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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration entreprend ses travaux
afin d'étudier les crédits budgétaires du ministère
du Revenu pour l'année financière 1989-1990. M. le
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Revenu
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Dufour
(Jonquière) remplacera M. Parent (Bertrand).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Alors, relativement à la durée de l'étude des
crédits, une enveloppe globale d'une heure et demie a été
allouée à l'étude des crédits de ce
ministère, ce matin. À moins d'une entente entre les membres de
la commission sur l'organisation de nos travaux, voici comment la séance
va se dérouler. J'entends distribuer les temps de parole avec
équité en permettant à chaque membre d'exprimer son point
de vue dans le cadre de l'enveloppe de temps convenue. Nous commencerons la
séance par une période de remarques préliminaires.
J'appellerai ensuite le débat sur chacun des quatre programmes selon
l'ordre de leur inscription dans le livre des crédits. À la fin
de l'étude d'un programme, les crédits seront mis aux voix.
À 11 heures, même si le débat sur les programmes n'est pas
terminé, je procéderai à la mise aux voix de l'ensemble
des programmes. J'invite M. le ministre et le porte-parole.
M. Dufour: Jusqu'à la fin des discussions, ça va
être 11 h 40. Nous avons une heure et demie pour l'étude des
crédits.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez jusqu'à 11 h
35. Cinq minutes avant la fin, M. le député de Jonquière.
Cela va?
M. Dufour: Cela va. Soyons pressés.
Le Président (M. Lemieux): J'inviterais donc M. le
ministre à faire ses remarques préliminaires, si tel est le
cas.
Remarques préliminaires
M. Yves Séguin
M. Séguin: Oui, brièvement, M. le Président.
D'abord je veux saluer les collègues de la commission et
également souligner que je suis accompagné par toute
l'équipe du ministère du Revenu. Vous me permettrez de les
mentionner rapidement et si, au besoin, M. le Président, ces gens
devaient intervenir, ils se nommeront pour s'identifier. Je suis
accompagné de M. Bernard Angers, sous-ministre; M. Jean-Paul Beaulieu,
sous-ministre adjoint à la planification et à la
budgétisation; M. Bertrand Croteau, sous-ministre adjoint au bureau de
la refonte; M. Denis Rheault, sous-ministre adjoint des systèmes
d'information; M. Marcel Robert, sous-ministre adjoint à la
vérification; M. André Saint-Jean, sous-ministre adjoint à
la législation; M. Alain Domplerre, sous-ministre adjoint aux
opérations; Mme Suzanne Francoeur; également M. Jacques Portier,
directeur du bureau du sous-ministre; M. Gilles Néron, directeur des
services au public et à l'entreprise; M. Michel Vaillancourt, directeur
général des ressources; M. Pierre-Paul Blais, secrétaire
du ministère; M. Pierre-S. Blanchard, adjoint exécutif; M. Hieu
Duc Trinh, directeur des budgets; Mme Suzette Del isle, à la direction
du budget également. J'ai aussi les représentants de la
Régie des loteries et courses, dont je suis reponsable à titre de
ministre du Revenu, M. Marcel R. Savard, président, et M. Charles
Carpenter, secrétaire. De mon bureau, je suis accompagné de MM.
Gérard Bibeau et Richard Thibault.
Évidemment, M. le Président, comme on l'a fait
antérieurement chaque année, je me ferai un devoir de
répondre aux questions qu'on voudra poser et de donner aussi les
compléments d'information qui peuvent donner les orientations pour
lesquelles on demande l'engagement des crédits. Dans cette heure et
demie, j'espère que nous aurons le temps de répondre à
toutes ces questions. S'il y avait des questions qui nécessitaient
certaines recherches ou des compléments par écrit, on se fera un
devoir de les faire parvenir à la commission comme on l'a toujours fait,
M. le Président. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires à faire?
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, juste quelques remarques préliminaires
pour souhaiter la bienvenue au ministre et à tous les fonctionnaires qui
raccompagnent. Comme nous n'avons pas beaucoup de temps à notre
disposition et comme on a quelques questions à poser, je suis convaincu
d'avance qu'on ne fera pas le tour du dossier comme tel. Je voudrais juste
continuer à expliquer qu'actuellement, selon les informations qu'on
possède, ie ministre du Revenu est en train de devenir l'homme le plus
populaire en ville avec son formulaire d'impôt sur la déclaration
du
revenu. C'est un succès de librairie. Il faut peut-être le
placer un peu dans son contexte de travail qui vise à la simplification
des formulaires et à l'humanisation des relations avec les citoyens. Je
pense qu'on n'a pas à se le cacher, on doit féliciter le ministre
d'avoir continué le travail entrepris par le précédent
gouvernement.
Il y a eu des choses qui ont été faites auparavant. il
faut, peut-être, Insister ou rappeler simplement ce qui s'est fait
auparavant. C'est sûr que les ministres n'inventent pas la roue, ils
continuent, des fois, les travaux entrepris par des
prédécesseurs. S'ils continuent bien le travail, on en profite.
En principe, le ministère du Revenu, ce n'est pas un ministère
politique comme tel. Je pense que le ministre comprend cela.
Déjà, en 1980-1981, le précédent gouvernement avait
créé une direction générale des services au public.
Il avait fait la vulgarisation et la simplification des formulaires,
l'harmonisation de la terminologie, la création de recours aux petites
créances, l'ouverture des bureaux régionaux et des bureaux
provisoires, le projet pilote de la déclaration sans calcul, la
réduction de la période d'attente moyenne au service d'accueil -
c'était de trois heures à quinze minutes, donc, il y avait eu un
changement assez important - l'ouverture des bureaux sans interruption, la
réduction du taux de blocage des lignes de 40 % à 5 %, il avait
fait passer de quatre ans à six mois le délai moyen des
dépositions, la réduction ou l'abolition de certaines
pénalités et bien d'autres. Donc, le ministre continue à
s'inscrire dans un courant qui avait commencé bien avant son
arrivée au pouvoir et on espère qu'il va continuer dans la
même veine.
Par contre, durant la période de questions ou durant
l'année, il y a eu certains problèmes auxquels on n'a pas eu de
réponse ni de solution. On peut peut-être soulever le cas
d'Alliance Québec qui est un organisme reconnu comme pouvant percevoir
des sommes d'argent déductibles d'impôt. On ne sait pas ce qui a
été fait par rapport à cela. On aura sûrement
l'occasion, et je le souhaite, de pouvoir en discuter au cours de la
période des questions.
Le cas des employés au pourboire qui, malheureusement, depuis
plusieurs années, constitue un dossier suspendu ne semble pas trouver
réponse, si ce n'est qu'on oublie de cotiser ces employés, avec
raison, probablement. Mais on oublie un élément assez Important
tout de même, qui réside dans la possibilité que ces gens
reçoivent de l'assurance-chômage lorsqu'ils finissent de
travailler. Ce dossier reste donc complètement ouvert malgré, je
l'espère, la bonne volonté du ministre. On ne sait pas trop trop
ce qui a été fait à travers ça. On se rend compte,
tout de même, qu'avant 1985 l'Opposition de l'époque
s'était consacrée à cor et à cri à
dénoncer cette situation en prétendant que son travail aurait
été mieux fait et meilleur que celui du gouvernement en place. On
est obligés de constater, après trois ans et demi de pouvoir,
qu'il n'y a absolument rien de fait si ce n'est qu'on a passé
l'éponge sur certaines sommes d'argent qui ne pourront pas être
récupérées. Encore là, je dis: Oui, c'est
probablement la meilleure façon de régler ce problème.
Mais, encore là, cela ne donne pas de solution à ces gens qui,
pour beaucoup de raisons, travaillent très fort afin d'obtenir des
revenus et ils ne jouissent pas des mêmes avantages que l'ensemble des
travailleurs au Québec.
En gros, ce sont mes remarques préliminaires. Encore une fois,
j'espère que cette heure et demie que nous avons à notre
disposition pourra nous permettre d'approfondir quelque peu les dossiers qu'on
aura à travailler ou à vous questionner tout à l'heure.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Yves Séguin (réplique)
M. Séguin: Avec votre permission, je ferais tout de suite
quelques commentaires sur ces deux dossiers parce que je ne suis pas sûr
qu'on aura l'occasion de les greffer à des crédits comme tels.
Mais je voudrais peut-être clarifier ces deux situations. D'abord, le cas
d'Alliance Québec. Comme mon collègue, le député de
Jonquière, le sait, c'est un dossier où le fédéral
a pris l'initiative, depuis 1982, de l'élaboration des certificats
d'enregistrement des organismes sans but lucratif. Je n'aurais pas
soulevé cela car, par délicatesse pour nos collègues de
l'Opposition, je n'aime pas leur rappeler que ce sont eux en 1982 qui ont
adopté un règlement - c'était M. Parizeau, ministre
à l'époque, qui avait signé ce règlement -
concédant au gouvernement fédéral le seul leadership de
l'enregistrement des organismes sans but lucratif. Et on a continué le
système jusqu'à aujourd'hui. Là-dessus, donc, autant il me
félicitait, tantôt, sur la question des formulaires de deux pages
et le remboursement anticipé qui est un succès cette
année... On le voit maintenant. Au 2 mai, aujourd'hui, la période
d'impôt est terminée et la réaction du public est
très satisfaisante. Je vous donnerai des chiffres tantôt. Donc,
autant il me félicite de continuer ce qui avait été
commencé auparavant - je dis que c'est vrai, si on a des
félicitations à faire, ce n'est pas à moi, c'est à
tous ceux ici qui, depuis des années, travaillent à
améliorer l'administration fiscale. Je pense que c'est à eux
qu'on doit ces félicitations. Je n'ai été qu'un
élément qui s'est ajouté dans le temps, comme il y en aura
d'autres, un jour, après moi, bien sûr.
Quant au dossier d'Alliance Québec, je suis très à
l'aise pour dire là-dessus qu'on ne peut quand même pas reprocher
actuellement au ministère du Revenu une situation qui a
été décidée dans le temps, très
légitimement - je ne
veux blâmer personne - pour une question d'harmonisation, de
simplicité, de faire en sorte que ce soit la loi fédérale,
le gouvernement fédéral qui procède à
l'enregistrement ou au désenregistrement des organismes sans but
lucratif. Québec a adopté un règlement en 1982 et je le
respecte. Actuellement, ce dossier fait l'objet d'un examen au ministère
du Revenu à Ottawa. Quand on aura des conclusions, on regardera les
conclusions et on s'alignera ou on décidera de faire autrement, mais on
verra le rapport.
Deuxièmement, je dois dire, là-dessus, que tout ce dossier
a amené une réflexion au ministère. Nous avons fait un
premier pas qui va être rendu public prochainement, où nous
demandons aux organismes sans but lucratif qui s'enregistrent à Ottawa -
aux organismes de charité, c'est plus précis - de s'enregistrer
également à Québec. Alors, nous faisons actuellement un
premier pas pour reconstituer au Québec les dossiers qui, depuis 1982,
sont faits uniquement à Ottawa. Vous savez que depuis 1982, en ce qui
concerne l'application du règlement, ces organismes n'ont aucun dossier
qui est gardé à Québec. Alors, nous demandons
systématiquement une copie de l'enregistrement du dossier de ces
organismes à Ottawa et très prochainement, nous allons faire une
communication publique là-dessus.
Remarquez que cela n'a aucun lien avec le cas d'Alliance Québec,
mais vous me posez la question sur l'ensemble des organismes de charité.
C'est un premier pas. Sur ce dossier particulier, d'une part, vous le savez, je
ne suis pas autorisé à commenter le dossier particulier d'un
contribuable, que ce soit Alliance Québec, que ce soit un particulier,
que ce soit une corporation, que ce soit un député ou un
ministre, je ne suis pas, en vertu de la loi, autorisé, M. le
Président, à commenter publiquement les dossiers d'impôt.
Chose certaine, lorsque le fédéral aura terminé son examen
du dossier et qu'il fera connaître ses conclusions, nous analyserons ces
conclusions et nous prendrons une décision. Je souligne que la loi
permet au ministre du Revenu du Québec de décider autrement que
ce qu'aura décidé le fédéral dans ce dossier comme
dans d'autres dossiers et on verra, à la lumière de l'examen fait
par nos homologues à Ottawa, comment nous pouvons disposer de ce
dossier. En attendant, et je termine sur ce point, nous avons commencé
à apporter un changement dans l'administration de ce dossier, pas celui
d'Alliance Québec, mais celui des organismes de charité; nous
allons maintenant constituer des dossiers au Québec et, en fait, tous
les dossiers qui seront enregistrés à Ottawa seront
enregistrés au Québec.
Deuxièmement, on parle des pourboires. D'abord, ce n'est pas
exact de dire qu'on a oublié ou fait quittance de cotisations. Ce n'est
pas ce que nous avons fait. Lorsque je suis arrivé au ministère,
j'ai reçu un grand nombre de représentations de l'association des
gens au pourboire et d'autres associations qui regroupaient des gens au
pourboire, que ce soit la FTQ en particulier ou la CSN. Ces associations ont
fait des représentations à deux niveaux: premièrement,
elles dénonçaient des irritants qu'elles disaient vivre avec le
ministère du Revenu dans ce qui leur semblait - c'est là-dessus
qu'elles nous ont fait des représentations - un zèle de
cotisations trop sévères. Comme on le sait, les pourboires sont
imposables, mais on trouvait que le ministère avait
développé un système d'évaluation au cours des
années, depuis 1983, l'entrée en vigueur de la loi 43 que
l'ancien gouvernement a adoptée. J'entendais mon collègue,
député de Jonquière, plaider en faveur des gens au
pourboire; je dirais que la loi 43 n'a pas été un cadeau pour les
gens au pourboire. À l'époque, on se souviendra, cela avait
soulevé un tollé monstre chez les gens au pourboire.
Que leur demandait-on dans la loi 43? Non pas de se faire cotiser sur
les pourboires, parce que ia loi le dit déjà depuis nombre
d'années, depuis des temps immémoriaux; qu'on se souvienne de la
loi sur l'impôt tant au fédéral qu'au Québec. Les
pourboires ont toujours été des revenus imposables. À
l'époque, en 1983, si ma mémoire est bonne, la loi 43 voulait
obliger, en plus, ces gens à s'astreindre mensuellement à des
déclarations à l'employeur pour qu'on soit sûrs que les
pourboires n'échappent pas à la déclaration, à
l'impôt, si vous préférez. Ce que j'ai fait dans un premier
temps, c'est l'examen de la situation dans un rapport qui a été
rendu public, si ma mémoire est bonne, en février 1987, au sein
du groupe d'étude sur l'application des lois fiscales que j'ai eu le
plaisir de présider. On y a consacré tout un chapitre.
J'avais à l'époque consulté l'Association des
restaurateurs, les hôteliers, les associations de gens au pourboire, les
syndicats, et je leur avais dit: Faisons une réflexion. Qu'est-ce qu'on
fait après cinq ans d'application de la loi que je ne condamne pas mais
qui est un fait? Les gens m'ont dit: Gardons la loi 43. Elle a
été assez difficile à implanter, elle a soulevé
tellement de tollés et, maintenant qu'on apprécie les avantages
qu'elle nous donne, il n'est pas question de revenir en arrière.
Parfait! Qu'est-ce qui vous irrite le plus? Qu'est-ce qui ne va pas?
C'étaient, à ce moment, les méthodes, semble-t-iI, de
vérification ou la sévérité qu'on semblait
dénoncer quant au pourcentage des pourboires qu'on évaluait ou
que le ministère prétendait trouver dans le milieu de la
restauration. On s'est penché sur ce sujet et on a essayé
d'atténuer quelque peu la rigueur de notre examen simplement pour
reconnaître davantage qu'il y a des établissements où,
peut-être, le pourcentage des pourboires n'est pas ce qu'un autre peut
avoir, dépendamment des régions, des circuits économiques,
et on a essayé d'être un petit peu plus humains dans notre
appréciation de l'ensemble de ces dossiers. On a changé un peu
nos
méthodes.
On a rencontré les gens au pourboire. Personnellement, j'en ai
rencontré plusieurs centaines dans différentes régions,
à Trois-Rivières, à Sherbrooke, dans la région de
Québec, à Montréal. J'ai rencontré les gens
eux-mêmes. Ils m'ont parlé, et c'est cela qui était un des
problèmes. Nous avons formé un comité spécial qui a
rencontré les représentants de ces groupes et nous avons, dans
l'ensemble, réglé les dossiers. Je peux vous dire qu'aujourd'hui
ce que J'appellerais le contentieux, entre guillemets, non pas juridique, mais
ces représentations qui s'ajoutaient d'année en année sont
terminées, et les gens sont satisfaits. J'ai eu, il y a quelques mois,
si ma mémoire est bonne - je pense que c'est à l'automne - des
représentations de l'association des gens au pourboire et de la FTQ qui
sont venus à Québec. Ils sont venus me dire: M. le ministre,
merci. Vous avez assaini ce dossier, sur le plan administratif, entre Revenu
Québec et les gens au pourboire. Merci beaucoup. C'est un peu l'article
que vous voyez. M. Laberge, qui accompagnait la délégation de la
FTQ, est venu me dire, lui aussi, merci. Dans l'ensemble, les gens sont
satisfaits de l'attitude de Revenu Québec dans ce dossier.
Le deuxième volet, l'assurance-chômage. On le sait,
l'assurance-chômage est de juridiction fédérale. Quand Je
suis arrtvé au ministère, j'ai fait des recherches pour trouver
ce que mon prédécesseur ou mes prédécesseurs au
ministère du Revenu, parce qu'il y a ici beaucoup de
prédécesseurs qui se sont succédé de 1983 à
1985, avaient pu faire en ce qui touche l'assurance-chômage, parce que le
gouvernement, au moment où il a institué la loi 43, le savait, et
ça avait été le tollé général: il n'y
avait pas d'assurance-chômage! J'ai cherché si Québec avait
fait des représentations à Ottawa, à l'époque; je
n'en ai pas trouvé. J'ai été un petit peu surpris. Je me
suis dit: Comment se fait-il? On aurait pu, à tout le moins,
entreprendre des démarches auprès de nos collègues
à Ottawa, de l'homologue du ministre du Revenu du Québec, le
ministre du Revenu fédéral ou un autre ministre responsable de
l'assurance-chômage, pour au moins les saisir du fait que Québec
venait d'instituer la loi 43 et qu'il fallait, du côté d'Ottawa,
se pencher là-dessus, parce que l'argument est le même des deux
côtés. Je n'en ai pas trouvé.
Qu'est-ce que j'ai fait? J'en ai fait une, moi. J'ai fait une
démarche officielle, par lettre, auprès du ministre du Revenu
à Ottawa et auprès de la ministre responsable de l'emploi et de
l'assurance-chômage. Récemment, j'ai envoyé d'autres
lettres et j'ai eu des réponses. J'ai rencontré personnellement
des gens au sujet de ce dossier et j'ai reçu publiquement l'appui de
l'association des gens au pourboire et des autres groupes qui
représentent des parties ou la totalité des gens au pourboire. Je
suis allé expliquer, à Ottawa, que si Québec, à
l'époque, a reconnu que le pourboire est un revenu impo- sable -
c'était déjà reconnu, mais, là, c'était
clairement confirmé - et que la loi 43 accordait des avantages sociaux
sur la portion des pourboires, parce que c'est un revenu admissible aux
avantages sociaux, il faut qu'Ottawa reconnaisse la même dynamique. J'ai
répété, à ce moment, qu'un jugement de la Cour
suprême concernant des employés du Château Frontenac donnait
un éclairage, une possibilité de solution à cette voie et
qu'Ottawa devait convenir que l'assurance-chômage devait également
s'appliquer à la portion des pourboires.
Malheureusement, le gouvernement fédéral m'a
répondu récemment, par une lettre, qu'il n'était pas de
cette opinion, qu'il persistait à dire que la portion des pourboires
n'est pas un revenu admissible à l'assurance-chômage. Je vais
continuer le débat pour essayer de les convaincre, et J'enjoins, je l'ai
fait, les associations à continuer leurs démarches pour
convaincre Ottawa d'accorder l'assurance-chômage à la portion des
pourboires.
Voilà, en résumé, l'allure qu'ont prise ces
dossiers avec le temps. D'ailleurs, Je dois vous dire que, ce matin, j'avais
une entrevue radio-phonique à un poste de Trois-Rivières sur ce
sujet, et l'animateur reconnaissait au début de cette entrevue
qu'effectivement on avait assaini l'ensemble de cette question, mais
peut-être trop. Il se posait la question à savoir si on ne devrait
pas être plus sévères vis-à-vis des gens au
pourboire, les cotiser davantage, parce qu'il dénotait une espèce
d'évasion fiscale qui est difficile à expliquer. C'est l'opinion
d'un animateur de radio, ça fera partie des autres opinions, ce qui
permet un équilibre de l'ensemble des choses. Nous vivons dans une
société démocratique, et heureusement, ce qui fait que la
modulation existe, c'est un ensemble d'opinions qui se mettent dans la balance,
et il y a quelqu'un, heureusement, quelque part, qui fait l'équilibre
des choses. (10 h 30)
Je dis ça parce que c'est reconnaître indirectement que le
ministère du Revenu a pris ses reponsabilités vis-à-vis de
ces gens au pourboire. Cette année, à ma connaissance, nous
n'avons pas reçu de plainte particulière concernant ce sujet,
mais je continue mes recommandations et j'avais prévu une rencontre avec
mon collègue d'Ottawa, le ministre du Revenu, M. Jelinek. La rencontre a
été remise à un avenir très rapproché,
peut-être la semaine prochaine ou la semaine suivante. Ça fait
partie des dossiers que nous discutons. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle le programme 1,
Administration fiscale. M. le député de Jonquière, le
programme 1.
Administration fiscale M. Dufour: Ce ne sera pas long. Je vais
me
replacer dans le bon sens.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais réagir à quelques propos du
ministre du Revenu, parce que l'on n'y reviendra peut-être pas au cours
de la discussion. Pour les employés au pourboire, je prends note du
travail qui a pu être fait; heureusement qu'il en restait à faire.
Je disais, au départ, qu'il n'y avait pas trop de politique au
ministère du Revenu. Je vais réviser un peu mon opinion. Il
semble que l'on puisse faire de la politique même au ministère du
Revenu et, à ce moment-là, je ne retire pas ce que j'ai dit.
C'est bien sûr qu'il y a certainement eu une amnistie concernant le
litige qui existait entre le ministère et les employés au
pourboire.
Le problème de l'assurance-chômage est facile à
régler: le gouvernement du Québec devrait récuper
l'assurance-chômage. Comme le gouvernement d'Ottawa ne met plus un maudit
cent là-dedans, il serait peut-être temps que le Québec se
tienne debout et dise: On va récupérer ce qui nous appartient. Si
c'est juste pour agir comme banquier, Québec est aussi capable qu'Ottawa
de le faire. C'est l'opinion que j'ai. Là, on pourrait peut-être
parler de politique de l'emploi, si on ne parle pas de politique
d'assurance-chômage comme telle, parce que Ottawa ne mettra plus un cent
là-dedans. Je pense que Québec devra en prendre conscience et
régler ses problèmes lui-même. Si Ottawa joue juste le
rôle de banquier ou d'administrateur des fonds que les autres lui
confient ou qu'il fixe seulement les cotisations, ce serait peut-être une
bonne façon de jouer son rôle comme il faut, puis de reprendre sa
place.
Dépenses de publicité
Cela dit, on va aller directement au coeur du sujet, soit les
dépenses de publicité que le ministère a effectuées
au cours de l'année. Est-ce que c'est moins d'argent ou si c'est plus
que les autres années? Et est-ce qu'on pourrait avoir une comparaison
quant à la façon dont se répartissaient ces
sommes-là antérieurement?
M. Séguin: Si je comprends bien, vous voulez savoir ce que
nous avons consacré à la publicité?
M. Dufour: C'est ça. Actuellement, on n'a que 722 000 $.
Est-ce que c'est plus ou moins que ce qui se dépensait
antérieurement?
M. Séguin: Je dirais là-dessus que le
ministère, si on considère une indexation normale par
année, a fait un effort additionnel en termes de publicité
l'année dernière et prévoit faire un effort additionnel
pour l'année qui vient, devant ia nécessité de mieux
expliquer à la population l'ensemble de la fiscalité. Maintenant,
les sommes demeurent relativement modestes. Je pense que 500 000 $ ou 600 000
$, peut-être 700 000 $ par année pour un ministère qui
parle à 4 000 000 de personnes, à 280 000 mandataires de la taxe,
qui est responsable d'annoncer... Par exemple, à la suite du discours
sur le budget, on a beaucoup de bulletins d'interprétation, de feuillets
fiscaux, etc., et tout cela est compris quand on parle de publicité.
C'est l'ensemble des choses qui sortent du ministère, que ce soit pour
les clientèles spécialisées ou autres.
Je ne vous cache pas qu'on a essayé de faire des
expériences qui ne coûtaient pas d'argent au ministère,
mais qui faisaient valoir l'information du ministère par des
émissions de radio et de télévision ou par des entrevues,
etc., que j'ai voulu multiplier personnellement, parce que ça n'engage
pas de crédit, ça n'occasionne pas de frais pour le
ministère mais ça atteint les fins identiques, puisque la
population peut apprécier qu'on fasse connaître... En particulier,
je dois parler d'une expérience que nous avons tentée cette
année avec une émission spéciale au réseau TVA, une
émission de deux heures qui a été diffusée le 5
mars et pour laquelle nous nous sommes engagés à ne payer que les
frais de montage, étant donné que nous avions notre réseau
téléphonique, ce dimanche 5 mars, qui entrait en ondes, pour
répondre aux questions des gens. C'était basé sur
l'idée que nous avions une heure de présentation du formulaire
à la population; c'était une coanirnation entre M. Mongrain, du
réseau TVA, et moi. Dans la deuxième heure, nous avions une
invitation au public de tout le Québec d'appeler par le biais de notre
réseau de téléphone à la télévision,
et nous répondions aux questions. Je dois vous dire que la cote
d'écoute a été impressionnante; on parle de 800 000
à 850 000, d'autres ont dit à peu près 1 000 000 de
personnes, qui ont écouté l'émission.
Si je compare avec le gouvernement fédéral qui, la veille,
le samedi 4 mars, faisait une émission de télévision
à midi, une émission d'une heure ou une heure trente,
coanimée par M. Gérard-Marie Boivin, Mme Aline Desjardins et un
invité spécial, je pense que c'était un professionnel
comptable ou quelque chose du genre... C'était une émission
payée par Revenu Canada, avec publicité, etc., et on peut
imaginer qu'une heure... Je ne connais pas les détails
budgétaires, mais je peux dire que ce genre d'efforts que nous avons
fait a sans doute permis de faire connaître à l'ensemble de la
population - quand on parle de 800 000 à 1 000 000 de personnes, c'est
quand même important - à un coût, et vous le voyez ici en
annexe, de 50 000 $ en frais de montage... Une émission comme ça,
si on l'avait payée, pouvait représenter environ 2 000 000 $.
C'est le genre d'efforts qu'on a essayé de faire pour faire
connaître... La publicité, cette année, a beaucoup
porté sur de l'information fiscale. On a fait un cahier fiscal qui a
paru dans l'ensemble des journaux au
Québec et qui a été fort apprécié. On
avait fait ça l'année passée aussi. On a fait des annonces
pour rappeler des choses, bien sûr. On a fait, par exemple, des annonces
pour demander de poster tôt, pour rappeler aux gens
d'accélérer la mise à la poste de leur déclaration,
de ne pas attendre. On a fait de la publicité sur le formulaire de deux
pages, parce qu'il fallait faire connaître à la population ce
nouveau formulaire et l'inciter à le remplir, au lieu de remplir le
formulaire détaillé de quatre pages. On a mis les deux
formulaires à la disposition du public, dans des présentoirs, et
on a appuyé ça par une certaine publicité, pas à la
télé, mais une publicité à la radio et dans les
journaux, parce qu'avec le budget qu'on avait, on ne pouvait pas se permettre
d'aller à ta télé.
Comme de l'ai dit tantôt, un cahier spécial de quatre pages
a été intercalé le 25 novembre dans l'ensemble des
journaux du Québec; c'était une nouvelle expérience qu'on
avait tentée l'année passée, un cahier d'informations
fiscales dans le style: rappelez-vous que, oui, vous pouvez déduire
telle chose, et ça a été un cahier qui a connu un grand
succès en termes de satisfaction de la population. On a fait des
annonces pour les bureaux provisoires d'impôt et des annonces à la
radio, comme le ministère le fait chaque année depuis nombre
d'années, pour faire connaître certaines déductions,
certaines exemptions, certaines possibilités ou certaines choses qu'on
ne peut pas faire durant le temps de l'impôt, évidemment, pour au
moins informer un peu les gens de ce qu'ils peuvent faire ou ne peuvent pas
faire. Je pense que c'est tout à fait normal.
Je pense que cette année, on a aussi beaucoup attiré
l'attention sur les remboursements anticipés. On a mis sur pied un
nouveau système de remboursement anticipé, que les gens devaient
demander. Pour que les gens en soient conscients, soient au courant, on a
aussi, à même ce budget, fait certaines publications, toujours
dans les médias, soit à la radio ou dans les journaux. La
télévision, c'était Impensable. La seule présence
qu'on a eue à la télévision, c'est l'émission
spéciale avec TVA, qui a été une émission de deux
heures, pour expliquer le formulaire. Elle a été faite par
moi-même, assisté de, je dirais, 75 à 80 collaborateurs du
ministère qui ont participé de près ou de loin soit sur la
ligne téléphonique, soit en studio, pour fournir les
éléments de réponse, pour m'aider à donner les
meilleures réponses possible, et je dois dire que l'émission a
remporté un succès. C'est une première. C'est la
première fois que ça se faisait. C'était tout un
défi de se présenter à la télévision un
dimanche après-midi; M. faisait beau, d'ailleurs, c'était le 5
mars. On aurait pu n'avoir que quelques téléspectateurs,
puisqu'on était en compétition avec le vieux film du dimanche
après-midi. Je pense qu'on a accroché à peu près 25
% des contribuables du Québec. C'est à peu près ça,
le quart des contribuables du Québec a suivi l'émission qui
était diffusée dans tout le Québec, sur le
réseau.
Je félicite, d'ailleurs, le réseau TVA qui nous a fait
cette offre. Moi, qui ai souvent voulu participer à des chroniques de
fiscalité à l'époque, je me rappelle que, quand je
suggérais d'aller faire des émissions sur l'impôt à
des postes de radio et de télévision, ou même dans les
journaux, on me disait: Non, ça ne nous intéresse pas, c'est dans
le mois d'avril et ça n'intéresse pas le public. Je suis content
de voir qu'avec l'évolution des choses on voit aujourd'hui des
chroniques fiscales partout, à la radio, dans les journaux, et
maintenant les médias demandent à des chroniqueurs, demandent au
ministère du Revenu de participer à des choses comme ça.
J'en suis très heureux parce que ça va dans le sens de mieux
informer le public.
M. Dufour: On vous a fait parvenir, pour la préparation de
cette journée, un certain nombre de demandes particulières et il
manque un peu d'information concernant l'administration fiscale. On vous avait
donné la liste des demandes particulières de l'Opposition et ce
qu'on a eu est incomplet. Pour la suite sous-ministérielle, est-ce qu'il
serait possible d'avoir les dates d'entrée en fonction et les salaires
pour chacune des années, à moins qu'il n'y ait eu aucune
modification depuis 1976? Puis, pour la liste du personnel... Depuis 1986,
c'est ça.
M. Séguin: Vous aviez dit 1976. M.Dufour:
Non, non.
M. Séguin: II me fera plaisir de vous la fournir,
d'ailleurs; je l'ai.
M. Dufour: Vous les donnerez toutes, je n'ai pas d'objection.
M. Séguin: Elle est très intéressante
à regarder, d'ailleurs.
M. Dufour: Après ça, la liste du personnel
politique, celle du Revenu et celle du Travail. On n'est pas capables
d'identifier nécessairement... Ce sont les mêmes ou c'est
quoi?
M. Angers (Bernard): Simplement pour que je comprenne bien, vous
demandez que soient distingués, dans la liste des employés des
cabinets du ministre, ceux du Travail et ceux du Revenu?
M. Dufour: Ceux qui sont... Oui.
M. Angers: Puis, vous avez posé une première
question au début, concernant la...
M. Dufour: La date d'entrée en fonction, le salaire des
gens qui...
M. Angers: Des fonctionnaires?
M. Dufour: ...travaillent, oui, à la suite
sous-ministérielle.
M. Angers: J'ai la liste des noms ici, mais vous voudriez avoir
les salaires et dates d'entrée?
M. Dufour: Date d'entrée et salaire pour chacune des
années 1986, 1987, 1988 et 1989. C'étaient les deux
questions.
M. Angers: On va vous envoyer tout ça, on va vous donner
ça.
M. Séguin: Je m'excuse, mais on m'informe que ça
vous a été transmis. Cela a été transmis dans les
documents qui faisaient partie des demandes de l'Opposition: liste du personnel
politique du cabinet, on a les noms, les fonctions, la date d'entrée en
fonction et le traitement annuel.
M. Dufour: Oui, on l'a pour les membres du cabinet, mais on ne
l'a pas pour la suite du sous-ministre.
M. Séguin: Ah! la suite du sous-ministre! Ah!
excusez-moi!
M. Angers: Je suis en panne, d'après ce que je crois
comprendre. Vous voudriez avoir la date d'entrée en fonction et les
salaires. On va vous donner ça. Vous avez les noms ici...
M. Dufour: Oui. M. Angers: Ça va.
M. Dufour: On a parlé pour la suite
sous-ministérielle.
M. Séguin: Nous obtempérerons dans les
délais les plus brefs.
M. Dufour: Le personnel politique. Pour le personnel politique,
on veut savoir qui travaille pour le Travail et qui travaille pour le Revenu.
Si je ne l'ai pas tout de suite, on ne fera pas de drame. Vous le prenez en
note, parce qu'on n'a tellement pas de temps, on ne commencera pas à
fouiller pour fouiller.
Fraudes relatives à la taxe sur l'essence et le
tabac
Je voudrais en venir tout de suite au réseau de carburant
illégal. Cela a fait l'objet de nombreuses discussions depuis deux ans,
sûrement, à ma connaissance. On avait mis sur pied une
équipe spéciale, je ne sais pas si c'était la police verte
ou la police liquide, et on était censés avoir des
résultats assez spectaculaires. Je voudrais savoir de la part du
ministre où en est rendu ce réseau. Est-ce qu'il y a beaucoup de
gens à l'action? Comment estimez-vous les récupérations
sur le revenu par rapport à ce travail? (10 h 45)
M. Séguin: Nous préparons actuellement un bilan de
l'ensemble de nos opérations sur ce que nous appelons la fraude dans les
grands systèmes. Il y avait le carburant, ensuite il y a eu le tabac, et
on se dirige vers les boissons alcooliques. Alors, ce sont trois réseaux
qui nous ont beaucoup occupés depuis un an et demi, presque deux ans.
Malgré que chaque année on y ait consacré les
énergies du ministère et qu'on soit passés du carburant au
tabac, même si maintenant on a presque fini avec le tabac, on n'a pas
abandonne le carburant, sauf qu'au cours d'une année on a fait un effort
particulier. On avait des objectifs d'environ 25 000 000 $ à 30 000 000
$ de récupération, par exemple dans le carburant, et je dois dire
que cet objectif a été atteint. C'est à peu près la
somme que nous avons effectivement récupérée dans
l'ensemble du réseau.
Cela a eu un deuxième effet et le ministère, à
l'époque, voulait atteindre cet objectif, soit de faire
disparaître la fraude pour que ça ne recommence pas, parce que
cela a un effet récurrent. Cela veut dire que l'année suivante
les gens vont acheter leur carburant de façon légale chez des
détaillants et que la taxe va être payée. Alors, en plus de
régler le problème momentanément une année et de
récupérer de 25 000 000 $ à 30 000 000 $, on a ensuite une
augmentation de 25 000 000 $ à 30 000 000 $ de nos revenus; cela veut
dire qu'il y a un double effet. Nous sommes capables de dire qu'effectivement
on a vu le phénomène.
Maintenant, s'il y a des marchés qui... Comme mon collègue
peut en convenir, c'est comme des opérations policières sur la
fraude, la drogue, ces choses-là. Il faut travailler constamment. Mais
je pense que nos interventions ont discipliné le milieu, l'ont
alerté et que la fraude a diminué considérablement. Nous
avons mis en place des contrôles depuis ce temps pour nous assurer de
continuer notre vigilance. On n'a pas fait ça juste une année et,
après, on s'en va et on reviendra cinq ans plus tard. En collaboration
avec Douanes et accise du gouvernement fédéral, parce qu'il y a
un transit interfrontière soit avec l'Ontario, soit avec les
États américains, surtout New York... Il fallait aussi qu'on ait
une bonne collaboration de tous les États impliqués pour faire un
échange d'informations, pour dépister ces réseaux et,
s'ils renaissent ailleurs, pour être capables de les stopper et continuer
notre performance.___
Pans le tabac, nous avons également, depuis maintenant un an, mis
un ensemble d'opérations en marche pour stopper le tabac
Rlégal, soit le tabac exporté et revendu au Canada
illégalement, sans droits, soit des marchandises illicites, qui
sont vendues à des prix... Mais c'est toujours dans une situation
où la taxe n'est pas payée, et notre devoir est d'administrer, de
faire appliquer la loi. Dans le commerce interprovincial, on a trouvé
une source importante d'évasion fiscale par la vente du tabac. Là
aussi, nous avions un objectif ciblé à 25 000 000 $ ou 30 000 000
$, et nous sommes présentement à ce seuil. Nous avons eu des
discussions très sérieuses avec les fabricants pour essayer de
régler pour l'avenir, mettre en place des balises qui corrigeraient ce
phénomène ou qui décourageraient la facilité avec
laquelle, dans le passé, des réseaux ont pu s'installer dans ce
marché.
Encore là, il faut être vigilants et on fait face à
des réseaux de contrebande; le ministère du Revenu seul n'a pas
tous les moyens pour régler tout ce problème. Nous avons dû
travailler, à l'occasion, avec la Sûreté du Québec.
Nous avons dû aussi intenter des poursuites en vertu du Code pénal
ou criminel, parce que nous faisions face à de véritables
réseaux de fraude et d'évasion fiscale. Là-dessus, je peux
dire que les équipes du ministère ont travaillé
d'arrache-pied. Je les félicite, ce n'est pas un travail facile que de
s'attaquer à de grands réseaux. Nous avons été un
peu les pionniers de ceia, par rapport au fédéral. Il a
embarqué avec nous, bien sûr, et l'Ontario aussi. Je
m'étais rendu en Colombie britannique avec le sous-ministre pour voir
une expérience qui avait été faite dans le tabac et nous
étions revenus avec des idées que nous avons mises sur la table
et qui ont donné lieu à des ententes maintenant
différentes avec les fabricants.
Je voyais récemment, dans le budget fédéral, que le
gouvernement fédéral s'attendait, auprès des fabricants de
tabac, à un marquage différent pour rendre beaucoup plus
difficile l'organisation des réseaux de contrebande, pour que le public,
lui aussi, soit alerté que le tabac sur lequel il peut faire un achat
est illicite. Ce sont toutes des mesures, avec d'autres, qui vont permettre de
régler peut-être ce problème, mais il y a encore des choses
à faire et nos équipes continuent, tant au sujet du carburant
qu'au sujet du tabac. Bientôt on pourra se lancer dans une autre
opération, au chapitre des boissons alcooliques.
M. Dufour: Mais est-ce que vous avez eu beaucoup de mises en
accusation? Vous avez glissé en disant que oui, il y a eu des mises en
accusation ou il y a eu des gens qui ont été poursuivis, mais
est-ce que ce sont les grands réseaux? Est-ce que des particuliers ont
été poursuivis, ou seulement le réseau?
M. Séguin: Les deux cas. Il y a des individus qui
ont été complices de réseaux ou qui ont participé
à l'infraction. Nous avons 73 récupérations majeures. Les
poursuites Intentées se chiffrent à 97. Il y en a une douzaine
d'autres en préparation. Il y a eu 54 condamnations.
Il y a eu à peu près 500 000 amendes jusqu'à
maintenant et il y en a d'autres à donner. Il y a eu environ 23
annulations de certificat, des saisies pour plus de 1 000 000 $ un peu partout.
C'est l'ensemble des dossiers. Le ministère du Revenu n'a pas un devoir
d'opération policière pour stopper des réseaux de fraude.
Ce n'est pas notre devoir. Notre devoir est de récupérer une taxe
et de poursuivre pour évasion fiscale, s'il y a lieu. Notre mandat n'est
pas de faire stopper des réseaux de contrebande. Cela relève des
activités de la police qui en est informée et qui fait les
démarches nécessaires pour arrêter et poursuivre ces
gens.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, nous avons une vingtaine de minutes pour ce programme. Je ne
sais pas si vous avez d'autres questions sur les deux autres programmes. On
peut continuer avec celui-ci, mais nous devrons tout de même adopter les
deux autres programmes par la suite. Je sais que le député de
Prévost veut aussi intervenir sur ce programme bien
spécifique.
M. Dufour: Sur lequel? Sur celui dont nous sommes en train de
discuter?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ce que je veux vous
souligner, c'est qu'il nous reste deux autres programmes, nous avons vingt
minutes de prises...
M. Dufour: Oui, mais on fait ce qu'on peut. Je ne veux pas...
Le Président (M. Lemieux): On peut continuer sur ce
programme. Je n'ai pas d'objection, c'est simplement pour vous faire la
remarque qu'il reste aussi deux autres programmes.
M. Dufour: Les deux formations ne mettent peut-être pas
suffisamment l'accent sur le nombre de minutes ou d'heures dont on pourrait
disposer. Je suis conscient qu'il y a des endroits où il y a beaucoup
d'heures d'allouées et beaucoup moins de questions sont
soulignées. Je pense que c'est un des problèmes.
Le Président (M. Lemieux): Je comprends ça, M. le
député de Jonquière, c'est simplement pour vous
prévenir si par hasard vous vouliez passer...
M. Dufour: J'en suis bien conscient. J'ai même ma montre au
bras pour me le rappeler.
Le Président (M. Lemieux): C'est que le
député de Prévost a aussi une petite question au ministre
au sujet de ce programme.
M. Dufour: En ce qui concerne la question de la taxation sur
l'essence, je pense que c'est un point important. Il y a beaucoup d'argent
en
cause. Le ministre nous a répondu là-dessus. Quand un
dépanneur, par exemple, se fait voler des cigarettes pour plusieurs
milliers de dollars, il semble que l'assurance rembourse le montant des
cigarettes, mais pas la taxe sur le tabac. Comment le ministère
réagit-il à ça?
M. Séguin: II faudrait voir la couverture d'assurance en
cas de vol. Habituellement, le dépanneur est redevable d'une taxe sur
l'ensemble des ventes. S'il fait l'objet d'un vol, est-ce que la taxe est
payée ou non? Ce n'est pas un cas que nous avons eu fréquemment
au ministère. Certainement que non. Est-ce que c'est un cas qui
préoccupe le député de Jonquière dans son
comté?
M. Dufour: Non, c'est dans d'autres comtés. Il faut voir
plus large que ça, voyons! On n'est pas limités à juste un
comté.
M. Séguin: II me fera plaisir de vérifier
ça. M. Angers, on va regarder ça en détail.
M. Dufour: Quel est le comportement? Je n'ai pas besoin d'avoir
de réponse immédiate. Vous pouvez lui poser cette question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost.
M. Forget: M. le Président, je voudrais tout simplement
savoir de la part du ministère du Revenu si des efforts sont faits pour
informer davantage la population, dans tous les domaines nécessaires
possibles.
M. Séguin: J'essayais de l'expliquer un peu tantôt.
Je pense qu'un des devoirs du ministère du Revenu...
M. Dufour: Est-ce que vous voulez parier de la publicité
que le ministère fait?
M. Forget: Non, non, à titre d'information...
M. Dufour: C'est parce qu'on a pris de vingt à vingt-cinq
minutes...
M. Forget: Je voudrais quand même connaître les
efforts qu'on fait pour informer la population de tous les services qu'on
donne.
M. Dufour: On a pris vingt-cinq minutes pour en expliquer une
bonne partie.
M. Forget: Vous pariiez tout à l'heure de l'essence et des
choses comme ça. Est-ce qu'il y a des informations de données,
également, ou qu'on pourrait donner davantage? C'est en ce sens.
M. Séguin: À ce sujet, je dois dire que, pour
chaque opération spéciale que nous avons faite, par exemple sur
le carburant, nous avons fait une conférence de presse - qui a
été d'ailleurs très bien couverte par tous les
médias - où nous avons expliqué, avec démonstration
à l'appui, comment on trichait avec l'essence en mettant un colorant,
à cause de la taxe sur le diesel, à cause de la taxe sur les
différentes catégories d'essence. Je pense qu'on a bien
expliqué où se faisait la fraude et pourquoi le ministère
intervenait. Je pense qu'on a bien salué cet effort du ministère.
Quand nous l'avons fait également sur le tabac, nous avons dit
publiquement où nous voulions intervenir. Nous préparons
actuellement une conférence de presse que nous donnerons dans une
semaine ou deux, enfin, dans un temps très rapproché, pour donner
un peu le bilan des opérations, pour alerter la population au sujet de
tous ces commerces illégaux afin que les gens eux-mêmes, les
consommateurs, réagissent et, aussi, pour expliquer notre prochaine
opération qui va se faire sur les boissons alcooliques. Chaque fois, on
le fait publiquement avec conférence de presse, communiqué et on
rend public l'ensemble des poursuites, etc. D'ailleurs, c'est une règle
interne au ministère depuis un grand nombre d'années que pour
chaque individu qui fait l'objet d'une poursuite et surtout d'une condamnation
on rend publique la condamnation.
M. Forget: M. le Président, avez-vous des données
prouvant que ça informe réellement davantage quand on rend la
condamnation publique?
M. Séguin: Premièrement, je peux vous dire que
concernant le carburant on a reçu une lettre de félicitations de
l'Association pétrolière du Québec parce qu'elle
était aux prises avec ce problème majeur. Elle était
concurrencée parce que, évidemment, quand vous ne payez pas la
taxe, vous pouvez vendre l'essence moins cher et celui qui agit
légalement doit assumer tous les coûts. Au départ, je dois
dire qu'on avait eu une dénonciation de représentants des
détaillants et de certains députés qui nous disaient:
Ça n'a plus de sens, il faut intervenir. On était en train de
détruire le commerce du carburant. On était en train de permettre
à des réseaux de contrebande de s'installer impunément au
détriment de ceux qui procèdent légalement. Après
une année d'activités - je ne l'ai peut-être pas avec moi
dans mes dossiers, mais il me ferait plaisir de la déposer - j'ai eu
comme ça, tout bonnement, un matin, une lettre de félicitations
de l'Association des détaillants disant qu'elle avait vu un changement
considérable dans le marché, qu'elle avait vu disparaître
quantité de réseaux de contrebande et que cela avait assaini le
milieu. Elle est très heureuse parce qu'elle a retrouvé sa
clientèle qui, avant, s'alimentait dans les réseaux de
contrebande et elle se disait d'autant plus heureuse de remettre cette taxe
qu'elle était légitime et légale. Bravo! Je pense que
ça a
permis au milieu des détaillants de retrouver son marché
qu'il avait perdu au profil des réseaux de contrebande.
_M. Forget: En ce qui concerne le domaine informatique, est-ce
que ça a avancé pas mal dans ce dossier?
M. Séguin: Beaucoup. J'avais même rendu publics des
accords avec l'Ontario, le fédéral, et on a maintenant un
réseau d'informations de plus en plus sophistiqué, de plus en
plus efficace et c'est ce qui nous permet d'avoir des informations rapidement
et d'intervenir sans délai, surtout avec Douanes et accise, au
fédéral, pour stopper à la frontière des
réseaux de contrebande qui essaient de passer de la marchandise
illicite.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière.
Taxation des activités des OSBL
M. Dufour: En ce qui concerne les groupes de
bénévoles qui organisent des activités pour se ramasser
des revenus, il semblerait que le ministère, à tout bout de champ
- ce n'est pas la première année qu'on entend parler de ça
- revienne à la charge et essaie de percevoir 10 % du coût brut de
l'activité. Cela cause des problèmes. Tantôt, c'est une
région, tantôt, c'est une autre. Comprenez bien le problème
que je pose. Un organisme sans but lucratif va faire une activité pour
ramasser des revenus. À ce moment-là, le ministère revient
à la charge. On dirait que ça change de région d'une
année à l'autre. Je ne sais pas s'il y a des directives par
rapport à ça. Quelle serait la solution que vous pourriez avancer
concernant ces groupes? Sans ça, on va décourager le
bénévolat. Cela n'a pas de sens. (11 heures)
M. Séguin: Je connais bien le dossier auquel vous faites
allusion pour avoir rencontré une grande quantité de gens
représentant ces associations. Le problème ne vient pas de
là. Le problème vient de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie qui existe maintenant depuis nombre d'années,
même durant le temps que vous étiez là, et ça n'a
pas changé. La taxe sur les repas comme la taxe sur les boissons, c'est
du pareil au même. On taxe les organismes sans but lucratif.
Les organismes sans but lucratif ont fait des représentations
pour demander au gouvernement qu'ils ne soient plus assujettis à cette
taxe. J'ai transmis toutes les demandes au ministre des Finances parce que,
comme vous le savez, ce n'est pas le ministre du Revenu qui confectionne la Loi
sur les Impôts, sur sa table de travail. C'est le gouvernement, par
l'entremise du ministre des Finances, qui va la préciser dans son
budget, s'il le veut bien. Le problème vient de là. Il n'y a pas
de problème d'application. Les gens voudraient simplement ne plus avoir
à assumer une taxe qu'ils disent être un petit peu contraire aux
objectifs d'un organisme sans but lucratif, mais c'est la même taxe, la
même problématique qui existe depuis, disons, quinze ans, soit la
taxe sur les repas et l'hôtellerie et la taxe sur les boissons.
Tous les présidents que j'ai rencontrés - j'en ai
rencontré plusieurs, je dois le dire, et j'ai reçu à peu
près une centaine de lettres de différents organismes - sont
relativement d'accord avec le principe que la loi est là, qu'elle
existe, mais ce qu'ils veulent, c'est la faire changer pour ne plus être
assujettis à cela. Je suis très favorable à cela. Je l'ai
dit publiquement à Sherbrooke dans une émission de
télévision avec M. Mongrain, là où le
problème avait pris naissance. J'avais dit que, personnellement,
j'étais extrêmement favorable à cette demande et je me
faisais le porte-parole de ces associations pour demander, moi aussi, au
gouvernement de regarder cela et de trouver une façon d'apporter une
modulation, un allégement aux organismes sans but lucratif qui ont
à payer une taxe de 10 %.
Remarquez que les municipalités, dans bien des cas, facturent
leur taxe d'amusement. J'ai moi-même fait des représentations
auprès de certaines municipalités qui facturaient cette taxe.
Elles m'ont répondu: Qu'ils la paient, la taxe d'amusement, même
s'ils sont sans but lucratif. Alors, voyez-vous, il y a deux mondes: le
ministère du Revenu qui perçoit une taxe au nom du gouvernement,
qui est prêt à la regarder, et des municipalités qui ne
veulent absolument pas examiner même l'ombre de l'idée de renoncer
à la taxe municipale d'amusement de 10 % sur les billets d'entrée
des organismes sans but lucratif.
M. Dufour: Je comprends que vous me renvoyiez aux
municipalités qui refusent, mais régulièrement II y en a
parmi elles qui donnent des subventions de compensation.
M. Séguin: Oui.
M. Dufour: Je pense qu'il y a un règlement et elles ne
peuvent pas passer à côté du règlement. Je pense
aussi qu'elles ne veulent pas ouvrir la porte aussi grande que cela. Ce que je
prétends, c'est que, dans les organismes qui existent actuellement sur
le territoire du Québec, il n'y a pas d'uniformité par rapport
à l'application, et ce n'est pas suffisamment connu. À ce
moment-là, quand les agents de perception arrivent, souvent,
l'activité a eu lieu et comme c'est flou un peu... On ne dort pas se le
cacher; tout le monde n'est pas aussi conscient de cela ou ce n'est pas aussi
clair que cela. Supposons, par exemple, que le groupe achète
lui-même ses denrées. Si on achète d'un traiteur, c'est
différent que lorsqu'on le fait soi-même. Donc, à ce
moment-là, l'activité des bénévoles devrait
être compensée. Ils devraient avoir plus, parce qu'ils
n'ont pas affaire à travailler pour le gouvernement; ils sont
bénévoles, vous savez. Sur les coûts de fabrication qu'ils
économisent, ils devraient retirer un bénéfice. Quand on
achète d'un traiteur, c'est très facile à contrôler.
Le traiteur dit: C'est 6, 50 $ pour un repas et, dans cela, il y a une taxe sur
le revenu qui est perçue. La personne peut vendre son repas 9 $. Ses 2,
50 $ de profit, j'espère que vous ne les taxez pas. Cela n'aurait pas
grande allure, parce que, là, on taxe ce qui n'est pas taxable.
M. Séguin: La loi ne fait pas d'exemption.
M. Dufour: Je le sais.
M. Séguin: Elle est uniforme.
M. Dufour: II n'y a pas moyen d'éclaircir cela quelque
part?
M. Séguin: C'est tout le monde qui paie sur la boisson et
sur les repas. C'est le même principe pour tout le monde. Il n'y a jamais
eu d'exemption. Alors, il s'agit de savoir s'il y a possibilité
d'envisager une exemption. C'est ce qu'on fait et j'y suis très
favorable, je vous le dis.
M. Dufour: Le traiteur, c'est facile. Il dit: Cela vous
coûte 6, 50 $, dont les 10 %. Ils sont payés. C'est facile
à contrôler, tandis que dans le groupe qui achète ses
propres aliments, qui les transforme et les vend, il s'agit de
bénévoles, il n'y a pas de salaires de payés.
M. Séguin: Remarquez que ce n'est pas le seul coût
que doivent assumer les organismes sans but lucratif. Quand ils louent une
salle, souvent, ils en paient la location à des commissions scolaires,
ils paient à la ville la location de la salle, ils paient les
orchestres, l'entretien, etc. Il ne faudrait quand même pas qu'ils
pensent que, le seul élément sur lequel ils pourraient s'exempter
et faire des profits davantage pour leurs oeuvres sans but lucratif, c'est
strictement sur le plan de la taxe sur les repas. C'est relativement minime,
cette portion, par rapport à tout le reste aussi. Il faut quand
même relativiser un peu, mais j'en conviens, par rapport à des
organismes sans but lucratif, je suis très favorable à
l'idée d'examiner cela parce qu'il me semble qu'effectivement, plus on
leur laisserait d'argent entre les mains, plus il serait possible que cela
aille à leurs oeuvres qui sont très légitimes et qu'on
souhaite tous. De ce côté, il y a une bonne réflexion de
commencée et j'espère qu'on pourra trouver une façon.
M. Dufour: Je trouve que vous utilisez des comparaisons qui sont
difficiles à soutenir. Si vous me parlez des coûts des salles,
effectivement, il y a des coûts réels pour ceux qui vivent cette
situation. Il faut bien qu'ils l'entretien- nent, II faut qu'ils la nettoient,
II faut qu'ils paient l'électricité, il faut qu'ils la chauffent;
en fait, il y a des coûts réels. Effectivement, même si vous
me dites que c'est à but lucratif, je ne vois pas beaucoup de
municipalités qui font de l'argent en louant des salies. Dans
l'ensemble, ce sont des prix coûtants, et ce n'est pas tout à fait
pareil. Je trouve qu'il y a des nuances à apporter par rapport à
ça. C'est trop global ce que vous nous dites. Ces dossiers doivent
être traités beaucoup plus dans les détails et il y a
peut-être des éléments qui ne sont pas contrôlables.
Si vous devez engager un orchestre, vous engagez l'orchestre. Que voulez-vous,
ils ne sont pas gratuits. Les gens qui jouent veulent être payés.
À ce moment-là, vous ne pouvez pas contrôler ça, ce
ne sont pas des coûts directs. J'imagine que le gouvernement y trouve son
profit, parce qu'il doit y avoir des gens de l'orchestre qui déclarent
des revenus quelque part et vous allez chercher votre impôt
là-dessus.
Les municipalités n'ont pas de taxes indirectes, ce sont toutes
des taxes directes; c'est très différent comme approche. Je fais
juste vous souligner qu'il y a des groupes de pression qui font des
représentations, sûrement avec raison. Lorsque les gens
décident qu'ils vont faire plus de bénévolat, il ne
faudrait pas taxer ce bénévolat, mais quand on achète d'un
traiteur, c'est peut-être différent; la taxe est sur le prix
d'achat, pas sur le prix de revente. Il faut que ce soit clair. Je trouve qu'il
y a des éléments, en tout cas, qui doivent être
différenciés. Cela fait assez longtemps que ça dure. Avec
les connaissances ou les compétences que vous avez ou que vous seriez
supposé avoir - j'aimerais mieux dire que vous avez -...
M. Séguin: Merci beaucoup.
M. Dufour:... vous devriez être capable de soumettre
à votre ministre des Finances une position suffisamment claire pour
qu'il puisse tirer une ligne quelque part, parce que c'est vrai qu'on n'est pas
heureux avec ces positionnements qui arrivent régulièrement. Ce
n'est pas global, c'est toujours d'une région. Une année, c'est
une région qui se fait brasser; une autre année, c'est une autre
région. Je comprends que vous ne pouvez pas avoir des agents partout,
mais l'action qui se fait provoque, à ce moment-là, de
l'effervescence. Cela va pour ce dossier.
Imposition du salaire des maires
II y aurait peut-être aussi la question - celui-là est un
peu plus délicat - des salaires des maires. Qu'est-ce qu'il advient de
ce salaire dont le tiers était non imposable, car depuis 1980, les
nouveaux maires devaient se conformer à la loi d'équivalence?
M. Séguin: Le ministère a convenu, dans ce dossier,
qu'il avait, lui aussi, peut-être donné
une interprétation plus ou moins correcte dans le passé,
et nous n'avons même pas, nous non plus, dans nos bulletins
d'interprétation, véhiculé la bonne Interprétation.
Par la suite, on a fait un réexamen de la loi telle quelle est, et on
s'est rendu compte qu'on était peut-être dans l'erreur. Ce que
nous avons indiqué aux maires, c'était qu'à partir du 1er
Janvier 1989 - M. Angers, la date - enfin, à partir du moment où
on a eu à conclure le dossier - c'est peut-être la fin 1988,
début 1989 - l'interprétation devait être ce qui
était dans la loi, mais que nous, aux fins de l'impôt, nous
avisions que c'était à partir de 1989 que nous aurions a
l'appliquer et non pas rétroactivement, parce que nous nous sentions un
petit peu, aussi, je ne dirais pas carrément dans l'erreur, mais que
nous avions alors un petit peu péché par une absence de
précision, et que nous avions nous-mêmes, dans nos bulletins
d'interprétation, véhiculé un peu la confusion. On ne peut
pénaliser personne. Nous nous sommes dit: Avisons-nous tous pour
l'avenir et, à partir d'aujourd'hui, nous allons corriger cela. Tout le
monde a corrigé et tout le monde tient compte maintenant du plafond qui
apparaît dans la loi comme étant le montant maximal des
dépenses non imposables que peuvent recevoir les maires ou les
conseillers dans l'exercice de leurs fonctions.
M. Dufour: Je trouve que le ministère est bien
généreux et bien gentil avec tout le monde. Je trouve que les
particuliers, par exemple, qui n'ont pas de moyens de défense, se font
"planter" un petit peu plus raide. On a des cas, des fois, dans nos
comtés, qui sont un peu plus difficiles à vivre.
M. Séguin: Je ne connais pas de cas où on n'a pas
essayé, avec des Individus, d'être aussi équitables.
M. Dufour: Pas aussi gentils que ça. Bien non, parce que
dans le fond, ce que vous ne nous dites pas...
M. Séguin: Ce n'est pas de la gentillesse, c'est de
l'équité.
M. Dufour: Non. Ce que vous ne nous dites pas, dans le fond,
c'est que ces maires, les gens qui ont de bons salaires, ont aussi des
comptables, ils ont un service de comptabilité. Ils ont des
trésoriers qui sont des conseillers aussi pour les élus, qui
voient aussi ce qui se passe dans la comptabilité et dans la
façon de traiter les données. Des gens à 70 000 $, 75 000
$ ou 80 000 $ par année, il y en a.
M. Séguin: Écoutez...
M. Dufour: Ce ne sont pas des petites municipalités. Ce
sont les grosses.
M. Séguin: Je vous fais une offre. Je vous fais une
offre.
M. Dufour: Non, mais je...
M. Séguin: Vous me demandez de cotiser
rétroactivement, faites-m'en la demande et je suis prêt à
l'examiner.
M. Dufour: Non, je ne ferai pas votre job.
M. Séguin: Non, mais c'est ce que vous me dites.
M. Dufour: C'est parce que vous avez décidé,
politiquement, probablement, que...
M. Séguin: Non.
M. Dufour:... c'était plus rentable de ne pas bouger par
rapport à ça. Je fais juste vous soulever...
M. Séguin: Alors...
M. Dufour:... ce qui se passe sur le terrain. Dans le fond,
laissez-les comme ça. Cela ne me dérange pas. Je vais vous dire,
par exemple, que si j'ai un cas qui est pas mal compliqué vous allez
être obligé de vous tourner de bord, parce que
l'équité doit exister quelque part.
M. Séguin: Je pense qu'on le fait partout.
M. Dufour: Je ne dis pas de les taxer ou de ne pas les taxer.
Vous avez pris votre décision. Je ne discuterai pas là-dessus.
Vous avez votre responsabilité. Vous savez ce qu'est votre travail comme
ministre du Revenu. Vous connaissez la limite de vos responsabilités.
Vous êtes redevable à un gouvernement des actions que vous posez.
Je ne remets plus ça en cause. C'est à vous de faire votre propre
examen par rapport à ça. Je fais juste soulever ça. Je
suppose que vous étiez conscient, lorsque vous avez pris la
décision, que dans les municipalités il y a des gens qui sont
très bien payés.
Je vous dis qu'il y a des cas que j'ai de la misère à
comprendre et j'ai de la misère à les accepter parce que
ça ne se pouvait pas que ce fût vrai. Il y a quelqu'un qui a fait
une erreur quelque part en chemin, peut-être pas les maires, mais
peut-être des employés qui n'ont pas été vigilants.
Pourquoi est-ce que Je le savais et qu'ils ne le savaient pas? Dans le fond, on
peut bien me poser la question. S'ils m'avaient posé la question... La
personne est venue déclarer publiquement qu'elle ne le savait pas; je
trouve en tout cas, que ce n'est pas comme ça qu'on doit faire. Je ne
porte pas de jugement de valeur plus que ça. J'aurais
hésité à aller comme ça sur la place publique et
dire: Je ne le savais pas. Quand on a des trésoriers, au prix qu'on les
paie, quand il y a des gens qui doivent lire, ils
doivent être au courant de ce qui se passe. Jamais je ne le
croirai, voyons! Quand je sais toute la bataille qui a eu lieu quand la loi a
été adoptée! Pourquoi les anciens ont-ils gardé
leurs privilèges du tiers?
Rappelons-nous ce qui s'est passé avec le maire de Sherbrooke
quand il a été élu, M. Pelletier. Il y a eu une belle
bataille à ce sujet. Ce n'est pas tout le monde qui ignore ça ou
bien on ne lit pas les journaux. On ne connaît que ce qui se passe chez
nous. Je me rappelle que cette bataille a duré un an parce que le maire
Jean-Paul Pelletier était en beau fusil parce qu'il n'avait pas le
même salaire que son prédécesseur, Jacques O'Bready. Cela a
fait l'objet de toutes sortes de commentaires. Le monde ne voit plus ça.
Il va falloir inviter les trésoriers des municipalités à
lire au moins les lois qui concernent le monde municipal. Tabarouette! Cela n'a
pas de bon sens. En tout cas, je vous dis: Vous avez décidé.
Bravo! Mais je vous dis, par exemple, qu'il y a parfois des cas qui sont
extrêmes par rapport à des contribuables qui ne sont pas
cotisés immédiatement, alors que ça peut prendre cinq ans
ou six ans. J'ai un cas en mémoire qui revient de temps en temps. Je me
dis: Quand on l'écoute, il y a certainement de bons
éléments, il y a de bons arguments qui peuvent se faire valoir,
mais, par contre, si c'est jugé par un fonctionnaire, peut-être
n'aura-t-il pas la magnanimité du ministre du Revenu. À ce
moment-là, je ne sais pas, on pourrait peut-être monter le dossier
jusqu'au bureau du ministre. Vous avez été bon pour les maires,
vous allez être bon aussi pour certains contribuables qui auront à
se plaindre, quand on pensera qu'ils ont aussi des droits.
M. Séguin: Le ministère est bon pour tout le
monde.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Séguin: On essaie, dans tous les cas, d'être
équitable, d'être humain. Je ne connais pas de cas où on
n'a pas essayé par tous les moyens de trouver une solution à
l'amiable avec les contribuables.
M. Dufour: Ils paient. (11 h 15)
M. Séguin: Personnellement, je ne connais pas de cas. Il
peut arriver qu'il y en ait qui ne soient pas satisfaits, mais dans les cas qui
m'ont été présentés et dans toute la direction du
ministère je pense qu'on fait des efforts constants pour humaniser nos
règlements, humaniser nos interprétations. Je n'hésite pas
le premier à regarder ce qui me semble logique, rationnel. Dans le
dossier sur les maires, en particulier, on avait le choix entre deux choses: ou
bien on cotise depuis le début ou bien on cotise à partir de
1989. C'était la seule alternative. La loi était là. Tout
le monde s'est un peu trompé. Même le ministère, dans ses
bulletins d'interprétation, n'était pas clair. Ou bien on punit
tout le monde et on recotise depuis le début. On remonte quelque chose
comme quatre ou cinq ans en arrière. Je ne sais pas si c'est là
le sens de l'intervention du député de Jonquière, ancien
maire de Jonquière, mais ce n'est pas impossible. On aurait pu
décider cela effectivement.
J'ai convenu qu'il n'y avait pas de malice, pas de mauvaise foi de la
part des maires. C'est une interprétation technique qui s'est
développée dans le temps. Même le ministère
lui-même avait un petit peu sous-estimé l'acuité de la loi
par rapport à nos interprétations. On a décidé, de
bonne foi, entre nous, de dire: Partons la cotisation à compter
d'aujourd'hui. On fait pour des contribuables ce genre de règlement. Ce
n'est pas parce que ce sont des maires, on l'a fait pour d'autres groupes de
contribuables. Quand on constate qu'il y a une interprétation qui a fait
que les gens de bonne foi ont mal interprété l'application de la
loi et que nous n'avons pas vraiment donné des avis, nous, pour corriger
cela dans le temps, nous nous sentons un petit peu responsables de cela aussi
et nous disons: À partir de 1988 ou à partir de 1989, nous vous
informons qu'à partir de maintenant vous devez vous conformer.
On a fait cela et je peux dire au député de
Jonquière que, dans beaucoup de cas, c'est par cela qu'on essaie
d'assouplir la rigueur de la loi fiscale pour les contribuables. Quand on voit
que les gens ont été victimes d'une interprétation
complexe, que ce soient des individus ou des maires, cela n'a pas d'importance,
ce sont des contribuables et on essaie d'avoir cette souplesse. Mais, des fois,
ce n'est pas possible non plus. Pour les cas, si vous en avez, qui vous
semblent n'avoir pas eu un traitement équitable, je pense que tout le
monde est bienvenu à nous présenter ces cas qui ne semblent pas
être équitables et on se fera un devoir à ce
moment-là de les examiner.
M. Dufour: Vous nous donnez l'exemple que vous avez toujours
réussi à vous entendre, mais cela coûte quelque chose de
s'entendre. C'est sûr que vous prolongez les délais. Vous
décidez que cela va prendre plus de temps pour payer. Vous donnez une
chance aux personnes. Ce n'est pas une amnistie globale.
M. Séguin: Non, ce n'est pas une amnistie.
M. Dufour: Donc, là, il y a une amnistie complète.
Je veux vous rappeler que, pour le matériel roulant de certaines
compagnies, on est allé avec une loi rétroactive.
M. Séguin: Non, l'implication n'est pas
rétroactive, je m'excuse. Il n'y a pas de recotisation
rétroactive. Là-dessus, si vous voulez qu'on en fasse un
débat, j'en serais très heureux. Je vais vous sortir tout ce que
M. Parizeau,
alors ministre des Finances, a dit sur ce sujet qui est conforme
à nos interprétations.
M. Dufour: Ne vous défendez pas sur le passé.
M. Séguin: Bien non, mais je veux dire qu'il faut
être quand même logique.
M. Dufour: Moi, je n'embarque pas dans cela. Je vous ai
laissé tout à l'heure...
M. Séguin: C'est la continuité du gouvernement sur
ce dossier.
M. Dufour:... parler du passé mais là, on est dans
le présent. Après trois ans et demi, si vous n'avez pas mis vos
culottes, cela va être le temps de les mettre.
M. Séguin: On les a mises. On a entériné ce
que l'ancien gouvernement a fait dans le dossier.
M. Dufour: Je ne veux pas embarquer tout le passé pour le
présent.
M. Séguin: Vous me félicitiez au début
d'avoir poursuivi ce que vous aviez commencé.
M. Dufour: De temps en temps, vous pouvez avoir vos
responsabilités et les prendre. Décidez.
M. Séguin: Dans la question du matériel roulant, on
a fait exactement ce que l'ancien ministre des Finances avait
décidé de faire. Nous avons pris cette décision et nous
l'avons maintenue jusqu'au bout. Si maintenant vous me proposez qu'on n'aurait
pas dû faire cela, moi, je veux bien aller à contre-courant de ce
que vous aviez fait dans l'ancien gouvernement pendant des années, mais
notre décision a été autre. On a
préféré et on a trouvé que vous aviez pris une
bonne décision dans ce cas, effectivement, en 1983, et on l'a maintenue.
Maintenant, je ne pense pas que ce soit l'endroit pour discuter de la question
du matériel roulant, c'est une question un peu technique. Cela me ferait
plaisir de discuter de ce sujet, au temps et lieu choisis par mon
collègue.
M.
Dufour. Pour en revenir à cela, si vous me dites
qu'il y a eu des ententes, des compromis qui se font, là, vous ouvrez
une porte en disant que oui, on pourrait aller jusqu'à l'amnistie
complète. Si ce sont là vos ententes, moi, je suis bien heureux
de vous l'entendre dire.
M. Séguin: II n'y a pas d'amnistie.
M.
Dufour. En fait, vous oubliez une certaine partie du
passé. Je ne sais pas comment on appelle cela, mais moi, ce sont mes
mots. Je ne sais pas ce que cela représente dans votre tête.
M. Séguin: On ne recotise pas rétroactivement.
M. Dufour: Vous avez décidé de ne pas recotiser. Si
vous me dites: II y a des cas où le ministère a erré,
s'est trompé, a fait une erreur et que le citoyen était de bonne
foi, des cas de bonne foi, on va en trouver quelques-uns à un moment
donné et vous nous direz: Je...
M. Séguin: Cela peut arriver. M. Dufour:...
l'oublierai.
M. Séguin: Je prends bonne note que vous auriez
aimé, dans le dossier des maires, qu'on n'accorde pas - d'oublier - la
recotisation rétroactive. Autrement dit, je crois comprendre dans vos
propos que vous auriez souhaité qu'on recotise rétroactivement
depuis le début.
M. Dufour: Vous n'avez pas à interpréter les
propos. C'est ce que je vous ai dit.
M. Séguin: Votre intervention est dans ce sens. Alors,
j'en prends bonne note.
M. Dufour: C'est vous qui êtes le ministre du Revenu. Votre
travail, vous savez ce qu'il est dans votre fonction, vous connaissez le
travail que vous avez à faire. J'espère que vous avez pris la
bonne décision. Vous êtes bien en accord avec la décision
que vous avez prise. Je vous dis honnêtement, par rapport à cela,
que vous avez fait preuve de générosité, sûrement.
Moi, je n'ai pas senti envers un contribuable ordinaire cette même
générosité. Je ne l'ai jamais vue. Peut-être que
vous le faites, je ne suis pas au courant, c'est moins public. Il y a quelque
chose. Vous avez pris vos décisions, j'espère que vous vivez en
harmonie avec vos décisions.
M. Séguin: Je prends bonne note de vos commentaires.
M. Dufour: Je n'en veux pas plus que ça aux maires. Oui,
ils ont un bon traitement. Par rapport à l'ensemble de la population,
ils ne sont pas trop maltraités. Si c'est ce que vous voulez me dire, on
pourrait faire une belle bataille là-dessus.
M. Séguin: Je ne dis plus rien.
Impôt des personnes mariées
M. Dufour: Je n'irai pas m'identifier trop fort
là-dessus.
Il y a les personnes mariées et l'impôt. Il y a toute la
croisade du notaire Foucher qui a fait une demande de recours collectif qui a
été rejetée. Comment considérez-vous cette
campagne? Est-ce que vous avez des points positifs?
M. Séguin: Je vous répondrai que mon mandat est
d'administrer la Loi sur les impôts. Mon mandat n'est pas de
confectionner la Loi sur les impôts ou de faire des théories
fiscales. Je suis très favorable à tout ce qu'on peut me
suggérer. Je transmets ça au gouvernement. Si mon collègue
est capable de m'expliquer ce qu'est le débat, je serais très
heureux d'en discuter. Je dois dire qu'il n'y a pas grand monde qui comprend
où se situe le débat. Je voyais, d'ailleurs, il n'y a pas
tellement longtemps, certaines personnes s'exprimer sur le sujet, entre autres,
un prof de l'Université Laval qui disait qu'il n'avait absolument rien
compris du débat que voulait soulever ledit personnage, M. Foucher. J'ai
rencontré M. Parizeau, il n'y a pas longtemps et je lui en ai
parlé, parce qu'on a été collègues voisins dans
beaucoup de congrès depuis 15 ans en matière fiscale, car c'est
un sujet qu'il a toujours suivi avec beaucoup d'attention. Il me disait tout
bonnement que c'était bien incomplet comme débat.
En matière fiscale, quand on regarde un élément, il
faut considérer les autres aussi. Je ne sais pas si le débat
porte sur les personnes mariées versus les personnes non mariées.
Est-ce que ce sont les conjoints de fait? Est-ce parce qu'ils ont des enfants?
Est-ce qu'il y a d'autres conséquences aux circonstances fiscales qu'on
veut analyser? Je ne sais pas exactement. Je suis bien prêt à en
discuter, sauf que ce n'est pas dans mon mandat de refaire la Loi sur les
impôts. Même si j'étais favorable à cela, ça
relèverait du ministre des Finances, du gouvernement; ça serait
un projet global de gouvernement. À ce jour, je n'ai pas vu la
présentation d'un projet fiscal qui serait relativement soutenable. On
n'a pointé que certains éléments. Les autres commentaires
que j'ai entendus et même reçus sont plutôt confus quant
à ce discours.
Sur ia question des personnes mariées, conjoints de fait, enfants
à charge, nous avons des éléments de réflexion au
ministère que j'ai acheminés au ministre des Finances et qui,
j'espère, vont être retenus dans son élaboration du budget.
Je dois dire que j'ai vaillamment travaillé à faire
disparaître la récupération des allocations familiales, qui
me semblait atteindre de plein fouet une politique nataliste, une politique de
soutien aux enfants, une politique de soutien aux parents qui ont des enfants.
Je pense que c'était unanime et nous avons réussi à faire
disparaître cette récupération des allocations familiales
qui, au même titre que les personnes mariées et que ce qu'on peut
souhaiter, font partie aussi de ces politiques qui touchent soit les enfants ou
les parents qui ont des enfants.
J'ai d'autres éléments sur lesquels j'ai attiré
l'attention de mon collègue aux Finances en lui suggérant
d'apporter des allégements, en particulier la déduction d'enfants
à charge et la notion de soutien qui nous vient du livre blanc sur la
fiscalité qu'avait fait l'ancien gouvernement, duquel nous avons retenu
75 %, 80 % des idées, parce qu'elles étaient bonnes. Mais,
aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a peut-être des petits correctifs
qu'il faudrait apporter. À titre d'exemple, l'enfant qui est pris en
charge, à savoir si on réduit la déduction sur le revenu
du parent qui réclame l'autre conjoint à sa charge, c'est
là-dessus que j'ai pu formuler quelques représentations, pour
donner des plafonds de revenus plus élevés que le conjoint ou
l'enfant pourrait gagner sans affecter la déduction de l'autre. Je pense
qu'il y a des éléments de réflexion intéressants
à apporter là-dessus.
Par ailleurs, sur la grande question des personnes mariées et des
conjoints de fait, il faut se rendre compte que, dans certaines circonstances,
il est plus avantageux d'être marié, mais que dans d'autres, c'est
plus avantageux de ne pas être marié. Il s'agit de savoir dans
quelle circonstance nous sommes. Pour les transferts de biens, c'est
préférable d'être marié; pour certaines
déductions, il y a un phénomène qui s'est
développé dans l'interprétation de la Loi sur les
impôts qui fait qu'on peut avoir certains avantages et, là-dessus,
j'ai suggéré au ministère des Finances d'apporter
peut-être des balises pour que des phénomènes bizarres ne
se développent pas au cours des années, qui n'apparaissaient pas
il y a trois, quatre ou cinq ans dans nos lois. Il y a des
phénomènes sociaux qui se répercutent sur la
fiscalité et auxquels il faut s'adapter. Mais je préconiserais
certainement une réflexion, et je termine là-dessus, M. le
Président, davantage par rapport à l'enfant, en termes
d'environnement fiscal, que par rapport aux parents, et j'espère que ce
sera pour l'année et les années qui viennent le sujet de
réflexion.
M. Dufour: Je n'irai pas engager un grand grand débat par
rapport à ça, quand on regarde l'heure.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, M. le député de Lafontaine a demandé la
parole. Au préalable, vous savez, j'ai fait état que je
demanderais le vote à 11 h 25 et que l'enveloppe de temps...
M. Dufour: 11 h 35.
Le Président (M. Lemieux): Non - laissez-moi finir -
à 11 h 25, mais, par contre, vous avez fait état que nous avions
commencé à 10 h 10. Alors, pour procéder jusqu'à 11
h 40, il me faudrait avoir le consentement des- deux partis. Est-ce qu'il y a
consentement, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: C'est clair comme de l'eau de roche.
M. Séguin: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): II y a consentement.
M. Bélisle: Je ne le sais pas.
M. Dufour: Vous n'étiez pas ici quand on a
commencé. J'étais ici à 10 heures.
Le Président (M. Lemieux): Et j'appellerai le vote
à 11 h 40.
M. Bélisle: Moi, M. le député de
Jonquière, j'arrive quinze minutes avant le député de
Lévis par tradition. C'est ce que je me suis fixé maintenant pour
la commission parlementaire.
M. Dufour: Vous arrivez à l'heure. À 10 heures vous
êtes ici.
M. Bélisle: Je n'ai pas parlé de vous.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour poursuivre jusqu'à 11 h 40? Le vote sera appelé
à 11 h 35.
M. Dufour: Oui, oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Consentement? Alors, comme il y
a consentement, M. le député de Lafontaine, la parole est
à vous.
M. Gobé: On n'a pas le consentement, je pense, M. le
Président.
M. Séguin: On réfléchit.
M. Gobé: Nous réfléchissons, nous nous
consultons.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste quatre minutes,
réfléchissez vite.
M. Dufour: Au commencement de la semaine, ils sont bien
reposés.
M. Séguin: On va lui accorder notre consentement.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. Alors, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: Alors, M. le Président, nous
accordons...
M. Séguin: Et surtout parce que c'est le
député de Jonquière.
M. Bélisle: Vous êtes bien bon.
Remboursements d'impôt
M. Gobé: M. le Président, j'avais une question
à poser au ministre. J'ai vu cette année que les remboursements
d'impôt sont arrivés très rapidement. On sait que le
ministère, sous l'impulsion du ministre, a pris des mesures assez
directes pour permettre aux gens de recevoir leur argent rapidement. Est-ce que
le ministre pourrait nous faire l'état de toute l'opération,
comment c'est fait, où l'on en est rendu, combien de chèques ont
été envoyés, les dates, enfin, des choses comme
ça?
M. Séguin: Au moment où je vous parle, bien
sûr, depuis hier, la période est terminée
légalement, pour remettre les déclarations d'impôts,
quoique d'autres nous soient acheminées. On a émis jusqu'à
présent environ - un nombre arrondi - 2 000 000 de chèques pour
à peu près 1 000 000 000 $ de remboursement. Alors, nous sommes,
je dirais, dans une équation du simple au double par rapport à
l'ensemble des années, passées. Nous avons doublé et le
nombre et les montants, et diminué les délais dans lesquels nous
avons effectué nos remboursements. C'est la première fois dans
l'histoire du ministère que ça se fait avec une telle
efficacité, une telle performance. On pense que toutes nos
activités de remboursement seront terminées certainement le 15
juin, peut-être avant, si, dans les quelques semaines qui viennent, les
gens nous retournent le tout rapidement aussi pour qu'on puisse procéder
rapidement. Nous sommes à un délai moyen de 21 jours et le
gouvernement fédéral nous a regardés cette année
avec envie. Il vient nous voir. Il a annoncé, d'ailleurs, qu'il aimerait
avoir un système de 21 jours pour l'année prochaine. Nous l'avons
déjà et je pense que c'est un succès total.
Je peux vous dire, pour un élément de détail, qu'il
y a peu d'années où le ministère du Revenu a reçu
des lettres de félicitations. Cette année, nous recevons des
dizaines, des dizaines et des dizaines de lettres de félicitations dans
tout le Québec, et ça, c'est exceptionnel.
M. Bélisle: Déposez-les!
M. Séguin: On va les déposer si vous vouiez, il n'y
a aucun problème.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est une demande
officielle, M. le député de Mille-Îles?
M. Bélisle: Certainement.
M. Dufour: Voulez-vous arrêter de vous féliciter? Il
me semble que c'était une étude.
M. Séguin: Je dois dire à ce sujet, si on peut
prendre juste quelques minutes à l'occasion des crédits pour
parler de ça, que je pense que c'est très méritoire pour
les gens du ministère. Ce n'est pas pour moi, mais pour les milliers de
personnes au ministère qui y ont travaillé.
M. Dufour: Payez-vous un encart publicitai-
re. Marquez-le dans le journal.
M. Séguin: Je pense que le public nous le rend bien
aujourd'hui, il a apprécié les efforts qu'on fait et cela nous
encourage à continuer pour l'année prochaine. On a d'autres
projets que je ne dévoilerai pas aujourd'hui, mais on a d'autres
idées pour l'an prochain.
M. Gobé: Dans !e même ordre d'idées, M. le
ministre, je dois dire, quoi qu'en dise le député de
Jonquière, qu'il faut quand même reconnaître les choses
quand elles sont bonnes. Ils sont plus souvent prêts à faire
passer pour mauvaises les bonnes choses.
M. Dufour: Quand tu seras dans l'Opposition tu feras pareil.
Voyons, niaiseux!
M. Gobé: M. le Président, j'ai la parole, je
pense.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Jonquière, s'il vous plaît, laissez aller M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: On vous a laissé parler pendant une heure
et quart; peut-être que les ministériels ont le droit de parler
pendant cinq minutes.
Dans le même genre d'idées, pour en remettre un peu sur ce
que vous disiez, je dois dire que personnellement, lorsque, dans mon travail de
député, à mon bureau de comté, les électeurs
viennent me voir pour des problèmes fiscaux et que j'appelle à
votre cabinet et au ministère, là aussi j'ai les réponses
et le service est excellent. Je dois dire que j'ai, moi aussi, des lettres de
félicitations, qui ne me sont pas dues à moi, mais au travail de
votre ministère, M. le ministre.
M. Bélisle: Déposez-les!
M. Gobé: Je pourrai les déposer, M. le
député de Mille-Îles, mais elles sont à mon bureau
de comté, malheureusement. Je n'avais pas pensé faire état
de ça ce matin, mais...
Une voix: On vous donnera un délai.
M. Gobé: ...en voyant que M. le ministre avait
souligné les lettres de félicitations au ministère du
Revenu, moi aussi, j'en profite et je vous encourage à continuer parce
que cela nous fait rendre service à nos électeurs d'une
façon intéressante et ça rend notre travail de
député plus plaisant lorsqu'on obtient des réponses comme
celles que l'on obtient et les services dans votre ministère. Cela
s'adresse aussi à vos fonctionnaires, parce qu'on a affaire non
seulement avec le personnel politique, mais avec les fonctionnaires. Je dois
dire que, là aussi, on a une excellente collaboration et un excellent
travail.
Mais ce n'est pas le but de ma question, je pense que j'ai un peu de
temps, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez jusqu'au
h35.
M. Gobé: Vous avez un plan informatisé qui est
actuellement en marche dans votre ministère. Pourriez-vous nous dire
où cette chose en est rendue?
M. Séguin: Le plan informatique, vous savez...
M. Gobé: M. le Président, est-ce qu'il y aurait
moyen d'avoir le silence à la commission?
Une voix: On peut vous fournir des recenseurs pour votre
comté comme dans le comté de...
M. Dufour: Cela n'apporte rien à la discussion, on fait
ça à tous les trois mois.
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles, M. ie député de Jonquière. M. ie
député de Lafontaine est sur son temps de parole, et c'est
pertinent. S'il vous plaît, M. le député de
Jonquière, vos commentaires... À l'article 35 du
règlement... M. le député de Lafontaine, vous avez la
parole.
M. Séguin: Quelques explications sur le projet
informatique du ministère. On le sait, cela fait nombre d'années
que le ministère avait conçu...
M. Dufour: M. le Président, je suis prêt à
procéder au vote. Vous ferez vos shows ensuite.
Le Président (M. Lemieux): C'est une question de
règlement, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, à quel
article?
M, Dufour: Je suis prêt à procéder, sans
cela, je m'en vais.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Lafontaine, vous avez la parole.
M. Gobé: Je trouve inadmissible qu'un collègue dise
qu'un député qui fait son travail fait un show, et je pense que
vous ne devriez pas tolérer ce genre de propos. Je pense qu'on
répond devant nos électeurs et non devant le député
de Jonquière.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine, vous avez la parole, vous étiez sur votre temps de parole.
Ce que vous disiez
est conséquent avec un des programmes que nous étudions
présentement dans les crédits, et vous pouvez continuer, M. le
député de Lafon-taine.
M. Gobé: Ma question était au ministre pour le plan
d'Informatisation. Je pense que je pourrais avoir les réponses,
maintenant que le député de Jonquière a claqué la
porte en partant.
Le Président (M. Lemieux): II reste trente secondes et le
député de Mille-Îles a aussi demandé la parole.
Alors, brièvement, M. le ministre, en trente secondes.
M. Séguin: Bon, en quelques secondes, nous avons un projet
d'informatique qui est calibré chaque année. J'ai eu l'occasion
de donner beaucoup de détails. Ce que je peux dire sur le point auquel
on travaille, soit la question des processus de fournisseurs de logiciels, par
exemple, au Québec par rapport aux fournisseurs étrangers, c'est
que la langue est un problème et on pense étudier avec la France
les possibilités d'échange de logiciels. Je pense que cela va
répondre aux questions qu'on nous a posées.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Je demande le vote nominal
enregistré.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le secrétaire,
vote nominal enregistré, s'il vous plaît. J'appelle le programme
1. Est-ce que le programme 1... Un instant, afin qu'il n'y ait aucune erreur,
est-ce que le programme 1, Administration fiscale, est adopté?
M. Bélisle: Vote nominal enregistré.
Le Président (M. Lemieux): Votre nominal
enregistré. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Adopté.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Adopté.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Adopté.
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
M. Bélisle: Adopté.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
Le Secrétaire: Cinq pour, personne contre.
Le Président (M. Lemieux): Le programme 2, Aide
financière au revenu de travail, est-il adopté? Le même
vote?
Des voix: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): Même vote. J'appelle le
programme 3, Contrôle des jeux de hasard et des courses. Est-il
adopté?
M. Bélisle: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): Même vote. Les programmes
1, 2 et 3 sont donc adoptés. Est-ce que l'ensemble des crédits
budgétaires du ministère du Revenu pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1990 est adopté?
M. Bélisle: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): Même vote. Alors,
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère du Revenu
pour l'année financière se terminant le 31 mars 1990 est donc
adopté. Nous ajournons sine die.
(Suspension de la séance à 11 h 36) (Reprise à 15 h
40)
Approvisionnements et Services
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce qu'il y a consentement, puisque les avis ne sont pas
donnés, pour que la commission du budget et de l'administration commence
ses travaux? Y a-t-il consentement?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission du budget
et de l'administration commence ses travaux. Nous sommes réunis afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Approvisionnements et Services pour l'année
financière 1989-1990. On me dit qu'il y aurait eu une entente
relativement à la répartition du temps de parole qui modifierait
nos travaux puisqu'une période de 4 heures aurait été
allouée. M. le député de Lac-Saint-Jean, pourriez-vous
faire état de cette entente, s'il vous plaît?
M. Brassard: J'en ai parlé au ministre tantôt
en Chambre. J'ai quelques points à aborder avec lui. Je pense que
ça pourrait se faire dans un délai menant vers 18 heures.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'y a consentement pour
que la commission termine ses travaux à 18 heures?
M. Vallerand: M. le Président, c'est l'entente à
laquelle j'ai convenu avec M. le député de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lemieux): Vous devez comprendre, M. le
ministre, qu'une entente n'a d'effet que si elle est entérinée
par la commission.
M. Vallerand: Oui, mais je voudrais strictement dire que nous
nous sommes parlé à cet égard et que j'étais
d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Il y a consentement
pour que...
M. Chagnon: II nous fait plaisir de connaître l'opinion du
ministre, M. le Président, mais les ententes ne prévalent
qu'entre les membres de cette commission.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci M. le
député de Saint-Louis. Il y a entente pour qu'effectivement la
commission ajourne ses travaux à 18 heures. M. le secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) remplacera M. Blais (Terrebonne).
Le Président (M. Lemieux): Relativement à la
procédure des travaux, j'entends distribuer le temps de parole avec
équité en permettant à chaque membre d'exprimer son point
de vue dans le cadre de l'enveloppe de temps convenue. Cinq minutes avant la
fin de la séance, soit à 17 h 55, même si le débat
sur les programmes n'est pas terminé, je procéderai à la
mise aux voix de l'ensemble des programmes. M. le ministre, y a-t-il des
remarques préliminaires?
Remarques préliminaires
M. André
Vallerand
M. Vallerand: Oui, M. le Président. D'abord, permettez-moi
de vous remercier. J'ai constaté que, d'entrée de jeu, vous
m'avez fait connaître vos pouvoirs eu égard au partage du temps.
Je pense que ça campe très bien l'importance de votre commission
permanente. Si vous me le permettez également, j'aimerais
présenter les gens qui m'accompagnent. Au premier chef, ma directrice de
cabinet, Mme Raie; M. Bard, sous-ministre en titre au ministère des
Approvisionnements et Services et également M. Tremblay, directeur des
services financiers du ministère. Vous me ferez grâce
d'énumérer tous les autres collaborateurs. Ils sont tout aussi
importants. Il y a aussi M. Bisson qui représente la
Société immobilière du Québec.
Donc, M. le Président, dans mes remarques préliminaires,
vous me permettrez, pour l'information de cette commission et afin de faciliter
l'exercice de l'étude des crédits du ministère des
Approvisionnements et Services, de situer tout le monde par rapport à
l'objectif global budgétaire du MAS dans toutes ses composantes. Je
pense que c'est l'exercice auquel nous sommes conviés et c'est ce
à quoi l'Opposition est intéressée, soit de poser des
questions sur l'enveloppe des crédits du ministère des
Approvisionnements et Services dans l'ensemble de ses composantes.
Premièrement, le ministère des Approvisionnements et
Services voit, pour l'année 1989-1990, son budget augmenter de 5, 4 %
pour une enveloppe totale de 62 619 000 $ cette année. En ce qui a trait
à la Société immobilière du Québec,
l'enveloppe budgétaire totale est haussée de 7, 5 %, pour un
total de 416 167 000 $ pour 1989-1990, et la Régie des installations
olympiques voit son budget augmenter de 9, 8 % pour atteindre un total de 35
705 000 $.
Ces trois composantes, qui relèvent directement et indirectement
de la responsabilité du ministre des Approvisionnements et Services,
totalisent un effectif d'environ 1824 personnes. La composante
financière est importante dans l'étude des crédits et la
composante humaine l'est également: 611 pour le ministère des
Approvisionnements et Services, si je fais la ventilation, 979 personnes
à l'emploi de la Société immobilière du
Québec, sans compter les quelque 120 contractuels et 234 personnes
à la Régie des installations olympiques.
Le ministère des Approvisionnements et Services s'est toujours
fixé et continue de se fixer comme principe de fonctionnement
l'accessibilité. Il est important, dans la décomposition du
marché public québécois, de faire en sorte que tous les
professionnels, toutes les entreprises aient accès au pouvoir d'achat
québécois. Qu'ils y aient accès dans une perspective
transparente nous apparaît également tout aussi important, de
façon équitable et dans un rapport qualité-prix qui sert
les objectifs de bonne gestion de notre ministère.
Pour y arriver, le ministère des Approvisionnements et Services,
au cours de l'année dernière et au cours de cette année, a
raffiné l'ensemble de ses moyens, sinon de ses règlements d'achat
de biens et de services. Nous avons, en 1988, repensé le
règlement des services professionnels, qui a constitué une part
importante des ressources consacrées au ministère, la mise en
place de ce nouveau règlement qui se voulait plus actualisé que
l'ancien règlement, qui
voulait prendre en considération, également, cette
accessibilité que nous recherchons au profit de l'ensemble de ceux qui
peuvent offrir leurs services au gouvernement du Québec, et qui voulait
également prendre en considération la dimension régionale
des achats de services du gouvernement.
Actuellement, nous avons sur le rôle l'examen de nouveaux
règlements, notamment dans le domaine des services de voyages, dans le
secteur des agences de publicité, dans le domaine de la construction,
sans compter que nous sommes à réécrire le
règlement sur les achats des approvisionnements dits de biens. De
façon plus sociale, et nous sommes fiers de le dire, le ministère
est allé de l'avant avec l'obligation contractuelle, pour faire en sorte
de faciliter, par le biais de son pouvoir d'achat, l'accès à
l'emploi de certaines catégories de citoyens et de citoyennes, notamment
les femmes, les autochtones et les minorités visibles.
C'est-à-dire qu'on exige de toute corporation à but lucratif de
soumettre un plan de développement d'accès à
l'égalité à l'emploi, dans la mesure où ces
dernières veulent faire affaire avec le gouvernement, soit pour vendre
leurs services ou leurs produits. On fait référence, bien
évidemment, à des entreprises dont la taille est de 100
employés et plus, autant pour la traitance que pour la
sous-traitance.
De façon plus macro-économique, M. le Président, le
ministère des Approvisionnements et Services tente, selon sa
capacité, de présider la Commission permanente des achats, de
circonscrire plus adéquatement la dépense publique, de ventiler
cette dernière et, dans certains secteurs stratégiques,
d'augmenter la valeur ajoutée québécoise. C'est un
objectif que nous avons à coeur, dans la mesure où nous voulons
le plus possible utiliser notre dépense publique comme levier de
développement économique non seulement pour les grandes
régions de Montréal et de Québec, mais également
pour les autres régions de la province de Québec.
Dans cette préoccupation d'ouverture d'accessibilité aux
marchés publics, le ministère s'est également
penché, par le biais d'un comité interministériel, sur les
Impacts de l'abolition des barrières commerciales entre les provinces,
pour faire en sorte de mieux situer la position du ministère dans les
négociations fédérales-provinciales qui visent, justement,
à un accès plus large des entreprises canadiennes aux
marchés publics canadiens. Ce comité reflète les
préoccupations du ministère de tenter de faire en sorte que nos
entreprises, au Québec, aient un accès plus facile à
l'ensemble des marchés publics canadiens, pour autant, bien
évidemment, que nos entreprises québécoises, au
décompte, y trouvent un avantage qu'elles n'avaient pas avant cette
négociation d'une pratique plus ouverte des marchés publics.
Plus sommairement, M. le Président, comme introduction,
permettez-moi de faire également un survol d'une autre composante
importante de l'objet de l'exercice d'aujourd'hui, à savoir la
Société immobilière du Québec. Je mentionnais tout
à l'heure que son budget est maintenant de 416 167 300 $, soit une
augmentation de 7, 59 % qui est quand même substantielle si on pense que
les dépenses publiques augmenteront de 5, 8 % dans le cours de
l'année 1989-1990.
Nos préoccupations à l'égard de la
Société immobilière du Québec, c'est à la
fois d'améliorer sa qualité de gestion, ce à quoi les
administrateurs de la société immobilière se sont
déjà attaqués dans le passé, et on continue
à s'y attaquer cette année et également d'améliorer
le service à la clientèle. Je pense que l'un complète
l'autre et il est très difficile d'imaginer une amélioration des
services à la clientèle sans se doter d'outils qui permettent d'y
arriver. On se rappellera, et l'Opposition l'avait souligné avec
pertinence l'an dernier, qu'y y a un rapport, qui s'appelle le rapport Coopers
Lybrand, qui mettait de l'avant différents mandats, au total 22 mandats,
pour améliorer la gestion de la Société immobilière
du Québec et également pour améliorer la qualité de
ses services. On s'est attaqués déjà cette année
à 5 de ces mandats et 17 sont actuellement en voie de
réalisation. C'est un objectif extrêmement important pour les
administrateurs de la SIQ, la Société immobilière du
Québec, dans la mesure où on a, comme préoccupation
principale, d'améliorer les services à la clientèle.
Également, et en terminant, M. le Président, il y a une
autre composante qui n'est pas négligeable, celle de la Régie des
installations olympiques. Je mentionnais tout à l'heure que son budget
est maintenant de 35 705 000 $, soit une augmentation de 9, 8 % par rapport
à l'an dernier. On est contents de constater, au titre de la
Régie des installations olympiques, que grâce à la
qualité de l'imagination et à la créativité de ses
gestionnaires la régie arrive à augmenter de plus en plus la
rentabilité des installations, compte tenu du fait que les installations
sont complétées en grande partie. Il reste, évidemment,
à exploiter ces résultats pour tenter le plus possible de
maximiser l'ensemble des investissements qui ont été faits
à l'intérieur de ce qu'il est convenu d'appeler la Régie
des installations olympiques.
Cette année, on est fiers de constater, par exemple, que les
revenus touristiques de la régie sont passés du dixième
rang au quatrième rang, que les exploitations d'expositions et de salons
sont passées aux deuxième et troisième rangs, le sport
professionnel demeurant encore la principale source de revenus de la
Régie des installations olympiques. Il est important de le souligner
parce que ça reflète très bien l'orientation que les
administrateurs ont pris dans le sens de maximiser, comme je vous le disais,
les opérations des installations pour tenter d'amortir le plus possible
l'ensemble de la dépense d'investissements qui y est reliée.
Donc, en conclusion, M. le Président, je
peux me dire fier, comme ministre des Approvisionnements et Services,
d'un travail d'équipe, non seulement des résultats de l'an
dernier, mais de l'anticipation des résultats de 1989-1990, si on se
référé aux budgets qui ont été
octroyés et en rappelant les principaux objectifs à la fois du
ministère comme tel, de la Société immobilière, la
plus importante société immobilière au Québec,
rappelons-le, plus de 855 bâtisses, 550 baux, 2 500 000 mètres
carrés de superficies commerciales comme parcs immobiliers. C'est donc
la société, à vrai dire, la plus importante au
Québec et, également, la Régie des installations
olympiques qui continue, comme je le mentionnais, dans sa foulée de
rentabiliser l'ensemble de l'exploitation de ses installations.
Alors, je termine cette introduction pour permettre à
l'Opposition de faire la sienne et de me poser les questions qu'elle jugera
à propos.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, j'ai surtout quelques
questions et quelques dossiers à aborder avec le ministre. J'en
profiterai, à l'occasion de ces remarques préliminaires, pour
aborder justement le premier sujet qui m'apparaît central concernant
l'octroi de contrats de services et d'achat de biens par le gouvernement du
Québec. C'est toute la question de l'élimination de ce qu'on
appelle les barrières interprovinciales. La conclusion d'un accord de
cette nature risque d'avoir des conséquences et des impacts
considérables sur le fonctionnement du ministère des
Approvisionnements et Services lui-même.
On sait que le gouvernement actuel a choisi ou a voulu
privilégier la décentralisation et la régionalisation de
l'attribution des contrats du gouvernement en matière
d'approvisionnements et de services. Par exemple, dans un de ses
règlements, il est question nommément d'appels d'offres publics
régionalisés, donc, limités aux fournisseurs d'une
région. Par contre, en même temps qu'on met en vigueur ou en
application une réglementation semblable préconisant et
privilégiant la régionalisation de l'attribution des contrats, le
gouvernement a amorcé, entrepris - je pense que c'est rendu passablement
loin - des pourparlers avec les autres provinces au sein d'un comité
à cette fin pour abolir graduellement les barrières commerciales
dans ce domaine, pour mettre au rancart, si l'on veut - je pense que cela va
être la réalité - la politique préférentielle
d'achat qui a déjà été mise en application pendant
plusieurs années au Québec, qui avait pour effet de favoriser,
à certaines limites, bien sûr, à certaines conditions, les
entreprises d'ici par rapport à des entreprises d'autres provinces ou
d'ailleurs.
Si cette entente aboutit, est conclue et est signée par
l'ensemble des provinces, je me demande ce que deviendra alors la
procédure d'appels d'offres régionalisés. Il y aura
là une espèce de contradiction. Je présume que ces
restrictions qui sont imposées par les appels d'offres
régionalisés devront être, dans le cadre d'une entente avec
les autres provinces sur l'élimination des barrières
interprovinciales, aussi éliminées progressivement selon le
projet d'accord. C'est vrai que les articles du règlement dont je viens
de parler touchent les contrats de services, tandis que le projet d'accord, on
le sait, touche d'abord la fourniture de biens, mais il y a là une
dynamique qui serait enclenchée forcément. Et, je vois mai que
cette dynamique ne puisse pas toucher les services, à un moment
donné, même si l'accord ne touche que les biens, pour le
moment.
Il faut imaginer, je pense, que l'abolition des restrictions dans un
champ donné va créer une pression dans l'autre domaine pour en
arriver à une situation équivalente, semblable. Cependant, le
projet d'accord prévoit que le gouvernement d'une province pourrait
exempter certains contrats de son application. Là-dessus, c'est assez
nébuleux. On ne sait pas si les exceptions seront accordées
suivant les critères bien définis ou si on va fonctionner cas par
cas. (16 heures)
Discussion générale
Accord interprovincial sur l'abolition des
barrières commerciales
Tout cela m'amène à poser un certain nombre de questions,
premièrement, relativement à cet accord. Où en sommes-nous
dans les négociations concernant l'accord interprovincial sur
l'abolition graduelle des barrière commerdales? Est-ce que les
négociations sont terminées? Est-ce que le contenu de l'accord
peut être dévoilé, rendu public? Est-ce il y a une
signature de cet accord prévue pour bientôt? Est-ce qu'il y a une
volonté politique de la part du gouvernement du Québec et des
autres gouvernements d'aller de l'avant? Parce que l'on sait qu'une des
recommandations du rapport de Grandpré sur l'adaptation au
libre-échange, la première de ces recommandations concernant les
barrières interprovinciales portait justement sur la ratification de
l'entente, sur la réduction des barrières interprovinciales au
commerce en ce qui concerne les achats des gouvernements. On devine pourquoi le
rapport de Grandpré faisait une telle recommandation. C'est dans la
perspective du nouveau contexte de libre-échange. Il lui apparaissait
essentiel que les barrières tombent également entre les
provinces. C'est une question d'opinion et d'appréciation. En fait,
c'était là son opinion et c'était relié au nouveau
contexte de libre-échange dans lequel nous sommes maintenant
insérés.
D'abord, mes premières questions portent là-dessus.
Où en sommes-nous avec ce projet
d'entente? Est-ce qui va être signé? Est-ce que ça
signifie, à toutes fins utiles, la mort de toute politique
préférentielle d'achat pour le Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Vallerand: Oui, M. le Président. Avant de
répondre très directement à la question du
député de Lac-Saint-Jean, j'aimerais dire que sa
préoccupation est saine. Je pense à la réflexion qu'il a
faite à haute voix sur les impacts des abolitions éventuelles des
barrières commerciales entre les provinces. Ces abolitions doivent
être négociées en tenant compte de l'intérêt
du Québec à tous égards. Je pense que c'est le fondement
même de sa préoccupation et je veux lui dire que je la partage. Si
bien que, dans une négociation comme celle-là, il est important
d'en convenir, nous tentons toujours d'arbitrer, d'évaluer les avantages
d'une libéralisation interprovinciale plus large, en ayant l'assurance
que cette libéralisation permet un accès plus facile à nos
entreprises. Donc, au décompte et à la marge, nos entreprises
sont gagnantes. Je pense que c'est une position qui est stratégique dans
cette négociation.
D'autre part, le député de Lac-Saint-Jean a
mentionné la politique préférentielle d'achat. Il ne faut
pas se le cacher, je ne connais pas de région économique, pour
autant que ces régions ont un pouvoir de taxation sur une production,
qui ne tente pas au maximum de réinvestir le résultat de la
taxation sur son territoire, là où c'est taxé. C'est un
principe universel - c'est accepté par tout le monde - d'où
découle cette politique préférentielle d'achat. D'autant
plus qu'on peut ajouter qu'une politique préférentielle d'achat
permet également d'ajouter à une valeur de production sur le
territoire, c'est le cas du Québec, en l'occurrence, par cette
utilisation du pouvoir d'achat. Donc, nous avons exactement la même
préoccupation que le député de l'Opposition.
Actuellement, au terme de rencontres
fédérales-provinciales, il y a une proposition qui a
été déposée, qui ne fait pas encore
unanimité, qui est loin d'être signée, et qui vise à
l'abolition des barrières commerciales entre les provinces pour les
biens de 25 000 $ et plus, uniquement des ministères des
différents gouvernements. Pour le Québec, c'est un marché
d'à peu près 300 000 000 $. C'est la proposition qui a
été tablée au terme des dernières rencontres
fédérales-provinciales.
Pour répondre directement à la question du
député, il n'y pas encore d'horizon estimé pour la
signature de cette entente. Le gouvernement du Québec a des exigences
par rapport à la signature de cette entente qui vont un peu dans le sens
des préoccupations que j'ai exprimées et que le
député a exprimées tout à l'heure.
Évidemment, vous comprendrez qu'il est délicat de faire
état de l'ensemble des conditions, parce que, en même temps, on
dévoilerait notre jeu des négociations actuelles. Mais je peux
rassurer le député en lui disant que nous avons comme
préoccupation principale de protéger l'intérêt
québécois à tous les égards, non seulement
égoïstement dans ce que nous recherchons, soit de réinvestir
chez nous ce qui est taxé au titre d'une production quelconque, soit un
revenu ou une activité de production, mais également de nous
servir de ce résultat de taxation en termes de pouvoir d'achat pour
attirer chez nous et développer littéralement chez nous des
compétences dont nous exportons soit l'expertise, soit le produit.
M. Brassard: Vous dites qu'il n'y a pas unanimité des
provinces; est-ce qu'on peut connaître les provinces
récalcitrantes actuellement?
M. Vallerand: II y a certaines provinces qui ont certaines
exigences. Certaines provinces demandent d'être exclues pour un certain
temps de l'entente, si jamais on arrivait à signer l'entente, et,
à l'égard de ça, nous, nous avons des
réticences.
M. Brassard: Est-ce que l'Ontario est partie prenante?
M. Vallerand: Non, ce n'est pas l'Ontario et vous me permettrez
de ne pas dévoiler le nom des provinces, parce que c'est une
stratégie de négociation actuellement. Il y a également
certaines dispositions de l'entente qui ne nous permettent pas de croire qu'on
pourrait en tirer le maximum de retombées pour le moment. Donc, nous
sommes toujours en train de négocier la position du Québec
à l'intérieur de cette entente potentielle.
M. Brassard: Quand vous dites que vous négociez, ayant en
tête l'intérêt du Québec et le souci de faire en
sorte que le produit de nos taxes soit d'abord et avant tout
réinjecté dans l'économie québécoise, je
suis bien d'accord avec ce principe. Cependant, si vous reconnaissez qu'un
accord semblable puisse être signé, cela exclut, à partir
de ce moment-là, toute possibilité d'une politique
préférentielle d'achat dans le sens que cela s'est
déjà appliqué et je crois que ça s'applique encore,
entre autres, entre une entreprise d'une autre province et une entreprise
québécoise. Même si l'entreprise québécoise
fait une offre supérieure, à la condition que ça ne
dépasse pas 10 % de la valeur du contrat, l'entreprise
québécoise est privilégiée - c'était
ça le principe de base de la politique préférentielle
d'achat. Vous reconnaissez qu'à partir du moment où il y a un
accord interprovincial, une politique semblable est assimilée ou est
considérée comme une barrière au commerce, comme une
barrière aux échanges et à l'attribution des contrats sur
les marchés publics et, à ce moment-là, il serait exclu de
continuer de l'appliquer au Québec.
M. Vallerand: C'est-à-dire que ça pourrait prendre
d'autres formes. On préjuge trop des clauses et conditions de l'entente
sans connaître l'entente et c'est là que toute la stratégie
de négociation se fait. Je ne pense pas qu'il y ait
incompatibilité totale entre une certaine forme de
préférence de politique d'achat et une ouverture plus grande
vis-à-vis de l'accès au marché public interprovincial.
Cela dépend, bien évidemment, des clauses et conditions de
l'entente et ça dépend aussi de ce dont on tient compte par
rapport à ce qui est pratiqué actuellement et par rapport
à ce qui pourrait être pratiqué si on en arrivait à
une entente qui ferait en sorte d'ouvrir les marchés publics à
l'ensemble des entreprises.
Je pense qu'il faut le regarder dans cette perspective, sans
préjuger des clauses de l'entente et en pensant également que
l'échange interprovincial pratiqué plus ouvertement ne nie pas
à l'un des participants, en tout cas dans mon esprit, ne nie pas au
Québec la possibilité d'utiliser son pouvoir d'achat dans des
secteurs stratégiques au titre d'un développement
économique et technologique ou au titre d'un développement
technologique, point, au titre d'un développement économique
particulier, étant donné le profil et la structure industrielle
du Québec. Je pense que ce n'est pas nier et, dans notre esprit, on ne
va pas s'enfermer dans une entente qui pourrait nier cette possibilité,
étant donné l'évolution technologique dans des secteurs
stratégiques au Québec sur lesquels on pourrait capitaliser en se
servant de notre pouvoir d'achat. On ne veut pas, non plus, exclure cette
possibilité.
M. Brassard: Est-ce que vous allez également tenir
à ce qu'il y ait des dispositions dans cet accord qui permettent le
maintien de l'appel d'offres régionalisé?
M. Vallerand: Absolument. Le principe de l'appel d'offres
régionalisé est maintenu dans l'esprit de la négociation
en cours qui vise à l'abolition des barrières
interprovinciales.
M. Brassard: Vous ne risquez pas de recevoir des plaintes ou des
demandes des autres provinces pour mettre au rancart ce système d'appel
d'offres régionalisé?
M. Vaîlerand: Vous savez, toutes les provinces au Canada
ont les mêmes préoccupations que nous à cet égard.
Donc, il ne s'agit pas d'imaginer une négociation où nous sommes
les seuls à vouloir protéger certains secteurs ou certaines
régions au titre de leur développement économique par
l'utilisation du pouvoir d'achat. Il y a d'autres... Je peux vous dire que
c'est le cas de chacune des provinces. Donc, la négociation se fait de
façon comparative et non pas de façon absolue, si bien que les
préoccupations du Québec sont également partagées
par d'autres provinces et même par l'Ontario. Je dis souvent dans ces
rencontres que le seul défaut de la politique d'achat du Québec
c'est que, nous, elle est affichée publiquement, elle est écrite,
contrairement à d'autres provinces qui la pratiquent sans jamais l'avoir
rendue publique.
M. Brassard: L'Ontario la pratique depuis pas mal plus longtemps
que nous, en plus.
M. Vallerand: C'est ce qu'on met en relief au cours de ces
négociations, très exactement.
M. Brassard: Au Québec, c'est même assez
récent par rapport à l'Ontario. Est-ce que l'on prévoira
également dans cet accord des instances visant à en suivre
l'application et à la surveiller?
M. Vallerand: Ce n'est pas prévu dans la proposition qui a
été faite, mais on entend bien et déjà d'autres
provinces ont exprimé le désir d'avoir un mécanisme de
suivi des résultats; non seulement un suivi des résultats, mais
aussi un mécanisme de suivi de la pratique.
M. Brassard: Sur le respect.
M. Vallerand: Sur le respect de l'entente.
M. Brassard: Parce que si le Québec...
M. Vallerand: C'est ce qui a été... Il n'y a pas de
modalité particulière, mais cela a été le voeu de
chacun des participants.
M. Brassard: Si le Québec respecte scrupuleusement les
dispositions de l'entente, abolit ses barrières, les privilèges
et les préférences qu'il accorde à certaines de ses
entreprises et que cela ne se fait pas ailleurs en même temps,
particulièrement en Ontario, la province voisine et sans doute la plus
importante à ce chapitre, on va se faire avoir. On va être
complètement bernés.
M. Vallerand: Soyez assuré que la position du
Québec est justement de ne pas se faire avoir dans cette
négociation. Je pense qu'il faut partir d'une hypothèse plus
positive vis-à-vis de l'ouverture qui pourrait être
pratiquée, mais cela ne nous empêche pas de retenir qu'il y a des
intérêts à protéger au titre de cette entente et, au
premier chef, pour nous, ce sont les intérêts du Québec. On
ne sera pas les cobayes de l'entente, soyez sans crainte.
M. Brassard: En termes d'échéance, encore une fois,
c'est quoi dans votre esprit?
M. Vallerand: On ne peut pas arrêter de date parce que la
proposition qui a été déposée ne fait pas
l'unanimité, si bien que mettre une date, cela voudrait dire que je
présume du
ralliement d'une province qui a déjà affiché
certaines réticences et je ne sais pas quel est le résultat de sa
négociation interne pour se rallier à la proposition, si bien que
ce serait extrêmement... Il serait même utopique de vouloir mettre
une date pour ce qui est de la signature.
M. Brassard: Toujours à ce sujet, on peut dire qu'il est
acquis que l'accord de libre-échange conclu entre le Canada et les
États-Unis ne touche pas les marchés publics des provinces. C'est
assuré. (16 h 15)
M. Vallerand: Oui. Le marché public canadien uniquement,
le gouvernement central.
M. Brassard: Le marché public du gouvernement
fédéral, donc il n'y a pas de risque que les États-Unis,
par exemple, se plaignent de certaines barrières imposées par des
provinces, dont le Québec.
M. Vallerand: Pas au titre de l'entente du libre-échange,
puisque les dépenses d'achats publics des provinces sont exclues de
l'entente.
M. Brassard: Quand on lit le rapport de Grandpré, I fait
un lien évident entre les deux. Même si l'accord de
libre-échange n'est pas contraignant à ce titre pour les
provinces, il reste que M. de Grandpré en fait un lien direct dans son
rapport, puisqu'il recommande l'abolition des barrières
interprovinciales. C'est donc qu'il fait une étroite association entre
le traité de libre-échange Canada-États-Unis et la
supression des barrières interprovinciales sur les marchés
publics des provinces. Lui en fait un.
M. Vallerand: C'est dans la logique d'une tentative d'ouverture
de pratiques commerciales. Je pense que dans la mesure où on convient
d'une entente d'échanges plus libres, il faut faire bien attention aux
accents. Quand on parle de libre-échange, on s'imagine qu'on vient
d'ouvrir les barrières des deux frontières tous azimuts, autant
pour les biens, les services, le capital que les personnes, ce qui n'est pas le
cas de l'entente de libre-échange. C'est une entente qui touche
uniquement le mouvement des biens et des services. C'est bien loin du
modèle de l'Europe 1992, qui, elle est une intégration totale, et
qui vise même à une monnaie commune. Donc, cette entente, c'est
d'abord et avant tout une entente pour la libre circulation dans le temps des
biens et des services, à l'intérieur d'un horizon de dix ans. Il
y a un seul secteur qui est assujetti progressivement à l'abolition
totale des tarifs douaniers, c'est le secteur du meuble et c'est sur cinq ans.
Tous les autres, c'est dix ans. Donc, c'est extrêmement progressif, et ce
n'est pas une ouverture instantanée tous azimuts à partir du
moment où l'entente a été signée. Donc, en
référence avec ça, à partir du moment où on
convient des avantages d'échanger plus librement, à certains
titres, on convient par logique, par déduction, que ce serait la
même chose à l'Intérieur du territoire.
Toutes choses étant égales, par ailleurs, la
négociation actuelle porte sur les biens achetés par les
ministères uniquement, 25 000 $ et plus. Vous avez raison, il faut se
l'avouer, à partir du moment où on convient d'une entente comme
celle-là, en pensant que les intérêts du Québec
seront sauvegardés et que même les intérêts du
Québec seront plus grands au titre d'une entente comme celle-là,
on enclenche un processus de négociation qui va toucher d'autres
secteurs, notamment celui des services. Si bien que notre préoccuption,
c'est non seulement de faire une démonstration éloquente du
bien-fondé d'une entente pour les biens, mais de se préparer
à faire une démonstration aussi éloquente dans une
négociation des services.
À ce titre, je partage votre préoccupation, et tout ce que
je peux vous dire, c'est que nous négocierons dans
l'intérêt du Québec, de telle sorte que le résultat
de l'entente puisse être une démonstration, justement, que
l'ouverture d'une pratique commerciale à un plus grand territoire est
bénéfique pour l'ensemble des acteurs considérés;
autrement, la négociation sera mort-née. Personne, d'ailleurs,
autour de cette table, ne désire conclure une entente dans laquelle il
serait perdant au change. C'est évident que si on a devant soi à
partager un montant plus considérable de possibilités
économiques, chacune des entreprises se voit donc, théoriquement,
dans une situation d'où elle pourra tirer un profit plus grand. Mais il
y a quand même, au-delà de ce principe et de cette observation,
à sa face même, certaines modalités de pratiques
d'opération qui reviennent au point que vous avez soulevé,
au-delà de l'entente, même si elle contient des clauses qui sont
avantageuses, et le respect de l'entente également, quant à sa
pratique.
Politique préférentielle d'achat
M. Brassard: Quand on regarde l'application de la politique
préférentielle d'achat du Québec, est-ce que vous avez pu
évaluer l'importance de la participation des entreprises autres que
québécoises aux divers appels d'offres lancés par... En
d'autres termes, est-ce qu'on peut mesurer, actuellement, avec assez
d'exactitude le niveau de participation des entreprises non
québécoises aux divers appels d'offres du ministère des
Approvisionnements et Services et du gouvernement en général?
Dans le même domaine, est-ce qu'on peut également évaluer
le nombre et l'importance des contrats accordés à des entreprises
non québécoises?
M. Vallerand: Votre question vise à savoir quelles sont
les entreprises qui sont exclues de la politique d'achat par ia pratique d'une
politique préférentielle d'achat.
M. Brassard: Non. D'abord, ma question vise à savoir s'il
y a beaucoup d'entreprises non québécoises...
M. Vallerand: Qui obtiennent...
M. Brassard:... qui participent aux appels d'offres du
gouvernement du Québec. Est-ce qu'il y en a beaucoup?
M. Vallerand: La statistique que nous avons, c'est que 75 % de la
dépense gouvernementale se fait avec des produits
québécois, ce qui en laisse à peu près 25 %, soit
parce qu'ils ne s'insèrent pas dans la politique
préférentielle de 10 %, soit parce que les produits sont
canadiens ou sont extérieurs au territoire canadien. Donc, ce serait
peut-être une mesure qui permettrait de circonscrire l'efficacité
de notre politique d'achat; 75 %, les trois quarts de cette politique d'achat
sont tournés vers les produits québécois.
Une voix: 75 % des 311 000 000 $.
M. Vallerand: 75 %, me dit-on, de 311 000 000 $, qui est la
statistique...
M. Brassard: Qui sont accaparés, si l'on veut, par des
entreprises québécoises qui vendent des produits ou des services
québécois.
M. Vallerand: À une valeur ajoutée
québécoise quelconque, soit entièrement
québécoise ou avec certaines composantes
québécoises.
M. Brassard: C'est environ 25 % des produits et services qui
sont...
M. Vallerand: Non, on parle uniquement des produits.
M. Brassard: On parle juste des produits.
M. Vallerand: Quand on parle de 311 000 000 $, ce sont uniquement
les produits, ce sont les biens.
M. Brassard: Pour les services, à combien cela
s'élève-t-il?
M. Vallerand: Je ne sais pas si on a les statistiques, mais je
serais porté à croire que le pourcentage est encore plus
élevé. Si c'est une référence aux services
professionnels québécois, d'abord et avant tout, concernant la
qualification, à mon avis, ce serait encore plus élevé que
75 %.
Des voix: C'est 100 %.
M. Vallerand: 100 %.
M, Brassard: Avez-vous pu évaluer égale- ment le
nombre d'entreprises non québécoises qui ont été
exclues d'un contrat?
M. Vallerand: Si vous me le permettez, je vais le demander
à M. Careau, qu'on appelle communément "Monsieur directeur des
achats au Québec", affectueusement d'ailleurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Careau (Jean-Claude): En fait, le contenu
québécois, cela ne veut pas dire nécessairement que
l'entreprise est du Québec ou hors Québec. C'est du contenu
québécois du point de vue du... Il n'y a aucune connotation entre
les 75 % et le nombre d'entreprises québécoises...
Une voix: Ce peut être 100 %...
M. Vallerand: Donc, ce serait difficile à comptabiliser,
d'ailleurs, par rapport à cette définition-là.
M. Brassard: D'accord. Il n'y a pas de lien entre les 75 %...
Cela ne veut pas dire que c'est 75 % d'entreprises québécoises,
si j'ai bien compris. L'instrument de mesure, c'est le contenu
québécois...
M. Vallerand: C'est ça.
M. Brassard:... du produit en question.
M. Vallerand: C'est une indication, mais ce n'est pas une
correspondance directe entre le nombre d'entreprises québécoises
et le contenu québécois comme tel, mais c'est quand même
indicatif.
M. Brassard: II serait intéressant de savoir quel est le
nombre d'entreprises non québécoises qui, à cause de
l'application de la politique d'achat, des 10 % en particulier, ont
été écartées d'un appel d'offres.
M. Vallerand: Techniquement, M. Careau, la difficulté
tient à la façon de comptabiliser, à partir de la
définition du siège social, de la place d'affaire?
M. Careau: C'est assez difficile parce que, souvent, il y a un
distributeur québécois...
Le Président (M. Lemieux): M. Careau, s'il vous
plaît, si vous voulez intervenir, voulez-vous vous avancer, vous
identifier et donner votre titre?
M. Careau: Je m'appelle Jean-Claude Careau, directeur
général des approvisionnements.
Le Président (M. Lemieux): Cela va.
M. Careau: Sur la question du contenu
québécois, il peut arriver, à titre d'exemple,
qu'un distributeur québécois offre un produit totalement
fabriqué à l'extérieur, mais, au moment où ce
produit est requis, il est clair que le contenu québécois est de
zéro, mais le contrat va à une entreprise
québécoise; tout comme il serait difficile de comptabiliser des
entreprises non québécoises qui auraient été
écartées d'un contrat. Souvent, cela pourrait être une
entreprise québécoise par rapport à une autre et, à
ce moment-là, le contenu des produits offerts par chacun est
différent.
M. Brassard: Ce que vous mesurez et ce que vous êtes
capables de mesurer, c'est le contenu québécois.
M. Careau: C'est ça, du produit offert. Par exemple, s'iI
s'agit de bois qui a été produit au Québec, alors il est
clair que c'est 100 % pour une entreprise. Mais si elle se procure son bois en
Colombie britannique, il est clair que son contenu est pas mal plus bas.
M. Vallerand: Mais il faut dire que notre politique
préférentielle d'achat est graduée en fonction du
pourcentage de contenu québécois.
M. Careau: C'est ça.
M. Vallerand: Graduée de 1 à 10 en fonction du
contenu.
M. Brassard: Dans sa soumission, l'entreprise est tenue
d'indiquer le niveau du contenu québécois.
M. Careau: La provenance du matériau, de la main-d'oeuvre,
etc., autant québécois que canadien ou étranger. Or, c'est
à partir de ces données que l'on peut vérifier, si le
besoin se présente, la véracité des déclarations
qu'elle nous fait. Assez souvent, ce n'est même pas nécessaire de
vérifier; à sa face même, c'est clair.
M. Brassard: C'est à partir de cette
donnée-là que vous faites un choix. S'il y a deux entreprises
offrant le même produit à des prix à peu près
semblables, l'entreprise qui sera favorisée sera celle dont le contenu
québécois est plus élevé.
M. Careau: Elle peut être favorisée, selon la
différence du coût soumis. Il faut bien retenir qu'il y a une
pondération qui est établie en fonction du contenu. Par exemple,
si le contenu se situe entre 80 % et 100 %, elle a droit à une
évaluation qui tient compte d'une réduction de 10 % du coût
qu'elle a soumis. Tandis que si son contenu est inférieur à 30 %,
alors c'est zéro comme contenu.
M. Vallerand: Comme préférence.
M. Careau: Comme diminution de son coût, comme
écart. À ce moment là, on fait l'opération pour
chacun, et on voit le prix net comparatif, et c'est le plus bas qui
l'obtient.
M. Brassard: Cela fait combien d'années qu'on applique
cette politique?
M. Careau: Depuis, je dirais, 1977-1978. Les échelles ont
été déterminées peut-être dans les
années quatre-vingt, mais le principe existe depuis l'élaboration
de la politique en 1977.
M. Brassard: Est-ce que vous êtes en mesure, depuis ce
temps-là, de calculer les retombées, si l'on veut, de la
politique d'achat. On parle maintenant, disons, de 75 % des produits à
contenu québécois. Est-ce qu'il y a eu une évolution
positive? Depuis dix ans maintenant, même plus, est-ce que la politique
d'achat a donné des fruits dans le sens où les retombées
se sont faites de façon de plus en plus importantes pour les entreprises
québécoises et pour les produits québécois. Est-ce
que vous avez pu faire une évaluation, un bilan, en quelque sorte, des
dix ans de politique d'achat préférentielle en termes de
retombées pour le Québec?
M. Careau: Je dirais qu'il n'y a pas eu de bilan formel
d'établi. Cependant, on pourrait répondre que, sur deux niveaux,
il y a eu des constatations qui ont pu être faites. Par exemple, ie
contenu québécois a eu tendance à augmenter d'une certaine
façon, dans une certaine mesure, jusqu'à un moment où il
n'est pas tellement possible de l'augmenter. Par exemple, on achète
toujours des produits pétroliers dont le contenu québécois
n'est pas élevé. On achète des automobiles pour lesquelles
on ne tient pas compte du contenu québécois, etc. Donc, il y a
une certaine limite qui nous oblige à ne pas augmenter la proportion du
contenu québécois. (16 h 30)
Par ailleurs, on a fait un effort pour que l'ensemble des entreprises au
Québec, autant gouvernementales que paragouvernementales, soit
sensibilisé à ces questions. Aujourd'hui, on apporte certainement
plus d'attention au contenu québécois, on tend a acheter des
produits de fabrication québécoise, alors que cela n'aurait
peut-être pas existé si cette politique-là n'avait pas
été instaurée. Il est certain qu'une entreprise qui veut
fournir des produits au gouvernement ou à un organisme
paragouvernemental a intérêt à démontrer sa
compétence ou sa possibilité de fabriquer son produit au
Québec, alors qu'autrement ces produits auraient peut-être
été achetés à l'extérieur. Je dirais que
cette réflexion existait même avant la mise sur pied ou avant la
déclaration de politique d'achat québécois.
Instinctivement, un acheteur, surtout au palier gouvernemental ou
paragouvernemental, est, d'une certaine façon, porté à
favoriser les entreprises
autochtones.
M. Brassard: C'est une espèce de conditionnement qui s'est
fait.
M. Careau: Ce conditionnement a été
évidemment favorisé par la politique d'achat.
M. Vallerand: Et cette politique préférentielle
d'achat, de plus en plus - d'ailleurs, c'est une discussion intéressante
eu égard au mandat du ministère des Approvisionnements et
Services - est juxtaposée, sur le plan de son mérite, à la
notion d'apport économique, également, ce qu'on appelle la
recherche et l'établissement de filiales à mandat exclusif du
point de vue mondial - on nomme souvent le cas de Pratt & Whitney, Rolls
Royce - où l'on peut se servir du pouvoir d'achat
québécois pour attirer chez nous une entreprise multinationale
qui décide de produire et de "marketer", à l'international, un
produit qui est fabriqué uniquement au Québec. C'est la notion de
l'apport économique par rapport à la politique d'achat
préférentielle qui peut aussi être évaluée au
chapitre des retombées économiques globales. Je pense à
l'exemple de Pratt & Whitney et de ses moteurs qui sont fabriqués
ici et "marketés". Mais il ne faut pas trop se confiner; je pense qu'il
y a des limites dans la démonstration de l'utilisation d'une politique
préférentielle d'achat. Je pense que de plus en plus, avec la
concurrence internationale, il faut plus viser des secteurs en
évolution, des secteurs de pointe. Il faut tenter, comme je le disais
par rapport au principe, de réinvestir ce qui est taxé dans notre
production ici, mais il ne faut pas non plus se replier sur une politique
d'achat préférentielle qui se traduirait, en fin de compte, comme
étant des empêchements à nos entreprises d'accéder
à d'autres marchés également, ce qui est le danger.
M. Brassard: Oui, on y reviendra.
M. Vallerand: Parce qu'il y a une discrimination qui peut se
pratiquer entre des régions économiques, à partir du
moment où nos barrières sont trop élevées, dans ce
qu'on refuse, si on refoule les possibilités économiques chez
nous.
M. Brassard: Si je comprends bien, vous êtes en mesure de
dire: Oui, ç'a eu des retombées positives, on le voit, il y a un
souci, il y a une plus grande préoccupation des entreprises de veiller
au contenu québécois de leurs produits, des produits qu'elles
vendent ou qu'elles fabriquent. Mais vous ne pouvez pas chiffrer tout cela,
dans le sens que si, aujourd'hui, c'est à peu près 75 % - 75 %-25
% - vous ne pouvez pas dire qu'à l'origine, au départ,
c'était 62 % ou 63 % et que cela a évolué vers 75 %. Vous
ne pouvez pas faire une courbe mathématique avec des chiffres
précis pour bien voir l'évolution de la politique d'achat. Ce
n'est possible, vous n'avez pas ces données.
M. Vallerand: Ce qui vous intéresserait, c'est de
connaître l'évolution historique des pourcentages, à partir
du moment où on a instauré la politique d'achat.
M. Brassard: C'est cela, pour voir un peu si c'a
été une politique efficace, si elle a donné des
résultats, si elle a porté fruit. Je pense que oui, mais on est
au niveau des opinions.
M. Vallerand: C'est cela.
M. Brassard: Ce serait intéressant si notre opinion ou
notre Intuition ou notre vision des choses s'appuyait sur des données
chiffrées et sur un bilan chiffré sur dix ans, avec des courbes
et des pourcentages où on dirait: Oui, c'est vrai, ce qu'on sent, ce
qu'on voit, ce qu'on a constaté nous-mêmes, ça se
vérifie par des données statistiques. C'est ce que je trouverais
intéressant.
M. Vallerand: M. Careau, est-ce qu'on a comptabilisé
cela?
M. Careau: Le contenu québécois a toujours
été comptabilisé. Malheureusement, je n'ai pas devant moi
les chiffres. J'ai l'impression que les pourcentages, au cours des
années 1974-1975, comparativement à aujourd'hui, n'ont pas
tellement évolué. Mais ce dont je peux également
témoigner, c'est du fait que ce pourcentage aurait peut-être
été porté à diminuer, compte tenu de l'ouverture
des marchés internationaux. J'en ai pour exemple - le sous-ministre me
le rappelait tout à l'heure - des produits pour lesquels, à
l'époque, lorsqu'ils étaient requis, la source facile
d'approvisionnement aurait été les pays Scandinaves: la
Suède, la Norvège. Compte tenu de l'importance du programme du
gouvernement du Québec, par exemple, dans la plantation, le...
Des voix: Le reboisement.
M. Careau:... reboisement, le volume d'achats étant
tellement important, il y a des entreprises du Québec qui ont
été sensibilisées par les acheteurs à
l'époque et qui ont développé une expertise, une
façon de fabriquer, ce qui fart qu'aujourd'hui, à moindres
coûts, même à l'époque, on a réussi à
s'approvisionner au Québec, alors que la source naturelle semblait
provenir d'Europe. On pourrait dire la même chose de la part de certaines
multinationales dans le domaine de la technologie de l'information qui ont
investi au Québec et qui n'auraient peut-être pas
été portées à le faire autant si la politique
n'avait pas existé. Mais vous comprenez, ce sont des hypothèses
qu'on peut peut-être envisager, mais sur lesquelles il est difficile de
chiffrer des
résultats probants.
M. Vallerand: Ce qu'il ne faudrait pas oublier non plus dans une
discussion comme celle-là, qui est fort intéressante, c'est le
raisonnement à l'inverse. Plusieurs de nos entreprises
québécoises, nos succès ou nos fleurons de l'industrie
québécoise, ont pris de l'expansion parce qu'elles ont pu
accéder à des marchés plurinationaux, des marchés
plus grands. Cascades est un bel exemple ainsi que le groupe GTC
transcontinental. On peut en nommer plusieurs qui ont pris racine au
Québec à partir d'un marché local et national et qui ont
pu atteindre un autre rythme de croissance à partir du fait qu'elles
étalent capables d'accéder à d'autres marchés. il
faut faire attention pour ne pas limiter le potentiel de ces entreprises en
érigeant chez nous des barrières qui amènent une
discrimination en termes de réciprocité ailleurs,
également.
M. Brassard: Je suis d'accord avec votre souci, M. le ministre.
Je comprends votre point de vue, sauf que, s'il y a des entreprises
québécoises qui ont réussi à percer sur des
marchés étrangers, ceux-ci ne sont pas nécessairement des
marchés publics. Il y a des marchés publics qui sont pas mal plus
fermés que ne l'est le marché québécois
actuellement, même avec la politique d'achat préférentielle
qui est une politique très raisonnable, qui ne constitue pas un mur
infranchissable. Je pense aux marchés publics ontariens. On se comprend
bien. Je ne suis pas certain qu'il y ait beaucoup d'entreprises
québécoises qui ont réussi à percer et à
occuper une place de choix sur les marchés publics ontariens, parce
qu'ils sont pas mal plus fermés que ne l'est le Québec. Si des
entreprises québécoises ont réussi à occuper des
positions intéressantes sur des marchés étrangers ou hors
Québec, j'en conviens, ce sont très rarement des marchés
publics. C'est pour ça que je disais tout à l'heure qu'il faut
être très prudent et que si le Québec décide de
réduire ses barrières qui ne sont pas énormes, qui ne sont
pas considérables, s'il décide de les réduire, il faut que
ça tombe ailleurs aussi. Il faut que les trompettes de Jéricho
fassent s'écrouler les murs un peu partout, pas juste au Québec,
parce que les marchés publics, autres que québécois, sont
pas mal plus difficiles d'accès que ne l'est le marché public
québécois.
M. Vallerand: Ce sont ces coefficients, en tout cas, ces
degrés de difficulté de pénétration il faut
évaluer avant d'arriver à une entente quelconque. Je suis tout
à fait de votre avis. D'autant plus aussi que le pouvoir d'achat
québécois a quand même ses limites. On l'évalue, en
ce qui a trait aux ministères et organismes, à environ 1 500 000
000 $. C'est important, c'est significatif, mais c'est aussi limitatif, si on
peut dire.
Règlement sur les contrats de services
M. Brassard: Bien. On pourrait peut-être aborder un autre
sujet, le nouveau règlement sur les contrats de services qui est
entré en vigueur cet automne et qui permet maintenant à tout
ministère ou organisme d'octroyer aux professionnels de son choix un
contrat dont la valeur n'excède pas 10 000 $, ce qui est le double de
l'ancien règlement. Avant, c'était 5000 $. À combien
peuvent équivaloir ces contrats de 10 000 $ et moins? Une fois
additionnés, à combien se chiffrent-ils?
M. Vallerand: Si vous le permettez, je vais vous présenter
M. Lafrance, directeur des contrats, qui pourrait peut-être apporter des
précisions sur la question que vous avez posée. M. Lafrance. Il
va aller chercher ses notes, si vous voulez l'excuser quelques instants.
Le Président (M. Gobé): M. Lafrance, vous avez
maintenant la parole.
M. Lafrance (Jacques): Cela représente environ 400
contrats.
M. Brassard: Combien?
M. Lafrance: Cela représente 400 contrats pour environ 4
000 000 $.
M. Brassard: C'est autour de 4 000 000 $ pour l'ensemble du
gouvernement?
M. Lafrance: Pour l'ensemble du gouvernement.
M. Brassard: Au-delà de 10 000 $, il y a un appel d'offres
public ou sur invitation qui est lancé. On introduit un critère
qui fait, d'une certaine façon, appel à la subjectivité.
C'est l'article 33 de votre règlement qui dit que, dans le cadre d'un
appel de propositions avec prix, le contrat est adjugé au fournisseur
dont la proposition est la plus avantageuse, compte tenu du rapport
qualité-prix. C'est un peu l'introduction de la notion du critère
de qualité dans les appels d'offres, telle qu'annoncée en
septembre 1988 par M. MacDonald, votre prédécessseur. On me dit
que c'est dans la loi. Comment êtes-vous en mesure d'évaluer
ça de façon objective?
M. Vallerand: C'est effectivement une Invitation à
l'amélioration de la qualité, mais je demanderais à M.
Lafrance de préciser peut-être les modalités quant aux
points qui sont donnés pour l'appréciation de la
qualité.
Le Président (M. Gobé): M. Lafrance.
M. Lafrance: Premièrement, on doit dire que ça
s'applique à certaines professions, certaines autres étant
exclues. Alors, l'architecture, le
génie, l'arpentage et l'urbanisme sont exclus de cette
modalité. Ce sont toutes les professions reliées beaucoup plus
à l'administration et à l'informatique. Si on prend un exemple
d'un contrat en informatique, un comité de sélection
évalue les propositions qui sont présentées par les
fournisseurs avec un prix qui est sous enveloppe séparée et
cachetée. Le comité évalue les huit ou dix propositions et
les classe en rang acceptable et non acceptable, c'est-à-dire celles qui
présentent un projet qui ont 60 % des points sont acceptables et celles
qui ont moins de 60 % sont refusées. Pour les propositions qui sont
acceptables, le comité ouvre les enveloppes. Donc, il obtient les prix
de chacune des compagnies qui ont soumissionné et par un rapport qui va
de 25 % pour la proposition et 75 % pour le prix, c'est un calcul
mathématique, avec un maximum de 10 % de différence qui est le
même qu'on retrouve dans la politique d'achat, on établit la firme
qui a le plus haut pointage et celle qui a le plus haut pointage se voit
attribuer le contrat. Donc, le prix concerne 75 % des points, la qualité
concerne 25 % des points et c'est l'addition de la qualité et du prix
qui détermine l'adjudicataire. (16 h 45)
M. Brassard: Mais la qualité, vous êtes aussi en
mesure de la mesurer objectivement. Vous avez un certain nombre de
critères.
M. Lafrance: Ce sont les critères du comité de
sélection que le ministère avait dévoilés à
toutes les firmes lors de l'appel d'offres.
M. Brassard: Au moment de l'appel d'offres. M. Lafrance:
C'est exact.
M. Brassard: C'est une bonne réponse. Le
député de Mille-Îles me dit que ce n'était
même pas dans le projet de loi original, cette disposition qu'on retrouve
dans le règlement, mais II affirme également qu'on la retrouve
à l'article 8 de la loi. C'est ça? Mais, à l'origine,
cette disposition n'était pas dans le projet de loi.
M. Bélisle: Si M. le Président me donne la
parole...
M. Brassard: C'est vous, M. le député, qui avez
insisté pour que ce soit dans le projet?
M. Bélisle: C'est exact, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Bélisle: Je suis très heureux d'apprendre
aujourd'hui que le travail qui a été fait lors du projet de loi
et qui a consisté à souligner et à resouligner à
l'Assemblée nationale, lors des débats et en commission
parlementaire, que le projet de loi devait être amendé de
façon majeure par l'introduction de la règle qui fait maintenant
partie du projet de loi et qui est une règle essentielle de
fonctionnement de l'administration moderne au Québec, ça
fonctionne, c'est simple et ça donne une administration de meilleure
qualité. Dollar pour dollar, on a de meilleurs biens, de meilleurs
services que ce qu'on avait avant. Je félicite les gens qui appliquent
cet article de la loi spécifiquement. M. le Président, vous avez
peut-être la preuve que, quelquefois, notre travail sert à quelque
chose.
Le Président (M. Lemieux): Sert à quelque chose.
Merci, M. le député de Mille-Îles.
M. Vallerand: M. le député de
Mille-Îles...
Le Président (M. Lemieux): C'était un commentaire.
Je n'ai pas entendu dire qu'il y avait consentement pour que le
député de Mille-Îles ait la parole.
M. Brassard: Ah oui! Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Mais comme je dois
répartir le temps avec équité...
M. Vallerand: Si vous me le permettez, je veux accepter les
félicitations du député de Mille-Îles au nom des
gens du ministère...
Le Président (M. Lemieux): De toute la commission, M. le
ministre.
M. Vallerand:... en disant que, quand une véritable
démocratie s'exerce, on arrive toujours à contenter la
majorité, M. le député.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député.
M. Brassard:... il n'est absolument pas interdit à aucun
membre de cette commission de se congratuler lui-même.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Cela va pour ce point-là. L'autre point que
je voudrais traiter, ce sont les contrats de moins de 25 000 $ qui sont
octroyés à des professionnels et qui sont octroyés sans
appel d'offres, évidemment. Le problème qui se pose, on l'a vu
avec un cas en examinant la liste. des contrats de 25 000 $ et moins. On a vu,
par exemple, le nom de M. Joncas, Paul-A. Joncas inc., qui a obtenu 71 contrats
de services de tri et d'insertion de documents, pour un montant total de 46
317, 27 $. C'est un travail profession-
nel un peu spécial, j'en conviens, mais il n'en demeure pas moins
qu'il est possible pour un professionnel d'obtenir des contrats d'une valeur
supérieure à 25 000 $ et, donc, d'éviter l'appel d'offres,
d'éviter la soumission publique, tout simplement à la suite d'un
fractionnement de contrat. C'est l'exemple qu'on a vu, mais il y en a
peut-être d'autres également. Pourquoi, d'abord, en arrive-t-on
à fractionner des contrats de ce genre? Pourquoi, quand il y a plusieurs
contrats de même type, ne pas les regrouper et, à ce
moment-là, si le montant dépasse 25 000 $, faire un appel
d'offres en bonne et due forme? Je ne sais pas si vous comprenez.
M. Vallerand: Les contrats de 25 000 $ et moins, M. le
Président, ce n'est pas une politique de notre ministère. Les
contrats de 25 000 $ et moins, c'est la prérogative du Conseil du
trésor. Ce à quoi vous faites référence, c'est aux
engagements financiers. C'est une demande que vous aviez faite, qu'on vous a
accordée; on a souscrit à votre demande...
M. Brassard: Oui.
M. Vallerand:... mais ça touche les engagements
financiers. Pour nous, c'est 50 000 $ et moins, pour ce qui est de la
politique. De toute façon, nous devons nous rencontrer aux engagements
financiers.
M. Brassard: Oui. Sauf que là, c'étaient des
contrats de moins de 10 000 $; alors, ils n'apparaissent même pas. Ils ne
viennent pas aux engagements financiers. C'est l'addition, finalement, d'une
série de contrats de moins de 10 000 $.
M. Vallerand: C'est ça. Ce sont les explications qu'on me
donne. C'est l'addition de plusieurs contrats qui servent principalement les
questions de courrier et de messageries qu'on a donnés en nombre.
M. Brassard: La question que je me pose, c'est que quand on
additionne tout ça il y a une espèce de trou dans...
M. Vallerand: Oui. Cela fait 25 000 $.
M. Brassard:... le règlement qui fait qu'en fractionnant
en petits contrats de moins de 10 000 $, vous évitez l'appel d'offres.
Je me demandais s'il n'y avait pas moyen de resserrer, de boucher ce trou et de
regrouper les contrats de même type que vous avez, qui font appel au
même type de professionnels. Pourquoi ne pas les regrouper, à ce
moment, et si ça dépasse 10 000 $, faire un appel d'offres en
bonne et due forme?
M. Vallerand: Si vous me le permettez, je vais demander à
M. Dumas, du service de courrier et de messageries, de vous apporter la
réponse, parce que je pense que c'est plus une intention
d'efficacité que de fractionner des contrats pour éviter l'appel
d'offres.
Le Président (M. Lemieux): Vos nom, titre et fonction, M.
Dumas, s'il vous plaît.
M. Dumas (Richard): Richard Dumas, directeur des services
gouvernementaux.
Le Président (M. Lemieux): Merci.
M. Dumas: II s'agit, comme c'est écrit là, de 71
contrats ou demandes qui ont été adressées à
Paul-A. Joncas pour faire du pliage de documents et de l'insertion dans des
enveloppes. Cela inclut aussi l'imprimé du numéro de permis de
Postes Canada pour les envois massifs. Parfois, une partie de ces travaux est
donnée par le ministère qui est client d'Approvisionnements et
Services, et nous, nous faisons imprimer le permis sur le document; d'autres
fois, nous commandons nous-mêmes les travaux à Paul-A. Joncas, le
premier travail à faire sur les documents. Il existe trois compagnies,
à Québec, qui peuvent faire un tel travail. Il y a les industries
TAG, on fait rarement affaire avec eux, à cause de leurs prix qui sont
beaucoup plus élevés que ceux de Joncas. L'autre ne fait pas tous
les travaux - je ne me souviens pas du nom de l'entreprise - nécessaires
pour l'insertion, comme nous en avons besoin.
M. Vallerand: Ce qui fait que Joncas est plus
privilégié, compte tenu de son prix et de la qualité de
ses services.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. J'ai
quelques questions à poser à M. le ministre,
particulièrement en ce qui concerne la Régie des installations
olympiques. Je vois qu'il a, à côté de lui, le nouveau
président de la Régie, M.
Bard.
M. Brassard: Ah! S'il vous plaît, c'est sur la RIO?
M. Gobé: Oui.
M. Brassard: C'est ma collègue de Johnson qui abordera ce
sujet. On avait prévu que la dernière demi-heure serait
consacrée à la RIO.
M. Vallerand: C'est ce qu'on avait proposé comme partage
de temps.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je me souviens de
l'entente, sauf que je ne suis pas lié par mes responsabilités
à l'entente de la députée
de Johnson, à savoir qu'elle doit poser des questions sur la RIO,
si le député de Lafontaine a la parole. Je suis lié par
l'entente qui est intervenue entre ie député de Lac-Saint-Jean
relativement à l'enveloppe de temps et au fait qu'on ne siège pas
ce soir. Je ne peux pas m'immiscer dans le droit de parole du
député de Lafontaine de poser des questions, puisqu'on s'est
entendu pour aborder d'une manière générale les trois
programmes, à moins que le député de Lafontaine ne
consente à ce que Mme la députée de Johnson reprenne la
parole sur le troisième volet, le troisième programme.
M. Gobé: Écoutez, je pense qu'il y a une entente un
peu tacite qui a été prise entre tout le monde et je vois que la
commission fonctionne très bien aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Lac-Saint-Jean a été très "fair-play", d'ailleurs.
M. Gobé: On voit que le député de
Lac-Saint-Jean, ce n'est pas le député de Lévis et cela va
très bien. Mme la députée de Johnson, vous voulez me
donner, lorsqu'on aura fini, un peu de temps pour poser quelques questions au
ministre? Je consentirais avec grand plaisir à lui laisser le
temps...
Le Président (M. Lemieux): Avec consentement, Mme la
députée de Johnson, la parole est à vous.
M. Brassard: D'accord. On va finir. Le Président (M.
Lemieux): D'accord.
M. Brassard: On prendra la dernière demi-heure. Il est
évident qu'on va vous laisser le temps.
M. Gobé: D'accord.
M. Valierand: Pour la RIO.
Le Président (M. Lemieux): C'est cela?
M. Brassard: II n'est pas question d'empêcher quiconque de
parler ou de s'exprimer. On finira avec le ministère des
Approvisionnements et Services et on passera à la RIO après. Il
me semble que c'est plus logique.
M. Vallerand: J'aimerais vous faire remarquer que quelquefois
comme cela, M. le Président, on tente de me partager, mais cela me fait
plaisir.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Il y a consentement
jusqu'à 17 h 30 sur l'ensemble des ministères, cela va,
consentement?
Une voix: D'accord.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau:... je veux bien être conciliante. On s'est
entendu, mon collègue et moi, pour que j'aie une demi-heure. S'il prend
20 minutes... J'ai quand même quelques questions à poser sur la
RIO. Je suis très conciliante de nature, mais là...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson, tout à l'heure, au tout début de cette commission
parlementaire, j'ai fait état, après l'entente du
député de Lac-Saint-Jean, que j'entends distribuer le temps de
parole avec équité, en permettant à chaque membre
d'exprimer son point de vue. Vous comprendrez que je me sens lié par
l'enveloppe de temps, mais je dois respecter le droit de parole des
parlementaires et je dois répartir le temps équitablement. Alors,
jusqu'à maintenant, en ce qui concerne l'enveloppe, il y a plus d'une
heure qui a été prise et il n'y a pas eu de question du
côté ministériel.
M. Brassard: II y a eu une intervention remarquée du
député de Mille-Îles.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Vallerand: De qualité.
Le Président (M. Lemieux): Ou bien je cède la
parole immédiatement au député de Lafontaine?
M. Gobé: Je peux vous assurer et assurer ma
collègue que je ne prendrai pas 20 minutes. Je prendrai le minimum de
temps requis pour avoir quelques réponses nécessaires à
ma...
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la
députée de Johson, avec consentement.
M. Brassard: C'est cela. Il me reste un sujet à
aborder.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Société immobilière du
Québec
M. Brassard: C'est sur la SIQ, la Société
immobilière du Québec. La Société
immobilière a déménagé une partie de son effectif
en février dernier dans un édifice du Vieux-Port, plus
précisément au 70 de la rue Dalhousie. Ce
déménagement s'est fait sans appel d'offres, comme l'exigeait le
propre règlement de la SIQ. Normalement, la Société aurait
dû procéder par appel d'offres public plutôt que de
procéder comme elle l'a fait, c'est-à-dire de
déménager
une partie de son effectif dans un édifice du Vieux-Port qui
appartient à Reçois Construction, si mes informations sont
bonnes. J'aimerais d'abord savoir pourquoi ce déménagement s'est
fait sans qu'on ait recours à la procédure habituelle et
régulière, comme stipulé dans la loi et les
règlements.
M. Vallerand: Oui, M. le Président, vous comprendrez que
le ministre titulaire n'a pas une comptabilité de tous les gestes et
faits de la Société. Donc, je demanderais au
vice-président à l'immobilier, M. Michel Salvas, d'apporter la
réponse. (17 heures)
M. Salvas (Michel): Une demande nous est parvenue du
ministère des Approvisionnements et Services concernant un besoin de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui nécessitait
un regroupement d'effectif du ministère qui était réparti
dans plusieurs immeubles dans la région de Québec.
L'édifice où est localisée La Laurentienne sert à
loger la SIQ, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et le ministère du Travail. Le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
avec ses différents programmes, nous pressait déjà depuis
plusieurs mois de libérer des espaces de façon qu'il puisse
ramener certains programmes près du siège social. La demande nous
est venue de façon très pressante au mois d'octobre, nous disant:
C'est urgent, dans le cadre de la réforme de l'aide sociale, on a besoin
de ramener des gens près du siège social. Donc, on a
identifié quels services de la société pouvaient
être libérés; on en a identifié pour une superficie
équivalente à environ 1000 mètres carrés. On a
regardé dans le secteur de la basse-ville de Québec quels
pouvaient être les édifices qui pouvaient satisfaire les besoins
de la SIQ. Pourquoi la basse-ville? Parce que c'est le secteur qui est
privilégié pour la localisation des services gouvernementaux.
Plusieurs édifices ont été considérés et,
finalement, on a pris celui qui nous offrait le meilleur ratio
qualité-prix et c'était une location pour une période de
deux ans et demi, c'est-à-dire 30 mois.
M. Brassard: Le prix est de 185 $ le mètre, c'est bien
cela?
M. Salvas: Oui, incluant ie loyer de base, les frais
d'exploitation et les taxes.
M. Brassard: Ce qui fait 222 000 $ annuellement
M. Salvas: Toutefois, iI y a un crédit
d'aménagement qu'il faudrait soustraire de ces travaux,
l'aménagement est inclus dans le loyer sur 30 mois.
M. Brassard: La raison que vous invoquez pour justifier le
non-recours à l'appel d'offres?
M. Salvas: C'est le délai. Le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu demandait d'avoir des
locaux pour la fin de janvier au plus tard. Devant cette situation, nous
n'avons d'autre choix que de procéder par une location directement par
négociation et obtenir les meilleurs prix disponibles et le meilleur
local disponible sur le marché.
M. Brassard: Est-ce que c'était la première fois
que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu vous exprimait des besoins d'espace? Il semblerait que cela faisait au
moins trois ans que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu réclamait formellement des locaux
à la société.
M. Salvas: Je ne saurais dire si...
M. Brassard: Par conséquent, le délai
m'apparaît être une raison peu crédible puisque les besoins
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu étaient connus depuis assez longtemps.
M. Salvas: Ce qui était connu, c'était le besoin du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
d'être regroupé sous un seul toit, comme il peut être connu
que tous les ministères qui sont répartis ont le même
souhait. Dans l'édifice La Laurentienne, où est localisé
le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, je disais qu'il y a aussi le ministère du Travail qui est
là de même que la SIQ. Le ministère du Travail, quant
à lui, est aménagé avec ce qu'on appelle la partition
solide, dû au fait qu'il y a des salles de conciliation, des salles de
négociations, et il y a la SIQ, qui y a son siège social, et qui
a un projet de relocalisation à l'extérieur de la colline
parlementaire. Donc, c'est la raison pour laquelle on a
préféré sectionner, si vous voulez, le fonctionnement de
la SIQ pour une période de 30 mois en espérant pouvoir la
relocaliser par appel d'offres public ou par construction au cours des 30
prochains mois.
M. Brassard: Vous êtes sans doute au courant qu'à
deux pas du 425, Saint-Amable, où vous étiez, il y avait des
locaux qui étalent disponibles à moindre coût. Au 625,
Saint-Amable, pour être plus précis, il y avait des locaux
disponibles à moindre coût que ceux de la rue Dalhousie, du
Vieux-Port.
M. Salvas: La situation à l'époque, telle qu'elle
se présentait au mois de novembre, nous étions à
préparer un projet pour une construction sur la colline parlementaire
qui a été annoncée par après, ce qui a
occasionné la démolition d'une école au 1100, de la
Chevrotière. Dans notre planification, nous avions prévu que les
services qui étaient logés au 1100, de la Chevrotière,
dont le ministère du Travail,
une partie du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et, aussi, une partie de la SHQ, pouvaient
être transportés temporairement au 625, Saint-Amable dont le
contrat a été renouvelé pour une période d'un an
jusqu'à la disponibilité du nouvel immeuble qui est en
construction au coin de la Chevrotière et Saint-Amable.
M. Brassard: À part celui-là, en avez-vous beaucoup
de cas comme cela où vous avez loué des espaces sans appel
d'offres? Y en a-t-il d'autres?
M. Salvas: Les seules situations, de mémoire, dans une
année, bon an mal an, il y en a peut-être une demi-douzaine,
généralement sur des superficies mineures et pour des
périodes à très court terme, allant de quelques mois
à un an ou deux. Aussi, généralement, le motif qui est
invoqué est soit l'urgence ou un besoin à très court
terme.
M. Brassard: M. le ministre responsable de la SIQ, est-ce que je
pourrais vous demander, dans les jours qui suivent, de déposer à
cette commission la liste des contrats sans appel d'offres de la
Société immobilière du Québec, les espaces
concernés, les adresses, les propriétaires des immeubles
loués et les motifs invoqués par la SIQ pour ne pas aller en
appel d'offres?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Vallerand: Oui, M. le Président. Non, je n'ai pas
d'objection, puisque ce sont des décisions du conseil d'administration,
donc elles sont publiques et il est prévu dans les règlements de
la SIQ, pour des caractères d'urgence, de procéder de cette
façon. Je voudrais savoir à partir de quand vous voulez... Pour
l'année dernière?
M. Brassard: Oui.
M. Vallerand: Pas de problème.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire,
voulez-vous prendre note de la question du député de
Lac-Saint-Jean? Cela va.
M. Brassard: Dans le cas de Rocois Construction, est-ce qu'on
pourrait avoir copie du contrat de location?
M. Vallerand: C'est un bail.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire.
M. Brassard: M. le Président, ce sont les sujets que je
souhaitais aborder avec le ministre. Donc, je laisse plus de temps que
prévu à ma collègue. Par conséquent, ça en
laisse aussi beaucoup pour le député de...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontaine.
M. Brassard:... de Lafontaine. M. Gobé: Merci.
M. Brassard: Je préférerais cependant, comme elle
est responsable du dossier, qu'elle puisse faire des remarques et aborder le
dossier.
Des voix: Consentement. Le Président (M. Lemieux):
Consentement.
Régie des installations olympiques
Mme Juneau: Merci, M. le Président. J'ai des questions
très précises concernant, pour commencer, le toit du Stade
olympique. Vous savez qu'il y a eu 24 000 000 $ de plus pour le toit du Stade
olympique et une autre facture est arrivée qui porte le montant à
42 000 000 $. Si je me souviens bien, et c'est d'ailleurs mentionné dans
l'article, j'avais posé la question à votre
prédécesseur. Le contrat initial était un contrat
clés en main de 117 000 000 $ et, aujourd'hui, on arrive avec des
suppléments qui ne devraient pas exister. Je voudrais savoir quelle est
votre opinion là-dessus. Je sais aussi que certaines dispositions
avaient été prises avec les personnes qui ont eu le contrat. Le
toit devait être ouvert dix jours de suite, ceci en 45 minutes, et cela
ne s'est fait que douze fois depuis le printemps 1987. Donc, c'est clair, ils
n'ont pas accompli la partie du contrat reliée à cette demande.
Est-ce que vous, comme ministre responsable, avez l'intention de payer ce
supplément qui ne devrait pas exister? Quand allons-nous avoir la
réponse sur les essais obligatoires, qui doivent être une
réussite?
M. Vallerand: M. le Président, j'aimerais souligner
l'intérêt que Mme la députée de Johnson porte
à l'administration en général de fa RIO, elle le fait
très très bien. Je voudrais profiter de cette occasion pour l'en
féliciter. Mme la députée de Johnson, je peux vous dire
que pour autant que je sois concerné, et vous l'avez dit,
Socodec-Lavalin a déposé un contrat clés en main de 117
000 000 $, indexé de 4 000 000 $ pour prévoir l'augmentation des
coûts de la main-d'oeuvre au titre de la reconduction du décret de
la construction. Ce contrat clés en main devrait permettre à
Lavalin d'installer le toit et de faire la démonstration que ce toit est
retractable, conformément aux dispositions prévues dans le
contrat clés en main, c'est-à-dire que la firme en question doit
faire la démonstration de l'ouverture et de la fermeture du toit au
moins dix fois au plus tard d'ici au 17 juillet prochain, à
défaut de quoi la même entreprise sera pénalisée de
20 000 000 $, soit 10 000 000 $ d'amende pour ne pas avoir respec-
té ses engagements et on évalue à environ 10 000
000 $ l'installation d'un système de climatisation qui devrait
être faite d'ici à juin 1990. Pour autant que cela me concerne, ce
sont toujours les mêmes termes qui prévalent et c'est ce que nous
attendons de la firme Socodec-Lavalin.
Mme Juneau: Je vous remercie. J'ai une autre question. Je lisais
dans votre rapport annuel que, cette année, il y a eu des locations et
que le stade a été occupé trois fois plus de jours que
l'année dernière. Vous dites aussi dans un certain paragraphe que
n'eussent été... Je vais vous le lire pour ne pas faire d'erreur:
Le déficit total de 5 000 000 $ comprend plus de 1 000 000 $ de
radiation d'immobilisations, soit le solde non amorti au 31 octobre du
revêtement synthétique que nous avons dû remplacer par
anticipation - ce n'est pas ça, c'est surtout l'autre partie - et la
cession d'équipement de casse-croûte au Club de baseball de
Montréal.
Est-ce, à dire que le déficit qui apparaît ici est
payé par l'ensemble des Québécois et a été
remis au Club de baseball de Montréal l'année dernière? Je
me souviens que cela a été fait l'année dernière.
Comment se fait-il que la RIO a permis une chose comme celle-là pendant
que ce sont tous les Québécois qui paient la note?
M. Vallerand: M. le Président, Mme la
députée de Johnson a mentionné, en introduction à
sa question, l'augmentation de l'achalandage du stade et on s'en
réjouit.
Mme Juneau: Nous aussi.
M. Vallerand: Je le mentionnais tout à l'heure, lorsque
j'ai présenté l'ensemble des composantes du ministère.
Pour répondre plus spécifiquement à votre question, vous
me permettrez de demander au président par Intérim de la
Régie des Installations olympiques, M. Bard, qui m'accompagne, de vous
fournir les explications que vous désirez.
Le Président (M. Lemieux): M. Bard, s'il vous
plaît.
M. Bard (Jean-Marc): Madame, l'approche à cette situation,
c'est qu'à la suite de la négociation du nouveau bail avec les
Expos la construction des casse-croûte, antérieurement,
était faite à coûts partagés, soit 50-50, 50 % pour
les Expos et 50 % pour la RIO. Nous amortissions nos 50 % sur un nombre
d'années, normalement cinq ans, si ma mémoire est fidèle,
et à cause des nouvelles conditions du bail où les Expos sont
devenus l'unique concessionnaire de concessions alimentaires au stade, nous
avons dû effacer aux livres les 50 % qui ne l'étaient pas
encore.
Mme Juneau: Qu'est-ce qui vous a obligé à effacer
ça? Le résultat, c'est que les Québécois doivent
payer le déficit alors que vous avez conclu un contrat qui donne la
totalité des concessions au Club de baseball de Montréal, et les
contribuables paient. Qu'est-ce qui vous a amené à prendre une
décision comme celle-là?
M. Vallerand: La raison, Mme la députée de Johnson,
tient au résultat de la négociation du nouveau bail avec les
Expos. On a négocié ce nouveau bail l'an dernier pour quatre ans.
Les dispositions du nouveau bail se distinguent de l'ancien bail, notamment,
par le fait que les concessions alimentaires sont maintenant exploitées
par le club des Expos et que ces derniers nous sont redevables d'un pourcentage
du résultat de l'utilisation de ces concessions lors
d'événements qui ne tiennent pas aux parties de baseball comme
telles. Entre autres, c'est une des dispositions que le président vous
expliquait qui, à tout le moins, explique une partie du montant qui a
été amorti, qui a été soustrait. (17h15)
Mais il faut se situer dans une compréhension plus large que
celle-là. Votre étonnement, je le comprends. Votre
préoccupation de voir à ce que les deniers publics soient bien
dépensés, que ce ne soient pas les Québécois et les
Québécoises qui en fassent les frais, je souscris à
ça, je partage votre point de vue. Dans une compréhension plus
large, A faut comprendre que le club des Expos payait un bail qui était
sensiblement égal ou supérieur à ce que les autres clubs
de la même division payaient, alors ils sont venus en négociation
auprès des gens de la RIO pour demander un bail qui s'accommodait un peu
plus de ce qui était payé dans le circuit. Le résultat de
cette négociation fait que les Expos vont payer un bail d'environ 2 000
000 $, ce qui est le cas de 1988, par rapport à quoi? Cela s'explique,
par rapport à une moyenne de 2 500 000 $ dans l'ensemble du circuit,
sauf que dans certaines divisions ou certaines villes le bail est encore plus
élevé que ça, c'est-à-dire un rapport d'à
peu près 1, 37 $ par spectateur, comparativement à 1, 30 $ en
moyenne dans le circuit, donc tout à fait comparable. Mais ce qu'il faut
ajouter, dans le résultat de cette négociation, même si, de
façon détaillée, ces conditions du bail peuvent
paraître moins intéressantes, c'est que l'apport économique
des Expos au Québec, notamment à Montréal, est un apport
économique qui excède les 125 000 000 $. C'est une
activité économique extrêmement importante pour l'ensemble
de la région de Montréal et même, je dirais à la
rigueur, pour l'ensemble du Québec.
Ce qui fait que, toutes choses étant égales par ailleurs,
la renégociation du bail est tout à fait comparative à ce
qui se paie et se pratique ailleurs dans le circuit et en faisant les
concessions, notamment celle de l'exploitation des concessions
alimentaires.
Mme Juneau: Est-ce que le pourcentage dont vous venez de parier,
que les Expos, le club
des Expos doit redonner à la RIO ailleurs que I pendant les
parties de balle, si j'ai bien compris, I dans les autres organisations, est-ce
que ce j pourcentage va permettre de régler le déficit que vous
avez dans le moment? Est-ce que le pourcentage va être assez important
pour régler le déficit que vous vivez dans le moment?
M. Vallerand: Je vais demander au président de vous faire
part du pourcentage et de la distribution de ses résultats
économiques.
M. Bard: Je voudrais juste ajouter qu'à partir de la
négociation du bail, où les Expos deviennent les seuls
concessionnaires de la restauration dans le stade, sur le plan administratif,
nous n'avons plus de raison de maintenir les équipements, il faut les
effacer des livres pour ne pas avoir dans nos livres un actif qui ne nous sert
plus à générer des revenus. On générait des
revenus de la restauration en se servant de ces équipements
également lorsqu'on avait des salons, certains salons au stade.
Maintenant, les Expos sont devenus les seuls concessionnaires de la
restauration au stade. Lorsqu'il y a des événements autres que
les événements de baseball, la commission qu'ils nous donnent sur
la restauration est de 22,5 % des ventes brutes, excluant la taxe,
évidemment. Alors, plus on a d'événements, plus ça
génère de revenus de restauration, des événements
autres que le baseball.
Mme Juneau: Le pourcentage d'événements cette
année, par rapport aux autres années - vous dites qu'il a
augmenté de trois fois - est-ce que ce sont des événements
à part le baseball, c'est tout à part le baseball...
M. Bard: Oui.
Mme Juneau: ...parce que les saisons de baseball sont toujours
les mêmes?
M. Bard: Oui, c'est ça.
Mme Juneau: Est-ce que c'est surtout au stade...
M. Vallerand: Surtout les salons. M. Bard: Surtout les
salons.
M. Vallerand: Les salons, oui, Salon de la motocross, Salon
national de l'habitation.
M. Bard: Salon des véhicules récréatifs, de
l'habitation, les Témoins de Jéhovah, l'opéra Aida, des
"rock shows" dont je ne suis pas capable de prononcer les noms, entre autres
Pink Floyd et George Michael, Amnistie internationale. Alors, c'est
l'augmentation des spectacles et/ou des salons, des activités autres que
les activités sportives.
Mme Juneau: Bon! Pour ce qui est du Vélodrome, il a
été question à plusieurs reprises l'année
dernière, en tout cas - je ne sais pas s'N en est encore question, on en
parle moins en tout cas - de changer l'orientation du Vélodrome parce
que ce n'était pas pratique, que ça ne rapportait pas. Est-ce
qu'il y a eu des dossiers de préparés en ce qui a trait à
la conversion du Vélodrome et qu'est-ce que vous avez l'intention de
faire avec?
M. Vallerand: Oui. L'objectif de changer la vocation est toujours
maintenu pour les raisons que vous évoquez, c'est que le
Vélodrome coûtait énormément cher à la
Régie: 1 000 000 $ de déficit par année, sinon un peu
plus. Donc, les administrateurs se sont interrogés sur une nouvelle
vocation qui pourrait être donnée au Vélodrome.
Entre-temps, la ville de Montréal nous a saisis d'une proposition de
transformer le Vélodrome en biodôme.
Mme Juneau: En quoi?
M. Vallerand: En biodôme. Un biodôme, c'est un
musée de sciences naturelles, mais vivant, avec quatre
thématiques d'hémisphères: la forêt tropicale,
l'écosystème québécois, le fleuve Saint-Laurent et
également le monde polaire, mais d'une dimension très vivante,
très pédagogique, non seulement pour du tourisme, mais
également pour des enfants en formation scolaire.
Nous y sommes allés d'une étude de faisabilité avec
deux entreprises: d'une part, une entreprise qui évaluait le concept
architectural et sa praticabilité et, d'autre part, une entreprise qui
faisait l'évaluation de la rentabilité économique. Les
deux sont arrivées à une conclusion positive en disant que ce
serait extrêmement positif, surtout si on situe ce musée de
sciences naturelles vivant à l'intérieur d'une masse critique
intéressante qu'est le Jardin botanique, l'Insec-torium, plus un
biodôme, sans compter l'intérêt touristique aussi pour la
tour olympique, etc.
Donc, à la lumière de ces conclusions, nous avons
décidé de participer financièrement, avec la ville de
Montréal, à l'élaboration de plans et devis
préliminaires qui nous permettront d'apprécier la
"praticabilité" de ce biodôme et également l'exactitude de
son coût de construction. C'est ce qui est en voie d'être fait
actuellement.
Mme Juneau: Avez-vous un échéancier de ces plans et
devis et les coûts?
M. Vallerand: Nous sommes en appel d'offres actuellement quant
aux services professionnels.
M. Bard: Concernant les services professionnels, si vous me le
permettez, M. le Président, je dirai que les mandats ont
été accordés.
C'est en voie d'élaboration et il semblerait qu'ils seraient en
mesure de soumettre les plans et devis aux alentours de la fin juillet, au plus
tard.
De plus, pour ajouter aux propos du ministre, ceci est un projet de
l'initiative de la ville de Montréal et de M. Pierre Bourque, directeur,
entre autres, du Jardin botanique. La ville de Montréal a
différentes installations qui nécessiteront quand même des
investissements assez considérables si elle se met à les
réparer au cours des années qui viennent: des installations qui
représentent les sciences naturelles au parc Angrignon et au parc
Lafontaine, à l'île Notre-Dame avec l'aquarium. C'est ce qui leur
a donné l'idée de les regrouper dans l'axe du Jardin botanique
pour en faire un complexe intégré: Stade olympique-Jardin
botanique.
Mme Juneau: Vous dites que les professionnels ont
déjà... Qui est-ce?
M. Bard: On a fait le choix des professionnels en respectant les
voeux de la ville de Montréal. L'architecte concepteur, à
l'époque, qui a travaillé en collaboration avec la ville de
Montréal, était une firme du nom de Coplanam...
Mme Juneau: Comment?
M. Bard: Coplanam Itée. On a respecté la
volonté de la ville de Montréal en participant au financement de
l'étude qui a été confiée à Coplanam
Itée. L'étude du volet économique, la première
étude de préfaisabilité, avait été
confiée à SECOR, je crois, sur le plan de l'achalandage.
L'étude de faisabilité avait été financée
partiellement par la ville de Montréal, par la Régie des
installations olympiques et par le ministère du Tourisme, je crois.
Mme Juneau: On n'écrira pas une date précise, mais
possiblement à la fin juillet, est-ce que ce sera rendu public?
M. Bard: Nous sommes un soutien pour la ville de Montréal
dans ce dossier. Nous avons une installation, comme vous le savez, qui a
coûté des millions et qui sert très peu. Alors, la ville de
Montréal nous ayant soumis son idée et son projet, on a
trouvé ça intéressant. C'est sûr qu'il y aura des
propositions, après coup, qui seront faites au ministre responsable de
la Régie des installations olympiques pour suivi auprès du
gouvernement.
M. Vallerand: Si c'est faisable, ce sera une contribution au 350e
anniversaire de la ville de Montréal.
Mme Juneau: Le 350e anniversaire. D'accord.
Dans un autre ordre d'idées, pour ce qui est des piscines
olympiques, l'année dernière, plusieurs choses sont sorties en
disant qu'il se faisait une privatisation des piscines et ainsi de suite. Je
voudrais connaître votre opinion là-dessus.
M. Vallerand: Avec votre permission, je pourrai demander au
président de compléter ma réponse, mais, pour autant que
je sois concerné comme ministre titulaire, les projets d'aquaparc sont
des projets à être négociés avec le secteur
privé. On a, comme principe de base, à respecter la vocation des
piscines qui sont déjà à l'intérieur des
installations, si bien qu'à l'heure actuelle je sais - et le
président pourrait peut-être préciser davantage - il y a
des négociations avec des parties privées pour l'installation
d'un éventuel aquaparc tout en respectant la vocation des piscines
olympiques actuelles qui sont déjà sur place.
Mme Juneau: Si vous privatisez cette partie des Installations
olympiques, ne pensez-vous pas que vous privez, à ce moment-là,
les utilisateurs? Cela a été payé par nous, finalement,
par tous les Québécois et, si ça se privatise, il va y
avoir encore un coût supplémentaire pour chaque personne qui va
vouloir utiliser les piscines olympiques.
M. Vallerand: Non, parce que le projet d'aquaparc qui est
envisagé ne touche pas les installations actuelles. C'est plutôt
sur un terrain de 60 000 pieds qui a été démuré
à côté et non pas sur l'emplacement. Allez-y, M. le
président.
M. Bard: L'an dernier, au moment de la commission parlementaire,
il était question d'un projet d'aquaparc où une proposition avait
été soumise par des Suisses, je crois. À cette
époque, le projet n'avait pas été raffiné. La
proposition des Suisses était d'empiéter sur les aires de
piscines existantes. Le projet a été raffiné.
Premièrement, cette propositon a été rejetée par le
conseil d'administration de la Régie des installations olympiques.
Advenant qu'il y ait un aquaparc au Parc olympique, ce serait dans une zone qui
n'empiéterait d'aucune façon sur les aires de piscines. La
vocation des piscines telle qu'elle est connue, demeurerait. Il y avait un
secteur d'environ 60 000 pieds carrés qui avait été
muré pendant les jeux. C'est un secteur qui avait été
prévu pour faire une piste de course intérieure de 100
mètres. La piste n'a jamais été complétée.
Le secteur avait été complètement muré. Alors, ce
serait fait à l'intérieur du secteur qui avait été
muré pendant les Jeux olympiques. Cela n'empiéterait d'aucune
façon sur les aires des piscines et la vocation des piscines
demeurerait, soit l'ouverture au grand public, l'aspect éducatif, les
écoles, tous les programmes qu'on a connus dans les années avant
que la tour recommence à être construite et où on a
diminué l'achalandage des piscines poor préserver la
sécurité du grand public.
Mme Juneau: Dans votre rapport, vous
parlez, à la page 15, d'un nouveau centre d'accueil touristique
entre les piscines et le toit, le funiculaire. Ce n'est pas là que
devait s'implanter l'aquaparc dont vous parlez?
M. Bard: Non, lorsqu'on va au Stade olympique et qu'on est
à la base de la tour, à l'extérieur, on peut circuler en
dessous de la tour sur la grande plate-forme de béton, sur les aires de
béton. Le centre d'accueil touristique va être fait dans le pied
de la tour, mais il va y avoir un accès par l'endroit que je viens de
vous décrire. Alors, ça n'empiète d'aucune façon
sur les piscines ou sur ce qui existe actuellement.
Mme Juneau: Vous dites qu'il y aura une inauguration cet
été. C'est ce fameux centre touristique, j'imagine.
M. Bard: Le centre d'accueil touristique.
Mme Juneau: Est-ce que vous prévoyez des retards dans
l'accomplissement des travaux? Est-ce que les travaux sont
commencés?
M. Bard: Oui, les travaux sont commencés et
avancés. On prévoit quelques retards, mais, chose certaine, le
centre d'accueil touristique va être en activité pour le printemps
1990.
Mme Juneau: Pour 1990. M. Bard: C'est ça.
Mme Juneau: Croyez-vous que ça va être rentable?
M. Bard: Actuellement, les touristes qui arrivaient au Stade
olympique, à cause de la signalisation, à cause de
l'immensité du Parc olympique, il y avait un peu d'ambiguïté
et, finalement, ils se retrouvaient tout près du Vélodrome qui
était un petit centre d'accueil pour les touristes ou pour les visites
guidées, particulièrement. Dans le contexte du centre d'accueil
pour les touristes ou pour les visites guidées particulièrement,
on va avoir une salle de projection qui pourrait faire ressortir la phase de
construction du stade, la phase des Jeux olympiques, l'information sur
Montréal qu'on pourra donner aux touristes. On va avoir une salle de
projection. Cela va être un point de repère, le point de rencontre
du départ des touristes. Il va également y avoir de la
restauration pour être capable d'alimenter les touristes dans une
superficie où ils vont se présenter à l'origine. De plus,
du centre touristique va partir la navette qui relie... C'est une petite
navette motorisée, un genre de petit train d'été qui relie
le Stade olympique au Jardin botanique. Alors, le centre des attractions des
touristes va partir de ce centre d'accueil. (17 h 30)
Mme Juneau: Je vais laisser la chance à mon
collègue parce que je le voyais blêmir.
Le Président (M. Lemieux): Avec raison, Mme la
députée. M. le député de Lafontaine.
M. Gobé: Je pense, Mme la députée, qu'on a
été assez gentils et sympathiques avec vous en vous laissant
poser toutes les questions que vous vouliez. D'ailleurs, vous avez fait une
partie de mon travail, parce que...
Mme Juneau: Vous avez encore une demi-heure. Arrêtez de
brailler.
M. Gobé: Plusieurs de ces questions étaient, bien
entendu, dans les vôtres. Je me permets de faire un petit commentaire
avant de commencer. Cela a trait à votre première intervention,
lorsque vous avez demandé à M. le ministre s'il entendait faire
respecter le contrat de terminaison du mât olympique. Il nous a bien dit
qu'il entendait le respecter. Je me pose la question, à savoir: Si on a
ce problème-là aujourd'hui ne serait-ce pas dû au fait que
la firme Socodec inc. n'a pas été en soumissions publiques? On
parle beaucoup de soumissions publiques et on se rend compte que dans le temps,
sous l'ancien gouvernement, la firme avait reçu le contrat sans aller en
soumissions. Peut-être que s'il y avait eu une compétition, une
autre soumission...
Mme Juneau: Posez donc vos questions et arrêtez donc)
M. Gobé:... on se serait retrouvés avec des firmes
qui pourraient peut-être aujourd'hui faire marcher le stade. Mais ce
n'est pas là le but de mon intervention, c'était simplement pour
faire remarquer qu'à l'occasion des gens qui voulaient donner des
leçons à une certaine époque avaient certainement des
comportements qui étaient peut-être plus graves en termes de
conséquences que ceux dont nous parlons maintenant.
Mme Juneau: Vous n'aviez pas besoin d'une demi-heure pour dire
ça.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson, M. le député de Lafontaine a la parole.
M. Gobé: Je peux vous la repasser si vous le voulez.
Le Président (M. Lemieux): Non. M. le député
de Lafontaine, poursuivez, s'il vous plaît. Vous avez la parole.
M. Gobé: M. le ministre, lorsque vous allez faire ce
biodôme, est-ce que je dois comprendre que la piste de course sera
déménagée, la piste d'entraînement actuelle? Est-ce
que vous allez faire une négociation avec la ville de Montréal,
à un moment donné, pour céder cet équipement
à
des prix intéressants pour la collectivité? Est-ce que
vous ne pourriez pas mettre, dans votre négociation, l'obligation pour
la ville de relocaliser une piste d'entraînement pour les cyclistes? Vous
savez que c'est un sport qui demande beaucoup d'entraînement à
l'intérieur, surtout à cause de notre climat, et que c'est une
discipline olympique en plus. Vu que la ville aura certainement un beau cadeau
du gouvernement, y aurait-il moyen d'inclure ça dans le 'package deal"
que vous allez faire? Je crois que le maire Doré et ses conseillers qui
sont des gens très sportifs, le maire fait lui-même de la
bicyclette, devraient difficilement dire non à une proposition, à
une suggestion que nous lui ferions.
M. Vallerand: M. le Président, d'abord, permettez-moi de
dire que le choix de la firme Socodec-Lavalin... Il faut, en toute
honnêteté, avouer qu'il n'y avait pas beaucoup de preneurs, parce
que c'est une expertise qui est assez unique, lorsque nous avons
sollicité des offres de service et lorsque nous avons
procédé à l'adjudication du contrat comme tel. Donc, je
pense qu'il y a une dimension d'expertise unique qui doit nous servir de
référence quand on tente de comprendre le choix qui a
été fait.
En ce qui a trait à la piste cyclable, plusieurs, comme vous,
considèrent que le cyclisme est une activité Importante. Il y a
la fédération, d'ailleurs, que vous connaissez très bien,
laquelle fédération me dit que les administrateurs de la RIO
examinent la possibilité de relocaliser, à des frais qui seraient
raisonnables, la piste en question pour tenter à tout le moins de ne pas
pénaliser cette clientèle de cyclistes.
M. Gobé: Avez-vous demandé à la ville de
Montréal de participer au financement de ce projet?
M. Vallerand: Oui, M. le président, allez-y.
M. Bard: Avant d'envisager le déménagement de la
piste, I faut, en parallèle, considérer un endroit où on
peut localiser une piste aussi immense, il y a quand même des
problèmes techniques à relocaliser la piste du Vélodrome.
Le bois est très pesant, dans un premier temps. Dans un deuxième
temps, il faudrait la démanteler en sections. Elle a été
montée pièce par pièce, recollées les unes aux
autres; il faudrait la démanteler par sections au lieu de pièce
par pièce. C'est quand même un projet qui serait sans doute
relativement très coûteux. À partir de là, le jour
où la fédération sera disposée à relocaliser
la piste ailleurs, il faudrait quand même avoir un endroit où on
puisse loger une piste aussi immense. Le Vélodrome est quand même
un équipement qui est très peu utilisé. On a fait plus de
revenus au cours des années depuis les Jeux olympiques à faire
des expositions dans le Vélodrome qu'on n'en a fait à tenir des
compétitions de cyclisme ou encore avec la clientèle
cycliste.
Comme exemple, l'an dernier, nos revenus du Vélodrome se sont
chiffrés aux alentours de 1 700 000 $ et, là-dessus, 16 000 $
étaient des revenus de compétitions cyclistes. C'est quand
même un sport que l'ensemble des Québécois pratique plus
à l'extérieur et les professionnels du cyclisme qui s'en servent,
qui font du cyclisme sur piste, sont très peu nombreux, à peine
une soixantaine. C'est un problème que l'on va avoir à envisager,
advenant que le projet de la ville de Montréal semble vouloir se
réaliser; on aura à faire face à ceci: Qu'est-ce qu'on
fait avec la piste? Dans ce contexte, tel que vous l'a dit le ministre, on va
faire des démarches auprès de la Fédération du
cyclisme pour connaître son intérêt.
M. Gobé: Très bien. Je vous remercie. Un autre
petit point, M. le ministre, qui concerne encore peut-être M. Bard. Vous
n'êtes pas sans savoir, vous avez vu dans les journaux, récemment
encore, qu'y y a eu dans ces différents stades, en Europe en
particulier, des bousculades et des mouvements de panique. Il y a eu des morts.
Est-ce que les autorités du Stade olympi- que ont envisagé un
scénario semblable qui pourrait arriver à un moment donné,
lors d'un événement, pour être capables de réagir
avec la police de la CUM ou d'autres intervenants, les pompiers? Est-ce qu'on a
pensé à ça? Il y a du monde dans ces stades et on n'est
pas à l'abri nous autres non plus, vous savez. Un mouvement de foule,
ça peut arriver aussi bien à Montréal qu'à
Bruxelles ou à Londres.
M. Vallerand: M. le président.
M. Bard: En fait, on est en contact constant, et même
à la veille de certains gros événements, avec les
autorités de la ville de Montréal qui nous fixent le nombre de
personnes qui peuvent être présentes sur le plancher du stade dans
le cas des concerts rock. Également, on respecte à la lettre et
on s'entend régulièrement avec le service de protection contre
les incendies - il y a un volet de protection du public également - de
la ville de Montréal pour s'assurer que les aires d'évacuation
soient protégées et que le gardiennage soit suffisant lors de
gros événements. Tout est prévu sur le plan de
l'évacuation avec les services de police et d'incendie de la ville de
Montréal, avec lesquels ont a des contacts constants et
réguliers.
M. Gobé: En ce qui concerne les parkings, est-ce qu'il y a
un service de sécurité? J'y suis allé iI n'y a pas
longtemps. Je peux vous dire que c'était sombre. Je n'aimerais pas me
trouver là tout seul, le soir, avec des gens qui sortent d'un concert
rock. Est-ce qu'il y a des gardiens? Est-ce qu'il y a moyen d'avoir des
policiers qui patrouillent dans les parkings quand il y a des
événements?
M. Bard: On a un service de sécurité qui patrouille
les stationnements, mais c'est vrai, en fait. Ce sont des plaintes qu'on a eues
à la Régie des installations olympiques. Il fait relativement
noir dans les stationnements. On va envisager d'apporter des correctifs.
M. Gobé: Je pense que ce serait bien pour améliorer
la sécurité, peut-être, dans ces endroits avant qu'il
arrive des événements qui nous obligeraient à
réagir et qui mettraient une mauvaise réputation sur le
stade.
M. Bard: Sauf que lorsqu'on parle de sécurité, on a
quand même un système de sécurité, avec la
collaboration de la ville de Montréal, qui est très bien. Lors
d'un récent salon au Parc olympique, il y a eu beaucoup de saisies de
canifs, de révolvers, etc., qui étaient en possession de certains
membres qui participaient à ces assises.
M. Gobé: Je vous remercie beaucoup, M. le ministre.
J'avais plus de questions, mais la députée de Johnson les ayant
obligeamment posées avant moi, vous avez répondu à la
perfection à mes attentes. Alors, je pense qu'en ce qui me concerne j'ai
terminé. , Le Président (M. Lemieux): M. le
député de
Saint-Louis, vous avez demandé la parole?
M. Chagnon: M. le Président, est-ce qu'il y a des
développements concernant la piscine olympique? Il y a eu pendant un
certain temps des rumeurs qui laissaient entendre qu'on voulait créer un
second aquaparc dans la piscine olympique. Est-ce qu'il y a eu des
développements dans ce dossier?
M. Vallerand: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
référer le député de Saint-Jacques à la
transcription? La question a été posée tout à
l'heure.
M. Chagnon: Saint-Louis.
M. Vallerand: Saint-Louis, pardon.
M. Chagnon: Saint-Louis, ça va aller mieux.
M. Vallerand: Saint-Jacques, il n'est pas ici.
M. Chagnon: Quand même, peut-être que la question a
été posée antérieurement, mais il y aurait un
problème de sous-utilisation de ces équipements. On vient de
parier du Vélodrome, mais le bassin et les piscines olympiques ont eu
exactement le même genre de problèmes.
M. Vallerand: Oui, M. le président. Allez-y.
M. Bard: En ce qui concerne la sous-utilisation des piscines,
évidemment, après les Jeux olympiques, ça a pris un bon
nombre d'années avant que l'on développe une clientèle
relativement assidue aux piscines olympiques. Il y avait quand même une
bonne base de clientèle qui avait été établie
jusqu'à la veille du début de la construction de la tour par
Socodec-Lavalin. Évidemment, les horaires ont dû être
déplacés pour assurer la sécurité des utilisateurs
de la piscine; on a dû déplacer les horaires et même annuler
un bon nombre de programmes éducatifs des écoles, entre autres,
qui venaient d'un peu partout en province pour des cours de baignade et des
excursions. C'est, en fait, particulièrement la phase de construction de
la tour qui a amené une diminution de la clientèle aux piscines
olympiques. Il y a quand même une bonne utilisation relative, disons,
mais qui devrait revenir une fois que l'ensemble de la construction sera
terminé.
M. Vallerand: Est-ce que ça répond à vos
interrogations, cher collègue?
M. Chagnon: En partie. Vous avez mentionné l'utilisation,
probablement avec des ententes contractuelles, par des élèves de
la CECM. À l'époque, on avait soulevé l'hypothèse
d'une utilisation optimale des équipements olympiques sur le plan
sportif par les universités, particulièrement par l'UQAM. Est-ce
que ça s'est développé avec le temps?
M. Bard: À la suite des Jeux olympiques, en 1976, il y
avait eu le rapport Marsan, je crois...
M. Chagnon: Voilà.
M. Bard:... qui avait été déposé,
où l'orientation donnée à la vocation de la tour, une fois
qu'elle aurait été complétée, parce qu'elle ne
l'était pas à l'époque, était de favoriser des
plateaux sportifs; trois plateaux sportifs qui auraient été
utilisés par les principales universités de Montréal. Au
cours des années, les universités se sont dissociées de
cette approche particulièrement reliée au problème de
financement des universités.
M. Chagnon: Est-ce que l'utilisation, par exemple, de ces
plateaux athlétiques par les différentes universités est,
aujourd'hui, malgré les problèmes de financement,
éliminée pour longtemps ou éliminée pour les
années à venir, même s'il y avait des modifications au
financement des universités, comme on semble...
M. Bard: La vocation originale était pour des plateaux
sportifs et des bureaux dans la tour. La vocation originale a été
dlscartée.
M. Chagnon: D'accord. Est-ce qu'il est exact que la ville de
Montréal - on sait qu'elle
aurait certainement intérêt - a fait des demandes pour
devenir propriétaire du Village olympique?
M. Bard: Pas que je sache. Les demandes de la ville de
Montréal étaient pour lui permettre de taxer le Village
olympique, et non pas d'en devenir propriétaire, en ce qui concerne les
demandes officielles.
M. Chagnon: En ce qui vous concerne, vous, M. le
président, je présume que vous auriez objection à diviser
le Village olympique du reste: stade, piscines et Vélodrome, quant
à une remise éventuelle à la ville de Montréal.
M. Bard: Je ne peux pas répondre à une telle
question. Évidemment, je référerais un tel dossier au
ministre, étant donné que le ministre responsable aurait sans
doute un mot à dire, s'il advenait que la situation se
présente.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez émis des
hypothèses ou des commentaires, dans un sens ou dans l'autre, au
ministre sur ce sujet?
M. Bard: On n'a jamais abordé le sujet de cette
façon.
M. Chagnon: M. le ministre... M. Vallerand: M. le
député.
M. Chagnon:... est-ce que vous avez eu des contacts avec la ville
de Montréal concernant l'utilisation et la remise éventuelle
d'une partie des équipements olympiques, et je pense
particulièrement au Village olympique par rapport à l'ensemble de
ce que sont les équipements olympiques, je pense évidemment au
stade, au Vélodrome, aux piscines olympiques? Est-ce que la ville de
Montréal ne vous a jamais manifesté son intention
d'acquérir le Village olympique, soit par la voie de la SOMHAM ou de la
Société d'habitation de Montréal ou autrement?
M. Vallerand: Non.
M. Chagnon: Est-ce que...
M. Vallerand: Vous comprenez... Ah! Vous n'aviez pas
terminé votre question. Je m'excuse.
M. Chagnon: Je vais en poser une autre. Vous avez
répondu.
M. Vallerand: Non. Il faudrait peut-être que le
député, M. le Président, comprenne certaines choses qui
ramèneraient à apprécier davantage l'attitude du
gouvernement, sinon du ministre responsable dans le dossier de la Régie
et de ses installations.
M. Chagnon: Je vous écoute.
M. Vallerand: Selon les termes de la loi, les installations
olympiques retournent à la ville une fois la dette totalement
remboursée, si bien que, dans la mesure où on veut se
départir, avant le repaiement de la dette, de certaines installations,
il nous faut amender la loi, premièrement. Deuxièmement,
certaines de nos installations nous rapportent certains revenus, ce qui est le
cas du Village olympique, soit plus de 5 000 000 $ par année... (17 h
45)
Une voix: Net.
M. Vallerand: C'est net, me dit-on de bien préciser et
souligner, si bien que, dans les circonstances actuelles, sans prétendre
que le gouvernement ou la Régie veuille être un
propriétaire immobilier, ils préfèrent garder ces
installations, tenter de les rentabiliser et, le jour venu du repaiement de la
dette, les transmettre à la ville conformément aux dispositions
de la loi.
M. Chagnon: Plutôt que d'en faire un démembrement en
termes de retour d'actif à la ville de Montréal. Vous n'avez pas
l'intention de démembrer l'actif global, village et le reste, avant de
le céder à la ville de Montréal en 1994, je pense.
M. Vallerand: Le repaiement de la dette est prévu pour
1993-1994.
M. Chagnon: Pour 1993-1994. Est-ce que la ville de
Montréal a semblé vouloir accélérer le processus
d'acquisition?
M. Vallerand: Non, me dit-on.
M. Chagnon: Êtes-vous sûr qu'en 1994 ils vont vouloir
de l'héritage?
M. Vallerand: C'est ce que je disais en introduction. C'est une
très bonne question, sinon une bonne observation. Nous tentons le plus
possible - je dis "nous", ce sont principalement les administrateurs de la
Régie - de rentabiliser les installations de telle sorte que le
transfert de ces propriétés soit plus facile une fois la dette
payée. On a confiance que, en la mesure où on aura atteint cet
objectif, la ville n'aura pas d'objection à se voir confier ces
installations.
M. Chagnon: Le député de Lafontaine a
mentionné l'éventualité de la création d'un
biodôme dans le Vélodrome olympique. Au moment où l'on se
parle, est-ce qu'on a dépassé le stade des études de
faisabilité de la construction d'un éventuel biodôme
relié, je présume, au Jardin botanique? Est-ce qu'on a
dépassé le stade des études? Où en sommes-nous dans
l'organisation de la décision?
M. Vallerand: Oui. La question a été
soulevée tout à l'heure par Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Cela fait deux fois qu'il pose des questions qui ont
déjà été posées. C'est à lui
d'être à la commission.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson...
Mme Juneau: Cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais Mme la
députée de Johnson...
Mme Juneau: Vous faites perdre le temps...
Le Président (M. Lemieux):... vous vous devez de respecter
le droit de parole du député de Saint-Louis...
Mme Juneau: Oui, mais...
Le Président (M. Lemieux):... en toute
équité. J'aimerais vous faire remarquer que l'Opposition a
utilisé, je pense, 115 minutes contre environ une dizaine pour le parti
ministériel. Le député de Saint-Louis est...
Mme Juneau: Est-ce que ça lui donne la permission
de...
M. Chagnon: Je me force, à part ça.
Mme Juneau:... poser des questions qu'on a déjà
posées? C'était à lui d'être Ici, à la
commission, et de poser les questions.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Johnson. Je n'ai pas, comme président, à
dicter des questions au député de Saint-Louis. Je pense qu'il est
assez sage et assez intelligent pour...
Mme Juneau: C'est une perte de temps.
Le Président (M. Lemieux):... déterminer les
questions qu'il doit poser.
Mme Juneau: On perd du temps.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas à vous, Mme
la députée de Johnson, non plus, de lui dicter vos questions. Je
pense que vous me comprenez très très bien. Les règles de
procédure sont à cet effet. J'essaie en toute justice, en toute
équité, de faire en sorte qu'à la fois les droits du parti
ministériel et les droits du parti de l'Opposition puissent être
respectés. En conséquence, Mme la députée de
Johnson, je retourne la parole au député de Saint-Louis.
Mme Juneau: M. le Président...
M. Chagnon: Madame...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson, sur une question de règlement.
Mme Juneau: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement ou
question de privilège?
Mme Juneau: Question de règlement, appelez-la comme vous
voudrez.
Le Président (M. Lemieux): Une question de
règlement, oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: Appelez-la comme vous voudrez.
Le Président (M. Lemieux): C'est différent pour
moi, Mme la députée de Johnson, une question de
règlement.
Mme Juneau: Les minutes de l'étude des crédits sont
un temps privilégié pour l'Opposition de poser des questions. Je
sais que les gens d'en face ont le droit de poser des questions, mais quand le
député de Saint-Louis pose deux fois la même question,
qu'il était absent lorsqu'on a posé les questions, il pose
exactement la même chose... Le ministre a pris la peine de lui dire:
Relisez donc les gaiées. Bon, écoutez...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson, rien dans le règlement ne vient déterminer que plus de
temps doit être accordé à une formation politique
plutôt qu'à une autre. Ce sur quoi vous vous basez, cette
tradition parlementaire disant qu'effectivement 90 % du temps et 10 % devraient
être octroyés au parti ministériel, à mon avis, n'a
pas sa raison d'être parce que la non-participation des membres du parti
ministériel ne constitue pas, en soi, une tradition. Je ne peux pas,
comme président, dire que du fait que les membres du parti
ministériel ne s'expriment pas ils renoncent à leur droit de
député de prendre la parole et de s'exprimer. Je me dois tout
simplement de répartir ce temps équitablement. D'ailleurs, Mme la
députée de Johnson, même dans le traité de droit
parlementaire de Beauchesne, il est bien spécifié...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: Laissez faire! Coupez au plus court!
Le Président (M. Lemieux): Je passe la parole au
député de Saint-Louis. M. le député de
Saint-Louis.
M. Gobé: M. le Président, s'il vous plaît,
est-ce que...
Le Président (M. Lemieux): Question de règlement,
M. le député?
M. Gobé: Ouf, M. le Président. Est-ce que vous
pourriez demander à la députée de Johnson de rester
tranquille? Quand j'ai fait mon intervention, elle me dérangeait, elle
faisait des mimiques, elle envoyait des messages visuels à tout le
monde.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontalne, ce n'est pas une question de règlement.
M. Gobé: Maintenant, elle fait la même chose pour le
député de Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lafontalne, ce n'est pas une question de règlement et j'entends accorder
la parole à celui qui me l'avait demandée tout à l'heure,
le député de Saint-Louis.
M. Gobé: Est-ce que je peux terminer, M. le
Président? Avant de prendre une décision, j'ai le droit de
terminer.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, M. le
député de Lafontaine, s'il vous plaît. Mme la
députée de Johnson a été très "fair-play".
M. le député de Saint-Louis, dans votre droit de parole.
M. Chagnon: M. le Président, je m'excuse auprès de
Mme la députée de Johnson si, malheureusement, M y a quelques
questions parmi toutes celles que je viens de poser qui recoupent celles
qu'elle a elle-même posées antérieurement. Il faut
mentionner que le cadre parlementaire n'offre pas ce modernisme qui nous
permettrait d'avoir un perroquet cellulaire de façon à pouvoir
l'entendre et la comprendre partout, en tout moment.
Au sujet du biodôme, je voulais savoir si on en était
rendus aux études de faisabilité. Je présume que vous avez
déjà dit oui à Mme la députée de Johnson.
Est-ce qu'il y a une entente formelle écrite entre la ville de
Montréal et le gouvernement du Québec dans la participation
financière du biodôme ou de l'éventualité du
biodôme ou si vous êtes en attente de ces dernières
études de faisabilité? Il y en a qui ont déjà
été faites dans ce domaine.
M. Vallerand: M. le Président, quand j'ai dit au
député de Saint-Louis, tout à l'heure, qu'il pouvait
relire les galées, ce n'était pas dans le but de ne pas lui
répondre. Je sais que c'est un député qui est très
occupé et, des fois, c'est plus rapide pour lui de retourner à la
lecture des discussions que nous avons eues. Il y a une chose qu'il faut se
dire entre nous: Je le sais extrêmement préoccupé par le
développement économique de Montréal. Je sais qu'il suit
très attentivement tous les projets qui peuvent revitaliser
Montréal et notamment, depuis quelque temps, un accent particulier sur
le développement de l'est de Montréal, malgré le fait
qu'il soit un député du centre de l'île.
Le biodôme est un sujet qu'il a abordé à maintes
reprises vis-à-vis de sa conceptualisation et de sa réalisation.
Ce que je peux lui dire, M. le Président, c'est que, oui, nous en sommes
à une étape plus avancée que l'étude de
faisabilité. Les études de faisabilité ont eu lieu. Les
deux entreprises qui ont été approchées pour faire
à la fois l'évaluation de la réalisation conceptuelle
architecturale et de sa rentabilité économique sont d'accord en
disant que c'est un projet intéressant. Si bien que le gouvernement, de
concert avec la ville de Montréal, a convenu d'aller à une
seconde étape, c'est-à-dire la réalisation de plans et
devis préliminaires pour mieux circonscrire le projet du point de vue
architectural, du point de vue devis, et aussi son coût total. Nous en
sommes à cette étape, conjointement avec la ville de
Montréal, en souhaitant, au-delà des considérations
économiques, quoique ce soit la contrainte principale, que ce projet se
réalise parce qu'il ajoutera une masse critique touristique
extrêmement importante pour l'achalandage, dans le
périmètre du stade, du Jardin botanique, de l'insectorium et des
autres grandes installations de ce milieu et apportera un autre support
à l'économie de l'est de Montréal. Et Dieu sait que cette
région en a besoin! On connaît les efforts de nos collègues
du caucus de l'est de Montréal pour tout faire pour améliorer la
revitalisation de la région. Je pense que ça s'inscrirait dans
les préoccupations qu'ils ont exprimées auprès du
gouvernement depuis leur élection.
M. Gobé: Peut-être une question. Vous parlez du
développement économique dans l'est de Montréal, vous
dites que ce projet va cer- tainement amener une activité
économique. On parle de création d'emplois. Combien et quel genre
d'emploi? Quel genre de personnes vont travailler là, dans le
biodôme?
Le Président (M. Lemieux): Je ne suis pas lié aussi
par l'alternance.
M. Vallerand: C'est une évaluation qui, comme vous le
savez, est assez difficile à faire, mais on prévoit la
création d'à peu près 300 emplois nouveaux permanents.
M. Gobé: Vous allez ouvrir des postes pour des jeunes
diplômés en horticulture, toutes sortes de choses comme ça,
d'une université ou...
M. Vallerand: C'est une activité qui va faire appel
à des compétences spécialisées, surtout
dans le domaine des sciences pures, sciences appliquées, sciences
naturelles.
M. Gobé: Est-ce qu'il va y avoir des activités de
recherche?
M. Va llerand: Oui.
M. Gobé: Cela peut devenir...
M. Vallerand: Cela va être étroitement
associé à ce biodôme.
M. Gobé: Je vous remercie, M. le ministre.
Mme Juneau: Le député de Lafontaine m'a interrompu,
M. le Président, j'aimerais savoir...
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson. Oui, M. le député, vous avez terminé.
Mme Juneau: Javais demandé la parole après vous et
monsieur a pris la parole sans qu'il l'ait demandée.
M. Gobé: Je m'en excuse, ma chère collègue.
Vraiment, je suis désolé. Je ne voulais pas...
Une voix: Le député de Lafontaine devrait s'en
excuser.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Johnson.
M. Chagnon: J'ai été interrompu. Est-ce que je peux
finir? J'ai une dernière courte question, Mme la députée
de Johnson, très courte.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, dès le début des travaux, on a fait état des
règles en présence du député de Lac-Saint-Jean en
ce sens qu'à 17 h 55, nous allions adopter les programmes.
M. Bélisle: Vote nominal enregistré, M. le
Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Un instant! Est-ce que le
programme 1, Approvisionnements et services, est adopté?
M. Bélisle: Nominal enregistré, M. le
Président.
Mme Juneau: Vous ne craignez pas de vous faire renverser
aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire,
voulez-vous...
Le Secrétaire: M. Bélisle (Mille-Îles)?
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Bélisle: Adopté.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Adopté.
Le Secrétaire: M. Després (Limoilou)?
M. Després: Adopté.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Adopté.
Le Secrétaire: M. Fortin (Marguerite-Bourgeoys)?
M. Fortin: Adopté.
Le Secrétaire: M. Gobé (Lafontaine)?
M. Gobé: Adopté.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
M. Lemieux: Adopté.
Le Secrétaire: Sept pour, personne contre.
Le Président (M. Lemieux): Mme fa députée de
Johnson, présentement, il n'y a aucun membre de la commission qui
appartient au groupe parlementaire de l'Opposition puisque, dès le
début de ces travaux, on ne m'a pas fait état qu'il y avait
remplacement. Vous êtes ici en vertu de l'article 132 du
règlement, c'est-à-dire que vous pouvez participer aux
délibérations, mais vous n'avez pas te droit de vote.
Mme Juneau: Je m'excuse. Je fais partie de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Non, vous ne faites pas partie
de la commission parlementaire du budget et de l'administration. Vous
participez ici en vertu de l'article 132 du règlement qui dit ceci: "Le
député qui n'est pas membre d'une commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut y voter ni y présenter une
motion. " Alors, j'appelle maintenant le programme 2, Exécution des
obligations des ministères et organismes envers la Société
immobilière du Québec.
M. Bélisle: Même vote.
Le Président (M. Lemieux): M. le secrétaire.
Adopté. J'appelle le programme 3, Régie des installations
olympiques. Est-il adopté?
M. Bélisle: même vote.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère des
Approvisionnements et Services pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1990 est adopté?
M. Bélisle: même vote.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous ajournons
les travaux sine die, la commission ayant accompli son mandat de l'étude
des crédits du ministère des Approvisionnements et Services.
C'est terminé, s'il vous plaît.
(Fin de la séance à 17 h 58)