'assurances
ou le conseil des assurances donnent une certaine formation aux courtiers.
J'aimerais vous entendre là-dessus. En ce qui concerne le conseil
des assurances, vous parlez de la formation d'une association qui regrouperait
les agents. Cela m'embête un peu, parce que les agents sont des agents
qui sont des employés des compagnies. Alors, si le gouvernement allait
organiser ces agents en un groupe, j'imagine que les compagnies craindraient
qu'on forme un syndicat par la suite. Alors, cela me surprend du
représentant de La Capitale qui nous dit: Organisez donc les agents
directement. Comme de raison, la formule qu'on avait en tête, si on avait
la liste des agents, la formule la plus facile serait que l'inspecteur envoie
une formule à tous les agents en disant: Écoutez, il y a M. Untel
ou Mme Unetelle qui se propose comme représentant ou
représentante; votez. Sans qu'il n'y ait une association, il faudrait
trouver une façon démocratique de permettre aux agents de
déléguer quelqu'un. Mais, je ne suis pas sûr que le
gouvernement doive intervenir dans la formation d'un groupe d'agents, si ce
n'est pas le voeu des agents eux-mêmes. En tout cas, voilà mes
commentaires. J'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet.
Le Président (M. Lemieux): M. le directeur
général.
M. Gravel: Merci, M. le Président. Il y a deux points qui
me concernent plus directement: vous avez parlé du REA et des
commissions nivelées. Dans le cas du REA, notre suggestion est
sûrement originale et je pense qu'elle doit être reçue comme
telle. On doit la voir aussi sous l'angle de la distribution. Nos
représentants et nos représentantes sont vus essentiellement
comme des professionnels qui font une analyse de besoins financiers, il nous
semble, mise à pan" peut-être la période de la
dernière année ou à peu près, que le REA
apparaît comme un produit intéressant dans la planification
fiscale particulièrement et que l'industrie de l'assurance-vie, avec son
réseau de distribution fort important, est bien placée pour
offrir ce genre de produit, toujours dans cette mentalité de
décloisonnement. Je pense que c'est une idée originale qui
permettra ou amènera fort probablement un ajustement pour ce qui est de
la formation requise pour l'obtention du permis que détiennent nos
représentants. Mais, nous croyons qu'il y a là une idée
fort intéressante qui mérite une plus ample réflexion,
peut-être comme celle du nivellement des commissions, et qui pourrait
rendre le Régime d'épargne-actions plus disponible, plus
accessible. Je conviens avec vous que, pour ce qui est de la formation, on ne
veut pas s'esquiver par rapport à cela, mais il y a fort probablement
aussi un ajustement dans le contenu des programmes de formation et donc de
permis.
Quant aux commissions nivelées, je vous dirai, M. le ministre,
qu'il m'apparaît - c'est là une opinion personnelle mais que je
pense assez partagée chez nous dans l'industrie - que ce sujet, à
lui seul, regroupe probablement plus de problèmes et de réflexion
a faire que tout le reste ensemble et peut-être même plus.
L'industrie de l'assurance a estimé, et l'ACCA viendra présenter
son propre mémoire, que sur le plan financier une telle réforme
pourrait amener des coûts pour le financement de la transition de l'ordre
de 500 000 000 $ à 750 000 000 $ pour le Québec seulement. Chez
nous, c'est évidemment quelques millions de dollars. Autre chose, c'est
qu'il m'apparaît que, au nom d'une transparence qui facilite un choix
plus limpide pour le client, on est amené évidemment à
dénoncer ce qu'est la commission. En passant, nous sommes d'accord sur
le principe d'une divulgation des commissions, mais cela pose un sérieux
problème sur le comment. Sur le comment, j'ai mentionné
tantôt les coûts de financement dans la période transitoire
qui amènent des questions de combien, donc de coûts. J'ai
souligné, et on le mentionne dans le mémoire, que cela mettrait
les compagnies québécoises dans une position relativement plus
délicate que les grandes compagnies plus nanties en termes de surplus et
d'assiette de revenus de primes.
Je pense aussi, en terminant, que pour bien répondre à la
question du comment et de la divulgation, il serait bon de s'attarder encore un
peu plus sur le pourquoi et sur les conséquences. Les
conséquences et c'est là que la proposition est peut-être
la plus intéressante, c'est qu'elle amène naturellement un
nivellement des commissions et que cela peut améliorer nettement tant la
conservation des affaires que des intermédiaires.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez
m'excuser M. le directeur général, mais en vertu de
l'article 244 du règlement je dois suspendre puisque nous devons aller
voter et, après, nous reprendrons. Si, effectivement, nous ne sommes de
retour qu'à 13 heures, alors le début des travaux reprendra
à 15 heures avec votre groupe parlementaire.
Je suspends les travaux jusqu'à 13 heures, jusqu'à ce
qu'on ait fini de voter et s'il est plus de 13 heures, nous reprendrons la
période à 15 heures. Cela va? Je m'excuse.
(Suspension de la séance à 12 h 47)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux et, dans environ 30 secondes, la parole
pour les 10 prochaines minutes appartiendra au député de
Lévis. Je crois, M. le secrétaire, qu'à l'organisme il
restait environ une trentaine de minutes. Est-ce exact?
Le Secrétaire: 30 minutes.
Le Président (M. Lemieux): 30 minutes pour l'organisme. M.
le député de Lévis, nous sommes heureux de vous revoir et
la parole est à vous.
M. Garon: M. le Président, à la page 19 de leur
mémoire, nos interlocuteurs sont en faveur de la proposition voulant que
les courtiers et les agents interviennent dans le processus de règlement
des sinistres. Est-ce qu'il y a là possibilité à conflits
d'intérêts? Ne pensez-vous pas qu'il peut y avoir là
matière à conflits d'intérêts? S'agit-il pour vous
d'impliquer le courtier ou l'agent dans le processus d'évaluation du
sinistre et, selon vous, comment devrait-on rémunérer ce
travail?
Le Président (M. Lemieux): M. Circé.
M. Circé: Très bien, M. le Président. Enfin,
pour nous, c'est simplement de donner la réciproque aux courtiers.
Étant un assureur en direct, nous ne faisons pas affaire avec les
courtiers et nous ne sommes pas habilités à parler en leur nom.
Mais, par contre, nous, à La Capitale, nous réglons 94 % de nos
sinistres à l'interne et, selon les lois et règlements
actuellement en vigueur, il y a un cloisonnement entre les deux
opérations de règlement de sinistres et de ventes et de services.
Ce que nous demandons, c'est d'avoir la possibilité de
décloisonner ces deux secteurs. Il y aurait, à notre avis, une
économie de coûts et une économie de frais d'administration
ce qui nous permettrait d'en retourner une partie du moins aux
consommateurs.
M. Garon: Mais vous ne répondez pas à ma
question.
M. Circé: S'il y a conflits d'intérêts?
M. Garon: S'il y a des possibilités de conflits
d'intérêts.
M. Circé: Enfin, comme assureur direct, chez nous...
M. Garon: Admettons que vous n'êtes pas un assureur, mais
que vous êtes un assuré. Aimeriez-vous mieux être
représenté par quelqu'un qui travaille uniquement pour vous ou
par quelqu'un qui travaille autant pour la compagnie que pour vous?
M. Circé: Alors, voici, étant un assureur direct,
nous avons des procédures internes selon lesquelles, avant qu'il y ait
négation de couverture, cela doit être fait par les hautes
autorités. Alors, il n'y a pas de négation de couverture sans au
préalable un examen attentif et, quant au reste, quant au
règlement du sinistre lui-même, les procédures sont quand
même relativement simples et ne causent aucun conflit
d'intérêts, à notre avis. Comme assureur direct, vous devez
garder votre clientèle et vous devez bien la servir. Il en va de notre
intérêt, c'est notre intérêt commercial. Alors, on
n'a pas intérêt à nier des couvertures pour le plaisir de
le faire. C'est pour cela qu'il y a des règles très rigoureuses
chez nous qui s'appliquent. Ce sont seulement des experts en la matière
qui ont autorité de nier couverture.
M. Garon: Quelles sont ces règles chez vous?
M. Circé: Pardon?
M. Garon: Quelles sont ces règles auxquelles vous vous
référez?
M. Circé: Voici. S'il y a un sinistre dans lequel il y a
litige, premièrement, étant donné que nous sommes, encore
une fois, un assureur direct, il y a un préjugé favorable pour
l'assuré dès le départ. C'est une politique d'entreprise.
Si on doit pousser plus à fond le litige, cela va être
référé directement au chef responsable des sinistres.
Encore une fois, celui-ci va examiner cela sous l'angle des sinistres, mais il
va aussi s'adresser au secteur production pour vérifier s'il y a eu un
manquement ou une mauvaise information ou une erreur ou une omission de la part
du service de la vente. S'il n'y en a pas, à ce moment-là, il y
aura négation. S'il voit qu'il y en a, il y aura une prise en charge par
La Capitale du paiement du sinistre, même s'il n'y a pas de couverture ou
s'il y a ambiguïté. C'est un système qui fonctionne bien
chez nous.
M. Garon: Qu'est-ce que vous pensez des
experts en sinistres qui réservent leur champ d'activité
pour les assurés - on doit entendre le Regroupement des experts en
sinistres pour l'assuré ce soir, je pense - mais des experts dont les
fonctions sont exercées uniquement pour l'assuré?
M. Circé: Je pense que l'expert en sinistre lui-même
- je vous parle en mon nom et au nom de La Capitale, c'est notre perception du
domaine - ne sera pas intéressé à vendre de l'assurance.
Il est intéressé par le règlement de sinistres qui sont de
nature un peu plus complexe et il va se spécialiser là-dedans. Je
vous disais tantôt qu'il y a 94 % des sinistres qui sont
réglés à l'interne chez nous. Il n'en demeure pas moins
qu'il y en a 6 % qui sont réglés par des experts en sinistres
indépendants. Ceux-ci se verraient très mal confier un
règlement de sinistres à des experts qui vendraient pour un autre
assureur. Je pense qu'il y a une problématique d'opération
proprement dite à ce niveau-là. Je pense que les experts en
sinistres comme tels vont demeurer des experts en sinistres. Par contre, que le
courtier ait le droit d'intervenir dans le service après vente à
la clientèle, dans le suivi du dossier, pour nous, nous n'avons pas
d'objection. Je pense que cela fait partie de ce pourquoi il est payé,
sans qu'il ne s'implique directement. Peut-être pour de petits sinistres,
il s'agit de déterminer de quel montant.
Vous savez, chez nous, il y a des gens qui sont autorisés
à régler des sinistres, disons, de 1000 $ et moins pour
accélérer très rapidement ces petits sinistres qui sont
quand même assez dispendieux en frais d'administration. Cela pourrait
être des choses comme cela. Mais, des sinistres pour lesquels une
vérification doit être faite, je pense que cela prend des experts
en la matière. Je pense à l'incendie d'une maison, par
exemple.
M. Garon: Quel est le pourcentage de vos assurés qui sont
des fonctionnaires?
M. Circé: Actuellement, 92 % de nos assurés sont
des fonctionnaires du parapublic ou du péripublic.
M. Garon: Est-ce que les agents qui travaillent pour la mutuelle
sont des fonctionnaires eux-mêmes ou exclusivement des employés de
la mutuelle?
M. Circé: Non, La Capitale a deux réseaux de
distribution. La Capitale utilise le réseau de distribution de la
Mutuelle des fonctionnaires que sont les représentants d'assurance-vie
et elle a son propre réseau de "téléconseillers" par
téléphone. Évidemment, il y a aussi un réseau de
succursales que nous sommes en train d'implanter. Alors, le client a le libre
choix de transiger de personne à personne avec un représentant de
la Mutuelle ou de transiger au téléphone avec nous. Alors, il a
le libre choix pour cela.
M. Gravel: Pour terminer, le représentant de la Mutuelle
des fonctionnaires du Québec ne peut apporter que des clients de la
fonction publique et du parapublic, puisqu'il se doit de respecter le
modèle et la charte de la mutuelle.
M. Garon: Est-ce que lui-même est fonctionnaire?
M. Gravel: Non. Les représentants de la Mutuelle des
fonctionnaires du Québec comme tous ceux qui sont ici devant vous sont
des employés d'une mutuelle d'assurances qui s'appelle MFQ et sont donc
des employés du secteur privé, si on veut, ce qui peut
paraître un peu paradoxal.
M. Fortier: Vous avez donc baptisé votre mutuelle.
M. Gravel: Oui. Donc, nous ne sommes pas des fonctionnaires ni
des para ou périfonction-naires, si vous me permettez l'expression.
M. Garon: II était un temps où ils étaient
des fonctionnaires, je pense.
M. Gravel: Oui, cela a été le cas, M. Garon,
jusqu'au tournant des années soixante-dix. Je crois que c'est
rattaché à la loi qui a exigé que les représentants
d'assurance-vie soient des gens dont le seul gagne-pain soit celui d'une
carrière en assurance-vie. À ce moment-là, nos gens ont
donc dû choisir, soit un retour complet à la fonction publique,
soit un choix de carrière dans la représentation en
assurance-vie.
M. Garon: Vous suggérez un mode de distribution et de
formation différent en assurance de dommages pour les entreprises de
celui pour les particuliers, à la page 15. Pourquoi? Que
suggérez-vous à ce niveau-là? En vertu de cela, le cumul
des permis est-il souhaitable? La différence que vous invoquez
justifie-t-elle une certaine prudence dans la cumulation des permis?
M. Circé: Alors, voici, l'assurance des particuliers, de
plus en plus les produits... Enfin, en assurance automobile, le produit est
uniforme; il est obligatoire et il y a très peu de possibilité
d'innovation. Donc, c'est un produit qui est vraiment standard. En assurance
habitation, les formules sont quand même passablement semblables à
quelques variations près, mais la base même est presque identique.
Donc, pour nous, nous voyons une très nette différence entre
cette assurance-là et l'assurance pour le commerce et l'industrie qui,
elle, nécessite une expertise drôlement plus approfondie, à
notre avis. Ce serait beaucoup moins coûteux de voir à
la formation de gens spécialisés dans le domaine des
particuliers. Encore une fois, on pense toujours en termes de coûts,
parce que les coûts sont retournés au consommateur. Donc, si c'est
beaucoup moins dispendieux, s'il y a un coût de distribution moins
dispendieux, il y aura de meilleurs tarifs.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Fortier: Oui, toujours sur le même sujet, il est vrai
que nous avons emprunté l'idée de permettre aux courtiers ou aux
agents de régler des sinistres mineurs, comme vous le dites, en
empruntant des Lloyd's, mais II reste que les Lloyd's fournissent
eux-mêmes une formation à ces gens-là. Même si les
compagnies d'assurances elles-mêmes limitaient le règlement de
certains sinistres mineurs, d'après ce que vous dites, à des
courtiers ou à des agents, j'imagine qu'il y aurait quand même une
certaine formation à donner pour des cas comme ceux-là. Est-ce
que vous connaissez ce que les Uoyd's font? Est-ce que vous pensez qu'on
pourrait emprunter d'eux certaines façons de faire pour s'assurer, quand
même, qu'il y ait un professionnalisme dans la façon de faire les
choses?
M. Circé: Étant un assureur direct, je veux dire
que j'ai déjà eu connaissance de la façon de
procéder des Uoyd's, mais cela fait certainement trop longtemps. Je ne
suis pas à jour à ce sujet-là. Mais, par contre,
connaissant nos opérations, nous dépensons
énormément dans la formation et je crois qu'il est possible,
encore une fois, pour des sinistres mineurs de voir à une bonne
formation. C'est pour cela que nous insistions pour que la formation, tant pour
les préposés d'un assureur direct que pour les
intermédiaires indépendants, soit la même et soit bien
orientée sur la distinction entre produits en assurance des particuliers
et produit commercial pour simplifier la formation et la rendre
complète.
M. Fortier: Mais, dans le moment... M. Circé: Aux
deux niveaux.
M. Fortier: ...pour avoir un permis d'agent, comme on en fait
part dans notre document de consultation, ce qui m'a frappé, mol, c'est
que les exigences ne sont pas énormes. En fait, elles sont même
trop basses. Alors, dans le moment, ce n'est pas tellement un problème.
Le problème, c'est plutôt de relever le niveau de formation.
M. Circé: Je suis d'accord avec vous. D'ailleurs, nous
dépensons des sommes...
M. Fortier: Vous dites que vous dépensez de l'argent, vous
le dépensez à l'intérieur de la compagnie?
M. Circé: Certainement. Nous avons des programmes de
formation, des programmes de mise à jour. Ceux-ci sont revus chaque
année, périodiquement. Il y a des programmes qu'on appelle de
recyclage, parce que les lois évoluent, il y a des changements qui sont
apportés. Donc, il faut constamment maintenir nos gens à jour
dans ce domaine.
M. Fortier: Dans votre document, vous parlez de l'Institut
d'assurance du Canada qui donne une formation certaine dans le domaine de
l'assurance, mais vous dites qu'H faudrait s'assurer qu'à l'avenir il
prenne plus en considération les particularités du
Québec.
M. Circé: Certainement.
M. Fortier: Quel genre de particularités avez-vous en
tête?
M. Circé: Ce sont surtout les particularités dans
le domaine juridique et dans le domaine de la réglementation.
Aujourd'hui, il n'y a pas de cours de dispensé quant à la loi et
à la réglementation. Il nous apparaît que c'est le
fondement même de l'assurance. Le Québec a une position beaucoup
plus dynamique en matière d'assurance et, de ce point de vue, il est
peut-être plus en avance sur d'autres provinces ou sur le Canada.
M. Fortier: De plusieurs milles à part cela.
M. Circé: C'est cela. Donc, cela nous prend vraiment
quelque chose. L'Institut d'assurance du Canada a évidemment des
orientations nationales, on comprend cela un peu, mais il faut qu'il voit
à la réalité québécoise.
M. Fortier: Autrement dit, vous dites qu'il y a
possibilité de faire des ajustements, mais qu'il faudrait qu'un futur
conseil, enfin quelle que soit l'autorité, s'assure que ces cours
couvrent la spécificité québécoise.
M. Circé: Certainement.
M. Fortier: Je vous remercie. Je ne sais pas si mes
collègues veulent poser des questions.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, avez-vous d'autres questions?
M. Garon: Cela va.
Groupe des grands cabinets de courtiers
Le Président (M. Lemieux): Cela va. /Mors, nous vous
remercions de votre participation à cette commission parlementaire.
J'inviterais le prochain organisme, le comité ad hoc du Groupe
des grands cabinets de courtiers à bien vouloir prendre place, s'il
vous
plaît.
M. Gravel: Merci beaucoup, M. le Président. Le
Président (M. Lemieux): Merci. M. Fortier: Merci. M.
Garon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): La durée de l'audience
est d'une heure. Vous avez 20 minutes pour présenter votre
mémoire et il y aura une discussion avec les deux groupes parlementaires
de 40 minutes. Est-ce que le porte-parole de votre organisme veut bien
s'identifier, s'il vous plaît, et présenter la personne qui
l'accompagne?
M. Langlois (Raynald): Merci, M. le Président. Mon nom est
Raynald Langlois, je suis un avocat désigné par le comité
ad hoc. Je suis accompagné, immédiatement à ma droite, par
M. Gérald Laberge, du groupe Dale-Parizeau. Nous avons avec nous,
à l'arrière, si on devait poser des questions qui requerrait leur
participation, d'autres représentants du comité ad hoc: M. Albert
Caty, de Sedgwick Tomenson; M. Raymond Beausoleil, de Reed Stenhouse; M.
Jean-Claude Lépine et M. Norman Giuliani, de Marsh & McLennan,
Pratte-Morissette; M. Mario Pigeon, de Stewart, Smith; M. Maurice Sauvé,
de Morris & MacKenzie et Me Robert Lagarde, également du groupe
Dale-Parizeau.
Nous n'avons pas l'intention, M. le Président, de reprendre
textuellement la lecture du mémoire, confiants, évidemment, que
vous avez eu l'occasion d'en prendre connaissance. D'abord, nous voulons vous
remercier et féliciter le ministre de l'initiative qu'il a eue de
présenter un document de consultation sur un sujet fort délicat
et 'fort important. Nous voulons dire, dès le départ, que le
comité que je représente aujourd'hui a toujours indiqué
qu'il trouvait opportun le décloisonnement des intermédiaires,
mais qu'il prenait comme attitude qu'il s'agissait d'une opération
délicate à réaliser, du fait que les intermédiaires
financiers reflètent les réalités d'un secteur, que chacun
des intermédiaires financiers reflète les réalités
de son secteur et que c'est à tort qu'on pense que les
intermédiaires répondent à des impératifs
uniformes. Donc, dans le cadre d'un objectif de décloisonnement, il faut
s'assurer que cette réforme reflète une réalité,
réalité qui est issue d'un historique de relations de
marché, d'impératifs économiques et également du
besoin fondamental que l'on retrouve dans une industrie de service aussi
importante que les services financiers, soit la protection ultime du client
qui, dans le domaine des services financiers et plus particulièrement
dans le domaine de l'assurance, transige en toute confiance.
On peut se demander, M. le Président, pourquoi le Groupe des
grands cabinets de courtiers a senti le besoin de présenter un
mémoire distinct, c'est qu'il reflète une réalité
Importante du marché des assurances. Quoiqu'ils soient au nombre de huit
seulement sur 2400 cabinets, ils transigent pour tout près sinon
au-delà de 28 % du volume des primes. Ils ont également une part
plus qu'importante du nombre de courtiers qui travaillent pour eux et ils
reflètent la réalité des assurances complexes, notamment
des assurances commerciales. Ainsi, il ne faut pas oublier justement la
réalité que leur présence reflète dans le
décloisonnement. Les statistiques concernant l'importance du Groupe des
grands cabinets de courtiers que nous représentons apparaissent
clairement dès le préambule de notre mémoire, au chapitre
1.
On peut se demander pourquoi les courtiers ont senti le besoin aussi de
se prononcer sur des questions de courtage, alors que d'autres associations
dont ils font partie sont déjà venues devant vous. C'est que nous
croyons que l'importance des affaires qu'ils transigent leur donne une
perspective sur l'acte de courtage, qu'il est fort important de rappeler. On
peut penser que souvent les courtiers transigent plutôt dans les petites
unités du courtage d'assurances de dommages, dans celles de moindre
volume, que souvent les actes de courtage peuvent revêtir dans une
certaine mesure, du moins en apparence, un certain caractère
routinier.
Les grands cabinets de courtage, à cause de l'importance des
matières qu'ils transigent, ont conscience dans leur pratique
quotidienne de tous les éléments de l'acte de courtage. On semble
avoir oublié ou du moins ne pas avoir suffisamment insisté, dans
le document d'orientation du gouvernement, sur la fonction conseil du courtier.
On semble tenir pour acquis ou du moins penser que l'acte d'assurance de
dommages, et c'est l'unique qui nous intéresse dans la perspective du
mémoire pour les raisons que vous savez, que l'acte de courtage, dis-je,
reflète un peu la délivrance d'un produit
stéréotypé. Nous avons souligné dans le
mémoire, simplement pour fins d'illustration et non pas pour
déprécier l'importance des recommandations qu'il comporte, qu'on
a quelquefois l'impression en lisant le document qu'on assimile le courtier
d'assurances au propriétaire d'un dépanneur qui reçoit un
client qui lui dit: Voici, je veux avoir tel produit. Le courtier n'a
qu'à se retourner vers les tablettes, à trouver la police
d'assurance qui convient presque au modèle que lui a dicté le
client, la prendre, la lui remettre, percevoir une somme d'argent et il en est
fait de ses responsabilités.
Nous admettons que, dans la pratique quotidienne, souvent pour certains
types d'assurance, on peut avoir l'impression que c'est cela être
courtier, mais tant au plan juridique qu'au plan de la réalité
quotidienne que vivent les grands cabinets de courtage, la fonction conseil
prend une importance capitale. Conseil, non seulement au moment de recevoir le
client pour prendre connaissance de ses besoins et les
comprendre, mais fonction de conseil très importante dans le
choix des couvertures d'assurance, dans la cueillette des renseignements
auprès du marché de l'assurance pour déterminer quelles
sont les couvertures disponibles, comment les couvertures doivent être
cumulées, comment les franchises doivent être
arrêtées, comment les différents types d'assurance qui sont
offerts peuvent s'arrimer les uns aux autres, comment apparier les nouvelles
polices d'assurance que le client demande à avoir pour une protection
donnée avec d'autres couvertures qu'il possède
déjà. En fait, il arrive presque régulièrement,
pour ne pas dire presque toujours, que la police d'assurance qui résulte
de ces démarches est un document fort personnalisé, un document
qui est de toute façon d'une complexité telle que cette
complexité dépasse largement ce que l'on a comme style de
document dans les autres aspects des activités des intermédiaires
financiers.
Mais, le rôle du courtier d'assurances ne s'arrête pas non
plus à cette étape de faire la prospection du marché et
d'obtenir la police. Celui-ci a également une fonction de conseil en ce
qui a trait à la présentation de la police à son client
pour que le client soit en mesure de réaliser les limites de cette
couverture et enfin, c'est peut-être la dimension la plus importante, le
courtier a une obligation de, vous me passerez l'expression, "monitoring" tout
au cours de la période d'assurance pour répondre aux besoins et
aux attentes de son client quant à l'administration de la police et,
advenant ce que personne ne souhaite la survenue d'un sinistre, voir à
l'administration de ce sinistre avec le client et le conseiller dans la
poursuite du recouvrement auprès de l'assureur. (15 h 30)
II nous semble que tous ces éléments amènent un
certain nombre de conclusions. Quant à la réforme que l'on
envisage, le décloisonnement des intermédiaires financiers, si
elle doit se faire - comme nous semblons comprendre le document
présenté par le ministre - avec à l'esprit
l'intérêt du consommateur, il faut faire attention, dans un effort
de vouloir permettre à tout le monde de tout faire, de ne pas rabaisser
le rôle du courtier à celui de guichet automatique où II
s'agit simplement de mettre le nombre de sous qu'il faut pour obtenir le
produit qui est dans la machine.
On a l'impression que c'est un risque qui se présente dans le
document. Toute la philosophie qui sous-tend la présentation des grands
cabinets de courtage, la réaction tantôt positive à
certaines recommandations tantôt négative à d'autres est
conditionnée par la question suivante: est-ce que ce que le ministre
propose ou ce qu'il nous demande d'envisager comme document de réflexion
va préserver la fonction conseil du courtier? Est-ce qu'elle va garantir
que le courtier demeure au-dessus de tout conflit d'intérêts?
Il faut bien dire que le courtier est déjà dans une
position difficile de par la définition de son mandat juridique. Il est
un intermédiaire qui, sous certains aspects, répond à
l'assuré ou à l'assuré possible et qui, sous d'autres
aspects, répond à l'assureur. Donc, il est déjà
dans une situation délicate. Il est par ailleurs un intermédiaire
financier dont la qualité des services et les conditions
économiques de service s'exercent dans des conditions optimales, parce
que le consommateur est protégé par le fait que le courtier ne
dicte pas ses conditions. Étant coincé entre les besoins du
client et ceux de l'assureur, il exerce son métier tant au plan
qualitatif qu'au plan quantitatif dans; le meilleur intérêt des
deux. Il subit une pression des deux côtés. Les conditions
d'exercice de son rôle de courtier sont bien encadrées. Il fournit
un service des meilleures conditions au meilleur prix.
En fait, si on se demande quelle est l'attente véritable du
consommateur, et c'est à cela qu'il faut s'adresser, le consommateur ne
veut qu'une seule chose: avoir la meilleure protection. Et pour lui, la
meilleure ne veut pas dire uniquement le montant optimal d'indemnité
possible, mais les meilleures conditions, la police la plus flexible et la plus
étendue possible au meilleur prix. Il ne s'attend pas non plus à
ce que les services de son courtier dépendent du montant de la
rémunération qu'il va recevoir. D'ailleurs, les conseillers
juridiques du ministre ou de la commission vous ont sans doute rappelé
que la responsabilité du courtier à l'égard de son client
n'est nullement fonction du bénéfice personnel qu'il en retire.
Il a une obligation de diligence à l'égard de l'assuré qui
n'a rien à voir avec les conditions économiques dans lesquelles
il opère. Le courtier - et c'est la plupart des cas - qui retire 10 % ou
11 % d'une prime de 300 $ ou 400 $ pour une couverture de plusieurs milliers de
dollars va devoir rendre un service qualitativement aussi important que le
grand cabinet de courtage qui, ayant un volume de primes plus important pour un
risque, aura une rémunération plus grande.
Il y a une autre chose que nous avons remarquée dans le document
de consultation du ministre. C'est qu'il semble y avoir une inquiétude
à l'égard de la formule de rémunération du
courtier. On veut qu'il dévoile sa commission. On veut, s'il y a
possibilité de multidisciplinarité, que les commissions de
référence fassent l'objet de réglementation ouverte. On
s'interroge même sur l'à-propos ou l'opportunité de
maintenir une rémunération basée sur les commissions
puisque, dit-on, cela encourage la vente. Voilà autant
d'éléments qui nous indiquent qu'il y a une certaine
inquiétude au sujet d'une formule de rémunération, alors
qu'il n'y a vraiment pas de problème à cet égard.
Donc, M. le Président, pour toutes ces raisons, pour
résumer la position du Groupe des grands cabinets de courtiers et passer
au plus tôt aux questions afin que l'on puisse vous éclairer
davantage ce sur quoi l'on tente de vous
convaincre, notre document fait ressortir quels sont les grands volets
de l'acte de courtage et, sur les orientations que nous demandons
d'écarter, vous aurez noté que nous avons exprimé des
réserves sur le cumul des permis au nom d'une meilleure garantie de
qualité. Nous avons exprimé de sérieuses réserves
sur la création de réseaux de distribution de produits
d'assurances, parce que nous croyons que cela invite au
stéréotype de polices et à la dilution du rôle de
conseil du courtier. Quant à la divulgation des pourcentages de
commissions, nous trouvons que c'est un faux problème et il n'y a aucun
besoin d'y arriver. Nous vous incitons à la prudence en ce qui a trait
aux droits de propriétés des compagnies d'assurances dans les
firmes de courtage pour préserver la neutralité du courtier ou
son indépendance à l'égard des assureurs.
Quant aux orientations à retenir, nous sommes parfaitement
d'accord avec l'élargissement des champs de pratique, le regroupement
des courtiers, le partage des commissions, mais nous vous mettons en garde
contre une surréglementation qui nous apparaît peut-être
excessive. Quant a la propriété des cabinets de courtage, nous
croyons que l'ambiguïté de la loi actuelle doit être
corrigée et que le contrôle devrait s'exercer au niveau de la
direction des grands cabinets.
Pour ce qui a trait aux deux dernières questions fort importantes
que sont l'uniformisation des règles de déontologie et les
organismes de réglementation, il va de soi que nous sommes d'accord pour
qu'il y ait uniformisation des règles de déontologie. D'ailleurs,
vous avez vu que l'une des conditions que nous voulons que vous mettiez
à la multidisciplinarité, c'est que les associations de
professionnels se fassent entre professionnels réglementés,
c'est-à-dire là où les normes de capacité et la
déontologie sont contrôlées. Quant à la façon
d'atteindre le contrôle de la qualité, cela devrait se faire par
de l'autoréglementation mais, sur ce point, le mémoire est
très peu loquace pour la raison que, tant que nous n'aurons pas vu
quelle sera la structure professionnelle et la structure du marché qui
résulteront du décloisonnement, il est à toutes fins
utiles impossible de nous prononcer sur le style de réglementation au
niveau de la déontologie et des normes de capacité qui serait
approprié. Mais, si l'on va vers l'autoréglementation, de
grâce, ne donnez pas à un fonctionnaire du gouvernement, qu'il
s'appelle l'inspecteur des assurances ou quelqu'un d'autre, un pouvoir
d'intervention sans aucune norme, sans aucun encadrement, sans aucune
balise.
Voilà notre présentation en quelques minutes et nous vous
remercions de nous accueillir ici aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie. Vous avez
très bien résumé votre mémoire. M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, M. Langlois a exprimé
le point de vue du Groupe des grands cabinets de courtiers. Bien sûr, je
crois qu'on doit noter, comme on le dit au chapitre 1, qu'ils sont 8 cabinets,
qu'ils sont au nombre de 8 sur 2400. Ils emploient plus de 1512 personnes dont
501 courtiers sur 5500; ils transigent pour 847 000 000 $ sur un total de 3 000
000 000 $: assurance de dommages, 28 % du volume total et, si on tient compte
de l'assurance commerciale, 50 %. Donc, c'est une place très importante.
En vous écoutant, l'impression que j'ai, c'est que vous avez peur de
perdre votre part du gâteau. Vous vous en prenez aux petits et vous
dites: II ne faudrait pas que les petits s'organisent parce que, si les petits
s'organisent, là, ils vont manger notre part de gâteau.
Franchement, je trouve que vous charriez beaucoup, parce que, même
quand je lis ici la définition que fait l'Association des courtiers
d'assurances du rôle du courtier d'assurances, cela s'apparente beaucoup
à ce que je vois dans mon document à la page 22 et, là, je
me dis: Mon Dieu, Seigneur! s'ils sont rendus à nous accuser d'avoir mal
compris ie rôle du courtier d'assurances, on est rendu loin parce qu'on
ne s'entend pas sur grand-chose. Bien sûr, dans le document, on a fait
part des inquiétudes du client ordinaire qui, lui, tout ce qu'il assure
c'est sa maison et sa voiture. Mais cela, que vous le vouliez ou non,
l'individu qui assure sa maison et sa voiture, il y a beaucoup de
Québécois comme cela. Il y a environ 6 000 000 de
Québécois et il y en a plusieurs qui n'assurent que leur maison
et leur voiture. Ce n'est pas tout le monde qui possède une industrie
qui vaut plusieurs millions de dollars et ce n'est pas tout le monde qui fait
de l'assurance commerciale à un très haut niveau comme vous le
faites.
Cela dit, je suis désolé de votre attitude, parce que je
la sens comme étant très négative et dans le sens de
vouloir absolument protéger ce que vous avez en disant: Bien, les gens
en région puis les petits, ils ne devraient pas trop s'organiser, parce
que s'ils s'organisent c'est très dangereux pour nous autres. Je suis
désolé de votre attitude dans ce sens-là, parce qu'au nom
de la protection du consommateur, au nom d'une définition du courtage,
vous nous imputez toutes sortes de choses et j'ai de la misère à
vous suivre, je dois vous l'avouer.
D'autant plus, dans votre document, vous n'êtes même pas
capables de résumer la lettre que je vous ai envoyée. Vous
n'êtes pas capables de résumer comme il le faut la lettre du 7
avril que je vous ai envoyée, alors que dans votre document vous
résumez ce que je vous ai dit dans ma lettre du 7 avril sur le
mémoire tripar-tite. Vous résumez cela d'une façon
très cavalière alors que vous savez pertinemment que dans le
document tripartite, vous nous demandiez de reconnaître la
définition du courtage qui incluerait le courtage en assurance-maladie
et le courtage dans le domaine de l'assurance générale.
Malheureusement pour vous, j'ai des lettres devant moi de l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes et de l'APAVQ,
l'Association provinciale d'assurance-vie du Québec, qui nous disent: Un
seul groupe pour l'assurance-vie et l'assurance de dommages, on n'en veut pas.
Écoutez, vous m'avez fart un rapport tripartite qui nous imposait, qui
nous demandait d'avoir une seule organisation et une seule définition de
courtage pour l'assurance-vie et l'assurance de dommages. Malheureusement pour
vous, le secteur de l'assurance-vie n'en veut pas. Alors, quand je vois dans
votre document, je ne sais pas à quel endroit, que vous dites, mon Dieu:
Le ministre a refusé notre proposition et d'une façon très
cavalière, je ne vous suis pas et vous charriez. Vous savez que vous
charriez et Me Langlois a assez d'expérience politique pour savoir qu'il
charrie. Il défend bien son client ou du moins il essaie de bien
défendre son client, mais on est Ici pour faire la vérité
et on va essayer de la faire.
Voici la question que je pose: Pour quelle raison avez-vous tellement
peur de ce qui pourrait arriver aux petits bureaux qui vont s'organiser? Parce
que c'est sûr qu'avec le décloisonnement des institutions
financières, les courtiers d'assurances, avec raison, nous ont fait des
représentations. Ils ont peur de ce que les grandes institutions
financières peuvent faire et ils ont raison. Ils se sont plaints
également qu'avec le décloisonnement des compagnies d'assurances
en 1983, on les a ignorés. Le gouvernement actuel décide de
prendre position pour permettre, justement, aux petits courtiers de s'organiser
en réseaux ou autrement. Mais ma première question, c'est de vous
dire: Mais qu'est-ce que vous avez tant contre le petit courtier en
régions qui veut s'organiser et qui veut lui aussi avoir sa part du
gâteau et survivre? Dites-mol pourquoi vous êtes contre le petit
courtier d'assurances qui veut s'organiser en réseaux.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez la parole.
M. Langlois: M. le Président, quand je suis venu ici ou
quand le groupe des comités ad hoc est venu ici, il croyait que
c'était un document de consultation. On se rend compte que dès
qu'on le critique, le ministre a la peau fragile. Je ne sais pas qui ne sait
pas lire mais il n'y a rien dans le mémoire qui vous est
présenté qui va à rencontre des petits cabinets de
courtage, au contraire. Ceux qui sont vraiment menacés par ce que vous
proposez, au nom de satisfaire les appétits gargantuesques de certaines
grandes institutions financières qui ont d'autres choses à faire
que de vendre de l'assurance comme mission principale, ce sont les petits
cabinets justement, qui ont un marché qui pourrait apparaître
à première vue comme étant un marché
stéréotypé et qui pourrait être avalé par des
opérateurs de guichets automatiques.
Vous avez eu raison, M. le ministre, de dire que les grands cabinets de
courtage avaient effectivement un marché qui leur était
réservé, qui était le marché d'assurance
commerciale. Ils auraient pu adopter une attitude absolument
égoïste, et vous semblez les inviter à le faire, et ne pas
comparaître devant la commission parlementaire pour vous laisser
procéder avec votre réforme, parce qu'il est possible, pour ne
pas dire probable, qu'ils ne soient pas directement affectés. Sauf
qu'ils ont à l'esprit l'importance de préserver le rôle
traditionnel du courtier face à ses responsabilités à
l'égard des assurés. Et c'est cette fonction-conseil que vous
semblez avoir négligée. Je ne vous prête pas d'intention,
mais il y a peut-être un problème de compréhension de votre
document comme de votre lettre que vous avez écrite en réponse au
mémoire tripartite. On est tous ici de bonne foi. J'espère au
moins que vous nous reconnaissez cela. Ce qu'on préserve, c'est de
protéger justement la fonction de courtier. Notre but, c'est de vous
dire que par l'importance des services qui sont rendus où la
responsabilité professionnelle du courtier est peut-être plus
évidente sur une base quotidienne que pour les petits bureaux de
courtage, on pense qu'on peut vous apporter un éclairage justement pour
voir à la protection des courtiers d'assurance dommages quelle que soit
leur taille. Ceux qui sont les mieux outillés pour résister
à un envahissement du champ par d'autres intermédiaires
financiers, ce sont les gros courtiers. Quand vous nous dites: On est ici pour
protéger notre part du marché, d'abord, tout le monde qui est
ici, autour de la table, veut protéger sa part du marché. Le
gouvernement veut rester au pouvoir, donc il protège sa part du
marché politique, l'Opposition aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Langlois: J'espère qu'un ministre qui représente
un ministère économique ne reproche pas aux gens de vouloir
protéger leur activité économique. Mais il est d'abord
important, M. le ministre, que le rôle prédominant que jouent les
Québécois dans les grands cabinets de courtage sort maintenu et
qu'on ne perde pas de vue le rôle du courtier comme conseiller, peu
importe qu'il opère à Saint-Elzéar de Beauce ou sur la rue
Saint-Jacques à Montréal. (15 h 45)
M. Fortier: Alors, là-dessus... Est-ce que j'ai encore
quelques minutes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Fortier: Maintenant qu'on a brisé la glace, on peut
peut-être discuter de certains problèmes.
M. Langlois: Cela rappelle des scéances de
clôture, M. le ministre.
M. Garon: Ne mettez pas le feu dans l'aréna, en tout
cas.
M. Fortier: Le député de Lévis commence
à avoir peur. Mais juste pour arriver à des cas, je pense que le
mieux pour faire valoir notre point de vue réciproque, parce que
là on est juste au plan des grandes déclarations, prenons la
question des propriétés de courtage, parce que dans votre
mémoire vous dites clairement que vous craignez beaucoup que les
compagnies d'assurances en particulier deviennent propriétaires de
cabinets de courtage. Nous avons eu des représentations mardi, du
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec, qui nous
disent: Écoutez, il est vrai que les plus petits cabinets de courtage
ont besoin d'appui financier, ce qui n'est peut-être pas votre cas parce
que vous êtes plus gros. Mais les plus petits cabinets de courtage
disent: Écoutez, nous serions prêts à aller jusqu'à
49 % de la propriété des cabinets de courtage, parce que nous
avons besoin d'argent frais, parce qu'il faut de toute évidence
s'installer avec l'électronique, les ordinateurs et tout cela, organiser
des réseaux, et cela coûte cher.
Nous avons eu des représentations ce matin du Groupe
Coopérants, qui eux, malgré, semble-t-il, que ce n'était
pas tout à fait légal, mais l'association des courtiers, on en
pariera tout à l'heure, n'a pas réagi, ont acheté des
cabinets de courtage et ils nous disent: Écoutez - et les courtiers qui
ont été achetés étaient là pour nous le dire
- cela n'a pas changé notre professionnalisme, au courtier, étant
donné que le courtier travaille directement pour le client. Nous ne
voyons pas comment cela peut affecter notre performance.
Par ailleurs, étant ingénieur, pendant plusieurs
années et même aujourd'hui, je faisais affaire avec un grand
bureau de courtage qui s'appelait Meloche, mais je sais pertinemment que
Meloche m'offrait un seul produit, qui était Simcoe & Erie. Alors,
c'est pour cela qu'on s'aperçoit que la réalité est
complexe. Il y a au moins un grand bureau de courtage qui se dit courtier, mais
qui nous offre un seul produit. Tant qu'on est satisfait et que c'est le
meilleur prix, j'imagine que les ingénieurs ne se plaignent pas, mais la
question que je poserais c'est: Quelle est votre inquiétude face
à cette propriété des plus petits bureaux de courtage?
Parce que j'imagine que les grands bureaux de courtage sont
possédés très souvent par des gros ensembles indutriels,
souvent, qui ne sont pas du Québec, mais d'ailleurs, cela n'a pas
tellement d'importance. Donc vous plaidez que, j'imagine, le fait d'être
possédé par une compagnie d'assurances pourrait enlever une
certaine autonomie aux cabinets de courtage comme tels.
M. Langlois: M. le ministre, vous avez, à la page 23 du
mémoire, la position du comité ad hoc, qui n'est pas contre, en
principe, que les compagnies d'assurances puissent détenir une
participation dans les cabinets de courtage à titre de placement. Et en
relisant les mémoires des autres groupes auxquels vous avez fait
référence, et la transcription de ce qu'ils ont dit, j'ai compris
que notre position était très près de la leur, sauf que
nous ne sommes pas allés dans la façon de s'assurer, par la
réglementation et le contrôle, que cette propriété,
à titre de placement, ou pour éviter que ce qui doit être
un organisme de courtiers devienne à ce point dépendant de sa
mère que ce soit en fait un agent d'assurances
déguisé.
Nous reconnaissons l'utilité, peut-être le désir des
plus petits - cabinets et leur besoin de s'associer à des institutions
financières, quelles qu'elles soient, compagnies d'assurances ou autres,
mais ce que nous vous disons, c'est: Établissez des mécanismes
qui assurent que la participation des compagnies d'assurances soit une
participation à titre de placement, et non pas à titre de
contrôle, comme si c'était en fait une façon de se
présenter comme courtier, donc face au monde un peu comme si on
était indépendant, mais que par le jeu de la
propriété, l'indépendance n'y est pas. C'est la seule
réserve que nous avons.
M. Fortier: Je vais passer la parole à d'autres.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. Ou si vous préférez laisser
la parole à M. le ministre.
M. Garon: Bien, s'il veut continuer, cela ne me fait rien.
M. Langlois: Est-ce que M. Laberge peut ajouter quelque chose, M.
le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Laberge.
M. Laberge (Gérald): Ne serait-ce, M. le Président,
je vous remercie...
Le Président (M. Lemieux): Une minute juste.
M. Laberge: J'aimerais tout simplement ajouter qu'à la
lecture du mémoire du regroupement des cabinets, ' et
particulièrement en ce qui touche la propriété des
cabinets par les assureurs dont parlait M. le ministre tantôt, je n'ai
pas compris de la même façon le chiffre de 49 % dont M. le
ministre parlait par rapport à la lecture du texte qui apparaît
dans le mémoire du regroupement. Si j'ai compris en somme le texte du
regroupement, M. le ministre, nous n'avons pas d'objection à ce que des
institutions financières détiennent jusqu'à 49 % des
actions d'un cabinet de courtiers pourvu que, lorsqu'une institution
financière est liée de près ou de loin
à un assureur, le pourcentage maximum que cette institution
détient soit de 20 %. Comme le dit Me Langlols, c'est très
près de ce que nous avons mentionné aujourd'hui et de ce que le
comité tripartlte a également mentionné en novembre. En
d'autres mots et pour terminer, M. le ministre, je crois que les 49 % - encore
une fois, je ne suis pas le porte-parole du regroupement - ce sont 49 %,
globalement, par des institutions financières, mais limités
à 20 % pour toute institution liée à un assureur ou pour
toute institution dans un conglomérat.
M. Fortier: Si vous me permettez une remarque avant de passer la
parole à d'autres, dans votre document, à la page 23, ce que
j'avais compris de ce que vous dites, c'est que vous vous objectiez même
à 10 %. Donc, j'avais compris...
M. Laberge: Non, pas du tout.
M. Langlols: On trouve que les 10 % comme mécanisme de
contrôle n'étaient pas suffisants en soi...
M. Fortier: Ah oui!
M. Langlois: La divulgation après 10 %.
M. Fortier: Non, non, d'accord. Autrement dit, ce que nous avions
dit dans le document, soit qu'en haut de 10 %...
M. Langlois: C'est cela.
M. Fortier: ...il faudrait qu'il y ait divulgation. Autrement
dit, ce qu'on appelle divulgation, c'est de dire que, si une compagnie
d'assurances possède 15 % ou 20 %, le bureau de courtage est
obligé d'annoncer dans sa publicité...
M. Langlois: C'est cela.
M. Fortier: ...associé aux Coopérants ou
associé à La Laurentienne.
M. Langlois: C'est cela.
M. Fortier: Au moins, cela alerterait le client sur le fait qu'il
y a une association entre le bureau de courtage et le groupe financier auquel
celui-ci est associé, sinon contrôlé. Mais au moins,
c'était le minimum. Mais ce que vous dites, bien sûr, c'est qu'il
faudrait prévoir d'autres mécanismes...
M. Langlois: Aller plus loin, c'est cela, c'est exact.
M. Fortier: ...en plus pour s'assurer... Alors, vous n'êtes
pas tellement entier. Vous n'êtes pas en faveur du principe, mais vous
dites, si on le permet, qu'il faudrait s'assurer qu'il y ait d'autres
mécanismes au-delà de la divulgation comme telle.
M. Langlois: C'est-à-dire qu'on est d'accord que ce sott
à titre de placement et on vous le demande. Donc, on est d'accord
jusqu'à ce point. Si votre mécanisme de protection est uniquement
la divulgation, on dit oui à la divulgation, mais il faudrait plus que
cela.
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis et ensuite, M. le député de
Mille-Îles.
M. Garon: J'aimerais d'abord vous féliciter et vous
remercier de nous avoir produit un mémoire. Je pense, comme vous, que
c'est une consultation et que toutes les idées sont permises. On est
là davantage pour savoir ce que vous pensez en fait, plutôt que de
dire si on est d'accord ou pas. Parmi tout cela, le ministre est supposé
faire son choix et l'Opposition est supposée surveiller les
problèmes dans la solution. C'est un peu le cadre.
Ce que j'aimerais savoir, c'est...
M. Fortier: Vous allez rester là en plus.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Non, c'est un très bon rôle.
M. Garon: C'est comme cela que la démocratie marche dans
le parlementarisme britannique dans lequel nous évoluons.
J'aimerais poser une question. À la base, le ministre a
déclaré à quelques reprises qu'il voyait l'organisation de
mammouths financiers au Québec. C'est comme un objectif et, dans le
cadre du libre-échange, on voyait même le Mouvement Desjardins
immigrer vers les États-Unis. Je ne sais pas trop comment parce que
c'est une coopérative locale, mais en tout cas. Qu'est-ce que vous
pensez de l'idée de mammouths financiers comme objectif ou telle que
véhiculée par le ministre?
M. Laberge: Dans toute philosophie qui traite d'un sujet aussi
important que celui exprimé par le ministre, c'est bien évident
que la réponse la plus facile à donner serait que, moi aussi, je
suis d'accord avec la vertu. Mais, il y a au-delà de ça dans le
sens suivant: c'est que le gigantisme souhaité à juste titre pour
des Institutions québécoises, c'est encore une fois tellement
louable qu'il est difficile sans vouloir paraître un peu négatif
de tenter de donner certaines objections. Mais, sans être des objections,
il y a quand même des mesures de précaution, à mon avis,
à considérer dans le sens suivant. Le Mouvement Desjardins,
puisque vous l'avez nommé, M. Garon, reste quand même
l'institution dont tous les Québécois sont le plus fier.
Mais lorsque l'on arrive au moment de transiger des assurances avec la
clientèle qui en même temps fait des transactions, par exemple,
d'emprunt, c'est aussi vrai pour une banque, par exemple, qui, vis-à-vis
de sa clientèle à qui elle consent des prêts, aurait en
même temps la possibilité de lui offrir un produit d'assurance par
le biais d'une compagnie qu'elle détiendrait ou par le biais d'une
compagnie qu'elle créerait. Assurer un bien sur lequel la même
société a prêté de l'argent nous semble un peu
contraire aux intérêts du consommateur qui, dans le fond, sont les
intérêts premiers qui sont recherchés dans toute la
réflexion qui est faite ces temps-ci.
Deuxièmement, et là c'est vraiment personnel, mais une des
craintes que je ressens lorsqu'on parle de la possibilité de maintenir
le droit de faire de l'assurance au Mouvement Desjardins, c'est que je crains
fortement, M. le Président, que cela n'influence le ministre
fédéral qui, actuellement, s'objecte à ce que les banques
qu'il régit puissent avoir la même permission. Plus on aura
d'institutions provinciales qui auront cette permission, plus on affaiblit
l'objection du ministre.
Je termine là-dessus en disant que, contrairement peut-être
aux intérêts recherchés en voulant permettre au Mouvement
Desjardins de prendre une importance gigantesque, on risque peut-être
l'inverse parce que, si les banques n'entrent jamais dans le champ de
l'assurance et ne vendent d'autres produits financiers comme le fait le
Mouvement Desjardins, on peut risquer que cela joue à rencontre de
l'idéal choisi, c'est-à-dire de permettre au Mouvement Desjardins
d'atteindre cette taille gigantesque.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis, vous avez toujours la parole.
M. Garon: Croyez-vous que les consommateurs vont être mieux
desservis par des mammouths sur le plan financier qu'autrement? Est-ce que
c'est souhaitable? Est-ce qu'on pense qu'il y aura, par exemple, plus de
concurrence si... Je ne pensais pas au Mouvement Desjardins en particulier
quand je parlais de mammouths. Je pensais, quand le ministre parle un peu...
J'ai vu de ses discours où il parle, dans le cadre du
libre-échange, d'envahir les États-Unis. L'invasion du Canada
n'est pas forte: il y a 1 000 000 de population au Manitoba; en Sas-katchewan,
elle est de 900 000. Pensez-vous que, au point de vue de l'intérêt
du consommateur, parce que tous ces organismes ont deux fins au fond, le
consommateur qui achète des produits et, également, les
investissements dans le développement de l'entreprise et de
l'économie, pensez-vous que la concentration - parce qu'au fond des
mammouths c'est une forme de concentration, à moins que les gens ne se
mettent à consommer beaucoup plus - est souhaitable ou que cela n'est
pas souhaitable?
M. Langlois: M. Garon, je ne pense pas qu'on puisse
répondre à votre question en mettant tout le monde dans le
même panier. D'abord, si vous parlez de concentration, on sait tous que,
à un moment donné, la concentration amène des monopoles et
enlève les pressions du marché, de telle sorte que le coût
des services peut être beaucoup plus dispendieux. Mais oublions
même qu'on se rend jusque-là: cela dépend alors du produit
financier et de ce que le consommateur recherche. Si c'est d'avoir un
accès plus facile à un prêt hypothécaire ou à
des instruments de crédit, ou de pouvoir faire - je ne sais pas, moi -
placer ses économies où la fonction de conseil n'a pratiquement
pas d'importance, à ce moment-là, c'est bien évident que
les entreprises, les mammouths comme vous les appelez, par le fait qu'ils
offrent peut-être un éventail plus large d'opportunité,
facilitent le travail du consommateur: il n'a pas à s'adresser à
plusieurs endroits. Mais je ne suis pas sûr que, en termes de concurrence
et de possibilité de choisir, le consommateur soit bien en mesure
d'aller d'un mammouth à l'autre. Il est peut-être tellement
impressionné par le mammouth qui l'affronte qu'il n'a pas la
capacité de résister, il ne peut pas aller ailleurs, il n'a pas
le goût et il a quasiment peur d'y aller.
Nous, ce que nous disons, c'est que de tous les produits - pour employer
votre expression - financiers, il y en a un qui est extrêmement
délicat, et ce n'est pas vraiment un produit: c'est l'assurance. Que les
compagnies d'assurances s'organisent pour avoir le plus grand éventail
de possibilités et pour être les plus gigantesques possible, nous
n'avons pas d'objection à cela. Mais, cela prend une interface, comme
nous le disons, entre l'assureur mammouth et le petit consommateur. C'est le
rôle du courtier. C'est là qu'il faut faire attention. Il faut
protéger cette fonction de conseiller. Pour répondre à
votre question, ce n'est pas dans l'intérêt du consommateur, dans
le cas de l'assurance, qu'il transige en direct nécessairement avec des
mammouths financiers.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. Garon, votre temps
est terminé. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord, je
tiens à vous féliciter pour l'excellente qualité de votre
mémoire. À mon humble avis - je peux me tromper - c'est le
meilleur mémoire qui nous a été présenté
devant cette commission, à ce jour. Comme vous l'avez si bien dit
tantôt, je trouve très paradoxal, et tout à votre honneur,
que vous veniez ici aujourd'hui défendre les intérêts non
seulement de ceux qui, dans votre professsion, s'occupent de petits bureaux de
courtage mais également, dans votre mémoire, vous osez traiter du
sujet principal qui est en
cause quand on parle de décloisonnement dans le secteur des
institutions financières, c'est-à-dire la protection du
consommateur. (16 heures)
Sur 31 pages de votre mémoire, il y a treize pages qui traitent
de cette question et je pense que vous avez abordé le problème
fondamental. Je dois vous dire que je suis en accord avec une très
grande partie de ce que vous dites dans votre mémoire et que je n'ai pas
du tout compris, en lisant ce mémoire, ce que d'autres ont compris et
peut-être lu tantôt.
Cela dit, j'aimerais attirer votre attention sur les quatre principes de
base de la protection du consommateur que vous énoncez à la page
15 de votre mémoire. Quand vous parlez de la protection du client,
à la page 14, au bas, vous dites: "La demande conduisant au
décloisonnement doit viser un objectif fondamental, soit la protection
du client. Cet objectif ne sera pas atteint par la mise en oeuvre d'un
décloisonnement dont le bienfait principal serait la multiplication des
points de vente de contrats stéréotypés." Je suis
entièrement d'accord avec vous.
Vous posez, à la page 15, quatre principes: le premier principe.
"La consécration et la protection du devoir de conseil du courtier
à l'endroit de son client dans l'évaluation de ses besoins...";
le deuxième principe, "La protection du client contre les conflits
d'intérêts du courtier..."; le troisième principe, "La
protection du client contre les ventes liées" et le quatrième
principe, "La protection du client contre les transferts d'informations
personnelles obtenues en confiance" qui préoccupent beaucoup mon
collègue de Lévis qui jase présentement, mais je suis
sûr que, quand on va parier de confidentialité, il nous
reviendra.
M. Garon: Je fais partie des...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, le collègue de Lévis faisait
référence à ce que vous disiez.
M. Bélisle: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer, M. le
député de Mille-Îles.
M. Garon: Je fais partie des gens qui peuvent marcher et
mâcher de la gomme en même temps.
M. Bélisle: Pardon?
M. Garon: Je fais partie des gens qui peuvent marcher et
mâcher de la gomme en même temps.
M. Bélisle: C'est excellent. Vous êtes un de ces
mammouths spéciaux.
Quand je continue un peu plus loin dans ce même ordre
d'idée et que je regarde votre mémoire, à la page 17,
là vous en venez à décortiquer la création d'un
réseau de distribution de produits d'assurances, parce que c'est ce qui
nous préoccupe: protéger le consommateur dans l'optique où
on va permettre à certains réseaux de distribuer de l'assurance
au comptoir sous forme de contrats stéréotypés. Il ne faut
pas se le cacher, c'est le fond du problème.
Je voudrais que vous nous explicitiez les points et les réserves
que vous avez aux pages 17 et 18 quand vous nous dites: "...il est illusoire de
croire que le personnel à l'emploi de ces réseaux puisse avoir le
minimum d'expertise requise pour fournir un service adéquat au client",
quand vous continuez avec les ventes liées et que vous dites à la
page 18: "II est illusoire de penser que de tels moyens de contrôle
soient efficaces. Le premier, c'est-à-dire l'obtention de l'annulation
de la police - si le client s'aperçoit que la police ne correspond pas
à ses besoins - présume que le client réalisera qu'il aura
été mal assuré dans un délai raisonnable et que sa
position de débiteur lui laissera suffisamment d'indépendance
à l'endroit de son créancier pour l'affronter." Autre très
bon argument: "Quant au second moyen proposé, la divulgation, il
constituerait - et ce que vous dites va à l'inverse de l'argument
proposé et je pense que vous avez entièrement raison, parce que
vous avez compris comment les êtres humains réagissent quand ils
se présentent dans les institutions financières - au contraire un
moyen de pression additionnel sur le client plutôt qu'une mesure de
protection contre les ventes liées, surtout à l'égard des
clients qui transigent en situation de faiblesse. Ils voudront plaire à
ceux qui leur font crédit!" Vous continuez plus loin en pariant de la
Loi sur les banques, du projet de loi fédéral sur les fiducies
qui est très clair relativement à la prohibition contenue dans le
projet de loi, quant à la vente dans des réseaux
d'assurances.
Ce que j'aimerais savoir c'est: Est-ce que vous vous êtes
fondés sur des expériences, sur des études, sur le
comportement dans d'autres endroits au monde où on permet la vente
d'assurances en réseau? Est-ce simplement une réflexion
personnelle du groupe qui a essayé de faire une sorte d'exercice de
futurologie à savoir comment se comporterait tel consommateur ou telle
institution? Est-ce que vous vous fondez sur des données? Si oui, si
vous avez ces données, de grâce, parce que vous vous attaquez au
fond du problème et à l'unique problème,
déposez-les devant la commission.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Vous avez la parole.
M. Laberge: D'abord, je voudrais remercier le
député pour le compliment qu'il fait à l'endroit du
mémoire. En réponse à la question: Non, nous n'avons pas
fait d'études très poussées dans le domaine, se basant
beaucoup plus sur une
expérience du métier, puisque nous avons vu dans d'autres
cas où il y a eu certaines pressions, et ce n'est pas pour rien que le
législateur, lors de la Loi sur les assurances qui a été
instaurée en 1976, si je me souviens bien, a prévu dans la
réglementation - je ne me rappelle pas à quel article, 344
peut-être - que le débiteur ne peut se faire imposer par le
prêteur le choix ni du courtier ni de l'assureur. Donc, s'il y avait
déjà une préoccupation à ce moment-là, c'est
qu'on s'imagine que le législateur du temps devait, lui aussi,
être préoccupé par la question. Par ailleurs, je peux
ajouter que nous savons qu'aux États-Unis, qui a été
peut-être le site, un des premiers, tout au moins, au monde où on
a connu un décloisonnement dans le domaine des institutions
financières, il y a certainement eu des moyens ou, enfin, des preuves
à l'effet puisque dans certains États, et on a vu cela, il y a eu
des moratoires qui ont été immédiatement implantés
parce qu'on a dit: Cela semble créer un problème et on va
l'étudier. Alors, c'est un peu en fonction de cela qu'on a
mentionné...
M. Langlois: J'aimerais ajouter deux choses.
M. Laberge: Oui.
M. Langlois: Si vous me permettez, c'est qu'il va falloir,
à un moment donné, qu'on se décide. Ou bien l'acte de
courtage requiert une compétence spécifique de celui qui le fait
ou il n'en requiert pas. S'il n'en requiert pas, vous pourrez conférer
à la caissière du Mouvement Desjardins ou de n'importe quelle
autre institution financière la mission de vendre de l'assurance
à qui voudra en prendre. Le document de consultation semble tenir pour
acquis, et nous pensons qu'il a raison, que l'acte de courtage doit être
réglementé au niveau des normes de capacité et au niveau
de la déontologie, ce qui, à mon humble avis, exclut la vente par
des personnes non initiées.
Deuxième chose, la relation qui s'établit entre le client
et l'institution financière dont nous parlons, qui sont les
sociétés de crédit et de dépôt, en est une en
fonction d'un besoin de crédit ou pour fins de placement, donc, pour
d'autres raisons que l'assurance. La situation du client, surtout lorsqu'il est
là pour une raison de crédit, c'est qu'il est totalement à
la merci de l'institution. Je pourrais témoigner d'expériences
personnelles qu'on a tous vécues. Lorsqu'on est allé chercher
notre première marge de crédit à la banque et que le
banquier a dit: Bien écoutez, évidemment, voulez-vous avoir une
carte Master-card en plus, ou il faudrait peut-être que vous ouvriez
votre compte de banque et celui de votre femme ou de vos enfants ici. Quel
pouvoir de résistance avons-nous face à cette suggestion fort
polie, avec le sourire en coin, du gérant de banque qui nous accorde le
crédit tant désiré?
On ne l'a pas. Il assure le gage de son crédit. Arrive la perte.
La perte, généralement, affecte carrément le patrimoine de
son débiteur. L'institution financière est inquiète. Son
gage est disparu. L'assurance devient la façon de
récupérer le crédit. Quel est l'intérêt qui
va primer au niveau de la perte? La protection du client, est-ce qualité
assurée ou la protection de la banque comme détenteur d'un gage
qui est parti? S'il y a quelqu'un dans cette salle qui ne connaît pas la
réponse à la question, je pense qu'on a des problèmes.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Mille-Îles, malheureusement, on a terminé.
M. le ministre, vous avez une question, parce que je dois passer au
député de Lévis. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous parlez beaucoup, dans votre document, de
l'importance du rôle de conseiller du courtier qui assure, selon vos
propos, une meilleure protection du consommateur. Par ailleurs, le document du
ministre fait état des problèmes reliés à la
compétence et à la formation de certains intermédiaires.
Qu'en pensez-vous et, selon vous, est-ce qu'il est nécessaire, utile ou
souhaitable de rehausser les exigences de formation pour les courtiers?
M. Laberge: Incontestablement, le courtier à cause de son
rôle très important, comme vous le dites, de conseiller et ensuite
de voir à fournir à son assuré la protection la plus
fondamentale pour ses besoins, puisqu'il met l'avenir financier de son
client... il le prend entre ses mains. C'est évident que toute
connaissance supérieure et toute amélioration à ce
niveau-là est souhaitable. Quant aux techniciens ou aux
intermédiaires dans les cabinets de courtage, dont il est fait
état dans le document de consultation, c'est clair que le courtier
d'assurances assume, comme vous le savez et comme les autres professionnels
d'ailleurs, une responsabilité professionnelle pour le travail qu'il
fait et s'il a l'imprudence de confier et de trop confier par une trop grande
délégation à des employés qui n'ont pas la
compétence pour bien servir le client, étant donné qu'il
en assume, lui, la responsabilité, vous comprendrez immédiatement
que ce courtier-là, à mon avis, serait inconscient et je ne pense
pas que cela soit le cas. C'est, à mon avis, exagéré de
prétendre que, parce qu'une personne dans le bureau d'un cabinet va, par
exemple, discuter d'une assurance de risque, ce qu'on appelle de risque simple,
avec un client et parce que cette personne-là ne serait pas
détentrice d'un permis de courtier émis par l'association, elle
n'a pas la compétence. Pas plus que cela serait vrai de dire, par
exemple, en voyant un ingénieur, dans nos maisons, faire un travail
d'inspection, discuter de prévention de sinistre par opposition à
la police d'assurance qu'il a en main, qu'il est incompétent. Il a la
compétence de l'ingénieur et
il travaille dans le cadre de cène compétence-là.
En d'autres mots, la responsabilité des directeurs d'un cabinet de
courtiers inclut, bien sûr, celui de faire bien attention quant à
la délégation des travaux qu'il confie à d'autres
personnes. Mais je suis d'accord avec votre question initiale, que c'est
souhaitable qu'il y ait une amélioration quant à la
préparation académique.
M. Garon: Concernant la fonction de conseiller du courtier, vous
dites en particulier que le document n'insiste pas assez sur la fonction de
conseiller du courtier, croyez-vous - je sais que vous n'êtes pas
favorable à la divulgation de la rémunération - ou ne
croyez-vous pas que la divulgation de la rémunération du courtier
serait de nature à valoriser cette fonction?
M. Laberge: Vous savez...
M. Garon: Je pense, par exemple, plutôt qu'une commission
qui est indicatrice, au fond, d'une incitation à vendre, parce qu'une
commission comporte un genre d'incitation à vendre davantage, tandis
que...
M. Laberge: Remarquez que sur le principe, M. le
député, je suis convaincu que c'est difficile de nier une telle
prétention. C'est bien clair sur le principe même. Sauf qu'en
pratique, ce n'est pas tout à fait la même chose et je vais vous
dire pourquoi. Voyez-vous, contrairement, par exemple, à un fournisseur
de services professionnels, genre pharmacien, qui, lorsque vous lui en faites
la demande, vous vend un produit, vous êtes d'accord avec moi que dans le
montant que vous avez payé, il y a également une proportion qui
représente - entre guillemets - sa commission. Vous ne la connaissez pas
plus que vous ne connaissez celle de votre courtier d'assurances avec qui vous
avez transigé l'achat de votre police. Mais, après que le
pharmacien vous ait vendu son produit, son travail est terminé. Le
courtier d'assurances ne peut à l'avance établir des honoraires
lorsqu'il vous vend une police, parce que son travail consiste, d'abord,
à analyser vos besoins; à vous les démontrer et souvent ce
n'est pas facile parce que plusieurs clients ne veulent pas admettre facilement
qu'ils ont besoin de cela; ensuite, à présenter des alternatives
et, enfin, à recevoir votre commande, la placer avec un assureur,
vérifier si la police est conforme à ce qu'il a demandé et
vous la transmettre. Et ce n'est pas fini. Est-ce que vous allez changer, par
exemple, dans votre portefeuille, de voiture une fois ou deux? Est-ce que vous
allez déménager? Allez-vous acheter une autre
propriété ou un autre bijou? Si vous avez une usine, allez-vous
en acheter une autre, reconstruire, faire un agrandissement? Donc, le travail
continue et, enfin, quand vous avez un sinistre, là encore, le courtier
s'implique. Alors, comment à l'avance peut-on établir des
honorai- res fixes pour vous dire: Bien, Je pense qu'avec tel montant, je peux
bien servir ce client-là pendant un an. Or, ce que nous
prétendons, c'est que contrairement au but recherché - encore une
fois, je reviens à ce que M. Bélisle mentionnait - qui est le
bien du client, c'est qu'on prétend qu'avec la divulgation, c'est que le
courtier se dira à ce moment-là: Comme j'ai établi un
montant, des honoraires de 50 $ ou de 500 $, je vais donner des services pour
50 $ ou 500 $ et quand j'aurai fini, les services seront peut-être un peu
à la va-comme-je-te-pousse. Alors que sur une base de commissions, la
tradition établie - c'est partout au monde - fait que, finalement, nous
acceptons les bons côtés de la commission comme les mauvais. Mais
ce n'est pas vrai que cela force la vente, bien au contraire. Vous savez, la
concurrence se charge bien par elle-même de régler cet aspect de
crainte que vous pouvez avoir concernant la rémunération.
M. Langlois: J'aimerais simplement ajouter ceci, M. le
député, c'est que la commission étant en fonction de la
prime, la prime étant en fonction du montant de l'assurance, la
commission a au moins cette vertu d'être en relation avec ce que
j'appellerais Texposure" en termes de responsabilité professionnelle du
courtier advenant qu'il s'acquitte mal de l'une ou l'autre de ses fonctions.
C'est dans ce sens-là que la commission a une vertu. Et elle n'est pas
nécessairement un incitatif à la vente parce que, comme on dit
dans notre mémoire, les expériences du marché veulent que
plus le montant de la couverture augmente, plus le pourcentage diminue. Et
enfin, ce n'est pas le courtier qui établit la commission. La commission
s'établit en fonction des pratiques et politiques des différents
assureurs qui essaient de maintenir une certaine équité entre les
courtiers qui sont en concurrence pour obtenir les mêmes couvertures.
Mais elle a au moins cette vertu d'établir la rémunération
en proportion de la responsabilité que le courtier assume en
première ligne comme conseiller, même si elle a bien des
défauts. (16 h 15)
Maintenant, on m'avise que dans les grands risques commerciaux, il y a
effectivement, quand un client important par exemple, ou n'importe quel client,
veut savoir ce que lui coûte le service du courtier, on va le lui
fournir. Mais on ne volt pas l'utilité ou la nécessité
d'en faire une condition dans la loi, parce que cela pourrait passer un mauvais
message au monde, à l'effet, comme l'a dit M. Laberge, que la
qualité des services à rendre serait en fonction de ce que le
bonhomme recevrait et non pas du service qu'il devrait lui rendre par la loi.
Cela n'a peut-être pas de sens, mais...
M. Garon: Est ce qu'il y a une grande
variété...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je voudrais vous faire remarquer qu'il vous reste une minute.
Alors une question brève et une réponse très brève,
afin de permettre à M. le ministre de revenir.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Alors, est-ce qu'il y a une grande variation dans le
niveau des commissions données par les assureurs aux courtiers, et si
oui, est-ce que cela n'a pas pour but d'avoir une certaine... de garder la
clientèle, garder le courtier, quand les compagnies ont un plus haut
niveau de commissions par rapport aux courtiers.
M. Laberge: Non, encore là, je prétends que la
concurrence s'occupe elle-même de régler le problème. Il
n'y a pas un assureur qui va risquer, en accordant une plus grande commission,
d'être obligé, pas conséquent d'augmenter sa prime brute,
globale et de risquer de perdre le client. C'est un cercle vicieux. Vous
augmentez votre commission, vous augmentez la prime, en augmentant la prime,
vous risquez qu'un autre assureur, par le biais d'un autre courtier, ne fasse
pas la même chose et que vous perdiez fe client. Alors c'est pour cela
que je prétends que non.
M. Langlois: II y a une autoréglementation, en d'autres
termes.
M. Garon: Et y a-t-il des écarts?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, malheureusement... alors brièvement.
M. Langlois: Les écarts varient, mais ils sont à
peu près, à ce qu'on me dit, entre 5 % et 10 %. Cela varie aussi
en fonction des services que l'assureur fait faire par son courtier. Il va...
... souvent on va penser que la commission, c'est simplement pour
rémunérer le service du courtier vis-a-vis du client, mais si
c'est le courtier qui est responsable, par exemple, de faire l'émission
de la police et de faire certains actes administratifs pour un assureur, par
exemple, étranger, la commission va comprendre cette partie-là
des services qu'il rend. Mais il y a une forme d'autoréglementation du
fait que la rémunération du courtier est située entre la
volonté du client d'obtenir le meilleur service au meilleur prix, et 11
s'adresse à plusieurs personnes, et l'assureur qui ne veut pas manquer
sa chance de vendre.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de votre
collaboration, M. le ministre.
M. Fortier: Je vous remercie. Je pense que votre mémoire a
provoqué un bon débat. Je n'irai pas jusqu'à dire - enfin
ce n'est pas dans mon tempérament de dire que votre mémoire est
le meilleur quand cela fart mon affaire - mais je crois que, du moins, vous
avez le mérite de défendre votre point de vue.
J'aimerais juste relever une chose que M. Langlois a dite, je pense, et
qui n'est pas exacte. Je pense que ce qui a été dit c'est que
dans la vente d'assurances, telle que la loi le prévoit... que la loi
pourrait permettre ou que l'inspecteur pourrait permettre, qu'un caissier ou
qu'un préposé dans une institution financière pourrait
vendre de l'assurance. Je voudrais juste préciser que, au Québec,
il n'a jamais été question de permettre, excepté à
une personne qualifiée, donc détenant un permis d'un inspecteur
des institutions financières, de vendre de l'assurance. Donc, si on
s'entend là-dessus, la personne, et d'ailleurs, dans notre document...
et tous ceux qui font des représentations nous confirment qu'ils
appuient notre démarche, de vouloir rehausser le niveau
d'éducation. Donc, et pour l'agent et pour le courtier, il y aurait
avantage à rehausser le niveau, mais dans un cas comme dans l'autre, le
niveau d'éducation serait tel que lorsqu'une personne ferait affaire
avec un agent, que ce soit à l'intérieur d'une institution
financière ou ailleurs, cette personne-là serait
qualifiée. Donc je voudrais juste mettre cela de côté,
à savoir qu'il n'est pas question, pour nous, de permettre à qui
que ce soit qui ne serait pas qualifié de vendre de l'asurance.
Mais la question que je voulais vous poser a trait aux produits dits
simples. Je comprends très bien que pour les produits dits commerciaux
et industriels, cela demande beaucoup de sophistication et très souvent,
j'imagine, des rencontres avec les représentants d'une industrie et tout
cela. Mais, pour les produits dits simples, je crois que c'est ce que le
député de Lévis disait ce matin, lors d'une question qu'il
posait: On ne peut pas s'attendre, avec raison je crois, qu'un courtier qui
vend une police d'assurance pour une voiture, et disons que la police
coûte 300 $... on ne peut pas s'attendre que dans chaque cas, le courtier
fasse une investigation qui lui prendrait trois jours pour trouver quelle est
la meilleure police d'assurance. Et le député de Lévis
disait avec raison: Probablement que le courtier fait cela au début de
l'année, et que, donc, il négocie avec différentes
compagnies d'assurances qui, d'après lui, lui fourniraient le meilleur
service, et lorsque quelqu'un lui fait la demande... donc cela devient un...
enfin, c'est ce que le député de Lévis nous disait ce
matin... donc, pour des produits plus simples, la préposée serait
en mesure de le faire, étant donné que le travail a
été fait au début de l'année.
Mais, voici la question que je voulais vous poser. J'ai devant moi un
sondage qui a été fait dans une organisation et qui
démontrait que - même pour ceux qui font de la vente directe -
très souvent, dans 50 % des cas, la vente se fait par
téléphone, pour les produits simples. Pour avoir parler à
mes amis, je sais pertinemment que chaque fois que j'ai acheté une
protection pour ma voiture, je ne suis jamais allé
chez le courtier. Je ne suis jamais allé chez le courtier de ma
vie. J'ai pris le téléphone et j'ai appelé.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Fortier: La question est celle-ci: Est-ce que, dans le fond,
étant donné que la loi oblige que ce soit un courtier ou un agent
et que très souvent, pour des produits simples, la vente se fait par
téléphone - je ne sais pas si c'est ainsi en régions, mais
en tout cas, à Montréal, cela se fait souvent par
téléphone... On a entendu, hier, l'Association des consommateurs
qui nous disait qu'elle, pour autant que le client a le meilleur prix pour un
produit simple et le meilleur service, et cela sera donné
éventuellement par la concurrence... Ne croyez-vous pas que s'il y a un
encadrement comme celui-là le marché va déterminer le
meilleur service et qu'en définitive, le client va aller là
où le service va être le meilleur ou là où il aura
une plus grande satisfaction? Ne croyez-vous pas que, dans cette optique,
l'Association des consommateurs, que nous avons entendue hier, a raison de dire
que pour le consommateur, on voit cela de telle façon? Je pense qu'il
faut obtenir... que c'est le consommateur qui doit obtenir le meilleur produit,
le meilleur service possible au meilleur coût. Donc, si le consommateur
obtient ce service et un très bon service au sein d'une institution
financière par une agence directe, tant mieux pour le consommateur.
Autrement dit, ce que l'Association des consommateurs nous disait c'est
que, dans la mesure où c'est le client qui décide, laissons les
choses aller et c'est le marché qui va le déterminer dans
l'avenir.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Dans la
mesure du possible, une réponse brève.
Une voix: Nous vous remercions beaucoup. M. Fortier: Vous
ne me répondez pas?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez répondre.
Nous avons déjà écoulé notre temps, mais, avec
consentement, je vais vous permettre de répondre.
M. Langlois: La question qui se pose est:
C'est quoi, un produit simple? C'est ça? La personne qui,
même dans l'assurance automobile...
M. Fortier: Disons, l'assurance automobile, la voiture, ma
Pontiac ou ma Chevrolet.
M. Langlois: Même dans l'assurance automobile, est-ce qu'il
s'agit d'une valeur de remplacement ou d'une valeur
dépréciée? Quel est le montant des franchises? Est-ce
qu'il n'y aurait pas intérêt à combiner cela avec une
police d'assurance?
M. Fortier: Comme vous le savez, M. Langlois, les polices
d'assurance sont harmonisées par l'inspecteur et se ressemblent à
peu près toutes. Les différenciations ne sont pas
énormes.
M. Langlois: Ce n'est pas exact, je m'excuse. Chaque
élément, même une police simple a des
éléments personnalisés. Si on veut avoir un produit de
consommation courante et que personne n'ait le droit de choisir s'il veut avoir
une couverture suivant telle valeur avec telle particularité qui est
plus près de son besoin, je vous dis que, seulement à voir les
efforts que des organismes professionnels tels que la Corporation des
ingénieurs, le Barreau, etc., mettent à fournir à leurs
membres des protections d'automobile et de résidence qui sont conformes
à leurs besoins comme professionnels...
Cela n'existe pas, M. le ministre, du moins nous le pensons, ce que vous
appelez un produit simple. Ce n'est peut-être pas l'objectif à
poursuivre que de faire en sorte que les Québécois soient tous
assurés avec des produits simples.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y rapidement.
M. Langlois: Malheureusement, ce qui est simple pour nous ne
l'est pas pour le petit consommateur parce que c'est son seul bien à
protéger.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous remercions. M.
le député de Lévis, en conclusion.
M. Garon: Je voudrais vous remercier d'être venus. On a
voulu connaître votre opinion. Je souhaite même, puisque le
ministre a dit qu'il avait l'intention de déposer un projet de loi au
début de l'automne, qu'il y aura des gens qui seront appelés
à venir commenter ce projet de loi concret, parce qu'on fait un peu des
discussions de principe. Je pense qu'il serait bon aussi que, lorsque le projet
de loi sera déposé, des gens viennent réagir pour voir
comment ce projet de loi va faire vivre les gens dans la vie de tous les
jours.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre, conclusion rapide.
M. Fortier: M. Langlois et M. Laberge, merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions de votre
participation à cette commission parlementaire.
J'inviterais le prochain groupe, Info-ultima
inc, à bien vouloir prendre place s'il vous plaît.
Info-ultima inc.
Le Président (M. Gobé): J'aimerais souhaiter la
bienvenue aux représentants du groupe Info-ultima. M. le porte-parole,
voulez-vous identifier les personnes qui vous accompagnent?
Par la suite, vous aurez une période de 20 minutes pour
présenter votre mémoire. Vous avez la parole.
M. Benoit (Jean-Louis): Merci. Je voudrais d'abord m'identifier.
Je suis Jean-Louis Benoit, président du groupe Ultima. Je voudrais
aussi, M. le Président, vous remercier pour nous avoir permis de
présenter notre mémoire en commission parlementaire.
Je voudrais vous présenter mes collègues qui sont,
à ma droite, M. André Lafontaine, de Montréal, à ma
gauche, M. Marcel Plamondon, de Saint-Raymond de Portneuf et M. Robert Viau, de
Montréal. Je vais vous passer notre Voltaire de l'Abitibi, M. Guy
Lesage, qui vous donnera le résumé du mémoire.
Le Président (M. Gobé): On vous remercie, monsieur.
M. Guy Lesage, vous avez maintenant la parole.
M. Lesage (Guy): Merci, M. le Président.
Info-ultima est une compagnie québécoise qui regroupe 14
cabinets de courtiers d'assurance de dommages, qui desservent, dans la plupart
des régions du Québec, plus de 114 000 clients, pour un volume de
primes excédant 100 000 000 $, avec 347 employés. C'est donc dire
que nous formons le plus grand réseau de courtiers indépendants
de la province.
De plus, la majorité des dirigeants des divers cabinets membres
du groupe ont oeuvré au sein de l'Association des courtiers d'assurances
du Québec à divers niveaux de responsabilité et au moins
dix d'entre eux en ont assumé la présidence. Nous connaissons
donc notre profession au plus haut degré et nous sommes convaincus de sa
nécessité. Nous sommes persuadés que l'esprit d'initiative
qui la caractérise permet aux courtiers d'être ouverts aux
changements comme celui du décloisonnement, lequel favorisera
l'accès pour nos clients à des produits de qualité qui
répondront à leurs besoins.
Notre groupe a voulu se donner des horizons nouveaux. Il s'est
informatisé afin de mettre sur pied un programme de distribution des
assurances des particuliers, pour donner un meilleur service à la
clientèle de ses membres. Par la suite, un nouveau programme de
distribution des assurances des entreprises a lui aussi été mis
en place. On peut donc voir qu'en cinq ans les choses ont évolué
beaucoup chez nous.
Pour nous, le décloisonnement des intermédiaires nous
laisse entrevoir des possibilités que nous soulignerons plus loin. Si on
parle de l'élargissement des champs de pratique, on considère que
le document de travail qui nous a été soumis établit
très bien le mandat qu'un client confie à un intermédiaire
en matière d'assurances. La nomenclature de ces fonctions atteste
brillamment du rôle du courtier d'assurances qu'a reconnu la loi et sa
réglementation dès 1964: celui de conseiller et de mandataire. Le
décloisonnement des intermédiaires doit se faire en tenant compte
de cette réalité qui consacre l'indépendance du courtier
face aux institutions financières. Par le fait de son
indépendance, le courtier d'assurances est à même de varier
ses sources et les produits qu'il suggère à ses clients pour les
protéger des pertes financières résultant des sinistres
qui peuvent les affecter.
Le document de consultation semble proposer de faire du courtier le
mandataire des institutions financières et même un mandataire
exclusif. Est-ce qu'il le peut? Nous sommes d'avis que le courtier d'assurances
serait placé dans une situation intenable de conflits
d'intérêts. Indépendant en matière d'assurances, il
deviendrait agent exclusif sous d'autres rapports. Il y perdrait à la
fois son identité et sa vocation. Il y a même plus: il s'agit
là d'une suggestion qui va à rencontre de l'intérêt
de cette grande partie du public qui tient à consulter un
indépendant qui ne le serait plus. Est-ce que c'est bien là du
décloisonnement? (16 h 30)
Enfin, tel qu'il est mentionné ci-après, en système
de multidisciplinarité, les membres du groupe Ultima seraient quand
même intéressés à recommander à leurs clients
de faire l'acquisition de produits d'institutions financières qui ne
sont pas exclusivement des assureurs.
En ce qui concerne le cumul des permis, le document de consultation
propose ce cumul. Tout en étant d'accord, en principe, nous nous
opposons catégoriquement au cumul des permis par un seul Individu. Il
nous apparaît imprudent, voire impossible, de faire cumuler, sur la
tête d'un même individu divers permis qui lui permettraient de
devenir un homme-orchestre. Il est déjà assez difficile pour un
individu de se maintenir à jour face à l'évolution de sa
profession, aux nombreuses modifications constamment apportées à
la législation et à la réglementation, tout en essayant de
gagner sa vie par l'exercice de sa profession. Le cumul d'un deuxième ou
d'un troisième permis ne ferait que doubler ou tripier la tâche de
l'individu concerné, jusqu'à en faire ultimement un
théoricien indigent ou un praticien incompétent.
Le cumul des permis n'a de sens qu'à l'intérieur d'une
équipe multidisciplinaire. Le regroupement des compétences
particulières de plusieurs individus associés dans une même
équipe offre à la clientèle un gage de qualité des
services qu'un individu seul ne pourrait offrir. Le décloisonnement
devrait avoir comme l'un de ses objectifs majeurs celui de promouvoir la
synergie du savoir partagé. Il nous apparaît cependant que
l'exercice en multidisciplinarité n'est possible et souhaitable
que si les membres d'une même équipe multidisciplinaire sont tous
soumis au contrôle déontologique particulier à chaque
discipline.
En ce qui concerne les réseaux, on en entend parler depuis que le
décloisonnement des institutions financières a été
entrepris. Nous constatons qu'il est toujours question du réseau des
institutions financières et de sa façon de l'étendre. On
parle de cumul de permis pour étendre encore la distribution des
produits et services de ces institutions. Encore une fois, nous sommes d'accord
avec la constitution de réseaux d'institutions financières, mais
il ne faudrait pas oublier qu'il y a parallèlement le réseau de
courtiers indépendants qui, regroupés comme les membres d'Ultima
ou individuellement pour la plupart, distribue les produits des compagnies
d'assurances avec le succès que l'on connaît au Québec: 85
% des consommateurs d'assurances leur font confiance. Il n'est donc pas
souhaitable, dans l'intérêt du public, que les visées
expansionnistes des institutions financières tentent d'absorber
directement ou indirectement le réseau de courtiers. De là
à promouvoir les ventes liées, il n'y a qu'un pas.
En ce qui concerne la rémunération, on sait que les
courtiers d'assurances sont rémunérés sur une base de
commission. D'aucuns y voient aujourd'hui matière à scandale. Le
document de consultation va jusqu'à faire l'affirmation gratuite que cet
état de chose "empêche l'évolution de la profession". Il
suggère aussi que le taux de la commission soit divulgué pour que
le client sache ce qu'il paie pour le service et pour qu'il puisse
négocier avec le courtier un rabais de prime.
Tout d'abord, le montant de la prime est fixé par l'assureur et
il serait surprenant que celui-ci autorise le courtier à le modifier. Le
problème de réduction de la prime n'est pas relié à
la commission. En dévoiler le montant ne donnerait rien. Les lois de la
compétition sont assez féroces, même pour nous, pour que le
public ne sort pas nécessairement lésé dans les
circonstances, à moins que l'on ne prouve que les assureurs forment un
cartel. D'autre part, si le taux et le montant des commissions devaient
être divulgués, il faudrait que les coûts équivalents
des assureurs directs le soient tout autant, sinon le courtier, tout comme
l'assureur non direct, seraient placés dans une situation de concurrence
déloyale. Quoiqu'il en soit, nous sommes disposés à vivre
tout autant dans un système de commissions que dans un système
d'honoraires. Évidemment, le grand consommateur d'assurances, notamment
les grandes entreprises, y verrait à coup sûr un avantage. Elles
sont, elles, en mesure de négocier. Le petit consommateur d'assurances
n'ayant pas de pouvoir de négociation, ferait les frais de
l'implantation d'un système d'honoraires. Il ne faut pas oublier que
dans un système d'honoraires, il n'y a pas de services gratuits. La
rémunération se fait à l'acte. Dans un système de
commission, cette dernière n'est pas acquise lors de la prise d'effet du
contrat.
Nous avons soutenu précédemment que les
intermédiaires devraient avoir le droit d'exercer leur profession en
multidisciplinarité, ce qui amène forcément le partage de
commissions à l'intérieur d'un cabinet donné. Si des
individus décident de s'associer pleinement, il est normal qu'ils
partagent les revenus de l'entreprise sur la base de leur investissement
respectif. Nous sommes donc d'accord avec la proposition du partage de
commission.
Nous sommes tout autant d'accord avec l'établissement d'une
commission de référence. L'existence d'une telle commission
pourrait inciter ainsi un intermédiaire à référer
certaines parties du dossier d'un client, dont il n'a pas la maîtrise
complète, à un confrère ou à un autre expert
réglementé, de sorte que le meilleur service soit rendu au client
avec le plus de célérité.
En ce qui a trait à la propriété des corporations
d'agents ou de courtiers - de courtiers, en ce qui nous concerne - nous venons
de voir qu'il y a deux réseaux de distribution au Québec: celui
des institutions financières et celui des indépendants. Nous
sommes d'avis que ces deux réseaux doivent coexister et se
développer parallèlement, de sorte que le public puisse continuer
à avoir le choix du dispensateur de services.
Il nous apparaît évident qu'un assureur ne peut
détenir des actions ou d'autres valeurs mobilières d'un
intermédiaire indépendant lui permettant de le contrôler
directement ou indirectement. Il nous apparaît tout aussi évident
que c'est là le prix que nous devons payer pour demeurer
indépendants.
Nous considérons comme de l'indécence le fait que certains
de nos confrères aient vendu leurs intérêts dans leur
entreprise de courtage à un assureur, ou à une corporation
liée à tel assureur et qu'ils continuent de faire affaire et de
s'annoncer comme courtier d'assurances. Nous en sommes si bien convaincus que
nous avons obtenu qu'un membre se retire du groupe Ultima après avoir
appris qu'un assureur y avait acquis un intérêt.
En ce qui concerne la surveillance, les propositions mises de l'avant
par le document de consultation vont nécessairement amener les
organismes de contrôle et de surveillance à modifier les
règles de déontologie qui régissent actuellement les
intermédiaires visés. Il faudra notamment que les associations ou
corporations professionnelles impliquées acceptent d'harmoniser leurs
différents codes de déontologie. À notre avis, le
contrôle déontologique des intermédiaires ne devraient pas
être exercé par l'inspecteur général, malgré
tout le respect qu'on a pour lui, ou par la Commission des valeurs
mobilières. Des organismes appropriés
d'autoré-glementation devraient être maintenus dans les
cas où ils existent, et créés dans les autres cas,
le tout sous la surveillance de l'inspecteur général. La
déontologie a été et demeure le fief des corporations ou
organismes professionnels. Jusqu'à présent, l'Association des
courtiers d'assurances, dont nous sommes membres, s'est très bien
acquittée de sa tâche avec compétence et pour le plus grand
bien du public. Il devrait en être ainsi pour les futures corporations
professionnelles.
Le document de consultation traite également du rôle des
employés de corporations de courtiers et semble le trouver ambigu. Ces
employés ne transigent pas pour leur propre compte, mais bien pour celui
du courtier qui les emploie et qui, par le fait même, est responsable de
leurs actes. Malgré tous les artifices, c'est la compétence qui
demeure la clé du succès, autant pour les courtiers que pour les
employés. Il faut en cela se rappeler que les intermédiaires en
matière d'assurance n'ont pas de sécurité d'emploi. C'est
aussi leur compétence qui les maintient en fonction.
En ce qui concerne le règlement des sinistres, au niveau du
courtage d'assurances, cela se situe dans une zone grise dont il est mal
aisé de s'extirper. Chacun sait que le Règlement d'application de
la Loi sur les assurances accorde un traitement d'exception aux courtiers qui
représentent les Lloyd's, en leur permettant de pourvoir au
règlement des sinistres. Bien entendu, le pouvoir en question est
limité généralement par les Uoyd's à certaines
sommes et à des circonstances définies. Ce pouvoir d'exception,
certains courtiers ont pris l'habitude de l'exercer face à d'autres
assureurs qui leur savent gré de ce service gratuit. Les courtiers
agissent alors dans des cas où ils n'ont pas besoin d'expertise
particulière pour régler la réclamation. Ils le font comme
un prolongement du service à la clientèle, ce qui
accélère le règlement des sinistres, tout en ayant comme
conséquence de réduire les coûts. Nous recommandons donc
que le privilège accordé aux Uoyd's soit étendu aux autres
assureurs.
En conclusion, notre groupe est né de la volonté de
plusieurs courtiers indépendants de bâtir ensemble des entreprises
de services, disséminées à travers la province. Les
milliers de clients que nous desservons témoignent de notre
professionnalisme et de notre esprit d'initiative, tout en étant
fidèles à notre premier devoir, qui est celui d'être le
mandataire de nos clients. Ce sont les grandes lignes du mémoire que
nous avons présenté, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Lesage. Votre mémoire est certainement très intéressant.
Maintenant, sans plus attendre, je céderai la parole, pour une
période de dix minutes, à M. le ministre.
M. Fortier: Je vous remercie. Mes premiers mots sont certainement
pour féliciter le groupe
Info-ultima qui a compris le besoin de travailler ensemble, en
équipe. Vous êtes en avance sur beaucoup d'autres. C'est ce que
j'indiquais mardi matin, au début de la commission parlementaire, que
l'objectif recherché était de permettre justement à des
courtiers indépendants de se retrouver en réseau, surtout en
régions, comme vous l'indiquez. Cela pourra certainement donner - vous
en êtes la preuve - des résultats probants. Donc, vous êtes
à l'avant-garde de la profession pour ainsi dire, étant
donné que plusieurs d'entre vous avez été des
présidents de l'association des courtiers.
C'est donc une voie que nous privilégions et nous espérons
d'ailleurs que plusieurs s'inspireront dans une certaine mesure de ce que vous
avez fait. L'objectif visé est justement de s'assurer qu'il y ait un
réseau de courtiers qui puisse servir la clientèle. Étant
donné les besoins diversifiés quand on parle de la
clientèle - clientèle commerciale, clientèle industrielle,
clientèle sophistiquée, clientèle ayant des besoins
domestiques - j'imagine qu'en travaillant en équipe comme vous le
faites, vous avez à l'intérieur de votre équipe
différents experts, ce qui vous permet de faire face à la musique
et d'affronter toute concurrence. C'est là le but que nous recherchons
et, bien sûr, en ajoutant des équipes multidisciplinaires pour les
courtiers, vous seriez alors en mesure de faire face à la
compétition, quelle qu'elle soit. Je prends note de votre
adhésion au bénéfice ou à l'avantage que nous
aimerions donner aux courtiers d'assurances pour qu'ils puissent agir comme
experts en sinistres, comme les courtiers des Lloyd's l'ont
présentement. Vous nous dites que vous acquiescez à cette
proposition. On prend note de votre appui à cet égard.
En ce qui concerne la propriété, c'est un point qui
mérite d'être discuté. Si je comprends bien votre position,
ce que vous dites, c'est qu'étant donné qu'il est important que
le courtier demeure indépendant, il ne devrait y avoir aucune
institution financière qui en soit propriétaire. Comme vous le
savez, d'autres groupes ont fait des représentations en disant: Si on
veut s'organiser en groupe, nous allons avoir besoin de capital. Un groupe nous
disait: Nous serions prêts à accepter 49 %. Un autre nous a dit:
On est prêt à aller plus loin que cela. En dépit de ces
participations, nous croyons qu'il soit possible de maintenir notre
indépendance en tant que courtiers. Les gens sont venus témoigner
ici, et j'imagine qu'ils étaient de bonne foi lorsqu'ils sont venus nous
communiquer leur expérience.
Pour ce qui est de la proposition qu'on a faite dans le document, dans
le fond, on était conscients que si on favorisait le regroupement, il y
aurait des besoins financiers, un peu de la même façon que dans le
cas des valeurs mobilières où il y a eu à peu près
la même démarche, quoique c'est complètement
différent. Je vous accorde que c'était différent. La
raison principale pour laquelle - et ce n'était pas une décision
du
gouvernement, c'était une décision de la Commission des
valeurs mobilières du Québec - elle a permis aux maisons de
courtage en valeurs mobilières d'être la propriété
d'institutions financières à 100 %, c'était justement pour
permettre à ces maisons de courtage en valeurs mobilières d'avoir
toutes les ressources financières pour faire face à cette
compétition internationale dans le cas des valeurs mobilières qui
est maintenant présente ici. C'est la raison pour laquelle nous avons un
peu emprunté à cette philosophie. On s'est dit: Si l'on permet le
regroupement des bureaux de courtage et que ces groupements ont besoin d'appui
financier, peut-être qu'on pourrait s'inspirer de l'exemple des courtiers
en valeurs mobilières. On avait fait en sorte qu'en cas d'association,
celle-ci soit divulguée. On avait mis la norme de 10 %, en voulant dire
que si une institution financière possédait plus de 10 %, le
courtier aurait été obligé d'annoncer: courtier
d'assurances associé à tel groupe ou contrôlé par
tel groupe. J'imagine que pour vous, les courtiers indépendants auraient
pu s'annoncer comme étant des courtiers indépendants. On pourrait
même le prévoir dans la réglementation. Autrement dit,
certains courtiers pourraient préférer être
complètement indépendants; d'autres pourraient
préférer la recommandation qui nous a été faite par
le Regroupement des bureaux de courtage, soit d'être associés
à une institution financière sans qu'elle ait le contrôle.
D'autres nous disent: Cela ne nous ferait rien s'il y avait une
propriété majoritaire.
La question que je pose est la suivante: Ne croyez-vous pas que le
simple fait de divulguer l'association ou le contrôle serait suffisant
pour permettre à la clientèle de savoir qui est associé
avec qui, donc, de mesurer les relations qui pourraient exister? Le courtage,
en définitive, est un service que vous fournissez à la
clientèle. Autrement dit, vous servez votre clientèle et la
clientèle vous demande de poser des gestes. Donc, ce n'est pas le patron
qui décide de fournir une couverture, c'est le client qui vous demande
de l'assurer. Ne croyez-vous pas que cela serait suffisant? En posant la
question, je sais très bien que vous êtes contre la formule, mais
j'aimerais que vous me disiez pourquoi et dans quelle mesure. (16 h 45)
M. Benoit: Cela me fait plaisir que vous me posiez cette
question. Ultima a décidé de présenter un mémoire,
après la lecture du livre vert. L'une des principales raisons pour
lesquelles on a présenté un mémoire, c'est parce qu'on a
toujours défini notre mandat comme le mandat de notre client. Quant aux
mesures de financement, il y a d'autres formules que la
propriété. D'ailleurs, chacun des membres s'en sert couramment.
Si je vous dévoilais certains chiffres d'acquisitions qui ont
été faites ces derniers mois... Il n'y a personne qui a
acheté de nos actions pour cela. Alors, on pense que le mode de
financement n'est pas nécessairement par l'actionnariat. Pour ceux qui
ont des formations un peu administratives, lorsque vous payez des impôts,
vous pourrez constater que le mode de financement est normalement plus
intéressant à faire par des formules de prêts que par
l'acquisition d'actions. Pour nous, c'est absolument impensable.
M. Fortier: Alors, vous ne croyez pas que la formule de
l'affichage d'un bureau comme le vôtre qui se dirait complètement
indépendant et d'un autre bureau qui s'afficherait comme étant
associé serait suffisant pour alerter le client et peut-être vous
avantager? Peut-être qu'il y a certains clients qui diraient: Moi, j'aime
mieux aller vers un courtier totalement indépendant. Mais, dans la
mesure où cela serait connu publiquement, soit dans l'affichage
extérieur, soit dans la papeterie, vous ne croyez pas que cela serait
suffisant pour faire la distinction? Si des gens comme vous
préféreraient être complètement indépendants,
ce serait une option, et si d'autres personnes voulaient une certaine
participation, ce serait une autre option. Je comprends que vous,
personnellement, ayez fait un choix. La question que je pose est donc: Est-ce
que vous ne croyez pas que l'autre formule de divulgation de l'association
permettrait au client d'aller vers le courtier indépendant s'il le
désire ou vers un courtier associé à une institution
financière s'il le désire également?
M. Viau (Robert): M. le Président, on n'a pas de querelle
avec les deux réseaux: réseau d'indépendants et
réseau de courtiers qui serait la propriété en partie ou
en totalité d'entreprises, d'institutions financières. On dit, on
prétend, parce qu'on a le mandat de l'assuré, qu'on aime mieux
rester tel qu'on est.
M. Fortier: D'accord.
M. Viau: On n'a pas de querelle avec...
M. Fortier: Non, non.
M. Viau: Pour autant qu'il y ait divulgation.
M. Fortier: Pour autant qu'il y ait divulgation. Autrement dit,
s'il y avait divulgation complète, mais en laissant le choix comme...
J'ose espérer que vous n'avez pas compris ce document comme étant
une imposition. C'est qu'on nous avait fait part de certaines recommandations.
Lorsque vous nous dites que c'est dans la mesure où il y aurait
complète divulgation dans l'affichage, dans la papeterie et dit d'une
façon explicite pour que ce soit bien connu, ce serait une chose que
vous accepteriez.
M. Viau: Je me permets d'ajouter que ce serait d'ailleurs une
amélioration à la situation actuelle.
M. Fortier: Oui.
M. Viau: Ce serait une amélioration.
M. Fortier: Ce serait une amélioration.
M. Viau: On a cependant également un peu de
difficulté à accepter que ces gens s'appellent encore courtier.
Ce serait peut-être au législateur à voir à ce qu'il
y ait possibilité d'avoir une appellation différente.
M. Fortier: Est-ce que le principe que vous défendez est
uniquement en ce qui a trait aux institutions financières ou si cela
s'applique également à d'autres courtiers qui sont très
gros - on vient d'avoir des grands bureaux de courtage - et qui sont la
propriété de grandes entreprises qui ne sont pas
nécessairement des institutions financières?
M. Viau: Oui.
M. Fortier: Dans votre cas, ce sont les courtiers eux-mêmes
qui possèdent le bureau.
M. Viau: Oui.
M. Fortier: Alors, vous êtes réellement totalement
indépendants et vous êtes fiers de cela. Je crois qu'on doit vous
en féliciter. Mais, est-ce que le principe que vous défendez
s'appliquerait non seulement aux institutions financières, mais à
d'autres genres de propriété qui impliqueraient des organisations
industrielles, commerciales ou autres?
M. Viau: Oui. Forcément, nous croyons que les
propriétaires de cabinets de courtage devraient être des
courtiers, même dans les grandes boites. Comme on l'a vu tantôt,
dans plusieurs situations, la très grande majorité des actions
appartient à des courtiers, dans plusieurs de ces grandes
boîtes.
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, monsieur.
Malheureusement, le temps imparti pour le ministre est terminé. Je vais
maintenant passer la parole au critique de l'Opposition, soit le
député de Lévis. Vous avez la parole, M. le
député de Lévis, pour une période de dix
minutes.
M. Garon: À la page 15, vous parlez du cumul des permis,
mais seulement à l'intérieur de la même
société. Alors, ne pensez-vous pas que ce serait injuste pour les
intermédiaires indépendants qui, éventuellement,
pourraient être appelés à disparaître?
M. Lesage: Vous voulez savoir s'il y en a qui seraient
appelés à disparaître parmi les...
M. Garon: Est-ce que cela pourrait avoir comme conséquence
de faire disparaître les intermédiaires indépendants, si le
gouvernement permettait le cumul des permis, si la loi permettait le cumul des
permis, mais seulement à l'intérieur d'une même
société?
M. Lesage: M. le Président, M. Garon qui, d'habitude aime
les images, je pense qu'il comprend bien celle de l'homme-orchestre. Le
problème, au fond, c'est que l'individu qui va vouloir cumuler plusieurs
permis lui-même, va justement se ramasser avec les études
nécessaires à l'obtention du permis d'une part, et au suivi de
l'évolution de sa profession. S'il a trois professions, on va retourner
en arrière. Est-ce qu'il va être capable de fonctionner,
même dans des petits patelins comme ceux de
l'Abitibi-Témis-camingue? Est-ce qu'il va être en mesure de se
tenir à la page et être capable de bien servir son client? Au
fond, le problème est là. Dans une équipe, cela ne devrait
pas causer de problèmes, parce qu'on pourra référer. Cela
se fait d'ailleurs dans les cabinets qui ont une certaine importance, comme
ceux qui nous ont précédés, où il y a des
spécialistes en risques d'entreprises, et même à
l'intérieur de la division des entreprises, il y a des
spécialistes en cautionnement ou des spécialistes en d'autres
domaines, même à l'intérieur d'une division
particulière. Dans des cabinets, le cumul... Il n'y a pas cumul des
permis sur un individu, on ne croit pas à cela. On croit au permis pour
chaque personne compétente et qualifiée, capable de bien servir
son client dans son domaine.
M. Garon: Si quelqu'un était capable?
M. Lesage: Ah! S'il y a un surhomme, écoutez, on n'a pas
d'objection à cela. Cela va arriver. Vous pouvez peut-être en
avoir un, deux ou trois, quelque-uns qui aiment cela étudier et qui vont
étudier. Ils deviendront peut-être le praticien indigent dont on
parte dans notre mémoire, le théoricien incompétent,
mais...
M. Fortier: Cela ne sera pas la majorité.
M. Lesage: Cela ne sera pas la majorité, ce sera la
très infime minorité, je crois.
M. Benoit: D'ailleurs, par expérience, nous qui pouvions
offrir l'assurance de la personne, nous cumulons donc souvent deux permis. Nous
ne sommes pas capables de nous spécialiser et de bien faire un travail
dans les deux domaines. Cela fait un certain nombre d'années qu'on est
là-dedans. À un moment donné, on fait un choix, on a un
goût dans ce qu'on veut faire et un "challenge" dans une certaine
spécialité. Multiplier des spécialités dans d'autre
chose, humainement, c'est très difficile. Alors, d'après notre
expérience, c'est très difficile.
M. Garon: Votre recommandation concernant le règlement des
sinistres vise à ajuster la réglementation pour améliorer
l'efficacité pour réduire les coûts. Considérez-vous
que le système actuel est un système efficace et va fonctionner
ou si c'est un système qui n'est pas aussi efficace et aussi bon
marché qu'il pourrait l'être?
M. Benoit: On a toujours vécu avec le système
actuel. Il y a une expérience en cours depuis un certain nombre
d'années avec ce qu'on appelle les "cover holders" de Uoyd's. On a
discuté avec certains assureurs. Certains assureurs nous affirment que
lorsque le règlement de sinistre se fait rapidement, le coût est
moindre et le client est payé plus rapidement et est également
satisfait de cette situation. Nous, les membres d'Ultima, expérimentons
cela, et les plaintes n'existent à peu près pas. Alors, on peut
vous dire, par expérience, que les coûts sont moindres et que le
service est meilleur.
M. Fortier: Les sinistres...
M. Benoit: La majorité des sinistres qui nous sont
rapportés, à 95 %, vont être facilement
réglés. Cela ne veut pas dire qu'on élimine les experts en
sinistres, au contraire, on s'en sert. Nous avons l'autorisation de nous en
servir et nous sommes en association avec les assureurs qui nous le permettent,
Uoyd's, et autres. Nous suivons leur "guideline".
M. Lesage: Au fond, il s'agit là d'une
décentralisation d'une partie des opérations de certains
assureurs. Quand on est plus prêt du client, c'est assez facile.
L'évaluation, dans les cas d'accidents d'automobile, par exemple, peut
se faire dans les centres d'estimation. Il reste quoi? Il reste la permission
qu'on a de régler rapidement les sinistres à notre bureau pour
l'assureur, au nom de l'assureur. Nous n'avons pas établi le quantum. Il
est établi par le centre d'estimation, le Groupement des assureurs
automobiles, une créature du gouvernement, il me semble.
M. Garon: Vous existez depuis combien de temps?
M. Lesage: Pardon?
M. Garon: Comme groupe, vous existez depuis combien de temps?
M. Benoit: Depuis cinq ans, mais depuis trois ans de façon
très agressive. Plus active serait peut-être un meilleur terme.
Nous sommes fiers de notre organisation.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Lévis? M. Garon:
Pour le moment.
Le Président (M. Gobé): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de cette commission qui désirent intervenir? M. le
ministre.
M. Fortier: J'ai juste un commentaire. On parlait du cumul de
permis et je suis tout à fait d'accord que ce sera de plus en plus
difficile, parce que, comme vous le savez, on suggère dans le document
et tous les organismes qui sont venus témoigner nous l'ont dit: II faut
rehausser les critères d'admission. Si on relève les
critères d'admission et le niveau d'éducation et de formation, ce
sera de plus en plus difficile de cumuler des permis que ça l'est dans
le moment, mais je suis tout à fait d'accord avec vous que ce sera
plutôt l'exception... Mais la question qu'on se pose est: Est-ce qu'on
doit le défendre pour les quelques personnes qui voudraient le faire,
mon Dieu? Mais, il est vrai que le travail en multidisciplinarité,
c'est-à-dire d'avoir des spécialistes dans une équipe,
à mon avis, semble être la meilleure formule. Est-ce que vous avez
une certaine expérience en multidisciplinarité déjà
dans vos cabinets? De quelle façon travaillez-vous? J'imagine
qu'à l'intérieur de l'assurance commerciale ou industrielle, vous
le faites déjà.
M. Benoit: La multidisciplinarité, c'est avec les
assureurs-vie. Bien sûr, lorsqu'on parle de l'assurance des entreprises,
il faut absolument se spécialiser et continuellement faire des cours
additionnels. Alors, dans des bureaux de moyenne importance comme les
nôtres, on a cette gamme de courtiers, parce que la moitié des
employés sont des courtiers, qui acquièrent cette
expérience.
Quant à d'autres produits, il y a l'assuran-ce-vie. C'est la
seule expérience qu'on a et c'est le seul qui nous est permis,
d'ailleurs.
M. Fortier: Pardon?
M. Benoit: C'est le seul produit qui nous est permis,
l'assurance-vie, actuellement, mais on va se préparer pour rencontrer ce
que vous nous donnerez après la prochaine, la nouvelle...
M. Fortier: Enfin, en terminant, à moins que d'autres de
mes collègues veuillent adresser des questions, je vous dirais que votre
témoignage de ce désir d'aller encore plus loin est
rafraîchissant et là je perçois bien qu'on a devant nous
des courtiers entreprenants qui ont pris les devants et qui sont prêts
à aller encore plus loin. Je vous dis félicitations.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que je dois
comprendre, M. le ministre, que vous avez terminé?
M. Fortier: J'ai terminé.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, avez-vous d'autres questions?
M. Garon: Non, je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): En conclusion, M. ie
ministre?
M. Fortier: J'ai déjà conclu.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, voulez-vous dire quelques mots?
M. Garon: Non, merci.
Le Président (M. Gobé): Alors je tiens à
remercier le groupe Info-ultima et vous dire que vous êtes maintenant
libérés de cette commission.
M. Benoit: On vous remercie de nous avoir entendus et s'il y a
une possibilité d'avoir une copie du projet de loi, on serait
intéressé à en avoir une copie ou ce qui sera permis
d'être distribué.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre.
M. Fortier: Au moment où l'on se parle, il n'y a aucun
projet de loi de préparé, bien sûr. On fait la commission
parlementaire, on vous écoute et on écoutera les autres
intervenants. On prendra des vacances au mois de juillet comme tout le monde et
on travaillera très fermement au mois d'août pour arriver à
temps à l'automne avec tout le monde. Merci.
M. Benoit: Merci.
Le Président (M. Gobé): Nous allons maintenant
suspendre pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprisée 17 h 4)
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Pourriez-vous, s'il vous plaît, prendre vos sièges.
À l'ordre, s'il vous plaît!
La commission du budget et de l'administration va maintenant reprendre
ses travaux. J'appellerais l'Association des courtiers d'assurances de la
province de Québec. Si vous voulez vous identifier et nommer les gens
qui vous entourent. Nous pouvons procéder.
M. Lavigueur (Jacques): Merci, M. le Président. À
ma gauche, M. Jean-François Barry, président du comité de
formation, Mme Diane Paradis, directrice générale de notre
association, à ma droite, M. Réjean Frappier, premier
vice-président et Me Richard Mongeau, conseiller juridique de
l'association.
Association des courtiers d'assurances de la province
de Québec
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. Je vous
rappellerai maintenant les règles de l'audition. Vous avez 20 minutes
qui seront consacrées à l'exposé de votre mémoire
et suivra ensuite une période d'échange de propos de 40 minutes
avec les membres de la commission. Sans plus tarder, nous vous
écoutons.
M. Lavigueur: Alors, je vous remercie, M. le Président. Je
suis fier de constater la présence d'un grand nombre de courtiers venus
appuyer leur association. Je tiens également à mentionner la
présence de la plupart des membres du conseil d'administration et de
l'exécutif de l'association. Nous tenons à vous remercier de
l'occasion que vous nous donnez de venir vous exposer notre vision de l'avenir.
Le mémoire que nous avons présenté est le fruit d'un long
processus de consultation. Ce processus a été entamé lors
de ma tournée provinciale dont les résultats vous ont
été communiqués, M. le ministre, en novembre dernier.
Notre mémoire représente le consensus établi au sein du
comité exécutif et du conseil d'administration de notre
association. Il a d'ailleurs été discuté lors de notre
assemblée générale annuelle, tenue comme vous le savez il
y a quelques jours.
Mais laissez-moi vous dire ce qu'est un courtier d'assurances. C'est
celui qui détient son mandat du public. Et, M. le Président,
c'est également celui qui, par son expertise, est le conseiller du
consommateur. Enfin, c'est celui qui obtient la meilleure protection pour son
client en tenant compte du rapport qualité-prix.
M. le Président, M. le ministre, nous venons vous dire oui. Nous
vous disons oui au décloisonnement des intermédiaires, et
l'association va y jouer un rôle de leader.
Voici comment nous comptons jouer ce rôle. L'association met
à votre disposition un savoir-faire acquis en 75 ans d'existence. Nous
désirons collaborer avec le gouvernement, afin de continuer à
remplir la fonction de protection des intérêts du public, afin
d'assurer une mise en place harmonieuse des réformes touchant les
intermédiaires en assurance et afin de répondre à
certaines attentes exprimées dans le livre vert.
M. le Président, le législateur nous a confié, il y
a plusieurs années, la mission de protéger le public. Dans cet
esprit, permettez-nous de vous faire part des commentaires suivants. Nous
sommes contre les transactions forcées et nous trouvons inacceptable que
le consommateur soit placé dans une position telle qu'il lui soit
impossible de refuser ce qui lui est offert ou qu'il se sente obligé
d'acheter un produit financier. Nous sommes pourtant d'accord
sur le fait que d'autres que des courtiers d'assurances
détiennent la propriété des cabinets de courtage, sauf,
cependant, si un assureur, une institution financière ou un holding
financier possédait cet assureur. Mais dans un tel cas, leur
participation, croyons-nous, ne devrait pas, directement ou indirectement
excéder 20 %.
Si ce seuil était dépassé, ce ne sont plus des
courtiers sans attache auxquels on aurait affaire, et nous voulons
préserver l'autonomie et la gestion de nos membres. La divulgation
d'intérêts s'impose lorsque plus de 10 % de la
propriété d'un cabinet de courtage sont détenus par une
institution financière. M. le Président, c'est l'idée du
ministre et c'est la nôtre également, nous la partageons. Nous
sommes pourtant contre tout conflit d'intérêts lorsqu'une
transaction d'assurance vise à protéger l'institution
financière prêteuse plutôt que de répondre aux
besoins du consommateur.
Examinons maintenant d'autres options du livre vert. Nous disons oui aux
cabinets multi-disciplinaires regroupant plusieurs spécialistes
assujettis à des cadres déontologiques spécifiques
à chaque activité. Oui aussi au cumul des permis, mais comme
vient de le dire M. le ministre, nous disons: Attention, car la capacité
pour un même individu d'emmagasiner autant de connaissances devient
difficile lorsque la formation est améliorée.
M. le Président, le livre vert fait référence aux
planificateurs financiers. Nous croyons qu'ils doivent détenir une
accréditation appropriée s'ils veulent oeuvrer en assurances
générales.
Finalement, tel que souhaité par le ministre, nous proposons de
rehausser le niveau de formation. Nous avons traditionnellement exporté
notre formation et nous en sommes fiers alors que d'autres sont venus
défiler devant vous pour vous dire qu'ils nous importeraient la leur.
Nous entendons maintenir notre leadership dans ce secteur.
Voici les principes qui devraient encadrer les intermédiaires en
assurances générales. Premièrement il faut toujours garder
à l'esprit la protection du public. Deuxièmement il faut viser la
création d'un cadre cohérent et homogène et
troisièmement établir une structure souple et adaptée. On
y arrivera par un niveau de formation spécifique et par un cadre
déontologique adapté.
Maintenant, parlons du rôle de leader de l'association et de sa
préoccupation primordiale de la protection du public. Il nous faut
établir un cadre académique pertinent à chaque
accréditation, croyons-nous. Mais il nous faut également
vérifier les niveaux de connaissance et émettre les diverses
accréditations. Quatrièmement, il nous faut proposer et appliquer
un code de déontologie comportant les variations nécessaires.
Cinquièmement il nous faut constituer un bureau de discipline aux
fonctions élargies et sixièmement enfin, veiller à la
formation continue de nos membres dans chaque secteur d'activité.
M. le Président, avec votre permission et afin d'illustrer notre
pensée, j'aimerais vous présenter la structure que nous
proposons, si vous me permettez de me lever.
Le Président (M. Gobé): Oui M. Lavigueur le
président a examiné les tableaux que vous allez présenter
et nous en autorisons l'utilisation et la démonstration. Vous pouvez
procéder.
M. Lavigueur: Merci, M. le Président. Nous avons donc
repris à la présentation du livre vert ce tableau qui, comme vous
le voyez si bien, est le même à l'exception du grand conseil,
structure qu'il était question de remettre à plus tard, mais en
gardant quand même le conseil des assurances de personnes, le conseil des
assurances de dommages et le conseil de planification finan cière
projeté. Nous avons repris, donc, dans ce premier tableau exactement
comme à la présentation du livre vert, M. le Président, ce
que nous disait le ministre, à savoir que le z représentait le
cabinet multidisciplinaire, que le a représentait à
l'intérieur de ce véhicule les courtiers et les agents
d'assurance-vie qui, évidemment, se rapporteraient au conseil des
assurances de personnes et je crois que M. le ministre a déjà
prévu ce qu'il faut faire dans ce cas. Pour ce qui est du b, il
était question des courtiers et des agents d'assurances IARD. Le c
suggérait les courtiers en valeurs mobilières qui se
rapportaient, si on a bien vu, à la Commission des valeurs
mobilières du Québec et finalement, les planificateurs financiers
se rapportant éventuellement à un conseil de planification
financière suggéré.
À partir de cette structure, M. le Président, nous croyons
d'abord que c'était là un véhicule tout à fait
adapté à la mise en place de la réforme proposée.
Nous l'avons retenu et voici notre proposition. (17 h 15)
Nous avons repris exactement le même schéma. Nous avons
voulu substituer au bureau multidisciplinaire, en z si vous vous souvenez de la
présentation de la première diapositive, le nouveau z qui est le
milieu de travail dans lequel nous sommes tant habitués d'être ou
de vivre et nous l'avons appelé, pour les besoins de la
présentation, l'association des intermédiaires en assurance de
dommages. À l'intérieur de cette association pourraient se
retrouver, en a, les courtiers d'assurances comme tout à l'heure; en b,
les agents d'assurances et les techniciens en assurance de dommages; en c, les
experts en sinistres, si la législation nous amenait à travailler
ensemble; et en d, les divers autres intermédiaires dont les
planificateurs financiers agissant en assurance de dommages. Je m'arrête
pour vous dire que ce concept nous est suggéré par un principe de
cohabitation qui, quand même, a fait ses preuves même en Europe. La
cohabitation suppose le respect des spécificités. Ce qui
n'était pas facile, c'était de présenter une
structure qui permettait à chacun d'être ce qu'il était
sans être brimé et d'y ajouter cette souplesse que M. le ministre
suggérait et qui peut être atteinte, croyons-nous, compte tenu de
l'expérience et surtout de la façon d'opérer que
l'association avait si ce regroupement prenait vie.
Donc, conseil des assurances de dommages. En y, nous nommons ce nouveau
tableau: le comité de formation des intermédiaires en assurance
de dommages. Nous nommons en a, les courtiers d'assurances agréés
car c'est à eux qu'on s'adresse dans notre mémoire, si vous vous
souvenez. En b, les agents d'assurances certifiés, puisque
jusqu'à ce jour ils n'avaient aucune certification spéciale, nous
voudrions y ajouter un peu de formation et les techniciens en assurance de
dommages, agissant dans nos bureaux ou à l'extérieur, les experts
en sinistres et les planificateurs financiers agissant en assurance
générale. Vous voyez donc que nous sommes demeurés dans le
même cadre et que la formation de tous, compte tenu des prérequis
suggérés à notre rapport seraient complétés
par un stage que nous proposons de douze mois pour les courtiers et de trois
pour les techniciens et les agents, sous surveillance des assureurs, dans leur
cas. Et la licence ou si vous voulez la certification serait le niveau
d'entrée de chaque activité spécifique.
Je termine, M. le Président, par le dernier tableau et c'est le x
qui représente maintenant le bureau de discipline des
intermédiaires en assurance de dommages. Si vous me permettez, il y
avait deux flèches ici en haut avec le conseil des assurances de
dommages. Nous croyons qu'une flèche pourrait représenter la
surveillance et l'autre pourrait substituer le processus actuel de recours au
conseil d'administration pour être substitué au conseil des
assurances de dommages. Ce sera à nos rencontres subséquentes que
nous pourrons discuter de cette possibilité. Le x, c'est donc le bureau
de discipline, nouvellement formé pour tous les intermédiaires et
en respectant la spécificité de chacun nous recommanderions
évidemment que le président du tribunal soit un avocat
formé à cette tâche et, par ce que nous avons cru
comprendre de l'Inspecteur général des institutions
financières il pourrait être d'une expérience égale
à une dizaine d'années dans ce genre de travail.
Nos membres l'ont toujours fait, mais la tâche est lourde pour les
5500 courtiers et elle le serait davantage pour les intermédiaires
visés qui pourraient toucher 12 000 adhérents.
En a, les courtiers d'assurances IARD. Vous aviez les courtiers
d'assurances agréés proposés par le rapport, vous avez
encore des courtiers d'assurances associés qu'on maintiendra
évidemment parce qu'ils auront le droit de continuer à utiliser
le titre et les techniciens en assurance de dommages pour la qualification que
nous leur réservons, les agents d'assurances. Là, je vous propose
qu'en b, le x demeure, c'est-à-dire le président du tribunal,
mais les pairs changent parce qu'on parle à des agents. Le mandat est
différent. Voilà la souplesse de notre tableau. Les experts en
sinistres se présentent ensuite et ils ont de nouveaux pairs. Le
président du tribunal vous assure la méthodologie, vous assure
l'homogénéité dont M. le ministre nous parlait. Enfin les
autres intervenants, qui soient-ils, nous avons pensé aux planificateurs
financiers agissant en assurances de dommages, peut-être seront-ils
amenés en déontologie eux aussi et étant donné
l'activité dont ils jouiront ils pourraient être jugés par
des pairs. Nous croyons donc, après maintes consultations que c'est
là la contribution de notre association au modèle proposé
par M. le ministre.
Comme vous voyez, l'association propose une modification de son
rôle qui permettrait une homogénéité de
l'encadrement déontologique, un profil de formation adapté et
consistant. Enfin, et nous en sommes fiers même si le mot n'est pas de
nous, la tendance est de l'époque, une cohabitation harmonieuse des
intermédiaires en assurance générale.
M. le Président, dans ce contexte, le conseil des assurances de
dommages devrait se limiter, croyons-nous, à coordonner les divers
intermédiaires, à superviser les normes et à favoriser
l'homogénéité de gens de bonne volonté, comme nous
croyons que nous sommes. Ce conseil devrait enfin être un organisme
consultatif auprès du ministre.
L'association est l'instrument privilégié. Elle
bénéficie d'expertise et d'infrastructure éprouvées
et nous croyons qu'elle favorise également
l'homogénéité du secteur. Elle assure la protection du
public.
En conclusion, le législateur nous a refait confiance en 1963,
grâce au même gouvernement qui siège présentement, en
nous accordant le statut professionnel et nous en sommes très fiers.
Nous vous proposons un nouveau rôle pour l'association. Qu'il me soit
permis de vous dire que ce rôle est tourné vers l'avenir
décloisonné. Il est tourné vers un développement
harmonieux de notre secteur et vers une protection de plus en plus
adéquate du consommateur. Le statut professionnel du courtier est un
gage de succès et de succès continu du décloisonnement des
intermédiaires en assurance de dommages. Pas question pour nous de
délaisser le consommateur.
J'aimerais remercier les parlementaires et toutes les personnes qui sont
venues nous entendre parce qu'elles ont participé avec nous à ce
long processus. Avec votre permission, je voudrais déposer les tableaux
qui m'ont permis de vous illustrer notre proposition. Nous serions ensuite
prêts à répondre à toutes vos questions. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Lavigueur. Je passerai maintenant la parole au ministre
délégué aux Finances et à la Privatisa-
tion. Quant au dépôt de vos tableaux, je crois que cela
prend un consensus de la commission?
M. Fortier: D'accord pour la distribution. M. Garon: II
n'y a pas de dépôt...
Le Président (M. Gobé): II n'y a pas eu
dépôt. Il y aura une distribution à chaque membre de la
commission. M. le ministre, vous avez la parole maintenant.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Mon premier mot est
pour féliciter M. Lavlgueur qui est président depuis quelques
jours seulement de l'association et M. Choquette, qui, je crois, devient
automatiquement président du conseil. Donc, le premier mot est pour
remercier M. Choquette et M. Lavigueur parce que depuis un an surtout qu'on
dialogue, on doit dire que malgré les soubresauts de la conjoncture, les
relations ont toujours été harmonieuses. M. Lavigueur, en
particulier, a toujours été un homme très disponible. Je
suis certain que les courtiers se sont donné un président qui
saura mener à terme cette réforme, en dialogue avec le ministre,
les parlementaires et le gouvernement. Je désire l'assurer de mon
entière collaboration.
Je sais que c'est un sujet d'inquiétude pour les courtiers que je
salue ici. Je sais qu'ils sont nombreux ici venus appuyer leur
président. Je les salue et je sais que c'est d'un grand
intérêt pour eux de savoir quel sera leur avenir dans cet avenir
décloisonné. Ce que j'aimerais dire bien clairement, c'est que
l'association des courtiers d'assurance du Québec, qui existe depuis 75
ans déjà, a joué un rôle important au Québec.
J'aimerais dire aux courtiers que l'Association des courtiers aura un
rôle à jouer dans cet avenir décloisonné.
Bien sûr, vous l'avez dit vous-mêmes, l'avenir va être
décloisonné. Il faudra chercher les formules. Vous nous proposez
des formules intéressantes, mais il s'agit là d'un nouveau virage
pour l'association, pour les courtiers; ceci et la présentation que vous
avez faite démontrent la maturité, le dynamisme des courtiers et
de ses dirigeants. Je crois que vous méritez toutes nos
félicitations. C'est un excellent mémoire. C'est une excellente
présentation.
Je peux vous dire que je sais que cela n'a pas toujours
été facile d'évoluer vers cet avenir
décloisonné. Ce n'est pas facile pour personne lorsque les
règles du jeu changent, mais je sais qu'ensemble les courtiers l'ont
fait. J'ose espérer que dorénavant, ensemble, le gouvernement et
l'Association des courtiers pourront jeter les bases d'un avenir
décloisonné. Ce que j'aimerais assurer, M. Lavigueur et
l'association, c'est que nous allons le faire en dialogue et en nous assurant
qu'il existe un rôle important qu'on aura à définir
ensemble, bien sûr, et qu'il y aura un rôle pour l'Association des
courtiers dans l'avenir.
Bien sûr, vous nous proposez une structure organisationnelle. Vous
savez que les experts en sinistres sont venus nous voir et qu'eux voulaient
avoir leur organisation. Nous attendrons, cet après-midi, ce soir ou
demain, les compagnies d'assurances elles-mêmes. Alors, vous comprendrez
qu'il m'est difficile de dire, dès aujourd'hui, oui, non ou
peut-être. Mais je crois que ce que j'ai retenu de la structure
organisationnelle que vous nous proposez, enfin la mienne - celle que j'avais
proposée était plutôt un outil pédagogique qui
essayait d'exprimer de quelle façon un cabinet multidisciplinaire
pourrait travailler - ... Le X qu'il y avait dans notre organisation ne
représentait pas tellement une association ou un conseil, mais
représentait plutôt un bureau travaillant en région ou
à Montréal, ou à Québec; il représentait
plutôt une structure d'un bureau en particulier. Il est assez difficile
de dire de quelle façon le bureau lui-même sera constitué,
parce que cela va dépendre des initiatives des individus. Dans certains
cas, ce sera un assureur-vie qui s'associera avec un courtier en dommages; dans
d'autres cas, ce sera peut-être un courtier en valeurs mobilières,
dépendamment de nos discussions avec la Commission des valeurs
mobilières, qui voudra s'associer avec d'autres. Donc, il est assez
difficile de prédire de quelle façon les cabinets
multidisciplinaires vont se constituer puisque cela va dépendre des
initiatives de tous et chacun en régions. Mais en définitive, ce
que j'ai compris de votre présentation, c'est que vous acceptez cet
avenir décloisonné et que l'Association des courtiers
désire y jouer un rôle.
Je crois qu'on est dans la bonne direction et qu'à partir du
moment où l'on accepte le fait qu'il faut chercher de nouvelles
structures, de nouvelles façons de faire les choses, à ce
moment-là, il y a moyen de trouver les solutions qui permettront, comme
je l'espère, par les ajouts, par les bureaux multidisciplinaires, par
l'ouverture qui est faite par le document de consultation, que les courtiers se
regroupent, qu'ils travaillent en équipe, qu'ils travaillent en
réseaux et qu'ils se donnent les moyens d'affronter la concurrence en se
donnant des moyens électroniques, des moyens informatiques, des moyens
de consultation plus diversifée pour faire face à la concurrence
qui est devant nous.
Cela dit, cela m'amène, étant donné que le temps
est limité...
Le Président (M. Gobé): II vous reste deux minutes,
M. le ministre.
M. Fortier: ...II me reste deux minutes. Alors, la question, pour
être plus spécifique et faire avancer le débat, je sais que
le député de Lévis va prendre la relève... En ce
qui concerne la propriété des cabinets, nous avons eu une
discussion avec ceux qui vous ont précédés, nous avons eu
une discussion avant-hier avec le regroupement des courtiers, alors, vous
proposez
la formule des 20 %. De votre proposition, est-ce que je dois comprendre
qu'il s'agirait d'un seul 20 % qui serait la propriété d'une
seule institution financière? Est-ce que cela est définitif ou
est-ce que vous accepteriez, s'il y avait deux, trois ou quatre institutions
financières, qu'on permette des pourcentages plus
élevés?
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le ministre?
Vous avez encore une minute, M. Lavigeur, si vous voulez donner une
réponse rapide aux propos du ministre. (17 h 30)
M. Lavigueur: Merci, M. le Président. Oui, je voudrais
d'abord dire à M. le ministre que j'ai bien apprécié ses
paroles fort encourageantes et que nous le suivrons dans le
décloisonnement.
Pour ce qui est de la question spécifique, dans un premier temps,
l'association, par sa loi actuelle, prévoit que les assureurs ou autres
institutions ne peuvent détenir plus de 49 % des actions de nos bureaux.
Chaque fois qu'un cas a été soumis à notre attention, nous
avons fait enquête et, chaque fois, on nous a démontré que
la règle des 49 % avait été respectée. À
partir de là, vous nous dites: Bon, est-ce qu'en allant de l'avant, on
pourrait penser, compte tenu de notre proposition des 20 %, que plusieurs
intervenants pourraient évidemment s'accumuler à
l'intérieur d'un bureau et qu'est-ce qu'on ferait? Nous croyons que la
fameuse notion de conflit d'intérêts en fonction de la
propriété et non de la multidisciplinarité nous impose de
s'asseoir et d'y penser davantage. Ce qui est primordial pour nous, vous savez,
est de sauvegarder l'autonomie et la gestion du cabinet. S'il y avait une
formule magique, nous l'accepterions mais nous croyons que la pratique sera
possiblement ce qui dictera notre choix.
Le Président (M. Gobé): M. Lavigueur, le temps est
maintenant écoulé et je passerai la parole au
député de Lévis. M. le députe de Lévis, vous
avez la parole.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté... M.
Fortier: Religieusement.
M. Garon: ...religieusement en ayant l'impression, en
écoutant ces paroles, qu'il y avait ici un mariage heureux, mais
j'aimerais poser quelques questions pour voir si tout le monde a compris la
même chose. À partir du document du ministre, j'aimerais savoir ce
que vous pensez de l'utilisation des réseaux pour distribuer les
produits de l'assurance, en fonction de ce qui est mentionné dans le
document du ministre.
M. Lavigueur: M. le Président, si vous me permettez de
répondre à cette question. Il est évident que la formation
de réseaux, c'est aussi un modèle de macro-économique. M.
le député, qui représente le si beau comté de
Lévis où il y a le siège social d'un certain Vatican,
voyez-vous, comprend la façon avec laquelle on étend,
évidemment, le mammouth, comme vous avez dit, monsieur.
M. Garon: Le mammouth, c'est au ministre.
M. Lavigueur: Ah bon. Alors, M. le Président, je m'excuse
si je me suis trompé de terme mais je croyais que c'était quelque
chose d'assez monstrueux ou enfin, il était gros.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lavigueur: Donc, vous me proposez que ce modèle soit
celui du décloisonnement, j'ai un peu peur, mes membres aussi, je vous
l'avoue. Nous ne sommes pas dupes, M. le Président. Nous croyons
vraiment que dans nos régions, il y a une expression en anglais qui dit
"small is beautiful", petit est très beau aussi. Nous croyons que cette
dimension de la région est ce qui a fait notre force. Est-ce qu'elle la
fait encore? La présence de tant de gens autour de nous, vous savez,
quand je vais en région, et je serai à Chandler la semaine
prochaine pour célébrer avec eux la venue des
Îles-de-la-Madeleine dans notre association, une chose qui était
inespérée pour nous, mais cela arrive... Ils sont venus à
notre congrès et ils ont dit: Bon, c'est le "fun", ça participe
chez vous, on aime cela. Bien, quand je remettrai la plaque, j'aimerais
expliquer à M. le représentant de l'Opposition au gouvernement
que, comme lui, j'espérerai devenir un autre Desjardins.
M. Garon: Concrètement, donc, vous acceptez l'idée
qui est dans le mémoire?
M. Lavigueur: M. le Président, si je me suis mal
exprimé, je m'en excuse. Pour moi, je représente des cabinets de
courtage indépendants et si le réseau devait devenir aussi
important et imposant que ceux qu'on nous oppose, j'aimerais qu'il soit,
évidemment, comme vous le dites, du modèle
macro-économique le plus vaste et le plus important qui soit au
Québec.
M. Garon: Que voulez-vous dire, plus concrètement, quand
vous parlez du modèle macro-économique le plus imposant?
M. Lavigueur: M. le Président, je pensais bien avoir
exprimé mon idée en disant que le modèle de la
distribution des grands ensembles est un modèle fort intéressant
au point de vue des conseils d'administration des sociétés qui
contrôlent ces distributions. Que ce soit Desjardins ou La Laurentienne,
le courtier d'assurances indépendant n'en a sûrement pas contre
l'institution, mais peut-être en a-t-il contre la façon de
distribuer si cette façon venait empêcher ceux qui sont proches de
la population de leur donner
vraiment le conseil auquel ils ont droit. Si le document
suggérait, et je n'ai rien vu qui disait qu'if ne le suggérait
pas, que cette représentation soit celle de personnes responsables,
à savoir de continuellement appuyer le choix du client, le choix du
public à une distribution tout à fait non liée ou non
forcée, ce modèle, M. le Président, je l'accepte et nous
l'acceptons. La seule réserve, nous disons qu'au départ, le
modèle économique de grande envergure est un modèle qui
est contrôlé pas le haut, et nous sommes à la base,
voyez-vous.
M. Garon: Le ministre a été assez clair. Il a
expliqué comment il voyait les choses dans l'avenir, et je pense qu'il a
été précis là-dessus. Alors c'est pour cela qu'on
essaie de savoir votre opinion par rapport aux intentions du ministre
exprimées dans son mémoire ou dans les différentes
déclarations qu'il a faites depuis qu'il est ici. C'est uniquement cela
qu'on essaie de savoir. D'après vos interventions, je comprends que vous
êtes d'accord avec la vision que le ministre a exposée concernant
le décloisonnement des institutions financières et des
intermédiaires.
M. La vigueur: Nous sommes d'accord, M. le Président, sur
une des... surtout la dimension de la distribution par des courtiers
indépendants, et le modèle, à ce moment-là, n'a pas
de limite quant à sa grosseur.
M. Garon: Le ministre à dit qu'il déposerait un
projet de loi au début de l'automne. Souhaitez-vous être entendus
avant que l'Assemblée nationale ne procède à l'adoption de
ce projet de loi?
M. Lavigueur: Si, M. le Président, je me
réfère à toutes les consultations que nous avons eues
depuis quelques mois, je peux vous dire que la consultation, cela nous
connaît. Je pense que M. le ministre nous a toujours
démontré qu'il a le même souci de rechercher, justement, le
consensus, et nous l'avons trouvé, ce consensus pour nous
présenter ici. Nous sommes certains que la même façon de
procéder nous sera proposée par M. le ministre. Ce n'est pas
notre crainte à ce moment-ci.
M. Garon: Non, ce que je vous demande - est simple, au fond:
est-ce que vous préférez avoir des conversations avec le ministre
dans son bureau, ou si vous souhaitez que formellement, avant l'adoption du
projet de loi par l'Assemblée nationale, une commission parlementaire
soit convoquée pour vous entendre? Si vous dites: Mes conversations avec
le ministre sont très bonnes, on file le parfait bonheur et on en a
assez de cela, parfait. Je vais comprendre que les courtiers ne veulent pas
qu'il y ait de commission parlementaire. Je pose une question précise:
souhaitez-vous qu'il y en ait une ou qu'il n'y en ait pas?
M. Lavigueur: Certainement, M. le Président, nous serions
loin d'avoir objection à ce qu'il y ait cette nouvelle rencontre.
D'ailleurs, M. Garon le sait très bien, M. le Président, qu'on
n'a jamais hésité pour se présenter ici, au nom de tous
nos gens. Nous savons que la discussion y est franche et c'est ce qui nous
permet quand même d'ajuster notre tir. Nous aimerions, et nous n'aurions
pas d'objection à ce que cette représentation additionnelle nous
soit offerte.
M. Garon: Cela veut dire que vous n'avez pas d'objection à
ce qu'il y en ait une, mais vous n'en demandez pas. C'est cela que j'ai
compris.
M. Lavigueur: Si c'était à nous de décider,
M. le Président, nous serions favorables. Vu que ce n'est pas à
nous, nous savons que de l'autre côté il y a aussi des gens aussi
sages que nous, qui nous offriront l'occasion de le faire.
M. Fortier: II ne fait pas de politique, n'est-ce pas, lui.
M. Garon: Non, mais j'ai l'impression que si vous décidez
de ne pas en faire, vous pourrez envoyer l'impression de cette page-là
du débat des commissions parlementaires en disant que vous n'en vouliez
pas. Et dans ma sagesse, je pense que ce n'est pas nécessaire.
M. Fortier: Voulez-vous avoir une réponse de ma part?
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis, vous parlez
avec...
M. Fortier: Si le député veut me poser la question,
je vais répondre.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Voulez vous poser la question?
M. Garon: Oui, formellement. Je vous l'ai demandé deux ou
trois fois. Vous ne vous êtes pas engagé, jamais.
M. Fortier: Non. J'avais pris un engagement vis-à-vis des
courtiers parce qu'il est vrai que, je crois que l'engagement que j'avais pris
au moment du dépôt du livre blanc, on nous avait dit:
Écoutez, il faudrait bien que nous, les courtiers d'assurances et les
intermédiaires, nous en profitions le plus tôt possible. Comme de
raison, vous connaissez les délais de préparer un document de
consultation, d'avoir la commission parlementaire, de préparer un projet
de loi, de le déposer au mois d'octobre. Moi je n'ai pas d'objection
à ce qu'il y ait une autre consulta-
tion mais, si, c'est parce que les courtiers m'avaient pressé en
vous disant: Écoutez, on aimerait avoir des ajustements à notre
loi le plus tôt possible, pour nous permettre d'affronter la concurrence.
Alors soit qu'on le fasse, et c'est leur désir, et moi je suis
très ouvert, soit qu'on le fasse durant l'été, en
privé, et à ce moment cela me permettra de déposer le
projet de loi au mois d'octobre et, en poussant un peu et en convainquant le
leader du gouvernement de tordre un peu les règlements de la Chambre, de
l'adopter cet automne. Cela ferait que les courtiers pourraient avoir, si on
est chanceux, des ajustements sur le décloisonnement qui leur seraient
bénéfiques. Je ne veux pas prendre d'engagement, mais disons pour
Noël. Mais si on a une autre consultation, et c'est peut-être la
chose à faire, mais il faut comprendre qu'à ce moment-là
l'adoption du projet de loi ira au printemps. C'est une question de
délai. Compte tenu du fait qu'il y a d'autres institutions qui vont de
l'avant, je vais écouter des courtiers, mais je crois qu'étant
donné, comme on dit en affaires "time is off the essence" les gens
préféreraient peut-être faire des consultations
privées pour que l'on puisse procéder le plus rapidement
possible. Mais en définitive, je vais laisser cela aux
intermédiaires, mais les courtiers m'ont pressé d'avoir des
ajustements à leur loi pour pouvoir profiter du décloisonnement
le plus tôt possible. Alors, c'est simplement une question de
délai.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Vous
parliez, si je comprends bien, sur le temps du député de
Lévis.
M. Fortier: Bien oui, j'ai répondu à sa
question.
M. Garon: C'est-à-dire que quand il répond, il
parle sur mon temps, mais quand il ne répond pas, il parle sur son
temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mille-Îles voulait poser des
questions à M. Lavigueur.
M. le député de Mille-Îles, vous avez la parole.
M. Bélisle: D'abord, félicitations pour l'excellent
mémoire qui est présenté. C'est très
rafraîchissant comme contribution. C'est avant tout une contribution de
nature positive et très structurée. Cela me plaît beaucoup
et cela va aider, j'en suis sûr, la réflexion du ministre au cours
des prochains mois à voir plus clair dans la structure.
Je comprends que vous êtes ici, avec le document que j'ai lu, pour
parler de l'association, de la structure comme telle. Cela a été,
en fin de compte, l'essence de votre intervention.
Vous avez parlé de la façon que l'on pourrait mettre sur
pied le conseil des assurances de dommages sur le plan de la formation, sur le
pian de la discipline et tout le reste. Cela va de soi, c'est de bonne guerre
parce que vous êtes ici pour représenter l'association. Je ne peux
pas m'empêcher de revenir à la page 17 de votre document qui
contient 19 pages, et où vous glissez sur un sujet qui nous tient
beaucoup à coeur et, encore une fois, au député de
Lévis: la protection du public.
Cet après-midi vous avez certainement entendu, M. Lavigueur, les
représentations faites par le comité ad hoc des grands cabinets
de courtiers d'assurances qui a parlé de la protection du consommateur,
du rôle de conseiller du courtier d'assurances. Je lis à la page
17, je vais vous citer dans votre document: "Protection du public. Transactions
liées. L'association a pris bonne note des commentaires exprimés
dans le document de consultation relativement à la prévention des
conflits d'intérêts et des transactions liées. Le seul fait
de permettre la vente d'assurances par une institution effectuant des
opérations de crédit est de nature à créer un
contexte favorable aux ventes liées. Les institutions impliquées
dans des réseaux doivent maximiser la rentabilité de leurs
opérations; conséquemment, on peut s'attendre à certains
abus susceptibles d'être préjudiciables aux consommateurs. La
personne qui sollicite du crédit auprès d'une institution se
trouve en position d'infériorité; elle sera facilement
incitée à se procurer auprès de l'institution
prêteuse les assurances afférentes aux biens que l'institution se
déclarera prête à financer". Vous continuez avec
l'expérience américaine et vous concluez, à la page 18:
"L'association ne peut que partager les craintes du ministre à cet
égard et s'oppose fermement à toute transaction liée de
quelque nature qu'elle soit. Cette position rejoint d'ailleurs l'objectif
constamment recherché par le législateur". Fin de la citation. En
bon français et en bon québécois, est-ce que je dois
comprendre, M. Lavigueur, que votre association, qui représente 5500
courtiers au Québec, est contre toute forme de vente d'assurances de
dommages dans le haut comptoir d'une institution de crédit et
d'épargne?
M. Lavigueur: C'est bien cela, M. le Président.
M. Bélisle: Je n'ai pas entendu votre réponse.
M. Lavigueur: C'est bien cela, M. le Président.
M. Bélisle: Parfait. C'est ta position de base. Est-ce que
vous pourriez nous expliquer les craintes que vous avez, ou est-ce qu'elles
sont les mêmes que celles que vous avez entendu exprimer aujourd'hui par
le comité ad hoc des
grands cabinets de courtiers d'assurances? Avez-vous des faits
supplémentaires, des commentaires supplémentaires? Est-ce que
cela a été très bien énoncé cet
après-midi? Est-ce que vous craignez une concentration du capital telle
dans les mains d'une poignée d'institutions au Québec qu'en fin
de compte le consommateur, le client, votre assuré se retrouvera
peut-être, dans cinq ans, à payer sa police d'assurance plus cher,
alors qu'on va lui faire accroire pendant un an, deux ans, en abaissant les
prix, technique du "loss leader" que tout le monde connaît, que cela
coûte moins cher et que c'est plus facile. Subrepticement et lentement,
on va prendre cette technique et on va amener le consommateur à payer
plus au bout de cinq ans. Est-ce que c'est votre crainte? Quelles sont vos
craintes? (17 h 45)
M. Lavigueur: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole.
M. Lavigueur: Merci, M. le Président. J'aime bien les
propos de M. le député de Mille-Îles, mais vous savez, le
forum qui est formé chez nous par 600 courtiers qui assistent à
une assemblée annuelle, et cela vient de finir il y a cinq jours, nous
permet quand même, comme président, et cela a été,
je pense, l'expérience de ceux qui m'ont précédé,
d'avoir une opinion un peu plus partagée que celle qui est
exprimée ici pour la bonne raison que les cabinets sont aussi membres
chez nous et je suis un représentant. C'est la première fois, je
dois vous l'admettre, qu'un représentant de grands cabinets devient
président de l'association. Je ne pense pas qu'ils aient les craintes
exprimées par M. le député de Mille-Îles. Mais en
même temps, les plus petits d'entre nous sont craintifs et ceux qui sont
représentés par Info-ultima et qui nous ont
précédés à cette tribune ont certainement la
sagesse de savoir ce qui peut arriver lorsqu'on n'est pas prudent.
Cela dit, le forum chez nous est un peu tout ce que vous avez dit.
Fondamentalement, on n'a rien contre les réseaux et je l'ai dit tout
à l'heure, mais on est contre et on sera toujours contre et on sait que
le monde n'est pas fait que de pureté quand même; il est fait de
distributions, il est fait de modèles économiques, il est fait de
ventes qu'on essaie à qui mieux mieux de pousser, d'aller de l'avant. On
regarde l'expérience américaine. Il est certain qu'aux
États-Unis et on a la preuve de cela - mon président Choquette
était là avant moi à Washington et on lui a donné
des preuves - les grands réseaux ont cette tentation absolument
tentacuiaire et qui les démange d'aller puiser dans les réseaux
qu'ils contrôlent pour alimenter ceux qu'ils veulent faire éclore.
Mais nous sommes contre et nous serons toujours contre les
établissements bancaires, principalement, ou quasi bancaires qui, eux,
n'ont pas ce même forum. Ils sont à la source même d'un
client en position de faiblesse. C'est facile à expliquer. Si on va
emprunter de l'argent, on est en position de faiblesse.
Cela dit, M. le ministre savait cela. L'association le sait parce
qu'elle le vit. On est entre parties de bonne foi. On va sûrement mettre
des crans d'arrêt. On ne laissera pas comme cela impunément des
gens venir piétiner la distribution de gens qui sont des entrepreneurs,
des entrepreneurs qui ont aussi un rôle économique à jouer
et qui le jouent très bien. M. le ministre le sait, M. le
Président. Je suis un de ceux qui, du carré Jacques-Cartier, en
dessous d'un cireur de chaussures, a commencé un bureau du nom de mon
père qui vit encore, qui est devenu avec le temps un bureau qui a quand
même pris de l'ampleur et qui, avec ses 50 employés, s'est joint
à un autre bureau. Maintenant, me voilà dans un grand bureau.
Est-ce que cela n'est pas beau? Est-ce que cela n'est pas la fleur du
Québec? Est-ce que ce n'est pas cela qu'on veut? Pourquoi irait-on tirer
dans les coffres des entreprises qui ont déjà cette
possibilité financière de tous nous écraser s'ils le
voulaient, mais ils ne le feront pas? Pourquoi ne veut-on pas plutôt
semer cette belle société du Québec qui, en 1976, a
survécu - M. le Président, je vois M. Garon qui sourit - au
départ évidemment de la Brink's parce que, justement, elle avait
ensemencé des entreprises qui sont devenues aujourd'hui de grands
sièges sociaux sur la rue, je pense qu'on l'appelle maintenant le
boulevard René-Lévesque.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Mille-Îles? Il vous reste
quelques minutes encore.
M. Bélisle: Non, cela va aller, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Lévis, la parole est maintenant à vous.
M. Garon: M. le Président, je n'ai pas de question
additionnelle.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Cela m'a paru assez clair.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation,
avez-vous quelques questions, quelques commentaires ou conclusions?
M. Fortier: J'aurais une question. Est-ce qu'on doit aller
voter?
Le Président (M. Gobé): Je devrais peut-être
avertir...
M. Fortier: Non, on n'a pas sonné.
Le Président (M. Gobé): ...la commission qu'il
pourrait y avoir d'ici à quelques minutes une sonnerie pour un appel
d'un vote nominal.
M. Fortier: On va essayer de procéder quand
même.
Je voudrais revenir sur la propriété des bureaux de
courtage. Tout à l'heure, en dialoguant avec Info-ultima, en lisant leur
mémoire, ces gens donnaient l'impression qu'ils étaient contre
toute propriété. En dialoguant avec eux, on s'est aperçu
que, dans le fond, eux et d'autres, j'imagine, tiennent absolument à
pratiquer au sein de ce qu'on appelle des courtiers tout à fait
indépendants. D'autres sont venus ici en nous disant: Écoutez,
nous sommes maintenant contrôlés par une institution
financière, mais cela ne nous empêche pas d'opérer en tant
que courtiers. Voici la proposition que je leur faisais: Écoutez, dans
la mesure où le client saurait pertinemment que tel bureau de courtiers
est tout à fait indépendant, donc on pourrait prévoir dans
la réglementation XYZ Bureau de courtage indépendant et un autre
serait obligé de s'afficher comme étant associé à
tel groupe. Est-ce que cela vous est tout à fart répugnant ou si
vous croyez que ce serait un moyen terme qu'on pourrait accepter s'il y avait
divulgation tout à fait complète des liens pouvant exister?
M. Lavigueur: M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Gobé): M. Lavigueur, allez-y, je
vous en prie.
M. Lavigueur: Merci, M. le Président. C'est
rafraîchissant d'entendre un ministre qui nous dit: Nous reconnaissons
les deux systèmes de distribution. En fait, c'est ce qu'on nous dit. On
nous dit d'un côté que les courtiers indépendants
pourraient non seulement s'afficher - est-ce que ce n'est pas
rafraîchissant de l'entendre dire - mais pourraient se mettre en
structure et qui pourraient donc non seulement s'afficher, mais grandir eux
aussi avec le modèle que vous nous proposez. D'un autre
côté, que le législateur aurait le souci de bien identifier
les intervenants. Là, M. le Président, je dois admettre que M. le
ministre tient un propos qui nous plaît. Si nous croyons que nous devons
grandir, nous savons que nous ne sommes pas dans une société
monopolistique, loin de là. Nous sommes les gens qui avons toujours
combattu les distributions les plus diverses. Que M. le ministre veuille qu'on
donne un éclairage à chacune de ces distributions, mais que celle
du courtier indépendant ait sa place, non seulement sa place mais
qu'elle continue et que, de l'autre côté, on identifie celle qui,
comme vous dites, serait d'une souche plus directe et que le client puisse le
savoir, je crois que c'est de bonne guerre.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. Lavigueur. M. le
ministre, quelques commentaires?
M. Fortier: Nous ne sommes pas encore appelés? On peut
continuer?
Le Président (M. Gobé): Oui, quelques minutes
encore certainement.
M. Fortier: C'est parce que bien sûr certains, en
privé, nous avaient dit: Si un bureau de courtiers était
possédé, disons, à plus de 51 %, il faudrait plutôt
dire à ce moment-là qu'il ne s'agit plus d'un bureau de courtiers
mais qu'il s'agit d'un réseau d'agents attitrés à une
compagnie XYZ. Mais ce que vous nous dites, dans le fond, c'est que ce n'est
pas votre solution préférée, ce n'est pas votre solution
préconisée, mais à la limite la dénonciation des
liens et la dénonciation des appartenances permettrait au client de
faire la distinction entre les bureaux indépendants et les autres. C'est
cela que j'ai compris de votre intervention.
M. Lavigueur: M. le Président, encore une fois, c'est
très encourageant d'entendre M. le ministre nous dire que, comme nous,
il n'a de souci que pour le client. II faut que le client entre quelque part et
qu'il sache d'ores et déjà à qui il a affaire. S'il a
affaire à un distributeur de produits, qu'il ne s'inquiète pas de
savoir que par après il aura une comparaison plus avantageuse ailleurs.
S'il vient chez nous, le courtier d'assurances indépendant, il aura la
solution ou une des solutions, parce qu'on lui en proposera plusieurs. C'est
à cette façon de protéger le libre choix du consommateur
que nous nous attachons avec beaucoup d'ardeur, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Lavigueur. Je crois que vous avez fini, M. le ministre?
M. Fortier: Je voulais seulement dire deux mots, pour dire merci
beaucoup à M. Lavigueur et à son équipe pour votre
présentation. On doit nous appeler incessamment pour aller voter, alors
on doit conclure. Je vous dis merci pour cette présentation. Je crois
qu'avec les propos que vous avez tenus et avec votre ouverture, de-vrais-je
dire, sur le décloisonnement, cela devrait nous permettre, avec les
autres propositions qui nous viendront et qui nous sont venues durant ces deux
derniers jours et demain, d'arriver à des solutions équitables
pour tous. En tout cas, c'est le but que nous visons.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis, un mot de la fin peut-être?
M. Garon: M. le Président, j'aimerais dire que j'ai
entendu le président de l'Association des courtiers avec beaucoup de
plaisir. Comme c'est un ancien collègue étudiant - il est un peu
plus vieux que moi - au collège des Jésuites de Québec,
à Saint-Charles-Garnier, je dois dire que les Jésuites, s'ils
l'entendaient aujourd'hui, seraient fiers de leur élève.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Merci.
M. La vigueur: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre. Je tiens à vous remercier, M. le
président, les gens qui sont assis avec vous ainsi que tous les
courtiers qui vous accompagnent. Je dois dire qu'à titre de membre de la
commission, j'ai trouvé votre mémoire et votre témoignage
très humains, très empreints de considération envers les
consommateurs. C'est le reflet d'une certaine pensée qu'on peut
retrouver à travers le Québec et qu'on reçoit assez
régulièrement dans notre bureau de comté soit celle de la
protection et de l'intérêt des petits et des gens ordinaires de
notre province. Je tiens à vous remercier, vous êtes vraiment ce
reflet-là.
Sur ce, je vous remercie encore une fois et je suspends les travaux
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je tiens à vous rappeler, messieurs, mesdames, que la commission
du budget et de l'administration poursuit la consultation
générale sur le document intitulé Décloisonnement
des intermédiaires. Il est 20 heures et j'inviterais le Groupe Commerce
à se présenter... 20 h 10, je m'excuse, avec dix minutes de
retard, on va essayer de les reprendre.
Les gens du Groupe Commerce, s'il vous plaît, si vous voulez bien
vous présenter. Vous connaissez la procédure. Vous avez 20
minutes pour présenter votre mémoire et le groupe
ministériel a 20 minutes pour vous poser des questions, ainsi que 20
minutes pour le groupe de l'Opposition.
Groupe Commerce compagnie d'assurances
M. Brouillette (Yves): M. le Président, M. le ministre
Fortier, M. l'inspecteur général, MM. les membres de la
commission, je m'appelle Yves Brouillette et je suis le vice-président
exécutif responsable des assurances des particuliers pour le Groupe
Commerce. Mon collègue ici présent est M. Claude Dussault,
vice-président administratif pour le marketing. M. Guy Saint-Germain,
président et chef de la direction de notre compagnie qui devait nous
accompagner lors de cette présentation, a malheureusement
été empêché en raison d'une intervention
chirurgicale mineure qu'il a subie plus tôt cette semaine.
Le Groupe Commerce compagnie d'assurances a été
fondé en 1907 à Saint-Hyacinthe. Il y a d'ailleurs toujours son
siège social. Avec au-delà de 450 employés à
Saint-Hyacinthe même, il représente l'un des principaux employeurs
de la région. Le Groupe Commerce est la propriété de la
société de gestion Commassur qui est aussi le principal
actionnaire de la compagnie d'assurances Belair acquise en 1981 et qui, elle, a
son siège social à Montréal. En 1987, le volume de primes
du Groupe Commerce fut de 205 000 000 $; celui de la compagnie d'assurances
Belair de 47 000 000 $. Commassur est ainsi l'un des plus importants assureurs
IARD au Québec et le plus important en assurance automobile et dans
l'ensemble du secteur des assurances des particuliers. Les deux
sociétés d'assurances ensemble regroupent plus de 1000
employés dont une proportion remarquablement élevée est
composée de personnel à longue carrière dans
l'assurance.
Depuis sa fondation, le Groupe Commerce a toujours été
très actif au sein de l'industrie des assurances dommages tant au
Québec qu'au Canada. Nous croyons pouvoir dire qu'il a fait sa juste
part pour développer la présence québécoise dans
cet important secteur de l'activité économique. C'est à ce
titre que nous, du Groupe Commerce, sommes heureux de participer aux
discussions sur le décloisonnement des intermédiaires.
Nous vous remercions, M. le ministre, de nous donner l'occasion de
discuter de votre document d'une façon très ouverte devant une
commission parlementaire.
À titre de membre du Bureau d'assurance du Canada, nous sommes
solidaires du mémoire qui sera présenté plus tard à
cette commission par le bureau. Toutefois, nous désirons apporter
certains commentaires additionnels qui nous apparaissent très
importants.
Tout d'abord, nous voulons indiquer de façon très claire
que le Groupe Commerce est favorable au décloisonnement. Bien que pour
le moment le Groupe Commerce ne soit engagé que dans un seul secteur,
soit les assurances IARD, nous sommes tout à fait favorables au
décloisonnement tant des intermédiaires que des institutions. Il
s'agit, selon nous, d'une évolution normale qui devrait améliorer
la concurrence et dont le consommateur devrait bénéficier. En
second lieu, nous désirons souligner que notre secteur, l'assurance
dommages, est soumis à des réglementations que nous ne retrouvons
pas dans les autres secteurs financiers.
Pour ce qui est du décloisonnement, nous croyons que c'est une
évolution qui, d'ici à quel-
ques années, est susceptible de modifier substantiellement
l'industrie des services financiers. On n'a qu'à mentionner, pour s'en
convaincre, la rapidité avec laquelle les grandes banques canadiennes
ont absorbé, en quelques mois seulement, la majeure partie des courtiers
en valeurs mobilières. Il est utile de se rappeler que les cloisons que
les gouvernements veulent enlever, ce sont ces mêmes gouvernements qui
les avaient érigées.
Pourquoi le Groupe Commerce n'est-il pas aujourd'hui dans plusieurs
services financiers? L'une des raisons principales, c'est sans doute qu'au
cours des décennies précédentes qui ont vu son
développement, cela n'était pas permis par la législation.
Il convient donc d'exiger que nos gouvernements se fassent un devoir de veiller
à ce que les nouvelles règles du jeu soient les mêmes pour
tous.
Ce principe général des règles du jeu égales
pour tous devrait s'appliquer, en premier lieu, à la question de la
distribution des produits d'assurance au comptoir des banques, des caisses et
des sociétés de fiducie. Il est inacceptable que certaines
institutions jouissent de privilèges alors que d'autres en sont
privées. En deuxième lieu, nous désirons souligner que
notre secteur, l'assurance dommages, est soumis à des
réglementations que nous ne retrouvons pas dans les autres secteurs
financiers: banques, caisses et sociétés de fiducie. Nous croyons
que vous avez aujourd'hui l'occasion, M. le ministre, de réparer toutes
ces années d'injustice à l'égard de notre industrie.
Je veux parler d'abord des questions soulevées dans votre
document, aux pages 65 et 66, au sujet du contrôle des experts en
sinistres. Cette question refait surface depuis 1972 et nous espérons
qu'elle sera réglée une fois pour toutes à la suite de la
question que le document soulève, et je cite: "Dort-on soumettre
l'expert en sinistres salarié à l'emploi d'un assureur aux
règles régissant les experts en sinistres indépendants ou
doit-on éviter de le faire, tout comme pour les autres employés
salariés d'une institution financière?"
Encore aujourd'hui, les assureurs sont tenus de fournir à
l'Inspecteur général des institutions financières la liste
des personnes qu'ils emploient à titre d'expert en sinistres et de tenir
à jour cette liste. Nous devons être les seuls, dans tout le
secteur des services financiers, à être soumis à ce genre
de transaction et de contrôle inutiles. Cette liste, de même que sa
mise à jour trimestrielle, se fait par la fiche BB-147 du service des
assurances où une liste importante d'informations personnelles est
consignée. Vous avez d'ailleurs une copie de la formule BB-147 qui est
jointe à notre mémoire.
Au Groupe Commerce, nous avons depuis longtemps développé
un système de règlement des sinistres de premier ordre qui
comprend 24 bureaux de règlement à travers le Québec et
plus de 200 employés et tout ce monde est "fiché".
Aucune banque, aucune caisse populaire, aucune société de
fiducie ne se voit contrainte à ce genre de contrôle. Pourtant,
ces institutions manipulent des sommes d'argent largement supérieures et
des contrats tout aussi complexes que ce qu'on retrouve dans notre secteur.
Nous suggérons que le même traitement soit
réservé à tous les employés oeuvrant dans les
secteurs financiers que ce soit les banques, les caisses populaires, les
sociétés de fiducie ou les sociétés d'assurances.
En conséquence, les experts en sinistres à l'emploi d'un
assureur, celui-ci étant responsable de ses employés, ne
devraient pas faire l'objet de règles de certification qui sont, par
ailleurs, jugées nécessaires pour les experts en sinistres
indépendants.
La nécessité de veiller à ce que les règles
du jeu soient les mêmes pour tous nous amène aussi à
commenter l'environnement de réglementations dans lequel baignent
déjà les agents d'assurances de dommages à l'emploi
exclusif d'un assureur et à l'intention exprimée dans le document
de continuer, pour ne pas dire d'intensifier, cette réglementation.
Les agents d'assurances exclusifs des assureurs de dommages devraient
recevoir le même traitement que les employés des autres
institutions financières. À notre connaissance, aucune
autorité gouvernementale ne statue sur le niveau de formation et sur les
conditions d'accès à la profession de banquier. Nous sommes
d'accord avec le ministre que le processus d'encadrement doit être
maintenu pour les intermédiaires indépendants parce qu'ils sont
les mandataires des assurés, mais nous demandons l'abolition
complète du système de qualification des agents exclusifs.
Comme les experts en sinistres employés d'un assureur, comme tous
les employés des banques, caisses populaires et sociétés
de fiducie, les agents exclusifs devraient être sous la
responsabilité de l'employeur. Le secteur de l'assurance dommages n'est
pas plus complexe, ni moins sérieux, ni moins responsable que ces autres
secteurs financiers. Nous demandons pour nos employés le même
traitement.
Vous êtes en présence, MM. les membres de la commission
parlementaire, d'une occasion unique de rétablir l'équilibre
entre les différents secteurs financiers au plan de la
réglementation. Sachez que pour permettre à des institutions
comme le Groupe Commerce et la compagnie d'assurances Belair de relever les
importants défis du décloisonnement, il nous faut absolument
compter sur le maximum de flexibilité, le minimum de
réglementation et un traitement égal aux géants financiers
que nous ne craignons pas d'affronter.
Voilà qui résume notre position générale.
Voici maintenant certains commentaires sur les propositions spécifiques
qui sont contenues dans le document de consultation, au sujet, en premier lieu,
du conseil des assurances.
Nous croyons savoir que les assureurs-vie
sont déjà avancés dans l'acceptation d'un conseil
des assurances de personnes. Ils y voient une nécessité et il est
probable que l'existence de ce conseil soit justifié par la nature des
problèmes que rencontrent les assureurs-vie.
Pour ce qui est de la suggestion d'un conseil des assurances de
dommages, vous nous permettrez de remarquer qu'il ne faut surtout pas s'y
engager pour des raisons qui relèveraient davantage de
l'uniformité d'un modèle plutôt que des exigences
concrètes de la réalité.
Si, comme nous l'espérons, la responsabilité totale de
tous les employés d'un assureur de dommages devait être
clairement, une fols pour toutes, placée là où elle doit
être, il n'y a aucun besoin d'entrevoir des associations d'experts en
sinistres salariés ou d'agents exclusifs salariés qui feraient,
par la suite, partie d'un conseil des assurances de dommages.
Nous vous rappelons que dans les banques, caisses populaires et
sociétés de fiducie, aucun besoin semblable n'a été
reconnu et que ces structures n'existent pas. Et pourtant, cela marche.
Le conseil des assurances de dommages, s'il devait y en avoir un,
devrait donc répondre à la deuxième option que le document
évoque à la page 106 et ne regrouper que les courtiers
d'assurances.
Dans cette optique, il nous apparaît que l'Association des
courtiers d'assurances du Québec devrait pouvoir continuer de jouer le
rôle que le législateur québécois lui confiait, il y
a déjà 25 ans, quitte à y apporter les
améliorations requises par les changements d'environnement survenus
depuis.
Au sujet de la propriété des cabinets de courtage,
présentement, la Loi sur les courtiers d'assurances interdit à
des personnes autres que les membres en règle de l'association des
courtiers de détenir la majorité des actions d'une corporation de
courtiers. Cette interdiction, selon nous, est désuète. Elle
apparaît particulièrement inacceptable lorsqu'on considère
qu'un courtier d'assurances peut, quant à lui, être
propriétaire à 100 % d'une société d'assurances. De
plus, la plupart des grandes sociétés de courtage ne sont pas la
propriété de courtiers et pourtant leurs clients semblent bien
servis comme en témoignent l'importance et le succès de ces
sociétés.
Nous sommes heureux de constater que le projet de réforme
prévolt que toute institution devrait pouvoir acquérir et
contrôler, si nécessaire, une corporation d'intermédiaires.
Selon notre compréhension, cet élargissement ne serait pas
limité aux institutions financières mais permettrait aussi aux
groupes ayant des intérêts commerciaux d'être
propriétaires d'un cabinet de courtage. De la même façon,
le droit de propriété ne serait pas limité aux
institutions canadiennes mais pourrait inclure des intérêts
étrangers. Nous sommes favorables à une telle mesure de
libéralisation.
Au sujet de l'élargissement des champs de pratique. Le document
de consultation propose aussi de favoriser le décloisonnement des
intermédiaires en permettant aux courtiers d'offrir différents
produits financiers à leur clientèle. Nous sommes d'accord avec
cette proposition. Aux différentes activités
énumérées dans le document, il y aurait lieu d'ajouter les
opérations de dépôts et de crédit. Le secteur des
prêts hypothécaires, en particulier, pourrait peut-être
devenir un champ d'activité intéressant pour plusieurs courtiers
d'assurances.
L'exigence d'une entente d'exclusivité avec une institution
financière nous apparaît cependant en contradiction avec la
vocation même du courtier d'assurances. De telles ententes
d'exclusivité ne devraient donc pas être exigées.
Au sujet des ventes liées. On cite ici le document de
consultation qui prévoit que: "De façon à fournir une
protection adéquate aux épargnants qui pourraient subir des
pressions leur causant préjudice, il y aurait lieu d'établir des
règles précises et de mettre en place des moyens efficaces de
contrôle pour empêcher les ventes liées." Fin de la
citation. Il s'agit là d'un énoncé que l'on retrouve
à la page 91 du document de consultation. Nous sommes d'accord avec cet
énoncé.
Les moyens qui sont envisagés à cet égard nous
apparaissent toutefois insuffisants. Tout d'abord, il y aurait certes lieu de
maintenir l'interdiction prévue à l'article 344 de la Loi sur les
assurances qui prévoit que le créancier ne peut imposer au
débiteur le choix de son assureur ou de son agent d'assurances.
De plus, nous croyons que des sanctions sévères devraient
être prévues contre les personnes et les institutions qui
contreviendraient à cet article de la loi.
Au sujet de la divulgation des commissions. La solution proposée
dans le document de consultation s'appuie sur le principe de la transparence.
Nous sommes en accord sur le principe. Nous sommes cependant concaincus que la
divulgation des pourcentages de commissions ne pourrait en pratique que
créer de la confusion.
Le document de consultation mentionne que le consommateur qui ignore le
pourcentage de commission perçue par l'intermédiaire ne peut
effectuer de comparaison entre les différents services offerts par les
Intermédiaires. Une telle comparaison ne serait valable que si le
partage des fonctions et des coûts entre l'assureur et les composantes de
son réseau de distribution était connu et compris par le
consommateur.
Si on compare, par exemple, les trois types de distribution d'assurances
les plus courants au Québec, soit l'assureur direct avec des
employés de vente salariés, l'assureur direct par agents
exclusifs et l'assureur par courtiers, nous constatons d'énormes
différences dans le partage des coûts de distribution.
L'assureur direct avec des employés de vente supporte l'ensemble
des frais reliés à la
distribution des produits: loyer, téléphone, informatique,
etc. Il paie les salaires et les avantages sociaux de ses employés de
vente. L'assureur direct par agents exclusifs, quant à lui, assume
généralement tous les frais et paie ses agents par commissions au
lieu de salaires ou encore dans certains cas utilise une
rémunération mixte, soit salaires et commissions. Le courtier,
lui, doit assumer la majorité des frais de distribution et
perçoit des commissions pour couvrir ses frais, les salaires de ses
employés et sa propre rémunération. De plus, certains
courtiers, pour une commission supérieure, émettent les documents
pour l'assureur, font sa souscription et règlent les sinistres.
Toutes ces distinctions doivent être bien comprises pour faire une
comparaison valable entre les services offerts par l'intermédiaire et sa
rémunération. Dans un tel contexte, il nous semble évident
que la divulgation des commissions ne pourrait que créer de la
confusion. (20 h 30)
Nous craignons également qu'une telle mesure puisse nuire
à l'évolution d'un modèle d'optimisation du partage des
tâches entre l'assureur et le réseau de distribution.
L'implantation de systèmes inofrmatiques chez les courtiers offre des
possibilités de transférer aux courtiers certaines tâches
présentement assumées par l'assureur. Ce transfert pourrait
réduire les frais globaux et améliorer le service à la
clientèle.
Le Président (M. Baril): M. Brouillette, je m'excuse, il
vous reste deux minutes pour conclure.
M. Brouillette (Yves): D'accord. Les courtiers pourraient
sûrement être hésitants à adopter de tels
modèles s'ils devaient justifier à leurs clients une commission
plus élevée à la suite d'un accroissement de leurs
tâches.
Nous croyons que le consommateur recherche essentiellement un prix
global qui est concurrentiel, compte tenu de la qualité du service qu'il
reçoit.
Je passe rapidement sur le partage des commissions, s'il y a des
questions, cela nous fera plaisir d'y répondre, et sur les
employés de bureau de courtage, où il nous apparaît que la
réglementation et les exigences de formation sont superflues en ce qui a
trait aux employés des bureaux de courtage.
Et j'arrive à la conclusion. C'est sur une base
indépendante, sans aucune protection particulière que le Groupe
Commerce a su se développer depuis plus de 80 ans. Nous avons su, avec
passablement de succès, affronter la concurrence des meilleurs assureurs
au monde. Nous en sommes très fiers. Aussi, le régime de la libre
concurrence avec le moins d'entraves possible nous apparaît-il comme
étant celui le plus susceptible de permettre la satisfaction des besoins
des consommateurs, de favoriser le développement d'institutions solides
et progressives. Plusieurs des réformes proposées comportent une
mesure de libéralisation. Nous les accueillons avec beaucoup
d'intérêt. Par ailleurs, certaines des propositions
entraîneraient la mise en place de réglementations très
lourdes et très coûteuses. Il nous semble que leur adoption
présenterait un retour en arrière qui serait
déplorable.
Comme assureurs IARD, en terminant, nous devons aussi souligner qu'alors
qu'on discute du décloisonnement des intermédiaires, de celui des
institutions, les produits d'assurances IARD et particulièrement
l'assurance automobile sont encore pris dans un carcan juridique des plus
contraignants. Ainsi, et pour ne citer que cet exemple, il nous apparaît
pour le moins ironique qu'au moment où l'on discute de services
financiers intégrés, il ne soit toujours pas permis à un
assureur d'offrir une police automobile qui soit adaptée aux besoins
propres aux différents segments de marché.
Nous avons déjà eu d'autres occasions de faire valoir nos
opinions sur ce sujet. Nous voulions simplement profiter de cette occasion pour
souligner qu'il y a encore beaucoup d'autres étapes à franchir
avant que les consommateurs puissent profiter pleinement des avantages d'un
marché libre dans le domaine des assurances et des services financiers.
M. le Président, merci de votre attention.
Le Président (M. Baril): Merci M. Brouilllet-te. M. le
ministre.
M. Fortier: M. le Président, M. Brouilllette, M. Dussault,
en premier lieu, j'aimerais que vous transmettiez mes salutations à M.
St-Germain, je suis désolé qu'il ne soit pas avec nous ce soir.
J'aurais voulu lui dire jusqu'à quel point nous sommes fiers du Groupe
Commerce, et comme vous dites en conclusion, vous avez raison d'être
fiers du succès du Groupe Commerce parce que c'est une des compagnies
les plus rentables, que dis-je, la plus rentable au Canada, qui a su affronter
d'autres institutions, des géants et qui, au fil des ans, a pu
démontrer son initiative pour faire face à des situations
difficiles.
Et en page deux, bien sûr, vous dites au début
malgré tout cela que le Groupe Commerce, bien que n'étant pas
décloisonné lui-même, est favorable au processus de
décloisonnement, tant des institutions que des intermédiaires.
Alors cela démontre votre ouverture d'esprit sur le processus, et je
m'en réjouis grandement.
Pour commencer par la fin, je crois que ce n'est peut-être pas
l'occasion de parler d'assurance automobile, on a eu une réunion avec le
BAC et comme vous le savez certaines des recommandations, la recommandation que
vous faites ici et avec laquelle nous sommes d'accord en ce qui concerne le
fait qu'à venir jusqu'à maintenant il y avait l'approbation par
l'inspecteur des polices automobiles, il nous semble,
avec raison, et vous avez raison, que si on permettait une plus grande
flexibilité, le secteur privé pourrait mieux s'ajuster.
Nous sommes également d'accord avec ce que vous demandez à
la page trois en ce qui concerne les experts en sinistres travaillant à
l'intérieur des compagnies. J'en ai discuté avec plusieurs
personnes et il nous semble que les exigences qui vous sont faites de fournir
l'adresse du bureau, le numéro d'assurance sociale, l'adresse du
domicile, alors qu'on ne fait absolument rien avec cette information-là,
semble-t-il, à ce moment-là je pense bien que, à moins que
j'entende des protestations autour de la table, on a bien l'intention de vous
donner raison à ce sujet.
Cependant, quoique votre logique est impeccable en ce qui concerne le
reste, nous avons sûrement des appréhensions à traiter les
agents qui font la vente sur le même pied. La logique est impeccable,
vous dites: Nos employés, ce sont nos employés, foutez-nous la
paix. Pour les experts en sinistres, on est porté à vous donner
raison, mais pour les agents, nous croyons qu'étant donné... Mais
surtout dans un contexte décloisonné, il faut bien comprendre que
pour vous, disons Belair, vous avez des agents. Si je comprends bien, les
agents de Belair ne vendent que du Belair. Mais dans notre document, ce que
nous proposons, c'est que les agents d'une compagnie qui travaillent à
l'intérieur d'un groupe de compagnies pourraient vendre les produits du
groupe. À ce moment-là, les agents deviennent quelque peu
décloisonnés et il nous semble qu'on devrait encadrer leur action
de la même façon qu'on encadre l'action des intermédiaires
indépendants. Donc, j'aimerais quand même vous entendre davantage
là-dessus.
En ce qui concerne la propriété, alors vous dites:
propriété des cabinets de courtiers. Oui, vous êtes pour
une libéralisation complète et vous dites: Cette interdiction,
l'interdiction d'acheter des cabinets de courtage est désuète.
Elle apparaît particulièrement inacceptable lorsqu'on
considère qu'un courtier d'assurances peut, quant à lui,
être propriétaire à 100 % d'une société
d'assurances. De plus, la plupart des grandes compagnies de courtage ne sont
pas la propriété de courtiers et donnent un bon service. À
ce moment-là, vous avez entendu comme nous, peut-être, des gens
qui ne sont pas du même avis. J'imagine que malgré tout, vous
dites... Pour quelle raison croyez-vous que cela serait bénéfique
pour les compagnies d'assurances? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Autrement dit, est-ce que c'est juste pour une libéralisation en soi et
croyez-vous que cela aurait un impact bénéfique pour une
compagnie comme la vôtre?
En ce qui concerne un point très particulier sur les ventes
liées, vous rapportez l'énoncé de la page 91. Vous nous
dites qu'on devrait maintenir l'article 344. Il est vrai que dans le document
de consultation on n'y fait pas allusion mais il était très clair
dans notre esprit qu'on maintenait l'article 344. Vous demandez qu'il y ait des
sanctions sévères, en plus; je dois vous dire que c'est
déjà prévu dans un projet de loi que je déposerai
prochainement, les sanctions pénales. Les sanctions sont prévues,
donc, cela va dans le sens de votre demande.
En ce qui concerne la rémunération, je dois vous dire que
nous avons entendu les commentaires de plusieurs personnes. Le
député de Lévis s'intéresse beaucoup à la
question. J'écoute attentivement, mais je dois avouer que les arguments
que vous mettez de l'avant me touchent beaucoup. Autrement dit, il est vrai que
dans le fond le pourcentage de commissions dépend beaucoup des services
que vous déléguez aux courtiers d'assurances et, dans certains
cas, la délégation peut être mineure, dans d'autres cas, la
délégation peut être majeure et dans le cas des Lloyd's, on
délègue encore davantage. Donc, le pourcentage n'est pas
nécessairement un facteur qui pourrait être apprécié
par tout le monde. En tout cas, on va entendre d'autres gens s'exprimer
là-dessus, mais je dois vous avouer que votre mémoire, en
particulier, m'a touché à ce sujet-là.
Le conseil des assurances. Avant le dîner, nous avons entendu
l'Association des courtiers qui semble se rallier à un conseil qui
inclurait tout le monde. La raison pour laquelle nous aimerions avoir un
conseil qui regroupe tous les intervenants, ou à peu près tous,
que ce soit les compagnies, les agents, les courtiers, les experts en
sinistres, c'est qu'on cherche un forum. Bien sûr, vous dites dans votre
document: Mais il ne faudrait pas que ce soit juste pour copier ce qu'on fait
du côté de l'assurance de personnes. Ce n'est certainement pas
cela. C'est sûr qu'on s'en est inspiré un peu mais, en dialoguant
avec les gens, on croit que cela permettrait à ceux qui pratiquent dans
le même secteur d'activité de s'entendre entre eux sur les normes
qui seraient semblables, quitte à se spécialiser au niveau des
courtiers d'assurances, à se spécialiser dans le domaine des
agents d'assurances, à se spécialiser dans le domaine des experts
en sinistres. Mais on croyait qu'il y aurait un certain bénéfice.
Au lieu que ce soit des fonctionnaires qui écrivent des règles,
on croyait qu'il y aurait un certain avantage à ce que les gens du
milieu, ensemble, cogitent des éléments de code de
déontologie quitte à demander à ceux qui sont plus
intimement mêlés d'aller plus en profondeur.
Alors, en gros, M. le Président, ce sont là mes
commentaires. Je ne sais pas si M. Brouil-lette a des réactions à
ce que j'ai dit. En ce qui concerne les agents, en particulier, votre logique
est impeccable mais il nous semble que cela serait aller trop loin que de vous
accorder ce que vous demandez en ce qui les concerne, même s'il s'agit
d'employés de compagnies d'assurances. Si vous avez des commentaires
additionnels, cela me ferait plaisir de les entendre.
Le Président (M. Baril): M. Brouillette.
M. Brouillette (Yves): M. le Président, je voudrais
d'abord remercier le ministre, encore une fois, pour les commentaires qu'il a
faits concernant notre organisation. En fait, nous sommes très fiers de
notre organisation. C'est non seulement une question de rentabilité - il
a évoqué la rentabilité - mais il y a d'autres raisons
pour lesquelles nous sommes fiers. En fait, ce sont les ressources humaines du
Groupe Commerce et les relations qu'on a avec le réseau des courtiers
d'assurances indépendants à travers le Québec. Alors, je
pense qu'au-delà des chiffres financiers qui sont publiés, ce
sont des facteurs très importants dans l'entreprise, dans l'organisation
que nous représentons, qui font que nous sommes très fiers
d'appartenir à cette organisation.
Je vous remercie aussi pour votre réceptivité au sujet de
la police d'assurance automobile. Vous savez que, comme nous sommes le premier
assureur automobile, c'est une question qui nous tient beaucoup à coeur
et nous enregistrons vos commentaires de façon tout à fait
positive sur cette question. Vous dites que nos arguments sont logiques, il
nous semble difficile de voir quelle différence cela fait dans l'esprit
du document de consultation, pourquoi, à partir du
décloisonnement, doit-on augmenter la réglementation? Puis, vous
êtes d'accord en ce qui a trait aux experts en sinistres. Cela aussi, il
faut l'enregistrer comme un point très important à nos yeux parce
que ce n'est pas d'hier qu'on a fait des demandes sur cette question-là.
Comme c'est mentionné dans le document, cela date de 1972. On enregistre
votre point de vue là-dessus qui nous semble très important.
Pour ce qui est des agents, là aussi, il nous semble qu'il ne
devrait pas y avoir une augmentation de la réglementation qui suit le
décloisonnement. Il nous semble que le décloisonnement devrait
permettre une plus grande liberté. Alors, pourquoi ne pas nous donner la
responsabilité parce que, encore une fois, nous détenons un
permis comme assureurs de l'inspecteur général et l'Inspecteur
général des institutions financières peut nous imposer des
conditions pour établir notre permis. Il faut bien comprendre que nous
ne sommes absolument pas opposés à la formation, au contraire. Je
vous disais au début que la force de notre organisation, c'est la
qualité des ressources humaines. Il n'y a pas d'erreur que nous sommes
favorables à la formation mais nous croyons que c'est notre
responsabilité d'assurer la formation de nos employés et nous
trouvons déplacé et désagréable d'avoir une
autorité de contrôle qui vienne nous imposer des conditions
minimales pour nos propres employés, que ce soit dans les sinistres ou
dans la vente.
Vous vous interrogez aussi sur notre position en ce qui a trait à
la propriété. Je pense que mon collègue pourrait ajouter
un certain éclairage pour expliciter davantage notre position sur la
propriété et puis peut-être sur les ventes liées
aussi.
M. Dussault (Claude): Oui. Votre question, M. le ministre,
était: Quel avantage voyons-nous pour les compagnies d'assurances?
Je dois vous dire que notre position au Groupe Commerce jusqu'à
maintenant a été de faire confiance aux courtiers
indépendants et nous continuons à favoriser ce scénario.
Nous croyons, cependant, que le contexte actuel a créé des
situations ambiguës et il nous semble difficile de réglementer et
de créer une étanchérté qui va empêcher les
situations qu'on a vécues depuis quelques années. On a
cité, depuis le début de cette commission, des exemples de
compagnies de courtage qui appartiennent à des assureurs et nous
soulevons également l'élément que certaines
sociétés d'assurances peuvent être contrôlées
à 100 % par des courtiers d'assurances. Cet élément nous
apparaît tout à fait déséquilibré par rapport
à la restriction face aux assureurs.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. Je vais
maintenant donner la parole au député de Lévis.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Baril): Vous avez la parole. (20 h
45)
M. Garon: J'aimerais vous poser une question: Quand vous dites
qu'il devrait y avoir des sanctions plus sévères que ce qui est
prévu au document pour les ventes liées, quelles sanctions,
d'après vous, devraient être imposées aux contrevenants
quand vous parlez de sanctions plus sévères?
M. Brouillette (Yves): II est difficile pour nous de
préciser. Il va falloir parler en termes d'amende ou de perte de permis,
le cas échéant. Il est difficile pour nous de préciser
quelle devrait être la nature des sanctions. Notre intention est de
souligner que le problème des ventes liées nous apparaît un
problème très sérieux, très important. Il faut se
rappeler dans l'histoire du développement de notre compagnie, l'article
344 auquel on fait allusion qui n'a pas toujours fait partie de la loi. Il fut
une époque où certaines institutions financières
exigeaient l'assurance habitation pour consentir une hypothèque. Il fut
une époque où cela s'est pratiqué au Québec. Cela a
retardé beaucoup le développement d'assurance
résidentielle au Groupe Commerce parce que ces institutions
financières exigeaient que l'assurance habitation soit placée
avec une compagnie du même groupe, ce qui nous privait évidemment.
C'est un exemple de vente liée. Maintenant c'est interdit depuis
l'article. Dans les déclarations que le ministre a faites lors de
l'ouverture de cette commission, H a mentionné que l'article 344 serait
maintenu, ce qui déjà est un progrès par rapport aux
docu-
ments de consultation où il nous semble qu'on ne faisait aucune
référence au maintien de l'article 344 qui interdit les ventes
liées. C'est une question qui nous apparaît très
importante. Lorsqu'on parle du décloisonnement et de l'entrée des
institutions de crédit et de dépôts dans le domaine des
assurances, c'est une préoccupation très importante. Je vais vous
donner un exemple. Il y a une banque très importante au Canada qui offre
une protection d'assurance qui s'appelle "option pare-chocs". Vous avez sans
doute vu la publicité au sujet d'option pare-chocs. Option pare-chocs,
c'est une forme d'assurance qui entre en concurrence directe avec un produit
d'assurance que nous offrons. Sur notre produit d'assurance, cela fait partie
de notre contrat d'assurance automobile, on l'offre comme option sur notre
contrat d'assurance automobile. Nous, on doit payer des taxes,
premièrement 3 % de taxe sur primes, deuxièmement 5 % maintenant,
il y a quelques années c'était 9 % de taxe sur les primes
d'assurances alors que notre concurrente cette grande banque, n'a pas à
payer ces taxes parce qu'elle a trouvé une façon, une fiction par
laquelle cette option est gratuite soi-disant pour le client. C'est un exemple
comment on s'y prend pour réglementer, comment on fait pour
éviter des situations comme celle-là? On n'a certainement pas
toutes les réponses. Il va falloir que les législateurs et
l'autorité de contrôle apportent beaucoup d'attention à
cette question parce que c'est l'une des préoccupations. Le
débat, la présence des banques et des institutions quasi
bancaires dans le domaine de l'assurance, ne vous imaginez pas que c'est
particulier au Québec. Cela a lieu à peu près dans une
vingtaine d'États aux États-Unis présentement. L'une des
grandes questions qui est discutée, c'est celle des ventes liées.
On n'en sort pas. Il n'y a pas de solution facile.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On a souligné le fait tantôt que vous
êtes la compagnie la plus rentable dans votre secteur. À quoi
attribuez-vous cela?
Le Président (M. Baril): M. Brouillette.
M. Brouillette (Yves): À la qualité de nos
employés, M. le Président, à la qualité du
réseau de distribution des courtiers d'assurances qui nous
représentent et finalement aux services qu'on peut donner à notre
clientèle.
M. Garon: Vous voulez dire, vous ne faites plus de... Il peut y
avoir plusieurs facteurs, mais c'est un peu général. Vous avez
fait plus de profits à la fin de l'année. Vous attribuez à
quoi le fait que vous faites plus de profits que les autres à la fin de
l'année?
M. Brouillette (Yves): ...Dire qu'on a fait plus de profits, il
faut commencer par faire la part des choses. Les résultats de nos
compétiteurs pour la plupart ne sont pas présentés par
province. Alors, pour une bonne majorité de nos concurrents qui font
affaire dans toutes les régions du Canada, bien souvent les
résultats ne sont connus que pour l'ensemble. De toute façon,
lorsque les résultats sont connus par région, il y a un
degré de précision qui est moins grand dans le cas du Groupe
Commerce qui fait affaire strictement au Québec pour l'instant, ou
à peu près exclusivement au Québec. Alors, c'est une
explication. Dans certains cas, il y a eu des résultats qui ont
été beaucoup plus difficiles. Il y a eu des catastrophes
naturelles dans d'autres régions du pays, alors il y a eu des
résultats et il y a le problème de la responsabilité
civile, comme on sait, qui existe en Ontario. Il y a des situations avec
lesquelles heureusement, nous, on n'a pas été
confrontés.
Un autre facteur, je suppose bien, »t je conclus sur cela...
On ne peut pas vous donner tous nos secrets, cela va de soi. Alors, un autre
facteur est sans doute que le Groupe Commerce est concentré dans un seul
domaine. C'est probablement plus facile de concentrer ses énergies dans
un seul secteur, d'essayer d'atteindre un degré d'excellence dans un
secteur que d'opérer dans tous les secteurs financiers. Cela dit, cela
n'élimine pas les possibilités pour notre groupe
éventuellement de faire des affaires, de s'associer avec d'autres
institutions financières, comme on le mentionne dans notre document, et
de profiter du décloisonnement.
M. Garon: Avez-vous fait des comparaisons avec d'autres
entreprises pour voir dans quel domaine vous faites plus de profits? C'est sur
la gestion, c'est sur le... Vous chargez plus cher ou moins cher. Vous payez
plus ou moins aux assurés. Moi, quand je me dis que quelqu'un fait plus
de profits, il y a une cause à cela. On peut décortiquer cela en
quatre ou cinq secteurs. Moi, cela me frappe.
Une voix:...
M. Brouillette (Yves): Je n'ai pas compris, monsieur.
M. Fortier: II ne faut pas rougir du fait que vous
réussissiez.
M. Brouillette (Yves): On n'en rougit absolument pas, nous en
sommes très fiers. Nous sommes très fiers de nos
résultats. Je vous dis simplement qu'il y a des limites à la
comparaison. Alors, vous me posez la question: Est-ce que c'est sur les frais
de gestion?
M. Garon: II faut faire des comparatifs. Par exemple, on dit:
Pour tant de 1000 $ d'assurances la gestion coûte, je ne sais pas, 0,02
$. On paie aux assurés 0,10 $ ou 0,20 $ ou tant de piastres.
Alors, on peut faire des comparatifs avec d'autres entreprises, ce qui
vous coûte meilleur marché ou ce qui vous rapporte plus. Est-ce
qu'au point de départ, vous chargez plus cher ou vous payez moins aux
assurés ou votre gestion coûte-t-elle meilleur marché?
Bien, c'est vous qui avez parti l'affaire, alors je trouve cela
intéressant. Maintenant, j'aimerais avoir un... Moi, ce qui
m'inquiète... Il y a deux affaires qui sont intéressantes, la
rentabilité de l'entreprise et le bénéfice de
l'assuré. Alors, j'essaie de le savoir.
M. Fortier: Je dois vous dire que l'inspecteur est très
heureux qu'ils réussissent et il aimerait que toutes les compagnies
soient aussi bien capitalisées que le Groupe Commerce; on n'aurait pas
de problème.
M. Garon: Ce n'est pas à vous que je pose la
question...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Baril): M. Brouillette, s'il vous
plaît.
M. Brouillette (Yves): M. le Président, sur cette
question-là, encore une fois nous sommes très fiers de nos
résultats, nous croyons avoir des frais de gestion qui sont plus bas que
la majorité de nos concurrents. Encore une fois, les comparaisons qu'on
peut faire ne sont pas aussi précises qu'on l'aimerait. Nous croyons
cependant avoir des frais de gestion inférieurs à la
majorité. Il y en a d'autres qui sont tout aussi bons sinon meilleurs
que nous et on met tous nos efforts et on travaille plusieurs heures par jour
pour essayer de les rattraper. Cela dit, vous mentionnez le prix des primes, la
question des primes plus élevées. On fait affaire par
l'intermédiaire des courtiers d'assurances qui représentent
plusieurs compagnies, ce qui fait qu'il y a au-delà d'une centaine...
Vous savez qu'il y a au-delà d'une centaine de compagnies d'assurances
IARD. Si vous voulez assurer votre propriété, votre maison, votre
commerce, vous avez le choix entre au-delà de 100 compagnies. Parmi ces
100 compagnies, il y a les meilleures au monde. Pas les dixièmes, il y a
les meilleures compagnies d'assurances au monde. Vous pouvez assurer votre
maison, votre automobile ou votre commerce avec les meilleures compagnies
d'assurances au monde. On est en compétition avec elles. On est
très fier de notre réussite et on n'a aucunement la latitude de
charger un cent de trop. On doit réviser nos listes de prix constamment
en raison de la concurrence.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Fortier: Vous nous demandiez tout à l'heure une des
raisons pour lesquelles on tenait à contrôler l'agent. C'est un
bon débat parce qu'il y a effectivement un danger dans une
réforme comme celle-là qu'on arrive à la fin avec une
réglementation accrue. En anglais décloisonnement et la
"dérégulation", c'est le même mot "deregulation". En
français on a deux mots. On a toujours dit que décloisonnement ne
voulait pas nécessairement dire une diminution de la
réglementation et le fait que l'on s'en aille vers le
décloisonnement peut amener des conflits d'intérêts que,
dans certains cas, on accepte. Mais on dit: II faut les réglementer.
C'est dans ce sens-là qu'on cherche à avoir certains moyens de
contrôle. Dans le cas des agents, d'autant plus que si on ne donnait pas
des permis aux agents, vous comprendrez que dans la mesure où les
institutions financières désirent utiliser leurs locaux... Parce
que ce qu'on exige, c'est que ce ne soit pas un employé à
l'intérieur d'une institution financière, on veut que ce soit un
agent. Donc, la seule façon de réglementer ça, c'est de
savoir que M. Tartempion est un agent, qu'il a un permis de l'inspecteur et
qu'il dépend de telle compagnie d'assurances. Enfin, c'est une des
raisons qui me vient à l'esprit.
Étant donné que vous avez dit que le problème
majeur était les ventes liées, en plus de ce que j'ai dit tout
à l'heure, je voudrais ajouter que, du moins pour les institutions
financières à charte du Québec, nous avons
dorénavant des articles comme ceux qu'on a mis dans la Loi sur les
sociétés de fiducie qui entrera en vigueur dans une semaine,
où on exige la formation d'un comité de déontologie au
conseil d'administration formé majoritairement de gens de
l'extérieur avec des contraintes et un rapport annuel à
l'inspecteur avec des pénalités. Nous allons exiger exactement et
même plus du Mouvement Desjardins. Dernièrement, il y a quelqu'un
du Mouvement Desjardins qui croyait nous avoir dit tout faire, mais il ne
s'attendait pas qu'on lui mette des comités de déontologie
à la confédération, la fédération et
à chacune des caisses et c'est justement pour éviter des
situations comme celles qui ont pu arriver peut-être dans le passé
et qui sont certainement arrivées et avec des pénalités.
Nous avons également l'intention, de nous assurer que dans les
compagnies d'assurances à charte du Québec il y ait encore
là un comité de déontologie qui s'assurera, là
où il y a des conflits, qu'il y ait des contrôles et que ces
contrôles soient sujets à un comité formé
d'administrateurs en majorité de l'extérieur de la compagnie. On
croit donc qu'il est possible de faire le "management" de ces conflits, parce
que le décloisonnement... C'est certain qu'on accepte exactement ce que
vous avez mis dans votre document de présentation, à savoir qu'il
vous faudra avoir des moyens de contrôle efficaces et avec des
bâtons, des pénalités et si jamais d'aventure quelqu'un se
hasardait à faire fi de la loi à ce sujet-là.
Le problème qu'on a dans le moment, c'est que la loi dit: Vous
n'avez pas le droit de faire ceci et cela, mais très souvent on n'a pas
les moyens d'intervention pour empêcher que les
choses se fassent. Malheureusement, cela veut dire donner plus de
pouvoir à l'Inspecteur général des institutions
financières. Il y en a qui n'aiment pas ça, mais si on veut faire
respecter les règles du jeu, il faudra qu'on donne le pouvoir à
quelqu'un qui a un pouvoir d'intervention.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Pour
terminer, M. le député de Lévis.
Auriez-vous des commentaires, M. Brouil-lette ou M. Dussault?
M. Brouillette (Yves): Au sujet de la question de la formation
des agents exclusifs, il y a une autre dimension qui nous apparaît
importante, c'est la grande variété d'agents exclusifs qui
existe. Si on prend les différentes sociétés d'assurances,
il y a des agents, comme on le mentionne dans le document, qui sont
payés à la commission et qui, même s'ils sont exclusifs, se
rapprochent du modèle d'un courtier d'assurances, alors qu'à
l'autre extrême, il y a des représentants de services qui ne font
que donner l'information et qui font très peu de démarches de
ventes proprement dites. Bientôt, il va y avoir, on ne peut pas en douter
comme dans tous les autres secteurs, des distributeurs d'assurances, des
machines. Est-ce qu'on va en venir à réglementer et exiger des
minimums de formation des machines distributrices? Pour être
sérieux, il nous semble qu'il y a une grande variété.
Quand vous allez essayer d'appliquer des normes de déontologie et
d'avoir ce groupe de personnes représentées éventuellement
par une association dans le conseil des assurances, cela va être
très difficile, étant donné le peu
d'homogénéité qui existe parmi les agents d'assurances
salariés ou à l'emploi exclusif d'une compagnie. C'est une
difficulté importante qu'on entrevoit avec ce modèle. (21
heures)
Le Président (M. Baril): Merci, M. Brouillette. M. le
député de Lévis, pour conclure.
M. Garon: Vous êtes un peu à l'antithèse,
à l'opposé de la théorie du ministre, puisque le ministre
dit que vous êtes la compagnie la plus rentable, alors que vous vous
concentrez dans les secteurs IARD. Par ailleurs, vous êtes favorables au
décloisonnement. Pensez-vous que pour réussir dans le domaine il
soit nécessaire d'être un mammouth financier ou que de se
spécialiser dans un secteur peut permettre une réussite puisque
vous en êtes la preuve, au fond?
M. Brouillette (Yves): II nous semble, M. le Président,
qu'il y a différentes façons de réussir. Nous avons
réussi sans faire affaire dans les différents secteurs
financiers, mais encore une fois, il ne faut pas oublier que c'est la
législation qui a imposé des barrières. Le cloisonnement
n'est pas le fait de l'industrie ou des assureurs eux-mêmes. Jusqu'en
1984, il y avait un cloison- nement très étanche. Ce sont les
gouvernements qui ont imposé le cloisonnement. Alors, le Groupe Commerce
s'est développé au fil des années selon les
législations qui étaient en place. Si on examine la plupart des
grands assureurs - je vous mentionnais tantôt ceux avec qui vous pouviez
prendre votre assurance et les plus grandes maisons au monde - ils sont encore
spécialisés dans le domaine des assurances IARD. La
réalité, c'est qu'il y a encore beaucoup de spécialisation
et il y a des expériences de décloisonnement qui progressent
maintenant II n'y a pas de modèle unique. Nous sommes fiers de notre
réussite. Qu'on les appelle des mammouths ou pas, il y a d'autres
groupes financiers au Québec qui sont très importants et, comme
Québécois, dont nous devons aussi être très fiers.
Leur réussite s'exprime en termes différents de la nôtre,
mais il y a place pour plusieurs modèles, non?
Le Président (M. Baril): Merci. Alors, M le ministre,
est-ce que vous pourriez conclure, s'il vous plaît.?
M. Fortier: Je demanderais au député de
Saint-Hyacinthe, qui est très fier de représenter la ville qui
est le château fort de l'assurance au Québec...
M. Messier: Une petite question, monsieur...
Le Président (M. Baril): J'aurais besoin d'un
consentement, parce que M. le député...
M. Fortier: Consentement.
Le Président (M. Baril): On a le consentement?
M. Messier: ...le bon vouloir du député. M.
Garon: Avec alternance.
M. Messier: Merci, M. le député de Lévis.
C'est rassurant de voir que le Groupe Commerce a rendu un mémoire
très intéressant. Si je comprends bien votre mémoire, au
chapitre de la conclusion, la réglementation très lourde et
très coûteuse est en fonction du permis. Vous demandez un permis
par bureau de courtage au lieu d'un permis par agent. Mais ma grande question
à ce sujet est: Est-ce que le public va être aussi bien desservi
par les bureaux? Est-ce que les possibilités de recours contre le
bureau, contre l'agent, vont être aussi efficaces? C'est ma
première question.
Ma deuxième question, je sais que vous avez une participation
financière de l'UAP, comment l'UAP réagit-elle face à
notre décloisonnement des institutions financières ou des
intermédiaires?
Le Président (M. Baril): M. Brouillette.
M. Brouillette (Yves): Je vais demander à mon
collègue de répondre sur la question des employés des
bureaux de courtage.
M. Dussault: En fait, notre position sur les employés de
bureaux de courtage est de maintenir la situation actuelle. Ce que nous
suggérons, c'est de ne pas augmenter à la réglementation.
Nous pensons encore que des courtiers devraient avoir des permis basés
sur la personne, mais que des employés qui soutiennent
l'opération d'un courtier dans un bureau de courtage n'aient pas
à être réglementé. Présentement la situation
est telle et d'ajouter une réglementation pourrait ajouter des
coûts dans l'opération des bureaux de courtage, des coûts
qui nous apparaissent inutiles dans la mesure où les courtiers
contrôlent eux-mêmes les actes de leurs employés.
M. Brouillette (Yves): M. le Président, sur la
deuxième partie de la question, je pense que la situation fait
référence à l'UAP, qui est actionnaire de la
société de gestion Commassur, qui détient les actions du
Croupe Commerce, actionnaire minoritaire de la société de gestion
Commassur. C'est un assureur français, un des plus importants assureurs
en Europe. Comment ces gens réagissent à la question du
décloisonnement? Il faut dire que la situation se présente ici de
façon très différente de celle qui se vit en Europe, et
ils font face eux aussi à des mesures de décloisonnement. Mais
cela a pour eux des significations qui sont très différentes,
parce que les contacts sont très différents de ceux qu'on
connaît ici.
Cela complète....
Le Président (M. Baril): Merci, monsieur... M. Brouillette
(Yves): Excusez-moi. Le Président (M. Baril): Vous avez terminé?
M. Brouillette (Yves): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Le mot de la fin, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Merci d'être venus, et d'avoir répondu
à nos questions.
Le Président (M. Baril): Alors, je remercie tout le monde.
Je vous remercie, les membres du Groupe Commerce, de vous être
présentés et je vous souhaire un bon voyage de retour. Merci.
J'inviterais le Bureau d'assurance du Canada à se
présenter immédiatement.
À l'ordre, s'il vous plaît! Bienvenue, messieurs,
mesdames.
Alors, j'aimerais que le porte-parole se présente et
présente ses invités, s'il vous plaît.
Vous connaissez votre mandat, vous avez 20 minutes pour vous exprimer
sur votre mémoire et l'équipe ministérielle et le
député de Lévis ont 20 minutes chacun.
Bureau d'assurance du Canada
M. Brochu (Paul H.): Merci, M. le Président. Je remercie
d'abord cette commission parlementaire de donner l'occasion au Bureau
d'assurance du Canada d'expliciter sa position, telle qu'il l'a
présentée dans son mémoire le 20 mai dernier. Si vous me
permettez, j'aimerais vous présenter ceux qui m'accompagnent ce
soir.
À mon extrême droite, M. Sébastien Allard,
conseiller spécial du Bureau d'assurance du Canada. M. Allard est un
ex^directeur de la Royale pour la province de Québec et est bien connu
des milieux d'afffaires. M. Jean Bouchard, président de la Laurentienne
générale, et chef de direction. À mon extrême
gauche, le directeur général du Bureau d'assurance du Canada pour
le Québec, M. Beaulieu; à sa droite, celui qui vient de vous
parler, M. Brouillette, qui est vice-président
délégué du Groupe Commerce. À la droite de M.
Brouillette, M. Jean-Denis Talon, président de Provinces unies, qui a
son siège social à Montréal, et à ma gauche Me
Hélène Gagné, conseiller juridique senior au Bureau
d'assurance du Canada.
Le Bureau d'assurance du Canada est une association nationale, sans but
lucratif, représentant la presque totalité des assureurs
incendie, accidents et risques divers exerçant au Canada. Le BAC est
constitué de plus de 100 groupes d'assureurs de dommage,
réunissant environ 180 compagnies membres qui reçoivent ensemble
plus de 85 % de toutes les primes d'assurances de dommages versées
à des assureurs privés au Canada. La mission du BAC est de
fournir à ses membres un cadre de travail au sein duquel ils
élaborent des politiques et des programmes dans le but de promouvoir,
pour le bénéfice des Canadiens, une saine industrie des
assurances IARD. À cette fin, le BAC entretient des relations avec les
gouvernements et les consommateurs en leur fournissant des services et des
informations sur les assurances de dommages.
Puisque les assureurs membres utilisent soit des courtiers, soit des
agents directs, notre représentation au nom des membres ne fait pas
nécessairement l'unanimité sur 100 % des points de notre
mémoire. Certaines spécifications particulières vous sont
présentées ou vous ont déjà été
présentées par certains de nos membres, comme vous venez de
l'entendre. Il s'agit d'un fait normal sur des sujets aussi divers et
controversés entrevus par des sociétés à missions
multiples qui n'opèrent pas toutes dans les mêmes champs
d'action.
Le 12 avril 1988, dans le cadre de la réforme des institutions
financières du Québec, l'honorable Pierre Fortier, ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation,
déposait un document de consultation sur le décloisonnement des
intermédiaires. Nous rappelons aux membres
de la commission parlementaire que le BAC, en avril 1987, a
présenté au ministre responsable d'alors un mémoire sur le
décloisonnement des intermédiaires. Essentiellement, nous nous
prononcions en faveur du décloisonnement des intermédiaires dans
la perspective où les assurés en bénéficieraient
pleinement et directement. En effet, selon nous, le décloisonnement
devrait favoriser une concurrence accrue entre les institutions
financières, augmenter l'efficacité de la distribution de leurs
produits et services, entraîner une réduction des coûts et,
en conséquence, faire bénéficier les consommateurs d'un
choix plus grand et d'économie dans l'achat de ses produits et services.
Toutefois, selon nous, ces avantages importants pourraient être compromis
si l'intermédiation entre l'institution et le client était
assujettie à une réglementation lourde et coûteuse, en
particulier lorsqu'elle s'étend aux employés des assureurs de
dommages dans le cadre de leurs activités propres.
Le document discute la plupart des sujets qui ont fait l'objet de
recommandations de la part du BAC, déjà. Nous accueillons donc
avec satisfaction plusieurs énoncés formulés par le
gouvernement. Par contre, nous ne pouvons être d'accord avec
quelques-uns. D'autres requièrent des précisions. En outre, nous
nous inquiétons de la lourdeur administrative qui découlerait
d'une réglementation omniprésente qui annulerait les
économies espérées et la synergie recherchée par le
décloisonnement.
Je voudrais vous faire remarquer que, dans le résumé qu'on
vous a présenté, il manque la recommandation concernant les
ententes de réseaux. Alors, si parfois cela ne se réconcilie pas,
il manque cette phrase-là. Mais, dans le document lui-même, c'est
inclus. On est heureux de constater que le décloisonnement
déjà amorcé en assurances de personnes pourra
s'étendre au domaine de l'assurance des dommages et que l'application
pratique de ce décloisonnement pourra se concrétiser dans le
cadre de plusieurs modèles, notamment le cumul des permis, les cabinets
interdisciplinaires et les filiales. Plusieurs des recommandations du BAC se
retrouvent au document, comme je viens de le dire. Nous vous
référons plus particulièrement à
l'élargissement des champs de pratique, aux moyens permettant ces
élargissements, bien sûr, à la libre
propriété des cabinets de courtage, au partage des commissions,
au versement de commissions de référence et à la
publicité. De cette façon, le décloisonnement des
intermédiaires, devrait favoriser davantage le décloisonnement
des activités financières.
Si on parle des élargissements des champs de pratique, on est
d'accord pour que les courtiers d'assurances puissent ajouter à leurs
activités traditionnelles certaines activités accessoires,
notamment dans le secteur des valeurs mobilières, de l'épargne
collective, du courtage immobilier, des bourses universitaires, de même
que la vente de produits financiers ne requérant pas de permis
spéciaux, tels les obligations d'épargne, les REER et certificats
de dépôt. Nous souhaiterions qu'ils puissent également
s'engager comme intermédiaires dans des activités de
dépôt et de crédit, comme, par exemple, les prêts
hypothécaires. Tout comme pour les banques, les compagnies de fiducie et
les caisses populaires, les courtiers devraient pouvoir distribuer certains
titres mobiliers sans être assujettis à la réglementation
imposée aux courtiers en valeurs mobilières, notamment à
l'obtention d'un permis de courtier en valeurs mobilières.
En ce qui concerne le règlement des sinistres par les courtiers
d'assurances, ces derniers devraient pouvoir effectuer le règlement des
sinistres si les assureurs le permettent. D'ailleurs, c'est ce que les Uoyd's
font déjà, avec les agents qui les représentent. La Loi
sur les assurances accorde aux assureurs directs les mêmes
privilèges qu'à ceux qui opèrent par le biais d'un
réseau de courtiers d'assurances. Afin de permettre à ces
assureurs directs de jouir pleinement des pouvoirs qui leur sont
accordés, on croit que les agents d'assurances devraient exercer les
mêmes activités accessoires que les courtiers d'assurances, pour
autant que leur employeur, évidemment, le leur permette.
En ce qui concerne les agents des mêmes conglomérats, le
document de consultation prévoit que l'agent exclusif pourra vendre les
produits d'assurance de dommages d'une compagnie d'assurances du même
conglomérat, uniquement si cette dernière utilise le même
réseau de vente par agent exclusif. On comprend mal cette restriction,
M. le Président, puisque le principe général avancé
par le gouvernement est de permettre à une compagnie d'assurances qui le
désire de compléter sa gamme de produits par des produits
d'autres institutions financières et de permettre aux agents exclusifs
de les mettre en vente, surtout que ce principe général serait
applicable dans le cas où une compagnie d'assurances ne ferait pas
partie d'un même conglomérat. (21 h 15)
Question de cumul des permis. On croit que le cumul des permis devrait
être accepté comme principe global et qu'une personne qui se
qualifie devrait pouvoir obtenir plusieurs permis de plein exercice dans les
divers secteurs financiers.
On est pour les ententes d'exclusivité, mais sans approbation. Il
n'y a pas, selon nous, de véritable décloisonnement avec de
telles ententes d'exclusivité qui, de plus, limiteraient l'accès
à une gamme étendue de produits financiers Le courtier, avec de
telles ententes d'exclusivité, n'exercerait plus sa vocation de courtier
mandataire du client, mais il agirait plutôt pour le compte du vendeur,
du produit ou du service financier. Ce serait évidemment contraire, il
nous semble, à sa vocation de courtier. On croit donc qu'il n'y a pas
lieu d'exiger des ententes d'exclusivité pour les produits financiers
dans un
contexte de décloisonnement.
Publicité, comme on l'a déjà dit, on trouve tout
à fait normal que le courtier puisse annoncer les produits qu'il offre
et ceux qui en sont les fournisseurs.
On est satisfait de constater que toute institution financière
devrait pouvoir acquérir et contrôler toute corporation
d'intermédiaires. Par ailleurs, en ce qui concerne la divulgation des
participations d'une institution financière dans une telle corporation,
si elle doit être exigée, elle ne devrait l'être que
lorsqu'il s'agit d'une participation importante.
On constate aussi que le partage des commissions entre
intermédiaires serait permis. Mais on ne voit pas pourquoi le paiement
des commissions de référence, lui, serait défendu
lorsqu'il y a échange de la liste de clients.
En ce qui concerne les experts en sinistres, il y a lieu de faire la
distinction entre les experts en sinistres indépendants et ceux qu'on
appelle maison ou à l'emploi d'un assureur.
On ne s'oppose pas à l'élargissement des pouvoirs des
experts en sinistres indépendants pourvu qu'il s'agisse
d'activités connexes et complémentaires. Pour ce qui est des
experts en sinistres à l'emploi d'un assureur, ils sont
déjà encadrés, il nous semble, par une structure et un
support administratif appropriés dans leur entreprise. L'employeur est
responsable de ces employés au même titre que de tous ses autres
employés et ils ne devraient pas, eux non plus, être assujettis
à des règles particulières de certification.
La réglementation, la surveillance et le contrôle. Le
gouvernement a indiqué à plusieurs reprises son intention de
limiter la réglementation et les contrôles administratifs
superflus. Dans le mémoire, on déclare même que dans le but
d'éviter une réglementation abusive ou la création d'un
organisme de contrôle lourd, le nouveau code de réglementations
fera place, dans une large mesure, à l'autoréglementation,
à la page 103 du document de consultation.
On est d'autant plus d'accord avec ce qui est annoncé que le
décloisonnement des intermédiaires arrive à un moment
où l'industrie de l'assurance des dommages démontre un
comportement très sain et alors que le consommateur est bien
protégé grâce à l'autodiscipline que s'est
imposée l'industrie et aux mécanismes de surveillance
actuellement en place.
Le document de consultation ne démontre pas que les
mécanismes actuels au chapitre de la surveillance, du contrôle et
de l'autoréglementation sont inadéquats. On n'a pas vu cela dans
le document. Le principe d'autoréglementation est donc loin d'être
retenu. Dans la structure proposée, la réglementation
relèverait dorénavant bel et bien du gouvernement et les conseils
se chargeraient tout simplement de mettre cette réglementation en
application. Leurs fonctions se limiteraient à l'émission de
certificats et permis, à s'assurer du niveau minimum requis de connais-
sances et du respect des règles de déontologie. À notre
avis, l'industrie des assurances de dommages du Québec, y compris son
secteur de la distribution, s'est montrée, comme je l'ai dit
tantôt, suffisamment responsable depuis plusieurs années pour que
le gouvernement donne suite à sa proposition initiale de réelle
autoréglementation de cette industrie.
La structure de surveillance et de contrôle proposée nous
semble très lourde. S'ajouteraient à l'inspecteur
général, le conseil afférent à chaque secteur
d'activités et, enfin, un superconseil. De plus, il semble que les
associations actuellement en place demeureraient.
Le gouvernement préconise l'autoréglementation, mais en
même temps il entend se réserver le privilège d'approuver
les règles régissant les pratiques professionnelles et
d'établir le niveau minimum de connaissances requises et le genre
d'activités auxquelles un intermédiaire peut s'adonner.
Le BAC est d'accord avec le principe général selon lequel
le consommateur doit être bien protégé et
bénéficier du décloisonnement sans, cependant, avoir
à en faire les frais. Le BAC est aussi d'accord avec le fait que le
décloisonnement des intermédiaires occasionnera des ajustements
au plan des contrôles et de la surveillance, mais croit qu'il n'est pas
nécessaire d'aller aussi loin que le document de consultation le
propose. Selon nous, les organismes actuels, comme le bureau de l'inspecteur
général, la Loi sur les assurances, la Loi sur les courtiers
d'assurances devraient continuer d'exister et on devrait tout simplement les
adapter au nouveau contexte de la distribution et leur permettre de
s'autoréglementer. Et je pense qu'avec la recherche qui a
été faite pour la préparation de ce document de
consultation, en la poussant plus loin, on devrait, je pense, trouver les
mécanismes d'adaptation.
Nous aimerions donc vous indiquer, maintenant, notre position sur
certains aspects de la réglementation proposée, entre autres les
exigences de divulgation et la surrégfementation avec lesquelles on
n'est pas d'accord et vous en donner les raisons.
La divulgation, on va en traiter dans divers domaines. Divulgation
lorsqu'il s'agit de commissions et bonis payés par les assureurs de
dommages, des partages des commissions, des versements de commissions de
référence, des ententes de réseaux et des ventes
liées. Il est proposé d'appliquer les principes de la
transparence en vue d'aider le consommateur à prendre des
décisions mieux éclairées. Nous reconnaissons
d'emblée que lorsqu'il transige avec un intermédiaire, le
consommateur doit pouvoir s'appuyer sur la compétence de ce dernier. Il
est en droit de s'attendre à un bon service et à un coût
acceptable. Cela est vrai de tous les achats que font d'ailleurs les
consommateurs, qu'il s'agisse d'assurances ou de tout bien de consommation.
En ce qui concerne les commissions et les
bonis, le document de consultation soulève comme la
problématique le fait que le consommateur ignore le pourcentage de la
commission perçu par l'intermédiaire sur la prime de
la police qu'il contracte et de ce fait ne peut effectuer de comparaison entre
les différents services offerts par les intermédiaires et
négocier un rabais de prime lors des transactions entourant la vente
d'un produit. Or la commission payée peut varier sensiblement d'un
courtier à un autre pour la bonne raison que les courtiers n'offrent pas
tous les mêmes services et que la commission est fonction du type et de
l'étendue des services rendus.
Si on prend par exemple un courtier, il peut bien se limiter à
transmettre la demande d'assurance à l'assureur. Dans ce cas, l'assureur
paiera une commission moins importante que si le courtier avait assumé
d'autres fonctions occasionnant des coûts plus élevés. Par
ailleurs, un autre courtier peut accomplir un grand nombre de tâches
allant jusqu'à émettre lui-même la police. Dans un tel cas,
la commission pourrait être plus élevée pour compenser le
courtier pour l'investissement qu'il a fait en vue de rendre ces services et
pour les frais supplémentaires encourus pour les rendre. De son
côté, l'assureur qui transige par agents exclusifs supporte
l'ensemble des coûts reliés aux services qu'il rend allant des
coûts d'espace, de téléphone, bureautique,
publicité, fournitures de bureau, automobiles, jusqu'aux fonds de
pension et avantages sociaux des employés.
Les produits offerts par les divers assureurs, d'ailleurs, sont loin
d'être identiques. Ils sont au contraire très diversifiés
et parfois très différents. Leur disparité, le genre de
services rendus, le rôle du courtier, les diverses modalités de
rémunération rendent la divulgation difficile sinon
impossible.
Si on ajoute à cela le fait que différents modes de
distribution sont utilisés, on peut facilement comprendre que la
divulgation ne ferait que confondre le consommateur qui n'y trouverait
guère une meilleure protection.
Le courtier est une personne en affaires. Il ne faut pas l'oublier. Le
niveau de services et d'expertise qu'il veut rendre disponible à ses
clients pour répondre à leurs besoins détermine ses
coûts d'exploitation.
L'obligation de divulguer les commissions, bonis ou autres,
reliés au système de distribution, comporterait pour les
assureurs de dommages du Québec des difficultés d'ordre pratique,
ce qui nous amène à nous y opposer.
En termes de partage des commissions, on est d'accord avec le principe
de partage, oui, entre les intermédiaires. Toutefois, pour les
mêmes raisons que celles qu'on vient de mentionner, la divulgation du
partage des commissions auprès des autorités compétentes
ne nous apparaît ni nécessaire, ni utile.
Lorsqu'on parle des versements de commissions de
référence, nos commentaires sont à peu près les
mêmes. En plus, il nous semble que la valeur rattachée à la
référence, c'est cela qui est important, s'établit
d'elle-même sur le marché. En général, la commission
de référence est plus faible que la commission principale. Mais
quel est le but du législateur de vouloir faire de cette pratique une
règle juridique? Le gouvernement ne tenterait-il pas de fixer les prix
jusqu'à un certain point et de déterminer d'avance les
règles du jeu?
Si l'on veut vraiment qu'il y ait décloisonnement, il faut
reconnaître les commissions de référence. Un consommateur
accepte d'être référé à un autre
intermédiaire si la confiance s'établit entre lui et celui qui le
réfère et si cette référence bien sûr
répond à ses besoins.
On pourrait suggérer d'exiger la divulgation du fait de la
référence comme telle. L'intermédiaire pourrait tout
simplement divulguer au consommateur le nom de la personne qui l'a
référé à lui.
De façon générale, on comprendrait d autre part
qu'il soit dans l'ordre de divulguer au consommateur les liens corporatifs des
intermédiaires qui pourraient exister dans l'offre de produits d'autres
fournisseurs, par exemple, entre des compagnies du même groupe.
Quant aux ententes de réseaux, on dit dans le document qu'elles
devraient être approuvées préalablement à leur mise
en place. On s'oppose à cette procédure d'approbation parce
qu'elle constitue une autre forme de réglementation et d'intervention
qui ne nous apparaît pas nécessaire.
Je voudrais vous souligner ici que le paragraphe qui suit d'ailleurs sur
la Loi des assurances a été mal inséré, et devrait
se lire en dessous de 7.1.5. Il devrait s'appliquer aux ventes liées au
deuxième paragraphe de ce chapitre. On s'excuse de cette erreur, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Pouvez vous conclure, s'il vous
plaît?
M. Brochu: Oui. En ce qui concerne les ventes liées, et je
conclus rapidement on comprend par vente liée celle qui est
conditionnelle à l'achat d'autres produits. Dans ce contexte,
évidemment, on n'est pas d'accord avec le principe. L'exemple
donné dans le document de consultation nous fait constater que les
dispositions de la Loi sur la protection du consommateur ne peuvent pas
être appliquées dans le cas de contrats d'assurances.
On ne devrait pas considérer comme vente liée la
combinaison de deux ou plusieurs produits d'assurance vendus comme un ensemble.
À cet égard comme à d'autres, on voudrait bien que le BAC
puisse être à même de formuler des commentaires
appropriés à l'occasion du dépôt d'un projet de loi
ou de règlement, le cas échéant.
En ce qui concerne les règlements confidentiels sur les clients,
on partage les préoccupa-
tions du gouvernement quant à l'utilisation des renseignements
confidentiels sur les clients mais vous comprenez que, comme assureurs,
l'échange de renseignements essentiels déjà disponibles en
vue d'évaluer un risque simplifie les procédures et réduit
les coûts. L'industrie de l'asssurance s'est montrée suffisamment
responsable comme on l'a dit tantôt dans ce domaine pour que le statu quo
soit maintenu en ce qui la concerne.
En somme, et je conclus là-dessus, M. le Président, on est
heureux d'avoir pu présenter notre point de vue sur le document de
consultation par le ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation. On désire répéter qu'on est
favorable au décloisonnement des intermédiaires. On s'oppose
toutefois à l'instauration d'un encadrement réglementaire
bureaucratique pour les assureurs et les intermédiaires qui devient, par
conséquent, ultimement coûteux pour les assurés.
On oeuvre déjà comme assureurs de dommages avec le
système d'intermédiation actuel qui a toujours
démontré honnêteté et fiabilité, tout en
accordant un service à la clientèle plus que satisfaisant. Il
faut souligner que ce comportement de l'industrie s'est manifesté dans
un environnement qui laisse une bonne place à
l'autoréglementation et qu'il n'y a pas lieu, aujourd'hui, de chercher
à corriger des torts qui, d'après nous, n'existent pas.
C'est d'autant plus vrai, lorsqu'on considère les pouvoirs que
détient l'Inspecteur général des institutions
financières pour s'assurer que l'industrie, dans son ensemble,
opère de façon saine et qu'individuellement, chaque assureur
assume ses responsabilités adéquatement. J'arrive d'ailleurs de
Toronto où hier encore - ce n'est pas pour lancer des fleurs à
l'inspecteur général - on reconnaissait, pour dire le moins,
l'efficacité du travail de l'inspecteur général.
Lorsque le ministre, à la suite de la présente commission
parlementaire, aura apprécié l'ensemble des
représentations qui y auront été faites et qu'il aura
déterminé ses orientations dans un avant-projet de loi ou sous
une autre forme, le BAC souhaite que le processus de consultation se poursuive
afin que notre organisme puisse faire valoir ses voeux.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup. M. le
ministre.
M. Fortier: M. le Président, M. Brochu, les membres du
BAC, je vous remercie d'être venus en commission parlementaire et de nous
avoir fait parvenir vos commentaires. En résumé, j'aimerais vous
dire que j'ose espérer que, quand on présentera le projet de loi,
vous allez conclure que nos intentions ne seront pas aussi noires que ce que
vous croyez, maintenant. De fait, à différents moments, nous
avons indiqué, possiblement, certains allégements. Quand le
Groupe Commerce est venu, nous avons indiqué, entre autres, que, pour
les experts en sinistres travaillant pour une entreprise, les arguments que le
Groupe Commerce avait mis de l'avant nous semblaient convaincants. En ce qui
concerne toute la question de la divulgation, on va examiner cela très
attentivement, parce que la réalité, enfin les renseignements que
vous nous avez donnés, que plusieurs intervenants nous ont donnés
vont nous amener à examiner de beaucoup plus près toute cette
dynamique-là et, très probablement, que cela ira dans le sens
d'alléger le genre d'informations qui pourraient être
données. Bien sûr, on va maintenir... Je pense bien que... Je ne
veux pas conclure maintenant, mais ce qui serait très certainement
maintenu, ce serait toute la question de la divulgation des liens, la
divulgation des références, la divulgation des liens commerciaux
pouvant exister, en tout cas, la divulgation de toute information
générale qui est nécessaire pour le client, afin qu'il
sache qui intervient, pourquoi et comment. Entre autres, je crois qu'il serait
intéressant que, si on ne divulgue pas la commission elle-même, le
courtier dise très clairement qu'il est payé à la
commission. J'ai évoqué hier que, quand je reçois,
personnellement, ma police d'assurance, on me charge des honoraires, mais on ne
me dit pas sur ma facture que je paie aussi pour une commission. Alors, le
client ne sait pas ces choses-là. En tout cas, on va examiner
attentivement vos commentaires et les commentaires qui nous sont venus des
courtiers et de bien d'autres groupes. Votre intention, bien sûr, n'est
pas d'aggraver la réglementation, mais de permettre aux clients qui,
très souvent, ignorent beaucoup de choses en ce qui concerne
l'assurance... Moi, ce qui me frappe - là, bien sûr, on parle de
l'assurance pour un particulier. Je prends pour acquis que les industriels ou
les commerçants qui ont besoin d'assurances commerciales ou d'assurances
industrielles sont capables de se défendre... Bien sûr, quand on
fait des suggestions en termes de divulgation, on pense plutôt pour le
commun des mortels qui ne s'y connaît pas beaucoup et qui devrait
être informé davantage. En tout cas, ce que je voulais vous dire
sur cela c'est que vos commentaires vont être pris en très
sérieuse considération.
En ce qui concerne tout ce qui touche l'autoréglementation et le
pouvoir de l'inspecteur, vous semblez redouter un dédoublement, un
accroissement des cadres réglementaires. Loin de là est notre
intention. De fait, ce qu'on désirerait, par la formation de ces
conseils, c'est de permettre au milieu de discuter entre eux et de
suggérer des codes de déontologie qui devraient être
approuvés, parce que je crois qu'en définitive, il faudrait que
ce soit approuvé. Une fois que ces codes-là seraient
approuvés, la mise en oeuvre serait faite par les conseils
eux-mêmes et l'inspecteur ne serait là qu'au cas où un
conseil ne ferait pas sa tâche. Mais dans la mesure où un conseil
ferait sa tâche, il n'y aurait pas de dédoublement. Il y aurait
peut-être une inspection. Il y aurait peut-être des
vérifications. Il y aurait peut-être des vérifications pour
s'assurer
que le conseil assume pleinement sa responsabilité. En tout cas,
notre intention n'est pas de faire en sorte qu'il y ait deux ou trois niveaux
de vérification et de contrôle. En tout cas, ce n'est pas
là notre intention. Votre texte semble dire... par exemple, à la
page 8 vous dites: "Le principe d'autoréglementation est loin
d'être retenu. Dans la structure proposée, la
réglementation relèverait dorénavant bel et bien du
gouvernement et les conseils se chargeraient tout simplement de remettre cette
réglementation en application." (21 h 30)
II est certain qu'on va vouloir garder l'approbation de certaines
choses, mais une fois que cela est approuvé, il y a toute la mise en
oeuvre, il y a tous les comités d'éthique, il y a l'entente des
plaintes et tout cela. À ce moment-là, c'est une
délégation, de la même façon que la Bourse de
Montréal est une délégation de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. On verrait ici... Ces conseils étant
une délégation de l'autorité gouvernementale, dans la
mesure où - j'étais pour dire le contrat - le contrat est
respecté, c'est-à-dire que le conseil assume ses
responsabilités, l'inspecteur n'a pas à intervenir. Il peut poser
des questions, il peut s'assurer qu'il peut aller chercher toute l'information
qu'il veut. Il peut, à l'occasion, faire une vérification sur la
qualité des travaux qui sont faits. Mais il y aurait, certainement, une
délégation et nous croyons que nous pouvons faire confiance au
milieu pour vérifier si les codes de déontologie qui auraient
été approuvés sont appliqués. Bien sûr, on
aimerait aussi approuver les procédures. Autrement dit, ce que le
gouvernement voudrait retenir, c'est l'approbation des règles qui
seraient retenues, des procédures qui seraient retenues et
peut-être que dans la loi on va exiger certaines choses minimales. Mais,
le développement de toutes ces règles se foraient au sein de ces
conseils et la mise en application se ferait au sein du conseil. Donc, je ne
sais pas si cela vous rassure, mais ce que j'aimerais vous dire, c'est que
notre intention serait sûrement de déléguer, avec des
vérifications bien sûr, avec des approbations et des
vérifications, mais de déléguer ce que j'appellerais le
"day-to-day business", de s'assurer que ce soit réellement fait par
l'autorité, que ce soit le conseil d'assurance-vie ou le conseil de
l'assurance générale et de déléguer une
responsabilité pour l'application des normes. D'ailleurs, on pourrait
même penser à une sous-délégation, comme ce que nous
avons en tête et il reste encore à formuler ce que nous
désirons faire. Mais, dans le cas du conseil de l'assurance
générale, rien ne nous empêcherait de penser que le conseil
de l'assurance générale pourrait sous-déléguer son
autorité, en ce qui concerne les courtiers, aux courtiers d'assurance
générale. En tout cas, on n'est pas figé dans le
béton; on va écouter tout le monde. En tout cas, notre intention
est sûrement de faire confiance au milieu, mais de retenir des points
d'approba- tion et des points de vérification pour ce qui est de
l'inspecteur.
Maintenant, ce qui me surprend, c'est votre demande en 1.3. Vous parlez
des agents d'assurances. Dans le fond, ce que vous demandez... À un
autre endroit, vous dites que les agents ne devraient pas être
enregistrés et à 1.3 vous demandez que les agents aient les
mêmes pouvoirs que les courtiers. Est-ce que c'est cela? Est-ce que j'ai
bien compris? Vous dites: "Afin de permettre à ces assureurs directs de
jouir pleinement des pouvoirs qui leur sont accordés, nous croyons que
les agents d'assurances devraient exercer les mêmes activités
accessoires que les courtiers d'assurances..." Autrement dit, les agents
deviendraient des courtiers. Ces agents, qui seraient des courtiers, ne
seraient enregistrés nulle part. Cela me semble un peu abusif. Je ne
sais pas si je comprends mal votre mémoire. J'aimerais avoir des
explications à ce sujet.
M. Brochu: C'est sur le fait que les assureurs eux-mêmes
sont responsables de leurs propres employés. On parle de
privilèges ici. C'est dans ce sens que notre mémoire
s'exprime.
Le Président (M. Baril): M. Brouillette.
M. Brouillette (Yves): M. le Président, si je peux ajouter
quelque chose là-dessus. Ce qu'on demande, c'est d'accorder le
décloisonnement aux agents d'assurances, aux agents exclusifs, en plus
d'accorder le décloisonnement aux courtiers d'assurances
indépendants. Alors, ce n'est pas incompatible. Cela ne veut pas dire
que les agents d'assurances vont avoir les mêmes prérogatives.
Dans le cas...
M. Fortier: Alors, cela veut dire le décloisonnement pour
les autres...
M. Brouillette (Yves): Pour les agents exclusifs à
certaines compagnies. Cela ne signifie pas qu'ils vont avoir les mêmes
prérogatives. Dans le document de consultation, il est question
d'ententes d'exclusivité. Cela nous apparaît, comme on le
mentionne dans le mémoire, contradictoire avec le rôle de courtier
d'assurances indépendant. Dans le cas des agents exclusifs, cela aurait
du sens que l'agent travaille pour distribuer des produits financiers autres
que ceux de sa propre maison, mais pour le compte d'une seule autre
organisation, plutôt que de les distribuer pour une gamme de fabricants
comme ce serait le cas pour un courtier indépendant.
M. Fortier: J'avais mal compris ce que vous avez
suggéré parce que je croyais que vous demandiez que l'agent soit
en fait un courtier d'assurances sur le plan de l'assurance. Ce que vous dites,
c'est que l'agent serait un agent d'assurances. Dans notre mémoire, nous
suggérons que l'agent qui oeuvre dans une compagnie, mais
dont la compagnie fait partie d'un groupe de compagnies, qu'il soit
possible pour cet agent de vendre des produits de ce groupe et, bien sûr,
pour que cela se produise, il faudrait qu'il obtienne des permis additionnels;
c'est dans ce sens-là que vous faites votre commentaire.
Là-dessus on est ouvert. Je crois que c'est certainement possible.
M. Brochu: C'est-à-dire que, dans la mesure, M. le
ministre, en parlant de décloisonnement, où vous autorisez les
compagnies à vendre des produits d'autres maisons ou de
représenter des produits d'autres maisons, si les agents captifs
travaillent pour cet assureur, ils auraient normalement accès à
étendre en activités accessoires. Alors, ce serait là
qu'on parlerait de privilège surtout. Évidemment, il faut que
l'employeur le leur permette, parce qu'ils ne sont pas indépendants.
M. Fortier: Votre commentaire en ce qui concerne les courtiers
d'assurances est dû au fait que nous suggérons dans le document de
consultation qu'il soit mendataire d'une institution financière en ce
qui concerne la collecte des dépôts, pour prendre cet exemple.
Cela provient du fait... Je comprends ce que vous dites, lorsque vous dites que
ça va contre la nature d'un courtier qui, par définition,
représente plusieurs compagnies. Notre préoccupation c'est de
nous assurer... Comme vous le savez, toute la question des dépôts,
c'est sujet à la Régie de l'assurance-dépôts,
à l'assurance de 60 000 $ pour tout dépôt qui est fait dans
une institution financière, et, notre préoccupation, c'est de
nous assurer que le courtier, si on lui permettait d'accepter des
dépôts, que ces dépôts ne soient pas en danger. Alors
selon notre logique, on dit: S'il est le mandataire d'une institution
financière, s'il arrivait quelque chose, si le courtier partait avec la
caisse pour s'en aller au Japon, à ce moment-là c'est
l'institution financière qui serait responsable et donc, notre
préoccupation, c'est la protection du dépôt comme telle.
Bien sûr, on nous a dit: Les courtiers vont demander que le chèque
soit fait au nom de l'institution financière. Mais qu'arrive-t-il s'il
ne le fait pas au nom de l'institution financière? Autrement dit, on va
examiner la situation. Notre préoccupation est la protection du
dépôt qui serait donné à un courtier et donc, il
serait courtier en dépôts et notre problème nous
amène à nous demander: Quelle est la protection des
déposants? Auraient-ils une protection si quelqu'un partait avec la
caisse quelque part? Tandis que pour une institution financière, si un
employé est malhonnête, l'institution financière est
responsable, mais si un courtier est malhonnête, il n'y a plus personne
de responsable, parce que, très probablement, si c'est un petit
courtier, la valeur de sa maison de courtage n'est pas très
élevée et donc le déposant n'aurait aucun recours. Alors,
c'est là qu'est notre préoccupation, quant à nous.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dans votre mémoire, vous dites que vous croyez
de plus en plus que le cumul des permis devrait être accepté comme
principe global et qu'une personne qui se qualifie devrait pouvoir obtenir
plusieurs permis de plein exercice dans les divers secteurs financiers. Alors,
considérez-vous que c'est possible, que c'est exceptionnel ou que cela
pourrait être la règle?
M. Brochu: Je crois que le cumul des permis, si je ne m'abuse,
est déjà en vigueur pour les assureurs-vie. Donc, à la
limite ça va où? C'est sûr qu'il y a certainement une
limite au-delà de laquelle on ne peut pas aller comme un seul individu,
une seule personne pour représenter bien des secteurs. Mais lorsqu'il y
a des secteurs qui sont relativement connexes, il peut très bien arriver
qu'une personne puisse avoir trois ou quatre permis ou la possiblité
d'exercer dans des activités qui sont quand même dans le
même secteur financier ou très proches parents. C'est pourquoi le
principe global est accepté et il pourrait fort bien arriver que
certains permis ne soient accordés qu'à certaines conditions
selon que ce soit un double, un triple, un quadruple ou un quintuple permis,
mais le principe global, on ne peut pas être contre cela.
Évidemment, il faut que la personne se qualifie.
M. Garon: Au fond, il ne devrait pas y avoir de limitation
à condition que les gens se qualifient.
M. Brochu: Pour autant qu'ils se qualifient, c'est sûr.
Exactement.
M. Garon: C'est ce que je pensais. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le ministre.
M. Fortier: Non, je crois que cela couvre.... je pense que la
principale préoccupation du BAC est la question de la
surréglementation, et j'ai pris bonne note de vos commentaires. Je crois
que nous allons.... lorsque nous arriverons avec le produit final - bien
sûr, nous allons vous consulter - j'oserais penser que votre
appréhension sur l'hypertrophie de la réglementation ne sera pas
aussi grave que ce que vous anticipez. En tout cas, c'est là qu'est
notre objectif. Alors, étant donné que c'est votre principale
préoccupation, je crois qu'il y a moyen de trouver des ajustements qui
vont faire en sorte que nous obtenions, de notre côté, les
exigences minimales pour protéger le consommateur et que, d'autre part,
nous n'ayons pas une réglementation hypertrophiée qui serait d'un
coût trop considérable pour les compagnies d'assurances que
vous représentez.
M. Brochu: SI vous me le permettez, M. le Président, je
pense qu'il y a quand même un autre aspect fort important que l'on a
souligné également dans le mémoire, c'est la
responsabilisation qu'on devrait accorder à l'assureur à partir
de son permis, sur tout le programme qu'il met en oeuvre. On croit, nous, que
l'inspecteur général qui donne un permis à un assureur, en
plus de correspondre à des critères financiers très
précis, devrait correspondre à un programme ou correspondre
à une capacité de cet assureur-là de rentrer dans un
programme d'action, qui va, bien sûr, de la partie strictement
corporative jusqu'au client. Alors, c'est un point qu'on a soulevé
à plusieurs reprises dans nos mémoires et on le souligne
encore.
Cela met en cause la responsabilisation et cela met également en
cause - lorsque vous parliez tout à l'heure de conseils - les
rôles que l'assureur pourra jouer sur un conseil, si jamais ces
conseils-là venaient. Commme vous voyez, on ne l'a pas recommandé
dans notre mémoire, la question des conseils. On pense que les
organismes - comme je le disais - actuels devraient continuer à exister.
Si jamais il y avait des conseils, on espère que la ligne, l'esprit dans
lequel les organismes actuels fonctionnent serait maintenu, en les adaptant,
bien sûr. Alors, c'est un point que je voudrais faire remarquer quand
même. C'est un point qui est fort important pour nous. Vous l'avez
reconnu tout à l'heure, en ce qui concerne une certaine classe
d'employés. Vous avez parié des experts en sinistres, vous
vouliez considérer cela d'une façon très favorable, mais
on soumet, respectueusement, que l'assureur - tout en reconnaissant un certain
nombre de dangers dont vous avez parlé tantôt, qui pourraient
être circonvenus par des cautionnements peut-être ou autre chose -
est responsable de l'ensemble de ceux évidemment qui se rapportent
à son organisation.
M. Fortier: Si vous me permettez de poser une question. Alors le
problème qui survient. Bien sûr, nous croyons que ce serait plus
facile de définir l'harmonisation des critères pour l'acceptation
à un niveau ou à différents niveaux de pratique,
même pour les agents. Mais, dans un cas de plainte, a quel endroit la
personne s'adresse-t-elle? Alors, si un individu subit un préjudice, si
c'est un courtier, il s'adresse pour le moment à l'Association des
courtiers, dans l'avenir on verra. En tout cas il se peut fort bien que
l'Association des courtiers ait un rôle à jouer, mais ce pourrait
être le conseil ou une délégation. Mais dans le cas des
agents, ils s'adressent à quel endroit, et pour entendre la plainte et
pour l'application? Quel code de déontologie s'appliquerait dans ces
cas-là? On parle des individus qui font affaire avec le public, il faut
bien se comprendre.
M. Brochu: Les individus qui travaillent avec le public sont le
prolongement ou l'extension de l'action d'un assureur. Alors, c'est sûr
qu'il va directement à l'assureur pour se plaindre, je pense. Si un
agent ou un préposé d'un assureur fait quelque acte que ce soit,
son acte est identifié à un assureur, je crois, et en partant de
là, il peut remonter directement à l'assureur. Si l'assureur le
cachait ou n'agissait pas là-dessus, c'est l'inspecteur
général qui serait appelé, je pense, ou le gouvernement,
par le biais de... d'autres endroits. On a quand même des élus du
peuple ici, qui évidemment peuvent relayer ces informations-là,
si elle se rendent mal et qui reviendraient sur les sociétés et
en disant: Vous ne réglez quand même pas... vous avez causé
préjudice à telle ou telle personne de la société.
On pense que c'est la responsabilisation globale de l'assureur. Comme
d'ailleurs en matière de sinistres, vous savez, un principe fondamental
c'est que l'assureur - et je pense que là-dessus l'inspecteur
général nous le rappelle à l'occasion - est totalement
responsable des sinistres, de la conduite des sinistres et de l'indemnisation.
Là-dessus il n'y a pas d intermédiaire comme tel, on a la
responsabilité à 100 %. Si on a une plainte, cela remonte
directement à l'assureur actuellement. Si vous considériez, M. le
ministre, de dire que les experts maison ne seraient pas
réglementés, qu'ils seraient totalement sous la
responsabilité de l'assureur, la même chose arriverait pour tous
les autres employés. Il y a peut-être un de mes collègues
qui voudrait abonder dans mon sens. (21 h 45)
M. Fortier: Notre préoccupation va vers des
mécanismes simples pour entendre des plaintes qui pourraient être
formulées et s'assurer qu'il y ait un code de déontologie. Alors,
il nous semblerait que, mutatis mutandis, le code de déontologie qui
s'applique aux courtiers dans une certaine mesure pourrait s'appliquer aux
agents, pour ceux qui font affaire avec le public. Dans les cas où les
institutions financières utilisent leurs locaux, cela nous permet de
vérifier qui est agent et qui ne l'est pas, parce que si on ne donnait
pas de permis, on ne pourrait rien vérifier. Cela nous donne un
contrôle. Je comprends ce que vous me dites mais, en tout cas, on va y
réfléchir. Semble-t-il qu'il y a d'autres pays qui ont
déréglementé eux aussi et qui ont gardé ce
contrôle-là plus spécifiquement. Mais a priori, dans le
moment... En tout cas, on va y réfléchir. Enfin, votre
commentaire est à l'effet que si vous assumez la responsabilité,
comme compagnie, on devrait vous faire confiance complètement
étant donné que vous êtes réglementés par
l'inspecteur des institutions financières.
M. Brochu: Avant de passer la parole à un de mes
confrères, il faut dire que notre code de déontologie, même
s'il n'était pas écrit publique-
ment, je pense qu'il va de soi dans notre corporation et
là-dessus j'imagine que, lorsque l'inspecteur général
examine nos livres à tous les ans, tous les deux ans ou tous les trois
ans, il pourrait trouver facilement des brèches à cette
chose-là et nous faire des remarques en conséquence. Je pense
qu'on peut dire que par rapport aux consommateurs qui, évidemment, sont
la raison d'être de notre succès, autrement on périt, ils
attendent de nous autres un code de déontologie bien propre, autrement
ils changent d'assureur immédiatement et ils peuvent toujours avoir des
voix pour se plaindre. Alors, je voulais quand même finir
là-dessus et, si vous le permettez, M. Brouillette va enchaîner
sur ma réponse.
M. Brouilfette (Yves): M. le Président, seulement pour
demander au ministre, pour ajouter à sa réflexion, de
répondre à la question suivante. Pourquoi exiger un permis d'une
personne qui est un agent vendeur pour une compagnie alors qu'on n'en exige pas
d'un employé d'une autre institution financière qui va conclure
des transactions de prêts qui sont d'une importance toute aussi grande
qu'une transaction d'assurances? Pourquoi doit-on faire une
particularité pour l'industrie de l'assurance? J'aimerais que vous
incluiez cette question dans votre réflexion sur ce sujet.
M. Fortier: Vous me donnez des idées, là. On
va...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brouillette (Yves): Si je peux me permettre, M. le
Président, de revenir sur la question des ententes d'exclusivité.
Quand on demande de ne pas exiger des ententes d'exclusivité c'est, bien
entendu, pour les courtiers d'assurances indépendants. Alors, vous
reconnaissez qu'il y a un peu une équivoque ou une opposition entre un
courtier d'assurances qui est indépendant, mandataire de l'assuré
aux fins des transactions des assurances dommages, qui deviendrait mandataire
de l'assureur pour les autres produits financiers. Il nous semble qu'il y a une
contradiction inhérente. Pour ce qui est de votre préoccupation
à savoir qu'est-ce qui arrive s'il s'en va au Japon avec le
chèque? Il y a là une préoccupation importante, mais il
nous semble qu'elle n'est pas de nature différente de celle qui existe
présentement par rapport aux courtiers d'assurances indépendants
qui se voient verser des montants de primes substantielles à l'heure
actuelle. Alors, il ne faut pas oublier qu'il fait partie d'une association
professionnelle. Il y a une association professionnelle à laquelle il
doit répondre. Il y a un code de déontologie. En plus de cela, il
y a, normalement, une police d'assurance-responsabilité pour ses actes.
Alors, il y a déjà une certaine protection. Jusqu'à quel
point est-ce que cela couvre les cas de fraude, je ne saurais pas le dire ici,
mais il y a déjà une certaine protection qui existe et il nous
semble que la transaction de dépôts, dans ce cas-là, ne
serait pas différente d'une transaction d'assurances. Alors, il nous
semble qu'on ne devrait pas exiger d'ententes d'exclusivité. Si
l'assureur, lui, ou le fournisseur de produits financiers dans les
dépôts, etc., veut exiger des ententes d'exclusivité des
courtiers d'assurances avec lesquels il va faire affaire, c'est là une
question qui doit être décidée librement entre les deux
parties, mais il ne faut pas imposer aux courtiers d'assurances, que l'on veut
indépendants, un modèle où ils seraient attachés
à une seule institution. Merci.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander à M. Brouillette
quelle est votre préoccupation? Comme assureur, votre
préoccupation serait que le courtier serait attaché indirectement
à une institution financière et cela pourrait avoir un impact sur
une compagnie qui ne ferait pas partie de ce groupe-là.
La raison pour laquelle vous défendez le courtier, c'est... Vous
représentez le BAC. Alors, j'imagine que vous défendez le
courtier, mais c'est peut-être un peu pour vous autres,
également.
M. Brouillette (Yves): Absolument. En fait c'est que, pour une
société comme la nôtre, on fait affaire, pour l'essentiel,
soit 80 % de nos affaires, par des courtiers pour le Groupe Commerce. En fait,
c'est 100 % des affaires par le truchement de courtiers d'assurances. Il me
semble qu'on pourrait éventuellement, comme société, avoir
un rôle à jouer dans un modèle où des courtiers
d'assurances, avec lesquels on a déjà de très bonnes
relations - j'ai eu l'occasion de le mentionner tantôt... On pourrait
jouer un rôle d'intermédiaire par rapport à nos courtiers
d'assurances indépendants et donner accès à ces... Cela
existe déjà, d'ailleurs, jusqu'à un certain point, mais,
avec le décloisonnement, il y a davantage de possibilités. On
pourrait donner accès, pour nos courtiers d'assurances
indépendants, à une gamme de produits pour faire en sorte que le
public profite, dans le domaine des produits financiers, de la même
accessibilité qui existe aujourd'hui et qui permet à tous les
Québécois d'avoir accès au meilleur fabricant du monde, en
ce qui a trait au produit de l'assurance IARD. Alors, si vous laissez cette
latitude-là aux courtiers d'assurances, avec le décloisonnement,
éventuellement, ils pourront donner accès, non pas à une,
deux ou trois sociétés financières avec les
dépôts, mais à une centaine, ce qui accroît donc la
concurrence et donne plus de choix au consommateur.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Brouillette. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Dans votre document, vous parlez des experts en
sinistres indépendants ou des
experts en sinistres à l'emploi d'un assureur, mais vous ne
parlez pas des experts en sinistres qui réservent leurs fonctions
à l'assuré. Je n'ai pas l'impression que le consommateur sera
encore mieux protégé si les experts en sinistres qui venaient le
voir travaillaient pour eux plutôt que pour la compagnie.
M. Brochu: M. Garon, comme je le disais tout à l'heure,
l'assureur a la responsabilité de l'indemnisation. Je pense que
l'assureur va minimiser les pertes à l'avantage de tous les
assurés. S'il paie en fou, comme on le dit, ou paie trop, tantôt
il sera obligé de le facturer dans ses primes. Mais, d'un autre
côté, l'assureur lui-même doit payer équitablement.
Je pense qu'on peut payer économiquement, mais justement.
Alors, à partir de là, les experts en sinistres ont un
mandat, qu'ils soient indépendants ou qu'ils soient à l'emploi de
l'assureur, ils ont un mandat, bien sûr, de conduire la recherche des
faits et de procéder au règlement. Maintenant, lorsque vous
parlez de l'expert public, il a un mandat, lui, à moins que je ne
m'abuse, du client lui-même, de l'assuré lui-même ou de la
personne à indemniser et, à partir de là, bien sûr,
ce mandat-là peut s'élargir ou devenir plus étroit selon,
évidemment, l'entente qui existe entre ces personnes-là. Donc,
pour nous, on n'a pas à les insérer dans notre mémoire,
mais ce sont des experts que nous avons comme d'autres. Il y a des experts en
sinistres qui sont pris par les assurés eux-mêmes pour conduire la
partie du dommage, d'autres, pour les expertises. À ce moment-là,
les experts qui ont le mandat de l'assureur travaillent avec ces gens-là
pour en arriver au mieux possible.
M. Garon: C'est un principe incroyable. Vous venez de dire, au
fond, que leur rôle est de faire en sorte de payer le moins possible,
pour ne pas que cela coûte trop cher aux assurés.
M. Brochu: Non, non. C'est pas cela que j'ai dit, M. Garon.
M. Garon: Bien! Cela ressemblait à cela.
M. Brochu: Avec votre respect. Ce que je veux dire, c'est que
l'assureur, normalement, a la conduite de l'indemnisation. Il doit payer
justement et équitablement. Donc, normalement, il ne doit pas gaspiller
les fonds; ce sont les fonds du public. Mais, je n'ai pas dit du tout que
l'assureur a le devoir de moins bien payer. Absolument pas. Dans ce
sens-là, je pense que, avec les experts qui reçoivent le mandat
de l'assureur, on règle 99,9 % de tous les sinistres.
M. Garon: Je comprends mais, quand vous dites... Au fond, c'est
ce que vous venez de dire. Vous venez de dire que, lui, doit limiter un peu le
paiement pour ne pas que cela coûte trop cher aux autres. C'est ce que
vous avez dit, en d'autres mots. Alors que celui qui a le problème,
celui qui a le dommage, il me semble qu'il doit être indemnisé
entièrement en fonction du contrat qu'il a signé.
M. Brochu: Exactement.
M. Garon: II ne doit pas se retrouver avec quelqu'un qui,
à la première opportunité, va lui faire signer une formule
pour limiter au maximum ce qui doit lui être payé. Il ferait mieux
d'avoir un expert en sinistres qui va travailler pour lui que quelqu'un qui va
travailler pour la compagnie.
Une voix: II a besoin d'un avocat.
M. Garon: Pas nécessairement. Un avocat...
Une voix: Ça coûte cher.
M. Garon: Ce n'est pas cela. C'est parce que la victime n'a pas
nécessairement intérêt à se retrouver devant les
tribunaux et attendre plusieurs années avant d'avoir son
règlement Ce qui me frappe depuis le début des audiences ici,
c'est que l'expert en sinistres doit être pour la compagnie, pour
l'assureur, mais il me semble que la victime là-dedans, c'est
l'assuré et que celui qui doit voir à faire en sorte devrait le
plus possible prendre la part de l'assuré, plutôt que d'essayer de
circonscrire le plus possible les dommages à l'avantage de la compagnie.
C'est ce que vous venez de dire, je n'en reviens pas.
M. Brouillette (Yves): M. le Président, si vous me
permettez d'ajouter un commentaire sur la question des experts publics auxquels
M. le député fait allusion... La présence d'un ajusteur
public est en quelque sorte une garantie que l'indemnité ne sera pas
complète parce que cette personne-là exige une rétribution
de l'ordre de 5 % à 10 % de l'indemnité. Alors, si vous avez une
perte de 100 000 $, cela fait une rétribution de 5000 $ à 10 000
$. C'est une garantie. Vous mentionnez que les assureurs devraient
prévoir des indemnisations complètes. Il nous faut payer selon
les contrats qui existent. Absolument. C'est notre but de bien satisfaire notre
clientèle. C'est la seule manière de rester en affaires sur une
période de temps, mais la garantie qu'un client ne soit pas
indemnisé à 100 %, c'est la présence d'un ajusteur public,
parce qu'il va prendre au départ 5 % à 10 % de l'indemnité
en plus, dans bien des cas, d'allonger les délais, de retarder les
règlements. Vous pouvez être certain que cela n'augmente en rien
le montant de l'indemnité. C'est tout simplement une garantie que la
victime ne sera pas indemnisée à 100 %.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Garon: On parle toujours de la protection de l'assuré.
Que fait quelqu'un qui vient voir un assuré après les dommages et
pour la compagnie, et qui essaie le plus rapidement possible de lui faire
signer quelque chose pour restreindre le plus possible le paiement qu'il a
à faire? J'ai vécu une expérience récemment. Je
regardais cela aller juste pour voir et j'ai remarqué que ce qu'on
essaie de faire, c'est de faire signer quelque chose pour dire: Vous voyez bien
que c'est seulement ça. Je ne suis pas convaincu que c'est cela parce
que les gens ne sont pas familiers avec tous les termes utilisés, mais
ils peuvent circonscrire pas mal - ce qui peut arriver - les dommages à
payer. Il me semble que celui qui travaille pour établir le dommage, on
va facilement dans le sens de dire qu'il travaille d'abord pour la compagnie,
alors que la victime c'est l'assuré. C'est lui qui a les dommages et qui
est dans une position un peu inférieure par rapport à la
compagnie avec toute son expertise. Il me semble que celui qui va
défendre les dommages qu'a subis l'assuré devrait être plus
pour lui que pour la compagnie qui a déjà tout son gros kit et,
lui, est tout seul devant cela.
M. Brochu: M. Garon, si vous me permettez, je n'ai pas voulu vous
induire en erreur. C'est bien sûr qu'actuellement, ce que j'ai voulu dire
c'est que l'assureur a la conduite de l'indemnité. L'assureur vend des
garanties, vend des protections déterminées. Lorsque arrive un
sinistre, l'assuré ou la victime, comme vous le dites, a droit à
des garanties et les exerce. La plupart du temps, on est dans des
évaluations qu'on appelle les quanta et là-dessus, les assures
d'ailleurs, sans prendre des experts indépendants de leur propre
côté, prendront des experts en évaluation de
bâtiments; ils vont présenter leur propre évaluation. C'est
quand même à l'assuré de faire sa propre réclamation
et de la présenter. À partir du moment où il l'a
présentée, elle évolue et, à ce moment-là,
les discussions quant au quantum s'exercent. C'est ce que je voulais dire
tantôt: l'assureur ne resterait pas en affaires longtemps si son seul but
était de réduire et d'avoir des clients insatisfaits. Alors, le
client demande en fonction des garanties qu'il a achetées et encore une
fois lorsqu'on dit que l'expert en sinistres a le mandat de l'assureur, c'est
que bien sûr il arrive que des assureurs ont totalement leurs propres
experts maison. Donc on ne peut pas parler de mandat, ce sont les
préposés. Ils exercent tout simplement le contrat et
réalisent le contrat lorsque arrive un sinistre. Je ne pense pas que ce
soit au désavantage des assurés, au contraire. Là-dessus
il y aurait des plaintes assez rapidement et l'assureur lui-même ne
ferait pas tellement long feu.
Tantôt, j'ai parlé des responsaiblités globales. On
est des mandataires globaux; on se fait confier des fonds à administrer
dans une mutualité, des protections d'assurances si vous voulez. C'est
dans ce sens qu'on a une grande responsabilité lorsque l'on a à
procéder au règlement des sinistres, et pas au désavantage
des assurés, parce que, encore une fois, on ne ferait pas tellement long
feu. Alors, si j'ai laissé une mauvaise impression, M. Garon, je vous
prie de m'en excuser.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, c'est vous qui
concluez le premier? Alors, concluez.
M. Fortier: M. Brochu, je vous remercie de votre
présentation. Ce n'est que le début du dialogue.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie également. Le ministre a
laissé entendre tout à l'heure que lorsqu'il aura
présenté son projet de loi, il vous consultera. Je souhaiterais
beaucoup que .cette consultation soit publique, devant une commission
parlementaire plutôt qu'en cabinet privé, parce que cela va
toucher beaucoup de monde.
Le Président (M. Baril): Merci. Alors, je remercie...
M. Garon: Pour... protection de l'assuré, qui ne sera pas
ici.
Le Président (M. Baril): Je remercie le Bureau d'assurance
du Canada et je vous souhaite un bon voyage de retour. J'invite
immédiatement les porte-parole de la compagnie d'assurance Allstate
à se présenter.
(Suspension de la séance à 22 heures)
(Reprise à 22 h 5)
Le Président (M. Baril): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission poursuit maintenant ses travaux. J'inviterais les
représentants de la compagnie d'assurances Allstate à se
présenter et à présenter leurs invités.
Compagnie d'assurances Allstate du Canada
M. O'Brien (Douglas): M. le Président, M. le ministre,
membres du comité, je suis Douglas O'Brien, directeur provincial des
ventes chez Allstate compagnie d'assurances. J'ai avec moi M. Herb Hicklin,
vice-président des relations corporatives, M. Jacques Mathieu, à
ma gauche, directeur provincial des sinistres au Québec et, à mon
extrême droite, M. Gerry Roberts, directeur des relations
générales de notre siège social.
M. le Président, nous vous demandons la permission de distribuer
notre résumé, ce qui
pourrait peut-être nous aider à gagner un peu de temps.
Le Président (M. Baril): Vous savez que vous avez vingt
minutes pour votre présentation.
M. O'Brien: Oui.
Le Président (M. Baril): Alors, j'accepte la distribution
de votre résumé.
M. O'Brien: Merci.
Le Président (M. Baril): Vous pouvez commencer.
M. O'Brien: Oui, d'accord. La Compagnie d'assurances Allstate du
Canada a le plaisir de participer à vos auditions parlementaires
préalablement par le biais d'un mémoire écrit et,
maintenant, en ayant l'occasion d'apporter des clarifications, à notre
point de vue, sur les sujets soulevés ou autres qui pourraient vous
être utiles. De plus, nous nous engageons à vous fournir de
l'information supplémentaire qui pourrait s'avérer
nécessaire à la suite de ces discussions.
La compagnie Allstate est la septième plus importante compagnie
d'assurances multilignes au Québec sur une base de primes, pour
l'année 1986. Au cours de la dernière année civile, nous
représentions un chiffre d'affaires d'environ 82 000 000 $ en primes
souscrites dans toutes les lignes d'assurances dans la province de
Québec. Actuellement, nous nous occupons d'environ 1 000 000 de
détenteurs de polices automobile, de propriétaires occupants,
d'assurance-vie et d'assurances commerciales dans toutes les provinces et les
territoires, dont environ 200 000 au Québec.
Au Québec, nous employons 379 personnes, y compris 152 agents
captifs, nous avons 39 courtiers indépendants ainsi que 123 experts en
sinistres internes.
La compagnie Allstate comprend et appuie la nécessité de
changements régulatoires au Québec. Pour ces raisons, nous sommes
disposés et nous voulons participer de concert avec le gouvernement et
l'industrie autant qu'il est nécessaire pour apporter les changements
appropriés et acceptables pour nos clients et pour tous les
consommateurs du Québec.
En tant qu'assureurs directs, tout ce que nous demandons, c'est qu'on
nous donne ainsi qu'à nos employés les mêmes
opportunités que le programme de décloisonnement réserve
aux autres secteurs des services financiers.
Pour en venir à notre soumission formelle, pour les besoins de la
cause, nous avons confiné nos commentaires à trois domaines d'une
importance toute particulière pour nos clients, nos agents et notre
compagnie. Je vous réfère à la première section de
notre mémoire "rémunération de l'intermédiaire".
À fa première page, la divulgation des commissions et des bonus,
le partage des commissions, les commissions de références et les
rabais de primes. La suggestion que les consommateurs ne peuvent effectuer de
comparaison entre les différents services offerts à moins de
divulguer les commissions, les bonis, etc., est à notre avis une
exagération du cas pour plusieurs raisons: 1° Les commissions et les
bonis ne sont pas nécessairement calculés sur la base du niveau
des services que le client reçoit d'un agent ou d'un courtier. Les
commissions versées doivent être suffisantes pour couvrir les
coûts d'opération de l'agent ou du courtier, et pour pouvoir
servir de stimulus pour la prospection, l'obtention et le service de la police
d'assurance dans le meilleur intérêt de toutes les parties. 2°
La divulgation des commissions présume que le consommateur est en mesure
de décider ce qu'est une rémunération juste. Le
consommateur n'aura pas l'information adéquate, si elle est basée
uniquement sur les commissions, pour lui permettre de comparer les services
offerts. Par conséquent, la divulgation de la commission pourrait
simplement semer la confusion dans la décision d'acheter.
Notre mémoire donne quelques exemples que je passe. Je crois que
vous les avez probablement déjà lus. Je saute à la page
suivante, l'article 4. La provision pour des rabais de primes pourrait
être la cause de faillite de plusieurs agences au détriment du
consommateur plutôt que de créer un environnement concurrentiel.
Les agents qui choisissent d'attirer l'expansion de nouvelles affaires en
offrant des rabais de primes pourraient faire face à des
problèmes de liquidité qui pourraient surgir quand un agent
opère sur la marge. Le rabais de primes pourrait aussi mener à
l'antisélection dans le processus de souscription par l'agent ou le
courtier si les bonis sont payés sur la base de niveaux de production.
Ce qui mènerait à son tour à des primes plus
élevées pour tous les consommateurs. Allstate croit que le rabais
de primes devait être interdit dans le meilleur intérêt de
la protection du consommateur.
En résumé, la divulgation comme moyen pour fournir au
consommateur un outil pour effectuer des comparaisons lors de l'achat est
trompeur et ne rehaussera aucunement la décision d'achat. Très
simplement, les produits de services financiers offerts à un
consommateur doivent afficher un prix concurrentiel, sans tenir compte des
commissions, exactement comme pour tout autre produit. Le marché devrait
être encouragé à travailler à l'avantage des
consommateurs ainsi qu'à la diminution de la confusion plutôt que
de l'augmenter.
Allstate serait en faveur de la divulgation seulement à la
condition de la mise sur pied d'une méthode d'ensemble qui
révèle de façon précise les complexités de
tous les bonis, commissions, salaires, avantages sociaux et de toute
autre forme de rémunération aux agents et courtiers, et
qu'une telle mesure soit également applicable à tous les secteurs
des services financiers. Une vaste bureaucratie serait requise pour inspecter
cette activité de divulgation. À notre avis, ces divulgations
révéleraient des informations de très peu d'importance aux
consommateurs, surtout si on doit ajouter les coûts administatifs de la
bureaucratie pour la contrôler.
La deuxième section: le décloisonnement des
intermédiaires et avenues proposées. La compagnie Allstate appuie
le concept d'autoréglementa-tion des intermédiaires dans tous les
secteurs des services financiers de la façon suivante: 1° les
intermédiaires-assurances de personnes. Le conseil des assurances de
personnes du Québec centralisera le contrôle des
intermédiaires de ce secteur à l'intérieur d'un seul
organisme sur la base que les besoins et les activités des
intermédiaires des assurances de personnes sont, pour la plupart,
homogènes et ce, dans les deux cas du système de distribution,
celui de l'agent général aussi bien que celui de l'agent
exclusif.
En ce qui concerne l'assurance de dommages, le document de consultation
propose trois types alternatifs de conseil d'assurances de dommages. La
compagnie Allstate procède à la distribution de ses produits par
l'entremise d'agents et de courtiers indépendants, ainsi que par des
agents (employés) directs captifs. C'est notre avis, basé sur
notre expérience avec les deux systèmes de distribution au
Québec et dans les autres provinces, que le système d'agents ou
employés directs dépasse déjà la standardisation
recherchée dans la proposition du conseil des assurances de dommages
pour plusieurs raisons. Je vous cite les raisons sans les couvrir toutes au
complet. 1. Tous les agents de la compagnie Allstate qui vendent de l'assurance
dans la province de Québec ont rencontré les exigences
provinciales pour les licences. 2. Allstate voit à l'application de
normes sévères de recrutement pour atteindre des
éléments de haut calibre. L'obtention des licences doit se faire
avant l'inscription dans une classe de formation d'une durée de trois
semaines (approximativement 150 heures) de cours intensifs à
l'intérieur de la compagnie. 3. Allstate garantit les actions des agents
directs employés, dans l'intérêt total de protéger
le consommateur. Aucun consommateur n'a jamais été laissé
sans être couvert à cause d'une erreur d'un agent employé
ou par omission de celui-ci de déposer l'argent d'un client. 4. Les
agents employés ont une connaissance appronfondie de leurs produits
à cause du programme de formation de la compagnie et de la supervision
à temps plein par des directeurs d'agence. Les agents employés
sont capables de développer une connaissance approfondie de la gamme des
produits, services et procédures fournis par leur employeur exclusif. 5.
Allstate appuie et encourage les cours de l'institut d'assurance en offrant des
prix en argent pour tous les cours complétés en vue de
l'obtention de titres professionnels. En plus, Allstate paie les frais de
cours, le matériel du cours ainsi que le temps pour compléter le
programme. 6. Tous les agents employés sont obligés de
reconnaître et d'adhérer au code d'éthique formel de la
compagnie et faisant partie de leur contrat de travail. Toute entrave à
ce code est cause de renvoi.
Allstate reconnaît que les agents indépendants et les
courtiers, par la nature même de leur statut indépendant,
pourraient avoir besoin d'une forme de réglementation ou d'un conseil
d'assurances de dommages pour les fins de standardisation. Nous croyons qu'il
existe une différence marquée dans le cas d'un agent
employé par un assureur pour toutes les raisons soulignées
ci-dessus.
L'agent employé d'Allstate représente un investissement
considérable en temps et en argent dans la sélection, la
formation, et le développement continu dans l'intérêt de
fournir un service et une protection maximum aux consommateurs du
Québec. Nous pouvons continuer à rencontrer ou dépasser
tous les standards établis pour les courtiers de dommages, sans pour
autant chercher à ajouter un niveau d'administration pour une compagnie
comme Allstate, qui a établi un rôle d'avant-garde à cet
égard, avec son système de distribution d'agents employés
directs.
Et finalement, dans la section experts en sinistres, Allstate
reconnaît: a) que les compagnies d'assurances doivent se prémunir
contre les sinistres frauduleux et abusifs provenant de certaines personnes; b)
que les assurés et autres réclamants soient
représentés par une personne compétente; c) que les
experts régleurs représentent un lien important entre l'assureur
et le consommateur.
Allstate a toujours cru et continue de croire que les experts
régleurs employés par un assureur, c'est-à-dire les
experts internes par opposition à experts indépendants,
constituent une catégorie différente en raison de la façon
dont ils sont employés, formés et disciplinés en vue de la
protection de la compagnie et du consommateur. Nous ne croyons pas que le
gouvernement ou l'industrie devrait porter le fardeau inutile de la
bureaucratie et des frais importants qui résulteraient de la
réglementation des employés internes, pour les raisons suivantes,
et nous en avons dix. 1. Les experts internes d'Allstate sont dirigés
par des chefs de groupe permanents et ils se sont engagés à
servir les intérêts de nos titulaires de polices, des
réclamants du public en général et de la compagnie. 2.
Tous les représentants de notre compagnie, autant ceux de
l'intérieur que ceux itinérants, doivent adhérer à,
et respecter le code
d'éthique professionnelle d'Alistate. 3. Allstate maintient des
fonctions d'expertise spécialisées afin d'assurer les services
d'indemnisation les plus efficaces et les plus professionnels, tel que requis
par les différentes branches d'assurance et les produits variés
qui les composent. 4. Allstate opère en permanence sa propre
école de formation, connue sous le nom de Tech-Cor, fournissant ainsi
des programme de formation très élaborés traitant de
l'assurance automobile et biens des particuliers, en relation avec la
connsaissance des contrats et les techniques d'évaluation. 5. La
compagnie offre de plus des programmes intensifs de formation interne pour les
experts régleurs et les évaluâteurs. 6. Allstate participe
financièrement et encourage ses employés à poursuivre les
programmes d'éducation professionnelle de l'Institut d'assurance du
Canada ainsi que les autres programmes de formation en assurance. 7. Les
experts régleurs de la compagnie travaillent uniquement pour une
compagnie et, de ce fait, connaissent très bien ses produits, ses
procédures et ses standards de service. 8. Les experts régleurs
de la compagnie reçoivent une autorité de règlement et
peuvent, par conséquent, émettre les chèques de
règlement sur le champ, favorisant ainsi une indemnisation rapide des
sinistres. La compagnie surveille, sur une base continuelle, les niveaux
d'autorité et l'intégrité de ses experts en regard du
service à la clientèle et de la pertinence des paiements
effectués. 9. La compagnie est directement responsable pour les actes de
ses employés, ce qui procure une protection absolue dans le meilleur
intérêt de ses titulaires de police et du public en
général. 10. Finalement, en conclusion, Allstate ne croit pas que
le consommateur sera mieux servi en imposant des règlements
supplémentaires aux organisations qui embauchent leur personnel
d'expertise. Nous croyons que cette approche devrait être
évitée, tout comme pour les autres employés
salariés d'une institution financière.
Je retourne à la page 2 du résumé.
Résumé et nos recommandations: Allstate appuie l'initiative du
gouvernement de vouloir augmenter les possibilités aux agents et aux
courtiers indépendants ainsi qu'aux agents captifs de fournir un vaste
choix de produits et de services financiers aux consommateurs du Québec.
Par conséquent, nous recommandons d'inclure la prise de
dépôt, les arrangements de prêts personnels et
d'hypothèque à leur gamme de produits et services financiers,
ainsi que tout autre produit financier approprié.
Allstate appuie la clause de règlement des sinistres par les
intermédiaires, tel qu'autorisé par leurs assureurs
respectifs.
Allstate apppuie les exigences d'une formation adéquate et les
qualifications des inter- médiaires en ce qui a trait aux produits et
services de différents secteurs financiers.
Allstate appuie la promotion des produits et des fournisseurs de
produits pour les intermédiaires d'assurances.
Allstate appuie les recommandations pour le partage des commissions
entre les intermédiaires.
Allstate appuie l'élargissement des opportunités pour les
ajusteurs indépendants afin qu'ils puissent offrir encore plus de
services reliés à l'assurance.
Allstate ne croit pas que le consommateur serait mieux servi ni que les
compagnies fonctionneraient plus efficacement en imposant des règlements
supplémentaires aux experts régleurs employés par un
assureur.
Allstate ne croit pas que le consommateur serait mieux servi par la
divulgation des commissions, des bonis, des avantages sociaux, etc.,
payés par les assureurs, et nous croyons que la majorité des
consommateurs seraient inutilement mêlés par ce
procédé.
Allstate appuie l'octroi de commission de référence, ceci
étant en conformité avec l'intention du
décloisonnement.
Allstate est d'accord que la pratique de vente liée ne devrait
pas être encouragée sous prétexte que cela signifie que la
vente d'un produit dépend de l'achat d'un autre.
Allstate ne croit pas à la nécessité d'une
réglementation supplémentaire concernant la
confidentialité des renseignements touchant le client. Notre compagnie
et notre expérience au sein de l'industrie indiquent actuellement une
sensibilité et une responsabilité vis-à-vis la
confidentialité d'informations relatives à l'assurance qui est
essentielle à l'évaluation adéquate des risques et
à la réduction des procédures et des coûts de
traitement au strict nécessaire.
Allstate est prête et disposée à continuer de
collaborer avec le gouvernement en vue d'apporter des changements significatifs
et acceptables à nos clients et à tous les consommateurs du
Québec.
Merci, M. le Président, M. le ministre Fortier, membres du
comité. Je suis à votre disposition afin de répondre
à vos questions.
Le Président (M. Baril): Merci, M. O'Brien. M. le
ministre.
M. Fortier: M. O'Brien, les Montréalais connaissent votre
compagnie parce que vous êtes parmi ceux qui avez donné,
semble-t-il, la meilleure protection à ceux qui ont été
inondés lors du déluge du 14 juillet. Vous avez été
bien meilleurs que le gouvernement. D'ailleurs, on pourrait en discuter tout
à l'heure de façon... une couverture beaucoup plus
étendue. Non, mais j'aimerais discuter avec vous. Je crois que votre
compagnie est connue pour l'efficacité de ses experts en sinistres
internes. Mais, quelqu'un m'avait dit aussi qu'au moment de l'inondation du
14 juillet, les experts de Montréal étaient
déjà partis à Winnipeg ou dans l'Ouest canadien parce
qu'il y avait eu une tornade là-bas et vous avez dû faire venir
des experts des États-Unis. Pourriez-vous nous expliquer, d'une part,
quel est le genre de couverture que vous aviez que les autres n'avaient pas?
D'autre part, de quelle façon avez-vous procédé pour
donner un service à la clientèle qui, d'après la
publicité que j'ai vue dans les journaux, semblait meilleur, ou le
règlement des sinistres, en tout cas, semble s'être fait plus
rapidement que d'autres compagnies ont pu le faire?
M. O'Brien: Disons que la couverture que nous avons pour cela est
pour le refoulement des égouts. C'est une couverture que nous avions
décidé de donner à nos clients. En somme, c'est un atout
de marketing qu'on avait et on s'est dit: Qu'est-ce qu'il n'y a pas dans le
domaine de l'assurance que les gens aimeraient avoir et que les autres
compagnies ne donnent pas?
M. Fortier: À quel moment avez-vous décidé
cela?
M. O'Brien: Je dirais qu'il y a environ quatre ou cinq ans. Cela
a été très bon, mais cela nous a coûté pas
mal de sous en même temps. Cela nous a aussi apporté beaucoup de
bonne publicité. Je vous assure que les gens qui ont eu l'avantage
d'être assurés chez nous et d'avoir leur chèque la semaine
suivante, et la majorité des gens ont été
réglés en dedans de deux semaines, ils ont été
très... Je pourrais vous montrer un fort nombre de clients qui nous ont
écrit, nous remerciant et étant bien heureux. En passant, notre
publicité à la télévision montre une vraie cliente
et on ne lui a pas dit quoi dire. Du côté du service concernant
les gens qui sont venus régler, disons que la situation qui s'est
passée dans l'Ouest est arrivée - c'est la tornade qu'il y a eue
dans l'Ouest - après le déluge.
M. Fortier: Ah, oui, après.
M. O'Brien: Cela n'a pas influencé. En somme, la raison
pour laquelle on avait des gens de l'Ontario et justement on avait des gens de
l'Ouest qui étaient ici pour venir nous aider à régler les
cas du déluge, ainsi que des gens des États-Unis un peu partout,
c'est le fait qu'on voulait régler nos sinistres vite. On a même
eu quelques plaintes au sujet du fait que des Américains ne parlaient
pas français, mais on a envoyé des employés qui n'avaient
pas le même niveau de qualification pour aller faire de la traduction
pour eux. On pensait que le service était important et les clients qui
ont eu à travailler avec ces gens-là ont été tous
d'accord pour dire qu'ils étaient très contents de la
rapidité des règlements.
M. Fortier: Qu'est-ce que vous avez fait pour la tornade qui est
arrivée après? Qui avez-vous envoyé? Les gens
étaient rendus ici, à Montréal?
M. O'Brien: On a pris des gens qui étaient ici, qui
venaient de l'Ouest. On a aussi pris des gens de l'Ouest des États-Unis
pour aller là.
M. Fortier: Ce n'est pas dans le document.
M. O'Brien: Notre directeur des sinistres me fait part qu'on a
une structure à la compagnie qui répond aux catastrophes
où on a des équipes qui sont formées principalement pour
cela et, donc, de gens qui sont venus d'ailleurs qui sont déjà
entraînés pour faire cela. Il y en a même gui arrivent avec
leur "jacket", avec "Allstate, Équipe de sinistres" écrit dessus.
C'est quelque chose, d'abord, qui arrive couramment aux États-Unis. Pour
nous aussi, c'était notre premier déluge et on l'espère,
notre dernier. Mais disons que le service que nos clients ont eu, ils en ont
été très impressionnés. Cela nous a amené
beaucoup de clientèle, en passant.
M. Fortier: Mais, comme vous l'avez dit, cela a dû vous
coûter très cher. Alors, c'est un "lost leader", comme on
l'appelle. Est-ce que vous recommanderiez cela à toutes les compagnies
d'assurances? Parce que si tout le monde perd de l'argent, tout à
l'heure, l'inspecteur va s'inquiéter de la santé
financière des compagnies.
M. O'Brien: Disons que, premièrement, à la suite de
cela, plusieurs compagnies au Québec ont décidé d'offrir
la même couverture. Donc, on n'est plus les seuls à avoir cette
couverture. Il y a des compagnies, dont le Groupe Commerce, qui l'ont et
plusieurs autres. Malheureusement, on n'a plus l'exclusivité. Cependant,
on a une police d'assurance propriétaire-occupant qui est très
avantageuse.
Pour ce qui est de la question du "lost leader", la façon dont
nous le voyons, c'est que cela nous a coûté 10 000 000 $ et disons
que c'est quelque chose qu'on est capable de prendre. C'est arrivé...
Qu'est-ce qu'on disait à la radio? On disait qu'on a cela une fois par
siècle. Donc, on l'a eu pour le siècle et on est bon pour les
prochains 99 ans, incluant cette année, s'il vous plaît.
M. Fortier: J'ai déjà vécu à un
endroit qui s'appelle Saint-Bruno, près de Montréal... Dans un
sens, vous encouragez un peu le vice, parce qu'il y a des municipalités
qui savent qu'elles ont un problème avec leurs égouts, mais qui
ne font rien pour les améliorer. Alors, si vous couvrez le
risque, vous encouragez la municipalité qui, elle, décide de ne
pas améliorer son réseau d'égout.
Alors, dans ce sens-là, est-ce que vous assurez ces
municipalités, même en sachant
qu'elles ont des problèmes d'égout? Les assurez-vous, de
toute façon?
M. O'Brien: On n'a pas limité nos territoires de vente
à ce sujet, à cause des municipalités où il y a
peut-être des problèmes avec cela. Disons que, moi-même, je
suis de Boucher-ville. À Varennes, il y a un secteur où cela
arrive assez souvent. Ce n'est pas tout le monde qui est assuré chez
nous et je pense bien que les autres résidents qui sont là et qui
ne sont pas contents vont certainement porter assez de plaintes que tes villes
devraient faire quelque chose d'elles-mêmes.
Je crois également qu'il y a certains consommateurs qui viennent
réclamer contre les municipalités. Donc, je pense que c'est
déjà assez pour prendre soin de cela. En même temps, par
exemple, si on regarde cela, on assure bien les automobiles contre le vol, mais
cela ne veut pas nécessairement dire non plus que nous encourageons les
voleurs d'automobiles, d'une autre façon.
M. Fortier: Est-ce que j'ai bien compris, par votre
mémoire, que vous nous recommandez, d'une part, de ne pas exiger de
permis pour les experts en sinistres qui travaillent pour votre maison? Est-ce
que vous recommandez la même chose pour les agents à
l'intérieur de chez vous?
M. O'Brien: Exactement. On dit d'abord que c'est la même
chose. On est responsable pour eux. Ils ont une très bonne formation.
N'importe laquelle de leurs erreurs est couverte et ils ont une formation -
comme je l'ai mentionné tantôt - supérieure à ce qui
est demandé et exigé par la loi ainsi que ce qui est offert par
d'autres associations.
M. Fortier: Donc, l'agent qui travaille chez vous, c'est votre
employé. Donc, il fait ce que la compagnie lui demande de faire. La
responsabilité de l'employé et la responsabilité de la
compagnie, c'est la même chose, à toutes fins utiles.
M. O'Brien: C'est exact.
M. Fortier: Pour la compagnie, vous obtenez un permis de
l'inspecteur des institutions financières qui vous donne un mandat
donné, dans un secteur donné, le secteur de l'assurance
générale ou de l'assurance-vie. À ce moment-là,
comment pourrait-on permettre à vos employés de se
décloisonner? Parce qu'en ce faisant, on permettrait à la
compagnie de se décloisonner.
Autrement dit, l'agent, ce n'est pas un agent indépendant; c'est
un employé de la compagnie.
M. O'Brien: C'est cela.
M. Fortier: Mais, à ce moment-là, comment
pourrait-on permettre aux employés de faire des choses que la compagnie
n'a pas le droit de faire? Parce que ce que vous nous demandez, dans le fond,
c'est: Donnez aux agents l'autorisation de faire telle et telle chose,
même si la compagnie n'a pas le droit de le faire. (22 h 30)
M. O'Brien: Disons qu'on ne demande pas cela.
M. Fortier: Non?
M. O'Brien: Nous demandons seulement que nos employés
soient capables de faire la vente de ce que nous avons à vendre et qui
est sous la responsabilité de la compagnie.
M. Fortier: Mais c'est parce que vous avez une recommandation
à l'effet de permettre aux agents de vendre d'autres produits
financiers.
M. O'Brien: Oui.
M. Fortier: Alors, ce sont des produits financiers qui ne sont
pas vendus par Allstate?
M. O'Brien: Ah non. Disons que la détermination visant
à savoir si on le vend ou pas n'est pas faite. En somme, en ce qui nous
concerne, nos agents vendent seulement pour nous. Nous sommes très
sévères à cet égard. Si un agent vend pour
quelqu'un d'autre et qu'on le découvre, il doit partir. C'est toujours
notre intention de faire cela parce que cela nous coûte cher pour
entraîner nos agents. On calcule que l'investissement qu'on fait en eux
nous revient.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous avez suscité la sympathie du ministre parce
qu'il avait peur que vous ne payiez trop les assurés et que vous ne
soyez en difficulté financière. Mais il n'a pas pensé que
cela pouvait être les sinistrés qui avaient des
problèmes.
J'ai remarqué ceci dans vos documents. Vous dites au paragraphe
Experts en sinistres: "Allstate a toujours cru et continue de croire que les
experts régleurs employés par un assureur - experts internes par
opposition à experts indépendants - constituent une
catégorie différente en raison de la façon dont ils sont
employés, formés et disciplinés, en vue de la protection
de la compagnie et du consommateur." Le premier but de l'expert est de
protéger la compagnie.
Un peu plus loin, vous revenez là-dessus. Vous dites: "Par
ailleurs, les experts en sinistres indépendants n'ont habituellement pas
de programme formel de formation et de surveillance et leurs relations
contractuelles génèrent un besoin
très différent." Que voulez-vous dire par "leurs relations
contractuelles génèrent un besoin très différent"?
Voulez-vous dire qu'ils vendent plus quand ils sont indépendants que
quand ils sont pour la compagnie?
M. O'Brien: Si je comprends bien, vous voulez savoir comment on
peut inclure le consommateur aussi bien que la compagnie en ce qui
concerne...
M. Garon: Premièrement, vous dites cela dans le permier
paragraphe, mais, ici, vous dites: "Par ailleurs, les experts en sinistres
indépendants n'ont habituellement pas de programme formel de formation
et de surveillance et leur relations contractuelles génèrent un
besoin très différent." Les relations contratuelles de
l'indépendant sont avec l'assuré. Vous dites
"génèrent un besoin très différent". Voulez-vous
dire que l'assuré est plus revendicateur quand il est
représenté par un expert en sinistres indépendant que
quand c'est un expert en sinistres qui est à l'emploi de la compagnie?
Est-ce bien ce que vous voulez dire?
M. O'Brien: Ce à quoi nous nous référons,
c'est que les assureurs indépendants sont des travailleurs
indépendants. Ils sont des entrepreneurs qui travaillent à leur
propre compte. Ils font leur propre entraînement. On ne le connaît
pas nécessairement, mais ils ont leur propre entraînement, alors
que, nous, nous avons notre propre entraînement pour nos employés.
On connaît l'étendue de l'entraînement qu'on leur donne,
incluant les points mentionnés ici qui leur sont assignés
concernant leur intégrité. Si on apprend qu'ils ont fait quelque
chose d'incorrect, on les remercie de leurs services.
M. Garon: Mais quand vous faites référence à
leurs relations contractuelles, pour les indépendants, qui
"génèrent un besoin très différent", vous parlez de
relations contractuelles entre eux et qui?
M. O'Brien: Et le client.
M. Garon: Et l'assuré.
M. O'Brien: Oui, c'est cela. C'est exact.
M. Garon: Donc, leurs relations contractuelles avec
l'assuré génèrent un besoin très différent.
Voulez-vous dire qu'ils sont plus revendicateurs?
M. O'Brien: Non. Ce n'était pas notre intention de dire
cela. C'est le fait que c'est leur affaire, si vous voulez. Ils ont leur propre
situation, contrairement à celle où nos employés
travaillent selon la formation de la compagnie. C'est très
différent. C'est difficile pour moi de vous décrire cela, mais si
vous étiez dans le milieu, peut-être que cela se comprendrait
mieux.
M. Garon: D'après ce que j'ai compris du premier
paragraphe, ceux que vous formez sont disciplinés. Vous dites qu'ils
sont "employés, formés et disciplinés en vue de la
protection de la compagnie d'abord et du consommateur,
M. O'Brien: Oui.
M. Garon: Mais quand ils ne sont pas formés par la
compagnie, vous dites qu'ils génèrent un besoin très
différent. Voulez-vous dire qu'ils ne protègent plus la
compagnie, qu'ils protègent seulement l'assuré ou le
consommateur? C'est ce qui m'apparaît évident à lire ces
deux paragraphes.
M. O'Brien: Pour nous, ces indépendants ne sont pas sous
notre contrôle, donc, c'est un besoin différent. C'est que le
besoin, quand on parle de réglementation, pour nous qui avons nos
employés n'est pas le même. Il est même très
différent pour celui qui fait cela comme indépendant et qui est
à son propre compte. Nous leur donnons la formation et on les suit. Pour
les indépendants, c'est une situation différente. Je ne veux pas
entrer dans leur façon de fonctionner ou quoi que ce soit, c'est
seulement que c'est différent.
M. Garon: Différent en quoi?
M. O'Brien: Ce n'est pas nous qui contrôlons la formation
des indépendants, tandis qu'on contrôle la formation de nos
propres experts en sinistres.
M. Garon: C'est drôlement dit si cela veut dire cela. Je
poserais une question à l'Inspecteur général des
institutions financières. J'aimerais savoir si on a déjà
fait des statistiques pour voir ce qui arrive quand l'assuré est
représenté par un expert en sinistres qui est employé
d'une compagnie, un expert en sinistres qui est indépendant et un expert
en sinistres qui travaille uniquement pour l'assuré? A-t-on fait des
statistiques là-desssus pour voir si les assurés sont mieux
indemnisés quand un expert en sinistres travaille pour eux que quand ils
s'assurent de protéger la compagnie autant que l'assuré?
M. Bouchard (Jean-Marie): Non, on n'a pas de statistiques comme
telles, mais la plus forte proportion des règlements de sinistres au
Québec se fait par l'entremise des experts en sinistres
indépendants mandatés par les compagnies d'assurances. En
réalité, les compagnies d'assurances ont un sytème double.
Les compagnies ont des experts à leur emploi et parfois, selon le lieu
du sinistre ou la nature du sinistre, pour certains cas, ils vont confier un
mandat à des
experts indépendants qui sont leurs mandataires, qui
négocient le règlement avec l'assuré.
En plus de cela, il y a les experts que vous allez entendre tout
à l'heure, le Regroupement des experts en sinistres pour l'assuré
qui est un groupe complètement indépendant qui lui, cet expert,
reçoit un mandat directement de l'assuré pour négocier
très souvent avec l'expert en sinistres de la compagnie à son
emploi ou l'expert en sinistres indépendant.
Comme question de fait, en termes de plaintes ou en termes de
réclamations chez-nous, on a très peu de plaintes du public sur
la façon dont les règlements de sinistres se font au
Québec, même si la plupart de la réglementation ou des
règlements de sinistres se fart par l'entremise des experts
indépendants.
Il ne faut pas oublier qu'une partie de ce problème est un peu
réglée par suite du fait que, dans le domaine de l'assurance
automobile, il y a des systèmes de répartition, des
systèmes d'évaluation qui sont établis par le GAA pour
l'assurance automobile.
M. Garon: II faut dire une chose. Dans le...
M. Bouchard: C'est une autre chose, mais c'est une partie
importante des dommages matériels.
M. Garon: Dans le domaine de l'erreur médicale, par
exemple, si on avait attendu le Québec pour payer un peu les gens qui
les subissaient, on n'aurait pas... C'est venu de la Californie et des
États-Unis où on a considéré que quelqu'un qui
était estropié par un médecin à 20 ans avait
peut-être droit à quelque chose de plus que le coût de
l'opération qui lui était remboursé. Alors qu'ici, on se
contentait à peu près de rembourser l'opération, on s'est
dit: Si la personne vit 50 ans, peut-être qu'elle a droit à un
revenu qu'elle aurait gagné si elle n'avait pas subi cette erreur
médicale. Ce n'est pas ici qu'on a innové dans ce sens-là.
Ce que je veux dire, au fond, c'est qu'actuellement on doit parler un peu de la
protection du consommateur. Je n'en vois pas beaucoup de protection du
consommateur. Dans tout ce dont on entend parler aujourd'hui, j'ai entendu
beaucoup de protection de la compagnie, de protection des entreprises, de
protection de quelqu'un qui gagne sa vie là-dedans, mais la protection
de l'assuré, je ne l'ai vue quasiment nulle part, sauf si on peut
anticiper qu'il va y avoir un peu de concurrence. À part cela, je n'ai
pas vu... J'en ai vu que le voeu pieux était là, mais
concrètement, je ne le sens pas. Quand on arrive au point de vue de
quelqu'un qui subit un sinistre, on fait venir les équipes des
États-Unis avec "expert en sinistres" sur leur "jacket". Je ne suis pas
certain que ce soit marqué...
M. Fortier: Ils ont eu leur chèque en 15 jours, ils
étaient contents.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu de cela entièrement. Je
comprends que quelqu'un soit content d'avoir un chèque
immédiatement. Mais il me semble qu'il y a une relation: Qui doit
être défendu dans tout cela actuellement? Est-ce la compagnie ou
l'individu? Je ne nie pas que le courtier qui travaille pour l'assuré
puisse chercher la meilleure indemnisation possible. Avec tous les
systèmes de commission, etc. que je ne connais pas parfaitement, je ne
suis pas convaincu non plus que, dans certains cas, il ne faille pas qu'il
déplaise trop non plus.
M. Bouchard: Remarquez que le système forme un tout. On a
mis en évidence, si vous vous rappelez, par exemple, la
possibilité pour le courtier d'agir comme experts en sinistres et vous
avez eu les experts en sinistres qui sont venus nous dire qu'il y avait un
certain danger parce que l'expert en sinistres, d'abord et avant tout, va
déterminer la nature véritable de la garantie de l'assuré.
Quand cela a été vendu par le courtier lui-même, il est
assez mal placé parfois pour dire au client: Votre couverture est
insuffisante ou n'est pas assez complète par rapport au sinistre que
vous avez subi. Mais tout de même, dans la pratique, les gens se
réfèrent, d'abord et avant tout, au tout début pour le
règlement d'un sinistre et communiquent avec leur courtier. Ils ne
communiquent pas avec la compagnie. La plupart du temps ils communiquent avec
un courtier.
M. Fortier: Ils ne connaissent pas la compagnie.
M. Bouchard: Ils ne connaissent pas la compagnie et le courtier
fait un bon bout de piste. C'est lui qui fait le travail auprès de la
compagnie et qui commence à préparer le terrain auprès de
la compagnie. Ensuite, l'expert en sinistres rentre en ligne de compte.
L'expert en sinistres rencontre les clients, bien sûr, mais il se fait
une espèce d'osmose. Le courtier, qui se fait un devoir de
représenter son client, suit le dossier. Il est en relation avec
l'expert en sinistres et ensuite, vous avez le complément quand c'est un
très gros sinistre ou quand, pour une raison quelconque, le client veut
recourir à un expert indépendant, il en a la possibilité.
Cela crée une situation composite qui fait qu'il n'y a pas de plaintes
du public; il n'a pas besoin de tuteur et il n'a pas besoin de l'Office de la
protection du consommateur pour le règlement du sinistre. Le public ne
se sent pas lésé par son règlement de sinistre. Et si vous
regardez les réclamations en justice par rapport au nombre total de
réclamations dans la province de Québec et les sinistres qui
surviennent, ce n'est pas considérable.
Le Président (M. Baril): Merci. Est-ce que vous avez un
commentaire, M. O'Brien?
M, O'Brien: II y a peut-être deux mentions que je pourrais
faire. D'abord, la raison pour laquelle on fonctionne principalement par
l'entremise de nos propres agents internes chez-nous, pour régler les
sinistres, c'est qu'en utilisant ces gens, ce n'est pas parce qu'on paie moins,
mais vu qu'ils sont à notre service, nos coûts sont moindres pour
fonctionner de cette façon. Si on pense que ceci fait que nos
employés vont payer moins aux clients qu'un autre le ferait, c'est
réglé sur une base équitable pour tous et la
première raison pour laquelle on fait cela c'est que si on ne fait pas
cela, les gens, une fois réglé chez nous, s'ils ont eu 50 $, 100
$ de moins et qu'ils ne sont pas contents, ils ne s'assureront plus chez nous
quand viendra le temps du renouvellement. Ils vont dire à tous leurs
voisins qu'ils se sont fait avoir et notre réputation va tomber à
l'eau. Cela ne nous intéresse pas du tout, pour 50 $ ou 100 $, que cela
se passe. Je pense que la chose qui régie le mieux cela c'est qu'on a un
produit qu'on vend et ce qu'on vend à la personne, quand elle
achète son assurance, c'est le bénéfice qu'elle va en
retirer quand II va lui arriver quelque chose. Si on ne lui fournit pas cela
d'une façon acceptable pour elle, c'est "bye, bye" la visite.
Le Président (M. Baril): Est-ce que j'ai le consentement
pour le député de Viger qui veut poser une question?
M. Fortier: Consentement.
Le Président (M. Baril): Consentement. M. le
député de Viger, s'il vous plaît.
M. Maciocia: Je voudrais poser à nouveau la question qui a
été posée par le ministre tantôt, en ce sens que
vous faites la recommandation suivante: Allstate appuie l'initiative du
gouvernement de vouloir augmenter les possibilités aux agents, aux
courtiers indépendants et aux agents captifs de fournir un vaste choix
de produits et des services financiers aux consommateurs du Québec. Par
conséquent, nous recommandons d'inclure la prise de dépôt,
des arrangements de prêts personnels et d'hypothèques à
leur gamme de produits et des services financiers. Or, ma question est la
suivante: Est-ce que Allstate offre déjà ces services? Si
Allstate ne les offre pas, comment justifier cette demande en
considérant que vos agents sont des employés de la compagnie?
M. O'Brien: Disons qu'on n'offre pas ces services
présentement. Peut-être qu'un jour on pourrait les offrir. On
croit que dans le marché, pour qu'il y ait une bonne compétition,
ce n'est pas nécessairement pour nous qu'on a mis cela, c'est pour
l'ensemble du marché. On est d'accord avec le principe voulant que, si
les gens ont l'expertise ils puissent vendre les différents produits
disponibles. En faisant cela on ne recherchait pas un atout particulier pour
nous. (22 h 45)
M. Maciocia: Je comprends, mais étant donné que la
compagnie ne les offre pas actuellement, cela veut dire que la compagnie
envisage la possibilité d'offrir ces gammes de services.
M. O'Brien: Pas nécessairement. On ne s'est pas
fixé de faire cela, mais il peut arriver qu'on veuille le faire à
l'avenir. Nous croyons que dans l'industrie, il devrait y avoir une bonne
concurrence, une bonne compétition. Plus il y en a, meilleur c'est pour
tout le monde. On est prêt à faire la concurrence aux autres sur
leur terrain.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Viger. Monsieur...
M. Garon: II y a quelque chose qui me frappe dans tout cela.
J'écoute tout cela et je remarque qu'on dit que s'il n'est pas bien
payé, il va s'en aller ailleurs, on va perdre la clientèle, etc.
On a dit tantôt de quelqu'un qui allait s'assurer dans une caisse
populaire, qu'il allait se faire organiser pour rester là. À un
moment donné il va y avoir moins de concurrence, les primes vont monter
et il va rester là, bien organisé par sa caisse. Je trouve qu'il
y a quelque chose qui ne marche pas.
M. O'Brien: Je ne peux parler pour les caisses populaires.
Peut-être que ce à quoi on voulait faire référence,
je ne voudrais pas parler pour les autres, c'est qu'il est pris là parce
que son prêt est là et le gérant lui dit: Tu gardes ton
assurance chez nous, c'est bien de valeur. Je ne veux pas suggérer des
idées à personne. Je ne suis peut-être même pas dans
la position pour répondre à cette question. Ce sont les gens des
caisses populaires qui devraient répondre à cela.
M. Garon: Dans une caisse, un client est en même temps un
membre.
M. O'Brien: Oui.
M. Garon: II a encore plus le droit de parole. Ce qui me frappe,
dans le fond, ce n'est pas cela. C'est quand le courtier dit: Si je ne le
traite pas bien, je vais le perdre comme client. Vous dites, comme compagnie:
Si je ne le paie pas bien, je ne l'indemnise pas bien, je vais le perdre comme
client.
M. O'Brien: C'est cela.
M. Garon: Depuis le début j'entends parier des caisses
populaires. On dit: La caisse populaire va créer un monopole et quand on
aura disparu elle va augmenter les prix et tout le monde va être
content quand même. Cela ne marche pas. S'il est mal traité par
sa caisse il va réagir de la même façon qu'il
réagit vis-à-vis
vous ou vis-à-vis le courtier d'assurances. Si la caisse ne paie
pas assez quand il y a un dommage, vous dites qu'il n'aura pas nos
services...
M. O'Brien: II va venir s'assurer chez nous. J'espère.
M. Garon: S'il est mal traité. Mais s'il est bien
traité, il va le dire à d'autres.
M. O'Brien: C'est exact.
M. Garon: S'il est mal traité, il va le dire à
d'autres aussi.
M. O'Brien: C'est cela.
M. Garon: C'est bon. Vous dites que si votre client connaissait
les primes, les taux, il serait mal pris. Vous dites: "La divulgation des
commissions présume que le consommateur est en mesure de décider
qu'est-ce qu'une rémunération "juste"." Un peu plus loin, vous
dites: "La provision pour des rabais de prime pourrait être la cause de
faillite de plusieurs agences au détriment du consommateur plutôt
que de créer un environnement concurrentiel." Cela veut dire que si un
produit coûte moins cher, cela va être dangereux pour lui. C'est ce
que vous dites. "Le rabais de prime pourrait aussi mener à
l'anti-sélection dans le processus de souscription par l'agent ou le
courtier si les bonis sont payés sur la base des niveaux de production."
J'avoue que j'ai mal compris, "...ce qui mènerait à son tour
à des primes plus élevées pour tous les consommateurs." Je
comprends mal le principe voulant que si le consommateur sait combien
coûte la commission et il peut avoir un rabais de prime, il va être
plus malheureux que s'il est au courant. Je ne comprends pas trop.
M. O'Brien: II y a beaucoup de choses qui font que si le
consommateur regarde la prime qu'il va payer et s'informe de la commission du
représentant, de l'agent, de quoi que soit, pour décider ce que
l'intermédiaire mérite comme rémunération... Comme
on dit dans l'exemple ici si on parle d'une prime de 60 $ et que la commission
est 10 $, |e ne sais pas combien de temps il va penser à cela et je ne
pense pas qu'il n'y ait personne dans les intermédiaires qui va
être vraiment intéressé à en parler non plus.
Cependant, ce qu'on dit dans l'exemple, c'est que si c'était tous des
cas comme cela, un courtier ou un agent ne pourrait pas fonctionner. Il faut
faire des profits. Si c'était tous des cas où, sur les primes,
c'était plus élevé et qu'il aurait à baisser la
prime, éventuellement il aurait de la difficulté à
survivre dans le domaine. Le courtier, l'agent, l'intermédiaire en
somme, ceux qui font leur vie avec cela comme il a été
mentionné tantôt, sont rémunérés sur une base
différente, basé un peu sur le travail qu'ils font. Il y a
certains intermédiaires qui font plus de travail que d'autres. En
d'autres mots, il y en a qui émettent les polices, il y en a qui ne les
émettent pas. Tout le processus est assez complexe. Il y a donc
différentes façons de rémunérer des gens, des
intermédiaires. Il y en a qui sont à salaire, il y en a qui sont
à salaire plus bonis, il y en a qui sont seulement à commission.
Comment le consommateur pourrait comparer cela? Dans le fin fond de la
situation, il perdrait plus son temps qu'autre chose. En somme, le
consommateur, ce qui l'intéresse, s'il est pour acheter pour 500 $ chez
nous ou au Groupe Commerce, si l'employé du Groupe Commerce
reçoit 10 $ et que le mien en reçoit 50 $, si le prix est de 500
S dans les deux places, quelle différence cela peut-il lui faire? Sauf
qu'il dit: Le service est peut-être meilleur d'une place à
l'autre. Ce n'est pas le montant de la commission qui importe vraiment au
consommateur, c'est le prix qu'il paye.
M. Garon: Oui, mais on pourrait le laisser évaluer
cela.
M. O'Brien: Pardon?
M. Garon: On pourrait laisser le consommateur... Là, vous
dites: On ne veut pas lui dire combien sont les commissions, parce qu'il
pourrait penser trop à cela.
M. O'Brien: Non, non, c'est que...
M. Garon: On pourrait le laisser réfléchir. Le
consommateur, c'est nous tous au fond.
M. O'Brien: Oui, oui.
M. Garon: Alors, pourquoi serait-il malheureux s'il savait
combien cela lui coûte de commission?
M. O'Brien: Ce n'est pas qu'il serait malheureux, c'est qu'il
aurait de la difficulté à comparer entre les différents
intermédiaires; combien est payé à un et combien est
payé à un autre. En réalité, on dit aussi dans le
mémoire qu'on n'est pas totalement à rencontre de ceci. Si on a
une base où on peut évaluer et comparer la même chose, on
compare des patates avec des patates, on est certainement d'accord pour le
faire. Mais ce qu'on dit aussi, c'est que c'est tellement compliqué
à cause des systèmes de rémunération, que de
comparer cela sur une base égale prendrait une bureaucratie
énorme. Donc si le consommateur pouvait épargner 10 $ quelque
part, cela lui coûterait plus cher seulement pour payer les gens qui ont
à administrer ce système; pour arriver à déterminer
si c'est un employé de la caisse qui est payé 100 $ par semaine
ou un agent qui est payé 30 $ pour cette commission; est-ce égal,
un versus l'autre.
M. Garon: Mais sur le compte, maintenant,
vous dites: C'est 9 % pour la taxe. Ce ne serait pas compliqué de
dire: La commission, c'est 20 %.
M. O'Brien: Ce n'est pas que c'est compliqué. Excusez-moi,
ce n'est pas compliqué du tout. C'est seulement que, par rapport aux 20
%, si on les comparait à un autre qui aurait 5 %, mais qui aurait un
boni et un salaire en plus qui feraient que sa commission deviendrait 22 %,
comment est-ce qu'on pourrait établir cela pour leur montrer? Si
c'était simplement cela, on serait entièrement d'accord avec
cela. Il n'y aurait aucun problème. Mais comment mettre cela sur une
base égale pour que le client, quand il compare, il compare la
même chose à une place avec la même chose à une autre
place. Ce n'est pas seulement la commission qui entre en ligne de compte, loin
de là. La commission est un des facteurs de la
rémunération d'un intermédiaire. Il y a beaucoup d'autres
facteurs. Prenons les caisses populaires encore. Qu'est-ce qu'eux vont indiquer
comme pourcentage de commission? 0 %? Ce n'est pas vraiment un pourcentage de 0
% de commission à un intermédiaire.
M. Garon: Oui, mais...
M. O'Brien: Ils ont des frais à payer pour payer les
salaires des gens qui sont là, etc. Cela fait que ce ne serait pas
comparer la même chose dans les deux situations.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Garon: Ce n'est pas plus compliqué qu'une compagnie
qui, par exemple, fait 1000 produits différents et doit savoir ses
coûts de production. Là-dedans, j'imagine que quand vous avez le
coûts des ventes, il y a tant pour les salaires, tant pour
l'administration, tant pour la matière première, tant pour ceci
et tant pour cela. Beaucoup d'entreprises doivent être toutes
décortiquées comme cela, justement pour pouvoir les
contrôler. Je suis convaincu que vous savez tout cela. Vous savez tous
cela.
Le Président (M. Baril): Alors, merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Fortier: Non, j'ai à peu près
terminé...
Le Président (M. Baril): Vous aviez à peu
près terminé?
M. Fortier: ...mes commentaires. Merci.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez des
remarques finales?
M. Fortier: Non.
M. Garon: Non? Je voudrais remercier...
M. Fortier: J'aimerais remercier le groupe Allstate d'être
venu. Il donne un appui au décloisonnement. Je crois qu'il est fier de
sa formation interne pour ses experts, ses agents. Vous avez une formule
gagnante pour votre compagnie. Ce que vous nous dites, dans le fond, c'est:
Laissez-nous les coudées franches, on fait un bon travail. En fait,
c'est le message que vous nous avez livré. On vous remercie d'être
venus témoigner de votre expérience au Québec. Merci.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Moi aussi, je vous remercie d'avoir accepté de
répondre à nos questions et de vous être
présentés pour donner votre opinion par rapport au livre qui
avait été déposé par le ministre au mois
d'avril.
Le Président (M. Baril): Merci. Je remercie le groupe
Allstate et lui souhaite un bon voyage de retour.
M. O'Brien: Merci beaucoup.
Regroupement d'experts en sinistres pour
l'assuré
Le Président (M. Baril): J'invite immédiatement le
Regroupement d'experts en sinistres pour l'assuré. Bonsoir, messieurs.
Si vous vouiez vous présenter, s'il vous plaît, et
présenter vos invités.
M. Labelle (Robert): Je m'excuse de vous retenir comme cela,
à la onzième heure. Nous tenterons d'être brefs. Je me
présente: Robert Labelle, président du Regroupement d'experts en
sinistres pour l'assuré. Je suis accompagné, à mon
extrême gauche, de Jean-Pierre Lefebvre, trésorier de Clairmont
Perreault, immédiatement à ma gauche, secrétaire, et
à ma droite, de Jacques Mochon, conseiller juridique de notre
regroupement.
Si vous me permettez, un petit préambule. En avril dernier, on a
reçu une lettre du président de l'Association des experts en
sinistres indépendants, M. René Godin, mentionnant qu'un
mémoire relativement au décloisonnement des intermédiaires
devait être présenté à la commission du budget et de
l'administration avant le 20 mal 1988.
Cette lettre mentionnait également que nos intérêts
étant différents, nous devions faire nos propres revendications
devant cette commission, même si plusieurs de nos membres faisaient
partie de cette association depuis longtemps et qu'ils en font encore partie
à l'heure actuelle. C'est la raison de notre présence ce
soir.
Le mémoire que nous avons déposé étant assez
court, vous me permettrez d'en faire la lecture. Je vous fais grâce de la
table des
matières et du résumé de ce mémoire.
Le Regroupement d'experts en sinistres pour l'assuré
représente dix bureaux de l'agglomération montréalaise,
dont certains avec bureaux dans d'autres villes du Québec, ainsi que
quelque 45 experts en sinistres qui, dans leur pratique quotidienne, agissent
prioritairement pour l'assuré, le consommateur.
Il existe des similitudes avec l'expert en sinistres dit
indépendant, qui agit pour l'assureur. Nous détenons le
même certificat d'exercice que les experts en sinistres dits
indépendants, lesquels agissent prioritairement pour les assureurs. En
effet, sur le plan légal, les deux groupes ont le même statut et
sont régis par la Loi sur les assurances et les Règlements
d'application de cette loi. S'il en est ainsi, c'est que les forces du
marché font que le premier groupe se lie prioritairement à
l'assuré, alors que le deuxième groupe se lie prioritairement
à l'assureur, tout comme c'est souvent le cas pour les avocats en
matière d'assurances ou de relations de travail.
Il existe également des différences entre ces groupes. Les
experts en sinistres agissant pour l'assuré ne sont pas liés par
contrat, mandat ou entente avec un assureur, et ne sont pas payés non
plus par cet assureur. Ils sont liés par contrat écrit ou verbal
avec l'assuré, et ils sont payés par ce consommateur.
Les experts en sinistres agissant pour l'assureur sont liés par
emploi, contrat, mandat ou entente avec l'assureur. Ils sont payés
également par l'assureur. En conclusion, l'expert en sinistres agissant
pour l'assuré est donc celui qui peut le mieux et de façon la
plus indépendante représenter l'assuré face a l'immense
industrie qu'est l'assurance, dont le consommateur ne comprend ou ne
soupçonne même pas tous les rouages et toutes les interrelations
existant entre tous les intermédiaires.
Qui est propriétaire de qui? Qui est mandataire de qui? En vertu
de quelle filiation, entente, contrat ou mandat? Qui paiera
l'intermédiaire se présentant à l'assuré,
c'est-à-dire au consommateur?
Il faut aussi ajouter qu'il y a des experts en sinistres au service des
assureurs. Ceux-ci ne sont pas tenus de détenir un certificat d'expert
en sinistres. Ils sont formés par les assureurs. Ils sont eux aussi
payés par l'assureur-employeur. Dans le milieu, on les appelle des
"captifs". (23 heures)
On a également des courtiers qui règlent des sinistres.
Les courtiers, comme les experts en sinistres agissant pour les assureurs, sont
liés aux assureurs pour leurs revenus par contrat d'agence, contrat de
souscription, etc., et par leur intérêt dans les commissions
contingentes qui leur sont payées par les assureurs, selon des volumes
de primes et selon des "lost ratios", c'est-à-dire des volumes de pertes
payées par rapport au volume de primes encaissées.
Ils ne sont donc pas totalement indépen- dants, bien qu'ils
soient des entrepreneurs autonomes. Ils sont en fait des entrepreneurs
autonomes sur le plan des affaires, mais leurs revenus proviennent de leurs
commissions payées par les assureurs en vertu de contrats d'agence les
liant à divers assureurs. L'assuré ne sait: pas combien le
courtier reçoit de l'assureur, rien n'obligeant le courtier à le
dévoiler. Cela peut créer des conflits d'intérêts
également, parce que qui paie, dicte.
Pour les raisons ci-dessus mentionnées, nous sommes convaincus
que si un assureur et tout autre intermédiaire se liant à lui et
se faisant payer par lui, prétendent pouvoir représenter à
la fois leurs intérêts corporatifs propres, soit le profit, en
même temps que l'intérêt de l'assuré-sinistré,
à qui l'assureur remet toujours une partie plus ou moins grande de ses
profits lorsqu'il l'indemnise de son sinistre, cet assureur et tout autre
intermédiaire lié à lui sont en conflit
d'intérêts, car, selon nous, qui paie, dicte.
À notre avis, cela pourrait entraîner une perte de
confiance du public envers les assureurs ainsi qu'envers le gouvernement qui
permettrait la survenance d'une telle situation, alors que l'on sait que le
gouvernement a toujours eu pour principale préoccupation la protection
du consommateur. Il a déclaré dans son livre vert ne pas vouloir
abandonner cet objectif, ni abdiquer ses responsabilités à cet
égard.
Le Président (M. Baril): Vous pouvez continuer.
M. PerreauH (Clairmont): On a décidé de diviser la
présentation du mémoire en deux. Je vais donc continuer. Les
objectifs du décloisonnement des intermédiaires. Le
décloisonnement des intermédiaires doit atteindre trois objectifs
principaux qui sont, par ordre d'importance selon nous: la protection du
consommateur, le bénéfice du décloisonnement,
c'est-à-dire l'obtention par le consommateur d'une plus grande
variété de services et de produits, même en régions,
et la préservation et l'amélioration de la confiance du public
envers les institutions financières concernées, dont les
assureurs.
Les réseaux interreliant les quatre piliers financiers et les
intermédiaires par le biais de filiales ou par des contrats de toutes
sortes (contrat d'agence, contrat de service, mandat, contrat de souscription)
feront surgir des conflits d'intérêts. Pour les éviter, des
dispositions précises aux lois et règlements devront être
élaborées pour obliger ces institutions, intermédiaires et
réseaux à divulguer aux consommateurs leurs liens de
propriété, de filiation, de dépendance ou leurs liens
contractuels entre eux, qu'ils soient écrits ou verbaux, leur mode de
rémunération, leur rémunération, qui les paie
directement en remontant jusqu'à l'émetteur du produit vendu et
avec qui ils partagent leurs revenus, le cas échéant, le nom et
les coordon-
nées de l'organisme de surveillance et de contrôle quant
à la déontologie qui les gouverne, c'est-à-dire à
qui le consommateur pourra porter plainte.
Concernant la formation et la compétence. Tout en
protégeant les droits acquis des experts en sinistres détenant un
certificat ou déjà au service d'un assureur à titre
d'experts en sinistres ou des courtiers qui actuellement règlent des
sinistres pour les Lloyd's, toutes les personnes désirant à
l'avenir faire de l'expertise en sinistres devraient obtenir un DEC et faire
une année de stage avant de recevoir leur certificat d'expert en
sinistres. Cette formation ne devrait plus être laissée aux
compagnies d'assurances et aux importantes firmes de courtage, mais
plutôt être faite par l'encadrement des différentes
institutions d'enseignement du Québec, puisque, par ailleurs, et tel
qu'il appert du livre vert, les assureurs cherchent des personnes
compétentes et orientent davantage leur choix vers des
représentants ayant des qualifications supérieures pour se les
associer dans la mise en marché de produits sophistiqués. Les
exceptions prévues à l'article 349 de la Loi sur les assurances
peuvent, quant à nous, continuer d'exister.
Champ de pratique des experts en sinistres et exclusion des autres
intermédiaires. Actuel: Le champ de pratique de l'expert en sinistres
devrait demeurer celui énoncé à l'article 1 de la Loi sur
les assurances à l'exclusion de tous les autres
intermédiaires.
Élargi: Ce champ, en vertu du même certificat, pourrait
être élargi permettant aux experts en sinistres d'agir dans une
situation "avant sinistre" ou dans une situation de responsabilité
civile non couverte par les assurances.
Non un intermédiaire des marchés, mais un maillon
important. Nous croyons que si l'expert en sinistres n'est pas un
intermédiaire de marché quant à la vente, il demeure un
maillon important de la chaîne des assurances face aux consommateurs
quand il y a réalisation du risque, c'est-à-dire sinistre, auquel
cas il y a consommation du produit au moment du règlement du
sinistre.
Liberté d'action et de représentation. Certains experts
choisiront d'agir pour l'assureur et d'autres pour l'assuré.
Obligation de divulgation au consommateur. Pourvu que chacun divulgue
qui lui a donné son mandat, qui le paie, combien et de quelle
façon, le consommateur sera plus en mesure d'apprécier et de
comprendre les interrelations avec les intermédiaires et les
réseaux, et il sera mieux placé pour choisir: de se faire
représenter par un expert en sinistres qu'il paiera lui-même ou de
se représenter lui-même face à son assureur et à
l'expert en sinistres mandaté par l'assureur, qu'il soit au service de
l'assureur ou un mandataire dit indépendant de l'assureur.
Revenus des experts en sinistres. Nous suggérons que les revenus
d'un expert en sinis- tres puisse être un salaire ou des honoraires
à l'heure, à forfait ou à pourcentage, laissant au
marché et à la libre concurrence le soin de l'établir.
Encadrement, contrôle, surveillance, déontologie et
autoréglementation. Encadrement et contrôle: conseil d'expertise
en sinistres. Tous les experts en sinistres devraient être astreints
à faire partie d'une association professionnelle qui contrôlerait
les activités des experts en sinistres employés des assureurs,
des experts en sinistres autonomes agissant pour l'assureur, des experts en
sinistres autonomes agissant pour l'assuré et des courtiers
réglant des sinistres pour les Uyod's.
Surveillance, déontologie et autoréglementation. Cette
association devrait être contrôlée et dirigée par des
experts en sinistres seulement. Tous les paliers décisionnels de
direction devraient être composés d'un nombre égal
d'experts en sinistres agissant pour l'assureur, employés ou
mandataires, et d'experts en sinistres agissant pour l'assuré.
Le conseil d'experts en sinistres autorégle-menterait ses membres
quant à leur pratique professionnelle, c'est-à-dire
définirait les règles relatives à l'éthique de la
profession, les actes dérogatoires et la discipline, et
déterminerait les conditions d'admission, de suspension, de radiation et
de réinsertion de ses membres. Ce conseil en outre verrait à
l'établissement et au bon fonctionnement d'un comité
d'éthique, d'un bureau de discipline et de tout autre comité
jugé nécessaire ou utile au bon fonctionnement de la profession
d'expert en sinistres.
Indépendance d'exercice et restrictions. Les experts en sinistres
agissant pour l'assuré ne pourraient pas faire partie d'un réseau
ou d'un bureau multidisciplinaire et ne pourraient pas être, directement
ou indirectement, ou de quelque manière, la propriété
totale ou même partielle d'un assureur ou d'une personne reliée
à un assureur.
Les experts en sinistres autonomes, ne faisant pas partie d'un bureau
multidisciplinaire ou d'un réseau, pourraient agir parfois pour
l'assureur, parfois pour l'assuré, pourvu évidemment qu'ils
n'agissent pas pour les deux dans le même cas, dans le même
sinistre, et pourvu qu'ils se soumettent aux obligations de divulgation
ci-dessus relatées auprès du consommateur.
Un expert en sinistres qui ferait partie d'un bureau multidisciplinaire
ou d'un réseau ne pourrait plus agir pour l'assuré tant et aussi
longtemps qu'il serait dans cette situation.
Je cède la parole, si vous me le permettez, au président
pour conclure.
M. Labelle: Système d'indemnisation. Le livre vert
déplore le défaut d'indemnisation au niveau de tous les
intermédiaires. Nous sommes d'avis qu'un système d'indemnisation
par cautionnement, par assurance ou par un fonds d'indemnisation devrait
être établi. Nous soulignons
toutefois à la commission qu'en vertu de la Loi sur les
assurances, les experts en sinistres ont un système d'indemnisation par
le moyen du cautionnement et ce, en vertu de l'article 353 alors que, par
exemple, un tel système d'indemnisation n'existe pas pour les agents et
les courtiers, parce que les articles 337 à 339 ne sont pas en
vigueur.
De plus, l'article 352 de la Loi sur les assurances dit: "Les
administrateurs de toute corporation agissant à titre d'experts en
sinistres ainsi que les dirigeants et employés d'une telle corporation
qui sont en même temps des actionnaires sont, dans tous les cas où
ils possèdent un certificat, solidairement responsables avec la
corporation de tous les dommages subis par des tiers et dont la corporation
dort répondre par suite de la faute professionnelle d'une personne par
le truchement de laquelle elle a agi".
Alors que cette responsabilité, pourtant prévue à
l'article 339 de la Loi sur les assurances, n'existe pas pour les agents
d'assurances, parce que ledit article n'est pas en vigueur.
Nous soumettons donc que lesdits experts en sinistres offrent dès
lors une meilleure protection au chapitre de l'indemnisation que celle que tous
les autres intermédiaires susmentionnés peuvent offrir.
Préservation et amélioration de la confiance du
consommateur envers les assureurs. Nous suggérons que les assureurs,
directement ou par l'intermédiaire des experts en sinistres à
leur service, ou dit indépendants qui les représentent, soient
obligés aux mêmes divulgations que celles relatées
auparavant dans ce mémoire. Nous suggérons que cette obligation
leur soit faite, tant lorsqu'ils font affaire avec le consommateur que dans
toutes leurs campagnes publicitaires ou de marketing portant sur les sinistres
ou leur règlement.
En conclusion, nous serions en conséquence d'accord avec la
création d'un conseil d'expertise en sinistres, indépendant des
autres conseils, mais se rapportant directement à l'Inspecteur
général des institutions financières, dans fa mesure
où le conseil sera doté de pouvoirs réels sur ses membres,
étant entendu que les règlements devront être
approuvés par l'Inspecteur général des institutions
financières. Ensemble, nous pourrons alors efficacement protéger
le consommateur en matière de règlement de sinistres, les
assureurs étant très bien structurés pour se
protéger eux-mêmes.
Je vous invite à consulter le petit schéma qui est
annexé au mémoire. Ce schéma illustre une hypothèse
des contrôles qui pourraient être exercés sur les
intermédiaires regroupés en cabinets multidisciplinalres. Si vous
voyez, dans tout le tableau, il n'y a pas d'experts en sinistres. Nous
suggérons que les experts en sinistres qui sont dans une boîte
appelée "cabinet mul-tidisciplinaire" donc, qui sont liés aux
assureurs, puissent tout de même faire partie d'un conseil d'expertise en
sinistres qui regroupe également le "E" à la droite, en bas, soit
des experts en sinistres qui représentent les assurés, mais se
rapportant directement à l'Inspecteur général des
institutions financières. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Labelle. M. le
ministre.
M. Fortier: Au début, vous dites que le Regroupement
d'experts en sinistres pour l'assuré représente dix bureaux de
l'agglomération montréalaise. Pourriez-vous nous donner un
exemple d'un des bureaux? Combien y a-t-il de personnes qui y travaillent?
Quelle est l'importance du bureau? On peut prendre un bureau moyen. Un bureau
moyen est constitué de combien de personnes chez vous? Est-ce une, deux
personnes?
M. Labelle: Un bureau moyen est d'environ cinq ou six
personnes.
M. Fortier: Vous avez, quoi, 50 personnes dans votre
association?
M. Labelle: Environ, M. le Président.
M. Fortier: À l'occasion, est-ce que vous travaillez pour
l'assureur ou est-ce que vous travaillez uniquement pour l'assuré?
M. Labelle: Non, nous travaillons exclusivement pour
l'assuré. On me fait remarquer que la plupart des experts en sinistres
qui représentent les assurés ont déjà une
expérience basée sur le travail qu'ils ont effectué
antérieurement pour les assureurs. (23 h 15)
M. Fortier: Prenons un cas spécifique. Dans quel genre de
cas spécifique pouvez-vous travailler pour un assuré? Autrement
dit, j'ai un feu chez moi. Quelle est l'importance? J'imagine que s'il s'agit
d'un petit feu de 300 $, cela ne vaut pas grand-chose. Donnez-moi donc un
exemple de cas précis où vous intervenez et de quelle
façon vous le faites.
M. Labelle: Est-ce que vous permettez que je donne l'occasion de
répondre à M. Lefebvre?
M. Fortier: Oui.
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Notre intervention arrive assez
rapidement, il faut le dire, parce que les obligations d'un assuré lors
d'un sinistre... Il est sous le coup de l'émotion et du choc, et il faut
faire face à des urgences primaires. Il faudrait peut-être enlever
l'eau qui est dans le sous-sol, faire barricader, faire installer du chauffage
temporaire. Ce sont des actes que l'on peut poser immédiatement au
début, et ensuite protéger, tel que requis aussi par les
assureurs, les biens dans la mesure du
possible. On peut les faire déménager et les faire envoyer
en entreposage afin de les sauver ou en sauver une partie. Ce sont les
premières approches qu'on va faire dans une réclamation; le
guider, parfois même le loger. Cela peut arriver, surtout les fins de
semaine, alors qu'il lui est impossible de rejoindre son assureur et encore
moins son courtier et la compagnie d'assurances qui vont peut-être ne
venir que le lundi ou le mardi. On fait les premières démarches.
On le guide comme il faut. Nous avons généralement à notre
emploi des experts pour barricader, par exemple, ou même des plombiers et
des électriciens. Ensuite, lors de la préparation de l'estimation
ou de la réclamation, on emploie aussi des experts en
équipements, selon les besoins, qu'ils soient ingénieurs ou
autres.
M. Fortier: Quelle est l'importance du sinistre qui fait que vous
pouvez intervenir? Est-ce que vous parlez d'un gros feu, d'un petit feu?
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Tous les feux. Si c'est un petit,
comme vous avez dit tout à i'heure, de 300 $, on peut le conseiller.
Cela ne veut pas dire qu'on ne prendra pas son cas. On va même le
rassurer, parce qu'on est l'un des premiers arrivés sur les lieux. Il a
besoin d'informations sécurisantes. On va lui dire comment
procéder. J'ai vu même des cas où le courtier dit: Ne
touchez à rien. Si c'est un feu d'huile à patates frites sur un
poêle, ils ont besoin de leur cuisinière. On prend le chaudron, on
le met dans le garage et on lave un peu la cuisinière, car souvent elle
peut fonctionner quand même. Il dit: Mon courtier m'a dit de ne toucher
à rien. On arrive deux jours après et ils mangent au restaurant.
Il peut se faire dire qu'il n'est pas assuré pour les frais de
subsistance, parce qu'il aurait pu laver son poêle. Il faut les
sécuriser. Il n'y a pas d'importance de sinistre.
Il y a les risques commerciaux. Si on agit rapidement, l'assuré
va être capable de réinstaller son opération très
rapidement, à moindre frais pour tout le monde, et même pour les
assureurs. S'il reste là pour une fin de semaine - on a des cas à
la tonne - qu'il attend les assureurs... Ils ne négligeront pas de
venir, mais ils viendront quand le bureau sera ouvert. Cela peut
dégénérer en plusieurs dommages.
M. Fortier: Comme vous êtes payés à la
commission, si c'est un petit feu, si vous êtes payés 10 % de 300
$, cela fait 30 $, vous n'avez pas grand temps...
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Non... M. Fortier: ...à
passer.
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Vous avez raison, mais le fait de
sécuriser quelqu'un qui vous appelera peut-être un jour pour
quelque chose de plus sérieux, c'est un service.
M. Fortier: Vous conseillez la personne en lui disant:
Étant donné votre police d'assurances, allez à
l'hôtel, etc. Vous lui conseillez d'engager des dépenses avant
même que l'assureur l'ait approuvé?
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Oui. Je vous parle surtout des cas qui
arrivent le soir ou la fin de semaine. C'est comme la maladie, cela frappe
à n'importe quelle heure. Il faut faire quelque chose. Durant les
fêtes, quand les compagnies sont fermées pour quatre, cinq jours,
et que vous avez besoin d'une génératrice; ce n'est pas tout le
monde qui peut fournir une génératrice, le barricadage. Il a
déjà fallu que je loue un motel à une famille.
C'était la veille de Noël et il n'y avait absolument rien.
M. Fortier: C'est plus que des conseils professionnels, vous les
dépanner.
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Oui.
M. Fortier: Vous êtes des dépanneurs en plus.
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Ce n'est pas cela, c'est
peut-être un mot... Ayant l'expérience, comme on l'a dit tout
à l'heure, ayant travaillé pour les assureurs avant, on
n'engagera pas une dépense qui ne sera pas couverte. On connaît
les polices d'assurances. On a la police d'assurance devant nous la plupart du
temps. On va dire: Vous avez droit aux frais de subsistance. Vous avez droit
à ceci, vous avez droit à cela.
M. Labelle: M. le ministre, si vous permettez.
Le Président (M. Baril): M. Labelle.
M. Labelle: M. Perreault aurait un petit point additionnel
là-dessus.
M. Perreault: Oui. C'est ce que mentionnait M. Lefebvre. Nous
intervenons très rapidement dans le but, évidemment, de
protéger les biens de toute aggravation d'abord. Il y a plusieurs sortes
de contrats d'assurance qui sont vendus, dans le résidentiel comme dans
le commercial. Il y a des choses qui sont couvertes, et d'autres qui ne le sont
pas. Il est bien sûr qu'on ne fera pas faire des choses à
l'assuré, qu'il devrait faire ou qu'il pourrait faire, si elles ne sont
pas couvertes en vertu du contrat. On n'engagera pas de dépenses qui ne
sont pas assurées. Sauf qu'il peut arriver dans certains cas, s'il n'est
pas couvert, par exemple, pour les frais additionnels de subsistance, qu'on
s'organise pour le relocaliser. On va l'aviser évidemment qu'on ne peut
pas engager de frais. Soit qu'il se relocalise chez des parents ou des amis
pour quelques jours, et
les réparations devraient commencer rapidement.
M. Labelle: M. le ministre, du point de vue juridique, notre
conseiller nous fait aussi remarquer une chose. Est-il possible de lui donner
la parole?
Le Président (M. Baril): Oui, oui. Allez. Cela nous fait
plaisir.
M. Mochon (Jacques): L'article 2589 du Code civil prévoit
explicitement que "l'assuré doit faciliter le sauvetage de la chose
assurée et les vérifications de l'assureur. Il doit notamment
permettre à l'assureur et à ses représentants la visite
des lieux et l'examen de la chose assurée".
On imagine un feu à la veille de Noël, comme l'a
mentionné M. Lefebvre. Si la compagnie vient dans quatre jours et que
les ouvertures ne sont pas bouchées, qu'il n'y a pas de
génératrice, pas de chauffage, on peut imaginer une aggravation
des dommages qui ne sont pas couverts, parce qu'on aurait pu faire barricader,
faire chauffer et ainsi, la tuyauterie ne se serait pas brisée,
entraînant d'autres dommages qui ne sont jamais couverts, ni en vertu de
la loi, ni en vertu des dispositions qui sont dans les contrats d'assurance.
C'est de prendre l'intérêt de l'assuré que de l'avertir
rapidement. Peu d'assurés le savent, même si nul n'est
censé ignorer la loi. Merci.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Vous dites à la page 6 de votre mémoire
que vous souhaitez qu'un diplôme d'études collégiales soit
l'exigence de base pour devenir expert en sinistres. Quelle est l'exigence
actuelle? Considérez-vous que la formation offerte actuellement est
adéquate?
M. Labelle: Ici, à l'heure actuelle, les experts en
sinistres sont quand même obligés d'avoir au moins un secondaire V
et de suivre des cours de l'Institut d'assurance avant de pouvoir avoir un
permis d'expert, classe II, comme on l'appelle. Ce que nous aimerions
grandement, c'est que le niveau de scolarité soit haussé afin
que, pour être expert en sinistres, on soit obligé d'avoir au
moins un diplôme d'études collégiales. On suggère
même de faire une année de stage dans un bureau d'experts en
sinistres avant de pouvoir se dire expert en sinistres. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Garon: Mais considérez-vous que la formation offerte
actuellement à un expert en sinistres est suffisante? Si vous
considérez que le niveau de formation doit être haussé,
est-ce parce que vous considérez qu'il ne correspond plus aux
besoins?
M. Labelle: C'est qu'à l'heure actuelle, il y a
peut-être certaines déficiences, mais il y a place à
l'amélioration dans un système.
M. Mochon: Si vous permettez.
Le Président (M. Baril): Allez, M. Mochon.
M. Mochon: C'est que même dans le livre vert, on
décèle à la page 56, que certaines compagnies ou certains
courtiers n'ont pas l'encadrement pour donner la formation, soit dans la vente
des produits d'assurance. Ce doit être la même chose dans les
produits d'expertise. Le constatant dans le livre vert, qui est une
constatation générale de ce qui se passe, notre recommandation,
d'après ce qui se fait dans le domaine, est d'aller vers le DEC, en
utilisant le système d'éducation, comme cela a été
demandé de le faire au Barreau, soit de changer leur école
d'éducation pour une école de formation.
M. Garon: Vous parlez d'un DEC en quoi?
M. Mochon: Un DEC en assurances. Cela pourrait être une
classe de tous les programmes. Je ne veux pas me poser en expert en assurance,
mais cela pourrait être cela. Il y a plusieurs cours qui se donnent, mais
on sent dans votre livre vert que vous constatez une disparité d'un
endroit à l'autre. Alors, une uniformisation uniformiserait la formation
de tout le monde, comme des ingénieurs, des avocats ou des comptables et
serait à l'avantage de tout le monde, donc, du consommateur.
M. Garon: Vous dites que vous avez dix bureaux d'à peu
près cinq personnes, donc, une cinquantaine de personnes. Vous existez
depuis combien de temps et comment se fait-il que les experts en sinistres pour
l'assuré ne se soient pas développés davantage? De quelle
façon vous faites-vous connaître auprès de votre
clientèle?
M. Labelle: La plupart des bureaux d'experts en sinistres sont
quand même assez récents. Par contre, il y en a qui existent
depuis 50 et 60 ans. Vous me demandez également quelle forme de
publicité on peut...
M. Garon: Non, j'ai dit: Pour vous. Vous l'avez
déjà été pour les assureurs. Donc, ce sont les
assureurs qui vous engageaient. Là, vous êtes pour les
assurés et vous réservez vos services pour les assurés. De
quelle façon le transfert s'est-il fait et de quelle façon vous
organisez-vous pour être engagés par les assurés?
M. Labelle: Je voudrais bien comprendre votre question. Est-ce
que vous voulez connaître la façon dont on travaille? Non?
M. Garon: Vous êtes des experts en sinistres pour
l'assuré.
M. Labelle: Oui.
M. Garon: Autrefois, vous étiez experts en sinistres
indépendants pour les assureurs.
M. Labelle: Oui.
M. Garon: Vous avez décidé de spécialiser
vos services pour l'assuré.
M. Labelle: C'est exact.
M. Garon: Vous dites qu'il y en a qui existe depuis 50 ans, mais
la plupart, comme j'ai pu comprendre, n'existent pas depuis un très
grand nombre d'années. De quelle façon...
M. Labelle: Le transfert s'est-il effectué? M. Garon:
Oui, c'est cela.
M. Labelle: On peut prendre comme exemple M. Lefebvre,
moi-même ou M. Perreault. On a déjà travaillé pour
les assureurs, 10, 15 ou 20 ans et on a été appelés
à négocier avec des experts en sinistres au moment où on
travaillait pour les assureurs, mais ces experts en sinistres
représentaient l'assuré.
On a quand même cru déceler que c'était un besoin
qui existait, que le consommateur soit représenté dans des
sinistres d'importance. À ce moment-là, on nous a peut-être
fait certaines approches pour qu'on puisse, sans changer notre permis d'experts
en sinistres, travailler pour les assurés.
M. Garon: Pour le faire, selon la façon dont vous le
faites maintenant pour les assurés, considérez-vous que
l'assuré a un plus grand avantage que lorsqu'il vous engageait quand
vous étiez experts en sinistres Indépendants pour l'assureur?
M. Labelle: Sûrement qu'il y a un grand avantage pour le
consommateur à faire appel aux services d'un expert qui va travailler
exclusivement pour lui. Premièrement, il y a quand même la
formation qui est là, la compétence, les services qui sont
rattachés à cela, parce qu'on se dit peut-être qu'un expert
en sinistres qui représente un assuré est
rémunéré en commission. Mais cela englobe beaucoup de
services dans cette commission. On offre les services d'expertise sur des
bâtiments, d'expertise dans de l'équipement, d'expertise dans des
biens personnels, d'une préparation de l'interruption des affaires par
un service de comptabilité. Tous ces services sont inclus dans ce qu'on
va offrir, en premier lieu, à un sinistré.
M. Lefebvre (Jean-Pierre): Si je peux ajouter quelque chose, il y
a aussi le fait que l'assuré doit représenter sa
réclamation et faire face à des moyens illimités qu'ont
les assureurs et aussi aux batteries d'experts. Il est tenu de
représenter sa réclamation, mais comment fait-il pour faire cette
réclamation? Il va voir un entrepreneur. D'après la Loi sur les
assurances, vous avez des experts en sinistres mandatés seulement
spécifiquement pour l'évaluation. Il ne peut pas retenir les
services de cet expert parce que, 99 % du temps, il travaille pour l'assureur.
Il est démuni, il est devant un contracteur qui n'a pas
l'expérience ni l'expertise et qui va lui faire cela sur une page.
Souvent les ajusteurs ou les experts en sinistres vont dire: Je ne peux pas
régler votre cas avec cela, parce que...
Le Président (M. Baril): Je m'excuse, messieurs. Le devoir
des députés c'est qu'à ce temps-ci de l'année on
est obligé d'aller voter. On est appelés en Chambre, nous devons
terminer la commission à cette heure.
M. Garon:...
Le Président (M. Baril): Je comprends, mais je ne sais pas
combien de temps cela va prendre de l'autre côté avant que le vote
se fasse. Est-ce que vous voulez faire attendre ces gens jusqu'à ce
qu'on revienne?
Une voix: Allez remplir votre devoir, on va attendre.
Le Président (M. Baril): Nous allons suspendre les travaux
jusqu'après le vote.
(Suspension de la séance à 23 h 31)
(Reprise à 23 h 42)
Le Président (M.Baril) : À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux après avoir, encore une fois,
gagné le vote.
M. Labelle, allez.
M. Labelle: Est-ce que c'est possible de laisser la parole
à M. Clairmont Perreault. Il aurait quelques petits points à
éclairer.
Le Président (M. Baril): Allez.
M. Perreault: Bon, voici, M. le Président. Tantôt -
je ne veux pas parler contre un assureur - on se sentait un peu mal à
l'aise de parler contre les assureurs. On ne veut pas parler
nécessairement contre les assureurs, sauf qu'à un moment
donné ils ont dit qu'ils avaient réglé des sinistres
d'inondation, à Montréal en particulier, et les gens ont
été très rapidement réglés. Mais nous savons
que les experts en sinistres captifs pour les assureurs avaient pour mission de
régler sur place, de signer la preuve de perte et de donner un
chèque immédiatement, rapidement, pour se faire du marketing,
comme
d'ailleurs le représentant de Allstate l'a signalé. Mais,
la ville de Montréal a retenu des experts en sinistres comme nous ou
comme d'autres et on a fait l'évaluation de tous les dommages dans
l'optique que le gouvernement verrait à indemniser ces gens-là
plus tard, s'il décidait de les indemniser. Nous avons constaté,
par exemple, que certaines gens ont été réglés
rapidement, comme cela; ils ont eu 1800 $ et ils étaient très
heureux. Mais, après avoir passé avec nos évaluateurs, nos
techniciens, nos ingénieurs en bâtiment ou des techniciens en
équipement ou en contenu, on a réalisé que souvent les
dommages étaient de 12 000 $, 15 000 $, 18 000 $ ou 20 000 $. Les gens
avaient reçu d'eux 1000 $, 1500 $, 1800 $, 2000 $, mais, il y avait des
dommages qui étaient cachés et qui n'étaient pas visibles.
Les gens ont été réglés très rapidement,
mais vous aviez, par exemple, des sous-sol finis où en dessous des
planchers c'était pourri, même que les champignons sortaient. Vous
aviez des isolations dans les murs à un moment donné ou l'eau...
Vous savez que l'isolation sert de buvard, alors il fallait qu'ils
défassent tous les murs. L'électricité était
affectée et toutes ces choses-là. Les gens avaient
été réglés très vite, mais après coup
ils se sont rendu compte qu'il y avait parfois dix fois plus de dommages que ce
pourquoi ils avaient été réglés. C'est ce
point-là que je voulais apporter.
Le Président (M. Baril): M. le ministre. M. Fortier:
Cela va.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Avez-vous d'autres cas?
M. PerreauK: Oui, on a d'autres cas bien particuliers. Notre
intervention sur un sinistre est très rapide, comme le signalait
tantôt mon confrère, dans le sens qu'on veut protéger les
biens d'abord de toute aggravation de dommage et Informer le consommateur,
l'assuré, de ses droits en vertu d'un contrat d'assurance. On sait que,
comme tout le monde, quand on reçoit un contrat d'assurance on regarde
la prime et personne ne se préoccupe, si vous voulez, des conditions de
la police. On ne regarde pas cela, alors qu'on sait qu'il y a de multiples
conditions dans un contrat d'assurance et il y a bien des choses que la
personne ne sait pas qu'elle peut réclamer. Alors, nous, on l'informe de
tous ses droits. Souvent des gens, pour la question d'avoir de l'argent
rapidement, s'il n'y a pas d'intervenant ou de personne qui va les conseiller,
vont accepter le règlement. Ils ne se plaignent pas, mais ils ont eu
cela et ils vont dire à d'autres: On a eu un maudit règlement qui
ne tient pas debout. Finalement, les gens disent: On va se reprendre sur un
autre ou... Mais il y a toujours des dommages que les gens ne voient pas. Il y
a des clauses du contrat d'assurance dont les gens ne se prévalent pas.
Nous sommes là pour les informer et pour les protéger, du fait
qu'on a l'expérience du côté des assureurs, qu'on a en
majeure partie, nous ici à la table, 10, 12, 15 ou 20 ans
d'expérience du côté des assureurs. On a travaillé
pour les assureurs et il est sûr, comme on le mentionne dans le
mémoire, que "qui paie, dicte". On n'a pas intérêt, quand
on représente un assureur, de nécessairement informer
l'assuré et de lui dire: Tu as le droit de réclamer ceci ou cela.
Au lieu que la personne ait droit à un montant de 100 $ pour un meuble,
l'assureur va dire: On t'offre 50 $ ou 25 $, basé sur une
dépréciation; il y a tout l'aspect de la
dépréciation. Enfin, il y a tellement de choses à
considérer, quand il y a un règlement de sinistre, que
l'assuré ne connaît pas, mais nous sommes là pour
l'informer et réclamer le maximum. On essaie de lui faire avoir 100 $
dans la piastre, ce à quoi il a droit en vertu des conditions de la
police, avec nos experts, nos ingénieurs-comptables ou techniciens en
équipement, en contenu, pour le diriger, l'orienter et monter son
dossier. On le fait, évidemment, le plus rapidement possible; on
dépose nos détails de perte le plus rapidement possible et on
négocie le plus rapidement possible avec l'assureur.
M. Labelle: Est-ce que je peux ajouter un petit point, M. le
Président?
Le Président (M. Baril): Allez, M. Labelle.
M. Labelle: II y a quand même obligation dans le contrat
d'assurance, pour un assuré, de prouver sa réclamation. C'est
bien indiqué dans le contrat, selon les conditions, qu'il doit
présenter et prouver sa réclamation. Mais souvent,
l'assuré n'a pas la compétence de le faire, parce que subir un
sinistre, cela n'arrive pas tous les jours à tout le monde. Lorsque cela
arrive, il y a souvent l'aspect d'un homme qui est démuni ou d'un
individu traumatisé qui ne sait pas quoi faire au juste. S'il voit
arriver un représentant, qui doit quand même s'identifier en
donnant une carte, qui lui dit: Moi, je travaille pour telle compagnie
d'assurances. On sait que les compagnies d'assurances ont quand même les
reins assez solides pour pouvoir quantifier une perte. L'assuré doit
faire une entière confiance à l'assureur, mais il n'a pas de
recours direct s'il ne s'engage pas un représentant qui va pouvoir
établir avec lui sa perte, la négocier, l'aider et, comme on dit,
aller chercher ce à quoi le client a droit. Souvent, quand un client est
tout seul, il ne sait peut-être pas aller chercher les petits points sur
sa police d'assurance qui lui donnent des garanties. Mais en termes de loi,
l'ignorance n'est pas une excuse malheureusement. Je ne sais pas si cela peut
éclairer la commission sur le travail qu'on fait.
Le Président (M. Baril): Bien sûr. M le
député de Lévis.
M. Garon: Quelqu'un d'autre veut parler, je pense.
Le Président (M. Baril): Oui, M. Mochon.
M. Mochon: Je voudrais ajouter une chose. C'est que l'article 356
même de la Loi sur les assurances parle des renseignements confidentiels
et je vous le cite: "À moins que la loi ne les y obiige, l'expert en
sinistres et ses employés ne doivent divulguer à des personnes
autres que leur employeur ou commettant - on pense à l'assureur, disons
- sans l'autorisation de ce dernier, aucun renseignement requis dans l'exercice
de leurs fonctions." Alors ils ne peuvent pas prétendre agir pour
l'assuré, cela est certain, puisque leur commettant, dans ce cas, est
l'assureur, qu'il soit mandaté ou qu'il soit l'employé captif.
C'est tout.
M. Perreault: Est-ce que je peux signaler un autre cas pratique
aux membres de la commission? Souvent, on demande à l'assureur de nous
montrer les chiffres qu'il a, parce que, parallèlement, s'il n'y a pas
de représentant, l'assureur établit ses propres chiffres. Si
l'assuré n'est pas représenté, il va dire: C'est cela
qu'on t'offre. Mais le client ne sait même pas ce que sa
réclamation vaut. Mais, comme on le sait, lorsqu'on va en soumission
publique - le gouvernement va souvent en soumission publique - pour un contrat,
si vous avez cinq ou dix soumissionnaires, pas un montant ne sera le
même. L'assureur va dire: Voici, c'est ce qu'on t'offre. L'assureur a
dans les quinze premiers jours, à la suite d'un avis de sinistre, le
privilège de choisir de réparer. Il doit en aviser
l'assuré, mais il ne le fait, en pratique, jamais, ou il doit
l'indemniser en espèces. Il y a des jugements qui disent que l'assureur
aurait fait une offre à un assuré que l'assuré avait
refusée. L'assureur faisait, par exemple, une offre sur une base
marchande, à la suite d'une perte totale, alors, qu'on sait que le
contrat, ce n'est pas cela qu'il dit; il doit payer avec des matériaux
de même espèce et de même valeur et on lui offrait une
valeur marchande. Dans certains cas, les assureurs vont dire: On t'offre une
valeur marchande, quand cela fait leur affaire, et dans d'autres cas ils vont
dire: On t'offre le coût de la reconstruction, quand cela fait leur
affaire. Aussi, le type dit: Moi, je ne veux pas réparer
immédiatement. Ils vont lui dire: Répare, et on te paiera quand
ce sera réparé. Dans d'autres cas, on a vu des pertes totales;
j'ai en mémoire, un immeuble à logements multiples où le
type était assuré pour 250 000 $. L'assureur avait fait une
estimation de 305 000 $; nous avions une estimation
dépréciée de 310 000 $. L'assureur lui a dit: Tu ne
rebâtis pas; on t'offre 187 000 $. Alors, le client est venu nous voir.
On leur a demandé sur quel principe; ils ont dit: On offre une valeur
marchande. Après s'être débattus et avoir fait les
revendications nécessaires, l'assureur a payé 250 000 $, mais
cela a pris des mois et des mois. On en a beaucoup d'exemples comme cela.
M. Fortier: En somme, la valeur justement d'une
propriété qui doit être assurée... Bien sûr,
on peut faire faire une évaluation sur la valeur de remplacement, mais
pourriez-vous m'expliquer ia différence entre la valeur de remplacement
et la valeur de remplacement amortie? Est-ce qu'il faut être
assuré pour la valeur de remplacement amortie ou pour la valeur de
remplacement non amortie?
M. Perreault: L'assureur n'indique jamais dans ses contrats
d'assurance que c'est pour la valeur marchande. Il dit...
M. Fortier: La valeur de remplacement.
M. Perreault: La valeur de remplacement avec des matériaux
de même valeur et de même qualité.
M. Fortier: Est-ce amorti ou non amorti?
M. Perreault: Dans certains cas il va avoir une valeur à
neuf, s'il rebâtit. S'il ne rebâtit pas, c'est le coût de
remplacement moins une dépréciation normale.
M. Fortier: S'il ne rebâtit pas...
M. Perreault: C'est selon la...
M. Fortier: ...c'est avec l'amortissement.
M. Perreault: On appelle cela une dépréciation.
M. Fortier: Elle va être
dépréciée.
M. Perreault: Elle est dépréciée. Alors,
là, il faut tout négocier selon ce principe de
dépréciation.
M. Fortier: Ma question était: Quelle recommandation
donnez-vous à quelqu'un qui s'assure? Dolt-îl s'assurer pour la
pleine valeur de remplacement ou pour la valeur amortie, afin que l'assurance
joue pleinement?
M. Labelle: Si je peux répondre à cela, c'est
évident que la meilleure protection serait qu'il détienne une
assurance pour la valeur de remplacement.
M. Fortier: Complète? M. Labelle: Oui.
M. Fortier: Autrement dit, je fais évaluer ma maison; ils
me disent: La valeur de remplace-
ment c'est 150 000 $.
M. Labelle: C'est cela. M. Fortier: Oui.
M. Labelle: Maintenant, pour établir des valeurs de
remplacement par l'entremise de courtiers, on a des guides. Les courtiers ont
des guides, je pense, qui sont fournis par le BAC pour établir par
téléphone une valeur de remplacement sommaire, mais, tout de
même, qui devrait donner une idée pour établir la valeur de
remplacement. Maintenant, comme souvent les courtiers n'ont pas le
privilège d'aller voir... On peut parler, par exemple, d'une maison qui
se bâtit ici, dans la région de Québec. Le courtier,
rarement, se déplace pour aller voir cela. Il va quand même
demander des renseignements de base ou sa secrétaire va le faire. Puis,
à partir de là, il va établir que cela prend 150 000 $ ou
200 000 $, disons 200 000 $ en valeur de remplacement. Le courtier pense offrir
une bonne protection à son client à partir des renseignements
sommaires qu'il a eus. Mais si, parfois, il arrive une perte et que, sur les
lieux, on s'aperçoit qu'il y a des additionnels dans cette maison qui
font que la valeur de remplacement n'est pas de 200 000 $ mais peut-être
de 280 000 $ - et cela arrive - à ce moment, le client, ne
s'étant pas conformé à cette clause de valeur de
remplacement, devra accepter un montant moindre.
M. Fortier: 50 % sur un sinistre.
M. Labelle: II sera payé à la valeur actuelle ou
à la valeur de remplacement au prorata des montants d'assurance pour
lesquels il aurait dû être assuré.
M. Fortier: Je pense bien qu'on va vous remercier. Nous
étions curieux, M. le député de Lévis et
moi-même, de voir la distinction entre les experts en sinistres pour
l'assuré et pour l'assureur. Je pense que votre témoignage nous a
permis de faire la différence entre les deux. On vous en remercie.
M. Labelle: On vous remercie également. Le
Président (M. Baril): M. Mochon.
M. Mochon: Je voudrais seulement ajouter une chose. Il y a une
distinction, mais il ne faudrait quand même pas penser qu'ils ne peuvent
pas vivre ensemble, au contraire. On Rétablit dans le schéma.
C'est un peu, disons, comme des avocats qui agissent pour des assureurs,
à salaire ou indépendants, ou qui agissent pour des
assurés; ils font tous partie du même Barreau. Alors, cela
pourrait faire partie du même groupement, mais contrôlé
comme on l'a préconisé dans le mémoire.
M. Fortier: Merci. M. Labelle: Merci. M. Mochon:
Merci.
Le Président (M. Baril): Alors, je vous remercie beaucoup
et je vous souhaite un bon voyage de retour.
M. Fortier: Et on ajourne?
Le Président (M. Baril): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain matin, après la période des affaires
courantes c'est-à-dire vers 11 heures. Merci beaucoup et bonjour.
(Fin de la séance à 23 h 56)