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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à la consultation générale sur l'avant-projet
de loi sur les caisses d'épargne et de crédit.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): L'ordre du jour de la
séance d'aujourd'hui est le suivant. À 10 heures, nous devons
entendre l'Ordre des comptables agréés et, à 11 heures, il
y aura des remarques finales, quinze minutes de la part du parti
ministériel et quinze minutes de la part de l'Opposition. Est-ce que
l'ordre du jour est adopté?
Une voix: Adopté.
Ordre des comptables agréés du
Québec
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Nous allons maintenant
entendre l'Ordre des comptables agréés. Je demanderais au
représentant de cet organisme de bien vouloir s'identifier et nous
présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Harel (André): M. le Président, je m'appelle
André Harel, de l'Ordre des comptables agréés. Il me fait
plaisir de vous présenter notre délégation de ce matin:
à ma droite, de M. Roland Truchon, comptable agréé f.c.a.,
associé de la firme Samson Bélair de Québec, membre du
comité spécial sur la vérification des coopératives
et plus spécialement des caisses d'épargne et de crédit;
à mon extrême gauche, M. Jacques Roy, directeur administratif de
l'Ordre des comptables agréés du Québec, à
Montréal; à ma gauche immédiate, M. Pierre Legault,
comptable agréé f.c.a., professeur titulaire à
l'Université du Québec à Chicoutimi. M. Legault sera notre
porte-parole pour vous présenter le mémoire. Votre humble
serviteur, associé de la firme Harel Drouin, de Montréal.
Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Permettez-moi de vous
rappeler les règles de l'audition. Vous disposez d'une période de
vingt minutes pour l'énoncé de votre mémoire. Par la
suite, une période de quarante minutes sera partagée entre les
deux groupes parlementaires. Après ces quarante minutes, suivra une
discussion entre les deux groupes parlementaires sous forme de questions. Nous
vous écoutons immédiatement.
M. Legault (Pierre): M. le Président, membres de la
commission, le présent mémoire déposé par l'Ordre
des comptables agréés du Québec devant cette commission se
limitera aux dispositions relatives à la vérification des
états financiers des caisses, des fédérations et des
confédérations. Les observations et recommandations qui font
partie de ce mémoire s'articulent autour de trois propositions
fondamentales. D'abord le législateur, par la Loi sur les comptables
agréés, a déjà statué sur la
vérification des états financiers qui constitue la substance
même d'un acte de comptabilité publique et la raison d'être
de la profession de comptable agréé. Ceci est rapporté
dans les articles 19 et 24 de ladite loi. Pour des raisons historiques,
liées à l'évolution des administrations municipales,
scolaires et du mouvement coopératif, qu'il serait si fastidieux de
relater, le législateur a cru bon de les retrancher du champ de pratique
exclusif qu'il a confié aux comptables agréés, en 1946. Au
cours des ans, l'ordre n'a cessé de dénoncer l'anachronisme que
constitue le maintien de ses dispositions d'acceptation dans les lois
actuelles. Fort de ces douze mille membres répartis jusqu'aux coins les
plus éloignés des grands centres de la province, je rectifie le
terme du rapport qui mentionnait les coins les plus reculés, pour qu'il
n'y ait pas d'ambiguïté et que ce terme soit utilisé dans un
sens péjoratif, l'ordre ne craint pas d'affirmer que les
mécanismes de formation professionnelle, d'examen, d'inspection et de
discipline qu'il a mis en place en vue de la protection du public en font le
seul corps comptable professionnel apte à occuper en exclusivité
le champ de la comptabilité publique.
Le législateur, d'ailleurs, a déjà obligé un
anachronisme semblable dans le cas d'autres corporations de pratique exclusive.
Ensuite, l'ordre tient à rappeler que l'acte de vérification
exige deux qualités fondamentales: la compétence technique et
l'indépendance du professionnel. Pour exercer avec tout le
détachement nécessaire sa mission de censeur des états
financiers soumis par une administration à ses commettants, le
vérificateur doit être libre de toute influence, de tout
intérêt et de toute relation à l'égard des affaires
de son client qui puisse porter atteinte à son jugement professionnel ou
à son objectivité. Cela est tiré de l'article 3.02.05 du
Code de déontologie de l'Ordre des comptables agréés du
Québec.
Pour l'avoir vigoureusement contrôlé et enrichi par la
pratique et la formation continue, l'ordre ne saurait aucunement mettre en
doute la compétence technique de ses membres en matière de
comptabilité et de vérification. Néanmoins, il lui semble
que salariés d'une fédération ou d'un
confédération de caisse, dont ils sont solidaires
idéologiquement, financièrement et administra-tivement,
les professionnels à l'emploi de cette fédération ou de
cette confédération ne réunissent pas les conditions
d'indépendance nécessaires à l'exécution d'une
mission de vérification auprès des caisses.
Enfin, avec le pragmatisme propre aux comptables, l'ordre est conscient
qu'il serait utopique et sans doute néfaste à court terme de
prôner le démantèlement subit du service d'inspection et de
vérification de la Confédération des caisses populaires et
d'économie Oesjardins. Sans renier le principe énoncé
auparavant, l'ordre estime que le caractère propre des caisses
populaires et les circonstances qui ont présidé à la
création du service justifient une exception, fût-elle temporaire,
à la règle. C'est pourquoi il n'entend pas opposer d'objection
à ce que la vérification des caisses, à l'exclusion de
celle des fédérations et de la confédération
continue d'être assurée par un cadre supérieur du Mouvement
Desjardins. L'ordre a déjà formulé à la haute
direction du mouvement des propositions destinées à mieux assurer
l'indépendance de ce cadre supérieur et du service qu'il dirige.
C'est à l'invitation même des hautes instances du mouvement qu'il
vient entreprendre l'examen des normes de vérification en vigueur au
sein de ce service.
Examinés sous l'angle de ces trois propositions fondamentales,
les articles qui vont suivre dans cet avant-projet de loi feront l'objet de nos
observations et de nos recommandations. À la page 4 de notre
mémoire vous retrouverez le début des articles cités. Il
s'agit de l'article 278. La vérification des états financiers
d'une caisse populaire, comme celle de toute entreprise, fait appel à
des connaissances techniques particulières et doit s'exercer selon les
normes rigoureuses en vue de la protection du public. Elle ne saurait donc
être confiée qu'à des professionnels, c'est-à-dire
à des personnes physiques, réunissant tous les attributs
prévus au Code des professions. Dans son libellé actuel, le
second alinéa de cet article permettrait à une
fédération ou à une confédération de
désigner comme vérificateur une personne qui ne serait pas membre
d'un ordre professionnel. C'est là, de l'avis de l'ordre, un danger
latent qui menace la protection du public. Pour remédier à cette
carence, l'ordre recommande le rejet pur et simple des deuxième et
troisième alinéas de l'article. Il y a d'ailleurs
inconséquence entre le passage du second alinéa, qui mentionne
que "Cette vérification s'effectue par le service de vérification
de la fédération," et l'article 282 qui mentionne que "Le
vérificateur d'une caisse doit être membre d'une corporation
professionnelle de comptables": seules des personnes physiques, et non des
unités administratives, peuvent adhérer à une corporation
professionnelle. Rien ne s'oppose par ailleurs à ce que le
vérificateur désigné en vertu du premier alinéa,
dûment tenu d'exécuter son mandat selon les normes
professionnelles, s'en- toure de collaborateurs non professionnels dont il
planifie, dirige et contrôle les interventions à
l'intérieur du mandat.
L'article 282. Cet article, qui n'a pas de contrepartie dans la loi
actuelle, est clairement inconciliable avec la première proposition
formulée dans la première partie du mémoire. L'ordre en
recommande le retrait pur et simple.
L'article 290. Le troisième alinéa de cet article,
à notre point de vue, manque de clarté. Faute d'en pouvoir saisir
le sens et la raison de l'exclusion de son application aux avocats et aux
notaires, l'ordre s'abstient de le commenter, si ce n'est de recommander au
législateur d'en préciser le sens.
L'article 297, paragraphe 2°. Est-ce par inadvertance ou à
dessein que le législateur n'a pas repris, au second paragraphe de cet
article, le libellé exact du second paragraphe de l'article 289? Si le
sens doit être le même dans les deux cas, l'ordre préconise
le libellé de l'article 289 qui est plus conforme aux usages. S'il doit
être différent, les différences devraient ressortir plus
clairement.
Toujours le même article que nous traitons, dans notre
mémoire, à la page 6. Il s'agit maintenant du paragraphe 4°.
L'ordre a maintes fois dénoncé à l'Inspecteur
général des institutions financières l'embarras dans
lequel place le vérificateur l'obligation, que l'on retrouve aussi dans
la Loi sur les sociétés de prêts et de fiducie et dans
l'article 47 du règlement d'application de la Loi sur
l'assurance-dépôts, de détecter et de dénoncer
à l'inspecteur général les situations ou opérations
qui puissent lui laisser croire dans la situation actuelle que la caisse n'a
pas suivi des pratiques financières saines. Le vérificateur n'a
pas de jugement à porter sur la qualité de la gestion de
l'entreprise dont il assure la vérification, non plus que sur la sagesse
des décisions de la direction et des actes des employés. Le
vérificateur ne juge pas; il constate. Son rôle est de s'assurer
que la situation financière, et donc le résultat de ces
décisions et de ces actes, est fidèlement reflétée
dans les états financiers, eu égard à des normes
déterminées. Or, s'il est permis d'affirmer qu'il existe des
normes reconnues de présentation de l'information financière - ce
que l'on appelle chez nous les principes comptables généralement
reconnus - il n'en est pas ainsi des règles de saine gestion
financière puisqu'elles n'ont jamais été
codifiées.
Cela dit, l'ordre s'empresse d'offrir sa plus entière
collaboration à l'Inspecteur général des institutions
financières en vue de l'élaboration de normes de gestion
financière auxquelles les institutions devront se conformer et dont les
vérificateurs pourront contrôler l'observance dans l'exercice de
leur mandat.
Toujours dans l'article 297, paragraphe 5°, il semble encore une
fois que le législateur confond le rôle du vérificateur
avec celui d'un arbitre. C'est au conseil d'administration de la
caisse, de la fédération, de la
confédération et, ultimement, c'est à l'Inspecteur
général des institutions financières qu'il incombe de
promulguer des règles de déontologie et de juger de leur
adéquation aux objectifs de la loi. Si on lui en confie l'obligation, le
vérificateur mettra en oeuvre les contrôles nécessaires
pour s'assurer que la caisse n'a pas dérogé aux règles,
mais ce n'est pas à lui qu'il revient de juger de leur adéquation
aux objectifs de la loi.
Nous passons maintenant à l'article 362. L'adoption par une
fédération de règlements portant sur les provisions pour
créances douteuses et pertes éventuelles que les caisses doivent
maintenir portent atteinte, de l'avis de l'ordre, à
l'intégrité des principes comptables généralement
reconnus que les caisses doivent respecter en vertu de l'article 289.
Peut-être le choix du terme "règlement" est-il le seul reproche
que l'ordre puisse formuler à l'égard de cet article: rien ne
s'opposerait en effet à ce qu'une fédération ou une
confédération publie des directives à l'intention de ses
caisses affiliées. De même l'obligation faite à une
fédération d'adopter des règlements portant sur les
exigences relatives à la vérification des états financiers
porte atteinte à l'intégrité des normes de
vérification généralement reconnues et brime l'autonomie
d'action nécessaire au vérificateur dans l'exercice de son
mandat.
L'article 371. L'ordre s'oppose à l'obligation imposée
à une fédération, par le premier alinéa de cet
article, de créer un service de vérification à l'intention
des caisses qui lui sont affiliées. Hormis le cas des caisses
constituant le Mouvement Desjardins, la vérification d'une caisse
d'épargne et de crédit ne saurait être confiée
qu'à un comptable agréé qui n'est pas salarié de la
caisse ou de la fédération à laquelle elle est
affiliée.
À l'article 426, au bas de la page 7. La nécessité
qu'une fédération fasse vérifier ses états
financiers par deux vérificateurs n'est pas évidente, d'autant
moins qu'une telle obligation n'est pas imposée aux
confédérations - on vous réfère à l'article
466 - et que le second alinéa reconnaît implicitement qu'il suffit
d'un seul vérificateur pour mener à bien un mandat. C'est
pourquoi l'ordre recommande que cet article soit remplacé par ce qui
suit: 'Toute fédération doit, chaque année, faire
vérifier ses livres et comptes par un vérificateur."
Article 427, à la page 8 de notre mémoire. En
conformité de la recommandation qui précède, l'ordre
recommande le retrait de cet article.
L'article 428 maintenant. Pour la même raison, l'ordre recommande
la suppression des mots "à moins d'être employé à ce
titre par cette confédération".
Pour ce qui est de l'article 449: Les remarques formulées
à l'égard de l'article 362 s'appliquent également à
cet article.
Et, enfin, l'article 467. Pour éviter toute ambiguïté
quant à la nomination du vérificateur d'une société
de portefeuille visée par l'article 459, l'ordre recommande que les
premiers mots de l'article 467 soient modifiés pour se lire comme suit:
"Le vérificateur d'une confédération ou d'une
société de portefeuille visée par l'article 459 ne peut
être..." et le reste.
Voilà les remarques que nous avions à faire sur le volet
vérification et qui nous impliquent de façon très
claire.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. Legault.
M. le ministre, peut-être auriez-vous quelques commentaires
à ajouter? Ensuite, je le demanderai au représentant de
l'Opposition.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Je remercie l'Ordre
des comptables agréés de cette présentation. Un des volets
de la politique touchant les institutions financières, comme vous le
savez, c'est de s'assurer de la santé financière. Il est
évident que votre ordre et vos représentants ont un rôle
très important à jouer à ce sujet. C'est donc avec
beaucoup de plaisir qu'on a pris connaissance de votre mémoire et on
vous remercie d'être venus témoigner en commission
parlementaire.
Vous posez certaines questions. Dans le temps qui m'est imparti au
début, je n'aurai pas le temps de couvrir tous les volets.
Brièvement, je vous dirai que, si vous trouvez une ambiguïté
à l'article 290 en ce qui a trait aux avocats et aux notaires, tous ceux
qui connaissent la jurisprudence, en particulier une décision de la Cour
suprême du Canada qui a reconnu le caractère fondamental du secret
professionnel entre un client et son avocat... Je vais vous lire le texte que
j'ai devant moi. Ce sont des propos du juge Dickson qui dit: "Le droit de
communiquer en confidence avec son conseiller juridique est un droit civil
fondamental fondé sur la relation exceptionnelle de l'avocat et de son
client." Donc, s'il y a une exception à l'article 290, c'est qu'on ne
fait que reconnaître ce statut tout à fait particulier de
l'avocat, du notaire et du conseiller juridique et, par ailleurs, les autres
ordres professionnels ne jouissent pas de ce statut spécial.
Il y a un aspect dont j'aimerais discuter avec vous qui est très
fondamental. Vous n'en faites pas état dans votre document et c'est une
lacune, je crois. J'y vois une contradiction dans le sens que vous insistez
beaucoup et avec raison pour dire que les comptables agréés
devraient être ceux qui font la vérification et que vous formez un
ordre spécialisé pour ce genre de choses, et je suis d'accord.
Comme vous le savez, il y a eu plusieurs événements malheureux en
Ontario et dans l'Ouest canadien où des états financiers ont
été vérifiés par de grandes firmes de comptables
agréés qui ont fait faillite peu après. Plusieurs
instances se sont posé des questions sur le rôle véritable
des vérificateurs et des comptables agréés en ce qui a
trait à la
vérification d'institutions financières. Il s'agit, comme
vous le savez, pour nous, pour les gouvernements, heureusement qu'au
Québec nous avons une expérience heureuse en ce qui concerne les
faillites des institutions financières... De fait, depuis de nombreuses
années, nous n'avons pas eu de faillites. Mon Dieu, je touche du bois
pour que cela n'arrive jamais. Il y a quelques mois, nous avons adopté
une nouvelle loi touchant les sociétés de fiducie, nous avions
des dispositions semblables à celles qu'il y a dans cet avant-projet de
loi touchant les caisses d'épargne et de crédit; il est bien
certain que nous insistons pour donner une responsabilité
particulière aux comptables agréés. De fait, vous
êtes sans doute au courant, et je suis surpris que vous n'en ayez pas
fait état dans votre rapport, du rapport de la commission sur les
attentes du public à l'égard de la vérification. Il y a un
rapport daté de juin 1988 qui a été envoyé par M.
William A. Macdonald, président, au Conseil des gouverneurs de
l'Institut canadien des comptables agréés où on fait
justement état des attentes du public en ce qui a trait à la
vérification des institutions financières. Voilà un
dossier extrêmement important. Je pense bien que le public et les
gouvernements s'attendent à plus que seulement une signature au bas d'un
état financier disant: Les états financiers, ce ne sont pas nos
états financiers, ce sont ceux de la compagnie et, tels que
présentés par la compagnie, ces états financiers sont
corrects. (10 h 30)
Je peux vous dire que le public en général ne se satisfait
nullement d'une telle vérification par des comptables
agréés à la suite des faillites bancaires. De fait,
justement, on mentionne dans ce rapport qu'au Royaume-Uni, les autorités
se sont également penchées sur ce problème au cours des
dernières années et des lois ont été
adoptées qui établissent des changements substantiels. En fait,
au Royaume-Uni, les vérificateurs doivent prendre l'initiative de
délivrer un rapport en instance de réglementations s'ils le
jugent nécessaire pour protéger les intérêts des
déposants. Cependant, on ne s'attend pas que les vérificateurs
surveillent continuellement les affaires de leurs clients, mais quand cela
arrive, on insiste et la loi a été modifiée en ce sens.
C'est la raison pour laquelle nous avons une disposition à l'article
297, quatrièmement, où on dit: Si, dans le cours normal de sa
vérification, le vérificateur a eu connaissance de situation ou
d'opération qui puisse lui laisser croire que la caisse n'a pas suivi
des pratiques financières saines, il faut qu'il en fasse état
à la caisse et, éventuellement, à l'inspecteur. De fait,
M. Macdonald fait une recommandation très précise à ce
sujet-là où il dit: "Les ordres provinciaux de comptables
agréés devraient exiger dans leur Code de déontologie que
le vérificateur d'un établissement financier communique à
l'organisme de réglementation les questions qui revêtent une
grande importance et en avertissent les administrateurs si
l'établissement ne le fait pas lui-même."
C'est exactement la disposition que nous avons ici. Voilà
pourquoi cela m'amène à vous poser la question: N'avez-vous pas
lu ce rapport Macdonald? N'êtes-vous pas au courant des faillites
bancaires qui ont eu lieu et ne trouvez-vous pas que votre ordre qui, avec
raison, doit assumer une responsabilité importante, ne devrait pas se
défiler vis-à-vis d'une responsabilité que le public
désire vous confier et que le gouvernement désire vous confier
ici par cette disposition de la loi?
M. Truchon (Roland): M. le Président, je reconnais la
remarque du ministre à ce sujet. Je pense qu'il faut faire une
différence entre le rôle, dans la situation actuelle, avec les
normes connues actuellement, de l'inspection et celui de la
vérification. Je pense que le rôle de la vérification est
actuellement de donner une opinion sur la fiabilité de l'état
financier. Que les résultats soient bons ou non, ils ne sont que le
résultat des actes posés par les administrateurs au cours de
l'année. Je reconnais que l'article 297, quatrièmement, va plus
loin, mais je pense que nous ne sommes pas opposés à dire quelque
chose ou à émettre une opinion sur ledit article. La seule chose
sur laquelle on attire l'attention du ministre, c'est que les normes sur
lesquelles on doit se baser pour déterminer si l'organisme,
l'établissement ou la caisse a suivi des pratiques financières
saines ne sont pas codifiées et cela devient une question de jugement
individuel; ce qui, pour moi, est pratique financière saine pourrait
être vu de façon totalement différente par un gestionnaire.
Alors, tant que ceci n'est pas codifié, il est difficile pour nous - et
c'est le seul commentaire qu'on a fait - d'exprimer une opinion
là-dessus. C'est sur ce point qu'on offrait justement notre appui
à l'inspecteur général. On veut, s'il y a lieu et si la
demande est faite, l'aider à codifier ces règles. Mais on n'est
absolument pas opposés et nous avons bien sûr pris connaissance,
M. le ministre, du rapport Macdonald à ce sujet.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. Truchon. M. le
ministre.
M. Fortier: J'aimerais continuer la discussion, mais il
semblerait que mon temps soit écoulé. Je reviendrai.
Le Président (M. Chagnon): II vous reste deux minutes et
demie, M. le ministre.
M. Fortier: Deux minutes et demie, d'accord. On parle de pratique
financière saine. Il ne faut pas se le cacher, dans les cas où il
y a eu des faillites, le vérificateur a attesté que les
états financiers étaient bons. De fait, des prêts
extrêmement dangeureux et non garantis avaient été
accordés; dans certains cas, il y a même eu
des transferts d'actifs à des valeurs gonflées. Quand on
parle de pratique financière saine, c'est ce genre de choses. Si vous
voulez nous proposer une nouvelle rédaction de l'article 294 4°, je
suis bien prêt à l'accepter. On me signale, quant aux attentes
publiques, que le résumé dit: "II est naturel que les
vérificateurs veuillent avoir des règles pour les guider. Il
serait toutefois trompeur de donner à entendre que le respect des
règles peut remplacer l'obligation faite au vérificateur de faire
preuve d'un bon jugement professionnel et de procéder à ses
évaluations avec un certains recul, compte tenu des attentes."
Si vous vous dites, d'accord, il s'agirait éventuellement, ce
n'est pas le moment de le faire ici, de s'entendre sur un texte. De fait, on ne
s'attend pas, bien sûr, que vous fassiez de la vérification de
gestion pour savoir si le président est efficace ou si les
vice-présidents sont efficaces dans l'organisation. Certains de vos
bureaux de comptables agréés ont des bureaux de management qui
font ça, mais il reste néanmoins, quand on parte de pratique
financière saine, qu'il faut justement éviter que des millions et
des millions de dollars de prêts dangereux soient accordés dans
des conditions sans garantie et qui pourraient affecter les états
financiers et qui affectent éventuellement, lorsqu'il y a des faillites,
la qualité des dépôts faits par le public.
Le Président (M. Chagnon): M. Truchon.
M. Truchon: M. le Président, c'était l'objet de
notre remarque, d'attirer votre attention sur le fait que les normes
n'étaient pas codifiées. Il est difficile d'exprimer une opinion,
mais on ne vous demande pas le retrait de cet article. Je pense que c'est
différent.
M. Fortier: Vous êtes bien aimable. Merci.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. Truchon. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je remercie l'Ordre des
comptables agréés d'être venu nous rencontrer. Mes
questions iront à peu près dans le même sens. Je me suis
toujours demandé à quoi servait la vérification. Je n'ai
jamais vu un rapport de vérificateur qui disait que les chiffres
étaient incorrects. Je n'en ai jamais vu un. L'ordre a toujours dit: On
a regardé les chiffres et tout est correct. Est-ce qu'il arrive que les
comptables disent parfois que ce n'est pas correct? Je n'en ai jamais vu un.
J'aimerais en avoir des copies s'il y en avait quelques-uns.
M. Truchon: M. le Président, tout le monde se rappelle
sûrement l'expérience de Chrysler Canada et Chrysler USA où
les vérificateurs ont justement émis une opinion négative
sur les états financiers. Mais c'est sûr que les états
financiers qui circulent et ceux que l'entreprise se plaît à faire
circuler sont toujours ceux sur lesquels il y a une opinion positive. Ceux sur
lesquels il y a une opinion négative, vous pouvez être sûr
que l'entreprise ne se plaît pas à les faire circuler. Alors, vous
avez deux situations à ce moment: ou bien nous avons donné une
opinion carrément négative sur la situation financière et,
comme conséquence, très souvent, on perd notre job en plus, mais
c'est notre opinion professionnelle, je pense, qui compte, ou encore, dans
d'autres cas, il y a une réserve. Mais ces états financiers, je
ne comprends pas très bien l'entreprise qui se plairait à les
faire circuler. Alors, vous ne les voyez pas, mais l'opinion est quand
même là. Demander ou exiger l'état financier de telle
entreprise qui a été en difficulté ou encore là
où la situation financière n'est pas correcte, c'est
peut-être ce qui explique la non-circulation
généralisée de ce genre de rapport, mais cela existe.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. Truchon. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je m'excuse M. Legault.
M. Legault: Excusez-moi. J'aurais voulu vous rappeler
peut-être un exemple beaucoup plus près de nous avec le rapport
qui a été émis par le vérificateur
général qui a mandat de vérification évidemment. Le
Vérificateur général du Canada sur les états
financiers de Radio-Canada, il y a deux ans, le rapport a été
simple, clair et précis: Dû à une lacune importante dans
les systèmes de contrôle et de comptabilité de
Radio-Canada, en tant que vérificateur général, je ne suis
pas en mesure de me prononcer sur la validité des chiffres
présentés par la société. Et cela, je pourrais vous
le répéter et vous le prouver sans aucun problème. Alors,
vous voyez que c'est encore beaucoup plus près de chez nous, c'est parce
que ces rapports souvent, je ne sais pas pourquoi, on devrait les remarquer
beaucoup. Mais cela c'était un rapport émis par le
Vérificateur général du Canada.
M. Garon: Une question que j'ai posée lorsque vous
étiez là, il y a quelques députés qui
étaient présents, au Vérificateur général du
Québec, pourquoi engageait-il des vérificateurs de l'Ontario ou
des États-Unis? Il m'avait dit, à toutes fins utiles, qu'il ne
pouvait pas en trouver de compétent dans la région de
Québec.
M. Bélisle: Cela, c'est charrié. Cela, c'est du
charriage.
M. Garon: Bien, vous pouvez référer directement...
Il a dit que pour faire de la vérification intégrée, il ne
pouvait pas en trouver de compétent dans la région de
Québec. Pour faire de la vérification intégrée;
parce qu'il y a des frais de séjour épouvantables, pourquoi
prenez-vous des comptables qui viennent du
diable vauvert, alors que leurs honoraires vont être de 7000 $ et
les frais de séjour ou de déplacement seront de 2500 $ à
3000 $? Cela coûte pas mal cher. Vous n'auriez pas pu en prendre de plus
près? Sa réponse avait été qu'il ne pouvait pas en
trouver de compétent dans la région de Québec; comme il a
dit qu'il ne pouvait pas en trouver qui n'avait pas de conflit
d'intérêts avec le ministère des Transports comme
ingénieur. Il n'y a pas eu de réaction à cela. J'ai
été surpris parce que c'est une affirmation qui est très
grosse. Si vous voulez avoir le texte, je peux vous le produire. C'était
lors de l'étude des engagements financiers du vérificateur
général. M. le Président, vous étiez là et
vous vous rappelez les paroles du Vérificateur général du
Québec qui ont été très dures à l'endroit
des qualifications des comptables, et il n'y a pas eu de réaction.
M. Legault: Peut-être, pour replacer dans son contexte
votre mention, vous parlez en fait d'un volet tout à fait nouveau et
d'un tout à fait nouveau mandat qui est donné au
Vérificateur général du Canada. Vous avez aussi par une
loi qui a été adoptée, je crois, le 20 juin 1984, ici
à l'Assemblée nationale, donné pour la première
fois un mandat à votre Vérificateur général du
Québec de vérification, d'optimisation des ressources que l'on
appelle plus communément vérification intégrée.
À partir de ce moment-là, je pense que comme le
fédéral avait déjà développé une
expertise de ce côté-là, puisque la loi
fédérale est plus ancienne, il était de mise qu'on puisse
aller chercher et faire des échanges d'expertise à ce
niveau-là. Mais, c'est un tout nouveau volet qui se répercute
dans le sens suivant. C'est que ce qu'on appellerait les élus du peuple
ont comme mandat de rendre compte de leur administration. À ce
moment-là, on va jeter un coup d'oeil particulier sur ce qu'on appelle
l'optimisation des ressources. Les ressources qu'on a mises à leur
disposition, par le pouvoir de taxation, est-ce qu'on les a utilisées au
maximum pour obtenir les meilleurs résultats possible, dans toute la
législation et la réglementation que le Parlement ou que
l'Assemblée nationale a passées? C'est un volet qui n'est pas
directement financier.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. Legault. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais poser une question. Vous vous rappelez sans
doute l'enquête Marceau sur Malelipêche.
Une voix: Vous avez été marqué par cela.
M. Garon: Vous devriez être marqué, vous montreriez
que vous êtes plus intelligent. Notamment, il y avait une section
là-dessus concernant les règles de déontologie des
comptables. Le fait que dans un dossier - dans le cas de Madelipê- che,
par exemple - une même firme de comptables pouvait avoir quatre ou cinq
chapeaux différents. Est-ce qu'il y a eu des suites au rapport Marceau
sur les règles de déontologie des comptables pour faire en sorte
que, dans un dossier, le comptable, le vérificateur, le conseiller ne
soient pas tous de la même firme, surtout dans les rôles où
les intérêts sont complètement différents, comme
c'était le cas de Madelipêche, de Pêcheurs unis ou le cas de
la banque?
M. Harel: En fait, M. le député, nous avons
immédiatement mis en branle, tel que recommandé par la commission
Marceau, le processus d'amendement de nos règlements de code de
déontologie. Il a été déposé à
l'Office des professions et publié. C'est une chose faite et la nouvelle
réglementation ne permet plus un tel état de fait. On ne peut
porter trois ou quatre chapeaux, être à la fois syndic de faillite
et en même temps vérificateur d'une même entreprise et
liquidateur. C'est déjà dans notre code de déontologie. On
a mis cela en branle immédiatement. Ce que je me souviens de
l'enquête Marceau, les membres impliqués dans cette affaire ont
été traduits devant le syndic de l'ordre.
Le Président (M. Chagnon): Vous êtes satisfait, M.
le député de Lévis?
M. Garon: Est-ce que ce serait trop vous demander, les
changements qu'il y a eu dans les règles de déontologie, est-ce
que je peux avoir...
M. Harel: Malheureusement, je ne l'ai...
M. Garon: Pas nécessairement aujourd'hui, mais par la
suite.
M. Harel: Oui. Cela me ferait plaisir de vous les communiquer. En
fait, il y en même des nouveaux qui seront déposés
immédiatement pour mettre aussi en branle ce que nous recommandait le
rapport Macdonald. Je pense que tout rapport qu'il y a lieu entre le public,
soucieux de notre première mission à l'ordre... On met en branle
immédiatement tous les changements qu'il pourrait y avoir au point de
vue du code de déontologie.
Le Président (M. Chagnon): M. Harel, au nom de la
commission, j'apprécierais que la commission reçoive ces
documents et elle en fera le cheminement, la dépêche auprès
de chacun des membres de la commission.
M. Harel: D'accord. (10 h 45)
Le Président (M. Chagnon): C'est une question qui est
soulevée de temps en temps.
M. Harel: Je les ferai parvenir au secrétaire
de la commission.
Le Président (M. Chagnon): Merci. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais laisser aller et je reviendrai après.
Allez voir M. le ministre.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Je voulais seulement saisir votre intervention sur la
vérification des fédérations et de la
confédération. Vous prenez acte du fait que nous ajoutons un
vérificateur pour la vérification des fédérations
du Mouvement Desjardins. Votre intervention a pour but de nous dire, d'une
part: Assurez-vous que ceux qui vont faire la vérification par la
confédération sont véritablement des comptables
agréés, d'autre part, assurez-vous que le deuxième
vérificateur est un vérificateur externe.
Vous avez parlé, du côté historique, du fait que
vous n'étiez pas tellement satisfait du statu quo. Mais vous ne demandez
pas ce changement. Vous le souhaiteriez, mais vous ne le demandez pas. Votre
recommandation est en ce sens. C'est plutôt dans la précision des
termes et dans le texte législatif.
Le Président (M. Chagnon): M. Harel? M. Truchon?
M. Truchon: Ce que nous constatons dans le texte de loi, c'est
que dans un cas, on dit: La vérification des caisses doit se faire par
le service de vérification du mouvement ou de la
confédération.
La première objection que nous posons est de dire que l'exercice
de la comptabilité publique doit se faire par un professionnel. Seules
des personnes physiques peuvent être membres d'un ordre professionnel. Si
on veut être capables de contrôler nos membres, il faut que ce soit
un de nos membres. Un service d'une corporation ne peut pas être un
membre. C'est la loi des professions qui est ainsi faite. On dit: Cela ne peut
pas fonctionner dans la situation actuelle. Il y a certainement quelque chose
à faire.
M. Fortier: Excusez-moi de vous interrompre mais est-ce que dans
la situation actuelle - vous connaissez la confédération - les
vérificateurs de la confédération sont des membres de
votre ordre? En pratique?
M. Truchon: Le responsable du service n'est pas un membre de
notre ordre. Pour établir une situation de fait, il faut quand
même le dire. Ce que nous voulons, c'est que ce ne soit pas un service
qui soit responsable, mais une personne physique sur laquelle nous avons un
certain droit de regard. On n'a pas, dans la pratique, la possibilité
d'exercer sous le chapeau d'une corporation. La confédération
est, à peu de chose près, une corporation, sauf l'aspect
légal. Je ne voudrais pas m'embarquer trop loin. C'est cette partie qui
fait en sorte que nous n'avons rien à dire. Nous ne pouvons pas faire
l'inspection en droit de la confédération pour l'aspect
vérification. On peut faire l'inspection de nos membres seulement. C'est
le premier aspect.
Le deuxième aspect concernant la dualité du mandat, dans
un cas, vous dites: le service de la vérification fera la
vérification des fédérations avec un vérificateur
externe. Dans un autre cas, on dit que l'inspecteur général peut,
lui, nommer un vérificateur. On n'a rien contre l'Inspecteur
général, bien sûr. Mais si c'est à propos qu'il
nomme un seul vérificateur, pourquoi en faudrait-il deux de par la loi?
On s'interroge là-dessus aussi. On pense qu'un, c'est suffisant.
M. Fortier: Oui, mais cela...
M. Truchon: On reconnaît d'autre part le bien-fondé
d'avoir des vérificateurs spécialisés dans la
vérification des caisses. C'est peut-être ce que rend actuellement
le service de vérification du . Mouvement Desjardins. On le dit dans
notre mémoire, on n'a rien contre cette situation. Ils ont
démontré - il faut leur donner ce qu'ils ont - un certain
professionnalisme dans leurs actions. Il faut le reconnaître et on veut
le reconnaître. On ne veut pas que cela s'étende - je vous en fais
la remarque de façon plus précise et on le disait dans notre
mémoire - à d'autres organisations que le Mouvement Desjardins.
C'est déjà un accroc, en ce qui nous concerne, à notre
champ exclusif.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Je ne vois pas la contradiction. À l'article
281, on dit: "À défaut par une caisse de faire vérifier
ses livres." C'est l'inspecteur général qui nomme. Il faut bien
comprendre que toute la dynamique de l'avant-projet de loi c'est de donner des
responsabilités aux caisses, aux fédérations et
confédérations et l'inspecteur n'intervient que par exception.
C'est pour cela qu'à l'article 281 on dit: En défaut par une
caisse de faire vérifier, l'inspecteur peut nommer un
vérificateur. C'est au cas où, mais la règle normale
serait qu'en ce qui concerne les fédérations en particulier que
la vérification de la confédération se fasse mais qu'il y
ait également un vérificateur externe qui sera, j'imagine, une
des firmes de votre ordre ou un des vérificateurs de votre ordre. En
fait, à l'article 282, vous avez fait un commentaire. Je dois vous dire
que c'est l'Office des professions qui nous avait recommandé l'article
282. Depuis ce temps, on a su que même l'Office des professions
n'était pas satisfait du libellé qu'il nous avait
communiqué; vous n'en êtes pas satisfaits non plus, alors on va
essayer de trouver un libellé qui est plus précis mais, en tout
cas, vous voyez que l'intention, quand même, c'est de raffermir
davantage
la nécessité de la vérification et, dans le cas des
fédérations, d'en avoir deux. Je pense bien que c!est
un pas en avant. Je prends note de votre commentaire. En fait, vous dites que -
à l'article 278 - non seulement les membres du service de
vérification devraient être des comptables agréés
mais la loi devrait dire que c'est fait par un comptable agréé -
c'est ce que vous dites - et non pas par un service. C'est un aspect. Comme de
raison, dans le moment, il ne faudrait pas... On se trouve devant une
vérité historique ici, comme vous l'avez dit vous-même, ils
ont obtenu ce droit-là au cours des dernières décennies de
faire leur propre vérification et ici on ne fait que le confirmer. Je
pense bien qu'on ne voudrait pas revenir en arrière sur ce point en
particulier.
Le Président (M. Chagnon): M. Truchon.
M. Truchon: Sans revenir en arrière, M. le ministre, je
pense que c'est une question de rationaliser l'opération. Le
législateur nous fait le devoir de s'assurer que ceux qui font de la
comptabilité publique exercent leur profession correctement et je pense
que vous devez nous maintenir les outils pour pouvoir contrôler si
l'exercice est bien fait et nous ne pouvons contrôler que nos
membres.
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: Cela va. Je ne sais pas si mes collègues ont
des questions à poser. Je pourrai y revenir.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II y a une question que j'aimerais vous poser, parce
que vous dites qu'il y a des rapports qui sont négatifs. Quand le
rapport de vérification est négatif, est-ce qu'il y a une
obligation légale de le faire connaître à quelqu'un ou...
Vous dites que quand il est négatif, il ne circule pas. Alors si c'est
un rapport de vérification qui est négatif et qu'il ne circule
pas, l'objet de la vérification est... Là je ne le comprends pas.
Est-ce qu'il y a une obligation légale quelque part pour le
vérificateur ou pour la compagnie de le faire circuler à ceux qui
devraient le connaître?
M. Legault: Les mandats de vérification sont ce qu'on
appelle des mandats statutaires. Donc ils sont définis par la loi, soit
la Loi sur les sociétés commerciales canadiennes ou la Loi sur
les compagnies du Québec, à la base, d'accord. À partir de
ce moment-là, il est fait obligation et ce sont les lois qui le
mentionnent de faire rapport à ceux qui ont confié le mandat. Le
vérificateur doit donc faire rapport aux actionnaires de la compagnie
s'il s'agit d'une compagnie commerciale ou membre d'un conseil d'administration
si ce sont eux qui ont donné le mandat. Par contre, il y a aussi, dans
certains cas, certains règlements. Alors le vérificateur est tenu
de remettre son rapport et ce n'est pas à lui de le rendre public ou de
le distribuer à tous vents. Il le remet à ceux de qui il a
reçu son mandat et à partir de là aussi il y a certaines
réglementations particulières qui obligent... comme la Commission
des valeurs mobilières, par exemple, qui doit recevoir les états
financiers d'une entreprise publique avec le rapport du vérificateur.
Sinon, le vérificateur n'a pas d'autres moyens que de le remettre
à ceux qui lui ont donné son mandat.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Si l'entreprise n'est pas inscrite à la
Commission des valeurs mobilières?
Le Président (M. Chagnon): M. Legault. M.
Legault:...
Le Président (M. Chagnon): Allez-y, M. Harel.
M. Harel: Si vous êtes le propriétaire d'une
entreprise, vous me confiez le mandat et je ne suis pas d'accord avec la
vérification de votre entreprise, je le remets au propriétaire,
libre à lui de le distribuer. Cela retourne aussi la même chose.
Là où c'est négatif, c'est vers les banques qui
reçoivent un tel rapport négatif, mais je pense bien que quand il
y a un rapport négatif, cela ne fait pas la manchette, surtout dans le
domaine privé. Il n'y a aucune obligation de le publier. Il y a la loi
fédérale qui a l'obligation de déposer un bilan quand une
société est incorporée en vertu de la loi
fédérale, mais il n'y a pas d'obligation de déposer un
bilan en société privée en vertu des lois du
Québec.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela peut être une grosse compagnie, au fond,
même si elle n'est pas inscrite à la Commission des valeurs
mobilières.
M. Harel: Cela peut même être une très grande
coopérative, si vous aimez mieux. Mais là il y a des
régies qui obligent les administrateurs à déposer le
bilan. Mais il n'y a pas d'obligation qui est faite aux professionnels et il y
a quand même le respect de notre secret professionnel qui a
été confirmé par des tribunaux très
récemment. Or, on n'a pas à divulguer notre bilan ou nos dossiers
dans le public, à moins d'avoir reçu l'assentiment de notre
client ou de celui qui nous a donné le mandat. On est mandant d'une
opération de vérification face à des gens qui nous
confient ce mandat-là et...
M. Garon: Oui, mais quand ils vous le confient, ils ne vous le
confient pas rien que personnellement, ils vous le confient pour
protéger les intérêts d'un grand nombre de personnes.
M. Harel: D'accord.
M. Garon: Alors si, quand vous leur remettez, il vient de mourir,
le but de la vérification n'est pas atteint. Est-ce qu'il ne doit pas y
avoir une obligation légale quelconque de le faire circuler pour que
ceux qui ont intérêt ou qui devraient savoir que la
vérification révèle qu'elle est négative puissent
le savoir et poser des questions à la bonne personne? Il me semble qu'il
y a une lacune là.
Le Président (M. Chagnon): M. Truchon.
M. Truchon: M. le Président, c'est une question de
reddition de comptes. L'administration d'une entreprise a le devoir de faire la
reddition de comptes. Elle rend ses comptes. Ce que nous faisons comme travail,
c'est d'ajouter de la crédibilité au rapport financier. Ce n'est
pas nous qui composons le rapport financier en soi.
M. Garon: Je vais vous poser la question différemment.
Dans les banques de l'Ouest, il y a eu de la vérification. Si la
vérification est faite et que les comptables s'aperçoivent de
toutes les choses irrégulières qui se font là et
avertissent les dirigeants qui sont sans doute au courant, qu'est-ce que donne
la vérification? Ceux qui devraient le savoir ne le savent pas. Dans les
deux banques qui ont fait faillite, je serais bien étonné que les
dirigeants n'aient pas été au courant de ce qui se passait
là. Alors qu'est-ce que la vérification vient donner aux
actionnaires qui, eux, ne sont pas des initiés et ne sont pas dans le
secret des dieux? Il me semble qu'il y a un trou.
Le Président (M. Chagnon): M. Truchon.
M. Truchon: Vous prenez, M. le Président, un cas
très spécifique et je le reconnais également. Mais le
mandat du vérificateur, c'est d'abord d'exprimer une opinion sur
l'état financier. Bien sûr qu'au-delà de cette
opinion-là, si le vérificateur a constaté, comme M. le
ministre le disait tout à l'heure, certaines pratiques
financières qui ne sont pas saines, généralement et sans
que la loi ne l'y oblige - sauf certaines lois, la Loi sur les banques est
différente - le vérificateur va faire ses commentaires à
l'administration. Mais son rapport aux actionnaires est de dire si le bilan
représente la situation financière de l'entreprise. La direction
a peut-être dilapidé des biens, mais si ce qui est montré
est ce qui reste et que c'est ce que l'actionnaire nous demandait, on lui
répond: Oui, voici ce qui reste. L'étape suivante, je pense, est
aux actionnaires, directement ou par la voix d'intermédiaires, de poser
des questions aux administrateurs qu'ils ont élus: Qu'est-ce que vous
avez fait avec nos biens? Si on prend le cas ici de la présente loi
où on fait une obligation additionnelle, c'est la loi qui fait une
obligation additionnelle, de devoir se prononcer à l'article 297.4 sur
certaines pratiques financières saines ou non saines de
l'établissement, c'est introduit dans la loi. Mais la loi sur les
corporations canadiennes, la Loi sur les sociétés commerciales
canadiennes plutôt et la Loi sur les compagnies du Québec, et
spécialement la Loi sur les compagnies au Québec, ne font pas
cette obligation-là. Alors notre rapport va à l'actionnaire qui
nous a mandatés. Généralement, le créancier ou les
principaux créanciers vont l'exiger, d'autre part. Mais le
vérificateur n'a pas à répondre à la banque,
à titre d'exemple. Il a une certaine responsabilité - les
tribunaux se sont prononcés là-dessus - envers les tiers mais on
n'a pas à répondre et à diffuser l'information aux tiers.
Notre mandat est d'exprimer une opinion sur les états financiers. Nous
le faisons. La responsabilité de la direction est de diffuser à
qui de droit cette information-là. D'autre part, il faut
reconnaître que des créanciers, principalement des
créanciers importants, vont exiger d'avoir l'état financier qu'il
soit positif ou négatif.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis. (11 heures)
M. Garon: Si on prend le cas des banques de l'Ouest, au fond,
ceux qui perdaient étaient les déposants, des actionnaires qui
n'étaient pas au courant de ce qui se passait. À ce
moment-là, la vérification n'est pas utile en aucune
façon, si on découvre cela et qu'on remet le rapport aux
dirigeants qui, eux, sont au courant de toute façon parce qu'ils sont
sans doute responsables de cela.
M. Truchon: M. le Président, je pense que c'est là
qu'a été l'aspect positif dans les dernières années
des comités de vérification. Vous avez sûrement entendu
parler des comités de vérification. Cela a été une
solution formidable au problème que vous soulevez, M. le
député de Lévis, à savoir" que les commentaires que
le vérificateur pouvait faire à la direction, cela restait mort
à ce niveau-là ou cela restait chez le dirigeant principal.
Aujourd'hui, avec les comités de vérification, le
vérificateur a une porte d'entrée, un forum avec qui discuter des
problèmes qu'il y a dans l'entreprise. Le comité de
vérification est formé de membres du conseil d'administration. Si
la direction elle-même, si le comité de vérification
décide de ne pas publier une information, c'est sa
responsabilité. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont pris des
responsabilités. C'est pourquoi la création des comités de
vérification, nous, les comptables
agréés, dans tout le Canada et aux États-Unis, on
en a été enchantés, et on a poussé partout la
création de comités de vérification, parce que cela
permettait ce forum. Cela nous permettait d'aller dire directement à des
administrateurs et non pas aux dirigeants: Cela ne fonctionne pas dans votre
boîte, à tel et tel endroit; vos états financiers sont bien
beaux; c'est correct; votre situation financière, votre compte de
banque, tel qu'il est là, c'est bien ce qu'il vous reste; il ne vous en
reste pas plus, mais vous avez des poux à l'intérieur. Et c'est
là qu'on le leur dit. Mais ce n'était pas à nous à
publier.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je vais vous inviter à conclure car, compte tenu de
l'horaire que nous nous étions fixé au départ, nous sommes
à l'étape des déclarations finales, des remarques finales.
Je vous cède à nouveau la parole.
M. Garon: En conclusion, puisque vous pourrez prendre la parole
en dernier, j'aimerais vous demander s'il ne serait pas bon que les obligations
légales de diffusion de l'information - je ne veux pas dire de publier
cela dans les journaux - que des gens dans une entreprise devraient être
au courant de la situation, au-delà même du conseil
d'administration, du comité exécutif ou du comité de
vérification. Il pourrait y avoir des obligations plus larges pour que
l'entreprise corrige la situation, parce qu'il peut arriver que les dirigeants
soient parties aux irrégularités.
Comme mon temps est écoulé, je vais vous remercier. Comme
le ministre doit parler après, dans le respect du règlement de la
Chambre, et qu'après le président va sûrement vous confier
la parole, j'aimerais avoir un commentaire de votre part là-dessus. Je
vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation.
M. Fortier: M. le Président, M. Harel, messieurs, je suis
heureux de constater que l'ordre est bien conscient de ses
responsabilités. Il est vrai, ayant moi-même fait partie de ces
comités de vérification formés la plupart du temps de
membres du conseil qui sont extérieurs à la boîte et non
pas de membres de l'intérieur, que cela a apporté
véritablement un forum de discussion.
En conclusion, je veux simplement vous remercier. Je crois que vous en
êtes conscients et que vous voulez assumer vos responsabilités. En
ce qui concerne l'article 297, 4°, vous dites que les normes ne sont pas en
place. J'ose espérer que l'ordre, en collaboration avec les ordres des
autres provinces et en collaboration avec l'inspecteur, je crois qu'il y a des
forums qui existent à ce sujet... Quant à nous, je vous offre
notre collaboration. Je crois que l'Ordre a certainement une
responsabilité pour définir ces normes qui pourraient
dériver des nouvelles responsabilités qu'on vous impute,
d'ailleurs qui vous ont été imputées dans la loi du
Québec sur les fiducies. Je vous remercie d'être venus et nous
vous offrons notre collaboration si, dans la pratique, il y avait
nécessité de préciser certaines normes. Je pense qu'en
définitive, il reviendrait à votre ordre de les définir
dans la pratique courante.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
Si vous voulez ajouter quelques mots.
M. Truchon: M. le Président, il y aurait deux ou trois
brefs commentaires que j'aimerais faire qui, d'un côté,
revêtent un appui également pour le Mouvement Desjardins
relativement à cette loi. J'ai été personnellement
très surpris - je me réfère ici à l'article 283
principalement - et je regrette le fait qu'on élimine à toute fin
que de droit - peut-être que personne l'a vu comme tel - à peu
près tous les c.a., les comptables agréés, des conseils
d'administration des caisses ou de la fédération. C'est
peut-être une orientation que le législateur veut prendre. Bien
sûr qu'on la respectera, mais on n'est pas convaincu que c'est une chose
aussi bonne que cela. Je pense que les comptables agréés peuvent
ajouter énormément au fonctionnement des conseils
d'administration des fédérations et des caisses. Je me
réfère à l'article 283 parce que je dis, à titre
d'exemple, pour faire un cas particulier, Roland Truchon est actuellement
président d'une caisse populaire. Mon cabinet veut avoir la
vérification d'une des fédérations ou d'une des
confédérations, il y a un choix. Roland Truchon doit
démissionner comme président de la caisse. Cela va loin parce
qu'on dit: II s'agit du bonhomme, de ses associés et des personnes avec
qui il est relié. Mon épouse ne pourrait pas être dans un
conseil d'administration d'une caisse si la firme chez nous avait la
vérification de la confédération ou d'une
fédération.
Quelle influence mon épouse peut-elle avoir sur la
vérification de la confédération? J'aimerais bien qu'on me
l'explique. Je trouve regrettable qu'on vienne d'éliminer presque
automatiquement la grosse partie des comptables en exercice public. C'est un
commentaire que je fais sur l'article 283.
Quant à l'article 296, je n'ai malheureusement pas eu le temps de
lire le mémoire du mouvement, mais je trouve que cet article c'est
peut-être de dépasser un peu le mandat du vérificateur de
devoir envoyer une copie de son rapport directement à l'inspecteur
général. Je pense qu'en tant que gestionnaire d'un
établissement, je veux bien répondre à toutes les
questions et, le cas échéant, à toutes les demandes de
l'inspecteur général, mais est-ce que le vérificateur
comme tel doit avoir dans son mandat le devoir d'envoyer directement une copie
de son rapport? Je pense que cela devrait passer
par l'administration. En tout cas, ce sont mes vues.
Les articles 468 à 471 sont des articles où le
législateur veut confier à l'inspecteur général le
pouvoir de faire des écritures aux livres d'une caisse. Cela
m'apparaît un peu fort. Il me semble que l'inspecteur pourrait avoir
d'autres moyens de représailles ou d'autres outils de gestion que
d'avoir le pouvoir de faire des écritures dans les livres des caisses.
Je me réfère aux articles 468, 469 et 470, si l'inspecteur n'est
pas satisfait de l'évaluation d'un bien, il peut commander avec l'accord
de la caisse, ou même sans l'accord, la réévaluation du
bien et, le cas échéant, réduire la valeur du prêt
inscrit aux livres. Je pense qu'il pourrait peut-être imposer à la
caisse de réduire, mais de là à le réduire
lui-même, je m'interroge.
Voilà les commentaires que j'avais à faire sur cette
partie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Nous vous remercions et la
commission en prend bonne note.
J'inviterais maintenant M. le ministre et, ensuite, le porte-parole de
l'Opposition à nous faire leurs remarques finales s'il vous
plaît.
M. le ministre.
M. Fortier: Je pensais qu'on avait conclu.
Le Président (M. Lemieux): Non, il a été
convenu entre les leaders que vous auriez une période d'une quinzaine de
minutes si vous avez des remarques finales à faire.
M. Fortier: Cela va. Je prends bonne note de vos commentaires sur
l'article 283. En fait, comme vous le voyez, dans d'autres institutions
financières plusieurs personnes se sont inquiétées des
liens pouvant exister entre un vérificateur et une personne qui
était un officier important de cette institution. Je pense bien qu'on
aura l'occasion d'en discuter. Je pense qu'hier on a fait d'autres
représentations semblables à savoir que nous étions trop
sévères dans l'application du code de déontologie.
Bien sûr, les articles 468, 469 et 470 sont des pouvoirs
très importants. Je crois qu'on a aussi le pendant dans la Loi sur les
fiducies. Ce sont des recours de dernière instance, bien sûr. De
toute façon, on dit à l'article 470 qu'avant de procéder,
l'inspecteur doit aviser la caisse, la fédération ou la
confédération et, donc, elles doivent être entendues.
J'imagine qu'à ce moment il y a un plaidoyer. Cette exigence provient,
comme vous le savez, de certains abus dans l'Ouest canadien, encore
là.
Il est évident que le législateur réagit, certains
diront trop fortement, à des pratiques qui ont eu lieu récemment
dans d'autres institutions financières, mais il reste que les
régulateurs étaient pris au dépourvu, même quand ils
constataient qu'il y avait des situations qu'ils ne devraient pas
tolérer. Ici, on se donne des moyens d'intervention lesquels, j'oserais
espérer, seraient des moyens d'intervention de dernière instance.
En tout cas, on prend bonne note de vos commentaires.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. Nous allons maintenant terminer par les remarques...
M. Fortier: J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé,
alors, M. le député de Lévis, vous pouvez faire des
remarques finales sur l'ensemble de cette consultation.
M. Garon: Le ministre ne prend pas ses quinze minutes?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre m'a dit qu'il a
terminé. Ce que je veux vous faire savoir, M. le ministre, c'est que
vous avez quinze minutes après le député de Lévis,
pour faire des remarques finales sur l'ensemble de cette consultation
générale.
M. Fortier: Ah, d'accord! Cela veut dire qu'on a fini
l'audition.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons maintenant
terminé l'audition de l'Ordre des comptables agréés. Ces
gens peuvent demeurer à la table des témoins. Je cède la
parole au député de Lévis qui dispose d'une période
de quinze minutes pour faire des remarques générales sur
l'ensemble de cette consultation. Par la suite, M. le ministre, vous aurez
quinze minutes.
M. Fortier: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît. Oui, monsieur?
M. LegauH: Excusez-moi, M. le Président. J'aurais
aimé avoir l'occasion d'utiliser quelques secondes de votre temps...
Le Président (M. Lemieux): Vous savez que c'est
très rapide, quelques secondes.
M. Legault: ...pour vous remercier...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes bien
gentil.
M. Legault: ...de nous avoir entendus. Nous en sommes très
heureux.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous dire que
vous êtes excessivement concis. M. le député de
Lévis, en remarques finales, s'il
vous plaît.
Remarques finales M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, mes remarques finales sont pour
dire que j'ai été très impressionné de la
qualité des mémoires des gens qui sont venus nous rencontrer
cette semaine. Ce qui m'a surtout frappé, c'est le nombre de
commentaires concernant des articles en particulier. Je pense qu'un bon exemple
ce matin, c'est l'Ordre des comptables agréés. Il relève
un certain nombre d'articles et indique les conséquences qu'il y aura
à ces articles s'ils sont adoptés tels quels ou quelles sont les
implications de la rédaction des articles telle qu'elle est faite. Ce ne
sont pas les seuls, puisque le Mouvement Desjardins a pris la peine d'ajouter
une annexe avec des commentaires concernant un grand nombre d'articles.
Il y a également eu plusieurs intervenants. Ce qui me fait dire
que le projet de loi devrait être déposé le plus rapidement
possible pour que les organismes puissent, avant l'adoption du projet de loi,
faire des commentaires sur des articles particuliers, parce que, comme
parlementaires, c'est évident qu'on n'est pas au courant de toutes les
pratiques. Il n'y a pas de grâce d'état; une fois qu'on est
élu, on ne devient pas plus connaissant le lendemain que la veille.
Comme parlementaires, on ne peut pas connaître toutes les pratiques et
toutes les implications que peuvent présenter les articles
rédigés dans un sens, d'une certaine façon et les
difficultés d'interprétation ou encore l'interprétation
qui peut modifier les pratiques, surtout lorsque, comme on l'a dit a plusieurs
reprises ici, le mouvement coopératif est né d'une loi
très simple où les gens ont adopté des pratiques qui
n'étaient pas interdites, qui n'étaient tout simplement pas
mentionnées dans la loi, mais ils l'ont fait pour fonctionner et parfois
parce qu'on part d'une loi d'environ 200 articles pour passer à 575
articles, ce qui veut dire que beaucoup de pratiques seront maintenant
codifiées dans la loi et il pourra y avoir des implications
importantes.
Voici ce qui m'a frappé également. J'ai été
impliqué dans les choses coopératives depuis plusieurs
années, parce que j'ai toujours cru que le mouvement coopératif
était un mouvement d'émancipation des Québécois qui
ont manqué le XIXe siècle, alors qu'on formait des capitalistes,
nous, nous formions des missionnaires; donc, nous n'avons pas formé de
capitalistes. Par ailleurs, on s'est rapidement rendu compte qu'on était
plusieurs petits ensemble et que cela pouvait équivaloir a un gros
capitalisme et qu'on pouvait former des institutions qui deviendraient fortes
par la loi du nombre. Aujourd'hui, je remarque que les gens sont souvent
contents d'aller à des assemblées, de citer le Mouvement
Desjardins, la
Coopérative fédérée, Agropur, les
différentes coopératives, soit Agrinove, Purdel, etc. Je pourrais
en nommer plusieurs autres. (11 h 15)
Mais ce qui me frappe, c'est que, lorsque la coopérative est
artisanale et petite, on la voit avec une certaine pitié et on a un
amour démesuré. Lorsqu'elle grandit et qu'elle réussit,
à travers les difficultés que cela représente avec des
centaines et parfois des milliers de personnes, on commence à l'accuser
d'être devenue grosse, alors que sa grandeur est justement l'indice de la
confiance que les gens ont placée en elle et dans la formule. C'est
pourquoi je pense qu'on devrait beaucoup plus avoir un sentiment de
fierté de la réussite de Desjardins que la comparer à de
grandes entreprises capitalistes. Cela demande beaucoup plus d'efforts,
beaucoup plus d'esprit de coopération de réussir dans une
coopérative que dans une entreprise à capitaux privés
capitaliste, parce que c'est beaucoup plus simple tandis que le cheminement,
les décisions, on l'a indiqué ici, sont beaucoup plus difficiles
dans un mouvement comme Desjardins. Je pense qu'il était fondamental...
je ne partage pas l'opinion de ceux qui disent qu'il s'agit d'une corporation
où les décisions viennent d'en haut. Je pense vraiment qu'on est
dans le cadre d'un regroupement de coopératives locales qui se sont
donné une bannière commune, formule qu'adoptent de plus en plus
les Québécois. Je pense à l'image Desjardins, j'ai
déjà mentionné Métro, Provigo, on pourrait
mentionner Rona, on peut mentionner même des chaînes d'hôtels
maintenant qui se donnent une bannière commune pour se donner une force
qu'ils n'auraient pas individuellement.
Je ne pense pas que le fait de grossir veuille dire qu'on ne peut pas
demeurer coopératif. La législation qui va être
adoptée par le gouvernement va être très importante pour
que l'équilibre soit maintenu aux coopératives locales qui se
sont donné des services en commun pour ne pas que, par la
répartition des pouvoirs, on en vienne à faire une entreprise
où les ordres vont venir d'en haut et où la base n'aura plus
grand-chose à dire. Je ne dis pas que le projet de loi a
été fait dans ce sens-là, mais je veux dire tout
simplement qu'il faut être prudent pour respecter les fondements du
Mouvement Desjardins.
Deuxièmement, il faut aussi être conscient, Desjardins a
dit que dans 600 municipalités du Québec, il n'y a pas d'autres
institutions financières qu'une caisse populaire. Si on veut que cela
soit un stand à patates frites, ce sera un stand à patates
frites. Si on veut aussi que la caisse puisse offrir différents services
à l'ère moderne, on s'en va plutôt vers l'an 2000, on ne
retourne pas vers 1900, je pense bien que le ministre va devoir prendre des
décisions et se rendre compte que le développement de la petite
et moyenne entreprise au Québec est peut-être lié au
développement Desjardins dans un grand
nombre de régions du Québec. On a assité, au cours
des dernières années, à un développement
phénoménal des petites entreprises mais qui a
coïncidé avec le développement Desjardins. Quand on regarde
la croissance du Mouvement Desjardins, on dit: un milliard en 1963, 2 milliards
en 1972, 7 milliards en 1976 et 35 milliards en 1988, c'est un
développement phénoménal au cours des douze
dernières années de passer de 7 à 35 milliards. Ce sera
sans doute plus facile de passer de 35 à 50 ou à 60 que cela a
été de passer de 1 à 2, parce que cela suppose maintenant
une organisation de services que le gouvernement doit contribuer à
permettre. Si quatre millions de Québécois ont voulu utiliser le
Mouvement Desjardins, il faut que l'habit qui va être fourni par la
législation convienne à ce que quatre millions de
Québécois ont choisi. Il y en a beaucoup qui vont dire que quand
les gens vont à une caisse populaire, ils ne ' savent pas que c'est une
caisse coopérative, ils ne sont pas au courant de tous les principes
coopératifs. C'est comme cela dans beaucoup de domaines. Parmi les
quatre millions de coopérateurs, ils ne sont pas tous parfaits. Je
disais que le pape aimerait bien que les 600 millions de catholiques soient
beaucoup plus parfaits. Mais, qu'est-ce que vous voulez? Les gens ont choisi de
développer un mouvement et je pense qu'il faut prendre état du
fait.
Je pense que dans le dossier du décloisonnement, cela ne doit pas
être un décloisonnement cloisonné pour certains et
décloisonné pour d'autres. Je pense que le ministre doit faire
preuve de leadership et de cohérence. À mon avis, il ne doit y
avoir qu'un régime de décloisonnement qui va être le
même pour tous. Vous dites qu'il y a quatre piliers. On ne pourra pas
dire que certains piliers ont tous les pouvoirs et d'autres n'en ont pas. Hier,
on m'a parlé des institutions financières qui n'étaient
pas de grosseur égale. Je vais vous dire que dans le domaine de
l'assurance, quand Métropolitain Life vient faire affaire au
Québec, je n'ai pas l'impression que c'est la société
Saint-Vincent-de-Paul qui vient y faire affaire. C'est dans les ligues majeures
et c'est pas mal plus gros que toutes les institutions financières qu'il
peut y avoir au Québec. La concurrence, dans les années qui
viennent, avec le libre-échange, s'il est adopté, va se faire
autant avec des sociétés de l'extérieur que des
sociétés d'ici. Si on veut que le domaine de l'assurance se
développe avec des sociétés étrangères,
c'est un choix. Habituellement, le ministre pourra regarder le nombre de primes
qui sont payées à des sociétés
étrangères, est-ce que c'est ce qu'on veut? Est-ce qu'on
n'aimerait pas mieux donner la possibilité, dans le cadre du
décloisonnement, à des entreprises québécoises
d'occuper davantage de terrain chez nous et, éventuellement ailleurs, au
lieu de, comme je me rappelle, on parlait de 25 % de primes quand j'ai
commencé à m'intéresser à cela, et on dit encore
que 25 % des primes sont payées à des entreprises
québécoises. Cela n'a pas changé beaucoup. Cela veut dire
que 75 % sont payés à des compagnies étrangères. Si
on a un organisme qui est placé pour occuper davantage le marché
et avoir davantage de primes payées, s'il y a une entreprise
coopérative québécoise, pourquoi pas? On a une
responsabilité comme législateur, surtout le ministre a une
responsabilité, parce que lui-même l'a annoncé au mois de
mars 1987 - il était fier de l'annoncer - maintenant on n'a pas
l'impression que le décloissement est parti pour se faire de la
même façon pour tous. Le ministre doit établir ce qu'il
veut faire au nom du gouvernement. S'il veut reculer sur le
décloisonnement il peut le faire, mais il doit le faire pour tous. S'il
veut avancer dans le cadre du cloisonnement, il doit le faire pour tous,
autrement je ne comprendrai pas ce qui a fait changer le ministre d'opinion sur
le discours qu'il a fait lors de la présentation de son livre sur le
décloisonnement des institutions financières et des discours
qu'il a faits par la suite lors de la présentation de projets de loi. Il
va être très important que le ministre dise si son livre sur le
décloisonnement des institutions financières fonctionne toujours
ou si s'il faut l'oublier, s'il y a des sections qui ne sont plus vraies ou si
l'ensemble du livre est encore vrai. Les institutions québécoises
ont le droit de savoir ce que le gouvernement fait mijoter pour eux dans sa
marmite. Ils ont le droit de savoir. Le président du Mouvement
Desjardins a dit que le Mouvement Desjardins ne peut pas vivre dans
l'ambiguïté comme cela. Que des lois soient rédigées
de façon ambiguë pour aller les faire trancher
éventuellement devant les tribunaux, alors que le gouvernement n'aura
pas eu le courage de dire clairement ce qu'il voulait faire. Le gouvernement
veut vraiment qu'il y ait décloisonnement, dans les titres ou dans les
produits des institutions financières... On ne veut pas qu'il y ait
décloisonnement mais c'est l'un ou l'autre: II y a
décloisonnement dans le produit des institutions financières ou
il n'y a pas décloisonnement. Cela ne peut pas être une notion
vague, ambiguë, où des entreprises québécoises ou des
groupes québécois devront aller se battre devant les tribunaux
parce que le gouvernement aura manqué de courage pour dire clairement ce
qu'il devrait dire clairement dans des lois. Quand le législateur
légifère, c'est parce qu'il veut dire quelque chose. Les
tribunaux assument toujours qu'il veut dire quelque chose. On présume
toujours que le législateur ne parle pas pour ne rien dire. C'est une
règle d'interprétation des tribunaux. Quand les juges lisent un
article de loi, ils disent: II a voulu dire quelque chose, il n'a pas voulu
rien dire. Pour l'avenir économique des institutions financières
québécoises, il est très important que les choix soient
clairement exprimés et que les intentions du gouvernement soient
manifestées d'une façon claire dans les lois qui sont
votées par l'Assemblée nationale.
Tout le monde veut avancer. Tout le monde convient que cela prend une
nouvelle législation pour les caisses d'épargne et de
crédit, des deux côtés de la Chambre. Je souhaite que la
loi soit déposée dès l'ouverture de la session, au mois
d'octobre, le plus rapidement possible, pour qu'on ait le temps d'entendre
ensuite les réactions des gens sur des articles techniques particuliers
afin de savoir exactement les implications concrètes de ces articles. Si
tout cela est parfait, ce sera très rapide. Les gens vont nous dire: II
n'y a pas de problème. Autrement, ils pourront nous produire quelques
mémoires rapides sur des points qu'ils aimeraient faire valoir devant
nous, pour nous indiquer l'implication des articles tels que
rédigés dans le projet de loi et tels qu'ils souhaiteraient
qu'ils soient rédigés, même si c'est divergent.
Après, les parlementaires peuvent faire des choix en toute connaissance
de cause, en étant bien éclairés. Ce serait malheureux
d'adopter, dans un régime du mois de décembre, un projet de loi
d'une telle importance qui touche plus de 4 000 000 de Québécois,
1345 caisses d'épargne et de crédit. En réalité, il
touche l'ensemble du territoire québécois et des citoyens. Il est
au coeur du développement économique du Québec, par nos
propres moyens, comme on aime souvent à le dire. Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, pour
les remarques finales.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, sans trop exagérer,
sans trop d'enflure verbale, j'aimerais dire quand même qu'il s'agit d'un
moment historique. Je partage avec le député de Lévis et
mes collègues toute leur admiration pour le Mouvement Desjardins.
On parle de la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit
mais, comme je l'ai indiqué, avec la fusion des caisses
d'établissement et des sociétés d'entraide, il ne restera
plus sous la loi, à toutes fins utiles, que le Mouvement Desjardins. Il
est approprié, dans une certaine mesure, de parler de la loi touchant le
Mouvement Desjardins. Pour indiquer que c'est un moment historique - j'en ai
bien conscience et le député de Lévis l'a indiqué -
le gouvernement avait adopté en 1963 une loi qui s'est
avérée très bonne. Même si on y constate des lacunes
maintenant, on s'aperçoit que Jean Lesage et Daniel Johnson avaient
voté unanimement la loi de 1963 des sociétés
d'épargne et de crédit, sans le savoir. De là où
ils sont maintenant, ils doivent constater l'évolution très
rapide. Ils doivent s'en trouver très satisfaits.
Hier soir, j'indiquais à mes collègues ministériels
que probablement dans 25 ans d'ici, après que la nouvelle loi sera
adoptée, on regardera également le Mouvement Desjardins. On fera
face à un géant - je n'utiliserai pas le mot "mammouth" - qui,
non seulement aura des antennes au Québec, mais dans plusieurs provinces
canadiennes et peut-être même aux États-Unis et
ailleurs.
À cause de son ampleur, on sait aujourd'hui que le tiers des
dépôts au Québec se font au Mouvement Desjardins. C'est
à cause même de cette importance que la nouvelle loi apporte des
contraintes jugées, à certains égards, trop
sévères: C'est justement parce que le Mouvement Desjardins est ce
qu'il est que les régulateurs, que ceux qui ont la responsabilité
de s'assurer de la santé financière des institutions
financières, font des recommandations au gouvernement. Le ministre
lui-même est convaincu qu'il est nécessaire d'apporter des
modifications qui ajoutent des contraintes.
Il est évident que le Mouvement Desjardins, en 1988, n'est pas
celui de 1963. Certains comportements, certains développements,
certaines façons de faire qui avaient lieu dans le passé devront
être corrigés pour s'assurer que les conflits
d'intérêts, en particulier, et les transactions entre
intéressés ne puissent pas, dans l'avenir, nuire à la
santé financière et au respect que tous les
Québécois ont pour le Mouvement Desjardins.
Je remercie tous les intervenants qui se sont présentés
devant nous. Je remercie les députés ministériels qui ont
eu la patience de partager avec nous cette commission et qui m'ont fourni
à l'occasion, que ce soit en public ou en privé, des commentaires
fort pertinents; d'ailleurs, je sais que nous allons continuer à
travailler ensemble. Je remercie le député de Lévis. S'il
est vrai qu'il m'arrive parfois de critiquer le député de
Lévis, je dois dire qu'en cette commission parlementaire il fut
exemplaire. Je le dis parce que je le crois et que c'est vrai; le
député de Lévis est arrivé à temps à
toutes les commissions parlementaires. Il a fait une contribution exemplaire.
Je crois que dans le secteur des institutions financières, ce n'est pas
nouveau au Québec, que ce soit en 1906, 1963 ou 1988, on ne peut pas
dire que les différentes formations politiques ont des politiques
différentes. Je le dis bien simplement. Je crois que nous partageons,
comme Québécois, une vision du monde financier, du besoin d'avoir
des institutions financières fortes. Cette pensée est
partagée également par le Parti libéral du Québec
et par le Parti québécois. Je ne connais pas les autres instances
politiques qui sont moins connues au Québec, mais en ce qui concerne ces
deux formations politiques, je crois qu'il est vrai qu'à plusieurs
égards nos politiques convergent et c'est bon pour les
Québécois, parce que cela signifie qu'il n'y a pas de
discontinuité lorsque les gouvernements changent, mais que chacun
continue selon son inspiration à déployer ses énergies
pour s'assurer que nos institutions financières continuent à
servir la population et à servir toutes
les régions du Québec. Le député de
Lévis évoquait le besoin d'avoir des institutions
financières pour s'assurer que les petites et moyennes entreprises en
région soient bien desservies. Comme il le sait, et comme nous le
savons, nous avons dans le projet de loi certaines dispositions qui, en
particulier les 2 % de l'actif des caisses, pourraient servir en capital de
risque. En région, cela va être une disposition extrêmement
importante. Je crois que cela correspond à un des commentaires que me
faisait le député de Lévis à ce sujet.
Ce qui m'a frappé dans tout ce débat sur le
décloisonnement, parce qu'en fait dans une certaine mesure il y a eu un
débat sur le décloisonnement, c'est contrairement à il y a
un an où on sentait des tensions très vives. Il y a même eu
beaucoup d'émotion lorsque les gens nous faisaient part de leurs
revendications en cette commission parlementaire, que ce soit de la part du
Mouvement Desjardins, de l'Association des courtiers ou du Regroupement des
bureaux de courtage. Je mentionne ceux-là, parce que ce sont ceux qui
sont le plus engagés dans le dossier du décloisonnement. Je dois
les remercier parce qu'ils ont fait valoir leur point de vue avec conviction et
détermination, mais en le faisant de façon sobre et en sachant
fort bien que de toute façon nous allons vers un monde
décloisonné et qui devra se faire, bien sûr, à
certaines conditions pour respecter l'évolution requise pour certains
d'entre eux qui, il y a quelques années, ne voyaient pas l'avenir comme
étant un avenir décloisonné. Même l'Association des
courtiers, hier, nous disait: Nous savons que nous allons vers un monde
décloisonné - et j'espère que je ne trahis pas sa
pensée - tout ce que nous recherchons, c'est des moyens nous-mêmes
d'en profiter. À ce sujet, je crois que je lui ai dit très
clairement que j'irai au Conseil des ministres prochainement avec un document
touchant le décloisonnement des intermédiaires pour que ces gens
puissent également en profiter. Donc, dans la mesure où on le
pourra, on essaiera de faire ces choses le plus rapidement possible, pour ne
pas que cela soit une institution financière qui en profite et non pas
les institutions financières et, sûrement, pour s'assurer que les
intermédiaires de marché eux-mêmes puissent en
profiter.
Là-dessus, M. le Président, je conclus pour dire ce que
tout le monde croit, je crois, autour de cette table, que la commission
parlementaire a été très utile, que les
représentations qui nous ont été faites ont
été quelquefois techniques, quelquefois politiques, mais toujours
utiles et que nous allons les prendre en sérieuse considération
dans les jours qui viennent. M. le député de Lévis, dans
la mesure où je puis influencer le calendrier, parce que nous avons, au
gouvernement et à l'Assemblée nationale, des instances qui
revoient les lois, ce n'est pas le ministre qui a le contrôle parfait de
la machine lorsqu'il s'agit de proposer une nouvelle loi, nous propo- sons et
il y a des instances décisionnelles qui examinent les lois à la
loupe, mais dans la mesure où je pourrai influencer le calendrier,
dis-je, j'oserais penser qu'avant le 15 novembre, au plus tard, nous pourrons
déposer le projet de loi et qu'ensuite, avec la collaboration des
députés ministériels, du député de
Lévis, des députés de l'Opposition, nous pourrons
procéder dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Je
remercie les membres de cette commission de même que l'Inspecteur
général des institutions financières ainsi que son
personnel pour leur assuidité remarquable et leur compétence, de
même que toute autre personne ou groupe qui a présenté un
mémoire à cette commission parlementaire en faisant valoir son
point de vue sur cette consultation générale.
La commission du budget et de l'administration ayant accompli son mandat
de consultation générale sur l'avant-projet de loi, Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit, j'ajourne cette commission sine
die. Merci de votre collaboration.
(Fin de la séance à 11 h 36)