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(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Hamel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration entreprend ses travaux.
Le mandat de cette commission est d'entendre les intéressés et de
procéder à l'étude détaillée des sept
projets de loi d'intérêt privé suivants et ce, dans l'ordre
indiqué: projet de loi 205, Loi concernant la conversion de la
Fédération des caisses d'établissement du Québec,
des caisses d'épargne et de crédit qui lui sont affiliées
et de la Corporation de fonds de sécurité de la
Fédération des caisses d'établissement du Québec
ainsi que leur fusion avec la Société d'entraide
économique du Québec inc; projet de loi 214, Loi concernant
Elzéar Plourde Itée; projet de loi 217, Loi concernant Vilmont
inc; projet de loi 233, Loi concernant Les Immeubles Benoît inc; projet
de loi 242, Loi concernant le Club des Portes de l'Estrie inc; projet de loi
206, Loi concernant La Lauren-tienne, mutuelle d'assurance; projet de loi 221,
Loi modifiant la Loi fusionnant le Trust Général du Canada et la
Société d'Administration et de fiducie. Est-ce qu'il y a des
remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) remplace M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Hamel): Cela va? Le Secrétaire:
C'est tout.
Le Président (M. Hamel): J'appelle maintenant
l'étude du projet de loi 205. Oui.
M. Garon: J'aimerais savoir tout simplement ceci au début
de la commission parce qu'on a un projet de loi qu'on va étudier et il y
a des demandes de renseignements: Est-ce qu'il serait possible d'avoir les
états financiers de La Laurentienne pour 1986-1987? On va parler de
données tout à l'heure et on n'a aucun chiffre. On a un petit
rapport très succinct de l'Inspecteur général des
institutions financières. On a des données très
générales. Il me semble que ce serait une bonne affaire de savoir
de quoi on parle un peu.
M. Fortier: C'est le dernier rapport annuel que vous voulez
avoir?
M. Garon: Bien, les deux ou trois derniers rapports annuels, je
veux dire, 1985-1986, 1986-1987 ou quelque chose comme cela.
M. Fortier: On va le demander aux gens de La Laurentienne. Ils
sont à côté ici. Ils vont nous les envoyer. On va vous les
obtenir.
M. Garon: Si on les avait tout de suite parce que, autrement, si
on ne les a pas d'avance, on va commencer à regarder cela et il va
falloir parler un peu des actifs, de ces questions-là.
M. Fortier: Écoutez, on est prêt à
collaborer. Le député de Lévis aurait pu les demander
avant. S'il ne les a pas eus, on va s'arranger pour qu'il les ait.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Très bien.
Projet de loi 205
Alors, j'appelle maintenant l'étude du projet de loi 205, Loi
concernant la conversion de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec, des caisses d'épargne et de
crédit qui lui sont affiliées et de la Corporation de fonds de
sécurité de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec ainsi que leur fusion avec
Société d'entraide économique du Québec inc.
J'inviterais les requérants à prendre place, s'il vous
plaît. Je cède maintenant la parole au député de
Joliette, le député proposeur.
Remarques préliminaires
M. Chevrette: M. le Président, j'ai été mis
au courant depuis fort longtemps de ce dossier par les représentants,
surtout de la caisse d'établissement parce que c'est dans ma
circonscription électorale, et je crois que l'étude et les
critiques qui en ont été faites autant par la partie
ministérielle que par la partie de l'Opposition font en sorte que je ne
peux que vous recommander l'adoption unanime et rapide de ce projet de loi. Je
devrai m'excuser auprès des représentants parce que je supporte
un projet de loi public cette fois-ci et, de l'autre côté, un sur
les services ambulanciers. Il y en a qui disent que je le combats et d'autres,
que je le supporte. Je voudrais m'excuser auprès des dirigeants et j'ose
espérer que je pourrai revenir dans les meilleurs délais pour
continuer à suivre ce dossier que je connais pertinemment très
bien, par exemple.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le
député. M. le ministre, avez-vous des commentaires, des remarques
préliminaires?
M. Fortier: Bon, M. le Président, j'aimerais indiquer que
c'est un projet de loi privé qui est le bienvenu. Comme vous le savez,
c'est une politique du gouvernement de favoriser le regroupement d'institutions
financières. Alors, le
projet de loi va dans ce sens-là. Le gouvernement aussi favorise
le fait que nos institutions financières aient les meilleures
capacités d'intervention possible, les meilleures capitalisations
possible. En permettant la fusion de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec avec la Société
d'entraide économique du Québec inc, non seulement on crée
un réseau important, mais on va s'assurer, comme je suis sûr que
ceux qui vont présenter le projet de loi nous le diront, que cela aura
des impacts non seulement financiers, mais économiques bienveillants et
non seulement pour eux, mais pour tout le Québec. C'est donc avec
beaucoup de bienveillance et de considération que nous entreprenons
l'étude de ce projet de loi privé.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le ministre; d'autres
remarques préliminaires? M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je trouve toujours cela un peu
comique quand on dit "projet de loi privé", quand on voit que cela
touche 110 000 membres du côté de la Fédération des
caisses d'établissement du Québec et 135 000 personnes du
côté de la Société d'entraide économique, ce
qui fait presque 250 000 personnes. Cela commence à être public un
peu et je pense qu'il faut faire une étude sérieuse du projet de
loi parce qu'il touche beaucoup de monde et que, au-delà des
réseaux, il touche 250 000 personnes. Alors, notre rôle, au fond,
c'est de voir comment ces personnes-là à travers ces
opérations non seulement seront protégées, mais vont avoir
un mieux-être. Alors, c'est pourquoi nous sommes très
intéressés à étudier ce projet de loi qui concerne
des institutions qui, au niveau de l'ensemble des régions du
Québec, ont un impact considérable et qui ont été
peut-être celles qui ont le plus contribué à sensibiliser
les gens des différentes régions du Québec à
s'occuper de leur développement économique.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Merci, M. le
député de Lévis. J'inviterais maintenant le porte-parole
de nos requérants, de nos invités à s'identifier, à
identifier ses collègues et à nous présenter l'objet
même de leur projet de loi.
M. Ricard (Robert): Mon nom est Robert Ricard. Je suis
président de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec. M. Robert Arcand est président
de la Financière et de la Société d'entraide
économique du Québec. Me Gérald Lacoste, à ma
gauche, de la maison Mattineau Walker, est notre conseiller dans cette
opération et Me Daniel Picotte, aussi de la maison Martineau Walker, est
aussi notre conseiller dans cette opération.
Le Président (M. Hamel): Merci. Alors, si vous voulez
exprimer un peu l'essence de votre projet de loi.
M. Picotte (Daniel): Messieurs, essentiellement, ce projet de loi
pourvoit, comme vous le savez, au regroupement du mouvement de
l'établissement et du mouvement de l'entraide. Essentiellement, le
mouvement de l'établissement, tel qu'exposé dans la documentation
qui vous a été distribuée ou qui est disponible, se
compose de sept caisses d'épargne et de crédit régies par
la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit, d'une
fédération de caisses d'épargne et de crédit ainsi
que d'une corporation de fonds de sécurité. La
Société d'entraide économique du Québec est une
société d'entraide économique régie par la Loi sur
les sociétés d'entraide économique.
L'objet du projet de loi est de fusionner et de constituer toutes ces
personnes morales en une seule. Naturellement, une caisse d'épargne et
de crédit comme telle ne dispose pas de capital-actions, n'a pas
d'actions alors qu'une société d'entraide économique en a.
C'est la raison pour laquelle l'opération doit se faire par voie d'une
loi spéciale, doit être permise par une loi spéciale
puisque, autrement, les lois d'application générale ne le
permettraient pas. Ce sont, en somme, les faits qui sont relatés dans le
préambule et qui vous donnent le fond de scène sur lequel cela se
déroule.
Au chapitre des événements, il y a eu protocole d'entente
au printemps dernier. L'assemblée générale de cette
fédération a approuvé la fusion qui était
proposée. Il faut vous dire que les membres de la
fédération sont délégués des sept caisses
d'épargne et de crédit qui sont membres du réseau. C'est
donc dire qu'à cette assemblée étaient
représentées les sept caisses et leur direction. Par la suite,
les assemblées ont été appelées.
Si on regarde le déroulement de la loi, la séquence des
articles, si vous me le permettez, M. le Président, simplement pour
situer le débat, on a fait un article de définition parce que les
appellations étaient parfois un peu longues pour être saisies.
Alors, la définition de caisse d'établissement est sans surprise.
Celle de la Corporation de fonds de sécurité désigne la
Corporation de fonds de sécurité qui fait partie du mouvement de
rétablissement. La fédération est naturellement la
Fédération des caisses d'établissement du Québec.
La Financière désigne la Financière
Entraide-Coopérants inc. J'ai décrit il y a un moment le
mouvement de l'établissement.
Le mouvement de l'entraide, lui, est formé essentiellement de
deux entités. L'année dernière, comme certains d'entre
vous pourront peut-être en avoir pris connaissance dans les journaux, la
Société d'entraide économique du Québec s'est
dotée d'un holding, d'une société de portefeuille qui
s'appelle la Financière Entraide-Coopérants inc. Celle-ci
détient en propriété toutes les actions de la
Société d'entraide économique du Québec.
Financière Entraide-Coopérants est un holding dans lequel la
Caisse de dépôt et place-
ment du Québec, Les Coopérants, société
mutuelle d'assurance-vie directement ou par des sociétés
affiliées ainsi que plus de 100 000 ou 120 000 actionnaires qui sont
d'ex-'entraidistes", si vous me permettez l'expression, détiennent le
capital-actions. Les actions de ce holding sont inscrites à la Bourse de
Montréal et sont donc transigées sur un marché
organisé. La SEEQ est la Société d'entraide
économique du Québec inc.
L'article 2 est déclaratoire. C'est, en fait, la disposition
maîtresse du projet de loi. Il déclare que la
fédération, la Corporation de fonds de sécurité,
les caisses et la SEEQ peuvent fusionner et se convertir en une seule
entité par l'effet de loi. C'est la disposition maîtresse.
Aux fins de mener à bien cette fusion, les articles 3, 4, 5 et 6
contiennent la mécanique par laquelle l'approbation des membres est
obtenue et la mécanique par laquelle sont établies les
modalités de la fusion.
L'article 3 énumère tous les éléments du
plan de fusion dont copie, d'ailleurs, figure dans les documents qui vous ont
été distribués, tous les éléments du plan de
fusion qui doivent être prévus. Ce sont les modalités que
vous retrouvez essentiellement dans le cas de toute fusion de compagnies. Il
n'y a rien de bien extraordinaire là-dedans.
L'approbation à l'article 4 par les conseils d'administration de
chacune des entités concernées est prévue:
fédération, SEEQ et Financière.
À l'article 5, on prévoit que chaque assemblée
générale de chaque caisse d'établissement devra approuver
la fusion. Ces assemblées ont été dûment
convoquées et elles vont être tenues ce soir dans sept villes
différentes. Tous les membres vont être réunis en sept
assemblées générales spéciales différentes
dans sept municipalités, au siège social de chacune des caisses.
L'article 5 vise l'assemblée de la SEEQ. Cela ne sera pas une
assemblée houleuse, le seul détenteur des actions étant La
Financière et les assemblées spéciales auxquelles je
faisais allusion sont celles de l'article 6.
À l'article 7, on prévoit essentiellement que, si le plan
de fusion est approuvé par tous ces gens-là, déjà
les conseils d'administration de la Fédération, de^ la SEEQ et de
la Financière se sont prononcés. L'actionnaire de la SEEQ qui est
Financière essentiellement se prononce. Ce soir, les membres vont se
prononcer lors des assemblées publiques. Donc, s'il est approuvé,
il y a une demande de lettres patentes qui peut être adressée
à l'Inspecteur général des institutions financières
qui va naturellement, à cette occasion, recueillir les attestations des
secrétaires disant que tout a été dûment
approuvé et l'émission des lettres patentes va rendre la fusion
et conversion parfaite.
L'article 8 est usuel, c'est-à-dire un article qui vient
déclarer quel est l'effet de cette fusion faite par loi spéciale.
Cet article-là ne s'écarte pas de la pratique suivie à
l'égard des compagnies par actions en général, c'est une
dispo- sition usuelle en pareil cas et qui nous donne plus de
sécurité au niveau des avocats. On est certains qu'il n'y a pas
eu perte de droits ou de privilèges dans le cadre de la fusion.
L'article 9 déclare que la société issue de la
fusion sera régie par la Loi sur les sociétés d'entraide
économique temporairement. Il a fallu, dans le cadre de cet article 9,
faire certains accommodements pour tenir compte de la réalité et
de la mission, si vous voulez, de chacune des entités qui
résultent de la fusion. Ces accommodements-là sont prévus
à l'article 9. Ce sera le cadre législatif, du moins, temporaire.
Éventuellement, une continuation en vertu de la Loi sur les
sociétés de fiducie et les sociétés
d'épargne, la loi 74, que vous avez sanctionnée en
décembre dernier, est prévue.
À l'article 10, on dit que la société issue de la
fusion pourra rendre les services de courtier en immeuble. Il faut vous dire
là-dessus que les caisses d'établissement ont été
formées à l'orée des années cinquante pour
favoriser l'établissement et l'accession à la
propriété des petites gens en régions et des cultivateurs
en régions et que, par la force des choses, elles devaient rendre les
services de courtier en immeuble. C'est là une fonction importante de
l'établissement et c'est une fonction que n'aurait pas pu rendre
normalement, que n'aurait pas pu assumer normalement une société
d'entraide économique. C'est la raison pour laquelle l'article 10 a
été inséré pour permettre expressément
à la société issue de la fusion de poursuivre cette
mission.
L'artice 11 est une disposition d'ordre technique qui fait la
concordance avec la partie 1a de la Loi sur la compagnies qui, elle,
régit la Financière Entraide-Coopérants et qui a trait
simplement au capital versé, à l'inscription comptable au
registre.
Finalement, l'article 12 déclare que les articles 2 à 6 de
la loi sont censés être en vigueur depuis le 1er mai dernier.
Cette disposition, en fait, vient valider, si vous voulez, les convocations
d'assemblées qui ont déjà eu lieu, histoire de faire en
sorte que l'assemblée des membres puisse se tenir avant les vacances
d'été. C'est le sommaire, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Merci beaucoup de votre concis et
très clair exposé. M. le ministre, avez-vous des commentaires ou
remarques?
M. Fortier: Oui, je pense qu'avant de commencer l'étude du
projet de loi comme telle il y a peut-être des éclaircissements
qui seraient pour le bénéfice des membres de la commission.
Le député de Lévis indiquait tout à l'heure
que, justement, votre mouvement, la Fédération des caisses
d'établissement du Québec, M. Ricard, touchait 110 000 membres.
Je crois qu'il serait d'intérêt public que vous nous disiez les
moyens que vous avez pris pour informer vos 110 000 membres. Autrement dit,
quels sont les moyens, quel genre d'information leur avez-vous
donné?
Et dans quelle mesure vos 110 000 membres, qui ont déjà
pris position, qui prendront position bientôt ce soir, le feront-ils en
toute connaissance de cause? Quelles sont les règles
démocratiques qui ont été suivies lors de ces
réunions? De quelle façon l'opération s'est-elle
déroulée de telle sorte qu'on puisse aujourd'hui, si le
législateur appuie ce projet de loi privé, avoir la confirmation
que vous avez fait tout ce qui était en votre possible, humainement
possible devrions-nous dire, pour que les 110 000 membres puissent porter un
jugement en toute connaissance de cause? (11 h 45)
M. Ricard: D'abord, M. le Président, depuis environ une
année, les principaux intervenants de chacune des sept caisses, on parle
d'une centaine de personnes de notre réseau démocratique,
c'est-à-dire les administrateurs bénévoles, ces
gens-là ont été consultés sur plusieurs
possibilités qui pouvaient être entrevues par le mouvement. Ceci,
pour en arriver à une première assemblée
générale de tous les intervenants du mouvement qui s'est tenue en
octobre dernier, pour envisager des possibilités d'association, de
fusion ou de regroupement dans le but, d'une part, d'augmenter les
possibilités de développement de l'entreprise et, d'autre part,
d'améliorer aussi sa capitalisation. Des recherches se sont poursuivies,
les négociations ont commencé avec les sociétés
d'entraide et, le 19 mars, une autre assemblée générale
spéciale de tous les dirigeants des caisses d'établissement se
tenait à Québec, regroupant une centaine de dirigeants d'un peu
partout, des différentes régions du Québec, et ces
gens-là se sont dits, à 93 %, favorables à la poursuite
des négociations avec l'entraide.
D'autre part, par souci d'une bonne information, on a
décidé de poster individuellement, par courrier de
première classe, à nos 110 000 membres, une lettre d'explication
du président du nouvement, une lettre d'explication du président
de la caisse de chacune des sept régions ainsi que le plan de fusion que
l'on retrouve dans votre documentation. Ces informations ont été
transmises à tous nos membres quinze à vingt jours avant la date
de l'assemblée générale qui se tiendra ce soir. De plus,
depuis deux ou trois jours, ces changements touchent particulièrement
nos membres qui ont du capital social et, depuis ce temps-là, des
assemblées de secteurs ont été tenues un peu partout dans
les différentes régions du Québec pour informer les gens;
un important réseau téléphonique a été mis
sur pied, depuis deux jours, pour inviter nos membres à venir à
l'assemblée générale spéciale qui se tiendra ce
soir.
Selon la plus récente information que je peux vous donner,
d'après les appels téléphoniques qui ont été
faits et qui ont été portés à ma connaissance hier
- et là, je vous parle d'un échantillonnage d'environ 200 dans
une région précise - les commentaires étaient favorables
et cela peut même poser le problème d'une certaine confiance au
plan des présences, mais les sons de cloche qui nous proviennent de tous
ces contacts-là, parce que nos dirigeants bénévoles des
régions font le tour et consultent aussi leur entourage, nous permettent
d'affirmer actuellement que les gens nous ont dit au téléphone:
Oui, j'ai reçu la documentation; je l'ai regardée et elle semble
avoir bien du bon sens. Je vais essayer d'aller à l'assemblée
mercredi soir.
M. Fortier: J'imagine, étant donné que vous leur
avez fourni toute l'information, que les gens comprennent très
clairement qu'il y a non seulement fusion de deux groupes, mais
également transformation d'une institution qui était une
coopérative en une compagnie à capital-actions et que le
processus prévoit, dans un premier temps, qu'ils détiendront des
actions privilégiées convertibles en actions permanentes.
Est-ce qu'ils ont pris connaissance de la déclaration ou de la
décision du ministre des Finances apparaissant à la page A-72 du
dernier budget selon laquelle, lorsqu'il y aura conversion en parts
permanentes, il y aura un crédit d'impôt équivalent
à 20 % des titres permanents résultant de la conversion de parts
sociales émises à ce jour par une caisse? Autrement dit, est-ce
que toute cette information, y inclus l'information fiscale, leur a
été donnée et dans quelle mesure y a-t-il eu
inquiétude, s'il y a eu inquiétude, dans la transformation d'une
coopérative en société à capital-actions? Il faut
réaliser qu'on dit toujours que la mentalité est
différente dans une coopérative de celle d'une compagnie à
capital-actions. Selon vous, est-ce que le changement de culture fera
problème dans le nouvel établissement?
M. Ricard: II y a, je crois, deux éléments
importants. Évidemment, la grande majorité de nos membres
détiennent 5 $ ou 10 $ en capital social, c'est-à-dire le capital
social de qualification. Pour ces gens-là, cette information concernant
le crédit d'impôt est un peu relative, mais entre 5000 et 7000 de
nos membres détiennent 200 $ et plus en capital social. Dans le
protocole d'entente, on prévoit le transfert en actions
privilégiées pour une période de treize mois, en fait,
pour nous permettre deux choses. D'une part, pour que nos membres puissent bien
réfléchir, on leur a donné le temps de
réfléchir pour voir quelle serait l'orientation, ce qu'ils
feraient avec leur capital social. D'autre part, au cours des 90 prochains
jours, avec tous les gens qui détiennent chez nous 200 $ et plus, on
communiquera de façon spéciale une autre fois:
premièrement, par un écrit, deuxièmement, par une visite,
pour bien les informer de leurs droits et des possibilités que leur
offre cette transformation.
De plus, en ce qui concerne la culture elle-même, un des
éléments importants - là, je me réfère
surtout à nos dirigeants - c'est le fait que l'offre d'échange du
capital social soit un
échange contre des actions de la Financière
Entraide-Coopérants.
Dans l'histoire des caisses d'établissement depuis toujours, en
fait, la mutuelle d'assurance est très liée de toutes sortes de
façons avec le mouvement de l'établissement et les
coopérants étant une mutuelle et actionnaire important de la
Financière, donc, nos membres deviendront copropriétaires avec
les Coopérants de la nouvelle entreprise, d'une part. C'est très
bien reçu de nos membres.
Le deuxième élément est qu'en termes de
mentalité d'entreprise, M. Arcand est venu rencontrer aussi nos membres
en assemblée générale le 19 mars et, à la suite de
l'intervention de M. Arcand à cette rencontre, les
délégués des régions ont bien senti qu'en termes de
mentalité, même si le véhicule juridique était
modifié, nos délégués de toutes les régions
ont été très satisfaits que la mentalité de leur
nouvelle entreprise, malgré un véhicule juridique
différent, répondait quand même très bien aux
aspirations de la future.
M. Fortier: Un détail technique, mais important quand
même, pour ceux qui détiendront des actions
privilégiées. Ils pourront se les faire racheter
immédiatement?
M. Ricard: Oui.
M. Fortier: Pour ceux qui les conserveront, transformation et
peut-être une plus-value. Vous leur avez fourni l'information pour que
ceux qui détiendront des titres puissent bénéficier de la
plus-value éventuelle si plus-value il y aura, enfin, comme on le
souhaite et, en conséquence, les gens comprendront qu'il est
peut-être dans leur intérêt de devenir actionnaire
éventuellement et de profiter de la plus-value.
M. Ricard: D'une part, à la suite de l'envoi de la
circulaire d'information, surtout les gens qui ont 500 $ ou 1000 $ en capital
social nous ont téléphoné. On a déjà
commencé à leur fournir l'information. D'autre part, comme je
l'ai dit tantôt, de façon systématique, ces gens-là,
ceux qui détiennent un montant supérieur à 10 $ vont
être visités. On va leur offrir toutes les options possibles,
évidemment, parce que c'est aussi une bonne opération pour nos
membres individuellement sur le plan financier, en leur recommandant, s'ils en
ont les moyens, de transformer leur capital social en capital-actions ordinaire
dans treize mois à partir de maintenant.
M. Fortier: Finalement, M. le Président, étant
donné que depuis 1982 les lois touchant les institutions
financières sont sous l'administration de l'Inspecteur
général des institutions financières, j'aimerais demander
à l'inspecteur qu'il nous dise s'il a suivi l'opération. Je sais
qu'il l'a fait, mais peut-il nous dire pour que ce soit enregistré au
Journal des débats quelle a été son implication et
est-ce qu'il est satisfait du processus qui a été suivi? Est-ce
qu'il est satisfait de l'information qui fut donnée aux
Coopérants pour que l'on puisse dire que la procédure suivie, le
processus engagé se fait en toute clarté et dans le meilleur
intérêt de tous?
Le Président (M. Hamel): Je demanderais maintenant
à M. Bouchard, Inspecteur général des institutions
financières, de vous répondre, s'il vous plaît!
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, M. le ministre. Comme l'indique le
mémoire que je vous ai fait, le mouvement des caisses
d'établissement fait l'objet d'un suivi régulier depuis quelques
années et j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises avec les
représentants et les dirigeants du mouvement des caisses
d'établissement de discuter afin de trouver une solution à leur
problè-- me qui en est un de capitalisation, de développement, de
marché pour le mouvement qui avait joué un rôle important
dans la première phase de son développement, mais qui devait se
réajuster à de nouvelles conditions.
À la suite de ces discussions, des amorces de négociations
ont été entamées avec les caisses d'entraide. Tout au
cours de ces discussions, lorsqu'une entente est intervenue et avant même
qu'une entente soit intervenue, nous étions au courant de ce qui se
négociait avec les Caisses d'entraide et nous en étions fort
satisfaits. Nous avons discuté d'une façon très intense
avec les représentants, les procureurs du mouvement des caisses
d'établissement pour la rédaction du projet de loi et les
conditions comme telles qui devaient être offertes. Comme vous l'avez
mentionné, une des conditions importantes était la protection des
renseignements devant être donnés aux membres afin qu'ils sachent
véritablement qu'une coopérative d'épargne et de
crédit se convertit en une entreprise à capital-actions et pour
qu'ils connaissent aussi les conséquences de la fusion.
Donc, pour répondre à la question et pour conclure
très rapidement, nous sommes entièrement satisfaits du projet de
loi tel que rédigé. Je l'ai recommandé au ministre pour
son adoption. Merci.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Bouchard. Est-ce que
d'autres députés souhaitent intervenir? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je remarque à la lecture des documents que tout
le monde semble avoir fait son travail à temps. Encore une fois, je ne
sais pas à quel niveau, le projet de loi a été
déposé en retard. Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
C'est supposé être déposé avant le 15 mai. Le projet
de loi a été déposé le 26 mai. L'Inspecteur
général des institutions financières, je vois que son
mémoire est daté du 19
mai 1988, alors que les assemblées ont eu lieu au mois de mars et
que les publications ont été faites au mois d'avril.
Après cela, qu'est-ce qui s'est passé? Est-ce qu'on prend
le Parlement pour un "rubber stamp", les députés pour des
"zarzais" qui n'ont pas besoin de voir les documents, est-ce qu'on croit que le
public n'a pas besoin d'avoir le dépôt en temps? Il y a des
règles qui disent que cela doit être déposé avant le
15 mai. Il n'y a aucun des projets de loi qu'on va étudier aujourd'hui
qui a été déposé avant le 15 mai.
Je voudrais savoir à qui est due cette incurie administrative qui
fait que jamais les règlements ne sont suivis alors que les citoyens,
dans leur cas, les ont suivis intégralement. Le projet de loi devrait
avoir été déposé avant le 15 mai, c'est ce qui
aurait été anormal. Qui ne fait pas son travail? Il est temps
qu'on pointe les responsables de cette incurie qui fait passer le Parlement
pour des "zarzais".
Le Président (M. Hamel): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, comme vous le savez, la
présentation des projets de loi privés, comme le mot l'indique,
se fait par les instigateurs des différentes lois qui sont
proposées. Si on faisait le bilan de tous les projets de loi
privés qui seront étudiés aujourd'hui, malheureusement, je
dirais qu'environ 75 % de ces projets de loi n'ont pas respecté la
date.
On peut déplorer, comme l'a fait le député de
Lévis, que les autorités municipales, les diverses compagnies ne
respectent pas le règlement touchant le 15 mai. En définitive,
les membres de la commission ont eu l'information suffisamment en temps. Il
serait préférable que ceux qui proposent les projets de loi
privés respectent le règlement. Mais que ce soient les
députés de l'Opposition qui proposent le projet de loi - dans ce
cas-ci, c'était le chef de l'Opposition - ou des députés
ministériels, de part et d'autre, nous collaborons toujours, sachant
qu'en définitive il s'agit d'obtenir la meilleure information possible.
Quand j'étais dans l'Opposition, j'ai toujours collaboré lorsque
les projets de loi privés ne respectaient pas la date magique du 15
mai.
J'imagine qu'on pourrait faire une meilleure publicité pour
s'assurer que cela se fasse. En fin de compte, cela relève de
l'autorité de l'Assemblée nationale. Peut-être que le
secrétaire pourrait nous dire ce qu'il en est et ce que
l'Assemblée nationale comme telle... Cela ne dépend pas du
ministre qui vous parle. Cela ne dépend pas de l'Inspecteur
général des institutions financières.
Le Président (M. Hamel): Effectivement, M. le ministre, il
est du ressort de la Chambre de décider de l'adoption ou non d'un projet
de loi. Le mandat d'une commission parlementaire étant d'étudier
le projet de loi article par article, c'est à la Chambre de
décider si elle l'adopte ou pas. (12 heures)
M. Garon: M. le Président, je regrette, ce n'est pas de
même que cela marche. Celui qui fait la présentation d'un projet
de loi à l'Assemblée nationale, ce n'est jamais lui qui
décide de la date de la présentation. Il y a un cheminement des
projets de loi qui fait qu'ils s'en vont d'abord au Comité de
législation, là où sont ceux qui s'occupent des projets de
loi privés, cela s'en va dans les ministères concernés, au
ministère de la Justice et au bureau du leader du gouvernement, c'est
lui qui décide finalement de l'approbation, mais à condition de
les avoir à temps. Le présentateur dépose simplement le
projet de loi, il n'a même pas besoin d'être d'accord avec; il le
dépose et ce n'est jamais lui qui décide de la date. Quand le
ministre nous dit cela, je voudrais qu'on en reste aux choses vraies. Si le
projet de loi a été déposé en retard, le chef de
l'Opposition et député de Joliette n'a rien à faire
là-dedans parce que ce n'est pas lui qui a décidé de la
date.
M. Fortier: Vous n'êtes pas d'accord avec le projet de
loi?
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que je dis. Les avis sont
déposés avant telle date pour permettre aux gens de
réagir. Habituellement, je ne parle pas du projet de loi en question,
mais pour d'autres projets de loi, j'ai reçu un tas de coups de
téléphone, la nuit et à 6 heures le matin, etc. Pourquoi?
Parce que les gens disent: Que voulez-vous? Le projet de loi vient d'être
déposé il y a 15 jours et on vient de l'apprendre. Si on dit:
dépôt des projets de loi avant le 15 mai, c'est parce que le
public a le droit de savoir qu'un projet de loi est devant le Parlement. Il
n'est pas normal que le ministre prenne cela aussi légèrement,
cela montre qu'il est irresponsable, s'il prend cela aussi
légèrement. Les règlements de l'Assemblée
nationale, ou bien ils sont bons ou bien ils ne le sont pas. S'ils sont bons,
on les respecte et s'ils ne sont pas bons, on les change. C'est comme cela que
j'ai toujours fonctionné et je calcule que c'est la seule façon
de le faire en droit; autrement, il n'y a aucun système qui marche.
Je veux savoir pourquoi, je voudrais savoir les dates où les
documents ont été acheminés. Je vois que les dates de
publication - j'ai un document ici - sont respectées. Les dates
concernant les documents eux-mêmes sont respectées. Je vois ici,
dans le document que je reçois du Comité de législation,
du directeur de la législation, qu'on nous dit le 25 mai, au moment du
dépôt du projet de loi: "Le projet de loi a été
déposé auprès du directeur de la Législation le 8
mars 1988. Les avis ont été publiés dans la Gazette
officielle du Québec à la date suivante: le 16 avril 1988;
dans le journal La Presse aux dates suivantes: les 14, 20 et 27 avril
1988 et le 3 mai 1988; dans le journal Le Soleil aux dates
suivantes: les 14, 20 et 27 avril 1988; dans le journal Le Quotidien
aux dates suivantes: les 14, 20 et 27 avril 1988." On voit que les
différentes assemblées annuelles ont été tenues au
mois de mars. Il arrive qu'après cela il y a des gens qui n'ont pas fait
leur travail. Comment se fait-il? Il y a des gens qui n'ont pas fait leur
travail, je ne sais qui. J'aimerais savoir quand le dossier a été
transmis au bureau de l'Inspecteur général des institutions
financières, quand il est transmis au ministère de la Justice et
au Comité de législation.
M. Fortier: Le Comité de législation n'intervient
pas.
M. Garon: Le ministère de la Justice, à ce
moment-là.
M. Fortier: Non, le ministère de la Justice n'intervient
pas.
M. Garon: Alors, il a été
transféré...
M. Fortier: ...à l'Assemblée nationale, on vient de
vous dire que c'est l'Assemblée nationale.
M. Garon: Quand? Quand a-t-il été
transféré à l'Assemblée nationale? Si le leader du
gouvernement ne fait pas sa "job", que voulez-vous?
M. Fortier: écoutez, M. le Président...
M. Garon: Je veux savoir quand cela a été
déposé à l'Assemblée nationale, prêt pour le
dépôt.
M. Fortier: M. le Président, tout ce que je sais, c'est
que nous avons un ordre de la Chambre d'étudier le projet de loi. Si le
député de Lévis veut faire des blâmes, il les fera
à l'Assemblée nationale. Maintenant, en réponse bien
spécifique dans ce cas, d'une part, je le corrige parce que le projet de
loi ne passe pas par le Comité de législation du ministère
de la Justice, et je le lui répète, c'est l'Assemblée
nationale qui est d'autorité ici.
En ce qui concerne l'inspecteur, celui-ci m'avise que, le 12 mai, le
dossier a été transféré et c'était quelques
jours avant la date fatidique du 15 mai.
M.Garon: Le 12mai.
M. Fortier: Je ne vois pas le gros problème...
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: Le député de Lévis a l'air de
faire un gros problème. Je pense que tous les députés
autour de la table ont eu amplement le temps d'étudier le dossier. J'ai
fait parvenir à tous les membres de la commission une analyse que
l'Inspecteur général des institutions financières m'a
transmise. Je l'ai fait de bonne grâce pour m'assurer que les
députés autour de la table auraient toute l'information
nécessaire.
Je crois que les différents membres de la commission, à la
suite de la lecture du petit document que l'inspecteur nous a transmis, s'ils
avaient des questions, auraient pu me contacter ou appeler l'inspecteur. J'ai
toujours collaboré avec le député de Lévis. Je ne
vois pas pourquoi il en fait un gros plat aujourd'hui. Je pense qu'on a
toujours collaboré et les gens qui sont ici, qui attendent que leur
projet de loi soit approuvé, sont prêts à répondre
à toutes les questions. Je pense bien qu'on devrait procéder, M.
le député de Lévis. Cela ne sert à rien d'essayer
de chercher qui est le grand coupable à partir du moment où le
projet de loi est envoyé à l'Assemblée nationale. Je pense
bien qu'on n'est pas ici pour faire le procès des fonctionnaires de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Hamel): D'ailleurs, nous avons l'ordre de
la Chambre de procéder à l'examen détaillé de ce
projet de loi. Alors, nous sommes à la disposition de cet ordre et je
comprends tout à fait votre point de vue, en ce sens qu'il y a eu
certains délais inappropriés, mais en ce qui nous concerne, nous
devons procéder à l'étude détaillée. Comme
le dit M. le ministre, s'il y a des blâmes à porter, à ce
moment-là vous pourrez le faire aux endroits appropriés. Pour
l'instant... Oui, M. le député de Lévis?
M. Garon: Justement, les délais font partie de
l'étude du projet de loi, puisqu'il y a des règlements à
l'Assemblée nationale. Alors, il y a des règlements qu'on doit
suivre. Quand on dit que tout le monde a le temps, je vais vous dire une chose:
pour un personnellement, je ne veux pas dire que je ne l'ai pas regardé,
pour un personnellement, j'ai été en commission parlementaire
jusqu'à minuit à peu près tous les jours depuis le 30 ou
le 31 mai. Alors, je vais vous dire, qu'on ne conte pas de blagues, qu'on ne se
dise pas de menteries, c'est cela. Si vous voulez avoir mon horaire, c'est de
10 heures le matin jusqu'à minuit le soir, en partant des caucus qui
commencent à 9 h 15 le matin jusqu'à minuit en commission. J'ai
fait des appels téléphoniques après minuit, j'en ai fait
le matin avant 7 h 30 pour rejoindre du monde, parce qu'il ne reste pas d'autre
temps. Ne nous contons pas d'histoires, c'est comme cela que cela marche.
Je comprends qu'il y a des projets de loi qui sont mineurs, il s'agit
d'une reprise d'instance où ce n'est pas très compliqué,
mais il y en a qui sont plus compliqués. C'est un projet de loi qui est
très important, je pense, celui qu'on a devant nous. Celui qu'on aura
sur La Lauren-
tienne est majeur, il concerne seulement des actifs de 15 000 000 000 $,
qui aura été déposé le 26 mai. Il y a des gens qui
ne font pas leur travail. Je regrette, si les lois devaient être
déposées le 15 mai, elle doivent être
déposées le 15 mai. Les gens ont le droit de savoir ce qui les
attend, ils ont le droit de savoir qu'il y a des projets de loi;
celui-là touche 250 000 personnes. Il y en a d'autres qui touchent
autant de monde, des fois plus de monde. Privé, ce n'est pas
privé entre deux personnes, ce ne sont pas des projets de loi
privés entre deux personnes, le soir, avant de se coucher. Ce n'est pas
cela. Cela touche des milliers de personnes, des projets de loi
privés.
Actuellement, je trouve que cela n'a pas de bon sens d'avoir
déposé tous les projets de loi sans exception le 25 mai ou plus
tard. Je comprends qu'il y en a des mineurs. Il peut arriver des projets de loi
mineurs qui ne demandent pas une étude considérable et qui aident
les gens. Cela ne donne rien de les faire attendre. Mais il y a des projets de
loi majeurs qui méritent et qui doivent avoir de la publicité. Si
le gouvernement dit qu'il faut qu'il fasse des publications dans les journaux,
que les projets de loi soient déposés avant telle date, toute une
procédure, pourquoi? C'est pour aviser le public pour qu'il puisse
réagir et se prononcer sur quelque chose. Si le gouvernement ne le fait
pas...
M. Fortier: Ce n'est pas le gouvernement, c'est
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Bien oui, mais le gouvernement, à
l'Assemblée nationale, est piloté par le leader du gouvernement
qui, lui, planifie et dirige le plan d'organisation de l'Assemblée
nationale. C'est lui qui est en charge. S'il l'a eu à temps et qu'il ne
s'est pas occupé de faire faire les impressions à temps et de le
faire déposer en temps, c'est lui qui est responsable. Excepté
que, à un moment donné, il va falloir... On ne peut pas se cacher
derrière n'importe quoi pour pouvoir dire: II n'y a personne qui est
vraiment responsable. Ce n'est pas vrai. Il y a des gens qui sont responsables
du fait que ce travail n'est pas fait et qu'il devrait être fait. Je
pense que, à un moment donné, il va falloir refuser des
consentements pour donner une leçon à quelqu'un parce que ce
n'est pas normal.
M. Fortier: M. le député de Lévis.
Le Président (M. Hamel): Ceci étant dit, est-ce
que...
M. Fortier: Je veux simplement ajouter un mot, M. le
Président.
Le Président (M. Hamel): Très bien.
M. Fortier: M. le député de Lévis, je pense
que tous les députés autour de la table sont d'accord avec le
principe que vous mettez de l'avant, que les parlementaires devraient avoir
tout le temps nécessaire pour étudier les projets de loi et la
date du 15 mai avait été fixée dans ce sens-là.
Alors, je pense qu'on s'entend sur le principe. Mais il conviendra avec moi, et
le député de Chicoutimi... de Jonquière est ici et il sait
pertinemment que dans...
Mme Blackburn: Cela le flatterait, sauf que ce n'est pas le
député de Chicoutimi.
M. Fortier: Le député de Jonquière est ici
et il sait pertinemment que, dans le secteur municipal, il arrive très
souvent que les projets de loi originant des municipalités arrivent
après la date fatidique. Mais je suis d'accord avec vous. Je vous donne
raison sur le principe et cela me ferait plaisir de rencontrer le
député de Lévis à l'extérieur pour voir
quels furent les problèmes rencontrés ici pour que, à
l'avenir, on respecte cela. Mais, maintenant qu'on a été
conviés à l'étude du projet de loi et que les gens sont
ici, il me semble qu'on devrait procéder.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je comprends les propos et
les remarques du député de Lévis, puisque cela arrive. Ce
sont des remarques qu'on fait chaque année parce qu'il semble que cela
soit considéré comme étant une habitude et qu'on puisse,
contrairement aux autres projets de loi, procéder chaque fois par
consentement à l'occasion des projets de loi privés. J'estime que
les propos du député de Lévis sont justes. Cela nous
empêche de faire une étude un peu plus approfondie des documents
qui nous sont fournis. Vous pensez qu'un document de cette nature est
important, de même que je pense que cela empêche le public de
prendre une connaissance adéquate de ces documents. Et je voudrais, pour
illustrer mon propos, relever des informations que je retrouve dans ce document
et je suis loin d'être certaine que la population soit vraiment
informée des conséquences des décisions annoncées
à l'intérieur du protocole d'entente intervenu entre la
Société d'entraide et les caisses d'établissement et de
ses effets dans la dispensa-tion des services, des sièges sociaux et
ainsi de suite. C'est là-dessus que j'aimerais précisément
entendre les personnes parce que je présume que, au moment où on
aborde l'étude d'un tel projet de loi, il y a une période
d'échanges pour mesurer l'impact sur le personnel du déplacement
des centres de décision. J'imagine qu'il y a une période
d'échanges là-dessus; oui?
M. Ricard: Oui.
Mme Blackburn: Bien. Alors, si vous n'y avez pas d'objection, je
pourrais commencer.
Le Président (M. Hamel): Cela va.
Mme Blackburn: Avec votre autorisation, oui?
Le Président (M. Hamel): Oui.
Mme Blackburn: D'accord, merci.
Bonjour, messieurs. Je dois dire que - et là je voudrais rassurer
en même temps le ministre - je suis membre des deux, et de la
société et de la caisse d'établissement, et j'ai
reçu en bonne et due forme les informations touchant les effets de cette
modification, de ce projet de fusion. Dans le document que vous nous avez
remis, le protocole d'entente intervenu à Québec, le 19 mars
1988, entre la Fédération des caisses d'établissement du
Québec, personne morale constituée selon la loi des caisses,
ayant son siège social à Québec, et la
Société d'entraide économique du Québec,
représentée par M. Pichette... Je ne vois pas le siège
social, mais je pense qu'il est à Alma. Est-ce exact?
Une voix: Oui.
Mme Blackburn: À la page 7 de votre protocole d'entente,
vous dites: "Le siège social de la société issue du
regroupement et son principal centre de décision seront situés
dans la localité d'Alma, province de Québec. La
société issue du regroupement pourra, selon qu'elle le juge
à propos, établir tout autre centre de décision à
l'égard d'une région ou d'un aspect particulier de son
activité. Ainsi, il est convenu que les services et bureaux suivants
auront leur centre de décision à Québec. " On en
énumère au total sept: Le Service de support technique aux
succursales, le Service d'inspection des succursales, la Direction de
l'épargne pour les régions de l'Est du Québec, le bureau
régional de Québec, le Service de courtage immobilier ou telle
société affiliée à être formée pour
exercer des activités dans le domaine des transactions
immobilières, un Service informatique de transition, un Service de
ressources humaines de transition. On y ajoute également: "II est
également convenu qu'au moins une vice-présidence sera
établie à Québec. "
Est-ce qu'on n'est pas en train d'assister à cette espèce
de tentative plus ou moins réussie de déménager le
siège social de l'ancienne caisse d'entraide économique à
Québec? On sait que cela avait été fait de nuit. Je me le
rappelle un peu. Est-ce qu'on n'est pas en train de réaliser, par le
biais de ce protocole d'entente, ce qu'on n'avait pas réussi à
réaliser, c'est-à-dire laisser à Alma une coquille
vide?
M. Ricard: Pour le reste du protocole d'entente, M. Arcand
pourra... Huit régions sont prévues au Québec. On fait
spécifiquement référence à celle-là parce
que c'est le siège social actuel de la Fédération des
caisses d'éta- blissement, d'une part. D'autre part, quand on parle de
service informatique, de service de ressources humaines de transition, on
sous-entend que, après la période de transition, ces directions
de service seront à Aima. Ces services existent actuellement pour la
Fédération des caisses d'établissement et ils sont
campés à Québec. Ils iront à Alma au cours des
prochains mois. (12 h 15)
D'autre part, le bureau régional de Québec entre dans le
mode de fonctionnement régulier de l'entreprise, la Direction de
l'épargne pour les régions de l'Est du Québec aussi, le
Service de courtage immobilier, c'est la création d'une nouvelle
entreprise, donc, il n'y a pas de choix à faire entre Québec,
Alma ou Montréal, c'est une question pratique aussi, le système
étant déjà là, le service de support technique, le
service d'inspection, quant à cela, il y a peut-être aussi une
question pratique en termes de voyagement parce que ce sont des services
où les gens seront appelés à beaucoup voyager dans les
différentes succursales des différentes régions. Donc,
c'est peut-être un peu plus pratique, mais, en tout cas, en ce qui me
concerne, le site du siège social de l'entraide et de
l'établissement, c'est Alma. Ce n'est pas remis en question et pour moi,
en tout cas, c'est très clair. Peut-être que M. Arcand...
M. Arcand (Robert): En fait, je pense qu'il y a
déjà eu une tentative par mes prédécesseurs de
déménager et ce n'est pas notre intention, dans l'état
actuel des choses, de ressayer, là.
Une voix: Ha! ha!
M. Arcand: On a d'autres...
Une voix: Ha! ha! ha!
M. Arcand:... problèmes à régler.
D'ailleurs, là-dessus, disons qu'on a quand même...
Une voix: De nuit.
M. Arcand:... du personnel à Alma et il a fallu le
rassurer, au cours des années, et lui dire que le siège social
était à Alma pour y demeurer. Je pense que les employés
sont satisfaits de ce qu'on a fait, entre autres, de l'augmentation du
personnel à Alma, depuis quelques années, d'une quarantaine de
personnes, et probablement qu'il y aura encore augmentation avec la fusion
aussi. Donc, il n'est pas question de déménager le siège
social pour l'instant. Et, aussi, il y a une chose très importante, on
est une institution de développement économique régional
et je pense que c'est important qu'on ait un siège social en
régions. Question d'image, question de perception par notre
clientèle et nos actionnaires, c'est très important; Alma, je
pense, est une bonne place; on est bien installé.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. Arcand. Oui,
madame.
Mme Blackburn: Rappelez-moi votre nom. M. Ricard: Robert
Ricard, madame.
Mme Blackburn: M. Ricard. Alors, M. Ricard, vous nous disiez, en
parlant des services informatiques de transition et du nouveau service de
courtage, que, bon, pour des raisons de facilité et de commodité,
cela serait installé à Québec. Là, je vois ce que
nous dit le protocole d'entente. Ce que je ne vois pas, c'est ce que ne nous
dit pas le protocole d'entente. Parce que, j'imagine que tout n'est pas
prévu à l'intérieur du protocole d'entente...
M. Ricard: Non.
Mme Blackburn: ...parce que, une fois la société
devenue la société d'entraide et d'établissement, je veux
dire qu'il n'y a plus lieu d'établir les protocoles d'entente. Je
voudrais... On pourrait, progressivement, déménager un certain
nombre de services. On reconnaît qu'on pourrait déménager
un certain nombre de services à Québec, une fois la
société constituée.
M. Ricard: A l'assemblée générale du 19
mars, c'est une question qui a été soulevée et M. Arcand
qui sera, selon toute vraisemblance, le président de la nouvelle
entreprise, a dit que, s'il y avait une possibilité de
déménager le siège social d'Alma, ce serait pour le
transférer à Amos. Mais il n'y a pas, il n'y a aucune... Je pense
qu'on ne peut pas réagir plus et dire plus que ce que M. Arcand vient de
dire. C'est réglé.
Mme Blackburn: Bien. Pour nous donner une idée de
l'importance des activités qui vont se dérouler ici, à
Québec...
M. Ricard: Oui.
Mme Blackburn: ...du bureau de Québec...
M. Ricard: Ah, bon!
Mme Blackburn: ...il y a combien de personnes, il y aura combien
de personnes? À combien évalue-t-on le personnel
nécessaire ici à Québec, comparativement à
Aima?
M. Ricard: Parfait.
Mme Blackburn: Une fois la fusion réalisée.
M. Ricard: D'accord. À Aima, je pense que c'est 75,
à peu près?
M. Arcand: Ou 80.
M. Ricard: De 75 à 80 employés. Bon. Quant au
service de support technique et au Service d'inspection des succursales, on
parle de dix à quinze personnes. À la direction de
l'épargne pour l'Est du Québec, ce sont des services qui
relèvent... 4.1 et 4.2 relèvent du siège social de
l'entreprise directement. Les autres services sont des directions
régionales comme on en retrouvera partout ailleurs au Québec en
huit sous-divisions. Donc, cela ne concerne pas directement l'organisation du
siège social. Donc, cela ne vient pas influencer l'endroit où
pourrait se tenir le siège social de l'entreprise. Peu importe où
le siège social est installé, il y aurait une Direction de
l'épargne pour la région de l'Est du Québec à
Québec, il y aurait un bureau régional de Québec, à
Québec, quel que soit l'endroit où le siège social est
installé.
Maintenant, concernant le service de courtage immobilier, là,
c'est une corporation filiale. Donc, là non plus, cela n'a rien à
voir avec l'organisation du siège social de l'entreprise de l'entraide
et de l'établissement telle quelle. Il n'y a pas de... Ce sont des
entités relativement autonomes, parce que c'est une filiale, mais dont
l'administration est séparée et dont le siège social est
à Québec. C'est une nouvelle entreprise, en fait.
M. Arcand: On pourrait peut-être ajouter à cela que
ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a une période de transition. On
ne peut pas fusionner deux grosses organisations et dire: Demain matin,
après le vote, tout est uniformisé, il y a un directeur de
personnel. Il y aura une période de transition. C'est ce qu'on veut dire
par des services de transition, ce sont des services de ressources humaines de
transition et des services d'informatique. En informatique, par exemple, il y
aura à transférer toutes les données de
rétablissement sur le même système informatique, soit le
système de l'établissement ou le nôtre, mais il y aura
à choisir. Pendant que cela se fera - c'est un travail qui peut durer
cinq ou six mois - il devra y avoir une transition, un système
informatique qui va fonctionner à Aima et qui va demeurer à Aima
éventuellement et un système transitoire à Québec.
Le bureau régional de Québec est un bureau régional comme
on en a un à Montréal, à Trois-Rivières, comme on
en aura un en Abitibi, etc. Il y en a huit comme cela. Il y a un directeur
régional, un directeur de l'épargne, etc. Ce sont des bureaux
régionaux pour donner des services localisés. Pour être en
mesure de donner les meilleurs services possible adaptés à la
région, on a créé ces régions. Il y en aura un
à Québec. On aurait pu le mettre à
Saint-Georges-de-Beauce, par exemple, pour desservir Québec. Mais on
avait le building, on avait le personnel, on avait tout, on a donc
décidé de le créer à Québec à cause
de commodités et pour déplacer le moins de personnel
possible.
Mme Blackburn: Bien. Je comprends bien l'explication. Pour
l'essentiel, ce sont des services régionaux...
M. Ricard: Exactement.
Mme Blackburn: ...et l'on dispose d'autant de bureaux qu'il y a
de régions à l'exception du nouveau Service de courtage
immobilier, à ce que je comprends. Est-ce à dire que, pour les
nouveaux services ou les nouvelles sociétés qui pourront
être créées, le siège social pourra presque
automatiquement être à l'extérieur de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. Ricard: Vous parlez des filiales éventuelles?
Mme Blackburn: Oui, parce que, là, on en crée
une...
M. Arcand: II s'agit de le mettre où c'est pratique. Par
exemple, dans le cas de la Financière Entraide-Coopérants inc.
qui est le holding, le siège social est à Montréal, parce
que c'est une société de gestion et que son travail consiste
à avoir des relations avec les institutions financières, la
Bourse, la Commission des valeurs mobilières, les compagnies
d'assurances, etc., c'est une société de gestion. On a donc
installé son siège social à Montréal pour cette
raison. L'Entraide établissement est une organisation de
développement économique régional, et c'est important que
le siège social soit en région. On a choisi Aima. Le courtage
immobilier, c'est une nouvelle filiale qui est déjà bien
implantée à partir de Québec, c'est-à-dire que le
réseau rayonne déjà à partir de Québec.
C'était déjà à l'intérieur des
activités de l'établissement, mais c'était
contrôlé à partir de Québec. On ne change donc rien,
le personnel demeure en place et le réseau déjà existant
va continuer d'exister et on va essayer de l'étendre dans les autres
régions... Donc, on le fait pour déranger le moins possible de
choses qui existaient avant. S'il y a d'autres filiales... On a des filiales de
l'entraide économique, par exemple, Disnat qui est l'une de nos filiales
à 33 1/3 %, dont le siège social est à Montréal
parce que c'est pratique de l'avoir là; il faut regarder l'aspect
pratique et l'objet aussi.
Mme Blackburn: Je m'inquiète parce que vous savez que
c'était sous prétexte de regarder les aspects pratiques qu'on
avait tenté le déménagement qu'on connaît.
M. Arcand: À ce sujet, il y avait beaucoup de raisons qui
ne sont peut-être pas connues. Mais, comme je vous le dis, on a
vécu l'expérience une fois. En fait, ce sont mes
prédécesseurs qui l'ont vécue, moi, je l'ai vécue
par le biais. Je ne pense pas qu'on ait l'intention de revivre cela un jour.
C'était quand même assez "cowboy", la patente.
M. Ricard: Un élément concernant la filiale du
courtage, c'est sûr qu'il existe une certaine sensibilité des deux
institutions. Le fait que le siège social de la filiale en courtage
immobilier dont les caisses d'établissement sont les seules à
opérer entre les deux partenaires... Et le fait que le siège
social de la Fédération des caisses d'établissement est
à Québec, cela nous a paru logique que, par continuité,
cela reste là, mais cela aurait pu être ailleurs.
Mme Blackburn: Mais le total du personnel qu'on retrouve à
Québec... Québec aurait le service régional et...
Une voix: Québec ou Charlesbourg?
Mme Blackburn: Est-ce à Québec ou à
Charlesbourg, comme le demande mon voisin?
M. Ricard: Sur la ligne. Mme Blackburn: Sur la ligne?
M. Ricard: C'est à la frontière, mais cela fait
partie de la ville de Québec.
Mme Blackburn: Donc, cela appartient au maire Pelletier.
M. Garon: II n'y a pas beaucoup de cultivateurs là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Une clientèle agricole, je me serais plus
attendu à voir cela sur la rive sud.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: ...d'une caisse populaire. Combien de personnes au
total, ici, à Québec?
M. Ricard: C'est difficile, en termes de... La direction de la
filiale en courtage immobilier, c'est sûrement en bas de dix personnes,
cela est sûr; au départ cinq ou six, quelque chose comme cela.
Support technique, inspection, je l'ai dit tantôt, peut-être une
dizaine. Les bureaux régionaux, je les exclus parce...
Mme Blackburn: Oui.
M. Ricard: Cela veut dire peut-être entre 20 et 30
personnes, quelque chose comme cela, au maximum. Des gens qui sont
déjà, pour la plupart, à l'emploi de
l'établissement, de toute façon.
Mme Blackburn: Oui.
M. Arcand: On peut prendre comme exemple
le Service d'inspection où les inspecteurs doivent aller dans les
succursales partout en province. On trouve que ce n'est pas commode de partir
d'Alma pour aller en Abitibi, par exemple. Cela va être beaucoup plus
facile de partir de Québec pour aller dans toutes les régions
parce que ces gens-là partent le lundi matin et reviennent le vendredi
soir. Ce sont des itinérants, si vous voulez, et la communication est
beaucoup plus facile avec une place comme Québec qu'une place comme
Aima. C'est une question pratique, c'est une question d'économiser des
coûts, c'est une question aussi d'avoir du personnel qui n'est pas
appelé à se déplacer juste pour le plaisir de le faire;
c'est déjà assez compliqué de se promener toute la
semaine. Donc, c'est une question pratique, tout simplement.
Mme Blackburn: Concernant les ressources humaines, dans le
protocole en pages 8 et 9, et je pense plus particulièrement - en page
8, je pense que c'est assez clair par rapport au nombre de personnes
représentant les deux entreprises - au point 10, vous dites:
"L'intégration des ressources humaines provenant de l'Entraide et du
Mouvement des caisses d'établissement sera effectuée dans le
respect des principes suivants: gel de l'embauche de nouveau personnel et
réduction des effectifs sur une base progressive, au fil des
départs volontaires, retraites et autres causes normales de cessation
d'emploi; rationalisation des effectifs existants prioritairement par
transfert, réaffectation et redéfinition de tâches; et,
dans les cas où, en dernière analyse, une mise à pied
serait nécessaire, versement d'indemnités justes et
équitables, eu égard notamment aux droits acquis et à
l'ancienneté."
Tout d'abord, il y a combien de personnes dans les deux entreprises
actuellement et quelle est votre évaluation par rapport à vos
besoins futurs et aux effets que cela aurait sur les mises à pied?
M. Ricard: Si on veut comparer, il faut enlever tout le personnel
du Service de courtage immobilier qui, lui, va être dans une filiale qui
se compose pour la grande majorité d'agents immobiliers, de quelques
directeurs et de très peu de personnel de bureau.
Depuis le début des pourparlers, en janvier, on s'est entendu,
les deux partenaires, pour dire qu'à partir de ce moment-là il y
avait des postes vacants, il y en a tout le temps, il y a des gens qui s'en
vont, il y a des gens qui prennent leur retraite, etc. On a convenu à ce
moment-là qu'il n'y avait plus d'engagement permanent qui se faisait de
part et d'autre. Cela fait déjà six mois et je pense qu'au
dernier recensement, on parlait dans les deux organisations d'une quarantaine
de postes non comblés...
Une voix: C'est cela, 52 chez nous. (12 h 30)
M. Ricard: ...une cinquantaine de postes sur 500 au maximum, en
en mettant "en masse", là, 500 employés. Donc, il y a
déjà 10 % de possibilité de réaffectation de notre
personnel là-dedans. De façon évidente, cela va apporter
d'une part comme de l'autre un certain nombre de changements, aussi, si on veut
être réaliste ce qui fait qu'il y a certains employés qui
vont avoir des difficultés à accepter le changement et
peut-être qui vont préférer aller ailleurs. Mais, au moment
où on a fait une espèce de "survey" - je m'excuse pour le terme -
une évaluation, un sondage, on a regardé un peu dans les
premières semaines ce que cela pourrait donner, où on se croisait
le plus, et ce que cela pourrait donner comme pertes d'emplois et, en tenant
compte des trois critères qu'il y a là, c'est parfaitement
marginal parce qu'il y a quelques croisements, mais dans la majorité des
cas il n'y en a pas. Avec les intentions aussi, je pense que cela peut avoir un
impact très positif au niveau de la croissance et du
développement d'une entreprise. Donc, cela va prendre aussi de nouveaux
employés, je pense, plus que cela va nous appeler à en laisser
aller. Ce qu'on espère et ce à quoi on travaille, c'est que cette
union crée un impact important en région qui va créer un
trafic plus grand pour nous permettre d'augmenter plus rapidement et de
récupérer notre personnel de part et d'autre.
M. Arcand: En résumé, la période de
transition nous demande d'avoir tout le personnel qu'on a de disponible, si on
compte qu'il y a déjà une cinquantaine ou une soixantaine de
postes qui sont vacants et n'ont pas été remplis. Après,
on pense qu'avec la croissance que les deux organisations ont maintenue au
cours de la dernière année et avant, une croissance de 15 %
à 20 %, cela va nous demander quand même une addition de personnel
opérationnel. Donc, si on prend la période de transition et la
période de croissance, on devrait être bons pour maintenir le
niveau d'emploi à ce qu'il est aujourd'hui, ou très
près...
Le Président (M. Hamel): Madame...
M. Arcand: ...sauf qu'il y aura des réaffectations.
Le Président (M. Hamel): J'aimerais vous faire remarquer
que vous avez déjà dépassé votre temps de 22 ou 23
minutes. Alors...
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Si vous permettez, je
pense que ce genre de question est important. Au-delà des effets que
cela aura par rapport au capital des entreprises, ce qui est important, c'est
d'examiner aussi les effets que cela va avoir sur les personnels et sur les
lieux de décision. Ce que vous nous dites actuellement, c'est
qu'à partir du moment où le projet a été un peu
négocié, on a connu des
départs qu'on évalue à environ 10 % des
effectifs.
M. Ricard: Ah non! je m'excuse. Ce ne sont pas des
départs, c'est que certains postes n'avaient pas été
comblés depuis quelques semaines, depuis quelques mois, qu'on
prévoyait faire en cours de route, et là, on a tout
stoppé.
Mme Blackburn: D'accord, le gel.
M. Ricard: Les gens qui, pour une raison normale,
décidaient de laisser l'entreprise n'ont pas été
remplacés. Cela n'a pas eu d'effet négatif sur notre personnel,
au contraire. Le personnel, dans l'ensemble, je pense... Évidemment, en
période de transition comme celle qu'on connaît là, il y a
un peu d'insécurité de la part du personnel parce que c'est un
peu inconfortable comme situation. Mais l'ensemble du personnel - là, je
vais parler pour le personnel du réseau d'établissements - voit
cette fusion d'un très bon oeil. Il est donc optimiste; il sait qu'on va
avoir à changer des fonctions et des choses là-dedans, mais la
contrepartie en vaut la peine. Les possibilités de cheminement de
carrière et tout cela viennent compenser largement les petits
inconvénients que cela cause pendant les mois où cela se fait. Il
n'y a pas d'impact négatif.
Concernant les régions, peut-être que je peux ajouter cela,
je fais référence à notre assemblée
générale spéciale du 19 mars des dirigeants des caisses
d'établissement. Le fait que le siège social de
l'entraide-établissement se situe à Aima, cela plaît
à nos dirigeants aussi. Je m'excuse que ce ne soit pas Lévis qui
ait été préféré, mais cela plaît
à nos dirigeants parce que c'est en région et que cela risque
beaucoup plus de respecter les besoins et la philosophie historique des deux
entreprises - en tout cas, de la nôtre. Pour nous, pour les dirigeants de
l'établissement, c'est un élément qui a beaucoup plus de
positif que de négatif à moyen et à long terme.
Mme Blackburn: Une dernière question, M. le
Président. Les effectifs totaux des deux entreprises
s'élèvent à combien actuellement?
M. Arcand: Environ 500 employés en tout.
Mme Blackburn: C'est ce que vous nous disiez tout à
l'heure, environ 500.
M. Arcand: Si on exclut le courtage immobilier où les gens
sont généralement des employés à la commission.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Mme Blackburn:
Bien.
Le Président (M. Hamel): Merci. M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Fortier: Oui, j'ai seulement un commentaire. Non, avec raison,
je pense bien que la députée de Chicoutimi pose de très
bonnes questions, que nous avons posées également, mais ce que
j'aimerais lui faire remarquer, c'est que, quand on regarde la faible
capitalisation des caisses d'établissement, l'alternative n'est pas le
statu quo. Je peux vous dire qu'on est très heureux et que l'inspecteur
va mieux dormir une fois que la fusion sera faite parce que vous avez
vécu une situation de panique à un moment donné avec les
caisses d'entraide et il n'y a personne au Québec qui veut revivre ce
genre de panique. Le jugement de l'inspecteur et le mien était que la
situation actuelle, qui dans le moment va bien... Je ne voudrais partir aucune
rumeur, cela va bien, mais c'est une situation fragile. Donc, Mme la
députée a parfaitement raison de poser des questions quant
à l'impact sur l'emploi, mais du fait que la situation actuelle des
caisses d'établissement soit plutôt fragile, il ne faudrait pas se
poser la question: Mon Dieu, qu'est-ce qui pourrait arriver s'il y avait une
crise économique ou quelque chose dans ce genre-là, parce que
l'impact sur l'emploi serait effrayant.
Donc, tout le monde reconnaît qu'il va y avoir des ajustements de
part et d'autre, mais je sais que les caisses d'établissement ont
négocié un accord qui, semble-t-il, comme vous l'avez dit, fait
l'affaire d'à peu près tout le monde. C'est sûr qu'il va y
avoir des ajustements, mais, en définitive, il faut reconnaître
que le fait que la nouvelle entité sera beaucoup plus solide garantira
les emplois qui vont exister. C'est dans ce sens-là qu'il faut le
reconnaître.
Je souscris aux questions qui ont été posées et je
crois que l'on doit reconnaître qu'il y a des ajustements qui devront
être faits et que, dans certains cas, certaines personnes vont
peut-être décider de ne pas accepter le changement. C'est
malheureux, mais il faut reconnaître, d'autre part, que la nouvelle
entité sera plus solide et fournira de meilleures possibilités de
développement, et je crois que c'est dans ce sens-là que cela
devient intéressant.
Le Président (M. Hamel): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Permettez-moi, M. le Président, de dire
que, quand même, j'ai suivi un peu la question chez nous en particulier
dans le comté et que la situation n'est quand jnême pas tout
à fait celle des caisses d'entraide économique au moment de la
crise.
M. Fortier: J'aimerais mieux...
Mme Blackburn: Elle est aussi fragile, mais pas pour les
mêmes raisons.
M. Fortier: ...ne pas aller dans cette direction. J'aimerais
mieux ne pas faire de
comparaison.
Mme Blackburn: Je suis certaine que M. Bouchard sera d'accord
avec moi au moment où on sait que les caisses d'entraide avaient pris
des risques un peu élevés par rapport à... C'est
différent. Comme vous le dites, il ne faut pas partir de rumeur
là-dessus, mais...
M. Fortier: J'aimerais mieux ne pas faire de comparaison, parce
que, je le répète, la situation actuelle est très
fragile.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Mme Blackburn:
Cela va.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II faut faire attention de faire des commentaires quand
on parle des fragilités et des non-fragilités. Je pense bien que
Dôme Petroleum, malgré que ce soit un genre de mammouth
qu'affectionne le ministre, pourtant, c'est peut-être le mammouth le plus
fragile qu'il y ait au Canada. Mais le mammouth est tellement gros que tout le
monde a peur qu'en tombant il n'écrase trop de personnes.
Mme Blackburn: C'est comme les banques de l'Ouest.
M. Garon: Alors, il est maintenu sur le poumon artificiel. Il
faut faire attention quand on parle de ces questions.
Quand on a parlé tantôt des caisses d'établissement
ou d'autres organismes, on disait que le pourcentage de ceux qui étaient
favorables au projet était considérable: au-dessus de 90 %, dans
tous les cas, mais il y avait un certain pourcentage qui était
défavorable. J'aimerais savoir pour chacun des établissements
quelles étaient les raisons de ceux qui étaient
défavorables.
M. Arcand: En fait, peut-être que M. Ricard pourrait
répondre aussi. Effectivement, il y avait deux caisses
d'établissement qui étaient encore à étudier
d'autres alternatives et ces caisses-là, quand il y a eu le vote, une
centaine de dirigeants de ces deux caisses étaient présents et
ils ont préféré s'abstenir parce qu'ils regardaient
d'autres alternatives. Depuis ce temps, les autres alternatives ont
été étudiées. Finalement, ils ont
décidé d'accepter notre alternative et, aujourd'hui, si on
reprenait le même vote, ce serait probablement accepté à
100 % de la part des dirigeants.
M. Garon: Pour les caisses d'entraide économique?
M. Arcand: Les caisses d'établissement.
M. Garon: Et dans les autres cas? Vous dites 90 % dans chacun des
cas, les autres organismes?
M. Ricard: Quand on parle de 93 %, ce sont les dirigeants des
sept caisses réunies en assemblée générale le 19
mars. C'est parce qu'il y avait une couple de caisses qui avaient
été approchées par d'autres organisations dont vous avez
probablement entendu parler. À ce moment-là, elles voulaient
vider cette question avant de se rallier à l'ensemble du mouvement. Cinq
caisses sur sept se ralliaient d'emblée à une; les deux autres
préféraient vider cette question chez elles comme il faut avant,
mais, comme M. Arcand l'a dit, au moment où on se parle, il y a sept
caisses d'établissement et je pense bien que, demain matin, les sept
caisses d'établissement auront voté pour ce projet de loi.
M. Garon: Au niveau des caisses d'entraide? Mme Blackburn:
II n'y a pas de vote?
M. Arcand: Ce n'est pas le même cas pour les caisses
d'entraide parce qu'elles ont seulement un actionnaire qui est la
Financière.
M. Fortier: Le conseil d'administration.
M. Arcand: On n'a pas eu de misère à s'entendre
avec nous-mêmes.
M. Garon: Non, mais les autres groupes.
M. Arcand: II n'y a pas d'autres groupes, en fait.
M. Garon: II n'y a pas eu d'autres groupes qui ont
été consultés.
M. Arcand: Les Coopérants et la Caisse de
dépôt siègent au conseil d'administration.
M. Fortier: II y a un seul conseil d'administration.
M. Arcand: II y a un seul conseil d'administration. Vous avez une
résolution du conseil d'administration de la Financière et du
conseil d'administration de la Société d'entraide
économique.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut procéder, M. le
Président?
Le Président (M. Hamel): Oui, M. le ministre.
Étude détaillée
J'appelle le préambule du projet de loi 205, le premier attendu:
"Attendu que la Fédération des caisses d'établissement du
Québec est une
fédération de caisses d'épargne et de crédit
régie par la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit et
que son capital social se compose de parts sociales souscrites et payées
par les caisses d'établissement, qui lui sont affiliées".
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté. Deuxième
paragraphe. Est-ce que j'en fais lecture?
M. Fortier: Oui, c'est mieux d'en faire la lecture.
Le Président (M. Hamel): Très bien.
M. Fortier: À moins que vous ne vouliez que je le
fasse.
Le Président (M. Hamel): "Que chaque caisse
d'établissement est une caisse d'épargne et de crédit
régie par la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit
dont le capital social est formé de parts sociales souscrites et
payées par ses membres".
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté.
Troisième attendu: "Que la Corporation de fonds de
sécurité de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec est une corporation régie par la
Loi sur les corporations de fonds de sécurité ayant pour objet
d'établir et d'administrer un fonds de sécurité, de
liquidité ou d'entraide pour le bénéfice des caisses
d'établissement".
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté. C'est une question de fait.
Le Président (M. Hamel): Adopté.
Quatrièmement. "Qu'ensemble, la Fédération des
caisses d'établissement du Québec, les caisses
d'établissement et la Corporation de fonds de sécurité de
la Fédération des caisses d'établissement du Québec
forment un mouvement à l'actif global d'environ 285 millions $, groupant
près de 110 000 membres desservis par un réseau de 25 succursales
ou centres de service situés en régions".
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Hamel): Adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: On n'a pas à adopter ça. Ce sont des
faits.
M. Fortier: Je comprends, mais c'est tout simplement pour dire
qu'on est d'accord de part et d'autre.
Le Président (M. Hamel): C'est ça. Il faut les
adopter.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Hamel): II faut les adopter.
M. Garon: À la fin comme ensemble, pas paragraphe par
paragraphe.
M. Fortier: Ah! on peut bien...
Le Président (M. Hamel): II y a un amendement au
septième paragraphe du préambule.
M. Garon: Continuez, on adoptera l'amendement et on adoptera le
tout. Là, on n'a pas à dire qu'il y a 110 000 membres et qu'on
adopte ça, si c'est ça.
Mme Blackburn: II faut faire confiance.
M. Fortier: Si on avait procédé en bloc, le
député de Lévis aurait suggéré qu'on
procède paragraphe par paragraphe. Là, on procède
paragraphe par paragraphe et il suggère qu'on procède en
bloc.
M. Garon: Pas du tout.
Le Président (M. Hamel): Cinquième attendu: "Que la
Société d'entraide économique du Québec inc. est
une société d'entraide économique régie par la Loi
sur les sociétés d'entraide économique dont l'actif global
est d'environ 635 millions $ et qui groupe près de 135 000 clients
desservis par un réseau de 42 succursales situées dans toutes les
régions du Québec". Adopté?
Une voix: Pas d'objection.
Le Président (M. Hamel): Sixièmement: "Que
Financière Entraide-Coopérants inc. a été
constituée le 6 février 1987 selon la partie 1A de la Loi sur les
compagnies et qu'elle détient en propriété toutes les
actions en circulation de la Société d'entraide économique
du Québec inc." Adopté?
M. Fortier: Cela va, d'accord.
Le Président (M. Hamel): Septième attendu, un
amendement.
M. Garon: L'avez-vous?
Le Président (M. Hamel): On vous le remet
à l'instant même. M. le ministre.
M. Fortier: C'est un amendement de détail. Je propose
l'amendement: Le préambule de ce projet est modifié par le
remplacement, dans le septième attendu de la première ligne, par
la suivante: "Qu'un protocole d'entente, signé le 19 mars 1988 et
subséquemment modifié, est intervenu en vue...". Alors,
l'amendement ajoute les mots "et subséquemment modifié".
M. Garon: Quand a-t-il été modifié? Le
Président (M. Hamel): Pardon?
Une voix: II a été modifié à quelques
reprises par la suite.
M. Garon: Pardon?
M. Picotte (Daniel): Je peux peut-être répondre.
M. Fortier: Oui.
M. Picotte (Daniel): M. le Président, il a
été modifié au cours des dernières semaines pour
les mécanismes d'approbation. D'ailleurs, vous l'avez dans votre cahier,
c'est l'addenda au protocole d'entente situé sous l'onglet 7 et qui se
trouve là. L'amendement a eu pour objet de fixer les valeurs parce qu'au
moment où on s'est entendu le 19 mars, il a fallu évaluer
chaque caisse et s'entendre sur les valeurs. On a également jugé
à propos de clarifier les modalités selon lesquelles les deux
parties s'entendaient pour marcher; en d'autres termes, combien il fallait de
caisses comme approbation, quel volume de l'actif de l'établissement
devait voter en faveur pour que la mesure soit adoptée, et c'est ce qui
est reflété là.
M. Garon: Pour les fins du Journal des débats,
pourriez-vous nous dire quelle date il a été
modifié?
M. Picotte (Daniel): Je vais vérifier ça dans mes
notes. Vérification faite, c'est le 25 mai.
M. Garon: Le 25 mai. D'accord.
M. Picotte (Daniel): Oui, date du plan de...
Le Président (M. Hamel): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que le septième
attendu tel qu'amendé est adopté?
Mme Blackburn: Vous permettez? Cela vient modifier le
septième. C'est le dernier. Non?
M. Garon: Non.
(12 h 45)
M. Fortier: Non.
Le Président (M. Hamel): Non. Vous en avez trois autres
après.
M. Fortier: C'est le troisième de la page 4. Mme
Blackburn: Troisième avant-dernier. Le Président (M.
Hamel): C'est cela.
Mme Blackburn: Je ne sais pas pourquoi... Ah! d'accord.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Huitième attendu:
"Qu'aux termes de ce protocole d'entente, il est prévu que
Financière Entraide-Coopérants inc. émettra aux membres
des caisses d'établissement parties à la fusion, en
considération de l'annulation de leurs parts sociales, des actions
privilégiées de son capital-actions." Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Neuviève attendu: "Que ce
protocole d'entente a été approuvé par les conseils
d'administration de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec, de la Corporation de fonds de
sécurité de la Fédération des caisses
d'établissement du Québec, de Société d'entraide
économique du Québec inc. et de Financière
Entraide-Coopérants inc." Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Dixième et dernier
attendu, un amendement.
M. Fortier: Je propose un amendement, M. le Président. Le
préambule de ce projet est modifié par le remplacement, dans la
première ligne du dixième attendu, des mots "ce protocole
d'entente" par les mots "la fusion décrite au protocole d'entente".
Alors, le paragraphe se lirait: "Que la fusion décrite au protocole
d'entente a aussi été approuvée - et on continue - par
plus de 90 % des voix exprimées par les membres de la
Fédération des caisses d'établissement du Québec
lors d'une assemblée générale spéciale
convoquée à cette fin et tenue le 19 mars 1988." On voit qu'il
s'agit tout simplement d'un amendement de forme.
Le Président (M. Hamel): Adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que le
dixième attendu tel qu'amendé est adopté? M.
Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle l'article 1.
Une voix:...
Le Président (M. Hamel): Pardon, j'appelle le
préambule au complet tel qu'amendé.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle l'article 1. "Dans la
présente loi, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, il faut entehdre par: "1° "caisse
d'établissement": une caisse d'épargne et de crédit
affiliée à la Fédération au sens de la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit."
M. Fortier: Je vais les proposer, M. le Président.
Le Président (M. Hamel): Très bien.
M. Fortier: Alors, je propose l'article 1 qui se lit comme suit:
"Dans la présente loi, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, il faut entendre par: "1° "caisse
d'établissement": une caisse d'épargne et de crédit
affiliée à la Fédération au sens de la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit; "2° "Corporation de fonds de
sécurité": Corporation de fonds de sécurité de la
Fédération des caisses d'établissement du Québec;
"3° "Fédération": Fédération des caisses
d'établissement du Québec; "4° "Financière":
Financière Entraide-Coopérants inc; "5° - il y a un
amendement, je crois...
Une voix: Oui.
M. Fortier: Oui, c'est cela: "protocole d'entente". Alors,
l'amendement se lit comme suit: "protocole d'entente": le protocole d'entente
mentionné au préambule de la présente loi, signé le
19 mars 1988 et subséquemment modifié." Ce nouveau texte remplace
le texte qui est imprimé dans le projet de loi. "6° "SEEQ":
Société d'entraide économique du Québec inc."
Alors, je crois qu'il faut proposer l'amendement au
cinquièmement, dans un premier temps.
Le Président (M. Hamel): M. le député de
Lévis.
M. Garon: SEEQ. Pourquoi employer un sigle dans la loi? On
n'emploie jamais un sigle dans une loi, je n'ai jamais vu cela. On emploie
toujours le nom de l'entreprise. S'ils veulent après cela s'appeler
SEEQ, c'est de leur affaire. Dans un projet de loi, normalement, le nom, c'est
la Société d'entraide économique du Québec inc.
M. Fortier: Je peux demander à ceux qui proposent le
projet de loi. Peut-être que dans votre protocole d'entente vous vous
référez à ce sigle-là. Probablement? Non?
M. Picotte (Daniel): M. le ministre, écoutez, on s'y
réfère dans notre protocole. L'entreprise est largement connue
sous ce sigle-là.
M. Fortier: Sous ce sigle-là.
M. Picotte (Daniel): L'expression était très longue
et cela devenait très onéreux en ce qui concerne le langage.
C'est la seule raison qui nous a motivés à l'écrire comme
cela.
Le Président (M. Hamel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous dites que la Société d'entraide
économique est largement connue sous le sigle SEEQ?
M. Picotte (Daniel): La SEEQ... Mme Blackburn: La
SEEQ.
M. Picotte (Daniel): ...la Société d'entraide
économique du Québec. Comme vous le savez, il ne reste que
quelques sociétés d'entraide économique au Québec
et la Société d'entraide économique du Québec, moi,
en tout cas, je l'ai toujours connue sous ce sigle-là personnellement.
Je ne veux pas laisser entendre que c'est l'expérience de tout le
monde.
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez l'intention de conserver
cette appellation après la fusion?
M. Arcand: Après la fusion, cela va s'appeler la
Société d'entraide et d'établissement du Québec.
v
Mme Blackburn: Oui, mais cela va faire SEEQ quand même.
M. Arcand: Disons que le vocable va probablement demeurer, va
continuer d'être en usage, j'imagine, comme étant la SEEQ.
Le Président (M. Hamel): Cela va? Alors, est-ce que
l'amendement du cinquièmement est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. le député de
Lévis, cela va? Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 2.
M. Fortier: "La Fédération et la Corporation de
fonds de sécurité et les caisses d'établissement peuvent
être converties et fusionner avec SEEQ, en une société
d'entraide économique régie par la Loi sur les
sociétés d'entraide économique, selon les dispositions de
la présente loi." Adopté?
Le Président (M. Hamel): Adopté, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 3.
M. Fortier: "Aux fins de réaliser telle conversion et
fusion, la Fédération, SEEQ et Financière
établissent conjointement un plan de fusion inspiré, en
substance, du protocole d'entente. En outre des modalités de conversion
et de fusion, le plan de fusion prévoit..." Je ne sais pas si on
procède. Vous voulez que je lise l'article au complet? Le plan de fusion
prévoit: "1° la dénomination sociale de la
société issue de la fusion; "2° le district judiciaire
où la société issue de la fusion établit son
siège social; "3° les noms de famille, prénom, adresse et
profession des premiers administrateurs de la société issue de la
fusion ainsi que le mode d'élection des administrateurs
subséquents; "4° le capital-actions autorisé de la
société issue de la fusion, ainsi que son capital émis et
payé; "5° les modalités de conversion du capital-actions
émis et payé de SEEQ en actions de la société issue
de la fusion; "6° les modalités d'annulation des parts sociales de
chaque caisse d'établissement partie à la fusion ainsi que les
actions privilégiées de Financière ou les montants
d'argent que les détenteurs de ces parts sociales doivent recevoir en
plus ou à la place d'actions de la société issue de la
fusion; "7° les premiers règlements de la société
issue de la fusion; "8° les dispositions nécessaires pour
compléter la fusion et pour assurer l'organisation et la gestion de la
société issue de la fusion, le cas échéant. "Le
plan doit prévoir que toute action ou part sociale d'une des parties
fusionnantes qui appartient à une autre partie fusionnante est
annulée au moment de la fusion, sans remboursement du capital qu'elle
représente; ces actions et parts sociales ne peuvent être
converties en actions de la société issue de la fusion."
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Garon: Alors, je demande, M. le Président, pour
faciliter les choses, qu'on appelle chacun des paragraphes pour le vote.
Le Président (M. Hamel): Très bien. Alors,
l'article 3, premier paragraphe.
M. Garon: Premier alinéa.
Le Président (M. Hamel): Premier alinéa.
M. Fortier: Adopté
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Deuxième
alinéa.
M. Fortier: Bien, c'est le "premièrement".
M. Garon: Le "premièrement".
Le Président (M. Hamel): Le "premièrement".
M. Fortier: D'acord. Le "premièrement", adopté.
Le Président (M. Hamel): Le paragraphe 1, c'est cela.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): La dénomination
sociale.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Hamel): Le district judiciaire.
M. Fortier: Deuxièmement.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Troisième.
M. Fortier: Troisièmement? Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle le
quatrièmement.
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Hamel): Très bien, j'appelle le
troisièmement.
M. Garon: Adopté
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Le quatrième.
M. Fortier: Quatrièmement, adopté.
Le Président (M. Hamel): Cela va?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle le
cinquième.
M. Fortier: Cinquièmement, adopté, pour autant que
je suis concerné.
Le Président (M. Hamel): Cela va? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle le
sixièmement.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Avez-vous des questions ou si
cela va, M. le député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle le septième.
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): J'appelle le huitième.
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Le dernier paragraphe?
M. Fortier: Est-ce qu'on peut nous dire ce que le dernier
paragraphe signifie en clair?
M. Picotte (Daniel): Disposition usuelle, M. le ministre. Pour
des compagnies, c'est tout simplement que les parts sociales de la
Fédération des caisses d'établissement sont
détenues par des caisses d'établissement. À partir du
moment où il y a confusion des deux entités juridiques, il faut
forcément annuler les valeurs qui étaient en circulation. C'est
tout ce que cela dit.
Le Président (M. Hamel): Cela va? M. Fortier:
Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Alors, l'article 3, dans son
entier, est-il adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Article 4?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Article 5?
M. Garon: Non, non, pour l'article 3. Attendez un peu, ce n'est
pas une course.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Hamel): Non, non, mais, cher monsieur,
vous me dites: Adopté.
M. Garon: Bien oui, vous ne les lisez pas, nous, on les lit.
J'aimerais vous faire passer un examen sur le projet de loi après pour
voir comment vous réussiriez.
M. Fortier: II préside seulement, c'est nous qui
adoptons.
Des voix: Ha, ha, ha !
M. Fortier: L'article 4 est assez clair, je pense bien.
Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): C'est l'impression que j'avais
eue. Article 5?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: 50 % pour un projet de fusion, vous ne trouvez pas que
ce n'est pas beaucoup?
Mme Blackburn: Cela prend la majorité absolue.
M. Fortier: La question est posée à l'inspecteur.
M. l'inspecteur, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: Pourquoi pas 51 %?
M. Bouchard: Ici, il s'agit, à l'article 5, de
l'approbation par les actionnaires de la SEEQ. Alors, SEEQ est détenue
à 100 % par la Financière Entraide. Que vous mettiez n'importe
quel pourcentage, même 100 %, cela veut dire en
réalité 100 % approuvé par le holding. À
l'article suivant, c'est le même pourcentage qui est prévu dans
les cas de fusion par la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit.
M. Garon: Pardon?
M. Bouchard: Par la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit actuelle.
M. Garon: La loi sur les caisses d'épargne, c'est 50 %?
D'accord. Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): L'article 5 est adopté.
Article 6?
M. Fortier: Le premier paragraphe?
Le Président (M. Hamel): Le premier paragraphe.
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté, le premier paragraphe.
Le Président (M. Hamel): Deuxième paragraphe.
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Le troisième paragraphe de
l'article 6.
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Est-ce encore là le même pourcentage dans
les caisses d'épargne et de crédit?
M. Fortier: Oui.
M. Garon: II n'y a pas de nombre de membres présents
nécessaire non plus?
M. Fortier: M. l'inspecteur répond que non.
M. Garon: C'est parce que les mouvements de tête ne sont
pas enregistrés.
M. Fortier: C'est pour cela que j'ai répondu verbalement.
Adopté, M. le député de Lévis? Cela va?
M. Garon: Le député de Jonquière a
posé une question.
M. Fortier: Quelle est la question?
M. Dufour: Je veux seulement dire qu'on oublie qu'il y avait 50 %
des valeurs des actions représentées à l'article 5.
À l'article 6, on ne parle pas de la valeur des actions. Les caisses
d'épargne n'ont pas de...
Une voix: Ce sont des parts sociales. M. Fortier: Cela va?
Adopté? M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Hamel): Est-ce que l'article 6, dans son
ensemble, est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Hamel): Écoutez, il est 13 heures.
Nous allons suspendre jusqu'à 15 heures et nous allons poursuivre avec
l'étude...
M. Fortier: À l'article 7.
Le Président (M. Hamel): Je demande aux
intéressés de revenir à 15 heures. Je suspends.
M. Fortier: À moins que M. le député de
Lévis ne veuille continuer.
Le Président (M. Hamel): Oui. Moi, je dois quitter.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude du
projet de loi privé...
M. Garon: Pour commencer, ça prendrait le quorum.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous dire, M.
le député de Lévis, que vous avez raison. Nous n'avons pas
le quorum; alors, je vais suspendre pour quelques minutes. Comme M. le
député de Gaspé effectue un remplacement, il n'y a pas de
problème.
Nous débutons, M. le député de Lévis, par
l'étude du projet de loi 205. Nous étions rendus à
l'article 7.
M. Fortier: L'article 6 est adopté. Si vous me le
permettez, M. le Président, je proposerais l'article 7 et j'en ferais la
lecture.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier. L'article 7 dit ceci: "Si le plan de fusion est
approuvé et ratifié comme prévu aux articles 4, 5 et 6, la
fédération et SEEQ, par une requête conjointe, demandent
à l'Inspecteur général des institutions financières
d'émettre des lettres patentes de conversion et de fusion
confirmant le plan de fusion. "Immédiatement avant
l'émission de ces lettres patentes, les parts sociales de la
fédération et celles de chaque caisse d'établissement
partie à la fusion sont transformées en autant d'actions
transférables, aux attributs équivalents à ceux des parts
sociales ainsi transformées, et la Corporation de fonds de
sécurité est dotée d'un capital-actions ordinaire, sans
valeur nominale, entièrement émis et payé, dévolu
à la fédération. "Si la requête est accordée,
l'avis doit être publié par l'Inspecteur général
des, institutions financières dans la Gazette officielle du
Québec aux frais des requérants et, sujet à cette
publication mais à compter de la date des lettres patentes, la
fédération, toutes les caisses d'établissement parties
à la fusion, la Corporation de fonds de sécurité et SEEQ
sont fusionnées et continuent leur existence en une seule
société sous la dénomination sociale mentionnée
dans les lettres patentes."
On procédera ce matin paragraphe par paragraphe, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le premier paragraphe
de l'article 7. Est-ce que le premier paragraphe de l'article 7 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle le
deuxième paragraphe de l'article 7. Est-ce que le deuxième
paragraphe de l'article 7 est adopté?
M. Garon: Je voudrais poser une question ici.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand on dit: "Immédiatement avant
l'émission de ces lettres patentes, les parts sociales de la
fédération et celles de chaque caisse d'établissement
partie à la fusion sont transformées en autant d'actions
transférables, aux attributs équivalents à ceux des parts
sociales ainsi transformées." Qu'est-ce qu'on veut dire par "actions
transférables, aux attributs équivalents à ceux des parts
sociales ainsi transformées"?
M. Fortier: M. l'inspecteur, voulez-vous préciser, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Cela, c'est une disposition essentiellement d'ordre
fiscal. Pour obtenir l'approbation des autorités fiscales de
Québec ou d'Ottawa,. il faut faire en sorte que les parts sociales...
Parce qu'il faut bien reconnaître que les législations fiscales,
actuellement, ne reconnaissent pas ce genre de fusion et de conversion que nous
sommes en train d'effectuer cet après-midi. Alors, pour éviter
qu'il n'y ait taxation - vous savez qu'une transformation équivaut
à une disposition pour les dégrèvements d'impôt - on
dit ici que les parts sociales de la Fédération des caisses
d'établissement sont considérées comme transformées
en actions transférables, aux attributs équivalents à ceux
des parts sociales ainsi transformées. Alors, l'idée, c'est de
faire en sorte que les parts sociales deviennent, pour les fins
immédiatement de la fusion, des actions, ce qui fait en sorte que les
mécanismes de fusion des lois de l'impôt s'appliquent et qu'il y
ait continuité. La loi de l'impôt va s'appliquer pour les fins de
fusion.
Si on n'avait pas cela, la fusion ne pourrait pas se faire, parce qu'il
n'y a pas de fusion, du point de vue de l'impôt, entre une caisse
d'épargne et de crédit et une corporation à
capital-actions. Il faut donc, par une fiction de la loi, convertir ces parts
sociales en actions transférables, parce qu'une part sociale, par
définition, n'est pas transférable. Donc, c'est une action.
Deuxièmement, aux attributs équivalents aux parts sociales,
c'est-à-dire qu'on va conserver, pour cette action, les attributs de la
part sociale, avec un montant nominal, avec un montant de rétribution
pas plus élevé que pour ce qui était autrefois des parts
sociales. Alors, pour les fins d'impôt, il était essentiel...
M. Garon: Est-ce que ce sont les deux seuls attributs?
M. Bouchard: Oui. "Aux attributs équivalents à ceux
des parts sociales ainsi transformées."
C'est la même chose pour la Corporation de fonds de
sécurité.
M. Garon: Est-ce qu'il y a d'autres attributs ou si ce sont
seulement les deux attributs que vous venez de mentionner?
M. Bouchard: Entre autres, aux fins de l'impôt, il fallait
leur donner tous les attributs des parts sociales. Alors, les attributs des
parts sociales.
M. Garon: Non, non, mais vous dites "aux attributs
équivalents". Pourriez-vous nous faire la nomenclature de ces
attributs-là?
M. Bouchard: D'abord, part sociale: un homme, un vote,
indépendamment du nombre de parts. Alors, un individu qui, au moment de
la fusion, avait 200 parts sociales se trouve à avoir, fictivement, 200
actions. Il ne votera pas sur 200 actions, mais il aura un vote. Premier
principe.
Deuxième principe: les parts sociales, normalement, ne sont pas
transférables; là, on les rend transférables. Parce qu'une
part sociale,
dans une coopérative, elle est nominative.
Troisième principe: une part sociale, normalement, par
définition, n'a pas de rémunération, sauf celle qui est
attribuée par l'assemblée générale. C'est un
principe de base des coopératives qu'une part sociale n'est pas
rémunérée. Bon. C'est un des principes internationaux de
la Société internationale des coopératives.
Alors, on dit, pour ne pas aller plus loin que nécessaire pour
nos fins, les parts sociales sont transformées en actions, mais pas,
pour autant, en actions ordinaires, en actions qui prennent la place des
anciennes parts sociales et qui n'ont pas plus de droits et de
privilèges que les anciennes parts sociales. Mais, pour autant, on les
convertit en actions.
M. Fortier: Si je comprends bien, c'est un truc juridique pour
obtenir un "ruling" positif éventuellement.
M. Bouchard: C'est cela, exactement. Autrement, il n'y aurait pas
de fusion possible à Ottawa et à Québec. Le "ruling" est
obtenu au Québec et le ministère du Revenu, qui est parfaitement
d'accord, dit ceci: Le ministère du Revenu du Québec n'a pas
d'objection à la formulation qui a été
présentée de l'article 7 du projet de loi. Donc, pour les fins de
Revenu Québec, ils ne sont pas taxés; c'est une fusion au sens de
la loi fiscale. Pour cela, il fallait faire cela.
M. Fortier: Cela va? Adopté?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le paragraphe 2 de
l'article 7 est adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Deuxième paragraphe, oui, adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le deuxième paragraphe
de l'article 7. J'appelle le paragraphe 3 de l'article 7.
M. Fortier: C'est la procédure à être suivie:
publication et fusion. Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 7
est...
M. Garon: Non, attendez un peu. Il n'y a rien qui m'horripile
autant que d'essayer de nous faire marcher à la course.
M. Fortier: C'est Mme la députée de Johnson qui est
impatiente.
Mme Juneau: Ah! Je n'ai pas dit un mot. Une voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Non, vous n'avez pas dit un
mot, Mme la députée de
Johnson, vous avez seulement dit adopté.
M. Fortier: Mais vous n'en pensez pas moins. Ha, ha, ha!
M. Garon: Vous, c'est sur la Loi sur les caisses d'épargne
et de crédit qu'on aurait aimé que vous soyez rapide.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
M. Garon: Cela fait deux ans et demi qu'on l'attend.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, pas de bagarre, s'il vous plaît!
M. Fortier: D'après vous, cela ferait quatre ans.
M. Garon: Oui, elle est prête depuis quatre ans.
Voulez-vous que je la dépose à votre place?
M. Fortier: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je l'ai à mon bureau.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Lévis, pour le paragraphe 3 de l'article 7?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article
7...
M. Garon: Oh! Un instant! Une petite question.
Le Président (M. Lemieux): Oui, une petite question, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quel est le but de ne pas mentionner la
dénomination sociale à ce moment-ci?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Arcand.
M. Arcand: Actuellement, on songe à la
Société d'entraide et d'établissement du Québec
inc.
M. Garon: Ah, c'est beau!
M. Arcand: C'est ce à quoi on songe. On verra avec les
spécialistes en communication, marketing, etc., s'il y a lieu
d'améliorer cela, mais c'est ce à quoi on songe
présentement.
M. Garon: Ce serait bien plus beau que SEEQ.
M. Arcand: Cela va s'appeler encore SEEQ.
M. Garon: Oui?
M. Arcand: La Société d'entraide et
d'établissement du Québec inc.
M. Garon: D'entraide et d'établissement, il me semble que
cela se vend mieux.
M. Arcand: Je suis d'accord avec cela.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 3 de l'article 7
est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 7
est-il adopté dans son ensemble?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 8.
M. Fortier: Je propose l'article 8...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: ...qui se lit comme suit: "La société
issue de la fusion est sujette à tous les contrats,
responsabilités, incapacités et devoirs et possède tous
les biens, droits, privilèges et franchises de la
fédération, de chaque caisse d'établissement partie
à la fusion, de la Corporation de fonds de sécurité et de
SEEQ. "La dénomination sociale de la société issue de la
fusion est substituée de plein droit, sans formalité aucune,
à celle de la fédération, de chaque caisse
d'établissement partie à la fusion, de la Corporation de fonds de
sécurité et de SEEQ, dans tout contrat ou document impliquant ces
dernières. Les instances où la fédération, une
caisse d'établissement partie à la fusion, la Corporation de
fonds de sécurité ou SEEQ sont en cause avant la fusion peuvent
être continuées par la société issue de la fusion ou
contre cette dernière, sans reprise d'instance." C'est la
continuité des activités, des documents et des contrats.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le premier paragraphe, adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le paragraphe 1. Le
premier paragraphe est donc adopté. Le paragraphe 2 de l'article 8?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est-il
adopté dans son ensemble?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est adopté
dans son ensemble. J'appelle l'article 9. M. le ministre.
M. Fortier: Je propose l'article 9 qui se lit comme suit: "La
société issue de la fusion est une société
d'entraide économique régie par la Loi sur les
sociétés d'entraide économique. Malgré ce qui
précède et malgré toute autre loi sous le régime de
laquelle une société d'entraide économique peut continuer
son existence, le premier alinéa de l'article 48 ainsi que les articles
49 et 60 de la Loi sur les sociétés d'entraide économique
ne sont pas applicables à la société issue de la fusion ni
a une société qui, suite à une ou plusieurs fusions, tire
son existence de la société issue de la fusion. "Malgré
l'article 112 de la Loi sur les sociétés d'entraide
économique, la société issue de la fusion peut
acquérir et détenir des actions d'une société
d'entraide économique."
Peut-être que M. l'inspecteur pourrait nous préciser quels
sont les articles auxquels on fait référence.
M. Bouchard: Oui, M. le ministre. L'article 48 de la Loi sur les
sociétés d'entraide économique indique que toute
société d'entraide doit porter, dans son nom, l'expression
"société d'entraide économique". Alors, comme le projet de
loi prévoit maintenant que le nom va changer, évidemment cette
disposition-là ne s'applique plus.
L'article 49 était limitatif et indiquait, pour les
sociétés d'entraide, qu'elles étaient composées
d'actions d'une valeur nominale de 5 $. On vient de dire ici qu'une nouvelle
société issue de la fusion pourra avoir un capital qui sera
différent. Donc, cette disposition n'avait plus sa raison
d'être.
M. Fortier: L'article 60?
M. Bouchard: L'article 60 avait été stipulé
peu de temps après la crise des caisses d'entraide et limitait un
détenteur d'actions à ne pas voter plus de 5 % des actions, peu
importe le nombre d'actions qu'il détenait. Dans le contexte maintenant
où la Société d'entraide et d'établissement va
être détenue à 100 % par la Financière
Entraide-Coopérants qui, elle-même, va émettre des actions
privilégiées aux anciens détenteurs de parts sociales des
caisses, cette disposition n'a plus sa raison d'être parce qu'elle est
détenue à 100 % par un nouveau holding.
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que
l'article 9 est adopté, M. le député de
Lévis? M. Fortier: Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 10 du projet de loi 205. M. le ministre.
M. Garon: Non, non, c'était juste le premier
paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): Le premier paragraphe, ah, bon!
Alors, M. le ministre, le deuxième paragraphe de l'article 9.
M. Fortier: Je l'avais lu. On dit: "Malgré l'article 112
de la loi sur les sociétés..." L'article 112, M.
l'inspecteur.
M. Bouchard: L'article 112 est un article qui limitait les
pouvoirs de placement d'une société d'entraide aux
dépôts auprès d'une banque, aux obligations,
créances émises et garanties par le gouvernement du Québec
ou du Canada ou à tout autre placement autorisé par les
règlements. Or, le but du deuxième alinéa de l'article 9
est de permettre à la nouvelle société d'entraide
d'acquérir - ce qu'elle a déjà fait, d'ailleurs, au niveau
du holding de la Financière Entraide-Coopérants - des
sociétés d'entraide de Rimouski et de Val-d'Or, ce qui ne lui
était pas permis en vertu de la loi actuelle.
M. Fortier: Cela n'a pas besoin d'être rétroactif?
Non? Ce n'est pas encore fait? M. Arcand.
M. Arcand: Présentement, c'est la Financière
Entraide-Coopérants inc, qui a acheté les sociétés
de Rimouski et de Val-d'Or.
M. Fortier: Ah, oui.
M. Arcand: Évidemment, notre désir, c'est de les
transférer dans la Société d'entraide économique du
Québec aussitôt que la loi va nous le permettre.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le paragraphe 2°
de l'article 9 est adopté, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 9 est
donc adopté dans son ensemble.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 10 du projet de loi 205. M. le ministre.
M. Fortier: Je propose l'article 10 qui se lit comme suit: "En
plus des pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi sur les
sociétés d'entraide économique et tant qu'elle est
régie par cette loi, la société issue de la fusion peut
agir à titre de courtier pour obtenir des prêts d'argent ou agir
à titre de courtier au sens de la Loi sur le courtage immobilier. La
société issue de la fusion doit, pour exercer ces pouvoirs, se
conformer à la Loi sur le courtage immobilier. "Le premier alinéa
s'applique également à toute société qui, suite
à une ou plusieurs fusions, tire son existence de la
société issue de la fusion." Autrement dit, les privilèges
existants sont continués.
M. Dufour: Le courtage immobilier, c'était à cause
des caisses d'établissement.
M. Fortier: Oui, j'ai posé la question tout à
l'heure. Peut-être que M. Ricard peut nous donner l'explication. Je crois
que c'est dans les années cinquante qu'elles ont: eu ce
privilège.
M. Ricard: Oui, c'est cela. C'est avant les années
soixante que les caisses d'établissement ont été
autorisées à faire du courtage immobilier. On est actuellement
sous l'empire d'une loi spéciale concernant le courtage immobilier pour
les caisses d'établissement et cet article vient ouvrir nos
possibilités.
M. Dufour: Les décloisonner. M. Fortier:
Adopté?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Garon: Premier paragraphe adopté.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez bien dit, M. le
député de Lévis, que le premier alinéa est
adopté. Est-ce cela?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Alors, nous sommes au
deuxième alinéa.
M. Garon: Qu'est-ce que vous visez au deuxième
alinéa?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Mon Dieu, il pourrait y avoir d'autres fusions par la
suite. Je crois que les gens qui sont devant nous ont des plans qu'ils ne
veulent pas nécessairement nous livrer aujourd'hui, mais il pourrait y
avoir d'autres acquisitions et d'autres fusions qui en résulteraient.
C'est bien cela? C'est cette possibilité qui est évoquée
ici?
Le Président (M. Lemieux): M. Arcand.
M. Arcand: Exactement. Entre autres, Rimouski et Val-d'Or...
M. Fortier: Bien oui.
M. Arcand: ...qui ne sont pas fusionnées avec la
Société d'entraide économique du Québec
présentement.
M. Fortier: II pourrait y en avoir d'autres.
M. Arcand: II pourrait y en avoir d'autres. Évidemment,
c'est notre désir de créer un empire.
M, Garon: Est-ce que le ministre vous a demandé de devenir
un mammouth?
M. Fortier: Ils l'ont fait sans que je le leur demande. Les gens
comprennent vite dans le secteur privé, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, non, il a dit non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: C'est cela qu'il a dit.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît! M. Arcand, la réponse à la question du
député de Lévis.
M. Garon: Vous savez qu'à la fin des mémoires sur
le décloisonnement des intermédiaires le ministre essayait de
prendre ses distances face à ce terme. Il essayait même de me
l'attribuer, à un moment donné.
M. Arcand: C'est notre désir de devenir important et
substantiel.
Le Président (M. Lemieux): Sans nécessairement
devenir un mammouth.
M. Garon: Au Québec ou ailleurs?
M. Arcand: Le marché qu'on vise actuellement, c'est le
Québec. On a énormément de place au Québec, mais
rien n'exclut l'extérieur éventuellement. Nos ambitions n'ont pas
de limites.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 2 de l'article 10
est adopté. Est-ce que l'article 10 est adopté dans son
ensemble?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 11 du
projet de loi privé 205.
M. Fortier: Je propose l'article 11 qui se lit comme suit: "Aux
fins de l'application de l'article 123.49 de la Loi sur les compagnies à
financière, la conversion et fusion prévue à la
présente loi est réputée être une fusion intervenue
conformément à l'article 123.122 de la Loi sur les compagnies."
M. l'inspecteur, pourriez-vous nous expliquer ce qu'il en est?
M. Bouchard: C'est de la haute technologie. M. Fortier: Je
n'ai rien compris, moi.
M. Garon: C'est compliqué pour un ingénieur.
M. Bouchard: Cela dit simplement que les fusions verticales en
vertu de la partie 1A de la Loi sur les compagnies, sont beaucoup plus souples
qu'en vertu de la partie 1 de la loi. Comme les sociétés
d'entraide sont régies en vertu de la partie 1, pour rendre la fusion
applicable, on dit: Pour les fins de l'application de l'article 123.49, une
fusion est censée être intervenue conformément à
l'article 123.122, pour permettre une fusion beaucoup plus simple en vertu de
la nouvelle loi à la partie 1 A.
M. Garon: À la partie? Des voix: IA.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 12 du projet de loi 205. M. le ministre.
M. Fortier: Je propose l'article 12 qui se lit comme suit: "Les
articles 2 à 6 de la présente loi ont effet depuis le 1er mai
1988". Tout à l'heure, le procureur nous a expliqué que cette
disposition de la loi n'a pour conséquence que de légaliser le
processus enclenché depuis un certain nombre de mois: convocation de
réunions, approbation par les différentes instances du mouvement;
d'où, la nécessité d'adopter cette disposition du projet
de loi privé.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Garon: Un instant! Ce sont des articles qu'on ne voit pas
souvent. Qu'en pensez-vous comme Inspecteur général des
institutions
financières?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Comme le projet de loi a été
préparé de longue date et que cela prenait un très long
processus pour consulter tout le monde, sept caisses, il fallait faire en sorte
que la procédure suivie... Entre autres, ce qui est exceptionnel, pour
assurer que, ce soir, par exemple, le vote soit pris partout, dans toutes les
caisses, en même temps, il fallait donner à la
fédération le pouvoir de convoquer l'assemblée et de
transmettre les informations requises, et ne pas laisser à chaque caisse
la liberté de transmettre n'importe quelle circulaire d'information.
Comme il fallait le faire avant l'adoption de la loi, parce qu'on ne savait pas
quand elle se ferait, et que l'assemblée était prévue pour
le 15 juin, ce qui a été prévu - comme vous le voyez,
l'article 12 est très limitatif - ne réfère qu'aux
articles 2 à 6 qui sont des articles de procédure et ne touche
pas du tout, par exemple, le vote qui pourrait être pris ce soir et qui
serait illégal. On ne touche pas à ça. On ne touche
qu'à la procédure nécessaire pour autoriser, justement, le
protocole d'entente et tout ce qui a été nécessaire pour
aboutir à la rencontre de ce soir dans toutes les caisses
d'établissement; le vote va se prendre ce soir de façon
unanime.
M. Fortier: J'aimerais ajouter, M. le Président, que,
comme l'inspecteur l'a dit ce matin, justement, cette procédure
définie aux articles 2 à 6 a reçu son approbation et a
été préparée avec sa contribution totale. On peut
donc penser que, s'il y avait eu une loi l'autorisant avant que la
procédure débute, cela aurait exactement la même
procédure parce qu'elle a été approuvée par
l'inspecteur. Mais, comme l'inspecteur n'avait pas le pouvoir de
décréter que cette procédure était légale
parce qu'elle n'apparaissait nulle part dans les lois, on avait besoin de
l'article 12 pour légaliser une procédure qui a été
suivie et approuvée par l'Inspecteur des institutions
financières.
M. Garon: II y a une affaire qui m'embête, c'est la
modification. On dit qu'un protocole d'entente a été signé
le 19 mars 1988 et qu'il a été subséquemment
modifié. On rétroagit au 1er mai pour des réunions qui ont
eu lieu antérieurement. Par ailleurs, cela a été
modifié subséquemment, le 25 mai. Qu'est-ce qui a
été modifié le 25 mai?
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général. (15 h 30)
M. Garon: Parce qu'on ne le sait pas.
M. Bouchard: Les procureurs pourraient vous le dire, mais ce dont
j'étais au courant, c'est que, subséquemment à
l'approbation du plan originaire à la réunion du 19 mars, je
crois, il a été prévu par les caisses
d'établissement et les caisses d'entraide, les sociétés
d'entraide, que le plan de fusion pourrait être remis en question si un
certain nombre de caisses, représentant un certain pourcentage d'actifs,
n'adhéraient pas au plan. Je vous avoue que je suis un peu responsable
du fait que le plan a été modifié parce que, dans la
circulaire d'information qui était susceptible d'être
distribuée aux membres, ce renseignement, cette modification
n'apparaissait pas au protocole originaire. Je ne trouvais pas correct que le
protocole originaire stipule une chose et que la circulaire d'information
prévoie autre chose. Alors, ils ont modifié subséquemment
le protocole, ils l'ont fait approuver le 25 et ils vont soumettre ce soir en
bonne et due forme à leurs membres un protocole de fusion en
conformité avec la circulaire d'information qui a été
distribuée à tout le monde au minimum quinze jours avant
l'assemblée qui aura lieu ce soir.
Autre point important que je voudrais indiquer quant à la
nécessité de la rétroactivité surtout de l'article
6, c'est que je vous ai expliqué ce matin, par exemple, qu'un vote dans
le cas d'une caisse d'épargne et de crédit nécessite le
vote majoritaire. S'il n'y avait pas la disposition de l'article 6 du projet de
loi, il serait difficile de justifier les 50 % parce que ce que la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit prévoit, c'est la fusion
d'une caisse d'épargne à une autre caisse d'épargne et non
pas d'une caisse d'épargne avec une corporation à
capital-actions. Donc, il fallait, justement, que le vote de ce soir, mutatis
mutandis, autorise ce vote dans la même proportion que celle qui
régit actuellement les caisses d'épargne, mais applicable
à une fusion avec une corporation.
M. Garon: Mais nominativement. M. Bouchard: Oui.
M. Garon: C'est-à-dire que ce sont les personnes qui vont
voter, ce ne sont pas les actions.
M. Bouchard: Exactement.
M. Garon: Les gens vont voter exactement de la même
façon que s'ils étaient dans une coopérative.
M. Bouchard: Exactement.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Selon les principes coopératifs.
M. Bouchard: Présents à l'assemblée ce soir,
par exemple.
M. Fortier: Cela va, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Au fond, c'est une coopérative qui
disparaît, n'est-ce pas, un réseau de caisses d'épargne et
de crédit qui disparaît?
M. Fortier: En fait, vous avez raison, M. le député
de Lévis. Avec la disparition de ce mouvement coopératif, il ne
restera qu'une caisse populaire non affiliée à Rimouski et le
Mouvement Desjardins. Alors, le Mouvement Desjardins et une caisse non
affiliée seront les seuls qui restent dans le secteur coopératif
dans le domaine des institutions financières comme telles.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Garon: Attendez un peu. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 13.
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): Ah, pardon. J'avais compris
"adopté" au lieu de "attendez un peu", M. le député de
Lévis. Je m'excuse.
M. Garon: Dans votre esprit, comme Inspecteur
général des institutions financières, du fait d'avoir
modifié, tel qu'il est indiqué en préambule maintenant, le
protocole d'entente le 25 mai - le protocole d'entente signé le 19 mars
1988 a été subséquemment modifié le 25 mai, nous a
dit le procureur des requérants - est-ce qu'il peut y avoir des
conséquences juridiques sur tout l'aménagement législatif
qui est mis en branle, qui est mis en vigueur par cette loi?
M. Bouchard: Non, M. le député, pour la raison
suivante: c'est un peu l'équivalent d'une offre publique d'achat.
Lorsqu'une compagnie désire, par exemple, se porter acquéreur des
actions d'une autre compagnie, elle va indiquer que son offre est valide
à la condition qu'un certain pourcentage d'actions soient
déposées. Alors, le protocole d'entente prévoit que la
Société d'entraide et les caisses d'établissement vont se
fusionner, vont donner suite à leur projet s'il y a un minimum
d'adhérents qui y adhèrent. S'il y a seulement deux ou trois
caisses sur sept qui adhèrent, probablement que cela
n'intéressera plus du tout les deux mouvements d'y donner suite. Je dis
probablement, je n'en sais rien; peut-être qu'ils y donneront suite,
quand même. C'était pour se donner une marge de manoeuvre, pour
pouvoir dire: On y donne suite s'il y a assez de gens qui y adhèrent. Au
fond, c'est par respect du principe démocratique, pour ne pas forcer les
gens à entrer dans une fusion lorsque la majorité
déciderait du contraire.
M. Garon: Cela va. C'est parce que je voulais voir votre opinion
inscrite.
M. Bouchard: Je crois, M. le député, qu'il est
préférable de le mettre dans le protocole d'entente plutôt
que dans la loi. Dans la loi, cela aurait été pratiquement une
fusion forcée, forcer les gens à accepter l'adhésion alors
qu'ils ne sont pas obligés de l'accepter.
Le Président (M. Lemieux): Cela va? M. Garon: Cela
va. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est donc
adopté. J'appelle l'article 13 du projet de loi 205.
M. Fortier: Je propose l'article 13 qui se lit comme suit: "La
présente loi entre en vigueur le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi)."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté, M. le député de Lévis.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 13 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi privé 205, Loi concernant la
conversion de la Fédération des caisses d'établissement du
Québec, des caisses d'épargne et de crédit qui lui sont
affiliées et de la Corporation de fonds de sécurité de la
Fédération des caisses d'établissement du Québec
ainsi que leur fusion avec Société d'entraide économique
du Québec inc, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le titre du projet de loi
privé 205 est donc adopté. Est-ce que le projet de loi
privé 205, tel qu'amendé, est adopté dans son
ensemble?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le projet de loi privé
205, tel qu'amendé, est donc adopté dans son ensemble.
Je tiens à remercier les membres de cette commission, ainsi que
le proposeur et les requé-
rants de leur participation au projet de loi d'intérêt
privé 205. M. le député de Lévis, vous avez la
parole.
M. Garon: J'aimerais particulièrement remercier les gens
de nous avoir fourni un cahier complet, avec tous les documents. Je ne veux pas
vous faire des fleurs, mais, depuis que je siège comme
député - je n'ai pas siégé les années
antérieures parce que j'étais ministre et que les ministres ne
siègent pas, sauf s'il y a un projet de loi qui relève d'eux - je
pense que c'est une des rares fois où on a eu des documents complets
avec lequels on pouvait véritablement faire le tour des questions. Dans
certains cas, on peut poser des questions pour que ce soit enregistré
comme l'opinion de l'Inspecteur général des institutions
financières, pour que ce soit inscrit au Journal des débats.
Souvent, je dois vous dire que la documentation est mince. Dans votre cas,
au contraire, la documentation a été beaucoup plus
complète que ce à quoi nous sommes habitués.
Je vous souhaite bonne chance, comme institution pour laquelle
personnellement j'ai toujours eu un certain penchant, parce que je calcule que
vous faites une oeuvre de développement dans l'ensemble du
Québec, à des endroits où les banques ne sont pas encore
installées parce que ce n'est pas assez payant. Vous êtes
implantés dans l'ensemble du territoire québécois, que ce
soit dans la région de l'Abitibi, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, du
Bas-Saint-Lau-rent-Gaspésie, des Cantons de l'Est, du Sud du
Québec, de l'Estrie, un peu partout. Vos organismes souhaitent utiliser
les épargnes locales pour faire du développement local ou
régional. C'est nécessaire.
Quand les gens parlent de se prendre davantage en main, vous êtes
une institution qui semble vouloir être regroupée pour permettre
à des gens de placer leur argent pour que cela leur rapporte des revenus
et, en même temps pour contribuer au développement
économique de leur région.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Fortier: Je pense bien qu'on doit féliciter M. Ricard
et M. Arcand de ce travail qui, j'en suis sûr, arrivera à un
dénouement heureux ce soir. Nous sommes devant un projet de loi
adopté et recommandé par la commission parlementaire maintenant.
Tous deux, vous avez travaillé très fort pour harmoniser vos
points de vue et pour convaincre les nombreux participants à vos
sociétés. Je crois qu'on doit vous en féliciter. J'ose
espérer que tout se déroulera comme vous le souhaitez.
M. Arcand: Au nom de mes collègues, je voudrais remercier
la commission. Je peux vous assurer que c'est un travail qui a
été long et ardu, mais dont nous sommes très fiers. On
peut vous garantir qu'on sera à la hauteur des besoins du
développement économique des régions du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Arcand. Nous allons
suspendre quelques instants afin de procéder à l'étude du
projet de loi d'intérêt privé 214, Loi concernant
Elzéar Plourde Itée. J'invite le proposeur, M. le
député de Jonquière, à prendre place, ainsi que les
promoteurs, M. Fernand Girard, directeur gérant et représentant
autorisé, Me Pierre-Bernard Bergeron, procureur, ainsi que
l'intéressé, M. Roger Plourde. Nous allons suspendre pour environ
deux minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 40)
(Reprisée 15 h42)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! D'autres projets de lois
privés doivent être étudiés. S'il vous plaît,
les membres de cette commission, veuillez prendre place.
Projet de loi 214
Nous procédons maintenant à l'étude du projet de
loi d'intérêt privé 214, Loi concernant Elzéar
Plourde Itée. Je demanderais à M. le député de
Jonquière, parrain du projet de loi, s'il veut bien à la fois
nous le présenter et nous présenter les gens qui l'accompagnent;
dans un deuxième temps, je demanderais à M. le requérant
d'exposer dans les grandes lignes le projet de loi privé 214, d'en faire
ressortir l'objet et le bien-fondé. M. le député de
Jonquière.
Remarques préliminaires
M. Dufour: Merci, M. le Président. Mes premiers mots sont
pour remercier la commission de bien vouloir prendre en considération le
projet de loi concernant Elzéar Plourde Itée. Je voudrais aussi
souhaiter une bienvenue spéciale à ses intervenants qui viennent
de pas si loin que cela. Jonquière, c'est de l'autre côté.
Ils sont presque contigus à Québec. Il y a juste un parc qui nous
sépare, nos Rocheuses québécoises. Ses
représentants sont M. Fernand Girard, directeur gérant et
représentant autorisé, Me Pierre-Bernard Bergeron, procureur, et
un intéressé, M. Roger Plourde.
Ce projet de loi est l'histoire de beaucoup de compagnies au
Québec, compagnies à caractère familial qui, dans le
temps, changent de vocation. On parle souvent de changements dans les
compagnies, il faut se dire que cela a eu lieu de tout temps. Pour quelqu'un du
milieu, pour avoir vécu et vivre encore à Jonquière, la
compagnie Elzéar Plourde, qui est née en 1946, a
été une
compagnie très dynamique qui produisait des boissons non
alcoolisées, qu'on appelait Coca-Cola. Avec le temps, il y a eu des
transferts, des changements. Malheureusement, cette compagnie, pour un certain
nombre de raisons, n'a pas produit de rapport aux institutions
financières pendant quelques années, ce qui lui a enlevé
le statut qu'elle aurait toujours dû avoir, dans le fond. Cette compagnie
est encore productrice, elle fonctionne encore bien, il y a une quarantaine
d'employés qui sont à son service et elle a encore sa place
à Jonquière. C'est pour cela que je serais très heureux
que la commission accepte de redonner par ce projet de loi ce qui n'aurait
jamais dû disparaître, c'est-à-dire le droit de fonctionner
comme compagnie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Maintenant, je cède la parole
à M. Fernand Girard, directeur gérant et représentant
autorisé et promoteur du présent projet de loi. Dans un
deuxième temps, je demanderai à M. Roger Plourde,
l'intéressé, de prendre aussi la parole par la suite.
M. Fernand Girard, s'il vous plaît.
M. Girard (Fernand): II s'agit en effet d'une compagnie familiale
qui a 40 ans d'existence et qui en 1972, pour tout simplement une erreur
technique d'un bureau de comptabilité, avait négligé de
produire à temps le rapport financier exigé par la loi du temps,
ce qui a fait qu'elle est devenue, après un certain délai,
automatiquement dissoute.
En 1978, le gouvernement a réalisé qu'il fallait modifier
la loi. Mais, dans le cas de cette compagnie, comme cela avait
été fait en 1972, il semblait évident aux yeux de la
famille que le retard à la production d'un rapport, il fallait faire des
démarches pour rétablir cela. On s'est adressé à
l'époque à un bureau, parce que les gens n'étaient pas au
courant de toutes ces distinctions juridiques, parce que c'est une petite
entreprise familiale. On a fait les démarches auprès d'un bureau
d'avocats qui a dit: II faut rétablir la compagnie. On va refaire la
charte.
Du fait que la compagnie au sens de la loi était dissoute, ils
ont dit: On peut prendre le même nom. Donc, ils prennent le même
nom et, après un certain temps, ils obtiennent la nouvelle charte et on
reçoit de l'information du bureau d'avocats qui dit: Ne vous
inquiétez plus. C'est rétabli. La compagnie peut fonctionner
comme avant. Mais, en fait, il n'y avait pas eu rétablissement; en 1972,
elle avait été automatiquement dissoute, chose qui ne se produit
plus depuis 1978. L'obligation qui aurait eu lieu à ce moment-là,
puisque c'était en retard et que c'était dissout automatiquement,
c'était de demander un projet de loi privé pour la
rétablir, ce que tout le monde ignorait et qu'a semblé ignorer le
bureau d'avocats.
La compagnie a continué de fonctionner avec les mêmes
personnes, les mêmes actions et les mêmes titres. Cela n'a jamais
été modifié, ni les valeurs, ni rien. Il n'y a pas de
dette, il n'y a aucun créancier qui en fait partie. Il s'agit de
redonner, par la permission du Parlement, le droit d'existence de la compagnie.
J'ai découvert cette situation... La compagnie est
possédée surtout par des personnes âgées qui m'ont
demandé... Je venais de laisser SOQUIP; M. le ministre se rappelle
comment on fonctionnait. On me demande: Veux-tu venir t'occuper de voir
à ce que l'on puisse mettre cela en vente? Alors, je demande au notaire
qui s'occupait des documents de la compagnie: Pour la mettre en vente, il faut
avoir des titres valables; voulez-vous faire une recherche de titres? Il
répond: Je viens de découvrir qu'il manque un dossier; c'est
qu'elle a été rétablie en bonne et due forme, mais elle
reste dissoute au sens de la loi. Donc, seul le Parlement peut lui redonner
l'existence, puisqu'en vertu de cette loi elle n'existe plus. Au fond, cela a
été le problème. À ce moment-là, j'ai dit:
Je ne peux pas vendre, je n'ai pas les titres. Alors, on a entrepris les
démarches pour voir de quelle manière on pourrait la
rétablir. Les consultations avec les fonctionnaires du ministère,
ils disaient: Cela prend une loi, parce qu'on n'a pas mandat en vertu de la
loi. Elle est dissoute et elle n'a pas été rétablie. Donc,
nécessité que cela prenait d'avoir un projet de loi pour lui
redonner naissance, mais on avait cet avantage énorme qu'elle n'avait
pas été modifiée; il n'y a pas de créancier, il n'y
a personne qui réclame quoi que ce soit, puis elle est encore aux mains
de la même famille et elle continue à fonctionner de bonne foi, en
bon père de famille. On ne pouvait pas s'imaginer, en recevant une
nouvelle incorporation, qu'il restait quelque chose d'important qui n'avait pas
été réglé. Il faut comprendre que, dans le contexte
de ces années, une entreprise n'avait pas des comptables
agréés et des conseillers juridiques réguliers, on les
prenait quand on était mal pris. C'étaient des entreprises
familiales. Au fond, c'est cela le problème de base.
Le Président (M. Lemieux): On vous remercie, M. Girard.
Est-ce que M. Roger Plourde, intéressé, vous avez des
commentaires?
M. Plourde (Roger): Oui. Comme commentaires, c'est parce que moi,
mon domaine, ce n'était pas l'administration, j'étais sur la
vente et je ne m'occupais jamais d'administration. Alors, M. Girard avait
oublié de m'informer que, vu la loi, la compagnie était dissoute.
J'ai pris connaissance de la nouvelle compagnie et j'ai accepté...
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. Plourde, on vous
remercie. M. le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Fortier: Non.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez aucun
commentaire.
M. Fortier: Je crois que les explications données sont
explicites et cela nous fait plaisir de collaborer pour vous permettre de
redonner vie à cette compagnie. J'imagine qu'une fois qu'elle aura
été recréée votre intention, c'est de la fusionner
mais cela pourra se faire après. Alors, cela nous fait plaisir de
collaborer.
Le Président (M. Lemieux): Alors, y a-t-il d'autres
commentaires, M. le député de Jonquière? M. le
député de Lévis?
M. Garon: Moi, ce que j'aimerais savoir, encore une fois, c'est
pourquoi cela a été déposé à
l'Assemblée nationale seulement le 25 mai, alors que toute la
correspondance se termine au mois de mars, le 9 ou 10 mars; les avis ont
été publiés bien antérieurement à cela, les
avis ont été publiés en février et mars, tout
était prêt, semble-t-il. Comment se fait-il que cela arrive si
tardivement à l'Assemblée nationale? Je ne comprends pas.
Normalement, les gens qui ont déposé, par exemple, avant le 15
mai peuvent s'attendre d'une façon à peu près certaine de
voir leur projet, à moins qu'il y ait des empêchements majeurs,
adopté avant l'ajournement. Mais pourquoi, alors que les gens ont fait
leurs avis dans les journaux, toute la correspondance, correspondance, à
toutes fins utiles, qui arrête... La dernière lettre que j'ai,
moi, c'est le 10 mars, si on excepte celle du 9 juin à M. Major
où l'avocat dit qu'il est prêt à venir devant la
commission: Suite à la vôtre du 8 juin, il nous fait plaisir de
dire que nous serons présents le mercredi 15 juin à compter de
onze heures... Avant cela, la dernière lettre qu'on a de l'avocat, Me
Pierre-Bernard Bergeron, c'est le 10 mars 1988. Les avis ont été
publiés. Après cela, c'est déposé à
l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...deux mois et demi plus tard. Que se passe-t-il?
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Je veux vous faire savoir qu'on n'est pas
ici pour débattre de la procédure...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...d'une loi privée. Au
contraire, vous savez fort bien qu'en ce qui concerne la procédure comme
telle vous avez une procédure de présentation, d'étude et
d'adoption des lois privées. Si vous regardez bien vos règles de
fonctionnement...
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): ...que vous connaissez toutes
aussi bien que moi, l'ordre que j'ai est un ordre de la Chambre...
M. Garon: C'est vrai.
Le Président (M. Lemieux): ...en vertu de l'article 267 du
règlement que je vais prendre le temps de vous lire à part de
cela.
M. Garon: Ce n'est pas le problème.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est parce qu'on
n'est pas ici pour débattre de ce problème-là, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Non, c'est parce que, pour l'adoption des projets de
loi avant la fin de la session, il est supposé d'avoir un
dépôt avant telle date. Là, actuellement, les choses ont
été déposées tardivement; pourquoi? Il n'y a pas de
raison.
M. Fortier: Sur la question de règlement. J'aimerais
seulement interroger sur la question de règlement. C'est un cas patent,
ici, monsieur...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, j'aimerais
simplement... Je m/excuse, mais j'aimerais souligner à M. le
député de Lévis que, s'il lit bien l'article 22 des
règles de procédure du règlement de l'Assemblée
nationale, il va constater qu'il présume de l'adoption de la loi avant
le 23 juin. Si vous lisez l'article 22, je vais vous le lire, vous allez voir
ce qu'il dit. Il dit: "Un projet de loi présenté entre le 15
novembre et le 21 décembre ou entre le 15 mai et le 23 juin ne peut
être adopté pendant la même période." On ne sait pas
s'il va être oui ou non adopté avant le 23 juin. Pour qu'il soit
adopté à cette période, j'ai besoin du consentement. Si je
lis l'article 267 du règlement, vous allez constater, M. le
député de Lévis, que j'ai une motion de la Chambre et que
je n'ai pas à débattre ici, eu égard à cette
motion, de la procédure d'adoption comme telle qui a été
suivie pour la loi. Je n'ai qu'à débattre article par article
cette loi-là. Alors, M. le ministre, si vous avez des commentaires, vous
pouvez y aller.
M. Fortier: Seulement un commentaire. Dans ce cas-ci, M. le
député de Lévis, le projet de loi a été
envoyé par l'inspecteur le 29 avril à l'Assemblée
nationale. Voici ce que j'aimerais suggérer au député de
Lévis, parce que cela fait deux fois qu'il soulève cela. Je crois
que les membres de la commission du budget et de l'administration pourraient se
réunir, je sais qu'ils le font de temps à autre pour discuter
entre eux de questions de procédure. Je crois qu'ils pourraient discuter
de ces retards-là, mais ici il ne me semble pas que c'est le forum. Dans
ce cas-ci en particulier, l'inspecteur l'a envoyé le 29 avril.
Alors, la question qui est posée: Pour quelle raison les services
de l'Assemblée nationale ont-ils... Pour quelle raison y a-t-il eu des
retards dans le dépôt? Moi, je ne le sais pas. Il n'y a personne
ici qui peut répondre. Alors, ce que je suggérerais, c'est que
les membres de la commission se réunissent éventuellement un peu
plus tard pour discuter de ce problème-là, mais je n'ai pas la
réponse à cela. Ce n'est pas moi qui dirige l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, pour être
le plus équitable possible, comme j'ai un rapport du directeur de la
législation et que je n'aurai quand même pas à aller aussi
loin qu'avoir à débattre de cette procédure-là,
pour l'intérêt public, M. le député de Lévis,
votre propre intérêt ainsi que le mien, nous avons ici Me Bibiane
Reny, qui est à la législation, qui pourrait publiquement, de
consentement, nous donner un explication sur le fait qu'effectivement il n'y a
eu dépôt qu'en date du 26 mai. S'il y a consentement, je n'ai pas
d'objection à ce que Mme Reny prenne quelques minutes pour nous
l'expliquer.
M. Fortier: Bien, M. le Président, je ne sais pas si je
voudrais donner mon consentement parce que ne ne crois pas que cela va changer
essentiellement les discussions que nous voudrions avoir avec les gens qui sont
ici. Ce projet de loi est très simple. Sur le fond, je comprends les
préoccupations du député de Lévis, mais pourquoi
les membres de la commission ne se réunissent-ils pas à un moment
donné en commission d'étude et qu'ils en discutent? Je ne crois
pas que c'est le forum ici.
Le Président (M. Lemieux): J'ai fait état, M. le
ministre, au député de Lévis qu'en vertu de l'article 22
il présume de l'adoption de ce projet de loi avant le 23 juin. Je pense
que l'article est assez clair, net et précis. Il n'y a pas
d'imprécision, il dit bien ce qu'il veut dire. Je vous dis que le mandat
et l'avis de motion... M. le députe de Lévis, avec
l'expérience que vous avez, vous savez aussi bien que moi que j'ai un
mandat de la Chambre et le seul mandat que j'ai de la Chambre c'est
l'étude du projet de loi privé, et non pas de la procédure
de dépôt de ce projet de loi en Chambre. Et moi il m'est
arrivé comme cela, j'ai le rapport du directeur de la
législation. Ce n'est pas le forum pour débattre cela ici.
M. Garon: Quel est le forum, d'après vous? M. Fortier:
La commission...
Le Président (M. Lemieux): Et l'article 267 est clair. Je
pense que le forum pour débattre cela, M. le député de
Lévis, c'est en Chambre, et la question devrait être posée
en Chambre au leader du parti ministériel, tout simplement. Et c'est
là que le débat devrait se faire, et non pas en commission ou en
séance de travail. Le débat devrait se faire en Chambre, M. le
député de Lévis, et non pas à ce moment-ci
où nous avons un mandat qui est clair, net et précis de la
Chambre.
M. Fortier: Un autre forum, à mon avis, ce serait la
commission de l'Assemblée nationale, il y a une commission qui discute
de toutes les questions de procédure.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le ministre a
raison en disant qu'il y aurait aussi la commission de l'Assemblée
nationale. Et sur ce, M. le député de Lévis, je me dois
d'appeler le projet de loi d'intérêt privé, puisqu'il y a
quand même ici beaucoup de gens qui attendent. Je sais votre sens de la
justice et de l'équité, et je me dois d'appeler ce projet de loi
d'intérêt privé, eu égard au mandat que j'ai de la
Chambre, le projet de loi 214, Loi concernant Elzéar Plourde
Itée. Est-ce que vous avez des commentaires relativement à ce
projet de loi d'intérêt privé?
M. Garon: Non, le projet de loi est simple. C'est pour cela qu'il
n'avait pas de raison d'être en retard.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le préambule
du projet de loi d'intérêt privé 214. Y a-t-il des
commentaires relativement au préambule? Est-ce que le préambule
est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le préambule du projet
de loi d'intérêt privé 214 est adopté. J'appelle
donc l'article 1 du projet de loi d'intérêt privé 214. M.
le ministre, avez-vous des commentaires?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi d'intérêt privé 214.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 2, M. le
député de Lévis, est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 3 du projet
de loi d'intérêt privé 214.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 du projet de loi
est adopté. J'appelle le titre du projet de loi d'intérêt
privé 214, Loi concernant Elzéar Plourde Itée. Est-ce que
le titre est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 214, Loi concernant Elzéar
Plourde Itée, est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le projet de loi est
adopté dans son ensemble. Nous suspendons quelques minutes pour
permettre aux réquérants de la Loi concernant Vilmont inc. de
bien vouloir prendre place.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais remercier la commission d'avoir
accepté avec diligence ce projet de loi qui est de nature à
bonifier ce qui existe et en même temps encourager les entrepreneurs
à continuer à être de bons entrepreneurs. J'allais dire:
Allez et ne péchez plus.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre,
brièvement, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Girard: Vous me permettez de remercier la commission. Nous
avions 40 employés qui étaient bien inquiets et qui se
demandaient si demain matin ils auraient encore leur emploi, alors qu'ils ne
pouvaient pas comprendre dans quelle situation ils pouvaient se ramasser.
M. Fortier: Cela nous a fait plaisir. Merci. M. Girard:
Nous vous remercions.
Le Président (M. Lemieux): À nouveau, nous vous
remercions de votre collaboration et nous allons suspendre quelques minutes
afin d'entendre le projet de loi d'intérêt privé Loi
concernant Vilmont inc.
(Suspension de la séance à 16 heures)
(Reprise à 16 h 1)
Projet de loi 217
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Nous allons maintenant
procéder à l'étude du projet de loi d'intérêt
privé 217, Loi concernant Vilmont inc. Je demanderais au parrain, M. le
député de Limoilou, de bien vouloir nous présenter,
à la place du député de Viger, M. Maciocia, le
présent bill d'intérêt privé et de nous
présenter, s'il vous plaît, les gens qui l'accompagnent, le
requérant du présent bill.
M. Després: Merci, M. le Président. Effectivement,
étant en fin de session, il est difficile de savoir exactement à
quelle période passeront en commission parlementaire les projets de loi
privés. Mon collègue étant pris lui-même à
d'autres travaux, j'aimerais vous présenter le procureur qui va nous
expliquer le projet de loi 217, Me Guy Rivet. J'aimerais, M. le
Président, lui passer la parole.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Limoilou. Me Rivet, s'il vous plaît, veuillez
exposer les grandes lignes de votre projet de loi et en faire ressortir le
bien-fondé et l'objet.
Remarques préliminaires
M. Rivet (Guy): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, la compagnie Vilmont inc, comme l'indique le projet de
loi 217, avait été incorporée par lettres patentes le 3
juillet 1959. Cette compagnie a acquis une terre, la terre 1969, dans la
paroisse de Saint-Lin, le 21 mars 1960. Elle a subdivisé en partie cette
terre, elle a vendu une centaine de lots et une trentaine de maisons ont
été construites. En 1973, cette compagnie a été
dissoute pour non-production de rapports. Cependant, entre-temps, la compagnie
a continué à vendre sous forme d'offres d'achats certains
terrains et le président, M. Claude Perreault, maintenant
décédé, a lui-même continué de payer les
taxes. Une partie du terrain demeure encore propriété de la
compagnie, et cette partie n'est pas subdivisée. La compagnie aurait
à signer quelques actes de vente et quelques quittances pour des soldes
de prix de vente déjà payés. M. Perreault est
décédé le 23 août 1986, il était un
archiviste et un historien, il vivait plus dans le passé que dans le
présent. Lorsqu'on lui répétait qu'il fallait faire ses
rapports annuels, il remettait toujours aux calendes grecques et un jour on
s'est aperçu que la compagnie n'existait plus.
Au moment de son décès, sa veuve, Mme Régina
L'Heureux, qui, malheureusement, ne peut être ici parce qu'elle sort de
l'hôpital à la suite d'une opération, a repris les
procédures pour faire revivre cette compagnie et elle m'a mandaté
pour ce faire. Cette compagnie avait une quinzaine d'actionnaires. Mme
L'Heureux a racheté les actions de la majorité des actionnaires.
De plus, Mme L'Heureux et M. Perreault, de son vivant, ont continué
à payer des taxes municipa-
les et scolaires à la paroisse ou à la municipalité
de Saint-Lin, qui est devenue maintenant la municipalité des
Laurentides, je crois. Alors, ils ont payé pour environ 15 000 $ de
taxes scolaires et municipales depuis 1973, c'est-à-dire depuis 15 ans.
La compagnie a encore un actif, elle n'a pas de dettes et pour remplir
certaines obligations, entre autres signer des actes de vente ou des
quittances, il lui faudrait obtenir, conformément au projet de loi 217,
une nouvelle existence juridique.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Me Rivet.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? J'appelle le
préambule du projet de loi d'intérêt privé 217, Loi
concernant Vilmont inc. Est-ce que le préambule du projet de
loid'intérêt privé 217 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le préambule du projet
de loi d'intérêt privé 217 est adopté.
J'appelle donc l'article 1 du projet de loi privé 217. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2 du projet de loi d'intérêt privé
217.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3 du projet de loi privé 217.
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi d'intérêt privé 217
est adopté, Loi concernant Vilmont inc?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le titre est adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi d'intérêt privé 217
est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble du projet de loi
d'intérêt privé 217, Loi concernant
Vilmont inc, est adopté. Nous vous remercions,
Me Rivet. M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Fortier: Non. Je suis heureux que cela ait
procédé si rapidement. Me Rivet, vous êtes libre.
M. Rivet: C'est à moi de remercier le président,
les députés et M. le ministre, qui est mon député,
je vous le dis en passant, habitant son comté.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur ce, je vais
permettre au député de Lévis de dire quelques mots. M. le
député de Lévis.
M. Fortier: J'ai Jacques Parizeau dans mon comté
aussi.
Le Président (M. Lemieux): Pour terminer, M. le
député de Lévis, avez-vous des commentaires?
M. Garon: Je pensais que les gens d'Ou-tremont étaient
sans faille!
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie Me
Rivet.
M. Rivet: C'est moi qui vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre quelques
minutes pour procéder à l'étude du projet de loi
d'intérêt privé, Loi concernant Les Immeubles Benoît
inc.
(Suspension de la séance à 16 h 7)
(Reprisée 16 h 8)
Projet de loi 233
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission procède à l'étude du projet de loi
d'intérêt privé 233, Loi concernant Les Immeubles
Benoît inc.
M. le député de Limoilou, pourriez-vous nous
présenter le projet de loi, s'il vous plaît, et nous
présenter les requérants?
Remarques préliminaires
M. Després: Oui, M. le Président. J'aimerais vous
présenter le projet de loi 233, Loi concernant Les Immeubles
Benoît inc. Les promoteurs sont représentés par M. Marcel
Duval...
M. Duval (Marcel): C'est cela.
M. Després:... qui est actionnaire. J'agis au
nom de mon collègue, M. Hétu, député de
Labelle, qui est retenu à d'autres travaux parlementaires. Ah! Il
arrive.
Une voix: Ah bon!
M. Després: J'espère que mon collègue ne
m'en voudra pas trop d'avoir présenté M. Duval.
M. le Président, on pourrait peut-être passer la parole
à mon collègue, le député de Labelle, s'il a
quelques commentaires.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Labelle, vous avez quelques minutes de retard. Allez-y. La parole est
à vous.
M. Hétu: Excusez-moi, M. le Président. C'est pour
présenter un projet de loi privé. La charte de la compagnie a
été annulée il y a plusieurs années, je pense.
Alors, à ce moment-là, il me fait plaisir de... En quelle
année? La date...
M. Duval: Elle est entrée en vigueur en 1964, mais a
été dissoute en 1973 au mois de juin, puis...
M. Fortier: Tout le monde a été dissout en 1973,
d'après ce que je vois.
M. Duval: Le notaire qui a découvert cela l'a
découvert à la fin de l'année 1986. Il a commencé
ses recherches, mais entre-temps il est décédé et cela a
pris six mois à obtenir les dossiers de son enquête et ensuite
j'ai remis cela à un fiscaliste et à mon député, M.
Hétu, qui dès ce printemps ont marché l'affaire
très vite. Mais nous fonctionnons selon notre charte, ma femme, moi et
une autre personne, sans savoir que nous étions dans
l'illégalité. Nous avons fait une trentaine de transactions qui
ont impliqué environ 120 actes notariés qui seraient
illégaux sans la reprise d'existence de cette charte.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M.
Duval.
Étude détaillée
Je vais en profiter pour appeler immédiatement le
préambule du projet de loi d'intérêt privé 233.
Est-ce que le préambule est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Vos rapports étaient faits par qui?
Le Président (M. Lemieux): M. Duval.
M. Duval: Les rapports étaient faits par mon comptable,
étaient adressés chez moi, mais je n'ai reçu aucun avis.
Lors de ces dates, j'ai annulé mon casier postal parce que j'avais le
courrier à domicile. Mais entre-temps, si les avis ont été
envoyés, la municipalité a changé mon numéro de rue
et je n'ai jamais déménagé depuis 23 ans.
M. Chagnon: Vous n'avez pas changé de comptable?
M. Duval: J'ai changé de comptable, oui. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Fortier: Le gouvernement a changé aussi. M. Duval:
Plusieurs fois.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle de nouveau, M.
le député de Lévis, le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 233. Est-ce que le préambule est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le préambule du projet
de loi est adopté. J'appelle donc l'article 1 du projet de loi
d'intérêt privé 233. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 2 du projet
de loi d'intérêt privé 233. Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3 du projet de loi privé 233.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi d'intérêt privé 233,
Loi concernant Les Immeubles Benoît inc, est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que
l'ensemble du projet de loi d'intérêt privé est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble du projet de loi
d'intérêt privé 233 est adopté. M. le ministre,
avez-vous quelques commentaires brefs à ajouter?
M. Fortier: J'espère qu'on vous a donné
satisfaction.
M. Duval: Avec beaucoup de diligence.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions, M.
Duval.
M. Duval: C'est moi qui vous remercie.
M. Fortier: Alors, vous avez un député très
efficace. Il vous a conseillé.
M. Hétu: Comme l'ensemble du gouvernement, d'ailleurs.
M. Duval: Merci.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous savez sans doute que tous ces gens-là se
seraient épargné ce voyage si le ministre des institutions
financières avait fait adopter le projet de loi qui a été
voté en deuxième lecture. On devait l'étudier en
février, et il serait déjà adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Tous ces voyages seraient inutiles, parce que dans le
projet de loi la procédure est prévue pour régler ces
questions-là sans venir à l'Assemblée nationale.
M. Fortier: Mais cela nous fait plaisir de voir des gens des
régions; sans cela, ils ne viendraient pas ici.
M. Duval: Cela nous permet de rencontrer ceux qu'on a l'occasion
de voir seulement à la télévision dans des débats
parfois assez houleux. Là, on vous voit souriants.
Le Président (M. Lemieux): J'espère, M. Duval, que
vous avez apprécié votre visite. Alors, nous vous remercions de
votre collaboration. Nous allons suspendre quelques minutes afin de permettre
aux requérants du projet de loi d'intérêt privé 242,
Loi concernant le Club des Portes de l'Estrie inc, de bien vouloir prendre
place. Il est proposé par Mme la députée de Johnson.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 14)
Projet de loi 242
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget de l'administration étudie le projet de
loi d'intérêt privé 242, Loi concernant le Club des Portes
de l'Estrie inc. Je demanderais à Mme la députée de
Johnson de bien vouloir nous présenter ce projet de loi et de nous
présenter les gens qui l'accompagnent pour que par la suite les
requérants nous expliquent les grandes lignes du projet de loi et en
fassent ressortir le bien-fondé et les objets. Mme la
députée de Johnson.
Remarques préliminaires
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait
plaisir de vous présenter M. Dardanelle Loignon, qui est au centre.
À sa gauche, c'est M. Rolland Lapointe, secrétaire. À sa
droite, c'est M. Charles-Aimé Deslandes, directeur.
Le Club des Portes de l'Estrie est un club de chasse et pêche qui
a été institué par des lettres patentes le 15 août
1958. en vertu de la Loi concernant les clubs pour la protection du poisson et
du gibier (S.R. 1941, chapitre 155) et qui a été dissout le 24
novembre 1973 en vertu de la Loi des renseignements sur les compagnies. C'est
comme les autres lois privées qui ont passé avant. Je vais vous
donner un petit aperçu de ce que c'était. Il a été
fondé en 1958 et il fonctionne depuis ce temps, à ma
connaissance. Au début, il y avait 20 personnes qui ont fondé le
club de chasse et pêche. Aujourd'hui, il en reste huit. Vous comprendrez
que les gens ont vieilli un petit peu même s'ils sont jeunes dans le
coeur. Ils ont songé à vendre il y a à peu près un
an et demi et ils se sont rendu compte qu'ils n'existaient plus en tant que
compagnie. Ils ont fait des démarches et ils se sont rendu compte que la
compagnie n'existait plus. Donc, ils ont toujours payé leurs taxes
scolaires, municipale et ainsi de suite sur les lots du club de chasse et
pêche et ils souhaiteraient reprendre vie pour être en mesure de
pouvoir céder les terrains après cela. Mais j'ai un amendement,
M. le Président, aussi.
Le Président (M. Lemieux): Dans un instant. Mme Juneau:
D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Lorsque j'aurai appelé,
Mme la députée de Johnson, le préambule puisque nous en
sommes aux remarques préliminaires. M. le ministre.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président.
M. Fortier: Non, j'avais seulement une question ou deux. Est-ce
que vous avez des actifs comme tels? Quelle est l'importance de recréer
l'incorporation, parce que vous auriez pu continuer d'autres façons?
J'imagine que vous avez des actifs dont vous voulez disposer?
M. Loignon (Dardanelle): Non. Nous avons acheté un ferme
de 177 acres.
M. Fortier: Ah, bon, vous possédez une ferme.
M. Loignon: Oui. Nous avons acheté la ferme de 177 acres.
Nous l'avons reboisée complètement. La partie qui était en
terre faite, nous l'avons reboisée. C'est une plantation aujourd'hui de
29 ans. On a commencé à reboiser en 1959. Cela fait 29 ans. Si on
n'a pas fait de rapport, c'est qu'on ne comprend pas pourquoi l'adresse du
siège social... La compagnie Marque d'Or a fait des recherches pour
savoir la raison de l'annulation. L'adresse du siège social était
à Warwick, un lot vacant, et jamais personne de nous autres n'a
demeuré à Warwick. On n'a jamais eu affaire à cette
adresse-là. On n'a pas fait de rapport parce qu'on n'en recevait
pas.
M. Fortier: Ma question était sur les actifs mais vous
m'avez dit que vous aviez acheté une ferme. La députée de
Johnson nous disait que vous étiez un club de chasse. Quelle est la
relation avec le club de chasse et le reboisement que vous avez fait?
M. Loignon: C'est qu'on a gardé cette
propriété-là...
Une voix: ...Outremont.
M. Fortier: II y en a beaucoup de bois dans Outremont.
M. Loignon: II y a un lac pour la pêche, et la
chasse...
Une voix: Cela n'a pas de bon sens.
M. Loignon: ...on a profité du fait qu'on pouvait
reboiser.
M. Garon: Hein!
M. Fortier: Alors, maintenant, cela doit valoir une petite
fortune, ce que vous avez.
M. Loignon: Bien c'est... Elle vaut plus cher que quand on l'a
achetée, c'est certain, parce qu'il y a eu beaucoup de travaux, de
main-d'oeuvre, de machinerie, pour l'aménagement du lac. Puis, la
plupart... On est dans les plus jeunes qui ont cela, cette affaire-là,
alors les autres veulent vendre aussi, là.
M. Fortier: Ah, ah!
M. Loignon: Cela fait que...
Une voix: 1973.
M. Fortier: Alors, cela nous fait plaisir de collaborer avec
vous, même si la députée de Johnson, qui est tellement
charmante, n'a respecté aucun des délais. Je le dis parce que le
député de Lévis insiste toujours sur les
délais...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur, monsieur, M. le
ministre!
M. Fortier: ...mais cela nous fait plaisir... Le
Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Fortier: ...cela nous fait plaisir de collaborer.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, n'attisez
pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ...n'attisez pas le feu, M. le
ministre. Mme la députée de Chicoutimi! Alors, Mme la
députée... M. le député de Lévis, vous avez
demandé la parole?
M. Garon: Alors, M. le Président, au fond, ce que le
ministre devrait dire, c'est que si la Loi sur le registre des associations des
entreprises avait été votée en temps utile, puisque cela a
déposé à l'automne, qu'il y a eu lecture des principes et
il a été voté à l'unanimité... On devait
étudier ce projet de loi à la fin de janvier et au début
de février, la loi serait déjà adoptée et vous
auriez évité le voyage. Vous auriez seulement eu à
écrire au ministre ou à l'Inspecteur général des
institutions financières et regarder votre affaire puis il y aurait eu
reprise d'instance. Mais, comme la députée de Johnson l'a dit, je
peux vous dire qu'elle s'est occupée de votre affaire, parce que,
souvent, les députés ne font que le déposer...
M. Loignon: On l'en remercie beaucoup. M. Garon: ...mais
elle a été assez inquiète...
M. Fortier: Avez-vous une remarque sur les délais?
M. Garon: Quand elle a dit que vous alliez reprendre vie,
voyez-vous, on a des pouvoirs de faire quasiment la résurrection, nous
autres, aujourd'hui.
M. Fortier: Avez-vous une remarque sur les délais?
M. Garon: Les délais?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre et M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: Je vais vous dire exactement... Maintenant, je vais
dire ma pensée clairement...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Non, je m'excuse,
M. le député de Lévis et M. le ministre.
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): J'ai rendu une
décision...
M. Garon: Mais, sur le principe de l'affaire, là...
Le Président (M. Lemieux): J'ai rendu une décision
tout à l'heure, c'est assez clair. On ne discutera pas ici - et M. le
ministre, n'attisez pas le feu, s'il vous plaît - on ne discutera pas de
la procédure... Mme la députée de Chicoutimi! Je vous en
prie, M. le député de Lévis, je vous regarde et je sais
que vous avez envie de le faire, puis vous êtes très habile
procédurier.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Très habile
procédurier. S'il vous plaît! Mme la députée de
Johnson...
M. Garon: Non, non. J'ai la parole.
Le Président (M. Lemieux): ...je sais que vous êtes
habile.
M. Garon: J'ai la parole.
Le Président (M. Lemieux): Je sais que vous prenez
beaucoup de chemins pour aller a Rome, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand je décide d'aller à Rome, j'y
vais.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je sais que vous
êtes capable.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...gagner des indulgences au lieu d'en faire
gagner.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Essentiellement, ce que je veux dire, c'est qu'il y a
des projets... Celui-ci est un projet essentiellement de nature privée,
parce qu'il touche un petit groupe, un club de chasse et de pêche. Le
ministre a demandé pourquoi il y avait un boisé parce que,
étant d'Outremont, il ne savait peut-être pas que certains animaux
vivent dans le bois...
Une voix: Le Mont-Royal.
M. Garon: II aurait pu demander, si vous avez un club de
pêche, pourquoi vous avez un lac, parce que les poissons vivent dans
l'eau! Mais je dirai essentiellement qu'il y a d'autres projets qui sont
privés mais qu'en réalité ils sont de nature publique. Le
premier projet de loi qu'on a étudié cet après-midi, les
caisses d'entraide économique, les caisses d'établissement, cela
touche 250 000 personnes, on n'est plus en famille quatre ou cinq ensemble, ou
vingt-cinq ensemble. Ce n'est plus vraiment un projet privé. On
l'appelle privé, mais au fond il est de nature publique. Tandis que le
projet de loi qu'on a devant nous c'est vraiment un projet privé. C'est
pour cela que je dis qu'il faut faire des distinctions. On peut aviser tout le
monde au Québec, parce qu'il s'agit des caisses d'établissement
et des caisses d'entraide économique, qui touchent 250 000 personnes
dans tout le Québec. On ne peut pas avoir les mêmes exigences, par
exemple, par rapport à un petit groupe local qui fonctionne mais qui ne
s'est pas rendu compte qu'il était mort depuis 1973 en vertu d'un
pouvoir administratif. Alors, c'est de nature complètement
différente. Je me rappelle, la députée m'avait
écrit un mot, m'avait envoyé la lettre que vous leur avez
envoyée il y a déjà plusieurs mois.
M. Fortier: Et vous m'aviez écrit, je vous avais
répondu.
M. Garon: Oui, oui, parce qu'elle s'en est vraiment
occupée. Cela prend techniquement quelqu'un pour présenter un
projet. Mais, souvent, des députés qui présentent un
projet, la seule chose qu'ils font c'est le donner au page qui vient le
chercher, le lui donner dans les mains et dire: Voilà, c'est fait.
M. Fortier: Ce n'est pas gentil pour votre chef de
l'Opposition.
M. Garon: Non mais techniquement cela se fait comme cela. Il n'y
a rien de mal là-dedans; techniquement cela se fait comme cela. Sauf
que, dans votre cas, à toutes les étapes et pour tout ce qu'il y
a moyen de faire, je n'ai jamais vu un député qui s'est autant
occupé d'un projet de
loi privé que la députée de Johnson dans le cas de
votre affaire, parce qu'elle trouvait cela dommage que vous soyez pris dans une
circonstance comme cela en dehors de toute votre volonté. Je connais
votre projet depuis longtemps et je suis content que vous soyez rendus ici et
je suis prêt à procéder.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
député de Lévis. J'ajouterai que Mme la
députée de Johnson s'occupe bien de tous ses dossiers.
Étude détaillée
Alors nous appelons maintenant le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 242. Mme la députée de
Johnson, je crois que relativement au préambule vous avez des
commentaires.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président, j'aurais un
amendement qui se lirait comme suit: Le premier attendu du projet de loi 242
concernant le Club des Portes de l'Estrie inc. est modifié par le
remplacement, à la deuxième ligne, des mots "lettres patentes"
par les mots "l'émission d'un certificat d'incorporation".
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevabie;
est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le préambule
du projet de loi d'intérêt privé 242 tel qu'amendé
est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le préambule
étant adopté, j'appelle donc l'article 1 projet de loi
d'intérêt privé 242. Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est adopté.
J'appelle donc l'article 2 du projet de loi d'intérêt privé
242. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté.
J'appelle donc l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi d'intérêt privé 242, Loi concernant le Club des
Portes de l'Estrie inc, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 242 tel qu'amendé est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble du projet de loi
d'intérêt privé 242 tel qu'amendé est adopté.
Nous vous remercions. Mme la députée de Johnson, avez-vous
quelques commentaires rapides, s'il vous plaît?
Mme Juneau: Je tiens simplement remercier les membres de la
commission, M. le ministre, mes collègues, et remercier aussi les gens
du Club des Portes de l'Estrie qui ont aussi fait leur travail et je suis
contente que le projet de loi ait passé aussi vite que cela. Merci
beaucoup, tout le monde.
M. Loignon: Je tiens à remercier aussi tous les membres de
la commission parlementaire de bien avoir accepté les propositions de
Mme Juneau afin de nous aider. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions et nous
allons suspendre pendant quelques minutes avant de procéder à
l'étude du prochain projet de loi privé que je vous nommerai dans
une minute.
(Suspension de la séance à 16 h 24)
(Reprise à 16 h 27)
Projet de loi 221
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission procède à l'étude du projet de
loi d'intérêt privé 221, Loi modifiant la Loi fusionnant le
Trust Général du Canada et la Société
d'administration et de fiducie. Je demanderais au député parrain
du projet de loi, M. le député de Saint-Louis, s'il veut bien
présenter ce bill et nous présenter les gens qui l'accompagnent
afin que le requérant nous expose les
grandes lignes du projet de loi et en fasse ressortir le
bien-fondé et l'objet. M. le député de Saint-Louis.
Remarques préliminaires
M. Chagnon: M. le Président, je vous remercie. Le projet
de loi est relativement simple. Il s'agit de la firme Trust
Général du Canada dont le capital-actions est détenu par
Trustco Général inc. La demande est d'abroger l'article 10 de la
charte du Trust Général de façon que l'exercice du droit
de vote...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Je ne
comprends pas. M. le député de Saint-Louis, vous pouvez
continuer.
M. Chagnon: Est-ce que c'est moi que vous ne comprenez pas?
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est... Je pense que
c'est M. le député de Lafontaine.
M. Chagnon: ...de façon à faire en sorte que
l'exercice du droit de vote de Trustco soit un exercice à 100 % par
rapport à un exercice partiel tel que c'est le cas actuellement.
Me Marcel Piché, vice-président du Trust
Général du Canada, est ici avec nous et je tiens à vous
prévenir en même temps, M. le Président, qu'à
l'alinéa 3 de l'attendu j'aurai un amendement relativement mineur.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Fortier: II me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à
Me Marcel Piché, un de mes électeurs également. Bienvenue
à Québec.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M.
Piché, est-ce que vous avez des commentaires relativement à
l'objet de votre projet de loi? Pouvez-vous nous expliquer brièvement
la...
M. Piché (Marcel): Je vais vous expliquer
brièvement la nécessité de faire droit à notre
demande. Toutes les actions votantes du Trust Général sont
détenues par Trustco Général du Canada. Or, dans l'article
10 de notre charte présentement, il n'y a aucun actionnaire qui peut
voter plus de 10 % de ses actions; conséquem-ment, la totalité
des actions étant dans les mains de Trustco, il y a une série
d'actes légaux que nous devons faire parfois et que nous ne pouvons pas
faire parce qu'on ne peut pas avoir la proportion de votes demandée par
la Loi sur les compagnies du Québec, partie II, par la Loi sur les
pouvoirs spéciaux des corporations et par la Loi sur les compagnies de
fidéicommis. Par exemple, pour augmenter notre capital - et je vois que
M. l'Inspecteur général des institutions financières est
ici et je suis très heureux de le voir - nous devons à certains
moments augmenter le capital de la société de façon
à respecter les règles que l'inspecteur général
nous impose dans les dépôts d'argent que nous prenons contre des
certificats de dépôt.
Ces articles des lois qui nous forcent à avoir une certaine
proportion des votes qu'on ne peut pas avoir dans les assemblées
d'actionnaires sont dans la Loi sur les compagnies, partie II, à
l'article 153 qui demande deux tiers pour faire la refonte d'actions ou
racheter des fractions d'actions; à l'article 180, dans le cas d'une
augmentation ou d'une diminution du nombre des membres du conseil
d'administration, il faut encore les deux tiers des votes. La loi sur les
pouvoirs spéciaux des corporations, aux articles 12, 13 et 18, nous
impose les mêmes deux tiers dans le cas d'augmentation ou de diminution
de capital. C'est vital pour nous. Si nous voulons progresser, nous devons
augmenter notre capital. Il y a enfin la Loi sur les compagnies de
fidéicommis qui, pour permettre une fusion avec d'autres compagnies - il
n'en est pas question présentement, mais on ne sait jamais ce que la vie
nous réserve - demande 51 % de toutes les actions détenues, non
pas seulement celles représentées à une réunion,
mais toutes les actions détenues dans le capital de la compagnie.
Conséquemment, si nous devons garder l'article 10, nous sommes
paralysés complètement dans tous ces domaines. Nous disons qu'il
est d'intérêt privé, bien sûr, et en même temps
d'intérêt public, à cause de la contribution de notre
société à l'économie du Québec, que
l'article 10 de la charte soit abrogé.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie de vos
commentaires. M. le député de Saint-Louis, j'appelle le
préambule du projet de loi d'intérêt privé 221.
M. Chagnon: Voulez-vous que j'en fasse lecture, M. le
Président? Ou M. le député de Lévis aurait-il des
questions préalables à poser?
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Lévis
a peut-être des remarques préalables.
M. Garon: Pourquoi à l'origine, dans la loi du Trust
Général et de la Société d'administration et de
fiducie, y avait-il le paragraphe 3 de l'article 10 qui indique des
restrictions au point de vue du vote des actions?
M. Piché: C'est le paragraphe qui impose les limites au
droit de vote?
M. Garon: Oui.
M. Piché: "Lorsque plus de 10 % de l'ensemble des actions
émises sont associées, aucune de ces actions associées
excédant 10 % des
actions émises ne peut conférer un droit de vote à
une assemblée quelconque de la compagnie et, lorsque ces actions
associées sont inscrites aux noms de deux ou plusieurs
détenteurs, l'allocation entre eux du 10 % des actions émises
pouvant donner droit au vote fera l'objet, pour toute assemblée de la
compagnie, d'une entente parmi tous les détenteurs de telles actions
associées", etc.
Votre question est pourquoi cet article a-t-il été
édicté, c'est cela?
M. Garon: Oui, à l'origine.
M. Piché: C'est très simple. C'est que lorsque nous
avons fait les fusions de la Société d'administration et de
fiducie et du Trust Général, les détenteurs de la
majorité des actions de la Société d'administration et de
fiducie, pour faire la fusion, exigeaient cette restriction parce qu'ils ne
voulaient pas être l'objet d'un "take-over" d'une compagnie
étrangère. C'est la raison pour laquelle l'article 10 a
été consenti par ceux qui ont fait la fusion.
M. Garon: Vous l'avez été, comme cela? M.
Piché: Pardon?
M. Garon: Achetés. On dit: "...la totalité de son
capital-actions émis et payé est détenue par Trustco
Général inc."
M. Piché: Ce n'est pas la même chose. C'est que
maintenant les gens de la Société d'administration et de fiducie
qui sont toujours au conseil, qui avaient conservé leurs actions du
Trust Général du Canada ont consenti à les vendre à
Trustco Général et à ce que la restriction disparaisse. De
toute façon, M. le député de Lévis, a compter du
moment où survient une offre totale de Trustco à tous les
actionnaires du Trust Général du Canada d'acquérir leurs
actions et de les payer avec des actions de Trustco Général qui,
elle, n'avait aucune restriction, le consentement est implicite. Les
actionnaires n'avaient plus aucune objection à ce que les actions qu'ils
recevaient de Trustco en échange de celles du Trust
Général du Canada n'aient aucune restriction sur le pouvoir de
vote. Il y a eu un consentement non seulement implicite mais dominant.
M. Garon: Qui sont les actionnaires actuellement de Trustco
Général inc?
M. Piché: Trustco Général inc. est
contrôlé à 62 % par Alliance industrielle
financière.
M. Fortier: C'est ce que vous vouliez savoir, M. le
député de Lévis? Il y a 62,8 % à
Industrielle-Alliance...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: ...Standard Life, 8 %, c'est bien cela?
M. Piché: C'est juste, oui.
M. Fortier: La Caisse de dépôt, 6 %; la Caisse de
retraite des policiers et pompiers de la CUM, 2,3 %; la famille Simard, 3,5 %
et autres au public, 3 %.
M. Piché: Exactement, 3 % seulement au public, oui.
M. Fortier: Merci.
M. Garon: II n'y avait aucune clause qui interdisait l'achat des
actions mais seulement concernant le vote des actions.
M. Piché: Seulement le vote des actions, oui.
M. Garon: Pour l'achat, il n'y en avait pas? M. Piché:
II n'y en avait pas. M. Garon: C'est drôle!
M. Piché: Bien, je ne sais pas si c'est... Moi, je trouve
cela normal, mais enfin je ne sais pas.
M. Garon: Oui?
M. Piché: Je trouve cela normal, cela se fait très
souvent comme cela. Il est plutôt rare qu'on rencontre dans des
sociétés des dispositions qui empêchent des gens d'acheter
des actions ou de les vendre. Je n'ai jamais vu, en tout cas dans ma
pratique...
M. Garon: Oui.
M. Piché: ...et cela fait tout près de 50 ans,
qu'on ait des clauses dans les sociétés importantes qui
empêchent les gens de vendre ou d'acheter des actions. À mon sens,
c'est inexistant. Alors, c'est pour cela que je ne trouve pas cela drôle
du tout, je trouve même cela normal.
M. Garon: Sauf que ce qu'ils voulaient empêcher a
été réalisé quand même.
M. Piché: Oui, cela n'est pas la même chose. Si on
parle d'un "take-over", ce n'est la même chose parce qu'à ce
moment-là on n'achète pas les actions du trésor de la
compagnie, on les achète d'actionnaires, c'est tout.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Vous voulez dire que, dans ce
cas-ci, les actions ont été achetées du
trésor?
M. Piché: Au début, oui. Quand la
Société d'administration et de fiducie a été
formée et quand le Trust Général du Canada a
été formé, l'un et l'autre au début du
siècle ou environ, à ce moment-là les actions ont
été achetées du trésor. Alors quand une fusion a
été faite entre les deux, ce sont encore les actions du
trésor qui ont été données, dans le Trust
Général, aux propriétaires de la Société
d'administration et de fiducie, dont les actions disparaissaient dans la
fusion. Quand Trustco Général a acheté tout le
capital-actions de Trust Général du Canada, il a payé avec
ses actions; Trustco a payé avec ses actions. On a fait un
échange d'actions simplement.
M. Garon: Cela va.
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): J'appelle donc le
préambule du projet de loi d'intérêt privé 221. M.
le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Voici, M. le Président. "Attendu que Trust
Général du Canada a représenté: que Trust
Général du Canada est une corporation constituée comme
compagnie de fidéicommis par le chapitre 80 des lois de 1970; que la
totalité de son capital-actions émis et payé est
détenue par Trustco Général inc; - il faudrait ajouter "du
Canada", c'est là l'amendement dont je parlais tout à l'heure au
3e alinéa - que lesdites actions sont soumises..."
M. Garon: Quoi?
Le Président (M. Lemieux): Pardon. Voulez-vous
répéter, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Regardez M. le député de Lévis:
que la totalité de son capital-actions émis et payé est
détenue par Trustco Général du Canada, il faudrait ajouter
"du Canada inc." Trustco Général du Canada inc. Ajoutez les mots
"du Canada inc."
M. Garon: On vient d'avoir l'amendement. On aimerait voter sur
l'amendement d'abord avant de...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Je suis...
M. Chagnon: D'accord. Je vais faire la lecture de l'attendu, on
reviendra à l'amendement et, ensuite...
Le Président (M. Lemieux): Je suis d'accord, mais
j'aimerais souligner au député de Lévis que, s'il regarde
la version anglaise, il n'y a qu'un amendement à la version
française; à la version anglaise, le mot "Canada" est
prévu. Vous pouvez continuer, M. le député de
Saint-Louis.
M. Garon: Je n'ai pas la version anglaise. M. Chagnon:
L'amendement... M. Fortier: Les Anglais sont...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: L'amendement est "du Canada inc." Je continue: "que
lesdites actions sont soumises à des restrictions quant à
l'exercice du droit de vote; qu'il y a lieu de libérer lesdites actions
de ces restrictions; que Trust Général du Canada a demandé
l'adoption d'une loi à cette fin et qu'il est à propos de faire
droit à sa demande..." Je pense qu'il serait... Je vous suggère
comme façon de procéder, M. le Président, qu'on adopte
l'amendement, on reviendra à l'attendu.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevable. Un
instant, je vais...
M. Chagnon: M. le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lévis? L'amendement est recevable, M. le
député de Lévis. L'amendement: "que la totalité de
son capital-actions émis et payé est détenue par Trustco
Général du Canada inc." est-il adopté?
M. Garon: Est-ce que c'est le nom officiel, Trustco
Général du Canada?
M. Piché: C'est le nom officiel, oui.
M. Garon: Depuis le début?
M. Piché: Depuis le début.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc
adopté. Est-ce que le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 221 est adopté tel
qu'amendé?
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez dit?
Le Président (M. Lemieux): J'ai demandé, M. le
député de Lévis, si le préambule du projet de loi
d'intérêt privé 221 est adopté tel
qu'amendé.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 1 du projet de loi d'intérêt privé 221.
M. Chagnon: "Le Parlement du Québec décrète
ce qui suit:...
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Est-ce que l'article 1
est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Saint-Louis. Est-ce que l'article 1 est adopté,
M. le député de Lévis? Adopté?
M. Fortier: Ha, ha, ha! ...le lire...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends, M. le
député de Saint-Louis, mais cela me semble assez clair pour le
député de Lévis et pour moi-même.
M. Garon: Non, M. le Président. M. Fortier: Ce
n'est pas clair.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Le député de Saint-Louis a raison.
Le Président (M. Lemieux): II a raison? Bon.
M. Garon: On doit lire les articles avant leur adoption. Je pense
que c'est le député de Saint-Louis...
Le Président (M. Lemieux): S'il y a une demande de la part
des membres de cette commission.
M. Garon: II y a une demande permanente. M. Fortier: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je ne peux pas vous donner une sorte de bill omnibus de
façon permanente. Mais, si vous le demandez, on va le faire pour ce
projet de loi.
M. Garon: On l'a fait depuis le début de la
matinée, tous les articles ont été lus et je pense...
Le Président (M. Lemieux): Si c'est demandé par les
députés, je vais le faire, mais, si cela n'est pas
demandé, je n'ai pas d'obligation légale ni réglementaire
de le faire. M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, on ne s'étouffera pas
à le lire, c'est à peine une ligne: "Le Parlement du
Québec décrète ce qui suit: 1. L'article 10 de la charte
de Trust Général du Canada (1970, chapitre 80) est
abrogé."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que la crainte qui existait à l'origine
et qui a fait mettre en place le troisième paragraphe de l'article 10
existe encore ou non?
M. Piché: M. le député de Lévis, la
crainte ne peut plus exister puisque toutes les actions sont détenues
par Trustco Général, qui est détenu à 62,8 % par
une seule société qui est Alliance industrielle financière
et par la Caisse de dépôt et par des caisses de retraite. Alors,
là...
M. Garon: Oui, mais Alliance pourrait revendre les actions.
M. Piché: Bien sûr qu'elle pourrait revendre les
actions, mais je vous ai dit également tout à l'heure que, du
fait que les actionnaires de la Société d'administration et de
fiducie qui ont demandé cette restriction à l'époque ont
eux-mêmes consenti à céder leurs actions dans Trust
Général à Trustco Général qui n'a pas dans
sa charte les mêmes restrictions, ils ont donné leur consentement
à ce que les actions ne soient plus sujettes à une restriction
quelconque.
M. Garon: Est-ce que c'est parce que les actions sont plus
attrayantes sans cette restriction?
M. Piché: II faudrait peut-être demander cela aux
actionnaires. C'est un domaine dans lequel je ne peux pas me prononcer pour les
actionnaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Je pourrais ajouter une explication pour le
député de Lévis. Si le député de
Lévis se souvient, nous avons adopté avant Noël la Loi sur
les fiducies...
Une voix: Absolument.
M. Fortier: ...qui a été promulguée le 9
juin dernier et qui indique très clairement que tout changement
d'actionnaire par multiple de 10 % doit être approuvé par le
ministre. Même si les actionnaires entre eux sont d'accord pour faire en
sorte que cette disposition n'existe plus, il reste que l'inspecteur et le
ministre ont des pouvoirs d'approbation lorsqu'il y un changement important
d'actionnaires, de toute façon, en dépit du fait que nous
adoptions un projet de loi privé en ce sens.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2 du projet de loi d'intérêt privé 221. Vous
pouvez le lire, M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, l'article 2 se lit comme
suit: "La présente loi entre en vigueur le (indiquer ici la date de la
sanction de la présente loi)."
Le Président (M. Lemieux): Merci. Est-ce que l'article 2
est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté.
Est-ce que le titre du projet de loi d'intérêt privé 221,
Loi modifiant la Loi fusionnant le Trust Général du Canada et la
Société d'administration et de fiducie, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi d'intérêt privé 221 tel qu'amendé est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble du projet de loi
d'intérêt privé 221 tel qu'amendé est adopté.
Nous allons suspendre quelques minutes.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais juste demander à Me Piché s'il
a l'intention de rester pour notre prochain projet de loi concernant La
Lauren-tienne.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Piché: Je dois remercier beaucoup de gens ici de
m'avoir donné la possibilité de prendre ces dix ou quinze minutes
du temps de la commission parlementaire et de me permettre de retourner
à Montréal avant minuit, ce soir.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je suis tout simplement
jaloux de M. Piché.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
Nous allons suspendre durant sept ou huit minutes et nous allons
procéder à l'étude du projet de loi 206, Loi concernant La
Lauren-tienne, mutuelle d'assurance.
(Suspension de la séance à 16 h 45)
(Reprise à 16 h 52)
Projet de loi 206
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration a comme mandat
d'étudier le projet de loi d'intérêt privé 206, Loi
concernant La Lauren-tienne, mutuelle d'assurance. À titre de
député proposeur, permettez-moi de vous présenter M.
Claude Castonguay, président du conseil et chef de direction de la
compagnie La Laurentienne; M. Jean-Guy Paquet, président et chef des
opérations; M. Gaétan Drolet, vice-président et chef du
contentieux, ainsi que, je crois, M. Roger Beaulieu, associé senior de
la firme d'avocats Martineau Walker. C'est bien cela?
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: ...M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Comme proposeur du projet de loi, est-ce qu'il est
normal que vous soyez en même temps président de la
commission?
Le Président (M. Lemieux): J'ai effectivement, M. le
député de Lévis, songé à cette question et
permettez-moi de vous dire que je suis conscient de la règle nemo judex
causa, à savoir que je ne peux être juge et partie à la
fois. Mais, lorsque vous regardez l'article 138 du règlement comme tel,
que je vous invite à lire, l'article 138 dit ceci, que le
président organise, anime les travaux de sa commission et prend part
à ses délibérations. Le président et le
vice-président d'une commission exercent un droit de vote. Ce qui veut
donc dire, M. le député de Lévis, que je suis, en droit et
dans les faits, membre de cette commission, que je peux y participer et y
voter. J'irai plus loin que cela... Je n'ai pas terminé, Mme la
députée de Chicou-timi. Je vous invite aussi à
écouter ce que j'ai à dire. Je vous invite aussi à
regarder l'article 264, M. le député de Lévis, du
règlement.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): Le vice-président
pourrait très bien le faire. Permettez-moi de vous dire, M. le
député de Lévis, que l'article 264 concernant les projets
de loi d'intérêt privé nous dit ceci: Tout
député peut, à la demande d'une personne
intéressée, présenter un projet de loi concernant des
intérêts particuliers ou locaux. "Il doit en donner préavis
au plus tard la veille de sa présentation et en faire parvenir copie au
président avant la séance où la présentation doit
avoir lieu."
Permettez-moi de vous dire, M. le député de Lévis,
que je me suis conformé à l'article 264 des règles
concernant les projets de loi d'intérêt privé. De plus,
connaissant votre expérience parlementaire très efficace, je vous
invite à regarder les articles 32 et 33 des règles de
fonctionnement qui disent ceci concernant les bills privés, M. le
député de Lévis: Le député qui
présente un projet de loi d'intérêt privé est
automatiquement membre de la commission qui l'étudié. De plus, il
n'est pas responsable, comme tel... On dit ceci: "Le député qui a
accepté de présenter un projet de loi concernant des
intérêts particuliers ou locaux le dépose auprès du
directeur de la législation." Ce qui est important, c'est le
deuxième paragraphe de l'article 33 des règles de fonctionnement
qui dit ceci: "II ne se porte toutefois pas garant de son contenu et n'en
approuve pas nécessairement les dispositions." En conséquence, M.
le député de Lévis, je considère que je ne suis
point en conflit d'intérêts, que le règlement me permet
d'agir à titre de proposeur du présent bill privé et,
à cet effet, permettez-moi de vous faire part des commentaires suivants,
puisque j'agis à titre de député proposeur du projet de
loi d'intérêt privé 206. J'ai vérifié
effectivement, M. le député de Lévis, pour être
certain que je ne serais pas entre l'arbre et l'écorce, auprès
des conseillers en droit parlementaire pour savoir si j'étais dans le
droit et que je pouvais accepter d'être parrain de ce bill privé,
que je suis fier d'avoir à présenter.
Alors, M. le député de Lévis, le projet de loi
d'intérêt privé 206. Le présent projet de loi a pour
objet de transformer La Laurentienne. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela veut dire, à ce moment-là, que vous
considérez que votre travail comme proposeur du projet de loi est
terminé, au fond. Vous l'avez présenté à
l'Assemblée et il est terminé. Est-ce dans ce sens-là que
vous faites vos remarques?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis, c'est à titre de membre de cette commission et je ne
considère pas que...
M. Garon: Non, non. Je comprends que d'être membre, c'est
une chose. Je comprends que vous soyez membre de la commission, personne ne met
cela en doute. Mais considérez-vous maintenant que votre travail de
proposeur du projet de loi est terminé? Parce qu'on dit...
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Garon: ...dans les règles de pratique, justement, que
proposer, c'est une affaire technique, mais qu'ensuite le député
proposeur n'est plus le défenseur du projet de loi. Il propose, il
présente. Une fois qu'il est présenté, l'Assemblée
en est saisie et, à toutes fins utiles, le travail du
présentateur est terminé. Ce que je veux dire essentiellement,
c'est que je me demande si le député considère, le
président de la commission, le député de Vanier, que son
travail comme présentateur du projet de loi, présenté par
Jean-Guy Lemieux, est terminé, qu'il a été
présenté à l'Assemblée nationale et que,
maintenant, il n'a plus de travail à faire comme personne qui a
présenté le projet de loi?
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis. J'ai, je dirais, à défendre, dans la mesure du
possible, j'ai à participer et j'ai à exposer, M. le
député de Lévis, l'objet comme tel du projet de loi, et je
vous inviterais à lire...
M. Garon: Voyons! Vous présentez...
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, vous avez quelque
chose de très simple que je vous inviterais a consulter et qui a
même été publié - voyez-vous, on a même
conservé la couleur, le bleu - le "Guide du projet de loi
d'intérêt privé".
Mme Blackburn: Cela, c'est le produit que vous avez
déposé.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez voir que la
procédure est assez claire à cet effet et je pense que la
décision - et je ne reviendrai plus sur ma décision, M. le
député de Lévis - est rendue. Ce n'est en soi même
pas une question de règlement. Je vous ai bien cité les articles
pertinents. Ils sont clairs, ils ne sont pas ambigus et, à cet
effet-là, je vous ferai remarquer, et vous connaissez bien l'article
concernant les lois d'interprétation, que j'ai à suivre l'objet
et l'accomplissement d'un article, selon ses fins et son objet, et c'est ce que
je fais. À ce titre-là, permettez-moi de vous dire concernant -
je sais que cela vous fait plaisir, je vous vois sourire - le bill
d'intérêt privé 206, permettez-moi maintenant de vous faire
part de quelques commentaires.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, juste en guise de
suggestion ou de remarque. Je me demandais si on ne pouvait pas établir
un
parallèle entre votre situation et celle d'un critique de
l'Opposition. Est-ce qu'un critique de l'Opposition qui est président ou
vice-président d'une commission peut présider la commission?
M. Fortier: Je l'ai déjà fait.
Mme Blackburn: Cela fait une situation relativement
inconfortable. Simplement en guise de suggestion, je me disais que dans la
situation du président qui estimait que peut-être la situation
était inconfortable, puisqu'il s'est bien préparé, ce
qu'on remarque-Le Président (M. Lemieux): C'est parce que je
savais et que je connaissais le député de Lévis que je me
suis bien préparé.
Mme Blackburn: Alors, on peut se demander tout simplement, sans
vouloir faire de chichi... (17 heures)
Le Président (M. Lemieux): Non, tout simplement pour vous
dire que votre question est purement hypothétique. L'article 138, je
vous l'ai lu tout à l'heure, est clair et je pense qu'en soi ce n'est
pas du tout une question de règlement et, sur cet aspect-là,
permettez-moi de vous dire que je ne reviendrai pas sur la décision que
j'ai rendue. Je suis apte à présenter, à proposer ce
projet de loi privé et vous connaissez aussi l'article du
règlement qui dit que, lorsque le président a rendu - je pense
qu'il s'agit de l'article 31, si je me souviens bien, paragraphe 2... Un
instant! L'article 41, paragraphe 2: "La décision du président ou
de l'Assemblée ne peut être discutée." Alors, cela me
semble clair. À ce titre, j'agis dans les formes, dans les
règles, comme proposeur de ce bill privé.
Mme Blackburn: M. le Président, simplement une remarque.
On est en commission, on n'est pas en Chambre, et je vous trouve un peu
nerveux. Dans ce sens-là, je me dis: Cela donne un drôle de ton
à la commission. On ne veut pas contester votre droit, c'était
simplement une question légitime, je pense, de mettre les gens un peu
plus à l'aise, y compris vous. Mais, si vous le prenez en
considérant que c'est une agression qu'on fait, écoutez, essuyez
l'ardoise et recommençons.
Le Président (M. Lemieux): Non, je suis très
à l'aise, Mme la députée de Chicoutimi. J'ai simplement
voulu vous faire part des règles de procédure qu'on a à
observer. Je sais pertinemment que, si votre question a été
posée, elle n'a pas été posée d'une manière
gratuite, j'en suis certain, en ce sens, Mme la députée de
Chicoutimi, que vous vouliez sans doute savoir si effectivement il était
possible, pour un président de commission, tout comme pour un
vice-président, d'être parrain d'un bill privé. Je vous ai
tout simplement donné l'information qui me venait à l'esprit,
selon les règles de procédure.
M. le député de Lévis.
M. Garon: J'ai soulevé la question, M. le
Président, simplement parce que c'est la première fois que je
vois cela. C'est tellement évident que la question se pose:
Réalisez-vous que vous êtes en train de rendre des
décisions vous concernant personnellement?
Le Président (M. Lemieux): Je vous ai dit tout à
l'heure...
M. Garon: C'est comme si un juge était à la fois
partie et juge.
Le Président (M. Lemieux): Juge et partie. Mais j'ai dit
la règle tout à l'heure, M. le député de
Lévis: nemo judex causa. Là où il faut faire la
différence, M. le député de Lévis, c'est que je
vous ai lu tout à l'heure les règles de fonctionnement
relativement au fait que le député proposeur ne se porte pas
nécessairement garant, ce qui fait que je ne suis pas du tout, comme
tel, en conflit d'intérêts, M. le député de
Lévis. L'article 138 me permet de présider et d'animer les
débats du présent projet de loi. En conséquence,
relativement à l'article 41 et d'une manière des plus calmes
possible, paragraphe 2, Mme la députée de Chicoutimi,
permettez-moi maintenant de vous donner quelques commentaires relativement au
projet de loi d'intérêt privé 206 et je ne reviendrai plus
sur la décision qui a été rendue quant à savoir si
je suis en conflit d'intérêts relativement au projet de loi
d'intérêt privé 206.
Mme Blackburn: Une dernière remarque, parce que j'ai
l'impression que vous avez mal interprété ma position, ma
question. Il ne s'agissait pas dans mon cas de savoir si un
vice-président ou un président de commission pouvait parrainer un
projet de loi privé; c'était pour savoir si le même
président ou vice-président qui parraine un projet de loi
privé pouvait aussi présider la commission.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous le savez
maintenant, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ce n'était pas tout à fait clair
dans ce que vous avez exprimé tantôt.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous le savez
maintenant, Mme la députée de Chicoutimi.
M. Garon: On a une décision.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez une décision,
M. le député de Lévis.
M. Garon: On n'a pas plus que cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez une
décision, M. le député de Lévis.
Remarques préliminaires
Alors, relativement au projet de loi d'intérêt privé
206, permettez-moi de vous dire que le présent projet de loi a pour
objet de transformer La Laurentienne, mutuelle d'assurance, en une compagnie
d'assurances à capital-actions et en une corporation mutuelle de
gestion. Cette continuation de La Laurentienne en deux entités
juridiques permettra le financement de la compagnie tout en conservant le
contrôle entre les mains des mutualistes. La compagnie d'assurances
à capital-actions Laurentienne vie, compagnie d'assurances
incorporée, continuera en effet la personnalité juridique de La
Laurentienne, mutuelle d'assurance, à tous égards sauf en ce qui
concerne le droit des membres à titre de mutualistes, lequel s'exercera
désormais dans la corporation mutuelle de gestion Laurentienne. Cette
dernière aura par ailleurs pour objet de contrôler en tout temps
Laurentienne vie. Les porteurs de police actuels et futurs de la nouvelle
entité juridique Laurentienne vie, compagnie d'assurances
incorporée, seront tous membres de la corporation mutuelle de gestion et
pourront, comme ils le font présentement au sein de La Laurentienne,
mutuelle d'assurance, voter à toute assemblée des membres de la
corporation mutuelle de gestion et notamment élire les administrateurs
de cette dernière. Les membres de la corporation mutuelle de gestion
pourront également être appelés à participer dans le
surplus de la compagnie d'assurances, advenant la liquidation de la corporation
mutuelle de gestion ou celle de Laurentienne vie, la liquidation d'une des
entités entraînant la liquidation de l'autre. En somme, la
démutualisation, aux dires des membres du conseil d'administration de La
Laurentienne, mutuelle d'assurance, n'aura pour conséquence que de
diviser l'exercice des droits des membres de La Laurentienne en deux
entités distinctes et interdépendantes: d'une part, le droit de
vote et le droit éventuel au surplus en cas de liquidation s'exerceront
au niveau de la corporation mutuelle de gestion; à noter toutefois qu'on
exclut les anciens membres de la répartition du surplus dans le cadre de
la démutualisation. D'autre part, le droit aux prestations qui fait
l'objet de polices d'assurance ou d'autres contrats souscrits auprès de
La Laurentienne, mutuelle d'assurance, s'exercera auprès de Laurentienne
vie, compagnie d'assurance-vie.
Maintenant, j'inviterais M. le requérant concernant le projet
d'intérêt privé 206 à nous exposer le présent
projet de loi et à en faire ressortir le bien-fondé et son
intérêt.
M. Castonguay (Claude): Merci, M. le Président, et merci
de nous recevoir cet après-midi. Le projet de loi qui est
discuté, je pense qu'il est important de l'inscrire dans le contexte de
l'évolution de La Laurentienne. À l'origine, La
Laurentienne était une compagnie à capital-actions et elle
avait été fondée, à l'époque, en 1938, par
des gens de Lévis avec deux missions, en fait: une première
mission, celle d'agir comme assureurs, et une deuxième mission, d'agir
comme levier de développement économique en permettant aux gens
d'investir leur épargne dans une institution financière, dans le
but que cette épargne soit réinvestie ici. Donc, lors de la
création de la compagnie, le capital-actions de la compagnie a
été vendu dans tout le Québec chez un grand nombre de
petits actionnaires et cette opération-là à
l'époque s'était avérée un grand succès. Les
fondateurs avaient voulu aussi faire en sorte que personne ne prenne le
contrôle de La Laurentienne. C'est comme cela qu'ils ont vendu le
capital-actions à l'échelle du Québec.
En 1959, il y a eu une tentative de contrôle et les directeurs, le
conseil d'administration a pris le moyen qui était connu à
l'époque, c'est-à-dire qu'il a mutualisé la compagnie pour
empêcher la prise de contrôle par un groupe d'individus. Les
conséquences, c'est que la compagnie a racheté son
capital-actions. Elle a vu sa capitalisation, par voie de conséquence,
diminuée, ce qui dans une certaine mesure a freiné sa croissance
par la suite et l'a aussi privée de sources de financement externes.
Elle s'est développée dans les années qui ont suivi
à même les bénéfices qui ont pu être
générés sur les opérations de la compagnie. Il est
bon de signaler qu'à cette époque-là, en 1959, 20 ans
après, lorsque la compagnie s'est mutualisée, les fondateurs ont
voulu demeurer très fidèles à leur objectif du
début, soit que la propriété de La Laurentienne soit
toujours largement répartie. En 1981, il y a eu la fusion avec Les
Prévoyants du Canada. Le but était de donner à La
Laurentienne des assises plus larges, soit des actifs plus grands et des moyens
sur le plan des ressources humaines plus importants, afin de réduire
aussi un peu ses coûts, ce qui lui permettait de mieux soutenir la
concurrence.
En 1984, une autre étape importante a été franchie.
La Laurentienne avait acquis un certain nombre de participations dans
différentes compagnies et alors la corporation du groupe La Laurentienne
a été créée. Les participations de La Laurentienne
ont été cédées à la corporation et celle-ci
a eu la mission d'orienter et de gérer pour le compte de La Laurentienne
les compagnies membres de notre groupe. Cette opération a permis aussi
à La Laurentienne de bénéficier des efforts, des
placements qu'elle avait faits dans le développement du groupe. Ces
efforts qu'elle avait faits lui ont permis d'envisager avec un peu plus
d'assurance tout le décloisonnement qui s'en venait. Tout ceci s'est
fait jusqu'en 1984 et jusqu'à aujourd'hui, toujours en respectant,
disons, les volontés ou les objectifs que s'étaient donnés
les fondateurs. En allant au-delà du développement d'une simple
compagnie d'assurances et en développant un groupe, nous croyons avoir
contribué de façon positive à l'économie du
Québec, ce qui était l'un des objectifs poursuivis.
Depuis quelques années, comme vous le savez, les services
financiers sont l'objet de changements importants, ce qui entraîne un
décloisonnement des institutions financières. D'ailleurs, on a
fait état tantôt de la Loi sur les fiducies. Les services
financiers prennent aussi un caractère de plus en plus large. On dit de
plus en plus que les services financiers ou que les marchés financiers
s'internationalisent. On en a eu de nombreux exemples.
Finalement, un autre phénomène nous touche, c'est celui de
la libéralisation des échanges. Tous ces
phénomènes, si on les regarde un à un, auront pour effet
d'accroître la concurrence, aussi bien le décloisonnement que
l'internationalisation et la libéralisation des échanges.
Alors, face à ces changements, La Lauren-tienne, comme bien
d'autres d'ailleurs, avait deux options, soit se spécialiser, devenir
très spécifique, très spécialisée dans un
marché et exceller dans ce marché de façon
spécialisée, ce qui aurait signifié une entreprise de
taille assez limitée, ou encore prendre l'autre voie de continuer dans
la croissance de se diversifier et, en croissant, de se donner tous les moyens
de pouvoir soutenir la concurrence, non seulement dans notre marché
naturel ici, mais à l'extérieur. Nous avons choisi la
deuxième voie et je pense qu'à tout point de vue c'est la voie
qui est la meilleure et pour nous, et dans le respect aussi des objectifs que
s'étaient donnés les fondateurs. Si on veut s'engager dans cette
voie, nos concurrents ont des moyens que nous n'avons pas; ils ont des sources
externes de financement. La plupart ou un grand nombre sont des compagnies
à capital-actions.
Un autre problème auquel nous avons à faire face, c'est
que plusieurs de nos concurrents ne sont pas uniquement engagés dans les
services financiers, ce sont des complexes financiers industriels, financiers
commerciaux. Alors, on veut pouvoir agir dans l'avenir sur ces deux plans. On
croit encore là que, si nous pouvons agir sur ces deux plans,
l'économie du Québec ne pourra qu'en bénéficier, si
La Laurentienne est en mesure de mieux se développer. Le présent
projet de loi vise donc à nous donner les moyens d'avoir de nouvelles
sources de financement. La deuxième dimension n'apparaît pas dans
le projet de loi, soit de pouvoir poursuivre d'autres objets.
Évidemment, on aurait aimé voir les deux, mais il semble que cela
aurait créé certaines difficultés.
À l'automne 1986, donc, pour poursuivre cet objectif d'avoir de
nouvelles sources de financement, on a saisi le conseil d'administration de La
Laurentienne de la question. Depuis presque deux ans, en fait, que la question
est étudiée de façon très soutenue au sein de La
Laurentienne. En d'autres termes, ce n'est pas un projet qui a
été concocté dans les dernières semaines. C'est un
projet qui a fait l'objet d'études sérieuses et de nombreuses
consultations. On a créé un groupe de travail, on a
créé un comité du conseil. On a regardé ce qui se
faisait à l'extérieur, on a consulté, on a même
créé un comité d'experts indépendants, avant
même que le projet de loi nous en fasse l'obligation. On a
consulté l'inspecteur général, le ministre, le
Surintendant des assurances et c'est ainsi qu'après toutes ces
démarches et toujours en respectant les trois principes que le conseil
d'administration avait mis de l'avant dès le départ que le
conseil a approuvé, en février 1988, le principe de demander une
transformation de La Laurentienne.
Les principes que le conseil avait mis de l'avant étaient les
trois suivants: la nouvelle structure devrait empêcher de façon
permanente toute prise de contrôle de La Laurentienne, qu'il y ait une
continuité. Il était clair aussi que les assurés devaient
voir leurs droits entièrement protégés et maintenus; pas
question de modifier ou de réduire les droits des assurés. Et
aussi, évidemment, le placement de La Laurentienne dans le groupe ou
dans la corporation du groupe La Laurentienne devait demeurer, et La
Laurentienne et ses assurés devaient continuer d'en
bénéficier. (17 h 15)
À la suite de l'approbation par le conseil, une assemblée
des membres a été convoquée. Il nous apparaissait
extrêmement important, évidemment, de convoquer les membres de La
Laurentienne, tous les assurés, et de leur poser la question. Alors,
c'est là que, le 25 mai, à la suite d'un avis de convocation en
bonne et due forme, avec le respect de tous les délais, on a
réuni les assurés en assemblée spéciale.
Après leur avoir exposé le projet de loi en long et en large,
nous avons même organisé des lignes téléphoniques
pour permettre à tous ceux qui avaient des questions d'obtenir
réponse à leurs questions, et 95,4 % des assurés se sont
prononcés en faveur du projet. Les représentants de La
Laurentienne, les employés de La Laurentienne, les directeurs d'agence
avaient tous été informés, dans des réunions
d'information, et tous s'étaient prononcés avec enthousiasme, je
dirais, en faveur du projet.
Le projet, on vous l'a décrit tantôt, en termes très
exacts, mais un petit peu sommaires; peut-être qu'il serait bon d'y
revenir dans ses grandes lignes. Il est clair qu'en tant qu'assureur dans ce
projet-ci, La Laurentienne conserverait les mêmes pouvoirs que par le
passé comme assureur. Mais, comme compagnie, on lui donnerait le pouvoir
d'émettre du capital-actions, soit sous forme d'actions ordinaires,
d'actions privilégiées et peut-être de billets en
sous-ordre, moyennant approbation lorsqu'il y aura émission. Les actions
de la nouvelle compagnie Laurentienne vie, seront détenues par une
corporation mutuelle de gestion. Donc, il n'y aura pas de trasnfert. Au
départ, ce sont les assurés qui vont élire les membres du
conseil de cette corporation mutuelle de gestion qui, elle, va détenir
les actions de La Laurentienne. Alors, il
n'y a aucun changement de propriété. Ce sont les
assurés qui vont continuer de détenir La Lauren-tienne, mais ils
vont la détenir d'une façon un peu différente de la
situation présente.
La valeur des actions qui seront données à la corporation
mutuelle de gestion va être établie par un comité d'experts
indépendants, dont d'ailleurs les membres sont ici: M. Charles
Pelletier, comptable agréé, Me Pierre LaRue, avocat, et M.
Jean-Louis Gauvin, actuaire, trois experts qui n'ont pas de lien avec notre
groupe. Ce sont donc des experts indépendants, qui ont un mandat
très clair sur ce plan, d'établir la valeur des actions de La
Laurentienne et d'établir différentes autres choses, notamment le
montant du surplus qui doit être identifié pour le paiement des
dividendes aux détenteurs de police participante. Cette corporation dont
on parle, qui va détenir les actions, le projet de loi lui fait
obligation de détenir en tout temps au moins 50.1%, des droits de vote
dans La Laurentienne mutuelle. Donc, impossibilité que le contrôle
glisse. Au départ, ce sera le même conseil qui va être dans
la corporation mutuelle de gestion que le conseil actuel, qui a
été élu par les assurés de La Laurentienne. Donc,
continuité là aussi.
Enfin, à l'avenir... Non, cela, je l'ai mentionné, la
question des 50.1%. Alors, la corporation mutuelle de gestion sera toujours en
contrôle sur La Laurentienne. Donc, de ce point de vue-là,
à part un changement dans la modalité de détention de la
compagnie, il n'y a pas de propriété qui change de main, il n'y a
pas de danger de prise de contrôle de l'extérieur. Rien n'est
changé sur ce plan-là.
Sur le plan des assurés maintenant, La Laurentienne continue
comme assureur. Elle a les mêmes obligations vis-à-vis de ses
assurés que par le passé. Il n'y a rien de changé sur ce
plan. Au contraire, s'il y a une injection de capital à un moment
donné, les assurés seront mieux protégés. Les
porteurs de police avec participation vont continuer de recevoir leurs
dividendes et les dispositions de la Loi sur les assurances qui touchent les
porteurs de police avec participation vont s'appliquer; comme on l'a
mentionné tantôt, un montant de surplus va être
établi à cette fin par le comité d'experts. En tant que
mutualistes, ils vont conserver, comme on l'a dit tantôt, le droit de
vote aux assemblées de la corporation mutuelle de gestion. Donc, une
fois par année, ils vont être appelés à élire
le conseil, et c'est le conseil de cette corporation mutuelle de gestion qui
va, lui, voter de façon majoritaire pour l'élection du conseil de
Laurentienne vie. En cas de dissolution, c'est l'autre droit qu'ont les
assurés de La Laurentienne. Les droits, sur ce plan, ne sont
modifiés en aucune façon. On ne perd aucun droit.
Le comité d'experts, on vous en a dit un mot. La loi, si vous
regardez - j'ai oublié l'article - n'entrera en vigueur que lorsque
l'Inspecteur général aura donné une recommandation
favorable à la suite de la réception du rapport du comité
d'experts indépendants.
Les incidences fiscales, il y a eu des décisions
anticipées qui ont été obtenues, fondées sur le
projet tel qu'il a été présenté et il semble qu'il
n'y aura aucune incidence fiscale négative, ni au niveau du gouvernement
du Québec, ni au niveau du gouvernement fédéral. Alors, on
croit que, malgré une apparence de complexité, il s'agit d'un
projet simple, clair et qui pourra permettre à La Laurentienne non
seulement de faire face à la concurrence d'une façon plus
efficace, mais de poursuivre son développement, toujours dans la ligne
tracée par les fondateurs au début. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Castonguay. Est-ce
que d'autres membres veulent intervenir?
M. Fortier: Brièvement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Brièvement, parce que je sais qu'il y a des
aspects techniques pour lesquels les membres de la commission voudront avoir
certaines réponses. Je voudrais simplement indiquer un premier
commentaire et une question. Le commentaire, c'est que nous avons
procédé, ici, en commission parlementaire, l'an dernier
-c'était au mois de juin, je crois - à une
dému-tualisation où il y avait un arrangement complexe qui
touchait la Croix bleue, mais, au mois de décembre dernier, il y a eu
une démutualisation complète dans le cas des Clairvoyants,
puisque la compagnie a été vendue - à quel groupe? - au
groupe La Survivance. Alors, c'est la première fois que nous abordons
réellement une démutualisation comme celle qui est devant nous
aujourd'hui. De fait, j'avais développé avec l'inspecteur un
projet de loi public qui prévoyait justement ces deux types de
démutualisation, un premier type qui est traditionnel, qui fait que les
avoirs de la compagnie se retrouvent éventuellement dans... enfin, les
avoirs, pas tous les avoirs, les surplus accumulés se retrouvent entre
les mains des mutualistes. Bien sûr, cette façon de
procéder a un désavantage marqué. C'est qu'en
définitive l'actif de la compagnie se trouve réduit, et dans ce
cas-ci je crois que ce serait substantiel. Nous avions préparé un
projet de loi public, qui n'a pas eu le temps de venir ici parce que nous avons
modifié nos priorités pour étudier davantage toute la
question du décloisonnement des intermédiaires, mais
éventuellement nous apporterons ce projet de loi public à
l'Assemblée nationale qui indiquera dans les grandes lignes les deux
types de démutualisation, et un de ceux-là serait celui
proposé par La Laurentienne ici même. Alors, c'est seulement pour
dire que, si le projet de loi public n'a pas été
présenté, c'est que nous n'avons pas eu le temps et que nous nous
sommes adonnés à d'autres priorités, mais qu'en
définitive La Laurentienne a choisi ce
mode numéro 2, qui est une démutualisation qui fait en
sorte que le contrôle reste quand même entre les mains des
mutualistes en ce qui a trait au droit de vote.
Avant de commencer la discussion, je sais que mes collègues ont
plusieurs questions à poser. J'aimerais simplement savoir, parce que je
crois que le point important, vous avez dit très clairement que la
raison fondamentale, M. Castonguay, pour laquelle le conseil d'administration
et la direction de La Laurentienne nous demandent d'approuver ce projet de loi,
c'est pour vous permettre, pour permettre au groupe La Laurentienne d'augmenter
sa capitalisation. En fait, il est vrai que vous êtes en
compétition avec d'autres groupes et que vous vous êtes
donné un programme de développement important. Il serait
peut-être d'intérêt pour les parlementaires que vous nous
disiez, dans les grandes lignes, non pas vos intentions en ce qui a trait aux
acquisitions, mais quelle est la proportion du capital, par rapport à ce
que vous avez dans le moment, que vous pensez pouvoir aller chercher. Autrement
dit, quelle marge de manoeuvre additionnelle cela va-t-il vous donner en
proportion peut-être, sans donner de chiffres précis? Est-ce que
ce projet de loi vous donne une ' grosse marge de manoeuvre ou une petite marge
de manoeuvre par rapport à ce que vous avez présentement, par
rapport au surplus que vous accumulez? Peut-être que vous pourriez nous
décrire l'importance de ce projet de loi en ce qui a trait à
la marge de manoeuvre additionnelle que vous voudriez vous donner pour donner
suite à vos plans de développement.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Merci. Avec la création d'abord du groupe
La Laurentienne et toutes les compagnies membres, il y a un potentiel de
développement assez grand pour La Laurentienne, mutuelle d'assurance,
qui se présente. On a fait, comme vous le savez, il y a deux ans,
l'acquisition des services financiers Eaton. Dans ces services financiers,
il y avait une compagnie d'assurance-vie, Eaton Life. La Laurentienne
achète une partie de cette compagnie-là. Pour tout ce qui touche
à la distribution directe dans le pays, cela prend des capitaux. On sait
que, bien souvent, dans ces acquisitions, au tout début, les rendements
sont un peu inférieurs, mais c'est toujours dans le but de faire un
rendement plus élevé dans l'avenir. C'est un premier besoin de
capital. Par ce nouveau moyen de développement, pour vraiment
développer tout le potentiel, cela va prendre aussi certains moyens. Il
va falloir faire de la sollicitation si on veut bien développer ce
marché-là. Alors, il va y avoir des frais de développement
ou des investissements accrus dans le développement de ce
côté-là.
On sait aussi que les services financiers La Laurentienne, les anciens
services financiers
Eaton, sont présents dans un grand nombre de magasins Eaton.
C'est un potentiel accru de distribution pour La Laurentienne. Alors, il va
falloir qu'elle recrute le personnel, qu'elle développe ses affaires de
façon plus dynamique par le fait qu'il y a ce nouveau potentiel. On a
créé, il y a quelque temps, une société, disons, en
participation, en coparticipation avec L'Impériale, qui ouvre à
La Laurentienne tout le secteur de l'assurance collective dans le pays. Alors
qu'avant La Laurentienne faisait des affaires d'assurance collective uniquement
au Québec, ou à peu près, aujourd'hui, elle participe
à 50 % dans tout ce qui est assurance collective écrit par les
deux compagnies. On sait que L'Impériale a une taille plus grande que La
Laurentienne. Pour entrer dans cette coparticipation, cela a demandé une
certaine compensation à L'Impériale, une mise de fonds. Si je
donne ces exemples, c'est pour vous montrer qu'on est dans un contexte de
développement dynamique qui demande constamment de nouveaux capitaux
à des fins de développement. Vous savez aussi que nous nous
engageons dans de nouveaux modes de distribution. On a parlé de
carrefours financiers à différents endroits. On veut continuer de
développer nos carrefours. Il y a beaucoup de demandes pour ce mode de
distribution. La Laurentienne va y participer. Cela demande encore des
capitaux. Donc, ce sont simplement des exemples au Québec.
Il n'y a pas lontemps, La Laurentienne s'est portée
acquéreur d'une petite compagnie d'assurance-vie à Boston, Life
of Boston. On a un marché naturel sur le plan géographique. C'est
beaucoup plus facile d'aller à Boston, en fait, que d'aller à
Vancouver, en Alberta ou en Saskatchewan. En plus, il y a là une
population de Franco-Américains qui n'est pas à négliger.
On sait aussi que les niveaux de vie sont assez élevés. Il y a un
besoin de rationalisation de toute l'industrie de l'assurance aux
États-Unis. On croit qu'il y a des possibilités pour La
Laurentienne non seulement de développement de cette compagnie, mais
aussi d'acquisition ou de percée dans ce marché-là, et
c'est La Laurentienne qui va le faire directement. D'ailleurs, ce matin, M.
Paquet et moi, on était à Boston justement pour rencontrer la
direction de cette compagnie.
Alors, là aussi, il va y avoir besoin de capitaux de
développement pour saisir ces occasions. C'est un processus qui va
continuer de cette façon-là. Notre objectif serait, dans un
premier temps, lorsque le marché va le permettre, d'aller chercher
quelque chose comme 50 000 000 $ de capitaux pour nous donner une marge de
manoeuvre additionnelle par rapport à ce que nous avons
présentement. On sait que les surplus, l'avoir des assurés est
d'environ 125 000 000 $, en chiffres ronds, si on regarde les états
financiers de La Laurentienne. Alors, on pense qu'il serait raisonnable d'aller
chercher une capitalisation, dans un premier temps, qui
pourrait varier entre 35 000 000 $ et 50 000 000 $. Comme on peut
l'imaginer, une capitalisation de cet ordre nous donnerait pas mal plus de
muscle et pas mal plus de possibilités. (17 h 30)
II y a une autre dimension aussi, c'est que la corporation du groupe La
Laurentienne, qui est devenue très profitable, poursuit elle aussi son
développement. À un moment donné, elle va aller chercher
de nouveaux capitaux elle aussi. Si on ne veut pas que l'actionnaire principal,
La Laurentienne mutuelle, soit dilué ou si on ne veut pas voir sa
participation réduite, il faut lui donner les moyens de pouvoir suivre
par une injection de capitaux dans la corporation, si celle-ci fait une
levée de nouveaux capitaux. Il y a tous ces objectifs: sa place dans la
corporation du groupe La Laurentienne, son développement au
Québec et une part du marché dans le Nord-Est
américain.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. le député de Lévis.
M. Garon: J'écoute parler M. Castonguay et cela me
rappelle un volume que je lisais il y a quelques années lorsque
j'étais professeur à l'université, une thèse de
doctorat de M. Jacquemin sur l'entreprise et son pouvoir de marché. Il
disait qu'à un certain niveau l'entreprise n'était plus tellement
intéressée par ses actionnaires et ses clients, mais par son
propre développement. Cela m'amène à vous demander - dans
tout cela, une mutuelle, c'est une mutuelle, au fond - comment vous concevez
une mutuelle.
M. Castonguay: Une mutuelle, c'est une compagnie qui est
détenue par ses assurés, alors que la compagnie que nous voulons
voir naître serait une compagnie qui continuerait d'être
détenue par ses assurés en majorité, mais dont une partie
serait détenue éventuellement par des actionnaires.
M. Garon: Ce qui me frappe dans tout cela... J'ai
écouté parler le ministre. Au Québec, il y a un certain
nombre d'institutions qui s'appellent des mutuelles. Il semble qu'actuellement
on abat les arbres un à un et que, finalement, il n'y aura plus de
forêt. Il me semble qu'il devrait y avoir une véritable loi - je
ne vous blâme pas du tout pour cela - mais il devrait y avoir une loi
générale sur la question des mutuelles. Il y a quelques
années, on mettait des chapitres dans les lois des assurances sur la
mutualisation. Actuellement, il est question de mettre un chapitre sur la
démutualisation. Le ministre ne livre pas la marchandise. Est-ce que
cela veut dire que, lorsque le chapitre va arriver il va être trop tard
et qu'il n'y aura plus de mutuelles au Québec? C'est un véritable
débat dans la société québécoise. Est-ce
qu'il y a des mutuelles ou s'il n'y en a pas? On dit que les lois des caisses
d'épargne et de crédit vont être déposées.
J'ai hâte de voir. Ces questions sont fondamentales pour les
Québécois en Amérique du Nord, les mutuelles, les caisses
d'épargne et de crédit, et j'ai le sentiment que le débat
ne se fait pas. C'est quand même curieux qu'on procède par un
projet de loi privé en fin de session, présenté à
la fin de mai, sur un sujet qui est très important pour les
Québécois. Je comprends que les administrateurs ont des projets
d'expansion, que c'est souvent une partie de leurs fonctions, mais quel va
être l'avenir des mutuelles, comment voit-on le rôle des mutuelles,
surtout avec ce qu'a indiqué le ministre au sujet des mammouths
financiers? Pour nous, il s'agirait plutôt de développer des
services aux États-Unis. Moi, je vois le cultivateur en face de nous qui
est membre de la Fédérée. La Fédérée
va-t-elle être la dernière à se
"décoopérativer" ou...
M. Fortier:... le développement aux États-Unis, eux
aussi.
M. Garon: À mon avis, tout ce débat n'est pas
anormal, mais il me semble qu'il devrait y avoir un genre de débat
public. Je pense à M. Ryan qui disait, par exemple, il n'y a pas
tellement longtemps, que nos universités étaient un lieu de
débat et qu'elles sont complètement silencieuses. Je pense qu'on
devrait se poser des questions. Dans notre société, une
entreprise comme La Laurentienne, c'est une des entreprises importantes pour
les Québécois. Son avenir doit-il être décidé
par un débat privé, un projet de loi privé en fin de
session, de cette façon, sans qu'il y ait un livre blanc ou un
avant-projet de loi? Qu'il y ait un débat. Que la société
québécoise décide ou que les gens décident qu'ils
ont droit à telle orientation et que cela doit se faire dans telles
conditions. Il y a beaucoup de questions qui se posent au sujet d'un projet de
loi comme celui-là. J'ai eu le temps, entre minuit et 10 heures du matin
depuis le 30 mai, de regarder un peu la question; pas complètement, mais
un peu. Cela suscite beaucoup de questions. Il me semble qu'on a un drôle
de forum actuellement et le ministre aurait dû, sachant que ce projet de
loi sur La Laurentienne... J'ai vu dans les journaux que les Services de
santé du Québec pensent aussi à se démutualiser. On
s'en va où avec tout cela? Et vous là-dedans? Êtes-vous sur
le pilote automatique dans l'estrade regardant passer la parade ou si vous
êtes dans la parade?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, êtes-vous
dans la parade?
M. Fortier: M. le Président, non, le député
de Lévis pose de bonnes questions. Autrement dit, la question qu'il
pose: Est-ce qu'il y a une politique d'ensemble? Il faut bien dire qu'il
devrait reconnaître que, si une loi publique avait
été adoptée, La Laurentienne ne viendrait même pas
aujourd'hui nous expliquer ce qu'elle ferait. Dans le fond, je pensais qu'il
était pour me féliciter de ne pas avoir encore adopté le
projet de loi public, parce que, si la loi publique était
adoptée, La Laurentienne et la SSQ se seraient adressées à
l'Inspecteur général des institutions financières et la
démutualisation se serait faite sans que vous interveniez, M. le
député de Lévis.
Alors, dans un sens, on peut dire que le fait qu'il y ait eu un retard
dans notre programme, et j'espère que vous accepterez le jugement que
plusieurs portent, c'est qu'au Québec, dans le secteur des institutions
financières, il se fait beaucoup de choses et je n'ai pas à me
blâmer par des retards apportés par l'une ou l'autre loi. Je crois
que dans plusieurs secteurs cela bouge et, quand on compare la
législation adoptée au Québec par rapport à la
législation adoptée à Ottawa, on doit dire qu'au
Québec on en fait un peu plus. Maintenant, s'il nous avait
été possible d'en faire davantage, on l'aurait fait, mais, dans
ce cas-là, il fallait que je fasse des choix et le choix que j'ai fait,
c'est que modifier la loi sur les assurances était moins important,
quant à moi, que de procéder au décloisonnement des
intermédiaires. Dans la vie, il faut faire des choix; j'ai fait un
choix.
Ceci dit, la question que pose le député de Lévis
est importante, parce que la question qui se pose, c'est: Qu'est-ce qui est
dans le meilleur intérêt du Québec? M. Castonguay l'a
indiqué très clairement: Lorsque La Laurentienne a
été fondée à l'origine, ce n'était pas une
mutuelle, c'était une compagnie à capital-actions. Alors, il n'y
a rien de magique dans le fait que maintenant la compagnie redevienne
partiellement une compagnie à capital-actions. En 1938, quand La
Laurentienne a été fondée à Lévis, vos
collègues de Lévis, M. le député de Lévis,
ont créé une compagnie à capital-actions. La raison pour
laquelle en 1959 ils ont pensé transformer la compagnie en mutuelle,
c'était pour éviter le contrôle.
Maintenant, si on prend la démutualisation des Clairvoyants l'an
dernier, cela a été dému-tualisé, mais pour
permettre à cette compagnie de faire partie d'un petit groupe qui n'est
pas très important, mais d'un groupe, et donc, dans la mesure où
on recommande, où on suggère, où les institutions
elles-mêmes désirent former des groupes, il faut permettre
à de petites mutuelles de se démutualiser pour permettre à
une autre compagnie - du Québec, de préférence - d'en
prendre le contrôle. C'est ce qui est arrivé dans le cas des
Clairvoyants qui a été achetée par La Survivance, de
Saint-Hyacinthe. Alors, c'est resté au Québec, il n'y a pas de
problème.
Je comprends la préoccupation du député de
Lévis qui demande: Est-ce que tout cela doit se faire? Est-ce qu'il y a
un danger éventuel que le contrôle de plusieurs compagnies du
Québec passe entre les mains d'étrangers? Je crois que c'est une
question fondamentale. Heureusement que dans le cas particulier du Mouvement
Desjardins, étant donné que c'est un mouvement coopératif
- par définition, on ne peut pas prendre le contrôle d'une
société de coopération - donc, dans ce sens-là, le
Mouvement Desjardins ne peut passer aux étrangers comme tel. Je crois
que cela est important.
Le député de Lévis a raison de dire que, dans le
cas de La Laurentienne, la plupart des Québécois
préféreraient de beaucoup ou voudraient que La Laurentienne
demeure entre les mains ou, du moins, que le contrôle reste au
Québec, ou que le siège social reste dans la ville de
Québec. Je crois que c'est une question, mais il admettra avec moi que
la procédure qui nous est proposée par La Laurentienne nous
réconforte à cet égard, d'une part, en faisant en sorte
que le contrôle reste au Québec et que le siège social de
La Laurentienne reste dans la ville de Québec. Si le
député de Vanier a pris tellement de plaisir et a insisté
pour présenter le projet de loi, c'est qu'il est très fier, en
tant que député ministériel de la région de
Québec, de proposer le projet de loi parce qu'il sait que La
Laurentienne est une institution financière extrêmement importante
au Québec, à Québec, et qu'après avoir lu le projet
de loi il a constaté qu'on trouvait la façon de garder le
contrôle au Québec, mais que, d'autre part, on permettait à
La Laurentienne d'aller chercher des capitaux additionnels pour se
développer. On prend donc le meilleur de la mutualisation et le meilleur
du système à capital-actions et, en mariant la mutuelle à
une compagnie à capital-actions, on permet de garder le contrôle
ici tout en permettant à La Laurentienne d'aller chercher de nouveaux
capitaux et de continuer son développement, ce dont, je pense bien,
beaucoup de Québécois sont très fiers. Dans ce
sens-là, à mon avis, on ne peut pas dire qu'il y a danger en la
demeure. Au contraire, je crois que l'inspecteur des institutions
financières est très conscient, et c'était
également notre préoccupation, des préoccupations du
député de Lévis et d'autres personnes, et je crois que le
conseil d'administration de La Laurentienne est également conscient de
ce qu'il fait présentement et que c'était l'une de ses
préoccupations.
Alors, on peut dire, dans une certaine mesure que l'inspecteur et le
ministre qui vous parlent, de même que le député de Vanier,
j'en suis certain, le député de Lévis, Mme la
députée, le conseil d'administration et la direction de La
Laurentienne sont conscients des enjeux. Il faut quand même constater que
le projet de loi privé qui est devant nous permet d'assurer la
permanence de La Laurentienne au Québec tout en lui donnant de nouveaux
moyens d'action. Dans ce sens-là, je crois que les préoccupations
du député de Lévis ne sont pas fondées et que, si
l'on examine le projet de loi, on s'apercevra que le contrôle effectif
demeure au Québec.
Si La Laurentienne nous proposait aujour-
d'hui une démutualisation totale qui en ferait une compagnie
à capital-actions, je comprendrais les préoccupations
énoncées par le député de Lévis, mais ce
n'est pas le cas. Ce qu'on propose ici, c'est une démutualisation qui,
dans le fond, n'en est pas une, c'est-à-dire une démutualisation
partielle qui permet à La Laurentienne d'aller chercher des capitaux
additionnels, comme vient de le dire M. Castonguay, qui lui permettront
d'assurer la continuité du développement que M. Castonguay a
entrepris avec beaucoup de leadership.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
Avant de passer la parole à Mme la députée de
Chicoutimi qui a demandé la parole - M. le député de
Lévis, Mme la députée de Chicoutimi a demandé la
parole avant vous, alors il faudrait peut-être vous entendre - j'aimerais
savoir si M. Castonguay a quelque chose à ajouter aux propos du
ministre.
M. Castonguay: Comme vient de le dire le ministre, on trouve
qu'avec ce projet de loi un très bon équilibre a
été atteint. Il nous faut des capitaux additionnels si on veut
développer La Laurentienne avec plus de vigueur et faire tout ce dont on
a parlé tantôt. Cela donne une protection accrue aux
assurés et cela nous permet de concurrencer sur un meilleur pied
d'égalité les autres entreprises qui ont ces moyens d'aller
chercher des capitaux. Évidemment, le temps passe et la concurrence est
vive. Plus on pourra s'engager rapidement dans cette voie, mieux ce sera aussi.
Alors, il y a cette question. Les jeux se font présentement et c'est
dans ce sens-là qu'il y a une certaine urgence à procéder
dans le sens indiqué.
Je dois dire aussi que, si on adoptait ce projet de loi, le
Québec ferait encore une fois preuve d'une certaine imagination, d'une
certaine innovation dans ce domaine-là, et ce n'est pas mauvais pour
l'image et la réputation du Québec, non seulement à
l'intérieur, ici, mais à l'échelle canadienne et
nord-américaine. C'est bon, ce genre de leadership ou ce sens de
l'innovation que l'on développe, cela donne de l'assurance. Si nous
faisons bien ce que nous faisons, d'autres voudront peut-être suivre.
C'est un peu l'histoire de La Laurentienne. Chaque fois qu'on a fait quelque
chose, toute une série de compagnies ont emboîté le pas par
la suite. Il y a ça aussi, il me semble, dont on doit tenir compte dans
les considérations d'ordre général.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Castonguay. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je dois dire que ce n'est pas la question que j'ai
posée. Je n'ai pas parlé d'appréhension à ce
moment-ci; cela viendra plus tard. Ce que j'ai demandé de façon
très simple, c'est si le ministre pensait qu'on allait procéder
comme ça, dans le domaine de la démutualisation, cas par cas.
Quand on compare cela aux Clairvoyants, je dirais que les Clairvoyants se sont
affiliés à La Survivance pour assurer leur propre survivance.
C'était une petite mutuelle qui, si elle ne s'était pas
fondée avec La Survivance, disparaissait à toutes fins utiles.
Alors, je considère que c'est presque une insulte pour La Laurentienne
que de dire: C'est comme pour Les Clairvoyants.
M. Fortier: ...pas clairvoyant. (17 h 45)
M. Garon: II manque seulement la boule de cristal. Ce n'est pas
ce que j'ai demandé. J'ai demandé essentiellement au ministre
comme il entend procéder. Je n'ai pas les chiffres pour faire la
comparaison, mais La Laurentienne est l'une des plus grandes mutuelles au
Québec. Peut-être la plus grosse mutuelle au Québec ou
l'une des plus grosses? La deuxième? Bon. Est-ce qu'on va
procéder cas par cas jusqu'à temps qu'il n'y ait plus besoin de
loi? Moi, je pense, dans une société normale, que le chapitre sur
la démutualisation, dans la révision de la Loi des assurances...
Il ne faudrait pas que vous vous vantiez trop d'avoir fait beaucoup d'ouvrage
depuis deux ans et demi. Vous avez publié des livres gris,
excepté que les lois sur le décloisonnement des institutions
financières ont plutôt été présentées
par M. Parizeau. Vous en avez fait une seulement sur les fiducies l'automne
passé, mais les autres, les trois autres lois majeures qui ont
été faites sur les valeurs mobilières, les assurances et
une autre ont été faites par M. Parizeau. Alors, quand vous
dites: On est en avance le Québec, vous ne pouvez pas dire que c'est
vous qui êtes la locomotive là-dedans.
Alors, aujourd'hui, je dis qu'au contraire vous tirez de
l'arrière parce que dans ce domaine de démutualisation... La
démutualisation, c'est une conception de société. Selon
quelles règles cela va se faire, de quelle façon, avec ou sans
indemnisation - il n'y a pas qu'une formule là-dedans - sans
indemnisation à telle fin ou avec indemnisation à telle autre
fin. Quand est-ce qu'on considère qu'il n'y a plus de mutuelle ou qu'il
y a encore continuation de la mutuelle sous une forme... Il y a toutes sortes
d'affaires là-dedans. C'est une grosse question et il y a de grandes
sommes d'argent qui sont en jeu. Les gens qui ont décidé de
donner leur patronage, dans le bon sens du mot, à une entreprise qui
s'appelle une mutuelle l'ont donné à des fins précises.
Par la suite, quand on change la nature de l'entreprise, qu'est-ce qui arrive?
Il y a plusieurs façons possibles. Il n'y a pas une façon
possible, il y a plusieurs façons possibles et je dis qu'à ce
moment-ci le débat sur comment cela doit se faire n'est pas fait. Il ne
s'agit pas d'une binerie, il s'agit de quelque chose d'important, de l'une des
plus grandes institutions du Québec qui implique des capitaux plus
importants que
l'électricité en 1962 pour laquelle il y a eu une
élection. Nous autres, on est en train de faire cela dans les quinze
jours de fin de session.
Moi, au contraire, c'est par respect pour l'institution que je calcule
que le Parlement n'a pas le droit de fonctionner de cette
façon-là. Je me dis: Vis-à-vis de ces
institutions-là, on va procéder comment? Une par une, cas par
cas, ou si le chapitre sur la démutualisation que vous aviez
annoncé dans un livre blanc va finalement apparaître pour que le
débat se fasse, comme les gens demandent que le débat se fasse
sur les caisses d'épargne et de crédit en 1988? C'est
demandé depuis un certain nombre d'années. Les gens le demandent
pour différentes raisons. Les caisses ne le demandent sûrement pas
pour les mêmes raisons que le député de Mille-Îles,
mais je pense que le débat est sain. Que les gens, que les caisses
voient cela d'une telle façon et que le député de
Mille-Îles, entre autres, ou d'autres le voient d'autres façons,
ou les courtiers d'assurance, moi, je trouve que ce débat-là est
sain dans une société. Les gens vont dire: Voici, on pense que
cela doit se faire de telle et telle façon, après un débat
correct et normal, mais pas une affaire de fond de cour, en fin de session
comme cela. C'est cela qui n'est pas normal et qui n'est pas sain. Je calcule
que, là, vous n'avez pas fait votre travail et, si La Laurentienne est
obligée de procéder comme cela aujourd'hui, c'est parce que la
loi n'a pas été déposée et que le débat n'a
pas eu lieu. Je me demande comment vous-avez l'intention de procéder.
Comme cela?
M. Fortier:...
M. Garon: Vous n'avez pas répondu tantôt. Vous
m'avez parlé de mes appréhensions. Je n'ai parlé d'aucune
appréhension. Je n'en ai pas parlé actuellement, on en parlera
après des appréhensions, mais, à ce moment-ci, je n'ai
parlé d'aucune appréhension. Je me dis: Est-ce qu'on va
procéder dans la démutualisation au Québec de cette
façon-là, en démutualisant ou en changeant la vocation ou
l'orientation mutuelle? Parce que ce qu'on nous propose, c'est un être
hybride. Je ne dis pas que les êtres hybrides sont mauvais. En
élevage, on considère qu'ils sont plus forts que les êtres
trop purs. Bon, mais je dis: De quelle façon cela va-t-il se faire, dans
quel cadre, selon quelles normes? Je pense que c'est un véritable
débat. Qu'on dise qu'au Québec il y aura des mutuelles pures, des
mutuelles hybrides qui participeront de deux formes, mais selon quelles
règles? Actuellement, cela n'a pas eu lieu, on a un projet devant nous.
On en a eu un autre avec Les Clairvoyants, mais c'était beaucoup plus
une opération de survie que d'autre chose; on n'a pas eu à se
prononcer vraiment sur le cas de la mutuelle. Si on avait dit: On veut la
mutuelle à mort, on en aurait eu une qui serait morte en dedans de
quelques mois. Cela n'a pas été la même chose du tout. Ici,
c'est un autre débat et il n'a pas lieu ce débat parce que vous
êtes inactifs.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, je ne reviendrai pas sur les
commentaires sur l'activité ou l'inactivité. J'aime mieux me fier
à ce que les intervenants du milieu disent à ce sujet-là;
je pense bien qu'ils sont meilleurs juges. J'avais le choix d'indiquer à
La Laurentienne en particulier, je lui avais dit, dans un premier temps,
qu'elle devait attendre le dépôt d'un projet de loi public. Alors,
autrement dit, ma première réaction a été celle du
député de Lévis. Cela a été de dire:
Malheureusement, il n'y a pas de loi qui prévoit la
démutualisation présentement. À la demande du milieu, j'ai
orienté mes priorités dans une autre direction. Il faut savoir
que ces projets de loi-là, que ce soient des amendements à la Loi
sur les assurances ou la préparation du projet de loi qui sera
déposé demain sur les caisses d'épargne et de
crédit, ce sont des projets de loi extrêmement techniques, qui
demandent beaucoup de travail, et on n'a pas des quinzaines et des vingtaines
de juristes qui peuvent nous aider à écrire ces projets de loi.
De toute façon, cela demande l'input de l'inspecteur et de ses avocats.
En conséquence, ayant modifié mes priorités, le projet de
loi amendant la Loi sur les assurances n'est pas prêt
présentement. Donc, j'avais la possibilité, comme je l'ai fait,
d'indiquer à La Laurentienne ceci: Excusez-nous, mais nous sommes en
train de travailler sur d'autres sujets et, dans six mois ou un an d'ici, la
loi sera modifiée. Donc, attendez six mois ou un an.
M. Castonguay me fait des représentations pour m'indiquer, comme
il vient de le faire, que, compte tenu de ses plans de développement,
attendre six mois ou un an serait beaucoup trop long. En conséquence,
lors d'un dîner, bien agréable, d'ailleurs, alors qu'on a
célébré le cinquantième anniversaire de La
Laurentienne, il en a profité pour m'indiquer qu'il y avait
priorité à procéder et c'est à ce moment-là
que je lui ai dit, puisque j'avais discuté avec M. Castonguay de ces
deux façons... Si j'ai parlé tout à l'heure des
Clairvoyants, c'était pour indiquer qu'il s'agissait là d'une
forme de démutualisation; ici, il s'agit d'une deuxième forme de
démutualisation. Dans le projet de loi, ce que nous allons permettre, ce
sont ces deux formes de démutualisation. Ce que M. Castonguay
m'indiquait à ce moment-là, c'est qu'il y avait une certaine
urgence, étant donné leur projet de développement, et,
comme notre gouvernement est un gouvernement qui appuie le secteur privé
et qu'il ne voudrait pas être blâmé de ne pas avoir permis
aux compagnies du secteur privé de manquer de ressources
financières propres à leur développement, j'ai
indiqué que, même si ma
première réaction était de leur dire d'attendre, ma
deuxième réaction à la suite de ces
représentations, était de les encourager à
présenter un projet de loi privé, à la condition qu'ils
suivent mutatis mutandis les dispositions prévues dans le projet de loi
qui était en préparation. C'est ce qui fut fait et je peux
demander à l'inspecteur des institutions financières de vous dire
que les modalités qui sont prévues ici sont essentiellement
celles qui ont été rédigées dans un premier jet,
dans un projet de loi en préparation, et qu'en conséquence on se
retrouve à discuter d'une des modalités qui sera prévue
dans le projet de loi qui sera adopté éventuellement.
Alors, je comprends la question du député de Lévis
et je lui réponds bien simplement que ma première réaction
a été la sienne et que La Laurentienne aurait peut-être
dû attendre le projet de loi public, mais il faut bien se rendre compte
que, dans les circonstances, le projet de loi ne pourra pas être
déposé avant l'automne et que, très probablement, il ne
pourra pas être adopté avant le printemps 1989. C'est donc dire
que La Laurentienne aurait dû attendre - si j'avais suivi mon premier
instinct ~ jusqu'au printemps 1989 et, si nous sommes ici maintenant, c'est
tout simplement parce que l'on croit justement, comme le disait le
député de Lévis que La Laurentienne est une institution
financière extrêmement importante, qu'elle est la fierté
des Québécois et que nous avons voulu, en appuyant leur demande
d'un bill privé, leur donner les moyens de procéder avant
même que la loi publique ne soit adoptée.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimmi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, d'abord, permettez-moi de saluer ces messieurs et de
souligner la présence de M. Paquet, que je retrouve dans un tout autre
secteur d'activité.
Au moment où M. Castonguay nous faisait ses remarques
préliminaires, il nous disait: On aurait souhaité qu'il y ait des
modifications qui soient apportées à la Loi sur les assurances -
c'est ce que j'ai compris - de manière à investir d'autres
secteurs d'activité pour être un peu plus compétitifs par
rapport à ces grands complexes financiers, industriels et commerciaux
qui, grâce à la mondialisation ou à l'internationalisation
des entreprises, au décloisonnement et au libre-échange, nous
auraient permis d'être un peu plus concurrentiels. Est-ce que vous avez
réfléchi aux secteurs ou aux objets dans lesquels vous pourriez
investir, sur lesquels vous envisagez du développement?
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Mme la députée, j'aimerais faire un
petit commentaire à la suite des échanges qui ont eu lieu. Je
pense qu'il est bon de se souvenir aussi que, dans notre projet, nous avons
reçu l'appui de 95,4 % des assures qui se sont prononcés. Un bon
nombre s'est prononcé, plus de 25 000 personnes. Alors, c'est vraiment
représentatif. S'ils avaient jugé qu'on leur enlevait quoi que ce
soit ou que leurs droits n'étaient pas bien protégés, je
pense que la réaction aurait été passablement
différente.
Sur la question des autres objets que nous pourrions
éventuellement poursuivre, évidemment, comme on l'a dit
tantôt, bien souvent, les gestes que La Laurentienne a posés ont
été suivis par d'autres peu de temps après. Alors, on ne
veut pas toujours révéler tous nos jeux à l'avance de peur
de se faire voler une bonne idée. Il y a différentes indications
que je vous pourrais vous donner malgré tout. Par exemple, si le groupe
La Laurentienne pouvait se lier à un groupe engagé dans la
distribution de produits - de produits alimentaires, par exemple - on voit les
échanges ou la complémentarité qui pourrait exister entre
les deux branches ou les deux grands secteurs d'activité dans notre
groupe, s'il y avait une nouvelle dimension de cette nature. On pourrait
s'entraider mutuellement dans le développement. D'ailleurs, si on
regarde les autres économies, aux États-Unis, au Japon, en
Europe, il y a beaucoup de complexes de ce genre.
Un autre secteur auquel on pourrait songer... On sait que la population
vieillit, qu'il y a des besoins en services de toutes sortes. On se demande
comment la société va pouvoir répondre à tous ces
besoins. Encore là, nous nous sommes engagés dans la
sécurité financière. Il y aurait une certaine
complémentarité si nous nous engagions dans le domaine de la
distribution des services à la population plus âgée pour
leur donner une sécurité matérielle, une
sécurité additionnelle. Il y a des besoins en services qui sont
déjà là et qui vont s'accroître. On voit, encore
là, la complémentarité qui pourrait s'établir dans
un groupe comme le nôtre. Ce sont simplement deux exemples.
On pourrait aussi dans certains cas prendre des participations, pas
nécessairement toujours par voie de contrôle, mais avec d'autres
pour empêcher que le contrôle de l'entreprise ne passe à
l'extérieur. Je ne sais pas quelle a été la
réaction lorsque les gens ont appris que Reed Paper passait aux mains
d'intérêts japonais, mais il me semble que si, à
l'occasion, on pouvait s'associer à d'autres sans mettre en cause les
capitaux de La Laurentienne elle-même, par la possibilité de
s'engager dans d'autres objets, on pourrait de temps à autre avec
d'autres groupes créer une force additionnelle qui permettrait de garder
chez nous la propriété de certaines entreprises. C'est ce genre
de projets que nous voyons comme possibles à l'avenir et qui pourraient
non seulement aider au développement du groupe La Laurentienne, mais
contribuer de façon très efficace à notre
économie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remer-
cie. Mme la députée de Chicoutimi, il vous reste 30
secondes.
Mme Blackburn: Je veux simplement dire à M. le
président et aux personnes qui sont ici que j'aurais voulu avoir un peu
plus de temps, mais je dois être à une autre commission à
20 heures, sur l'éducation. Cela ne devrait pas être très
long, mais je pense bien que la présente commission sera
terminée.
En fait, j'avais quelques autres questions dont l'une est plutôt
de l'ordre des préoccupations. Actuellement, vous avez
intérêt à garder un statut de mutualisés parce qu'il
y a des avantages rattachés à cela. Alors, vous avez les
avantages des deux côtés, je trouve cela parfait. Du moment que
les capitaux restent au Québec, le contrôle de ces capitaux reste
au Québec, mais n'y a-t-il pas un danger de glissement parce que la
prochaine étape ne sera-t-elle pas la dému-tualisation totale?
C'est toujours un peu ce qui nous inquiète. Et la seconde, au moment
où vous avez fait votre exposé, vous avez dit: Dans la
rédaction de votre projet de loi, trois principes nous ont
guidés. Vous nous en avez donné deux. En bon professeur,
j'attendais le troisième. Vous avez parlé de la
continuité, c'est-à-dire que vous gardiez le contrôle. Le
deuxième, la protection des assurés. Le troisième, je ne
l'ai pas.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. Castonguay.
Est-ce que je peux avoir le consentement, s'il vous plaît? D'accord, vous
pouvez...
M. Castonguay: Ce que j'ai mentionné, c'était la
possibilité que La Laurentienne continue de détenir la
corporation du groupe La Laurentienne et bénéficie de ce projet,
que le changement de structure ne devait pas toucher la propriété
qu'a développée La Laurentienne dans le groupe La Laurentienne.
C'était le troisième principe et il n'y a rien de touché
à ce point de vue. Cela demeure tel quel.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M.
Castonguay. Nous allons maintenant suspendre nos travaux jusqu'à 20
heures ce soir. J'aimerais informer Mme la députée de Chicoutimi
que, le 17 décembre 1987, le député péquiste de
Taillon, à la fois critique de l'Opposition officielle, présidait
le projet de loi 229. Alors, vous comprendrez que l'article 138 du
règlement le lui permettait, Mme la députée de Chicoutimi.
Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Lévis, je vais lui donner encore environ cinq minutes. Je constate la
présence du député de Gaspé, du
député de Prévost et du ministre
délégué au Finances, de même que celle du
député de Vanier. Alors, nous aurions quorum.
M. Fortier: II va y avoir une grosse lettre dans Le
Devoir.
Le Président (M. Lemieux): Mais, eu égard au retard
proverbial du député de Lévis, je vais quand même
lui donner encore cinq minutes d'attente et, à défaut, je vais
procéder.
(Suspension de la séance à 20 h 8)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement à l'étude du
projet de loi d'intérêt privé 206, Loi concernant La
Laurentienne, mutuelle d'assurance. M. le requérant, je crois que vous
aviez la parole, eu égard aux questions qui vous avaient
été posées par Mme la députée de Chicoutimi.
Est-ce que vous avez des choses à ajouter?
M. Castonguay: Pas pour le moment, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres personnes qui désirent intervenir?
M. Fortier: Non, je suis prêt à procéder.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes prêt
à procéder?
M. Garon: II y a une question que je voudrais poser.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis.
M. Garon: Au cours des dix dernières années, La
Laurentienne a acquis combien d'entreprises?
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Directement?
M. Garon: Ou indirectement.
M. Castonguay: Ou indirectement?
M. Garon: Oui. C'est sûr que c'est plutôt
indirectement.
M. Fortier: Voulez-vous commencer par indirectement avant
directement?
M. Garon: Vous, vous n'aviez plus de questions: alors,
laissez-moi faire.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste, d'ailleurs, dix
minutes, M. le député de Lévis.
M. Castonguay: On va prendre les plus importantes: en 1975, La
Prévoyance, en 1977, L'Impériale; après cela, un peu plus
tard, les compagnies du Groupe Prenor, qui comprenait Les Prévoyants du
Canada vie, les Prévoyants du Canada, assurances
générales. Il y avait, dans le temps, la Northern Life qui a
été revendue et il y avait une couple d'autres compagnies
d'assurances générales plus petites. Une demeure dans le groupe;
on l'a rebaptisée La Laurentienne du Pacifique. Il y a eu aussi,
graduellement au cours des années, l'acquisition par La Laurentienne et
éventuellement par la corporation d'une position de contrôle dans
la Banque d'épargne, qui est devenue la Banque Laurentienne. Il y a eu
aussi l'acquisition de Fonds FIC, qui est devenu une filiale qui voit à
prêter et à développer dans le secteur immobilier. Il y a
eu les Services financiers Eaton. Il y a eu aussi, par le truchement de
L'Impériale, des acquisitions aux États-Unis et en Angleterre.
Nous avons pris une participation dans Geoffrion, Leclerc.
Alors, évidemment, pour réaliser ces choses-là, il
nous a fallu nous associer à d'autres actionnaires et il nous a fallu
aussi faire en sorte que La Laurentienne voie son pourcentage de
détention dans la corporation réduit d'une certaine façon.
Mais, en gros, ce sont les principales acquisitions qui ont été
faites.
M. Garon: Tantôt, vous avez dit que cela prendrait plus de
capitaux pour votre développement. Si on regarde le développement
qu'il y a eu depuis une dizaine d'années, on n'a pas l'impression que
vous avez manqué de capitaux.
M. Castonguay: Bien, on est allé en chercher, justement.
Il y a eu, en 1984, une première modification - je ne me souviens pas si
c'est à la loi ou à la réglementation - qui nous a permis
de faire une émission d'actions privilégiées dans La
Laurentienne. Mais là, on ne pourrait pas utiliser de nouveau ce
même mécanisme à cause des tests qui ont été
imposés. Les autres émissions ont été faites par la
corporation, la filiale, le holding de La Laurentienne. Mais au fur et à
mesure que le holding a fait des émissions dans le public, la part de la
propriété de La Laurentienne s'est trouvée à
être réduite graduellement. Dans le moment, La Laurentienne
détient 63 % des votes de la corporation mais elle détient
à peu près 40 % de l'équité. C'est cela aussi qu'on
veut arrêter. On veut faire en sorte que La Laurentienne ne voie pas sa
position dans la corporation réduite. Alors, on est allé chercher
des capitaux à trois reprises au moins dans la corporation, deux
émissions d'actions ordinaires et une émission d'actions
privilégiées.
On a fait aussi une émission ou deux privées auprès
d'actionnaires institutionnels. À L'Impériale, on a fait au moins
deux émissions d'actions privilégiées. Encore là,
il y a une limite. On ne peut pas faire appel trop souvent à ce genre de
mécanisme. La Banque d'Épargne est allée chercher des
capitaux, elle aussi, de son côté. Alors, il a fallu faire appel
au public et je pense qu'au cours des dernières années, par les
différents moyens dont je viens de parler, actions
privilégiées, actions ordinaires, on est allé chercher au
moins 400 000 000 $. Mais, l'actionnaire, lui, étant une mutuelle, sa
position risque de l'affaiblir à un moment donné et qu'elle ne
soit plus capable de suivre. C'est pour cela que c'est important aussi de lui
donner de nouveaux moyens.
M. Garon: Lors de la mutualisation, quel prix avait
été payé aux actionnaires en 1950 et quelque, je ne me le
rappelle plus.
M. Fortier: En 1958? M. Garon: En 1958.
M. Castonguay: Je ne sais pas si quelqu'un a la réponse
à cela. Mais je pense bien que personne ici n'était
associé à La Laurentienne, à l'époque. Est-ce que
Jean-Louis, toi... Me Drolet, ici, se demande si, dans l'histoire de La
Laurentienne qui relate cet événement-là, on n'avait pas
donné 100 $ l'action, à ce moment-là.
M. Garon: C'est ce que j'avais entendu dire, moi. Je voulais le
savoir officiellement, parce que ce que j'avais appris, c'était cela.
Vous ne vous rappelez pas pour combien d'actionnaires, pour combien
d'actions?
M. Castonguay: Bon! Si ma mémoire est bonne, La
Laurentienne, avant qu'il ne se fasse un certain achat, avait à peu
près 3000 actionnaires. C'est à peu près cela, le nombre,
c'était...
M. Garon: 3000 actions ou 3000 actionnaires?
M. Castonguay: 3000 actionnaires. La mutualisation, si ma
mémoire est bonne, avait exigé que la compagnie débourse
quelque chose comme une douzaine de millions de dollars. Mais ce sont là
des chiffres, là, que je vous donne purement de mémoire et qui
pourraient être assez faux. Je n'ai pas de... Cela fait trop longtemps et
je n'étais pas là, moi, de toute façon. Cela fait 30 ans
et la compagnie n'avait pas du tout la même taille; elle était
seule à l'époque, il n'y avait pas d'autre filiale.
M. Garon: Maintenant, cela avait été payé
à même quoi?
M. Castonguay: Les surplus accumulés La compagnie a
été capitalisée. Au début, il y a eu deux
capitalisations, je pense, en 1938 et en 1940 ou 1941. On était
allé chercher à peu près
3 000 000 $ de capital et, avec les bénéfices non
répartis ou non retournés en dividendes, si ma mémoire est
bonne, encore, il y avait une vingtaine de millions de capital et de surplus
lorsque la démutualisation a été faite et ils avaient
distribué quelque chose comme une douzaine de millions du surplus. Mais,
encore là, ils ne l'avaient pas payé dans une somme unique: je
crois que les paiements avaient été échelonnés sur
une certaine période, justement pour ne pas trop dégarnir le
capital et le surplus de la compagnie.
M. Garon: Dans le projet de loi privé que nous avons ici,
comment les mutualistes profiteront-ils de la richesse de leur entreprise?
Comment profiteront-ils de la richesse de l'entreprise, en comparaison des
actionnaires?
M. Castonguay: On a vu que, dans un premier temps, les actions
qui vont être émises vont être détenues par la
Corporation mutuelle de gestion au nom de tous les assurés. Alors, ils
vont continuer de détenir la compagnie comme ils la détiennent
dans le moment et ils vont continuer de recevoir tous les droits, tout ce
à quoi ils ont droit, en vertu de leur police d'assurance et il n'y a
rien qui change de ce point de vue-là: il n'y a pas d'addition, il n'y a
pas de soustraction. Leurs droits demeurent les mêmes avant et
après, sauf qu'ils expriment leur vote un peu différemment dans
les nouvelles structures par rapport à la structure actuelle. Mais il
n'y a rien qui change, quant à eux.
M. Garon: II n'y a rien qui change quant à la partie
antérieure, on dit que cela reste comme cela. Mais la richesse
accumulée...
M. Castonguay: Oui.
M. Garon: ...l'avoir propre accumulé, à un moment
donné, il va falloir qu'il se reflète quelque part.
M. Castonguay: Bon. Il y a...
M. Garon: Les parts sociales... Les actions vont devoir le
refléter quelque part, à un moment donné.
M. Castonguay: Une mutuelle, elle a été
fondée dans l'esprit que cela soit une entreprise permanente. Au
début, cela a été l'idée, lors de la mutualisation,
et c'est encore l'idée d'assurer sa permanence. Alors, il y a un capital
ou il y a un surplus qui doit être gardé dans la compagnie pour
lui permettre de continuer de fonctionner, d'augmenter son volume d'affaires de
sorte qu'il y ait toujours une base financière à la compagnie qui
lui permet d'assurer les gens en des nombres de plus en plus
élevés, pour des sommes de plus en plus élevées. Il
y a une catégorie d'assurés qui, eux, disent: Moi, quand je
m'assure à La
Laurentienne, je veux avoir tant de protection. Je paie tant et je ne
veux pas entendre parler d'autre chose. Tout ce que je demande, c'est qu'on me
donne, pour les primes que je paie, une certaine protection. Alors, pour eux,
il n'y a rien qui va changer. Quant aux autres, il y a un certain nombre
d'assurés qui achètent des polices participantes et dans leur
contrat il est dit que le conseil d'aministration peut, chaque année,
déclarer un certain dividende. Alors, si les choses vont bien, le
conseil d'administration déclare des dividendes, et c'est lui qui
détermine, il y a une discrétion quant au montant des dividendes.
Évidemment, comme nous sommes en concurrence, on essaie de donner des
dividendes aussi élevés que possible, et, donc, pour eux qui
s'assurent avec ce type de contrat, on leur retourne une partie de leur prime
sous forme de dividendes, selon l'expérience que l'on obtient sur ces
catégories de polices, et le reste est conservé pour la compagnie
comme entreprise opérante, dont on doit assurer la survie et la
permanence.
M. Garon: Ce que je veux dire, c'est qu'on prend le moment
où on change la nature de La Laurentienne, mettons le 1er juillet. Au
1er juillet, on évalue La Laurentienne, l'avoir des actionnaires,
l'avoir propre de l'entreprise, si on veut, et puis les réserves
actuarielles, qui sont évaluées, qui sont des réserves
fortes ou moins fortes. Alors, si on évaluait cela à tel moment
dans le temps, mettons le 1er juillet 1988, on arriverait quand même avec
une valeur qui est l'avoir propre de La Laurentienne, peu importe à qui
il appartient, qui est l'avoir propre de La Laurentienne. Et cela doit
s'élever à un assez bon montant. Si, par après, on
crée deux catégories, une mutuelle qui a 51 % des actions et une
autre, la partie mutuelle, qui ne touche pas les dividendes comme
actionnaire... Un moment donné, la valeur va se refléter dans
l'avenir quelque part. Ne pensez-vous pas qu'au fond, ceux qui vont profiter de
la valeur réelle de la compagnie, ce ne seront pas les mutualistes, mais
les actionnaires?
M. Castonguay: Mais c'est de la même manière que
dans les 50 premières années. Graduellement, on a bâti
l'avoir des assurés, ou le surplus. Il y a des assurés qui sont
entrés, qui se sont assures, qui ont payé les primes, ils ont
contribué graduellement à améliorer, à augmenter un
peu ce surplus-là au cours des années. On ne l'a jamais
distribué, ce surplus-là. D'ailleurs, il y en a à peu
près 125 000 000 $ et la valeur exacte, bien, c'est le comité des
experts qui va l'établir, et qui va soumettre son rapport à
l'inspecteur général. Et ce sont ces 125 000 000 $ qui assurent
la continuation de nos affaires et notre capacité d'aller chercher plus
de risques. Alors, dans l'avenir, ce sera la même chose: tant que la
compagnie va se développer et progresser, il n'y aura pas de
distribu-
tion et ce fonds n'appartient pas uniquement à la
génération actuelle d'assurés, cela appartient au
passé et à l'avenir aussi. En d'autres termes, on n'est pas en
voie, on ne demande pas de liquider la compagnie, on la poursuit, on la
continue, on n'enlève rien aux assurés. Alors, il n'y a pas
d'indemnisation à leur donner. Ce n'est pas comme une compagnie aux
États-Unis qui s'est démutualisée et dont la
propriété est passée des mains, non pas des mutualistes,
mais dans les mains des actionnaires. Alors, là, on a voulu indemniser
dans une certaine mesure les mutualistes. On leur a distribué un certain
montant de surplus. Mais cela a affaibli la compagnie. Mais, là, on leur
enlevait la propriété, on la donnait aux actionnaires. Ici, ce
n'est pas le cas, le lendemain de la transformation de la mutuelle, les
assurés vont continuer de détenir 100 % de La Laurentienne. Le
lendemain de la transformation, la corporation va détenir 100 % de La
Laurentienne, pas seulement 50.1 %, mais 100 %. On ne leur enlève
rien.
M. Garon: Oui, sauf que, quand les gens sont rentrés dans
la mutuelle, ils sont entrés dans une mutuelle de telle nature. Vous
leur proposez d'opérer de telle façon dans l'avenir. Ce n'est
plus une mutuelle comme celle dans laquelle ils sont embarqués. Quant
aux Etats-Unis, le cas dont vous parlez, la compagnie UNUM...
M. Castonguay: Union, Union Mutual.
M. Garon: ...Union Mutual, il y a eu permission de
démutualiser, mais à des conditions: Remettre aux assurés
des actions de la nouvelle compagnie et ensuite les gens pouvaient vendre leurs
actions. Vous allez me dire que c'est une démutualisation réelle,
mais c'étaient des montants d'argent considérables que les gens
ont eus. J'ai même un certificat ici, c'est UNUM Corporation.
M. Castonguay: Ah, c'est leur nom abrégé. Cela
vient de Union Mutual. Ils ont gardé les premières lettres des
deux mots.
M. Garon: Ils ont eu des actions qui, une fois revendues sur le
marché de la Bourse, ont représenté des montants d'argent
considérables. À un certain moment, il y a un avoir propre - on a
dit 125 000 000 $ - qui est l'avoir des mutualistes. En changeant la nature de
la mutuelle, il y a des gens qui pourraient dire qu'ils ne sont pas
intéressés à la mutuelle qui n'est plus une mutuelle
proprement dite, qui est une mutuelle - en tout cas, je ne sais pas comment
cela va s'appeler concrètement - mais qui est un genre de compagnie de
gestion qui possède une autre compagnie. On dit que cette compagnie de
gestion ou cette compagnie est mutuelle. Mais, dans le fond, les actionnaires,
les mutualistes qui deviennent des actionnaires d'une catégorie
particulière, ils ont juste un droit de vote, à toutes fins
utiles, ils n'ont rien d'autre tandis que les actionnaires, eux, ils vont avoir
quelque chose.
Vous avez présenté une option aux mutualistes, mais, si le
gouvernement analysait d'une façon globale tout cela, ne devrait-il pas
tenir compte des intérêts des assurés? Ils ne sont pas
nécessairement le développement de l'entreprise uniquement. Je
comprends que le développement de l'entreprise, c'est important. Mais
les intérêts de l'assuré, c'est quoi? C'est une affaire.
Les intérêts des mutualistes, c'est quoi? C'est une autre affaire.
Pour moi, un mutualiste peut dire: J'entre dans une mutuelle, mais pas pour
faire un mammouth. Je n'entre pas dans une mutuelle pour faire du
développement. J'entre dans une mutuelle pour m'assurer de telles
conditions, je veux faire partie d'une mutuelle. Et, quand la mutuelle n'est
plus une mutuelle au sens strict, je pourrais dire que je veux
"débarquer". Dans cette option, s'il "débarquait" et si on disait
qu'il y a une certaine démutualisation, en tout cas pour une partie, il
aurait droit à une indemnisation pour cela.
Là, il n'a pas le choix. On change la nature de son entreprise.
Il se trouve encarcané dans une entreprise qui n'est plus une mutuelle
et dans laquelle il n'aura aucun des avantages d'une entreprise qui n'est pas
une mutuelle.
M. Castonguay: M. le député, lors de la
transformation, les assurés vont détenir 100 % des actions. Ils
vont détenir 100 % de la compagnie comme ils en détiennent 100 %
aujourd'hui. Il n'y a rien de changé. Deuxièmement, on leur a
posé la question: Êtes-vous d'accord avec cette transformation?
Ils ont dit oui à 95,4 %. Ils l'ont dit avec enthousiasme.
En plus, quand on émettra des actions un jour, les mutualistes ne
seront pas lésés. Il y aura une évaluation de la valeur
des actions détenues pour le compte des assurés. Si on
émettait des actions en dessous de la valeur, on pourrait dire qu'on les
lèse. Mais, encore là, avant de faire une émission
d'actions, il va falloir obtenir l'autorisation de l'inspecteur
général. D'ailleurs, il y aura une évaluation de la valeur
faite par un comité d'experts indépendant. On ne leur
enlève rien. On ne les pénalise en aucune façon. Leurs
droits sont conservés intégralement. Si on leur avait
enlevé des droits, on pourrait dire que le statut de la compagnie a
enlevé quelque chose aux assurés. Leurs droits demeurent
exactement les mêmes que par le passé. Ils vont pouvoir voter. Ils
gardent leurs pleins privilèges comme assurés,
intégralement. Il n'y a rien qui change. (20 h 30)
M. Garon: Supposons que demain matin - je pose la question - en
vertu des droits des minoritaires, il y a des gens qui ne sont pas d'accord et
disent: On prend action parce qu'on considère... On conteste tout cela
parce qu'on se
dit: Nous autres, on a été des mutualistes dans une
mutuelle. On change cela, on veut tout simplement retirer la valeur propre qui
nous appartient à ce moment-ci.
Autrefois, les tribunaux ne s'occupaient pas des minoritaires.
Aujourd'hui, les tribunaux sont beaucoup plus respectueux des droits des
minoritaires, surtout quand il y a un changement de nature dans les
activités. À ce moment-ci, des gens pourraient dire: Demain
matin, on conteste et on veut faire établir la valeur réelle
à tel moment. On veut être indemnisés parce qu'on ne veut
plus être dans une mutuelle de gestion alors que ce qu'on a établi
comme institution, ce n'est pas une mutuelle de gestion.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Je vais donner des éléments de
réponse. Il y a deux avocats ici avec moi, Me Beaulieu et Me Drolet, qui
voudront probablement donner des compléments.
La première des choses, c'est qu'on n'est pas parti d'une
situation où il y a des majoritaires qui ont posé des gestes au
détriment de minoritaires. On a posé la question à tous
les assurés, qui étaient tous sur le même plan. Ils nous
ont répondu à 95,4 % qu'ils étaient d'accord.
Deuxièmement, quelqu'un à ma connaissance pourrait se
plaindre si on le lésait. Mais je ne vois absolument rien, ils ne sont
lésés en aucune façon. Ils ne perdent aucun droit, aucun
avantage. J'ai l'impression que ce serait une cause jugée difficilement
recevable. Si on nous poursuivait pour cela, je ne peux pas dire que je
perdrais beaucoup de sommeil pour cette cause. En plus, on a dit que la
compagnie sera évaluée par un comité d'experts
indépendant pour établir la valeur des actions remises à
la corporation mutuelle de gestion. La valeur va devoir être
approuvée par l'inspecteur général avant que la loi ne
prenne effet. Donc, ce n'est pas nous qui allons arbitrairement établir
une valeur.
On a examiné ce projet depuis deux ans. Si on avait cru qu'on
lésait des assurés et que la compagnie aurait pu avoir mauvaise
presse ou être poursuivie, on aurait demandé à nos avocats
de continuer leur travail et de s'assurer que notre projet ne porte pas flanc
à des accusations de cette nature. Je ne sais pas si Me Beaulieu...
M. Beaulieu (Roger): En premier lieu, on doit se demander quels
sont les droits des mutualistes. Quand on examine les lois existantes, on
s'aperçoit qu'ils sont assez difficiles à déterminer. On
s'aperçoit aussi qu'à part du droit d'exercer le vote pour la
nomination des administrateurs à l'assemblée annuelle... Ils
n'ont pas le droit d'exiger que des dividendes leur soient
déclarés. Ils n'ont pas le droit aux profits. On doit conclure
qu'ils n'ont droit qu'à des surplus, advenant liquidation.
À la suggestion de l'inspecteur, il est prévu dans la loi
qu'advenant liquidation de la mutuelle, qui ne sera plus une mutuelle, mais une
compagnie à actions, la compagnie de gestion sera aussi liquidée
de sorte que les surplus qui sortiront de la compagnie à actions vont se
retrouver dans la corporation mutuelle de gestion, pour le
bénéfice des mutualistes.
À ce point de vue, personne ne peut se plaindre. Ils ont
exactement les mêmes droits qu'ils ont actuellement. C'est une
éventualité qu'il est assez difficile de se poser actuellement.
Voici une compagnie en pleine effervescence, en pleine activité. On ne
pense pas à des liquidations. Ce serait au désavantage des
mutualistes de penser de cette façon.
M. Garon: Selon votre définition en droit, qu'est-ce qu'un
mutualiste?
Le Président (M. Lemieux): Me Beaulieu.
M. Beaulieu: Un mutualiste est une personne qui a convenu avec
d'autres de participer, comme dans une coopérative, dans un fonds commun
pour développer une assurance. C'est ça.
M. Castonguay: La Loi sur les assurances définit ce
que...
M. Garon: Je suis d'accord avec vous, sauf que, comme vous le
dites, tous les surplus accumulés à un moment donné
appartiennent aux mutualistes qui sont les assurés, dans le fond.
M. Beaulieu: Oui, et le 1er juillet, advenant l'hypothèse
où la loi serait adoptée et en vigueur et l'opération
complétée, ils vont se retrouver dans cette même
position.
M. Garon: Un instant. Actuellement, il y a de l'avoir propre
dedans. On peut dire que l'avoir propre est constitué, au fond, de
sommes d'argent, de profits générés grâce aux sommes
accumulées et qu'on a fait profiter à cause des assurances des
assurés et pour lesquelles on a exigé un montant plus
élevé que celui pour lequel ils étaient assurés,
qui a rapporté un montant, qui a fait de l'avoir propre au cours des
années. Si on liquidait demain matin, on partagerait tous ces montants
entre les mutualistes qui seraient exclusivement des assurés.
Êtes-vous d'accord avec ça?
M. Beaulieu: Exactement. Ce qui se produirait le 1er juillet
advenant que toute cette transformation se fasse. À ce moment-là,
les surplus passent à l'actionnaire principal de la compagnie, le seul
actionnaire qui est la corporation mutuelle de gestion et celle-ci se
démembre, se liquide et ses biens qui sont ceux qu'elle vient de
recevoir de la compagnie d'assurances se retrouvent en haut et sont
distribués aux membres. Qui sont les membres? Les mutualistes. C'est
ça, c'est le mécanisme.
M. Garon: Oui, mais le gouvernement... Quand vous allez former
une autre catégorie qui sera celle des actionnaires, l'évaluation
qu'on essaiera de faire tant d'années après sera pas mal plus
compliquée. Dans le fond, ces sommes qui sont l'avoir propre, à
ce moment-ci, des mutualistes assurés... Je ne connais pas d'entreprise
comme celle que vous voulez former. Je me dis que la valeur va se
refléter quelque part. S'il y a une catégorie qui ne met jamais
la main sur les surplus, j'ai le sentiment que cela va se refléter dans
la valeur des actions, dans les 49 %, bien plus fortement que si les autres 51
% profitaient avec les 49 % des actions. Si on est 10 à partager le
"pot", cela se reflète sur la valeur des 10, mais si seulement 4,9 ont
accès aux profits et à tout ça, la valeur
spéculative des actions sera bien plus forte que si je ne peux jamais
rien toucher avec mes actions à moins qu'il n'y ait une liquidation.
M. Castonguay: Si je comprends bien, votre question est à
savoir si, à un moment donné, une fois qu'on aura fait une
émission d'actions, on peut divertir des sommes qui appartiennent aux
assurés et les transférer aux actionnaires et donc donner un gain
non justifié aux actionnaires. La Loi sur les assurances établit
assez clairement comment on doit conduire une compagnie d'assurances. Il y a
des dispositions qui touchent les assurés avec polices participantes,
d'une part. Il est aussi dit que le comité devra établir le
montant - j'ai ici le mandat du comité - de surplus pour le paiement des
dividendes aux détenteurs de polices participantes. Mais, au-delà
de tout ça, prenons l'exemple de la compagnie qui a ses 125 000 000 $ de
surplus; la corporation mutuelle de gestion détiendra des actions qui
représentent 125 000 000 $. Si on fait une émission d'actions,
par exemple, de 50 000 000 $, comme on le disait cet après-midi, les
actionnaires auront uniquement droit à 50/225 de la valeur de la
compagnie et ils auront payé pour avoir ce droit-là. Rien ne sera
changé; personne n'aura été lésé et personne
n'aura gagné. L'équilibre sera maintenu et, à partir du
moment où ils auront fait cette injection de capital, à l'avenir,
ce sera la responsabilité... Et on a un comité de
vérification, il y a des vérificateurs externes, il y a
l'inspecteur qui fait ses inspections, il y a la Loi sur les assurances et il y
a, en tous les cas, toute une série de mécanismes pour assurer
que les actionnaires ne soient pas lésés ou que les
assurés ne soient pas lésés. Et nous, d'ailleurs, les
membres du conseil, nous n'avons pas de raison de vouloir avantager l'un par
rapport à l'autre. Je ne vois pas quel est le problème sur ce
plan-là.
M. Beaulieu: Vous me permettez, M. Castonguay. Je voudrais...
Le Président (M. Lemieux): M. Beaulieu, oui.
M. Beaulieu: ...faire une analogie ici; ce n'est pas
différent d'une émission d'actions dans une compagnie qui est
déjà en existence. Si une compagnie a 125 000 000 $ d'avoir des
actionnaires, qui comprend le capital et le surplus, et si elle fait une
émission d'actions additionnelle, dans la mesure où
l'évaluation est faite de façon juste, il n'y a pas de dilution
parce que, pour les nouvelles actions qui sont émises, il y a une
considération qui est égale à la considération
existante, ou même meilleure. Alors, c'est le même raisonnement qui
se produit ici.
M. Garon: Vous n'avez pas l'impression...
M. Castonguay: Est-ce que je pourrais ajouter un petit
supplément d'information? Me Drolet, ici, me rappelle qu'il y a quatre
ans on a fait une émission d'actions privilégiées et il y
a des actionnaires qui sont venus s'ajouter et il n'y a pas un assuré
qui a pensé avoir été lésé avec cette
nouvelle catégorie d'actionnaires. Au contraire, cela a renforcé
la structure de la compagnie et tout le monde a été mieux
protégé, et les privilégiés ne recevront aucun
avantage auquel ils n'ont pas droit. D'ailleurs, Me Drolet me montre ici
l'article 404, alinéa d, qui vient justement préciser quelles
sont les créances des assurés pour s'assurer que
l'équilibre est bien maintenu.
M. Garon: Quels étaient les droits qui étaient
consentis aux actions privilégiées?
M. Castonguay: Les actionnaires, moyennant paiement d'un montant,
détiennent des actions privilégiées, ils reçoivent
un dividende sur leurs actions...
M. Garon: Des dividendes fixes?
M. Castonguay: Des dividendes fixes de 7,5 %ou8 %.
M. Garon: Participants ou pas participants? M. Castonguay:
Pas participants. M. Garon: Oui, je suis d'accord.
M. Castonguay: Oui, mais advenant la liquidation il reste qu'ils
seraient là et auraient droit de participer à la
répartition des avoirs de la compagnie. Mais la question qui se pose, ce
serait en cas de dissolution de la compagnie parce qu'autrement on ne fait pas
d'échange.
M. Garon: Je comprends ce que vous dites, c'est exactement cela.
Mou j'ai l'impression que votre action dans la compagnie de gestion mutuelle,
cela sera de la nature d'une action privilégiée, non
participante, mais la valeur réelle va se refléter
entièrement dans l'action... Parce
que, si vous avez dans une entreprise des actions
privilégiées qui rapportent 7 % ou 7,5 % fixe, point, et que vous
avez des actions ordinaires, toute la valeur qui s'acquiert au-delà,
parce que c'est l'équivalent d'un emprunt, à ce moment-là
- l'action privilégiée, c'est l'équivalent d'un emprunt
à 7 % - se reflète entièrement dans l'action ordinaire.
Or, comment, dans la compagnie que vous voulez former, ce ne sera pas le
même effet? Moi, j'ai l'impression que ce sera exactement le même
résultat. Le gouvernement aurait été mieux, je ne sais
pas, de vous... Vous avez dit tantôt, et je vais revenir
là-dessus: des contraintes sur l'émission d'autres actions
privilégiées. On parle d'émission d'actions
privilégiées, qui vous donnent une possibilité d'avoir un
taux fixe. Mais, quand c'est une action ordinaire, c'est une action d'une
nature complètement différente et on a beau dire que ce sont des
actions, mais, en termes de valeur, ce n'est pas la même chose. Et si on
sait que, d'une façon permanente, l'actionnaire de la compagnie de
gestion mutuelle ne participe jamais aux surplus, j'ai la conviction profonde
que toute la valeur nouvelle générée par la compagnie va
se refléter entièrement dans les actions ordinaires. Et moi, je
trouve que ce n'est pas correct pour les assurés et ce n'est pas correct
pour les mutualistes. (20 h 45)
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, M. le
requérant, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Castonguay: J'ai essayé, on a essayé de
répondre par tous les moyens. Il reste que la corporation mutuelle de
gestion va détenir des actions exactement pareilles aux autres qui vont
être émises au public et, si une augmenté l'autre augmente;
ce sont des vases communicants, de ce point de vue.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, ce que vient d'énoncer
le député de Lévis, il faut bien le dire, est totalement
faux. J'essaie de comprendre, moi aussi, ce que le député de
Lévis essaie de nous dire, mais, dans un premier temps, les actionnaires
de la compagnie vont être les mutualistes qui se retrouvent dans la
corporation mutuelle de gestion. Au début, ils détiennent 100 %
de la nouvelle compagnie agissant dans le domaine de l'assurance. Si cette
compagnie-là n'émet pas d'actions, donc, ils détiennent
100 % et si la compagnie fait des profits, ils en sont les
bénéficiaires et cela ne changera pas. Et, dans la mesure
où il y a de nouvelles émissions d'actions, les profits... Alors,
s'il y a une émission d'actions, on espère que la gestion de La
Lau-rentienne va être telle que les profits vont être plus grands
que s'il n'y avait jamais eu émission d'actions, enfin, cela fait partie
de votre plan de développement et, à ce moment-là, s'il y
a dilution des mutualistes qui se retrouvent au début à 100 %,
ils vont tomber à 90 %, 80 % ou 70 %, mais ils vont partager une tarte
qui est plus grosse, ils vont toujours partager et ils ne pourront jamais
descendre plus bas que 51 % de la compagnie à actions. Mais ils vont
toujours participer aux profits et aux profits accumulés de la compagnie
à actions qui va être la nouvelle compagnie opérant dans le
domaine de l'assurance.
Alors, j'ai de la difficulté à comprendre lorsque le
député de Lévis essaie de nous dire qu'il va y avoir deux
types d'actionnaires. Et j'ai de la difficulté à le comprendre
parce qu'au fur et à mesure qu'il y aura dilution jusqu'à 51 %,
si on se rend à 51 % - 49 %, à ce moment-là les 51 % vont
recevoir les mêmes dividendes, ils vont avoir droit aux mêmes
bénéfices, ils vont détenir la proportion des profits
à 51 %, il n'y a absolument rien de changé. J'ai de la
difficulté à... Ce que le député de Lévis a
dit est totalement faux et je ne pouvais pas le laisser passer, j'ai de la
difficulté à le comprendre. Mais il est vrai que ce qu'on
désire faire, c'est de permettre à La Laurentienne par ce
véhicule nouveau d'aller chercher un nouveau capital pour
développer la compagnie, de la même façon qu'il y a
quelques années le holding en aval a permis à La Laurentienne
d'aller chercher un capital qui a permis son développement. Alors, on
trouve un nouveau véhicule maintenant, mais je crois qu'il faut redire
que les mutualistes vont toujours profiter, vont toujours avoir
bénéficié des profits éventuels et de l'avoir
augmenté de la compagnie comme telle.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, votre temps de parole, y inclus les
réponses qui ont été données par les
requérants et les 45 minutes... Évidemment, je vous ai
laissé excéder, vos questions étaient très
pertinentes, mais je me dois maintenant d'appeler le préambule du projet
de loi 206. J'ai fait comptabiliser le temps, je viens de demander le temps qui
a été comptabilisé, y incluant le droit de réponse
des requérants, vous avez fait 45 minutes et si j'inclus votre droit de
réponse, vous avez 25 minutes alors que votre droit de parole est de 20
minutes. Je vous ai laissé quand même procéder parce que je
trouve que vos questions sont pertinentes et intéressantes, mais je me
dois maintenant d'appeler le préambule du projet de loi 206 à
moins qu'il n'y ait un autre intervenant au niveau des remarques
générales, votre temps de parole étant
écoulé.
M. Garon: Pas pour poser des questions sur... On peut
procéder comme cela; moi, je n'ai jamais vu procéder comme cela.
On peut procéder comme cela, sauf que cela m'oblige à utiliser la
procédure. Cela me donne tant de minutes par article, tant de minutes
par paragraphe. Habituellement on essaie de vider la question au
début. Cela ne me fait rien de procéder comme cela, sauf
que cela n'a jamais mené nulle part de procéder de la
façon que vous voulez le faire. Là, actuellement, on a droit
à tant de minutes par article puis on peut demander d'étudier
cela par paragraphe, cela nous donne le même nombre de minutes par
paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): Même par sous-paragraphe,
même par amendement, M. le député de Lévis.
M. Fortier: M. le Président, sur la question de
règlement du député de Lévis, en fait, vous venez
d'indiquer que vous avez été plus généreux que le
règlement pour les propos préliminaires. Tout simplement, ce que
le président désire nous dire, c'est qu'on va avoir
l'occasion...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Fortier: ...lorsqu'on va arriver à des articles
spécifiques de poser des quêtions pertinentes. Je crois que les
questions préliminaires du député de Lévis
étaient très pertinentes, mais je penserais que, lorsqu'on
abordera l'une ou l'autre question en abordant tel ou tel article, cela va
être une autre occasion de poser des questions et d'obtenir des
réponses. Mais, si on procédait, peut-être qu'on aurait
l'occasion d'arriver à ces points spécifiques pour lesquels le
député de Lévis désire faire son travail comme nous
essayons de faire notre travail également.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, M. le
député de Lévis, à votre demande, je peux appeler
les paragraphes un par un pour le projet de loi 206. Je ne vous
empêcherai pas, en aucun moment, d'utiliser votre droit de parole
conformément au règlement, et de poser toutes les questions que
vous allez vouloir dans le temps voulu.
M. le député de Mille-Îles, vous m'avez
demandé la parole?
M. Bélisle: Écoutez, M. le Président, je ne
veux pas faire perdre de temps à la commission. Je pourrais
réserver mes commentaires pour les articles 12 et 13 qui sont les plus
pertinents. Cela complétera un peu les points d'interrogation que le
député de Lévis se pose.
Des questions, j'en ai moi aussi. Je vais faire référence
à un projet de loi, M. le député de Lévis,
où on a eu l'occasion de travailler ensemble il y a quelque temps, le
projet de loi sur Quebecair, où on faisait référence
à une sorte de modifications successives du capital-actions. Si vous
vous souvenez bien, en 1984, Quebecair a été obligée
d'aller à la cour en utilisant l'article 51 de la Loi sur les compagnies
pour une sorte d'expropriation d'un certain groupe d'actionnaires
minoritaires.
Je comprends qu'il y a des mutualistes - 4,6 % du nombre total - qui ne
sont pas d'accord avec le geste posé par La Laurentienne. C'est à
ce chapitre que je vais faire mes interventions tantôt. Il y a des
façons de régler le problème de ces gens et de leur
éviter l'obligation ou la contrainte légale ou statutaire
d'embarquer dans le bateau des 95,4 %. Cela s'est fait dans d'autres projets de
loi au Québec. Il y a d'autres techniques qu'on peut utiliser.
J'aimerais entendre l'inspecteur général là-dessus pour
savoir s'il a pensé à ces techniques ou si la corporation La
Laurentienne y a pensé.
Ce que je comprends et que je retiens, M. le Président - je
reviendrai là-dessus tantôt - si le député de
Lévis veut me tendre une oreille sympathique un court moment, c'est que
c'est par une fiction juridique, en fin de compte, que les mutualistes
deviennent des actionnaires. La question se pose toujours: Est-ce que les
mutualistes sont des mutualistes ou des actionnaires? C'est la question de fond
qui demeurera toujours, même une fois que le projet de loi aura
été accepté, entériné, mis en vigueur. C'est
une question fondamentale qu'on ne pourra pas régler ce soir, même
si on adopte le projet de loi. La question va demeurer dans son entier. De
là l'importance...
Le ministre a fait des efforts pour avoir un projet de loi-cadre
concernant la mutualisation et la démutualisation. Il a fait des choix
politiques qui s'avéraient dans le bon ordre de priorités avec la
loi sur les intermédiaires financiers. Je comprends très bien la
question. Je vois très bien l'artifice légal qui est
utilisé et qui est très subtil, très logique, très
bien fait, très bien monté, mais cela ne règle pas mon
problème. Il vaudrait peut-être mieux dire qu'il n'y a plus de
mutuelle, jusqu'à un certain point, si les mutualistes, par une fiction
juridique, un voile corporatif qui s'impose, deviennent des actionnaires
participants dans une corporation avec dividendes par la corporation qui
contrôle. C'est à peu près cela qu'on est en train de
faire. Les mutualistes ne toucheront pas, mais la corporation de contrôle
va toucher des dividendes, s'il y en a, parce qu'ils sont propriétaires
du capital-actions. Appelons une souris une souris, un chat un chat, ou une
grenouille une grenouille.
C'est ce que les cours ont toujours fait en levant le voile corporatif
sur une corporation. C'est la bonne approche vis-à-vis des
problèmes légaux. Je trouve cela subtil, merveilleux,
ultrabrillant, ce qui est fait présentement dans le projet de loi. Mais
vous ne pourrez pas ne pas me faire comprendre que ce que vous êtes en
train de faire, vous êtes en train de le faire. Sauf que je comprends
très bien que c'est dans l'intérêt de La Laurentienne,
comme groupe financier, d'augmenter possiblement sa capitalisation
jusqu'à 500 000 000 $, pour un tas de bonnes raisons que je partage.
Mais je trouve cela embêtant, comme parlementaire, d'avoir à
entériner ou à donner une bénédiction à une
fiction juridique dans le but d'en arriver à un
but louable.
Ce sont mes remarques préliminaires, mais je réserve pour
les articles 12 et 13 mes commentaires fondamentaux concernant le projet de loi
et ceux qui ne sont pas d'accord. On devrait prévoir une
mécanique d'indemnisation précise, comme cela s'est fait dans
d'autres projets de loi au Québec en vertu de la Loi sur les compagnies,
pour immédiatement mettre dans une case à part, sur une voie
d'évitement, ceux qui n'acceptent pas le principe de tout le projet de
loi. Ce serait à l'avantage des corporations qu'on va former de tirer la
ligne correctement entre ceux qui sont des vrais mutualistes, qui ne veulent
plus demeurer des mutualistes ou ceux qui étaient des vrais mutualistes
mais qui deviennent, de façon fictive, des actionnaires.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. Castonguay.
M. Castonguay: II n'est peut-être pas mauvais de rappeler
que la Loi sur les assurances ne parle pas de mutualistes. Elle parle de
membres. Elle dit que les membres d'une compagnie à laquelle la section
s'applique, ce sont les personnes qui sont propriétaires d'un contrat
d'assurance. Dans le moment, ce sont les membres qui votent pour élire
le conseil de la compagnie et qui ont droit de partager en cas de dissolution.
Une fois la structure changée, ils vont être des membres de la
corporation qui détient la compagnie. Ils continuent d'être des
membres et, en cas de dissolution, ils continueront de partager de la
même manière. Alors, c'est dans ce sens-là qu'on dit que
leurs droits ne sont pas changés, en aucune façon, et c'est pour
cela qu'il n'y a personne qui est lésé. Quelqu'un peut dire: Moi,
je ne suis pas d'accord avec l'idée de transformer la compagnie, c'est
une chose. Mais de là à dire qu'on doit l'indemniser parce qu'il
n'est pas d'accord, que lui donnerait-on comme indemnisation, si on ne l'a pas
lésé, d'aucune façon? Si on commence à les
indemniser parce qu'ils n'étaient pas d'accord, on va prendre des sommes
qui peuvent appartenir aux autres, et je ne vois pas, il n'y a pas... Pour
essayer de satisfaire des gens qui n'ont pas été
lésés, on va enlever des sommes qui appartiennent aux autres. Il
faut retourner à ce que la loi nous dit, l'article 87 est là, et
il est très clair.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Castonguay. Alors,
j'appelle le préambule. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si vous nous dites, M. Castonguay, qu'il n'y a
personne de lésé, ce doit être pour un but très
précis que le projet de loi est devant nous, il doit y avoir des gens
quelque part qui sont favorisés. Cela ne se peut pas que personne ne
soit lésé. Pourquoi le fait-on? Ce n'est pas juste une
démarche fictive, c'est une démarche qui a un but très
précis que vous avez expliqué tout à l'heure. À mes
yeux, il y a certainement quelqu'un qui est favorisé. Quelles sont ces
personnes qui sont favorisées par rapport à celles qui ne sont
pas lésées? Il y a un avantage quelque part. Ce n'est pas
seulement une... C'est clair que c'est une prise de contrôle
différente, à mes yeux en tout cas.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Au moment de la transformation de la compagnie, il
n'y a pas un sou qui sort de la compagnie, il n'y a rien qui disparaît,
il n'y a rien qui change de mains.
Une voix: On comprend cela.
M. Castonguay: C'est uniquement un changement de structure
corporative pour permettre à la compagnie d'aller chercher des capitaux
pour augmenter, lui donner plus de potentiel de développement. Alors, ce
n'est pas comme si on prenait de l'argent à un pour le donner à
un autre. On change uniquement la structure corporative pour permettre d'aller
chercher des capitaux pour les fins de développement de la compagnie.
C'est cela qu'on fait, pas plus que cela.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Dans le mémoire sur le projet de loi, quand on
parle de l'approbation de l'Inspecteur général des institutions
financières, est-ce que c'est vous qui avez préparé cela?
Non. Quand vous parlez d'un comité d'experts indépendant,
composé d'un actuaire, un avocat et un comptable, c'est à votre
demande, c'est vous qui avez formé ce comité-là?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre ou M.
l'Inspecteur général des institutions financières sur le
temps de parole du ministre.
M. Bouchard: Comme le ministre l'a expliqué cet
après-midi, le...
M. Dufour: Malheureusement, j'étais pris par d'autres
activités parlementaires.
M. Bouchard: ...projet de loi est un projet de loi privé
pour La Laurentienne, et il a été conçu pour être
public. Il n'a pas été fait en fonction de La Laurentienne, il
est fait en fonction d'une loi qui sera la Loi sur les assurances, et nous
avons simplement pris les dispositions de la Loi sur les assurances pour les
appliquer d'avance dans un cas précis, pour les raisons que le ministre
a prévues. Et, dans les dispositions qui se retrouveront dans la Loi sur
les assurances, il est prévu qu'un comité d'experts
indépendant doit être constitué, composé...
M. Garon: Qui va les nommer?
M. Bouchard: ...nommés par la compagnie,
agréés par l'inspecteur général et, si le rapport
ne fait pas l'affaire, on ne l'accepte pas. Le rapport doit être
agréé par l'inspecteur général et ce comité
est constitué d'un actuaire, d'un avocat et d'un comptable, avec un but
très précis, qui est un mandat très précis qui est
prévu dans le texte que vous avez. Le mandat consiste, justement,
à évaluer, comme je l'indique d'ailleurs dans mon texte... (21
heures)
M. Fortier: D'ailleurs, on peut ajouter, M. l'inspecteur, que
cette procédure que l'inspecteur vient d'expliquer fait suite à
une étude que les bureaux de l'inspecteur ont faite de tous les moyens
ou de plusieurs États - je ne me souviens pas du nombre d'États,
je crois qu'il y a une quinzaine d'États américains qui ont des
lois touchant la démutualisation - Mais, en particulier, la formation de
ce comité se retrouve dans à peu près toutes les lois que
nous avons étudiées aux États-Unis et où il y a un
agrément, par l'inspecteur, des personnes choisies. Alors, c'est bien
évident que La Laurentienne a choisi des experts qui étaient les
meilleurs dans leur domaine et que, sachant que le comité lui-même
devait être agréé par l'inspecteur, elle a choisi des gens
compétents, et le rapport lui-même devait être
agréé. Mais ces dispositions-là se retrouvent
également dans les lois américaines touchant la
démutualisation.
M. Garon: C'est une mutuelle, après, tandis que
là...
Le Président (M. Lemieux): M. le...
M. Fortier: Non, non, mais je parle du bureau d'experts pour
évaluer... Parce qu'on parle de la même chose, on parle d'un
comité d'experts pour évaluer la valeur de la compagnie à
un moment donné; que cela soit pour une démutualisation ou quoi
que ce soit, pour déterminer la valeur actuelle, c'est un comité
d'experts. Tout simplement, ce que je voulais dire, c'est que, en ce qui
concerne le comité d'experts, on a adopté la procédure qui
est utilisée aux États-Unis dans des cas semblables.
M. Dufour: Bien, le problème...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, votre temps de parole est terminé. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le problème qui se pose, c'est que cela peut
vous agréer, mais vous ne pouvez pas demander qu'il n'y ait pas de lien
qui existe entre les actuaires et le comptable, le comité qui va
être engagé, et La Laurentienne. Je pense que vous ne serez pas
capables de faire cela.
M. Bouchard: Si le rapport n'est pas bon...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Si le rapport n'est pas bon...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. l'inspecteur
général. M. Castonguay, M. le requérant, vous avez
demandé la parole?
M. Castonguay: J'aimerais peut-être faire un commentaire,
M. le Président. La compagnie a 50 ans d'existence. Elle a
été créée par des gens qui ont, au cours des
années, établi une tradition d'intégrité, qui ont
donné une réputation à La Laurentienne. Les membres du
conseil sont des citoyens honorables et je pense qu'en aucun moment - vous
l'avez vu, au cours de toute son histoire - il n'a été, dans les
façons de faire de La Laurentienne, jamais il n'est venu à
l'idée de qui que ce soit d'essayer de poser des gestes qui pourraient
être au détriment d'une catégorie de personnes pour en
avantager une autre. Je peux dire que, pendant les deux ans où nous
avons préparé ce projet de loi, le souci premier qui nous a
guidés - et je l'ai dit cet après-midi - c'était de
s'assurer que les droits des assurés soient respectés
intégralement. Je crois que c'est ce que nous avons dans ce projet de
loi et, si les membres du conseil avaient cru, en un moment quelconque, qu'il y
avait eu un danger que quelqu'un soit lésé dans ses droits, le
conseil serait intervenu; on ne serait pas venu devant l'Assemblée avec
un tel projet.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Castonguay.
M. Castonguay: Je pense qu'il faut se souvenir d'une histoire,
à ce sujet-là.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle le
préambule du projet de loi.
M. Dufour: Non, je n'ai pas...
Le Président (M. Lemieux): ...206. Pardon?
M. Dufour: Je n'ai pas épuisé mon temps.
Le Président (M. Lemieux): Non. Non, M. le
député de Jonquière, non, vous n'avez pas
épuisé votre temps. Vous pouvez continuer. Si vous avez d'autres
questions, allez-y. On les attend.
M. Dufour: Moi, l'argument que M. Castonguay nous sert, en tout
cas, je trouve que c'est un argument de fond. C'est clair. Je pense que
personne ne met votre intégrité en doute, ni celle de la
corporation. Le seul point qu'on se posait, c'est qu'il y a toujours le droit
et l'apparence, aussi. On s'habitue à cela, nous
autres, par rapport à notre langage et, comme vous avez
déjà occupé ces banquettes, vous savez ce que cela veut
dire. Quelquefois, peut-être, quelqu'un dit: Moi, je suis honnête.
Mais il pose des gestes et il faut aussi que cela soit honnête et qu'en
plus cela ait l'apparence d'être honnête. Sans cela, il y a des
doutes qui peuvent s'organiser ou entrer à travers cette
démarche.
Mais il y a peut-être un point que je voulais continuer:
présenter un mode de compensation pour les droits des mutualistes. Donc,
vous admettez au départ que les mutualistes pourraient avoir des droits
ou qu'ils ont réellement des droits. Quels seraient les genres de
compensation qu'ils pourraient avoir, autres que d'avoir des parts
privilégiées?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Bon, voici. Il y a deux façons de faire une
démutualisation. Il y a une démutua-lisation classique, qui
consiste à évaluer l'entreprise, à donner une valeur
marchande à cette entreprise, à le refléter dans un
capital-actions et à distribuer aux détenteurs de polices des
actions. Cela veut dire que la propriété qui était
originairement collective, parce qu'une compagnie mutuelle, c'est cela que cela
veut dire, c'est une propriété collective,
représentée par les détenteurs de polices... Alors, ces
gens-là reçoivent donc le surplus de la compagnie dans lequel est
reflétée la valeur marchande de cette entreprise.
M. Fortier: En actions.
M. Bouchard: Et ils ont des actions.
L'autre façon de procéder, qui est celle-ci, et qui est
prévue dans la loi générale que le ministre avait
prévue - donc, ce n'est pas une nouveauté spécifique pour
La Laurentienne -c'est pour éviter la distribution du surplus, de
retenir le principe de la propriété collective qui est
fondamentalement ce qui distingue une compagnie mutuelle d'une compagnie
à capital-actions. La propriété collective demeure entre
les mains de détenteurs de polices par le truchement d'une corporation
mutuelle qui va détenir les actions qui, autrement, auraient
été réparties entre tous les membres. Donc, comme on ne
veut pas répartir le surplus, les actions qui auraient été
réparties entre les détenteurs de polices sont détenues
par une corporation qui est la propriété des mutualistes et
détenteurs de polices qui vont continuer d'exercer leurs droits par
l'entremise de cette corporation. Ce qui veut dire que toute la plus-value au
moment où la démutualisation se fait et la plus-value
ultérieure par le développement de l'entreprise vont se
refléter dans les actions que la corporation mutuelle de gestion
détient pour le compte des détenteurs de polices.
M. Dufour: Avez-vous fixé des temps
déterminés pour que ces experts vous fassent connaître leur
rapport concernant la valeur marchande et le maintien des expectatives de
dividendes? Je comprends que ce sont des travaux qui se font... Comme un
régime de retraite ou n'importe quoi, c'est complexe, mais cela se fait.
Avez-vous des temps fixés, déterminés?
M. Bouchard: On va attendre. La loi entre en vigueur seulement
lorsqu'ils ont produit leur rapport et qu'il est jugé suffisant pour la
protection des mutualistes. Cela dépend du temps que les experts
prendront pour produire leur rapport et faire leur étude.
M. Dufour: Avant d'approuver le rapport, pouvez-vous aller
jusqu'à exiger certaines...
M. Fortier: Toute information pertinente.
M. Dufour: Toute information pertinente et impertinente.
M. Bouchard: Bien, pas impertinente.
M. Fortier: C'est ce que les gens disent de l'inspecteur.
Le Président (M. Lemieux): Mais, M. le
député de Jonquière, vous avez fait état tout
à l'heure d'apparence. Peut-être pourriez-vous nous indiquer, dans
le projet de loi 206, à quels articles vous vouliez faire
référence d'une manière plus spécifique quant
à l'apparence ou à une défaillance des droits des
minoritaires ou des mutualistes.
M. Dufour: Non, non. C'est parce que la firme d'experts... Je
réponds à votre question, je ne serais peut-être pas
obligé, mais je vais y répondre. Le comité d'experts
indépendant qui a été engagé par La Laurentienne,
qui est payé par La Laurentienne, ces gens peuvent être
très compétents, mais ils peuvent être aussi très
près de La Laurentienne.
M. Fortier: Non, ce n'est pas cela.
M. Dufour: Cela pourrait être accepté par
l'inspecteur. Moi, je ne sais pas... Ils m'ont déclaré leur
lien.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Fortier: Ce n'est pas une firme, premièrement.
M. Dufour: Là-dessus, j'ai accepté...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, je vous comprends, M.
le député.
M. Dufour: ...le point de vue de M. Caston-
guay.
Le Président (M. Lemieux): Votre question est très
pertinente, M. le député de Jonquière, mais
peut-être que c'est simplement pour essayer d'orienter le sens du
débat. M. l'inspecteur général des institutions
financières.
M. Bouchard: La condition primordiale qui a été
posée, c'est un comité d'experts indépendants; donc, ce
sont des personnes qui ne sont pas à l'emploi de La Laurentienne. Le
fait qu'elles soient désignées par La Laurentienne ne change rien
à l'indépendance de ces professionnels, de qui on va
requérir des opinions professionnelles pour des fins bien
spécifiques, chacun dans leur secteur bien spécifique
donné. Cela n'entache pas pour autant leur point de vue.
M. Dufour: Mais ils sont payés par elle. M. Bouchard:
Oui, oui, mais...
M. Fortier: Voulez-vous que ce soit le gouvernement qui les
paie?
M. Dufour: Non, cela aurait pu se faire différemment. Je
vais vous conter une expérience que j'ai eue. J'ai déjà
été obligé d'engager des actuaires non pas personnellement
parce que je n'en ai pas les moyens mais je me rappelle que, dans une
négociation avec un syndicat, des employés ont dit: Nous autres,
on veut avoir des actuaires. On a dit: C'est correct, on a les nôtres.
Non, non, cela ne compte pas. On a été obligés de donner
une somme au syndicat, aux employés qui ont décidé
d'engager un actuaire indépendant, selon leur volonté. Cela est
arrivé à la même chose au bout.
M. Fortier: Dans la Loi sur les assurances, on a donné des
responsabilités aux actuaires justement pour évaluer les
réserves. Il est bien certain que ces actuaires sont payés par la
compagnie d'assurances pour laquelle ils travaillent, mais il faut qu'ils
satisfassent aux données de l'inspecteur.
M. Dufour: Mais vous admettez que le point de vue que
j'émets est possible.
M. Fortier: Cela aurait pu arriver.
M. Dufour: Et à ce moment-là, même si les
employés... Il est clair qu'on ne peut pas faire faire n'importe quoi
à un actuaire, en principe, n'est-ce pas? Je pense qu'il est régi
par un code d'éthique; c'est un travail sérieux comme celui de
tous les professionnels, d'ailleurs, devrait l'être. Je comprends que,
cette fois, on avait des arguments extraordinaires, mais cela ne les
satisfaisait pas et, en fin de compte, ils ont été satisfaits et
ils sont arrivés aux mêmes conclusions que nos propres actuaires
et cela s'est arrangé.
M. Fortier: C'est bien.
Étude détaillée
Préambule
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que j'appelle le
préambule du projet de loi d'intérêt privé 206? Il
n'y a pas d'autres intervenants? Alors, j'appelle le préambule du projet
de loi d'intérêt privé 206. Le préambule du projet
de loi d'intérêt privé 206 est-il adopté? Y a-t-il
des commentaires? M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais qu'on les regarde...
Le Président (M. Lemieux): Paragraphe par paragraphe, M.
le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Alors, je souscris
à votre demande.
J'appelle le préambule un: "Attendu que La Laurentienne, mutuelle
d'assurance a été constituée par lettres patentes
émises le 3 mars 1938 sous la dénomination sociale "La
Laurentienne, compagnie d'assurance sur la vie"; "Qu'en vertu du chapitre 185
des lois de 1959, La Laurentienne, compagnie d'assurance sur la vie a
été transformée en une compagnie mutuelle d'assurance sur
la vie". Est-ce que ce premier paragraphe est adopté? M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir combien il y a de membres
actuellement dans La Laurentienne, mutuelle d'assurance.
Une voix: M. le secrétaire.
M. Castonguay: Le secrétaire de la compagnie me dit que
nous avons approximativement 165 000 membres dans La Laurentienne, mutuelle. Il
n'y a plus de police en vigueur parce qu'il est dit qu'une personne qui a plus
d'une police est considérée comme un seul membre. Mais il y a des
contrats collectifs où seul le propriétaire de la police ou le
preneur est considéré comme un membre.
M. Fortier: Adopté?
Le Président (ML Lemieux): Est-ce que le premier
alinéa du préambule du projet de loi 206 est adopté, M. le
député de Lévis?
M. Fortier: M. le Président, vous avez lu les deux
premiers alinéas.
Le Président (M. Lemieux): Pardon. Vous avez raison, M. le
ministre. Est-ce que les deux
premiers alinéas du préambule du projet de loi 206... Oui,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Au moment de la constitution de La Laurentienne,
compagnie d'assurance sur la vie comme mutuelle, en 1959, combien y avait-il de
mutualistes, de membres assurés?
M. Castonguay: II y avait environ 3000 actionnaires, mais il n'y
avait pas de membres. C'était une compagnie à
capital-actions.
M. Garon: Non, mais les assurés sont devenus des
membres.
M. Castonguay: Ah! Des assurés, à ce
moment-là, il y en avait peut-être 20 000 ou 25 000. Ce sont des
chiffres que je ne peux vous donner autrement que de façon
approximative. Je dirais de 20 000 à 25 000 assurés.
M. Garon: Le chiffre de 165 000, c'est en quelle
année?
M. Castonguay: 1988. M. Garon: En 1988. M. Fortier:
Cela va?
M. Garon: Quand on calcule la valeur, comment l'établit-on
en chiffres globaux d'assurance? En polices souscrites?
M. Castonguay: II y a deux ou trois critères, un certain
nombre de chiffres pour mesurer l'importance ou ce qu'est la compagnie. On a le
surplus, comme on l'a dit, l'avoir des assurés; on peut citer le montant
des actifs globaux de la compagnie, le revenu de primes, les sommes
assurées. Est-ce qu'on a le rapport annuel où tous ces chiffres
apparaissent?
Les assurances en vigueur au 31 décembre 1987: 10 200 000 000 $;
le revenu de primes au cours de 1987: 214 800 000 $; les actifs: 946 000 000 $;
l'avoir des actionnaires et des assurés, parce qu'il ne faut pas oublier
nos actionnaires détenteurs d'actions privilégiées: 156
800 000 $. Ce sont souvent les chiffres cités comme point de
repère pour analyser ce qu'est une compagnie d'assurance-vie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les alinéas
un et deux du projet de loi d'intérêt privé 206 sont
adoptés?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'alinéa 3 du
projet de loi 206: "Qu'aux termes du chapitre 90 des lois de 1962, les pouvoirs
de La Laurentienne, compagnie d'assurance sur la vie ont été
élargis et sa dénomination sociale a été
changée pour "La Laurentienne, compagnie mutuelle d'assurance". Est-ce
que l'alinéa 3 est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: En quoi consistait l'élargissement des pouvoirs
en 1962? (21 h 15)
M. Castonguay: À ce moment-là, la compagnie voulait
faire de l'assurance générale et elle avait demandé le
pouvoir de faire de l'assurance générale. C'est un pouvoir qui,
lorsque la loi générale des assurances a remplacé toutes
les lois privées, est disparu à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 3
est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'alinéa 4: "Qu'aux termes du chapitre 49 des lois de 1981, La
Laurentienne, compagnie mutuelle d'assurance et Les Prévoyants du Canada
ont fusionné et ont continué leur existence en une seule
compagnie mutuelle d'assurance, sous la dénomination sociale "La
Laurentienne, mutuelle d'assurance". Est-ce que l'alinéa 4 est
adopté?
M. Garon: Au moment de la fusion en 1981, combien y avait-il de
membres à La Laurentienne et combien chez Les Prévoyants du
Canada?
M. Castonguay: Est-ce que quelqu'un ici a une idée? On dit
qu'à ce moment-là il y aurait eu à peu près 150 000
membres à La Laurentienne et 50 000 chez Les Prévoyants pour un
total d'environ 200 000, mais on parle d'une situation assez différente,
de contrats de différente nature. Aujourd'hui, on sait qu'il y a eu bien
des changements des types de couverture et des types d'assurances, mais c'est
ce que l'actuaire à l'époque, M. Cloutier, ici nous donne comme
renseignement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 4
est adopté?
M. le député de Lévis.
M. Garon: Mais, à ce moment-là, est-ce que
c'étaient des entreprises de valeur égale ou inégale?
M. Castonguay: La valeur des Prévoyants du Canada,
à ce moment-là, d'après M. Cloutier qui était
là et qui a travaillé activement à cette
intégration, était à peu près la moitié de
celle de La Laurentienne.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 4
est adopté?
M. Garon: Quand vous dites "valait", vous le calculez sur quelle
base? Vous avez plusieurs façons d'évaluer cela. Tantôt,
vous avez mentionné les valeurs en assurances en vigueur, les
actifs, les revenus de primes, l'avoir des...
M. Castonguay: Le chiffre qu'ils nous disent avoir utilisé
pour donner le fait que Les Prévoyants avaient la moitié de la
valeur, c'est l'actif. Alors, l'actif de l'un était à peu
près de 200 000 000 $ ou 250 000 000 $ et celui de l'autre était
à peu près de 125 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Je peux vous donner les chiffres: en 1980...
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Fortier: J'ai les chiffres exacts.
M. Garon: Je comprends, mais les actionnaires de la
compagnie...
M. Fortier: Mais si vous ne voulez pas avoir la
réponse.
M. Garon: Non, ce n'est pas ça. La compagnie c'est eux,
vous...
M. Fortier: J'ai l'information ici, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Sauf que, M. le ministre, M. le
député de Lévis...
M. Fortier: II pose des questions et il ne veut pas avoir de
réponse.
Le Président (M. Lemieux): ...est sur son droit de parole.
Il peut...
M. Garon: Vous pouvez me donner les chiffres, mais je voudrais
les avoir également des gens de la compagnie.
M. Fortier: Non, mais j'ai l'information de l'Inspecteur
général des institutions financières. J'ai le rapport de
La Laurentienne.
Le Président (M. Lemieux): Si M. le député
de Lévis le permet, M. le ministre peut vous fournir les
réponses. Si vous préférez vous satisfaire des
réponses qui vous ont été données par les
requérants...
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je pose la question aux...
Le Président (M. Lemieux): Aux requérants, cela
va.
M. Garon: On a des gens qui sont ici qui sont des
requérants. C'est à eux que je pose les questions.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lévis. Vous êtes en plein dans votre droit
de parole. Je n'ai rien à dire.
M. Garon: Autrement, on n'en aurait pas besoin et je poserais
directement les questions au ministre, comme on fait habituellement quand on
adopte des lois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, j'ai respecté votre droit de parole. Est-ce que
l'alinéa 4 est adopté?
M. Garon: Non, je n'ai pas eu les réponses.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas eu la
réponse? M. Castonguay.
M. Castonguay: À la fin de 1981, l'actif combiné
après la fusion était de 394 000 000 $ et cela se
répartissait ainsi: à peu près 250 000 000 $ pour La
Laurentienne, de mémoire, et à peu près 125 000 000 $ pour
Les Prévoyants. Maintenant, si on veut plus de précisions,
évidemment, les chiffres sont là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, voulez-vous plus de précisions?
M. Garon: Non, cela va.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 4 du
projet de loi d'intérêt privé 206 est adopté?
Une voix: La confiance règne.
M. Garon: Non, c'est un ordre de grandeur, cela, je pense.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 4
est adopté?
Des voix: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'alinéa 5. "En vertu de son règlement " numéro 2
approuvé par les membres le 21 mai 1985 selon l'article 93.1 de la Loi
sur les assurances et subséquemment ratifié par l'Inspecteur
général des institutions financières, La Laurentienne,
mutuelle d'assurance a émis 1 320 000 titres privilégiés
de participation d'une valeur nominale de 25 $ chacun, lesquels sont
actuellement en circulation comme entièrement payés et sont
inscrits en Bourse sous l'appellation "actions privilégiées de la
catégorie A". Est-ce que l'alinéa 5 est adopté? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quels étaient les attributs de ces
titres privilégiés de participation d'une valeur nominale
de 25 $ chacun? Vous en avez dit un mot tout à l'heure.
M. Castonguay: Ce fut une émission de 32 000 000 $, la
valeur nominale des actions était de 25 $, le taux de dividende
était de 8,8 %.
M. Garon: Fixe?
M. Castonguay: C'étaient des actions rachetables
après cinq ans.
M. Garon: 8,8 % fixe pendant cinq ans? M. Castonguay:
Oui.
M. Garon: Rachetables, avec droit de vote ou sans droit de
vote?
M. Castonguay: Sans droit de vote.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 5
est adopté?
M. Garon: Est-ce qu'il y avait participation ou sans
participation?
M. Castonguay: Sans participation. On dit: "des titres
privilégiés de participation d'une valeur nominale de 25 $
chacun". Je ne sais pas pourquoi on dit "de participation" parce que le taux de
dividende est fixe.
M. Beaulieu: Parce que la loi dit cela, c'est un terme qu'on
retrouve dans la loi. C'est pour cela qu'on les appelle des titres de
participation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Beaulieu. Est-ce que
l'alinéa 5 est adopté?
Des voix: Adopté.. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'alinéa 6. "La Laurentienne, mutuelle d'assurance désire se
transformer en une compagnie d'assurance à capital-actions, vouée
à la poursuite de son activité, et en une corporation mutuelle de
gestion, regroupant les propriétaires de contrats d'assurance afin de
contrôler la compagnie d'assurance à capital-actions
résultant de la transformation." Est-ce que l'alinéa 6 est
adopté?
M. Garon: Là, je pense, on arrive un peu au point que
soulevait le député de Mille-Îles tout à l'heure
quand il disait: Ce qu'on crée, ce n'est pas une mutuelle. Ici, on dit:
"La Laurentienne, mutuelle d'assurance désire se transformer en une
compagnie d'assurance à capital-actions, vouée à la
poursuite de son activité - la poursuite de son activité, c'est
assez général - et en une corporation mutuelle de gestion..."
J'aimerais demander à l'Inspecteur général des
institutions financières c'est quoi cela, une corporation mutuelle de
gestion. Cela existe dans quel endroit dans les lois du Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général ou M. le ministre.
M. Fortier: M. l'inspecteur.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Tout à l'heure j'ai expliqué qu'il y
avait deux possibilités de démutualisation; une
démutualisation classique...
M. Garon: Pourriez-vous parler plus fort? Je ne comprends
pas.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous fermer la porte,
s'il vous plaît?
M. Bouchard: ...qui est le phénomène inverse de la
mutualisation, c'est-à-dire ce qu'on a fait par la mutualisation on le
défait par la démutualisation en respectant les mêmes
règles et les mêmes critères. Les actions qu'on a
rachetées des détenteurs de police dans le temps ou des
actionnaires à même le surplus de la compagnie, on a
diminué le surplus de la compagnie et on a payé les actionnaires
pour faire en sorte que l'entreprise devienne une propriété
collective. La démutualisation pourrait se faire de la même
façon et c'est ce qui est retenu dans la plupart des lois
américaines.
Ici, le plan qui est proposé, encore une fois, qui est un plan
proposé par le ministre, c'est que c'est une démutualisation qui
n'a pas pour effet1 de distribuer le surplus de la compagnie. Et,
pour ce faire, il faut maintenir la propriété collective, qui est
la définition même d'une compagnie mutuelle. Et cette
propriété collective, pour pouvoir la conserver, il faut avoir un
organisme qui va détenir les actions de la compagnie à
capital-actions en lieu et place de tous et chacun des détenteurs de
police. Donc, le but de la corporation mutuelle de gestion, c'est de faire
exercer par les détenteurs de police leur droit de
propriété collective qu'ils avaient avant la
démutualisation.
M. Garon: Je comprends cela. Maintenant pourriez vous
répondre à ma question qui était à quelle place
est-ce que cela existe dans les lois actuelles du Québec, une
corporation mutuelle de gestion? Je ne parle pas dans les assurances, n'importe
où.
M. Bouchard: Je n'en connais pas.
M. Garon: II n'en existe pas au Québec. Est-ce que cela
existe dans les lois fédérales?
M. Bouchard: Bien, cela existe, si on appelle cela une
espèce de holding, oui. Mais ici c'est un holding d'une nature tout
à fait particulière.
M. Garon: De cette nature-là, je veux dire; une
corporation mutuelle de gestion de la nature de celle qu'on se propose de
constituer par cette loi, vous dites que cela n'existe pas dans les lois du
Québec. Je vous demande si cela existe dans les lois
fédérales.
M. Bouchard: Non plus.
M. Garon: Est-ce que cela existe aux États-Unis?
M. Bouchard: Non plus.
M. Garon: Est-ce que cela existe quelque part ou si cela n'existe
nulle part?
M. Bouchard: Pas à ma connaissance.
M. Garon: Alors, nous sommes dans du droit nouveau?
M. Bouchard: Exactement.
M. Garon: C'est ce que je pense. Donc, si on est dans le droit
nouveau, on est dans un type d'institution pour laquelle on n'a pas de
modèles sur lesquels on peut faire des comparaisons pour les
phénomènes variables qui peuvent survenir. Il faut que vous me
donniez une réponse, parce que les micros n'enregistrent pas les signes
de tête.
M. Bouchard: Non, il n'y a pas de modèle. C'est un concept
tout à fait nouveau qui a été élaboré,
oui.
M. Garon: Ne croyez-vous pas que ce type d'institution va
créer deux types d'actions différents? Un type d'actions de la
corporation mutuelle de gestion et un type d'actions qui va être celui de
la compagnie d'assurance à capital-actions.
M. Bouchard: Non, M. le député, parce que la
corporation mutuelle de gestion est une corporation sans but lucratif qui
n'émet pas d'actions. Elle n'émet pas d'actions. Il n'y a rien,
c'est une coquille qui a été créée de toutes
pièces pour rassembler les détenteurs de police en une
assemblée coopérative dans cette corporation mutuelle. Elle
n'émet pas d'actions. Elle détient des actions ordinaires que la
corporation Laurentienne vie va émettre et qui auraient
été distribuées aux 250 000 ou 175 000 détenteurs
de police de La Laurentienne. Il n'y a pas deux classes d'actions, il y en a
une seule.
M. Garon: Les actions qui vont se transiger sur le marché
vont être lesquelles?
M. Bouchard: Ce sont les actions de La Laurentienne, il n'y en a
pas d'autres.
M. Garon: Lesquelles?
M. Bouchard: La Laurentienne, démutualisée.
M. Garon: La compagnie d'assurance à capital-actions?
M. Bouchard: Exactement.
M. Garon: Là-dessus, il va y avoir des actions qui vont
appartenir à la corporation mutuelle de gestion, 51 %...
M. Bouchard: Éventuellement.
M. Garon: ...et les autres 49 % qui vont être dans le
marché. Les 51 % des actions de la corporation mutuelle de gestion ne
pourront jamais se transiger, se vendre sur le marché libre?
M. Bouchard: Oui, la preuve c'est que, lorsque la
démutualisation va se faire, la corporation mutuelle de gestion va
détenir 100 % des actions qui seront émises. Et il y a une
disposition spéciale qui est prévue à l'article 12; la
raison pour laquelle cela a été inséré dans le
projet de loi, c'est que la corporation mutuelle de gestion ne peut pas vendre
les actions qu'elle détient, qu'elle a reçues par la
démutualisation, sans l'approbation formelle du ministre, sous peine de
nullité absolue de la transaction, en vue de s'assurer
précisément que la corporation mutuelle de gestion
détienne en tout temps le contrôle de La Laurentienne.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Donc, la corporation mutuelle de gestion, qui va
détenir 100 % des actions par suite de la démutualisation, pourra
vendre sur le marché ces actions-là. À quel prix? À
un prix minimal de la valeur marchande qui aura été établi
par le comité d'experts agréés par nos propres experts
internes qui auront passé au crible le rapport qui doit être
fourni par La Laurentienne. Ce que nous ferons, ce ne sera pas seulement un
tampon pour approuver le rapport. Nous avons nos propres évaluateurs qui
vont le faire, nos propres comptables et nos propres actuaires qui vont
étudier le rapport qui sera fourni. (21 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Vous avez parlé de
l'article 12, M. l'inspecteur. Il ne s'agirait pas plutôt de l'article
13?
M. Fortier: C'est l'article 13.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'article 13, M. le
député de Lévis. Est-ce que l'alinéa 6 est
adopté?
M. Garon: À ce moment-là...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...les transactions, éventuellement, avec le
temps, les actions vont se vendre et le nombre d'actions détenues par la
corporation mutuelle de gestion, la proportion va diminuer.
M. Bouchard: Elle risque de diminuer, bien sûr. Les
détenteurs de police, annuellement, vont élire leur conseil
d'administration, leurs représentants comme ils le font à l'heure
actuelle; au lieu d'élire les représentants du conseil
d'administration de Laurentienne vie, ils vont élire leur conseil
d'administration dans la corporation mutuelle de gestion. Ces
représentants décideront ce qu'ils font de leur portefeuille.
S'ils veulent en vendre, ils pourront en vendre, mais que va-t-il arriver? Il
va y avoir un produit de disposition. Le produit de disposition ils vont
pouvoir le placer, ce qui est prévu ici, et c'est pour cela que le
projet de loi prévoit le mode de placement, d'utilisation du produit de
disposition éventuellement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa
6...? Oui?
M. Garon: Où est prévu le produit de
disposition?
M. Fortier: Un peu plus loin. Peut-être qu'on devrait
attendre de se rendre là. C'est à l'article 12, je crois.
M. Bouchard: Vous avez l'article 14. On dit: Elle peut
détenir des valeurs mobilières d'autres institutions
financières.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 6
est adopté?
M. Garon: On reviendra sur les modalités un peu plus
loin.
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que
l'alinéa 6 est adopté?
M. Garon: Les actions de la corporation mutuelle de gestion
vont-elles appartenir à la corporation mutuelle de gestion ou aux
mutualistes?
M. Fortier: À la corporation.
M. Bouchard: M. le député, la corporation mutuelle
de gestion et les mutualistes, c'est la même chose.
M. Fortier: C'est la propriété collective.
M. Garon: C'est l'ensemble des mutualistes.
M. Bouchard: Non, c'est la même chose. On a
transposé dans la corporation mutuelle de gestion les droits des
mutualistes. Donc, cela leur appartient, c'est à eux.
M. Fortier: Mais je pense que c'est important ce point-là,
M. le Président. La propriété collective demeure
collective. Je crois que c'est faux tout à l'heure on suggérait
que les mutualistes devenaient des actionnaires; non, ils possèdent
collectivement un bloc d'actions.
M. Garon: C'est ce qu'on disait, les mutualistes compris dans
l'ensemble.
M. Fortier: La propriété collective. C'est cela,
cela répond à votre question: collectivement, ils vont
détenir un bloc d'actions dans la nouvelle compagnie.
M. Garon: Ils vont être des membres de la corporation
mutuelle de gestion qui va détenir des actions.
M. Fortier: Eux-mêmes détiennent une
propriété collective et non pas individuelle.
M. Garon: Oui, mais les autres actions qui n'appartiendront pas
à la corporation mutuelle de gestion?
M. Bouchard: Lesquelles?
M. Garon: II va y en ëvoir d'autres.
M. Fortier: Celles qui vont être émises
éventuellement.
Le Président (M. Lemieux): Celles émises par La
Laurentienne, mutuelle d'assurance.
M. Bouchard: Ce qui va arriver à ce moment-là c'est
que si Laurentienne vie, compagnie d'assurance capitalisée décide
d'émettre des actions du trésor, il y a des actionnaires qui
existent. Les actionnaires seront qui? Dans le cas précis, du tout
début jusqu'à ce qu'il y ait des actions réparties sur le
marché; la corporation mutuelle de gestion. Selon les conditions qui
seront posées par La Laurentienne, il pourra y avoir un droit de
préemption, c'est-à-dire que la corporation mutuelle de gestion
pourra décider de réinvestir et d'acheter des actions du
trésor, si elle le veut bien. Si elle ne veut pas, la corporation
Laurentienne vie émettra des actions dans le public.
M. Fortier: Et elle se laisse diluer. M. Garon: C'est ce
qu'elle veut faire. M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: C'est ce qu'elle veut faire. Elle dit qu'elle veut
faire appel au public. Il ne faut pas se conter d'histoire.
M. Bouchard: C'est cela, dans le public.
M. Garon: Alors, le ministre vient de dire qu'à ce
moment-là il y aura dilution.
M. Fortier: Mais oui, jusqu'à 49 %. M. Garon: Au
bénéfice de qui?
M. Bouchard: Au bénéfice de tout le monde. S'ils
vont chercher 25 000 000 $, 30 000 000 $, 40 000 000 $, 50 000 000 $ de nouveau
capital dans Laurentienne vie, d'une part, quant à la base de
capitalisation de Laurentienne vie, en tant qu'inspecteur
général, je peux vous dire que je ne dirai pas non.
M. Garon: Parce que?
M. Bouchard: Parce qu'ils vont capitaliser...
M. Garon: Je n'ai pas compris ce que vous avez dit.
M. Bouchard: En tant qu'inspecteur général, je vais
être très heureux qu'ils capitalisent davantage la compagnie,
parce que les actions qu'ils vont émettre, ou bien seront des actions
ordinaires, ou bien des actions privilégiées. Ils auront la
possibilité d'émettre les actions qu'ils voudront. Si ce sont des
actions privilégiées, cela va entrer beaucoup moins dans la base
de capital qu'une action permanente. Dans le cas d'une action ordinaire, on en
tient compte à 100 % dans la base de solvabilité. Alors, vous
allez avoir une capitalisation plus forte.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le sixième
alinéa est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand les actions vont se transiger sur le
marché, la corporation mutuelle de gestion, normalement, ne vendra pas
ses actions.
M. Bouchard: Elle le pourrait. Si elle a au point de
départ des actions à 15 $ et que les actions sont rendues
à 25 $ sur le marché, pourquoi la corporation mutuelle de gestion
ne vendrait-elle pas une partie de ses actions pour réaliser un
bénéfice, en vue, justement, entre autres, en vertu de l'article
14, de pouvoir acquérir d'autres institutions financières? C'est
le but des mutualistes de continuer à se développer. Elle pourra
le faire. Elle n'est pas obligée d'avoir 100 % des actions. La plupart
des conglomérats n'ont pas 100 %. Power Corporation ne détient
pas 100 % de ses actions. Elle n'est pas intéressée.
M. Fortier: ...68 % de Montréal Trust.
M. Bouchard: Elle n'est pas intéressée, c'est
beaucoup trop. Du moment qu'elle a le contrôle, c'est suffisant. Alors,
sa marge de manoeuvre, elle va l'avoir, d'une part en vendant des actions de la
corporation" mutuelle de gestion si c'est intéressant. Ensuite, elle
peut utiliser la compagnie d'assurance-vie. Troisième mécanisme,
la corporation de holding en aval qu'elle a et qui est également une
source additionnelle de capitalisation. Il va y avoir trois niveaux de
capitalisation.
M. Garon: Vous appelez toujours cela "mutuelle"?
M. Fortier: Propriété collective.
M. Bouchard: La compagnie d'assurance-vie, évidemment, ne
sera plus une compagnie mutuelle; elle est transformée en compagnie
à capital-actions. Mais cette compagnie à capital-actions
appartient à qui? Elle appartient aux détenteurs de police. Cela
ne se voit nulle part. Et, là, on innove.
M. Fortier: Est-ce que cela va?
M. Garon: Mais quelle différence y a-t-il entre la fin
d'une mutuelle, entre liquider une mutuelle et former... Au fond, au lieu de
vendre à un autre groupe, on forme une autre institution, mais ce n'est
plus une mutuelle qu'on forme à ce moment-là.
M. Bouchard: Une mutuelle, c'est la détention...
M. Garon: Alors, les mutualistes, les membres... Moi, j'ai
adhéré à une institution dont le régime est
prévu dans une loi. Le gouvernement change la loi, change mon
régime...
M. Bouchard: Non.
M. Garon: Bien oui, il change son régime. C'est rendu une
compagnie à capital-actions.
M. Bouchard: Non, M. le député, que ce soit une
compagnie mutuelle ou une compagnie à capital-actions, les deux
compagnies vendent le même genre d'assurance. Et lorsqu'un
détenteur de police souscrit à une police, il souscrit, soit
à une police avec participation, soit à une police sans
participation. Dans le cas d'une compagnie mutuelle, on dit: En plus, tu es
propriétaire de
ta compagnie. C'est cela, la différence. Cela lui donne le droit
annuellement de choisir les administateurs. Cela ne lui donne aucun droit sur
les surplus accumulés de la compagnie pas plus qu'un actionnaire ne peut
revendiquer auprès de son conseil d'administration qu'il lui verse un
dividende à la fin de l'année. Je ne parle pas de ceux qui ont
des actions privilégiées avec dividendes cumulatifs
préférentiels, ainsi de suite. L'actionnaire ordinaire n'a pas le
droit de revendiquer un dividende si le conseil d'administration n'est pas
décidé à le lui conférer. Le mutualiste est dans la
même situation et son droit consiste justement à élire le
conseil d'administration ou encore, à la fin de l'existence de la
compagnie, de distribuer le surplus. Ce sont les seuls droits qu'il a.
M. Garon: Oui, sauf que, s'il se rendait compte que sa compagnie
mutuelle ne lui verse jamais de dividendes comme assuré, ne lui en verse
pas assez, il réagirait. La façon de réagir peut
être tout simplement en élisant des gens qui pensent plus comme
lui. Les gens qui vont être élus peuvent représenter des
orientations et, là, c'est une façon différente de faire
les choses. Je vais vous dire une chose, vous allez à des
réunions de coopératives agricoles et je peux vous dire que les
gens sont contents de dire qu'ils ont des résultats et qu'il y a des
dividendes, qu'il y a des ristournes, etc. Autrement, les gens diraient que
quelque chose ne va pas. L'évaluation des rendements par les dividendes
ou les ristournes, c'est évalué par les gens qui sont dans
l'entreprise. Deuxièmement, ils comparent les prix qu'ils payent par
rapport aux ristournes qu'ils reçoivent. Je comprends que c'est un peu
plus compliqué pour une compagnie d'assurances, sauf que les gens se
rendent compte si cela donne des résultats ou si cela n'en donne pas.
Ils ont une possibilité d'influer là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Ce n'est pas comme cela que ça s'exerce, M.
le député. Dans le cas d'une compagnie d'assurance-vie, ce n'est
pas à l'assemblée générale que les
détenteurs de police vont faire valoir leurs droits dans le cas
précis que vous venez de soulevez.
M. Garon: C'est-à-dire que si ça va bien, non.
M. Bouchard: C'est par la compétition des compagnies
d'assurances. Et les compagnies d'assurances, pour conserver leur
clientèle, sont obligées de bonifier leurs polices. Pourquoi?
Parce que les gens vont annuler leurs polices lors du renouvellement de leur
contrat.
M. Garon: D'accord.
M. Bouchard: Leur droit de propriété... M.
Garon: D'accord.
M. Bouchard: ...on n'en tiendra pas compte dans la balance. Et
c'est la raison pour laquelle, dans les cinq ou six dernières
années alors que le taux de rendement sur les assurances vie
entière était très bas, les compagnies d'assurances ont
été obligées d'augmenter et de mettre sur le
marché, par exemple, des produits qui s'appellent la police universelle
pour faire face justement à la concurrence des autres institutions
financières parce que leurs produits n'étaient plus
concurrentiels.
M. Garon: Vous avez raison quant aux plus grosses compagnies, les
grosses mutuelles où les sentiments d'appartenance ne sont pas aussi
proches. Je pensais plutôt aux petites mutuelles. Vous avez raison, dans
les plus grandes mutuelles, le sentiment d'appartenance n'est pas le
même. Quand on se demande comment il se fait qu'un mutualiste ne fait pas
quelque chose, bien c'est qu'il se demande peut-être ce qu'il pourrait
faire parmi le nombre. Cela peut donner le résultat, au fond, qu'il n'y
a pas grand monde aux assemblées des mutuelles. Pourquoi? Parce que le
nombre des mutualistes est très grand. Les gens n'ont pas le sentiment
qu'ils vont pouvoir influencer quelque chose. C'est pour cela que le
degré d'unanimité est un petit peu factice.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 6
est adopté?
M. Garon: Bien, on n'a pas besoin de l'adopter. Ce n'est pas la
loi. C'est le préambule. On l'accepte...
M. Fortier: On l'accepte.
M. Garon: ...mais il n'est pas adopté dans le sens
d'adoption.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, M. le
député de Lévis, mais on l'adopte. Nous avons
adopté les cinq premiers alinéas et le préambule dans le
cas d'un bill privé doit être appelé et adopté.
M. Garon: Commençant...
Le Président (M. Lemieux): On peut même l'amender,
M. le député de Lévis, et je ne comprends pas qu'on ait
adopté cinq alinéas et, lorsqu'on arrive au sixième, on ne
l'adopterait pas. Alors, est-ce que l'alinéa 6 est adopté?
M. Garon: Ce n'est pas cela. Je vais vous dire pourquoi. C'est
qu'à l'alinéa 4 c'est une déclaration d'intention de la
compagnie. Je prends acte de cela...
M. Fortier: C'est un désir, mais on l'a... Correct.
M. Garon: Mais je n'ai pas à adopter le désir de la
compagnie.
M. Fortier: D'accord.
M. Garon: On dit: "La Laurentienne, mutuelle d'assurance
désire se transformer".
M. Fortier: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Lemieux): L'alinéa 6 est
adopté?
M. Fortier: Cela va.
M. Garon: Je prends acte. J'accepte cela. Je constate cela.
Le Président (M. Lemieux): Vous prenez acte. Alors,
l'alinéa 6 est adopté.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'alinéa 7.
Est-ce que l'alinéa 7 est adopté?
M. Garon: Pouvez-vous le lire? Vous ne l'avez pas lu.
Le Président (M. Lemieux): Non, je vous laisse le soin de
le lire, M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est le règlement qui demande que les...
M. Fortier: Je vais vous remplacer, M. le Président.
M. Garon: ...dispositions d'un projet de loi doivent être
lues avant qu'on vote dessus.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'alinéa 7: "Que
les administrateurs de La Laurentienne - je vais vérifier cela, M. le
député de Lévis, ce que vous venez de dire - mutuelle
d'assurance ont, par vote unanime, adopté une résolution
approuvant la transformation proposée de La Laurentienne, mutuelle
d'assurance."
M. Fortier: Adopté?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 7
est adopté?
M. Garon: Je prends acte.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'alinéa 8: "Qu'un comité d'experts a été
formé afin de confirmer notamment la juste valeur marchande de La
Laurentienne, mutuelle d'assu- rance." Est-ce que l'alinéa 8 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Un instant là. Si un comité d'experts est
déjà formé, est-ce qu'on pourrait nous dire de qui il est
composé?
Le Président (M. Lemieux): M. le requérant.
M. Castonguay: M. Jean-Louis Gauvin, actuaire-conseil, Me Pierre
LaRue, avocat, et M. Charles Pelletier, comptable agréé.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'alinéa 8
est adopté?
M. Fortier: Adopté. Le Président (M. Lemieux):
Adopté. M. Fortier: II ne veut plus parler. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors prenez acte, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je prends acte.
Le Président (M. Lemieux): Vous prenez acte que "la
transformation proposée n'affecte pas les droits des assurés ni
les intérêts du public en général".
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous prenez acte, M.
le député de Lévis? Est-ce que l'alinéa 8 est
adopté?
M. Fortier: Pas d'opposition.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. (21 h 45)
M. Garon: C'est parce que je ne peux pas voter là-dessus.
Je peux simplement dire...
M. Fortier: Sur division.
M. Garon: On me dit que c'est une déclaration
d'intention...
Le Président (M. Lemieux): Sur division.
Adopté.
M. Garon: ...on ne le sait même pas parce qu'il n'est
même pas encore fait. Ce n'est même pas encore fait; les montants
ne sont même pas encore déterminés. Le comité
d'experts n'a pas fait son rapport; l'inspecteur général n'a pas
réagi, alors comment peut-on dire qu'on vote là-dessus? On ne
peut pas.
Le Président (M. Lemieux): Prenez acte... M. Garon:
On prend acte que...
Le Président (M. Lemieux): Vous prenez acte. Est-ce
que...
M. Garon: ...c'est ce qu'on nous dit que la compagnie veut
faire.
Le Président (M. Lemieux): L'alinéa 8 est donc
adopté. L'ensemble du projet de loi...
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): ...d'intérêt
privé 206... L'ensemble du préambule...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): J'ai essayé de la
passer, M. le député de Mille-Iles, au député de
Lévis, mais je l'ai vu réagir tout de suite. Est-ce que
l'ensemble...
M. Bélisle: C'est un bel essai, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Est-ce que l'ensemble
du projet de loi d'intérêt... Est-ce que l'ensemble du
préambule du projet de loi d'intérêt privé 206 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Définitions
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle donc
l'article 1 du projet de loi privé 206 qui se lit comme suit: "Dans la
présente loi, à moins que le contexte n'indique un sens
différent, il faut entendre par "corporation mutuelle de gestion": la
corporation mutuelle de gestion issue de la transformation de La Laurentienne,
mutuelle d'assurance; "Mutuelle": La Laurentienne, mutuelle d'assurance;
Laurentienne vie: la compagnie d'assurance à capital-actions issue de la
transformation de La Laurentienne, mutuelle d'assurance; "ministre": le
ministre responsable de l'application de la Loi sur les assurances." L'article
1 est-il adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Transformation
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2. "La mutuelle est transformée en une compagnie
d'assurance à capital-actions et en une corporation mutuelle de gestion.
Son existence corporative, ininterrompue, est scindée pour se poursuivre
en ces deux personnes morales distinctes, selon les modalités
prévues par la présente loi." L'article 2 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 3 du projet de loi: "Laurentienne vie poursuit en tout, sous sa
propre dénomination sociale, l'existence de la mutuelle, sauf à
l'égard des droits des propriétaires de contrats d'assurance
à titre de membres, qui, sous réserve du deuxième
alinéa de l'article 12, s'exercent désormais exclusivement
auprès de la corporation mutuelle de gestion. Les droits et obligations
de la mutuelle ne sont pas affectés par sa transformation."
Le deuxième paragraphe de l'article 3: "Dans tout contrat ou
document impliquant la mutuelle, la dénomination sociale de Laurentienne
vie est substituée de plein droit, sans formalité aucune,
à celle de la mutuelle. Les instances où elle est en cause avant
sa transformation peuvent être continuées par Laurentienne vie ou
contre Laurentienne vie sans reprise d'instance."
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Laurentienne vie, étant
la cie d'assurance à capital-actions.
M. Fortier: C'est cela. C'est dans la définition.
Le Président (M. Lemieux): C'est exact? Laurentienne vie,
étant la cie d'assurance à capital-actions.
M. Garon: Lors de l'assemblée...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...annuelle, sur les 165 000 membres mentionnés
tout à l'heure, combien étaient représentés par
procuration?
M. Castonguay: Le secrétaire me dit que 11 000 à 12
000 membres étaient représentés par procuration pour une
assemblée annuelle régulière.
M. Garon: À celle-là? Celle du...
M. Castonguay: Ah! Là, ce n'était pas une
assemblée annuelle régulière...
M. Garon: Ah! bon.
M. Castonguay: ...c'était une assemblée
spéciale. Là, on a eu 24 500 dans ce cas-là.
M. Garon: 24 500...
M. Castonguay: ...procurations.
M. Garon: ...procurations sur 165 000 membres. Sur les gens qui
étaient dans la... Combien de personnes étaient présentes
à l'assemblée?
M. Castonguay: Environ 200. Environ 100 ont voté, qui
n'avaient pas donné de procurations? Est-ce que c'est cela?
Une voix: C'est cela.
M. Garon: 100 qui n'avaient pas donné de procurations.
M. Castonguay: Alors, ils ont voté sur place; ils ont
exprimé leur vote directement sur place. Ceux qui étaient sur
place ont voté unanimement pour le projet.
M. Garon: Sur les 200 présents, combien étaient des
employés de La Laurentienne?
M. Castonguay: Est-ce qu'on avait le compte des employés?
Environ 70; 130 n'étaient pas des employés. Alors, 130
étaient des membres assurés et 70 des employés, grosso
modo. Mais on ne les comptait pas comme tels, mais comme membres.
M. Garon: Sur la centaine de ceux qui n'étaient pas
représentés par procuration, est-ce que c'étaient des gens
qui étaient employés ou ceux qui n'étaient pas
employés?
M. Castonguay: Non. Je dirais qu'il n'y avait pas de
caractéristiques particulières. Certains étaient des
employés, certains étaient des membres assurés qui
étaient venus s'exprimer au lieu d'envoyer leur procuration. Le
président fondateur, le Dr Tardif, était là, votre
exconcitoyen, et il a voté pour.
M. Fortier: Ce que vous dites, M. Castonguay, c'est que deux fois
plus de membres se sont exprimés dans cette réunion
spéciale que lors d'une réunion annuelle.
M. Castonguay: Oui.
M. Fortier: C'est assez significatif quand même.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Garon: Assez significatif...
M. Fortier: Mais oui, deux fois plus, il me semble que c'est
beaucoup.
M. Garon: II y en a 140 000 qui n'ont pas dit un mot. Qu'est-ce
que cela vous fait comme signification?
M. Fortier: Avez-vous déjà été
mutualiste?
M. Garon: Vous avez l'air d'avoir des antennes sur la
signification.
M. Castonguay: Qui ne dit mot consent.
M. Fortier: J'ai déjà été mutualiste
et je n'envoyais pas ma procuration.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Garon: II y a un autre principe. Quand j'étais
professeur, je me rappelle que je demandais toujours, à la fin des
cours, quand les gens ne posaient pas de questions: Est-ce parce que vous ne
comprenez pas assez pour poser une question? Pour poser une question, il faut
comprendre.
M. Fortier: C'est sûr que c'est ce qu'ils disaient. Ils ne
comprenaient pas quand vous donniez vos cours.
Le Président (M. Lemieux): Ou ils comprenaient et ils ne
posaient pas de question.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Garon: Parfois, les gens ne posent pas de question parce
qu'ils n'ont pas compris.
Le Président (M. Lemieux): Pas nécessairement.
Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Garon: Non, pas nécessairement, mais c'est ça
parfois.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 4. "La corporation mutuelle de gestion poursuit l'existence de la
mutuelle aux seules fins de pourvoir à la continuité des droits
des propriétaires de contrats d'assurance à titre de membres de
cette dernière, ces droits s'exerçant désormais au sein de
la corporation mutuelle de gestion, conformément à la
présente loi. La corporation mutuelle de gestion n'est pas autrement
investie des droits, biens et privilèges de la
mutuelle et elle n'est pas autrement responsable des obligations de
cette dernière."
M. Fortier: C'est clairement exprimé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je ne sais pas si c'est totalement clairement
exprimé. Cela paraît peut-être totalement clairement
exprimé, mais, si je lis en conjonction avec l'article 14 de la loi qui
définit La Laurentienne, corporation mutuelle de gestion, la corporation
mutuelle de gestion définie à l'article 4 n'est pas formée
exclusivement ou pour les seules fins de pourvoir à la continuité
des droits des propriétaires de contrats d'assurance. Selon la
deuxième phrase de l'article 14, elle a aussi le pouvoir de devenir une
sorte de holding. Je pense qu'on a un petit arrimage à faire là;
ce n'est peut-être pas totalement exact. C'est mon premier
commentaire.
Mon deuxième commentaire touche beaucoup plus le fondement
même de l'article 4 et la corporation qui est la mutuelle de gestion. Je
voudrais qu'on prenne le cas hypothétique suivant qui est très
facile à comprendre. Dans deux ans, il y a une émission de
capital-actions; on ramasse 50 000 000 $ d'actions ordinaires; il y a 125 000
000 $ ou 130 000 000 $, admettons, d'après la valeur du fameux
comité, qui appartiennent à la mutuelle de gestion
conformément à l'article 4 de la loi. Laurentienne vie
décide d'émettre un dividende; elle émet un dividende,
admettons, de 0,08 $ dans le dollar et aux actionnaires ordinaires et à
la mutuelle de gestion qui est également actionnaire ordinaire de la
corporation,
Là où je veux en venir, c'est pour faire la distinction
entre ceux qui ont accepté à 95,4 % le principe de la
séparation des deux corporations et ceux qui n'ont pas accepté,
c'est-à-dire 4,6 %; moi, j'aimerais savoir le dividende qui va
être encaissé par la corporation mutuelle de gestion. Est-ce que
dans les mains de la mutuelle de gestion cela va devenir un revenu corporatif
taxable? Première question. Et je veux savoir, en fonction de l'article
4 et des articles 14 et 15, parce que je ne vois rien dans les articles 14 et
15, quelle sorte de traitement fiscal on va accorder à cette nouvelle
forme hybride de corporation en droit collectif, une sorte de
coopérative holding mutuelle avec un deuxième objet où les
seules fins, c'est de pourvoir à la continuation des droits existants.
Est-ce que cela va être traité comme un revenu corporatif et
taxable dans les mains de la corporation mutuelle de gestion comme n'importe
quel autre revenu corporatif dans les mains d'une entreprise au Québec?
Si c'est le cas, je vois très bien le préjudice causé
à celui dans les 4,6 % qui n'a pas accepté ou qui ne veut pas
accepter le principe de tout le projet de loi. Lui, s'il ne voulait pas avoir
de revenu taxable... Quand tu es mutualiste, c'est que tu ne veux pas avoir de
profit. Tu ne peux pas avoir de revenu corporatif. Tu ne veux pas avoir de
dividende parce que tu veux augmenter ton capital, non? Peut-être que je
me trompe?
M. Castonguay: C'est un dividende intercompagnies, il ne sera pas
taxable. Alors, il n'y a pas de préjudice. Maintenant, en plus de cela,
ce qui va probablement se faire, c'est qu'au lieu de les verser en "cash", en
un montant comptant, les dividendes de, la corporation mutuelle de
gestion...
M. Bélisle: En actions?
M. Castonguay: ...on va les transformer en actions, elle va
recevoir des actions additionnelles.
M. Bélisle: Et, dans la majorité des cas, cela va
être en actions que vous allez les verser?
M. Castonguay: Moi, je dis normalement. De toute façon,
même si on les versait en argent comptant, ce sont des dividendes
intercompagnies non imposables; alors, il n'y a pas de préjudice, il n'y
a pas d'argent...
M. Bélisle: M. Castonguay, vous dites que ce sont des
dividendes intercorporatifs, j'ai des doutes.
M. Castonguay: Bien, écoutez, j'ai des experts fiscaux
ici.
M. Bélisle: Bien, je ne le sais pas. J'essaie de
saisir.
M. Fortier: C'est l'expert...
M. Castonguay: On a des experts en fiscalité ici, ils
peuvent le confirmer sans l'ombre d'un doute.
M. Bélisle: Oui, d'accord, possiblement.
Le Président (M. Lemieux): Pourriez-vous avancer et vous
identifier?
M. Bélisle: Vous me permettrez, peut-être, un
commentaire pour terminer sur cela.
Le Président (M. Lemieux): Pour les fins de
l'enregistrement du Journal des débats, vous avez seulement
à vous placer au bout de la table et vous identifier.
M. Bélisle: Tout le but du projet de loi, c'est de
créer deux corporations qui sont distinctes, une corporation qui
contrôle, vous allez me dire, jusqu'à un certain point
au-delà de 50,1 % en vertu...
M. Castonguay: 100 % au début.
M. Bélisle: Oui, mais à un certain moment, la
limite est fixée dans l'article 14, ce n'est pas 100 %, c'est 50 %, dans
l'article 13.
M. Castonguay: Quand il y aura eu des émissions d'actions,
oui.
M. Bélisle: Oui, ce sont 50 %. C'est la limite que vous
demandez dans le projet de loi. Je suis d'accord avec cela. Je pense que
c'est... Malgré qu'un certain contrôle va être fait de la
compagnie qui est Laurentienne vie par la corporation mutuelle de gestion,
peut-être techniquement vous allez me dire que, parce que c'est 50,1 %,
ce sont des compagnies qui sont liées sur le plan fiscal, et c'est la
réponse que vous allez me donner - je ne sais pas si c'est ce que vous
allez me dire. Moi, je vois que vous êtes en train quand même de
scinder les deux "pots" jusqu'à un certain point.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez vous asseoir et
vous identifier, s'il vous plaît. Vous avez seulement à vous
asseoir ici à gauche, on va...
Une voix: Monsieur, il n'y a pas de micro là.
Le Président (M. Lemieux): Ici au bout.
M. Fortier: Prenez la deuxième...
Le Président (M. Lemieux): C'est cela.
M. Singer (Paul): Mon nom est Paul Singer, de l'étude
Martineau Walker. Je suis avocat fiscaliste. Alors, pour répondre
à votre question, le traitement fiscal du dividende qui passerait de
Laurentienne vie à la mutuelle de gestion serait le même
traitement qu'un dividende, maintenant, qui passe de la corporation de gestion
à la mutuelle. Alors, ce serait un dividende intercorporatif non
imposable.
M. Bélisle: Non imposable, en totalité.
M. Singer: C'est exact. Et le fait que le projet de loi impose en
quelque sorte l'obligation de contrôle fait en sorte que le
caractère non imposable est préservé aussi longtemps que
les lois fiscales...
M. Bélisle: ...ne sont pas...
M. Singer: ...que nous connaissons continuent d'exister.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 4
est adopté? Oui, M. le député de Lévis. (22
heures)
M. Garon: Moi, je vais vous dire franchement: Je suis
embêté parce que je calcule que c'est... Il y aurait dû
avoir une loi publique au Québec pour discuter toute cette
question-là. Je trouve que c'est anormal de procéder par loi
privée alors qu'on sait qu'il y a d'autres choses qui vont arriver pour
dire comment cela va fonctionner. Moi, je pense que les gens peuvent
décider de fonctionner de différentes façons et on ne peut
plus dire qu'on est dans le cas d'une mutuelle. Je pense que l'Inspecteur
général des institutions financières a laissé
parler son coeur quand il a dit, à un moment donnné, au
paragraphe 2: dans le cas du processus de démutualisa-tion. Alors, il
s'agit véritablement d'un processus de démutualisation, à
mon avis, et, à ce moment-là, je pense que c'est un choix de
société qui devrait être fait au Québec pour savoir
comment se fait une démutualisation et en vertu de quelles options. Je
pense que cela ne peut pas être cas par cas.
Actuellement, est-ce qu'on établit le régime de toutes les
démutualisations ou si l'on établit le régime qui est
proposé par La Laurentienne? Est-ce qu'il y aura autant de
régimes qu'il y aura de mutuelles qui vont se démutualiser? Selon
quels critères, selon quelles normes? Qu'est-ce qu'on va
reconnaître, après cela, comme mutuelle? Est-ce quelqu'un qui a
une mutuelle de stricte orbservance, comme était La Laurentienne avant
le processus de démutualisation indiqué par l'Inspecteur
général des institutions financières... Vont-elles pouvoir
s'appeler, toutes deux, des mutuelles ou... Moi, je pense qu'à ce moment
on est dans un cas de situation hybride, qui peut être très
souhaitable, mais... Je pense qu'on ne peut pas établir un cadre au
Québec - parce que ce n'est pas n'importe quelle mutuelle, ce ne sont
pas Les Clairvoyants qu'on a devant nous, là. Les Clairvoyants, je pense
qu'il n'y avait pas de conséquence véritable, au contraire. On
aidait les assurés à ne pas perdre ce qu'ils avaient
déjà. Mais là il s'agit d'un cas où l'on fait un
choix pour l'avenir. J'ai hâte de voir, quand arrivera un autre projet;
les gens verront cela d'une façon différente, et qu'est-ce qui va
arriver? S'il arrive un troisième projet où les gens voient cela
d'une façon différente, comment cela va-t-il arriver? L'habit qui
va leur convenir n'est pas nécessairement l'habit qui convient à
La Laurentienne.
Alors, je me dis qu'on est dans une situation particulière. Le
ministre n'a pas fait son travail de présenter une loi pour dire les
différentes options, s'il y a différentes options, ou comment
cela doit se faire, selon quelles règles égales pour tous.
Là, je trouve qu'on établit un modèle qui est ambigu et
qui laisse entendre qu'on divise les droits des mutualistes en deux. Vous
savez, on dit: "Laurentienne vie poursuit en tout, sous sa propre
dénomination sociale, l'existence de la mutuelle, sauf à
l'égard des droits des propriétaires de contrat d'assurance
à titre de membres, qui, sous réserve du deuxième
alinéa de l'article 12, s'exercent désormais exclusivement
auprès de la corporation mutuelle de gestion." On deviendra comme dans
une trinité à deux têtes, si on veut, et moi j'ai
l'impression que ce n'est pas cela les principes de mutualité qui sont
la pierre angulaire des mutuelles d'assurance. Je pense qu'on ne peut pas
subdiviser les principes de mutualité reconnus internationalement en
vertu des principes de coopération. On ne peut pas faire cela, à
mon avis, et je pense qu'il devrait y avoir un débat public
là-dessus. C'est pourquoi, quant à moi, sur cet article, je
voterai sur division.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 4
est adopté sur division?
M. Fortier: Sur division.
M. Garon: Le député de Mille-Îles avait
demandé la parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le ministre avant.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, si vous
voulez...
M. Bélisle: Bien, c'est dans la même veine que la
question que j'ai posée tantôt. Je veux seulement compléter
mon raisonnement. La même question s'adresse à votre expert
fiscal, M. Castonguay. Comment est traité un dividende provenant d'un
placement de valeurs mobilières, en vertu de l'article 14, dans la
corporation mutuelle de gestion? Est-ce un revenu corporatif taxable?
M. Castonguay: Bien, d'abord, la corporation mutuelle de gestion
va détenir uniquement des actions dans Laurentienne vie. Elle ne fera
pas d'autres placements.
M. Bélisle: M. Castonguay, écoutez, je lis le texte
qui est ici, à l'article 14: "La corporation mutuelle de gestion a pour
objet de contrôler Laurentienne vie, en tout temps". D'accord?
M. Castonguay: Ah! bon, d'accord.
M. Bélisle: "Elle peut également détenir des
valeurs mobilières d'autres institutions financières". C'est pour
cela que j'ai mentionné tantôt que l'article 4 n'était
pas...
M. Castonguay: Non, non, d'accord.
M. Bélisle: ...exact, exact, exact. Elle a deux objets. La
loi, là... La formation de la fiction juridique qui est la corporation
mutuelle de gestion a deux objets. Je suis d'accord avec les deux objets, sauf
que je veux être sûr qu'on ne commet pas d'impair en faisant ce
qu'on fait présentement. C'est pour cela que...
M. Castonguay: Non, non, je...
M. Bélisle: ...je veux être très "fine
print", là, j'essaie de tout saisir...
M. Castonguay: D'accord. Alors, on va demander à
l'expert...
M. Bélisle: Bon! J'aimerais savoir...
Le Président (M. Lemieux): II y a Me
Beaulieu, M. Castonguay, qui a aussi demandé la parole.
M. Beaulieu: Le député posait deux questions...
M. Bélisle: J'en ai posé plusieurs, oui.
M. Beaulieu: ...l'une à laquelle, il me semble, on n'a pas
apporté de réponse, c'était la question qui se lit
à l'article 4, soit qu'elle poursuit l'existence aux seules fins de
pourvoir à la continuité des droits. Cela assure que c'est la
continuité de la corporation...
M. Bélisle: Cela va, cela.
M. Beaulieu: ...mais cela ne l'empêche pas d'avoir un autre
objet qui est à l'article 14.
M. Bélisle: C'est exact, c'est ce que j'ai compris.
M. Beaulieu: C'est cela.
M. Bélisle: Alors, ma deuxième question,
c'est...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur le fiscaliste.
M. Bélisle: ...la corporation mutuelle de gestion
achète des actions dans une compagnie de fabrication x, y,, z...
M. Fortier: Domtar.
M. Bélisle: ...Domtar, une bonne compagnie - et il y a des
dividendes de 75 000 $ ou 100 000 $ qui sont versés pour ces titres.
C'est un revenu corporatif. Est-ce taxable ou non en vertu du statut
spécial de la corporation mutuelle de gestion? Oui ou non?
M. Singer: Bien, cela dépendrait dans chaque cas...
M. Bélisle: Ce n'est pas lié.
M. Singer: ...mais le traitement fiscal serait
le même que pour la mutuelle présentement. En d'autres
mots...
M. Bélisle: Vous ne répondez pas à ma
question. Soyez précis. Si c'est une corporation ordinaire... On est en
train de former une nouvelle... On innove en ce moment au Québec, j'ai
bien conscience qu'on innove. Est-ce le petit taux corporatif? Est-ce le taux
normal d'une corporation en vertu de telle partie de la Loi sur les compagnies?
C'est quoi, la taxation? Pour les mutualistes d'une mutuelle, il n'y a pas de
taxation d'un revenu parce qu'ils n'ont pas le droit d'avoir de revenus sous
forme de dividendes. C'est un accroissement du capital, de leurs propres
valeurs, de leur portion, de leur prorata dans le "pot". C'est cela, la notion
de membre d'une mutuelle, comme une sorte de coopérative, c'est un
holding. Ma question est de savoir... C'est là que je suis
embêté avec les 4,6 %.
M. Castonguay: J'aimerais faire quelques commentaires et,
après cela, on demandera à l'expert fiscaliste. D'abord, si j'ai
dit tantôt que la corporation mutuelle de gestion ne détiendrait
pas d'actions, c'est que ce n'est pas notre intention, mais je vois que le
texte dit qu'elle peut détenir des valeurs mobilières...
M. Bélisle: C'est exact.
M. Castonguay: ...d'autres institutions financières. La
Laurentienne mutuelle, dans le moment, détient toutes sortes de choses.
Elle détient des obligations, des actions, des hypothèques, des
immeubles et elle est taxée sur un bon nombre de ses placements à
des taux différents selon les types de placements.
M. Bélisle: D'accord.
M. Castonguay: La corporation mutuelle de gestion, si elle fait
des placements de portefeuilles, elle va être taxée de la
même manière que La Laurentienne mutuelle. Est-ce que cela n'est
pas exact?
M. Singer: Essentiellement de la même façon, mais,
évidemment, cela va être différent d'un placement à
l'autre. Il pourrait y avoir des variations. Également, il y a
peut-être lieu de mentionner que le statut de la corporation mutuelle de
gestion pourrait être plus avantageux parce qu'elle n'est pas, de fait,
une corporation publique. Une corporation d'assurance-vie est
réputée une corporation publique alors qu'une mutuelle de gestion
ne l'est pas. Alors, à certains égards, le traitement pourrait
être plus avantageux.
M. Bélisle: De toute façon, il y aurait un
impôt corporatif à payer s'il y a dividende qui est voté
par une des corporations...
M. Singer: C'est-à-dire pas sur les dividendes comme tels,
parce que les dividendes qui passent d'une corporation à l'autre sont
normalement libres d'impôt. Il y a toutes sortes d'exceptions, mais,
normalement, ils sont libres d'impôt.
M. Bélisle: Mais prenons la compagnie x, y, z qui n'est
liée d'aucune façon... Vous avez parlé de compagnies
liées. Oubliez cela, les compagnies liées, ce n'est pas
lié. Vous achetez une valeur dans une rôtisserie quelque part et
il y a un profit à la fin de l'année et vous êtes
actionnaire. Vous allez recevoir un chèque, vous allez appeler cela un
dividende, ce que vous allez recevoir, vous allez l'inscrire dans votre colonne
de revenus corporatifs, vous allez être taxable. Est-ce exact?
M. Singer: C'est-à-dire que, normalement, une corporation
n'est pas taxable sur un dividende reçu.
M. Bélisle: Alors, la corporation ne serait taxable pour
aucun dividende d'aucune compagnie où elle détiendrait des
valeurs mobilières.
M. Singer: Elle serait essentiellement dans la même
position que la mutuelle présentement à l'égard de ses
revenus.
M. Bélisle: Dans la même position?
M. Singer: Oui.
M. Bélisle: Sans aucune différence?
M. Singer: II peut y avoir des différences techniques,
mais, essentiellement, dans la même position.
M. Bélisle: Quelles sont les différences
techniques, Me Singer?
M. Singer: Si vous vouliez me donner l'exemple d'un placement en
particulier, je pourrais...
M. Bélisle: C'est parce que vous me dites qu'elle est dans
la même position que présentement. Quels sont les cas qui peuvent
arriver?
M. Castonguay: Je peux peut-être donner des exemples de
placements que nous détenons. Nous détenons des obligations du
gouvernement du Québec et nous recevons des intérêts sur
ces obligations. Nous détenons des actions, par exemple, de la compagnie
Noverco, nous recevons des dividendes de la compagnie Noverco. On reçoit
des dividendes de la compagnie Noverco. Prenons ces deux-là. Ce sont
deux cas assez typiques.
M. Singer: Dans le cas d'une obligation du gouvernement du
Québec, la corporation mutuelle de gestion serait tenue de payer
l'impôt corporatif fédéral et
québécois...
Une voix: Oui.
M. Singer: ...aux taux applicables dans l'année de
réception du dividende.
M. Bélisle: Ce serait le même...
M. Fortier: C'est la même chose que dans le moment.
M. Bélisle: C'est le même cas que dans le moment. Et
est-ce que ce serait la même chose pour Noverco?
M. Singer: Dans le cas de Noverco ce serait également la
même chose, sauf que, normalement, le dividende intercorporatif est non
imposable. Alors, comme la mutuelle peut le déduire dans le calcul de
son revenu, de la même façon, la corporation mutelle pourrait le
faire.
M. Bélisle: D'accord. Cela va. M. Fortier: Cela
va.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Garon: L'article 3. Vous n'avez pas lu l'article 4.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, Monsieur....
M. Fortier: On est rendu à 4.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, mais l'article 3 a été
adopté, à moins que... M. le secrétaire, l'article a bel
et bien été appelé.
M. Fortier: Cela a été adopté.
Le Président (M. Lemieux): II a été bel et
bien adopté. L'article 4 est-il adopté? Vous l'avez dit
vous-même, M. le député de Lévis, que l'article 3
était adopté. Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
M. Garon: Pour les mêmes raisons qu'à l'article
3.
Laurentienne vie, compagnie d'assurance inc.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article...
M. Fortier: 5.
Le Président (M. Lemieux): ...5 qui se lit comme suit:
"Laurentienne vie a pour dénomination sociale "Laurentienne vie,
compagnie d'assurance inc." et sa version "Laurentian Life Insurance Company
Inc." Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Castonguay: On a demandé un avis à l'Office de
la langue française sur l'appellation de la compagnie et on a fait un
certain sondage dans la compagnie. Et l'Office de la langue française
nous dit qu'on pourrait appeler, pour qu'il y ait une certaine
continuité... Dans le moment le nom c'est La Laurentienne, mutuelle
d'assurance. L'Office de la langue française nous dit qu'on pourrait
l'appeler "La Laurentienne vie, compagnie d'assurance". Alors si les membres
étaient d'accord, on aimerait que l'article 5 soit modifié pour
incoporer "La" au nom de la compagnie et, en anglais, 'The".
Le Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous, s'il vous
plaît...
M. Castonguay: On a un petit texte ici.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît. Est-ce que vous avez des copies de l'amendement?
M. Fortier: M. Castonguay, vous n'enlevez pas le "inc." à
la fin?
M. Castonguay: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Le "inc." demeure.
M. Fortier: Alors c'est simplement pour ajouter le "La".
M. Castonguay: "La" et, en anglais, The". M. Fortier: J'en
fais la proposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, avant je vais
quand même vous permettre de jeter un coup d'oeil sur l'amendement.
M. Fortier: Vous l'avez.
Le Président (M. Lemieux): Vous allez
pouvoir le déposer.
M. Fortier: J'en fais la proposition officielle, M. le
Président. Alors, "Laurentienne vie a pour dénomination sociale
"La Laurentienne vie, compagnie d'assurance inc." et sa version The Laurentian
Life Insurance Company Inc."
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'amendement à
l'article 5 est effectivement recevable. Est-ce que l'amendement à
l'article 5 est adopté?
Des voix: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'article 5 tel qu'amendé est adopté? L'article 5 tel
qu'amendé est adopté, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 5 est donc
adopté. J'appelle l'article 6. "Le siège social de Laurentienne
vie est situé dans le district judiciaire de Québec". Est-ce que
l'article 6 est adopté?
M. Fortier: Même les députés de
Montréal vont voter pour cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 7. "Laurentienne vie est constituée pour pratiquer l'assurance
et la réassurance de personnes, conformément à la Loi sur
les assurances. "Sans restreindre la généralité de ce qui
précède, elle peut notamment: "1° faire des contrats: "a)
d'assurance sur la vie, contre les accidents, contre l'invalidité,
contre la maladie et contre tout autre risque de même nature; "b)
d'indemnisation, de frais d'hospitalisation, médicaux, chirurgicaux, de
traitements dentaires, de soins infirmiers, pharmaceutiques, et de tout autre
frais de même nature encouru en raison d'accident, de maladie ou de
maternité; "c) de capitalisation ou de fonds d'amortissement; "d)
d'annuité et de rente fixes; "2° réaliser des
opérations relatives à des contrats d'annuité ou de rentes
variables. "Laurentienne vie peut également entrepren- dre ou pratiquer
toute catégorie d'assurance qui peut être établie en vertu
de la Loi sur les assurances ou de son règlement d'application."
Est-ce que l'article 7, M. le député de
Lévis...
M. Garon: Est-ce que, essentiellement, il s'agit des mêmes
pouvoirs que vous avez actuellement?
M. Castonguay: Exactement les mêmes. Il n'y a pas
d'addition, il n'y a pas; de soustraction, exactement les mêmes.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Garon: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: Est-ce que le ministre, dans sa réforme de la
Loi sur les assurances, qui, là encore, est annoncée, a
l'intention de modifier les pouvoirs des compagnies d'assurances?
M. Fortier: De toute façon, quelles que soient nos
intentions, ce n'est pas tellement pertinent ici puisqu'on dit: "Laurentienne
vie peut également entreprendre ou pratiquer toute catégorie
d'assurance qui peut être établie en vertu de la Loi sur les
assurances." Alors, on verra à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux):: Adopté. M le
député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté, j'appelle
l'article 8. Les administrateurs et dirigeants... S'il vous plaît.
M. Fortier: Excusez-vous, on ne vous dérange pas,
j'espère?
Le Président (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît.
M. Garon: Moi, je pense... Faisons donc un "break".
Le Président (M. Lemieux):: Alors, écoutez, je vais
suspendre environ cinq minutes. Nous allons reprendre dans cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 17)
(Reprise à 22 h 23)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux. Nous en étions à l'article
8. Est-ce qu'il y a des intervenants relativement à l'article 8?
J'appelle l'article 8 qui se lit comme suit:... Cinq minutes c'est cinq
minutes. J'ai quorum, M. le.député de Jonquière.
Je vais suspendre encore deux minutes pour attendre M. le
député de Lévis.
(Suspension de la séance à 22 h 25)
(Reprise à 22 h 26)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons l'étude du projet de loi privé 206, Loi
concernant La Laurentienne, mutuelle d'assurance, et nous en étions
à l'article 8. L'article 8 se lit comme suit...
Mme Blackburn: M. le Président, me permettez-vous, avec
toutes mes excuses, parce que j'ai été retenue dans une autre
commission, mais j'aurais eu une ou deux questions à poser sur l'article
7 que vous venez tout juste d'adopter. Très brièvement, je
voulais avoir les commentaires du ministre là-dessus, mais pas pour le
modifier parce que je sais bien que c'est adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre?
M. Fortier: Allez-y!
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: En fait, c'est que cet article-là vient
identifier les objets, les pouvoirs de La Laurentienne. Je voudrais savoir du
ministre, et c'était là que je voulais poser ma question, s'il a
réfléchi à ce que pourraient être les objets ou les
pouvoirs que pourraient détenir éventuellement de telles
entreprises.
M. Fortier: II faut constater, et M. Caston-guay a répondu
à la question tout à l'heure, que, d'une part, tel que
rédigé, la mutuelle d'assurance-vie conserve exactement les
pouvoirs de la mutuelle. On voit au dernier paragraphe que "Laurentienne vie
peut également entreprendre ou pratiquer toute catégorie
d'assurance qui peut être établie en vertu de la Loi sur les
assurances ou de son règlement d'application". Maintenant, dans les
discussions que nous avons avec les gens du milieu, et je crois que c'est ce
à quoi M. Castonguay faisait allusion, tout à l'heure lorsque
vous avez abordé cette question-là, c'est qu'il y a toute la
question des liens commerciaux.
Comme vous le savez, les compagnies d'assurances dans le moment doivent
se limiter aux objets de l'assurance et détenir des institutions
financières dans le secteur des institutions financières. La
question qui se pose: Est-ce que, dans des modifications éventuelles en
particulier, on pourrait permettre à une compagnie ou à un groupe
de compagnies de détenir ou d'avoir des participations dans le secteur
commercial? Alors, nous, dans le livre blanc sur la réforme des
institutions financières, nous avons répondu oui au principe.
Nous sommes d'accord. D'ailleurs, nous avons eu des discussions que
j'appellerais viriles avec le gouvernement fédéral sur le sujet
dit des liens commerciaux, c'est-à-dire que, si on prend le Mouvement
Desjardins, le Mouvement Desjardins, comme vous le savez, a eu au cours des ans
la possibilité d'avoir des participations dans des compagnies comme
Culinar. C'est ce qu'on appelle, pour des institutions financières,
avoir des liens commerciaux. Alors, ça, c'est une possibilité de
développement qui ne fait pas l'objet du projet de loi qui est devant
nous, mais éventuellement nous aurons, lorsque nous proposerons le
projet de loi, j'imagine, des discussions à ce sujet-là.
Mme Blackburn: Si je comprends bien le dernier paragraphe:
"Laurentienne vie peut également entreprendre ou pratiquer toute
catégorie d'assurance qui peut être établie en vertu de la
Loi sur les assurances ou de son règlement d'application", cela veut
dire que, du moment que vous allez modifier la Loi sur les assurances, elle va
pouvoir détenir les mêmes pouvoirs, s'il y a de nouveaux pouvoirs
prévus dans la Loi sur les assurances, les nouveaux pouvoirs qui y
seront prévus. Est-ce que c'est l'interprétation?
M. Fortier: Dans ce paragraphe, on parle d'assurance, mais, si on
modifie la loi générale des assurances, bien sûr, toute
compagnie d'assurances qui agit sous l'empire de la Loi sur les assurances de
la province de Québec aura le droit de pratiquer ou de faire des
investissements qui seront autorisés par cette loi-là, tel que
décidé par l'Assemblée nationale, mais je ne voudrais pas
entrer dans ces détails-là parce qu'on entre dans un gros sujet.
Si on entre là-dedans, on en a pour trois heures.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre.
Mme Blackburn: Si j'ai compris, M. le Président, juste
avant le souper, vous disiez que cette loi-là normalement devrait
être adoptée à peu près dans une année.
Est-ce que j'ai bien compris quand vous avez dit le temps de...
M. Fortier: C'est cela. L'intention était de... De toute
façon, il faut venir avec des modifications à la Loi sur les
assurances pour toucher au sujet des intermédiaires, au
décloisonnement
des intermédiaires pour lequel on a eu une commission
parlementaire qui a duré une semaine complète. Donc, nous
viendrons nécessairement cet automne et, si on peut le faire en
même temps, nous aborderons probablement ces autres sujets dont je viens
de parler.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
J'appelle donc l'article 8 du projet de loi 206 qui se lit comme suit: "Les
administrateurs et dirigeants de la mutuelle en fonction avant sa
transformation sont les premiers administrateurs et dirigeants de Laurentienne
vie. "Ces administrateurs demeurent en fonction jusqu'à la prochaine
assemblée générale annuelle, à moins qu'ils
démissionnent ou que leur poste devienne vacant avant cette
assemblée."
Est-ce que l'article 8 est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: La question que j'aimerais poser, c'est: Quand la
corporation fait des émissions d'actions - elle a déjà
fait des émissions d'actions - est-ce qu'elle a eu des plans d'achat
d'actions pour ses officiers?
Le Président (M. Lemieux): M. le requérant.
M. Castonguay: Dans la corporation du groupe La Laurentienne
présentement? Il y a des options qui sont octroyées... D'abord,
reprenons. Au moment de l'émission, de la dernière
émission d'actions privilégiées, on a offert aux
employés de leur faire des prêts sans intérêt qu'ils
pouvaient rembourser par voie de déduction sur leur salaire pour leur
faciliter l'achat d'actions. En plus, pour un certain nombre d'employés
dans chacune des compagnies membres du groupe, partir d'un certain niveau en
montant, il y a des options qui sont octroyées aux cadres par le conseil
d'administration de la corporation, de telle sorte que cela les incite à
participer davantage et, si les employés le désirent, au moment
où ils le veulent, ils peuvent exercer leurs options,
c'est-à-dire acheter des actions qui leur seront émises du
trésor par la corporation du groupe La Laurentienne. Alors, il y a donc
deux mécanismes qui sont utilisés.
M. Garon: C'était disponible également pour ceux
qui étaient dans La Laurentienne mutuelle?
M. Castonguay: On a étendu les mêmes avantages aux
employés de La Laurentienne mutuelle, exactement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis?
M. Fortier: On parle uniquement des administrateurs ici, on ne
parle pas de...
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: C'est uniquement pour que les administrateurs actuels
continuent d'opérer. On ne parle pas d'autre chose.
M. Castonguay: Les membres du conseil d'administration des
compagnies he sont pas, en tant que membres de conseil, admissibles à
ces programmes que je viens de décrire. C'était pour les cadres
et les employés des compagnies.
M. Garon: Mais le programme n'était pas le même pour
les employés que pour les cadres?
M. Castonguay: Tous les prêts pour achat ont
été offerts à tous les employés à qui la loi
permet de faire des prêts sans distinction, employés ou cadres.
Les options sont octroyées aux cadres à partir d'un certain
niveau, selon des formules préétablies, conformément
d'ailleurs à la loi de l'impôt.
M. Garon: Est-ce que les plans d'achat d'actions pour les
employés et les cadres, est-ce que les prêts étaient d'un
même montant possible ou s'il y avait des variations dans les montants de
prêt...
M. Castonguay: C'est relié au salaire.
M. Garon: ...pour les officiers et les employés?
M. Castonguay: C'était relié au salaire. Cela ne
pouvait pas dépasser 10 % du salaire. C'était relié au
salaire. On ne pouvait pas prêter le même montant à un
employé qui gagne 20 000 $ qu'à un employé qui gagne 50
000 $. Alors, c'était en fonction du salaire sous réserve, si ma
mémoire est bonne, d'un certain maximum.
M. Garon: Pour les officiers de La Laurentienne mutuelle.
M. Castonguay: Pour tous les officiers et employés des
compagnies au Canada. C'est un programme qui s'est appliqué à
l'échelle du groupe.
M. Garon: Une question à l'Inspecteur
général des institutions financières: Est-ce que ce genre
d'option est fréquent dans les mutuelles d'asurances?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Par définition, je suis obligé de
répondre non, parce que dans une mutuelle il
n'y a pas d'actions. Alors...
M. Fortier : Avez-vous une autre question? M. Garon: C'est
ce que je pensais. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8...
M. Garon: Mais comme l'inspecteur est censé avoir plus de
crédibilité que quelqu'un qui est en politique, c'est pour cela
que je le lui demandais.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est adopté,
M. le député de Lévis?
M. Fortier: II ne faut pas vous diminuer tant que cela, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Bien, les gens pensent toujours qu'on fait de la
politique...
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi?
Mme Blackburn: Une dernière brève question. Votre
assemblée générale annuelle, la loi va être
adoptée ces jours-ci, est prévue pour quand, la prochaine?
M. Castonguay: L'assemblée régulière
générale annuelle, dans le passé, on l'a toujours tenue -
je pense que c'était dans la charte - le dernier jeudi du mois de
février. Maintenant, avec les nouvelles dispositions, étant
donné que la compagnie va devenir une compagnie à
capital-actions, je crois qu'on va être obligé de respecter les
exigences de la Commission des valeurs mobilières. Il y a des
délais additionnels et, dorénavant, je pense bien que
l'assemblée régulière annuelle sera tenue au mois
d'avril.
Mme Blackburn: Donc, d'ici là, vous dites dans le
deuxième paragraphe de l'article 8: "Ces administrateurs demeurent en
fonction jusqu'à la prochaine assemblée générale
annuelle - qui pourra être au mois d'avril - à moins qu'ils
démissionnent ou que leur poste devienne vacant avant cette
assemblée." C'est donc dire que, s'il y a des démissions ou des
vacances qui se font au sein de votre conseil, vous ne les remplacez pas, il
n'y a pas de procédure de remplacement.
M. Castonguay: D'abord, de façon générale,
il n'y a pas beaucoup de postes qui deviennent vacants. Ce serait par
invalidité, par décès, des choses comme cela.
Mme Blackburn: Parce que c'est assez payant.
M. Castonguay: Maintenant, si un poste devient vacant, est-ce
qu'en cours d'année on pourrait le remplacer?
M. Beaulieu: II me semble que les règlements
prévoient que le conseil peut combler des vacances en cours de
période.
Mme Blackburn: Oui, et c'est pourquoi je vous posais la question,
parce que, tel que libellé, il ne semble pas que ce soit possible.
M. Beaulieu: S'ils démissionnent, les règlements -
à l'article 9 - sont continués. Alors, les règlements
prévoient ce qui survient pour combler une vacance.
M. Castonguay: Mais le deuxième alinéa, si on le
lit très attentivement, tout ce qu'il dit, c'est que les administrateurs
qui sont là vont demeurer en fonction jusqu'à la prochaine
assemblée, à moins qu'ils démissionnent ou que leur poste
devienne vacant. Mais cela ne dit pas que, si le poste devient vacant, il ne
peut pas être comblé conformément aux règlements.
Notre règlement, d'après ce qu'on nous dit, permet de combler un
poste.
Le Président (M. Lemieux): Oui, c'est cela.
Mme Blackburn: Je me poserais des questions sur une
interprétation comme celle là. Est-ce que ce sont les
règlements qui...
Le Président (M. Lemieux): L'article 9, madame.
Mme Blackburn: J'ai vu l'article 9 aussi.
M. Fortier: On s'est posé la question, Mme la
députée, et l'article 8 indique simplement qu'il y a
continuité jusqu'à la prochaine réunion, à moins
que le poste devienne vacant. À l'article 9, on peut le faire par les
règlements en vigueur qui prévoient normalement que les autres
membres du conseil d'administration peuvent coopter une personne en cours
d'année.
Mme Blackburn: Parce que la nomination des administrateurs est
prévue dans le règlement.
M. Castonguay: Le remplacement. Les administrateurs, de la
façon que cela fonctionne, c'est qu'une fois par année il y a
assemblée des membres et ce sont les membres qui élisent les
administrateurs pour l'année qui vient, mais, s'il y en a un qui quitte,
démissionne, décède, devient invalide ou atteint
l'âge de la retraite, parce qu'on a un âge maximal aussi, à
ce moment-là, le conseil peut remplacer et c'est valable jusqu'à
la prochaine assemblée annuelle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 9:
"Sous réserve de la Loi sur les assurances, les règlements de la
mutuelle sont ceux de Lauren-tienne vie, en faisant les adaptations
nécessaires, tant qu'ils ne sont pas modifiés ou remplacés
par les administrateurs."
M. Garon: Qu'est-ce que cela veut dire?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Actuellement, il y a un projet de loi. Est-ce que
l'Inspecteur général des institutions financières a
étudié un projet de règlement, d'adaptation
nécessaire de règlement pour ce nouvel être au point de vue
corporation mutuelle de gestion?
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Non, M. le député, puisqu'en vertu de
la Loi sur les assurances l'inspecteur général n'a pas à
approuver les règlements d'une compagnie d'assurances.
M. Fortier: Ce sont les règlements de la compagnie, ce ne
sont pas les règlements du gouvernement.
M. Garon: Non, je comprends, mais on est dans un cas bien
spécial.
M. Fortier: M. le député, on dit: "...les
règlements de la mutuelle sont ceux de Lauren-tiennevie..."
M. Garon: Oui.
M. Fortier: "...en faisant..."
M. Garon: "...en faisant les adaptations
nécessaires..."
M. Fortier: "...tant qu'ils ne sont pas modifiés ou
remplacés par les administrateurs." Par administrateurs, on parle des
administrateurs de la compagnie, selon la Loi sur les compagnies. Alors, tout
cela est prévu par la Loi sur les compagnies. On n'est pas pour
commencer à faire des règlements spéciaux, du droit
spécial pour les compagnies.
M. Garon: D'après vous, il n'y a aucune modification au
règlement de la mutuelle qui sera nécessaire parce qu'au lieu
d'être une mutuelle, ce sera une compagnie qui ne sera plus une mutuelle,
Laurentienne vie?
M. Fortier: Allez-y, M. l'inspecteur!
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: C'est que, dans le système corporatif
actuellement au Québec, que ce soit une compagnie commerciale,
industrielle ou une compagnie d'institution financière, les
règlements corporatifs de régie interne ne sont pas
approuvés. À l'article 21, plus loin, vous allez voir que la
corporation mutuelle de gestion est régie par la partie I de la Loi sur
les compagnies, sauf dispositions qui lui sont exclues. Donc, c'est le
même régime que le régime corporatif applicable dans la
province de Québec.
M. Garon: Selon vous, les règlements dont il est question,
ce ne sont pas des règlements de nature coopérative.
M. Bouchard: Non, parce que c'est une compagnie.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
parlez des règlements actuels? Les règlements de la nouvelle
entité, ce sont les règlements de compagnie. Les
règlements actuels, ce sont ceux d'une mutuelle, vous avez raison. Mais
on dit que cela continue mutatis mutandis, en faisant les ajustements qui
doivent être faits.
M. Garon: Non, non, la seule chose que je demande...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je dois vous le dire, je ne connais pas cela par coeur.
Je vous pose une question dont je ne connais pas la réponse; des fois je
la connais, des fois je ne la connais pas. Là, je ne la connais pas.
M. Fortier: La prochaine fois, on va vous demander si vous la
connaissez.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'allais faire, M.
le ministre.
M. Garon: Les règlements de la mutuelle sont ceux de
Laurentienne vie. On dit: en faisant les adaptations nécessaires, sous
réserve de la Loi sur les assurances. Les règlements dont il est
question ici, est-ce que ce sont des règlements qui concernent des
dispositions de nature coopérative, qui relèvent de la
mutualité, ou s'il s'agit do toute chose d'autre nature?
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Ce sont les règlements qui sont faits pour
une compagnie mutuelle et, dans le règlement de régie interne de
La Lauren-tienne, on va parler de détenteurs de police qui ont le droit
d'assister aux assemblées, mais, quand ils vont remodifier ces
règlements, au lieu de parler de détenteurs de police, ils vont
parler de détenteurs de police, oui, mais cette fois-là pour la
corporation mutuelle de gestion. On va enlever toute référence
à la compagnie d'assurances dans les règlements qu'on va adopter
pour appliquer ce cadre mutatis mutandis à la corporation mutuelle de
gestion.
M. Fortier: Mais la question que posait le député
de Lévis: Est-ce que l'inspecteur a formulé le nouveau
règlement? La réponse est non. C'est la compagnie qui va faire
les ajustements nécessaires.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il s'agit de ce type
de règlement nécessaire au fonctionnement interne de la
compagnie?
M. Fortier: C'était essentiellement un règlement de
régie interne d'opération.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, cela va, c'est ce que
je comprends. Est-ce que l'article 9 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 10 qui se
lit comme suit: "Le capital-actions autorisé de Laurentienne vie est
composé de 500 000 000 d'actions ordinaires, sans valeur nominale,
pouvant être émises pour une considération globale de 500
000 000 $, et de 1 320 000 actions privilégiées de la
catégorie A, d'une valeur nominale de 25 $ chacune." M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le nombre mentionné de 1 320 000 actions
privilégiées de la catégorie A, d'une valeur nominale de
25 $ chacune, il s'agit exactement du même montant qui est dans le
préambule, au dernier paragraphe de la page 1 du préambule.
M. Castonguay: Ce sont nos actions privilégiées qui
sont encore en circulation, détenues par des détenteurs
d'actions. Elles continuent. Donc, elles feront partie du capital-actions et
c'est pour cela qu'on retrouve exactement le même nombre et les
mêmes montants.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 11: "Les 1 320 000..."
M. Garon: Attendez un peu! Ne partez pas en peur.
Le Président (M. Lemieux): Ah! pardon. Je m'excuse,
j'avais compris adopté, M. le député.
M. Garon: Non, non. Le ministre a dit adopté, mais, nous,
on n'a encore rien dit.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Vous pouvez prendre tout votre temps.
M. Garon: Alors, encore pour les mêmes principes que je
mentionnais antérieurement, comme il s'agit d'un débat qui n'a
pas lieu et qu'on modifie une mutuelle en compagnie capital-actions, je ne suis
pas contre l'affaire, mais je pense que le débat aurait dû se
faire ailleurs, dans le cours de l'étude d'une loi d'ordre public et non
pas dans un cadre privé. Alors, sur division pour ces raisons.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est donc
adopté sur division.
J'appelle l'article 11: "Les 1 320 000 titres privilégiés
de participation émis par la mutuelle demeurent en circulation, à
titre d'actions privilégiées de la catégorie A
entièrement payées de Laurentienne vie, les droits et
privilèges de leurs détenteurs n'étant pas affectés
par la transformation."
M. Fortier: C'est l'explication que M. Castonguay vient de
donner.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
Des voix: Adopté. (22 h 45)
Le Président (M. Lemieux): L'article 11 est
adopté.
J'appelle l'article 12 du projet de loi 206: "Après
l'entrée en vigueur de la présente loi, les administrateurs de
Laurentienne vie tiennent une première réunion au cours de
laquelle ils doivent émettre et attribuer à la corporation
mutuelle de gestion, comme entièrement payées, des actions
ordinaires, à la valeur et au capital versé
déterminés par le comité d'experts et approuvés par
l'Inspecteur général des institutions financières."
M. le député de Lévis, voulez-vous qu'on y aille,
eu égard à l'article 12, paragraphe par paragraphe, ou si vous
voulez que je vous lise l'article 12 dans l'ensemble?
M. Garon: On est mieux de le lire dans l'ensemble. Après
cela, on pourra procéder paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
"Jusqu'à ce que l'émission d'actions ordinaires
prévue au présent article soit réalisée, les
membres de la mutuelle peuvent voter à toute assemblée
générale de Laurentienne vie, comme si la transformation
n'était pas intervenue. Ce droit s'ajoute à ceux dont tels
membres bénéficient auprès de leur corporation mutuelle de
gestion et s'éteint de plein droit, sans indemnité aucune,
dès que l'émission d'actions prévue au présent
article est réalisée." Est-ce que le premier paragraphe de
l'article 12 est adopté? M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: M. Castonguay, j'aimerais savoir où en
est rendu le travail du comité d'experts.
M. Castonguay: On peut le demander à un des membres, si le
président le permet.
M. Bélisle: Si je lis le texte de l'article 12, bien
entendu, vous devriez souhaiter avoir une première réunion dans
les délais les plus brefs. Je suppose que votre comité d'experts
est dans sa phase finale de travaux.
Le Président (M. Lemieux): M. Gauvin ou un des membres,
s'il vous plaît!
M. Castonguay: On pourrait le demander à M. Gauvin.
Le Président (M. Lemieux): Oui, si vous pouvez vous
identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats et répondre à la question du
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: De toute façon, M. Gauvin vient nous
voir souvent.
Le Président (M. Lemieux): C'est un habitué
maintenant. M. Gauvin.
M. Gauvin (Jean-Louis): Mon nom est Jean-Louis Gauvin,
actuaire-conseil. Les trois membres du comité d'experts se sont
réunis pour discuter de leur plan de travail et établir un
certain nombre de principes. Nous avons demandé que certains travaux
techniques soient réalisés afin de nous permettre
d'évaluer la valeur de la compagnie, tel qu'on nous le demande. Ces
travaux sont présentement en cours. Nous anticipons terminer les travaux
dans les prochaines semaines et être en mesure de rédiger par la
suite un rapport qui sera déposé après discussion avec
l'inspecteur et son personnel.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Gauvin. M. le
député de Mille-Îles, est-ce que cela vous satisfait?
M. Bélisle: Cela signifie que, vers le début
d'août, quelque chose de semblable, ce sera la phase finale?
Le Président (M. Lemieux): C'est une date possible?
M. Gauvin (Jean-Louis): C'est ça, le plus rapidement
possible. Il y a évidemment des questions techniques assez importantes,
mais qui sont en voie d'être résolues.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. Gauvin, travaillez-vous pour La Laurentienne?
Le Président (M. Lemieux): Je savais que la question
allait être posée.
M. Gauvin (Jean-Louis): Mon nom est Jean-Louis Gauvin,
actuaire-conseil, vice-président du groupe Sobeco.
M. Garon: De quel groupe?
M. Gauvin (Jean-Louis): Je ne travaille pas, c'est-à-dire
que je n'ai pas de lien avec La Laurentienne autre qu'avoir des mandats
à l'occasion de La Laurentienne comme d'autres.
M. Garon: À l'occasion, cela veut dire quoi?
M. Gauvin (Jean-Louis): On a parlé des Prévoyants.
Quand Les Prévoyants ont été acquis par La Laurentienne,
j'ai agi comme expert indépendant pour savoir si les droits des membres
étaient respectés. Cela fait sept ou huit ans de cela.
Le Président (M. Lemieux): Combien de temps, M.
Castonguay?
M. Castonguay: Cela fait sept ans. M. Fortier: Ce n'est
pas très fréquent.
M. Gauvin (Jean-Louis): Ce n'est pas très
fréquent.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas très
fréquent, si on comprend bien.
M. Garon: Votre dernier contrat, cela fait sept ans,
dites-vous?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous souhaiteriez
que ce soit plus fréquent?
M. Gauvin (Jean-Louis): Ce n'est pas un message publicitaire.
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez dit? Je n'ai pas compris, il y
a assez de bruit ici.
M. Gauvin (Jean-Louis): Ce n'est pas un message publicitaire. Je
vous ai dit qu'à l'oc-
casion La Laurentienne m'a consulté. Ce n'est pas mon habitude de
travailler pour La Lauren-tienne.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: À l'article 12: prévoit que
l'émission initiale des actions à la corporation mutuelle de
gestion se fera à la suite de l'évaluation de l'avoir propre,
donc, de l'avoir des actions en tenant compte de certains autres facteurs. Par
exemple, comment allez-vous évaluer, allez-vous tenir compte de
l'achalandage dans l'évaluation des actions? Vous allez prendre l'avoir
propre tel qu'il est ou bien la perspective de gain à venir dans
l'entreprise?
Le Président (M. Lemieux): M. Gauvin, s'il vous
plaît!
M. Gauvin (Jean-Louis): Les membres sont dans une phase
préliminaire. Il y a des écrits qui existent sur la façon
d'évaluer une compagnie d'assurances. Alors, les membres vont
certainement déterminer quelle est la façon la plus
appropriée d'évaluer la compagnie en tenant compte des droits des
assurés de respecter les promesses qui leur ont été faites
et des normes de surplus minimum ou de surplus qu'on doit laisser dans la
compagnie. En fait, la valeur d'une compagnie d'assurances dépend un peu
de divers éléments. Il faudra les prendre en considération
au complet. Comme je vous le dis, la valeur du surplus est une chose, mais il
faut l'ajuster pour les réserves appropriées. La valeur du "going
concern" est un autre élément qu'on doit prendre en
considération.
M. Garon: Comment évaluez-vous ce que vous appelez la
valeur du "going concern" - je ne sais pas ce que vous voulez dire quand vous
dites cela - mais la perspective de gain de l'entreprise, le potentiel? Quand
on achète des actions d'une compagnie, si on en achète une qui ne
fonctionne pas, habituellement, on évalue cela d'une certaine
façon. Quand on en achète une . qui fonctionne, habituellement,
on en tient compte, c'est-à-dire que l'acheteur en tient compte et le
vendeur aussi. Si je vous vends une "binerie", vous allez dire: Cela ne vaut
pas cher, on n'est pas beaucoup à être intéressés
à cela. Si c'est une bonne entreprise qui a un potentiel de croissance
un peu extraordinaire, je pense bien qu'en grande partie c'est à cause
des gens qui y sont. Habituellement, ce ne sont pas les murs qui font la
différence ni les meubles dans la bâtisse. Mais la valeur, ce sont
les gens qui y sont. Tout cela ensemble fait que l'entreprise a eu une
croissance un peu extraordinaire au cours des dernières
années.
Alors, quand vous évaluez la valeur des actions,
arrêtez-vous la terre de tourner ou si vous tenez compte de sa
rapidité à tourner dans les années qui viennent ou du
potentiel de gain des années qui viennent en fonction de ce qui existe
dans la compagnie, des années passées dans une perspective vers
l'avenir? Comment évaluez-vous cela normalement?
Le Président (M. Lemieux): M. Gauvin.
M. Gauvin (Jean-Louis): Je voudrais répondre comme
actuaire que le comité ne s'est pas prononcé encore sur cela.
À toutes fins utiles, La Laurentienne distribue des produits financiers.
Elle a un certain réseau de distribution; elle a même plusieurs
réseaux de distribution, ce qui complique un peu la tâche. Ces
produits financiers génèrent des profits. Alors, on peut calculer
le potentiel de profits qu'elle peut obtenir à même sa
capacité de rétention ou à même le capital qu'elle a
- le capital et le surplus, j'entends - déterminer quel est le rythme de
croisière qu'elle peut avoir et fixer une valeur économmique
comme étant la valeur présente des profits sûrs qu'on
anticipe dans le temps. On peut fixer un certain nombre de scénarios.
Quand on parle d'un prix, ce n'est pas un seul prix, c'est une fourchette de
prix. Cela dépend de qui achète, cela dépend des
objectifs. Quelqu'un va payer peut-être beaucoup plus cher que ce que
cela vaut une entreprise qui va mal, parce qu'il se dit: Sur une base
marginale, je peux effectivement l'amalgamer avec mes autres opérations.
Il y a toutes sortes d'éléments dans les évaluations. Dans
le cas présent, c'est de fixer une juste valeur en tant qu'organisme qui
opère continuellement, ce n'est pas un organisme qui est en train
d'être liquidé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Pour enchaîner sur ce qui est dit ici,
je fais confiance. Je sais que les techniques économétriques sont
assez poussées pour déterminer la valeur, les escomptes,
l'actualisation et tout le reste. Mais c'est l'autre partie du paragraphe 12
qui m'importe et je m'adresse à l'inspecteur général. Je
vois trois personnes très compétentes qui sont là: M.
Gauvin, Me LaRue et M. Pelletier. Vous allez devoir approuver le rapport de ce
comité d'experts. Sachant qu'il y a un éventail
d'hypothèses, de calculs qu'on peut faire pour déterminer la
valeur d'actions ou la valeur de parts de membres, moi, j'aimerais savoir
comment vous êtes outillé, vous, M. l'inspecteur
général, pour regarder le rapport de ces savants experts, dont M.
Gauvin, Me LaRue et M. Pelletier, pour nous donner une opinion critique face au
rapport.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bélisle: Parce que vous êtes, en fin de compte,
une sorte de tribunal d'appel, notre
sauvegarde pour...
Le Président (M. Lemieux): Le protecteur des
mutualistes.
M. Bélisle: ...faire une vérification finale.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bélisle: Vous êtes le gardien des
mutualistes.
Le Président (M. Lemieux): Le protecteur des
mutualistes.
M. Bélisle: Le chien de garde.
Le Président (M. Lemieux): Le protecteur des
mutualistes.
M. Bélisle: Le protecteur.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Le but du comité d'experts consiste
essentiellement - je vais vous donner les buts et je vais vous indiquer les
moyens - dans la protection des droits des membres, le maintien de
l'expectative de dividendes, l'évaluation de la compagnie à sa
juste valeur marchande et le mode de comptabilisation de la
démutualisation. C'est toute une commande.
M. Bélisle: Ah! je sais que c'est une commande.
M. Bouchard: Alors, il y a des experts qui ont été
nommés. Les experts, je crois, que ce sont des gens compétents
qui vont fournir un rapport professionnel. Nous avons aussi des professionnels
au bureau de l'inspecteur général, nous avons des actuaires, nous
avons des comptables, nous avons des avocats, nous avons la même
équipe que celle qui est constituée à La Laurentienne.
Mais, si jamais, à cause de la complexité que représente
une démutualisation... Une démutualisation de cette
envergure-là, cela ne s'est pas vu au Québec...
M. Bélisle: Exact.
M. Bouchard: ...et c'est une opération d'une très
grande envergure. Je n'exclus pas du tout la nécessité d'avoir
recours à des experts externes, si le besoin s'en fait sentir, à
cause justement, peut-être, d'une impossibilité de s'entendre
avec, par exemple, le comité d'experts.
M. Bélisle: Est-ce que par là vous êtes en
train de - simplement à titre d'information -nous suggérer que,
s'il y a une divergence d'opinions entre les experts de votre service, M.
l'inspecteur général, et les experts retenus par La Laurentienne,
vous invoquez ou vous indiquez la perspective d'une sorte d'arbitrage par une
tierce partie, c'est cela?
M. Bouchard: Je ne crois pas que j'aie le droit de faire cela, M.
le député, parce que...
M. Bélisle: Mais je vous lance cela comme cela.
M. Bouchard: ...la loi nous donne la responsabilité
d'accepter, d'approuver ou de rejeter...
M. Bélisle: ...d'approuver ou de rejeter. Oui, c'est ce
que Je comprends.
M. Bouchard: Alors, il va falloir trancher en recourant à
des services conseils qui seront donnés soit à l'interne, soit
à l'externe. Mais il va appartenir à l'inspecteur
général d'assumer ses responsabilités vis-à-vis de
la collectivité et vis-à-vis de l'Assemblée nationale.
M. Bélisle: Est-ce que le rapport du comité
d'experts qui sera produit, qui déterminera une valeur d'après
les recherches et les calculs très difficiles qu'ils auront à
faire, avec les hypothèses qu'ils ont à mettre sur papier, est-ce
que ce rapport vous sera confidentiellement soumis, M. l'inspecteur
général?
Une voix: II va être public éventuellement.
M. Bouchard: Écoutez, je ne conçois pas, M. le
député, qu'une compagnie qui, en vertu d'une loi publique ou
d'une loi privée, se démutualise, que la valeur de cette
démutualisation ne soit pas connue.
M. Bélisle: Non, ce n'est pas cela.
M. Bouchard: Ce rapport qui sera fourni par le comité
d'experts, personnellement, en ce qui me concerne, il n'y aura aucune objection
à le rendre public.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est la même
chose pour vous, M. Castonguay?
M. Castonguay: Toutes nos données deviennent publiques.
Nous publions toujours nos états financiers, on en dépose chez
l'inspecteur, tout cela. Alors, la même chose pour cette
évaluation.
M. Bélisle: En posant cette question, M. Castonguay, vous
devez comprendre que je connaissais déjà la réponse, mais
que je voulais m'assurer qu'on comprenait tous la même chose.
Le Président (M. Lemieux): Alors, merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Lévis, vous aviez demandé la parole.
M. Garon: Comme il s'agit d'une expertise un peu exceptionnelle,
l'inspecteur général doit demander des moyens assez importants.
Est-ce que cela va être aux frais du gouvernement ou s'il y aura des
frais de demandés? Je pense à nos cultivateurs à qui on
exige des frais pour leurs analyses dans les laboratoires. Est-ce que cela veut
dire que cela va être gratuit? Ce sont des coûts exceptionnels
d'arbitrage. Est-ce qu'il y aura des frais de demandés pour cela?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: En vertu de la Loi sur les assurances, tous les
frais...
M. Fortier: Sont passés...
M. Bouchard: ...de l'inspecteur général sont
assumés par les compagnies d'assurances. Les compagnies d'assurances
vont payer directement, La Laurentienne comme toutes les autres.
M. Garon: Les experts que vous allez engager pour faire votre
expertise?
M. Bouchard: Pour tous les services que l'on a.
M. Fortier: Toutes les sociétés de fiducie, toutes
les compagnies d'assurances. D'ailleurs, je viens d'envoyer au Conseil des
ministres une répartition en ce qui concerne les sociétés
de fiducie. On ne le sait pas assez, mais les compagnies le savent, elles qui
paient, mais tous les frais inhérents à l'administration des
compagnies d'assurances de fiducie... D'ailleurs, dans la nouvelle loi que je
vais déposer demain pour les caisses populaires, ce sera la même
chose, tous les frais inhérents sont payés...
Des voix:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît!
M. Fortier: Alors, s'il arrivait que l'inspecteur
général doive engager des experts, cela fera partie du budget et
ces frais-là seront payés par l'ensemble des compagnies
d'assurances du Québec.
M. Garon: Vous avez l'air souriant d'un coup sec. Cela vous a
sauvé des eaux?
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, est-ce que cela a répondu à votre question?
Mme Blackburn: Non.
Le Président (M. Lemieux): Cela n'a pas répondu
à votre question?
Mme Blackburn: C'était dans un autre ordre
d'idées.
Le Président (M. Lemieux): Alors, dans votre autre ordre
d'idées, vous avez la parole.
M. Fortier: Cela ne coûte rien, c'est un service qui ne
coûte rien.
Mme Blackburn: Dans un autre ordre d'idées, comment est-ce
qu'on va évaluer, au moment où on va émettre de nouvelles
actions pour aller chercher de nouveaux capitaux, comment est-ce que vous allez
évaluer la valeur de ces nouvelles actions en tenant compte du fait que
plus de 50 % des actions sont pour ainsi dire stables, c'est-à-dire
qu'elles ne bougent pas parce qu'elles sont détenues, comme vous
l'expliquiez un peu plus tôt?
Le Président (M. Lemieux): M. le requérant,
M. Castonguay.
M. Castonguay: On a passé par ce genre de
démarche-là à plusieurs reprises depuis qu'on a
créé la corporation du groupe La Laurentienne,
c'est-à-dire la société qui détient pour le compte
de La Laurentienne toutes les compagnies membres. Lorsqu'on a
créé le holding, on en détenait 100 %, tout comme cela va
être le cas là. Une évaluation avait été
faite de la valeur de ces actions mais avant d'aller sur le marché,
parce que l'exemple que vous donnez, c'est pour faire une émission dans
le public. Alors là, il s'agit d'engager des courtiers en valeurs
mobilières. On négocie avec eux et, nous, on essaie d'avoir, par
l'entremise du courtier en valeurs mobilières, la valeur la plus
élevée pour les actions qu'on va émettre et lui s'assure
dans son marché qu'il est capable de placer les actions, de les vendre
au prix que nous demandons. S'il trouve que notre prix est
exagéré, il va nous dire: Non, je ne suis pas capable, il n'y
aura pas d'acheteurs, il faut que vous placiez la valeur de l'action à
tel montant. Si c'est trop bas, on va dire: Non, c'est trop bas, ce n'est pas
une valeur qui est correcte. Si les courtiers nous reviennent et disent que la
valeur que nous voulons avoir est trop élevée, qu'ils ne peuvent
placer nos actions à moins que nous ne baissions la valeur à tel
niveau, c'est à nous de déterminer si c'est une valeur
suffisante. Si on juge que le marché n'est pas capable de nous donner
une valeur suffisante, on va reporter l'émission au besoin. Par exemple,
l'automne dernier, on envisageait de lever des fonds avant le mois d'octobre
dans la corporation. Quand le krach est arrivé, on a dit: On reporte nos
projets à plus tard parce qu'on serait obligé d'émettre
des titres à des valeurs trop faibles.
Alors, c'est le processus du marché, en définitive.
Maintenant, si on veut faire une émission en vertu de la loi, si je
comprends bien,
il faut obtenir en plus l'autorisation de l'Inspecteur
général des institutions financières. Alors, une fois
qu'on aura termihé une négociation avec des maisons de courtage,
si le conseil d'administration de la compagnie est satisfait, qu'on peut avoir
une valeur correcte, suffisamment élevée, bien, là, avant
de procéder, il faut obtenir l'autorisation de l'inspecteur, il faut
déposer aussi à la Commission des valeurs
mobilières...
M. Fortier: La Commission des valeurs mobilières.
M. Castonguay: ...et là, on entre et il faut faire nos
enregistrements auprès de la Bourse. Il y a toute une procédure
à respecter. C'est cela le mécanisme.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Et par rapport aux actions qui sont
détenues par les mutualistes qui sont, elles, stables?
M. Castonguay: La valeur qu'elles ont ne change pas, mais, si la
corporation voulait en vendre à un moment donné, comme dans
l'hypothèse que soulevait l'inspecteur général
tantôt, cela dépendrait de ce que les acheteurs voudraient payer.
Dès qu'on sort du cercle fermé dont on parle ici, ce sont les
règles du marché qui s'appliquent.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 12 est
adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: Je disais tout à l'heure que l'article 12
prévoit l'émission initiale d'actions à la corporation
mutuelle de gestion...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Je dois suspendre en vertu de l'article
22.4. J'imagine qu'il y a un vote en Chambre.
M. Garon: Peut-être le quorum aussi.
Le Président (M. Lemieux): Je crois que c'est un vote
qu'il y a en Chambre. Alors, je dois suspendre et nous reprendrons les travaux
après le vote. J'imagine que cela devrait durer de quinze à vingt
minutes au maximum.
Alors, la présente commission suspend ses travaux relativement
à l'étude du projet de loi d'intérêt privé
206, Loi concernant La Lauren-tienne, mutuelle d'assurance. Nous reprendrons
après le vote.
(Suspension de la séance à 23 h 6)
(Reprise à 23 h 22)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux relativement à l'étude
du projet de loi d'intérêt privé 206, Loi concernant La
Laurentienne, mutuelle d'assurance. Nous en étions à l'article 12
de ce projet de loi.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Castonguay: M. le Président, est-ce que je pourrais
dire quelques mots à ce stade-ci?
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. Castonguay, vous pouvez
dire quelques mots.
M. Castonguay: Je comprends très bien que les
députés ont droit à toutes les informations sur un projet
de loi comme celui-là et qu'il est important qu'il soit analysé
dans toutes ses dimensions. Si je comprends bien, par contre, demain, on me dit
qu'il y a des commissions qui siègent et que cette commission-ci ne
siégera pas. Si je comprends bien également, l'Assemblée
va ajourner à un moment donné ses travaux. Si notre projet de loi
n'était pas complètement adopté, pour nous, ce serait non
seulement extrêmement décevant, mais après tant d'efforts,
après avoir franchi autant d'étapes, si, à la
dernière minute, de par l'organisation des travaux, il n'était
pas possible de terminer l'adoption du projet de loi, non seulement pour nous,
ici, mais pour l'ensemble de nos assurés, de toute notre organisation,
ce serait une très grande déception, parce qu'il me semble qu'on
a apporté toutes les réponses à toutes les questions. Le
projet de loi est clair et il me semble que, sur toutes les questions de
principe qui ont été posées, on a donné des
réponses satisfaisantes, qu'il n'y a pas eu d'hésitation. C'est
un projet qui est très clair. Alors, sans vouloir brusquer les choses,
ce n'est pas mon but, mais au moins j'espère qu'il sera possible de ne
pas ajourner avant d'avoir adopté le projet de loi.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, vous comprendrez
qu'il est de mon devoir et de ma responsabilité de faire respecter les
règles de procédure et les temps de parole de chacun des
députés. J'ose espérer que nous aurons le temps d'ici
minuit ou que de consentement nous pourrons prolonger les travaux si les
membres de la commission me donnent leur consentement. J'ose espérer
pouvoir en arriver à l'adoption de ce projet de loi privé. M. le
ministre.
M. Fortier: Je crois que la demande de M. Castonguay va dans le
sens de dire... On a pris beaucoup de temps au début pour discuter
du
principe et je crois que c'est important. Le député de
Mille-Îles, le député de Lévis et la
députée de Chicoutimi ont posé de nombreuses questions et
le principe a été étudié à fond. Je crois
que c'est important qu'on l'étudié à fond. Ensuite, on a
posé des questions sur la façon dont l'expertise va être
faite, et c'était aussi très important pour s'assurer que les
mutualistes ne soient pas affectés de façon qui serait
injustifiée. Étant donné que les principes ont
été discutés, les articles qu'il nous reste, quand on les
regarde, les articles 12, 14 et 13, sont très importants, mais les
autres sont des articles beaucoup moins importants. Si on voulait collaborer,
je pense qu'on pourrait finir cela assez rapidement. Je pense qu'on a
essayé de collaborer ensemble, et cela a bien été. Si le
député de Lévis peut collaborer avec nous, on pourra
procéder assez rapidement.
Le Président (M. Lemieux): Personnellement, M. Castonguay,
je ne suis pas inquiet de la bonne collaboration du député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous savez je suis quelqu'un
qui est partisan de nos règlements...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: ...et, quand les règlements ne sont pas bons, on
les change. Et je dois dire que moi je siège en commission
parlementaire, de dix heures du matin jusqu'à minuit depuis le 31 mai,
à tous les jours, sans exception.
M. Fortier: On finit demain.
M. Garon: Si les libéraux veulent finir demain, c'est leur
problème; d'après nos règlements, la session va jusqu'au
23 juin. Je suis prêt à siéger jeudi, vendredi, lundi,
mardi, mercredi, comme le dit notre règlement. Je pense que le 23 cela
va jusqu'à mercredi ou jeudi.
M. Fortier: Si on continuait l'étude article par
article?
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre.
M. Garon: Je veux dire qu'actuellement le ministre a
réussi à déposer la loi trop tard...
M. Fortier: Quelle loi? Ce n'est pas moi qui ai
déposé cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Fortier: Je ne porterai pas de jugement,...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Garon: Deuxièmement, au début dans les questions
préliminaires, je regrette, c'est le président et le ministre qui
ont voulu qu'on arrête de discuter l'ensemble de l'affaire pour le faire
article par article. Moi j'ai dit on ne gagnera pas de temps de cette
façon-là, mais c'est votre choix. À ce
moment-là...
M. Fortier: M. le député de Lévis.
M. Garon: On ne peut pas continuer jusqu'à deux ou trois
heures du matin, recommencer encore demain...
M. Fortier: M. le député de Lévis, on n'en a
pas pour deux heures.
M. Garon: Que le leader du gouvernement organise les travaux en
conséquence. Il y a des choix à faire et qu'il les fasse.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je tiens à vous souligner que le président n'a fait
que faire respecter les règlements et vous a octroyé du temps
supplémentaire, et j'ai pris la peine de faire calculer ce
temps-là. Mais je ne reviendrai pas sur le sujet. Je comprends la
préoccupation des requérants du travail qu'ils ont a faire et je
comprends aussi votre préoccupation comme parlementaire du respect que
vous avez pour cette institution. Et j'appelle maintenant l'article 12; est-ce
que l'article 12 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais poser une question à
l'actuaire-conseil, M. Gauvin; est-il encore ici? Vous êtes d'accord
sûrement que l'évaluation de l'avoir propre va être
très importante et que les risques de dilution se situent à deux
moments... bien, à plus de deux moments, mais principalement au moment
de l'évaluation initiale qui est prévue à l'article 12, et
également au moment de chacune des émissions subséquentes
dans le public où il n'y a pas d'évaluation préalable.
Chaque fois qu'il y aura des émissions d'actions, il y a une
possibilité de dilution. Maintenant, pour mieux connaître votre
façon de fonctionner, êtes-vous d'acord que le surplus
accumulé total, affecté ou non affecté, appartient aux
mutualistes?
Le Président (M. Lemieux): M. Gauvin? M. Garon: En
principe.
M. Gauvin (Jean-Louis): Effectivement, le surplus qui est
accumulé à ce jour, on doit dans
un premier temps s'assurer qu'il n'y en a pas une partie qu'on doit
conserver pour certains des assurés à cause des garanties qu'on
leur a faites. Dans la compagnie, on parle de mutualistes, on devrait
plutôt parler de membres, et il y a des membres avec participation aux
bénéfices selon les termes de leur contrat et d'autres membres
qui n'ont pas de participation aux bénéfices, sauf en cas de
liquidation. Il faut qu'on s'assure, dans un premier temps, que les avoirs
qu'on va laisser dans la compagnie pour les assurés participants seront
adéquats pour honorer les engagements vis-à-vis de ces
gens-là. Le solde représente en fait le surplus, ou l'avoir, qui
appartient à tous les membres de la mutuelle, indépendamment que
ce soit un assuré participant ou non participant. (23 h 30)
Sur la question que vous avez posée du risque de dilution, je
dois admettre que, dans une évaluation, on fixe une valeur où il
n'y a pas un acquéreur et un vendeur de certaines valeurs. Alors, nous
le mandat qu'on nous donne est un mandat en l'absence de deux parties qui sont
les acquéreurs, d'une part, et les vendeurs, d'autre part. C'est un
mandat un peu plus difficile. Mais ultérieurement, lorsqu'il y aura des
émissions d'actions, il y aura non seulement un acquéreur, qui
est le public et qui va décider du prix, mais un vendeur, qui est la
compagnie. Il y a également les autres instances qui vont surveiller que
rémission ne se fait pas en diluant le droit des parties.
M. Garon: Au moment de l'évaluation initiale, vous faites
des petites restrictions. Je regarde la décision prise dans Union
Mutual. Dans la lettre au nom du conseil d'administration, le conseil des
administrateurs, à chacun des détenteurs de police, on dit: "You
will share in the distribution in cash or stock of more than 650 000 000 $
(Union Mutual surplus) as of December 31st, 1985." Il n'y a pas de restriction.
On dit: Tout le surplus appartient aux détenteurs de police.
Quand on regarde un peu plus loin dans la lettre, on dit: "Union Mutual
adjusted surplus is 652 597 000 $ which will be distributed in cash or common
stock to eligible policy holders. Each eligible policy holder's equity share,
his prorata portion of the adjusted surplus has been determined based upon
allocation formulas which take into account, among other things, the number of
eligible policy holders, the type of policy held by each eligible policy
holder, the amount of the policy", etc.
Eux font une répartition, il n'y a pas de répartition si
toute la valeur se retrouve dans la corporation mutuelle de gestion. Pour
montrer à quel point on va dans ce sens, on dit plus loin: "Each
eligible policy holder will receive his equity share for each policy or
contract which qualifies him to be an eligible policy holder in common stock or
cash, regardless of the actual amount his policy contributed to the surplus of
Union Mutual. Each eligible policy holder will receive an equity share, having
a dollar value of at least 612,25 $ for each policy or contract which qualifies
him to be an eligible policy holder."
Il n'y a pas de restriction. C'est le surplus au complet qui va aller
dans la corporation. C'est l'exemple que j'ai ici. L'Inspecteur
général des institutions financières a dit qu'il avait
regardé dans plusieurs États américains comment cela
fonctionnait. Vous ne me semblez pas admettre complètement le principe
que tout le surplus, au moment de l'évaluation initiale, appartient aux
mutualistes, c'est-à-dire aux assurés.
M. Gauvin (Jean-Louis): Dans le cas d'Union Mutual, vous avez une
société où la propriété a changé. On
a émis des actions sur le marché. D'ailleurs, c'est un cas
très célèbre aux États-Unis qui a duré deux
ans en cour. Ici, c'est différent. Vous n'avez pas une
propriété qui change. Initialement, il n'y a pas de dilution
parce 100 % de la valeur de la compagnie va se ramasser dans la corporation
mutuelle de gestion.
Vous avez dit à un moment donné "the adjusted surplus". Le
problème, dans une société comme celle dont vous avez
parlé et comme la mutuelle La Laurentienne, c'est qu'il faut - les
experts ou les gens qui vont faire l'évaluation - qu'on regarde les
actifs et les passifs et faire les corrections appropriées pour
refléter les vraies valeurs qu'on devrait mettre sur ces postes. Les
compagnies d'assurances peuvent avoir des actifs dépréciés
par rapport à une valeur raisonnable. Elles peuvent avoir
également des passifs qui sont plus conservateurs que requis, selon les
bases d'évaluation. Il faut faire un certain nombre d'ajustements.
Lorsqu'on a ajusté le surplus de ces divers
éléments, tout le surplus appartient effectivement aux membres.
Dans le cas présent, il n'y a aucune dilution puisqu'on l'envoie, si je
comprends le projet, complètement, à 100 %, dans la corporation
mutuelle de gestion.
M. Garon: Les réserves actuarielles, est-ce qu'elles sont
dans toutes les compagnies établies selon les mêmes
barèmes?
M. Gauvin (Jean-Louis): Non. Avant 1978, au Québec, toutes
les compagnies devaient suivre des tables de mortalité à des taux
d'intérêt à peu près similaires. Maintenant, il y a
des normes minimales mais les compagnies peuvent choisir de mettre des
réserves plus élevées que les normes minimales. Ce qu'il
faut faire, c'est qu'il faut s'assurer dans le cas présent que les
réserves tiennent compte des garanties aux assurés et
également que des gens ont droit à des dividendes dans les
années futures. Il faut qu'on s'assure qu'on va pouvoir respecter les
promesses qui ont été faites.
M. Garon: Je comprends cela mais - je ne sais pas si on avait
appliqué les normes actuarielles, mais cela s'est fait ainsi - à
la Régie de l'assurance automobile du Québec, à un moment
donné, on a décidé d'affecter 200 000 000 $ en disant que
les réserves actuarielles étaient trop fortes. C'est un domaine
que vous connaissez, l'automobile. Alors, les 200 000 000 $ avaient
été affectés pour la sécurité
routière, pour mettre de l'asphalte sur les routes, etc. Donc, il semble
que les réserves actuarielles avaient été trop fortes. On
a considéré qu'on n'en avait pas besoin autant. Là, c'est
le gouvernement qui s'est approprié ces réserves. Le fait qu'on
établisse des réserves actuarielles, cela fait partie des surplus
ajustés, au fond, des surplus ajustés à un moment
donné dans le temps. Il faut tenir compte de toutes ces
valeurs-là. La réserve actuarielle, est-ce qu'elle est
conservatrice ou est-ce qu'on l'a mise forte ou on ne l'a pas mise forte? Les
surplus accumulés, je vois dans le rapport annuel qu'il y a
différents chiffres qui sont indiqués là. Mais, moi, c'est
le principe, le principe de base, à un moment donné, cette
valeur-là va être très importante. Si on ne l'évalue
pas de façon réaliste, si on met une réserve actuarielle
trop forte, si on sous-évalue les surplus pour différentes
raisons, éventuellement, cela va vouloir dire une dilution à
cause de l'évaluation et ce sont les actionnaires qui vont en profiter
plutôt que les mutualistes.
M. Gauvin (Jean-Louis): II me semble... D'abord, on est en train
d'étudier quelles sont les réserves actuarielles, quels sont les
avoirs libres qui devraient être transférés. C'est le but
du mandat des experts et aussi la façon de le faire. Étant
donné qu'on transfère 100 %, il n'y a pas de dilution. Alors, il
n'y a, dans un premier temps, aucune dilution de faite envers quelque membre
que ce soit puisque 100 % de la propriété qui leur appartient
dans le moment va continuer de leur appartenir dans le futur.
M. Garon: Alors, cela va.
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est
adopté?
M. Garon: Bien, surdivision, parce que...
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
J'appelle l'article 13. "Il est interdit à Laurentienne vie
d'émettre et répartir des actions de son capital-actions si, en
conséquence, la corporation mutuelle de gestion devait cesser de
détenir, en tout temps, plus de 50 % des droits de vote afférents
aux actions de Laurentienne vie comportant droit de vote. "Sous réserve
de l'article 12, toute émission d'actions par Laurentienne vie et tout
transfert d'actions de Laurentienne vie détenues par la corporation
mutuelle de gestion sont sujets à l'approbation préalable du
ministre, sous peine de nullité absolue." Est-ce que l'article 13 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Lorsque la corporation mutuelle de gestion voudra
vendre des actions de Laurentienne vie, l'article 13 exige l'autorisation du
ministre. Au début de la séance ce soir, M. Bouchard a dit que
cela prendra une évaluation. Vous avez mentionné cela au
début de la séance ce soir, en donnant les explications
générales.
M. Fortier: Une évaluation pourquoi?
M. Garon: Mais pour l'autorisation du ministre. C'est sujet
à l'approbation préalable du ministre. J'imagine que le ministre
va se retrou-ner vers l'inspecteur général et il va dire:
Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Fortier: L'évaluation à laquelle on
référait, c'était l'évaluation des experts pour
définir la valeur des actions détenues par la corporation
mutuelle de gestion. Une fois que cela est fait, lorsqu'ils émettent des
actions, cela prend l'approbation préalable du ministre. Là, il y
a un rapport, vous avez raison. Normalement, cela se fait sur recommandation de
l'inspecteur.
M. Garon: Vous avez demandé... Mais, moi, en tout cas,
j'ai bien compris et les gens qui étaient autour de moi ont compris
aussi que M. Bouchard a dit que cela prendrait une évaluation, à
ce moment-là.
M. Fortier: Je vais lui demander, il est dans...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières, est-ce que
c'est...
M. Bouchard: S'il vous plaît. Je ne me rappelle pas
à quoi l'évaluation en question réfère. L'article
13 est là simplement pour s'assurer que les règles de base de la
démutuali-sation sont respectées, tant au niveau de la
corporation mutuelle de gestion qu'au niveau de la compagnie d'assurance-vie.
Alors, si la compagnie d'assurance-vie voulait émettre sur le
marché plus d'actions que le nombre d'actions détenues par la
corporation mutuelle de gestion, elle ne pourra pas le faire sans l'approbation
préalable du ministre, qui va s'assurer que la corporation mutuelle de
gestion va détenir 51%. Même chose pour la corporation mutuelle de
gestion qui voudrait vendre plus que 50% des actions qu'elle détient.
Alors, comme il y a une interrelation constante entre les deux compagnies
pour la protection des droits des mutualistes et la
propriété collective, l'article 13 est l'article
charnière.
M. Fortier: C'est cela. Cela garantit justement les principes
dont on a discuté au début.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Garon: Un instant. Pour les mêmes raisons que j'ai
mentionnées tout à l'heure, sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): L'article 13 est donc
adopté sur division. J'appelle l'article 14.
Laurentienne, corporation mutuelle de gestion
"La corporation mutuelle de gestion a pour objet de contrôler
Laurentienne vie en tout temps. Elle peut également détenir des
valeurs mobilières d'autres institutions financières".
Est-ce que l'article 14 est adopté?
M. Fortier: Lorsqu'on a parlé du principe, tout à
l'heure, on a répondu à plusieurs questions là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Garon: Un instant. Moi, ce qui me frappe, M. le
Président, c'est que, chaque fois que l'inspecteur général
parle, il parle de démutualisation. En même temps, on dit qu'on
garde un caractère mutuel avec la corporation mutuelle de gestion. Dans
votre esprit, comme Inspecteur général des institutions
financières... Dans l'avis que vous avez produit, dans les termes que
vous employez, vous parlez toujours de démutualisation. Alors, pour
vous, est-ce qu'il s'agit vraiment d'une démutualisation ou non?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: II s'agit d'une démutualisation de la
compagnie d'assurance-vie, bien sûr, elle devient une compagnie à
capital-actions. Mais, pour autant, les détenteurs de police continuent
d'être propriétaires de cette compagnie d'assurance-vie.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Garon: Je comprends, vous me dites que...
M. Fortier: Oui, mais c'est facile à comprendre, M. le
député de Lévis, cela fait 20 fois qu'on l'explique.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas à vous que je le demande,
là, c'est que....
Le Président (M. Lemieux): Messieurs, s'il vous
plaît.
M. Fortier: Bien, écoutez, c'est moi qui autorise
l'inspecteur à parler....
M. Garon: Bien non.
M. Fortier: Si vous voulez me couper la parole, je vais
l'empêcher de parler et vous ne serez pas bien plus avancé,
là.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez raison, M. le
ministre. Effectivement, c'est sur votre temps de parole et votre
autorité.
M. Fortier: Écoutez, c'est très clair qu'il y a une
démutualisation, pour autant que La Laurentienne vie est
impliquée, et c'est pour cela qu'on dit, des fois, qu'il y a une
démutualisation sans qu'il n'y en ait une. C'est très clair que
les principes de la propriété collective demeurent et, dans ce
sens-là, il n'y a pas démutualisation mais il y en a une dans le
sens que la compagnie elle-même est démutualisée. Cela fait
25 fois qu'on dit la même chose.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plaît. Est-ce que l'article 14 est adopté? Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'est démutualisé, mais ils
conservent les avantages de la mutuelle.
M. Fortier: C'est cela. C'est pour cela... Mme Blackburn:
Parce que...
M. Fortier: ...que j'admets, avec le député de
Lévis, que le terme est ambigu dans la mesure où, normalement,
quand on parle de démutualisation - et on a référé
à un cas aux États-Unis - une démutualisation
complète ne se fait pas comme celle-là et, normalement, on parle
de démutualisation pour revenir au point de départ. Si on avait
fait la démutualisation complète de La Laurentienne, telle
quelle, on aurait fait l'inverse de ce qui a été fait en 1958,
alors qu'on est passé d'une compagnie à capital-actions à
une mutuelle, et on serait revenu à une compagnie à
capital-actions uniquement.
Le Président (M. Lemieux): Sans compagnie de gestion.
M. Fortier: Mais là on a la corporation
mutuelle de gestion. Donc, on fait partiellement une
démutualisation et partiellement on ne la fait pas, parce qu'on
maintient les droits collectifs des mutualistes.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que l'article 14
est adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: L'article 14, c'est là qu'on dit que la
corporation mutuelle de gestion, dans la deuxième phrase, peut
également détenir des valeurs mobilières d'autres
institutions financières. M. Castonguay nous a dit, tantôt, qu'il
n'était pas de leur intention de... mais que c'est là.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, oui, s'il vous
plaît. (23 h 45)
M. Castonguay: Bon, j'ai mentionné qu'au départ ce
n'était pas une de nos priorités de faire des placements de... La
corporation mutuelle de gestion va obtenir des actions de La Lauren-tienne vie,
alors elle n'aura pas de moyen, là, au départ. C'est dans ce
sens-là que ce n'est pas une priorité de lui faire détenir
des actions d'autres institutions financières. Au départ, elle va
recevoir les actions de La Laurentienne vie, la corporation mutuelle de
gestion, mais elle n'aura pas d'autres ressources. C'est pour cela que je
disais que ce n'était pas une priorité au départ, mais la
disposition est là et elle peut devenir utile dans l'avenir, il n'y a
aucun doute.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: Quand on va faire l'évaluation pour des
émissions subséquentes, est-ce que cela ne nous posera pas un
problème d'évaluation?
M. Castonguay: Tantôt, j'ai essayé de
répondre à cette question-là de la députée,
votre collègue...
Mme Blackburn: Oui, c'est cela. Il me l'a dit tantôt.
M. Castonguay: ...en expliquant qu'à l'avenir, dès
qu'on va faire des émissions, le test de la valeur qu'on va pouvoir
avoir cela va être le marché qui va le déterminer. Si les
courtiers en valeur nous disent qu'on ne peut pas avoir une valeur qui nous
apparaît suffisante, on ne fera pas d'émissions, on va attendre de
pouvoir avoir une valeur qui apparaît acceptable. Alors, c'est le
marché, à partir de ce moment-là, qui devient le test.
Quand bien même M. Gauvin et compagnie nous feraient une
évaluation, si les acheteurs dans le marché disent: Non, nous
autres, on n'achète pas à cette valeur-là, ce n'est pas M.
Gauvin qui va aller les convaincre de changer d'idée. Alors, c'est pour
cela que c'est le marché à partir de ce moment-là et qu'on
ne voit qu'une évaluation au départ.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Garon: Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
J'appelle l'article 15. "Est membre de la corporation mutuelle de gestion une
personne qui est propriétaire d'un contrat d'assurance établi par
la mutuelle ou par Laurentienne vie. "Chaque membre n'a droit qu'à un
seul vote, quel que soit le nombre ou le montant des contrats d'assurance dont
il est propriétaire. Tout membre peut voter en personne ou par
l'entremise d'un fondé de pouvoir."
Est-ce que l'article 15 est adopté?
M. Fortier: J'aurais une question là-dessus. Je crois que
c'est clair que quelqu'un qui détient une police de la mutuelle dans le
moment... Quand on dit Laurentienne vie, c'est au moment où
l'opération se fait, ce n'est pas dans l'avenir? Dans l'avenir,
quelqu'un qui achèterait une police d'assurance de La Laurentienne vie
n'aurait pas le droit d'être membre de la corporation mutuelle de
gestion?
M. Castonguay: Oui. M. Fortier: Également? M.
Castonguay: Oui.
M. Fortier: Cela se continue exactement de la même
façon.
M. Castonguay: Oui, tout comme - dans le moment. Tout nouvel
assuré dans le moment est membre et peut voter, et les nouveaux vont
être membres et...
M. Fortier: Mais c'est un point important qu'il fallait
préciser parce que les mutualistes sont non seulement ceux qui sont
là présentement mais également ceux qui dans l'avenir
achèteront des polices d'assurance.
M. Castonguay: C'est cela et c'est pour cela qu'il était
important de garder le surplus dans la compagnie pour assurer la protection
aussi des nouveaux assurés. Il faut toujours voir la compagnie comme
étant une compagnie qui continue de fonctionner.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si vous gardez les surplus pour protéger
les futurs mutualistes, à ce moment-là, selon la taille ou
l'envergure que prendra votre entreprise, même vos surplus pourraient un
jour être insuffisants pour protéger vraiment vos...
M. Castonguay: C'est toujours les règles du jeu, il y a la
Loi sur les assurances, il y a l'inspecteur général, il y a les
normes dont on a parlé tantôt, il y a les rapports que nous
lui faisons et il y a aussi notre responsabilité comme administrateurs,
membres du conseil et comme direction de la compagnie de s'assurer que l'on
fait un développement de la compagnie ordonné et qui assure qu'il
y a toujours des surplus et des avoirs suffisants pour la protection des
assurés. La responsabilité, en définitive, elle est sur le
conseil et la direction en tout premier lieu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 15 est
adopté? Adopté sur division, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
articles 16 à 27 inclusivement sont adoptés?
M. Garon: Pardon? Des voix: Ha, ha,ha!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les articles 16
à 27 sont inclusivement adoptés?
Mme Blackburn: 16 à 27?
M. Garon: Non, non. On va les passer un par un.
Le Président (M. Lemieux): Non, alors je lis l'article 16.
L'article 16: "La corporation mutuelle de gestion a pour dénomination
sociale "Lauren-tienne, corporation mutuelle de gestion" et sa version
"Laurentian Mutual Management Corporation". L'article 16 est-il
adopté?
M. Garon: Voulez-vous recommencer la version anglaise? J'ai mal
compris.
Le Président (M. Lemieux): La version anglaise "Laurentian
Mutual Management Corporation". Est-ce que cela va, M. le député
de Lévis?
L'article 16...
M. Fortier: ...Laurentian...
Le Président (M. Lemieux): ..."Laurentian". L'article 16
est-il adopté?
M. Garon: Vous n'avez pas d'amendement... Il n'y avait pas
d'amendement à l'article...
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Garon: II n'y avait pas d'amendement à
"Laurentienne"?
Le Président (M. Lemieux): Non, il n'y a pas
d'amendement.
M. Castonguay: Ce n'est pas un nom qui va servir dans le public
comme l'autre. Il n'y a pas d'objection à le laisser comme cela.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il est
adopté?
Mme Blackburn: Mais pourquoi ne pas avoir le même
amendement, c'est cela?
M. Castonguay: Si vous voulez l'amender, cela va faire plus
d'uniformité, mais on ne veut pas vous compliquer la vie.
M. Garon: Ah! Cela ne nous complique pas la vie.
Le Président (M. Lemieux): Alors...
M. Fortier: Alors, j'en fais un amendement, M. le
Président: Que l'article...
M. Garon: On est habitués à cela; habituellement,
dans les projets de loi, on a bien plus d'amendements que cela.
M. Fortier: L'article 16 sera amendé pour ajouter "La"
avant le mot "Laurentienne" et The" avant le mot "Laurentian".
M. Garon: Pouvez-vous l'écrire?
M. Fortier: Cela se lirait comme ceci: "La corporation mutuelle
de gestion a pour dénomination sociale "La Laurentienne, corporation
mutuelle de gestion" et sa version "The Laurentian Mutual Management
Corporation".
M. Garon: Pourriez-vous nous...
Le Président (M. Lemieux): Je vais attendre, M. le
député de Lévis, d'avoir une copie écrite de
l'amendement, effectivement, et nous voterons sur l'amendement, si je le juge
recevable.
Mme Blackburn: On pourrait voter sur... Passons à
l'article 17.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le secrétaire
est en train de l'écrire, c'est cela?
Mme Blackburn: Pendant qu'il écrit, M. le
Président...
M. Garon: On peut laisser l'article 16 en suspens...
Le Président (M. Lemieux): On va laisser l'article 16 en
suspens.
M. Garon: On va continuer.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 17: "Le
siège social de la corporation mutuelle de gestion est situé dans
le district de Québec."
Mme Blackburn: Tu es d'accord avec cela?
Le Président (M. Lemieux): L'article 17 est-il
adopté?
Mme Blackburn: ...à Lévis, non?
M. Garon: Vous commenciez à avoir l'accent anglais.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis, merci.
M. Fortier: Adopté. Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 18: "Les administrateurs de la mutuelle en fonction avant sa
transformation sont les premiers administrateurs de la corporation mutuelle de
gestion. "Ces administrateurs demeurent en fonction jusqu'à la
première assemblée générale annuelle, à
moins qu'ils démissionnent ou que leur poste devienne vacant avant cette
assemblée. "Les dirigeants et employés de Laurentienne vie ne
peuvent constituer plus du tiers du conseil d'administration de la corporation
mutuelle de gestion." L'article 18 est-il adopté?
M. Garon: Attendez un peu.
Mme Blackburn: Cela est un règlement actuel,
j'imagine?
M. Garon: Non, non. Au troisième paragraphe on dit: "Les
dirigeants et employés de Laurentienne vie ne peuvent constituer plus du
tiers du conseil d'administration de la corporation mutuelle de gestion."
Est-ce que c'est cela qui existe actuellement?
M. Fortier: C'est la disposition de la Loi sur les
assurances.
Mme Blackburn: Oui?
M. Garon: Avez-vous la référence? M. Fortier:
Je peux vous la donner.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous la
référence relativement à la disposition de la Loi sur les
assurances?
M. Fortier: M. le Président, je... M. le
député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Fortier: J'ai une information qu'on vient de me donner. Je
corrige celle que j'ai donnée, c'est que c'est une disposition que nous
avons empruntée à ce qui s'est fait aux États-Unis dans
des cas semblables. De fait, on croit qu'il serait préférable que
les dirigeants et les employés eux-mêmes ne soient pas
majoritaires ou soient minoritaires dans un cas comme celui-là pour que
l'ensemble des mutualistes soient représentés au conseil
d'administration. Mais c'est une disposition qui se retrouve assez souvent dans
des compagnies semblables à celle-ci. D'ailleurs, je me souviens que,
dans la Loi sur les fiducies, M. l'inspecteur, on avait mis une disposition
comme celle-là pour que les employés eux-mêmes et les
dirigeants ne soient pas majoritaires au conseil d'administration. Il faut bien
comprendre que le conseil d'administration doit représenter l'ensemble
des mutualistes ici et non pas seulement ceux qui sont dirigeants ou
employés de la compagnie comme tels.
M. Garon: Oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Y a-t-il des dispositions dans d'autres mutuelles
par lesquelles les employés et les dirigeants seraient majoritaires?
J'avais l'impression que c'était plutôt la...
M. Fortier: Généralement, dans une compagnie, il
n'est pas sain que les dirigeants...
Mme Blackburn: Bien non.
M. Fortier: ...ou les employés constituent la
majorité du conseil d'administration. Je ne sais pas si M.
Castonguay...
Mme Blackburn: Cela tombe sous le sens.
M. Fortier: ...veut faire un commentaire à ce
sujet-là.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Dans nos compagnies, nous
essayons nous-mêmes de respecter ce genre d'équilibre pour
que ce ne soient pas uniquement les dirigeants qui composent le conseil,
agissant comme dirigeants et en même temps comme conseil
d'administration. Dans toutes les compagnies du groupe, on retrouve un nombre
limité de dirigeants et toujours une très grande majorité
d'administrateurs provenant de l'extérieur.
M. Fortier: D'ailleurs, dans la Loi sur les fiducies, j'ai la
disposition qui dit exactement ça: La majorité des
administrateurs constituent le quorum... Bon. Ah! Ce n'est pas la bonne. On
dit, à 87: Les dirigeants rémunérés ou
employés d'une société du Québec ou d'une personne
morale avec qui elle est affiliée, y compris une personne qui a
été à l'emploi de l'une d'elles dans les deux ans
précédents, ne peuvent constituer plus du tiers du conseil
d'administration. On a une disposition très semblable dans la Loi sur
les fiducies.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas du tout la même chose.
M. Fortier: Bien oui, c'est la même chose. Ici, on parle du
conseil d'administration d'une compagnie.
M. Garon: Non, non, mais là on parle du conseil
d'administration d'une corporation mutuelle de gestion. Ce n'est pas du tout la
même chose.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
requérant.
M. Garon: Avez-vous une clause semblable aux caisses
populaires?
M. Fortier: Écoutez, on va se comprendre. Là, on
parle de la corporation mutuelle de gestion. Donc, on parle des mutualistes. Il
s'agit donc d'avoir un conseil d'administration qui représente
l'ensemble des mutualistes. Selon cette disposition, les dirigeants de la
mutuelle ne sont pas, dans le moment, majoritaires au conseil d'administration
puisqu'il s'agit de représenter l'ensemble des mutualistes et non pas
les dirigeants eux-mêmes.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est exactement ce qu'on dit. On trouve
que le tiers c'est beaucoup au...
M. Fortier: Ah! Vous voudriez que ce soit plus bas que ça?
Ah!
Mme Blackburn: Bien oui, c'est ce que le député de
Lévis nous dit.
Le Président (M. Lemieux): M. le requérant,
Me Beaulieu.
M. Beaulieu: Oui, j'attire l'attention de la commission sur
l'article 59 de la Loi sur les assurances qui prévoit que les
"dirigeants rémunérés d'une compagnie d'assurance ne
peuvent constituer plus du tiers de son conseil d'administration". Cette
règle du tiers a déjà son origine dans la Loi sur les
assurances.
Mme Blackburn: Mais là on comprend qu'il s'agit d'une
mutuelle. Est-ce qu'il ne serait pas plus légitime qu'on ait une portion
plus grande de représentants des mutualistes et non pas des
administrateurs? C'était comme ça, je pense bien, que... Je suis
certaine que c'est comme ça que le député de Lévis
l'entend aussi. Ce n'est pas de les augmenter, ce serait davantage de les
diminuer.
M. Fortier: Oui, mais là on va avoir la même
disposition parce que la compagnie Lauren-tienne vie sera régie par la
Loi sur les assurances, la disposition qui vient d'être lue par Me
Beaulieu. Dans la corporation mutuelle de gestion, c'est donc la même
disposition qui se retrouve ici, pas plus du tiers.
M. Garon: Ce n'est pas ça le problème. À
l'article 59, on dit: "Les dirigeants rémunérés d'une
compagnie d'assurance ne peuvent constituer plus du tiers de son conseil
d'administration." Une compagnie ordinaire. Là ce n'est pas ça.
Les dirigeants et employés de Laurentienne vie, qui est une compagnie
ordinaire à capital-actions, ne peuvent constituer plus du tiers du
conseil d'administration de la corporation mutuelle de gestion qui, elle,
s'occupe des intérêts collectifs des mutualistes. C'est quelque
chose. Là, on est en train de dire que des gens d'une autre compagnie
à l'extérieur...
M. Fortier: Cela peut être des mutualistes. M. Garon:
Cela ne fait rien. Écoutez! Mme Blackburn: Dirigeants et
employés.
M. Garon: Les dirigeants et employés de La Laurentienne
vie ne peuvent constituer plus du tiers du conseil d'administration. Est-ce
que, actuellement...
Mme Blackburn: Oui, mais c'est sûr que les
dispositions...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Garon: Dans les compagnies d'assurances mutuelles, est-ce
permis actuellement? Dans les mutuelles en vertu de la Loi sur les assurances,
est-ce permis actuellement?
Mme Blackburn: Avant qu'il trouve l'information, j'imagine que
cela a fait l'objet de négociations. Qu'est-ce que La Laurentienne
demandait? Est-ce qu'il y a eu des négociations là-dessus?
(minuit)
M. Castonguay: C'est une disposition, comme on vient de dire, qui
apparaît dans la Loi sur les assurances et qui semble se
généraliser et, nous, on va s'y conformer très
correctement. De toute façon, je ne crois pas que cela ait jamais
créé de grands problèmes.
Mme Blackburn: À présent, cela veut dire que le
tiers...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, je m'excuse, mais je dois obtenir consentement pour poursuivre nos
travaux.
Mme Blackburn: Consentement pour poursuivre, là?
M. Fortier: Consentement. M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Consentement pour poursuivre
nos travaux.
M. Garon: Oui, pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Alors, consentement?
M. Garon: Pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, je veux bien qu'on s'entende.
Est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre les travaux sur
l'étude?
M. Garon: Pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Pour le moment, cela veut dire
quoi?
M. Garon: Cela veut dire que, si c'est du vacarme, du bruit et
qu'on est obligé de rappeler à l'ordre constamment parce que les
gens sont trop fatigués, cela va arrêter là.
M. Fortier: C'est parfait, consentement.
M. Garon: Là, actuellement, à toutes les minutes,
comprenez-vous, il faut quasiment faire signe à du monde d'arrêter
de faire du bruit; autour d'ici, c'est comme un capharnaum, une auberge
espagnole; tout le monde rentre, tout le monde sort, tout le monde vient voir
où on est rendu.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Lévis...
M. Garon: Je vais vous dire une affaire, j'entends même le
député d'Outremont dire: Je vais appeler Parizeau. Je ne marche
pas ainsi, je n'ai jamais chanté dans ma vie, je ne fatigue pas puis je
vais vous dire une affaire, ce n'est pas mon genre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je m'excuse, mais vous savez, M. le député de
Lévis, je ne peux pas empêcher quiconque d'entrer dans cette
salle; c'est public, vous me comprenez.
M. Garon: À part cela, je vais vous dire une chose, si le
ministre veut appeler Parizeau, qu'il l'appelle tout de suite, cela ne me
dérange pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis...
M. Garon: Vous allez voir qu'un député libre, s'il
y en a un dans cette Chambre sur les 122, il s'appelle le député
de Lévis.
M. Fortier: II y a consentement, on continue.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement pour
procéder. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: II y a une question. Moi, ce que je... Ma remarque
sur cette question-là, du moment où cela reste une mutuelle, en
partie, c'est qu'avec le tiers des votes ou des représentants au conseil
d'administration plus les procurations, parce que je sais aussi comment cela
fonctionne, ils détiennent la majorité. Non? Parce que les
procurations sont toujours données au président...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières. Mme la
députée de Chicoutimi, je pense que M. l'Inspecteur
général des institutions financières a la réponse
à votre question.
M. Bouchard: II n'y a pas de possibilité de procuration au
sein d'un conseil d'administration. Le conseil d'administration est
composé des personnes qui sont nommées mais on ne peut pas se
faire représenter.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Garon: Ce n'est pas cela qu'elle veut dire. Elle veut dire
qu'habituellement ce sont les dirigeants qui ont les procurations. Par exemple,
les 24 000 procurations, lors de l'assemblée annuelle de La
Laurentienne, le 25 mai dernier, étaient au nom de qui? Les 24 000
procurations étaient au nom du même fondé de pouvoir.
M. Castonguay: De moi.
M. Garon: À votre nom, M. Castonguay.
M. Castonguay: C'est cela.
M. Garon: C'est cela qu'elle veut dire au fond aussi. Les
procurations sont votées par une personne, les gens lui envoient. Il y a
24 000 personnes qui vous font confiance, envoyez votre procuration... C'est
dans ce sens-là qu'elle veut dire cela.
Mme Blackburn: Bien oui, et j'ai raison de dire cela.
M. Garon: Ce qu'elle veut dire au fond c'est que le dirigeant qui
a les procurations après cela s'en va à la réunion puis il
fait élire qui il veut au conseil d'administration.
Mme Blackburn: On le fait régulièrement. Qui est-ce
qui va aux assemblées générales des grandes compagnies,
les petits actionnaires?
M. Fortier: Cela ne change rien parce que, dans le moment, c'est
la procédure.
M. Garon: Dans le fond, cela revient à dire que ce n'est
pas la mutuelle qui a 51 %, c'est La Laurentienne vie qui contrôle la
mutuelle par le jeu des procurations. C'est cela qu'elle veut dire au fond.
M. Bélisle: Ce n'est pas cela la vérité.
M. Garon: Ce n'est pas cela qui est mon problème, mon
problème c'est...
M. Bélisle: Ce n'est pas cela du tout.
M. Garon: La question que je veux poser, actuellement, là,
dans la compagnie d'assurances mutuelle, est-ce qu'il y a... Ah!, moi, je suis
à la veille de demander de barrer les portes!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, mais c'est tout le temps, cela n'arrête
pas.
Le Président (M. Lemieux): Je sais, mais je ne peux pas.
C'est public cette salle-ci.
M. Garon: Je comprends.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, je ne peux pas dire
aux gens... Écoutez, cela dépend de la force de leurs bras. Moi,
je la ferme bien doucement, je ne suis pas tellement gros, mais il y en a
qui sont plus gros que moi et ils la ferment plus fort.
M. Garon: C'est pire, ce sont ceux qui ne sont pas assez gros qui
ne retiennent pas la porte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas mon cas, M. le
député de Lévis.
Mme Blackburn: Attendez que je sorte.
M. Garon: Elle ferme toute seule. Le Président (M.
Lemieux): Allons-y.
M. Garon: Essentiellement, ce que je voudrais savoir, dans la loi
actuelle, dans une compagnie mutuelle d'assurances, quelle est la
possibilité qu'au conseil d'administration de la mutuelle se retrouve
telle proportion de dirigeants et d'employés?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Garon: Non, M. l'inspecteur général,
j'aimerais...
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général est sous l'autorité du ministre.
M. Garon: C'est une question technique. Je ne demande pas au
ministre parce que...
M. Fortier: Je vais vous lire l'article en question, c'est
l'article 91. L'article 91 de la loi dit: "La compagnie peut, par
règlement, déterminer un nombre minimum et maximum
d'administrateurs. Toutefois, le nombre minimum d'administrateurs ne peut
être inférieur à sept. Ce règlement doit être
approuvé par le vote d'au moins les deux tiers des membres
présents à une assemblée spéciale. Les trois quarts
des administrateurs doivent être des citoyens canadiens et la
majorité d'entre eux doivent résider au Québec." On ne
parle même pas d'employés à ce moment-là. La
disposition dont on parlait tout à l'heure, on la retrouvait à
l'article 59, mais c'est pour les compagnies d'assurances, donc à
capital-actions. Alors, pour répondre à votre question, pour les
mutuelles comme telles, il n'y a pas de dispositions précises sur le
nombre d'employés qui doivent ou ne doivent pas être membres d'un
conseil d'administration, à moins qu'il y ait... Je parle des termes de
la loi. C'était votre question. Dans la loi, on ne précise pas
que les membres du conseil d'administration doivent être, oui ou non, des
employés.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: J'aimerais ajouter un renseignement additionnel.
On n'a pas abusé de cette liberté qui nous est donnée.
Présentement,
je suis le seul dirigeant de La Laurentienne mutuelle siégeant au
conseil d'administration. Tous les autres sont des membres externes.
Mme Blackburn: II n'y a pas d'employés? M. Castonguay:
II n'y a pas d'employés.
Mme Blackburn: Alors, pourquoi passe-t-on de cette situation
à un tiers?
M. Castonguay: Cela nous est demandé. On dit qu'on n'a pas
de problèmes avec cela.
M. Fortier: On peut l'enlever complètement. Mme
Blackburn: Ah, bien non. M. Fortier: Ah oui! Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Blackburn: L'enlever, cela n'a pas de bon sens.
M. Fortier: L'explication, c'est qu'on voulait une protection.
Dans la loi actuelle, pour répondre au député de
Lévis, il n'y a aucune disposition. M. Castonguay répond: On n'a
pas abusé, je suis le seul employé, le seul dirigeant. Ici, on a
insisté pour mettre une disposition, l'inspecteur a mis une disposition
pour dire que cela ne doit pas être plus du tiers. C'est au moins une
disposition de protection.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a eu des négociations
là-dessus entre vous et...
M. Fortier: II y a eu beaucoup de discussions. Tout a
été discuté.
Mme Blackburn: Sur cette question. C'était quoi?
C'était 100 % de dirigeants et d'employés?
M. Bouchard: Comme le ministre l'a expliqué, le principe
de base, on l'a retenu dans la Loi sur les fiducies et dans les
différents documents qui sont déposés publiquement pour la
réforme des institutions financières. C'est un principe qui est
mis de l'avant pour que le conseil d'administration ne soit pas composé
de personnes qui sont à la fois juges et parties, c'est-à-dire
qui dirigent la compagnie et, en même temps, siègent au conseil
d'administration. Alors, on dit ici que pas plus du tiers ne devra être
désigné pour siéger au conseil d'administration de la
corporation, pour être bien certain que la corporation mutuelle de
gestion sera administrée par des personnes vraiment
désignées non seulement par les mutualistes mais par des
représentants des mutualistes. Cela comprend non seulement des
dirigeants mais même des employés de la compagnie d'assurance-vie,
pour être certain que ce soient des personnes de l'exté- rieur de
cette compagnie d'assurances qui dirigent la corporation mutuelle.
M. Fortier: Alors, comme vous le voyez, c'est une mesure de
protection.
Mme Blackburn: Bon, cela va. Mais le tiers, comme je le disais
tout à l'heure, cela peut paraître un peu élevé.
Avec les procurations, à l'occasion d'une assemblée
générale, cela peut dépasser les 50 % avec le tiers des
employés et des cadres. Est-ce que le quart apparaît... C'est
parce que cela n'apparaît pas dans d'autres lois comparables?
M. Fortier: Comme l'inspecteur vient de le dire, dans ces lois,
on essaie de garder une certaine cohérence. Comme vous le voyez, dans la
Loi sur les fiducies, je l'ai mentionné tout à l'heure, ce sont
à peu près les mêmes dispositions. Pour les compagnies
d'assurance-vie, ce sont à peu près les mêmes dispositions.
C'est le maximum, on dit: pas plus de. M. Castonguay vient de le dire,
même en l'absence de toute disposition, il est le seul dirigeant. Alors,
c'est simplement une mesure de protection. On dit: pas plus du tiers. Si La
Laurentienne continue avec la même pratique qu'elle a dans le moment, il
va y avoir un dirigeant et les autres vont être des gens de
l'extérieur.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir de la part de M.
Castonguay comment il réagirait à l'idée d'indiquer le
quart plutôt que le tiers?
M. Fortier: II n'y a aucun problème. Je n'ai pas
d'objection à ce que ce soit le quart au lieu du tiers.
M. Castonguay: Cela ne me fait ni chaud ni froid. On est
prêt à respecter le type de disposition sur lequel vous vous
entendrez.
Le Président (M. Lemieux): Si vous voulez faire un
amendement, Mme la députée de Chicou- timi.
M. Fortier: Si vous voulez faire un amendement, on va l'accepter.
C'est une mesure de protection. Si vous préférez le quart, on va
mettre le quart au lieu du tiers.
M. Garon: Durant ce temps...
M. Fortier: On peut peut-être revenir à l'article
16. J'ai l'amendement ici.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Non, je voudrais poser une autre question, j'aime
autant rester là-dessus pour qu'on finisse cela.
M. Fortier: Oui, cela va.
M. Garon: Actuellement, il y a La Lauren-tienne mutuelle et il y
a la corporation.
M. Castonguay: La corporation du groupe La Laurentienne.
M. Garon: Oui.
M. Castonguay: Le holding en aval.
M. Garon: Est-ce que ce sont les mêmes administrateurs pour
les deux?
M. Castonguay: Non. Présentement, il y a M. Beaulieu qui
est à la corporation, qui est à La Laurentienne mutuelle, il y a
Jean-Marie Poitras qui est aux deux, il y a moi-même, il y a Jacques
Drouin. Je pense que c'est cela. Alors, on en retrouve quatre aux deux
niveaux.
M. Garon: Sur combien?
M. Castonguay: Sur combien à La Laurentienne?
Une voix: 16 à La Laurentienne.
M. Castonguay: 16 à La Laurentienne et, à la
corporation, je crois qu'on est à peu près 16 ou 17.
M. Garon: Sur les 25.
M. Castonguay: Non, non. 16 au conseil d'en haut dont quatre
qu'on retrouve en bas et, à ce conseil-là, il y en a à peu
près 16 aussi.
Une voix: Mais pas des dirigeants ou employés...
M. Castonguay: Non, non. Là on ne parle pas de dirigeants
ni d'employés. On parle de personnes qu'on retrouve aux deux conseils.
Ne mélangeons pas les affaires. C'est assez compliqué
là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous soumettre votre
amendement? Voulez-vous qu'on suspende, madame? Non, suspendre l'article.
Mme Blackburn: M. le Président, l'amendement se lirait
comme suit: Article 18, projet de loi 206. L'article 18 du projet de loi 206
est modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne du
troisième alinéa, du mot "tiers" par "quart".
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous me fournir copie de
votre amendement écrit, s'il vous plaît? Alors, l'amendement est
recevable.
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Est-ce que cela vous est acceptable?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 18 tel qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 18 tel
qu'amendé est adopté. Nous allons maintenant revenir à
l'article 16 qui avait été suspendu. M. le ministre, voulez-vous
nous faire part de votre amendement?
M. Fortier: Alors, remplacer l'article 16 par ce qui suit: "La
corporation mutuelle de gestion a pour dénomination sociale "La
Laurentienne, corporation mutuelle de gestion" et sa version "The Laurentian
Mutual Management Corporation".
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
L'amendement est recevable. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 16 tel qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté. Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 16 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle l'article 19 du projet de loi 206
qui se lit comme suit: "Les règlements de la mutuelle sont ceux de la
corporation mutuelle de gestion, en faisant les adaptations nécessaires
tant qu'ils ne sont pas modifiés ou remplacés par les
administrateurs." Oui?
M. Fortier: On se réfère à l'article 9, M.
le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): L'article 9. Est-ce que
l'article 19 est adopté?
M. Fortier: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 19 est adopté.
J'appelle l'article 20. "Les articles 88 à
93.1 de la Loi sur les assurances s'appliquent à la corporation
mutuelle de gestion, en faisant les adaptations nécessaires."
M. Fortier:À 93.1.
Le Président (M. Lemieux): Les articles 88 à
93.1.
Mme Blackburn: Pourriez-vous nous expliquer un peu le...
M. Fortier: Rapidement. L'article 88 dit: "Sous réserve
des règlements adoptés à ce sujet par le gouvernement,
tous les membres, sauf les mineurs, sont habiles à voter..." L'article
88.1: "Sous réserve des règlements visés à
l'article 88, tout groupe d'au moins 100 membres a droit de soumettre des
propositions à débattre lors d'une assemblée
générale; un pour cent des membres ou 500 membres, selon le
moindre des deux, peuvent demander la convocation d'une assemblée..."
Alors c'est pour déterminer le nombre de membres. L'article 89 dit: "Un
membre peut voter en personne ou, si la charte de la compagnie y pourvoit, par
l'entremise d'un fondé de pouvoir; il n'a droit qu'à une seule
voix quel que soit le nombre ou le montant des contrats dont il est
propriétaire. Toute procuration qui autorise un fondé de pouvoir
à voter à une assemblée générale doit, pour
être valide, avoir été donnée dans l'année
précédant..." Alors, c'est un règlement sur la procuration
et l'utilisation. À l'article 90 c'est l'avis d'assemblée, avis
de toute assemblée générale ou extraordinaire de la
compagnie. À l'article 91 c'est le nombre d'administrateurs. À
l'article 92 c'est l'élection des administrateurs. À l'article 93
c'est la continuité des administrateurs et à 93.1: "Le conseil
d'administration peut, si un règlement de la compagnie l'y autorise et
avec l'approbation préalable de l'inspecteur général,
émettre des titres privilégiés de participation à
l'excédent de l'actif sur le passif de la compagnie." Et là il y
a d'autres dispositions sur les titres.
Alors, ce sont des dispositions techniques en ce qui concerne les
procurations, la marche à suivre, le pouvoir...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 20 est
adopté?
M. Fortier: ...de faire des... M. Garon:
Adopté.
M. Fortier: ...propositions... (0 h 15)
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est adopté.
J'appelle l'article 21. "En l'absence de disposition correspondante dans le
présent chapitre et sous réserve de l'article 20 de la
présente loi, l'article 88, le paragraphe 3 de l'article 89 et les
articles 89.1 à 89.4 de la partie I et les dispositions de la partie II
de la Loi sur les compagnies (L.R.Q., chapitre C-38) s'appliquent, en faisant
les adaptations nécessaires, à la corporation mutuelle de
gestion, sauf les articles 126, 129 et 130, 136.1, 139 à 141, 143
à 168, 171 à 181, le paragraphe 3 de l'article 182, les
sous-paragraphes a et b du paragraphe 2 de l'article 185, les articles 187 et
190, les sous-paragraphes j et k du paragraphe 3 de l'article 191, l'article
192, les articles 195 et 196, les sous-paragraphes d et e du paragraphe 1 et le
paragraphe 2 de l'article 197. "Le gouvernement peut toutefois, par
décret, exclure la corporation mutuelle de gestion de l'application
d'une disposition de la Loi sur les compagnies, rendre une telle disposition
applicable ou modifier la façon dont une telle disposition s'applique
à elle."
Est-ce qu'il y a des questions relativement à l'article 21?
M. Fortier: Si vous le permettez, je peux passer
brièvement en revue les dispositions des articles dont il est fait
mention. Alors, quand on parle de l'article 88, il s'agit de l'élection
des administrateurs. Un peu plus loin on parle du paragraphe 3 de l'article 89.
Il s'agit de vacances au conseil d'administration. Les articles 89.1 à
89.4: renonciation à l'avis de convocation, participation au conseil
d'administration par téléphone, résolution écrite,
comité exécutif. Alors, comme on voit, c'est tout à fait
technique. Plus loin, on parle de la partie II de la Loi sur les compagnies,
l'article 126, référence à la partie II dans une charte,
article d'interprétation. Les articles 129 et 130, annulation de charte
par l'Inspecteur général des institutions financières en
cas de charte inactive; l'article 136.1, autre identification permise; les
articles 139 à 141, responsabilité des actionnaires; les articles
143 à 168, on traite des actions; les articles 171 à 181, on
traite des dividendes, des administrateurs et de leurs pouvoirs; l'article 182,
paragraphe 3, vacance comblée par actionnaire; l'article 185, paragraphe
2, a et b, règlement sur répartition des actions, paiement de
dividendes; l'artide 187, responsabilité des administrateurs; l'article
190, convocation des assemblées générales, l'article 191,
paragraphe 3, j et k, rapport, assemblée annuelle, action ordinaire et
action privilégiée; l'article 192, assemblée
spéciale, l'article 195, vote des actionnaires; à l'article 197,
les paragraphes 1 et 2 traitent des livres de la compagnie, le nombre d'actions
et les versements acquittés, et l'article 196, les procurations. Comme
on le voit, il s'agit de plusieurs dispositions techniques qui doivent
s'appliquer et le gouvernement désire se donner le pouvoir d'ajouter ou
de retrancher ces dispositions. Alors ce sont toutes des dispositions
très techniques pour permettre la bonne gestion de la corporation
mutuelle de gestion.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: M. le Président, il y a des dispositions
là-dedans, la dernière disposition de l'article 21: "Le
gouvernement peut toutefois, par décret, exclure la corporation mutuelle
de gestion de l'application d'une disposition de la Loi sur les compagnies,
rendre une telle disposition applicable ou modifier la façon dont une
telle disposition s'applique à elle." C'est plutôt spécial.
On dit qu'il y a une loi; maintenant le gouvernement va pouvoir vous exclure de
la loi tant que vous allez vouloir. Vous allez pouvoir l'appliquer, ou pas
l'appliquer.
M. Fortier: On avait cette disposition dans la Loi sur les
caisses d'entraide économique et, l'an dernier, je dois vous dire que
lorsqu'on a eu à faire face à une situation particulière
on était bien heureux d'avoir ce pouvoir d'agir par décret, parce
que cela a permis de faire les ajustements qui n'avaient pas été
tout à fait planifiés pour les circonstances auxquelles on a fait
face. Il s'agit de dispositions techniques qui sont difficiles à
prévoir à ce moment-ci.
M. Garon: Vous comparez la situation de La Laurentienne à
celle des sociétés d'entraide économique, c'est un peu
différent, c'est même beaucoup différent. C'est une
disposition très spéciale, c'est un régime d'exception un
peu incroyable, au fond. Pourquoi ne donnez-vous pas cela à tout le
monde? Pourquoi, dans un projet de loi privé, actuellement, donner une
telle disposition à une entreprise? Là on dit c'est une loi
privée pour telle fin. Mais en même temps on lui met des gadgets
un peu partout. Moi je pense que le but de la loi ce n'est pas cela et ce n'est
pas normal de trouver une disposition comme celle-là dans une loi.
M. Fortier: Je comprends les préoccupations du
député de Lévis. On a tenté d'expliquer, et on l'a
dit, je pense qu'on ne s'en est pas caché, M. Castonguay l'a dit
très clairement, on innove. On ne s'en est pas caché, c'est
vous . qui dites cela, parfois, "on ne s'en cache pas". Donc, il est
assez difficile de prévoir toutes les dispositions techniques qui
seraient requises. Dans les circonstances, il faut quand même avoir un
moyen de pouvoir agir s'il s'avérait qu'une disposition ou l'autre
devait être retranchée ou ajoutée. J'ai fait état
des différentes dispositions des lois des compagnies et tout cela, et il
s'agit de dispositions plutôt techiniques, ce n'est pas cela qui va
changer les pouvoirs des mutualistes, ce n'est pas cela qui va changer les
dispositions des surplus, et tout cela. Il s'agit de dispositions techniques
qui concernent l'administration de la compagnie comme telle. Dans le temps, M.
Parizeau l'avait mis dans les cas de la loi touchant les caisses d'entraide
économique, et je dois vous dire que l'an dernier on a été
bien heureux d'avoir cette disposition parce que cela nous a permis de
faciliter une transaction qui autrement n'aurait pas pu être faite.
C'était avec Les Coopérants, justement, la transaction avec Les
Coopérants. Ici on aimerait que le gouvernement puisse agir par
décret également, pour pouvoir ajouter ou retrancher certaines
des dispositions techniques. On ne se cache pas pour dire qu'il s'agit d'une
corporation mutuelle de gestion et qu'il n'y en a pas beaucoup, c'est un animal
qui n'existe pas beaucoup au Canada, et donc il va falloir ajouter ou
retrancher à l'occasion, peut-être. Sans cela, on serait
peut-être un peu mal pris.
M. Garon: On parle de dispositions qu'on fait adopter à
minuit et demi...
M. Fortier: On peut attendre à minuit trente-cinq, si vous
voulez.
M. Garon: Non, je veux dire qu'il y a un autre cadre où on
peut avoir un débat plus large. Et je pense qu'à ce moment-ci il
serait bienvenu pour le ministre de retirer le deuxième alinéa.
Parce que c'est un débat... À la limite, on n'aurait pas besoin
de loi, au fond. Il s'agirait d'avoir un article pour dire que le gouvernement
organisera cela. Alors, s'il y a une loi, s'il y a un cadre, c'est un cadre qui
existe pour l'ensemble des citoyens. À ce moment-là, il s'agit de
venir...
M. Fortier: M. le député de Lévis, nos
experts, nos juristes, ont examiné les différents articles qui
s'appliquaient, et on croit qu'on a fait un bon choix. J'ose espérer que
M. Beaulieu a regardé les dispositions, également, et qu'il en
est satisfait.
M. Garon: Bien oui, c'est évident.
M. Fortier: Je dois vous dire, si cela peut être... Si le
député de Lévis croit que ce pouvoir que le gouvernement
veut se donner n'est pas requis à ce moment-ci ou qu'il le voit avec
difficulté, je suis prêt à faire motion pour le retrancher.
Mais à ce moment-là, s'il y avait des ajustements à faire,
la compagnie La Laurentienne devra revenir par projet de loi privé.
M. Beaulieu: Je crois que nous ne saurions insister, messieurs
les membres de la commission... Parce que nous avons affaire ici à une
nouveauté, nous allons, à mesure de l'utilisation de la
corporation mutuelle de gestion, expérimenter peut-être des
problèmes. Si un détail nécessitait un recours à
une loi privée pour ajouter un petit article, ce serait utile de l'avoir
par le truchement du décret.
M. Garon: Vous savez, M. le Président, que dans notre
système de droit les nouveautés sont
créées par les lois de l'Assemblée nationale.
Actuellement, je comprends, mais pourquoi La Laurentienne aurait cela et
qu'elle serait la seule à avoir cela, à toutes fins utiles, dans
toutes les compagnies qui fonctionnent au Québec?
M. Beaulieu: On a rappelé que si...
M. Garon: Parce que c'est une nouveauté, parce que c'est
un être sui generis dont on ne connaît pas complètement
l'évolution, il serait même souhaitable, au contraire, que cela
vienne en projet de loi privé devant l'Assemblée nationale pour
qu'on puisse voir comment évolue l'être hybride qui aura
été créé par cette loi.
M. Beaulieu: Remarquons bien qu'il ne s'agit que d'amendements
possibles à la Loi sur les compagnies. Donc, cela serait quelque chose
qui existe déjà dans la Loi sur les compagnies que l'on voudrait
ou ajouter ou exclure.
M. Garon: C'est parce que c'est une corporation...
M. Beaulieu: Cela restreint le champ d'action.
M. Garon: C'est une corporation mutuelle de gestion à
laquelle on applique de plus en plus le régime des compagnies.
M. Beaulieu: Mais il y a un précédent sur cela. En
1981, la Loi sur les sociétés d'entraide économique a
été adoptée avec une disposition analogue à
celle-ci. Par conséquent, il y a un précédent. Ce n'est
pas que...
M. Garon: Voulez-vous être régis par la Loi sur les
sociétés d'entraide?
M. Castonguay: Non.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, s'il vous
plaît.
M. Garon: Je suis convaincu que vous ne souhaitez pas cela.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, M. le
requérant.
M. Castonguay: II y a peut-être une autre dimension de
cette question à retenir. C'est que dans un an ou dans je ne sais pas
combien de mois il va y avoir un projet de loi sur les assurances, que le
ministre dit qu'il va déposer. À ce moment-là, la loi
générale couvrira notre situation, si je comprends bien la
façon dont les choses fonctionnent, comme dans le passé, alors
que toutes les compagnies qui avaient. des chartes particulières quand
la Loi sur les assurances a été généralisée
ont vu ses dispositions leur être appliquées de façon
générale. Dans un tel cas, est-ce que cela ne serait pas la
même chose? Lorsque le chapitre sur les transformations sera introduit,
les dispositions générales dans le chapitre vont s'appliquer
à nous. Il me semble que c'est la façon de voir les choses.
Alors, on parle donc d'une disposition qui pourrait peut-être servir
seulement pendant un an jusqu'au moment où vous adopterez la loi
générale. Entre-temps, cela peut peut-être nous
empêcher d'avoir des embêtements qui pourraient être
sérieux par mégarde.
M. Garon: D'abord, disons que, quand le ministre nous dit qu'il
doit faire quelque chose, cela peut être long. Il n'y a rien de plus long
que le temporaire en politique, je m'en suis aperçu. Alors, la loi sur
les caisses d'épargne et de crédit, cela fait longtemps qu'on
l'attend. Les intermédiaires...
M. Fortier: Un matin, on va l'avoir.
M. Garon: ...attendent. Deuxièmement, au contraire, je
pense que, s'il s'agit de quelque chose de mineur, les projets de loi
privés mineurs passent très rapidement normalement. S'il s'agit
de quelque chose de majeur, il serait normal d'aller devant l'Assemblée
nationale, parce que c'est un régime d'exception. Alors, on ne peut pas
dire dans une loi: On permet au gouvernement... C'est un peu comme une loi, il
n'y a pas longtemps, du ministre de l'Industrie et du Commerce qui, lui,
souhaitait pouvoir faire un règlement général
rétroactif. Son contentieux en arrière de lui avait l'air
d'accord. J'ai dit: Pensez-y et, dans 24 ou 48 heures, vous pourrez faire un
amendement à l'Assemblée nationale. Il y a eu un amendement parce
qu'il n'y aurait pas eu un tribunal qui aurait appliqué cela. Là,
on est en train de créer un régime d'exception pour une
entreprise. Ce n'est pas normal. Qu'on ait une loi générale,
qu'on change les règles du jeu, je suis parfaitement d'accord. Que le
ministre arrive avec sa loi, que l'Assemblée nationale l'adopte et la
loi s'appliquera à tout le monde, parfaitement, mais on dit: "Le
gouvernement peut toutefois, par décret, exclure la corporation mutuelle
de gestion de l'application d'une disposition de la Loi sur les compagnies...
ou modifier la façon dont une telle disposition s'applique à
elle." C'est dans le plus spécial. Si on disait seulement: "rendre une
telle disposition applicable", à ce moment-là, c'est quelque
chose d'ajouté. Mais je pense qu'actuellement cela vise à
créer un régime d'exception. Je pense qu'un régime
d'exception, pour un être qui n'a pas existé encore, qui n'existe,
comme l'a dit l'Inspecteur général des institutions
financières, nulle part au Québec, nulle part aux
États-Unis, nulle part en Amérique du Nord et sans doute nulle
part dans le monde... J'aimerais bien que l'Assemblée nationale qui va
le créer puisse le voir évoluer. Vous savez, au gouvernement,
pour ce genre de décret-là, il n'y a pas beaucoup de
discussions. Vous savez comment cela marche au gouvernement? Moi, je
sais comment cela marche. (0 h 30)
M. Fortier: II y a plusieurs décrets que vous n'avez pas
vus. Ha, ha, ha!
M. Garon: Non, non. Les décrets de cette nature, vous le
savez comme moi, ce n'est pas un mémoire, c'est un décret et
où cela se retrouve dans le livre du Conseil des ministres... Vous savez
qu'il n'y a habituellement même pas de discussions. C'est ceux qui vont
voir qui peuvent soulever un point. À toutes fins utiles, cela veut dire
que seul le ministre va faire la recommandation, à moins que quelqu'un
ne soit assez curieux pour aller le voir dans les cahiers de propositions
faites au Conseil des ministres. Il faut savoir comment cela marche.
Je ne pense pas que... Vous savez, on a déjà vu un
ministre, le 4 février 1986, dire qu'il avait levé 250 000 000 $
de taxes sans s'en rendre compte. Il ne faisait pas la distinction entre un
arrêté ministériel, sous la signature d'un ministre, une
décision du ministre, et un arrêté en conseil qui relevait
du Conseil des ministres. Il a dit en conférence de presse qu'il n'avait
pas fait la distinction. Sous sa signature, il a levé 250 000 000 $
d'impôt au Québec, les taxes sur le tabac, sur l'essence et sur la
bière. Le premier ministre est même allé en
conférence de presse pour dire: Qu'est-ce que c'est que ces
fonctionnaires qui lèvent 250 000 000 $ d'impôt un vendredi
à 16 heures? Le premier ministre est lui-même allé en
conférence de presse. J'écoutais ça dans mon bureau et je
n'en revenais pas. Pourquoi? Parce que le premier ministre lui-même ne le
savait pas et le ministre qui avait signé tout ça, le
député de Gatineau, n'avait aucune idée de ce qu'il
signait. Imaginez-vous quand vous arrivez dans des questions que le ministre
lui-même qualifie de questions techniques! Il s'agira, au fond... Le
ministre, en l'occurrence, est un ingénieur nucléaire. Il est
peut-être dans Tchernobyl...
M. Fortier: Ne parlez pas des ingénieurs, le
président de La Laurentienne est un ingénieur. Ha, ha, ha!
M. Garon: Je n'ai rien contre les ingénieurs. Ils peuvent
m'expliquer davantage les dangers de Tchernobyl. Ils peuvent essayer de les
justifier. Ils peuvent, d'ailleurs, beaucoup plus les justifier qu'expliquer
à la population les dangers de Tchernobyl.
Cela veut dire, au fond, que ce sont les gens d'une compagnie qui vont
parler avec un fonctionnaire qui décidera si, oui ou non, c'est bon, qui
fera une recommandation au ministre qui ne sera peut-être pas à
même d'évaluer la situation. Il faut savoir comment les
mécanismes fonctionnent au gouvernement. Je pense que ce n'est pas sain,
pas correct, surtout pour une nouvelle créature faite dans les
circonstances qu'on connaît.
M. Fortier: M. le député de Lévis...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: ...je ne suis pas tout à fait d'accord. Le
ministre qui vous parle lit tous les documents et les scrute à fond.
Mais, indépendamment de ça, j'aimerais demander à M.
Cas-tonguay - parce que le député de Lévis collabore bien
avec nous pour faire adopter le projet de loi - s'il insiste beaucoup pour
que...
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay.
M. Castonguay: Est-ce qu'on pourrait faire une suggestion? Me
Drolet me dit que repérer tous les articles qu'il a fallu introduire
dans l'article 21 a été assez complexe, et s'assurer que tous les
bons articles étaient là. Comme compromis, si on enlevait les
derniers membres de la phrase "ou modifier la façon dont une telle
disposition s'applique à elle"? Elle se lirait: "Le gouvernement peut
toutefois, par décret, exclure la corporation mutuelle de gestion de
l'application d'une disposition de la Loi sur les compagnies ou rendre une
disposition applicable." Là, il me semble que j'ai compris que ce qui
agaçait le plus, c'était de modifier l'application de
dispositions de la Loi sur les compagnies. Là, on dirait uniquement
qu'il peut y en avoir d'autres qui s'appliquent ou certaines qui ne
s'appliqueraient pas, mais pas d'histoire de modifier. Si on avait cela, cela
nous donnerait une protection malgré tout, pour qu'on ne se retrouve
pas, à un moment donné, dans une espèce de cul-de-sac.
M. Garon: Ma préoccupation actuelle est beaucoup plus de
protéger les gens en dehors de la compagnie. Je comprends que, pour
vous, comme dirigeant de compagnie, c'est d'avoir les règles qui font le
plus votre affaire, sauf que, comme personne qui contribue à la
législation, vous voulez aussi protéger les gens qui vont faire
affaire avec la compagnie.
M. Castonguay: Oui.
M. Garon: Vous savez, on a une loi actuellement sur les
ambulances. Vous devriez voir le nombre de ministres qui nous disent qu'ils ne
l'ont pas lue ou qu'ils n'étaient pas là quand elle a
été adoptée. C'est gentil, tout cela, mais vous seriez
surpris du nombre de ministres qui nous disent: Je n'étais pas là
quand cela a été adopté, ou qui n'ont pas eu le temps de
la lire alors que la loi est étudiée. Elle est
étudiée au Conseil des ministres, mais elle n'est pas
votée à l'Assemblée nationale parce que le nombre de
députés... Quand j'ai fini mon discours, l'autre jour, j'ai eu
des félicitations de la part des députés libéraux -
je ne suis pas habitué à cela - qui m'ont dit: C'est bon, ce que
tu as dit.
Pourquoi? Parce que l'Assemblée nationale est souvent un plus
grand gardien des droits du peuple, des droits des citoyens que le
gouvernement.
Deuxièmement, où c'est très important, c'est que La
Laurentienne est maintenant une grosse institution - pas comparable aux
japonaises, mais c'est quand même une grosse institution - et
l'Assemblée nationale doit aussi tenir compte qu'il y a des gens qui
vont faire affaire avec cette institution et qui doivent être
protégés, eux aussi, par rapport au fonctionnement. Alors, il ne
faut pas donner tous les droits aux entreprises. Il y a un cadre légal
qui est établi pour les entreprises. Ce cadre légal doit
s'appliquer à tout le monde. Si la Loi sur les compagnies n'est pas
bonne, changeons la Loi sur les compagnies.
Au fond, on dit qu'on va créer une corporation mutuelle de
gestion. On applique principalement un tas d'articles de la Loi sur les
compagnies et, de plus, on met une disposition comme celle-là. Il y a
déjà beaucoup d'articles qui sont là. J'aimerais savoir
à cette commission combien de personnes sont allées
vérifier chacun de ces articles. Physiquement, je vais vous dire une
chose: Cela a été déposé - et c'est cela, la
réalité de la vie - le 25 mars. Nous, on fonctionne de 10 heures
le matin... On commence le caucus à 9 h 15 et on en a jusqu'à
minuit. Moi, il y a des appels téléphoniques que je fais entre
minuit et une heure - je n'en ferai pas ce soir, semble-t-il - ...
Une voix: Malheureusement.
M. Garon: ...et, quelquefois, de très bonne heure le
matin. Habituellement, quand on étudie des lois comme celle-là
à la fin, c'est là qu'il se fait le plus d'erreurs parce que la
pression est trop forte. Le public nous téléphone et dit... Il y
a des gens qui m'ont téléphoné, vous n'avez pas
d'idée du nombre d'appels que j'ai reçus à propos de la
loi 31 de la part d'entrepreneurs. Je ne suis pas capable de les rappeler, je
ne peux pas être au téléphone et ici en même temps.
J'en ai beaucoup, d'appels téléphoniques de gens qui veulent me
dire ce qu'ils pensent et quoi faire par rapport à cela. Cela rentre,
les appels téléphoniques, c'est épouvantable! Les gens
veulent faire des représentations. On a un projet de loi majeur qui nous
est présenté à la fin de mai. On est rendu au 16 juin
depuis 40 minutes et on essaie de nous passer une affaire où c'est le
gouvernement qui va décider de l'application de la Loi sur les
compagnies à la corporation mutuelle de gestion. Je pense que c'est trop
gros et que le ministre devrait réaliser que ce n'est pas une chose
qu'on étudie cela le 16 juin. Sans doute que le gouvernement souhaite
l'ajournement de la session dans 48 heures, ou peut-être dans moins de 48
heures, mais cela ne se fait pas. Je pense qu'on devrait retirer le
deuxième alinéa.
M. Fortier: Je ne partage pas l'éclairage du
député de Lévis sur le fait que ces décrets passent
quasiment inaperçus. Je pense qu'il y a plusieurs moyens de
contrôle qui existent. Est-ce qu'on peut continuer et on reviendra
à cet article? Est-ce qu'on peut suspendre l'étude de cet
article, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre
l'étude de l'article 21 pour appeler l'article 22 du projet de loi qui
se lit comme suit: "La liquidation de Laurentienne vie..."
M. Garon: En attendant, pendant la suspension, est-ce qu'il y a
moyen qu'un de vos fonctionnaires...
M. Fortier: C'est cela que...
M. Garon: ...nous fasse la nomenclature de tous les articles de
l'article 21 au premier paragraphe et nous dise ce qu'ils signifient comme
application à la corporation mutuelle de gestion?
M. Fortier: J'en ai fait état, mais on pourra y revenir.
C'est pour cela que, si on peut disposer des autres, on reviendra
là-dessus, M. le député de Lévis. On va vous donner
toute l'information désirée.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 22: "La
liquidation de Laurentienne vie emporte liquidation de la corporation mutuelle
de gestion et vice versa." Est-ce que l'article 22 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 23: "La Loi sur la liquidation des compagnies (L.R.Q., chapitre L-4)
s'applique à la corporation mutuelle de gestion, en faisant les
adaptations nécessaires." Est-ce que l'article 23 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Un instant. Quelle est la différence de
régime - je voudrais poser la question à l'Inspecteur
général des institutions financières - entre la
liquidation des compagnies et la liquidation d'une compagnie mutuelle
d'assurance au plan de la liquidation des actifs?
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: C'est la même, M. le député,
parce qu'on réfère à la loi publique de liquidation d'une
compagnie solvable. Et ce qui est prévu dans la Loi sur les assurances,
on renvoie
à la loi sur la liquidation et, dans le cas des compagnies
d'assurances, on exige que le liquidateur fasse rapport à l'inspecteur
général et agisse sous son autorité.
M. Garon: Au point de vue de la répartition des
actifs.
M. Bouchard: Dans le cas des assurances, la Loi sur les
assurances prévoit comment la répartition se fait. On commence
d'abord par payer le détenteur de polices. On suit un ordre de
priorités dans la Loi sur les assurances. Dans la Loi sur les
compagnies, c'est la loi générale sur les compagnies qui
s'applique, c'est-à-dire qu'on paie les dettes et on paie ensuite le
résidu des détenteurs d'actions.
M. Garon: Vous dites ici: "La Loi sur la liquidation des
compagnies... s'applique à la corporation mutuelle de gestion, en
faisant les adaptations nécessaires." Qu'est-ce que cela veut dire "en
faisant les adaptations nécessaires"?
M. Bouchard: Cela veut dire que, dans le cas de la
corporation...
M. Garon: Parce que, là, il va y en avoir deux. Il va y
avoir des actionnaires...
M. Fortier: Là, on parle de la corporation mutuelle de
gestion. Il y a juste des mutualistes. C'est la propriété
collective du bloc d'actions qui est détenu dans La Laurentienne vie.
Alors, ce sont les mutualistes.
M. Garon: En vertu de l'article 22 qu'on vient d'adopter, les
deux vont se liquider en même temps.
M. Fortier: Oui, et...
M. Garon: Parce qu'on dit "La liquidation de Laurentienne...
M. Fortier: ...La Laurentienne vie...
M. Garon: ...vie emporte liquidation de la corporation mutuelle
de gestion - là, c'est marqué "getion", il manquerait un "s" - et
vice versa". Alors, cela veut dire, au fond, qu'à l'article 23 les deux
sont liquidées en même temps. À ce moment-là, la
répartition... Parce que vous avez dit que les actions sont
détenues par la corporation mutuelle de gestion.
M. Fortier: En ce qui concerne La Laurentienne vie, s'il y a
liquidation, c'est fait selon la Loi sur les assurances qui prévoit des
dispositions bien précises. Alors, ici, il s'agit de prévoir une
disposition pour la nouvelle corporation mutelle de gestion et on dit que c'est
la Loi sur la liquidation des compagnies qui s'applique. Maintenant, on dit "en
faisant les adaptations nécessaires" parce qu'il s'agit d'une
propriété collective en faveur des mutualistes. Et j'imagine que,
s'il y avait des dettes de contractées, il faudrait que ce soit pris en
considération dans la disposition des biens.
J'imagine que c'est évident. La raison pour laquelle il n'y a pas
d'article concernant La Laurentienne vie comme telle, c'est que c'est la Loi
sur les assurances qui s'applique et qui prévoit la liquidation dans de
tels cas. Ce n'est pas nécessaire de le dire. Cela existe
déjà dans la loi générale.
M. Garon: Mais cela veut dire que, s'il y avait une liquidation
de la compagnie, les actifs seraient pour la valeur des actions à la
corporation mutuelle de gestion. Comment se ferait la liquidation entre les
mutualistes?
M. Bouchard: Au prorata des mutualistes.
M. Garon: Au prorata. En nombre ou en valeurs assurées? (0
h 45)
M. Bouchard: En nombre parce que, dans les mutualités,
c'est comme dans une coopérative, un homme, un vote. Comme dans le cas
de liquidation d'une compagnie mutuelle.
M. Garon: Sous quelle disposition, une compagnie mutuelle
d'assurances?
M. Fortier: Chapitre XI de la Loi sur les assurances, articles
391 et 392. À l'article 391, on dit "La Loi sur la liquidation des
compagnies... s'applique". C'est ce qu'on vient de dire.
À l'article 392: "Sous réserve de la présente loi,
les dispositions des sections II et III de la Loi sur la liquidation des
compagnies s'appliquent à la liquidation d'une société
mutuelle et d'un fonds d'urgence. À cette fin..." On définit. "La
liquidation d'une société mutuelle peut être
décidée par le vote affirmatif des trois quarts des membres
présents". C'est l'article 373.
Il y a des dispositions ici. Ce que vous voulez savoir, c'est de quelle
façon est faite la répartition?
M. Garon: La disposition des avoirs, au fond.
M. Fortier: Ce qu'il voulait savoir, c'est... Alors, à
l'article 402, M. le député dé Lévis, on dit: "Les
avoirs qu'une corporation doit maintenir séparés de ses autres
biens ne sont disponibles que pour l'exécution des obligations de la
corporation qui doivent être supportées par ces avoirs... Ils
deviennent alors disponibles".
L'article 404: "Les créances suivantes sont, par
préférence aux autres créanciers, prioritaires dans
l'ordre suivant: a) les frais et honoraires de la liquidation; b) les salaires
et gages des employés de la corporation... c) les créances
fondées sur la réalisation, avant la date de la
liquidation, d'un risque pris en charge par la corporation; d) les
créances des assurés en recouvrement de la valeur de leurs
polices". Cela continue comme cela. Il y a tout un chapitre, une vingtaine
d'articles.
M. Garon: Actuellement, les dispositions n'indiquent pas si on
tient compte de la valeur des polices détenues. Il n'y a aucune
disposition là-dessus.
M. Fortier: Je ne crois pas. M. Garon: Les liquidations...
M. Fortier: La loi ne dit rien.
M. Garon: Elle ne dit pas que cela se fera autrement. Elle ne dit
rien. Je crois qu'aux États-Unis, par exemple, quand on a fait la
liquidation de la mutuelle, dans la disposition du surplus, on tient compte...
On dit ici "Each eligible policy holder's equity share, his prorata portion of
adjusted surplus has been determined based upon allocation formulas which take
into account, among other things, the number of eligible policy holders, the
type of policy held by each eligible policy holder, the amount of the policy,
the contribution by such type of policy, the statutary surplus of Union Mutual
as of December 31 st, 1984 and the... Pardon?
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous avez
raison dans le sens que la loi actuelle n'est pas aussi précise que les
dispositions auxquelles elle fait référence. J'imagine que,
lorsqu'on parlera des amendements à la Loi sur les assurances l'an
prochain ou cet automne, on devrait prévoir, sans égard au projet
de loi privé qui est là... Dans la loi générale des
assurances, lorsqu'on parle de liquidation, au chapitre XI, les
précisions auxquelles vous faites référence n'existent
pas. Vous avez raison de dire qu'elles devraient exister. Mais, dans le moment,
elles n'existent pas. Donc, dans un amendement futur à la Loi sur les
assurances, il faudrait probablement les prévoir. On en prend note et,
lorsqu'on apportera les amendements, on pourra le faire. Mais cela
n'enlève rien à ce qui existe présentement. S'il y avait
liquidation de la mutuelle d'assurance, cela se ferait selon la loi actuelle.
Il n'y a pas de précisions à cet égard.
M. Garon: II n'y a pas de précision dans la Loi sur les
assurances, sauf qu'ici vous établissez le régime des
compagnies.
M. Fortier: C'est la même chose. Ici, on parle de
liquidation de la mutuelle. On dit: "À cette fin, on entend par
"compagnie", dans ladite loi, une société mutuelle ou un fonds
d'assurance, par "actionnaire" un membre de la société mutuelle
ou un membre assuré par la corporation". On définit un membre
comme étant un actionnaire et mutatis mutandis, cela s'applique. M.
Garon: Bien oui.
M. Fortier: Ce que je voulais dire, donc, cela est défini.
Mais on ne donne pas de précision si la répartition doit se faire
selon la valeur des polices d'assurance ou des choses comme celle-là.
C'est parce que vous avez lu un texte. Cela n'est pas dans la... Mais j'avais
raison de dire qu'il y a des prévisions ici pour définir ce
qu'est un membre par rapport à un actionnaire. Donc, cela est
déjà prévu dans la loi comme telle.
M. Garon: Cela ne dit pas grand-chose. M. Fortier: Mais,
là, on ne peut pas... M. Garon: Bien, oui.
M. Fortier: On ne changera pas ce soir la loi
générale des assurances.
M. Garon: Non. Mais, actuellement, si La Laurentienne, mutuelle,
était liquidée, quel article serait appliqué pour la
disposition des surplus?
M. Fortier: C'est le chapitre XI, il y a une vingtaine d'articles
ici.
M. Garon: II n'y a pas d'article en particulier qui dirait
comment la liquider?
M. Fortier: C'est la précision que vous souhaiteriez voir.
Il y a beaucoup de dispositions dans la loi, mais la précision que vous
souhaiteriez voir n'est pas là et, donc, on en prend note.
M. Garon: Alors que, dans l'article 23, là, vous le dites.
Vous ne laissez pas la même latitude qu'il y a dans la Loi sur les
assurances actuellement. Où est l'article qui dit que c'est la Loi sur
les compagnies qui s'applique?
Une voix: Article 392.
M. Fortier: À l'article 392, on dit que les dispositions
des sections II et III de la Loi sur la liquidation des compagnies s'appliquent
à la liquidation d'une société mutuelle et d'un fonds
d'assurance. Et cela continue, on définit...
M. Garon: Sauf que vous enlevez le premier paragraphe à
l'article 392. Là, à Liquidation, le chapitre XI de la Loi sur
les assurances, à l'article 391, cela est correct. Il dit: "La Loi sur
la liquidation des compagnies (chapitre L-4) s'applique à la liquidation
de toute compagnie d'assurances constituée au Québec sous
réserve des dispositions du présent chapitre. " À
l'article 392, il est dit: Sous réserve de la présente loi, les
dispositions des sections II et III de la Loi sur la liquidation des compagnies
s'appliquent à
la liquidation d'une société mutuelle. Cela, "sous
réserve de la présente loi", vous ne l'indiquez plus dans
l'article 24.
M. Fortier: En liquidant La Laurentienne vie, il faut liquider en
même temps la corporation mutuelle de gestion. C'est l'article 22. La
Laurentienne vie sera liquidée selon l'empire du chapitre XI. On
s'entend? La Laurentienne vie comme telle.
M. Garon: On ne le dit pas.
M. Fortier: Oui, mais cela n'est pas nécessaire de le
dire, c'est une compagnie d'assurance. Elle est sujette à la Loi sur les
assurances, d'accord?
M. Garon: Ah, d'accord, oui. Mais ce sont les actionnaires.
M. Fortier: Alors, tout ce qui reste, c'est la corporation
mutuelle de gestion qui n'est pas une compagnie d'assurances, qui est un
holding de contrôle...
M. Garon: Oui, c'est correct.
M. Fortier: ...pour les fins... Et, à ce moment-là,
on dit tout simplement que la Loi sur la liquidation des compagnies s'applique
mutatis mutandis.
M. Garon: Oui, mais cela n'est pas marqué. Vous avez La
Laurentienne vie...
M. Fortier: Mais en faisant les adaptations
nécessaires.
M. Garon: ...à 100 % d'actions. Supposons qu'il y a 49 %
d'actionnaires ordinaires. Eux, la liquidation des compagnies, si vous le
voulez, c'est leur portion à eux. Qge ce soit la liquidation des
compagnies, je n'ai pas d'objection, c'est en fonction des actions. Mais la
corporation mutuelle de gestion, c'est ce que vous venez régler ici,
pour les 51 % qui sont à eux, est-ce que cela va aller par actions ou
est-ce que cela peut aller autrement?
M. Fortier: Non, il n'y a pas d'action. M. Garon: Bien,
cela va être réparti. M. Fortier: Si on liquide la
mutuelle... M. Garon: Les 51 % d'argent qu'ils ont... M. Fortier:
Oui, La Laurentienne vie...
M. Garon: ...vont aller dans la corporation mutuelle de
gestion.
M. Fortier: Non, ils vont recevoir de l'argent, eux. La
Laurentienne vie est liquidée.
M. Garon: Je sais bien, ils vont recevoir de l'argent,
mais...
M. Fortier: La Laurentienne vie est liquidée. Donc, si
elle est liquidée, il reste seulement du "cash" à la fin.
M. Garon: D'accord.
M. Fortier: Là, il y a 51 % du "cash" qui vont dans la
corporation mutuelle de gestion. On ne parle pas d'actions, ils vont recevoir
du "cash". Ils vont recevoir 51 % de la caisse.
M. Garon: Ils vont recevoir; "ils", c'est rien.
M. Fortier: Non, "ils", la corporation mutuelle de gestion.
À ce moment-là, vous parlez de la distribution parmi...
M. Garon: D'accord, je vais expliquer cela plus simplement que
cela. Il y a 100 actionnaires. La corporation mutuelle de gestion
détient 51 actions dans La Laurentienne vie et, pour 49 actions, ce sont
des actionnaires dans le public. Le "pot" est 100 000 $, supposons. Alors, cela
veut dire que les 49 actionnaires se partagent 49 000 $, 1 000 $ chacun, c'est
fini, terminé, pour la compagnie. Disons qu'ils restent nets.
Éliminons les dettes; il n'y a pas de dette. Les 51 % qui restent, sont
51 000 $ qui arrivent dans la corporation mutuelle de gestion. Maintenant,
c'est réparti comment entre les membres qui étaient des
assurés?
M. Fortier: Entre les membres.
M. Garon: Comment? Je comprends qu'ils vont recevoir de l'argent,
mais l'argent va être réparti comment?
M. Fortier: C'est cela, selon la Loi sur les compagnies, entre
les membres. Un membre, un vote.
M. Garon: Ah!
M. Fortier: Mais c'est cela, il n'y a pas plus de
précision. Vous voudriez avoir des précisions et ce que je vous
dis, c'est que, dans le moment, il n'y en a pas plus. Autrement dit, si on
procédait à la liquidation de La Laurentienne aujourd'hui, la
précision que vous demandez n'existe pas. Alors, cela n'existe pas.
M. Garon: N'existe pas? Est-ce qu'il y en a eu, des liquidations
de mutuelle, à ce jour?
M. Fortier: Bien, cela n'arrive pas tous les jours.
M. Garon: Je comprends. Excepté qu'ils ont
des comptes à rendre quand même. Ils vont établir
quelque chose. La loi ne dit pas quoi faire, mais ils vont proposer quelque
chose. Tandis que, là, vous l'établissez, le régime. Vous
dites: "La Loi sur la liquidation des compagnies... s'applique à la
corporation mutuelle de gestion, en faisant les adaptations
nécessaires," mais vous ne dites pas quoi. À mon avis, vous
devriez, si vous ne voulez pas en dire plus, en dire autant; il faudrait
référer au chapitre XI pour la corporation mutuelle de gestion,
pour que les liquidateurs aient la même latitude. Tandis qu'actuellement
avec toutes les dispositions que vous mettez ici, ils n'auront pas la
même latitude. Ils auront la latitude d'aller selon la liquidation des
compagnies. C'est ce que je veux dire.
M. Fortier: Je ne sais pas, je suis à court d'information.
Une compagnie, on la liquide, c'est tout.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Non?
M. Garon: N'essayez pas, là, cela ne donne rien. Moi, plus
l'heure passe, plus je deviens fort.
Le Président (M. Lemieux): Ah! moi, cela ne me...
Permettez-moi de vous dire que, pour moi, cela n'a pas d'influence non plus, M.
le député de Lévis.
M. Fortier: Voulez-vous un café?
Le Président (M. Lemieux): On est prêt, vous savez,
à se rendre aux petites heures du matin.
M. Garon: Bon.
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à dix heures
demain matin, période de questions.
M. Garon: Ce que je veux dire là, c'est qu'on devrait
avoir une disposition comme on en trouve dans 392. À mon avis, les
articles 391 et 392 devraient se retrouver là. Au lieu de dire "Sous
réserve des dispositions du présent chapitre", on pourrait dire:
Sous réserve des dispositions de la Loi sur les assurances, chapitre
XI". Après cela, à 24, commencer avec le premier paragraphe qu'il
y a dans 392. Là, on ne changerait rien dans les dispositions qui
existent actuellement par rapport aux mutualistes. Je pense que cela serait une
garantie importante.
M. Fortier: Non, mais vous l'avez M. le député de
Lévis, on me fait remarquer - et on ne l'a pas vu - parce que, dans 24,
le premier paragraphe... Vous parlez de l'article 392 et du paragraphe suivant,
mais 24, justement, reprend essentiellement ce paragraphe-là. On dit
dans l'article suivant, qu'on n'a pas encore abordé, là... Pour
l'application de la Loi sur les compagnies et de la Loi sur la liquidation des
compagnies, "compagnie" s'entend de la corporation mutuelle de gestion,
"actionnaire" s'entend d'un membre de la corporation mutuelle de gestion.
Alors, on reprend essentiellement le texte du haut.
M. Garon: Non, non, non. L'article 392 a un petit bout de phrase
qui veut tout dire. Il dit: Sous réserve de la présente loi".
Alors, la réserve de la présente loi, c'est la Loi sur les
assurances. Après cela, il dit: "les dispositions des sections II et III
de la Loi sur la liquidation des compagnies s'appliquent à la
liquidation d'une société mutuelle". C'est correct, on l'a dit;
mais on ne dit pas qu'elles s'appliquent sous réserve de la
présente loi. La présente loi, c'est le chapitre XI de la Loi sur
les assurances. À mon avis, on devrait maintenir le régime qu'il
y a là pour les mutualistes parce qu'autrement on établit un
nouveau régime de liquidation de compagnie. Alors, comme tous les
assurés passés et a venir vont se retrouver dans la corporation
mutuelle de gestion, ils ont contribué normalement à la richesse
de l'entreprise un peu dans la proportion des assurances qu'il y avait
là. Et on m'a même dit - je n'en ai pas fait la preuve - qu'aux
États-Unis on avait obligé à aller trois ans en
arrière. Les gens qui n'étaient plus assurés depuis trois
ans, je pense que ce sont les tribunaux qui ont demandé d'aller les
payer, ceux-là aussi, et de les mettre dans la liste parce que,
même s'ils n'étaient plus assurés, comme ils étaient
assurés trois ans auparavant - ils ont dit au moins trois ans auparavant
- ils ont contribué à la richesse de l'entreprise. Ils doivent
faire partie de la distribution. (1 heure)
M. Fortier: Éoutez-moi, M. le député de
Lévis, je pense à une précision que j'aimerais apporter,
c'est que ceux qui sont membres de la corporation mutuelle de gestion sont
assurés, par définition; ils sont des assurés parce qu'on
l'a dit tout à l'heure, j'ai posé la question.
M. Garon: Je sais cela.
M. Fortier: Non, mais écoutez, la précision que je
voudrais vous donner, c'est oui comme assurés ils vont
bénéficier de la liquidation de La Laurentienne vie comme
assurés, selon la Loi sur les assurances, comme assurés.
Autrement dit, ils vont recevoir un bénéfice de deux
façons. Ils vont recevoir un premier bénéfice en tant
qu'assurés provenant de la liquidation de La Laurentienne vie;
deuxièmement, comme un membre d'un holding qui, lui, n'est pas une
compagnie d'assurances, mais simplement un holding. Donc, ils vont
recevoir des bénéfices de deux façons, c'est cela qu'il
faut comprendre et l'addition des deux va être semblable aux dispositions
qui auraient lieu dans le moment.
C'est parce que cela répond, je pense, à une partie de la
question. Comme assurés, ils sont couverts par la Loi sur les assurances
en cas de liquidation de La Laurentienne vie; comme assurés, d'une
part.
M. Garon: Où cela? Dans quelle disposition?
M. Fortier: On a dit tout à l'heure que les membres de la
corporation mutuelle de gestion étaient des assurés. S'ils sont
assurés et qu'on liquide La Laurentienne vie, donc, ils vont recevoir
des fruits de la disposition de La Laurentienne vie, d'une part, et, d'autre
part, ils sont membres d'une corporation mutuelle de gestion et, là, il
va y avoir d'autres bénéfices. Alors, les dispositions auxquelles
vous faisiez allusion...
M. Garon: Ce n'est pas évident, cela. M. Fortier:
Bien oui, c'est évident.
M. Garon: Pourquoi l'avez-vous enlevé, à l'article
24? C'est là dans la loi: "Sous réserve de la présente
loi"; pourquoi ne pas avoir marqué: "sous réserve de la Loi sur
les assurances"? Ce n'est pas marqué, nulle part.
M. Fortier: M. l'inspecteur va faire des commentaires.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Dans le cas des assurances, de la liquidation, le
détenteur de police a une créance en plus d'avoir un droit de
propriété comme mutualiste; il détient une police. Quand
on met fin à cette compagnie-là, il faut que la compagnie
d'assurances s'assure qu'il soit indemnisé comme un créancier
potentiel de cette compagnie-là, et c'est la Loi sur les assurances qui
va le dédommager là-dessus. L'ordre de collocation, vous l'avez
à l'article 404.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: On suit l'ordre de collocation qui est prévu
exactement pour le détenteur de police. S'il n'y avait pas de
corporation mutuelle de gestion, ensuite vous auriez le solde qui est
distribué parmi les détenteurs de polices. Mais là, comme
vous avez affaire à une compagnie à capital-actions, c'est la Loi
sur la liquidation des compagnies qui s'applique et le solde après
paiement des créances va être distribué aux
détenteurs de polices. Comment? Suivant la loi des liquidations,
c'est-à-dire le nombre de parts que vous avez parce que dans la loi des
compagnies à capital-actions c'est comme cela.
M. Garon: Bien oui, je comprends.
M. Bouchard: Rendu au niveau de la corporation mutuelle de
gestion, on dit: La Loi sur les compagnies s'applique, parce qu'il n'y a pas
d'autre loi de liquidation de compagnies solvables et on dit: "en faisant les
adaptations nécessaires", c'est-à-dire que, dans le cas d'une
corporation mutuelle de gestion, i! n'y a pas de capital-actions dans la
corporation mutuelle de gestion, n'ayant pas de capital-actions, l'article 24
vient compléter en disant: "actionnaire" s'entend d'un membre". Donc,
dans la Loi sur la liquidation des compagnies, partout où on rencontre
le mot "actionnaire", on va remplacer par "membre" et, au lieu de dire qu'il
distribue au prorata des actions, on va distribuer, selon la loi de
liquidation, au prorata des membres. C'est cela qu'on va faire.
M. Garon: Oui, je le sais. C'est cela que j'ai compris aussi,
sauf que je pense que vous établissez un régime qui ne tient pas
compte du fait que c'est une mutuelle, d'aucune façon, et vous
réglez cela d'une façon définitive par les articles 23 et
24. Tandis que, dans le cas qui est ici, qui est présent... Les droits
des assurés, j'ai compris cela, l'article 404, c'est évident,
cela, sauf que les avoirs vont être répartis comment? Moi, ce que
je dis, il faut laisser des dispositions qui vont faire que cela ne change pas,
d'aucune façon, la situation des assurés qui sont membres de la
corporation mutuelle de gestion. À mon avis, il faut se
référer au chapitre XI qui tient compte des
sociétés mutuelles ou des assurés qui sont membres, dans
ce cas-ci, de la corporation mutuelle de gestion. Cela ne coûte pas cher.
Il n'y a à peu près aucune chance qu'il y ait des liquidations,
mais cela maintient quand même un cadre qui était le cadre des
mutualistes, puis qui est supposé se retrouver, à moins que cela
ne veuille plus rien dire... La corporation mutuelle de gestion, cela ne veut
plus rien dire. Arrêtons de tromper le monde puis enlevons le mot
"mutuelle" de là. Si c'est un holding point, puis que cela n'a aucune
référence à des mutualistes et à la
mutualité, mettez vos culottes et enlevez cela. Cela n'a pas de bon
sens. Ou on laisse le cadre de la mutualité dans le partage de la
liquidation; autrement, cela n'a pas de sens.
Je ne vous demande pas de changer quoi que ce soit, je vous demande de
laisser les dispositions qui s'appliquent actuellement, point. Parce que,
autrement, si on change le régime, on le change, tandis que, si on le
laisse tel quel, au moins on va dire: Le législateur n'a pas voulu
changer la répartition des actifs lors des liquidations de la
corporation mutuelle de gestion. Je pense qu'on devrait les laisser dans la
même situation où ils sont, autrement, il n'y a plus
rien de mutuel là-dedans. Cela aiderait, en tout cas...
M. Fortier: On comprend votre intention. On va regarder la...
M. Garon: Autrement, on tranche. Ils disent: Je le sais, ce que
je...
M. Fortier: On comprend votre intention, mais on ne croit pas que
ce soit la façon de le faire. On va vérifier la Loi sur la
liquidation des compagnies.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Le problème n'est pas
là.
M. Fortier: II y a des dispositions.
M. Garon: Non, mais c'est déjà écrit.
Écoutez bien. Sacrifice, pourtant c'est simple! L'article 391 de la Loi
sur les assurances: "La Loi sur la liquidation des compagnies (chapitre L-4)
s'applique à la liquidation de toute compagnie d'assurance
constituée au Québec sous réserve des dispositions du
présent chapitre." Quand vous continuez à lire 392: "Sous
réserve de la présente loi, les dispositions des sections II et
III de la Loi sur la liquidation des compagnies (chapitre L-4) s'appliquent
à la liquidation d'une société mutuelle". Alors,
là, on a dit: On ne sait pas comment cela va se faire, la
répartition, on n'a pas eu de liquidation et la loi ne dit rien, sauf
que, si on laisse cela tel quel, on a des chances que, lors de la liquidation
qui va être présentée pour acceptation, on tienne compte de
la valeur des polices et d'un certain nombre de facteurs qui
procéderaient davantage d'une compagnie mutuelle que d'une compagnie
à actions.
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, est-ce que vous
avez demandé la parole?
M. Castonguay: Je ne sais pas si cela peut aider, mais je fais
juste remarquer qu'à l'article 392 nous ne sommes pas une
société mutuelle, nous sommes une mutuelle d'assurance. C'est
différent d'une société mutuelle. Nous sommes une
compagnie mutuelle d'assurance, selon la loi, et une société
mutuelle, c'est un autre animal. On n'est pas cela.
M. Garon: Sauf le régime qui s'applique à vous
comme mutuelle d'assurance. Les dispositions du chapitre XI de la Loi sur les
assurances, c'est ce qui s'applique à vous.
M. Castonguay: L'article 391, d'accord. Oui, oui.
M. Garon: C'est pour cela que je dis: Maintenons ces dispositions
pour la corporation mutuelle de gestion.
M. Castonguay: On a remis un petit texte et je pense que les gens
sont en train de discuter avec l'inspecteur général. Je ne sais
pas si cela pourrait aider.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, nous allons suspendre l'article 23 et nous allons passer à
l'article 24. Les articles 23 et 24 vont ensemble. Nous pouvons suspendre les
articles 23 et 24 et appeler l'article 25.
M. le député de Lévis - un instant; M. l'inspecteur
général, est-ce que vous êtes prêt - nous revenons
à l'article 23.
M. Bouchard: À l'article 23. On avait dit tout à
l'heure pourquoi il fallait une référence spéciale pour la
corporation mutuelle de gestion à la Loi sur la liquidation des
compagnies. Pourquoi? Parce que c'est la loi générale de
liquidation. Le chapitre XI de la Loi sur les assurances ne peut pas
s'appliquer à la Loi sur les corporations mutuelles de gestion, c'est
expressément prévu à l'article 392 que cela ne s'applique
que pour les liquidations d'une société mutuelle et d'un fonds
d'assurances. Alors, lorsqu'on vient pour liquider une corporation mutuelle de
gestion qui est composée d'individus qui détiennent des droits
indivis dans une corporation qui va détenir la compagnie d'assurance, il
faut appliquer la loi générale de liquidation. Si vous vous
référez, M. le député, même à la Loi
sur les coopératives - ce ne peut pas être plus coopératif
qu'une coopérative - dans cette loi, on réfère
nommément à la Loi sur liquidation des compagnies.
M. Fortier: En cas de liquidation.
M. Bouchard: En cas de liquidation, aux chapitres II et III.
Parce que cela prend le cadre corporatif pour la liquidation. C'est dans cette
loi générale.
M. Garon: Vous pourriez rajouter d'une façon plus simple
à l'article 392 que la Loi sur la liquidation des compagnies s'applique,
sous réserve de la présente loi, aux Sociétés
mutuelles et aux corporations mutuelles de gestion.
M. Bouchard: M. le député, c'est que la Loi sur les
assurances s'applique à une compagnie d'assurances.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: On ne peut pas appliquer à la corporation
mutuelle de gestion le mode de liquidation d'une compagnie d'assurances. On ne
le peut pas. Quand on liquide une compagnie d'assurances, c'est un mode pour
une compagnie d'assurances, quand on liquide une autre corporation on prend le
mode général de la corporation, qui est la Loi sur la liquidation
des compagnies.
M. Garon: Sauf qu'on a bien dit que les membres de la corporation
mutuelle seraient tous les assurés passés et futurs. Alors, on se
retrouve exactement dans le cas, à ce point de vue, des actionnaires de
la corporation mutuelle de gestion, de la même nature, au fond, que dans
une compagnie mutuelle d'assurances. Vous êtes d'accord ou vous
n'êtes pas d'accord?
M. Bouchard: Parfaitement d'accord pour les fins de droit de
propriété. (1 h 15)
M. Garon: Bon, à ce moment-là, pourquoi voulez-vous
leur appliquer un régime de liquidation autre que celui d'une compagnie
mutuelle d'assurances? Là, je ne comprends plus. Vous avez
créé un cadre pour la corporation mutuelle de gestion, qui est un
cadre... Et, d'ailleurs, beaucoup de gens me parlent de cela et je me rends
compte que cela réfère à la disposition des surplus, sauf
qu'il n'y a pas démutualisation, c'est-à-dire il n'y a pas
démutualisation, entendons-nous, il n'y a pas liquidation, si on veut,
de la compagnie mutuelle d'assurances. Il n'y a pas liquidation totale. Sauf
que vous créez un régime qui generis qui n'existe nulle part au
monde. Au moins, si éventuellement il y a liquidation de cette
corporation mutuelle de gestion, gardez-lui le caractère de liquidation
dans une perspective mutuelle, d'autant plus que tous les assurés sont
membres de la corporation mutuelle de gestion. Les 49 % d'actionnaires iront se
liquider selon la Loi sur les compagnies et les 51 % - si c'est 51 % - qui vont
à la corporation mutuelle de gestion iront dans la corporation mutuelle
de gestion, mais la répartition entre eux devrait se faire selon les
règles d'une compagnie mutuelle d'assurances. On aurait alors un
régime un peu plus cohérent qu'il ne l'est actuellement. Il n'est
pas cohérent votre...
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, vous avez
demandé la parole?
M. Castonguay: Je pense que cela compliquerait les choses, ce que
j'étais pour dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: M. le député, reprenons l'ordre de
collocation. Si vous dites que la Loi sur les assurances s'applique, cela veut
dire qu'il faut appliquer à la liquidation de la corporation mutuelle de
gestion le chapitre XI.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Comment pourrait-on liquider la co'rporation
mutuelle de gestion suivant l'ordre de collocation à l'article 404? J'ai
à 4O4.d: "les créances des assurés en recouvrement de la
valeur de leurs polices". Il n'y a pas de police dans la corporation mutuelle
de gestion. Ils auront déjà été payés
lorsqu'on aura liquidé la première compagnie.
M. Garon: Je suis d'accord avec vous, mais vous avez
ajouté vous-mêmes à l'article 23 "en faisant les
adaptations nécessaires". C'en est une.
M. Bouchard: Non, parce que la loi sur les liquidations
s'applique à la loi sur les compagnies à capital-actions. Donc,
cela s'appelle liquidation des compagnies, cela ne s'appelle pas liquidation
des corporations. Il n'y en a pas de Loi sur la liquidation des corporations
dans la province de Québec, cela n'existe pas. La seule loi qui existe,
c'est la Loi sur la liquidation des compagnies.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Dans la corporation mutuelle de gestion, il n'y a
pas d'actions. Cela veut dire que, dans la Loi sur la liquidation des
compagnies, partout où on rencontre actionnaire, on va remplacer cela
par membre. Partout où il est dit que cela se fait au prorata des
actions, il va falloir dire au prorata des membres. C'est ce que cela veut dire
"en faisant les adaptations nécessaires", pas autre chose que cela.
C'est tout.
M. Garon: Vous considérez qu'aux États-Unis, quand
ils ont tenu compte des détenteurs de polices et du montant des polices
qu'ils avaient, cela n'avait pas de bon sens?
M. Bouchard: Je n'ai pas dit cela, au contraire. Le ministre a
dit tout à l'heure que la loi était défaillante, et c'est
vrai. La preuve que la loi est défaillante, c'est que, lorsque l'an
dernier, on a modifié la Loi sur les assurances pour créer le
nouveau régime d'assurance-responsabilité pour les
professionnels, l'article 404.1 a été ajouté. Lisez-le
l'article 404.1, c'est exactement ce qui est prévu dans la
législation américaine mutatis mutandis.
M. Garon: L'article 104.1, c'est quoi?
M. Bouchard: L'article 404.1: "Les membres assurés par une
corporation professionnelle au cours de l'une des trois années..."
M. Garon: De quelle loi?
M. Bouchard: La Loi sur les assurances.
M. Fortier: On a modifié la Loi sur les assurances;
peut-être que vous ne l'avez pas dans la loi générale. On a
ajouté certains articles pour prévoir la possibilité pour
les corporations professionnelles de s'auto-assurer. On a ajouté cet
article qui justement prévoit le genre de
choses auxquelles vous faisiez allusion tout à l'heure, et c'est
ce que l'inspecteur est en train de lire.
M. Garon: Lisez-le donc pour voir.
M. Bouchard: "Les membres assurés par une corporation
professionnelle au cours de l'une des trois années
précédant le commencement de la liquidation de son fonds
d'assurance se partagent, au prorata des sommes qu'ils ont versées au
cours de ces années, tout solde disponible au fonds d'assurance, une
fois ses obligations acquittées."
M. Fortier: C'est pour les corporations professionnelles, cela ne
touche pas à autre chose. L'an dernier, quand on a voté cela, on
a voté la question des corporations professionnelles
séparément du reste.
M. Garon: C'est ça, l'affaire.
M. Bouchard: C'est exactement ce qu'on fait ici, M. le
député. Prenons l'article 23. Cela veut dire qu'en faisant les
adaptations nécessaires, tout ce qui nous manque ici, ce sont les trois
années antérieures. Vous prenez la corporation mutuelle de
gestion telle qu'elle est et cela sera partagé au prorata de leurs
intérêts, donc au prorata des indivivdus. Les sommes
versées, ils n'ont pas versé de sommes.
M. Garon: Au prorata des individus et au prorata de leurs
intérêts, ce n'est pas la même chose.
M. Bouchard: II n'y a pas de sommes qui ont été
versées par les membres dans la corporation mutuelle de gestion.
M. Garon: Vous venez de dire quelque chose. Quand même, les
mots veulent dire quelque chose. Vous avez dit: au prorata des individus et au
prorata de leurs intérêts. Soutenez-vous que les
intérêts et les individus, cela s'équivaut?
M. Bélisle: Ils ont été mis dans l'autre en
fonction d'un intérêt.
M. Garon: Bien non!
M. Bélisle: Oui.
M. Garon: Non.
M. Bélisle: Oui.
M. Garon: Non. Le montant d'assurance...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Si vous avez remarqué, je ne suis pas
intervenu, ce sont seulement des avocats qui parlent.
M. Garon: Je vais vous poser une question. Une voix: Envoyez
donc!
M. Garon: Vous avez dans les assurés la corporation
mutuelle de gestion. Un assuré, lui, qui a pour 1 000 000 $ d'assurance
et l'autre qui a pour 50 000 $ d'assurance vont-ils recevoir le même
montant, selon les dispositions que vous avez ici?
M. Bouchard: Je vais vous répondre par une autre question.
Le même assuré, lorsqu'il s'en va à l'assemblée
annuelle de la compagnie mutuelle, celui qui a 1 000 000 $ d'assurance a-t-il 1
000 000 de votes? Il a un vote comme l'autre.
M. Garon: II a un vote.
M. Bouchard: C'est le même principe.
M. Garon: Oui, sauf que, quand il y a des ristournes ou des
choses dans une...
M. Bouchard: Ah non! Cela dépend s'il a une police participante
ou pas. Cela n'a rien à voir avec le montant d'assurance.
M. Garon: Non, non. Dans presque n'importe quel organisme
coopératif, on tient compte de l'achalandage que vous apportez à
l'entreprise, à la coopérative. Bien oui!
M. Bouchard: D'une cooopérative, d'accord, mais on ne
parle pas de coopérative, on parle d'une compagnie d'assurances.
M. Garon: La mutualité, c'est un principe
coopératif, au fond.
M. Fortier: On peut prendre le vote parce que, là, je
pense que...
Le Président (M. Lemieux): M. Castonguay, oui.
M. Castonguay: Je pourrais au moins faire un commentaire et voir
cela d'un autre point de vue. On a 125 000 000 $ de surplus, on n'est pas
à la veille de liquider...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: C'est ce que je pensais.
M. Castonguay: Le ministre dit que, l'année prochaine, il
reviendrait après avoir examiné la question parce qu'il y a une
certaine clarification à apporter. Alors, il n'y aura pas de
problèmes dans l'immédiat.
M. Garon: M. Castonguay, voulez-vous dire que...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: ...si le ministre aboutit à une loi...
Mme Blackburn: Oui, c'est cela.
M. Garon: ...sur la démutualisation des assurances, vous
ne demanderez pas de garder vos droits acquis et d'avoir quelque clause
spéciale pour préserver cette loi?
M. Castonguay: Sur la liquidation, vraiment, on n'a pas
l'intention de liquider la compagnie, on veut la garder...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Non, non, je suis convaincu de cela.
M. Castonguay: On veut la garder en marche.
M. Garon: Je suis convaincu de cela, sauf que, quand on
établit un système, un régime, on parle, par exemple,
d'une corporation mutuelle de gestion. À un moment donné, on va
dire: Qu'est-ce c'est, cette bête-là? Alors, on va regarder le
paquet de dispositions qu'il y a ici pour voir ce qu'on a voulu créer,
et la façon dont la liquidation va se faire va compter pour
déterminer quel est cet animal qui a été
créé par cette loi. Tout va compter pour dire: On a voulu
créer un être de telle nature. Je prétends que les articles
23 et 24 déterminent d'une façon certaine qu'on ne faisait plus
référence d'aucune façon à la mutualité et
que c'est un nom abusif que d'appeler cela une corporation mutuelle de gestion,
que le mot "mutuelle" ne veut plus rien dire. Je suis convaincu de cela.
Qu'est-ce qu'il y a de mutuel là-dedans maintenant?
M. Fortier: II ne faudrait pas reprendre tout le
débat.
Mme Blackburn: Non, adopté.
M. Garon: Non, non, attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que...
M. Fortier: M. le Président, je pense qu'on a eu un bon
débat. J'ai consulté l'inspecteur...
Le Président (M. Lemieux): II lui reste une minute sur
cela.
M. Fortier: ...les juristes de l'inspecteur, l'avocat-conseil de
La Laurentienne...
Le Président (M. Lemieux): Je ne peux pas... Je vous donne
votre temps de parole.
M. Garon: Si j'applique le règlement, M. le
Président, on ajourne. Alors, si vous voulez...
Le Président (M. Lemieux): Pardon, on ajourne? Pour quelle
raison, M. le député de Lévis?
M. Garon: Parce qu'il est 1 h 30, 1 h 25.
Le Président (M. Lemieux): Mais on n'a pas raison
d'ajourner. La commission a donné son consentement.
M. Garon: Non, non, non.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. En vertu de
l'article... Moi, je me souviens. En vertu de l'article 144, il n'y a pas eu de
limite de temps de donné au consentement et j'ai fait vérifier
auprès du secrétaire général tout à l'heure.
Je peux poursuivre les travaux, à moins que la commission ne rende une
décision dérogatoire, conformément à l'article
165.
M. Fortier: De toute façon, M. le député
de
Lévis...
Le Président (M. Lemieux): Je vous laisse votre temps,
vous avez votre temps de parole. Je vous le laisse, votre temps de parole,
c'est à vous, allez-y!
M. Fortier: M. le député de Lévis, on a
discuté honnêtement du sujet...
Le Président (M. Lemieux): Moi, je suis prêt
à faire cela jusqu'à 10 heures demain matin.
M. Fortier: ...et ce n'est pas parce qu'on ne veut pas
écouter ce que vous dites, mais on essaie de comprendre. Les discussions
que nous avons, les avis de nos juristes, les avis de l'inspecteur
général, et je pense que M. Beaulieu opine dans le même
sens, nous disent que les propositions que vous mettez de l'avant ne sont pas
tout à fait conformes à la loi et aux dispositions qu'on veut
mettre de l'avant. Ce n'est pas parce qu'on veut être méchants,
c'est tout simplement qu'on croit que vous n'avez pas raison. Votons tout
simplement. On n'essaie pas de se convaincre les uns les autres si on... Ce
n'est pas parce qu'on n'a pas tenté de comprendre votre point de vue.
J'ai essayé, l'inspecteur a essayé, le juriste qui travaille pour
l'inspecteur a essayé. Écoutez, on n'est pas...
M. Bélisle: Même moi.
Le Président (M. Lemieux): Même le
député de Mille-Îles a essayé. Il n'est pas mauvais
à l'occasion.
M. Fortier: On ne fait pas ça pour essayer de ne pas
collaborer. On veut collaborer, mais que voulez-vous que je vous dise, c'est
là qu'on en est rendu.
Le Président (M. Lemieux): Moi, M. le député
de Lévis, je vous laisse votre temps de parole.
M. Garon: Je dois vous dire que votre expérience en droit
coopératif est assez limitée.
M. Fortier: Là, je n'essaierai pas de dénigrer qui
que se soit.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Non, un instant! M. le
député de Lévis n'a pas encore donné son
accord.
M. Garon: Je vais demander un vote enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vote
enregistré.
J'appelle l'article 23, M. le secrétaire. Vote
enregistré.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Fortier
(Outremont)?
M. Fortier: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Adopté.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Abstention.
Des voix: Ah! Bravo!
Une voix: C'est bien, ça!
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Cinq pour; un contre; une abstention.
Le Président (M. Lemieux): Alors, l'article 23 est
adopté.
J'appelle l'article 24 du projet de loi: "Pour l'application de la Loi
sur les compagnies et de la Loi sur la liquidation des compagnies, "compagnie"
s'entend de la corporation mutuelle de gestion, "actionnaire" s'entend d'un
membre de la corporation mutuelle de gestion et lorsqu'une disposition de ces
lois réfère à une proportion déterminée en
valeur du capital-actions d'une compagnie, cette disposition s'entend du nombre
de membres correspondant à la proportion déterminée en
valeur."
M. Fortier: C'est le pendant de la discussion qu'on vient d'avoir
et l'explication nécessaire pour appliquer l'article 23.
Une voix: Vote enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré, M. le
député de Lévis?
M. Fortier: Le même vote enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Je pense que M. le
député de Lévis n'a pas terminé de le lire.
Mme Blackburn: Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 24 est
adopté?
M. Garon: Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
L'article 24 est adopté sur division. J'appelle l'article 25: "Les
dépenses inhérentes au fonctionnement de la corporation mutuelle
de gestion peuvent être assumées par Laurentienne vie."
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Bien oui, mais...
Mme Blackburn: Pourquoi...
Le Président (M. Lemieux): Un instant!
M. Fortier: C'est pour le bénéfice... Cela ne
change absolument rien parce que si l'on dit que, dans un cas de liquidation,
les profits éventuels... Cela va être à l'avantage des
mutualistes parce que les dépenses seront assumées.
M. Garon: Oui, je comprends, mais vous savez qu'il y a un vieux
principe énoncé dans ce Parlement selon lequel celui qui paie,
c'est celui qui mène.
M. Fortier: Oui, mais là, c'est "peuvent être".
"Peuvent", ce n'est pas une obligation.
M. Garon: Oui, oui, je comprends, mais je vais vous dire une
affaire. On va arrêter de se conter des histoires. La compagnie
corporation mutuelle de gestion aura-t-elle de l'argent ou non?
M. Fortier: Tout à l'heure, M. Castonguay...
Mme Blackburn: C'est juste fictif.
M. Garon: Est-ce juste un "front"...
M. Fortier: Non, non.
M. Garon: ...ou va-t-elle avoir de l'argent?
M. Fortier: M. Castonguay a répondu tout à
l'heure...
M. Garon: Si elle a de l'argent, pourquoi n'assumerait-elle pas
ses dépenses?
M. Fortier: M. Castonguay a indiqué tout à l'heure
que les dividendes seraient probablement payés en actions. Il se peut
que la corporation mutuelle de gestion soit très riche, mais en papier,
en actions.
Le Président (M. Lemieux): M. le requérant, M.
Castonguay, s'il vous plaît.
M. Castonguay: Le problème, c'est de démarrer la
corporation mutuelle de gestion. Au début, elle n'aura rien. Elle va
recevoir du papier et il peut y avoir un certain nombre de dépenses
à assumer. C'est pour ça qu'il est dit "peuvent être
assumées". En plus, il faut se rappeler que cette corporation n'est pas
une compagnie opérante qui vend des contrats d'assurance. C'est
simplement au plan juridique, pour la représentation des assurés,
des membres qui viendront voter. Alors, il n'y aura pas de dépenses
énormes, mais après le démarrage, elle va assumer ses
propres dépenses.
M. Garon: Je pense plutôt que La Lauren-tienne pourrait
être aussi généreuse à l'endroit de sa corporation
mutuelle de gestion qu'envers ses employés-cadres auxquels elle fait des
prêts sans intérêt pour se prévaloir d'un plan
d'achat d'actions. Elle pourrait lui prêter de l'argent sans
intérêt au début pour fonctionner en attendant que les
fonds entrent. Comme il n'y aura pas beaucoup d'opérations, j'imagine
que cela ne coûtera pas une fortune, sauf que mettre dans une disposition
que les dépenses de la corporation mutuelle de gestion qui est
supposée être le holding seront assumées par celle qu'elle
est supposée diriger, cela fait drôle. (1 h 30)
M. Castonguay: On me signale, M. le député, qu'en
droit corporatif la fille n'est pas censée faire de prêt à
la mère et que ce serait un mauvais principe que de demander à La
Laurentienne vie de faire des prêts à son actionnaire
principal.
M. Garon: Est-ce qu'elle peut se faire entretenir par la
mère?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Parla fille.
M. Garon: Non, par la fille.
M. Castonguay: On dit qu'au départ la fille va payer ses
dépenses de démarrage.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 25 est
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
J'appelle l'article 26: "La présente loi remplace la Loi
concernant Les Prévoyants du Canada et La Laurentienne, compagnie
mutuelle d'assurance (1981, chapitre 49)." Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): L'article 26 est adopté
sur division. Avant d'adopter l'article 27, nous allons revenir à
l'article 21 qui avait été suspendu. Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Garon: Je demande tout simplement au ministre de rayer le
deuxième paragraphe. Je pense qu'on a été de bon comprte,
mais je vais vous dire une chose, on n'exclura pas et on n'a pas à
exclure des dispositions d'une loi générale sur les compagnies.
On a fait assez d'exceptions, à mon avis, qu'il faut au moins que les
lois s'appliquent. Dans le premier paragraphe, il y a assez de dispositions qui
s'appliquent. Il me semble qu'il faut être raisonnable.
M. Fortier: D'ailleurs, j'ai tenté d'être
raisonnable tout au long de la soirée, M. le Président.
J'aimerais maintenant que l'inspecteur nous résume encore une fois
toutes les dispositions. Je crois que le député de Lévis a
posé cette question tout à l'heure. Moi, je dois vous dire que,
personnellement, je sais qu'un travail a été fait entre les
avocats de l'inspecteur et les avocats de La Laurentienne pour tenter de
cerner tous les articles qui devraient s'appliquer. Ce qui
m'embête, c'est que La Laurentienne désire fortement garder cela.
Personnellement, je serais plutôt enclin à dire: Est-ce qu'on
préfère l'enlever? Mais je comprends le désir de La
Laurentienne de garder une certaine flexibilité d'opération si
jamais il y avait un problème, le cas échéant.
Peut-être que l'inspecteur peut nous rappeler ces dispositions pour bien
comprendre qu'il n'y aura rien là-dedans qui fera que des mutualistes
seront brimés dans leurs droits. Si vous voulez tenter, M.
l'inspecteur...
M. Bouchard: En gros, l'article 21 donne le cadre organique de la
nouvelle corporation de gestion. On applique, d'une part, le régime
général. C'est la partie II de la Loi sur les compagnies parce
qu'il s'agit d'une corporation créée par une loi. Mais on
complète la partie II de la Loi sur les compagnies par des dispositions
nouvelles de la partie IA de la Loi sur les compagnies et ce sont, par exemple,
l'article 88, le paragraphe 3 de l'article 89 et les articles 89.1 à
89.4 qui permettent la renonciation à l'avis de convocation, la
participation à des assemblées par téléphone, des
résolutions écrites, et ainsi de suite. Ensuite, on dit que les
dispositions de la partie II s'appliquent et on exclut de la partie II ce qui
ne peut pas s'appliquer à la corporation mutuelle de gestion et qui se
réfère particulièremenet aux dispositions de
capital-actions parce que la corporation mutuelle de gestion n'a pas de
capital-actions. C'est le cas, par exemple, comme le ministre l'a dit tout
à l'heure, de l'article 126 qui dit qu'on n'a pas besoin d'un article
d'interprétation. L'annulation de charte inactive, on n'en a pas besoin
parce que la corporation existe. À l'article 136.1, c'est le genre
d'identification permise. Aux articles 139 à 141, la
responsabilité des actionnaires; il n'y a pas d'actionnaires, cela ne
peut donc pas s'appliquer. Les articles 143 à 168 et 171 à 181,
toute une section qui porte sur les actions, les dividendes et les
responsabilités des administrateurs...
M. Fortier: Cela ne joue pas.
M. Bouchard: ...cela ne s'applique pas. À l'article
182.3°, vacances comblées par les actionnaires; cela ne s'applique
pas, il n'y a pas d'actionnaires. À l'article 185, paragraphe 2, a et b,
les règlements sur la répartition des actions; il n'y a pas
d'actions, cela ne peut pas s'appliquer, le paiement de dividendes ne peut
s'appliquer. Les articles 187 à 190 concernent la responsabilité
des administrateurs et les convocations d'assemblées. Comme on a pris
les dispositions les plus intéressantes de la partie IA, on n'en a pas
besoin dans la partie II de la Loi sur les compagnies. À l'article 191,
paragraphes j et k, l'assemblée annuelle des actionnaires et des
actionnaires privilégiés; il n'y en a pas cela ne peut donc pas
s'appliquer. Les articles 192, 193 et 195, le vote des actionnaires, cela ne
s'applique pas. L'article 197, paragraphes c, d et le paragraphe 2, les livres
que les compagnies doivent tenir, la répartition des actions, le nombre
d'actions, et ainsi de suite, cela ne s'applique pas, et l'article 196, la
procuration, il n'y a pas de procuration dans ce cas-là parce que c'est
prévu.
M. Fortier: Comme on peut le voir, ce sont des dispositions
d'administration courante qui n'auront pas un impact... Ce qu'on a tenté
de couvrir, c'est tout ce qui devrait s'appliquer ou ne pas s'appliquer dans
des détails techniques. Je ne vois pas le gros problème qui
pourrait être créé par de petites modifications sur des
alinéas.
M. Garon: Personne ne nous dit qu'elles vont être
petites.
M. Fortier: Je ne sais pas si le député de
Mille-Îles... As-tu une opinion là-dessus?
M. Garon: Personne ne le dit: "Le gouvernement peut toutefois,
par décret, exclure la corporation mutuelle de gestion de l'application
d'une disposition de la Loi sur les compagnies, rendre une telle modification
applicable ou modifier la façon dont une telle disposition s'applique
à elle." Cela se fait par loi, cela ne se fait pas par
décret.
M. Fortier: J'aimerais demander à La Laurentienne qui a
écouté nos délibérations là-dessus, encore
une fois, une dernière fois, quel est son sentiment à ce
sujet-là, parce que l'amendement que vous avez suggéré
tout à l'heure, M. Castonguay, est tellement mineur que, tant
qu'à le garder, on le garde tel qu'il est là ou on
l'enlève complètement. Alors, une dernière fois, quel est
votre sentiment sur cette disposition-là?
M. Castonguay: Évidemment, on préférerait le
garder parce que, quand la loi ne nous permet pas de faire une chose qui serait
souhaitable, désirable pour le bon fonctionnement de la compagnie,
ça peut être assez embêtant à l'occasion, et je pense
que c'était dans ce but-là que cela avait été
placé là. Qu'est-ce que vous voulez, si...
Mme Blackburn: C'était l'amendement de M. Castonguay?
M. Fortier: Écoutez, M. le Président, M. le
député de Lévis...
M. Castonguay: Cela peut aussi être utile au gouvernement
dans l'application de la loi. Si vous découvrez qu'il y a quelque chose
qui devrait s'appliquer et qui ne s'applique pas, cela peut servir deux fins.
Ce n'est pas juste de notre côté que cela peut jouer. Cela
pourrait peut-être, à
un moment donné, être utilisé...
M. Fortier: M. le Président, je serais plutôt
enclin, à ce moment-ci, à conserver cette disposition-là.
Je pense que le député de Lévis n'est pas de notre
opinion.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous un vote
enregistré?
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous un vote
enregistré sur l'article 21?
M. Garon: Non, non, il y a un principe de droit. Les lois, on les
enlève ou on les rajoute par décret, cela ne marche pas comme
ça, ce n'est pas cela la règle. Je pense que demain matin M.
Castonguay va pouvoir faire une conférence de presse comme M. Bemier et
dire: Le gouvernement met en place ce que je décide. C'est au
gouvernement à décider ces questions-là. C'est au
gouvernement à décider, par exemple...
M. Fortier: C'est ce qu'on dit ici: Le gouvernement va
décider par décret.
M. Garon: Bien oui, mais vous demandez l'opinion de M.
Castonguay. C'est évident qu'il va vous dire: Si je peux soustraire tout
cela, je n'ai pas de problème, cela va faire mon affaire, et si
c'était par résolution plutôt que par décret ce
serait encore mieux. Sauf que c'est au gouvernement à garder un
régime pour l'ensemble de ses citoyens qui se ressemble. Autrement,
est-ce que chaque compagnie va avoir une disposition comme cela?
Le Président (M. Lemieux): C'est le caractère
privé qui vous Inquiète, M. le député de
Lévis?
Mme Blackburn: C'est l'exclusion.
M. Garon: Les lois... La Loi sur les compagnies...
M. Fortier: Non, mais on peut ajouter...
M. Garon: ...c'est une loi à caractère public, ce
n'est pas une loi privée. Et là, dans une loi privée, on
est en train de donner le pouvoir au gouvernement d'exclure des parties de la
loi publique, ou d'en ajouter, ou de les modifier, ou de faire ce qu'on voudra
avec cela. Je ne connais pas d'endroit où cela existe comme ça et
je trouve que ce n'est pas normal de faire ça dans une loi
privée, dans une loi qui a été présentée en
retard, à 1 h 40 du matin. Je trouve que ce n'est pas normal. Et
là vous savez qu'actuellement je trouve que... Qu'il y ait un
débat! Si vous voulez faire un régime comme cela pour l'ensemble
des compagnies qui vont relever de ces lois-là, l'Assemblée
nationale décidera, mais on ne peut pas faire cela dans un cadre comme
celui-là, cela m'apparaît évident, et je ne vois pas
pourquoi on peut dire... Ce n'est pas normal.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, excusez-moi. Selon la règle de l'alternance, M. le
député de Mille-Îles.
M. Garon: La règle de l'alternance, oui.
M. Bélisle: Vous pouvez y aller, madame, je...
M. Garon: Non, allez-y!
M. Bélisle: C'est parce que je voulais suggérer une
possibilité.
Mme Blackburn: Allez-y!
M. Bélisle: Moi aussi, je suis chatouilleux sur cet aspect
comme le député de Lévis. Remarquez que j'ai fait rire mes
collègues parce que j'étais sûr que vous étiez pour
le soulever. Je vous pratique tellement souvent depuis deux ans et demi que je
vous connais maintenant dans vos moindres détails.
M. Garon: Je suis un homme de principe.
M. Bélisle: Vous êtes conséquent avec les
positions que vous avez prises dans le passé dans de nombreux projets de
loi depuis le 2 décembre 1985. Cela est une chose qu'on ne peut vous
enlever d'aucune façon.
M. Garon: ...tellement peu aujourd'hui, un homme de principe.
M. Bélisle: Que voulez-vous? Je vous rends hommage ce
soir, M. le député de Lévis. Mais cette disposition qui
est très spéciale, l'exclusion, ce qu'on voudrait plutôt
faire, M. le député de Lévis, c'est peut-être de la
limiter dans le temps parce que c'est vraiment un projet de loi dans lequel on
innove; on était tous d'accord tantôt qu'on innovait, que
c'était une nouvelle bête, un nouvel animal hybride. Vous savez
très bien, comme on sait très bien, qu'on ne connaît pas
les conséquences de l'application de certaines dispositions à
cause de la forme spéciale et de la nature corporative de la nouvelle
entité. Et aussi c'est de donner certains avis à certaines
personnes qui vont être concernées par les modifications. Les
avis, ce sont pour les mutualistes, les gens qui font partie du bloc de la
corporation mutuelle de gestion.
Moi, je vois deux possibilités pour amoindrir
le coût de l'exclusion qui vous chatouille et qui me chatouille un
peu. Premièrement, de la limiter dans le temps pour éviter qu'ils
reviennent au cours de la prochaine année nous voir pour des corrections
mineures et, deuxièmement, une publication d'un préavis qui va
donner avis aux mutualistes, parce que ce sont eux que vous voulez
protéger dans cela. Ce n'est pas de revenir faire votre "job" devant la
commission, vous avez d'autres choses à faire, j'ai l'impression.
M. Garon: Je calcule qu'il n'y a plus de mutualistes dans
cela.
M. Bélisle: Moi, je verrais une disposition dans laquelle
on pourrait se mettre deux blocs de réserve et, dans le temps, qu'on
mette un délai de six mois, qu'on mette un délai de huit ou neuf
mois. "Dans un délai de neuf mois à compter de la mise en vigueur
de la présente loi, le gouvernement peut toutefois, par
décret..." À la fin du paragraphe, on pourrait ajouter
"après publication d'un préavis à cet effet dans La
Gazette officielle du Québec". Vous auriez plus de protection que ce
que vous avez présentement. Ce serait limité dans le temps,
circonscrit dans le temps et cela réglerait notre problème, je
pense. Moi, je serais d'accord avec cela. Je vous lance cela comme ça.
Je vois M. Castonguay qui hoche de la tête dans un esprit de compromis
pour en arriver à éliminer le principe général.
Cela vaut ce que cela vaut, comme d'habitude.
M. Garon: Ce n'est pas mieux dans le temps.
M. Bélisle: Bien oui. Vous ne voulez pas avoir le principe
général pour les dix prochaines années. Je vous donne
raison sur cela.
M. Garon: Non, moi, c'est que le principe général
d'exclure par décret l'application des lois, je trouve que cela n'est
pas normal.
Le Président (M. Lemieux): C'est simplement cela, M. le
député de Mille-Îles.
M. Garon: Ce n'est pas normal. Modifier la façon dont une
disposition s'applique à elle, ce n'est pas normal non plus. Et rendre
une telle disposition applicable, cela a l'air moins pire mais on ne sait pas
ce que cela va donner.
M. Bélisle: C'est justement. M. Garon: Alors,
c'est...
Le Président (M. Lemieux): Si l'on vous donne le
préavis, M. le député de Lévis...
M. Bélisle: C'est ce que je viens de lui dire. Avec un
préavis, c'est quoi le problème là?
M. Garon: Ce n'est pas cela, c'est que...
Le Président (M. Lemieux): Si un préavis est
donné, il va y avoir une connaissance du public.
M. Garon: C'est un principe qui n'a pas de bon sens. C'est de
rendre applicables des lois publiques par décret à une
corporation en particulier. On choisit un régime, on le prend, ce n'est
plus cela, là. On fait un être hybride et en plus on se dit: Bien,
le gouvernement nous exclura, pourra nous exclure, modifier, etc. Sachant dans
quelles conditions cela va se faire, ce n'est pas normal. Je pense que, si on
prend un régime, on le prend ou on ne le prend pas.
M. Bélisle: Je ne comprends pas, M. le
député de Lévis...
M. Garon: Je sais ce que c'est au fond. Savez-vous ce que
c'est?
M. Bélisle: C'est que vous n'êtes pas logique dans
votre affaire.
M. Garon: Non, je connais cela. M. Bélisle: Non,
non, non.
M. Garon: Des lois privées, ce sont souvent des lois
négociées.
M. Bélisle: M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Tout le long de la soirée, le
député de Lévis a été d'une logique
implacable en reconnaissant que c'était un projet de loi innovateur, une
forme hybride, le nouvel animal dont on ne connaît pas les agissements...
Non, mais c'est ce que vous avez dit toute la soirée et vous avez raison
dans ce que vous avez dit. Mais soyez encore logique un pas de plus. Faites le
dernier pas. Mettez une modification par laquelle vous allez pouvoir corriger
rapidement.
M. Garon: ...demeurer comme cela.
Une voix: Demeurer conséquent.
M. Bélisle: Demeurer conséquent avec
soi-même.
M. Garon: Non, c'est le ministre qui a dit cela.
M. Bélisle: Je vous ai encensé tantôt en vous
disant que vous étiez d'une logique à toute épreuve.
Là, vous ne voulez pas suivre la conséquence de votre logique.
Alors, je ne comprends plus rien.
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Je n'ai pas dit
cela.
M. Fortier: Cela va mal.
M. Garon: Non, non, non. Ce que j'ai dit, c'est essentiellement
que ce n'est pas la façon de procéder pour établir un
régime comme celui-là.
M. Bélisle: Je ne vous dis pas que c'est la façon
de procéder.
M. Garon: Je vous dis qu'essentiellement la façon de
procéder, cela devrait être par une loi publique, mais cela prend
un courage politique et cela prend quelqu'un qui veut travailler pour le faire.
C'est beaucoup plus facile de procéder cas par cas dans des lois
négociées. (1 h 45)
M. Fortier: M. le député de Lévis.
M. Garon: Au contraire, dans les régimes
démocratiques, on ne procède pas de cette façon-là.
On procède par des lois publiques qui s'appliquent à l'ensemble
des citoyens et on ne procède pas par lois négociées avec
chacune des compagnies. Ce n'est pas normal.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Garon: Quand on voit des lois négociées, on se
retrouve avec des régimes particuliers à chaque entreprise.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de...
M. Garon: Cela n'est pas le régime normal dans un
régime qu'on appelle "the rule of law".
Le Président (M. Lemieux): Sur cela, on est d'accord. M.
le député de Lévis. M. le ministre.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, c'est possible, souvent,
quand les entreprises sont plus grosses... Cela négocie mieux.
Habituellement, quand les entreprises... On peut dire que, si, en face de nous,
au lieu d'avoir une grande entreprise, il y avait une petite entreprise, cela
ferait longtemps qu'on serait parti. Cela, vous le savez autant que moi puis
cela n'est pas normal, parce que tout le monde est supposé être
égal devant la loi. Il y a un vieux principe de droit qui dit que tout
le monde est égal devant la loi. Mais, la, actuellement, tout le monde
n'est pas égal devant la loi, avec la disposition qu'on veut appliquer
uniquement à une entreprise au Québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Ce que j'ai retenu de l'intervention du
député de Lévis, c'est qu'il disait, tout à
l'heure, qu'un tel décret n'est pas examiné par beaucoup de
monde, que cela passe inaperçu. Je pense que le député de
Mille-Îles suggérait qu'il y ait publication, avec un avis.
M. Bélisle: Au moins une prépublication.
M. Fortier: J'avais une proposition à faire, c'est que,
justement, pour que cela soit visible, que cela soit public et que les
mutualistes puissent en prendre connaissance et donner leur avis s'ils ne sont
pas d'accord, on pourrait ajouter, après la disposition prévue
à l'article 21, qu'avant d'adopter un tel décret le gouvernement
doit donner un avis de 45 jours dans La Gazette officielle du Québec.
Alors, là, c'est ce qu'il y a de plus public, parution dans La
Gazette officielle du Québec. Si quelqu'un n'est pas d'accord, il
vient nous le dire.
Une voix: Tout le monde lit cela.
M. Garon: C'est la lecture préférée des
gens, quand ils arrivent de l'ouvrage, le soir à 17 heures, avant de
prendre leur souper.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Voyons donc! Un peu comme les annonces dans les
quotidiens.
M. Fortier: Bien, je retire mon amendement. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Fortier: Est-ce qu'on peut passer au vote?
M. Garon: Non, non, je vous demande, là... M. Fortier:
Non, non, mais écoutez!
M. Garon: Écoutez, si vous voulez tout avoir, vous n'aurez
rien, finalement. Parce que, quand on veut tout avoir, souvent c'est ce qui
arrive. À ce moment-ci, vous n'êtes pas dans une position pour
tout avoir. Comprenez-vous? Moi, je vous dis que mon rôle, à cette
heure, est de protéger les individus et de ne pas essayer
d'établir de régimes spéciaux à 2 heures du matin.
Voyez-vous, combien pensez-vous qu'il y a de gens sur le perroquet, là,
dans la salle des journalistes? Il n'y en a pas un. Ils sont partis se coucher
depuis longtemps, hein!
Des voix: Tout le monde...
M. Garon: Actuellement, l'Assemblée nationale est
fermée. Tout le monde est fermé. Là, on veut
établir un régime spécial pour une entreprise qui est
grosse et qui, normalement, devrait être assujettie aux mêmes
règles que les autres. Mais, si on veut le faire, qu'on le fasse dans
une loi publique, dans un débat à l'Assemblée nationale,
mais pas dans un bill privé, qui arrive
comme cela, en fin de session.
M. Fortier: M. le député de Lévis, on est
rendu à l'avant-dernier article à être approuvé.
Vous avez dit, depuis le début... Ce que vous venez de dire, vous l'avez
dit au début. Je sais, vous avez insisté là-dessus; on
aurait dû avoir la loi publique. Moi aussi je pense la même chose
mais quelquefois, dans la vie... Des institutions financières...
M. Garon: Vous avez...
M. Fortier: ...comme La Laurentienne, on n'en a pas 50...
Mme Blackburn: Mais, qu'est-ce que vous...?
M. Fortier: ...on en a une et, quand même vous diriez qu'il
faudrait que tout le monde au Québec fasse comme cela... J'aimerais bien
cela qu'on en ait 25 comme La Laurentienne mais on n'en a pas 25, on en a une.
Il y a d'autres compagnies semblables ou différentes mais. Je crois que
mon intention n'était pas, ici, de favoriser des amis. Je m'entends bien
avec M. Castonguay mais il s'agit, ici, de favoriser une institution
financière qui cherche à se capitaliser davantage pour assurer le
développement économique du Québec sans brimer les droits
des mutualistes et sans brimer les droits de ceux qui détiennent les
polices d'assurance. Je pense qu'on travaille dans ce sens-là et il n'y
a personne qui essaie de "fourrer" personne, là. On essaie de
travailler, je le pense bien, pour le bien du Québec et pour le
développement économique du Québec. Alors, c'est dans ce
sens-là que j'ai travaillé et, quand même... Alors,
j'accepte ce que vous dites. Il aurait fallu, de préférence,
qu'il y ait un projet de loi public. Alors, je l'ai dit moi aussi, mais
là on a commencé l'étude du projet de loi puis on est
rendu à l'avant-dernier article. Je dois admettre que la corporation
mutuelle de gestion est un nouvel animal et qu'on ne sait pas trop si on aura
besoin de faire de petits ajustements. Je crois que les articles qui sont
couverts ici sont de nature technique, qu'ils peuvent avoir certains impacts,
mais je ne crois pas que cela aura des impacts énormes, d'après
la lecture qu'on en a faite, sur les droits des mutualistes; ce sont
plutôt des règles administratives de gestion.
Dans ce sens-là, je crois que vos appréhensions
dépassent nettement la mesure, alors que la nature même du projet
de loi, bien sûr, est très spécifique et assez
exceptionnelle.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Monsieur... Mme la
députée... M. le député de Lévis, toujours
sur votre droit de parole. Il vous reste environ une minute et quarante
secondes.
M. Garon: Vous savez, là, vous forcez fort mais vous avez
besoin du consentement d'ici la fin et, moi, je vais vous dire une chose, quand
on force trop un moment donné cela casse et, là, à ce
moment-ci, vous êtes en train de vous établir un régime
juridique qui n'est pas un régime normal. Je vous dis, à ce
moment-ci, vous ne pouvez pas mettre une disposition comme cela.
M. Fortier: M. le député de Lévis, pourquoi
faire des menaces de part et d'autre?
M. Garon: Ce ne sont pas des menaces.
M. Fortier: Tout le monde a travaillé autour de la table
ce soir, gentiment. Il y en a parmi nous qui auraient voulu que cela aille plus
vite mais c'est allé lentement et il n'y a personne qui a essayé
de "bulldozer" personne.
M. Garon: Bien, voyons donc.
Une voix: Sûrement pas le président.
M. Garon: Vous n'aviez qu'à proposer cela en temps utile
d'abord, avant le 15 mai, vous auriez commencé d'abord à
être plus correct. On n'est pas dans une reprise d'instance où une
compagnie est obligée de faire son rapport parce que le notaire est
mort. On n'est pas dans ce cadre-là. On est dans le cadre d'une
entreprise qui touche 165 000 mutualistes et, quand on dit: protéger les
droits des mutualistes, cela fait longtemps qu'ils sont disparus les droits des
mutualistes dans ce projet de loi. Bien, il n'y en a plus. Alors, ne nous
trompons pas.
M. Fortier: Moi, je propose le vote, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi avait demandé la parole.
Mme Blackburn: M. le Président, bien que je n'aie
peut-être pas la même ténacité que le
député de Lévis, je comprends quand même ses
raisons. Je trouve qu'on peut difficilement admettre qu'on puisse autoriser au
préalable que le gouvernement puisse par décret exclure la
corporation de l'application. Je trouve cela fort. Je suis assez d'accord avec
mon collègue là-dessus. J'aurais le goût de demander
à monsieur - peut-être qu'il l'a dit au moment où
j'étais absente - mais est-ce que vous y tenez jusqu'à 5 heures
du matin à cette disposition ou si...
M. Castonguay: On ne le sait pas. Si elle est là c'est
pour essayer d'éviter des difficultés qui pourraient surgir et
qui pourraient nous embêter considérablement. Maintenant, ce n'est
pas plus que cela, on n'a pas d'idée précise mais on sait fort
bien qu'on est, comme on l'a dit,
dans quelque chose de nouveau et qu'il peut surgir une
difficulté, à un moment donné, identifiée aussi
bien par nous que par le gouvernement. Maintenant, écoutez, moi, je ne
veux pas prolonger et sembler avoir l'air déraisonnable. Si la
commission juge qu'il faut que ce paragraphe-là, saute, bien on va
essayer de vivre avec cela. On n'a, en aucun moment, imposé nos vues au
gouvernement. Comme il a été dit tantôt, le projet qui est
ici, dans ses dispositions, était compris dans le document qui a
été publié par le ministre, et c'est cela que l'on a comme
régime. On n'a pas un régime de faveur. Alors, je ne sais pas ce
qu'on peut dire de plus.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je partage l'avis, je vous
l'ai dit tout à l'heure, de mon collègue de biffer que le
gouvernement puisse par décret exclure la corporation mutuelle de
gestion de l'application d'une disposition de la Loi sur les compagnies, ou
encore de modifier la façon dont elle pourrait s'appliquer; je trouve
cela fort un peu. Alors, je proposerais l'amendement suivant...
Le Président (M. Lemieux): C'est ce à quoi je
m'attendais, oui.
Mme Blackburn: Remplacer le deuxième alinéa par le
suivant: "Le gouvernement peut toutefois..."
Le Président (M. Lemieux): Lentement, s'il vous
plaît, Mme la députée de Chicoutimi, pour qu'on puisse
l'écrire. Ah vous l'avez écrit! Cela va.
Mme Blackburn: Oui. "Le gouvernement peut toutefois, par
décret, rendre rapplicable à la corporation mutuelle de gestion
une disposition de la Loi sur les compagnies." Évidemment, la
modification et l'exclusion sont enlevées.
M. Fortier: C'est parce que dans l'article 21 on a soustrait
certains articles et on pourra... Il y a des articles qu'on a soustraits et il
y a des articles qu'on n'a pas rajoutés.
M. Castonguay: Ce serait déjà cela, on se sentirait
déjà un petit peu plus confortable si on gardait au moins la
possibilité de rendre une disposition applicable et d'enlever la partie
exclure.
Mme Blackburn: Exclure et modifier.
M. Fortier: Pour votre information, on l'a dit tout à
l'heure, mais M. Parizeau avait mis une disposition semblable dans la Loi sur
les caisses d'entraide économique en 1981. Étant donné
qu'il y avait un revirement assez complet, c'était difficile de
prévoir tout ce qui pouvait arriver. Alors, on avait une disposition
exactement semblable à cela. On pouvait enlever, ajouter, soustraire. On
a une disposition tout à fait semblable. Mais, si M. Castonguay me dit
qu'il peut vivre avec cela, cela va me faire plaisir de le faire. Je ne
prévois pas de gros problèmes.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît, c'est assez important, parce qu'il s'agit
de l'amendement proposé par Mme la députée de Chicoutimi,
l'alinéa...
M. Garon: Je l'ai entendu.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Oui, mais je ne veux
pas courir de risque, M. le député de Lévis. Le paragraphe
2 de l'article 21 serait modifié. Le paragraphe 2 actuel se lit comme
suit: "Le gouvernement peut toutefois, par décret, exclure la
corporation mutuelle de gestion de l'application d'une disposition de la Loi
sur les compagnies, rendre une telle disposition applicable ou modifier la
façon dont une telle disposition s'applique à elle." Ce
deuxième alinéa sera remplacé et amendé par le
suivant, sur proposition de Mme la députée de Chicoutimi: "Le
gouvernement peut toutefois, par décret, rendre applicable à la
corporation mutuelle de gestion une disposition de la Loi sur les compagnies."
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Garon: Vote enregistré. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré.
M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Abstention.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Abstention.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Pour.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Je suis bien tenté de dire abstention,
mais je vais dire pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Pour.
Le Secrétaire: Six pour, deux abstentions.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc
adopté. Est-ce que l'article 21 tel qu'amendé est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 21 tel
qu'amendé étant adopté, j'appelle l'article 27 du projet
de loi qui se lit comme suit: "La présente loi entre en vigueur à
la date fixée par le gouvernement, sur recommandation favorable de
l'Inspecteur général des institutions financières." Est-ce
que l'article 27 est adopté?
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, c'est la première fois
que je vois une loi qui entre en vigueur sur recommandation favorable d'un
fonctionnaire. Je n'ai jamais vu cela jusqu'à maintenant, quel que soit
le niveau du fonctionnaire; on pourrait dire un sous-ministre. Je n'ai jamais
vu: La présente loi entre en vigueur à la date fixée par
le gouvernement, sur recommandation du sous-ministre ou d'un directeur
général ou d'un directeur de service. Je n'ai jamais vu cela.
Je comprends le ministre. M. Bernier, des caisses populaires, a dit: On
lui dit quoi faire et il le fait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Pour une disposition, si c'est le gouvernement qui
décide, il demande à M. Castonguay: Voulez-vous? Qu'on dise: la
mise en vigueur se fait sur recommandation favorable de l'Inspecteur
général des institutions financières, j'ai dit: C'est dans
le fort. Alors, je vais présenter un amendement pour mettre un
équilibre dans les choses, qui se lirait de la façon suivante:
L'article 27 du projet de loi 206 est modifié par l'addition, à
la fin, des mots "et après que celui-ci a été entendu par
la commission parlementaire du budget et de l'administration". On serait dans
le normal, on ferait un équilibre entre les choses, parce qu'il n'est
pas normal que ce soit un fonctionnaire qui dise au gouvernement de faire
entrer en vigueur une loi. Je n'ai jamais vu cela et je trouve que cela n'a pas
de bon sens. C'est pourquoi je présente un amendement.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Le député de Lévis a
oublié que c'est son chef qui a créé le poste d'Inspecteur
général des institutions financières du Québec,
c'est lui qui administre toutes les lois et qui fait la recommandation pour la
création de nouvelles compagnies en particulier. Il est bien clair qu'il
est tout à fait normal que, malgré les surprises que peut
évoquer le député de Lévis, l'inspecteur ait une
autorité plus grande qu'un sous-ministre et, de fait, il ne
relève pas du ministre comme tel. (2 heures)
Votre chef, M. Parizeau, a fait adopter en 1982 une loi qui fait en
sorte que l'Inspecteur général des institutions
financières est autonome vis-à-vis du pouvoir politique et je
crois que c'est une très bonne chose. Si nous avons cette disposition
ici, c'est justement qu'il y a un rapport d'experts qui devra être
agréé par l'Inspecteur général des institutions
financières et c'est lui qui devra dire si oui ou non le rapport
d'experts satisfait aux exigences de la loi que nous venons de voter. En
conséquence, M. le Président, ma recommandation serait de
défaire cet amendement et de s'en tenir à la disposition de la
loi telle qu'elle est là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: La première question est de savoir si
l'amendement est recevable.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevable,
effectivement. L'amendement est recevable.
M. Bélisle: Non, ce n'est pas une question de
procédure, c'est quand même important.
Le Président (M. Lemieux): C'est une question de fond.
M. Garon: Je pense que c'est une disposition... On va parler de
l'amendement. Vous l'avez déclaré recevable.
Le Président (M. Lemieux): Oui, il est recevable, il ne
contredit pas du tout le principe de l'article 27, du tout, du tout. Il est
recevable.
M. Garon: Alors, M. le Président, on assiste pour la
première fois à une démutualisation au Québec. Je
pense qu'actuellement, dans le cadre de la loi, on ne sait pas comment les
valeurs vont être établies, on ne sait pas comment cela va
fonctionner et il est important à ce moment-là que la commission
parlementaire ait un mot à
dire là-dedans. Ce ne peut pas être seulement sur
recommandation de l'Inspecteur général des institutions
financières. Maintenant, c'est un débat qui a lieu à deux
heures le matin, la commission va décider de cette disposition, mais
cette disposition, si la commission ne la vote pas, ]e la présenterai
lors de la prise en considération du rapport et également, en
troisième lecture. Je pense que c'est très important, c'est une
disposition majeure parce que "La présente loi entre en vigueur à
la date fixée par le gouvernement, sur recommandation favorable de
l'Inspecteur général des institutions financières", c'est
gros, cela.
Je pense qu'il est normal qu'on revienne devant la commission, que la
recommandation favorable de l'Inspecteur général des institutions
financières vienne ici et, s'il y a un débat, qu'il soit public
parce qu'on est dans un régime particulier qui n'est établi par
aucune loi publique, où on crée une société
mutuelle de gestion, qui est un phénomène unique, actuellement,
dans le monde, nous disait l'Inspecteur général des institutions
financières. Et je pense qu'il est un peu normal que l'évolution
de cette institution nouvelle, qui n'a pas été adoptée
dans le cadre d'une débat public, qui est adoptée dans le cadre
d'un débat privé, c'est-à-dire d'une loi privée,
où il n'y a pas eu de débat public, principalement tard le
soir... Il est normal, je pense, étant donné toutes les
discussions que vous avons eues, que tous les points importants qui sont en
cause reviennent devant la commission parlementaire pour une dernière
discussion avant que le gouvernement mette cette loi en vigueur.
Maintenant, cela veut dire que cela ne retarde pas non plus
l'entreprise. L'entreprise dit qu'elle veut aller dans un financement public;
cela ne retarde pas, une commission parlementaire peut être
appelée, convoquée facilement en tout temps. Cela peut être
au mois d'août, cela peut être au mois de septembre, ce peut
être quand on en a besoin. À ce moment-là, je pense
qu'aussitôt que l'Inspecteur général des institutions
financières est prêt à faire sa recommandation, cela veut
dire qu'une commission peut être convoquée, la commission du
budget et de l'administration. Je pense que la seule période où
la commission ou le président ne sont pas disponibles, c'est lorsqu'il y
a la réunion canadienne des comptes publics à Halifax, qui dure
quatre jours, entre le 10 et le 14 juilllet. Je le dis tout de suite, parce
qu'entre le 10 et le 14 juillet il serait difficile de la faire siéger,
et peut-être une journée ou deux pour se rendre et revenir, mais
normalement la commission pourrait siéger et discuter de toute cette
question, je pense. Mais là, avec des choses plus concrètes, avec
des données plus concrètes qu'on n'a pas actuellement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles. Non? Cela va.
M. Bélisle: Bien oui.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Sur l'amendement?
M. Bélisle: Sur l'amendement. Après avoir
été entendu par la commission du budget et de l'administration,
je pense que l'argument inverse est également vrai. Vous allez nous
placer, les membres de la commission parlementaire, dans une position unique,
par votre amendement, si on accepte votre amendement. Vous allez nous placer
dans la position où ou va être obligés de devenir juges
dans une situation où il n'y a aucune commission, à ma
connaissance, à l'Assemblée nationale qui a été
juge dans le passé, entre un rapport fait par des experts, une position
adoptée par quelqu'un qui est sous notre juridiction indirectement, par
la commission, qui se rapporte à nous et qu'on voit très souvent,
l'inspecteur général. Et vous voulez vous placer, vous, M. le
député de Lévis, et l'ensemble des membres de la
commission dans une position où vous allez juger comme un tribunal, en
lieu et place... Non, mais c'est cela que vous allez faire.
M. Garon: Non...
M. Bélisle: M. le député de Lévis,
citez-moi un seul exemple où l'une des commissions permanentes de
l'Assemblée nationale a été liée et reliée
à la mise en vigueur d'une loi; cela n'existe pas.
M. Garon: Wo! là, un instant! Voulez-vous un exemple?
M. Bélisle: Oui, donnez-moi un exemple. M. Garon:
Un exemple.
Le Président (M. Lemieux): La charte des droits et
libertés du Québec.
M. Garon: La Charte des droits et libertés du
Québec; deuxièmement, 5es prix d'Hydro. Par exemple, il y a eu
souvent des commissions parlementaires où il y a eu des discussions
avant que le gouvernement ne prenne sa décision. On dit ici, on a mis un
article: La présente loi entre en vigueur à la date fixée
par le gouvernement...
M. Bélisle: Oui.
M. Garon: ...sur recommandation favorable de l'Inspecteur
général des institutions financières, mais après
qu'il a été entendu par la commission. Pour les tarifs d'Hydro,
c'est cela qui se passe. Cela va devant la commission parlementaire, un
éclairage est donné et, après cela, le gouvernement prend
sa décision. Cela a eu pour résultat, cette année, que les
augmentations ont été un peu moins hautes que celles
recommandées par Hydro. Dans la Charte des droits et
libertés de la personne, il y a également une disposition
semblable pour les règlements. Alors, c'est parfaitement normal parce
qu'ici, c'est un forum public.
Oui, je peux vous dire aussi que des lois... Je vais vous dire plus que
cela même, dans la Loi sur le camionnage, on a entendu des gens sur
l'application de certains articles. Il y a eu quatre articles et on a entendu
trois organisations: l'Association des propriétaires de
camions-remorques indépendants, l'Association des entreprises dans le
camionnage et l'Association canadienne des manufacturiers avant la mise en
vigueur des articles. Cela a été accepté tout de suite.
C'est bien plus facile avec le député de Charlesbourg, le
ministre des Transports, je dois dire, qu'avec le ministre des Institutions
financières.
M. Bélisle: Et c'était indiqué... M.
Garon: Mais...
M. Bélisle: Et il était indiqué dans la loi,
M. le député de Lévis, dans l'article de la mise en
vigueur: après avoir été entendu par la commission? C'est
cela que je me pose comme question.
Le Président (M. Lemieux): Pour HydroQuébec, ce
n'est pas la mise en vigueur de la loi.
Mme Blackburn: Ce n'est pas de la loi, c'est pour les nouveaux
tarifs. Ce serait peut-être cela.
Le Président (M. Lemieux): Pour les nouveaux tarifs.
Mme Blackburn: Bien oui.
M. Garon: Les nouveaux tarifs. Je donne des exemples...
M. Bélisle: Non, mais j'essaie de comprendre
là.
M. Garon: ...où le gouvernement... M. Bélisle:
Là, on charrie un peu.
M. Fortier: Les tarifs d'Hydro-Québec, ce n'est même
pas dans la loi.
M. Garon: Ce n'est pas dans la loi. M. Fortier: Bien non,
c'est cela. M. Bélisle: Mais là, c'est une loi...
Le Président (M. Lemieux): Mais là, c'est une loi
que...
M. Bélisle: Bien là, c'est une loi, ce n'est pas un
règlement...
Le Président (M. Lemieux): ...vous voulez mettre en
vigueur, voyons!
M. Bélisle: ...ce n'est pas un tarif. M. Garon:
Oui, mais...
M. Bélisle: Ce n'est pas un arrêté en
conseil.
M. Garon: Pour la mise en vigueur des articles sur le camionnage,
le ministre lui-même a pris entente et fait en sorte que les gens
viennent ici témoigner devant la commission parlementaire dont
relève le ministère des Transports puisqu'un engagement avait
été pris par le ministre à cet effet avant que les
articles soient mis en vigueur.
M. Bélisle: M. le Président.
M. Garon: C'est la même chose.
M. Bélisle: Ce que dit le député de
Lévis...
Le Président (M. Lemieux): Monsieur... D'accord.
M. Bélisle: ...à savoir qu'un engagement a
été pris par le ministre, c'est un engagement qui a
été pris verbalement, qui n'est pas écrit dans le texte de
loi.
M. Garon: Non, non.
M. Bélisle: M. le député de
Lévis.
M. Garon: Bien voyons!
M. Bélisle: II n'y a pas de "bien voyons". M. le
député...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, il y a
peut-être un exemple qui serait le suivant: le décret qui permet
au ministre des Transports d'aller chercher, puiser dans l'enveloppe de
l'assurance automobile, pour le transférer à l'assurance-maladie
du Québec, cela doit être vu avant en commission
parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais...
M. Bélisle: C'est un décret, ce n'est pas une
loi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une loi? Ce
n'est pas l'application de la loi, Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Bélisle: 11 n'y a pas de loi.
Le Président (M. Lemieux): II y a toute une
différence entre les deux.
M. Bélisle: Cela n'existe pas.
Mme Blackburn: Les lois?
M. Bélisle: Pour les lois, cela n'existe pas.
Mme Blackburn: De toute façon, je ne vous dirai pas que
cela existe ou pas dans les lois, je ne commencerai pas à faire cela
pour aller jusqu'à 3 heures ce matin, sauf que je vous dis que les
parlementaires ont une responsabilité, non seulement d'adopter des lois,
mais de temps en temps de faire des contrôles. Comme c'est de nature
publique - je pense que M. l'inspecteur le reconnaissait tout à l'heure
- et que le rapport sera rendu public, je ne vois pas ce que cela poserait
comme difficulté qu'on le voie en commission parlementaire, d'autant
plus que -tout le monde le reconnaît, l'inspecteur général
également, de même que le ministre - ce qu'on est en train de
faire là, c'est nouveau, il n'y a pas de précédent.
D'accord?
M. Garon: Dans le monde.
Mme Blackburn: Dans le monde, nous dit-on.
M. Fortier: Mme la députée, on a discuté du
principe de long en large. Maintenant que la procédure est
établie, un comité d'experts va faire rapport, qui sera
examiné par un autre comité d'experts présidé par
l'Inspecteur général des institutions financières et
là, nous autres, après cela, on va jouer à l'expert...
M. Bélisle: À l'arbitre.
M. Fortier: ...à l'arbitre. On va essayer de jouer
à l'expert pour voir si les experts de l'inspecteur et l'inspecteur
lui-même étaient meilleurs que les experts de La Laurentienne.
Franchement, là, on est rendu pas mal loin. Si vous voulez parler du
principe, cela fait depuis huit heures qu'on en parle, mais, si on est pour
jouer aux experts pour "second guesser" les experts de La Laurentienne et de
l'inspecteur, là, franchement, si c'est comme ça que vous voulez
administrer, ce n'est pas comme ça, en tout cas, que j'ai l'intention
d'administrer une telle loi.
Mme Blackburn: M. le Président, Je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: J'ai été interrompue. J'essaie
d'expliquer et de dire ici que je comprends très bien que le ministre ne
soit pas plus intéressé que ça à ce que cela
revienne devant la commission parce que cela passera nécessairement par
son bureau, je présume. Cependant, pour une telle activité, on
n'a pas intérêt, chaque fois que c'est possible, comme membre de
l'Assemblée nationale, de tenir entre nous des informations qui peuvent
être utiles pour l'ensemble de la population, à tout le moins pour
les actionnaires, les mutualistes, dans le cas qui nous concerne.
Comme ce sont des choses à caractère public, il me semble
que cela ne peut pas poser un problème de conscience tel, un
bouleversement tel dans les pratiques que cela vaille qu'on s'y oppose avec la
dernière des énergies. Ce n'est pas parce qu'on viendrait passer
un après-midi ici ou une journée complète pour
réexaminer comment cela s'articulerait dans la pratique qu'on viendrait
ici heurter fondamentalement les principes parlementaires de la Chambre. Je
pense qu'on a une responsabilité de légiférer et, de temps
en temps, de contrôler.
Le Président (M. Lemieux): On a non seulement la
responsabilité de contrôler, on a toujours la
responsabilité...
Mme Blackburn: On en a le devoir.
Le Président (M. Lemieux): On en a le devoir, c'est
ça.
Mme Blackburn: Donc, je me dis que c'est une façon comme
une autre, d'autant plus qu'on est dans un secteur neuf, inconnu. C'est la
première fois.
M. Bélisle: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles.
M. Bélisle: La mise en vigueur d'une loi et le
contrôle d'une loi sont deux choses totalement différentes. Ce
n'est pas la même chose. Non, non, ne faites pas ça du revers de
la main; ce n'est pas la même chose. M. le Président, je ne veux
pas, en aucune façon... Il y a des compartiments au Québec qui
ont toujours été traditionnellement respectés. Le
député de Lévis est soucieux de respecter à la
lettre la tradition. Qu'il respecte la tradition entre l'exécutif, le
législatif et le judiciaire. Ce qui peut se passer dans le
présent cas, il ne faut pas être très... Non, non. Ce n'est
pas la...
M. Garon: Si on respecte la tradition, on ne mettra pas l'article
qui est là tout court. Cela n'existe pas un tel article dans les autres
lois.
M. Bélisle: M. le Président, à l'article 12
qui détermine le comité d'experts et la valeur des actions
ordinaires et du capital versé, je pense que quelqu'un qui a un tantinet
d'expé-
rience de la vie peut comprendre qu'il peut y avoir,
premièrement, un différend entre le rapport du comité
d'experts et le rapport qui sera revérifié par l'inspecteur
général. Si cela ne va pas, ils peuvent peut-être
s'entendre entre eux pour aller voir une tierce partie et, là, cela peut
même aller devant les tribunaux. C'est une possibilité. Il ne faut
pas se le cacher, cela peut arriver.
Je ne voudrais pas, en aucune façon, même avec une autre
possibilité, que ce soit un des mutualistes dans les 4,6 % qui n'ont pas
accepté qui aille devant les tribunaux pour contester le rapport du
comité d'experts et même l'approbation qui a été
faite ou qui sera faite éventuellement de ce rapport de comité
d'experts par l'inspecteur général. Le député de
Lévis veut nous placer dans la position où on va faire un
dédoublement complet de tout le processus qui pourrait exister à
l'extérieur de nos séances de commissions dans le but d'avoir une
sorte de similicontrôle de la situation. Je vais vous dire que je rie
tiens pas du tout à prendre la place de quelqu'un d'autre. Il y a des
institutions dans notre société qui sont là pour faire des
contrôles; s'il y a une mauvaise interprétation par le
comité d'experts choisis par La Laurentienne de la valeur du capital
versé ou par l'inspecteur général qui approuve
Incorrectement, laissons nos cours décider, mais ne nous transformons
pas, nous, le législatif, en substitut du judiciaire. Je ne veux
absolument pas faire partie de cette mécanique-là. M. le
Président, qu'on fasse un contrôle dans un an, de tout le projet
de loi et qu'on revoie la loi dans un an, que ce soit un mandat d'initiative de
la commission, comme on peut le faire, j'en suis, sans aucun problème,
à cause du caractère spécial de la loi, mais qu'on ne
vienne pas nous dire qu'on doit décider de la mise en vigueur
après avoir entendu... Non, non... (2 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous retirez votre
amendement? D'accord? Cela va? Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai vu votre
recommandation qui, à tout le moins, ne vient pas subordonner la
décision du gouvernement pour l'entrée en vigueur de la loi
à la recommandation... Cependant, je trouve regrettable qu'on n'accepte
pas la proposition d'amendement de mon collègue de Lévis. Moi,
là-dessus, je pense que j'appellerais le vote.
Le Président (M. Lemieux): On appelle le vote sur votre
amendement.
Mme Blackburn: Sur l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Sur votre amendement, n'est-ce
pas?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vote enregistré,
M. le secrétaire, sur l'amendement.
Le Secrétaire: Mme Blackburn (Chicoutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Deux pour, cinq contre.
Le Président (M. Lemieux): Vous m'avez oublié, M.
le secrétaire.
Le Secrétaire: Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): De rien. Il me semble
avoir été là. Alors, contre.
Le Secrétaire: Alors, deux pour, six contre.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est donc
rejeté.
M. Fortier: J'aurais un amendement à proposer. L'article
27 est remplacé par le suivant: "La présente loi entre en vigueur
à la date fixée par le gouvernement après approbation par
l'inspecteur général du rapport du comité d'experts." Il
n'y a donc aucune intervention du gouvernement dans l'approbation du
comité d'experts. C'est uniquement l'inspecteur qui approuve-Le
Président (M. Lemieux): Et l'entrée en vigueur de la
loi...
M. Fortier: L'entrée en vigueur, c'est juste la date.
Le Président (M. Lemieux):...si je comprends bien, n'est
plus subordonnée...
M. Fortier: Non, c'est cela. Tout ce que le gouvernement fait, il
fixe la date après que l'inspecteur a approuvé le rapport.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
recevable? L'amendement est recevable. Est-ce que l'amendement est
adopté? Un instant!
M. Garon: Je n'ai pas l'impression que cela change grand-chose.
Il faudra sans doute faire un débat à la prise en
considération du rapport à l'Assemblée nationale.
M. Fortier: Adopté? M. Garon: Surdivision.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 27 tel qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'intitulé
des chapitres et sections du projet de loi d'intérêt privé
206, Loi concernant La Laurentienne, mutuelle d'assurance, est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi d'intérêt privé 206, Loi concernant La Laurentienne,
mutuelle d'assurance, est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Je n'ai pas compris
du côté de l'Opposition. J'ai demandé si le titre du projet
de loi d'intérêt privé 206, Loi concernant La Laurentienne,
mutuelle d'assurance, était adopté.
M. Fortier: Adopté. Mme Blackburn:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble du projet de loi d'intérêt privé 206, Loi
concernant La Laurentienne, mutuelle d'assurance, est adopté tel
qu'amendé?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Le projet de loi 206
d'intérêt privé, Loi concernant La Laurentienne, mutuelle
d'assurance, est adopté sur division tel qu'amendé.
Je remercie les membres de cette commission ainsi que les
représentants de La Laurentienne. M. le ministre, avez-vous quelques
mots de la fin?
M. Fortier: Le mot de la fin, je pense que c'est bonsoir et on se
reverra un autre tantôt.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: M. le Président, je souhaite que le ministre
fasse sa loi sur la démutualisation pour que le cadre dans lequel cela
doit ou cela pourrait se faire, ou les conditions qui pourraient être
prévues le soient dans un débat public pour ne pas obliger
chacune des entreprises qui vont vouloir vivre un cadre de
démutualisation, quel que soit le cadre, quelle que soit la
démutualisation, complète ou partielle, à venir faire
faire une loi négociée, avec un régime particulier. On ne
sortira pas grandi de cela au Québec. Vous savez, les mutuelles
correspondent au Québec à-quelque chose d'important dans
l'histoire de la solidarité économique du Québec. Ce qui
s'est fait de plus grand au Québec sur le plan du développement
économique, c'est la solidarité économique. Si on veut
établir un régime où le régime des mutuelles va
changer, va être aboli, va être démutualisé, on
devrait le faire dans une loi publique. Je pense qu'il faudra que le ministre
responsable ait le courage de présenter un projet de loi qui
prévoira le cadre dans lequel cela se fera après un débat
public ou un livre blanc où un projet de loi sera débattu
publiquement pour que le même régime s'applique à
l'ensemble des entreprises du Québec qui sont des mutuelles ou qui
souhaitent modifier leur régime. Ce n'est pas normal de procéder
de cette façon parce que cela ne grandit personne. Je pense que ce n'est
pas bon pour une entreprise de faire un projet de loi privé, alors qu'en
réalité il s'agit d'un projet de loi public.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Si Dieu me prête vie, on va le faire cet
automne.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. M. Castonguay, avez-vous quelques commentaires?
M. Castonguay: Je voudrais simplement remercier les membres de la
commission pour le temps qu'ils ont accordé à ce projet et pour
le fait qu'ils l'ont adopté, alors qu'il aurait été
impossible, si j'ai bien compris, de le faire demain. On apprécie bien
le travail qui a été fait. Merci.
Le Président (M. Lemieux): La commission ayant accompli
son mandat, soit l'étude du projet de loi 206, nous ajournons sine
die.
(Fin de la séance à 2 h 23)