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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 70, Loi sur les caisses d'épargne et de crédit. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacements pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le Secrétaire.
M. le ministre, vous pouvez faire des remarques préliminaires et suivra
le porte-parole de l'Opposition. Oui, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Est-ce que vous appelez les députés?
Le Président (M. Lemieux): Non, je n'appelle jamais les
députés, M. le député de Lévis. Tout ce que
j'ai à faire est de constater qu'il y a quorum. Effectivement, il y a
quorum. M. le ministre, est-ce que vous voulez y aller de remarques
préliminaires relativement au projet de loi 70?
Remarques préliminaires
M. Fortier: Très brièvement, M. le
Président. J'aimerais dans un premier temps remercier tous mes
collègues ministériels et de l'Opposition qui sont
présents aujourd'hui. Nous commençons, bien sûr,
l'étude d'un projet de loi très important. Nous l'avons
noté hier, lorsque nous avons fait le débat en deuxième
lecture. Le député de Lévis l'a mentionné, je l'ai
mentionné, et je crois que c'est vrai. Sans trop exagérer, on
pourrait même dire que c'est un moment historique puisque ça fait
25 ans que cette loi n'a pas été modifiée et qu'il s'agit
d'ajustements importants que nous allons faire aux caisses d'épargne et
de crédit, puisque la loi s'applique aux caisses d'épargne et de
crédit, ce qui à toutes fins utiles s'applique au Mouvement
Desjardins, et à toutes les caisses d'épargne qui en sont
membres, plus une caisse qui est indépendante du mouvement Desjardins,
celle de Rimouski. C'est donc dire qu'il s'agit d'une loi qui s'applique au
mouvement Desjardins plus à une caisse qui est indépendante
présentement.
Bien sûr, je voulais simplement souligner au départ
qu'à l'origine la loi des caisses d'épargne et de crédit
s'appliquait aux caisses d'établissement et vous retrouviez à ce
moment-là, lors de l'avant-projet de loi, des références
aux caisses d'établissement. Mais, depuis ce temps, à la suite
d'une initiative, j'étais pour dire des Coopérants, mais c'est
plutôt du groupe des sociétés d'en- traide. il y a eu
transformation et fusion des caisses d'établissement en
sociétés d'établissement qui ont fusionné avec les
sociétés d'entraide. Donc, dorénavant, la loi ne
s'appliquera plus aux caisses d'établissement puisqu'il n'y en a plus.
C'est donc dire que la loi s'appliquera uniquement aux caisses, comme je viens
de le dire.
Alors, avec ces quelques remarques, je voudrais assurer les membres de
la commission, puisqu'il s'agit d'une étude assez technique, de toute
notre collaboration entre les sessions, et même durant notre
étude. S'il y avait des points techniques sur lequels certains membres
de la commission voudraient avoir des explications plus étendues - je ne
parie pas à la commission même parce que tous les membres de la
commission peuvent poser toutes les questions - mais si, en dehors des travaux
de la commission, certains membres voulaient avoir des explications
additionnelles, je puis leur assurer que l'inspecteur des institutions
financières et Me Boivin, qui est avec nous, Mme La Grenade, M.
Vaillancourt qui est là, les collaborateurs de M. Bouchard qui sont
ici... S'il était nécessaire que les membres de la commission
leur posent des questions, cela me fera extrêmement plaisir de leur
demander leur collaboration.
J'ai demandé à mon attaché politique, M. Samson, de
distribuer aux membres de la commission ce qu'on appelle le cahier de ministre
pour que les membres de la commission puissent intervenir plus facilement
puisque dans ce document on retrouve l'ancienne loi, dans la mesure où
c'est possible, juxtaposée aux nouveaux articles de la nouvelle loi,
permettant ainsi une étude plus facile pour tous les membres de la
commission.
Alors, je voulais tout simplement vous assurer, M. le Président,
de mon entière collaboration pour que nous finissions ce travail dans
les meilleures conditions possible.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, est-ce que vous voulez faire des
remarques préliminaires?
M. Garon: M. le Président, j'aimerais dire qu'il est exact
que le ministre nous a fait parvenir le document explicatif, mais hier, en
commission parlementaire, il a mentionné le fait que dans le temps du
gouvernement du Parti québécois ce n'était pas fourni. Je
pense que c'était exactement comme aujourd'hui: cela dépendait de
chacun des ministres, il y a des ministres qui le font et il y a des ministres
qui ne le font pas encore aujourd'hui. Je peux vous dire que j'ai
étudié bien des lois depuis 1986 sans avoir les documents parce
que les ministres ne le voulaient pas. Autrefois, c'était la même
chose. Cela a été comme cela régulièrement. Il
y
a des ministres qui veulent et d'autres qui ne veulent pas. Il y a une
question que je voudrais poser et qui, je pense, est fondamentale. Plutôt
que de faire une grande discussion, un grand exposé, j'aimerais savoir
du ministre, avant de commencer l'étude du projet de loi, pourquoi il a
refusé au mouvement Desjardins, qui mentionne qu'il aurait aimé
avoir cela, que l'on définisse les caisses comme des coopératives
de services financiers. Dans l'évolution du mouvement, cela aurait
été beaucoup plus une période historique. Au fond, toute
chose qu'on fait est un moment historique ou un geste historique. La chose est
faite une fois et elle ne se répétera pas. (10 h 15)
Je vais vous dire que, quand les élèves d'aujourd'hui ont
de la misère à nommer qui était premier ministre il y a 20
ans, je ne me fais pas d'illusion sur la notoriété de notre
présence ici. Tout simplement, avec une certaine lucidité, je
pense qu'on essaie de faire le mieux possible le travail dans le temps.
À ce moment-ci, cela aurait été un changement majeur si !e
gouvernement avait accepté de donner plus de latitude au mouvement
Desjardins qui aurait voulu que l'on définisse les caisses populaires
comme des coopératives de services financiers plutôt qu'uniquement
comme des caisses d'épargne et de crédit, comme le veut le projet
de loi. J'aimerais savoir pourquoi le ministre s'est opposé à
cette orientation qui était souhaitée par le mouvement Desjardins
et qui correspond à son évolution dans le temps.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Il s'agit d'une
très bonne question. Dans un premier temps, comme J'en faisais
état hier, lors de l'étude du principe du projet de loi, je pense
que d'une façon générale le mouvement Desjardins - en tout
cas, par la voix de M. Béland - a indiqué sa satisfaction
à l'égard du projet tel qu'il a été modifié
à la suite de la commission parlementaire sur l'avant-projet de loi.
Bien sûr, il s'agit d'un projet de loi public, II ne s'agit pas d'un
projet de loi privé. Je le rappelle, parce que je sais que les membres
de la commission le savent ici, mais, quand je rencontre à l'occasion
des membres du mouvement Desjardins - et il y en a 4 000 000 au Québec,
on en rencontre fréquemment - ils nous demandent toujours: Pourquoi
l'inspecteur des institutions financières a-t-il tellement de
pouvoirs? Pourquoi ne nous avez-vous pas donné telle chose? Je le
répète, il ne s'agit pas d'un projet de loi privé, il
s'agit d'un projet de loi public. Donc, les membres de l'Assemblée
nationale, et surtout les membres de cette commission, vont certainement
approuver ce qu'ils croient être dans le meilleur intérêt du
public, même si certains membres des caisses populaires croient que le
gouvernement s'est réservé trop de pouvoirs. Je ne crois pas que
nous nous soyons réservé trop de pouvoirs puisque nous avons
quand même délégué aux fédérations et
confédérations des pouvoirs très importants de
contrôle, de vérification de la santé financière des
caisses tout en respectant l'autonomie des caisses qui, volontairement, ont
adhéré aux fédérations et à la
confédération.
En ce qui concerne plus précisément la question du
député de Lévis, il s'agit d'une question de fond et, pour
nous, comme vous le savez, M. le Président, nous avons dit très
clairement dans le document dont nous avons fait état, et il s'agit
là, je l'admets, d'une politique qui était suivie par le
gouvernement précédent, que la meilleure façon de
permettre le décloisonnement des institutions financières
était de le faire par le biais de filiales spécialisées
qui respectent la nature de chacune des Institutions mêmes. C'est donc
dire que depuis de très nombreuses années, et ça existe au
moins depuis 20, 25 ans, le mouvement Desjardins possède des compagnies
d'assurance-vie, des compagnies d'assurances générales, il
possède la fiducie Desjardins. Donc, il a procédé avant
même que le mot décloisonnement n'existe, à ce qu'on peut
appeler le décloisonnement du groupe financier du mouvement
Desjardins.
Ce que le projet de loi respecte ici, c'est le fait que les caisses
d'épargne et de crédit soient des institutions financières
d'épargne et de crédit. Si elles veulent, par le biais de
filiales qu'elles contrôlent par ailleurs, offrir de l'assurance-vie, si
elles veulent offrir de l'assurance générale ou si elles veulent
offrir des produits en valeur mobilière, elles doivent le faire par le
biais de filiales spécialisées. Il y a deux semaines, je crois,
la Commission des valeurs mobilières a mis de l'avant un projet
d'Instructions générales touchant l'offre des fonds mutuels.
À ce moment-là, en ce qui concerne les fonds mutuels,
j'étais d'accord avec la commission, à savoir que ceci pourrait
se faire soit par un employé représentant un courtier en valeurs
mobilières, soit, à l'occasion, par un employé de la
banque ou de la caisse, à la condition que cet employé ait suivi
les cours nécessaires. Mais en ce qui concerne les autres produits,
quand on pense aux valeurs mobilières, quand on pense à
l'assurance-vie, quand on pense à l'assurance générale ou
aux autres services fiduciaires, nous croyons qu'en définitive cela va
être dans le meilleur intérêt du Québec et même
dans le meilleur intérêt des institutions financières
elles-mêmes si ce déploiement se fait par des filiales
spécialisées. D'ailleurs, d'une certaine façon, dans des
domaines précis, que ce soit la fiducie, les valeurs mobilières,
l'assurance-vie ou l'assurance générale, ces compagnies
spécialisées sont déjà sous l'autorité ou
l'inspection de l'Inspecteur général des institutions
financières. Et cela est beaucoup plus facile pour l'inspecteur de
suivre l'activité et de contrôler la santé
financière de chacune de ces compagnies parce que vous savez bien, M. le
Président, que, si on examine les normes de solvabilité et les
autres critères
financiers contrôlant les compagnies d'assurance-vie - et dans un
projet de loi que j'aurais voulu proposer, mais que je n'ai pas eu le temps de
proposer, on voulait faire une distinction même entre les compagnies
d'assurance et les compagnies d'assurances générales - il y a des
critères régissant la santé financière des
courtiers en valeurs mobilières, il y a des contrôles financiers
exercés en ce qui concerne les fiducies et que les contrôles
financiers exercés, comme on va le voir ici, pour contrôler les
caisses d'épargne et de crédit, sont des critères et des
ratios financiers différents d'une compagnie à l'autre. Nous
croyons qu'il est dans le meilleur intérêt public d'assurer que
ces contrôles-là continuent à se faire par le biais de
l'inspecteur pour chacune de ces compagnies spécialisées tout en
permettant qu'un groupe financier, comme le mouvement Desjardîns, exerce
une certaine synergie dans l'utilisation de ses différentes
filiales.
Alors, c'est une conviction personnelle, c'est un principe qui a
guidé le gouvernement précédent et qui nous guide: la
meilleure façon de faire ce déploiement est de le faire par des
filiales spécialisées. Si on avait accédé à
leur demande de faire des caisses des caisses de services financiers, cela
aurait pu vouloir dire que les caisses auraient pu offrir tout produit
financier. Autrement dit, le caissier de !a caisse aurait pu offrir des valeurs
mobilières. Le caissier de la caisse aurait pu vendre des produits
d'assurances, des produits d'assurance-vie, des produits d'assurances
générales. Je vois que l'attaché politique du
député de Lévis dit non, mais les conseillers, les
spécialistes et mon étude du dossier, mon étude
personnelle m'amènent à la conclusion que, pour respecter ce
principe général qui me semble très sain, il est
préférable de s'assurer que les caisses d'épargne et de
crédit demeurent des caisses d'épargne et de crédit et
n'aient pas Se loisir par elles-mêmes d'offrir d'autres services
financiers et que, si e!les les offrent, il faut que cela soit fait par des
filiales du groupe qui sont des compagnies spécialisées.
C'est donc là, M. le député de Lévis, M. le
Président, !e principe général qui nous a guidés et
qui motive la proposition qui est faite ici de dire très clairement que
les caisses d'épargne et de crédit sont des caisses
d'épargne et de crédit. Elles ne sont pas des coopératives
de services financiers offrant tout produit financier sans aucun contrôle
de notre part sur les différents produits qui auraient pu être
offerts dans une caisse en particulier.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député de Lévis?
M. Garon: Pas tout à fait. Je pense qu'il aurait
été possible de faire une institution mixte, assujettie à
des lois particulières, et que la caisse, en plus d'être une
caisse, aurait pu être une coopérative de services financiers. Il
aurait été possible de faire une combinaison des deux parce que,
dans Sa réalité, c'est vers cela que le mouvement Desjardins
évolue depuis une vingtaine d'années, au fur et à mesure.
Je pense qu'il n'était pas nécessaire de faire un choix exclusif
de l'un ou l'autre, mais plutôt faire un être hybride. On sait que
les êtres hybrides sont les plus forts, contrairement à la vieille
théorie des pur-sang, et que pour les êtres hybrides on
mélange des institutions, comme l'a d'ailleurs fait Alphonse
Desjardîns au point de départ quand il a fondé la caisse
d'épargne et de crédit. Il n'a pas copié des
modèles existants. Au contraire, il s'est servi des modèles
existants pour créer une institution su: generis, adaptée au
Québec, une institution d'épargne et de crédit, alors
qu'on n'en trouvait pas à ce moment-là. On trouvait des
coopératives d'épargne, des coopératives de crédit,
mais on ne trouvait pas, dans la même institution, des
coopératives d'épargne et de crédit. Cela a
été le génie de Desjardins de développer cette
formule. Aujourd'hui, 80 et quelques années plus tard, presque 90 ans
plus tard, il semble que l'évolution dans le temps aurait
été de faire avancer les choses de la même façon que
cela s'est fait dans d'autres domaines. La diversification de l'offre de
services n'est pas propre au domaine financier, aux caisses d'épargne.
On voit cela dans toutes sortes de domaines. !i me semble que le ministre avait
évolué dans le sens du décloisonnement, il avait, au fond,
embarqué dans le décloisonnement, mais, à un moment
donné, il y a eu comme un cran d'arrêt et il n'a pas voulu aller
aussi loin que les gens du mouvement coopératif étaient
prêts à aller. C'est ce que je ne comprends pas.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Je voudrais apporter d'autres arguments, M. le
Président. Ce n'est pas une question d'évolution, c'est une
question de principe. D'ailleurs, en ce qui concerne la spécialisation
par filiale, si vous lisez toutes les allocutions, les discours que j'ai faits,
si vous lisez le document portant sur la réforme des institutions
financières, il n'y a pas eu de changement de ce
côté-là. Même, si vous retournez en arrière,
M. le député de Lévis, en ce qui concerne la Loi sur les
assurances, on dit clairement que le ministre, M. Parizeau, dans le temps,
s'était donné un pouvoir en disant que les compagnies
d'assurances, bien sûr, pouvaient déborder quelque peu de leurs
objets propres, mais dans la mesure où... Quel est l'article qui dit
qu'elles peuvent déborder de leur activité par un certain
pourcentage? De combien? De 2 %. Lorsqu'une compagnie d'assurances
déborde de son activité propre dans un autre domaine et que le
chiffre d'affaires de cette activité additionnelle est plus important
que 2 %, le ministre peut exiger qu'elle crée une filiale
spécialisée pour contrôler cette nouvelle activité.
Déjà, M.
Parizeau avait, dans la Loi sur les assurances, entériné
ce principe. Je vais vous donner un nouvel argument qui, cette fois-ci, est
constitutionnel. Vous savez, il faut bien comprendre que, si on permettait au
mouvement Desjardins d'aller vers une coopérative de services financiers
pouvant offrir tout produit financier, demain matin, le gouvernement
fédéral pourrait faire exactement la même chose. Il
pourrait dire aux banques: Dorénavant - comme c'est le cas en France et
en Allemagne - les banques pourront offrir tout produit financier, y inclus les
valeurs mobilières. À ce moment-là, il serait très
difficile pour nous de défendre notre point de vue en ce qui concerne
notre juridiction touchant les valeurs mobilières. Le gouvernement
fédéral dirait: Nous faisons exactement ce que vous faites au
Québec. Si vous permettez au mouvement Desjardins de vendre tout produit
financier, pour quelle raison, nous, le gouvernement fédéral, ne
pourrait-on pas permettre aux banques qui sont sous le contrôle du
fédéral de vendre tout produit financier, y inclus les valeurs
mobilières?
Comme vous le savez, M. le député de Lévis, nous
avons fait des représentations, l'an dernier, lorsque les banques ont
pris le contrôle de grandes maisons de courtage en valeurs
mobilières. Nous avons réussi et je crois que les banques ont
compris elles-mêmes que c'était dans leur meilleur
intérêt de garder des filiales dans le domaine des valeurs
mobilières spécialisées différemment des banques
parce qu'il s'agit de produits de différentes natures. En
définitive, l'entente que j'ai agréée avec le ministre
Hockin préserve la juridiction du Québec parce qu'on dit que le
surintendant des institutions financières fédérales et la
Commission des valeurs mobilières du Québec vont collaborer
chacun dans leur domaine en s'échangeant l'information. Le surintendant
fédéral contrôle la banque en tant que banque, la
Commission des valeurs mobilières du Québec contrôle, et
celle de l'Ontario et des autres provinces également, les courtiers en
valeurs mobilières et, si nécessaire, s'échangent
l'information. Si nous étions allés dans la direction que vous
suggérez, que nous proposait le mouvement Desjardins, nous aurions eu
beaucoup de difficulté à faire respecter notre juridiction dans
le secteur des valeurs mobilières parce que le fédéral
nous aurait copiés et aurait permis cela, parce que, comme vous le
savez, dans la loi des banques quand on cherche la définition d'une
banque, c'est très simple, on dit: "A bank is a bank", et vous regardez
ensuite ce qu'elles peuvent faire. Elle peuvent tout faire.
Même au moment où on se parle, rien n'empêcherait le
gouvernement fédéral de le faire, quoiqu'il y aurait, je pense
bien, une contestation constitutionnelle et un lobby très important des
provinces contre une telle initiative. Mais je crois que la politique que nous
avons mise de l'avant est la meilleure sur le plan du contrôle des
différentes institutions finan- cières et protège notre
acquis constitutionnel. (10 h 30)
À ce sujet, je ferai remarquer que même aux
États-Unis où on parle de possibilité de
décloisonnement, parce que les États-Unis sont très en
arrière de nous en ce qui concerne le décloisonnement, le
président, je crois que c'est de la Federal Reserve Bank, m'a dit que,
si jamais on permettait aux banques américaines d'aller dans le secteur
des valeurs mobilières, il faudrait qu'elles le fassent par le biais de
filiales spécialisées dans le domaine des valeurs
mobilières. Donc, lorsqu'on regarde ce qui se passe au Canada, que ce
soit sur !e plan provincial ou fédéral, et qu'on voit ce qui va
se passer probablement aux États-Unis, les gens semblent s'entendre pour
dire que la meilleure façon d'assurer la santé financière
de chaque institution est de préserver sa nature propre et de
contrôler des compagnies d'assurances en tant que compagnies
d'assurances, de contrôler les courtiers en valeurs mobilières en
tant que courtiers en valeurs mobilières, de contrôler les banques
en tant que banques et de contrôler les caisses d'épargne et de
crédit en tant que caisses d'épargne et de crédit, tout en
permettant une certaine synergie. Mais c'est beaucoup plus facile, je peux vous
le dire, pour la Commission des valeurs mobilières de contrôler
des courtiers en valeurs mobilières, et c'est plus facile pour
l'Inspecteur de contrôler des compagnies d'assurances, des compagnies de
fiducie et les caisses d'épargne, s'il s'agit d'entités dont la
mission est clairement définie permettant une certaine synergie, comme
les caisses d'épargne le font dans le moment.
C'est pour ça que dans le moment nous avons personnellement dit,
et je crois que c'est en accord avec la loi actuelle et la nouvelle loi: Que le
mouvement Desjardins vende de l'assurance à ses caisses, mais ce n'est
pas le caissier qui vend de l'assurance, c'est un employé de la
compagnie d'assurances qui est placé dans la caisse. Donc, il y a une
ségrégation des responsabilités et nous tenons à ce
principe-là. Je crois que c'est un très bon principe et, en
définitive, je ne crois pas, M. le Président, que cela va nuire
au déploiement du mouvement Desjardins. Au contraire, vous savez, sans
nommer de groupes financiers au Québec, je peux dire qu'il y a un groupe
financier qui y est allé tous azimuts dans le décloisonnement. Il
faut être très prudent. Nous croyons que le décloisonnement
permet des synergies importantes, mais II faut faire bien attention de
rentabiliser chaque compagnie en elle-même. Chaque secteur
d'activité est une "business" en lui-même qu'il faut rentabiliser.
En définitive, nous préservons cette voie-là pour des
raisons constitutionnelles. Nous privilégions cette voie-là pour
des raisons pragmatiques de contrôle provenant de l'inspecteur et de la
Commission des valeurs mobilières. Je crois que, et c'est pour le
mieux-être des sociétés elles-mêmes, cela va leur
permettre de
mieux rentabiliser leur déploiement par le biais du
décloisonnement des différentes institutions financières
qui composent un même groupe.
M. Garon: M. le Président, je lis, dans !e document du
ministre, à la page 68: "Pour le consommateur... " il faut bien sa
rappeler ce qu'est une coopérative. Une coopérative, c'est un
membre usager. Quelqu'un qui est membre d'une institution, qui est son usager.
À la base, c'est cela. Au Canada, on a réussi à
créer un genre d'oligarchie bancaire. Ne comparons pas le Canada et les
États-Unis. Il y a dix banques au Canada, alors qu'il y en a autour de
14 000, si ma mémoire est bonne, aux États-Unis. Je n'ai pas vu
!es chiffres récemment, mais il y a quelques années
c'était autour de 14 000. Cela n'a pas dû varier
considérablement Là, il y a une concurrence, ici,
essentiellement, si on se rappelle l'histoire des banques, au fond, !e
gouvernement par ses lois a créé une oligarchie bancaire en
s'assurant bien que les banques soient très peu compétitives, il
ne faut pas se faire d'illusions. Ne nous attendons pas à une
concurrence des banques. On a privilégié l'oligarchie bancaire.
Avant même, on l'avait tellement privilégiée qu'on avait un
taux d'intérêt maximum, ce qui permettait de faire des compagnies
de finance, puis prêter à côté à des taux
usuraires avec la bénédiction du gouvernement
fédéral. Là-dedans, je vais vous dire, on est loin des
mérites et des oeuvres. On est plutôt dans les pompes dont parlait
l'Évangile. Je dois vous dire que le système bancaire au Canada
ne m'a jamais impressionné parce que faire faillite comme banquier au
Canada, il ne faut vraiment pas être une 500 watts, avec le
système de protection dont on est entourés. Aux
États-Unis, c'est une autre affaire. Il y a de la concurrence, il y en a
de la concurrence. Ici, ce n'est pas vraiment le cas.
Quand vous dites ici, par exemple: "Pour le consommateur, les
succursales - c'est votre document à vous - ou les intermédiaires
appartenant à un réseau peuvent offrir, en un même lieu,
tous les services requis. Cet avantage sera particulièrement
évident dans les régions éloignées où
certains services financiers sont rarement disponibles. " Je prends votre
document dans lequel vous annonciez ce qu'était l'objectif de la vertu
pour le consommateur. Quand j'ai lu ça, j'ai dit: C'est parfait, je suis
d'accord avec ça. Aujourd'hui, je vois que le ministre recule, au fond.
Ce qu'il dit au sujet des contrôles - personne n'est contre les
contrôles - c'est d'assurer une surveillance pour la protection des
consommateurs. Il y a deux types de consommateurs dans les institutions
financières: il y a ceux qui font des dépôts et il y a ceux
qui empruntent. Habituellement, la protection de l'emprunteur est une affaire
pour que le contrat n'abuse pas du consommateur, mais le déposant, lui,
il faut lui assurer une certaine sécurité. C'est un autre type de
protection. Ce sont deux types de protection complètement
différents dans un cas et dans l'autre.
Ici, ce qu'il me semble, c'est que le ministre a reculé par
rapport à la vision qu'il avait des choses qui, à mon avis,
correspondait véritablement à ce qui existe. Là, j'ai
i'impres-sion qu'il a reculé. C'est pour ça que, lorsque le
mouvement Desjardins lui dit qu'il voulait être une coopérative de
services financiers, moi, je pense que cela pouvait fonctionner tout en
étant une caisse et en assurant les déposants de la surveillance
qu'il doit y avoir par rapport à une compagnie d'assurances, par rapport
à une fiducie, par rapport à une institution de valeurs
mobilières. On parlait hier, par exemple, des chiffres que nous a
produits le mouvement Desjardins quand il est venu. Dans 675
municipalités du Québec, il n'y a rien d'autre qu'une caisse
populaire. Je ne suis pas convaincu qu'on rende service aux citoyens. Je
regarde les crédits agricoles. Quand on a dit les prêts tandem,
les prêts agricoles, pourquoi on l'a fait en 1977? Parce qu'on
était convaincus que c'était la base d'un prêt d'affaires
qui serait très important en termes d'opérations pour les caisses
populaires. J'étais convaincu qu'on faisait une révolution. Pour
le gérant de caisse qui était habitué à faire un
prêt à la consommation pour l'achat d'une automobile, pour l'achat
d'un réfrigérateur ou quelque chose comme cela, ou un prêt
hypothécaire à l'habitation, c'était un genre de
prêt. Mais là, on faisait faire une saute - dont avait
parlé Teiihard De Chardin - financière: on faisait un prêt
avec un bilan d'entreprise. Le prêt agricole, c'est une entreprise.
Aujourd'hui, dans la plupart de nos municipalités, le cultivateur, c'est
l'entreprise la plus importante. Ce n'est plus l'hôtel - il n'y en a plus
à cause des autoroutes - ce n'est plus le marchand
général, ce n'est plus le garage. Aujourd'hui, la plus grosse
entreprise dans la plupart de nos villages, ce sont les fermes. A ce
moment-là, on disait que le prêt privé allait permettre
à des Institutions coopératives d'embarquer dans du prêt
d'affaires et d'acquérir une expérience dans l'analyse des
bilans, avec la garantie que donnait le Crédit agricole. La vision qu'on
avait, c'était vraiment de faire faire un bond en avant aux caisses
populaires sur le plan de la participation au développement
économique.
Dans le secteur des pêches, par exemple - c'est une autre affaire
- il n'y a à peu près pas de décision qui se prend
localement. C'est le gouvernement qui est obligé de prêter parce
que même les banques, dans les territoires maritimes, ne prêtent
pas en prenant une décision locale. Elles se réfèrent au
siège social dans le domaine des entreprises. Pourquoi? Parce qu'il n'y
a pas assez d'expertise. Quand on arrive dans le domaine local ou dans
l'ensemble des régions du Québec, il me semble que cette
orientation pour les caisses d'épargne... C'est le pilier dans les
régions, ne nous contons pas d'histoire. Si on les encarcane trop, c'est
tout le développement
économique régional qui va être brimé,
à mon avis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M. Fortier:
Je pense que...
M. Garon: Parce que les caisses profitent de l'expertise des
réseaux. Je pense que ce qui était dit dans le livre blanc
était excellent, sauf qu'il me semble que cela n'arrive pas.
M. Fortier: M. le Président, c'est un débat
intéressant et je sais que mes collègues veulent intervenir.
J'aimerais dire que non, on n'a pas reculé par rapport au livre blanc.
Vous lisez seulement les pages qui font votre affaire. Il y a un autre
principe. On a dit qu'on voulait permettre le développement des
réseaux. À un autre endroit, on dit que cela doit se faire par
des filiales spécialisées. C'est très clair. Il faut
comprendre que l'utilisation des réseaux, tel qu'on voudrait le
permettre, doit être faite. Je crois que cela va se faire aussi bien et
mieux si c'est fait par des filiales. Il n'y a donc aucun combat
d'arrière-garde. Il n'y a aucun retranchement de notre part. Nous disons
que l'utilisation des réseaux peut se faire. C'est tellement vrai que,
avant même que j'aie déposé mon document sur la
réforme des institutions financières, le mouvement Desjardins
avait pris une initiative qui a créé certains problèmes,
et je ne vais pas commencer le débat là-dessus. Il avait
commencé un débat sur l'utilisation de ses compagnies
d'assurances à l'intérieur des caisses. Je dois dire que dans la
mesure où cela permet, comme le député de Lévis le
souhaite, que !e mouvement Desjardins puisse utiliser ses caisses pour offrir
d'autres produits financiers... Cela se fait présentement. On ne peut
donc pas dire qu'on recule. Mutadis mutandis, la nouvelle loi va le permettre
ni plus ni moins que la loi existante.
Par ailleurs, je vous l'ai dit tout à l'heure, la Commission des
valeurs mobilières vient de publier la semaine dernière un
nouveau projet d'instructions générales qui va permettre aux
banques, à des caisses populaires ou à des "Credit Unions" qui
sont associés à un courtier de placer à l'intérieur
de la banque et à l'intérieur d'une caisse ou d'un "Credit Union"
un représentant d'un courtier en valeurs mobilières. C'est donc
dire que ça va être le pendant. Si on regarde l'évolution
dans le temps, probablement que dans une banque ou dans une caisse, dans dix ou
quinze ans d'ici, ça va être plus rapide pour les caisses. Il y
aura donc un représentant qui est déjà là en ce qui
concerne les assurances et il y aura probablement un autre représentant
qui représentera le courtier en valeurs mobilières.
Alors, cela va se faire, et ça va se faire d'une façon
différente que le député de Lévis le
suggère. Je lui al donné certaines raisons et je pense qu'il est
important que ce soit enregistré au Journal des débats
parce qu'on dit toujours que, lorsqu'une loi est contestée, le juge
examine la loi et regarde aussi l'intention du législateur. Ce qu'on dit
ici peut avoir un certain impact puisque le juge pourra lire nos débats,
les interventions du député de Mille-Îles, du
député de Lévis et !es miennes et dire: Voilà ce
que le législateur voulait faire en 1988.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais passer la
parole à l'inspecteur pour qu'il nous dise ce qu'il a vu selon son
expérience à lui, de quelle façon i! croit que la
santé financière des institutions peut être mieux
préservée en procédant de !a façon que nous avons
mise de l'avant et qui est !a politique du gouvernement. Avant de lui passer la
parole, je lui dirais que j'ai !u la lettre que j'ai reçue de M.
Béland. Je peux bien !a faire circuler. C'est qu'au moment où on
se parle le mouvement Desjardins n'est pas revenu sur cette demande. Il est
très satisfait, dans une très grande proportion, du projet de
loi, mais j'admets que le député de Lévis pose un principe
de base important. Je peux vous dire que M. Béland ne m'a pas
appelé hier pour me dire que c'était très important, mais
il est important qu'on fasse le débat. M. l'inspecteur, pourriez-vous
nous dire deux mots sur les raisons qui nous motivent, vu sous l'angle de
l'inspection et de la santé financière de chaque institution?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, M. le ministre. Dans la
foulée des principes qui ont été mis de l'avant pour le
décloisonnement des institutions financières au Québec et
pour le décloisonnement des intermédiaires de marché, un
principe important était justement la protection du consommateur, que le
décloisonnement ne devait pas se faire au détriment de la
protection du consommateur, ce qui passe par plusieurs mesures mais, d'abord et
avant tout, par la solvabilité des institutions. Or, la
solvabilité des institutions dans un système de nature
multidisciplinaire, pour ne pas dire hybride, c'est extrêmement difficile
puisque les critères dépendant des opérations d'une
institution ne sont pas les mêmes, les ratios de solvabilité, les
normes de prudence et les normes de prévention ne sont pas les
mêmes. Le seul exemple facile que je pourrais vous donner est ce qui a
existé au Québec durant très longtemps et qui permettait
à une compagnie d'assurances d'oeuvrer à la fois dans
l'assurance-vie et dans l'assurance générale. Or, dans la
réforme qui a été faite en 1974 à l'Office des
assurances, cela a été interdit justement parce qu'on s'est rendu
compte à l'expérience qu'il est extrêmement difficile, pour
ne pas dire impossible, à une même compagnie d'avoir à
respecter deux séries de normes pour des activités aussi
opposées que l'assurance-vie et l'assurance générale. On
sait que l'assurance générale, d'abord et avant tout, est un
risque à très court terme qui nécessite des
arriéres de soivabilité d'an très court terme, de
liquidité presque immédiate parce que les risques sont à
court terme par opposition à une assurance-vie dont les risques sont
à très long terme préservés par des réserves
actuarielles très bien surveillées.
Donc, pour la santé même de l'institution
financière, à est apparu qu'il était
préférable de le faire par des filiales. Par ailleurs, il a
été également mis de l'avant, comme principe, que
certaines activités qui, jusqu'à maintenant, tombaient dans les
cloisons beaucoup trop rigides des quatre piliers pouvaient, sans
dénaturer l'institution, et le mot est important, être
ajoutées à la liste des activités, mais
considérées comme des activités complémentaires ou
ancillaires à l'activité principale d'une compagnie. Un exemple
de cela, très rapidement: il n'y a rien qui empêchait une
compagnie de fiducie de vendre des rentes à terme fixe, ce qui
était jusque-là l'apanage exclusif des compagnies d'assurances
qui faisaient à la fois les rentes de vie entière et les rentes
à terme fixe. (10 h 45)
Pourquoi? C'est qu'une rente à terme fixe, en
réalité, est une somme que vous déposez et qui vous est
remise à période fixe, capital et intérêt
accumulés. Donc, en réalité, c'est ce qui avait
été prévu. Par ailleurs, dans le développement
également, la notion de réseau est importante et ià, on
tombe dans l'autre volet de la question du ministre, on tombe sur le plan des
intermédiaires du marché. Le décloisonnement des
intermédiaires du marché implique la notion de réseau,
notion de réseau qui se fait tant sur le plan institutionnel que sur le
pian des individus.
M. Fortier: Merci, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je comprends ce que dit le ministre. Je sais qu'on est
dans le cadre des remarques préliminaires et je n'ai pas l'intention
d'étirer cela non plus. C'est une question de philosophie au point de
départ, de voir, à ce moment-ci, pourquoi le ministre n'a pas
acquiescé à la demande du mouvement Desjardins.
Deuxièmement, j'aimerais dire au ministre, par exemple, que les juges ne
s'occupent pas de nos remarques. La question s'est posée, mais je pense
qu'ils se sont rendu compte qu'il y avait des choses vraies qui étalent
dites en commission parlementaire et qu'il y avait des choses fausses.
M. Fortier: Cela dépend qui intervient.
M. Garon: Alors, la jurisprudence, c'est que les débats
pour l'interprétation d'une loi ne servent pas. Le juge, après
cela, prend la loi telle quelle. C'est pour cela que c'est important.
L'étude est encore plus importante parce que les juges ne tiennent pas
compte de ce qu'on dit en adoptant un projet de loi. ils lisant les lois telles
quelles et disent: Voici ce que le législateur a dit. ils ne lisent pas
les discours qui entourent ceia pour déterminer ce qu'il a voulu dire.
C'est là-dessus que le choix a été fait. C'est pour cela
que l'ambiguïté des textes ou encore même Ses orientations
que le ministre pourrait donner dans ses propos ne sont pas pris en compte si
le texte ne le dit pas clairement. Alors, je pense que le travail qu'on fait en
commission parlementaire est très important à cause de cela,
parce que les déclarations d'intention qui entourent l'étude d'un
projet de loi, les juges n'en tiennent pas compte. Ils tiennent compte de ce
que le texte dit. Si le texte n'est pas clair, bien, il n'est pas clair
jusqu'à ce qu'il soit changé. Alors, c'est pour ceia, je pense,
que dans les choix... C'est pour cela aussi que dans les remarques de M.
Béland qui ont paru dans les journaux - je ne sais pas si c'est dans la
lettre qu'il a envoyée au ministre - il dit aussi qu'il aimerait bien
que... Il veut avoir son projet de loi. Il se trouve un peu comme un homme qui
a atteint sa maturité, mais qui a encore ses culottes d'adolescent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: C'est une belle caricature de M. Béland. Vous
pariez de M. Béland, là?
M. Garon: Non, non. Je parle du mouvement Desjardins.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Garon: La loi de 1963.
M. Fortier: Cela va faire une belle caricature.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous allez faire la manchette.
M. Fortier: Cela va faire une belle caricature pour Hunter.
M. Garon: La loi de 1963, aujourd'hui... C'est un mouvement qui a
atteint sa maturité et qu'on retrouve dans des pantalons d'enfant,
qu'est-ce que vous voulez, de telle sorte que le bas des pantalons lui va aux
genoux. Que vouîez-vous? C'est pour cela que M. Béland dit qu'il
veut absolument avoir son projet de loi avant l'ajournement de Sa session. Il
se dit: Même s''il n'est pas parfait, j'aime mieux avoir cela que ne rien
avoir du tout. C'est un peu cela. C'est pour ceia qu'il ne faut pas prendre au
pied de la lettre les déclarations de M. Béland qu'on a vues dans
Se journal Le Soleil, disant: On aimerait que certaines choses soient
clarifiées, mais si, pour Ses clarifier, ceia fait retarder le projet de
loi... Nous on veut avoir le projet de loi. C'est ce que j'ai compris assez
clairement par les propos qu'il
a tenus. Je pense bien qu'il ne sera pas malheureux, je suis même
sûr que tout le mouvement Des]ardlns sera très heureux...
D'ailleurs, quand il est venu devant la commission parlementaire, iI nous a dit
qu'il aimerait que les choses soient clarifiées maintenant plutôt
que d'être obligés d'aller devant les tribunaux pour clarifier,
alors qu'on fait la révision de la Loi sur les caisses d'épargne
et de crédit.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord, je
n'oserais jamais qualifier le président du mouvement Desjardins
d'entité coopérative ou de personne en culottes courtes, qui
voudrait avoir un pantalon plus long. Je pense que le mouvement est
déjà assez mature. Il a prouvé au Québec, hors de
tout doute, contrairement à ce qu'a dit le député de
Lévis, qu'il s'agit d'une institution très sérieuse,
rendue a maturité. Non seulement rendue à maturité, mais
qui a su exercer cette maturité, M. le Président, dans tous les
domaines où elle occupe présentement une place importante. Au
contraire, c'est peut-être un adulte - et la comparaison est beaucoup
plus pertinente - qui voit la situation d'autres adultes qui sont en
compétition avec lui et qui désire jouer un jeu qui va
bénéficier à ses sociétaires. Je vois beaucoup plus
cela de cette façon-là.
Maintenant, j'aimerais, M. le Président, vous me permettrez, dans
mes remarques préliminaires remercier le député de
Lévis pour avoir cité un auteur très connu hier soir en
Chambre, c'est-à-dire pour m'avoir cité pendant à peu
près une demi-heure, m'avoir lu et avoir tenté de comprendre ce
que j'ai dit le 14 septembre 1988, le mercredi où la
fédération des caisses populaires est venue témoigner
devant nous. Je suis à peu près convaincu, après avoir
visionné cela de chez moi hier soir, que M. le député de
Lévis n'a rien compris à ce que j'ai dit. Mais j'aurai
l'occasion, au cours du débat article par article de lui expliquer un
petit peu plus ma position sur l'ensemble du projet de loi.
Dans l'ensemble, le projet de loi est une nécessité pour
le mouvement Desjardins. Je pense que tout le monde doit reconnaître
qu'il y a une amélioration sensible dans tous les chapitres:
augmentation de la capitalisation, le fait de pouvoir aller puiser à
d'autres sources de financement par la voie d'actions, la diversification des
sources de financement absolument essentielle pour le mouvement, tout le monde
est pour cela. Il y a peut-être de petites divergences sur certains
points. Ceux qui pensent ou qui croient avoir la vérité totale
dans le domaine des institutions financières manquent d'une
élémentaire prudence. La route de la sagesse dans ce
domaine-là - et c'est ce que l'inspecteur vient de nous dire à
l'instant - c'est la route du doute et du scepticisme, c'est de douter parce
qu'on ne sait pas, en légiférant sur telle mesure ou tel article,
de telle et telle façon, quelles seront les répercussions sur le
mouvement Desjardins ou sur les autres institutions qui sont en concurrence
avec lui, quelle va en être la conséquence finale. Il me semble
que, quand quelqu'un a des doutes, des doutes honnêtes sur une situation,
à tout le moins, ce qu'on doit faire, c'est essayer de reconnaître
que cette personne le fait honnêtement, de bonne foi, d'abord, et que
cela peut apporter un élément important au débat.
Je vous avouerai, M. le Président, que, dans toute la
démarche pour le décloisonnement ou relativement au
décloisonnement, j'ai eu des doutes, oui, et j'ai encore des doutes,
mais cela ne veut pas dire que je suis en désaccord. Je suis pour un
décloisonnement. Je vais le redire encore une fois aujourd'hui: C'est
absolument nécessaire pour le Québec. Peut-être que ma
vision n'est pas à 99, 5 % ce que d'autres considèrent comme
étant le décloisonnement. Il y a plusieurs modèles de
décloisonnement. Je veux en venir au livre blanc que le gouvernement a
publié. C'est drôle, je ne vois pas du tout de contradictions. Je
vais l'expliquer avec le texte que le député de Lévis,
encore une fois, a peut-être mal lu, mal compris. Il y a peut-être
des divergences quant à l'interprétation des lignes dans le
texte. Si on part à la page 68 que vous avez citée hier en
Chambre, du fameux texte La réforme des institutions
financières au Québec, vous avez lu, avec beaucoup d'emphase
et de trémolos, que: "La distribution, par l'entremise des succursales
ou de ses intermédiaires de toutes les institutions financières
affiliées à un même groupe, des services et produits
offerts par chacune d'entre elles, constitue un des bénéfices
importants du décloisonnement... " Vous alliez un peu plus loin, au bas
du paragraphe: "Pour le consommateur, les succursales ou les
intermédiaires appartenant à un réseau peuvent offrir, en
un même lieu, tous les services requis. "
Je vous rappellerais, M. le député de Lévis,
qu'à la page 63, cinq pages auparavant, le principe encore plus
fondamental était le deuxième principe de la réforme. Je
vais vous le lire. Je cite: "II existe une autre avenue qui a été
retenue par le Québec et qui consiste à limiter chaque
institution à une activité principale dans un des quatre champs
d'activité spécifique, tout en accordant des pouvoirs
complémentaires limités pour l'exercice de certaines
activités appartenant aux autres champs et surtout à permettre
l'acquisition de filiales exerçant d'autres activités
financières. " Fin de la citation.
C'est ce que M. le ministre disait tantôt. C'est ce que M.
l'inspecteur général disait tantôt. Faisons un
parallèle. On a un débat en ce moment sur les heures d'affaires
au Québec. On a permis, par exception, l'ouverture le dimanche de ce
qu'on appelle, peut-être pas des coopératives de services
financiers, mais des magasins généraux, M. le
député de Lévis, comme
vous souhaitez voir toutes les entreprises, ou certaines entreprises,
et, entre autres, la mouvement Desjardins... Vous souhaitez qu'il devienne au
Québec une sorte de magasin général des institutions
financières ou de comptoir généralisé des services
financiers. Pour le marché public, quand on établit des
règles pour les consommateurs, on établit des règles en
termes de nombre de pieds carrés. On a dit: 3000 pieds carrés, 3
employés. C'est le règlement qui existe, qui prévaut au
Québec. C'est en un même lieu. Le marché public est
situé à un endroit très spécifique
géographiquement, pas nécessairement dans le même local
où la transaction se fait. Si vous allez acheter votre viande, vous
allez dans un des magasins qui est là, qui a un nom. Vous allez dans un
autre magasin cloisonné, à côté, qui a un autre nom.
ils sont situés dans le même mail, en fin de compte. Je connais
une caisse populaire où l'on construit présentement un
deuxième étage. Une caisse populaire pourrait avoir dans un
même lieu, au deuxième étage, au-dessus de son
édifice ou à côté, des locaux différents avec
des noms différents auxquels le consommateur pourrait avoir
accès. Il n'y a pas de contradiction avec la page 68 du livre blanc du
gouvernement et il n'y a surtout pas de contradiction avec la page 63, parce
que c'est le principe qu'on respecte.
Quand je regarde les conséquences, que je vois l'ensemble du
marché et que je comprends la difficulté d'assurer le
contrôle de ces institutions et que je fais référence, M.
le Président, à l'offensive prise par Desjardins dans le domaine
des assurances et à un article de M. Laurier Cloutier, de La Presse du
mercredi 21 septembre 1988, je vous cite, M. le Président: "La Compagnie
d'assurances générales des caisses Desjardins a trop
baissé le coût de ses primes d'assurances à la
clientèle depuis le début de l'année et voit ainsi ses
pertes d'opération se multiplier par quatre et ses profits fondre comme
neige au soleil. Au 30 juin dernier, les revenus de primes avaient
augmenté de 20 %, à 49 400 000 $, mais le coût des
sinistres avait aussi grimpé de 25 %, à 30 000 000 $. Pendant ce
temps, les pertes d'opération s'accroissaient de plus de 400 %, de 861
000 $ à près de 4 000 000 $. "
On se pose Sa question: Est-ce qu'ils ne sont pas en train de gagner la
bataille pour l'accès à la vente d'assurances, mais iis sont
peut-être en train de perdre celle de la rentabilité? Et quelle
est la responsabilité du gouvernement du Québec? Est-ce que ce
n'est pas de mettre certaines balises, quand on sait très bien que les
assureurs directs, Bélair, Allstate, vendent traditionnellement leurs
produits de 8 % à 12 % moins cher que les courtiers, mais que
Desjardins, présentement, les vend à 20 % à 22 % de moins?
Est-ce qu'on veut que l'expérience de 1982 se répète,
quand M. Conrad Leblanc avait été obligé de se battre pour
assurer la survie du groupe Desjardins et que le mouvement avait
été obligé de réinjecter des fonds dans
l'institution?
Se poser ces questions, c'est réellement affronter le
véritable problème, c'est regarder avec beaucoup de
circonspection, de sagesse. Ce que j'espère, c'est que tout au cours du
projet de Soi, quand on va aborder l'article 3, entre autres, 3. 3°: "de
favoriser la coopération entre les membres et la caisse et entre
celle-ci et d'autres organismes coopératifs", quand on va aborder les
articles 211, 212, 213, 214, 215 et 216, quand on va aborder la question du
cautionnement, M. le député de Lévis... Vous avez
certainement lu les documents qui nous ont été transmis par Se
secrétaire de la commission. Vous vous souvenez des questions? Quand la
Fédération des travailleurs du Québec est venue devant
nous, le 13, 14 ou 15 septembre, je ne me rappelle pas la date, et qu'on a
parlé du fameux cautionnement pour la protection des employés,
avez-vous regardé les chiffres, ce qui est facturé aux caisses
populaires et le profit que fait la compagnie d'assurances? Est-ce que c'est Sa
bonne façon de le faire? Les gens qui ont la certitude que c'est correct
tout ce qui est demandé par une institution qui veut avoir son projet de
loi qui va lui assurer tout les pouvoirs et les objets exactement comme elle
les veut, comme elle les désire, je pense qu'ils n'ont pas besoin
d'être ici; ils seraient mieux de laisser les demandeurs et ceux qui
demandent des projets de loi nous dicter simplement leurs volontés,
qu'on mette une estampille dessus et qu'on imprime le projet de loi au nom de
la personne qui le demande.
Notre travail, c'est de faire un projet de Soi public. C'est dans
l'intérêt du public qu'on va faire notre travail. Poser des
questions, regarder avec beaucoup de nuances ce qui va se passer, contrairement
à ce que vous avez soulevé en Chambre hier soir, c'est bien faire
notre travail et ne pas accepter automatiquement les demandes de quelque
institution que ce soit, même s! cette institution représente, au
Québec, 4 200 000 de sociétaires et de Québécois.
C'est un argument trop facile; à ce moment-là, il n'y a plus de
gouvernement qui tienne. Je pense que c'est la sagesse du gouvernement, du
ministre, de l'Inspecteur général des institutions
financières et des gens qui sont autour de la table....
Une voix:... la sagesse de Salomon.
M. Bélisle: C'est la sagesse de Salomon qui nous dicte de
procéder de cette façon.
Alors, M. !e député de Lévis, j'ai
été très peiné de voir votre cinéma d'hier
soir, parce que je considère que tout ce qui est fait l'est avec une
extrême bonne foi et beaucoup d'honnêteté dans le but de
donner une loi correcte à Desjardins, qui va lui permettre de franchir
des étapes importantes, et je pense que nous tous autour de la table
sommes d'accord avec cela. Mais pas n'importe quelle étape, pas
n'importe quel droit et pas à n'importe quel prix. C'est ce qui est
en
cause ici. Le juste équibibre... Équilibrer le droit des
uns par rapport au droit des autres n'est pas facile, c'est l'art de bien
gouverner. Je pense que c'est ce qu'on essaie de faire.
Le Président (M. Lemieux): Comme gouvernants. (11
heures)
M. Bélisle: Avec du doute, mais j'aime autant avoir le
doute qu'avoir la sagesse folle de celui qui croit qu'il a la voie et la
vérité de Dieu.
Le Président (M. Lemieux): Comme il n'y a pas d'autres
remarques préliminaires... Il y en a d'autres? M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, comme je n'ai pas l'habitude
d'être mon propre exégète, je n'ai pas l'intention de
répondre aux propos du député de Mille-Îles, sauf
simplement que je lui ai dit hier que, lorsqu'il parlait et lorsque le ministre
parlait, ce n'était pas le même son de cloche. Pour que,
justement, on n'interprète pas mal ce que j'ai dit, je l'ai cité
in extenso, c'est-à-dire dans le texte, j'ai cité les trois
pages, pas sur les feuilles imprimées, mais sur les versions des
galées, qu'il avait mentionnées en commission parlementaire
justement pour qu'il ne m'accuse pas d'avoir interprété sa
pensée, je l'ai cité brut, tel quel. Mais je lui al
demandé, quand le député de Mille-Îles parle et
quand le ministre parle, lequel parle au nom du gouvernement parce que les
propos ne sont pas les mêmes?
Deuxièmement, je constate que le député de
Mille-Îles dit: Moi, je dis que l'habit législatif ne correspond
plus au mouvement Desjardins qui a grandi et se retrouve avec des pantalons aux
genoux. J'entends le député de Mille-Îles, au fond. Je
comprends que le député de Mille-Îles dise qu'il n'a pas
grandi tant que ça, que les pantalons sont encore à la cheville.
Tu sais, il veut les changer, mais pas trop les agrandir parce qu'il
considère que la personne est encore moins développée que
je ne le mentionne. C'est ça notre différence, au fond. Il dit:
L'habit n'a pas besoin d'être agrandi autant. Tout simplement, le projet
de loi qu'on analyse actuellement est un projet de loi dans le temps, en 1988.
J'ai dit tout à l'heure, remarquez bien: II y a deux protections: celle
du consommateur et celle de l'épargnant. Parce que, dans les
institutions financières, il y a les entrées, ceux qui font
entrer l'argent et ceux qui le font sortir. Ce sont deux genres de protection
complètement différents. Il faut bien distinguer les pommes des
oranges. Je ne suis pas de ceux qui font des hybridations pour faire des
tomates carrées parce que ça va mieux pour les mettre dans des
caisses. Ce n'est pas ça que j'essaie de faire.
Je dis simplement qu'il y a deux types de protection. La protection du
déposant, celui qui dépose l'argent, puis ça c'est un type
de protection auquel a fait référence l'inspecteur
général.
Il est évident que ceux qui font des dépôts ne
veulent pas perdre leur argent et il y a des mesures de sécurité
qui devraient être prises à ce niveau-là. Cela est un genre
de sécurité. Par rapport au consommateur, il est évident
qu'il ne veut pas faire vendre un produit par n'importe qui, qui ne
connaît pas ça. C'est un autre genre de protection. Il s'agit de
deux choses complètement différentes. À mon avis, iI est
possible de faire ces deux opérations tout en permettant un comptoir
général offrant un service financier.
Aujourd'hui, quand on regarde le domaine de l'épicerie et le
domaine des institutions financières, c'est la même affaire. Dans
le domaine de l'épicerie, quand on a décidé de mettre dans
la même épicerie, pour accommoder des gens, un comptoir de
viandes, un comptoir de fromages, un comptoir de fruits et légumes,
pensez-vous que les gens sont moins bien servis que lorsqu'ils doivent faire
quatre places différentes pour avoir les mêmes produits? Je n'en
suis pas convaincu, et il y a encore des services spécialisés
possibles où quelqu'un va avoir une boutique d'alimentation fine qui se
distingue de l'alimentation plus générale, il est possible qu'il
l'ait aussi. Mais pensez-vous que le consommateur est moins bien servi parce
qu'aujourd'hui il peut trouver dans une même épicerie tous les
services qu'il devait trouver autrefois avec des produits moins nombreux dans
plusieurs endroits différents? Je pense que le consommateur est mieux
servi par l'épicerie moderne qui lui offre, qui lui permet... Parce
qu'il y a des effets de substitution qui sont très importants pour les
consommateurs comme déposants ou comme consommateurs comme
emprunteurs.
Parce qu'il y a des effets de substitution, je peux, par exemple, quand
je fais mon épicerie, voir les différents produits, puis
substituer un poisson à du poulet ou du poulet à un autre produit
parce que les prix, dans le temps, feront mieux mon affaire. Cette comparaison
est plus facile à faire dans un genre de centre commercial alimentaire
qu'est l'épicerie moderne. Dans le domaine financier, c'est la
même chose. Ne nous contons pas d'histoire, c'est la même affaire.
Est-ce que j'achète des obligations, des actions, de l'assurance, un
fonds de pension, etc? Il faut faire la comparaison entre les produits, et la
meilleure chose pour faire la comparaison, c'est que celui qui les offre offre
toute la gamme. Parce que, si vous voyez celui qui offre seulement un produit
de l'assurance, il vous vendra uniquement de l'assurance; celui qui vend des
fonds mutuels va vouloir vous vendre des fonds mutuels; celui qui vend des
obligations va essayer de vous vendre des obligations. Celui qui vend toute la
gamme a des chances, parce qu'il est Indifférent à ce que vous
achetiez l'un ou l'autre, de vous offrir une meilleure combinaison en fonction
de votre âge, de votre situation, de votre famille, de votre situation
dans le temps, etc., parce qu'il offre tous les produits.
L'intérêt des consommateurs est mieux protégé si
toute la
gamme des produits est offerte dans un même lieu, parce que le
consommateur, à ce moment-là, peut mieux faire la comparaison. Il
peut mieux planifier, avec les conseils de l'expert dans ce domaine-là,
ses placements ou ses emprunts. M. le Président, c'étaient les
remarques préliminaires que je voulais faire à ce moment-ci,
à moins que les députés ministériels ou le ministre
ne veuillent en faire d'autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, avez-vous quelque chose à ajouter, vous aviez
levé la main? Non? Cela va?
M. Bélisle: Je voulais parler de l'habit, juste pour
terminer. Le député de Lévis, M. le Président, me
fait penser un petit peu à un père de famille qui amenait, dans
le temps que cela se passait de même, il y a peut-être une
cinquantaine d'années, son fils de 18 ans pour s'habiller un samedi chez
un tailleur et qui, regardant son gars de 18 ans qui mesurait, disons, 5 pieds
7 pouces et qui pesait à peu près 130 livres, disait: Mon jeune,
on va économiser, on va t'en acheter un que tu pourras porter aussi
quand tu auras 25 ans. C'est-à-dire qu'au lieu de lui prendre une taille
30 il va lui prendre une taille 44, parce qu'il sait qu'il va grandir et
grossir, qu'il va devenir bien gros et bien grand.
C'est un petit peu ce que le député de Lévis veut
faire avec la loi. Je dis, et c'est ce que j'ai dit au mois de septembre 1988
pendant les débats, que je préfère que cette
personne-là revienne avec son fils, deux ans ou deux ans et demi plus
tard, et qu'on lui fasse un autre habit encore un petit peu plus sur mesure, au
fur et à mesure de sa croissance, et non pas qu'on lui fasse un habit
balloune, qu'on lui donne tous les pouvoirs, qu'on lui fasse de grandes poches,
n'importe quoi, et qu'on lui permette de s'habiller pour les dix prochaines
années. Il y a eu un retard inacceptable à l'égard de
cette loi. Elle n'a pas été dépoussiérée
depuis au-delà de 25 ans. C'est inadmissible et inacceptable, mais de
là à en arriver à essayer de tailler un habit sur
mesure... C'est pour cela, d'ailleurs, que M. Béland est quand
même heureux du projet de loi. Il va avoir un habit, effectivement, qui
va lui permettre de rouler pendant deux ou trois ans encore, d'examiner, de
baliser son expérience sur le terrain et de revenir nous voir, il
devrait revenir nous voir beaucoup plus souvent, en plus de cela, à
l'Assemblée nationale, non pas à chaque 25 ans. Il devrait
revenir nous voir à tous les deux ou trois ans. C'est une. institution
trop importante pour le Québec. On peut alors remodeler l'habit
correctement et mieux l'adapter à l'institution, et pas du tout faire
comme le père de famille qui va acheter un habit pour que son fils le
porte pendant les dix prochaines années.
M. Fortier: Si on peut passer des habits à la loi...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Vous avez quelque chose à
ajouter, M. le député de Lévis?
M. Fortier: Vous voulez nommer le tailleur? Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Garon: M. le Président, le député de
Mille-Îles vient justement de confirmer ce que je disais. Il vient de
dire qu'il a peur que l'habit ne soit trop grand. Il ne se rend pas compte que
la personne a grandi plus qu'il ne le pensait. Ce qui m'étonne, par
exemple - et je pense que le ministre a été pris un peu à
partie par les propos du député de Mille-Îles - c'est qu'il
dise que c'est une loi pour deux ou trois ans. Je ne pensais pas que la loi que
faisait le ministre actuellement était pour deux ou trois ans. Je sais
qu'au cours des années, depuis 1963, la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit a été amendée
à plusieurs reprises, il y a eu aussi des lois sur la caisse centrale,
etc., qui ont été faites au cours des années. Ce n'est pas
vrai que c'est une loi qui n'a pas été changée pendant 25
ans. En tout cas, je ne sais pas si le député de Mille-Îles
parle au nom du gouvernement, mais si c'est une loi pour deux ou trois ans,
cela m'apparaît un peu court. J'ai plutôt l'impression que, si on
écoute le député de Mille-Îles, on va retourner aux
combinaisons d'hiver à panneaux, aux petites bottes de "rubber" qu'il y
avait dans les villages et aux cordes pour attacher les bottines.
M. Fortier: Voyons, M. le député de Lévis,
lâchez donc les combinaisons et le tailleur. Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est qu'on retourne à nos tuques et aux
ceintures fléchées. C'était une époque magnifique,
comprenez-vous, mais on n'est plus là. C'était beau, la lampe
à l'huile, il y en a encore qui en mettent dans les maisons pour son
charme, sauf qu'on est rendus à l'électricité et on s'en
va plutôt vers le nucléaire.
M. Fortier: Pendant une panne de courant on a besoin de la lampe
à l'huile.
M. Garon: C'est pour cela que j'ai l'impression qu'il faut
regarder vers l'avenir. Je pense que le député de
Mille-Îles, au fond, vient de dire une grande vérité quand
il dit qu'il pense que c'est une loi qui va faire deux ou trois ans. Je ne
pense pas que c'est le but du gouvernement, et même comme
député de l'Opposition, je n'ai pas l'âme assez basse pour
penser que le gouvernement veut faire une loi pour le mouvement Desjardins pour
les deux ou trois prochaines années. Ce serait ridicule, au fond. Qu'il
fasse une loi en se disant qu'elle va durer au moins cinq à dix ans,
dans une perspective d'une
dizaine d'années quitte à ce qu'elle soit amendée
en cours de route. J'aimerais que le ministre nous dise quelque chose. Est-ce
que c'est une loi pour les deux ou trois prochaines années qu'il fait
avec le projet de !oi 70?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles a parlé d'habit pour deux ou trois ans. M. le
ministre.
M. Fortier: M. le Président, je pense que tous et chacun
ont fait part de leur état d'âme. Je trouvais que le débat,
au début, sur les principes de base était très Important.
Je pense qu'on a mis chacun notre grain de sel. II est bien évident que
j'ose espérer que le projet de loi va pouvoir survivre plus de deux ou
trois ans. Ceci dit, ce que le député de Mille-Îles
essayait de nous dire, c'est que le projet de loi va être tel que
l'encadrement sera suffisant pour que le mouvement Desjardins puisse planifier
son avenir. Je pense bien que, dans le monde moderne d'aujourd'hui, on peut
parler de planification quinquennale, mais même une planification
triennale, c'est très loin. Quand on est dans le secteur privé,
on le sait.
De toute façon, comme vous le savez, il y a une disposition dans
le projet de loi qui est celle que nous avions mise l'an dernier dans la Loi
sur les fiducies, qui va obliger le ministre responsable à
déposer tous les cinq ans un rapport à l'Assemblée et
à avoir une commission parlementaire. Cela va donc se faire
automatiquement tous les cinq ans, mais, au bout de deux ans, on peut y
apporter un petit amendement, parce qu'il faut savoir que les petits
amendements qu'on peut faire de temps à autre ne changent pas l'esprit
de la loi.
J'admets que cette loi est une réforme totale de la loi de 1963,
qui était suffisante à ce moment-là. Il ne faut pas
critiquer la loi de 1963; je crois que celle-ci était pilotée par
Jean Lesage et par son conseiller d'abord - comment s'appelait-il? - M. Pigeon.
Ceux qui ont fait la loi de 1963, MM. Lesage et Pigeon, c'étaient des
gens qui n'étaient pas en culottes courtes. Ils étaient
réellement des professionnels dans le domaine de la législation.
Peut-être aurait-on dû la changer en 1980, mais enfin je ne veux
pas revenir sur les délais. Il y a eu toutes sortes de raisons. Je crois
que j'ai accéléré le processus et que cette loi satisfait
d'une façon très générale, comme l'indiquait le
député de Mille-Îles. C'est une loi publique. On ne peut
satisfaire toutes et chacune des demandes qui nous sont
présentées. D'une façon générale, le
mouvement Desjardins est satisfait. Il s'agit de savoir si nous, autour de la
table, les parlementaires qui faisons le travail, sommes satisfaits. J'ai voulu
répondre, je pense bien, aux interrogations du député de
Lévis, interrogations qui étaient très pertinentes. Je le
remercie de l'intérêt qu'il porte au projet de loi.
Là-dessus, est-ce qu'on peut procéder, M. le
Président?
Étude détaillée
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Comme iI
n'y a pas d'autre remarque préliminaire, j'appelle l'article 1 du projet
de loi 70, Loi sur les caisses d'épargne et de crédit. Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'article 1? M. le ministre.
Application et définitions
M, Fortier: Si on veut adopter une procédure, on peut
peut-être le lire. Je pense que cela serait la meilleure façon.
L'article 1 se lit comme suit: "La présente loi s'applique à
toute caisse d'épargne et de crédit, fédération de
caisses ou confédération de fédérations
constituée ou issue d'une fusion en vertu de !a présente loi.
"Elle s'applique également à toute caisse,
fédération ou fédération de
fédérations régie antérieurement par la Loi sur Ses
caisses d'épargne et de crédit (L. R. Q., chapitre C-4). "
C'est simplement un article qui Indique que c'est la continuité
de l'ancienne loi.
M. Garon: II n'y a pas de changement avec la loi
antérieure, d'ailleurs. Elle disait la même chose.
Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est adopté.
J'appelle l'article 2 du projet de loi 70.
M. Fortier: L'article 2, comme tous ces articles qui sont
importants au début d'un projet de loi, est une définition. On
dit: "Les caisses sont des coopératives qui obéissent aux
règles d'actions coopératives suivantes: "1° le nombre des
membres n'est pas limité; "2° un membre n'a droit qu'à une
seule voix quel que soit le nombre de parts qu'il détient - c'est un
principe coopératif important -; "3° un membre ne peut voter par
procuration; "4° l'intérêt payable sur le capital social est
limité; "5° une réserve générale doit
être constituée laquelle ne peut être partagée entre
les membres, même en cas de liquidation ou de dissolution; "6° ses
trop-perçus sont affectés conformément à la
présente loi. "
Si vous regardez la page gauche du document que je vous ai fait
distribuer, on reprend à peu près essentiellement les principes
de la coopération internationale qui étaient déjà
dans l'ancien projet de loi. En fait, ce sont les six principes qui sont repris
pour définir des coopératives qui obéissent aux
règles d'actions coopératives susmentionnées.
M. Garon: II y a le paragraphe 5°: "Une réserve
générale doit être constituée laquelle ne peut
être partagée entre les membres, même en cas de liquidation
ou de dissolution. " À quel endroit se trouvait cette disposition dans
l'ancienne loi?
M. Fortier: L'utilisation en cas de dissolution?
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Où se trouvait-elle dans l'ancienne loi?
M. Garon: C'est le paragraphe 5°.
M. Fortier: Oui. Le paragraphe 5°, en cas de dissolution,
l'utilisation de la réserve générale.
M. Garon: Cette disposition ne se retrouve pas à l'article
4. (11 h 15)
M. Fortier: Lorsqu'il y a dissolution, on va voir plus tard ce
qu'on fait de ces réserves générales.
M. Garon: Je voudrais voir à quel endroit cela
existait.
M. Fortier: Parlez-vous de la même disposition ou de la
disposition du fonds?
M. Garon: Le paragraphe 5° de l'article 2.
M. Fortier: Où était le paragraphe 5° dans
l'ancienne loi?
M. Garon: Oui.
M. Fortier: "une réserve générale... Une
voix: Oui, oui, on l'avait. M. Garon: Pardon? M. Fortier: Oui, c'est
cela.
M. Garon: Oui, cette disposition existait; de mémoire, je
me souviens très bien de l'avoir vue. Mais...
M. Fortier: C'était l'article 87. Dans l'ancien projet de
loi, l'article 87 disait: Toute caisse doit établir et maintenir une
réserve générale. "Il doit être affecté
à cette réserve un montant des trop perçus... "
Bon, cela va. Finalement, le dernier alinéa de l'article se
lisait comme suit: "Cette réserve ne peut être partagée
entre les membres en totalité ou en partie. "
M. Garon: il me paraît drôle de mettre cela
là. Ce n'est pas nécessairement un principe coopératif,
c'est... Là, on parle de caisses qui ont les coopératives qui
obéissent aux règles d'actions coopératives suivantes:
"1° le nombre des membres n'est pas limité; "2° un membre n'a
droit qu'a une seule voix quel que soit le nombre de parts qu'il
détient; "3° un membre ne peut voter par procuration; "4°
l'intérêt payable sur le capital social est limité; "6°
ses trop-perçus sont affectés conformément à la
présente loi. "
Ce sont des règles coopératives. Mais la cinquième,
je ne suis pas sûr que ce soit une règle d'action
coopérative.
M. Fortier: L'inspecteur peut vous répondre.
M. Garon: D'ailleurs, dans l'ancienne loi, cette disposition ne
se trouvait pas là et c'est pour cela que je me demande pourquoi on met
cela dans les règles d'action coopérative, alors que ce n'est pas
vraiment une règle d'action coopérative.
M. Bouchard: Lorsqu'on a fait la réforme de la Loi sur les
coopératives, vous l'avez à l'alinéa 4° de l'article
4, cela faisait partie des principes.
M. Fortier: Parce que, comme je l'ai indiqué dans mes
remarques hier, M. le député de Lévis, le projet de loi
dont nous sommes en train de discuter est important parce que la vieille loi ne
prenait pas en considération les lois qui avaient été
adoptées, entre autres la Loi sur les coopératives. Donc, cette
disposition se retrouvait dans la Loi sur les coopératives qui avait
d'ailleurs été adoptée sous votre gouvernement.
M. Garon: Non, non, non. Dans la Loi sur les coopératives,
vous l'avez à côté, à l'article 4, on dit: "...
ï'affectation des trop-perçus ou excédents à la
réserve et à l'attribution de ristournes aux membres au prorata
des opérations effectuées entre chacun d'eux et la
coopérative. " C'est une affaire, ce n'est pas cela.
M. Fortier: Mais, M. le député de Lévis,
lisez donc la page de gauche, ici, dans la Loi sur les coopératives:
"4° la constitution d'une réserve qui ne peut être
partagée entre les membres même en cas de liquidation. "
Alors, c'est l'un des principes... Les règles d'actions...
L'article 4 touche les règles d'action coopérative de la Loi sur
les coopératives et c'est à l'article 4, alinéa
4°.
M. Garon: Mais, dans les règles d'actions
coopératives définies par l'Alliance coopérative
internationale, on ne trouve pas cette dispo-
sition.
M. Fortier: M. Bouchard.
M. Bouchard: C'est un principe de base d'une coopérative
disant que, jamais le surplus, tout comme II n'y a pas de plus-value
attribuée à une part, ne peut revenir aux membres, même en
cas de liquidation. Et c'est la raison pour laquelle on trouve, dans la Loi sur
les coopératives ou dans l'ancienne Loi sur les coopératives,
que, advenant liquidation, le surplus est distribué à un
organisme coopératif ou à un autre organisme
déterminé par le gouvernement.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: C'est un principe de base de toutes nos lois
coopératives que jamais les membres ne doivent partager un surplus.
C'est la raison pour laquelle, par exemple au printemps dernier, lorsque le
gouvernement a adopté une loi spéciale pour la liquidation et la
fusion des caisses d'établissement, cela a pris une loi spéciale
pour permettre justement l'attribution des surplus.
M. Fortier: Est-ce que cela répond à votre
question, M. le député de Lévis? C'est un fait;
d'ailleurs, je dois vous dire que le mouvement
Desjardins est tout à fait d'accord avec cet article 2.
M. Garon: Je ne dis pas que je ne suis pas d'accord avec
l'article, ce n'est pas ce que je dis.
M. Fortier: Non, non, non. Mais, pour eux, c'est important. Vous
soulevez la question à savoir si c'est un principe coopératif et,
de fait, M. Bouchard vient d'y donner réponse et, là-dessus, tout
le monde qui a réexaminé la loi s'entend. C'est l'un des articles
où il n'y a certainement pas eu de discussion.
M. Garon: Je ne dis pas que la disposition ne doit pas exister,
mais je dis que je ne suis pas convaincu qu'elle doive être placée
dans les règles d'actions coopératives...
M. Fortier: C'est très important.
M. Garon:... parce que la dissolution n'est pas une action
coopérative. Il me semble que c'est le fonctionnement de la
coopérative dans son action qui doit être défini là.
D'ailleurs, on voit qu'avant ce n'était pas là, c'était
ailleurs. En tout cas, ce n'est pas une question fondamentale, mais...
M. Fortier: M. le député de Lévis, nous,
nous croyons que c'est fondamental, parce qu'il pourrait arriver qu'une caisse
décide de se séparer du mouvement Desjardins et de se liquider et
ce qu'on ne veut pas - et c'est ce qui est important - c'est que la liquidation
soit faite par une organisation capitaliste où les membres de cette
caisse se partagent le surplus. Donc, c'est un principe très important.
C'est une société coopérative. Ce n'est pas une
société capitaliste. En tout cas, si vous êtes d'accord sur
le principe, on doit continuer mais, nous, on croit que c'est important de le
mettre ici.
M. Garon: Oui, mais ce que l'inspecteur général a
dit - et il l'a bien dit - c'est que le surplus doit être attribué
à une institution coopérative en cas de liquidation. C'est cela,
le principe, à mon avis: en cours d'existence, l'affectation des
trop-perçus ou excédents à la réserve et à
l'attribution de ristournes aux membres au prorata des opérations
effectuées entre chacun d'eux et la coopérative. En cas de
surplus, au moment de la dissolution, cela doit être attribué
à quelqu'un.
M. Fortier: Non, le principe, c'est qu'on dit - si vous lisez
bien - même en cas de liquidation. Cela veut dire même avant,
même durant la vie d'une caisse, ils n'ont pas le droit de se partager
les surplus. Ce sont seulement les trop-perçus en fin d'année.
Ils n'ont pas le droit de dire: On a accumulé une réserve de tant
de millions de dollars, on va se payer chacun 1000 $. Ils n'ont pas le droit de
faire cela.
M. Garon: Je comprends qu'ils n'en ont pas le droit.
M. Fortier: Bon! C'est pour cela que ce principe est là.
Alors, on dit: Une réserve générale doit être
constituée, laquelle ne peut être partagée entre les
membres. C'est le principe général. On ajoute: Même en cas
de liquidation et de dissolution. Alors, c'est durant la vie de la caisse et
même en cas de liquidation et de dissolution. Mais vous êtes
d'accord avec le principe, je pense bien?
M. Garon: Non, je ne suis pas en désaccord avec le
principe.
M. Fortier: Non, d'accord.
M. Garon: Je me demandais si c'est là qu'il devait
être placé.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu que cela doit être
placé dans les règles d'actions coopératives. D'ailleurs,
dans l'ancienne loi, cela n'était pas placé là non
plus.
M. Fortier: On a amélioré l'ancienne loi. On a fait
mieux que M. Pigeon et que M. Lesage.
M. Garon: En tout cas.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est adopté,
M. le député de Lévis?
M. Portier: Adopté? M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle i'article.,.
M. Fortier: L'article 3.
Le Président (M. Lemieux):... 3. M. le ministre.
M. Fortier: "Une caisse a pour objets: "1° de recevoir les
économies de ses membres en vue de les faire fructifier; "2° de
consentir du crédit à ses membres; "3° de favoriser la
coopération entre les membres et la caisse et entre celle-ci et d'autres
organismes coopératifs; "4° de promouvoir l'éducation
économique, sociale et coopérative. "
On retrouve mutatis mutandis - vous le voyez à la page de gauche
- i'article 3 de l'ancienne loi et i'article 50 qui disaient que le consei!
d'administration doit notamment favoriser la coopération entre les
membres de la caisse et entre celle-ci et d'autres organismes
coopératifs. Bien sûr, ce sont des objets très importants
qui sont la base de la toi. Comme vous le savez, si on veut prendre un exemple
d'un organisme coopératif, c'est la caisse centrale. Alors, la caisse
centrale du mouvement Desjardins n'est pas à proprement parler une
coopérative, il s'agit d'une corporation spécialement
constituée. C'est donc un organisme coopératif. Donc, il est
important d'indiquer ici que la caisse a pour objet de favoriser cette
coopération entre les membres et d'autres organismes coopératifs.
La caisse centrale est un exemple d'un de ces organismes coopératifs par
lequel le mouvement Desjardins s'est constitué.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'ai remarqué qu'on n'a pas fait de gros
changements. On a changé un petit peu les choses dans la formulation. On
dit, par exemple, qu'on se réfère à la loi sur les
caisses. On disait dans la loi sur les caisses de favoriser la
coopération entre les membres de la caisse et entre celle-ci et d'autres
organismes coopératifs. Aujourd'hui, on dit de favoriser la
coopération entre les membres et la caisse. Pourquoi ce changement?
M. Fortier: Changement d'écriture.
M. Garon: Oui, mais cela ne veut pas dire Sa même chose,
"entre les membres et la caisse" et "entre les membres de la caisse". Je me
demande pourquoi. Est-ce qu'on a trouvé que la formulation
antérieure n'était pas...
M. Bouchard: Elle n'était pas complète. Au fond, la
coopération ne se limite pas uniquement à la solidarité
des membres entre eux, mais vise également à rejoindre
l'entité à laquelle les membres appartiennent. Alors, entre les
membres entre eux et entre les membres et leur propre caisse pour indiquer que
véritablement cela forme un tout cohérent.
M. Garon: Pourquoi n'avons-nous pas dit les deux? Pourquoi
n'avons-nous pas dit à ce moment-là "la coopération entre
les membres...
M. Bouchard: Bien, entre les membres et la caisse...
M. Garon:... de la caisse et "entre les membres et la caisse"?
Parce que favoriser la coopération entre les membres et la caisse, c'est
une autre affaire. Cela ne dit pas tout à fait la même chose.
M. Bouchard: "Entre les membres", ça implique entre les
membres, c'est sûr.
M. Garon: Entre les membres et la caisse, ce n'est pas entre les
membres; on arrête, il n'y a pas de virgule ià. On dit "entre les
membres et la caisse", c'est entre les membres et la caisse tandis qu'avant on
disait "entre les membres de la caisse". Ce n'est pas tout à fait la
même chose. Je pense qu'on doit mettre les deux. On devrait dire "entre
les membres de la caisse", et "entre les membres et la caisse*. Mettre les
deux.
M. Fortier: Quand on parle des membres, on parle des membres de
la caisse, c'est évident, dans le contexte.
M. Garon: Non, non. Cela veut dire plus "favoriser la
coopération entre les membres de la caisse". Je vais vous donner un
exemple bien simple. Une caisse décide qu'elle reçoit les
économies et plutôt que de les prêter aux gens de la caisse,
elle les place ailleurs. Cela m'apparaît important de favoriser la
coopération entre les membres de la caisse.
M. Fortier: lls n'auront pas le droit de faire de prêts
à des gens qui ne sont pas membres. Il faut que la personne soit
membre.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je dis. Elle doit avoir le droit de
faire des placements. À mon avis, elle ne devrait pas faire des
placements au détriment des services aux membres. Je trouve que c'est un
objet fondamental de favoriser la coopération entra les membres de la
caisse. "Entre les membres de la caisse", c'est
vraiment la fondation du mouvement Desjardins. Ce sont des gens qui ont
de l'argent et qui le déposent et ceux qui n'en n'ont pas assez en
empruntent. C'est cela, favoriser la coopération entre les membres de la
caisse. Aujourd'hui on donne des pouvoirs à la caisse de faire d'autres
opérations. A mon avis, ça ne doit pas être au
détriment des membres de la caisse comme déposants, comme
épargnants et comme emprunteurs. Je trouve qu'il y a une grosse
signification à changer l'objet, c'est pour ça que je mettrais
les deux. J'aurais tendance à mettre les deux pour que ça soit
"entre les membres de 3a caisse", virgule, et "entre les membres et la caisse".
Ce sont deux idées différentes.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: La seule remarque que j'aimerais faire au
député de Lévis, c'est qu'on tombe, bien sûr, dans
l'écriture du détail. Comme vous le savez, tous ces textes sont,
d'une part, préparés par les avocats du contentieux de
l'inspecteur et ensuite révisés par le Comité de
législation du Conseil exécutif et par le Comité de
législation du ministère de la Justice. Vous comprenez bien
qu'ils essaient d'harmoniser l'écriture des lois pour qu'elles soient
compatibles avec les autres lois qui ont été adoptées.
Dans ce cas-ci, je vous rappellerai que le projet de loi 56 qui est la Loi sur
les coopératives, qui a été sanctionnée le 23 juin
1982, dit clairement que les règles d'actions coopératives sont
les suivantes et: "6° la promotion de la coopération entre les
membres et la coopérative". J'Imagine que ceux qui avaient la
responsabilité de vérifier le détail de cette
écriture, au ministère de la Justice et au Comité de
législation du Conseil exécutif, mais c'est surtout ceux du
ministère de la Justice qui suivent ces choses, sont arrivés
à la conclusion que c'était plus compatible avec la loi de 1982
qui a été adoptée sous votre gouvernement, dans laquelle
on disait justement "entre les membres et la coopérative", "entre les
membres et la caisse".
M. Garon: Ce n'est pas la même chose et je vais vous dire
pourquoi. Dans les coopératives, il s'agit d'institutions sui generis:
coopératives d'habitation, coopératives de consommation;
ça, c'est une chose. Dans la loi sur les caisses, il s'agit d'autres
institutions. La caisse, parce qu'elle véhicule des instruments
financiers, parce qu'on lui permet maintenant de faire des choses
différentes en capitalisation, ne doit pas agir au détriment de
sa fonction première qui est de ramasser de l'argent pour le
prêter à d'autres personnes. C'est fondamental. Ce qu'elle a
maintenant, elle aura les pouvoirs de mettre de l'argent dans la
fédération, de faire des placements, de la capitalisation, etc.
Je suis d'accord avec ça, mais ça ne doit pas être au
détriment de la vocation première de l'institution et je vais
vous dire qu'il serait bien plus facile, à un moment donné, de
dire qu'on va accorder un prêt à une telle place et ensuite, on
n'aura plus assez d'argent. (11 h 30)
Je vais vous donner un exemple très clair. Il y avait justement
une caisse populaire. J'ai rencontré les gens et lis m'ont dit que la
caisse ne pouvait pas prêter cette année. Je leur ai
demandé pourquoi. Ils m'ont dit simplement qu'il y avait eu un feu
à l'église. Ils ont prêté l'argent à
l'église et n'ont pas d'argent à nous prêter. Ils avaient
prêté un montant Important d'argent pour la réfection de
l'église qui a passé au feu, et il n'y en avait plus pour le
cultivateur qui venait pour emprunter. Il fallait qu'il aille en emprunter
ailleurs. Je ne veux pas dire que c'est mauvais d'avoir prêté
à l'église, sauf que le but de la caisse - cela aurait pu
être autre chose - le but de la caisse, c'est d'avoir de l'argent
à prêter à ses membres.
On enlève ici "favoriser la coopération entre les membres
de la caisse". Je vous donne un exemple bien simple d'un cas qui peut se
produire, c'est-à-dire qu'on peut prendre les fonds de la caisse, les
prêter à tel endroit, mais il va en manquer pour les membres.
C'est pour cela que je me dis que favoriser la coopération entre les
membres de la caisse", cela doit rester là, et "entre les membres et la
caisse", cela doit être là aussi. Je ne suis pas contre cela, ce
n'est pas cela. Mais, à mon avis, favoriser la coopération entre
les membres de la caisse" doit rester.
M. Fortier: M. le député de Lévis, il faut
bien comprendre que l'institution financière dont vous pariez, c'est la
caisse. Quand vous pariez de prêter de l'argent à l'église
ou au fermier, c'est la caisse qui le fait. La caisse, c'est l'institution
financière. Quand vous dites: Entre les membres de la caisse, cela
voudrait dire que les gens entre eux - Paul-André Forget est membre
d'une caisse, Jean-Pierre Bélisle est membre de la même caisse -
se prêteraient de l'argent?
M. Garon: Non, non. non.
M. Fortier: Ce n'est pas cela que vous voulez. Dans le fond,
c'est la caisse qui est l'institution financière. Je suis d'accord avec
vous, la caisse doit se donner des règles. Ce qu'on veut favoriser ici,
ce n'est pas la coopération entre les membres qui se prêteraient
de l'argent entre eux; c'est la caisse qui est l'institution financière.
L'Institution financière, c'est la caisse. C'est elle qu'on veut
favoriser. Donc, une caisse a pour objet de favoriser la coopération
entre les membres et la caisse elle-même. C'est la caisse qui est
l'institution financière. Autrement dit, l'argument que vous avez
utilisé va à l'encontre de ce que vous proposez. Je crois que
l'écriture qui est là répond davantage à l'objectif
que vous voulez atteindre. C'est la caisse elle-même qui est
l'institution financière.
M. Garon: D'abord, disons une chose. Les gens forment une caisse
pour réaliser des fins. ll ne faut pas dénaturer l'institution.
Vous vous rappelez que les banques aimeraient qu'on considère les
caisses comme un mouvement d'en haut qui a des succursales. Ce n'est pas cela,
une caisse. Quand je l'ai demandé au président du mouvement, il a
bien répondu qu'il y a 1300 caisses qui donnent des services. Quand les
gens ont formé une caisse - on se replace dans les choses - ils ont
voulu la former à des fins précises. Ses fins, normalement, sont
de recevoir les économies de ses membres en vue de les faire fructifier
et, deuxièmement, de consentir du crédit à ses membres.
Sauf que, par des objets additionnels qui ne sont pas dans cet article - quand
on dit qu'il y a du placement, de la capitalisation, etc. - on rajoute d'autres
pouvoirs qui ne sont pas ici.
Parmi les fins premières de la caisse, il y a celle de se prendre
en main. N'oublions jamais cela. Quand les caisses populaires ont
été formées, c'était pour se prendre en main. J'ai
assez lu de déclarations de Desjardins, des déclarations qui se
faisaient alors dans des soubassements d'églises, et ce n'était
pas pour faire le libre-échange avec les États-Unis; il
s'agissait de gens qui voulaient se donner des instruments pour s'aider, pour
s'entraider. On appelait même cela de l'entraide, de la
coopération.
Mais là, quand on enlève l'entraide... Au fond, je le dis
en pensant à mutualité, à l'idée de
mutualité et d'entraide. On disait "favoriser la coopération
entre les membres de la caisse". C'était cela, le but. Je pense qu'il
faudrait faire un amendement et ajouter: "pour favoriser la coopération
entre les membres de la caisse, entre les membres et la caisse et entre
celle-ci et d'autres organismes coopératifs". À mon avis, ce
serait complet. Je pense que c'est mauvais d'enlever cela. Je pense bien qu'on
ne l'a pas fait d'une façon malveillante, sauf que, quand les juges
liront cela, éventuellement, ils diront: L'orientation a changé;
maintenant, ce n'est pas entre les membres de la caisse qu'il faut favoriser la
coopération en premier, c'est entre les membres et 3a caisse. Mais,
entre les membres et la caisse, cela peut ne pas vouloir dire
nécessairement la même chose. Cela peut ne pas vouloir dire
nécessairement la même chose. Si on prend une tranche de l'argent
de la caisse pour la placer ailleurs, cela peut ne pas être mauvais pour
les déposants, mais pour les emprunteurs, il manquera de l'argent dans
la communauté. Cela m'apparaît fondamental de laisser "favoriser
la coopération entre les membres de la caisse. "
M. Portier: M. le député de Lévis, je pense
qu'on est d'accord sur le principe.
M. Garon: Pourquoi ne pas le mettre?
M. Fortier: C'est ce que j'essaie de voir.
On est d'accord avec !e principe. On voudrait l'écrire de
façon que ce soit le mieux possible. Contrairement à ce que vous
dites, le paragraphe 1° dit de recevoir les économies et 2° de
consentir du crédit à ses membres. Alors, c'est très clair
que le premièrement, c'est de recevoir de l'argent, et le
deuxièmement, de consentir des crédits.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Moi, je suis bien prêt à regarder le
troisièmement, mais je ne voudrais pas l'écrire de telle
façon que ça irait à l'encontre même de votre...
M. Garon: Non, c'est parce que...
M. Fortier: Alors, si vous le suggérez, je n'a! pas
d'objection à accepter. Je ne crois pas que ça améliore
beaucoup, mais, comme on ne voudrait pas faire durer le débat d'une
façon qui serait inconsidérée sur un sujet pour lequel on
est tous deux d'accord... On est tous deux complètement d'accord qu'il
s'agit d'entraide entre les membres de la caisse, que la caisse doit servir en
premier aux membres, que c'est ce qu'est la coopération. Alors, moi, je
suis bien prêt - est-ce que c'est celui-là qui est
préférable? - à en faire un amendement et à dire
que l'article 3 est modifié par l'insertion, dans le paragraphe 3°,
après le mot "caisse", des mots...
M. Garon: Avant.
M. Fortier:... "entre les membres de la caisse".
M. Garon: Non, il faudrait mettre ça avant. C'est d'abord
entre les membres de la caisse et ensuite entre Ses membres et la caisse.
Après le mot "coopération": "de favoriser", après le mot
"coopération", marquer... Une voix: Entre les membres de la caisse.
M. Garon:... "entre les membres de la caisse", virgule. Il
faudrait dire...
M. Chagnon: Remplacer le mot "et" par le mot "de". Entre les
membres de.
M. Garon: Non, ce serait plus simple si on disait, après
!e mot "coopération", d'ajouter "entre les membres de la caisse",
virgule.
M. Fortier: D'accord. Je l'ai écrit, parce qu'il faut
l'écrire. Alors, l'article 3 est modifié par l'insertion, dans le
paragraphe 3°, et après le mot coopération, des mots "entre
les membres de la caisse",...
M. Garon: Virgule.
M. Fortier: ...virgule, "entre les membres et la caisse" et
"entre celle-ci et d'autres organismes coopératifs".
M. Garon: C'est correct.
Le Président (M. Després): Est-ce que
l'amendement...
M. Fortier: Assurez-vous que c'est correct. Le
Président (M. Després): ...est adopté? Une voix:
Ce n'est pas redondant.
M. Garon: Non, ce n'est pas redondant. Je vais vous dire une
chose, quand il se prend des décisions au niveau local, vous avez
toujours un administrateur Intéressé à placer à
telle place; c'est plus facile de prêter un million d'une claque. Au
contraire, quand vous arrivez dans une banque, avec le taux
préférentiel et tout ça, c'est plus payant et moins
forçant de prêter 1 000 000 $ à une personne.
M. Fortier: M. le député de Lévis, on est
d'accord. Est-ce qu'on peut procéder? Ha, ha, ha!
M. Garon: Mais, dans le service aux membres, ce n'est pas
sûr que c'est ce qui est préférable. C'est peut-être
mieux de faire 200 prêts de 5 000 $ qu'un prêt de 1 000 000 $, et
c'est ça la coopération entre les membres de la caisse.
M. Fortier: On est d'accord? Vous êtes favorable à
l'amendement?
M. Garon: Je suis en faveur de l'amendement. Bien oui!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: C'est moi qui l'ai proposé.
M. Garon: Bien, je savais que ça serait plus facile pour
vous de l'accepter si vous le proposiez vous-même que si je le
proposais.
M. Fortier: Ah non! Mais, étant donné qu'on croit
que ça veut dire la même chose, si ça vous fait
plaisir...
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: C'est dans un esprit de collaboration.
Le Président (M. Després): Alors, ça va, M.
le député?
M. Garon: Le relisez-vous? M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Després): L'amendement... Un
Instant. L'article 3 est modifié par l'insertion, dans le paragraphe
3°, après le mot "coopération", des mots "entre les membres
de la caisse...
M. Fortier: Virgule.
Le Président (M. Després): ...virgule, "entre les
membres et...
M. Fortier: Et la caisse.
Le Président (M. Després): ...la caisse et entre
celle-ci et d'autres organismes coopératifs". Cela va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Bien, là, c'est que vous avez pu insérer,
mais, à mon avis, quand vous marquez insertion...
Le Président (M. Després): Oui.
M. Garon: ...il n'est pas nécessaire d'ajouter le reste de
la phrase. Ce serait mieux de marquer, à mon avis: De favoriser la
coopération, d'indiquer...
Le Président (M. Després): C'est que j'ai fait la
lecture de l'amendement et non de l'article. J'ai dit que l'article 3 est
modifié par l'Insertion, dans le paragraphe 3°...
M. Garon: Mais, là, vous n'Insérez plus, vous
ajoutez tout le bout de phrase.
Le Président (M. Després): Ah!
M. Garon: Si vous dites, pour être précis:
Insérer, après le mot "coopération" les mots "entre
les membres de la caisse," virgule, c'est assez.
Le Président (M. Després): II n'y a aucun
problème.
M. Garon: Oui, oui. C'est parce qu'on va voter sur l'amendement.
Alors, il faut que ce soit correct.
Le Président (M. Després): D'accord. Alors,
à ce moment-là, l'amendement est...
M. Garon: On insère plus si vous éliminez tout le
reste.
Le Président (M. Després): ...après le mot
"coopération", "entre les membres de la caisse,".
M. Garon: Virgule.
Le Président (M. Després): Insérons
seulement à ce moment-là ce qu'on modifie entre
virgules, M. le député de Lévis. M. Garon: C'est
ça, oui.
Le Président (M. Després): L'article 3 est modifié
par l'insertion, dans te paragraphe 3°, après le mot
"coopération", des mots "entre les membres de la caisse...
M. Garon: Virgule.
Le Président (M. Després):... virgule.
M. Garon: Est-elle marquée?
Le Président (M. Dssprés): Oui. Cela va.
M. Garon: Parce que vous devez mettre ça entre guillemets,
en incluant la virgule entre les guillemets.
Le Président (M. Després):... des mots ", entre les
membres de la caisse".
M. Garon: Virgule.
Le Président (M. Després): Virgule.
M. Garon: Est-elle écrite?
Le Président (M. Després): Oui, cela va.
M. Garon: Parce qu'il faut mettre cela entre guillemets incluant
la virgule entre les guillemets.
Le Président (M. Després): C'est cela. Il n'y a pas
de problème: ". entre les membres de la caisse". Est-ce que l'amendement
est adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Després): L'article 3 esî-i!
adopté tel qu'amendé?
M. Portier: il n'y a pas de virgule après
coopération.
M. Garon: Non, il n'y a pas de virgule après
coopération.
M. Fortier: C'est correct.
Le Président (M, Després): Non, après.
M. Fortier: C'est après l'insertion.
Le Président (M. Després): Est-ce que l'article 3
est adopté tel qu'amendé? M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'aimerais
adresser une question d'information à l'inspecteur
général. Je pense que c'est important. L'expression "autres
organismes coopératifs" qui est dans le paragraphe 3°, je suis
d'accord avec vous pour dire que cela se retrouvait à l'article 50 de
i'ancienne loi sous le même vocable d'expression "autres organismes
coopératifs". Ma première question est celle-ci: Pourquoi cela
n'a jamais été défini dans l'article des
définitions l'expression "autres organismes coopératifs" parce
que les organismes coopératifs, ce sont des coopératives?
Une voix: En partie seulement.
M. Bélisle: C'est cela, si c'est en partie... Si "autres
organismes coopératifs" inclut en partie seulement l'expression
"coopérative", qu'est-ce que l'expression inclut en plus des
coopératives? Est-ce qu'entre autres une compagnie à but lucratif
achetée par, disons, Desjardins dans le domaine des voyages, supposons
le cas... Non, c'est une possibilité, cela peut arriver dans trois ou
quatre ans; cela peut arriver dans deux ans, dans une année et demie.
Et, en étant achetée, le mouvement Desjardins, la
coopérative, la confédération est propriétaire de
cette compagnie à but lucratif, est-ce que cette corporation-là
devient par le fait même, parce qu'elle est détenue par le
mouvement coopératif alors qu'elle n'est pas une coopérative, un
organisme coopératif parce que nulle part dans la loi on ne retrouve une
définition d'organisme coopératif? Je trouve cela comme une sorte
de porte ouverte à des interprétations tellement divergentes, en
fin de compte, selon le point de vue où l'on peut se placer face
à cette expression-là. C'est comme si on ouvrait une porte et
qu'on disait aux gens: Vous pouvez peut-être faire ce que vous voulez
avec l'expression. Je pense que cela va avec la nature de la
délimitation des objets. Si on veut limiter réellement à
des coopératives l'objet 3° de l'article 3. 3°, soit de
favoriser la coopération entre, on vient de dire à l'instant, les
membres de la caisse, entre les membres et la caisse et, on pourrait ajouter
aussi, et d'autres coopératives, je n'aurais aucune objection à
cela. Exemple: Agropur ou d'autres coopératives. Mais "d'autres
organismes coopératifs", cette expres-sion-tà n'étant pas
définie, je pense que cela peut créer des problèmes.
M. Fortier: M. Bouchard, la question vous était
adressée.
M. Bouchard: II y avait' une raison pour ne pas avoir
utilisé le vocable "coopératif. L'idée, ce n'était
pas de changer nécessairement la nature de la disposition, mais ta
première raison de la loi de la caisse centrale, la caisse centrale est
une loi sui generis qui, si vous la lisez, a été
créée par une loi spéciale, par une loi privée, et
est partie intégrante de la confédération. Elle a des
dispositions, je vais vous en donner Juste une, entre autres, qui ne
s'inspirent pas beau-
coup et dont on ne compte peut pas dire qu'elles sont des dispositions
de nature coopérative; par exemple, lorsqu'on prévoit à
l'article 39. 1 que c'est le conseil d'administration qui peut déclarer
un intérêt sur les parts sociales, vous ne trouvez pas cela dans
une coopérative. Dans la coopérative, ce sont les membres qui
déterminent comment sera versée une ristourne et comment seront
rémunérées les parts sociales.
Donc, vous avez la caisse centrale, qui est ce que vous appeliez tout
à l'heure une espèce de corporation hybride, qui participe un
peu, je ne dirais pas d'une constitution ou d'un caractère capitaliste
parce que ce serait exagéré et que ce serait peut-être une
hérésie dans le cas du mouvement Desjardins mais en tout cas,
disons qu'elle participe un peu à un caractère d'une entreprise
capitaliste, qui a par ailleurs une disposition fondamentale qui en fait une
institution de nature coopérative. Parce que l'article 26 dit
qu'à moins d'une disposition incompatible, tout le droit
supplétif de cette caisse centrale, c'est la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit. Donc, ce n'est pas une coopérative
au sens où la Loi sur les coopératives définirait une
coopérative. Ce n'est pas une coopérative, mais c'est un
organisme coopératif dans le sens que je viens... C'est le terme
générique qui répond le mieux, par exemple, dans le cas de
la caisse centrale. On autre exemple, M. le député, que je
pourrais prendre pour justifier que l'ancien terme générique
convient mieux ici, le cas des compagnies mutuelles d'assurance-vie. (11 h
45)
Une voix: Cela va.
M. Bouchard: Une compagnie mutuelle, je ne peux pas dire que
c'est une coopérative, techniquement parlant. Par ailleurs, c'est un
organisme coopératif et on reconnaît que cela répond grosso
modo à peu près à la nature d'une coopérative.
Donc, en prenant ici le terme dans le cas très clair d'une caisse
d'épargne et de crédit, dont la fonction principale est d'avoir
des relations d'épargne et de crédit, il fallait prévoir
ces deux possibilités de relation entre les organismes qui ne sont pas
purement coopératifs.
M. Bélisle: M. l'inspecteur, vous avez très bien
répondu en ce sens que je m'imaginais facilement qu'on faisait
référence aux mutuelles et on faisait référence
à d'autres organismes. C'est évident que la caisse centrale qui
est la façon d'opérer le transfert de fonds à
l'intérieur du mouvement coopératif Desjardins, c'est
réellement dans mon esprit et dans l'esprit de n'importe quel
néophyte, un organisme coopératif. La mutuelle ou les mutuelles,
c'est la même chose. Mais la question se pose et je vais reposer ma
question: Est-ce qu'une corporation appartenant en partie, en totalité,
à 51 %, en majorité, au mouvement Desjardins, mais une
corporation à but lucratif opérant dans un domaine et qui n'est
pas en soi, elle-même, ni mutuelle, ni une caisse centrale qui permet des
opérations de banque, des opérations monétaires, est-ce
qu'elle serait incluse? Par exemple, une corporation qui vendrait des voyages
au Québec. Supposons que Mirabelle Tours Inc. soit achetée par le
mouvement Desjardins - cela est un exemple - on pourrait l'appliquer dans
différents domaines d'intervention du mouvement Desjardins. Il pourrait
à un certain moment décider de donner des services dans d'autres
domaines. C'est ce que je veux savoir. Est-ce que l'expression: "organisme
coopératif couvre un tel cas, oui ou non? Sinon, je pense qu'il faudrait
le dire. Il faudrait trouver une façon de le dire dans le projet de loi.
Mon problème est relié à un autre article. Il est
relié aux articles 211, 212, 213, 214, 215 et 216. Là, on fixe
les petits objets dans l'article 3. Quand on arrive aux articles 212, 213, 214,
215 et 216, on fixe la spécificité des pouvoirs où le
conseil des ministres se réserve une certaine latitude, à un
moment donné, pour dire que tel autre champ d'application peut
être inclus ou ne pas être inclus via l'article 216. Pour le moment
présent, pourquoi n'établirions-nous pas correctement la
règle du jeu pour le mouvement Desjardins afin de lui permettre de
savoir à l'intérieur de quel cadre il opère? Moi, je pense
que ces gens seraient intéressés à le savoir. Organisme
coopératif, est-ce que cela leur permet demain matin... Je me souviens
d'expériences, en tout cas, malheureuses parce que, M. l'inspecteur,
vous avez à juste titre, je pense - il n'y a personne qui va le
contester - rappelé à l'ordre le mouvement Desjardins lorsque ces
gens ont tenté d'installer les voyages dans leurs caisses. Alors, si on
veut conserver l'identité des genres - c'est ce dont on parle depuis le
départ avec notre réforme - en vertu du deuxième principe
de la réforme que j'ai lu tantôt devant la commission, si c'est un
de nos objectifs, est-ce qu'il ne faut pas être spécifique et ne
pas permettre à une institution judiciaire de décider pour nous
la zone vague, grise, qui est là?
M. Fortier: J'aimerais répondre à la question, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Fortier: Si on retourne en arrière, M. le
député, et qu'on examine, comme je l'ai fait, les
délibérations, lorsque les "bills" privés ont
été présentés... Et, avec raison, le
député de Lévis dit qu'il y a eu plusieurs "bills"
privés qui ont été votés. Je me souviens d'avoir
examiné en particulier les "bills" privés en 1944-1945.
C'était lorsque le gouvernement avait autorisé le mouvement
Desjardins à acquérir ou créer une compagnie dans le
domaine de l'assurance-vie - je pense que c'était en 1944-1945 à
ce moment-là - et d'opérer dans le secteur de l'assurance
générale. Plus tard, je ne me souviens pas en quelle
année, dans les années soixante, on a autorisé le
mouvement Desjardins à acquérir un bloc de contrôle de la
Fiducie du Québec. Quand vous relisez les délibérations et
les intentions qui ont été manifestes et de la part du mouvement
Desjardins et par le législateur qui autorisait ces "bills"
privés, il était très clair que l'intention, de Desjardins
était de se donner des moyens d'acquérir quelquefois des
compagnies à capital-actions, par exemple la Fiducie du Québec,
et d'indiquer que, pour iui, c'était un moyen de le faire. Alors, comme
ces gens voulaient offrir des services fiduciaires à leurs membres, pour
eux, c'était très ciair, ils n'en ont pas fait un secret en
disant: Écoutez, on demande que le "bill" privé soit
adopté pour nous permettre d'acquérir un bloc majoritaire
d'actions dans la Fiducie du Québec qui est maintenant devenue fiducie
Desjardins, pour offrir des services fiduciaires à nos membres. Je crois
qu'on peut regarder cela sous l'angle strictement légal.
Quand on regarde l'historique des autorisations qui ont
été données au mouvement Desjar-dins depuis 1944 et 1945,
et ensuite ce fut la Loi sur les assurances, dans un projet de loi, et ensuite
en 1962, la loi sur les autorisations données à Desjardins pour
acquérir la fiducie du Québec. À chaque fois qu'ils
acquéraient une institution comme celle-là, une autorisation
spéciale de l'Assemblée législative du Québec dans
le temps était donnée. Il était très clair qu'il
s'agissait pour eux d'organismes coopératifs. Je verrais mal, à
ce moment-ci, comment on irait limiter cela. D'une part, cela a toujours
été l'intention manifeste de Desjardins, quand on regarde les
demandes qui ont été faites au gouvernement du temps et à
l'Assemblée nationale - l'Assemblée législative, à
ce moment-là - et c'était manifeste de la part du
législateur qui l'autorisait, que c'était pour encourager le
mouvement Desjardins à offrir à ses membres de nouveaux services
spécialisés, que ce soit dans le secteur de l'assurance-vie, dans
le secteur de l'assurance générale, dans le secteur des fiducies
et, plus tard, dans le secteur des valeurs mobilières.
Donc, la définition d'organisme coopératif déborde,
â mon avis, la simple définition légale d'organisme
coopératif qu'on pourrait donner selon la loi des coopératives.
Dans ce sens, je crois que cela serait revenir au moins 30 ans en
arrière que de resserrer, de limiter cela è des organismes
coopératifs qui seraient uniquement des mutuelles ou des organismes
coopératifs qui rencontreraient à la lettre la Loi sur les
coopératives. En ce faisant, il faut accepter qu'il y ait, à
l'intérieur du mouvement Desjardins, certaines institutions qui sont des
compagnies à capital-actions comme dans le domaine de l'assurance
générale et qui, pour eux, sont contrôlées par le
mouvement Desjardins. D'ailleurs, vous verrez, un peu plus tard, un amende-
ment que le mouvement Desjardins nous a demandé et que nous avons
accepté, parce que nous voulions, à tout prix, lors de la
création des holdings, nous assurer que les liens commerciaux, en
particulier, soient isolés surtout des fédérations et des
caisses.
Il y a une demande qu'ils nous ont faite et leur intention est de faire
en sorte que le conseil d'administration de la confédération se
retrouve intégralement dans le conseil d'administraîion de chacun
de ces holdings. Autrement dit, il va y avoir un holding financier, un holding
de services financiers, un holding immobilier et un holding dans le secteur
institutionnel et commercial, quitte à créer des "sous-holdings"
pour faciliter l'administration. On m'indique que, quelquefois, lorsque tes
conseils d'administration ne sont pas identiques, ces "créatures
coopératives" - entre guillemets -quelquefois à capital-actions,
qui ont des conseils d'administration indépendants du conseil
d'administration de la confédération, peuvent prendre des
directions qui ne sont pas...
Une voix:... coopératives.
M. Portier:... qui ne sont pas bénies ou qui
reçoivent la bénédiction du conseil d'administration de la
confédération. Ils veulent à tout prix que, dans l'avenir,
les fédérations entre elles, qui sont représentées
au conseil d'administration de la confédération,
déterminent les règles du jeu. Alors, il est clair pour le
mouvement Desjardins, et ceci depuis 30 ans, que ces différentes
créatures qui ont existé - quelquefois sous forme de mutuelles,
d'autres fois sous forme de capital-actions, mais qui sont des
propriétaires à part entière du mouvement Desjardins -
sont pour iui des moyens qu'il s'est donnés pour donner de meilleurs
services à ses membres. À mon avis, je ne crois pas que la
suggestion qui est faite soit acceptable, dans la mesure où cela serait
d'aller à l'encontre de tout ce qui s'est fait depuis 30 ans et des
acquiescements très clairs donnés par les différents
législateurs, à différents moments, pour permettre au
mouvement Desjardins de se donner différents moyens selon les besoins.
Dans le cas de la Fiducie du Québec, ce n'est pas le mouvement
Desjardins qui l'avait créée, c'étaient des individus qui
l'avaient créée et, à un moment donné, le mouvement
Desjardins a acquis un bloc majoritaire d'actions. Donc, c'est arrivé
comme cela. Ils se sont donné un outil à capital-actions. C'est
la raison pour laquelle je dis qu'on ne devrait pas modifier l'article tel
qu'il est libellé.
Le Président (M. Després): M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. C'est juste
pour continuer la ligne de M. le député de Lévis, mais
cela ne sera pas long. Ce n'est pas une suggestion, M. le ministre. C'est une
question. C'est un doute dans mon esprit. C'est un
doute sérieux. C'est un doute parce qu'il y a
énormément de conséquences à cela. C'est
relié aux articles 214, 215, 213 et 216. Je suis obligé d'y
revenir, parce que c'est un petit peu cela.
Imaginons la situation suivante, que dans le but d'augmenter les
services aux coopérants, aux sociétaires, le mouvement Desjardins
décide de s'en aller dans le domaine des préarrangements
funéraires - c'est possible ça, c'est proche de l'assurance - et
qu'il décide d'acheter une des compagnies au Québec dans !e
domaine des préarrangements funéraires, Alfred Oallaire ou une
autre compagnie, une compagnie à capital-actions...
M. Chagnon:... ambulance.
M. Bélisle: Ambulance, comme le dit le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon:...
M. Bélisle: Toutes les ambulances... Oui, je comprends!
Ceci étant dit, pour revenir d'une façon sérieuse au
sujet, est-ce que, dans un cas semblable, la seule limite à l'exercice
de l'activité du pouvoir spécifique, parce que leur objectif,
leur objet, c'est l'article 3. 3, c'est de favoriser la coopération
entre les membres.... Je suppose que c'est une intention très
légitime, d'accord, et qu'on ne conteste pas le bien-fondé de
leur intention. Est-ce que via l'article 216, qui est relié à
l'article 3, la seule limite à l'exercice de cette intention de bonne
foi, honnête de créer plus de coopération en offrant des
services de préarrangements funéraires dans des locaux
séparés ou autres, est-ce que c'est là la seule limite de
l'article 216, ou si le mouvement Desjardins peut décider en vertu de
l'article 3. 3 s'il a l'intention d'aller de l'avant et de fournir des services
supplémentaires, d'augmenter la coopération avec l'acquisition
d'une compagnie à capital-actions et que le gouvernement du
Québec n'a plus rien à dire? C'est ça, la question. Je
pense qu'elle est fondamentale à tout le projet de loi.
On va se retrouver, par le biais de la banque, avec ce que le
député de Lévis souhaite depuis le début. C'est ce
qu'il ne comprend pas. On va se retrouver avec le fameux supermarché
financier ou la coopérative de services financiers qui va aller aussi
loin que jusqu'aux préarrangements funéraires. C'est là
que je diffère fondamentalement du député de Lévis
qui souhaite ça, alors que, moi, je la souhaite, mais d'une façon
limitée. Je ne la souhaite pas de façon illimitée.
M. le député de Lévis ne comprend pas ce que
j'essaie de comprendre, ce que je vois dans le projet de loi; II me semble
qu'il y a une nuance à faire et je voudrais que ce soit fait très
clairement.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais dire un mot là-dessus. Je pense que,
quand on a mis ça dans le temps, au fond, ce n'est pas ça qu'on
disait. On voulait favoriser l'intercoopération.
M. Bélisle: C'est exact.
M. Garon: À mon avis, actuellement, je ne suis pas
convaincu qu'on améliore la loi tant que ça quand on fait des
affaires comme ça. C'est un principe d'actions coopératives,
parce qu'on ne met pas les choses à la bonne place dans cette maudite
loi-là. C'est ça qui est fatigant. C'est que les principes
d'actions coopératives, c'est une affaire. Favoriser
l'intercoopération, c'est un principe d'action coopérative.
Autrefois, on le mettait dans les responsabilités du conseil
d'administration. Bon, c'était pour qu'il favorise
l'intercoopération; ce n'était pas bête.
Mais, là, on dit que la caisse a pour objet...
M. Bélisle: C'est le but principal de la caisse.
M. Garon: Je ne suis pas sûr que ce soit à la bonne
place. Je pense que ça aurait dû être dans l'action
coopérative. Les caisses sont des coopératives et agissent selon
les régies d'actions suivantes. Alors, l'intercoopération, c'est
un principe d'actions coopératives. C'est que, par exemple - et
ça se dit de choses très simples - tu fais une coopérative
d'habitation. Normalement, la caisse populaire doit favoriser... C'est
tellement évident que ça se fait naturellement. Mais le but de
cela, au fond, quand on disait "favoriser la coopération entre les
membres de la caisse, entre les emprunteurs et les déposants, " et
ensuite "entre la caisse et d'autres organismes coopératifs", c'est dans
d'autres coopératives, c'est le principe d'intercoopération.
J'ai été assez mêlé à ça. On
faisait des cours à l'Université du Québec, la coop 001.
J'ai été le premier, pas le premier, non... Il ne faut pas que
j'aie cette ambition, il y avait François Jobin qui avait écrit
là-dessus et tout cela, mais à la télé
universitaire, pour bâtir un cours sur les principes de droit et tout
ça... Au fond, ce sont les principes de base de
l'intercoopération. C'est ça qu'on voulait dire par ça
à ce moment-là. C'est évident que le mouvement
coopératif, après cela, a acquis des sociétés de
fiducie.
M. Bélisle: Oui.
M. Garon: Là, ce n'est pas un organisme coopératif,
mais c'est un organisme qui appartient à une coopérative. C'est
un autre genre. Mais, quand on disait que c'est de favoriser
l'intercoopération, c'est ça qu'on voulait dire au point de
départ. Aujourd'hui, on change ça de place; on met ça dans
les objets de la caisse. Je pense qu'on aurait dû mettre ça
à l'article
précédent, l'article 2: "Les caisses sont des
coopératives qui obéissent aux régies d'actions sur
coopératives suivantes... "
C'est pour ça que, tantôt, J'ai dit qu'à mon avis
les trop-perçus étaient là avant. On disait, avant, que
les trop-perçus étaient répartis conformément aux
dispositions de la section XVIII. Là, à Sa section XVlll, on
expliquait tout le mécanisme des trop-perçus dont une partie
allait à la réserve et qui ne devait pas être
distribuée, etc., parce que c'est un principe d'action
coopérative, la répartition des trop-perçus de certaines
modalités coopératives. Cela, c'est particulier aux
coopératives. (12 heures)
L'intercoopération aussi, c'est... Je me rappelle à quel
point quand on discutait... Il faut comprendre que le mouvement
coopératif d'aujourd'hui... On dit qu'en 1976 il y avait 7 000 000 000
$. Quand j'enseignais le droit des coopératives, j'ai commencé en
1970, je ne me rappelle plus le montant, mais c'était beaucoup moins
d'argent. Prêter aux coopératives, les risques étaient bien
plus forts qu'aujourd'hui, il y a maintenant des garanties gouvernementaies et
toutes sortes de choses; il y a de S'aide dans te domaine de l'habitation.
À l'époque, il n'y en avait pas. C'étaient des
coopératives de terrains où les gens voulaient se bâtir des
maisons et s'aider pour avoir éventuellement leur maison. Aujourd'hui,
si on regarde dans le comté de Lévis, on est rendu à
environ 300 logements coopératifs depuis une dizaine d'années
dans différentes coopératives d'habitation. Les caisses
populaires sont toujours les créancières hypothécaires qui
favorisent ceia. Habituellement, les gens qui font une coopérative
d'habitation ne sont pas millionnaires. Habituellement, des millionnaires
essaient de faire une piastre avec leur maison. Ils ont leur maison et ne sont
pas exemptés d'impôt. Ce sont des gens moins fortunés qui
font une coopérative d'habitation. Aujourd'hui, c'est une formule qui
convient très bien aux gens âgés qui veulent être
moins propriétaires, mais en même temps... C'est une formule
fantastique, mais i! faut trouver en même temps du crédit parce
qu'il y a un peu plus de risques que lorsqu'il s'agit de quelqu'un qui donne du
financement et tout cela, qui garantit par son financement, quand ce sont des
gens moins fortunés qui se bâtissent une coopérative
d'habitation. On dit qu'un des objectifs c'est faire de
l'intercoopération, que les caisses aident ces organismes
coopératifs. Je pense que cela doit demeurer, que
l'intercoopération fait partie de la vocation. En plus des membres qui
peuvent s'aider entre eux, on peut aider d'autres organismes de nature
coopérative.
M. Fortier: M. le Président...
M. Garon: Les institutions financières, les organismes
financiers que se donne le mouvement, c'est une autre affaire, à mon
avis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, oui, après avoir
parlé à l'avocat de l'inspecteur, on nous confirme
l'interprétation du député de Lévis parce qu'en
fait on donne ici les objets fondamentaux: recevoir des économies,
consentir du crédit et, troisièmement, favoriser la
coopération. Là, c'est véritablement, semble-t-il,
favoriser l'esprit coopératif. C'est favoriser la coopération.
C'est comme cela que ça doit être interprété, de la
même façon qu'à quatrièmement on parle de promouvoir
l'éducation économique, sociale et coopérative. Alors,
semble-t-il que c'est un article très important. Je crois même que
ce que j'ai dit tout à l'heure débordait trop, ne permettait pas
d'être interprété dans ce sens-là.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Alors donc...
M. Fortier: Donc, il s'agit de favoriser la coopération
entre les membres de la caisse, entre les membres et la caisse et entre
celle-ci et d'autres organismes coopératifs. Mais, comme on S'a dit tout
à l'heure, on ne peut pas indiquer uniquement... À ce
moment-là, il s'agit d'organismes coopératifs et de la caisse
centrale en particulier, celle-ci étant un peu hybride. C'est la raison
pour laquelle cela a été utilisé comme cela.
M. Bélisle: M. le Président, je m'excuse
d'être aussi tatillon, mais c'est dans le but d'assurer - M. le ministre,
vous ne m'en voudrez certainement pas - une logique à toute
épreuve au projet de loi, aux articles 213, 214, 215 et 216. Je ne pense
pas, d'après ce qu'on dit autour de la table présentement,
d'après ce que vous venez de dire, après vérification avec
vos conseillers juridiques et l'inspecteur et d'après ce que le
député de Lévis vient de nous dire, qu'il faut que le
troisièmement de l'article 3 ouvre une porte pour permettre au mouvement
Desjardins ou autoriser le mouvement Desjardins à s'orienter vers
l'acquisition systématique de différents domaines dans le but
d'assurer la coopération. Tout ce qui constitue les pouvoirs
spécifiques établis aux articles 212, 213, 214 et 215 de la loi,
avec la réserve fondamentale de l'approbation du Conseil des ministres
à l'article 216, il faut que cela soit bien compris. C'est pour cela que
je pose la question pour m'assurer que je comprends très bien. C'est
seulement dans le cadre de ce qui est établi aux articles 212, 213, 214
et 215 et, s'il y a d'autres activités où le mouvement Desjardins
veut augmenter la coopération, accroître la coopération et
fournir des services ou des activités supplémentaires qui ne sont
pas prévus aux articles 212, 213, 214, il va falloir qu'il en obtienne
l'autorisation, en vertu de l'article 216, du Conseil des ministres. Est-ce que
je comprends très clairement la signification de l'article 3,
troisième sous-para-
graphe, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Oui, je crois que c'est évident que les
pouvoirs - on va y arriver tout à l'heure - il faudra les
examiner avec attention, et qu'ici on définisse le principe de la caisse
en tant que caisse, en ce qui concerne les bases coopératives de la
caisse comme telles et son objet propre.
M. Bélisle: Ce n'est qu'une déclaration relative
à l'objet général de ''intercoopération entre
divers organismes qui sont, entre autres, d'autres coopératives, des
mutuelles, qu'on ne peut pas qualifier de coopératives, ou une caisse
centrale qui est une forme hybride, mais tout le reste, quant à
l'exercice spécifique des pouvoirs, c'est limité et
conditionné par les articles 212, 213, 214, 215 et 216 de la loi.
M. Fortier: On y vient. Le 3° dit: "favoriser la
coopération", ce n'est pas négatif non plus. Cela ne dit pas
qu'elle n'a pas le droit de susciter une certaine synergie entre d'autres
sociétés. Ce n'est pas négatif, c'est positif. Alors, le
côté positif c'est de favoriser l'esprit coopératif.
M. Bélisle: D'accord. Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article... M. le
député de Lévis.
M. Garon: Juste deux questions d'information, une concernant le
paragraphe 2°. Pourquoi, au lieu de marquer "leur consentir des
prêts", a-t-on marqué "consentir du crédit à ses
membres", et à 4°, quand on...
M. Fortier: À quel article?
M. Garon: Dans le deuxième paragraphe.
M. Fortier: Ah!
M. Garon: Remplacer "consentir des prêts" par "consentir du
crédit".
M. Fortier: Alors, comme de raison, crédit est beaucoup
plus vaste que prêts, parce que parmi les membres il y en a... On pariait
tout à l'heure des agriculteurs. On est loin du petit agriculteur qui
possédait une ferme de 20 000 $ par année. Alors, quand on parle
de crédit, cela peut être des garanties bancaires. Quand on parle
de crédit, c'est beaucoup plus vaste qu'un prêt comme tel, ce sont
des marges de crédit, des garanties bancaires, ce genre de choses. C'est
le crédit en général. En fait, cela rallonge beaucoup ce
qui est dans la loi actuelle.
M. Garon: Je voulais vous le faire dire. Je pense que c'est
intéressant pour l'enregistrement des débats.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Les gens vont se demander pourquoi on a changé
cela à un moment donné. Je trouve que...
M. Fortier: C'est tout ce qui touche le crédit.
M. Garon: Au paragraphe 4°, il est marqué "de
promouvoir l'éducation économique, sociale et
coopérative". Avant, il était écrit "encourager par toute
mesure utile"; on a enlevé "par toute mesure utile". Est-ce parce qu'on
considérait que ces mots étaient inutiles?
M. Fortier: Le bureau des lois cherche à simplifier; c'est
promouvoir l'éducation économique, sociale et coopérative.
Je pense que c'est très ciair. On tombe dans les objets. Ce n'est pas
à nous de dire quelle mesure est utile.
M. Bélisle: Toutes les mesures visant à la
coopération vont être utiles.
M. Fortier: Je pense que c'est plus simple comme cela; c'est
clair, c'est l'objet.
M. Garon: D'accord. M. Fortier: Cela va?
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est adopté
tel qu'amendé?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 3 est adopté,
j'appelle l'article 4.
M. Fortier: L'article 3 dans son ensemble? M. Garon: Oui,
c'est ce qu'il a dit.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, c'est cela.
M. Fortier: L'article 3, tel qu'amendé, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui, l'article 3 tel
qu'amendé est adopté, M. le ministre.
M. Fortier: Merci. L'article 4.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 4.
M. Fortier: Alors, je lis: "Une fédération
est une coopérative qui a pour objets, en plus de ceux
prévus pour une caisse - il s'agit-à de la
fédération comme telle: "1° de protéger les
intérêts des caisses qui lui sont affiliées, de favoriser
la réalisation de leurs objets et de promouvoir leur
développement; "2° d'agir, dans la mesure prévue dans la
présente loi, comme organisme de surveillance et de contrôle des
caisses qui lui sont affiliées; "3° de fournir aux caisses qui lui
sont affiliées des services d'éducation, de propagande, de
consultation, d'assistance technique et d'autres services semblables; "4°
d'établir et d'administrer les fonds prévus au chapitre VIII du
titre III. "
M. Garon: Une question d'information. Je crois bien qu'on n'a pas
pensé que propagande était un mot qui était beaucoup
utilisé en 1930 et 1940, mais, aujourd'hui, je pense qu'on devrait
plutôt parler de promotion ou de... Propagande aujourd'hui a un
caractère beaucoup plus péjoratif qu'autrefois. Je ne sais pas,
je demande cela comme information. Quand tes gens vont dire cela, chaque fois,
ils vont sursauter. C'était le terme utilisé autrefois, dans les
années 1930, jusqu'à ce que Goebbels ou des gens comme cela s'en
servent un peu d'une façon exagérée, disons, et que le mot
ait acquis un caractère un peu péjoratif.
M. Portier: Écoutez, cela vient du verbe latin propagare,
propager. Propagande, c'est propager l'information. C'est vrai que dans
certains milieux cela pourrait avoir une connotation négative, mais ici
c'est justement la connotation positive qui prévaut, qui était
déjà là d'ailleurs.
M. Garon: II faut dire que l'Église utilisait beaucoup
plus le mot propagation de la foi que propagande de la foi.
M. Fortier: Cela donnait de meilleurs résultats?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Garon: Un instant! On a enlevé le mot "similaires",
"les intérêts similaires de ses membres" - évidemment, "ses
membres" ce sont les caisses, c'est la même chose - mais on a
enlevé le mot "similaires". Pourquoi?
M. Fortier: À quel endroit êtes-vous? M. Garon:
Paragraphe 1°.
Le Président (M. Lemieux): II fait référence
à l'article 129, au début.
M. Garon: "Une fédération a pour but de
protéger les intérêts similaires de ses membres", alors que
là on a enlevé le mot "similaires".
M. Fortier: C'est protéger tous les intérêts.
Pas juste les intérêts similaires, ce sont tous les
intérêts des caisses qui lui sont affiliées, ll faut lire
cet article, comme je l'ai indiqué hier en deuxième lecture. On
donne aux fédérations... On va le voir plus loin, les
fédérations deviennent un organe de contrôle et de
surveillance important puisque, comme vous le savez, dans l'avant-projet qui
avait été mis de l'avant en 1983, l'inspecteur contrôlait
chaque caisse isolément; dorénavant, c'est la
fédération qui va exercer cette supervision. Donc, il s'agit ici
de protéger les intérêts des caisses, alors ce sont tous
les intérêts. Ce peut être la réputation, ce peuvent
être les intérêts économiques et financiers.
M. Garon: Oui, mais c'est justement. Protéger les
intérêts similaires des caisses, à mon avis, "similaires"
veut dire de même nature, au fond, semblables, les caisses qui ont des
objets coopératifs. Si cela devient les intérêts en
général, une fédération, qu'est-ce que c'est? Il me
semble que "tes intérêts similaires", cela mettait l'accent sur
les objectifs coopératifs, tandis qu'en enlevant le mot "similaires", a
mon avis, cet encadrement ou ces balises disparaissent un peu. Je ne veux pas
dire qu'elles ne sont pas incluses, mais je pense que "les
intérêts similaires de ses membres" mettait l'emphase sur les
objectifs coopératifs des caisses.
M. Fortier: À l'article 3, on donne les objets d'une
caisse. On s'en va à l'article 4 et, là, on tente d'indiquer
quels sont les objets d'une fédération. C'est pour cela que cela
ne se retrouve pas au même endroit; on donne ici les objets de la
fédération. Il n'est pas nécessaire de l'indiquer
puisqu'il s'agit d'indiquer quel est l'objet de la fédération.
L'objet de la fédération, c'est de protéger les
intérêts des caisses, pas nécessairement ceux qui sont
similaires. Il peut y en avoir qui ne soient pas similaires, alors c'est plus
étendu et c'est l'objet de la fédération comme telle.
Le Président (M. Lemieux): L'article 4 est-il
adopté?
M. Garon: C'est parce que les intérêts... On a mis
les objectifs et si après cela... J'ai l'impression qu'à ce
moment-là la fédération... Protéger les
intérêts des caisses, une fédération, si elle
s'occupe moins de ses objectifs coopératifs, cela peut être de
faire du prêt beaucoup plus de nature capitaliste sans trop s'occuper des
objectifs des caisses. Cela se pourrait.
M. Fortier: Regardez le début, M. le député
de Lévis, on dit: "Une fédération est une
coopérative qui a pour objets, en plus de ceux prévus
pour une caisse... " C'est en plus de ceux qui sont prévus pour
une caisse, donc elles ont les objets de la caisse plus les paragraphes 1°,
2°, 3° et 4°. Alors, elles ont les mômes objets que ceux de
la caisse, et on en ajoute. Donc, tout ce qu'on a dit
précédemment à l'article 3 doit être repris à
l'article 4, mais on en ajoute. On dit: En plus de cela, elles doivent avoir
ces objets.
M. Garon: Vous enlevez le mot "similaires" à
"intérêts" et, ensuite, au paragraphe e, sur la formation
coopérative: "fournir aux personnes intéressées à
l'organisation d'une caisse, des renseignements propres à en
déterminer l'efficacité et en faciliter la formation". Cela
disparaît aussi. À mon avis, les termes qui se rattachent au
mouvement coopératif, on les enlève tranquillement.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
posez une question qui peut être pertinente, mais on a tenté de
moderniser la loi. Je peux vous assurer que le libellé, tel qu'il est
là, a reçu un acquiescement. Ce sont des articles très
importants qui ont reçu l'acquiescement de Desjardins. Alors, je ne
crois pas qu'on devrait le limiter à ce que l'ancienne loi disait. On a
tenté de moderniser la loi et je crois que, tel qu'il est écrit,
c'est clair, simple et cela va dans le sens, je pense bien, des besoins de
cette nouvelle loi.
M. Garon: Le paragraphe 3°: "de fournir aux caisses qui lui
sont affiliées des services d'éducation, de propagande, de
consultation, d'assistance technique... "
M. Fortier: "... et d'autres services semblables. "
Le Président (M. Lemieux): Cela va? L'article 4 est-Il...
(12 h 15)
M. Garon: Attendez un peu. Le 4°: "d'établir et
d'administrer les fonds prévus au chapitre VIII du titre III. "
M. Fortier: Alors, ce sont les trois fonds à l'article
414, M. le député de Lévis: "un fonds de liquidité,
un fonds de dépôts et un fonds d'investissement". Ce sont des
fonds qui existent actuellement.
M. Garon: Quoi? M. Fortier: Cela va.
M. Garon: II a dit que vous aviez une explication.
M. Fortier: Non, non. Je me demandais si c'était un
changement par rapport à l'avant-projet. Non, c'était dans
l'avant-projet, il n'y a pas de changement de ce
côté-là.
M. Garon: C'est évident que cela donne plus de latitude,
mais...
M. Fortier: Ce sont les objets. Je pense bien que les objets sont
indiqués tels qu'ils sont là. Cela va?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5, M. le ministre.
M. Fortier: Alors "Une confédération est une
coopérative qui a pour objets: "1° de protéger les
intérêts des fédérations qui lui sont
affiliées, de favoriser !a réalisation de leurs objets, de
promouvoir leur développement, de coordonner leurs activités et
de leur assurer des services communs; "2° d'agir, dans la mesure
prévue par la présente loi, comme organisme de surveillance et de
contrôle des fédérations qui lui sont affiliées et
des caisses affiliées à ces fédérations; "3° de
fournir aux fédérations qui lui sont affiliées et aux
caisses affiliées à ces fédérations, des services
d'éducation, de propagande, de consultation, d'assistance technique et
d'autres services semblables; "4° de conclure, aux fins de la
réalisation des objets des fédérations qui lui sont
affiliées et des caisses affiliées à ces
fédérations, des ententes auxquelles les
fédérations ou les caisses peuvent adhérer. "
Alors, c'est beaucoup plus explicite que la façon dont l'ancienne
loi l'exprimait.
Le Président (M. Lemieux): L'article 5 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 6, M. le
ministre.
M. Fortier: "Une fédération de
fédérations de caisses d'épargne et de crédit est
une confédération au sens de la présente loi. " C'est
juste une définition.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Fortier: Une autre définition, on dit: "Une personne
morale est contrôlée par une personne lorsque cette
dernière détient directement ou indirectement plus de 50 % des
droits de vote afférents aux actions de la première ou peut
élire !a majorité de ses administrateurs. "
Plus tard, vous allez voir qu'on parle des investissements, des
placements qu'une caisse, qu'une fédération ou qu'une
confédération peut faire pour certaines personnes morales. C'est
la définition d'une personne morale, le contrôle d'une personne
morale. C'est soit plus de 50 % des actions ou la capacité
d'élire la majorité des membres du conseil d'administration.
La Président (M. Lemieux): L'article 7 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 8, M. le ministre.
M. Fortier: "Pour l'application de la présente loi font
partie du même groupe: "1° une confédération, les
fédérations qui lui sont affiliées, la corporation de
fonds de sécurité constituée à la demande de cette
confédération, ainsi que toute autre personne morale qui est
contrôlée directement ou indirectement par cette
confédération ou toute fédération qui lui est
affiliée; "2° une fédération non affiliée
à une confédération, là corporation de fonds de
sécurité constituée à la demande de cette
fédération, ainsi que toute autre personne morale qui est
contrôlée directement ou indirectement par cette
fédération. "
Ce qu'on définit ici, c'est que, d'une part, dans le mouvement
Oesjardins, il y a des fédérations et des
confédérations ainsi qu'une corporation de fonds de
sécurité. Alors, on dit: Ça, c'est un groupe. Un autre
groupe possible, parce que la loi est écrite d'une façon
générale... Dans l'avenir, il pourrait bien se créer une
fédération non affiliée, qui n'existe pas dans le moment,
mais qui pourrait exister. Alors, on définit quel est le groupe
constitué, parce que, plus tard, on se référera à
!a définition d'un groupe. Alors, le 1° définit, à
toutes fins utiles, ce qu'on entend par le mouvement Desjardins. C'est un
groupe et c'est sa définition. On dit que ce groupe inclut la
confédération, les fédérations, la corporation de
fonds de sécurité ainsi que toute autre personne morale qui est
contrôlée. Alors, ça c'est un groupe.
Le 2° est un peu hypothétique. On dit: Si une
fédération n'était pas affiliée au mouvement
Desjardins, il y aurait une fédération et cela constituerait un
autre groupe tel que défini.
M. Garon: Vous avez oublié quelque chose. On parle de
toute personne morale qui est contrôlée directement ou
indirectement par cette fédération ou toute
fédération qui lui est affiliée. On ne parie pas d'un
ensemble de fédérations.
M. Fortier: On dit: "une confédération, les
fédérations qui lui sont affiliées, la corporation".
M. Garon: Oui, oui, elles font partie du groupe, d'accord, mais
un organisme qui serait contrôlé par plusieurs
fédérations...
Une voix: C'est interdit dans la loi.
M. Garon: Si on avait, par exemple, une institution... Je vais
vous donner un exemple. Combien y a-î-il de
fédérations?
M. Fortier: Onze.
M. Garon: Onze. Admettons que dans une entreprise, quelle qu'elle
soit, les fédérations aient chacune 5 % des parts.
M. Fortier: C'est interdit. M. Garon: Où?
M. Fortier: On va voir plus tard que ce qu'on permet, c'est que
les fédérations peuvent avoir un placement; une ou des
fédérations ne peuvent pas contrôler plus de 30 % dans un
placement. Alors, elles ne peuvent pas contrôler une personne morale.
M. Garon: Les fédérations?
M. Fortier: Qu'une fédération prise
isolément ou des fédérations prises collectivement...
C'est l'article 403. Dans le passé, il y avait une limite dans la
vieille loi qui disait qu'une fédération ne pouvait pas
contrôler plus de 30 % d'une compagnie, mais elles se mettaient trois,
quatre ou cinq ensemble et elles contrôlaient une compagnie. C'est
désormais défendu. Une ou des fédérations ne
pourront pas contrôler plus de 30 %. Si le mouvement Desjardins, dans son
ensemble, dit: Ce serait utile que collectivement on possède une banque
en Chine, bien, il passera par le holding. Ce ne seront pas les
fédérations ni les caisses, ça va être le holding
financier, en haut, qui va le faire. Autrement dit, cette disposition fait en
sorte que Ses fédérations ou les caisses sont
véritablement des institutions financières sans liens
commerciaux. Elles peuvent avoir des placements pour un maximum de 30 %, mais
désormais elles ne contrôleront pas d'institutions comme telles,
à moins qu'on n'ait permis des holdings pour leur siège social ou
des choses comme ça. Mais c'est à peu près tout.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 8 est
adopté.
Caisses
J'appelle maintenant l'article 9. M. le mi-
nistre.
Représentation d'une caisse avant sa
constitution
M. Fortier: On entre dans des dispositions assez simples, je
crois, concernant la procédure à suivre pour créer une
caisse. L'article 9 dit: Toute caisse est liée par un acte accompli dans
son intérêt avant sa constitution si elle le ratifie dans les 90
jours de celle-ci. "Cette ratification substitue la caisse dans les droits et
obligations de celui qui a accompli l'acte mais n'opère pas
d'elle-même novation. Celui qui a accompli l'acte a les mêmes
droits et est soumis aux mêmes obligations qu'un mandataire à
l'égard de la caisse. "
Alors, c'est justement pour permettre de déterminer quels sont
les actes qui peuvent être posés avant la constitution d'une
caisse et avec les délais prévus, soit 90 jours.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 9 est adopté.
J'appelle l'article 10.
M. Fortier: "Celui qui accomplit un acte dans
l'intérêt d'une caisse avant sa constitution est lié par
cet acte sauf si le contrat conclu pour la caisse contient une clause excluant
ou limitant sa responsabilité ainsi qu'une déclaration faisant
état de la possibilité que la caisse ne soit pas
constituée ou n'assume pas ses obligations. "
Alors, ici, on nous indique cette disposition de concordance avec
l'article précédent. Elle reproduit textuellement le
libellé de l'article 123. 8 de la Loi sur les compagnies et celui de
l'article 6 de la Loi sur les coopératives.
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10 est
adopté.
Affiliation J'appelle l'article 11.
M. Fortier: On dit: Toute caisse doit être affiliée
à une fédération. "
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Garon: Je pense que ce n'était pas là avant,
n'est-ce pas?
M. Fortier: Non. Désormais, comme je l'ai indiqué,
il y a la responsabilité de réseau. Si une caisse est en
difficulté, c'est la fédération qui écope. Vous
allez voir plus tard qu'il y a des exceptions possibles avec l'approbation du
ministre, mais je peux vous dire que tant que je vais être ministre je
n'encouragerai jamais la formation d'une caisse qui ne soit pas affiliée
à une fédération.
M. Garon: Oui, mais, si le mouvement Desjardins avait
commencé comme cela, il n'y en aurait jamais eu. Qu'est-ce que c'est,
cette affaire-là? En fait, je ne comprends pas qu'on prenne des
principes comme ceux-là. Si des gens veulent former une caisse, d'une
nature particulière ou quoi que ce soit, et qu'ils ne veulent pas
être affiliés, pourquoi ne le leur permet-on pas?
M. Fortier: Ils nous feront une demande. C'est permis, par
exception.
M. Garon: Oui, oui!
M. Fortier: Le principe, c'est la santé financière;
je pense bien que vous le savez. Disons qu'une caisse se crée
aujourd'hui au Québec. D'une part, on veut qu'elle soft solide. Si les
gens de Saint-Glinglin partaient une caisse et qu'elle faisait faillite six
mois plus tard, les gens ne verraient pas la différence. Ils diraient:
La caisse a fait faillite, c'est une caisse Desjardins. D'autre part, si elle
était créée, il faudrait que le ministre ait l'assurance
qu'elle a les reins solides. On n'est plus en 1906, on est rendus en 1988. Je
pense bien que, désormais, on devra encourager cette coopération
d'interresponsabilité. Je dors beaucoup mieux maintenant que je sais
que, par cette loi-là, si une caisse est en difficulté, la
fédération ou la confédération va intervenir pour
la sauver. Je ne crois pas qu'on doive encourager la constitution d'une caisse
qui serait malade au départ et qui créerait un danger potentiel
pour les coopérants; certainement pas en 1988.
M. Garon: Personne ne parle de créer des institutions
malades au départ. Il n'y en a pas beaucoup d'entre nous qui sont
nés gros comme nous sommes là. Habituellement, il n'y a pas de
mal à naître petit. Il n'y a pas de mal à cela.
M. Bélisle: Elle est bonne, celle-là.
M. Garon: Je ne comprends pas cette façon de penser les
choses, de concevoir que les organismes... On ne sait pas les idées qui
pourront être générées dans l'avenir. Qu'on mette
des autorisations, c'est une affaire, mais qu'on bloque, qu'on dise qu'une
caisse doit être affiliée à une
fédération...
M. Fortier: Ce n'est pas nouveau.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: M. le député de Lévis, on
m'informe que l'article 115 de Sa loi actuels dit ceci: "Le ministre
peut, par exception, approuver, aux conditions qu'il détermine et
après avoir pris l'avis de l'inspecteur général, la
formation d'une caisse, même si cette caisse ne s'affilie pas à
une fédération. " C'est à l'article 115 qu'on le retrouve.
Ce qu'on dit, c'est que c'est la règle d'or. Cela devrait être
affilié. Si ça ne l'est pas, c'est une exception. C'est à
l'article 115 de la vieille loi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous aviez une... il. Bélisle: Dans la nouvelle loi,
quel article correspond à l'article 115?
M. Fortie: Je pense que c'est l'article 12, tout de suite
après. L'article 13.
M. Bélisle: C'est exact. Bien entendu, la garantie de
réseau est importante, mais ce qu'on ne veut surtout pas empêcher,
c'est la création d'une concurrence, même à
l'intérieur du mouvement coopératif. On serait très mal
venus d'essayer de mettre des obstacles.
M. Portier: Remarquez bien qu'une fédération
pourrait se séparer du mouvement Desjardins.
M. Bélisle: C'est une possibilité, ou une nouvelle
fédération pourrait se former.
M. Fortier: C'est prévu aussi.
M. Bélisle: D'accord. Je n'ai aucun problème, je
suis entièrement d'accord.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter? Ça
va?
M. le député de Lévis, est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 11 est adopté.
J'appelle l'article 12. M. le ministre.
M. Fortier: Article 12: "Une caisse ne peut être
constituée que si une fédération s'est engagée
à l'accepter comme membre et à fournir, à la demande de
l'Inspecteur général des institutions financières, les
garanties qu'il estime suffisantes pour assurer la protection des membres de la
caisse à être constituée. "Les garanties requises pour
l'application du premier alinéa peuvent être fournies par une
corporation de fonds de sécurité. "
Vous allez voir à l'article 13 qu'on permet la création
d'une caisse qui ne serait pas affiliée.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 12 est adopté.
J'appelle l'article 13. (12 h 30)
M. Fortier: À l'article 13, qui est le pendant de
l'article 115, on dit: "Le ministre peut, s'il l'estime opportun et
après avoir pris i'avis de l'inspecteur général, autoriser
aux conditions qu'il détermine la constitution d'une caisse sans qu'une
fédération ne se soit engagée à l'accepter comme
membre et l'exclure de l'application de l'article 11, si les fondateurs ont
fourni les garanties que l'inspecteur général estime suffisantes
pour assurer la protection des membres de la caisse à être
constituée. "
Je pense, qu'on s'entend pour dire que, s'il y avait une caisse seule,
elle ne devrait pas être maladive, il faudrait que les gens nous disent
qu'ils ont des professionnels pour la diriger et qu'ils ont les reins assez
solides pour faire face à la musique des temps modernes. Mais j'admets
que, si cet article avait existé en 1901 ou 1902, M. Des]ardins n'aurait
probablement pas pu lancer le mouvement Desjardins.
M. Garon: Je trouve qu'on est prétentieux dans Se temps.
On dit "avant", mais à l'avenir? Je ne comprends pas. S'il
l'estime...
M. Forte: Non, mais c'est la même loi.
M. Garon:... opportun. Je trouve que ce n'est pas ça, ce
n'est pas si le ministre l'estime opportun. Pourquoi "s'il l'estime opportun"?
Ce n'est pas au ministre à décider que c'est opportun. S'il y a
des gens qui pensent, eux, que telle chose est nécessaire, à ce
moment-là, il s'agit qu'elles satisfassent aux conditions prévues
par l'inspecteur général. Quand on forme une compagnie, le
ministre n'a pas d'affaire à dire...
M. Portier: Non, non, non. Ce n'est pas pareil.
M. Garon: Voyons donc! Vous essayez toujours de vous
référer à la Loi sur les compagnies. Quand quelqu'un veut
former une compagnie, on le laisse la former, à condition qu'il
satisfasse aux conditions de la Loi sur les compagnies. À ce moment-ci,
quand on veut former une coopérative, on n'en a pas le droit, c'est le
ministre qui doit juger ça opportun. Voyons donc! Le ministre n'est pas
le défenseur de la coopération au Québec! Je vais vous
dire plus que ça: Actuellement, les gens du mouvement coopératif,
même à l'intérieur du mouvement Desjardins, veulent faire
revivre le conseil de la coopération que plusieurs avaient voulu mettre
un peu à l'écart, parce qu'ils se rendent compte du besoin,
actuellement, de promouvoir l'esprit coopératif dans différentes
institutions. Pourquoi? Parce que c'est ça l'erreur. À mon avis,
le ministre n'est pas le gardien de la
coopération. Pourquoi marquer "s'il l'estime opportun"?
Il me semble qu'on devrait dire: Le ministre peut, après avoir
pris l'avis de l'inspecteur général - au point de vue de la
sécurité, des garanties que ces gens-là offrent -
autoriser aux conditions qu'il détermine la constitution d'une caisse
sans qu'une fédération ne se soit engagée à
l'accepter comme membre et l'exclure de l'application de l'article 11, si les
fondateurs ont fourni les garanties que l'inspecteur général
estime suffisantes pour assurer la protection des membres de la caisse à
être constituée. Pourquoi le ministre doit-il juger ça
opportun?
M. Fortier: M. le député de Lévis, je peux
vous donner la réponse, si vous me posez la question.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: La première, c'est que la création de
toute institution financière est un privilège. Ce n'est pas un
droit, c'est un privilège. D'ailleurs, l'an dernier - vous y
étiez, M. le député de Lévis - lorsqu'on a
adopté la loi sur les fiducies, on avait exactement la même chose.
L'article 16 de la loi sur les fiducies dit: "Le ministre, s'il l'estime
opportun et après avoir pris l'avis de l'inspecteur
général, autorise ce dernier... " Alors, c'est évident
qu'on veut mettre l'onus de la preuve sur les demandeurs, parce que ce n'est
pas une question de coopérative, c'est une question de création
d'une institution financière. Lorsqu'il s'agit de créer une
institution financière, il faut être extrêmement prudent et
l'onus de la preuve est sur les demandeurs.
Dernièrement, on a approuvé la création d'une
nouvelle fiducie et je peux vous dire que les gens trouvaient que ça
prenait du temps; mais, moi, je trouve que l'inspecteur a raison de prendre
tout le temps qu'il faut pour poser toutes les questions nécessaires et
établir que les gens sont compétents, qu'ils ont les reins
solides, qu'ils ne partiront pas avec la caisse, que ce sont des gens
solvables, capables de diriger une institution financière, et une caisse
est une institution financière.
Bien sûr, si quelqu'un veut incorporer une compagnie, il va chez
l'inspecteur et bingo! c'est fait en 24 heures. En deux heures, vous avez une
nouvelle compagnie. On n'a pas de problème. Si le gars fait faillite, ce
sont ses problèmes. Mais ici il s'agit de l'argent des autres. Quand il
s'agit de l'argent des autres, il faut être prudent et c'est la raison
pour laquelle, dans toutes nos lois, que ce soit la loi sur les fiducies ou la
Loi sur les assurances - je ne l'ai pas ici, ce doit être la même
chose - on a exactement la même disposition disant que le ministre,
après avoir pris l'avis de l'inspecteur, s'il l'estime opportun,
décide de donner des lettres patentes ou de créer une
coopérative.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense que le ministre n'a justement pas compris ce
qu'est une caisse. Ce n'est pas l'argent des autres, c'est l'argent des
membres.
M. Fortier: Ah bien oui!
M. Garon: Ce n'est justement pas du commerce d'argent, une
caisse, c'est l'argent des membres.
M. Fortier: Ah! c'est l'argent du public.
M. Garon: C'est ça la difficulté que les gens ont
à comprendre ce qu'est l'esprit d'entraide. L'esprit de
mutualité, ce sont des gens qui se regroupent en vue de réaliser
des objectifs communs de membres usagers.
M. Fortier: M. le député de Lévis, quand les
caisses d'entraide ont menacé de faire faillite, parce que tout le monde
s'est rué, qui était dans le bain? C'était le gouvernement
du Québec, puis on a collaboré...
M. Garon: Je vais...
M. Fortier:... avec M. Parizeau pour dire: II faut aider les
caisses d'entraide.
M. Garon: Oui...
M. Fortier: À ce moment-là, ce n'étaient
plus les membres qui étaient (à, mais le gouvernement qui
était derrière.
M. Garon: Je ne suis pas d'accord avec vous et je vais vous dire
une chose: si le ministère des institutions financières avait
fait sa job au cours des années, il n'y aurait pas eu de
problème. Ne nous contons pas d'histoires. Des gens à
l'intérieur des Institutions financières au ministère
savaient depuis des années, excepté qu'ils n'ont pas fait leur
job, c'est cela mon opinion. Elle est claire, nette et précise. Au
contraire, on dit: "Le ministre peut, s'il l'estime opportun et après
avoir pris l'avis de l'inspecteur général - l'inspecteur
général, il a une job à faire, il n'est pas sur le pilote
automatique - autoriser aux conditions qu'il détermine la constitution
d'une caisse - aux conditions qu'il détermine: il peut mettre toutes les
conditions qu'il faut, toutes les balises qu'il faut - sans qu'une
fédération ne se soit engagée à l'accepter comme
membre et l'exclure de l'application de l'article 11 - c'est-à-dire
être obligé d'être membre d'une fédération -
si les fondateurs ont fourni les garanties que l'Inspecteur
général estime suffisantes pour assurer la protection des
membres
de la caisse à être constituée. "
Je pense, au contraire, qu'il y a des gens qui peuvent vouloir faire des
caisses qui soient plus proches de leur milieu, qui peuvent ne pas être
nécessairement de grosses institutions, pour réaiiser une
certaine entraide entre eux, et je pense que les caisses d'entraide ont
joué un rôle - ne nous trompons pas - dans les régions.
C'est sur le plan administratif qu'il y a eu des erreurs parce que, à un
moment donné, on n'a pas mis des balises assez fortes en ce qui concerne
les lois du gouvernement ni appliquer des balises assez fortes en ce qui
concerne le contrôle financier, en ce qui concerne la surveillance qui
aurait dû être faite par le ministère des institutions
financières. C'est une affaire, ça. Mais l'autre affaire, ce sont
les objectifs que veulent réaliser les gens qui veulent se constituer
une caisse coopérative. Cela, c'est une autre affaire. Que des gens
veuillent le faire aujourd'hui, on pourrait imaginer toutes sortes de formules
modernes tenant compte des lacunes, parce que là on parle... Quand le
ministre parie des mammouths, les mammouths parfois, cela laisse des petites
choses pour compte. Quand tu es petit... Habituellement, au niveau des
mammouths, on dit: Les pucerons, on ne s'en occupe pas. Alors, il est possible
qu'il y ait des gens qui soient satisfaits d'être au niveau des pucerons,
d'avoir des services qu'ils veulent se donner, avec des balises, une loi et des
conditions à respecter. À ce moment-là, à mon avis,
ce n'est pas au ministre de décider si leurs objectifs sur le plan
coopératif sont bons ou non. Lui, il a à s'assurer que les
conditions de solvabilité sont réalisées pour constituer
une caisse. Si les conditions sont réalisées... Le ministre n'est
pas le tuteur total au Québec, à mon avis, de la même
façon que dans d'autres domaines... Je le comprends pour les compagnies
de fiducie. Dans une compagnie de fiducie, c'est l'argent des autres, c'est une
autre affaire. Par définition, c'est l'argent des autres. Une fiducie
coopérative, ce serait peut-être plus compliqué à
imaginer. C'est pour cela que c'est une institution qui appartient au mouvement
Desjardins, la Fiducie Desjardins. Organiser une fiducie coopérative, ce
serait peut-être un peu plus compliqué parce que, au moment
où tu as besoin de la ficudie, c'est souvent avant de mourir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, tu crées une fiducie pour des... Il y a
toutes sortes de choses à ce moment-là. On peut comprendre qu'une
fiducie coopérative, ce soit plus compliqué à organiser,
mais une caisse, c'est une autre affaire. C'est pour cela que je ne comprends
pas que le ministre, ici, veuille: "s'il l'estime opportun". À mon avis,
ce n'est pas au gouvernement à décider si c'est opportun ou non.
Il doit s'assurer si le cadre d'opération est observé et si les
objectifs coopératifs sont réalisés avec des membres
usagers. Cela ne pourrait pas être une coopérative qui ferait du
commerce. Avoir le cadre de membres usagers, à mon avis, c'est de cela
qu'il doit s'assurer; que les conditions de solvabilité, que les
garanties sont assurées pour la protection des membres, mais
au-delà de cela, à mon avis, ce n'est pas au ministre à
décider si les gens ont une bonne ou une mauvaise idée.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, est-ce que vous
avez des propos là-dessus?
M. Fortier: J'ai un nouvel article ici qui confirme l'opinion que
j'ai donnée tout à l'heure. Dans la Loi sur les assurances, pour
la création de mutuelles d'assurance - ce sont justement des mutuelles,
des systèmes coopératifs - on dit: Le ministre peut, s'il
l'estime opportun et après avoir pris l'avis de l'inspecteur
générai, ordonner à ce dernier de constituer la
société mutuelle d'assurance, il faut justement que le ministre
se fasse une idée. Lui non plus n'est pas sur - comment dit-on? - le
pilote automatique. Dernièrement, j'avais à prendre des
décisions difficiles. La Commission des valeurs mobilières m'a
fait la recommandation, dans un premier temps, de mettre en tutelle le groupe
Paré et, avant-hier, j'ai pris la décision de les mettre en
liquidation. Je ne fonctionne pas sur le pilote automatique. Il faut que je me
fasse une opinion. La Commission des valeurs mobilières me fait une
recommandation. Alors, il fallait que je juge opportun de procéder. Je
pense que c'est bien important que le ministre se fasse une opinion dans des
cas comme ceux-là: création d'une mutuelle, création d'une
compagnie d'assurance, création d'une caisse, création d'une
fiducie. Il faut que le ministre se fasse une idée que c'est dans
l'intérêt commun. Je ne sais pas combien cela prend de monde pour
créer une caisse? Cela prend... Une voix: Douze.
M. Fortier: Pardon? Cela prend douze personnes pour créer
une caisse. Alors, les douze créent une caisse. S'il fallait suivre tout
ce que le député nous dit, on crée la caisse et,
après, elles vont chercher l'argent de 2000 personnes dans un village.
Alors, étant donné que cela a reçu la
bénédiction du ministre et du gouvernement, on croit que tout est
bien et que tout est beau. Il faut que le ministre se fasse une idée. Il
faut qu'il l'estime opportun.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Simplement, le mot "opportun",
l'opportunité, ce ne peut pas être une décision de la part
du ministre qui soit faite de façon discrétionnaire dans le but
de priver quelqu'un d'un privilège que normalement il pourrait avoir.
Cela ne peut pas être abusif, ce doit être
exercé... L'opportunité ne peut pas être
exercée de façon abusive de la part du ministre. Vous savez
très bien, M. le député de Lévis, qu'en droit
administratif n'importe quel requérant, si l'opportunité
était exercée de façon abusive et même non objective
en fonction de critères applicables dans d'autres cas, de
critères comparables, un requérant pourrait se présenter
en Cour supérieure et demander la révision complète de la
décision du ministre. Moi, si on me disait aujourd'hui que, s'il
l'estime opportun, c'est une fin de non-recevoir, parce que le ministre le
décide et dit: Lui, il est entêté, il est "bocqué",
et qu'il dit: Dans tel cas, il n'y aura pas de coopérative à tel
endroit pour telle et telle raison, que sa décision est
injustifiée, qu'il n'y a pas de recours face à cela, je vous
donnerais raison, mais, là, je ne peux pas vous donner raison parce que
c'est très clair dans mon esprit que le recours existe... Non, non, ce
n'est pas drôle, c'est sérieux.
M. Garon: Vous n'avez pas à me donner raison ou pas.
M. Bélisle: Bien non, mais...
M. Garon: Vous avez votre opinion, prenez-la.
M. Bélisle: C'est cela. Je vous explique mon opinion.
M. Garon: Je ne suis pas là pour me faire autoriser par
vous.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, s'il vous plaît!
M. Bélisle: Je vous explique. J'essaie d'expliquer et vous
donner la... Je suis sûr, M. le Président, que j'aurais moi aussi
une réaction épidermique à l'opportunité si on ne
pouvait avoir un droit de recours. Je sais qu'on a un droit de recours comme
requérant quand l'opportunité n'est pas admise ou n'est pas
accordée par le ministre de créer une caisse dans tel ou tel cas
et que c'était fait en fonction de critères non objectifs ou
d'une façon abusive par le ministre. C'est reconnu en droit commun dans
un tas de décisions. Il me semble que pour le recours, la porte est
ouverte là. Le ministre prend une mauvaise décision, quel que
soit le ministre. Le requérant se présente en Cour
supérieure et demande que révision soit faite de la
décision du ministre. Les juges sont disponibles pour entendre toutes
les demandes des justiciables là-dessus. Moi, je ne vois pas de
problème avec: s'il l'estime opportun.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, quand on marque: qu'il estime
opportun, pour un ministre, c'est une discrétion ministérielle.
Cela veut dire qu'il peut ou qu'il ne peut pas. Il veut ou il ne veut pas.
C'est une discrétion ministérielle, mais, à mon avis, s'il
dit non, c'est non, cela finit là. S'il l'estime opportun, à mon
avis, c'est discrétionnaire. Cela veut dire qu'il peut. S'H ne
considère pas cela opportun, il considère que ce n'est pas
opportun. J'aimerais avoir l'opinion de l'inspecteur général et
de son contentieux sur les termes "s'il l'estime opportun".
M. Bouchard: Ici, il y a un problème qui se pose.
Justement pour éviter les décisions arbitraires d'un ministre,
dans les discussions que nous avons avec les légistes chaque fois, il y
a la nécessité d'accorder au ministre un pouvoir et il faut que
ce pouvoir soit balisé pour ne pas qu'il soit discrétionnaire.
Donc, l'opportunité, c'est une opportunité dans
l'intérêt du bien commun. Après avoir
considéré l'ensemble de la reauête, la
nécessité, les besoins de la collectivité qui lui font
valoir, pas seulement si les conditions matérielles, financières,
sont respectées. Je peux vous dire, par exemple, que je reçois
des demandes d'incorporation de compagnies d'assurances ou de compagnies de
fiducie où les gens sont prêts à mettre sur la table 10 000
000 $, 15 000 000 $. Ce n'est pas seulement une question financière qui
est en cause. Il faut regarder l'opportunité d'avoir dans le
système québécois une autre institution financière
dans la région et selon les services qu'elle veut accorder. C'est cet
ensemble de conditions que le ministre doit considérer dans le rapport
qu'on lui fait, si on lui dit: Ce n'est pas opportun. Le genre de services que
vous voulez offrir, il y en a déjà assez. Ce n'est pas
nécessaire, à mon opinion. L'opinion du ministre est
motivée. C'est dans ce sens-là, pour éviter une
discrétion absolument totale.
(12 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Vous avez deux causes de la
Cour suprême. M. le député de Lévis, que vous devez
connaître: Roncarelli versus Dupiessis, Vie Restaurant.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Lemieux): C'est clair, c'est la
même chose.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut y aller sur division, M. le
député de Lévis, parce que vous avez votre point de
vue?
M. Garon: Un instant! Auparavant, c'était écrit:
par exception. Ici, on a enlevé "par exception" pour écrire "s'il
l'estime opportun". Dans quel but?
M. Fortier: Allez-y!
M. Bouchard: Remarquez que le texte de
1900 n'était pas très bien rédigé. C'est un
vieux modèle de 1963. On l'a modernisé. Je comprends que M.
Pigeon l'a fait, mais cela a évolué depuis ce temps-là. Le
principe de base, comme le ministre l'a expliqué tout à l'heure,
c'est un principe d'affiliation. C'est le principe. On dit: Par ailleurs, le
ministre peut par dérogation - il avait un pouvoir
discrétionnaire, mais balisé par l'opportunité - mettre de
côté la règle générale et autoriser la
création. Par exception, on l'estime opportun. C'est une
législation moderne.
M. Fortier: C'est le même libellé dans toutes les
lois du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Garon: Un instant, je vais présenter un amendement!
Le Président (M. Lemieux): L'amendement se lirait comme
suit: Dans l'article 13, après les mots "Le ministre peut", supprimer
les mots "s'il l'estime opportun et après avoir pris l'avis de
l'inspecteur général, autoriser aux conditions qu'il
détermine la constitution d'une caisse sans qu'une
fédération... " L'article se lirait comme suit...
M. Garon: Pouvez-vous lire seulement mon amendement? Ce n'est pas
clair quand vous lisez.
Le Président (M. Lemieux): Je relis l'amendement, M. le
député de Lévis. L'amendement se lit comme suit: Dans
l'article 13, après les mots "Le ministre peut"...
M. Garon: Virgule.
Le Président (M. Lemieux):... supprimer les mots "s'il
l'estime opportun et".
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté? L'amendement est recevable. Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'amendement?
M. Garon: Je ne vais pas ajouter davantage...
M. Portier: Votre argumentation était faite. M.
Garon:... mon argumentation était faite.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est
rejeté?
M. Fortier: Malheureusement, je dois le rejeter, M. le
Président. Je suis sûr que, si j'allais au comité de
législation, on dirait: Pourquoi changer un libellé qui est dans
toutes les lois, la loi des assurances, la loi sur les fiducies, la loi des
caisses? On reprend le même libellé dans toutes les lois du
Québec.
M. Garon: Vous voulez dire que tantôt, quand on fera
l'article sur les pouvoirs, vous ne voudrez pas mettre le libellé de la
loi des assurances.
M. Fortier: Non. M. le député de Lévis...
M. Garon: Ce n'est pas une raison.
M. Fortier: J'espère que vous avez compris mon
intervention. C'est bien sûr que, s'il s'agit d'institutions
financières différentes, on discutera de pouvoirs
différents. Ce que je dis, c'est que, lorsqu'il s'agit d'encadrer le
pouvoir du ministre, je crois qu'il est sain d'avoir à peu près
le même libellé dans des lois semblables pour que cela soit
encadré de la même façon, pour les motifs que j'ai
exprimés tout à l'heure.
M. Garon: L'argument que vous donnez n'a pas de bon sens. Une
compagnie de fiducie, c'est une chose; une compagnie d'assurances, c'est une
autre chose, et une caisse d'épargne et de crédit, c'est une
autre chose. Autrefois, on avait des caisses d'épargne par entreprise,
par exemple, les caisses d'économie. Il y a des gens qui peuvent vouloir
former des caisses sui generis. On verra dans le temps. Je pense qu'il faut
laisser l'initiative des gens s'exercer un peu. Autrement, on est train
d'établir un monde bureaucratique à mort où tout va
être balisé dans la vie. Tout va être canalisé. On
n'aura plus de rivières ni de ruisseaux, on aura seulement des canaux.
Ce n'est pas comme cela que la vie fonctionne. Il faut laisser la
possibilité aux gens de s'exprimer. Imaginez-vous donc! Vous avez
formé des comités de déréglementation,
comités qui n'ont pas déréglementé tant que cela,
des comités de privatisation pour justement enlever l'État et
là, vous enlevez par en avant et, par en arrière, vous le
remettez plus que jamais. On le disait tantôt, la meilleure preuve, c'est
que, si Desjardins avait eu cette loi, il n'aurait pas pu former le mouvement
Desjardins. C'est quelque chose! Je me dis que, aujourd'hui, en 1988, je ne
pense pas qu'on soit tellement plus fin qu'en 1900. Je ne suis pas certain de
cela. C'est parce qu'il y a des gens qui peuvent avoir des idées pour
l'avenir en disant: Aujourd'hui, il y a des institutions. Elles sont de telle
ou telle nature et il y a tel besoin qui n'est pas satisfait. Si cela ne
correspond pas à un besoin, elles ne pourront pas regrouper des gens si
facilement que ça.
Une caisse, ce n'est pas un commerce. Quand j'entends le ministre donner
des explications comme s'il était en train de former une compagnie pour
faire une piastre, ce n'est pas ça, une caisse. C'est dénaturer
l'institution. Il y en a qui sont venus... Ce n'est pas une banque.
II y en a qui voudraient qu'on enlève ce caractère
coopératif pour en faire une institution bancaire. Ce n'est pas
ça. Si quelqu'un veut faire une banque, il ira former une banque. Celui
qui veut une caisse va former une caisse, mais il peut avoir des institutions
qui veulent se mettre sur pied et correspondre davantage à ses besoins,
mais pas nécessairement des grosses affaires. À mon avis, on doit
satisfaire les besoins des gens. Je pense que le ministre doit s'occuper de
voir si c'est de la nature d'une caisse pour l'entrer sous la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit. Est-ce qu'on satisfait aux
conditions posées par l'inspecteur général concernant les
garanties suffisantes pour la protection des membres de la caisse qui va
être constituée? Cela m'apparaît aussi raisonnable. Par
ailleurs, qu'on ne puisse pas former une caisse affiliée à une
fédération, ça m'apparaît déraisonnable. Je
trouve que c'est brimer la liberté des gens. J'entends des grands
défenseurs de la liberté. Ils ne sont plus là.
Je pense que, au contraire, c'est parce que ces gens vont exister que
les mouvements vont être obligés de tenir compte des gens. Il y a
toutes sortes de choses. Dans la vie, ce n'est pas toujours le commun
dénominateur. On sert mal les gens si on utilise toujours le commun
dénominateur. Ce n'est pas le commun dénominateur dans la vie. On
n'a pas tous les mêmes grandeurs d'habit, ce n'est pas notre faute, mais
c'est comme ça. Il y en a qui prennent des habits plus petits et
d'autres des habits plus grands. Parfois, ils n'ont pas le choix. Ils
aimeraient peut-être bien avoir des habits différents, mais ils
sont faits comme ça. Dans des institutions, on se rend compte que les
gens ne sont pas pareils. Il y a des besoins différents. Pourquoi ne pas
permettre aux gens qui ressentent des besoins différents de pouvoir les
satisfaire dans le cadre d'une caisse? Éventuellement, elle pourra
s'affilier, mais peut-être qu'au point de départ les gens ne se
sentiront pas nécessairement... Vous savez, quand vous faites quelque
chose de différent, vous dérangez tout le temps. Pourquoi ne pas
permettre que ces caisses existent? Éventuellement, quand elles en
auront formé une, deux et trois, on se rendra compte, après
quelques années, qu'elles correspondent à un besoin et sans doute
qu'à ce moment-là on voudra former une
fédération.
Je regarde les cultivateurs. Quand on a commencé à aider
les femmes agricultrices, bonne mère! je vais vous dire, en avant tout
le monde trouvait cela beau, mais en arrière on me disait: N'embarque
pas là-dedans, et ceci et cela. Les mêmes qui faisaient les
discours, trouvant cela beau par en avant, me disaient par en arrière:
Ne crée pas de problèmes. J'ai dit non, qu'il fallait pousser
là-dessus parce qu'à mon avis on trouvait de plus en plus de
femmes chefs de ferme. Ce sont elles qui dirigent les opérations. On
trouve de plus en plus de femmes qui dirigent une ferme, alors que c'est le
mari qui va travailler ailleurs. Autrefois, c'était le contraire, mais
avec les années... Combien de fois j'ai entendu: Ah! il ne faut pas
faire cela. Aujourd'hui, c'est de plus en plus reconnu. Pourquoi? Je vais vous
dire une chose. Moi, j'étais dans la situation où on me
demandait: Pourquoi trouvez-vous cela opportun? Ce n'était pas à
moi de décider que c'était opportun ou non. À mon avis, il
fallait permettre à cela de s'exercer. Il ne faut pas que cela soit
soumis au fait qu'un ministre dise: C'est opportun ou non. La vie roule.
Pourquoi faut-il avoir le nihil obstat et l'imprimatur en 1988? Nous ne sommes
pas dans un monde de tutelle permanente. C'est ce que je n'admets pas et je
pense que les gens peuvent exister en voulant former des choses
différentes. Si cela ne correspond pas à un besoin, cela ne
marchera pas longtemps. À ce moment-là, cela ne se
développera pas. Il y aura peut-être une petite institution et, si
elle donne les garanties et que les membres... Si elle correspond à un
besoin, elle va se développer et, à ce moment, elle va contribuer
à aider tout le monde à se développer. C'est pour cela que
je pense, M. le Président, que cet amendement est important, parce qu'il
m'apparaît que des gens peuvent fonctionner dans la vie sans toujours
avoir la sanction gouvernementale sur l'opportunité, alors qu'ils
peuvent satisfaire aux règles d'encadrement prévues par la loi.
Mais l'opportunité, c'est une autre affaire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Prévost.
M. Forget: Lorsqu'on parle des coopératives et des caisses
populaires, M. le député de Lévis, si on regarde les
petites coopératives agricoles, elles auraient toutes fermé leurs
portes s'il n'y avait pas eu la fédération. Je pense qu'en ce qui
concerne les caisses populaires, si on ouvre la porte à partir des
petites caisses dans différentes régions, c'est bien dommage,
mais elles vont être obligées de fermer leurs portes et il va y
avoir des personnes qui vont être pénalisées pour cela.
Alors, je pense que c'est vraiment important que la fédération
ait un rôle à jouer.
M. Garon: Vous donnez cet exemple, je vais vous en donner un
autre. Je vais vous donner la Coopérative des pêcheurs des
îles. Si elle ne s'était pas affiliée à la
fédération, elle n'aurait pas fait faillite. C'est la
fédération qui l'a mise en faillite parce qu'elle avait 300 000 $
de surplus qu'elle a mis dans le "pot". C'est la Fédération des
pêcheurs unis qui a mangé la coopérative des îles
qui, elle, s'est fait manger son surplus. Après cela, elle a
disparu.
M. Forget: Je vais être obligé de
répondre.
M. Garon: Alors, que voulez-vous? On peut trouver des exemples
dans un cas ou dans l'autre, ce n'est pas l'idée. L'idée, c'est
qu'il y a des gens qui veulent former une caisse ou une
coopérative et on leur permet, en vertu de la loi, de la former
ou de ne pas la former.
Le Président (M. Lemieux}: M. le député de
Prévost, sur votre temps de parole...
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis vous a... D'accord, allez-y!
M. Forget:... si je reviens aux coopératives agricoles,
jamais une fédération ne peut venir siphonner une petite
coopérative. Regardez la constitution des coopératives, on ne le
peut pas. Alors, je ne sais pas en ce qui concerne les pêches, je n'y
connais rien, mais en ce qui concerne les coopératives agricoles, c'est
impossible. Je pense que pour les caisses populaires ce n'est pas possible non
plus présentement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Garon: Ce n'est pas...
M. Fortier: On peut voter, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je comprends ce que le député a dit, mais
ce n'est pas de cela que je parle. Je ne pense pas qu'une
fédération qui va s'affilier à une caisse va la mettre en
faillite. Je pense que c'est déjà arrivé, mais pas dans
les caisses parce que ce n'est pas organisé de la même
façon. On ne peut pas prendre ces modèles. Dans d'autres
domaines... Je vous donne un exemple. J'ai vu une caisse locale qui, si elle ne
s'était pas affiliée, aurait sans doute survécu.
La Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Dans ce cas-ci, on est dans quelque chose d'autre
nature. Je ne pense pas que la fédération va mettre en
difficulté la caisse, mais celle-ci peut vouloir viser d'autres fins que
la fédération ne remplit pas assez bien. Des gens pourraient
aimer se retrouver pour les réaliser ensemble dans une caisse
locale.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement
proposé par le député de Lévis à l'article
13 est adopté?
M. Fortier: Rejeté, malheureusement.
M. Garon: Sur division.
M. Fortier: Surdivision. Bien, rejeté...
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est rejeté
et l'article est adopté sur division. Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): L'article 13 est adopté
sur division. J'appelle l'article 14. M. le ministre.
M. Fortier: L'article 14 se lit comme suit: "Le ministre peut,
s'il l'estime opportun et après avoir pris l'avis de l'inspecteur
général, exclure aux conditions qu'il détermine une caisse
affiliée à une fédération de l'application de
l'article 11, si la caisse établit à sa satisfaction qu'elle a
rempli toutes ses obligations envers cette fédération et si elle
a fourni les garanties que l'inspecteur général estime
suffisantes pour assurer la protection de ses membres. "
Alors, c'est mutadis mutandis. C'est le pendant, c'est la
non-affiliation, la désaffiliation par rapport à l'affiliation.
Sur division?
M. Garon: Est-ce qu'il y avait un article semblable
auparavant?
M. Fortier: On n'en a pas trouvé, je crois.
Dans la Loi sur les assurances, il y avait une disposition semblable. Je
ne crois pas qu'il y en ait dans la loi actuelle sur les caisses.
Une voix: Non.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Je trouve que c'est le même problème.
M. Fortier: Sur division?
M. Garon: Si elle a satisfait aux conditions, quel est le but du
ministre lorsqu'il dit: Je ne veux pas?
M. Fortier: On va reprendre le même débat. "Le
ministre peut, s'il l'estime opportun (... ) exclure aux conditions qu'il
détermine... " Il détermine des conditions, alors il faut
qu'il... Il y a une question d'opportunité et de conditions qui sont
déterminées. Alors, c'est le même débat et je
suggère qu'on vote sur division.
M. Garon: Je propose le même amendement, si vous voulez
que...
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vais relire
l'amendement.
M. Garon: Pour les mêmes raisons. Je ne voudrais pas
étendre le débat inutilement.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement
proposé par le député de Lévis se lit comme
suit: Dans l'article' 14, après les mots "le ministre peut", supprimer
les mots "s'il l'estime opportun et". Est-ce que l'amendement du
député de Lévis est adopté?
M. Fortier: Pour les mêmes motifs qui ont été
exposés, M. le Président, malheureusement, il est
rejeté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement du
député de Lévis est donc rejeté. Est-ce que
l'article 14 est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): L'article 14 est adopté
sur division.
Nous allons maintenant suspendre nos travaux pour reprendre à 16
heures après la période de questions.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 16 h 27)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux relativement au projet de loi 70, Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit. Nous en étions
à l'article 15, M. le ministre. Je crois que vous avez un papillon
à l'article 15. On peut adopter les articles 16 à 600
inclusivement, si vous voulez, M. le député de Lévis.
M. Garon: Non. J'ai remarqué ce matin que le
député de Mille-Îles disait qu'on allait beaucoup trop
rapidement.
M. Bélisle: Non. J'ai dit que, quand je n'étais pas
là, vous alliez trop rapidement.
M. Garon: Et pour cause.
M. Fortier: M. le Président, un petit papillon tout simple
et vous en avez une copie devant vous. Je le lis: L'article 15 est
modifié par le remplacement, dans la sixième ligne du premier
alinéa et après le mot "assemblée", du mot
"spéciale" par le mot "extraordinaire". Mais ce que je ne comprends pas,
c'est que c'est le mot "extraordinaire" qui est écrit dans mon cahier.
Est-ce que c'est l'inverse?
M. Garon: Ce n'est pas votre cahier qui fait foi de tout, c'est
la loi.
M. Fortier: Ici, c'est marqué "extraordinaire". Ah! On me
dit que, dans le projet de loi, c'est "spéciale", d'accord. Si je lis
mon cahier, à l'article 15... Je vais juste faire une
vérification. C'est bien cela? Une voix: Oui.
M. Fortier: Donc, je lis: L'article 15 est modifié par le
remplacement, dans la sixième ligne du premier alinéa et
après le mot "assemblée", du mot "spéciale" par le mot
"extraordinaire".
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevable.
L'amendement est-il adopté?
M. Garon: Quelle distinction faites-vous dans la loi entre
l'assemblée spéciale et l'assemblée extraordinaire?
M. Fortier: On m'indique ici que cette modification vise
l'uniformisation de la terminologie utilisée dans le projet, notamment
à l'article 113 du projet et au titre de la section !!l du chapitre XII.
Alors, c'est simplement pour l'harmonisation avec l'article 113. Je vais aller
voir immédiatement. C'est simplement aux fins d'harmonisation, M. le
député.
M. Garon: Ah! Il n'y a pas d'assemblée spéciale.
Autrefois, c'étaient des assemblées spéciales; maintenant,
ce sont des assemblées extraordinaires.
Le Président (M. Lemieux): C'est cela. M. Garon:
Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est adopté.
L'article 15, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Garon: Quelle est la différence entre une
assemblée spéciale et une assemblée extraordinaire?
M. Fortier: Ha, ha, ha! Je pense qu'il n'y en a pas.
M. Garon: Pardon? C'est juste pour changer le mot ou...
M. Fortier: II y a l'assemblée annuelle et les autres
assemblées, ce sont des assemblées spéciales ou
extraordinaires.
M. Garon: Mais pourquoi changer ça? C'est ce que je ne
comprends pas.
M. Fortier: Pour des fins d'harmonisation, tout simplement.
M. Garon: Non, non, mais là, je vais croire que vous ne
vous harmonisez pas avec vous-même. Avant, on appelait cela des
assemblées
spéciales.
M. Fortier: On m'indique que c'est le
Bureau des lois. Vous savez, nous, le Bureau des lois, on le suit
à la lettre parce que c'est lui qui vérifie tout cela.
M. Garon: Vous me faites pleurer, je les ai connus.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Garon: Sacrifice!
M. Fortier: Mais ce sont les mêmes fonctionnaires que dans
votre temps.
M. Garon: Oui, oui. Mais je résistais souvent à
cela.
M. Fortier: Oui?
M. Garon: Changer des mots juste pour les changer, je ne suis pas
convaincu.
M. Fortier: Non, non, mais quand même.
M. Garon: Les gens sont habitués à une
terminologie. Quand on fait juste changer un mot pour changer un mot,
après cela, les gens se demandent où sont rendues les
assemblées spéciales, alors qu'on a toujours appelé cela
des assemblées spéciales.
M. Fortier: M. le Président, tout le monde nous a
reproché dans le passé d'avoir des lois qui n'étaient pas
françaises. Maintenant, il y a des linguistes, des spécialistes,
et je dois vous avouer que je me fie à ces gens parce qu'ils font un
travail très professionnel. Ce sont des gens compétents à
qui je rends hommage et qui nous recommandent d'adopter ce mot-là. Je me
plie très gentiment aux recommandations de ceux qui tentent
d'améliorer la langue française dans nos lois et la
précision de nos lois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, vous avez des commentaires?
M. Chagnon: II semble que ces affirmations ne soient pas
partagées par le député de Lévis.
M. Garon: Je pense qu'il faut faire attention à ne pas
changer les mots juste pour changer les mots. Le Bourgeois gentilhomme faisait
cela et il ne savait plus, à un moment donné, ce qu'il
disait.
M. Fortier: Un classique.
M. Chagnon: C'est un grand classique.
M. Garon: Ce n'est pas cela. C'est parce qu'il faut tenir compte
du monde qui utilise une terminologie. Quand on change les termes juste pour le
plaisir, c'est comme la beauté des queues de renard sur les antennes
d'automobile. Je trouve que ce qui est le plus important, c'est d'appeler les
choses par leur nom. Si, à un moment donné, on change les mots
juste pour les changer...
M. Fortier: Sans être linguiste, je peux voir que
"spéciale" pourrait vouloir dire pour une raison tout à fait
spéciale, et "extraordinaire" veut dire qui sort de l'ordinaire. C'est
tout à fait français.
Le Président (M. Lemieux): Alors, messieurs, je crois que
l'amendement est adopté.
M. Garon: "Spéciale" aussi. Si vous dites à votre
épouse qu'elle est très spéciale, est-ce qu'elle va penser
qu'elle est ordinaire ou extraordinaire?
M. Chagnon: Elle va penser qu'elle est extraordinaire, c'est
normal.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Je vais adopter l'amendement, mais je vais vous dire
que, si c'est comme ça à trop de places...
M. Fortier: On s'en va à l'article 80 après. On est
libre pour un petit bout de temps.
Une voix: C'est pas possible!
M. Fortier: L'amendement est-il adopté?
M. Garon: L'amendement, oui.
M. Fortier: Adopté. Alors, on s'en va à l'article
15 qui dit: 'Toute demande d'affiliation d'une caisse à une
fédération, qui n'est pas une demande préalable à
sa constitution, ou toute demande de désaffiliation doit être
autorisée par une résolution de son conseil d'administration
mentionnant le nom du représentant de la caisse autorisé à
signer la demande et être ratifiée aux deux tiers des voix
exprimées par les membres présents à une assemblée
spéciale ou, pourvu que l'avis de convocation mentionne l'objet de la
résolution, à une assemblée annuelle. "La caisse doit,
dans les 10 jours de la ratification, transmettre à l'inspecteur
général une copie certifiée conforme de la
résolution accompagnée d'une preuve de sa ratification. "
C'est une procédure tout à fait décente, à
mon avis.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 16. M. le ministre.
M. Fortier: Article 16, aucun papillon, M. le Président.
L'article se lit comme suit: "Une caisse qui décide de se
désaffiller d'une fédération ou qui fait l'objet d'une
décision d'exclusion par la fédération à laquelle
elle est affiliée doit, dans les 60 jours de la ratification de la
résolution ou de la décision d'exclusion, adopter un
règlement ou une résolution, selon le cas, pour s'affilier
à une autre fédération, demander la constitution d'une
nouvelle fédération, fusionner avec une caisse affiliée
à une autre fédération, être liquidée ou
demander au ministre d'être exclue de l'application de l'article 11.
"
Autrement dit, si elle se désaffilie, il y a différentes
possibilités, mais il faut qu'elle fasse un choix dans les 60 jours.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 16 est adopté.
J'appelle l'article 17.
M. Fortier: "Dans le cas de la liquidation ou de la dissolution
d'une fédération, une caisse affiliée à cette
fédération doit, dans les 60 jours de la publication de l'avis de
liquidation ou de dissolution à la Gazette officielle du
Québec, adopter un règlement ou une résolution, selon le
cas, pour s'affilier à une autre fédération ou demander la
constitution d'une nouvelle fédération, fusionner avec une caisse
affiliée à une autre fédération, être
liquidée ou demander au ministre d'être exclue de l'application de
l'article 11. "
Alors, ici, c'est le cas de la liquidation ou de la dissolution d'une
fédération comme telle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 17 est
adopté?
M. Fortier: C'est mutatis mutandis; c'est le même
article.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 17 est adopté.
J'appelle l'article 18. M. !e ministre.
M. Fortier: Article 18. "Une caisse demeure affiliée
à une fédération: "1° tant qu'une autre
fédération ne s'est pas engagée à l'accepter comme
membre ou tant que la nouvelle fédération dont elie a
demandé la constitution n'a pas été constituée et
que la caisse n'a pas. obtenu des statuts de modification à cet effet;
"2° tant qu'elle n'a pas fusionné avec une caisse affiliée
à une autre fédération; "3° tant qu'elle n'a pas
été dissoute; "4° tant qu'elle n'a pas obtenu du ministre
l'exclusion de l'application de l'article 11. "
Autrement dit, c'est le suivi de l'article 17, mais, ici, on
spécifie qu'elle reste associée, affiliée à une
fédération tant que certaines étapes n'ont pas
été franchies. Autrement dit, elle peut passer une
résolution pour se désaffiller, mais elle reste affiliée
tant que 1°, 2*, 3° et 4° n'ont pas été
respectés.
M. Garon: Cela veut dire que le mariage, quand il n'est plus
voulu, est habituellement bien difficile à faire fonctionner.
M. Bélisle: Tant que le prononcé final du jugement
n'est pas fait, il y a toujours mariage.
M. Garon: Oui.
M. Bélisle: Vous le savez.
M. Garon: Vous mettrez les polices à la porte.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Bélisle: Je n'ai pas dit de mettre les polices à
la porte, ce n'est pas une question d'organisation policière.
M. Garon: Quand les gens ne veulent pas vivre ensemble, je dis le
mariage, mais, au fond, quand une caisse demeure affiliée...
M. Bélisle: Vous voulez avoir un prédivorce,
quoi.
M. Fortier: C'est pour éviter le "no man's land". C'est
parce qu'on ne veut pas qu'elles soient entre deux. Il faut qu'elles soient
affiliées à une autre fédération, qu'elles
créent une autre fédération, qu'elles se fusionnent ou
qu'elles se liquident. C'est l'un ou l'autre.
Le Président (M. Lemieux): C'est un peu comme des
entre-deux.
M. Bélisle: Vous n'êtes pas pour le
prédivorce, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non, non.
M. Bélisle: Non? D'accord, c'est bon.
M. Garon: Le divorce, c'est souvent la ratification légale
d'une chose qui a déjà eu lieu.
M. Bélisle: Cela, c'est sûr. C'est Important.
M. Garon: Alors, il ne faut pas se conter d'histoires.
M. Fortier: Attendez, il y a deux dames qui nous écoutent
là-bas.
M. Garon: Je ne parie pas de l'un ou de l'autre. Vous voyez, vous
avez encore des vieux
réflexes d'autrefois.
M. Fortier: Ha, ha, ha! Mais, je vous regarde tout le temps.
Quand même je regarderais des gens plus sympathiques, à l'autre
bout.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est parce que tout de suite il a
considéré que la femme n'était pas sur un pied
d'égalité. Ce n'est pas cela que je pense. Je pense que quand les
gens ne veulent pas vivre ensemble - je dis Se mariage par analogie - au fond,
c'est bien difficile de faire vivre ensemble, de force, des gens qui ne le
veulent pas, dans le monde moderne.
M. Fortier: Vous avez compris, M. le député de
Lévis, que, si quelqu'un veut se désaffiiier, on est d'accord,
mais il faut respecter une certaine procédure. C'est tout simplement
cela qu'on veut faire ici.
M. Garon: II faudrait, par exemple, pour ces choses, qu'il y ait
une certaine célérité pour que cela ne devienne pas du
harassement entre deux institutions qui ne veulent plus vivre ensemble.
Habituellement, quand des gens se séparent, dans les institutions
financières comme ailleurs, ce n'est pas dans l'harmonie.
M. Fortier: Vous comprendrez, M. le député de
Lévis, qu'étant donné la garantie réseau, si une
caisse était plus ou moins en situation difficile, eiie pourrait
demander de se désaffiiier. Mais on veut avoir l'assurance qu'elle va
avoir la capitalisation requise pour se désaffiiier. C'est donc tant
qu'elle est affiliée que la garantie réseau continue à
s'exercer. C'est pour cela que cet article est très important.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Fortier: "L'inspecteur général ne peut accepter
de modifier Ses statuts d'une caisse pour changer son affiliation à
moins qu'elle n'établisse à sa satisfaction qu'elle a rempli
toutes ses obligations envers la fédération à laquelle
elle est affiliée. "
Encore là, c'est une procédure de transition pour
s'assurer que les obligations qu'elle a contractées sont
respectées avant de se désaffiiier.
M. Garon: Supposons qu'il y aurait désaccord sur la
satisfaction des obligations, c'est-à-dire sur le fait qu'on ait,
justement, rempli les obligations, qu'arriverait-il, à ce
moment-là? Il peut y avoir un désaccord entre les deux. Est-ce
que l'inspecteur générai tranchera?
M. Fortier: Si l'inspecteur général, comme
raison...
M. Garon: Quand on dit: "... à moins qu'elle
n'établisse à sa satisfaction...
M. Fortier: Oui.
M. Garon:... c'est à la satisfaction de l'inspecteur
général.
M. Fortier: Bien oui. M. Garon: D'accord.
M. Fortier: L'inspecteur doit trancher, finalement.
M. Garon: C'est lui qui tranche la question. Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'articie 19 est donc
adopté. J'appelle l'article 20. M. le ministre.
Dénomination sociale
M. Fortier: À l'article 20, on parle des
dénominations sociales. On dit: "La dénomination sociale d'une
caisse ne doit pas être susceptible d'être confondue avec une autre
dénomination sociale ou une raison sociale. "Elle ne doit pas comporter
les termes "association" ou "société. "
Alors, vous voyez, la Loi sur les assurances dit la même chose
mutatis mutandis et la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit. C'est à peu près le même article qui est
repris ici. La Loi sur les coopératives et la Loi sur les assurances
disent à peu près la même chose.
M. Garon: On voit qu'antérieurement on disait qu'on ne
pouvait pas utiliser les mots "association", "société" ou
"coopérative". Alors, le mot "coopérative" pourrait être
utilisé.
M. Fortier: Comme vous le savez, M. le député de
Lévis, la Loi sur les coopératives est maintenant sous
l'autorité du ministre de l'Industrie et du Commerce et on a
dissocié - c'est M. Parizeau qui avait fait ceia dans le temps - de la
Loi sur les coopératives les institutions financières qui sont
des coopératives. Vous allez voir dans un instant les termes qui sont
réservés: "caisse populaire Desjardins", etc. C'est l'article
suivant. Donc, le terme "coopérative" est réservé à
des coopératives commerciales ou industrielles ou autres. Donc, c'est la
Loi sur les coopératives qui le dit, par ailleurs. Cela va?
M. Garon: C'est écrit où? Avant, c'était dit
dans la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit; ce
n'était pas dit dans la Loi sur les coopératives.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
l'avez à l'article 10. Lisez l'article 10.
M. Garon: L'ancien article 10.
M. Fortier: À l'article 16 de la Loi sur les
coopératives, excusez-moi, on dit: "Aucune personne ou
société ne peut inclure dans sa dénomination sociale l'un
ou l'autre de ces termes ou les utiliser. " Justement, on disait: "La
dénomination sociale d'une coopérative doit comporter l'un des
termes suivants: "coopérative", "coopératif",
"coopération" ou "coop", pour indiquer qu'elle est une entreprise
à caractère coopératif. " Alors, la Loi sur les
coopératives réserve déjà le mot
"coopérative" à des coopératives autres, qui sont
constituées en vertu de !a Loi sur les coopératives qui a
été adoptée le 1er janvier 1984.
M. Garon: Elle ne dit pas ça.
M. Fortier: Non, mais je vous lis la Loi sur les
coopératives, ici.
M. Garon: Elle ne dit pas ça.
M. Fortier: Mais oui, elle vous dit ça, je l'ai ici.
M. Garon: Bien non, elle vous dit... Est-ce l'article 16 que vous
venez de lire?
M. Fortier: C'est l'article 16 de la Loi sur les
coopératives.
M. Garon: Bien oui. Il dit: "La dénomination sociale d'une
coopérative doit comporter l'un des termes suivants:
"coopérative", "coopératif", "coopération" ou "coop", pour
Indiquer qu'elle est une entreprise à caractère
coopératif. Aucune personne ou société ne peut inclure
dans sa dénomination sociale i'un ou l'autre de ces termes ou les
utiliser. " Alors, partout on dit qu'une caisse d'épargne, c'est une
coopérative.
M. Fortier: Ce n'est pas une coopérative au sens de la Loi
sur les coopératives. Donc, le terme "coopérative" est
réservé à la coop Agropur ou je ne sais pas quoi, à
toutes celles qui sont sous la Loi sur les coopératives. C'est un terme
réservé. Alors, quand on entend parler d'une coop, c'est une
coopérative qui a été enregistrée ou
incorporée selon la Loi sur les coopératives comme telle.
M. Garon: On dit, à l'article 2: "Les caisses sont des
coopératives". "Une fédération est une
coopérative", à l'article 4; à l'article 5, "Une
confédération est une coopérative. "
M. Fortier: Oui, oui. On définit cela, mais là, on
parle de la dénomination sociale. Je ne nie pas ce que vous venez de
lire. Ici, on parle de la dénomination sociale.
M. Garon: Oui, mais on dit: "La dénomination sociale d'une
coopérative doit comporter... "On a dit partout que la caisse, la
fédération ou la confédération, c'est une
coopérative. À l'article 16: "La dénomination sociale
d'une coopérative doit comporter l'un des termes suivants... "
Je comprends que ce n'est pas une coopérative régie par la
Loi sur les coopératives, sauf que c'est une coopérative. Je ne
vois pas votre interdiction. Je veux bien la voir si vous voulez, mais on dit:
"Elle ne doit pas comporter les termes "association" ou
"société". On n'interdit pas d'employer le mot
"coopérative*. Avant, on {'interdisait expressément à
l'article 10; maintenant, on ne le dit pas. Cela ne me fait rien, mais j'ai
l'impression qu'à ce moment-là on pourrait l'employer.
M. Fortier: Si vous l'interprétez comme ça, je n'y
vois pas d'objection. Donc, ce n'est pas défendu, puis je pense bien
qu'il n'y aurait rien de mal. Excepté que la Loi sur les
coopératives semble vouloir réserver ce terme à des
coopératives régies par la Loi sur les coopératives, mais
vous avez peut-être raison. Alors, ce n'est pas défendu. S'ils
veulent l'utiliser, qu'ils l'utilisent. Alors, on ne l'a pas mis. D'accord? (16
h 45)
M. Garon: C'est ce que je pense. Si on regarde toute la
phraséologie...
M. Fortier: On est tous d'accord. Parce que, ici, je pense bien
qu'on ne veut pas l'exclure non plus, on ne l'exclut pas ici. Cela va?
M. Garon: On pourrait dire, par exemple: La caisse Unetelle,
coopérative d'épargne et de crédit.
M. Fortier: En tout cas, on va laisser l'interprétation de
la Loi sur les coopératives à ceux qui auront à prendre
cette décision. Mais ici, on n'a pas besoin de le mettre, c'est permis.
C'est peut-être exclu par une autre loi, mais ce sera un jugement qui
sera pris à ce moment-là.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. M. Fortier:
Adopté?
Le Président (M. Lemieux): L'article 20 est adopté.
Article 21?
M. Fortier: À l'article 21, on dit: "La
dénomination sociale d'une caisse doit comporter l'une des expressions
suivantes ou toute com-
binaison de celles-ci: "caisse populaire", "caisse Desjardins", "caisse
Desjardins de financement", "caisse populaire Desjardins", "caisse
d'épargne", "caisse d'économie", "caisse d'économie
Desjardins" ou "caisse de crédit". "Aucune personne, y compris une
société, autre qu'une caisse régie par la présente
loi, une fédération de telles caisses, une
confédération de ces fédérations, une corporation
de fonds de sécurité ou une personne morale
contrôlée directement ou indirectement par un
confédération, ne peut inclure dans sa dénomination
sociale ou sa raison sociale l'une ou l'autre de ces expressions ou une
combinaison de celles-ci, ni les utiliser pour ses activités. Il en est
de même dans la version anglaise d'une dénomination sociale des
expressions "credit unions" et "savings union".
Alors, c'est pour préserver tous ces termes, uniquement pour les
caisses Desjardins ou pour la caisse populaire de Rimouski. Alors, c'est plus
étendu que l'actuel article 10. Et je crois que tout ceia a
été...
M. Garon: Le deuxième paragraphe de l'article 10, vous.
l'avez fait sauter? il disait: "Une caisse ne peut être constituée
que sous un nom français ou un nom comportant une version
française. "
M. Fortier: C'est déjà régi par la Charte de
la langue française, à l'article 64: "Une raison sociale en la
langue française est nécessaire à l'obtention de la
personnalité juridique. "
M. Garon: Relisez-le donc encore, rapidement.
M. Fortier: L'article 64. "Une raison sociale en langue
française est nécessaire à l'obtention de la
personnalité juridique. " Alors, c'est une obligation de la loi 101.
M. Garon: Oui, mais cela va plus loin que cela, le
deuxième paragraphe. Il dit: "Une caisse ne peut être
constituée que sous un nom français ou un nom comportant une
version française. "
M. Fortier: C'est dans la loi 101, c'est une loi
générale du Québec. On n'est pas pour
répéter la loi 101 dans chaque loi constitutive, par ailleurs.
Autrement dit, c'est très clair qu'elles ne peuvent pas obtenir une
raison sociale. Alors, si elles s'adressent à l'inspecteur, il va leur
dire: Non, il faut que ce soit une raison sociale française, pour toute
compagnie ou corporation, qui veut obtenir la personnalité
juridique.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Je ne pense pas qu'on aurait dû faire sauter
cela. Actuellement, avec la loi sur l'affichage, avec toutes les choses dans la
Charte de la langue française qui sont contestées devant les
tribunaux, qu'est-ce qu'il va en arriver, éventuellement, de la Charte
de la langue française? Je trouve qu'on avait une disposition expresse
ici dans la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit qu'on
aurait dû garder. Elle disait: "Une caisse ne peut être
constituée que sous un nom français ou un nom comportant une
version française. "
M. Fortier: M. le député, je ne suis pas un expert
constitutionnel, mais si la Cour suprême décidait - et je ne crois
pas que ceia va arriver - que l'article 64 est anticonstitutionnel, quand
même on t'écrirait dans la Loi sur les caisses d'épargne et
de crédit, cela va encore être anticonstitutionnel. Alors, cela ne
changera absolument rien. Je crois qu'il y a un principe en législation
qui dit de ne pas répéter les prescriptions qui apparaissent dans
d'autres lois. Comme cela apparaît dans la loi 101, ce n'est pas
nécessaire de le répéter ici.
M. Garon: La loi 101 est une loi plus générale.
Une voix: C'est une charte.
M. Fortier: Oui, c'est une charte très importante.
M. Garon: C'est une charte, tandis que là, c'est une loi
particulière.
M. Fortier: Oui. C'est une loi générale ici, dans
le domaine financier.
M. Garon: Pourquoi faire sauter cela? Dans le mouvement
coopératif, on se sert de la loi avec les membres. Les gens dans les
différentes caisses connaissent leur loi; ils voient qu'il y a une
obligation d'avoir un nom français, ils n'ont pas la Charte de la langue
française avec eux tout le temps. Je comprends que, pour la
beauté, les légistes font des choses comme cela, mais...
M. Fortier: Vous allez être d'accord avec moi qu'il y a
bien d'autres prescriptions dans la loi 101 qui devraient être ici, si on
suivait votre raisonnement. On dit que les organismes de plus de 50
employés doivent avoir un programme de francisation. On n'est pas pour
commencer à répéter toutes les prescriptions de la loi 101
ici.
M. Garon: Non, mais c'est antérieur à la loi 101.
C'était déjà là. C'était un article qui
s'appliquait aux caisses d'épargne et de crédit, pas à
tous les secteurs. Il ne s'appliquait qu'aux caisses d'épargne et de
crédit.
M. Fortier: Est-ce que vous craignez que le mouvement Desjardins
ne nous arrive, a un
moment donné, avec l'incorporation d'une nouvelle caisse qui
s'appellerait Chibougamau Credit Union?
M. Garon: Ce n'est pas cela. Il peut y avoir une caisse populaire
à Montréal, par exemple, dans un milieu où les gens ne
sont pas nécessairement francophones ou encore parce qu'il y a des
mouvements de population... Pourquoi susciter des débats alors qu'on a
déjà un article dans la loi qui dit comment cela doit
fonctionner?
M. Fortien M. l'inspecteur, essayez donc de convaincre M. le
député de Lévis.
M. Bouchard: Je ne pourrais pas l'incorporer. Depuis l'adoption
de cette loi, il est impossible de donner la moindre incorporation de compagnie
sans que le nom soit français, à cause de l'article 64. Alors,
toutes les incorporations que nous faisons se font en français, avec la
possibilité d'une traduction en anglais, mais le nom doit être en
français. On en fait 25 000 par année, à raison de 2500
par mois, tous des noms français.
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M. Garon:
Adopté. Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
M. Fortier: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, l'article
22?
M. Fortier: L'article 22. "La dénomination sociale d'une
caisse ne peut inclure l'expression... Est-ce que c'est la même
chose?
Une voix: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Fortier: "La dénomination sociale d'une caisse ne peut
inclure l'expression "caisse populaire", "caisse Desjardins", "caisse
Desjardins de financement", "caisse populaire Desjardins", "caisse
d'économie" ou "caisse d'économie Desjardins", que si la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec a consenti par résolution à son
utilisation et si une fédération membre de cette
confédération s'est engagée par résolution à
accepter la caisse comme membre."
Alors, c'est pour donner l'autorité à la
confédération de faire respecter le terme "caisse populaire
Desjardins", à certaines conditions. Je crois que c'est un
système de franchisage, ni plus ni moins, qui est la norme.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Fortier: "Une caisse dont la dénomination sociale
comprend l'une des expressions mentionnées à l'article 22 et qui
cesse d'être affiliée à une fédération qui
est elle-même affiliée à la Confédération des
caisses populaires et d'économie Desjardins du Québec doit, dans
les 60 jours de la date à compter de laquelle elle cesse d'être
affiliée, soumettre à l'inspecteur général des
statuts de modification aux fins de changer sa dénomination
sociale."
Alors, c'est la conclusion logique du retrait d'un "membership" à
une fédération qui serait membre de la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. Fortier: À l'article 24, on dit: "L'inspecteur
général peut ordonner à une caisse de lui soumettre des
statuts de modification aux fins de changer sa dénomination sociale,
dans les 60 jours de la signification de l'ordonnance, si elle n'est pas
conforme aux lois qui étalent en vigueur au moment où elle a
été octroyée. À défaut par la caisse de
soumettre de tels statuts de modification dans ce délai, l'Inspecteur
général peut d'office lui attribuer une autre dénomination
sociale. "L'inspecteur général peut également attribuer
une autre dénomination sociale à la caisse qui cesse d'être
affiliée à une fédération membre de la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec et qui n'a pas soumis des statuts de modification
aux fins de changer sa dénomination sociale dans les 60 jours de la date
à compter de laquelle elle cesse d'être affiliée."
Autrement dit, l'article 23 indiquait que, s'ils n'étaient plus
membres du groupe Desjardins, ils devaient, dans les 60 jours, soumettre une
demande à l'inspecteur, alors que l'article 24 dit que, si eux ne le
font pas après 60 jours, l'inspecteur peut le faire d'office.
Le Président (M. Lemieux): L'article 24 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 25. M. le ministre.
M. Portier: "Lorsque l'inspecteur général attribue
d'office une dénomination sociale à une caisse, il établit
en deux exemplaires un certificat attestant la modification et fait publier un
avis de cette modification à la Gazette officielle du Québec.
"L'inspecteur général enregistre un exemplaire du certificat et
expédie l'autre à la caisse. La modification prend effet à
compter de la date figurant sur le certificat. ''
Aiors, c'est une procédure visant à la rendre encore plus
publique, par l'intervention de la Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 26.
M. Fortier: "Une caisse ne peut, dans le cours de ses
opérations, s'identifier sous un autre nom que sa dénomination
sociale. "
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 26 est adopté.
J'appelle l'article 27.
M. Portier: "Aucun changement de dénomination sociale
n'affecte les droits et les obligations d'une caisse et les procédures
auxquelles elle est partie peuvent être continuées sous sa
nouvelle dénomination sociale sans reprise d'instance. "
Je pense que c'est clair. Cela n'affecte pas ses responsabilités,
même si elle change de nom.
M. Garon: Adopté. M. Portier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 27 est adopté.
J'appelle l'article 28.
Siège social
M. Portier: "Le siège social d'une caisse constitue son
domicile. !! doit être situé dans le district judiciaire
indiqué dans ses statuts. "
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Portier: C'est le même article ou à peu
près que dans la Loi sur les assurances.
M. Garon: II n'y avait pas d'article semblable
antérieurement dans la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit?
M. Portier: On n'en trouve pas, M. le député de
Lévis.
M. Garon: II n'y en avait pas avant.
M. Fortier: Je ne le pense pas. Ce qu'on m'indique, c'est
qu'à l'article 6 de la vieille loi on disait, dans la déclaration
de fondation qui devait être signée par douze personnes, qu'elle
devait indiquer son siège social. C'est tout ce qu'îi y avait. Il
n'y avait pas d'article semblable.
M. Garon: Pourquoi veut-on ajouter une notion de domicile?
M. Fortier: C'est pour intenter des procédures. Vous
êtes avocat. J'imagine que, si quelqu'un veut intenter une action, il
faut qu'il signifie l'action à un domicile quelque part.
M. Bélisle: Au domicile élu.
M. Garon: Vous n'aviez pas d'indication comme cela avant et cela
a marché, quand même, pendant 88 ans.
M. Fortier: Là, on dépoussière, on
modernise.
M. Garon: On ne modernise pas en mettant des mots très
vagues.
M. Portier: II y a 80 ans, personne...
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des poursuites?
M. Fortier: Non, mais il y a 80 ans, personne n'intentait
d'action; ils savaient qu'ils n'avaient pas d'argent. Mais maintenant qu'ils
valent 35 000 000 000 $, il y en a qui vont intenter des procédures.
C'est pour cela qu'il y a un contentieux qui est représenté
ici.
M. Garon: C'est plutôt le contraire. Quand une institution
vaut 35 000 000 000 $, comme vous le dites, habituellement, c'est elle qui
poursuit plutôt que de se faire poursuivre.
M. Fortier: Normalement, on poursuit les riches parce qu'on a des
chances de se faire payer. On a le même article dans la Loi sur les
coopératives, je vous le ferais remarquer.
M. Garon: Ce n'est rien de plus que cela.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Garon: C'est vous qui l'avez suggéré ou la
Justice?
M. Fortier: C'est une rédaction intelligente qui a
été faite par Me Boivin et son groupe.
C'est un homme très perfectionniste; alors, II a voulu que cela
soit complet.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 28 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 29.
M. Fortier: "Une caisse peut, dans les limites du district
judiciaire indiqué dans ses statuts, changer l'adresse de son
siège social par résolution de son conseil d'administration.
"Elle doit, dans les 10 jours de l'adoption de la résolution, aviser
l'inspecteur général de ce changement. L'inspecteur
général fait publier à la Gazette officielle du
Québec, aux frais de la caisse, une copie de cet avis."
Encore là, l'adresse doit être connue et publique.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 29 est adopté.
J'appelle l'article 30. (17 heures)
M. Fortier: L'article 30: "Une caisse peut transférer son
siège social dans un autre district judiciaire si elle modifie ses
statuts à cette fin. "Un avis du changement d'adresse de son
siège social doit accompagner toute modification des statuts visant
à le transférer."
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Fortier: Alors, c'est simplement que, si elles vont à
l'extérieur des limites du district judiciaire, il faut que les statuts
soient changés en conséquence.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 31.
M. Fortier: "L'inspecteur général enregistre tout
avis de changement d'adresse du siège social d'une caisse." Donc,
l'inspecteur garde un registre de tous les sièges sociaux de chaque
caisse. D'ailleurs, j'imagine que, dans le rapport annuel qu'il publie et que
je dépose à l'assemblée annuelle, l'adresse du
siège social apparaît ou devrait apparaître.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 32.
Constitution
M. Fortier: On passe à un groupe d'articles en ce qui
concerne la constitution d'une caisse. L'article 32 dit: "Un minimum de 12
fondateurs est requis pour demander la constitution d'une caisse." La Loi sur
les coopératives dit la même chose ou à peu près:
"12 fondateurs sont requis pour demander la constitution d'une
coopérative".
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela a toujours
été 12 personnes?
M. Garon: Sauf avec une permission spéciale.
M. Fortier: C'est un chiffre magique, 12. C'était comme
cela avant, alors on conserve le même chiffre.
M. Garon: Mais, dans la Loi sur les coopératives, on peut
être moins que 12, sur permission.
M. Fortier: Oui, on dit ici: "Le ministre peut, s'il le juge
opportun, réduire ce nombre jusqu'à 5."
Ce que le député de Mille-Îles disait, c'est que
c'est un chiffre magique de 12, comme les 12 apôtres, par exemple.
Le Président (M. Lemieux): La première
coopérative.
M. Fortier: La première coopérative, c'est
l'Église catholique.
M. Bélisle: La plus grande coopérative.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article...
M. Fortier: D'ailleurs, 'ris ont le même débat,
à savoir si le pouvoir est à la base ou à
Rome.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Pourquoi trouvez-vous ça drôle?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: C'est parce que comparer Lévis avec Rome, cela
devrait vous honorer. Vous êtes le député de Rome.
M. Garon: Vous dites cela en riant, mais, moi, je le dis sans
rire.
M. Fortier: Vous êtes un pince-sans-rire, d'après ce
que je peux voir.
M. Garon: Non, c'est parce que la capitale de la
coopération en Amérique du Nord, c'est Lévis, c'est
connu.
M. Fortier: C'est la Rome de l'Amérique du Nord sur le
plan coopératif, vous avez raison. D'aiileurs, tout Se monde vient
à Rome, vous devriez le savoir. Cela va?
Le Président (M. Lemieux): L'articie 32 est-il
adopté? Adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 33, M. le ministre.
M. Fortier: "Peut être fondateur, toute personne physique
qui a son domicile, une résidence, une place d'affaires ou un travail
habituel sur le territoire indiqué dans les statuts de la caisse ou qui
fait partie du groupe qui y est décrit, à l'exception: "1°
d'un mineur; "2° d'un interdit ou d'un faible d'esprit
déclaré incapable par un tribunal, même étranger;
"3° d'un failli non libéré. "
Alors, ce sont des dispositions tout à fait normales. C'est
à peu près le même article que dans la Loi, sur les
assurances, mais écrit différemment pour les caisses
d'épargne. Ce sont les mêmes exigences que dans la Loi sur les
assurances, mais écrites différemment.
M. Garon: Les caisses d'étudiants...
M. Fortier: Parlez-vous des caisses d'épargne dans les
écoles?
M. Garon: Oui. il y en a dans...
M. Fortier: Moi aussi je me posais !a question: Ces caisses dans
les écoles sont-elles des extrapolations de plus grandes caisses ou
si... Ce sont des caisses par elles-mêmes.
M. Garon: Au Collège de Lévis, il y en a une qui
est très importante et qui fonctionne, à part cela. Elle fait
même du prêt hypothécaire. Elle prête de l'argent, si
ma mémoire est bonne. Je ne voudrais pas vous induire en erreur, mais je
pense qu'il y a même quelques millions là-dedans.
M. Fortier: Ce sont des caisses sui generis.
M. Garon: À ce moment-là, comment sont-elles
fondées si les fondateurs ne peuvent pas être mineurs?
M. Fortier: Mineur, c'est avant 18 ans, hein? C'est cela. Alors,
il faut que les gens qui la constituent aient plus de 18 ans.
M. Garon: Les professeurs la forment, puis iis la font
administrer sous la surveillance de...
C'est administré par des jeunes sous la surveillance d'aduites.
Pardon?
M. Fortier: J'espère qu'on ne vous dérange pas, les
gens de Lévis?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): C'est un de vos
électeurs.
M. Fortier: Mon attaché politique est un de vos
électeurs.
Le Président (M. Lemieux): II vote toujours du bon
bord.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Garon: Je vous remercie. S'H vote du bon bord, je le
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui. C'est pour cela que
je vous al dit ceia. L'articie 33 est-t-il adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 34.
M. Fortier: "Les statuts de la caisse indiquent: "1° sa
dénomination sociale; "2° le district judiciaire où se trouve
son siège social au Québec; "3° le territoire ou le groupe
dans lequel elle peut recruter ses membres; "4° les nom de famille,
prénom, adresse et profession des fondateurs; "5° la
dénomination sociale de la fédération à laquelle
elle sera affiliée, le cas échéant; "6" les conditions et
les restrictions à l'exercice de certains pouvoirs ou à la
poursuite de certaines activités, le cas échéant. "Les
statuts peuvent contenir toute autre disposition que la présente loi
permet à une caisse d'adopter par règlement. "
Alors, il s'agit de dispositions tout à fait normales pour
définir, prescrire ce qui doit être inscrit dans les statuts.
M. Garon: Pourquoi a-t-on changé le terme "occupation" par
le terme "profession" des fondateurs? Parce qu'il me semble que le mot
"occupation" est plus général que le terme "profession".
M. Fortier: Parce que j'Imagine qu'il y a des avocats qui n'ont
pas de travail. Alors, on voudrait qu'ils s'identifient d'après leur
profession. Alors, on m'indique, M. le député de Lévis,
qu'on n'a pas réinventé le bouton à quatre trous, pour
tout ce qui est corporatif, on s'est inspirés de la Loi sur les
coopératives que votre gouvernement a fait adopter en 1984. Alors, c'est
pour cela qu'on reprend la même terminologie, la même...
Alors si la terminologie est différente de la loi de 1963, c'est
qu'on s'est plutôt inspirés de la Loi sur les coopératives
de 1984, en ce qui a trait à la terminologie.
M. Garon: La loi de 1984 ne dit pas cela. Ah oui,
"profession".
M. Fortier: "Profession des fondateurs", en bas, vous l'avez
là. Alors, c'est une question...
M. Garon: C'est moins bon que "occupation".
M. Fortier:... de concordance avec la Loi sur les
coopératives.
M. Garon: Je comprends, mais c'est une concordance qui ne bonifie
pas, à ce moment-ci, à mon avis, parce que c'est moins
précis, "profession". C'est une certaine catégorie, mais Il y a
beaucoup plus de gens qui n'ont pas nécessairement une profession, mais
qui ont des occupations.
M. Fortier: Le terme "profession" pris au sens très large,
hein, de l'activité.
M. Garon: Étudiant, par exemple, ce n'est pas une
profession. Chômeur, en tout cas, c'est peut-être... Il y a toutes
sortes de choses...
M. Fortier: En tout cas, je pense que les gens comprennent.
M. Garon: Oui, mais c'est parce que "profession"...
M. Fortier: Quand les recenseurs passent à la maison, je
pense que la loi même parie de profession. A ce moment-là, on dit:
chômeur, ingénieur, avocat, etc. Même moi... Vous, vous
êtes avocat mais vous ne pratiquez plus comme avocat. Moi, je suis
ingénieur mais je ne pratique plus comme ingénieur. Alors, vous
avez le droit de dire avocat ou ingénieur, même si vous êtes
député. C'est la terminologie utilisée normalement.
M. Garon: Ce n'est pas un crime contre l'humanité, mais
cela me paraît moins bon que le terme qui était utilisé
avant, qui était "occupation"; à mon avis, c'était
meilleur. Comme le nom, on dit nom de famille, prénom, adresse et
profession des fondateurs. Avant, on disait "résidence". À mon
avis, "résidence", c'était meilleur que "adresse".
M. Fortier: SI vous le désirez, M. le député
de Lévis. Comme je vous l'ai Indiqué, c'est simplement pour avoir
une terminologie semblable à celle de la Loi sur les
coopératives. Mais, si vous voulez en faire une proposition, je vais
accepter de changer le mot "profession" par "occupation". Franchement, vous
avez peut-être raison. Ce serait peut-être plus précis. Ce
serait plus précis.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous en faites un
amendement, M. le député de Lévis?
M. Garon: J'aimerais mieux qu'on dise "occupation" que
"profession".
Le Président (M. Lemieux): Alors, voulez-vous...
M. Fortier: Est-ce que le secrétaire peut l'écrire?
Changer le mot "profession" par le mot "occupation" dans le paragraphe
4°.
Le Président (M. Lemieux): Article 34. 4°.
M. Fortier: Est-ce que vous le proposez, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Oui. Ce n'est pas majeur, mais il me semble que
c'est... Comme quand on dit "adresse" dans "nom de famille, prénom,
adresse et profession des fondateurs"...
Le Président (M. Lemieux): L'amendement du
député de Lévis se lit comme suit: L'article 34 est
modifié au paragraphe 4° par le remplacement du mot "profession" par
le mot "occupation". Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 34 tel qu'amendé est adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Un instant. Je voudrais demander une chose. C'est plus
important que cela en a l'air. On dit, par exemple, au paragraphe 3°: "Les
statuts de la caisse Indiquent: 3° le territoire ou le groupe dans lequel
elle peut recruter ses membres". Maintenant, à 4°, on dit: "les nom
de
famille, prénom, adresse et profession des fondateurs". Avant, on
disait "résidence". Je vais vous donner un exemple concret. Je vais
à une caisse populaire depuis des années, depuis que je suis
étudiant, parce qu'elle m'a prêté de l'argent quand
j'étais étudiant. Ce n'est pas l'endroit où je
réside. Maintenant que je suis au parlement, je pourrais marquer mon
adresse au parlement. Dans le fond, est-ce qu'on veut dire... Avant, on disait
"territoire" et "résidence".
M. Fortier: Dans l'article 33, on dit: "Peut être
fondateur, toute personne physique qui a son domicile, une résidence,
une place d'affaires ou un travail habituel... " C'est l'un ou l'autre. Dans le
fond, il se pourrait que cela ne soit pas sa résidence, mais qu'il y ait
sa place d'affaires ou un intérêt commerciai et qu'il devienne
membre. Ce n'est pas nécessairement la résidence. Vous pensez,
bien sûr, en termes de coopéra-teur individuel, mais, parfois,
cela peut être un commerce. À ce moment-là, ce n'est pas sa
résidence, c'est son adresse; c'est l'adresse de sa place d'affaires.
L'article 33, justement, le permet ici, parce qu'on sait qu'on va avoir des
membres et des membres auxiliaires. On verra plus tard.
M. Garon: Ça, c'est pour être fondateur, n'est-ce
pas? C'est une affaire pour être fondateur. On est encore dans les
fondateurs.
M. Fortier: Peut-être qu'il y a 80 ans c'étaient
uniquement des individus, mais, là, cela peut être des gens qui
ont une activité commerciale à Lévis et qui
décident d'appuyer la fondation d'une caisse. Ils peuvent demeurer
à Québec, mais avoir un commerce à Lévis et avoir
l'intention d'utiliser la caisse pour développer leurs affaires. C'est
dans ce sens-là qu'on parle d'adresse. D'accord?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 34 est
adopté tel qu'amendé?
M. Fortier: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Lemieux): L'article 34 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 35.
M. Fortier: "Les fondateurs transmettent à l'Inspecteur
général les statuts de la caisse en deux exemplaires
signés par chacun d'eux. "
C'est la procédure normale.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté. Le
Président (M. Lemieux): L'article 35 est adopté. J'appeile
i'article 36.
M. Fortier: "Les statuts doivent être accompagnés:
"1° d'une requête signée par deux fondateurs...
M. Garon: Est-ce qu'on peut les adopter un par un?
M. Fortier: Pardon?
M. Garon: Cela va aller plus vite.
Le Président (M. Lemieux): Les adopter un par un, M. le
ministre.
M. Fortier: D'accord. "Les statuts doivent être
accompagnés: "1° d'une requête signée par deux
fondateurs demandant au ministre d'autoriser la constitution de la caisse;
"
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 36. 1°
est adopté?
M. Garon: Ce sont des règles que vous avez prises
ailleurs.
M. Fortier: 2°...
M. Garon: N'est-ce pas?
M. Fortier: Pardon?
M. Garon: Vous avez pris cela dans la Loi sur les assurances et
dans la Loi sur les coopératives.
M. Fortier: C'est cela. Dans la Loi sur les assurances, c'est
à peu près semblable.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Fortier: "2° d'un avis indiquant les nom de famille,
prénom, adresse - et, là, je proposerais un amendement pour
être conforme à la décision qu'on a prise il y a un
instant; au lieu de "profession", on devrait lire "occupation" - de la personne
désignée comme secrétaire provisoire de la caisse; ".
Alors, je propose un amendement, M. le Président, pour que le terme
"profession", dans le 2°, soit changé par le terme "occupation".
Le Président (M. Lemieux): Ca va, M. le secrétaire?
(17 h 15)
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: Adopté, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 36,
paragraphe 2°, tel qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 36, paragraphe 3°.
M. Fortier: "3" d'un avis indiquant le mode de convocation de
l'assemblée d'organisation;"
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 36, paragraphe
3°, est adopté.
M. Fortier: "4° d'un avis indiquant l'adresse du siège
social;"
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté. Le
Président (M. Lemieux): Adopté.
M. Fortier: "5° d'une copie certifiée conforme de la
résolution de la fédération qui s'est engagée
à accepter la caisse comme membre, le cas échéant;"
Donc, lorsqu'on veut savoir s'ils sont oui ou non affiliés
à une fédération, ça prend une
résolution.
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté. "6° d'une copie certifiée
conforme de la résolution de la Confédération des caisses
populaires et d'économie Desjardins du Québec qui énonce
son consentement à l'utilisation de la dénomination sociale
projetée dans le cas prévu à l'article 22;"
Tel que prévu à l'article 22, on dit que la
confédération doit donner son consentement pour l'utilisation de
l'expression "caisse populaire" ou "caisse populaire Desjardins".
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté. "7° des documents constituant les
garanties prévues à l'article 12,13 ou 14;"
Et on se souviendra que ce sont différents documents. C'est sur
les garanties, soit qu'elles sont associées ou non associées, les
garanties financières nécessaires pour satisfaire
l'inspecteur.
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté. "8° des états
prévisionnels, pour la première année d'opération
de la caisse, de l'actif et du passif ainsi que des résultats;"
Ça permet à l'inspecteur de juger s'il y a un peu de
sérieux dans la préparation, dans la planification de leur
demande.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
M. Garon: C'est un genre de pro forma, au fond.
M. Fortier: Oui, oui, c'est pro forma. Adopté. "9°
d'une expertise sur l'évaluation des besoins que la constitution d'une
caisse peut satisfaire dans le territoire ou le groupe décrit dans les
statuts;"
Donc, quelles sont leurs intentions et comment peuvent-Ils justifier la
création d'une caisse.
M. Garon: "une expertise", c'est le terme! Ne trouvez-vous pas
que c'est un peu fort, le mot expertise?
M. Fortier: Remarquez bien que, s'ils sont associés
à une fédération, ils vont demander la collaboration de la
fédération. Je sais qu'il y a quelque temps les indiens, les
autochtones de Caughnawaga ont incorporé une caisse associée
à Desjardins. Alors, j'imagine qu'ils ont établi un petit
document pour...
M. Garon: Si on avait simplement dit "d'une évaluation des
besoins" au lieu d'une expertise. Parce que, là-dedans, on est un peu
dans le domaine, comme je disais, d'un pro forma, alors l'expertise...
M. Fortier: Non, pas d'objection. On pourrait faire un
amendement, M. le Président, pour...
Une voix: D'un rapport sur l'évaluation, au lieu
d'expertise.
M. Fortier: Oui, je ferais un amendement pour recommander de
remplacer les mots "d'une expertise" par les mots "d'un rapport* sur
l'évaluation des besoins.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté, à l'article 36, paragraphe 9°?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est
adopté.
Est-ce que l'article 36, paragraphe 9°, tel qu'amendé est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous en sommes
au paragraphe 10°, M. le ministre.
M. Fortier: "10° de tout document exigé par
règlement du gouvernement. "
Le Président (M. Lemieux): Adopté? M.Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'article 36 tel qu'amendé est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 37.
M. Fortier: L'article 37 dit que: "L'inspecteur
général peut exiger les documents ou renseignements
supplémentaires qu'il estime nécessaires à l'étude
de la requête. "
Alors c'est une disposition qu'on retrouve dans la loi sur les
sociétés de fiducie et de prêts. Autrement dit,
l'inspecteur reçoit une demande et, s'il a besoin d'information, il a le
droit de l'exiger.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 37 est adopté.
L'article 38, M. le ministre.
M. Fortier: "Sur réception des statuts, des documents les
accompagnant, des droits prescrits par règlement du gouvernement et, le
cas échéant, des documents ou renseignements
supplémentaires exigés par l'inspecteur général,
celui-ci fait rapport au ministre. "
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article... Est-ce
que vous voulez, M. le député de Lévis, qu'on les reprenne
paragraphe par paragraphe ou dans l'ensemble?
M. Fortier: Vous demandez ça au sujet de l'article 38?
Le Président (M. Lemieux): Pardon, l'article 38, je
m'excuse.
M. Garon: Antérieurement, c'était quoi?
M. Fortier: Ce n'était pas tellement couvert. Comme vous
pouvez le voir, on a pris une disposition de la loi sur les...
M. Garon: Oui, mais, quand une caisse était formée,
était-ce par le ministre; par qui c'était?
M. Fortier: Cela se fait toujours par le ministre, parce
que, chaque fois qu'ii y a fusion, je suis obligé de signer des
documents. Alors, maintenant, c'est changé, ce sera l'inspecteur.
M. Garon: Je ne me rappelle pas techniquement s'il y avait une
disposition à cet égard. Qui décidait que c'était
oui à la formation d'une caisse?
M. Fortier: C'est à quel endroit? M. Garon: Dans le
texte antérieur.
M. Fortier: Ah oui. L'article 8 disait: "Les cinq exemplaires de
la déclaration sont transmis au ministre. S'il approuve Sa formation de
la caisse, il en témoigne en apposant sa signature sur chaque
exemplaire. " Alors, il n'y avait pas de recommandation de l'inspecteur.
C'était le ministre qui autorisait. Il faut bien remarquer que chaque
caisse est une institution financière par elle-même.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 38 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 39. Est-ce que nous étudions l'article 39 dans son ensemble ou
paragraphe par paragraphe, M. le député de Lévis?
M. Fortier: On peut y aller par paragraphe. Cela sera plus
simple.
M. Garon: Ça va plus vite, je pense.
Le Président (M. Lemieux): Par paragraphe, M. le
ministre.
M. Fortier: "Le ministre peut, s'il l'estime opportun et
après avoir pris l'avis de l'inspecteur général, autoriser
ce dernier à constituer la caisse. "À cette fin, l'inspecteur
général: "1° inscrit sur chaque exemplaire des statuts la
mention "caisse constituée". Cela va?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le paragraphe 1
° est adopté?
M. Garon: Je ne comprends pas trop, parce qu'à l'article
précédent on a dit que celui-ci faisait rapport au ministre et
là on répète qu'il doit prendre l'avis. Il me semble que
l'avis doit être compris dans le rapport.
M. Fortier: On prescrit la procédure. Les parrains de la
création d'une caisse écrivent à l'inspecteur,
l'inspecteur se satisfait de la demande et on dit ici que l'inspecteur doit
suivre une certaine procédure dans la transmission qu'il en fait au
ministre.
C'est la procédure de la constitution de la caisse comme telle.
Je vous fais remarquer que c'est semblable à la Loi sur les assurances
et à la Loi sur les coopératives.
M. Garon: Mais avant, à l'article 8, aussitôt qu'ils
avaient reçu les exemplaires, la déclaration était
signée. Après la publication dans la Gazette officielle du
Québec, ils formaient une caisse. Là, on dit: "autoriser ce
dernier à constituer la caisse"... et que l'inspecteur
général inscrit sur chaque exemplaire des statuts la mention
"caisse constituée". Cela m'apparaît beaucoup plus formaliste.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Fortier: L'inspecteur peut nous dire pourquoi on a ces
exigences. J'admets que ce sont des formalités que l'on veut
définir très clairement.
M. Bouchard: Le principe de distinction que la loi fait ici,
comme dans la loi sur les compagnies de fiducie et dans la Loi sur les
assurances, c'est qu'il y a une distinction entre la décision
d'opportunité, dans le sens politique du terme - le ministre est
d'accord ou pas avec la formation - et ensuite tout l'aspect administratif pour
donner suite à la décision du ministre. Il dit à
l'inspecteur: Je suis d'accord pour que vous incorporiez, pour que vous fassiez
le processus administratif. Ce n'est plus lui qui va signer les lettres
patentes. Actuellement, c'est lui qui est obligé de tout signer,
même pour les fusions.
M. Fortier: C'est pour cela que tout ce que je signerai
désormais, c'est une lettre comme on l'a fait pour la loi sur les
fiducies, disant: Je vous autorise à procéder à
l'incorporation d'une nouvelle fiducie pour telle et telle personne, et tout
l'aspect administratif, c'est l'inspecteur. C'est pour cela que ça doit
être défini ici. C'est l'inspecteur qui en a la
responsabilité. Mais cela ne fait pas de problème. Quel est le
problème? On définit simplement les modalités que
l'inspecteur doit suivre, les copies qu'il doit transmettre et les copies qu'il
doit conserver. M. Garon: Adopté. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Paragraphe
2°, M. le ministre.
M. Fortier: "2° établit en deux exemplaires un
certificat attestant la constitution de la caisse et indiquant la date de sa
constitution; "
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: "3° annexe à chacun des exemplaires du
certificat un exemplaire des statuts; "
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: "4° enregistre un exemplaire du certificat et des
statuts ainsi que les documents les accompagnant; "
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: "5° expédie à la caisse ou à
son représentant l'autre exemplaire du certificat et des statuts; "
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: "6° expédie, le cas échéant,
une copie certifiée conforme du certificat et des statuts à la
fédération qui s'est engagée à accepter la caisse
comme membre de même qu'à la confédération à
laquelle cette fédération est elle-même affiliée;
"
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: "7° fait publier aux frais de la caisse un avis
de la délivrance du certificat à la Gazette officielle du
Québec. "
Le Président (M. Lemieux): Adopté? Paragraphe
7°?
M. Fortier: Cela va?
M. Garon: Attendez un peu. J'avais la Loi sur les assurances et
ce n'est pas écrit "aux frais de la compagnie d'assurances".
M. Fortier. Dans la Loi sur les assurances, il y a une
disposition générale qui dit que la compagnie pale tout.
Le Président (M. Lemieux): Et non pas simplement les
avis.
M. Fortier: Et pas juste les avis. Alors, ici, ils doivent payer
des frais d'inscription à la
Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est adopté,
M. le député de Lévis?
M. Garon: Est-ce que c'est nouveau ou si c'était comme
cela avant?
M. Fortier: Dans la loi actuelle sur les caisses, il n'y avait
pas de disposition semblable sur la création des caisses.
M. Garon: Combien cela coûte-t-il? Une voix: Cher. M.
Garon: Pardon?
M. Fortier: Cela coûte cher au gouvernement, il n'y a rien
qui se fait pour rien.
M. Garon: Non, mais c'est nouveau. Mais pour la caisse?
Une voix:...
M. Garon: Non, mais pour la caisse.
M. Fortier: On vient de trouver qu'elle payait
déjà.
M. Garon: Oui?
M. Fortier: Si je lis, pour les caisses d'épargne et de
crédit: "L'avis que l'approbation a été accordée
est publié dans la Gazette officielle du Québec aux frais de la
caisse. "
M. Garon: À quelle page et à quel article? M.
Fortier: Article 8.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 7° est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 39 dans
son ensemble est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 39 est adopté.
J'appelle l'article 40.
M. Fortier: "À compter de la date figurant sur le
certificat de constitution, laquelle peut être postérieure
à celle de l'établissement du certificat, la caisse est une
personne morale au sens du Code civil. "
M. Garon: Adopté.
ML Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 40 est adopté.
J'appelle l'article 41.
Assemblée d'organisation
M. Fortier: On passe au chapitre VI, soit "Assemblée
d'organisation". L'article 41 dit: "Les fondateurs tiennent une
assemblée d'organisation dans les 60 jours de la date de constitution de
la caisse. "L'inspecteur général peut prolonger ce délai
même s'il est expiré. "
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 41 est adopté.
J'appelle l'article 42.
M. Fortier: "L'assemblée est convoquée par le
secrétaire privisoire. En cas d'empêchement ou de refus d'agir du
secrétaire provisoire, deux fondateurs convoquent l'assemblée.
"
C'est à peu près le même article que l'article
16...
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 42 est adopté.
J'appelle l'article 43.
M. Fortier: "Est réputée être un fondateur
pour la tenue de l'assemblée, toute personne, y compris une
société, qui avant l'envoi de l'avis de convocation a transmis au
secrétaire provisoire une demande d'admission et qui, au début de
l'assemblée, est acceptée par les fondateurs
désignés dans les statuts. "
Autrement dit, c'est une disposition qui permet, aux fins de
l'assemblée d'organisation, d'admettre d'autres fondateurs que ceux
désignés dans les statuts de la caisse. (17 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 43 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 44, M. le
ministre.
M. Fortier: "Au cours de l'assemblée, les fondateurs
doivent: "1° adopter le règlement de régie interne. "
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Attendez un peu. Adopté.
M. Fortier: "2° souscrire et payer le nombre
de parts de qualification prévu dans le règlement de la
caisse ou, à défaut d'un tel règlement, une part de
qualification."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le paragraphe 2°
est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 3°?
M. Fortier: "3° adopter, s'il y a lieu, une résolution
ratifiant l'affiliation de la caisse à la fédération qui
s'est engagée à l'accepter comme membre."
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 4°?
M. Fortier: "4° élire les membres du conseil
d'administratbn, de la commission de crédit et du conseil de
surveillance."
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Le paragraphe 5°?
M. Fortier: "5° nommer, lorsque la présente loi
l'exige, un vérificateur."
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas terminé,
M. le ministre.
M. Fortier: "Les fondateurs peuvent en outre adopter tout autre
règlement et prendre toute autre mesure concernant les affaires de la
caisse."
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'article 44 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 45.
M. Garon: Pourquoi avez-vous enlevé - je demande cela pour
mon information - dans l'article l'élection du président et du
secrétaire d'assemblée, disposition qui était dans la loi
sur les caisses d'épargne, antérieurement?
M. Fortier: L'inspecteur m'indique que c'est le cadre des
assemblées délibérantes. Tout le monde sait qu'on doit
nommer un président et un secrétaire, et cela va sans dire. C'est
le code
Morin qui s'applique.
M. Garon: Je comprends que c'est le code Morin, mais avant il me
semble que c'était mieux. On disait: "L'ordre du jour de
l'assemblée d'organisation est le suivant: a) élection du
président et du secrétaire de l'assemblée; b)acceptation
d'adhésions nouvelles; c) lecture de la déclaration de fondation
et de l'avis de formation publié dans la Gazette officielle du
Québec." Cela partait bien l'assemblée et, après, on
disait les autres choses. Je comprends qu'on assume que c'est su, mais il me
semble que cela ne nuisait pas.
M. Fortier: M. le député de Lévis, on est
régi par des règles plus modernes d'écriture des lois et
on évite de répéter des dispositions qui sont connues, qui
s'imposent d'elles-mêmes, qui sont prescrites par d'autres lois et par la
procédure normale des assemblées délibérantes.
M. Garon: Le code Morin n'est pas prescrit par d'autres lois.
M. Fortier: Non, mais ce sont les procédures normales des
assemblées délibérantes.
M. Garon: Bien, je ne le sais pas. Ils fondent quelque chose; il
n'y a pas nécessairement un avocat là, dans les caisses. Je
comprends qu'aujourd'hui on ne fonde pas souvent des caisses, mais
c'était écrit. Je comprends que les avocats s'imaginent que tout
le monde connaît les lois, mais cela leur établissait un cadre qui
indiquait des choses pour les assemblées d'organisation. À mon
avis, s'ils regardaient l'article, II leur disait quoi faire, tandis que
là ils devront fouiller un peu partout pour essayer de trouver ce qu'ils
ont à faire. Je ne suis pas convaincu que cela aide les gens. On pense
que tout le monde est habitué à cela, mais...
M. Fortier: Non, mais s'ils se réunissent, ils vont savoir
qu'il faut qu'ils se nomment un président et un secrétaire.
M. Garon: Oui, mais vous savez, j'ai assisté à des
fondations de coopératives. Les gens qui font des coopératives,
ce sont souvent des gens ordinaires, qui ne sont pas nécessairement
familiers avec toutes ces règles. S'ils peuvent trouver le cadre
précis, les gens leur disent: Conformément à l'article,
voici l'ordre du jour. L'ordre du jour était indiqué. L'article
17 l'indiquait bien. Je ne suis pas convaincu qu'on améliore.
Le Président (M. Chagnon): Sur le plan de l'approche
méthodologique, préférez-vous qu'on étudie
l'article alinéa par alinéa ou globalement?
M. Garon: Non, on est à la fin, on l'a
adopté, à toutes fins utiles. Je posais une question, tout
simplement.
M. Fortier: On l'a adopté.
M. Garon: Je ne suis pas convaincu...
Le Président (M. Chagnon): Peut-être une
dernière réponse, M. le député.
M. Fortier: Je pense que te député de Lévis
fait seulement une remarque, il a soulevé un point, mais c'est parce
que...
M. Garon: Le cadre coopératif, ce n'est pas comme...
M. Fortier: Non, mais j'ai essayé d'expliquer au
député de Lévis, tout à l'heure, que créer
une institution financière, c'est un peu plus extraordinaire
qu'incorporer une compagnie ou créer une coopérative dans le
secteur commercial. Ce sera plutôt l'excepîion que la règle,
à un tel point que le nombre de caisses a diminué depuis quelques
années plutôt que d'augmenter...
M. Garon: Oui, je le sais bien.
M. Fortier:... par fusion ou autrement.
M. Garon: Je suis conscient de ceia; c'est pour ceia que je ne
fais pas un grand débat.
M. Fortier: Non, non, mais s'il se crée une caisse par
année, je ne le sais pas... En tout cas, il ne s'en crée pas
beaucoup.
M. Garon: Non.
M. Fortier: Alors, quand cela arrive, je vous garantis que les
gens se préparent en conséquence. Je crois qu'il est normal que
ce sort ainsi parce que c'est un événement un peu extraordinaire'
et il y a toujours un avocat ou un notaire dans la place pour aider ces
gens-là à s'occuper des procédures légales.
Le Président (M. Chagnon): L'article 45 est-il
adopté?
M. Fortier: Oui. M. Garon: On est à l'article 44. M.
Fortier: L'article 44 a été adopté. M. Garon:
L'article 44, adopté, oui.
Le Président (M. Chagnon): C'est l'article 44, d'accord.
J'étais à l'article 45, c'est bien cela.
M. Fortier: Cela va.
Le Président (M. Chagnon): Je vous posais la question, M.
le député de Lévis.
M. Fortier: L'article 45. C'est la bonne question.
Le Présidant (M. Chagnon): Je me remets à l'ordre,
et...
M. Fortier: Appelez donc l'article 45, M. le
Président.
Le Président (M. Chagnon):... j'appelle l'article 45.
M. Fortier: "Dans les 30 jours qui suivent l'assemblée, la
caisse transmet à l'inspecteur générai: "1° une liste
des membres du conseil d'administration, de la commission de crédit et
du conseil de surveillance contenant leur nom de famille, prénom,
adresse... " Là, je fais un amendement pour changer le mot "profession"
par "occupation".
Le Président (M. Chagnon): "Et occupation"; c'est
cela?
M. Fortier: "Et occupation" au lieu de "et profession". Est-ce
que vous pouvez écrire le même amendement que tout à
i'heure?
Le Président (M. Chagnon): L'amendement est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté.
M. Fortier: Est-ce que le paragraphe 1° est
adopté?
Le Président (M. Chagnon): Avez-vous d'autres
amendements?
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté. Non.
Le Président (M. Chagnon): Non. Alors, est-ce que
l'alinéa 1° est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté.
M. Fortier: "2° un avis indiquant l'exercice financier de la
caisse. "
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. L'alinéa
2° est adopté. L'alinéa 3°?
M. Fortier: "Une copie certifiée conforme de la
résolution de l'assemblée des fondateurs ratifiant l'affiliation
de la caisse à la fédération qui s'est engagée
à l'accepter comme membre, !e cas échéant. "
Le Président (M. Chagnon): Est-ce adopté? M.
Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 3e
est adopté. L'alinéa 4°?
M. Fortier: "4e un avis Indiquant le nom du
vérificateur ou, le cas échéant, de !a
fédération ou de la confédération chargée de
!a vérification. "
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 4 est-i!
adopté?
M. Fortier: On va voir plus loin qu'il y a une exigence de la
part de la confédération Desjardins de voir à la
vérification des caisses.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 4° est-il
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Jusqu'à maintenant, l'alinéa 4°
constitue-t-il un changement par rapport à la loi antérieure?
Le Président (M. Chagnon): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je pense qu'il n'y a pas de disposition semblable.
Est-ce qu'il y on a une?
M. Garon: Oui, i! y a quelque chose sur la
vérification.
M. Fortier: Non, mais la vérification va venir plus tard.
On dit tout simplement ici quel est l'avis... Je pense bien qu'on ne discutera
pas, maintenant, de...
M. Garon: Ce n'est pas cela.
M. Fortier: On va arriver à la vérification plus
tard.
M. Garon: Non, non, mais c'est parce que cela doit être
concordant avec ce qui sen vient.
M. Fortier: II est clair que, plus tard, vous allez voir des
articles qui Indiqueront qu'il doit y avoir une vérification et que,
s'ils font partie du mouvement Desjardins, la vérification est faite. On
n'en parle pas ici. On dit que dans les 30 jours après
l'assemblée constitutive, quatre documents doivent être
envoyés à l'inspecteur général.
Le Président (M. Chagnon): Adopté? M. Garon:
Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 4° est
adopté. L'article 45, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Aussi, il est adopté.
J'appei'e l'article 46, chapitre VII.
Modification des statuts
M. Fortier: Le chapitre qu'on vient de terminer, M. le
Président, nous permettait de constituer une caisse. Maintenant que la
caisse est constituée, on en vient à certains articles traitant
de la modification des statuts. L'article 46 dit: "Les statuts d'une caisse ne
peuvent être modifiés que par règlement de la caisse. "
Ce règlement doit désigner un administrateur
autorisé à signer les statuts de modification et la requête
les accompagnant. "Il est soumis à l'approbation de la
fédération à laquelle la caisse est affiliée, sauf
s'il a pour objet de modifier cette affiliation. "
Le Président (M. Chagnon): L'article est-il
adopté?
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon; Y avait-il quelque chose de semblable auparavant concernant
surtout l'aiinéa 3°?
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre.
M. Fortier: J'Imaginerais que non. On va me donner la
réponse dans un instant mais il faut comprendre maintenant que s'ils
font partie d'une fédération, la fédération a
désormais un pouvoir de surveillance et de contrôle.
M. Garon: Mais là, cela dépend, un pouvoir de
surveillance.
M. Fortier: C'est un choix volontaire qu'ils ont fait souvent et
là on revient à la discussion qu'on a eue, que vous avez eue ou
que le ministre qui m'a précédé a eue en 1983 et que j'ai
reprise en 1986. Soit qu'une caisse est complètement autonome et,
à ce moment-là, elle n'a pas besoin do faire ça. S! elle
est membre
d'une fédération, il faut que la fédération
puisse autoriser les changements de statut.
M. Garon: Justement, les fédérations existaient
dans la loi de 1963. Est-ce qu'il y avait une obligation comme
celle-là?
M. Fortier: On dit: "L'assemblée générale
peut aussi, par règlement: changer le siège social de la caisse;
" modifier le territoire, changer le nom, "changer l'affiliation de la caisse
d'une fédération à une autre". On dit: "Ce
règlement n'entre en vigueur qu'après son approbation par le
ministre et publication... " Un peu plus bas, on dit, à l'article 39:
"Le ministre ne peut approuver un règlement changeant l'affiliation
d'une caisse d'une fédération à une autre à moins
que cette caisse ne lui fournisse la preuve qu'elle a satisfait à toutes
ses obligations envers la fédération à laquelle elle cesse
d'être affiliée. " "La demande d'une caisse au ministre, sauf dans
le cas désigné au paragraphe d - où on dit "changer
l'affiliation"... - doit être préalablement approuvée par
la fédération à laquelle Sa caisse est affiliée. "
En des termes nouveaux, c'est exactement la même chose.
Le Président (M. Chagnon): M. le député,
est-ce que l'article 46 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. Alors, j'appelle
l'article 47.
M. Fortier: "La caisse transmet à l'inspecteur
général ses statuts de modification en deux exemplaires
signés par l'administrateur autorisé à cette fin. "
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Alors, l'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48.
M. Fortier: "Les statuts de modification doivent être
accompagnés: "1° d'une requête demandant la modification des
statuts signée par l'administrateur autorisé à cette fin.
" On y va paragraphe par paragraphe?
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'alinéa
1° est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 2°?
M. Fortier: "2° d'une copie certifiée conforme du
règlement de la caisse approuvant les modifications aux statuts. "
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 2° est
adopté. L'alinéa 3°?
M. Fortier: "3° d'une copie certifiée conforme de la
résolution de la fédération approuvant le règlement
de modification, lorsque la caisse est affiliée. "
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 3° est
adopté. L'alinéa 4°?
M. Fortier: "4° de tout autre document exigé par
règlement du gouvernement. "
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'alinéa 4°
étant adopté, est-ce que l'article 43 est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 48 est adopté.
J'appelle donc l'article 49.
M. Fortier: "En outre, les statuts qui ont pour objet de modifier
la dénomination sociale de la caisse pour y inclure l'une des
expressions mentionnées à l'article 22 doivent être
accompagnés d'une copie certifiée conforme de la
résolution de la Confédération des caisses populaires et
d'économie Desjardins du Québec qui énonce son
consentement à l'utilisation de la dénomination sociale
projetée. " Alors, je crois que ça va sans dire.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 49 est
adopté?
M. Garon: Un instant!
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 49 étant
adopté, j'appelle l'article 50.
M. Fortier: "L'inspecteur général peut exiger les
documents ou renseignements supplémentaires qu'il estime
nécessaires à l'étude de la requête. " Alors, c'est
le pendant de l'article 37 qu'on a déjà adopté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 50
étant adopté, j'appelle l'article 51.
M. Fortier: "Sur réception des statuts de modification,
des documents qui doivent les accompagner, des droits prescrits par
règlement du gouvernement et, le cas échéant, des
documents ou renseignements supplémentaires exigés par
l'inspecteur général, celui-ci peut, s'il l'estime opportun,
modifier les statuts. "À cette fin, ' l'inspecteur
général, outre la procédure prévue aux paragraphes
3° à T du deuxième alinéa de l'article 39, inscrit sur
chaque exemplaire des statuts de modification la mention "statuts de
modification" et établit en deux exemplaires un certificat attestant la
modification et indiquant la date de sa prise d'effet, laquelle peut être
postérieure à celle de l'établissement du certificat.
"
Comme on le voit ici, dans les changements de statuts, ce n'est plus le
ministre, c'est l'inspecteur et cela va enlever un fardeau bureaucratique au
ministre, mais il y a un contrôle pour l'inspecteur, comme il se doit.
(17 h 45)
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 51 est
adopté? M. !e député de Lévis.
M. Garon: "S'il l'estime opportun", cela porte sur quoi au
fond?
M. Fortier: S'il le juge opportun. On dit: L'inspecteur peut,
s'il le juge opportun.
Le Président (M. Chagnon): C'est une question de
jugement.
M. Garon: Oui, je comprends cela. C'est parce que les
modifications des statuts...
M. Fortier: M. l'inspecteur.
M. Bouchard: Encore une fois, ici, comme une caisse a
été constituée par l'autorisation du ministre et que les
statuts comportent ce qu'on a vu à l'article 34, dénomination
sociale, district judiciaire, etc., autant l'incorporation n'est pas un droit,
mais un privilège, autant les gens ne doivent pas s'attendre qu'en
déposant un document ils ont droit automatiquement à une
modification de statuts. Il y a une vérification à faire pour
s'assurer que précisément les normes de prudence sont
respectées et que si, effectivement, le district judiciaire doit
être modifié, il n'y ait pas une autre caisse dans le même
district judiciaire, il n'y ait pas enchevrêtement de territoires. Il
faut vérifier la requête qui est présentée. Ce n'est
pas comme une requête de modification de statuts d'une compagnie de
restaurant où ils viennent et puis on donne les statuts sans
s'interroger. La partie 1A de la Loi sur les compagnies qui existe donne encore
une espèce de privilège de contrôle sur l'incorporation.
C'est de plus en plus dépassé dans le cas des incorporations
ordinaires. Pour une institu- tion financière, il y a toujours un
contrôle qui est exercé pour les fins d'Intérêt
public.
M. Garon: Voulez-vous dire que, s'il y a une demande de
modification pour agrandir !e territoire et que cela pourrait toucher le
territoire d'une autre caisse, ce serait refusé?
M. Bouchard: Pas nécessairement, parce qu'on a vu qu'une
modification d'un règlement requiert l'autorisation d'une
fédération. Donc, la fédération se sera
déjà prononcée sur l'opportunité de ce changement.
Il peut très bien arriver que la confédération, elle, ne
soit pas d'accord. Dans le nouveau système qui existe maintenant, vous
avez vu qu'il y avait une décentralisation d'autorité et de
contrôle en ce qui concerne les fédérations et les
confédérations, il y a différents paliers. Il faut donner
l'occasion à tous ces organismes-là et à leur palier
respectif de faire valoir leur point de vue.
M. Fortier: Le territoire maintenant est contrôlé
par la fédération et non pas par le gouvernement. Dans le
passé, certaines chicanes de territoire venaient jusqu'à
l'inspecteur; maintenant, si je ne me trompe pas, c'est laissé à
la fédération de statuer sur cela.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 51 est
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je sais que cela porte principalement là-dessus.
Il n'y a pas beaucoup de questions, alors II ne peut pas y avoir beaucoup de
débats. Mais un des débats peut porter, justement, sur le
territoire. Il a déjà été question même que
les territoires soient beaucoup plus larges. Je me rappelle, lors de
débats il y a plusieurs années, qu'il y en a même qui se
demandaient si cela devrait se référer nécessairement
à un territoire.
M. Bouchard: Exactement.
M. Garon: II me semble qu'on vient resserrer cela. Est-ce que
c'est bon?
M. Fortier: Vous parlez sur le territoire?
M. Garon: II peut arriver, dans un même lieu, supposons
à Québec, qu'il y ait une caisse qui est dynamique et une autre
qui l'est moins. Celle qui est dynamique voudrait avoir un territoire plus
grand. Évidemment, vous pouvez faire affaire dans une caisse sans venir
du territoire que dessert la caisse.
M. Fortier: Répondez donc à la question, M.
Bouchard.
M. Bouchard: C'est pour cela que c'est précisé ici
dans la loi, parce que cela crée actuellement un problème
très sérieux au mouve-
ment Desjardins, à cause des raisons que vous soulevez. Une seule
possibilité existait dans la loi actuelle parce que c'était
centré sur le domicile. il fallait être domicilié dans le
territoire donné pour y faire affaire. Alors, des gens, par exemple, qui
travaillent tout près du complexe Desjardins de Montréal,
même s'il y a une caisse dans le complexe Desjardins de Montréal,
ne pouvaient pas théoriquement faire affaire avec cette caisse qui
était dans l'édifice Desjardins de Montréal, sauf en
devenant membres auxiliaires.
M. Garon: C'est cela.
M. Bouchard: Mais, comme membre auxiliaire, vous n'avez pas le
droit d'exercer vos droits, vous n'avez pas le droit de vote, vous n'avez pas
le droit d'être élu, etc.
Dans la nouvelle loi, on a laissé tomber cette exigence pour
permettre, justement, qu'une personne conserve ses droits en ayant seulement la
résidence ou le lieu de travail. Donc, une personne pourra s'inscrire
à cette caisse.
L'autre problème qui se pose avec la notion de territoire, c'est
que vous avez déjà, de fait, des fédérations dont
toutes les caisses ou à peu près ont, par exemple, la
Communauté urbaine de Montréal, comme territoire.
M. Fortier: L'amendement obtenu en 1942 sous Maurice
Duplessis.
M. Bouchard: Alors, là, le territoire ne veut plus rien
dire. Toutes les caisses dans la Communauté urbaine de Montréal
ont le même territoire. C'est la même chose pour la
Communauté urbaine de Québec. La notion de territoire, qui
était autrefois importante parce qu'on disait: Ce sont des gens du
même milieu qui se connaissent et qui sont en mesure d'évaluer le
crédit de la personne qui fait affaire, cela s'estompe. Au XXe
siècle, on dit: Ce n'est plus cela et il faut étendre le
territoire. La notion de territoire a tendance à disparaître
énormément pour éviter d'avoir cela. Cela fait que vous
avez maintenant plusieurs caisses dans le même territoire.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député de Lévis?
M. Garon: Ici, dans la modification des statuts, une des choses
qui pourraient être demandées, c'est justement une modification de
territoire.
M. Bouchard: Oui, c'est courant. On en a beaucoup, de cela.
M. Garon: Mais, là, les pressions se font sur la
fédération ou sur la confédération pour que ce ne
soit pas accepté.
M. Bouchard: Non, c'est l'inverse. Les demandes nous viennent des
caisses avec l'approbation des fédérations et des
confédérations...
M. Garon: C'est cela.
M. Bouchard: ...pour accroître les territoires.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Pour que les territoires ne soient pas restreints,
pour assurer la concurrence des caisses.
M. Garon: Vous dites qu'actuellement !a fédération
et la confédération vont surtout dans le sens d'accroître
les territoires plutôt que de les restreindre.
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: Y a-t-il des cas où on demande de les
restreindre lorsqu'il y a des demandes d'extension par la caisse locale?
M. Bouchard: De mémoire, je ne me le rappelle pas, M. le
député, mais l'expérience que j'ai, c'est l'inverse. Les
caisses elles-mêmes demandent d'accroître leur territoire.
M. Fortier: C'est pour cela qu'il faut prendre l'action.
M. Garon: Je sais que c'est la tendance. J'ai été
moins mêlé à cela dans les dernières années,
mais je sais que c'était la tendance d'accroître les territoires,
mais II y en a qui ne voulaient pas.
M. Fortier: Cela va?
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 51 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 51 est adopté.
J'appelle l'article 52.
Mise à jour des statuts
M. Fortier: "Mise à jour des statuts. L'inspecteur
générai peut délivrer à une caisse qui lui en fait
la demande des statuts mis à jour. "À cette fin, l'inspecteur
général, outre la procédure prévue aux paragraphes
3° à 6° du deuxième alinéa de l'article 39,
inscrit sur chaque exemplaire des statuts qu'il délivre la mention
"statuts mis à jour" et établit en deux exemplaires un certificat
attestant la mise à jour des statuts et indiquant la date de leur
prise
d'effet, laquelle peut être postérieure à celle de
rétablissement du certificat. "
Alors, c'est une procédure administrative.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 52 est
adopté?
M. Garon: Est-ce souvent demandé? M. Bouchard: Ah,
oui.
M. Garon: Oui?
M. Bouchard: Cela a été une demande très
pressante du mouvement Desjardins et avec raison. C'est une défaillance
de la loi actuelle qui ne permettait pas à une caisse de, simplement,
avoir des statuts. Parce que très souvent, au tout début, le seul
acte corporatif d'une caisse en 1910, 1915, 1920, c'était la mention de
la Gazette officielle du Québec. C'est tout ce qu'ils avaient.
Là, ils pourront avec cela avoir des chartes, des statuts et se servir
d'un document corporatif.
M. Fortier: D'autant plus que, on le verra plus loin, si un
membre dans une caisse veut consulter certains documents, la caisse devra avoir
dans les documents disponibles pour ses membres justement ces statuts, qui
pourront être consultés sur place.
M. Garon: Vous voyez que, dans le cas de la
déréglementation, ils étaient bien plus
déréglementés il y 60, 70 ans.
M. Fortier: Ah oui. J'admets que, dans le secteur des
institutions financières, je ne parle pas de
déréglementation. On peut parler d'un accroissement de la
réglementation. On parle de décloisonnement, ce n'est pas pareil.
Ha, ha!
Le Président (M. Chagnon): L'article 52 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Garon: J'ai remarqué cependant que les gens qui
étaient au comité de déréglementation, en grande
partie, étaient des gens des institutions financières qui
demandaient de réglementer les autres, mais ils ne parlaient pas de se
déréglementer eux-mêmes.
M. Fortier: Ils aimeraient bien se déréglementer.
Le mouvement Desjardins trouve qu'il est trop réglementé.
M. Garon: Les banquiers, entre autres. M. Fortier: Ha, ha,
ha!
M. Garon: II y avait deux banquiers sur les cinq membres du
comité de déréglementation.
M. Fortier: Je suis complètement d'accord avec vous qu'on
réglemente davantage. D'accord?
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 52 est
adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: Quand on parle de réglementer ou de
déréglementer les institutions financières, on devrait
nommer d'autres citoyens que des gens des institutions financières. Je
me rappelle que, dans le comité, il y avait le président de la
Banque nationale, le président de la Banque d'épargne du district
de Montréal.
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lévis, je nous rappelle à l'ordre.
M. Garon: Ils voulaient faire sauter le comité...
Le Président (M. Chagnon): Je vous suggère de
prendre l'initiative de faire un autre comité.
M. Garon: Non, mais cela me frappe. Ils voulaient, imaginez-vous,
faire disparaître le Comité de surveillance des étalons qui
coûtait 2000 $ par année.
Le Président (M. Chagnon): On s'éloigne de
l'article 53 que nous n'avons pas adopté.
M. Bélisle: Mais on galope toujours, cependant.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 52 est
adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Adopté. J'appelle
l'article 53.
M. Fortier: "À compter de la date de leur prise d'effet,
les statuts mis à jour remplacent les statuts antérieurs de la
caisse. "
C'est l'évidence même.
M. Garon: Vous trouvez? Une voix: Oui. M. Garon:
Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 53 est adopté.
L'article 54?
M. Fortier: L'article 54. "Les statuts mis à jour
prévalent sur ceux qu'ils remplacent pour tout événement
survenu à compter de la date de leur prise d'effet, mais les statuts
remplacés
prévalent sur les statuts mis à jour pour tout
événement survenu avant cette date. "
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que l'article 54 est
adopté?
M. Garon: C'est sage! Adopté. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Chagnon): L'article 54 est adopté.
À cette heure-ci, messieurs les membres de la commission,
peut-être pourrions-nous lever la séance jusqu'à demain
matin, de façon à recommencer un nouveau chapitre.
M. Garon: Oui, surtout...
M. Fortier: Oui, parce qu'on commence le chapitre sur la
fusion.
Le Président (M. Chagnon): Oui, on a un chapitre sur la
fusion.
M. Garon: D'accord. M. Fortier: Cela va?
Le Président (M. Chagnon): Si vous voulez, messieurs les
députés...
M. Fortier: On a fait un bon travail; à ce rythme,
ça va bien.
Le Président (M. Chagnon):... je propose que la commission
ajourne ses travaux à demain, à 10 heures, à la salle 101.
Salle 101, M. le député de Lévis. La salle 101 est dans
l'édifice Pam-phile-Le May.
Une voix: 101-B.
Le Président (M. Chagnon): 101-B, la salle de l'ancien
Conseil exécutif. Pardon? On m'informe que ce sera à la salle
101-B.
M. Fortier: C'est ce qu'a annoncé le leader.
M. Garon: Je ne trouve pas que c'est une très bonne salle.
Les perroquets ne vont pas dans les bureaux de la presse et,
deuxièmement, on me dit que c'est celle où souvent, pour avoir
les galées, ça prend le plus de temps.
Le Président (M. Chagnon): On me dit que toutes les autres
salles sont prises, y compris la nôtre ici. On me dit que toutes les
autres salles sont occupées demain.
(Fin de la séance à 17 h 57)