Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bonjour mesdames, messieurs je vous souhaite une bonne journée.
La commission du budget et de l'administration se réunit ce matin pour
poursuivre la consultation générale sur le document
intitulé "Décloisonnement des intermédiaires". M. le
secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Poulin
(Chauveau) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis), M. Richard (Nicolet) remplacera
M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys), M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)
remplacera M. Lemieux (Vanier).
Le Président (M. Baril): Je dois procéder à
cette lecture afin d'adopter l'ordre du jour. Donc, nous commencerons ce matin
à 11 heures par la corporation du Groupe La Laurentienne; à 12
heures, la Chaire en assurance de l'Université Laval et à 13
heures nous suspendrons. À 15 heures, nous débuterons avec le
mouvement des caisses populaires et d'économie Desjardins; à 16
heures, la Bourse de Montréal; à 17 heures, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante:
à 18 heures, nous allons suspendre jusqu'à 20 heures. À 20
heures, le Centre des services financiers et professionnels 04: à 21
heures, le Regroupement des courtiers en contrats d'investissement du
Québec; à 22 heures l'Association des assureurs-vie du
Québec; et à 23 heures, l'Association des assureurs-vie du
Canada. Est-ce que l'ordre du jour est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Corporation du groupe La Laurentienne
Le Président (M. Baril): Nous débutons ce matin
avec la Corporation du groupe La Laurentienne. J'aimerais que vous vous
présentiez ainsi que vos invités, s'il vous plaît. Vous
savez que votre mandat est de vingt minutes pour présenter votre
mémoire, le groupe ministériel a vingt minutes pour vous poser
des questions ainsi que M. le député de Lévis. La parole
est à vous.
M. Castonguay (Claude): Merci, M. le Président. Je suis
Claude Castonguay, président du conseil et chef de la direction de la
corporation du groupe La Laurentienne. Avec moi, à droite, Jacques
Drouin, président et chef des opérations, Gaétan Drolet,
vice-président et directeur du contentieux de la corporation. À
côté de M. Drouin, M. Yvon Lamontagne, vice-président
exécutif de La Laurentienne générale et, à
l'extrême gauche, Pierre Melançon vice-président marketing
et communications des services financiers La Laurentienne. C'est notre
délégation. On vous remercie de recevoir le groupe La
Laurentienne.
Je ne tenterai pas de passer tous les points de notre mémoire -
je pense qu'on n'utilisera même pas les vingt minutes - pour faire
ressortir certains principes qui nous apparaissent particulièrement
importants dans notre présentation. De cette façon, cela peut
vous laisser plus de temps pour discuter le contenu du mémoire.
Le groupe La Laurentienne est présent dans chacun des secteurs
des services financiers: assurance-vie, assurance générale,
services bancaires, services fiduciaires, gestion et distribution de fonds
d'investissement. Nous sommes dans tous les secteurs et peut-être
à l'exception du Mouvement Desjardins, il y a peu d'autres entreprises
qui sont aussi présentes que nous dans tous les secteurs. De cette
façon, on a une expérience un peu particulière. Nous avons
des gens qui sont déjà engagés dans des expériences
de distribution ou dans des modes de distribution d'une gamme élargie de
services. Alors, ce n'est pas nouveau pour nous.
Notre mission est justement, comme groupe, de distribuer une large gamme
de services financiers. Cette orientation, on l'a prise il y a
déjà plusieurs années. Alors, le décloisonnement
des intermédiaires, pour nous, c'est quelque chose que nous souhaitons
depuis de nombreuses années. On l'a d'ailleurs mentionné à
plusieurs reprises au gouvernement dans le passé. Donc, en bref, nous
sommes très heureux de voir que, finalement, ce dossier progresse.
Aussi, en plus de cette caractéristique de faire affaires dans les
quatre secteurs, nous faisons affaires aux États-Unis et en
Grande-Bretagne. Alors, nous avons développé une certaine
expérience avec d'autres modes de surveillance des intermédiaires
financiers. Particulièrement en Grande-Bretagne, on a suivi, au cours
des derniers mois, l'entrée en vigueur de leur loi dans ce secteur, le
"Financial Services Act". D'ailleurs, dans notre mémoire, on fait
état du fait que c'est en voie de devenir une bureaucratie assez
monstrueuse. De l'avis de bien des gens, c'est tellement complexe que le
consommateur ne sera pas nécessairement celui qui va être gagnant.
Au contraire, on craint que cela n'ajoute beaucoup aux coûts et que cela
complique la vie de tout le monde, sans finalement atteindre le but
visé. Nous préconisons, comme je le disais tantôt, le
décloisonnement des intermédiaires depuis longtemps, puisque si
on décloisonne les institutions, d'ailleurs cela a été dit
à plusieurs reprises, il faudrait décloisonner les
intermédiaires. On souscrit aux grands principes de cette réforme
qui ont été énoncés, mais on croit que si on
décloisonne les inter-
médiaires, c'est-à-dire tous les intermédiaires,
toutes les entreprises, on devrait aussi couvrir tous les intermédaires
et non pas seulement une partie des intermédiaires. Alors, dans ce
sens-là, on croit que la réforme proposée dans le livre -
je ne sais pas de quelle couleur on l'appelle celui-là - qui a
été...
Une voix:...
M. Castonguay: Pardon?
Une voix: Le livre vert.
M. Castonguay: Vert. Alors, dans le livre vert, c'est une
réforme que nous souhaiterions voir complétée, plus large.
De la même manière, en ce qui a trait à la protection du
consommateur, on a essayé de réfléchir sur la question et
on croit qu'il existe déjà des modes de protection du
consommateur, que ce soit dans le Code civil ou dans la Loi sur la protection
du consommateur. Il nous semble qu'on devrait essayer d'insérer les
dispositions touchant la protection du consommateur dans les cadres qui
existent déjà. Cela serait plus efficace et cela serait
probablement plus facile pour tout le monde de s'y retrouver. On pourra
évidemment au besoin revenir sur cette question.
J'aimerais peut-être aller un peu plus loin sur le premier des
deux points que je viens de dire, le fait que tous les intermédiaires
devraient être compris dans la réforme. À notre avis, si un
individu est un employé d'une banque, d'une fiducie ou d'une maison de
courtage, peu importe, s'il agit comme un intermédiaire, il devrait
être qualifié comme un intermédiaire et il devrait
être appelé à respecter les mêmes normes de conduite
ou d'éthique, peu importe comment on l'appelle, le même code de
déontologie que tous les autres. On croit donc que la réforme
devrait être plus large et couvrir tous ceux qui sont engagés dans
des fonctions d'intermédiaire, qu'ils travaillent comme
intermédiaires indépendants, qu'ils aient une fonction
indépendante, comme travailleurs indépendants, ou employés
d'une entreprise. Je ne crois pas que c'est cette dimension de son statut, le
fait qu'il soit employé ou non, qui devrait déterminer les
qualifications qu'il doit avoir. Au contraire, ces qualifications devraient
être les mêmes pour tout le monde. En fait, ce que nous disons,
pour reprendre l'expression anglaise, c'est que la réforme devrait
s'appliquer à tous les intermédiaires et que les mêmes
règles devraient s'appliquer aux gens qui assument des fonctions
d'intermédiaire semblables. Une personne qui distribue de
l'assurance-vie, qu'elle soit agent, qu'elle soit courtier ou employée
d'une Institution, devrait être qualifiée de la même
manière et se plier au même code de déontologie, aux
mêmes règles d'éthique.
En fait, ce sont les grands principes que nous avons essayé
d'exposer dans notre mémoire, auxquels nous croyons beaucoup et que nous
aimerions voir transposés dans la loi qui sera
développée.
Il y a un aspect dans notre mémoire sur lequel j'aimerais
apporter une précision et d'une certaine façon une correction. Le
délai que nous avons eu pour réagir et la complexité de la
question a fait en sorte que ce mémoire a été
préparé assez rapidement. Certains d'entre nous étaient
pris à d'autres activités lorsque le livre a été
publié. Une fois respecté le délai pour le déposer,
on a poursuivi la discussion et sur une question on aimerait préciser
notre position. C'est en ce qui a trait aux planificateurs financiers. On croit
que le titre de planificateur financier devrait être
réservé aux personnes qui sont qualifiées pour porter ce
titre. Elles devraient se plier à certaines normes d'éthique,
code ou règles de conduite qui s'appliqueraient à tous les
planificateurs financiers. Peu importe qu'un individu ait une formation de
représentant d'assurance-vie, de comptable agréé, de
notaire ou de courtier en assurances, s'il veut prendre la désignation
de planificateur financier, il faudra qu'il se qualifie. Il devrait y avoir un
organisme qui ait cette responsabilité de qualifier les gens ou de
reconnaître ceux qui ont la qualification pour porter le titre et
s'assurer que ceux qui portent ce titre se comportent selon les règles
établies. C'est un peu différent de ce que nous disions dans
notre mémoire, mais c'est compatible, c'est tout à fait en
harmonie avec tout le reste de ce que nous disons dans notre
mémoire.
Alors, voilà, M. le Président. Évidemment, le
mémoire contient bien des points spécifiques, mais je pense que
ce serait un peu superflu pour le moment d'y revenir.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Castonguay. M. le
ministre.
M. Fortier: Merci, M. le Président. M. Castonguay, je
pense que c'est un moment important. Je sens, comme vous l'avez dit
vous-même, que cela a peut-être pris un certain temps. Mais, comme
vous le savez, ce n'est pas tout le monde qui a évolué en
même temps dans ce qu'on appelle le décloisonnement, et en
particulier le décloisonnement des intermédiaires.
Je crois que la publication du document de consultation et la commission
parlementaire a forcé ce que j'appellerais un... Cela a
été un outil pédagogique important. Cela a amené
les gens à se prononcer publiquement et on s'aperçoit que,
même dans votre cas, vous apportez un ajustement dans le cas des
planificateurs financiers. Donc, il est bien évident, pour moi, que
cette commission parlementaire a été un outil pédagogique
en ce sens que cela a été une éducation pour nous,
parlementaires et comme ministre. Cela a été une éducation
pour vous également.
On sait que même à l'intérieur d'une même
association les discussions ont quelquefois été assez
véhémentes. C'était plutôt difficile, dans certains
cas, de réaliser le consensus. Certains nous ont dit: Si on avait eu
plus de temps, cela aurait été plus facile. Je ne le crois pas.
Dans certains cas, lorsqu'il y avait des divergences, s'il y avait eu deux mois
de plus, je crois que les divergences d'opinions au sein de certaines
associations ou certaines compagnies se seraient maintenues.
En tout cas, nous y voilà. C'est la dernière
journée et je suis bien heureux que le groupe La Laurentienne, qui,
comme vous le dites si bien, est présent non seulement au Canada et au
Québec, mais dans d'autres provinces canadiennes, aux États-Unis,
en Grande-Bretagne où nous savons très bien qu'il y a eu des
changements importants dans la réglementation des compagnies
d'assurances en particulier et des services financiers en
général...
Cela m'amène tout de suite à parler de certains sujets que
vous avez abordés. Hier, le groupe Commerce et le BAC, le Bureau
d'assurances du Canada, nous ont fait des recommandations touchant les agents
d'assurances générales. Ce qu'on nous dit, c'est que de la
même façon que les institutions financières n'ont pas
obtenu des permis pour leurs caissiers, prenons le cas d'une banque; la banque
n'a pas à obtenir de permis pour le caissier ou pour le
préposé aux prêts, on nous dit: Écoutez, dans le cas
de l'assurance générale, ce sont nos employés et nous
obtenons de l'Inspecteur général des institutions
financières un permis pour gérer la compagnie, disons, dans le
secteur de l'assurance générale.
Réflichissant là-dessus, j'aimerais que vous me donniez
votre opinion, parce que je m'aperçois que dans votre document, et vous
venez de le dire, on ne devrait pas faire de distinction entre les
intermédiaires indépendants et les employés d'un groupe
financier pour les équipes multidisciplinaires. Mais la
difficulté qu'on a c'est que si on allait dans la direction de dire: Les
employés d'une compagnie - je parle de l'assurance
générale, parce que je pense que dans le cas de l'assurance-vie,
c'est différent et on a donné raison, hier, au groupe Commerce
qui nous disait: Mais, pourquoi vouloir qu'il y ait absolument un rapport
à l'inspecteur en ce qui a trait aux experts en sinistres qui oeuvrent
à l'intérieur de la compagnie? Alors, je pense qu'on nous a
convaincus que ce n'était peut-être pas nécessaire de faire
rapport à l'inspecteur en donnant le nom, le numéro d'assurance
sociale, enfin, tout le pedigree de chaque expert en sinistres qui travaillait
à l'intérieur de la compagnie. Les gens nous disaient: Si vous
l'acceptez pour les experts en sinistres, pourquoi ne l'acceptez-vous pas pour
les agents? Ce sont nos employés.
Donc, si je continue le raisonnement, je me dis: Si les agents sont
leurs employés, ces employés ne devraient avoir uniquement comme
pouvoirs que les pouvoirs que la compagnie a obtenus de l'Inspecteur
général des institutions financières. Autrement dit, si je
suis un employé de la compagnie Laurentienne générale, je
ne devrais avoir que la seule autorité que je puisse avoir, soit celle
que l'inspecteur ou que la loi me donne comme personne oeuvrant à
l'intérieur de l'assurance générale.
À ce moment-là, on ne peut pas parler de
décloisonnement, parce que si on donnait aux employés de
l'assurance générale un décloisonnement, on se trouverait
à le donner indirectement à la compagnie. C'est la raison qui
m'amène à vous poser la question: Est-ce qu'on doit
considérer les agents, dans le domaine de l'assurance
générale comme des employés? Si ce sont des
employés, peut-être devrions-nous penser à ne pas leur
donner de permis. Mais si ce sont des intermédiaires, cela leur prend un
permis. Là, peut-être peut-on parler de décloisonnement de
ces intermédiaires, mais vous voyez que... Hier, d'ailleurs, on m'a fait
une remarque après que le BAC ait terminé sa prestation à
la commission parlementaire. Mais il y avait un quiproquo parce qu'ils nous
disaient dans un sens: Ne leur donnez pas de permis, ce sont nos
employés. D'autre part, dans leur mémoire, ils nous disaient:
Vous devriez leur permettre d'être décloisonnés. Alors, on
ne peut pas dire: "You cannot hâve the cake and eat it too." C'est soit
l'un, soit l'autre. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus..
M. Castonguay: MM. Drouin et Lamontagne vont répondre
à cette question, M. le ministre.
M. Drouin (Jacques A.): Il y a peut-être quelques
dimensions que je pourrais faire ressortir sur cette question. Dans le monde
financier vers lequel on s'oriente de plus en plus, de moins en moins de
personnes se limitent à un secteur donné de la distribution des
services financiers. Je pense qu'on doit déborder de l'assurance
générale, mais si on prend l'assurance générale, je
vais commencer par cela, et qu'on essaie de l'isoler, la statistique, c'est
bien connu, est que 85 % de l'assurance générale est
présentement distribuée au Québec par l'entremise de
courtiers et 15 % par d'autres moyens.
Quand on parle de la portion de la distribution qui se fait par
l'entremise d'employés d'entreprise, on parle d'une très petite
fraction de la distribution des produits de l'assurance
générale.
Maintenant, dans les 85 %, il y a également toute une
variété de situations. Il y a là-dedans des petits
courtiers artisans et, au sein de ces cabinets, le courtier qui est
qualifié par son association est en même temps celui qui fait la
souscription de risques, qui est en rapport avec le public. Mais il y a une
grande partie de la distribution chez les courtiers qui ressemble à ce
qu'il se fait dans des grandes compagnies parce que ces gens qui distribuent de
l'assurance
générale sont des employés de grandes entreprises
de courtage nationales ou multinationales. Et vous retrouvez un peu un
parallèle avec la situation que vous avez décrite.
Si également, et comme c'est en train de se faire, les banques et
les caisses populaires se mettent à distribuer de l'assurance
générale, on va se retrouver devant la même situation. Il
va y avoir des employés de caisses populaires ou de banques qui vont
faire de la souscription de risques en assurance générale. Nous
pensons que si nous sommes soucieux de la protection du public, d'une part, et
soucieux également de maintenir l'expression "level playing field",
d'autre part tout le monde avec les mêmes chances, les mêmes
outils, les mêmes instruments, nous pensons qu'en assurance
générale, comme dans les autres métiers d'ailleurs qui
touchent la distribution des services financiers, tout le monde devrait
être assujetti aux mêmes règles. Quand on veut avoir le
permis ou le pouvoir de distribuer des produits d'assurance de dommages au
public, on devrait être soumis au même processus de
qualification.
J'ajouterais que chez les courtiers en assurances de dommages, si vous
faites l'analyse, vous vous rendez compte qu'une très grande proportion
d'entre eux distribuent également de l'assurance-vie, et comme les
pouvoirs en assurance-vie ont été élargis, ces gens
peuvent distribuer aujourd'hui plusieurs autres produits que l'assurance-vie.
Rien ne les empêche, comme déjà certains d'entre eux le
font, de faire de la planification financière également.
On dit que le raisonnement que je viens d'exposer pour ce qui est de
l'assurance générale devrait se retrouver dans tous les autres
produits. Si quelqu'un voulait être qualifié pour distribuer de
l'assurance-vie, des fonds mutueis, des services en planification
financière, il devrait y avoir des règles uniformes pour tout le
monde, en vertu desquelles un organisme, qu'on espérerait
d'autoréglementatlon, serait habilité à qualifier les
personnes qui voudraient distribuer l'un ou l'autre produit, que ce soit en
cabinet privé ou à l'emploi d'une institution financière
et que les mêmes règles s'appliqueraient à tout le monde.
Nous pensons que c'est le système qui protégerait le public et
assurerait l'équité des règles. (11 h 45)
M. Fortier: Est-ce que je pourrais seulement vous demander une
précision? Vous préconisez donc que les individus qui vendent des
produits au public détiennent un permis. C'est ce que j'ai compris. La
question que je voudrais vous poser, parce que vous êtes un groupe
très décloisonné, c'est: Dans la vision que vous avez des
choses, pour dans deux ans disons, quand tout sera en place, est-ce que vous
voyez, dans votre groupe, que les représentants de La Laurentienne,
groupe d'assurance-vie, les représentants d'Impérial Life, les
représentants de La Laurentienne, compagnie d'assurances
générales, enfin tous les représen- tants de toutes vos
compagnies, vont vendre l'ensemble de tous les produits du groupe La
Laurentienne? Autrement dit, quelle serait votre vision des choses? Je ne veux
pas vous demander votre stratégie particulière. Votre vision
serait-elle que tous les employés, quelle que soit la compagnie qui les
emploie à l'intérieur du groupe, soient complètement
décloisonnés pour offrir la totalité des produits du
groupe? Est-ce votre vision des choses?
M. Castonguay: J'aimerais revenir seulement brièvement sur
l'autre question, si vous permettez. Comme on le disait dans l'introduction, le
fait qu'une personne soit employée ou travailleur autonome,
d'après nous, n'est pas le critère qui devrait déterminer
si cette personne doit détenir un permis ou non. C'est l'activité
qu'elle fait qui doit déterminer si elle doit avoir un permis. Les
courtiers en valeurs mobilières, ce sont toutes des entreprises, des
compagnies. Les représentants sont tous des employés et
malgré tout, ils ont tous des permis. Alors, ce n'est pas le statut
d'employé ou de travailleur autonome qui devrait déterminer cette
question. L'employé de banque n'a pas nécessairement besoin d'un
permis, comme pour certaines activités, des choses simples, notre agent
d'assurance-vie n'a pas besoin d'un permis. Le commis qui reçoit un
dépôt dans une banque derrière un guichet n'a pas besoin
d'un permis, je pense. Il y a certains types d'activités aussi qu'il
faut exclure. Je pense que c'est important parce que cela fait partie de toute
notre philosophie de clarifier ces deux points-là.
Quant à nos représentants qui nous viennent, comme vous le
disiez tantôt...
M. Fortier: ...de l'une ou l'autre compagnie...
M. Castonguay: ...de l'une ou l'autre des compagnies, d'abord, on
ne voit pas d'homme-orchestre qui, à notre avis, pourrait détenir
toute une série de permis et faire en même temps toutes les
activités. De façon générale, je pense que ce n'est
pas cela du tout qui va se produire. On peut voir, par contre, des
équipes, des gens, qui détiennent plus d'un permis. On peut voir
aussi des gens qui s'associent sur une base ad hoc avec d'autres pour certains
dossiers. Alors il y a différentes formules. Et peut-être que pour
exposer d'une façon un peu plus précise la façon dont nous
les voyons, je pourrais de nouveau passer la parole à certains de mes
collègues ici.
M. Lamontagne (Yvon): En fait, dans le document de consultation,
vous faites référence justement aux deux notions: celles de cumul
de permis et de multidisciplinarité. Je pense que cette approche
apparaît en fait correcte. Il est entendu que quelqu'un ne pourra pas se
qualifier, si on veut, ou pratiquer avec la même expertise
dans dix professions différentes. Cependant, un individu qui sera
parfaitement qualifié pour faire deux lignes données, dans la
mesure où II se placera dans les règles de compétence
reconnue, pourra effectivement distribuer les produits soit d'assurance de
dommages, d'assurance de personnes, etc. Toute !a question de la qualification
est, pour nous, la question fondamentale.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Fortier: Est-ce que je peux poser seulement une question? Ah!
Je reviendrai après cela.
M. Garon: M. le Président, j'ai été
très content de recevoir votre mémoire parce qu'hier en
particulier, j'avais été vraiment supris de voir le ministre
acquiescer aussi rapidement à la distinction entre un employé ou
un non-employé. Cela ne m'apparaît pas être le
critère, en aucune façon. De la même façon que vous
pourriez dire au contentieux: Ce sont nos employés, ils n'ont pas besoin
d'être membre du Barreau, on n'exige pas cela. Ils vont être
avocats, ils seront nos conseillers juridiques, mais ce n'est pas
nécessaire qu'ils soient membres du Barreau. Cela paraîtrait
absurde. Pourtant, on parle de professionnalisme et les gens en parlent
beaucoup, mais il me semble que le critère, c'est la qualification. J'ai
entendu plusieurs fois... Je suis content d'entendre ce que vous venez de dire
parce que quelqu'un ne pourrait pas faire ceci ou cela. Que voulez-vous? Il y a
des verres de quatre onces et des verres de dix onces. Alors, si quelqu'un peut
se qualifier dans deux ou trois domaines, je pense comme vous que le seul
critère devrait être la qualification, non pas toutes sortes de
jugements a priori sur ce que les gens peuvent faire ou ne pas faire. Les gens
ne sont pas égaux dans ce qu'ils peuvent faire ou ce qu'ils ne peuvent
pas faire. Certains travaillent fort et d'autres ne travaillent pas fort.
Certains peuvent apprendre plus vite et d'autres moins vite. Alors, si
quelqu'un peut se qualifier dans deux ou trois domaines, pourquoi ne serait-ce
pas possible? Tous les autres critères m'apparaissent accessoires
à des critères de qualification comme vous venez de le
mentionner. Je pense que c'est important. Il y a beaucoup de débats
là-dessus et nous en sommes dans la quatrième journée.
Vous éclairez beaucoup le débat en disant qu'à ce
moment-ci, d'ailleurs, où beaucoup de déblayage a
été fait, mais les employés, cela ne peut pas être
un critère. Hier aussi, on nous a parlé d'experts: experts en
sinistres, experts en sinistres pour l'assureur, experts en sinistres
indépendants pour l'assuré. Il y a eu une proposition de faite,
justement par le groupe que nous avons eu hier, qu'il y ait une seule
qualification pour l'expert en sinistres et qu'il relève d'une seule
compétence. Ensuite, il pourra travailler pour l'assureur ou pour
l'assuré ou pour les deux, selon les circonstances. Concernant cette
catégorie, partagez-vous aussi le même point de vue que la
qualification devrait être la même pour tous ies experts en
sinistres et après ceia...
M. Castonguay: Oui, c'est un domaine, ici, que M. Lamontagne ou
M. Drouin connaissent beaucoup mieux que moi. Je ne sais pas s'ils veulent
ajouter un mot. Mais le principe devrait s'appliquer à tous s'ils sont
des intermédiaires.
M. Lamontagne: En fait, l'expert en sinistres, lorsque nous avons
commencé à voir poindre cette profession, déjà
c'était la prolongation de ce qui se passait à l'intérieur
des sociétés d'assurances qui, elles-mêmes, demandaient
à des employés de livrer la partie du contrat, soit la promesse
d'une indemnité. Certaines sociétés ont
préféré choisir la voie de transiger avec des
indépendants qui, en fait, jouaient le même rôle mais,
à ce moment, de façon indépendante en cabinet. Pour nous,
au moment où l'expert en sinistres intervient, il est la prolongation de
l'employeur; il est l'employé qui reçoit le mandat d'un employeur
pour régler un sinistre en son nom. C'est comme cela que nous percevons
le rôle de l'expert indépendant. Lorsqu'on parle de l'expert comme
étant un intermédiaire, moi, je me pose cette question: est-ce
que vraiment l'expert est un intermédiaire au même sens que nous
entendons ici lorsque nous parlons du décloisonnement? Dans toutes les
dimensions du décloisonnement que nous couvrons ici, nous parlons de
celui qui conseille, nous parlons de celui qui va influencer le processus
d'achat, alors que dans le cas de l'expert en sinistres, nous parlons de celui
qui, en fait, aide à la réalisation du contrat, ce qui, à
notre point de vue, est quelque chose d'un peu différent.
Ni. Garon: Je voudrais en savoir davantage sur la formation. Dans
la réalité, on a vu avec les gens qui sont venus ici, même
les experts en sinistres indépendants, qu'ils n'ont pas pu s'entendre
sur le mémoire pour ceux qui travaillent pour les assureurs et ceux qui
travaillent uniquement pour les assurés. Ils n'ont pas pu s'entendre.
Ils ont convenu de faire chacun leur mémoire. Moi, je me dis qu'il y a
une réalité actuellement qui, comme vous le dites, il y a des
experts en sinistres qui sont des prolongements de la compagnie, qui
travaillent pour la compagnie. Il y en a d'autres qui ont choisi de travailler
uniquement pour les assurés. Il doit y en avoir entre les deux. Des
courtiers ont demandé aussi s'ils ne pourraient pas agir comme experts
en sinistres selon une définition qui ne serait pas totale mais, en tout
cas...
M. Lamontagne: M. le député, dans le sens le plus
large qu'on peut indiquer ici, la réponse serait oui.
Généralement, ceux qui sont appelés à poser un acte
comme tel devraient normalement avoir les qualifications qui soient iden-
tiques, c'est entendu.
M. Garon: Donc, les mêmes qualifications. D'autres ont dit:
L'entreprise peut s'occuper de cela. On est formé, on va s'occuper de
cela. Je me demande, comme il s'agit d'actes qu'on va qualifier de plus en plus
de professionnels, de moins en moins de remplisseurs de formules, mais de plus
en plus d'actes professionnels, s'il ne devrait pas y avoir une formation de
base uniforme, quitte à ce que ce soit complété pour
quelqu'un qui travaille pour une entreprise, pour ces gens aussi qui sont les
experts en sinistres.
M. Lamontagne: Disons que cette formation comme question de fait
existe déjà dans nos propres entreprises. Nous-mêmes, avant
d'amener quelqu'un à s'occuper des sinistres, nous avons une formation
de base comme telle qui est obligatoire, bien sûr. Alors, la
réponse est oui.
M. Garon: Je me disais que pour avoir le permis, pour avoir la
qualification certifiée, peu importe si la compagnie par après
embauche des gens et leur donne une formation additionnelle mais une formation
de base...
M. Lamontagne: Oui. Par la question, le point que vous soulevez
est de savoir si nous devrions maintenant obliger tous les employés de
compagnie qui ont affaire aux règlements des sinistres, j'entends bien,
à être qualifiés comme étant des
Intermédiaires, etc. Pour nous, c'est un débat qui est tout autre
en tant que tel, quant à moi.
M. Garon: Dans vos commentaires, évidemment c'est toujours
relatif, mais je les ai trouvés très intéressants parce
qu'on avait dit la même chose. Concernant l'accent sur l'absence de
réflexion globale du document de consultation et des parties qui sont
vraiment minces, comme la partie sur les valeurs mobilières, au fond, il
n'y a pas grand-chose pour dîner là-dedans. Vous parlez d'une
réforme incomplète, nous avons employé les mêmes
termes. Croyez-vous que l'ensemble des lois actuelles régissant les
institutions financières sont adaptées au décloisonnement
des intermédiaires de marché?
M. Castonguay: Je ne sais pas si j'ai bien compris la question.
Mais les lois touchant les intermédiaires ont été
conçues, à ma connaissance, dans le passé dans un contexte
très différent où on voyait l'agent d'assurance-vie comme
quelqu'un ne faisant que de l'assuran-ce-vie, le courtier d'assurances
générales ne faisant que de l'assurance générale et
le courtier en valeurs mobilières, que du commerce de valeurs
mobilières. Toutes les lois ont été pensées dans
cette optique très isolée. Maintenant que non seulement les
entreprises s'en vont dans la voie du décloisonnement, mais qu'on
s'engage au niveau des intermédiaires, il y a vraiment des adaptations
assez importantes à apporter à la loi. C'est aussi dans ce
sens-là que l'on dit - ce n'est pas pour être méchant - que
la réforme devrait toucher tous ceux qui ont des activités
d'intermédiaire et non pas uniquement ceux pour qui, dans le
passé, on avait jugé utile de réglementer. Aujourd'hui,
des gens vont assumer des fonctions différentes dans le cadre
d'entreprises qui, dans le passé, ne s'adonnaient pas à ces
activités.
On voit de plus en plus de choses se faire dans les fiducies, dans les
banques. Les réseaux de distribution prennent des formes de plus en plus
différentes. Je ne crois pas qu'on doive privilégier un
réseau par rapport à un autre. Mais dans tout cela, ce qui
importe, c'est que quand une personne fait telle fonction, elle devrait
être qualifiée pour le faire.
M. Garon: Donc, je pense bien que je me suis mal exprimé
quand j'ai posé ma question. En gardant le même cadre qu'il y a
actuellement, par exemple pour les fonctions d'assurances, les fonctions de
fiducie, les différentes fonctions de base, en gardant le même
cadre plutôt qu'en faisant un cadre surréglementé et en
faisant les adaptations nécessaires.
M. Orolet (Gaétan): D'ailleurs, c'est probablement
l'approche que l'on préconise le plus. On pense qu'il y a
déjà beaucoup de choses qui existent et on devrait prendre les
choses existantes et peut-être les modeler ou les modifier. On a eu une
belle expérience avec l'agent d'assurance-vie au cours des
dernières années où, par réglementation, on a
augmenté son activité considérablement. Ce n'était
pas un amendement majeur. Alors, on pense que cette réforme...
D'ailleurs, on peut dire que même les activités bancaires ne sont
pas réglementées et cela pourrait aller assez rapidement si on
étendait les pouvoirs des Intermédiaires pour faire ces
activités bancaires.
Je pense qu'on est assez près de la réforme. Elle n'est
peut-être pas aussi considérable qu'on le laisse sous-entendre. Il
y a des modifications très précises qu'on pourrait faire et je
pense qu'on pourrait aller déjà très loin dans la
distribution des produits. Notre opinion, c'est qu'on est assez près;
avec quelques modifications sérieuses, je pense qu'on serait en
activité économique.
M. Garon: On nous a mentionné que, pour les planificateurs
financiers, c'est un cadre qui n'est pas vraiment établi. Mais pour le
reste, par exemple, dans le domaine de l'assurance, si on veut faire des
changements, quelqu'un sera régi par les règles de l'assurance
quand il fera de l'assurance. S'il y a un autre permis, il sera régi par
les règles et les responsabilités qui vont dans ce
cadre-là plutôt que...
Une voix: C'est cela.
M. Garon: ...faire un genre de "melting pot" ou...
M. Castonguay: C'est comme cela que nous le voyons
également, oui. (12 heures)
M. Drolet: Si je peux me permettre d'ajouter un mot, en
réponse à une question du ministre et à la question que
vous posez, c'est vrai, mais la réforme des institutions
financières est en porte à faux à l'heure actuelle. On a
réformé les pouvoirs des institutions fabricantes de produits
financiers mais on n'a pas réformé les réseaux de
distribution. Il nous apparaît capital que ce soit fait. Nous sommes tout
à fait en accord, quand nous avons parlé d'incomplet, nous ne
voulions pas dire que nous n'étions pas totalement en accord avec la
direction proposée dans le document. Ce que nous voulions dire c'est
que, et je reviens à la discussion antérieure, si on est pour
réglementer les intermédiaires indépendants, il faudrait
en même temps englober dans le processus tous les autres réseaux
de distribution avec lesquels ils vont se trouver en concurrence.
C'était le sens de notre commentaire. Là, je reprends la question
du ministre en ce sens: Comment voit-on la distribution dans l'avenir? On est
déjà propriétaire d'une société qui a
été avant-gardiste dans la distribution des services financiers,
et il y a la société Eaton qui distribue déjà en
mode décloisonné à l'intérieur des lois qui
étaient très contraignantes depuis une quinzaine d'années.
Vous pouvez acheter chez Eaton de l'assurance-vie, de l'assurance de dommages,
des fonds mutuels, etc. C'est une évolution qui s'est faite
naturellement au cours des quinze dernières années. C'est
sûr que le cadre législatif n'a pas favorisé ce genre de
choses. C'est sûr également qu'il y a beaucoup de
possibilités qui s'offrent aux réseaux de distribution de devenir
plus accessibles aux consommateurs et de devenir plus efficaces. Par exemple,
les expériences que nous faisons à l'heure actuelle de
l'institution de carrefours financiers autour de cabinets de courtage qui est
une formule très souple où vous pouvez avoir certains
professionnels qui cumuleront un ou deux permis. Mais ce que vous allez surtout
trouver dans ce genre d'environnement, ce sont plutôt différents
professionnels de différentes formations qui vont cohabiter dans le
même lieu physique et qui vont offrir à leurs clientèles
une gamme élargie de services financiers. Moi, je pense que c'est la
formule de l'avenir: la cohabitation de professionnels de différentes
qualifications qui vont travailler ensemble. Dans les services financiers, on
est en train de suivre une tendance qui a été établie dans
beaucoup d'autres professions; que ce soit les avocats, les comptables, les
ingénieurs. Toutes les professions ont eu tendance à se regrouper
sous forme de cabinets multidisciplinaires pour offrir à leur bassin de
clientèle toute l'expertise requise dans les différentes facettes
de leur métier. Je pense que c'est la formule de l'avenir. Nous la
voyons de façon très souple, comme étant adaptée
autant chez les cabinets indépendants que chez des entreprises
distributrices où on va retrouver des employés qui vont
être des professionnels des services financiers. Vous allez même
peut-être voir poindre à l'horizon d'autres formules comme le
courrier, qui est de plus en plus utilisé; la télévision
sera peut-être utilisée un jour. Je pense que le cadre qu'on est
en train de mettre de l'avant ici est un cadre qui va servir pendant de
nombreuses années et qui va dans la bonne direction, mais qui pourrait
être élargi pour incorporer les facettes additionnelles qu'on a
soulevées ce matin.
M. Garon: Je ne veux pas vous poser une colle mais dans le
débat qu'il y a actuellement entre les caisses populaires et les
courtiers d'assurances, on parle en théorie. Mais en pratique, dans les
cas comme cela, comment voyez-vous cela?
M. Drouin: Nous l'avons dit publiquement à plusieurs
reprises: nous ne sommes pas en désaccord avec le fait que les Caisses
Desjardins distribuent de l'assurance de dommages à leurs comptoirs.
Nous pensons simplement que les règles du jeu ne sont pas
équitables entre les réseaux traditionnels et Desjardins dans
l'état actuel de nos lois. Nous disons, si Desjardins veut distribuer de
l'assurance de dommages, qu'ils qualifient leurs experts dans ce domaine au
même titre qu'on doit qualifier des experts dans l'autre système
et, à l'inverse, permettons aux courtiers en assurance de dommages de
s'associer à d'autres institutions financières, eux
également, pour disposer des mêmes armes et pour être
capables de concurrencer Desjardins. Permettons aussi aux courtiers
d'élargir la portée de leur présence dans le secteur des
services financiers. C'est bien sûr qu'on s'offre comme
possibilité à Desjardins et on ne s'en cache pas, mais on pense
qu'il est tout à fait dans l'ordre que Desjardins puisse décider
d'une approche différente de la nôtre. En ce qui a trait à
l'assurance de dommages, notre décision est très ferme et
très claire: nous allons continuer à distribuer l'assurance de
dommages par l'entremise d'entrepreneurs indépendants que sont les
courtiers. C'est notre formule à nous. Cependant, . cela n'invalide pas
pour autant une formule alternative et, comme on l'a dit, on voit poindre
à l'horizon une grande quantité de formules pour rejoindre le
consommateur de façon plus efficace et plus commode. Alors, on ne peut
pas s'opposer à ce genre de développement. Merci.
Le Président (M. Baril): Nous sommes du côté
ministériel. Je reconnais le député de Mille-Îles
qui avait une question.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord vous féliciter quant au contenu
du document que vous avez livré malgré le peu de temps que
vous aviez pour le préparer. C'est excellent en termes de fond de
document. J'ai remarqué un effort très particulier pour noter la
psychologie du consommateur et tout ce qui a trait à la théorie
du comportement. C'est le premier mémoire qui traite de cet aspect
fondamental dans la discussion qui nous préoccupe ici aujourd'hui.
Le premier aspect de mon intervention est par rapport à ce qui
est écrit dans votre document, aux pages 28, 29, 30, 31 et 3?, lorsque
vous opinez que plutôt que pour la création de trois conseils et
d'un superconseil, vous opteriez pour un office des intermédiaires qui
regrouperait des associations professionnelles de personnes oeuvrant dans le
domaine d'assurances de personnes, de dommages, en valeurs mobilières,
en courtage immobilier. Vous continuez votre argumentation - à la page
32 - en disant que présentement, en vertu de l'article 25 de la Loi sur
le Code des professions, tous les gens, les intermédiaires financiers
qui oeuvrent dans le secteur financier n'entrent pas dans la catégorie
et ne jouissent pas du statut de professionnel.
Tantôt, j'écoutais le député de Lévis
parler, j'écoutais le ministre parler, j'ai écouté tout le
monde discourir. Vous-même, vous utilisez, on utilise tous le terme
"professionnel" par rapport aux gens dans le secteur financier. Je pense qu'une
des questions fondamentales à laquelle il faut s'attaquer, c'est de
savoir si le législateur au Québec est prêt à
reconnaître que les gens qui oeuvrent dans le secteur financier, quels
qu'ils soient, sont véritablement, à cause de l'Importance de
leur rôle, des professionnels. Cela n'a rien à voir avec quel
ministre ou quel ministère aurait le contrôle ou la
responsabilité du contrôle du secteur. Je dois vous avouer que
votre approche, et vous êtes le premier groupe qui en parlez, me
plaît beaucoup parce que je pense que ce serait donner le
véritable statut aux personnes qui oeuvrent dans le secteur
financier.
J'aimerais peut-être avoir d'autres commentaires parce que je
trouve cela bien, très bien même et correct.
M. Castonguay: Je vais être très discret sur cette
question pour ne pas être accusé d'essayer de promouvoir un
organisme auquel j'ai été associé, il y a un certain
nombre d'années...
M. Bélisle: On comprend cela. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Castonguay: ...assez intimement. Mais je peux dire une chose
et, après cela, je vais passer la parole à mes collègues.
Lorsque le Code des professions a été adopté et lorsque
l'Office des professions a été créé, la notion de
profession n'était pas une notion restreinte uniquement aux professions
qui ont été incluses dans le code à cette
époque-là. Je crois que si on compare l'importance du rôle
de la plupart des intermédiaires financiers avec l'importance du
rôle de certains professionnels couverts par le Code des professions, la
réponse m'apparaiï très évidente. Les
intermédiaires financiers méritent autant de pouvoir prendre la
désignation de professionnels que beaucoup d'autres professionnels
déjà couverts, d'une façon ou d'une autre, dans le Code
des professions.
Pour revenir à votre question plus spécifique, je laisse
la parole à mes collègues.
M. Drouin: La réflexion que vous venez de faire correspond
certainement à la nôtre, d'autant plus que nous nous disons: voici
un mécanisme qui est bien rodé. On n'est pas obligé de
créer de nouvelles structures. Nous pensons qu'il y a beaucoup plus que
deux ou trois professionnels en cause ici; il y en a peut-être quinze ou
vingt. Si vous regardez aux États-Unis aussi, il y a une grande
quantité d'avocats qui maintenant s'affichent comme des planificateurs
financiers, des comptables ou des notaires. Il devient de plus en plus
difficile d'essayer d'inventer une mécanique qui ne nous entraîne
pas dans une bureaucratie tout à fait inimaginable. C'est un peu
l'exemple de l'Angleterre, à l'heure actuelle, qui a essayé
d'enfermer tout cela dans un carcan difficile a décortiquer. Alors,
c'est certain que nous voyons là... Est-ce que ce sera des professions?
On n'est pas allé jusque-là dans notre proposition, mais on
verrait très bien qu'on assimile ce système, ce secteur de notre
activité économique à un secteur professionnel dans lequel
II y a des professions de premier cycle, si je peux utiliser ce vocable, et de
deuxième cycle, c'est-à-dire qu'il y a des spécialistes
qui peuvent avoir plusieurs permis. Donc, le plus populaire sera
peut-être le planificateur financier qui va être, au départ,
un agent d'assurance-vie, un courtier en assurance de dommages, un avocat ou je
ne sais pas quoi, qui devra ou qui devrait se qualifier, en vertu de cette
philosophie, comme planificateur financier et qui devrait être soumis aux
règles de ses pairs pour être capable d'obtenir telle
reconnaissance.
M. Bélisle: Je repars sur un autre point du document. Je
pense que le député de Lévis a certainement lu le
document, aux pages 21 et 22, où vous parlez des ventes liées.
Sur ce sujet, vous parlez de façon très générale,
qui ne va pas dans le détail. Je vais vous citer, à la page 21 de
votre document. "Nous considérons que des ventes liées peuvent
être rentables pour le consommateur puisqu'il peut jouir
d'économies d'échelle réalisées par une institution
financière ou un groupe financier." À la page 22.
Vous continuez. "Par contre, nous sommes d'accord à ce que tous
les produits faisant partie d'une vente liée puissent être obtenus
séparément par le consommateur."
Ma question est la suivante: Pouvez-vous nous préciser le concept
du terme et de l'adverbe "séparément"? Dans les faits, que
signifie "séparément"? Est-ce que, entre autres, La Laurentienne,
je sais que vous n'avez pas le droit en vertu de l'actuelle loi des banques,
mais à supposer que vous auriez le droit éventuel de vendre de
l'assurance en vertu de la loi des banques, est-ce que
"séparément" incluerait au même comptoir, dans le
même édifice, au même endroit qu'une succursale de la banque
Laurentienne le droit de faire une vente d'assurance? Est-ce que
"séparément" va aussi loin que d'avoir un guichet automatique
à la sortie d'une de vos succursales, où vous auriez six tableaux
informatisés, tableaux pour faire l'opération bancaire dans le
compte de l'individu, au même moment, à 23 heures, il "compute"
quelques petits boutons et il se sort une police d'assurance automobile. Il se
retourne vers le troisième tableau, il fait la même chose avec son
assurance de maison et, pour continuer le bal avec les produits financiers et
être un bon citoyen de l'an 2000 au Québec, le même citoyen
se procure par le fait même des actions avec le quatrième tableau,
et il complète peut-être avec d'autres produits financiers, un
REER ou etc. Est-ce que c'est séparément? Cela signifie quoi?
Quand je lis votre page 22, vous vous êtes placé du point de vue
de votre institution. Vous dites: "...les ventes liées peuvent
être interdites si: 1) elles gênent l'entrée d'un concurrent
sur le marché ou son expansion;". Cela n'a rien à voir avec le
consommateur. 2) "elles gênent le lancement d'un produit sur le
marché, ou l'expansion des ventes d'un produit;". Encore là, cela
n'a rien à voir avec le consommateur. 3) "elles ont un autre effet
d'exclusion quelconque sur le marché.".
J'ai beaucoup de difficulté à saisir tout cela quand je
pense à ceux que l'on doit protéger, qui sont les individus au
Québec. Je suis pour la liberté de choix, mais je pense que...
J'aimerais que vous m'expliquiez le terme "séparément", comment
vous le voyez. C'est quoi, "séparément"? C'est quoi les
règles du jeu qu'on devrait mettre pour protéger le consommateur,
pas seulement les institutions?
M. Castonguay: D'abord, on entre dans une question
extrêmement complexe. Ce n'est pas pour éviter d'y
répondre. Je voudrais simplement faire remarquer au départ, pour
au moins mettre cela de côté, que les trois points qui
apparaissent à la page 22 étaient au sujet des institutions, sur
le plan de la concurrence entre les institutions. Nous sommes d'accord avec
vous, cela n'a pas trait à la protection du consommateur. Alors, on peut
mettre cela de côté. Maintenant, les ventes liées. En fait,
on en a discuté à bien des reprises entre nous. C'est un concept
qui est assez vaste. Tout le "packaging", pour utiliser cette expression, ou
l'emballement que l'on fait, est-ce que ce sont des ventes liées?
Lorsqu'on offre à une personne deux ou trois produits combinés
qui peuvent lui donner un escompte, est-ce que c'est une vente liée?
Est-ce que c'est mauvais? Cela donne un escompte au client et, s'il ne le veut
pas, il dit: Non, je ne le prends pas. C'est une vente liée d'une
certaine façon, mais ce n'est pas nécessairement mauvais. On peut
vendre, par exemple, un fonds mutuel avec un contenu d'assurance et, comme
c'est fait dans un même contrat, donner un certain escompte. Si le client
ne le veut pas, s'il veut prendre les deux séparément, il va
avoir les deux séparément. Il a le choix. Ce que nous essayons de
faire ressortir c'est que, dans une transaction, par le fait qu'une personne
veuille prendre un certain service, on ne lui impose pas d'en prendre un autre.
Mais si on lui offre un "package", if faut qu'elle prenne le "package" ou elle
ne le prend pas. Elle a le choix. (12 h 15)
La notion qu'on essaie de faire ressortir, c'est de ne pas imposer au
consommateur quelque chose qu'il ne veut pas. Je pense que Gaétan Drolet
aimerait ajouter un mot à cette question.
M. Drolet: D'abord, en ce qui concerne les principes, parce que
vous avez parlé des principes pour le consommateur, je pense qu'on les
retrouve en page 8. À la page 8, l'article 4 est celui qui vous
intéresse. Je pense que vous l'avez lu. C'est le droit de choisir
librement sur le marché des produits qui se font véritablement
concurrence.". C'est là, le principe.
En ce qui concerne la question du "packaging", la loi sur les
concurrences ou l'antimono-pole a voulu empêcher que je force le
consommateur à prendre le paquet au complet. Il faut qu'il ait le choix
de choisir un des produits parmi ce paquet. Alors, je ne peux pas lui dire: Tu
as le droit d'avoir I assurance-vie à tel prix, qui est un prix
réduit, pour autant que tu prends également mon assurance
générale, mon fonds mutuel, etc.
La loi sur les concurrences se concentre énormément sur le
concept "packaging" en disant: Ne force pas le consommateur à prendre
tout le paquet quand tu offres un produit à rabais, en lui disant: Tu le
prends pour autant que tu prends le paquet. Alors, pour ce qui est de ce libre
choix, on dit: II doit avoir le libre choix de choisir séparément
ces produits. C'est une philosophie sur la concurrence. C'est une philosophie
sur sa protection.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Justement, pour continuer là-dessus, le truc
serait peut-être - je vous pose la question comme avocat; on en a
justement parlé avec les associations de consommaeurs - de donner
à l'assuré comme au consommateur, dans les ventes
itinérantes, un certain nombre de
jours pour dire: Je débarque de telle partie de la vente.
Supposons qu'il y a deux ou trois articles - parce que la pression qu'il peut y
avoir dans un bureau, ce n'est pas écrit nulle part - s'il y a de la
pression, le remède ne pourrait-il pas être de donner un certain
nombre de jours pour dire: La partie assurance que j'avais sur mon emprunt, je
ne la prends pas; je l'annule, mais que cela ne nous fasse pas perdre le
bénéfice de l'emprunt, à la condition qu'il soit
assuré ailleurs. Je pose la question parce qu'il peut y avoir des
avantages. Par ailleurs, comment contourner l'affaire de la pression indue?
M. Drouin: J'aimerais répondre à cela. Les ventes
liées - parce que c'est souvent cité dans les discussions; on en
a beaucoup entendu parler dans les médias et tout cela - je pense que
c'est quelque chose qu'on devrait encourager. Encore là, si on regarde
les patterns dans bien d'autres pays, en Angleterre par exemple, où la
partie épargne d'un contrat d'assurance est beaucoup plus
élevée qu'en Amérique, cela fait déjà
plusieurs années qu'on y a introduit la notion du "unit link product"
où le consommateur choisit le dosage qu'il veut acheter, protection par
rapport à épargne. Il y a même des incitatifs fiscaux qui
existent en Angleterre pour encourager ce type de vente liée. C'est dans
le meilleur intérêt du consommateur, et je ne vois rien de mauvais
dans la vente liée. Au contraire, je pense que c'est un
phénomène qui va se répandre de plus en plus si la loi le
permet.
Pour reprendre le commentaire que vous faites, je me dis,
premièrement, qu'on force un consommateur à acheter un produit ou
qu'on l'assortisse d'une condition en disant: II faut que tu achètes le
produit b, à la condition que tu achètes le produit a, et qu'on
force le consommateur dans son comportement, je pense que cela devrait
être rendu illégal. Quant au délai, je pense que c'est
déjà dans la Loi sur la protection du consommateur qu'il y ait un
délai qui lui permette de renverser la transaction s'il a
été lésé dans ce geste. Je pense que c'est tout
à fait acceptable, mais il me semble que le concept d'adopter comme
philosophie que nous décourageons la vente liée, à mon
avis, c'est une erreur.
M. Garon: Je posais la question pour qu'on puisse...
M. Castonguay: Est-ce que Me Drolet pourrait ajouter un
commentaire?
M. Drolet: Comme avocat, c'est une émanation
fédérale, la loi sur les concurrences, et quand ils
empêchent cela, nous essayons de nous y plier. Une chose qui est
intéressante, c'est que le gouvernement fédéral,
aujourd'hui, prend des décisions anticipées. On lui écrit,
on lui demande: Est-ce que vous considérez que c'est dans
l'intérêt du consommateur en ce qui concerne telle ou telle chose?
Il nous donne la permission de faire des transactions de ventes liées
dans le sens dont on parle.
Récemment, nous avons eu quelques-unes de ces décisions.
Alors, c'est intéressant de dire que même s'il y a une prohibition
au gouvernement fédéral de la loi sur les concurrences, il y a
une ouverture. Dans ce sens-là, on travaille comme cela pour l'instant.
Mais si vous êtes capables de faire changer la loi sur les concurrences
et d'aller dans le sens de vos remarques, j'en serais heureux. J'y mettrais une
pénalité évidemment, parce que, si je fais une transaction
qu'on l'annule dans 30 jours ou six mois, il faut: quand même se couvrir
un peu pour qu'on ne le fasse pas pour n'importe quel caprice. Mais il reste
qu'en principe, s'il y a lésion ou toutes sortes de choses, on est
d'accord là-dessus.
M. Garon: Non. Je ne parlais pas d'un mois ou de six mois, parce
que je pense bien que, s'il y a...
M. Drolet: Ah! Un court laps de temps. Huit jours, quinze
jours.
M. Garon: Oui. Mais s'il y a une pression... M. Drolet:
Oui, c'est correct.
M. Garon: ...la personne s'en aperçoit tout de suite. On
ne s'aperçoit pas de cela six mois après. Je pensais à un
court délai et c'est pourquoi je le demandais au consommateur. Je vous
demandais la même chose dans ce sens, parce que la pression, ce n'est pas
écrit nulle part. Elle se fait beaucoup plus en paroles dans un bureau,
entre deux personnes.
Par ailleurs, je pense aussi qu'il peut y avoir des avantages dans les
"packages", de la même façon que, quand vous prenez l'avion et que
l'automobile est comprise avec le voyage ou la chambre, vous payez parfois
meilleur marché. Alors, le "package" peut être intéressant
parce que vous pouvez avoir des prix d'escomptes de volume.
L'autre question que je voulais vous poser, c'est parce que vous dites
dans votre document, à la page 5, que "ce modèle - en parlant de
celui proposé dans le document du ministre - risque d'être
inapplicable à moins que tous les intervenants ne soient
consultés et impliqués." Vous imbriquez cela dans un
mémoire présenté dans le cadre d'une commission
parlementaire qui consulte. J'aimerais, si vous le pouvez, que vous nous
précisiez les éléments du modèle du ministre qui,
selon vous, sont les plus vulnérables quant au manque de consultation
et, éventuellement, à l'absence de consensus.
Vous avez écrit cela en sachant que tout cela venait devant la
commission parlementaire.
M. Drolet: Bon. En ce qui concerne les planificateurs financiers,
pour donner un exemple, dans la réforme, on dit qu'il pourrait peut-
être y avoir, dans l'équipe, des avocats, des notaires et
autres. Évidemment, si ces professions s'opposent à ce
modèle, on pourrait avoir des difficultés. Il y a toute la
question de l'activité bancaire, à savoir comment elle est
couverte? On veut s'assurer que tout... On pensait aux courtiers de prêts
hypothécaires, aux courtiers en immeubles. On pensait à tout ce
monde-là. On a dit: Est-ce qu'on parle simplement d'assurances? Il y a
une dominante dans le document sur l'aspect de l'assurance. C'est dans ce sens,
parce qu'il n'y a pas grand-chose sur les valeurs mobilières. On a dit:
Est-ce qu'on touche l'ensemble, toute la gamme des produits financiers? L'agent
de fiducie? Est-ce qu'il est satisfait? Est-ce qu'il est bien couvert? On en a
parié longuement tantôt; on a dit: Est-ce que l'employé
d'une fiducie ou l'employé d'une banque devrait avoir un permis, alors
qu'il n'en a pas présentement? Vous nous posez des questions sur la
distribution des services; cette réflexion, concernant la distribution,
devrait être globale. C'est en ce sens, M. le député.
M. Garon: Le ministre nous a dit qu'il y avait un livre vert. Je
ne sais pas s'il y a autre chose que cela dans son esprit parce qu'un livre
vert, habituellement, est un document consultatif en vue d'un livre blanc et,
après, le livre blanc, en vue de la loi. Je ne pense pas que ce soit ce
qu'il ait voulu dire, mais je ne prends pas de chance tout simplement...
M. Fortier: C'est la couleur du couvert. Une voix: II est
"color-blind".
M. Garon: II n'est pas vraiment vert, il est plutôt gris.
Mais le ministre a parlé de son intention de déposer un projet de
loi au mois d'octobre, puisque, normalement, la session reprend après la
deuxième semaine d'octobre. Pour que tous ces arrimages soient bien
faits justement, pensez-vous qu'il n'y aurait pas lieu, sur le projet de loi,
d'avoir un genre de consultation ou de commission parlementaire publique
où tout le monde pourrait venir réagir pour établir un
consensus ou pour faire valoir les lacunes du projet de loi, s'il y en a?
M. Castonguay: Notre opinion, et je pense que Gaétan l'a
mentionné tantôt, va dans le sens que c'est une réforme que
nous souhaitons voir arriver le plus tôt possible. On croit que, aussi
bien pour tous ceux qui sont engagés dans la distribution des services
financiers que pour les consommateurs, c'est une réforme qui va avoir
des effets positifs. Alors, le plus vite elle arrivera, le mieux ce sera.
Je pense bien que, comme le mentionnait Gaétan tantôt, il y
a plusieurs dimensions, en tout cas, qui pourraient être traduites
rapidement dans des textes législatifs, si on repart des textes
existants. C'est dans ce sens que nous souhaitons que cela procède aussi
rapidement que possible.
M. Garon: Non, ce que je demandais, c'était, juste dans le
même esprit que les commentaires que vous avez faits, concernant la
remarque que je soulignais dans votre mémoire, à savoir que,
lorsqu'il y a une commission parlementaire publique qui peut durer deux ou
trois jours... parce qu'il n'est pas nécessaire qu'elle dure un mois.
Comme actuellement, ce sont des consultations où tout le monde est
entendu qui durent quatre jours. Mais pour permettre aux gens de réagir
publiquement et, en même temps, une bonne partie de la vente du projet
est faite quand les gens ont été obligés de regarder le
projet, de se prononcer et de faire leurs commentaires. Cela veut dire que,
lorsqu'après cela la deuxième lecture ou l'étude article
par article se fait, il peut arriver des amendements, mais, si les remarques
ont été faites publiquement plutôt que dans le cabinet du
ministre, le ministre est bien plus mal pris, à mon avis, quand c'est
fait dans son cabinet que quand c'est fait publiquement.
M. Drolet: Si vous m'aviez posé la question en 1984, je
vous aurais dit qu'on devrait consulter. Mais je suis renversé par le
degré d'acceptation de ce document dans beaucoup de grandes lignes.
Alors, je dis qu'un consensus s'est développé au Québec,
depuis quatre ans. Il y a eu assez de publicité et d'autres choses. Il
me semble qu'on est rendu à traduire dans des documents, assez
rapidement, cette réalité qui existe déjà dans les
faits. On a des carrefours, on a une organisation, on est prêts, tout le
monde est prêt. Je pense que de reconsulter encore pour se faire dire les
mêmes choses que, probablement, vous avez entendues aujourd'hui, je pense
qu'on perdrait notre temps. Il me semble qu'on est rendu, depuis deux ou trois
ans déjà, à traduire la réforme dans les
documents.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Garon: J'ai parlé d'une consultation sur un projet de
loi; après que le projet de loi a été
déposé, entre la deuxième lecture et l'étude
article par article.
Le Président (M. Baril): Merci. Le mot de la fin, M. le
ministre.
M. Fortier: Oui. Je voudrais seulement dire que je pense bien
qu'on a beaucoup consulté. En fait, ce que La Laurentienne a
écrit dans son document, on l'a fait. Nous avons incité... Il
faut bien le dire parce que, s'il y a 31 ou 32 groupes qui viennent ici, c'est
parce que nous avons nous-mêmes incité des groupes à venir.
Nous avons parlé aux courtiers en immeubles en particulier, mais ils ne
sont pas venus; ce n'est pas parce qu'on ne leur a pas demandé. On a
parlé à la totalité, à l'ensemble des
groupes qui pouvaient intervenir. Si le document n'est pas plus complet en ce
qui touche les valeurs mobilières, c'est malheureux. J'ai demandé
à l'inspecteur qu'il m'aide et il m'a beaucoup aidé. J'ai
demandé à la Commission des valeurs mobilières qu'elle
m'aide et elle m'a envoyé un petit document de cinq pages. Ce n'est pas
ma faute, cela; on travaille avec les moyens du bord. J'aurais aimé en
avoir davantage, mais je n'en ai pas eu davantage.
D'un autre côté, je voudrais dire que tout le monde
reconnaît... mais on ne fera pas le consensus complet. Hier, on a eu une
discussion, en particulier, sur la propriété des maisons de
courtage. Certains nous disent que cela devrait être zéro,
d'autres nous disent 20 %, d'autres 49 % et d'autres 100 %. Il va falloir qu'on
tranche. Et môme si on faisait une autre commission parlementaire, ceux
qui étaient en faveur de zéro seront encore de la même
opinion et ceux qui étaient en faveur de 100 % seront encore d'avis que
cela devrait être 100 %. Alors, je pense bien qu'on va certainement
beaucoup consulter d'ici la rédaction finale. Cela va se faire surtout
aux mois d'août et de septembre, mais, à un moment donné,
il va falloir trancher. Je suis d'accord avec ce que M. Drolet a dit, à
savoir qu'il faudrait bien accoucher, parce que là, cela pète de
toutes parts et les courtiers se plaignent que Desjardins leur mange la laine
sur le dos. Alors il va bien falloir qu'on donne aux gens les moyens de se
défendre.
Maintenant, j'aimerais revenir sur deux points. Je sais que le temps est
presque écoulé, mais rapidement. Je voudrais comprendre et je
voudrais que vous disiez publiquement ce que vous avez dit tout à
l'heure en ce qui concerne... Vous avez dit avec raison: La question n'est pas
de savoir si on reconnaît un agent comme un employé ou non; ce qui
est important, c'est le rôle. D'ailleurs, j'ai induit un peu le public en
erreur parce que je parlais de La Laurentlenne, compagnie d'assurances
générales et, en fait, vous n'avez pas d'agent, vous utilisez des
courtiers. Mais, enfin, vous pourriez avoir une autre compagnie, comme le
Mouvement Desjardins le fait, avec des agents et une autre compagnie sans agent
et avec des courtiers.
Mais dans le fond, voici ce que je voulais savoir. Vous dites: On
reconnaît le rôle. Comme de raison, est-ce que cela veut dire
qu'indépendamment de la compagnie... M. Drouin a d'ailleurs induit un
peu le public en erreur en disant qu'on permettait aux caissiers du Mouvement
Desjardins de vendre de l'assurance. Je m'excuse, mais c'est contre la loi. Ce
qu'on permet actuellement, c'est que... Le Mouvement Desjardins ou la Compagnie
d'assurances Desjardins doit obtenir de l'inspecteur des permis pour ses agents
qualifiés et, présentement, ce sont ces agents qualifies qui sont
dans des caisses. C'est ce que la loi dit dans le moment. Donc, ce n'est pas
tout à fait ce que vous avez dit, M. Drouin.
Voici la question que je voulais vous poser et, là, je pense que
c'est important. Dans le fond, quand vous parlez du rôle, vous dites que
c'est indépendamment de l'organisme pour lequel il travaille. Ce que
vous laissez entendre, dans le fond, c'est, que ce soit une banque, une fiducie
ou une compagnie d'assurances, s'il y a un préposé qui vend de
l'assurance au comptoir, cette personne-là devrait obtenir un permis
pour vendre de l'assurance et devrait être qualifiée. Et, bien
sûr, on a parlé avec d'autres intervenants de la
nécessité d'augmenter les qualifications professionnelles et le
niveau des examens. Est-ce bien cela que vous dites: indépendamment de
l'appartenance à la compagnie, parce que, dans le moment, nous insistons
pour que l'agent d'assurances travaille pour une compagnie d'assurances. Ce que
j'ai pu comprendre, c'est que peut-être vous voudriez ou, enfin, ce que
vous suggérez c'est qu'indépendamment de l'appartenance à
une compagnie, l'individu passe les examens nécessaires et qu'à
ce moment-là, il soit qualifié pour faire une transaction dans le
secteur de l'assurance, dans le secteur des valeurs mobilières, etc.
M. Castonguay: C'est cela.
Le Président (M. Baril): Je voudrais avoir une
réponse très brève, notre temps est dépassé
de cinq minutes. (12 h 30)
M. Fortier: C'est vrai, il a dit: "C'est cela-Juste une autre
chose parce que c'est important. Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Baril): Très rapidement.
M. Fortier: En ce qui concerne les planificateurs financiers,
c'est important également. Est-ce que vous nous dites dans le fond...
Vous dites que vous avez changé d'idée et il n'y a rien de mal
à changer d'idée... En ce qui concerne la planification
financière, on a eu des discussions et je dois admettre que je suis
encore aux aguets pour trouver la meilleure formule. Dans le fond, ce que vous
dites c'est: Quelle que soit l'appartenance d'un agent dans le moment, que ce
soit un agent d'assurances, un courtier en valeurs mobilières, un
avocat, un notaire ou qui que ce soit, ce que vous voudriez c'est qu'il y ait
une nouvelle organisation qui s'occuperait de la planification
financière, tout simplement. C'est ce que vous avez dit. Maintenant,
est-ce que l'application du code de déontologie serait faite par cet
organisme au lieu de ce que nous disons dans notre document de consultation,
c'est-à-dire que ce soit délégué à d'autres
organisations qui existent présentement? Autrement dit, je crois que
j'ai compris que vous seriez en faveur d'un organisme de planification
financière qui donnerait les permis, qui appliquerait la
déontologie.
M. Castonguay: Oui, oui, c'est bien cela. M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup. M. le
député de Lévis, le mot de la fin s'il vous
plaît.
M. Garon: M. le Président, quand j'ai posé ma
question sur la consultation Me Drolet m'a répondu, mais je vous ferai
remarquer une chose. Le ministre a déposé une loi l'automne
dernier, sur le registre des associations et des entreprises, où cela
devait être l'unanimité totale. Des groupes sont venus et
c'était apparemment supposé être l'unanimité totale.
On devait faire l'étude article par article en janvier ou en
février. On était disponibles. J'ai même appelé le
ministre au mois de février pour lui dire: On est prêts.
Dites-nous quand. On veut organiser notre temps en conséquence. Il nous
a dit: Cela ne sera pas avant l'ouverture de la session. Là, on se rend
compte que cela ne sera pas avant la fermeture de la session, malgré
cette belle unanimité. Alors, il doit y avoir un peu de problèmes
dans les solutions.
C'est pour cela que je me dis que si tout le monde est unanime, il n'y a
pas de problème. Les gens disent qu'ils sont unanimes. Tout le monde est
content de marcher dans l'unanimité. Mais s'il y a des problèmes,
les problèmes peuvent être graves aussi. J'ai remarqué les
amendements de fin de session dans la Loi sur les sociétés de
fiducie, je ne suis pas certain que les gens ne paieront pas pour cela
éventuellement, pour des notions ambiguës qui ont été
rajoutées à la fin. Alors que le projet de loi tel que
déposé était clair. Mais pourquoi? Quand des groupes
s'affrontent, au lieu d'avoir des textes clairs, on se retrouve souvent avec
des textes ambigus et les gens doivent se retrouver devant les tribunaux pour
essayer de clarifier ce que le gouvernement n'a pas clarifié au point de
départ. C'est uniquement dans ce sens. Je pense qu'on fait souvent
gagner du temps. Vous savez les parlementaires, nous ne sommes pas des experts,
nous n'avons pas un doctorat global, nous ne sommes pas des spécialistes
dans tout non plus. Des fois on dit: Un permis, deux permis dans les cumuls.
Imaginez-vous le député qui est là. Lui, il
légifère dans tout, en partant des motos, en passant par les
bateaux de pêche, les pesticides, tout ce qu'on peut imaginer. C'est une
certaine sécurité des fois de voir des gens qui viennent pendant
une couple de jours, surtout quand cela concerne des domaines complexes,
d'avoir des gens du milieu qui ont des intérêts contradictoires et
qui viennent dire qu'ils sont en concurrence ou que pour telle ou telle chose,
cela va très bien, ou qu'il y a telle ou telle chose à parfaire.
C'est uniquement dans ce sens.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie de votre mémoire et surtout des
commentaires que j'ai trouvé rafraîchissants.
Le Président (M. Baril): M. Castonguay, je vous laisserai
le mot de la fin.
M. Castonguay: On vous remercie de nous avoir
écoutés, de nous avoir entendus et, surtout, on apprécie
les commentaires positifs qui ont été faits. On trouve que vous
avez un bon jugement.
Le Président (M. Baril): On vous remercie beaucoup. On
remercie la Corporation du groupe La Laurentienne.
J'invite immédiatement la Chaire en assurance de
l'Université Laval.
Chaire en assurance de l'Université
Laval
À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite la bienvenue au
représentant de la Chaire en assurance de l'Université Laval. Je
demanderais au porte-parole de se présenter et de nous présenter
ses invités.
M. Moffet (Denis): Merci M. le Président. Je suis Denis
Moffet, directeur de la Chaire en assurance. À ma droite, Me
André Lévesque, un associé de la firme Eugène
Lavoie inc, donc, un courtier en assurances IARD. Me Lévesque est
également membre du conseil d'administration de la Chaire en assurance
et je souligne qu'il a été un des fondateurs de la Chaire en
assurance de l'Université Laval. À ma gauche, il y a Michel
Gendron, professeur en finance et assurance à l'Université Laval,
qui est aussi membre du conseil d'administration de la Chaire en assurance. Je
regrette que M. Thibeault n'ai pu venir aujourd'hui. M. Thibeault est directeur
du Département de finance et assurance. Il a pris connaissance de ce
mémoire, partage les opinions qui y sont, mais est, malheureusement,
dans l'impossibilité de pouvoir venir aujourd'hui.
C'est un honneur pour moi de venir présenter ce mémoire.
Je voudrais, dans un premier temps, vous présenter un peu ce qu'est la
Chaire en assurance, suivront quelques réflexions sur le
décloisonnement, ensuite nous discuterons de ce que nous croyons
être le plus de notre compétence, c'est-à-dire la formation
universitaire et, finalement, nous discuterons des liens entre la formation
universitaire et les associations professionnelles.
Le Président (M. Baril): Vous avez 20 minutes. La parole
est à vous.
M. Moffet: Merci. La Chaire en assurance de l'Université
Laval a été créée en 1975 en vue de promouvoir
l'enseignement et la recherche dans les domaines de l'assurance et de la
gestion des risques. Sa création est le fruit des efforts
de trois professionnels de l'assurance: MM. Pierre Hamel, André
Lévesque, ici à ma droite, et Jacques Thivierge. Ces pionniers
avaient pris conscience de l'importance d'élever le niveau de formation
des intermédiaires dans le domaine de l'assurance. La chaire est
affiliée au Département de finance et assurance de la
Faculté des sciences de l'administration. Trois professeurs y consacrent
la majeure partie de leurs activités, ce sont: Gilles Bernier, Michel
Gendron, ici à ma gauche, et moi-même. De plus, les efforts de ces
trois professeurs sont complétés par la contribution de quatre
chargés d'enseignement qui sont des professionnels de l'assurance. Ce
sont: René Moisan, Normand Lavoie, Guy Simard et Charles Racine.
Au cours de l'année qui s'achève, nous avons
dispensé six cours différents de niveau de baccalauréat en
administration et un cours de niveau de la maîtrise en administration, ce
qu'on appelle le MBA. De plus, plusieurs projets de recherche sont
présentement en cours. Certains de ces projets sont dirigés par
des professeurs associés à la chaire, mais d'autres sont
dirigés par des professeurs qui ne sont pas nécessairement
associés à la chaire. À titre d'exemple, je vais vous
présenter quelques projets de recherche qui ont été
parrainés par la Chaire en assurance. Ce n'est pas exhaustif, loin de
là. Il y a eu un projet de recherche qui a porté sur la formation
et le statut professionnel de l'assureur-vie, qui a été
réalisé par M. Sylvain Tessier. Il y a eu aussi un autre projet
intitulé "Analyse et prospective de la situation des courtiers
d'assurances IARD", réalisé par M. Alain Samson.
Présentement, nous travaillons sur un projet qui porte sur le profil de
l'incendiaire juvénile. Comme vous voyez par ce genre de projet de
recherche, il y en a au moins deux ici qui sont mentionnés qui portent
directement sur nos préoccupations d'aujourd'hui.
La Chaire en assurance organise aussi des séminaires, des
colloques et des sessions de formation. En 1986-1987, les professeurs Bernier
et Gendron ont organisé des sessions de formation en gestion des
risques, à l'intention des administrateurs de cégeps. Plus
récemment, la chaire organisait un colloque dont le thème
était "SIDA: un risque assurable". Ce colloque a d'ailleurs
mérité une vaste couverture de presse dans tout le Québec
et même en dehors de la province de Québec. Les activités
de la chaire illustrent bien les possibilités de collaboration entre le
monde universitaire et l'industrie de l'assurance. Cette collaboration vise la
poursuite de l'excellence, excellence tant au niveau de l'éthique que de
la qualité des produits offerts sur le marché.
Réflexions sur le décloisonnement. À la Chaire en
assurance, nous avons pris connaissance du document de consultation
intitulé "Décloisonnement des intermédiaires". Nous
comprenons que le décloisonnement des intermédiaires s'inscrit
à l'intérieur d'un phénomène plus global, qui est
celui du décloisonnement des institutions financières. Ces deux
phénomènes auront une même conséquence: la
concentration. Cette conséquence est-elle souhaitable?
Pour ceux qui se sécurisent dans le statu quo et le confort des
droits acquis, cette perspective est sûrement très
menaçante, car ce phénomène de concentration va
inéluctablement s'accompagner de réalignements où les
moins aptes aux changements seront éliminés. Par contre, pour
ceux qui aiment les défis et qui sont stimulés par la
concurrence, ce sera pour ceux-là l'occasion de mettre à
l'épreuve leurs talents et leur créativité et ils en
sortiront gagnants
Pour la société dans son ensemble, cette concentration
est-elle sounhaitable? Les avanta ges qu'en tireront les gagnants sauront-ils
compenser pour les désagréments que devront subir les
perdants?
Nous sommes tentés de répondre par l'affirmative.
Même si nous ne pouvons faire reposer notre réponse sur un
raisonnement irréfutable. Notre jugement repose plutôt sur la foi
que nous avons en la concurrence. Il nous semble que la concurrence stimule
l'énergie créatrice qui engendre les idées nouvelles et,
par voie de conséquence, le progrès.
Au-delà de ces considérations, il nous apparaît
évident que l'internationalisation des marchés financiers
entraîne forcément la concentration. C'est-à-dire qu'il
nous apparaît évident que face aux géants américains
ou japonais, il est impérieux que le Québec place sur
l'échiquier mondial quelques institutions financières de taille
imposante s'il tient à avoir quelque rôle à jouer. Le
décloisonnement des institutions financières représente
une façon, pas nécessairement la seule, d'atteindre cet objectif.
Le décloisonnement laisse aux lois du marché le soin de
déterminer qui restera sur l'échiquier.
L'intermédiaire survivra-t-il au décloisonnement?
L'analyse que nous proposons s'adresse surtout aux intermédiaires dans
le domaine des assurances, car c'est là notre principal
intérêt. J'ajouterais aussi que c'est dans le domaine des
assurances et, en particulier, en ce qui concerne les lignes personnelles,
parce qu'il ne faut pas oublier que, dans le domaine de l'assurance IARD, il y
a aussi toute la partie commerciale qui, à ma connaissance en tout cas,
n'a pas été tellement traitée. Alors, nous nous
intéressons donc surtout au domaine des assurances et, en particulier,
en ce qui concerne les lignes personnelles.
Nous vivons actuellement une période de décloissonnement,
nous le savons. En même temps, et nonobstant le phénomène
du décloisonnement, nous vivons aussi un phénomène
d'informatisation que nous ne pouvons passer sous silence. L'informatisation
permet d'éliminer certaines tâches routinières des
fonctions d'un intermédiaire, à un point tel que certaines
compagnies d'assurances peuvent être tentées de
se passer carrément d'intermédiaires. On parle alors de
vente directe. Vous savez très bien, par exemple, que c'est ce qui se
produit dans le Mouvement Desjardins actuellement.
Que reste-t-il donc de l'intermédiaire pour justifier son emploi?
D'abord et avant tout, c'est la fonction de conseiller qu'if est supposé
assumer. Cette fonction deviendra encore plus importante dans un univers
décloisonné, car les clients s'attendront à satisfaire
pïus d'un besoin à la fois dans leur rapport avec un
intermédiaire. Évidemment, un intermédiaire ne peut
être un expert dans tous les aspects des finances personnelles, mais le
cumul de plusieurs permis est tout à fait possible, à notre
avis.
À la Chaire en assurance, nous nous préoccupons de la
protection du public aussi. Le décloisonnement comporte un danger, celui
des ventes liées. Dans ce contexte, la fonction de conseiller de
l'intermédiaire revêt encore plus d'importance et c'est non
seulement la compétence qui doit intervenir à ce
moment-là, mais aussi le sens de l'éthique de
l'intermédiaire. (12 h 45)
La formation professionnelle. Pour assumer adéquatement sa
fonction de conseiller et, par le fait même, assurer sa propre survie de
même qu'une meilleure protection du public, nous sommes d'avis que la
formation de base des intermédiaires devra être substantiellement
rehaussée. Cette formation de base devrait reposer sur une bonne
connaissance - et, ici, je vais citer différents domaines ou
sphères d'activité - d'abord, de l'histoire de notre
système économique et politique et de nos institutions
financières - il me semble de première importance que nos
intermédiaires aient une culture de leur profession, de leur
métier - du droit des affaires - le droit des affaires, c'est
extrêmement important - des droits de la personne - on a organisé
un colloque sur le SIDA récemment - de la finance, de la
comptabilité, de la fiscalité, du marketing, de la
micro-informatique, des probabilités et des statistiques, des
mathématiques financières et actuarielles et, finalement, une
connaissance des aspects institutionnels des différents secteurs
financiers, les quatre piliers, par exemple, dont on a souvent
parlé.
Une telle formation correspond à un programme de premier cycle
universitaire se rapprochant d'un baccalauréat en administration, mais
ii s'en distingue suffisamment pour que nous puissions imaginer la
création d'un baccalauréat en intermédiation
financière qui pourrait, bien entendu, très bien se retrouver
à l'intérieur d'une faculté d'administration.
Plusieurs s'étonneront de constater que nous incluons dans la
formation de base des connaissances en probabilités et statistiques, de
même qu'en mathématiques financières et actuarielles.
Certains verront là des exigences visant à restreindre
l'accès à la profession. Ce n'est pas là notre intention,
bien que cela puisse en être une conséquence. Nous croyons que
veiller à la santé financière des ménages se
coinpare à veiller à ia santé physique des individus. Si,
pour soigner ie corps humain, il est nécessaire d'en connaître
l'anatomle et la physiologie, ii nous semble tout autant nécessaire,
pour vendre des plans d'assurance appropriés, de connaître le
fondement des assurances qui repose sur les probabilités et les
statistiques, de même que sur les mathématiques financières
et actuarielles.
Ici, j'ajouterais que je suis dans le domaine de l'actuariat, de
l'assurance ou de l'économique depuis 1964 comme étudiant et,
ensuite, comme professeur. Il est très important de signaler que les
concepts de probabilités et de statistiques ne sont pas des concepts
innés chez l'individu. Ce sont des concepts acquis et il est très
difficile d'acquérir une compétence dans ces domaines.
Plusieurs études ont été faites par des
psychologues aux États-Unis, qui démontrent très bien
à que! point il est facile pour des gens qui prétendent qu'ils
ont une bonne intuition des probabilités et des statistiques... je dis
bien qu'il y a des études qui ont été faites et qui
montrent à quel point c'est facile de prendre ces gens-là en
défaut.
Or, c'est quoi, l'assurance? L'assurance, c'est une activité qui
repose sur la connaissance des probabilités et des statistiques.
À mon avis, dans ce domaine-là, il n'y a pas seulement les
actuaires qui doivent connaître des probabilités et des
statistiques. Je pense qu'un des gros problèmes dans le domaine de
l'assurance, cela a été une espèce de clivage à
l'intérieur des compagnies d'assurances où il y avait, d'une
part, les actuaires qui avaient cette formation et, d'autre part, ii n'y avait
à peu près rien.
Je pense que cela a nui considérablement au développement
dans bien des domaines de l'assurance. C'est une parenthèse que j'ouvre.
Ce n'était pas dans le rapport, mais je sens vraiment le besoin
d'ajouter cela comme professeur qui est dans ce domaine depuis - ma
carrière de professeur a commencé en 1970 - 1970
déjà que je fais de l'enseignement. C'est très important
de comprendre cela, que le domaine des probabilités et des statistiques,
ce n'est pas inné. Quelqu'un qui prétend qu'il a de l'intuition
dans ce domaine, ii passera me voir et je vais préparer toutes sortes de
problèmes très simples dans lesquels on va voir qu'il est facile
de se fourvoyer. L'assurance, c'est basé là-dessus.
Maintenant, je vais discuter du rapport entre l'université et les
associations professionnelles. Il existe déjà plusieurs
associations professionnelles qui interviennent dans le domaine de
l'intermédiation financière. Ces associations ont
contribué, à notre avis, très positivement à la
formation de leurs membres et également au maintien d'une éthique
professionnelle.
Il nous semble, à la Chaire en assurance, que l'université
et les associations professionnelles ont un rôle conjoint à jouer
dans la formation professionnelle. Nous voulons profiter de
cette commission parlementaire pour soumettre notre avis quant au mode
de collaboration possible entre l'université et les associations
professionnelles. Ici, j'ajouterais que nous avons été
étonnés de constater, dans le document de consultation du
ministre Fortier, qu'on ne parle pas souvent du rôle des
universités.
Alors, c'est pour cela que, quand nous avons pris connaissance du
rapport avec lequel nous sommes en accord sur bien des points, nous avons
vraiment senti le besoin de venir ici aujourd'hui. On ne prétend pas
avoir des con naissances sur la gestion des compagnies d'assurances et sur bien
des points de l'intermédia-tion, mais nous avons cru bon de venir parler
de ce que nous croyons connaître le mieux: la formation.
Dans notre optique, la relation fonctionnelle entre l'université
et une association professionnelle qui soit la plus susceptible d'encourager le
développement des connaissances, c'est celle qui délègue
le plus à l'université le contrôle du programme de
formation. Dans cette optique, l'Ordre des ingénieurs est l'association
professionnelle qui maintient avec l'université les liens se rapprochant
!e plus de notre conception, tandis que la Society of Actuaries est celle qui
s'en éloigne le plus. Un cas intermédiaire pourrait être
l'Association des comptables agréés.
Examinons d'abord le cas de l'Ordre des ingénieurs. Pour devenir
ingénieur, il faut d'abord obtenir un baccalauréat es sciences
appliquées. Ce programme de baccalauréat, d'une durée de
quatre ans soit dit en passant, est administré par l'université
de façon autonome et les professeurs déterminent le contenu de
leurs cours. Périodiquement - cela peut être à peu
près à tous les trois ans - le programme est évalué
dans son ensemble par l'Ordre des ingénieurs afin de maintenir
l'accréditation. Pour devenir membre à part entière de
l'Ordre des ingénieurs, le bachelier es sciences appliquées doit
effectuer de façon satisfaisante un stage supervisé d'une
période de deux ans. Dans votre texte, c'est écrit un an.
Vérification faite, c'est un stage de deux ans. Quand l'étudiant
termine son baccalauréat, il est considéré comme
étant un ingénieur junior et, à la suite de sort stage
supervisé, il devient ingénieur senior, c'est-à-dire ayant
la capacité, par exemple, de signer des plans.
L'approche de l'Ordre des ingénieurs est compatible avec la
culture organisationnelle de l'université, car elle respecte la
liberté universitaire du professeur. Il en résulte que de
nombreux scientifiques sont attirés par la carrière de professeur
d'université en génie et, comme conséquence, la recherche
s'y porte très bien. En effet, des programmes de maîtrise et de
doctorat en génie existent dans la plupart des universités et ce,
d'ailleurs, depuis un bon bout de temps.
À l'autre extrémité se situe la Society of
Actuaries. Poussant la centralisation à ses limites, elle définit
ie contenu détaillé de chacun de ses examens, une dizaine en
tout. Puisque la course à obstacles est longue et pénible, les
membres à part entière sont peu enclins à modifier le
contenu de ces examens. Il en résulte que l'universitaire de
tempérament est peu attiré par l'enseignement en actuariat, car
sa liberté universitaire y est brimée. Il ne contrôle pas
le contenu de ses cours. Dans ces conditions, il n'est guère
étonnant de constater que les programmes de maîtrise et de
doctorat en actuariat sont quasi inexistants en Amérique du Nord.
À notre avis, ce constat est regrettable, car la science actuarielle se
prive ainsi d'un influx d'idées nouvelles.
Ayant comparé l'attitude vis-à-vis de l'université
de deux associations professionnelles bien connues, et j'ajoute aussi
très respectées, notre position peut ainsi être
considérée avec une certaine perspective. Notre position est
claire. Nous croyons en la liberté universitaire. Nous postulons que la
recherche est génératrice de développement et de
progrès. En conséquence, nous encourageons les associations
professionnelles à déléguer à l'université
la responsabilité quant à la structure des programmes et quant au
contenu des cours. Cela dit, nous acceptons cependant un droit de regard
périodique des associations professionnelles sur nos programmes et nos
cours. Il y a moyen de se parler pour réviser périodiquement, par
exemple, ce que l'on est en train de faire.
Finalement, nous faisons confiance aux lois du marché pour
discriminer entre les programmes de différentes universités. S'il
y a des universités qui s'avèrent meilleures que d'autres, tant
mieux. Le marché saura bien détecter ces universités ou
ces programmes.
Conclusion. Nous croyons que nos positions s'inscrivent bien dans la
philosophie du document de consultation portant sur le décloisonnement
des intermédiaires. J'ajouterais, par exemple, qu'on va plus loin parce
que, justement le document ne faisait pas état du rôle que les
universités pouvaient jouer. Mais nous avons vu, dans la prolongation de
ce qui est dans ce document, que l'université devrait jouer un
rôle. Nous soumettons respectueusement que nos réflexions ne sont
pas coulées dans le béton et que nous sommes ouverts à la
discussion. Nous réitérons notre foi dans la concurrence et dans
la nécessité pour le Québec de se doter d'institutions
financières d'une taille suffisante pour jouer un rôle
international. Nous affirmons aussi notre respect de l'intelligence des
individus, d'où la nécessité de former des
intermédiaires financiers qui connaîtront à fond les
produits qu'ils vont vendre. Nous préconisons un rapport entre
l'université et les associations professionnelles qui soit respectueux
de la liberté universitaire et sensible en même temps aux
exigences du marché. C'est pourquoi nous acceptons des droits de regard
sur nos programmes éventuels.
Nous sommes conscients qu'en regard de
l'intermédiation financière, nos exigences sont
élevées, mais nous en sommes fiers, car nous entrevoyons
l'émergence d'une profession qui mérite de se classer parmi les
plus respectées dans notre société. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Moffet. M. le
ministre
M. Fortier: M. Moffet, nous vous remercions pour votre
présentation qui soulève les problèmes d'efficacité
du milieu financier d'une part, et de formation, d'autre part.
Dès le départ, j'aimerais dire que si on n'a pas
parlé de l'université, c'est qu'il me semblait que lorsqu'on a
fait le bilan de ce qui existait, on était loin de la formation
universitaire, parce que dans plusieurs des cas, on peut devenir assureur-vie
avec 30 heures de cours, on peut devenir courtier en assurances avec 60 heures
de cours. Alors, on est un peu aux antipodes. C'est la raison pour laquelle on
a demandé dans le document de consultation aux intermédiaires et
aux compagnies de nous dire s'il ne faudrait pas relever le niveau de la
formation. Comme de raison, il aurait été un peu
présomptueux de notre part de conclure avant môme d'avoir
consulté le milieu, à savoir que dorénavant tout le monde
devrait avoir un diplôme universitaire avant de devenir assureur-vie ou
courtier en assurances. De fait, je crois que les recommandations qui nous ont
été faites, seraient - parce que, pour l'instant, pour
détenir un permis, je crois que tout ce qu'on exige, c'est un cours
secondaire - d'exiger au minimum le DEC, de préférence dans le
secteur des institutions financières. En tout cas, on abordera le sujet
tout à l'heure.
Dans un premier temps, vos commentaires sur l'appui au
décloisonnement, je les apprécie beaucoup. L'appui au fait qu'il
est important de favoriser des entités québécoises mieux
structurées, je l'ai apprécié beaucoup parce qu'on s'est
posé la question, le député de Lévis
également et le député de Mille-Îles - c'est
malheureux que le député de Mille-Îles ait quitté la
salle, parce que je sais que c'est un débat qu'il affectionne beaucoup.
Il faut bien dire, et vous le savez, que face à la concurrence
japonaise, comme vous dites, même La Laurentienne, que nous venons
d'entendre, avec des actifs de 15 000 000 000 $, c'est encore petit à
l'échelle internationale. Mais quand même, je crois que c'est la
direction dans laquelle on doit aller.
Une dimension que vous ne relevez pas, c'est qu'avec le
décloisonnement des intermédiaires et des courtiers d'assurances,
nous croyons que cela va permettre des regroupements multi-disciplinaires en
région, et cela sera très important. Dans les différentes
régions éloignées du Québec - parce qu'il ne faut
pas seulement penser à Montréal et à Québec - notre
politique devrait permettre aux intermédiaires de se regrouper en
cabinets multidisciplinaires. J'aime- rais avoir votre opinion là-dessus
dans un premier temps. En permettant justement à des organismes,
à des compagnies de se regrouper dans des groupes importants ou plus
importants, et d'autre part, en permettant aux courtiers d'assurances, aux
agents d'assurances et aux courtiers en valeurs mobilières de se
regrouper en région, ne croyez-vous pas que cela va permettre d'avoir au
Québec un système plus rentable, en parlant d'efficacité
financière? Les conseils donnés, la distribution des produits, la
meilleure circulation de l'information et avec une meilleure formation, le cas
échéant bien sûr, cela devrait-il permettre au
Québec de se doter d'un système beaucoup plus rentable sur le
plan de l'efficacité financière comme telle?
M. Moffet: D'abord, je vais dire que je crois que le regroupement
sera une conséquence, parce que c'est inéluctable. On peut parier
du cumul des permis, je crois que cela est possible. Si on prend l'exemple de
l'assurance-vie, cela ne rn'apparaît pas tout à fait
déraisonnable qu'on puisse demander maintenant qu'un représentant
ait le permis de vente d'assurance-vie, ait le permis de vente, par exemple, de
fonds d'investissements et peut-être aussi, sous certains aspects, de la
vente d'assurances générales ou IARD. Cela ne me semble pas du
tout déraisonnable d'envisager un certain cumul. Cependant, je vois
très bien l'émergence de cabinets multidisciplinaires qui vont
permettre vraisemblablement de réaliser des économies
d'échelle. Je pense que là on peut trouver des économies
d'échelle et, effectivement, si on pense en termes de services aux
clients, aux consommateurs, il peut y avoir des avantages de pouvoir se
présenter à un endroit et de pouvoir consulter des
spécialistes dans différents domaines de ses finances
personnelles. Je pense que oui, il y a des gains à faire de ce
côté.
Reste à voir si ce sera un désir, par exemple, de la part
des consommateurs. Cela reste à vérifier, à mon avis. Il y
a déjà des carrefours financiers. Il faudrait peut-être
évaluer, à un moment donné, ce qui se passe à ce
niveau.
Évidemment, ce qu'on peut peut-être craindre, quand on
parle de cabinets multidisciplinaires - mes prédécesseurs ont
glissé un mot sur les ventes liées auparavant et ils y voyaient
évidemment certains avantages. On avait parlé donc
d'économies d'échelle - c'est que la proximité justement
d'intermédiaires ne soulèverait-elle pas certaines interrogations
chez les consommateurs, car ils peuvent s'imaginer que d'autres
intermédiaires peuvent plus facilement avoir de l'information sur leurs
finances personnelles? Ce n'est qu'une interrogation. Il y aura peut-être
des moyens à développer, des mécanismes de contrôle,
pour s'assurer que, de ce côté, la circulation ne se fait pas
comme dans un moulin à scie, par exemple, qui est ouvert à tout
vent. Je crois que bien des consommateurs ont
peut-être cette crainte.
M. Fortier: Non, mais il y a...
M. Moffet: Je pourrais peut-être demander à mes
collègues s'ils veulent ajouter quelque chose à la suite de la
question du ministre?
M. Lévesque (André): M. le Président, M. le
ministre, si vous permettez le décloisonnement ou le regroupement de
plusieurs personnes - on vit cela depuis quelques décennies - et si vous
ne faites que regrouper des personnes avec des problèmes
différents, vous regroupez tout simplement vos problèmes. Si vous
profitez du regroupement multidisciplinaire, vous avez alors l'oc-caion d'aller
chercher des personnes-ressources additionnelles qui pourraient
améliorer le service, ce qu'on appelle le service après vente.
Les réunions... Dans votre optique, vous parlez d'une économie
éventuelle, M. le ministre, en se regroupant; c'est un des aspects. Il y
a également l'aspect de la qualité du produit qu'on distribue au
consommateur et ce qu'on appelle le service après vente. Que vous soyez
plusieurs personnes regroupées dans un même cabinet et que chacun
ait sa propre qualité ou ses propres qualités, cela ne veut pas
dire que le consommateur va être mieux protégé.
Selon mes quarante années d'expérience dans le domaine, je
dois dire que le consommateur est le point principal de tous les services qu'on
peut donner. Je précise ma pensée. Réunir plusieurs
personnes qui ont des qualités limitées ne donne absolument rien
d'additionnel. Ce qu'il faut, c'est aiier chercher des personnes mieux
qualifiées dans les disciplines concernées. À ce
moment-là, on améliore. C'est là que la Chaire en
assurance peut être utile pour améliorer les qualifications des
personnes qui se disent des experts. Même, sans être des anciens
membres de communautés religieuses, des experts, cela ne donne pas
nécessairement une qualité additionnelle au cabinet, s'il n'y a
pas de personnes-ressources avec des qualités supérieures
à celles qui sont là.
Le Président (M. Baril): Excusez-moi. J'ai besoin d'un
consentement pour continuer après 13 heures. L'ordre de la Chambre est
déterminé à 13 heures. Est-ce que j'ai un
consentement?
M. Fortier: Si on peut terminer, parce que ces gens-là
vont être obligés de nous attendre si on ne continue pas
maintenant. M. le député de Lévis, êtes-vous
d'accord?
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Bien, j'aimerais que le ministre, par exemple,
n'invoque pas sa propre turpitude. C'est lui tantôt qui a
dépassé, en interrogeant les gens. Cela ne me fait rien qu'il
donne la parole à quelqu'un d'autre, mais qu'après cela, il ne
fasse pas comme s'il ne l'avait pas donnée à personne, de son
côté. Alors, c'est lui qui dépasse les heures.
M. le Président, vous auriez dû faire respecter l'horaire.
Après cela, on demande des consentements pour escamoter, au fond. Cela
fart une demi-heure que les gens de l'Université Laval sont ici. Ils ont
droit à une autre demi-heure. Au fond, on voudrait obtenir un
consentement pour leur donner un petit cinq minutes de plus. Je pense que c'est
quelque chose d'assez fondamental, la formation, et j'aimerais mieux qu'on
prenne la demi-heure qu'il nous reste.
Alors, est-ce que vous avez objection à revenir à 15
heures ou si cela vous crée des problèmes majeurs?
M. Moffet: Revenir à 15 heures? M. Garon: Oui.
M. Moffet: Moi, je pourrais revenir à 15 heures. Me
Lévesque?
M. Lévesque (André): Je peux.
M. Moffet: Vous pouvez revenir à 15 heures? Nous pouvons
revenir à 15 heures.
Le Président (M. Baril): Alors, je n'ai pas de
consentement et nous reviendrons à 15 heures.
M. Moffet: Nous revenons à 15 heures.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission va poursuivre la consultation générale sur
le document intitulé "Décloisonnement des intermédiaires".
Nous allons reprendre la discussion où nous l'avions laissée ce
matin. Nous avions une demi-heure à reprendre. Alors, la parole
était à M. Garon.
M. Fortier: Au député de Lévis, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Excusez-moi, au
député de Lévis.
M. Fortier: Selon le règlement de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Baril): Vous faites bien de
me le rappeler.
M. Garon: M. le Président, cela me fait plaisir de voir
cet après-midi - ce matin et cet après-midi - les gens de
l'Université Laval. Je suis très heureux d'entendre leur
mémoire, dans lequel ils font remarquer, avec raison, qu'on a
semblé oublier complètement les universités dans le
rôle de formation dans un domaine qu'on dit très complexe. Depuis
trois ou quatre jours, on entend dire que c'est complexe à mort. Je
trouve qu'il ne semble pas que les universités aient de la place dans ce
secteur, puisqu'on n'en a jamais entendu dire un mot. Cela a l'air de petits
cours qui sont organisés, de 200 heures, 300 heures, 250 heures ou 60
heures, pour former de grands spécialistes. J'ai l'impression qu'il y a
un peu d'inflation verbale quand on parle de planification financière.
Ce sont des cours qui me semblent un peu restreints. Vous parlez d'avoir une
vision globale. Je pense bien que quelqu'un qui veut parier de planification
financière, doit avoir une certaine vision d'ensemble, pas seulement
voir un arbre, mais voir un peu l'ensemble de la forêt ou une idée
en tout cas de ce qu'il y a dans l'ensemble de la forêt. C'est pourquoi
j'aimerais vous demander d'expliciter davantage quand vous parlez d'un
programme universitaire. Pensez-vous que tous les intermédiaires
devraient suivre ce nouveau programme? On parle d'un décloisonnement
où il va y avoir beaucoup plus de compétition aussi entre les
instruments financiers, pas seulement entre ceux qui font de la vente, mais
entre les types de véhicules qu'on va utiliser, les types de produits.
Pensez-vous que c'est aller trop loin que de penser que les
intermédiaires devraient suivre ce nouveau programme dont vous parlez,
comme un baccalauréat dans le secteur des institutions
financières et des produits financiers?
Le Président (M. Baril): M. Moffet.
M. Moffet: Vous avez terminé, M. ie député?
Alors, oui, je crois que le programme que nous préconisons devrait
être un programme, une formation générale, mais prenant en
compte les problèmes de base de l'intermédiation. J'ai
mentionné ce matin qu'il était important, dans la planification
financière, parce qu'on en a parlé aussi, de tenir compte des
besoins d'assurances. Je disais ce matin, pour bien connaître un produit
comme celui des assurances, qu'il est important de comprendre les fondements de
l'assurance. Les fondements de l'assurance, ce sont les probabilités,
les statistiques. Je pense que pour quiconque fait de l'intermédiation
financière, c'est une nécessité.
Évidemment, par la suite, on constate qu'il peut y avoir
différentes spécialités, si on peut dire, dans le cadre de
l'intermédiation financière. La vision que nous avons à la
chaire, c'est que d'abord, cela prend une formation de base, et de même
qu'en génie, en droit ou dans bien d'autres domaines, en
médecine, par exemple, qu'il peut y avoir des spécialisations.
Nous concevons très bien qu'après une formation
générale, il puisse y avoir une formation plus
spécialisée. Nous concevons très bien aussi que cette
formation pourrait prendre la forme de stages. Les comptables, les
ingénieurs ont cela, les médecins, par exemple, ont un internat.
On peut très bien voir qu'une spécialisation dans un domaine
donné pourrait se faire en milieu professionnel, sous forme d'un stage,
et peut-être que pour accéder au titre professionnel, i! pourrait
y avoir une supervision de ce stage et une reconnaissance du stage. Ce n'est
pas coulé dans le béton, mais c'est une vision qu'on peut avoir,
je crois.
M. Garon: Cela pourrait aussi être un programme de base. En
sciences sociales, il y a un certain nombre d'années, tout le monde
était ensemble en première année, quel que soit le
département où on se dirigeait par la suite. Après, on
prenait une spécialisation en relations industrielles, en sciences
politiques, en sociologie, en économique, etc., mais tout le monde avait
eu un programme de base, en première année, de sciences
sociales.
M. Moffet Ce que vous dites est exact. À la Faculté des
sciences de l'Université Laval, au moment où j'étais
étudiant, la première année était aussi une
année générale. Mais j'irais plus loin que cela dans le
cas de l'intermédiation. Je pense que cela prendrait plus d'une
année de base, chose certaine, pour bien établir les fondations,
si on peut dire, pour tous les intermédiaires financiers.
M. Garon: Est-ce que vous pensez que cela devrait être
général pour tous les secteurs du domaine des
intermédiaires financiers ou s'il y en a pour qui cela ne serait pas
nécessaire?
M. Moffet: Ce matin, on a remis en cause les experts en
sinistres. Je partage cette remise en cause. Je ne pense pas que les experts en
sinistres, on doive les inclure dans le type de formation que nous
préconisons à la chaire en assurance. Je ne vois pas les experts
en sinistres de la même façon que je vois les autres
intermédiaires. Par exemple, lorsqu'on parle de planificateurs
financiers, je vais répondre dans l'affirmative, sûrement.
Si vous prenez les intermédiaires en valeurs mobilières et
les intermédiaires dans le domaine des assurances, que ce soit
assurance-vie ou assurances générales, ces domaines-là ont
en commun qu'une formation en probabilité est absolument
nécessaire, à notre avis, pour bien comprendre ce que l'on va
faire.
M. Garon: Vous avez dit à la page 3 aussi que le
décloisonnement allait entraîner une concentration des
institutions. Le ministre emploie un terme moins académique pour
décrire
le même phénomène, en pariant de mammouths
financiers...
M. Fortier: ...après votre critique.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: J'ai arrêté maintenant.
M. Garon: Ah non, mais cela va vous rester. Vous êtes le
père des mammouths.
M. Fortier: Ha, ha, ha! Le père des mammouths.
M. Garon: Alors, vous pensez que cette concentration est
souhaitable? Si on regarde l'objectif premier du secteur des institutions
financières c'est d'abord de servir le consommateur, de rendre service
au consommateur et de lever des fonds, et comme il s'agit de placements, pour
servir au financement des entreprises qui en ont besoin ou de ceux qui en ont
besoin.
Mais êtes-vous sûr que le modèle de
développement qui correspond à la structure économique du
Québec, que ce soit des mammouths financiers... Et quand on tient compte
de la façon dont l'économie s'est développée au
cours de l'année, j'ai beaucoup plus le sentiment qu'au Québec la
plus grande valeur qui a permis à nos institutions de se
développer a été la solidarité économique.
Par exemple, je ne sais pas ce que le ministre va faire ou non, parce qu'on
voit que dans les mutuelles on parle de "démutualisation". Je ne suis
pas si convaincu que si on n'avait pas eu de mutuelles on aurait autant
d'institutions financières qui nous appartiendraient encore et qu'elles
n'auraient pas été toutes vendues une par une. Mais comme c'est
bien difficile d'acheter une mutuelle, sinon impossible, on a pu
développer un secteur au Québec. Et je me demande si cette
concentration... Actuellement, on ne sait même pas s'il y aura un projet
de loi parce qu'il semble que cela va être "démutualisé"
par projet privé, un par un, sans avoir de vue d'ensemble sur !e projet.
Le ministre nous annonce souvent des projets de loi, mais on voit surtout des
livres gris. On ne voit pas souvent les projets de loi. Que ce soit dans le
domaine des caisses d'épargne et de crédit, dans le domaine des
holdings financiers, dans le domaine des intermédiaires financiers,
même du registre des entreprises. La loi est déposée, mais
elle est restée sur le carreau depuis l'automne passé...
M. Fortier: Ah cela c'est son bébé.
M. Garon: Ce que je voudrais demander, c'est si dans une
perspective de développement des différentes régions du
Québec, la concentration est souhaitable pour le développement
économique?
M. Moffet: Quand vous parlez de la "démutualisation" c'est
un bon exemple pour dire que certains systèmes sont bons à
certains moments. Enfin, mon interprétation des choses est que, quand i!
y a eu beaucoup de mutualisation au Québec... c'est un bon exemple pour
dire que certains systèmes sont bons à certains moments. Enfin,
mon interprétation des choses, est que, quand il y a eu -
c'était, je crois, dans les années cinquante. Il y a
peut-être des gens qui pourront me reprendre là-dessus si j'ai
tort - un phénomène au Québec de "mutualisation"
justement, comme vous l'avez souligné, M. le député, pour
empêcher des prises de contrôle, c'était à
l'époque une solution à un problème à un moment
donné.
Et je pense que la société québécoise a
évolué. Quand on parle de la nécessité d'être
près des gens, je crois que c'était d'autant plus
nécessaire quand on vivait plus sous forme communautaire que dans une
société comme celle qu'on connaît aujourd'hui où les
liens fonctionnels sont peut-être plus importants que les liens familiaux
ou les liens de voisinage, par exemple. Oui, je crois qu'on n'a pratiquement
pas le choix d'en arriver à ce que M. Fortier appelait des mammouths,
à ce qu'on appelle des entreprises de plus grande taille à la
suite d'un phénomène de concentration. C'est à toutes fins
utiles inéluctable parce qu'on est en concurrence avec d'autres
pays.
Si on pense maintenant en termes de protection du public ou du
consommateur, de la même façon qu'il y a des lois antitrust aux
États-Unis i! peut y en avoir ici et je crois que la vigilance, c'est
d'essayer de maintenir quand même un certain degré de concurrence.
Vous allez dire: Combien cela prend-il d'entreprises pour qu'il y ait
concurrence? Je vous répondrai assurément que cela en prend au
moins deux. Est-ce qu'ensuite cela en prend cinq, cela en prend dix, cela en
prend cent? Je crois que ce qu'on observe dans le domaine de l'assurance des
choses, dans ie domaine IARD, c'est qu'il y a beaucoup d'entreprises au
Québec et peut-être qu'il y aura une concentration qui ne fera pas
nécessairement grand tort en termes de services. Si on prend l'exemple
de l'assurance-vie, on a quand même observé l'émergence de
certains groupes. Sans les nommer, nous les connaissons tous. Je pense qu'on
peut maintenir une bonne concurrence si on s'assure bien, par un minimum de
contrôle, que les coalitions si on veut, ne sont pas permises ou si on
essaie de les prévenir.
Ma réponse, c'est que cela prend au moins deux entreprises pour
qu'il y ait concurrence, et peut-être plus que deux.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Fortier: Je ne sais pas si mes collègues voulaient
intervenir. D'une part, comme ingénieur
j'ai bien apprécié votre comparaison entre l'Ordre des
ingénieurs et celui des actuaires. Je comprends exactement la
proposition que vous nous faites. Je suis tout à fait d'accord avec le
député de Lévis. D'ailleurs, on l'indique dans notre
document qu'il faudra relever le niveau d'instruction et de compétence
pour avoir accès à différents titres. Si l'on parle de
planification financière - on pourra y revenir - c'est sûr qu'il
faudra avoir une formation beaucoup plus étendue. Mais pour les agents
d'assurances, pour les courtiers d'assurances, la proposition qui a
été faite par plusieurs associations, c'est qu'on devrait s'en
remettre à un DEC, un diplôme d'études collégiales,
qui serait déjà une exigence plus élevée que celle
qui existe présentement. Mais s'il fallait dorénavant insister
sur un diplôme universitaire, cela ne serait pas nécessairement
mauvais. On pourra poser la question à l'industrie tout à
l'heure, d'autres groupes viendront après vous. Mais ne croyez-vous pas
que ce serait réellement limiter l'accès à des professions
assez lucratives qui permettent quand même à des individus n'ayant
pas nécessairement un diplôme universitaire et qui rendent des
services appréciables à la société? S'il fallait
exiger un diplôme universitaire, il y aurait une contrainte telle, que le
peu d'individus qui y ont actuellement accès ne pourraient plus y avoir
accès.
M. Moffet: Je crois que la création des cégeps, il
n'y a pas tant d'années, a donné lieu à une certaine
duplication entre ce qui se passe au cégep et ce qui se passe à
l'université. Vous êtes ingénieur, M. le ministre, et vous
savez par exemple qu'il y a maintenant des techniques de génie au
cégep. Je suis en sciences de l'administration et il y a aussi au
cégep des techniques administratives. Dans le domaine de la
comptabilité, vous savez qu'il y a les comptables, CA, mais qu'il y a
aussi des techniques comptables au cégep.
Je pense que la société peut fort bien s'accommoder de
programmes tant au niveau du cégep qu'au niveau de l'université
qui portent finalement sur les mêmes disciplines. Toutefois, il peut
à ce moment-là y avoir des degrés différents.
Quelqu'un qui sort du cégep avec, par exemple, une technique en sciences
administratives ou en génie, si on prend une technique en génie,
ne pourra probablement pas faire la même chose sur un chantier que ce que
peut faire un ingénieur de l'Ordre des ingénieurs. Pourtant les
deux coexistent. Je crois qu'il y a peut-être moyen d'établir
certains types d'actes qui peuvent être posés par certains
diplômés et d'autres par d'autres. Mais je suis convaincu que la
planification financière ou l'intermédiation financière
est à ce point importante pour les individus et à ce point
complexe aussi, je me répète, de par la base de ce domaine, que
l'université a nécessairement un rôle important à
jouer et je suis convaincu qu'on peut former des professionnels d'une
qualité supérieure.
M. Portier: Écoutez, je suis convaincu que
l'université a un rôle à jouer. Si c'était votre
message aujourd'hui, je crois qu'il fallait le faire. Vous avez raison de
dire... D'ailleurs, la consultation nous a convaincus que notre
appréhension à l'effet que la formation était insuffisante
était fondée, et tous les intermédiaires qui sont venus
nous ont dit qu'il fallait accroître la formation des
intermédiaires dans le secteur financier. C'est donc avec beaucoup de
plaisir qu'aujourd'hui, je crois que vous avez plaidé en faveur de
l'université et d'une formation plus adéquate. Dans ce sens,
votre contribution à la commission parlementaire aura été
essentielle. Je vous en remercie. J'ai terminé.
Le Président (M. Bari!): Merci. M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Merci, M. le Président. Je
serai bref, sauf que le constat que je fais est que la société
québécoise n'est pas prête à prendre le virage, si
on peut l'appeler ainsi, du décloisonnement de par la formation qui
existe dans le milieu. Je trouve cela un peu dommage. C'est un peu comme quand
on parle de libre-échange. Je ne suis pas sûr qu'on va être
prêts dans six mois à faire face aux nouvelles règles du
jeu.
Cependant, on est rendus à cette étape. Vous êtes du
milieu universitaire. Vous êtes directement de îa Chaire en
assurance de l'Université Laval. Je me demande quelles mesures, dans
votre milieu, vous entendez prendre, à relativement brève
échéance, pour être capables de sensibiliser non seulement
le gouvernement, mais aussi les gens du milieu qui ont besoin de cette
main-d'oeuvre qualifiée pour qu'on puisse prendre et faire toutes les
démarches en conséquence pour être capables d'arriver
relativement à courte échéance et avoir toutes les mesures
incitatives, les programmes et la formation nécessaires. Je pense que ce
milieu va demander de plus en plus des experts, des gens qui ont la formation
professionnelle la plus adéquate possible. Dieu sait si on a un taux de
chômage élevé.
Quand on parle justement de formation de main-d'oeuvre et d'orientation
dans des créneaux particuliers, en voilà un bel exemple. Vous, du
milieu universitaire, je pense que vous êtes bien placés, d'une
part, pour mettre des choses en marche, mais aussi, vous ne pouvez pas faire
cela seuls. Cela prend, avec le ministère de l'Éducation, les
différents intervenants du milieu pour être capable de rendre cela
incitateur et de plus, être capable même de faire l'effort de
sensibilisation auprès de la garde montante, donc des jeunes, qu'on
pourra former en conséquence. Il y a aussi tous ceux qui sont sur le
marché du travail et qui, peut-être, pour une raison ou pour une
autre, aimeraient ou seraient capables de se
recycler et d'aller chercher cette formation. Il va y avoir de la
demande. Il y a un jeu d'offre et de demande dans la main-d'oeuvre. Mais si la
formation adéquate n'est pas prête et si toutes ces mesures, ces
balises et ces fondements ne sont pas prêts, je pense qu'on manque un peu
le virage dont on a besoin pour le décloisonnement.
J'aimerais vous entendre brièvement là-dessus pour savoir
quels seraient votre plan d'action et vos recommandations face à
cela.
M. Moffet: D'abord, j'ai vérifié auprès de
ma faculté pour voir si les gens en place, mon directeur de
département et aussi notre doyen désigné, étaient
prêts à endosser ce genre d'initiative. J'ai eu des assurances de
ce côté. Évidemment, vous connaissez bien le milieu
universitaire comme probablement bien d'autres organisations. Tout ne se fait
pas du jour au lendemain. C'est évident que lorsque l'on veut mettre un
nouveau programme sur pied, dans le milieu universitaire, il y a toute une
démarche que l'on doit suivre. C'est bien vrai que cela ne se fait pas
du jour au lendemain.
Je crois que pour nous cette commission parlementaire est un lieu pour
vérifier si on a vraiment raison d'aller de l'avant en discutant avec
les gens, avec vous de l'Assemblée nationale ici. Je pense que si en
temps opportun, donc, pour moi le temps opportun c'est le plus rapidement
possible, il y a vraiment des pressions qui sont faites et qui nous encouragent
à aller en ce sens, on pourra avoir le support aussi pour aller plus
vite. J'ai transmis ce mémoire au vice-recteur à l'enseignement
à l'Université Laval. Je lui ai remis en main propre vendredi, de
même qu'au vice-recteur à la recherche et je leur ai fait part
verbalement de ce qui était à l'intérieur de ce
mémoire. Je peux vous dire que j'ai eu un accueil positif. Je crois que
s'il y a une demande bien articulée, encore une fois sous réserve
de processus qu'on doit toujours suivre, processus de consultation aussi
chez-nous pour créer des nouveaux programmes, ce n'est peut-être
pas du jour au lendemain... Mais il s'agit de commencer à un moment
donné et, pour moi, c'est le plus tôt possible.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je suis content de vous entendre, sauf
qu'il va falloir que quelqu'un exerce un leadership dans îe milieu de
façon qu'on n'en demeure pas juste au niveau des bonnes intentions.
Là, je parle même comme député à
l'Assemblée nationale. Je pense qu'il va falloir prendre conscience du
fait que si on veut avoir quelque chose dans un an, deux ans, cinq ans, il y a
des gestes immédiats qui devront être posés et cela presse.
À mon point de vue, on aurait dû ou on devrait être rendu au
moment où on a déjà ces mesures et cette formation tout en
place pour être capable de former nos gens en conséquence. On n'a
pas de pénurie de main-d'oeuvre, on a une pénurie de
qualifications et les institutions ne demandent pas mieux, j'en suis
persuadé. Sauf qu'il va falloir que l'effort de synergie se fasse
à l'égard des différentes universités et des
différents degrés. Vous parliez tantôt des cégep.
Oui, il va falloir qu'il y ait des étapes à franchir de ce
côté.
Je pense que si au sortir de cette commission parlementaire on est tous
de bonne foi, on est tous d'accord, mais que personne ne prend le leadership,
on risque de manquer de ce côté le virage. Cela me semble
fondamental parce que tout ce décloisonnement en ce qui concerne les
intermédiaires, tout ce qui est en train de se passer, les nouvelles
règles du jeu, font en sorte que la clé pour la protection du
consommateur, la clé pour la sécurité, si on veut,
à cause du grand champ d'activités, nécessite vraiment des
gens bien formés, bien préparés, avec toute l'ouverture et
tout le côté professionnel reliés à cela. On est
loin d'être capable d'avoir cela. Il va falloir assurément - je ne
sais pas si ce sera au ministre de l'Éducation de faire sa part ou
à qui que ce soit - que quelqu'un prenne le bâton du
pèlerin, qu'il y art un leader, un groupe qui fasse en sorte que tous
les intervenants puissent se regrouper et préparer ensemble le programme
d'action avec des échéanciers précis et des programmes de
sensibilisation sur ces ouvertures-là.
M. Moffet: Enfin, ce que j'interprète chez vous, c'est un
appui à cette démarche. Oui, je crois que nous aurons besoin
d'appui pour effectivement mettre sur pied ce genre de programmes.
Vous parlez de leadership. La chair en assurance est une fondation, donc
elle est supportée financièrement par l'industrie. Je crois que
c'est notre rôle d'assumer ce genre de leadership. C'est justement la
raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui, d'abord, pour venir
émettre une opinion et vérifier comment cette opinion est
reçue.
Vous m'avez donné une idée, M. le député.
Vous pariez encore de la protection du public. On en a déjà
parlé, d'ailleurs, avant ce matin. J'aimerais aussi signaler que je
crois que le public est d'autant plus protégé qu'un professionnel
a dû investir dans sa profession. Si, à la limite, quelqu'un est
banni de sa profession quand il a investi, par exemple, quatre ou cinq ans de
sa vie pour étudier à l'université, le coût est
extrêmement élevé. Donc, je pense que plus on va exiger une
formation élevée, plus on a de chances d'avoir une éthique
élevée parce que le coût d'être à la limite
banni de sa profession est d'autant plus élevé. Cela m'est venu
à l'esprit à mesure que vous parliez et je voulais ajouter cela.
Je crois que mon collègue, Me Lévesque, voulait ajouter quelque
chose sur la formation.
Le Président (M. Baril): Très brièvement, il
reste une minute.
M. Lévesque (André): M. le Président, je
vais être très bref, je vais rêver en couleur comme je l'ai
fait il y a 20 ans, au départ de la Chaire en assurance, en 1968,
lorsque nous avons commencé nos discussions. Nous voulions avoir les
trois cycles: le premier cycle, le deuxième cycle et le doctorat
à l'université parce qu'on était en communication avec le
Worton School et le Dr Rosenbloom du Penn. State University qui nous
fournissait tous les éléments en anglais. Mais on pouvait les
traduire, pour avoir, à un moment donné, à
l'Université Laval la Chaire en assurance avec trois cycles:
baccalauréat, maîtrise et doctorat. Alors, on continue encore
à penser à cela et je suis très heureux, comme vieux
renard dans l'assurance, d'entendre vos réactions. Ce que vous m'avez
dit me plaît et on va aller plus loin sachant que vous êtes avec
nous autres.
Le Président (M. Baril): Merci, monsieur. M. le ministre,
le mot de la fin, s'il vous plaît.
M. Fortier: Oui, le mot de la fin, c'est que le message est
passé. Dans la mesure où on a dit que le décloisonnement
des institutions financières appelait le décloisonnement des
intermédiaires, il est bien certain que le décloisonnement des
intermédiaires appelle une meilleure formation des intermédiaires
et, dans ce sens-là, votre contribution nous a fait comprendre, une fois
de plus, que l'université avait un rôle important à jouer.
Pour cela, on vous en remercie.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: En terminant, j'aimerais dire, M. le Président,
à l'université qu'on ne sent plus beaucoup l'université
dans les débats publics. Je voudrais vous féliciter d'être
venus parce que je ne suis pas souvent d'accord avec le ministre de
l'Éducation sur certaines choses, mais, là-dessus, je suis
d'accord avec lui. Il y a quinze ou vingt ans, l'université était
au centre de notre société et c'était un forum
d'idées et de débats. Aujourd'hui, on ne sent pas du tout la
présence de l'université. Il n'y en aurait pas et je pense que ce
ne serait pas... On ne les verrait pas plus. Ce n'est pas normal. Il y a des
débats fondamentaux qui se passent dans la société
actuellement auxquels l'université ne participe pas. Par exemple, vous
venez faire un mémoire, mais sur ces questions de
décloisonnement, on n'a rien vu de l'université. Dans le
libre-échange, il y a eu une rencontre à laquelle j'aurais
aimé assister mais on avait un caucus le même jour. J'ai
envoyé quelqu'un pour savoir ce qui se passait. Le rapport qu'on m'a
fait, c'est que les gens n'ont aucune idée de ce qui les attend
là-dedans, les entreprises, et le premier colloque qu'on a fait, les
salles étaient pleines à l'université parce qu'ils
souhaitent voir jouer ce rôle à l'université. Je souhaite
que l'université devienne ce qu'elle était depuis deux mille ans
à venir jusqu'à il y a une dizaine d'années. On ne sent
plus l'université au Québec. Je trouve que c'est une lacune. Ce
forum d'idées qu'on devrait trouver dans la société est
absent et ce sont tous les gens qui en sont privés, à mon avis.
(15 h 30)
M. Fortier: C'est depuis que vous avez quitté
l'Université Laval.
Le Président (M. Baril): Merci, messieurs de la Chaire en
assurance de l'Université Laval. Je vous remercie de votre
présentation et je vous souhaite un bon retour chez vous.
M. Moffet: Je vous remercie, M. le Président.
Mouvement des caisses populaires et d'économie
Desjardins
Le Président (M. Baril): J'invite maintenant le Mouvement
des caisses populaires et d'économie Desjardins à se
présenter immédiatement.
Messieurs, on vous souhaite la bienvenue. J'aimerais vous rappeler que
vous avez vingt minutes pour faire la présentation de votre
mémoire. Pour commencer, j'aimerais que vous vous présentiez et
que vous présentiez vos invités. La parole est à vous.
M. Béland (Claude): Merci, M. le Président.
D'abord, je voudrais à mon tour vous remercier de cette occasion que
vous nous donnez de participer à cette discussion sur le
décloisonnement des intermédiaires financiers. J'ai avec moi,
à mon extrême droite, M. Henri-Paul Trudel, membre du
comité exécutif de la Confédération des caisses
populaires et d'économie Desjardins; il est aussi le président de
la Fédération des caisses populaires du centre du Québec;
à ma droite, M. Alban D'Amours, premier vice-président chez nous
à la planification, communication et marketing; à mon
extrême gauche, M. John Harbour, président du groupe Desjardins
assurance générale; et à ma gauche, M. Yves Morrency,
vice-président à la planification à la
confédération. Je suis Claude Béland, président du
mouvement.
Le Président (M. Baril): Je vous souhaite la bienvenue, M.
Béland.
M. Béland: Merci. Je voudrais simplement rappeler en
commençant, comme je suis appelé à le faire souvent, que
le Mouvement Desjardins n'est pas une grande entreprise, que le Mouvement
Desjardins est un grand regroupement de petites et, quelquefois, de moyennes
entreprises. Il me semble que cette vision de Desjardins, on
est porté à l'oublier souvent. Nous sommes vraiment un
regroupement de PME. Nous en comptons 1435, 1400 disons, plus une quinzaine
d'institutions qui sont aussi des petites ou des moyennes entreprises. C'est
à ce titre que je m'adresse à vous aujourd'hui. J'aimerais
parfois, certains matins, vraiment avoir l'impression de contrôler 35 000
000 000 $, mais je dois vous avouer que c'est largement réparti entre
1400 entreprises et 4 000 000 de membres. Alors, à ce point de vue, la
concentration des capitaux chez nous est plutôt diluée.
Je serai très bref parce que je pense qu'on aura avantage
à discuter sous forme de questions et réponses. D'ailleurs, vous
avez déjà reçu notre mémoire ainsi que des
sommaires.
J'aimerais rappeler que le Mouvement Desjardins, depuis quelques mois, a
souvent fait savoir par différents moyens qu'il souscrivait aux
objectifs visés par le gouvernement dans sa réforme globale des
institutions financières à charte québécoise, et
dans son projet de réforme des modes de distribution des produits
financiers au Québec. Nous sommes d'accord avec l'objectif du
décloisonnement de la propriété et des institutions; nous
sommes également d'accord avec l'établissement de réseaux
décloisonnés et plus étendus, autant les réseaux
des institutions financières mêmes que le réseau des
intermédiaires. Nous sommes absolument d'accord avec cela.
Nous sommes d'accord parce qu'il nous semble que c'est une façon
efficace de rendre plus de produits disponibles au consommateur, en plus
d'endroits - on rejoint même les régions éloignées -
et de faire profiter ainsi le consommateur de cette synergie du
décloisonnement. Je pense qu'on est déjà capables d'en
faire la preuve. Cependant, il nous semble utile de rappeler - je le fais
simplement par parallèle parce que je sais très bien que nous ne
sommes pas à la commission parlementaire sur les institutions
financières, mais je le fais à titre de parallèle - que
s'il apparaissait nécessaire jusqu'à maintenant de cloisonner
chacun des secteurs d'activité dans le monde financier, c'est que la
réglementation a cherché à assurer la compétence
des fournisseurs de services et faire disparaître tout conflit
d'intérêts possible. C'est vraiment cela que visait le
cloisonnement.
Nous avons toujours soutenu que même si, maintenant, on
décloisonne, il ne faudrait pas perdre de vue qu'il faudrait faire en
sorte de conserver la compétence du fournisseur de services, en
même temps qu'il faut faire en sorte d'éviter le plus possible les
conflits d'intérêts. Je pense que ces règles ne changent
pas. On peut changer les moyens, mais les règles de fond ne doivent pas
changer. C'est pourquoi, d'ailleurs, dans le décloisonnement des
institutions financières, nous avons été d'accord qu'il
s'agit d'une mesure utile pour donner plus de force à nos institutions.
En même temps, pour protéger le consommateur et assurer la
compétence du fournisseur de services, il nous a toujours semblé
approprié que chaque activité des différents paliers soit
réglementée séparément. Pour les quatre paliers, on
va continuer à dire: II faut que ce soit vraiment contrôlé
d'une façon séparée.
Il nous a toujours semblé essentiel que chaque secteur
d'activité établisse sa compétence et accepte même
de la soumettre à une vérification périodique. Pour
éviter les conflits d'intérêts, on est également
d'accord que les transactions découlant de chaque secteur
d'activité devraient être contrôlées
séparément et être transparentes, et que toute
l'information qui pourrait établir l'intérêt qu'a le
fournisseur de services financiers soit fournie et soit divulguée. Ce
sont les grands principes qu'on accepte facilement.
Il nous semble que ces mêmes règles devraient aussi
s'appliquer lorsqu'il s'agit du décloisonnement des
intermédiaires indépendants. C'est-à-dire que
l'intermédiaire devrait établir sa compétence à
l'égard de chacun des services financiers qu'il veut offrir, lorsqu'il
s'agit d'un secteur d'activité réglementé. Cette
compétence, à notre avis, devrait être reconnue par les
conseils des différentes associations professionnelles, tel que c'est
suggéré dans le document, et ce sous la forme de
l'émission d'un permis. La compétence devrait être
réexaminée périodiquement. En somme, nous sommes d'accord
avec le cumul des permis et nous sommes d'accord avec un contrôle de la
compétence.
De plus, l'intermédiaire financier devrait être soumis
à l'obligation de dévoiler au consommateur l'intérêt
qu'il a à suggérer certains fournisseurs de services
financiers.
On devrait alors soumettre l'intermédiaire à l'obligation
de divulguer ses liens, non seulement ses liens financiers, à notre
avis, mais également et peut-être surtout ses liens contractuels,
avec des institutions financières. Lorsqu'on traite avec un
intermédiaire, je pense qu'il est important qu'il nous dise s'il est
lié à deux, trois, cinq ou sept fournisseurs de services. Parce
qu'on peut facilement donner l'impression que, si par exemple on est un
courtier d'assurances, on peut magasiner dans 200 compagnies d'assurances qui
font affaire au Québec, alors qu'on sait très bien que la
réalité fait qu'un courtier doit d'abord avoir un contrat avec
une compagnie d'assurances, et que la moyenne des engagements des courtiers est
peut-être avec six ou sept maisons. Il nous apparaîtrait important
à ce moment-là qu'une façon de divulguer les liens serait
de dire aux consommateurs quelles maisons et quels fournisseurs de services
financiers on représente.
En résumé, il faut soumettre les intermédiaires
financiers, comme les institutions financières, à des obligations
de divulgation et de transparence pour permettre au consommateur de prendre ses
décisions en toute connaissance de cause. Dans ce sens-là, c'est
évident que nous sommes contre les ventes liées dans le sens
de
ventes forcées. Parce qu'en connaissance de cause, il peut y
avoir avantage parfois à des ventes liées, c'est-à-dire
des ventes intéressées. Il peut y avoir des avantages pour le
consommateur. Mais pour autant que ce n'est pas forcé, nous sommes
d'accord pour accorder au consommateur la possibilité d'annuler les
engagements qu'il aurait pris, croyant qu'il était obligé de les
prendre comme condition d'un contrat principal. On n'a aucune objection
à cela.
Mais encore là, il nous apparaît que le consommateur
devrait obtenir cette protection, non seulement quand il traite avec une
institution financière, mais quand il traite avec tout distributeur de
services financiers, y compris les intermédiaires indépendants.
Je pense que quand un intermédiaire se retrouve dans l'intimité
du foyer d'un contribuable, il peut évidemment, de la même
façon qu'on peut le faire dans une institution financière,
laisser croire qu'il faut acheter tout le forfait pour avoir droit au meilleur
prix possible. Et je ne vois pas pourquoi le consommateur, une fois
retombé dans la tranquillité de son foyer sans la pression d'un
intermédiaire, pourrait décider qu'il annule une partie de son
contrat.
Nous sommes également d'accord que les informations personnelles
relatives à un consommateur et possédées par une
institution financière ne puissent être communiquées
à une autre institution du même groupe. Mais encore là il
nous semble que cette obligation devrait également s'appliquer à
tout distributeur de services financiers, y compris les intermédiaires
indépendants s'ils font eux-même partie d'une équipe
multidisciplinaire. À ce sujet, si ceux qui contreviendront à
cette disposition de la loi deviennent passibles de sanctions pénales,
il nous apparaît cependant bien important de définir exactement ce
qu'on entend par transmission d'informations personnelles. On vit tout de
même dans une ère qu'on appelle l'ère de l'information.
Aujourd'hui, une grande partie des gens gagnent leur vie dans le secteur de
l'information. Ce n'est certainement pas pour que cela ne serve pas. Alors, il
est important de savoir si on réfère à ce moment-là
aux informations quant à la solvabilité des individus. Est-ce
qu'on réfère à des listes d'adresses? Il s'agit de savoir
ce qu'on entend d'une façon précise, avant de commettre un acte
répréhensible, par la communication d'informations
personnelles.
Et, finalement, le décloisonnement conduit aussi à
l'apparition de plus en plus fréquente de planificateurs financiers:
Pour ceux qui s'affichent ainsi et qui veulent donner, moyennant
rémunération, des conseils quant à l'administration des
affaires financières des individus, on favorise plutôt la
création d'équipes multidis-ciplinaires de professionnels
déjà habilités à agir par leur propre ordre
professionnel et aussi constituées de membres d'associations
professionnelles habilitées à émettre des permis à
leurs membres. Ces équipes multidisciplinaires pour- raient être
sous la responsabilité d'une institution financière. Dès
lors, c'est l'institution qui engagerait sa responsabilité ou, si ces
équipes ne sont pas reliées à une institution
financière, les avis de planification devraient être
autorisés et signés par les individus, un peu comme on fait, par
exemple, dans la profession de droit, et non pas par une corporation qui,
évidemment, est perpétuelle en principe mais à laquelle on
peut mettre fin rapidement, donc autorisés et signés par des
individus qui, en ce faisant, assumeraient leurs responsabilités et la
responsabilité personnelle. (15 h 45)
Quant à nous, les planificateurs financiers devraient être
soumis aux mêmes obligations de divulgation et de transparence que les
intermédiaires. Dans le cas de planificateurs reliés à une
institution financière, la divulgation des intérêts est
évidente et implicite. Quand on va à la Fiducie Desjardins, on
sait que c'est Desjardins. Mais dans le cas d'équipes non reliées
à une institution financière, il nous semble que la divulgation,
s'il y a un lien avec des institutions financières, devrait être
expresse.
Voilà, en gros, M. le Président, la position du Mouvement
Desjardins au sujet du décloisonnement des intermédiaires. Nous
avons préparé ce matin, en révisant notre mémoire,
un schéma qui résume notre position. Si cela peut être
utile à la commission, on pourrait distribuer ce schéma. Nous
sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
Merci.
Le Président (M. Baril): J'autorise la distribution de
votre document.
M. Béland: Merci.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, vous avez les dix
premières minutes.
M. Fortier: M. Béland, MM. les membres du Mouvement des
caisses populaires et d'économie Desjardins, votre témoignage
aujourd'hui est important parce que tout le monde l'a dit, on vous jalouse,
vous êtes le groupe le plus décloisonné sur le plan des
institutions depuis longtemps. Bien sûr, cela provoque des discussions
que nous avons eues depuis quatre jour, en particulier sur les ventes
liées, il est assez curieux qu'au fur et à mesure des
discussions, la pensée de tous et chacun d'entre nous évolue. Je
parlais d'ailleurs à un courtier, qui est présent à tous
les témoignages qui se font, qui me disait que lui-même voyait la
disparité, la complexité des problèmes, et qu'en entendant
ces témoignages de différents organismes, de différentes
compagnies, on vient à avoir une compréhension plus directe de ce
qu'on appelle le décloisonnement des conflits d'intérêts et
des problèmes. Justement, La Laurentienne, ce matin, se disait fortement
en faveur des ventes liées dans la mesure où ce n'étaient
pas des ventes forcées
parce qu'il pourrait y avoir des bénéfices pour les
consommateurs.
À ce sujet, j'aimerais avoir votre témoignage parce que je
sais que vous avez fait faire une étude par Créatec en ce qui
concerne la vente d'assurances dans les caisses populaires, ventes qui se font
par le biais d'agents de votre compagnie d'assurances générales.
Je ne sais pas si vous avez fait mettre à jour ce document, cette
recherche que vous avez fait faire par la compagnie Créatec. SI elle est
à jour, tant mieux, mais je crois qu'il serait intéressant que
vous nous précisiez dans quelle mesure justement, lorsqu'il y a des
ventes qui se font à l'intérieur des caisses populaires, cela se
fait par des gens qui visitent la caisse et dans quelle mesure il y a un
prêt consenti au même moment. Quelle est, d'une façon
générale, votre expérience à ce jour face à
vos clients? On sait très bien que si une institution financière
avait un comportement tel qu'elle brimerait les droits de ses clients, en
définitive elle pourrait peut-être faire des gains dans un laps de
temps très court, mais, à moyen terme, cela pourrait lui nuire.
J'Imagine que ce ne serait pas dans le meilleur intérêt d'une
institution financière, quelle qu'elle soit, d'avoir un comportement qui
irait, en définitive, à rencontre des intérêts des
consommateurs. En ce qui concerne la vente d'assurances plus
spécifiquement, que certains ont associée à la vente
liée, j'aimerais que vous nous fassiez part de votre expérience
à ce jour et, si possible, soit le fait de votre expérience ou le
fait d'une analyse qui aurait été faite par une tierce
partie.
M. Béland: M. le Président, je dois dire que c'est
très important, quand on parle des ventes liées, de rappeler ce
que je disais tout à l'heure, c'est-à-dire qu'on a
insisté, nous, sur la séparation des différentes
fonctions. Dans la caisse, la personne qui est habilitée et qui
détient un permis pour vendre ou offrir de l'assurance n'est pas un ou
une employée de la caisse. C'est un employé ou une
employée de la Compagnie d'assurances générales des
caisses Desjardins, donc qui est sous l'autorité non pas du directeur de
la caisse ou du conseil d'administration de la caisse, mais sous
l'autorité de la compagnie d'assurances. D'ailleurs, ce n'est pas un
contrat d'emploi qu'on fait. Il n'y a pas de relation contractuelle
employeur-employé entre le représentant de la caisse et la
caisse. C'est un contrat de location d'espace que fait la compagnie
d'assurances dans le local de la caisse.
Cela dit, on était rendu à 2500 polices d'assurance
vendues par le réseau des caisses; malheureusement, ce sondage n'a pas
été mis à jour, mais il nous a révélé
que seulement 19 % des gens qui avaient assuré leur habitation chez
nous, avaient déjà et ont eu en même temps un prêt
hypothécaire avec une caisse populaire. 19 % avaient ou ont un
prêt hypothécaire avec une caisse populaire, alors que 58 % se
sont assurés pour leur habitation dans une caisse. Donc, on voit qu'il
n'y a pas de lien entre le fait d'obtenir un prêt hypothécaire et
une assurance. Seulement 9 % ont un prêt auto avec une caisse populaire,
alors que 62 % de ces gens-là ont acheté une assurance auto dans
la caisse. On voit, là aussi, qu'il n'y a aucune relation.
Quand on a demandé aux gens qui avaient acheté une
assurance si cela résultait de leur initiative personnelle, d'une
discussion avec une caissière, d'une suggestion d'un conseiller, d'une
discussion avec un conseiller étranger, etc., presque tous, 93 %, ont
dit que cet achat résultait de leur propre initiative; en allant voir un
agent spécialisé en assurance de la caisse, zéro, aucune
personne n'a mentionné que cette assurance leur avait été
présentée comme une obligation et seulement 5 % ont fait allusion
à la notion d'alternative; 2 % reconnaissent l'influence d'une
caissière. Probablement que, quand il est arrivé à la
caissière, elle lui a dit: Saviez-vous qu'on a un service d'assurance?
C'est comme cela qu'ils ont interprété l'influence d'une
caissière; 1 % affirment que cela résulte d'une autre
démarche qu'on n'a pas identifiée.
Ce qui est intéressant aussi, c'est que les réponses
indiquent que dans 50 % des cas l'achat a été effectué
uniquement par un contact téléphonique; la moitié ne se
sont même pas rendus à la caisse, ils ont appelé à
la caisse. La grande majorité des jeunes, 76 %, étaient
auparavant assurés par l'intermédiaire d'un courtier. C'est ce
que le sondage nous a donné. C'est réellement dans la ligne de
politique de Desjardins: on veut que le consommateur, notre membre, parce qu'il
est quand même notre propriétaire, se sente libre de choisir entre
les différents produits qu'on va lui offrir.
M. Fortier: M. Béland, ce matin, La Lauren-tienne a
plaidé pour un décloisonnement des Intermédiaires qui
serait plus global que ce que nous proposons; son plaidoyer, je dois
l'admettre, était convaincant jusqu'à un certain point, mais elle
allait jusqu'à dire que... Hier, le BAC nous a fait une recommandation
à l'effet que les compagnies d'assurances générales qui
vendent par le biais d'agents, étant donné que ces agents sont
des employés de la compagnie, ils nous disaient: Vous ne devriez pas
exiger de permis pour ces gens-là. La Laurentienne nous a apporté
une dimension que je reconnaissais et le député de Lévis a
aussi insisté sur ce point-là, que ce qui était important,
ce n'était pas tellement le fait que la personne soit employée ou
non, mais plutôt le rôle qu'elle jouait et ce rôle en
était un de conseil et de vente auprès du public. La Laurentienne
insistait donc pour que l'agent, même dans un cas d'assurances
générales par vente directe, détienne un permis
étant donné qu'il transige avec le public et qu'il le conseille,
même s'il est un employé de la compagnie.
La Laurentienne allait plus loin et disait: S'il s'agit d'obtenir un
permis pour une personne
qui joue un rôle de conseil et de vente, à ce
moment-là, ce qui est important, ce n'est pas tellement la compagnie
pour laquelle elle travaille. Selon elle, toute institution financière
devrait pouvoir obtenir pour ses employés qui passeraient les examens
et, bien sûr, dans un climat où, à l'avenir, j'oserais
espérer que les exigences minimales seront relevées... tout le
monde s'entend pour dire qu'il faut augmenter les exigences d'éducation
et de passation des examens. Mais on allait jusqu'à dire qu'une caisse,
une banque ou une compagnie pourrait faire en sorte que ces employés
obtiennent différents permis et en particulier, pour extrapoler dans ce
que La Laurentienne nous proposait, un employé d'une banque ou d'une
caisse pourrait obtenir un permis. Vous avez insisté au début en
disant: Nos employés dans le moment - je comprends que vous l'avez fait
pour respecter la loi - les employés qui vendent de l'assurance ne
relèvent pas de la direction de la caisse, mais de la direction de la
compagnie.
Je sais que le Mouvement Desjardins, avant que je sois ministre, avait
fait une demande pour que les employés des caisses puissent obtenir un
permis, mais à la lumière de l'expérience que vous avez
depuis six mois déjà - je crois que cela fait déjà
six mois - quelle est votre expérience et quel est votre sentiment pour
l'avenir?
M. Béland: Si je réfère justement au
schéma, cela nous aide peut-être à comprendre plus
rapidement. Quand on voit les deux types de réseaux quant au pouvoir
d'agir des employés, nous disons: Quand les employés
appartiennent à un groupe financier, donc Desjardins, La Laurentienne,
on devrait se satisfaire d'un permis institutionnel de compétence. La
notoriété, la réputation d'un groupe financier est
déjà la garantie qu'on va hausser au maximum la compétence
de nos employés. Chez nous, en tout cas, on ne cesse de faire de la
formation. On a un Institut coopératif Desjardins. On fait en sorte de
maximiser la formation. Plus nos employés sont compétents, plus
on sait que nos membres vont être bien servis et on prend moins de
risques d'assumer des responsabilités. Nous disons: Quand les
employés appartiennent à un groupe financier, on devrait se
satisfaire d'un permis institutionnel de compétence.
Quand je descends à "compétences", on dit: Le programme
institutionnel de formation devrait être agréé par
l'inspecteur général - cela va - mais, une fois le programme
agréé, l'institution devrait faire la formation de ces gens comme
on le fait déjà et comme on l'a fait dans le cas de l'assurance
générale, ce qui a d'ailleurs donné d'excellents
résultats non seulement en termes de compétence, mais en termes
d'efficacité. On a été appelés à former
beaucoup d'employés en peu de temps; beaucoup d'agents en peu de temps
ont passé leurs examens avec succès. Ces gens sont maintenant des
employés de l'assurance. Il nous semble que c'est une façon
efficace et raisonnable de le faire.
M. Harbour aimerait peut-être ajouter un mot de son
expérience là-dessus.
M. Harbour (John): Oui. Nous avons formé à peu
près 250 agents à ce jour pour vendre de l'assurance dans les
caisses. Notre programme de formation en assurance a une durée de trois
semaines. Pour obtenir le permis, notre agent se présente aux examens
après une semaine de formation et le taux de réussite est
d'environ 99 %. Après, nous lui donnons deux semaines de formation
additionnelle sur nos produits et sur la façon dont nous
fonctionnons.
C'est pour vous montrer que je crois que les exigences devraient
être rehaussées. Je pense que cela fait l'unanimité des
personnes qui se sont présentées ici. C'est pour vous montrer
aussi le sérieux d'une institution financière qui a à
coeur de bien servir ses membres et de donner un service professionnel. On
parle beaucoup d'autoréglementation, et j'en suis. C'est un exemple
très frappant d'une façon de former notre personnel et de donner
une qualité de services adéquate à nos membres.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le Président, si on parte de permis dans
l'ensemble du secteur des institutions financières, les normes minimales
doivent être un peu identiques. On dit que Desjardins a des standards
hauts, mais si vous avez toutes sortes de compagnies dans le secteur, cela veut
dire que si c'est la compagnie elle-même qui donne le permis de pratique,
cela équivaut à dire que cela va relever de chacun des standards.
(16 heures)
On pourrait même aller plus loin. Une entreprise pourrait dire: je
n'ai pas besoin que mon avocat passe l'examen du Barreau, je vais le former
moi-même. Je ne réfère pas à Desjardins mais
à l'ensemble du Québec. Comme c'est là, on fonctionne avec
des standards. J'ai l'Impression qu'on ne va nulle part. Il faut que quelqu'un
vérifie la compétence. Quand il y a un cours, il y a un
diplôme pour la vérifier, quand il y a un organisme professionnel,
il y a les examens pour la vérifier. Je ne vois pas comment on pourrait
fonctionner dans un régime d'institutions financières ainsi. Je
ne veux pas dire que les standards de Desjardins ne sont pas hauts, mais le
Québec doit penser par rapport à l'ensemble du Québec,
à l'ensemble des institutions. Pour vérifier les standards, je ne
comprends pas comment on pourrait dire que si une personne travaille pour une
compagnie, elle n'a plus besoin de permis et qu'on doit se satisfaire du nom de
l'entreprise. À ce moment, comment va-t-on établir les noms qui
ont besoin de permis et les noms qui n'ont pas besoin de permis? Je ne
comprends pas comment cela pourrait fonction-
ner.
M. Béland: C'est qu'on parte de deux types de
réseaux. Quand on est dans le réseau de vente des institutions
financières, c'est clair et ça l'indique ici, on est uniquement
dans les réseaux des ventes directes. Il ne s'agit pas ici de
fonction-conseil, de planification financière, ou de produits
extrêmement complexes. Je pense que la règle change dès
qu'on arrive dans des produits un peu plus complexes. Évidemment, les
ventes directes sont habituellement dans des produits beaucoup moins complexes.
Quand vous faites référence à une compagnie qui pourrait
dire: Je n'ai pas besoin d'avoir un avocat qui a passé au Barreau, je
pense que M. Harbour vient de vous donner un bel exemple qui démontre
les degrés de complexité. Il faut faire quatre ans, du moins
c'était cela dans mon temps, pour avoir sa licence en droit. Pour
être agent d'assurances, une semaine de formation et on a son permis pour
vendre en direct dans une caisse. On n'est pas au même degré de
complexité.
On a formé 250 agents qui ont obtenu leur permis après une
semaine de formation. On l'a complétée par deux semaines, nous,
parce qu'on voulait aller un peu plus loin. Mais je pense qu'on n'est pas dans
des fonctions... Si vous me dites: On entre dans l'assurance qui est plus
directe, de l'assurance commerciale, de l'assurance dans des domaines de la
planification financière, où interviennent des notions de
fiscalité, là je suis parfaitement d'accord. On ne peut pas
vendre cela en direct. On le dit dans notre document. Mais je ne fais
référence ici qu'au réseau de vente des institutions
financières à travers les succursales. Si on s'en va dans l'autre
réseau, les Intermédiaires indépendants, là on dit:
Cela prend un permis individuel de compétences et cela devrait
être émis par les associations professionnelles. Là-dessus,
nous sommes d'accord.
M. Garon: Au fond, je comprends ce que vous voulez dire. On
reçoit par la poste, par exemple, des propositions d'assurances par les
entreprises qui administrent des cartes de crédit, etc. On remplit nos
formules tout seuls si on veut s'assurer. Non seulement cela, mais il n'y a
personne. Ce n'est pas cela. Ce qui me frappe depuis quatre jours, ici, c'est
qu'il y a pas mal d'inflation verbale dans le secteur financier. Parce qu'on a
le mot financier, on a l'impression qu'on est rendu au cinquième niveau
d'abstraction, que celui qui nous parle est au niveau des anges et que nous
autres on est au niveau du plancher. Sauf que quand on décortique cela
un peu, il y a bien du remplissage de formules là-dedans, sans beaucoup
de choix. C'est de décortiquer la fonction-conseil de celle qui est
uniquement une vente au comptoir, au fond. Ce n'est pas facile et c'est cela,
je pense, qu'on n'a pas réussi à décortiquer depuis qu'on
est ici. À l'égard d'une personne qui fait une vente, je ne pense
pas nécessairement à Desjardins, n'Importe qui, on a de la
difficulté à départager quand il s'agit de conseil ou
uniquement de remplissage de formules.
M. Béland: M. le Président, quand on essaie de
parler du décloisonnement des intermédiaires financiers, alors
qu'il y a beaucoup de monde dans ce domaine, je pense qu'on est obligé
de faire des nuances. On va être obligé de décortiquer
cela, comme vous dites. Vous avez même aujourd'hui, en droit, puisque je
reste dans votre exemple, des techniciens.
M. Garon: Je l'ai appris quand j'ai rencontré un de vos
employés.
M. Béland: Les techniciens en droit aujourd'hui exercent
quand même certaines fonctions. Ils ne font pas tout. Ils ne vont pas
plaider jusqu'en Cour suprême, mais ils font certaines fonctions. Or,
dans le domaine de l'intermédia-tion des services financiers, on a un
peu la même chose. Il faut tout de même regarder l'avenir aussi. On
est dans une ère de développement technologique très
avancée. Il existe déjà des logiciels par lesquels on peut
se procurer des polices d'assurance-habitation et automobile Cela existe dans
certains pays, même aux États-Unis. Il ne faudrait pas faire en
sorte d'exiger que les guichets automatiques passent des examens. Je pense
qu'à ce moment-là... C'est pour montrer qu'il y a des fonctions
qui ne requièrent pas de cours universitaire et d'autres qui en
requièrent. Quand on veut parler, de façon
générale, de l'intermédiatlon des services financiers, de
temps en temps, on en parle en ayant en tête, peut-être, les
maisons de courtage plein service et on arrive à des degrés de
complexité. Mais quand on parle de l'émission d'une police
standard pour le consommateur normal et que l'on fait de la tarification, je
pense qu'on n'a peut-être pas besoin d'un diplôme
universitaire.
M. Garon: Vous savez, quand vous avez parlé de faire
passer un examen au logiciel, ce serait peut-être une idée, on
saurait ce qu'il a dans le ventre parce que tantôt, on a appris que les
gens se promenaient avec des valises et que tout était dans la
valise.
M. Fortier: ...hier.
M. Garon: Alors, on a dit: Oui, tous les renseignements
étaient là. Je ne sais pas, mais ce serait peut-être une
idée de faire passer un examen pour voir ce qu'il a dans le ventre, dans
la valise.
M. Béland: D'ailleurs, ce sont ces valises-là qui
nous ont incités à faire le décloisonnement dans les
caisses parce qu'à un moment donné, on s'apercevait que cela nous
faisait une grosse
concurrence parce que les valises se rendent jusque chez le
consommateur, dans son salon, alors que nous, nous sommes assis bien
tranquillement dans nos caisses et on attend que les gens viennent chez
nous.
M. Garon: II y a une question que je voulais vous poser parce
qu'il y a beaucoup de papier, le ministre aime beaucoup produire du papier, des
livres gris. Ils ne sont ni verts, ni blancs, alors on ne sait pas à
quel niveau d'intention ils sont rendus. Je me méfie...
M. Fortier: ...pas de mauvaise intention.
M. Garon: ...quand il vous dit: Je suis d'accord avec le
député de Lévis, habituellement, c'est parce qu'il a
change d'idée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II m'a dit qu'il était d'accord avec moi et j'ai
remarqué qu'hier il disait le contraire. J'espère plutôt
qu'il veut dire qu'il s'est rallié à mon idée.
Je pense que si on parlait de projets concrets, tout cela deviendrait un
petit peu plus clair parce qu'on peut parler bien en général.
J'ai remarqué, dans la dernière livraison - là, on l'a
reçue ce matin même - à l'égard du
décloisonnement dans la Revue Desjardins, vous terminez
l'article, à la page 15, en disant: "Au Québec, on attend, entre
autres, les projets de loi suivants: la Loi sur les caisses d'épargne et
de crédit, la loi sur le courtage des valeurs mobilières, la loi
concernant les intermédiaires financiers et les amendements à la
loi sur les compagnies d'assurance-vie." J'ai demandé au ministre,
concernant la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit, quand
il la présenterait et il m'a dit à la fin d'avril ou au
début de mai. On est rendu au début de juin et il ne pourra plus
en déposer, peut-être d'ici quinze Jours au maximum.
Dans votre esprit, le dépôt de ces projets de loi, depuis
quand attendez-vous cela?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Béland: Est-ce qu'on a le droit, ici, d'invoquer le 5e
amendement?
M. Fortier: Qu'il fasse attention à la manière dont
il répond parce qu'on va le reporter à l'automne.
M. Garon: Non, non, c'est parce que M. Bernier a dit: Vous n'avez
qu'à proposer et il n'y a pas de problème!
M. Béland: Évidemment, ce n'est pas Desjardins qui
fait la loi, vous le savez, et je ne suis pas capable de vous répondre.
Ce qu'on sait, c'est que cela fait longtemps qu'on attend, c'est vrai. On
espère, mais on comprend la complexité de cette loi. On comprend
aussi toutes les difficultés qu'il y a eu en cours de route, mais on
s'attend que le projet de loi soit déposé le plus tôt
possible parce que, pour nous, c'est évident que cela presse.
M. Garon: Je pense que c'est important aussi. Le ministre vous a
dit qu'il voulait déposer la loi sur les intermédiaires
financiers au mois d'octobre. Tout cela, au fond, doit arriver un peu en
même temps parce que si on a le décloisonnement des institutions
financières ou encore l'inverse, le décloisonnement des
intermédiaires sans savoir comment cela va se poser par rapport aux
institutions financières, il y a quelque chose qui ne marchera pas. Le
véhicule et le conducteur... Si on fait conduire une moto par quelqu'un
qui n'a conduit que des automobiles, cela va être dangereux, ou
l'inverse.
J'aimerais demander au ministre concrètement, quelles sont ses
intentions. On arrive à la fin de la commission parlementaire, on a
étudié des livres. Quand veut-il déposer,
concrètement, ces projets de loi? Peut-être aussi le projet de loi
sur le chapitre sur la démutualisation des compagnies d'assurances pour
celles qui veulent le faire, plutôt que de fonctionner projet de loi
privé par projet de loi privé, la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit, la Loi sur les holdings financiers, la
loi sur les intermédiaires financiers et les autres que je viens de
mentionner et qui sont dans la Revue Desjardins? On a l'impression, dans
ce secteur-là, que l'orchestre n'est pas rendu au même niveau, en
tout cas, qu'il ne joue pas le même morceau.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Fortier: Alors, on a un programme ambitieux, en fait,
peut-être trop ambitieux. Celui qui est venu d'Investors l'autre fois, je
ne sais pas si c'était le président d'Investors, nous disait que
la réputation qu'on a dans le reste du Canada c'est que - comment nous
a-t-il appelés? - il nous a appelés les "Californians of Canada",
qu'on était à l'avant-garde, mais...
M. Garon: Comparé à la Saskatchewan...
M. Fortier: II faut faire avancer les idées. Les
dépôts des livres blancs étaient essentiels, comme je crois
que cela aurait été difficile de tenir une commission
parlementaire et d'arriver à un certain consensus comme celui auquel on
arrive. Depuis quatre jours, il y a des petites différences d'opinion,
mais c'est assez extraordinaire - ce n'est pas moi qui le dis, M. Droiet de La
Laurentienne le disait ce matin, et d'autres - c'est assez extraordinaire de
voir jusqu'à quel point il y a consensus sur le décloisonnement.
Pour arriver à cela, j'ai cru qu'il était important de publier un
document qui permettait justement aux gens de discuter de la
même façon, avec les mêmes termes, sur la même
base. Donc, c'était un outil pédagogique Important. Mais pour
cela, il a fallu que je mette de côté certaines choses. J'ai mis
de côté... Je sais que la loi sur le registre a l'air d'être
très importante pour vous, mais j'ai cru que le décloisonnement
des institutions financières et des intermédiaires était
plus important. On a reporté à plus tard des modifications
à la Loi sur les assurances parce que c'était Important, mais ce
qui était plus important était de faire passer la loi sur les
fiducies, c'était de procéder avec le décloisonnement.
Alors si vous me demandez quel est mon programme immédiat, parce que je
n'ai jamais donné de "target" pour la loi sur les holdings, on a
seulement indiqué dans le livre blanc que c'était à venir.
Mais il est certain qu'il y a deux priorités très importantes
dans le moment. La première, c'est la loi touchant les caisses
d'épargne et de crédit. Là, j'ai de bonnes nouvelles. Il
restait un hiatus, il restait un petit problème, mais semble-t-il que
c'est réglé et qu'avant le 15 Juin on va pouvoir déposer
la loi, pour avoir une commission parlementaire tel que prévu au
début de septembre. C'est pour entendre les gens. Là, nous
entendons, ce qui veut dire que si on veut donner la loi aux caisses
d'épargne et de crédit le plus tôt possible, j'ose
espérer qu'à l'automne, après avoir entendu l'ensemble des
intervenants au mois de septembre, je pourrai apporter quelques amendements, si
nécessaire, et les déposer lorsqu'on reviendra en Chambre et, si
possible, faire avancer le projet de loi en deuxième lecture et le faire
adopter avant Noël. En tout cas, disons que c'est un projet ambitieux
parce que c'est une loi de 600 articles. Donc, ce ne sera pas facile. Mais il
est certain qu'une autre priorité est le décloisonnement des
intermédiaires. En particulier, je me suis engagé
vis-à-vis des courtiers d'assurances à leur permettre le
décloisonnement, et à d'autres intermédiaires. Est-ce
qu'on va pouvoir toucher à tous les intermédiaires en même
temps? Enfin, on va y aller par étapes. Encore là, c'est un
programme ambitieux, mais j'ose espérer qu'on puisse arriver avec un
projet de loi cet automne et qu'on le fasse avancer le plus rapidement
possible. Il y a un tas d'autres choses. J'ai déposé un document
sur la mise à jour de la Loi sur les valeurs mobilières. J'ose
espérer que je pourrai arriver à l'automne avec des amendements
à la Loi sur les valeurs mobilières. Il y a les amendements
substantiels à la Loi sur les assurances. Mais une chose est rassurante.
Vous pouvez me critiquer en disant: Mon Dieu, que cela prend du temps! Mais une
chose est rassurante: on va plus vite que le gouvernement fédéral
et on va plus vite que les autres provinces. Alors, quand je me compare aux
autres, je me dis: C'est pas si pire. On peut toujours nous dire qu'on ne va
pas assez vite, mais je pense qu'on fait beaucoup de choses dans le secteur des
institutions financières au Québec. Je le dis parce qu'on arrive
à des consensus. Il y a des fois qu'on se critique, les deux formations
politiques, mais un ancien ministre des Finances m'a dit: M. Fortier, dans le
secteur des institutions financières, c'est trop important pour faire de
la petite politique. Je crois que l'Opposition et le député de
Lévis ont collaboré durant cette commission parlementaire. Je
crois qu'au Québec on a souffert trop longtemps de ne pas avoir nos
institutions financières et d'avoir un secteur financier très
Important. Pour une fois qu'on a quelque chose à coeur, on est rendu, M.
l'Inspecteur, à 50 000 000 000 $. Dans mon livre blanc, on parlait
d'institutions financières qui étaient à 44 000 000 000 $.
On est rendu à plus de 50 000 000 000 $ et cela va augmenter parce que
Montréal Trust s'en vient avec nous. Cela avance vite et on fait
beaucoup de progrès. Je crois qu'on a un programme ambitieux,
peut-être trop ambitieux, mais on va faire ce qu'on peut faire, selon les
lois de la démocratie. C'est certain qu'on ne veut pas bousculer
personne, mais on a un programme qui est beaucoup plus ambitieux et qui se
réalise plus vite que celui du gouvernement fédéral. Vous
savez, les compagnies à charte fédérale dans le domaine de
l'assurance et les compagnies à charte fédérale dans le
domaine des fiducies attendent encore leur loi, et elles ne l'ont pas. Nous, on
a passé notre loi sur les fiducies. Elle va être promulguée
la semaine prochaine. Le gouvernement fédéral est obligé
de remettre en cause son avant-projet de loi qu'on a critiqué.
Semble-t-il qu'on va gagner une bonne paire de manches parce qu'ils vont
être obligés de recommencer et de réécrire leur loi.
Alors, M. le député de Lévis, vous pouvez me critiquer,
mais je pense qu'on fait beaucoup de choses. On a votre collaboration,
étant donné l'ampleur des réformes à faire - et je
l'apprécie - la collaboration de l'Opposition, comme nous l'avions
accordée, je crois, quand on était dans l'Opposition. Je me
souviens du problèmes des caisses d'entraide économique et je me
souviens de la Loi sur les valeurs mobilières. C'étaient mes
collègues Reed Scowen et Daniel Johnson qui étaient de l'autre
côté. Nous avons collaboré avec le gouvernement dans ce
sens, et je crois qu'on peut dire que dans le secteur des institutions
financières, il n'y a pas de différence, que j'appellerais
appréciable, entre les deux formations politiques. Bien sûr,
chacun peut apporter son grain de sel, mais je crois qu'on a besoin de cela au
Québec, parce qu'on a trop longtemps été des petits dans
le secteur financier, mais on commence maintenant à prendre notre place.
En tout cas, en ce qui me concerne, je vais tout faire pour faire avancer tous
les projets de loi, et avec votre collaboration, on va essayer de les faire
adopter le plus rapidement possible. (16 h 15)
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Je donne
maintenant la parole à M. le député de Mille-Îles.
Il reste six minutes à votre formation.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je vais aller
directement au but. Je remercie le Mouvement Desjardins du document qui a le
mérite certes d'indiquer les objectifs visés par le
décloisonnement des services financiers, tel que le voit le mouvement.
Je m'attarde plus particulièrement au premier paragraphe à la
page 4 de votre document: "De plus, il - on fait référence au
décloisonnement - amènera une baisse au niveau des prix,
rehaussera la qualité des services et améliorera la distribution
dans les régions éloignées des grands centres."
La grande parenthèse que j'aimerais ouvrir au départ,
c'est de vous citer, si vous me le permettez, un article paru dans le journal
Le Soleil du mercredi 9 décembre 1987. C'est quelqu'un que vous
connaissez très bien, M. Oscar Mercure, président d'Assurance-Vie
Desjardins, qui émettait à cette époque le commentaire
suivant: "Le consommateur n'a guère bénéficié
jusqu'ici du décloisonnement des institutions financières. Il
s'est agi davantage d'un décloisonnement de la propriété
des institutions que des désirs et des besoins des consommateurs. C'est
plutôt une guerre stratégique entre les gouvernements et entre les
grandes maisons financières." M. Mercure était cité par M.
Réal Laberge, journaliste, qui concluait: "D'autre part, remarquez que
ce n'est pas la société qui a demandé et qui veut le
décloisonnement, elle s'en accommodera bien, si elle finit par en sortir
gagnante. Jusqu'à maintenant, ce sont les institutions
financières qui en ont voulu, et les gouvernements qui font ce
décloisonnement." Je partage entièrement ce que M. Mercure, de
votre mouvement, a déclaré le 9 décembre 1987.
Les bénéfices escomptés par le
décloisonnement, tel que vous le voyez, sont la baisse des prix, le
haussement de la qualité du service, l'amélioration de la
distribution dans les régions éloignées des grands
centres. Je prends le classement des assureurs au Canada, dans le journal, le
portefeuille d'avril 1987, et je regarde le taux des frais d'opération
sur prime acquise, je compare des compagnies d'assurances telles que le Groupe
d'assurance Royale, taux des frais d'opération, 31,3 % sur 1 $; Groupe
Allstate, 28,7 %; Groupe Bélair, 29,3 %. Quand j'en arrive au Groupe
Desjardins assurance générale, j'en arrive à 42 %,
écart d'environ 15 %, en moyenne, sur le taux des frais
d'opération.
Pour les 2500 nouvelles polices que vous avez vendues directement par
votre réseau de caisses populaires - c'est ma première question -
est-ce qu'il y a eu une remise au consommateur? Votre prémisse, c'est
que cela va coûter moins cher. Il y aura des économies
d'échelle. Au consommateur, à l'assuré qui a acheté
ces polices, quand vous allez commencer, si ce n'est déjà fait,
à quel nombre ou à quel volume allez-vous commencer à lui
remettre l'économie d'échelle sur laquelle vous basez tout votre
système?
Ma deuxième question a trait à la qualité des
services à l'assuré. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous
pensez honnêtement et sincèrement. Comme vous l'avez
déclaré tantôt, 56 % de ces 2500 nouvelles polices ont
été souscrites après des appels
téléphoniques. Est-ce que vous pensez qu'il y a une
amélioration des services à la clientèle assurée
chez vous, comparativement au système qui existait avant que vous ne le
fassiez dans les caisses populaires? Les mêmes assurés pouvaient
téléphoner à d'autres compagnies d'assurances et obtenir
le même service.
Enfin, ce que j'aimerais savoir, en ce qui a trait aux 2500 polices qui
ont été vendues, si ce n'est pas un test que vous faites
présentement dans certaines succursales - votre troisième
objectif est d'améliorer la distribution dans les régions
éloignées - combien de ces polices d'assurances ont
été vendues dans des régions éloignées?
Est-ce que c'est 90 %, est-ce que c'est 50 %, est-ce que c'est seulement 10 %?
Si c'est seulement 10 %, est-ce que ce n'est pas plutôt une
stratégie de marketing chez vous, qui serait bien pour les objectifs de
Desjardins, de viser de préférence la concentration des
consommateurs dans les grands centres plutôt que d'assurer l'atteinte du
troisième objectif qui est la distribution dans des régions
éloignées? Ce que je veux savoir, en d'autres termes, c'est
à quel moment les consommateurs qui vont acheter chez vous vont
bénéficier des bénéfices escomptés qui sont
de trois ordres et de quel montant.
Le Président (M. Baril): M. Béland.
M. Béland: Quant à la déclaration de M.
Mercure, il faut la prendre dans son contexte. J'ai très bien vu le
texte de M. Mercure, qui voulait s'adresser aux autres juridictions qui font du
décloisonnement. Vous connaissez les opinions différentes des
gouvernements fédéral et provincial sur la question du
décloisonnement. On dit que si on fait un décloisonnement et
qu'on n'en fait pas profiter le consommateur, c'est-à-dire que si on ne
le fait pas profiter de la synergie du décloisonnement... Et je prends
l'exemple de la Loi fédérale sur les sociétés de
fiducie qui dit qu'on peut décloisonner la propriété, mais
qu'on ne vend pas d'assurances dans les locaux des compagnies de fiducie. Donc,
local à côté, frais fixes additionnels. Par
conséquent, le consommateur n'en tire rien. Nous sommes d'accord avec la
politique annoncée par le Québec, selon laquelle lorsqu'on permet
le décloisonnement dans les locaux mêmes de l'institution
financière, on crée des économies dont le consommateur va
profiter. C'est ce que M. Mercure disait: Si on est seul à le faire, ce
n'est pas très bon. Il faut que les gens comprennent que c'est bon le
décloisonnement, pas juste des institutions financières, mais que
c'est bon aussi quand on décloisonne l'offre de produits.
Vous faites référence au taux de 42 % de GDAG. GDAG est
une entreprise qui fonctionne avec des courtiers. Vous n'avez pas là les
chiffres de notre compagnie d'assurances qui vend dans les caisses. Servez-vous
pas du 42 % du GDAG - GDAG, c'est Groupe Desjardins assurance
générale - qui ne fonctionne que par l'intermédiaire de
courtiers. Et on essaie d'améliorer notre 42 %, c'est bien
évident. Vous n'avez pas les chiffres de l'assurance
générale Caisses Desjardins, qui est une autre entreprise.
Troisièmement, ce qui est là, c'est déjà
commencé. C'est déjà commencé. Quand on dit une
baisse au niveau des prix, questionnez les gens des caisses. Je reçois
des témoignages en quantité. Ils viennent chez nous parce qu'ils
disent que c'est moins cher. C'est sûr. On bénéficie des
avantages, c'est certain.
De plus, la qualité des services. Tous les assureurs directs
commencent par recevoir des appels téléphoniques. Les gens nous
appellent et disent: Quel est votre prix? Comment est-ce que cela marche?
Ensuite, ils viennent terminer leur transaction. Ce qu'on voulait dire par
notre statistique, c'est qu'on ne les sollicite pas dans la caisse. Le premier
contact se fait par téléphone, par le membre lui-même.
Donc, il n'y avait pas d'incitation autre que celle qui a été
créée par la publicité qu'on nous a faite dans les
journaux. Les gens ont vu cela. Ils ont appelé à la caisse et ils
ont demandé: Est-ce vrai que vous avez un service d'assurances? On
voudrait savoir comment cela fonctionne.
Quant à la distribution dans les régions
éloignées, il y a 1000 conseils d'administration de caisses qui
nous ont envoyé des résolutions. Donc, d'un peu partout, parce
que ce sont 1000 sur 1345. Il y a eu 1000 conseils de gens du milieu qui se
sont assis et qui se sont demandé: Est-ce qu'on vend de l'assurance?
Est-ce qu'on offre cela à notre monde? Et 1000 ont répondu: Oui.
Donc, cela doit rejoindre pas mal de régions éloignées.
D'ailleurs, je parlais encore hier au directeur général de la
fédération de la Péninsule et des îles qui est
très heureux. Il dit que ses membres sont contents, parce que
c'était difficile avant de rejoindre un courtier. Il y en avait un
à 70 kilomètres. On a maintenant de l'assurance sur place. Ils
trouvent cela bien.
Je pense qu'on réalise déjà les trois objectifs
fixés. Le jour où on ne sera pas capables de faire cela, qu'on ne
sera pas capables de baisser le niveau des prix, bien mon Dieu, on ne sera plus
dans la compétition. C'est le consommateur qui va décider. Ce
n'est pas Desjardins.
M. Harbour, je pense que vous vivez cela, et j'aimerais que vous
complétiez peut-être ma réponse.
M. Harbour: Avec plaisir. Lorsqu'on parle d'un taux d'acquisition
au net, c'est-à-dire 42 %, c'est après la structure de
réassurance qui varie beaucoup d'une compagnie à l'autre et qui
peut influencer énormément le coût d'acquisition.
Deuxièmement, dans les exemples que vous avez comparés,
vous avez des compagnies avec inter-médaires et d'autres sans
intermédiaire, des réseaux complètement différents.
Troisièmement, il y a la structure du chiffre d'affaires de chacune des
compagnies. Si je suis une entreprise qui distribue plus d'habitations que
d'automobiles, il est raisonnable de penser que mon coût d'acquisition
est plus élevé. Si vous regardez la rémunération de
l'intermédiaire qui est de 20 % en habitation, elle n'est que de 12,5 %
en automobile et, à ce moment-là, la composition de la structure
de porte-feuille d'assurances d'une compagnie est excessivement importante dans
l'analyse du coût d'acquisition.
Je peux vous affirmer que si on avait des coûts d'acquisition de
15 % plus élevés que ceux de nos compétiteurs et que ce
n'était pas justifié, on n'aurait pas démontré la
rentabilité que l'entreprise a démontrée ces
dernières années. Quant aux 2500 clients dont on parlait tout
à l'heure, c'est un peu injuste relativement au succès qu'on
remporte dans ce nouveau mode de distribution, puisque nous avons
dépassé, depuis déjà une couple de semaines, le cap
des 40 000 assurés. Je peux vous dire que présentement, 16 % de
notre clientèle provient de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
et que toutes les caisses populaires de cette région offrent maintenant
le produit d'assurances générales. On touche à ce
moment-ci toutes les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a des
petites régions là-bas qui ont un service extrêmement
apprécié. D'ailleurs, une étude d'un cégep, celui
de Jonquière, si ma mémoire est bonne, démontrait qu'une
personne sur deux serait intéressée à venir dans une
caisse populaire pour avoir un service de produit d'assurance. Pour quelle
raison? Je vous le donne en mille. Allez le leur demander. Mais vous pouvez
constater la réceptivité du produit actuellement sur le
marché. On a ouvert aussi nos caisses dans la région des
Îles-de-la-Madeleine. Afin de vous démontrer le déploiement
du réseau qui se fait présentement, il y a 300 des 1400 caisses
qui offrent actuellement, par nos agents, le produit dans la province de
Québec. On peut situer le volume total à 50 % en milieu urbain et
à 50 % en milieu rural, au moment où on se parle; 50 % de nos
distributions sont faites directement par des appels de consommateurs au centre
de services centralisés et 50 % vont s'informer à la caisse et
rencontrent l'agent sur place. Je ne sais pas si cela situe bien...
Le Président (M. Baril): Merci M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Baril): II vous reste quatre minutes, M.
le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je commence.
Le Président (M. Baril): Allez-y. Je compte.
M. Parent (Bertrand): M. Béland, vous avez
mentionné tantôt dans votre exposé qu'il est difficile de
départager où s'arrêtent les services juste au comptoir, si
on veut, et les services de gestion-conseil, si on peut appeler cela ainsi. Je
pense qu'on est rendu, ou qu'on arrive à une époque où le
consommateur va globaliser davantage ce genre de services, c'est-à-dire
qu'on s'en va de plus en plus vers de la gestion-conseil. Le
décloisonnement, c'est un peu comme dans un autre marché, celui
du libre-échange. C'est rendu que les gens ne veulent plus avoir juste
un morceau, ils veulent voir l'ensemble. Je pense que le rôle du
directeur de la caisse ou du directeur de la banque est sûrement en train
d'évoluer pour devenir davantage celui d'un conseiller. Alors, vous qui
êtes à la tête du mouvement, ne pensez-vous pas qu'il y a
là un danger? On est en train de se diriger vers des services qui seront
carrément des services au comptoir fournis par une caissière ou,
après les heures d'ouverture, fournis par un guichet automatique. On a
sensiblement le même service: on peut retirer, on peut déposer, on
peut faire des transactions pour acheter de l'assurance. À toutes fins
utiles, un guichet automatique qui remplit la fonction d'une personne qui est
là pour donner un service au comptoir. Ne pensez-vous pas que, de plus
en plus, les consommateurs vont chercher davantage à aller voir, autant
pour le portefeuille des assurances que pour l'ensemble des autres services qui
sont compris dans le décloisonnement, ce que j'appelle la personne qui
va conseiller sur l'ensemble du portefeuille ou sur l'ensemble des actions et
des décisions à prendre pour un consommateur, un père de
famille, etc?
Dans ce sens, je me dis que le type de formation que vous donnez
actuellement est sûrement bien pour le service que vous rendez, mais la
préoccupation ne devrait-elle pas davantage aller vers la formation des
professionnels? On disait tantôt avec les gens de l'Université
Laval - je le dis aux gens de Desjardins, parce que vous êtes
drôlement importants dans le système dans lequel on vit - qu'il
faudrait davantage former ou envisager immédiatement le fait d'avoir des
gens qui auront une pleine formation dite professionnelle, pour être
capable de répondre vraiment aux besoins, parce qu'on s'en va, je pense
que ce sera d'ici quelques années, vers tout l'un ou tout l'autre. Il y
aura le guichet ou la machine automatique - l'automa-tion - où on peut
faire des transactions. Mais lorsqu'on voudra avoir des conseils, on devra
aller vers beaucoup plus large, et on ne pourra pas, d'après ce que j'ai
cru comprendre, compartimenter, savoir où ça s'arrête et
où ça commence. On ne pourra pas juste compartimenter les choses.
Les gens vont avoir à l'esprit qu'en allant à la caisse,
même si à l'intérieur de la caisse il y a des locaux
différents, on ne pourra plus compartimenter de cette façon. Je
pense que les gens devront offrir davantage de gestion-conseil et être
formés en conséquence. C'est là ma
préoccupation.
M. Béland: M. le Président, je pense que, là
aussi, il y a des niveaux. On ne fait pas de planification financière
sur une base régulière. Une fois qu'on a expliqué à
un professionnel sa situation financière, les besoins de sa famille
selon le nombre d'enfants, ses revenus, etc., et que celui-ci dise: Tu devrais
investir tant dans l'épargne-chèque, tant dans l'épargne
stable, tu devrais acheter des valeurs mobilières pour telle proportion
etc., une fois qu'on a la planification, il reste qu'on retombe ensuite dans
des opérations quotidiennes. On est très conscients dans le
réseau qu'une fois que les gens ont fait leur planification globale, ils
ont quand même besoin d'indications sur la nature des conseils, sur les
différents produits, sur la façon qu'on place un
dépôt à terme, sur les modalités se rattachant au
REER dans notre institution. C'est clair qu'à ce point de vue, on fait
des efforts considérables actuellement; c'est d'ailleurs l'une de nos
priorités qui se lit comme suit: l'adaptation de nos ressources
humaines. On est en train de renverser la vapeur, c'est-à-dire qu'on
avait anciennement une majorité d'employés voués aux
services courants et on va maintenant vivre l'Inverse; on parle de pourcentages
de 70-30 de gens qui seront maintenant affectés aux
services-conseils.
Quand je parle de services-conseils, je ne parle pas de planification
financière. Ce sont des conseillers maison, identifiés à
Desjardins bien sûr, mais qui sont là pour conseiller sur la
panoplie des services, sur les différentes modalités de ces
services, des produits, pour les expliquer convenablement et d'une façon
très compétente. Mais je pense qu'il y a une nuance entre le
degré de celui qui est dans le service courant et celui qui va
être dans le service-conseil, mais qui est clairement identifiée.
Sa divulgation n'est pas difficile à faire. Il travaille chez
Desjardins, derrière le comptoir Desjardins ou dans un bureau
Desjardins. C'est clair que sa divulgation est évidente, et que son
intérêt est de vendre des produits Desjardins. Mais, à
l'autre niveau, et on parle alors de planification financière, on dit
aux gens: Oui, venez et, si vous avez besoin de conseils quant à votre
planification financière, on va la faire et on la reverra en temps et
lieu. Tout cela dépend à quel niveau on se situe.
M. D'Amours est notre spécialiste là-dedans.
Le Président (M. Baril): Oui, mais j'aimerais que vous
soyez bref cependant. Votre temps est écoulé.
M. D'Amours (Alban): En fait, toute institution financière
qui, dans le cadre du décloison-
nement, voudra déployer ses activités en conformité
avec cette orientation d'entreprise et gouvernementale devra mettre l'accent
sur la formation de ses employés à l'égard du conseil,
mais on ne pourra pas éviter la séparation de l'agent-conseil,
cette séparation dont vient de parler M. Béland, entre l'effort
de vente et l'effort de conseil qu'on fournit aux membres ou aux clients qui se
présentent à l'institution ou à la caisse. Dans ce
contexte, c'est une des raisons pour lesquelles on met beaucoup l'accent sur la
responsabilité institutionnelle de cette formation, parce qu'elle est
graduelle par rapport à la complexité des produits offerts aux
membres. Il serait difficile pour une institution étrangère ou un
corps étranger à l'institution financière en question de
viser les créneaux de formation parfaitement adaptés aux besoins
multiples et graduels que ressentira la caisse ou l'institution
financière dans ce contexte de décloisonnement des services.
Le Président (M. Baril): Merci. Le mot de la fin, M. le
ministre.
M. Fortier: Je pense bien que votre contribution nous a
apporté un éclairage additionnel sur les besoins de votre
entreprise. On va continuer le dialogue parce que, en ce qui concerne la
formation, en particulier, et la possibilité d'octroyer à la
formation une institution, je pense bien qu'en principe, dans la mesure
où cela satisferait aux exigences d'un conseil de l'assurance-vie ou
à celles d'un conseil de l'assurance de dommages, il s'agirait d'une
délégation que le conseil pourra évaluer à ce
moment-là. De toute façon, on ne fermera pas de portes
aujourd'hui, et on vous remercie de votre contribution.
Le Président (M. Baril): Merci. Le mot de la fin, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le président, j'avais une question à
vous poser. Je n'ai pas eu à le faire puisque vous y avez répondu
quand vous avez dit, qu'au fond, Desjardins n'est pas un mammouth financier,
mais un groupement de près de 1400 caisses. Je pense qu'il y a
au-delà de 800 municipalités au Québec qui n'ont pas
d'autre institution financière qu'une caisse dans la
municipalité. J'étais content d'entendre cela, parce que j'allais
vous demander ce que c'était entre les deux. Le fait qu'on a dit que
Desjardins pourrait devenir un mammouth sur le continent nord-américain
a créé des problèmes. Je suis content de voir que le
ministre commence à se dédouaner par rapport au terme "mammouth",
une espèce disparue il y a des millions d'années, faute
d'être capable de s'adapter au milieu environnant.
Je remarque aussi qu'on a dit que c'était important d'avoir des
notions de fiscalité. Je vois que vous êtes accompagné de
l'ancien sous- ministre du Revenu. En planification financière, sans
notions fiscales, je pense bien qu'il y aurait un gros problème.
Je remarque qu'en termes d'économie aussi, vous êtes un des
seuls organismes à écrire sur les deux côtés des
pages. Cela m'a frappé. Vous aviez sûrement le moyen
d'écrire seulement sur un côté de la page. Cela m'a
frappé. Tantôt même, je me suis dit, le texte ne se suit
pas. Vous écrivez sur les deux côtés des pages, ce qui est
un bon signe aussi, en termes d'économie. Cela prend deux fois moins de
pages pour écrire la même chose.
Ce que je souhaite au fond - et je suis content de l'avoir entendu - ce
que j'espère c'est que l'engagement du ministre aujourd'hui veut dire
quelque chose. Il a dit: Vous pouvez compter sur l'Opposition pour insister
là-dessus, à la fin d'avril, début mai. Aujourd'hui, il a
dit: Avant le 15 juin. Je pense que vous avez un rôle à jouer pour
qu'il le fasse, parce que la session doit ajourner au plus tard à la
Saint-Jean-Baptiste et ne reprendra pas avant le mois d'octobre. On veut
pouvoir faire des consultations aux mois d'août ou de septembre. Cela
devait être au mois d'août; c'est rendu au mois de septembre. Je
suppose qu'au mois d'août, cela va être le registre des
entreprises.
M. Fortier: Au mois d'août, M. Béland ne sera pas
là. Alors, on y sera au mois de septembre.
M. Garon: Je pense qu'il serait très sain, à cause
de tous les débats qu'il y a eu jusqu'à maintenant, que la Loi
sur les caisses d'épargne et de crédit soit
déposée. Quand on fera alors les études, avant même
que cela revienne devant l'Assemblée nationale, si la Loi sur les
intermédiaires financiers a été déposée, je
pense qu'il y aura beaucoup moins d'ambiguïté, et les gens sauront
sur quoi tout cela s'aligne, et il y aura beaucoup moins d'inquiétude
aussi.
Le Président (M. Baril): Merci. M. Béland, je vous
remercie.
M. Béland: Merci.
Le Président (M. Baril): Je remercie le Mouvement des
caisses populaires et d'économie Desjardins.
J'invite immédiatement la Bourse de Montréal à se
présenter.
La commission va suspendre ses travaux deux minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Mesdames, messieurs, on vous souhaite
la bienvenue. Si vous voulez, s'il vous plaît, vous présenter et
présenter vos invités.
Bourse de Montréal
Mme Parent-Johnson (Marie-Louise): Je suis Marie-Louise
Parent-Johnson, première vice-présidente, affaires juridiques, et
secrétaire générale de la Bourse de Montréal.
À ma gauche, M. Richard Drapeau, un gouverneur membre de la Bourse. Il
est président de R. Drapeau Capital inc, et il est aussi
président du comité du parquet de la Bourse de Montréal et
membre de divers comités pour la performance des spécialistes sur
le parquet. À ma droite, M. Pierre David, gouverneur,
représentant le public à la Bourse de Montréal. M. David
est président du comité d'inspection des membres de la Bourse de
Montréal.
Le Président (M. Baril): Mme Parent-Johnson, on vous
souhaite la bienvenue, à vous et à votre groupe. Je tiens
à vous dire que vous avez 20 minutes pour la présentation de
votre mémoire.
Mme Parent-Johnson: Merci. Au nom du comité des
gouverneurs de la Bourse, je tiens à remercier M. le ministre ainsi que
le président de la commission parlementaire, les membres de la
commission et le personnel, de nous donner cette occasion de nous prononcer sur
un sujet qui nous est cher, le décloisonnement des
intermédiaires, qui fait suite au décloisonnement des
institutions financières. Vous avez reçu notre mémoire.
Vous avez reçu le sommaire. Dès lors, étant donné
que vous avez reçu ces documents, si vous insistez vraiment, je pourrai
en faire la lecture des 38 pages, ligne après ligne, mais je
procéderai plutôt en mettant en évidence un certain nombre
d'éléments qui sont plus importants à nos yeux. Dans cet
exercice, je tenterai d'éviter les redites sur la réforme des
institutions financières.
Permettez-moi d'abord de vous expliquer ce qu'est la Bourse. La Bourse
est un organisme d'autoréglementation qui, en vertu de sa constitution,
par sa loi spéciale de 1874, a comme mission d'établir et de
faciliter le développement de marchés de qualité. Elle a
la responsabilité de réglementer et de discipliner ses membres et
leurs représentants. Elle doit voir aussi à la surveillance du
bon ordre des marchés des quelque 1200 titres des 755 entreprises qui
ont déjà fait appel à l'épargne publique. Nos
membres sont les courtiers en valeurs mobilières qui transigent sur le
parquet. Certains d'entre eux ne sont membres d'aucun autre organisme ou
association.
Ce que nous sommes et ce que nous faisons nous amènent à
observer quotidiennement les mutations qui touchent le système
financier. Nos préoccupations sont triples. D'une part, nous croyons que
la Bourse et les marchés financiers sont essentiels au
développement économique du Québec. D'autre part, nous
sommes préoccupés par la protection des consommateurs, le produit
financier que sont les investisseurs. Je vous rappellerai que plus de 16 % de
la population adulte possède des titres cotés en Bourse. Enfin,
nous sommes préoccupés par la stabilité du système
financier.
Ce que l'on voit, c'est d'abord la concurrence féroce entre ceux
qui vendent des produits financiers aux consommateurs. Cette concurrence se
traduit par une interpénétration des activités et des
produits. Des banques qui font du courtage, des caisses d'épargne et de
crédit qui font aussi de l'assurance, des assureurs qui vendent des
immeubles, et des fiducies qui font des transactions boursières pour des
clients. Ce que l'on voit nous amène à constater que cela a des
effets. Du point de vue du consommateur, cela lui offre une vitrine où,
de plus en plus, il va pouvoir faire un dépôt, transiger sur des
valeurs mobilières, procéder à l'achat d'un immeuble et
s'assurer sur la vie et contre les dommages. Ce que l'on constate pour les
établissements ou institutions financières, c'est que cela leur
permet de faire face à la concurrence, d'atteindre ou de conserver une
clientèle en lui offrant plus de produits, en maximisant les
économies d'échelle.
Le Québec, depuis plusieurs années, assume un leadership
sur ce plan. D'ailleurs, le document du ministre s'inscrit dans cet
élan. C'est là le contexte des principes qui nous apparaissent
être les tendances lourdes. Il y a, cependant, des problèmes
d'adaptation auxquels il faut savoir répondre parce qu'il y a le revers
de la médaille.
En ce qui concerne l'industrie à laquelle nous appartenons,
c'est-à-dire les valeurs mobilières, il y a lieu, d'abord, de
définir ce que l'on entend par intermédiaires, avant de
procéder carrément à la description de notre
problématique. D'abord, distinguons l'intermédiaire financier et
celui qui émet un titre de créance tiré sur
lui-même, dont la valeur est certaine et dont le rendement est
habituellement déterminé, par exemple, une police d'assurance
émise par une institution, alors que l'intermédiaire de
marché, à savoir, dans ce cas-ci, le courtier en valeurs
mobilières ou le courtier d'assurances, effectue un appariement entre
une demande du consommateur et un produit offert sur le marché des
capitaux. Ce qu'il faut retenir, c'est que le titre de valeur mobilière
coté en Bourse est un titre plus aléatoire, dont le rendement
peut être très haut ou plus bas, et qui dépend des
fluctuations du marché.
Nous, dans l'industrie des valeurs mobilières, sommes dans
l'intermédiation de marchés. Dès que l'on parle de valeurs
mobilières, qu'on soit bien conscient de la nature de ce qu'est un
produit de valeurs mobilières réglementées. Voici
quelques produits variés dont la complexité diffère
de l'un à l'autre. Par exemple: des actions de grandes entreprises ou
d'entreprises en voie de développement, des certificats sur l'or,
l'argent, le platine, les contrats à terme sur marchandise ou les
contrats à terme sur acceptation bancaire, les options sur devises, les
options sur bons du Trésor ou les options sur obligations, etc. C'est
pour cela que nous pensons que la réglementation doit se faire par
fonction ou champ d'activité plutôt que par institution. En
faisant de la réglementation par fonction, on assure la
cohérence, l'unicité, l'efficacité et donc, une meilleure
protection du consommateur, une meilleure stabilité du système
financier.
De façon spécifique, c'est pour ces raisons que nous
retrouvons les recommandations de la Bourse de Montréal dans son
sommaire, aux pages 7 et suivantes. Tout d'abord, les activités de
valeurs mobilières, quel que soit le contexte d'organisation de la
vitrine, doivent être vigoureusement soumises à la
réglementation des valeurs mobilières comme telles, à
l'unique intervention de surveillance de l'organisme traditionnel de
surveillance, soit la Commission des valeurs mobilières, et à
l'autoréglementation dont nous sommes un exemple, mais qui devrait aussi
s'étendre à d'autres; que toute délégation à
un organisme d'autoréglementation se fasse par le seul et même
organisme, par le biais de la loi.
Quant au regroupement d'activités qui peuvent prendre des formes
de réseaux, équipes, cabinets, quelle que soit la formule ou tout
autre présentation de produits financiers au consommateur, il nous
apparaît essentiel que les activités de valeurs mobilières
fassent l'objet d'une identification claire et distincte sur le plan
administratif, que la formation, le maintien, la compétence et les
qualifications dans une industrie très complexe obéissent
à des standards très élevés. Quant au cumul de
permis, que les personnes qui exercent dans ce secteur remplissent des
conditions et des exigences de compétence et de qualification de
très hauts standards, et que ces postulats se reflètent dans les
mesures qui seront envisagées et ce, dans le meilleur
intérêt du consommateur, quelle que soit l'orientation que le
ministre prendra quant à cet aspect de l'élargissement des champs
de pratique.
Quant aux transactions liées, on considère qu'il devrait
être interdit que les personnes, dans les regroupements, lient
l'obtention d'un service à l'achat d'un autre, c'est-à-dire
l'achat d'une maison en faisant prendre à cette personne de l'assurance
nécessairement dans le même regroupement. Quant à la
question des commissions partagées, la Bourse est d'avis qu'on ne
pourrait défendre ce genre de rémunération entre les
entités pour référence d'affaires. Il faut tenir compte du
volume et de la valeur de l'affaire référée. Il faut donc
permettre le partage de commissions. Il vaut donc mieux réglementer
cette formule en obligeant la divulgation du partage des commissions, qui
devrait être effectué de firme à firme et que les
politiques soient bien établies dans les firmes pour qu'il y ait un
contrôle de ce partage des commissions. Les firmes devraient tenir un
registre des commissions reçues ou payées qui devrait être
tenu dans chaque institution en indiquant la provenance de la
référence. Quant à l'aspect de divulgation, afin d'assurer
la protection du consommateur, la Bourse recommande que tout
intermédiaire financier ou de marché doive divulguer au
consommateur ses liens ou ententes avec une institution financière ou un
autre intermédiaire de marché. Il doit le faire dans une
perspective qui puisse permettre aux organismes de supervision et
d'autoréglementation d'en vérifier facilement
l'authenticité. Il s'agit là de mesures appropriées pour
éviter les situations de conflits d'intérêts et un principe
fondamental dont devrait s'inspirer toute loi de cette nature.
C'est donc là, M. le Président, un tour d'horizon de la
position de la Bourse de Montréal. Quant aux questions, les gouverneurs
de la Bourse se feront un plaisir d'y répondre.
Le Président (M. Baril): Merci, madame. M. le
ministre.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Un premier mot bien
sûr pour remercier la Bourse d'avoir préparé un
mémoire et d'être venue le présenter, sachant pertinemment
que les délais étaient très courts et que cela vous a
imposé un travail accru à la dernière minute. Mais je suis
sûr que le temps imparti vous a quand même donné les moyens
de faire connaître votre point de vue. Vous dites et vous faites avec
raison la distinction entre les intermédiaires financiers et les
intermédiaires de marché. Quelquefois, on utilise l'un pour
l'autre, mais il est évident que ce qu'on appelle
l'intermédiation financière est la transformation d'une
créance en une autre créance et que l'intermédiation de
marché consiste à mettre une institution et un client ensemble
pour leur permettre de faire une transaction. Mais n'est-il pas vrai, lorsqu'on
parle de courtiers en valeurs mobilières, que très souvent les
grandes maisons de courtage jouent sur les deux tableaux? Bien sûr, si je
m'adresse à mon courtier, il va m'acheter des titres en Bourse, donc
à ce moment-là il est intermédiaire de marché. Mais
lorsqu'un courtier en valeurs mobilières fait un "bought deal", alors
là on touche à la limite de l'intermédiation
financière. Dans une certaine mesure, les grandes maisons de courtage en
valeurs mobilières sont, à la limite, quasiment des
intermédiaires financiers en plus d'être des intermédiaires
de marché.
M. Drapeau (Richard): Est-ce que je peux répondre
maintenant? Je ne serais pas prêt à faire cette affirmation parce
que même dans le cas d'un "bought deal" ou dans le cas d'une
émission où le courtier est preneur ferme, en
fait, il vous vend du papier de son inventaire. C'est sûr. Il a
une partie, parce que c'était de ses biens qu'il vous vend, la
créance ou le titre, c'est quand même le titre de quelqu'un
d'autre. C'est-à-dire que si le courtier a pris en prise ferme 20 000
000 $ d'actions de la Banque Nationale, il les a dans son inventaire pour un ou
cinq jours et il les distribue par petites tranches. Bien sûr, il est la
contrepartie de son client, mais le titre qui est transféré, la
créance, n'est pas contre le courtier, mais contre la banque. Ce n'est
pas comme une banque. Par coïncidence, dans le journal de ce matin, dans
un article sur la commission parlementaire, il y a également une
publicité du Mouvement Desjardins. J'essayais d'imaginer comment la
caissière, au comptoir de la caisse populaire, expliquerait le produit
à un client. C'est émis par Crédit industriel Desjardins,
29 000 000 $, une dében-ture non garantie à taux fixe et
flottant. Imaginez-vous au comptoir avec votre caissière
préférée, dire: Qu'est-ce qui se passe? Dans ce cas, ce
serait vrai que Desjardins serait à la fois l'émetteur, l'agent,
le promoteur; il serait tout. Si le vendeur chez Lévesque Beaubien vous
propose des actions de Lévesque Beaubien, à part ce cas
particulier, le parallèle est difficile.
M. Fortier: Je ne voulais pas amener un gros débat
là-dessus. Je voulais simplement indiquer que, en ce qui me concerne,
dans le document de consultation, je parlais du décloisonnement des
intermédiaires sur le marché et on a parlé de
réunir des spécialistes de différents types
d'intermédiation, l'agent d'assurance-vie, le courtier d'assurances - et
au lieu de dire un courtier en valeurs mobilières, on devrait dire un
représentant en valeurs mobilières - je pensais beaucoup plus
à cette dimension qui est la vente plutôt qu'à
l'émission d'actions, tout ce qui est beaucoup plus complexe.
Si on pense aux régions périphériques, certaines
maisons ont de tout petits bureaux, par exemple, dans la Beauce, Geoffrion
Leclerc a un ou deux représentants. C'est sûr qu'un courtier en
valeurs mobilières, s'il a un représentant en Abitibi ou un
représentant dans la Beauce, ce n'est pas dans ce bureau qu'il va faire
les émissions d'actions et les opérations les plus complexes.
Très souvent, il ne s'agit que d'un bureau de vente. Donc, c'est assez
limité comme activité. On pourrait parler, à la limite, de
bureau multidisciplinaire dans la mesure où, dans ce bureau de Beauce ou
d'Abitibi, le représentant en valeurs mobilières pourrait
travailler de concert avec le courtier en assurances ou l'agent
d'assurance-vie. Il y a cette dimension de bureau multidisciplinaire qui est
très éloignée, par exemple, de Lévesque Beaubien
à Montréal qui formerait un bureau multidisciplinaire à
Montréal avec un autre. Mais, je me suis demandé si, en
préparant votre mémoire, vous aviez pensé à ces
deux niveaux de bureau multidisciplinaire, le petit bureau en région
où le représentant local se mettrait en participation
communautaire avec d'autres intermédiaires plutôt qu'un gros
courtier en valeurs mobilières au siège social de Montréal
qui formerait un bureau multidisciplinaire.
M. Drapeau: Effectivement, on a fait ces raisonnements. Les
discussions ont même porté un peu plus loin, jusqu'au concept de
franchisa-tion de personnes en régions où il y aurait
différents professionnels qui pourraient gérer ensemble une
espèce de lieu unique. Par contre, le concept est loin d'être
passé à la Commission des valeurs mobilières. Mais si on
pense à l'entreprise commerciale, en dehors des contraintes
législatives, c'est certainement un concept plein de bon sens.
Premièrement, on est venus ici avec des idées très
claires pour répondre à une question qui ne nous était
peut-être pas adressée. En fait, je pense que cela vise surtout
à associer des compagnies d'assurances, c'était là votre
question. Mais notre intervention, en partie existe parce que quand vous allez
parler des agents d'assurances qui auront le droit de travailler en
régions, en fait, tout le monde sera en train d'exercer le métier
de courtier: les banques, par le décloisonnement, le fonds, par
l'entremise des filiales, ils ont acheté des compagnies, les agents
d'assurances, vu que les caisses populaires vont vendre de l'assurance au
comptoir, ils voudraient bien faire autre chose que typiquement vendre des
valeurs mobilières. On sent un peu que notre métier est en train
de se faire grignoter. On peut vivre avec cela aussi, mais on voudrait que le
point de vue de l'État soit peut-être attiré sur un point.
Toute la démarche de cette phase de déréglementation vise
les personnes parce que les entreprises peuvent maintenant faire ce qu'elles
veulent par voie de propriété. La vraie question sous-jacente,
c'est le cumul des permis, ou en fait les cabinets multidisciplinaires, et
là encore est inclus le cumul des permis. Du cumul des permis, ou d'une
mesure semblable, on va arriver à ce que des personnes soient à
temps partiel, c'est-à-dire que je serais agent assureur-vie le soir, je
serais courtier en valeurs mobilières le matin et je ferais
peut-être autre chose l'après-midi. On pense avoir la souplesse
pour réaliser cela aussi si cela nous était imposé. (17
heures)
Mais par contre, c'est un changement majeur dans la culture des
entreprises financières. Parce qu'on a quand même des habitudes au
Québec. C'est un changement majeur et c'est un bouleversement qui ne
serait pas adopté facilement. À la limite, on se penserait sur le
USS Enterprise °to go where no man has gone before." Aucune des
législations, les plus libérales soient-elles, de Californie ou
d'ailleurs n'a quand même entraîné la
matérialisation, en fait, de propositions qui vont aussi loin. Ce qu'on
peut essayer de retrouver, c'est Merrill Lynch en Californie où les
courtiers en valeurs mobilières ont aussi fait de l'assurance-vie
pendant un
temps. C'est l'expérience la plus poussée qu'on a pu
trouver, mais qui ne s'est pas matérialisée.
Alors deux pensées pour finir. Le cumul de permis conduit
nécessairement à l'exercice d'une profession à temps
partiel. Et l'autre voie qui est indiquée de cabinets
multidisciplinaires ou d'équipes de personnes nous semble être
dans le cheminement du décloisonnement qui a déjà
été amorcé.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous pariez, dans votre mémoire, d'harmonisation
entre les juridictions. Comment serait-il possible pour le Québec
d'avoir une harmonisation complète et d'atteindre en même temps le
niveau de décloisonnement qui est souhaité au Québec?
Mme Parent-Johnson: De toute façon, le Québec a
été le premier à avancer les principes de
décloisonnement et à les matérialiser par des mesures
législatives et réglementaires. Mais nous voulons surtout
préciser que nous avons vécu l'expérience en
matière de valeurs mobilières, tout récemment,
particulièrement le décloisonnement de la propriété
des maisons de courtage. Et nous en faisons l'illustration dans notre
mémoire.
En 1983, la Commission des valeurs mobilières a exigé
qu'il n'y ait pas de restrictions quant à la prise de position ou
renforcement de position dans les firmes de courtage par d'autres institutions
financières. La Bourse de Montréal, en 1985, a élargi ses
règles et a été la première à accepter, en
plus de la propriété étrangère, des prises de
position en renforcement de position par des institutions financières.
Or, au-delà d'une certaine limite, ces mesures étalent Interdites
en Ontario. Toutes les entreprises d'envergure pancanadienne ou internationale,
les firmes de courtage, si elles avaient dans leur charte, règles et
règlements des dispositions à l'effet qu'elles acceptaient des
prises de position, ne pouvaient pas oeuvrer dans d'autres provinces du Canada.
Ce qui a fait que lorsque certaines firmes de courtage ont fait des
émissions publiques de leurs titres, elles ont dû modifier leur
charte, leurs règles et leurs règlements à cet effet.
Donc, si vous aviez une prise de position plus importante que la limite
prévue en Ontario, vous ne pouviez pas faire affaire, comme firme de
courtage, en Ontario et même ici puisque de toute façon ces
entreprises qui voulaient faire affaire à l'extérieur du
Québec ne profitaient pas de ces mesures plus permissives afin de se
capitaliser. Dès lors, nous avons en quelque sorte forcé
l'Ontario à bouger par la réforme sur la propriété
des institutions financières. Et le reste du Canada, après
l'Ontario, a abattu les cloisons de propriété, le 30 juin 1987.
Eh bien, toutes les entreprises québécoises ont attendu le 30
juin 1987 pour pouvoir profiter de ces mesures plus permissives.
C'est toute la question de coordination lorsqu'on veut faire affaire
avec l'extérieur. Si à l'extérieur il y a des
restrictions, vous ne pouvez pas faire affaire. Et lorsqu'on parle de
décloisonnement, on parle de globalisation. Si on est constant dans les
idées, il faut se rendre compte que, hors de nos frontières, il y
a des effets à l'égard des mesures que l'on prend. Même si
les mesures sont très permissives ici, les entreprises d'ici n'en
profiteront pas parce qu'elles ne pourront pas sortir des frontières. Je
dois dire que c'est le dilemme. Par ailleurs, nous encourageons le gouvernement
du Québec à continuer à avoir des idées très
progressistes. C'est tout à fait dans l'élan qui a
été donné au Québec depuis de nombreuses
années, mais il faut avoir aussi en tête le souci de la
concertation. C'est un peu comme un souhait quand la Bourse dit cette
chose-là dans son mémoire. C'est en fait une demande de
concertation avec les autres juridictions. L'expérience a
été vécue et tout récemment.
M. Garon: Si je vais un peu plus loin dans ce domaine, cela veut
dire que, par rapport au débat qu'il y a eu entre le président de
la Commission des valeurs mobilières et le ministre, sur le pouvoir de
directive du ministre ou le pouvoir de la Commission des valeurs
mobilières, est-ce que je tirerais la bonne conclusion...
Mme Parent-Johnson: Je crois que vous m'avez...
M. Garon: ...en disant, parce que c'était un des arguments
qu'invoquait le président de la Commission des valeurs
mobilières, les relations avec d'autres commissions des valeurs
mobilières, pour pouvoir fonctionner...
Mme Parent-Johnson: Vous amenez la Bourse à
répondre au rapport quinquennal sur la Loi sur les valeurs
mobilières et certaines recommandations inscrites dans ce rapport.
M. Garon: Oui.
Mme Parent-Johnson: Effectivement, il y aura un
élément de cette nature à traiter lorsque nous en serons
rendus à répondre au ministre dans le rapport.
M. Fortier: J'aimerais préciser, concernant le rapport
quinquennal, M. le député de Lévis, que la loi dit
clairement qu'en deçà d'une période de six mois, je crois,
il faut qu'il y ait une commission parlementaire et je vous ai
déjà dit, en réponse à une question lors de
l'étude des crédits, que je préférerais, comme vous
l'avez souhaité ici même, que nous déposions les
amendements à la loi et, qu'ensuite, on tienne une commission
parlementaire. Donc, à ce moment-là, la Bourse...
M. Garon: Non, non, non. Je n'ai jamais dit cela.
M. Fortier: Donc, à ce moment-là, la Bourse...
M. Garon: Au contraire, j'ai demandé qu'on respecte la loi
et qu'il y ait une commission parlementaire à la suite du rapport
quinquennal et non pas sur des amendements.
M. Fortier: De toute façon, je voulais indiquer à
Mme Johnson qu'il y aurait une commission parlementaire spécifiquement
là-dessus et, à ce moment-là, la Bourse pourra se faire
entendre.
Mme Parent-Johnson: Nous l'apprécions, M. le ministre.
Merci.
Le Président (M. Baril): Excusez-moi, il faut qu'on
s'entende. On s'éloigne de notre mandat.
M. Garon: Pas vraiment.
Le Président (M. Baril): Nous ne sommes pas dans le cadre
de ce mandat-là aujourd'hui.
M. Garon: Oui, mais c'est tellement interrelié tout cela
que...
M. Fortier: C'était une préoccupation.
M. Garon: Je déduisais en fait, des propos de Mme
Parent-Johnson, que pour l'autre débat ce devait être le
même cadre. En tout cas, je n'insiste pas davantage. Je voulais
simplement soulever le point. On a dit qu'il y aurait un autre débat
éventuellement, mais j'aimerais qu'on suive la loi, par exemple, la loi
qui dit que lorsque le rapport quinquennal est déposé, il doit y
avoir une commission parlementaire portant sur le rapport lui-même et non
pas sur des amendements. C'est la loi et personne est au-dessus de la loi.
M. Fortier: Mais voulez-vous la faire au mois de juillet? Moi, je
vais être en vacances.
M. Garon: N'importe quand. Je suis disponible en tout temps.
Vous dites un peu plus loin que la planification financière
devrait être sous le contrôle ou sous la surveillance de la
Commission des valeurs mobilières du Québec. J'aimerais que vous
expliquiez cela un peu plus pour nous et pour les fins du Journal des
débats. Parce que la planification financière, c'est quelque
chose de nouveau qui n'est pas vraiment réglementé. Cela a
été mentionné à plusieurs reprises. Comment cela
devrait-il être contrôlé? Est-ce que cela devrait être
de l'autoréglementation? Quel devrait être le rôle de la
Commission des valeurs mobilières ou de l'Inspecteur
général des institutions finan- cières dans ce domaine?
Vous marquez un point en disant que la planification financière devrait
être surveillée par la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Connaissant le fonctionnement avec la Bourse, les courtiers en
valeurs mobilières et la Commission des valeurs mobilières,
comment voyez-vous les relations à ce nouveau titre, à cette
fonction?
Mme Parent-Johnson: M. David répondra à cette
question.
M. David (Pierre): II faut dire qu'une partie importante du
travail qui est fait par un planificateur financier l'amène dans le
domaine des valeurs mobilières. Pour cette raison, on pense que les plus
familiers avec ce genre d'activités, ce sont les gens à la
Commission des valeurs mobilières, quitte à ce que la Commission
des valeurs mobilières délègue une partie de son travail
à d'autres organismes qui seraient plus familiers avec d'autres
fonctions et d'autres champs d'activité exercés par le
planificateur financier. Cela pourrait être, par exemple, si on parle de
fiscalité ou de droit, le Barreau ou la Chambre des notaires qui
seraient appelés à exercer une partie de cette
autoréglementation pour tenter de la centraliser quelque part, de
laisser de la flexibilité pour que chacune des personnes
compétentes soient surveillées par les mieux habilités
pour y voir.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Fortier: Pour rassurer la Bourse, dans notre livre blanc, on
s'était donné des objectifs et, au troisième objectif du
livre blanc publié en octobre dernier, on parle du respect de la
juridiction du Québec avec un souci d'harmonisation avec les lois
fédérales et celles des autres provinces. On est fort conscients
du problème qui existe dans le secteur des valeurs mobilières en
particulier. On a été obligés de négocier avec le
gouvernement fédéral et on se rend bien compte qu'il peut y avoir
des difficultés à être trop innovateurs, et vous nous
dites: Faites attention, parce que cela pourrait avoir des impacts sur les
courtiers en valeurs mobilières.
En ce qui concerne la planification financière, on a eu ici une
présentation qui nous a impressionnés, celle de Lacaille &
Ouellet inc. qui nous disait: Premièrement, c'est très difficile
pour un planificateur financier de pratiquer seul. Bien sûr, un individu
peut s'asseoir avec une personne pour faire son bilan, prendre des
informations, et Lacaille & Ouellet le fait en référant
ensuite l'information à un groupe multidisciplinaire dont font partie un
avocat, un notaire, un agent d'assurance-vie, un spécialiste en
immeubles et quelqu'un qui connaît les valeurs mobilières, mais
aucune de ces personnes n'est exécutante. Elle prépare un rapport
de planification financière qui est soumis au client et s'il
croit que cela correspond à ses objectifs, l'exécution est
par la suite faite par les spécialistes; par exemple, si, selon le
programme de planification financière, quelqu'un a beaucoup d'argent,
une partie de cet argent devrait être investie dans un immeuble ou il
devrait acheter de l'assurance-vie, des fonds mutuels ou des valeurs
mobilières. La préparation de la planification financière
comme telle, si elle est faite d'une façon professionnelle, ne devrait
pas être faite par un seul spécialiste parce que, par
définition même, c'est une planification multi-dimensionnelle.
Mais, une fois le plan arrêté, l'exécution doit être
faite par des spécialistes. Donc, s'il s'agit d'acheter un immeuble ou
d'une participation dans un immeuble, s'il s'agit d'acheter des valeurs
mobilières, bien sûr ce sera fait par un courtier en valeurs
mobilières.
Il y a donc un certain danger à mettre cela entre les mains du
spécialiste alors que, par définition, la planification
financière ne devrait pas être faite par un spécialiste,
mais par une équipe multidisciplinaire. Dans cette mesure, c'est un
degré supérieur à chacune des spécialités
comme telles et c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, la Commission des
valeurs mobilières qui avait étudié le dossier avait
recommandé qu'il y ait une loi spéciale pour reconnaître
une nouvelle profession. Nous nous demandons si cela devrait être une
nouvelle profession, mais en fin de compte le concept était qu'il
s'agissait réellement d'une profession plutôt particulière
qui allait au-delà des différentes spécialités qui
existent actuellement. C'est pourquoi, en vous écoutant, je me demandais
pourquoi vous vouliez que ça soit sous l'égide de la commission
ou de l'inspecteur. Enfin, il faudra bien que cela se rapporte quelque part
dans l'organisation gouvernementale, mais vous avez dit que c'étaient,
en grande majorité, des valeurs mobilières. Si la planification
financière est bien faite et surtout si les gens veulent avoir des
investissements équilibrés, cela ne devrait pas être en
majorité des valeurs mobilières. Cela pourrait être autre
chose, telle une participation dans un immeuble, une assurance-vie, n'importe
quoi. (17 h 15)
M. Drapeau: Ce que Lacaille & Ouellet a
présenté, c'est la théorie qu'elle essaie de mettre en
pratique. En pratique, c'est un peu plus dur que cela à faire.
Quand un planificateur financier qui.. À toutes fins utiles,
c'est en train de devenir une formation parce que les courtiers en valeurs
mobilières n'ont pas bien fait notre job. C'est nous qui sommes
supposés faire parler notre client et on est supposé le faire
parler de son hypothèque, etc. Alors ils existent et remplissent un
besoin. Quand un planificateur financier parle à quelqu'un, en principe,
cette personne a des économies, des épargnes. Bien qu'un
planificateur financier ou un courtier puisse dire: D'accord, on va faire
différents paniers ici pour les oeufs. On va mettre quelques affaires
qui sont de la brique et du mortier. Le client va penser immeuble. Le
planificateur financier va penser immeuble. Mais s'il n'achète pas la
bâtisse au complet, c'est-à-dire s'il achète la
bâtisse avec d'autres personnes par l'entremise d'une
société en commandite ou que cela devient une part indivise dans
un bien, la loi va traiter ce papier comme une valeur mobilière parce
que ce n'est pas le titre sur la brique, mais une propriété sur
le titre qui a la brique. C'est traité comme une valeur
mobilière.
Le planificateur financier, quand il suggérera des
investissements, de prendre des parts d'une société en commandite
qui possède un centre commercial, selon la loi, il sera
réputé avoir fait le commerce des valeurs mobilières. Par
exemple, quand il lui dira d'acheter des obligations municipales ou des
obligations de débentures d'une corporation de crédit industriel
Desjardins, il sera réputé avoir fait le commerce d'une valeur
mobilière aussi. Dans l'éventail où on dit un bout en
immeuble, un bout en papiers sûrs, ensuite des actions à
rendement, Bell Canada, Alcan, finalement, les mines à Vancouver, tout
le monde va être sûr que ce sont des valeurs mobilières,
très mobilières même, qu'est-ce qui reste qui n'est pas
compris dans la loi comme valeurs mobilières? Qu'est-ce que le
planificateur financier fait? Quant aux autres aspects du planificateur
financier, il va s'assurer que la personne a un testament. Alors, c'est bien
sûr que ce ne sont pas des valeurs mobilières. Et il va faire de
l'assurance-vie. Je ne pense pas que l'assurance-vie sort incluse comme valeur
mobilière. Le métier est un peu plus grand que cela. Je ne veux
pas faire de caricature non plus. Quand l'argent va changer de place, pas en
échange d'un service, mais en échange d'un autre bien ou d'un
morceau de papier, dans presque tous les cas, cela va être
considéré comme une valeur mobilière. À ce moment,
l'organisme le plus naturel pour contrôler les valeurs mobilières,
c'est la Commission des valeurs mobilières.
M. Fortier: Oui. Mais...
M. Drapeau: C'est un peu notre raisonnement.
M. Fortier: Enfin, vous défendez votre point de vue. Je
l'accepte.
Mme Parent-Johnson: De toute façon, ce qui est
indiqué dans notre mémoire, c'est qu'on recommande une loi-cadre
créant un organisme d'autoréglementation qui verrait aux
critères, à la formation, au Code de déontologie et que,
par ailleurs, la surveillance de l'application en ce qui concerne les valeurs
mobilières serait déléguée à la Commission
des valeurs mobilières, toujours dans le même principe de la
réglementation par fonction. C'est une cohérence que nous avons
dans notre mémoire à cet effet.
M. Fortier: Oui. Dans votre mémoire, vous insistez avec
raison sur la réglementation par fonction. Si je comprends bien ce que
vous voulez dire, c'est que même s'il y a un cabinet multidisciplinaire
et qu'il y a un courtier ou un représentant en valeurs mobilières
à l'intérieur de ce cabinet, cette personne devrait être
sous l'autorité de la commission. C'est exactement ce que nous avons dit
dans notre document et vous n'y aviez pas vu de contradictions à cet
effet.
Mme Parent-Johnson: Nous n'avons pas vu de contradictions. Par
ailleurs, on traite fort peu, dans le document, du milieu des valeurs
mobilières. On traite surtout du milieu de l'assurance.
M. Fortier: C'est vrai.
Mme Parent-Johnson: Et de toute façon, vous énoncez
je ne sais plus à quelle page qu'on reviendra sur la question des
valeurs mobilières.
M. Fortier: D'accord. On aurait voulu avoir davantage, mais on
n'en a pas eu davantage que ce qui est là.
La Bourse, vous présentez un mémoire aujourd'hui. La
Bourse appartient aux courtiers. Donc, elle a une fonction
déléguée. D'ailleurs, c'est un bel exemple de
délégation d'une responsabilité qui appartient à la
Commission des valeurs mobilières du Québec. L'ACCOVAM nous a
présenté un mémoire et cela m'amène à vous
poser la question suivante. La Bourse appartient aux courtiers et l'ACCOVAM
représente les courtiers. Nous avons eu des représentations de
l'ACCOVAM au nom des courtiers et la Bourse nous présente un
mémoire au nom des courtiers. Quelle est la différence entre la
Bourse et l'ACCOVAM, dans la mesure où vos représentations
peuvent être différentes?
Mme Parent-Johnson: Écoutez, je ne sais pas jusqu'à
quel point nos représentations sont très différentes. Mais
j'aimerais revenir sur le statut de la Bourse de Montréal. La Bourse de
Montréal est un organisme sans but lucratif, qui est un organisme
d'autoréglementation, qui a été créé en 1874
par une loi spéciale. Elle n'a pas reçu ses pouvoirs de la
Commission des valeurs mobilières, n'est-ce pas? C'est un des premiers
organismes qui s'est autodiscipliné, autorégle-menté et
elle a été créée il y a un siècle, alors que
la Commission des valeurs mobilières a vu le jour dans les années
cinquante. C'est un organisme qui voyait, comme mission principale, à
l'organisation d'un marché. La Bourse fait le marché; la Bourse
pratique le marché. Elle appartient à ses membres, mais
étant donné qu'elle a une situation essentielle dans le secteur
financier, étant donné qu'elle s'autoréglemente, c'est un
organisme privé, sans but lucratif, mais d'une nature
particulière. On pourrait dire qu'elle est quasi publique compte tenu de
sa visibilité et de sa responsabilité quant à la
protection du consommateur, quant à la stabilité du marché
financier.
Elle a comme mission essentielle de voir à ce qu'il y ait des
marchés intègres et de qualité. Si elle n'atteint pas ce
but, elle n'aura pas de marché. Le consommateur va la délaisser.
La Bourse, d'autre part, représente de nombreux courtiers qui ne sont
pas membres de l'ACCOVAM. Je voudrais répéter une chose que sans
doute les gens savent ici. L'ACCOVAM n'est pas un organisme reconnu par la
Commission des valeurs mobilières du Québec. Elle est reconnue
sous certains aspects par la Commission des valeurs mobilières de
l'Ontario. L'ACCOVAM a toujours refusé d'être reconnue par le
Québec. Or, pour une question de clarté, d'unicité, de
cohérence, d'harmonie dans l'attitude à prendre, les
comportements, les règles de déontologie et la surveillance des
marchés, nous croyons qu'il doit n'y avoir qu'un seul organisme de
surveillance, celui que nous avons actuellement: la Commission des valeurs
mobilières du Québec. C'est un peu dans cette
problématique aussi que la Bourse a fait état de certaines
recommandations dans son mémoire.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame. Je vais
maintenant céder la parole à M. le député de
Bertrand. Vous avez la parole.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Avec tout ce
qui est en train de se passer, le décloisonnement des
intermédiaires, le décioisonnement des institutions, je pense
qu'on s'en va et qu'on arrive, pour ne pas dire qu'on est déjà
arrivé, dans un monde fort complexe. Dans cet esprit, moi, ma
préoccupation c'est de dire: Au bout, le consommateur, le citoyen
ordinaire comment va-t-il se retrouver, comment va-t-ll être
conseillé? Toute cette préoccupation - comme je le demandais
aussi aux gens de l'Université Laval tantôt, aux gens du Mouvement
Desjardins, je vous le demande à vous en tant que représentante
de la Bourse, qui est un organisme, comme vous l'avez si bien décrit,
autoréglementé - toute cette préoccupation donc, c'est de
savoir comment, dans ce monde complexe, avec le décloisonnement des
intermédiaires et tout cela, on va être capables d'avoir des gens
qualifiés qui pourront servir la clientèle au bout. Cela me
préoccupe beaucoup.
Dans votre mémoire, à la page 37, à la
quatrième recommandation, vous êtes clairs. Vous dites: "Quelle
que soit l'orientation prise quant au cumul des permis par le
représentant, la Bourse recommande fortement que les exigences de
compétence et de qualification relèvent des plus hauts standards
et que ces postulats se reflètent dans les mesures qui seront
envisagées, et ce, dans le meilleur intérêt du
consommateur." Je pense que c'est excellent que ce soit parmi
vos préoccupations et vos recommandations.
Mais vous qui vivez, finalement, dans tout ce milieu fort complexe,
j'aimerais que vous nous disiez vers quel genre de complexité on s'en
va. Il y avait peut-être un bref exemple qui était donné
tantôt, d'un citoyen qui va se ramasser devant une cassière pour
se faire expliquer certaines choses et je regardais votre annexe 4 où on
retrouve quelques exemples fort complexes de produits et toute la gamme -
là, on a une partie de la gamme - des produits.
Premièrement, peut-être que vous pourriez nous dire puisque
le temps d'intervention est limité de mon côté - et nous
démontrer un peu toute cette complexité et ce danger;
deuxièmement, à l'intérieur de la foulée de votre
quatrième recommandation, à la page 37, comment, de façon
concrète... J'aimerais que vous explicitiez un peu plus ce que vous
entendez par les plus hauts standards au plan de la qualification des
personnes. Qu'est-ce que c'est dans votre esprit? Jusqu'à quel niveau
devrait-on aller pour être sûr que, dans l'esprit de la protection
du consommateur, on ait vraiment des gens avec ce professionnalisme qui seront
capables, finalement, de répondre à ces besoins-là? Ce
sont ces deux volets.
Mme Parent-Johnson: M. Drapeau vous répondra.
M. Parent (Bertrand): Merci, madame.
M. Drapeau: D'accord. Sur le premier volet, la complexité
des produits, disons qu'au départ, tous les produits ne sont pas
nécessairement très complexes. Comme dans tous les
métiers, le métier de courtier en valeurs mobilières a
certaines apparences qui sont faciles. Ainsi, par exemple, je peux changer une
bougie sur mon auto sans être mécanicien, mais je ne serais pas
capable de toute la réparer ou un diabétique se fait une
injection, mais il n'est pas médecin pour cela. Dans le commerce des
valeurs mobilières, on exécute des choses de façon
ordinaire: Achète-moi 100 parts d'Alcan. Le client te dit cela, tu ne
lui as même pas téléphoné, c'est lui qui t'a
appelé. C'est l'ordinaire, c'est comme mettre un "plasteur".
Cette activité, qui est assez bien payée, je dois vous
l'avouer, permet de soutenir les produits qui sont plus complexes quand le
monde a un bobo particulier. Alors, au-delà du "achète-moi 2000 $
de REQ" et ce type de choses, les revenus qui sont produits là servent
à supporter souvent des équipes de recherche, recherche sur la
valeur fondamentale des différents titres, mais aussi identification des
moyens de résoudre les problèmes qui sont reliés aux
individus et aux entreprises. Il ne faut pas oublier que nos services
s'appliquent aussi à des entreprises. Par exemple, maintenant, on a un
produit qui s'appelle "options sur obligations", qui est d'abord utilisé
par les institutions financières, mais qui, à sa création,
était destiné au public. C'est un exemple d'un produit qui se
transige par tranches de 25 000 $ et qui peut servir à un individu pour
assurer son taux d'hypothèque au renouvellement. Dans sa conception, le
produit permettait à un investisseur, pour quelques centaines de dollars
ou, des fois, moins de 100 $, de se garantir un certain taux
d'intérêt à trois, six ou neuf mois. Alors, c'est un
produit qui n'est pas nécessairement... Tu ne te lèves pas un
matin avec l'idée; cela a été assez
mâchouillé comme pensée. C'est un produit qui était
destiné à la population, dont certaines personnes se servent;
cela a eu l'effet, par contre, que le produit existe maintenant et qu'il y a un
marché important. D'ailleurs, au Canada, dans ce
marché-là, c'est Montréal qui est la vedette. Il y a un
marché important à Montréal qui regroupe les institutions
financières et qui laisse, du même coup, un marché
très vivant, très liquide, très efficace pour des
personnes ou de petites entreprises qui veulent se protéger pour un
renouvellement d'hypothèque par tranches de 25 000 $, 50 000 $, 75 000 $
ou pour une industrie, de 300 000 $.
Ce produit, d'en avoir une espèce de compréhension, de
l'avoir à l'esprit quand je m'adresse à quelqu'un et de lui dire:
Tiens, on a, dans le catalogue, quelque chose qui serait bien pour toi, je
pense que, la caissière à la caisse pop, je ne suis pas sûr
qu'elle va l'avoir. Je vais vous garantir une affaire, si cela lui tente de
faire cela, je vais venir vous demander: Est-ce que je peux mettre un comptoir?
Parce que je vais trouver une fille qui ne fait que ramasser les "bills" et les
mettre dans les tiroirs en échange d'un papier. Ce bout-là facile
de leur métier que je vois, je pense être capable de le faire
aussi. (17 h 30)
Dans le commerce des valeurs mobilières, les produits qui
s'adressent à des personnes, à des groupes de personnes, à
des entreprises commerciales... Il ne faut pas oublier qu'avant, les banques,
les trusts, les compagnies d'assurances, c'étaient nos clients; on sait
comment les servir et on sait aussi quels sont leurs besoins. Alors,
typiquement, dans les contrats à terme sur obligations bancaires, c'est
bien sûr que ce n'est pas tout le monde - moi personnellement je n'en
fais pas de cela - mais c'est évident que c'est un produit
destiné à être utilisé par tous les
secrétaires ou tous les trésoriers, en fait, d'entreprises qui
ont des sauts dans leurs liquidités. Le soir, le gars ne dort pas:
Qu'est-ce que je fais avec mon "cash"? Si je le place tout de suite et qu'il
est au change, mon boss va me chicaner et si je ne le place pas, je vais me
faire chicaner encore. On a un produit qu'on peut lui offrir: Tenez, monsieur,
cela va vous coûter tant pour vous garantir un taux sur les trois
prochains mois ou jusqu'à deux ans dans l'avenir - cela porte sur le
taux directement. On a un produit qu'on peut vous offrir. Vous allez pouvoir
dormir le soir. Pour vous, désormais,
c'est invariable, les taux d'intérêt; dans six mois, ils
seront encore cela. Là, c'est un produit qui ne s'adresse pas
nécessairement à chaque personne du public, mais c'est un produit
spécialisé qui fait un ensemble de tout - vous voyez, c'est tout
notre catalogue qu'on peut offrir, en fait - et, dans une mesure, qui est
subventionné par: Achète-moi 2000 parts de REAQ. On a peur un
brin que, vu que tout le monde peut faire la première partie, si je n'en
fais plus des "achète-moi 100 parts de Bell" ou "achète-moi 2000
parts de REAQ", j'ai un peu peur que je ne sois plus capable d'avoir mes
moutons à cinq pattes dans mon catalogue.
Les planificateurs financiers, dans leur théorie d'application,
bien que ce soit très louable ce qu'ils font, il y a un petit
problème et il ne vient pas d'eux, il vient de leurs clients. Quand je
vais voir un planificateur financier et que je me vide le coeur, je lui dis
c'est quoi mon hypothèque ou bien c'est quoi mon allocation...
Le Président (M. Gobé): M. Drapeau, s'il vous
plaît, je m'excuse, mais le temps est presque écoulé. Si
vous voulez conclure, pour respecter l'horaire.
M. Drapeau: Peut-on se consulter deux secondes avant de
conclure?
Le Président (M. Gobé): Allez-y, je vous en
prie.
M. Drapeau: Bref, la nouvelle démarche, si elle
était matérialisée, pourrait se traduire par le cumul des
permis qui est l'opération à temps partiel et l'opération
à temps partiel comme courtier en valeurs mobilières, je pense
qu'on ne pourra pas vivre cela. En fait de conclusion, c'est à peu
près cela.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Drapeau. Peut-être que M. le ministre a le mot de la fin ou une
conclusion?
M. Fortier: Oui. Je crois que la conclusion à laquelle
vous êtes arrivés m'amène à dire que, d'une part,
des permis partiels, il en existe déjà. Les agents
d'assurance-vie peuvent obtenir de la Commission des valeurs mobilières
certains permis restreints pour certaines opérations. Vous avez raison
de dire que différentes institutions financières ou
différents intermédiaires ont obtenu, au cours des
dernières années, des permis qui grugent un peu votre
marché. La difficulté à laquelle vous faites face, c'est
la même discussion que nous avons eue avec les courtiers d'assurances qui
nous disaient: Mais, nous allons perdre. Il est vrai que ce qu'on appelle des
polices d'assurance plus simples pourraient être faites par d'autres,
mais cela nous ferait perdre notre "bread and butter".
J'ai l'impression que l'évolution s'en va dans cette
direction-là, mais que dans une certaine mesure vous l'acceptez sans
l'accepter. Je ne vois pas votre stratégie d'adaptation. Dans ce sens,
vous semblez refuser l'évolution qui va nécessairement se faire.
Alors que les autres institutions financières s'ajustent, vous semblez
un peu, je dirais, paniques face à ce déploiement qui va arriver.
Je pense bien que le législateur doit prendre cela en
considération pour ne pas créer des problèmes trop
considérables d'une façon irréfléchie, mais
l'évolution va aller dans cette direction et l'impression que j'ai en
parlant aux courtiers en valeurs mobilières, c'est qu'ils n'ont pas
défini une stratégie semblable à d'autres institutions
financières qui ont cru avoir le besoin de s'ajuster face à ce
qui se passait.
Mme Parent-Johnson: M. le ministre, quant à...
Le Président (M. Gobé): Je m'excuse, Mme
Parent-Johnson, mais c'était le mot de conclusion de M. le ministre.
M. Fortier: Étant donné que j'ai provoqué
Mme Parent-Johnson...
Le Président (M. Gobé): C'est parce que,
voyez-vous, M. le ministre, nous devons, à moins qu'il n'y ait un
consentement des deux parties pour que madame puisse encore...
M. Fortier: Bien, une minute. On peut bien lui en donner
deux.
Le Président (M. Gobé): II y a consentement, Mme
Parent-Johnson, vous pouvez parler maintenant.
Mme Parent-Johnson: Je vous remercie. Ce que je dois dire, c'est
que les courtiers en valeurs mobilières ont été les
premiers à décloisonner, sur le plan des institutions
financières, quant à la propriété. La Bourse tente
de démontrer dans son mémoire que l'acte professionnel, à
la suite du décloisonnement - cela va pour la capitalisation des
entreprises - doit relever des plus hauts standards et je ne pense pas qu'on
puisse s'improviser courtier en valeurs mobilières ou
représentant en valeurs mobilières. De toute façon, si on
doit avoir un acte professionnel de très haute qualité pour la
protection du consommateur, je pense que l'éthique professionnelle que
devront surveiller les organismes de surveillance sera facilitée.
M. Fortier: Je suis d'accord avec cette conception.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, Mme
Parent-Johnson.
Mme Parent-Johnson: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Maintenant, M. le
député de Lévis, brièvement, si vous avez quelques
commentaires à formuler, mais sans provocation comme M. le ministre.
M. Garon: Ce que j'ai aimé dans le mémoire... Il
est assez volumineux, les points sont expliqués clairement. Je veux en
relever deux particulièrement, si j'avais eu le temps, j'aurais
posé une autre question concernant les mémoires qu'on a entendus
hier. Par exemple - je pourrais le mentionner juste parce que c'est une
idée différente - la Mutuelle des Fonctionnaires propose
d'élargir le rôle du représentant et du courtier en
épargne collective pour qu'il puisse distribuer les titres REAQ. Vous
voyez que c'était une proposition de la Mutuelle des fonctionnaires et
du Groupe La Capitale qui proposaient une chose comme celle-là. Je pense
que c'est très important. J'ai remarqué que tous les gens qui
viennent du milieu des valeurs mobilières, qu'il s'agisse de l'ACCOVAM,
de la commission ou de la Bourse, ont une approche à peu près
identique à cause du secteur un peu plus compliqué et beaucoup
plus réglementé. Vous mentionnez de bonnes raisons pour cela, au
point de départ, c'est-à-dire que ce n'est pas fixe, c'est un
produit qui évolue et qui fluctue, sur un marché
complètement différent.
J'ai bien aimé votre mémoire parce qu'il est précis
et volumineux et qu'il nous permet de faire le point, avec la vision de la
Bourse, sur l'ensemble des questions qui étaient posées dans le
mémoire du ministre. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Lévis. Mme Parent-Johnson, M. David, M. Drapeau,
au nom de la commission, je vous remercie d'être venus témoigner
cet après-midi.
Nous allons maintenant appeler la délégation suivante,
soit la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante.
Monsieur, je vous demanderais de vous identifier et de présenter
les personnes qui vous accompagnent.
Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante
M. Décary (Michel): Merci. Je m'appelle Michel
Décary, directeur général, pour le Québec, de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je
suis accompagné de M. Michel Moreau, membre de notre bureau des
gouverneurs. Il est également un homme d'affaires bien connu de la
région de Québec; il est propriétaire, entre autres, du
restaurant La Tyrolienne, à Salnte-Foy, plus
particulièrement.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Décary et je vous salue encore. Je vous rappellerai que vous avez 20
minutes pour faire l'exposé de votre mémoire. Étant
donné l'heure qu'il est maintenant, je crois que le débat de 40
minutes devra se faire lors de la reprise, à 20 heures. Je tenais
à vous en aviser avant. Si vous voulez procéder, vous avez la
parole, M. Décary.
M. Décary: D'accord. Notre fédération est un
regroupement de PME qui représentent 16 000 entreprises membres au
Québec. C'est le seul organisme au Québec qui, à la fois,
représente exclusivement les PME, couvre tout le Québec et touche
l'ensemble des différents secteurs d'activité économique.
Notre fédération représente vraiment la petite entreprise
puisque 43 % de nos entreprises membres ont 4 employés ou moins et que
seulement 5 % d'entre elles ont 50 employés ou plus. Évidemment,
il ne s'agit pas de monstres financiers.
La FCEI présente ses commentaires aujourd'hui uniquement à
titre de représentant d'un important groupe de consommateurs des
services offerts par les entités qui seront touchées par la mise
en place de cette nouvelle politique de décloisonnement. Lors de
l'étude de la réforme proposée, la
fédération s'est efforcée de déterminer si celle-ci
était susceptible d'aider ou de nuire à l'épanouissement
des PME. Il s'agit en effet d'une considération importante dans le
contexte québécois, alors que plus de 80 % des nouveaux emplois
sont générés par les PME. Il nous semble clair que toute
mesure nuisible à ce secteur affectera, à moyen terme, l'ensemble
du Québec.
Nous comprenons la volonté du gouvernement de procéder au
décloisonnement des intermédiaires. Compte tenu de la vigueur qui
se manifeste dans les différents secteurs financiers, nous
réalisons qu'il serait politiquement difficile pour les
députés de refuser ce que beaucoup d'acteurs attendent avec
impatience, soit la chance de relever de nouveaux défis.
Le document de consultation a bien décrit le contexte
québécois et notre fédération reconnaît que
le Québec pourrait être susceptible de bénéficier de
ces réformes.
Nous sommes particulièrement heureux de constater que le ministre
fait une nette distinction entre décloisonnement et
déréglementation. Notre fédération a fait maintes
représentations en faveur de la déréglementation de
différents secteurs économiques, mais elle n'est cependant pas
intervenue en faveur d'une telle déréglementation dans le secteur
des institutions financières, parce que nous croyons que cette
déréglementation est de nature à mettre en péril la
protection des consommateurs.
Nous trouvons intéressante l'idée d'inclure les
conseillers en planification financière dans la nouvelle
réglementation et nous allons effectuer un sondage auprès de nos
membres pour connaître leur opinion précise sur cet
élément de la réforme.
Nous nous réjouissons de voir, dans la réforme
proposée, une volonté clairement exprimée de favoriser les
petites entreprises de
services oeuvrant hors des grands centres. Nous partageons vivement
cette préoccupation. Comme le ministre, nous constatons que les
différentes régions du Québec sont parsemées d'un
grand nombre de firmes de services, souvent de très petite taille, mais
qui ont su répondre aux besoins de leur clientèle. Elles ont
démontré un dynamisme et un savoir-faire leur permettant d'offrir
une gamme élargie de produits et de services et elles respectent les
normes de qualification établies pour l'obtention des différents
permis. Elles pourront certainement prospérer si l'on tient compte de
leurs intérêts lors de l'élaboration du nouveau cadre
réglementaire.
Comme je le mentionnais au début, la FCEI a procédé
à l'étude de cette réforme afin de déterminer si
celle-ci était susceptible d'aider ou de nuire à
l'épanouissement des PME. Nous en sommes arrivés à la
conclusion que cette réforme est nécessaire, mais que l'on doit
s'assurer de la protection des plus petits intervenants et du bien-être
des multiples PME actives au Québec.
Nous croyons absolument essentiel qu'on prévienne la
possibilité de ventes forcées. Nous sommes convaincus que nos
membres seront aux prises avec ce problème advenant que les institutions
prêteuses soient impliquées dans la vente directe d'assurances. Le
ministre semble penser qu'il est possible d'empêcher les ventes
forcées en établissant des règles précises qui
permettraient aux clients d'obtenir l'annulation de la police d'assurance sans
que cela n'entraîne le rappel d'un prêt consenti. Il s'agirait
d'une protection semblable à celle stipulée dans la Loi sur la
protection du consommateur en ce qui a trait aux vendeurs
itinérants.
L'expérience vécue nous persuade que cette protection ne
sera que théorique. Une institution prêteuse n'a rien du
commerçant itinérant. La PME qui s'adresse à une banque ou
à une caisse populaire est vulnérable quand elle sollicite un
prêt. Ces consommateurs ont peur de ce qui pourrait leur arriver s'ils
décidaient de s'imposer pour faire respecter leurs droits.
Notre fédération a récemment publié les
résultats de son enquête sur les frais de service exigés
par les institutions prêteuses. Cette enquête n'a pas
été faite par simple curiosité intellectuelle. Nos membres
se plaignaient de plus en plus fréquemment des augmentations de frais de
service ainsi que de l'augmentation constante du nombre de services pour
lesquels des frais devenaient exigibles. Nos entreprises membres nous ont
fortement encouragés à faire connaître vigoureusement leurs
récriminations. Une fois les résultats connus, nous avons alors
demandé à certains membres d'assister à notre
conférence de presse. Après plus de 60 appels
téléphoniques, un seul membre s'était
déclaré disposé à s'adresser à la presse
écrite, mais pas à la presse électronique. Nous n'avons
jamais trouvé un seul membre qui veuille assister à la
conférence de presse. Je pense que cela démontre bien que de
telles institutions occupent une position dominante qui leur permet d'agir en
toute impunité. Nous croyons que le même problème est
susceptible de se produire lorsqu'il s'agira de proscrire les ventes
forcées.
Notre enquête a aussi démontré que les caisses
populaires sont tout aussi mercenaires et mercantiles que les banques, car 65 %
de nos membres étaient insatisfaits de la valeur qu'ils avaient pour
leur argent, de la part des caisses Desjardins, en matière de frais de
service.
Nous sommes convaincus que les institutions prêteuses
québécoises n'ont pas besoin de la vente des assurances dans
leurs succursales pour prospérer dans leur environnement et relever les
nouveaux défis créés par le décloisonnement. Les
nouveaux défis ne devraient cependant pas inclure la vente d'assurances
dans un cadre pouvant résulter en ventes forcées. (17 h 45)
Toutes les institutions qui reçoivent les dépôts des
épargnants se doivent d'être vigoureusement
contrôlées à cet égard. Les ventes forcées
sont l'excès peut-être le plus évident et prévisible
de la jonction de la fonction de crédit et d'assurances au sein d'une
même institution, mais ce n'est pas le seul excès possible. Les
institutions seront susceptibles d'utiliser leur banque d'informations sur
leurs épargnants et débiteurs afin de les solliciter, par
exemple, soit à l'expiration de leur certificat de dépôt,
soft aux dates de renouvellement de leur hypothèque ou lors de l'envoi
des comptes de cartes de crédit.
À ceux qui nous diraient qu'une telle pratique est peu probable,
j'aimerais vous lire un texte assez intéressant. Il s'agit d'un
mémo interne des caisses populaires Desjardins. C'est signé par
M. Yoland Chalifoux, directeur, service du marketing. C'est adressé
à tous les directeurs et directrices des caisses populaires
affiliées. Je vais vous faire grâce de la lecture de tout le
texte, mais on peut y lire, entre autres, ceci: "II vous est possible d'obtenir
des listes d'information de l'ensemble de vos membres détenant des
prêts hypothécaires et automobiles à la caisse. Si de plus
amples informations étaient nécessaires, n'hésitez pas
à communiquer avec M. Michel Verreault, analyste-conseil au service du
marketing." Je dirais que, contrairement à M. Bernier qui, la semaine
dernière, a fait une gaffe assez remarquée, que M. Béland
a corrigée immédiatement après, dans ce cas-ci la personne
qui a envoyé ce mémo a obtenu une promotion depuis ce temps et
est maintenant vice-présidente, communication, opérations et
marketing, à la Fédération des caisses populaires de
l'Estrie. C'est peut-être pour cela qu'on a pris avec un petit sourire
les assurances - excusez le choix de mot - de M. Béland à savoir
qu'il n'y avait pas de pression, qu'on attendait simplement que le
téléphone sonne ou que les gens se présentent aux caisses.
Ce n'est certainement pas le cas.
Notre expérience avec les institutions
prêteuses nous fait également craindre une augmentation
plutôt qu'une diminution des coûts afférents aux assurances
de nos membres. Leurs frais de vente réels pourront facilement
être appliqués à divers autres postes comptables. Nous
craignons, de plus, la création d'une multitude de frais de services
afférents aux polices d'assurance de nos membres et des consommateurs en
général. Une police d'assurance doit être modifiée
et adaptée aux besoins du client au cours d'une année:
mentionnons, entre autres, les changements d'adresse, substitutions de
véhicule, ajouts d'assurés, modifications des protections, etc.
Plusieurs de ces demandes de services ne procurent actuellement aucun revenu
supplémentaire au courtier. Le gouvernement doit s'assurer que
l'arrivée des institutions financières dans ce champ
d'activité ne résultera pas en l'apparition de nouveaux frais de
services pour les consommateurs.
L'interdiction des ventes forcées, en plus d'offrir aux
consommateurs une vraie protection, aurait l'avantage de reconnaître
d'une façon tangible le rôle des PME au Québec. Il est
difficile de trouver un secteur qui sort plus à l'image de la PME que
celui des courtiers d'assurances. La moyenne d'emplois par bureau étant
inférieure à cinq, il est évident qu'il s'agit de petites
ou de très petites entreprises.
Les chiffres publiés par le ministre délégué
aux PME, M. André Vallerand, dans son rapport sur l'état de la
situation de la PME au Québec, démontrent que 99,3 % des
entreprises de chez nous sont des PME. Nous constatons cependant que, dans les
domaines où le contact entre le consommateur et le public est
très fréquent, la concentration des entreprises est de plus en
plus forte. Nous croyons que le gouvernement ne doit pas contribuer à
accélérer le phénomène de concentration des
entreprises en présentant des éléments de réforme
qui font abstraction de la protection des consommateurs et des PME, comme cela
pourrait être le cas avec les ventes forcées.
On a beaucoup parlé de la PME depuis quelques années. Tous
les intervenants reconnaissent son apport à notre société
et souhaitent son épanouissement. Nous applaudissons à ces
énoncés d'intention, mais nous constatons que l'action
gouvernementale ne semble pas toujours correspondre à son discours. La
démarche proposée a pour but avoué d'assurer l'essor de la
grande entreprise. Elle a été pensée en fonction des
quelques grands conglomérats financiers que le Québec compte, et
ce, sans se soucier des effets sur la PME. Nous croyons que cette
réforme des institutions financières et des intermédiaires
financiers doit tenir compte des intérêts de l'ensemble des
entreprises québécoises.
Dans ce contexte, nous recommandons: - l'interdiction de toute vente
forcée de produits d'assurance avec le crédit ou
l'épargne, y compris la prohibition de la vente d'assurance dans des
locaux utilisés à des fins de crédit par toute institution
financière; - la création d'un mécanisme de surveillance
des institutions financières qui s'impliqueraient dans la vente directe
de l'assurance afin de s'assurer que les représentations
afférentes à leurs frais de mise en marché et de services
soient conformes à la réalité; - l'obligation pour toute
personne agissant comme intermédiaire financier de détenir une
accréditation ou un permis spécifique à chacun des
domaines d'expertise afférents aux conseils qu'elle donnera à des
clients ou aux produits dont elle recommandera l'achat.
De plus, nous croyons que la commission devrait s'interroger sur la
possibilité de protéger les informations contenues aux dossiers
d'assurance, de crédit et d'épargne en réglementant
l'utilisation de ces informations. Une telle utilisation devrait se limiter aux
fins pour lesquelles elles avaient été initialement transmises
aux institutions financières.
La réforme proposée au document de consultation est
intéressante. Notre préoccupation principale est cependant que
l'on ne sacrifie pas les intérêts des PME
québécoises sur l'autel du décloisonnement.
Je vous remercie de votre attention, surtout un vendredi après 17
heures.
Le Président (M. Gobé): Merci, M Décary. M.
le ministre, est-ce que malgré l'heure...
M. Fortier: On continue.
Le Président (M. Gobé): Vous voulez continuer. M.
le député de Lévis?
M. Fortier: Bien oui. Jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Gobé): Jusqu'à 18
heures?
M. Garon: Oui, oui.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Fortier: D'ailleurs, qu'il soit tard dans l'après-midi
ou non, nous avons entendu, je pense que c'est mercredi soir ou mardi soir, des
gens très intéressants à 23 heures, le président
d'Investors. Alors, l'heure n'a rien à voir avec la contribution. Au
contraire. Il me fait plaisir que la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante vienne nous donner son point de vue.
Bien sûr, je suis d'accord avec l'opinion générale
que vous émettiez selon laquelle il faudrait agir dans
l'intérêt public. Là où je suis en désaccord,
c'est que vous démontrez une agressivité qui, à mon avis,
ne représente pas tout à fait la situation réelle. De
fait, l'opinion que vous exprimez était celle exprimée par les
courtiers d'assurances il y a six mois. Si vous étiez présents
cette semaine, vous avez vu que et le Regroupement des courtiers d'assurances
et
l'Association des courtiers d'assurances ont eu un dialogue avec nous
beaucoup plus posé et serein que les arguments que vous invoquez.
Vous parlez de la défense des PME. Tout à l'heure, on
avait ici même M. Béland qui nous rappelait que les caisses
populaires, dans le fond, sont des PME. J'ai demande à mes recherchistes
de sortir les statistiques ici. Si je prends la définition des PME selon
le ministre André Vallerand, on s'aperçoit que si on inclut selon
le nombre d'employés, de 50 employés ou moins, au Québec,
sur 158 765 PME, 95 % ont moins de 50 employés, et chez les caisses
populaires Desjardins, 96 %. Si vous allez maintenant selon le revenu brut au
Québec, en bas de 1 000 000 $ de revenu brut, dans tout le Québec
70 % des PME ont un chiffre d'affaires de moins de 1 000 000 $ et parmi les
caisses Desjardins, c'est 74 %. Je donne cela à titre d'exemple parce
que je crois que c'est amener le débat dans la mauvaise direction que de
tenter de susciter une guérilla entre un groupe de PME qui sont
très bien organisées, contre un autre groupe de PME. Je crois
qu'il faudrait regarder les vrais problèmes. C'est ce qu'on a
essayé de faire ici. Je pense bien que, d'un côté comme de
l'autre de la Chambre, on essaie de poser des questions, on essaie de cerner
les problèmes et voir de quelle façon ils pourraient être
résolus.
Vous avez parlé avec raison des ventes forcées. On en a
parlé ce matin et cet après-midi. À ce sujet, je vous
dirais que dans la défense des consommateurs, nous avons entendu
l'Association des consommateurs du Québec. Ils sont venus nous dire -
mon Dieu, c'est vendredi aujourd'hui - mercredi je crois, qu'en
définitive, ils ne s'opposaient pas au décloisonnement
malgré les problèmes et certains conflits d'intérêts
que cela pourrait apporter parce qu'ils croyaient que cela apporterait un
bénéfice pour les consommateurs. Ils sont allés
jusqu'à dire, et c'est l'Association des consommateurs qui parle, qu'ils
ne s'opposaient pas à la vente d'assurance dans des
établissements bancaires si on faisait en sorte de donner une protection
semblable à celle qu'on a suggérée dans notre document, et
même faire davantage dans ce sens.
Je dois admettre que lorsque j'écoute l'Association des
consommateurs du Québec qui prend la défense des consommateurs,
eux me disent qu'ils acceptent cette chose-là à la condition
qu'il y ait une certaine protection. Je pense que cela rejoint notre langage,
et c'est la raison pour laquelle j'ai de la difficulté à vous
suivre totalement dans la présentation que vous faites, quoique
j'imagine et je sais que votre association consulte ses membres. J'imagine que
les statistiques que vous nous avez données proviennent des sondages que
vous faites de temps à autre, entre autres, sur la tarification.
À ce sujet-là, j'aimerais vous donner... Je n'ai pas les
statistiques, peut-être pourriez-vous nous en donner davantage tout
à l'heure, mais quand je regarde le prêt aux entreprises au
Québec, on s'aperçoit que de 1981 à 1986, les
caisses d'épargne et de crédit sont passées de 5 % des
prêts aux entreprises à 22 % en 1986; au Québec, les
banques à charte sont passées de 94 % à 75 %. Si les
caisses populaires, pour prendre un exemple, ont réussi a aller chercher
une part importante des prêts aux entreprises - j'imagine que plusieurs
de ces entreprises étaient des petites et moyennes entreprises - c'est
qu'elles ont dû offrir un service qui permettait à ces entreprises
d'avoir un meilleur service. Sinon, je ne vois pas pourquoi les caisses
populaires auraient pu aller chercher une part de marché très
importante par rapport aux banques. Il est vrai qu'avant 1981, les caisses
populaires n'offraient pas ce service aux entreprises comme telles. Alors,
c'est pour cela que j'accepte vos représentations. Dans le fond, vous
dites: Faites attention, il faudrait bien que la réforme serve tous et
chacun, ainsi que la petite et la moyenne entreprise, et il est vrai que les
courtiers d'assurances représentent des petites et des moyennes
entreprises importantes - là-dessus, je pense que je vous rejoins - pour
s'assurer qu'ils puissent donner des réseaux, qu'ils puissent se
décloisonner, qu'ils puissent former des cabinets multidisciplinaires.
Et quand on pense aux courtiers d'assurances en régions, je pense bien
qu'à ce moment-là, si on leur permet de réaliser -
d'ailleurs, ils sont venus nous dire qu'ils étaient d'accord avec le
décloisonnement et qu'ils étaient prêts à relever le
défi - on va aller dans cette direction pour s'assurer qu'ils puissent
affronter cette concurrence... Je sais qu'on doit ajourner, M. le
Président... (18 heures)
Le Président (M. Gobé): Oui.
M. Fortier: ...et je reviendrai à 20 heures puisque je
crois que le député de Lévis préférerait
qu'on revienne à 20 heures au lieu de continuer.
Le Président (M. Gobé): De toute façon, nous
avons un ordre de la Chambre d'arrêter de siéger à 18
heures. Mais en vertu de l'article 144 de notre règlement, nous pouvons
changer cette réglementation et prolonger notre temps. Mais cela prend
le consentement unanime des membres de cette commission. Si j'ai le
consentement...
M. Fortier: Je serais prêt à continuer. M. Garon:
D'accord.
Le Président (M. Gobé): Si nous avons le
consentement, nous allons continuer. M. le ministre, il vous reste...
M. Garon: Préférez-vous continuer ou revenir
à 20 heures?
M. Décary: J'aimerais continuer.
M. Fortier: C'est pour cela que dans cette dynamique-là,
je comprends votre appréhension et je suis tout à fart d'accord
qu'il faut donner... D'ailleurs j'ai dit dans mon allocution d'ouverture qu'il
faut absolument que les courtiers d'assurances puissent avoir les moyens
d'affronter la concurrence, et que je regrette qu'on n'ait pas pu
procéder avant aujourd'hui... Mais tout cela pour m'amener, vous qui
connaissez les PME, les propositions qu'on met sur la table. Si on modifie la
Loi sur les courtiers d'assurances pour leur permettre de faire des choses
qu'ils n'ont pas le droit de faire présentement, ne croyez-vous pas que
dans plusieurs régions du Québec les courtiers d'assurances, qui
sont des PME, j'en conviens, vont pouvoir affronter la concurrence beaucoup
mieux qu'ils ne peuvent le faire dans le moment, et qu'il va certainement y
avoir un équilibre qui va se rétablir parce qu'on sait que les
courtiers d'assurances ont une chaleur humaine, Ils ont une relation avec leur
clientèle, ils connaissent bien leur clientèle, Ils se
déplacent pour les rencontrer et j'accepte le fait que dans le service
personnel, être petit n'est pas nécessairement un
désavantage parce que dans le service personnel, c'est la qualité
du service, il y a la chaleur du service et l'intervention directe. Ne
croyez-vous pas que cette dimension, avec le décloisonnement,
permettrait aux PME que sont les courtiers d'assurances de pouvoir affronter la
concurrence qui, de toute façon, est présente parmi nous?
M. Décary: Mon premier commentaire est de dire que je
trouve un peu curieux qu'on dise que mes propos n'étaient pas sereins.
Dans l'ensemble, j'ai dit que la réforme était
intéressante. Le seul point, c'est de surveiller les abus qui pourraient
provenir des ventes forcées. Ce n'est pas tellement agressif. Un point
que j'ai peut-être dit avec vigueur, mais c'est parce qu'on a
l'expérience avec les banques et l'ensemble des institutions
financières de se faire brûler avec les frais de services. On a
des cas qu'on a rendus publics au mois d'avril. Cela a reçu une
couverture assez large dans les médias. C'est pour cela qu'on est
très précis et très clairs sur ce point. D'ailleurs, je
pense qu'à l'Assemblée nationale, surtout avec M. Garon devant
vous, vous devez entendre des propos assez vigoureux de temps en temps. Alors,
je ne pense pas que les miens soient trop déplacés.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Je vous rappelle que
vous...
M. Garon: ...ministre encore.
Le Président (M. Gobé): M. Décary, je vous
rappelle que vous devez appeler le membre de la commission par le titre de
député: M. le député de Lévis et non M.
Garon.
M. Décary: D'accord.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît!
M. Garon: Lui, il peut.
M. Fortier: Lui, il n'est pas député.
Le Président (M. Gobé): II peut?
M. Garon: II n'est pas député, il le peut.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Alors, vous pouvez
l'appeler M. Garon, je vous en prie.
M. Décary: Merci.
Le Président (M. Gobé): Pour finir, il reste 30
secondes de votre temps.
M. Décary: D'accord. En plus de cela, je trouve un peu
curieux qu'on parle de Desjardins comme d'une PME. Je pense que M.
Béland en a parlé. J'ai trouvé cela également
amusant. Vous avez fini vos propos en disant que, si je comprends bien:
L'apport du marché des caisses d'épargne et de crédit a
monté à 22 %. Ce ne sont pas des PME. Il peut avoir des
structures et des conseils d'administration pour chaque caisse populaire
locale, mais le Mouvement Desjardins est un mammouth, pour choisir vos mots, ou
du moins un éléphant en voie de devenir mammouth, pour
éventuellement disparaître. Desjardins, c'est la grande entreprise
en ce qui me concerne. Pour les autres éléments du plan, c'est
sûr que tous les intervenants peuvent trouver des éléments
intéressants dans la réforme. Je l'ai mentionné à
quelques reprises avec des mots positifs. J'ai même dit à un
moment donné que le décloisonnement était
nécessaire. Tout ce que je dis, c'est qu'il faut surveiller la question
des ventes forcées. Il faut dire que c'est probable que les ventes
forcées aient lieu si on donne ces permissions aux institutions de
crédit. Je donne l'exemple de l'état de préparation qui
existe présentement avec le mémo interne dont j'ai lu des
extraits dernièrement. Je peux vous en donner une copie, si vous
voulez.
Le Président (M. Gobé): M. Décary, la
période de temps impartie au ministre est maintenant terminée et
je dois, en vertu de notre règlement, céder la parole au
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai beaucoup aimé les
termes qu'emploie le représentant, M. Décary. Contrairement au
document, il ne parle pas de ventes "liées", mais il parle de ventes
"forcées".
M. Fortier:...
M. Garon: Oui, mais dans les explications qu'il donne
actuellement...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Décary: Le ministre n'est pas le seul à avoir le
droit de changer de vocabulaire.
Le Président (M. Gobé): M. Décary, vous
devez vous adresser à la présidence et non directement aux
membres de la commission.
M. Garon: Dans tout le débat qu'il y a eu ici, au fond, on
a évolué vers les termes "ventes forcées".
M. Fortier: Tout le monde a évolué.
M. Garon: Ce matin, par exemple, quelqu'un a dit que des ventes
liées pouvaient être avantageuses, mais qu'il fallait
empêcher des ventes forcées. On voit, par exemple, des compagnies
d'aviation qui annoncent des voyages; avec l'automobile et la chambre
d'hôtel, c'est ce qui va coûter le plus cher si vous achetez le
voyage. L'automobile seule va coûter plus cher et l'hôtel va
coûter plus cher. Les trois créent un volume qui permet à
l'entreprise de négocier des tarifs plus bas. C'est le "package" ou le
mélange de cela qui peut être intéressant. Le fait que,
dans la commission parlementaire, on soit arrivés à ces
distinctions est très intéressant parce que, dans le fond,
souvent quand on commence à étudier quelque chose, on a une
notion de ce qu'on vise, mais ce n'est pas encore très précis. Je
suis content de voir que dans vos propos verbaux, vous employez l'expression
"vente forcée", et je pense qu'aujourd'hui, si le ministre
écrivait son papier, je ne suis pas certain qu'il parlerait de ventes
liées; j'ai l'impression qu'il appellerait plutôt cela des ventes
forcées ou des ventes liées sous pression. Je pense que c'est
intéressant.
Deuxièmement, il y a une façon de voir les choses. Vous
voyez Desjardins comme un mammouth. J'allais poser une question au
président tantôt, il a dit: Nous sommes plutôt le
regroupement des 365 caisses populaires qui, localement, ont un
caractère d'autonomie très grand. Je pense, par exemple, à
Provigo. On peut voir Provigo comme une chaîne, mais on peut aussi la
voir comme des centaines d'épiciers indépendants qui se sont
donné un pouvoir d'achat en gros. Il y a des endroits au Québec
où il y a une grande concentration d'épiciers et, en même
temps, à mon avis, c'est le système le plus efficace au monde.
Aux États-Unis, 70 % des ventes se font par des entreprises capitalistes
qui possèdent des succursales. Dans chaque succursale, il y a un
gérant.
M. Fortier: C'est pour cela que Steinberg est en
difficulté.
M. Garon: Nous avons eu ici le génie d'avoir un
épicier local qui est propriétaire, tout en ayant le volume, au
plan des achats, qui permet à ces épiciers locaux d'être
concurrentiels avec les grandes entreprises corporatives qui ont des
gérants au lieu d'avoir des propriétaires localement.
Je regarde la pensée de la petite et la moyenne entreprise...
Dans certains cas, la petite et la moyenne entreprise ne peut pas survivre si
elle ne peut pas faire cela. Je suis convaincu que la plupart des
épiciers locaux auraient disparu au Québec s'ils ne
s'étaient pas regroupés pour faire leurs achats, pour avoir des
escomptes de volume. Aujourd'hui, on a sans doute le système le plus
efficace au monde, dans mon esprit, où on a un propriétaire au
niveau local, propriétaire de son épicerie, qui a réussi
à s'unir avec d'autres pour faire des achats et avoir la même
efficacité que la grande entreprise avec escomptes de volume, mais
encore la plus grande efficacité sur le plan local parce que c'est un
propriétaire qui, un peu comme les députés, continue
à 17 heures.
Je pense que c'est un peu le génie québécois. Quand
j'étais professeur à l'université, une annonce me frappait
toujours dans le Financial Times. C'était une annonce dans
l'État de l'État de New York qui disait: Si vous avez l'intention
d'investir, vous allez peut-être nous oublier parce que vous pensez que
tout est gros dans l'État de New York, mais n'oubliez pas que 90 % ou 95
% de nos entreprises ont moins de 30 employés. À New York, on
voit les buildings et tout cela. On a l'impression d'être
écrasés, mais ce n'est pas vrai. C'est encore la petite
entreprise qui est dominante dans l'État de New York et de loin. Je
pense que si on regarde le temps évoluer actuellement, ce n'est pas la
grande entreprise qui prend de la place, c'est la petite entreprise qui prend
de plus en plus de place.
Il y a quelques années, on disait, par exemple: L'ordinateur,
c'est final. Cela va être juste IBM qu'il va y avoir dans ce
secteur-là. On se rend compte que ce n'est pas vrai. Dans mon
comté, à Lévis, j'ai une petite entreprise, Becterm,
où les Japonais ont déterminé, il y a quelques
années, alors qu'ils venaient de donner un contrat d'environ 300 000 000
$ pour l'informatisation des municipalités, l'équivalent des
commissions scolaires, dans tout le Japon et que celle qui avait eu le contrat
c'était la troisième plus grande compagnie au Japon dans le
domaine des ordinateurs... Il y avait là une exposition du
Québec, à ce moment, et ils ont signé une entente avec
Becterm en disant que, dans ce secteur-là, l'entreprise la plus
avancée au monde dans leur esprit était Becterm, une entreprise
de Lévis qui est là parce que M. Gareau a marié une fille
de Lévis.
C'est pour dire que la vie... Quand on regarde Métfvier à
Saint-Damien, dans le domaine du plastique. Il n'y a rien qui disait
qu'à un
moment donné, la capitale du plastique au Québec,
peut-être même au Canada, serait à Saint-Damien. M.
Métivier est venu au monde là. Il aime sa place et il a
décidé de bâtir son entreprise là.
J'ai l'impression que la vie économique évolue comme un
ruisseau imprévisible, parce que la vie est imprévisible. Et vous
avez parfaitement raison quand vous dites que les mammouths... Les mammouths
sont disparus parce qu'ils n'ont pas été capables de s'adapter
à leur milieu. Je ne pense pas que les mammouths aient une longue vie
dans le domaine financier. C'est pour cela que j'aimerais vous poser une
question qui me paraît la question principale. C'est que, à mon
avis, dans votre mémoire, vous exprimez votre appréhension,
à savoir que le marché financier soit contrôlé par
des mammouths et l'expérience de la petite et de la moyenne
entreprise... J'aimerais vous demander, comme association, est-ce parce que
vous craignez que l'accès au capital pourrait être plus difficile
pour vous si le marché était financé par des grandes
entreprises ou des mammouths, plutôt que par des entreprises qui sont
plus proches, plus petites?
M. Moreau (Michel): M. le député, votre
dernière question est pertinente et je vous rappelle... Moi aussi je
suis allé à l'université et j'avais un de mes professeurs
de finance qui me disait: Ne soyez jamais victime d'une seule institution
bancaire. J'ai appliqué ce principe pour mes différentes
entreprises et c'est vrai que, si je n'avais pas respecté ce
principe-là, à un moment donné, je me serais fait rappeler
mes marges de crédit dans les périodes difficiles, etc. Donc,
j'ai toujours fait affaire avec plusieurs institutions bancaires.
Et, M. le ministre, tantôt quand on parlait des caisses
populaires, ce n'est pas qu'on voulait faire le procès des caisses
populaires, on pensait aux autres institutions bancaires aussi et on parlait au
nom du petit entrepreneur qui a sa marge de crédit dans l'institution
bancaire. Il a son REER là souvent. S'il y prend son hypothèque
et qu'en plus de cela, on lui demande de prendre son assurance là, etc.
C'est le danger devant lequel on voulait vous placer, parce que le
décloisonnement va être là. C'est de prendre les mesures,
justement, pour éviter ces choses forcées là. Parce que
vous voyez, pour un petit entrepreneur, si son entreprise va mal à un
moment donné, ils vont lui dire: Sors ton REER pour payer
l'hypothèque et paye-nous, et s'il manque encore de l'argent, bien:
Sors-en encore de ton REER pour payer tes assurances sur ta bâtisse, etc.
Alors voilà le danger d'un décloisonnement qui fait que le petit
entrepreneur est captif dans ce décloisonnement. Il se fait gober toutes
ses économies et tous ses services financiers. C'est dangereux pour lui.
La grande entreprise... Moi, aujourd'hui, avec les immeubles, les
différents domaines dans lesquels j'opère, je suis très
flexible. Je fais affaire avec les caisses.
Je fais affaire avec quelques banques, des compagnies de fiducie, etc.
Je suis polyvalent. Je ne suis pas victime d'une institution bancaire. Alors
cela peut être le danger pour la PME qui est quand même la
créatrice no 1 des emplois au Québec. C'est dans ce
sens-là qu'on parlait vis-à-vis du danger du
décloisonnement. Il faut éviter le plus possible qu'on force la
vente de produits. C'est dans ce sens-là surtout qu'était notre
intervention. (18 h 15)
Le Président (M. Gobé): II vous reste une minute,
M. le député de Lévis, vous pouvez...
M. Garon: Juste une minute.
Le Président (M. Gobé): M. Décary, vous avez
demandé la parole?
M. Décary: Je veux simplement ajouter, M. le
Président, que j'ai trouvé beaucoup de sagesse dans les propos du
député de Lévis. C'est sûr que Desjardins et Provigo
sont une source de fierté pour les Québécois.
Personnellement, j'en suis très fier. Toutes les réussites
québécoises me plaisent beaucoup. Cela dit, il faut faire
attention aux excès qui peuvent arriver quand les gens ont trop de
pouvoir ou quand le pouvoir est concentré. On a vécu ces
expériences avec des grandes entités dans le passé et on a
nos craintes, mais cela n'enlève pas notre fierté devant nos
institutions.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie. Une
dernière question. M. le ministre, vous avez le consentement pour qu'on
dépasse le temps?
M. Garon: Je voudrais vous faire remarquer que le débat...
C'est très intéressant ce que vous soulevez et je pense qu'on
n'en avait pas discuté jusqu'à maintenant pour une raison, c'est
que vous êtes les seuls, à mon avis, représentants du
secteur des affaires à être venus ici. Je n'en ai pas vu d'autres
jusqu'à présent. On a vu des gens des institutions
financières, on a eu les consommateurs, mais vous êtes les seuls
de votre catégorie. Je partage votre appréhension et je vais vous
dire pourquoi. Quand vous êtes une très grosse entreprise, vous ne
pouvez pas être mis en faillite. Vous allez faire trop de dommages aux
banques. Je ne parle pas du Mouvement Desjardins; ils ne sont pas dans le
domaine des prêts d'affaires. Dôme Petroleum a pu se permettre
d'être dans le trou à la planche. Il n'y a pas une banque qui
aurait osé mettre Dôme Petroleum en faillite. Les dommages
causés à la banque auraient été tellement grands
que la banque ne voulait pas la mettre en faillite. Mais j'ai vu, à la
faveur de la crise, comme ministre de l'Agriculture, en 1981, 1982 et 1983, des
banques mettre en faillite des entreprises qui n'auraient jamais dû
être mises en faillite, jamais, et qui, pour les raisons qu'a
mentionnées M. Moreau... Je suis content qu'il l'ait
mentionné
parce qu'on a tellement parlé d'autres choses qu'on a
oublié ce secteur, je pense, pendant la commission. La petite
entreprise, quand la banque panique, elle peut la mettre dans le trou. Elle
peut mettre quelqu'un en faillite immédiatement et laver, dans le temps
de le dire, l'entreprise qui n'aurait jamais dû l'être. Je pourrais
donner des exemples. Oui! Je pourrais en donner des exemples. Le comportement
des banques durant les périodes difficiles des entreprises est un
comportement souvent sauvage. Si on faisait, un jour, une commission
parlementaire là-dessus, je pense que j'irais comme témoin et on
verrait tout ce que j'ai vu en 1981, 1982 et 1983 où j'ai passé
les trois quarts de mon temps à sauver des entreprises qui
étaient serrées financièrement, parce qu'il y avait une
crise économique, pendant laquelle les banques ne leur ont pas toujours
donné beaucoup de chances. On pourrait mettre des noms même. Il y
en a qui étaient plus voraces que d'autres. Je pense qu'à ce
point de vue, c'est très important ce que vient de dire M. Moreau parce
que personne n'a tenu compte de cet aspect jusqu'à maintenant. Je pense
que c'est une lacune. Les gens d'affaires, le Conseil du patronat, comment se
fait-il qu'on ne l'a pas vu ici pour représenter les gens qui sont dans
le domaine industriel ou commercial? On ne l'a pas vu. Les seuls qu'on vient de
voir, ce sont les représentants de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Je vous félicite d'avoir
l'oeil ouvert. Il y en a beaucoup d'autres qu'on aurait dû voir ici et
qu'on n'a pas vus du tout.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Je dois maintenant donner la parole à M. le ministre
délégué à la Privatisation. M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Fortier: Le dialogue est intéressant parce qu'on
s'achemine vers un équilibre. On peut regarder cela - et c'est normal
qu'on le regarde ainsi - sous l'angle québécois.
Évidemment, quand on touche aux institutions financières, il
s'agit de lire des articles dans différentes revues
spécialisées pour s'apercevoir que - c'est pour cela que M. le
député de Lévis a raison de dire qu'on fait un peu
d'inflation verbale au Québec quand on parle de mammouths - nos
mammouths, à l'échelle internationale, ne sont pas tellement
gros. Donc, il y a un équilibre à développer parce que
ceux qui suivent la conjoncture actuelle nous disent qu'il faudrait faire
attention aux Japonais qui, de la même façon, il y a dix ans, sont
arrivés en Amérique du Nord avec leur industrie
manufacturière dans le secteur des voitures automobiles, en particulier,
et ont débalancé complètement la production des voitures
américaines, alors que les Américains continuaient à faire
des voitures mal foutues, qui fermaient mal et de mauvaise qualité, etc.
Les Japonais sont arrivés, il y a dix ans, avec des voitures dont les
portes fermaient bien; la qualité y était, le coût
était moindre, etc. Plusieurs nous disent - un livre a été
écrit là-dessus, The second wave, entre autres, par un
professeur de McGill - que, très bientôt, les grandes institutions
japonaises, qui ont des milliards et des millions de dollars, vont arriver en
force en Amérique du Nord et ce sera vraiment un choc. Ce sera un choc
aussi terrible que celui qu'on a vécu en ce qui concerne le secteur
manufacturier.
C'est une préoccupation et l'analyse que plusieurs en font... Je
lisais une analyse dans la revue The Economist, une revue britannique
sur les États-Unis en particulier, et je pense qu'on se rejoint dans une
certaine mesure, car leur analyse va dans le sens qu'aux États-Unis, les
institutions financières qui seront les plus capables d'affronter cette
concurrence japonaise, ce ne sont pas les grandes banques américaines
qu'on connaît, Citicorp et tout cela, ce sont plutôt des banques
régionales ayant une part importante du marché, qui ne sont pas
présentes dans les quelque 50 États américains. Ce sont
plutôt des institutions financières de l'État de la
Californie ou des institutions financières qui sont dans le nord-est des
États-Unis, des institutions financières qui sont au centre des
États-Unis. Ce sont des institutions financières qui, si on les
compare aux grandes banques américaines, ne sont pas parmi les cinq ou
six premières, mais ce sont des banques régionales importantes.
Si on regarde le Québec sous l'angle nord-américain, on
s'aperçoit qu'on a quelques institutions financières qui,
à l'échelle mondiale, ne sont pas les plus importantes, qui,
même à l'échelle américaine, ne sont pas
nécessairement Importantes, il y a quelques institutions
financières comme La Laurentienne, l'Industrielle-Alliance, Les
Coopérants qui s'en vient... Nous avons beaucoup favorisé - on
devrait en parler davantage - la fusion des caisses d'entraide
économique et des Coopérants justement parce que c'est un autre
groupe financier qui va donner un service en régions, qui est
très présent et qui, transformé en société
de prêt par la nouvelle loi, va permettre au groupe des
Coopérants, avec les caisses d'entraide et les caisses
d'établissement, de donner un très bon service en régions,
en concurrence avec les caisses populaires et en concurrence avec le reste.
S'il est vrai - selon le message que vous vouliez nous passer - qu'il
faut favoriser le regroupement de certaines entreprises
québécoises... Peut-être qu'on parle trop de Desjardins; on
devrait parler davantage de ce qu'on fait pour Les Coopérants, les
caisses d'entraide, les caisses d'établissement et les autres. Il est
vrai que votre message dit: Faites attention aux conditions, surtout pour les
ventes forcées, qui vont mettre la TTE en difficulté par rapport
à ces groupes qui ne sont pas nécessairement des géants
à l'échelle nord-américaine, mais qui, localement,
apparaissent comme des géants.
À ce sujet, j'aimerais vous livrer un secret, parce que dans la
prochaine loi que je vais déposer - je sais que le député
de Lévis est très impatient de la lire - nous avons obtenu une
chose que le Mouvement Desjardins ne voulait pas nous donner. L'autonomie
financière qui sera donnée à Desjardins sera au niveau des
fédérations. Autrement dit, chacune des fédérations
sera surveillée par l'Inspecteur des institutions financières,
comme étant une institution financière autonome sur le plan de la
santé financière. C'est pour cela, je crois que c'est un leurre
de regarder tout le Mouvement Desjardins comme une institution
financière alors que dans les farts, sur le plan des politiques, des
contrôles financiers, chaque fédération sera
examinée comme étant une institution financière propre...
La plus grosse d'entre elles, bien sûr, est la fédération
de Montréal. C'est vrai que cette fédération est
peut-être grosse, 12 000 000 000 $ d'actifs, mais dans la région
de Montréal en particulier, la fédération de
Montréal par rapport aux banques, les banques... Il est vrai que dans
certaines régions - et c'est là qu'est votre message, je pense
bien - il y a beaucoup de caisses populaires qui sont présentes. Si vous
examinez la situation, vous allez vous rendre compte que... M. Béland
m'expliquait à un moment donné que, dans certaines
régions, se rendant compte qu'une caisse populaire n'était pas
aussi rentable qu'elle devait l'être, il suggérait aux
coopérateurs de liquider leur caisse parce qu'il disait: Votre caisse
n'est pas assez rentable, si on la compare aux lois du marché, à
Saint-Glinglin, dans une région éloignée, et ce sont les
coopérants eux-mêmes qui acceptaient de payer leur prêt un
peu plus cher que le niveau normal du marché, justement, pour se garder
une institution financière dans une région
éloignée.
C'est pour cela qu'il y a un équilibre et je pense bien que votre
message était: Faites attention à l'équilibre qu'il faut
préserver entre les regroupements, et je pense que le
député de Lévis l'a très bien signalé par
son exemple avec Provigo. On pourrait aussi prendre le Groupe Ro-Na qui est un
autre exemple. Quand j'étais petit, chaque ferronnerie, dans tous les
coins de la province, était indépendante. Maintenant, elles sont
regroupées avec Ro-Na et elles ont des services d'achat. C'est la raison
pour laquelle, dans notre politique de décloisonnement des
Intermédiaires, on espère que les courtiers d'assurances vont
s'organiser en groupement; c'est cela qu'on veut encourager. Et j'ose
espérer que si les courtiers d'assurances s'organisent en groupement au
Lac Saint-Jean, en Abitibi, dans la Beauce, étant regroupés, ils
vont avoir un pouvoir d'achat plus important vis-à-vis des companies
d'assurances pour pouvoir négocier de meilleurs taux. Ils vont avoir de
meilleurs pouvoirs de publicité parce qu'on va leur permettre de se
faire de la publicité dans une région donnée. Ils
devraient donc se donner de meilleurs moyens de mercatique et de vente,
même par rapport au Mouvement Desjardins, pour pouvoir fonctionner en
groupe. Autrement dit, l'exemple de Provigo, l'exemple de Ro-Na sont de
très bons exemples qui pourraient s'appliquer. Notre politique va
permettre justement aux TTE, aux petites, petites entreprises que sont les
courtiers, de se regrouper et de se donner les mêmes moyens.
Le Président (M. Gobé): Votre temps est maintenant
expiré et...
M. Fortier: Alors, là-dessus, je vais tout simplement
conclure pour dire que le message a été entendu. Je sais qu'il y
a beaucoup de craintes, mais en définitive, nous allons tout faire pour
réglementer les ventes forcées parce que, là, je pense
bien que c'est ce dont il s'agit. J'aimerais vous rassurer là-dessus -
j'aurai l'occasion d'y revenir - parce que nous allons, entre autres, dans la
loi Desjardins, imposer au Mouvement Desjardins - et ce n'est pas une de ses
demandes contrairement à ce que M. Bernier peut prétendre...
À la suite des critiques, d'ailleurs, des courtiers d'assurances, j'ai
demandé à l'inspecteur de mettre dans la loi Desjardins,
l'obligation d'avoir un comité de déontologie au niveau de la
confédération et au niveau des caisses, pour chacune des
fédérations, avec des exigences très précises de
rapport en fin d'année à l'inspecteur des institutions
financières et avec des pénalités importantes si le
Mouvement Desjardins ne suivait pas la réglementation qui va être
imposée.
Tout cela pour dire que je comprends très bien que vous ayez
quelques suspicions sur la façon dont cela va être mis en pratique
et, tout simplement, ce que je veux vous dire c'est que votre crainte est
partagée, et, dans la mesure où elle est partagée, je
crois qu'on va mettre au point des mécanismes de contrôle...
Le Président (M. Gobé): M. le ministre,
malheureusement...
M. Fortier: ...et d'intervention qui vont nous permettre de
sauver et d'atteindre votre objectif.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M le
ministre.
M. Garon: Je suis à la veille de vous demander de faire
asseoir le ministre à la table qui est là, parce qu'on a
l'impression que c'est lui qu'on consulte.
Le Président (M. Gobé): Mais voyez-vous, M. le
député de Lévis, je vous remercie de ce genre de
recommandation et je comprends très bien votre impatience, mais
étant donné qu'on avait consenti a ce que nos invités
puissent faire valoir leur point de vue et qu'ils ont attendu aussi tard, je
croyais que le message du ministre
était suffisamment important pour qu'il le leur transmette. Je
vais maintenant vous passer la parole, si vous voulez dire quelques mots en
conclusion.
M. Garon: Je remercie les intervenants, M. Moreau et M.
Décary. Mais plutôt que de parler je vais leur donner tout mon
temps de parole pour faire valoir, en conclusion, les différents
arguments qui... Vous êtes restés. Je vous ai vus, ici, cet
après-midi... Les points majeurs d'appréhension par rapport
à la philosophie... M. Décary a dit qu'il était d'accord,
mais qu'il avait des restrictions. J'aimerais lui donner tout le temps qu'il
faut pour dire que...
Le Président (M. Gobé): Alors M. Décary vous
avez la parole. En conclusion, brièvement, s'il vous plaît.
M. Décary: Brièvement, d'accord. Merci, M. le
Président. Je suis heureux de voir que le ministre est bien conscient du
besoin de réglementer les ventes forcées, en particulier. C'est
déjà un bon pas, mais un pas qui était déjà
largement amorcé dans le document de réflexion où on
faisait déjà allusion à cette possibilité. Cela
n'enlève pas complètement nos craintes. On voit que le ministre
est de plus en plus conscient parce que le message est passé. Mais nos
craintes ne disparaissent pas parce que le problème avec les
consommateurs, y compris les petites entreprises, c'est qu'ils sont dans une
position de faiblesse quand ils font affaire avec une maison de crédit,
une institution prêteuse, pas juste les caisses Desjardins, mais toutes
les institutions prêteuses. Ils ont peur de s'affirmer parce qu'ils ont
peur des conséquences. Les prêts peuvent être
rappelés ou refusés. On a vu, comme je vous l'ai dit, dans le
passé... Cela fait au moins depuis 1980 qu'on fait des sondages sur les
institutions bancaires, les institutions prêteuses en
général et les résultats sont toujours très clairs
à cet effet-là. Alors, est-ce qu'on doit réglementer ou
empêcher? C'est là la question pour nous et on pense qu'il faut
plutôt empêcher les ventes forcées. Cela ne change pas
énormément les intentions du gouvernement telles
qu'exprimées dans le document de consultation. C'est un changement, mais
même l'abolition complète des possibilités de ventes
forcées vous permet de faire pas mal tout ce que vous voulez. Ce n'est
pas un changement qui détruit votre réforme, mais qui est, comme
je l'ai dit plusieurs fois, intéressante et même
nécessaire. Merci.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M.
Décary, ainsi que M. Moreau.
J'annonce que la commission va suspendre ses travaux jusqu'à ce
soir, 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 31)
(Reprise à 20 h 22)
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, la
commission va commencer ses travaux. Je vous rappelle son mandat, poursuivre la
consultation générale sur le document intitulé
"Décloisonnement des intermédiaires". Nous entendrons le Centre
de services financiers et professionnels de la région 04, - une des
belles régions, au coeur du Québec, dont je fais partie, M. le
ministre, et avec plaisir - représenté par M. Réjean
Côté qui est président du Carrefour financier. M.
Côté, si vous voulez vous avancer avec vos gens, s'il vous
plaît.
Je vous demanderais, s'il vous plaît, de présenter les gens
qui vous accompagnent pour les fins de la transcription du débat. Je
vous rappelle que vous avez environ 20 minutes pour faire votre exposé.
Je vous rappelle aussi que vous n'êtes pas obligé de les prendre.
Ne vous forcez pas pour prendre 20 minutes.
M. Fortier: Le dialogue est encore mieux.
Le Président (M. Richard): Si vous voulez le faire en 10
minutes, vous avez tout à fait le droit.
M. Fortier: Le dialogue a bien meilleur goût.
Le Président (M. Richard): Je pense que, autant le
porte-parole de l'Opposition, M. Garon, que M. le ministre Fortier
préfèrent de beaucoup faire un questionnement, vous interroger
sur le mémoire que vous avez présenté. Alors, à
vous la parole.
M. Garon: Si j'ai bien compris ce que vous avez dit, le ministre
fait des questionnements, il ne fait pas des discours.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Moi qui me fais accuser de ne pas pouvoir parler
facilement en public.
Des voix: Ha, ha,ha!
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole.
Centre de services financiers et professionnels
04
M. Côté (Réjean): Je me présente,
Réjean Côté, assureur-vie depuis 20 ans.
Le Président (M. Richard): Vous pouvez vous asseoir M.
Côté, il n'y a aucun problème.
M. Côté (Réjean): Mes confrères: MM.
Gilles Bordeleau et Michel Côté.
Une voix: Ses fonctions?
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole.
M. Bordeleau (Gilles): Je dois vous dire, messieurs, que ce sont
ces trois personnes qui sont les promoteurs du projet et les responsables de la
réalisation du Centre de services financiers et professionnels de la
région 04 qui, à notre avis, est le premier centre, de ce genre,
unique au Québec en ce sens-là. Nous vous remercions de nous
permettre de vous rencontrer et de vous informer davantage sur les
réalisations de notre centre multidisciplinaire. Notre exposé
sera bref, et nous constatons que cela vous plaira, car nous voulons surtout
répondre aux questions, au lieu de faire un discours, comme vous avez
déjà un texte en main. Cependant, ce qu'on voudrait vous apporter
c'est ce qui nous a amenés à réaliser ce centre
multidisciplinaire.
Nos expériences individuelles d'assureur-vie, entre autres, nous
ont mis souvent devant des faits chez nos clients et nous avons aussi
découvert après une longue étude que les clients avaient
besoin de trois choses principales. D'abord, il faut qu'ils sachent où
ils sont rendus dans leur cheminement financier personnel. À cet
égard il y a beaucoup de gens qui n'ont pas de bilan ou qui n'ont pas
d'état financier pour savoir d'une année à l'autre quelle
est leur valeur nette réelle. Nous constatons qu'à partir de
là, c'est bien difficile de pouvoir savoir exactement où l'on
s'en va quand on ne sait pas où l'on est rendu. Le deuxième point
qui est important, c'est de déterminer avec précision les
objectifs financiers de chacun. Quand les objectifs sont
déterminés, qu'ils sont écrits, c'est beaucoup plus facile
de les réaliser. Et le troisième point, qui est aussi très
important, c'est d'être capable pour le client d'avoir un suivi annuel de
sa situation financière. À partir de là, tout le monde a
des conseillers financiers, mais l'important c'est d'être capable de
coordonner le travail de tout le monde, c'est-à-dire autant celui du
notaire, du comptable, du directeur de la banque, de l'assureur-vie, ou du
représentant en placements. Tous ces gens-là font des rapports,
mais il faut qu'ils soient regroupés dans un document qui peut
être le bilan financier ou l'état de l'avoir net, etc.
Le gros problème que l'on rencontre souvent c'est que les
intermédiaires ne se parlent pas beaucoup. On ne voit pas souvent un
assureur-vie parier avec un comptable avec un notaire ou un avocat sur un
dossier. Ce n'est pas fréquent. Ce qui nous a amenés à
faire ça, c'est qu'on a dit: La meilleure façon de
répondre aux besoins d'un client, c'est d'être capable
d'évaluer l'inventaire financier, l'aider à déterminer
avec précision ses objectifs, identifier les contraintes
financières auxquelles on peut faire face, préparer
différents scénarios financiers et revoir
régulièrement le dossier, afin de s'assurer que nous sommes
toujours sur la bonne voie. C'est ce qui nous a amenés à
bâtir le Centre de services financiers et professionnels de la
région 04.
J'inviterais mon confrère, Réjean Côté,
à vous parler un peu plus du fonctionnement du
Centre de services financiers et professionnels de la région
04.
M. Côté (Réjean): On a pensé
créer le centre tout simplement, comme Gilles le disait tout à
l'heure, pour permettre d'abord à différentes professions de se
réunir et d'avoir un cheminement qui permette d'aider le client à
réaliser les objectifs qu'il poursuit. L'expérience de mes vingt
dernières années en tant qu'assureur-vie m'a permis de rencontrer
des gens de toutes les sphères d'activité. Avec ces
années, on a découvert que souvent on avait une multitude de
professionnels qui étaient consultés, mais que ce qui manquait
c'était la coordination clans le but que tout cela rende service aux
clients. L'idée nous est venue de réunir les différents
professionnels qui pourraient intervenir dans un dossier selon les besoins, ce
qui permettrait de faire une synthèse de façon rapide, de
façon à pouvoir concerter les efforts de chacun de ces
professionnels pour réaliser l'objectif du client. On a essayé
d'abord de choisir un site qui soit facile d'accès et qu'il y ait une
repartition suffisante pour que nous puissions toucher toutes les disciplines
dont les gens avaient besoin de façon quotidienne. C'est ce qui nous a
permis avec les années de vouloir créer un tel centre pour
répondre à un besoin qui est là depuis plusieurs
années.
M. Bordeleau: Je pense que cela va vous plaire. On est
déjà disponible pour les questions. Je savais que c'était
M. Garon qui parlerait le premier.
M. Garon: Nous autres, on a un ordre de la Chambre jusqu'à
minuit, alors on a tout le temps qu'il faut.
M. Bordeleau: Je pense que vous avez eu devant vous un document.
À partir de là, il y a quelques points qu'on pourrait apporter
aussi, mais si vous voulez passer directement à des questions...
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Fortier: Je suis bien heureux que vous soyez venus en
commission parlementaire. J'ai eu l'occasion, M. le Président,
d'être invité à l'inauguration du centre financier 04 au
Cap-de-la-Madeleine et je ne ne savais pas, d'ailleurs, qu'il viendrait en
commission parlementaire. C'est un exemple d'initiative locale venue de ceux
qui sont devant nous ce soir pour témoigner de leur expérience.
Ce qui est intéressant, c'est que cela vient du milieu. Vous avez senti
un besoin, vous avez bâti, donc cela ne vient pas
d'une théorie. Vous avez pris votre décision avant que le
ministre publie son document de consultation. C'est intéressant. Ce
n'est pas le fruit d'une théorie ou d'une incitation publicitaire. Vous
avez senti vous-mêmes ce besoin de créer ou de construire un
édifice ayant à l'intérieur différents services. On
voit ici, bien sûr, la Bourse immobilière de la Mauricie, un
notaire, des avocats, les Services financiers Capital inc, la Banque Nationale,
le Carrefour financier. Les gens de La Laurentienne, qui sont venus ce matin en
commission parlementaire nous disaient aussi qu'ils avaient construit un ou
deux de ces carrefours récemment. Alors, comme vous pouvez le voir, vous
avez autant d'inititative que La Laurentienne. Ce n'est pas peu dire.
Si je comprends bien ce que vous m'aviez dit lorsque je vous avais
visités, c'est un édifice à l'intérieur duquel se
trouve des bureaux séparés les uns des autres et où les
locataires ont des professions qu'on peut appeler complémentaires, dans
la mesure où ils peuvent fournir des services financiers
intégrés. Mais, ce serait intéressant que vous nous
disiez, si vous le pouvez, quelle est l'expérience à ce jour?
Étant donné que chaque locataire est indépendant du
voisin, même s'ils sont dans le même édifice, c'est un
bureau multidisciplinaire, mais ce n'est pas un bureau multidisciplinaire
intégré où chacun conserve complètement son
autonomie. Alors, ce serait peut-être intéressant que vous nous
disiez dans quelle mesure chacun garde son autonomie et s'il arrivait par
malheur qu'une personne déroge à un certain code, j'imagine que
vous vous êtes vous-mêmes donnés un code pour la
réputation de ce bureau multidisciplinaire, qu'est-ce qu'il arriverait?
Est-ce que vous avez des dispositions dans le bail, en ce sens que vous
pourriez résilier le bail si une personne ne rencontrait pas telle et
telle exigence? Autrement dit, est-ce que c'est possible de faire cela? Comment
l'avez-vous fait? Quelle est votre expérience à ce jour?
M. Côté (Réjean): M. le Président,
pour répondre à la question de M. Fortier, disons tout de suite
que nous avons sélectionné les professionnels qui viendraient se
regrouper à l'intérieur de ce centre. Il fallait d'abord qu'ils
croient au même principe que le nôtre, à savoir qu'il
était utile de pouvoir donner aux gens accès aux informations
dont ils avaient besoin, mais tout en étant évidemment possible
de continuer à exercer chacun nos occupations. Chacun croyait à
cette idée, ce qui fait que dans le bail, on a pu mettre une clause en
ce sens que chacun respecterait avec un code de déontologie maison, si
on veut, la direction dans laquelle on entendait se diriger. Si l'un
contrevient de façon grave à la déontologie qui s'installe
actuellement à l'intérieur de la bâtisse, on peut tout
simplement annuler son bail et l'expulser du centre. Car une des principales
choses, c'est non seulement la réputation du centre, évidemment
mais on veut que cela devienne avant toute chose un centre où on peut
non seulement aller chercher de l'information, mais où on peut s'assurer
que les conseils donnés vont être judicieux.
Je ne sais pas si cela répond bien à votre question, M.
Fortier.
M. Fortier: Mais dans quelle mesure... Est-ce que vous vous
réunissez une fois par mois pour discuter de l'évolution des
choses? Est-ce que vous faites cela d'une façon informelle ou d'une
façon formelle? Je comprends que c'était votre intention. Ce qui
m'intéresse, c'est le vécu. Quelle est votre expérience
jusqu'à présent? Est-ce qu'un représentant de chacun des
locataires se réunit, disons, une fois par mois pour discuter de
l'expérience et pour voir dans quelle direction vous allez?
M. Côté (Réjean): La politique qui a
été développée au centre, c'est qu'une fois par
mois, comme vous le disiez, il y a une réunion d'inter-communications
entre les bureaux. Les bureaux sont tous indépendants les uns des
autres, dont les professionnels, le notaire, l'avocat, le comptable ou peu
Importe le locataire qui est à l'intérieur de la bâtisse,
il n'a pas de contrat légal ou d'entente explicite avec les autres
locataires. Pour reprendre votre mot de tantôt sur La Laurentienne, le
carrefour financier se veut un intermédiaire entre les clients et les
institutions financières et non pas une institution. On se
réserve le droit de... On n'a pas de limite quant au nombre de
compagnies qu'on peut représenter, mais on peut faire une
sélection des compagnies qui vont donner un service à la
clientèle et qui vont pouvoir donner les produits qui sont à la
fine pointe des besoins des clients. Puis, vu l'interrelation des dossiers,
chacun est indépendant, mais si on travaille sur un dossier commun, avec
le notaire, le comptable, le fiscaliste, le courtier d'assurances
générales ou le courtier d'assurance-vie par contre, tout le
monde est convaincu qu'il peut regrouper la clientèle, que chaque
professionnel peut échanger sa clientèle avec un autre
professionnel du centre sans pour cela en pouvant être certain qu'il aura
un service adéquat. Je ne sais pas si cela répond un peu plus
à votre question.
Pour ce qui est du vécu, comme vous le disiez tantôt,
l'inauguration du centre s'est faite le 3 mai. C'est très récent.
On a beaucoup de politiques ou de rêveries d'installées au centre,
mais cela fait un an et demi qu'on travaille sur le projet et il y a plusieurs
locataires qui ont déjà signé depuis presque huit mois et
dix mois. Même avant que le centre soit créé physiquement,
il y avait déjà des réunions d'entamées de
façon régulière pour échanger des points de vue. Un
notaire ne pense pas comme un avocat; un avocat ne pense pas comme un comptable
et il ne pense pas comme un assureur-vie. À force de discuter ensemble,
on peut arriver à une ligne de pensée qui soit
générale et qui soit toujours dans
l'intérêt du client. Comme on le disait tantôt, il y
a une clause, selon laquelle quelqu'un pourrait être expulsé du
centre s'il faisait des passe-droits, si on peut dire. Mais
l'intérêt de chacun n'est pas d'essayer de tirer la couverte,
excusez l'expression, mais de donner un service complet et
intégré à la clientèle.
M. Fortier: Merci.
M. Bordeleau: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. Bordeleau.
M. Bordeleau: J'aimerais ajouter deux points importants. Ces deux
points avantagent le client, à tout le moins ceux qui font affaire avec
nous. Étant dans un cabinet multidisciplinaire, le client va
bénéficier de la compétence de plusieurs
spécialistes qui pourront travailler en même temps, si c'est
nécessaire, sur le même dossier. Donc le client vient nous
rencontrer et on peut être quatre, cinq ou six spécialistes, selon
les besoins du client. Ensemble, on va écouter ce qu'il aura à
dire. Tous ensemble, on va finir par avoir la même perception. À
partir de ce moment-là, on sera en mesure de discuter entre
professionnels et, ensuite, de l'objectif de notre client et lui soumettre des
recommandations qui vont se tenir. On sait que le comptable, le notaire ou le
fiscaliste va faire son travail conjointement avec les autres.
Je crois que le meilleur service qu'on puisse donner au client, c'est
que ces conseillers travaillent pour lui, mais travaillent ensemble pour lui,
ce qui est différent de ce qu'on voit aujourd'hui. On ne voit plus cela
souvent. Il y a un autre avantage important au centre. Lorsqu'on fait affaire
avec un agent particulier ou une personne particulière, si cette
personne quitte le domaine dans lequel elle était, bien souvent on ne
sait plus où se référer. Chez nous, si le client fait
affaire avec deux, trois ou quatre professionnels, i! y a de grosses chances
pour que les autres ne veuillent pas le laisser aller. Ils vont continuer
à suivre le client en question. Si, par exemple, dans le domaine de
l'assurance-vie, un de nos agents nous quittait, cela ne veut pas dire que le
notaire, l'avocat ou le comptable le laisseraient aller. Le client peut
toujours revenir voir ces gens-là et le suivi du dossier va se faire
quand même. Les gens seront moins écartés. Ce sont les deux
points très importants, selon nous, qui amènent cet avantage au
client.
Une autre chose. Chaque mois, lorsque nos professionnels se rencontrent,
chacun vient, à son tour, exposer ses spécialités, ce
qu'il fait comme travail afin que le notaire puisse nous dire ce qu'il fait
comme travail, que l'on sache quel est le véritable travail qu'a
à faire l'as-sureur-vie, le responsable des fonds de placement, ce que
fait un planificateur financier. Tout cela finit par faire une équipe
homogène et lorsqu'un client présente un problème
particulier, les gens peuvent savoir d'avance que quelqu'un dans
l'édifice est capable de répondre à ses besoins. Voici un
exemple arrivé tout récemment: un bonhomme se présente
chez nous, il voulait acheter un commerce déjà existant et il ne
savait vraiment pas quoi faire. Il disait qu'il avait de l'argent et qu'il
avait tout ce qu'il fallait. On l'a envoyé, pour commencer, chez le
comptable pour faire faire un pro forma. Après cela, il est passé
chez le notaire, puis la vente est faite maintenant. Il va nous rester à
régler des choses comme la convention d'achat-vente, parce qu'ils sont
deux associés dans la compagnie. L'avocat commence à former la
compagnie. On va lui donner un suivi comme cela. On les part à
zéro.
La même chose pour les petites et moyennes entreprises. On a
déjà eu à peu près cinq dossiers depuis le 3 mai,
dont certains suffisamment importants, de gens qui avaient des projets. Voici
ce qu'on dit aux gens. Si vous avez des projets, venez nous voir. Certains
avaient des projets assez importants dans la région de
Trois-Rivières, mais ils ne savaient pas par où commencer,
où aller. Ils sont allés à différents endroits,
mais c'est tellement restreint comme information qu'ils ne pouvaient pas avoir
une vue d'ensemble de leur situation et des problèmes auxquels ils
pouvaient faire face. On s'est assis avec eux. On leur a fait décrire
leur rêve comme il faut. Après cela, on a commencé
étape par étape à leur dire: On va commencer par faire une
étude de marché, ensuite on va faire telle ou telle étape,
et, si cela va bien jusque-là on verra plus loin.
Tout cela pour éviter que des gens, avec des bonnes idées,
mais n'étant pas des spécialistes, ne se cassent le nez, si vous
me permettez l'expression, parce qu'ils ont oublié un petit
détail en cours de route qui va faire en sorte que s'ils ont
oublié l'étude de marché, par exemple, ils ont un beau
projet, mais il n'est pas rentable. Ils vont avoir investi une couple de 100
000 $ et ils se ramasseront sur le bord de la rue. La PME chez nous, quand on
est en mesure de le faire, on le fait, et il y a des organismes
gouvernementaux, bien sûr, qui sont là pour aider aussi. À
ce moment, on les dirige selon les besoins vers les organismes qui peuvent leur
être utiles. Cela ne nous rapporte peut-être rien sur le moment,
mais s'ils réussissent à partir leur PME, ils vont revenir parce
qu'ils vont avoir besoin d'assurances générales, d'assurance-vie,
de notaire, d'avocat, etc. C'est l'idée un peu du Centre de services
financiers et professionnels.
Le Président (M. Richard): Merci. Le porte-parole de
l'Opposition, M. Garon.
M. Garon: J'ai vu dans votre brochure, M. Bordeleau, que vous
vous occupiez du service de planification. Où avez-vous
étudié la planification financière?
M. Bordeleau: Je m'attendais bien à cette question.
D'abord, je suppose que c'est parce que j'ai déjà fait des
tomates. C'est peut-être parce que j'ai déjà fart des
tomates de serre, je suppose.
M. Garon: Non, je ne savais pas.
M. Bordeleau: Non? D'accord. C'est que ça fait...
M. Garon: Est-ce que je suis supposé vous
connaître?
M. Bordeleau: Vous êtes supposé me connaître
parce qu'on s'est déjà rencontré quelques fois quand vous
étiez ministre.
M. Garon: Où?
M. Bordeieau: À votre bureau, à Québec ou
à...
M. Fortier: Mon Dieu, M. le député de
Lévis!
M. Bordeleau: ...Sainte-Martine, etc. À ce
moment-là, j'étais président de l'Association des
producteurs en serre.
Je réponds à votre question. J'ai été
assureur-vie pendant six ans, avec une compagnie qui donnait une bonne
formation. J'ai pris mon cours de fonds d'investissement canadien. J'ai aussi
pris des cours de conseilleur-vendeur. J'ai commencé le cours de
planificateur financier de l'Institut de la planification financière du
Canada. C'est un cours par correspondance et c'est long; je n'ai pas fini. Je
pense que notre meilleure expérience, ce n'est pas le certificat que je
peux avoir, c'est le vécu que j'ai déjà eu en peu de temps
dans ce domaine-là. Quand on veut bien servir un client, le travail du
planificateur financier n'est pas compliqué: c'est de s'asseoir,
d'écouter les gens pour savoir ce qu'ils veulent et, après cela,
de trouver les gens capables de répondre à leurs besoins. Un
planificateur financier, c'est tout simplement un coordonnateur. Il ne vend
rien, mais il fait travailler des gens dans le même sens. Cela ne prend
pas un diplôme tellement long, sauf peut-être quelque chose comme
de bonnes oreilles et de poser quelques questions de temps en temps.
J'espère que cela répond à votre question, M. Garon.
M. Garon: Cet après-midi, les représentants de la
Bourse de Montréal étaient ici. Ils disaient que les
planificateurs financiers devraient avoir un titre réservé et
être sous la surveillance de la Commission des valeurs mobilières
du Québec. Qu'est-ce que vous pensez de cela?
M. Bordeleau: Je peux toujours vous donner mon opinion
personnelle. Que ce soit sous la juridiction de l'un ou de l'autre, il ne
faudrait pas que les planificateurs financiers... Je suis d'accord, au
départ, pour que ce soit une fonction, une profession ou un titre
spécialisé, que le gars qui est planificateur financier,
idéalement, soit un planificateur financier et ne fasse que cela.
D'ailleurs, personnellement, je suis favorable non pas à la
multiplication des permis, au cumul des permis, mais je trouve qu'on devrait
plutôt aller vers la spécialisation. Si on regarde dans le domaine
de la médecine ou de la santé, on ne peut pas être
généraliste et médecin pour les yeux, les oreilles, etc.;
chacun a sa fonction.
Dans notre domaine, c'est la même chose. Vous savez combien il y a
de compagnies d'assurances au Québec. Elles ont chacune une dizaine ou
une douzaine de plans d'assurance-vie. Il y a à peu près 400
fonds de placement au Québec. Si vous prenez ensuite les abris fiscaux
et tous les autres services qu'on a à vendre dans le domaine de la
finance, le gars qui est capable d'être bon dans tout cela, j'aimerais le
rencontrer; moi, je ne le connais pas. Ce n'est pas mon cas. Je ne serai jamais
bon dans tout cela, mais je vais être bon dans un domaine, par exemple,
et je vais être dur à battre. (20 h 45)
M. Garon: Lequel?
M. Bordeleau: Lequel? Moi, ce que je veux être, c'est un
conseiller financier, un planificateur financier, si vous voulez, lorsqu'on
aura la possibilité d'étudier au Québec, d'avoir un permis
du Québec. Le premier cours qui va se donner, je vais le suivre.
M. Garon: Pour vous, c'est quoi... Je n'ai pas trop compris
comment vous voyez cela, un planificateur financier. Comment voyez-vous cela?
Qu'est-ce qu'un planificateur financier, comme vous le pratiquez dans votre
pratique? Vous avez donné un exemple. Vous avez envoyé la
personne chez le comptable et le notaire, avez-vous dit. Vous, dans votre
fonction, vous dites que vous laisseriez la personne élaborer ses
rêves. Après cela, vous faites un pro forma, le comptable fait un
pro forma, puis il va chez le notaire. C'est parce que je n'ai pas
réussi à voir comment, c'est quoi le contenu de la profession
d'un planificateur financier, qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il planifie?
Parce que planificateur financier, le mot doit vouloir dire quelque chose, un
peu.
M. Bordeleau: Bien sûr. Le planificateur financier... Pour
pouvoir planifier quelque chose, il va falloir que le client ait un projet
quelconque, cela peut être sa retraite à 60 ans ou à 55
ans. Mon travail va consister à découvrir quel est son besoin,
quel est son rêve prioritaire, quels sont les actifs de ce
bonhomme-là et quelles sont ses capacités d'investir pour
obtenir, par exemple, sa retraite à 55 ans. Il y a bien du
monde qui rêve de prendre sa retraite à 55 ans. Mais quand
ils sont rendus à 50 ans, ils s'aperçoivent que même
à 65 ans ils vont la prendre, mais pas aux conditions qu'ils voulaient
parce qu'ils n'ont pas planifié leurs choses. Chez nous, ce qu'on veut
c'est que le client puisse nous dire sur quoi il faut travailler. Sur son
projet de prendre sa retraite à 55 ans? On va travailler
là-dessus et, à ce moment-là, si le type a des sommes
d'argent, on va lui suggérer un portefeuille équilibré,
par exemple. Ensuite on va lui suggérer d'aller acheter des fonds de
placement ou d'autres genres, des REA, ou ce qu'il aura besoin, selon ses
objectifs et ses moyens financiers. Par la suite, on va vérifier
annuellement la situation où il est rendu. Est-ce qu'il progresse dans
le sens prévu ou si on doit réajuster nos tirs, si on veut?
M. Garon: Qui va lui suggérer la composition de son
portefeuille équilibré?
M. Bordeleau: À ce moment-là, ce sera le conseiller
en placement d'argent. C'est lui le spécialiste, c'est lui qui
connaît les fonds, c'est lui qui connaît les genres de fonds. Nous,
on va déterminer la capacité de risques que notre client va
être capable de prendre. Il y a des gens qui sont capables de prendre des
risques, et il y en a d'autres qui ne sont pas capables d'en prendre. Si on les
place dans des portefeuilles miniers, ils ne dormiront pas de la nuit. Il faut
faire attention à cela. Le planificateur financier va déterminer
avec le client le genre de risques que le client est capable de prendre et,
après cela, on va tout simplement dire au conseiller en placement dans
quelle direction il doit aller. C'est lui qui va composer le portefeuille et
qui va le suggérer. Il va le faire comprendre au client, l'expliquer au
client. Cela va être la même chose si on se rend compte que notre
client n'a pas de testament et qu'il devrait en avoir un. On va lui dire tout
simplement Passe donc chez le notaire. Si tu n'en as pas, il y en a un ici, en
haut, on en a confiance. Si tu en as un, va le voir et fais faire ton
testament, cela presse. C'est dans ce sens-là qu'on travaille comme
planificateur financier. Est-ce que cela est mieux?
M. Garon: Quand vous avez dit tantôt que vous suiviez un
cours de planificateur financier par correspondance, le cours est-il
donné?
M. Bordeleau: L'Institut canadien de la planification
financière.
M. Fortier: Ces gens sont venus ici.
M. Garon: Cela dure combien de temps?
M. Bordeleau: Quasiment aussi longtemps qu'on veut parce que
c'est une série de six briques qui peut s'étaler sur deux ans et
demi environ.
M. Garon: Vous dites deux ans et demi, c'est quoi? Deux ans et
demi de...
M. Bordeleau: Disons des périodes de quatre ou cinq mois
environ, je n'ai pas les... Cela dépend des cours; ils sont
différents. Il y a une session au printemps, une session à
l'automne, mais tout est par correspondance. Là-dessus, par exemple, je
vous suggérerais d'avoir... on serait capables d'avoir ça au
Québec, d'avoir des cours québécois, soit par
l'université ou autres.
M. Garon: Ils ne viennent pas du Québec?
M. Bordeleau: Non, ils ne viennent pas du Québec.
M. Côté (Michel): Ce sont des cours traduits et
souvent la traduction laisse quelque peu à désirer dans le
contenu de base que j'ai suivi. Ce sont les mêmes cours que ceux de
Gilles. Il y a des cours de fiscalité, des cours en économie
financière, des cours en planification financière personnelle, en
planification financière commerciale. Ces cours sont des traductions
dont le sens de base reste bon, mais le contenu, le fait que c'est une
traduction... Ce serait plus facile de suivre le cours en anglais qu'avec la
traduction parce que souvent, quand on arrive à un examen, par
expérience je peux vous dire que les examens qui sont traduits, avec les
cours qui sont traduits, ce n'est pas toujours facile à suivre.
M. Garon: Les sessions du printemps et de l'automne durent
combien d'heures?
M. Côté (Michel): Ce sont des briques, des volumes
qui nous sont expédiés par correspondance. Chaque cours a un
coût. Il y a un examen et il y a des devoirs à remettre de
façon périodique durant le cours. Toutes les quatre semaines, il
y a un devoir à remettre à la suite d'un questionnaire, une
étude de contrôle. À la fin du cours, il y a un examen
final souvent dispensé à l'université. Des locaux sont
loués et un inspecteur de l'institut vient y faire passer les examens
finals.
M. Garon: Les devoirs sont-ils faits à la maison?
M. Côté (Michel): Les devoirs sont faits à la
maison. Ce sont des cours par correspondance, si vous voulez. Vous avez tout le
matériel, mais c'est du matériel qui est assez... Par exemple,
pour le cours sur la Commission des valeurs mobilières, c'est le
même principe. C'est un cours qui est donné par correspondance,
avec des devoirs à remettre. On remet les devoirs et il y a un examen
final contrôlé par la Commission des valeurs mobilières,
soit pour les fonds
d'investissement ou le cours de courtier en valeurs mobilières de
plein exercice. Il y a un paquet de cours qui existent sur le marché.
Comme je le disais tantôt, on ne peut pas, même avec sept, dix,
quinze ou même 20 ans, comme le disait Réjean, de travail dans le
domaine connexe à la finance, avoir une vue d'ensemble. Il est bon
d'avoir une vue d'ensemble sur tout ce qui existe sur le marché, mais
c'est très difficile d'être spécialiste dans chacun de ces
domaines-là. C'est pour ça qu'en regroupant tous les
professionnels dans le même centre et en côtoyant tous ces
gens-là à longueur de journée, il vient un temps où
c'est un échange d'idées et d'information qui se fait et on peut
arriver à faire un résumé pour un client, donner des
recommandations. On a vu à plusieurs reprises travailler sur un dossier,
mais travailler tous les trois conjointement, avec le notaire, l'avocat ou le
comptable, pour arriver à un résultat qui se tient debout.
Souvent, le gérant de banque fera une recommandation, le comptable fait
une autre recommandation, le soi-disant conseiller du client fait une autre
recommandation, mais personne ne se parle. Ce que l'on veut, c'est
réellement être capable de faire un résumé de tout
cela et donner un seul rapport au client, mais que chacun, en comprenant les
recommandations de l'autre, puisse arriver à avoir un rapport final qui
se tient debout. Ne pas arriver six mois, un an ou deux ans après avec
un problème et dire: ce n'est pas nous, c'est le comptable, c'est le
notaire. Il y en a toujours un qui a fait une faute, mais personne ne veut
avouer qui a fait la faute. Si tout le monde a travaillé sur le
même dossier, on ne pourra pas jeter la balle à l'autre, il faudra
réellement régler le problème, si problème il y a.
Cela évite beaucoup au client de courir à droite et à
gauche pour avoir de l'information.
M. Garon: Je comprends mal ce que vous venez de dire, parce qu'on
ne peut pas mettre la faute à l'autre: si cela dépend de
l'avocat, cela dépend de l'avocat; si cela dépend du notaire,
cela dépend du notaire; la question qui regarde la comptabilité,
cela dépend du comptable. Il ne pourra pas se cacher derrière les
autres.
Une voix: Souvent...
M. Garon: Là vous venez de donner une définition
qui veut dire que le comité sera responsable, plutôt que chacun
des membres du comité multidisciplinaire.
M. Côté (Michel): Ce n'est pas le comité. Si,
par exemple, on est cinq ou six professionnels, il y a le notaire, le
comptable, le fiscaliste, le gérant de banque, le courtier en fonds
d'investissements qui ont travaillé sur un dossier et qui ont fait des
recommandations à un client. Si les six personnes se sont parlé
avant de faire les recommandations, les chances sont beaucoup plus faibles que
des erreurs se produisent. Chacun va savoir pourquoi il a fait une
recommandation et ce que l'autre a recommandé. Cela va se tenir l'un par
rapport à l'autre. Si le gérant de banque ou le comptable fait
une recommandation à un client sans parler à ses autres
consultants, souvent il y a non-cohérence entre les recommandations.
Souvent le client sort de là plus mêlé qu'il ne
l'était au début. Ce qu'on veut, c'est essayer d'éclaircir
la situation d'un client, avoir un dossier global et complet.
M. Garon: Dans votre résumé de la
présentation, vous avez une recommandation 3 d'uniformiser les
formulaires de demande d'assurance-vie, de régir les termes "fumeur" et
"non-fumeur" de façon uniforme. Est-ce que cela vous cause des
problèmes?
M. Côté (Réjean): Un des gros
problèmes que cela occasionne, c'est que la plupart des compagnies ont
chacune leur façon d'établir qui est un fumeur et qui est un
non-fumeur. Chaque compagnie a aussi des formulaires selon ses besoins. Si on
prend les examens médicaux ou paramédicaux, ou même des
examens non médicaux pour rétablissement d'une police, le
problème qu'on voit le plus souvent, c'est que chaque questionnaire est
délimité par un certain nombre de questions, mais d'un formulaire
de compagnie à un autre, cela ne se ressemble pas du tout. Si on pouvait
avoir une formule uniformisée, d'abord ce serait beaucoup plus facile de
compréhension pour les gens, et ensuite on éviterait que parce
qu'il y a une distinction très majeure entre les considérations
de fumeur à non-fumeur d'une compagnie à l'autre, on
éviterait sûrement, comme tout dernièrement, qu'il y ait
des procès ou des choses comme cela à la suite de
déclarations qui peuvent paraître soit fausses ou mal
interprétées. Avec l'uniformisation, il serait beaucoup plus
facile d'en venir à ce que toutes les compagnies travaillent sur les
mêmes barèmes, un peu comme pour la question du suicide, au
fédéral, lorsqu'on a fait passer la clause de suicide. Maintenant
toutes les compagnies d'assurance-vie sont obligées de payer
après deux ans si la personne se suicide, et c'est très bien. Les
gens savent maintenant que dans l'ensemble, s'il y a suicide après deux
ans de l'établissement de la police, la compagnie devra payer. C'est
très bien. C'est dans ce sens.
M. Garon: Avez-vous fait des demandes à l'Inspecteur
général des institutions financières pour les fumeurs et
les non-fumeurs?
M. Côté (Réjean): Dans quel sens?
M. Garon: Pour qu'on uniformise les formules.
M. Côté (Réjean): Non.
M. Garon: Non. Est-ce que cela a été demandé
à Ottawa pour les suicides?
M. Bordeleau: Au sujet des suicides, oui cela a été
demandé. Il y a déjà quelques années que cela a
été obtenu. On apporte cette suggestion à votre opinion.
Elle va aussi être tranférée à l'APAVQ
sûrement pour que ces gens travaillent dans ce sens. C'est une partie
importante. C'est une partie qui devrait se jouer, à cette étape,
avec l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec. On croit
qu'il y a des gens de bonne volonté qui se font jouer des tours. Pour
des compagnies, si on fume le cigare on est non-fumeur et si fume le cigarillo
on est fumeur - et cela existe. On peut demander à un client: Est-ce que
tu fumes le cigare? Oui, je fume le cigare, pour lui un cigarillo c'est un
cigare. C'est déjà arrivé. La différence n'est pas
énorme entre un cigare et un cigarillo. Si la personne se fait avoir,
c'est sa succession qui va en souffrir. Il serait facile de déterminer
que pour tout le monde c'est un fumeur s'il fume le cigare et le cigarillo. Ce
sont tous des fumeurs. On fume ou on ne fume pas. Cela va régler le
problème une fois pour toutes. Il y a des gens qui fument la pipe qui
vont être pénalisés, mais ils arrêteront de fumer la
pipe ou ils feront comme les autres. Ils paieront pour. Cela va éviter
un paquet de problèmes. On vous l'apporte à vous en primeur et on
va l'apporter à l'APAVQ dans notre région, en tout cas.
M. Garon: L'Inspecteur général des institutions
financières est ici. Il vous écoute, je ne sais pas à quoi
il pense. Vous avez parlé du cigare, du cigarillo et de la pipe; il
pourrait aussi y avoir la prise et la chique.
M. Fortier: ...empêcher les gens de fumer...
M. Garon: Non, mais étiez-vous au courant de cela? Vous
vous occupez des assurances.
M. Bouchard (Jean-Marie): II y a une jurisprudence
là-dessus. Il y a des procès. (21 heures)
M. Garon: Pardon?
M. Bouchard: II y a une jurisprudence là-dessus. Les
compagnies d'assurances se font poursuivre. La jurisprudence est en train
d'essayer de déterminer ce qu'est un fumeur et ce qu'est un non-fumeur.
Très souvent, la question qui est posée: Êtes-vous fumeur
ou non-fumeur? Pour un individu, il n'est pas fumeur parce qu'il fume quelques
fois par année. Il dit: Je ne suis pas fumeur. Pour la compagnie
d'assurances, tu fumes ou tu ne fumes pas, ce n'est pas fumer de temps en
temps. Il y a un autre cas de jurisprudence où le monsieur a
déclaré qu'il n'était pas fumeur parce qu'il fumait la
pipe. Lui, il a déclaré que fumer la pipe n'était pas
fumer.
M. Garon: Mais, s'il ne respire pas?
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: S'il fume et qu'il ne respire pas?
M. Bouchard: S'il ne la respire pas, c'est cela...
M. Bordeleau: II y a des compagnies qui acceptent
déjà que si on fume le cigare ou la pipe, on n'est pas fumeur.
Cela existe. Il y a d'autres compagnies, je peux vous les nommer si vous
voulez. Cela existe.
M. Garon: Envoyez donc.
M. Bordeleau: Pour La Mutuelle du Canada, si on fume le cigare ou
la pipe, on n'est pas fumeur; si on fume le cigarillo et la cigarette, on est
fumeur. Pour d'autres compagnies, si on fume moins de douze cigarettes par
année, on n'est pas fumeur. D'autres compagnies...
M. Garon: Moins de douze? M. Bordeleau: Douze. M.
Garon: Par année? M. Bordeleau: Par année. M.
Garon: Une par mois.
M. Bordeleau: Une par mois. Si c'est un peu plus que cela,
"that's ail".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bordeleau: Oui, c'est cela. Si vous voulez, c'est la
même affaire. Vous avez des compagnies qui n'acceptent pas si tu as
fumé une cigarette dans l'année; tu es fumeur. C'est bien beau,
mais nous autres, si on a dix, douze ou quinze compagnies à
représenter, on se ramasse à un moment donné que cela peut
être notre faute si on fait une erreur. C'est vrai qu'on a des assurances
pour les couvrir nous aussi, mais c'est le client qui peut en souffrir. Alors,
ce serait peut-être un... On parle ici à l'avantage des
consommateurs. Je pense qu'on essaie tous de faire en sorte que le consommateur
soit le mieux servi possible. C'est une chose qui pourrait être
analysée de plus près. C'est un des points qu'on a
apportés là-dessus, à cause de cela.
M. Garon: Est-ce que le ministre a l'intention de demander
à l'Inspecteur général des institutions financières
d'uniformiser les formules des compagnies? C'est le décloisonnement. Si
toutes les formules sont différentes...
M. Fortier: Non, non, mais avant d'aller... Non, mais la
représentation qu'on nous a faite,
c'est que vous voulez nous signaler le problème, mais vous avez
signalé le problème, vous avez dit que vous allez
référer le problème à votre association. Je pense
qu'au sein de l'association, vous allez discuter du problème. À
ce moment-là, si l'association faisait une recommandation dans un sens
ou dans un autre... Vous nous avez signalé le problème. Il
faudrait décanter le problème et nous faire une
recommandation.
M. Bordeleau: C'est bien sûr que le problème n'est
pas le décloisonnement. Cela ne fait pas partie intégralement du
décloisonnement. Mais cela fait quand même...
M. Garon: Bien, quand vous comparez les prix?
M. Bordeleau: Pardon?
M. Garon: Quand vous comparez les prix, cela fait partie du
décloisonnement.
M. Bordeleau: Oui, exactement. Dans ce sens-là, oui. Dans
l'autre sens, c'est de la jurisprudence, comme M. l'inspecteur
général des assurances le disait. C'est un point important.
Le Président (M. Richard): M. Côté.
M. Côté (Michel): Seulement pour renchérir
à ce sujet, si une compagnie stipule dans le contrat que s'il y a fausse
déclaration, par exemple, on demande au client: Est-ce que tu fumes? Le
client dit: Non. On peut passer deux heures avec un client, il se retient de
fumer pendant deux heures. Mais dans le contrat, c'est stipulé que si la
compagnie peut prouver qu'il est fumeur, elle va réajuster le contrat.
Supposons qu'il arrive un décès, elle va réajuster le
contrat et payer le montant pour lequel le client aurait été
assuré s'il avait été fumeur. D'autres compagnies vont
dire: Si on peut prouver qu'il y a eu fausse déclaration, on ne paiera
pas du tout. Cela peut laisser des représentants ou des clients induits
en erreur et créer certains problèmes. On a vu un cas il n'y a
pas tellement longtemps dans les journaux: une compagnie a été
poursuivie et la succession a perdu. C'est seulement une petite
parenthèse supplémentaire.
Le Président (M. Richard): Cela va, M.
Garon?
M. Garon: Je vous suggérerais d'écrire à
l'Inspecteur général des institutions financières pour lui
demander de se prononcer là-dessus.
M. Bordeleau: On va le faire passer par notre association
régionale. Cela va venir.
M. Garon: Le décloisonnement, si toutes ces affaires sont
différentes, c'est comme s'il n'y en avait pas. On peut comparer quelque
chose si on achète quelque chose de comparable. Mais, si on ne peut pas
comparer?
M. Fortier: Non, non, cela n'a rien à voir avec le
décloisonnement. Les compagnies n'étant pas
décloisonnées, on aura encore le même problème.
Mais, le problème est là. Je pense que la meilleure formule est
que le problème soit discuté au sein de votre association
régionale et demander qu'elle fasse une recommandation. On l'examinera a
ce moment-là. On vous remercie de nous avoir signalé le
problème.
M. Bordeleau: Merci. M. le Président, avant de terminer,
au cas où on manquerait de temps, j'aimerais vous mentionner un point
où on est d'accord sur la divulgation des commissions, par exemple.
C'est un point qu'on a apporté. On serait d'accord sur la divulgation
des commissions pour autant que cela se fasse sur le même barème.
Je m'explique: si je suis un agent captif d'une compagnie, la compagnie peut
très bien faire paraître qu'elle va me donner 15 % de commission,
officiellement, mais je peux peut-être bien en avoir 75 % ou 85 %
à côté avec des services, des frais de déplacement
et toutes sortes de choses, alors que le courtier qui ne dépend pas
d'une compagnie en particulier, mais qui paie tous ses frais de sa poche, va
devoir déclarer la commission réelle qu'il recevra,
peut-être 85 % ou 100 % de commission. Il y aura une
inégalité, une iniquité là-dedans et cela peut
être dangereux pour un groupe de personnes. On est d'accord, mais qu'on
soit tous sur le même pied et qu'on ait à déclarer la
même commission, c'est-à-dire les mêmes bases de commission,
sur la même base aussi parce qu'il y a des compagnies qui affichent un
gros prix, qui ne donnent pas de réduction parce qu'elles n'en ont pas
le droit, mais elles donnent déjà des participations et les
participations sont plus hautes que la prime la première année.
Cela n'annonce pas bien au niveau du "commissionnement" après cela. La
prime est de 75 $ par mois moins les participations 50 $, vous payez 25 $. Sur
quoi va-t-on dire qu'on est "commissionné"? Sur les 75 $ ou sur les 25
$? Cela va changer le taux pas mal. C'est dangereux, ça, pour certains
groupes en tout cas.
Le Président (M. Richard): Merci de votre commentaire. M.
le ministre, est-ce que vous avez un commentaire?
M. Fortier: Non. Je pense qu'on doit d'abord remercier ces
messieurs d'être venus nous rendre un témoignage. Je pense bien
que votre présence ici est un témoignage d'un vécu au
Cap-de-la-Madeleine, et on vous en remercie.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vous remercie. M. Bordeleau, je ne sais pas si je
vous ai reconnu ou non.
Comme je suis un peu myope et que vous êtes pas mal loin...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je me rappelle M. Gilles Bordeleau qui
s'occupait...
M. Bordeleau: Des serres.
M. Garon: II était producteur en serre. Il avait les
cheveux noirs dans le temps.
M. Bordeleau: II faut dire que cela fait quelques
années.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bordeleau: II faut dire aussi que, quand je vous ai
rencontré, vous étiez ministre.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez dire? M. Bordeleau:
Bien, vous ne l'êtes plus. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bordeleau: J'avais peut-être les cheveux noirs.
Maintenant, j'ai les cheveux blancs.
M. Garon: Cela ne fait pas tellement longtemps que je ne le suis
pas.
M. Bordeleau: Je n'avais pas de lunettes dans le temps et j'en ai
maintenant.
M. Garon: II reste peut-être bien encore moins de temps
avant qu'on le redevienne.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): MM. Côté et
Bordeleau, merci d'avoir été là.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Richard): Je demanderais au Regroupement
des courtiers en contrat d'investissement du Québec de prendre place,
s'il vous plaît!
Messieurs, vous étiez là quand on a expliqué le
fonctionnement tout à l'heure.
M. Moreault (Pierre): C'est exact.
Le Président (M. Richard): Je vous laisse aller.
Regroupement des courtiers en contrats
d'investissement du Québec
M. Moreault: On va vous dispenser des explications en ayant
à l'esprit qu'on a compris tout cela.
Je vous présente, à mon extrême gauche, M. Normand
Massé, président de Massé et associés, courtiers en
contrats d'investissement; à ma gauche, M. Yves Foisy, de Les courtiers
Foisy; à ma droite, M. Michel Bettez, de Multi-groupe immobilier B. L
inc. Vous excuserez l'absence de Me Christian Royer qui n'a pu se
présenter ce soir. Je suis Pierre Moreault, associé chez Boucher,
Gariépy et Moreault.
La raison de notre présence ce soir, évidemment je n'ai
pas besoin de vous la souligner. J'aimerais, par contre, m'excuser au nom du
Regroupement des courtiers en contrats d'investissement pour les délais,
ou les documents qui sont arrivés un peu tardivement. Il y a une raison
à cela. Le Regroupement des courtiers en contrats d'investissement est
relativement récent. D'après le document, vous avez pu constater
que le regroupement est formé depuis le 20 mai. C'est une des raisons
pour lesquelles on est ici un peu en catastrophe. Cependant, on a jugé
bon de se présenter devant vous parce qu'on croyait extrêmement
important de venir vous transmettre notre témoignage à tous les
considérants qui font que le ministre et les députés de
l'Opposition, ainsi que l'ensemble de la population du Québec, devraient
être conscients de ce qui se passe au Regroupement des courtiers en
contrats d'investissement.
L'historique du Regroupement des courtiers en contrats d'investissement
est relativement relié au milieu des affaires. Vous pourrez constater
que les mécanismes financiers ont changé au cours des
années, et changent de plus en plus. La raison pour laquelle le ministre
a l'intention ou désire se prononcer sur le sujet, c'est probablement
qu'il sent dans l'économie du Québec un changement et un besoin
de modification.
L'historique de notre groupe relève un peu de l'immobilier.
Plusieurs membres du regroupement sont nés de l'immobilier, directement
ou indirectement. L'immobilier est un véhicule financier très
intéressant pour la majeure partie des gens. Il y a 20 ans ou 30 ans, il
était souvent réservé à de gros budgets parce qu'on
parlait d'un gros investissement. Cependant, avec les années et avec les
mécanismes qui se sont, à notre avis, modifiés, la
fiscalité ainsi que l'imagination des gens d'affaires, une
démocratisation de l'achat immobilier s'est faite. En termes assez
clairs pour vous expliquer en quoi consiste notre travail, II consiste beaucoup
à la "syndication". Cependant, comme les lois et les mouvements
financiers sont souvent en désaccord, c'est-à-dire que les
mouvements financiers et l'imagination sont souvent beaucoup plus rapides que
la façon qu'on prend pour modifier les lois, l'ensemble des gens qui
ont: eu à travailler dans ce secteur se sont vus coincés entre
deux types de lois. Vous avez les gens qui, depuis plusieurs années, ont
participé de près ou
de loin à l'essor de l'immobilier par le courtage. Vous savez
comme moi que, il y a 20 ans, faire affaires avec un courtier en immeubles
n'était pas chose courante, mais cela s'est développé
tranquillement, à un tel point qu'aujourd'hui on ne pense même
plus à vendre sa propriété sans passer par
l'intermédiaire d'un courtier en immeubles.
C'est ainsi que la "syndication" s'est avérée un peu
nouvelle. À notre avis, la "syndication" est une forme de vente
d'immobilier, mais très particulière. La raison pour laquelle on
a été coincés entre deux lois, c'est que la
prolifération de la vente de ces produits a fait que le gouvernement a
dû s'impliquer davantage dans le processus de vente parce que cela
impliquait des milliers de dollars, et c'est à ce moment-là,
à notre avis, qu'il a concédé ou demandé à
la Commission des valeurs mobilières de régir la façon
dont les propriétés étaient vendues, d'où
l'implication de la Commission des valeurs mobilières et la
définition de contrat d'investissement qui est un extrait, si vous
voulez, de la Loi sur les valeurs mobilières qui a servi à la
Commission des valeurs mobilières à s'impliquer et à
légiférer dans le secteur.
À notre avis, le problème qui s'est créé
avec la venue de la Commission des valeurs mobilières dans le domaine de
l'immobilier et les problèmes hybrides qu'on a eu à vivre sont
dûs au fait que la Commission des valeurs mobilières a eu à
légiférer dans le passé, historiquement, pour des
courtiers de plein exercice. Entendons-nous, les courtiers de plein exercice
sont là depuis quand même plusieurs années et, à
notre avis, et je pense que c'est évident, la loi a été
faite pour eux. Cependant, avec la naissance des courtiers en contrats
d'investissement ou avec l'essor que les courtiers en contrats d'investissement
ont pris au Québec, la loi est devenue, à notre avis, tout
à fait désuète, à un tel point que cela a
amené l'ensemble des courtiers qui représentent quand même
plusieurs personnes à avoir des conflits pour le moins constants. Ces
conflits s'expliquent aisément par le fait que les gens qui avaient
appliqué la loi avaient une loi inadéquate et les gens qui
avaient à subir la loi n'étaient pas en mesure d'adapter cette
loi à leurs besoins.
C'est un conflit, selon nous, beaucoup plus de communication que de bon
vouloir. On constate, par nos contacts récents avec la Commission des
valeurs mobilières, qu'il y a un très grand souci
d'amélioration des communications. Le bon côté de la chose,
c'est que cela a donné naissance à une association comme la
nôtre. Je pense que tous et chacun des représentants ou
présidents de ces corporations ont constaté que tout le monde
avait sensiblement les mêmes problèmes et comme professionnel dans
le secteur, j'ai également eu l'occasion de parler à ces
gens-là et de constater qu'ils avaient sensiblement tous les mêmes
problèmes. Quand on communiquait avec la Commission des valeurs
mobilières, les gens étaient conscients de nos problèmes
et ils devaient les expliquer à la pièce aux différents
intervenants et, très souvent à l'occasion d'une bataille
rangée ou d'une explication qui devait être donnée.
Cela a donné naissance au Regroupement des courtiers en contrats
d'investissement qui est, à notre avis, le porte-parole de l'ensemble
des courtiers. Pour votre information, si vous n'avez pu le constater d'ores et
déjà, il y a grosso modo une cinquantaine de courtiers en
contrats d'investissement au Québec qui regroupent environ 27 % de
l'ensemble des courtiers inscrits. Par courtiers inscrits, j'entends les
courtiers qui ont suivi le cours de l'Institut canadien des valeurs
mobilières et qui sont inscrits à ce titre auprès de la
Commission des valeurs mobilières. (21 h 15)
Cette année, en 1987, près de 500 000 000 $ ont
été transiges sous forme de contrats d'investissement. Ce qu'il
faudrait souligner à la commission, c'est que le courtier en contrats
d'investissement est une espèce de diminutif d'un courtier de plein
exercice. Le courtier en contrats d'investissement reçoit une licence
bien particulière; il est un courtier d'exercice restreint au sens de la
loi, c'est-à-dire qu'on accorde à ce courtier la
possibilité de vendre des produits bien spécifiques, dans le cas
qui nous occupe, la forme est le contrat d'investissement. Cependant, le
contrat d'investissement qui a été exploité pour
l'immobilier comme tel n'est pas limitatif. Le contrat d'investissement
pourrait - et je pense qu'on est au début de cette ère -
s'appliquer à une multitude de choses.
On a tous vu, vous aussi bien que moi ainsi que les membres du
regroupement, que le REA est un véhicule. Le contrat d'investissement en
est un à notre avis, tout aussi important et pourrait être tout
aussi efficace. À voir le nombre des parts qui ont été
vendues et achetées, et toute l'énergie et tout l'effort
déployés dans le secteur, il ne faudrait pas être surpris,
messieurs, de voir dans un avenir rapproché, des corporations
québécoises, même des corporations
étrangères, acheter par le biais de contrats d'investissement.
Cela pourrait se voir dans tous les secteurs. La formule comme telle est d'une
simplicité remarquable et c'est peut-être là la
beauté de la chose.
Ce que j'aimerais vous souligner, c'est que la démarche qu'on
entreprend ce soir, ce n'est vraiment pas de trouver des solutions et de vous
soumettre des solutions à tous les problèmes du
décloisonnement. Cependant, le problème du décloisonnement
pour nous est extrêmement important parce que la naissance du courtier en
contrats d'investissement, c'est le décloisonnement en soi. C'est
l'avenue de plusieurs intervenants financiers regroupés ensemble qui se
sont mis à vendre des produits financiers, entre autres, des produits
financiers de l'immobilier. Ce n'est pas limitatif. Cela pourrait être
cette
année - et vous allez sûrement le constater d'ici la fin de
l'année - les produits du cinéma, les produits de films, partout
où la possibilité de syndiquer ou de regrouper un paquet de gens
pourrait se révéler intéressante.
Alors, ça touche l'agriculture, ça touche l'industrie,
ça peut toucher à peu près tous les secteurs
d'activités économiques au Québec. Le beau
côté de la chose, et je pense la raison pour laquelle on existe,
c'est que c'est un outil absolument extraordinaire pour redonner la
propriété de certaines choses aux gens du Québec. Cela
s'adresse aux gens qui ont une possibilité et le goût d'investir,
qui ont très heureusement, et je pense que tous et chacun d'entre vous
en êtes conscients, eu l'occasion de découvrir quels
étaient les avantages de posséder son économie et de
pouvoir y participer. C'est l'ouverture aux petites bourses, aux grandes
bourses, à toutes les bourses, finalement. Je pense que c'est la raison
pour laquelle même comme association récemment formée on se
devait de venir vous présenter à tout le moins nos
interrogations.
J'aimerais souligner ou à tout le moins vous préciser
quelles sont nos orientations. Je voudrais tout de suite faire une mise au
point. Le document que vous avez devant vous est le jet rapide, vous excuserez
la rigueur intellectuelle, mais c'était plus la volonté que le
désir de faire les choses à la perfection, le désir de
vous montrer qu'on avait vraiment entrepris un cheminement. La réflexion
qu'on fait ce soir est très sommaire. J'ai parlé aux membres de
votre commission, aux responsables de l'acheminement des documents, et on vous
promet un document plus détaillé, du moins plus substantiel, qui
va susciter une réflexion pas mal plus étayée dans un
avenir rapproché. On s'excuse de n'avoir pu en faire plus en si peu de
temps, mais il faut comprendre que le regroupement ne regroupe que des gens
d'affaires qui sont très occupés et qui vivent depuis le 19
octobre une période beaucoup plus dure qu'auparavant. Tous ces gens
doivent redoubler d'efforts pour pouvoir vendre ces participations et
contribuer au secteur financier.
L'élargissement des champs de pratique. En fait, la
possibilité que regroupe le contrat d'investissement ou cette forme
d'investissement est tellement large qu'on voit difficilement le gouvernement
se prononcer sans vraiment nous consulter sur les cheminements qu'il entend
prendre à cet égard. Notre champ d'activité n'est pas
déterminé. La seule chose qui est déterminée, c'est
la façon dont on va s'y prendre pour l'attaquer. Comme je vous le disais
tantôt, tous les secteurs d'activité au Québec pourraient
être touchés par le contrat d'investissement. Pour nous, il est
évident que l'élargissement du champ de pratique ne pourrait
être fait sans consultation auprès du regroupement ou de ses
membres. Quant au partage des commissions entre courtiers et avec d'autres
intermédiaires du secteur financier - j'entendais tantôt les gens
d'un autre secteur financier s'adresser à vous - je pense que le
problème des commissions est important au niveau de toutes les formes de
courtage et même de relations ou de vente de services. Chez nous, le
commissionnement est la base même de la rémunération. Je
vous dirais même que c'est un des points les plus chauds à l'heure
actuelle, en tout cas, si on en croit les discussions auprès des membres
comme tels.
La divulgation des liens et des conflits d'intérêts. Il va
sans dire que lorsque vous transigez avec la Commission des valeurs
mobilières, vous n'êtes pas sans avoir à divulguer vos
intérêts ou conflits d'intérêts. Évidemment,
comme toute loi, lorsqu'elle est inadaptée, c'est plus facile pour les
gens qui jouent avec cette loi de passer à côté et de
donner des informations qui ne sont peut-être pas complètes. Je ne
pense pas que ce soit le plus gros problème, à notre niveau. Le
plus gros problème se situe surtout dans le fait que comme l'information
peut être donnée à peu près comme on le veut, elle
est souvent donnée de façon inadéquate et non uniforme, si
je peux employer l'expression. Alors, ce à quoi nous nous attendons - ce
n'est pas qu'on ait des choses à cacher - ce qu'on aimerait pouvoir
faire, c'est de pouvoir le faire de façon uniforme, c'est-à-dire
que tous et chacun disent ce qu'ils ont à vendre, la façon dont
Ils doivent le vendre, mais de façon uniforme, de façon que
l'investisseur, qui doit faire un choix parmi les différents courtiers
ou les différents produits, puisse être en mesure de se taire une
idée exacte.
Si vous avez eu l'occasion de travailler avec un prospectus ou de le
parcourir, vous avez pu constater que c'est une paperasse relativement
épaisse, souvent remplie de tournures et de ce que vous voudrez,
d'avocasseries ou de "comp-tableries", appelez cela comme vous le voudrez, ce
qui fait que le commun des mortels est souvent désabusé, et
même l'expérimenté, le courtier de plein exercice ou le
représentant serait porté à le mettre de
côté. Évidemment, cela fait seulement provoquer la paresse,
dans le sens que le document est tellement frustrant à regarder et
à lire que, souvent, il est négligé. Alors, tout le
travail de la Commission des valeurs mobilières, qui est d'offrir au
public du Québec un document complet et adéquat, se voit un peu
confiné dans l'oubli parce que le document ne répond pas aux
attentes du public en général. Il est rempli d'informations, mais
il s'adresse à un public très spécialisé.
Alors, quant à nous, le dévoilement des
intérêts et de ces choses-là doit se faire d'une
façon uniforme, d'une façon relativement simple pour permettre
aux gens de profiter de ce document plutôt qu'aux différents
professionnels qui le préparent et qui en tirent profit.
La naissance du RCCI, à notre avis, vient de la surveillance et
du contrôle des courtiers,
des conseillers en valeurs. Je pense que vous n'êtes pas sans
savoir que la Commission des valeurs mobilières, comme je vous le
signalais tantôt, a eu quelques problèmes avec les courtiers en
contrats d'investissement. Si vous avez eu l'occasion, comme moi, de prendre
connaissance des trois premières pages du journal Les Affaires de
jeudi passé, vous avez pu constater qu'il nous consacre trois ou quatre
pages de commentaires de tous bords et de tous côtés. La
Commission des valeurs mobilières n'est pas sans être
affectée par cela, parce qu'il demeure que c'est elle qui nous
réglemente. Je pense que dans ce sens, pour ce qui est de la
surveillance et du contrôle des courtiers, il y a un problème. Le
problème est tel qu'on est venu au monde à cause de cela dans le
sens qu'on est venu au monde pour y répondre. Deuxièmement, les
gens en parlent et en parlent beaucoup, en bien ou en mal, mais ils en parlent;
alors, il y a certainement un problème.
Vous m'excuserez d'avoir escamoté la multidisciplinarité,
cela doit être que le mot est dur à dire, ou le cumul des permis.
Chez nous, le cumul des permis, je pense que c'est déjà fait. Si
vous faites le tour des maisons de courtage, vous allez constater que souvent
les gens viennent de différents secteurs. Comme c'est déjà
hybride, c'est qu'il y a des gens de l'immobilier et des gens qui ont suivi le
cours de l'Institut canadien des valeurs mobilières. Il y a des gens
chez nous qui viennent de différents secteurs. La question qu'on a
à se poser est la suivante: Est-ce qu'on a intérêt à
officialiser cela? Je vous avoue sincèrement que la réflexion n'a
pas été faite, mais elle va l'être, parce que c'est une
question qui nous est posée chaque jour. Comment se fait-il que moi,
comme courtier en immeubles - j'ai une formation absolument extraordinaire pour
vendre de l'immobilier - je ne puisse pas être inscrit auprès d'un
courtier en contrats d'investissement qui ne vend que de l'immobilier? Je vous
avoue sincèrement que c'est choquant pour l'intelligence, sauf que la
loi est ainsi faite que c'est peu possible. Cependant, avec l'expérience
qu'on prend depuis disons cinq ou six ans, parce que le phénomène
est relativement nouveau, on réalise que dans le fond
l'expérience est sise entre le courtier en immeubles et le courtier en
valeurs mobilières; ce qui nous fait conclure que, tôt ou tard, on
devra s'orienter vers un permis ou une formation qui est axée vraiment
sur le type de produits qu'on vend. Quant à la
multidisciplinarité et le cumul des permis, il est évident que
c'est un point chaud sur lequel on va devoir se prononcer.
Sur votre dernier point: le traitement des plaintes et les
enquêtes de la Commission des valeurs mobilières. La fondation du
Regroupement des courtiers en contrats d'investissement du Québec a
apaisé la lutte qui existait depuis un ou deux ans par le biais des
journaux, des intermédiaires de la commission des valeurs, et je peux
vous dire, à mon grand plaisir, qu'il y a une très
agréable collaboration avec la Commission des valeurs mobilières.
Évidemment, il demeure qu'on est opposé à elle en ce sens
que nous, nous défendons nos intérêts et qu'elle, elle se
doit de défendre les intérêts du consommateur. On peut se
vanter de défendre nous aussi les intérêts du consommateur,
parce qu'on cherche à leur faire faire les meilleurs investissements
possible, mais l'orientation de la Commission des valeurs mobilières est
un peu différente de la nôtre. Nous surveillons les
intérêts de nos investisseurs et nos intérêts, alors
qu'elle ne surveille que les intérêts des investisseurs. Tout ce
mécanisme nécessitait un minimum de communications, qui
s'installe.
Notre conclusion, et c'est un petit peu la raison de notre
présence ici ce soir, c'est de vous dire, malgré notre jeune
âge, que rien ne peut être fait dans le domaine de la
déréglementation, ou du décloisonnement pour être
plus juste, sans tenir compte du mouvement ou de l'ampleur que
représentent les placements financiers qui sont faits par
l'intermédiaire des courtiers en contrats d'investissement. Tous et
chacun des points qui ont été soulevés dans le document du
ministre ont un intérêt primordial pour nous et méritent
une réflexion et, à notre avis, un effort intellectuel à
court terme et sûrement étayé pour pouvoir vous aider
à prendre une décision. Comme le phénomène est
nouveau, je pourrais comprendre que le ministre ou les gens qui ont à
transiger ou à préparer ces lois puissent passer sans trop
vraiment s'en rendre compte. Et je pense que cela a été le
problème de la Commission des valeurs mobilières qui, dans le
fond, a réagi plus qu'elle n'a agi. Dans le cas qui nous occupe, elle a
dû réagir pour la bonne et unique raison qu'on devenait pour le
moins troublant. Et avec la chute du REA et l'apparition
phénoménale du courtier en contrats d'investissement, elle s'est
vue affublée de prospectus en immobilier et, à toutes fins
utiles, sans REA. Maintenant, elle a un petit peu plus de temps pour s'occuper
de nous, mais elle n'a pas plus les instruments.
L'occasion que le ministre nous offre, c'est de venir se prononcer sur
un projet qui nous concerne directement. Malheureusement, encore une fois, on
n'est pas tout à fait prêt pour vous donner notre opinion, mais on
a quand même soulevé chez nos membres toutes ces interrogations et
on sera en mesure de vous donner sous peu l'ensemble de notre réflexion.
Évidemment, elle ne sera pas définitive, mais je pense qu'elle
pourrait être extrêmement constructive pour la commission que vous
représentez.
Je pense qu'on a fait un peu le tour du sujet. Je vous remercie
beaucoup. Les gens qui sont à côté de moi sont vraiment des
experts du milieu, alors je vais les laisser répondre à vos
questions.
Le Président (M. Richard): Merci M. Mo-
reault. M. le ministre.
M. Fortier: Merci de venir nous avertir d'un problème bien
spécifique. Je dois avouer que même si je lis les journaux
financiers, ce problème ne m'a jamais alarmé d'une façon
importante. Mais j'ai de la difficulté à comprendre votre
statistique. Ce n'est peut-être pas le moment de discuter des solutions,
parce que vous-même vous dites: On ne vous fait pas d'offres. Vous n'avez
pas amené une cogitation finale ou bien vous nous enverrez le document
plus tard. J'aimerais savoir qui vous êtes, car vous dites à la
page 6 qu'il y a 19 courtiers qui sont inscrits et 24 autres qui sont inscrits
en contrats d'investissement. Les deux ensemble, cela fait 43. Vous dites
ensuite que vous représentez 27 % de tous les courtiers au
Québec. Alors là, je ne comprends pas, parce qu'il n'y a pas
juste 200 courtiers au Québec. Cela ne se peut pas. Essayez donc de nous
expliquer les chiffres. Je ne comprends pas. Autrement dit, est-ce que vous
êtes juste une cinquantaine à pratiquer ce
métier-là?
M. Moreault: Non, c'est que l'ensemble des représentants
inscrits auprès des courtiers représente 27 % des gens qui
travaillent dans le secteur, ce qui est plus exact, et non pas 27 % des
courtiers.
M. Fortier: 27 % de quoi? 27 % de...
M. Moreault: II existe à l'heure actuelle des
représentants inscrits auprès des quelque 5000 courtiers. Des
courtiers comme tels, ceux qui ont une licence.
M. Fortier: Des courtiers en valeurs mobilières? Parce que
là vous utilisez le mot courtiers et je suis tout perdu.
M. Moreault: D'accord. (21 h 30)
M. Fortier: Est-ce que vous travaillez dans des bureaux de
courtiers en valeurs mobilières ou si vous travaillez dans des bureaux
séparés? Quand vous parlez de courtiers, vous parlez de courtiers
en valeurs mobilières ou quoi?
M. Moreault: II existe au Québec des courtiers en valeurs
mobilières, des courtiers de plein exercice, comme McNeil Mantha,
Lévesque Beaubien, etc., des courtiers d'exercice restreint.
M. Fortier: Oui.
M. Moreault: Tous ces courtiers représentent un certain
nombre de courtiers et ces courtiers peuvent avoir jusqu'à 100
représentants. Nous sommes 46 ou 49 courtiers sur à peu
près 115 ou peut-être un peu plus que cela, ce qui donne à
peu près 27 % des courtiers inscrits, ceux qui ont une licence. Alors,
ces 27 % des licences qui sont détenues sont détenues par des
courtiers en contrats d'investissement.
M. Fortier: Des courtiers? M. Moreault: Oui.
M. Fortier: Alors, donnez-moi donc un exemple de bureau que vous
représentez. Le courtier en valeurs mobilières s'appelle
Lévesque Beaubien, Dominion Securities et tout cela et vos bureaux ne
font que ce genre de travail. Ils ne font uniquement que ça?
M. Moreault: C'est exact, six.
M. Massé (Normand): Par exemple, pour moi, Massé et
associés est un courtier en contrats d'investissement et aussi en
épargne collective. Alors, comme courtier en contrats d'investissement,
je détiens une licence de la Commission des valeurs mobilières.
Je ne suis pas un courtier de plein exercice, c'est-à-dire que je n'ai
pas siège à la Bourse, mais je peux vendre tous les autres
produits. Nous sommes quand même soumis par nos représentants aux
règles de la Commission des valeurs mobilières. Nos
représentants doivent suivre le cours de l'institut des valeurs
mobilières et nous exerçons dans nos milieux. J'exerce à
Laval, à Québec et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. On a des
succursales comme les maisons de plein exercice.
M. Fortier: Alors, vous êtes des maisons
séparées. D'après ce que je comprends, selon ce que vous
me dites, je m'excuse d'être un peu ignorant de votre activité.
Vous êtes une minorité spécialisée, mais laquelle on
oblige à suivre des cours qui sont partiellement adaptés à
votre profession, c'est-à-dire pas tout à fait. D'après ce
que vous dites, vous n'en êtes pas satisfaits.
M. Massé: C'est cela.
M. Fortier: Autrement dit, on vous demande de suivre des cours
qui s'adressent plutôt à ceux qui vendent des valeurs
boursières...
M. Massé: C'est cela.
M. Fortier: ...alors que, vous, vous vendez des valeurs
mobilières certes, mais des valeurs mobilières d'un type
très particulier. Votre plaidoyer, dans le fond, est de dire: Ceux qui
nous gouvernent, la majorité des courtiers dans le domaine boursier,
nous imposent des règles ou la Commission des valeurs mobilières
a de la misère à nous comprendre parce qu'elle,
traditionnellement, traite avec des boursiers en valeurs mobilières mais
boursières.
M. Massé: C'est un peu ce que M. Moreault disait
tantôt. La commission a simplement réagi à
un phénomène, la "syndication" du placement. Il y a
quelques années, la commission a eu comme mission...
M. Fortier: En quelle année la loi a-t-elle
été modifiée?
M. Moreault: Exactement, dans la loi cela existe
déjà depuis plusieurs années.
M. Fortier: C'était déjà là?
M. Moreault: Et on s'est servi de cette définition dans la
loi...
M. Fortier: Oui, de pouvoir...
M. Moreault: ...pour englober ce qui se faisait anciennement via
les courtiers en immeuble ou les comptables. Il ne faut pas se leurrer,
c'était de la "syndication", c'était du regroupement. Alors,
n'importe qui pouvait faire cela à une époque. On a
retrouvé cet article dans la loi qui définit le contrat
d'investissement et on nous a englobés là-dedans.
M. Fortier: D'accord. C'est le pouvoir réglementaire de la
commission.
M. Moreault: C'était dans ia loi et, par la suite, dans la
réglementation, on nous a...
M. Fortier: Quant à moi, je prends note de votre
intervention. Je vais suivre le dossier d'un peu plus près, mais comme
vous allez nous faire parvenir un document et comme il s'agit d'un
problème particulier, il me fera plaisir de l'examiner quand vous nous
enverrez une documentation un peu plus approfondie. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): M. le porte-parole de
l'Opposition et député de Lévis, avez-vous des
commentaires ou des questions?
M. Garon: Dans votre document, vous parlez de modifications
législatives en ce qui concerne les contrats d'investissement. Est-ce
que ces modifications devraient être apportées en même temps
que le projet de loi sur le décloisonnement des intermédiaires?
Cela pourrait-il même être inclus dans le projet? Le ministre a
parlé de reporter au mois d'octobre son projet de loi sur les
intermédiaires financiers. Est-ce que vous pensez que ce serait une
bonne occasion pour apporter des modifications et quelles sont les
modifications que vous souhaitez y voir incluses?
M. Foisy (Yves): En tenant compte qu'on est hybride, en ce sens
qu'on n'est ni immobilier, ni valeurs mobilières, mais plutôt un
mélange des deux. On s'associe plus à un courtier en immeuble qui
est un conseiller en investissement immobilier. Il y a une formation
universitaire qui se donne actuellement à l'Université du
Québec à Montréal. Cela s'appelle le bac en affaires
immobilières. C'est pour vous donner une idée de l'importance des
connaissances requises pour bien conseiller quelqu'un qui veut investir dans
l'immobilier. La seule formation qu'on exige de nous actuellement n'est
absolument pas celle-là. Celle qu'on exige de nous est d'avoir suivi
avec succès le cours du IDA et il n'y a même pas à l'examen
une seule question concernant l'immobilier. Je me pose sérieusement la
question sur la pertinence du IDA et de la formation qu'on exige de nos
représentants. C'est tout à fait inadéquat pour notre
travail et les connaissances que nous devons développer chez nos
représentants pour bien conseiller les Québécois qui
veulent investir dans l'immobilier. C'est notre plus belle richesse, c'est du
solide, c'est du palpable. On a une science qui est là pour être
mise en application au service des citoyens. Par contre, actuellement, la
réglementation n'est pas orientée dans ce sens
malheureusement.
M. Fortier: Juste une petite question. M. Garon: Un
instant!
M. Fortier: Auparavant, vous travailliez pour les courtiers en
valeurs mobilières?
M. Foisy: L'origine de la plupart des courtiers, c'est un peu
celle d'illégaux qui sont devenus légaux. On était agent
immobilier. Graduellement, on a conseillé à deux ou trois
investisseurs ensemble d'acheter un immeuble de douze logements et un peu plus
tard à sept ou huit investisseurs d'acheter un immeuble de vingt-quatre
logements. À un moment donné, on a atteint un chiffre magique qui
était écrit dans les valeurs mobilières et qui s'appelait
vingt-cinq. On a dit: Là, il faut que ce soit réglementé.
Le courtage immobilier, lui, ne se sentait pas concerné à ce
niveau-là. Il ne faisait pas de contrôles. Il s'est donc
glissé, c'est certain, des abus.
La Commission des valeurs mobilières n'osait pas intervenir,
parce qu'elle n'avait pas pour champ de compétence la connaissance de
l'immobilier, mais de la sorte la Commission des valeurs mobilières est
intervenue et, actuellement, nous vivons un peu les conséquences de tout
cela. Il y a une étude à faire sur le courtier en contrats en
investissement, tant au niveau de la formation des représentants que de
l'approche de l'investissement immobilier. Aujourd'hui, nous sommes
pratiquement des pédagogues en ce sens que chacun de nos
représentants doit connaître l'immobilier du bout des doigts pour
bien faire comprendre à l'investisseur ce qu'est l'immobilier, ce que
sont ses dangers, ce que sont ses avantages, ce que sont ses
particularités. Le prospectus dont M. Pierre Moreault parlait n'est
absolument pas l'outil pour bien informer le consommateur. Ce peut
même
être un outil dangereux.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous dites que cela prend des modifications
législatives. Quelles sont ces modifications législatives? Est-ce
qu'il y a quelqu'un de formation juridique dans votre groupe?
M. Moreault: L'ensemble des transformations législatives
doit être fait au niveau du courtage lui-même. Le métier de
vendre des actions cotées à la Bourse, c'est un marché
organisé. Comme le marché est organisé, il y a beaucoup de
paperasserie, beaucoup de choses. Beaucoup d'argent est transigé et
gardé par les courtiers, ce qui fait que le gouvernement a donné
au cours des années beaucoup de documentation, beaucoup de formes de
surveillance, beaucoup de contrôle sur ces transactions parce qu'on
transige du papier. La différence entre eux et nous, c'est qu'on
transige du béton. C'est un peu plus difficile à faire
disparaître. Il y a donc un tas de mécanismes de contrôle
implantés pour les courtiers qui n'ont absolument rien à voir
avec nous, qui n'ont aucun sens.
Ma petite expérience du milieu me fait dire que, pour les sept ou
huit licences de courtier que J'ai eu à préparer, les exigences
de registre n'ont jamais été les mêmes à la
Commission des valeurs mobilières. D'un analyste à l'autre,
j'avais droit à un registre. Quand je demandais: Est-ce que vous avez
une idée du type de registre? On me disait: Soumettez-nous quelque chose
et on va essayer de s'ajuster. Un autre exemple. On mentionne surtout le cours
de l'Institut canadien des valeurs mobilières. Je me souviens d'avoir
parlé aux dirigeants de la Commission des valeurs mobilières qui
m'ont dit: On n'a rien d'autre pour s'assurer que les gens qui vendent ce
produit ont un minimum de connaissances. On leur impose un cours qui implique
un minimum de connaissances intellectuelles et de formation. Comme cela, on
sait qu'ils ont atteint un certain niveau. On ne sait pas s'ils connaissent
leur produit, mais on sait qu'ils ont atteint un certain niveau et cela nous
permet d'éliminer M. Tout-le-Monde. L'autre point c'est que, si vous
regardez ce cours de l'Institut canadien des valeurs mobilières qui est
un cours par correspondance que vous connaissez peut-être, il y a une
très très petite section sur l'immobilier. Évidemment,
comme on parle des différents placements financiers, on parle de
l'immobilier et je dirais que, sur à peu près 500 ou 600 pages,
il y a deux pages consacrées à l'immobilier. C'est très
peu et il n'y a aucune question à l'examen. Vous comprendrez que
l'individu qui fait du placement immobilier et qui est là-dedans depuis
quinze ou vingt ans, qui est habitué à des ratios de rendement et
à ces choses-là, quand il tombe dans cette paperasse- là,
d'abord, il ne voit pas son intérêt parce que c'est un cours qui
est quand même relativement imposant et, de plus, il sort de là
sans aucune formation, sauf qu'il a prouvé à la Commission des
valeurs mobilières qu'il n'était pas un imbécile. Alors,
grosso modo, c'est le genre de loi avec laquelle on doit transiger.
Maintenant, je peux vous dire que la Commission des valeurs
mobilières a réagi. Elle est en train de préparer une
réglementation interne qui va peut-être correspondre un peu plus
à nos besoins. Elle a constaté que cela représente
beaucoup d'argent. Le ministre n'a peut-être pas eu l'occasion de suivre
le débat, mais quand il va en prendre connaissance, il va être
affreusement surpris de voir qu'il y a beaucoup d'argent qui a
été brassé là-dedans, peut-être plus que le
REA l'année passée. Alors, il y a lieu de se pencher très
sérieusement sur ie sujet.
M. Garon: Le ministre va sûrement vous dire que vous
êtes dans le haut de gamme.
M. Fortier: On parle de béton.
M. Moreault: Je ne sais pas si je dois prendre cela comme un
compliment.
M. Garon: C'est parce que le ministre parle souvent du haut de
gamme et du bas de gamme.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, comme il vient d'Ou-tremont, bien...
M. Fortier: Avec M. Parizeau.
Le Président (M. Richard): M. Foisy.
M. Foisy: M. le ministre, il y a un point qu'on n'a quand
même pas tellement soulevé jusqu'ici. On a parlé du
problème de l'examen, on a parlé de nos relations avec la
commission, mais il reste aussi que, dans plusieurs maisons de courtage comme
les nôtres, il y a des planificateurs et il y a des agents d'assurances.
On est aussi avec des gens qui exercent des disciplines différentes de
celles que le représentant exerce normalement dans une maison de
courtage. Je prends chez nous comme ailleurs, j'ai des planificateurs, j'ai des
agents d'assurances. Alors, quand on parle de "commissionnement", quand on
parle de multidisciplinarité, chez nous, nous sommes aussi
affectés par cela. C'est sûr que je ne peux pas en mon nom ce
soir, au nom du groupe je veux dire, parler de cela, mais il reste que c'est un
problème qui est vécu actuellement. On appelle cela à
l'occasion du démarchage, je veux dire du camouflage. Je veux dire qu'on
essaie d'avoir une pureté pour ce qui est de la planification. Les
planificateurs doivent être tout à fait exempts de liens avec une
ou des maisons
de courtage. Jusqu'où est-ce possible de jouer ce
rôle-là, alors qu'on sait que dans la réalité ce
n'est pas tout à fait vrai? Il y a lieu de se pencher sur les
planificateurs dans une maison de courtage et les agents d'assurances dans les
maisons de courtage. C'est sûr que, chez ceux de plein exercice, vous
n'avez pas cela. Maintenant, quand M. Garon pariait de la nouvelle loi, cette
nouvelle loi est importante pour nous. Quel va être le rôle de mon
planificateur demain lorsque la loi sera sortie?
M. Moreault: Je veux soulever un point quant au
"commissionnement". Plusieurs de nos courtiers sont courtiers en contrats
d'investissement et en épargne collective. Par définition dans la
loi, un assureur-vie peut obtenir la possibilité de vendre de
l'épargne collective sur simple inscription, par exemple, dans des
maisons de courtage qui sont courtiers en contrats d'investissement et en
épargne collective. C'est la même restriction et il est aussi
facile d'obtenir l'une que l'autre. Alors, il y a deux individus avec des
formations tout à fait différentes, soit l'agent d'Immeuble qui
est allé suivre le cours de l'Institut canadien des valeurs
mobilières reconnu par la Commission des valeurs mobilières pour
vendre du contrat d'investissement et l'assureur-vie qui s'est inscrit
auprès du même courtier comme placeur de fonds mutuels ou ces
choses-là. Ces mêmes individus qui travaillent ensemble vendent
sensiblement les mêmes produits; ils sont dans les mêmes bureaux.
L'assureur-vie va dire: Un de mes clients achèterait une participation
dans un immeuble via un contrat d'investissement et la loi nous empêche
de lui verser une commission quelle qu'elle soit. Pourtant, on doit vivre avec
le phénomène tous les jours. Vous essaierez d'expliquer à
un représentant dans la même boîte, qui aurait eu son
inscription de la même institution, qu'il ne puisse même pas
référer un client et se voir rémunérer pour cela.
Cela provoque quoi? Cela provoque l'illégalité quotidienne.
M. Foisy: Plusieurs de mes courtiers sont soit agent d'immeuble
ou agent d'assurances et ils ont aussi leur IDA. Selon un règlement de
la commission, ils ne peuvent pas cumuler l'un et l'autre. Quelqu'un est agent
d'assurances de carrière, il décide de passer son examen de l'IDA
et, s'il veut vendre des valeurs mobilières, il doit abandonner.
Pourtant, il est aussi compétent qu'avant.
M. Garon: Ce qui est étonnant, c'est que tous ces
cours-là se donnent par correspondance. Il y a toutes sortes de cours
qui se donnent dans nos écoles. On apprend quasiment à marcher en
disant que c'est mettre un pied devant l'autre de façon continue. Mais
là, dans des secteurs comme celui-là, il n'y a pas de cours. Je
ne comprends pas trop l'affaire.
M. Massé: C'est cela qui est surprenant au Québec.
Malgré toute l'évolution de notre système scolaire, on n'a
jamais fait de lien direct entre l'université et les cours qui sont
exigés par des organismes aussi importants et prestigieux que la
Commission des valeurs mobilières. On le demande à tous ceux qui
veulent devenir représentants. Pourquoi n'utilise-t-on pas un
mécanisme connu qui s'appelle l'UQAM ou les universités, pour
former réellement ces gens-là? On dit souvent qu'il y a une
disparité et qu'il y a une scission entre ces cours-là. Les
jeunes sortent de nos universités et disent: À quoi ça
sert?
M. Fortier: II y a une raison à cela, je pense bien. Le
domaine des valeurs mobilières, cela fait 40 ans que cela existe. Ils se
sont donné des cours, alors que l'université ne pouvait pas les
donner ou ne s'intéressait pas à cela. On sent que certaines
associations se rapprochent des universités maintenant, dans le domaine
de l'assurance-vie comme dans d'autres. Mais la Commission des valeurs
mobilières elle-même exige le cours de l'IDA. Évidemment,
en en faisant une exigence, cela ferme des portes aux universités.
M. Massé: Mais il devrait, dans la pratique, y avoir une
continuité.
M. Fortier: Oui, je suis entièrement d'accord. Ce que les
associations m'ont proposé et ce que j'accepte, c'est qu'en suivant des
cours au cégep ou à l'université, même si on va
chercher des cours spécifiques, cela donne des crédits
universitaires qui peuvent s'ajouter les uns aux autres pour obtenir
éventuellement un diplôme. Il y a là un gros avantage,
même pour quelqu'un qui fait cela à temps partiel.
Je vous remercie de votre présentation. Je ne sais pas si le
député de Lévis a terminé.
M. Garon: Non. Je pense que l'excuse est facile. Il y a des cours
du soir. À l'Université Laval, par exemple, je pense qu'il y a
plus de la moitié des étudiants qui sont des étudiants du
soir.
M. Fortier: C'est possible.
M. Garon: Créer des certificats dans un domaine ou une
mineure ou une majeure dans quelque chose, il me semble qu'il y ait là
une lacune certaine et l'université n'est pas assez connectée,
à mon avis, sur le secteur des affaires ou de la finance. Il y a quelque
chose qui ne va pas là. Ce n'est pas normal.
M. Foisy: On associe aussi le courtier à un vendeur ou
à un représentant. Un courtier en contrats d'investissement,
c'est beaucoup plus que ça. Dans un premier temps, il doit faire la
recherche de projets immobiliers, il doit faire
l'analyse de ces projets-là. On appelle cela un promoteur. Une
fois qu'il a monté le projet, il le vend. C'est le courtier. Ensuite, il
doit le gérer et là, il y a conflit d'Intérêts. Il
faut que ce soit quelqu'un d'autre, alors que cela devrait faire un tout.
Je considère que c'est comme une usine, une manufacture et les
gens sont responsables, par leur courtier, de toute cette démarche.
Investir dans l'immobilier, pour moi, c'est une démarche de recherche,
d'analyse, de vente et de gestion. La commission, quant à elle, y voit
un conflit d'intérêts. Au contraire, j'y vois une relation de
cause à effet. Si la personne a mis en place les structures
organisationnelles à l'intérieur de chez elle pour faire un
succès de cette chaîne-là, c'est un gagnant. La vie va le
juger. Mais, si on laisse cela fractionné, à mon sens, on manque
notre coup. Je me sens, moi, très responsable des projets qu'on vend. On
se doit de les structurer nous-mêmes et on se doit de les gérer
nous-mêmes. On voit là un conflit d'intérêts et,
à mon avis, ce n'en est pas un. Il faut être responsable avant,
pendant et après.
M. Fortier: En Ontario, comment est-ce organisé?
M. Moreault: Le contrat d'investissement n'existe pas à
toutes fins utiles en Ontario. C'est un phénomène qui s'explique
aisément par le fait qu'il y a eu, je ne dirais pas un laisser-aller
législatif, mais ce type d'investissement n'a pas été
vraiment régi. Autrement dit, il y a un laisser-faire qui n'existe pas
ici.
Je peux vous dire que le phénomène du courtier en contrats
d'investissement est particulier au Québec. Je ne vous dis pas que cela
ne se produira pas en Ontario, parce que ma discussion avec les membres de la
commission va dans le sens qu'au Canada les différentes commissions sont
tentées de s'ajuster. Cela me fait dire que, d'ici peu, l'Ontario va
vivre le même problème. Pour une fois, on est en avance.
M. Fortier: Ha, ha, ha! On va leur passer nos
problèmes.
M. Garon: ...que son gouvernement avait imité l'Ontario
qu'ils vont vous reculer au plus sacrant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Moreault: On vous remercie beaucoup.
M. Fortier: On vous remercie.
Le Président (M. Baril): Je remercie le Regroupement des
courtiers en contrats d'investissement et j'inviterais
immédiatement...
M. Garon: Vous devriez vous présenter plus souvent parce
que vous êtes de bons vendeurs.
Le Président (M. Baril): Voilà! C'est ce que j'ai
remarqué également. Je vous félicite, M. Moreault. Vous
devriez...
M. Fortier: Avez-vous un condo à vendre au
député de Lévis? Ha, ha, ha!
Le Président (M. Baril): M. Moreault, vous devriez vous
présenter en politique. J'invite immédiatement l'Association des
assureurs-vie de Québec à prendre place à la table.
Nous allons suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 52)
(Reprise à 21 h 56)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bienvenue, messieurs de l'Association des assureurs-vie de
Québec, de la région de Québec.
Vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire.
J'aimerais que vous vous présentiez vous et vos invités, s'il
vous plaît.
Association des assureurs-vie de Québec
M. Desroches (Jean-Claude): Volontiers. D'abord, nos
remerciements à la commission parlementaire de nous permettre de nous
exprimer. J'aimerais vous présenter notre groupe. Me Gaétan
Mathieu. Me Mathieu est associé à l'assurance-vie depuis
maintenant 22 ans, quatre ans à titre d'assureur-vie et, depuis 1970, de
secrétaire permanent de l'Association des assureurs-vie de
Québec.
Le Président (M. Baril): Qui est-ce, M. Mathieu?
M. Mathieu (Gaétan): C'est moi. Le Président (M.
Baril): Merci.
M. Desroches: J'ai aussi à vous présenter M. Serge
Alary, cinq ans comme CA associé à Samson, Bélair à
Montréal. M. Allarie est gestionnaire au groupe d'assurance-vie Dubeau,
groupe qui se classe deuxième pour le chiffres de vente de nouvelles
primes après l'Industrielle Alliance au Québec. Serge vit
actuellement déjà le décloisonnement. Il est CA et
assureur-vie.
Le Président (M. Baril): Bonsoir M. Alary (Serge):
Bonsoir.
M. Desroches: Je veux vous présenter également M.
Jos Lemieux, assureur-vie depuis 1964 et gestionnaire. M. Lemieux a
été associé par le passé avec la Prudentielle
d'Amérique à titre d'assureur-vie à la formation de
gestion-
naires. M. Lemieux est maintenant courtier et formateur d'assureurs-vie
à son bureau de courtage.
M. Lemieux (Jos): Bonsoir.
Le Président (M. Baril): Bonsoir, monsieur.
M. Desroches: Je veux vous présenter M. Raymond
Fréchette qui est assureur-vie depuis maintenant 22 ans. M.
Fréchette a été associé à la Mutuelle des
fonctionnaires et à la Métropolitaine. Maintenant, il travaille
comme courtier ici à Québec. Enfin, moi-même, Jean-Claude
Desroches, je suis assureur-vie depuis maintenant treize ans, associé
avec la Sun Life du Canada. Ce sont nos participants, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Bienvenue. La parole est à
vous.
M. Desroches: J'aimerais, M. le Président, au
départ, vous situer un peu notre association régionale de
Québec dans l'organigramme de l'assurance-vie au Canada. Si vous
permettez, je vais faire comme un ancien politicien, M. Caouette, qui se
servait d'un tableau. Je vais me lever deux secondes. Il y avait
également M. Lévesque qui utilisait le tableau.
D'abord, notre association régionale fait partie de neuf
associations régionales qui font partie d'un même groupe au
Québec. Alors, nous sommes affiliés à neuf
régionales. Ces régionales fonctionnent de la façon
suivante: elles se sont dotées d'une fédération de
régionales du Québec pour recevoir des services par le biais du
Québec. Alors, ce sont les membres, ici, à la base, qui font le
contrôle au plan de l'association régionale. Après cela, on
s'est doté d'une fédération qui donne des services
à ces régiona-les-là. La fédération
québécoise est placée ici. Ensuite de cela, nous recevons
des services de l'Association des assureurs-vie du Canada qui elle, lorsque les
membres au plan régional demandent des services, nous envoie, par
exemple, la formation des assureurs-vie, les cours de planification
financière, les cours d'assureurs-vie agréés. Alors, elle
est là comme association qui nous dessert au plan des services.
Ici, il est bien important de savoir que, dans la structure,
l'Association des assureurs-vie du Canada est une association de
régionales. Alors, les décisions se prennent au plan
régional et, ensuite, on les transfère à qui de droit
à l'Association des assureurs-vie du Canada. Donc, les patrons ici, ce
sont les assureurs-vie à la base. Nous, nous sommes une de ces neuf
régionales qui regroupent actuellement 3500 membres au Québec et
nous faisons partie d'un groupe d'assureurs-vie assez important pour se faire
entendre.
Le présent mémoire a été
préparé par l'Association des assureurs-vie de Québec qui
regroupe près de 450 membres dans la région de
Québec. L'Association des assureurs-vie de Québec est une
association affiliée à l'Association des assureurs-vie du Canada
qui compte plus de 3500 assureurs-vie dans la province de Québec.
L'Association des assureurs-vie de Québec a été la
première association au Canada à regrouper des assureurs-vie et
elle a toujours eu comme premier objectif de s'occuper de
l'intérêt de ses membres. C'est la raison pour laquelle elle a
jugé bon de déposer le présent mémoire.
Nous avons pris connaissance avec beaucoup d'intérêt du
document de consultation sur le décloisonnement des
intermédiaires déposé en avril 1988 par le ministre
délégué. Dans son "état de la situation actuelle",
nous pouvons constater que les problèmes à régler ne sont
pas tous d'hier, mais le décloisonnement annoncé et amorcé
depuis quelque temps les a accentués et des interventions sont devenues
indispensables à plusieurs niveaux. Le décloisonnement peut se
faire, mais dans un cadre et selon des règles qui assurent la protection
du public et l'absence totale de conflit d'intérêts. Le
décloisonnement doit aussi se réaliser dans le respect des
principes qui gouvernent la libre entreprise et l'accord de
libre-échange. Il ne faudrait pas créer un régime
protectionniste dans un cadre de libre échange canadien et
nord-américain. Comme nous sommes dans le domaine de l'assurance-vie,
c'est sur ce secteur et les champs connexes où peuvent oeuvrer les
assureurs-vie que porteront nos commentaires.
Je vais céder la parole à M. Jos Lemieux.
Le Président (M. Baril): M. Lemieux.
M. Lemieux (Jos): Déontologie. Deux systèmes
différents et sans uniformité valent actuellement au
Québec. L'Association des assureurs-vie du Canada a également mis
en place un système de déontologie qui est prêt à
commencer à être appliqué. Nous endossons sans
réserve la suggestion de créer un système unique qui
protège le consommateur et implique des partenaires auparavant
intouchables, mais pourtant fort intéressés au domaine, soit les
compagnies d'assurance-vie.
Formation. Le manque d'uniformité dans la formation "post-permis"
n'est pas unique au domaine de l'assurance-vie. Il est important d'implanter un
système unique, mais ce système, bien qu'appliqué sur une
base provinciale, doit tenir compte de la réalité canadienne et
nord-américaine. Les guerres de pouvoir en cours depuis plus de 18 mois
entre nos associations provinciale et nationale ont fait mettre de
côté les intérêts des membres.
Intérêts des membres. Les membres devraient conserver le
droit de choisir l'association qui défendra le mieu leurs
intérêts. Les intérêts des assureurs-vie et les
intérêts du public étant deux objectifs fort difficiles
à concilier en toute objectivité, nous recommandons qu'une ou des
associations à adhésion volontaire défendent
l'intérêt des membres, alors que le "Conseil des
assurances" à être créé s'occupera de ceux du
public.
Aujourd'hui, des milliers d'assureurs-vie du Québec et des
centaines dans la région de Québec considèrent que
l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec n'offre pas la
qualité de représentativité, d'objectivité et de
neutralité à laquelle ils peuvent et sont en droit de s'attendre.
Aussi, il apparaît inacceptable à ces membres de se voir imposer
comme véhicule représentatif l'Association provinciale des
assureurs-vie du Québec par le gouvernement, comme le laissent croire
les auteurs de ce document.
Les assureurs-vie du Québec se sont dotés d'une
organisation à caractère régional, autonome et libre avant
de se regrouper au niveau national et ensuite au niveau provincial.
L'expérience des 20 dernières années nous oblige à
conclure que l'Association des assureurs-vie du Canada a
généralement été plus respectueuse de la
volonté des membres que l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec. L'APAVQ ne croit pas au pouvoir régional qui constitue,
pour elle, un pouvoir sensible, actif et gênant dans l'élaboration
de ses politiques, dans le traitement des dossiers et dans son administration
courante.
Malgré les privilèges et avantages que conférait la
Loi sur les assurances à l'APAVQ, celle-ci a échoué dans
son objectif de regrouper tous les assureurs-vie du Québec, plus
spécifiquement dans la gestion du dossier déontologie. Elle
impose actuellement aux associations régionales de n'être
affiliées qu'à leur association, l'APAVQ, ou elle met sur pied de
nouvelles associations parallèles.
Les assureurs-vie du Québec vont être unifiés par
l'institution d'un conseil des assurances de personne, mais ils veulent garder
leur liberté d'association et le libre choix des dispensateurs de
formation professionnelle.
Solutions proposées. Par définition, le
décloisonnement vise "l'élimination partielle des cloisons
séparant les quatre paliers traditionnels, soit les secteurs des
fiducies, des banques, de l'assurance et des valeurs mobilières." La
protection du consommateur est le premier objectif recherché dans la
réalisation du décloisonnement.
On recherche également un cadre qui puisse procurer aux
intermédiaires des outils pour "s'acquitter professionnellement de leurs
mandats". Merci.
M. Desroches: Serge.
M. Alary: Au sujet du cumul des permis maintenant, nos
commentaires. Quand on parle de s'acquitter professionnellement de mandats,
justement, le cumul des permis par un professionnel ne pourra, à notre
avis, sauf exception, que déboucher sur une baisse de la qualité
du service dans l'un ou l'autre des champs desservis.
On peut difficilement concevoir qu'un individu puisse agir
simultanément dans des champs aussi vastes et différents que le
secteur immobilier, les valeurs mobilières, les fonds mutuels,
l'assurance-vie, l'assurance-invalidité et l'assurance
générale. Selon notre expérience à nous dans le
domaine de l'assurance-vie, nous avons évalué que, probablement,
il ne devrait pas y avoir plus de 10 % des gens qui seraient capables d'aller
chercher en ajout un permis de fonds mutuels, par exemple. Alors, donner
l'accès à tous les secteurs sur une base cumulative, cela semble
trop important.
Une certaine limitation doit donc être imposée par blocs ou
dans les délais d'accessibilité pour éviter les abus et
nous pensons que le cumul des permis proposé à 3.2.2 ne peut
s'appliquer, s'il le peut, qu'à une infime proportion des vendeurs.
Les professionnels à succès dans l'un ou l'autre de ces
domaines consacrent beaucoup de temps à la recherche et à la
lecture. Cumuler plusieurs permis pour la majorité d'entre eux ne
pourrait que résulter en une baisse de la qualité du service
offert dans l'un ou l'autre des champs où ils exercent.
Le courtier en valeurs mobilières, par exemple, doit être
présent à son bureau et surveiller l'évolution des cours
boursiers s'il veut donner un service adéquat aux clients dont il
s'occupe et qu'il conseille. Que pourrait-on lui permettre comme
activité connexe? Il doit se limiter au secteur des placements. Il
pourrait cependant distribuer les fonds d'actions offerts par les compagnies
d'assurance-vie, ce genre de placement étant parfaitement adapté
au domaine dans lequel il évolue, à condition d'avoir un permis
à cet effet, lequel pourrait être un permis restreint.
Cabinets multidisciplinaires et réseaux. La création de
cabinets multidisciplinaires avec possibilité de paiement de commissions
de références sera sûrement, selon nous, la façon de
faire adoptée par la plupart des organisations. Nous appuyons
d'emblée cette solution.
Qu'on parle de cabinets multidisciplinaires ou de réseaux, il
faut cependant, tel que mentionné dans le document, s'assurer du respect
des clients et empêcher les conflits d'intérêts à la
chaîne.
Au sujet de la divulgation des rémunérations, I
assurance-vie est un produit qui se vend et non qui s'achète de par sa
nature. L'assurance générale, pour sa part, est
répétitive et comporte une part d'obligation pour l'acheteur qui
permet de créer une stabilité pour les bureaux d'assurances
générales. Les rémunérations nivelées sont
donc faciles à maintenir dans un tel secteur. Pour ce qui est de
l'assurance-vie, le client n'a aucune obligation dans la quasi totalité
des situations de s'asseoir et d'écouter l'as-sureur-vie.
Les compagnies d'assurance-vie ont donc été dans
l'obligation d'augmenter les rémunéra-
tions de première année et d'introduire la notion
d'annualisation des commissions, c'est-à-dire de verser toute la
commission même si le client n'a versé qu'un mois de prime, pour
faciliter le recrutement de nouveaux assureurs. Cette méthode a certes
comme conséquence d'encourager le remplacement des polices, c'est
déploré dans le document, mais ce n'est pas la divulgation de ces
rémunérations qui pourra y changer quoi que ce soit.
Toute divulgation ne peut tenir compte, de toute façon, que des
rémunérations de première année. Dans plusieurs
cas, après cinq ans, une vente d'assurance-vie n'aura pas
rapporté plus qu'une vente d'assurance générale et,
après dix ans, elle aura rapporté beaucoup moins.
Il est mentionné que la divulgation des
rémunérations serait importante pour mieux aider le client
à prendre sa décision et pour mieux l'informer. Au contraire, une
telle divulgation, dans plusieurs situations, ne pourrait que l'indisposer. Au
point 3.4.2, la divulgation recommandée "devrait tenir compte des bonis
ou des coûts reliés au système de distribution." Nous
demandons, M. le Président, de pouvoir déposer une annexe.
À la période de questions, on pourra peut-être discuter
plus en détail de ces coûts.
Le Président (M. Baril): M. Alary, nous allons accepter le
dépôt de votre annexe.
M. Alary: Merci.
Deux systèmes de distribution existent actuellement en
assurance-vie, soit celui des agences exclusives et celui des agences
générales. Dans le cas d'une agence exclusive, aux commissions
qui sont versées aux agents s'ajoutent des bonifications versées
aux gérants et aux directeurs d'agences, en plus des coûts
d'exploitation des agences comme telles. Pour ce qui est des agences
générales, aux rémunérations versées
à l'assureur-vie s'ajoutent des bonifications pour fins d'administration
versées à l'agence générale. L'agence
générale, pour ceux qui ne sont pas familiers, c'est un
intermédiaire entre l'assureur-vie et la compagnie d'assurances, un
autonome à son compte qui prend toutes les responsabilités au
plan des rémunérations. Les coûts totaux de l'un ou l'autre
des deux systèmes sont souvent comparables et plusieurs compagnies
d'assurance-vie ont opté, dans les dernières années, pour
quitter la vente par le système des agences exclusives pour aller vers
le système des agences générales en invoquant le
coût trop élevé du premier système.
D'une compagnie à l'autre, des écarts fort importants
peuvent exister au plan des rémunérations pour des produits tout
à fait comparables. Nous ne voulons citer qu'un cas, ici en premier
exemple, où pour deux produits tout à fait similaires en nature
du produit et en protection accordée au client, le produit dont la
rémunération est la plus forte est celui dont la prime est
inférieure. Et pour une prime moins dispendieuse, l'agent
général ou la rémunération totale qui entoure le
produit est de 48,3 % supérieure à celle de la première
compagnie. Alors, on parle d'une prime tout à fait comparable.
Un autre point fort important à mentionner est que, d'une
compagnie à l'autre, la durée d'acquisition des
rémunérations varie. En effet, quand on parle de verser des
montants qui sont beaucoup plus importants aux assureurs-vie en première
année, ce ne sont pas des commissions proprement dites, ce sont des
avances de commission. Les commissions sont acquises seulement si les polices
qui ont été vendues demeurent en vigueur durant une certaine
période, laquelle période peut varier de 12 à 84 mois et,
dans certaines compagnies, cela va même jusqu'à 120 mois.
Une compagnie d'assurance-vie sur un plan donné offre deux choix
à un agent: 55 % de commission en première année avec des
renouvellements de 5 % pour les années 2, 3, 4 et 5, ou 25 % la
première année avec 15 % durant les quatre années
suivantes. Le premier total en donne plus en première année et
rapporte 10 % de moins, 75 % par rapport à 85 %. Mais, selon la
première méthode, l'acquisition pour l'agent se fait au rythme de
1/60 par mois, si bien que, si la police s'annulait par exemple après
douze mois, il y aurait seulement 1/5 de la commission qui serait acquis, alors
que, dans la deuxième situation, dès qu'un chèque de
rémunération a été encaissé, il est acquis
pour le client. C'est l'agent qui décide s'il veut en recevoir un peu
plus en première année, en assumant une période
d'acquisition prolongée. Les coûts sont exactement les mêmes
pour le client et, à notre avis, il n'est d'aucun intérêt
pour le client de savoir si l'agent a choisi l'une ou l'autre des deux
méthodes de rémunération.
Dans le système économique nord-américain et
suivant la philosophie économique qui inspire les politiques de nos
gouvernements, il est de principe que les profits ne soient pas obligatoirement
divulgués. Les gouvernements peuvent par loi créer une mesure
obligeant les parties contractantes à divulguer certaines informations,
mais, chaque fois que le gouvernement agit ainsi, il établit une mesure
restrictive aux libertés de commerce et aux libertés
individuelles. Cette remarque s'applique aussi au chapitre du libre choix
d'association et du libre choix d'éducation et de formation.
Commissions de référence. Le paiement de commissions de
référence est suggéré à l'intérieur
des cabinets multidisciplinaires. Un tel partage serait sujet à
divulgation annuelle auprès des autorités compétentes.
Certains critères sont énoncés qui visent à
empêcher de verser des portions de rémunération trop
importantes comme commissions de référence. C'est un objectif
essentiel à rencontrer et que nous appuyons.
Divulgation des commissions de référence. Il est
proposé que les commissions de référence soient
divulgées aux consommateurs. Si une telle
divulgation devait être être envisagée en termes de
proportion par rapport aux rémunérations totales reçues,
nous ne croyons pas qu'il soit opportun dans toutes les situations de divulguer
les rémunérations de chacun des intervenants. (22 h 15)
Le Président (M. Baril): M. Mary, il vous reste une minute
et demie, alors si vous pouviez conclure, s'il vous plaît.
M. Alary: Le dernier point concernait le rabais de primes. Le
système actuel qui existe dans les compagnies fait que les rabais,
dès que le montant de la couverture augmente, sont automatiquement
calculés par la compagnie d'assurances. À notre avis, le
système ne devrait pas être modifié. Je pense qu'il est
bien tel qu'il existe.
Pour ma part, c'est complet. Il y aurait peut-être la partie 2,
pour une conclusion.
Le Président (M. Baril): On pourrait prendre les
conclusions.
M. Alary: D'accord.
Le Président (M. Baril): M. Lemieux ou M. le
président?
M. Desroches: Je vais y aller avec les conclusions, M. le
Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Baril): S'il vous plaît.
M. Desroches: Les recommandations. Déontologie. Que, dans
le respect du principe de l'autodiscipline, un seul système de
déontologie existe et qu'il soit appliqué par le Conseil des
assurances, lequel conseil sera composé en majorité
d'assureurs-vie.
Formation. Que le Conseil des assurances établisse les normes de
formation pré et post permis et qu'il s'assure que la réalisation
de la formation tienne compte des contextes québécois, canadien
et nord-américain.
Pour autant que les normes fixées par le Conseil des assurances
soient respectées, il devrait être accordé aux
assureurs-vie de choisir librement l'un ou l'autre des organismes de formation
qui existent.
Intérêts des membres. Que l'intérêt des
membres soit défendu par des associations à adhésion
volontaire, alors que celui du public est assuré par le Conseil des
assurances.
Cumul des permis. Qu'une limitation soit imposée dans le cumul
des permis par un individu pour éviter une baisse de qualité au
plan des services offerts par un individu qui en cumulerait plusieurs.
Cabinets multldisciplinaires et réseaux. Que des mesures soient
prises pour éviter les conflits d'intérêts et pour imposer
le respect de la confidentialité dans les opérations des cabinets
mutidisciplinaires et des réseaux.
Divulgation des rémunérations. Que la divulgation des
rémunérations ne soit pas à la charge de
l'intermédiaire. Elle doit être calculée sur une
période de cinq et dix ans pour être compatible avec le secteur de
l'assurance générale.
Commissions de références. Que le paiement des commissions
de références soit introduit dans un contexte bien encadré
et dont les normes énoncées nous semblent tout à fait
appropriées.
Divulgation des commissions de références. Que les
commissions de références soient divulguées en termes de
proportion pour ce qui est de leur répartition, mais la divulgation des
montants exacts impliqués ne nous semble pas pertinente, de façon
générale.
Rabais de primes. Qu'aucun rabais de primes ne soit permis aux agents et
que le système continue a être laissé à la
discrétion des institutions, tel qu'il l'est actuellement.
Émission des permis. Que les permis d'assurance-vie et
d'assurance-invalidité soient émis par un seul organisme, soit le
futur Conseil des assurances.
Conseil de la planification financière. Qu'un tel organisme soit
créé pour superviser les intervenants en planification
financière et que l'utilisation du titre de planificateur financier soit
réservé à ceux qui sont déjà
détenteurs d'un statut professionnel: agent d'assurances, courtier en
valeurs mobilières, courtier d'assurance générale,
comptable, avocat, notaire.
Cabinets multidisciplinaires. Que des normes soient établies pour
que les personnes oeuvrant à l'intérieur de tels cabinets
puissent, dans une certaine proportion, détenir le titre de conseiller
en planification financière.
Mandat. Que des mandats écrits en termes de planification
financière puissent être exigés.
Assurance-responsabilité obligatoire ou fonds d'indemnisation.
Qu'une assurance-responsabilité soit exigée pour toute personne
voulant utiliser le titre de conseiller en planification financière, de
même que pour tout autre intermédiaire.
Composition du Conseil des assurances. Qu'il soit composé en
majorité par les assureurs-vie; qu'il s'agisse de représentants
délégués par les assureurs vie du Québec avec
mandat de représenter l'opinion du mandant; que toutes les associations
provinciales des assureurs-vie du Québec - APAVQ, la
Fédération des associations régionales des assureurs-vie
du Québec, l'Ordre des assureurs-vie du Québec - soient
invitées à déléguer des représentants; que
le conseil soit formé de sept personnes, dont quatre assureurs-vie, deux
représentants des compagnies oeuvrant au Québec et d'une autre
personne choisie par les deux groupes et qui soit acceptable par l'Inspecteur
général des assurances.
Contrôle des informations confidentielles. Que l'institution
financière qui obtient de l'information à caractère
confidentiel demeure
responsable, sous peine de pénalité, vis-à-vis des
consommateurs; que cette information ne soit pas utilisée à des
fins autres que pour lesquelles elle a été spécifiquement
requise par l'institution qui l'a reçue. Il est proposé de
créer une présomption contre celui qui détient
l'information et en faveur de celui qui fait l'objet de cette information.
Voilà, M. le Président, nos conclusions. Simplement 30
secondes, peut-être. Le présent document a été
préparé par l'Association des assureurs-vie de Québec, par
M. Serge Alary, CA. M. Alary est gestionnaire pour le groupe d'assurance-vie
Dubeau, à Québec. Ce dernier groupe fait affaire avec plus de
1000 assureurs-vie répartis partout dans la province de Québec et
endosse totalement le rapport présenté par l'Association des
assureurs-vie de Québec.
L'Association des courtiers-vie du Québec qui regroupe
près de 100 assureurs-vie dans la province de Québec et dont M.
Alary est vice-président, endosse également ce rapport.
L'Association de Ville-Marie, regroupant approximativement 1800 membres,
présidée par M. Jos Lemieux, a travaillé à la
rédaction de ce mémoire et, en conséquence, fait siens son
contenu et ses conclusions.
Nous espérons que vous porterez une oreille attentive à la
présente et nous sommes disponibles pour toute information additionnelle
dont vous pourriez avoir besoin. Merci beaucoup de nous avoir entendus.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup, M. Desroches. M.
le ministre.
M. Fortier: M. Desroches, il y a un sujet qu'on a discuté
au cours de la semaine et que vous abordez dans votre mémoire. C'est
tout ce qui touche à la formation: Vous avez entendu le groupe qui est
passé juste avant vous et qui faisait référence au fait
que... Enfin, je ne veux pas entrer dans le cas de ces gens, mais le
problème qui a été soulevé était le fait que
dans leur cas et dans d'autres, il s'agissait de cours par correspondance.
Le député de Lévis signalait ceci: Mais, mon Dieu,
pourquoi ne pas utiliser davantage nos universités du Québec? Cet
après-midi ou ce matin, nous avons entendu un représentant de
l'Université Laval qui est venu plaider en disant: II nous semble qu'on
devrait utiliser davantage nos universités dans ce genre de
formation.
Compte tenu de l'expérience que vous avez et de la recommandation
que vous nous faites ici, dans quelle mesure croyez-vous qu'au Québec on
pourrait utiliser davantage nos universités dans les différentes
régions, à Québec et à Montréal? Dans quelle
mesure avez-vous eu des contacts avec elles et quelle a été votre
expérience, à ce jour, en ce qui concerne la formation?
M. Desroches: J'ai suivi mon cours à l'Association des
assureurs-vie du Canada. Ce cours a beaucoup été axé, par
exemple, sur la comptabilité, les institutions financières et ces
choses-là, la vente d'assurance-vie et de produits financiers. On avait
un cours spécifique à la formation en assurance-vie. Cette
année, on a vécu une expérience à
l'Université du Québec. Une partie de nos assureurs-vie de la
région ont suivi le cours disponible à l'Université du
Québec.
Ce cours n'est pas actuellement adapté à l'assurance-vie.
On suit le même cours que le cours d'un comptable. On voit nos
états financiers de la même manière qu'un comptable va les
voir. Lorsqu'on suivait nos cours à l'Association des assureurs-vie du
Canada, cours qui sont donnés depuis une soixantaine d'années,
donc, beaucoup d'expérience, ils étaient axés sur
l'assurance-vie. C'était beaucoup plus valable à ce point de
vue.
Il y a aussi l'horaire du cours. Par exemple, le cours est
dispensé à Québec les lundi, mardi et mercredi soir. Vous
savez tous qu'un assureur-vie fait sa semaine les lundi, mardi et mercredi
soir. Donc, la disponibilité est difficile à trouver. Je ne sais
pas s'il y a d'autres de mes collègues qui veulent répondre
là-dessus.
Le Président (M. Baril): M. Lemieux.
M. Lemieux (Jos): En ce qui concerne la formation
professionnelle, je me suis occupé pendant six ans de formation
professionnelle auprès des assureurs-vie. Un des problèmes de
l'industrie de l'assurance-vie est la formation post permis des assureurs-vie
du Québec et la rétention des nouvelles recrues dans notre
industrie. Pour une meilleure protection du consommateur et une plus grande
conservation de nos jeunes assureurs, il faut un programme de formation
professionnelle qui colle à la réalité et qui est
animé par des professionnels de la vente et non pas seulement par des
pédagogues.
Je pense particulièrement aux niveaux 1 et 2 d'assurance-vie, et
pas particulièrement au niveau d'assureur-vie agréé. Je
parle du niveau de base. Alors, nous préconisons le libre choix de cours
dans le développement professionnel de nos membres, et nous avons
accès à une brochette de cours de très grande
qualité depuis plus de 30 ans. Ces cours de formation professionnelle
sont orientés vers la connaissance pratique des différents
marchés de l'assurance-vie et des rentes, et leur première valeur
sont les projets d'action qui sont attachés à ces
différents marchés cibles, c'est-à-dire le marché
des enfants, le marché des jeunes hommes, le marché des jeunes
femmes, le marché des jeunes couples et ainsi de suite.
Donc, je crois que pendant les deux ou trois premières
années de la carrière d'un assureur-vie - qui, en passant, est
une carrière très difficile... Cela prend beaucoup de temps,
d'effort et de développement personnel à un
individu pour réussir à survivre aux deux ou trois
premières années dans l'assurance-vie et, bien sûr, pour se
rendre même jusqu'à cinq ans dans le domaine des assurances - je
pense qu'on doit laisser la possibilité aux assureurs-vie, aux
différentes compagnies d'assurances, aux différents personnels
responsables de la formation dans les différentes compagnies
d'assurances, dans les différents bureaux de courtage, d'avoir
accès à un choix plus vaste de matériel de formation, et
particulièrement à une formation orientée vers la vente
d'assurance-vie qui va permettre à l'assureur-vie de faire
carrière par la suite, et de devenir un plus pour la
société.
M. Fortier: Quand vous dites des cours orientés vers la
vente, vous parlez en termes de techniques de vente pour convaincre le client?
De quoi parlez-vous?
M. Lemieux (Jos): Connaissance du produit, connaissances
générales concernant les bénéficiaires, la
fiscalité de base, la formation des produits, la composition des
produits, des connaissances de base en actuariat. La connaissance du produit,
la distribution du produit, bien sûr, ce sont les deux cours les plus
importants pour le jeune assureur-vie.
M. Fortier: On a eu des recommandations de différents
intervenants et tous à peu près nous ont dit: II faudrait relever
des exigences de base, avoir un DEC ou une exigence comme celle-là.
Est-ce que vous croyez qu'étant donné la sophistication des
produits financiers de plus en plus complexes, on devrait exiger un
degré collégial, ou, de préférence, un DEC
très spécialisé dans le domaine des institutions
financières, avant même que les gens puissent prendre des cours
plus spécialisés?
M. Lemieux (Jos): Je dois vous dire, selon mon expérience
personnelle, à la suite de mon implication dans une compagnie qui avait
1200 assureurs-vie au Canada, dont environ 500 à 600 au Québec -
c'était La Prudentielle d'Amérique - que je crois que les
compagnies d'assurances et les associations professionnelles d'assureurs sont
une école de formation de première qualité pour aider des
jeunes hommes et des jeunes femmes du Québec et du Canada à
s'insérer dans un réseau de distribution et dans une profession
de vente qui est exceptionnelle. Je ne crois pas que relever le niveau de
formation en exigeant un DEC permettrait nécessairement de recruter de
meilleurs vendeurs. Ils auraient plus de connaissances générales,
mais je crois que dans l'industrie de l'assurance-vie et à
l'intérieur des disponibilités de cours, tant les cours de base
que les cours professionnels, il y a possibilité de prendre des
diplômés de secondaire V qui ont ou n'ont pas d'expérience
de travail et d'en faire des professionnels sur une période de sept
ans.
M. Fortier: En ce qui concerne la divulgation de la
rémunération, je cite votre recommandation 3.6: "Elle doit
être calculée sur une période de cinq ans et de dix ans
pour être compatible avec le secteur de l'assurance
générale." Est-ce que je dois comprendre de cette recommandation
que vous êtes favorable à la rémunération
nivelée? Nous avons eu des discussions, cette semaine, et plusieurs se
sont dit favorables à la rémunération nivelée
plutôt qu'à la rémunération concentrée sur la
première année ou sur les deux premières années, et
que si cela était imposé au Québec, dans un laps de temps
donné, on disait que tout le monde serait sur le même pied, qu'en
définitive, ce serait un système peut-être
préférable au système actuel. Quelle est votre opinion
à ce sujet?
M. Alary: Je pense, M. le ministre, que c'est un système
qui sera très difficile à introduire. Joseph mentionnait
justement que ce sont les premières années dans l'assurance,
malgré des niveaux de rémunération que l'on prétend
élevés, qui sont réellement les plus difficiles pour les
assureurs qui commencent à exercer. D'envisager de ramener les
rémunérations nivelées, d'introduire un tel
système, cela va amener à couper ces rémunérations
de peut-être 60 % à 70 % pour en garder peut-être le tiers,
ou 40 %. Dans ce contexte, on en a parlé et on pense qu'il y aura
toujours un système qui s'appellera des avances ou des allocations, des
choses qui seront offertes par les compagnies qui vont, en termes de
résultat, faire que l'individu devra recevoir à peu près
autant d'argent qu'il en reçoit actuellement. On n'est pas capable
d'entrevoir un système où de nouveaux assureurs-vie pourront
gagner leur vie dans les premières années, qui est la
période critique, si on diminue les rémunérations de
façon notable.
M. Fortier: D'un autre côté, je suppose que si la
rémunération était nivelée, il y aurait
peut-être une plus grande stabilité si la personne avait un
soutien financier pour les deux premières années, ou à peu
près. Il y aurait une stabilité dans le système et le
"turnover" qui a été évoqué serait moins
élevé par la suite. Pour nous, bien sûr, c'est tout le
problème de la substitution de polices, comme vous le savez. Avec une
rémunération nivelée, je crois que cela enlèverait
beaucoup de problèmes à ce qui est détecté,
à l'occasion, dans le système de l'assurance-vie comme telle. (22
h 30)
M. Alary: Si on pouvait l'introduire, cela aiderait à
régler ce problème de façon radicale. Sauf que, dans notre
organisation, les personnes qui viennent nous demander des
rémunérations nivelées, parce qu'on fait l'objet de
demandes de la part de professionnels, ce sont des gens qui ont au moins dix
ans d'expérience. Ce sont des gens qui ont acquis une certaine aisance
financière, une stabilité financière, qui pourraient
se
permettre de faire moins d'argent et de ralentir au niveau travail. Mais
on n'est pas capable... Jamais, on n'a eu de demandes ou de suggestions de la
part de nouveaux. L'expérience qu'on a avec tous les nouveaux, sauf
exceptions très rares, démontre qu'ils ne seraient pas capables
de s'intégrer là-dedans, à moins qu'on ne mette
parallèlement des salaires ou des allocations. Alors, cela deviendrait
un peu déguisé de toute façon, au moins pour les
nouveaux.
M. Fortier: Dans votre mémoire, au début de votre
présentation, vous avez indiqué le nombre de membres de votre
fédération. Vous avez dit, je crois, 3500. J'essayais de
reconcilier cela avec les... Je crois qu'au Québec, il y a environ 7800
assureurs-vie au total; il y en a 5800 qui obtiennent leur permis directement
de l'APAVQ; la différence est donc de 2000. J'essayais de voir...
J'imagine que la réponse, c'est qu'il y a des gens qui ont deux permis
ou qui sont membres de deux associations à la fois, c'est
peut-être cela la réponse. 7800 plus 5800, cela fait donc 13 600
assureurs-vie au Québec. Ah oui!
M. Desroches: C'est 13 600, M. le ministre. Parmi eux, 5800 sont
affiliés à l'APAVQ et 3500 à la fédération.
Il arrive également qu'il y ait des assureurs-vie qui soient membres des
deux. Il y a donc une grosse majorité de nos assureurs-vie qui ne sont
membres ni de l'une ni de l'autre.
M. Fortier: Combien y en a-t-il qui ne sont membres ni de l'une
ni de l'autre? Avez-vous un chiffre? Ah! C'est terminé?
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Fortier: Excusez-moi, j'ai dépassé mon
temps.
Le Président (M. Baril): Nous avons des règles
à suivre et nous devons alterner. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je recommanderais au président d'avoir une
cloche ou quelque chose pour arrêter le ministre. Il prend le mors aux
dents!
Le Président (M. Baril): C'est parce qu'il aime son
métier et, moi, je ne peux pas... Ce sont des gens très
intéressants et...
M. Garon: Mais vous, comme président, aimez-vous votre
fonction?
Le Président (M. Baril): Bien, je comprends donc!
M. Garon: Vous êtes censé l'arrêter.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Baril): Quand vous me parlez, M. le
député de Lévis, vous utilisez votre temps.
M. Garon: Alors, je vais vous poser une question qui va vous
paraître un peu en dehors du sujet, mais qui est quand même dans le
sujet. Vous parlez du décloisonnement, du libre-échange et de
concurrence internationale. On se rend compte actuellement qu'il y a quelques
années, parmi les dix plus grandes banques au monde, il n'y avait pas
une banque japonaise. On dit maintenant que les dix plus grandes banques au
monde sont toutes japonaises. Dans le domaine de l'automobile - M. Mathieu, qui
est un peu plus âgé, se rappelle cela et M. Jos Lemieux aussi, il
y 40 ans, quand on parlait d'un produit japonais, on parlait d'une affaire qui
se brisait en moins de 15 jours - aujourd'hui, on voit que le plus haut taux de
satisfaction dans l'automobile, c'est avec la Toyota et la Honda, qui font une
dure concurrence aux automobiles américaines. À toutes fins
utiles, au Québec, au rythme où cela va, le marché sera de
plus en plus occupé par des automobiles japonaises. On voit le domaine
bancaire, le domaine de l'automobile. Je demanderais une chose, seulement pour
savoir si cela fait partie de vos appréhensions ou non. Dans le domaine
des assurances, appréhendez-vous une compétition venant des pays
asiatiques concernant l'assurance-vie et, éventuellement d'autres types
d'assurances, qui ferait en sorte que la concurrence serait beaucoup plus forte
qu'elle ne l'est actuellement?
M. Lemieux (Jos): M. Garon, dans ma profession, actuellement et
depuis sept ans, je crois qu'au Québec, on a des compagnies
québécoises et canadiennes qui font un excellent travail, qui ont
un dynamisme réel. J'aimerais nommer, entre autres,
l'Industrielle-Alllance. Actuellement, au Québec, je crois que peu de
compagnies canadiennes compétitlonnent avec le dynamisme de cette
compagnie. Même il y en a plusieurs qui essaient de calquer le dynamisme
dans les produits du nouvel agent de l'Industrielle-Alliance. Donc, je ne crois
pas que des compagnies à l'extérieur du Canada soient capables de
mieux compétitionner ou aussi bien que ce qu'on peut faire ici au
Québec.
M. Garon: Moi, cela ne m'énerve pas. Vous savez,
l'île-du-Prince-Édouard, 118 000 habitants, à peine 20 000
de plus de population que dans mon comté, la Nouvelle-Ecosse, 700 000
à 800 000, le Nouveau-Brunswick, 500 000 à 600 000, Terre-Neuve,
600 000, sur un gros rocher, la Saskatchewan, 900 000, aux prises bien plus
avec des problèmes de sauterelles que d'assurance, le Manitoba, moins de
1 000 000, l'Alberta, 2 000 000, avec les puits de pétrole - ils sont
revenus à leur problème antérieur
et le taux de chômage qui dépasse 10 % s'en va beaucoup
plus vers 20 % que d'autre chose - la Colombie britannique, 3 000 000 de
population, isolée par les montagnes Rocheuses. Il reste à toutes
fins utiles, au Canada, qu'un compétiteur: c'est l'Ontario. Le reste des
provinces on peut bien parler du Canada, c'est intéressant, c'est
amusant, c'est long, c'est grand mais dans le domaine des entreprises
financières, elles ne sont pas là. C'est pour cela que je dis que
la concurrence, on n'a pas vu cela vraiment.
Maintenant, on va arriver avec des lords américains, avec les
gens de la Californie, 25 000 000 de population, habituellement 20 ans en avant
des autres, avec les États-Unis et avec New York. Là, on parle de
décloisonnement. Les Asiatiques, ce n'était pas une menace, il y
a 30 ou 40 ans. Les Asiatiques, on donnait 25 cents pour les acheter à
la Sainte-Enfance quand on était à la petite école. Mais
là, ce n'est plus cela, le portrait. Il y a 20 ans, il y a 10 ans
même, il n'y avait pas de banques japonaises parmi les dix plus grandes
banques au monde. Je pense qu'actuellement les dix plus grandes banques au
monde sont toutes, sans exception, des banques japonaises. Dans le domaine, on
parle de libre-échange, on fait les matamores, mais là on va se
colletailler, non pas avec des "peewee" de la Saskatchewan - ce sont des gens
qui sont meilleurs dans le grain que dans l'assurance, et encore là, je
ne suis pas certain - mais avec une vraie concurrence. Avez-vous
regardé, d'une manière ou de l'autre, la façon de
travailler des Américains, mais aussi des Asiatiques qui vont venir ici?
On voit actuellement les compagnies étrangères dans le domaine
financier qui débarquent de partout. On en avait parlé un peu
avec d'autres associations. Est-ce que vous sentez cela? Est-ce que vous
regardez cela? Est-ce que vous avez comparé les méthodes de faire
de ces gens avec les nôtres?
M. Mathieu: Je ne crois pas qu'on a fait porter l'étude
sur cet aspect de façon particulière. Cependant, il est
évident qu'on peut quand même vous donner une opinion
générale. Le décloisonnement doit se faire en fonction de
l'intérêt peut-être du consommateur et aussi de
l'intérêt collectif, sauf qu'il ne faut pas qu'il se fasse tout
comme le libre-échange. Il faut que cela se coordonne. Il ne faut pas
qu'il se fasse avec une réglementation très forte de sorte qu'on
va peut-être bâtir des géants sur le plan provincial, d'une
province à l'autre. Mais, si vous voulez lutter contre le Japon, il
faudra peut-être se donner la main d'un bout à l'autre du Canada
pour bâtir des géants canadiens contre des géants japonais.
On pense, et les journaux nous le disent, qu'il y a une industrie de la
région de Québec qui va peut-être passer aujourd'hui entre
les mains des Japonais. C'est en dehors de toute considération du
décloisonnement ou du libre-échange. Cela se fait dans le
système actuel.
M. Garon: Qui?
M. Mathieu: On parle de la Papeterie Reed aujourd'hui.
M. Garon: Les Japonais?
M. Fortier: C'est un signe des temps.
M. Mathieu: C'est un signe des temps, oui
M. Alary: Pour conclure sur votre question, M. Garon,
également, j'aimerais vous mentionner que cela peut se vérifier.
Ce n'est pas la vente des produits d'assurance-vie comme telle qui est la
sphère la plus rentable pour les compagnies d'assurance-vie. Les plus
importantes compagnies canadiennes-françaises qui se développent
actuellement, c'est à partir des placements qui ont été
accumulés dans le passé. La vente d'assurance-vie comme telle est
une ligne d'activités avec des marges de bénéfices qui
sont tellement minces que les compagnies japonaises vont peut-être
être intéressées à acheter les compagnies pour
administrer leurs placements accumulés à ce jour, mais non pas
pour vendre de l'assurance-vie comme telle dans le système actuel. Ce
n'est pas là que l'argent s'accumule.
M. Mathieu: M. le député de Lévis, c'est
certain que si les tendances qui se dégageront éventuellement de
"démutualiser" les entreprises, les compagnies d'assurances, on va
peut-être passer, on va peut-être s'exposer, suivant la
réglementation qui va l'accompagner, à certains contrôles
extérieurs. On ne le sait pas encore.
M. Garon: Avez-vous examiné la quîstion de la
"démutualisation"? Il est évident que la "mutualisation" nous
protégeant, vous ne pouvez pas acquérir... Une fois
"démutualisé", avez-vous regardé cela un peu?
M. Mathieu: C'est difficile d'avoir les deux systèmes
à la fois. En même temps la protection, en même temps le
libre accès au marché de l'argent.
M. Garon: Dans votre mémoire, vous parlez d'une
déontologie unique. Je ne vous le demande pas comme une blague, mais
laquelle, selon vous, devrait prévaloir? La déontologie de
l'association canadienne, ou celle de l'association provinciale ou est-ce que
vous considérez qu'elles sont à peu près identiques? Je ne
suis pas un expert dans l'assurance. Je vous pose la question comme quelqu'un
qui n'essaie pas de vous embêter.
M. Desroches: M. Garon, depuis maintenant une dizaine
d'années, sur le plan de la déontologie plus
spécifiquement, l'APVQ avait un rôle important. Si on regarde les
résultats aujourd'hui, cela n'a pas été un succès
retentissant. Il est très clair qu'il faut impliquer là-dedans
les
compagnies d'assurance-vie. Elles font un produit, le mettent sur le
marché. On a des intermédiaires qui l'offrent aux clients. Je
pense qu'il faut certainement inclure les compagnies d'assurances dans cette
démarche de déontologie, en collaboration avec les assureurs-vie,
et trouver un moyen de les impliquer parce que ce sont elles qui font les
produits, ce sont elles qui font les offres. Elles sont des agents importants
des remplacements de contrats. Pendant plusieurs années, on a
essayé de mettre sur le dos des assureurs-vie le fait de la substitution
de contrats. Mais je pense que les compagnies, il faut les impliquer à
cet égard et il faut qu'on trouve une solution avec elles.
Je pense que le Conseil des assurances a comme objectif la
déontologie. Je pense qu'on approuve le système qui va être
en place.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Desroches. M. le
ministre.
M. Fortier: Justement, M. Desroches, ce que vous venez de dire,
je pense que c'est très vrai. Trop souvent, je ne sais pas trop, une
association ou l'inspecteur pouvait tomber sur la tête d'un assureur-vie,
d'un individu, alors qu'il y avait un directeur des ventes quelque part et
qu'il y avait une compagnie quelque part qui étaient responsables d'une
stratégie sous pression. Il est très vrai qu'il faut absolument
les impliquer dans le système. Plus que cela, s'il y a des
enquêtes, il faudrait pouvoir remonter dans la compagnie jusqu'en haut,
pour savoir qui a donné des ordres d'aller dans telle direction. C'est
pour cela que je crois que vous avez parfaitement raison de dire que les
compagnies d'assurances ont beaucoup de responsabilités, par leur
comportement, dans la façon dont les individus qui font la vente, les
assureurs-vie, s'acquittent de leurs fonctions.
Je serais porté à dire: Elles ont autant de
responsabilités. Vous, vous semblez dire beaucoup plus. Cela
m'amène à une de vos recommandations sur la composition du
Conseil des assurances. Vous semblez dire que les compagnies devraient
être en minorité. La recommandation qu'on avait faite était
plutôt de dire: Les compagnies et les assureurs-vie devraient être
là moitié-moitié, parce qu'elles sont quasiment aussi
responsables des "malpractice", des mauvaises conditions que les assureurs-vie
eux-mêmes. Dans le fond, le Conseil des assurances devrait édicter
des normes déontologiques, pas juste pour les assureurs-vie, mais pour
les compagnies également. C'est pour cela que j'aurais voulu que vous
m'expliquiez pour quelles raisons vous voudriez qu'au Conseil des assurances,
ce soit en majorité des assureurs-vie, compte tenu de ce que vous venez
de dire vous-même.
M. Desroches: D'accord. M. le ministre, lorsqu'on parle d'une
majorité d'assureurs-vie dans le Conseil des assurances, on dit que
notre profession doit être gérée par les assureurs-vie,
C'est notre profession qu'on veut gérer au niveau des
intermédiaires actuellement, et en ayant une majorité
d'assureurs-vie, on va s'autocontrôler, s'autogérer. Un exemple:
Prenons un pharmacien. Le pharmacien a l'Ordre des pharmaciens, et il y a des
critères en pharmacie qui sont développés par eux sur la
manière de procéder. Mais il n'y a pas de compagnies de pilules
qui en font partie. Ce sont les pharmaciens eux-mêmes qui se
régissent. Nous disons qu'on est capables de se régir comme
assureurs-vie, mais les compagnies d'assurances doivent avoir une part à
l'intérieur de ce conseil, pour s'entraider puisqu'on travaille
ensemble, avec les compagnies d'assurances. Alors, ce serait une
présence avec nous pour pouvoir régir cela. C'est simplement la
raison pour laquelle on a mis une majorité d'assureurs-vie
là-dessus. (22 h 45)
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Me Mathieu, vous avez fait allusion à la
"démutualisation" et vous avez dit qu'être mutuel et avoir
accès au marché des capitaux en même temps, cela vous
semblait un peu incompatible. Est-ce que je vous ai mal
Interprété? J'aimerais avoir plus de commentaires
là-dessus.
M. Mathieu: Je ne sais pas si c'est très opportun en
fonction du rapport qui a été déposé. C'est parce
que cela venait d'une autre question qui était axée sur le
commerce international, à savoir si on sera capables de concurrencer les
Japonais. Je ne crois pas que c'est en se regroupant sur une base
régionale ou provinciale qu'on va concurrencer les sept ou huit plus
grandes banques japonaises. La "démutualisation", c'est une chose. En
fonction dés préoccupations qui ont été
exprimées ici, à l'avant, il est certain qu'on sait qu'une
corporation mutuelle peut, au moins, ne pas être l'objet d'une prise en
main sur le marché. Je ne sais pas maintenant, s'il y a un
phénomène qui s'engage, qui est peut-être un
précédent, mais aussi une mode qui va peut-être provoquer
une succession de personnes qui désirent passer du secteur mutuel au
secteur de corporation à captital-actions. Je ne connais pas les
modalités qui vont les accompagner, nous ne les connaissons pas. Sauf
que si nous pensons à vos préoccupations et à celles des
assureurs, on s'interroge aussi.
M. Garon: Pensez-vous que la "démutualisation" devrait
faire l'objet d'un débat, d'une loi ou si cela devrait se faire projet
de loi privé par projet de loi privé, comme on voit les projets
qui s'annoncent un à un dans les journaux, sans aucun débat
public, au Québec, sur des conséquences de cela.
M. Mathieu: En fonction d'une... Si c'est une décision
ponctuelle sur une particularité, on peut toujours passer directement
par projet de loi privé. Sauf que si c'est le début d'une
procession - et c'est ce qui peut s'engager - je crois que cela mérite
qu'on s'assoie un jour et qu'on regarde de nouveau tout ce que la
mutua-lisation ou les mutualités comportent en fonction aussi de
l'expression des mutualistes à l'intérieur du fonctionnement et
de l'importance qu'ils jouent par rapport à ceux qui les administrent.
Je pense qu'il serait peut-être le temps après X années et,
aussi, avec l'espèce de tendance qui semble vouloir s'engager, de faire
le point sur cette condition financière, opérationnelle, pour
vérifier si on s'engage dans la bonne voie ou si... On sait que cela a
été fait il y a quinze ou vingt ans, dans le but de
protéger les capitaux ou les institutions québécoises. On
ne peut pas conclure nous-mêmes, mais on peut s'interroger fortement. Si
le public, les assureurs et les consommateurs s'interrogent, il y aurait
probablement lieu qu'une tribune les reçoive et qu'elle s'interroge avec
eux.
Le Président (M. Baril): M. Lemieux, vous aviez autre
chose à ajouter?
M. Lemieux (Jos): Oui, pour conclure peut-être sur votre
question concernant la démutualisation. Si je me reporte à mon
expérience de 24 ans, très peu de détenteurs de police ou
de représentants d'une compagnie mutuelle sont présents lors de
l'assemblée des assurés ou des mutualistes. Je crois qu'il serait
opportun que le gouvernement en fasse un débat, pour la protection du
consommateur, justement. C'est tellement connexe, le monde de l'assurance, le
monde de la haute finance, le monde de la prise de contrôle ou... Qu'on
prenne, par exemple, une compagnie d'assurances qui forme une corporation avec
un groupe d'assurances en haut et cette corporation est propriétaire de
multiples entreprises soit dans l'assurance soit de produits financiers, des
banques, etc.. Donc, je pense que, pour la protection des assurés et des
consommateurs, le gouvernement devrait se pencher de très près,
lors d'une demande de "démutualisation".
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Devrait se pencher sur quoi?
M. Lemieux (Jos): Sur la protection du consommateur.
M. Garon: À un autre endroit dans votre mémoire,
vous pariez de la limitation des permis. Comment voyez-vous concrètement
cette limitation des permis? Est-ce qu'il s'agit d'un certain nombre de permis
ou de permis par groupes de produits? Quand vous parlez de limitation des
permis, comment voyez-vous cela? Comment cela pourrait-il se réaliser,
concrètement?
M. Alary: Cela pourrait être effectivement par groupes de
produits. Les constatations ou les remarques que l'on vous fait sont
basées sur des expériences vécues. D'un côté,
on constate que nos assureurs-vie manquent de formation postpermis, qu'ils
manquent de temps et qu'ils manquent de volonté pour essayer de mieux se
former et, d'un autre côté, on envisage de leur permettre d'avoir
trois ou quatre permis additionnels. Déjà, au moins 70 % à
75 % des assureurs-vie manquent de formation pour être capables de donner
le maximum et ne peuvent sortir du champ dans lequel ils vont. Si on leur donne
la possibilité d'avoir des permis additionnels, je pense que la
qualité du service ne peut que s'en ressentir. Il y a des champs
connexes. Actuellement, l'assureur-vie peut travailler dans deux ou trois
champs différents, mais si on lui permet d'en avoir deux additionnels,
si on parle d'ajouter l'immobilier ou les valeurs mobilières en plus de
l'assurance générale, des fonds mutuels et de l'assurance-vie,
comme il y a actuellement, on est persuadé que c'est trop. On parle
plutôt des cabinets multidisciplinaires avec des commissions de
référence.
Le Président (M. Baril): M. Lemieux.
M. Lemieux (Jos): Depuis plusieurs années, dans le
courtage d'assurance-vie, je fais affaire avec des bureaux de courtiers
d'assurances générales qui détiennent aussi un permis en
assurance-vie. Je me rends compte que les revenus de l'assurance-vie sont
très minimes par rapport à leurs revenus. Donc, leur effort de
vente, leur effort pour percer le marché de l'assurance
générale pour vendre de l'assurance-vie, c'est très
minime.
Je pense que, dans la plupart des cas, les gens auront à faire
des choix, comme de se spécialiser dans un domaine particulier et de se
laisser la porte ouverte pour peut-être un, au maximum deux permis. Ce ne
sont pas la majorité des assureurs-vie qui seraient capables de bien
servir la clientèle en détenant plusieurs permis. Je pense que
chaque individu, selon sa formation, selon sa façon de travailler,
choisira un ou deux champs d'activité qui deviendront ses champs
d'activité principaux et, par la suite, pourront, par des commissions de
référence, obtenir que leur clientèle soit bien servie
dans différents autres domaines.
Le Président (M. Baril): Merci beaucoup. M. le ministre,
pour le mot de la fin.
M. Fortier: On a lu votre mémoire avec
intérêt et on a eu des discussions intéressantes. Je vous
en remercie.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, quand cela fait quatre jours
qu'on entend des débats, on pense qu'il n'y aura rien de neuf, mais on
se trompe. Je dois vous dire qu'au début, je me disais: On va entendre
une répétition après avoir entendu une trentaine de
groupes; au contraire, j'ai appris des choses nouvelles. Je vous remercie
d'être venus, je suis content de vous avoir écoutés et
d'avoir appris une autre vision des choses, d'avoir vu des
considérations qui n'étaient pas nécessairement la
répétition de ce qu'on a entendu depuis quatre jours.
Le Président (M. Baril): M. Alary, pour le mot de la
fin.
M. Alary: Malheureusement, on n'aura pas eu le temps de
déposer l'annexe. Est-ce qu'on peut au moins proposer de la distribuer
à ceux qui auraient intérêt a y jeter un coup d'oeil?
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous en avez une
autre?
M. Alary: J'en ai des copies pour tout le monde, oui. J'aurais
aimé en discuter un peu, mais malheureusement...
Le Président (M. Baril): Vous avez distribué un
tableau, tout à l'heure. Est-ce que c'est autre chose?
M. Alary: C'est le même tableau, mais j'en ai des copies
pour tout le monde.
Le Président (M. Baril): Nous l'avons, nous avons fait
faire des copies et elles ont déjà été
distribuées. On vous remercie beaucoup.
M. Alary: Le système est rapide.
Le Président (M. Baril): On vous remercie beaucoup.
M. Garon: On fait semblant de rien, mais on est
organisés.
Le Président (M. Baril): Vos taxes servent à
quelque chose. J'invite immédiatement le Comité du Québec
de l'Association des assureurs-vie du Canada.
Comité du Québec de l'Association des
assureurs-vie du Canada
À l'ordre!
Messieurs du Comité du Québec de l'Association des
assureurs-vie du Canada, je vous souhaite la bienvenue. Vous savez que, comme
les autres, vous avez 20 minutes pour présenter votre mémoire.
Pour commencer, j'aimerais que vous vous présentiez, ainsi que vos
invités.
M. Simard (Jean-Marc): Merci, M. le Président, M. le
ministre, honorables membres de cette commission. J'aimerais vous
présenter les membres du comité. Pour commencer, à ma
droite, M. Pierre Gingras, assureur-vie agréé qui détient
une maîtrise en sciences commerciales et qui est assureur-vie depuis 24
ans; il est directeur du comité du Québec et ex-président
de l'Association des directeurs d'agences. À mon extrême gauche,
Mme Diane Duchesnay, assistante administrative, bachelière en
éducation, en voie de terminer un certificat en andragogie; elle
travaille au bureau de l'Association des assureurs-vie du Canada, à
Montréal. M. Michel Coulombe, assureur-vie agréé,
licencié en science économiques de Laval, 18 ans
d'expérience comme assureur-vie, associé senior de Coulombe
Pelletier & Associés, coutiers d'assurances, président de M.
Coulombe Assurance-vie inc, directeur du comité du Québec.
Finalement, mais non le moindre, notre président du comité du
Québec, M. André Prévost, assureur-vie
agréé; M. Prévost est assureur-vie depuis 29 ans; il
oeuvre comme directeur d'agence traditionnelle et il est vice-président
de l'Institut des assureurs-vie agréés du Canada et
président du comité du Québec. M. le Président, je
vous présente 90 ans d'expérience cumulative en
assurance-vie.
Le Président (M. Baril): Vous, êtes-vous M.
Simard?
M. Simard: Excusez-moi! Jean-Marc Simard, assureur-vie
agréé, assureur-vie depuis 18 ans; j'ai oeuvré comme
représentant, durant sept ans, pour l'Industrielle, durant cinq ans
comme directeur de succursale pour La Solidarité, sept ans et demi comme
courtier-vie et directeur général pour le Québec de
l'Association des assureurs-vie du Canada.
Le Président (M. Baril): Je comprends que vous êtes
du comité du Québec.
M. Simard: Oui.
Le Président (M. Baril): Merci. La parole est à
vous.
M. Simard: M. Prévost.
M. Prévost (André): M. le Président, MM. les
membres de la commission, tout d'abord, je vais préciser mon rôle
auprès de cette commission. Je ne représente pas l'AAVC ou
l'Association des assureurs-vie du Canada auprès des
Québécois, mais je représente les assureurs-vie du
Québec auprès de leur association nationale. C'est à ce
titre que je suis membre du comité exécutif, un peu dans le
même esprit que font et feront nos élus dans l'application de
l'accord du lac Meech.
Le président du conseil, conscient de la réalité
québécoise, a clairement déclaré que,
dorénavant, II en revient aux assureurs-vie du Québec de prendre
leur destinée en main dans le respect de tous les assureurs-vie du
Canada.
Le comité du Québec de l'Association des assureurs-vie du
Canada représente l'effectif actuel de celle-ci au Québec, soit
plus de 3500 adhérents, regroupés dans neuf associations
régionales d'assureurs-vie qui sont affiliées à l'AAVC et
qui se répartissent dans toute la province. L'Association des
assureurs-vie du Canada est une association professionnelle, à
adhésion facultative, de quelque 19 000 agents d'assurance-vie qui, au
Canada, pratiquent le commerce de l'assurance-vie, soit exclusivement, soit en
même temps que d'autres activités professionnelles se rapportant
aux services financiers.
L'AAVC a été fondée en 1906 et elle fournit
à ses membres un vaste programme de formation professionnelle. Elle
compte 83 employés à temps plein, dont 18 francophones incluant
des fiscalistes, des comptables, des avocats, des linguistes, etc. Nous avons
également un bureau à Montréal. (23 heures)
M. Simard: M. le Président, à ce moment, j'aimerais
vous demander la permission de présenter deux sujets qui ont
été soumis à votre secrétaire, M. Major. Un sujet
étant un ensemble d'annexés permettant de vérifier
certaines informations et, en deuxième lieu, j'aimerais vous
présenter le projet éducatif total de l'Association des
assureurs-vie du Canada. Est-ce que nous avons...
Le Président (M. Baril): Vous avez la permission.
M. Simard: Merci.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez des copies?
C'est très bien. M. le ministre, vous avez du travail devant vous. C'est
très beau.
M. Fortier: Est-ce que je suis supposé lire cela avant
minuit?
M. Garon: Le ministre est supposé avoir lu cela et l'avoir
compris. On lui fera passer un examen dans six mois.
M. Fortier: M. le Président, vous allez être
obligé de vous remonter.
Le Président (M. Baril): Je pense que je suis encore
correct, je vous vols encore.
M. Simard: M. le Président, voici ce que cela prend pour
devenir assureur-vie agréé au Canada. Merci. M.
Prévost.
M. Prévost: Le comité du Québec de
l'Association des assureurs-vie du Canada applaudit au document de consultation
qu'a publié le gouvernement du Québec sous le titre La
réforme des institutions financières au Québec
"Décloisonnement des intermédiaires".
J'estime qu'il s'agit là d'une façon exhaustive et souple
d'aborder l'élaboration d'un cadre législatif
réglementaire qui soit favorable au marché des services
financiers dans l'évolution de cette province. Le comité du
Québec approuve les objectifs de réglementation qui sont
exposés à l'aide du document, soit de procurer de meilleures
possibilités de croissance des intermédiaires en assurances et de
garantir une protection adéquate des intérêts du grand
public et de ceux des consommateurs d'assurances.
En ce qui concerne l'élargissement des champs de pratique, il ne
faudrait pas empêcher les Intermédiaires en assurances de
personnes de détenir un permis les habilitant à vendre d'autres
produits et services financiers, mais le leur permettre, sous réserve,
bien entendu, qu'ils remplissent certaines conditions d'ordre éducatif
et qu'ils soient soumis à toute la réglementation qui s'applique
à ces produits et à ces services.
De l'avis du comité du Québec, dans les secteurs des
services financiers, le cuimul des permis et la multkdisciplinarité
constituent deux procédés de commercialisation viable, mais il
est inapproprié de réserver aux intermédiaires
indépendants la participation à ces équipes
multidisciplinaires. Ils recommandent que tout intermédiaire en
assurances de personne, détenteur d'un permis, ait le droit de faire
partie d'une équipe multidisciplinaire.
Le comité du Québec n'est pas contre le principe des
réseaux de distribution de produits et de services entre institutions
financières, à la condition toutefois que la vente au
détail des produits et des services du secteur des assurances de
personnes en soit exclue.
Afin d'éviter au consommateur tout risque de contrainte et
d'intimidation, il ne faut pas octroyer de permis d'Intermédiaire en
assurances de personnes à un dirigeant ou à un employé
d'une banque, d'une société de fiducie, d'une
société de prêt, d'une corportative de crédit, d'une
caisse populaire ou d'une société de financement, quand ses
intervenants sont, de par leur position, en mesure de recourir à la
contrainte ou à l'intimidation pour réaliser des affaires
d'assurances. Le comité du Québec recommande que la province de
Québec modifie ses règlements concernant l'octroi des permis et
certificats, de sorte que l'une des conditions de détention du permis
d'intermédiaire en assurances de personnes soit que le détenteur
ne saurait être en mesure de recourir à la contrainte ou à
l'intimidation pour réaliser des affaires d'assurances. Il recommande,
en outre, de considérer le fait que tout dirigeant ou employé
d'une banque, d'une société de fiducie, d'une
société de prêt, d'une corporative de crédit, d'une
caisse
populaire ou d'une société de financement est en mesure
d'offrir des incitatifs ou bien d'employer la contrainte ou l'intimidation pour
contrôler, ordonner ou réaliser des affaires d'assurances.
Le comité du Québec approuve la proposition avancée
dans le document de consultation, soit de légiférer contre les
ventes liées afin de protéger de façon adéquate les
consommateurs de produits et de services financiers. Il recommande que la vente
liée soit expressément interdite dans les législations
régissant, au Québec, les institutions financières et que
les infractions à cet égard soient passibles de peines
appropriées. De plus, il recommande qu'en aucun cas, une institution
financière ne soit autorisée à exiger d'un client, comme
condition d'octroi d'un prêt ou d'un autre service, II remette une
proposition d'assurance à l'assureur, à l'agent d'assurances ou
à l'intermédiaire en assurances de personnes en particulier.
Le comité du Québec appuie globalement la proposition
énoncée dans le document de consultation, en ce qui concerne la
divulgation des liens entre les intermédiaires et les diverses
compagnies d'un réseau. Il recommande que l'intermédiaire en
assurance de personnes soit tenu de divulguer le nom de la compagnie pour le
compte de laquelle il a l'intention de placer un contrat, qu'il soit tenu de
divulguer tout conflit d'intérêts dont il a connaissance et qu'il
soit tenu de révéler tout lien de propriété ou
toute entente contractuelle qu'il a avec d'autres cabinets du secteur des
services financiers.
En ce qui concerne la divulgation et la rémunération de
l'agent, le comité du Québec recommande que, chaque année,
l'assureur envoie au titulaire d'une police d'assurance-vie un état de
compte indiquant toute fluctuation des coûts et des avantages de sa
police. Il recommande, en outre, que les intermédiaires en assurances de
personnes détenant un permis ne soient pas tenus de divulguer le montant
de leur rémunération au moment de la réalisation de la
vente.
Le comité du Québec ne voit pas d'objection au partage des
commissions entre intermédiaires en assurances de personnes,
détenteurs d'un permis. Mais le partage des commissions avec une
personne ne détenant pas de permis pose certains problèmes au
consommateur, notamment une protection insuffisante, vente à rabais et
contraintes.
U recommande que le partage des commissions pour la vente des contrats
d'assurance-vie ne soit permis qu'entre des personnes qui auront
été formées pour donner des conseils et fournir des
services dans ce domaine et qui détiennent les permis
appropriés.
Le comité du Québec a de sérieuses réserves
à faire sur la possibilité d'autoriser les paiements d'une
commission de référence à une personne ne détenant
pas de permis. Il recommande donc qu'un tel paiement ne soit pas
autorisé lorsqu'il constitue une partie proportionnelle de la commission
payée à titre de souscrip- tion d'assurance-vie.
Évidemment, on n'a aucune objection au paiement d'honoraires à
d'autres professionnels. Il devrait être interdit aux
intermédiaires et aux institutions financières de partager des
renseignements confidentiels sur un client, sauf si celui-ci a consenti, par
écrit, à la communication des renseignements confidentiels
précis. Le comité du Québec recommande que les
renseignements confidentiels ne puissent devenir accessibles qu'avec le
consentement préalable et par écrit du client.
Le comité du Québec s'oppose à ce que soit
autorisé le rabais de primes car cette pratique ferait monter les prix
et les taux de résiliation et ferait baisser la qualité du
service fourni au consommateur. Il recommande que, dans l'intérêt
des consommateurs du Québec, soit maintenue la restriction actuelle
concernant le rabais de primes d'assurance, telle qu'elle est stipulée
à l'article 342 de la Loi sur les assurances du Québec.
Quant à la question de la séparation des locaux, le
comité du Québec est d'avis que le fait de permettre à une
institution financière de partager des locaux avec une filiale, ou une
coporation affiliée, d'assurances, même si elles sont
concrètement séparées l'une de l'autre, notamment par des
enseignes distinctes, ne suffit pas à donner au consommateur une
idée suffisamment claire de ce que ces organisations distinctes ont
à lui offrir en matière de services.
Il recommande qu'un assureur, une agence d'assurances ou un
intermédiaire en assurances de personnes, qui est une filiale d'une
institution financière ou qui est affiliée à celle-ci,
soit tenu de se trouver dans des locaux distincts de ceux du bureau
général ou du bureau d'affaires de l'institution
financière en question.
Le comité du Québec appuie le principe de la
création d'un conseil des assurances de personnes dans le cadre d'une
compétence provinciale aux fins de la réglementation des
intermédiaires en assurances de personnes. Il recommande qu'un conseil
des assurances de personnes soit créé dans l'industrie des
assurances de personnes pour remplacer le système actuel de
réglementation des intermédiaires en assurances de personnes et
que les décisions du conseil soient soumises à la révision
de l'Inspecteur général des institutions financières.
Le comité du Québec est d'avis que le service à la
clientèle est la responsabilité conjointe des compagnies
d'assurance-vie et des intermédiaires en assurances de personnes. Dans
le cas où l'assureur accepte une proposition d'un intermédiaire
en assurances de personnes qui est recommandé par un autre assureur,
l'assureur qui accepte ainsi la proposition assume, à l'égard de
celle-ci, la même responsabilité que lorsqu'il traite avec un
intermédiaire recommandé par lui.
Le comité du Québec recommande que reste en vigueur la
clause de ('article 332 de la Loi sur les assurances du Québec qui
stipule que l'intermédiaire en assurances de personnes doit
se faire recommander par un assureur et que la législation
actuelle concernant les contrats et les agences soit maintenue afin de
régir la responsabilité des assureurs à l'égard de
la conduite des intermédiaires en assurances de personnes qu'il
recommande et à l'égard de toute affaire qu'un assureur accepte
d'un intermédiaire qui est recommandé par un autre assureur.
Le comité du Québec acquiesce à l'engagement qu'a
pris l'Association des assureurs-vie du Canada de veiller au perfectionnement
professionnel permanent de ses membres du Québec. Au fil des
années, l'AAVC est parvenue à élaborer, à
l'intention de ses membres, un programme exhaustif de formation professionnelle
qui couvre les domaines de l'assurance-vie et de la planification
financière et dont l'aboutissement est l'octroi des titres
d'assureur-vie agréé et de conseiller financier
agréé.
Le comité du Québec recommande que l'Association des
assureurs-vie du Canada et l'Association provinciale des assureurs-vie du
Québec aient toutes deux le droit d'élaborer et de mettre
à la dispositon des intermédiaires en assurances de personnes de
la province de Québec les programmes de formation professionnelle et le
matériel didactique qui permettent à ces intermédiaires de
se conformer aux normes de connaissance et de compétence qui sont
recommandées par le conseil des assurances de personnes et
approuvées par l'Inspecteur général des Institutions
financières.
En ce qui concerne un code uniforme de déontologie, le
comité du Québec recommande que le conseil des assurances de
personnes du Québec rédige et prescrive un code de
déontologie à l'intention des intermédiaires en assurances
de personnes, qu'il fasse enquête sur tout écart de conduite de
ceux-ci et qu'il prenne les mesures disciplinaires qui s'imposent dans chaque
cas.
Quant à la réglementation des conseillers en planification
financière et à l'utilisation du titre de conseiller en
planification financière ou toute appellation de même nature, le
comité du Québec recommande que le titre de conseiller financier
agréé soit reconnu comme appellation appartenant à la
catégorie de conseiller en planification financière.
Le comité du Québec appuie le mémoire soumis
conjointement, en janvier 1988, par l'AAVC et l'ACCAP aux ministres provinciaux
responsables des services financiers, qui recommande la création d'un
conseil consultatif des services financiers dans chaque province, pour y aider,
à titre consultatif, le ministre provincial concerné et prendre
part à l'élaboration des règlements appropriés,
uniformes à appliquer à chacun des groupes qui offrent au public
des services de planification financière.
Il recommande qu'un conseil consultatif des services financiers soit
créé dans le but d'assister le ministre qui, dans la province,
est responsable de la réglementation de l'industrie des services
financiers.
Le comité du Québec est lui aussi d'avis qu'il est
pratiquement inévitable que les services offerts par le conseiller en
planification financière donnent lieu à des conflits
d'intérêts et que ces derniers devraient être
contrôlés par de strictes conditions de divulgation. Il recommande
donc que quiconque se présente comme planificateur financier soit tenu
de procurer à son client potentiel une déclaration écrite
sous forme de lettre de mission qui divulgue tous les détails
pertinents.
C'est la fin de la présentation du sommaire.
Le Président (M. Baril): Merci. M. Simard: M. le
Président!
Le Président (M. Baril): M. Prévost. Excusez-moi,
M. Simard.
M. Simard: J'ai entendu, au cours de cette semaine, plusieurs
prétentions et j'aimerais corriger certains faits ici. J'ai entendu les
porte-parole de l'Association canadienne des planificateurs financiers
prétendre qu'ils étaient les seuls à offrir un cours
complet en anglais et en français, et ce, depuis 1977. J'aimerais vous
soumettre que l'Association des assureurs-vie du Canada, depuis 1946, rend
accessible à ses membres, en français et en anglais, partout au
Canada, les cours de développement professionnel que représente
le "syllabus" AVA.
J'ai aussi entendu un membre de cette honorable commission parler
d'inflation verbale en ce qui a trait au cours de développement
professionnel. Alors, je vous soumets un peu d'inflation littéraire et
académique, M. Garon.
L'AAVC rend accessible à ses membres un programme de
développement professionnel en français et en anglais qui
comporte les éléments suivants: la base, CFAV, deux ans, 90
heures de cours, 90 heures de travaux pratiques; techniques de planification
financière, un an, 45 heures de cours, 45 heures de travaux pratiques,
cours AVA, douze matières, 540 heures de cours, 144 heures d'examens ou
de travaux de contrôle et le cours de conseiller financier
agréé, dont l'AAVC vient de faire l'acquisition de l'American
Collège of CLU au coût de 375 000 $ et dont le premier cours a
été mis sur le marché pour les membres du Québec
à compter de ce printemps, 135 heures de cours pour l'ensemble des trois
matières du cours de conseiller financier agréé. Ce qui
donne, pour le projet éducatif de l'AAVC, un total de 810 heures de
cours pour un assureur-vie.
J'ai entendu la Commission des valeurs mobilières parler d'une
formation supérieure pour les courtiers ou représentants en
valeurs mobilières qui était assumée par l'Institut
canadien des valeurs mobilières et dont le contenu est approuvé
par la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Je vous soumets aussi qu'une formation
continue à la Chambre des notaires, au Barreau, à
l'Institut des banquiers, à l'Ordre des ingénieurs, à
l'Ordre des CA est assumée par ces différentes organisations qui
peuvent être de nature nationale ou provinciale.
J'ai aussi entendu, lors de la présentation du mémoire des
membres de la Chaire en assurance de l'Université Laval, parier de
dualité entre les cours de formation donnés dans les
cégeps et les universités. Il y a aussi une dualité dans
la formation professionnelle pour les assureurs-vie au Québec.
C'est la fin de notre présentation.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre.
M. Fortier: Merci, M. Simard. En ce qui concerne le
décloisonnement, c'est peut-être normal que vous recoupiez
beaucoup de concepts. En fait, vous acceptez, dans les grandes lignes,
plusieurs des idées qu'on a mises de l'avant dans le document de
consultation sur le décloisonnement. De fait, les assureurs-vie sont
décloisonnés, au Québec, depuis déjà
quelques années. J'imagine que plusieurs de vos membres en ont
profité. (23 h 15)
J'ai pris note de vos commentaires sur les ventes liées, qu'on
appelle de plus en plus les ventes forcées, pour faire une distinction.
Vous êtes en faveur de la divulgation des liens, de la divulgation des
associations, de la divulgation complète des conflits
d'intérêts provenant des alliances commerciales possibles. Alors,
quant à la propriété, à l'égard de la
recommandation sur la propriété des maisons de courtage dans le
domaine de l'assurance-vie, je vois que vous n'y voyez pas d'objection. C'est
la recommandation no 29 de votre document, je pense, les
propriétés de corporations d'agents, de courtiers et de cabinets
multidisciplinaires. Vous dites: "Dans la conjoncture de renouvellement de la
réglementation des services financiers, le comité du
Québec ne fait pas opposition à l'intégration des services
financiers." Comme vous le savez, dans d'autres domaines, M. Simard, vous
étiez présent ici toute la semaine, il y en a qui s'y
opposent.
J'imagine que dans le secteur de l'assuran-ce-vle, même si des
courtiers étalent indépendants, vous ne voyez pas d'objection
à ce qu'ils soient achetés par une compagnie d'assurance-vie.
Pourriez-vous élaborer pour d'autres domaines? Dans l'assurance
générale, il y en a qui y voient des objections. Qu'est-ce qui
fait que dans le domaine de l'assurance-vie les gens ne voient pas d'objection
de façon générale? Je sais que c'est assez
généralisé dans votre secteur à vous en ce qui
concerne la propriété des corporations d'agents, de courtiers et
de cabinets multidisciplinaires par des compagnies d'assurances?
M. Simard: M. le Président, je vais demander à M.
Michel Coulombe de répondre à cette question, s'il vous
plaît.
M. Coulombe (Michel): Si je comprends bien, M. le
Président et vous M. le ministre, quand vous parlez de
propriété d'agence, vous parlez d'acquisition par un
distributeur, par une compagnie d'assurances, de groupes de courtiers.
M. Fortier: Je crois que c'est votre recommandation no 29. Est-ce
que c'est cela?
M. Coulombe: La recommandation dit: "Dans la conjoncture de
renouvellement de la réglementation des services financiers, le
comité du Québec ne fait pas opposition à
l'intégration des services financiers par le biais de la
copropriété d'institutions financières. Plus
précisément, il n'a aucune objection à ce qu'une
institution financière puisse acquérir et contrôler une
filiale ou une corporation affiliée d'intermédiaires en
assurances de personnes, à condition que cette dernière continue
de fonctionner conformément aux lois provinciales régissant les
intermédiaires en assurances de personnes."
Dans votre question, je comprends clairement la propriété
de la distribution par l'entremise de la propriété du
distributeur de produit, c'est-à-dire l'assureur par l'entremise de
l'intermédiaire. Dans mon esprit, il faut faire une distinction
importante entre ces deux entités, entre l'assureur qui fait un produit
et le distributeur qui le distribue.
M. Fortier: Pour bien se comprendre, une compagnie
d'assurance-vie existe et à un moment donné il y a des courtiers
indépendants dans le domaine de l'assurance-vie, j'imagine, et qui
peuvent oeuvrer en compagnies limitées. Est-ce que par cette
recommandation vous me dites que vous n'avez pas d'objection à ce qu'une
compagnie d'assurance-vie achète les actions d'un courtier
d'assurance-vie?
M. Coulombe: Aucune objection.
M. Fortier: Aucune objection. J'essayais de comprendre la
différence de mentalité parce qu'on pourrait y voir
également... J'imagine qu'un courtier d'assurance-vie c'est pour vendre
des produits...
M. Coulombe: De différentes...
M. Fortier: ...de différentes compagnies. Remarquez bien
que c'est ce que nous proposons nous aussi. Vous êtes en concordance avec
ce que nous proposons. Mais j'essayais de comprendre la mentalité
différente dans le domaine de l'assurance-vie, le domaine de l'assurance
générale. J'imagine que parce que votre expérience dans le
domaine de l'assurance-vie est telle, votre vécu dit que même si
une compagnie était détentrice des actions cela n'a jamais
créé de problème dans le passé. Est-ce
l'expérience
que vous avez?
M. Coulombe: M. le ministre, je n'ai jamais eu l'occasion de
travailler pour une institution qui détenait les actions de ma
compagnie. Si, par exemple, une compagnie d'assurance-vie achetait des actions
de ma propre compagnie de distribution, je me verrais mal placé de
protéger le consommateur aussi bien que je le fais actuellement.
C'est-à-dire qu'il faudrait que les règles soient bien
établies pour que le consommateur continue d'être bien
protégé. Je n'ai actuellement aucun lien avec un assureur
précis. J'ai des liens avec un groupe d'assureurs et je peux ainsi
servir le consommateur de façon maximale.
M. Fortier: Dans votre cas, vous êtes réellement un
courtier qu'on peut appeler complètement indépendant.
M. Coulombe: Oui.
M. Fortier: Néanmoins, vous ne voyez pas d'objection ou
votre groupe ne voit pas d'objection à ce qu'une compagnie
détienne la propriété à condition, comme vous le
dites, qu'il y ait des règles précises, "China waN", pour assurer
l'autonomie administrative de la filiale.
M. Coulombe: Exactement.
M. Fortier: Cela deviendrait une filiale à ce moment.
M. Coulombe: Exactement, M. le ministre.
M. Fortier: En ce qui concerne la planification financière
qui est un sujet qu'on a discuté assez longuement mardi, trois ou quatre
groupes sont venus mardi dernier nous parler de planification
financière, entre autres, Lacaille & Ouellet, l'institut de
planification financière, M. Simard était là, et un des
concepts qui a été mis de l'avant était que c'est assez
difficile de gérer la planification financière isolément
dans la mesure où on doit avoir recours à plusieurs experts dans
différents domaines pour pouvoir faire un tableau complet de la
situation.
Cela m'amène à vous poser des questions sur votre
vécu en tant qu'assureur-vie. Même si quelqu'un passe un examen
dans le domaine de la planification fiancière, très souvent,
j'imagine qu'il fonctionne seul. La proposition, en particulier, de Lacaille
& Ouellet allait dans le sens que ce serait difficile, même pour un
individu, d'être expert en tout. D'ailleurs, vous l'avez dit
vous-même qu'il devrait avoir accès à un groupe
spécialisé capable de l'aviser dans le domaine de la
planification financière.
Par rapport à la façon dont les assureurs-vie
fonctionnent, quelle est votre expérience et dans quelle mesure cette
exigence devrait-elle être maintenue; ou dans quelle mesure vos
assureurs-vie, lorsqu'ils font de la planification financière,
réfèrent-ils les gens à d'autres experts le cas
échéant ou si c'est utilisé pour dire à la personne
qui demande qu'on lui fasse sa planification financière: Maintenant
qu'on a fait votre planification financière, vous devriez acheter des
produits d'une compagnie d'assurance-vie? Qu'est-ce que vous entendez par
planification financière et de quelle façon se fait-elle dans le
moment, en pratique?
M. Simard: Je vais demander à M. Gingras de
répondre, en partie, à cette question, M. le
Président.
M. Gingras (Pierre): Je crois, M. le Président, qu'il faut
faire une distinction entre les différents consommateurs. Lorsque nous
parlons de la masse de la population, l'assureur-vie est en mesure très
adéquatement de travailler et de faire une planification adéquate
pour ces consommateurs. Cependant, lorsque nous avons affaire à des
conventions d'achat-vente ou à des successions beaucoup plus
importantes, je crois qu'il est nécessaire de faire appel aux services
de personnes plus qualifiées, que ce soit des avocats, des comptables
agréés ou des notraires.
À ce moment-là, les assureurs-vie travaillent, surtout les
CLU, avec beaucoup de facilité avec ces différents professionnels
pour trouver la meilleure solution aux problèmes, sans aucune
difficulté.
M. Fortier: Quand vous dites: pour la masse des gens, à ce
moment-là, quel est le client type?
M. Gingras: Nous parlons de tout citoyen qui gagne un revenu
inférieur à 50 000 $. La majorité des assureurs-vie ont la
compétence nécessaire, surtout les CLU, pour être capables
de servir adéquatement, sans autre intermédiaire, le client. Mais
à un niveau plus élevé que 50 000 $, plus les revenus sont
élevés, plus la succession est élevée, plus nous
avons besoin de professionnels.
M. Fortier: Je vais passer et je reviendrai.
Le Président (M. Baril): Merci M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je vais m'adres-ser à M.
Simard, parce que je n'ai pas trop compris son allusion à l'expression
que j'ai utilisée, "inflation verbale". Il n'a pas eu l'air d'aimer
cela. Je ne sais pas. Alors, j'aimerais vous voir en dire davantage
là-dessus.
M. Simard: À un moment donné, cette semaine, M. le
député, vous avez mentionné, cet après-midi, Je
crois, que vous aviez entendu beaucoup d'intervenants qui faisaient de
l'inflation verbale quant à la qualité de leur système ou
leurs projets de développement professionnel.
Alors, j'ai tout simplement voulu souligner que notre projet, notre
programme de développement professionnel n'était pas de
l'inflation verbale, mais était un programme précis, concret et
complet.
M. Garon: J'ai eu l'impression en lisant votre document que vous
disiez la même chose que moi, puisqu'à la page 26, quand vous
demandez de réserver le titre de conseiller en planification
financière à des gens qui auraient passé des examens et
qui seraient qualifiés. C'est à cela que je faisais allusion tout
simplement. Il y a des gens qui ont des titres qui paraissent bien, conseiller
en finance ou conseiller en planification financière, par exemple, mais
qui n'ont pas nécessairement le "background" qui va derrière
ça. Vous dites la même chose au fond quand vous dites que les
titres devraient être réservés à des gens dont les
qualifications justifient le titre qu'ils utilisent. C'est ce que je voulais
dire.
Je vis dans le secteur, étant avocat et économiste, mais
tout le monde ici peut se dire économiste. C'est un titre qui n'est
réservé à personne. Même le premier ministre se dit
économiste, alors qu'il est plutôt avocat fiscaliste. Mais
personne ne peut l'interdire. Réal Caouette disait même que tous
les créditistes étaient des économistes. J'appelle
ça de l'inflation verbale. Je ne disais pas ça dans un sens
péjoratif pour ceux qui utilisent des titres pour lesquels ils se sont
qualifiés. Tout le temps où j'ai interrogé les
intervenants, vous avez remarqué que mes questions ont été
dans le sens qu'un titre devait annoncer une qualification, une
compétence. J'ai même dit qu'elle devrait être la
même, qu'on soit employé ou indépendant. C'est ce à
quoi je référais et pas plus. Je n'ai jugé aucune des
associations. Mais quand on me disait, par exemple, qu'avoir des
qualifications, c'était avoir un secondaire V de base et 50 heures, ce
n'est pas beaucoup dans ces domaines. C'est ce à quoi je faisais
allusion. J'ai l'impression en lisant votre document que vous dites la
même chose que moi, mais en d'autres mots.
M. Simard: Est-ce que vous aimeriez que je réponde
à cela, M. le Président?
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Simard: J'aimerais vous suggérer que le titre de
conseiller financier agréé ne peut être obtenu
qu'après avoir été désigné assureur-vie
agréé. Pour devenir assureur-vie agréé, il faut
passer à travers un matériel. Dans ce matériel, dont je
vais vous faire l'exposé, il y a: "Comment placer son argent dans les
valeurs mobilières au Canada" de l'Institut canadien en valeurs
mobilières; "Gestion financière" de Weston, Brigham and Halpern;
"L'assurance-vie et les rentes" de Arthur Pedoe and D.S. Rudd;
"Éléments de planification successorale, Loi sur l'assurance-vie
au Canada", de Bruce McDonald et Genevière Faribault;
"Éléments d'assurance collective" de George Watson et Bernard
Ouimet; "Éléments des régimes de rentes au Canada" de
Basil Spur; "Droit fiscal-Planification des assurances et des successions" une
publication de l'AAVC; "L'économique-tome I", de McConnell; "Les bases
de la communication" de Myers and Myers; "Le droit des affaires" de Archambault
et Roy; et "La comptabilité" de Meigs et Sylvain.
Vous avez, à l'intérieur de vos annexes, les document 10
et 12 qui relatent l'ensemble du syllabus ainsi que le matériel
nécessaire pour parvenir à cette désignation et qu'avant
de s'inscrire au cours de conseiller en planification, il faut avoir
étudié cette matière-là et avoir ensuite fait trois
autres cours pour obtenir la désignation de conseiller financier
agréé.
M. Garon: Voyez-vous une contradiction entre ce que vous dites et
ce que je dis?
M. Simard: Pas vraiment, non.
M. Garon: D'accord. Je n'en vois pas, c'est pour cela que je me
demandais si vous en voyiez une. Ce que je disais essentiellement, c'est qu'il
y a beaucoup de titres de différentes natures; il y en a qui sont
réservés et d'autres qui ne le sont pas. Le consommateur doit
être à même d'évaluer, par le titre que quelqu'un
utilise dans le secteur des institutions, comme intermédiaire financier,
des titres qui représentent une qualification. Le danger, c'est qu'on
puisse utiliser des titres qui ne représentent pas de qualifications.
J'allais plutôt dans le sens de dire que, lorsque quelqu'un a un titre de
quelque nature qu'il soit, il y ait une qualification exigée
formellement pour porter ce titre pour la protection du public. Je pense qu'on
dit la même chose au fond. (23 h 30)
Concernant les cours que vous donnez, je regardais l'inventaire des
cours. J'avais déjà remarqué que la plupart
étaient... Et là je ne pose pas une question dont je sais la
réponse.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Pardon? C'est parce qu'il y en a qui posent des
questions dont ils savent les réponses.
M. Fortier: Cela, c'est à l'Assemblée
nationale.
M. Garon: Non, des fois on le fait pour le faire imprimer. Des
fois on le fait pour d'autres raisons. Mais je ne la pose pas comme quelqu'un
qui sait la réponse. C'est pour cela que je vous le demande. Dans les
cours qui sont faits, j'ai remarqué que plusieurs provenaient de
l'Ontario et qu'ils étaient traduits en français. Est-ce que cela
veut dire que le cours a été pensé en fonction du Canada?
Comme les assurances sont de juridiction provinciale et que la plupart des
secteurs dans ce domaine-là sont de juridiction
québécoise, en vertu de l'article sur la propriété
et les droits civils de la constitution qui dit que ces secteurs-là sont
sous la compétence du Québec, est-ce que les volumes, que je n'ai
pas lus, sont des cours valables, qui ont été pensés en
fonction du Québec ou s'ils ont été pensés en
fonction de l'Ontario avec, après cela, une revue quand ils sont
traduits en français, pour être adaptés au
Québec?
M. Simard: M. le Président, le cours est administré
par le comité de l'éducation de l'Association des assureurs-vie
du Canada en consultation avec le service d'extension de l'Université de
Toronto et l'École des hautes études commerciales affiliée
à l'Université de Montréal. Et les cours ne sont pas
traduits, mais vulgarisés et il y a une nuance entre une traduction et
une vulgarisation. Et j'ai le goût de vous parler d'une petite situation.
C'est que votre honorable ministre, M. Parizeau, qui a présenté
la loi 74 ou 75, en 1985...
M. Garon: Sur quoi?
M. Simard: La loi 75 sur le décloisonnement...
M. Fortier: C'est en 1983. M. Simard: C'est en 1983? M.
Garon: Sur les assurances? M. Fortier: Sur les assurances.
M. Simard: L'AAVC a été la première à
réagir en mettant sur pied un cours de techniques de planification
financière pour les assureurs-vie au Québec parce que la
déréglementation, à toutes fins utiles, ou le
décloisonnement n'existait pas en Ontario, comme on le sait tous. L'AAVC
a réagi très rapidement et a rendu disponible, pour les
francophones du Québec, un cours qui s'appelle "Techniques de
planification financière" permettant à des assureurs-vie qui ne
désiraient pas s'intégrer dans un cours développé
comme le cours AVA d'aller chercher quand même des informations, des
notions ou des pratiques de commercialisation en ce qui a trait à la
planification financière. Alors l'AAVC a rendu cela accessible aux
francophones du Québec.
M. Garon: Au paragraphe 3 de la page 5, vous dites que votre
association et l'Association provinciale des assureurs-vie du Québec
devraient avoir chacune son programme de formation professionnelle et le
matériel didactique qui permettraient à ses intermédiaires
de se conformer aux normes de connaissances et de compétences qui sont
recommandées par le Conseil des assurances de personnes et approu-
vées par l'Inspecteur général des institutions financiers.
Cela coûte beaucoup plus cher de faire cela. Mais est-ce que c'est parce
qu'il n'y a pas vraiment d'entente ou qu'il n'y a pas de possibilité
d'entente entre les associations ou..
M. Simard: M. le Président, je vais demander à M.
Prévost de répondre à cette question, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Baril): M. Prévost.
M. Prévost: M. le Président, M. le
député de Lévis, vous retrouvez aux annexes 3 et 3a une
des raisons de notre prise de position. À la suite d'une enquête
faite auprès de nos membres, la vaste majorité, 90 % des 900 et
quelques répondants, ont demandé le libre choix. Il avait
été soumis aux membres des observations et
éclaircissements concernant les recommandations du comité ad hoc.
Parmi nos recommandations, on recommandait que IAPAVQ soit seul responsable au
Québec de la distribution des programmes, mais par contre, qu'ils
puissent être accessibles à tout le monde. Quatre-vingt dix pour
cent des 900 et quelques répondants étaient d'accord avec notre
prise de position. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons pris cette
position, c'est a la demande des membres.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Où est la conclusion? Je n'ai pas lu tout le
document, je viens de l'avoir. On dit qu'un comité conjoint de travail a
été formé, mais je vois que votre résolution...
Vous ne vous êtes pas entendus ou quoi?
M. Prévost: Pardon?
M. Garon: La résolution dit que chacun fait ses cours.
C'est ce qu'on voit au troisième paragraphe de la page 5.
M. Prévost: Les recommandations...
M. Garon: Est-ce que j'ai mal interprété le
troisième paragraphe de la page 5?
M. Prévost: Non, vous avez...
M. Garon: Chacun fait ses cours.
M. Prévost: C'est exact.
M. Garon: C'est parce que le document...
M. Prévost: II y a libre choix.
M. Garon: Je viens d'avoir le document, il y a quelques pages,
quand même. Où sont les conclusions? Pendant que vous parliez,
j'écoutais ce que vous disiez et je regardais, je lisais le
document. On parle de comités conjoints de travail qui ont
été formés, mais qui ont abouti à dire quoi?
M. Prévost: Je pense que le mandat du comité ad hoc
est en dehors du projet de décloisonnement, mais le comité du
Québec recommande que les deux cours soient disponibles, au libre choix,
entre quelqu'un qui préfère une éducation au niveau
unviersitaire, si cela lui convient et l'autre qui voudra peut-être une
éducation plus compatible, plus pratique dans son travail de tous les
jours. Le comité du Québec recommande le libre choix de
l'éducation et des cours.
M. Garon: Je comprends.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Fortier: Si M. le député...
Le Président (M. Baril): Avez-vous fini?
M. Garon: Est-ce que j'ai fait mes dix minutes?
Le Président (M. Baril): A vous.
M. Garon: Non, c'est l'alternance. J'ai demandé si j'avais
fini mon temps.
M. Fortier: Là-dessus, je pense bien que le
député de Lévis se pose des questions. D'ailleurs, le
grouge du Québec disait au début que, malheureusement, depuis 18
mois il y avait eu une guérilla et je pense que personne ne croit
qu'elle est dans le meilleur intérêt des assureurs-vie du
Québec. Vous faisiez référence, il y a un instant, au
comité conjoint. Chaque association avait délégué
des représentants du Québec, et le comité conjoint
formé de Québécois des deux côtés avait
conclu, d'une certaine façon, qu'il était
préférable de travailler ensemble et que les
Québécois ensemble décident du genre de formation qui doit
être donnée. J'imagine que parmi les documents qui sont sur la
table, il doit y en avoir qui sont très valables, mais il peut y avoir
d'autres formules également.
N'êtes-vous pas d'accord avec moi que, dans le fond, cette
dualité qui s'est immiscée depuis 18 mois n'est peut-être
pas dans le meilleur intérêt de tout le monde au Québec et
que c'est un peu déplorable que les assureurs-vie soient divisés
de cette façon dans le moment? Je sais qu'il y a de la bonne
volonté des deux côtés, du moins, je le souhaiterais et
qu'en définitive, la recommandation qui avait été faite
par le comité conjoint selon laquelle il serait préférable
de travailler ensemble et de décider, ici au Québec, des cours
qui devraient être donnés et de la meilleure façon de le
faire, serait plus compatible avec le meilleur intérêt de tous les
Québécois. Si c'était l'objectif, est-ce qu'il y aurait
moyen d'arriver à cet objectif? Si je comprends bien, corrigez-moi si ma
compréhension des faits n'est pas tout à fait exacte, ce
comité conjoint qui avait été formé de trois ou
quatre personnes de l'asssociation provinciale, de trois ou quatre personnes de
votre groupe du Québec est arrivé à cette conclusion
conjointe et, par la suite, le comité national n'avait pas
accepté cette recommandation conjointe.
Je pense bien qu'on fait face à une situation très
difficile pour le législateur. Je suppose que la situation n'est pas
celle que l'on désire. Je pense bien que l'on préférerait
qu'il y ait plus d'harmonie au sein des assureurs-vie et qu'on emprunte des
choses. Parce qu'il y aurait moyen d'avoir un système qui fasse en sorte
que quand on est membre de l'association provinciale, on soit également
membre de l'association canadienne. Je pense que si on avait un terrain
d'entente là-dedans, on pourrait faire beaucoup de choses ensemble et on
pourrait emprunter des bonnes choses à l'association canadienne, mais en
décidant, ici au Québec, ce qu'on désire faire. Parce que
si j'ai bien compris, vous avez indiqué dans vos propos liminaires que
le président de l'association canadienne avait indiqué que,
dorénavant, votre groupe au Québec était en mesure de
prendre les meilleures décisions qui s'imposaient.
La question que je vous pose, c'est: Entre Québécois,
est-ce qu'il y a moyen de s'entendre et est-ce qu'il y a moyen d'arriver
à des solutions qui seraient dans le meilleur intérêt de
tous les Québécois, en définitive?
M. Simard: M. le Président, je vais demander à M.
Pierre Gingras, qui siégeait sur le groupe des six, de répondre
à cette question.
Le Président (M. Baril): M. Gingras.
M. Gingras: M. le Président, M. le ministre, je suis
entièrement d'accord avec vous. Les deux associations devraient
travailler ensemble dans le but de trouver un terrain d'entente sur le plan de
la formation des intermédiaires. Au comité sur lequel je
siégeais, on s'est entendus très rapidement sur le fait que
l'éducation était un domaine provincial, mais on était
tous d'accord pour dire que l'AAVC avait énormément de
vécu et d'expérience dans ce domaine et que l'association
provinciale aurait avantage à s'asseoir avec l'AAVC pour discuter d'un
programme commun.
Nous avons eu, dernièrement, une rencontre avec les gens de
l'association provinciale et j'ai la conviction que nous sommes capables,
encore aujourd'hui, d'en arriver à un accord. C'est évident qu'il
y a deux philosophies qui se rencontrent. Une où on demande que les
cours AVA soient donnés à l'université alors que l'AAVC
prône surtout un programme basé sur l'expérience pratique.
Je pense qu'il y a possibilité de trouver, à l'intérieur
de ces deux philosophies, une philosophie commune pour les
Québécois. Je suis convaincu qu'il y a des cours qui
peuvent se donner à l'université et que des assureurs-vie du
Québec auraient avantage à les suivre. Évidemment,
actuellement, beaucoup d'assureurs-vie du Québec n'ont jamais eu
l'occasion de suivre des cours aux niveaux collégial et universitaire et
leur demander demain matin d'aller s'asseoir à l'université pour
suivre un cours, c'est beaucoup leur demander.
Je crois qu'on pourrait trouver une période d'adaptation sur une
période donnée. L'AAVC, depuis quelques mois, a
énormément évolué sur ce plan. Je peux vous assurer
que nous sommes très ouverts à trouver une solution avec les gens
de l'APAVQ.
M. Fortier: J'en suis fort heureux parce qu'il me semble qu'entre
Québécois, il y aurait moyen... Malheureusement, quand il y a de
petites guerres comme cela, il y a des conflits de personnalité et c'est
peut-être normal. Vous savez, même en politique cela arrive
parfois. Je ne regarde pas le député de Lévis, mais cela
peut arriver même dans d'autres formations politiques.
Sérieusement, je pense bien que la conviction parlementaire que nous
avons aujourd'hui est de permettre aux intermédiaires de prendre tout
l'avantage dont ils pourraient bénéficier du
décloisonnement des intermédiaires qui est requis par le
décloisonnement des institutions financières. L'autre fois, nous
avions le représentant d'Investors, je ne sais pas si c'était le
président, M. Coveney, de Winnipeg, qui a pris la peine de venir de
Winnipeg. D'ailleurs, il est né à Québec, dans la ville de
Québec, et il s'exprimait dans un excellent français. Je lui ai
posé des questions à savoir pourquoi il était venu et de
quelle façon il voyait cela. Il nous disait qu'au Québec, dans
une certaine mesure, dans le secteur du décloisonnement des institutions
financières et des intermédiaires, nous sommes très
à l'avant-garde de ce qui se fait ailleurs au Canada. Maintenant, je
n'ai pas eu le temps d'élaborer avec l'Ontario. Je ne suis pas tellement
au fait de ce qui se fait en Ontario mais, en tout cas, il parlait de Manitoba,
Saskatchewan, Alberta, Colombie britannique, etc. Je pense qu'il semblait dire
que nous étions à l'avant-garde. (23 h 45)
Donc, je suis un peu désolé de voir cette guérilla
qui s'installe alors qu'il me semble que si on se regroupait dans une
association provinciale, quitte à négocier une entente avec
l'association canadienne pour dire quand on est membre de l'une on est
automatiquement membre de l'autre. Comme de raison, II faudrait s'entendre sur
les cours. J'imagine que si vous avez déposé ces livres c'est
pour témoigner de l'importance des cours par correspondance qui ont
été organisés. Vous avez raison de dire que les
échanges qu'on a eus depuis deux ou trois Jours semblaient aller
plutôt dans le sens... Le député de Lévis,
moi-même et d'autres avons posé des questions.
Il semblait qu'on devrait peut-être s'orienter de plus en plus
vers les cours collégiaux et les cours universitaires. Il y a
peut-être là deux philosophles qui s'affrontent.
J'exprime le voeu qu'entre Québécois on puisse arriver
à une entente parce qu'il serait navrant que les assureurs-vie, par des
chicanes intestines, ne puissent pas prendre avantage de tout le
décloisonnement qui leur est offert au Québec. On est
peut-être la première province en avance sur tout le monde dans le
décloisonnement des intermédiaires. Il faudrait que les
assureurs-vie, au lieu de passer leur temps à se faire des chicanes
intestines, il me semble que ce serait dans le meilleur Intérêt de
tout le monde s'ils pouvaient travailler ensemble.
En tout cas, j'exprime ce voeu. Je vois beaucoup de bonne volonté
de votre part. Je l'ai déjà dit et je le redis aujourd'hui. C'est
le souhait que j'exprime. Je crois qu'à ce moment on pourrait avoir un
système québécois, où on travaille entre
Québécois. Bien sûr, je le dis franchement, je suis
fédéraliste et j'aimerais que l'association
québécoise travaille en association avec l'association
canadienne.
Il me semble qu'il y a moyen de trouver un terrain d'entente si les
assureurs-vie voulaient se mettre à table. Comme de raison, cela veut
très souvent dire que le Québec doit faire des choses
différemment des autres provinces. Peut-être que les gens des
autres provinces voient cela avec un peu de crainte qu'on soit
différents à ce sujet.
Je ne sais pas si vous avez des commentaires. C'était le
commentaire que je voulais vous faire.
M. Simard: M. le Président, je vais demander à MM.
Gingras et Coulombe de répondre.
Le Président (M. Baril): M. Gingras.
M. Gingras: Vous remarquerez que je suis convaincu, M. le
ministre, que nous pouvons arriver à un compromis qui fera que les
assureurs du Québec pourront bénéficier de
l'expérience des assureurs-vie partout au Canada. Il est vrai que nous
avons beaucoup à leur montrer, mais on a également beaucoup
à apprendre d'eux. Si nous travaillons ensemble, nous n'en serons que
plus forts. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il est malheureux de voir
que les assureurs-vie du Québec ne peuvent pas s'entendre. Ce n'est
sûrement pas la meilleure façon de bénéficier de la
législation que vous voulez nous proposer. Alors, Je suis d'accord avec
vous.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): M. Coulombe, vous aviez autre
chose à rajouter?
M. Coulombe: Oui. Je suis parfaitement d'accord avec M. le
ministre aussi. En mon nom
personnel et au nom de tous ceux qui travaillent dans l'assurance-vie,
j'ai de l'expérience dans ce domaine et j'exprime le voeu que les deux
associations puissent en arriver à une entente.
Ce que j'ai à coeur c'est la protection des intérêts
de mes assurés d'abord, la protection de mon consommateur, celui qui me
fait confiance, celui qui achète mes polices d'assurance. Tout comme
vous, M. le ministre, je suis fédéraliste. Je suis quand
même très nationaliste quand il s'agit de parler de questions
québécoises, je suis très orgueilleux de mon Québec
mais je ne veux pas m'engloutir ici dans un système qui pourrait nuire,
à long terme peut-être, aux consommateurs. J'aime beaucoup la
concurrence, J'aime beaucoup les entreprises québécoises et que
les entreprises américaines et canadiennes se compétitionnent
chez nous. C'est bon pour le consommateur.
Ce que je vise c'est que la chicane sur le plan des émotions
c'est parti. Pour moi, je n'ai plus d'émotions de ce côté.
J'exprime le voeu, comme vous, qu'on puisse arriver à faire quelque
chose, unir nos énergies dans le même sens. C'est tout.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Coulombe.
M. Fortier: J'apprécie beaucoup.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense que le ministre exprime un voeu, mais il va
être obligé d'aller plus loin. En réalité, s'il veut
légiférer dans ce domaine, il ne pourra pas reconnaître
plusieurs associations qui vont contrôler la qualification des gens du
domaine de l'assurance.
Je vais vous donner un exemple" autrefois, il n'y avait pas de Barreau.
Les avocats apprenaient à être avocats en allant pratiquer chez un
avocat. Ils étaient clercs. L'avocat leur montrait la pratique et, je ne
sais pas comment cela arrivait, à la fin, ils étaient reconnus
comme avocat d'une certaine façon.
À un moment donné, il y a eu des associations pour
reconnaître les avocats. Cela a été le Barreau, les
comptables, différentes formations professionnelles. Je pense que
l'orientation que le gouvernement prend et que le ministre a adoptée un
peu, qui a originé du gouvernement précédent avec le
décloisonnement sous la direction de M. Parizeau à ce moment, va
dans le même sens. Je veux dire qu'il y a des divergences d'opinions sur
certaines affaires, mais il y a des points sur lesquels il n'y a pas beaucoup
de divergences d'opinions. Une des choses: je ne vois pas comment un
gouvernement va pouvoir reconnaître dans une loi plusieurs associations
pour reconnaître la qualité professionnelle d'un groupe. En tout
cas, je ne suis pas un expert là-dedans, mais je regarde ce qui se passe
dans tous les autres domaines. Il y a des regroupements, il y a des
associations et toutes sortes de choses, mais l'orientation est qu'il doit y
avoir la formation professionnelle qui va être fondamentale. Il y a
plusieurs formules possibles.
Je comprends ce que vous voulez dire quand vous parlez de la... Mais, il
y a plusieurs formules possibles. Il y a les cours, il y a les stages, il y a
toutes sortes de choses. Je regarde la formation professionnelle au Barreau,
que je connais mieux parce que je suis dans ce secteur, cela a
considérablement évolué. Je me rappelle les débats
qu'il y avait là-dessus, quand j'étais professeur à
l'université. Les gens disaient: Cela devrait être un praticien,
telle façon. Quand j'ai passé mes examens, on passait dans deux
jours les examens après trois ans d'université et un an de cours
du Barreau. On avait deux jours pour passer les examens. Les gens
étaient tellement stressés qu'ils vomissaient dans les ascenseurs
en montant à la salle des examens. Au bout de deux jours, ils avaient
passé leur Barreau ou ils ne l'avaient pas passé. Cela a
évolué.
La formule avec six étapes, je pense que c'est encore six
étapes, avec des cours et une sanction à la fin de chacune des
étapes, après cela un stage dans les bureaux. Il n'y a pas de
formule parfaite là-dedans, je pense bien, mais cela a
évolué à une formule qui n'est peut-être pas la
même aujourd'hui qu'elle va être dans dix ans. Je n'aurais pas vu
comment on en serait arrivé à avoir trois sortes
différentes d'avocats au Québec. Je pense que dans le domaine de
la formation professionnelle, quel que soit le secteur, de la minute où
le gouvernement... C'est pour cela que tantôt, je suis content, parce que
vous avez dit avec beaucoup de fierté dans le domaine de la
planification financière les gens qui portent le titre de conseiller en
planification financière, qui ont suivi nos cours, sont des gens
compétents. Vous l'avez dit avec beaucoup de fierté et je pense
que vous avez raison de le dire.
Par ailleurs, si vous avez toutes sortes de gens qui portent des titres
et qui n'ont pas nécessairement les qualifications, je vais vous dire
bien franchement, tout le monde peut être économiste dans la
salle, parce que les économistes ne sont jamais définis sur ce
plan. J'ai essayé de travailler avec les chefs de cuisine pendant des
années comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Les grands chefs, les chefs cuisiniers auraient aimé
cela avoir un statut professionnel. Ils n'ont jamais été capables
d'en avoir un parce qu'ils n'ont jamais été capables de
définir ce qu'était un cuisinier. Cela a l'air de rien. Il y en a
qui sont bons parce qu'ils ont été cuisiniers pendant 25 ans; ils
ont appris en passant d'un hôtel à l'autre. Ils ont
commencé en lavant la vaisselle et, finalement, ils sont devenus bons.
D'autres ont suivi des cours. Aujourd'hui, ils aimeraient avoir un statut
professionnel. Mais c'est très difficile à définir pour
ces raisons.
Je peux vous dire que j'ai passé beaucoup de temps
là-dessus pour essayer de leur donner un coup de main. J'ai l'impression
que si, sur le plan de l'assurance-vie, des assurances, vous ne vous entendez
pas avec le gouvernement... Pardon?
M. Fortier: Ils s'entendent entre eux autres.
M. Garon: Oui. Non, mais je pense entre eux autres ou avec le
gouvernement également, le gouvernement va être obligé de
trancher.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. Avlez-vous
quelques brefs commentaires?
M. Coulombe: J'aurais un bref commentaire à adresser
à M. le député de Lévis, M. Garon. Je
considère que ces cours ont une valeur universitaire.
M. Garon: Et?
M. Coulombe: Je considère que ces cours ont une valeur
universitaire. J'ai suivi...
M. Garon: Je ne nie pas cela du tout. Je n'entre même pas
dans le contenu. Quand je dis cela, je ne parle même pas du contenu.
M. Coulombe: Que voulez-vous dire?
M. Garon: Du cadre opérationnel, du cadre qui administrera
tout cela.
M. Coulombe: M. Garon, je suis actuellement des cours au niveau
du MBA à l'Université Laval. Nous avons une refonte en profondeur
à faire dans nos universités québécoises. Je veux
apporter une approche positive pour rendre nos cours plus pratiques. Nous avons
actuellement, avec l'association du Canada, un cours privilégié
qui regroupe autant de technlcalltês et de compétences que
d'aspects pratiques. Comprenez que les intermédiaires avant ont besoin
de quelque chose de pratique.
M. Garon: C'est pour cela que je vous disais tantôt que
j'ai vécu ces batailles avec le Barreau. J'étais professeur
d'université quand le diable était pris entre les facultés
de droit et le Barreau. Les étudiants et les grèves, j'ai vu
cela. J'étais là à ce moment-là. Mais ils en sont
arrivés à une définition; Ils sont arrivés à
définir quelque chose avec une école du Barreau et
l'université qui serait mieux ajusté et, depuis, on n'en entend
plus parler, parce que l'ajustement a été trouvé et tout
le monde a l'air satisfait à l'heure actuelle. Remarquez bien que je me
suis éloigné du milieu, mais on ne parle plus de grèves
dans les journaux comme il y en avait dans ce temps-là. Je crois que,
à ce moment-là, on en était arrivé à quelque
chose qui satisfaisait tout le monde.
Le Président (M. Baril): Merci...
M. Garon: Mais cela n'a pas été trouvé d'un
coup sec.
Le Président (M. Baril): Nous devons conclure, je
m'excuse. Si vous avez un bref commentaire, je vais l'accepter, mais un
très bref.
M. Prévost: Un bref commentaire, M. le Président.
Tout d'abord, le Collège des médecins ne donne pas de cours;
l'Université Laval n'utilise pas les mêmes bouquins que
l'Université McGill; ce n'est pas la même pratique, mais les gens
finissent par être des médecins tout aussi compétents, l'un
dans l'autre. Je ne vois pas que ce soit essentiellement... Après avoir
vécu 29 ans dans le domaine de l'assurance, j'hésiterais à
dire que mes confrères du Canada et des États-Unis qui ont suivi
les mêmes cours que moi sont moins compétents que les
assureurs-vie du Québec. Je prends mal ça.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie, monsieur.
Les mots de la fin, M. le ministre.
M. Fortier: Un mot de la fin pour toute la commission
parlementaire.
Le Président (M. Baril): Voilà!
M. Fortier: Ha, ha, ha! En deux minutes.
J'aimerais remercier nos amis de l'Association des assureurs-vie du
Canada. Vous semblez avoir indiqué le désir de trouver un terrain
d'entente. Il est bien certain, en définitive, et je suis d'accord avec
le député de Lévis là-dessus, que la pire chose
serait de forcer le législateur à trancher. S'il faut le faire,
on va être obligé de le faire, mais je crois que ce que nous
voulons réaliser, d'ailleurs on a eu des discussions toute la semaine et
on n'a pas été obligés de trancher dans d'autres domaines.
Prenez la planification financière, on a reçu des recommandations
de i'APFF, de l'Institution de la planification financière du Canada. On
va être obligés de trancher mais, finalement, on va trancher selon
des lignes directrices très claires.
On veut doter le Québec d'un système d'institutions
financières solides, compétentes et décloisonnées.
On veut assurer le décloisonnement des Intermédiaires et on veut
que les décisions se prennent au Québec sans ignorer, bien
sûr, ce qui se fait à l'extérieur du Québec, en
Ontario et au Canada, mais on veut que les décisions soient prises au
Québec. Pour quelles raisons? C'est sous notre juridiction, ce sont nos
décisions. On sait fort bien que, dans le décloisonnement des
institutions financières, quand M. Parizeau a fait le
décloisonnement des compagnies d'assurances, Ottawa criait au meurtre,
mais maintenant que c'est fait... Dernièrement,
j'ai vu un rapport de diplômés de Harvard qui disent que
c'est extraordinaire. En 1983, tout le monde criait au meurtre; maintenant, les
gens regardent le Québec et disent: On a quelque chose qui a du bon
sens...
M. Garon: ...Power Corporation...
M. Fortier: ...et, avec les bonnes politiques que nous avons
également mises de l'avant, Montréal Trust, Power Corporation,
les gens d'Imasco me téléphonent, L'Industrielle-Alliance prend
une charte du Québec, tout ça pour dire que je crois que le
Québec s'est doté d'un système d'avant-garde et je
voudrais que ce système d'avant-garde, s'applique également aux
intermédiaires.
Je crois qu'il sera très difficile de réaliser ça
si on est obligés de chevaucher plusieurs systèmes en même
temps. Bien sûr qu'il y a différentes universités; je suis
ingénieur et je sais bien qu'il y a différentes écoles de
génie au Québec, mais les écoles de génie
s'entendent entre elles ou les ingénieurs s'entendent entre eux pour
définir le genre de cours qui sera donné. Les cours ne sont pas
différents. Il n'y a pas un cours donné à
l'université et l'autre uniquement en pratique. C'est le même
genre de cours.
Je dis tout simplement que j'oserais espérer qu'on puisse arriver
à un terrain d'entente. Je crois que ce serait dans le meilleur
intérêt des assureurs-vie et des institutions financières
du Québec et d'assurer, en ce faisant, un meilleur avenir pour vous, un
meilleur développement économique pour le Québec, et
d'assurer pour le Québec, l'avenir que nous voulons pour nos enfants,
c'est-à-dire un avenir brillant et un avenir prometteur pour tous et
chacun d'entre nous. Je vous remercie.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vais être très bref, au fond. Dans le
domaine de la médecine, un corps humain en Afrique ou en Amérique
du Nord, cela se ressemble beaucoup mais les maladies peuvent varier un peu.
Dans le domaine institutionnel, on est plus collé à la population
du territoire. Quelqu'un de la Colombie britannique qui essaierait de passer
les examens du Barreau au Québec bloquerait, j'en suis certain. À
part cela, il n'aurait pas fort parce que nous n'avons pas le même genre
d'institution. On n'a pas les mêmes lois, on n'a pas le même
contrat de propriété, etc. parce que cela fait partie de
l'institutionnel. Je me rappelle que les cultivateurs n'aimaient pas beaucoup
qu'enseignent des gens qui avaient étudié l'agronomie ailleurs.
Ils disaient: Ils sont familiers avec des choses d'ailleurs, mais ici on a des
problèmes différents. Les violettes africaines c'est quelque
chose, mais ils disaient: Ce n'est pas le même genre de choses qu'ici.
Dans ces domaines, il y a toujours une partie qui nous est propre. Cela
n'empêche pas les ententes avec d'autres, surtout que la concurrence,
vous le dites dans votre document actuel ou votre document
précédent, va être davantage nord-américaine; elle
va s'internationaliser davantage mais il va aussi y avoir des caractères
locaux. Je pense que la meilleure chose qui puisse arriver, c'est que vous
soyez tous ensemble dans la même association et que vous débattiez
vos questions dans la même association. Vous dites que le cours devrait
être théorique et pratique dans telle proportion, etc. Ça,
c'est une affaire. Mais si vous faites cela dans trois associations
différentes, j'ai l'impression que cela va être bien
compliqué. Je ne suis pas convaincu que cela va être à
l'avantage de la population.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Garon. En terminant,
mesdames et messieurs, je tiens à vous remercier. Je peux vous dire que
comme président, après quatre jours d'audience, nous avons eu la
chance d'écouter des professionnels comme vous, soit 33 groupes et
pendant au-delà de 30 heures. J'en suis très heureux. Cela a
été très intéressant. Je vous souhaite un bon
voyage de retour. Je tiens à remercier tout le monde aussi: les membres
de la commission, le personnel de l'Inspecteur général des
institutions financières...
M. Fortier: Les secrétaires...
Le Président (M. Baril): ...les secrétaires et le
personnel de l'Assemblée nationale.
Nous ajournons sine die en indiquant que la commission a
complété son mandat.
(Fin de la séance à 0 h 4)