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(Dix heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission permanente du
budget et de l'administration entreprend ses travaux. Nous sommes réunis
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Finances, volet institutions
financières - les programmes 6 et 7 - pour l'année
financière 1989-1990. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacements pour ce matin.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
J'aimerais faire remarquer aux parlementaires qu'une période de trois
heures a été allouée, ce matin, à l'étude
des crédits de ce volet, c'est-à-dire aux programmes 6 et 7.
C'est donc dire que nous achèverons nos travaux à 13 heures. M.
le ministre, avez-vous des remarques préliminaires ou une
déclaration d'ouverture à faire?
M. Fortier: M. le Président, est-ce que le temps a
été prévu parce que, d'une part. Nous avons à
entendre et à approuver le budget de l'Inspecteur général
des institutions financières et d'autre part, celui de la Commission des
valeurs mobilières du Québec?
Le Président (M. Lemieux): C'est jusqu'à 13 heures,
M. le ministre. Vous avez droit à des remarques préliminaires.
Vous avez le droit de ne pas en faire. Nous allons immédiatement
entreprendre l'étude des crédits.
Remarques préliminaires
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais simplement dire qu'il s'agit de deux organismes
reconnus par la loi comme étant autonomes. Je sais que mes
collègues qui sont ici, l'Inspecteur général des
institutions financières et ses collaborateurs et, tout à
l'heure, le président de la Commission des valeurs mobilières, se
feront un plaisir de répondre à toutes les questions
reliées aux crédits comme tels. S'il y avait des questions
portant sur les politiques que nous mettons en oeuvre, sur la
législation, il me fera plaisir d'y répondre. Vous comprendrez
que, en ce qui a trait à l'administration comme telle, dans le cas
présent, l'inspecteur est à mes côtés et il se fera
un plaisir de donner toute l'information nécessaire sur l'administration
de ses services, sur des questions concernant ses reponsabilités
également et de donner satisfaction aux membres de la commission par ses
explications en ce qui a trait aux interrogations qu'ils pourraient avoir.
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le ministre. M. le
député de Lévis, voulez-vous faire des remarques
préliminaires avant qu'on entreprenne l'étude des
crédits?
M. Jean Garon
M. Garon: Oui, je vais faire des remarques préliminaires
concernant le budget actuel. Ce qui m'a frappé et mes remarques vont
tourner autour de ça, c'est que la période qui s'annonce sera
plus difficile au plan économique en raison des taux
d'intérêt plus élevés. On voit qu'il y a des
débats publics portant même sur la solvabilité de certaines
compagnies d'assurances, etc. et on constate un resserrement des crédits
concernant le personnel tant de l'inspecteur général que celui de
la Commission des valeurs mobilières. Lorsqu'on a eu des rencontres ici
concernant la Commission des valeurs mobilières, on se rappellera
à quel point celle-ci disait que son principal problème
était le manque de personnel. On voit, dans les crédits que le
personnel de l'inspecteur général va diminuer de 425 à 413
personnes. Le principal point où il y a une baisse concerne le
traitement ou la rémunération. Ce qui est frappant, si on parle
en termes de dollars constants, c'est surtout que la baisse apparaît
encore plus forte. Dans une période où, économiquement,
les affaires sont plus serrées et où il faudra une plus grande
surveillance et de plus grands contrôles, on observe le contraire: les
budgets prévoient, en tout cas sur le plan du personnel, un
contrôle moins serré. On se rend compte, au fond, qu'en
matière de faillite, on est en train de battre des records de tous les
temps, pas particulièrement dans le domaine des institutions
financières, mais cela va les affecter. On dit: Mois de janvier, record
de tous les temps du nombre de faillites au Québec; mois de
février, record de tous les temps du nombre de faillites au
Québec. Les taux d'intérêt sont rendus assez
élevés. Les gens commencent à se demander... Si vous lisez
les journaux financiers des deux dernières semaines, les gens ne se
demandent plus si la récession va commencer, ils disent qu'elle est
commencée.
Dans une situation comme celle-là, je me demande comment, sur le
plan de l'opportunité, un gouvernement peut dire: Nos contrôles,
à cause du personnel, vont être moins nombreux, surtout avec une
loi où le rôle de l'inspecteur général est plus
grand. Si on regarde, par exemple, la Loi sur les caisses d'épargne et
de crédit, j'ai compris - vous pourriez éclairer notre lanterne
si vous pensez qu'on s'est trompés - d'après la loi, que le
rôle de l'Inspecteur général des institutions
financières sera plus grand par rapport aux caisses d'épargne et
de
crédit, qu'il pourra faire des choix plus subjectifs qu'objectifs
parce que l'Inspecteur général des institutions
financières aura à porter des jugements. Auparavant, il avait
beaucoup plus à vérifier si les ratios étaient
observés. Normalement, cela suppose une analyse plus poussée, des
contrôles analytiques plus importants. Cela prend du personnel pour les
faire. Je m'étonne de cette situation. C'est pour cela que je voudrais
savoir comment le ministre voit cela. Je ne parle pas pour l'an 2000. On
analyse la période de 1989-1990.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Pierre-C. Fortier (réplique)
M. Fortier: M. le Président. D'abord, je voudrais rassurer
le député. Dans un instant, je répondrai à son
interrogation. En ce qui a trait à la qualité des services
fournis, puisque dans la première période de l'exercice de ce
matin, on parle de l'Inspecteur général des institutions
financières, je crois qu'on ne devrait pas alerter le public sur des
faillites éventuelles dans le secteur des institutions
financières. De ce côté, l'inspecteur a établi des
normes très précises lui permettant de détecter
très tôt des indices qui pourraient lui faire croire à des
difficultés possibles.
Mais là où le député de Lévis a
raison, c'est qu'il est vrai que le gouvernement cherche à resserrer ses
dépenses globales, d'une part, pour s'assurer que le déficit soit
réduit et d'autre part, pour limiter les emprunts du gouvernement. Comme
le ministre des Finances l'a dit à plusieurs reprises, la politique
qu'il entend suivre est de limiter les emprunts du gouvernement grâce
à la capitalisation qu'il fait chaque année et d'éviter de
faire des emprunts pour payer l'épicerie, comme on dit,
c'est-à-dire pour les dépenses courantes. Cet effort du Conseil
du trésor de réduire les dépenses lui permet d'arriver
dans son budget et, en même temps, de prévoir de nouveaux besoins
gouvernementaux, que ce soit dans le domaine de la santé ou d'autres. La
difficulté, pour tous les organismes plutôt petits, est
réelle, je crois et je pourrais laisser l'inspecteur en dire quelque
chose. Il est bien certain, quand on regarde les budgets gouvernementaux, le
budget de l'inspecteur qui est de l'ordre de 19 000 000 $ et même le
budget de la Commission des valeurs mobilières qui est de l'ordre de 7
000 000 $, je crois, que le Conseil du trésor cherche à appliquer
les mêmes principes de contraintes budgétaires qu'il applique,
disons, à des ministères importants comme ceux de la Santé
ou de l'Éducation. Je crois, lorsqu'il essaie de resserrer les
crédits de très gros ministères, qu'il tient pour acquis
qu'il y a toujours possibilité de réduire certaines
dépenses ou qu'il y a toujours des divisions dans un gros
ministère où l'on devrait rationaliser les services. Lorsqu'on
cherche à appliquer ce genre de principe à des organismes
autonomes plutôt petits, la marge de manoeuvre de celui qui dirige ce
service est de beaucoup réduite. Je comprends pour quels motifs le
Conseil du trésor cherche à appliquer le même processus de
contraintes budgétaires à chaque ministère et à
chaque organisme autonome, mais il s'ensuit que de telles impositions
deviennent beaucoup plus rigoureuses pour de plus petits organismes que pour de
plus grands. J'ai eu des conversations avec l'inspecteur à ce sujet et
je crois que, l'an dernier, on en avait parlé avec le
député de Lévis.
Dernièrement, je lisais la nouvelle loi touchant le Surintendant
des institutions financières à Ottawa et par laquelle on lui a
donné des pouvoirs très importants. En fait, on a
délégué au surintendant fédéral les pouvoirs
détenus par le Conseil du trésor fédéral, ce qui
lui permet... Et cela a été fait à la suite de faillites.
Je crois que si on l'a fait, c'est qu'on voulait s'assurer que le surintendant
fédéral ne puisse prétendre éventuellement qu'il
n'avait pas en main tous les outils pour faire son travail. Il s'agit là
d'une dérogation très importante en principe et je dois vous
avouer qu'on n'a eu aucune discussion avec le Conseil du trésor dans ce
sens, à savoir si l'Inspecteur général des institutions
financières ou la Commission des valeurs mobilières devraient ou
non être assujet tis, à toutes fins utiles, aux contraintes
budgétaires fixées par le Conseil du trésor en leur
déléguant un pouvoir d'administration autonome. J'avais
invoqué, l'an dernier je crois, cette possibilité. Pour le
moment, je vais laisser l'inspecteur confirmer les difficultés qu'il
peut affronter dans l'administration des lois dont il est responsable. Si ce
problème devenait trop important, et dans le cas de la commission et
dans le cas de l'inspecteur, je crois qu'on devrait peut-être se pencher
sur le dossier afin de voir si on ne devrait pas envisager un autofinancement.
Dans la mesure où l'inspecteur et la commission perçoivent des
revenus, dans la mesure où ces revenus couvrant les dépenses de
ces deux organismes, est-ce qu'on ne devrait pas leur déléguer
une autonomie un peu plus grande sur le plan administratif? Parce qu'en
définitive, ce sont, dans le cas de l'inspecteur.. D'ailleurs dans la
nouvelle loi des caisses d'épargne et de crédits, nous avons mis
une disposition en vertu de laquelle les coûts engendrés par
l'inspecteur devraient être facturés au mouvement Desjardins, aux
autres caisses d'épargne et de crédits. Il y a une facturation
qui est faite aux sociétés de fiducie, aux sociétés
d'assurances. Dans les faits, on se retrouve avec une situation où les
services de l'inspecteur ne coûtent absolument rien aux contribuables -
je parle en tant que contribuables - puisque dans les faits, ce sont les
institutions financières qui paient pour les services de
l'inspecteur.
Ce qui arrive c'est que les revenus perçus au nom du ministre des
Finances vont au fonds
consolidé. Après, l'inspecteur ou la commission doit se
présenter devant le Conseil du trésor pour plaider, pour
défendre son budget de dépenses, alors que dans les faits - dans
le cas de l'inspecteur, en tout cas - les revenus sont plus importants que les
dépenses. Si on mettait ensemble les deux budgets, et celui de la
commission et celui de l'inspecteur, je crois qu'on pourrait dire qu'il y a un
équilibre entre les dépenses et les revenus. J'aimerais laisser
à l'inspecteur le soin de vous dire dans quelle mesure ces contraintes
l'affectent et peut-être de nous rassurer. Même si c'est critique,
je crois qu'il peut encore vivre avec cette situation bien qu'elle se
détériore depuis surtout deux ou trois ans.
Inspecteur général des institutions financières
Le Président (M. Lemieux): Avant que vous preniez la
parole, M. l'Inspecteur général des institutions
financières, je vais appeler le programme 6, Inspecteur
général des institutions financières. Je vous demanderais
de nommer les gens qui vous accompagnent et de bien vouloir les identifier s'il
vous plaît.
M. Bouchard (Jean-Marie): M. le Président, à ma
gauche, M. Jacques Cardinal, directeur général administration et
entreprises; à mon extrême droite, M. Fernand Gauthier,
surintendant des institutions; M. Richard Boivin, le nouveau surintendant des
assurances. Comme vous le savez, ce sont des assistants de l'inspecteur
général.
Pour reprendre la question là où le ministre l'a
laissée, tout comme lui, je ne voudrais pas laisser entendre, que nous
sommes dans une situation de panique. Le rôle de surveillance et de
contrôle est tout à fait fondamental. D'un autre
côté, il est vrai que si vous mesurez l'augmentation du budget de
l'inspecteur général cette année - il est de l'orde de 1,2
% au maximum alors que, au gouvernement, l'augmentation moyenne des budgets est
de 5,8 % - il est clair que je ne peux pas déclarer que nous sommes dans
une situation pour faire bombance; la réduction de l'effectif de 2 %,
entre autres, décrétée uniformément pour l'ensemble
du gouvernement, va nous coûter cette année encore neuf postes. Il
faut bien comprendre que neuf postes sur 413, c'est beaucoup. Mais 2 %, pour un
ministère très gros où il y a des marges de manoeuvre,
cela peut représenter un impact beaucoup moins grand.
La réduction de l'effectif
Lorsque nous avons étudié en commission parlementaire les
différentes lois qui ont été adoptées, la question
m'avait été posée par certains députés,
à savoir si nous avions le personnel requis pour assumer de nouvelles
responsabilités. Je me rappelle très bien avoir dit que oui, si
nous n'avions pas de coupure substantielle de la part du Conseil du
trésor. Nous sommes arrivés à la situation où le
budget, qui, cette année, est de 18 000 000 $, par rapport à un
budget de 19 000 000 $ l'an dernier... Il faut dire que l'an dernier, nous
avons eu 1 000 000 $ pour l'implantation du registre. Alors, si vous soustrayez
ce 1 000 000 $, vous remarquerez, même si on a ajouté
l'indexation, qu'il y a une augmentation minime de notre budget. Mais, un
budget de 18 000 000 $ par rapport à des revenus de 29 638 000 $ que
l'inspecteur donne au gouvernement de la province... L'inspecteur
génère 29 000 000 $ de revenus.
Cela veut donc dire que selon la remarque que le ministre a faite - et
j'ai eu l'occasion d'en discuter plusieurs fois avec lui - nous avons, face au
recrutement des actuaires, des difficultés sérieuses,
énormes. Nous sommes pratiquement incapables de recruter le personnel
requis, au tarif actuel applicable dans la fonction publique. À la
Direction générale des assurances, pour deux postes de même
niveau à la Direction générale des assurances de personnes
et à la Direction générale des assurances
générales, nous avons été incapables de recruter le
personnel requis, qui est à un niveau de classe 3, à qui nous
demandions une connaissance en actuariat et une certaine expérience dans
le domaine des assurances. Pourtant, nous avons fait des concours à
l'extérieur. Nous avons ouvert ce poste, dans la mesure du possible, en
nous servant de tout ce qui est à notre disposition dans la fonction
publique. Donc, la contrainte salariale est très certainement
sérieuse. On ne peut pas l'ignorer. J'ai malheureusement perdu du
personnel fort qualifié qui a quitté le gouvernement pour
l'entreprise privée. C'est un peu normal, on comprend qu'on y fasse
école, dans une certaine mesure - mais, après un tel
investissement, alors qu'il serait en mesure d'être un apport pour la
fonction publique et la communauté québécoise, il se fait
offrir par l'entreprise privée des augmentations substantielles. (11
heures)
Je ne demande pas nécessairement de comparer avec l'entreprise
privée. Je sais que beaucoup d'études qui sont faites indiquent,
si l'on tient compte des frais et des bénéfices sociaux, que la
rémunération publique peut l'emporter pour certaines classes de
fonctionnaires ou de professionnels, mais je peux vous dire que dans un secteur
spécialisé comme le nôtre, toutefois, ce n'est pas tout
à fait exact. Nous avons un nombre de postes minimum. Notre nombre de
postes vacants, si vous l'avez remarqué, est très faible, 23,
pour lesquels les concours sont tous en cours. Nous pensons être en
mesure de les remplir cette année, mais il est évident que nous
devrons avoir des discussions avec le Conseil du trésor d'ici les
prochains mois pour rajuster notre budget. Il en est conscient d'ailleurs. Avec
le budget qui nous est alloué, il
manque des sommes, et il avait été convenu que ça
se ferait par crédits, après étude avec le Conseil du
trésor, dans les prochains mois, d'ici le mois de juillet.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... je comprends que l'inspecteur général
des institutions financières semble triste, mais si je regarde, ce n'est
pas seulement cette année. En 1985, il y avait 444 postes; en 1986, 436;
en 1987, 434; en 1988, 425; cette année, 413 postes. Alors qu'on dit
couper tout le monde, cette année, de 2 %, pour eux ce n'est pas 2 %,
mais 3 % presque 3 %. Cela veut dire qu'il s'agit de 31 postes de moins depuis
19S5. Personne n'a quoi que ce soit contre la rationalisation des effectifs, au
contraire, mais je pense que les contrôles gouvernementaux exigent
beaucoup plus de personnes pour surveiller les institutions financières
dans un cadre de décloisonnement que dans un cadre très
réglementé où on a presque seulement à appliquer
des formules.
Lorsqu'il y a décloisonnement, cela veut dire qu'il y a moins de
réglementation, qu'il y a normalement plus de concurrence et il est
nécessaire d'avoir un système de surveillance qui soit plus
important. À mon avis - et j'aimerais savoir si le ministre en est
conscient ou s'il ne partage pas cette opinion - la responsabilité de
l'inspecteur augmente avec le décloisonnement, et je ne comprends pas
que son effectif soit réduit à mesure qu'on s'oriente vers le
décloisonnement. Il me semble que ça ne marche pas. J'aimerais
savoir quelles sont les catégories de postes qui sont coupées en
1989? Ce n'est pas rassurant ce que l'inspecteur vient de dire. Au fond, il
dit: Je ne suis pas capable d'engager des gens. Il fait des concours et les
gens ne postulent pas l'emploi. Je ne pense pas qu'il ait une obligation de
moyens. Il ne peut pas dire à la fin de l'année: J'ai fait mon
possible. Il a un genre d'obligation de résultats. Il ne peut pas dire:
J'ai fait mon possible, parce que ça ne marche pas comme cela.
L'inspecteur général des institutions financières a une
tâche à accomplir et il doit l'accomplir.
On constate, par exemple, à la page 42 du livre des
crédits, que la Direction des caisses d'épargne et de
crédit a cinq postes de professionnels sur 35 qui sont vacants. Depuis
quand ces postes sont-ils vacants? Est-ce que le ministre trouve normal que 17
% des postes de professionnels de cette direction soient vacants? 17 %, c'est
beaucoup, alors qu'on vient d'adopter une loi de près de 700 articles
que cette direction devra faire appliquer. Je regarde ça, j'entends le
ministre et l'inspecteur... Vous avez l'air des gens résignés.
J'ai le sentiment que le gouvernement a des obligations dans la situation qu'on
vit dans le cadre du décloisonnement, et encore plus dans la situation
qu'on vit actuellement, parce que, au plan économique, je ne veux pas
dire... Je constate des faillites. Je ne veux pas créer une impression,
mais je constate qu'il y a plus de faillites en janvier qu'il n'y en a jamais
eu au Québec et il y en a plus en février qu'il n'y en a jamais
eu. Je ne veux pas dire qu'il y en a dans les institutions financières,
sauf que, quand les gens font faillite, habituellement, c'est parce qu'ils ne
remboursent pas leur prêt à 100 %. Si le nombre des faillites
augmente, normalement, après un certain temps, la santé des
institutions financières peut s'en ressentir. Pas nécessairement,
mais elle peut s'en ressentir. Prenons le domaine de la construction, par
exemple. Hier, j'avais à circuler, je regardais et j'étais
surpris de voir, il me semblait en tout cas qu'il y avait plus d'annonces de
maisons à vendre. Pourquoi? Des gens m'ont dit: Je mets ma maison en
vente lundi - ils me disaient cela la semaine dernière - parce que les
taux ont augmenté et que c'est trop cher. Évidemment, cela va se
refléter sur les opérations des institutions financières.
À la suite des chiffres que je viens de vous donner, j'aimerais avoir un
peu plus d'explications.
Face à ça, l'inspecteur ou le ministre vont me dire: On
fait notre possible, on va en engager, mais quand vous me dites que vous
n'engagez pas d'actuaires parce qu'ils ne veulent pas s'inscrire à vos
concours, je ne trouve pas cela rassurant. Il y en a des actuaires. J'imagine
que c'est comme les infirmières, il y a un prix pour cela. Si je veux
avoir un "popsicle" et que je dis: J'offre cinq cents, je n'aurai pas de
"popsicle". Je veux un "revel", j'offre vingt-cinq cents; le prix des "revel" a
augmenté aussi. À ce moment-là, il faut suivre le
marché. Vous dites que vous êtes dans le cadre de
l'économie de marché, de la concurrence. Vous n'avez pas l'air
d'en connaître les moindres règles. Quand il y a de la
concurrence, il faut concurrencer. Là, vous n'avez pas le choix.
À mon avis, vous n'avez pas le choix d'avoir le personne). C'est pour
cela que je ne comprends pas trop. Je veux qu'on réponde
particulièrement aux questions que je viens de poser concernant le
nombre de postes vacants. En plus de voir vos postes diminuer, il y en a
plusieurs qui sont vacants, notamment dans le domaine des caisses
d'épargne et de crédit.
M. Bouchard: En ce qui concerne les actuaires, je vais y revenir.
Cela ne veut pas dire qu'on n'a pas fait notre travail. On a fait notre
travail. Dans le cas d'une compagnie d'assurances, par exemple, il m'a fallu
aller en soumissions pour engager, par contrat, un actuaire de
l'extérieur pour faire le travail parce que je n'étais pas
capable d'avoir, à l'intérieur, le personnel requis pour le
faire. Mais je l'ai fait, le travail. J'ai engagé un actuaire de
l'extérieur, par soumissions et par contrat, qui va faire la
vérification de cette très grosse compagnie qui
nécessitait une expertise. Les gens
n'ayant que quelques examens et qui s'inscrivent à nos concours
peuvent faire des travaux intéressants à l'interne, mais ce n'est
pas un actuaire avec quelques examens qui peut faire l'évaluation d'une
compagnie de la grosseur de L'Industrielle-Alliance qui a au-delà de 3
000 000 000 $ d'actif. Il faut bien se comprendre.
Deuxièmement, ce n'est pas limité uniquement à la
question des actuaires. C'est l'ensemble de ce que j'appelle le personnel, dans
le secteur des institutions financières, qui nécessite des
connaissances. Un analyste financier, quand vous n'êtes pas dans le
secteur, vous n'en trouvez pas nécessairement sur le marché. On
doit aller les chercher soit dans l'entreprise privée, soit dans les
autres ministères, mais très peu dans d'autres ministères,
et ils nécessitent un recyclage à l'interne.
À la Direction des caisses d'épargne et de crédit,
il y a cinq postes vacants qui doivent être occupés par des
vérificateurs, inspecteurs, analystes. À la suite de
différentes restructurations que nous avons faites, c'est vrai que
depuis plusieurs années, nous avons perdu des postes. Mais il y a trois
ans environ, parmi les postes que nous avions, sept ont été
donnés au ministère des Finances. Cette année, nous avons
donné trois postes additionnels au ministère des Finances. Donc,
cela se déduit du nombre total que nous avions. Pour les postes vacants,
les concours sont actuellement en cours. D'ici quelques mois, les postes seront
comblés. Mais, encore une fois, je signale la difficulté
d'opération, la marge réduite que nous avons, sans pour autant
aucunement laisser entendre que le travail ne se fait pas. Le travail se fait,
mais plus laborieusement, c'est sûr. Il ne se fait pas dans des
conditions que je qualifierais d'idéales.
À Ottawa, le Surintendant des institutions financières a
un statut spécial - le ministre l'a expliqué tout à
l'heure - et peut, pour obvier justement à ces difficultés,
recruter son personnel en payant le prix du marché. Quand il a besoin
d'un actuaire avec six, sept, huit, dix ans d'expérience et que le prix
du marché est de tant de milliers de dollars par année, il a la
possibilité de l'embaucher et d'utiliser ses services. L'inspecteur
général n'a pas cette possibilité au Québec. C'est
la même chose pour un analyste financier, un enquêteur et un
inspecteur. Nous devons nous aligner sur l'échelle des valeurs.
Lorsque le ministre dit que nous nous résignons, c'est
évident; nous nous résignons parce que c'est la politique
gouvernementale. Maintenant, on ne se résigne pas... cela ne veut pas
dire qu'on ne le dit pas au Conseil du trésor. Je le dis tous les ans au
Conseil du trésor et, chaque fois, je leur explique la situation,
pourquoi, justement, la situation en ce qui nous concerne peut être
différente des ministères, des autres organismes, sans pour
autant porter un jugement de valeur Je comprends très bien la politique
gouvernementale, mais, chaque fois, il faut lui faire comprendre qu'appliquer
une règle générale, uniformiser sans nécessairement
tenir compte des missions spéciales des organismes, peut donner lieu
à ce que j'appelle une règle qui, dans notre cas, nous frappe
beaucoup plus durement.
M. Garon: M. le Président, je ne poserai pas toutes mes
questions sur ce sujet, mais je vous écoute parler et j'ai l'impression
que le président du Conseil du trésor va continuer à
couper dans vos postes, parce qu'il me semble qu'il y a encore du mou. Quand je
vous écoute parler, j'ai l'impression qu'il y a encore du mou. Le
Conseil du trésor sent ça, d'autant plus que vous avez des postes
vacants. Quand vous avez des postes vacants et qu'après, vous dites:
J'en ai besoin de plus, à mon avis, la première chose qu'on vous
dira, c'est de combler ces postes vacants. Vous avez un pourcentage important
de postes vacants, alors on peut difficilement, après ça, dire
que... J'aimerais savoir, par une réponse simple, sur les 425 postes
qu'il y a actuellement, combien sont vacants?
M. Bouchard: il y en a 23.
M. Garon: 23, voyez-vous!
M. Bouchard: Mais attention, ne mélangeons pas les pommes
et les oranges. Dans les 23, vous avez des fonctionnaires et des
professionnels. Des fonctionnaires et des sténodactylos qui travaillent
au service des compagnies, ça ne me fait pas mal. Même s'il m'en
manquait pendant un certain temps, ça ne me fait pas mal, si vous
regardez bien, les véritables postes importants sont au niveau
professionnel. Au niveau professionnel, il y en a dix. Parmi ces postes, il y
en a, depuis ce temps, qui ont été comblés, depuis le
moment où... Il y en a d'autres, huit, dont les concours sont en cours.
Ces postes seront comblés d'ici les prochaines semaines, les prochains
mois.
Le député parle de mollesse. Je vais vous donner un
exemple du contraire. Lorsque le Conseil du trésor, au mois de
février - ce n'est pas vieux - nous a demandé un gei des
crédits additionnels constant en plus des 1 500 000 $ de crédits
qu'il nous avait demandés, cela avait comme conséquence -
écoutez ça - qu'on me gelait tellement de crédits qu'il
m'en manquait 200 000 $, pour payer mes fonctionnaires. J'ai dit: Très
bien, on ne les paiera pas. Geler les crédits, si c'est ce que vous
voulez, on ne paiera pas, il manque 200 000 $. Vous nous dites qu'il faut geler
absolument 1 700 000 $, cela fait six mois qu'on vous dit qu'on ne peut
pas.
Sur un budget de 19 000 000 $ l'an dernier, on a périmé
500 000 $. C'est le plus bas taux qui existe. Comparez-le à ce qui est
partout ailleurs, là-dessus. Pourquoi? Parce que, encore une fois, des
postes d'actuaires à 40 000 $ par année, j'en
avais six à combler l'an dernier. Six à 40 000 $,
ça fait tout de suite 240 000 $ sur 500 000 $ périmés.
Parmi les analystes, j'en avais six à périmer à peu
près au même salaire. Ce n'est pas difficile à comprendre.
En dépit de tout ça, on m'a dit: 1 700 000 $. J'ai dit: pas
capable. Où arrête-t-on, m'a-t-on dit. J'ai dit. Pas capable, vous
viendrez, on va emprunter de l'argent et on va payer pour... Le Conseil du
trésor a compris. J'avais fait signer par le ministre un crédit
spécial pour aller au Conseil du trésor pour lui dire:
Donnez-nous 200 000 $ de plus, au moins pour fonctionner d'ici le mois de mars.
Les fonctionnaires ont compris et ils nous ont donné 200 000 $. Ils ont
dégelé 200 000 $. C'est très généreux,
ça nous permettait de boucler.
M. Garon: Je regarde vos statistiques, vos chiffres au 1er avril
1989, dans vos documents. Au fond, qu'est-ce qu'on voit? Les postes vacants, il
y en a 23, 15 professionnels et 5 fonctionnaires. Les postes de professionnels,
ce sont quand même 15 postes sur 23. Pour quelqu'un qui en a besoin, il
me semble que ça fait beaucoup de chaises vides.
M. Bouchard: Je n'en vois pas 15, je m'excuse. Je ne sais pas
à quelle page vous êtes.
Dans la colonne des professionnels, il y en a 10.
M. Garon: J'en ai 14 à la page 39 du document qui m'a
été fourni.
M. Bouchard: À la page 42, si vous...
M. Garon: C'est signé par la Direction des ressources
humaines, étude des crédits, mars 1989.
M. Bouchard: Si vous allez à la page 42, vous avez les
postes vacants.
M. Garon: Oui. Je comprends ce que vous avez là, mais il y
a la page 39 et vous parlez de la page 42. La main droite ignore ce que fait la
main gauche. À la page 39, c'est tout regroupé, il en manque 14
dans la région de Québec...
M. Bouchard: Oui, c'est la répartition. C'est cela. (11 h
15)
M. Garon:... et il en manque un à Montréal. En plus
d'envoyer des fonctionnaires à Montréal, ceux qui sont dans la
région de Québec, vous ne les engagez pas. Voici le portrait:
Vous avez trois postes vacants dans la région de Montréal et 20
dans la région de Québec, au total. Sur les quinze postes de
professionnels vacants, vous en avez quatorze dans la région de
Québec et un dans la région de Montréal. Qu'est-ce qui se
passe donc là?
Une voix: Ce n'est pas rare.
M. Bouchard: C'est très simple. À
Montréal...
M. Garon: Vous n'avez jamais entendu le mouvement Desjardins dire
qu'il manquait... Il engage du monde à Lévis.
M. Bouchard: Oui
M. Garon: Déménagez à Lévis, vous
allez peut-être être capable d'engager votre monde. Il y a quelque
chose qui se passe dans la région de Québec, vous avez quatorze
postes vacants. Dans la région de Montréal, vous en avez un de
vacant, chez les professionnels.
M. Bouchard: À Montréal, nous avons deux gros
services importants: le service d'inspection, chargé surtout de
l'inspection des compagnies de fiducie, dont le gros des effectifs est à
Montréal, et le service d'incorporation, le service des compagnies qui
effectue sur place l'incorporation des compagnies. Les effectifs à
combler en ce qui concerne les professionnels se répartissent entre
Montréal et Québec, mais plus particulièrement à
Montréal en ce qui concerne les analystes, les enquêteurs des
compagnies de fiducie.
M. Garon: Je n'ai pas l'impression, à vous entendre, que
ça va changer cette année.
M. Bouchard: À m'entendre, moi?
M. Garon: Oui.
M. Bouchard: Pourquoi dites-vous ça?
M. Garon: Parce que je vois les postes vacants. C'est beau de
dire qu'on manque de postes, mais quand il y a beaucoup de postes vacants,
c'est...
M. Bouchard: Beaucoup de postes vacants par rapport à l'an
dernier? Les postes vacants qui restent, je vous dis que les concours sont en
cours et que sur les dix, par exemple, dans les institutions de
dépôts, il y en a deux qui ont été comblés:
il y en a un qui a été comblé hier. Les autres concours
sont en cours, sont en voie d'être tenus. Des postes vacants dans la
fonction publique, il y en a tout le temps; le personnel quitte pour
différentes raisons, il peut y avoir des mutations, etc. Mais ce qui est
important, c'est d'avoir le personnel dont nous avons besoin, plus
particulièrement dans les institutions de dépôts, pour la
vérification, l'analyse et l'inspection. Et ce sont ces postes-là
qu'actuellement nous comblons et pour lesquels tous les efforts sont faits pour
que ce soit fait très tôt. Cela, c'est en ce qui concerne le
personnel.
En matière de budget, c'est une autre histoire. J'ai un budget de
18 000 000 $, mais je vous ai dit qu'il est entendu avec le Conseil du
trésor que nous devons reprendre les discussions
d'ici les prochaines semaines pour revenir probablement avec un budget
supplémentaire de l'ordre de 400 000 $ à 500 000 $ pour
l'année en cours.
La vente du groupe Commerce et la
"démutualisation"
M. Garon: M. le Président, j'aimerais savoir du ministre
concernant la vente du groupe Commerce... On se rappellera que le ministre a
parlé des mammouths québécois. On s'aperçoit que
les mammouths grossissent, mais que ce sont plutôt des mammouths
étrangers. Ce sont eux qui nous avalent. Alors, ils envahissent le
Québec sous l'oeil, semble-t-il approbateur, du ministre responsable des
institutions financières. Je n'ai pas senti, non plus, de volonté
très grande du groupe Commerce. Le ministre a déclaré
qu'il n'avait pas les moyens juridiques pour bloquer cette transaction et le
groupe Commerce a été vendu à des intérêts
étrangers. Comme le libellé de la Loi sur les assurances n'est
pas clair, le ministre aurait peut-être pu tester sa loi. C'est pour
ça qu'on aimerait savoir si le ministre a reçu un avis juridique
de l'inspecteur lui indiquant qu'il ne pouvait pas bloquer la transaction.
Autrement dit, le ministre pourrait-il dire pourquoi il n'a pas essayé
de la bloquer? Était-il d'accord avec la transaction, pour que le groupe
Commerce soit vendu aux étrangers? Est-ce qu'il a demandé un avis
de son contentieux pour vérifier s'il était capable
d'empêcher cette vente? Est-ce que le ministre est intervenu
auprès d'Investissement Canada pour que ce dernier empêche la
transaction? Est-ce que le ministre entend modifier la Loi sur les assurances
afin d'éliminer d'autres situations semblables, d'autres prises de
contrôle d'institutions financières québécoises?
M. Fortier: Oui, M. le Président, effectivement, j'ai
demandé à l'inspecteur un avis non pas sur la vente du groupe
Commerce comme telle, mais sur la vente de la compagnie BELAIR qui est à
charte québécoise. La Loi sur les assurances semble indiquer que
lorsqu'une institution financière, une compagnie d'assurances à
charte du Québec change de propriétaire ou qu'il y a un transfert
d'actions de plus de 10 % des actions votantes, à ce moment-là,
suivant la Loi sur les assurances, cela requiert l'autorisation du ministre sur
recommandation de l'Inspecteur des institutions financières.
J'ai justement demandé un avis là-dessus et il est apparu
évident, lorsqu'on a étudié cet article, que le
libellé était ainsi fait qu'il s'agissait littéralement et
spécifiquement d'un transfert d'actions. Il aurait dû s'agir, pour
qu'on puisse intervenir, d'un transfert des actions de BELAIR comme tel. Comme
vous le savez, dans le cas en question, les actions de BELAIR étaient
détenues par un holding qui s'appelle Commassur . et ce sont les actions
de ce holding qui ont été vendues et non pas les actions de
BELAIR.
À la suite de ce problème qui nous fut posé, j'ai
demandé à l'inspecteur d'examiner la loi pour apporter des
modifications. Effectivement, nous sommes prêts à les faire.
D'autres modifications doivent être faites, d'ailleurs, à la Loi
sur les assurances, probablement l'automne prochain. Il y a un an et demi, nous
avions déjà envisagé d'apporter des amendements importants
à la Loi sur les assurances - j'y ai déjà fait allusion
ici - pour y inclure des sujets... D'ailleurs, nous voulons modifier les
règles de placements en particulier. J'ai évoqué
publiquement la question des liens commerciaux. Il a été question
ici, en commission parlementaire, de mettre dans la loi générale
tout ce qui touche à la "démutualisation" des compagnies
d'assurances pour éviter de régler ces problèmes-là
cas par cas. Je crois que le député de Lévis avait fait
des représentations dans ce sens-là. Donc, notre intention est
d'apporter, dans un projet de loi, plusieurs amendements à la Loi sur
les assurances qui a été adoptée par le gouvernement
précédent en 1983. Ces amendements substantiels, on y inclura des
amendements, comme c'est le cas dans la loi sur les fiducies, qui nous
permettront d'intervenir même si la vente se fait par un holding en
amont. Mais il est très clair, dans le cas de BELAIR, que cela
n'était pas possible, selon l'avis du service juridique. À ce
moment-là, c'était M. Boivin qui était responsable du
service juridique de l'inspecteur.
Comme de raison, quand on fait face à une situation comme
celle-là, on se pose des questions: Quels moyens d'intervention
avons-nous en plus de modifier éventuellement la Loi sur les assurances?
Le principe qui nous a guidés ici, c'est qu'il faut bien comprendre que
la loi sur les fiducies est très claire, la Loi sur les assurances
semblait l'être. Dans le cas des institutions financières, je
pense qu'il est important de faire en sorte que les règles du jeu soient
connues très clairement du secteur privé, parce qu'il s'agit d'un
secteur réglementé. Il faut que ce soit très clair que
certaines institutions peuvent être achetées par certains groupes
de personnes ou, dans certains cas, qu'elles ne peuvent l'être... par des
étrangers, disons. Et, en particulier, dans ce cas-ci... De toute
façon, le transfert d'actions, lorsqu'il s'agit de plus de 10 % des
actions, doit être approuvé par le ministre responsable et, en
plus de cela, il y a des dispositions en ce qui a trait au contrôle
étranger. Même si quelqu'un avait pu penser à un projet de
loi privé, je crois que cela aurait été une très
mauvaise politique d'intervenir a posteriori, alors que nous avons une loi
publique qui est connue, qui édicté les règles du jeu et
qui permet au secteur privé de connaître quelles sont les
règles qui sont permises par l'Assemblée nationale du
Québec. Donc, je crois et je continue de croire que la meilleure
façon de régler ce genre de problème à l'avenir,
c'est de modifier la Loi sur les assurances et d'énoncer
clairement ce qui est permis, ce qui n'est pas permis et de jouer les
règles du jeu avec le secteur privé de cette
façon-là.
Je suis le premier à déplorer la vente du groupe Commerce
et de la compagnie BELAIR, qui est une plus petite compagnie, mais il faut
comprendre que les institutions financières du Québec font
continuellement des achats de compagnies d'assurance-vie aux États-Unis
et dans d'autres provinces canadiennes. Je pense à la Mutuelle Alliance,
je pense au groupe Coopérants qui, dernièrement, a acheté
une compagnie d'assurance-vie à Boston. Je pense à La
Lauren-tienne qui a acheté des compagnies d'assurance-vie en Angleterre.
De la même façon qu'on encourage nos propres compagnies
d'assurances à aller sur les marchés étrangers et à
se développer, dans la mesure où elles en ont les moyens
financiers et qu'on s'attend qu'elles soient traitées
équitablement lorsqu'elles font un achat à l'étranger, de
la même façon, on doit traiter équitablement les compagnies
qui viennent ici. Je dis équitablement, car on décrit clairement
dans la loi ce qui est permis et ce qui est défendu et on doit vivre
avec la loi qui a été adoptée à l'Assemblée
nationale.
Dans ce cas-ci, selon les avis juridiques que j'ai reçus, la loi
ne nous permettait pas d'intervenir, mais nous avons déjà
rédigé... D'ailleurs, on m'a soumis des projets de modification
à la Loi sur les assurances. Je peux vous dire que la rédaction
est déjà faite et que, très probablement l'automne
prochain, puisqu'il y aura d'autres modifications, celles-ci devront être
incluses par des amendements très Importants à la Loi sur les
assurances. Un des aspects importants - je l'ai énoncé tout
à l'heure - concerne les règles de placement en particulier.
J'attends un rapport très substantiel à ce sujet, les
autorités fédérales et d'autres provinces ayant
soulevé des questions sur ce qu'on appelle, dans le jargon de
l'assurance, le double comptage de capital des compagnies d'assurances.
Cela provient du fait qu'au Québec - avec raison, je crois - M.
Parizeau avait fait adopter la loi 75 qui permettait la création d'un
holding à Laval. Sans entrer dans les difficultés techniques de
comptabilité, la question qui se pose, c'est: Est-ce qu'on doit
déduire d'office les investissements qui sont faits dans les holdings
à Laval? De quelle façon comptabilise-t-on les filiales du
holding à Lavai? Et là, on arrive avec des notions assez
complexes touchant le double comptage de capital, et cela va nous amener
très sûrement, à la suite d'un rapport que j'attends...
Nous avons mandaté SOBECO à ce sujet. M. Gauvin - celui-là
même qui avait présenté le rapport en ce qui a trait
à l'assurance automobile au Québec - doit nous soumettre un
rapport sur cette notion de double comptage de capital qui aura une incidence
importante sur les placements que pourraient faire des compagnies d'assurances
du Québec. En particulier, cela nous amènera à modifier la
loi en ce qui a trait au quantum des placements que peuvent faire les
compagnies d'assurances du Québec.
Pour répondre à votre question, oui, il y aura des
modifications. Les amendements spécifiques en ce qui a trait au
contrôle de vente à des étrangers, en particulier, ont
été réécrits. D'autres aspects sont en discussion
présentement, et tout cela fera partie d'un projet de loi substantiel
qui modifiera de façon importante la Loi sur les assurances qui existe
présentement.
M. Garon: Ce serait plus rassurant si le projet était
déposé avant le 15 mai.
M. Fortier: Pourquoi?
M. Garon: Comme des élections auront peut-être lieu
à l'automne, quand vous dites à l'automne...
M. Fortier: La loi qui doit être déposée
avant le 15 mai, je l'espère, c'est la loi touchant les
intermédiaires de marché. Cela va affecter la Loi sur les
assurances, car on y parlera du décloisonnement de ce qu'on appelle la
loi des courtiers. C'est la loi des intermédiaires de marché. Ce
dont je viens de parler, c'est de modifications substantielles touchant
l'incorporation, l'administration, le contrôle de
propriétés, les placements que peuvent faire les compagnies
d'assurance-vie et d'assurances générales. C'est en
préparation et ça fera l'objet d'une présentation
importante très probablement cet automne.
M. Garon: Avec un chapitre sur la "démutualisation".
M. Fortier: C'est ça.
M. Garon: Ce chapitre est-il avancé?
M. Fortier:. De ce côté-là, oui. Sur la
question de la démutualisation", je pense qu'on est prêt. On va
s'inspirer de ce qu'on a fait en ce qui a trait à la
"démutualisation" de La Laurentienne pour l'incorporer dans la loi
générale. D'ailleurs, c'était une de vos demandes, avec
raison...
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Vous avez dit, avec raison, que ce genre de processus
était si important qu'au lieu d'en faire toujours des cas particuliers
avec des projets de loi privés, cela devrait être
intégré dans une loi générale. Vous avez tout
à fait raison et c'est notre intention d'intégrer, suivant des
règles connues, ce processus de "démutualisation" dans la Loi sur
les assurances du Québec. (11 h 30)
M. Garon: Ne pensez-vous pas concernant ce chapitre... Je vous
demande ça en toute bonne foi, ce qui ne veut pas dire que pour le
reste,
je ne suis pas de bonne foi... Est-ce il ne serait pas bon de faire
précéder ce chapitre sur la "démutualisation" d'un genre
de document de consultation ou encore du dépôt de votre document,
s'il est prêt. Au Québec, il y a eu des milliers, peut-être
des centaines de milliers de mutualistes qui ont cru à ces institutions,
qui ont cru à cette façon de faire les choses? C'était un
modèle très important, je pense, de solidarité
économique au Québec. Il me semble qu'il serait bon, s'il doit y
avoir "démutualisation", d'avoir un débat de
société là-dessus. Dans quelles conditions elle devrait se
faire? Sans préjuger de l'avenir, il me semble que ce serait sain
d'avoir un véritable débat sur un genre de document, quel qu'il
soit, pour que les gens réagissent plutôt que d'arriver avec un
projet de loi ferme.
M. Fortier: Avant de procéder à la
démutualisation" de La Laurentienne, un cas spécifique,
l'inspecteur avait fait faire, par ses services une étude exhaustive de
ce qui se faisait dans tous les États américains, aux
États-Unis. De fait, on s'était inspiré de certaines
procédures en vigueur dans certains États américains. On
fait face à deux types de démutualisation. On peut parler,
d'abord, de ce qu'on appelle "démutualisation totale" dont le meilleur
exemple serait, je crois, l'Assurance-vie Desjardins qui, semble-t-il, voudrait
se démutualiser pour éventuellement devenir une filiale de la
Société financière Desjardins. Vous voyez que cela ne
changerait pas grand-chose. Cela changerait beaucoup mais, dans les faits, la
compagnie resterait à l'intérieur du mouvement Desjardins
puisqu'on lui a permis la création de quatre "holdings". Dans le moment
- si ma mémoire est fidèle - à l'intérieur du
mouvement Desjardins, il y a la Sauvegarde, qui est une compagnie à
capital-actions, dont il peut faire une filiale de la Société
financière Desjardins, mais dans le cas de la compagnie d'assurance-vie
Desjardins, qui est une mutuelle, il ne le peut pas. Pour en faire une filiale
de la société financière, il faudrait la
démutualiser. Cette fois, il s'agirait d'une "démutualisation*
selon le processus traditionnel et je crois que ce serait à l'avantage
du mouvement Desjardins. Cela, c'est ce qu'on appelle la
"démutualisation globale, totale".
Ce qu'on appelle "démutualisation partielle", c'est une nouvelle
procédure qu'on a utilisée lorsque l'on a créé La
Laurentienne-Vie Desjardins en tant que compagnie à capital-actions. Par
contre, on a créé une société de gestion mutuelle
en haut, vous vous souvenez, qui maintient les droits des mutualistes dans la
société de gestion mutuelle.
En ce qui concerne le document en question, il est prêt. Je
croyais qu'on l'avait distribué ici en commission parlementaire, mais
ça me fera plaisir de vous le faire parvenir. Je retiens votre
recommandation. D'ailleurs, il va s'agir de modifications substantielles, comme
je l'ai indiqué, aussi substantielles que les amendements faits en 1983.
Je pense bien que la meilleure façon de procéder serait de
déposer les amendements à la loi et de tenir une commission
parlementaire pour entendre toutes les compagnies d'assurances pour s'assurer
que ça réponde bien à leurs besoins ou que ça
réponde bien à nos besoins. Mais je ne suis pas sûr qu'on
fera nécessairement l'unanimité si on décide d'être
plus sévères en ce qui concerne la qualité ou le quantum
des investissements. À ce moment-là, je pense bien que le
gouvernement voudra défendre son point de vue, parce qu'il faut quand
même s'assurer que les investissements sont faits de la bonne
façon et dans le meilleur intérêt de ceux qui
bénéficient de la protection des assurances, d'une compagnie
d'assurances en particulier. L'étude a été faite,
l'inspecteur a fait l'étude de tout ce qui se fait aux États-Unis
et le document est disponible. Alors, je retiens votre remarque. On a
déjà eu une consultation avec les compagnies d'assurances, mais,
si vous pariez d'une consultation publique, à ce moment-là, on le
mettra sur la place publique.
M. Garon: Quand je parle des mutualistes, il s'agit de milliers
de personnes qui, souvent - ce n'est peut-être pas la seule raison - ont
pris des assurances dans une mutuelle, parce qu'ils y croient. Le principe de
la mutualité - personnellement, je suis l'un de ceux qui a parfois pris,
pour ces raisons, de telles assurances - dans tel groupe, c'est une
façon de garder les capitaux chez nous, dans des institutions qui,
normalement, ne peuvent être contrôlées par les
étrangers. Je pense qu'il serait bon de voir s'il y a seulement une
façon de procéder, parce que souvent... "Démutualisation"
est un terme qui, à mon avis, est péjoratif. C'est souvent parce
que les gens veulent rechercher une capitalisation plus forte. Il n'y a
peut-être pas seulement une façon de faire ça. Il y aurait
peut-être des moyens de préserver au maximum le caractère
mutualiste des entreprises.
M. Fortier: Vous connaissez l'intention. Dans le cas de La
Laurentienne, c'est qu'elle désirait avoir un nouveau mode
d'opération qui lui permettrait éventuellement d'aller chercher
du capital-actions additionnel. Le problème est un peu le même
pour le mouvement Desjardins. A l'origine, il y a eu un phénomène
de mutualisation des compagnies d'assurances. La Laurentienne, à
l'origine, était une compagnie à capital-actions. Elle s'est
transformée en mutuelle pour empêcher la prise de contrôle
par l'étranger. Je pense bien qu'on a toujours ça en tête.
Et si on pense à ce que je crois être une intention... Je ne sais
pas si le mouvement Desjardins veut donner suite à ses intentions de
procéder à la "démutualisation", mais encore là,
c'est la même idée. Il veut absolument garder le contrôle
mais il désire le faire de telle façon qu'il lui sera possible,
éventuellement, soit de
vendre du capital-actions de la nouvelle compagnie, soit de vendre du
capital-actions de la Société financière Desjardins. Mais
pour pouvoir vendre des actions de la Société financière
Desjardins dans le public, il faut que La Mutuelle devienne une de ses
filiales. À ce moment-là, la société
financière va devenir beaucoup plus importante. Comme vous le savez, en
vertu de la Loi sur les caisses d'épargne et de crédit, le
mouvement Desjardins a l'obligation de garder le contrôle de la
société financière. Donc, il a toujours cette notion en
tête. Nous avons toujours cet objectif en tête. Quand on parle de
"démutualisation", il s'agit plutôt d'une nouvelle façon de
faire qui, dans le cas du mouvement Desjardins, préserverait la
propriété de cette société en particulier, mais qui
lui permettrait indirectement de capitaliser davantage en vendant des actions
dans le public.
Dans le fond, il s'agit de préserver l'objectif original qui
était de s'assurer que le contrôle d'une société,
prenons celle de la Mutuelle d'assurance-vie Desjardins, demeure aux mains des
Québécois, mais en le faisant d'une façon qui permette au
mouvement Desjardins, en particulier, d'aller chercher du capital pour
acquérir d'autres compagnies d'assurances au Canada et à
l'étranger et se développer.
M. Garon: Quand on parle de "démutualisation", il pourrait
peut-être y avoir plusieurs concepts de référence. Cela en
est un. C'est un groupe coopératif, au fond, qui possède une
compagnie d'assurances. C'est une façon. La Laurentienne, en est une
autre. Mais, pour des fins de capitalisation, il pourrait y avoir plus d'une
façon et il serait peut-être bon d'avoir un débat sur la
propriété coopérative de ces institutions à une
plus grande capitalisation. On pourrait l'analyser de plusieurs façons.
Mais vous n'avez toujours pas répondu à la question que je vous
posais: Est-ce que le ministre est intervenu auprès d'investissement
Canada pour faire empêcher la transaction, la vente du groupe
Commerce?
M. Fortier: Voici ce que nous avons fait. Le ministre qui, dans
le gouvernement du Québec, doit intervenir auprès
d'Investissement Canada, c'est le ministre de l'industrie, du Commerce et de la
Technologie. En tant que ministre des Institutions financières,
aussitôt que nous avons constaté que, sur le plan
législatif, nous ne pouvions intervenir pour contrecarrer
spécifiquement la transaction, j'ai appelé M. Guy Saint-Germain,
président du groupe Commerce, et je lui ai demandé d'organiser
une rencontre entre l'inspecteur des Institutions financières et non
seulement la direction du groupe Commerce, mais la direction de la compagnie
Nationale-Nederlanden, la compagnie hollandaise qui en a le contrôle. Je
dois vous avouer que la réponse a été très rapide
parce que deux jours après mon appel, comme par hasard, les dirigeants
de la compagnie hollandaise étaient à Montréal; ils se
dirigeaient vers l'Australie. Ils ont retardé leur visite en Australie
pour rencontrer l'inspecteur et j'aimerais que celui-ci vous dise quels sont
les engagements que nous avons obtenus et qui ont été
confirmés par écrit. D'ailleurs, ça me fera plaisir de
déposer la lettre éventuellement. L'inspecteur a obtenu, par
écrit, des engagements très fermes. De mémoire, la
direction du groupe Commerce demeurera inchangée, le siège social
demeurera à Saint-Hyacinthe et, chose très importante, nous avons
obtenu une politique de dividendes. Une lettre de la compagnie hollandaise
stipule l'intention du groupe hollandais, des nouveaux actionnaires. La
politique de dividendes d'au plus 20 % ou 25 %. De mémoire, c'est
peut-être de 15 % ou 20 %. C'est donc une politique de dividendes
très raisonnable. La très grande majorité des profits
demeure dans la compagnie, ce que assurera une très bonne
capitalisation. Donc, l'idée de cet engagement que nous avons obtenu est
importante, parce qu'on peut toujours craindre, lorsqu'un actionnaire
achète une compagnie, que son intention soit de vider la caisse. Mais en
ayant une politique de dividendes aussi contraignante pour eux que celle qu'ils
ont acceptée, on est assuré que la profitabilité ou que
les profits du groupe Commerce vont rester dans le groupe Commerce et vont
servir à son développement au Québec ou au Canada par
l'acquisition d'autres compagnies, ce qui permettra à la direction du
groupe Commerce de continuer.
Par ailleurs je sais que cette compagnie est en négociations ou
en discussions avec M. Saint-Germain qui n'était pas obligé de
rester président de la compagnie. Mais je sais qu'on l'a quasiment
supplié. Enfin, on lui a demandé de rester. C'est dire que la
direction du groupe Commerce, autant que je le sache, va rester identique
à ce qu'elle est présentement. Tous les membres du conseil
d'administration québécois vont demeurer. Les seuls changements
viendront, étant donné que les Français ne sont plus
actionnaires, du groupe hollandais qui substituera ses propres membres à
ceux nommés par la compagnie française au conseil
d'administration.
M. Garon: Oui, mais tout ce que vous avez, c'est une lettre.
Demain matin, s'ils achètent une compagnie à Toronto et
décident de diriger le groupe Commerce à partir de Toronto y en
regroupant l'actif à ceux acheté en Ontario, qu'arrive-t-il de
cette lettre?
M. Fortier: Je veux juste continuer mes explications, M. le
député de Lévis, mais vous avez raison d'insister. Donc,
à la suite des engagements que l'inspecteur a obtenus et dont il m'a
fait part, j'en ai informé M. Pierre Mac-Donald, ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Dans la lettre il a
envoyée à Investissement Canada, il a insisté sur certains
points en particulier, notamment le siège social
de Saint-Hyacinthe. Ce fut, je crois, une des demandes que le
gouvernement du Québec a faite par la bouche de M. MacDonald, ou par les
écrits du ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, en
soulignant qu'il est important que la direction et le siège social du
groupe Commerce demeurent à Saint-Hyacinthe. Pour autant que je sache,
ces engagements ont été respectés. Je le sais parce que,
par la suite, j'ai rencontré les Hollandais et parlé à M.
Saint-Germain. C'était clairement leur intention et Investissement
Canada a dû maintenir cette exigence. C'est exactement ce qui va
arriver.
M. Garon: Mais quand vous dites maintenu par FIRA,...
M. Fortier: FIRA ou Investissement Canada maintenant.
M. Garon:... Investissement Canada, est-ce que cet organisme est
intervenu pour exiger des conditions concernant cette transaction?
M. Fortier: Je n'ai pas fait le suivi. Je pourrais vous donner la
confirmation, mais M. Martel me fait signe que oui. Alors Investissement Canada
a imposé les mêmes exigences que le gouvernement du Québec.
Et d'ailleurs, le ministère des Finances avait envoyé ses
recommandations au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
qui a la responsabilité, qui est le vis-à-vis d'Investissement
Canada, et je crois que nos exigences ont été entièrement
acceptées.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de ces... ? Ce
doit être un peu public.
M. Fortier: Bien là, ça ne relève pas de
moi, mais du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie.
Je peux bien faire une demande. Je pourrais vous donner copie de la lettre que
j'ai envoyée au ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. Il me ferait plaisir d'en déposer une copie, mais en ce qui
concerne... Je ne suis pas, comme ministre, responsable des relations avec
Investissement Canada, il faudrait... Je peux bien poser la question au
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et je ferai
rapport.
M. Garon: D'accord. Maintenant, j'aimerais connaître les
échéanciers du ministre concernant...
M. Bélisle: M. le Président, une question
d'information.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Bélisle: Le temps court avec frénésie
devant cette commission. Alors qu'on devait commencer nos travaux à 10
heures pile, et je ne tiendrai pas rigueur à mon ami le
député de Lévis d'être arrivé quelques 50
minutes en retard, mais je m'attendais... 40, on va régler pour 40, si
vous voulez...
M. Garon: Mais j'étais ici à 10 heures.
Essentiellement, j'étais même ici avant, un quart d'heure avant.
J'ai été appelé à la dernière minute pour
une consultation par...
M. Bélisle:... aux plus hauts échelons...
M. Garon:... concernant les décisions récentes du
gouvernement fédéral sur la taxe de vente. Il est
déjà arrivé dans le passé que des ministres qui
étaient ici, soient appelés à la dernière minute
par le premier ministre... Je le comprenais très bien. Je ne voudrais
pas qu'on soulève... C'était hors de ma volonté.
(11 h 45)
M. Bélisle: Disons qu'on n'en fera pas un plat, mais, tout
simplement, c'est qu'on a deux organismes ici, devant nous ce matin, et je n'ai
pas de questions et je ne pense pas qu'on ait de questions, du
côté ministériel, à poser à l'organisme qui
est l'inspecteur des institutions financières. Cependant, nous avons des
questions, M. le Président, à poser à la Commission des
valeurs mobilières du Québec. Et je ne voudrais pas - ce n'est
pas du tout notre responsabilité si le député de
Lévis a été appelé aux plus hauts échelons
de son parti, en consultation privée avec son chef, pour
déterminer quelle serait la politique du Parti québécois,
quant à la taxe de valeur ajoutée qui serait imposée
vraisemblablement jeudi - qu'on soit pénalisé, dé notre
côté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous demandez
l'adoption du programme?
M. Bélisle: Je demande l'adoption du programme concernant
l'inspecteur général, parce que je pense que c'est très
important, dans le contexte actuel. Dans la même veine que ce que le
député de Lévis vient de soulever. Il est important, dans
un contexte économique un peu plus difficile qu'il y a une année
ou une année et demie, de regarder la gestion de la Commission des
valeurs mobilières et de ne pas s'éterniser sur le premier
programme. Je voudrais revendiquer mon droit de parole concernant le second
programme, et je demande l'adoption du premier.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous êtes venu me parler
tout à l'heure pour me demander si j'étais d'accord pour qu'on
passe à la Commission des valeurs mobilières à 11 heures,
ce à quoi j'ai acquiescé.
Une voix: Pas à 11 heures.
M. Garon: Pas à 11 heures, à midi. J'ai
acquiescé à ça, sauf que j'ai encore des questions
concernant l'inspecteur général. Ces questions ne le concernent
pas nécessairement, mais je les pose à ce moment-ci.
M. Bélisle: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour que le
premier droit de parole - je suis prêt à laisser le
député de Lévis continuer jusqu'à midi - concernant
l'autre programme... Au moins, qu'on ait le droit de parler.
Le Président (M. Lemieux): Sauf que, évidemment, M.
le député de Lévis, si je regarde les statistiques que
j'ai devant moi, votre bloc de temps est terminé. Je pense que c'est
assez ciair. Je ne dis pas que votre temps de parole est terminé, mais
l'enveloppe qui vous a été réservée pour vous
exprimer et poser des questions à l'inspecteur général des
institutions financières est terminée. Effectivement, il y a eu
un retard de 40 minutes. J'avais, au départ, 90 minutes de
réservées à la Commission des valeurs mobilières,
et 90 minutes, aussi, à l'Inspecteur général des
institutions financières. Ces périodes ont été
réduites à 65 minutes. Sur ce, vous avez pris plus de 85 % de
l'enveloppe de temps. Évidemment, si le député de
Mille-Îles me demandait la parole pour interroger l'Inspecteur
général des institutions financières, en vertu du principe
de la répartition équitable du temps, je devrais la lui donner.
Le bloc comme tel est terminé, mais votre temps de parole n'est pas
terminé et, effectivement, je pourrais décider de facto de passer
à l'adoption du programme. Il ne faut pas oublier une chose, et je l'ai
déjà dit, c'est que lors de l'étude des crédits,
rien dans nos règles de procédure, ne favorise les membres d'une
formation politique par rapport à une autre. Ainsi, tous les membres de
la commission jouissent de droits équivalents, et je dois veiller
à ce que chacun - c'est ce que le député de
Mille-Îles me demande - puisse exprimer aussi son point de vue.
Je serais bien d'accord, M. le député de Lévis,
pour que vous puissiez continuer jusqu'à midi avec l'inspecteur
général des institutions financières, qu'on adopte le
programme 6, tel que convenu, et qu'après, le député de
Mille-Îles ait son droit de parole. Il me semble que ça serait
tout à fait équitable. Je ne suis pas dans l'obligation de
respecter la règle de l'alternance, mais je dois me
référer à l'article 33 du règlement. Donc,
immédiatement après, on passera la parole au député
de Mille-Îles relativement à l'étude du programme 7,
Contrôle, surveillance et développement du commerce des valeurs
mobilières. Alors, je vous laisserai le droit de parole jusqu'à
midi. Je pense que c'est ce qui avait été convenu. Je vous dis
que votre bloc de temps est fini, mais votre...
M. Garon: Ce n'est pas ça qui a été
convenu.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Garon: II a été convenu que l'on continuerait
avec l'inspecteur général des institutions financières
jusqu'à midi.
Le Président (M. Lemieux): Jusqu'à midi Cela
va.
M. Garon: Après ça... Je comprends que vous parliez
des dispositions du règlement, mais il y a une tradition qui fait que ce
n'est pas comme ça que ça marche. La coutume, en droit
parlementaire, qui est très importante, ne parle pas d'un partage
égal du temps entre les deux partis, quand même! Je sais que vous
avez parlé de ça à plusieurs reprises, mais on ne changera
pas cent quelques années d'histoire parlementaire. Ce n'est pas de
même que ça marche et vous le savez. Allez voir à la
commission des comptes publics du Canada ou d'ailleurs... Habituellement, cette
commission du contrôle des comptes publics est dirigée à
peu près partout dans les autres provinces par les gens de l'Opposition
Si vous ne voulez pas qu'on en vienne à un genre de parlementarisme
haïtien, je pense qu'il serait bon qu'on tienne compte des coutumes. Que
vous aimiez ça ou non, on est dans le parlementarisme britannique, et le
droit coutumier est fondamental. Là, je ne veux pas qu'on perde notre
temps à faire un débat.
Le Président (M. Lemieux): Non, M. le député
de Lévis, je suis d'accord avec vous, sauf que comme président,
je me dois de répartir le temps de parole d'une manière
équitable sans brimer les droits d'aucune des formations politiques.
C'est important et c'est ce qui doit nous guider. Je pourrais vous citer
beaucoup de jurisprudence à ce sujet, mais on n'ira pas
là-dessus. Je vais vous laisser continuer votre temps de parole
relativement à l'Inspecteur générai des institutions
financières et, à midi, j'appellerai le programme 7.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Tout en gardant les programmes pour les voter à
la fin. Faites ça et ça ira.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Lévis.
M. Bélisle: M. le Président, je revendique tout de
suite mon droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): Cela va, M. le
député de Mille-Îles. Je vous donnerai la parole dès
le début de l'étude.
Le décloisonnement des intermédiaires
financiers
M. Garon: M. le Président, quelles sont les
échéances du ministre concernant le dépôt et
l'adoption de la loi sur le décloisonnement des
intermédiaires financiers? Avez-vous l'intention de consulter à
nouveau le milieu ou prétendez-vous que votre idée est faite sur
le sujet? Est-ce que le projet de loi va refléter les intentions
contenues dans votre énoncé de politique?
M. Fortier: M. le Président, je crois que nous avons fait
déjà une consultation très étendue. Je rappelle que
nous avions publié un document de consultation sur le
décloisonnement des intermédiaires; c'était au printemps
de l'an dernier. Nous avons eu une commission parlementaire au mois de juin, si
ma mémoire est fidèle, devant laquelle sont venus 32 organismes,
y inclus la Commission des valeurs mobilières du Québec et tous
ceux qui étaient préoccupés par le décloisonnement
des intermédiaires. À la suite de cette commission parlementaire,
nous avons eu, je dois l'avouer, de nombreuses discussions privées avec
des compagnies, des courtiers, des organismes d'assurance-vie. Comme vous le
savez, dans le domaine de l'assurance-vie, il existe deux organismes: l'APAVQ,
qui est l'association provinciale et une association canadienne, et on a
toujours tenté de les ramener dans le même giron.
Par la suite, au mois de décembre, nous sommes allés au
Conseil des ministres qui en a approuvé les principes. Au mois de
janvier dernier, il y a eu publication des principes dans une brochure marron
intitulée "Décloisonnement des intermédiaires".
Normalement, vous le savez, vous avez été ministre, quand on va
au Conseil des ministres, on a un mémoire qui contient des principes et,
rattaché au mémoire, il y a un projet de loi. Ici, j'ai
procédé en deux temps, deux mouvements. Dans un premier temps,
j'ai fait adopter, approuver des principes par le Conseil des ministres et
très bientôt, je l'espère, pour ne pas dire demain ou
après-demain, je dois aller au Conseil des ministres pour l'approbation
du projet de loi lui-même.
La question posée était celle-ci: Est-ce qu'il y aura des
consultations additionnelles? La réponse est qu'il y en a en ce moment.
Je dois vous avouer qu'après la publication du document, il y a eu
plusieurs - dans la mesure où c'est plus de deux, en fait, c'est deux ou
trois - compagnies d'assurances qui m'ont fait des représentations en ce
qui a trait, en particulier, à la propriété des cabinets
de courtage. J'ai également eu de très nombreuses
représentations de l'association des courtiers, du Regroupement des
cabinets de courtage d'assurance; nous avons eu d'autres commentaires
privés provenant des organismes intéressés à la
planification financière.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question,
notre intention, si cela est possible... Il arrive, à un moment
donné, lorsqu'on est rendu au comité de législation, ce
n'est plus le ministre qui dirige, ce sont d'autres personnes. Mais pour autant
que je puisse m'assurer d'avoir un projet de loi le plus parfait possible, en
prenant en considération les commentaires de tous et chacun - et on en a
reçu d'ailleurs de très pertinents de la Commission des valeurs
mobilières - mon espérance est de pouvoir déposer le
projet de loi avant la date fatidique du 15 mai. Dans la mesure où le
projet de loi reflétera les principes qui ont été
discutés en commission parlementaire et qui ont été
publiés au mois de janvier, ça nous permettrait d'adopter le
projet de loi avant le 15 juin. Alors, j'oserais croire que si tout va bien,
nous pourrons procéder, entre le 15 mai et le 15 juin, à
l'adoption de ce projet de loi sur les intermédiaires de
marché.
M. Garon: Avez-vous l'intention d'accepter - c'est
peut-être trop tôt pour le demander - qu'au moment du
dépôt, il y ait peut-être une période où
quelques organismes pourraient venir nous dire ce qu'ils en pensent?
M. Fortier: On pourra voir à ce moment-là. Comme de
raison, il est clair que les seules personnes qui ont vu le projet de loi, ce
sont des organismes gouvernementaux. Comme il se doit, je n'ai pas fait
circuler le projet de loi dans le secteur privé, parce que les premiers
à être informés du projet de loi doivent être les
parlementaires eux-mêmes. Les seuls gens qui ont collaboré
à la rédaction sont des gens de l'inspecteur. Les seules
personnes qui l'ont vu, par ailleurs, sont de la Commission des valeurs
mobilières; absolument personne du secteur privé ne l'a vu.
La plupart des gens que j'ai consultés dans le secteur
privé, en tout cas dans une très grande mesure - je pense bien
sûr à ceux qui sont les plus intéressés, les
courtiers d'assurances et les agents d'assurance-vie - nous disent que, dans la
mesure où les principes sont respectés, ils voudraient que nous
procédions le plus rapidement possible. Je ne sais pas s'il sera
nécessaire d'avoir une commission parlementaire. Il faudrait
éviter de toute façon, étant donné la très
grande consultation il y a eu et compte tenu qu'il y aura une élection,
que le projet de loi tombe, soit retardé et qu'il ne puisse être
adopté avant le 15 juin. Ceci dit, j'ai toujours été
flexible. Si c'était très nécessaire... Mais si on ouvre
la porte, la seule crainte que j'ai, c'est qu'il n'y ait plus moyen de la
fermer. Ma réponse serait celle-ci: Dans la mesure où on a
déjà consulté abondamment, je ne verrais pas
l'utilité, à ce moment-ci, d'une commission parlementaire.
La solvabilité des compagnies
d'assurances
M. Garon: La solvabilité des compagnies d'assurances.
Dernièrement, des informations rendues publiques par l'Association des
consommateurs du Canada indiquaient que plusieurs compagnies d'assurances
avaient une solvabilité
douteuse, ce qui a suscité une certaine inquiétude dans le
milieu. L'inspecteur a senti le besoin de réagir immédiatement
pour dénoncer ces informations. Les compagnies d'assurances ont
également réagi et ont rejeté les allégations
diffusées par l'Association des consommateurs du Canada. J'aimerais
savoir tout d'abord pourquoi l'inspecteur a jugé bon d'intervenir et de
dénoncer les informations publiées par l'Association des
consommateurs du Canada. Deuxièmement, quelles sont les
différences dans les critères retenus par l'inspecteur par
rapport à ceux de l'Association des consommateurs du Canada pour
évaluer la solvabilité des compagnies d'assurances et,
troisièmement, à la lumière de cet
événement, si le ministre entend revoir les critères selon
lesquels l'inspecteur évalue la solvabilité et le rendement des
compagnies d'assurances?
M. Fortier: Je vais répondre brièvement parce que,
M. le Président, je pense qu'il ne nous reste que trois minutes.
Le Président (M. Lemieux): Oui, brièvement.
M. Fortier: J'ai rencontré hier les représentants
d'une de ces compagnies d'assurances qui a été affectée et
je leur ai dit que je déplorais la mauvaise publicité - il
s'agissait de la Lauren-tienne Générale - qu'elle a eue. Il est
ridicule que, par des déclarations dans des journaux, on entache la
réputation d'une compagnie aussi importante et aussi solide que la
Laurentienne Générale. Cela dit, ce que j'ai aimé, c'est
que l'Association des consommateurs du Canada ait fait plutôt le sondage
sur le "feedback" du public, sur sa réaction lorsqu'il fait affaires
avec une compagnie en particulier. J'ai aussi apprécié le fait
que l'Association des consommateurs du Canada art dit qu'il était
Important de faire du shopping, qu'un particulier puisse aller d'une compagnie
à l'autre ou le demande à son courtier, car il y a variation de
prix. Si on m'avait dit qu'il y avait collusion sur les prix entre toutes les
compagnies d'assurances du Québec, j'aurais été
très affecté par une telle découverte. Le fait qu'il n'y a
pas collusion et que les prix peuvent varier, indique que les consommateurs
devraient faire du shopping.
En ce qui concerne la santé financière, je vais laisser la
parole à l'inspecteur, et je dis simplement que je m'interroge sur ce
qu'on devrait faire à l'avenir. L'inspecteur - tout le monde le sait -
est un homme très sévère qui fait bien son travail et qui
ne laisserait jamais une société d'assurances continuer à
vendre au Québec s'il croyait un instant que cela pourrait mettre en
danger ceux qui achèteraient des polices de cette compagnie. Mais
très brièvement, puisqu'il ne reste qu'une minute, M.
l'inspecteur, pourriez-vous expliquer quelle est la situation à ce
sujet-là et pourquoi vous êtes intervenu? (12 heures)
M. Bouchard: Oui. Merci, M. le ministre. Je suis intervenu - je
crois que c'était mon devoir - cette année, comme je l'ai fait
l'an dernier, pour mettre en garde la population contre des tests qui ne sont
pas révélateurs et ce, d'une part, parce qu'ils font
référence à des chiffres qui sont vieux d'au-delà
de deux ans et, d'autre part, parce qu'on n'utilise que certains tests de
solvabilité. Or, dans le système de prévention qui existe
dans le secteur des institutions financières, il y a une distinction
à faire entre les tests de prévention et les tests de
solvabilité. Ce rapport ne fait pas cette distinction, de telle sorte
qu'une compagnie visée par ce rapport peut apparaître comme
étant en danger, alors que ce n'est pas le cas. L'exemple que je donnais
toujours aux journalistes, est le suivant: Ce n'est pas parce qu'une personne a
un rhume, qu'elle a pour autant une inflammation du poumon. Il faut faire
attention dans l'évaluation des tests.
Des tests qui ne sont pas pondérés, qui ne sont pas
complets, qui ne sont pas appliqués d'une façon continue mais
fixés dans le temps, sur la base des états financiers au 31
décembre d'une année, ne permettent pas d'évaluer
adéquatement une institution financière, que ce soit une
compagnie d'assurances ou une institution de dépôt. Les compagnies
qui font affaire au Québec ont toutes un permis de l'inspecteur
général parce qu'elles le méritent et parce que nous avons
jugé qu'elles satisfaisaient aux critères pour faire affaire au
Québec.
Contrôle, surveillance et développement
du commerce des valeurs mobilières
Le Président (M. Lemieux): Merci, M l'Inspecteur
général des institutions financières. Nous allons
maintenant appeler le programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières. Oui, M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Est-ce qu'on ne devrait pas laisser M. le
président de la Commission des valeurs mobilières
présenter les personnes qui l'accompagnent, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, merci, M le
député de Mille-Îles. M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Guy (Paul): M. le Président, immédiatement
à ma gauche, M. Raymond Hardy, directeur de l'administration, à
mon extrême gauche, M. Max Amar, chef du service du budget.
M. Bélisle: Merci, M. le président. Bienvenue, M.
Guy, ainsi qu'aux gens qui vous accompagnent. Je vais aller directement au but.
Le document que vous avez préparé, "Étude des
crédits, 29 mars 1989, Commission des valeurs mobilières du
Québec", M. Guy, vous en avez pris
connaissance? M. Guy:...
M. Bélisle: J'entends très mal d'ici. M.
Guy: Certainement.
Les droits non perçus par la commission
M. Bélisle: Certainement, d'accord. Voulez-vous prendre la
page 7 du document, M. Guy, État des revenus pour l'exercice se
terminant le 31 mars 1989. Droits perçus, au total, pour 1987-1988: 2
560 000 $; Prévisions de la perception des droits pour 1988-1989: 3 940
000 $; Prévisions pour 1989-1990: 4 405 000 $. Je vais relier ça
tout de suite à un article paru dans le journal Finance il y a
très peu de temps - je pense que vous en avez une copie avec vous - qui
notait que le Contrôleur des finances avait effectué une
inspection à la Commission des valeurs mobilières relativement
aux droits qui n'étaient pas perçus par la Commission des valeurs
mobilières, droits exigibles en vertu de la loi qui constitue la
Commission des valeurs mobilières.
J'aimerais savoir pourquoi à la page 7, État des revenus,
il n'y a aucune inscription dans votre document concernant soit les mauvaises
créances, soit des comptes dont vous doutez de la
récupération, de la perception. C'est là ma
première question. J'imagine que quand on présente des documents
à la commission parlementaire sur des états de revenus et
dépenses, on doit au moins...
M. Guy: Je pense, M. le Président, qu'il n'y a pas d'autre
réponse que celle-ci: Ce n'est pas la pratique, ça n'a jamais
été fait. Ce n'est pas parce que ça ne peut pas être
fait, mais ça n'a jamais été fait par le passé, que
je sache, pour aucun organisme. On nous demande seulement l'état des
revenus; on ne nous demande pas les comptes à recevoir, mais ça
peut être fait, ça ne pose pas de problème.
M. Bélisle: Je vous suggère, M. le
Président, que l'année prochaine, s'il y a lieu - ce serait une
chose très importante pour donner le portrait exact de la Commission des
valeurs mobilières - vous indiquiez quels sont les montants qui sont non
récupérables, irrécupérables ou qui sont
considérés comme des mauvaises créances.
Maintenant, j'en arrive tout de suite à mon autre question. Il
est fait état, dans l'article du journal Finance, que le
Contrôleur des finances a trouvé qu'il y avait une somme d'environ
1 400 000 $ en droits qui ne seraient pas perçus par la Commission des
valeurs mobilières du Québec et qui traînent sur les
tablettes et sur les comptoirs. J'aimerais savoir si vous avez entrepris des
procédures judiciaires pour récupérer ces montants des
mains de ceux qui devraient les payer.
M. Guy: M. le Président, premièrement, le
Contrôleur des finances n'a pas trouvé qu'il y avait 1 400 000 $
qui n'avaient pas été perçus par la Commission. Dans son
rapport établi avant la fin de mars, le 22 mars si je me souviens bien,
II est très clair et parle d'une somme de 900 000 $ qui devenait
exigible au 31 mars, c'est-à-dire après le rapport du
contrôleur, les 900 000 $, bien entendu, n'étaient pas exigibles
au moment où le contrôleur a fait son rapport. Il s'agit de
courtiers dont l'exercice a pris fin le 31 décembre et qui doivent
payer. Ils ont 90 jours, en fait, pour régler les droits,
c'est-à-dire que ces droits ne sont pas exigibles avant la 90e
journée. Ils peuvent fort bien les acquitter avant, mais je ne vois pas-
pourquoi un courtieren général, acquitterait des droits avant la
date à laquelle il doit les acquitter. Comme ces droits n'étaient
pas exigibles avant le 31 mars, il n'y avait donc pas 1 400 000 $ d'exigibles
au moment du rapport du contrôleur général.
M. Bélisle: À la page 7 du document,
Prévisions de la perception des droits pour 1988-1989, est-ce que, dans
les 3 940 000 $, les 900 000 $ sont inclus? S'ils ne sont pas exigibles, il ne
faut pas qu'ils soient là, pour suivre votre raisonnement. C'est une
prévision de perception.
M. Guy: Ce sont les sommes perçues et non pas les sommes
à recevoir.
M. Bélisle: Ah bon!
M. Guy: II faut bien s'entendre. D'abord, dans le rapport du
Contrôleur des finances, il faut bien constater qu'il parle de sommes
à percevoir au 1er avril. Ce n'est même pas dans l'exercice qui
s'est terminé le 31 mars.
M. Bélisle: Alors, reportons-nous au mois de septembre
1988. Êtes-vous capable de me dire, M. le président de la
Commission des valeurs mobilières, combien, au mois de septembre 1988,
il y avait de comptes recevables en circulation qui sont toujours non
récupérés, non encaissés par la Commission des
valeurs mobilières du Québec au mois d'avril 1989? Combien y en
avait-il au mois d'octobre 1988? Combien y en avait-il au mois de novembre 1988
et au mois de décembre 1988? Est-ce que, en bon administrateur, vous
tenez un décompte des sommes qui traînent et qui ne sont pas
perçues?
M. Guy: Des sommes qui ne sont pas perçues,
c'est-à-dire qui sont à recevoir, qui sont à percevoir, au
mois d'octobre 1988, il y en a très peu.
M. Bélisle: II y en a combien? 200 000 $, 300 000 $?
M. Guy: Je n'ai pas le montant ici, mais je peux fort bien le
donner, le faire parvenir par écrit sans problème.
M. Bélisle: Vous avez une connaissance personnelle de ces
montants, bien entendu, M. le président?
M. Guy: Oui, oui, certainement. M. Bélisle:
Certainement. Bon!
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire, vous
voulez prendre ceci en note. Cela va?
M. Bélisle: Alors, M. le président de la Commission
des valeurs mobilières, pour rendre ma demande conforme en tout point au
règlement, je vais vous demander de produire, à compter du mois
de juillet 1988 jusqu'à maintenant, mois par mois, les comptes
recevables en circulation, non encaissés, ainsi que les mauvaises
créances. Je pense que c'est important. Vous avez un budget d'environ 5
000 000 $; vous récupérez à peu près 85 % en
revenus et, s'il y a des comptes recevables pour 1 000 000 $, pour 200 000 $,
pour 500 000 $, cela fait une énorme différence.
Maintenant, M. le président de la Commission des valeurs
mobilières, j'aimerais savoir combien de personnes à la
Commission travaillent à la facturation des droits exigibles en vertu de
la Loi sur les valeurs mobilières? Combien de personnes s'occupent de
dactylographier ou de transcrire sur ordinateur les factures devant être
envoyées pour percevoir les droits?
M. Guy: C'est très simple, M. le Président,
personne.
M. Bélisle: Personne.
M. Guy: À la Commission, il n'y a pas de personnel
d'affecté au recouvrement des droits. Il y a des personnes qui font
ça à temps perdu, parce que leur tâche principale est
l'application de la loi, mais, depuis 1983, les droits perçus par la
Commission ont augmenté de dix fois à peu près. Avant
1983, on percevait à peu près 500 000 $; on est rendu à 5
000 000 $, ce qui fait dix fois de plus. Ce sont toujours les mêmes
personnes, qui faisaient ça un peu à temps perdu, qui le font
encore. On n'a pas de personnel d'affecté spécifiquement à
ces tâches.
M. Bélisle: Vous semblez nous dire que ce sont des
personnes qui font cela à temps perdu. Combien de personnes, parmi la
centaine de personnes, parmi le personnel de la Commission des valeurs
mobilières, s'occupent à temps perdu de faire la facturation pour
récupérer les droits exigibles en termes
d'années-personnes? Deux, trois?
M. Guy: Une demi-personne.
M. Bélisle: Une demi-personne. D'accord. Combien y a-t-il
de personnes assignées à votre système d'informatique, M.
le président?
M. Guy: II y a quatre personnes qui travaillent au système
d'informatique, deux personnes à temps plein et deux occasionnels.
M. Bélisle: Deux personnes à temps plein et deux
occasionnels. Deux occasionnels et temporaires, mais à longueur
d'année. C'est ça?
M. Guy: C'est difficile à dire, pas nécessairement.
En fait, il y a deux personnes qui sont des employés occasionnels.
M. Bélisle: Occasionnels. Est-ce qu'elles travaillent
toutes - ces quatre personnes - sur des dossiers de la Commission des valeurs
mobilières reliés à l'application de la loi au
Québec?
M. Guy: Oui.
M. Bélisle: N'est-il pas exact, M. le président,
que depuis six à huit mois, une personne de votre organisme a
été prêtée et travaille presque exclusivement,
à temps plein pour I'OICV en utilisant votre système
d'informatique, votre bureau d'informatique?
M. Guy: Non, c'est inexact. M. Bélisle: C'est
inexact.
M. Guy: Absolument.
M. Bélisle: Est-ce que c'est possible qu'une de ces
personnes travaille une grande partie de son temps à autre chose que
pour la Commission des valeurs mobilières du Québec?
M. Guy: Non, absolument pas.
M. Bélisle: D'accord. Est-ce que vous trouvez normal que
vous n'ayez personne ni aucun système de facturation formel à la
Commission des valeurs mobilières du Québec? Est-ce que vous
trouvez que c'est de la bonne gestion?
M. Guy: Je ne trouve pas ça de la mauvaise gestion.
M. Bélisle: Je n'ai pas dit de la mauvaise gestion, j'ai
dit de la bonne gestion.
M. Guy: Je pense qu'il faut comprendre ce que j'ai
expliqué tout à l'heure quant à l'augmentation par dix
fois des sommes à percevoir par la Commission sans aucun personnel pour
l'effectuer. II faut bien comprendre que, surtout
dans les années 1986-1987 et même l'année
dernière, l'augmentation du volume de travail à la commission a
été considérable. Il y a des gens, bien entendu, qui
s'occupent de dossiers particuliers et qui n'ont pas le temps nécessaire
pour s'occuper de la facturation ou de faire les suivis nécessaires. Il
faut bien comprendre qu'à la Commission des valeurs mobilières,
la perception des droits est un problème très difficile. Le seul
moyen de pression qu'on a dans le cas des courtiers qui ne paient pas, c'est la
suspension. On sait, bien entendu, qu'on n'est pas pour suspendre 50 à
60 courtiers parce qu'ils sont en retard dans le paiement de leurs droits. Cela
n'a pas beaucoup de sens. Dans les autres cas, il faut attendre que ces
personnes fassent des demandes à la commission, pour leur dire qu'on ne
s'occupera de leur demande que si elles paient ce qu'elles nous doivent. C'est
un système difficile. Dans certains cas, cela prend beaucoup de suivi,
de rappels avant qu'on soit payé, mais je peux dire que les sommes qui
sont à percevoir sont tout à fait normales. Je pense qu'avoir 900
000 $ de comptes à recevoir des courtiers à la fin de mars, c'est
tout à fait normal.
La plupart des courtiers, dont les plus importants ont des exercices qui
se terminent le 31 décembre, alors que les droits sont dus le 31 mars ou
le 1er avril. On aura toujours des comptes à recevoir au-dessus de 1 000
000 $ au 31 mars ou au 1er avril. Il n'y a rien d'anormal là-dedans. Il
n'y a pas un courtier qui va payer avant le temps. Ce serait même anormal
qu'il paie ce qu'il doit un mois avant. Alors, il va toujours payer à la
dernière minute, ou deux à trois jours après,
peut-être même quatre ou cinq jours après. Ce sera toujours
normal d'avoir une somme de comptes à recevoir très importante,
mais ça ne veut rien dire. Les comptes à recevoir ne sont pas des
sommes qui sont perdues.
M. Bélisle: Dans le dernier exercice financier, combien
convertissez-vous ou avez-vous converti de comptes à recevoir non.
réalisables en mauvaises créances? Combien en avez-vous
transféré à la colonne "mauvaises créances"? Vous
devez le savoir.
M. Guy: Au 31 mars, cela sera d'à peu près 150 000
$, mais ce sont des sommes accumulées depuis plusieurs années. Ce
n'est pas pour l'exercice qui se termine le 31 mars, il faut bien le
comprendre. Déjà, si vous regardez ici, on perçoit
à peu près 10 000 000 $ sur quatre à cinq ans. Cela ne
m'apparaît pas des sommes importantes.
M. Bélisle: Comment se fait-il, M. Guy, si c'est
accumulé sur une période de plusieurs années, si c'est le
cas, comme vous le dites, que c'est une somme qui traîne depuis trois,
quatre ou cinq ans que cela n'ait pas été éliminé
à chaque année? Comment se fait-il qu'à chaque
année, on n'ait pas fait l'élimination?
(12 h 15)
M. Guy: Encore là, M. le Président, c'est parce que
ce n'était pas la pratique. Le Vérificateur général
du Québec fait la vérification des comptes de la commission
à chaque année. Il n'a jamais demandé, parce que
c'était des sommes insignifiantes, qu'on ait un poste pour
créances douteuses ou irrécouvrables, et ce n'était pas la
pratique d'avoir ces comptes. Ce n'est pas plus difficile que cela, et vu qu'il
s'agissait de petites sommes, le vérificateur n'a jamais demandé
qu'on les passe comme créances irrécouvrables.
M. Bélisle: D'accord. Avant de transformer un compte
recevable en mauvaise créance, est-ce que vous obtenez une opinion de
votre contentieux pour légaliser le transfert aux comptes
irrécupérables ou aux mauvaises créances?
M. Guy: Non, absolument pas.
M. Bélisle: Vous ne le faites pas?
M. Guy: Non.
M. Bélisle: Pourquoi ne le faites-vous pas?
M. Guy: Je ne vois pas ce que ça va donner d'avoir un avis
du contentieux sur une mauvaise créance. En fait, c'est plutôt par
la pratique, par l'expérience des gens, qu'on sait s'il sera possible de
percevoir un compte ou non, et un avis juridique ne nous donne rien. Qu'est-ce
que ça va nous donner d'avoir un avis juridique? Je ne comprends pas le
but d'un avis juridique.
M. Bélisle: Sauf que, M. Guy, en vertu de la Loi sur les
impôts, pour toutes les compagnies, pour toutes les entreprises
privées, il faut un avis juridique pour pouvoir légaliser la
transformation d'un compte recevable en mauvaise créance. Et je trouve
que pour une entreprise publique, c'est un peu spécial.
Les frais et droits exigibles
On va revenir à une autre question, dans le même ordre
d'idées. On va parler des frais et des droits exigibles. Connaissez-vous
l'article 270 de votre règlement, de la Commission des valeurs
mobilières, sur les frais exigibles? Vous connaissez ça?
M. Guy: Oui, oui.
M. Bélisle: D'accord. Il y a un débat à
votre commission en ce moment, d'après ce que j'entends de
l'extérieur et de ce dont les gens parlent, à savoir si les
droits sont exigibles pour l'avenir ou pour le passé. Vous,
d'après ce qu'on me dit, et vous me corrigerez si je me trompe, M. Guy,
vous êtes l'ardent défenseur de la théorie voulant que les
droits soient exigibles pour l'avenir; d'autres, et même des gens qui
sont dans l'industrie, pensent qu'ils devraient l'être pour le
passé. Ma question est la suivante:
Avez-vous demandé une opinion juridique écrite à
votre contentieux sur ce sujet?
M. Guy: Vous devez avoir une bonne table d'écoute. Je ne
sais pas où vous prenez vos informations. C'est une question qui a
été discutée à la commission, mais je ne suis
certainement pas le seul qui suis de cet avis. Vous semblez dire que c'est mon
avis personnel.
M. Bélisle: Je n'ai pas dis que c'était seulement
votre avis.
M. Guy: Je pense que vous vous trompez à ce sujet. C'est
vrai que je suis d'avis que, pour les courtiers - on parle de courtiers - on
paye pour l'avenir, parce qu'il n'est pas normal qu'on paye, dans le
passé, pour exercer une activité. On paye toujours pour exercer
une activité dans l'avenir. Quand on paye pour un permis de conduire, on
paye pour les années à venir et non pas pour les années
passées. La façon dont j'interprète le règlement,
c'est que l'on paye pour l'avenir, parce qu'on paye au moment où on
devient courtier, et on paye ensuite à chaque année pour les
années à venir. Je pense que c'est la bonne
interprétation. On n'a pas encore réglé cette question
à la commission de façon formelle, à savoir si c'est pour
l'avenir ou pour le passé, mais c'est une question qu'il faut
régler.
M. Bélisle: Je voulais savoir par ma question si vous
aviez demandé une opinion juridique à votre contentieux à
ce sujet?
M. Guy: Le contentieux a été consulté. On
n'a pas eu d'opinion juridique formelle.
M. Bélisle: Avez-vous eu une opinion verbale?
M. Guy: On n'a pas eu d'opinion verbale. Il y a réellement
plusieurs interprétations sur cette question. La commission devra
trancher à savoir laquelle on prend.
M. Bélisle: Et cela sera soumis éventuellement,
cette opinion juridique, à la commission, à tous les gens qui
vont siéger, pour prendre une décision formelle, je suppose?
M. Guy: Je n'ai pas dit qu'il y aurait une opinion juridique.
J'ai dit que la commission devra trancher à savoir quelle est
l'interprétation qu'on prendra.
M. Bélisle: Vous êtes en train de me dire que vous
allez prendre une décision, que la commission va prendre une
décision sans demander à votre contentieux ou à un
conseiller juridique une opinion formelle sur un sujet aussi litigieux? Vous
avez pourtant l'habitude de le faire, M. Guy. Je regarde le document qui est
ici, et vous consultez régulièrement des gens à
l'extérieur du domaine juridique pour avoir des opinions, mais sur ce
sujet aussi important, vous, comme bon gestionnaire, allez être satisfait
que, d'après votre.. Je ne pense pas, M. Guy, que vous soyez avocat, de
formation, non9
M. Guy: Absolument pas, non, loin de moi l'idée
d'être avocat.
M. Bélisle: Mais vous allez interpréter un sujet
aussi litigieux sans demander d'opinion juridique à votre contentieux ou
à quelqu'un de l'extérieur ou à un cabinet d'avocats, ou
à deux cabinets d'avocats? Vous allez prendre une décision, qui
peut avoir des conséquences sur le plan de la Commission, pour la
Commission, pour le domaine des valeurs mobilières au Québec, et
vous considérez que vous posez un acte de bon gestionnaire en faisant
ça?
M. Guy: Je pense que vous mettez beaucoup d'emphase sur une
question qui, d'après moi, n'est pas très importante...
M. Bélisle: Ah, bon!
M. Guy: ...parce que les conséquences de cette
décision, pour l'avenir, sont nulles. Je n'ai pas dit qu'on n'aurait pas
d'opinion juridique, je n'ai pas dit qu'on en aurait une, j'ai dit que
ça reste une question à décider. Je répète
ce que j'ai dit.
Le recours aux services juridiques
extérieurs
M. Bélisle: Ce que je peux comprendre, M. Guy, c'est que
vous n'êtes pas encore branché.
À la page 20 du fameux document de l'étude des
crédits, on parie des opinions juridiques, des services d'avocats requis
par votre Commission à l'extérieur de votre contentieux. Au bas
de la page, aux sixième et septième points, vous avez
demandé - il s'agit d'un contrat de moins de 25 000 $ - à des
professionnels, à Pépin, Létourneau et Associés, de
vous donner une opinion: "Représenter la Commission des valeurs
mobilières et son président, M. Paul Guy, dans le cadre des
procédures intentées en Cour supérieure par Peter Blaikie
et Kenneth S. Atlas. Pépin, Létourneau a rédigé une
opinion juridique sur la responsabilité professionnelle d'un membre du
personnel de la Commission concernant les déclarations verbales faites
à l'occasion d'une audience, au coût de 5000 $. Est-ce que ce sont
les honoraires juridiques totaux qui vous ont été
facturés, par Pépin, Létourneau, ou qui ont
été engagés par la Commission des valeurs
mobilières relativement à l'affaire Blaikie? Est-ce que ça
totalise 15 000 $? C'est seulement ça?
M. Guy: Ah non! Pas du tout. D'abord, vous faites une
présomption. Ce n'est pas ce que dit le document...
M. Bélisle: Ah! Corrigez-moi.
M. Guy: ...vous présumez que le deuxième mandat
concerne l'affaire Blaikie. Cela n'a rien à voir avec l'affaire
Blaikie.
M. Bélisle: D'accord.
M. Guy: Je ne vois pas comment vous pouvez faire cette
présomption.
M. Bélisle: Admettons que je me trompe. Revenons au
premier.
M. Guy: Je reviens au premier mandat. C'est ce qu'on avait
prévu pour l'exercice qui s'est terminé le 31 mars. Il n'y a pas
de doute que c'est un mandat donné par le ministère de la
Justice, qui a été négocié entre M. Pépin et
le ministère de la Justice, selon des honoraires consentis par le
ministère de la Justice, mais payés par la Commission. On n'a
fait que payer les factures.
M. Bélisle: La petite facture que la Commission va devoir
payer, pour le cas Blaikie, s'élève à combien, au total,
M. Guy?
M. Guy: C'est à peu près 10 000 $ qu'on a
payés jusqu'au 31 mars, mais il y aura d'autres honoraires dans
l'année qui vient.
M. Bélisle: Vous n'avez pas reçu, jusqu'à
maintenant, M. Guy, d'autres honoraires?
M. Guy: Oui.
M. Bélisle: Je suis sûr que vous devez en avoir
reçu d'autres.
M. Guy: Qu'est-ce que vous voulez dire par "d'autres
honoraires"?
M. Bélisle: D'autres factures d'honoraires dans ce
dossier.
M. Guy: Non.
M. Bélisle: Non? Pas encore?
M. Guy: On en aura d'autres en avril, on en aura d'autres en mai,
peut-être, je ne le sais pas. Ce n'est pas moi qui établis les
factures de M. Pépin.
M. Bélisle: D'accord. Est-ce que vous auriez objection
à nous transmettre toutes les factures du bureau de Pépin,
Létourneau dans les prochains mois, concernant l'affaire Blaikie?
M. Guy: Pas du tout, M. le Président, pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire,
voulez-vous prendre note, s'N vous plaît?
M. Bélisle: M. le Président, pour le moment,
j'aimerais laisser une minute à mon collègue de Prévost,
étant donné que je vais attendre.
M. Forget: M. le Président, voici ma première
question.
M. Garon: En vertu de la règle de l'alternance...
M. Forget: Je voudrais savoir depuis combien de temps vous
êtes président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec.
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Lévis.
M. Garon: On n'est pas en régime fasciste encore;
ça s'en vient bien, par exemple!
Le Président (M. Lemieux): Brièvement, M. le
député de Lévis, votre question de règlement.
M. Garon: C'est en vertu de la règle de l'alternance.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je me réfère à la décision de Claude
Lachance du 12 avril 1984, alors que, justement, le président
éprouvait certaines difficultés lors de l'attribution du temps de
parole, le député invoquant la règle de l'alternance.
À cette époque, le député ministériel, M.
Lachance, disait que la tradition parlementaire reconnaissait le principe de
l'alternance entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, mais que cette
tradition ne s'appliquait pas nécessairement en toutes circonstances. Le
choix d'accorder la parole à tel ou tel député, disait-il,
relève cependant de l'entière discrétion du
président qui devra, néanmoins, distribuer les droits de parole,
et c'est peut-être ça qui est important, en toute
équité.
Si on se réfère, M. le député de
Lévis, aux travaux de cette commission depuis le début, 100 % du
temps vous a été alloué lors de la vérification du
programme 6 concernant l'Inspecteur général des institutions
financières. Vous avez eu 100 % du temps et les ministériels,
n'ont pas encore pris 20 minutes d'une enveloppe de temps de trois heures. M.
le député de Mille-Îles est rendu à 25 minutes sur
une période de temps de trois heures. Alors, je dois distribuer les
droits de parole en toute équité.
L'article 33 du règlement qui s'applique aux travaux des
commissions en raison de l'article 154 prévoit qu'un
député qui désire faire une intervention doit se lever et
demander la parole au président. Si deux ou plusieurs membres demandent
la parole en même temps, celle-ci reviendra au député que
le président a vu en premier ou pourra être accordée selon
la règle de l'alternance, tout en veillant soigneusement à ce que
chacun puisse exprimer son point de vue. C'est ça qui me semble
important. Le président rappelle que, lors de l'étude des
crédits, il n'y a pas de débat contradictoire et, qu'en
conséquence, une application stricte de la règle de l'alternance
semble difficile.
M. Garon: M. le Président, dans ce que vous venez de dire,
il y a quelque chose qui n'est pas exact. Quand un programme est fini, on passe
à un autre programme et vous ne pouvez pas mélanger les
programmes en disant: Dans un programme, vous avez mis tant de temps. Si les
gens ne veulent pas poser de questions sur un programme, c'est une autre
affaire. Là, on étudie un autre programme, le programme 7.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, nous sommes au programme 7, j'en suis conscient et je dois
répartir le temps équitablement. Si je me réfère
à l'article 138,...
M. Garon: Est-ce que vous tenez compte de la tradition ou si vous
n'en tenez pas compte du tout?
Le Président (M. Lemieux): Bien...
M. Garon: Pour vous, à l'étude des crédits
il n'y a pas de tradition; le temps est partagé à 50-50.
Le Président (M. Lemieux): Je tiens compte de la
tradition, M. le député de Lévis, mais je dois en tenir
compte d'une façon telle que tous les membres de la commission jouissent
de droits équivalents. Je dois veiller à ce que chacun puisse
exprimer son point de vue. Le point de vue que veut exprimer le
député...
M. Garon: Quelle est la tradition établie, selon vous,
quant au partage du temps entre l'Opposition et le gouvernement au pouvoir lors
d'une commission parlementaire qui étudie les crédits?
Le Président (M. Lemieux): C'est de faire en sorte que le
temps puisse être distribué équitablement et ça doit
varier, M. le député de Lévis, selon les
circonstances.
M. Garon: Je vous ai dit: entre l'Opposition et les
députés ministériels. Il y a des coutumes
là-dedans. Quelle est pour vous la tradition? Y en a-t-il une ou s'il
n'y en a pas pour vous?
Le Président (M. Lemieux): Un instant, M. le
député de Lévis.
M. Garon: On n'est pas en bureaucratie, on est dans la coutume
parlementaire établie...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il y a une décision qui a été rendue le 22
avril 1986. Lors de l'étude des crédits, un député
de l'Opposition...
M. Garon: Cela n'a aucune importance.
Le Président (M. Lemieux):... demande au président
s'il entend respecter la tradition et l'entente intervenue entre les leaders
concernant la répartition du temps de parole et accorder - c'est ce que
vous voulez, M. le député de Lévis - 90 % du temps aux
membres de l'Opposition. Une commission parlementaire est-elle liée par
une entente du genre? "La commission parlementaire est souveraine et, en
l'absence du consentement unanime de ses membres, elle ne peut être
liée par une entente préalable entre les leaders portant sur la
répartition du temps de parole en commission parlementaire "
Ce que je dois faire, M. le député de Lévis, c'est
répartir le temps d'une manière équitable, de façon
que les parlementaires puissent s'exprimer.
M. Garon: Non. Je comprends qu'un président puisse faire
une erreur, parce qu'il n'a pas de formation juridique; cela arrive pour vous
qui avez une formation juridique, la coutume parlementaire veut-elle dire
quelque chose ou si cela ne veut rien dire? Si le député de
Prévost avait rendu une telle décision, on aurait dit: Que
veux-tu? Ce n'est pas sa formation, ce n'est pas sa ligne. Mais vous êtes
avocat, et il y a une coutume parlementaire qui existe depuis longtemps. On se
rencontre à la Commission des comptes publics du Canada; il y a
même des gens qui font des conférences pour expliquer les droits
de l'Opposition. C'est très beau quand on entend ça, mais
actuellement...
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Lévis, je me rends compte quand même que
vous allez entamer votre temps de parole. Il reste une minute. Ma
décision est la suivante: En vertu du principe voulant que je fasse
respecter, selon une certaine équité, l'alternance dans le droit
de parole des parlementaires et comme nous empiétons sur le temps
réservé au député de Mille-Îles, M. le
député de Prévost, posez votre question.
M. Garon: Non. Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): J'ai rendu ma décision,
M. le député de Lévis. M. le député de
Prévost.
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce une nouvelle question de
règlement?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Nouvelle question de
règlement, M. le député de Lévis.
M. Garon: Quand considérez-vous qu'une décision
d'un président fait jurisprudence par rapport à une autre
décision qui peut tout simplement avoir été une
erreur?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai pas à répondre à des questions
hypothétiques. M. le député de Prévost, vous pouvez
poser votre question au président de la Commission des valeurs
mobilières.
M. Garon: Vous vous référez à une
décision, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, s'il vous plaît!
Je ne suis pas ici pour rendre des opinions juridiques, M. le
député de Lévis, mais pour appliquer un
règlement.
M. le député de Prévost, vous pouvez poser votre
question.
M. Forget: M. le Président.
M. Garon: Alors, arrêtez de faire de beaux discours
à la Commission des comptes publics du Canada; vous interprétez
les choses complètement différemment.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! C'est
antiréglementaire, M. le député de Lévis.
M. le député de Prévost. (12 h 30)
Le mandat du président et les voyages à
l'étranger
M. Forget: Voici ma question. Je voudrais savoir depuis combien
de temps vous êtes président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec? Est-ce votre premier ou votre
deuxième mandat?
M. Guy: J'ai été nommé président en
mars 1981.
M. Forget: D'accord.
M. Guy: C'est mon deuxième mandat comme
président.
M. Forget: Ma deuxième question, M. le Président:
Pouvez-vous faire parvenir à la commission toute la liste des voyages
à l'étranger et la durée des séjours ainsi que le
contrôle des voyages depuis le début de votre mandat? Est-ce
possible?
M. Guy: M. le Président, d'abord, la liste des voyages est
donnée chaque année. Vous l'avez dans le cahier qui est
là. Je pense que tous les voyages à l'étranger y sont
inscrits. On peut vous envoyer des copies, je ne vois pas de
difficulté... Vous l'avez déjà, d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): Si M. le député
de Prévost, M. le président, vous demande effectivement la
durée des séjours et des voyages que vous avez faits depuis le
début de votre mandat, je pense qu'il est en droit de poser la
question.
M. Guy: Voulez-vous tous les voyages à l'étranger
ou seulement les miens? J'aimerais bien comprendre la question.
M. Forget: Tous les voyages à l'étranger.
Le Président (M. Lemieux): Tous les voyages qui furent
faits par le président de la Commission des valeurs mobilières,
M. le député de Prévost?
M. Forget: Oui.
M. Guy: Seulement par moi?
M. Forget: Tout l'organisme comme tel.
M. Guy: D'accord. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, excusez-moi.
M. Garon: M. le Président, il faudrait que vous ayez le
courage de poser votre question vous-même plutôt que la
rédiger et la faire poser par un autre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis!
M. Garon: C'est cela. Je vous ai vu la rédiger.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, je n'ai pas du tout rédigé de question pour le
député de Prévost...
M. Garon: Bien, je l'ai vu...
Le Président (M. Lemieux): ...qui a assez de
maturité pour poser ses propres questions. Il n'a pas besoin du
député de Vanier. M. le député de Lévis, le
député de Vanier est aussi assez mature pour que, s'il a des
questions à poser, il soit capable de le faire. La parole est à
vous, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je pensais qu'un fonctionnaire
qui fait de la politique serait un peu plus dégagé, mais vous
êtes le politicien le plus partisan que j'ai vu, jusqu'à
maintenant, depuis que je suis député.
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le député de Lévis, ce
petit jeu-là se joue à deux. Je pense qu'on va vous donner une
leçon aujourd'hui.
M. Garon: Citez donc le règlement. M. Bélisle:
Le règlement?
Le Président (M. Lemieux): Ce sont des propos
antiparlementaires.
M. Bélisle: Ce sont des propos totalement et
complètement...
Le Président (M. Lemieux):.. article 38.
M. Bélisle:... antiparlementaires. Vous vous prenez pour
un membre du Parlement du pays que vous avez nommé tantôt. Je ne
trouve pas cela comique du tout, Si vous avez des questions pertinentes, des
questions pour aller en profondeur dans des programmes, qui vont
démontrer que vous connaissez cela un tantinet, posez-les donc et
n'essayez pas de couvrir vos ex-amis. Faites votre job, arrêtez d'achaler
le président de la commission et de faire perdre le temps de tout le
monde.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le député de Mille-Îles devrait
avoir l'honnêteté... J'ai vu pour la première fois le
président de la Commission des valeurs mobilières ici.
Peut-être que vous l'aviez vu avant mol; moi, je ne l'avais jamais vu
avant de le voir ici; je ne l'avais jamais rencontré avant de le voir
ici, lorsqu'on est allé le rencontrer, toute la commission ensemble,
pour lui demander comment fonctionnait la commission. Quand vous parlez
d'amitié personnelle - en dehors de cette commission, je ne me rappelle
pas avoir parlé une seule fois au président de la Commission des
valeurs mobilières - je vous dis de faire attention. Vous parlez de
nomination partisane, on vient de vous en énumérer 135...
M. Bélisle: Posez vos questions.
Le Président (M. Lemieux): Revenons au programme.
M. Bélisle: Posez vos questions, faites votre job.
M. Garon: Là-dessus, n'importe quand, je suis capable de
vous en montrer.
M. Bélisle: Faites votre job! Faites votre job'
M. Garon: Non, ce n'est pas le député de
Mille-Îles...
M. Bélisle: Ce n'est pas le depute de Lévis, M. le
Président, qui va me faire paniquer...
M. Garon: Non, non. M. Bélisle: Pas du tout. M.
Garon: Je pense bien.
M. Bélisle: Posez des questions sur le programme.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Bélisle: Posez des questions sur la gestion. Faites
votre job.
M. Garon: Je comprends pourquoi le premier ministre a
décidé de vous garder comme "back-bencher".
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, s'il vous plaît!
M. Bélisle: Ne vous en faites pas, il n'y a pas de
problème.
M. Garon: M. le Président, je remarque que dans
l'attribution des postes à la Commission des valeurs mobilières,
l'un des articles sur lequel - je pose ma question au ministre - la commission
est revenue à plusieurs reprises, c'est le besoin de postes
additionnels. Je pense aux documents qui ont été cités par
le député de Mille-Îles; il faisait référence
à des documents additionnels demandant...
M. Bélisle: Attendez un peu, là, vous.
M. Garon:... des crédits. Le président de la
Commission des valeurs mobilières dit même qu'il est serré
sur le plan administratif. C'est l'une des raisons pour lesquelles il ne pense
pas qu'il doive affecter plus de personnel à la perception. J'aimerais
savoir, à ce moment-ci, si le ministre pense, dans son
appréciation des choses, que la Commission des valeurs mobilières
du Québec a
un personnel suffisant ou si elle en manque. J'aimerais qu'il
établisse des comparaisons entre l'Ontario et le Québec
concernant leurs commissions des valeurs mobilières et leur personnel
respectifs.
L'augmentation du personnel
M. Fortier: M. le Président, la première fois que
j'ai été confronté à des demandes de la Commission
des valeurs mobilières quant à l'augmentation de son personnel,
c'était le 30 avril 1987. J'avais hérité des
responsabilités touchant la Commission des valeurs mobilières
à l'automne 1986. On se souviendra qu'à ce moment-là, le
Régime d'épargne-actions était très en vogue.
J'avais appuyé une demande de la commission d'accroître de 21
postes l'effectif de la Commission des valeurs mobilières du
Québec - de fait, je peux vous lire la décision du Conseil du
trésor - nous avions fait des représentations dans ce sens. Elle
était de majorer de 21 postes équivalents temps plein l'enveloppe
de l'effectif régulier autorisé à la Commission des
valeurs mobilières, le portant ainsi à 116, à la condition
que sept de ces postes soient comblés par du personnel de la fonction
publique .en disponibilité.
Il faut bien comprendre qu'en 1986 et au début de 1987, lorsque
la demande de ces 21 postes a été faite, elle était
reliée, si ma mémoire est fidèle - le président
pourra le préciser - à l'ampleur des services qui étaient
exigés de la commission, surtout pour l'approbation de prospectus, le
suivi de l'augmentation substantielle des services de la Commission des valeurs
mobilières en relation avec le Régime d'épargne-actions et
la flambée qui a continué à se développer jusqu'au
krach qui a eu lieu à l'automne 1987. Donc, les demandes qui ont
été faites à l'origine par la Commission des valeurs
mobilières n'étaient pas tellement reliées à ce
qu'on peut appeler l'aspect administratif proprement dit - tout à
l'heure, on parlait de perception de droits - mais aux activités
courantes de la commission.
Si vous posez votre question en ce qui a trait à l'aspect
administratif, quoique nous en ayons parlé à différentes
reprises en commission parlementaire, je dois vous dire que c'est
récemment qu'on a porté à mon attention que,
peut-être, en ce qui concerne la perception des droits, il y avait un
certain problème et qu'il fallait se pencher - vous avez raison - sur
les besoins de personnel de la commission sur le plan administratif. Pour
quelle raison? Sans épiloguer longtemps sur la nécessité
de percevoir les taxes ou les droits qu'un gouvernement prescrit, il y a une
question d'équité. Je ne sais pas si ça a
été corrigé depuis le temps où cette question a
été portée à mon attention, mais à ce
moment-là, il y avait des institutions financières très
importantes qui n'avaient pas payé leurs droits parce qu'elles n'avaient
pas reçu de facture. Donc, ça crée une certaine injustice,
c'est comme si quelqu'un de bien nanti ne payait pas ses impôts, alors
qu'un simple courtier paye ses droits. Je pense qu'il y a là une
question d'équité, pour s'assurer que tous ceux qui doivent
normalement payer le fassent. À ce moment-là, l'information
m'avait été donnée que la Société de gestion
et de placement de la Banque de Montréal devait 67 407 $ à la
Commission. Je pense bien que la Banque de Montréal est capable de payer
ses droits. C'est une question d'équité.
Je pariais tout à l'heure de la difficulté de convaincre
le Conseil du trésor - d'ailleurs, je le dis, je sympathise
également avec la Commission - nous avons de la difficulté
à faire approuver des demandes très souvent raisonnables pour des
postes additionnels, mais on est en butte, comme on l'a déjà
expliqué, à une politique générale de resserrement
des postes et des crédits du gouvernement. Malheureusement, lorsque le
Conseil du trésor constate qu'il y a certains problèmes comme
ceux-ci, ça peut psychologiquement l'amener à dire:
Écoutez, il faudrait mettre de l'ordre là-dedans.
C'est la raison pour laquelle, dernièrement, lorsque le
Contrôleur des finances m'a fait rapport, j'ai écrit une lettre
à M. Guy lui demandant de voir à corriger la situation, mais en
lui offrant la collaboration du sous-ministre des Finances, que j'avais
obtenue. Le sous-ministre des Finances, a réalisé qu'il y avait
un problème ponctuel lorsqu'il s'agit, d'une part, d'établir des
procédures administratives en ce qui concerne la facturation et, d'autre
part, d'effectuer le travail un peu plus complexe de revenir sur les
années antérieures et de nettoyer la situation.
Donc, autrement dit, on peut dire qu'il y a deux situations, celle de
faire face à la conjoncture actuelle où un certain nettoyage doit
être fait, et pour l'avenir, quand ce sera revenu à la normale -
je parle du côté administratif - de voir quels sont les postes qui
seraient requis pour une marche normale des opérations.
Quand on fait une comparaison avec la Commission des valeurs
mobilières de l'Ontario, - je pense bien qu'on peut la faire et
peut-être qu'on doit la faire, - il vous faut comparer les budgets du
gouvernement de l'Ontario avec ceux du gouvernement du Québec - et c'est
son raisonnement, parce que j'ai eu des discussions avec le Conseil du
trésor, comme de raison - il a peu de sympathie, malheureusement, pour
ce genre d'argument parce que l'an dernier, en particulier, le ministre des
Finances de l'Ontario a augmenté les taxes d'une façon assez
substantielle. Je lisais dernièrement dans The Globe and Mail que
le ministre ontarien des Finances disait avoir encore l'intention d'augmenter
les taxes, alors que notre politique, au gouvernement du Québec, est de
ne pas les augmenter, mais plutôt de les réduire.
D'ailleurs, si vous avez participé à l'étude
des crédits du ministère des Finances, le ministre a
dû vous dire jusqu'à quel point il tenait à réduire
les taxes. Il les a réduites substantiellement dans le dernier budget et
certainement qu'il va tout faire en son possible pour ne pas les augmenter dans
le prochain. C'est donc dire que les contraintes du gouvernement du
Québec sont beaucoup plus sévères que celles de l'Ontario,
même si on peut plaider en disant: Écoutez, comparez donc les deux
budgets afin de voir des comparaisons qui, peut-être, devraient
être faites. En définitive, les moyens du gouvernement du
Québec sont moins importants étant donné la politique
budgétaire qu'on s'est donnée. Donc, les contraintes sont plus
importantes.
Cela étant dit, tout à l'heure, je l'ai dit bien
franchement, je trouve que les compressions budgétaires qui ont
été faites vis-à-vis l'inspecteur et même
vis-à-vis la Commission arrivent à un point qu'on pourrait
appeler critique et que dorénavant... Je pense bien qu'on pouvait
admettre, pendant trois ou quatre années, qu'il y avait peut-être
du gras. Vous appelez ça du mou. Peut-être qu'il y avait du mou,
comme vous dites, ou du gras, mais c'est le rôle du Conseil du
trésor de faire en sorte de s'assurer que la rationalisation se fasse le
plus possible. Mais, après trois, quatre ou cinq années de
rationalisation, peut-être qu'on en est arrivés à un point
où la rationalisation a une limite. Il va falloir regarder les services
que la Commission et l'inspecteur doivent rendre et s'assurer qu'ils ont
réellement les moyens de protéger le public, qu'ils peuvent
remplir leur mandat de la meilleure façon possible.
Lorsque nous avons eu une commission parlementaire dernièrement,
les membres de la commission ont posé des questions, en particulier sur
les sociétés en commandite pour lesquelles il y a eu des
difficultés. Il est certain que dans ces cas d'enquêtes, ça
requiert du personnel compétent et peut-être en plus grand nombre
que par le passé pour voir à ce genre de problèmes.
Pour répondre à votre question, je crois qu'on doit
considérer, en ce qui concerne les problèmes administratifs, qui
ne nous ont été révélés quand même que
récemment d'une façon plus précise, qu'il faudrait donner
à la commission, si nécessaire, un appui ponctuel pour s'assurer
que le ministre des Finances puisse percevoir les droits auxquels il a droit.
Pour ma part, pour l'avenir, je suis prêt à me pencher sur une
réévaluation des besoins de la Commission. Je viens de recevoir
une enveloppe dans laquelle le président de la Commission vient de me
remettre une demande pour le Conseil du trésor. Je vais l'étudier
très attentivement. Jusqu'à maintenant, les contraintes
budgétaires ont été très sérieuses et pour
l'inspecteur et pour la Commission. Dorénavant, il va falloir regarder
et plaider dans le bon sens auprès du Conseil du trésor, pour
s'assurer d'avoir l'image la plus juste possible et pour permettre et à
l'inspecteur et à la Commission de pouvoir jouer leur rôle.
Comme de raison, il y en a certains au Conseil du trésor qui
disent que depuis le krach boursier, il y a de moins en moins de régimes
d'épargne-actions, qu'il y a beaucoup moins de capitalisations qui se
font, et ils concluent à tort, je crois, que la Commission a beaucoup
moins de travail qu'auparavant. Alors, c'est là, je crois, qu'il faudra
bâtir notre dossier. J'offre ma collaboration au président de la
Commission comme je l'ai offerte à l'inspecteur parce que je crois,
comme je l'ai dit il y a un instant, que peut-être depuis trois ou quatre
ans, il y avait un besoin de serrer la vis, comme on dit, pour s'assurer que la
rationalisation était la plus complète possible, mais on est
arrivés à un point, et chez l'inspecteur et à la
Commission, où il va falloir regarder les faits bien en face et
s'assurer de combler les lacunes et voir s'il y a des besoins administratifs et
autres, parce que je crois qu'il y a eu certaines lacunes. Il est clair, dans
le rapport du contrôleur, qu'il y a eu des lacunes administratives, mais,
avec la collaboration du sous-ministre des Finances, on pourra travailler
à les combler et regarder la situation avec toute la
réalité qui s'impose pour permettre à la commission de
jouer son rôle. (12 h 45)
Les créances échues
M. Garon: Tout à l'heure, le député de
Mille-Îles a demandé le total des sommes à percevoir en
octobre 1988 ou, plutôt, à compter de juillet 1988. Il y a eu eu
un engagement de la commission. Est-ce qu'il serait possible de nous faire
connaître les sommes "passées dues", parce que vous avez fait une
distinction entre les comptes en cours, qui sont dus, mais dont
l'échéance n'est pas arrivée. Est-ce qu'il y aurait moyen
d'avoir les comptes dont l'échéance est passée avec les
noms de ceux qui doivent et les montants impliqués?
M. Fortier: La seule information...
M. Garon: Parce que le député... Moi, je pense que
le seul but est de voir comment ça marche.
M. Bélisle: C'est bon, ça, pas mal bon.
M. Garon: Le compte, le montant à percevoir...
M. Bélisle: II commence à comprendre.
M. Garon:... qui est échu pour chaque rubrique, pour
chaque personne. À ce moment-là, on verra. Il y a des noms qui
ont été mentionnés tantôt, je n'en ai pas
mentionnés, je ne sais pas qui doit de l'argent. Alors, ce serait
peut-être bon...
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président. Je tiens à féliciter M. le député
de
Lévis...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, ce n'est pas une question de règlement.
M. Bélisle:... pour sa compréhension du travail de
parlementaire. C'est très bien, M. le député de
Lévis, je vous félicite.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une question de
règlement. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il n'y a pas de question de
règlement. Je ne tiens pas à recevoir les félicitations du
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: C'est une motion non annoncée, M. le
Président.
M. Garon: On dit que... Ceux dont les comptes ne sont pas dus,
dont les comptes ne sont pas rendus à échéance, bon, ils
ne sont pas rendus à échéance, mais ceux dont
l'échéance est passée, ce serait peut-être
intéressant... Puisque le député de Mille-Îles a
soulevé le débat, aussi bien le vider complètement avec
les noms, les montants dus et les dates d'échéance.
M. Bélisle: Ce n'est pas ça que... M. le
Président, je veux bien qu'on se comprenne, là.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Si on veut aller au bout... M. le
député de Lévis, ce n'est pas ce que j'ai demandé.
Vous ajoutez des choses à ce que j'ai demandé. Est-ce qu'on se
comprend bien, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je pense à faciliter la tâche de la
Commission, parce que je pense...
M. Bélisle: Non. Non, non, non.
M. Garon:... que si on reçoit la liste des montants dus,
la Commission n'aura peut-être plus besoin de percepteur.
M. Bélisle: Non, non, non, non. M. le
Président!
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles.
M. Bélisle: J'ai demandé tantôt à la
Commission des valeurs mobilières... Le député de
Lévis est expert pour mélanger les nouilles et les carottes.
M. Garon: M. le Président, je pense que c'est mon temps de
parole.
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur...
M. Garon: Ce n'est pas le député de
Mille-Îles que j'interroge, c'est le ministre.
M. Bélisle: Je ne veux pas, M. le Président, qu'on
confonde les demandes que j'ai faites tantôt.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas confondu. M. Bélisle:
Ce n'est pas la même chose. M. Garon: Je le sais. M.
Bélisle: D'accord, on se comprend bien.
M. Garon: Mais moi, j'aime ça, vider les questions...
M. Bélisle: Si vous voulez demander autre chose,
demandez-le.
M. Garon:... ne pas laisser traîner des affaires...
M. Bélisle: II n'y a pas de problème.
M. Garon: Le président de la Commission nous a dit qu'il y
a des montants qui ne sont pas dus. Par exemple, quand vous êtes membre
du Barreau, vous devez payer votre cotisation le 1er avril, autrement vous
cessez d'être "avocat ou vous payez une pénalité. Bon! Un
bon avocat ne doit pas nécessairement payer au mois de février,
mais son compte est dû le 1er avril. Je pense qu'il serait
intéressant, comme on a parlé de ceux qui ne payaient pas leur
compte à temps, d'en avoir la liste pour vider la question que le
député de Mille-Îles a soulevée. Je ne voudrais pas
non plus essayer de "beurrer" du monde. Il s'agit tout simplement de voir les
noms et les montants "passés dus", par entreprise - il s'agit de
courtiers et d'entreprises - et de connaître la date
d'échéance des comptes.
M. Fortier: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Je pense bien que le président de la
Commission prend bonne note des questions des membres de la commission et qu'il
pourra fournir l'Information en temps et lieu.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire, est-ce
que vous prenez note de la question du député de
Lévis?
Le
Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Fortier: Ce que j'aimerais tout simple-
ment dire, c'est ceci. Je pense bien qu'il ne faut pas se le cacher.
Moi, je suis prêt, M. le Président, à déposer deux
rapports de façon à éclairer la commission, parce que je
m'aperçois qu'il y a une certaine confusion, que les
députés posent des questions et qu'il y aurait peut-être
lieu de les déposer. J'avais demandé et j'ai obtenu un premier
rapport du contrôleur au 31 août dernier. À ce
moment-là, on évaluait la situation et on disait que le manque de
facturation, enfin, les droits non perçus étaient de l'ordre de
400 000 $. Un deuxième rapport du 22 mars nous disait que c'était
plus élevé. Je vais les déposer pour les faire
circuler.
Le Président (M. Lemieux): J'accepte le dépôt
des rapports. C'est pertinent, M. le ministre.
M. Fortier: J'ai devant moi le rapport du 22 mars, Appel public
à l'épargne. On y analyse la période d'avril 1983 à
juillet 1985, ensuite celle d'août 1985 à juillet 1988 et, enfin,
suivant la nouvelle tarification, celle de juillet 1988 à aujourd'hui.
Je vais vous lire un commentaire juste pour souligner qu'il y a un
problème depuis 1983 et qu'il est difficile de répondre, depuis
le temps, à toutes les questions que vous posez. Je vais vous lire un
paragraphe. On y dit: Dans notre rapport d'août 1988, nous recommandions
que la Direction de l'information procède à l'analyse
complète de toutes les émissions faites au Québec depuis
avril 1983, et ce, afin de s'assurer que les droits exigibles en vertu de
l'article 266 du règlement sur les valeurs mobilières soient
intégralement perçus. "Nous recommandions également que la
commission comptabilise ses comptes à recevoir, en vertu de la
procédure-cadre du contrôle et de comptabilisation des revenus et
recettes approuvée par le Conseil du trésor. Or, tel n'a pas
été le cas. Pour la période précitée, la
direction nous informe qu'il n'y a eu aucune analyse effectuée afin
d'établir le montant des droits exigibles ni de comptabilisation des
comptes à recevoir. Par conséquent, la Direction de l'information
n'est pas en mesure d'établir de près ou de loin quelconque
montant de comptes à recevoir".
Autrement dit, il s'agit de voir la réalité en face. Je
crois qu'on s'est aperçu ou que le Contrôleur des finances s'est
aperçu qu'il y a eu, dans le passé, certaines lacunes
administratives qu'il faut corriger. Il est difficile, d'après le
Contrôleur des finances, d'avoir un rapport précis d'année
en année parce que, justement, l'administration des comptes à
recevoir ou des droits exigibles n'était pas, pourrait-on dire, à
la hauteur des normes comptables normalement pratiquées dans une
institution. Alors, je pense bien que ce problème devra être
corrigé afin d'établir des procédures qui, à
l'avenir, lui permettront de s'assurer qu'en tout temps, elle pourra suivre la
nature des droits exigibles, le temps et le moment où ils sont
exigibles, les comptes à recevoir, les mauvaises créances et tout
ça. Le rapport du contrôleur semble nous indiquer que, depuis cinq
ans, certaines lacunes existent de ce côté et qu'il faut les
corriger. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle nous avons offert la
collaboration du ministère des Finances. C'est donc dire que
l'information précise que vous demandez, si vous l'exigez par rapport au
moment où les droits étaient exigibles dans le temps, depuis cinq
ans, va être difficile à établir d'après ce que le
Contrôleur des finances me dit.
M. Garon: Regardez ce que dit le Contrôleur des finances:
Rappelons que le retard de perception, selon nous, générerait sur
une période d'un peu plus de cinq ans, soit d'avril 1983 à
juillet 1988, un manque à gagner d'environ 250 000 $. Il n'a pas
tiré au fusil, j'imagine. Le Contrôleur des finances a
dû...
M. Fortier: D'accord.
M. Garon:... regarder les comptes. Bon. En partant de là,
vidons la question comme il faut. Disons qu'en date de juillet ou août,
cela ne me fait rien, ou d'octobre 1988 et possiblement depuis le 1er avril
1989 - je parle bien de comptes dont l'échéance est
dépassée - j'aimerais savoir qui doit quoi au fond.
M. Fortier: Oui.
M. Garon: Si c'est une entreprise qui a fait faillite à un
moment donné, qui ne paiera jamais parce qu'elle a fait faillite,
j'imagine qu'il y en a peut-être là-dedans.
M. Fortier: Le groupe Paré est en difficulté. Il
n'a pas payé.
M. Garon: Bien oui, c'est pour ça. Là, on dit bien
des choses et je n'aime pas ça. La Commission des valeurs
mobilières est une institution... Apparemment, c'est une fuite de
document... On voit des articles dans les journaux. Chez le Contrôleur
des finances, habituellement les documents ne sont pas facilement accessibles.
J'aimerais connaître, pour compléter l'affaire une fois pour
toutes, les montants dont il est question, j'aimerais savoir qui doit quoi.
Qu'est-ce qui est "passé dû"? Au 1er avril 1989, quel est le
montant qui est "passé dû"? J'aimerais avoir peut-être une
petite explication à côté de l'élément. Si on
dit, par exemple: Paré, 1000 $. Pourquoi? J'aimerais avoir une
explication pour chacun des cas parce que j'imagine qu'il doit y avoir des cas
de gens qui ont fait faillite, ou bien il est arrivé des affaires. C'est
facile de dire ça, mais je pense qu'il n'est pas sain de laisser passer
dans le public que, dans certains cas, on perçoit et que dans certains
cas, on ne perçoit pas alors que le président nous a dit: II
y a des comptes en roulement qui ne sont pas dus et il y en a d'autres
qui sont dus. Je pense que ceux qui ne sont pas dus, on n'a pas besoin d'avoir
la liste...
M. Fortier: M. le député de Lévis... M.
Garon:... mais ceux qui sont dus...
M. Fortier: Oui, mais, M. le député de
Lévis...
M. Garon:... le nom, le montant et la raison.
M. Fortier: Je comprends, mais vous laissez entendre qu'il n'y a
peut-être pas de problème. Je pense que ça ne sert à
rien de se mettre la tête dans le sable. Il y a un problème. Je
vous référerai à la page 17, à la conclusion du
contrôleur. Il dit: "À la suite de la présente
vérification, nous sommes d'avis que bien que certains efforts
très récents ont été fournis pour améliorer
le processus financier, beaucoup reste à faire, notamment en ce qui
concerne le suivi, l'analyse et la comptabilisation des droits exigibles et non
perçus qui pourraient se chiffrer au 1er avril 1989 à 1 400 000 $
et ce, tel qu'établi dans ce rapport. "
Alors, ça ne sert à rien de se mettre la tête dans
le sable. Je crois qu'il y a un problème. Il est vrai que la Commission
a déjà commencé à poser des gestes très
précis et le contrôleur dit dans son rapport qu'il a d'ailleurs
obtenu sa collaboration. Mais, il est aussi vrai qu'il y a un problème.
Donc, comme ministre, la seule raison pour laquelle j'ai demandé au
contrôleur d'intervenir - parce que, comme vous le savez,
vis-à-vis la Commission des valeurs mobilières du Québec,
je suis le ministre des Finances et le ministre des Finances a le pouvoir de
demander au contrôleur de faire une enquête - c'est que je voulais
connaître la situation de façon nette et claire. C'est la raison
pour laquelle je distribue ces rapports qui établissent certaines
lacunes. Le rapport dit également que la Commission a collaboré
et a commencé récemment à améliorer la situation.
Je ne sais pas si on a distribué une lettre que j'ai écrite
à M. Guy, où je disais: Si vous avez besoin d'aide, le
sous-ministre des Finances m'a assuré qu'il était prêt
à fournir une aide ponctuelle pour corriger la situation. Tout ce que je
voudrais dire à la commission c'est qu'aussitôt que j'ai entendu
dire qu'il y avait un problème, j'ai demandé au contrôleur
de me faire rapport et j'ai offert à la Commission des valeurs
mobilières la collaboration qui pourrait lui permettre de corriger la
situation.
En ce qui a trait à l'avenir, vous m'avez posé la question
tout à l'heure, je viens de recevoir, il y a cinq minutes, des demandes
qui sont acheminées au Conseil du trésor. Je vais examiner le
dossier en ce qui a trait au personnel qui pourrait être requis par la
Commission pour s'assurer, qu'à l'avenir, de telles situations ne se
répètent pas, à la condition qu'on ait établi les
procédures normales, et, par ailleurs, pour faire face aux demandes de
la Commission d'en d'autres secteurs.
Je voulais donner aux membres de la commission toute l'information
nécessaire sur ces deux rapports, celui du 31 août et celui du
mois de mars. Malheureusement, au mois de mars, on a établi que la
situation était plus importante et semblait plus sérieuse que
celle établie au 31 août dernier.
M. Garon: Mais dans la conclusion, c'est pour ça que
j'aimerais avoir ça, vous dites: "notamment, en ce qui concerne le
suivi, l'analyse et la comptabilisation des droits exigibles et non
perçus qui pourraient se chiffrer au 1er avril 1989 à 1 400 000 $
et ce, tel qu'établi dans ce rapport... " Le président de la
commission nous a dit qu'on y avait inclus des droits en cours qui
n'étaient pas exigibles. Ici, le rapport dit: Comptabilisation des
droits exigibles et non perçus qui pourraient se chiffrer au 1er avril
1989 à 1 4000 000 $. Je voudrais avoir la liste
décortiquée des droits exigibles et non perçus au 1er
avril 1989.
M. Fortier: II n'y a aucun problème. Je pense bien que la
Commission va fournir l'information.
M. Bélisle: II me fait plaisir, M. le Président, de
voir ces nouvelles figures de l'Opposition se joindre à nous. Le
député d'Abitibi-Ouest, le député de Bertrand, et
le député de Terrebonne.
Le Président (M. Lemieux): M. Guy.
M. Guy: M. le Président, je veux juste dire un mot. Je
pense que le rapport du Contrôleur des finances a été
discuté avec nous. Il est tout à fait inapproprié pour le
Contrôleur des finances et ses agents de mentionner dans un rapport qu'il
pourrait y avoir 1 400 000 $ de comptes à recevoir le 1er avril alors
que le 22 mars, lorsqu'il a établi son rapport, ces comptes
n'étaient pas encore exigibles. Il y avait 900 000 $ non exigibles.
Alors, on présume, en disant 1 400 000 $, qu'aucun des courtiers qui
doivent payer le 1er avril, ne va payer. Je ne trouve pas correct de mettre
ça dans un rapport du Contrôleur des finances et de
présumer que tous les courtiers qui n'ont pas payé ne paieront
pas. Enfin, on a perçu, depuis le 1er avril, près de 600 000 $.
Je pense que c'est tout à fait inexact de dire ça parce que ces
comptes n'étaient pas exigibles à ce moment-là.
Alors, on aurait dû citer le montant réellement exigible au
22 mars et non des probabilités laissant entendre qu'à un moment
donné, des gens ne paieraient pas le 1er avril. Je ne veux pas dire
qu'il n'y a pas de problème, je ne suis
pas en désaccord avec ce que M. Fortier a dit, mais quand
même, sur ce côté-là, le rapport est tout à
fait inexact.
Le Président (M. Lemieux): II reste une minute pour
l'adoption des programmes. Est-ce que le programme 6 de l'inspecteur
général des institutions financières est
adopté?
M. Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Vote enregistré.
Le Secrétaire: M. Bélisle
(Mille-Îles).
M. Bélisle: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost).
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier).
Le Président (M. Lemieux): Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis).
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Gendron (Abitibi-Ouest).
M. Gendron: Contre.
Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand).
M. Parent (Bertrand): Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne).
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Lemieux): Alors quatre contre, trois
pour. Le programme est donc rejeté. Est-ce que le programme 7,
Contrôle, surveillance et développement du commerce des valeurs
mobilières est adopté?
M. Garon: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 7 est donc
rejeté. Est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du
ministère des Finances pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1990 est adopté?
M. Garon: Même vote. Des voix: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): L'ensemble des crédits
budgétaires du ministère des Finances pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1990 est rejeté. M. le
député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Les remarques finales, M. le
Président.
M. Garon: Je demande l'ajournement, M. le Président,
puisqu'il est treize heures.
M. Bélisle: Remarques finales, M. le Président.
M. Garon: II est treize heures.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis a raison, M. le député de Mille-Îles. Alors,
je dois ajourner les travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 1 )
(Reprise à 16 h 43)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre. S'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux afin
d'entreprendre l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Revenu pour l'année financière 1989-1990. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président M. Dufour
(Jonquière) remplacera M. Blais (Terrebonne) pour cet
après-midi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
J'aimerais vous faire remarquer qu'une enveloppe globale de deux heures a
été allouée a l'étude des crédits de ce
ministère, cet après-midi. Après la période des
remarques préliminaires, nous passerons à l'étude des
quatre programmes du ministère. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je me vois dans
l'obligation de faire les remarques suivantes. Même si on vient de nous
fournir des explications sur l'absence du ministre du Revenu, je me vois dans
l'obligation de trouver un peu étonnant et paradoxal qu'on traite le
Parlement de cette façon, parce que vous êtes conscient que nous
avons un ordre de la Chambre pour étudier les crédits.
Le ministre du Revenu sait depuis au moins deux semaines que
l'étude des crédits est prévue pour mardi, donc cet
après-midi, après la période de questions, à 16 h
30. Or, on nous avise, quelques minutes avant de débuter ce pouquoi nous
sommes convoqués, avant le début des travaux que M. le ministre
ne peut pas être ici, qu'il a des engagements importants ailleurs. Je ne
veux pas négliger l'importance de ses engagements, mais je veux juste
signaler que cela ne fait pas sérieux par rapport à nos
responsabilités de parlementaires.
Je n'irai pas plus loin, mais je me devais de faire ces remarques.
L'entente qu'on va prendre,
puisque le ministre ne semble pas capable d'être des nôtres
avant ce soir, c'est de suggérer d'ajourner, pardon, de suspendre
l'étude des crédits du ministère du Revenu jusqu'à
ce soir, de 19 h 15 à 21 h 15, puisque nous avions deux heures de
prévues et, sur la base d'un consentement unanime, le critique va
accepter de venir s'acquitter de sa responsabilité ce soir à 19 h
15.
Le Président (M. Lemieux): M. le leader de l'Opposition,
il semblerait que l'entente soit d'une heure trente.
M. Gendron: C'est ce que j'avais cru, sauf que, vous-même,
à l'ouverture de la commission, vous avez parlé de deux heures.
Donc...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. Oui,
effectivement, M. le député d'Abitibi-Ouest, c'est ce que j'avais
dans mes notes, mais je n'étais pas au courant de l'entente entre les
leaders. Alors il s'agit d'une heure trente.
M. Gendron: Puisqu'on fonctionne sur consentement unanime, il n'y
a pas de problème. Ce sera de 19 h 15 à 20 h 45.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le leader de
l'Opposition. Alors, nous allons ajourner nos travaux, c'est-à-dire
suspendre nos travaux et revenir ce soir à 19 h 15 pour reprendre
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
Revenu.
Au sujet de la salle, est-ce déterminé?
Une voix: Écoutez, on peut vous offrir une autre
salle.
Le Président (M. Lemieux): Oui, si c'est possible. Un
instant, s'il-vous-plaît, la salle sera peut-être
différente.
Alors, au salon rouge, ce soir à 19 h 15.
(Fin de la séance à 16 h 46)