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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration a reçu le
mandat d'entendre ie
Vérificateur général dans le cadre de l'examen de
son rapport annuel pour l'année financière se terminant le 31
mars 1988. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, ii n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Permettez-moi de vous rappeler
les règles de procédure, pour l'exécution de ce mandat,
telles qu'établies le 18 août 1987. La séance
débutera par une période de déclarations d'ouverture
répartie selon l'ordre suivant: nous entendrons, dans un premier temps,
M. le Vérificateur général, pour une durée de
quinze minutes; nous entendrons le porte-parole de l'Opposition, pour une
durée de quinze minutes, et le porte-parole des députés
ministériels, pour une durée de quinze minutes
également.
La période des déclarations d'ouverture ne sera pas suivie
de réplique ou de commentaire de la part des membres ou du
Vérificateur générai. Une période de discussion
avec le Vérificateur général suivra celle des
déclarations d'ouverture et se poursuivra jusqu'à la fin de la
séance, à 18 heures. Les groupes parlementaires disposeront d'un
temps de parole égal, en respectant l'alternance dans les interventions,
et le temps de parole inutilisé par un groupe parlementaire sera
disponible pour l'autre groupe et ce, en vertu d'une décision rendue par
la commission de l'Assemblée nationale, le 3 décembre 1986.
La période de discussion avec le Vérificateur
général débutera par l'intervention du porte-parole de
l'Opposition. Les membres de la commission disposeront d'un temps de parole de
vingt minutes par intervention, ie temps de réponse du
Vérificateur général sera imputé au temps de parole
du député qui pose la question.
Maintenant que je vous ai exprimé la façon dont nous
devons procéder, je vais donner immédiatement la parole à
M. le Vérificateur général du Québec pour sa
déclaration d'ouverture.
Remarques préliminaires M. Rhéal
Châtelain
M. Châtelain (Rhéal): Merci. M. le Président.
Pour une troisième année consécutive, la commission que
vous présidez entend le Vérifica- teur générai sur
son rapport annuel à l'Assemblée nationale. Comme vous l'avez
signalé, cette année, i! s'agit du rapport annuel
déposé à l'Assemblée nationale à la fin de
1988, et qui porte sur l'année financière terminée !e 31
mars 1988.
Le Vérificateur général considère qu'il est
de son devoir de répondre à votre invitation, et c'est avec
empressement qu'il collabore à vos travaux. Je vous remercie bien
sincèrement de l'intérêt que vous portez à
l'accomplissement de mon mandat.
Je ferai une revue, tout à l'heure, de l'ensemble du contenu de
mon dernier rapport annuel. Je voudrais tout d'abord traiter de deux questions
que l'on retrouve dans la première partie consacrée aux remarques
générales. J'ai relevé le fait que des modifications ont
été apportées aux conventions comptables du gouvernement
afin d'améliorer Sa présentation de !'information
financière. La récente réforme des conventions comptables,
commencée en 1986, s'est poursuivie en 1987 et en 1988. Les
dernières modifications portent sur les frais d'émission des
emprunts de même que les primes et les escomptes sur ceux-ci ainsi que
sur l'inscription de la dépense et du passif se rapportant aux
régimes de retraite. L'une de ces modifications a vu le gouvernement
comptabiiiser par anticipation en 1988 un amortissement additionnel du passif
non inscrit au titre des régimes de retraite.
J'indique toutefois dans mon rapport et mes observations sur les
états financiers du gouvernement de l'année financière qui
s'est terminée le 31 mars 1988, que la partie non amortie du passif des
régimes de retraite devrait être comptabilisée. J'ai donc
formulé à nouveau une restriction et des commentaires sur
l'inscription incomplète des obligations du gouvernement envers ses
différents régimes. Certaines autres pratiques comptables ont
été améliorées au cours des dernières
années à l'endroit de l'inscription des contributions pour le
service courant de certains régimes et de celle des obligations
relatives aux services antérieurs.
L'autre point des remarques générales que j'aimerais
souligner, M. le Président, est celui de la coopération des
responsables de la gestion. Aussi bien dans les ministères que dans les
organismes et les entreprises du gouvernement, cette coopération est
essentielle à la réalisation efficace du mandat qui est
confié au Vérificateur général. Il est de mon
devoir d'informer l'Assemblée nationale des cas où je n'ai pu
obtenir ie plein concours des dirigeants et autres responsables de la gestion.
J'attire l'attention de la commission sur les difficultés que j'ai
connues, à cet égard, lors de l'accomplissement de mon mandat,
auprès de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, puisque je n'ai pu
obtenir la réaction de sa haute direction à nos
conclusions de vérification. C'est !à, d'ailleurs, une anomalie
que j'ai signalée dans mon rapport.
À la fin de la présentation détaillée des
résultats de la vérification effectuée auprès de la
CSST, aux pages 186 et 187 de mon rapport, je reviens sur l'importance
d'obtenir le concours des dirigeants et des gestionnaires. D'après
l'expérience vécue auprès des ministères, des
organismes et des entreprises du gouvernement au cours de nos
vérifications, l'expression du point de vue des dirigeants et des
gestionnaires contribue régulièrement de façon fort utile
à la validation de nos travaux.
Lorsque nous sollicitons les commentaires des entités
vérifiées, nous cherchons avant tout à renseigner
adéquatement l'Assemblée nationale et les autres personnes
à qui la loi nous 'ait obligation de faire rapport. Dans le cas de la
CSST, nous devions ainsi faire aussi rapport au Conseil des ministres qui nous
avait demandé cette vérification par décret. Nous tenons
à ce que nos conclusions de vérification soient
éprouvées et appuyées par les commentaires
d'interlocuteurs valables. De plus, ces commentaires des gestionnaires et des
dirigeants permettent l'exercice d'un suivi sur la mise en place
éventuelle des améliorations qui s'imposent. Dans le cas de la
CSST, les démarches nombreuses que nous avons entreprises pour obtenir
le concours additionnel des dirigeants à la validation de nos travaux
sont demeurées sans réponse. Par son attitude purement passive,
la direction a rendu plus difficile le travail du Vérificateur
général et n'a pas permis cette dernière validation. Elle
a plutôt communiqué sa réaction aux représentants
des médias d'information, une fois que le rapport du Vérificateur
général a été déposé à
l'Assemblée nationale. Il s'agit là de la part de la CSST d'une
façon pour le moins discutable de concevoir l'imputabilité envers
l'Assemblée nationale.
Je me garderais bien de vouloir poursuivre un débat sur la place
publique. Au contraire, cette question doit être replacée sur la
bonne voie d'une imputabilité externe, c'est-à-dire devant
l'Assemblée nationale. J'aimerais donc vous remettre, M. le
Président, pour dépôt ici même devant cette
commission, si vous le jugez à propos bien entendu, une réponse
écrite aux commentaires que la CSST a fait connaître par la voie
des médias le 14 janvier 1989. Nous en avons des exemplaires, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): On a autorisé le
dépôt, M. le Vérificateur général.
M. Châtelain: M. le Président, après ces
considérations générales, je voudrais présenter un
aperçu, évidemment très bref, du rapport de l'année
1988. La première partie du rapport comporte des remarques
générales sur le contrôle parlementaire sur les fonds
publics, sur les vérifications intégrées et sur la
présentation de l'information financière du gouvernement.
Sous le titre du contrôle parlementaire sur les fonds publics, le
Vérificateur général discute, encore cette année,
de l'obligation de rendre compte. La gestion qui se veut responsable doit
s'acquitter de son devoir d'imputabilité, depuis l'attribution des
responsabilités et i'octroi des fonds jusqu'à la reddition de
comptes, inclusivement.
Le rôle de la vérification est déterminant pour la
crédibilité des efforts de communication des responsables de la
gestion. C'est ainsi qu'au cours des dernières années, les
professionnels de la vérification se sont interrogés sur les
moyens de satisfaire aux attentes légitimes du public à
l'égard de la vérification. La commission Mac-Donald,
formée par l'institut canadien des comptables agréés, a
recommandé des déclarations plus complètes de la direction
dans les états financiers, et l'élargissement des
responsabilités de la vérification, afin de renseigner
adéquatement le public.
Nous savons tous que le public attache de plus en plus d'importance
à la reddition de comptes des responsables de la gestion des fonds
privés. Dans ce contexte, nous ne voyons pas, M. le Président,
comment l'administration publique pourrait échapper à la
politique de grand livre ouvert qui a de plus en plus cours dans l'entreprise
privée. C'est dans la personne du haut fonctionnaire que s'identifie le
plus clairement ia gestion. Il serait donc normal, dans notre régime
démocratique, de voir les sous-ministres et les dirigeants d'organismes
répondre de la qualité de leurs gestes administratifs devant
l'Assemblée nationale. C'est cette dernière qui, en
définitive, leur confie un pouvoir d'exécution de programmes de
l'État, selon des critères de gestion optimale des
ressources.
Au cours des séances d'août 1987 et de février 1988,
la commission du budget et de l'administration a entendu le Vérificateur
général sur ses rapports annuels. Celui-ci se réjouit de
constater qu'elle scrute à nouveau les résultats de sa
vérification. Cependant, il est bon de rappeler que le rapport annuel du
Vérificateur général ne prendra tout son sens et
n'atteindra vraiment son utilité que le jour où les hauts
fonctionnaires seront appelés à rendre compte de leur gestion
à l'externe. Le témoignage des hauts fonctionnaires en commission
parlementaire, devenu une pratique établie et même courante dans
d'autres Législatures, favoriserait l'excellence dans la gestion
publique.
Une partie de l'accomplissement de la mission gouvernementale est
confiée à certains organismes et à des entreprises du
gouvernement, dont Se budget de fonctionnement n'est pas assujetti au vote
complet de l'Assemblée nationale. Il importe, dans ces cas, que les
liens d'imputabilité soient bien établis pour que le bailleur de
fonds, l'Assemblée nationale en définitive, soit informé
adéquatement. Nous
revenons donc encore cette année, dans la deuxième partie
du rapport, sur la nécessité d'une loi-cadre pour les organismes
et les entreprises du gouvernement.
Au Canada, les vérificateurs législatifs des deux paliers
supérieurs de juridiction gouvernementale se sont montrés
préoccupés, depuis quelques années, de leur rôle
dans l'évaluation du risque de fraude. De plus, par le biais des
commissions MacOonald et Treadway, la profession comptable, au Canada et aux
États-Unis, s'est penchée non seulement sur la validité
des contrôles internes et la sécurité des biens physiques,
mais surtout sur l'intégrité de l'information financière.
C'est pourquoi le Vérificateur général aménage ses
programmes de vérification de façon à refléter une
préoccupation accrue envers l'évaluation des risques de
fraude.
Toujours sous le même titre du contrôle parlementaire, le
Vérificateur général décrit ensuite en quoi
consiste l'exercice de la vérification législative. Elle doit se
prononcer annuellement sur la fidélité des états
financiers et elle étend aussi sa portée jusqu'à
rejoindre, de façon cyclique, la qualité de la gestion. Cette
année encore, c'est dans le livre des comptes publics
préparé par le ministère des Finances qu'on trouve
l'opinion du Vérificateur général sur la
fidélité de la présentation des états financiers et
ses observations sur ces mêmes états. Le Vérificateur
général complète son exposé sur le contrôle
parlementaire en insistant sur la coopération essentielle des
responsables de la gestion pour réaliser efficacement son mandat. J'ai
d'ailleurs traité plus tôt ce point dans mon exposé.
Le deuxième thème des remarques générales
est celui des missions de vérification intégrée. On y
indique que la vérification intégrée a été
développée en réponse aux besoins particuliers du secteur
public. On y définit les objectifs et la nature de ces
vérifications, qui sont effectuées en vertu du mandat
confié par la Loi sur le Vérificateur général.
J'attire ici votre attention, M. le Président, sur un changement
que nous avons apporté à la présentation de notre rapport,
cette année. Par les années passées, le
Vérificateur général exposait, dans cette partie, un
sommaire des résultats des missions de vérification
intégrée. Cette pratique a été discontinuée,
cette année, pour éviter de sacrifier, par souci de
synthèse, les nuances d'un rapport détaillé. Nous
poursuivons cependant, pour l'instant, notre réflexion sur
l'utilité de cette approche.
Les remarques générales se terminent par des commentaires
sur la présentation de l'information financière du gouvernement.
J'ai mentionné plus tôt, dans cet exposé, l'essentiel du
contenu de cette section, notamment en ce qui a trait aux conventions
comptables. Le Vérificateur général y aborde aussi la
question des dépenses additionnelles de 849 000 000 $ imputées
par le gouvernement à Cannée financière 1987-1988,
à titre d'inscription anticipée de dépenses. La
conformité de cette opération aux lois et aux règlements
est examinée et commentée dans cette partie de notre rapport; son
traitement comptable, par ailleurs, est discuté dans nos observations
sur les états financiers du gouvernement dans les comptes publics.
La notion de l'entité comptable du gouvernement est par la suite
soulevée. Le gouvernement devrait poursuivre ses efforts afin de fournir
un compte rendu complet de la nature et de l'étendue des
activités et des ressources financières dont il est responsable,
y compris celles qui ont trait à ses organismes et à ses
entreprises et ce, par le biais de ses états financiers. Le
Vérificateur général fait à nouveau une observation
sur le délai de présentation des états financiers du
gouvernement. Ces états devraient être dressés dans un
meilleur délai après la fin de l'année financière,
c'est-à-dire en temps encore utile, et publiés tôt
après la reprise des travaux de la session d'automne de
l'Assemblée nationale. Nous traitons enfin, dans cette sous-section, des
travaux de recherche de l'Institut canadien des comptables
agréés, pertinents au secteur public, et de l'information
financière publiée par le gouvernement en supplément aux
comptes publics annuels.
La deuxième partie du rapport de 1988 débute à la
page 29. Elle présente les résultats de la vérification
financière et de la conformité du gouvernement et de ses
ministères, des fonds spéciaux et des fonds renouvelables, des
organismes et des entreprises du gouvernement. Cette partie expose
également les résultats de cinq missions de vérification
intégrée, de deux études d'envergure gouvernementale et de
la vérification de l'allocation des subventions au ministère de
la Santé et des Services sociaux dont il a été fait
mention dans la première partie.
La communication des résultats comporte les constatations et
recommandations du Vérificateur général qui sont suivies,
sauf exception, là où nous les avons obtenus, des commentaires de
l'entité vérifiée. Je reviens encore cette année
sur la nécessité d'une loi-cadre sur les organismes et les
entreprises du gouvernement. Le rapport aborde d'abord cette question de
façon sommaire, comme je l'ai mentionné tantôt, à la
page 14 des remarques générales, et plus en détail aux
pages 78 et suivantes. C'est là un sujet que vous connaissez bien
puisque nous en avons discuté au cours des séances du 18
août 1987 et du 25 février 1988. Il faut en arriver à ce
que le compte rendu des responsables de la gestion de ces entités
gouvernementales soit de nature à rassurer l'Assemblée nationale
sur le fait que les ressources confiées par le Parlement pour la
réalisation des objectifs qu'il a approuvés sont
gérées avec l'importance qu'il convient à
l'économie, l'efficience et l'efficacité.
Dans un souci de saine gestion des fonds publics, il importe que le
gouvernement exerce auprès de ses organismes et de ses entreprises
un rôle de coordination, d'orientation et de contrôle. Il
doit pouvoir leur imposer des contraintes et des mesures de contrôle
susceptibles de mieux encadrer leur autonomie. On doit tenir compte que le tout
premier objectif de ces entités est d'ordre public et que leur
financement est généralement assuré à même
les fonds publics. Une loi-cadre confirmerait le devoir de surveillance de
l'Assemblée nationale sur ces entités du secteur public et elle
renforcerait le contrôle que le gouvernement exerce sur leur
administration. Elle le ferait tout en préservant la souplesse et
l'autonomie d'action qui leur sont nécessaires.
Le manque de lignes directrices sur le compte rendu et sur la
vérification des organismes et entreprises du gouvernement peut
compromettre la qualité et la quantité de l'information utile au
bailleur de fonds et entacher d'insuffisance l'exercice de
l'imputabilité.
Le Vérificateur général revient donc sur cette
question depuis plusieurs années. C'est depuis 1982 qu'il suggère
l'adoption d'une loi-cadre sur la constitution, la direction et le
contrôle des organismes et des entreprises du gouvernement. Cette
année, il dresse un état de la situation en ce qui a trait
à ces trois aspects de leur imputabilité. Il conclut avec le
régime d'imputabilité souhaité en fonction des mêmes
critères exposés dans l'état de la situation.
La troisième et dernière partie du rapport, qui commence
à la page 259, rend compte de la gestion de l'organisation du
Vérificateur général. Cette partie fournit des
renseignements généraux sur l'organisation, ses devoirs et ses
responsabilités, la structure organisationnelle et la planification des
activités de vérification. En plus, on y décrit
l'évolution de la pratique professionnelle et la participation et
l'appui du Vérificateur général aux travaux et aux
programmes de recherche de la Conférence canadienne des
vérificateurs législatifs, de la Fondation canadienne pour la
vérification intégrée, de l'Ordre des comptables
agréés du Québec, de l'Institut canadien des comptables
agréés et, enfin, de l'Association des comptables
généraux licenciés du Canada.
Le Vérificateur général rend également
compte, dans cette partie de son rapport, de l'implantation de la bureautique
au sein de son organisation. Le rapport d'activités se termine avec la
présentation d'informations sur la gestion des ressources humaines,
matérielles et financières.
Conformément à la Loi sur le Vérificateur
général, celui-ci soumet ses prévisions budgétaires
annuelles au Bureau de l'Assemblée nationale pour qu'elles soient
ensuite incluses au budget des dépenses, déposé devant
l'Assemblée nationale elle-même. Le rapport comporte deux annexes
où se retrouvent le texte de la Loi sur le Vérificateur
général et les objectifs généraux de son
organisation.
Je termine en faisant le voeu, une fois de plus, que la haute direction
des ministères, organismes et entreprises du gouvernement puisse
être invitée à venir témoigner de sa gestion devant
les parlementaires. Il serait bon que les dirigeants fassent part de leur point
de vue sur les constatations du Vérificateur général et
des suites qu'Us entendent leur donner. (10 h 30)
Je vous remercie, M. le Président, de m'entendre devant la
commission que vous présidez. C'est avec plaisir que je répondrai
à vos questions et que je fournirai les renseignements que vous jugerez
utiles. Le cas échéant, avec votre permission, bien entendu,
j'aurai recours à mes principaux collaborateurs qui se sont joints
à moi, ici. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. M. le porte-parole de l'Opposition,
M. le député de Bertrand.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir que nous puissions, ce matin, rencontrer le Vérificateur
général. Deux de mes collègues, tout au moins, se
joindront à moi, dans les prochaines minutes: le député de
Lévis, bien sûr, et la députée de Chicoutimi qui a
des questions spécifiques concernant les services de santé.
De façon générale, cette rencontre, pour la
troisième année consécutive, M. le Président, avec
le Vérificateur général, en est une fort importante. On
conviendra et on se souviendra que l'année dernière, l'exercice
n'avait pas été futile, puisqu'il avait permis d'éclaircir
certains points, dont, particulièrement, tout l'impact au chapitre des
nouvelles règles comptables. Dans mon esprit, si on veut que ça
puisse déboucher sur autre chose qu'un excellent dialogue qui se fait
une fois l'an, une rencontre cordiale et amicale, je pense qu'il va falloir que
certaines règles du jeu soient changées. Personnellement et au
nom de l'Opposition, je peux vous dire, M. le Président, que je trouve
un peu aberrante la situation dans laquelle on se retrouve, c'est-à-dire
dans un dialogue de sourds quant à différentes recommandations
qui ont été faites - et j'y reviendrai tantôt - qui
rejoignent aussi les propos du Vérificateur général, soit
sur toute cette notion de l'imputabilité.
Le Vérificateur général, d'une part, parle à
des gens, fait rapport à l'Assemblée nationale; nous parlons au
Vérificateur générai, mais entre les deux, le pont n'est
pas établi. Même si ça fait trois ans qu'on le clame tout
haut, on se retrouve dans une situation - vous me passerez l'expression - de
cul-de-sac, et je trouve ça extrêmement déplorable pour
tous les membres de la commission. Vous savez, en tant qu'élus, en tant
que députés à l'Assemblée nationale, c'est beau de
nous mettre sur tableau et de publier le rôle que doivent jouer les
élus, c'est beau de
laisser entendre à la population que nous jouons un rôle
actif, mais s'il y a un endroit où nous pouvons, dans le simple
rôle de député en commission parlementaire, et plus d'une
fois à l'exercice que nous faisons ce matin, c'est-à-dire dans un
exercice qui pourra être répété tout au cours de
l'année, exercer vraiment notre rôle, c'est en travaillant en
étroite collaboration avec le Vérificateur général,
mais avec les outils nécessaires, et je le répète, ces
outils, nous ne les avons pas.
Alors, pour la troisième année consécutive, les
membres de cette commission du budget et de l'administration ont la chance
d'examiner les explications sur votre rapport annuel, bien que l'exercice soit
relativement nouveau et qu'on puisse y voir un certain progrès, si je
compare à celui d'il y a deux ans et de l'année dernière.
Je doute cependant, M. le Président, de plus en plus, que cette
rencontre puisse déboucher sur des solutions aux problèmes
soulevés dans le fameux rapport du Vérificateur
général.
Rappelons d'abord que le Vérificateur général fait
son rapport à l'Assemblée nationale, et ce n'est pas le fait du
hasard. Ce rapport est déposé à l'Assemblée
nationale parce que ses membres - c'est-à-dire nous, qui sommes
là pour représenter les gens - ont la responsabilité du
contrôle des dépenses de l'État, parce que le
contrôle des dépenses appartient aux députés par qui
le gouvernement doit faire vérifier ses engagements financiers, et doit
faire accepter son budget.
Le système parlementaire britannique, M. le Président, a
favorisé l'érosion des pouvoirs des parlementaires. Le fait que
les membres du gouvernement soient choisis parmi les groupes parlementaires
majoritaires a fait en sorte que les députés ont abandonné
progressivement des pouvoirs aux mains des membres du gouvernement. Ces
derniers ont la responsabilité de dicter des politiques à suivre,
de déterminer, avec l'approbation du gouvernement, les enveloppes
budgétaires. Par contre, la gestion quotidienne des politiques
gouvernementales est confiée à l'administration publique, et
compte tenu de l'importance de l'activité gouvernementale et du nombre
impressionnant des politiques à administrer, on se doute bien que les
ministres ne peuvent tout contrôler. Par conséquent, les
fonctionnaires ont vu leurs pouvoirs s'accroître de façon
sensible, sans qu'un système d'imputabilité n'ait
été mis en place. Et cela, on le sent. Je peux vous dire que
depuis trois ans, en étant à l'intérieur de la machine, on
sent cela de plus en plus. Je pense que le fait de le décrier, le fait
de le soulever, le fait de le porter à l'attention par la voie des
commissions parlementaires, donc par la voie publique, à mon grand
désarroi, n'a absolument donné aucun résultat
jusqu'à présent. J'espère que l'exercice d'aujourd'hui ne
sera pas un exercice futile et qu'il pourra déboucher sur quelque chose,
sinon il y aurait peut-être lieu que tous et chacun d'entre nous autour
de la table, remettions notre rôle en question sur l'exercice qu'on tente
de faire, un exercice qui, je pense, est sérieux.
Le Vérificateur général a reçu de son
côté, M. le Président, le mandat du Parlement de
vérifier la gestion des fonds publics et d'en faire rapport à ce
même Parlement. Jusqu'à il y a trois ans, le processus de
vérification s'arrêtait à l'étape du
dépôt, à l'Assemblée nationale, du rapport du
Vérificateur général. Cependant, depuis trois ans, on a
ajouté l'étape qui est l'audition du Vérificateur
général, ce qu'on fait ce matin. On ne petit toutefois pas
s'arrêter là et espérer voir les problèmes se
régler du simple fait qu'il y a un rapport de déposé et
que les parlementaires entendent l'auteur de ce rapport. Comme je l'ai
mentionné tantôt, cette rencontre et cet exercice même du
dépôt que nous faisons ensemble en décembre et l'exercice
que nous faisons, ce matin, le 1er mars est futile si on ne peut pas aller plus
loin. J'en prends pour preuve qu'on retrouve, année après
année, les mêmes remarques du Vérificateur
général. Quant à moi, je peux comprendre que le
Vérificateur général ait à soulever année
après année des remarques parce qu'il n'y a pas eu de corrections
d'apportées mais année après année, on se rend
compte que finalement, cela est devenu, dans mon livre à moi - vous me
passerez l'expression - une farce monumentale. C'est rendu à un point
tel que les tours d'ivoire dans lesquelles se sont enfermés souvent des
fonctionnaires de quelque boîte que ce soit, mais des boîtes
gouvernementales, font en sorte, que le Vérificateur
général dise quoi que ce soit, qu'on s'en fout et qu'on s'en fout
éperdument. Je ne pointe personne du doigt mais je pense que les
députés ici en ont assez. Je me dis qu'on va arrêter le
mandat du Vérificateur général, à la limite, parce
qu'il met temps et énergie pour pointer des anomalies du doigt et qu'il
n'y a pas de suite. Ce n'est pas normal qu'après trois ou quatre ans, on
ait à rapporter la même chose, la même lacune et qu'on la
répète même textuellement. Vous savez de quoi je veux
parler, M. le Vérificateur général. On les pointe du doigt
et rien n'est changé. On a vu cette année un organisme, entre
autres, comme la CSST, ne pas collaborer du tout. Que ce soit la CSST, que ce
soit n'importe quel organisme, si on n'a pas pleine et entière
collaboration, je vous dis: Vous, vous avez à remettre votre rôle
en question et nous, nous avons notre rôle à remettre en
question.
L'audition du Vérificateur général ne changera rien
à cela sans un véritable processus d'imputabilité.
Premièrement, je ne comprends pas que le Vérificateur
général soit d'accord avec cela et le défende et,
deuxièmement, que les députés concernés,
particulièrement, par la voie de la commission, soient aussi d'accord et
que, finalement, nos voix ne portent pas afin qu'il y ait des changements. Si
un tel processus d'imputabilité n'est pas mis en place, à mon
avis, M. le Président, c'est la crédibilité même du
Vé-
rificateur général et celle des parlementaires qui sont
mises en cause. À ce stade, notons que l'absence de réponse, pour
prendre un exemple, de la part de la CSST aux remarques du Vérificateur
général contenues dans son dernier rapport annuel, est une
illustration du peu de sérieux qu'on accorde à ses remarques.
À quoi bon s'expliquer puisque, de toute façon, il n'y aura pas
de suite. C'est devenu, dans mon livre à moi, le mot de passe dans tous
les organismes de la fonction publique: le Vérificateur
général, qu'il vérifie ce qu'il veut bien vérifier,
on lui donnera les réponses qu'on veut bien lui donner; de toute
façon, il n'y aura pas de suite. C'est alarmant parce qu'on se dit: Ce
travail-là, s'il a été bien fait - et j'ai tout lieu de
croire qu'il a été bien fait - et qu'il n'y a pas de suite,
vous-même, en tant que Vérificateur général, avez
sûrement à remettre en doute ce travail sérieux même
avec les améliorations apportées au cours des deux
dernières années, du moins celles sont j'ai pu prendre
connaissance.
On notera que les explications fournies par les organismes
vérifiés sont présentées dans le rapport annuel du
Vérificateur général, pour le bénéfice des
parlementaires. Cette présentation permet aux députés de
voir les deux côtés de la médaille. Cette année,
entre autres, à la CSST, on note non seulement un manque
d'intérêt de l'organisme pour les remarques du Vérificateur
général, mais un mépris pour le Parlement. Je pense que
c'est en ce sens que nous devons le prendre. Le principe de
l'imputabilité paraît donc essentiel, M. le Président.
C'est pourquoi mon collègue, le député de Lévis,
qui se joindra à nous tantôt, a écrit au président
de la commission du budget et de l'administration, lui demandant de convoquer
des séances de travail afin de discuter de tout cet aspect en
séances de travail. À mon avis, il n'a jamais obtenu de
réponse à cette demande. On pourra tantôt débattre
de cet aspect, mais laissez-moi revenir à l'essentiel, à la toile
de fond de tout ce travail fait par le Vérificateur
général.
Il a aussi été demandé que certains
représentants de l'administration soient présents aujourd'hui.
Cela nous aurait permis de mieux comprendre les problèmes. Pour nous, iI
ne s'agit pas d'une commission d'enquête, il ne s'agit pas d'essayer de
mettre qui que ce soit en boîte, c'est clair. Il s'agit pour nous, en
tant que parlementaires, d'être capables d'avoir les explications
concernant les anomalies et, surtout, pourquoi on n'y a pas donné suite.
Cela me semble tout à fait logique. En tant que parlementaires, il ne
s'agit pas de se prendre pour d'autres, il s'agit de s'acquitter de notre
tâche. Quand il sortira des éléments de scandale, entre
guillemets, c'est-à-dire qu'on arrivera à des sommes d'argent
importantes mal utilisées, à des pertes de contrôle au
niveau Informatique, ou quoi que ce soit, des choses qui ont été
pointées du doigt depuis trois ans, et tout d'un coup, ça sortira
dans les médias comme un scandale, on dira: Comment se fait-il qu'il y
en ait qui n'ont pas fait leur job? Pourtant, on essaie de faire notre job,
mais si on ne nous donne pas le coffre à outils nécessaire, tout
ce qui est fait actuellement nous fera paraître ridicules tantôt.
Je le dénonce et j'aimerais bien que d'autres collègues de cette
commission puissent en faire autant, s'ils croient profondément à
cet aspect. Sinon, M. le Président, on aura beau rencontrer le
Vérificateur général deux, trois, quatre, cinq fois par
année, ce sera charmant, on aura une excellente conversation, mais il
n'y aura pas de changement.
Malheureusement, il ne semble pas y avoir de volonté politique de
permettre aux députés de jouer pleinement leur rôle, et je
le déplore. Cette absence de volonté politique fera en sorte,
j'en ai bien peur, que l'exercice d'aujourd'hui risque d'être futile,
voire inutile. Qu'on ne se surprenne pas si, l'an prochain, les
éditorialistes tiennent, à l'égard des parlementaires, des
propos sévères comme ce fut le cas au mois de décembre
dernier, et je pense que, dans une certaine mesure, ils ont eu raison.
J'en profite pour inviter les membres de cette commission à
réfléchir sur cette question qui, à mon avis, est
fondamentale. Peut-être pourrons-nous ajouter une étape
supplémentaire qui permettra d'exercer des pressions additionnelles sur
l'administration pour que l'an prochain, et je dirais même demain matin,
les choses commencent à changer.
Je terminerai cette présentation sommaire, à cause du peu
de temps qui nous est dévolu, mais on aura la chance de discuter tout au
cours de la journée. Concernant l'allure générale des
commentaires du Vérificateur général, il y a des choses
que je déplore. Je l'ai soulevé l'année passée,
mais cette année, ça prend des formes encore plus gigantesques,
toutes ces nouvelles applications sur le plan de la présentation des
états financiers, les nouvelles règles du jeu, les nouvelles
règles comptables.
Sur le fond, je pense qu'on peut être d'accord et trouver
intéressant d'avoir le portrait plus global, donc l'insertion des
organismes et des résultats financiers à l'intérieur du
portrait, si on veut, et dans la présentation. Mais si on pousse un peu
plus loin, on se rend compte actuellement - je pense qu'on s'en rendra compte,
et je le porte à l'attention du Vérificateur
général - que ça risque d'être dangereux. J'aurai la
chance de m'expliquer là-dessus au cours de la journée. (10 h
45)
Un autre volet qui risque d'être dangereux - je le porte à
l'attention du vérificateur comme je le pense - c'est toute cette
question de pouvoir apposer et de pouvoir disposer des sommes, tel que le cas
des 849 000 000 $, c'est-à-dire Imputer des dépenses par
anticipation, l'année passée donc l'exercice qui est
terminé et, dans le présent exercice, être capable de faire
le jeu contraire, c'est-à-dire qu'au lieu de
849 000 000 $ de dépenses anticipées qu'on a
décidé de mettre, cette année, des revenus
anticipés de 625 000 000 $, de faire le jeu comptable. À partir
du moment où nous acceptons ces règles, et nous ne les condamnons
pas, on se ramasse dans une situation qui fait en sorte qu'on ne peut plus lire
le portrait exact qu'est le gouvernement du Québec, parce que si vous
pouvez imputer d'avance des dépenses, vous pouvez, à la fin d'une
année, biaiser les résultats. Et pourquoi prend-on une
photographie et pourquoi prend-on une fin d'année qui se lit un 31 mars?
C'est pour en avoir le portrait le plus exact. Et si, par une simple
écriture, un simple trait de crayon, et dans le cas des 849 000 000 $,
d'ailleurs, vous le portez à l'attention...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Bertrand, s'il vous plaît, brièvement.
Vous avez déjà terminé, mais je vous laisse un petit peu
aller.
M. Parent (Bertrand): Je conclus. D'accord. Je termine en vous
disant...
Le Président (M. Lemieux): Je vous laisse aller, prenez
trois ou quatre minutes.
M. Parent (Bertrand):... M. le Président, si ces 849 000
000 $ ont pu être faits, même sans toutes les approbations
nécessaires au niveau des crédits, comme vous le mentionniez
très bien dans le début de votre rapport, ce dont je
m'inquiète, c'est que si on a pu le faire pour quelques centaines de
millions de dollars, qui sont quand même importants, près de 1 000
000 000 $, on peut, à ce moment, déjouer. Sans être
expert-comptable, qui que ce soit, on est capable de comprendre qu'on est en
train de biaiser totalement. Je trouve ça dangereux, parce que ça
ouvre la porte, finalement... Que cela ait été fait dans le
passé, dans telle condition, avec telle explication, je me dis qu'il va
falloir, à un moment donné, tirer une ligne. Je dois vous dire
que, d'abord, depuis le changement des règles comptables, ensuite,
depuis tout l'avènement de ces choses qui se sont produites au 31
décembre 1988, j'ai beaucoup de misère à faire la lecture
du portrait exact pour être capable de faire des comparatifs. Tout
ça est relativement... C'est beau, mais par rapport à quoi? On
n'est plus capable d'aller chercher le comparable. Et cela, sans dire qu'il y a
des gens qui jouent avec les chiffres, si les présentations sont faites
de sorte qu'elles soient acceptées, nous ne pouvons plus rien dire.
C'est-à-dire qu'un portrait est là, il semble beau, mais quelle
est la réalité? Au-dessus de quelque ligne partisane que ce soit,
quel que soit le député, quel que soit le ministre, quel que soit
le gouvernement en place, on n'a pas le droit de biaiser des états
financiers. Quand je dis "biaiser", c'est un petit peu ce qu'on fait,
inconsciemment ou consciemment, je ne veux pas en douter.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Mille-îles.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. D'abord,
bienvenue au Vérificateur général et à son
personnel. Nous sommes toujours heureux de vous voir devant nous. Au cours des
trois dernières années - et je suis sûr que le
député de Bertrand sera d'accord avec moi pour dire qu'on a fait
un pas en avant, et c'est là que je m'inscris en faux avec la
perspective de son analyse de la situation - on est passé d'une
situation où, de 1977 à 1985, systématiquement,
l'Assemblée nationale et le gouvernement du Québec payaient des
sommes très importantes pour le Vérificateur
général. On demandait au Vérificateur
général, en vertu de la loi, de déposer son rapport,
chaque année, à l'Assemblée nationale, rapport que, une
fois déposé, certaines personnes lisaient, je le suppose, je
l'espère, tout au moins, et sur lequel les parlementaires ne se sont
jamais penchés, de 1977 à 1985, sur l'étude du document
devant nous aujourd'hui qui s'intitule le rapport à l'Assemblée
nationale par le Vérificateur général du Québec".
On sait très bien qu'il y avait une raison à ça. La
raison, c'est que c'était embêtant, politiquement, de faire venir
sur la place publique le Vérificateur général avec son
personnel et de lui donner une occasion de s'exprimer publiquement. Je ne pense
pas qu'on ait fait marche arrière depuis 1985. Je pense, au contraire,
que le gouvernement actuel, que la formation ministérielle actuelle et
que tous mes collègues, le député de Lafontaine, le
député de Prévost, le député de Vanier et
ceux qui sont membres de la formation ministérielle, le
député de Mille-Îles qui parle en ce moment, on a tout fait
pour insister, dans une première étape importante, pour que le
Vérificateur général soit entendu devant
l'Assemblée nationale à la commission du budget de
l'administration. Pour moi, il n'y pas eu de marche arrière. Il y a eu
une marche avant, mais peut-être pas assez rapide à mon goût
également. Je partage l'avis exprimé par le député
de Bertrand là-dessus. Il nous reste beaucoup de route à faire.
Mais de là à qualifier le dépôt du rapport à
l'Assemblée nationale, la venue du Vérificateur
général devant nous, en trois ans consécutifs, les trois
premières années... de là à dire que cela se
déroule d'une telle façon qu'il existe un dialogue de sourds,
à tout le moins, M. le député de Bertrand, je pense que
vous entendez très bien, vous comprenez très bien, vous
lisez très bien et vous avez l'occasion de vous exprimer
publiquement. Si vous aviez été partie et membre de la
Législature de 1976 à 1985, vous n'auriez pas eu le droit de vous
exprimer en commission parlementaire écoutée par les
médias nationaux, la presse et la télévision qui
rapporteront demain nos commentaires vraisemblablement sur le rapport du
Vérificateur général. Je suis sûr que vous
n'êtes pas un sourd. Je ne suis pas un sourd. On ne peut pas taxer le
Vérificateur général d'être sourd. Or, ce n'est pas
un dialogue de sourds.
Je voudrais clarifier une chose bien importante dès le
départ. J'ai relevé cela dans ce que vous avez dit tantôt.
Lorsque vous lisiez un texte qui était devant vous, M. le
député de Bertrand, vous avez affirmé que c'était -
j'ai bien noté l'expression - le système parlementaire
britannique qui avait conduit à un tel état de fait, état
actuel où, l'Exécutif, le Conseil des ministres et le bureau du
premier ministre ont, au cours des années, accaparé de plus en
plus de pouvoir au détriment de l'Assemblée nationale et des
parlementaires. Mol, je pense que ce n'est pas le système parlementaire
britannique qui a causé ça. Ce n'est pas le système dans
lequel nous vivons. Les députés de l'Opposition, les
députés ministériels, il y en a, ont toujours eu
l'occasion, à l'Assemblée nationale, de se lever, de parler aux
journaux et d'exprimer à haute voix leur opinion en disant: Telle chose
ne fonctionne pas rondement dans telle régie d'État, telle chose
ne fonctionne pas correctement à la CSST ou à
l'Hydro-Québec. On parlera tantôt des sociétés
d'État qui ne sont pas soumises à la vérification par
votre département, M. le Vérificateur général. Mol,
je pense plutôt que c'est un ensemble de circonstances qui a amené
ça. Au lieu de mettre le blâme sur le système parlementaire
britannique qui est un excellent système, je pense plutôt que
c'est la complexité de la machine gouvernementale qui s'est
amplifiée de façon phénoménale au cours des 30
dernières années. Si on regarde le budget du gouvernement du
Québec de 1960 et celui de cette année ou de l'an prochain, c'est
le jour et la nuit. Les besoins se sont multipliés. Les programmes se
sont multipliés par 100 et par 150. De ce fait, presque
inévitablement sans s'en rendre compte, je ne veux pas pointer du doigt
en disant: Ce sont les parlementaires et les députés qui nous ont
précédés, de quelque formation que ce soit, qui sont
responsables de ne pas avoir exercé leurs responsabilités. C'est
un ensemble de circonstances qui a fait qu'il y a eu une concentration du
pouvoir qui était à l'origine au Parlement, à
l'Assemblée nationale et, traditionnellement, au tout début, au
Parlement britannique qui a fait que, présentement, cela s'est
concentré dans les mains du pouvoir exécutif. Il y a là
une nuance importante et il faut bien la faire.
Maintenant, c'est sûr qu'iI y a beaucoup de choses à dire
sur l'ensemble de votre rapport. On n'aura même pas tout dit à la
fin de la journée. On aura peut-être besoin d'une autre
journée. Je suis entièrement d'accord, et je pense que mes
collègues également le sont, que l'imputabiiité et la
reddition de comptes, comme le disait le député de Bertrand
tantôt, c'est absolument essentiel. Le contrôle administratif doit
être - je vais réutiliser le terme - contrôlé
à nouveau par l'appareil et par le processus législatif. En fin
de compte, ce sont nous, les députés, tous et chacun dans notre
comté, qui sommes responsables et redevables vis-à-vis de la
population. Chaque fois que je me présente devant mes électeurs
et que quelqu'un se plaint d'un organisme d'État ou d'une politique,
d'un programme ou de la façon qu'une politique ou un programme est, par
exemple, appliqué dans un centre d'accueil, c'est à moi, comme
représentant du peuple qu'on pose la question. On fait rarement la
distinction en disant: Mais, ce n'est pas vous le responsable, c'est celui qui
administre le programme. On dit: C'est vous autres, les hommes, les femmes
politiques qui êtes responsables. En réalité, je me demande
où est la responsabilité jusqu'à un certain point de notre
côté comme homme politique, quel que soit le parti politique qui
occupe la fonction gouvermentale quand tous les pouvoirs sont concentrés
dans la machine administrative.
Il y a un autre phénomène fondamental. C'est que
l'Exécutif, malgré la complexité de tous les programmes et
de la machine administrative, un ministre n'a pas le temps nécessaire,
n'a pas les ressources nécessaires, n'a pas les moyens
nécessaires pour effectuer un contrôle total des organismes qui
sont sous sa responsabilité. Ce serait tellement facile, et je plaide en
ce sens aujourd'hui, que le vaste réservoir de talents qu'est
l'Assemblée nationale... Je vais vous donner des exemples et j'en ai un
à ma droite. Le député de Prévost est un
agriculteur, un professionnel du domaine de l'agriculture. Le
député de Prévost a passé à peu près
40 ans de sa vie dans ce domaine. Ce serait totalement indiqué comme
prescription, comme un médecin qui donnerait une prescription, que les
talents du député de Prévost soient utilisés un peu
également, non seulement comme parlementaire à l'Assemblée
nationale, mais comme une poutre dans l'analyse de ce qui se passe au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
vais vous donner un autre exemple. Le député de Fabre, mon
collègue de Laval, est un courtier d'assurances. Il a passé 25
ans de sa vie dans cette profession. Au cours de prochaines années, I va
falloir que ces talents, que ce soit dans l'assurance, que ce soit le
député de Prévost dans l'agriculture, que ce soit le
député de Bertrand qui a une expérience dans le domaine
commercial comme chef d'entreprise, il va falloir que ces talents
d'administrateur, de professionnel soient utilisés, non seulement comme
parlementaires à l'Assemblée nationale, mais dans l'analyse de la
gestion de l'ensemble de l'appareil de
l'État. Cela ne signifie pas seulement de faire parader, M. le
député de Bertrand, les membres des organismes et des
régies devant nous une fois par année. On ne réglera pas
le problème comme ça. Cela va être une parade qui va
passer. Lorsque je regarde M. Châtelain, le Vérificateur
général, je suis sûr que, dans sa petite tête, le
contrôle total et complet de la machine gouvernementale signifie aussi
utiliser ce vaste réservoir de potentiels et de talents qu'est
l'Assemblée nationale, mais aussi l'affecter à la branche
exécutive. Je vais lancer une idée qui va peut-être
paraître farfelue: Pourquoi, au Québec, n'imaginerait-on pas de
nommer par décret ministériel dans chacun des ministères
des députés qui seraient responsables, mais redevables à
leur ministre, de superviser la gestion d'une partie d'un ministère?
Pourquoi ne fait-on pas ça? Je pense qu'on en est rendus là. Le
Québec des années quatre-vingt-dix doit s'orienter vers là
et surtout le Québec des années deux mille.
Les meilleurs expériences qu'on a vécues, M. le
député de Bertrand, et je pense que vous allez être
d'accord avec moi, ce sont les mandats d'initiatives qu'on s'est donnés.
Vous semblez sourire. Je pense que vous partagez peut-être ce que je dis.
À la commission du budget et de l'administration, on a vécu une
expérience unique, je pense, dans les commissions: Nous avons eu
l'initiative d'étudier, d'essayer d'améliorer le fonctionnement
de la Commission des valeurs mobilières du Québec. Cela s'est
déroulé sur une période d'une année presque
complète. Je me souviens même que le député de
Bertrand, qui avait obtenu des informations particulières à un
moment donné, m'a mis la puce à l'oreille concernant une longue
démarche que j'ai faite dans ce dossier. Je pense qu'on a tous appris
par l'expérience vécue. Il est vrai que les fonctionnaires
responsables de la gestion ne sont pas intéressés à rendre
compte, ne veulent pas rendre compte de leur gestion, peut-être pour une
raison fondamentale que je mettrais sur le compte de l'expérience
humaine: parce qu'ils n'ont pas été habitués à le
faire. (11 heures)
À partir de la journée zéro où ils sont
nommés, s'il n'est pas écrit dans leur mandat qu'ils doivent nous
rendre compte, je pense qu'on rate le bateau dès le départ. On
l'a vu avec la Commission des valeurs mobilières du Québec. On a
eu peine et misère à essayer d'obtenir des documents complets
représentant des études faites à même les fonds
publics par des professeurs des HEC. On est encore loin de l'objectif qu'on
veut atteindre, c'est sûr, mais, encore là, je pense qu'on
n'utilise pas assez souvent les moyens mis à notre disposition, tels que
les commissions de l'Assemblée nationale, les mandats d'initiative. Plus
on utilisera ces moyens, mieux ce sera pour l'ensemble de la machine
administrative, les gens se diront: Une année, ce sera peut-être
notre tour d'être vérifiés, regar- dés,
scrutés à la loupe. Dans le fond, ce serait pour améliorer
l'ensemble de la situation.
Il y a quelque chose de fondamental qui n'existe pas en termes
d'administration au Québec et qui devrait exister et, tantôt,
j'aimerais vous entendre là-dessus. Dans tous les programmes
fondamentaux, on s'est plaint de boulimie, quel que soit le gouvernement
à la tête du Québec. Chaque fois qu'on crée un
programme, il s'incruste, à cause de notre manque de contrôles
sévères, une propension à essayer d'augmenter
d'année en année le budget initial qu'on donne pour couvrir tel
programme. On n'a jamais réussi à découvrir comment
contrôler cette situation. J'aimerais vous entendre tantôt sur
l'opportunité d'avoir, dans toutes les lois au Québec, une clause
qu'on appelle présentement "Sunset Clause" et qui obligerait
l'Assemblée nationale à revoir tous les programmes fondamentaux
et les besoins. Selon moi, on ne se sortira jamais de ce problème de
boulimie qui nous affecte en tant que machine administrative si on n'est pas
obligés par les lois à revoir, d'abord comme parlementaires et,
en même temps, avec votre aide, M. le Vérificateur
général, ces programmes fondamentaux qui reviennent chaque
année.
Hier, j'ai fait une démonstration. J'ai tenté d'aborder un
sujet - j'en parlerai plus longuement à d'autres moments, M. le
Président -quand j'ai parié des fameuses fioles du laboratoire de
l'État que sont les finances publiques de l'État où,
chaque année, année après année, on met les
mêmes ingrédients. On s'aperçoit que le résultat
chimique du liquide dans la fiole est réduit d'année en
année. Je me disais que, comme chercheurs...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle:... ce qu'on devait faire était, tout au
moins, de se poser la question, à savoir si on ne devrait pas changer
complètement la formule de base et essayer de trouver d'autres formules
imaginatives. Dans ce sens, M. le Vérificateur général, je
vous ai lancé une question; j'en aurais beaucoup d'autres tantôt
Mes questions s'attarderont surtout au secteur de la santé et des
services sociaux, qui me semble une pièce maîtresse de votre
rapport et qui préoccupe beaucoup les Québécois et,
surtout, les gens de mon comté.
Je suis très heureux que vous soyez ici ce matin. Quant à
nous, de la formation ministérielle, nous n'avons pas l'impression que
ce sera un dialogue de sourds.
Discussion générale
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Quand on parle de
dialogue de sourds, il faut comprendre il faut le mettre dans la
perspective. Je rappellerai au député de Mille-Îles que, si
nous le prenons à la lettre, Je veux dire que si c'était un
dialogue de sourds, on ne resterait pas ici. Mais quand on pense à ce
qui a été réclamé depuis trois ans, et
particulièrement au cours de la dernière année, et qu'il
n'y a pas eu de suite pour qu'on puisse se retrouver au 1er mars 1989 avec, non
seulement la parade des gens qui sont là, mais qu'il y ait un
début de lueur d'espoir que, à la suite des recommandations qui
ont été faites par le Vérificateur général
quant à l'imputabilité, à la suite des hauts cris des
membres de cette commission sur ce point, on en soit toujours au point mort.
Pour moi, cela demeure un dialogue de sourds dans cette perspective. Ceci dit,
on va essayer d'utiliser le temps qui nous est dévolu aujourd'hui pour
avancer dans l'étude du rapport du Vérificateur
général. Il n'est quand même pas facile d'aborder un
rapport aussi volumineux, avec autant de points portés à
l'attention des parlementaires. On va essayer de procéder quand
même dans l'ordre, pour avoir des réponses ou des explications sur
ce que veulent dire certains commentaires du vérificateur.
Peut-être un dernier commentaire touchant les propos du
député de Mille-Îles. Il concerne ce qui s'est fait dans le
passé, ce qui ne s'est pas fait et qui aurait dû se faire. Je
voudrais seulement lui rappeler - lui comme moi, on n'était pas
là - que c'est en 1984 que les règles du jeu ont
été changées. Je ne suis pas sûr qu'il faille dire
que le gouvernement antérieur ne voulait pas voir le vérificateur
là. Ce n'est pas si simple que ça. C'est une conclusion
très rapide. De toute façon, même si on en discutait toute
la journée, je ne suis pas sûr qu'on se mettrait d'accord, je suis
encore moins sûr qu'on ferait avancer le débat. Qu'on dise: On est
là, on est en place. Nous, qu'avons-nous fait depuis trois ans? Nous,
que peut-on faire aujourd'hui pour que, demain, cela change et que,
l'année prochaine, on ne soit pas encore à "brailler" - vous me
passerez l'expression - ici autour de la table et à dire au
Vérificateur général: Cela n'a pas de bon sens que vous
ayez encore à mettre 50 %, 60 % de vos recommandations qui sont une
copie du texte de l'année dernière, parce que tout le monde s'en
fout littéralement? C'est l'impression que j'ai. Si on est capable de me
prouver le contraire... Selon les discussions que nous avons eues à
quelques reprises avec le vérificateur, on s'est rapidement mis d'accord
sur ce point. Par rappport à ce qui s'est fait dans le passé, ce
qui se fait aujourd'hui, je dis: Oui, il y a eu une amélioration:
aujourd'hui, on peut au moins se parler. Maintenant qu'on se parle, maintenant
qu'on a un rapport, on a une responsabilité qui nous est dévolue,
essayons donc de jouer notre rôle. Mettons-nous tous dans le même
sens, et ramons dans le même sens. Si tout le monde, les élus et
le Vérificateur général rament pour obtenir davan- tage,
je pense qu'on va faire avancer le débat de façon importante.
Quant à la question de la comparution des gens qui sont là
et qui doivent répondre de leurs faits et gestes. Je le
répète: Pour moi, cela ne devra pas se faire strictement dans une
espèce de parade où on aura chacun dix minutes parce que,
là non plus, on n'avancera pas. Il faudrait que cette commission prenne
l'allure d'une espèce de commission permanente où, mois
après mois, on puisse avancer, comme on l'a fait dans des commissions
d'initiative, si on veut, qu'on a pu enclencher. Malheureusement, on n'en a
fait qu'une; on aurait dû en faire quelques autres, parce que je pense
qu'on a mis le doigt sur des choses. C'est toujours fatigant pour ceux qui sont
dans l'administration de leur organisme, de leur boite, de leur "fiole" - pour
reprendre votre expression - de voir que, après que le
vérificateur soit passé, des députés veulent se
mettre le nez là où cela ne les regarde pas. On n'a
peut-être pas à aller dans le quotidien, on n'a surtout pas
à faire de l'ingérence, mais on à des comptes à
nous rendre. Dans ce sens, ce qui s'est passé à la CSST est assez
marquant. Le Vérificateur général a été
très clair sur ce point.
Étant donné que le temps avance rapidement et je sens
qu'on va manquer de temps pour passer à travers tout cela, M. le
Président, ce n'est pas la façon dont vous voulez
procéder, mais ma collègue, la députée de
Chicoutimi, veut justement enclencher sur un secteur qui touche les services de
santé. Je ne sais pas si elle prend une partie de mon temps ou de son
temps, mais je voudrais qu'elle puisse commencer...
Le Président (M. Lemieux): Je dois faire respecter la
règle de l'alternance. Je suis dans l'obligation de revenir de ce
côté-ci... À condition que j'aie le consentement. Je pense
que Mme la députée de Chicoutimi n'est plus membre de la
commission.
M. Gobé: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Gobé: Je n'ai rien contre la députée de
Chicoutimi, mais ne pourrait-on pas peut-être suspendre quelques minutes
pour en parier avec mes collègues?
Une voix: Parier de quoi?
M. Gobé: Le consentement qu'on donnerait à Mme la
députée de siéger à cette commission puisqu'elle
n'est pas membre.
Le Président (M. Lemieux): Je vais plutôt suspendre
une minute.
(Suspension de la séance à 11 h 10)
(Reprise à 11 h 12)
M. Parent (Bertrand):... soit considéré comme un
remplacement, qu'elle remplace un collègue officiellement.
Le Président (M. Lemieux): Bon, cela va.
Mme Blackburn: Si vous me permettez de m'expliquer. Ce matin, la
commission des affaires sociales siège, c'est la consultation sur les
services de garde. Comme je m'étais engagée à participer
à une partie de cette commission, je suis venue ici parce qu'il y avait
un dossier qui m'intéressait particulièrement. J'apprécie
que vous ayez accepté que je prenne la parole à cette
commission.
Le Président (M. Lemieux): On est entièrement
d'accord, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Sauf que je ne pourrai pas y être plus
longtemps que jusque vers midi, pour vous rassurer.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Chicoutimi, nous tenons quand même pour acquis qu'il y a un remplacement,
et qu'il y avait consentement préalablement. Vous allez remplacer, je
crois, le député de Terrebonne?
Imputabilité des fonctionnaires
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela va? Oui. Dans
le respect de la règle de l'alternance, je vais intervenir très
brièvement puisque M. le député de Bertrand avait la
parole. Je vais prendre la parole pour le parti ministériel, très
brièvement, pour vous permettre par après d'intervenir, Mme la
députée de Chicoutimi.
Je vais peut-être revenir sur un sujet du début. Je suis
bien conscient que les règles du jeu doivent changer et que ce sont les
élus qui contrôlent les fonds publics. Je me rends compte aussi, -
étant moi-même, ayant été et étant toujours,
en vertu de la loi 51, un ancien fonctionnaire, que souvent, et même
très souvent, les vraies décisions sont prises par des
fonctionnaires, par une haute fonction publique qui, effectivement, n'a pas
à répondre de ses gestes devant l'Assemblée nationale ou
devant les élus. Je suis de ceux qui pensent que tout cela doit et
devrait changer.
Mais il faut aussi regarder la réalité, les faits et la
conjoncture d'une manière non pas utopique ou philosophique, mais
très concrète. On se rend compte qu'une commission parlementaire,
trop souvent, je le dis bien sans pointer du doigt des gens ou des individus,
demeure un forum partisan. C'est un des gros problèmes qui fait que,
actuellement, les mandarins du pouvoir, nos hauts fonctionnaires, nos
administrateurs d'État, qualifiés commme tels dans la Loi sur ia
fonction publique, ne veulent pas venir en commission parlementaire. Ils n'ont
pas le goût de faire les frais, si je puis m'exprimer ainsi, de
"crêpage" de chignon pour mousser le capital politique d'une formation
politique ou d'une autre. Ils n'ont pas le goût non plus de publiciser ou
faire la publicité des parlementaires. J'ai fait des recherches sur cet
aspect, comme tel, de l'imputabilité des fonctionnaires. Il y a eu
quelques précédents qui ont été peu heureux et peu
concluants. C'est difficile pour un président de commission d'essayer de
toutes ses forces de faire avancer les choses, parce qu'il y a des
comportements, des habitudes. S'il y a une tradition parlementaire, il existe
aussi une tradition dans la fonction publique. Sans vouloir jeter le
blâme aux fonctionnaires de la haute fonction publique, je comprends leur
réticence et leur résistance parfois à se réfugier
derrière leurs ministres qui, par la tradition, a une
responsabilité parlementaire. Il est évident que, moi aussi, je
veux que les choses avancent et, effectivement, le député de
Lévis m'a écrit à cet effet au mois de décembre. Au
mois de décembre, nous avions l'étude du projet de loi 70 et du
projet de loi 103. Le mandat même d'entendre le Vérificateur
général devant cette commission, qui ne relève pas de
cette commission, n'était pas encore réglé. J'ai dû
écrire plusieurs fois, m'adresser aux autorités responsables afin
qu'on nous défère ce mandat et non seulement j'ai dû le
faire, mais je suis allé plus loin en tant que président de cette
commission. J'ai même préparé ici un projet d'amendement
aux règlements de l'Assemblée nationale afin qu'une fois pour
toutes, ce soit clair et clarifié, à savoir: Où le
Vérificateur général sera-t-il entendu, devant la
commission de l'Assemblée nationale ou devant la commission du budget et
de l'administration?
Peut-être que le député de Bertrand aurait tendance
à dire: Oui, mais le passé, c'est le passé; ce qui a
été fait a été fait. Mais une tradition
débute quelque part. Peut-être que cela doit et cela devra
débuter avec nous. Il est vrai que, pendant une période de dix
ans, il y avait quand même des membres du Conseil exécutif, et
même le secrétaire général du gouvernement à
cette époque, M. Louis Bernard, qui en était membre à part
entière et qui avait une connaissance de la fonction publique, a
écrit dans son livre, L'administration publique, que
l'imputabilité devait se faire et doit se faire. Pendant qu'il
était secrétaire général du Conseil
exécutif, qu'a-t-il fait, lui, pour faire avancer les choses? Pendant
que ces gens-là étaient au Conseil exécutif, qu'ont-ils
fait pour faire avancer les choses? Je ne veux pas leur faire un reproche. Le
député de Bertrand n'y était pas; je n'y étais pas.
Mais il y a un constat de fait qui est quand même là. Jamais, moi,
on ne m'a approché pour discuter du fond comme tel ou pour me faire des
suggestions dans ce sens-là. On aurait pu me parler du modèle des
comptes publics qui existe à Ottawa où on y voit la planification
des travaux, comment elle se fait, l'audition du Vérificateur
général, l'audition des gestionnaires et dirigeants
d'organismes. Il aurait peut-être été intéressant
pour notre commission d'aller y faire un tour.
Je vous dis que nous voulons que les choses avancent. Nous voulons que
les choses changent parce que nous croyons que, tantôt, comme
parlementaires, nous n'aurons pas le choix. Comme l'a dit si bien mon
collègue, nous avons des responsabilités. Les premières
responsabilités que nous avons sont envers ceux et celles - je ne le dis
pas naïvement - qui nous ont élus. C'est pourquoi nous nous devrons
tantôt, d'un côté comme de l'autre, de modifier nos
comportements politiques afin que nous en arrivions à plus d'efficience
et d'efficacité dans ie domaine de l'administration publique.
C'est ce que j'avais à dire comme commentaires qui ont
été faits à la fois par le parti de l'Opposition, le parti
ministériel et le Vérificateur général. Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Secteur ds la santé et des services
sociaux
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Permettez-moi
d'abord de saluer M. Châtelain et les personnes qui l'accompagnent. J'ai
fait comme tout bon député porte-parole de l'Opposition dans un
domaine, je dois dire que j'ai examiné un peu le rapport dans son
ensemble, mais plus particulièrement le volet qui concerne la
santé et les services sociaux. Certains commentaires reviennent - je
dois l'avouer - assez régulièrement, mais il y en a certains sur
lesquels j'aurais aimé vous entendre. Je vais être relativement
brève.
En matière de planification, vous dites au ministère de la
Santé et des Services sociaux que vous constatez qu'il n'y a pas de
véritable politique d'ensemble en santé et en bien-être et
que, curieusement, l'enveloppe qui prend le plus de ressources, celle des
centres hospitaliers de courte durée, 4 700 000 000 $, ne fait pas
l'objet... Il y a une déficience particulière en matière
de planification de ce secteur. Ce que vous constatez, lorsqu'il y a de la
planification, c'est davantage... j'allais dire, ce n'est pas dans une
planification systématique d'ensemble, mais c'est davantage à
l'occasion de feu. On éteint un feu. Donc, c'est une planification de
pompier, selon ce que j'ai cru comprendre.
Vous dites aussi - je voudrais avoir une explication là-dessus -
au paragragne 14. 14: "Les faiblesses constatées ne facilitent pas
l'organisation et l'allocation optimale des ressources sur le territoire'.
Là, évidemment, je me demandais si cela avait trait à la
quantité des ressources affectées par territoire dans les
régions ou si, tout simplement, c'est à l'intérieur d'un
territoire même pour savoir si elles étaient bien
utilisées.
Le commentaire de la ministre, c'est qu'en matière de
répartition des ressources, elle s'apprêtait à
développer une méthode de répartition régionale des
crédits de développement, et que cette méthode a
été utilisée en 1987-1988 et en 1988-1989. Est-ce à
dire que vous n'aviez pas vu les résultats de la méthode? Comment
cela s'est-il passé pour que vous fassiez ce type de commentaires? Je
cite: "II importe de préciser qu'en matière de répartition
des ressources, ie ministère vise l'allocation optimale des ressources
sur le territoire québécois. Dans cette optique, il a
développé une méthode de répartition
régionale des crédits de développement qui lui sont
octroyés. Cette méthode a été utilisée dans
la plupart des secteurs, notamment ceux de l'alourdissement de la
clientèle, la déficience intellectuelle. " Mais vous dites, par
ailleurs, plus haut: "Les faiblesses constatées ne facilitent pas
l'organisation et l'allocation. " Est-ce à dire que les méthodes
qui ont été mises en place ne sont pas satisfaisantes ou que vous
n'en avez pas encore vu les effets?
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: M. le Président, en réponse
à cette question, c'est sûr que le système en place ne
permet pas l'organisation et l'allocation optimale des ressources sur le
territoire, à l'intérieur du territoire. Nous avons
déploré le manque d'une politique d'ensemble, comme vous l'avez
signalé. Nous ne critiquons pas la politique, nous critiquons le fait
qu'elle n'existe pas comme telle. Il n'est pas du domaine du
Vérificateur général de critiquer une politique, mais de
constater si elle existe ou non et, ensuite, si elle peut servir à une
bonne allocation des ressources.
Pour répondre d'une façon plus détaillée, M.
le Président, à la question de la députée, je
demanderais, avec votre permission, à M. Arthur Roberge, directeur
principal chez le Vérificateur général, responsable des
vérificateurs qui se sont penchés sur ce secteur, de prendre la
parole.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
nom et prénom, avec votre titre, pour les fins de l'enregistrement du
Journal des débats.
M. Roberge (Arthur): Arthur Roberge, directeur principal. Est-ce
que je peux répondre à la question de madame?
Le Président (M. Lemieux): Oui, cela va.
M. Roberge: Ici, c'est bien sûr que, lorsqu'on dit: "Les
faiblesses constatées ne facilitent pas l'organisation et l'allocation
optimale des ressources sur le territoire", c'est sur le territoire du
Québec. Ce n'est pas à l'intérieur d'une région
particulière plus que dans une autre.
Mme Blackburn: C'est pour l'ensemble.
M. Roberge: C'est pour l'ensemble. Main-
tenant, ce qu'on reproche, c'est le manque de politique d'ensemble qui
fait qu'à un moment donné, un secteur de la santé... Par
exemple, si on parle du désengorgement des urgences, des
problèmes qu'on peut régler à l'intérieur de ce
secteur, alors les solutions qu'on apporte peuvent avoir des
répercussions sur d'autres secteurs, si on parie des soins à
domicile, etc. Ce sont des secteurs interreliés. Un manque de politique
d'ensemble fait que l'allocation optimale des ressources est rendue plus
difficile dans le domaine de la santé et des service sociaux.
Mme Blackburn: Et cela ne traite pas - si vous me le permettez,
M. le Président - de l'équité dans la répartition
entre les régions, parce que sa réponse porte davantage sur une
méthode de répartition régionale des crédits. J'ai
l'impression que la réponse n'était pas tout à fait...
C'est pour ça que j'étais restée un peu sur...
M. Roberge: Sur votre appétit.
Mme Blackburn:... mon appétit par rapport à la
réponse qui était faite. Cela n'a pas l'air de répondre
à la question que vous posez.
M. Roberge: D'accord. Ici, vous avez raison.
C'est bien évident qu'on ne discute pas de l'équité
de l'allocation des ressources entre les régions.
Mme Blackburn: De l'équité interrégionale.
D'accord. Mais ce que vous dites, c'est qu'on n'a pas de politique qui nous
permette d'avoir une vision un peu plus intégrée de la
santé et des services sociaux de manière à voir les
répercussions d'un manque d'action dans les domaines suivants:
l'engorgement des urgences, les carences en matière de maintien à
domicile, l'utilisation des ambulances, le fait qu'on les utilise pour se
rendre à l'urgence. D'accord, cela va bien, mais la réponse, en
fait... Cela ne répond pas à la question, c'est ce que je voulais
vérifier, parce que je demandais si vous vous étiez penché
- et cela m'étonnait - sur l'équité en matière de
répartition entre les régions. J'imagine que non, ce n'est pas de
votre ressort.
Processus budgétaire. Au paragraphe 14. 24, je voudrais
comprendre un peu car vous dites: "La subvention octroyée à un
établissement constitue l'essentiel du budget à
l'intérieur duquel il doit opérer; par conséquent, son
montant peut influer directement sur le niveau des soins qu'il dispensera
à la population. " Donc, c'est à l'administrateur, ce n'est plus
à l'État. Est-ce que vous nous compreniez là-dedans? Vous
continuez: "S'il obtient une enveloppe budgétaire dont l'augmentation ne
compense pas entièrement la hausse de ses coûts
d'opération, l'établissement devra faire connaître au
ministère les moyens qu'il entend prendre pour atteindre
l'équilibre budgétaire. "
Est-ce que vous avez pu constater si, effectivement, les enveloppes
budgétaires accordées aux établissements compensent ou ne
compensent pas entièrement le coût des opérations? Je pense
aux coûts additionnels pour les médicaments. On pense à
certains coûts qui ne sont pas entièrement indexés. Est-ce
que vous vous êtes aussi penché là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer.
M. Roberge: Je peux continuer? Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Roberge: Non. Ici, en fait, il y a des institutions ou des
établissements qui doivent soumettre des plans d'équilibre
budgétaire lorsque la hausse ou le montant global du budget qu'ils
obtiennent est inférieur au coût. du système, etc. On
demande à cet établissement de transmettre au ministère
les moyens qu'il entend prendre pour pouvoir équilibrer, avec le budget
que le ministère lui octroie, ses dépenses et ses revenus.
Mme Blackburn: À ce moment-là, est-ce que vous ne
faites pas l'analyse, à savoir si, effectivement, les enveloppes
consenties, par exemple, aux centres hospitaliers de courte durée,
compensent effectivement la hausse des coûts et correspondent au
coût réel de fonctionnement?
M. Roberge: Non.
Mme Blackburn: C'est une remarque en passant pour expliquer le
processus.
M. Roberge: C'est ça.
Mme Blackburn: Est-ce que vous avez eu, tel que le dit le
commentaire du ministère: "Par contre, le ministère
reconnaît que les règles sont imprécises quant à
l'utilisation qui peut être faite... " Non, ça va.
Là-dessus, je pense que j'ai trouvé la réponse.
Une autre question, la rémunération du personnel
d'encadrement des centres hospitaliers de soins de courte durée. Au
paragraphe 14. 47, vous dites: "Lorsque les vérificateurs externes font
mention dans leurs rapports de salaires versés aux cadres, à des
montants plus élevés que ceux qui sont admis par la
réglementation, le ministère diminue d'autant les dépenses
admissibles de rétablissement. Cependant, le ministère n'exerce
aucune sanction quand les vérificateurs externes ne relèvent pas
de tels écarts, bien qu'il dispose dans le rapport financier annuel de
l'information nécessaire pour les dépister lui-même. "
Autrement dit, ça me rappelle quelque chose qu'on vivait à
l'époque, c'est que les rapports annuels des établissements ne
sont pas lus ou ne sont pas utilisés aux fins auxquelles ils
pourraient être utilisés.
M. Roberge: Ils ne sont pas complètement utilisés.
Ils sont quand même utilisés, mais ils pourraient l'être
davantage.
Mme Blackburn: D'accord. Il arrive qu'on n'aurait pas besoin
d'enquêteur ni de vérificateur externe pour nous donner des
informations dont on dispose dans les rapports et qu'on n'utilise pas.
M. Roberge: Oui. Ici, si vous me permettez, on fait
référence, entre autres, à l'annexe B des états
financiers des établissements où on voit la
rémunération du personnel d'encadrement d'un
établissement, sa classification. Toute cette information existe dans
les états financiers.
Mme Blackburn: Les avantages, etc.
On sait que la ministre a fait adopter une loi sur la
rémunération du personnel d'encadrement dans le secteur de la
santé et des services sociaux, mais vous n'avez pas encore vu les effets
de l'application de cette loi, vous n'avez pas à vérifier
ça non plus, par rapport aux rémunérations ou aux
avantages qui sont accordés.
M. Roberge: En fait...
Mme Blackburn: Cela fait seulement un an.
M. Roberge:... depuis l'automne dernier, mais à ce jour,
nous n'avons pas pu...
Mme Blackburn: L'automne dernier. Vous n'avez pas encore vu les
effets.
M. Roberge: Non. (11 h 30)
Mme Blackburn: Une question qui me préoccupe depuis
déjà un certain nombre. de mois, c'est la gestion des ressources
humaines. Je ne ferai pas un long exposé là-dessus, on sait qu'il
y a une pénurie de personnel en soins infirmiers. Cependant, selon les
analyses qui sont faites, ce n'est pas parce qu'il manque effectivement de
personnel, de main-d'oeuvre, dans ces secteurs d'activité, mais bien que
les conditions de travail qui lui sont faites finissent par amener beaucoup de
ces personnes à l'étranger, à l'extérieur, aux
États-Unis ou dans d'autres provinces canadiennes. Elles changent
carrément de métier ou encore elles s'engagent dans des agences
privées, des agences de placement.
J'ai ici en main un rapport qui nous donne les tarifs demandés
par différentes agences de placement auxquelles ont recours les
hôpitaux, les centres d'accueil, les centres d'hébergement moins -
ce sont surtout les centres d'accueil, accueil et d'hébergement - les
hôpitaux de courte durée et de longue durée. Lorsqu'ils
sont en pénurie de personnel il y a différentes pratiques. Il y
en a qui y vont exclusivement lorsqu'ils sont en pénurie... il y a
certains centres hospitaliers et centres d'accueil qui vont aux agences
privées à l'année et il y en d'autres qui y vont pour
toutes sortes de congés: la Saint-Jean-Baptiste, Pâques,
Noël, et ainsi de suite. J'ai la liste ici. Les tarifs qui sont
demandés par ces agences de placement varient de 175 $ - c'est la plus
petite entreprise - par jour à 325 $. Dans un cas, une infirmière
de l'agence Hélène Quévillon - pour ne pas la nommer - a
travaillé dans un hôpital, l'hôpital Charles Lemoyne, et,
selon les Informations que j'ai devant moi, en travaillant aux soins intensifs
la nuit du 24 juin 1988, le coût pour l'employeur a été de
1050 $. Mon intuition me dit que le recours de plus en plus grand à des
agences privées par les établissements de santé au
Québec diminue la qualité, l'humanisation des soins, tout ce que
vous pouvez imaginer. En plus, je suis loin d'être certaine que c'est
vraiment une économie. Est-ce que vous vous êtes penché sur
cette question? Sincèrement, c'est une question que je me pose depuis
que j'ai le dossier.
M. Châtelain: M. le Président, non, nous ne nous
sommes pas penché sur ces problèmes pour la simple raison que
nous n'avons pas encore effectué d'étude au niveau des
institutions mêmes dans le secteur hospitalier. Nous avons
débuté notre étude, comme vous le voyez, au
ministère, l'an dernier. Cette année, nous poursuivons notre
étude au niveau de certaines institutions et non pas dans le secteur
hospitalier, mais c'est le genre de chose qu'éventuellement nous
regarderons effectivement.
Mme Blackburn: Quels types d'Institutions sont visés cette
année dans votre étude?
M. Châtelain: II y en a plusieurs. Je peux demander
à M. Roberge.
Mme Blackburn: Oui, si ce ne sont pas les centres
hospitaliers.
M. Châtelain: Non, non, d'accord.
Mme Blackburn: Ah, c'est dans d'autres...
M. Châtelain: Oui, c'est dans le secteur des services
sociaux.
Mme Blackburn: Évidemment, parce qu'il n'y a pas
juste...
M. Châtelain: Oui, c'est dans le secteur des services
sociaux.
M. Roberge: Je peux donner une précision. Actuellement, en
1988-1989, nous faisons certains établissements des services sociaux,
dont les centres d'accueil, de réadaptation, les CLSC, les
CRSSS et les CSS. Nous étudions actuellement l'utilisation des
subventions qui est faite par ces établissements. Peut-être qu'on
pourrait voir ces choses à ce moment-là. Nous sommes actuellement
dans le domaine des établissements de services sociaux.
Mme Blackburn: Évidemment, cela peut sembler mineur
lorsqu'on compare l'enveloppe globale des hôpitaux, sauf que c'est fait
dans le but d'une rationalisation. Je ne suis pas sûre que la pratique
que je vois... On nous dit qu'il y a 50 % du personnel qui est à temps
complet dans les hôpitaux. Cela génère un taux de roulement
important, mais, en plus, à un moment donné, un
désintéressement, une démobilisation et on recourt... Dans
la liste que j'ai, sur une quinzaine d'établissements il y en a huit qui
ont recours aux agences toutes les fins de semaine. Ce n'est pas mineur. Ce
sont des informations qui ont été recueillies par du personnel
sur place. Je trouve que cela mérite d'être examiné. Je ne
sais ce que vous en pensez.
M. Châtelain: M. le Président, nous prenons note des
commentaires de la députée. On verra en temps et lieu lorsque
nous effectuerons des travaux là-dessus.
Mme Blackburn: Je ne continuerai pas sur les commentaires que
vous avez faits dans votre rapport, qui sont pertinents à mon avis,
lorsque vous parlez de la gestion des ressources humaines. Vous dites, entre
autres, que le ministère a des responsabilités importantes dans
la détermination des conditions de travail, responsabilités qu'il
partage avec les associations patronales et les syndiqués. C'est une des
constatations que je trouve pertinentes, mais sur lesquelles je m'interroge
également. Est-ce que vous êtes satisfait de la réponse du
ministère qui vous dit, au deuxième alinéa du paragraphe
14. 80 à la page 255: "Une politique de main-d'oeuvre n'est qu'un des
moyens d'améliorer la gestion des ressources humaines à condition
que tous les acteurs aient un grand souci de cette main-d'oeuvre et de
l'impact... " Je me disais qu'une telle réponse me laissait un peu sur
ma faim.
M. Roberge: Si j'ai bien compris, c'est à la page 255, le
deuxième alinéa du commentaire, pour les syndiqués et les
cadres. On pense que cela répond en partie à notre commentaire.
Quand ils disent: "Une politique de main-d'oeuvre n'est qu'un des moyens",
c'est sûr, mais c'est quand même un moyen très Important.
Actuellement, le ministère, tel qu'il le déclare ailleurs et tel
qu'on le dit, a commencé a établir une politique de
main-d'oeuvre, entre autres, sur le personnel en soins infirmiers, et il
s'apprête à le faire pour d'autres catégories de
travailleurs.
Mme Blackburn: J'ai également une question sur la
sécurité. C'est toujours à la page 255. Je pense que vous
faites surtout référence aux exercices requis pour fins
d'évacuation et ainsi de suite. Est-ce que vous vous êtes
penchés sur les aspects de la sécurité touchant la
manipulation et la gestion des déchets biomédicaux et la
sécurité pour les employés. J'ai eu l'occasion de visiter
des laboratoires. Je ne sais pas si cela se dit ici, mais je pense devoir le
dire, j'ai la conviction que certains laboratoires dans nos hôpitaux du
Québec seraient condamnés par la CSST s'ils étaient dans
une entreprise privée. Je ne suis par sûre qu'il faille dire cela,
mais j'ai la conviction qu'il y a des laboratoires dans nos
établissements publics qui sont complètement désuets et
qui sont des menaces pour la sécurité des employés et des
travailleurs, sûrement. Cela m'a assez déroutée, parce que
c'est un réseau que je ne connaissais pas bien, que je commence à
connaître un peu mieux, et je me suis permis des petites visites. Est-ce
que vous vous êtes penchés sur cet aspect de la question, à
la fois la gestion des déchets biomédicaux et la
sécurité pour le personnel? Vous l'avez fait
généralement pour les usagers, mais pour le personnel?
M. Châtelain: M. le Président, est-ce que je
pourrais...
Le Président (M. Lemieux): II vous reste environ une
minute, mais, M. le Vérificateur général, vous pouvez
donner votre réponse.
M. Châtelain: D'accord. Est-ce qu'on pourrait demander
à M. Guy Breton, vérificateur général adjoint de
répondre à cette question?
M. Breton (Guy): Guy Breton, vérificateur
général adjoint. La sécurité dont on fait part ici,
c'est la réglementaire, celle qui résulte du fait que les
organismes doivent rapporter au ministère qu'ils ont suivi les
règlements concernant la sécurité. Et comme toute cette
étude s'est faite au ministère l'an dernier, qu'elle se fait
cette année dans les établissements de services sociaux et,
probablement l'an prochain, dans les centres hospitaliers, nous en sommes
à ceux qui recevaient l'information. On constate que, dans la
documentation qu'ils reçoivent, il y avait certaines lacunes. Donc, on
n'est pas encore allés voir directement sur les lieux.
Mme Blackburn: Comme le cas de l'hôpital
Saint-François-d'Assise, où finalement, c'est un problème
de pollution interne qui risque d'affecter aussi la santé. Ce
n'était pas dans cette perspective, mais davantage les obligations qui
sont faites aux établissements de rendre compte des mesures de
sécurité qu'ils mettent en place, et c'est là-dessus que
vous vous êtes penchés.
M. Breton: Exact.
Mme Blackburn: Bien. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. On aborde un
sujet qui m'intéresse beaucoup. Je pense que le député de
Lévis qualifierait le ministère de la Santé et des
Services sociaux, dans son langage coloré, de mammouth gouvernemental,
et la question...
Mme Blackburn: À Ottawa, on appelle cela des dinosaures,
non?
M. Bélisle: Mais M. le député de
Lévis appelle cela un mammouth, Mme la députée de
Chicoutimi. Voici la question que tous se posent. Comment fait-on pour
contrôler le mammouth? Le mammouth est gros au ministère de la
Santé et des Services sociaux. Il est de 9 400 000 000 $, soit 33 %
environ des dépenses gouvernementales. Ce sont 800 établissements
subventionnés, aie! Ce sont 4 600 000 000 $ en centres hospitaliers de
courte durée, les hôpitaux où on se fait traiter; centres
d'accueil d'hébergement et centres hospitaliers de soins de longue
durée, 1 000 000 000 $; centres d'accueil et de réadaptation, 672
000 000 $; centres locaux de services communautaires, 465 000 000 $; centres de
services sociaux, 313 000 000 $ et conseils régionaux de la
santé, 47 000 000 $, avec, bien entendu, les services assurés,
c'est-à-dire ce que la Régie de l'assurance-maladie paie, 1 900
000 000 $, tout près de 2 000 000 000 $. Cela compose le total des 9 400
000 000 $.
Je pense que la question de base revient à ce que j'ai dit hier
à la commission du budget et de l'administration, il faut
peut-être cesser de penser qu'on va régler les problèmes
dans un ministère semblable seulement avec l'injection de fonds
supplémentaires. Et votre rapport, en ce sens-là, M. le
Vérificateur général, m'amène à la question
de base que je vous ai posée tantôt et à laquelle vous
n'avez pas encore répondu. Je vais me servir du paragraphe 14. 13. Vous
nous dites, à la page 245 de votre rapport, et je vous cite
textuellement: "Le ministère devrait diffuser annuellement une version
consolidée et complète de ses orientations et de ses
priorités. Dans les faits, il diffuse ses orientations auprès des
différents intervenants concernés, mais au fur et à mesure
de leur élaboration et sans en rappeler l'ensemble. " Ce que je
comprends, c'est qu'on joue au pompier. Peut-être qu'on joue au pompier
parce qu'on n'a pas d'autre choix que de jouer au pompier. Le problème
est tellement énorme et tellement gros, il y a tellement d'intervenants.
Il y a 800 établissements, 800 directeurs généraux, si je
ne m'abuse. Il y a peut-être 1600 directeurs généraux
adjoints. C'est une machine absolument, presque gargantuesque jusqu'à un
certain point, qui engouffre des sommes phénoménales, 9 400 000
000 $ par année. Je reviens à ma question fondamentale.
Même si on répondait à votre demande d'une diffusion
annuelle des priorités du ministère, je vous l'accorde, ce serait
déjà mieux, mais on ne réglera pas le problème, M.
le Vérificateur général. On continuerait à faire du
"patchage". On publiciserait dans notre société des belles
orientations qui sécuriseraient tout le monde et on se retrouverait
toujours poignés avec 9 400 000 000 $ et un système où
certains disent qu'il y a des manques et des ratés à certains
endroits.
Je reviens à la question de base que je vous ai posée
quand je vous ai demandé: Est-ce que les solutions qui sont à
l'horizon ne sont pas des solutions de repenser en profondeur le
système? Des ministères avec un budget de 1 500 000 000 $, comme
le ministère des Transports du Québec, c'est une dimension plus
administrable, plus gérable, plus facile à administrer. Il y a
moins d'intervenants et de répondants. Une de mes questions: Est-ce
qu'on n'a pas là la constatation que, malgré tous les beaux
rapports, toutes les belles synthèses qu'on pourrait faire, il faudrait
s'en aller vers des ministères et des départements plus petits?
Par exemple, est-ce qu'il ne faudrait pas que le ministère de la
Santé et des Services sociaux en ce moment ait trois ou quatre
entités différentes et trois ou quatre personnes, ou deux
personnes, ministres, ou deux cabinets, ou deux ou trois niveaux
sous-ministériels qui pourraient s'occuper, si c'est le cas, de ce
mammouth qu'on pourrait réduire à une dimension... On pourrait
faire de la politique, faire de la prévision, faire de la planification.
Si vous me demandez de faire la planification de l'Empire State Building et que
j'ai le personnel simplement pour construire une école, je ne pourrai
pas le faire. C'est la dimension du problème.
De plus, l'autre question, c'est: Est-ce que ça n'établit
pas de façon probante la nécessité pour les lois
fondamentales ou les besoins fondamentaux dans des programmes fondamentaux,
tels que la santé et les services sociaux, qu'il y ait une règle
qui oblige l'Assemblée nationale à revoir en profondeur, à
tous les cinq ans, les programmes gouvernementaux, à donner une
orientation de base, et nous-mêmes, comme société, à
se remettre en question? Cela ne veut pas dire que, la même année,
on aura tous les mêmes programmes qui seraient remis en question. Mais
peut-être qu'on pourrait regarder en profondeur le secteur de la
santé et des services sociaux en 1994 et, en 1996, on pourrait regarder
la justice. On pourrait regarder, en 1997, les relations du travail, et ainsi
de suite. Alors, il y a deux questions fondamentales de base avant que j'aille
dans les autres sections qui concernent la santé et les services
sociaux.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Merci, M. le Président.
Évidemment, il y a plusieurs...
M. Bélisle: II y a du jus.
M. Châtelain:... facteurs à considérer dans
les questions du député. Il y en a une de base qui touche non pas
au fonctionnement du système, mais à la constitution, à la
structure du système même. Je pense que ça dépasse
évidemment la compétence du Vérificateur
général, c'est-à-dire son mandat. Il revient
évidemment à l'Assemblée nationale, au gouvernement, de
proposer à l'Assemblée nationale des politiques de ce
côté-là. Je pense bien que la commission Rochon s'est
justement penchée sur la structure du système en place; elle a
fait des recommandations. Ce n'est pas au vérificateur de faire des
recommandations à ce sujet. (11 h 45)
Cependant, cela dit, quant à la façon de procéder
pour contrôler les coûts dans le secteur, pour s'assurer qu'il y a
une planification raisonnable dans le secteur, pour s'assurer qu'il y a une
bonne allocation des ressources, ce n'est pas parce que le système est
gros qu'on doit procéder par "patchage" ou à la pièce.
C'est sûr que le système est gros et que c'est très
difficile, mais je pense que plus le système est gros, plus les
exécutants doivent avoir des orientations et savoir où ils s'en
vont ou ce qu'on essaie d'atteindre. A ce moment-là, à la base
même, il faut une politique d'ensemble, non seulement une politique
stratégique d'ensemble, mais aussi un programme d'implantation de cette
politique. C'est à partir d'un tel programme que les exécutants
ou les directeurs généraux pourront bien gérer leur
boîte. Alors, ce n'est pas parce que c'est difficile et que c'est gros
qu'il ne faut pas le faire. Je pense que plus c'est gros, plus ça
s'impose.
Quant à l'opportunité d'une "Sunset Clause" pour les
différents programmes, surtout les gros programmes gouvernementaux, je
ne peux qu'applaudir des dispositions qui feraient en sorte que le
gouvernement, d'une part, et l'Assemblée nationale, d'autre part, se
pencheraient sur la nécessité de continuer de tels programmes,
sur la nécessité de les continuer dans leur forme actuelle ou de
les amender. Mais je m'empresse d'insister pour dire que ce n'est pas du
domaine du Vérificateur général. Le Vérificateur
général peut dire cependant qu'il appuiera tout ce qui favorisera
l'imputabilité envers l'Assemblée nationale.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
général, pour revenir tout de suite à ce qui est
relié à ça, quand on dit que ce n'est pas parce que c'est
gros qu'il ne faut pas mettre une machine en place pour faire la planification
et l'évaluation, admettez que plus la machine est grosse, plus la
machine est complexe, plus c'est difficile de contrôler ce qui la
contrôle.
À la même page, à la page 245, vous parlez des
méthodes d'évaluation. Je vais vous poser une question à
laquelle je pense, vous n'avez pas de réponse: Combien y a-t-il
d'employés au ministère de la Santé et des Services
sociaux chargés, au moment où l'on se parle, de faire
l'évaluation des systèmes? Combien y a-t-il de médecins ou
de gens de profession médicale, qui ont oeuvré dans le domaine
médical - écoutez bien celle-ci - parmi ces évaluateurs,
qui font partie des analystes des besoins, des performances?
Quand vous dites ici qu'ils sont supposés avoir une bonne
idée parce qu'ils ont été dans le système...
À la page 245, au paragraphe 14. 8, vous dites, et je vous cite: "Les
travaux d'évaluation, les travaux de vérification interne et ceux
de contrôle de la qualité portent surtout sur les
mécanismes administratifs et l'organisation des services
socio-sanitaires, mais accordent peu d'importance au coût, à la
performance et à l'efficacité des programmes. " J'aurais deux
questions à poser. Quand je vais voir un plombier, c'est pour me faire
faire un système de plomberie; quand je vais voir un électricien,
c'est pour un système d'électricité; quand je veux avoir
une estimation de coût, je ne vais pas voir un plombier quand c'est pour
mon système d'électricité, je vais voir un
électricien. Quand je vous demande le nombre de personnes responsables
de l'évaluation, je vous pose comme sous-question importante: Combien y
a-t-il de médecins qui ont oeuvré dans le système de la
santé parmi ces évaluateurs?
M. Châtelain: M. le Président, je pense bien que
notre commentaire ne porte pas sur le nombre et, comme le député
l'a bien prévu, on n'a absolument pas le renseignement sur le nombre
d'employés concernés par l'évaluation des programmes ou
encore le nombre de médecins. Ce sur quoi on s'est penchés, c'est
sur la qualité de l'évaluation faite. Y en avait-il suffisamment?
Était-ce sur les bons secteurs, et ainsi de suite? On a fait des
commentaires à cet effet.
Je pourrais demander à M. Roberge, avec votre permission, de
compléter ma réponse.
M. Roberge: Sur ce sujet, à la page 244, au paragraphe 14.
9, on dit que depuis 1987, il y a eu une direction générale, au
ministère de la Santé et des Services sociaux, qui s'est vu
confier la responsabilité de clarifier la mission et les
priorités du ministère, de proposer les orientations, les
objectifs et stratégies, et de les évaluer périodiquement.
Donc, depuis 1987, il y a une volonté de centraliser les efforts
d'évaluation. Maintenant, cela comprend le personnel d'une direction
générale.
M. Bélisle: Je vous vois sourire quand vous dites cela.
Vous dites que cela comprend le personnel d'une direction
générale. Ce que vous ne semblez pas nous dire, mais que je pense
que vous pourriez peut-être le dire, c'est que le personnel n'est pas
suffisant pour faire l'évalua-
tion de ce que vous exigez.
M. Roberge: Non ce n'est pas ça.
M. Bélisle: Non, ce n'est pas ça? Ce n'est pas dans
ce sens-là que vous le dites?
M. Roberge: Non, pas du tout. En fait, ce que j'ai dit, c'est que
cela comprenait le personnel normal que l'on peut retrouver dans une direction
générale au ministère de la Santé et des Services
sociaux.
M. Bélisle: Savez-vous combien il y a de personnes
à la direction générale qui procèdent, non pas
à la planification des besoins futurs, mais à
l'évaluation? Au bas de la page 245 de votre rapport... Combien y a-t-il
de personnes qui évaluent les performances des 800
établissements? Combien y en a-t-il?
M. Roberge: Pour vous le dire, il faudrait à ce
moment-là... Ici, je n'ai pas la réponse à votre
question.
M. Bélisle: Vous voyez, le ministère de la
Santé et des Services sociaux est tellement complexe et tellement gros
que la réponse serait difficile à obtenir. La réponse
n'est pas évidente. Alors, le point que je fais, M. le
Vérificateur général, et que j'ai fait depuis le
départ, c'est que j'aime autant avoir un gros problème
scindé en petits problèmes, pour avoir un meilleur
contrôle.
Je vais passer à un autre point parce que je sais que mon temps
court et j'ai beaucoup de choses à ajouter. C'est évident, comme
vous l'avez dit, M. Roberge, qu'en 1987 le gouvernement actuel a fait des
efforts importants pour systématiser, pour régler le
problème des déficits des hôpitaux. Vous le dites dans
votre rapport en page 247. C'est excellent. Le gouvernement vous a
écouté. Encore une fois on vous écoute, le gouvernement du
Parti libéral vous a écouté. Il y a eu une injection de
133 000 000 $, 14, 28 %. C'est dans votre rapport, à la page 247. Mais
il y a une question qui me préoccupe et j'aimerais connaître la
réponse: Est-ce que le fait que les déficits dans les
hôpitaux sont maintenant réglés... C'est-à-dire que
là on semble leur dire: Essayez de prendre les revenus qu'on vous donne
avec les revenus autonomes que vous avez, versus vos dépenses, puis
essayez d'en arriver à zéro, à ne pas faire de
déficit annuel. M. Roberge, d'après votre vérification sur
le terrain, est-ce un objectif qui est accepté de bonne grâce par
les centres hospitaliers, par les établissements. Est-ce reconnu comme
étant un objectif valable ou si on se dit simplement que c'est le
ministère, c'est le gouvernement, et que s'il manque de l'argent on en
mettra dedans.
Le Président (M. Lemieux): Parle-t-on de
l'équilibre budgétaire, M. le député de
Mille-îles?
M. Bélisle: On parte de l'équilibre
budgétaire des différents états financiers,
différents budgets de tous les 800 établissements qui sont
là. Est-ce que vous avez perçu sur le terrain une volonté
de dire: Oui, depuis 1987-1988, le gouvernement du Parti libéral a
réglé le problème des déficits et maintenant, il
faut s'aligner chaque année sur le fait d'être des administrateurs
rigoureux et sévères de l'enveloppe qui nous est
donnée.
Le Président (M. Lemieux): Pour reprendre en
sous-question, il parle de volonté, avez-vous vu aussi sur le terrain un
changement au niveau de la gestion depuis qu'ils ont à atteindre
l'équilibre budgétaire?
M. Roberge: Ici, à la page 247, ce que l'on expose en
fait, ce sont les données financières ou la représentation
financière de ces établissements depuis quelques années.
On note que le ministère a essayé d'améliorer la situation
financière de son réseau d'établissements. C'est factuel,
c'est ce qu'on a vu. Quand vous me demandez s'il y a une volonté de
continuer à améliorer cette santé financière, la
seule chose que je peux vous dire c'est que les faits sont là. D'une
part, la situation financière est meilleure ici; d'autre part, il y a
une volonté, bien sûr, pour le ministère, de forcer les
établissements à atteindre l'équilibre budgétaire.
C'est ce que l'on voit dans les directives que le ministère transmet aux
établissements.
M. Bélisle: M. Roberge, ce n'est pas le
ministère.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Bélisle: On est assurés que le ministère
actuel, la ministre actuelle et le gouvernement actuel ont une volonté
que ce soit inspecté, mais l'évaluation c'est aussi l'autre bout
de la ligne. L'autre bout de la ligne c'est celui qui reçoit le budget
d'établissement et qui le dépense. Quand on me parle
d'évaluation et du processus d'évaluation, il faut aller jusqu'au
bout de la ligne. Je veux savoir, finalement, ceci M. Roberge. Avez-vous
vérifié, dans le cours de votre enquête, de votre
inspection, de votre cheminement intellectuel, si les établissements
comprenaient maintenant que la rigueur administrative et le déficit
zéro l'équilibre financier parfait, c'est compris, c'est
accepté comme règle?
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur,
vouliez-vous ajouter quelque chose?
M. Châtelain: D'accord. Je pense qu'on ne peut pas
répondre spécifiquement à la dernière question du
député, parce que notre travail, nous l'avons fait
essentiellement auprès du
ministère. Nous avons constaté que le ministère
avait mis beaucoup d'ordre quant au règlement des déficits.
Maintenant, comment cela est-il accepté par les institutions? On ne peut
pas se prononcer. Nous ne sommes pas encore allés aux institutions
elles-mêmes. Alors, de quelle façon les directeurs
généraux perçoivent-ils cette nouvelle approche du
ministère? On ne peut absolument pas se prononcer.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a aucune
vérification intégrée de faite. Est-ce que vous avez
l'intention d'en faire?
M. Châtelain: Absolument pas auprès des
institutions. Ce que nous avons fait, cette année, c'est une
vérification auprès du ministère et surtout en ce qui
concerne l'allocation des subventions, c'est-à-dire quelles sont les
études faites auprès du - ministère avant que les
subventions soient allouées aux institutions et quel contrôle est
exercé par la suite. Mais on s'est limité à ça.
Nous nous sommes restreints tout simplement à l'étude en ce qui
concerne le ministère.
M. Bélisle: M. le Vérificateur
générai, je sais que mon temps s'écoule rapidement, c'est
toujours le cas à l'Assemblée. Il y a quelque chose qui m'a
estomaqué dans la section des services de santé et services
sociaux. C'est à la page 251. J'aime vous indiquer la page de votre
rapport, parce que ça vous donne l'occasion de regarder et de
répondre avec plus de précision aux commentaires que je vous
fais; 14. 50: Évaluation de la performance des établissements. Je
vais vous citer le passage de votre rapport: "Dans notre rapport annuel
à l'Assemblée nationale de 1984 - il faut le faire; c'est il y a
cinq ans - nous avions souligné le mérite qui revenait au
ministère d'avoir développé au fil des ans une
méthode d'évaluation de la performance des centres hospitaliers.
"Le ministère pouvait ainsi estimer pour chaque établissement la
productivité relative des ressources qui lui étaient
allouées. " C'est quand même important; c'est 4 600 000 000 $.
"Cette méthode fut cependant abandonnée à la même
époque, sa validité étant remise en cause, autant par les
gestionnaires des établissements que par ceux du ministère. "
J'aimerais avoir des éclaircissement là-dessus. Est-ce que
quelqu'un pourrait m'expliquer quelles sont les raisons pour lesquelles on a
abandonné un système de comparaison de performance ou d'analyse
de performance d'un établissement hospitalier. C'est une chose
absolument essentielle.
M. Roberge me fait signe que oui. Est-ce que c'est oui, cette
fois-là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Roberge: Écoutez, je pense que...
M. Bélisle: Ah, c'est non?
M. Roberge: Non. Bien, non, oui.
M. Bélisle: Ah, c'est oui?
M. Roberge: Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Lemieux): On va vous donner le temps.
M. Roberge: Vous dites que c'est une méthode
d'évaluation qui vous semble essentielle, parce que c'est un budget de 4
700 000 000 $. On le pensait aussi en 1984, lorsqu'on soulignait le
mérite qui revenait au ministère d'avoir développé
cette méthode. On dit qu'elle fut abandonnée à la
même époque, sa validité étant mise en cause. Ce qui
est arrivé, en fait, c'est que des gestionnaires du ministère et
des établissements ont relevé des déficiences dans cette
méthode ou dans son application dans sa comparabilité entre les
différents établissements qui ont parfois des activités de
nature différente et, c'est sûr, elle n'était pas
parfaite.
Maintenant, le ministère en était conscient et,
actuellement, des travaux sont en cours pour essayer d'améliorer cette
méthode et, un jour, de pouvoir avoir des rapports d'évaluation
sur les établissements.
M. Bélisle: Quant à moi, M. le Vérificateur
général, c'est un outil fondamental de gestion qui, je
l'espère, en tout cas, je le souhaite, devrait exister le plus
rapidement possible. Mais je me demande comment on peut administrer un mammouth
ou un dinosaure de 9 400 000 000 $ si on n'a même pas de grille
d'évaluation comparative de l'hôpital Saint-Luc face à
l'hôpital Laval à Québec, etc. Que ce soit au moins par
secteur ou département, que ce soit la cardiologie analysée par
rapport à la cardiologie à l'Institut de cardiologie de
Montréal ou que ce soit la maternité de la Cité de la
santé analysée par rapport à un autre département
de maternité, j'y perds mon latin jusqu'à un certain point, parce
qu'on ne pourra jamais porter de jugement d'efficacité sur le
système si on n'a pas un système d'évaluation comparatif
sur la performance. Comme dirait mon ami - comment s'appelle-t-il le fameux
enquêteur - Élémentaire, mon cher Watson! Disait Sherlock
Holmes. (12 heures)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles, vous avez terminé. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président. Je vais
poursuivre durant quelques minutes dans le ministère de la Santé
et des Services sociaux parce que plusieurs points qui ont été
soulevés faisaient partie des questions que je me posais et un peu dans
la même foulée... Si l'on se promène d'un ministère
à l'autre, on risque d'en perdre
notre latin; alors, je vais essayer de liquider la partie, même si
ma collègue en a fait un bout. Dans la dernière lancée du
député de Mille-Îles, à la page 251 sur la question
d'évaluation de la performance, pourquoi - et je prends cela à
titre d'exemple, mais je le retrouve à quelques autres endroits à
l'intérieur de votre rapport - si le Vérificateur
général pensait et pense depuis 1984 que c'est une bonne chose,
ne le met-on pas comme recommandation pour vraiment porter à l'attention
des élus et à l'attention du gouvernement et faire,
jusqu'à un certain point, une forme de pression... Pourquoi dans ce
cas-là n'a-t-on pas fait une recommandation dans le sens qu'il serait
hautement recommandable de considérer cela et d'aller dans ce
sens-là?
M. Châtelain: M. le Président, en réponse
à cette question, je pense que je pourrais donner une réponse
générale pour commencer. Quand on parie d'évaluation de la
performance, on parle surtout de l'évaluation des programmes et de
l'évaluation de l'efficacité. Éventuellement, on veut
faire une étude sur l'ensemble des systèmes mis en place au
gouvernement, justement sur l'évaluation de leur efficacité, et
à ce moment-là on se penchera beaucoup plus sur divers aspects de
ce que vous soulevez, M. le député. On fera des recommandations
précises, mais qui seront d'application générale, vous
savez, pour l'ensemble du gouvernement. Alors, nous ne nous sommes pas encore
donné de mandat spécifique sur l'évaluation de
l'efficacité comme telle ou sur l'évaluation de programmes; cela
va venir. Cependant, ici, évidemment, nous avons fait
référence au fait qu'il y avait un système à un
moment donné, que le ministère a laissé tomber en cours de
route. On me dit que le système ne fonctionnait pas très bien et
c'est peut-être la raison pour laquelle on l'a laissé tomber, il
était peut-âtre un peu trop théorique. Maintenant, pourquoi
n'avons-nous pas fait de recommandation ici, spécifiquement à ce
sujet-là? C'est parce que, comme on le souligne au paragraphe 14. 51, le
paragraphe suivant, des travaux sont actuellement en cours au ministère,
en vue de développer des systèmes d'information sur
l'évaluation de la performance et on n'a pas jugé utile d'avoir
à faire la recommandation parce que le ministère faisait les
études; donc, la recommandation n'était pas nécessaire
dans ce cas spécifique.
M. Parent (Bertrand): D'accord, mais toujours de façon
générale et en prenant cet exemple-là sur le
spécifique, je me dis qu'il serait tout à fait opportun que vous
puissiez, en tant que Vérificateur général, lorsque vous
trouvez qu'il manque un système de contrôle, qu'il s'agisse de
l'évaluation des ressources humaines ou du système, de la
santé ou ailleurs, faire la recommandation vraiment claire à
savoir qu'on devrait être capable... et l'année suivante, revenir
à la charge si cela n'a pas été fait. À mon point
de vue, dans le courant normal des activités, au rythme où cela
se déroute, il est bien sûr que là, à l'article 14.
51 vous dites que des travaux sont en cours comme dans d'autres secteurs et on
s'aperçoit que des améliorations sont en train d'être
faites; mais demain matin, s'il y a un changement de ministre ou des
changements à l'intérieur du ministère ou un changement de
gouvernement... Vous savez il n'y a pas toujours cette espèce de
continuité, et le seul qui a un peu de mordant, c'est le
Vérificateur général qui, année après
année, peut reporter cela à l'attention de... Quant à moi,
j'y verrais là davantage de mordant si, dans votre rapport, vous
puissiez être plus catégorique quant à ce genre de
recommandations si, à la lueur de l'analyse que vous en faites, vous
trouvez que c'est un manque et que vous trouvez même que, par exemple,
dans ce cas-là, en 1984, il y avait effectivement quelque chose qui
avait été amorcé; peut-être que c'était trop
théorique, je ne le sais pas, mais ce que je veux dire, c'est que le
principe demeure là.
Toujours à l'intérieur des services du ministère de
la Santé et des Services sociaux, je prends, par exemple, le paragraphe
14. 80 à la page 255. Vous soulevez le fait et vous faites une
recommandation à savoir que le ministère devrait prendre toutes
les mesures pour que cessent dans les établissements des pratiques que
les gens ont eux-mêmes identifiées comme étant
illégales. On se souviendra que dans le rapport antérieur de
l'année 1987 et même de l'autre avant, des pratiques
illégales étaient pointées du doigt. Maintenant, il y a
des commentaires de la part du ministère que vous soulevez: Le
ministère reconnaît qu'il doit poursuivre ses efforts visant
à régulariser dans les établissements des pratiques
jugées illégales.
Il me semble qu'on est en train de glisser. On avait pointé des
choses du doigt. On avait pointé des illégalités et je
pense qu'elles ne sont pas corrigées au moment où l'on se parle.
Donc, je me pose la question. Il aurait dû y avoir, sur ce point que je
prends à titre d'exemple, une analyse plus poussée pour savoir
jusqu'à quel niveau ces irrégularités se continuent
actuellement et d'y aller de façon plus catégorique quant
à vos recommandations pour qu'elles cessent une fois pour toutes. Mais,
dès que cela a été rapporté et pointé du
doigt à une première reprise, il n'est pas normal que deux ans
plus tard on se retrouve encore avec de bons voeux du ministère qui dit
qu'il reconnaît qu'il faut qu'il continue à faire des efforts.
C'est un voeu pieux.
Sur ce cas spécifique, vous aviez pointé des choses du
doigt et elles se continuent. Je pense qu'il y aurait lieu qu'il se passe
finalement quelque chose. J'aurais aimé voir dans votre rapport sur ce
suivi de dossier, des faits rapportés très
précisément et voir où on en est dans ces pratiques.
M. Châtelain: M. le Président, évidemment, U
s'agit ici de deux études différentes d'une année à
l'autre auxquelles on fait référence. On retrouve le même
problème, c'est-à-dire le problème qu'on avait
soulevé lors de l'étude. Je pense bien que c'est la
vérification d'optimisation des ressources que nous avions faite
à la Régie de l'assurance-maladie du Québec. C'est
à cet endroit qu'on avait soulevé ces problèmes. Ici, nous
les avons revus mais en ce qui concerne le ministère.
Prenons la vérification que nous avions faite l'an passé.
Éventuellement, nous allons exercer un suivi sur cette
vérification, mais nous laissons toujours un certain temps
s'écouler avant d'exercer ce suivi, peut-être deux ou trois ans et
c'est ce que nous ferons sur les constatations spécifiques que nous
avions faites l'an passé.
Cependant, ici, nous les avons vues d'un autre côté. Nous
les avons vues en ce qui concerne le ministère. Mais il y a quand
même une chose assez consolante. L'an passé, quand nous avions
soulevé ces faits, l'organisme gouvernemental en question n'acceptait
pas d'emblée nos commentaires à ce sujet. M n'acceptait pas,
justement, nos constatations comme telles. Au moins, nous notons
déjà un certain progrès. En ce qui concerne le
ministère, on les accepte maintenant. On semble accepter nos
constatations et nos recommandations parce que le ministère, dans sa
réaction, fait ressortir, justement, qu'il va prendre action de ce
côté. Nous allons exercer ce suivi mais normalement on n'exerce
pas l'année suivante un suivi sur nos constatations. Nous attendons
quand même deux ou trois ans avant de pouvoir exercer un suivi pour
permettre, évidemment, au ministère ou à l'organisme en
question de prendre action et pour que nous puissions constater ce qui s'est
réalisé dans les faits.
Présentation de l'information financière
du gouvernement
M. Parent (Bertrand): J'aimerais, en terminant, et avant de
passer à autre chose, suggérer quelque chose. Est-ce qu'il ne
serait pas possible ou pensable, M. le Vérificateur
général, d'avoir dans le prochain rapport, au 31 mars 1989, une
section qui pourrait être un résumé sous forme de tableau
qui pourrait nous dire: À l'intérieur du ministère de la
Santé et des Services sociaux, il y avait 8, 10, 12 ou 20 points
rapportés, mais de façon très synthétique, ce qui
fait que sur quelques pages 8,5 X 11, nous aurions un, deux ou trois ans
après, une espèce de taux de réalisation, de pourcentage
par rapport à vos recommandations. Cela aurait comme effet que chacun
des ministères verrait très bien que ce n'est pas dans des
phrases à droite et à gauche et un peu perdues parfois dans ie
texte, mais cela pourrait avoir une espèce de fiche d'analyse qui ferait
en sorte que ces points précis seraient suivis année après
année et qu'il deviendrait assez gênant que la deuxième ou
troisième année soit encore pointée du doigt comme
étant un problème non réglé et les problèmes
pourraient être quantifiés. Alors, j'aimerais retrouver cela parce
que vous savez qu'on fait l'exercice un peu plus en profondeur; mais encore
là, beaucoup de choses nous échappent. Oui, mais de
mémoire, cela s'est passé telle ou telle année. Et comme
vous le dites, des fois, vous passez deux ou trois ans où vous ne
revenez pas immédiatement à la charge. S'il y avait cette
espèce de fiche, de suivi par le ministère des points qui ont
été portés à votre attention, où il aurait
dû y avoir des correctifs, il me semble drôlement important
qu'à ce moment-là les ministères se sentent vraiment
suivis. Le travail des parlementaires, de même que celui des
médias qui suivent cela pourraient être facilités; ils
pourraient mieux codifier les correctifs. Parce qu'un des bons signes de la
gestion du gouvernement et au ministère est de savoir s'il y en a qui se
préoccupent de ceux qui ont pointé des choses du doigt. Si on
était capables d'avoir ça mais de l'avoir en suivi, comme je le
dis, colonne après colonne, année après année. J'en
fais la suggestion.
M. le Président, j'aimerais que le vérificateur nous parle
un peu des commentaires que j'ai faits au départ, quel est son point de
vue sur toute question des nouvelles présentations des règles
comptables dans le sens dont j'ai parlé ce matin mais
particulièrement ce qu'on retrouve au chapitre des dépenses
additionnelles? Je n'ai pas entendu ses commentaires et cela me semble
important, d'autant plus que dans les comptes publics publiés en
novembre 1988, on avait, dans les notes additionnelles, les observations du
Vérificateur général. À la page 42 des comptes
publics 1987-1988, volume 1, on avait la note suivante: L'anticipation de cet
amortissement - dont il a toujours été question depuis ce matin
dans ma présentation et qui me préoccupe au plus haut point -
nuit à la comparabilité des états financiers et rend
difficile pour l'électeur la compréhension de l'évolution
du déficit d'une année financière à l'autre. Pour
assurer la continuité dans l'information financière, il est
souhaitable que les conventions comptables utilisées par le gouvernement
pour fins de présentation des états financiers ne subissent pas
de modifications ponctuelles dans leur application d'une année
financière à l'autre.
À mon avis, c'est une petite note comme ça qui se retrouve
à la fin d'un paragraphe mais qui donne tout son sens à cette
préoccupation qui fait en sorte que si on continue cette pratique, je
vous dis qu'on ne s'y retrouve plus. Pour ma part, je trouve cela
extrêmement important pour être capable de dire à quoi on se
réfère et où nous en sommes rendus. J'aimerais vous
entendre là-dessus parce que j'y ai passé une quinzaine de
minutes de présentation et on a embarqué finalement sur des
sujets spécifiques. Cela me
semble, en tout cas, un problème de fond sur lequel J'aimerais
vous entendre et avoir la chance de discuter et même de continuer cet
après-midi si le temps le permet.
Le Président (M. Lemieux): M. le vérificateur.
M. Châtelain: M. le Président, je ne peux qu'appuyer
d'emblée les commentaires du député à ce sujet
Comme nous le déplorons évidemment dans nos observations sur les
états financiers, un tel procédé fait en sorte que les
états financiers manquent de comparabilité d'une année
à l'autre. Nous n'avons pas fait de restrictions dans notre opinion sur
les états financiers à ce sujet pour deux raisons.
Premièrement, dans les états financiers mêmes, dans le
résultat des opérations de l'année, le gouvernement a fait
ressortir qu'il s'agissait de dépenses additionnelles. Donc, le
gouvernement les a identifiées juste à la dernière ligne
avant le montant du déficit de l'année. Il y avait donc une
divulgation. D'autre part, le gouvernement anticipait cet amortissement qui
normalement, selon ses conventions comptables, aurait été
appliqué aux années suivantes et posait un geste qui allait dans
le sens des recommandations du Vérificateur général, mais
il faut s'entendre. Le Vérificateur général a
déploré dans le passé que les obligations envers les
régimes de retraite n'étaient pas amorties assez rapidement.
Donc, en anticipant évidemment, on augmentait l'amortissement de cette
année-là et cela allait dans le sens des recommandations du
Vérificateur général. Donc, on ne pouvait qu'applaudir ce
geste. Mais cela au chapitre des conventions comptables ou ce que nous visons
dans les conventions comptables, il y a cet accroc cependant au grand principe
qui veut qu'il n'y ait pas de changement dans les conventions comptables de
façon ponctuelle d'une année à l'autre parce que cela
défait évidemment la comparabilité des états
financiers. C'est pour cela que nous l'avons déploré dans les
observations mêmes, si bien que, pour l'année qui s'est
terminée le 31 mars 1988, le montant amorti aux fins des régimes
de retraite est supérieur à celui qui aurait été
amorti normalement. Le montant qui sera amorti durant l'année
subséquente, nous ne le connaissons pas encore parce que le gouvernement
peut encore changer sa convention comptable de façon ponctuelle, mais,
normalement, le montant serait diminué pour l'année
subséquente. (12 h 15)
C'est encore plus évident lorsqu'on regarde les paiements faits
aux assistés sociaux. Le treizième paiement, par exemple. Nous ne
disons pas que ce geste est illégal parce qu'il est permis par la loi,
mais sur le plan comptable cependant, c'est une autre chose. L'imputation
elle-même est légale; quand on dit l'imputation, cela a
été imputé cette année-là au point de vue
comptable. C'est légal, on ne peut donc pas dire que c'était
illégal. La Loi sur l'administration financière le permettait; la
loi qui prévoit le versement d'allocations de services sociaux le
permettait également. Durant une année, les paiements aux
assistés sociaux représentent des paiements de treize mois. Pour
l'année subséquente, il y aura normalement des paiements pour
onze mois. Cela devient évident que la comparabilité est
détruite d'une année à l'autre. C'est ce que nous
déplorons dans nos observations sur les états financiers.
M. Parent (Bertrand): On se comprend à ce sujet. Vous
dites que, sur l'objectif visé, on est d'accord. Dans le cas du
régime de retraite, vous aviez pointé certaines choses du doigt.
A partir du moment où le gouvernement pose des gestes à ce sujet,
vous dites: Bravo! Cependant, même si on va dans ce sens, je
déplore cette façon de faire, même si elle est à
l'intérieur de la légalité; comme vous le mentionniez, ce
sont des gestes dits illégaux, mais ces gestes ne sont pas suffisamment
transparents pour les mettre en perspective comparable.
Je me demande jusqu'où peut aller ou ce que peut y faire le
Vérificateur général. D'abord, vous êtes la seule
personne qui peut rétablir un peu les faits pour remettre les choses
dans leur contexte. Vous savez qu'on dit aujourd'hui que le déficit du
Québec est rendu à 1 600 000 000 $. Je veux bien, mais 1 600 000
000 $ par rapport à ce qu'il était avant; c'est relatif. Il est
à 1 600 000 000 $ par rapport à ce qu'il était, soit 3 000
000 000 $, dit-on, il y a trois ans. Si tout ça est sur une même
base comparative, je dis: Bon, cela va; vous l'endossez et c'est parfait. Les
états financiers sont là. Sauf que les chiffres sont
interprétés de façon comparative et là on est en
matière de finances publiques et de capital politique, qu'on le veuille
ou non. On peut faire beaucoup d'extrapolation indiquant qu'on a diminué
le déficit et que les finances publiques se sont beaucoup
améliorées, sauf que, si dans les faits - toujours à
partir de cet exemple-là - sur la base comparative, ce n'est pas exact,
alors, tout le monde s'est fait leurrer finalement.
Dans mon rôle à l'Opposition, je suis convaincu que ce
n'est pas exact parce que je remonte la filière et je suis capable
d'aller au plan des comparatifs. L'année passée, on a
démontré que vous aviez endossé que, sur une base
comparative, durant l'année de changement, le déficit,
plutôt que d'être de 3 100 000 000 $, était de 2 900 000 000
$ ou de 3 000 000 000 $ et qu'il n'avait donc, à toutes fins utiles, pas
changé. Vous savez que c'est assez dramatique à voir parce que
plus on s'éloigne du point où I y a eu des changements dans les
règles comptables, plus viennent s'ajouter d'autres
éléments maintenant que l'on joue avec les règles - je dis
joue, entre guillemets, c'est-à-dire que l'on fait des pratiques
comptables comme les avances faites cette année - et plus les
états financiers
ne veulent rien dire. C'est dans ce sens-là que je disais ce
matin au Vérificateur général, dans mon introduction: Je
veux bien qu'on y aille avec de nouvelles règles du jeu et qu'on prenne
les résultats de toutes les sociétés d'État, les
bonnes, les mauvaises et qu'on les consolide pour avoir un meilleur portrait
mais, là, on est en train de se faire jouer un tour dans l'autre sens,
c'est-à-dire que je n'ai pas l'impression, et j'ai même la
conviction qu'au 31 mars 1988, le portrait que j'ai n'est pas un portrait
fidèle. S'il ne l'était pas avant, il l'est encore moins
là. On n'a pas le portrait fidèle de ce que c'est, surtout pas
que vous êtes capable de faire suivre d'une année à l'autre
ce que j'appelle le comparable. Vous nous disiez, l'année passée,
que vous le faisiez pour l'année de transition mais, dans deux ou trois
ans on ne peut pas être capable de remonter. Oui, mais c'est quand
même assez grave. Où en est-on rendu en termes de déficit
parce qu'on a changé les règles comptables? Sur papier, on est
rendu à la moitié de ce qu'on était il y a trois ans.
Comme j'ai dit au ministre des Finances, hier: Écoutez, c'est excellent,
bravo, si ce sont les vrais chiffres - moi, je n'en suis pas convaincu - et
continuez encore trois ans et 1 600 000 000 $, il n'en restera plus, bravo! Je
pense que ce n'est pas ainsi non plus que ça marche. Dans ce sens, je
demande - oui, J'ai terminé - au Vérificateur
général: Qu'est-ce qu'il est possible de faire pour
rétablir les choses dans leur contexte et éviter
particulièrement... Des gestes ont été posés, par
exemple, dans le cas des 840 000 000 $ l'année passée et des 625
000 000 $ dans le sens contraire cette année. On en est rendu à
avoir de la difficulté à avoir la vraie lecture.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: J'ai le temps de répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y.
M. Châtelain: D'accord. Évidemment, le
député a touché à divers aspects. Quand j'ai
parié de la légalité ou de la conformité, on aime
mieux employer le mot "conforme" quand on parle d'états financiers de la
présentation, etc. Il y a deux choses là-dedans. Nous avons dit
que c'était conforme, que c'était légal ou conforme aux
lois, l'imputation elle-même. C'est vrai, c'était strictement
conforme aux lois, l'imputation; j'ai bien dit l'imputation. Il y a un autre
aspect que j'ai mentionné et que je mentionne également dans la
partie 1 du rapport, lorsque je discute de l'information de l'Assemblée
nationale.
Vous parlez d'imputabilité. Vous avez demandé: Quelle
information avons-nous à l'Assemblée nationale quand nous avons
ça? Eh bien, je pense que l'ai fait ressortir que bien qu'il s'agissait
de crédits permanents, qui n'ont pas à être votés
par l'Assemblée nationale, ces crédits, c'est-à-dire la
demande de crédits, même s'il s'agit de crédits permanents
doit paraître dans les prévisions budgétaires qui sont
déposées à l'Assemblée nationale. Je pense que j'ai
fait ressortir à ce sujet que l'article 39 de la Loi sur
l'administration financière n'avait pas été
respecté, parce que l'Assemblée nationale, on parle toujours
d'imputabilité, n'avait pas été avisée, avant la
fin de l'année financière, du montant complet qui serait
imputé. L'imputation elle-même est légale, mais l'avis qui
avait été donné à l'Assemblée nationale
n'avait pas été donné complètement.
L'Assemblée nationale n'avait pas été avisée
complètement du montant qui serait éventuellement imputé,
bien que celui-là était légal. C'est un aspect de
l'imputabilité ou de l'information, si vous vouiez, du Parlement.
Concernant la comparabilité des états financiers d'une
année à l'autre, lorsqu'il y a des changements dans les
conventions comptables, les règles veulent que les chiffres de
l'année précédente soient redressés pour assurer
cette comparabilité. C'est ce que le gouvernement a fait, mais non pas
dans les comptes publics comme tels. Dans le document qu'on appelle maintenant
Rapport financier... Je pense que ce document a changé de titre, on
l'appelait auparavant Fascicule des états financiers. Les chiffres ont
été redressés ici. Les résultats des années
précédentes ont été redressés pour
refléter les modifications des conventions comptables comme si elles
avaient été appliquées rétroactivement depuis le
début. Là, la comparabilité est assurée dans ce
document.
Mais je suis d'accord avec le député que ça rend
quand même la comparabilité difficile si on est obligé de
faire référence à des documents comme celui-là pour
faire le lien avec les résultats qui avaient été
communiqués dans le passé. D'autre part, nous avons fait un
exercice à partir de ce document pour essayer d'identifier quels
étaient les changements qui étaient dus, c'est-à-dire les
changements dans les résultats, justement aux modifications des
conventions comptables. On a le document. Si vous êtes
intéressés à l'avoir, nous l'avons. Cela fait ressortir
les différences dans les résultats qui proviennent justement de
ces changements et de quel niveau ces différences proviennent?
Évidemment, il y en a qu'on ne peut pas quantifier.
Par exemple, le fait que le gouvernement inscrit maintenant tous les
comptes à payer à la fin de l'année. On ne sait pas quel
aurait été le montant des comptes à payer qui n'aurait pas
été inscrit. On ne le sait pas, ils sont tous inscrits. On ne
peut pas établir le montant de ce qu'aurait été le
résultat. La variation proviendrait de la différence d'une
année à l'autre, entre le montant inscrit au début de
l'année et le montant inscrit à la fin de l'année. On ne
peut pas la déterminer. Une autre chose qu'on ne peut pas
déterminer non plus c'est, si le gouvernement
avait fonctionné selon les anciennes conventions comptables,
aurait-il posé certains gestes qu'il a posés? Cela non plus on ne
le sait pas. On ne peut pas l'assumer. Mais nous, comme vérificateur,
évidemment, on regarde les faits, on regarde ce qui s'est fait. On ne
peut pas assumer ce qui aurait été fait. Mais nous avons un
document qui fournit peut-être une information additionnelle quant
à l'influence, si vous voulez, que les conventions comptables ont eue
sur les résultats ou sur les états financiers. Nous avons ce
document. Cela fournit tout simplement une information qui est disponible
à divers endroits, mais nous, nous l'avons regroupée dans un
document.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
Vérificateur général. Simplement en ce qui a trait
à la présentation de l'information financière du
gouvernement, il est peut-être important de regarder si, d'une
manière concrète, le gouvernement a apporté des
améliorations aux pratiques de gestion financière et à la
présentation des états financiers comme tels. Pour ce qui est des
conventions comptables, M. le Vérificateur général, vous
avez entériné en partie - je me souviens de votre dernier rapport
annuel - la pratique de notre gouvernement. Mais, au-delà de tout cela,
d'une manière concrète, je me suis amusé à dresser
une liste des améliorations qui ont été apportées
par le ministère des Finances et le contrôleur des finances
à la pratique de la gestion financière et à la
présentation des états financiers. C'est ce qui me fait dire que
l'audition du Vérificateur général a des résultats
même en ce qui concerne le contrôleur des finances et le
ministère comme tel.
Je vous en lis quelques-unes: Les comptes rendus deviennent de plus en
plus complets et pertinents et reflètent la volonté
d'améliorer la pratique de gestion. Pensons aux inscriptions des comptes
à payer en fin d'année, aux inscriptions des placements en
actions dans ces entreprises et à la valeur de consolidation selon une
méthode modifiée de comptabilisation. Il y a aussi une
démarche qui est faite vers une présentation plus fidèle
des obligations du gouvernement et vous l'avez soulevé souvent dans
votre rapport. En ce qui concerne les régimes de retraite, il y a un
amortissement additionnel en 1987-1988. Cela constitue quand même un
effort de rattrapage du passif non Inscrit au titre des régimes de
retraite. Il y a aussi le plein coût pour le service courant de tous les
régimes qui est inscrit aux dépenses. Il y a les
intérêts non comptabilisés sur le RREQOP qui sont amortis
sur la durée estimative du reste de la carrière active des
participants au régime. Il y a les obligations non comptabilisées
relatives au service antérieur des participants. Il y a les prises en
compte à compter de 1989-1990 de l'écart d'expérience
entre le taux de référence de la détermination des
hypothèses de rendement des évaluations actuarielles et le taux
d'intérêt imputé sur le solde de compte du passif. Et pour
la première fois en 1987-1988, vous avez un état de l'emploi des
crédits qui accompagne le rapport de l'excédent des
dépenses sur les crédits. On se rend compte, en termes concrets
et pratiques, depuis 1986-1987, que les conventions comptables ont
été améliorées pour qu'on s'approche davantage de
la vraie réalité de l'image financière la plus exacte
possible.
La question que j'aurais à vous poser... Au moment où on
se parle, quel geste le plus concret et le plus pratique, d'après vous,
selon votre analyse, le gouvernement devrait-il faire quant à la
présentation de l'information financière, eu égard
à toutes les améliorations qui ont été faites
depuis environ trois ans? Il ne faut pas se le cacher et je ne veux pas faire
de la petite politique. Je pense que le député de Bertrand a
assez de profondeur et d'ouverture d'esprit pour comprendre qu'il s'agit d'un
constat et d'un état de fait. Quel type d'information serait la plus
utile possible, devrait apparaître à l'information
financière du gouvernement, au moment où l'on se parle?
M. Châtelain: Nous le faisons déjà ressortir
dans notre rapport. Il est évident que la réforme que le
gouvernement a faite dans les conventions comptables depuis trois ans constitue
une amélioration sensible. Cette réforme fait suite - je ne dis
pas que c'est pour cela que la réforme a été faite - aux
recommandations du Vérificateur général dans beaucoup de
cas. Nous déplorons encore le fait que la présentation de
l'information financière n'est peut-être pas parfaite et pourrait
être améliorée sensiblement encore. Nous le faisons
ressortir surtout sur deux aspects dans notre rapport. Premièrement, il
s'agit des obligations relatives aux régimes de retraite. Ce sont des
dettes réelles du gouvernement, bien qu'elles devront être
payées dans des années encore peut-être assez
éloignées. Il s'agit d'obligations réelles du
gouvernement. Elles devraient être reflétées à la
face même des états financiers ou, du moins, des mesures devraient
être prises pour qu'une inscription soit faite de façon graduelle
disons, mais plus conforme à la réalité, à la face
même des états financiers. Je pense que ce n'est pas une invention
de notre part de dire cela. Maintenant, l'Institut canadien des comptables
agréés, par son comité de recherches sur la
comptabilité et la vérification dans le secteur public, a
justement publié une prise de position sur ce sujet et cela va
exactement dans le sens de ce que nous recommandons depuis plusieurs
années. C'est un aspect. L'autre aspect, c'est
l'intégralité comme telle. Je fais abstraction de la
comparabilité des états financiers d'une année à
l'autre...
Le Président (M. Lemieux): D'accord. (12 h 30)
M. Châtelain:... cela se fait d'une façon
ponctuelle, mais je parle, disons, dans l'ensemble.
L'autre aspect, c'est l'intégralité des états
financiers. Il y a eu une amélioration sensible à ce sujet,
lorsque le gouvernement a accepté ou a adopté une convention
comptable voulant que les organismes et entreprises du gouvernement
apparaissent maintenant aux états financiers sur la base de la valeur de
consolidation. On tient compte maintenant, dans l'évaluation ou dans
l'inscription de la valeur du placement, des résultats de ces
entités. C'est déjà une amélioration et ça
va dans le sens de l'intégralité des états financiers.
Mais ce qu'il manque maintenant, c'est que dans certains cas, comme le
recommande maintenant l'institut canadien des comptables agréés,
certains de ces organismes devraient tout simplement être purement
consolidés avec les données du gouvernement. Il y en a qui
devraient être consolidés comme tels, il y en a d'autres qui
devraient apparaître, comme ils apparaissent dans le moment, sur la base
de la valeur de consolidation. Alors, il reste ces deux aspects: les
obligations envers les régimes de retraite, d'une part, et
l'intégralité des états financiers, d'autre part, pour
tenir compte de l'ensemble des activités du gouvernement, même
dans ses organismes et ses entreprises.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui apparaît dans
votre rapport, d'ailleurs.
M. Châtelain: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Pour terminer sur ce volet - on pourra
passer j'imagine à d'autres volets par la suite - M. le
Vérificateur général, tantôt, vous nous parliez de
gestes posés qui sont des gestes légaux mais qui n'ont pas suivi
la procédure habituelle. Le cas qui n'a pas respecté l'article
39, comme vous le mentionnez à 3. 19 de votre rapport, à la page
23, "Bien que la dépense au titre des régimes de retraite soit
pourvue par des crédits permanents, la Loi sur l'administration
financière prévoit cependant, à l'article 39, l'obligation
d'indiquer distinctement les crédits permanents dans les
prévisions budgétaires. À notre avis, cette obligation n'a
pas été observée dans le cas actuel, puisque la grande
partie des crédits permanents requis pour l'amortissement
accéléré n'a pas été incluse dans les
prévisions budgétaires et déposées à
l'Assemblée nationale. "
C'est soulevé, c'est dans un paragraphe qui se retrouve dans le
rapport. Vous me permettrez de dire que je trouve ça grave et important
parce qu'il y a une espèce de précédent qui est
créé là. Il s'en est peut-être fait dans le
passé, je ne connais pas tout l'historique, mais au cours de la
dernière année, si je regarde et j'analyse ce qui s'est fait, II
y a une anomalie qui a échappé aux membres de l'Assemblée
nationale, parce que cela ne leur a pas été
présenté, et parce qu'il y a eu des gestes de posés avec
des idées précises derrière la tête. Quand le
ministre des Finances a décidé de faire les présentations
de cette façon, si on veut, après la fermeture dans le temps de
l'année financière, je trouve que le Vérificateur
général devrait, non pas seulement souligner un geste comme
ça, posé par qui que ce soit, mais ne pas le laisser passer.
À mon avis, cela constitue un précédent dangereux. Une
fois qu'on l'a fait une année, on se dit qu'on n'a peut-être pas
suivi la filière qu'on devait suivre, mais on est dans la
légalité et à la fin, de toute façon, ça ne
change pas grand-chose. Je dis que cela nous a amenés à changer
le portrait. Si le Vérificateur général ne fait pas
sévèrement cette remontrance et même s'il défend la
répétition d'un tel geste, on se ramasse dans une situation
où ce geste est posé et devient un précédent.
Cela me préoccupe parce que je suis un des 122 membres de
l'Assemblée nationale. Je me dis qu'on n'a rien eu à dire; on a
vu passer ça, on a dû subir ça. On a même avec
ça changé, à la face, les chiffres. Alors, si c'est permis
- on est en matière de comptes publics - imaginez-vous la dimension que
ça peut comporter. Je ne suis pas comptable, sauf que je me dis: Est-ce
que l'Institut canadien des comptables agréés l'ICCA, est
d'accord avec de telles pratiques, même si elles sont jugées comme
étant légales? Cela me pose toute la question du rôle du
Vérificateur général dans le cas très précis
de ce qui s'est passé là-dedans et qui fait en sorte qu'il est au
même titre, à l'article 3. 19, que des milliers de recommandations
que vous avez faites, les unes étant plus ou moins graves, d'autres
étant beaucoup plus graves. Je trouve que cela est un
élément très grave et ça ne doit pas passer
inaperçu, cela doit éviter qu'il y ait répétition.
À mon avis, le Vérificateur général a toute une
responsabilité à ce niveau-là parce que s'il ne le fait
pas, qui peut le faire? Qui peut le pointer du doigt? Qui peut dire,
finalement, à quelque gouvernement ou à quelque ministre des
Finances que ce soit: Écoutez, cela n'est pas correct de faire ça
de cette façon-là? C'est là le premier volet.
Le deuxième volet que je voulais toucher sur ces
présentations, c'est quand vous disiez tantôt: Écoutez, if
y a une nouvelle présentation qui est faite et qui s'appelle maintenant
Rapport financier ou quelque chose comme ça, dans laquelle on a suivi
notre recommandation d'aller chercher le comparable. Sauf que, ce que je trouve
de pas correct, c'est que si aujourd'hui vous dites: Nous demandons qu'il y ait
un comparable pour qu'on puisse s'y retrouver, il faut aller plus loin que
ça. C'est-à-dire que le comparable n'est valide qu'à une
seule condition: II faut partir de ce qu'on avait avant le changement, donc les
règles comptables telles qu'elles existaient en 1985-1986, les
règles comptables antérieures, les règles du jeu. Il faut
partir avec
ça et dire, s'il n'y avait pas eu ces modifications-là, de
quoi le portrait aurait l'air aujourd'hui? Cela me semble fondamental.
Ce que fait le gouvernement, et à bon escient, c'est qu'il
présente les choses comme il veut les présenter. Il fait un
comparable mais un comparable qui dit: aujourd'hui les nouvelles règles
comptables sont telles et si on avait eu dans le passé les nouvelles
règles comptables, voici ce que cela aurait donné. Donc, on fait
un comparatif rétroactif avec les nouvelles règles comptables
mais appliquées dans le passé, appliquées cinq ans, dix
ans en arrière. Mais ça ne veut plus rien dire parce que les
chiffres connus, les chiffres qui étaient sur la place publique et le
portrait qui était connu était un portrait qui disait: au 31 mars
1985 ou au 31 mars 1986, voici quel était le portrait de l'État.
Voici quel était le portrait de... Mais comment pouvez-vous, en
matière de revenus, parce que tous les revenus et toutes les
dépenses sont corrigés rétroactivement avec votre nouvelle
façon de faire la comparaison... Et ça ne donne pas la bonne
base. La bonne base... Et là, dans mon livre, c'est le devoir du
Vérificateur général - et si je suis dans l'erreur qu'on
me le dise - de dire: Si on veut comparer, on va partir de ce qu'on avait
avant. On va dire: Si les règles n'avaient pas changé, voici ce
dont cela aurait l'air mais maintenant, c'est ça le portrait
d'aujourd'hui. Mais ça me semble fondamental.
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Je comprends bien, M. le Président,
pour employer un mot français, le "thrust" de la question du
député, et je sympathise également avec cette position,
dans le sens que l'information que nous avons aujourd'hui présente
l'information selon les nouvelles règles comptables... Elle ne
présente pas l'information selon les anciennes règles comptables.
Mais qu'est-ce que vous voulez? En comptabilité, même selon les
recommandations de l'Institut canadien des comptables agréés, il
faut présenter l'information toujours selon les nouvelles règles
comptables et redresser ou corriger, si vous voulez, les états
financiers des années précédentes. Alors la comparaison ne
peut se faire que dans cette direction-là et non pas dans les
années à venir. On ne peut pas faire ça. Mais quand
même, je sympathise avec la position qui est prise par le
député dans le sens qu'il voudrait savoir quel était ou
quel a été l'effet sur le montant du déficit de
l'année en cours dû au changement des règles comptables.
Mais les principes comptables ne fonctionnent pas comme ça, c'est d'une
autre façon.
Cependant, comme je l'indiquais plutôt, M. le Président,
nous avons fait le calcul mais à partir des données qui sont
là. Remarquez bien qu'il n'y a rien de chinois là-dedans. Nous
avons refait le calcul à l'inverse dans le sens que nous avons un
tableau qui indique le résultat réel tel qu'il a
été publié dans les états financiers lors de ces
années-là et puis maintenant le résultat qui aurait
été obtenu selon... Excusez-moi, c'est l'inverse. Les
résultats qui ont été redressés mais les
résultats qui auraient été obtenus selon les anciennes
règles comptables pour montrer la différence. Je pense que
ça va dans le sens de la question du député. Nous avons
fait ce tableau-là. Il est disponible.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais sûrement en avoir une
copie. J'imagine que les autres membres de la commission aussi. Je ne sais si
ça doit se faire formellement ou informellement. Je dis au
Vérificateur générai que je ne m'accroche pas aux
détails, mais ça m'intéresse. Parce que vous comprendrez
que c'est fort important même si, comme vous le dites, les règles
comptables veulent que cela se fasse de cette façon, je le veux bien,
sauf qu'à ce moment, je vous dis que si on veut être capable de
tenir un discours cohérent et de parler de ce qui se faisait il y a
trois ans et quatre ans, que voulez-vous, c'est ça qui est, pour nous,
quand même très important. Il faut être capable d'avoir ces
bases comparatives.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Sans vouloir mettre du vinaigre dans la sauce
préparée par le député de Bertrand... J'ai
écouté avec beaucoup d'attention ce qu'il disait et ce que vous
disiez et ça me fait sourire quand même, parce que si je me
rapporte à des événements qui...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Mille-Îles, le député de Bertrand
n'a pas terminé.
M. Bélisle: II n'a pas terminé? Excusez-moi.
Le Président (M. Lemieux): Je pensais que c'était
un léger commentaire, mais la parole est toujours au
député de Bertrand. Il lui reste même dix minutes.
M. Parent (Bertrand): Écoutez, j'ai dit, sur ce point, ce
que j'avais à dire, et on pourra passer à autre chose
après, étant donné qu'il faut essayer de rendre
l'utilisation du temps en séquences suivies, pour qu'on puisse s'y
retrouver. Ce temps, on le mettra en banque pour tantôt. Si le
député de Mille-Îles a des commentaires additionnels
à faire là-dessus, il peut bien les faire...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais je voulais, avant,
être certain que ça pouvait fonctionner, en ce qui vous regarde,
puisqu'il vous restait dix minutes. Cela va, M. le député de
Mille-Îles, on les emmagasinera.
M. Bélisle: Ce qui me fait sourire, c'est que ce
problème n'est pas nouveau, M. le député de Bertrand. Non,
mais permettez-moi... Je vais poser une question au Vérificateur
général.
M. Châtelain, est-ce que c'est déjà arrivé,
dans le passé, au cours des années où vous avez
été Vérificateur général, que des processus
comptables, conventions comptables, règles comptables, à part ce
qui vient d'être modifié, ce qui semble, en grande partie, suivre
vos recommandations, et où c'était difficile pour le lecteur qui
regardait les états financiers et qui comparait 1982 à 1981 ou
à 1978 ou à 1976 d'avoir la juste vision des choses? Est-ce que
cela s'est déjà passé au cours de ces années?
M. Châtelain: Je ne comprends pas le sens de la
question.
M. Bélisle: Le sens de la question, c'est qu'on semble
dire que quand on fait une modification aux conventions comptables ou aux
règles comptables, on a de la difficulté à retrouver le
sens, le fil de la comparaison, à travers le temps. C'est cela le point,
essentiellement. Bon, il semble que ce soit le point.
M. Parent (Bertrand): Si vous me le permettez, M. le
Président, pour qu'on se comprenne bien, les modifications comptables
qui ont été appliquées l'année dernière,
à l'exercice financier 1987, sont des modifications comptables majeures
qui changent le cours normal des présentations, et non pas quelques
modifications mineures. Au cours des années - je suis sûr que le
Vérificateur général pourra le dire - il y a eu des
améliorations, mais qui ne venaient pas changer le cours normal et le
portrait global. Ces modifications sont des modifications majeures, et c'est
pour ça que ça change le portrait, qu'on le veuille ou non, dans
le bon ou dans le mauvais sens. Je prétends que ça ne
reflète plus, en tout cas dans le sens comparatif. Dans le passé,
il y a eu des modifications, mais c'étaient des modifications
mineures.
M. Bélisle: Vous savez, M. le Vérificateur
général, en 1982, quand il n'y avait pas... Il n'y a pas toujours
une consolidation des états financiers des différentes
sociétés d'État, HydroQuébec, reliées avec
le gouvernement du Québec et on ne peut pas tout mettre ça dans
le même état financier, parce que je pense que c'est une de vos
recommandations majeures dans votre rapport. Vous souhaitez, pour qu'on ait un
vrai tableau de la situation, qu'on fasse un bilan consolidé des
filiales et des sociétés d'État à part
entière. Je pense que le fil historique de la comparaison, ça
fait longtemps qu'il a été cassé, en 1982, quand il y a
eu... Peut-être que l'absence de consolidation a permis à certains
de prendre 4 200 000 000 $ à une place et de le "shifter" dans les
états financiers du gouvernement. À ce moment-là, je vais
vous dire quelque chose, c'était une modification majeure, en termes
d'analyse. C'est impossible, pour quelqu'un qui n'a pas fouillé, quand
on regarde les états financiers comparatifs du gouvernement - et je peux
donner des tableaux au député de Bertrand, là-dessus - de
comprendre ce qui s'est passé, entre 1981 et 1982, avec l'état du
déficit, et c'est un des cas qui est peut-être le plus patent dans
les finances publiques du Québec.
Je comprends et je souscris à ce que le député de
Bertrand dit, qu'il faut, autant que possible, en règle
générale... mais si on avait l'aspect de la consolidation, cela
serait quelque chose d'important comme acquis, cela nous aiderait à
comprendre, dans l'ensemble, parce que ça intégrerait tout au
complet. Mais je pense qu'il ne faut pas aller jusqu'à dire que c'est la
première fois que ça se passe. Cela s'est passé pour 4 200
000 000 $, en 1982, et il n'y a personne qui a fait de plat quant à la
comparaison des états financiers entre 1978, 1976, 1972 et 1982 ou 1981,
sauf qu'il y a eu des choses majeures qui se sont passées. (12 h 45)
Je note dans votre document que vous dites, d'une part, sur cela, et je
vous cite à la page 23, le paragraphe 3. 16: "Le Vérificateur
général s'est montré préoccupé ces
dernières années du fait que le gouvernement n'inscrivait pas
assez rapidement l'amortissement de ce passif non inscrit. Il appuie, donc,
tout effort du gouvernement pour en accélérer l'inscription. "
Vous vous souvenez des discussions qu'on a eues il y a deux ans sur le fonds de
retraite où tout le monde était perdu? Vous vous souvenez de
cela? Donc, cela est une modification qui est faite là. C'est difficile,
au moment actuel, d'essayer de comparer avec 1978. Il n'y a pas de mesure de
comparaison. Il ne faut pas s'étonner de cela. Il faut peut-être
souhaiter que tout soit consolidé, que tout soit noté, que tout
soit déclaré pour une totale transparence. Mais, nom de Dieu, if
y en a qui ont fait des absences de transparence de 4 200 000 000 $ en 1982. Je
vous passe un papier que si vous regardez les états financiers
comparés du gouvernement, il faut trouver l'explication parce que cela
ne s'explique pas tout seul.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Iles. M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Oui, d'accord. M. le Président, je
pense bien que, par exemple, dans le paragraphe 3. 16, on fait ressortir
clairement que, comme je l'ai indiqué tantôt, l'amortissement
accéléré qui a été fait, abstraction faite
de la conformité de l'opération, aide à la
comparabilité, d'accord, cela va évidemment dans le sens des
recommandations du Vérificateur général. C'est sûr.
Nous l'avons indiqué. Maintenant, concernant les chiffres
redressés, les états financiers redressés d'une
année à l'autre, je pense que dans le
document qui est donné ici, qu'on appelle maintenant Rapport
financier et où on présente les données des dix
dernières années, les chiffres ont tous été
redressés pour tenir compte que depuis quelques années - trois
ans, je crois - on tient compte de la valeur des placements dans les
sociétés d'État sur la base de la valeur de
consolidation.
M. Bélisle: Ce qui n'était pas fait auparavant.
M. Châtelain: Je ne le sais pas. Il faudrait que j'aille
voir ce qui s'est fait en 1978, mais en tout cas, là, les chiffres sont
donnés d'une façon redressée.
M. Bélisle: Oui, mais c'est une amélioration
notoire sur la présentation qui était faite avant. C'est
sûr que c'est difficile pour le lecteur de comprendre, de suivre et de
comparer. L'état exact de la situation, je suis d'accord avec vous, avec
exactitude, personne ne la connaît. On la connaît à peu
près. Je parlais, hier, d'un laboratoire des finances publiques de
l'État. C'est réellement un laboratoire. On le sait. On essaie de
donner un tableau très précis ou un portrait précis de la
situation. Mais plus précisément, quand on commence à
prendre l'objectif et à le "focusser" sur le petit détail, le
menu détail, cela améliore, mais c'est sûr qu'on ne peut
pas voir par la même lorgnette les Images qu'on regardait il y a dix ans
quand on change le focus. C'est dans la normalité des choses. Je pense
que c'est sain pour le système. Toutes les améliorations qui ont
été faites, incluant ce que vous venez de mentionner, comme
l'inscription des titres, des valeurs qui appartiennent au gouvernement dans
les sociétés d'Etat, des placements à la véritable
valeur, cela n'existait pas avant. Cela donne un drôle de beau tableau!
J'aimerais voir les états financiers de 1978, 1981, 1982 ou 1983
redressés avec la véritable valeur qu'avaient ces placements
à cette époque. Je vous garantis que je vous achèterais
votre document sur cela.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En attendant qu'il y ait une transaction
entre le député de Mille-Îles et le Vérificateur
général, je voudrais être bien clair. Je ne le mets pas en
doute. D'ailleurs, je l'ai dit, je pense, très souvent, que c'est une
amélioration dans le bon sens. Sauf que, moi, je pense qu'on va se
retrouver dans quelques années dans un système où on va
avoir de la misère et c'est déjà le cas. Je ne dis pas que
ce n'est pas une amélioration d'avoir tout le portrait global. Ce que je
dis, si on veut être capable d'évaluer le portrait global que nous
avons au 31 mars 1988 ou que nous aurons dans quelques jours au 31 mars 1989,
si on veut être capable de parier intelligemment et de comparer les
choses qui sont comparables, il faut avoir le portrait qu'on avait
antérieurement, en tout cas, sur une courte période de temps.
C'est tout ce que je dis. Moi, je veux bien qu'on aille dans le sens d'une
amélioration sinon, on ne fera Jamais d'amélioration. Cela donne
suite à des recommandations du Vérificateur général
et je ne pense pas qu'on soit parti fortement en guerre sur cela. Pour
être capable de comparer des choses comparables - que le résultat
net soit positif ou négatif, c'est une autre analyse et c'est une autre
"game" - je me dois de demander en tant que député, avec la
conviction profonde que j'ai, d'avoir des outils comparables pour savoir
à quoi je me réfère et savoir jusqu'à quel point on
améliore les choses. Une fois que c'est dit, on passe, on continue, on
s'en va vers autre chose, sauf que je veux être capable de savoir de quoi
je parie. Si je ne réussis pas à convaincre les gens de mon point
et que vous réussissez à les convaincre, je dirai que le meilleur
vendeur l'emporte, mais il reste que ça ne change pas le portrait des
choses. Je ne voudrais pas, en tant que député de cette
Assemblée nationale, en 1989, avoir l'impression que tout s'est
tellement amélioré, et pour prendre l'exemple typique, qu'on a
vraiment diminué, dans les faits, de 1 600 000 000 $ le déficit
du Québec. Si on a diminué le déficit réel de 1 600
000 000 $, je dis bravo, j'applaudis, sauf que je n'en suis pas à cette
conclusion, et loin de là, Dieu merci. J'ai le droit d'avoir mes
convictions profondes et je crois qu'en tant que membre de cette
Assemblée, je dois m'attendre que les autres, qui ne sont pas d'accord
avec moi, défendent leur point de vue et on se respectera. Mais je vous
dis que je voudrais au moins avoir les chiffres avec lesquels je pourrais
travailler sur une base comparative.
Je termine en disant que si, maintenant, les profits des
sociétés d'État... Tant mieux s'il y a plus de profits que
de pertes, je ne dis pas que ce n'est pas correct, à un moment
donné, qu'on ait corrigé certaines situations. Je suis bien
placé pour dire que je ne suis responsable de rien dans le passé,
c'est bien facile à dire, mais je pense que si des correctifs ont
été apportés, s'il y avait des canards boiteux vraiment
irrécupérables et qu'on a fait des choses avec, tant mieux. Si,
aujourd'hui, on fait 700 000 000 $ ou 800 000 000 $ de profit à
Hydro-Québec, je dis: Tant mieux, à la condition qu'on
démontre qu'on a suivi la ligne de conduite pour être capable de
donner des services aux gens et d'entretenir un bon réseau, de faire ci,
de faire ça. Mais à partir du moment où je retrouve, dans
mes revenus consolidés, les revenus d'Hydro-Québec et qu'à
la fin de l'année, c'est un détail, mais qu'avec 750 000 000 $,
je change le portrait du Québec juste par cette insertion, je ne dis pas
que je ne suis pas content qu'Hydro-Québec fasse des profits, mais je
dis qu'il y a un rapport direct de cause à effet. Quand on augmente les
tarifs d'Hydro-Québec - on le verra la semaine prochaine, on l'a fait
l'année dernière et l'année
d'avant - de 5 % ou de 6 %, on s'en va directement vers une taxe, mais
ces 6 % vont générer 300 000 000 $ qui, à la fin, se
retrouvent dans les états financiers. Par rapport à ce qui se
passait avant, ce n'est pas la comparaison juste. C'est juste ça que je
dis.
Dans ce sens, j'ai peut-être une phobie là-dessus, mais
ça fait partie des choses auxquelles je crois profondément, et je
me dois de faire la lumière ou, du moins, de donner les deux
côtés de la médaille, et le Vérificateur
général doit aussi essayer de nous éclairer
là-dedans sans, pour autant, essayer de mettre qui que ce soit dans
l'eau chaude, de façon que les hommes et les femmes politiques tirent
les conclusions qu'ils veulent à partir de ce qui est là. Je
pense que c'est le rôle du Vérificateur général de
nous donner des informations à la lueur des questions posées dans
le but d'avoir ce que j'appelle les outils. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. Il vous reste du temps, M. le
député de Bertrand.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Parent (Bertrand): D'accord. Je voudrais entrer un peu dans le
dossier de la CSST. J'hésitais à le faire parce qu'on a peu de
temps, on va ouvrir une "canne* pour le dîner et ce ne sera pas
nécessairement une "canne" de crevettes. Sans entrer dans les
détails parce qu'on va y revenir cet après-midi, j'aimerais quand
même, au cours des quelques minutes qui nous restent... Cela fait partie
de la façon de faire, à 13 heures, il faudra lever l'ancre et
reprendre à 15 heures. Dans le cas de la CSST, il y a ce que j'appelle
un cri d'alarme de notre part et de la part du vérificateur. Depuis la
publication de votre rapport, j'aimerais savoir s'il y a eu quelques
réactions ou quelques commentaires, quelque ouverture d'esprit. Est-ce
que quelque chose s'est passé depuis la présentation du rapport
et les commentaires qui ont suivi dans les journaux concernant la
non-collaboration de la direction de la CSST, et même un peu une attitude
non souhaitable vis-à-vis du Vérificateur général?
J'aimerais savoir si, entre ce que nous avons là comme commentaires,
comme analyse et avant qu'on embarque dans le jus, quelque chose s'est
passé qui a eu comme réaction de permettre de doser ce qu'on
pourra faire cet après-midi.
M. Châtelain: M. le Président, concernant la
vérification intégrée que nous avons faite à la
CSST, il n'y a pas de changement à la situation que nous avons
décrite dans le rapport et à la situation que j'ai décrite
ce matin, ici, dans mon exposé d'ouverture et également à
ce que nous indiquons dans le document que nous avons remis au président
- et je pense qu'il a été déposé à la
commission au début - il n'y a pas de chan- gement à cela. On n'a
pas eu d'autre rencontre avec la direction de la CSST concernant les
résultats de notre vérification intégrée et
concernant les commentaires que la CSST a publiés dans les journaux.
Peut-être que je ne l'ai pas bien dit, il y a des commentaires qui ont
été publiés dans les journaux par un journaliste qui a
rencontré les représentants de la CSST. Voilà. Il n'y a
pas eu de changement de ce côté-là. Cependant, nous sommes
toujours les vérificateurs de la CSST, nous continuons nos travaux de
vérification régulière, par exemple, la
vérification d'attestation financière sur les états
financiers de la CSST. Nous avons la coopération de la CSST, et les
gestionnaires responsables de la préparation des états financiers
travaillent avec nous; nous avons leur coopération de ce
côté-là. Nos commentaires, les commentaires que nous avons
soulevés ce matin et que nous soulevons dans notre rapport quant
à l'attitude passive, si vous voulez, de la direction de la CSST sont
dans le sens qu'elle n'a pas voulu nous transmettre sa réaction à
nos commentaires. Je le souligne, c'est un procédé essentiel de
vérification d'obtenir la validation des autorités dans un
organisme comme celui-là. Il n'y a pas eu de changement de ce
côté-là.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que vous avez eu quelques
échanges avec le ministre responsable sur le plan politique, à la
suite de votre rapport?
M. Châtelain: Je n'ai pas eu d'autres échanges avec
le ministre sauf ceux qu'il a eus avec moi peut-être le lendemain de la
publication du rapport ou quelques jours après pour demander au
Vérificateur général s'il serait prêt à
coopérer, par exemple, avec la CSST, avec le ministre et ainsi de suite,
pour offrir des suggestions quant à un programme d'amélioration
ou d'implantation des recommandations du Vérificateur
général. Au cours de cette conversation, j'avais indiqué
notre empressement à coopérer. Le Vérificateur
général veut l'amélioration. Il n'y a pas eu d'autre
développement depuis.
M. Parent (Bertrand): Sans dévoiler quoi que soit, est-ce
que le ministre semblait un peu surpris de cette attitude et de ce qui se
trouvait dans le rapport ou si c'était pour lui...
M. Châtelain: Est-ce qu'il était surpris de savoir
ce qu'il y avait dans le rapport?
M. Parent (Bertrand): Voici ce que je veux dire. D'après
les propos qu'il a pu tenir, est-ce que cela a été une surprise
ou si cela a été une chose à laquelle il s'attendait ou
dont il était déjà au courant?
M. Châtelain: M. le Président, je ne sais pas si je
dévoile quelque chose de confidentiel.
J'avais déjà eu des discussions avec le ministre de
tutelle auparavant, quant à cette attitude, donc cela n'a pas
été une surprise pour le ministre d'apprendre que la direction de
la CSST n'avait pas réagi à nos commentaires lorsque notre
rapport a été publié.
M. Parent (Bertrand): On n'ira pas plus loin avant le
dîner, M. le Président Est-ce qu'on pourrait avoir le
dépôt pour fins d'étude du document afin que je puisse
l'étudier pendant l'heure du dîner?
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt.
M. Parent (Bertrand): Je suggérerais, M. le
Président, qu'on reprenne...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures.
M. Parent (Bertrand): Avec le dessert pour
l'après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprisée 15 h 9)
Revenus, dépenses et déficits
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à l'audition du Vérificateur général
conformément au mandat qui lui a été octroyé. M. le
Vérificateur, vous avez déposé ce matin un document de
deux pages qui concerne les revenus, dépenses et déficits selon
les conventions comptables 1986 et antérieures. Pour 1988, pouvez-vous
nous expliquer la signification au chapitre des comptes à payer non
pourvus de la note numéro 1?
M. Châtelain: Oui. Je pense que ce que nous expliquons, M.
le Président, dans la note numéro 1, c'est que pour les comptes
à payer non inscrits, dans ces cas-là, on ne peut pas
déterminer l'effet de la modification aux conventions comptables sur les
résultats de l'année. Parce que pour le savoir, il faudrait
savoir exactement quel serait le montant qui n'aurait pas été
inscrit selon l'ancienne convention comptable. Mais on ne peut pas le
déterminer, c'est impossible de déterminer quel montant n'aurait
pas été inscrit parce que dans le passé...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les dépenses
après le 30 avril étaient effectivement inscrites dans le
passé? Est-ce qu'on les inscrivait?
M. Châtelain: Dans le passé, il y avait seulement
une partie des comptes à payer qui était inscrite et une
partie...
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Châtelain:... qui était substantielle qui
n'était pas inscrite. Mais cela variait d'une année à
l'autre. Alors maintenant que tout est inscrit, on ne peut pas
déterminer, si cela avait été l'ancienne convention, quel
aurait été le montant inscrit et quel montant n'aurait pas
été inscrit. C'est impossible. Et l'effet que cela aurait eu sur
le résultat, c'est la différence d'une année à
l'autre, la fluctuation dans le montant total des comptes à payer non
inscrits. C'est simplement la fluctuation d'une année à l'autre
qui aurait eu une influence sur les résultats de l'année. Par
exemple, si une année donnée le montant avait été
de 1 000 000 000 $, à la fin de l'année suivante, cela aurait
été de 1 100 000 000 $. L'influence sur le déficit aurait
été de 100 000 000 $. Mais là, ne le sachant pas, on ne
peut pas dire quelle est l'influence de ce changement-là sur le
résultat.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas une somme de 875
000 000 $? Est-ce qu'elle aurait été anticipée,
cette...
M. Châtelain: Là, il est question évidemment
de ce qu'on appelle les dépenses additionnelles ou l'amortissement
anticipé ou les dépenses anticipées dont il a
été question ce matin. Maintenant, est-ce que le gouvernement
aurait anticipé ces dépenses-là s'il avait
présenté ses états financiers selon les anciennes
conventions comptables? Nous ne le savons pas. C'est hypothétique pour
nous parce qu'à ce moment-là, dans les livres, le déficit
inscrit aurait été supérieur à celui qui est
indiqué selon les nouvelles conventions. Peut-être qu'à ce
moment-là le gouvernement n'aurait pas jugé bon d'anticiper les
dépenses. Nous ne le savons pas, évidemment.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Merci de ces
précisions. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le
Vérificateur...
Le Président (M. Lemieux): M. le Vérificateur.
M. Gobé:... je vois que vous avez fait une
vérification sur la gestion des ressources informatiques...
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Lafontaine. M. le Vérificateur
général.
M. Châtelain: Excusez-moi. Avant de reprendre sur un autre
sujet, M. le Président, je ne voudrais pas empiéter sur le temps
du dépu-
té...
Le Président (M. Lemieux): Oui, d'accord.
M. Châtelain: Tout simplement, je voudrais apporter une
précision. Ce matin, il a été question de la CSST et en
réponse, je pense, au député de Parent, à savoir...
Une voix: Bertrand.
M. Châtelain: Au député de Bertrand,
excusez-moi! Je ne suis pas habitué.
M. Parent (Bertrand): On m'appelle souvent M. Bertrand.
M. Châtelain: En réponse à ses questions,
à savoir s'il y avait eu du progrès, si on avait eu d'autres
rencontres avec la direction de la CSST concernant plus particulièrement
la vérification intégrée que nous avons faite. J'ai dit
non, il n'y a pas eu de changement. Tout simplement, je voudrais
préciser que depuis, nous avons eu une correspondance avec la
présidente de la CSST, à la suite des articles qui ont paru dans
les journaux, concernant le pourcentage de demandes d'indemnisation qui
seraient considérées admissibles ou non admissibles à la
suite des commentaires et des constatations que nous avions formulés
dans notre rapport. La présidente avait indiqué, justement,
qu'elle avait fait d'autres études qui démontraient qu'on n'avait
peut-être pas raison, dans certains cas. Alors nous, on a demandé
à la présidente les résultats de l'étude qu'elle a
faite de son côté et, en réponse, elle nous a
signifié qu'elle serait bientôt en contact avec nous. On formerait
un comité pour tout réviser ça. Donc, il y a eu un
progrès de ce côté. Je m'excuse, je n'avais pas
pensé à cet aspect, ce matin, et je voulais le
préciser.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. M. le
député de Lafontaine... M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui, juste pour une question de bon
fonctionnement, je n'ai pas d'objection à ce que vous donniez la parole
au député de Lafontaine, sauf que si on change de sujet,
ça va juste compliquer les choses et j'avais quelques commentaires ou
questions concernant votre intervention.
Le Président (M. Lemieux): On va continuer avec vous, M.
le député de Bertrand. Cela va, M. le député de
Lafontaine? J'ai fait un commentaire pour emmener des précisions, mais
le député de Bertrand serait en droit de me faire remarquer que
je devrais respecter le principe de l'alter-nance, à même s'il ne
s'agissait que d'un commentaire. M. le député de Bertrand,
allez-y.
M. Gobé: M. le Président, étant donné
la grande pertinence des questions du député de Bertrand, j'ai
concédé, d'une manière...
M. Parent (Bertrand): C'est pour votre éclairage, mon cher
collègue. Écoutez, je tiens à remercier le
Vérificateur général pour le document déposé
à midi, parce que c'est quelque chose que j'avais réclamé
et je trouve important d'avoir ce portrait sous les anciennes conventions
comptables. D'autre part, à la suite des propos du député
de Vanier, tantôt, j'ai deux commentaires et des éclaircissements
à obtenir de vous.
Quant à la fameuse note des comptes à payer, donc, ce
qu'on appelle dans le jargon des comptables le "cut off", la ligne qu'on tire -
est-ce qu'on rentre, si on veut, les comptes à payer ou si on les laisse
courir - les nouvelles règles comptables prévoient qu'on rentre
tout. Sauf que dans ma compréhension, la première année,
ça peut faire un changement, mais sur une période de deux ou
trois ans, ça ne fait plus de changement parce qu'à partir du
moment où on a apporté le correctif de les rentrer,
l'année suivante, le correctif fait que cette modification peut vraiment
faire un changement sur une année, mais elle nous rejoint, la
deuxième année, si on a joué à ça. Est-ce
que c'est exact?
M. Châtelain: C'est exact plus ou moins. Je vais essayer de
l'expliquer. C'est vrai que d'une année à l'autre, une fois que
la convention comptable est en place et qu'elle est suivie d'une année
à l'autre, la modification ne devrait pas avoir tellement d'influence
parce que, dans des circonstances normales, le montant total des comptes
à payer ne devrait pas varier beaucoup. Cependant, si je regarde au
cours des dernières années avant la modification des conventions
comptables - j'ai des chiffres ici - la variation d'une année à
l'autre, si je la regarde... Supposons que je prenne les années 1983
à 1986, les quatre dernières années, les variations
étaient de 108 000 000 $, c'est-à-dire le changement d'une
année à l'autre, 578 000 000 $, 425 000 000 $. Mais ce n'est pas
toujours du même côté. Il y aurait eu une diminution dans
deux années, une de 108 000 000 $, une de 578 000 000 $ et une
augmentation les autres années de 425 000 000 $ et de 195 000 000 $.
Voyez-vous, cela fluctue. Les chiffres au gouvernement sont tellement
considérables, cela peut quand même fluctuer. Mais en
circonstances normales, en conditions normales, cela ne devrait pas varier
tellement.
M. Parent (Bertrand): Oui, mais il y a un autre volet par rapport
à ce que vous venez de mentionner. Au 31 mars 1987, première
année de l'application des nouvelles règles comptables,
normalement, on aurait dû avoir une augmentation des comptes à
payer. À cause de ces nouvelles règles, on rentre tout au 31 mars
1987. Au 31 mars 1988, s'il y a un réajustement par rapport à la
première année, là, vous avez un
plein douze mois mais un vrai douze mois. On se comprend?
Une voix: Oui.
M. Parent (Bertrand): Alors, au 31 mars 1988, le portrait qu'on a
du déficit à ce moment-là est corrigé par le fait
même.
M. Châtelain: II est corrigé. Comme je le disais
tantôt, la convention comptable ne devrait pas avoir tellement
d'influence à ce moment-là.
M. Parent (Bertrand): D'accord. On se comprend sur ce point.
Alors, la compréhension du tableau que vous avez déposé ce
matin - je termine sur cela parce qu'on va avoir certainement d'autres sujets
à aborder - c'est que les chiffres de gauche, si on veut, pour
l'année 1987, par exemple, c'est le déficit réel
annoncé, les 2 800 000 000 $ au 31 mars 1987 parce qu'on doit toujours
lire 31 mars. Au 31 mars 1987, tes chiffres réels - vous marquez dans la
colonne de gauche - sont 2 800 000 000 $, 2 819 000 000 $. Ce sont les chiffres
réels. De l'autre côté, à l'extrême droite,
avec les modifications et les règles comptables antérieures si on
les avait appliquées, donc, si on n'avait pas modifié, c'est 3
096 000 000 $. C'est cela?
M. Châtelain: Voilà. Oui.
M. Parent (Bertrand): Au 31 mars 1988, on fait le même jeu.
Le déficit annoncé est de 2 374 000 000 $ et le déficit
modifié, si on veut, sans les nouvelles conventions comptables, serait
de 2 928 000 000 $.
M. Châtelain: D'accord.
M. Parent (Bertrand): C'est la compréhension du
tableau.
M. Châtelain: Oui, évidemment, toujours avec la
caution ou les réserves que nous avons apportées tantôt.
Évidemment, il y a toujours cela. La fluctuation dans les comptes
à payer qu'on ne connaît pas.
M. Parent (Bertrand): On se comprend. Avec la note qu'il y a
là, mais on se comprend.
M. Châtelain: II y a les 875 000 000 $ aussi,
évidemment. À ce moment-là, moi, je ne le sais pas.
M. Parent (Bertrand): C'est cela.
M. Châtelain: Qu'est-ce que le gouvernement aurait fait?
Plus que cela, je ne le sais pas.
M. Parent (Bertrand): Mol, non plus, je ne le sais pas. Un
montant de 849 000 000 $.
M. Châtelain: Un montant de 848 000 000 $.
M. Parent (Bertrand): Alors, c'est 849 000 000 $ qui se trouvent
inscrits là. Par contre, si toujours cette dépense
anticipée qui a été mise l'année passée pour
des fins que le gouvernement aura à justifier, cette année dans
les prévisions, on est rendu au troisième trimestre, après
conversation ou échange avec le ministre des Finances hier, on s'aligne
toujours avec 625 000 000 $ de prévus, si je ne m'abuse, en sens
contraire. On retrouvait cela dans le discours sur le budget à la page
B6, si ma mémoire est bonne. C'est cela. Au tableau B6 du discours sur
le budget, en annexe, on avait cette prévision pour 1988-1989 où,
là, on faisait l'écriture contraire. Au lieu d'une dépense
inscrite par anticipation, on voit un revenu inscrit par anticipation de 625
000 000 $ si on s'en va dans ce qu'on avait prévu. Alors, cela marche
dans les deux sens comme de raison. Pour moi, cela complète. Je vais
laisser la parole au député de Lafontaine qui veut parler, je
pense, de la CSST. Est-ce exact?
M. Gobé: Non, mon cher collègue. M. Parent
(Bertrand): Allez-y.
Le Président (M. Forget): Merci beaucoup. Le
député de Lafontaine.
Gestion des ressources informatiques
M. Gobé: Merci, M. le Président. Non, je ne
parlerai pas de la CSST mais plutôt de la gestion des ressources
informatiques. Comme je disais précédemment, vous avez fait une
vérification, du moins un début de vérification,
d'après ce que je peux voir, sur la gestion des ressources informatiques
du gouvernement. Je le comprends bien car, en effet, vous mentionnez que cela
représente en 1987-1988 275 000 000 $ de budget, soit environ 6 % des
dépenses du gouvernement. Ce qui est quand même assez
conséquent et assez fort. Aussi, je m'interroge à savoir
pourquoi, lorsqu'on lit à 12. 4, vous dites: "Notre vérification
vise à nous assurer que la ressource informatique est
gérée avec un souci d'économie, d'efficience et
d'efficacité et que les gestionnaires rendent compte des
responsabilités qui leur sont attribuées. Pour atteindre cet
objectif de vérification, nous avons réparti la fonction
informatique par activités et par types de ressources et nous en avons
prévu l'examen sur plus d'une année. Ainsi, les secteurs
d'intérêt suivants ont été retenus. " Je vois que
vous avez fait: coordination de l'activité informatique,
développement des systèmes informatiques. Pour le reste:
équipements et logiciels d'exploitation, systèmes en
opération, bureautique et micro-informatique, gestion des ressources
humaines et sécurité de l'information, vous n'avez rien fait,
alors que lorsqu'on lit votre rapport on se rend
compte que dans plusieurs ministères, et les années
précédentes aussi, vous faites mention que, d'abord, U y a peu de
sécurité. On le lit à toutes les pages, je crois. Chaque
fois qu'il y a un système informatique quelque part, on lit dans vos
rapports que ce n'est vraiment pas efficace en termes de protection de
l'information, de la confidentialité. Je me demande pourquoi vous l'avez
mise en dernier. Pourquoi l'avez-vous mise une autre année plus
loin?
Je vois aussi: équipements et logiciels d'exploitation. Quand je
lis votre mise en rubrique, au début en 12.4, on se dit vu que c'est un
souci d'économie, d'efficience et d'efficacité, je me suis rendu
compte que, chez le vérificateur depuis quelques années, à
chaque fois qu'on vérifie des engagements financiers de certains
ministères, peu de ministères font appel à la soumission
publique pour renouveler leur parc de micro-informatique ou d'ordinateurs tout
simplement, ou même d'imprimantes, en d'autres termes de matériel
informatique. On se rend compte aussi que les gens ont pris l'habitude de faire
appel à des contrats négociés en arguant que c'est un
système qui est déjà établi depuis de nombreuses
années, c'est du remplacement de matériel, un peu comme si on
changeait une voiture pour une autre. Je m'interroge à savoir s'il n'y a
pas là un danger, si les activités informatiques du gouvernement
ne sont pas sur le pilote automatique, c'est-à-dire si les
fonctionnaires ou les gestionnaires, comme vous les appelez, n'ont pas
décidé que c'est comme cela que cela fonctionne. On ne cherche
pas à voir s'il n'y a pas meilleur coût, s'il n'y a pas meilleur
matériel. Quand on parle d'économie, d'efficience et
d'efficacité, je me demande si le but est atteint. Aussi quand je vois
que vous avez mis cela en troisième et que vous ne l'avez pas
vérifié, cela me laisse quelque chose sur l'estomac, même
si c'est après le dîner, qui était très bon,
remarquez bien. Bien qu'on pourrait peut-être comprendre, c'est vrai
qu'il faut commencer par le début et dire: coordination de
l'activité informatique, c'est important. Et après cela, vous
avez: développement des systèmes informatiques. Peut-être
que cela peut expliquer vos recommandations. Vos réflexions peuvent
expliquer, peut-être - ce que je mentionnais avant - le peu de changement
ou le pilote automatique sur les logiciels et les équipements. Lorsqu'on
lit vos remarques, on voit en 12.29 que vos vérifications vous ont
permis de constater que, à toutes fins utiles, il n'y a pas grand-chose
qui se fait qui respecte les normes fixées. À ce moment-là
peut-être que c'est dû à cela. J'aimerais que vous
m'expliquiez pourquoi cette chose-là et aussi si vous entendez faire une
vérification sur l'acquisition des systèmes et si vous pensez
qu'il y a là matière à voir si des économies sont
faisables - je pense qu'il y en a, mais c'est vous le vérificateur -
peut-être un peu plus élaborer sur tout cela. Je sais qu'il y a
beaucoup de collègues, même de l'Opposition, le
député de Mille-Îles et le député de Vanier,
à l'occasion, qui questionnent aussi les ministres ou du moins les
fonctionnaires qui accompagnent les ministres lorsqu'ils viennent
débattre leurs engagements. C'est à tous les ministères
qu'on retrouve cela, ou presque tous. J'aimerais en savoir un peu plus long de
votre part sur la situation globale de l'informatique au gouvernement.
M. Châtelain: Oui, M. le Président. Il y a divers
aspects à cette question. Pour commencer, je dois préciser qu'il
s'agit d'une étude qui va se faire sur plusieurs années. C'est la
première année d'une étude d'envergure. On vous l'avait
déjà annoncé lors des réunions antérieures,
ici, que nous nous penchions sur l'ensemble de la fonction ou des
activités informatiques au gouvernement, parce qu'il y a des sommes
astronomiques qui sont en cause. D'ailleurs, d'année en année,
comme le député vient de le signaler, nous avons eu à
déplorer des manques de sécurité et ainsi de suite, de ce
côté-là. Ici, cette année, nous avons fait rapport
sur les deux premiers aspects que nous mentionnons au paragraphe 12.4: la
coordination de l'activité informatique et le développement des
systèmes.
Au sujet de la sécurité de l'information et ainsi de
suite, où il s'agit de facteurs sur lesquels nous avons apporté
des commentaires dans le passé, mais sur une base ad hoc, dans des
ministères en particulier, nous voulons nous pencher sur ce
problème dans l'ensemble du gouvernement. D'ailleurs, les commentaires
que le député vient de relever, qui apparaissent au paragraphe
12.29, confirment exactement ce que nous avons trouvé dans le
passé.
Avec votre permission, M. le Président, je demanderais à
M. Jean-Noël Thériault, responsable de cette étude sur
l'informatique, à notre bureau, s'il peut développer mes
commentaires et répondre aux questions du député.
M. Thériault (Jean-Noël): Jean-Noël
Thériault, directeur de la vérification, responsable du projet
Optique ou projet sur la vérification des ressources informatiques au
gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Thériault: La nomenclature que vous avez à 12.4
n'est pas nécessairement séquentielle; elle ne se
réalisera pas nécessairement à partir de la coordination
jusqu'à la sécurité de l'information. Ce sont des choses
qu'on entend faire sur plusieurs années. Même si la
sécurité de l'information apparaît au septième rang,
cela ne veut pas dire que ce sera réalisé comme septième
activité dans la quatrième ou la troisième année de
la réalisation de l'ensemble du projet.
Une des raisons pour lesquelles on n'a pas exécuté cette
vérification au cours de la première année, c'est que nous
avons quand même
soulevé, au cours des deux ou trois dernières
années, plusieurs lacunes sur le plan de la sécurité
informatique. C'était des vérifications ad hoc où, en
vertu d'une méthodologie de vérification des systèmes
informatiques, nous avons soulevé ça et nous avons jugé
opportun, au début du projet Optique, de ne pas commencer par la
sécurité informatique. Évidemment, il était plus
pratique et plus approprié, je pense, de commencer par les grands
ensembles, par exemple, la coordination gouvernementale de l'activité
informatique, le rôle du Conseil du trésor, du ministère
des Communications, le développement des systèmes informatiques
où on avait fait très peu d'interventions antérieurement.
On sait quand même quelles sont les sommes, je ne dirais pas
astronomiques, mais importantes, qui sont consacrées au
développement. Nous avons jugé bon de commencer par ces deux
activités.
Évidemment, c'est dans une optique - sans vouloir faire un jeu de
mots avec le projet - le tiret d'optimisation de nos ressources. Nous avons
affecté un certain nombre de personnes là-dessus.
Idéalement, il aurait été plaisant et peut-être
utile pour la commission de l'Assemblée nationale qu'on fasse le tour de
tout ça dans une année, mais c'est pratiquement impossible. On a
établi un calendrier de réalisation et on a commencé par
les grands ensembles.
Lorsque vous faites référence au paragraphe 12. 29, il
faut bien comprendre que les commentaires qui sont apportés
là-dessus portent, on l'a bien dit, sur certains aspects seulement de la
gestion des systèmes en développement, dans un premier temps.
C'est pour se familiariser davantage avec ce monde de l'informatique au
gouvernement du Québec. On est allé sur de petits ensembles, les
aspects plus techniques, dont les outils de support au développement, et
les commentaires qui sont apportés à 12. 29 concernent les outils
de support au développement. Là, on parle de méthodologie,
de façon de travailler, au niveau technique, à l'intérieur
de la gestion et du développement des systèmes informatiques.
Est-ce qu'il y a des points que j'ai oubliés? Je peux...
M. Gobé: Vous êtes à 12. 29. À 12. 30,
vous concluez ou, du moins, vous dites: "Les faiblesses observées dans
la mise en oeuvre de ces actions sont telles que, non remédiées,
elles peuvent compromettre l'atteinte des objectifs visés. " Est-ce
qu'on parle des objectifs de l'informatisation du gouvernement ou des
objectifs...
M. Thériault: Non. Ce sont les objectifs sur le plan des
outils de support au développement seulement. On parie de
méthodologie de travail. Cet ensemble est à l'intérieur du
projet de développement des systèmes informatiques. On a
subdivisé, par exemple, la planification stratégique, à
long terme, la planification annuelle, on regarde les outils de travail dont
les ministères se sont dotés. Ce sont quand même des outils
qui sont assez dispendieux, on a vu des ministères importants qui
avaient dépensé au-delà de 1 000 000 $ dans ces outils.
Nos commentaires ne portent que sur ces aides au travail dans le
développement des systèmes informatiques. On parie des
micro-ordinateurs, on parie des logiciels qui aident les développeurs
à amener les nouveaux systèmes. C'est seulement à ce
niveau. C'est un niveau beaucoup plus microscopique, ce n'est pas au niveau des
grands ensembles du développement comme tel. C'est à
l'intérieur de développement des outils de travail, si l'on veut.
Entre guillemets, c'est un peu pour se faire la main en tant que
vérificateur, pour être bien familier avec le domaine et porter le
meilleur jugement possible sur l'année qui est en cours et pour l'an
prochain.
M. Gobé: À 12. 37, vous arrivez encore avec
d'autres... Évaluation postimplantation des systèmes
informatiques. Si je comprends bien, dans certaines organisations, personne ne
fait l'analyse du système une fois implanté. On parle du
système complet: la quincaillerie, le logiciel, ces choses-là.
(15 h 30)
M. Thériault: Oui. Lorsqu'on développe un
système informatique, on fait une analyse préliminaire, d'abord.
On établit les besoins, on essaie de savoir où on s'en va et,
à un moment donné, on met ce système en place. Quelques
mois plus tard, normalement environ 18 mois, une certaine période
après son implantation, il faut faire une espèce de "post
mortem", une analyse de la situation, pour savoir quelles sont les erreurs qui
ont été apporter, et, dans les ministères que nous avons
examinés, cela ne se fait à peu près pas. On ne rend pas
compte de ce qui se passe, cela se fait de façon verbale, c'est un peu
trop... Il y a des choses qui se font, mais ce n'est pas organisé ou
systématique. Étant donné les montants
dépensés, je pense qu'il est bon, après un certain temps,
de faire le point sur ce qu'on a mis en place et de conclure pour savoir si ce
qu'on avait prévu s'est réalisé, si on rencontre les
besoins, si le système fonctionne normalement, etc..
M. Gobé: Cela veut dire qu'une fois que le système
est installé, il est laissé à lui-même. Le chef de
service joue un peu avec; à l'occasion, il peut faire une
évaluation, mais ce n'est pas un spécialiste.
M. Thériautt: On parie de quelqu'un d'indépendant,
c'est-à-dire quelqu'un qui n'a pas participé au projet, qui n'a
pas été père ou mère du système qui a
été mis en place. Ce peut être quelqu'un qui est dans la
même boîte, mais qui jette un coup d'oeil neutre sur ce qui se
passe. Est-ce qu'on a rendu la marchandise, finalement? La grande question:
est-ce que ce système tel qu'on l'avait prévu répond aux
besoins, dans le temps? Est-ce qu'il a rendu la marchandise et
quelles sont les erreurs - entre guillemets - qui ont pu être
commises en cours de développement, et qu'on évitera
peut-être de commettre dans un développement futur?
M. Gobé: C'est-à-dire que cette évaluation
peut aussi bien comprendre la sécurité, les coûts...
M. Thériault: Elle pourrait comprendre cela.
M. Gobé:... les conditions de travail pour le personnel,
ces choses-là.
M. Thériault: Oui, tous les besoins, ce que c'était
supposé faire, et est-ce que cela le fait effectivement, et est-ce que
le système est aussi performant qu'il devait l'être?
M. Gobé: C'est beaucoup qu'il y ait sept des neuf
organisations vérifiées qui n'avaient pas, à la date de la
vérification, attribué à un responsable la tâche de
procéder... Sept sur neuf.
M. Thériault: Oui.
M. Gobé: Un peu plus loin vous dites que 27 "des 31
systèmes informatiques examinés n'ont pas fait l'objet d'un
rapport d'évaluation permettant, entre autres de savoir" enfin, les
différentes choses... C'est quoi ces 27 des 31 systèmes? Un
système particulier, ou est-ce dans le même organisme, ou dans
différents organismes?
M. Thériault: Ce sont 27 systèmes que nous avons
répertoriés dans différents organismes, et pour lesquels
il aurait dû y avoir un rapport d'évaluation postimplantation,
parce que la période écoulée était suffisamment
longue, et il n'y en avait pas eu. Il y a eu des rapports informels, qu'on nous
a dit avoir été faits verbalement. Comme vérificateur, ce
n'est pas facile à prouver. Ce qu'on cherche, c'est un rapport
écrit, en bonne et due forme.
M. Gobé: Est-ce qu'à la limite un organisme qui
aurait un système informatique d'une certaine marque, je ne sais pas,
Philips, Comterm ou autre, et qu'on ne sait pas s'il fait l'affaire ou pas,
décide de le remplacer, parce qu'il semble désuet, et ne va pas
en appel d'offres, on fait un appel négocié et cela continue?
M. Thériault: II faut faire attention. Quand on parle de
système informatique, on ne parle pas d'équipement informatique,
d'IBM ou..,
M. Gobé: Mais il n'y a pas de système sans
équipement.
M. Thériault: Non, bien sûr, mais quand on fait une
évaluation postimplantation, ce qu'on veut préciser c'est un
système. On parle d'un système de paye, par exemple. C'est ce de
genre de système dont on parle. Évidemment, c'est aussi
relié à un équipement, parce que si on veut faire un
système qui traite un nombre très important de données, il
est possible que cela amène des changements d'équipement. Mais ce
n'est pas exclusivement l'équipement.
M. Gobé: Est-ce que ce manque de contrôle peut
entraîner des coûts pour la province, des coûts qui seraient
évités s'il y avait plus de vérification, plus
d'évaluation?
M. Thériault: Cela permettrait sûrement, si on
faisait une bonne évaluation postimplantation, en bonne et due forme,
d'éviter de répéter certaines erreurs. Évidemment,
ce n'est pas quantifiable comme tel, mais bien sûr, quand on dit: Dans
tel genre de projet, dans tel genre de système, on n'a pas eu de
contrôle, par exemple au niveau de la gestion des projets, on n'en a pas
rendu compte à des étapes bien précises, à l'avenir
il faudrait le faire, parce que cela nous a coûté... Les
échéanciers fixés ont été
dépassés, les coûts ont possiblement doublé, voici
les erreurs qu'on a commises, et à l'avenir I ne faudrait pas les
répéter et exercer un contrôle plus serré à
ces étapes. Ce qui ne se fait pas. On n'allume pas les lumières
rouges 18 mois plus tard! Peut-être que le système prévu ne
répond pas, ou répond mal, aux besoins, de telle sorte que les
usagers peuvent en arriver à développer des sous-systèmes,
avec toutes sortes de choses greffées à côté, des
choses manuelles, et on ne s'en rend pas nécessairement compte dans
cette mer d'informatique. Un système qui n'est pas performant peut
continuer à rouler ainsi. Et cela entraîne des coûts
récurrents annuellement, et on n'en est pas nécessairement
conscient, d'où l'utilité de faire une bonne évaluation
postimplantation.
M. Gobé: Est-ce que vous avez l'intention de faire les
prochaines vérifications sur les équipements, logiciels,
systèmes en application? Sur quoi voulez-vous les faire l'année
prochaine? La suite du feuilleton?
M. Thériault: Les prochaines... Ce qui est en cause
finalement. La suite du roman feuilleton cette année, pour ce qui est du
développement des systèmes: on va parler de planification
annuelle, on regarde tout l'aspect de la planification stratégique et
opérationnelle, et on regarde également, en complément,
tout ce qui est gestion de projets, toute la mécanique qui est
associée à cela. Est-ce que les différentes
méthodologies utilisées pour gérer les projets de
développement d'importance sont appropriées, est-ce qu'on les
suit correctement, est-ce qu'on allume la lumière rouge au bon moment,
chemin faisant, si on parle de lumière rouge après implantation?
Il y a également à faire le point au moment où on
développe. On regarde cet aspect cette année.
M. Gobé: Quand vous entrez dans les ministères ou
les organismes, quelle est votre impression? Vous entrez dans la jungle, dans
quoi?
M. Thériault: C'est une impression. Non, ce n'est pas une
jungle. C'est qu'évidemment...
M. Gobé: Vous y êtes allés? Je présume
que vous allez sur place, que vous rencontrez les gens...
M. Thériault: Oui, on rencontre évidemment tous les
différents sous-ministres du gouvernement du Québec...
M. Gobé: Quel est votre impression? M.
Thériault: C'est une...
M. Gobé: Est-ce que c'est l'inspecteur de l'impôt
qui entre dans une compagnie?
M. Thériault: Non. Nous avons une excellente collaboration
des gens, des sous-ministres et des dirigeants d'organismes qui sont
engagés dans le secteur public. Il y a eu quand même, depuis
quelques années, beaucoup de mesures qui ont été prises.
Évidemment, c'est peut-être un peu lent, plus lent que... On
aimerait que ça aille plus vite; par exemple, dans le domaine de la
sécurité, il y a de nouvelles normes qui doivent être en
place, qui tardent un peu à venir, mais, il y a des choses qui se font.
Ce n'est pas un monde inactif, décadent, l'informatique; cependant,
ça roule moins vite qu'on pourrait le souhaiter.
M. Gobé: Au sujet de la sécurité, cela ne
vous effraie pas un peu de voir que, même si ce n'est pas dans ce
paragraphe ou dans ce chapitre, mais on le voit dans tous vos rapports...
M. Thériault: Oui.
M. Gobé:... mais cela ne vous inquiète pas de
savoir que quelqu'un peut laisser l'ordinateur ouvert, aller se promener
ailleurs et que, là, je peux changer quasiment n'importe quoi?
M. Thériault: C'est une préoccupation constante.
D'ailleurs, nos deux ou trois derniers rapports ont fait état, à
chaque année, de ces lacunes en matière de sécurité
dans les vérifications qu'on peut appeler "verticales". C'est une des
bonnes raisons pour laquelle on revient à l"horizontal" de telle sorte
qu'on va couvrir tout ce beau monde sur les mêmes points dans l'ensemble
du gouvernement. Cela a été décalé tout simplement
d'une année, parce qu'on n'a pas voulu mettre la charrue devant les
boeufs. On a regardé la façon que c'était encadré,
administré et tout cela, et, cette année, on va descendre au
niveau de la sécurité. Cela se fait cette année, en
partie.
M. Gobé: Se pourrait-il qu'il y ait des coûts, des
dépenses, des fraudes financières qui se fassent à cause
du manque de sécurité dans l'informatique?
M. Thériault: S'il y en a?
M. Gobé: Oui.
M. Thériault: Si c'est possible?
M. Gobé: Se pourrait-il? Je ne sais pas, je ne veux rien
lancer.
M. Thériault: Vous savez, c'est toujours possible.
M. Gobé: On voit que ça se fait dans
différentes... Parfois, dans les journaux, dans les revues, on lit que
dans tel ministère en Angleterre, en France ou aux États-Unis, il
y a eu des petits malins qui sont entrés dans le système. Je
crois que leurs systèmes sont plus sophistiqués que les
nôtres sur le plan de la sécurité. Mais, puisque les
nôtres n'ont pas ou peu de sécurité, d'après votre
rapport, est-ce qu'on peut être sujet à ce genre de choses?
M. Thériault: Oui. Vous savez, la sécurité
absolue, que ce soit la sécurité au niveau physique, au niveau
logique, l'accès des données, cela n'existe pas. Je pense qu'il y
aura toujours des fins fins qui vont être capables d'y accéder par
quelque moyen. Évidemment, le rôle des gestionnaires est de mettre
en place les mesures d'un bon père de famille, même
peut-être un peu plus, dans le cas de certaines données qui sont
vraiment très importantes.
C'est possible, sauf qu'avec nos vérifications depuis nombre
d'années, on n'a pas eu connaissance, ou cela n'a pas été
porté à notre attention, qu'il y ait eu pareil accès non
autorisé ou des choses semblables. Mais, en ce qui concerne la
sécurité informatique, ce qu'on soulève, ce sont les
dangers potentiels. On dit: II y a tels fichiers qui existent dans tel
ministère. C'est mal protégé. Voici tel type de
données et vous vous exposez à avoir tel problème. On a
déjà, d'ailleurs, si vous faites le tour des dernières
années, des organismes ou des ministères où il y avait des
lacunes à ce chapitre.
M. Gobé: On n'est plus dans ce chapitre, mais vous avez
dû le voir dans d'autres études. Quant à l'achat du
matériel informatique, avez-vous des suggestions à faire pour
obtenir un meilleur contrôle là-dessus?
M. Thériault: En ce qui concerne l'achat du
matériel informatique, si on compare ça avec le reste des achats
du gouvernement, il y a eu un
décret émis en 1984 qui a resserré toutes ces
acquisitions. Le sous-ministre doit prendre connaissance de toute acquisition
de 50 000 $. Cela fait que, lorsqu'on parle d'acquisition d'équipement
informatique, c'est beaucoup plus serré que dans les acquisitions
d'équipement d'autre nature. En ce qui regarde l'informatique et la
bureautique, il y a un petit spécial, soit une plus grande surveillance
qui est demandée du Conseil du trésor. Évidemment,
ça n'empêche pas les abus, et on n'en a pas observé parce
qu'on n'a pas encore exploré ce domaine d'activité. Mais, au
départ, on a déjà resserré le contrôle sur
les acquisitions d'équipement informatique.
M. Gobé: Ma question s'adresserait à votre
patron.
M. Thériault: Oui.
M. Gobé: C'est une question qui relève certes
directement de lui. N'êtes-vous pas inquiet devant cette espèce de
système qui s'est mis à l'intérieur de certains
ministères ou organismes qui fait que des compagnies ont un
marché captif? On sait qu'il y a Comterm, une compagnie
québécoise qui est très bonne d'ailleurs, il y a Philips
et peut-être une autre. On voit très souvent revenir ces
mêmes compagnies sur invitation. On a même vu
dernièrement... Je voyais que c'était un sous-traitant.
C'était un distributeur qui était le seul. Il n'y avait pas de
soumission, m'a-t-on dit, parce que c'était le seul qui était
agréé auprès du ministère. Ce n'était
même pas le manufacturier qui était agréé,
c'était le distributeur, alors que j'étais certain qu'il y avait
d'autres distributeurs ou je présume, sans être certain, qu'il y a
d'autres distributeurs de ce produit au Québec. Alors, on ne demandait
pas de soumission, en disant: Bien, cette compagnie est agréée et
ce distributeur est le distributeur agréé. C'est un exemple que
je vous donne. Je n'ai pas gratté beaucoup pour découvrir
ça, remarquez bien. Ce n'est pas ma job ou, du moins, je n'ai pas le
temps ni les moyens de le faire. Mais vous, n'êtes-vous pas inquiet
devant cette tendance? Ne voit-on pas des dizaines et des centaines de milliers
de dollars qui échappent au gouvernement et qui pourraient être
investis ailleurs pour des besoins plus criants?
M. Châtelain: M. le Président, la technologie, dans
beaucoup de cas, limite le choix, c'est vrai, et il y a évidemment des
risques inhérents, lorsque les choix sont limités. Bien
sûr, c'est une chose qui nous inquiète, nous, comme
vérificateur en vérification intégrée, lorsqu'on
veut assurer l'économie.
D'autre part, le gouvernement a des politiques. Le gouvernement doit
avoir des politiques, c'est son devoir d'en émettre. Il doit tout de
même favoriser le développement d'une certaine industrie, et ainsi
de suite. À ce moment-là, ce n'est pas au vérificateur de
critiquer la politique comme telle, mais c'est au vérificateur de
s'assurer que la politique est respectée. Dans ces cas, nous devons nous
limiter au respect de la politique. Cependant - là-dessus, je suis
d'accord avec le député - là où les technologies
limitent le choix, il y a des inquiétudes, et le vérificateur
s'inquiète, c'est vrai.
M. Gobé: Vous comprendrez, M. le Vérificateur
général, que le ministre dans son ministère n'a absolument
pas les moyens ni le temps de vérifier chaque achat d'informatique. On
s'en remet donc à des gestionnaires. On sait comment ça marche
dans le système: les gens nouent des amitiés, prennent des
habitudes. À la fin, lorsqu'on regarde le total de la facture
informatique, les 10 % d'achats d'équipement peuvent représenter
2 000 000 $, 3 000 000 $ ou 4 000 000 $, et peut-être plus, et cela
année après année.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
Vérificateur général.
M. Châtelain: D'accord. L'important pour nous, M. le
Président, c'est qu'il y ait transparence, qu'il y ait une politique,
que la politique soit connue et respectée. S'il en est ainsi, il y aura
évidemment beaucoup moins de danger et moins de risque par la suite.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Bertrand, je pense que vous êtes sur la
même lancée, l'informatique.
M. Parent (Bertrand): Oui. Maintenant qu'on a abordé ce
sujet, je vais complété mes préoccupations,
préoccupations qui rejoignent d'ailleurs plusieurs de celles du
député de Lafontaine. Vous comprendrez, M. le Vérificateur
général, que le domaine de l'informatique prend de plus en plus
de place à l'intérieur du gouvernement et de tous les
ministères, et il me semble que le Vérificateur
général devrait mettre beaucoup d'énergie pour la
vérification intégrée, pour une année ou deux,
parce qu'il y a des choses qu'on ne pourra pas corriger dans trois ou quatre
ans et qui doivent être rapidement pointées du doigt.
Je peux vous dire, pour avoir fait les engagements financiers des
ministères dont je suis responsable, que je suis inquiet du peu de
contrôle qu'on a là-dessus. Quand je dis peu de contrôle, je
pense qu'un ministre responsable de son ministère, qui qu'il soit, n'a
pas le temps de s'occuper de cuisine et encore moins de quincaillerie et de
logiciel. On sait que, dans ce domaine, il y a une espèce de chasse
gardée: si tu entres dans le gouvernement avec ta quincaillerie, c'est
forcément le principe du bras dans le tordeur, c'est-à-dire qu'on
n'a pas le choix, lorsqu'on veut augmenter de cinq, dix, quinze postes de
travail, ou que l'on veut ajouter à son logiciel de base, il faut
acheter du même fournisseur. C'est une préoccupation, à mon
avis, qui
nous démontre... Pas plus tard qu'hier, au ministère des
Finances, on se posait des questions. Je ne suis pas sûr qu'on sait
vraiment ce qui se passe actuellement, mais on a octroyé un contrat, de
mémoire, de 750 000 $ à Comterm -je n'ai rien contre Comterm,
ça aurait pu être Ogivar ou d'autres - sans même faire de
soumission, donc sur invitation, parce que, a-t-on dit, Comterm rencontrait les
normes, et tout cela. (15 h 45)
Alors, en matière d'informatique, je sens que l'on déborde
beaucoup de toutes les politiques qui existent au gouvernement. On ne suit pas
les normes pour Rosalie, la machine, et, quand on les suit, je me suis rendu
compte que, dans le cas des soumissions sur invitation, ce n'est pas toujours
le choix du plus bas soumissionnaire qui s'applique, particulièrement
quand il s'agit de programmes spéciaux et quand il s'agit de
l'expérience en informatique, même le plus bas soumissionnaire
peut être disqualifié par un comité de sélection, et
à peu près dans tout l'octroi de ces contrats-là,
c'était flagrant. Il y a un petit comité de sélection et
je ne mets personne en doute, sauf que, nonobstant le prix soumissionné
par une firme, nonobstant les qualifications, il y a quelqu'un, à un
moment donné, qui forme un comité de sélection
composé de trois personnes et des contrats sont octroyés.
Je pense qu'il faudra que le Vérificateur général
porte une attention très particulière autant à des firmes
qui sont des fournisseurs en matière de quincaillerie et de logiciels
qu'à des firmes qui ont de l'expertise pour suggérer les
améliorations et l'optimisation des programmes, etc. En cette
matière, je trouve qu'il y a urgence, parce que vous comprendrez qu'il y
a des choses que même si on les vérifie dans un an ou dans une
couple d'années, on ne pourra apporter des correctifs qui seront
simultanés. Dans ce cas-là, il me semble qu'on devra vivre
pendant plusieurs années avec des décisions qui ont
été prises, et si elles ne sont pas pointées du doigt et
si on ne sent pas qu'il y a une certaine forme de vérification, la
nature humaine étant ce qu'elle est, je pense qu'il y a beaucoup de
possibilité de passer à côté de la machine. C'est
une préoccupation que j'ai et j'aimerais vous entendre là-dessus.
J'aurais un autre point du côté informatique avant de passer
à un autre sujet.
M. Châtelain: M. le Président, nous avons les
mêmes préoccupations que celles qui ont été
exprimées par le député. Évidemment, les sommes
astronomiques en cause, le fait que le champ de la concurrence chez les
fournisseurs est passablement limité, le fait qu'il s'agit de domaines
nouveaux qui sont en développement constant rendent tout ce
secteur-là exposé à un certain risque de mauvaise
administration. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons mis sur pied
cette étude d'envergure que nous avons commencée l'an dernier.
Quant aux préoccupations du député, nous allons nous
pencher exactement sur ces secteurs-là au cours de la présente et
de la prochaine année. Tout le secteur des soumissions, de
l'évaluation et de l'octroi des soumissions, nous allons le regarder de
très près à cause justement de l'élément de
risque qu'il contient.
Comme Je le disais tantôt, ce qu'il faut assurer, c'est
l'existence d'une politique et la transparence. Dès que cette politique
sera connue, qu'elle sera respectée, qu'elle sera connue de tout le
monde, on aura éliminé joliment le risque, et on s'assurera que
tous les soumissionnaires qualifiés seront considérés sur
un pied d'égalité et que les développements se feront dans
l'ordre dans les ministères, c'est bien sûr.
Nous avons les mêmes préoccupations que le
député et nous voulons poursuivre justement nos études de
ce côté-là, entre autres, dans les ministères et les
organismes.
M. Parent (Bertrand): Toujours sur la même lancée,
il y a beaucoup de locations qui se font dans ce domaine au lieu d'achats et,
à l'inverse, parfois on fait des achats et on aurait peut-être
avantage à faire des locations. Ce que je veux dire, c'est qu'en cette
matière il y a un jeu énorme qui se fait, parce que même
des logiciels cela se loue, et je ne suis pas sûr que lorsqu'on prend la
décision de les louer parce qu'on en a un urgent besoin, on nous dit que
ce n'était pas disponible autrement et que c'est la meilleure
façon. Alors, toute cette question de location au lieu d'achat et
parfois, dans certains cas, on a procédé directement à un
achat avec une explication un peu boiteuse. On aurait peut-être dû
aller... Voici une question que je posais hier au sujet du ministère des
Finances: Pourquoi avez-vous loué ce logiciel pour 24 mois? De
mémoire, c'était 48 000 $. Quel prix auriez-vous payé pour
acheter le logiciel? On n'avait pas la réponse. Il me semble que,
peut-être, il y a des jeux de passe-passe au-dessus de tout le monde en
ces matières, et vous comprendrez qu'on n'a pas les outils pour aller
chercher cette information.
Un dernier point sur la question de l'informatique avant de revenir au
dossier de la CSST. Dans le 12. 37, toujours la gestion des ressources
informatiques, quand vous mentionnez en haut de la page 231 que sept des neuf
organisations vérifiées n'avaient pas, au moment de votre
vérification, attribué à un responsable la tâche de
procéder à l'évaluation postimplantation et 27 des 31
systèmes informatiques examinés n'ont pas fait l'objet d'un
rapport d'évaluation permettant, entre autres, de savoir si les
avantages qu'on cherchait, etc., et si le système les satisfait... Ce
que cela m'indique, c'est que, dans la très grande majorité des
cas, pour ne pas dire à 90 %, ce qui est le cas, dans 90 % des cas que
vous avez vérifiés, il n'y a pas cette préoccupation - et
là, on parie vraiment d'allumer les lumières - chez les
administrateurs, les gens qui sont là, de dire:
On a quelqu'un qui sera capable d'évaluer tout cela. Si on
répartit cela à l'intérieur de l'ensemble de la machine,
on peut s'imaginer ce que cela peut représenter et le chiffre que je
retiens, c'est que 90 %, si on faisait une extrapolation de votre
échantillonnage, n'ont personne qui fait le suivi de dossiers ni
personne qui fait l'évaluation de tout cela, et on continue à un
rythme effarant, voire accéléré. Dans certains
ministères, on est actuellement sur un plan triennal, et 1988-1989, cela
rentre, et on fait tout ce qu'on a à faire pour les dix prochaines
années, on l'achète là. On peut s'imaginer que s'il n'y a
pas d'évaluation au bout et s'il n'y a pas quelqu'un qui prend soin de
cela...
Ce que cela m'indique, c'est qu'il n'y a pas, de façon
générale, à l'intérieur de tous les
ministères et les organismes, actuellement, une préoccupation de
ce suivi-là. Cela me semble très gros. Je me demande, à
part de l'avoir souligné à la page 231 dans des commentaires,
parce que quand on les analyse comme il faut, on s'aperçoit de la
proportion que cela peut prendre, ce qu'il y a d'autre que vous pouvez faire
pour allumer les lumières parce que c'est gros, neuf organismes sur
dix.
M. Châtelain: C'est sûr que c'est très
important, M. le Président, comme le député l'a
signalé. D'ailleurs, nous en avons déjà discuté ici
en commission, en réponse aux questions des députés, il
n'y a pas beaucoup plus que l'on peut faire nous, comme vérificateur,
que de le signaler dans notre rapport, faire des recommandations et des suivis
et faire rapport à nouveau à l'Assemblée nationale;
d'ailleurs, c'est ce que nous faisons. Peut-être que, pour la prochaine
étape, ce serait bien de convoquer les gestionnaires pour leur demander
quels sont les moyens qu'ils veulent prendre pour corriger la situation, leur
demander des comptes rendus ici et exercer des suivis auprès des
gestionnaires eux-mêmes, leur demander de venir fournir les explications
ici même.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, à moins
qu'un autre collègue ne veuille poser des questions en informatique,
j'aimerais profiter de mon temps pour aborder un autre sujet ou revenir au
domaine de la CSST.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Prévost a un sujet particulier, mais on va laisser aller M. le
député de Bertrand. Combien reste-t-il de temps, M. le
secrétaire? Onze minutes. Vous pouvez...
M. Parent (Bertrand): Est-ce que cela touche au domaine de
l'informatique, M. le député?
Le Président (M. Lemieux): Non. C'est un tout autre
sujet.
Commission de la santé et de la
sécurité du travail (suite)
M. Parent (Bertrand): D'accord. En ce qui concerne la CSST, il y
a beaucoup de choses qui me chicotent là-dedans, mais je vous
ramènerais à 9. 27, qui se trouve en bas de la page 155. Dans ce
cas-là, je me dis que c'est tout de même quelque chose qui est
assez important. On a actuellement le cas d'un accidenté... D'abord,
à votre avis, 30 % des réclamations présentées
à la CSST étaient douteuses au départ, selon ce que vous
rapportez à ce point-là. Dans les articles 9. 30 à 9. 32,
on donne, par exemple, quelques cas que je veux seulement préciser pour
les fins du Journal des débats: Lorsqu'un accidenté n'est pas de
retour au travail 14 jours après le début de son
incapacité, son employeur doit expédier à la commission,
dans les deux jours suivants, un avis qui permettra de statuer sur
l'admissibilité de ce travailleur. On sait, en pratique, à la
suite de votre vérification, selon vos conclusions, qu'il
s'écoule en moyenne 21 jours au lieu de deux, avant que l'employeur
n'expédie cet avis. Des pénalités sont prévues si
les délais ne sont pas respectés, mais la commission n'en impose
pas. Je pense qu'au départ la possibilité qu'une décision
soit prise rapidement est passablement réduite, si cela se passe
après 21 jours au lieu d'après deux jours. Je pense que, dans ce
sens-là, il y a énormément d'argent qui est
impliqué là-dedans. Pourriez-vous me dire, dans cet exemple que
je mentionne, de quelle façon et dans quelle mesure ces retards
engendrent des coûts? Puis, est-ce qu'il y a une évaluation qui a
été faite ou qui sera faite dans la vérification
Intégrée de ce que ceci pourrait engendrer comme anomalie?
M. Châtelain: M. le Président, avant de demander
à M. Gilles Bédard, Vérificateur général
adjoint, de répondre plus spécifiquement à la question du
député, il y a peut-être un commentaire
général que j'aimerais faire sur la conformité de
l'admissibilité quand on mentionne que, dans au moins 30 % des cas de
réclamations, l'admissibilité était douteuse. Nous
précisons bien ici que c'est au moment de leur acceptation par la
commission. C'est au tout début, lorsque la commission se prononce pour
la première fois sur l'admissibilité. Cette admissibilité,
selon nous, était douteuse, mais il peut y avoir quand même des
études de faites par la suite par la commission. La commission peut
faire d'autres études, plus approfondies, plus tard, qui pourront faire
en sorte de déterminer l'admissibilité d'une façon plus
précise ou encore, justement, de justifier l'admissibilité. Ce
que nous disons, c'est qu'au moment où la décision est prise,
soft dès le début, dans 30 % des cas cette admissibilité
est douteuse. Je voulais apporter cette précision, parce que cela
pourrait être mal interprété.
Concernant le nombre de jours et les coûts que cela peut
représenter, est-ce que je pourrais,
M. le Président, demander à M. Gilles Bédard,
Vérificateur général adjoint, de répondre à
la question du député?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard, s'il vous
plaît.
M. Bédard (Gilles): En regard de l'admissibilité,
je pense que M. Châtelain a suffisamment explicité cela. En regard
des délais pour établir l'admissibilité, bien sûr,
je pense que nous reprochons ici à la commission de ne pas mettre en
branle des mécanismes pour faire en sorte d'obtenir des employeurs
l'information pertinente le plus rapidement possible pour statuer sur
l'admissibilité. Est-ce que cela peut engendrer des coûts? Bien
sûr, la responsabilité de la commission est de statuer le plus
rapidement possible sur l'admissibilité de l'accidenté. Donc, si
elle n'a pas toute l'information, elle pourrait être tentée, et
j'extrapole, de décréter l'admissibilité de tel individu
sans avoir toute l'information requise. C'est ce que nous commentons dans le
paragraphe précédent, mais, comme le disait M. Châtelain,
nous ne disons pas que les 30 % auxquels nous faisons allusion ne sont pas
admissibles. Nous disons qu'au moment où la décision a
été prise, l'information n'était pas suffisante pour
pouvoir déterminer si les gens l'étaient ou non.
Quels sont les coûts qui peuvent être encourus? Comme je
vous le disais tantôt, je ne peux qu'extrapoler. L'information est
nécessaire. La commission devrait l'obtenir. Elle devrait mettre sur
pied des mécanismes pour l'obtenir, pour être capable de statuer
le plus rapidement possible avec toute l'information dont elle a besoin pour
déterminer l'admissibilité. Mais, on ne peut pas identifier les
coûts qui se rapportent à cela.
M. Parent (Bertrand): Maintenant le côté
administration et financement du système. Dans le tiers des dossiers
examinés sur un échantillon de 142 - vous dites: choisis pour les
fins de cette étude - la durée effective de la période de
consolidation, celle-ci étant définie comme le temps qu'il faut
pour qu'une lésion soit guérie ou que l'état de
santé d'un travailleur soit définitivement stabilisé,
était sans rapport avec la durée prévue apparaissant sur
l'attestation médicale fournie à la commission. Dans la
moitié des cas où la durée prévue était de
quatorze jours ou moins, la consolidation a pris 75 jours et plus, voire plus
de 265 jours pour quelques cas. Pour les six dossiers où la durée
prévue était de moins de huit semaines, il a fallu plus de 28
semaines pour l'atteindre. Cela spécifie, dans le fond, l'ensemble des
délais relevant de la machine qu'est la CSST. J'aimerais savoir, M. le
Vérificateur général, si ces cas-là sont dus
premièrement à un manque d'agents ou, en ce qui concerne
l'organisation qu'est la CSST, est-ce que c'est un manque de rigueur?
Qu'est-ce qui peut être fait? Demain matin, si on le voulait,
est-ce qu'on pourrait apporter assez rapidement des correctifs pour être
capable d'accélérer l'examen de tous ces cas qui sont
actuellement dans la machine? Est-ce que nous pouvons, nous en tant
qu'élus, faire des pressions auprès du ministère ou du
ministre concerné pour qu'on soit capable de rendre cela plus vivable et
surtout plus opérationnel, évidemment, pour autant que vous
êtes concerné à la suite de cette étude, de cette
vérification que vous avez faite? (16 heures)
M. Bédard: Je me reporte particulièrement au
commentaire 9. 38 et aux suivants sur la qualité et la pertinence de
l'information médicale. À cet égard, au moment de notre
vérification, la commission n'avait pas précisé, en tant
que telle, ce qui constituait une information médicale de bonne
qualité et suffisante pour les décisions qu'elle a à
prendre. Alors, on ne pouvait pas se servir de ce qui existait. Donc, on a fait
la démarche suivante. On a eu recours à des experts en
santé et sécurité du travail pour nous aider à
juger des degrés de qualité et de suffisance de l'information
médicale pour notre prise de décision et ils nous ont
donné les critères sur lesquels on devait s'appuyer. Ils nous ont
aidés dans ce domaine. Finalement, on n'avait pas l'impression,
d'après la discussion que nous avons eue avec nos experts, de demander
des choses absolument impossibles, puisqu'on a pu conclure dans ces
dossiers-là. Je pense que la commission pourrait mettre en branle des
mécanismes qui feraient en sorte qu'elle pourrait exiger de
l'information qui fasse en sorte que l'information soit pertinente et valable
pour en arriver à une décision.
M. Parent (Bertrand): Si je comprends bien l'analyse que vous en
faites est jusqu'à un certain point un manque de volonté. Au
point de vue administratif, c'est un manque de rigueur et non pas...
M. Bédard: Je ne conclurais pas que c'est un manque de
volonté. Je pense, qu'on peut apprécier la commission à sa
juste valeur de par son ampleur. C'est quelque chose d'énorme et qui
n'est pas toujours facile à gérer. Par contre, il est
évident qu'on a indiqué certaines lacunes qui méritent
amélioration. Les recommandations qu'on a faites seront applicables sur
une courte période de temps.
M. Parent (Bertrand): Vous dites sur une courte période de
temps. Autrement dit après votre passage et votre vérification
intégrée, j'imagine de toute façon que vous continuez,
dans ce sens-là - cela ne s'arrête pas la journée du
dépôt - mais on pourrait à l'intérieur des six
prochains mois, dans ce sens-là - une période comme cela, voir si
vos recommandations sont suivies ou voir des modifications ou des change-
merits de comportement ou des améliorations quant aux lacunes que
vous avez relevées.
Est-ce quelque chose de réalisable et de pensable s'il y a une
volonté d'y donner suite ou est-on dans une situation où on ne
s'en sortira pas et, l'année prochaine, on va être encore au
même point? J'aimerais avoir votre évaluation en tant que
Vérificateur général.
M. Châtelain: M. le Président, un
vérificateur est toujours prudent, je pense bien.
M. Parent (Bertrand): Vous êtes très très
prudent.
M. Châtelain: Je ne dirais pas que, sur une période
de six mois, il serait possible de mettre en place les mécanismes qui
assureraient le respect des recommandations que nous avons formulées. Il
y a des recommandations qui sont quand même passablement d'envergure et
qui demandent encore beaucoup de réflexion, d'autres études et
des actions d'envergure additionnelles de la part de la commission. Je ne crois
pas que ce serait possible dans tous les cas de s'attendre qu'il y ait de
l'action d'ici à six mois. Dans certains cas, quand il s'agit d'actions
routinières et répétitives de la part de la commission,
mais dans d'autres cas, ce ne serait pas possible.
M. Parent (Bertrand): Cela va. Je pense que le
député de Prévost pourra avoir son temps après mon
collègue, le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Mais, vous avez terminé
votre temps, M. le député de Bertrand. Donc, M. le
député de Prévost, vous avez vos minutes.
M. Forget: Est-ce qu'il est prévu de continuer dans le
même sens?
M. Parent (Bertrand): Je ne pense pas que vous soyez
obligé de parler de la CSST.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, vous avez vos vingt minutes.
Régie des assurances agricoles du
Québec
M. Forget: M. le Président, M. le Vérificateur
général. Voici, ma question concerne l'assurance-récolte
et l'assurance-stabilisation. Je regarde la section du rapport concernant les
assurances collectives, ce qu'il dit, et, de la façon dont cela
fonctionne, cela n'existe pas ici. Les explications que vous donnez ne sont pas
tout à fait exactes, parce que, en assurances collectives, on est
considéré par zones et, à l'intérieur des zones, on
trouve à sélectionner des agriculteurs pour aller faire
l'échantillonnage. Il y a un échantillonnage qui est fait et,
ici, cela m'apparaît qu'il n'aurait pas d'échantillonnage de fait.
Ici, c'est tiré au sort. Par exemple, pour une zone, je pense que c'est
huit agriculteurs qui sont échantillonnés pour les fins du
contrôle ni plus ni moins et cela n'apparaît pas du tout ici.
Est-ce pour être le plus équitable possible?
M. Châtelain: M. le Président, je comprends que le
député signale qu'il y a une chose qu'on ne mentionne pas. C'est
assez difficile pour moi de lui demander dans quel paragraphe on en parle si on
ne le mentionne pas, mais dans quelle section du rapport, M. le
député?
M. Forget: Ah! C'est à la page 204.
M. Châtelain: Sous le titre Échantillonnage?
M. Forget: Oui.
M. Châtelain: D'accord.
M. Forget: Si vous regardez les commentaires de la régie,
elle dit tout simplement que c'est normal pour ce qui est de
l'échantillonnage. C'est sûr que cela s'arrête le 30 avril,
mais, par contre, aussi bien pour l'assurance individuelle que collective, cela
arrête le 30 avril. Si, le 30 avril, par exemple, cela regarde les
bovins, les bovins sont comptés, mais cela n'apparaît pas non plus
ici.
M. Bédard: M. le Président, on dit à cet
égard, et M. Deblois pourra peut-être compléter par la
suite, que la régie privilégie une méthode
d'échantillonnage reconnue et que, dans ce contexte, nous avons
analysé la méthode qu'elle utilisait. Nous disons que la
régie n'a pas respecté sa propre méthode et qu'à
cet égard, dans certains secteurs, elle a fait plus
d'échantillons. Si on se rapporte au paragraphe 10. 45, on dit: "La
régie a effectué dans l'ensemble plus d'échantillons que
nécessaires. " À cet égard, cela lui a occasionné
des coûts additionnels. Par la suite, on dit qu'elle n'a pas non plus,
dans l'extrapolation de ses résultats, vérifié ou
évalué la fiabilité des résultats qu'elle avait
obtenus selon cette méthode.
Vous, vous me dites que quelque chose n'est pas exact. On dit que la
régie n'a pas respecté la propre méthode
d'échantillonnage qu'elle s'était elle-même donnée
et qu'à cet égard elle a encouru des coûts additionnels,
étant donné ce qu'il en coûte pour aller
échantillonner sur place. Deuxièmement, l'extrapolation de ces
résultats n'est pas fiable, parce qu'elle n'a pas respecté sa
méthode dans son ensemble.
M. Forget: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous.
Si je regarde l'ensemble - je me suis quand même occupé de cela
pendant plusieurs années - je pense que l'échantillonnage
était assez précis. Remarquez que j'ai bien mentionné que
c'était cinq ou six agriculteurs par zone. Si on arrivait avec un
échantillonnage
pour tous les agriculteurs, cela deviendrait drôlement
coûteux, et cela, sur le plan collectif. Mais, concernant l'agriculture,
le système individuel, indépendant, est fait pour tous les
agriculteurs. Vous avez votre plan de ferme et vous fonctionnez à partir
de ce plan. Je pense que cela n'apparaît pas ici; je n'ai vu nulle part
ces explications sur le plan individuel, sur le plan de la ferme et la
façon dont cela fonctionne quant à
l'assurance-récolte.
M. Deblois (Roger): Roger Deblois, directeur de la
vérification.
Concernant le système individuel, il s'agit de déterminer
les sites et les champs qui seront échantillonnés afin de
déterminer leur rendement.
M. Forget: C'est ça. Exactement.
M. Deblois: D'accord. Ce n'est pas nécessairement le
nombre d'assurés. Au niveau collectif, on va échantillonner le
nombre d'assurés et le nombre de sites.
M. Forget: Au niveau du système collectif, ce sont des
personnes dont les noms sont tirés au sort, dans le secteur
donné, qui seront échantillonnées.
M. Deblois: On détermine les sites qu'on va
échantillonner à partir du détail de la zone, appelons
cela comme ça. Lorsqu'on a établi la zone et qu'on a tous les
assurés du collectif à l'intérieur de ça, on
détermine un nombre de sites ou un nombre d'échantillons qu'on va
échantillonner dans cet ensemble de zones.
M. Forget: C'est tiré au sort.
M. Deblois: Oui, dans un sens. C'est une méthode...
M. Forget: Pour être le plus équitable possible.
M. Deblois: Oui.
M. Forget: D'accord. Mais ces champs-là sont quand
même échantillonnés?
M. Deblois: Oui.
M. Forget: Alors, si on fait ça comme ça... M.
Deblois: Ils sont échantillonnés... M. Forget:
...c'est pour déduire les coûts.
M. Deblois: On a une méthode d'échantillonnage et
on procède à partir de cette méthode
d'échantillonnage qu'on s'est donnée. Si, pour une zone
donnée, cela donnait, par exemple, dix sites à
échantillonner, la régie s'est donné un nombre minimum de
25 échantillons. D'accord?
M. Forget: C'est-à-dire trois visites.
M. Deblois: Alors, on a fait quinze échantillons de trop.
C'est ce qu'on dit Ici, dans le commentaire. On a fait plus
d'échantillons que prévu. Elle s'était également
donné un maximum. Si, dans une zone donnée, selon la
méthode d'échantillonnage, on devait en vérifier 45,
supposons, elle s'est donné comme maximum 35 échantillons.
Si on prend l'ensemble des zones de la province, elle a fait plus
d'échantillons que sa méthode lui déterminait d'en
faire.
M. Forget: Normalement, par champ, c'est trois
échantillons qu'ils peuvent. D'accord? Cela dépend de
l'année également, de la température. À un moment
donné, pour une raison donnée, vous avez une sécheresse au
mois d'août et vous voyez les agriculteurs se plaindre à la
régie. Naturellement, cela peut demander quatre visites à un
moment donné.
M. Deblois: Oui, si on est dans le foin, par exemple, selon les
récoltes qu'on fait, c'est ça.
M. Forget: Foin ou maïs, tout dépend de
l'année.
M. Deblois: C'est ça.
M. Forget: Lorsqu'on parle du niveau individuel, à ce
moment-là, tous les champs sont échantillonnés...
M. Deblois: Sur avis de dommage, les champs sont mesurés
et échantillonnés pour le rendement, oui, au niveau
individuel.
M. Forget: Moi, cela me frappe présentement, lorsque vous
parlez de 100 000 $. On avait des fois de la difficulté avec les
inspecteurs pour venir vérifier, prendre les échantillonnages
comme tels, parce qu'ils manquaient de temps. Et vous, vous arrivez avec un
surplus. Tout dépend des régions ou quoi?
Le Président (M. Lemieux): M. Bédard.
M. Bédard: Écoutez, je pense qu'l y a deux points
importants là. Dans ce qu'on dit, nous, on ne vient pas de mettre en
cause la régie si elle devrait en faire plus ou si elle devrait en faire
moins. Je pense que ce sont des spécialistes et on pourra en discuter
avec eux. Ce qu'on dit, nous, c'est qu'une méthode
d'échantillonnage, à partir du moment où vous avez
déterminé que, pour avoir quelque chose de représentatif,
vous devez faire un nombre minimum d'échantillons tel que votre
méthode vous le dicte, vous devez la respecter par la suite. Si, dans un
secteur donné, vous devez aller prélever à 45 endroits et
qu'à un moment donné vous vous limitez à 35 parce
que vous vous êtes donné ça comme maximum, si vous
prenez par ta suite les résultats de ces 35 pour extrapoler, pour
donner, l'ensemble des rendements ou ce que vous voulez en conclure, la
réponse ou l'extrapolation n'est pas valable. Elle n'est pas
vérifiée en tant que telle, puisqu'elle ne respecte pas la norme.
Le contraire est exact aussi. Si vous en faites trop, par la suite, vu que vous
n'êtes pas uniforme dans l'application, c'est dangereux pour
l'extrapolation de vos résultats.
Nous disons alors que si la régie - nous ne disons pas qu'elle
dépense trop - avait respecté ses propres normes à
l'égard des échantillons, elle aurait économisé un
montant de 100 000 $. Donc, elle a dépensé plus. Elle a
dépensé 100 000 $ de plus que sa propre norme exigeait. C'est
juste ça qu'on dit.
M. Forget: Maintenant, ici, dans le rapport, on dit: "La
régie constate également qu'elle dispose à l'heure
actuelle, pour certaines cultures, de données sur les rendements de
production étalées sur 12 ans. " Je trouve ça...
M. Bédard: Vous faites référence à
quel paragraphe?
M. Forget: Attendez un peu. À la page 203. M.
Bédard: Oui.
M. Forget: Paragraphes 1, 2, 3, 4. Je trouve ça lourd,
moi, douze ans.
M. Deblois: C'est pour établir le rendement assuré,
cela. Oui? Pour établir le rendement assuré...
M. Forget: Oui, c'est ça. C'est exactement ça.
M. Deblois:... elle garde des statistiques et, actuellement, elle
a des statistiques pour douze ans.
M. Bédard: Si vous me permettez. Au point 10. 37 de la
page 202, à la troisième ligne, on dit que, pour attribuer le
rendement assuré, la régie utilise présentement une
période de référence de sept ans. À
l'intérieur de cette période, elle utilise le rendement exact et
dans certains cas elle fait une certaine estimation puisqu'elle n'a pas eu de
réclamation. Donc, dans cette période courte de sept ans, elle a
des rendements réels et elle a des rendements estimatifs. On dit que
c'est dangereux, parce que c'est une courte période. D'ailleurs, un peu
plus bas, dans le commentaire, vous allez voir que même les cabinets
d'actuaires-conseils estiment que, pour que ce soit valable, on devrait aller
sur une période de 15 à 25 ans.
C'est juste cela notre commentaire. La régie nous dit: Douze ans,
pour certaines récoltes.
Nous, nous disons que la régie utilise généralement
une méthode de sept ans et que, pour cette méthode-là,
elle utilise des résultats réels pour quelques années, et
pour d'autres des résultats estimatifs. Des experts prétendent
selon ce qu'on a pu trouver, qu'on devrait utiliser une évaluation
basée sur une période de 15 à 25 ans et c'est ce qu'on
recommande à la régie.
M. Forget: Par contre, ici, je remarque concernant l'assurance
qu'il ne faut pas oublier aussi qu'ils tiennent toujours compte quand
même des bovins que vous avez au printemps. Ils font quand même
lecture des bovins que vous avez dans votre étable. Si je regarde, ils
font mention qu'ils n'en tiennent pas compte, mais ils en tiennent toujours
compte.
M. Deblois: En ce qui concerne les grandes cultures, en
particulier?
M. Forget: Oui, concernant les assurances collectives. (16 h
15)
M. Deblois: Oui. D'ailleurs, dans un paragraphe, on dit qu'ils ne
font pas la vérification des unités animales.
M. Forget: Mais vous payez selon les unités animales que
vous avez par contre.
M. Deblois: Exactement.
M. Forget: Oui, mais si vous payez plus cher, automatiquement,
vous êtes plus assurés, mais vous êtes
pénalisés aussi.
M. Deblois: Actuellement, ils paient selon les unités
animales déclarées.
M. Forget: Au printemps.
M. Deblois: Oui. Maintenant, depuis 1988, on dit qu'on va faire
une vérification de ces unités animales chez le producteur pour
ce qui concerne (es grandes cultures, bien entendu. D'accord?
M. Forget: D'accord. Parfait! Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Prévost. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quelles sont les principales différences que
vous avez observées dans les méthodes de vérification de
l'assurance-agricole depuis 1986, 1987, 1988, comparé à
antérieurement, notamment dans la vérification des unités
assurées?
M. Deblois: En ce qui concerne les méthodes
d'échantillonnage?
M. Garon: De vérification.
M. Deblois: Actuellement, en ce qui concerne le mesurage, par
exemple, les programmes de stabilisation prévoient qu'elles doivent
être mesurées à 100 %. Au cours des deux dernières
années, la régie les a mesurées à 50 %. Maintenant,
on nous dit qu'à partir de 1988 on va mesurer à 100 %, tel que le
programme le demande. En ce qui concerne les unités animales, par
exemple, en récolte...
M. Garon: Mais auparavant est-ce qu'on mesurait à 100
%?
M. Deblois: Je ne pourrais pas vous le dire. Nous avons
commencé en 1986-1987. Ce sont les deux années pour lesquelles on
a vérifié.
M. Garon: Pour le dénombrement des animaux
assurés?
M. Deblois: Je ne pourrais pas vous le dire. Au cours des deux ou
trois dernières années, on n'avait pas fait le décompte
des unités animales. C'est difficile de dire le décompte. Je ne
voudrais pas dire le décompte; ce sont plutôt des unités
animales. Ce n'est pas un vrai décompte.
M. Garon: Non, mais comme les porcs, les veaux, les boeufs
assurés par l'assurance-stabilisation, par exemple.
M. Deblois: En stabilisation? M. Garon: Oui.
M. Deblois: Actuellement, on fait beaucoup de décomptes en
stabilisation. Selon la production, on peut y aller une fois, deux fois, trois
fois par année. C'est dans leurs directives d'établir ces
décomptes.
M. Garon: Est-ce qu'on a changé de méthode au cours
des dernières années?
M. Deblois: Oui. Je pense que, d'année en année, on
fait une mise à jour des directives.
M. Garon: Non, les méthodes pour vérifier les
unités assurées. Par exemple, quelqu'un dit: J'assure 3000
cochons. Il a peut-être 3000 cochons, peut-être moins.
M. Deblois: Oui. On va aller vérifier sur place. On va
faire un décompte sur place.
M. Garon: C'est ce que je demande. Au cours des quatre
dernières années, quels ont été les changements? Il
y a eu des changements dans les méthodes de vérification et je
vous demande si vous avez regardé cela ou non.
M. Deblois: Je sais qu'il y a eu des changements, mais je ne
pourrais pas vous préciser lesquels. On n'a pas de commentaires à
faire sur l'assurance-stabilisation, croyons-nous. On l'a
vérifié, mais cela respectait bien les directives et le contenu
qu'elle s'était donnés. On n'a pas de commentaires a faire de ce
côté-là.
Conventions comptables du gouvernement
M. Garon: Dans un rapport Inclus dans les comptes publics de
1987-1988 - un livre rouge - pour l'année financière terminant le
31 mars 1988, à la page 42, vous dites au sujet de la note concernant
l'amortissement additionnel du passif non inscrit des régimes de
retraite: La note complémentaire 4 mentionne que les dépenses de
1987-1988 tiennent compte d'un amortissement additionnel de 673 000 000 $, pour
le passif actuariel non inscrit des régimes de retraite des
fonctionnaires, des enseignants, de certains enseignants et du RREGOP. Les
dépenses en supplément de l'amortissement déjà
imputé à l'année financière 1987-1988, au montant
de 529 100 000 $, représentent l'application ponctuelle à
l'année financière 1987-1988 de l'amortissement qui aurait
été imputable aux années financières 1988-1989 et
1989-1990, selon la convention comptable en vigueur.
Vous ajoutez le commentaire suivant: L'anticipation de cet amortissement
nuit à la comparabilité des états financiers et rend
difficile pour le lecteur la compréhension de l'évolution du
déficit d'une année financière à l'autre. Pour
assurer la continuité dans l'information financière, il est
souhaitable que les conventions comptables utilisées par le gouvernement
pour fins de présentation des états financiers ne subissent pas
de modifications ponctuelles dans leur application d'une année
financière à l'autre.
J'aimerais que vous en disiez un peu plus concernant cette façon
de faire du gouvernement et de quelle façon cela ne donne pas le
portrait réel de la situation, pour 673 000 000 $.
M. Châtelain: Je ne sais pas si on se prononce sur le fait
que ça ne donne pas le portrait réel. Ce que l'on fait ressortir,
c'est ceci...
M. Garon: En tout cas, pas facilement comparable, si vous
voulez.
M. Châtelain: D'accord. Le gouvernement avait une
convention comptable concernant les régimes de retraite et
l'amortissement des obligations envers les régimes de retraite. Le
gouvernement la suivait. Il l'a modifiée graduellement de toute
façon; il a fait de petites modifications - bien, des petites, il y a
des chiffres quand même assez importants - au cours des dernières
années à cette convention comptable. Mais, il l'a
améliorée au moins dans le sens où le Vérificateur
général l'avait recommandé dans plusieurs cas.
Ce qui est arrivé dans ce cas particulier sur lequel on attire
l'attention ici, c'est que, pour
une année donnée, c'est-à-dire la dernière
année, en 1987-1988, le gouvernement a apporté une autre
modification à sa convention comptable, mais d'une façon
ponctuelle. C'est une modification qui s'est appliquée seulement
à cette année-là, c'est-à-dire que le gouvernement
a anticipé l'amortissement, selon sa convention comptable disons
régulière, ce qu'il aurait amorti en 1988-1989 et 1989-1990, du
moins une partie de cela, et II l'a imputée à l'année
1987-1988. Alors, ce qu'on dit, c'est qu'il s'agit d'une modification
ponctuelle pour cette année-là à sa convention comptable.
Donc, cela est ponctuel, mais cela nuit à la comparabilité parce
que, si on met en place une pratique comptable et qu'on l'applique pour une
année donnée seulement, évidemment, dans les autres
années, elle n'est pas appliquée de la même façon et
cela vient nuire à la comparabilité.
Dans le fond, ce qui arrive, c'est qu'on se trouve à avoir
indirectement l'amortissement de trois ans dans un an et s'il n'y a pas
d'autres modifications à la convention comptable pour l'année en
cours, pour l'année 1988-1989, il n'y aura presque rien d'amorti. Le
montant qui a été anticipé ne sera pas amorti dans
l'année en cours, alors cela nuit à la comparabilité. Je
pense que ce que je dis est clair. Disons qu'en 1986-1987, il y avait
l'amortissesment représentant une année d'amortissement; en
1987-1988, il y avait l'amortissement qui représentait
l'équivalent de trois années d'amortissement; en 1988-1989, il
n'y en aura peut-être pas. Je ne peux pas dire ce que le gouvernement va
faire en 1988-1989. Il y aura peut-être un autre amortissement de
façon ponctuelle, je ne le sais pas.
Pour la continuité de l'information, il faut quand même que
les mêmes conventions comptables soient appliquées d'une
façon continue, d'une année à l'autre, et c'est ce qu'on
fait ressortir. Cela ne veut pas dire qu'il ne doit pas y avoir
amélioration des conventions comptables. C'est bien sûr que, si on
améliore les conventions comptables, si on les modifie pour les
améliorer, il y a quand même un manque de continuité
l'année où il y a une modification. Il ne faut quand même
pas dire qu'on ne peut pas modifier les conventions comptables en vue de les
améliorer.
M. Garon: Quel est l'effet net quand on regarde l'année
1987 avec cet amortissement anticipé?
M. Châtelain: Je pense que le montant est donné.
L'amortissement additionnel a été de 673 000 000 $. Ce n'est pas
nous qui l'inventons.
M. Garon: Non, non.
M. Châtelain: II est donné dans les états
financiers à part ça. Il est clairement dans les états
financiers; ce montant est présenté à la face même
des états financiers comme une dépense additionnelle.
M. Garon: Comme une dépense additionnelle. M.
Châtelain: Oui, oui.
M. Garon: L'effet net sur le déficit, c'est que ça
fait paraître un déficit plus grand en 1987.
M. Châtelain: Bien oui. D'ailleurs, vous l'avez dans le
document que vous citez. À la page 13, me dit-on, vous le voyez, tout
à fait au bas de l'état. Vous avez, pour commencer,
l'excédent des dépenses sur les revenus avant les dépenses
additionnelles qui était de 1 525 000 000 $, ensuite les dépenses
additionnelles de 848 000 000 $, avec comme résultat que le
déficit des opérations budgétaires est de 2 374 000 000
$.
M. Garon: Oui. Je m'excuse, on me soufflait quelque chose
à l'oreille et j'ai manqué vos dernières phrases.
M. Châtelain: D'accord. Je signalais que l'effet de cette
dépense additionnelle apparaît à la face même des
états financiers. Elle apparaît tout à fait au bas de
l'état qui est intitulé Revenus et dépenses. C'est
à la page 13 des comptes publics.
M. Garon: Donc, cela fait paraître le déficit plus
grand de 673 000 000 $.
M. Châtelain: Bien, l'effet net est de 848 000 000 $.
Tantôt...
M. Garon: Ah non! Là, vous parlez des revenus. Vous
n'êtes pas dans la même chose. Tantôt je parlais de
l'amortissement additionnel du passif...
M. Châtelain: Oui, mais...
M. Garon:... non inscrit des régimes de retraite.
M. Châtelain: D'accord. Tantôt on parlait de 673 000
000 $...
M. Garon: Oui.
M. Châtelain:... mais les 673 000 000 $ sont compris dans
les 848 000 000 $ qui apparaissent au bas de la page 13.
M. Garon: Je voulais y venir.
M. Châtelain: Le solde apparaît plus loin. Le solde
qui est de 176 000 000 $ est commenté à la page 42, au paragraphe
c. Si vous vous en souvenez, il s'agit des paiements des prestations
d'assistance sociale.
M. Garon: Je voulais en venir aux 848 800 000 $ qui
apparaissaient à la politique budgétaire du 30 septembre 1988.
Est-ce qu'il est courant pour des gouvernements de faire des opérations
comme celle-là? Vous êtes là pour renseigner le public.
Normalement, un gouvernement entre dans son année les dépenses de
l'année et les revenus de l'année et il fait la même chose
pour l'année suivante. Pensez-vous que c'est une bonne façon
d'indiquer la réalité au public que de payer des dépenses
d'avance pour faire gonfler le déficit d'une année? Au fond,
c'est ça l'effet net. Cela gonfle le déficit de 1987, parce qu'on
paye d'avance des choses qu'on aurait dû payer en 1988 ou en 1989 et
qu'on paye en 1987. Est-ce une comptabilité qu'on voit souvent dans les
pays dits démocratiques ou qui ont des systèmes de
comptabilité organisés et qui essayent de montrer le portrait
réel à leur population?
M. Châtelain: II y a deux choses là-dedans. C'est
que, d'une part, le gouvernement établit sa propre politique
budgétaire et c'est le gouvernement qui établit ses propres
conventions comptables. Il a autorité pour le faire et il l'a fait ici.
Alors, maintenant ce n'est pas à moi à prêter des
intentions au gouvernement pour ce qu'il a fait. Ce n'est pas à moi. Je
regarde...
M. Garon: Je n'ai pas demandé cela. Je n'ai pas
parlé de ça. J'ai dit: Est-ce que c'est normal?
M. Châtelain: Normal? Attendez. Je vais vous dire une chose
qui est moins normale en comptabilité d'exercice; je vais vous parler
comme un comptable. En comptabilité d'exercice, prenons justement les
versements d'aide sociale. ici, le gouvernement - et je ne dis pas que
c'était illégal - a compté l'an passé
l'équivalent de 13 mois de versements d'aide sociale, mais ce n'est pas
très normal de verser 13 mois dans une année. L'année
suivante, si le gouvernement ne fait pas de modifications, il va y avoir
seulement 11 mois de comptés. Alors, si on parie de comparabilité
ou de continuité d'une année à l'autre, ce n'est pas
très comparable d'avoir 13 mois dans une année et 11 mois dans
l'autre. D'accord?
Maintenant, si je reviens aux 673 000 000 $ dont on discutait
tantôt, c'est bien sûr que c'est peut-être anormal d'arriver
et de changer une convention comptable de façon ponctuelle et
d'escompter une année l'équivalent de trois années
d'amortissement. C'est bien sûr que ce n'est pas normal. Voici l'autre
question qu'il faut se poser: est-ce une amélioration? Je dis que c'est
une amélioration. Si je regarde cette année-là seulement,
je dis que c'est une amélioration parce que, justement, dans le
passé, on a signalé que le gouvernement n'amortissait pas assez
rapidement ses obligations envers les régimes de retraite. Alors, en
faisant ça, il pose un bon geste, parce qu'il amortit une somme
additionnelle. Nous disons: Bravo! Alors, c'est bien à ce
moment-là. Évidemment, cela ne dit pas grand-chose quant à
la comparabilité, si l'année suivante le gouvernement n'applique
pas une convention comptable encore une fois de façon ponctuelle et
n'impute pas encore un montant additionnel, disons l'équivalent de trois
années. Nous applaudirions si le gouvernement amortissait
l'équivalent de trois années, mais je ne suis pas persuadé
qu'il va le faire. Je ne sais pas s'il va le faire. D'accord?
Alors, il y a deux choses. C'est un geste dans la bonne direction que
d'augmenter l'amortissement. D'autre part, ça ne dit pas grand-chose sur
la comparabilité si le gouvernement ne suit pas d'une façon
continue, ensuite, cette convention comptable.
M. Garon: Mais, quel a été l'effet sur le plan de
la comptabilité? Entendons-nous, la présentation ne peut pas
tromper le monde. Je pense que c'est ça. Alors, quel est l'effet en 1988
d'avoir payé en 1987, 625 000 000 $, sauf de montrer - je ne sais pas si
c'est ça que vous appelez être bon - 673 000 000 $ en
déficit de moins en 1988 pour des dépenses qui sont normalement
assumées en 1988?
M. Châtelain: Ce n'est pas un déficit de moins.
C'est un déficit de plus en 1988.
M. Garon: Non, en 1987, l'année où vous l'avez
payé.
M. Châtelain: Non, mais là le montant additionnel
qui est imputé à 1988...
M. Garon:... sept, 1987-1988.
M. Châtelain: Oui, oui. 1987-1988, d'accord. Le montant
additionnel qui est imputé à 1987-1988 a eu comme
résultat, évidemment, d'augmenter le déficit. (16 h
30)
M. Garon: De 1987-1988?
M. Châtelain: Oui, oui.
M. Garon: Mais de le diminuer d'autant, de 673 000 000 $, en
1988-1989.
M. Châtelain: Peut-être. Je ne le sais pas,
l'année n'est pas terminée, le gouvernement n'a pas encore
préparé ses états financiers.
M. Garon: Non, non, je vous parie des prévisions
budgétaires.
M. Châtelain: Ah!
M. Garon: Selon les prévisions budgétaires,
cela aura contribué à montrer que le déficit
était de 673 000 000 $ moins élevé en 1988-1989.
M. Châtelain: Oui, d'accord. Mais ce n'est pas à moi
à me prononcer sur les prévisions budgétaires comme
telles, comme vérificateur. Je vais me prononcer sur les états
financiers, sur la comparabilité, ainsi de suite.
M. Garon: Une fois que l'année est finie. M.
Châtelain: Oui, oui.
M. Garon: Mais si on suit les indications du gouvernement, en
1988-1989, le fait d'avoir imputé ces dépenses en 1987-1988,
ça va imputer 673 000 000 $ de moins en dépenses en 1988-1989.
Alors, cela a contribué à montrer un déficit plus
élevé en 1987-1988 et à faire paraître le
déficit moins élevé en 1988-1989.
M. Châtelain: Je ne sais pas si c'est une question de le
faire paraître tel. Cela le diminue en 1988-1989. C'est sûr, parce
qu'il y a 673 000 000 $ qui ont été transportés d'une
année à l'autre.
M. Garon: C'est une façon de montrer des choses qui ne
sont pas exactes.
M. Châtelain: Je ne voudrais pas commenter des choses qui
ne sont pas de mon domaine.
Évidemment, ce n'est pas à moi à me prononcer sur
les prévisions.
M. Garon: Je vais vous poser la question suivante. Si je formais
le gouvernement l'année prochaine et si je décidais de payer
d'avance, pour les prochaines années, 1 500 000 000 $, pour que
ça ait l'air la première année d'un gros déficit
dont j'ai hérité d'une façon épouvantable et,
après ça, montrer au moment des élections que j'ai
réduit le déficit considérablement, parce que j'ai
payé d'avance ces dépenses. Ne pensez-vous pas que je pourrais
agir de cette façon? Vous avez l'air de dire que ça pourrait
être correct.
M. Châtelain: Ah, non!
M. Garon: C'est cela, le fond du problème.
M. Châtelain: Je ferais ce que j'ai fait cette
année, M. le Président. J'ai indiqué dans mon rapport le
manque de comparabilité d'une année à l'autre. C'est ce
que je ferais.
M. Garon: Non, non, je comprends, si on regarde juste l'aspect de
la comparabilité, sauf que l'effet net sur la population, ça a
l'air de gonfler un déficit une année pour réduire
artificiellement le même déficit les années suivantes.
M. Châtelain: Oui, mais, M. le Président, au moment
où vous feriez ça, il faudrait quand même que vous changiez
vos conventions comptables et je pense que le Vérificateur
général se prononcerait sur la qualité de vos conventions
comptables, si elles sont bonnes ou non, si c'est une amélioration ou
non.
M. Garon: Mais, si je faisais la même chose qui a
été faite là: changer les conventions comptables pour 1987
uniquement? Alors, je les change la première ou la deuxième
année de mon mandat, en vue que les dépenses soient moins fortes
la troisième et la quatrième année, donc que le
déficit paraisse plus bas. Je n'ai changé qu'une année les
conventions comptables. Vous vous prononcez un petit peu, moralement, comme
ça, sauf que l'effet politique est beaucoup plus
considérable.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Châtelain: Je ne me suis pas prononcé sur la
deuxième ni la troisième année, dans votre exemple.
M. Garon: Non, vous dites: Je ne le sais pas s'il va laisser
ça comme ça.
M. Châtelain: Je ne le sais pas, mais je vais le
savoir.
M. Garon: Selon ce qui est annoncé par le ministre des
Finances, c'est qu'il va laisser ça comme ça.
M. Châtelain: On le verra dans les états financiers.
Bien sûr, une convention comptable est réflétée dans
les états financiers.
M. Garon: Est-ce que le fait d'augmenter par convention, c'est
une façon de faire? Augmenter les dépenses une année et
les faire paraître moins fortes les années suivantes cette
opération-là, trouvez-vous que c'est bon sur le plan de la
présentation des choses?
M. Châtelain: Écoutez, cela dépend de la
modification que vous avez faite.
M. Garon: Comme cela, tout simplement.
M. Châtelain: Cela dépend de la modification, parce
que, si on parle de cette transaction, de cette modification, comme je l'ai dit
tantôt, la modification qui a été faite de façon
ponctuelle en 1987-1988 va dans le sens des recommandations du
Vérificateur général. Alors, je ne peux pas dire que
ça a été un changement mauvais.
M. Garon: Sauf que vos prévisions budgétaires ne
vont pas dans le même sens.
M. Bélisle: II n'y en a pas de prévisions
budgétaires.
M. Garon: M. le Président, je pense que j'ai la
parole.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Châtelain: Le Vérificateur général
ne s'est pas prononcé sur les prévisions budgétaires. Il
se prononcera, éventuellement, sur les états financiers de
1988-1989. Ensuite, bien sûr, on verra s'il y a eu des modifications
d'apportées aux conventions comptables ou encore si on a assuré
la continuité dans l'application des conventions comptables. On le
verra.
Comme cette année, si le gouvernement n'a pas assuré cette
comparabilité et cette continuité, le Vérificateur
général fera encore des observations dans son rapport. C'est
sûr.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Lévis. Il vous reste une minute.
M. Garon: Des fois, vous vous plaignez que votre rôle n'est
pas pris assez au sérieux. Ne pensez-vous pas qu'en faisant toutes ces
distinctions-là vous y contribuez? Vous faites des distinctions un petit
peu jésuitiques, au fond, alors qu'en réalité... Non! Je
pense que...
Vous dites: Je ne sais pas ce qu'il va faire dans l'avenir, cela a l'air
d'une modification ponctuelle, mais vous ne pouvez pas l'assumer pour l'avenir.
Mais, si le gouvernement fait cela de façon ponctuelle comme
actuellement, vous dites: Je ne regarde pas les prévisions
budgétaires. Je comprends cela, mais nous ne pouvons pas regarder cela
comme cela nous autres. Il nous faut regarder l'ensemble, le "package deal". Le
gouvernement nous indique que l'an prochain il ne le fera pas, d'après
ce qu'on a vu dans les prévisons budgétaires. Si on tranche la
réalité comme un salami, on a du salami.
M. Châtelain: M. le Président, je pense bien que le
Vérificateur général ne s'est pas gêné dans
ses observations. Il a dit clairement et je vais répéter
l'observation qui a été lue: Pour assurer la continuité de
l'information financière, il est souhaitable que les conventions
comptables utilisées par le gouvernement pour fins de
présentation des états financiers ne subissent pas de
modifications ponctuelles dans leur application d'une année
financière à l'autre. C'est clair. Si elles subissent des
modifications ponctuelles, ces modifications vont être
décriées par le vérificateur, comme il l'a fait cette
année.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Je suis
abasourdi d'entendre ce que j'entends. Cela me renverse. Le
député de Lévis, étant donné que c'est
l'ex-ministre de l'Agriculture, je comprends qu'il ait des expressions comme
trancher la réalité comme un salami", mais franchement comme
expert dans le "coupage" du salami, ces gens ont été de
drôles d'experts de 1976 à 1985. Les rondelles étaient
tellement minces qu'on ne les voyait même pas dans les assiettes. Je le
répète encore une fois, ils ont refusé, M. le
Vérificateur général, de vous voir. Cela fait juste trois
ans de suite que vous venez nous voir à l'Assemblée nationale,
pour exposer votre rapport et discuter avec nous. On a fait des efforts depuis
1985 pour redresser les finances de l'État en suivant vos
recommandations, M. le Vérificateur général.
Je vais revenir à la page 23 de votre rapport. Même si le
député de Lévis essayait de vous le faire dire, parce que
maintenant vous êtes un mauvais jésuite d'après ce que je
viens d'entendre... Vous faites des distinctions jésuitiques qui ne font
pas son affaire. Quand ceia ne fait pas son affaire, il ne peut pas marquer de
point avec cela. Quand cela fait son affaire, vous êtes un dieu. Pour
moi, vous n'êtes ni un dieu, ni un jésuite, vous êtes un bon
fonctionnaire. On prend le bon et on prend tous les commentaires qui font ou ne
font pas notre affaire. À la page 23, vous avez dit et je vais lire
l'article 3. 16... Le député de Lévis, comme d'habitude
n'écoute pas. Ce n'est pas étonnant, c'est parce qu'il n'a pas lu
le rapport. Je vais vous lire ce que vous avez écrit. "Les
dépenses additionnelles imputées à 1987-1988 comprenaient
une somme de 673... " Prenez-le le rapport!
M. Garon: Question de règlement. M. Bélisle:
673 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: Au lieu de vous amuser, M. le Président,
j'aimerais que vous fassiez respecter le règlement et que le
député de Mille-Îles s'adresse à vous comme tous les
députés sont supposés le faire. Je ne me suis pas
adressé au député de Mille-Îles. Je ne m'adresse
jamais au député de Mille-Îles; de la hauteur d'où
je le regarde, je ne le vois pas. J'aimerais qu'on s'adresse à vous
comme tout le monde.
M. Bélisle: M. le Président, dites-donc au
député de Lévis qu'il prenne le document à la page
23 et qu'il lise l'article 3. 16, s'il sait lire.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! D'abord,
s'il s'amuse, j'aimerais faire remarquer au député de
Lévis que je suis cette audition depuis le début et que je ne
m'amuse pas. J'aimerais faire remarquer au député de
Mille-Îles de s'adresser effectivement au président. On
continue.
Dépenses additionnelles
M. Bélisle: Je répète. M. le
Président, veuillez demander au député de Lévis de
prendre le document à la page 23 et de lire l'article 3. 16 du rapport
du Vérificateur général qui dit: "Les dépenses
additionnelles imputées à 1987-1988 comprenaient une somme de 673
000 000 $ pour l'amortissement accéléré du passif non
inscrit des régimes de retraite. Le Vérificateur
général s'est montré préoccupé, ces
dernières années, du fait que le gouvernement n'inscrivait pas
assez rapidement l'amortissement de ce passif non inscrit, il appuie donc tout
effort du gouvernement pour en accélérer l'inscription. " Fin de
la citation et fin du paragraphe 3. 16. il faut, M. le Président, avoir
été totalement absent de nos débats à la commission
du budget et de l'administration depuis 1986. En début d'année,
à chaque reprise, quand le Vérificateur général est
venu devant nous, on a posé moult questions sur la comptabilité
des régimes de retraite, du passif qui est inscrit et de celui qui n'y
était pas inscrit. Est-ce que vous vous rappelez, M. le
Vérificateur général, toute la longue discussion que nous
avons eue là-dessus, il y a deux ans? Vous en avez même fait
état l'année passée dans votre rapport, à la suite
de la discussion qu'on a eue. Vous vous souvenez de cela?
M. Châtelain: Bien sûr!
M. Bélisle: M. le Président, vous pourriez
peut-être faire vérifier les galées pour voir si le
député de Lévis était présent à nos
débats, s'il écoutait, s'il était attentif à nos
débats. Ce que je vois, M. le Président, avec grand regret, c'est
qu'il n'a pas compris ce qu'on a dit en 1986, il n'a pas compris ce qu'on a dit
en 1987 et il ne comprend pas plus encore ce qu'on dit en 1989 et ce que le
Vérificateur général dit.
Est-ce que c'est possible, ponctuellement, dans un exercice financier,
pour une question de conjoncture...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Lafontaine, M. le député de Lévis,
attendez les élections générales, on verra
après.
M. Bélisle:... ou de bonne administration, que dans une
année quelconque on ait une convention comptable qui existe, mais qu'on
se retrouve dans une position où on décide de faire ce que le
gouvernement de 1976 à 1985 n'a jamais voulu faire ou n'a jamais
été capable de faire, soit de dire: On a tellement bien
administré et II y a tellement de dollars dans la caisse, on va
prépayer et on va l'amener presque à l'équivalence ou
à la correspondance et en diminuant l'amortissement du passif, du
régime de retraite qui traîne? Est-ce que c'est ce que je dois
comprendre, que c'est une bonne mesure administrative de le faire? Si je me
trompe, dites-le-moi.
M. Châtelain: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le
vérificateur.
M. Châtelain:... comme je l'ai signalé tantôt,
cette modification m'apparaît ponctuelle pour cette année. Elle
allait dans le sens des vérifications du Vérificateur
général. Donc, le Vérificateur général ne
pouvait pas s'opposer à cette modification comme telle. C'était
une amélioration, oui. Mais l'aspect qui est dangereux dans tout cela,
au point de vue comptable, c'est la non-continuité, la
non-comparabilité d'une année à l'autre. C'est ça.
C'est l'aspect ponctuel.
M. Bélisle: Mais ce qui importe avant tout, ce n'est pas
le langage que comprennent les comptables entre eux quand ils lisent les
états financiers, c'est la situation financière qui est
fidèlement reflétée dans les états financiers, en
disant: Mais là, on est capable de payer nos obligations dans les fonds
de pension. L'Etat doit des sommes dans les fonds de pension et lorsque
l'État n'a plus d'argent, je pense que son premier devoir n'est pas de
se poser comme question: La convention comptable est-elle respectée ou
pas, mais c'est de mettre les sous dans la caisse à ce moment-là
pour payer les obligations qu'on n'a pas été capable de payer
depuis quinze ans. Êtes-vous d'accord avec moi, M. le Vérificateur
général?
M. Châtelain: Je ne sais pas ici s'il s'agit.. Dans le
présent, on parle d'amortissements. Il n'y a pas de sous qui ont
été mis dans la caisse. Il était beaucoup plus question du
montant du déficit qui apparaissait aux livres à ce
moment-là.
M. Bélisle: D'accord. Dans l'ensemble... C'est tellement
partial, c'est tellement une petite vue de la réalité de ce qui
s'est passé depuis quinze ans ce qui a été amené ce
matin alors que le député de Lévis, je m'excuse, M. le
Président, n'était pas présent quand le
député de Bertrand a parlé de tout ce sujet avec nous ce
matin et qu'on a fait l'étude exhaustive de toute la situation.
J'aimerais vous poser une question. Le document rouge que vous avez devant vous
et que vous avez montré tantôt, est-ce que vous voulez me donner
la date exacte de sa publication?
M. Châtelain: II y en a deux. Il y a celui-là et
j'ai montré l'autre aussi. Je ne sais pas lequel des deux.
M. Bélisle: Montrez-moi celui que le député
de Lévis a cité à la page 42.
M. Châtelain: C'est celui-là. Ce sont les comptes
publics...
M. Bélisle: Les comptes publics.
M. Châtelain:... de l'année financière
terminée le 31 mars 1988.
M. Bélisle: À quelle date a-t-il été
publié?
M. Châtelain: Je ne sais pas si la date est donnée,
mais je sais que cela a été déposé en
Chambre vers la fin de décembre, c'est-à-dire avant
l'ajournement de décembre.
M. Bélisle: D'accord.
Une voix: Est-ce que vous voulez...
M. Bélisle: Non, mais...
M. Garon: Le député de Lévis était
là, lui.
M. Bélisle: Oui, le député de Lévis
est toujours là, mais il est absent d'esprit.
M. le Vérificateur général, toutes les
modifications qui ont été faites et toute la non-inscription des
comptes à payer pour les mois qui dépassaient le mois d'avril,
les mois de mai, juin, est-ce qu'on a été obligé de
corriger à la suite de votre demande, de votre recommandation pour
montrer un esprit plus fidèle de la situation? Si vous aviez à
refaire votre tableau que vous nous avez déposé tantôt, il
faudrait corriger 1986, il faudrait corriger 1985, il faudrait corriger 1984 et
1983 au chapitre des dépenses.
M. Châtelain: Non, parce que les modifications ont
été faites en 1987.
M. Bélisle: Oui, mais à l'inverse, ce qui
n'était pas...
M. Châtelain: Oui, si on présentait, il
faudrait...
M. Bélisle: Comprenez-moi bien. M. Châtelain:
Oui, d'accord. Allez-y.
M. Bélisle: On ne peut pas jouer sur les deux tableaux en
même temps. On ne peut pas dire que le gouvernement actuel a
modifié des conventions comptables pour que ça fasse son affaire
et dire que l'ancien gouvernement ne comptabilisait pas toutes les
dépenses en ne calculant pas dans chaque état financier les
comptes à payer qui entraient au mois de mal et au mois de juin. Il n'y
a pas deux poids, deux mesures. Si on veut avoir la vraie comparabiltté,
la comparabllité suprême, idéale, II faudrait refaire votre
tableau, n'est-ce pas?
M. Châtelain: Si c'était possible. Si c'était
possible parce qu'on...
M. Bélisle: Si c'était...
M. Châtelain:... ne peut pas le faire. Comme on l'indiquait
à la note 1, il y a une note 1, comme on...
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain:... a Indiqué, pour les deux
dernières années, on ne peut pas faire le calcul.
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: Alors, si on veut assurer une
comparabilité, on ne peut pas faire le calcul pour quatre ans et ensuite
ne pas le faire pour les deux autres années. C'est impossible de le
faire. (16 h 45)
M. Bélisle: C'est ça. C'est impossible. Même
pour 1983, 1984, 1985, 1986?
M. Châtelain: Écoutez, on peut vous donner la
variation dans ces années-là.
M. Bélisle: Vous me l'avez donnée tantôt.
M. Châtelain: Oui, je l'ai donnée tantôt, mais
on ne peut pas le faire pour les deux dernières années, c'est
cela.
M. Bélisle: D'accord. Prenons 1986. Vous avez dit: 875 000
000 $ de variation. C'est exact?
M. Châtelain: Je vais essayer de trouver mes tableaux.
M. Bélisle: J'ai noté quatre chiffres tantôt:
875 000 000 $ pour 1986; 425 000 000 $ de comptes à payer non
comptabilisés pour 1985, de variation; 578 000 000 $ pour 1984; et 108
000 000 $ pour 1983. Est-ce que je vous ai bien compris?
M. Châtelain: Le premier chiffre c'est 195 000 000 $, en
1986.
M. Bélisle: 195 000 000 $, d'accord. Excusez-moi. Alors,
195 000 000 $; 425 000 000 $ pour 1985; 578 000 000 $ pour 1984 et 108 000 000
$ pour 1983.
M. Châtelain: Mais ce n'est pas dans le même sens
pour chacune des années.
M. Bélisle: Non. C'est parce que c'est vous qui avez
donné les chiffres tantôt et je veux être bien sûr de
bien comprendre.
M. Châtelain: Pour les deux dernières années,
dans les quatre années dont on parle,
pour 1985 et 1986, cela représente une augmentation dans les
comptes à payer non inscrits. Donc, cela aurait augmenté le
déficit. Dans les deux années précédentes,
c'était une diminution dans les comptes à payer. Donc, cela
aurait, on parle toujours des comptes à payer, d'une année
à l'autre, non inscrits, diminué le montant du
déficit.
M. Bélisle: D'accord. Une augmentation pour les deux
dernières années et une diminution pour les deux années
1983 et 1984.
M. Châtelain: Oui.
M. Bélisle: Mais on parle seulement de la variation.
M. Châtelain: Oui, c'est seulement la variation.
M. Bélisle: Ce n'était pas le montant total des
comptes à payer non inscrits.
M. Châtelain: Non.
M. Bélisle: Si on ajoutait, en 1983, 1984, 1985 et 1986,
le montant total des comptes à payer non inscrits aux dépenses
réelles de 1983, 1984, 1985 et 1986, il y aurait des changements majeurs
aux dépenses réelles, n'est-ce pas? Cela varierait.
M. Châtelain: Oui, bien sûr.
M. Bélisle: Le chiffre de 1986 n'aurait pas
été de 27 222 000 000 $. Il aurait été d'un mosus
de gros paquet plus gros que cela.
M. Châtelain: Dans deux années, le déficit
aurait été supérieur; dans deux autres années, il
aurait été inférieur.
M. Bélisle: Si on voulait, dans l'idéal, avoir la
comparabilité parfaite, sans tenir compte de l'absence de respect d'une
règle de consolidation avec la passe d'Hydro-Québec de 1982 dans
les états financiers, qu'on ne retrouve nulle part... Mais cela, on n'en
parlera pas. C'était juste 4 300 000 000 $. On ne parlera même pas
de cela. Si on avait à le faire, il faudrait prendre chacune des
années et faire la modification de l'ensemble des comptes à payer
non inscrits au mois de mai et au mois de juin, effectivement, qui auraient
dû s'accumuler et s'ajouter au déficit. Cela veut dire que la
première colonne que vous avez là, Résultats réels,
serait complètement modifiée pour 1982, 1983, 1984, 1985 et 1986
et là on aurait une idée beaucoup plus juste du véritable
tableau.
M. Châtelain: C'est vrai pour ces quatre
années-là. Mais dans deux années, vous auriez des
diminutions et, dans deux autres années, vous auriez des augmentations.
La raison pour laquelle on ne l'a pas fait c'est qu'on ne pouvait pas le faire
pour les deux dernières années.
M. Bélisle: Merci, M. Châtelain. Embarquez
là-dessus, M. le député de Lévis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... les règles comptables du temps qui
étaient... M. le Président, est-ce que je peux demander au
Vérificateur général si les règles comptables du
temps étaient les mêmes d'une année à l'autre
concernant ces montants que vous venez d'indiquer?
M. Châtelain: Je ne crois pas qu'il y ait eu de changement
dans les règles comptables au cours de ces quatre années, dans
les conventions comptables, il faut s'entendre, exception faite du cas qui a
été soulevé par le député de...
Le Président (M. Lemieux): De Mille-Îles. M.
Bélisle: En 1982.
M. Châtelain: Mais on parle de la Loi sur
Hydro-Québec à ce moment-là, je pense bien. C'est
cela?
M. Bélisle: C'est cela.
M. Châtelain: Mais cela n'était pas une modification
aux conventions comptables comme telle, c'était une loi qui a
imposé cette transaction. Mais il n'y a pas eu de modification, que je
sache. Il n'y en a pas eu dans ces années-là.
M. Garon: Vous pariez d'un changement de la Loi sur
Hydro-Québec. C'est assez public une loi, ce n'est pas fait à la
cachette.
M. Châtelain: Oui, je comprends.
Imputabilité des fonctionnaires (suite)
M. Garon: Concernant l'imputabilité, le président a
parié souvent d'imputabilité, il y a eu des
velléités, il s'est manifesté quasiment comme le grand
réformateur de la commission pour parier de l'imputabilité. Sauf,
remarquez, que cela a été des velléités.
Maintenant, un débat que je trouve intéressant, c'est
celui concernant la CSST. À mon avis, c'est un beau débat
où il pourrait y avoir imputabilité, non pas dans le sens de
condamner, mais dans le sens qu'il ait lieu ouvertement. Quand on parie
d'imputabilité, les gens... Je vois bien que le député de
Vanier a essayé ou n'a pas essayé, sauf qu'on n'est pas plus
avancés sur ce plan. Son bilan à ce point de vue aura
été de zéro. Mais je pense qu'il y a un point important
à souligner. Les implications politiques ne sont
pas comme les gens pensent. C'est souvent un débat administratif
sur une façon de voir les choses. Dans votre rapport, je pense que vous
avez souligné votre façon de voir les choses. D'autres ont dit
une autre façon. Il aurait été bon, par exemple, qu'il y
ait justement en commission parlementaire un véritable débat
où les gens à propos desquels vous avez fait des commentaires
auraient pu donner leur opinion et qu'il y ait un échange à ce
sujet; je pense qu'il aurait pu y avoir une façon.
C'est à ce sujet que j'ai écrit au président au
mois de décembre. Je lui ai demandé qu'on ait une réunion
pour discuter de quelle façon se ferait la rencontre avec vous dans le
sens de donner une place à l'imputabilité et non pas en essayant
de fendre un cheveu en quatre, parce qu'à chaque année,
jusqu'à maintenant, la commission du budget et de l'administration
était chargée de vous recevoir et que cela aurait sans doute
été son rôle aussi d'essayer de rencontrer les
fonctionnaires visés dans votre document, sans qu'il y ait de
véritable implication politique.
J'ai déjà dit, par exemple, concernant les assurances
agricoles, que vous aviez déjà fait des commentaires dans le
passé et que les gens chez nous n'étaient pas d'accord avec vous.
Uniquement en termes de présentation des assurances, en termes de faire
les choses à la façon des assurances. Je me rappelle qu'on avait
parlé, j'avais lu votre rapport, et les gens me disaient: On n'est pas
d'accord avec cette façon de voir les choses. Je pense que dans une
administration, il peut y avoir deux visions des choses sans que personne ne
soit de mauvaise foi. J'ai le sentiment que le fait qu'il n'y ait pas, sur le
plan de l'imputabilité, de témoignage des fonctionnaires pour
répondre aux commentaires que vous faites sur leur administration, ce
n'est pas bon. Cela fait, à mon avis, souvent paraître que
l'administration publique est, dans certains cas, condamnable, alors que ce
sont parfois des questions d'opinion ou des façons de voir les choses.
Je pense que cela ne va pas dans le sens de dire...
Je me rappelle quand le ministère de la Défense d'Ottawa
avait des bérets de telle grandeur pour 1000 ans à venir. Je ne
suis pas convaincu que c'était la bonne façon. L'armée
américaine, vous l'avez vu, avait du ketchup pour 500 ans à
venir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je vous dis 500 ans et je n'en suis pas certain, mais
c'était pour pas mal d'années de ketchup pour l'armée
américaine. Je pense que c'est vraiment une autre chose.
Souvent, sur le plan de la présentation des choses, il y a
différentes façons de voir la présentation de documents,
sans que les gens soient de mauvaise foi. Parce qu'ils privilégient
telle ou telle chose, ils tiennent compte davantage de tel et tel
élément qui leur paraît d'ail- leurs... Je déplore
que jusqu'à maintenant iI n'y ait pas eu de rencontre pour aller dans ce
sens-là, ce qui serait, à mon avis, une amélioration des
choses parce que pour beaucoup de choses du document, ce n'est pas sur le plan
politique que les ministres qui ont pris des décisions... Quoiqu'on dise
que le ministre soit responsable de tout, cela a été des
décisions administratives. Le fait qu'on n'aille pas plus loin, je pense
que c'est déplorable parce que cela ne contribue pas à
améliorer la gestion publique autant que cela pourrait. On pourrait
savoir il y a des façons de voir les choses sur le plan, par exemple, de
la CSST, que le vérificateur dise: Voici mon opinion; l'autre dit telle
autre chose. Ensuite, le débat étant fait, il y aurait moyen de
conseiller sur des façons de faire à la suite de ce débat.
Mais le débat n'a pas lieu. Personne n'a parlé de donner des
commentaires. On l'a vu dans les commentaires des journaux, parce que les gens
n'avaient pas d'autre place à ce moment-là, le débat
n'ayant pas lieu là où il aurait dû avoir lieu. Le
débat ne devrait pas avoir lieu dans les journaux parce que les journaux
ne se partent, pas au fond. Ici, il pourrait y avoir une véritable
discussion au cours de laquelle les députés pourraient avoir un
véritable rôle à jouer, essayer de se faire une opinion,
n'étant souvent pas comptables eux-mêmes, et essayer de voir les
choses de façon à préserver la meilleure
présentation des affaires publiques.
Je veux le déplorer encore une fois cette année. Cela ne
donne pas grand-chose de le déplorer, mais nous, nous étions
prêts à faire ce travail. C'est pour ça que j'ai offert au
président de la commission, sachant d'ailleurs, c'est ce qui est
arrivé, que ce serait encore la commission du budget et de
l'administration qui serait mandatée pour vous rencontrer... J'aurais
souhaité que le président collabore là-dedans; j'aurais
aimé que cette séance de travail ait lieu pour qu'on discute
sereinement. Je ne sens pas qu'on est dans des choses où il y a vraiment
des implications politiques. À mon avis, c'est un débat qui est
assez technique, mais qui est important. Il peut arriver, à des
endroits, il y en ait, mais pour plusieurs de ces questions, il n'y a pas
vraiment d'implications politiques. Au contraire, je pense qu'on aiderait les
ministres à se faire une opinion dans certains cas. Il y a des
organismes comme le vôtre, celui du Protecteur du citoyen, qui sont
là pour jouer un rôle objectif. Comme ministre, je me rappelle
avoir eu des gens à mon bureau et de ne pas avoir été
capable... Espérant avoir un arbitrage impartial, je les ai
envoyés moi-même au Protecteur du citoyen pour que ce dernier
évalue le cas au ministère concerné; après cela, on
voyait ce qu'il avait dit par rapport à ça. Cela me paraissait
que la personne était traitée de façon plus impartiale,
sans préjuger qu'on soit d'accord ou pas d'accord sur son analyse.
Après, quand son analyse est faite, on peut dire: Oui, mais on n'est pas
d'accord avec ça ou on est d'accord. Je
pense que c'est comme ça que les cas sont traités
normalement aux ministères par rapport au Protecteur du citoyen. Cela
devrait être la même chose par rapport au Vérificateur
général, lequel ne relève pas du gouvernement, mais de
l'Assemblée nationale, concernant ses fonctions.
J'aimerais savoir de votre part, s'il y avait une réunion sur
l'imputabilité des fonctionnaires, imputabilité non pas dans le
sens d'accuser, mais dans le sens de rencontrer, au lieu de dire "faire
comparaître", un terme qui a peut-être des aspects plus
péjoratifs, mais de rencontrer des gens visés dans l'analyse des
commentaires qui sont faits dans votre rapport, de quelle façon
souhaiteriez-vous que ce soit fait pour qu'il y ait un débat
correct?
M. Châtelain: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
faire des commentaires sur ce sujet à maintes occasions dans le
passé. Évidemment, j'ai vécu une expérience
ailleurs, dans une autre juridiction, mais à un palier supérieur
de gouvernement où les fonctionnaires sont appelés à
témoigner en commission parlementaire devant le Comité des
comptes publics en l'occurrence, où le débat est
complètement dépolitisé. Les ministres ne sont pas
présents lors des discussions; ce sont les hauts fonctionnaires qui sont
présents. L'absence du ministre favorise déjà la
non-politisation du débat. Je ne voudrais pas que mes propos soient vus
d'une façon péjorative. Le débat est nettement
dépolitisé, il est question évidemment des sujets qui sont
relevés dans le rapport du vérificateur et le Vérificateur
général ne se prononçant pas sur des aspects politiques,
mais se prononçant exclusivement sur des aspects administratifs -
d'ailleurs ici, la loi sur le Vérificateur général lui
défend de se prononcer sur les aspects politiques - alors le
débat étant limité à ce qui apparaît dans le
rapport du Vérificateur général, il est non partisan, non
politique et il devient productif. Comme le député l'a
signalé, c'est ma recommandation et c'est ce qui se fait dans d'autres
forums où j'ai déjà participé à des travaux
de cette nature, les hauts fonctionnaires ne sont pas appelés là
d'une façon punitive; ils ne sont pas appelés à rendre
compte pour se faire punir ou pour se faire reprendre. Les fonctionnaires, je
parle des hauts fonctionnaires autres que le Vérificateur
général, il faut s'entendre, sont surtout là pour
expliquer, pour faire la lumière sur ce qui s'est fait et surtout pour
faire part des mesures qu'ils entendent prendre si, en l'occurrence, iI y a
lieu d'améliorer certaines situations qui ont été
déplorées. Les députés sont là pour prendre
connaissance des constatations du vérificateur et faire la
lumière sur ses constatations, mais surtout pour savoir s'il y aura des
suites de données. C'est ce qui est important. Et lorsque le
débat est dépolitisé de cette façon, il devient
beaucoup plus productif. Je m'excuse, parce que nous ne sommes pas, à ce
moment, dans un forum de l'Assemblée nationale comme telle, où on
met en présence des opposants politiques. C'est dans ce sens. Alors,
toute l'orientation de l'exercice est une orientation positive car, dans le
fond, c'est aux députés à qui on doit rendre compte. En
fin de compte, c'est l'Assemblée nationale, ils sont les
représentants du peuple et c'est à eux qu'on doit rendre compte.
Alors, les députés exercent leur rôle. C'est bien dit,
même dans la Loi sur l'Assemblée nationale, les
députés ont un rôle de surveillance à faire. C'est
une façon pour les députés d'exercer ce rôle de
surveillance auprès de l'administration. (17 heures)
M. Garon: Et le débat se faisait de quelle façon?
Les fonctionnaires viennent, ensuite vous réagissez comment?
M. Châtelain: Oui.
M. Garon: Est-ce que vous pourriez nous décrire un peu de
quelle façon se fait ce débat dans les autres endroits que vous
avez connus?
M. Châtelain: La façon dont le débat se fait,
il se fait à peu près de cette façon-ci. D'abord, il y a
le comité directeur - j'appelle ça le comité directeur de
la commission - qui est formé de députés, du
président et du vice-président, il y a entente a ce niveau quant
aux sujets qui seront discutés lors des réunions à venir.
Il faut s'entendre, il y a des réunions de façon
régulière. À l'endroit auquel on fait
référence, il y a des réunions deux fois par semaine, mais
pendant une heure et demie chaque fois, les mardis et les jeudis. D'avance, il
y a un calendrier de réunions, il y a un agenda d'établi, on sait
quels sont les sujets, c'est-à-dire qu'on établit les sujets, qui
sont dans le rapport du Vérificateur général, qui seront
discutés; les hauts fonctionnaires visés par ces sujets sont
convoqués, alors ils savent d'avance que, tel jour, ils devront venir
témoigner devant la commission.
Une fois en réunion en commission, le président donne la
parole au Vérificateur général, mais tout simplement pour
un très bref exposé, je ne dirais même pas de quelques
minutes, mais de quelques secondes, sur le sujet même qui va faire
l'objet de la discussion ce matin-là.
Une fois terminé cet exposé préliminaire, les
députés prennent la parole à tour de rôle, et il n'y
a pas nécessairement alternance des partis. Le débat est
tellement dépolitisé qu'on ne peut même pas dire à
quel parti - selon la nature du débat, il faut s'entendre, selon
l'orientation que prend la discussion - les députés
appartiennent. Chaque député, à tour de rôle, a le
droit de parole ou le droit de poser des questions pendant une dizaine de
minutes, ce qui veut dire que le même député peut poser des
questions... Son tour peut revenir. Une fois que son temps est
écoulé et qu'il n'a pas fini la ligne de questions qu'il avait
entreprise, on va même voir un député de l'autre parti lui
donner son temps pour qu'il
puisse continuer à poser des questions. Je dis ça tout
simplement pour illustrer comment le débat est
dépolitisé.
Alors, ça se fait comme ceci, et c'est fixé d'avance. Il
peut y avoir deux ou trois réunions avec les mêmes témoins,
c'est-à-dire les mêmes hauts fonctionnaires, et les questions sont
posées, par l'entremise du président, directement au haut
fonctionnaire lequel fournit les explications. Le président s'assure que
le débat n'est pas politisé, qu'on ne pose pas des questions de
nature politique aux hauts fonctionnaires, des questions qui devraient
normalement être posées à un ministre et non pas à
un haut fonctionnaire. Il s'en assure.
Ces débats sont tenus régulièrement. Pendant une
session, disons chaque année, on peut passer à travers l'ensemble
des sujets importants du rapport du Vérificateur général.
Et régulièrement, disons à tous les deux ou trois mois, le
comité en question dépose un rapport à la Chambre sur les
sujets qu'il a discutés et fait même des recommandations à
la Chambre même. Ces rapports sont déposés en Chambre.
Pour aller plus loin, les députés, la commission
même ou le comité peuvent même exercer des suivis
auprès des hauts fonctionnaires, c'est-à-dire que les
députés ou la commission peuvent demander, par exemple, aux hauts
fonctionnaires: Voulez-vous, s'il vous plaît, nous faire rapport d'ici
trois mois, d'ici six mois, sur la mise en application ou sur l'implantation
des recommandations du Vérificateur général que nous avons
acceptées, et pour lesquelles nous croyons que vous devriez prendre
action? Il y a des suivis qui sont exercés par le comité
lui-même sur les recommandations du Vérificateur
général.
En gros, M. le Président, c'est la façon dont on
procède.
M. Garon: Est-ce que le Vérificateur général
ou les gens de son bureau sont présents lors de ces
délibérations?
M. Châtelain: Oui. Il est généralement
accompagné de deux ou trois responsables de son bureau, qui sont
responsables du secteur qui fait l'objet de la réunion. Voyez-vous, le
sujet est déterminé d'avance. Les deux ou trois directeurs ou
gestionnaires de son bureau qui sont responsables de ce secteur, de cette
vérification, sont présents. Il n'y a que le Vérificateur
général et deux ou trois autres personnes de son bureau qui sont
là, à ce moment.
M. Garon: Leur est-il parfois demandé de réagir par
rapport à ce que disent les gens du secteur qui est analysé
à la commission parlementaire?
M. Châtelain: Oui. Les questions sont posées aux
hauts fonctionnaires. Les hauts fonctionnaires fournissent une réponse
et un député peut se questionnner sur le genre de réponse
ou sur la pertinence de la réponse qu'il a obtenue, à savoir:
Est-ce que cela peut solutionner le problème qui a été
soulevé par le Vérificateur général? À ce
moment-là, le député peut poser la question directement au
Vérificateur général: Pensez-vous que ce sera suffisant,
M. le Vérificateur général? Il y a une discussion, mais
c'est une discussion qui est très productive. Il faut quand même
que je l'indique, le Vérificateur général n'agit pas comme
un procureur pour essayer d'embêter les hauts fonctionnaires. Ce n'est
pas son rôle. Il n'est pas là pour essayer d'embêter les
gestionnaires. Il est là pour fournir les explications, tout
simplement.
M. Garon: Est-ce qu'il y a plusieurs endroits où ça
se fait comme ça?
M. Châtelain: Oui, M. le Président, cela se fait
d'un bout à l'autre du Canada, dans presque toutes les autres
juridictions. Je parle au niveau fédéral et provincial. Cela se
fait sensiblement de cette façon, à une ou deux exceptions
près. Je peux mentionner pertinemment qu'en Ontario, cela se fait. En
Colombie britannique, cela se fait régulièrement. En Alberta,
cela se fait aussi régulièrement. Cela se fait ailleurs,
peut-être de façon moins régulière, à
l'exception du Québec, il faut s'entendre. Sauf une autre exception, je
pense que des hauts fonctionnaires sont également appelés
à témoigner. Cela ne se fait peut-être pas d'une
façon aussi régulière que je l'ai décrit. En
Ontario, en Alberta, en Colombie britannique et au fédéral, cela
se fait d'une façon régulière.
M. Garon: Ce n'est sans doute pas par cet aspect de la
société distincte qu'on valorise le Québec.
M. Châtelain: Je n'ai pas de commentaire
là-dessus.
M. Garon: Vous n'en pensez pas moins.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le...
M. Garon: Combien me reste-t-il de temps?
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Cela ne prendra pas la minute. Je ne sais pas s'il y a
quelqu'un d'autre ou si je vais continuer.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Lévis?
M. Garon: II me reste une minute. Avant d'aborder un autre sujet,
je me dis que si quelqu'un d'autre demande la parole, je reviendrai
après.
Le Président (M. Lemieux): Je voulais simplement faire le
commentaire suivant. Il semble peut-être facile, en apparence, de tracer
cette ligne entre ce que pourrait être le pouvoir administratif et le
pouvoir politique. J'ai quand même dit ce matin que toute une tradition a
été établie au Québec, une tradition - je ne
voudrais pas employer une tradition - qu'il n'est pas facile de faire bouger,
puisqu'on a des comportements, on a des attitudes. Lorsque j'écoutais le
Vérificateur général, j'ai eu l'occasion, moi aussi, dans
le cadre de trois conférences des comptes publics du Canada - à
laquelle vous participiez et à laquelle je présidais celle de la
Saskatchewan - d'étudier l'ensemble du processus administratif de la
Commission des comptes publics du Canada et de celle des autres provinces,
chose que je trouve très intéressante, car j'ai toujours cru que
les gestionnaires se doivent de répondre devant les élus de la
qualité de leurs gestes administratifs. C'est une chose qui devrait et
qui devra probablement se faire dans l'avenir puisque, en dernier ressort, il
n'en demeure pas moins que nous sommes les représentants des
contribuables. Ce n'est pas facile de tracer cette ligne entre le politique et
l'administratif. Je me souviens que, même du temps où M. Parizeau
était ministre des Finances, il n'était pas d'accord avec le fait
que ses fonctionnaires ou son sous-ministre puisse comparaître en son
absence. Quant à l'imputabilité, nous avons déjà
fait certains pas. Qu'on pense au mandat d'initiatives qu'on peut se donner.
Nous l'avons fait avec la Commission des valeurs mobilières. Vous savez,
lorsque nous aurons en face de nous des fonctionnaires, cela demande aussi
toute une nouvelle structure, tout un nouveau cheminement. Il nous faudra des
recherchistes, il nous faudra des professionnels. Le budget de la commission
devra être revu, à mon avis. On se devra d'être
assistés. Cela n'aura et devrait n'avoir qu'un effet
bénéfique.
Je voyais dans votre rapport que, sous l'ancien gouvernement, on avait
construit un pont qui ne menait nulle part et un stationnement qui ne servait
pas. Je pense à celui du Bic, 800 000 $ et 700 000 $. Je me disais: Si
le fonctionnaire était devant moi, avait à répondre de ses
gestes administratifs, dans quelle mesure, à un certain moment
donné, ne toucherait-on pas aux politiques et le ministre
n'écoperait pas, excusez l'expression, des gestes administratifs qu'un
fonctionnaire pourrait poser? C'est tout cet amalgame qu'on se devra de revoir,
qu'on se devra d'expertiser avant d'en arriver à dire: Nous
décidons de convoquer les fonctionnaires en commission parlementaire. La
première chose qu'on aura à faire... Si on a écouté
et si on a étudié le fonctionnement de ce qui se passe ailleurs,
le prochain mandat de cette commission sera peut-être de se
déplacer à Ottawa pour assister à deux ou trois
séances du Comité des comptes publics. Lorsque M. le
vérificateur me dit que c'est apolitique... Vous savez, quand j'ai le
député de Lévis d'un côté et le
député de Lafontaine de l'autre côté, parfois, ce
n'est pas facile d'être apolitique. Je sais toute la
générosité du député de Lévis et je
pense que c'est un excellent député, de même que le
député de Lafontaine, mais je comprends que, lorsqu'il y a un
parti au pouvoir et un parti de l'Opposition, il y en a parfois qui sont
là pour donner des jambettes aux autres. C'est ce genre de choses que je
voudrais éviter lorsqu'on commencera à en arriver à
convoquer les hauts fonctionnaires. Déjà, je l'ai
mentionné ce matin, j'avais fait des recherches à cet effet.
Quelques tentatives qui se sont avérées négatives. Si on
décide d'aller de l'avant, je ne voudrais pas qu'on ne marque pas de
point. On ne peut pas se permettre de passer à côté. On ne
peut pas se permettre de ne pas marquer d'une façon positive, sans
ça, ce sera un recul pour nous, comme parlementaires. On a aussi
à bâtir une crédibilité dans ce domaine et ce sera
un recul aussi, je dirais, pour l'efficience, l'efficacité et le
rôle de surveillance qu'on a à faire comme parlementaires. C'est
le commentaire que j'avais à faire là-dessus.
M. le député de Lévis, la parole est à
vous.
M. Garon: M. le Président, vous me faites penser à
la mère de famille qui ne voudrait pas que son enfant marche parce qu'il
y aurait un danger qu'il tombe. Il ne marchera jamais. Cela n'a pas de bon
sens. Aujourd'hui, on n'est pas... En faisant des rencontres comme celles dont
on parle, on serait sans doute la dernière province du Canada à
le faire ou l'avant-dernière. On n'est pas dans l'innovation, on n'est
pas dans le mur du son. Quand vous parlez, c'est beaucoup plus en termes de
gestion du passé qu'en termes de maîtrise de l'avenir.
Gérer le passé, je n'ai pas d'ambition dans ce sens-là. Je
me dis: Le passé est fait. Mais, ce que j'aurais aimé, par
exemple, dans l'avis de fonctionnaires du ministère des Loisirs, de la
Chasse et de la Pêche, pourquoi dit-on qu'il y a un pont et qu'il ne
mène nulle part? Pourquoi? Je ne sais pas pourquoi. Il y en a qui me
l'ont dit à travers les branches: Le gouvernement a changé ses
orientations de sorte que c'est resté en plan, un plan d'ensemble qui
était abandonné. Est-ce vrai? Je ne le sais pas. On m'a dit
ça. Il aurait été utile, par exemple, parce que ce sont
les fonds des contribuables qu'on doit protéger, de pouvoir le faire. Si
le ministre, quel qu'il soit, a donné une mauvaise orientation, il
passera dans l'histoire pour celui qui a fait une mauvaise orientation.
Pourquoi essayer de protéger les gens qui auraient donné de
mauvaises directives? Si ce n'est pas lui et s'il y a eu un changement
d'orientation politique, ce qui est possible aussi, et que cela a donné
ce résultat, les gens le sauront. Cela finit là. Sauf que je
pense qu'en mettant la poussière en dessous du tapis, on crée...
C'est bien plus mauvais pour l'administration publique parce que lorsque les
gens voient
ça actuellement, ils n'ont pas d'explication. Des fois, il y en a
et des fois, B n'y en a pas. Il y a de la mauvaise gestion. (17 h 15)
Dans l'ensemble d'un gouvernement, je pense bien que si personne croyait
qu'il y a de la mauvaise gestion, il n'y aurait pas eu de vérification
intégrée et il n'y aurait pas eu... Je vous ferai remarquer qu'on
a parié de M. Parizeau. C'est lui qui a insisté pour que le
Vérificateur général - tout le monde n'était pas
d'accord là-dessus - et là-dessus, on est en avance sur plusieurs
autres, analyse la gestion du gouvernement. Je pense que par la Loi sur le
Vérificateur général - j'aimerais que le
député de Vanier mette ça dans sa pipe, cela pourrait y
rester un bout de temps étant donné qu'il ne fume pas la pipe -
c'est M. Parizeau, justement, qui a voulu que le Vérificateur
général ait des pouvoirs plus grands, non pas seulement de
regarder la beauté des colonnes de chiffres, mais d'analyser la gestion
du gouvernement. Je peux vous dire, comme quelqu'un qui a participe aux
décisions, que cela n'était pas vendu d'avance. Je ne
révélerai pas de secret en disant ça, mais je vais vous
dire que cela a été un très bon débat. Pourquoi
cela a-t-il été accepté? Cela aussi, c'était,
à ce moment-là... Cela pouvait être bien plus dangereux que
de faire voir les fonctionnaires pour dire: Pourquoi est-ce écrit
là? Qu'est-ce que vous avez fait? C'était bien plus dangereux,
c'était bien plus... Quand le député de Vanier, le
président, parle de la commission, il n'est plus unanime, monsieur. S'il
avait fallu que M. Parizeau ne soit plus unanime comme ça, jamais il n'y
aurait eu une Loi sur le Vérificateur général. Il y a une
loi; le Vérificateur général peut analyser la gestion du
gouvernement, avec les dangers que ça comporte, de dire au gouvernement:
Vous avez une mauvaise gestion là-dessus. Sauf que dans une
société moderne, on n'est plus dans le temps de Cromwell,
ça fait partie des instruments qu'on se donne de faire
vérifier.
Je vais vous dire une chose, dans un ministère, j'ai
été un des premiers à avoir mis un vérificateur
interne au ministère de l'Agriculture. J'aimais autant le savoir s'il y
avait quelque chose qui n'était pas correct que de ne pas le savoir.
Pourquoi a-t-on mis un vérificateur interne? Sa job était de
"checker" à l'année, à temps plein pour vérifier.
Justement pour qu'on corrige les affaires. Mais il y avait le risque. Ils
disent occasionnellement: Telle chose n'est pas correcte. Tant mieux! S'il le
découvrait plus rapidement, tant mieux encore pour qu'on puisse changer
des choses. C'est ça, au fond, l'administration publique étant
donné que c'est la loi des grands nombres, qu'on puisse faire ces
activités. Je trouve ça. Si on va dans le sens... Le
vérificateur aujourd'hui, et c'est très important, parce que je
pense que le pendant de la modification de la Loi sur le Vérificateur
général, c'est justement que les gens puissent venir se
défendre. Sur le plan de la gestion, il n'y a pas juste une façon
de faire les choses. Il peut y avoir plusieurs façons de faire les
choses. Le Vérificateur général a maintenant le mandat
d'analyser la gestion et de dire aux gens: Telle chose n'est pas correcte ou
telle chose a telle lacune. Actuellement, parce que le président ne
réussit pas vis-à-vis de son gouvernement - je ne fais pas partie
des caucus du gouvernement, des députés libéraux - ou ne
tente pas assez fort pour que ça puisse se faire, je ne sais pas ce qui
se passe là. La seule chose que je vois, c'est qu'il n'arrive rien. Je
trouve cela même que le pendant n'est pas là de gens qui devraient
pouvoir être appelés justement pour dire comment eux voient
ça. Le Vérificateur général porte un jugement. J'en
connais des cas, j'ai connu des gens qui, lorsque le Vérificateur
général portait un jugement, disaient: Je ne suis pas d'accord
là-dessus. Dans certains cas, c'est évident, il doit y avoir un
correctif le plus vite possible. Dans d'autres cas, c'est moins évident
et, dans d'autres cas, ce n'est pas évident du tout. Dans d'autres cas,
des fois, ce sont des écoles de pensée. Des gens qui voient
ça de telle façon et d'autres qui voient ça de telle autre
façon et il y a un choix à faire qui n'est peut-être pas
mauvais dans un cas comme dans l'autre. Mais le fait que le Vérificateur
général puisse faire l'analyse de la gestion et que ceux qui sont
analysés et commentés dans le rapport ne puissent pas dire
comment ils voient ça, ce n'est pas correct. Je trouve ça tout
simplement, juste sur ce plan, pas correct. Cela serait beaucoup plus simple
pour l'administration publique, beaucoup plus valorisant, parce que c'est
démoralisant pour l'administration publique quand elle est dans le livre
du Vérificateur général. Pour tout le monde, c'est une
forme d'accusation. Ne nous contons pas d'histoire, on est là. Ce ne
sont pas des prix Méritas que distribue le Vérificateur
général, ce ne sont pas des Prix du Québec, il distribue
habituellement des commentaires sur les choses qui devraient être
changées. Quand vous êtes là-dedans et que la personne ne
peut rien dire, je ne trouve pas ça correct. Je trouve que ce serait bon
qu'on puisse faire comparaître tes fonctionnaires justement pour qu'ils
puissent dire leurs choses et le vérificateur est là, la personne
sait qu'elle ne pourra pas dire n'importe quoi parce que les
députés vont dire au vérificateur: Vous, qu'en
pensez-vous? il peut arriver des cas où des gens disent: C'est une
façon de voir les choses, on ne la partage pas pour telle raison. Mais
ce serait sain parce que les gens qui regarderaient ça diraient: Voici
des gens qui travaillent à améliorer l'administration publique.
Tandis que comme ça se passe maintenant, je trouve qu'on a tous l'air
d'une "gang" de "gnochons". Regardez les commentaires de tous les journaux,
cette année, au rapport du Vérificateur général, ce
sont des commentaires désobligeants de tout le monde,
particulièrement pour les députés de la commis-
sion. On a tous passé pour une "gang" de deux de pique. Pourquoi?
Ne nous contons pas d'histoire, c'est parce qu'on ne va pas plus loin, alors
qu'ils disent: Le rapport qui est là, comme d'habitude, sera sur les
rayons. Il va tomber un peu de poussière dessus, mais on engagera sans
doute un jour quelqu'un pour enlever la poussière sur les livres. Sauf
que ce n'est pas ce que les gens souhaitent; ils souhaitent aller plus loin. Ce
n'est pas vrai que tant... Quand on a fait des discussions sur la Loi sur le
Vérificateur général, je me rappelle à quel point
certains avaient peur des conséquences. Tantôt, le
député a parlé, par exemple, des mandats d'initiatives. Je
vous ferai remarquer que c'est encore sous l'ancien gouvernement que le
règlement a été changé également
là-dessus. Les mandats d'initiatives, pensez-vous que tout le monde
embarquait comme du beurre dans la poêle en disant: Pas de
problème, on va enquêter. Il y en a qui disaient ce que vous
dites, sur le plan politique. Mais il a été trouvé plus
sain de changer le règlement pour que les gens justement... Le
rôle des parlementaires, c'est d'aller voir. C'est leur travail. Juste la
crainte d'être enquêté, c'est déjà bon. La
crainte, c'est le commencement de la sagesse. Des fois, la crainte...
Pensez-vous que, quand un ministre va en Chambre tous les jours et qu'il ne
sait pas s'il va se faire poser des questions, c'est mauvais? S'il avait fallu
être... jamais il n'y a eu de planification au parlement, au cas
où on poserait des questions et que le député aurait
découvert quelque chose. Tout ça pour que ce soit plus ouvert,
que ce soit plus vérifié, mais que les gens puissent se
défendre. On a des systèmes en place où les gens sur
lesquels on porte des jugements ne peuvent faire aucun commentaire et
où, parce que tout ce débat n'a pas lieu... Là, le rapport
du Vérificateur général n'a pas toute l'ampleur qu'il
devrait avoir et, pour le bien-être de l'ensemble des citoyens, et ceux
qui font ça pour les citoyens, ce sont les députés de
l'Assemblée nationale. C'est notre travail de faire ça et,
actuellement, on ne peut pas le faire parce que quelqu'un au gouvernement
n'accepte pas que... ou à la présidence, je ne sais pas qui donne
les ordres à qui là-dedans, mais il arrive qu'on regarde le
document et la grande partie concernant la gestion et l'administration
commentée dans le document, on ne peut en faire l'étude.
S'il n'y avait pas eu de changement de gouvernement, ce serait
déjà fait. Je vous le dis franchement, parce que c'était
le pendant tellement normal de l'adoption de la Loi sur le Vérificateur
général. C'est tellement évident que, quand on a
donné un mandat beaucoup plus large, le Vérificateur
général du Québec est sans doute celui qui a aujourd'hui
le mandat le plus large au Canada en termes d'analyse du gouvernement. Je ne
sais pas si je me trompe en disant ça, mais, en tout cas, en termes de
mandat, je pense bien que son mandat n'est pas plus restreint que celui des
autres. Il est sans doute plus large. Au cours des rencontres sur les comptes
publics du Canada, j'ai constaté que le Vérificateur
général n'avait pas l'air gêné de son mandat au
Québec. Mais, actuellement, comme députés, on est
gênés parce qu'on est à peu près le seul Parlement
qui ne va pas plus loin que ça dans l'analyse des comptes publics. On
est à peu près le seul Parlement qui, après avoir
donné, et là je vais le dire parce qu'il faut rendre à
César ce qui est à César, sous l'ancien gouvernement, des
pouvoirs plus grands au Vérificateur général, avoir
donné des pouvoirs plus grands en commission parlementaire d'avoir des
mandats d'initiatives, pouvoir y faire actuellement comparaître les
fonctionnaires... Nous, on est minoritaires. Vous pouvez bien faire les
propositions que vous voudrez; si le part! ministériel continue à
dire non, il n'arrivera rien. Sauf qu'il serait souhaitable qu'on commence le
plus rapidement possible. Je suis convaincu qu'il pourrait arriver, à
l'occasion, d'avoir des... J'ai le sentiment, comme... vous analysez le rapport
du Vérificateur général, à moins que le ministre
ait donné des directives très précises, que c'est lui qui
sera au "bat" à ce moment-là. Si ce n'est pas lui qui n'a pas dit
de faire les choses incorrectement, il ne sera pas... C'est de la gestion, de
l'administration. L'application des lois marche de cette façon. Il y en
a qui ne le croient pas. Je me rappelle quand la loi sur l'accès
à l'information a été adoptée et que l'UPA voulait
avoir accès à des renseignements au ministère, je
n'étais même pas au courant, c'est le sous-ministre qui avait...
Le contentieux qui relève de la justice dans le ministère l'avait
avisé. Il lui avait dit: Maintenant que la loi sur l'accès
à l'information est adoptée, il y a des renseignements que l'UPA
ne peut avoir. Il a dit ça au sous-ministre qui a avisé l'UPA qui
m'avait appelé pour me rencontrer en me disant ça. Elle n'a
jamais cru que je n'étais pas au courant. Tout ça s'est fait sans
même que je sois au courant parce que c'était l'administration de
la loi. Le contentieux a avisé le sous-ministre qui a dit: C'est
ça maintenant. Je l'ai su pour la première fois quand l'UPA m'a
appelé pour me dire: Cela n'a pas de bon sens. On n'est pas d'accord
avec ça. Je lui ai dit: On va regarder ça. Mais j'ai senti
qu'elle n'avait jamais cru que cela s'était fait de cette façon.
Sauf que c'était sur le plan de la gestion, c'était en fonction
de l'administration de la loi existante. Je pense qui si on se voile les yeux,
ce n'est pas bon. On a l'air d'un Parlement en culottes courtes, des
demi-députés et ce n'est pas bon pour la fonction de
député non plus. Les règlements ont été
changés quant à la fonction de député pour qu'on
puisse avoir plus d'initiatives. Des lois ont été changées
pour... Je pense que le Parlement du Québec... Je ne pense pas que
l'administration au Québec soit la pire au monde. Au contraire, beaucoup
de choses ont été faites, pour lesquelles on peut se regarder
sans se désoler en regardant les autres, mais il y a des choses qu'on ne
fait pas actuellement, qu'on
devrait faire et où l'on est en retard. C'est l'un des aspects
pour lesquels on devrait commencer au plus vite. Le Vérificateur
général nous en donne un exemple: deux fois par semaine à
Ottawa, deux fois par semaine où les gens se réunissent pendant
une heure et demie. Je ne dis pas qu'il faudrait se réunir deux fois par
semaine, mais il faudrait, au moins, dire: On va mettre immédiatement en
place, le plus rapidement possible, une procédure par laquelle on
prendrait le document section par section et par laquelle on ferait venir les
fonctionnaires des ministères. Je suis persuadé que ça
valoriserait la fonction publique, la gestion publique du Québec. Je
suis persuadé que c'est une question de gestion.
Même si un ministre est ministre sur le plan politique et
administratif, il est chef sur tous les plans. Tout le monde sait
concrètement aujourd'hui que les pouvoirs de nomination... Qui
nommez-vous, comme ministre? Vous avez le pouvoir, comme premier ministre, de
nommer les ministres. Je pense bien que, la plupart du temps, c'est sur
recommandation du ministre qu'on nomme les sous-ministres et sous-ministres
adjoints, et c'est à peu près tout, tous les autres
fonctionnaires étant nommés par la fonction publique. Je ne dis
pas que, dans certains cas, il n'y a pas de pression; c'est possible. Mais,
essentiellement, c'est ça.
Au sujet de l'application des lois, un haut fonctionnaire ne peut pas
aller à rencontre de l'application d'une loi. Si le ministre donnait des
directives d'aller à l'encontre de la loi, il serait bon qu'il soit
dénoncé, parce que ça ne marche pas ainsi. Si le ministre
n'aime pas une loi, il la fait changer. La façon de faire n'est pas de
dire aux fonctionnaires: Ne l'appliquez pas, mais de la changer. Quand on est
au gouvernement, on peut changer les lois.
Alors, la seule chose qu'il puisse arriver comme implication politique,
c'est quand le ministre donne des directives de faire des choses qu'on ne
devrait pas faire, parce que la loi et les règlements ne le permettent
pas. Je ne vois pas en quoi... et, sur ce, je suis content des propos du
Vérificateur général. Moi, je ne vois pas beaucoup en quoi
les implications politiques... à moins que les chefs des
ministères, c'est-à-dire les ministres, ne donnent des directives
qui ne sont pas correctes. Par exemple, dans le cas des BCP à
Saint-Amable, j'aimerais savoir pourquoi on n'avait pas de permis depuis deux
ans. Est-ce le contentieux qui n'a pas fait sa job? Est-ce celui qui a
administré les permis qui n'a pas fait sa job? Est-ce que le
sous-ministre a donné une directive? Le ministre a-t-il donné une
directive? Je ne le sais pas, mais je trouve qu'il n'est pas normal que
quelqu'un qui, pour exploiter une entreprise, a normalement besoin d'un permis
en vertu de la loi ait pu l'exploiter pendant deux ans sans permis. Quelque
chose s'est passé au plan administratif que je ne sais pas, mais qui
n'est pas bon, qui ne constitue pas une saine administration. Et le fait que,
dans l'analyse de la gestion, ces choses puissent être examinées
en fonction du rapport du Vérificateur général, c'est
très bien. On devrait commencer immédiatement à agir en ce
sens, et non pas voir les dangers que voit le député de Vanier.
Personne n'aura une croix Victoria pour faire ça. Ce n'est pas un acte
de bravoure que de le faire.
J'aimerais savoir du Vérificateur général si, dans
l'administration des choses... Selon moi, deux organismes me semblent avoir des
mandats un peu semblables, non pas aux mêmes fins, mais semblables: le
Protecteur du citoyen et le Vérificateur général.
Jusqu'à quel point, parce que ce sont deux fonctions qui relèvent
de l'Assemblée nationale et que tous deux ont pour tâche de
protéger le citoyen sous des aspects différents, y a-t-il une
collaboration entre les deux? Est-ce qu'il y a échange d'informations?
Est-ce qu'il y a une relation entre ces deux organismes? (17 h 30)
M. Châtelain: M. le Président, il y a très
peu de relation comme telle. Il y en a eu, à un moment donné,
avec le prédécesseur du Protecteur du citoyen actuel. Mes
commentaires ne vont pas du tout à l'encontre de l'actuel Protecteur du
citoyen. Il y en a eu à l'époque, parce que le Protecteur du
citoyen envisageait des modifications à sa loi, et il savait que nous
étions passés par une telle expérience. Il y a eu ce genre
de consultations, de même que des consultations sur les façons de
s'y prendre pour rédiger un rapport parce que, comme vous le dites, nos
relations avec l'Assemblée nationale sont approximativement de
même nature, c'est vrai. Mais nous n'avons pas beaucoup d'autres
relations d'affaires; non, nous n'en avons pas beaucoup comme telles. Je ne dis
pas qu'on ne devrait pas en avoir, parce qu'à un certain moment
donné, je sais que nous avons des cas qui nous sont soumis, ce n'est pas
à la pocheté, mais de temps à autre... Il y a des
personnes qui communiquent avec nous parce qu'elles ont des problèmes;
certains de ces cas relèvent du Protecteur du citoyen et on les lui
réfère. Rarement la situation inverse se présente,
évidemment, mais il n'y a pas beaucoup de relations entre les deux, il y
a quelques échanges d'idées quant à la façon
d'administrer nos organisations respectives, c'est vrai. Avec le nouveau
Protecteur du citoyen, je dois admettre qu'il n'y en a pas eu beaucoup, mais,
comme je l'ai dit tantôt, ça n'a rien à voir avec le
nouveau Protecteur du citoyen. On n'a pas encore eu l'occasion
d'échanger des opinions ou de se rencontrer.
Il y a une autre personne, également, qui est dans une situation
peut-être encore un peu similaire, c'est le Directeur
général des élections. Nous avons eu passablement
d'échanges, dans le passé, justement, sur les façons
d'opérer nos organisations respectives, mais ça se limite
à ça.
M. Garon: Par rapport à - parce que le
débat n'a pas lieu, faute de forum, sauf des commentaires de part
et d'autre - ce que vous avez dit concernant la CSST, et les commentaires qui
ont été faits, d'autre part, par les syndicats et les patrons,
aujourd'hui, à la suite de tout ça, quelles seraient vos
réactions?
M. Châtelain: Quand vous dites " tout ça", je ne
sais pas au juste...
Réactions au rapport du Vérificateur
général
M. Garon: Je veux dire les commentaires ou les réactions
qui ont eu lieu à la suite de la publication de votre rapport
annuel.
M. Châtelain: Le député fait peut-être
allusion à ceci. C'est que lorsque nous avons déposé notre
rapport annuel, qui comprenait notre rapport sur la CSST, on ne
bénéficiait pas de la réaction de la direction de la CSST
à nos constatations et à nos recommandations. On l'a
déploré, on l'a d'ailleurs signalé dans le rapport.
À la suite de la publication de notre rapport, un journaliste a
rencontré la présidente de la CSST et également des
membres du conseil d'administration de la CSST, des membres qui
représentaient les employeurs, d'une part, et les employés,
d'autre part. Ces personnes ont fait connaître leurs réactions au
rapport du Vérificateur général par l'entremise des
journaux. Je ne conteste pas leur droit de réfuter les constatations du
Vérificateur général, absolument pas. Cependant, je ne
crois pas que les journaux représentent le bon forum pour s'acquitter
d'un devoir d'imputabilité qui, dans le fond, est envers
l'Assemblée nationale. Le Vérificateur général est
au service de l'Assemblée nationale, il représente
l'Assemblée nationale, il détient son mandat de
l'Assemblée nationale et c'est à elle qu'il fait rapport. Alors,
si on a des commentaires à faire sur ses constatations et ses
recommandations, ceux-ci devraient apparaître dans le rapport du
Vérificateur général qui, lui, est destiné à
l'Assemblée nationale. Donc, l'imputabilité doit s'exercer au
niveau de l'Assemblée nationale, et non pas dans les médias.
C'est clair.
Lorsque nous avons pris connaissance des réactions de la CSST -
quand je dis la CSST, je fais allusion aux personnes auxquelles j'ai fait
référence tantôt - par l'entremise des journaux,
plutôt que de répondre de la même façon, parce que
n'avons pas cru que c'était le bon médium, nous avons voulu
assurer le respect de l'autorité de l'Assemblée nationale. Nous
avons préparé des réactions aux commentaires qui ont
été avancés par ces personnes, dans les journaux. Nous
avons justement préparé un document qui répond à
tous ces commentaires, et nous l'avons présenté, ce matin,
à la commission parlementaire, et je pense que le président l'a
déposé. Je dis cela pour signaler que nous croyons que c'est ici
le forum où l'on doit s'acquitter de notre devoir
d'imputabilité.
M. Garon: il faut dire que quand votre rapport est
déposé à l'Assemblée nationale il est rendu
public.
M. Châtelain: Oui, d'accord mais...
M. Garon: Les médias le prennent un soir et après,
ils écrivent des résumés.
M. Châtelain: L'information est destinée à
l'Assemblée nationale. En d'autres mots, la primauté de
l'Assemblée nationale est assurée, elle est
protégée, elle est respectée. C'est là que
l'imputabilité doit s'exercer. Ensuite, évidemment, c'est public,
c'est une bonne chose que ce soit public. Je ne dis pas que c'est une mauvaise
chose, absolument pas. Après tout, vous êtes les
représentants du peuple. Il s'agit de fonds public. Le public doit
être informé, bien sûr. Mais il faut respecter quand
même ce canal d'autorité qu'est l'Assemblée nationale. La
même chose pour ceux qui réagissent au rapport du
Vérificateur général. Il faut que leurs commentaires
soient adressés à l'Assemblée nationale, par l'entremise
du rapport du Vérificateur général, bien sûr. Le
Vérificateur général publie la réaction dans son
rapport. Le Vérificateur général publie les
réactions des gestionnaires ou des dirigeants, même si cela ne lui
fait pas plaisir, parce que ce ne sont pas tous des commentaires qui sont
flatteurs envers lui. Il les publie quand même, toujours dans le respect
de l'autorité de l'Assemblée nationale. Cela permet à
l'Assemblée nationale d'être informée, d'avoir une
information qui est éprouvée, qui est soutenue par des
interlocuteurs valables. Cela permet également à
l'Assemblée nationale, non seulement de pouvoir apprécier la
portée des commentaires, mais aussi de pouvoir exercer plus tard un
suivi, justement, sur ces constatations. En d'autres mots, cela permet à
l'Assemblée nationale d'exercer son rôle de surveillance. Cela
fait partie du mandat de l'Assemblée nationale. C'est bien dit dans la
Loi sur l'Assemblée nationale.
M. Garon: Vous auriez souhaité, au fond, que la CSST vous
réponde pour que vous puissiez marquer leurs commentaires dans votre
rapport?
M. Châtelain: Évidemment, bien sûr. C'est ce
que nous avons recherché.
M. Garon: Est-ce que vous avez eu des raisons pour lesquelles
cela n'a pas été fait?
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Châtelain: La raison qui a été
invoquée par la présidente - et je l'ai communiquée dans
le rapport - c'est qu'elle ne voulait pas être en
situation potentielle de conflit d'intérêts, dans le sens
qu'elle ne voulait pas influencer le travail du Vérificateur
générai. Je n'essaie pas d'interpréter... C'est à
peu près ce qu'elle m'a dit par écrit, qu'elle ne voulait
absolument pas influencer, orienter le travail du Vérificateur
général de quelque façon que ce soit, qu'elle lui laissait
entière liberté d'agir comme bon lui semblait. C'est
peut-être louable de penser comme cela. N'empêche que cette
réaction des gestionnaires et de la haute direction fait quand
même partie de la validation des constatations du Vérificateur
général. Vous savez que lorsqu'on fait une vérification
intégrée, ce n'est pas seulement en vérification
financière. On se fonde sur des critères qui sont non seulement
quantitatifs, mais aussi, comme vous l'avez dit vous-même tantôt,
des critères qui sont souvent qualitatifs. À ce moment-là,
la réaction des gestionnaires, des dirigeants nous est très
valable, à savoir si nous sommes sur la bonne voie dans nos
recommandations. Cela fait partie d'un travail de validation. C'est normal,
c'est ce qui se fait régulièrement ailleurs et ici à
Québec, c'est-à-dire dans nos autres travaux et également
dans d'autres juridictions. Cela se fait partout ailleurs. Le dirigeant donne
sa réaction. Sans cela le vérificateur va peut-être
travailler dans le noir. Il faut que le vérificateur soit assuré
qu'il est sur la bonne voie. Cela fait partie d'une validation. On n'a pas
bénéficié de cette collaboration de la part de la haute
direction de la CSST et nous l'avons signalé dans le rapport.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
Vérification des organismes et des entreprises
du gouvernement
M. Bélisle: Je m'en voudrais, M. le Président, de
laisser partir le Vérificateur général sans aborder un
chapitre Important de son rapport, le chapitre 6, qui concerne la
vérification des organismes et des entreprises du gouvernement. On n'en
a malheureusement pas parlé aujourd'hui parce qu'on n'a pas eu le temps.
On a touché à plusieurs autres sujets, c'est pour cela qu'au
début de la matinée... J'ai été un peu
désolé de vous voir partir à la fin de la journée,
parce qu'il y a encore beaucoup de travail à faire et on aurait
intérêt à continuer le dialogue qu'on a entrepris
aujourd'hui. Mais essayons dans ces quelques minutes d'en venir au fait. 31
mars 1985: 152 organismes et entreprises relevant directement du gouvernement
du Québec. Vous faites une comparaison, à la page 78 de votre
rapport. C'est très intéressant quand vous comparez les actifs,
les passifs et les dépenses gérées par ces organismes et
ces entreprises. Je pense que ça vaut la peine d'être
répété. Les actifs des entreprises et organismes relevant
du gouvernement, 40 000 000 000 $, les passifs, 33 000 000 000 $, les
dépenses de ces entreprises et de ces organismes, 13 000 000 000 $
comparativement aux actifs du gouvernement, 20 000 000 000 $, les passifs, 30
000 000 000 $ et 25 000 000 000 $ de dépenses budgétaires, bien
entendu, retrouvées aux états financiers. De là
l'importance, si on calcule simplement en termes de dépenses, que nous
échappent, oui, il faut bien le dire, nous échappent a nous,
parlementaires, des organismes qui injectent dans la société par
voie de dépenses courantes, de salaires, d'achats de biens et services,
d'influence directe sur la machine économique de notre
société, presque la moitié de ce que le gouvernement du
Québec représente à lui seul. Je vous accorde
entièrement mon appui en disant que c'est absolument, non seulement
Inacceptable, mais c'est totalement contre-indiqué lorsqu'on veut avoir
un bloc qui est le bloc gouvernemental qui influence et qui oriente la
démarche économique dans tel ou tel secteur ou dans telle ou
telle région du Québec.
Vous avez dit à la page 70 de votre rapport - ma première
question touche à cela - à l'article 6. 9 et je vous cite: 'Nous
croyons cependant que toute nomination d'un vérificateur autre que le
Vérificateur général devait être fondée sur
des motifs sérieux et exceptionnels. " Vous avez dans les pages 73, 74,
75, 76, 77 de votre rapport un long état des entreprises qui vous
étaient confiées pour vérification. Il y a en fin de
compte 52 organismes du gouvernement, 29 entreprises du gouvernement, 10 autres
entités, 91 qui vous sont confiées comme vérification, 55
qui sont confiées à des vérificateurs autres que le
Vérificateur général du Québec, c'est-à-dire
à des firmes de vérificateurs privées. Alors, on peut
parler d'une proportion de 2 sur 3, grosso modo, dans l'ensemble de la
situation. Alors, deux entreprises ou organismes gouvernementaux vous sont
confiés comme vérification et une ne l'est pas. Quand vous
énoncez comme principe de base qu'il faut des motifs sérieux et
exceptionnels, laissez-moi vous poser la question directe. Quels sont les
motifs sérieux et exceptionnels pour faire que tout ce qui touche
Hydro-Québec ne vous soit pas confié?
M. Châtelain: Évidemment, quand on dit cela, pour
commencer, il faut réaliser que le Vérificateur
général est le représentant de l'Assemblée
nationale. Les organismes et les entreprises du gouvernement détiennent
un mandat de l'Assemblée nationale, à la suite d'une loi
adoptée par l'Assemblée nationale. Quelle est la personne la
mieux placée pour faire rapport à l'Assemblée nationale
à la suite d'une vérification? Parce que le client, dans le fond,
comme dans votre exemple, ce n'est pas Hydro-Québec.
M. Bélisle: Non, non.
M. Châtelain: Le client est l'Assemblée
nationale.
M. Bélisle: C'est sûr.
M. Châtelain: Alors, le Vérificateur
général agit pour et au nom de l'Assemblée nationale
à ce moment-là et il fait rapport à l'Assemblée
nationale. C'est le vérificateur qui, de par son rapport annuel, a une
communication directe avec l'Assemblée nationale. Aussi, par sa
présence ici en commission parlementaire, c'est lui qui a un lien
privilégié avec l'Assemblée nationale. Donc, c'est lui, au
départ, qui est dans la meilleure position, vu ses contacts, son mandat,
son allégeance et ainsi de suite, c'est lui qui est dans la meilleure
position, dis-je, pour exercer ce rôle de vérificateur.
Maintenant, vous soulevez la question d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec est peut-être un cas qui n'est ni à gauche ni
à droite. Est-ce qu'il s'agit d'une entreprise qui a des
activités de nature gouvernementale ou des activités de nature
industrielle, commerciale? Disons que c'est peut-être plus industrielle
et commerciale que gouvernementale. Il faut s'entendre. Mais, il faudrait
définir ces termes. Ce sont des termes qui sont très difficiles
à définir. Alors, le cas d'Hydro-Québec est
peut-être très difficile à trancher. Il y aurait des cas...
Je vais prendre un cas qui serait pas mal plus clair. Prenons la SNA, par
exemple. D'accord?
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: Je ne crois pas qu'on puisse dire que la SNA
est engagée réellement dans des activités de nature
gouvernementale, sans définir les termes. D'accord?
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: Si on prend d'autres entreprises, on peut
dire qu'il y a des entreprises qui sont dans des opérations de nature
pas mal gouvernementale. Prenons la Régie de l'assurance-maladie.
Là, ce n'est pas bien bien industriel. D'accord? Par exemple,
l'émission de permis à la Régie de l'assurance automobile,
peu importe. D'accord?
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: Alors, dans le passé, la position que
nous avons prise est celle-ci. Lorsque nous sommes dans un domaine
d'activité réellement gouvernementale, on devrait demander au
Vérificateur général d'agir comme représentant de
l'Assemblée nationale et d'agir pour son client, lui qui a un lien
privilégié, à cause de la nature de ses activités.
Auprès de la SNA, je dois vous dire que le vérificateur n'a
jamais témoigné d'ambitions pour aller faire la
vérification parce qu'un bureau du secteur privé est joliment en
bonne position, à ce moment-là, pour faire un bon travail de
vérification. (17 h 45)
Je ne parle pas de vérification intégrée parce que
ici, dans la Loi sur le Vérificateur général, quand on
parle d'entreprises du gouvernement, les vérificateurs du secteur
privé n'ont pas un mandat de vérification intégrée
auprès de ces entreprises. On doit dire par contre que dans certaines de
ces entreprises, la notion de profit est présente et elle doit
être présente. Par exemple, à la SNA, je pense bien que la
notion de profit doit être présente. Dans d'autres entreprises, ce
n'est pas la notion de profit qui doit guider. Alors, là où ce
n'est pas la notion de profit ou de "bottom line" comme on le dit souvent en
anglais, là où ce n'est pas le critère, disons,
d'évaluation de la performance, on parle de vérification
intégrée. Dans ces cas, il devrait y avoir des
vérifications intégrées et lorsqu'on parle de
vérification intégrée, on se rapproche joliment des
activités de nature gouvernementale et du rôle du
Vérificateur général.
C'est pour cela que je dis, qu'en général, cela devrait
être le Vérificateur général qui devrait agir pour
et au nom de l'Assemblée nationale. C'est l'Assemblée nationale
qui est le client et c'est le Vérificateur général qui est
le mieux placé pour agir en son nom.
M. Bélisle: M. Châtelain, vous n'avez pas
écrit un chapitre complet pour venir nous dire aujourd'hui que vous
êtes satisfait de l'état de la situation.
M. Châtelain: Non, il faut s'entendre. On regardait un cas
bien spécifique.
M. Bélisle: D'accord, mais laissez-moi vous en
faire...
M. Châtelain: C'est-à-dire qu'on regardait la
nomination du vérificateur comme tel. Cependant, il y a autre chose dans
ce chapitre.
M. Bélisle: Je le sais mais arrêtons-nous à
cela. Commençons avec le premier point.
M. Châtelain: Oui.
M. Bélisle: Vous avez le mandat de vérification de
toutes les filiales de la Caisse de dépôt. Quand vous nous sortez
le critère du profit, je pense aux immeubles Cadev, les immeubles
Cadimont, les Jardins de Mérici, la Place Dupuis, la
Société immobilière Trans... Non, TransQuébec, vous
ne l'avez pas. Le Développement Pasteur, Cogir Consultants, Cadim... Il
doit y avoir des notions de profit là-dedans aussi et des notions de
rentabilité, ce sont des sociétés immobilières, des
sociétés de gestion.
M. Châtelain: Oui, bien sûr. Ce n'est pas le seul
critère. Il faut s'entendre.
M. Bélisle: Je comprends. Je vous ramène à
votre déclaration de principe. Vous dites: Quand il y a des motifs
sérieux et exceptionnels. Dans ma compréhension de cette
expression, cela n'a rien à voir avec des distinctions comme, quand il y
a une activité qui est plutôt à caractère commercial
ou à caractère économique, cela doit être une firme
privée et quand ce n'est pas à caractère commercial ou
économique, cela devient public. Dans mon livre, cela ne tombe pas de
même.
M. Châtelain: Dans le cas que nous relevons ici, les
filiales de la Caisse de dépôt, sauf exception, nous sommes les
vérificateurs des filiales. C'est une situation normale parce que nous
sommes les vérificateurs de la maison-mère. Nous sommes les
vérificateurs de la Caisse de dépôt.
M. Bélisle: Oui, je comprends.
M. Châtelain: C'est une situation normale.
Le conseil d'administration de la Caisse de dépôt est bien
d'accord pour que nous soyons les vérificateurs des filiales aussi.
M. Bélisle: Comprenez-moi bien, M. Châtelain.
Revenons au principe de base.
M. Châtelain: Oui.
M. Bélisle: Depuis que le gouvernement est effectivement
propriétaire et seul actionnaire d'Hydro-Québec et que le
dividende versé chaque année est inclus dans nos états
financiers, ne trouvez-vous pas que la distinction commence à
s'éliminer un peu entre services gouvernementaux et parapubiics? Ce qui
est à caractère commercial, économique ou non
économique n'a plus tellement de sens. Quelle est la distinction entre
donner le droit, délivrer un permis de la Régie de l'assurance
automobile pour conduire sur une route du Québec en exigeant un tarif et
un permis pour un branchement d'électricité nécessaire au
fonctionnement d'une entreprise? Vous savez, la distinction entre ce qui est
public avec un grand "P" et ce qui n'est pas public avec un petit "p", je ne la
vois pas.
Si vous me parlez de motifs sérieux, exceptionnels, de secrets
d'État, s'il y en avait, ou de motifs d'ultraconfidentialité, je
comprendrais votre expression et votre principe de base où vous dites:
Dans des cas exceptionnels. Mais l'exception n'est pas un sur trois. Puis,
lorsque vous dites: Pour des motifs sérieux de confidentialité,
exemple, le Directeur général des élections, je vous
comprends un peu plus. Je comprends votre principe. Mais je vois que vous
essayez là de... ou je comprends mal, ce n'est pas assez
articulé, ce n'est pas assez bien défini, effectivement, comme
catégorisation.
M. Châtelain: Oui, mais vous avez pris un autre exemple.
Quand vous prenez l'exemple d'Hydro, il ne faut pas seulement regarder les
activités, mais aussi la nature de la bête, sa constitution, sa
structure. Hydro, c'est un monopole. Le 'bottom line" ne veut pas dire
grand-chose dans un monopole. D'ailleurs, les taux d'Hydro sont
approuvés par le gouvernement. Alors, si je poursuivais le principe que
j'avançais tantôt, je vous dirais en outre que le
Vérificateur général devrait avoir son mot a dire à
Hydro.
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: C'est vrai.
M. Bélisle: Oui.
M. Châtelain: On est bien d'accord. Les choses font que,
historiquement, cela a toujours été fait par un
vérificateur du secteur privé.
Une voix: Oui.
M. Châtelain: Bien, nous avons fait un progrès.
Depuis l'adoption de la loi, en 1985, le Vérificateur
général a maintenant un droit de regard sur Hydro ou peu importe,
sur toute la vérification faite des entreprises du gouvernement par
d'autres vérificateurs. Alors, le Vérificateur
général a maintenant un droit de regard sur les travaux qui sont
faits là.
M. Bélisle: Comprenez bien mon point de vue, M. le
Vérificateur général. Tant que vous n'aurez pas le mandat
de l'Assemblée nationale de faire la vérification d'une
société d'État comme Hydro-Québec, nous,
parlementaires autour de cette table, n'aurons pas l'occasion de faire le
contrôle "exposed" de votre vérification. Non seulement le
contrôle nous échappe-t-il en ce moment - parce qu'il vient de la
commission parlementaire, le député de Bertrand, je pense, a
siégé longtemps à la commission de l'économie,
à quelques reprises, et ce devait être des présentations
très belles, très audio-visuelles, très tout ce que vous
voulez - mais comme parlementaires, comme responsables de la gestion
vis-à-vis de nos électeurs, nous ne sommes pas bien
informés, il ne faut pas se le cacher.
Alors, ce que je lis dans l'ensemble et ce que je décode du
message que vous avez livré dans votre chapitre 6 en entier, vous n'avez
pas écrit ce chapitre, je le répète encore une fois, en
consultant les organismes et entreprises gouvernementaux, un à un,
simplement pour le plaisir de venir nous dire que, historiquement, c'est deux
sur trois et que peut-être, quand I y a profit... Non. Je pense que le
message que vous voulez nous passer est que, si on veut réellement
rendre l'ensemble de l'appareil transparent et imputable, il faut qu'on en
vienne à ce que la mandat de vérification soit
général, sauf exception et pour des motifs sérieux, comme
la
confidentialité, dans le cas du Directeur général
des élections ou pour des organismes semblables, mais ce serait
là l'extrême exception, le 0, 5 % dans l'échantillon.
Est-ce que c'est ce que je dois comprendre comme message ou si je me
trompe?
M. Châtelain: Vous ne vous trompez pas. Ce que je ne
comprenais pas tantôt, c'est que je pensais que le député
ne faisait référence qu'au choix du vérificateur, mais
ça va beaucoup plus loin que ça, parce que vous replacez tout
dans le contexte de l'imputabilité envers l'Assemblée
nationale.
M. Bélisle: C'est exact.
M. Châtelain: À ce moment-là, on parle du
chapitre 6 en entier de notre rapport annuel...
M. Bélisle: C'est exact.
M. Châtelain:... où l'on revient, comme je le
signalais ce matin, M. le Président, sur la nécessité
d'une loi-cadre qui va établir un cadre d'imputabilité pour
l'ensemble de ces organismes et entreprises, qui va assurer aux parlementaires
ce manque d'information que vous déplorez, qui va établir des
balises qui feront en sorte que vous pourrez exercer votre rôle de
surveillance quand vous serez appelés à voter à
l'Assemblée nationale sur des fonds additionnels, pour ces organismes et
entreprises. Vous serez alors exactement au courant.
M. Bélisle: Ou sur des demandes de tarifs.
M. Châtelain: Voilà.
M. Bélisle: Tout ça a une incidence. Si mon
intervention a tout simplement permis de clarifier votre voeu sous-jacent au
chapitre 6, elle aura été utile.
M. Châtelain: Oui. M. le Président, vous savez, nous
avons fait un effort additionnel cette année dans notre rapport annuel
pour développer davantage ces aspects, dont la nécessité,
justement, d'une loi-cadre.
M. Bélisle: D'accord, merci. Conclusions
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Peut-être en conclusion, M. le
député de Bertrand, en guise de remarques préliminaires,
c'est-à-dire, pardon, en remarques finales.
M. Parent (Bertrand): Les préliminaires ayant
été faites, nous en sommes rendus au dessert.
Le Président (M. Lemieux): Les préliminaires ont
été faites ce matin.
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): J'aimerais, au nom de l'Opposition, en
terminant cette brève journée où plusieurs commentaires
ont été apportés et où on a répondu à
plusieurs questions, bien que d'autres soient restées un peu plus en
suspens, rappeler ce que mon collègue, le député de
Lévis, a soulevé, soit l'importance de tous les principes
d'imputabilité. Je ne voudrais pas revenir là-dessus, mais
j'aimerais dire à quel point ça nous tient à coeur et
à quel point nous aimerions voir bouger les choses. Si vous, M. le
Président, et si nous, membres de cette commission, posons des gestes en
ce sens, nous pourrons certainement voir cela se concrétiser.
Deuxièmement, sur le plan de la rigueur, le Vérificateur
général, de par son rôle, a à rappeler à
l'ordre ou à pointer du doigt les organismes gouvernementaux et les
ministères. Il n'est pas de mon intention, à titre de
député, de rappeler à l'ordre le Vérificateur
général, ce n'est pas là mon intention. Mais j'aimerais
voir beaucoup plus de rigueur de la part du Vérificateur
général dans son prochain rapport, un peu comme il l'a fait sur
certains points aujourd'hui dans le sens suivant. Lorsqu'il y a des anomalies
importantes - je fais référence à l'article 3. 19 qui a
trait aux 849 000 000 $ - à l'occasion d'un geste posé par le
gouvernement, par un ministère ou par un ministre, en l'occurrence le
ministre des Finances, si c'est un geste qui est reprochable jusqu'à un
certain point parce qu'il n'a pas suivi la filière qu'il devait suivre
et que ça risque de créer des précédents, à
mon avis, il doit être réprimandé plus fort et avec plus de
vigueur qu'il ne l'a été, jusqu'à présent. J'ai
trouvé que c'était passer la chose en douce.
De plus, il faut exiger plus de transparence dans toute cette question
de la nouvelle présentation - je reviens là-dessus - des
états financiers, l'élément de transparence, parce que les
règles du jeu ont changé, il faut avoir cette transparence et
exiger du gouvernement que nous puissions non seulement voir les petites notes
de référence, mais voir très clairement à la simple
lecture, que ce soit des états financiers, du rapport, du
matériel des comptes publics ou peu importe, de tout ce qui se publie,
et non pas l'un par rapport à l'autre, qu'on puisse s'y retrouver quant
aux revenus, aux dépenses, aux déficits qui sont des chiffres de
référence, exiger ou du moins recommander fortement, comme vous
l'avez confirmé aujourd'hui... Sauf que ce qui se passe ici, en
commission parlementaire, ce n'est pas transcrit textuellement dans les
journaux et ce n'est pas arrivé aux oreilles de tout le monde qui
devrait peut-être l'entendre. Cela s'est passé ici. il y a des
perroquets. On sait que, les choses étant ce qu'elles sont, parfois cela
ne reste pas plus loin
que la porte ici.
J'aimerais que les voeux que vous avez transmis aujourd'hui... La
transparence que vous-même avez su démontrer afin de donner les
outils aux parlementaires, par exemple, sur des bases comparatives telles que
nous l'avions demandé, à mon avis, si elle pouvait se retrouver
dans un prochain rapport du Vérificateur général, avec ces
mises en garde très claires, cela aiderait certes tout le monde à
comprendre la même chose et non pas à être en zone grise
parce qu'on se pose la question: Qui dit vrai? Alors, il y a quelqu'un qui,
à un moment donné, doit être capable de trancher, doit
savoir ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai. Je pense que, pour le
Vérificateur général, il y a plusieurs points, surtout la
question de la présentation, et vous-même, vous y avez
déjà apporté cette année...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, s'il vous
plaît, monsieur.
M. Parent (Bertrand): ...des améliorations. Vous avez
déjà pointé des choses du doigt et vous avez forcé
la présentation ou le changement de leur présentation. Je pense
qu'il y a encore là un bout de chemin à faire important.
Je conclus en disant que nous allons, en tout cas, en tant que
parlementaires et membres de cette commission, essayer de continuer à
travailler pour améliorer les choses. Je tiens à vous remercier,
M. le Vérificateur général.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M.^ le
député de Bertrand. M. le député de
Mille-Îles, en remarques finales.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: La même chose, dans la même veine
que le député de Bertrand. Je suis toujours heureux de voir les
gens du bureau du Vérificateur général et le
Vérificateur général lui-même qui viennent nous
voir; on a une discussion sérieuse. La seule chose que je souhaite, M.
le Président, c'est qu'on puisse se retrouver plus rapidement et qu'on
fasse un autre pas sans s'illusionner sur la possibilité de faire des
grands pas à la fois. Je suis plutôt un partisan d'une
démarche prudente, lente, mais au moins d'une démarche suivie. Je
pense que, présentement, sans se lancer des fleurs, si on regarde
l'évolution depuis trois ans et demi, il y a encore des étapes
importantes à franchir, mais on est réellement sur la bonne voie.
Ce n'est pas une question de dire qu'on fait tous du bon travail et de
s'encenser mutuellement, mais je pense qu'on approche lentement de l'objectif
ultime que, tous, on s'est fixé, c'est-à-dire d'avoir un
système qui soit beaucoup plus imputable et beaucoup plus efficace.
Petit a petit, on devrait réussir. J'ai bon espoir que cette
année, au cours des prochaines semaines, au cours des prochains mois, il
va y avoir des étapes supplémentaires de franchies. Possiblement,
après une prochaine campagne électorale, on pourrait faire un
autre grand pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. Je suis certain que notre
démarche étapiste va donner des résultats positifs. M. le
Vérificateur général, en conclusion.
M. Rhéal Châtelain
M. Châtelain: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
un sincère remerciement de nous avoir entendus aujourd'hui. Nous avons
pris bonne note des recommandations et des suggestions que les membres de votre
commission ont faites en vue de l'amélioration du service que nous
rendons à l'Assemblée nationale. Notre espoir, évidemment,
c'est que notre rapport ait des suites. On en a discuté aujourd'hui. Je
vous fais part de notre grande satisfaction d'avoir pu vous rencontrer. C'est
réconfortant, c'est même stimulant de pouvoir le faire. C'est un
honneur, un plaisir, mais c'est notre devoir. Vous êtes non seulement
notre patron; dans un sens, vous êtes aussi notre client et nous devons
allégeance, évidemment, à notre client. Nous sommes
là pour vous servir. Vous pouvez être assurés de notre
entière allégeance et de notre coopération. Il nous fera
toujours plaisir de répondre à votre invitation. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
Vérificateur générai.
La commission ayant accompli son mandat d'entendre le
Vérificateur général du Québec, nous ajournons nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)