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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le président du Conseil du trésor, M. le
député de Saint-Jacques, à l'ordre, s'il vous plaît!
La commission du budget et de l'administration commence ses travaux. La
commission est réunie ce matin afin de procéder à
l'interpellation du député de Saint-Jacques au président
du Conseil du trésor sur le sujet suivant: La
détérioration de la situation économique et les
problèmes de chômage à Montréal.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Larouche
(Anjou) remplace M. Fortin (Mar-guerite-Bourgeoys) et M. Boulerice
(Saint-Jacques) remplace M. Gendron (Abitibi-Ouest).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler très brièvement les règles
de procédure. Le débat dure au plus deux heures, soit
jusqu'à midi. La discussion est divisée en trois étapes.
Un premier débat de 20 minutes commence par l'interpellation du
député qui a donné l'avis d'interpellation, soit M. le
député de Saint-Jacques; il intervient durant dix minutes; le
ministre interpellé, soit le président du Conseil du
trésor, intervient ensuite pendant dix minutes.
Un deuxième débat d'une durée maximale de 80
minutes s'engage ensuite où chaque intervenant peut s'exprimer durant
cinq minutes. Il y a alternance dans les interventions selon la séquence
suivante: un député de l'Opposition, le ministre, un
député ministériel et ainsi de suite selon la même
séquence. Si un membre utilise moins de cinq minutes, le temps non
utilisé est perdu pour ce membre et la parole est donnée à
l'intervenant qui suit selon la séquence que j'ai indiquée il y a
quelques instants.
Un dernier débat a lieu 20 minutes avant la fin de la
séance. Le ministre a alors droit à un dernier temps de parole de
dix minutes et le député de Saint-Jacques aura ensuite droit
à une réplique de dix minutes. C'est donc dire que le
député de Saint-Jacques conclut cette interpellation.
Nous commençons le débat. M. le député de
Saint-Jacques, vous avez la parole.
Exposé du sujet
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, quand on fait une revue de
presse et que l'on regarde ceux qui se préoccupent de façon plus
particulière du dé- veloppement économique du
Québec et, notamment, de la situation économique de
Montréal, on peut y lire des choses très importantes et surtout
très pertinentes. Je donnerai, en premier lieu, un exemple d'un article
fait par M. André Noël dans La Presse du samedi 6 mai 1989
qui, faisant référence à cette étude du Conseil des
affaires sociales qui a quand même connu un certain retentissement et qui
s'appelait "Deux Québec dans un", disait: "La seule chose qui
gonfle, ce sont les banlieues. Au centre des bei-gnes, les grandes villes se
vident; autour des beignes, la campagne se dépeuple aussi." La
saignée de Montréal est lente, M. le Président, mais
inexorable. Le poids relatif de Montréal dans la région
métropolitaine a chuté de 46 % à 35 % durant les quinze
dernières années. M. Noël ajoutait que Montréal
ressemble à une grand-mère pauvre, entourée de
petits-enfants aisés. 26 % des Montréalais vivent malheureusement
sous le seuil de la pauvreté contre 17 % au Québec, ce qui est un
chiffre, de prime abord, très inquiétant.
En 1985 et en 1989, je crois que l'écart ne s'est pas
rétréci. Tout au contraire, il s'est maintenu et U s'est
probablement amplifié. En 1985, le revenu annuel était de 15 761
$ à Montréal et de 17 057 $ au Québec. À
Saint-Hubert, qui est loin d'être la ville la plus riche de la rive sud,
la moyenne était de 22 654 $. Seulement 30 % des Montréalais ont
moins de 25 ans contre 37 % dans le reste de la province. Lorsqu'on parlait de
cette ceinture, ce beigne qui entoure le trou, dans Saint-Hubert, la proportion
atteint 41 % et les tendances à ce niveau-là s'accentuent.
M. Picard, dont on connaît la compétence, donnait un
message sur le développement de la région montréalaise qui
n'a été entendu ni à Québec, ni à Ottawa.
D'ailleurs, c'est le verdict qu'il rendait très bien à la suite
de la publication de son rapport en novembre 1986. En deux ans et demi,
estimait M. Picard, le rapport a pourtant permis à la métropole
de réaliser quelques progrès. Le secteur privé, les divers
groupes et l'administration municipale ont donné suite aux
recommandations du document, en faisant consensus sur les axes de
développement de la métropole.
L'absence de consensus était l'un des principaux bobos - si on
peut employer l'expression - diagnostiqués dans le rapport de M. Picard.
"Le secteur privé et même M. Doré, malgré les
critiques qu'on peut lui faire - je lis le texte de M. Picard - ont pris le
leadership." M. Picard ajoutait - c'est là que ça devient
très inquiétant - "mais je n'ai pas vu se profiler l'ombre d'un
leadership provincial ou fédéral" jugeait-il au moment où
il était invité comme conférencier par le Conseil des
relations interna-
tionales de Montréal.
M. Picard: ajoutait: "Résultat: le poids politique de
Montréal est toujours largement inférieur à son poids
économique. Les gouvernements supérieurs font preuve, selon M.
Picard, d'une vision, à la limite, duplessiste et semi-rurale et
négligent la métropole comme telle. "
On pourrait continuer à citer d'autres articles qui ont paru,
notamment, celui de M. LeBlanc qui, là aussi, donne une analyse assez
pertinente de la situation montréalaise. Il parle du siège social
d'Hydro-Québec qu'on allait trouver, outre le complexe
d'Hydro-Québec, le Monument national, le Théâtre du Nouveau
monde, le Square Sainte-Catherine et les galeries de l'UDM. Tout le monde sait
que plusieurs promoteurs attendaient ce signal pour investir dans la
rénovation de leur propriété, le long du boulevard
Saint-Laurent Le coeur de Montréal allait se remettre à battre,
grâce à cette construction du nouveau siège social
d'Hydro-Québec et à La Laurentienne. Cette merveilleuse
résurrection que tout ce quartier attendait aurait été
terminée en 1991. C'était malheureusement oublier que le pouvoir
du Québec réside dans la capitale, donc séparé par
une autoroute de 280 kilomètres. Dans le bunker de Québec, les
conseillers et les organisateurs de M. Bourassa ont trouvé peu
d'intérêt économiquement ou électoralement
peut-être sans doute dans le complexe d'Hydro-Québec. Le premier
ministre lui-même a tué le projet à petit feu, selon sa
méthode qui lui est tout à fait particulière, d'abord en
soulignant la reprise de l'activité Immoblière au centre-ville
pour en conclure qu'il n'était pas nécessaire d'y contribuer.
Cette reprise s'est faite, M. le Président, mais dans l'extrême
ouest de la ville et non pas dans le centre en direction centre-est.
Parlons du centre bancaire international de Montréal qui a
été un projet dénaturé. De l'aveu même du
ministre des Finances qui, d'ailleurs, nous livrait un discours sur le budget
on ne peut plus succinct cette semaine, le ministre des Finances du
Québec, M. Levesque, disait: Ottawa fait la sourde oreille aux
revendications du Québec formulées en janvier 1987, soit
près d'une année avant l'adoption du projet de loi C-54. Je le
cite, M. le Président: "Le projet de loi sur les centres bancaires
internationaux a été si dilué qu'il ne conserve plus
qu'une valeur symbolique. Ottawa ne semble pas avoir très bien saisi
l'importance de donner suite aux revendications légitimes du
gouvernement du Québec et des représentants des milieux
d'affaires à l'égard du développement de la vocation
internationale de Montréal sur les marchés financiers
internationaux. Ottawa accorde, en effet, des avantages fiscaux, à
portée très limitée, à un petit nombre
d'institutions financières alors que le Québec ouvre ses portes
à une gamme variée d'Institutions financières tout en leur
offrant les bénéfices fiscaux beaucoup plus étendus. "
C'était dans La Presse du 30 janvier 1987.
(i0h15)
On pourrait parler du contrat des frégates accordé au
Nouveau-Brunswick. En décembre 1987, les Québécois
apprenaient - le président du Conseil du trésor, M. Johnson,
était alors ministre de l'Industrie et du Commerce - ce qu'on savait
d'ailleurs depuis six mois, à savoir l'octroi en exclusivité d'un
contrat de 3 500 000 000 $ pour fa construction du deuxième groupe de
six frégates au chantier maritime de St. John's Shipbuilding au
Nouveau-Brunswick. La décision d'Ottawa avait été
interprétée comme un moyen susceptible d'obtenir l'appui du
gouvernement McKenna à l'accord du lac Meech. C'est donc un accord qui
aura coûté très cher au Québec.
Cette décision aura provoqué indirectement la cessation
des activités de la division navale des chantiers maritimes Vickers et
le licenciement de près de 500 travailleurs québécois. La
défense des intérêts économiques du Québec
dans ce dossier a été subordonnée à la quête,
mais vraiment à la quête humiliante de la ratification obsessive
de l'accord du lac Meech qui semble être le dada de notre premier
ministre, aujourd'hui en route pour l'Afrique. Je pense qu'il n'y a pas
à s'étonner que ce matin, conformément aux articles 295 et
suivants, nous ayons demandé une interpellation sur la
détérioration de la situation économique et les
problèmes de chômage à Montréal.
Ce gouvernement a bien parlé. Cela n'allait pas parce que
c'était le gouvernement du Parti québécois. C'est une
chanson qu'on a entendue en cette Chambre, et le président du Conseil du
trésor, même avec une voix quelquefois rocailleuse, ne s'est pas
empêché de la chanter, mais voilà maintenant que si
ça n'allait pas et c'était comme ça à cause du
gouvernement du Parti québécois, là, ça ne va pas
parce que c'est le gouvernement fédéral qui ne veut pas.
Où sont ces supposés bons négociateurs? Quel est le juste
retour de leur grande profession de foi fédéraliste? Si nous, les
séparatistes, n'avons rien obtenu, comment se fait-il que leur
belle-mère, de l'autre côté de l'Outaouais, les boude
à ce point, eux qui sont de la même obédience, et qu'ils
n'obtiennent absolument rien, en définitive, notamment pour le
développement économique de Montréal et pour
suppléer à ce taux de chômage effarant que nous
connaissons, notamment dans l'est de Montréal? J'attends les
réponses du président; pas de vous, M. le Président, mais
de celui du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): Votre temps est terminé,
M. le député de Saint-Jacques. Je vous remercie. M. le
président du Conseil du trésor.
Réponse du ministre M. Daniel Johnson
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Prési-
dent. Nous ne pouvons nous empêcher, dès le départ,
mon collègue d'Anjou et moi-même de nous demander ce que le
député de Saint-Jacques a pensé en nous réunissant
ici ce matin pour nous servir une bouillabaisse comme entrée, un
pâté chinois comme plat principal et une bagatelle comme dessert,
mêlant profil démographique et détérioration
sociologique du tissu urbain de Montréal, ceci tenant à tout un
ensemble de causes dont on pourrait discuter, par exemple, comparativement
à ce qui se passe dans les autres grandes villes
nord-américaines. C'est une chose, mais, en général, ce
serait plutôt la commission des affaires sociales qui pourrait se pencher
là-dessus.
Évoquer les relations fédérales-provinciales comme
voie de solution ou comme obstacle au redressement de la situation
économique de Montréal, se faire - c'est typique de l'Opposition
depuis trois ans - prophètes de malheur sur les perspectives
économiques et sociales des Montréalais dans leur ensemble, se
faire automatiquement l'apôtre de ceux qui tentent d'amener les gens
à investir à Toronto plutôt qu'à Montréal en
faisant ressortir tous les indices de détérioration - il y en a,
si on veut les chercher, on va les trouver - en ignorant de belle façon
les indices d'amélioration qui peuvent exprimer que Montréal est
en phase de transition d'une part... Le gouvernement du Québec - c'est
essentiellement ce qui nous amène ici - a décidé il y a
maintenant plus d'un an, en grande primeur, d'être le premier
gouvernement qui consacre, de façon organisée et
intégrée, des dizaines de millions de dollars à
répondre aux voeux du milieu montréalais qui, par le
Comité de la relance de l'emploi et de l'économie de l'est de
Montréal, notamment, a indiqué, d'une façon
extrêmement précise, les voies à suivre.
Jamais, avant mars de l'an dernier, un gouvernement du Québec n'a
manifesté aussi concrètement son intérêt pour la
situation économique et la situation du chômage à
Montréal que ce que nous avons fait. On a eu droit pendant des
années à des ténors du Parti québécois,
alors parti ministériel, gouvernemental, des Camille Laurin... Est-ce
qu'ils se sont préoccupés de la détérioration
économique de Montréal? Je ne me souviens pas que Camille Laurin
ait fait oeuvre utile au Québec à se préoccuper du
développement économique de ses concitoyens du comté de
Bourget et des quartiers qui l'entourent. Je ne me souviens pas que cela ait
été la marque de commerce de Jacques-Yvan Morin que de se soucier
de l'économie de Montréal. Je ne me souviens pas que cela ait
été la marque de commerce du prédécesseur du
député de Sainte-Marie, M. Guy Bisaillon, de se préoccuper
de l'économie de Montréal. Je ne me souviens pas que l'ancien
leader du gouvernement, Claude Charron, soit passé à l'histoire
et à l'anecdote comme celui qui s'est surtout préoccupé du
développement économique de Montréal.
La liste serait fort longue des députés de cette
région, de ce T de pauvreté que toutes les cartes sociologiques
et économiques de Montréal nous définissent... La liste
serait longue des députés péquistes qui n'ont rien fait,
qui n'ont jamais soulevé le problème, qui n'ont jamais
appuyé les autorités municipales, qui n'ont jamais demandé
à leur gouvernement de faire quoi que ce soit, qui n'ont jamais
transigé avec le gouvernement fédéral comme nous l'avons
fait, pour régler les vrais problèmes de Montréal. Jamais,
J majuscule, Jamais!
Le député a évoqué - je reviens à sa
salade de fruits - un tas d'éléments qui n'ont strictement rien
à faire avec ce que vit Montréal aujourd'hui. Je dis et redis que
Montréal est en transition après avoir perdu des dizaines de
milliers d'habitants. De 1976 à 1981, 100 000 habitants de moins dans la
ville de Montréal, diminution de 100 000 habitants. Depuis 1981,
diminution de 3000. Alors, on ne s'énervera pas avec ça. C'est,
de toute évidence, une stabilité de la population qu'on peut
observer, mais qui cache quelque chose d'assez intéressant que le
député contredit en alléguant certains chiffres, c'est que
la formation de ménages dans la ville de Montréal est en hausse.
Le nombre de ménages qui s'est formé depuis 1981 a
augmenté de 5 %, depuis 1981 jusqu'à 1986, alors qu'il n'avait
augmenté que de 1, 5 % de 1976 à 1981. Ce qui est
intéressant à observer, c'est la formation de nouveaux, donc et
spécifiquement, jeunes ménages dans la ville de Montréal.
Il y a donc quelque chose là.
Je ne prétendrai pas prendre tout le crédit - ce serait
exagéré - de ce qui va bien ou mieux à Montréal. Je
ne prendrai pas, non plus, tout le blâme que le député de
Saint-Jacques voudrait nous faire porter pour une bonne et simple raison. C'est
que lorsque le rapport du CREEEM a demandé au gouvernement du
Québec qu'il contribue à l'égard de certains programmes
une centaine de millions de dollars, nous avons dit: Présents, et nous
nous sommes engagés sur trois ans à consacrer 105 000 000 $ pour
répondre aux besoins définis et décrits par le
Comité de la relance de l'emploi et de l'économie de l'est de
Montréal: plus du tiers en formation et amélioration de
l'employabilité de cette main-d'oeuvre; près de la moitié
à l'égard des aides particulières aux entreprises, via des
congés d'intérêts par une enveloppe particulière qui
est consacrée par la Société de développement
industriel à des projets dans l'est de Montréal, par des
interventions pour accélérer, en collaboration avec la ville de
Montréal dont c'est la responsabilité, l'aménagement de
structures d'accueil dans les vieux espaces industriels, comme L'Assomption et
Rouen, en améliorant, grâce aux interventions du ministre des
Transports, l'échéancier et la qualité des travaux qui se
faisaient attendre pour assurer certaines voies de desserte entre les
différents espaces de l'est de Montréal. On peut dire aujourd'hui
que c'était
évident, mais ce n'était pas assez
évident pour qu'il n'y ait pas un comité particulier qui soit
créé qui regroupait tous les intervenants de la ville de
Montréal.
J'ai entendu le député de Saint-Jacques dénoncer
l'absence de consensus ou alléguer que M. Laurent Picard aurait dit
qu'il faut absolument réaliser un consensus. Oui, évidemment, le
rapport Picard, c'est une chose et le rapport du CREEEM est une autre chose.
Dans la foulée, afin d'assurer le suivi des engagements gouvernementaux
à la suite de la publication du rapport du CREEEM et des engagements
gouvernementaux, nous finançons littéralement - c'est du Jamais
vu et ce n'est sûrement pas le gouvernement avant nous qui aurait fait
ça - une entreprise, une activité: la Table de concertation de
l'est de Montréal, PRO-EST promotion et concertation de l'est de
Montréal. Nous assurons son budget de fonctionnement pour qu'elle fasse
quoi? Pour qu'elle me rappelle et qu'elle rappelle à nos
collègues et aux députés de l'est de Montréal qu'il
y a des engagements gouvernementaux. Nous assurons le fonctionnement d'une
table qui nous rappelle quotidiennement ce que nous avons à faire et qui
en profite pour nous dire que, oui, nous avons bien fait ce que nous avons fait
jusqu'à maintenant. On n'a donc pas besoin du député de
Saint-Jacques pour nous le rappeler ici, vendredi; on le fait de façon
régulière depuis un an avec les gens de l'est de Montréal
et non pas avec le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Consel du trésor. M. le député de Saint-Jacques.
Argumentation
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je ne sais pas si M. le
président du Consel du trésor avait le goût de dresser la
liste de son menu, hier soir, au bal du musée d'Art contemporain, mais
j'en retiendrai plutôt que, si le ministre est incapable de faire
l'équation entre faible revenu, chômage et les conséquences
sociales qui en découlent avec le T de pauvreté qui peut exister,
je pense que ça répond très bien à l'assertion que
nous avons toujours faite que ce gouvernement est sans vision parce que tout se
tient à l'intérieur de ça, M. le ministre et
président du Consel du trésor. (10 h 30)
Vous parlez de dépeuplement et vous dites qui a
été stoppé. Oui, iI a été stoppé,
effectivement, grâce au méchant gouvernement qui vous a
précédé et à l'Intérêt soutenu des
ministres que vous avez tenté de dénigrer tantôt qui ont
fait adopter au Québec des politiques extrêmement progressistes
d'habitation, que vous avez tous, d'ailleurs, annulées l'une
après l'autre.
L'est de Montréal se dépeuple, vous en
êtes d'ailleurs témoin et, par inadvertance, vous l'avez
précisé tantôt en anticipant heureusement sur un avenir
prévisible en me donnant tout de suite le siège de
Sainte-Marie-Saint-Jacques à cause de la folle spéculation
foncière qu'a déclenchée votre collègue, le
député de Laporte, à l'époque ministre des Affaires
municipales, il y a eu un dépeuplement de l'est de Montréal et je
pense que M. Larouche, le député d'Anjou, est capable d'en
témoigner. Si Anjou en a profité, c'est le centre-est et l'est de
Montréal qui en ont été victimes. Quand on regarde
d'ailleurs votre programme d'habitation, l'aide pour achat de maisons dont la
valeur est inférieure à 100 000 $, quel est le prix des maisons
à Montréal? C'est 131 000 $. Vous ne semblez pas comprendre que
tout se tient là-dedans. Naturellement, une vision parcellaire de la
chose vous aide à trouver des faux-fuyants pour esquiver le
débat.
On va aborder immédiatement un point très précis
sur le développement économique de Montréal. Entre
parenthèses, je me permets d'ajouter que vous ne financez que le tiers
du budget de fonctionnement de la table de concertation. Ne prenez pas tous les
mérites. Soyez conséquent avec vos paroles
précédentes. Soligaz, M. le président du Conseil du
trésor, si ma mémoire est bonne, donne 20 000 emplois directs et
indirects dans une partie de Montréal qui est l'est où U y a 36
000 chômeurs. Ce n'est quand même pas à dédaigner la
création de 20 000 emplois.
La participation du gouvernement fédéral
devait être de 150 000 000 $. Or, il n'y avait rien dans le budget
fédéral, vous l'avez lu comme moi. Par contre, dans le budget
déposé par le Québec, aucune indication précise
n'est faite, sauf une vague référence à SOQUIP qu'a faite
le ministre des Finances. Tous les grands projets énergétiques
ont été épargnés, sauf celui de Soligaz. La
réponse, l'échéance viendra en juin 1989. Donc, il reste
à peine douze jours. Mon collègue, M. Ciaccia, rapportait que M.
Masse, l'ex-ministre de l'Energie, disait dans une lettre que c'était
une priorité du gouvernement fédéral, mais il disait ne
pas avoir d'assurance ferme, parce qu'il n'y avait pas eu de lettre formelle
d'engagement. Dans le budget du Québec, il n'y a absolument rien. Ce
sont 2000 emplois. Le coût total de cet investissement représente
1 000 000 000 $ d'investissements au total.
Que comptez-vous faire dans ce dossier qui est important
pour le développement économique de Montréal, et pour la
place de celle-ci dans le secteur de l'industrie pétrochimique? Que
comptez-vous faire dans ce dossier? Est-ce que vous avez une
réponse?
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je lui laisse mes minutes pour se trouver une
réponse.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai noté que le
député n'a pas utilisé tout son temps. Est-ce bien
ça?
Le Président (M. Lemieux): Non, il restait environ cinq
secondes.
M. Johnson: C'est ça, il lui restait un peu de temps.
Alors, il y avait un hiatus ici autour de la table. On attendait un signe d'un
peu tout le monde.
Le Président (M. Lemieux): La parole est à vous, M.
le président.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Si ce n'était pas si triste, le
député de Saint-Jacques me ferait rire. Évidemment, c'est
le rôle de l'Opposition. Non ce n'est pas le rôle de l'Opposition.
C'est facile, lorsqu'on est dans l'Opposition, de dire: N'avez-vous pas
constaté au point de vue économique une évolution
maintenant en branle depuis une vingtaine d'années, soit la
détérioration du tissu manufacturier lourd traditionnel de l'est
de Montréal et de Montréal? C'est un phénomène
observable depuis d'une quinzaine d'années. Alors, essentiellement, dans
ce contexte-là, le député dit à un membre du
gouvernement: N'avez-vous pas pris conscience que, depuis quinze ans, les
choses prennent telle direction et qu'avez-vous fait, hier, le 18 mai, pour que
le problème soit réglé demain?
Dans l'Opposition on peut toujours tenir des discours comme
ceux-là, qui ne correspondent aucunement à la
réalité avec laquelle on est obligés de vivre de ce
côté-ci de la Chambre, c'est-à-dire de faire des gestes
qui, chaque jour, vont toujours dans le même sens, celui de raffermir les
forces de Montréal. Si on parle de Montréal, de faire ce qu'on
devait faire en réponse au rapport du Comité de la relance de
l'emploi et de l'économie de l'est de Montréal, soit de nous
attaquer aux problèmes d'employabilité des résidents de
cette poche de pauvreté - oui, les chiffres sont là - de
consacrer des sommes considérables pour assurer le déclenchement
de projets de petites et moyennes entreprises, notamment - il y en a eu des
douzaines depuis - et la compétitivité accrue des grandes
entreprises en mettant à leur disposition des sommes gouvernementales
non négligeables, plusieurs millions, pour des études de
faisabilité, de diversification et d'amélioration de leur
productivité, par le biais d'emplois de technologie existante, de
technologie nouvelle.
C'est beaucoup de choses. Le député aime mieux ignorer
toutes ces choses. Il a bien le droit de parler de toutes sortes de choses, y
compris le menu que j'aurais dégusté hier. Enfin, s'il veut faire
ça, je vais lui parler des menus des mouleries de la rue Saint-Paul,
à Québec. On va s'échanger les notes de repas ou je ne
sais trop. Je ne pensais pas qu'on était ici pour ça. On peut
faire ça en d'autres lieux, à d'autres moments. Cela me ferait
extrêmement plaisir de faire ces choses en présence de qui que ce
soit, mais on ne peut pas faire perdre le temps des gens avec des histoires de
fou.
Le député de Saint-Jacques persiste à isoler, dans
toute la gamme des choses qui se déroulent à Montréal,
celles qui avancent, mais ne sont pas encore réalisées. Mais il a
oublié de parler... On parle de pétrochimie. C'est pour ça
qu'il parle de Soligaz. Ce n'est pas illogique, la vocation
pétrochimique de Montréal, en voie de disparition un temps, en
voie de résurrection maintenant, avec le projet Chemtech: 149 000 000 $,
de mémoire, implication considérable des deux paliers
gouvernementaux, fédéral et provincial. Belle collaboration dans
ce projet, aucun doute dans mon esprit. Un tas de projets, y compris
éventuellement celui de Soligaz, à l'égard duquel le
collègue du député de Saint-Jacques, le
député d'Ungava, a longuement harangué mon collègue
de l'Énergie qui a répondu tant de fois qu'on a
arrêté de les compter et dont j'ai presque peur qu'un jour le
Journal des débats ne fasse que se référer à
des conversations antérieures qui ont eu lieu entre le
député d'Ungava et le ministre de l'Énergie et des
Ressources à ce sujet.
Ce sont toujours les mêmes questions. Qu'est-ce qui arrive? Tant
que ce n'est pas arrivé, on peut demander quand est-ce que ça
arrivera. C'est entendu. Mais quand ça va arriver, on va nous dire que
ce n'est pas grâce à nous, c'est grâce aux autres. C'est de
bonne guerre, je présume. Mais, en attendant, je reporte notre
collègue de Saint-Jacques aux propos du ministre de l'Énergie et
des Ressources, aux propos du ministre de l'industrie, du Commerce et de la
Technologie et aux miens. Nous continuons notre travail et nous sommes
confiants que la vocation pétrochimique de Montréal va
renaître.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René-Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. Au début de
cette interpellation, je voudrais me référer au discours du
député d'Ungava, hier soir, dans lequel il a fait part de la
parabole du semeur et du récolteur. Le député d'Ungava
nous disait que, nous, du gouvernement libéral, nous étions les
récolteurs. En fin de compte, on
récoltait les bonnes choses qui avaient
été semées par le gouvernement du Parti
québécois, au cours des années
précédentes.
Alors, on arrive ce matin et, là, on ne pourrait
plus utiliser la parabole du semeur et du récolteur. Concernant la
situation économique qu'on connaît à Montréal et, en
particulier, dans l'est de Montréal, c'est encore la même parabole
qui s'applique. On récolte ce qui a été semé par
les politiques du Parti québécois.
Le député de Saint-Jacques faisait
référence au rapport du Conseil des affaires sociales: Deux
Québec dans un. Je me demande s'iI l'a lu, parce qu'à chaque
fois, on se rend compte que le député de Saint-Jacques donne aux
statistiques un traitement qui s'apparente à la torture. Par exemple,
quand il nous dit que l'est de Montréal se dépeuple. Si on
regarde l'ensemble de I'île de Montréal, s'il y a une partie qui
connaît une croissance démographique, c'est bien l'est: les
quartiers de Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies, etc. Alors ce
n'est vraiment pas sérieux de dire cela. Il fait référence
à Soligaz. Il fait référence à nos modes de
négociation avec le gouvernement fédéral.
Il est clair que le député de Saint-Jacques
aurait avantage à être plus sérieux en négociant
avec ses collègues des solutions qui seraient de nature à
améliorer les situations. Lorsqu'on fait une telle interpellation, en
fin de compte, c'est pour discuter de façon intelligente d'un
problème pour essayer de trouver ensemble des solutions
intéressantes pour tout le monde. On se rend compte que ce sont des
accusations qui ne tiennent pas debout, ce sont des diagnostics absolument
farfelus. Certaines choses existent, il y a des états de fait qui sont
réels. Par exemple dans le rapport du CREEEM, des diagnostics ont
été faits. Ils étaient neutres, Is ont été
faits par l'Office de planification et de développement du
Québec. Je parle de la situation dans l'est de Montréal, comme
président du caucus des députés libéraux de l'est
de Montréal. On parlait de licenciement collectif, de la fermeture des
pétrolières, de la chute de la pétrochimie dans l'est. On
parlait de problèmes d'adaptation de la main-d'oeuvre, de
problèmes qui s'ensuivaient dans l'employabilité et on disait que
l'économie de l'est s'en allait vers la tertiarisation; on s'en allait
vers une économie de services. On disait enfin que, dans l'est, 1 y
avait des territoires à consolider. Il y avait des terrains industriels
à améliorer, autant dans l'est de Montréal que dans le
reste du territoire.
Il y a eu des suites à ces diagnostics, des
solutions ont été proposées. Ces solutions sont
appliquées depuis 1987 et, plus particulièrement, le début
de 1988. On obtient des résultats intéressants. Lorsqu'on nous
dit, par exemple, que dans l'est de Montréal on manque de leadership,
j'aimerais qu'on y revienne parce qu'on fait référence à
une vision... On parle souvent de manque de vision. Notre vision, c'est que le
leadership vient du peuple, le leadership vient de la base, le leadership n'est
pas le gouvernement dans certains dossiers. Quand il faut discuter avec le
gouvernement fédéral, le leadership est au gouvernement.
Lorsqu'il est temps de se prendre en main, le leadership vient du milieu
D'ailleurs, c'est le titre du rapport du CREEEM, du Comité de la relance
de l'emploi et de l'économie de l'est de Montréal: 'Se prendre en
main*. On aura l'occasion d'y revenir au cours des prochaines
périodes.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Merci, M. le
député d'Anjou. M. le député de Saint Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, on voit bien que le
président du Conseil du trésor est un ministre de M. Bourassa.
C'est véritablement la voix de son maître qu'on a entendue.
Manifestement, le président du Conseil du trésor n'a rien
à répondre ou il n'est absolument pas intéressé Le
projet Soligaz, M. le Président, est fondamental pour Montréal,
notamment pour l'est. Je ne disconviens pas de certains des propos du
député d'Anjou, c'est-à-dire que les extrêmes,
l'extrême est et l'extrême ouest se repeuplent. La preuve, ne
modifie-t-on pas la carte électorale dans votre région, parce
qu'il y a eu augmentation de la population? Mais vous avez dû remarquer
que dans le centre-est, il y a plutôt fusion que diminution de
population. Donc, vous me donnez raison.
(10 h 45)
Le projet Soligaz est fondamental pour Montréal, M.
le Président, notamment pour l'est, je vous le répète. Je
ne voudrais pas apprendre dans quelques mois que le président du Conseil
du trésor savait, mais n'a rien dit, comme ça a été
le cas dans le dossier des frégates, et qu'il nous applique la
même médecine dans le projet de Soligaz. Soligaz, ce sont des
partenaires, Noverco, SOQUIP, Pétromont et SNC, et la date ultime pour
leur engagement - tout cela est conditionnel - est au mois de juin, donc dans
douze jours, si M. le président du Conseil du trésor ne sait pas
compter.
Je vais de nouveau lui répéter ma question -
et c'est parallèle à ce qui s'est passé dans le cas des
frégates; tout le monde l'a vu couler à pic, à ce
moment-là - Quelles sont les pressions que vous faites auprès
d'Ottawa? Est-ce que vous croyez qu'on a les moyens de perdre 20 000 emplois
directs et indirects dans une zone où il y a 30 000 chômeurs? La
vision très populiste du Parti libéral que vient de donner le
député d'Anjou, il me semble qu'il devrait l'articuler dans des
gestes concrets et de demander à son collègue,
député de l'extrême ouest de la ville: Qu'est-ce qui se
fait? Cela ne se fera pas, vous le savez, et vous allez attendre pour nous te
dire, comme dans le cas des frégates? Sinon, qu'est-ce que vous faites,
concrètement?
L'échéance est dans douze jours, au maximum. Qu'est-ce que
vous faites? Êtes-vous capable de donner une réponse claire, nette
et précise à ce sujet, sans aller dans l'esquive, comme vous
l'avez fait tantôt?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Ma question était très claire. Ce
sont les réponses qui ne le sont pas. Encore une fois, je le
répète, je suis prêt à lui donner tout mon temps
pour avoir au moins un élément de réponse de la part du
président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, non seulement le
député de Saint-Jacques, comme l'a souligné très
pertinemment mon collègue d'Anjou, fait reposer ses interventions sur
des données fausses, mais aujourd'hui, à l'occasion d'une
interpellation qui porte - je n'ai pas rêvé - sur la situation
économique de Montréal, il décide - ça fait deux
questions, il prend à peu près le tiers du temps qui lui est
imparti, peut-être le quart - de poser une question qui a
déjà été posée des millions de fois à
l'Assemblée nationale: Qu'est-ce que vous faites à propos de
Soligaz? Il aurait pu au moins m'aviser - je n'ai pas de difficulté avec
ça - pour qu'on apporte ici, ce matin, les agendas de mes
collègues de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et du
ministère de l'Énergie et des Ressources et qu'on lui indique ce
que les partenaires du projet font - notamment les partenaires
québécois comme Pétromont, dont j'avais la
responsabilité comme ministre de l'Industrie et du Commerce jusqu'en
juin dernier, alors que j'occupais ce poste - pour assurer au Québec des
investissements additionnels dans la pétrochimie.
De toute évidence, le député de Saint-Jacques -
c'est comme ça que je vois ça - se rend compte qu'il n'a plus
aucune poignée pour nous dire que ça ne va pas bien depuis un an
à Montréal, notamment dans l'est de Montréal, quoique
l'interpellation portât sur Montréal. On ne disait pas clairement
si c'était l'île, la ville ou l'est. Il parle beaucoup de l'est,
il a parlé du profil de la ville, il a débordé de la ville
et de l'est pour aller dans d'autres municipalités comme Anjou. Il se
promène partout sur la carte. Je le comprends. Étant donné
qu'il semble avoir perdu la sienne, ce n'est pas étonnant.
Il a décidé de revenir, il a trouvé un filon. J'ai
expliqué tout à l'heure le rôle de l'Opposition... Pas le
rôle, excusez-moi, le comportement et le rôle se confondent,
à un moment donné. Le comportement de l'Opposition, c'est de
trouver un dossier majeur de longue haleine, qui est en gestation depuis
longtemps, qui demande des interventions d'une très grande
complexité à toutes sortes de niveaux techniques, politiques,
administratifs et financiers. C'est un dossier d'une complexité
extraordinaire qui peut avoir des retombées formidables.
Il veut savoir. Qu'est-ce que vous faites pour que ce soit
réglé dans douze jours? Je n'ai jamais vu cela, c'est farfelu,
c'est à l'image du député. Au fond, je ne devrais pas
m'étonner d'une question comme celle-là. Cela offre l'avantage au
député - s'il s'imagine qu'il va toujours nous ramener sur un
projet que le gouvernement du Québec s'emploie à
développer par les ministères sectoriels - de ne pas être
obligé de nous demander comment il se fait que des projets
d'investissements de 10 000 000 $ et plus, annoncés ou en cours dans
l'île de Montréal, totalisent 12 000 000 000 $ au moment où
l'on se parie. Une croissance phénoménale des investissements
donc de la création d'emploi sur l'île et dans la ville de
Montréal par rapport à l'an dernier, une troisième
année de suite. Baisse spectaculaire du nombre de personnes en
chômage ou à l'aide sociale.
Le taux d'activité, c'est cela la meilleure mesure de la
confiance des gens. Quel que soit le résultat de la recherche d'un
emploi, il y a un nombre extraordinaire de Montréalais qui disent,
lorsqu'on les interroge, qu'ils sont à la recherche d'un emploi. Ils ont
confiance qu'ils vont en trouver un, ils sentent que cela va bien. Il y a un
taux d'activité de près de 65 % dans la ville de Montréal,
en progression constante depuis cinq ans. Cela, c'est la lumière pour
Montréal. Cela vient démontrer qu'on devrait continuer à
avoir confiance, qu'on a bien fait de faire ce qu'on a fait et qu'on les appuie
comme on le doit. Le député aime mieux ne pas parier de cela, je
le comprends. Il aime mieux poser des questions dont les détails
relèvent très strictement de deux autres de mes collègues
qu'il n'a même pas convoqués ce matin. S'il décide qu'il va
parier à des gens qui ne sont pas ici, je n'ai pas l'intention de
répondre à ses questions et de répondre aux questions
qu'il n'a pas posées.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René-Serge Larouche
M. Larouche: M. le Président, la traduction en prose des
interventions nébuleuses du député de Saint-Jacques est
difficile à interpréter. Alors, si j'ai bien entendu,
d'après lui, il pose une question sur Soligaz. Pour lui, un projet comme
Soligaz, cela devrait se référer à une politique du
miraculeux. Il suffit de dire qu'il y a un projet pour qu'on tire cela du
chapeau et que le fédéral, tous les intervenants
socio-économiques, tous les intervenants des entreprises s'accordent,
dans les douze jours, en pressant un bouton.
C'est une vision d'un état autoritaire, d'un
état qui pousse tout le monde dans le dos. Et ce n'est pas notre
façon de faire. Mes collègues, le président du Conseil du
trésor et le ministre de l'Énergie et des Ressources, M. Ciaccia,
l'expliquaient à la commission de l'économie et du travail,
l'ampleur du projet Soligaz nécessite évidemment un doigté
dans les négociations, qui ferait défaut au député
de Saint-Jacques. Si on veut réussir ce projet, ce n'est pas la question
qu'après douze jours ce soit fini. Si, après douze jours, 1 n'y
avait pas de projet Soligaz, cela ne voudrait pas dire qu'il n'y aurait jamais
de projet Soligaz. Voyons donc!
Le projet Soligaz est extrêmement important parce que
- iI faut l'expliquer aux gens qui nous écoutent - iI s'agit du
transport de l'énergie, du transport du gaz naturel liquide de Sarnla
vers Montréal, en passant par Varennes et en échouant dans l'est
de Montréal qui est le lieu de la pétrochimie. On parle de la
création éventuelle de 20 000 emplois directs et Indirects, comme
cela. Cela Implique plus de 1 500 000 000 $ d'investissements. Et il faudrait
qu'en douze jours, comme ça, on tire ça du chapeau: Voilà
le miracle! Cela se réfère justement à la pensée
mysticotranscendantale du député de Saint-Jacques et de son
gouvernement du Parti québécois, s'il était ici. Nous ne
fonctionnons pas comme ça. On négocie avec le gouvernement.
Alors, le gouvernement du Québec qui négocie d'égal
à égal avec son partenaire fédéral... Mais
ça c'est une partie du dossier. Il faut négocier avec des
intervenants qui s'appellent Noverco, qui s'appellent SOQUIP, qui s'appellent
d'autres pétrolières puissantes, qui s'appellent des groupes
internationaux parce qu'il faut trouver des marchés. Lui, monsieur,
voudrait avoir un marché Soligaz, de grosses cheminées dans l'est
qui feraient de la pollution. Nous, avec le ministère de
l'Environnement, devons voir si le projet Soligaz ne contrevient pas à
l'environnement Parce que s'il y contrevenait, il n'y aurait pas de projet
Soligaz. Parce que ça rentre dans nos politiques que tout projet
économique doit respecter l'environnement sinon iI ne se
réalisera pas. Et c'est comme ça pour l'est de Montréal.
C'est comme ça pour Montréal. C'est comme ça pour la
région de Québec et toutes les autres régions. Alors, il
n'y aura pas de Soligaz si ce projet ne respecte pas les normes de
l'environnement
Quant à la question des 12 jours, ne vous
énervez pas avec ça, même si vos politiques nationales
socialistes ont échoué dans le passé concernant la
pétrochimie. Quant à nous, le projet Soligaz est un projet qui
est en marche et dont la date de tombée n'est pas limitée dans le
temps. On travalle le dossier et on aurait besoin de votre collaboration.
D'ailleurs c'est pour ça qu'on fait une Interpellation. C'est pour
échanger des points de vue au gouvernement, à l'Assemblée
nationale avec nos collègues de l'Opposition et pour nous aider à
trouver des solutions.
Le président du Conseil du trésor nous expliquait
tantôt ce qui a été fait pour l'est de Montréal. On
aura l'occasion d'y revenir à un niveau très concret, soit au
chapitre des investissements dans le domaine des aliments et boissons qui
était une faiblesse pour l'est de Montréal, au chapitre du
vêtement et du matériel de transport. Alors vous allez voir les
chiffres qui seront donnés parce qu'on ne travestit pas la
réalité. On l'interprète et on applique ses
résultats. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Anjou. M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Je pense que c'est manifeste, M. le
Président, que le député d'Anjou, au-delà de son
enflure verbale - et je vous rappellerai à la neutralité, M. le
Président - ne connaît manifestement pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques, c'est votre expression qui m'a fait sourire tout simplement.
M. Boulerice: Elle s'adresse autant pour mes propos que pour les
autres, M. le Président. Alors au-delà de l'enflure verbale du
député d'Anjou que je ne commenterai pas... Je pourrais rappeler
une phrase de mon grand-père. Il disait: "Je ne me suis jamais
intéressé à... mais ce n'est pas aujourd'hui que je vais
commencer" Le ministre ne connaît véritablement pas le dossier de
Soligaz. C'est manifeste et c'est patent. Et, M. le Président, comment
le ministre peut-il nous demander, dans ce dossier qu'il ne connaît pas,
de lui faire confiance? Alors qu'on a bien essayé de lui faire confiance
dans le cas des frégates qui ont coulé et dans lequel on avait
mis encore la de nouveaux espoirs pour les sous-marins à propulsion
nucléaire. Là, encore, si ça n'a pas coulé, on peut
dire que c'est comme la connaissance du dossier, le nucléaire a eu des
fissures dans la tête du ministre puisque c'est un autre contrat qui a
échappé au Québec. Donc, je pense que c'est très
évident, aux propos qu'il tient, que le ministre ne connaît pas le
dossier Soligaz et que son acolyte n'en a pas une connaissance également
importante. Et quand le ministre dit. Oui, mais vous vous adressez à
d'autres collègues. J'aimerais lui poser la question. Etes-vous ou
n'êtes-vous pas le ministre responsable de Montréal? Alors... (11
heures)
M. Johnson: C'est la question?
M. Boulerice: C'est une question à laquelle vous aurez
à répondre tantôt si vous avez une réponse.
On va parler du transport dans la région de Montréal. Et,
encore là, je vais peut-être être tenté de
présumer des réponses qu'on va avoir,
mais de toute façon donnons au coureur sa chance. Est-ce que le
gouvernement va participer à la mise sur pied de la table de
concertation sur l'industrie ferroviaire à Montréal qui est un
sujet d'importance? J'étais d'ailleurs à la conférence de
presse qu'avaient donnée les ouvriers de l'usine à Angus. Est-ce
que ce gouvernement va participer, comme je vous le disais tantôt,
à la mise sur pied de la table de concertation sur l'industrie
ferroviaire à Montréal?
Pour ce qui est de l'avenir, est-ce que vous êtes au courant, y
a-t-il eu des actions de cette table face au gouvernement fédéral
et quelles sont les vôtres participant ou ne participant pas à
cette table face au gouvernement fédéral quant à
l'éminence du déménagement des ateliers Angus vers la
province voisine, de l'Ontario? Je ne suis pas mêlé, Monsieur,
c'est vous qui êtes mêlé dans vos réponses. Tentez
d'y répondre!
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Ah oui, je lui laisse tout le temps...
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais simplement
vous...
M. Boulerice:... pour trouver des réponses.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jacques, mais j'aimerais vous faire remarquer
peut-être l'une des règles en ce qui a trait à
l'interpellation qui est la suivante: Tout à l'heure, vous avez fait
état de ma neutralité. J'aimerais vous faire remarquer qu'un
président, lors d'une interpellation, n'a pas à être neutre
parce qu'il a aussi son droit de parole et son droit d'opinion et je pourrais
même intervenir en tant que député ministériel
puisque je suis membre de cette commission. Par contre, ce qui est important
c'est que je dois être impartial en ce qui a trait à l'application
des règles et en ce qui a trait à l'application du
règlement. Alors, sur ce, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Boulerice:... avec vous, ne vous gênez pas d'intervenir,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jacques. M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Président. Autrement
dit, c'était évident, vous n'avez pas à hésiter
à rire des propos du député de Saint-Jacques. Je comprends
bien et vous n'avez pas à faire l'effort surhumain de vous retenir.
C'est cela que j'ai compris surtout tant et aussi longtemps que le
député a le droit à ses cinq minutes comme on a droit
à nos cinq minutes, l'alternance, etc., c'est pas mal ça. C'est
une bonne idée parce que dans le fond ça aurait été
absolument inhumain de vous demander de garder votre sérieux devant les
propos du député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques, M. le président du Conseil du trésor est sur son
temps de parole.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: C'est cela et il fume en Chambre en plus, ça
n'a pas de bon sens! Les règles c'est pour les autres ça, M. le
Président. Le député m'a demandé si j'étais
le ministre responsable de la région de Montréal. Ma
réponse c'est: Oui. Maintenant, qu'est-ce que c'est le contenu? On va se
comprendre là un peu. Est-ce que s'il y avait un accident d'autobus
impliquant une voiture du ministère des Transports quelque part dans le
comté du député, est-ce que le ministre responsable de la
région de Montréal devrait intervenir auprès des hautes
instances de la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal pour leur demander comment il se fait que leur
autobus a frappé un véhicule du ministère des Transports
du Québec? Là, je vous dis tout de suite que je ne suis pas
responsable de la région de Montréal à ce titre-là
ou de cette façon.
Si d'aventure, on avait à regarder comment les services sociaux
et de santé dans un quartier de Montréal sont ou ne sont pas
disponibles dans un local plus ou moins climatisé, et que les gens du
quartier s'en plaignaient, est-ce que je serais responsable d'une intervention
parce que ça se passe à Montréal? Je vous dis tout de
suite: Non. Je vous dis tout de suite de ne pas me demander de régler
vos cas de comté parce que je suis ministre responsable de la
région de Montréal. On arrive dans des dossiers industriels.
Est-ce qu'à l'égard de tous les projets bien logés et ils
l'étaient lorsque j'étais ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie et, par ailleurs, ministre responsable de la région de
Montréal... Il y avait donc aux deux titres une implication, pourrait-on
penser, mais c'était comme ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie que je pouvais être impliqué dans Soligaz par le biais
de Pétromont dont j'étais l'actionnaire, à ce
moment-là, avec l'Union Carbide. Il est évident que
c'était un dossier sectoriel et qu'aujourd'hui n'étant pas
ministre sectoriel de l'Industrie et du Commerce ni de l'Énergie et des
Ressources, je n'irai pas mêler les cartes comme voudrait le faire le
député de Saint-Jacques auprès de mes collègues qui
ont le dossier en main. La preuve, c'est le député d'Ungava qui
pose les questions sur Soligaz. Le député d'Ungava serait-il
responsable de la région de Montréal? Je m'inquiète, si,
du côté de l'Opposition, c'est le député d'Ungava
qui est en charge de choses comme ça, responsable de dossiers comme
celui-là pour la région
de Montréal. Mais, de toute évidence, au point de vue
sectoriel, c'est lui qui pose les questions sur Soligaz. C'est logique, c'est
un dossier sur l'énergie et les ressources.
On arrive ici en interpellation concernant la situation
économique de Montréal, donc on est en droit de préciser,
on a des réponses et même des questions qu'on pourrait explorer
avec le député pendant des heures sur la situation
économique de Montréal et sur les raisons pour lesquelles ces
choses-là se sont produites, sur des correctifs à apporter, la
façon de le faire, ce que le milieu montréalais a fait. Mais non,
il pose des questions sur des dossiers sectoriels. Il est encore tout
mêlé. Il nous traîne ici, vendredi matin, parce qu'il est
tout mêlé et, pour lui faire plaisir, on lui dit: Oui. M. le
député, on va être là. Alors on est là, iI
n'y a pas de problème.
Le ministre responsable de la région de Montréal
s'Illustre lorsqu'un dossier multidiscipllnalre, dirions-nous, de
Montréal, émanant du milieu montréalais, le Comité
de la relance de l'emploi et de l'économie de l'est de Montréal -
est-ce qu'on peut être plus montréalais que ça - interpelle
le gouvernement du Québec. Qui répond? Le ministre responsable de
la région de Montréal. Je n'ai rien vu dans le rapport du CREEEM
quant à ce que Pétromont est en train de fabriquer ou Noverco
pour amener Soligaz, les liquides de gaz naturel, dans l'est de
Montréal.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
président du Conseil du trésor.
M. Johnson: On ne s'est jamais fait demander ça. Le
ministre responsable de la région de Montréal ne s'est jamais
fait demander ça par le milieu montréalais. Je pensais qu'on
était ici pour parler des choses dont on est censés parler.
Étant donné qu'en commission il n'y a pas d'appel à la
pertinence, on est condamnés à écouter le
député de Saint-Jacques dire n'importe quoi et à rire de
lui comme le règlement le permet, si je comprends bien.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René-Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. Le
député de Saint-Jacques faisait appel tantôt à
certaines considérations relatives à mon enflure ou à ma
prétendue enflure verbale.
M. Johnson: C'est très modéré.
M. Larouche: C'est très modéré comme
remarque. J'aimerais lui répondre que je préfère le mot
juste; je regarde ce que veut dire pensée mysticotranscendantale, je
l'applique à M. le député de Saint-Jacques et ça
colle très bien.
Il nous fait une interpellation et il parle des sous-marins. On verra le
Journal des débats tantôt. Il a parié des sous-marins, du
nucléaire et de fissures quelque part, et il est arrivé avec le
transport dans la région de Montréal. Là je n'ai rien
compris. J'avais commencé à prendre des notes, mais j'ai
cessé. L'objet de l'interpellation, c'est de dire au gouvernement, et
c'est ce que devrait nous dire l'Opposition: Écoutez, il y a un
problème ici. On fait un diagnostic, avec le Comité de la relance
de l'emploi et de l'économie de l'est de Montréal ou un autre
groupe. Qu'est-ce que vous avez fait? On en est rendus qu'on ne peut pas en
parier. Je veux commencer à en parler parce que - c'est rendu que je
fais presque de la thérapie - je vais présumer que c'est
ça, sa question.
Je vais vous dire ce que signifie: L'est de Montréal se prend en
main. Je vous donne trois exemples. On a toujours de petits blocs de trois
minutes... Je vais vous en donner quatre. Il y a un groupe qui s'appelle ICEM,
Initiative de création d'emplois de Montréal. C'est quoi?
Initiative de création d'emplois de Montréal est un groupe
créé par Imasco Itée et il commençait ses
activités en mars 1987. Je n'ai que des félicitations à
offrir à Imasco et au groupe ICEM. Pourquoi? Parce qu'ils se sont pris
en main. Ils se sont organisés pour que le milieu collabore avec eux et
ils ont créé plus de 1500 emplois. Plus encore, ils travaillent
dans le milieu du sud-ouest, ils veulent collaborer avec l'est de
Montréal. Ce sont eux qui vont au devant et qui encouragent le milieu
à travailler et qui stimulent la création d'emplois. Alors,
félicitations à Imasco et félicitations à ICEM.
Le dossier économique création d'emplois. Dans le rapport
de l'est de Montréal, "Se prendre en main", on parle de problèmes
d'em-ployabilité. À Montréal et dans votre comté,
M. le député de Saint-Jacques, il y a des analphabètes. Je
me demande ce que vous fartes pour eux. On a favorisé la création
d'un groupe qui s'appelle Alpha 90 pour préparer l'Année
internationale de l'alphabétisation décrétée par
l'Unesco, pour encourager les initiatives reliées au progrès de
l'alphabétisation dans l'est de Montréal et dans le comté
d'Anjou, parce que Anjou fait partie de l'est de Montréal, et aussi dans
votre comté. D'ailleurs, ces gens-là vous ont contacté et
on m'a dit que vous n'aviez pas répondu. Alors, le groupe Alpha 90, ce
sont des gens du milieu qui se prennent en main pour dire: II y a un diagnostic
de difficulté d'alphabétisation, mais on fera en sorte qu'il n'y
ait pas un analphabète dans le comté d'Anjou, dans tout l'est de
Montréal et même dans le comté de Saint-Jacques. Ça,
c'est une autre initiative.
Une avant-dernière parce que j'en aurai une autre, le groupe
Orient. C'est quoi? Orient pour l'est de Montréal? Pourquoi? Parce que,
justement, à la suite de ça, pour l'est de l'île de
Montréal, l'avenir se lève à l'est comme le soleil. Le
groupe Orient est un groupe qui veut que
l'est de Montréal retire les meilleurs avantages possible du
traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
C'est un groupe... Oui, faites le signe que je suis capoté, mais c'est
un groupe dont je suis fier et j'aimerais ça qu'il y ait des citoyens du
comté de Saint-Jacques qui collaborent avec le groupe Orient. On fait
des demandes pour chacun des comtés, des 18 comtés de l'est de
Montréal. Le comté de Maisonneuve, ça ne répond
pas. Le comté de Saint-Jacques, ça ne répond pas. Mais
non, il faudrait que les solutions viennent de l'État. Nous, les
solutions viennent du milieu, viennent des gens d'affaires, viennent des
groupes associatifs, viennent des individus. Je souhaite et j'invite le
député de Saint-Jacques et la députée de
Maisonneuve à nous soumettre des noms pour que ces groupes
d'alphabétisation, ce groupe Orient, qui vise des activités
internationales... Et, en passant, on n'a pas beaucoup d'argent du gouvernement
pour ça, un petit 1000 $.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, rapidement, M.
le député d'Anjou.
M. Larouche: On n'en a pas besoin parce que ces gens-là se
prennent en main et vous allez voir, vous en aurez des nouvelles.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député d'Anjou. M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, c'est à la fois
tellement drôle d'entendre l'autre côté que ça en est
triste à en pleurer, en définitive. C'est une vieille tactique,
d'ailleurs, éprouvée. Depuis trois ans et demi qu'on voit ces
gens en face, lorsque le message les dérange, eh bien, de bonne guerre,
on essaie d'attaquer plutôt le messager. Mais les gens ne sont pas dupes,
c'est télévisé, ils entendent, ils ont vu d'ailleurs les
élucubrations du député d'Anjou, ils ont surtout
remarqué l'absence totale de réponses de la part du ministre
responsable de l'île de Montréal.
L'interpellation disait bien: Situation économique et
problèmes de chômage. Si des investissements de 1 000 000 000 $
comme Soligaz n'aident pas la situation économique et ne
préviennent pas la détérioration possible, si par malheur
nous ne l'avions pas, et quand on songe, je le répète, qu'il y a
36 000 chômeurs et que le problème de chômage va s'en
retrouver augmenté, le ministre ne trouve pas d'autre esquive que de
dire: Oui, mais il aurait dû inviter mes autres collègues. Mais
c'était supposé être un gouvernement de concertation, on se
parle. Remarquez que ces derniers temps on se lance plutôt des baffes
à la figure: Bacon visite Lincoln, Lincoln visite Côté,
Côté... en tout cas, de toute façon, c'est le mode de
fonctionnement actuel d'un gouvernement qui se désagrège. Ce que
le ministre refuse de faire, c'est de répondre aux questions.
Qu'a-t-il fait? Au mois de juillet, et c'est quand même
très près, on commencera le déménagement des usines
Angus. Qu'a-t-il fait comme ministre responsable? Il est responsable de sa
responsabilité juste au sens littéraire du terme, ou bien non, il
a un rôle de coordonnateur de toutes les actions gouvernementales de
l'île de Montréal pour ce qui est de la situation
économique? Qu'est-ce que le ministre a fait face au
déménagement des usines Angus qui commencera en juillet?
Qu'a-t-il fait au maintien intégral des centres d'entretien? Quand on
songe que Via Rail, c'est 3000 emplois sur les 7500, Québec pourrait
perdre des milliers d'emplois reliés à l'industrie du rail. C'est
un article de M. Asselin dans Le Soleil où on dit que de 10 000
à 30 000 emplois pouvaient être reliés à l'industrie
ferroviaire dans la métropole. Qu'est-ce que le ministre fait? (11 h
15)
On disait - cela va faire taire les attaques, encore là, du
méchant gouvernement précédent - que M. de Belleval a
toujours été un progressiste. Il a été le premier
à présenter un plan de transport pour la région de
Montréal. Je le comprends de ne pas rester là, effectivement,
à Via Rail dans de telles conditions.
Nous avons fait des choses, mais, lui, qu'est-ce qu'il fait dans une
situation qui se détériore? Qu'est-ce qu'il fait? Qu'est-ce que
vous faites dans le cas du déménagement d'Angus? Qu'est-ce que
vous faites pour Via Rail? Avez-vous une réponse?
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Et également pour l'ensemble de l'industrie
ferroviaire au Québec, les abandons de ligne? Parce que si ça ne
roule pas en Abitibi... Je veux dire, le matériel roulant, tout le monde
sait qu'il est réparé à Montréal. Les emplois sont
là. Qu'est-ce que vous faites?
Enfin, on peut peut-être faire le truc comme M. Jourdain qui
s'apercevait, dans son envolée, qu'il faisait de la prose. Le
député Langevin a parlé d'alphabétisation. Son
gouvernement, qui a étranglé tous ces groupes, maintenant, essaie
de renverser la vapeur. C'est un aparté pour ses
élucubrations.
Mais la question reste toujours au ministre, président du Conseil
du trésor. Qu'est-ce que vous faites dans le cas du
déménagement des usines Angus? Qu'est-ce que vous faites pour le
maintien intégral de l'ensemble des lignes ferroviaires et des centres
d'entretien qui sont principalement à Montréal? Qu'est-ce vous
faites?
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous attendez que les wagons
subissent le même sort que les frégates? C'est
terminé. J'attends toujours...
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé. Je vous
remercie, M. le député de Saint-Jacques. M. le président
du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Tout d'abord, moi
aussi, je vais exprimer ma déception que, devant des initiatives
d'alphabétisation qui, dans le fond, font partie intégrante -
juste en aparté - des programmes de formation, d'employabilité
pour la main-d'uvre de l'est de Montréal, qu'en matière
d'alphabétisation, le député ne sache pas que, cette
année, nous consacrons 800 000 $ de plus que l'an dernier aux organismes
volontaires d'éducation populaire qui revêtent, la plupart du
temps, cette forme d'organismes qui consacrent leurs énergies à
alphabétiser certaines populations sous-scolarisées.
Je suis extrêmement déçu, comme le soulignait M. le
député d'Anjou, que le député de Saint-Jacques ne
se soit même pas fichu de répondre dans son comté aux
demandes qui peuvent lui être adressées à ce sujet.
M. Boulerice: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, une question de
règlement, M. le député?
M. Boulerice: Est-ce que M. le ministre pourrait me
déposer les preuves de son assertion en ce sens que je n'ai jamais
répondu à ce groupe?
Une voix: Alpha 90.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: J'ai avec moi l'attaché politique
responsable de mon bureau de circonscription. J'aimerais beaucoup...
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, M. le
député de Saint-Jacques, il ne s'agit pas d'une question de
règlement et je me réfère à l'article 214:
"Lorsqu'un ministre cite, même en partie, un document, tout
député peut lui demander de le déposer
immédiatement. Le ministre doit s'exécuter sauf s'il juge que
cela serait contraire à l'intérêt public". Alors, il n'y a
pas eu de texte de cité de la part du ministre et ce n'est pas une
question de règlement, c'est davantage un obiter dictum, si je peux
m'exprimer ici.
M. Boulerice: Je n'ai rien reçu. Le ministre est menteur
avec son député, c'est tout.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît,
M. le député de Saint-Jacques. Ce sont des propos qui sont
antiparlementaires, et vous le savez très bien, tout autant que moi, en
vertu de l'article 35 du règlement. M. le président du Conseil du
trésor. M. le député de Saint-Jacques, s'il vous
plaît!
M. Johnson: J'ai entendu ici, dans la salle, un collègue
à nous qui semblait très près du groupe Alpha 90. Je pense
que c'est Mme Pilon qui est directrice de ce groupe. Enfin, il n'y a pas de
document. Évidemment, si vous ne répondez pas à votre
courrier, je ne peux pas vous déposer la lettre que vous n'avez pas
écrite! Il y a un petit problème.
De toute façon, indépendamment de ça, le
problème de transport, du rail, des choses comme ça. Les ateliers
Angus seraient en train de fermer en juillet. Des 1200 personnes qui
travaillent là, il va en avoir 1110 quand les 90 personnes en cause vont
avoir été déplacées. Fermeture des ateliers Angus.
Il y a un problème de perception qui joue dans tous les sens. On a
l'impression, à écouter certains discours, qu'il y a 188 000
personnes qui réparent tous les wagons des chemins de fer de
l'Amérique du Nord, quelque part dans l'est de Montréal, ou
à l'inverse. Et j'ai fait le test avec un homme d'affaires de l'est de
Montréal. Il m'a dit: Qu'avez-vous à parler d'Angus? C'est
fermé, cela fait des années cette affaire-là. Il pensait
qu'il n'y avait personne. À sa grande surprise, il y a 1200 personnes
qui sont là. Alors, fermer les ateliers Angus, pour les gens qui
travaillent dans l'est, cela correspond, dans leur esprit, à toutes
sortes de choses.
Quelle est la réalité? La réalité, c'est que
les ateliers de réparation de wagons, de matériel roulant, seront
plus ou moins actifs, selon le volume de marchandises traitées et
transportées par chemin de fer, par opposition au camion qui fait des
percées, au point de vue transport interurbain,
phénoménales depuis 20 ans. Deuxièmement, cela
dépend du centre de gravité économique où on
retrouve du matériel roulant. Je ne pense pas, par exemple, que le
centre de gravité économique de manufacturiers lourds au Canada
ou de ressources se trouve quelque part près de White Horse au Yukon
parce que si c'était le cas, on retrouverait des ateliers de
réparation de matériel roulant ferroviaire dans ce
coin-là. Or, on les retrouve surtout ici, mais il y en a ailleurs au
Canada, on le sait, dans l'Ouest et en Ontario. Le centre de gravité est
déterminé par le degré d'activité économique
que des interventions peuvent créer, soutenir, amener dans certains
cas.
Il ne faut pas partir en fou et dire: Que faites-vous de la fermeture
d'Angus? On parle de 90 personnes. C'est regrettable, etc., mais cela
reflète une certaine réalité. Nous tentons de faire
renverser la vapeur, si je peux utiliser l'expression, pour qu'aux points de
vue politique et financier - et cela, le ministre des Transports
a commencé à le faire - le gouvernement
fédéral ne remette pas aux provinces, pas seulement à
nous, le fardeau de transporter des biens, des produits, sur nos routes qu'on
paie à 100 % plutôt que sur des rails qui sont la
responsabilité, on le sait, du gouvernement fédéral. C'est
cela qui est en train d'arriver.
Toutes les provinces sont impliquées dans la politique du rail,
l'abandon de lignes. C'est fédéral, ici et ailleurs. Mais ici,
mon collègue des Transports, on l'a vu dans Le Devoir de ce
matin, se mêle de cela. Je ne suis pas ministre responsable de la
politique ferroviaire fédérale dans la mesure où elle
s'applique au Québec, mais quels sont ses impacts sur Montréal?
Cela, pas de problème.
La députée de Maisonneuve, qui semble avoir demandé
au député de Saint-Jacques d'être ici ce matin, à sa
place, m'a posé la question en Chambre: Êtes-vous, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges et président du Conseil du
trésor, enclin à faire partie de la table sur le rail? J'ai dit:
Oui, en Chambre. Oui. La réponse est: Oui, oui, oui. Vous n'étiez
pas là? C'est oui! J'ai parlé à M. Fernand Daoust, j'ai
écrit à M. Louis Laberge, tout le monde était au courant,
sauf le député de Saint-Jacques. Quelle horreur! Comme
d'habitude.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René-Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. Ceux qui nous
écoutent ont entendu, on a parlé de mes élucubrations, et
même qu'on serait des menteurs. Alors, ne prenons pas cela pour du
"cash", comme on dit et comme il dit. Oui. Alors, pour terminer sur ce point,
si vous n'avez pas reçu la correspondance du groupe Alpha 90, je
demanderai à la présidente de renouveler la lettre parce qu'il
est possible que, selon la théorie de la réception et de
l'expédition, vous ne l'ayez pas eue. Alors, on ne commencera pas
à déterminer le degré de responsabilité.
Je pense qu'il faut maintenant regarder un point très important
et revenir au sujet... C'est rendu qu'on est obligés de chercher
où est la vraie question. On volt que l'Opposition n'a absolument aucun
terrain, c'est pour cela qu'on patine beaucoup de ce
côté-là. Allons voir du côté des
investissements, parce qu'on parle de détérioration de la
situation économique. Si une situation économique se
détériore, cela veut dire qu'il manque d'investissements quelque
part. On l'a vu lorsque M. Levesque, le ministre des Finances, a
déposé son budget, on a atteint un niveau d'investissements de 20
%. Qu'est-ce que ça veut dire pour Montréal en termes non pas
d'investissements publics, mais d'investissements privés? La source,
c'est Investissements privés et publics du Canada et la Direction de
l'analyse économique des relations internationales du ministère
de l'industrie, du Commerce et de la Technologie. Pour ce qui est des aliments
et des boissons, comparons les chiffres de 1985 et les prévisions de
1989. En 1985, les investissements dans le secteur des aliments et boissons et
qui est plus particulièrement intéressant pour l'est de
Montréal, sont de l'ordre de 98 000 000 $. Ne prenons pas les
prévisions pour 1989, restons en 1988. Il s'agit de 98 000 000 $ en 1985
et de 212 000 000 $ en 1988. C'est clair, il y a plus d'investissements. Entre
les deux, je ne parle pas de 1986 et de 1987, parce que je n'ai que cinq
minutes.
Parlons maintenant du secteur du matériel de transport. Il parle
des voies ferrées, des sous-marins, du nucléaire et de toutes
sortes de choses, mais parlons du matériel de transport. On sait que
l'est de Montréal est plus particulièrement
intéressé par cette industrie. En 1985, c'était 96 600 000
$. Qu'est-ce que c'est aujourd'hui, en 1988? C'est 229 000 000 $. Et les
prévisions pour 1989 sont de 344 000 000 $. Restons juste à 229
700 000 $, comparativement à 96 000 000 $, c'est près de trois
fois plus. Cela, c'est du réel, en termes d'investissements.
Appareils électriques et fournitures, en 1985, 116 000 000 $; en
1988, 132 000 000 $. En ce qui a trait aux produits chimiques - c'est
très important, on parle de pétrochimie, de produits chimiques et
ainsi de suite - en 1985, c'était 101 000 000 $ et, en 1988, 134 000 000
$. Je ne voudrais pas que certaines personnes, de l'autre côté,
qui n'écoutent pas, de toute façon, parlent ensuite de la grande
crise. Tout le monde l'a vécue, elle était internationale; dans
le monde occidental, tout le monde l'a vécue. Si je prends 1985, je suis
d'accord que c'était le début de la relance qui a
coïncidé avec notre arrivée au gouvernement, mais je ne
parle pas de petits chiffres comme en 1981, où c'était 43 000 000
$ et 47 000 000 $, disons que c'était la récession. Mais parions
de 1985, de 116 000 000 $ à 161 000 000 $.
Pour ce qui est des autres industries manufacturières, on passe
de 305 000 000 $ à 710 000 000 $, c'est le double, c'est du simple au
double. Cela, c'est s'occuper de ses affaires. Cela veut dire que quand le
président du Conseil du trésor, alors qu'il était ministre
de l'Industrie et Commerce, allait en Asie, en Europe, au Japon, c'était
pour aller chercher des investissements. On ne sort pas les investissements de
son chapeau comme ça, et c'est toujours à long terme. La
situation qu'on connaît actuellement dans l'est de Montréal
résulte des actions ou de l'inaction dans votre temps. Ce qu'on va
récolter dans cinq ou six ans... On commence même à
ressentir de bons effets, et vous allez voir que l'est de Montréal est
une région promise à un brillant avenir, ne vous en
déplaise, M. le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion,
M. le député d'Anjou.
M. Larouche: En conclusion, nos investissements sont là.
Il est possible que le niveau d'emploi ne suive pas immédiatement,
à cause du phénomène de tertiarisation de
l'économie, comme j'en parlais tantôt, mais iI reste qu'il faut
garder espoir et qu'il faut enlever de la bouche du député de
Saint-Jacques son langage misérabiliste sur Montréal et sur l'est
de Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député d'Anjou.
M. Larouche: Merci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Je suis un peu étonné de voir que le
président du Conseil du trésor dise: Ce n'est pas grave, iIs sont
rendus 1200 à Angus. Ils étaient 2008. Ils passent à 1200,
1100, 1000, 900 et, finalement, ça disparaît. Je suis un peu
étonné, aussi, de voir que le ministre trouve tout à fait
normal l'abandon des lignes ferroviaires ici au Québec, alors qu'on sait
fort bien que dans l'Ouest canadien, les lignes ferroviaires sont
protégées jusqu'en l'an 2000, le gouvernement
fédéral paie le déficit des compagnies. (11 h 30)
J'écoute le député d'Anjou, qui est probablement
aussi jovialiste que le ministre des Finances et, à l'entendre parler,
ça va tellement bien, c'est tellement beau, tout le monde est gentil,
et, si on les écoute, Toronto est sans doute profondément jalouse
de la situation économique de Montréal. Si cela va aussi bien,
comment pouvez-vous m'expiiquer que le chômage, à Montréal,
est trois fois celui de Toronto? Si cela va si bien, si depuis trois ans vous
avez eu tellement d'activités à Montréal, comment se
fait-il que le chômage soit trois fois plus élevé à
Montréal qu'à Toronto? 105 000 000 $ sur trois ans, pour la
relance de l'est de Montréal dont 50 000 000 $ de la SOI. Aujourd'hui,
seulement 7 500 000 $ ont été utilisés. Prétexte:
Le retard du fédéral. On nous disait: Bien oui, mais quand vous,
le PQ, vous étiez là, vous ne pouviez rien obtenir parce que vous
étiez séparatistes, je vous le répète. Pourquoi ne
récompense-t-on pas votre fédéralisme aveugle à ce
chapitre? Comment qualifier autrement cette incapacité, dans le cas du
ministre Bourbeau, à utliser le fonds spécial de 12 000 000 $
réparti sur trois ans, justement, et prévu I y a un an pour la
formation de la main-d'uvre locale? En 1988, 65 % des sommes
budgétisées auront été périmées.
Donc, à peine 1 000 000 $ auront servi aux sans-emploi dans ce
programme. Que répondez-vous à cela? Enfin, vous allez tenter de
répondre quoi?
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Un commentaire et quelques réponses. Un
commentaire sur l'état du rail dans l'ouest par opposition à ce
que c'est dans l'est du pays. On dirait que le député ne voit
pas... Je ne justifie pas des politiques fédérales. Il y a des
choses à faire ici. Au moins, regardez la réalité. Tous
les petits villages de l'Ouest ont un élévateur à grain
car tout le monde fait pousser du blé. Du blé, tu ne peux pas
transporter cela en brouette jusqu'à la tête des lacs puis mettre
cela sur des bateaux ou jusqu'à Vancouver pour envoyer cela en Asie. Du
blé, cela ne se promène pas en camion, non plus. Il n'y a pas un
petit village agricole qui fait pousser d'immenses surfaces de blé ou
d'autres céréales, dans l'Ouest, qui ne serait pas enclavé
ou qui n'aurait pas accès au réseau ferroviaire. C'est comme cela
que cela se passe. Il y a des différences de nature, de
réalité qui semblent aller au-delà des
préoccupations du député de Saint-Jacques.
Le taux de chômage. Nous avons trois fois plus de chômage
à Montréal qu'à Toronto. Il môle toutes les choses
encore. La première chose à éviter lorsqu'on parle de
chiffres, de proportion et de rapport, c'est de comparer des pourcentages,
d'établir des rapports entre les pourcentages lorsque les
dénominateurs et les numérateurs ne sont pas les mêmes.
Comparer le rapport d'une observation à Toronto avec le rapport d'une
observation à Montréal et en conclure que, si le pourcentage est
trois fois plus élevé, que la situation est trois fois plus
épouvantable... Il vous suffirait de vous rapporter au fait que,
même à population égale et à profil de population
égal, si, dans un endroit, le taux de chômage était de 0, 1
% et que, dans un autre, I était de 0, 2 %, est-ce que la situation de
l'emploi serait deux fois pire là où il y a 0, 2 % des gens qui
ne travaillent pas par opposition à 0, 1 %? Il y aurait des pouvoirs
politiques et tout ce que vous voulez. Élus et non élus se
péteraient les bretelles d'ici demain matin, si on avait de telles
situations. Et personne ne commencerait à dire que, 0, 1 %, c'est une
catastrophe. Alors, on va remettre les choses dans leur perspective, un peu.
Comparer des taux de chômage, c'est un peu difficile.
J'ai expliqué tout à l'heure - je l'ai dit, mais le
député ne l'a pas noté - que la situation de l'emploi,
notamment dans l'est de Montréal et à Montréal, est en
voie de s'améliorer. Il ne dit pas cela. Qu'on n'ait pas connu le
même taux d'amélioration que ce que donne maintenant la
région de Toronto, pour reprendre l'exemple qui semble être cher
à notre collègue, de connaître virtuellement le plein
emploi, il y a à ce sujet un tas de facteurs qui jouent. Cela masque ces
écarts-là, mais comme l'a évoqué le
député, c'est
de bonne guerre. C'est un chiffre qui le fait paraître bien et
qui, pense-t-il, nous fait paraître mal. Cela masque les progrès.
Cela masque le fait, je le redis, qu'il y a les deux tiers de la population qui
sont classés comme population active, donc occupant un emploi ou
étant à la recherche d'un emploi. Cela masque une baisse
considérable de plus de 6 % par rapport à l'an dernier, de
mémoire, des bénéficiaires de l'aide sociale. Cela masque
la stabilité qu'on connaît aujourd'hui dans l'érosion
maintenant arrêtée, je dirais, stabilité de la population
donc, arrêt de cette érosion inquiétante de la population
de Montréal. Cela masque des perspectives de développement qui
suivent les investissements considérables que le député
d'Anjou a fait remarquer tout à l'heure et ces décisions
d'investissement sont porteuses d'emplois pour l'avenir.
Mais à travers tout ça - et je trouve ça
extrêmement regrettable que le député de Saint-Jacques ne
se soit pas aperçu de ça, même comme député -
ses commettants ont-ils des chances d'avoir des emplois dans ces nouvelles
entreprises qui sont créées? Ou est-ce que ce sont des
résidents d'autres quartiers qui vont travailler dans ces nouvelles
entreprises? C'était ça la question de fond que j'aurais
aimé qu'on traite aujourd'hui. Mais il nous reste du temps pour le
faire, heureusement, de notre côté, ça n'a pas l'air
d'intéresser le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député d'Anjou.
M. René-Serge Larouche
M. Larouche: Merci, M. le Président. Pour terminer ma
partie de cette interpellation, je dois conclure un petit peu, c'est clair que
le député de Saint-Jacques a raison, en partie. Pourquoi? Tout
simplement parce qu'une horloge arrêtée nous donne quand
même l'heure juste deux fois par jour.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: Alors cela arrive qu'il y a une partie du diagnostic
qui tombe bien. Nous avons des solutions qui sont différentes de ce
qu'il propose. On est moins alarmistes, sans sombrer dans la satisfaction
béate et on l'a fait savoir. Et je l'ai fait savoir à votre
collègue de Bertrand à la commission de l'économie et du
travail lorsqu'on a fait l'étude des crédits du ministère
de l'industrie et du Commerce. Loin de là, ce n'est pas la satisfaction
béate et mon collègue le député de
Vaudreuil-Soulanges, le président du Conseil du trésor le sait.
Lorsqu'il participe à nos travaux du caucus de l'est de Montréal,
alors on fait valoir nos points de vue, on est écoutés.
Je ne veux certainement pas terminer sans donner une copie du
supplément du journal Les Affaires à mon collègue
de Saint-Jacques au sujet de l'est de l'île de Montréal en
particulier. J'aimerais qu'on lui dépose, s'il vous plaît. Pour
son éducation économique, qu'il consulte en particulier la page
6, "Tout comme Rome, l'est de Montréal ne se construira pas en un jour.
" Alors ce sont les forces et faiblesses de l'est vues par les
spécialistes de la localisation d'entreprises. Je vous en dépose
une copie avec plaisir.
Le Président (M. Lemieux): J'accepte la distribution et
non le dépôt. Il n'y aura pas de dépôt parce
que...
M. Larouche: Le dépôt... Alors... Nous le
distribuons.
Le Président (M. Lemieux): La distribution, ça
va.
M. Larouche: Je ne fais pas tellement de différence entre
un dépôt et une distribution à ce stade-ci de ma
carrière.
Le Président (M. Lemieux): Quant à la
procédure, j'en fais, M. le député d'Anjou.
M. Larouche: D'accord. J'aimerais aussi me référer
à un éditorial de Michel Roy de février 1988 que je vous
lis. Je vois que le député de Saint-Jacques en avait
déjà une copie et je le félicite d'en avoir pris
connaissance. C'est à ce chapitre-là que je disais qu'il avait
raison en partie en certaines occasions. Michel Roy disait ceci: "On ne doit
plus considérer l'est de Montréal comme un monde fermé, un
secteur isolé. L'est de Montréal fait partie d'une région
urbaine. Ses habitants seront satisfaits s'ils trouvent des emplois en d'autres
quartiers, des emplois lucratifs qu'ils pourront occuper sur la rive sud,
à Saint-Laurent ou même à proximité du coeur de
Montréal. Comme des milliers d'autres citadins, il rentreront le soir
à la maison dans l'est de Montréal, bien servis par les
transports en commun. Ce qui compte finalement c'est moins de construire des
usines dans l'est que de préparer les citoyens habitant l'est à
accomplir un travail intéressant et profitable n'importe où dans
la région urbaine. L'est n'est pas et ne doit pas devenir un ghetto, on
peut y habiter, y dormir, s'y recréer et travailler un peu plus loin".
Alors, je pense que c'est clair, on ne doit pas "ghettoïser" l'est de
Montréal.
Je termine mon intervention...
Le Président (M. Lemieux): Je dois vous interrompre...
M. Larouche: Oui.
Le Président (M. Lemieux):... en vertu du
règlement, vingt minutes avant la fin de la séance le
président accorde un dernier temps de
parole de dix minutes au ministre et un droit de réplique de
même durée à l'interpellant, soit le député
de Saint-Jacques. Alors, il est midi moins vingt minutes. La parole reviendrait
au président du Conseil du trésor et M. le député
de Saint-Jacques doit terminer cette intervention. M. le président du
Conseil du trésor.
Conclusions M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, sachant que le
député de Saint-Jacques pourra alors littéralement dire
n'importe quoi durant les dix dernières minutes, on ne pourra même
pas revenir à la charge pour corriger ses affirmations à moins
qu'on ne fasse un acte de foi absolument inconsidéré, qu'on lui
fasse confiance de se fonder sur la réalité pour faire ses
interventions. On se complète très bien de ce
côté-ci. En terminant mon Intervention, l'évoquais mon
souhait que le député de Saint-Jacques nous ait amenés
ici, ce matin, pour voir comment les gens de son comté - là, on
commence à parler pour vrai - vont obtenir de l'emploi. Le temps qui
m'est imparti est écoulé, comme je disais cette phrase. Le
député d'Anjou, étant donné qu'on a bien
préparé nos interventions de ce côté-ci,
contrairement... Évidemment, on n'a pas préparé, je vais
le reconnaître tout de suite, des réponses à des questions
qui n'avaient pas d'affaire à être soulevées ici. Alors, la
fermeture des lignes de chemin de fer en Abitibi, on n'était pas
prêts, on ne s'attendait pas à ça, bien honnêtement.
Soligaz, Pétrochimie québécoise, l'Est du Canada, moi, je
veux bien, et je sais que ça existe beaucoup chez nous et que ça
devrait exister davantage, mais les dossiers sectoriels que le
député nous a garrochés...
On était préparés, ça a paru, parce que le
député d'Anjou dans son intervention a indiqué
précisément le diagnostic que le CREEEM posait et que le rapport
Picard, à certains égards, a évoqué et que Michel
Roy dans Le Devoir, il y a un peu plus d'un an, évoquait
également cette poche de pauvreté, ce ghetto virtuel - c'est ce
que le député de Saint-Jacques semble vouloir souhaiter... cela
me surprendrait, il s'est peut-être mal exprimé - de gens qui
continuent à espérer ne vivre que chez eux et ne travailler
qu'à un coin de rue de chez eux, parce que lorsqu'on dit: Quels sont les
gros investissements qu'il y a dans Hochelaga-Maisonneuve etc., là, je
ne sais pas où on va les mettre. Une aluminerie dans votre comté,
oubliez ça! Il n'y a pas de terrains. D'immenses projets, oubliez
ça! On est plutôt enclins à raffermir certaines des
vocations traditionnelles parce que ça existe aussi la tradition dans
certains métiers, de père en fils, de mère en fille, de
père en fille ou peu importe, des gens qui, dans une région
s'habituent à travailler dans un genre d'industrie. C'est
extrêmement enrichissant de pouvoir s'appuyer sur des traditions de
travail comme celles-là. Il y a des problèmes depuis une
quinzaine d'années qui ont fait que cela a disparu en partie.
Nous avons donc le mandat de nous assurer que, devant ces mutations
industrielles que je qualifie - soyons réalistes - d'inévitables
dans certains cas, inévitables en raison de changements de
marchés, de changements de besoins des consommateurs, de changements de
technologies, de changements de choix personnels des investisseurs, il y a la
qualité de vie aussi qui joue. On découvre à un moment
donné, dans le monde, des régions susceptibles d'accueillir des
investissements pour toutes sortes de raisons, beaucoup plus facilement que
d'autres régions traditionnelles. Qu'est-ce qu'on doit faire devant ces
mutations-là? On doit faire en sorte que nos gens qui perdent des
emplois en raison de mutations industrielles puissent être
employés à autre chose. Si on ne peut vraiment pas empêcher
la marée de baisser en ce qui concerne les emplois dans certaines
Industries traditionnelles qu'on retrouvait dans l'est de Montréal.
assurons-nous que nous soutenons d'une part, une amélioration de la
compétitivité de ce qui reste à ces grosses industries
traditionnelles, assurons-nous en même temps que d'autres industries,
d'autres entreprises, petites et moyennes, dans toutes sortes de domaines,
viendront également représenter une offre d'emplois; mais
assurons-nous surtout que les résidents de l'est Montréal, les
vieux quartiers de la ville de Montréal, aient les outils qui leur
permettent de travailler dans ces nouvelles entreprises. (11 h 45)
Par ailleurs, que nous ayons sur place, et nous le faisons par un
soutien financier, accès à une infrastructure de transports qui
leur permette de travailler un peu plus loin, plutôt que tout près
de chez eux. Tout le monde souhaite travailler le plus près possible de
chez lui. Ici, à l'Assemblée nationale, seulement une vingtaine
de collègues ont le privilège de travailler près de chez
eux, les députés de la région de Québec. Les autres
viennent d'un peu plus loin. On ne travaille pas près de chez nous. Le
député de Vaudreuil-Soulanges ne travaille pas près de
chez lui ou près de son comté. Il est ici à 300
kilomètres de son comté. C'est comme ça.
Il y a des choses en matière d'employabilité qui devaient
être faites, qu'on nous a demandé de faire, et nous les avons
faites. Nous avons mis sur pied un bureau-conseil de l'emploi, nous avons fait
appel à des gens crédibles, dont M. Yvon Charbonneau, pour
présider ce bureau-conseil de l'emploi. Nous avons mis sur pied des
programmes d'aide aux entreprises pour qu'elles puissent affronter la nouvelle
concurrence internationale, donc protéger leurs emplois, maintenir et,
on l'espère, créer davantage d'emplois. On a fait ça. Nous
avons décidé de mettre à la disposition des petites et
moyennes entreprises des sommes considérables pour déclencher des
projets qui attendent, oui, dans
certains cas - j'ai le regret de le dire - une participation du
gouvernement fédéral. On ne sent pas du côté du
gouvernement fédéral, à ce moment-ci, dans la
région de Montréal, le même engagement que celui qu'a
contracté le gouvernement du Québec et sur lequel il s'est
exécuté véritablement. On a des réalisations
à notre actif. On n'invente pas ça à mesure. Ce ne sont
pas seulement des discours. C'est la première fois qu'un gouvernement
répond de façon aussi, je le répète,
complète à des demandes venant du milieu montréalais.
Quant à la réponse au rapport du CREEEM, je veux qu'on le
sache, je l'ai déjà dit et je vais le redire, la seule raison
pour laquelle j'ai remercié le député de Saint-Jacques ce
matin, s'il veut me permettre de le redire, c'est la première fois
qu'aux demandes considérables du milieu montréalais le
gouvernement disait très rapidement oui. On nous demande une centaine de
millions pour différents programmes: employabilité, aide aux
entreprises, mise sur pied d'une table de promotion et concertation, assurer le
suivi des engagements gouvernementaux, toute une série de questions. On
en avait 86 théoriquement si on les regarde comme ça, plusieurs
douzaines, à tout le moins. On a dit oui littéralement et
intégralement. Oui, oui, oui, Montréal veut ça. Oui, oui,
oui. Que peut-on faire pour les gens de l'est, les sous-employés, les
sous-scolarisés, la clientèle qui a de la difficulté
à se trouver un emploi? Est-ce qu'il y a des choses particulières
qu'on peut faire pour elle? On nous a fait toute une liste de choses qu'on
pourrait faire et on a dit: Oui, c'est une excellente idée, et on
investira 105 000 000 $ là-dedans.
Alors, sans nous repaître de nos réalisations, sans nous
trouver au-dessus de nos affaires, au moins nous avons le sentiment, nous avons
la conscience d'avoir livré la marchandise demandée. J'ai eu
l'occasion d'aller à l'inauguration de PRO-EST la table de promotion et
de concertation de l'est de Montréal, encore une fois, une suite
intégrale, complète et totale aux demandes du CREEEM, impeccable
comme réponse. Je suis allé voir là des gens de tous les
milieux intéressés à la relance de Montréal. J'ai
vu là des gens qui sont extrêmement heureux de voir le rôle
qu'a joué le gouvernement du Québec là-dedans.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
président du Conseil du trésor. Il vous reste environ 50
secondes.
M. Johnson: Des gens qui sont disposés à continuer
à travailler avec nous. Pourquoi? Parce qu'on a fait quelque chose. Je
n'ai vu personne qui s'ennuyait des interventions économiques que Claude
Charron avait faites pour Montréal pendant qu'il était
député de Saint-Jacques. Je n'ai vu personne qui s'ennuyait de
Guy Bisaillon, je n'ai vu personne qui s'ennuyait de Jacques-Yvan Morin. Que
voulez-vous? Ils ont fait leur marque dans d'autres domaines que de se soucier
des perspectives d'emplois des gens de l'est de Montréal. J'aime croire
et on pourra me critiquer tant qu'on voudra, mais un comptable sait compter, et
ce que je sais compter ce sont des emplois et il y a des façons d'en
arriver à créer des emplois: Nous empruntons toutes les avenues
qui nous ont été suggérées par les
Montréalais.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Saint-Jacques, vous
avez la parole.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Eh bien, si ce n'est pas que ça ne sait pas
compter et que ça n'a pas de préoccupation économique, il
est en train d'insulter une bonne partie de la population montréalaise,
parce que la dernière fois qu'il y a eu un député
libéral à temps plein dans la circonscription de Saint-Jacques,
M. le Président, j'aurai plaisir à vous le rappeler, ç'a
été celui qui est passé à l'histoire sous le
vocable des culottes à Vautrin. Cela fait 50 ans que les gens de
Saint-Jacques se trompent. Est-ce que c'est ce qu'il est en train de dire? Chez
nous, un député libéral on n'en a jamais voulu.
J'écoutais attentivement le ministre... Non, je lui
répondais, j'étais à demi mesquin et non pas
complètement mesquin, parce que ç'a été son
attitude tout au long de cette interpellation. Par contre, là où
il s'est fait littéralement piéger par son collègue, le
député d'Anjou, c'est lorsque le député d'Anjou
s'apitoyait et disait: C'est incroyable, le niveau d'employabilité est
difficile à atteindre à cause du manque de formation de la
population locale et que les emplois sont pris par d'autres.
À ce moment-là, comment le ministre, président du
Conseil du trésor qui, en définitive, fait le dernier
équilibre lorsqu'il s'agit d'un budget, peut-il expliquer - il ne l'a
pas fait; il ne le fera sans doute jamais - que, dans le budget qui nous a
été déposé, il n'y a absolument rien de
prévu pour la formation de la main-d'oeuvre?
Je le répète ici. Comment qualifier autrement
l'incapacité du ministre Bourbeau - parce que c'est lui, le ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu - à utiliser
le fonds spécial de 12 000 000 $ réparti sur trois ans,
prévu, il y a un an, pour la formation de la main-d'oeuvre locale? Il y
a 65 % des sommes budgétées qui ont été
périmées. À peine 1 000 000 $ auraient servi et on ne
retrouve absolument rien, M. le Président, dans le budget qui a
été déposé mardi par son collègue, le
député de Bonaventure.
Le ministre qualifiait les interventions que je faisais de dossiers
sectoriels. Il faut vraiment avoir du culot et être totalement
irresponsable, M. le Président, pour qualifier ces dossiers de
sectoriels, alors que tout le monde s'entend pour
dire que ces dossiers sont majeurs pour le
développement économique de Montréal. Le ministre est sans
doute celui que j'ai affronté en cette Chambre qui a été
le plus mal préparé depuis trois ans et demi.
Tout ce qu'il s'est contenté de faire, ce sont
d'habiles diversions, aidé en cela par son collègue d'Anjou. De
toute façon, comme le dit l'expression, quand on est un savoureux
"backbencher", c'est un jeu auquel on peut s'amuser. Le ministre s'est
amusé à rejeter sur ses collègues la
responsabilité, prouvant, par le fart même, qu'il n'y a absolument
aucune concertation au Conseil des ministres pour ce qui est de
Montréal, alors que, en définitive, sa première
responsabilité devrait être de piloter, de provoquer une
concertation interministérielle.
Il porte le titre de ministre responsable pour la
région de Montréal. Est-ce qu'il a vraiment la
responsabilité réelle ou bien n'est-ce qu'une plume
ajoutée à son chapeau de ministre, président du Conseil du
trésor, leader ou leader adjoint du gouvernement, je ne sais trop quoi?
Enfin, beaucoup de titres mais très peu de pouvoir, il me semble, en
tout cas, et très peu d'action, dans son cas. Rien pour hausser le taux
d'employabilité.
Je n'ai jamais dit qu'il fallait faire de Montréal
un ghetto. Il est bien entendu qu'on ne peut pas, chacun, travailler la porte
devant chez soi, mais rien n'est plus légitime, pour les citoyens de
Rosemont, que d'aller travailler à l'usine Angus qui est à
côté. Rien n'est plus légitime pour les citoyens du
centre-sud, que je représente, que d'être capables d'avoir un
emploi maintenu à la MacDonald Tobacco. Il n'est pas question de
créer des ghettos, mais bien de protéger les emplois, ce que le
ministre n'a pas fart d'ailleurs.
Ce gouvernement, M. le Président, quand il
était dans l'Opposition, jouait les vierges offensées chaque fois
que, par malheur, la moindre petite binerie quittait le Québec. Je
pourrais lui dresser une liste assez impressionnante qui fait que la vision de
Montréal n'est pas aussi rose qu'a semblé vouloir la
décrire le député d'Anjou: Simmons Beds: 165 emplois;
Coleco, Saint-Henri: 250 emplois de perdus; J P Coats: 100 emplois
déménagés en Ontario, la 401; Novatel Communications: 202
emplois à Calgary; pensons à Simpsons qui ferme; Sears, dans
Saint-Laurent, un comté si mal représenté, M. le
Président; O'Keefe, avec la fusion, cela va entraîner combien de
pertes d'emplois? Gillette, dans le comté de Saint-Laurent, de nouveau
aussi mal représenté; 430 emplois pour Gulf; vickers, M. le
Président, Daoust Lalonde probablement à venir et, surtout, la
cerise sur le "sundae", Kraft. Là, le premier ministre se disait peu
inquiet. Environ 250 décideurs de cette entreprise vont quitter et
là, il va rester supposément un service de recherche et de
développement et l'avenir est, paraît-il, là-dedans. Cela
rassurait le premier ministre, cela rassurait le ministre de l'industrie,
du Commerce et de la Technologie. Le ministre,
président du Conseil du trésor, lui aussi est resté
béat en disant: Bien oui, mais recherche et développement... M.
le Président, voyons! Recherche et développement, chez Kraft,
c'est quoi? Comment va-t-on avoir le Velveeta? En liquide? C'est cela? Au lieu
de l'avoir en bloc. Tout le monde sait que c'est le siège social qui est
important. Dieu seul sait que les pertes de sièges sociaux, lorsqu'il y
avait celui de la moindre petite binerie, on vous entendait hurler ici, en
cette Chambre. Maintenant, ça se passe sous votre gouverne et vous
êtes d'un silence étonnant là-dessus. Le bilan
économique n'est pas aussi rose que l'a décrit le
député d'Anjou.
Quant aux industries culturelles, on n'en a pas parlé. Là,
vous allez me dire que c'est la responsabilité de votre collègue.
Ce n'est pas ma faute si elle est allée se cacher de honte, en Afrique,
parce qu'elle n'a pas voulu être ici, lors du discours sur le budget,
alors qu'elle aurait vu que l'engagement du 1 %... C'est une industrie
où le coût de création d'emplois est des plus bas au
Québec. Rien sur le plan des immobilisations, à part deux ou
trois petites choses qui s'accomplissent à Montréal. Cela le
prive d'emploi.
Dans le domaine du bâtiment, vous savez fort bien, comme moi, que
ça commence à être en chute libre. Ce sont des emplois,
justement, qui auraient permis aux gens de travailler près de chez eux.
Quand on nous a littéralement enlevé, dans la circonscription de
Saint-Jacques, la maison de l'Orchestre symphonique, il y a des emplois dont
auraient pu bénéficier des jeunes qui habitent ma circonscription
et qui sont en recherche d'emploi. Il y a 38 000 chômeurs, trois fois
plus de chômage à Montréal qu'à Toronto.
M. le Président, je pense que les mots ont parlé. Le
président du Conseil du trésor a la même attitude - et
j'avais bien raison de dire que c'est la voie de son maître - il a
répondu aux questions qu'on lui a posées sur des dossiers de fond
avec la même désinvolture que je qualifierais même de
criminelle, quand on songe à la détresse de ces chômeurs et
de ces assistés sociaux. Il s'est amusé, à l'exemple du
premier ministre, à divaguer sur un grand nombre de choses, à
dire: II faut comparer ce qui est comparable. Effectivement, c'est bien
difficile pour le gouvernement libéral de comparer avec du comparable.
Quand on compare son discours de 1985, lors de la campagne électorale,
et ses actions, ses inactions et son bilan au 19 mai 1989, on s'aperçoit
effectivement que le premier ministre avait bien raison: On ne peut pas
comparer les deux, c'est incomparable. Ce sont deux discours, deux actions
complètement opposées.
Pour ce qui est du discours économique, je pense qu'il y a de
grandes faiblesses. Ils sont à genoux devant le gouvernement
fédéral, eux qui sont tellement mal placés pour en parier,
pour le critiquer parce qu'ils ont contribué à le faire
élire. Deuxièmement, comment oser critiquer le
gouvernement fédéral puisque le fédéralisme
rentable est votre profession de foi quotidienne? Vous vous apercevez qu'il
n'est pas aussi rentable qu'on a essayé de vous le faire croire. Vous
avez tellement dit que votre non signifiait un oui que, maintenant, vous avez
quotidiennement des non du gouvernement central.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je termine, M. le Président, en disant que,
dans ce dossier...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé.
M. Boulerice: ...le ministre n'a...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...la seule responsabilité que son
irresponsabilité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît! Je sais que vous êtes respectueux
des règlements. Je remercie les participants à cette
interpellation.
La commission ayant accompli son mandat, soit l'interpellation du
président du Conseil du trésor par le député de
Saint-Jacques, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1)