Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures sept minutes)
Le Président (M. Kehoe): La commission du budget et de
l'administration reprend ses travaux, soit l'étude
détaillée du projet de loi 70, Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit. Je demanderais au secrétaire s'il
y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Poulin
(Chauveau) remplace M. Fortin (Mar-guerite-Bourgeoys) et M. Kehoe (Chapleau)
remplace M. Lemieux (Vanier).
M. Garon: II va remplacer qui? Le Secrétaire: M.
Lemieux.
M. Garon: Non, l'autre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau) remplace M. Fortin
(Marguerite-Bourgeoys).
M. Garon: Qui est-ce?
Le Secrétaire: M. Fortin.
M. Garon: II est membre de la commission?
Le Secrétaire: Oui.
M. Garon: On ne l'a jamais vu.
Le Président (M. Kehoe): Nous étions rendus
à l'article 248. Nous avions commencé l'étude de l'article
248 et je demanderais à M. le ministre s'il a d'autres explications
à fournir avant l'adoption.
Crédit (suite)
M. Portier: Hier soir, quand nous nous sommes quittés,
nous avions proposé l'article 248 que vous aviez appelé. Les
explications fournies montraient qu'il s'agissait de définir le
crédit qui peut être consenti par une caisse et, de toute
évidence, le type de crédit qui peut être fait par une
caisse, avec la nouvelle loi, est beaucoup plus complet que ce qui existe
présentement, puisqu'on ne retrouva dans la loi actuelle que peu de
détails, sinon aucun, à ce sujet.
Le Président (M. Keh): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ce que je disais hier, c'est qu'on nous
réfère à plusieurs endroits à des règlements
du gouvernement et qu'on n'a vu aucun règlement. Alors que, dans
l'ancienne loi, on se référait très peu à des
règlements du gouvernement, Ici, on fait référence
régulièrement à des règlements du gouvernement dans
des dispositions qui n'existaient pas auparavant et on n'a vu aucun projet de
règlements du gouvernement. Alors que le leader du gouvernement nous
disait que le gouvernement voulait mieux légiférer, proposer des
règlements en même temps que les lois pour avoir un meilleur
éclairage, on n'en a aucun. Je ne parie pas de version finale des
règlements, mais de projet de règlements. On n'en a aucun.
On dit: Toute caisse peut, conformément à la
présente loi et, le cas échéant, aux règlements du
gouvernement ou de la fédération à laquelle elle est
affiliée... " On n'a aucune idée de ce que peut vouloir dire
cette réglementation. Je ne peux pas croire qu'on a un projet de loi et
qu'on n'a aucun projet de règlements, alors qu'on se
réfère à des règlements partout dans le projet de
loi.
M. Fortier: Effectivement, M. le Président, nous n'avons
pas préparé les règlements. Il s'agit, bien sûr, du
type de règlements touchant le crédit. J'ai tenté, hier,
d'en donner un peu la définition. Quand on parie du crédit, il
s'agit, bien sûr, de préciser - et j'en suis certain - que les
règlements, éventuellement, couvriront les prêts
commerciaux, les différents prêts, prêts
hypothécaires et tout ça, toutes les différentes formes de
crédit. J'ai expliqué que, s'il est vrai que le gouvernement
s'est réservé des droits de réglementation,
l'économie de la loi va dans le sens de donner cette
responsabilité au mouvement Desjardins, soit à la
confédération, soit à la fédération. En
somme, le pouvoir réglementaire que le gouvernement s'est donné,
est un pouvoir résiduel. Si jamais - et je ne crois pas que ça
arrive - les fédérations ou la confédération ne
préparaient pas leur propre réglementation, nous pourrions le
faire. Donc, l'initiative doit venir du mouvement Desjardins et nous sommes
là simplement pour assurer le bien commun et, éventuellement, la
protection du public si, d'aventure, ces règlements n'étaient pas
préparés. Mais j'ai pleine confiance qu'ils vont
l'être.
J'ai parlé à M. Béland à ce sujet. Ils ont
déjà, je crois, Institué des comités à
l'intérieur du mouvement Desjardins pour rédiger ces
règlements qui existent déjà, d'ailleurs, dans bien des
cas. J'imagine qu'ils devront les modifier pour s'assurer qu'ils correspondent
bien à tel article de la loi et à tel autre article de la loi.
Mais il y a beaucoup de réglementations qui existent à
l'intérieur du mouvement Desjardins et ils devront les retravailler pour
s'assurer qu'elles se conforment aux différents articles de la loi. Mais
la responsabilité leur revient; c'est ce qui a été
convenu. C'est donc une possibilité d'autoréglementation, mais le
gouvernement se garde quand même le pouvoir de faire une
réglementation. Quand on dit "autoréglementation", il faut
préciser que c'est une autoréglementation dans le sens de
préparer la réglementation parce que, en définitive, il
faut qu'elle soit approuvée par le gouvernement. Mais cela va dans ce
sens; donc, on ne les a pas préparés et on n'a pas l'intention de
le faire pour l'instant, parce que nous désirons déléguer
cette fonction ou laisser le mouvement Desjardins, les
fédérations et la confédération, assumer cette
responsabilité.
M. Garon: Au fond, cela équivaut à vous donner un
pouvoir réglementaire un peu partout dans la loi, alors que vous ne
savez pas si vous allez faire des règlements ou non. Normalement, les
pouvoirs, dans une loi, se trouvent dans la loi, ils ne se trouvent pas dans
une possibilité de règlements éventuels. On est à
un article fondamental: le crédit. Donc, l'article qui dit quel genre de
crédit peut faire la caisse. Avant, on disait qu'elle pouvait faire des
prêts. Là, on écrit toutes sortes de crédit et on
dit: Oui, mais il va y avoir des règlements du gouvernement. Le cas
échéant, il pourra y en avoir. Il me semble que cette disposition
est inutile. Toute caisse peut... " Les règlements du gouvernement,
à mon avis, on ne devrait pas en parler, s'il n'y en a pas et qu'on ne
les envisage pas. Éventuellement, si on veut modifier cela, on amende la
loi. Circonscrire ta loi par règlement de cette façon, moi, je
n'en reviens pas de voir cela. Parfois, je comprends, quand ce sont des
questions de procédure ou des questions peu importantes, on dit à
ce moment-là: II peut y avoir un règlement du gouvernement pour
ne pas être obligé d'aller devant l'Assemblée nationale
pour faire un changement. Mais là, on est dans des articles
fondamentaux; ce sont les articles les plus importants. On ne dit même
pas sur quoi porte le règlement. Toute caisse peut, conformément
à la présente loi, et, le cas échéant, aux
règlements du gouvernement... " Les règlements sur quoi? On ne le
sait pas. C'est un pouvoir réglementaire total, général,
absolu, indéfini. Ce n'est pas cela. Habituellement, on dit: Le
gouvernement peut faire des règlements sur telle chose, on circonscrit
cela. Là, c'est un pouvoir réglementaire total sur un article de
fond, sur le crédit que les caisses pourront faire. C'est quelque
chose.
M. Fortier: M. le député de Lévis, toutes
les institutions financières sont soumises à une
réglementation très sévère qui peut varier dans le
temps. Dans la loi sur les fiducies, l'an dernier, il était dit en
plusieurs endroits... D'ailleurs, je ne m'en cache pas, je suis tout à
fait d'accord avec le député de Lévis pour dire que ce
qu'on appelle le décloisonnement des institutions financières et
les nouveaux pouvoirs qu'on donne plus précisément au mouvement
Desjardins exigent une réglementation accrue Je suis tout à fait
d'accord avec vous pour dire qu'U y a beaucoup d'endroits dans la loi où
II y a un pouvoir réglementaire. Ce pouvoir, dans un premier temps,
devait être assumé par le gouver- nement, mais après
discussion avec le mouvement Desjardins, nous avons cru... Comme il l'a dit
lui-même à plusieurs reprises, le mouvement Desjardins s'est
autoréglementé depuis 1903 et on ne peut pas dire que les
résultats aient été si néfastes. J'ose
espérer que le député de Lévis est d'accord avec
notre proposition selon laquelle, dans une très grande mesure, le
mouvement Desjardins va s'autoréglementer, sous réserve de
l'approbation du gouvernement.
Tout en étant un gouvernement responsable, il faut quand
même dire qu'il y a douze fédérations dans le mouvement
Desjardins et, si on parie du pouvoir réglementaire d'une
fédération, il pourrait arriver que l'une d'entre elles ne donne
pas suite à ce qui est requis dans la loi; à ce moment-là,
le gouvernement assumera ses responsabilités. Il me semble que c'est
très clair, parce qu'on ne pourrait pas se retrouver devant un vide
juridique alors que la loi serait promulguée et qu'une
fédération n'aurait pas assumé ses responsabilités
de préparer te) et tel règlement. Pour une
fédération, il faudrait revenir tel, tout de go et dire:
Excusez-nous, il y a une fédération qui n'a pas donné
suite à ce pouvoir réglementaire. Nous allons revenir ici et il
faudra avoir un pouvoir spécial d'assumer cette
responsabilité.
On se donne ce pouvoir dans la loi, mais on indique très
clairement que le gouvernement et la fédération ou la
confédération ont ce pouvoir, mais si ce pouvoir est
assumé par les fédérations ou la
confédération, nous n'avons pas l'intention de préparer
des règlements qui feraient duplication parce que, de toute
évidence, nous allons approuver les règlements.
M. Garon: Ce n'est pas mon point. M. le Président, je
pense que le ministre n'a pas saisi ce que Je voulais dire. Prenons l'article
513. "Le gouvernement peut par règlement: "1° prescrire les droits
exigibles pour toute formalité ou mesure prévue par la
présente loi et les règlements pris par le gouvernement pour son
application, l'examen ou la reproduction de documents" On dit qu'il a le
pouvoir de faire un règlement là-dessus.
Là, à l'article 248, c'est le pouvoir de faire un
règlement urbi et orbi, sans aucun cadre, sans aucune
référence à quoi que ce soit: Toute caisse, peut,
conformément à la présente loi et, le cas
échéant, aux règlements du gouvernement ou de la
fédération à laquelle elle est affiliée, consentir
du crédit, notamment au moyen... " Dans le fond, ce qu'on dit dans
l'article, c'est que toute caisse peut consentir du crédit, notamment au
moyende on nomme, de façon indicative, certains instruments de
crédit; et on ajoute: "conformément aux règlements", quels
qu'ils soient. Pour un gouvernement qui veut déréglementer, je
n'ai jamais vu ça dans les lois, donner des pouvoirs
réglementaires absolus, totaux, globaux, universels. Ce n'est
circonscrit d'aucune façon.
C'est un peu comme si on disait: Toute caisse peut consentir du
crédit, conformément aux règlements du gouvernement ou de
ta fédération. Que fait la loi? Elle est là pour
établir des pouvoirs. Au fond, on reporte, d'une certaine façon,
le pouvoir dans le règlement. Ce n'est pas une façon de
légiférer. Si c'est ça déréglementer, je
vous dis bien franchement que je ne comprends plus.
M. Fortier: Je pense que j'ai compris. M. Garon:
Comprenez-vous?
M. Fortier: J'ai compris la question du député de
Lévis.
M. Garon: C'est un pouvoir habilitant en
général.
M. Fortier: J'ai compris; je n'avais pas tout à fait saisi
tout à l'heure, mais je peux vous donner des explications
additionnelles, il est vrai qu'à l'article 248 on ne précise pas.
Si vous allez à l'article 365, lorsqu'on parle du pouvoir de
réglementation d'une fédération, il spécifie
exactement ce que vous demandez. On dit: "Une fédération peut
adopter des règlements applicables aux caisses qui lui sont
affiliées aux fins d'établir des catégories de
crédit et de déterminer pour l'ensemble ou l'une ou plusieurs de
ces catégories ou l'une ou plusieurs formes de crédit de l'une de
ces catégories des conditions et restrictions à l'exercice des
pouvoirs d'une caisse en matière de crédit. " C'est l'article
365.
Je vous ai dit également que !a confédération
pourrait avoir ce pouvoir. Alors, là vous allez à l'article 457
qui dit: "Une confédération peut, à la place d'une
fédération qui lui est affiliée et après avoir pris
son avis, exercer les pouvoirs réglementaires prévus à
l'article 257 ou 365. " Maintenant, le gouvernement n'Intervient qu'à
l'article 515, où on dit: "Le gouvernement peut, à la place d'une
fédération qui n'est pas affiliée à une
confédération et après avoir pris son avis, exercer les
pouvoirs réglementaires" dont on partait tout à l'heure.
Toutefois, un règlement du gouvernement pris en vertu du premier
alinéa ne peut modifier, remplacer ou abroger les dispositions d'un
règlement de la fédération, que dans la mesure qui y est
Indiquée expressément. "
C'est donc dire qu'il est très clair par cette disposition que ce
n'est pas notre responsabilité d'assumer ce pouvoir
réglementaire. On a uniquement le pouvoir de le faire à la place
d'une fédération qui ne le fera pas, et seulement dans la mesure
qui y est indiquée expressément. Donc, le pouvoir
réglementaire revient non pas à la caisse, mais à la
fédération ou à la confédération et le
gouvernement est en troisième position. Ce n'est pas à nous de
faire ces règlements. Mais l'article 365 indique, je crois, les
modalités réglementaires, un peu comma vous le souhaitiez. Alors,
on circonscrit ce pouvoir réglementaire en disant qu'une
fédération peut adopter des règlements applicables aux
caisses par catégories de crédit et pour l'ensemble ou pour
plusieurs ou pour l'une de ces catégories en indiquant les conditions et
restrictions. Je crois que ceia vient circonscrire et c'est un peu ce que vous
cherchiez. Alors, j'ai finalement compris votre question. Cet article 365 vient
circonscrire le pouvoir auquel on fart référence à
l'article 248 et je crois que ça répond à votre question
à ce sujet.
M. Garon: Cela veut dire au fond, à toutes fins utiles,
qu'il y a un pouvoir très générai à l'article 248.
C'est la fédération qui va dire comment cela peut fonctionner et
le gouvernement limite son propre pouvoir réglementaire à
l'article... C'est quoi le numéro?
M. Fortier: 515. M. Garon:... 515.
M. Fortier: Dans la mesure où la fédération
n'assume pas sa responsabilité.
M. Garon: Mais là ce n'est plus le pouvoir accordé
aux caisses de faire du crédit, c'est le pouvoir accordé à
la fédération d'établir le crédit que feront les
caisses.
M. Fortier: Non, non, la fédération indique le
règlement, mais c'est la caisse qui peut, conformément à
cette réglementation. Autrement dit, on aurait pu écrire toute
caisse peut, conformément à la présente loi et sous
réserve des règlements du gouvernement" - et là enlever la
fédération - cela aurait été sous réserve
des règlements du gouvernement*. Alors, au lieu des règlements du
gouvernement, ce sont les règlements de la fédération.
C'est cela que le mouvement Desjardins nous a demandé. C'est sûr
qu'on ne peut pas donner de pouvoirs absolus de faire du crédit à
une caisse, sans aucune référence à aucun
règlement.
M. Garon: Là, on change complètement la loi. Avant,
la loi, au fond, établissait le cadre et les caisses fonctionnaient dans
ce cadre. Maintenant, on donne un pouvoir général dans la loi. Ce
sont les fédérations qui vont le définir et les caisses
agiront comme des succursales des fédérations. C'est ce que
ça revient à dire, au fond.
M. Fortier: Non.
M. Garon: L'autonomie des caisses va en manger une claque;
l'autonomie de la caisse, pas des caisses.
M. Fortier: Ce n'est pas cela que ça veut dire parce que
la fédération est composée de caisses et ce sont les
caisses qui, collectivement,
par la fédération, se donnent un règlement qui est
identique pour toutes les caisses faisant partie de la même
fédération.
M. Garon: La coopérative est au niveau de la caisse, pas
de la fédération. La coopérative - les personnes physiques
- c'est au niveau de la caisse. C'est là que les gens décident de
se donner des Instruments. Mais là, on change complètement la
nature de l'institution en faisant cela de cette façon.
M. Forget: M. le Président...
La Président (M. Kehoe): M. le député de
Prévost.
M. Forget:... il faut quand même comprendre que la
coopérative d'une caisse, c'est le conseil d'administration et c'est la
caisse principale; la fédération, c'est un complément de
la caisse. C'est un complément, car pour que la fédération
soit en place, ça prend des caisses. Si on regarde le fonctionnement des
caisses, la fédération fonctionne à partir des caisses.
Alors, écoutez, la fédération n'a aucun pouvoir en tant
qu'individu comme tel parce que tous les pouvoirs de fond viennent des caisses
populaires en place. C'est un complément, c'est tout! À un moment
donné, on a donné une certaine responsabilité aux
fédérations, laquelle vient des caisses. Alors, c'est le
fonctionnement de la caisse et des coopératives. Que ce soit n'importe
quelle coopérative, elle fonctionne comme ça, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Non. M. Forget: Ah, oui!
M. Garon: La loi antérieure ne fonctionnait pas comme
ça du tout. La nouvelle loi change complètement le cadre de
fonctionnement des caisses.
M. Forget: Cela dépend comment on l'interprète.
M. Garon: Non, il n'y a pas d'interprétation. C'est clair
comme de l'eau de source. C'est clair comme de l'eau source qu'actuellement la
caisse va fonctionner un peu comme une succursale. Il n'y aura plus grand-chose
qui va rester à décider en ce qui concerne la caisse.
M. Fortier: C'est la fédération qui va adopter le
règlement touchant les politiques de crédit, mais c'est la caisse
qui va transiger avec des individus. C'est clair, ça.
M. Garon: Ah oui, comme dans une banque.
M. Fortier: Oui, mais si c'était un règlement du
gouvernement, qu'est-ce que ça changerait? Changer les règlements
de la fédération par les règlements du gouvernement,
qu'est-ce que ça change? Qu'est-ce que ça enlève à
la caisse? La caisse est celle qui va transiger avec des individus
conformément à un règlement que l'inspecteur
recommanderait au gouvernement et qu'on adopterait.
M. Garon: Je vais vous poser...
M. Fortier: Cela ne change absolument rien. C'est
conformément à un règlement qui n'est pas adopté
par la caisse, qui est adopté par quelqu'un qui protège la
caisse.
M. Garon: Quelle différence y a-t-il en ce qui concerne
une banque?
M. Fortier: En ce qui concerne...
M. Garon: Dans ce fonctionnement, quelle va être la
différence par rapport à une banque?
M. Fortier: En ce qui concerne une demande?
M. Garon: Le règlement va être fait par le
siège social de la banque.
M. Fortier: Non
M. Garon: Le gérant va exécuter ce que dit le
siège social.
M. Fortier: Voyons donc!
M. Garon: Ici, ça va être la
fédération qui va créer le cadre réglementaire et
la caisse va fonctionner dans le cadre qui va lui être tracé par
la fédération.
M. Fortier: Oui, à l'intérieur de ce cadre. Donc,
s'il s'agit d'un prêt de 60 000 $ à un Individu, il va être
adopté et j'imagine que, si c'est un prêt de 5 000 000 $,
là, ils vont peut-être dire: Vous avez besoin d'aide. Mais c'est
ça qu'on veut. Vous savez, ce qui est transposé dans le projet de
loi, nous autres, on ne l'a pas rêvé. C'est le mouvement
Desjardins qui nous a dit que c'est le genre de loi qu'il voudrait avoir. Donc,
on n'est pas pour recommencer la discussion qu'on a eue avec le mouvement
Desjardins, parce que c'est ça qu'ils veulent avoir, ils nous l'ont
dit.
Collectivement, ils disent: II est vrai pour ce qui est d'une caisse,
ils vont exercer un certain pouvoir à l'intérieur d'une certaine
norme, mais II se peut - vous avez raison - que des prêts de plusieurs
millions de dollars, comme le député l'a dit - le
député de Prévost a l'expérience dans ce domaine -
il est tout à fait normal qu'une caisse, qui n'a pas l'expertise pour un
prêt commercial de 50 000 000 $, dise: On va aller chercher l'expertise
de la fédération. Il n'y a rien de mal à ça. Au
contraire, toute
personne qui a un peu d'intelligence, qui a de l'expérience,
devrait se satisfaire du fait que ce règlement de la
fédération va venir protéger les caisses et
protéger le mouvement Desjardins.
M. Garon: Justement. Si les gens des caisses vous entendaient
parler comme on vous entend parler là, }e dois vous dire que je suis
certain qu'ils diraient que ce n'est pas ça qu'Us veulent. On n'est pas
pour établir un système au cas où une caisse ferait un
prêt de 5 000 000 $ ou un prêt de 50 000 000 $. Ce n'est pas
ça du tout. Le fonctionnement des caisses, actuellement, ce ne sont pas
des prâts de 50 000 000 $ au niveau local, même pas des prêts
de 5 000 000 $ au niveau local. Au niveau régional, il y a des
prêts plus considérables qui sont faits.
Mais si on établit un système au cas où il y aurait
un prêt de 5 000 000 $ ou de 50 000 000 $ au niveau local, j'ai
l'impression qu'on dénature complètement l'institution
coopérative qu'est la caisse locale.
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Prévost.
M. Forget:... j'aimerais quand même comprendre. M. le
député de Lévis, c'est à partir de 100 000 $,
normalement.
M. Garon: À partir de 100 000 $ de quoi?
M. Forget: En ce qui concerne les commissions scolaires, je vous
donne un exemple. Donc, au niveau de 100 000 $, on se trouve à consulter
la fédération pour faire un prêt. On s'entend au niveau des
caisses populaires. Attendez un peu.
M. Garon: Je vais vous poser une questbn. M. Forget: D'accord.
M. Garon: Votre caisse... M. Forget: Oui.
M. Garon:... vous disiez que c'était la plus grosse. Vous
avez dit ça hier.
M. Forget: Elle fait partie des grosses de la province; on en a
des grosses.
M. Garon: Son plus gros prêt a été de combien
localement?
M. Forget: Écoutez, je pense qu'on...
M. Garon: Vous faisiez partie du conseil d'administration. Vous
êtes au courant du plus gros prêt.
M. Forget: Disons qu'on a quand même fait un prêt,
avec d'autres caisses de Montréal, de 5 000 000 $. C'était le
plus gros.
M. Garon: Avec d'autres caisses?
M. Forget: D'autres caisses, oui. On a eu une entente avec
d'autres caisses de Montréal. Je peux vous dire une chose.
C'était pour Ici, à Montréal.
M. Garon: Combien de caisses?
M. Forget: Je pense que c'était trois caisses, si ma
mémoire est bonne.
M. Garon: Bon. Cela, c'est le plus gros?
M. Forget: Le plus gros, oui. Là, je reviens. On a aussi
fait des bons prêts en ce qui concerne les commissions scolaires
où on a, quand même, donné une marge de crédit assez
énorme et, pour pouvoir donner cette marge de crédit, il a fallu
avoir l'accord de la fédération et c'est normal. Pour ce qui est
des coopératives agricoles, c'est la même chose.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je dis. Vous n'avez pas
compris du tout ce que j'ai dit. Je ne dis pas que des prêts plus
considérables ne doivent pas être faits au niveau de la
fédération. Je pense même qu'ils devraient peut-être
être faits au niveau de la fédération, excepté que
d'habiller la caisse locale en fonction des gros prêts qu'elle pourra
faire, je dis que ce n'est pas ça. Quand on parle de gros prêts -
le ministre a parlé de 5 000 000 $ et de 50 000 000 $ - je pense que ce
n'est pas ça.
M. Fortier: Les chiffres sont pertinents. (15 h 30)
M. Garon: Voyez-vous, le but, c'est que la caisse fasse affaire
avec ses membres au niveau local et que, par d'autres mécanismes, l'on
puisse faire un plus gros prêt à un niveau régional,
personne ne s'oppose à cela, mais qu'on habille la caisse pour
constituer son régime au cas où elle ferait des prêts de 5
000 000 $ ou de 50 000 000 $, ce n'est pas le but de l'opération, et je
suis convaincu que les gens qui sont dans le mouvement des caisses, ce n'est
pas ce qu'ils veulent.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
êtes...
ML Garon: Je ne dis pas que ce n'est pas possible d'en faire au niveau
de la fédération, mais si le but est que la caisse puisse faire
des prêts à la commission scolaire et aux municipalités au
niveau local et qu'on change toute la loi pour qu'elle soit capable de faire
des prêts...
M. Fortier: Cela n'a pas de bon sens, ce que vous dites, M. le
député de Lévis. Arrêtez de
divaguer.
M. Garon: Mais c'est ce que vous avez dit. M. Fortler:
Vous êtes en train de divaguer. M. Garon: Non.
M. Fortier: Je vais vous le démontrer. Le
député de Prévost connaît cela. Il a dit: Dans la
caisse, localement, 100 000 $ à un individu, quelquefois, fis vont
jusqu'à 5 000 000 $ pour une corporation. Il peut bien arriver qu'une
grosse compagnie s'amène dans une caisse et dise: On veut avoir 25 000
000 $. Comment cela va-t-il se départager entre la caisse et la
fédération? C'est par le règlement dans la loi justement.
C'est par le biais réglementaire. On n'est pas pour se mettre à
écrire dans la loi que telle caisse aura le droit de faire du
crédit jusqu'à 100 000 $. Ce n'est pas ici qu'on va mettre cela,
on va mettre cela dans tes règlements. Cela peut changer. Cela
dépend de l'expertise de la caisse et de celle de la
fédération. La loi fera exactement ce que vous voulez qu'elle
fasse. Je suis en train de penser que vous faites un "filibuster". Voulez-vous
que le projet de loi soit adopté avant Noël, oui ou non?
Une voix: Oui.
M. Garon: Non, pas tout de suite.
M. Fortier: On vous demande votre collaboration, parce que vous
êtes en train de bloquer le projet de loi avant Noël. Si c'est cela
que vous voulez, vous allez en entendre parler tout à l'heure, je vous
le dis.
M. Garon: Là, vous ne m'énerverez pas. On est
rendus à l'article 248. Je vous dirai qu'en une journée on a
adopté 60 articles. Ce n'est pas la façon de faire un
"filibuster".
M. Fortier: Je suis heureux que votre conseiller arrive, parce
que lui, c'est un homme qui donne de bons avis et il vous dira que dans ce
projet de loi - j'essaie de vous le dire - ce que vous suggérez, c'est
exactement ce que la loi fait. C'est la meilleure façon de le faire.
M. Garon: Je ne suis pas de cet avis, que voulez-vous?
L'inspecteur général nous parlait hier des conceptions que l'on
pouvait avoir, que M, Blais avait ou que M. Béland pouvait avoir, parce
que, dans les coopératives, II y a des gens qui se demandent ce que
c'est qu'une coopérative. Il y a une Alliance coopérative
internationale pour définir les principes coopératifs. Ce n'est
pas un grand souci pour le ministre que l'intégrité de la
pensée coopérative soit préservée dans son projet
de loi. Pour lui, pourvu que ce soit une grosse patente, un gros mammouth et
que cela fonctionne, il n'y a pas de problème, sauf que les gens qui ont
formé ce mouvement-là, Ms ont formé une
coopérative. À un moment donné, dans un secteur, vous
aviez annoncé que vous feriez un chapitre sur les mutuelles ou sur la
démutualisation, mais les gens qui ont formé une mutuelle ont
formé une mutuelle. Après, le gouvernement dit: On va adopter des
lois et on va modifier cela, cela n'a pas d'importance que ces gens-là
aient fonctionné pendant 50 ans avec une loyauté
coopérative envers les Institutions. Bof! je change cela et que le
diable les emporte. Je dis: Ce n'est pas de même que cela fonctionne, la
vie en société.
Dans ce cas-ci, je voterai contre, je vous le dis bien franchement,
parce qu'il y a un pouvoir général accordé au gouvernement
de faire des règlements sans même dire sur quoi.
M. Fortier: Prenons le vote. Je respecte votre opinion, vous avez
le droit de diverger.
M. Garon: Mais consultez-les, vos amis en droit, qui parlent de
la règle de droit. Demandez, pour le plaisir de la chose, à
René Dussault si la façon de donner un pouvoir
réglementaire, c'est de donner un pouvoir général de faire
des règlements, sans se référer à quoi que ce soit,
un pouvoir réglementaire urbi et orbi. Vous ne verrez pas cela souvent.
J'ai vu le ministre de l'Industrie et du Commerce l'autre jour; il avait un
pouvoir rétroactif total. J'ai dit: Cela ne passera pas. Il avait son
contentieux autour de lui. Apparemment, Ils disaient tous qu'il avait raison.
J'ai dit: Je vous donne l'amendement que vous devrez apporter dans les 48
heures. On a voté contre. Dans les 24 heures, Us sont arrivés
avec l'amendement que j'avais donné en commission parlementaire. Un
pouvoir réglementaire de faire des règlements rétroactifs
sur n'importe quoi, avez-vous déjà vu cela?
M. Fortier: On n'en a pas de rétroactivité ici.
M. Garon: Non. Il pensait que c'était possible, assez que
je me suis demandé après s'il avait déjà
étudié le droit. Là, on veut faire des pouvoirs
réglementaire généraux, totaux. Si c'est comme cela que le
gouvernement veut faire, il pourrait y avoir un seul article dans la loi qui
dirait: Tout ce que l'on peut faire, le gouvernement fera des règlements
et, après, cela fonctionnera de cette façon, sauf
qu'habituellement les pouvoirs réglementaires sont circonscrits. Sur
division.
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Kehoe): L'article 246 est adopté
sur division. J'appelle l'article 249.
M. Fortier: "Une caisse ne peut consentir du crédit sur la
garantie de ses parts ou de celles d'une autre caisse, sauf s'il s'agit
d'un
renouvellement de crédit ainsi consenti avant le (indiquer ici la
date d'entrée en vigueur du présent article) et qui
n'entraîne aucun déboursé additionnel pour la caisse. '
Autrement dit, l'esprit de l'article, c'est d'éviter qu'un
crédit ne soit donné à un Individu pour acheter des parts
parce qu'au fond la part, c'est pour augmenter la capitalisation, donc la base
d'endettement. AJors, s'il s'agit d'augmenter la base d'endettement, on ne peut
accepter que cet accroissement de la base d'endettement se fasse par un
crédit qui est consenti. Ce serait la négation même de la
base d'endettement.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Lévis?
M. Garon: II n'y a rien là.
M. Fortier: C'est uniquement le crédit sur l'achat des
parts.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 250.
M. Fortier: "Une caisse ne peut consentir du crédit
à ses employés, à une personne intéressée ou
à une personne liée à l'un de ses dirigeants, à des
conditions plus avantageuses que celles qu'elle consent dans le cours normal de
ses opérations. "
Je pense que c'est un principe qu'on a redit à quelques reprises,
mais, ici, on spécifie que le crédit aux employés,
à une personne intéressée ou à une personne
liée à l'un des dirigeants doit se faire aux conditions normales
des affaires. C'est un principe général.
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Garon:
Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 251.
M. Fortier: "Une caisse ne peut, sans l'autorisation du conseil
d'administration qui prend avis du conseil de surveillance, consentir du
crédit à une personne morale faisant partie du même groupe
que la fédération à laquelle elle est affiliée. "
Encore là, c'est pour mettre une certaine contrainte sur le
crédit qui serait consenti à une personne morale du même
groupe. Donc, le conseil d'administration doit prendre avis du conseil de
surveillance qui est le chien de garde, et l'approbation doit venir du conseil
d'administration.
M. Garon: On vise qui ici? A qui veut-on prêter? Cela
désigne qui, "une personne morale faisant partie du même
groupe"?
M. Fortier: Ce sont toutes les compagnies, les holdings
financiers qui vont exister. Les holdings financiers, ce sont toutes des
personnes morales qui font partie du même groupe. C'est la
définition qui est au début de l'article 8.
L'Interprétation pratiquement pratique de l'article 8, ce sont les
personnes morales et, en particulier, les holdings. Il va y avoir quatre
holdings en haut. Si une caisse veut prêter de l'argent au holding no 1,
2, 3 ou 4 - le holding no 4, c'est la Société d'investissement
Desjardins - elle devra le faire à des conditions normales et, en plus
de cela, avec l'approbation du conseil d'administration. Autrement dit, c'est
pour éviter qu'un Individu, soit le gérant de la caisse, ne fasse
une opération comme celle-là seul. Alors, on dit, pour
éviter tout abus, qu'il devra obtenir une recommandation du conseil de
surveillance et l'approbation du conseil d'administration.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: Un instant. Cela veut dire qu'au fond les montants
prêtés pourraient être considérables par rapport
à l'argent qu'a à prêter une caisse?
M. Fortier: Oui, mais cela va plus loin que ça. Dans le
fond, on dit: Quel que soit le montant prêté - quoique à un
autre endroit, on parlait de montants minimes - s'il s'agit d'un prêt
à une personne morale. Vous savez, il y a 1400 caisses au Québec.
Alors, s'il s'agissait, disons, de prêter à un holding et que les
1400 caisses prêtaient chacune 1 000 000 $, cela ferait 1 400 000 000 $.
C'est pour cela que, quel que soit le montant, s'il s'agit d'une transaction
avec une personne morale du même groupe, on voudrait que ce soit
sanctionné par le conseil de surveillance et le conseil
d'administration. C'est tout simplement pour éviter un abus que personne
ne voudrait voir survenir. C'est une mesure de sécurité, tout
simplement.
On n'empêche pas que ça se fasse; on dit simplement. Si
ça se fait, il faudrait que ce soit approuvé par le conseil de
surveillance et le conseil d'administration.
Voyez-vous, on en a discuté entre nous, comme je vous le
disais.
M. Garon: Le règlement de la caisse doit indiquer un peu
les balises.
M. Fortier: Le règlement de la caisse pourrait indiquer
les balises, mais c'est un cas où on n'a pas voulu laisser ça
à un règlement de la caisse, de la fédération ou de
la confédération; on voulait établir la balise dans la
loi.
M. Garon: Mais il n'y a pas de balise là.
M. Fortier: La balise, c'est qu'Us peuvent le faire, mais il faut
que ce soit approuvé par une recommandation du conseil de surveillance.
Ils vont donc être obligés de s'en tenir à des prêts
qui se font selon les règles du marché. Comme je vous le disais,
le danger qui est perçu par certaines personnes, pour les Institutions
financières, c'est de prêter à une société du
secteur commercial et industriel. À un tel point qu'on m'a
indiqué que, chez Power Corporation, la norme, c'est que le Montreal
Trust ne prête pas d'argent à Consolidated-Bathurst. C'est une
règle. On aurait pu mettre ça dans la loi, on aurait pu dire: Ils
n'ont pas le droit de fournir du crédit à une personne morale.
Nous, on ne va pas si loin que ça. On ne dit pas qu'ils n'ont pas le
droit; ce qu'on dit simplement, c'est. Vous avez le droit, mais faites-le selon
les conditions normales du marché et fartes en sorte que votre
transaction soit approuvée par le conseil de surveillance et le conseil
d'administration.
Donc, on n'empêche pas les choses de se faire; on ne fait que les
encadrer par des approbations à l'intérieur de la caisse.
M. Garon: Antérieurement, est-ce que les caisses pouvaient
le faire?
M. Fortler: Je pense qu'il n'y avait à peu près
aucune règle dans la loi actuelle; ce n'était pas balisé.
Tout ce qui touche les conflits d'intérêts, les transactions
intéressées, la déontologie...
M. Garon: Actuellement, est-ce qu'elles le font?
M. Fortier: J'imagine que ça se fait couramment, j'imagine
que la fédération de Montréal doit faire des prêts
à Culinar, à la Société d'investissement
Desjardins. J'imagine que ça se fait, mais je n'en ai pas la preuve.
M. Garon: Je ne parle pas de la fédération, mais
des caisses locales qui font du crédit commercial.
M. Fortier: M. Bouchard, est-ce que vous avez des informations
à ce sujet? Est-ce qu'une caisse locale fait du crédit à
une personne morale, disons la Société d'investissement
Desjardins, d'après ce que vous en savez?
M. Bouchard (Jean-Marie): La société
d'investissement, c'est une compagnie à capital de risque.
Le Président (M. Kehoe): Pour les fins du Journal des
débats, pouvez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. Bouchard: M'identifier? Jean-Marie Bouchard, Inspecteur
général. La Société d'investissement Desjardins,
c'est une société qui fait des Investissements, mais qui se
finance par l'émission de capital-actions. Ce n'est pas la SID, comme
telle, qui se fait financer par les caisses; ça peut être les
compagnies dans lesquelles la SID a prêté.
M. Fortier: Mais même s'ils se capitalisent, ils pourraient
avoir besoin, à l'occasion, d'une ligne de crédit.
M. Bouchard: Ils vont aller au niveau de la caisse centrale.
M. Fortier: J'imagine.
M. Garon: Justement. Une caisse n'a pas d'argent d'une
façon indéfinie, elle en a une quantité limitée
à prêter. Si, à un moment donné, on dit: Bon,
finance la commission scolaire, finance la municipalité, finance les
prêts d'affaire et, en plus, finance les personnes morales qui sont dans
le holding, j'ai l'impression que tantôt, quand les membres voudront
avoir du crédit à la consommation, des prêts
hypothécaires pour leur maison... Une caisse locale, ce n'est pas une
source illimitée de fonds.
M. Fortler: Le député a raison, c'est pour
ça qu'on dit qu'il faut l'approbation du conseil d'administration. Si le
conseil d'administration ne veut pas, ça ne se fera pas. On dit
simplement: Si ça se fait, il faudra qu'il donne son approbation. Le
député a raison, peut-être que le conseil d'administration
va dire: Nous autres, on n'est pas intéressés du tout à
prêter; donc, il n'y a pas de marché, on ne prête pas.
M. Garon: Oui, mais je pense qu'il faut aller plus loin que
ça. L'assemblée générale de la caisse pourrait
dire: Nous autres, on veut davantage réserver nos fonds pour nos
membres. Le règlement de la caisse, le règlement adopté en
assemblée générale pourrait sans doute être plus
sévère que l'article 251, ce à quoi l'inspecteur
général a fait allusion. (15 h 45)
M. Fortier: On ne nie pas ce que te député dit; on
dit tout simplement que, si cela se faisait, il faudrait que ça se fasse
de la façon suivante. Vous allez le voir plus tard, tous ces articles
s'appliquent au niveau de la fédération et, par voie de
conséquence, de la confédération. Donc, cela s'applique
à tout le monde dans le mouvement Desjardins. Mais cela n'impose pas
à la caisse de faire une transaction. Cela vient simplement limiter la
façon dont elle peut faire. C'est une procédure, c'est tout.
La Président (M. Kehoe): M. le député de
Prévost.
M. Forget: M. le Président, voici, je verrais très
mai un conseil d'administration passer une résolution comme celle que le
député de Lévis
mentionnait.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Forget: Non, non, mais vous disiez qu'Us pourraient dire, lors
d'une assemblée généraie: Bien, écoutez, on va
prêter de l'argent seulement à nos membres ou des choses comme
cela. Mais cela va plus loin que ça. On ne sait jamais les
rentrées de fonds qu'une caisse peut avoir dans une année. Chez
nous, en ce qui concerne la caisse de Saint-Jérôme, c'est la
caisse tout près, il y a deux ans, ils sont arrivés avec un
surplus d'argent. Ils ne savaient pas quoi en faire, Ils ne savaient pas
où le placer. C'est sûr qu'ils pouvaient aller à la
fédération mais, quand même, ils cherchaient à le
placer dans la région. C'est pour cette raison que je me pose des
questions. Mais, en ce qui a trait à cet article qui nous dit que le
conseil d'administration devrait prendre une décision, je trouve cela
sage. On donne davantage au conseil d'administration la responsabilité
de pouvoir regarder où il va prêter l'argent. Je trouve cela
très bien.
M. Garon: Vous savez, autant l'argent peut entrer dans une
caisse, autant il peut en sortir.
M. Forget: Oui, l'inverse se produit, mais, par contre, il faut
tout prévoir. Mais, lors de l'assemblée générale
annuelle, vous ne pouvez pas prévoir ce qui va arriver dans les douze
prochains mois.
M. Garon: Non, c'est pour ceia que je dis qu'il y a des balises.
Les caisses populaires locales, est-ce qu'elles sont vraiment
équipées pour faire du prêt commercial, actuellement, aux
entreprises? Actuellement, c'est plutôt les fédérations qui
font cela. Les caisses locales le font moins. Dans le cas du prêt
agricole, avec la garantie du gouvernement à 100 %, évidemment,
le risque n'est pas fort.
M. Forget: C'est à partir de la base.
M. Garon: C'est plus facile. Mais du prêt commercial, c'est
plus risqué.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais quand même
intervenir dans ce dossier. Je peux vous dire une chose: Sur quatre caisses
chez nous, il y a trois caisses qui font du prêt commercial et
drôlement, depuis une couple d'années. Et ceia vient de la base.
Disons que la fédération est là pour nous aider, c'est
évident. On consulte la fédération, mais, par contre, les
prêts commerciaux sont faits de la base, des caisses en place chez nous
et, même, il y a de la concurrence entre les deux caisses. C'est ce que
j'ai vécu.
M. Garon: Quel genre de prêts commerciaux?
M. Forget: Dans tout. On en a dans le domaine commercial,
industriel et à peu près dans tout. Naturellement, il y a nos
coopératives agricoles à qui on prête depuis longtemps,
mais, en ce qui concerne le secteur commercial, chez nous, dans tous les
commerces, on est implantés, s'ils sont solvables naturellement. Il y a
une étude qui est faite, toujours avec la coopération de la
fédération, mais c'est (a caisse locale qui prête.
M. Garon: Pensez-vous qu'en généralisant, comme
vous le dites, le prêt commercial, le prêt industriel et le
prêt d'affaires on va pouvoir maintenir longtemps les principes de
l'artide 212? Dans cet article, on dit: "Ces activités sont
réputées ne pas constituer l'exploitation d'un commerce ou d'un
moyen de profit. "
Les principaux clients d'une caisse, ce ne sont plus des membres, des
personnes physiques, ce sont des commerces et des industries. Pensez-vous qu'on
va pouvoir dire longtemps: "Ces activités sont réputées ne
pas constituer l'exploitation d'un commerce ou d'un moyen de profit", ou "Les
activités coopératives d'une caisse qui sont productives sont,
sous réserve des exceptions prévues par la présente loi,
réservées à ses membres"?
M. Fortier: Ce n'est pas encore adopté, ça.
L'article n'est pas adopté.
M. Garon: Non, mais est-ce qu'on pense qu'on va pouvoir...
M. Fortier: II n'y a pas de contradiction parce que je pense
qu'il s'agit d'un individu qui ouvre un commerce. Alors, pour quelles raisons,
dans le cas d'une personne qui aurait été membre, pendant 20 ans,
d'une caisse, qui, à un moment donné, ouvre un commerce et qui
veut se faire aider, ses amis et ses comembres de la caisse ne pourraient pas
lui dire: Ouvre un commerce et on va t'aider?
M. Forget: C'est, quand même, un des rôles d'une
caisse. Lorsqu'on veut se développer au niveau régional, dans le
domaine de la coopération dans un secteur, écoutez, je pense que
c'est un des rôles de la caisse. Prenez juste des commissions scolaires,
par exemple. Avant cela, on ne touchait pas à ça. Mais c'est
drôlement intéressant pour les caisses de toucher aux commissions
scolaires, aux municipalités et au secteur commercial aussi. C'est un
revenu additionnel pour les petits sociétaires. Alors, mol, Je trouve
cela avantageux. Il faut faire des bons prêts, par exemple.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je dis. Je dis, essentiellement,
qu'une caisse locale et une banque d'affaires, ce n'est pas la même
chose. Je ne dis pas qu'on ne peut pas en faire, ce n'est pas ça que je
dis; je dis: Cela
dépend.
M. Forget: Sur quel critère vous basez-vous pour dire
qu'il ne faut pas en faire?
M. Garon: C'est là que je dis que la loi ne dit rien
là-dessus, qu'elle ne balise rien. Non, mais c'est vrai.
M. Fortier: Tout à l'heure, vous disiez qu'il y avait trop
de contraintes, trop de réglementations.
M. Garon: Au contraire, il ne faut pas mélanger les
affaires. Je dis: Le cadre légal n'est pas défini par la loi. Ce
qui sera déterminant, ce seront les règlements, ce ne sera
même plus la loi. Dans le passé, ce qui définissait les
institutions coopératives, c'était la loi. La loi, c'était
vraiment le cadre légal. Là, ce ne sera plus fa loi qui sera le
cadre; ce sera le pouvoir réglementaire. Oui, je vous comprends, c'est
selon la technique des lois-cadres: il n'y a pas grand-chose dans la loi, mais
on a besoin d'un pouvoir réglementaire qui dit ce qui est permis par la
loi. Mais, là, prévoir ce que seront devenues les caisses dans
dix ans avec une loi comme celle-là, ce n'est pas sûr.
Le Président (M. Kehoe): L'article 251 est-il
adopté?
M. Fortier: Ici, on dit que ça doit être
approuvé par le conseil d'administration; alors, on ne peut pas aller
contre ça. Cela va?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 252.
M. Fortier: "Une caisse ne peut consentir du crédit
à l'un de ses dirigeants ou à une personne qui lui est
liée pour un montant total excédant le salaire annuel
versé par la caisse à ce dirigeant s'il est
rémunéré ou, s'il ne l'est pas, le montant
déterminé selon les normes du comité de déontologie
ou du conseil de surveillance, selon le cas, à moins que le
crédit ne soit garanti par une hypothèque de premier rang sur la
résidence principale du dirigeant. "
On fait la distinction entre un dirigeant rémunéré
ou non, parce que, dans la définition, le mot "dirigeant" inclut les
bénévoles qui siègent au conseil d'administration;
"dirigeant" a une connotation plus grande que celle que l'on utilise
d'habitude. Alors, on fait cette distinction. Pour le dirigeant
rémunéré, on dit: Une fois son salaire ou une
hypothèque et, pour le dirigeant qui est en fait un
bénévole, on dit: Selon les règles que le comité de
déontologie ou que le conseil de surveillance édictera. En fait,
on laisse au mouvement le soin de définir la norme.
M. Garon: Avez-vous lu les commentaires du mouvement Desjardins
concernant cet article-là, dans son mémoire?
M. Fortier: C'est évident.
M. Garon: Que vous les ayez lus oui, ce n'est pas cela...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon:... mais les avez-vous considérés et
à quelle conclusion en êtes-vous venus?
M. Fortier: On a précisé, si ça ne
l'était pas, la différence qu'il y a entre le dirigeant
rémunéré et l'autre dirigeant. Autrement dit, le dirigeant
non rémunéré, c'est un bénévole. C'est pour
cela qu'ils parlaient d'un employé. Alors, je pense que c'est clair que
le dirigeant rémunéré est un employé. Cela
rencontre leur commentaire.
M. Garon: C'était cela qui était écrit
avant. C'était le même texte qui était là
auparavant. En tout cas, si vous l'avez regardé, vous n'avez rien
changé dans votre texte. C'est ce texte qui était là
auparavant. Qu'est-ce que la caisse dit? On dit: "Pour les motifs
énoncés à la section 2. 2. 2 de la deuxième partie
du mémoire, on doit confier au comité de déontologie
l'élaboration de l'ensemble des règles portant sur le
crédit aux dirigeants. On doit retrancher de la loi les règles
relatives au crédit imposé aux dirigeants ou aux personnes qui
leur sont liées. En tout état de cause, cet article
présente des difficultés sur le plan de l'interprétation
quant à la rémunération qui doit être
considérée. Fait-on référence à une limite
pour l'ensemble des prêts ou à une limite par prêt?
S'agit-il d'une rémunération versée par la caisse ou par
un tiers?"
C'est ce que disait le mouvement Desjardins en considérant
l'article tel que rédigé dans l'avant-projet de loi.
M. Fortier: C'est clair qu'en réponse à ce
commentaire, pour les dirigeants non rémunérés, c'est
Justement ce qu'ils demandent. Alors, je crois que là où on ne
leur donne pas tout à fait satisfaction, c'est que nous, nous croyons
que, dans le projet de loi, nous devons mettre une limite pour
l'employé. Pour celui qui n'est pas un employé, c'est Justement
ce qu'ils demandent, c'est-à-dire le comité de déontologie
ou le conseil de surveillance.
Pour l'employé, nous croyons que nous devons mettre une limite.
C'est ce qui est dans le projet de loi, d'ailleurs. On retrouve
également ça dans la loi sur les fiducies que nous avons
adoptée l'an dernier.
Mon Dieu, M. le Président, est-ce que notre secrétaire a
une promotion? Vous, vous avez eu une promotion vous aussi. Ha, ha, ha!
Ce que je disais, c'est que, pour les bénévoles non
rémunérés, c'est le comité de déon-
tologie qui va faire le règlement. Mais nous, nous croyons que
c'est plus sage de mettre une limite pour les employés qui sont
rémunérés. Alors, il y a une limite qui est semblable
à celle qu'il y avait dans la loi sur lés fiducies qui a
été adoptée l'an dernier.
M. Garon: Est-ce qu'il y avait une disposition sur les caisses
avant, dans la loi sur les caisses d'épargne?
M. Fortier: Cela me surprendrait qu'il y ait eu quelque chose.
Non, il n'y avait rien, je pense.
M. Garon: II n'y avait rien.
M. Fortier: Cela va, M. le député de
Lévis?
Le Président (M. Kehoe): L'article 252 est-il
adopté?
M. Garon: Un instant. Est-ce que, selon les analyses que
l'inspecteur général a faites, il y a vraiment eu des prêts
qui excédaient les salaires des gérants? Au fond, quand on parle
d'employés, le plus gros salaire, ça doit normalement être
celui du gérant de la caisse.
Le Président (M. Kehoe): M. Bouchard. M. Fortier: M.
l'inspecteur.
M. Garon: Cela veut dire qu'on ne pourra pas lui prêter
plus que son salaire.
M. Bouchard: L'expérience nous a démontré
que c'est la règle qui existe dans le secteur bancaire. On
considère que, pour un prêt personnel - il s'agit d'un prêt
personnel; il ne s'agit pas d'un prêt garanti - la limite de garantie de
la caisse devrait être son salaire annuel. En ce qui concerne un
prêt garanti par hypothèque, là, on va jusqu'à
permettre la résidence principale comme à tout le monde, de telle
sorte qu'on est certain que les transactions intéressées ne
seront pas violées et que l'individu ne fera pas une règle
spéciale pour son directeur.
M. Fortier: Autrement dit, on a adopté, je pense, la
règle bancaire.
M. Garon: II s'agit du conseil de surveillance de quelle...
ML Fortier: De la caisse.
M. Garon: De la caisse. Le comité de déontologie,
c'est celui de la fédération. Cela revient à dire selon
les normes du comité de déontologie de la
fédération ou du conseil de surveillance de la caisse, selon le
cas, s'il y a des normes fixées par les deux. (16 heures)
M. Bouchard: Dans le cas d'une caisse non affiliée, le
comité de déontologie, c'est qui? C'est le conseil de
surveillance de la caisse; il n'y en a pas d'autre. Alors, dans le cas d'une
caisse affiliée, le comité de déontologie est au niveau de
la fédération.
M. Garon: Alors, c'est seulement dans le cas d'une caisse non
affiliée que les normes pourraient être fixées par le
conseil de surveillance.
ML Bouchard: C'est ça M. Fortier: C'est ça, oui.
M. Garon: Autrement, ça va être fixé par le
comité de déontologie de la fédération.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: C'est encore la fédération qui va dire
quoi faire. C'est une autre disposition où c'est la
fédération qui dit quoi faire à la caisse.
M. Bouchard: Oui, mais c'est la fédération qui est
responsable de la surveillance et du contrôle; on l'a dit et on l'a
répété. L'article 355 donne l'ensemble de la
responsabilité du comité de déontologie. Ce n'est pas la
fédération, c'est le comité de déontologie de la
fédération. Qui le nomme, ce comité de déontologie
de la fédération? C'est l'assemblée générale
des caisses. Ce n'est pas le conseil d'administration de la
fédération qui le nomme, ce sont les caisses en assemblée
générale, toutes les caisses...
M. Garon: Je comprends tout cela.
M. Bouchard:... qui vont élire trois personnes. Alors, les
gens se donnent, au comité de déontologie, toutes les
règles pour l'ensemble de leur réseau et déterminent
comment les règles régissant les conflits d'intérêts
vont s'harmoniser.
M. Garon: Je comprends ce que vous dites là, sauf que je
vous montre à chaque place des dispositions où, selon
l'économie de la loi maintenant, c'est la fédération qui
mène. Ce n'est pas cela. C'est que tous les pouvoirs sont maintenant
transférés à la fédération. Il ne reste
à peu près rien au niveau de la caisse locale.
M. Fortier: Cela dépend de ce que vous comprenez par
fédération. Si vous comprenez par fédération...
M. Garon: Je comprends ce que c'est.
M. Fortier:... les employés permanents de la
fédération, ce n'est pas cela. L'inspecteur vient de vous dire
que le comité de déontologie sera formé de
bénévoles nommés par l'assemblée
plénière où se retrouvent toutes les caisses. Ils
ne sont donc pas nommés par les permanents de la
fédération. Autrement dit, le pouvoir de déontologie ne se
retrouvera pas parmi les permanents de la fédération, il se
retrouvera dans un comité de déontologie dont les membres sont
élus par l'ensemble des représentants des caisses. Autrement dit,
c'est comme si toutes les caisses d'une fédération se
retrouvaient ensemble et disaient: On se donne un comité de
déontologie. C'est cela. Alors, ce ne sont pas les permanents. Ce que
vous craignez, c'est que les permanents de la fédération n'aient
trop de pouvoirs, mais, dans ce cas-ci, ce n'est pas cela. Il s'agit du
comité de déontologie de la fédération, mais qui
est élu par l'ensemble des représentants des caisses.
M. Garon: J'ai une question. Avez-vous remarqué que le
comité de déontologie, à l'article 251, vous ne le faites
pas agir? Alors, quand il s'agit d'une personne morale faisant partie du
même groupe, le comité de déontologie n'a plus besoin de
fixer de normes?
M. Fortier: M. l'inspecteur.
M. Bouchard: Les articles 251, 252 et 355, comment
s'expliquent-ils? D'où vient que l'esprit général est
complètement perturbé depuis 1963, qu'on a complètement
renversé le système coopératif dans le secteur des caisses
d'épargne et de crédit, qu'on brise et qu'on viole l'autonomie
des caisses? Ce n'est pas nous qui avons proposé cela; c'est le
mouvement Desjardins qui a voulu cela. Ce n'est pas nous qui l'avons
proposé, jamais, parce que, justement, on voulait préserver
l'autonomie des caisses. C'est elles qui voulaient avoir la
responsabilité du réseau avec toutes les conséquences que
cela entraîne. Donc, pour cela, il fallait donner des pouvoirs aux
fédérations et en enlever aux caisses. On n'avait pas le
choix.
Cela Implique que, pour l'application des règles de conflits
d'intérêts et de transactions intéressées, le
comité de déontologie applique les règles,
détermine les règles dans l'ensemble du mouvement. Elles ont dit.
Il faut une coordination. C'est inévitable maintenant. Avec un mouvement
d'au-delà de 30 000 000 000 $, on ne peut plus laisser les caisses
fonctionner comme c'était le cas. Les fédérations,
à ce jour, n'avaient pas de pouvoir; elles ne pouvaient pas intervenir
dans les caisses, sauf avec beaucoup de difficultés. Elles ont dit. Il
est impossible de fonctionner dans ces conditions-là. Il fallait trouver
une espèce de modus operandi entre l'abolition totale du réseau,
c'est-à-dire en faisant des caisses des succursales, ce qui n'est pas le
cas, tout en conférant, en même temps, des pouvoirs à la
fédération et à la confédération. Ce
faisant, il était inévitable qu'il y ait une répartition
de pouvoirs entre les caisses, les fédérations et la
confédération. Ce qui était proposé,
c'était, solidarité, capitalisation par caisse. Elles ont dit:
Non. Solidarité, capitalisation réseau. C'est pour cela que la
base d'endettement est maintenant au niveau de chaque fédération
pour l'ensemble des fédérations, plus les quotes-parts que nous
allons chercher, dans les corporations, au fonds de sécurité.
Le même principe s'applique à l'article 355 pour les
règles de déontologie. Ce qui est prévu à l'article
252, ce n'est pas l'approbation du prêt fait à un dirigeant par le
conseil ou le comité de déontologie; c'est de dire que le montant
sera déterminé selon les normes établies par le
comité de déontologie. Tandis qu'à l'article 251 on dit:
Lorsque vous voulez prêter à des personnes morales faisant partie
du même groupe...
On aurait pu adopter la règle qui existe dans les compagnies de
fiducie, qui était l'Interdiction totale de prêter. Mais, au lieu
d'avoir une interdiction totale de prêter, c'est un prêt
balisé, selon les conditions du marché et avec l'autorisation de
deux organismes, le conseil de surveillance et le conseil d'administration,
pour bien s'assurer que ça se fait aux conditions du marché. Il
n'y a pas d'interdiction.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 252 est
adopté?
M. Garon: Cela veut dire que, selon les propos que vient de tenir
l'inspecteur général, c'était tout l'un ou tout
l'autre.
M. Fortier: Tout l'un ou tout l'autre?
M. Garon: Bien oui. Au fond, il dit: Si on avait la garantie
réseau, l'entité coopérative locale "prenait une
débarque. " Il fallait choisir la fédération...
M. Fortier: C'est certain que, dans la mesure...
M. Garon: Si nous laissions, nous, les fonctionnaires
décider ce qu'on est comme députés et ce qu'on
décide, il ne nous resterait plus grand-chose à faire à
part mettre notre chapeau sur le poteau en arrivant, puis écrire des
cartes de Noël et s'en retourner le soir. Si nous laissions les
bureaucrates..
M. Fortier: C'est ce que je vois qu'on fait.
M. Garon: Sauf qu'il y a des gouvernements où ce sont les
bureaucrates qui mènent et d'autres gouvernements où les
députés Jouent un rôle. À ce moment-là, avec
des règles comme ça, dans la coopération...
M. Fortier: M. le député de Lévis, dans la
mesure où vous dites qu'une caisse affiliée ne peut plus faire
faillite par elle-même, qu'il y a une obligation pour la
fédération de venir la secourir si elle est en difficulté
financière, ce
que vous dites à une caisse, c'est: Écoutez,
dorénavant, vous faites partie d'une fédération, donc d'un
club; si jamais vous êtes en difficulté, on va venir vous aider.
Mais, en contrepartie, nous, nous voulons nous assurer que les règles du
jeu seront de telle et telle façon. La déontologie, c'en est une
mais, dans ce cas, ce n'est pas la fédération comme telle, ce
sont des gens nommés par l'ensemble des bénévoles oeuvrant
dans les caisses.
Je comprends, quand même, votre idée, mais nous disons tout
simplement que, dans la mesure où une caisse accepte d'être
protégée par une fédération pour ses besoins
financiers, elle doit accepter dans la même mesure les règles du
jeu de ce club qu'est la fédération. Alors, le club dit: On va
vous aider. Si jamais vous êtes en difficulté financière,
on va vous secourir, on va vous donner des conseils, on va vous "coacher", on
va vous guider dans les prêts commerciaux, mais on voudrait
également que vous suiviez les règles du jeu en ce qui concerne
le crédit, en ce qui concerne la déontologie.
C'est sûr que ce n'est pas du tout le même projet de loi qui
aurait été écrit si on avait dit: Chaque caisse, comme
chaque fiducie au Québec... Si vous regardez la loi sur les fiducies, on
ne dit pas que deux fiducies s'entratdent; on dit que chaque fiducie est
complètement autonome. Donc, il aurait pu en être ainsi, mais ce
n'est pas ce qu'on a.
M. Garon: Moi, je ne suis pas sûr, et loin de là,
que c'est ce que les gens ont compris, dans l'ensemble de la population du
Québec, des discours tenus depuis la parution de la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit, je suis même sûr du
contraire. Écoutez, j'ai quand même vu les gens qui sont venus ici
nous parler, je les ai entendus, mais je n'ai pas compris, d'après les
propos tenus, que l'autonomie de la caisse était complètement
abolie. Il reste quoi, au fond? Il ne reste plus grand-chose.
Une voix: II en reste un peu. M. Garon: Bien, il en
reste...
Une voix: Pour autant qu'il y ait des règlements.
M. Garon: Non, non, il ne reste plus grand-chose.
C'est-à-dire que c'est une option, mais je ne suis pas convaincu... Vous
savez, regardons actuellement le mouvement Desjardins, il est rendu à 34
000 000 000 $, 35 000 000 000 $ ou 36 000 000 000 $, avec une loi qui
avait...
Une voix: 185 articles. M. Garon: Moins que cela. Une
voix: 158.
M. Garon: À peu près 150 articles. M. Fortier:
157
M. Garon: 157 articles avec l'article de mise en vigueur et
là, pour un gouvernement qui veut déréglementer, on se
retrouve avec une loi de 589 articles où toute la vie est
aseptisée maintenant. Oui, la vie coopérative, je vais vous dire
une affaire, va être un petit peu aseptisée. Elle va être
réglementée, contingentée, encarcanée,
balisée. Comprenez-vous que, si on faisait cela avec nos ruisseaux et
nos rivières au Québec, il n'y aurait plus de ruisseaux ni de
rivières, il y aurait seulement des canaux. Actuellement, ce qui s'est
développé comme institutions au Québec avec des gens...
Les gens ont développé un système coopératif en y
croyant. Je ne dirai pas que les gens en sont conscients à 100 %, mais
il y a un système de confiance. À part cela, les gens ont le
sentiment, pas seulement le sentiment, de pouvoir dire quelque chose au niveau
local s'ils veulent le dire. Mais, quand la loi qui est ici sera
adoptée, à ce moment-là, cela va être pas mal
décidé. Cela va être comme un train sur des rails. Le
train, c'est rare qu'il sort des rails. Quand il sort des rails, c'est un
accident. Là, éventuellement, toutes les décisions vont
être prises au niveau de la fédération. Vous allez me dire:
Oui, mais les gens des caisses vont être représentés
là. Oui, sauf que cela ne sera plus autant un mouvement de la base que
cela l'est actuellement. Je vais vous dire une chose. Actuellement, quand il y
a des assemblées générales, les gens doivent s'y
préparer parce qu'ils ne peuvent pas passer ce qu'ils veulent. Ils
savent que les gens peuvent réagir parce que, dans l'état actuel
de la loi, ils peuvent réagir. Mais, dans cette nouvelle loi, que
vont-ils pouvoir Influencer là-dedans? Le réseau va être
tellement complexe qu'il n'y aura plus grand-chose qu'ils vont pouvoir
influencer.
M. Fortier: Une erreur de plus?
M. Garon: Pardon? Qui? Je ne vois personne. C'est un
économiste, justement. Cela ne m'étonne pas, ces questions ne
doivent pas l'intéresser. Ha, ha, ha!
M. Fortier: Non, mais c'est parce que...
M. Garon: Je pense que vous pouvez me dire que chacune des
clauses est nécessaire.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Je ne doute pas que vous pouvez me dire cela.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Sauf que cela crée un ensemble, comprenez-vous,
qui penche toujours du même
bord comme la tour de Pise.
M. Fortier: Si le député de Lévis me le
permet, si la lof actuelle était si parfaite, le mouvement Desjardins
nous aurait dit: Changez donc le nouvel article 155 par l'article 40. Ce n'est
pas cela qu'Us nous ont dit. Ils ont dit: La loi actuelle - cela fait cinq ans
qu'ils le disent, depuis 1983 - on n'en veut plus. Cela ne fait plus notre
affaire. Il faut la changer complètement. Ce n'est pas nous qui avons
dit cela, c'est le mouvement Desjardins. Si c'était aussi parfait que
vous le dites, II ne nous aurait pas demandé et il n'aurait pas
demandé au gouvernement précédent de changer la loi.
Alors, cela fait cinq ans qu'il attend une nouvelle loi. Ils ont fait des
consultations dans les caisses, les fédérations et la
confédération, lis ont eu un dialogue avec M. Parizeau quand il
était là. Il y a eu un hiatus. J'ai repris le dialogue, mais ils
nous ont envoyé des lettres et, à la suite de consultations avec
les fédérations et la confédération, ils ont dit:
L'esprit de la loi, c'est ce qu'on veut. Peut-être qu'on aimerait que tel
article soit un peu différent, mais ils ont dit: L'esprit de la loi,
c'est ce qu'on veut. (16 h 15)
Le député de Lévis aurait dû voter contre le
projet de loi en deuxième lecture parce qu'il dit: Je crois que cela
n'est pas bon pour le mouvement Desjardins. Je respecte son opinion, mais vous
auriez dû voter contre le principe de la loi en deuxième lecture
parce que le principe de la loi, c'est essentiellement ce que j'ai dit à
plusieurs reprises et que l'inspecteur vient d'expliciter, soit le fait qu'il y
a une délégation de responsabilités de la part de la
fédération, il y a une délégation de la part de la
confédération. Il est vrai que, quand on accepte de faire partie
d'un mouvement où on délègue des pouvoirs à un
niveau supérieur, on en a un peu moins au niveau local. Si c'est fait
d'une façon démocratique - et là, c'est le mot clef - et
si c'est cela que le mouvement veut dans son ensemble, alors, moi, je prends sa
parole M. Béland m'a envoyé une lettre me disant: Les douze
fédérations sont d'accord avec la loi et la
confédération également. Cela fait pas mal de monde. Donc,
ils sont d'accord avec le principe.
Vous semblez contester le principe. Je respecte ce que vous dites, mais,
malheureusement, on est obligé d'oeuvrer à l'intérieur du
principe qut a été adopté par l'Assemblée
nationale, parce que vous avez voté pour le principe à
l'Assemblée nationale. Le principe est essentiellement que les caisses
font partie d'une fédération et que le gouvernement
délègue aux fédérations et à la
confédération. C'est l'économie de la loi. Mais,
peut-être que ce que le député de Lévis vient nous
dire, c'est qu'il a des appréhensions pour l'avenir. S'il exprime des
appréhensions, je suis bien prêt à accepter ses
appréhensions. Je pense qu'on pourra se revoir dans cinq ans.
D'ailleurs, celui qui sera le ministre des institutions financières va
être obligé de revenir en Chambre, de faire un rapport - on le
verra plus loin - pour dire: Voici ce que l'administration de la loi a
donné depuis cinq ans. Il fera cela en 1994. Dans cinq ans, en 1994, il
reviendra à l'Assemblée nationale, il déposera un rapport
pour dire ce qu'a été l'expérience.
Mais le projet de loi que je vous annonce, c'est ce que le mouvement
désire. Les caisses l'ont lu. J'ai reçu une couple de lettres de
gens au niveau de la caisse locale. Ils l'ont lu. Je pense qu'ils saisissent,
comme le député de Prévost. Je pense que le
député de Prévost est le seul, autour de la table, qui
oeuvre au niveau des caisses sur une base très active. Il l'a dit
lui-même, il réalise que la fédération fournit un
certain service et que la caisse est heureuse, à l'occasion, de se
référer à ce genre de service, à ce genre de
surveillance. Le député de Prévost qui est un militant de
la base des caisses, nous dit que c'est ce genre de projet de loi qui va bien
marcher. S'il y en a un qui connaît cela autour de la table, c'est
lui.
M. Garon: Un instant. Le député de Prévost
fait partie d'une catégorie...
M. Forget: Je ne suis pas avocat.
M. Garon: Non, vous n'êtes pas avocat, mais vous êtes
un gros cultivateur, donc un gros déposant ou un gros emprunteur. Je ne
nie pas que ces gens vont être plutôt satisfaits de la loi.
Maintenant, on représente les travailleurs, les consommateurs ou du
monde plus ordinaire, qui ont construit ces caisses parce que ce sont eux qui
ont bâti ces caisses et je me demande s'ils vont y trouver leur compte.
Il y a une chose qui me fatigue, cela fait deux, trois fois que vous dites la
même chose. Considérez-vous que vous êtes en train de faire
adopter une loi privée ou une loi publique?
M. Fortier: Une loi publique et j'ai dit à plusieurs
reprises qu'il y a certaines dispositions que nous n'avons pas acceptées
parce qu'on représente l'intérêt public... Prenez la
question du crédit à un individu salarié, on a
insisté pour dire deux fois le salaire. C'est une disposition sur
laquelle on insiste car nous croyons que l'intérêt public exige
cette disposition. Je dois vous avouer que la philosophie à
l'intérieur de laquelle le mouvement veut travailler... Il faut que cela
atteigne un certain consensus. Il y a 4 000 000 de membres. Quand bien
même, comme ministre, je me lèverais un matin en disant: C'est
dans le meilleur intérêt public que toutes les caisses soient
autonomes, j'aurais de la misère à faire avaler cela à
bien du monde. Il y aurait douze fédérations contre mol, la
confédération. En définitive, on doit travailler en
collaboration avec ces gens.
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai dit. On est au coeur du
débat dans ce qu'on dit. J'ai dit que chacune des dispositions est
sûrement justifiable. Quand vous mettez une telle disposition, je ne dis
pas que c'est une disposition de mauvaise fol, au contraire.
M. Fortier: Je le conçois.
M. Garon: Ce que vous dites à l'article 252 n'est pas
aberrant, c'est quelque chose qui se conçoit. Sauf, que je dis que
chacune des dispositions peut être une bonne disposition, mais l'animal
créé ou l'organisme créé penche toujours du
même bord. C'est ce que je dis. Jusqu'à maintenant, les caisses se
sont donné des fédérations, puis les
fédérations se sont donné une confédération
pour pouvoir mieux travailler. Là, on va pouvoir commencer à dire
qu'au fond ce sont des fédérations qui ont des caisses locales
plus qu'avant; que le membre qui veut influencer sa caisse locale va pouvoir le
faire moins qu'avant, en termes d'orientation, parce que beaucoup de choses
vont être encarcanées dans des réglementations de la
fédération. Je ne dis pas que ce seront des règlements de
mafioso, ce n'est pas cela que j'ai pensé, pas un Instant. Ce sera fait
de bonne foi et tout cela, mais l'orientation va originer de plus en plus de la
fédération.
M. Fortier: On retrouve cela à bien des endroits dans la
vie. Je peux bien faire de la politique et essayer de me faire élire
comme député Indépendant; si je me fais élire dans
Outremont comme député indépendant, je peux dire n'importe
quoi sur n'importe quel sujet. Je n'ai pas besoin d'aller au caucus, je n'ai
pas besoin de savoir ce que le premier ministre pense, j'exprime mon point de
vue.
À la minute où vous et moi avons accepté de faire
de la politique à l'intérieur d'une formation politique, nous
sommes obligés de nous entendre entre nous sur les politiques que nous
allons défendre, vous dans le Parti québécois et nous dans
le Parti libéral. Et c'est une contrainte qu'on accepte. J'accepte avec
vous ce que vous dites, qu'un député indépendant qui ne
fait partie d'aucune formation politique est bien plus indépendant, sauf
que la capacité de changer des choses à l'intérieur de la
province de Québec serait beaucoup plus difficile si nous avions 125
députés indépendants à l'Assemblée
nationale. Je crois qu'en définitive vous acceptez la contrainte de
votre formation politique, nous acceptons les contraintes de notre formation
politique parce qu'on croit que cela nous permet de faire plus de choses et
mieux que s'il n'y avait pas ces contraintes. J'essaie de vous expliquer que
les contraintes d'un niveau supérieur ne sont pas nécessairement
mauvaises; parfois, cela nous permet de faire des choses bien plus importantes
que ce qu'on pourrait faire si on était tout à fait autonome, et
les formations politiques en sont, justement, un bon exemple.
Ce que j'essaie de vous dire ici, c'est que, c'est vrai, on peut
rêver à un mouvement où il y aurait des caisses tout
à fait autonomes, mais ce que le mouvement Desjardins a compris - et
là, je suis tout à fait d'accord avec lui, parce que, si je
n'avais pas été d'accord avec le principe, je ne l'aurais pas
soutenu - c'est qu'il est à 35 000 000 000 $ d'actifs. J'ai dit l'autre
jour que c'est bien évident qu'il va se rendre à 100 000 000 000
$ dans un avenir prévisible, mais, pour arriver à un objectif
comme celui-là, il faut qu'il ait les moyens de s'entraider, de
s'autocontrôler, de se contrôler par la fédération,
de se développer. Ce sont des contraintes que les gens acceptent, de la
même façon que, vous et mol, on accepte les contraintes de nos
formations politiques. Vous le savez, il y a des décisions qui se
prennent à l'intérieur de votre formation politique que parfois
vous n'acceptez pas, et nous regimbons aussi parfois. Mais, de part et d'autre,
on accepte ces contraintes pour pouvoir aller plus loin. Et c'est exactement la
même chose ici Je n'ai aucune difficulté à accepter votre
critique à savoir qu'une caisse, dans cette loi-là, était
peut-être beaucoup plus autonome. C'est vrai, elle est peut-être un
peu moins autonome, mais je crois que les caisses et les coopérateurs
vont pouvoir aller beaucoup plus loin dans le développement de
l'économie et dans l'entraide qu'ils vont pouvoir se donner, j'en suis
assuré.
M. Garon: J'ai aussi remarqué que dans la loi, en
même temps qu'on remettait l'autorité davantage à la
fédération, on rendait de plus en plus difficile la formation de
caisses ou de groupes. On en a fait une loi qui est plus une loi pour les
caisses d'épargne et de crédit Desjardins. J'ai
écouté le ministre qui a dit cela; il ne l'a pas dit en ces
termes, mais c'est ce que cela veut dire.
Pour la formation, dans le passé, de différentes
institutions, il y a eu des refusionnements, des regroupements, mais, que ce
soit les caisses d'économie en milieu de travail ou même les
caisses d'entraide, elles ont comblé un trou qui était là
parce que les caisses populaires ne le comblaient pas véritablement,
quitte à s'impliquer davantage dans le milieu, dans les prêts
d'affaire dans les régions. Dans la loi, actuellement, en même
temps qu'on fait pencher plus les pouvoirs au niveau des
fédérations, on rend de plus en plus difficile la création
d'un autre réseau, si on veut, de caisses d'épargne et de
crédit. Je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne chose, parce que
le danger, la crainte ou l'appréhension qu'à un moment
donné, si on ne comble pas tel ou tel besoin, d'autres institutions
peuvent se former pour combler ces besoins-là, ce n'est pas mauvais.
À preuve les débats qu'il y a dans le mouvement
Desjardins, entre autres sur la coopération. Par exemple, le mouvement
Desjar-
dins actuellement veut faire revivre davantage son conseil de la
coopération. Pourquoi? Parce que ce qui n'avait pas été
ressenti comme un besoin très fort au cours des dernières
années, on commence à le ressentir davantage. La pensée
coopérative a été le moteur de tout cela. SI on s'en
éloigne trop, éventuellement, il y en a d'autres qui vont vouloir
la faire renaîtra. À ce moment-là, si on crée un
cadre d'opération coopérative trop encarcané, je pense que
ce n'est pas une bonne chose.
Quand je dis cela, je ne dis pas cela contre Desjardins, je pense que
ces forces-là sont très importantes sur le plan de la motivation
et du développement des caisses. Imaginez-vous, pour développer
les caisses, il a fallu qu'il y ait de la motivation, pas rien qu'un vacuum
à combler parce qu'il n'y avait personne; hier, vous nous avez dit cela
un peu. Je pense que cela a pris de la motivation, dans les soubassements
d'églises, tout cela, quand les gens formaient des caisses avec des
bénévoles qui donnaient leur temps pour rien et souvent qui
travaillaient le soir et les fins de semaine parce qu'ils croyaient à
cela. S'organiser par nos propres moyens, il y en a qui, sans employer les
termes, le faisaient à ce moment-là. Cela voulait dire quelque
chose, cela a suscité des énergies considérables.
M. Fortier: On adopte l'article 252?
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis, adopté?
M. Garon: En tout cas, je vais le souligner à chacun des
endroits. Ici, c'est moins important. Remarquez que les dispositions vont
toujours dans le sens de la fédération et je ne suis pas
convaincu que c'est une bonne chose.
Le Président (M. Després): Malgré tout cela,
M. le député de Lévis, est-ce qu'on adopte l'article?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Després): Adopté. J'appelle
l'article 253. M. le ministre, il y a un amendement à l'article 253.
M. Fortier: L'article 253 est modifié par le remplacement,
dans la première ligne du deuxième alinéa, du mot
"dénonciation" par le mot "déclaration". Cela veut dire la
même chose, mais c'est peut-être un peu moins fort.
Une voix: On dit "déclarer" dans le premier
alinéa.
M. Fortier: Oui, dans le premier alinéa, on dit
"déclarer". Alors, on change le mot "dénonciation" par le mot
"déclaration". Peut-être que je peux le lire - bn reviendra
à l'amendement après - juste pour comprendre le texte.
Le Président (M. Després): Cela va, M. le
ministre.
M. Fortier: "Une caisse doit déclarer à son conseil
de surveillance et, te cas échéant, au comité de
déontologie de la fédération à laquelle elle est
affiliée, le crédit qu'elle consent à une personne
Intéressée ou à une personne liée à l'un de
ses dirigeants. "Cette déclaration indique les nom de famille et
prénom de la personne intéressée ou de la personne
liée, le montant du crédit consenti, l'échéance, le
taux d'intérêt et les garanties offertes. "
On a dit que la fédération était l'organe de
surveillance. Le comité de déontologie édicté les
normes qui doivent s'appliquer surtout dans les cas où les personnes ne
sont pas rémunérées, mais dans l'article 253 on dit que la
caisse doit déclarer à son conseil de surveillance ou au
comité de déontologie le crédit qui a été
donné pour permettre qu'il y ait une certaine vérification.
Le Président (M. Després): Est-ce que l'amendement
est adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Est-ce que vous avez eu des représentations pour
changer le mot?
M. Fortier: Je crois qu'on a eu des représentations.
Une voix: Pour changer le mot?
M. Fortier: Oui.
Une voix: Oui, par la confédération.
M. Fortier: La confédération nous a dit que
"dénonciation", cela semblait un peu fort.
M. Garon: Ils ont raison, peut-être, au fond.
M. Fortier: Ils ont raison. D'autant plus que, dans le premier
alinéa, on parle de "déclarer", donc, il s'agit d'une
déclaration.
M. Garon: Une chance que vous n'avez pas ajouté "à
la police". L'amendement est adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Després): L'amendement est
adopté Est-ce que l'article est adopté, tel qu'amendé?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Adopté. Le
Président (M. Després): Adopté. J'appelle
l'article 254. M. le ministre. (16 h 30)
M. Fortier: "Les dispositions des articles 251 à 253 ne
s'appliquent pas au crédit consenti à des personnes
intéressées ou à des personnes liées aux dirigeants
d'une caisse au moyen d'une carte de crédit ou qui implique des montants
limités aux marges habituellement accordées aux titulaires d'une
carte de crédit. " Si vous avez une carte de crédit, vous savez
que votre limite est de 500 $, de 1000 $ ou, si vous avez une carte Visa
Première, je pense que cela peut aller jusqu'à 5000 $. Alors on
dit: Pour autant qu'il s'agit de limites de crédit qui sont
accordées à peu près à n'importe qui, selon
certaines conditions, cela ne s'applique pas. Il n'y a pas besoin de
vérification dans ces cas.
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis, est-ce que l'article est
adopté?
M. Garon: Mais...
M. Fortier: Dans la loi sur les fiducies, je pense qu'on avait
quelque chose de semblable. On parlait de montants minimes. Alors, autrement
dit, on dit: Si c'est un crédit qui est consenti à peu
près à n'importe qui, cela n'a pas d'importance.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Després): Adopté. J'appelle
l'article 255. M. le ministre.
Placements
M. Fortier: On tombe dans la section V parlant des placements.
L'article 255 dit: Toute caisse doit exercer les pouvoirs de placements que lui
confère la présente loi avec prudence et diligence comme le
ferait en pareilles circonstances une personne raisonnable et agir avec
honnêteté et loyauté dans le meilleur intérêt
de ses membres et de ses déposants. " Alors, dans la Loi sur les
assurances, votre gouvernement avait adopté une règle semblable.
C'est la règle de prudence dans les placements qui sont faits. Autrement
dit, le bon père de famille qui s'assure que le placement fait pour ses
enfants est fait d'une façon raisonnable et productive.
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis, la parole est à vous.
M. Fortier: C'est le pendant de l'article 200 de la Loi sur les
sociétés de fiducie et les sociétés
d'épargne.
M. Garon: Le pendant de quel article?
M. Fortier: L'article 200. Si vous avez notre cahier, vous avez
l'article 200 qu'on a adopté l'an dernier.
Une voix: Et l'article 244 dans la Loi sur les assurances.
M. Fortier: Dans la Loi sur les assurances, II y a à peu
près la même chose.
M. Garon: il n'y avait rien comme cela dans l'article 200.
M. Fortier: L'article 200, c'est dans la loi sur les
fiducies.
M. Garon: Ah! Dans la loi... M. Fortier: Vous l'avez
ici.
M. Garon: Je pensais que vous mettriez cette obligation pour les
organes ou la caisse ou encore les dirigeants. Mais la caisse, comme ensemble,
n'agit pas par elle-même. Elle agit par des organes.
M. Fortier: Quand on dit "toute caisse", on revient à son
conseil d'administration. Si vous lisez la loi sur les fiducies, on dit: "Une
société doit, dans l'exercice de ses pouvoirs" et, dans la Loi
sur les assurances, c'est à peu près le même
libellé. On dit: "Une compagnie d'assurances doit voir à ses
placements d'une façon raisonnable et prudente. "
M. Garon: Ce n'est pas la caisse en général qui
fait cela. Ce sont ses organes qui le font.
M. Fortier: Non, mais de la façon dont on le dit, M. le
député, c'est la règle de prudence. Il faut comprendre que
c'est par opposition. Prenons le cas des assurances. Avant la loi que M.
Parizeau a fait adopter en 1983, et c'est encore comme cela dans d'autres
provinces canadiennes, on disait: Vous devez faire tel type de placements, vous
devez avoir des obligations du Canada. Et là, on donnait quasiment les
montants. Ce qu'on dit, ce n'est pas cela. La règle, c'est la
règle de prudence.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: On ne dit pas ce que vous devez faire; on dit que
vous devez être prudent quand vous faites des placements. C'est la
règle de prudence.
M. Garon: Vous l'avez mis pour la caisse pour qu'elle
s'applique...
M. Fortier: Elle s'applique à la fédération
et à la confédération. Toutes ces règles vont se
transposer aux autres niveaux.
M. Garon: Cela s'applique à chacun des
organes qui agit au nom de la caisse... M. Portier: Oui. M.
Garon: ...quand il prend ses décisions.
M. Fortier: Oui, c'est cela. Normalement, ce serait le conseil
d'administration. Si le conseil d'administration forme un comité
spécial, cette responsabilité est transposée au
comité. Cela va?
Le Président (M. Després): Est-ce que l'article 255
est adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Després): Adopté. J'appelle
l'article 256. M. le ministre.
M. Fortier: "En sus du crédit consenti conformément
à la présente loi et des sommes déposées dans une
banque, dans une institution inscrite au sens de la Loi sur
l'assurance-dépôts ou dans les fonds visés au chapitre VIII
du titre III, établis par la fédération à laquelle
elle est affiliée, une caisse peut faire des placements dans les biens
suivants..." Le titre III couvre les trois fonds de la
fédération: le fonds de liquidité, le fonds
d'investissement et le fonds de dépôts. On dit: À part ces
trois fonds - on va y aller par paragraphe - il y a huit types de placements
qui peuvent être faits par une caisse. On est un peu limitatif, pas sur
la quantité - on va voir sur la quantité ailleurs - mais sur la
qualité des placements qui peuvent être faits pour
préserver les actifs de la caisse. Peut-être qu'on peut approuver
ce paragraphe. Est-ce que le préambule vous sied, M. le
député de Lévis? Ensuite, on pourra y aller paragraphe par
paragraphe, si M. le Président le désire.
Le Président (M. Després): Aucun problème
pour moi. Est-ce que cela vous va, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Vous allez commencer par le titre? "En sus du
crédit consenti conformément à la présente loi..."
Pourquoi dites-vous: "et des sommes déposées dans une
banque"?
M. Fortier: C'est pour définir la qualité des
placements. S'ils ont un peu d'argent dans une banque, la banque est
protégée de toute façon. Si c'est dans une institution de
dépôts, on n'a aucun problème. Il n'y a aucun risque.
Autrement dit, on est en train de définir le genre de placement qu'ils
doivent faire, là où il n'y a à peu près aucun
risque. Vous allez voir les différent types de placement qu'ils peuvent
faire.
Le Président (M. Després): M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Dans la loi actuelle, on a à peu près
les mêmes dispositions.
M. Garon: Quels pouvoirs donnez-vous dans l'article que les
banques auraient et que les caisses n'auraient pas?
M. Fortier: Dans quel domaine?
M. Garon: En matière de placements.
M. Bouchard: C'est beaucoup plus élaboré que cela,
les banques.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Bouchard: Les banques peuvent placer en actions. Ici, on n'a
pas ce pouvoir. Elles ne peuvent pas placer en actions. Le pouvoir de
placements des banques est beaucoup plus élaboré.
M. Garon: II peut être plus élaboré, mais je
veux savoir s'il est plus étendu ou moins étendu?
M. Bouchard: Plus.
M. Fortier: On n'a pas de tableau comparatif. L'inspecteur vient
de donner une différence.
M. Garon: Qu'est-ce que les banques peuvent faire que les caisses
ne pourront pas faire en termes de placements prévus ici?
M. Bouchard: On va énumérer la Loi sur les
banques.
M. Fortier: Est-ce que vous avez la Loi sur les banques? On n'a
pas fait de tableau comparatif.
M. Bouchard: Elles peuvent placer en actions.
Une voix: Cela va de l'article 193 à l'article 198. Ils
sont longs.
M. Fortier: On peut en faire une copie. M. Garon: Non,
non, ce n'est pas cela.
M. Fortier: Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'imagine
que le mouvement Desjardins a fait comme nous. Il a comparé les deux et
il s'est dit très satisfait des pouvoirs qui sont ici à l'article
256.
M. Garon: Ce n'est pas une réponse satisfaisante.
M. Fortier: J'essaie de vous dire qu'on n'a pas fait de tableau
comparatif. La réponse qu'on me donne et avec raison - vous-même
avez
insisté là-dessus - c'est qu'une caisse
coopérative, c'est pour faire du crédit à ses membres. Si
une caisse a 100 000 000 $, ce n'est pas pour faire 100 000 000 $ de
placements. Elle fait quelques placements, mais le but principal d'une caisse,
c'est de faire du crédit à ses membres, donc de faire des
prêts. Il peut arriver qu'une partie de son actif soit dans des
placements et on veut définir ce genre de placements. Vous l'avez dit
vous-même et vous avez raison, une caisse d'épargne et de
crédit, c'est pour faire du crédit à ses membres. Donc, si
on lit le bilan financier d'une caisse, on va s'apercevoir que la très
grande majorité de l'actif est dans des prêts. Il peut arriver,
par ailleurs, qu'à l'occasion les caisses aient des surplus d'argent et
on leur dit ce qu'elles peuvent faire avec ces surplus d'argent. C'est le genre
de placements qu'elles peuvent faire.
M. Garon: Ce n'est pas dans ce sens-là que je posais la
question. Il est évident que les caisses et les banques sont en
concurrence.
M. Fortier: Là-dessus, je crois que les caisses sont
très satisfaites, elles voulaient obtenir les pouvoirs dont on a
parlé aux articles 213 et 214. Ce sont ces pouvoirs qu'elles voulaient
avoir et qui vont leur permettre de concurrencer les banques. Mais en termes de
placements, c'est bien plus pour nous assurer que, si elles font des
placements, à part le crédit qu'elles consentent aux membres,
elles n'achètent pas n'importe quoi. Si vous lisez ça, vous allez
voir que des "junk bonds" en particulier, elles n'ont pas le droit d'en
acheter.
M. Garon: Des quoi?
M. Fortier: Des "junk bonds". Si vous lisez les journaux
financiers ces jours-ci, vous verrez que, dans L'Argus d'aujourd'hui, il y a,
justement, un article de La Presse qui donne la profitabilité des
banques canadiennes. On y dit que la Banque Royale a pris six ans pour revenir
à une profitabilité semblable à celle qu'elle avait il y a
six ans, à cause des prêts consentis aux pays en voie de
développement. Les banques, avec l'autorisation du surintendant des
institutions fédérales, ont éliminé des prêts
où elles avaient subi des pertes qui leur ont coûté assez
cher en termes de profitabilité. Malheureusement, il y en a qui
s'inquiètent parce que maintenant les banques semblent s'orienter vers
l'achat de ces "junk bonds", des obligations de mauvaise qualité. Il se
pourrait fort bien que les banques achètent trop de ces obligations de
mauvaise qualité, parce que ce sont des obligations qui se vendent
surtout lorsqu'il y a des prises de contrôle. Exemple: un M. Robert
Campeau en a acheté pour plusieurs milliards de dollars à des
compagnies américaines. Comment l'appelles-tu?
Le Président (M. Kehoe): Federated Stores?
M. Fortier: Federated Stores. Excusez, on a quelqu'un qui fait
beaucoup de placements.
M. Garon: II ne fait pas nécessairement beaucoup de
placements parce qu'il connaît le nom.
M. Fortier: Quand il a acheté Federated Stores, il a
financé ça avec des "junk bonds". Il y a des banques qui
financent ça, et il y en a qui s'inquiètent de ce que les "junk
bonds" vont avoir un impact peut-être négatif, semblable à
celui que les prêts aux pays en voie de développement ont eu. Ce
genre d'obligations de mauvaise qualité n'apparaît pas ici. Donc,
ce qui apparaît de 1° à 8° va permettre à
l'inspecteur et au mouvement Desjardins ou à n'importe quelle caisse de
s'assurer que les placements qui sont faits sont de bonne qualité.
Autrement dit, il faut qu'elles fassent des placements de bonne qualité.
Et le fait qu'une caisse ne peut pas acheter de "junk bonds", cela ne me
contrarie pas du tout. Au contraire, je me dis qu'il ne faudrait pas embarquer
là-dedans. D'ailleurs, cela ne me surprendrait pas si le surintendant
fédéral intervenait. D'ailleurs, le gouverneur de la Banque du
Canada disait dans un article aujourd'hui, si vous lisez les journaux, qu'il
s'interrogeait beaucoup sur ce genre de nouvelle occupation, de nouvelle
activité des banques canadiennes.
Alors, si vous approuvez le préambule, on pourrait passer aux
paragraphes un par un, M. le député?
M. Garon: Le préambule, soit les cinq premières
lignes de l'article 256, est adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Le paragraphe
1"?
M. Fortier: Ce sont les placements qu'elles peuvent faire.
"1° les obligations ou autres titres d'emprunt émis ou garantis par
le gouvernement du Québec ou du Canada, par une municipalité ou
une commission scolaire au Québec, par le Conseil scolaire de
l'île de Montréal, par une fabrique au Québec ou par une
corporation ecclésiastique, religieuse ou de cimetière au
Québec. " Alors, ce sont les titres traditionnels qu'on connaît au
Québec.
M. Garon: Je suis un peu surpris qu'avec toutes les critiques que
vous avez faites pour les cimetières zonés agricoles vous ne
fassiez pas de restriction pour les cimetières qui ne sont pas
zonés agricoles. On voit que, lorsque vous faites des lois, vous savez
bien qu'il n'y a pas de cimetières zonés agricoles.
M. Fortier: Adopté. Il n'y a pas de problème avec
ça. Ces placements sont tout à fait sûrs.
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Paragraphe 2°? (16 h 45)
M. Fortier: 2° les obligations ou autres titres d'emprunt
émis par une personne morale exploitant un service public au Canada et
investie du droit de fixer un tarif pour ce service." J'Imagine qu'on parle de
Bell Canada, Gaz Métro.
M. Garon: C'est justement.
M. Fortfer: Ce sont des choses sûres.
M. Garon: Le mouvement Desjardins a une restriction
là-dessus quand il dit: "La rédaction du deuxième
paragraphe crée une difficulté d'interprétation en ce qui
concerne les mots "investie du droit de fixer un tarif pour ce service". C'est
drôlement dit d'abord, "investie du droit de fixer un tarif pour ce
service"." Et il continue: "Pour illustrer la nature du problème, on
pense à Bell Canada qui va obtenir l'autorisation du CRTC pour fixer ses
tarifs. Bell est-elle investie du droit de fixer ses tarifs ou bien est-ce le
CRTC?"
M. Fortier: Ce qu'on m'indique, c'est que la phraséologie
qui est utilisée ici s'inspire à peu près directement du
Code civil qui n'est pas promulgué, mais qui est adopté, et M.
Boivin pourrait vous citer l'article en question. J'imagine que, si on
s'Inspire à peu près mot à mot du Code civil de la
province de Québec, on ne devrait pas trop se tromper.
M. Garon: Ce n'est pas le Code civil, il n'est pas
adopté.
M. Fortier: La loi a été adoptée par
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Vous voulez dire le brouillon du nouveau Code civil en
préparation.
M. Fortier: Non, la loi a été adoptée.
Écoutez, quand la loi a été adoptée...
M. Garon: Elle a été adoptée? Est-elle
adoptée ou pas adoptée?
M. Fortier: Elle a été adoptée, mais elle
n'est pas promulguée.
M. Garon: Ah bon! D'accord.
M. Fortier: Je connais la distinction entre "adopter" et
"promulguer". J'ai dit "adopté" et je n'ai pas dit
"promulgué".
M. Garon: Je n'ai pas dit cela. Pouvez-vous nous le lire?
M. Fortier: Enfin, il peut prendre la parole. C'est M. Boivin qui
m'a dit cela. Me Boivin, vous n'avez pas le libellé exact?
M. Boivin (Richard): Je ne l'ai pas encore.
M. Fortier: C'est comme cela que cela s'est fait.
M. Boivin: C'est le mot à mot d'une disposition du futur
Code civil du Québec.
M. Garon: En parlant de quoi?
M. Boivin: Cela concerne le placement du bien d'autrui. C'est
l'équivalent de l'article 980 paragraphe o actuel qui va être
repris et reformulé dans le nouveau Code civil. C'est le libellé
exact que nous avons repris dans l'article 256.
M. Fortier: Cela va? M. Garon: Mais...
M. Fortier: Le mouvement Desjardins peut avoir des
appréhensions, mais nos légistes ont vérifié le
Code civil et se sont inspirés du Code civil.
M. Garon: "Par une personne morale exploitant un service public
au Canada et investie du droit de fixer un tarif pour ce service." À
part Bell Canada, qui est-ce qu'il y aurait dans cette catégorie?
M. Fortier: Gaz Métro, Vidéotron, on en a
parlé l'autre fois. Toutes celles qui doivent obtenir une approbation
d'une autorité supérieure, j'imagine, pour...
M. Garon: Pour fixer leurs tarifs? M. Fortier: Oui.
M. Garon: Elles n'ont pas le droit de fixer leurs tarifs.
M. Fortier: C'est cela, Vidéotron, Gaz Métro, Bell
Canada.
M. Garon: Ultramar?
M. Fortier: Non. Cela n'entre pas dans cette
catégorie.
M. Garon: Pourquoi Gaz Métro?
M. Fortier: Gaz Métro, parce qu'elle a un tarif et le
tarif est approuvé par la régie du gaz du Québec.
M. Garon: En quoi quoiqu'un qui vend du gaz est-il un service
public et quelqu'un qui vend de l'huile n'est-il pas un service public?
M. Fortier: C'est parce que celui qui vend de l'huile à
chauffage n'est pas réglementé, il peut la vendre le prix qu'il
veut tandis que, comme vous le savez...
M. Garon: Ce n'est pas cela, non. ll y a deux définitions
là. C'est écrit: "exploitant un service public au Canada et
investie du droit de fixer un tarif.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Hier, on a parlé de services publics; on ne
comprenait pas l'entreprise privée beaucoup là-dedans.
M. Fortier: Comme vous le savez...
M. Garon: Pas "on", quand vous en avez parlé.
M. Fortier: Non, mais le sens le l'article, M. le
député de Lévis, c'est que, comme vous le savez, la
régie du gaz, lorsqu'elle fixe les tarifs, le fait après avoir
entendu les parties et elle les fixe pour garantir sur les investissements de
Gaz Métro un certain revenu. Disons que, je ne sais pas, cette
année, Gaz Métro - je n'ai pas vérifié
dernièrement - va avoir un rendement de 12 % sur ses investissements;
après cela, les obligations se vendent et, donc, on est sûr que
cela va rapporter. Autrement dit, il n'y a pas de variation qui vient du
marché; il y a une certaine variation du marché boursier, mais le
rendement est fixé à la base par la régie. Donc, c'est
pour cela que, normalement, ces titres-là sont reconnus par tout
investisseur. M. le Président, je crois que vous me donnez raison. Tout
investisseur reconnaît que des obligations que vous achetez d'un service
public, ce sont des obligations très sûres pour lesquelles il n'y
a pas de variation importante.
M. Boivin: D'ailleurs, on retrouve cette expression actuellement
dans le Code civil. C'est le paragraphe b de l'article 981 o où on peut
lire: "Des obligations ou autres titres de créance émis par une
autorité publique ayant pour objet d'exploiter un service public au
Canada et investie du droit d'imposer un tarif pour ce service. "
M. Garon: Ne lisez pas trop vite. Pouvez-vous le lire un peu
moins vite?
M. Boivin: "Des obligations ou autres titres de créance
émis par une autorité publique ayant pour objet d'exploiter un
service public au Canada et investie du droit d'imposer un tarif pour ce
service. " Ce libellé a été repris dans le nouveau Code
civil du Québec et, comme je vous le disais tout à l'heure, c'est
le libellé exact que nous avons reproduit ici.
M. Garon: Un instant, vous avez dit "une autorité publique
qui exploite un service public".
M. Boivin: C'est le libellé actuel... M. Garon:
Pensez-vous...
M. Boivin:... mais ça a été repris
différemment dans le nouveau Code civil.
M. Garon: Êtes-vous sûr que Vidéotron est
couverte par ça?
M. Fortier: De toute façon, j'ai donné ça
comme exemple, je ne suis pas sûr, mais ça ne change pas le texte
de la loi, vous savez. Si je n'ai pas raison, je n'ai pas raison, mais c'est un
service public, je pense bien que oui.
M. Boivin: Je pense bien que Vidéotron, effectivement
serait visée.
M. Fortier: La réponse est oui, c'est un service public.
Encore là, ça me coûte 19, 95 $ par mois pour avoir
ça à Québec. Avec ça, ils sont sûrs d'avoir
des revenus.
M. Garon: À ce moment-là, j'ai un comptoir laitier,
c'est un service public aussi, parce que c'est fixé par une
autorité publique, la Régie des marchés agricoles fixe le
prix du lait et je vends un bien qui est bon.
M. Fortier: On l'a à 4° "les obligations émises
par une coopérative régie par la Loi sur les coopératives,
par une fédération... " On l'a un peu plus loin, les
coopératives sont prévues.
M. Garon: Je ne parle pas d'une coopérative, je parle d'un
comptoir. Le prix du lait est fixé par la Régie des
marchés agricoles. Quand vous dites "exploitant un service public",
c'est quoi, un service public? C'est une notion large quand vous dites qu'elle
va être "Investie du droit de fixer un tarif pour ce service".
M. Boivin: M. le député, tout ce qu'on a fait,
c'est s'inspirer des dispositions du Code civil qui concernent le placement du
bien appartenant à autrui. Ce sont les placements les plus sûrs,
ils sont énumérés dans le Code civil actuellement et
repris dans le nouveau Code civil, pour s'assurer que quelqu'un, qui a comme
mandat d'administrer des biens d'autrui, va faire des placements sûrs et
garantis. Tout ce qu'on fait, c'est reprendre ce libellé.
M. Fortier: II n'y a pas de problème là-dessus, on
ne peut pas être contre la vertu.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 2° est-il
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: "Investie", ça sous-entend investie par qui?
M. Boivin: Par la loi ou la réglementation qui s'applique
à l'organisme en question, au service public dont on parie.
M. Fortier: C'est traditionnel: "public service", service
public.
M. Garon: Ce n'est pas parce que vous le dites en anglais que
ça devient plus clair. Service public, ce n'est pas ça qui est le
problème. "Investie du droit de fixer un tarif pour ce service", je vais
vous dire une chose: Je ne suis pas convaincu que notre comité de
légistes a trouvé la meilleure formulation parce que, en soi, je
ne trouve pas que c'est complètement clair, "investie du droit de fixer
un tarif".
Une voix: On sous-entend par la loi.
M. Boivin: II y a peut-être des problèmes
d'interprétation ou de compréhension de cette disposition, mais
il ne faut pas oublier qu'à partir du moment où c'est
adopté dans le Code civil, c'est très difficile, dans des lois
statutaires, de venir s'écarter du libellé que vous allez
retrouver dans le Code civil, parce que vous allez créer d'autres
problèmes d'interprétation plus grands.
M. Garon: La qualité du Code civil dans le temps de
Napoléon, c'était d'être rédigé en bon
français. Mais, lorsqu'on dit: "investie du droit de fixer un tarif pour
ce service", moi, cela m'apparaît être du français pas
très clair. On ne peut pas dire que c'est extraordinaire sur le plan de
la rédaction. Je ne vous blâme pas, vous, ce n'est pas cela que je
veux dire, mais, il me semble qu'on pourrait le rédiger mieux que cela
et dire les choses plus clairement que cela.
M. Fortier: On va faire le commentaire à ceux qui vont
rédiger le futur Code civil.
M. Garon: Non, non. La grande qualité du code
Napoléon, c'était d'être rédigé dans un
français ciselé. Mais, là, on a "investie du droit de
fixer un tarif pour ce service"; cela ressemble plus à du droit
statutaire de l'Outaouais.
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le paragraphe
3°.
M. Fortier: "3° les obligations ou autres titres d'emprunt
garantis par l'engagement, pris envers un fiduciaire, du gouvernement du
Québec ou du Canada, de verser des subventions suffisantes pour
acquitter les intérêts et le capital à ieurs
échéances respectives*.
Autrement dit, ce sont des titres d'emprunt qui sont garantis par des
subventions pour payer les taux d'intérêt ou autres
bénéfices.
M. Garon: Est-ce nouveau comme catégorie?
M. Fortier: Je ne le penserais pas. Non. On dit, à
l'article 83c): "dans les obligations émises par une
coopérative... Pardon?
Une voix: b).
M. Fortier: "b) dans des obligations ou autres titres de
créance garantis par le transport à un fiduciaire d'un engagement
du gouvernement du Québec ou du Canada, de verser des subventions
suffisantes". C'est là aussi. Cela va?
M. Garon: Oui, cela va.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle le
paragraphe 4.
M. Fortier: "4° les obligations émises par une
coopérative régie par la Loi sur les coopératives (L. R.
Q., chapitre C-67. 2), par une fédération de telles
coopératives ou par une personne morale contrôlée par une
telle coopérative ou une fédération de telles
coopératives: "a) si elles sont garanties par un privilège ou une
hypothèque de premier rang sur un immeuble et sur l'équipement;
"b) Si elles sont garanties par une hypothèque de premier rang sur des
immeubles situés au Québec et si le montant de la créance
n'est pas supérieur à 75 % de la valeur de ces immeubles; "c) Si
elles sont garanties par un privilège de premier rang sur
l'équipement et si l'émetteur a intégralement
acquitté les intérêts sur ses autres emprunts au cours des
10 années précédant l'acquisition".
Je pense qu'on reprend mot à mot ce qui existe en ce moment, dans
l'article 83 c.
M. Garon: Adopté?
Le Président (M. Kehoe): Adopté.
M. Fortier: Adopté. Le paragraphe 5°, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le
paragraphe 5°.
M. Fortier: "5° les actions ou parts
privilégiées ou tout titre d'emprunt autre que ceux visés
au paragraphe 4° émis par une coopérative régie par la
Loi sur les coopératives, une fédération de telles
coopératives ou une personne morale contrôlée par une telle
coopérative ou une fédération de telles
coopératives.
Alors, ici, ce que l'on vise, ce sont les actions ou parts
privilégiées autres que celles qu'on vient de définir.
C'est à peu près identique au paragraphe d) de la loi
actuelle.
M. Garon: Pourquoi empioie-t-on le mot "actions"? Ce sont
plutôt des parts que les coopératives utilisent. Pourquoi
utilisez-vous le mot "actions"?
M. Fortier: On dit: "actions ou parts".
Alors, qu'ils les appellent comme ils le veulent, cela couvre l'un ou
l'autre, selon le nom qui est utilisé, j'imagine. Dans certains
cas...
M. Boivin: Parce qu'on vise autant les coopératives que
les personnes morales...
M. Fortier: Ah oui, les personnes morales. M. Boivin:...
contrôlées par ces coopératives.
M. Garon: Ah oui! C'est cela. (17 heures)
M. Fortier: Donc, les coopératives, ce sont les parts et
les personnes morales, ce sont les actions.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle le
paragraphe 6°.
M. Fortier: "6° les obligations ou autres titres d'emprunt
émis par des personnes autres que celles visées au paragraphe
4° et garantis par des immeubles situés au Québec, si le
montant de la créance n'est pas supérieur à 75 % de la
valeur de ces immeubles, déduction faite des autres créances
garanties par les mêmes immeubles et ayant le même rang que la
créance ou un rang antérieur".
On parle toujours d'obligations, mais qui sont émises et
garanties par des immeubles à 75 %. C'est la même loi. Enfin, on
peut remarquer que c'est le même texte que l'article 83e.
M. Garon: Pas tout à fait.
M. Fortier: Non, mais c'est le même concept. Cela va?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle le
paragraphe 7°.
M. Fortier: "7° les immeubles qui garantissent le paiement
d'une créance qui lui est due afin d'assurer le paiement total ou
partiel de cette créance".
C'est le f) actuel, je crois, avec une petite modification. Cela va?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle le
paragraphe 8°.
M. Fortier: Au paragraphe 8°, il y a un papillon, M. le
Président: "L'article 263 est modifié par l'insertion, dans la
cinquième ligne-Le Président (M. Kehoe): On ne l'a pas.
M. Fortier: Ah non, l'article 256. Il n'y a pas de papillon?
C'était écrit comme cela? Ah, il était là. Il n'y a
pas de papillon. Je m'excuse, ce n'est pas à cet endroit.
Alors, "8° les immeubles situés au Québec, autres que
ceux visés au paragraphe 7°, dans la mesure où ces immeubles
servent principalement à son propre usage ou sont acquis à
même les sommes affectées au fonds social ou communautaire. "
Il s'agit du genre de placements qui peuvent être faits. Par
rapport à l'avant-projet de loi, c'est le mot "principalement". C'est
pour cela que je croyais qu'il y avait un papillon, mais cela a
été modifié après l'avant-projet de loi et le mot
"principalement" a été intégré dans le projet de
loi, parce que, bien sûr, il peut arriver qu'une caisse puisse avoir un
édifice et que le deuxième étage soit loué à
d'autres intervenants. Alors, si on n'écrivait pas "principalement", on
pourrait l'interpréter en disant qu'ils n'ont pas le droit d'investir
dans un immeuble dont une partie est louée à d'autres personnes.
Alors, c'est pour cela que l'on dit "principalement à son propre
usage".
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: Attendez un peu. Je sais que, dans son mémoire,
le mouvement Desjardins avait fait des représentations à cet
effet-là. D'après les consultations que vous avez eues avec eux,
sont-ils satisfaits de l'amendement que vous présentez?
M. Fortier: Oui, je crois que cela les satisfait totalement.
C'était très important pour eux et...
M. Garon: Je sais que c'est important,
mais...
M. Fortier:... ils sont très satisfaits.
M. Garon: Vous ne dites pas cela fermement, vous dites: Je crois
que cela les satisfait.
M. Fortier: On peut le demander à M. Bouchard. C'est M.
Bouchard qui a négocié avec le porte-parole ou l'avocat qui
était responsable.
M. Bouchard: D'ailleurs, si vous lisez leur commentaire, vous
verrez qu'il portait là-dessus, à savoir que cela pouvait porter
à confusion parce que, si on ne précisait pas un peu une
espèce de proportion de détention pour fins d'usage personnel,
cela pouvait laisser croire que cela déniait le droit de location pour
le surplus. Alors, en ajoutant le mot "principalement à son usage", cela
laisse entendre que, pour le surplus, il n'y a pas d'incapacité pour
eux, en vertu de leur objet corporatif, de louer des locaux pour leurs fins
comme compagnie interne. Ils sont corrects avec ça.
M. Fortier: Ils sont corrects et nous, ça fait notre
affaire également, parce que notre intention n'était pas de les
en empêcher. D'ailleurs, près de l'endroit où je demeurais
quand j'étais plus jeune, il y a la caisse populaire
Saint-Alphonse-d'Youville, au coin de Crémazie et de Lajeunesse. Il y a
un bel édifice et le deuxième étage est loué
à des notaires, il n'y a rien de mal à ça. En ville,
d'ailleurs, on doit s'assurer que l'emplacement permette une certaine
sous-location, dans certains cas.
Donc, on dit "principalement" parce qu'on ne voudrait pas qu'une caisse
achète Place Ville-Marie, pour prendre uniquement la moitié d'un
étage. Alors, on dit qu'il faut que ce soit un édifice qui serve
"principalement à son propre usage". Comme de raison, on verra plus loin
que nous allons permettre au mouvement Desjardins de créer des holdings
et aux fédérations d'avoir leur siège social, et
là, c'est différent. Mais, ici, on parle d'une caisse, donc, on
dit "principalement". Cela va?
Le Président (M. Kehoe): Adopté?
M. Garon: C'est dans la mesure où c'est un immeuble,
"principalement à son propre usage". Mais, dans le cas d'une caisse qui
aurait un immeuble à plusieurs étages et qui se servirait
uniquement du premier étage, est-ce que ça créerait un
problème ici?
M. Bouchard: Le problème, c'est, justement, comme on l'a
interprété - et le ministre l'a dit - dans le cas, par exemple,
de certaines grosses fédérations, comme la
fédération de Montréal, qui prend pratiquement une
aile...
M. Fortier: Au complexe Desjardins.
M. Bouchard:... du complexe Desjardins. M. Fortier: Ce
n'est pas un problème. M. Bouchard: Elle peut dire que...
M. Fortier: II y avait un problème là, mais on l'a
corrigé par une autre disposition de la loi.
M. Bouchard: Elle ne pourra pas justifier la détention
d'un immeuble considérable pour occuper juste 56 000 pieds
carrés; elle doit occuper l'immeuble principalement pour elle. Mais
l'idée, c'est que, si elle a un local ou un immeuble et que ce local
peut être utilisé à des fins autres qu'une caisse, on dit
que ça va être permis en vertu du paragraphe 8°.
M. Garon: Une caisse peut commencer avec un immeuble de quatre ou
cinq étages. Elle se réserve le premier étage pour elle
et, si elle s'agrandit, elle prendra le deuxième. Mais, au moment
où elle se bâtit, elle peut n'utiliser qu'un étage sur cinq
et louer le reste.
M. Fortier: C'est cela. C'est qu'il faut être bien prudents
ici, parce que nous avons autorisé, dans le projet de loi, la
création du troisième holding qui est le holding immobilier du
mouvement Desjardins, mais une caisse locale n'est pas dans l'immobilier. Par
ailleurs, si le mouvement Desjardins veut se lancer dans l'immobilier...
D'ailleurs, vous avez ça dans toutes les grandes compagnies; c'est
partout pareil. Vous avez Canadien Pacifique qui a Marathon et c'est Marathon
qui fait les gros investissements. Alors, ce qu'on désire, dans le fond,
c'est que, s'il y a de gros investissements à faire - le siège
social d'une fédération pourrait se faire par la
fédération - ils devront se faire par le biais du holding de la
confédération.
Pour ce qui est du local il faut qu'il soit occupé principalement
par la caisse. Mais si, comme vous le dites, ils veulent occuper seulement la
moitié d'un étage et qu'il y a dix étages, ils loueront le
reste tout simplement. Qu'est-ce que vous voulez que je dise?
M. Garon: Mais, là, il n'y a pas de disposition comme
ça actuellement.
M. Fortier: Cela fait longtemps qu'on vous le dit: Dans la loi
actuelle, il y a peu de balises ou il n'y en pas. Il n'y a aucune balise sur
les conflits d'intérêts et il y en a peu sur les prêts
commerciaux. Il n'y a pas de pouvoirs; les pouvoirs ne sont pas définis.
Alors, on ne peut pas se référer à la loi actuelle pour
Indiquer des balises comme ça.
M. Garon: Non, mais ça, c'est une disposition... Vous avez
voulu, en fait, contourner l'affaire des assurances. Bon. Vous avez fait
une
disposition qui n'a pas beaucoup de bon sens. Moi, je fais partis d'une
caisse. Je présume, enfin, je pense que l'immeuble leur appartient; il a
cinq ou six étages. lls sont au premier mais je pense qu'aujourd'hui,
ils occupent également le deuxième. Mais ils n'ont pas fait de
spéculation et tout ça. Éventuellement, iis pourraient
peut-être occuper le troisième, je ne le sais pas. Mais cela
m'apparaît exorbitant qu'une caisse qui va pouvoir prêter de
l'argent a tout le monde ne puisse pas, elle, avoir un immeuble raisonnable. Je
ne parle pas d'avoir une tour de 45 ou 50 étages, mais là, cela
m'apparaft limitatif un peu. Cela a été mis là dans le
fond - ne nous contons pas d'histoires - pour...
M. Fortier: Cela peut régler ce
problème-ià.
M. Garon: Oui, mais les banques et tous les organismes qui sont
là-dedans font cela. Ils ont leur siège social, ils sont
situés dans une bâtisse, quand bien même il y aurait trois
ou quatre étages qui ne seraient pas occupés par eux. Dans un
quartier, dans un endroit où les bâtisses ont normalement trois,
quatre ou cinq étages, ils construisent une bâtisse du même
nombre d'étages; habituellement, ils occupent le premier et te
deuxième. Je n'ai pas vu de caisse au sixième encore. Je n'en
connais pas. Cela m'apparafî une disposition inutilement limitative.
M. Fortier: ll n'y a rien qui les empêche d'acheter un
immeuble. Prenons Lavalin qui s'est associée à La Laurentienne.
Il arrive très fréquemment que les gens s'associent, vont en
coparticipation. J'imagine qu'il n'y aurait rien de mal à ce qu'une
caisse, si elle veut occuper seulement deux étages, prenne deux
douzièmes d'un édifice. À ce moment-là,
"principalement", je ne sais pas comment on pourrait l'interpréter.
Mais il est bien certain qu'ici "principalement" règle le cas
dont vous pariiez, parce que "principaiement" permettrait la sous-location dans
une caisse; alors, cela couvre cela.
On va voir plus loin que, pour les fédérations - la
fédération de Montréal, en particulier - il y a une
disposition spéciale; donc, pour les grosses...
M. Garon: Oui.
M. Fortier:... fédérations, if y a des dispositions
spéciales.
M. Garon: Je ne parle pas des fédérations, mais des
caisses locales. Je pense qu'une caisse, qui a un chiffre d'affaires de 50 000
000 $ ou 100 000 000 $ et qui elle-même va prêter
déjà un montant d'argent important pour d'autres qui ont des
hypothèques, ne pourra pas avoir sa propre bâtisse parce qu'il va
falloir qu'elle ait une bâtisse d'un étage ou deux, dans un
quartier où les bâtisses ont plusieurs étages. Cela
m'apparaît abusif. Je comprends que vous vouliez, au fond, limiter les
questions d'institutions financières, mais même à cela,
pourquoi la bâtisse dans laquelle elle va fonctionner serait-elle la
propriété d'un holding? Pourquoi, alors qu'elle-même est
sur place et qu'elle peut gérer son affaire facilement? Je pense que
vous voulez assommer une mouche avec un bâton de baseball.
M. Fortier: M. le député de Lévis, j'ai dit
tout à l'heure que - et vous-même avez insisté
là-dessus - le but d'une caisse populaire, c'est de faire du
crédit à ses membres; c'est cela, le but principal. Elles
reçoivent des dépôts. Vous l'avez dit vous-même et,
je suis complètement d'accord avec vous, que l'objectif premier d'une
caisse populaire, c'est de recevoir des dépôts et de faire des
prêts aux gens - c'est l'objectif premier - et d'aider les membres.
M. Garon: Je suis d'accord avec cela, oui.
M. Fortier: L'objectif premier d'une caisse populaire, ce n'est
pas de faire de l'immobilier, n'est-ce pas?
M. Garon: Non. Ce n'est pas cela.
M. Fortier: L'objectif premier, suivez-moi, d'une caisse
populaire, c'est de faire des prêts à ses membres. Ici, on est en
train de définir le type de placements qu'elle pourrait faire si elle
avait un surplus d'argent. Alors, on parle des obligations: les obligations du
Québec ou du Canada; des obligations au taux garanti par le gouvernement
du Canada. On parle de choses qui sont très sûres, mais il ne
s'agit pas, par ce biais-là, de se lancer en affaires.
M. Garon: Non, non.
M. Portier: Il s'agit, par ce biais-là, de faire un
placement qui est sûr. On dit: Bien sûr, pour un immeuble qui sert
principalement à leurs activités, cela nous semble un placement
très sûr.
M. Garon: il faut penser à une caisse urbaine. Je ne
connais pas la situation du lieu. Je vais vous donner un exemple: sur la rue
des Érables, à Québec, la caisse de Notre-Dame-du-Chemin
est là. Elle avait une vieille bâtisse avant. Elle est
retournée dans le sous-sol de l'église où, sans doute,
elle a été fondée antérieurement et, pendant ce
temps-là, elle s'est bâti un genre de tour, qui n'est pas d'une
architecture extraordinaire, mais en tout cas. Il y a, je ne sais pas, quatre
ou cinq étages. Au premier, c'est la caisse; je pense qu'au
deuxième aussi et d'autres genres d'activités; mais, après
cela, au troisième, il y a un dentiste et je me demande s'il n'y a pas
quelques logements en haut. Mais elle a bâti uniquement une bâtisse
de même hauteur.
À Montréal, par exemple, la caisse de quartier, il faut
qu'elle ait le même nombre d'étages que les autres bâtisses;
autrement, ça va faire cher le pied carré si elle n'a qu'un
étage ou deux sur son terrain. Je ne parle pas du coin
d'Hydro-Québec; je parle d'un quartier où les bâtisses ont
cinq ou six étages. Normalement, elle peut avoir un immeuble de
même nature que les autres immeubles environnants: cinq ou six
étages. Elle n'occupera sans doute pas plus qu'un ou deux étages.
Est-ce qu'on dit qu'elle fait de la spéculation immobilière parce
que sa bâtisse a à peu près la même hauteur que les
autres du quartier? Je trouve que ça serait bête de ne pas le
faire, parce que son terrain, qui doit être cher... (17 h 15)
M. Fortier: Prenons le comté du député de
Saint-Louis, qui est au centre-ville de Montréal. J'imagine qu'il y a
là des caisses populaires. Si vous me dites qu'il faut que la caisse ait
un édifice de la même hauteur que les autres
édifices...
M. Garon: Non.
M. Fortier:... il va être gros tout à l'heure,
l'édifice.
M. Garon: II y a le complexe Oesjardins qui est assez haut.
M. Fortier: Oui, mais c'est la fédération; on va le
permettre à la fédération. Mais là, je parle d'une
caisse locale. S'il faut qu'une caisse locale ait un édifice aussi haut
que l'édifice des Coopérants, on parle d'un gros
édifice.
M. Garon: Non, non. Je parle d'un édifice dans une ville;
je ne parle pas du centre-ville où se trouvent les gratte-ciel.
M. Fortier: Oui, mais si on l'écrit dans la loi, je ne
peux pas faire la distinction, moi, entre le comté de Saint-Louis et le
comté de Bonaventure. Dans la loi, nous sommes obligés de les
regrouper ensemble pour couvrir tous les placements d'une caisse. Quand nous
arriverons aux fédérations, tout à l'heure, vous allez
voir qu'il y aura peut-être des dispositions différentes.
M. Garon: Oui, mais il y a 11 fédérations et il y a
1300 caisses. Pourquoi encarcaner une caisse comme ça?
M. Fortier: Ce sont des placements prudents et, je vous le dis,
l'objectif premier d'une caisse n'est pas de se lancer dans l'immobilier, c'est
de faire du crédit à ses membres.
M. Garon: Une caisse qui va s'établir dans un
édifice de quatre, cinq ou six étages, dans un milieu où
les bâtisses ont ce niveau, et qui occupe le premier ou le
deuxième, ou le premier et le deuxième, qui n'occupe pas les
trois ou quatre autres, mais les loue, cela ne me semble pas
déraisonnable. Deuxièmement, la décision contraire, au
prix du pied carré de terrain en ville, serait une mauvaise
décision, parce qu'elle augmenterait le niveau des coûts fixes. Au
fond, c'est répartir le prix du terrain sur un plus grand espace parce
que la caisse aura, à ce moment-là, un nombre d'étages
équivalents. Moi, je pense que vous avez voulu limiter quelque chose,
mais je ne suis pas certain que vous ayez pris la bonne mesure pour !e faire.
Parce que, là, vous allez limiter autre chose, ce qui, selon moi, ne
sera pas nécessairement bénéfique pour la caisse.
Pourquoi une caisse, pour respecter cette disposition, aurait-elle une
bâtisse d'un ou deux étages? Il y a des secteurs où j'ai
l'impression que l'on aura tendance à vouloir avoir le même nombre
d'étages que les bâtisses environnantes, occuper le premier ou le
deuxième, ou le premier et le deuxième, puis louer les autres
à des gens qui vont rendre des services publics et tout ça. En
tout cas, moi, j'en vois plusieurs comme ça.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Remarquez que, dans les endroits où le prix du
terrain est cher, comme le souligne le député de Lévis, on
retrouve les caisses populaires dans des immeubles corporatifs, par exemple,
sur le boulevard René-Lévesque, à la Maison de
Radio-Canada, à l'UQAM (Université du Québec à
Montréal), et, comme je le soulignais, dans le Complexe Desjardins.
Elles sont intégrées dans des complexes multifonctionnels comme
la Maison de Radio-Canada ou l'UQAM. Elles ne sont pas propriétaires du
fonds de terrain, parce que ce n'est pas dans l'intérêt des
actionnaires de la caisse, des coopérants de la caisse, de payer un
terrain de 600 $ à 800 $ le pied carré pour monter une tour.
M. Garon: Qu'arrivera-t-il aux caisses qui sont
déjà dans la situation que je mentionne?
M. Fortier: J'imagine qu'i! y a une disposition plus loin - M.
l'Inspecteur pourra me corriger - ou qu'on pourra en Inclure une, s'il n'y en a
pas, pour dire que, si les gens ne respectent pas certains aspects de la loi,
ils ont deux ans pour s'y conformer. Cela a bien du bon sens. Il y a plusieurs
dispositions contraignantes ici. Il se pourrait qu'une caisse ait des
prêts qui ne sont pas conformes à la loi. Donc, à ce
moment-là, elles seront obligées de s'aligner dans deux ans. Cela
a certainement du bon sens.
M. Garon: Cela n'a vraiment pas de bon sens. Vous avez voulu
contrer une affaire dans le domaine des assurances, mais, là, vous avez
des
effets dans d'autres domaines. Ce que vous voulez contrer, contrez-le
comme vous voulez, mais Je vais vous demander de le mettre en suspens, parce
que je vais vérifier auprès de quelques caisses qui sont, je
pense dans cette situation. Je peux vous donner des exemples concrets. Je
trouve que cela n'a pas de bon sens.
M. Fortier: On va le suspendre.
Le Président (M. Kehoe): Le paragraphe 8° est suspendu
et l'ensemble de l'article 256 est suspendu.
J'appelle l'article 257.
M. Fortier: L'article 257. "Une caisse, autre qu'une caisse
constituée pour offrir des services à un groupe... "
M. Garon: Un instant, il y avait...
M. Fortier: On a tout approuvé, excepté le
8°.
M. Garon: Le 8°: c'est parce qu'il avait un deuxième
alinéa. Je comprends.
Le Président (M. Kehoe): L'ensemble de l'article n'est pas
adopté, non plus.
M. Fortier: Alors, on reviendra là-dessus.
M. Garon: Le 9° que vous avez fait sauter, pourquoi
I'avez-vous fait sauter?
M. Fortier: Où est-ce, le 9°? Y a-t-il un 9°?
M. Garon: Qu'il y avait dans le projet de loi.
M. Fortier: Dans l'avant-projet de loi. M. Garon: Dans
l'avant-projet de loi, oui.
M. Fortier: Je ne me souviens pas. Si on l'a fait sauter, c'est
pour une bonne raison.
M. Garon: C'est quoi, la raison?
M. Fortier: Ah oui, on le met à un autre endroit. À
quel endroit avons-nous cela? C'est à l'article 257. Le 9° est rendu
à l'article 257. D'accord?
M. Garon: II est changé de place.
M. Fortier: II est changé de place parce qu'on a voulu
l'écrire différemment.
Alors, on dit: "Une caisse, autre qu'une caisse constituée pour
offrir des services a un groupe, peut en outre, dans le but de favoriser le
développement d'entreprises situées sur son territoire, investir
dans des actions ou des titres d'emprunt non garantis - alors, là, nous
sommes dans Se capital de risque - de telles entreprises si elle peut leur
consentir du crédit, dans les limites prévues par
règlement de la fédération à laquelle elle est
affiliée. Ce règlement est soumis à l'approbation de la
confédération à laquelle cette fédération
est eiie-même affiliée ou, si elle ne l'est pas, du gouvernement.
"Une caisse ne peut cependant investir dans une telle entreprise lorsqu'une
autre caisse a déjà investi dans des actions ou des titres
d'emprunt non garantis de cette même entreprise. "
Alors ce qu'on vise ici - vous allez le voir plus loin, à
l'article 260 - c'est 2 %. Réellement ce qu'on veut, c'est du "seed
money", du capital de risque. Par exemple, une caisse au Lac-Saint-Jean qui a
son propre territoire, pourra investir 2 % de capital de risque sur son
territoire. La raison pour laquelle on dit "une caisse, autre qu'une caisse
constituée pour offrir des services à un groupe", c'est que,
justement, les caisses d'économie n'ont pas de territoire; elles
desservent des gens sur toute l'étendue de la province de Québec.
Donc, c'est dans un but de développement économique; c'est 2 %.
Cela n'a pas l'air beaucoup, mais 2 % sur une capitalisation de 5 %, c'est 40 %
du capital d'une caisse qui peut être risqué dans du
développement économique.
Alors, c'est semblable à ce que nous avions dans le 9°, mais
cela a été un peu modifié.
M. Garon: L'article 257, c'était dans...
M. Fortier: C'est nouveau, cela n'existait pas.
M. Garon: L'article 257 n'existait pas.
M. Fortier: Non, le concept véhiculé par l'article
257 n'existe pas dans la loi actuelle.
M. Garon: Dans l'avant-projet de loi, où était-il
situé?
M. Fortier: il était là, comme je vous l'ai dit;
c'est le 9° qui a été défini davantage. C'est
important de délimiter, parce que, de toute façon, comme je vous
l'ai dit, à l'article 256, il s'agissait de placements sûrs.
Alors, il ne s'agit pas ici d'un placement sûr; II s'agit de capital de
risque, lequel, par définition, est loin d'être un placement
sûr.
Cet article, M. le député de Lévis, c'est
simplement pour dire qu'une caisse, sur son territoire, peut investir dans du
capital de risque, dans une société à laquelle elle a le
droit de faire du crédit, par ailleurs; c'est tout simplement ça,
l'idée.
M. Garon: On dit que, si la caisse n'est pas affiliée, le
règlement doit être approuvé par le gouvernement.
M. Fortier: Oui. Prenons, par exemple, la caisse de Rimouski; il
y en a une qui n'est pas affiliée.
M. Garon: Oui. Pourquoi on n'a pas écrit "l'inspecteur
général" plutôt que le "gouvernement"?
M. Fortier: C'est un règlement. Alors, les
règlements sont approuvés par le gouvernement, selon la
procédure d'approbation des règlements.
M. Garon: Non, ce n'est pas un règlement du
gouvernement.
M. Fortier: Non, mais tous les règlements adoptés
par les fédérations et la confédération - vous
allez le voir plus loin - doivent être approuvés par le
gouvernement. Alors, selon la procédure - prépublication,
publication - il faut que ce soit public, parce qu'ils vont l'adopter une fois.
Une fois le règlement adopté, ils ne le changeront pas. Ils vont
le changer 20 ans plus tard et, après, ce sera fini. C'est simplement
par précaution, parce qu'il s'agit de capital de risque.
M. Garon: Une telle entreprise pourra avoir des actions
détenues par une seule caisse, pas par deux caisses.
M. Fortier: C'est cela. Ce que l'on veut permettre, c'est une
aide de la caisse à des petites entreprises. J'imagine qu'elles vont
distribuer leurs 2 %. Par exemple, une caisse en région qui a 20 000 000
$ d'actifs, 2 % de 20 000 000 $, combien cela fait-il?
M. Garon: 400 000 $.
M. Fortier: 400 000 $. J'imagine que ce montant-là, elles
vont pouvoir le distribuer dans du capital de risque dans plusieurs
entreprises, mais sur leur territoire. L'idée est qu'en région
une caisse pourrait aider de petites entreprises sur son territoire à
elle, pas dans le territoire du voisin. Alors, c'est cela, l'idée.
M. Garon: Est-ce que toutes les caisses ont un territoire?
M. Fortier: Toutes les caisses ont un territoire.
M. Garon: N'y en a-t-il pas qui font référence
à un groupe plutôt qu'à un territoire?
M. Fortier: Non. C'est pour cela que l'on dit "une caisse, autre
qu'une caisse constituée pour offrir des services". Alors, les caisses
d'économie n'ont pas de territoire. C'est pour cela qu'elles sont
exclues, parce qu'elles auraient le droit de placer cela n'importe où au
Québec. C'est une fédération qui représente surtout
des travailleurs. Alors, ce que l'on veut, c'est que la caisse locale, une
caisse du Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi, de la Gaspésie ou de
Montréal, puisse investir dans son territoire 2 % de son actif.
M. Garon: Quei est le territoire des caisses populaires de la
région de Québec? Est-ce la région de Québec ou la
municipalité?
M. Fortier: Elles ont toutes un territoire, c'est ce que je vous
ai dit. Dans la Communauté urbaine de Montréal, le territoire,
c'est la Communauté urbaine de Montréal. Autrement dit, une
caisse à Montréal, son territoire, c'est le territoire de la
communauté. Je pense qu'à Québec, c'est la même
disposition. À Montréal, c'est dans les années cinquante
que cela avait été accordé, mais c'est le même
principe, une caisse de Montréal, c'est sur son territoire.
L'idée originale, c'était qu'une caisse pourrait investir sur son
territoire. Or, quand on arrive à Montréal, dans le même
territoire, il y a plusieurs caisses. L'idée n'est pas que 25 caisses se
mettent ensemble pour aider une compagnie; ce que l'on veut, c'est du petit
capital de risque et des petites compagnies. C'est pour cela que l'on dit que
deux caisses ne pourraient pas s'associer. Pour les gros investissements, on va
le permettre par leur holding en haut, lorsque l'on va permettre, justement, la
création d'un holding financier et d'un service financier, commercial et
industriel. Ce que l'on veut, c'est réellement du petit capital de
risque dans des petites entreprises locales.
M. Garon: Au fond, la caisse pourrait avoir des placements
garantis, mais ceux-là en plus. Je veux dire qu'elle pourrait avoir une
hypothèque sur les biens immeubles, l'équipement, la
bâtisse et le terrain, mais en plus...
M. Fortier: Oui. Prendre une participation...
M. Garon: ...des actions.
M. Fortier: Ou un prêt non garanti.
M. Garon: Ou un prêt non garanti.
M. Fortier: Non garanti. Autrement dit...
Une voix: Ou est-ce que cela pourrait être les deux?
M. Fortier: Je pense que oui. On dit ici: "Dans des actions ou
des titres d'emprunt non garantis de telles entreprises... dans les limites
prévues par règlement." Alors, comme de raison, ce sera dans les
limites prévues par règlement de la fédération ou
de la confédération.
M. Garon: Mais quand on dit "dans des actions ou des titres
d'emprunt non garantis de telles entreprises...
M. Fortier: Bof!
M. Garon:... est-ce que ceia veut dire que cela peut être
les deux ou si c'est l'un ou l'autre? (17 h 30)
M. Portier: Je ne pense pas que cela soit exclusif. M. Bouchard,
quand on dit "dans des actions ou des titres d'emprunt", est-ce que c'est l'un
ou l'autre, ou les deux?
M. Bouchard: Les deux.
M. Fortier: Les deux. Il n'y a pas de problème. Ce n'est
pas exclusif. Ce n'est pas nécessaire d'acheter les actions. Si une
caisse fait un prêt non garanti, c'est à peu près la
même chose. Le danger de le perdre est là. C'est pour aider une
petite entreprise. Un jeune homme de 25 ans qui ne possède absolument
rien ouvre une petite entreprise au Lac-Saint-Jean. Il va voir sa caisse.
Peut-être qu'elle pourra lui donner un coup de main par un prêt non
garanti. C'est la disposition qui est là.
M. Garon: Une charge flottante...
M. Fortier: Une quoi?
M. Garon:... ceia entre où là-dedans?
M. Bouchard: Le type d'emprunt qui est prévu ici n'est pas
qualifié. Cela peut être une débenture ou une obligation ou
un papier commercial ou n'importe quoi. Une charge flottante sur une entreprise
couvrirait le cas.
M. Garon: Cela n'entrerait pas dans des prêts non
garantis.
M. Bouchard: Cela va entrer dans la possibilité des 2 %,
parce que 2 %, c'est très limitatif.
M. Fortier: On va voir plus loin que c'est 2 %.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Une charge
flottante, c'est un genre de garantie, au fond?
M. Bouchard: Oui.
M. Garon: Est-ce qu'un prêt garanti par une charge
flottante, entrerait dans l'article précédent ou dans
celui-là? il n'était pas couvert comme tel dans l'article
précédent?
M. Bouchard: Non, parce que dans les articles
précédents, vous avez les débentures qui ne sont pas
garanties. Les charges flottantes, on ne les a pas. La charge flottante va
être admissible dans les autres placements, si c'est d'abord garanti par
une hypothèque sur les biens-fonds et autre chose. Là, elle sera
qualifiée.
M. Garon: Dans ce que vous appelez des emprunts non garantis, le
règlement de la fédération pourrait prévoir une
charge flottante, non?
M. Bouchard: On parle des placements qu'une caisse peut faire; on
ne parle pas d'emprunts. Ce n'est pas pareil.
M. Garon: On dit ici: "Une caisse (... ) peut en outre (... )
investir dans des actions ou des titres d'emprunt non garantis de telles
entreprises si elle peut leur consentir du crédit dans les limites
prévues par règlement de la fédération à
laquelle elle est affiliée. " La caisse peut investir dans des actions
ou des titres d'emprunt. Est-ce que la fédération pourrait, par
son règlement, prévoir qu'il faudrait exiger une charge
flottante?
M. Bouchard: Il faudrait que ce soit un titre d'emprunt garanti.
On dit "dans les titres d'emprunt non garantis. " "Non garantis. " Dans les
limites prévues par règlement de la fédération",
ceia veut dire que c'est la fédération qui va déterminer
la proportion qu'une caisse pourra consacrer soit en actions, soit dans des
titres d'emprunt, pour répartir le risque. C'est un capital
essentiellement de risque, un investissement de risque.
M. Garon: Je comprends ce que vous dites.
M. Bouchard: Un placement.
M. Garon: Cela n'entre pas dans les...
M. Bouchard: Cela ne s'inscrit pas dans les autres rubriques
qu'on a vues avant.
M. Garon: Jusqu'à maintenant, non. M. Bouchard: Non.
M. Garon: Les banques exigent habituellement une charge flottante
pour se donner une forme de garantie. Pour les caisses, est-ce qu'on a
prévu une telle disposition ou est-ce qu'elles vont prêter sans
garantie?
M. Bouchard: À ce moment-là, ce ne sera pas un
placement; c'est du prêt commercial que la caisse va faire. Ici, on parle
de placements, acquisition d'une créance.
M. Garon: Est-ce que c'est prévu quelque part?
M. Bouchard: Ce n'est pas la même chose. Vous êtes
dans les pouvoirs de placement, dans les pouvoirs de crédit,
crédit-bail, etc. C'est du
prêt commercial...
M. Fortier: On a vu les crédits avant.
M. Bouchard: ...qui pourrait être une marge de
crédit qui pourrait être garantie, par exemple, par une debenture.
C'est du prêt commercial, ce n'est pas un placement.
M. Garon: Ici, c'est "investir dans des actions ou des titres
d'emprunt non garantis".
M. Bouchard: C'est un placement.
M. Fortier: C'est un placement ici, non garanti.
M. Garon: Le titre d'emprunt non garanti, pour vous, c'est quoi?
Quel genre?
M. Bouchard: Un titre d'emprunt non garanti? Cela pourrait
être une debenture purement et simplement que vous achetez, mais qui ne
garantit pas une marge de crédit que vous avez faite. Dans la
municipalité ou dans la paroisse, par exemple, vous avez une petite
entreprise qui va émettre des titres sur le marché et qui a
besoin de crédit. Ce n'est pas un prêt que la caisse lui fait.
Elle ne lui prête pas, mais l'entreprise répartit sur le
marché des billets, par exemple, ou des debentures ou des formes
quelconques et la caisse peut en acheter pour l'aider dans son
développement.
M. Fortier: C'est réellement dans le but d'aider la petite
entreprise locale qui n'a pas toujours les moyens au début de garantir
des obligations ou qui n'a pas encore fait son nom. C'est du capital de risque.
Cela va?
Le Président (M. Kehoe): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 258 et il y a
un papillon.
M. Fortier: L'article 258 est modifié par le remplacement
du deuxième alinéa par le suivant: "Une caisse ne peut
acquérir des actions émises par une personne morale lorsque de
telles actions sont déjà détenues directement ou
indirectement par une société de portefeuille
contrôlée par la confédération à laquelle la
fédération dont elle est membre est affiliée."
Le premier alinéa se lit comme suit: "Une caisse peut
acquérir une seule action non participante comportant droit de vote de
toute société de portefeuille contrôlée par la
confédération à laquelle la fédération dont
elle est membre est elle-même affiliée."
Alors, le commentaire sur le premier paragraphe, c'est que, comme je le
disais tout à l'heure, les sociétés de portefeuille, en ce
qui concerne la confédération, vont se rapporter, si vous le
voulez, au conseil d'administration de la confédération. On nous
a fait valoir que, pour inciter les caisses à s'intéresser
à ce qui va se passer dans ces sociétés de portefeuille,
ce serait une bonne chose si une caisse pouvait détenir une action, pas
pour faire un gain de capital, mais simplement pour savoir ce qui se passe
là. CeJa va leur permettre de recevoir les rapports annuels, d'aller aux
réunions et tout cela. Le premier alinéa est réellement
où on dit: "Une caisse peut acquérir une seule action" leur
permet d'avoir une action et de savoir ce qui se passe dans l'un ou l'autre de
ses quatre holdings.
Le deuxième alinéa, que je viens de lire, l'amendement,
dit: "Une caisse ne peut acquérir des actions émises par une
personne morale lorsque de telles actions sont déjà
détenues directement ou indirectement par une société de
portefeuille contrôlée par la conféfération à
laquelle la fédération dont elle est membre est
affiliée."
Dans l'article 257 qu'on vient d'adopter, on vient dire qu'une caisse
pourrait acheter des actions par du capital de risque dans une entreprise. Dans
le fond, on voudrait que ce soit exclusif, dans le sens que, si l'idée
de la caisse est d'aider une petite entreprise, cela ne devrait pas lui
permettre d'acheter des actions dans une entreprise sous la
propriété de la Société d'investissement
Desjardins, disons. Autrement dit, soit que c'est pour aider une petite
entreprise dans le territoire de la caisse ou, si ce n'est pas cela, ça
va être pris au niveau de la confédération et cela sera
plutôt de la grande entreprise. Alors, c'est le but de l'article 258, M.
le Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bouchard: Un instant! Vous n'avez pas utilisé la
formulation que vous a suggérée le mouvement Desjardins dans son
mémoire.
Une voix: Oui.
M. Fortier: C'est à peu près la même
chose.
M. Bouchard: Oui. On avait "une action ordinaire" dans l'ancien
texte. On l'a remplacée.
M. Fortier: Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Garon: Un instant! Il parle uniquement de
sociétés de portefeuille?
M. Fortier: Cela va? M. Garon: Adopté. M.
Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 258, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 259.
M. Fortier: C'est la conclusion de l'article 258. On dit: "Une
caisse doit se départir des actions qu'elle détient dans une
personne morale lorsque la société de portefeuille
contrôlée par !a confédération à laquelle la
fédération dont elle est membre est elle-même
affiliée en acquiert directement ou indirectement. "La caisse a deux ans
pour se départir de ses actions. Ce délai commence à
courir à compter de la date d'acquisition de semblables actions par la
société de portefeuille ou par la personne morale qu'elle
contrôle. "
Autrement dit, dans l'article 258, on vient dire que la caisse investit
localement dans un petite entreprise. La société de portefeuille
investit à un niveau plus important. Si jamais il arrivait un cas
où une caisse aurait investi dans une petite entreprise qui deviendrait
très grosse, à ce moment-là, c'est la
société de portefeuille qui prendrait la relève. Donc, la
caisse devrait vendre son investissement, j'imagine avec profit, à ce
moment-là.
M. Garon: Pourquoi faites-vous cela?
M. Fortier: La raison pour laquelle nous l'indiquons, c'est que
nous avons permis la création de ces quatre holdings en haut. On croit
que l'idée des 2 % qui est nouvelle - c'est du capital de risque - c'est
d'aider la petite entreprise locale. De fait, à notre avis, cela devrait
être de très petits investissements, faits localement. Si elle
distribue les 2 % sur un certain nombre de nouvelles petites entreprises, les
investissements ne seront pas importants. Si la confédération s'y
intéresse et, à ce moment-là, fait intervenir son holding
en haut, avec les puissants moyens financiers qu'on va leur donner parce qu'ils
vont émettre des actions dans le public, là, il y a eu un choix
à faire, parce que, là, il y aurait duplication. Ce qu'on veut
éviter, dans le fond, c'est que 1400 caisses se mettent à acheter
des actions d'une entreprise dans laquelle le holding investirait.
M. Garon: Ce n'était pas dans l'avant-projet de loi
ça?
M. Fortier: L'article 259, est-ce que c'était là?
On a eu une discussion avec le mouvement Desjardins et je crois qu'il est
heureux de cela. Enfin, il a accepté cette disposition. Avait-on quelque
chose de semblable? Non, mais c'est parce qu'on s'est aperçu qu'en ce
qui concerne les fédérations, aux articles 405 et 406, on avait
mis des dispositions semblables, mais on l'avait oublié pour la
caisse.
Autrement dit, l'idée des 2 %, c'est réellement pour de
petits investissements sur le plan local. Si ceia devient de gros
investissements, ce sera fait à la confédération, mais,
à ce moment-là, il faudra que ce soit tout à fait
exclusif. Parce que, ce qui arrivait dans le passé, c'est qu'on avait
permis, selon la loi actuelle, aux fédérations d'avoir 30 % d'une
société. Alors, elles se mettaient cinq, six ou huit ensemble et
elles allaient chercher la totalité des actions. Là, on trouve
qu'une caisse locale, si elle veut aider une petite entreprise chez elle,
qu'elle l'aide. Mais on ne voudrait pas que ce soit deux caisses et on ne
voudrait pas que ce soit la personne morale et la caisse en même temps.
Autrement dit, si la société de portefeuille intervient au niveau
de la confédération, à ce moment-là, que la caisse
prenne son profit et s'en départisse.
M. Garon: Je ne sais pas quelle est la situation dans certains
cas, mais la caisse qui aurait fait un bon placement dans une entreprise
locale, pourquoi se ferait-elle sortir par la société de
portefeuille, alors que l'anticipation, cela peut être parce que les
parts, à ce moment-ci, ce n'est pas le bon temps de les vendre pour
différentes raisons?
M. Fortier: On leur donne deux ans; deux ans, c'est pas mal
long.
M. Garon: Les deux ans qui viennent ne sont pas
nécessairement les meilleures années pour liquider.
M. Fortier: Prenez Papier Cascades, avant le krach, deux ans,
c'était parfait.
M. Garon: Oui, mais deux ans...
M. Fortier: Un an après le krach, ce n'était plus
le temps.
M. Garon:... dans les deux ou trois dernières
années, ce n'était pas mal, mais dans les deux années qui
viennent, ce n'est pas sûr que ce sera aussi bon. Imaginez-vous si vous
aviez eu deux ans à partir de l'automne dernier, par exemple. Deux ans
pour vendre des actions à partir de l'automne 1987, je ne suis pas
convaincu que c'est un beau cadeau. (17 h 45)
M. Fortier: J'imagine qu'ils vont se parler, ces
gens-là.
M. Garon: Ce n'est pas une question de se parler, c'est une
question de valeur des actions.
M. Fortier: ils peuvent les vendre au
holding s'ils le veulent. Le but des 2 % - j'essaie de vous l'expliquer
- c'est réellement du développement économique. Je suis
sûr qu'au début, quand ils vont investir dans cela, que ce soit
à Sept-îles ou ailleurs, ils ne feront pas cela avec la
pensée qu'ils vont faire une "bonanza" avec cela, c'est
réellement une aide au développement local et économique.
Dans le fond, quand cela devient beaucoup beaucoup plus gros et que la
société de portefeuille veut intervenir dans des types d'affaires
comme Culinar, etc., lorsqu'on tombe dans les millions et les millions de
doiiars, j'imagine que !a caisse locale, par le biais de l'article 257 qui est
nouveau... Vous savez, on n'était pas obligés de leur donner le
capital de risque, à l'article 257. Les banques n'ont pas cela. Je vais
vous dire bien plus que cela, les banques ont le droit de faire un
investissement comme cela, mais pour un maximum de deux ans. D'ailleurs,
l'Association des banquiers, quand elle est venue en commission parlementaire,
nous a dit: On est d'accord avec cette disposition parce que les banques ont le
droit de le faire, mais, dans la Loi sur les banques, il est dit très
clairement que c'est pour un maximum de deux ans. Ici, on ne le dit pas; on dit
seulement que la caisse peut la garder aussi longtemps qu'elle le veut,
jusqu'à ce que le holding de la confédération intervienne
et, là, ils ont deux ans pour le vendre. Dans la Loi sur les banques, la
raison pour laquelle cela avait été mis là, c'est qu'il
peut arriver, à un moment donné, qu'une banque fasse un placement
ou prenne des actions en garantie. Alors, malgré elles, elles peuvent se
retrouver actionnaires d'une entreprise parce que la compagnie allait mal et
qu'elles sont devenues propriétaires des actions, mais, là, elles
ont deux ans pour s'en départir. C'est un peu cette disposition qu'on a
mise ici, quoique l'idée première n'est pas tout à fait la
même, l'Idée première étant de permettre le
développement économique, au niveau local, des petites
entreprises.
M. Garon: Je trouve cela un peu...
M. Fortier: Remarquez bien, M. le député de
Lévis, que l'autre avantage qu'il y a, c'est parce qu'eux, ils vont
être limités. Disons qu'une caisse a 20 000000$ ou 30000000$
d'actif; 2 % de son actif, ça lui donne une certaine masse. Si
l'idée, c'est d'aider les petites entreprises, elle devrait donc aider
une petite entreprise et, quand celle-ci peut s'en sortir, reprendra ces 2 %
pour les investir de nouveau. Les 2 % vont la limiter dans le genre d'aide
qu'elle peut fournir. Je pense bien que l'idée, c'est de dire: La caisse
locale, son but sera d'aider la petite entreprise à démarrer.
Remarquez bien qu'après, elle ne s'en sort pas complètement parce
qu'elle peut continuer à faire du prêt commercial. Cela va
peut-être devenir un client, un gros client localement. Là, on
parle en termes de capital investi. Si elle vend au holding ou à
quelqu'un d'autre, cet argent, elle va pouvoir l'investir dans une autre petite
entreprise locale. Alors, l'idée n'est pas mauvaise du tout. Donc, il va
y avoir une certaine rotation de ce capital de risque.
M. Garon: C'est elle qui a fait le placement dans une compagnie
locale et, à un moment donné, la fédération,
l'organisme ou "la société de portefeuille contrôlée
par la confédération à laquelle la
fédération dont elle est membre est elle-même
affiliée en acquiert directement ou indirectement" et, là, on dit
à la caisse: Enlève-toi de !à!
M. Fortier: Indirectement, parce que cela peut être fait
par un holding qui contrôle la Société d'investissement
Desjardins, qui contrôle Culinar. Culinar a une filiale et cela peut
être un tas d'affaires comme cela. C'est directement ou indirectement.
Ils vont avoir un portefeuille limité; 2 % de leur actif, c'est
limité.
M. Garon: Pardon.
M. Fortier: J'ai dit que 2 % de leur actif, c'est limitatif.
Autrement dit, ce n'est pas leur mission première. Remarquez bien que
moi, je suis très fier de cette disposition des 2 %, mais ce n'est pas
la mission première de la caisse d'investir dans du capital de risque.
C'est pour cela qu'on veut la limiter.
M. Garon: Non, mais...
M. Fortier: Ce n'est pas sa mission première. Sa mission
première, c'est de faire du crédit à ses membres. Donc,
comme ce n'est pas sa mission première, à mon avis, ils doivent
s'en sortir. La justification, M. le député de Lévis,
c'est que la mission première du holding à caractère
commercial et industriel, c'est d'aller là-dedans. La caisse, ce n'est
pas sa mission première d'être actionnaire d'une entreprise. C'est
pourquoi on dit que, dans la mesure où le holding dont la mission
première est de devenir actionnaire de l'entreprise le fait, la caisse
devrait se retirer parce que sa mission première, c'est de faire du
prêt commercial, du crédit, quitte à utiliser cet argent
pour aider d'autres petites entreprises localement. C'est le principe qui nous
a guidés.
Alors, on croit que c'est une disposition tout à fait sage parce
que ça permet au mouvement Desjardins, dans son ensemble, d'avoir un
holding en haut qui sera bien équipé pour faire ce genre de
chose, avec des professionnels pour le faire. Parce qu'il va y avoir des
investissements importants qui vont suivre, alors le holding en haut va avoir
le personnel voulu pour suivre. Mais, ici, on parle toujours de capital de
risque localement, dans de très petites entreprises parce que
probablement que ce sera 20 000 $ dans une entreprise, 30 000 $ dans une autre
entreprise. S'ils le font d'une façon sage, ils ne
prendront pas tout leur argent pour le mettre dans une seule entreprise;
ils vont le répartir dans plusieurs petites entreprises.
M. Garon: Cela dépend des montants investis à ce
moment-là, mais il y en a tout de même qui peuvent en placer un
peu parce qu'il y a des caisses qui ont au-dessus de 100 000 000 $
d'actifs.
M. Fortier: Oui, on pensait surtout aux régions, mais
c'est vrai qu'à Montréal on peut avoir une caisse qui a 100 000
000 $. Si vous allez en région, les caisses ont peut-être 15 000
000 $, 20 000 000 $ d'actifs. En région, 20 000 000 $ d'actifs,
ça fait à peu près 400 000 $. J'imagine qu'ils vont
prêter ça...
M. Garon: Dans mon comté, il y en a plus qui ont au-dessus
de 20 000 000 $ qu'en bas de 20 000 000 $.
M. Fortier: Sur division, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Non, mais c'est parce que je ne trouve pas que...
Là, vous avez rajouté ça; ce n'était pas là
lors de la consultation.
M. Fortier: On a fait une consultation pour ça, en fait.
L'Association des banquiers nous a fait une représentation et on a
examiné la raison pour laquelle elle nous avait fait cette
représentation. On a examiné la Loi sur les banques et c'est vrai
qu'elle limite ça à deux ans. Si la Loi sur les banques est comme
ça, c'est que le but premier d'une banque, ce n'est pas de devenir
actionnaire dans des entreprises et d'investir du capital de risque. C'est pour
ça qu'on a pensé...
M. Garon: Non, je suis d'accord avec vous.
M. Fortier: Cela nous a un peu influencés pour
réfléchir sur ce qu'est cette disposition.
M. Garon: Sauf qu'on a la caisse, qui est la première
arrivée, qui était là, qui a investi on prenait un risque,
à un moment donné, et, là, ça va bien. Ou
l'inverse, par exemple, dans le cas d'une entreprise qui est bonne, parce que,
sur le marché, actuellement, les prix ont diminué, un organisme,
la confédération ou une société de portefeuille
contrôlée par la confédération, qui se
préoccuper davantage de faire du placement que du développement
local, va arriver et dire: Tasse-toi, j'embarque. Cela va équivaloir
à ça. Elle va dire: Moi, j'embarque. On ne s'occupe plus de la
caisse locale. La caisse locale se trouve à être tassée. Je
trouve ça drôle.
M. Fortier: D'un autre côté, ça va lui
permettre d'utiliser son capital dans une autre entreprise.
M. Garon: Oui, mais ça peut être...
M. Fortier: Ce qu'on ne veut pas, c'est que la caisse...
M. Garon: Oui, je comprends ça, mais je...
M. Fortier: On ne veut pas que la caisse développe un
portefeuille, parce que ce n'est pas le but de la caisse de développer
un portefeuille. Vous savez, on aurait bien pu ne pas le mettre, l'article 257;
on pourrait l'enlever complètement, parce que ça ne fait pas
partie de la mission de la caisse.
M. Garon: Je vais vous dire une affaire. Cela fait longtemps que
vous voulez vendre les parts de SOQUIA dans Culinar, mais vous ne les avez pas
encore vendues.
M. Fortier: Parce que les gens qui veulent les acheter veulent
avoir le contrôle; c'est un autre problème.
M. Garon: Oui, mais il y a plus que ça aussi, le
contrôle. Vous parlez d'une groupe. Il y avait d'autres problèmes.
Vous avez besoin d'avoir un bon argument parce qu'à l'article 255 vous
dites: Toute caisse doit exercer les pouvoirs de placements que lui
confère la présente loi avec prudence et diligence comme le
ferait en pareilles circonstances une personne raisonnable et agir avec
honnêteté et loyauté dans le meilleur intérêt
de ses membres et de ses déposants. " À l'article 259, vous
mettez une disposition selon laquelle elle peut être obligée de
faire exactement le contraire, parce que vous l'y obligez, en vertu de
l'article 259.
M. Fortier: Oui, mais ils ont deux ans pour le faire.
M. Garon: Cela ne veut rien dire, deux ans pour le faire. Je vais
vous dire une chose: Dans les petites entreprises, dans le cadre des REA, on
dit que les gens ont été échaudés pas mal. Alors,
si vos deux ans commencent à partir du 1er novembre 1987, vous pouvez
trouver le temps court.
M. Fortier: Vous trouvez que deux ans, ce n'est pas assez
long?
M. Garon: Ce n'est pas cela. Je n'aime pas cette mécanique
où quelqu'un qui est arrivé, qui a contribué au
développement d'une entreprise parce que c'est bien payant, peut se
faire dire par quelqu'un d'autre: Tasse-toi. Ou encore, ça peut
être le moment pour quelqu'un qui veut acheter d'acheter, alors que ce
n'est pas le moment de vendre, parce que tu vas être obligé de
vendre avec des pertes considérables si tu vends à ce moment-ci.
Alors, parce que quelqu'un se place là, comme on dit que c'est "une
société
de portefeuille contrôlée par la
confédération", la caisse serait obligée de se tasser. Je
ne comprends pas cette manière de faire. Je vais vous donner un exemple
concret. Je vois le député de Duplessis, ici. qui fait partie
d'une des régions du Québec... Je vais vous dire qu'il peut
arriver que la caisse populaire de Sept-îles ait voulu aider au
développement d'une entreprise locale et que le gain ne soit pas apparu
dans les actions alors qu'elle s'est impliquée, à ce
moment-là, qu'elle a voulu contribuer à créer de l'emploi,
qu'elle a voulu jouer un rôle localement. Puis, par un concours de
circonstances, quelque temps après, la société de
portefeuille contrôlée par la confédération
arriverait, prendrait des parts là-dedans. Cela veut dire, à
toutes fins utiles, même si elle ne l'a pas voulu: tasse-toi. Alors que
sa prise de bénéfices, pour avoir fait cela, elle devrait y avoir
droit. Ou encore, si ce n'est pas le bon temps pour vendre, elle ne devrait pas
être obligée de vendre tout de suite.
Là, tout simplement, parce qu'un autre agent ou une
société de portefeuille vont venir placer de l'argent, parce
qu'ils sont dans le mouvement coopératif Desjardins, le premier qui a
joué un rôle localement va se faire "bulldozer"; je ne comprends
pas cela. C'est lui qui a voulu faire de l'entraide locale, au fond. Je ne
comprends pas cette mécanique.
M. Fortier: Si on...
M. Garon: Alors cette société de portefeuille va se
retrouver avec des parts, pourquoi? Quand on dit, par exemple: "la
société de portefeuille contrôlée par la
confédération à laquelle la fédération dont
elle est membre est elle-même affiliée en acquiert directement ou
indirectement", directement ou indirectement, ce peut être pour plusieurs
raisons. Elle peut même ne pas avoir voulu les acquérir, avoir
été un peu dans l'obligation de les acquérir, avoir
été prise pour les acquérir et, parce qu'elle a
été obligée de les acquérir, pour aider quelqu'un,
ils seront deux à être coincés.
M. Fortier: M. le député de Lévis, je suis
bien prêt à écouter vos arguments, mais l'autre argument
que nous avions et qui provenait de la Loi sur les banques...
M. Garon: Je ne dis pas que vos motifs sont mauvais, ce n'est pas
cela.
M. Fortier: Non, mais, cela provenait également de la Loi
sur les banques. C'est que je crois que ce genre de placements ne devraient pas
durer indéfiniment. Il s'agit d'aider une entreprise naissante et c'est
comme dans la Loi sur les banques où on dit que, si une banque fait un
prêt et, comme par hasard, se retrouve actionnaire d'une entreprise comme
cela, elle a deux ans pour s'en départir. Donc, la règle c'est
qu'après un certain temps il faut qu'elle s'en départisse. C'est
ce qu'on a essayé d'écrire, mais on l'a écrit
différemment.
Je suis bien prêt à le réécrire
différemment. Simplement, ce que je dis, c'est que ce n'est pas le but
de la caisse. Elle ne devrait pas devenir, à la longue, actionnaire de
50 compagnies et les garder pendant 50 ans. Ce n'est pas le but de la caisse et
ce n'est pas ce qu'on veut. S'H s'agit de développer un portefeuille de
compagnie, cela devrait aller en haut. On peut l'écrire
différemment et ne pas faire référence à la
société de portefeuille, mais ce qu'on voudrait, tout simplement,
c'est qu'après un certain nombre d'années, deux ou trois ans,
elle soit obligée de s'en départir, parce que le but d'une caisse
n'est pas de devenir actionnaire dans plusieurs entreprises. Ce n'est pas cela,
le but de la caisse. On va l'écrire différemment, si vous le
voulez, et on ne fera pas référence à la
société de portefeuille. Mais ce qu'on voudrait, c'est
qu'après un certain nombre d'années la caisse le vende, parce que
ce n'est pas le but de la caisse de devenir actionnaire de plusieurs
entreprises; ce n'est certainement pas son but.
Une chose qu'on pourrait ajouter, si cela pouvait vous aider, c'est une
phrase qui donnerait à l'inspecteur, à supposer que la caisse
aurait des motifs sérieux, comme ceux que vous suggérez, pour
lesquels elle ne devrait pas vendre après deux ans, le pouvoir
d'allonger ce délai. Je n'ai aucune objection à faire ça.
À ce moment, ça pourrait être allongé, mais je
reviens à l'idée directrice qui est d'aider à
démarrer et, ensuite, que ce soit vendu.
M. Garon: Je ne comprend pas du tout votre affaire. Vous voulez
donner aux caisses la possibilité de s'impliquer dans le milieu en
mettant 2 % sous forme de capital de risque, mais, parce que les banques
n'aiment pas ça, vous dites: Je ne leur en donnerai pas plus que je ne
vous en donne.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous ne
comprenez pas. Ce n'est pas parce que les banques le font ou ne le font pas; ce
n'est pas ça, l'idée. Quand les législateurs
fédéraux votent une Loi sur les banques, il faut dire que les
législateurs qui sont là ont un peu d'intelligence et, s'ils le
font, c'est par mesure de prudence. Alors, pour quelle raison les banques n'ont
pas le droit, présentement, de devenir actionnaires dans des compagnies?
C'est parce qu'on croit, au Canada, qu'il est dangereux, pour des banques,
d'investir dans des compagnies. C'est aussi simple que ça. C'est une
mesure de prudence.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Lévis, je note qu'il est 18 heures. Avant la suspension des
travaux, est-ce que ce sera adopté?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Kehoe): Non. Puisqu'il est 18 heures, les
travaux de la commission sont maintenant suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Pou lin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses
travaux. Son mandat est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 70, Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit. Nous étions rendus à
l'article 259. M. le député de Lévis.
M. Garon: Pouvez-vous le lire, M. le Président?
Le Président (M. Poulin): L'article? M. Garon: Oui.
Le Président (M. Pouiin): L'article 259: "Une caisse doit
se départir des actions qu'elle détient dans une personne morale
lorsque la société de portefeuille contrôlée par la
confédération à laquelle la fédération dont
elle est membre est elle-même affiliée en acquiert directement ou
indirectement. "La caisse a deux ans pour se départir de ses actions. Ce
délai commence à courir à compter de la date d'acquisition
de semblables actions par la société de portefeuille ou par la
personne morale qu'elle contrôle. "
M. Garon: Vous aviez un amendement que vous vouliez proposer? Pas
pour celui-là? C'est pour l'avenir?
Une voix: C'est pour plus tard.
M. Garon: Je ne l'ai pas. Est-ce que je l'ai celui-là?
Une voix: L'article 422.
M. Garon: Est-ce que je l'ai?
Le Président (M. Pouiin): II n'y a pas d'amendement de
déposé présentement.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais proposer un
amendement.
Le Président (M. Pouiin): M. le ministre.
M. Fortier: J'aimerais proposer un amendement. On va
l'écrire. M. Bouchard, pourriez-vous écrire l'amendement?
M. Bouchard: Oui.
M. Fortier: L'amendement serait dans le sens d'ajouter à
la fin de i'articie 259... Il est déjà écrit et se lit
comme suit: L'article 259 est modifié par l'addition, à la fin,
de l'alinéa suivant: "L'inspecteur générai peut, aux
conditions qu'il détermine, prolonger ce délai. " C'est la
même disposition qu'on a ailleurs lorsqu'il y a un délai comme
celui-là, c'est-à-dire que, après une
représentation où les faits seront établis, les gens
contactent l'inspecteur et, pour des motifs raisonnables, il y a une
prolongation du délai. On a le même libellé à la fin
de i'articie 578.
S'il est vrai, comme le député de Lévis le disait -
et j'accepte son argumentation - qu'au moment où le déiai de deux
ans vient à échéance c'est réellement le mauvais
moment pour vendre, à ce moment, l'inspecteur pourra agréer que
ce déiai pourra être prolongé de six mois, d'un an ou
même de deux ans, si nécessaire. Je crois que cela répond
aux appréhensions qui ont été manifestées avant le
dîner.
M. Garon: C'est plus que cela. Il y a cela, mais il y a aussi le
fait que la caisse s'implique dans son milieu, dans une entreprise, sur le plan
économique et parce que... Remarquez bien qu'on dit: "... détient
dans une personne morale lorsque la société de portefeuille
contrôlée par la confédération à laquelle la
fédération dont elle est membre est elle-même
affiliée en acquiert directement ou indirectement. " À un moment
donné, il arrive que la société de portefeuille
contrôlée par la fédération acquiert, directement ou
indirectement, des actions de cette personne morale, et la caisse est
obligée de dire: ll faut que je liquide mes actions. Elle a
été impliquée dans ce développement. La
société de portefeuille contrôlée par la
confédération peut avoir acquis ça même
malgré elle, par accident, parce que "en acquiert indirectement", vous
savez que ça va loin. Si on contrôle la fille et les
petites-filles, les enfants et les petits-enfants en plus, ça fait
tentaculaire un peu.
À ce moment-là, même s'il n'y a pas eu de
volonté, même si c'est arrivé par différentes
circonstances, la caisse qui a essayé d'aider au développement
d'une entreprise locale doit se tasser. Surtout quand on sait que le but de
cette disposition, c'est de ne pas donner plus de pouvoirs aux caisses qu'aux
banques, alors qu'on sait qu'il y a un grand nombre de pouvoirs que les banques
ont, un grand nombre de pouvoirs dont les banques disposent et que les caisses
n'ont pas. J'ai posé la question un peu plus tôt au cours de la
journée, on a dit: C'est évident que les banques ont beaucoup
plus de pouvoirs et, parce que les banques ont parlé de ça, on
est en train de proposer une disposition qui va créer beaucoup plus de
problèmes qu'autre chose. Cela ne solutionne rien, au fond. Je ne
comprends pas pourquoi le ministre tient à cela. Pourquoi
n'enlève-t-il pas tout simplement cette disposition?
M. Fortier: M. le Président, la réponse est
celle-ci. J'ai expliqué aux membres de la commission ce que nous
désirions. La question qu'on s'est posée à un moment
donné, c'était très important pour des raisons de
santé financière des caisses, des fédérations et de
la confédération, et pour des raisons aussi de visibilité
et de principes qui peuvent être défendus en public. Il y a tout
le débat qui s'est fait autour de ce qu'on appelle les liens
commerciaux. Les liens commerciaux, qu'est-ce que c'est? C'est le fait, pour
une institution financière, d'être actionnaire d'une
société dans les secteurs commercial et industriel.
Ici, nous avons voulu une disposition pour permettre aux caisses de
s'impliquer dans leur milieu et d'aider au développement de nouvelles
entreprises. Par définition, il faudra qu'il s'agisse de petites
entreprises, au départ, parce qu'une caisse, selon son actif, 2 %, ce
n'est pas la mer à boire, mais ça va permettre d'aider une petite
entreprise, que ce soit à Sept-îles ou ailleurs, à
démarrer. Ayant dit cela, il est certain qu'on ne veut pas encourager
une caisse à développer un portefeuille important dans ce
secteur, on veut simplement encourager la caisse à aider une petite
entreprise dans son milieu. C'est ça qu'on désire. Dans la mesure
où le mouvement Desjardins, dans son ensemble, par le biais d'un nouveau
holding... Vous savez, quand on donne un privilège nouveau aux caisses,
il faut voir quels sont les autres privilèges qu'on donne au mouvement
Desjardins. On donne un privilège nouveau aux caisses de s'impliquer
dans le développement économique et, en plus de ça, on
donne un autre privilège à la confédération pour
créer quatre sociétés de holding.
Le principe qui a été établi, c'est qu'on ne veut
pas encourager ce qu'on appelle les liens commerciaux au niveau des caisses et
de la fédération, on veut que les liens commerciaux soient
beaucoup plus loin au niveau de la confédération et des holdings.
C'est la raison pour laquelle on croit que, d'une part, la caisse doit
s'impliquer dans son milieu, ce n'est pas sa fonction première d'assumer
le développement économique, c'est une fonction secondaire. La
première fonction, c'est le crédit aux membres, ce sont les
prêts personnels, les prêts commerciaux. C'est la première
fonction.
Par ailleurs, on voudrait qu'il y ait un peu, surtout en
région... On veut permettre, en région, qu'une caisse puisse
s'impliquer pour susciter et appuyer le développement d'une petite
entreprise qui voudrait se développer. Étant donné qu'on
dit qu'on va permettre à un holding commercial de se développer,
à ce moment-là, il faudrait qu'elle s'en départisse. Le
député de Lévis dit: Oui, bien sûr, mais il pourrait
arriver un moment où ce n'est pas pertinent, un moment où
ça ne devrait pas se produire. C'est la raison pour laquelle j'ai
apporté cet amendement qui va donner plus de latitude à la
caisse, puisqu'on s'adressant à l'inspecteur elle pourra obtenir des
délais. Le délai pourrait être de six mois, un an et demi,
deux ans. Le délai n'est pas fixé ici.
Donc, au moment opportun, la caisse pourra s'en départir et,
à ce moment-là, Je crois qu'on va atteindre notre objectif. Notre
objectif - je le répète - ce n'est pas de se constituer un
portefeuille de propriété dans le domaine des liens commerciaux,
c'est plutôt d'appuyer le développement d'une institution ou d'une
autre. Le développement de portefeuille, si on parle en termes de
portefeuille de propriété, cela se retrouvera dans le holding
commercial qui est permis à la confédération.
Alors, c'est pour ça que c'est tout à fait raisonnable, je
crois, parce que autrement on aurait pu avoir une disposition semblable
à celle qu'il y a dans la loi des banques. Je le répète,
ce n'est pas pour copier la loi des banques, mais c'est que le
législateur fédéral poursuit également les
mêmes objectifs. Ce qu'il désire, c'est d'avoir des contraintes
qui vont faire en sorte que les banques soient les plus stables possible et que
les banques n'aient pas de liens commerciaux.
Ici, nous trouvons que la caisse, en tant que quasi-banque, ne devrait
pas avoir de liens commerciaux et que, si la relève est prise par une
société de portefeuille en ce qui concerne la
confédération, elle devrait s'en départir. Maintenant, je
suis tout à fait d'accord que, là, il faut agir de façon
civilisée et si deux ans, ce n'est pas suffisant, ce sera trois ans. Si
trois ans, ce n'est pas suffisant, ce sera quatre ans. Mais l'inspecteur pourra
juger et je crois qu'on doit lui faire confiance en ce sens-là parce que
le "timing" n'est pas tellement important. C'est plutôt le principe
qu'à un moment donné il faudra que la caisse s'en
départisse.
Alors, c'est la raison pour laquelle je soumets cet amendement qui me
semble tout à fait raisonnable et qui permet de répondre à
certaines interrogations du député de Lévis en
particulier.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II n'y a aucune disposition semblable dans aucune autre
loi portant sur les institutions financières du Québec.
M. Fortier: Dans le domaine des fiducies, c'est bien plus grave
que ça. Dans le domaine des fiducies, on dit: Elles n'ont pas le droit
d'avoir des actions comme ça, d'investir dans du capital de risque.
Elles n'ont aucun droit. La raison pour laquelle on a ça en ce qui
concerne les sociétés de fiducie, c'est que, très souvent,
elles administrent des fonds qui ne leur appartiennent pas et on ne voudrait
pas qu'elles commencent à acheter Domtar ou des sociétés
comme celle-là. Alors, c'est une règle qui, en Amérique du
Nord, est assez importante et le principe... C'est pour ça qu'on a
toujours dit que,
nous, dans notre politique sur le décloisonnement des
institutions financières, nous ne sommes pas contre ce qu'on appelle les
liens commerciaux, mais selon certains critères.
C'est pour ça que nous croyons que ces liens commerciaux
devraient se trouver auprès de la confédération. En ce qui
concerne la caisse, cela devrait être petit; cela devrait être
temporaire; cela devrait appuyer le développement économique
local, mais, si la relève est prise par le holding auprès de la
confédération, je crois qu'à ce moment-ià elles
doivent laisser leur place. Je suis prêt, quant à moi, à
avoir des dispositions qui permettent que ça se fasse au meilleur moment
possible. Alors, c'est la bonne volonté démontrée par
l'amendement que j'ai déposé.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Lévis.
M. Fortier: Je crois qu'on a essayé d'atteindre l'objectif
que le député de Lévis nous avait fixé. Je pense
que c'est tout à fait raisonnable.
M. Garon: Moi, je ne suis pas de cet avis. Qu'est-ce que vous
voulez?
M. Fortier: Sur division, alors? Sur division?
M. Garon: Je ne suis pas de cet avis parce que...
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce que l'article 259, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Fortier: Adopté. M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Pouiin): Sur division. L'article 260, M.
le ministre?
M. Fortier: "L'ensemble des placements visés au paragraphe
5° de l'article 256 et à l'article 257 ne peut excéder,
à la date du placement, 2 % de l'actif de la caisse.
Toutefois, aucun de ces placements ne doit permettre à une caisse
d'acquérir directement ou indirectement, seule ou avec d'autres caisses
ou fédérations de caisses, plus de 30 % des droits de vote
afférents aux actions d'une personne morale qui y est visée, ni
lui permettre d'élire plus du tiers des administrateurs de cette
personne morale".
Autrement dit, que ce soit pour le capital de risque ou que ce soit pour
les actions ou parts privilégiées ou tout type d'emprunt autre
que ceux visés au paragraphe 4° pour une coopérative,
à ce moment-là, on dit que les deux ensemble, ces deux types de
placement ne devraient pas dépasser 2 % de l'actif. L'autre contrainte
c'est qu'ils ne devraient pas posséder plus de 30 % de la compagnie ou
30 % des votes, l'un ou l'autre. Autrement dit, c'est un placement minoritaire,
mais quelquefois 30 % d'une compagnie c'est suffisant pour permettre à
quelqu'un de lancer une entreprise.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Lévis?
M. Garon: Qui a décidé de mettre cette disposition?
Est-ce que c'est le gouvernement, le ministre ou si cela a été
demandé par les caisses populaires?
M. Fortier: Concernant cette disposition, on me dit qu'il y avait
eu des discussions dans le temps parce que, pour moi qui siège au
Comité ministériel de développement économique, je
m'aperçois assez souvent, lorsque les dossiers nous sont
acheminés par la SDI en particulier, qu'il y a toujours une caisse
régionale, une caisse dans une région qui veut s'impliquer d'une
façon ou d'une autre. Je crois que cela date de plusieurs années.
Comme il n'y avait aucune disposition dans la loi actuelle, je crois que toutes
les caisses du Québec se disaient: Mon Dieu, si on pouvait avoir la
possibilité de faire ça, ce serait extraordinaire. Je crois que
c'est une recommandation qui avait été faite, dans le temps,
à M. Parizeau, que j'ai reprise et le principe était
déjà acquis - quant à moi, je trouve que c'est une
très bonne idée - qu'on devrait permettre à une caisse,
selon certaines conditions, d'appuyer le développement d'une entreprise
locale, mais selon certaines contraintes. Et, bien sûr, les contraintes
sont celles qu'on vient de discuter et on dit que cela ne devrait pas
être plus de 30 % des droits de vote. Je vais vous dire que le mouvement
Desjardins est tout à fait d'accord avec ça. Je pense qu'on n'a
eu aucune représentation à ce sujet. ll est très en
faveur, au contraire, on a eu des représentations qu'il est très
heureux des dispositions qui sont ici. Il n'a aucune appréhension sur
les dispositions qui sont Ici parce normalement une institution
financière n'a pas le droit de faire ça. Dans le fond, on permet
quelque chose qui est différent, mais je dois rendre hommage à M.
Parizeau. Je pense que c'est lui qui avait négocié ce principe il
y a quatre ou cinq ans, mais c'est moi qui ai négocié les
contraintes et les dispositions qui limitent et qui permettent de nous
confirmer que ça ne déborde pas d'une façon trop
considérable.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis?
M. Perron: Juste une question.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis?
M. Perron: Dans l'amendement, lorsqu'on dit que l'inspecteur
"général peut, aux conditions qu'il détermine, " est-ce
qu'on pourrait élaborer quelque peu sur le genre de conditions qui
pourrait l'amener à étendre le délai, à ajouter au
délai? Comme le ministre l'a mentionné tout à l'heure,
cela peut être ajouter un an ou deux ans au délai, aux deux ans
qu'il y a déjà. Alors, quelles seraient les conditions qui
pourraient l'amener à faire ça?
M. Fortier: L'amendement est adopté, mais on a pris le
même libellé que celui qu'on retrouve plus tard. M. l'inspecteur,
quelles sont les conditions que vous pourriez imposer dans un cas comme
celui-là?
Le Président (M. Poulin): Je voudrais rappeler au
député de Duplessis qu'on est à l'article 259.
M. Fortier: Oui, mais on va lui donner l'information. Il n'y a
aucun problème.
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur.
M. Bouchard: Les conditions, justement, c'est pour étudier
véritablement la situation financière de la caisse, d'une part,
et, d'autre part, les conditions du marché. C'est pour prévoir
peut-être, par exemple, que selon les conditions du marché,
d'après les représentations qui pourront être faites parce
que le marché n'est pas bon ou qu'il n'y a pas de marché du
tout... Probablement, non probablement mais sûrement que ce sera des
actions non comptées à la Bourse.
M. Fortier: Mais ce n'est pas à la Bourse, cela va
être des actions de compagnies privées?
M. Bouchard: II n'y aura pas de marché secondaire pour ces
actions-là, c'est évident. Donc, il faut pouvoir permettre
à la caisse, pour ne pas la pénaliser, de réaliser
à des conditions qui ne seront pas des conditions de pertes. Cela c'est
le délai, et les conditions, c'est selon sa situation financière,
y aller par tranches ou enfin discuter avec elle suivant les circonstances et
les possibilités de convenir d'un modus operandi pour faire en sorte que
cela ne soit pas onéreux pour la caisse.
M. Fortier: Une autre condition pourrait être que les 30 %
devraient être vendus, bien sûr, à une compagnie locale
peut-être et non à une compagnie de Toronto. C'est le genre de
conditions qui pourraient être imposées.
M. Perron: Lorsqu'on parle des conditions qu'il détermine,
cela pourrait être une de celle-là?
M. Garon: Je ne suis pas sûr de ça.
M. Fortier: On a adopté l'amendement ici. On donnait juste
une information. On disait: aux conditions qu'il détermine". Alors,
l'inspecteur a dit: conditions qu'il détermine, conditions du
marché pour ne pas faire en sorte que la caisse ait une perte. (20 h
30)
M. Garon: Vous avez dit: vendre à une compagnie
locale.
M. Fortier: Je pense bien qu'il pourrait. Si on dit: "aux
conditions qu'il détermine", c'est lui qui va déterminer les
conditions.
M. Garon: Je demanderais à l'inspecteur
général s'il pense qu'il peut inscrire des conditions
semblables.
M. Fortier: C'est le ministre qui a dit ça, l'inspecteur
peut-être qu'il ne le dira pas. Ha, ha, ha! Ce n'est pas moi qui suis
inspecteur, moi, je peux dire ce que je veux. Ha, ha, ha! Non, mais je pense
que...
M. Garon: Quand vous pariez au nom du gouvernement...
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Garon:... j'espère que la vérité vous
inquiète un peu.
M. Fortier: Non, non. De toute façon, l'inspecteur est
tout à fait autonome et je crois qu'on a répondu à la
question du député de Duplessis à savoir que les
conditions seraient plutôt des conditions pour protéger
l'intérêt de la caisse elle-même et, en ce sens, les
conditions du marché. Peut-on maintenant revenir à l'autre
article?
Le Président (M. Poulin): L'article 260. M. Fortier:
Oui. Alors, ici on parie de 2 %.
M. Garon: Vous avez vu la largesse de la présidence.
M. Fortier: C'est pourquoi j'aimerais juste faire un commentaire.
Quand on dit 2 % de l'actif, II y en a qui disent: Mon Dieu, ce n'est pas
beaucoup, 2 % de l'actif. Mais on parie de capital de risque et 2 % de l'actif,
dans le fond, comme on a établi que la capitalisation devrait être
5 % du passif, si vous faites le calcul, c'est environ 4, 8 % de l'actif; bien,
2 % c'est environ 40 % de l'avoir propre des caisses. Alors, c'est beaucoup,
c'est même considérable. Autrement
dit, si ce capital de risque est perdu, cela veut dire que la
capitalisation d'une caisse vient de tomber de 40 %. Alors, c'est pourquoi
c'est beaucoup plus qu'il ne semble à première vue, c'est
même important. Mais on croit que, si c'est fait avec justesse, sagesse
et prudence, ça pourrait donner de bons résultats.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Moi, si j'étais une caisse, je ne placerais pas
d'argent ià-dedans sachant qu'à tout moment je pourrais
être mal pris avec l'article précédent. Je trouve que, ou
on lui donne un pouvoir ou on ne lui donne pas. Je comprends qu'ici vous lui
donnez ça, mais ce n'était pas comme tel dans l'avant-projet de
loi. Comment cela se fait-il? Il y a quelque chose qui...
M. Fortier: L'article 260?
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Pardon? Non, non, ce n'était pas là. On
l'a modifié. Il y avait î'article 259 qui disait: L'ensemble des
placements visés aux paragraphes 5° et 9° de l'article ne peut
excéder, à la date du placement, 2 %. C'était là.
On avait aussi la clause des 30 %, c'était aussi là. On parlait
de 260. Nous sommes à l'article 260?
Le Président (M. Poulin): 260, c'est ça. M.
Fortier: C'était là. Une voix: Elle était là.
M. Fortier: C'était là, c'était la
même chose.
M. Garon: Non, c'est parce que je suivais dans le mémoire.
Il saute des articles.
M. Fortier: D'accord?
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis?
M. Fortier: Adopté?
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 260 est
adopté?
M. Garon: Quand vous dites qu'aucun de ces placements ne doit
permettre a une caisse d'acquérir indirectement...
M. Fortier: Je ne le sais pas, ça peut être de
détenir... Comme vous le savez, vous pouvez acheter des actions par le
biais d'un holding, vous pouvez acheter des actions d'une compagnie, mais si
cette compagnie a un holding, si vous possédez les actions du holding,
c'est comme si vous possédiez des actions de la compagnie
elle-même, alors c'est pourquoi on dit indirectement. Autrement dit, cela
peut être par le biais d'une compagnie qui est entre les deux, qui n'est
qu'une société de portefeuille. Alors, c'est ça qu'on
appelle indirectement.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 260 est adopté.
J'appelle l'article 261. M. le ministre.
M. Fortier: "Une caisse doit, dans un délai de sept ans
à compter de son acquisition ou dans le délai additionnel que
peut accorder l'inspecteur général, vendre tout immeuble acquis
afin d'assurer le paiement de toute somme qui lui était due. "
Nous avons une disposition tout à fait semblable dans la ioi
actuelle où l'on dit qu'une caisse doit disposer des biens-fonds qu'elle
a acquis conformément au paragraphe f, dans les sept ans suivant leur
acquisition. Autrement dit, ce qui arrive c'est que si une caisse prête
sur hypothèque et que, à cause de la faute du
propriétaire, elle devient propriétaire de l'immeuble, à
ce moment-là, comme elle n'a normalement pas le droit de garder la
propriété de cet immeuble, on dit qu'elle a sept ans pour s'en
départir. C'est donc une clause qui était là avant, c'est
la même chose; il n'y a rien de neuf.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: C'était là auparavant? M. Fortier:
Oui.
Le Président (ML Poulin): Est-ce que l'article 261 est
adopté?
M. Garon: C'était quel numéro avant? Le
Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: C'était une disposition du dernier
alinéa de l'article 83, à la toute fin de l'article 83.
M. Garon: L'article 83?
M. Fortier: Oui, je parle de la loi actuelle.
M. Garon: Ah bon!
M. Fortier: Vous demandez si cette disposition existait dans la
loi actuelle. C'est à l'article 83, à l'heure actuelle, dernier
alinéa.
M. Garon: C'est vrai qu'il ne fait pas clair.
Ils baissent l'électricité. Il me semble qu'il fait plus
clair que cela d'habitude ici. On baisse le courant parce qu'on a peur d'avoir
une panne.
Le Président (M. Poulin): C'est l'intensité de vos
lunettes qui le baisse.
M. Garon: Ce n'est pas plus clair que cela habituellement
ici?
M. Fortier: Hydro-Québec a des problèmes
d'intensité de courant de ce temps-ci.
Le Président (M. Poulin): Que la lumière soit
faite... sur l'article 261.
M. Garon: Avant, à l'article 83, on disait que ce
délai pouvait être prolongé par l'inspecteur
général.
Le Président (M. Poulin): M. Bouchard. M. Garon:
D'accord, cela va.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 261 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Adopté. L'article 262, M.
le ministre?
M. Fortier: "Une caisse affiliée ne peut effectuer un
placement visé au paragraphe 5° de l'article 256 ou à
l'article 257, ni faire de dépôts au fonds d'investissement de la
fédération à laquelle elle est affiliée, si elle ne
se conforme pas aux règlements de la fédération relatifs
à la suffisance de sa base d'endettement. "Une caisse non
affiliée ne peut effectuer un placement visé au paragraphe 5°
de l'article 256 ou à l'article 257 si sa base d'endettement ne
rencontre pas le niveau prévu par la présente loi."
Autrement dit, on dit que la base d'endettement ou la capitalisation
doit être de 5 % pour une caisse. Si elle n'a pas ces 5 %, autrement dit,
si elle n'a pas la capitalisation qu'elle devrait avoir, elle ne devrait pas
prendre de risques. 5 %, c'est la norme. Si elle n'a pas atteint 5 %, qu'elle
ne prenne pas de risques, qu'elle n'aille pas dans du capital de risque, c'est
trop dangereux.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Que pensez-vous de la suggestion du mouvement
Desjardins qui parlait des 5 % en réseau?
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: Il me semble que c'est ce que nous avons. Non. On dit
ceci: Pour la caisse non affiliée, c'est 5 %; pour la caisse
affiliée - on l'a vu au préalable - pour une caisse
affiliée à une fédération, c'est la
fédération qui édicté quel devrait être le
niveau de sa capitalisation. La fédération dit: Votre
capitalisation devrait être de tant. Si elle n'atteint pas le niveau de
capitalisation que la fédération a elle-même défini,
elle ne devrait pas aggraver sa situation. Normalement, l'idéal serait
que toutes les caisses d'une même fédération atteignent au
moins 5 % et même plus. Les 5 %, c'est plutôt un minimum qu'un
maximum.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Supposons que le prêt est déjà
fait, que le placement est déjà effectué...
M. Fortier: II n'y a pas de problème. On dit "ni faire de
dépôts".
M. Garon: ...et que la base d'endettement cesse d'être
respectée, est-ce qu'elle doit...
M. Fortier: Ce qui est fait est fait. C'est simplement qu'au
moment où le nouvel investissement se fait il faut que la caisse ait un
certain niveau de capitalisation. Pour la caisse non affiliée c'est 5 %
et, pour la caisse affiliée, c'est le niveau que la
fédération a déterminé. CeJa va?
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 262 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Garanties
Le Président (M. Poulin): Adopté. Je passe
maintenant à l'article 263. Il y a un papillon. L'article 263 est
modifié par l'insertion, dans la cinquième ligne du premier
alinéa et après le mot "destiné", du mot "principalement".
Cette modification en est une de concordance avec le paragraphe 8° de
l'article 256 où l'expression "principalement" a été
introduite. M. le ministre.
M. Fortier: L'article 263 se lirait comme suit: "Une caisse ne
peut hypothéquer, nantir, mettre en gage ou autrement donner en garantie
un bien qu'elle détient, sauf pour garantir un emprunt effectué
en vue de combler des besoins temporaires de liquidités découlant
de ses opérations, en vue d'acquérir, de conserver ou de modifier
un immeuble destiné - et c'est là qu'on amende - principalement
à son propre usage ou
d'obtenir une avance d'argent consentie en application de l'article 40
de la Loi sur l'assurance-dépôts. "La caisse doit, avant de donner
de telles garanties, obtenir l'autorisation de la fédération
à laquelle elle est affiliée ou, si elle ne l'est pas, de
l'inspecteur général. "
Autrement dit, les biens qu'elle détient font partie de ses
actifs. S'ils font partie des actifs, elle ne devrait pas les
hypothéquer. Mais on dit qu'elle pourra le faire, avec l'autorisation de
la fédération ou de l'inspecteur général.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Fortier: Est-ce qu'on doit suspendre, M. le
député, parce que vous avez demandé la suspension de
l'article 256. 8°, et qu'il s'agit d'un amendement de concordance?
Logiquement pariant, on devrait adopter l'article 256. 8° avant d'adopter
l'article 263.
M. Garon: On va laisser cela en suspens.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce qu'on suspend
l'amendement et l'article 263?
M. Fortier: Cela va? D'accord.
Le Président (M. Poulin): On passe maintenant à
l'article 264.
Liquidités
M. Fortier: Toute caisse qui n'est pas affiliée à
une fédération doit maintenir en tout temps des liquidités
suffisantes convenant à ses besoins. L'inspecteur général
peut donner des instructions écrites à une caisse concernant la
suffisance et la nature de ses liquidités. "L'inspecteur
générai doit, avant d'exercer le pouvoir prévu au premier
alinéa, aviser la caisse de son intention et lui donner l'occasion
d'être entendue. "
Comme de raison, il s'agît de liquidités pour
répondre aux besoins courants de la caisse. Ici, on parle d'une caisse
qui n'est pas affiliée et qui pourrait recevoir des instructions de
l'Inspecteur pour s'assurer que les liquidités de la caisse sont
suffisantes pour satisfaire à ses besoins courants.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vais laisser la parole au député de
Duplessis.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Dupiessis, sur l'article 264.
M. Fortier: II vient de faire une passe.
M. Perron: Je vais laisser le député de
Lévis s'occuper des grandes lignes de la loi que nous avons en
face de nous.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Après quelques jeux de
passe, M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, mais je me demandais si... Je ne le voyais pas de
ma chaise. Les "liquidités suffisantes convenant à ses
besoins".
M. Fortier: Voulez-vous des explications de l'inspecteur?
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur.
M. Fortier: Qu'entend-on par des liquidités suffisantes
pour une caisse, comme pour une banque, d'ailleurs?
M. Bouchard: C'est le même principe. On a le même
principe dans la Loi sur les banques. On a le même principe partout. Le
principe dit que c'est votre responsabilité première d'avoir les
liquidités suffisantes. Suivant les inspections que nous faisons, nous
déterminons ensuite si la caisse ou l'institution financière en
question possède véritablement les liquidités. Par
exemple, dans le cas d'une compagnie de fiducie, on va aller chercher les
liquidités à 100 jours pour un ratio donné. il faut que la
caisse ou la compagnie de fiducie possède ce genre de liquidités.
On ne peut pas dire dans la loi: C'est tant de pourcentage. On prend le
principe de responsabilité de liquidités et ensuite on convient
avec la caisse de ce qui doit être fait pour assurer cette norme. Selon
la Loi sur les banques - je suis content de dire cela - à l'article 175,
les banques doivent avoir les liquidités suffisantes et observer
à cet égard les prescriptions de l'inspecteur
général des banques, du ministre plutôt, parce qu'à
Ottawa c'est le ministre.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Avec un libellé comme celui-là, à
quoi la caisse peut-eiie s'attendre? Elle peut considérer qu'elle a
suffisamment de liquidités alors que l'inspecteur général
va penser qu'elle n'en a pas assez. Il n'y a aucune règle
là-dedans. Les "liquidités suffisantes convenant à ses
besoins".
M. Bouchard: C'est aussi simple que i'ap-pariement de l'actif et
du passif. Ce sont les liquidités suffisantes. (20 h 45)
M. Fortier: Autrement dit, quelqu'un qui aurait investi tous ses
dépôts en immeubles serait mal pris. Peut-être qu'une caisse
serait millionnaire dans 20 ans, mais pendant ce temps il y a peut-être
des gens qui vont dire: Je veux retirer
500 $ ou 1000 $. La caisse serait alors obligée de dire:
Excusez-nous, mais nous avons tout investi en immeubles, et nous ne pouvons pas
vous redonner votre argent.
M. Garon: Je comprends cela.
M. Fortier: Alors, il faut absolument qu'à un moment
donné la caisse ait assez de liquidités pour pouvoir donner les
liquidités voulues à ceux qui veulent retirer leur argent.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. M. Fortier:
Non?
M. Garon: Je veux parler du terme "suffisantes". C'est un mot
relatif. On peut avoir des conceptions de cela qui vont varier d'une personne
à une autre. On dit "maintenir en tout temps des liquidités
suffisantes convenant à ses besoins". La caisse, en termes concrets,
cela ne lui dit rien ce qu'elle doit respecter en termes de
liquidités.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: Les liquidités, dans le fond, d'une caisse ou
d'une banque, ce sont les retraits normaux. Probablement qu'en période
de vacances cela en prend plus. L'autre point important, c'est qu'il y a des
gens qui ont des dépôts à terme et, quand le
dépôt vient à terme, il faut que vous soyez capables... Si
quelqu'un fait un dépôt à terme pour douze mois, au bout de
douze mois, il va peut-être le retirer. Alors, par une analyse des
dépôts à terme, par une analyse historique du genre de
retraits qui se font et tout cela, je pense qu'il y a moyen d'arriver à
des résultats qui ne sont pas réellement arbitraires.
Contrairement à ce que le député de Lévis dit, je
crois qu'il y a des règles du milieu que je ne connais pas
personnellement en détail, mais les règles du milieu existent
pour déterminer quel est le niveau de liquidités qui doit
exister. Ce ne sont pas des mesures arbitraires, ce sont des mesures
très précises.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis, sur l'article 264.
M. Garon: Oui, mais cela peut varier beaucoup.
M. Fortier: De toute façon, ici, il s'agit d'une caisse
non affiliée. On va voir dans un deuxième temps, à
l'article 265...
M. Garon: Oui, je suis d'accord avec vous qu'il s'agit d'une
caisse.
M. Fortier: ...pour la fédération. La
fédération, au niveau de la confédération, a un
fonds de liquidité. C'est plus sur demande parce que le fonds de
liquidité leur permet beaucoup plus de... Autrement dit, au lieu que
chaque caisse ait des liquidités dont elle n'a pas besoin, le mouvement
Desjardins a mis cela dans un fonds de liquidité. Donc, une caisse peut
avoir besoin de plus de liquidités à un moment qu'à un
autre, alors c'est réparti. C'est d'ailleurs le jeu du mouvement
Desjardins de profiter de certains services communs et le fonds de
liquidité vient justement aider à combler ces besoins qui peuvent
survenir à des moments différents d'une caisse à
l'autre.
M. Garon: Cela peut varier un peu. Là, je comprends que
j'en ai rien qu'une, le problème n'est pas le même. J'imagine, par
exemple, que le besoin de liquidités de Saint-Roch, à
Québec et celui d'une caisse dans Outremont ne seront peut-être
pas les mêmes.
M. Bouchard: C'est cela. C'est exactement cela.
M. Garon: Excepté que la caisse doit être capable
d'avoir une idée pour passer le test de liquidités
vis-à-vis de l'inspecteur, pour savoir un peu ce que, lui,
considère comme des liquidités suffisantes convenant à ses
besoins. Il y a des marges de sécurité qui varient. Il y a des
gens qui visent toujours juste quand ils tirent. Il y en a qui tirent de la
hanche. Entre les deux, il peut y avoir une marge considérable.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: En tout cas, s'il y a une marge, cela va être
dans le sens... Vous savez, le problème des liquidités... Vous
n'avez qu'à lire l'histoire des "rush".
M. Garon: Des "rush"?
M. Fortier: "Rush". C'est quand les gens se lancent sur une
banque ou sur une caisse et qu'elle n'a pas assez de liquidités pour
répondre aux besoins de ses clients. Là, les gens prennent
panique. Ils disent: C'est grave, elle n'a pas d'argent pour nous payer. Comme
je vous le dis, cela se peut qu'elle ait des placements. Alors, je serais
tenté de dire, même pour répondre au député
de Lévis, que, même si l'inspecteur était un peu plus
généreux que nécessaire, c'est peut-être une bonne
chose. C'est peut-être une bonne chose, parce que ce qu'il faut
éviter, c'est que des clients se dardent sur une caisse ou une banque
pour s'apercevoir que les liquidités ne sont pas suffisantes. Bien
sûr, une banque fait appel à la Banque du Canada. Une caisse
faisant partie du fonds Desjardins fait appel au fonds de liquidité du
mouvement Desjardins. Une caisse qui est seule est obligée de s'en
remettre au jugement de l'inspecteur, je dois l'avouer.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que
l'article 264 est adopté? M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Nous passons maintenant à
l'article 265. M. le ministre.
M. Fortier: On parle de la caisse qui est affiliée
à une fédération. On dit: Toute caisse qui est
affiliée à une fédération doit maintenir en tout
temps des liquidités suffisantes, sous forme de dépôts au
fonds de liquidité de la fédération, conformément
aux règlements de cette fédération. Si la
fédération est elle-même affiliée à une
confédération, la caisse doit se conformer aux règlements
de cette confédération. "
Pour les autres caisses, il s'agit de la confédération du
mouvement Desjardins. Le fonds de liquidité se trouve au niveau de la
confédération Desjardins. Et ils ont des règlements qui
s'appliquent à toutes les caisses, disant: Selon votre actif, selon vos
dépôts ou la qualité de vos dépôts, pour
maintenir un certain appartement, vous devriez maintenir un certain
dépôt au fonds de liquidité. Cela donne une marge de
manoeuvre à toutes les caisses pour pouvoir gérer leurs affaires
en toute quiétude.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II n'y a rien à cet article.
M. Fortier: Non, il n'y a pas eu de commentaires
là-dessus. Je pense que c'est accepté.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 265 est adopté.
L'article 266? M. le ministre.
Trop-perçus
M. Fortier: Là, on touche aux trop-perçus et leurs
dispositions. L'article 266 dit ceci: "Les trop-perçus annuels d'une
caisse sont affectés: 1° à la réserve
générale; 2° au paiement de l'intérêt sur les
parts permanentes; 3° à la constitution et au maintien d'une
réserve de stabilisation; 4° à l'attribution de ristournes
aux membres, déposants ou emprunteurs, au prorata des opérations
qu'ils effectuent avec la caisse; 5° à la constitution et au
maintien d'un fonds social ou communautaire, le cas échéant. "Ils
sont affectés par l'assemblée annuelle, après que les
membres aient pris connaissance des recommandations du conseil d'administration
et en tenant compte de l'état des résultats de l'exercice
financier précédent. "L'affectation des trop-perçus doit
également être conforme aux règlements de la
fédération à laquelle la caisse est affiliée. "
J'aimerais dire immédiatement que les points 1°, 2°,
3°, 4° et 5° n'imposent pas une gradation. Autrement dit, il n'y a
pas d'imposition pour dire que les trop-perçus doivent être
affectés en premier à la réserve générale et
en second Heu au paiement de l'intérêt sur les parts permanentes.
Autrement dit, c'est juste une énumération. Il n'y a pas d'ordre
de priorité de 1° par rapport à 2° ou de 2° par
rapport à 3°. Donc, le conseii d'administration décide,
à la lumière d'un règlement de la fédération
qui affecte toutes les caisses de la même façon. Bien sûr,
j'imagine qu'on pourrait croire qu'un règlement de la
fédération pourrait dire que, si une caisse n'a pas encore
atteint le niveau de capitalisation requis, avant de payer des ristournes, elle
devrait verser son trop-perçu à la réserve
générale pour augmenter sa capitalisation. C'est ce genre de
règlement qui pourrait exister.
D'ailleurs, je voyais dans le journal d'aujourd'hui qu'une caisse avait
décidé de ne pas payer de ristournes aux membres et d'augmenter
sa capitalisation. Je voyais cela dans je ne sais plus quel article de journal.
Alors, les caisses le font déjà parce qu'elles sentent le besoin
d'augmenter leur capitalisation avant de payer des ristournes aux membres.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis, est-ce que l'article 266 est adopté?
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Le ministre vient de mentionner qu'en ce qui a trait
aux trop-perçus les sommes peuvent être affectées de 1°
à 5°. Il n'y a pas d'ordre d'imposé.
M. Fortier: il n'y a pas d'ordre de priorité.
M. Perron: II n'y a pas d'ordre de priorité
d'imposé.
M. Fortier: Par la loi.
M. Perron: C'est l'assemblée générale
annuelle qui décide, en fait.
M. Fortier: À moins qu'il n'y ait un règlement de
la fédération qui en dispose autrement. Mais, dans la loi, il n'y
a pas d'ordre d'imposé.
M. Perron: D'accord. Donc, si je comprends bien, la
fédération peut adopter des règlements pour donner un
ordre chronologique à ce qu'on vient de mentionner. La question que je
pose au ministre est la suivante: À ce moment-là, pourquoi,
à 5°, a-t-on écrit "le cas échéant"?
M. Fortier: Parce qu'il se peut qu'une caisse décide
qu'elle ne crée pas un fonds social ou
communautaire. Alors, s'il n'y en a pas, il n'y en a pas. Autrement dit,
c'est une possibilité pour la caisse de créer ce fonds, il y a
des caisses qui n'en ont pas. Alors, si elles n'en ont pas, elles ne peuvent
pas le verser à ce fonds-là en particulier.
M. Perron: D'accord.
M. Fortier: C'est tout simplement ça.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 266 est
adopté?
M. Garon: Un instant. On va les prendre un par un. Cela va aller
plus vite.
Le Président (M. Poulin): Donc, on passe à
l'article 266.1°.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266.2°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266.3°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266.4°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266.5°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266, l'avant-dernier
paragraphe ou l'alinéa?
M. Fortier: Le deuxième alinéa.
Le Président (M. Poulin): Le premier alinéa.
M. Perron: Une question sur ce paragraphe, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): Oui.
M. Perron: Le ministre mentionnait tout à l'heure: "par le
conseil d'administration".
M. Fortier: Non, ce n'est pas par le conseil
d'administration.
M. Perron: C'est par l'assemblée générale?
M. Fortier: C'est par l'assemblée annuelle.
M. Perron: Par l'assemblée générale
annuelle...
M. Fortier: Oui, c'est ça.
M. Perron: ...des membres de la caisse en question?
M. Fortier: Oui, oui, c'est ça. L'assemblée
annuelle.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Poulin): L'article 266, deuxième
alinéa?
M. Fortier: Adopté? M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 266, troisième
alinéa?
M. Garon: Pourquoi est-ce qu'on a besoin de ça?
"L'affectation des trop-perçus doit également être conforme
aux règlements de la fédération à laquelle la
caisse est affiliée." Il n'y avait pas ça avant.
M. Fortier: On a dit tout à l'heure, M. le
Président...
M. Garon: Je suis contre ça.
M. Fortier: ...que la norme de capitalisation ou d'endettement
doit être de 5 % pour une caisse non affiliée. On a dit que pour
une fédération, y inclus le réseau de ses caisses,
ça doit être, en moyenne, de 5 %, mais que !a
fédération, elle, doit indiquer à chaque caisse...
Autrement dit, si la caisse de Lévis a 7 %, peut-être que la
caisse de Sept-îles pourra se contenter de 3,5 %. Mais probablement que
la fédération va dire: Écoutez, la caisse de Lévis
est à 3,5 %, mais il faudrait qu'elle augmente à 4 % ou 4,5 %.
Autrement dit, c'est la garantie réseau. Mais je pense bien que pour
autant que c'est pour un certain nombre de mois ou d'années une
fédération va tolérer que certaines caisses soient moins
capitalisées, mais elle va vouloir que, sur une certaine période
de temps, elles se capitalisent davantage. Parce que ça serait trop
facile, à ce moment-là, pour une caisse de dire: Écoutez,
nous n'augmentons jamais notre réserve générale et on paye
tout en ristournes. Alors, à ce moment-là, le restant de la
fédération serait les dindons de la farce. Les autres caisses
feraient en sorte d'avoir une bonne capitalisation mais cette caisse-là,
en particulier, dirait: Nous, nous payons tout en ristournes. Nous n'augmentons
pas notre capitalisation. Alors, la fédération, je crois, serait
en mesure de dire: Écoutez, on va vous permettre d'utiliser le quart de
votre trop-perçu pour payer des ristournes, mais il faudrait que les
trois quarts s'en aillent dans la réserve générale. Et
c'est pas mal ce qui se fait dans le moment. Je pense que le
député de Prévost peut le confirmer. M. le
député.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Prévost.
M. Forget: Je pense que c'est pas mal ce qui se passe
présentement. C'est pour ça que la fédération joue
un rôie de redressement, à un moment donné, au niveau d'une
caisse et qu'elle a à intervenir.
Je vais encore faire une petite comparaison que je n'aime pas, mais
c'est parce qu'on parle beaucoup d'agriculture. C'est la même chose au
niveau des coopératives. On sait que la Fédérée
n'avait pas de pouvoir. Mais, à rassemblée
générale, à un moment donné, les
représentants de la Fédérée sont venus nous voir et
nous ont dit: Écoutez, on devrait faire un redressement pour avoir quand
même un fonds de réserve plus élevé. C'est la
même chose pour les caisses. Je pense que c'est ce qui permet aux caisses
de fonctionner et d'avoir une meilleure garantie également.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député.
M. Garon: Mais, là, il faut faire attention, en
disant...
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: II devrait y avoir, à mon avis, des normes
juridiques à respecter, mais, après ça, if faut que la
caisse puisse décider de quelque chose. Elle ne peut plus décider
de rien: elle ne décide plus du nombre de parts sociales; elle ne
décide plus des ristournes; elle ne décide plus de la
réserve générale ni de l'affectation des
trop-perçus; elle ne décide plus de rien.
M. Fortier: M. le Président...
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
(21 heures)
M. Fortier: Non, mais le problème, M. le
député de Lévis, c'est qu'on aurait pu, comme on l'a
expliqué à plusieurs reprises et on revient toujours sur le
même argument... L'avant-projet de loi que M. Parizeau avait soumis au
mouvement Desjardins disait que chaque caisse devait être
contrôlée individuellement. Alors, à ce moment-là,
il aurait fallu... Et je me souviens qu'il y avait aussi un règlement de
l'inspecteur qui disait que, si une caisse n'avait pas atteint la
capitalisation de 5 %, elle devrait payer la majorité ou la
totalité de son trop-perçu pour augmenter sa capitalisation. Avec
le système qui est proposé ici - qui était une proposition
de Desjardins, d'ailleurs, ce n'est pas la nôtre - ce qu'on dit, c'est
qu'il peut arriver qu'une caisse n'ait pas atteint la capitalisation
suffisante. Je vous donne un exemple. Je crois - et d'ailleurs l'inspecteur
nous l'a dit - qu'il y a 50 % des caisses au Québec qui n'ont pas encore
atteint la capitalisation suffisante. Cela veut dire qu'il y a 50 % des caisses
qui l'ont atteint. On permet donc à une caisse qui, normalement, devrait
être à 5 % d'être à 3 %, mais, si elle est à 3
%, elle devrait chercher à augmenter sa capitalisation, sans cela elle
vit aux dépens des autres.
M. Garon: Je suis d'accord là-dessus.
M. Fortier: Donc, si elle vit aux dépens des autres, il
faut bien qu'ii y ait un règlement qui l'incite à payer une
grande proportion de son trop-perçu à !a réserve
générale, sans cela, si c'est totalement libre, il y en a qui
vont dire: Nous autres, c'est bien dommage, on se fout de ce qui arrive
à Québec, à Lévis ou à Montréal; on
se paie une grosse ristourne et que le diable les emporte. Je pense bien
qu'à ce moment-là les gens vont monter dans les rideaux. C'est
pour ça que ça prend une certaine... Autrement dit, contrairement
a ce que vous dites, je crois que c'est un bienfait parce que ça permet
à une caisse, qui, autrement, serait mise en tutelle par l'inspecteur,
de continuer à vivre décemment pendant un certain temps, à
condition qu'elle respecte certains règlements de la
fédération, afin qu'elle augmente petit à petit...
J'imagine que la fédération va comprendre que, si c'est à
Port-Cartier et que, soudainement, l'usine arrête de fonctionner, la
caisse populaire peut être en difficulté. Je ne sais pas s'il y en
a une là-bas, je donne cet exemple à tout hasard, mais ça
peut être à un autre endroit. À ce moment-là, la
fédération va dire: On va vous aider; faites ça
tranquillement pas vite; on va vous appuyer, mais, pendant ce temps, faites
attention, vous allez être obligé de faire votre part pour
augmenter votre capitalisation ou votre norme d'endettement.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Prévost.
M. Forget: M. le Président, voici ce qui arrive aussi. Il
y a certains conseils d'administration de caisse - pas méchamment - qui
vont se payer des ristournes et, pour la réserve, ils ne gardent
absolument rien. On l'a vécu il y a une couple d'années. Beaucoup
moins aujourd'hui, mais il y a une couple d'années. Alors, je pense que
c'est pour cette raison que la fédération intervient et dit:
Écoutez, il faut quand même se redresser; il faut quand même
prévoir pour l'avenir également. Cela assure la survie des
caisses, d'ailleurs, comme des coopératives, qu'il y ait un certain
montant de capitalisation.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Prévost.
M. le député de Lévis.
M. Garon: La garantie réseau aurait été
imaginable tout en ayant une obligation juridique
quant à la base d'endettement. Cela aurait été
Imaginable aussi. Là, on se sert, je dirais, en quelque sorte, du
prétexte de la garantie réseau pour ne laisser aucune marge de
manoeuvre à la caisse locale. Que la caisse locale soit obligée
de maintenir 5 % de base d'endettement, c'est possible de le prévoir.
C'est possible de prévoir, par ailleurs, que, si elle ne l'a pas, elle
puisse être assujettie à autre chose. Mais, si elle le maintient,
si elle a sa base d'endettement, pourquoi, après, ne
déciderait-elle pas de ses trop-perçus? Là, sous
prétexte de la garantie-réseau, c'est le règlement de la
fédération qui s'applique - on ne dit pas c'est quoi, on ne sait
pas ce que ça va être - pour l'affectation des trop-perçus
qui appartiennent, au fond, aux membres de la caisse. C'est ça qui ne
fonctionne pas. Que la caisse qui ne respecte pas la base d'endettement qui est
prévue ne puisse pas, à ce moment-là, verser de ristournes
aux membres, je n'ai pas d'objection à ça. Mais si elle respecte
sa base d'endettement?
M. Fortier: M. le député de Lévis, la
réponse, c'est qu'on aurait pu, dans le projet de loi, préciser,
comme on va le faire a l'article 267. Si vous lisez l'article 267, on dit: "La
somme des montants affectés à la réserve
générale et des montants correspondant aux parts permanentes et
aux parts de qualification émises par une caisse non affiliée
doit représenter au moins 4 % de ses dettes. " Autrement dit, on impose
un critère pour la caisse non affiliée. On est coupables, nous
autres, de faire trop confiance au mouvement Desjardins. Parce que la solution
que vous proposez, ce serait que nous, ici, nous écrivions un article
semblable à l'article 267 pour chacune des fédérations.
Mais, dans le fond, ce qu'on dit, c'est qu'on fait confiance à chaque
fédération. Les gens décideront ça
démocratiquement entre eux. Sans cela, on l'écrirait ici, mais
c'est toujours la même chose. Si ce n'était du mouvement
Desjardins en qui on a confiance, il y a beaucoup d'endroits où
l'inspecteur m'aurait recommandé de dire: Écoutez, on va le
mettre dans la loi. Mais, là, on dit: Les gens vont décider
ça entre eux. Alors, on est coupables de ça. On est coupables de
faire confiance à chacune des fédérations qui adoptent un
règlement ensemble qui sera à peu près l'équivalent
de l'article 267. Mais on ne le fait pas; on dit: Écoutez,
décidez donc ça entre vous; adoptez les règlements.
Réunissez-vous en assemblée annuelle et adoptez les
règlements qu'il faut et ce sera décidé
démocratiquement, sans ça on va l'écrire. Cela fait
plusieurs fois que le député de Lévis fait cette
remarque-là, mais, je vous le dis, on aurait pu écrire toutes ces
notions dans la loi, mais, là, on fait confiance à la
fédération ou la confédération. Écoutez, il
va falloir qu'on se branche soit qu'on leur fasse confiance, soit qu'on ne leur
fasse pas confiance. Moi, j'ai décidé de leur faire
confiance.
M. Garon: Si on leur fait confiance, au fond, elles n'ont pas
besoin de cet encarcanement de réglementation, alors qu'on vit dans une
époque de déréglementation.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
M. Garon: On passe d'une loi de 157 articles à une de 589.
Cela veut dire 432 articles de plus, pour un gouvernement qui veut
déréglementer. Après ça, le ministre nous dit: Je
leur fais confiance. Je vais vous dire une chose...
M. Fortier: On leur fait confiance, mais on veut qu'elles
adoptent des règlements.
M. Garon:... on leur fait confiance mais avec des boulets aux
pieds, des menottes aux mains, les yeux bandés, les bras attachés
et les jambes ligotées. Après ça, il peut dire: J'ai
confiance que tu ne me rattraperas pas.
M. Fortier: Je leur fais confiance pour qu'elles adoptent les
bons règlements. Ce n'est pas la même chose. Ha, ha, ha!
M. Garon: Ce n'est pas ça, c'est que...
M. Fortier: On leur fait confiance pour qu'elles adoptent les
bons règlements.
M. Garon: Faire confiance, comprenez-vous! Les gens qui forment
une caisse, c'est comme s'ils étaient dans une garderie, et pour jeunes
enfants à part ça. Qu'est-ce qu'ils pourront faire
d'eux-mêmes? Entre vous et moi, qu'est-ce qu'ils pourront faire
d'eux-mêmes? Plus rien. Il ne détermineront pas le montant de la
part; ils ne détermineront pas le nombre; le gérant va être
dirigé par le comité de déontologie de la
fédération; l'affectation des trop-perçus sera
dirigée par la fédération; ils seront soumis, pour leurs
dépôts, par les règlements... Non, pour les
dépôts, il n'y a pas trop de contraintes. Quand il s'agit
d'apporter de l'argent, il n'y a pas trop de contraintes. Mais, pour les
crédits, ce sera les règlements du gouvernement et les
règlements de la fédération. Il n'y a qu'un seul endroit
où tu peux être mineur et où il n'y a pas de règles
qui s'appliquent, c'est quand tu déposes ton argent. Mais, une fois
qu'il est rendu là, par exemple, là, tu n'es plus rien.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
M. Garon: Cela ne marche pas.
Une voix: Mais, par contre...
M. Garon: Ce n'est pas comme ça qu'on va faire une
institution responsable, avec de la motivation et avec de l'allant pour
bâtir quelque chose, alors que les gens ont voulu s'entraider
entre eux, faire de l'entraide coopérative. Je trouve qu'on vide
te mouvement coopératif de son âme. Cela me fait penser à
un gars qui sort avec une fiiie et qui passe son temps à regarder son
compte de banque.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: ll pourrait regarder autre chose.
Le Président (M. Poulin): Surtout quand tu as son
numéro de guichet automatique. Ha, ha, ha!
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Prévost.
M. Forget: M. le Président, je reviens toujours à
ceci. Si les fédérations sont en place, c'est parce qu'il y a des
caisses à la base. Les fédérations relèvent des
caisses. La journée où on n'aura plus de caisses, il n'y aura
plus de fédération ni de confédération. SI faut
faire confiance aux fédérations. Si les fédérations
sont là, c'est parce que ce sont les caisses qui les ont mises en place.
Il ne faut pas se Se cacher, c'est ça. S'il n'y a plus de caisses
à la base, il n'y aura plus de fédération. C'est la raison
pour laquelle je leur fais confiance. D'ailleurs, c'est nous qui les avons
mises en place. Vous n'avez pas confiance en ça, vous, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Pardon?
M. Forget: Vous n'avez pas confiance en ça? Vous ne croyez
pas que ce sont les caisses qui ont mis les fédérations en place?
C'est la même chose pour les coopératives.
M. Garon: C'est ce que j'explique depuis Se début. Mais
une fois qu'elles ont été mises en place...
M. Forget: Oui, mais justement, si les caisses à la base
ne sont pas là, les fédérations vont tomber. Je pense
qu'ils sont conscients de tout ça et qu'il faut faire confiance à
ces gens-là.
M. Garon: Savez-vous ce qu'il y aura dans le règlement de
la fédération? Vous ne le savez pas. Je pense que la caisse doit
avoir des obligations à respecter au plan de la liquidité. Je
trouve ça normal. Mais, une fois qu'elle les a respectées, elle
devrait être capable d'affecter ses trop-perçus. Si elle veut les
mettre dans des oeuvres communautaires, si elle veut les donner aux membres, si
elle veut les donner aux prêteurs ou aux emprunteurs au prorata des
opérations qu'ils effectuent avec la caisse, une fois que leurs
obligations sont respectées en termes de réserve
générale de liquidités ou de base d'endettement - appelez
ça comme vous le vouiez - elle devrait être capable de
décider un peu quelque chose. On dit: "L'affectation des
trop-perçus doit également être conforme aux
règlements de !a fédération à laquelle la caisse
est affiliée. " Je pense qu'on serait mieux de mettre dans la loi que
c'est 5 % pour elles aussi ou 4 %, comme on met de l'autre côté,
mais, après ça, elles auraient une certaine marge de manoeuvre.
Là, elles n'ont aucune marge de manoeuvre. C'est un peu l'argent des
membres. Ce n'est pas l'argent des autres ni de l'argent en fiducie. C'est leur
argent à eux.
Le Président (M. Pouiin): M. le ministre.
M. Fortier: Je pense bien que la philosophie qui est sous-jacente
ici, c'est que...
M. Garon: Je ne suis pas contre la philosophie sous-jacente. Je
comprends votre philosophie réseau.
M. Fortier: Non, non, je sais. Mais c'est qu'il y ait une
entraide, un réseau démocratique qui jouent. Comme de raison, si
on ne fait pas l'hypothèse que !e réseau est démocratique,
on a un problème. Mais on dit qu'il y a des règles qui
s'appliquent à l'intérieur d'un club qui est la
fédération. Une caisse peut, à l'occasion, être
sous-capitalisée et ça va être appuyé par les
autres.
Bien sûr, ça veut dire que les gens se donnent une
règle entre eux pour augmenter leur capitalisation. Mais il ne faut pas
faire l'hypothèse que la fédération va dire:
Écoutez, c'est défendu de créer un fonds social ou c'est
défendu de faire ceci ou cela. D'ailleurs, c'est bien certain que, s'ils
veulent motiver leurs membres, il faut bien qu'une partie du trop-perçu
aille en ristournes. C'est comme une compagnie qui ne paie pas de dividendes.
Tout à l'heure, les gens vont se poser des questions.
Alors, je fais l'hypothèse que les gens vont décider
ça entre eux, démocratiquement. Ils sont bien conscients qu'ils
doivent retourner une partie des trop-perçus aux membres et qu'ils
doivent augmenter leur capitalisation. En définitive, ils vont discuter
ça en assemblée annuelle et ils vont dire: On passe un
règlement qui s'applique à tout le monde. C'est simplement
ça. Il n'y a rien de mal. Je ne vois rien de mal. On n'a pas
essayé d'avoir la tête de personne ici.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je suis pas mai d'accord avec
le député de Lévis lorsqu'il mentionne que les caisses
locales ont, en cours de route... D'ailleurs, ce n'est que depuis hier que je
suis le projet de loi avec mon collègue de Lévis, mais je peux
vous dire une chose, c'est
que plus on va dans la loi, plus il y a de règlements qui
s'appliquent et plus la fédération contrôle les caisses
locales. Lorsqu'on parle de l'assemblée générale annuelle
d'une caisse quelconque, on ajoute un article qui place cette caisse, peu
importe où elle se trouve au Québec, sous la tutelle d'un
règlement que pourrait avoir la fédération. Je dis que
c'est un peu le monde à l'envers parce que la caisse est en train de
perdre à peu près tous les pouvoirs qu'elle avait
antérieurement, et même l'assemblée générale
des membres d'une caisse donnée perd des pouvoirs. La
fédération, elle, peut faire à peu près tout ce
qu'elle veut avec les règlements qu'elle adoptera en cours de route, qui
pourront être modifiés à peu près deux ou trois fois
par année. On sait ce qu'est un règlement.
Lorsqu'on adopte une loi à l'Assemblée nationale elle
reste là. La seule façon de modifier la loi, c'est de la ramener
à l'Assemblée nationale. Mais, lorsqu'on arrive avec des
règlements, c'est une autre paire de manches. Les règlements
s'amendent beaucoup plus facilement qu'une loi. Alors, on fait une loi dans
laquelle il y a près de 400 articles de plus, puis, en cours de route,
on voit tomber tous les pouvoirs des caisses locales. Je vous dis
honnêtement que ça m'inquiète. Plus j'entends parler les
personnes ici, autour de cette table, et plus ça m'inquiète de
voir ce qui se passe actuellement dans la réglementation. C'est une
surréglementation qui s'en vient.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, dans la loi actuelle, il est
dit, à l'article 86, que les membres de la caisse, en assemblée
annuelle, disposent des trop-perçus. À l'article 87, on dit:
Toute caisse - ça, c'est chaque caisse - doit établir et
maintenir une réserve générale. Il doit être
affecté à cette réserve un montant des trop-perçus
annuels tel qu'après affectation la réserve
générale représente au moins 3 1/2 %. "
Je répète l'argumentation: on peut soit avoir - et nous
avons changé 3, 5 % pour 5 % - une disposition qui fait qu'ils doivent
absolument se maintenir à 5 % et leur dire: Après ça,
faites ce que vous voulez... Mais ce n'est pas ça que le mouvement
Desjardins nous a dit. Vous savez, je ne veux pas lancer un grand débat
mais l'avant-projet de loi de 1984 allait dans le sens de contrôler
chaque caisse prise individuellement. Alors, de fait, ça leur donnait,
dans un sens, supposément plus d'autonomie. Donc, elles pouvaient
disposer du trop-perçu à condition que les 3, 5 %, ou les 5 %
maintenant, soient maintenus.
Mais, dans le fond, ce n'est pas ça que le mouvement Desjardfns
nous a demandé - et Je crois que le mouvement Desjardins a une
très bonne philosophie d'entraide. Ils disent: Écoutez, nous
voulons nous entraider et il se peut qu'une caisse dans un coin puisse avoir
une capitalisa- tion plus basse et une autre plus forte et on voudrait que
ça joue dans le réseau. (21 h 15)
Mais c'est bien certain que, si on permet ça, l'assemblée
annuelle d'une caisse en. particulier ne pourrait pas décider,
unilatéralement, de l'utilisation du trop-perçu parce que les
autres caisses, par le biais de la fédération, vont vouloir avoir
leur mot à dire. C'est pour cela qu'on est en train de s'interroger
à nouveau sur toute la nouvelle philosophie sous-jacente au projet de
loi, soit que les caisses, au sein d'une même fédération,
doivent s'entraider.
On m'a dit que le projet de loi, tel que présenté le 15
novembre, avait reçu l'approbation de toutes les
fédérations et de la confédération. Si le principe
est accepté, c'est donc qu'elles acceptent qu'une certaine discipline,
à l'intérieur d'une même fédération, joue. Je
suis d'accord avec le député de Duplessis qu'il ne s'agit pas de
la même philosophie, que c'est différent. Encore là, je le
répète, ce principe a été approuvé par
toutes les fédérations et par la confédération.
J'admets, avec le député de Duplessis, qu'on aurait pu
écrire le projet de loi différemment, avec la totale autonomie de
l'assemblée annuelle d'une caisse, à la condition qu'elle reste
à 5 % et où la garantie réseau ne jouerait pas.
On peut l'écrire d'une façon ou d'une autre, mais je crois
qu'en définitive le fait qu'une caisse, dans un milieu plus difficile,
puisse recevoir l'appui d'autres caisses qui sont plus riches, c'est un
très bon principe coopératif. Si on l'accepte, il va falloir que
les gens du milieu, de cette fédération acceptent une certaine
discipline. Je vous donne raison dans le sens qu'on pourrait l'écrire
autrement, mais ce n'est pas ce que les gens nous ont proposé; ce n'est
pas ce que les fédérations et la confédération
veulent et ce n'est pas ce que le mouvement Desjardins désire avoir. Le
débat qui a eu lieu à un moment donné, il y a quatre ans,
sur la garantie réseau ou la non-garantie réseau, c'était
un peu cela.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Dans le cas des trop-perçus, le ministre a
mentionné que lors de l'avant-projet de loi de 1984, je crois, il y
avait eu des négociations avec la confédération. M.
Parizeau était à ce moment ministre des Finances. Est-ce que
l'ancien président de la confédération était
favorable au contenu de l'avant-projet de loi?
M. Fortier: De 1984? M. Perron: De 1984.
M. Fortier: J'ai la réponse ici, M. le Président.
Je vais déposer une note, si vous le voulez bien. On va régler le
problème une fois pour toutes. La question que vous me posez est:
Est-ce que M. Blais, qui était le président de la
confédération, était d'accord avec i'avant-projet de loi
de 1964?
M. Perron: Ne ressortez pas votre lettre. Faites attention
à cette lettre!
M. Fortier: J'ai la lettre du 20 avril 1984 de M. Raymond Blais,
président de la confédération.
M. Perron: D'accord. C'est la bonne.
M. Fortier: C'est adressé à M. Parizeau. il dit:
"L'avant-projet de loi que nous avons reçu reflète, en
l'amplifiant, l'orientation qui apparaissait dans le document d'orientation
auquel nous nous sommes objectés. L'économie totale de cet
avant-projet de loi nous est toujours inacceptable. " Je ne sais pas ce que
vous voulez de plus.
M. Perron: Je parte du trop-perçu.
M. Fortier: L'avant-projet de loi était tout à fait
Inacceptable pour M. Raymond Blais, en 1984.
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous en lisez un bout. Est-ce qu'on peut avoir une
copie de la lettre?
M. Fortier: Oui. M. le Président, si vous voulez en faire
des copies et les distribuer.
M. Garon: Deuxièmement...
Le Président (M. Poulin): Est-ce qu'avec le consentement,
vous la déposez, M. le ministre?
M. Fortier: Oui, oui.
M. Garon: Quand il dit cela, qu'est-ce qu'il veut dire?
M. Fortier: La question que le député de Duplessis
m'a posée, c'est: Est-ce que l'avant-projet de loi de 1984 était
acceptable?
M. Perron: M. le Président, je ne parlais pas de
l'ensemble de i'avant-projet de loi. Les discussions n'étaient
même pas terminées là-dessus. Je parlais de la question des
trop-perçus et je voulais savoir si la confédération, dans
le temps de M. Blais, était d'accord avec le contenu de cette partie de
l'avant-projet de loi se rapportant aux trop-perçus? Le ministre, si
vous vous rappelez bien, M. le Président, a dit que le contenu de
l'avant-projet de loi, par rapport à l'affectation des
trop-perçus, doit également être conforme aux
règlements de la fédération à laquelle la caisse
est affiliée. Cela n'existait pas dans l'avant-projet de loi. C'est
arrivé par la suite.
Le Président (M. Pouiin): M. le ministre.
M. Fortier: Je n'étais pas là. Je ne veux pas faire
dire à M. Blais ce que... Étant donné que je ne lui ai pas
parlé, lisez la lettre et vous allez le voir. Ce que j'en sais, tout
simplement, c'est qu'ils nous ont demandé de faire en sorte que la
garantie réseau s'applique de la façon qui se trouve dans le
projet de loi ici. En 1984, ils ont dit que l'avant-projet de loi, tel qu'il
existait, leur était inacceptable; maintenant, M. Béland a dit
que le projet de loi, tel que déposé, leur est tout à fait
acceptable. C'est pour cela que je vous dis... Je ne vous dis pas que l'autre
façon qui a été suggérée était
mauvaise. Je ne vous dis pas cela. Il se pourrait qu'une autre façon de
faire serait que l'inspecteur contrôle chaque caisse individuellement. Je
ne vous dis pas que c'est mauvais. Tout simplement, ce que je vous dis, c'est
qu'il y en a qui croient qu'il est mieux de procéder autrement.
M. Perron: Est-ce que les caisses, actuellement...
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Dupiessis.
M. Perron: Est-ce qu'il y a un consensus de fait dans les caisses
du Québec quant à cette partie?
M. Fortier: Écoutez, je sais qu'il y a eu beaucoup de
consultations à l'intérieur du mouvement Desjardins et je sais
aussi qu'il n'y pas unanimité. C'est impossible, parmi les 30 000
bénévoles qu'il y a à l'intérieur du mouvement
Desjardins, qu'il y ait unanimité totale, comme il n'y a pas
unanimité dans aucune...
M. Perron: Non, mais je parie des caisses, je ne parie pas
des...
M. Fortier:... formation politique. Ce n'est pas moi qui suis
allé faire la consultation à l'intérieur du mouvement
Desjardins. Ce que je vous dis, c'est que les conseils d'administration de
chacune des fédérations et le conseil d'administration de la
confédération nous disent que le projet de loi, tel que
déposé, leur est acceptable. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise de plus? Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus? Je suis
d'accord avec vous sur le fait qu'on aurait pu proposer une autre philosophie,
ce qui a été fait. Je ne vous dis pas qu'elle était
nécessairement mauvaise, je vous dis que celle-ci est plus acceptable et
permet un meilleur esprit coopératif, selon plusieurs personnes à
l'intérieur du mouvement Desjardins. Je suis tout à fait
d'accord qu'on aurait pu procéder autrement et je ne vous dis pas
que ça n'aurait pas marché.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que le dernier
alinéa de l'article 266 est adopté?
M. Garon: Un instant. Vous voulez dire que l'article 87, qui,
actuellement, demande à chaque caisse de maintenir une réserve
générale qui représente un pourcentage du passif de la
caisse, était devenu inacceptable à M. Blais? Est-ce que c'est
ça que vous avez dit? C'était devenu totalement inacceptable que
les caisses, selon l'article...
M. Fortier: Ah non! Ne me faites pas dire...
M. Garon: Attendez un peu, c'est là-dessus qu'on parie.
Vous avez dit que c'est à cette occasion que vous avez eu la lettre de
M. Blais. Ici, on dit - parce qu'avant vous parliez de l'article 87: Toute
caisse doit établir et maintenir une réserve
générale. Il doit être affecté à cette
réserve un montant des trop-perçus annuels tel qu'après
affectation la réserve générale représente au moins
3 1/2 % du passif de la caisse constitué par les dépôts des
membres, établi à la clôture du dernier exercice social. "
Je ne lis pas les deux autres alinéas parce qu'ils concernent autre
chose. Hors, vous voulez dire que c'est ça qui était devenu
inacceptable, parce que c'est de ça qu'on parle. C'est ça qui
maintenait la liberté de la caisse.
M. Fortier: Oui. Alors, écoutez, il faudrait que je relise
la lettre. Ne me faites pas dire ce que M. Blais a dit, je n'étais pas
là. Si vous voulez savoir ce que M. Blais a dit...
M. Garon: Moi non plus.
M. Fortier:... lisez la lettre. Tout simplement, ce que je vous
dis...
M. Garon: Je n'essaie pas de dire ce qu'il a dit.
M. Fortier:... c'est que ce que l'avant-projet de loi avait
proposé à ce moment-là, c'est qu'il y ait une certaine
capitalisation pour chaque caisse et que l'inspecteur... En plus, voyez-vous,
dans la loi actuelle, le gouvernement et l'inspecteur n'avaient aucun pouvoir.
Mais nous, on a toujours voulu - d'ailleurs, j'ai défendu ce principe -
que l'inspecteur et le gouvernement aient des pouvoirs de contrôle
vis-à-vis du mouvement Desjardins. Là, on a deux choix: soit que
l'inspecteur contrôle chaque caisse individuellement, soit que
l'inspecteur fasse confiance au réseau du mouvement Desjardins. Donc, je
crois que ce qui était inacceptable au mouvement Desjardins, à ce
moment-là, c'était le fait que l'inspecteur contrôlerait la
capitalisation, la réglementation et absolument tout dans chaque caisse.
Ils ont dit: Écoutez, faites-nous confiance, il y a la garantie
réseau. C'est là qu'on est arrivé avec une nouvelle
philosophie où l'inpsecteur a encore un mot à dire sur ce qui se
passe, c'est-à-dire qu'il peut demander de l'information et qu'il peut
envoyer ses inspecteurs, et où on dit que la capitalisation ne se
calculera pas nécessairement sur chaque caisse, mais qu'elle va se
calculer au niveau de la fédération, y inclus les caisses, et,
là, on va leur faire confiance. Il peut y en avoir qui sont en dessous
et d'autres au-dessus, mais, à la condition que la
fédération joue bien son rôle, l'Inspecteur n'interviendra
pas immédiatement.
C'est ça la différence de philosophie, c'est ça que
le mouvement Desjardins nous a demandé de faire et c'est ça qui
leur fait plaisir dans l'actuel projet de loi. Si vous me dites qu'ils n'ont
pas raison, prenez le téléphone et appelez les gens de
Desjardins.
M. Garon: On mélange...
M. Fortier: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Garon:... trois ou quatre concepts; on les met ensemble, on
les mélange ensemble, on les brasse et on en fait un genre de fudge". Ce
n'est pas ça. Je vous pose une question. L'article 87 créait une
obligation juridique de maintenir - on appelait ça avant une base de
capitalisation, on l'appelle maintenant une base d'endettement, en tout cas -
entre la réserve générale et le passif de la caisse un
pourcentage. Cela, c'est une affaire, c'est une obligation juridique.
Là, vous enlevez cette obligation... Un instant.
M. Fortier: Oui, on enlève l'obligation juridique...
M. Garon: Oui, vous l'enlevez.
M. Fortier:... au niveau de chaque caisse.
M. Garon: Oui. Cela veut dire que vous enlevez beaucoup
d'autonomie à la caisse qui avait à respecter ses obligations.
Après cela, vous nous parlez du pouvoir d'inspection de l'Inspecteur
général. C'est une tout autre affaire, complètement
à part, que l'inspecteur général fasse l'inspection.
Avant, c'étaient les gens du mouvement qui circulaient dans les caisses
et qui vérifiaient dans quelle situation elles étaient.
C'étaient les gens du mouvement Desjardins qui faisaient cela. J'ai un
confrère de classe qui fait cela depuis... On a quitté
l'université en même temps et lui est ailé là. Je
sais qu'il fait cela depuis des années; il vérifie si les caisses
sont correctes en fonction de leurs obligations. Ils vont vérifier.
Cela, c'est une affaire dont on a parlé, lors de la refonte de la loi,
que ce soit l'inspecteur général qui le fasse dans chaque caisse.
Je comprends que le mouvement, qui est
habitué à le faire, qui est habitué... Parce qu'on
peut parler de deux choses: l'autonomie de la caisse et l'autonomie des
caisses. Alors, je pense qu'à ce moment-là on parle de
l'autonomie des caisses, qui assurait une certaine stabilité...
M. Perron: Par rapport aux 5 %.
M. Garon:... par rapport à l'ensemble du mouvement parce
qu'il pouvait y en avoir qui, pour une raison ou pour une autre, étaient
temporairement... Cela peut arriver même dans la meilleure institution si
un changement arrive rapidement dans îes dépôts de la
caisse. Que l'inspecteur général le fasse caisse par caisse,
c'est un changement assez radical. Ça, c'est une affaire. Maintenant,
qu'une garantie réseau puisse s'appliquer - parce qu'on dit qu'avant il
y avait une garantie réseau. Les caisses ont parlé de leur
garantie réseau, donc la garantie réseau existait en même
temps que l'obligation juridique de maintenir une réserve
générale. L'article 87 existait et existe encore actuellement. On
dit: Les caisses, en partie, voulaient maintenir leur garantie réseau.
Donc, une garantie réseau peut exister en même temps que
l'obligation juridique de maintenir un certain rapport entre la réserve
générale et le passif de la caisse. C'est cela que je dis. Je
dis: Actuellement, vous faites disparaître la base juridique, vous
enlevez toute marge de manoeuvre à une caisse, vous embarquez cela dans
une garantie réseau qui est, à mon avis, beaucoup plus
contraignante qu'antérieurement. Vous faites disparaître, à
toutes fins utiles, l'autonomie de la caisse, en tout cas une grande partie de
l'autonomie de la caisse. Je pense que l'obligation juridique qu'il y a
à l'article 87 est une obligation qui fait l'affaire, au fond, de la
caisse qui la respecte. Mais, en même temps, comme ils se sont
donné une fédération, il peut arriver que, selon
l'ensemble de son groupe, en tenant compta de l'ensemble du passif au niveau de
la fédération... Il peut arriver que l'obligation juridique de
maintenir un certain niveau soit là. Alors, qu'on établisse un
mécanisme au-dessus de l'obligation pour maintenir toujours un rapport
de base d'endettement, je conçois cela, mais il ne faut pas que la seule
façon de le faire soit en enlevant toute autonomie à la
caisse.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: M. le Président, je pense que le
député est un peu mêlé. Ce matin, ce midi ou hier,
on parlait des différents niveaux d'inspection. Il est vrai qu'on
parlait des différents... il s'inquiétait lui-même,
justement, des quatre niveaux de surveillance et d'inspection. On avait dit: il
y a le conseil de surveillance, il y a la surveillance par la
fédération, il y a l'inspection et la vérification par le
bureau d'inspection et de vérification de la confédération
et, en plus de cela - on avait insisté là-dessus et cela avait
rassuré le député de Lévis - en tout temps,
désormais, par la nouvelle loi, l'inspecteur a le droit d'aller faire
une inspection spéciale, pas sur demande, il a le droit d'aller faire
une Inspection spéciale.
M. Garon: En tout temps.
M. Fortier: En tout temps. C'est bien différent de ce qui
existe dans la ioi actuelle. Dans la ioi actuelle, l'article 93 dit: "À
la demande du conseil d'administration". Alors là, à la demande
du conseil d'administration, l'inspecteur peut aller faire une inspection. Ce
n'est pas tout à fait pareil. Tout cela pour dire que, dans la nouvelle
loi - et je ne m'en cache pas, le député de Lévis insiste
là-dessus - nous nous donnons, le gouvernement, l'inspecteur et le
ministre, des pouvoirs très importants de surveillance, d'inspection, de
vérification et que nous avons mis, dans la loi, beaucoup de
dispositions pour nous assurer que la divulgation, le contrôle de la
déontologie, les conflits d'intérêts... Je ne m'en cache
pas, en fait, la réglementation a été augmentée
beaucoup, mais on croit que c'est important pour un organisme de 34 000 000 000
$ d'actifs. (21 h 30)
Là où la discussion s'est faite il y a quatre ans, c'est
que les gens ont dit: Écoutez... Si on dit que la capitalisation d'une
caisse est de 5 %, vous comprendrez bien que, selon toutes les dispositions que
nous avons, s! une caisse n'a pas 5 %, l'inspecteur va dire: J'interviens,
soumettez-moi un programme de redressement. Si vous ne respectez pas votre
programme de redressement, je vais vous en imposer un. C'est là
où le mouvement Desjardins a dit: Écoutez, on ne voudrait pas que
l'inspecteur intervienne chaque fois qu'une caisse est en dessous de 5 % ou de
la norme de la capitalisation; donnez-nous la chance de faire jouer notre
garantie réseau. Donc, la fédération va intervenir,
à ce moment-là, pour tenter de redresser ça, comme le
député de Prévost l'expliquait, par des conseils, des
conseils de gestion, des conseils sur les placements, par une
réglementation adéquate. Ils vont dire: Laissez-nous jouer notre
rôle, et c'est là où le mot de Talleyrand est arrivé
parce que, à ce moment-là, le mouvement Desjardins disait: La
garantie réseau joue, mais ce n'était pas légal. C'est une
chose de dire, si une caisse est quasiment en faillite: Ne vous
inquiétez pas, M. l'inspecteur, la fédération va s'en
occuper, c'est une chose de le dire, mais, si ce n'est pas dans !a loi, on
n'est pas sûr que ça va arriver. C'est là où le mot
de Talleyrand est important: Si ça va sans le dire, ça va encore
mieux en le disant, parce qu'on a dit: Si vous avez une garantie réseau,
on va la mettre dans la loi. Si une caisse est en difficulté, la
fédération a une responsabilité vis-à-vis de cette
caisse, la responsabilité de S'aider dans sa gestion, sa capitalisation,
son administration et de l'aider à
se redresser. C'est ça qu'est la garantie réseau, et c'est
ça qui se retrouve dans la loi actuelle.
Donc, c'est l'un ou l'autre, soit que l'inspecteur et le gouvernement
contrôlent chaque caisse une par une et, que chaque fois qu'une caisse
est en bas de 5 %, l'inspecteur se met le nez dedans et lui donne des
instructions; ou bien on fait confiance à la garantie réseau et
on donne à la fédération un pouvoir de surveillance, un
pouvoir de réglementation et on dit: Jouez votre rôle; pour autant
que vous informiez l'inspecteur de ce que vous allez faire, des normes de
redressement que vous allez Imposer, de la réglementation que vous allez
faire, là, on vous permet de jouer votre rôle. Mais c'est l'un ou
l'autre, ça ne peut pas être d'autres formules. Alors, c'est tout
simplement ça qui a été le débat.
Je crois, finalement, que nous avons un projet de loi qui va dans le
sens des demandes de Desjardins, mais qui nous satisfait en même temps
parce qu'on a l'impression que ça joue, la garantie réseau est
juridiquement là, c'est dans la loi, donc il y a des
responsabilités bien spécifiques. Mais l'inspecteur, quand
même, va avoir le pouvoir d'inspecter, de demander de l'information et il
va pouvoir, éventuellement, si la fédération ne joue pas
son rôle et si la confédération ne le fait pas, intervenir
pour redresser une situation. Donc, on est rassuré, et je crois qu'on
est arrivé à un compromis très raisonnable qui va aller
dans le bon sens.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Prévost.
M. Forget: A titre d'information, M. le Président, en
1982, au niveau des caisses de la fédération de Montréal,
on s'est entendu pour faire une mise de fonds afin d'aider les caisses en
difficulté. On se souvient qu'en 1982 il y avait de nombreuses caisses,
du moins dans la fédération de Montréal, qui
étaient en difficulté. Cela n'a pas été facile. Je
pense que nous, à Saint-Jérôme, nous avions fait une mise
de fonds de 40 000 $ là-dedans, mais par contre ce n'était pas
égal d'une caisse à l'autre. Je pense qu'en ce qui concerne la
réglementation, présentement, la fédération veut
être plus équitable. Je vois ça comme ça, et je
pense que c'est tout à fait juste et convenable qu'un chose comme
ça se produise, parce que, sans ça, il y avait des caisses qui
étaient défavorisées au détriment d'une autre.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Prévost. M. le ministre.
M. Fortier: Si vous lisez à la page 3, justement, la
critique qui était faite par M. Blais, on disait, concernant
l'avant-projet de loi du temps: "Les membres et les dirigeants des caisses
perdent toute autonomie. Le rôle des fédérations et celui
de la confédération sont niés. Les pouvoirs de
réglementation et de contrôle dépassent même ceux
prévus dans les lois générales et provinciales
s'appliquant à des institutions financières. Chaque caisse est
traitée comme une entité individuelle, sans tenir compte de son
appartenance au réseau Desjardins." Écoutez, c'est ça
qu'on leur a donné, finalement.
M. Garon: Non, si vous lisez tout cela, vous vous rendez compte
que l'inspecteur général, c'est lui qui allait dans chacune des
caisses. Mais la garantie réseau peut fonctionner sans que la caisse
perde toute son autonomie. Cela peut fonctionner. Cela fonctionne actuellement
sans que !a caisse perde son autonomie, au contraire. Il peut y avoir une
garantie réseau sans que ce soit l'inspecteur général qui
aille vérifier dans chacune des caisses. Mais, à mon avis, les
caisses devraient avoir une obligation de maintenir une base d'endettement et
la fédération aussi - c'est ce qu'on fait aussi, maintenir une
base d'endettement - et la garantie réseau devrait jouer, excepté
que la caisse qui a maintenu sa base d'endettement individuellement devrait
avoir plus de latitude que celle qui ne l'a pas maintenue.
Cela ne veut pas dire que la garantie réseau de la
fédération ne joue pas ou ne peut pas jouer, au contraire. Mais
c'est que tout ça se fait en niant complètement l'autonomie des
caisses. Quand on dit que les membres et les dirigeants des caisses perdent
toute autonomie, je ne sais pas ce qu'il y avait dans ce projet de ioi à
ce moment-là, mais, là, c'est clair qu'elles perdent toute
autonomie.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Fortier: J'aimerais demander à l'inspecteur de nous
expliquer le dernier alinéa de l'article 266, en relation avec l'article
270.
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur.
M. Bouchard: La garantie réseau implique une obligation
juridique de chaque caisse d'avoir un minimum de capitalisation qu'on appelle
base d'endettement. Dans la loi actuelle, pour une caisse qui n'est pas
affiliée, c'est prévu, dans la loi, que cette base d'endettement
est de 5 %. Dans le cas d'une caisse affiliée, il est prévu que
c'est le règlement de la fédération qui va
déterminer la capitalisation de la caisse. Pourquoi? Parce que la
fédération doit tenir compte, en même temps, de l'ensemble
de ces caisses et doit faire en sorte que le ratio qu'elle va déterminer
pour ces caisses va arriver à une moyenne de 5 % pour l'ensemble de son
réseau.
Tout ça ne se tient que dans la mesure où l'ensemble du
mouvement joue les règles du jeu en ce qui concerne l'attribution des
surplus pour l'ensemble. On ne peut pas laisser ça à la
discrétion de la caisse, même à une caisse qui a obtenu ses
5 % de ratio d'endettement, si elle a fixé à 5 % son ratio
d'endettement. Pourquoi?
C'est qu'à la demande même du mouvement Desjardins S'artide
270 a été ajouté, et il dit: "Les règlements de la
caisse et ceux de la fédération à laquelle elle est
affiliée peuvent prévoir l'affectation de tout montant de la
réserve générale. "
Desjardins veut, par le biais de ce règlement, pouvoir affecter
directement à la réserve générale - donc ajouter un
élément additionne! de capitalisation - certains frais qui sont
actuellement perçus au sein du mouvement Desjardins, soit en ce qui
concerne les guichets automatiques ou toute autre chose. Ils vont
décréter, pour l'ensemble du mouvement, que les honoraires
perçus pour tei genre de services ne sont pas des revenus, même
s'ils sont considérés comme revenus sur le plan comptable, et
qu'ils devront obligatoirement être affectés à la
réserve générale pour aider à la capitalisation,
déchargeant ainsi l'obligation pour ce qui est des parts
permanentes.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: À quelle place, dans leur mémoire, les
caisses populaires demandent-elles...
M. Fortier: C'est une demande qui a été
faite...
M. Bouchard: Cela s'est fait verbalement, lors d'une discussion
que j'ai eue avec eux.
M. Garon: Dans leur mémoire?
M. Fortier: Non, c'est parce qu'à la suite de leur
mémoire... D'ailleurs, nous avons rencontré certaines personnes,
comme nous avons... À la suite de la commission parlementaire, au mois
de juin, nous avons parlé à la FTQ, nous avons parlé
à certaines personnes et, en particulier, bien sûr, au mouvement
Desjardins. Lors de rencontres avec le mouvement Desjardins, pour donner suite
au mémoire, j'avais rencontré M. Béland avec M. Bouchard
et M. Bouchard avait rencontré l'avocat qui était attitré.
Donc, on a revu chacune de leurs demandes. Dans le feu de la discussion, il est
arrivé des demandes supplémentaires. Cela, c'était une
demande supplémentaire, parce qu'ils ont dit: Si vous changez ceci et si
vous changez cela, cela va. Mais on a fait une demande supplémentaire et
l'article 270 nous est venu.
Alors, je crois que c'est très clair. Je le redis, parce que M.
Béland m'a envoyé une lettre me disant que ça avait
été approuvé par les conseils d'administration des
fédérations et de la confédération. Alors,
l'économie de la loi qui est ici - j'admets qu'on puisse en discuter, je
ne suis pas contre ça - c'est réellement ce qu'il désire.
Cela atteint aussi notre objectif, dans la mesure où on veut avoir une
certaine certitude que la confédération et les
fédérations vont être bien capitalisées et vont
intervenir lorsqu'il y a des difficultés. L'inspecteur peut lui aussi
intervenir. Mais je n'accepte pas ce que le député de
Lévis a dit en disant que les caisses focales perdent toute autonomie.
Je n'accepte pas ça. il est vrai qu'elles perdent un certain
degré d'autonomie au profit de la fédération et de la
confédération, mais c'est ce que le mouvement nous dit. Le
mouvement nous dit: C'est ce qu'on veut. Et c'est un peu ce que M. Blais disait
et ce dont on a discuté par la suite, lis veulent avoir un
système où le réseau a des responsabilités en tant
que réseau. Donc, on ne peut pas juger, à ce moment-là,
une caisse comme étant tout à fait autonome, comme si elle
n'appartenait pas au mouvement Desjardins. Il faut juger de l'autonomie d'une
caisse selon les contraintes et les limites d'une caisse qui appartient au
mouvement Desjardins. C'est ainsi que la loi a été
préparée et ça leur donne satisfaction.
De plus, je crois que, vu sous l'angle du bien public, nous, nous sommes
satisfaits, parce qu'on dit: Nous - le gouvernement - avons les moyens qui vont
nous garantir de suivre la situation et les moyens qui vont permettre à
l'inspecteur de suivre, par le biais des inspections, la validité et de
valider l'inspection faite par la confédération, donc de nous
assurer que les chiffres qui nous seront fournis vont être
adéquats. Alors, il y a un équilibre. J'accepte le fait que
ça s'éloigne d'une autonomie qui serait de 100 % pour la caisse,
j'accepte ça. À ce moment-là, il y a une certaine perte
d'autonomie au profit de la fédération, mais, par ailleurs, la
fédération vient combler cette petite perte d'autonomie, si on
peut l'appeler comme ça, pour aider la caisse à se
développer, comme le député de Prévost l'a dit, par
des conseils dans le secteur du prêt commercial, dans le domaine de la
gestion ou dans d'autres domaines.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Je voudrais revenir ici sur la lettre du 20 avril 1984
de M. Blais. On a toujours l'habitude de mentionner qu'il est extrêmement
dangereux de sortir un paragraphe du contexte, car on peut alors en faire
à peu près ce qu'on veut. Le ministre, tout à l'heure, a
mentionné un paragraphe à la page 2, sans pour autant mentionner
deux autres paragraphe que j'aimerais lire devant les membres de la commission,
pour rétablir les choses.
À la page 2: "Le 2 mars dernier, lors d'un déjeuner, nous
avions convenu de la démarche suivante: 1° Chaque partie devait
fournir un document précisant les champs d'intervention et conditions
d'exercice du pouvoir de contrôle de l'Inspecteur général
des institutions financières, reliés particulièrement
à l'inspection et à la vérification. " On continuait avec
un 2° et un 3°. Mais, par contre, plus loin, dans la même
lettre,
à la page 3, M. Blais écrivait ceci: "Nous voulons bien
croire que cet avant-projet de loi a été préparé
avant nos dernières rencontres et ne donne pas effet à ce que
nous avions convenu, en conséquence. "
Alors, il faut faire attention. Si on lit l'ensemble de la lettre, on
voit que c'était vraiment le début d'un avant-projet de loi qui
n'était pas complet et que, par la suite, il y a eu d'autres
interventions qui ont été faites pour améliorer nettement
ce qu'il y avait à ce moment-là, c'est-à-dire avant le 20
avril 1984. Il y a eu de nettes améliorations qui ont été
apportées, autant par les ministres des Finances qui se sont
succédé que par le gouvernement actuel; c'est là-dessus
que je voulais en venir.
Quant à moi, concernant le trop-perçu, je maintiens ce que
j'ai dit tout à l'heure, parce que, selon moi, le dernier paragraphe de
l'article 266 est, encore une fois, une répétition de la perte
d'autonomie de plus en plus prononcée des caisses que l'on retrouve
à l'intérieur de ce projet de loi. Maintenant, s'il y a entente
entre la confédération et la grande majorité des caisses
locales, que voulez-vous, je pense que nous sommes peut-être dans une
certaine obligation de nous y plier, sans pour autant être d'accord avec
l'ensemble des vues de tout le monde là-dessus.
M. Fortier: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
Le Président (M. Poulin): Monsieur... M. Fortier:
Sur division?
M. Garon: Non, non. J'aimerais qu'on laisse ce paragraphe en
suspens.
Le Président (M. Poulin): Vous voudriez qu'on laisse le
troisième alinéa en suspens? M. le ministre.
M. Garon: Ce sont toutes les mêmes affaires. L'inspection
de l'inspecteur général, c'est une affaire; la garantie
réseau et l'obligation juridique, c'est une autre affaire. Elles ne sont
pas nécessairement interreliées.
M. Fortier: Suspendu.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce qu'on pourrait revenir au
premier alinéa qui n'avait pas été... M. le
député de Lévis.
M. Garon: II faut en ternir compte, mais ce n'est pas
nécessairement interrelié.
Le Président (M. Poulin): Le troisième
alinéa de l'article 266 est suspendu. Est-ce qu'on pourrait revenir au
premier alinéa qui n'avait pas été...
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Poulin):... adopté? "Les
trop-perçus annuels d'une caisse sont afffectés".
M. Garon: Oui, adopté.
Le Président (M. Poulin): Adopté. Donc,
l'article...
M. Garon: II ne nous reste que le dernier alinéa.
M. Fortier: Suspendu.
Le Président (M. Poulin): Oui, l'article est
suspendu...
M. Fortier: Avec le dernier alinéa.
Le Président (M. Poulin):... avec le dernier
alinéa.
M. Fortier: Cela va?
Le Président (M. Poulin): Cela va. J'appelle l'article
267. M. le ministre. (21 h 45)
M. Fortier: "La somme des montants affectés à la
réserve générale et des montants correspondant aux parts
permanentes et aux parts de qualification émises par une caisse non
affiliée à une fédération doit représenter
au moins 4 % de ses dettes. " Donc, il y a une norme minimale, c'est 5 % de
capitalisation et au moins 4 % de ses dettes pour la somme des montants
affectés à la réserve générale et des
montants correspondant aux parts permanentes et aux parts de qualification.
M. Garon: Ce n'est pas la même affaire? Les 5 % et 4 % sont
deux choses différentes complètement? Je vois l'inspecteur
général qui dit non.
M. Fortier: Si vous vous souvenez, on avait dit, lorsqu'on a
parlé de parts privilégiées, que les parts
privilégiées ne devraient pas être plus que 1 %. Ici on le
dit d'une autre façon. On dit: Si vous excluez les parts
privilégiées, ce devrait être 4 %.
M. Garon: Alors, si on avait inclus les parts
privilégiées...
M. Fortier: C'est 5 % moins 1 %, cela fait 4 %. D'accord?
M. Garon: D'accord.
M. Fortier: Donc, c'est 5 %, mais le capital primaire c'est 4 %
tel que défini ici.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que
l'article 267 est adopté? M. Garon: Adopté. M.
Fortier: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Passons maintenant à
l'article 268. M. le ministre.
M. Fortier: "La réserve générale ne peut
être partagée entre les membres ni être entamée par
le versement d'une ristourne. " Autrement dit, une fois que c'est versé
à la réserve générale, c'est gelé là.
On ne peut pas le partager.
Une voix: II n'y a rien de changé.
M. Garon: C'était le principe.
M. Fortier: C'est la même chose qu'avant.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 268 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. C'est la même chose
qu'avant.
M. Garon: Pourquoi ajoutez-vous: "... être entamée
par le versement d'une ristourne"? Cela veut dire la même chose. Une
ristourne, c'est de partager les...
M. Fortier: On veut spécifier que, lorsqu'on paie une
ristourne, c'est le trop-perçu d'une année. On ne peut pas
revenir en arrière pour dire: On va se payer une ristourne en entamant
la réserve générale. Le paiement d'une ristourne doit se
faire à partir des trop-perçus d'une année. Donc, on ne
peut pas entamer ce qui a été versé à la
réserve générale.
M. Garon: C'est pour cela qu'on dit: "La réserve
générale ne peut être partagée entre les membres".
C'est ce qu'on disait avant, en totalité ou en partie. A mon avis, une
fois que c'est à la réserve générale, c'est
à la réserve générale.
M. Fortier: Mais là on le met de façon plus
explicite.
M. Garon: Je comprends.
M. Fortier: Cela ne change pas la nature de la chose. Cela
va?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 268 est
adopté? Adopté. J'appelle l'article 269. M. le ministre.
M. Fortier: "Les trop-perçus peuvent être
entièrement affectés à la réserve
générale. Une caisse peut décider de ne payer aucun
intérêt sur les parts permanentes qu'elle a émises ou de
n'attribuer aucune ristourne. " Alors, elles peuvent soit tout payer à
la réserve générale, elles peuvent décider de ne
payer aucun intérêt ou de n'attribuer aucune ristourne. Autrement
dit, elles ont beaucoup de latitude. C'est tout simplement un pouvoir.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: C'est toujours en fonction de l'article qu'on vient de
suspendre?
M. Fortier: Oui.
M. Perron: Mais pourquoi...
M. Fortier: Non, mais là c'est un pouvoir. On ne dit pas
ce qu'elle doit faire, c'est tout simplement un pouvoir. Il y a des gens qui
pourraient se demander: Est-ce qu'on a le droit de tout payer à la
réserve générale? Est-ce qu'on a le droit de ne pas payer
d'intérêt sur les parts permanentes? Alors là on le dit
très clairement: Elles peuvent faire l'un ou l'autre selon leur
volonté, selon la décision de lassemblée annuelle et selon
le règlement de la fédération. Mais on reviendra
là-dessus.
M. Perron: Selon le règlement prévu
là-dessus à l'article 266, au dernier paragraphe.
M. Fortier: Cela a été suspendu. Cela ne change pas
cela.
M. Perron: C'est cela.
M. Fortier: L'article 269 ne change pas ce qui n'est pas
adopté.
M. Garon: Pourquoi on dit cela?
M. Fortier: Si vous allez en assemblée annuelle,
étant donné que vous pouvez affecter les trop-perçus soit
à la réserve générale, soit au paiement de
l'intérêt, soit à la constitution et au maintien d'une
réserve de stabilisation, il y en a qui pourraient croire que vous
êtes obligé d'en mettre un peu partout. Ici on dit:
L'assemblée annuelle peut décider de tout payer à la
réserve générale, peut décider de ne payer aucun
intérêt sur les parts permanentes qu'elle a émises et peut
même décider de n'attribuer aucune ristourne. Elles ont
réellement ce pouvoir à l'intérieur, bien sûr, de la
norme de l'article 266 qui a été suspendu, mais on veut
être sûr qu'elles ont réellement le pouvoir de le faire pour
ne pas que quelqu'un dise: Vous n'avez pas le droit de faire ceci, vous n'avez
pas le droit de faire cela.
M. Perron: Est-ce que cet article veut dire que la
priorité doit être... Parce que tout à
l'heure j'avais posé une question quant aux priorités,
quant à l'article 266.
M. Fortier: Non, il n'y a pas de priorité.
M. Perron: II n'y a pas de priorité. Puisqu'on parle de la
réserve générale en premier, est-ce que cela donne une
priorité à la réserve générale?
M. Fortier: II y a les 4 % qui doivent être maintenus pour
la caisse non affiliée, l'article 267.
M. Perron: D'accord.
M. Fortier: Mais une fois qu'elles ont fait cela, elles ont une
marge.
M. Perron: Les 4 % de l'article 267.
M. Fortier: Pour une caisse non affiliée, c'est 4 % et,
pour une caisse affiliée, on a dit que c'était le
règlement de la fédération. Dans le fond, c'est ce qu'on
faisait.
M. Garon: Avant c'était 3, 5 %, là c'est 4 %.
M. Fortier: Non, c'est 5 %; 3, 5 % correspond à 5 %. On
dit maintenant que la norme d'endettement ou la base de capitalisation c'est 5
%. Avant c'était 3, 5 % à l'article 87. D'accord?
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 269 est
adopté?
M. Fortier: Adopté. Une voix: Adopté.
M. Garon: Les parts permanentes. On avait dit que pour les parts
permanentes les intérêts étaient attribués chaque
année?
M. Fortier: Les parts permanentes... Une voix: Elles ne
s'accumulent pas.
M. Garon: Non, je sais. Ce n'est pas cumulatif.
M. Fortier: Ils peuvent payer des intérêts dessus.
Mais il pourrait arriver qu'une caisse n'ait pas assez d'argent pour payer de
l'intérêt sur les parts permanentes. Ici, on dit: "peut
décider de ne payer aucun intérêt".
M. Garon: Antérieurement on avait dit que
l'intérêt à payer sur une part permanente était
décidé à chaque année à l'assemblée
annuelle.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: Ce n'est pas comme dans une part
privilégiée...
M. Fortier: Non, d'accord.
M. Garon:... un montant qui peut être cumulatif. Il n'est
pas cumulatif.
M. Fortier: Non, vous avez raison. Il peut décider de ne
pas en payer et le taux est décidé à l'assemblée
annuelle.
M. Garon: Et la part privilégiée...
M. Fortier: Oui.
M. Perron: Cela est maintenu.
M. Fortier: Ce sont les conditions qui ont été
déterminées à l'assemblée annuelle, une fois pour
cinq ans. Cela va?
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 269 est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Article 270?
M. Fortier: "Les règlements de la caisse et ceux de la
fédération à laquelle elle est affiliée peuvent
prévoir l'affectation de tout montant...
Le Président (M. Poulin): Cela va, M. le
député de Lévis?
M. Fortier: Article 270.
M. Garon: C'est bien. Une caisse peut décider...
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon:... d'en attribuer aucune... C'est la caisse, au niveau
local?
M. Fortier: Oui, c'est cela. Article 270. "Les règlements
de la caisse et ceux de la fédération à laquelle elle est
affiliée peuvent prévoir l'affectation de tout montant à
la réserve générale. "
M. Garon: C'est là que cela ne marche pas.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On a dit depuis le début que c'est
l'assemblée annuelle. On a dit qu'il n'y avait pas
d'intérêt permanent cumulatif sur les parts permanentes. On dit
une fouie de choses. Après cela, une caisse peut décider de ne
payer aucun intérêt sur les parts permanentes qu'elle a
émises ou n'attribuer aucune ristourne. À un moment donné,
à l'article 270, on met le
tomahawk. "Les règlements de la caisse et ceux de la
fédération à laquelle elle est affiliée peuvent
prévoir l'affectation de tout montant à la réserve
générale. " Cela veut dire que tout ce qu'on leur a donné
avant l'assemblée générale on leur enlève par
l'article 270.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
M. Garon: Pourquoi? Moi, je ne comprends pas. Je ne comprends
vraiment pas. Vous dites "Les règlements de la caisse". Ce n'est pas
fait chaque année. Cela ne marche pas comme économie d'une
affaire: Les règlements de la caisse peuvent prévoir
l'affectation de tout montant à la réserve
générale.
M. Fortier: De la façon que je vois cela...
M. Garon: On affecte cela chaque année, lors de
l'assemblée annuelle, ou bien ce sont les règlements qui
déterminent cela?
M. Fortier: Oui, cela, c'est nouveau.
M. Garon: C'est nouveau en s'il vous plaît, je
comprends.
M. Fortier: C'est nouveau. Il n'y avait rien avant. De la
façon qu'il faut le lire, c'est que la fédération va avoir
des normes minimales en disant: Si vous n'avez pas atteint votre
capitalisation, certains pourcentages pourraient être
affectés.
Une voix: Non...
M. Fortier: Ce que l'inspecteur nous disait tout à l'heure
- je n'ai pas à négocier cela avec le mouvement Desjardins -
c'est que certains honoraires qui leur reviendraient, disons, de l'utilisation
des caisses automatiques... Eux voudraient, semble-t-il, que ces honoraires qui
sont perçus puissent être versés directement à la
réserve générale et non pas être
considérés comme une réserve qui pourrait faire partie des
trop-perçus qui pourraient être payés en ristourne.
J'imagine que le développement de l'informatique a coûté
extrêmement cher, ils disent que, s'il y a des revenus, on va mettre cela
dans la réserve générale. C'est pour cela que ce sont des
choses qui vont être discutées entre la fédération
et les caisses. Elles vont décider cela entre elles. C'est pour cela
qu'on dit qu'il va y avoir certains règlements de la
fédération... J'admets qu'il va rester une marge de manoeuvre
à la caisse elle-même. Sans cela, il y aurait une contradiction
dans les termes.
M. Garon: Vous nous dites quasiment que, s'ils font un peu
d'argent sur la perception des comptes ou sur l'informatique, ils peuvent
envoyer cela à la réserve générale. Pour être
sûrs de couvrir cela, qui est à peu près large comme une
ligne blanche dans le chemin, vous prenez le chemin au complet. Vous dites:
"Les règlements de la caisse et ceux de la fédération
à laquelle elle est affiliée peuvent prévoir l'affectation
de tout montant - n'importe quel montant - à la réserve
générale" au cas où, dans les services qu'ils rendent, ils
peuvent faire un petit bénéfice.
M. Fortier: Je vous donne cela comme exemple.
M. Garon: Cela fait drôle. Un peu comme le barbier qui,
pour être certain de vous enlever un cheveu gris, vous arrache tous les
cheveux. il va attraper le cheveu gris, mais ce n'est peut-être pas ce
que vous vouliez. C'est un peu comme le ministre. On peut affecter tout montant
à la réserve générale. Au fond, il nous dit: S'ils
font un peu d'argent avec l'informatique... J'aimerais autant qu'il dise: S'ils
font de l'argent avec l'informatique, qu'ils i'envoient à la
réserve générale, même sans choix. Les gens ne
diront pas un mot. Ce n'est pas cela l'économie d'une caisse, ou les
coffrets de sûreté. C'est la queue de renard après
l'antenne de l'automobile, pour ceux qui aiment cela.
M. Fortier: il faut comprendre ici, M. le député de
Lévis, qu'ils cherchent des moyens de capitaliser le mouvement et les
caisses.
M. Garon: Je comprends tout cela.
M. Fortier: Probablement qu'ils vont dire: Tel genre de
tarification - l'exemple n'a pas d'importance - on va l'envoyer à la
réserve générale parce que c'est ce qui augmente la
capitalisation de la caisse et du mouvement en général Ces
choses-là, je reviens là-dessus, vous semblez penser que, quand
on parle d'un règlement de la fédération, ce sont des
permanents ou des fonctionnaires de la fédération qui vont
décider cela.
M. Garon: Non, non.
M. Fortier: Mais chaque caisse envoie à l'assemblée
annuelle un certain nombre de représentants et il va y avoir une
assemblée publique où, démocratiquement, ils adopteront un
règlement aux deux tiers des voix. Ce n'est pas une décision
administrative sur la décision du président de la
fédération. Ce sera discuté en assemblée publique.
Pour avoir été une fois à la réunion de
Montréal, il y a deux ans, je peux vous dire qu'il y a beaucoup de
personnes. Les gens discutent de différents règlements. J'imagine
que certains règlements vont prévoir certaines affectations. La
caisse, par ailleurs, va décider des autres affectations, selon le
pouvoir qu'elle a. C'est dans ce sens qu'il faut le lire.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que
l'article 270 est adopté?
M. Garon: Un instant.
Le Président (M. Poulin): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: On va le laisser en suspens. C'est le même genre,
le même filon.
M. Fortier: On peut les adopter en bloc.
Le Président (M. Poulin): L'article 270 est suspendu.
Passons à l'article 271.
M. Fortier: "Le conseil d'administration doit verser à la
réserve générale, à même les montants
affectés à la réserve de stabilisation, les sommes
requises pour que le pourcentage prévu à l'article 267 ou
déterminé par règlement de la fédération
à laquelle elle est affiliée soit atteint. "
M. Garon: À la réserve générale.
M. Fortier: Autrement dit, pour les caisses non affiliées,
la capitalisation primaire est de 4 %. La capitalisation primaire d'une caisse
affiliée est déterminée par règlement de la
fédération. On dit que le conseil d'administration a l'obligation
de verser à la réserve générale, à
même les montants affectés à la réserve de
stabilisation, les sommes requises pour atteindre cet objectif. On continue:
"Lorsque les montants affectés à la réserve de
stabilisation ne sont pas versés à la réserve
générale, ils peuvent servir au paiement de
l'intérêt sur les parts permanentes. " C'est ce qu'on avait
prévu.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre et M. le
député de Lévis, on va suspendre deux minutes. Est-ce
qu'il y a consentement? La commission va suspendre ses travaux pour deux ou
trois minutes.
(Suspension de la séance à 22 heures)
(Reprise à 22 h 9)
Le Président (M. Poulin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Fortier: M. le Président, c'est simplement pour dire
que, si c'est une caisse non affiliée, certains montants doivent
être versés à la réserve générale pour
atteindre les 4 %, autrement c'est selon le règlement de la
fédération. C'est la capitalisation primaire. Ce n'est pas les 5
%, c'est plutôt les 4 % de la caisse non affiliée.
M. Garon: Je pense qu'on a un exemple d'article qui crée
un cadre juridique, qui est contraignant mais qui indique des obligations
à réaliser. À ce moment-là, c'est un cadre
juridique qui est fixé et les gens ne peuvent pas être malheureux
Cela correspond véritablement à l'esprit.
M. Fortier: Mais le règlement qui va être
adopté éventuellement par la fédération va
constituer en définitive le cadre juridique également. Alors,
cela donne à la fédération une plus grande marge de
flexibilité. La caisse non affiliée, on dit que c'est 4 % et vous
avez l'obligation de prendre des fonds à même is fonds de
stabilisation et le mettre dans la réserve générale si
vous n'avez pas atteint 4 %.
M. Garon: Oui, mais là vous mettez: "Le conseil
d'administration doit verser à la réserve générale,
à même les montants affectés à !a réserve de
stabilisation, les sommes requises pour que le pourcentage prévu
à l'article 267 - là vous rajoutez - ou déterminé
par règlement de la fédération... " Ce n'était pas
ça avant à l'article 270. Dans l'avant-projet de loi, il n'y
avait pas ce règlement de la fédération. Il n'y avait pas
ça dans l'avant-projet de loi.
M. Fortier: Oui. Je ne pense pas que ça soit tellement
différent.
M. Garon: Usons l'ancien article 270: "Le conseil
d'administration doit verser à la réserve générale,
à même les montants affectés au fonds de stabilisation, les
sommes requises pour que le pourcentage prévu à l'article 266
soit atteint", point. C'est là où vous changez ça et vous
rajoutez: "ou déterminé par règlement de la
fédération. " Même dans son mémoire...
M. Bouchard: L'avant-projet de loi ne prévoyait pas, par
erreur, une caisse non affiliée et c'est pour ça qu'on dit "par
règlement de !a fédération à laquelle la caisse est
affiliée". Alors, d'une part, quand elle n'est pas affiliée,
c'est les 4 % fixés dans la loi et, quand elle est affiliée,
c'est la base d'endettement, et c'est la fédération qui va
déterminer.
M. Garon: Ce n'était pas écrit. Le mouvement
Desjardins n'a rien demandé de spécial dans ce
sens-là.
M. Bouchard: C'était une erreur. M. Fortier: Oui,
mais...
M. Garon: Vous avez ajouté ou déterminé par
règlement de la fédération.
M. Fortier: Oui, mais ce sont des erreurs de concordance. On en a
trouvé quelques-unes comme cela. Il y a soit la caisse affiliée,
soit la caisse non affiliée et on s'est aperçus que la caisse
affiliée n'était pas prévue.
M. Garon: Pardon?
M. Portier: On s'est aperçus que la caisse affiliée
n'était pas prévue dans l'article. On l'a ajoutée.
Personne ne nous l'a demandé. Nos légistes ont
vérifié et trouvé des erreurs comme cela à certains
endroits. Personne ne nous l'a demandé.
M. Garon: Pourquoi ne le laissez-vous pas comme il était
dans l'avant-projet de loi? Il était correct. Mais oui.
M. Fortier: M. l'inspecteur, s'il vous plaît.
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: II y avait un trou dans l'avant-projet de loi parce
qu'il ne prévoyait pas le cas d'une caisse affiliée. Si on fait
la référence à l'article 267, cela veut dire qu'on
appliquait aux caisses affiliées le pourcentage de 4 %, alors qu'il est
prévu dans la loi que, pour une caisse affiliée, cela ne sera pas
nécessairement 4 %, cela sera le montant déterminé par
règlement de la fédération. Donc, on ne peut pas imposer
aux caisses affiliées les mêmes règles qu'aux caisses non
affiliées.
M. Fortier: Cela pourrait être moins que 4 %; cela pourrait
être 3, 5 %, 3, 6 %, 3, 7 %. On ne le sait pas.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 271 est
adopté?
M. Fortier: Cela va?
M. Garon: Oui, cela va.
M. Fortier: Cela a du bon sens.
M. Garon: Ce n'est plus la loi qui le détermine, c'est la
fédération. Cela peut être n'importe quoi.
M. Fortier: Oui, mais, M. le député de
Lévis, si on dit que l'article 271, en référence à
l'article 267, s'applique à toutes les caisses, affiliées ou non,
cela donne une moins grande marge de manoeuvre aux fédérations
parce qu'à ce moment-là ce sera 4 % et 5 %. Toute l'idée
de la proposition, c'est que, si certaines caisses sont plus
capitalisées et que d'autres le sont moins, il se pourrait qu'elles
soient en deçà de 4 %.
M. Garon: Non, non, regardez bien ce que vous faites ici. C'est
pour cela que je ne suis pas convaincu que ce soit une erreur. Vous pouvez
l'avoir changé après. Regardez bien, vous créez une
obligation juridique. "Le conseil d'administration doit verser à la
réserve généra- le. " Il n'y a pas de marge de manoeuvre;
il doit verser à la réserve générale, à
même les montants affectés à la réserve de
stabilisation. Regardez bien ce qu'on dit en parlant des trop-perçus:
"... à même les montants affectés à la
réserve de stabilisation, les sommes requises pour que le pourcentage
prévu à l'article 267 soit atteint. " C'est cela qu'on disait,
c'est-à-dire qu'on atteigne 4 %. Si on n'a pas atteint 4 %, on dit: On
doit prendre les montants affectés à la réserve de
stabilisation pour les envoyer à la réserve
générale pour atteindre les 4 %. Lorsque les montants
affectés à la réserve de stabilisation ne sont pas
versés à la réserve générale, is peuvent
servir au paiement de l'intérêt sur les parts permanentes.
M. Fortier: Ce que vous êtes en train de proposer, M. le
député de Lévis...
M. Garon: C'était bien, ça.
M. Fortier:... c'est qu'on mette 4 % pour tout le monde. Je peux
bien le faire; on va mettre 4 % pour tout le monde.
M. Garon: Non.
M. Fortier: Mais oui. Écoutez, laissez-moi parler. Si vous
vouiez que le chiffre pour tout le monde soit 4 %, là, vous venez faire
en sorte que la moitié des caisses populaires au Québec n'auront
pas le droit de se payer de ristournes. Si c'est ça que vous voulez, on
va le faire. Ce que vous nous dites, c'est: Oubliez le règlement de la
fédération; adoptez une règle qui est la même pour
toutes les caisses: 4 % de capital primaire. Mais, à ce
moment-là, toutes ces caisses qui n'ont pas atteint ce capital n'auront
pas le droit de se payer de ristourne; 50 % des caisses du Québec
n'auront plus le droit de se payer de ristournes. Mais, avec le
règlement de la fédération, au lieu que ce soit 4 %,
peut-être qu'ils vont dire à la caisse de Je ne sais
où en Gaspésie: Vous avez droit, cette année, vous
autres, d'être à 3, 4 %. Donc, si c'est 3, 4 %, ils vont pouvoir
se payer une ristourne, parce que, sans ça, si on fixe 4 %, ils ne le
pourront jamais. Alors, les gens vont être pénalisés
à mort. Cela sera le même chiffre pour tout le monde,
indépendamment des conditions locales.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Mais le règlement de la
fédération, ce ne sera pas un règlement distinct pour
chaque caisse qui lui est affiliée. Ce sera un règlement
général.
M. Fortier: Je ne sais pas comment ils vont le faire. Mais je
pense qu'ils veulent tenir compte des disparités régionales.
M. Garon: Cela sera distinct pour chaque caisse?
M. Bouchard: C'est évident. C'est au niveau du
réseau. On en parle depuis quinze jours. On ne peut pas avoir le
même ratio d'endettement pour chaque caisse, autrement, cela va arriver
à 5 %. Sinon, on va dire 5 % pour tout le monde. Le ministre va dire 5 %
pour tout le monde, ça finit là. Toutes les caisses auront 5 %;
on fait tout ça pour rien. Il y a des caisses qui n'en sont pas
capables. Il y en a 40 % qui sont en bas de 2, 5 % ou 3 %. Demain matin, plus
aucune de ces caisses ne peut fonctionner dans la province de Québec,
plus une. Elles ne peuvent plus recevoir de dépôts; elles ne
peuvent pas faire de prêts, elles ne peuvent plus rien faire. 5 %,
ça fait 20 % de ratio.
Alors, on dit que parce que ce n'est pas la capitalisation caisse par
caisse... Concernant les 3, 5 % de l'article 87 de la loi actuelle, il n'y a
pas de sanction. Cela veut dire quoi? Il n'est pas observé non plus. Il
n'est pas observé et il n'y a pas de sanction. Alors, on dit:
Maintenant, on calcule au niveau du réseau, ce qui veut dire que cela
nous prend des moyennes. Ils vont fixer selon la nature des caisses. Il y a des
caisses qui ont 7 %. On va dire: Gardez 7 % pour ces caisses. Cela va permettre
à une autre caisse d'avoir 2 % et 3 %, de telle sorte que la
fédération va arriver à 5 %.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 271 est
adopté?
Une voix: Combien y a-t-il de caisses? M. Garon: II y en a
1300. M. Bouchard: Pour que ça fasse 5 %. M. Garon:
Pardon?
M. Fortier: Pour que ça fasse 5 % en moyenne.
M. Garon: Oui, mais ça peut faire 5 % en moyenne sans que
vous fassiez des règlements comme ça.
M. Fortier: Toute l'argumentation, M. le député de
Lévis, dit que pour éviter que la santé financière
ne soit affectée il faut qu'une certaine capitalisation soit
décrétée. On peut la décréter par caisse ou
on peut la décréter pour un groupe de caisses. Si c'est pour un
groupe de caisses, on tolère que certaines caisses soient mieux
capitalisées et que d'autres soient moins capitalisées.
L'avantage, c'est que - dans une fédération, il peut y
avoir des régions plus riches que d'autres - les régions plus
riches viennent aider des régions moins riches. C'est là que la
coopération joue. Si vous mettez un montant absolu, vous allez respecter
l'autonomie de la caisse, mate si elle n'a pas atteint la capitalisation
requise, à ce moment-là, on exige de la fédération
qu'elle les mette quasiment en tutelle et lui dise: Vous devez avoir un plan de
redressement. Vous devez faire ceci, vous devez faire cela. Si ce n'est pas la
fédération, c'est l'inspecteur, et vous n'avez pas le droit, si
vous n'avez pas atteint votre capitalisation primaire de 4 %, de payer
de ristournes. Il va y avoir des mécontents tout à l'heure.
On dit: Entraidez-vous et réglez ça. Cela donne un système
beaucoup plus flexible, à condition que la moyenne soit bonne. Alors,
c'est là où la coopération joue.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 271 est
adopté?
M. Garon: Vous voulez dire, par exemple, qu'à la
fédération de Québec, où il y a 300 caisses
affiliées, il va y avoir un règlement pour chacune des caisses
affiliées déterminant un niveau de base d'endettement qui sera
différent. C'est ce que vous voulez dire?
M. Fortier: M. l'inspecteur.
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Oui. On va partir de la loi actuelle. Il y avait une
disposition à la fin. Je vais essayer de vous trouver les dispositions
transitoires. La règle de 3, 5 % a été
décrétée en 1978, à l'article 87.
M. Garon: L'article 87.
M. Bouchard: Prenez l'article 87...
M. Garon: Oui, l'article 87.
M. Bouchard:... qui établit la règle de 3, 5 %.
M. Garon: Oui. Combien était-ce avant?
M. Bouchard: On dit 3, 5 % par caisse.
M. Garon: Combien était-ce avant?
M. Fortier: Avant cela?
M. Garon: Avant 1978.
M. Bouchard: Je ne me rappelle pas. Ah! Je ne me rappelle
pas.
M. Garon: La loi a été amendée en 1964, en
1970 et en 1978.
M. Bouchard: Je ne me rappelle pas, je ne peux pas vous dire, je
ne me rappelle pas. 3, 5 % par caisse. Qu'est-ce qu'ils ont fait comme mesures
transitoires? Allez à l'article 152. Que
dit-on? "Dans le cas d'une caisse dont la réserve
générale ne représente pas, à la clôture de
l'exercice social en cours le 23 juin 1978, 3, 5 % ou plus du passif de la
caisse constitué par les dépôts... il doit être
affecté à la réserve générais un montant des
trop-perçus annuels que la fédération à laquelle la
caisse est affiliée ou, s'il s'agit d'une caisse non affiliée,
l'inspecteur général détermine. Ce montant est
déterminé annuellement pour chaque caisse et la caisse peut
verser un montant supérieur au montant... " On n'invente rien quand on
dit qu'il impose un règlement.
M. Garon: Non, je comprends cela. Cela veut dire que pour
atteindre son niveau on lui fixe un montant. Le montant est
déterminé annuellement pour chaque caisse, et la caisse peut
verser un montant supérieur au montant déterminé.
M. Fortier: Oui, mais là ce n'est plus... M. Garon: Cela
est correct.
M. Bouchard: Mais c'est le même principe pour...
M. Fortier: Bien, c'est le même principe parce que...
M. Bouchard:... les 5 %.
M. Fortier:... ce n'est pas l'assemblée annuelle.
M. Garon: En vue d'atteindre les 3, 5 %... M. Bouchard:
Oui.
M. Garon:... pour celles qui ne l'ont pas atteint.
M. Bouchard: Alors, prenez le cas de la
fédération...
M. Garon: Bien oui; je n'ai pas de problème avec cela.
M. Bouchard: Alors, prenez le cas de la fédération
de Montréal.
M. Garon: C'est cela...
M. Bouchard: La fédération de
Montréal...
M. Garon:... que je dis depuis le début.
M. Bouchard: Non, mais prenez le cas de la
fédération de Montréal.
M. Garon: C'est cela que je dis depuis le début.
M. Bouchard: Prenez le cas de la fédération de
Montréal. Les caisses n'ont pas toutes la même capacité
financière. Des caisses ne peuvent pas avoir 3, 5 %; certaines ne
peuvent pas avoir 2, 5 %. La solidarité d'un mouvement
coopératif, c'est de faire en sorte que les bonnes caisses soutiennent
les caisses plus faibles en termes de capital.
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Et c'est pour cela qu'une caisse aura 7 %, pour
permettre de garder une autre caisse qui a 2 % de capital. Au total, cela va
faire 5 %.
M. Garon: Je suis d'accord avec cela. M. Bouchard: C'est
cela.
M. Garon: Sauf que, pour atteindre cela, vous n'avez pas besoin
d'avoir un règlement de la fédération qui s'applique
à ce niveau-là à celui qui a atteint l'obligation
juridique. Où est l'obligation juridique? Ici, c'est à 3, 5 %. Si
vous l'avez atteint, vous, vous n'avez pas un règlement de Sa
fédération qui vous demande de le dépasser. Mais, parce
que vous le dépassez et parce que vous avez comptabilisé
l'ensemble du réseau, cela pourrait faire que l'ensemble du
réseau de Sa fédération l'a atteint, sans créer une
obligation pour celui qui l'a atteint et dépassé, mais en
créant une obligation, en vertu d'une décision de la
fédération, pour celui qui ne l'a pas atteint. Cela est
correct.
Mais là ce n'est pas cela. Pour arriver à la même
chose maintenant, vous voulez assujettir en même temps les gens d'une
caisse qui l'a atteint. Là, elle ne peut plus l'atteindre, il n'y en a
plus.
M. Fortier: Oui, mais la difficulté, M. le
député de Lévis, c'est que... Ce que vous dites, c'est que
la caisse qui aurait atteint 6 % ne devrait pas être assujettie. Parce
que, si vous lisez ici, on dit, à l'article 152 de la loi actuelle:
"doit être affecté à la réserve
générale un montant des trop-perçus annuels que la
fédération à laquelle elle est affiliée
détermine. " Donc...
M. Garon: En vue...
M. Fortier:... c'est la fédération...
M. Garon: Oui.
M. Fortier:... qui détermine.
M. Garon: Oui, je suis d'accord avec cela.
M. Fortier: Non, non, d'accord. Disons qu'une caisse a atteint 6
% ou 6, 5 % et que plusieurs caisses n'ont pas atteint leurs 5 %.
M. Garon: Regardez bien. Vos 3, 5 %, comme la
fédération les soutient, elle dit: Nous allons créer une
obligation, par exemple. Nous allons te soutenir comme réseau, mais tu
devras atteindre tes 3, 5 % et on va établir ensemble comment tu vas
l'atteindre. Je trouve cela très correct.
M. Fortier: Mais prenez un autre cas.
M. Garon: Mais là ce n'est plus cela, vous changez le
principe. Vous enlevez les obligations juridiques et vous créez une
obligation, sous forme de règlement, à tout le monde, sans aucune
obligation de base, qui va devenir un règlement discriminatoire de la
fédération et qui sera différent pour chacun.
M. Fortier: Oui, mais prenez un autre exemple. M. le
député de Lévis, vous prenez l'exemple d'une
fédération qui a atteint ses 5 %. Prenons maintenant l'exemple
d'une fédération qui n'a pas atteint ses 5 %.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: 4 %...
M. Garon: Oui.
M. Fortier: II faut absolument qu'elle atteigne les 5 %, sinon la
confédération va intervenir et, si elle n'intervient pas,
l'inspecteur va intervenir.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: De quelle façon va-t-elle atteindre les 4 %?
En adoptant un règlement pour dire que Ses caisses - et, parmi ces
caisses, il y en a peut-être qui sont à 6 % ou à 7 % -
devront désormais pourvoir à la réserve
générale un pourcentage plus grand qu'elles ne l'auraient fait,
de telle façon que la fédération passe de 4 % à 5
%. Cela va vouloir dire qu'une caisse, selon le règlement, même si
elle est à 6 %, sera obligée peut-être de pourvoir une
partie plus considérable de son trop-perçu à la
réserve générale pour que !a moyenne de la
fédération passe de 4 % à 5 %. Je vous donne le cas d'une
caisse qui a déjà atteint son quota mais qui, si sa
fédération ne !'a pas atteint, pourrait être obligée
de compenser encore davantage. C'est cela qui est l'avantage du réseau.
Il faut que vous acceptiez cela.
M. Garon: Vous l'aviez, l'avantage du réseau dans la loi
actuelle.
M. Bouchard: Non, non. Du tout.
M. Fortier: Non, on ne l'avait pas. Il n'y avait aucune
compensation. C'était la fédération qui disait: Vous
deviez atteindre 3, 5 %; vous êtes à 2 %. Vous devriez faire ci,
vous devriez faire ça. ll n'y avait aucune compensation des autres
caisses. Elle dit simplement à cette caisse: Faites ceci et fartes cela.
Les autres caisses ne compensaient pas la garantie réseau. Cela ne
donnait rien à l'inspecteur général pour le satisfaire,
pour dormir mieux le soir. Si la caisse était à 2 % il
espérait que, peut-être l'an prochain ou dans dix ans, cela donne
des résultats.
M. Garon: C'est parce qu'ici, il n'y a pas de limite.
M. Fortier: C'est la fédération qui va
déterminer le règlement d'une façon collégiale,
ensemble, démocratiquement.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 271 est
adopté?
M. Garon: L'avantage que vous avez actuellement, dans le
système actuel - je comprends que vous auriez pu !e mettre plus
obligatoire en termes de réseau - mais l'avantage que vous avez, c'est
que vous avez une obligation juridique minimum pour chaque caisse. Le
réseau, comme ensemble, peut l'atteindre et, parce qu'il l'atteint comme
ensemble, cela permet à des caisses de ne pas S'atteindre
temporairement; mais II faudrait donner des pouvoirs à la
fédération de les obliger à l'atteindre et elle, elle
profite de la situation lorsque l'ensemble du réseau l'atteint. Mais
là, si on établit un régime... Dans le fond, ce qu'il
faudrait atteindre, ce sont les 3, 5 % pour tout le monde. Actuellement, ce que
vous voulez faire, ce sont des règlements qui vont être nettement
discriminatoires où il y aura des niveaux différents - je ne sais
pas comment on va établir cela - à atteindre pour chacune des
caisses. Moi, j'ai l'impression que cela va faire drôle, cela va se
chicaner. Tandis que, lorsqu'il y a une obligation juridique, celles qui ont
une base d'endettement meilleure font jouir !a fédération d'un
niveau moyen, et tout le monde comprend qu'il doit y avoir une obligation
d'atteindre ce niveau de base d'endettement pour chaque caisse locale.
Même si elle ne l'a pas temporairement, elle profite de l'avantage du
réseau, qui, lui, comme moyenne, l'atteint.
M. Fortier: Mais cela ne nous réconforte pas. Prenons pour
acquis que 50 % des caisses d'une fédération ont atteint 5 %. La
moitié des caisses sont à 5 %. La fédération dit:
Les caisses nos 1, 2, 3, 4, 5, vous êtes à 5 %, aucun
problème. Il y a l'autre 50 % des caisses qui sont à 3 %.
Là, la fédération écrit une belle lettre à
l'une de ces caisses. Elle dit: Écoutez, vous n'êtes pas assez
capitalisées, faites un effort. Mais cela ne rassure pas l'inspecteur
général, parce que îa moyenne de ce réseau n'est pas
à 5 %, c'est la moyenne des 5 % et des 3 %. C'est probablement 4 %. Nous
disons que cela ne nous satisfait pas. Ni l'inspecteur général,
ni le mouvement Desjardins ne sont satisfaits de cela
parce que, de 1973 à 1986, cela n'a pas marché. Le
système que vous décrivez n'a pas marché. Cela fait dix
ans que c'est en place et cela n'a pas marché. C'est pour cela qu'ils
nous suggèrent un nouveau système et nous sommes d'accord.
M. Garon: Pourquoi n'a-t-il pas marché?
M. Portier: M. l'inspecteur général pourquoi cela
n'a-t-y pas marché?
Le Président (M. Poulin): M. l'inspecteur
général.
M. Bouchard: Demandez aux fédérations si elles ont
observé l'article 152, si elles l'ont demandé à leurs
caisses et si elles sont capables de l'imposer.
M. Garon: Attendez un peu. Moi, ce que je vous dis, c'est de
compléter ce pouvoir par une obligation juridique envers celles qui ne
l'atteignent pas, pour que les fédérations les forcent à
l'atteindre.
M. Bouchard: Alors, on revient au point de départ. Donc,
c'est caisse par caisse.
M. Garon: Non, on ne revient pas au point de départ.
Celles qui l'ont atteint...
M. Bouchard: Le mouvement Desjardins ne veut pas caisse par
caisse. (22 h 30)
M. Garon: Ce n'est pas caisse par caisse.
M. Bouchard: La solidarité, ce n'est pas la somme des
caisses. La solidarité de la fédération, ce n'est
même plus le dépôt de la caisse, ce n'est même plus Se
passif de la caisse; c'est le passif de l'ensemble de la
fédération. Il ne faut pas prendre juste un élément
d'une solidarité de dette et de la solidarité d'actif; les deux
vont ensemble.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis. Est-ce que l'article 271 est adopté? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Là, on étudie un cadre juridique. On
parle de règlements du gouvernement et de règlements de
fédération. On n'a aucune idée de la façon dont
cela va s'appliquer complètement. Cela va faire des écarts de
combien? Est-ce qu'il y en a qui seront à 6 % et d'autres à 2 %?
Ceia va être quoi en termes de taux de réserve légale?
M. Fortier: La moyenne va être 5 %. C'est ce que l'on
veut.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: On me dit que la moyenne va être 5 %.
Écoutez, de la même façon que le surintendant
fédéral dit à chaque banque: II faut que vous soyez
à 5 %, nous autres, nous disons à chaque
fédération: II faut que vous soyez à 5 %. Organisez-vous
comme vous voulez mais en moyenne, il faut que vous soyez à 5 %.
M. Garon: Une banque, c'est l'argent des propriétaires qui
donnent des services et qui disent quels seront ces services. Ils ont droit de
vie ou de mort sur chacune de ieurs succursales. Cela, c'est une affaire. Une
caisse, ce n'est pas ceia. Quand vous m'arrivez avec cet exemple-là,
ceia ne me touche pas du tout. Cela ne me fait ni chaud, ni froid. Une banque
qui, demain matin, dirait: Moi, mes 300 succursales, je les ferme toutes. Je
décide d'avoir un immense immeuble au milieu de la ville de
Montréal... Même si cela n'a pas de bon sens, elle peut le faire.
Elle peut faire n'importe quoi. C'est leur argent. Ils sont les
propriétaires, à condition que les dispositions juridiques envers
les déposants et les emprunteurs soient respectées. Il faut aussi
tenir compte que des actionnaires, normalement, ont mis de l'argent dans cela
pour faire de l'argent. Dans une caisse, c'est quelque chose de totalement
différent. Mais là, quand on arrive au bout de la course, on dit:
Les banques le font. C'est ceia qu'on vient de dire.
M. Fortier: M. le député de Lévis, vous
interprétez mai mes propos. Ce que je vous dis, c'est que le milieu -
une caisse populaire, dans Se fond, c'est une quasi-banque. Que ce soit une
fiducie, une banque, c'est une société de dépôt.
L'industrie internationale, le BIS - Bureau des règlements
internationaux pour les institutions financières que sont les banques et
autres - tout le monde est d'avis qu'il faut que la capitalisation d'une banque
ou d'une institution quasi bancaire soit adéquate. Que ce soit une
banque ou le mouvement Desjardins, il faut que la capitalisation soit
adéquate. La capitalisation adéquate, on se met d'accord pour
l'instant au Canada pour dire, si on oublie les prêts à des pays
en voie de développement, que c'est 5 % et nous, on a acheté 5 %.
Vendu! Mais il faut que ce soit à 5 %. Si on dit qu'une
fédération, c'est 5 %, alors cela veut dire que, pour que la
santé financière de la fédération soit bonne, il
faut qu'elle atteigne 5 % de capitalisation, non pas quelques-unes 5 % et
d'autres 2 %. En moyenne, 5 %. Si cela va mal, on va être capable de
dire: II y a de l'argent à quelque part et l'argent va passer de !a
poche gauche à la poche droite ou à l'intérieur de la
fédération. Mais, si c'est cela, il faut absolument que ce soit
à 5 % et que cela joue dans les deux cas et que cela joue pour toutes
les caisses, pour que la fédération soit capable de moyenner son
affaire. Dans le fond, vous dites que la solidarité réseau joue,
mais la fédération n'a pas le droit de moyenner.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Fortier: Quand on leur donne le pouvoir de
réglementer, on leur donne le pouvoir de moyenner, et nous, nous jouons
sur la moyenne.
M. Garon: Je n'ai rien contre cela, jouer sur la moyenne.
M. Fortier: Parce que, sans cela, si la solidarité du
réseau ne joue pas, on revient à la discussion qu'on avait tout
à l'heure. Chaque caisse aura 5 % et on va les inspecter une à
une. C'est soit l'un, soit l'autre. Cela ne peut pas être les deux en
même temps.
M. Garon: Non. Cela peut être les deux en même temps,
parce qu'il peut avoir une obligation juridique d'atteindre tel taux, mais, par
le fait qu'un certain nombre le dépasse par rapport à d'autres
qui sont en dessous dans le réseau, cela fait que les moins riches
profitent des plus riches en termes de capitalisation ou en termes de base
d'endettement, si vous vouiez. Mais cela oblige la fédération,
par exemple, dans l'intervalle, de...
M. Fortier: Le gouvernement.
M. Garon:... à mon avis, avec des pouvoirs juridiques qui
devraient être dans la loi, de faire...
M. FortJer:... d'adopter des règlements pour qu'elle
dispose des trop-perçus. C'est cela qu'on a là.
M. Garon: Non, pour faire augmenter la base d'endettement des
caisses qui sont en dessous du niveau.
M. Fortier: Oui, mais c'est justement cela. C'est pour cela.
C'est par le règlement, et le règlement va dire: Vous avez des
trop-perçus cette année, ne payez pas de ristournes, mettez-les
dans la réserve générale. C'est cela qu'on veut. Parce
qu'il est bien certain que les caisses...
M. Garon: Pour celles qui sont en dessous?
M. Fortier: Bien oui.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: II est bien certain que...
M. Garon: Mais cela ne devrait pas être fait en Imposant
des niveaux qui sont au-dessus d'une base légale, ce qui devra
être une base légale, à mon avis, pour les caisses qui
l'ont.
M. Fortier: Bien oui, mais cela...
M. Garon: Ce n'est pas en établissant un système
discriminatoire systématiquement...
M. Fortier: M. le député de Lévis, si une
caisse est à 3 %, cela peut lui prendre peut-être dix ans avant de
se rendre à 5 %. Mais, pendant ces dix années, nous voudrions
dormir tranquilles et, pendant ces dix années-là, on voudrait que
la moyenne soit à 5 %.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Parce qu'on va bien dormir si la moyenne est à
5 %. Et on ne peut pas attendre dix ans avant que cela arrive. Parce que
là on va se réunir ici en 1998 et on va discuter de la même
chose qu'on a discuté en 1978 ici. On ne peut pas attendre dix ans avant
que la moyenne soit à 5 %. Pour que la moyenne soit à 5 %, M. va
falloir que les caisses !es plus riches augmentent leur capitalisation
davantage pour donner le temps aux caisses les plus pauvres de se rendre
à 5 %. Cela ne se fait pas en six mois, cela prend plusieurs
années.
Le Président (M. Poulin): L'article 271 est-il
adopté?
M. Fortier: Sur division.
M. Garon: Bon, c'est toujours la même affaire.
M. Fortier: Cela va? Adopté? Non, je vois que vous avez
des réserves.
M. Garon: C'est toujours la même chose.
M. Fortier: Bien oui, mais on peut l'adopter sur division
à ce moment-là, parce qu'on a essayé de vous fournir
toutes les explications voulues. Je pense qu'on vous a donné assez
d'arguments pour que vous compreniez notre point de vue. Mais je comprends que
vous ayez des réserves; je comprends cela.
M. Garon: Non, je comprends votre point de vue, mais je trouve
que, pour arriver au résultat que vous voulez atteindre, il n'est pas
nécessaire de procéder comme vous voulez procéder.
M. Fortier: Ce n'est pas seulement nous. M. Garon: Parce
que là...
M. Fortier: M. le député de Lévis, les
caisses les plus riches d'une fédération se disent: C'est bien
beau qu'on aide les caisses les plus pauvres, mais il va falloir que la
fédération s'en mêle.
M. Garon: Bien oui.
M. Fortier: Et on est prêt à faire notre part en
plus de cela pour que la coopération
joue.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: Alors, la fédération dit
également cela. Ce qui est ici, vous savez, a été
accepté par la fédération et par les caisses les plus
riches comme par les caisses plus pauvres. Comme de raison, les caisses les
plus pauvres vont en bénéficier, mais les caisses les plus riches
l'ont accepté. Cela a été adopté par les conseils
d'administration des fédérations, il est certain que cela impose
davantage aux caisses qui sont plus riches. Cela impose, mais elles
l'acceptent. C'est cela la coopération. La coopération, c'est
ceci: Vous êtes riche, vous avez 10 000 $ à la caisse; quelqu'un
qui n'a pas un cenne va emprunter 5000 $. C'est cela...
M. Garon: Vous savez... M. Fortier:... la coopération.
M. Garon:... ceux qui ne remplissent pas leurs obligations, ce ne
sont pas toujours les plus pauvres.
M. Fortier: Non. Quand je dis plus pauvres, il peut y avoir des
situations économiques difficiles.
M. Garon: Si vous examinez le système scolaire du
Québec et !e système hospitalier du Québec, vous verrez
que ce sont les institutions les plus riches qui, habituellement, ne les
respectent pas.
M. Fortier: Quand je parie de coopérer, je parle en termes
de capitalisation.
M. Garon: Oui.
M. Fortier: On parle en termes de capitalisation.
M. Garon: il arrive souvent que ce sont les plus pauvres qui
paient pour les plus riches, parce que les plus riches sont plus habiles. Ils
savent s'organiser...
M. Fortier: On parle de capitalisation, M. le
député de Lévis.
M. Garon:... les plus riches, pour faire payer les autres.
M. Fortier: Cela va?
Le Président (M. Poulin): L'article 271 est-il
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Poulin): Sur division. On passe
maintenant à l'article 272. M. le ministre.
M. Fortier: "Une caisse peut, par règlement,
établir un fonds devant servir à des fins sociales ou
communautaires. Il ne peut être affecté à ce fonds pius de
10 % du montant attribué en ristournes. Les sommes affectées au
fonds doivent être utilisées par Se conseil d'administration dans
les trois ans de leur affectation, à défaut de quoi elles sont
versées à la réserve générale. Toutefois, le
conseil d'administration doit puiser, à même ce fonds, les sommes
à être versées à la réserve
générale pour que le pourcentage prévu à l'articie
267 ou déterminé par règlement de la
fédération à laquelle la caisse est affiliée soit
atteint, lorsque les sommes affectées à la réserve de
stabilisation ne suffisent pas. " Donc, ce qu'on dit c'est que les caisses ont
le droit d'avoir un fonds spécial pour des fins sociales ou
communautaires, 10 % annuellement du maximum des ristournes. Cela doit
être utilisé sur une base de trois ans mais si jamais leur
capitalisation était en deçà de la norme, bien, ce n'est
pas un fonds sacré, ce fonds doit être utilisé pour
renflouer la capitalisation de la caisse.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 272 est
adopté?
M. Fortier: Alors, ça leur permet d'avoir un fonds
spécial pour venir en aide à différentes organisations
locales, mais à l'intérieur de certaines balises, 10 % des
ristournes.
M. Garon: Cela, vous allez voir que c'est encore la même
affaire. Vous avez une caisse qui, elle, l'a son niveau et qui s'est
fixé un fonds pour faire une oeuvre communautaire. À cause du
règlement de la fédération elle va se faire siphonner son
fonds communautaire pour atteindre le niveau du règlement de la
fédération parce que d'autres n'ont pas rempli leurs obligations.
Et elle permettrait à la fédération d'avoir un
règlement discriminatoire qui va lui permettre d'imposer un niveau de
liquidités plus bas pour une autre caisse alors que celle qui aurait
atteint son niveau de liquidités ne pourra même pas faire ce
qu'elle veut avec ses trop-perçus pour aider les oeuvres communautaires
locales. C'est quelque chose. Il n'y aura aucun incitatif. L'uvre sociale
de la caisse qui avait prévu un fonds communautaire, ce sera la caisse
qui ne s'est pas occupée de savoir si sa base d'endettement est
suffisante. Ce sera ça son oeuvre communautaire. Je ne sais pas. Si on
pense faire de l'incitation coopérative de cette façon, je vous
souhaite bonne chance.
Le Président (M. Pouiin): M. le ministre.
M. Fortier: Vous avez toujours le même argument. Passez la
parole à l'inspecteur, moi, je suis fatigué.
Le Président (M. Poulin): M. l'Inspecteur
général.
M. Bouchard: C'est...
M. Garon: Si votre moyenne de fédération est
à 5 %, où va être l'incitatif pour faire monter les caisses
qui n'y sont pas à 5 %? Si vous pouvez faire une moyenne de cette
façon et sans qu'il n'y ait une base juridique au chapitre des
caisses.
M. Bouchard: II y a une base légale. M. Garon: II
n'y en aura plus.
M. Bouchard: II y a une base légale. Elle est
déterminée par le règlement de la
fédération.
Au lieu d'être dans la loi, c'est la fédération qui
va le donner. Cela l'est, la base légale pour les caisses.
M. Garon: À ce moment, en établissant ce
règlement discriminatoire avec des bases différentes pour chaque
caisse, on a une moyenne qui fait que la base de la moyenne du réseau de
la fédération l'atteint. Où va être l'incitatif pour
celles qui sont en bas de la moyenne? Il y en a aucun.
M. Fortier: L'esprit qui anime ces choses-là, c'est la
même chose que l'argument qu'on vient de discuter à l'article 271.
Si une caisse est à 3 %, non à 5 %, l'idée n'est pas de la
pénaliser et dire: C'est bien de valeur, vous autres tassez-vous, vous
êtes à 3 %. Cela peut être une caisse dans une région
défavorisée. Ce que vous dites c'est qu'il n'y aura pas
d'incitatif. Ce que vous vouiez dire c'est que la caisse qui est à 3 %
dans un milieu défavorisé, on devrait lui dire: Tough luck", vous
n'avez pas atteint la norme et vous n'avez même pas le droit de donner
cinq cents à une société d'entraide. Tandis qu'ici ils
sont prêts à accepter qu'une caisse plus riche doit maintenir 7 %,
une caisse plus pauvre peut aller à 3 % mais, dans un cas comme dans
l'autre, on n'a pas déterminé de pourcentage, cela va avec le
règlement de la fédération Mais, dans un cas comme dans
l'autre, elles ont le droit de prendre 10 % si elles ont atteint la norme
déterminée par le règlement de la
fédération. À ce moment-là, elles ont le droit cie
prendre 10 % de 'eur ristourne pour les mettre dans un fonds spécial,
pour aider les pauvres et les démunis. (22 h 45)
M. Garon: Moi, je vais vous dire une affaire.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous nous donnez des exemples de caisses plus riches et
plus pauvres. Cela peut être aussi des caisses...
M. Fortier: Parce que vous voulez pénaliser les
pauvres.
M. Garon: Non, non, non, je connais cela, ces
affaires-là.
M. Fortier: Nous, on est sociaux-démocrates.
M. Garon: Je me suis aperçu que ceux qui profitent
habituellement du système, ce sont bien plus les riches que les pauvres.
Habituellement, les pauvres remplissent leurs obligations. Avez-vous
remarqué ceux qui ne paient pas d'impôt dans une année?
Habituellement, ce ne sont pas les plus pauvres, ce sont les plus riches. Mais,
quand il arrive une affaire comme celle-là, qui vous dit que ceux qui ne
respecteront pas leur ratio ne seront pas uniquement ceux qui ont une mauvaise
administration? Au bout de la course, ceux qui auront respecté leurs
obligations et qui auront voulu se donner en plus un fonds pour aider leur
communauté avec des oeuvres sociales se font grignoter leur fonds. Mais
oui, c'est ce que vous dites ici. C'est cela, l'article 272 porte
là-dessus. Bien, voyons! "Une caisse peut, par règlement,
établir un fonds devant servir à des fins sociales ou
communautaires. " J'ai bien compris, des fins sociales ou communautaires. "Il
ne peut être affecté à ce fonds plus de 10 % du montant
attribué en ristournes. " Pas plus de 10 % du montant attribué en
ristournes va dans ce fonds-là. "Les sommes affectées au fonds
doivent être utilisées par le conseil d'administration dans les
trois ans de leur affectation, à défaut de quoi elles sont
versées à la réserve générale. Toutefois, le
conseil d'administration doit puiser, à même ce fonds, les sommes
à être versées à la réserve
générale pour que le pourcentage prévu à l'article
267 ou déterminé par règlement de la
fédération à laquelle la caisse est affiliée soit
atteint, lorsque les sommes affectées à la réserve de
stabilisation ne suffisent pas. " Qu'est-ce qui va arriver? Quand vous dites
qu'il y aura des ratios sur des bases d'endettement qui vont varier d'une
caisse à l'autre, si on vous établit un niveau plus
élevé - on ne dit pas que c'est parce que vous êtes plus
pauvre ou plus riche, ce n'est marqué nulle part - à ce
moment-là, vous pourriez être dans l'obligation de puiser à
même votre fonds social des montants qui vont aller à la
réserve générale pour établir votre ratio plus haut
pour compenser celui qui est en bas de la moyenne et qui n'est pas
nécessairement plus pauvre...
M. Bouchard: C'est pour atteindre son ratio. Ce n'est pas pour le
hausser, c'est pour l'atteindre.
M. Garon: Je le sais.
M. Bouchard: Cela marche par gradation. On dit à une
caisse: Vous avez un ratio...
M. Garon: Mais oui.
M. Bouchard: Vous avez un ratio à atteindre. Vous avez,
supposons, 3 % à atteindre. Par les années passées, vous
avez réussi, parce que vous avez fait de bonnes années, à
avoir un fonds de stabilisation. En plus de cela, vous avez réussi
à avoir un fonds communautaire. Vous avez réussi à avoir
un fonds communautaire. À un moment donné, deux ans après,
par le fait que votre caisse est dans une situation telle qu'elle n'atteint
plus son ratio, au lieu de la pénaliser, on dit: Vous allez puiser dans
les deux réserves que vous avez et avant de faire du social et, du
communautaire, vous allez vous capitaliser. Donc, ce qu'il y a dans le fonds
social, vous allez le descendre dans la réserve. Ce que vous aviez dans
le fonds de stabilisation... Qu'est-ce que cela veut dire, le mot
"stabilisation"? C'est un fonds qui est justement là en cas de besoin.
Elle va puiser cette somme là pour atteindre le ratio.
M. Garon: Le problème, c'est que ce n'est pas à
celui qui est en bas de la moyenne que vous appliquez cela, c'est à
celui qui est en haut. Celui qui va avoir une meilleure base d'endettement
compensera pour celui qui est en bas de la moyenne.
M. Bouchard: S'il est atteint, il est atteint. M. Garon:
Pardon?
M. Bouchard: II n'y a pas de problème, s'il est atteint,
il va pouvoir le faire.
M. Garon: Mais non, vous le mettez à tel niveau pour
compenser pour la moyenne du réseau parce qu'il y en a qui sont à
tel niveau plus bas.
M. Bouchard: Oui, mais qu'est-ce que c'est maintenant? Ce n'est
plus 3, 5 % des dettes de la caisse, c'est le passif de la
fédération - non pas seulement les dépôts - de
l'ensemble des caisses, la quote-part du passif de cette
fédération dans la corporation de fonds de
sécurité, la quote-part du passif de l'ensemble de cette
fédération dans la caisse centrale. C'est tout cela, le passif.
Les fédérations et les caisses ont dit: C'est comme cela qu'on
fonctionne. L'incitatif? Très simple. Actuellement, il existe une
corporation de fonds de sécurité qui est l'espèce de fonds
de réserve, de capitalisation. Il y a 130 000 000 $ là-dedans.
Ils pigent dedans quand les caisses, et il y en a plusieurs, n'ont même
plus de réserves. Elles sont à zéro, pas à 3, 5 %,
elles sont à zéro et elles sont mêmes déficitaires.
Elles ont grugé toutes leurs réserves et en plus de cela elles
sont déficitaires. Alors là, la corporation de fonds de
sécurité intervient et qu'est-ce qu'elle fait? Elle cotise
l'ensemble de ses caisses et elle donne des subventions à ces caisses
pour les empêcher d'être déficitaires, parce qu'autrement
elles ne sont plus admissibles à la régie. Qu'est-ce qui arrive?
L'incitatif? Les autres caisses qui paient, qui paient et qui paient, et qui se
font purjuter pour des caisses qui ne sont pas bonnes, à un moment
donné, disent à leur fédération: C'est assez,
là! Vous allez les mettre au pas. Raison: plus loin, vous allez voir que
la fédération va pouvoir imposer un plan de redressement aux
caisses pour leur dire: C'est assez! Vous avez un plan de redressement, puis,
si vous ne l'observez pas, c'est Sa fusion, c'est la liquidation. C'est
ça! Alors, c'est ça la solidarité du réseau. Ce
n'est pas un concept en l'air, c'est tout ça.
Alors, on dit: II y a un fonds de stabilisation, il y a un fonds de
réserve si vous êtes capable de l'avoir, mais au niveau
réseau. C'est ça le nouveau plan, et c'est ce que veut
Desjardins, puis, ils disent: On veut l'avoir comme ça parce qu'on
fonctionne en pratique comme ça, mais on n'a pas de base juridique pour
pouvoir le faire. Cela allait bien quand on était tout petits: les
caisses se donnaient des services, bien oui, services d'informatique, mais
là ce n'est plus ça, il faut institutionnaliser la nouvelle
pratique.
M. Garon: Votre raisonnement est de fonctionner comme si tout
cela était des succursales et une fédération; comme si
toutes les caisses locales étaient des succursales d'une
fédération.
M. Bouchard: Non, parce que... Pourquoi?
M. Garon: Bien oui, parce que, autrement, celles qui
respecteraient leurs obligations devraient garder leur autonomie et celles qui
devraient être assujetties à des plans de redressement et à
des obligations, ce sont celles qui ne satisfont pas à leurs
obligations. Et là, en fait, pour établir une garantie
réseau pour des caisses qui ne respectent pas leurs obligations de base
d'endettement, vous enlevez toute autonomie à toutes les autres caisses
et eiies n'ont plus rien à décider, puisque c'est le
règlement de la fédération qui décide. C'est ce qui
est malsain là-dedans.
Je ne suis pas du tout contre ce que vous dites, pour celles qui ne
respectent pas leur base d'endettement. Que les plans de redressement, les
obligations soient imposés en vertu de la loi, que les pouvoirs soient
donnés à la fédération de l'imposer, parfait! Mais,
pour le faire pour celles qui ne respectent pas ieurs obligations, qu'on
n'enlève pas toute l'autonomie de celles qui les ont respectées,
leurs obligations. Cela me paraît évident, a moi, ça.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que
l'article 272 est adopté?
M. Portier: Depuis tout à l'heure que le
député de Lévis fait l'hypothèse que tous les
règlements passés par toutes les fédérations vont
être complètement idiots.
M. Garon: Non, non, non. Ce n'est pas ça.
M. Fortier: Non, mais, si !e règlement est idiot...
M. Garon: Non, ce n'est pas ça.
M. Fortier:... c'est sûr que ça ne marchera pas. Ha,
ha, ha!
M. Garon: Ils seront souples pour la fédération,
mais, pour les caisses, il n'y aura plus de souplesse.
M. Bouchard: La fédération a aussi des
règlements de la confédération. Ils ne seront pas plus
souples pour la fédération qu'ils ne le sont pour les caisses.
Cela se tient, ça.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 272 est
adopté?
M. Fortier: Faites-nous confiance, cela a bien du bon sens.
M. Garon: Non, non. Confiance, si je comprends, un enfant fait
confiance à sa mère, mais il n'a pas le choix. Ce n'est pas
ça.
Je pense que vous avez des objectifs qui ne sont pas mauvais, mais,
à mon avis, pour les atteindre, il y a toute une conception que vous
mettez de côté. Nous n'avons pas d'objection que, pour celles qui
sont en déficit ou en dessous de la moyenne, on crée des
obligations pour elles, mais il devrait y avoir une base juridique, un niveau
juridique et il faudrait que celles qui satisfont à ces obligations
puissent garder un plus grand caractère d'autonomie. Que vous soyez en
surplus, par rapport à la moyenne, vous allez avoir les mêmes
règlements et vous serez sans doute encore plus pénalisés
par la fédération. Parce qu'il y en a une à 2 %, il y en a
d'autres qui devront être à 5 %, 6 % ou 7 %, je ne sais pas ce que
cela fera comme moyenne, avec toute une série de désavantages
pour compenser l'autre. Par le fait qu'il y a des caisses plus riches dans !e
réseau, pas nécessairement plus riches parce qu'elles sont plus
riches, mais parce qu'elles administrent plus rigoureusement, le réseau
pourra avoir comme moyenne un niveau qui assure la liquidité ou la base
d'endettement pour l'ensemble mais, parce qu'on a cela, on devrait être
capables de créer des obligations très vigoureuses pour celles
qui sont en bas de la moyenne sans pénaliser celles qui sont en dessus.
Autrement, la surtaxation va devenir permanente.
M. Fortier: II faut comprendre que ce règlement de la
fédération, on le redit, va être adopté lors de
l'assemblée annuelle de la fédération - M. le
député de Lévis - et les caisses les plus importantes,
comme vous le savez, sur le plan de la fédération ont un nombre
de représentants plus élevé. Donc, le règlement
dont on parle ici, comme tous les autres règlements de la
fédération, sera adopté en assemblée annuelle
où les représentants des caisses seront présents et c'est
bien certain que, dans ce cas-ci, il va y avoir un règlement qui va
édicter une capitalisation minimale. Ils le feront d'une façon
intelligente. Ils ne sont pas pour le faire de telle façon que celles
qui aident le plus soit pénalisées. J'imagine qu'ils vont le
faire de cette façon, d'autant plus que les caisses les mieux
capitalisées, les mieux structurées, les mieux
gérées vont intervenir et s'assurer que cela a du bon sens. C'est
ce qui va arriver parcs que la démocratie joue.
M. Garon: Je vais vous dire ce qui va jouer aussi. Quand, dans
une assemblée, on prendra ces décisions et qu'on va se rendre
compte que telle caisse, telle caisse et telle autre caisse sont en bas des
ratios parce qu'on sait qu'elles se paient des affaires qu'on ne se paie
pas...
M. Fortier: Cela va japper.
M. Garon: Et quand on va savoir que c'est parce que les gens ont
une administration moins rigoureuse que celle qu'on a, pensez-vous que les gens
vont dire: On paie pour eux autres?
M. Fortier: C'est justement ce qui va arriver. C'est cela qui est
l'avantage. Ils vont dire: On vous donne une couple d'années pour vous
redresser, mais faites quelque chose, changez votre directeur
général, faites quelque chose parce que cela ne sera pas
toléré trop longtemps.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 272 est
adopté?
M. Fortier: Sur division.
M. Garon: Est-ce que ces règlements vont être
adoptés à l'assemblée annuelle de la
fédération?
M. Fortier: Oui. Tout règlement est adopté aux
deux tiers des voix. Un règlement de la caisse, c'est aux deux tiers des
voix de la caisse et un règlement de la fédération c'est
aux deux tiers des voix...
M. Garon: Chaque règlement pour chaque caisse? Cela va
être un règlement qui va comprendre les ratios.
M. Fortier: Non. Cela peut être un règle-
ment minimal, cela peut être un règlement... Non, mais le
règlement à la fédération - votre réponse -
c'est aux deux tiers des voix des membres présents à
l'assemblée annuelle de Sa fédération et ces gens sont les
délégués des caisses. Si cela n'a pas de bon sens, moi, si
j'étais le représentant d'une caisse, je japperais. Je ne me
laisserais pas imposer quelque chose qui n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce que l'article 272 est
adopté?
M. Garon: Est-ce que le règlement va devoir être
fait à chaque année pour prévoir une caisse à 6 %
et une caisse à 2 %, disons?
M. Fortier: Cela dépend comment le règlement est
fait. Si le règlement est fait avec des normes minimales, cela pourra
être valable pendant un certain nombre d'années parce qu'ils
pourraient bien dire: Par catégorie, il faudrait des normes minimales de
tant et tant. Cela dépend comme cela va être écrit.
M. Garon: Cela veut dire au fond que, si c'est pour quelques
années, je vais rester quelques années à 6 % parce qu'on
prévoit que l'autre à 2 % va rester là pendant quelques
années?
M. Fortier: II se peut fort bien, M. le député de
Lévis, s'ils ont confiance que des caisses sont bien administrées
et tout cela, qu'ils disent: Qu'est-ce que cela nous donnerait de les
pénaliser? Si elles sont déjà à 7 % et 8 %, on va
mettre une norme minimale de 6 %.
M. Garon: Je m'excuse, je suis obligé...
M. Fortier: Vous vous en allez?
M. Garon:...
M. Perron: Adopté sur division.
M. Fortier: Cela va. Adopté sur division. L'article
273.
Le Président (M. Pouiin): L'article 272 est adopté.
J'appelle l'article 273. M. le ministre. (23 heures)
M. Fortier: C'est assez facile. On dit: "Les ristournes peuvent
varier selon la nature des opérations effectuées avec la caisse.
Elles peuvent être versées en parts permanentes ou en parts
privilégiées. " C'est une demande du mouvement Desjardins disant
que traditionnellement les ristournes étaient payées en argent,
mais, au lieu de les payer en argent, l'assemblée pourrait
décider de les payer en parts permanentes ou en parts
privilégiées. Vous avez la même chose dans les compagnies.
Quelquefois les compagnies paient des dividendes en actions. Là, cela
serait un dividende ou une ristourne qui serait payé en parts
permanentes ou en parts privilégiées.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Est-ce que cela existait dans la loi actuelle?
M. Fortier: Non. Dans le moment, dans la loi actuelle, les
ristournes sont payables comptant.
M. Perron: Comptant? Est-ce que c'est la fédération
qui a demandé cela?
M. Fortier: C'est le mouvement Desjardins. Le but est toujours
d'augmenter la capitalisation. Ce qui peut arriver, c'est qu'à un moment
donné une ristourne devrait être payée et la ristourne
serait en moyenne de 35, 50 $ par personne. Cela ne donne pas grand-chose de
payer 35 $ à 3000 personnes. Dans le fond, peut-être que
l'assemblée dirait: Au lieu de nous payer 35 $ à chacun, on va
l'accepter en actions. Qu'est-ce que cela vous donne de recevoir 35 $? Si cela
aide la caisse, vous allez dire: D'accord, j'obtiens un titre pour
l'équivalent de 3, 5 actions. Cela aide la caisse et cela ne
pénalise pas l'individu pour autant. C'est ce qu'ils décideront
démocratiquement entre eux.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce que l'article 273 est
adopté?
M. Fortier: II n'y a rien de spécial ici. M. Perron:
Adopté.
Le Président (M. Pouiin): L'article 273 est
adopté.
M. Perron: M. le Président, dans ce chapitre, en ce qui a
trait aux articles qui ont été suspendus, si vous le permettez,
on va attendre que mon collègue de Lévis revienne du salon
bleu.
M. Fortier: On va y revenir plus tard. Dans le fond, on les
suspend et on va les reprendre tous ensemble.
M. Perron: D'accord.
M. Fortier: L'article 274, M. le Président.
Le Président (M. Pouiin): Allez-y, M. le ministre.
Livres et registres
M. Fortier: On aborde le chapitre XV des livres et registres. Il
s'agit des registres qui doivent être tenus. À l'article 274, on
dit: Toute
caisse tient à son siège social un registre contenant: -
on peut y aller paragraphe par paragraphe - 1° ses statuts et les
certificats de l'inspecteur général les accompagnant, ses
règlements et tout avis concernant l'adresse de son siège social.
"
Le Président (M. Poulin): Avant d'entreprendre le
paragraphe 1°, est-ce qu'on pourrait adopter le premier alinéa?
M. Fortier: Oui, le premier alinéa: Toute caisse tient
à son siège social un registre contenant. "
Le Président (M. Poulin): Est-ce que le premier
alinéa est adopté?
M. Perron: Vous dites, M. le Président?
Le Président (M. Poulin): Avant de passer aux
articles...
M. Fortier:... aux paragraphes, on adopte la première
ligne.
M. Perron: D'accord, cela est adopté.
Le Président (M. Poulin): Aux paragraphes.
M. Perron: On peut commencer par 1° et aller jusqu'à
la fin.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Poulin): C'est cela. Article 274,
1°?
M. Perron: Une question d'ordre général. Qu'est-ce
qui fait que, dans la loi actuelle, à l'article 75, vous avez trois
paragraphes et qu'à un moment donné on arrive à 12 dans le
nouvel article 274? C'est donc dire qu'il y a eu plusieurs ajouts par rapport
à la situation actuelle. Est-ce que ces ajouts ont été
demandés toujours par le même groupe?
M. Fortier: Vous allez voir plus loin qu'on dit, par exemple:
"6° le nombre de parts permanentes ou privilégiées dont ils
sont titulaires. " Bien sûr, les parts privilégiées
n'existaient pas avant. C'est un ajout, mais cela vient du fait qu'on a des
actions, des parts privilégiées. On dit: "10° les plans de
redressement de la caisse. " Ce n'était pas prévu
spécifiquement, mais s'il y avait un plan de redressement, il faudrait
qu'on puisse le consulter à la caisse. À 8°, on dit: "une
liste des frais exigés par la caisse pour les différents
services. " Cela, c'est nous qui l'avons ajouté, parce qu'on voudrait
qu'un membre de la caisse puisse consulter la liste des frais qui sont
imposés par la caisse. Vous avez vu dans les journaux tout le
débat de certaines banques qui, semble-t-il, facturaient des services
trop oné-
reux. Nous avons eu des représentations en commission
parlementaire au mois de juin à savoir que les frais exigés par
la caisse devraient être publics. Donc, on voudrait qu'il y ait une liste
que le membre pourrait consulter. Donc, comme vous pouvez le voir, il y a des
ajouts, mais des ajouts qui viennent pour des motifs, soit de demandes venant
du consommateur ou soit par concordance avec des articles qu'on a
déjà approuvés comme celui traitant des parts permanentes
et des parts privilégiées.
Le Président (M. Pouiin): Cela va, M. le
député de Duplessis.
M. Fortier: On pourrait, d'ailleurs, vous l'indiquer chaque
fois.
M. Perron: Non, cela ne va pas, M. le Président. On va les
prendre un par un.
M. Fortier: Oui, oui, un par un.
M. Perron: Disons que d'ordre général, cela va.
Le Président (M. Poulin): C'est sur votre question que je
vous demandais si cela allait ou non?
M. Fortier: Alors, le paragraphe 1° est adopté.
Le Président (M. Poulin): Donc, l'article 274, 1°, M.
le ministre.
M. Fortier: C'est: "1° ses statuts et les certificats de
l'inspecteur général les accompagnant, ses règlements et
tout avis concernant l'adresse de son siège social. " Autrement dit, ce
sont les documents de base de la caisse.
M. Perron: De toute corporation?
M. Fortier: C'est cela. Les documents d'incorporation, autrement
dit.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que le premier paragraphe
est adopté?
M. Perron: Adopté.
M. Fortier: "2° les procès-verbaux et les
résolutions de ses assemblées. " Autrement dit, tout membre
aurait le droit de consulter les procès-verbaux et les
résolutions des assemblées.
M. Perron: Une question là-dessus: Est-ce qu'on parle de
tous les procès-verbaux de la caisse depuis son existence?
M. Fortier: On parle des procès-verbaux et des
résolutions de ses assemblées. On ne parle pas du conseil
d'administration.
Le Président (M. Poulin): Des assemblées
générales.
M. Fortier: Les deux. On parle des deux.
M. Perron: On parie des deux, de ses assemblées du conseil
d'administration et de ses assemblées générales.
M. Fortier: C'est cela, les assemblées
générales.
M. Perron: On sait que les procès-verbaux, on peut,
dépendamment des règlements, les détruire après un
certain laps de temps, des fois c'est cinq ans, dix ans, quinze ans. Est-ce le
cas pour les caisses à l'intérieur de la loi actuelle?
Une voix: C'est sacré. M. Fortier: C'est sacré.
M. Perron: C'est sacré parce que c'est une institution
financière. Donc, c'est à vie.
M. Fortier: C'est cela.
M. Perron: On doit les garder pour la vie.
M. Fortier: La réponse, c'est à vie.
Dorénavant, cela va être à vie. Tous les
procès-verbaux devront dorénavant être conservés au
siège social.
M. Perron: Est-ce que cela se fait actuellement? Oui? Une autre
question.
Le Président (M. Poulin): Oui, M. le
député.
M. Perron: Le ministre peut-il me certifier que, lorsqu'on parle
de "ses assemblées", on ne parle pas que des assemblées
générales, mais bel et bien des assemblées du conseil
d'administration aussi?
M. Fortier: On peut le demander au directeur des services
juridiques.
M. Boivin: II y a une différence. Lorsqu'on parle des
assemblées, ce sont les assemblées des membres de la caisse, donc
les assemblées générales extraordinaires ou les
assemblées générales annuelles. Quand on parle des
réunions, ce sont les réunions des organes de la caisse, que ce
soit le conseil d'administration...
M. Fortier: Ah oui, on l'a dans 3°.
M. Boivin:... la commission de crédit ou le conseil de
surveillance.
M. Fortier: La réponse, c'est que, dans 2°, j'avais
peut-être raison tout à l'heure, on parle de "ses
assemblées". Dans 3°, on parie du conseil d'administration.
M. Perron: Donc, de ses assemblées
générales.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 274. 2°
est adopté?
M. Perron: Vous êtes vite sur vos patins, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): J'ai joué longtemps au
hockey, oui.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Fortier: 3°? M. Perron: Oui.
M. Fortier: "Les procès-verbaux des réunions et les
résolutions du conseil d'administration, de la commission de
crédit, du conseil de surveillance et de toute commission
spéciale. " On a approuvé, avant que vous arriviez, M. le
député, le conseil d'administration, la commission de
crédit, le conseil de surveillance. Autrement dit, les organes de la
caisse doivent garder des procès-verbaux.
M. Perron: D'accord. Cela complète 2°.
Le Président (M. Pouiin): Est-ce que l'article 274. 3°
est adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Pouiin): L'article 274. 4°, M. le
ministre.
M. Fortier: À l'article 274. 4°, il y a un papillon,
il est modifié par le remplacement dans la première ligne du
paragraphe 4° du mot "profession"...
Le Président (M. Pouiin): M. le ministre, un instant!
M. Fortier:... par le mot "occupation".
Le Président (M. Pouiin): C'est parce qu'on ne l'a
pas.
M. Fortier: C'est tout simplement, M. le Président...
Le Président (M. Pouiin): Un Instant!
M. Fortier: Je veux seulement l'expliquer. Il s'agit, tout
simplement, d'une concordance parce que le député de Lévis
nous avait fait valoir, avec raison, qu'on pariait de profession à
plusieurs endroits et qu'on devrait parler d'oc-
cupation. Chaque fois qu'on rencontre le mot "profession", on le
remplace par le mot "occupation". Est-ce que l'amendement...
M. Perron: L'amendement est adopté, oui.
M. Fortier: Oui, adopté.
Le Président (M. Pou tin): Adopté.
M. Fortier: À ce moment, !e quatrième paragraphe se
lirait comme suit: "une liste mentionnant les noms de famille, prénom et
occupation des dirigeants de la caisse, avec mention du début et de la
fin de chaque mandat ou de la durée des fonctions, selon le cas."
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait me dire pourquoi on ne mentionne
pas les principaux employés de la caisse, le directeur, par exemple, le
gérant?
M. Fortier: C'est ce qu'on appelle ici les dirigeants.
M. Perron: Qui est-ce que cela peut inclure, les dirigeants?
M. Fortier: II y a une définition un peu plus haut. Les
dirigeants sont les président, le vice-président, le directeur
général, les membres du conseil de surveillance, les membres du
conseil d'administration et les membres de la commission de crédit.
M. Perron: D'accord, cela va.
M. Fortier: Alors, ce sont réellement tous ceux qui sont
Importants dans la caisse.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 274.4°,
te) qu'amendé, est adopté?
M. Perron: Adopté, compte tenu de ce que vient de me dire
le ministre, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci. J'appelle l'article
274.5°. M. le ministre.
M. Fortier: "5° une liste mentionnant les dénomination
sociale, nom de famille, prénom et dernière adresse connue des
membres de la caisse et des autres titulaires de parts". Alors, ici on parle
des membres de la caisse et des autres titulaires de parts.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En fait, ce sont les sociétaires...
M. Fortier: C'est ça.
M. Perron: ...les gens qui font partie de la
société.
M. Fortier: C'est ça. M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Adopté. J'appelle
l'article 274.6°.
M. Fortier: "6° le nombre de parts permanentes ou
privilégiées dont ils sont titulaires." Autrement dit, ce qu'on
appelle, dans une compagnie à capital-actions, la liste des actionnaires
avec le nombre d'actions qu'ils possèdent et, ici, c'est le nombre de
parts permanentes.
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Adopté. J'appelle
l'article 274.7°.
M. Fortier: "7° les détails de la souscription de
chaque part ainsi que les dates de leur souscription, de leur remboursement ou
de leur transfert."
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): Adopté. J'appelle
l'article 274.8°.
M. Fortier: "8° une liste des frais exigés par la
caisse pour les différents services qu'elle offre."
Alors, je vous ai expliqué que c'était une demande de la
protection du consommateur qui voulait que, dans chaque caisse, on puisse
consulter une liste des frais. D'ailleurs, on verra plus loin que cette liste
devra être affichée.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 274.8°
est adopté?
M. Perron: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Préskient (M. Poulin): J'appelle l'article 274.9°.
M. Fortier: "9° les conventions de gestion que la caisse a
établies avec la fédération à laquelle elle est
affilée ou avec la corporation de fonds de sécurité dont
la fédération ou la confédération à laquelle
cette fédération est elle-même affiliée, selon le
cas, a demandé la constitution." C'est la liste des conventions de
gestion.
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait me donner un exemple de
convention de gestion que la caisse a établie ou pourrait établir
avec la fédération?
M. Fortier: M. l'inspecteur, avez-vous un exemple à nous
donner?
M. Bouchard: Oui, cela arrive très souvent. Dans le cas de
caisses qui sont en difficulté, ça équivaut à une
quasi-tutelle. Alors, la corporation de fonds de sécurité verse
une subvention à une caisse en difficulté. Une des conditions de
la subvention, c'est que la gestion soit confiée à la
fédération pour que, durant un certain temps, ce soit elle qui
gère pour rétablir la situation de la caisse.
M. Perron: Et ça, c'est un article tout à fait
nouveau par rapport à la loi actuelle?
M. Bouchard: C'est-à-dire que ce n'est pas nouveau, parce
que, dans la corporation de fonds de sécurité, ça existe
déjà. Mais là, on prévoit que, dans les registres
de la compagnie accessibles aux membres, ce sera mentionné.
M. Perron: D'accord et il y a une obligation.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que le paragraphe 9°
est adopté?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): J'appelle le paragraphe
10°.
M. Fortier: "10° les plans de redressement de la caisse. " On
a vu, à d'autres endroit, que, si la caisse est en difficulté, la
fédération ou l'inspecteur pourrait imposer un plan de
redressement. Alors, ce plan devrait être disponible pour consultation
par les membres de la caisse.
M. Perron: Concernant les plans de redressement de la caisse,
supposons qu'une caisse a des problèmes, est-ce que c'est seulement
l'inspecteur général ou la fédération qui a le
droit d'imposer un pian de redressement ou si le gouvernement a aussi le droit
de le faire?
M. Fortier: Pour la caisse non affiliée, c'est
l'inspecteur; pour la caisse affiliée, c'est la fédération
et, je crois même, la confédération, si la
fédération ne le fait pas. Et, si tout ça ne fonctionne
pas, c'est l'inspecteur.
M. Perron: D'accord. M. Fortier: Cela va?
M. Perron: D'accord, adopté. C'est un nouvel article?
M. Fortier: Bien, oui.
M. Perron: C'est un nouveau paragraphe?
M. Fortier: Là, on parle des documents qui doivent
être disponibles.
M. Perron: C'est ça. Oui.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que le paragraphe 10°
est adopté?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Poulin): J'appelle le paragraphe
11°.
M. Fortier: "11° les ordonnances de l'inspecteur
général et du ministre. " On verra plus loin que l'inspecteur a
un pouvoir d'ordonnance et le ministre également. Alors, s'il y avait
des ordonnances, elles devraient être consignées et gardées
dans un registre.
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Pouiin): J'appelle le paragraphe 12°.
M. le ministre.
M. Fortier: Je demanderais la suspension du paragraphe 12°,
parce que nous avons un libellé semblable à un autre
libellé pour lequel le député de Lévis a
posé des questions. Donc, on les réglera tous en même
temps. Alors, on suspend le paragraphe 12° et on suspend l'adoption de
l'article 274, si vous le permettez.
Le Président (M. Pouiin): D'accord. L'article 274 est
suspendu.
Est-ce que cela va, M. le député de Duplessis? (23 h
15)
M. Perron: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Oui.
M. Perron: Concernant les rapports annuels et les bilans
financiers?
M. Fortier: On va le voir dans un instant. ML Perron: D'accord.
Ce sont...
M. Fortier: On va y arriver un peu plus tard.
M. Perron: Cela va arriver un peu plus tard.
M. Fortier: Oui. Vous allez voir qu'une copie doit être
distribuée à tous les membres. Le détail du rapport est
spécifié dans la toi.
M. Perron: D'accord.
M. Fortier: Autrement dit, on vient de définir les
documents qui peuvent être consultés. Ils ne sont pas
distribués à tous les membres. C'est juste pour consultation.
Mais le rapport
annuel doit être distribué à tous les membres.
Le Président (M. Poulin): L'article 274 est donc suspendu
et on passe maintenant à l'article 275.
M. Fortier: Toute caisse tient en outre à son siège
social: "1° les livres, registres et autres écritures comptables
nécessaires à la préparation des états financiers;
"2° des états de compte indiquant chaque jour, pour chaque
déposant, les opérations qu'il effectue avec la caisse, ainsi que
son solde créditeur ou débiteur."
Autrement dit, ce sont les livres de la caisse.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 275 est adopté.
J'appelle l'article 276. M. le ministre.
M. Fortier: "Les livres, registres et autres écritures
comptables d'une caisse peuvent être tenus sur tout support d'information
permettant d'avoir accès à des données écrites et
compréhensibles en langage courant."
Qu'est-ce qu'on veut dire par là, M. l'inspecteur? C'est tout
simplement des...
M. Perron: Oui, j'aimerais bien qu'on m'explique.
M. Bouchard: Un système Informatique.
M. Fortier: Traditionnellement, les livres étaient tenus
à la main, à la mitaine, comme on disait. Maintenant, cela peut
être fait selon une méthode informatique, par un ordinateur.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 276 est
adopté?
M. Perron: Si je comprends bien, c'est lorsque le client
s'adresse au support d'information...
M. Fortier: C'est parce que maintenant, voyez-vous...
M. Perron: ...pour qu'il ait les informations dans un jargon
normal qu'il comprend.
M. Fortier: ...si vous faites comme moi, vous allez à
votre banque ou à votre caisse et avec l'ordinateur ils mettent le
compte à jour. SI vous demandez: Quel est le solde de mon compte? ils
mettent une petite carte dans la machine et le solde sort. Alors, on dit que
c'est satisfaisant, mais Il faut que le support soit là, par ailleurs,
tout le support informatique derrière.
M. Perron: D'ailleurs, on devrait répéter cela
à peu près partout dans la législation.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 276 est
adopté?
M. Perron: En particulier à la CSST. Adopté.
M. Fortier: Article 277.
Le Président (M. Poulin): J'appelle l'article 277. M. le
ministre.
M. Fortier: "Une caisse ne peut détruire un chèque
acquitté depuis moins de 10 ans ni les livres, registres et autres
écritures comptables qui datent de moins de 10 ans. "Une caisse doit
procéder à la destruction des documents visés au premier
alinéa conformément aux règlements de la
fédération à laquelle elle est affiliée et, le cas
échéant, aux règlements de la confédération
à laquelle cette fédération est elle même
affiliée."
Ce qu'on dit, c'est que les livres comptables doivent être
conservés pour dix ans et que la destruction devrait se faire selon un
règlement que la confédération devrait édicter.
M. Perron: Lorsqu'on parle de chèque acquitté,
est-ce que cela veut dire de garder le chèque même ou une copie
sur microfilm?
M. Fortier: Tel que libellé ici, on veut dire que c'est le
chèque même qui doit être gardé pendant dix ans.
C'est une bonne question. J'ai posé la question tout à l'heure
à l'Inspecteur. J'aurais cru qu'on pourrait permettre par la suite
l'utilisation du microfilm.
M. Bouchard: C'est ce qu'ils vont faire après.
M. Fortier: Est-ce qu'on a une disposition qui le permet?
M. Bouchard: Non, mais au bout de dix ans, ce n'est plus
légal.
M. Fortier: Ah, oui. Alors, pendant dix ans, il faut qu'ils
gardent le chèque tel quel, encaissé et, au bout de dix ans, le
règlement va probablement dire: Vous devriez mettre cela sur microfilm
avant de le détruire.
M. Perron: De quelle façon a-t-on établi la
période de dix ans?
M. Fortier: Dans la Loi sur les banques - vous l'avez dans le
cahier - c'est exactement cela, c'est dix ans. Alors, on s'en est tenu à
la Loi sur les banques, par concordance.
M. Perron: Oui, un genre de concordance avec la Loi sur les
banques.
M. Fortier: En se disant: Si c'est bon pour elles, c'est bon pour
nous.
M. Perron: D'ailleurs, on s'aperçoit en cours de route,
plus on avance avec la loi, que les caisses populaires veulent avoir à
peu près les mêmes droits que les banques actuellement.
M. Fortier: Exactement.
M. Perron: Même plus dans certains cas.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 277 est
adopté?
M. Perron: À cause du facteur coopératif des
caisses populaires.
M. Fortier: C'est cela. Cela va?
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 277 est
adopté?
M. Perron: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Pouiin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 277 est adopté.
J'appelle l'article 278. M. le ministre.
M. Fortier: Ici, on détermine quels sont les documents qui
peuvent être consultés.
M. Perron: Un instant, M. le Président. Est-ce qu'on
pourrait revenir sur l'article 277 même s'il est adopté?
M. Fortier: Oui, oui.
Le Président (M. Poulin): Oui, M. le député
de Duplessis.
M. Perron: Lorsqu'on parle d'un "chèque acquitté
depuis moins de dix ans", cela peut aller, mais, on dit aussi: "ni les livres,
registres et autres écritures comptables". Pourquoi y a-t-il aussi une
période de dix ans, à ce moment-là? Est-ce que c'est parce
que ces livres, registres et autres écritures comptables peuvent se
rapporter au chèque concerné?
M. Fortier: II y a une concordance entre les deux, bien
sûr, mais c'est bien important que les livres comptables soient maintenus
pendant un certain nombre d'années pour permettre les
vérifications de toutes sortes qui peuvent se faire. Donc, pendant dix
ans, on voudrait bien être en mesure de pouvoir les consulter nor-
malement. Au bout de dix ans, Us peuvent être mis sur microfilm ou
autrement, ou être détruits, mais, pendant dix ans, its doivent
être disponibles, afin de pouvoir être consultés, soit par
l'Inspecteur, soit par un membre ou par les différentes autorités
du mouvement.
M. Perron: La question que je me pose actuellement, M. !e
Président, c'est ceci. Disons que la question du chèque
acquitté depuis moins de dix ans, cela peut aller. Mais, lorsqu'on parle
des livres, des registres et des écritures comptables, je me demande si
la période de dfx ans est assez longue. Est-ce que c'est aussi dans la
Loi sur les banques?
M. Fortier: Oui, je crois que c'est également dans la Loi
sur les banques. On a cru que, si c'était bon pour elles, c'était
bon pour nous. Alors, on s'est dit: Dix ans, ça va. Cela fait beaucoup
de documents, finalement; alors, il faut mettre une limite, à un moment
donné. J'admets que c'est un peu arbitraire, mais on s'est fié
à ce que les autorités bancaires, qui ont une grande
expérience depuis plusieurs années, ont cru, c'est-à-dire
que dix ans, c'était suffisant.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que cela va, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: Un instant.
Le Président (M. Poulin): M. le recherchis-te.
M. Perron: Toujours sur l'article 277, M. le Président,
parce qu'il y a quelque chose qui accroche encore. Je voudrais, si vous le
permettez, comme le député de Lévis vient d'arriver, qu'il
regarde le premier paragraphe de l'article 277 concernant les chèques,
livres, registres et autres écritures comptables. Même si c'est
dans la Loi sur les banques, je me pose quand même une question, à
savoir si ça ne devrait pas être gardé un peu plus
longtemps. Je comprends très bien ce que le ministre expliquait tout
à l'heure, le fait d'avoir des piles de papiers amoncelés qu'on
doive garder. Mais on devrait au moins les garder sur microfilm.
M. Fortier: L'inspecteur me dit qu'il est très satisfait
d'une période de dix ans et que c'est même long. Dans le fond,
cinq ans, ce serait peut-être trop bref et, dix ans, c'est beaucoup.
M. Perron: Comme M. Bouchard est dans le métier depuis un
certain nombre d'années, est-ce qu'il peut nous dire si, au cours de ses
mandats, il a eu des problèmes avec le fait que ces livres, registres et
autres écritures comptables ne soient pas disponibles si jamais quelque
chose arrivait dans une institution bancaire?
Le Président (M. Poulin): M. Bouchard.
M. Bouchard: En l'absence de disposition, cela créait un
problème pour le mouvement Desjardins qui était obligé de
conserver des vieux livres, des vieux registres, des entrées comptables,
des écritures comptables.
M. Perron: Dans la loi actuelle?
M. Bouchard: II n'y a rien. Alors, des papiers de 1880 et de
1910, ils conservent ça. Cela coûte cher et ça ne donne
rien. Au point de vue pratique on est en matière commerciale - la caisse
fait affaire avec ses membres et la prescription pour les chèques est de
cinq ans. Ici, on ajoute cinq autres années de protection, de coussin,
pour justement préserver la banque en cas de réclamation. Au bout
de dix ans, elle a la possibilité de se départir de ces registres
qui font, au fond, figure d'archives. Ceia devient des archives.
M. Fortier: Ils peuvent les garder, mais on dit qu'il faut qu'ils
les gardent au moins dix ans.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que cela va, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: Pour moi, cela va, mais peut-être pas pour mon
collègue de Lévis.
M. Fortier: Oh, oui, cela va très bien.
Le Président (M. Poulin): L'article 277 étant
adoptéM. Garon: Un instant. Pourquoi, au lieu de détruire
les chèques, si le membre est encore membre, ne Ses lui donnerait-on pas
s'il veut les avoir?
M. Bouchard: Quand c'est un compte où le membre a le droit
d'avoir un chèque... Vous savez qu'il y a différents comptes
courants: il y a les comptes d'épargne, les comptes avec chèques,
les comptes sans chèque et, selon !e compte que vous avez, vous avez vos
chèques mensuellement. Moi, j'en ai un comme cela. Cela dépend du
compte que vous avez.
M. Fortier: Moi aussi, J'en ai un comme cela.
M. Garon: Cela dépend de la caisse. Oui, c'est cela.
M. Bouchard: Non, non. Cela dépend du compte que vous
choisissez. Si vous prenez un compte où vous n'avez pas vos
chèques, la banque les conserve. Si vous choisissez un compte avec
chèques, votre taux d'intérêt est moindre sur le solde
mensuel. Alors, ceux qui veulent vérifier reçoivent mensuellement
leurs chèques; tous les chèques que vous avez faits, vous les
recevez.
M. Garon: Non, ce n'est pas partout.
M. Bouchard: Alors, je vais vous envoyer mes comptes mensuels de
chèques, vous allez voir!
M. Garon: Non, mais ce n'est pas à tous les endroits.
M. Bouchard: Cela dépend du compte. M. Garon: II y a les
comptes courants.
M. Bouchard: II y a des variétés de comptes.
M. Garon: C'est cela.
M. Bouchard: Les caisses, c'est comme des produits financiers; il
peut y avoir 50 comptes qui sont offerts. Alors, ça dépend du
compte que vous allez choisir. Si vous prenez un compte avec chèques,
vous pouvez choisir un compte où on va vous retourner vos chèques
mensuellement.
M. Garon: Mais il est possible qu'on ne vous les retourne pas,
non plus.
M. Bouchard: Oui, à ce moment-là, vous allez
choisir ce compte-là. En conséquence, vous allez avoir un taux
d'intérêt différent parce que, pour la banque, c'est une
charge de moins. C'est clair que, si la banque vous les a retournés
mensuellement, elle ne les a plus. Donc, cela ne vise pas cela. Le membre l'a
eu.
M. Garon: Non. On ne parie pas des banques, on parle des
caisses.
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: Nous parlons des caisses.
M. Fortier: C'est la même chose. C'est la même
disposition. Mol, je suis à une banque. J'ai un compte courant et je
reçois mes chèques chaque mois.
M. Garon: Moi, j'ai un compte courant dans une caisse et je ne
reçois pas mes chèques. Ce n'est pas partout pareil.
M. Fortier: Non, mais le principe. M. le député de
Lévis, c'est que, si vous les avez, vous les avez et, si la banque ou la
caisse les garde, elle doit les garder au moins dix ans, c'est tout.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je dis. C'est qu'au lieu de les
détruire pourquoi ne les remettrait-on pas au client?
M. Fortier: Oui, mais au bout de dix ans, qu'est-ce que ceia lui
donne? C'est au moment où il s'en sert, c'est à chaque mois que
c'est important. Dix ans plus tard, s'il ne les a pas eus, il est aussi bien de
les laisser aller.
M. Perron: Maintenant, au sujet des chèques, par exemple,
est-ce qu'un sociétaire d'une caisse populaire, après cinq ans,
peut aller à la caisse et demander d'obtenir tous ses chèques?
Est-ce que la loi permet à la caisse de les iui donner?
M. Bouchard: Tout ce qui est dit ici, à l'article 277,
c'est que la caisse ne peut pas les détruire. Elle a une obligation de
les conserver dix ans justement pour donner cette possibilité aux
membres d'aller les récupérer durant dix ans s'ils le veulent.
Mais au bout de dix ans, il y a peut-être un manque
d'intérêt du membre d'aller les chercher à sa caisse.
M. Perron: Je vous pose la question parce que j'ai eu un cas dans
mon comté, où la personne devait passer devant les petites
créances. Elle a dû aller à la caisse populaire chercher un
chèque qu'elle avait émis et la caisse - il y a à peu
près deux ans de cela - l'a obligée à ramener le
chèque après être passée à la cour des
petites créances.
M. Bouchard: Obligée à quoi? M. Fortier:
À le rapporter.
M. Perron: Parce qu'à la cour il fallait que ce soit non
pas une photocopie du chèque...
M. Fortier: L'original.
M. Perron:... mais l'original du chèque.
M. Fortier: Mais il l'a eu. Alors, il n'a pas eu de
problème.
M. Perron: Mais la dame a été dans l'obligation
d'aller reporter le chèque à la caisse après.
M. Fortier: Ils voulaient le garder. M. Perron: Cela a
l'air de ça!
Le Président (M. Poulin): Un règlement interne de
la caisse.
M. Fortier: D'accord. On l'avait adopté, de toute
façon.
M. Perron: Par contre, si je comprends bien l'inspecteur
général, supposons que moi, je fais affaire avec une caisse et
que, deux ans après, je décide d'aller chercher tous mes
chèques pour faire des vérifications comptables, afin de
m'assurer que tout balance, etc. À ce moment-là, le client n'est
pas dans l'obligation de retourner ses chèques à la caisse.
M. Fortier: Non. Ici, ce n'est pas dans la loi. On ne parie pas
de ça. Tout simplement, on dit qu'ils n'ont pas le droit de les
détruire avant dix ans.
M. Perron: Cela concerne la destruction.
M. Fortier: S'il va à une caisse, là, c'est une
relation de client à institution. Eux, ils sont obligés de les
garder dix ans. Alors, j'imagine que, s'ils sont obligés de les garder
et que vous voulez les consulter, ils vont dire: Oui, mais la loi nous oblige
à ne pas les détruire. Ils peuvent alors en conclure qu'ils
doivent les conserver, mais l'important, c'est qu'ils ne soient pas
détruits. Pour le restant, je pense bien que cela nous importe peu.
M. Perron: Mais pourquoi ne mettrait-on pas une disposition dans
cet article - peut-être que vous pourriez regarder si c'est possible
techniquement - pour que, si la cliente ou le client veut obtenir ses
chèques à l'intérieur de la période de dix ans, la
caisse soit libérée de ces dix ans, à moins que le
sociétaire, le client ou la cliente ne fasse la demande de ses
chèques? Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais on pourrait
peut-être regarder ça sous cet aspect-là. (23 h 30)
M. Fortier: C'est parce que, sur le plan pratique, M. le
député de Duplessis, c'est que...
M. Perron: À ce moment-là, cela permettrait
peut-être, si le client ou la cliente le demande, d'empêcher un
amoncellement de chèques à l'intérieur des bureaux de la
caisse populaire concernée.
M. Fortier: Mais là, vous êtes en train d'imaginer
une situation qui n'existe à peu près pas parce que - c'est ce
que j'ai fait et c'est aussi ce que M. l'inspecteur vient de dire - vous
décidez cela au moment où vous ouvrez votre compte: ou vous
voulez les avoir ou vous ne voulez pas les avoir. Certains ne veulent pas les
avoir, alors ils ne les ont pas; ceux qui les reçoivent prennent un
compte avec chèques qui leur permet de les avoir à chaque mois.
La réconciliation bancaire, ce n'est pas une chose que moi, en tout cas,
je ferais six ans plus tard. Je veux Sa faire à chaque mois, pas six ans
plus tard. Alors, c'est pour cela que c'est une disposition sur laquelle on n'a
pas à légiférer. Cela dépend de chaque institution
financière, cela dépend des comptes qui sont offerts. Si vous
n'êtes pas content, vous allez ailleurs. Mais on n'est pas obligés
de légiférer là-dessus pour dire: Vous devriez faire ci et
ça.
M. Perron: Face à cet article 277, est-ce qu'un
règlement de la caisse, de la fédération ou de la
confédération pourrait contrer cet article-là? Non? C'est
une obligation légale.
M. Fortier: C'est une obligation de ne pas les
détruire.
M. Perron: De ne pas les détruire. Donc, Ils sont sont
l'obligation de garder les chèques.
M. Bouchard: Sur une période de dix ans. M. Perron:
C'est parce que c'est...
M. Fortier: C'est de ne pas détruire ceux qu'ils ont en
leur possession. Quand vous ouvrez votre compte, comme je l'ai fait, et que
vous signez une convention dans laquelle vous dites: J'ai un compte de
chèques et, à chaque mois, je vais avoir mes chèques,
comme de raison, la banque ou la caisse ne les a plus si elle vous les envoie.
Donc, tout ce qu'on dit ici, c'est qu'elles n'ont pas le droit de
détruire ceux que, par convention avec le client, avec le
coopérateur, elles ont décidé de garder; ceux-là,
elles n'ont pas le droit de les détruire. Pour le reste, cela regarde la
caisse et le client. Cela va?
Le Président (M. Poulin): Cela va pour l'article 277?
M. Perron: Pour moi, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): On passe maintenant à
l'article 278.
M. Fortier: "Un membre peut consulter dans le registre de la
caisse - qu'on a vu à l'article 274 - pendant les heures normales
d'ouverture des bureaux, les documents visés aux paragraphes 1°,
2°, 4°, 5° et 8° de l'article 274." 1°, ce sont les
statuts; 2°, ce sont les procès-verbaux de l'assemblée; 4",
c'est la liste des dirigeants; 5°, c'est la liste des membres et 8°,
c'est la liste des frais exigés. "Il peut en outre obtenir des copies
des documents visés aux paragraphes 1°, 2°, 4° et 8° de
cet article. La caisse peut exiger le paiement des frais de reproduction et de
transmission de ces documents. "La caisse peut exiger d'un membre qu'il
déclare sous serment que les renseignements qu'il recueille en vertu du
présent article ne serviront qu'à l'exercice des droits que lui
accorde la présente loi."
M. Perron: Ce ne sera pas long, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Oui, M. le député
de Duplessis.
M. Garon: Est-ce que c'est trop demander que de penser que
les gens pourraient voir les procès-verbaux des réunions et les
résolutions du conseil d'administration?
M. Fortier: M. Bouchard.
Le Président (M. Poulin): M. Bouchard, s'il vous
plaît.
M. Garon: Cela comprend la commission de crédit et...
M. Fortier: Bien, le conseil de surveillance ou la commission de
crédit, cela devient pas mal "touchy".
M. Garon: Oui, peut être plus, mais les
procès-verbaux des réunions...
M. Fortier: Pourquoi n'ont-ils pas accès au
procès-verbaux du conseil d'administration?
M. Garon: ...du conseil d'administration?
M. Bouchard: Parce que, dans le droit des compagnies, au
Québec, les actionnaires, les membres d'une corporation - partie III -
n'ont jamais accès aux procès-verbaux du conseil
d'administration. Les membres ont accès aux procès-verbaux des
assemblées des membres. C'est le même principe qui est maintenu.
Pourquoi? Parce que les membres, les actionnaires élisent des
mandataires et ces mandataires, c'est leur conseil d'administration, donc,
c'est leurs procès-verbaux. Mais, dans la Loi sur les compagnies, les
membres n'ont pas accès aux procès-verbaux des membres du conseil
d'administration.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Perron: Donc, c'est la règle courante que vous venez
d'exprimer en rapport avec l'ensemble des institutions financières dans
le monde occidental, en fait.
M. Fortier: Pas seulement les institutions financières,
mais toutes les corporations ou les institutions, financières ou
non.
M. Perron: Incluant les institutions financières.
M. Fortier: C'est cela. Maintenant, on a ajouté un
paragraphe en disant: "La caisse peut exiger d'un membre qu'il déclare
sous serment que les renseignements qu'il recueille (...) ne serviront
qu'à l'exercice des droits."
Le mouvement Desjardins nous a fait valoir des arguments en disant: Vous
allez permettre à quiconque d'aller consulter la liste des membres de la
caisse. Bien sûr, on doit le faire parce
qu'on a vu des dispositions qui permettent à un membre de tenter
d'obtenir les signatures nécessaires pour demander une assemblée
spéciale. Si on veut permettre à un membre d'avoir le pouvoir de
convoquer une assemblée, il faut qu'il ait accès à la
liste des membres parce que, sans cela, il ne pourra jamais convoquer cette
réunion-là.
Par ailleurs, on a ajouté ce paragraphe parce que, là, ce
qu'on désire... Voyons, c'est à quel endroit ça? Ah, oui!
il peut y avoir unedéclaration sous serment parce que, si
quelqu'un vient consulter la liste des membres, à ce moment, on pourra
lui faire déclarer sous serment que c'est uniquement pour l'exercice des
droits que lui accorde la présente loi. Autrement dit, il faut que ce
soit un membre et qu'il dise: C'est pour exercer un droit que me donne la loi.
Ce sont les informations qui sont disponibles pour les membres.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que l'article 278 est
adopté?
M. Garon: Je comprends les contraintes qu'il y a; un membre a le
droit de consulter la liste des membres, mais il n'a pas le droit d'en avoir
des copies.
Une voix: C'est Desjardins qui n'a pas voulu.
M. Fortier: Le problème qu'on avait... Je vais vous dire
l'argumentation. L'argumentation était celle-ci...
M. Perron: II ne peut pas avoir le 5°, mais il peut y avoir
1°, 2°, 4° et 8°.
M. Fortier: La liste des membres, c'est le paragraphe 5°. Le
paragraphe 5° n'est pas ià. Je vais vous en donner la raison, M. le
député de Lévis. On S'avait mis, dans un premier temps,
mais le mouvement Desjardins nous a fait valoir un argument, à savoir
que, bien sûr, il y a bien d'autres institutions financières qui
voudraient avoir la liste des membres de la caisse pour leur offrir des
produits financiers et autres. Alors, on nous a dit: On ne devrait pas
permettre que la liste de nos membres soit disponible. Mais, comme je vous l'ai
dit tout à l'heure, il faut quand même que la liste soit
disponible pour les membres parce que, si quelqu'un veut convoquer une
réunion spéciale, il faut toujours bien qu'il y ait une liste de
membres quelque part; sinon, il ne pourra jamais convoquer une assemblée
spéciale. Et c'est la raison pour laquelle, quand vous regardez le
premier paragraphe, on dit: Un membre peut consulter sur place, 5°, la
liste des membres et, au deuxième alinéa, on dit: II peut en
obtenir des copies, mais la liste des membres n'est pas là. Autrement
dit, il peut y aller, mais il les écrira à la mitaine ou je ne
sais pas ce qu'il va faire. Mais c'est pour éviter, selon le bon
désir du mouvement Desjardins, que des institutions financières
compéîitrices ou n'importe qui ne puisse obtenir la liste,
obtenir, comme on dit, la "mailing list". Les "mailing lists", c'est bien
à la mode.
Le Président (M. Poulin): La liste de prospects. M. le
député de Prévost. Excusez. Un instant, M. le
député de Prévost. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je sais que c'est compliqué. Je comprends que
c'est un problème qui n'est pas simple. Par ailleurs, tantôt, vous
évoquiez la iiste des compagnies. Si je suis actionnaire d'une
compagnie, j'ai le droit d'avoir la liste des actionnaires.
M. Fortier: Oui, oui.
M. Garon: Pas des membres, pas des clients, mais des
actionnaires. Là, on est dans une catégorie de membres qui sont
des usagers, donc qui sont, si on veut, actionnaires et clients en même
temps. C'est un problème qui n'est pas facile, mais je pense aux
membres... Il y a des dispositions, dans la loi qu'on a vue, selon lesquelles
deux personnes, deux membres peuvent convoquer une assemblée
extraordinaire.
M. Fortier: C'est cela.
M. Garon: ils ne peuvent pas faire cela rien qu'en regardant la
liste. Il ne faut pas se conter d'histoires. Il ne peuvent pas juste regarder
la liste et dire: On va convoquer cela à la mitaine. Je pense qu'il
faudrait prévoir que, dans le cas de convocations d'assemblées
extraordinaires, ils ont le droit de faire faire un envoi, parce que,
autrement, cela n'a pas de bon sens. Si des membres ont le droit de convoquer
une assemblée générale extraordinaire, il faut qu'ils
aient le droit de... Je comprends, en même temps, que la caisse n'a pas
à sortir ses listes de membres à tout le monde qui le demande,
même à des membres. Mais il faudrait quand même que les deux
membres qui veulent convoquer l'assemblée puissent faire expédier
la convocation...
M. Perron: À leurs frais.
M. Garon:... aux membres, à leurs frais. Ils peuvent
être remboursés aussi. Il est prévu qu'il y a un
remboursement qui est possible. Il faut, je pense bien, prévoir une
disposition à cet effet. Après cela, qu'on dise que, s'ils le
veulent, ils peuvent consulter la liste des membres - je pense qu'ils peuvent
la consulter - pour convoquer la...
M. Fortier: M. le député de Lévis, je
voudrais seulement corriger une information. Je m'excuse, M. le
député de Prévost. Si vous allez à 115, 116, on dit
qu'il y a un pouvoir de
convoquer... Mais ce n'est pas là; à quel endroit dit-on
qu'il y a deux personnes?
M. Garon: Pour l'assemblée extraordinaire.
M. Fortier: Oui, je le sais: "Une assemblée extraordinaire
est convoquée par le secrétaire de la caisse." Alors,
normalement, la convocation...
M. Garon: S'H ne veut pas?
M. Fortier: On dit aussi: "En cas d'empêchement ou de refus
d'agir du secrétaire, le président de la caisse convoque
l'assemblée." Et si cela n'a pas été fait, c'est la
fédération, car on dit: "la fédération ou deux
membres signataires de la requête, selon le cas."
M. Garon: Deux membres. M. Fortier: C'est cela. M. Garon:
Les membres...
M. Fortier: C'est la raison pour laquelle on allait dans le sens
de ce que vous demandez. Il ne faudrait pas qu'ils demandent la permission,
parce que, dans un cas où if y a une chicane de famille, s'N va demander
au directeur général la liste, le directeur va dire: Tasse-toi
dans le coin. Mais le député de Prévost voulait parler
là-dessus. Il a de l'expérience.
Le Président (M. Poulin): Oui, M. le député
de Prévost.
M. Forget: Voici, c'est un dossier drôlement important. On
a quand même vécu une expérience dans les deux milieux,
soit les caisses et les coopératives. Je m'excuse de revenir souvent
avec les coopératives agricoles. Par contre, lorsqu'on en a
été président pendant 18 ans, on a vécu beaucoup de
choses et 8 ans avec une caisse. Je peux vous dire une chose: Pendant des
années, on a donné la liste des membres. C'est venu d'eux, la
demande de ne plus publier ces listes. Il y avait quand même un paquet de
promoteurs qui, pour toutes sortes de choses, se servaient de ces listes pour
aller achaler nos membres, pour leur vendre n'importe quoi. C'est
eux-mêmes qui disaient: Pour l'amour du ciel, ne donnez pas les listes de
nos membres à qui que ce soit. C'est pour cela qu'il faut être
très prudents.
M. Perron: Même pas à la GRC. M. Forget: On
en discutera.
M. Garon: Eux ne les demandent pas; habituellement ils les
prennent, et la nuit de préférence.
Le Président (M. Poulin): M. le député
de
Prévost, cela va?
M. Fortier: Cela dépend de la formation politique.
M. Perron: Vous avez de bonnes affinités.
M. Garon: Les dispositions qu'il y a là, à savoir
que, si on peut consulter la liste, on ne peut pas partir avec des copies de la
liste, j'admets cela, mais il faudrait prévoir une disposition afin que
les deux personnes qui ont !e droit de convoquer l'assemblée
générale extraordinaire ne soient pas obligées d'adresser
5000 enveloppes dans le bureau.
M. Fortier: Mais, M. le député de Lévis, si
une personne s'en va !à en disant: On a peut-être l'idée de
convoquer une réunion, cela voudrait dire que, si on dit que la liste
est disponible, n'importe quelle personne va pouvoir aller là et dire:
Mon intention est de convoquer une assemblée. Alors, il obtient la
liste, il s'en va chez lui et il s'en sert pour autre chose.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. Je pense que les deux personnes
devraient avoir !e pouvoir, en vertu de la loi, de faire faire la convocation,
à leurs frais, sans sortir la liste, mais que la convocation soit
faite.
M. Fortier: C'est ce qu'on dit. Si le directeur
général et le secrétaire ne veulent pas, qu'est-ce qu'il
fera? Il va être obligé de tenter de la convoquer à sa
manière.
M. Perron: L'article 116.
M. Fortier: Normalement, vous avez raison, deux personnes vont
demander qu'une réunion soit convoquée.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre, si vous me le
permettez.
M. Fortier: Oui, allez-y.
Le Président (M. Poulin): Si le directeur ou le
secrétaire de la caisse ne refusaient pas, ce serait aux frais de la
caisse, la convocation?
M. Fortier: Oui. On a une disposition à l'article 116
où on dit que si ceux qui la convoquent ont des dépenses, lors de
l'assemblée, les justes frais qui ont été encourus peuvent
être remboursés à ces personnes.
Le Président (M. Poulin): Au cas où ce seraient
deux membres de la caisse qui la convoqueraient...
M. Fortier: Oui, leurs dépenses seraient
remboursées, éventuellement.
Le Président (M. Poulin): D'accord.
M. Fortier: Le problème ce n'est pas ça. Le
député, avec raison, dit: Le pauvre gars, il va être
obligé de copier les noms un par un.
M. Garon: Cela n'a pas trop de bon sens.
M. Portier: Mais il n'y a pas d'autre solution: ou elle est
disponible ou elle n'est pas disponible. On ne peut pas être
"half-pregnanf.
M. Garon: Il devrait pouvoir y avoir une obligation
statutaire.
M. Bouchard: Même là, si on fait une obligation
statutaire, le membre ne prendra pas la personne par le cou pour lui faire
faire la liste, si elle ne veut pas la faire. Cela voudrait dire quoi?
Même avec une obligation statutaire, il va falloir que la personne en
question prenne des procédures pour obtenir une injonction afin de
forcer Sa personne à le faire. Il ne peut pas se faire justice
lui-même. Si les gens ne veulent pas agir, qu'est-ce que vous voulez
faire?
M. Fortier: Il va voir le secrétaire et le secrétaire lui
dit: Tuck off, tu ne l'auras pas. Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? C'est ce qui arrive.
M. Garon: Vous dites qu'il y a deux membres qui ont le
droit...
M. Fortier: Quand il y a de la chicane, c'est comme ça que
ça se passe.
M. Bouchard: S'ils ne veulent pas donner la liste?
M. Garon: Mais là, ils ne peuvent la donner, ils n'ont pas
le droit de l'avoir, d'après l'article qui est rédigé, ils
ont seulement le droit d'aller la consulter, de la regarder.
M. Bouchard: De prendre des notes, de la copier.
M. Garon: Ce n'est pas ce qui est écrit. (23 h 45)
M. Bouchard: Oui, si elle la consulte.
M. Garon: Ils peuvent consulter...
M. Bouchard: Cela ne l'empêche pas de prendre des
notes.
M. Garon:... le registre de la caisse pendant des heures, mais
ils n'ont pas le droit d'en faire des copies.
M. Fortier: De toute façon....
M. Garon: Alors, s'ils n'ont que le droit de !a consulter, est-ce
qu'ils ont le droit de faire une liste à la mitaine? Ce n'est pas
écrit ça non plus.
M. Fortier: De toute façon, vous avez...
M. Boivin: Cela va de soi, si vous pouvez la consulter.
M. Garon: Je ne suis pas sûr. Après cela, supposons
qu'il y ait deux membres qui veulent convoquer une assemblée. On ieur
rend la tâche difficile parce qu'on dit: Vous avez le droit de la
regarder, mais vous n'avez pas le droit d'en faire une copie à la main.
On ne dit pas par photocopie, on dit: "II peut en outre obtenir des copies des
documents visés aux paragraphes... " Ils ont à faire des copies,
ils peuvent en obtenir ou en faire. Si on ieur dit: Vous n'avez pas le droit
d'avoir une copie du paragraphe 5° qui est la liste de membres, vous avez
juste le droit de la regarder, ça va ieur faire une belle jambe pour
convoquer une assemblée spéciale. Ils ne seront pas capables!
M. Boivin: M. le député, il n'y a rien, dans
l'article, qui les empêche, en consultant, de prendre des notes et de
copier à la main la liste qu'ils ont devant eux. De !a même
façon que, quand vous alliez au bureau d'enregistrement faire des
vérifications sur un lot, vous pouvez prendre des notes et partir avec
des notes manuscrites sur les différents actes qui ont été
enregistrés sur un lot.
M. Garon: Je pourrais en avoir une copie, si je le voulais
aussi.
M. Boivin: Oui, mais, là, vous en aurez pas une copie,
mais vous allez pouvoir les noter.
M. Garon: Mais, là, c'est évident: le plus inclut
le moins. Si j'ai le droit d'obtenir une photocopie du document, j'ai le droit
de prendre des notes et de le copier à la main si je le veux. Là,
ce n'est pas ça qui est écrit. C'est écrit: Un membre peut
consulter les documents. Après cela, on prend la peine de dire qu'il ne
peut pas avoir une copie de ce document-là.
M. Fortier: Une copie Xerox; il ne peut pas en avoir une
copie.
M. Garon: Non, ce n'est pas dit que c'est des copies Xerox.
M. Fortier: Non, n'importe quelle copie; il ne peut pas en avoir
une copie.
M. Garon: Est-ce qu'il peut en faire une copie
lui-même?
M. Fortier: C'est pour cela qu'à l'article 116, M. le
député de Lévis - vous vous offus-
quiez à ce moment-là - on a dit: Si l'assemblée...
M. Garon: Quoi?
M. Boivin: Les vendeurs d'aspirateurs, etc., vont aller se faire
des copies pour toutes sortes de raisons.
M. Garon: C'est pour ça que je dis qu'il devrait y avoir
une disposition particulière qui permette aux deux membres qui ont le
droit de faire la convocation... Écoutez, ce n'est pas dans n'importe
quel cas; c'est vraiment en dernier recours.
M. Fortier: Non, il y a la fédération. Vous vous
offusquiez à l'article 116 parce qu'on avait permis à Sa
fédération de convoquer la réunion. On dit, à
l'article 116: "Si l'assemblée n'est pas convoquée dans les 30
jours de !a demande faite par la fédération ou par les membres -
et c'était 100 membres - la fédération ou deux membres
signataires de la requête, selon le cas, peuvent convoquer
l'assemblée. " Alors, c'est deux membres, mais je pense bien qu'avant de
se donner tout ce trouble-là ils vont aller voir !a
fédération et ils vont dire: Convoquez donc !a réunion.
Alors, vous vous étiez offusqué à ce moment-là,
mais là, vous vous apercevez que c'est la fédération qui
va le faire, parce que probablement que si la fédération est
intelligente, ils vont se garder des listes de membres continuellement.
M. Garon: Mais !à, c'est jouer à la cachette.
M. Fortier: Je comprends ce que vous dites, mais on cherche. Si
vous avez une formule...
M. Garon: On ne joue pas avec des systèmes
démocratiques de même comme si c'était des "brimbales". Ce
sont des affaires à la cachette. Tu vas aller faire tes copies à
la main. Moi, j'ai l'impression qu'on est dans le Moyen Âge culturel. On
est dans les combinaisons d'hiver, dans le temps du XIX°siècle, des
combinaisons à panneau. Retombons en 1988.
M. Fortier: On comprend ce que vous dites.
M. Garon: Ils ont le droit d'en avoir une copie ou ils n'ont pas
le droit, pour convoquer. Ils ont le droit de faire une convocation ou ils
n'ont pas le droit de le faire. S'ils ont le droit de faire une convocation, il
faut qu'ils aient le moyen de la faire ou bien qu'ils n'en aient pas le droit.
Là, c'est du niaisage, tout simplement.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: En rapport avec ce que soulève le
député de Lévis, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de
donner une obligation? Supposons que deux membres veulent avoir une
assemblée générale ou une assemblée extraordinaire,
est-ce qu'à ce moment-là on ne pourrait pas donner une obligation
afin que l'assemblée soit commandée par la caisse en question,
quitte à appliquer le dernier paragraphe de l'article 116 par la suite?
Là, il n'y a pas vraiment d'obligation.
M. Fortier: La réponse, M. le député de
Duplessis, c'est qu'à l'article 114 on dit: "Le conseil d'administration
doit tenir une assemblée extraordinaire sur requête de 100
membres. " Cela prend au moins 100 membres. Mais là, il y avait un
amendement que vous aviez proposé. D'ailleurs, cet article-là
n'est pas encore adopté parce que vous aviez dit: Si le quorum est de
moins de 100 membres, on va arriver avec un amendement en ce sens-là. Il
se pourrait que ce soit moins de 100 membres. Donc, il faut qu'il y ait au
moins 100 membres qui la demandent. Tout simplement, ce qu'on dit à
l'article 116, c'est que la fédération ou deux de ces 100
membres-là peuvent convoquer la réunion. " Normalement, il n'y
aura pas de problème, puisque, si la caisse décide de
procéder, le secrétaire va dire: Bien oui. Alors, on convoque !a
réunion.
M. Perron: Oui, mais ce que je veux dire, monsieur...
M. Fortier: Ces choses-là, quand cela vient ici, quand ils
contactent l'inspecteur ou le ministre, c'est parce que, là, il y a une
chicane de famille et le secrétaire ou le président dit: Non,
non, je ne la convoque pas. Alors, qu'est-ce qu'on fait? C'est pour ça
qu'on a mis "la fédération ou deux membres". J'admets ce que vous
dites, mais on a plaidé exactement de la même façon et
l'argument qu'on nous a servi, c'est l'argument du député de
Prévost qui dit: Bien oui, mais tous les vendeurs de patates frites, de
balayeuses et tout cela, vont avoir la liste; tout le monde va avoir la
liste.
M. Perron: Non, M. le Président, ce n'est pas dans ce
sens-là, ce que je veux dire moi. Je vais vous donner l'exemple suivant:
s) les deux membres en question...
M. Garon: II y a une solution.
M. Perron: Non, mais attends une minute, je vais finir; attendez
une minute. Si le secrétaire est dans l'obligation, à la suite de
la demande de deux membres, de convoquer l'assemblée, aux frais des deux
membres, je ne vols pas ce que ça vient faire là, parce qu'ils
n'auront pas la liste à ce moment-là. C'est le secrétaire
de la caisse qui va la convoquer.
M. Fortier: Et s'il ne veut pas?
M. Perron: À ce moment-là, s'il ne veut pas...
M. Fortier: C'est ça, s'il ne veut pas, qu'est-ce qu'on
fait?
Une voix: Ha, ha, hal
M. Bouchard: C'est ça, le problème.
M. Fortier S'il ne veut pas, on est "poignes".
M. Perron: Oui, il ne veut pas, mais si la loi l'oblige à
le faire.
M. Garon: II y a une solution, M. le Président.
M. Fortier: II ne veut pas.
M. Perron: II va à rencontre de la loi à ce
moment-là.
M. Fortier: Bien oui.
M. Perron: À ce moment-là, c'est au conseil
d'administration de faire appliquer la loi.
M. Bouchard: S'ils ne veulent pas? M. Fortier: S'ils ne veulent
pas? M. Perron: Moi, je trouve... Des voix: Ha, ha, hal
M. Perron:... que vous charriez un peu. Vous essayez de
séparer les cheveux en quatre là.
Le Président (M. Poulin): Un instant! M. Fortier: Non,
non, ce sont des cas...
Le Président (M. Poulin): Un instant, s'il vous
plaît, là!
M. Fortier: C'est ça la situation.
Le Président (M. Poulin): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis.
M. Fortier: II a la solution.
M. Garon: Oui. Elle ne vient pas de moi. J'aime rendre à
César ce qui appartient à César. C'est le président
qui disait à un moment donné: Pourquoi pas par l'inspecteur
général? Au fond, c'est peut-être ça la solution.
C'est que les deux membres qui veulent convoquer l'assemblée en avisent
l'inspecteur général et, lui, pourra organiser
l'expédition.
M. Fortier: On n'est pas favorables à cela, M. le
Président, parce que, quand ce sont des chicanes de famille, on ne veut
surtout pas mêler l'inspecteur à ça. L'inspecteur n'est pas
là pour démêler qui a raison dans une caisse locale,
surtout pas ça.
Le Président (M. Poulin): Est-ce que la
fédération... Je vais vous poser une question.
M. Fortier: Ce sont des chicanes de famille et aller fourrer
l'inspecteur là-dedans, on ne se rend pas service.
M. Garon: Non, mais...
M. Fortier: L'inspecteur, ce n'est pas son rôle de
démerder ça.
M. Garon: Sauf qu'il y a une affaire qu'il faut bien se dire. La
caisse a raison de demander de ne pas sortir la liste de ses membres usagers,
qui sont en même temps ses propriétaires, mais aussi ses clients.
Pour les fins de concurrence, c'est compréhensible. Mais, en même
temps, parce qu'on veut protéger la caisse, en ne laissant pas sortir la
liste...
M. Fortier: Non, mais...
M. Garon:... II ne faut quand même pas empêcher les
membres d'avoir leurs droits comme membres.
M. Fortier: Ce n'est pas si extraordinaire que cela parce que,
disons qu'il y a 2000 membres, on dit ici: Te conseil d'administration doit
tenir une assemblée extraordinaire sur requête de 100 membres de
Sa caisse, si elle en compte au moins 300 ou du tiers de ses membres". Mais
vous avez proposé un amendement, et on va l'accepter, dans le sens que
le quorum peut être moins que cela, selon le quorum qui est
établi. Je ne me souviens pas du libellé. Vous avez dit: Si le
règlement de la caisse est tel que le quorum est de moins de 100
membres, là, ça prendrait ce nombre-là pour convoquer une
assemblée. Alors, finalement, il se peut...
M. Garon: Oui, oui, cela prend... Oh! non, non.
M. Fortier:... que ça ne prenne pas 1000 membres.
M. Garon: Non, mais il faut que les membres soient
convoqués, par exemple.
M. Fortier: Oui, je comprends, mais ce ne sera pas une
tâche insurmontable d'en copier 100 ou environ.
M. Garon: Il y a deux membres qui sont signataires de la
requête pour convoquer l'assemblée, mais il faut que les membres
soient convoqués. On dit même plus, regardez l'article
117: "Seuls les sujets mentionnés dans l'avis de convocation
peuvent faire l'objet de délibérations et de décisions
à une assemblée extraordinaire. " Ils seront même
obligés de faire un avis de convocation avec une liste des sujets qui
seront mentionnés. Là, il va falloir qu'Us envoient ça
à tout le monde. Il peut y avoir beaucoup de monde.
M. Fortier: Comme de raison, on essaie de prévoir
l'Impossible.
M. Garon: Non. Il s'agit de prévoir une soupape qui
permette, dans ce cas-là... On peut le laisser en suspens pour que nos
spécialistes des problèmes...
M. Fortier: Non, mais le problème, c'est qu'on discute de
la situation où deux membres voudraient convoquer, mais la personne qui
va s'adresser à la caisse pour avoir la liste, elle peut bien dire
n'importe quoi; elle peut bien dire:
On veut convoquer. Elle peut dire n'importe quoi.
M. Garon: Non. C'est pour cela que je pense que les deux membres
qui veulent exercer leurs droits en vertu de l'article 116 ne devraient pas
avoir à posséder la liste eux-mêmes pour le faire. Mais,
s'ils veulent convoquer l'assemblée ou s'ils convoquent
l'assemblée, il devrait y avoir un mécanisme pour qu'ils puissent
le faire sans qu'il soit nécessaire qu'ils aient une liste.
M. Fortier: On est d'accord avec cela.
M. Garon: Pardon?
M. Forget: Avec un dépôt?
M. Garon: Un dépôt, oui, pour payer les frais.
M. Fortier: On le suspend.
M. Garon: Cela pourrait être fait techniquement par...
Le Président (M. Poulin): Vous me parlez d'un
dépôt, mais si on parie de sollicitation par des vendeurs, le
dépôt, peu importe le montant, pour avoir la liste, ils n'auront
qu'à faire et ils vont avoir la liste.
M. Garon: Le problème, ce n'est pas le
dépôt.
Le Président (M. Poulin): Non. On est encore pris au
même point.
M. Fortier: Alors...
M. Garon: D'autant plus que deux membres peuvent convoquer avec
un avis et tout cela, mais j'imagine que cela ne peut pas être une
convocation frivole, non plus.
M. Bouchard: On ne le sait pas. M. Garon: On ne le sait
pas.
M. Bouchard: On ne le sait pas si elle n'est pas frivole.
M. Fortier: C'est ce que je dis. Quelqu'un peut bien se
présenter à une caisse en disant en prétendant qu'il veut
convoquer et, une fois qu'il a la liste, il s'en va chez lui, fait ce qu'il
veut avec et il ne convoque personne.
M. Garon: Le but n'est pas de donner la liste, c'est qu'ils
puissent le faire sans avoir la liste, que cela puisse être fait quand
même à moins que la loi ne le permette pas à ces deux
membres. Mais, la loi le permettant, il faut qu'ils aient le moyen de le
faire.
M. Fortier: Vous avez raison. On est entièrement d'accord.
On est d'accord sur le principe. On cherche une façon d'éviter
les écuells tout en vous donnant raison. On a eu !e même
débat avec le mouvement Desjardins.
M. Garon: D'ailleurs, je comprends qu'ils ne veuillent pas donner
leur liste à tout le monde. Mol, au ministère, pendant neuf ans,
j'ai eu combien de demandes, même des gens de mon parti, mais je n'ai
jamais donné la liste de noms des cultivateurs, même si je l'avais
au ministère. Je ne l'ai jamais fournie une seule fois en neuf ans. Je
n'ai pas besoin de vous dire que j'ai eu du trouble quelquefois; je me suis
fait engueuler par des députés qui disaient: Cela n'a pas de bon
sens, ce que tu fais là. J'ai dit: Je regrette. On a la liste pour les
fins du ministère. Je suis fie*-de dire qu'en neuf ans, personne ne l'a
eue, non plus.
M. Fortier: Bon. Est-ce qu'on peut adopter l'article 279 avant
d'aller se coucher?
Le Président (M. Poulin): Est-ce qu'on suspend l'article
278?
M. Fortier: On suspend l'article 278 et on essaiera de trouver
une solution. Ce n'est pas facile, mais on va y réfléchir; on va
dormir dessus.
M. Perron: À l'article 278. M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Poulin): L'article 278 est suspendu.
M. Perron: Oui, mais j'aimerais ça que le
ministre dorme là-dessus avec son équipe pour voir de
quelle façon I pourrait amender ça.
M. Fortier: Je vais vous dire une chose: Ce soir, j'ai
l'intention de dormir tout seul.
Des voix: Ha, ha, hal
Le Président (M. Poulin): Il dit: Le mariage à la
gang, c'est trop.
M. Fortier: Si cela ne vous fait rien. Ha, ha, ha!
M. Perron: Disons que tout le monde sait que c'est une
façon de parler qu'on a, n'est-ce pas?
Le Président (M. Poulin): On passe à l'article 279,
s'il vous plaît.
M. Garon: C'est parce qu'il aime les textes pondus à la
main.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Fortier: L'article 279. "L'inspecteur générai
peut, en tout temps, obtenir copie de la liste mentionnée au paragraphe
8° de l'article 274." Je vous rappelle que la liste du 8°, c'est les
frais exigés pour la tarification.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: C'est la question de la tarification dans les
caisses, "il peut également en faire la diffusion par tout moyen qu'il
juge approprié." Autrement dit, on dit que, pour les tarifs qui sont
applicables dans une caisse, il faut que ce soit disponible pour les membres,
mais l'inspecteur peut aussi en obtenir une copie. Notre intention était
que l'inspecteur pourrait, une fois par année, faire une étude de
la tarification dans les caisses et en faire état publiquement, s'il le
désire.
M. Garon: Adopté. M. Fortier: Adopté. M.
Perron: Adopté.
Le Président (M. Poulin): L'article 279 est
adopté.
M. Garon: À l'article 278 qu'on a laissé en
suspens, il y a seulement un mot que je voudrais dire tout de suite.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Au troisième paragraphe, vous ne pensez pas que
c'est du "jouage" à la mère un peu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: "La caisse peut exiger d'un membre qu'il déclare
sous serment que les renseignements qu'il recueille en vertu du présent
article ne serviront qu'à l'exercice des droits que lui accorde la
présente loi." Qu'est-ce que ça donne au juste?
M. Fortier: La raison pour laquelle on a mis cela, M. le
député, c'est que, si quelqu'un y va et que c'est un vendeur de
patates frites, on s'imagine que, s'il est obligé de prêter
serment pour avoir la liste, peut-être qu'il va dire: Non, je ne
prête pas serment. En tout cas, c'était comme une barrière
psychologique pour éviter que la liste des noms ne soit obtenue ou
consultée pour des motifs futiles.
M. Perron: Un coussin de sécurité.
M. Fortier: Est-ce que la contrainte est suffisante? Je ne le
sais pas, mais c'était une barrière psychologique. On s'est dit:
Si c'est pour des motifs futiles, est-ce qu'il va accepter de prêter
serment? Le député de Prévost a de l'expérience;
croit-il que ce serait suffisant? Ce n'est pas sûr.
M. Forget: Cela dépend pour certains individus, oui, pour
d'autres, non.
M. Fortier: Alors on a cherché un moyen.
M. Garon: Celui que vous voulez éviter, il va signer
n'importe quoi.
Le Président (M. Poulin): Donc, la commission permanente
du budget et de l'administration ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)