Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
ce matin afin de poursuivre le débat sur le discours sur le budget. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Latulippe
(Chambly) remplacera M. Després (Limoilou) et Mme Harel (Maisonneuve)
remplacera M. Perron (Duplessis).
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Où en étions-nous la dernière fois?
Le Secrétaire: M. Chagnon avait la parole et M.
Parent...
Le Président (M. Lemieux): M. Parent avait terminé
son intervention la dernière fois? Alors, nous en sommes à M. le
ministre des Finances, si je comprends bien.
Le Secrétaire: Nous avions terminé sur
l'intervention de M. Parent.
Le Président (M. Lemieux): On me rappelle que nous avions
terminé sur votre intervention, M. le député de
Bertrand...
M. Parent (Bertrand): Oui.
Le Président (M. Lemieux):... et qu'il vous reste huit
minutes sur votre temps de parole. Cela va.
Discussion générale (suite)
M. Parent (Bertrand): Tout d'abord, j'aimerais souhaiter une
bonne semaine à tout le monde et je pense qu'on doit terminer au cours
de l'après-midi le bloc de dix heures. Une de mes collègues, Mme
Harel, la députée de Maison-neuve, a manifesté le
désir de poser quelques questions. Elle se joindra à nous dans le
courant de l'avant-midi. Il pourrait y avoir discussion sur le secteur
particulier qui la concerne. Dépendamment des obligations de mes autres
collègues, il est possible qu'un ou deux autres viennent s'ajouter cet
après-midi, mais je pense que le gros du temps sera passé, encore
aujourd'hui, avec moi-même. Alors, en ce qui concerne la
députée de Maisonneuve, comme je vous l'ai dit, elle se joindra
à nous tantôt.
Négociations avec Ottawa sur la
main-d'oeuvre
II y aurait peut-être lieu, s'il me reste un bloc de temps, de
ramasser un peu les points qui ont été touchés jeudi
dernier et d'essayer de voir les nouvelles avenues que j'aimerais voir toucher.
D'abord, sur toute la question de la création d'emplois et des mesures
employées de ce côté, je pense qu'on a fait le point. Je
n'ai pas satisfaction dans le sens que je ne pense pas qu'on puisse retrouver,
comme je l'ai mentionné jeudi dernier, des mesures concrètes en
ce qui touche la création d'emplois dans le discours sur le budget et
aussi les questions que j'avais posées particulièrement
concernant les incitatifs fiscaux mentionnés à la page 7. Pour
l'instant, on ne les retrouve pas et, là, on parlait en termes de
stratégie pour l'adaptation de la main-d'oeuvre dans le cadre du
libre-échange.
Pour terminer sur ce point, j'aimerais que le ministre puisse me dire
tantôt, lors de sa réplique, quelle sorte
d'échéancier on a parce que je vois le temps s'écouler et
possiblement qu'on se retrouvera à l'automne avec une période
électorale et tout ça. Donc, à toutes fins utiles, ce
n'est pas sûr qu'on aura un suivi du dossier très cohérent
dans le cadre de la négociation avec le gouvernement
fédéral dont il est question dans votre discours, à
l'avant-dernier paragraphe de la page 7 où vous dites: "Dans ces
circonstances, les fonctionnaires de mon ministère et ceux du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
continueront à collaborer pour définir les modalités... "
Je comprends que les fonctionnaires restent, même s'il y a parfois des
changements de ministres et de ministères, sauf que ma
préoccupation est la suivante. Il y a deux ans, à l'automne 1987,
on nous avait mentionné qu'on était en train de négocier
ces choses-là entre les deux ministères et Ottawa. J'ai
l'impression que le dossier n'a pas tellement progressé. Dans ce
sens-là, j'aimerais beaucoup savoir s'il y a moyen d'ouvrir les soupapes
de ce côté-là parce qu'il y a une préoccupation
concernant cette question de la main-d'oeuvre: Qui va faire quoi,
premièrement? Deuxièmement, qui va payer quoi? Quelles ententes y
a-t-il ou quelle est actuellement la demande du gouvernement du Québec
en ces matières pour récupérer des pouvoirs? Y a-t-il une
volonté, au sujet de la formation professionnelle et de tout cela, du
gouvernement du Québec ou s'il n'y en a pas? Ce sont des questions qu'on
se posait. Aussi, dans le cadre plus particulier du libre-échange, y
a-t-il des montants d'argent qui ont été demandés ou qui
sont sur la table pour avoir ce que j'appelle notre quote-part en ce qui
concerne les effets du libre-échange? Cela me semble fondamental et
important étant donné qu'il ne faudra pas attendre qu'il y ait
dans certains secteurs particuliers des signes qui commencent à montrer
que les effets du libre-échange sont négatifs.
Je renverrais sur ce point-là le ministre des Finances à
des engagements de son parti en 1980
dans le livre beige où il en était question très
clairement. Il était dit dans le programme: 'Nous croyons qu'elles
devraient être entièrement responsables de la formation, du
recyclage et du placement de la main-d'oeuvre. " On parlait des provinces.
À la recommandation 18, 3°, on prévoyait que le recyclage de
la main-d'oeuvre ferait partie des responsabilités du gouvernement du
Québec, c'est ce qui était recommandé. Même chose en
matière d'assurance-chômage, c'est-à-dire de
récupérer... Le ministre sait à quoi je fais allusion.
J'aimerais savoir de façon très claire s'ils ont
laissé tomber la question de rapatrier ce point-là. Si oui, qu'on
le sache clairement; sinon, quels vont être les
échéanciers? De quelle façon a-t-on l'intention de
procéder dans ce cadre, surtout qu'avec l'annonce du budget Wilson en
matière de formation professionnelle, en matière
d'assurance-chômage, le fédéral se retire de ces
champs?
En parallèle, sur toute la question reliée au recyclage de
la main-d'oeuvre avec l'entente du libre-échange, est-ce qu'il y a
vraiment de la part du gouvernement fédéral... D'après le
rapport de Grandpré et d'après les attitudes, devrais-je dire, de
certains ministres à Ottawa, je pense qu'il a été
très clairement établi qu'Ottawa n'avait pas l'intention de
mettre une cenne pour le gouvernement du Québec ou à la
disposition des provinces dans le cadre du libre-échange puisque le
résultat net au gouvernement fédérai a été
de dire: Bon an, mal an, nous n'avons pas de pertes d'emplois. Nous aurons un
gain total. A toutes fins utiles, c'est ça, sauf que, pour le
Québec, je pense que la question est quelque peu différente. Les
engagements du ministre de l'industrie, du Commerce et de la Technologie dans
cette même Assemblée, ici au salon rouge, en septembre 1987, en
décembre 1987 et en juin 1988, étaient clairement qu'il avait
l'Intention de négocier avec le gouvernement fédéral en
ces matières. J'aimerais savoir où cela en est. J'aimerais savoir
quel est l'échéancier du ministre, quelles sont les demandes
qu'il a sur la table en matière d'argent et en matière de
récupération de pouvoirs, s'il y a lieu, en ce qui concerne
l'autre volet.
Lorsque j'aurai les réponses de la part du ministre, cela va
compléter les préoccupations que j'avais quant au discours sur le
budget, quant aux orientations, quant aux voeux énoncés dans le
budget, à savoir: À partir de maintenant, quel genre de suivi
peut-on faire et qu'est-ce qu'on peut espérer de concret de la part du
gouvernement du Québec dans les prochains mois? Parce qu'il ne faut pas
oublier que ce ne sont pas des choses nouvelles; ce sont des choses qui ont
déjà été dites et redites. Ce sont des demandes qui
doivent être dans la machine depuis passablement longtemps. A toutes fins
utiles, M. le ministre des Finances, je pense que le Québec est en droit
de s'attendre à des résultats concrets. Je pense que ce serait
impor- tant qu'il y ait quelqu'un, sans mettre les poings sur la table, qui
mette peut-être les points sur les I de façon que nous puissions
récupérer ce que j'appelle notre juste quote-part. Alors,
voilà ce qui concerne ce volet. On attaquera par la suite, dans les
prochaines interventions que j'aurai à faire, différents domaines
sectoriels, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Lemieux):
Oui, M le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, je dois d'abord vous
mentionner que, lorsque j'ai entendu le critique financier me parier d'autres
Interlocuteurs qui voulaient venir faire une petite tournée ici, venir
nous voir, j'étais très heureux. Cela va changer un peu de
décor, bien que le décor soit acceptable comme il est. Tout de
même, Je veux dire à la commission - Je vais revenir un peu sur ce
que j'ai déjà dit - que je ne veux pas décevoir ces
invités. Si ces personnes viennent ici pour essayer d'approfondir les
intentions de mes collègues responsables de certains dossiers
sectoriels, ce sera peine perdue. Comme je l'ai déjà dit, je n'ai
aucunement l'Intention de me substituer à mes collègues
sectoriels. C'est à ces responsables de ministères de faire part
de leurs intentions. Ce que je puis dire, cependant, c'est ce qui
Intéresse le ministère des Finances proprement dit. Mais, quand
on arrive à définir telle ou telle politique, c'est une tradition
et c'est ce que j'ai toujours vu depuis que je suis Ici: le ministre des
Finances, même sous mes prédécesseurs, fait toujours bien
attention à ne pas entrer trop directement dans les
responsabilités sectorielles. Autrement, ce serait un peu l'anarchie.
Alors, chacun son domaine.
Quant aux Implications financières, oui, d'accord, mais quant
à savoir si nous allons préconiser telle ou telle politique
plutôt que telle ou telle autre politique, non, je n'ai pas l'intention
d'entrer là-dedans.
Je vois que Mme Harel arrive. Il faudra le lui dire pour qu'elle
comprenne que J'ai l'intention de suivre ma ligne de conduite. Je ne dis pas
qu'à l'occasion on ne pourra pas avoir un échange de vues
où on va s'échapper, mais c'est la règle de conduite que
j'ai l'Intention de prendre. Afin qu'on se comprenne bien, tout en vous
souhaitant la plus cordiale bienvenue à la commission, Mme la
députée de Maisonneuve, je voulais simplement rappeler à
la commission ce que j'ai déjà dit antérieurement, au
cours de cette discussion: Je n'ai l'Intention de me substituer à aucun
de mes collègues. Si on veut parler de l'implication financière,
d'accord, mais si on veut entrer dans les politiques sectorielles,
ce n'est pas mon intention de le faire. D'ailleurs, en cela, je suis une
tradition de tous mes prédécesseurs et il y en a un que vous
connaissez bien, d'ailleurs.
Quant à savoir ce qui arrive dans les questions de main-d'oeuvre
et de sécurité du revenu, quelles sont les politiques de
main-d'oeuvre, c'est un peu la même chose: je n'ai pas l'intention
d'entrer dans la politique sectorielle. Ce que j'ai l'intention de dire,
cependant, c'est que nous sommes - je l'ai dit dans un paragraphe du discours
sur le budget auquel se référait le député de
Bertrand - nos fonctionnaires et ceux du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu sont au travail. Ce n'est pas
d'aujourd'hui, mais ils sont dans une période active d'échange de
renseignements parce que, pour nous, aux Finances, il ne s'agit pas de nous
substituer, encore une fois, au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, mais de voir quelles sont les implications
financières si l'on prend telle ou telle voie.
A ce propos, je dois vous dire qu'au cours du mois de février
1989 le ministre de l'Emploi et de l'Immigration du Canada a fait
connaître ses intentions de ne pas renégocier une entente sur la
planification de l'emploi et de procéder, éventuellement,
à ia négociation d'un nouvel accord, d'une nouvelle entente sur
la formation. Il semble probable maintenant qu'une période transitoire
pourrait être envisagée pour une période d'un an, soit du
1er avril 1989 au 31 mars 1990. C'est ce que nous souhaiterions afin d'avoir le
temps nécessaire pour pouvoir négocier cette nouvelle entente
d'une façon appropriée. On m'informe que le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et la CEIC se sont
déjà entendus sur une période transitoire pour l'accord
sur ta formation en établissement. Actuellement, il y a une
planification budgétaire arrêtée pour les mois d'avril, mai
et juin. Les enveloppes monétaires pour les neuf autres mois devraient
être déterminées au cours des prochaines semaines. Alors,
il est probable - je ne veux pas, encore une fois, empiéter sur le
terrain des autres - que les deux organismes en viennent à un accord au
cours des prochaines semaines et cela, afin de reconduire l'entente pour une
période d'un an. Cette période devrait nous permettre de tenir
compte des divers facteurs, entre autres, comme l'a mentionné,
d'ailleurs, le député de Bertrand, du facteur de la nouvelle
politique du fédéral en matière
d'assurance-chômage.
Lorsque le député de Bertrand nous demande si on va avoir
des changements quant aux pouvoirs, etc., je ne suis pas à même
d'entrer dans ce domaine-là, non plus. Il y a ià un domaine qui
regarde beaucoup plus la Main-d'uvre et ia Sécurité du
revenu et, en même temps, le ministère des Affaires
intergouvernementales canadiennes. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans ce
domaine-là pour le moment. Si je voulais préciser, je pourrais
dire: C'est vrai que, du côté de l'Opposition, il y a eu de la
part du chef de votre parti une allusion et même, plus que cela, une
suggestion que nous puissions profiter de cette négociation pour
récupérer, au Québec, tout le domaine de
l'assurance-chômage. Or, peut-être que, sur le plan intellectuel,
cette idée pourrait avoir son mérite. D'un autre
côté, sur le plan simplement de ce qui nous préoccupe au
ministère des Finances - et je peux parier à ce point de vue
là - est-ce qu'on est prêt à regarder ces
chiffres-là et, lorsqu'on considère les déficits
considérables que nous aurions au Québec à cause de ia
situation de chômage plus élevé, est-ce que ce serait
souhaitable? Encore là, je n'ai pas l'Intention d'entrer dans la
politique sectorielle qui relève du ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. Je veux tout simplement vous donner
quelques chiffres.
Si on regarde ce qui se passe pour l'année 1989-1990, les
cotisations au Québec sont de 2 557 000 000 $ et les prestations de 3
579 000 000 $, pour un déficit de 1 022 000 000 $. À ce
moment-là, si le gouvernement fédéral, ne voulant plus
trop, trop y être, suggère et décide même de porter,
en 1990-1991, les cotisations des employeurs et des employés à 2
971 000 000 $, pour des prestations de 3 818 000 000 $ - je parle du
Québec - vous avez là un déficit de 847000 000 $.
C'est sûr que le ministère des Finances regarde ça d'un
oeil fort intéressé.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Levesque: Ah bon! Alors, je conclus en disant qu'il y a
là tout un domaine fort important pour préparer nos gens à
faire face à l'avenir. Cependant, les solutions qui seront retenues dans
ces négociations devront tenir compte évidemment des aspects
financiers qui sont la responsabilité du ministère des
Finances.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve.
Programme APPORT
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Je veux
remercier mon collègue, le député de Bertrand, de me
donner l'occasion de discuter avec le ministre des Finances sur ces questions
importantes qui relèvent de choix politiques et de choix
budgétaires en matière de main-d'uvre et de
sécurité du revenu. Loin de moi l'idée de l'amener
à se substituer à ses collègues ministres pour discuter de
l'à-propos de certaines des politiques qui, malheureusement, connaissent
un résultat assez désolant. Mais comme l'actuel ministre des
Finances lui-même avait - dans son budget de 1987, je crois -
annoncé, entre autres, le programme APPORT et qu'il avait cru bon d'en
faire part à l'opinion publique, je ne pense
pas qu'il va invoquer que c'est se substituer à son
collègue que d'en discuter maintenant, pulsqu'il avait été
le premier dans le discours sur le budget d'avril 1987 à annoncer ce
programme.
Lorsqu'il avait présenté le programme APPORT, le ministre
des Finances estimait à environ "44 000" le nombre de familles qui
pourront se prévaloir du programme APPORT en 1988. De ce nombre, "24 000
seraient des familles monoparentales" et 20 000 des familles biparentales.
Cette estimation faite à partir des données fiscales ne tient
compte que des parents ayant des revenus de travail. La clientèle
pourrait donc être plus nombreuse, si des parents actuellement en
chômage ou à l'aide sociale décidaient, après avoir
pris connaissance des avantages du programme APPORT, de
réintégrer le marché du travail. C'étaient
là les propos que l'on retrouvait à la page 37 du discours sur le
budget d'avril 1987. (10 h 30)
Malheureusement, la situation des travailleurs et des travailleuses
à faibles revenus qui ont des responsabilités familiales, bien
loin de s'améliorer, évidemment, s'est
détériorée. La prétention du ministre des Finances
et de son gouvernement de faire mieux avec leur nouveau programme que ne le
faisait le précédent programme SUPRET, qui avait
été aboli pour cause d'inefficacité et qui a
été remplacé, comme je le soulignais, M. le
Président, avec grand fracas dans le discours sur le budget,
malheureusement, a échoué.
J'aimerais connaître du ministre des Finances quelles sont les
raisons qui lui semblent prévaloir dans cet échec de
participation au programme APPORT.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Encore une fois, vous avez là un exemple d'un
sujet qui est abordé non pas en fonction du ministère des
Finances, mais d'un point de vue qui s'apparente de beaucoup plus près
à une politique relevant d'un ministère sectoriel. Vous comprenez
fort bien que, lorsque nous présentons, dans un discours sur le budget,
une politique de ce genre, cela se fait avec te concours évident du
ministère sectoriel. C'est à la suite des discussions que nous
avons avec le ministère sectoriel que nous pouvons dégager
certaines priorités que nous retrouvons dans le discours sur le budget,
mais, quand on arrive à ta mise en oeuvre de la politique, il faut
retourner au ministère sectoriel.
Je peux vous dire simplement que, lorsque nous avons annoncé
cette politique, si ma mémoire est fidèle - j'essaie de me
rappeler le moment où nous l'avons annoncée - II est
évident que le SUPRET ne donnait pas les résultats
escomptés. Je pense qu'après un certain nombre d'années -
je ne me rappelle pas si c'est après cinq, six ou sept années, je
n'ai pas les détails ici du SUPRET - après sept années
d'existence, iI y avait environ 26 000 bénéficiaires dont
près de 18 000 familles avec enfants.
Le nombre de familles bénéficiaires du programme APPORT
représente près de 98 % de celles qui bénéficiaient
du SUPRET. Ce n'est pas après sept ans; cela a commencé le 2 mai
1988. Cela fait un an. Alors, je ne peux pas arriver aux mêmes
conclusions que ma collègue, la députée de Maisonneuve,
mais je suis d'accord avec elle que le programme SUPRET et le programme APPORT
ne rejoignent pas tout le monde, toutes les personnes qui,
théoriquement, y auraient droit. Je pense qu'on peut laisser au
programme APPORT, qui s'adresse aux familles, qui est un programme bien
Intégré à nos politiques fiscales relativement à
l'emploi, également à nos politiques de soutien à la
famille, un peu de temps pour que les gens puissent y adhérer
d'avantage.
Vous savez, cette politique du programme APPORT et les autres politiques
qui ont été mises de l'avant, que ce soit le programme APTE ou
les politiques fiscales, tout se tient. Autrement dit, nous voulons, par cette
politique, améliorer les politiques de sécurité du revenu;
deuxièmement, améliorer les politiques de soutien à la
famille et, troisièmement, améliorer les politiques d'incitation
au travail. Vous avez trois objectifs bien clairs, à mon sens. Je les
répète: sécurité du revenu améliorée
pour les plus faibles de (a société, soutien à la famille
- c'est pourquoi APPORT s'adresse directement à la famille - et,
troisièmement, incitation au travail.
Parlant du soutien à la famille, il faut bien comprendre... Et
ces chiffres vont sûrement intéresser Mme la députée
de Maisonneuve qui s'intéresse, avec raison, au sort des personnes moins
bien nanties. Elle devrait être heureuse de constater que, depuis 1985,
les sommes consacrées au soutien à ta famille sont passées
de 800 000 000 $ par année à 1 800 800 000 000 $; donc, une
amélioration, si on tient compte du programme APPORT, si on tient compte
du programme APTE, si on tient compte des réductions d'impôt pour
les familles, si on tient compte de l'aide à la naissance, si on tient
compte de toutes ces sommes-là Je pense que j'ai déposé,
à la dernière réunion, un tableau à cet
effet-là, qui indique, justement, que l'aide à la famille est
passée de 800 000 000 $ en 1985 à 1 800 000 000 $ en 1990, ce qui
veut dire une augmentation de 1 000 000 000 $. C'est considérable Je
crois qu'il faut le souligner.
Les derniers chiffres que j'ai sont peut-être plus exacts.
Après sept ans d'expérience avec le programme SUPRET, 18 000
familles en bénéficiaient. Au bout d'un an, avec le programme
APPORT, nous sommes rendus à 21 000 familles.
Il y a des avantages dans le programme APPORT qui sont
considérables. Les gens n'ont pas à attendre pour avoir l'aide,
c'est mensuel; c'est même payé au début du mois, au Iieu
d'être
payé un an et demi après. Nous avons établi des
modalités qui sont de nature à aider plus directement la famille.
Cela s'adresse aux gens à faibles revenus. Nous avons pris la peine de
mettre de l'avant des modalités qui seraient de nature à faire en
sorte que le programme puisse répondre plus directement aux besoins!
Encore là, je n'ai pas l'intention d'entrer dans ces détails qui
relèvent de mon collègue, le ministre responsable de ces
politiques, mais comme on me pose des questions sur le pourcentage de
participation, si vous voulez, qui. touche évidemment les questions
financières, j'ai voulu y répondre le plus complètement et
le plus adéquatement possible.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, on aura certainement
l'occasion, je l'espère, de revenir sur toute la question de la
politique familiale. Le ministre a fait état de cette documentation qui
a été fournie à la commission concernant le soutien
financier et des comparaisons entre 1985 et 1990. J'espère qu'on aura
l'occasion de revenir là-dessus.
Permettez-moi simplement de souligner le titre qui coiffait un article
dans Le Devoir de ce matin: "Quelle politique familiale?" Et qui portait en
sous-titre: "Un mélange d'espoir, de symbolisme et de poudre aux yeux. "
On y reviendra, mais le titre vaut également pour ces programmes qui
devaient bénéficier aux familles à très faibles
revenus sur le marché du travail. Quelle politique de
sécurité du revenu? Un mélange de symbolisme et de poudre
aux yeux.
J'aimerais revenir sur ces Indications que le ministre vient de nous
transmettre. Il nous dit: SUPRET bénéficiait à peu
près à 26 000 ménages dont 18 000 familles. Il a dit:
SUPRET avait un défaut, c'était d'être annualisé et
de ne pas être mensualisé, donc de ne pas accorder des allocations
mensuelles. Mais le chiffre qu'il vient de me fournir sur le nombre de
ménages à qui le programme APPORT aurait profité, c'est un
chiffre qui est annualisé en multipliant les mêmes ménages
et en les additionnant mois après mois pour pouvoir réconforter,
j'imagine, le ministre des Finances et son collègue, le ministre de la
Main-d 'Oeuvre et de la Sécurité du revenu quant à la
piètre performance de ce programme, malheureusement. Les chiffres les
plus récents qui m'ont été fournis par le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, en fait, par
l'attaché politique au cabinet, en date du 1er avril, indiquent que,
pour les mois de janvier à avril, pour trois mois de l'année,
c'est à peine 3000 personnes chaque mois. Vous allez me dire que c'est
peut-être 10 080 au total. C'est 10 080 parce qu'on multiplie pour chaque
mois le nombre de dossiers qui avaient déjà été
enregistrés.
L'année dernière, il s'est périmé 25 000 000
$ au programme APPORT, 25 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés au seul chapitre du programme APPORT. Je ne parle pas
des 21 000 000 $ périmés en formation professionnelle et des 15
000 000 $ périmés aux programmes de développement de
l'emploi. Le champion des crédits périmés, c'est
assurément le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Seulement en matière d'incitation au
travail, de réinsertion en emploi, de soutien du revenu, c'est au total
plus de 60 000 000 $ qui ont été périmés l'an
dernier au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu.
Si c'est ça adopter une attitude responsable à
l'égard de ceux et celles qui, dans notre société, sont
soutiens de famille et qui ont besoin de ce coup de pouce pour maintenir un
emploi souvent au salaire minimum, peu protégé, peu
rémunéré et peu valorisant, c'est, évidemment,
étonnant que le ministre des Finances n'ait pas été
informé de la piètre performance du programme APPORT. Il y a eu
25 000 000 $ périmés l'an dernier. La participation s'est
chiffrée l'an dernier à au plus 15 000 ménages, incluant -
il ne faut pas l'oublier - ceux des ménages qui obtiendront un
remboursement annualisé du ministère du Revenu à la fin de
l'année.
D'ailleurs, j'aimerais savoir du ministre des Finances pourquoi les
remboursements du programme APPORT ne sont versés qu'en juin pour ces
ménages à très faibles revenus qui n'ont pas pu être
inscrits mensuellement au programme APPORT, mais qui le sont annuellement,
finalement. Le ministre des Finances doit sans doute savoir que, maintenant, le
programme APPORT est une combinaison des deux. Ce qui était tant
décrié dans SUPRET, c'est-à-dire l'annualisation de
l'allocation, est revenu par la petite porte dans le programme APPORT. C'est
presque 25 % des ménages maintenant. Le ministre dit: Cela fait à
peine un an que ce programme est en place, comme s'il souhaitait qu'on soit
indulgent parce que ça ne ferait qu'un an et que la vitesse de
croisière ne serait pas celle qu'il avait annoncée en 1987. (10 h
45)
Je veux quand même lui rappeler que le programme a
été annoncé en avril 1987, il y a maintenant deux ans, que
le 6 mai dernier, donc il y a maintenant un an, l'annonce a été
faite de l'ouverture des inscriptions au programme et qu'un total de 2 800 000
dépliants ont été postés. Donc, ce n'est pas sans
efforts que ce programme a été publicisé, il faut le
reconnaître. Il y a, quand même, eu des efforts
considérables. À deux reprises, une première fois au
printemps et une deuxième fois à l'automne, il y a eu l'envol de
plus de 1 400 000 dépliants chaque fois, pour un total de presque 3 000
000 de dépliants. Dans les deux cas, cet envol postal s'est fait avec
les chèques d'allocations familiales et aussi d'aide sociale, il y a eu
50 000 for-
mulaires d'inscription qui ont été envoyés à
des familles qui avaient rêvé d'en bénéficier. Je ne
sais pas si le ministre des Finances a eu l'occasion de prendre connaissance du
formulaire de 23 pages qu'il fallait remplir pour se qualifier au programme
APPORT; I est évident que même un conseiller au ministère
des Finances y aurait passé une bonne soirée. C'est comme si on
avait multiplié les handicaps, sans doute involontairement. Quelques
esprits avisés au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu m'ont dit qu'à l'origine le
problème s'était posé parce que ce programme avait
été conçu au ministère des Finances qui n'avait pas
une connaissance intime, profonde, sérieuse de la clientèle
à l'aide sociale...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel:... qui, majoritairement, il faut se le rappeler, est
évidemment très sous-scolarisée. Si le ministre de
l'Éducation reconnaît qu'au-delà de 300 000 personnes sont
des analphabètes fonctionnels, iI faut reconnaître qu'elles se
retrouvent parmi les clientèles qui ont à remplir des
formulaires. Pour l'année 1969, la situation de l'an passé se
détériore. Ce n'est plus 15 000 ménages qui sont
théoriquement Inscrits. Au maximum, pour chaque mois, ce sont 3000
ménages qui ont reçu l'allocation. La question qui se pose,
c'est: Comment se fait-il que les remboursements d'impôt connaissent la
lenteur que l'on constate et que, pour les familles qui avaient vu leur
prestation annualisée, ces remboursements se feront en juin
seulement?
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je fais vérifier les
chiffres à l'heure actuelle parce qu'ils ne correspondent pas du tout
à ce que nous avons. Je ne sais pas où Mme la
députée a péché cela, mais nous allons faire la
révision de ces chiffres. Ici, nous avons 21 000 familles, les dossiers
ont été ouverts et les coûts, pour 1988-1989,
étalent de l'ordre de 37 500 000 $ et, pour 1989-1990, les coûts
estimés sont de 42 900 000 $. Mme la députée de
Maisonneuve a reconnu que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu d'efforts de
faits pour que les gens soient mis au courant. Elle-même semble
très familière avec la procédure qui a été
prise pour informer les personnes susceptibles de profiter du programme APPORT.
Elle parle d'un formulaire qui, cependant, était un peu trop complexe,
je ne sais pas, comme si cela avait été fait au ministère
des Finances. Elle ne l'a pas dit ainsi, mais elle a dit qu'elle avait pris des
informations au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui lui aurait dit que ce programme avait
été conçu au ministère des Finances, laissant
entendre que le formulaire aurait également été
préparé au ministère des Finances. C'est absolument faire
un procès par association. Il n'est pas question qu'au ministère,
que je sache, nous fabriquions des formules pour le ministère de la
Sécurité du revenu, à moins que des choses ne se passent
à mon insu. Cela peut arriver, mais personne ne m'a dit ça
encore.
Je voudrais aussi dire à Mme la députée de
Maisonneuve que ce qui compte pour nous, ce sont les résultats. Lorsque
nous regardons cette politique - parce que cette politique n'en est pas une qui
est unique, il n'y a pas qu'un volet à cette politique - V faut voir que
l'ensemble de ces politiques qui ont été mises de l'avant
changent, d'une façon très considérable, ce qu'on peut
appeler les seuls de revenus à partir desquels les impôts sont
exigibles et, en même temps, 1 faut regarder l'augmentation du revenu
mensuel à l'entrée sur le marché du travail Alors, ce sont
deux facteurs extrêmement importants pour les gens à faibles
revenus et ça ne semble pas avoir pénétré...
Probablement que ça a pénétré l'esprit de Mme la
députée de Maisonneuve qui est une femme Intelligente et qui a
toutes les qualités pour bien saisir ça, mais elle n'a pas
jugé à propos d'en parler. Je pense que c'est important et Je
vais le faire à sa place, si elle me le permet.
Quand on regarde l'évolution des seuls de revenus - je l'invite
à prendre connaissance de ce que l'on retrouve à la page 71 de
l'annexe A du budget - on voit que, pour un couple avec un revenu de travail,
avec deux enfants à charge, le seul de revenus à partir duquel
les impôts sont exigibles, pour 1985. c'était à partir de
10 015 $: c'est là que ce couple devait faire face au fisc. Aujourd'hui,
ce n'est qu'à 23 234 $, en 1990. Une famille monoparentale - la
députée de Maison-neuve revient souvent avec les familles
monoparentales comme exemple - avec un enfant à charge devait faire face
aux exigences du fisc lorsqu'elle avait un revenu de 12 166 $; maintenant, en
1990, c'est à partir de 21 585 $. Pour un ou une célibataire
vivant seul, on commençait à 5750 $; maintenant, c'est à
8479 $. Si on tourne la page et qu'on va au tableau suivant, à la page
72 de l'annexe A, et qu'on regarde l'augmentation du revenu mensuel à
l'entrée sur le marché du travail, ï est Intéressant
de voir ce que peut faire le programme APPORT parce qu'il entre directement
dans ces considérations. Qu'il y en ait d'autres qui puissent en
profiter, tant mieux! SI le formulaire est trop complexe, peut-être que
Mme la députée de Maisonneuve pourra, en temps opportun et
à l'Interlocuteur approprié, faire part de la complexité
du formulaire, si c'est ça qui est un empêchement d'avoir plus de
gens qui en bénéficient Mais regardons ce qui arrive à
ceux qui ont un revenu de travail de 1000 $ par mois. Avec un revenu de travail
de 1000 $ par mois, et deux enfants à charge, c'était 93 $ en
1985, il n'en restait pas beaucoup; en 1990, ce sera 287 $, c'est l'augmen-
tation de son revenu mensuel. L'augmentation de son revenu mensuel
était de 93 $ en 1985; en 1990, 287 $. Pour une famille monoparentale,
avec un enfant à charge - là encore, Mme la députée
de Maisonneuve revient souvent avec des questions concernant les familles
monoparentales - savez-vous ce que ça donnait dans ce temps-là,
en 1985? Je ne sais pas si elle se préoccupait autant de ça, mais
elle devait le faire à l'interne, peut-être pas à
l'externe. Je suis convaincu qu'elle en parlait avec ses collègues
quelque part. Je sais qu'elle a toujours été très
vigilante de ce côté-là, mais ce n'était pas
encourageant de travailler, d'après ce que je peux voir, pour une
famille monoparentale avec un enfant à charge. C'était bien mieux
de rester à l'aide sociale parce que son revenu mensuel diminuait de 125
$ quand elle entrait sur le marché du travail; pour un revenu de travail
de 1000 $ par mois, elle perdait 125 $. Aujourd'hui, elle est gagnante de 170
$. Il y a là l'exemple du célibataire vivant seul: en 1985, 320
$, aujourd'hui, 333 $. On voit que l'accent a été mis sur la
famille et particulièrement sur la famille à faibles revenus.
Alors, j'ai les derniers chiffres qu'on me remet Ici: en 1987, les familles
recevaient 20 000 000 $ de SUPRET, en 1988-1989, 37 500 000 $ d'APPORT. Alors,
je pense que les familles sont mieux servies, et ça ne fait qu'un an que
le programme est en application. C'est sûr que l'information va faire en
sorte qu'il y ait plus de sommes consacrées à ces fins.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai l'impression qu'on nage
en plein surréalisme. Le ministre fait encore état des
crédits alloués de 37 500 000 $ au programme APPORT comme s'il
ignorait que les crédits périmés ont été de
25 000 000 $ - c'est exactement dans le cahier des crédits de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu - que les
dépenses...
M. Levesque: II n'y a pas de contradiction là.
Mme Harel:... effectuées ont été de 12 500
000 $, et que les 21 000 dossiers ouverts...
M. Levesque: Ce n'est pas ce qu'on me dit.
Mme Harel: Ce sont des chiffres du ministère. Je vais les
fournir, M. le Président. Je vais demander au secrétaire d'en
faire copie. Je vais les fournir au ministre immédiatement: Aide aux
parents pour leur revenu de travail, programme 9: crédits
alloués, crédits périmés prévus et
explication.
M. Levesque: Alors, je vous prierais d'arrêter là
parce que justement on me dit que, tant et aussi longtemps que les rapports
d'impôts ne sont pas complétés on ne peut pas avoir les
chiffres.
Mme Harel: Oui, on peut avoir les chiffres.
M. Levesque: Ce sont les chiffres que nous avions à ce
moment-là.
Mme Harel: M. le Président, on peut obtenir les chiffres
parce que l'explication qui est donnée à la péremption des
crédits fait justement état du fait qu'il pourrait y avoir un
solde mais le soide ne peut être que de 25 % puisque c'est 75 % de la
prestation qui sont versés dans le programme APPORT et la
rétention des 25 % est assez clairement explicite pour qu'on puisse
prévoir les sommes qui seront dépensées.
Au ministère du Revenu, j'ai le plaisir de vous informer que 15
000 000 $ seront dépensés. Ce sont les 25 % du programme. Ces 15
000 000 $ avaient été budgétisés à part les
37 500 000 $. Là, il faut se retrouver dans les chiffres. Ces 37 500 000
$, c'était le crédit alloué au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, et il y avait un
crédit de 15 000 000 $ alloué du Revenu pour compléter les
25 % du solde à être versé des 75 % qui l'avaient
déjà été mensuellement. Cela faisait un total de 37
500 000 $ plus 15 000 000 $. Sur les 37 500 000 $ il y en a eu seulement 12 500
000 $ de dépenses. Il y a eu 25 000 000 $ de périmés. Moi,
je dis, M. le ministre, que c'est suffisamment important pour qu'on s'attarde
à se demander comment il se fait que cela ne marche pas. Si on vous dit
que cela marche, d'abord, il y a un problème. Le premier problème
que je découvre, que je constate, c'est que vous n'êtes pas au
courant que cela ne fonctionne pas, que les 21 000 dossiers dont vous me pariez
sont des dossiers ouverts, analysés et non pas des dossiers
autorisés, acceptés. (11 heures)
M. Levesque: Si vous me le permettez, je voulais dire...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Encore là, cela prouve deux choses.
Premièrement, lorsqu'on veut entrer dans les politiques sectorielles...
Tout ce que Mme la députée me dit depuis tout à l'heure,
c'est: Voici ce que nous avons comme renseignements du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Voici ce que nous ont
dit les porte-parole du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je vous dis qu'il s'agit là de
politiques sectorielles qui doivent être discutées avec le
ministre responsable.
Tout ce que je puis vous donner, ce sont les chiffres que me donnent les
fonctionnaires. Ils me disent qu'ils ne peuvent pas, à ce moment-ci,
donner des chiffres à ce sujet parce que
les rapports d'impôts ne sont pas... Je vais même demander
au sous-ministre de le dire, si vous le voulez. Non, mais c'est important qu'on
comprenne que ce n'est pas simplement sur le plan politique que je
réponds, mais sur le plan technique et administratif. Est-ce qu'on
permet à M. Séguin...
Le Président (M. Lemieux): Si Mme la députée
de Maisonneuve... S'il y a consentement, M. le ministre.
M. Levesque: Oui, mais pourquoi ne vou-driez-vous pas avoir la
lumière là-dessus?
Le Président (M. Lemieux): Nous étions sur le temps
de Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Écoutez... M. Levesque: Pourquoi?
Mme Harel:... je n'ai pas terminé mon intervention. Je
souhaite que le sous-ministre intervienne pour donner tout l'éclairage
qu'il voudra. Mais, M. le ministre, je répète que le
ministère du Revenu aura à débourser le solde de 25 % des
crédits qui ont déjà été alloués aux
ménages. Pour cela, des crédits de 15 000 000 $ avaient
déjà été réservés au ministère
du Revenu.
Autres mesures d'employabilité
Je vous Interroge sur autre chose. Dans votre discours sur le budget,
vous dites qu'il y a des mesures sur lesquelles repose la réinsertion en
emploi des familles à faibles revenus et que ces mesures sont, entre
autres, le programme APPORT. Je veux revenir sur une autre mesure aussi. Je
cite, à la page 73: 'II leur sera proposé une série de
mesures visant à leur donner une meilleure formation ou une
expérience du milieu de travail. Favoriser les efforts des
bénéficiaires pour retrouver leur autonomie financière
constitue l'approche fondamentale du nouveau programme... * D'une part je
voulais vous demander ce matin - et je sens que je n aurai pas de
réponse à mes questions - ce que vous allez corriger au cours de
la présente année pour que ça marche, étant
donné que, l'an dernier, 25 000 000 $ ont été
périmés au programme APPORT, 15 000 000 $ dans les mesures
d'employabilité et 22 000 000 $ dans les programmes de formation
professionnelle.
M. Levesque: Pendant...
Mme Harel: Alors, je poursuis, M le Président...
M. Levesque: Ah, bien! Vous poursuivez! Vous ne voulez pas avoir
de réponse.
Mme Harel: Je poursuis. Vous me les donnerez toutes en même
temps. On constate - et c'est là-dessus que j'aimerais attirer votre
attention - que, le programme APPORT est bien loin de performer, et de profiter
aux familles. Entre-temps, on a, évidemment, laissé tomber les
ménages sans enfants, qui sont aussi des travailleurs a très
faibles revenus. La question qui est soulevée: Est-ce une bonne
stratégie de supplémenter de cette façon, des revenus
étant donné l'échec? Le gouvernement
précédent l'avait essayée. Vous avez
considéré que c'était un échec et que vous alliez
faire mieux Vous l'essayez et, au contraire, il y a une aggravation de la
situation Alors, faut-il s'interroger sur cette stratégie? Est-ce la
bonne? Peut-être la population repugne-t-elle à ces
contrôles mensuels sur sa vie privée qui s'étendent aux
relations familiales et conjugales. Est-ce là une explication?
Il faut certainement tenter efficacement de se demander de quoi cela
dépend parce que, si vous considérez que ces programmes-là
existent et que vous périmez, année après année,
des dizaines de millions, c'est effectivement de la poudre aux yeux. Ma
question est la suivante. Puisque vous nous dites, d'une part, que ce
programmera est offert, puisque ce programme ne profite pas aux familles
auxquelles iI s'adressait, qu'entendez-vous corriger?
D'autre part vous annoncez dans votre budget une série de mesures
visant à donner une meilleure formation ou une expérience du
milieu de travail. Quelles sont ces mesures? S'agit-iI du programme de
subvention salariale, du programme PAIE? Et, encore là, on retrouve dans
les crédits pour l'année qui vient exactement les mêmes
sommes allouées pour les mesures d'employabilité: travaux
communautaires, stages en milieux de travail, rattrapage scolaire, retour aux
études et nouveau programme. C'est donc dire que le nouveau programme va
simplement se financer, par un effet de vases communicants, avec d'anciennes
mesures d'employabilité
Qu'y a-t-il de nouveau par rapport à ce qui existait et que vous
avez reconduit, du gouvernement précédent? Malgré qu'elles
n'ont pas été Indexées... Il faut reconnaître
qu'aucune de ces mesures d'employabilité n'a été
Indexée. Qu'y a-t-il de nouveau même avec une nouvelle
appellation, avec le nouveau nom que prendra le nouveau programme de subvention
salariale PAIE? Il n'y a pas un seul crédit. Qu'y a-t-il surtout
d'Important, qu'y a-t-il de nouveau pour corriger le fait que ces programmes
ont connu le faible taux de participation que l'on sait durant les deux
dernières années?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, Mme
la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M le ministre des Finances, vos
dix minutes.
M. Levesque: Je reprends les derniers mots de Mme la
députée de Maisonneuve: "Durant les deux dernières
années", alors qu'elle sait que le programme SUPRET a été
un échec. Pourquoi dire "deux ans" quand le programme SUPRET a subi une
expérience de sept ans, alors que c'était son propre gouvernement
qui en avait la responsabilité?
Mme Harel: APPORT arrive au point où en est SUPRET.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Malsonneuve, s'il vous plaît, la parole est au ministre des Finances.
Vous le lui avez fait remarquer tout à l'heure.
Mme Harel: Oui, et vous ne lui avez pas dit quand il m'a
interrompue tantôt.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve, vous le lui avez fait remarquer vous-même tout à
l'heure.
Mme Harel: Alors, vous auriez dû le lui faire remarquer,
à lui aussi.
Le Président (M. Lemieux):... lorsqu'il a voulu
répondre à votre question, qu'il était sur votre temps de
parole. M. le ministre des Finances.
Mme Harel: On m'avait dit que le président avait tendance,
comme cela, à présider différemment d'un bord et de
l'autre. Je le constate.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Maisonneuve, s'il vous plaît! Je pense que j'essaie de faire appliquer le
règlement d'une manière équitable des deux
côtés. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je ne comprends pas les dernières paroles de
Mme la députée de Maisonneuve. Je pense que nous avons, chez le
président actuel, l'exemple d'une impartialité parfaite. Et
quand, tout à l'heure, j'ai voulu demander à Mme la
députée de Maisonneuve de lui répondre, j'ai
essayé, j'ai tenté, j'ai dit une parole et, immédiatement,
et la présidence et Mme la députée de Maisonneuve ne m'ont
pas permis d'aller plus loin. Alors, je pense qu'on devrait rester calmes,
discuter avec sérénité. Cela s'est fait comme ça
jusqu'à maintenant. Si madame a d'autres intentions, elle perd son
temps.
Je dis que justement, si le programme SUPRET avait rejoint toute la
clientèle désirée, on n'aurait pas connu les
résultats qu'on connaît. Et elle a reconnu, à un moment
donné, tantôt, que le programme SUPRET avait été un
échec de participation. Le programme APPORT vient d'être mis en
oeuvre il y a un an, en mai 1988. Nous disons qu'il y a plus de familles. On ne
s'entend pas sur les chiffres. J'ai demandé qu'une vérification
soit faite. Si Mme la députée a raison, on va le dire. On n'a
aucune raison de se chicaner sur des chiffres, vous savez.
Ce que nous offrons, c'est un programme qui, à notre sens,
répond à des besoins. Quels sont les besoins? Les besoins des
familles à bas revenus, pour que ces familles soient mieux soutenues,
qu'il y ait une incitation au travail qui ferait en sorte que ces gens soient
en meilleure situation financière s'ils vont travailler que s'Hs restent
au bien-être social. J'ai donné des exemples tout à
l'heure, au moins sur la valeur intrinsèque du programme. Je pense bien
que madame, au lieu de s'en prendre au nombre de bénéficiaires,
pourrait au moins dire si le programme répond mieux
intrinsèquement que l'ancien. Les politiques mises de l'avant par notre
gouvernement ne sont-elles pas meilleures, infiniment meilleures? Elle me fait
signe que non. Mme la députée, c'est bien beau d'être
partisan, mais je pense que, lorsqu'on regarde les choses, vous faisiez en
sorte qu'un couple avec un revenu de travail et deux enfants à charge
commençait à payer de l'impôt à 10 000 $.
Maintenant, ce sera 23 000 $; ce n'est pas un avantage, ce n'est pas un
changement considérable pour la famille, ce n'est pas un encouragement
à travailler? Lorsqu'on voit que, pour un revenu de travail de 1000 $
par mois, pour une famille monoparentale, je le répète, avec un
enfant à charge, l'augmentation du revenu mensuel à
l'entrée sur le marché du travail, c'était moins 125 $ en
1985, est-ce qu'elle est d'accord avec ça que les gens vont être
pénalisés parce qu'ils vont travailler?
Je dis qu'intrinsèquement nous avons fait des changements
considérables pour le soutien à la famille: 1 000 000 000 $ de
plus qu'en 1985. Deuxièmement, comme incitation au travail, c'est clair
que le programme est infiniment meilleur. Je suis d'accord sur une chose avec
Mme la députée, soit qu'il serait désirable qu'un plus
grand nombre profite de ça. Oui, nous avons, comme elle l'a dit
elle-même, pris des mesures pour que ce programme soit connu des
personnes auxquelles il s'adresse. Qu'il n'y en ait pas suffisamment qui y
aient déjà adhéré, donnons-leur la chance, cela
fait un an que le programme est en oeuvre. Nous espérons qu'il y aura
plus de familles qui vont en bénéficier. Nous n'avons pas
caché le programme. C'est par millions que nous avons - Mme la
députée de Maisonneuve le souligne elle-même -
placé, dans les enveloppes destinées aux personnes qui
reçoivent des allocations familiales, les informations pertinentes.
Et elle regrette que le formulaire en question puisse être un peu
trop complexe. Mais qu'elle en parle avec le ministère sectoriel. Je
n'ai pas l'intention de me substituer au ministre responsable de la mise en
oeuvre du programme, pas plus que pour tous les autres programmes que nous
annonçons dans le discours sur le
budget ou que nous retrouvons dans les crédits que nous
déposons annuellement à l'Assemblée nationale. Il y a des
ministres responsables de ces dossiers. Mme la députée de
Malsonneuve fait un excellent travail comme critique en matière de
main-d'oeuvre et de sécurité du revenu, mais I y en a un autre
qui fait un excellent travail dans ce même domaine, et c'est le ministre
responsable de ce dossier. Je n'ai pas l'Intention de me substituer à
lui. Si c'est simplement pour créer une contradiction entre l'un et
l'autre des ministres, je dis: Vous perdez votre temps, je n'ai pas l'intention
d'entrer dans ces politiques sectorielles. Ce sur quoi je suis prêt
à répondre, cependant, c'est sur ce qu'il y a dans ce budget qui
affecte ces politiques et c'est pourquoi je réfère Mme la
députée à des vérités de chiffres que nous
avons devant nous. Le seul chiffre sur lequel on ne s'entend pas, c'est sur la
participation. Je dis encore une fois à Mme la députée que
j'ai demandé à mes fonctionnaires de communiquer... Je comprends
que Mme la députée de Maisonneuve dit qu'elle a communiqué
elle-même avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui lui a dit qu'il y en avait 3000 et qu'on
les multipliait. 3 par 12, cela faisait 36 000, je ne sais pas quoi, mais ces
chiffres ne correspondent pas à ce que nous avons chez nous, aux
Finances.
Je reconnais que c'est le ministère sectoriel qui doit être
te mieux renseigné sur les clientèles et c'est pourquoi je n'ai
pas voulu en débattre davantage sans aller aux sources mêmes.
Peut-être qu'il y a là une confusion quelconque et nous essaierons
de faire en sorte que les véritables chiffres soient mis de l'avant.
Cela me surprend qu'on en ait 3000 par année comme le laisse entendre
Mme la députée. Je serais énormément surpris
qu'elle puisse avoir raison de dire qu'il y en a 3000 par année parce
que ce sont les 3000... Ce sont 3000 par mois multipliés par 12 ou
quelque chose comme ça. Je pense qu'on est beaucoup mieux tous les deux
de retourner à nos sources pour bien nous en assurer. S'il y avait
seulement 3000 familles qui en profitaient, je pense que cela vaudrait la peine
de reprendre quelque chose, les formulaires ou je ne sais pas quoi, mais je
n'ai pas, encore une fois, l'intention de censurer, de critiquer ou de
suggérer quoi que ce soit au ministre responsable des politiques de la
main-d'uvre et de la sécurité du revenu qui, lui, a pleine
autorité sur ses politiques. (11 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie M. le ministre
des Finances. J'aimerais tout simplement faire remarquer à Mme la
députée de Maisonneuve que j'ai laissé passer tout
à l'heure le genre de propos qu'elle a tenus, mais elle sait fort bien
que, conformément à notre règlement, en vertu de
l'alinéa 5° de l'article 35, ses propos sont antiparlementaires. Je
lui fais savoir que je n'hésiterai pas à appliquer l'article 42
et que, si elle veut attaquer la conduite d'un président, je la renvoie
à la décision de l'ancien président de l'Assemblée
nationale, le député de Taschereau, M. Richard Guay, à
savoir qu'elle le fasse en Chambre. Sur ce, J'inviterais Mme la
députée de Maisonneuve à prendre ses dix minutes.
Mme Harel: M. le Président, c'est vraiment l'artillerie
lourde ce matin. On voit que vous connaissez votre règlement.
Le Président (M. Lemieux): Non.
Mme Harel: On ne peut pas mettre en cause la connaissance que
vous en avez.
Le Président (M. Lemieux): Non, Mme la
députée de Maisonneuve, |e pense que vous connaissez tout aussi
bien que moi les règles de procédure en cette
assemblée.
Fiscalité et aide à la famille
Mme Harel: Je vais donc immédiatement interroger le
ministre des Finances sur le fait qu'il semble, à cause de la
réponse qui a donnée à deux reprises, confondre
délibérément, je ne sais trop, le seuil d'imposition et le
programme APPORT. Qu'on puisse certainement applaudir au fait que le seul
d'Imposition ait été amélioré, je crois qu'on peut
en convenir, mais qu'il confonde le seuil d'imposition avec le fait que le
programme APPORT soit un échec, c'est autre chose. 25 000 000 $
périmés dans un programme, il me semble que cela
m'inquiéterait si j'étais ministre des Finances. Je me poserais
ta question, pas nécessairement sur mon collègue ou sur le
ministère, mais sur la validité de mon programme.
Il reste que, l'an dernier, 13 000 ménages en ont
bénéficié, mais, cette année, la situation est en
train de se détériorer. Cela m'inquiéterait vraiment
gravement parce qu'il y a d'autres stratégies qu'on peut utiliser Ce qui
est à mettre en cause, c'est sans doute cette stratégie non pas
parce que le formulaire est trop compliqué, mais parce que le formulaire
entre dans la vie privée des personnes et la contrôle tous les
mois. C'est un contrôle direct sur l'état de leur situation
matrimoniale, l'état de leur situation conjugale, famliale. Il faut se
demander si c'est là une bonne stratégie, si, par exemple, la
stratégie d'un crédit d'impôt remboursable pour enfant qui
serait assorti d'une augmentation ou d'une élévation du salaire
minimum au salaire Industriel moyen, à un certain pourcentage de
façon fixe, ne serait pas là une stratégie qui donnerait
de meilleurs résultats.
Il faut reconnaître que cette péremption de crédits
est aussi inquiétante pour la formation professionnelle; pour
l'année qui vient de se terminer, c'est 22 000 000 $ de crédits
périmés en formation professionnelle. Pour les trois
dernières années, c'est 41 288 000 $ en formation
professionnelle. Quant à la protection et au développement
de l'emploi, il s'agit de mesures d'employabillté, et, je le rappelle,
même sous un nouveau nom, que ce soit subvention salariale, PAIE ou peu
importe, les crédits sont les mêmes que ceux des années
antérieures. Pour les années antérieures, c'est 15 000 000
$ de crédits périmés et, pour les trois dernières
années, c'est 45 000 000 $.
Je dois reconnaître, effectivement, que les crédits sont
moindres que pour les années antérieures, mais tout cela
s'explique du fait des nouveaux barèmes. Mais les crédits des
mesures comme telles sont à peu près l'équivalent,
même si les nouveaux programmes nous sont annoncés et même
si le ministre des Finances a écrit, dans les renseignements
supplémentaires au discours sur le budget, qu'il sera proposé une
série de mesures visant à donner une meilleure formation, une
expérience du milieu de travail. En quoi cela va-t-il consister? C'est
peut-être cela, la question qu'il faut poser, puisqu'il a souscrit au
fait qu'il y aurait du nouveau. En quoi y a-t-il du nouveau, étant
donné qu'il y a les mêmes crédits et en quoi surtout les
corrections seront-elles apportées pour que les dépenses soient
effectuées?
Une brève intervention sur des propos que le ministre des
Finances a tenus au tout début de nos travaux, M. le Président.
À l'écouter, cela m'a fait penser qu'il y a une raison
supplémentaire aux Rocheuses pour être fiers d'être
Canadiens, c'est notre haut taux de chômage au Québec.
Autant II pourrait être raisonnable d'envisager que soit prise en
considération, dans la formule de péréquation, une
trente-troisième ou trente-quatrième variable qui serait le taux
de chômage, autant il peut paraître insignifiant de s'accrocher au
nombre de chômeurs pour penser qu'en augmentant on est gagnants et que le
fédéralisme est performant comme si plus le nombre de
chômeurs augmentait, plus les prestations étaient
bénéfiques et plus on peut considérer à ce
moment-là que le fédéralisme est payant.
Alors, c'est, évidemment, toute la question de la formation
professionnelle qui est en cause présentement. Il faut constater qu'en
matière de programmes de réinsertion en emploi, simplement le
programme de formation sur mesure, volet employabilité, c'est 15 000 000
$ de budgétisés et 10 000 000 $ de périmés. Ce sont
les deux tiers, 65 % d'un budget de réinsertion en emploi pour des
bénéficiaires de l'aide sociale, qui ont réussi à
être périmés.
J'ai une question, évidemment, parce que je sens que mon
collègue de Bertrand va reprendre bientôt la discussion avec le
ministre des Finances, une question qu'on ne peut pas passer sous silence. Dans
le document qui a été remis par le ministre en matière de
politique familiale, comment explique-t-il le soutien financier du gouvernement
à l'égard des enfants? Comment explique-t-il qu'il chiffre
à 100 000 000 $ les subventions pour frais de garde par l'Office des
services de garde à l'enfance pour l'année d'imposition 1989?
Comment peut-Il chiffrer à 100 000 000 $ les subventions pour frais de
garde par l'Office? Les subventions pour frais de garde, dans le langage des
parents, cela veut dire des subventions sous forme d'exonération. Le
ministre a-t-il pris connaissance de ces études qui ont
été réalisées et dont on a fait largement
écho dans les médias, notamment ce sondage que CROP a
réalisé à la demande de La Presse, qui permettait
de constater que, sur l'ensemble des mesures jugées aptes à
concilier les rôles de parents et à inciter les
Québécois à avoir d'autres enfants, les augmentations
d'allocations familiales arrivaient en cinquième? La première
mesure retenue, dans l'ordre de popularité des mesures, était
d'abord le congé de maternité. La première mesure
jugée la plus apte à inciter les Québécois à
avoir d'autres enfants, c'est le congé de maternité payé,
les congés parentaux. Dans l'ordre, suivaient l'augmentation des emplois
à horaire flexible, l'amélioration de l'accès aux
garderies et, finalement, la hausse des allocations familiales.
Alors, comment faut-Il interpréter le silence actuel du
gouvernement, du ministre des Finances en matière de congés de
maternité? On sait que la ministre au fédéral, Mme
McDougall, a annoncé une série de modifications substantielles
pour doter le Canada d'une politique canadienne, d'une stratégie
canadienne de congés de maternité par le biais de
l'assurance-chômage. En se retirant du financement de la caisse, iI
reste, qu'en prime, le fédéral nous laisse deux politiques
canadiennes, une de formation professionnelle et l'autre de congé de
maternité, toutes les deux dans des secteurs de juridiction exclusive
des provinces. Cette annonce qui a été faite par Mme McDougall
devra aboutir à des modifications législatives aux Communes
dès l'automne prochain. Est-ce qu'il faut comprendre que le gouvernement
du Québec entend rester silencieux à l'égard de cette
politique canadienne de congés de maternité? Est-ce que le
gouvernement du Québec va prévoir sa propre politique et
réclamer les prestations pour les harmoniser dans une politique? Est-ce
que le ministre des Finances sait que les allocations de chômage
financent les congés de maternité des Canadiennes puisque le taux
de natalité est, évidemment, bien moins inquiétant dans
l'Ouest canadien qu'il ne l'est au Québec? Malheureusement, peu d'entre
nous savent que le taux de natalité est de presque 2 % en Saskatchewan,
en Alberta et au Manitoba et que la moyenne est de 1, 7 % au Canada. De
l'ensemble des provinces canadiennes, nous sommes celle qui a le plus bas taux
de natalité. Évidemment, de façon bien plus
énergique que ce n'est le cas présentement, cela commande une
volonté politique de relever ce défi...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion,
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: ... principalement en dotant les
Québécoises d'un véritable congé de
maternité.
Alors, quelles sont les Intentions du ministre des
Finances qui est resté totalement silencieux sur cette
question?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: M. le Président, si je suis resté
silencieux sur cette question, c'est simplement parce que j'ai suivi exactement
la ligne de conduite que j'ai mentionnée au début de cet
exercice, à savoir que Je n'avais pas l'intention de me substituer
à mes collègues. Ce n'est pas au ministre des Finances que
revient la responsabilité des politiques sectorielles. Ce que je puis
dire à Mme la députée et à la commission, c'est que
nous avons cependant voulu mettre la fiscalité au service de la famille.
C'est pourquoi, depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons modifié
notre fiscalité pour aider la famille québécoise. Et, Mme
la députée, qui se permet d'entrer dans des détails qui
devraient être discutés ailleurs, omet le principal. Avec le
gouvernement actuel, la famille québécoise a été
reconnue comme une entité qui est à la base de notre
société.
Auparavant, la famille n'a jamais reçu de la part de la
fiscalité la préoccupation que nous avons manifestée
vis-à-vis d'elle. Ce n'est pas par hasard que, dans le dernier budget,
celui de 1988, nous avons réduit les impôts pour les particuliers
de 1 257 000 000 $, dont 61 % pour les familles québécoises,
c'est-à-dire une diminution d'Impôts de 772 000 000 $. C'est
concret, cela relève du ministre des Finances et c'est quelque chose qui
peut être discuté ici, à cette commission. Lorsque Mme la
députée de Maison-neuve omet ces choses, elle omet le principal,
c'est-à-dire que, depuis le 12 décembre 1985 en particulier, nos
politiques ont été tournées vers l'aide, le soutien
à la famille québécoise. Je le répète: Ce
soutien financier à la famille qui était de 800 000 000 $ est
passé â 1 800 000 000 $ Ce sont des choses concrètes qui
aident les familles québécoises. C'est un soutien financier
à la famille.
Quant à la question de savoir quelle politique familiale devrait
être suivie et si on devrait faire ceci au lieu de cela, c'est une
question dont Mme la députée pourra discuter à
satiété avec Mme la ministre déléguée
à la Famille. Je n'ai aucune objection à ce qu'elle m'en parle,
mais je n'ai pas l'intention d'entrer dans cette discussion ce matin, je ne
suis pas ici pour cela.
Cependant, pour un éclairage qui touche beaucoup plus mes
responsabilités, je peux ajouter que, comme tout à l'heure on
cherchait à savoir quels étaient les sommes qui étaient
affectées au programme APPORT, je pense qu'il est important que J'essaie
de trouver la réponse aux questions pertinentes de Mme la
députée de Malsonneuve. Comme je le lui ai dit tout à
l'heure, il faut attendre les résultats qui ne seront connus qu'une fois
que les rapports d'Impôts auront été vus et
révisés. (11 h 30)
Au moins trois choses peuvent arriver aux rapports d'impôts. On
sait que seulement 75 % des sommes sont versées. Alors, une remise des
derniers 25 %, c'est une chose qui peut arriver. La deuxième chose,
c'est une remise qui peut aller jusqu'à 100 % si le contribuable n'a pas
réclamé d'avances, tout en étant admissible. On ne le sait
pas. On le saura quand on aura les rapports d'Impôts.
Troisièmement, de l'autre côté de la médaille, i y
aura peut-être des remises de moins de 25 % ou même des
récupérations si les revenus sont plus élevés que
ceux déclarés pour obtenir les avances.
Vous voyez, même avec la meilleure volonté du monde, je ne
suis pas en mesure de répondre d'une façon satisfaisante,
étant donné que ces résultats ne me sont pas connus au
moment où je vous parle. Du moins ceux qui sont ici pour me fournir ces
résultats ne les ont pas.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais attirer l'attention
de M. le ministre...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances...
Mme Harel:... s'iI me le permet...
Le Président (M. Lemieux):... est-ce qu'il y a
consentement?
M. Levesque: Tout à l'heure, vous ne me l'avez pas
permis.
Mme Harel: Là, vous allez être content que je vous
donne cette information-là...
M. Levesque: Oui, vous pensez que Je vais être content!
Mme Harel: Cela ne vous a pas été transmis. Ce que
vous me dites est exact, mais tout ça va relever d'un crédit de
15 000 000 $ déjà budgétisés au ministère du
Revenu pour effectuer ces paiements. Quand vous me parlez des 37 500 000 $,
ça relève du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, non pas pour ce que vous me décrivez,
mais pour l'attribution du programme à 75 %. C'est sur ces 37 500 000 $
qui y a eu 25 000 000 $ de crédits périmés. Alors, le
total faisait 52 000 000 $.
M. Levesque: Ce n'est pas parce qui y a un crédit quelque
part dans un ministère qu'on peut arriver à conclure des sommes
qui. finalement, seront les vraies. Il faut attendre.
Mme Harel: Non.
M. Levesque: Même si vous avez un crédit...
Même si vous avez, au ministère du Revenu, comme vous le dites,
une somme qui est prévue pour tenir compte de ceci, cela ne veut pas
dire qu'on peut savoir d'avance quels seront les montants véritables qui
auront été réclamés par l'ensemble des
bénéficiaires, soit au moment où Ils les ont
réclamés ou au moment où la conciliation sera faite. C'est
pour ça que je dis - vous êtes sûrement d'accord avec moi -
que nous devons attendre pour pouvoir en arriver à cette conclusion.
Vous pouvez dire: Oui, peut-être que c'est 25 000 000 $ ou 30 000 000 $
à ce stade-là, mais ça ne change rien pour les 37 000 000
$ qui ont été prévus. Je pense que les deux doivent
être conciliés.
Mme Harel: À ce moment-là, les 25 000 000 $ ont
déjà été retournés au Conseil du
trésor et ça ne peut être que plus de 25 000 000 $ de
périmés, ça ne peut pas être moins puisque la
conciliation ne se fait pas à partir des 37 500 000 $, mais qu'elle est
budgétisée sur 15 000 000 $ au ministère du Revenu. C'est
le total de 52 000 000 $, ce n'est pas le total... Sur ce total de 52 000 000
$, il faut que vous considériez qu'il y en a déjà 25 000
000 $ qui sont périmés. Ce montant n'est déjà plus
dans la course et il est possible que, sur les 15 000 000 $, sur lesquels doit
se faire la conciliation, il y ait encore, malheureusement, des sommes qui
soient périmées.
M. Levesque: Est-ce qu'il n'est pas possible aussi qu'il en
manque, qu'il faudrait qu'on en ajoute?
Mme Harel: Non. M. Levesque: Non? Mme Harel: C'est
impossible. M. Levesque: Pourquoi?
Mme Harel: Impossible parce que le programme est ainsi fait que
le solde de 25 % est évalué sur un nombre de ménages qui a
été presque trois fois moindre que celui qui avait
été budgétisé.
M. Levesque: Et si on arrive à la conclusion...
Mme Harel: Et l'annualisation, c'est 2200 personnes qui ont
été reconnues comme possiblement admissibles à la fin de
l'exercice financier. Ce sont là des prévisions qui, de toute
évidence, ne permettront peut-être même pas de
dépenser les 15 000 000 $ que le ministère du Revenu a
budgétisés.
M. Levesque: M. le Président, si la députée
veut attendre les résultats, on pourra en parler à ce
moment-là parce que là on ne se réfère qu'à
des hypothèses. Je suis conscient que nous parlons d'hypothèses.
Tout ce que je dis, c'est qu'au ministère des Finances nous devons
attendre la conciliation des chiffres pour pouvoir vous donner un
véritable chiffre. Si vous êtes d'accord avec moi, on va attendre
le résultat. Cela n'empêche pas Mme la députée,
lorsqu'elle rencontre son vis-à-vis, ie ministre responsable de ces
politiques, d'en discuter et, si le ministre arrive à la conclusion
qu'il y a des bonifications possibles au programme, nous serons à
l'écoute.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je pense que mon
collègue de Bertrand veut reprendre la discusion avec le ministre des
Finances, malgré que je souhaite, si tant est qu'il y ait encore
quelques moments cet après-midi sur les politiques familiales, qu'il me
permette de revenir à la charge.
M. Levesque: Je ne voudrais pas décevoir Mme la
députée de Maisonneuve, mais elle sait fort bien que, si ce n'est
pas une question qui relève du ministère des Finances, je n'ai
pas l'intention d'entrer dans ces questions sectorielles. Ce n'est pas un
caprice de ma part, c'est suivre les traditions qui ont toujours
été suivies ici par tous nos collègues et par tous mes
prédécesseurs. Je me rappelle fort bien que, lorsque nous posions
des questions à nos prédécesseurs quand nous étions
de l'autre côté, nous étions retournés poliment au
ministre responsable des politiques sectorielles. Alors, je pense qu'il est
important que Mme la députée de Maison-neuve en tienne compte. Si
elle a une question qu'elle aimerait poser cet avant-midi plutôt que de
revenir pour rien cet après-midi, moi, je n'ai pas d'objection à
l'écouter. Je pourrais lui donner la réponse
immédiatement, mais qu'elle soit assurée que ce n'est pas de la
mauvaise volonté de ma part, pas du tout. Je serais trop heureux de
coopérer. D'ailleurs, si jamais l'avenir fait en sorte que nous soyons
dans d'autres fonctions et que nous puissions, d'une façon sectorielle,
discuter, rien ne me ferait plus plaisir, étant donné que je sais
que j'ai affaire à une personne très objective, qui s'occupe de
ses dossiers, etc. Alors, je trouverais fort agréable une discussion de
cette nature. Mais quand on discute du budget, on ne peut pas en même
temps, je pense, je le répète, ça a été de
tradition, entrer dans les détails des politiques sectorielles.
Maintenant, je ne sais pas si j'ai eu l'occasion de répondre au
député de Bertrand sur ses dernières interventions parce
qu'on a oublié, à un moment donné, où nous en
étions lorsque nous nous sommes quittés au début de ses
remarques. Je pense que nous étions justement sur la question de la
main-d'oeuvre et de ce que nous avions comme échéancier
étant donné qu'au
discours sur le budget nous avions mentionné: "Dans ces
circonstances, les fonctionnaires de mon ministère et ceux du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
continueront à collaborer pour définir les modalités de
l'approche que le gouvernement entend privilégier. Il s'associeront
étroitement avec les représentants du gouvernement
fédéral dans cette démarche. L'objectif recherché
est de préciser ces mesures au cours de la prochaine année. "
C'est pour cela que j'ai mentionné qu'on recherchait la
définition d'une période transitoire qui pourrait se situer entre
le 1er avril 1989 et le 31 mars 1990. Nous espérions pouvoir obtenir un
accord au cours des prochaines semaines pour la reconduction de l'entente sur
la planification de l'emploi et cela, pour un an. Dans l'Intervalle, nous
allions poursuivre nos efforts d'harmonisation et faire en sorte que les deux
niveaux de gouvernement puissent, par leur action, être
complémentaires, autrement dit qu'il n'y ait pas de chevauchement et que
nous puissions obtenir du gouvernement fédéral une Injection de
sommes d'argent qui puissent contribuer à donner le plus
d'efficacité possible à ces programmes.
Quant au détail de cette négociation et aux politiques de
main-d'oeuvre envisagées, je laisserai à mon collègue, le
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, le soin
d'en discuter avec les représentants de l'Opposition qui voudront le
faire. Mais je dois dire, tout d'abord, que nous avons mentionné, ce qui
est de notoriété commune et publique, qu'il y a une
infinité de programmes sur la formation de la maln-d'oeuvre et qu'i
était nécessaire d'avoir une meilleure rationalisation, une
meilleure coordination, même un guichet unique si possible, pour que les
travailleurs et les entreprises puissent plus facilement profiter de ces
programmes. Nous disions en même temps que le ministère des
Finances était présent dans ces discussions avec le
ministère de la Main-d Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour voir s'il n'y aurait pas lieu, en plus, plutôt que d'ajouter des
programmes, d'aller vers des politiques fiscales, des incitatifs fiscaux, qui
répondraient encore mieux aux besoins des entreprises et des
travailleurs. Voilà.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je pense que
ma collègue, la députée de Maisonneuve, a fait un bon
survol de tout ce qui concerne la politique familiale. Je sais qu'elle aurait
aimé aller plus en profondeur, mais, vu qu'on a l'ensemble des autres
points à couvrir et étant donné le peu de temps mis
à notre disposition, particulièrement en commission
parlementaire, je pense qu'on devra s'en tenir finalement à ce qui a
été apporté. Ce qui ressort, quant à moi, de
l'intervention de ma collègue, c'est que plusieurs questions demeurent
sans réponse concrète.
Évolution budgétaire des
ministères
M. le Président, jeudi dernier, j'ai demandé des chiffres.
Je ne sais pas si le ministre des Finances sera en mesure de les déposer
avant la fin de la présente séance, c'est-à-dire avant 18
heures. Je lui ai demandé jeudi dernier de me fournir les chiffres
concernant l'évolution budgétaire dans les différents
secteurs. Est-ce que le ministre des Finances peut me dire s'y sera en mesure
de les déposer aujourd'hui, M. le Président?
M. Levesque: Pardon?
M. Parent (Bertrand): Je vous ai demandé jeudi dernier des
chiffres concernant l'évolution budgétaire des différents
ministères. Je voudrais juste savoir si ces chiffres-là seront
déposés aujourd'hui.
M. Levesque: Ils sont en préparation. Certains sont
entrés. Je vais les faire parvenir au député tel
qu'entendu.
M. Parent (Bertrand): D'accord
M. Levesque: Ce que j'ai présentement, ce sont les
activités prioritaires, les crédits sur une base cumulative
depuis 1986-1987. Vous savez qu'on a dû aller au Conseil du trésor
pour avoir ces analyses. On a dégagé les activités
prioritaires dont on a parlé... (11 h 45)
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il est possible d'en avoir une
copie?
M. Levesque: Je veux d'abord vous en faire part pour que.
M. Parent (Bertrand): D'accord, je vais vous suivre.
M. Levesque: D'accord. Alors, Santé et Services sociaux,
en 1986-1987, nous avons dégagé 221 600 000 $ d'activités
prioritaires; en 1987-1988, 368 300 000 $; en 1988-1989, 536 000 000 $; en
1989-1990, 675 500 000 $, pour un total de 1 801 900 000 $. Lorsqu'on parle de
cela, il y a des notes qui sont ajoutées disant. par exemple: incluant
95 200 000 $ alloués aux crédits 1989-1990 dans le domaine de la
santé, etc. Les Transports, vous avez également les
activités prioritaires qui ont été dégagées.
L'Environnement - vous m'avez demandé ça également, je
pense - 96 000 000 S, 42 000 000 $, 67 000 000 $, 90 000 000 $ Industrie,
Commerce et Technologie, vous avez ça également Et autres, les
autres activités prioritaires par exercice financier. Ce qui fait un
grand total d'activités prioritaires de 667 200 000 $ en 1986-1987, 1
100 400 000 $
pour 1987-1988, 1 694 900 000 $ en 1988-1989 et 2 172 200 000 $ en
1989-1990. Dans les renseignements supplémentaires sur les
crédits, ces chiffres correspondent. Je n'ai pas d'objection à
vous les donner. Je les al reçus du ministère, après que
l'analyse eut été faite par le Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): On en accepte le
dépôt.
M. Levesque: Je peux bien...
Le Président (M. Lemieux): Et j'en autorise la
distribution.
M. Levesque: M. le Président, j'en profite pendant que
j'ai la parole, si le député de Parent me le permet... si le
député de Bertrand me le permet... Je ne suis pas capable:
Parent, Bertrand. C'est parce qu'on est resté sur une patte, tout
à l'heure, si vous voulez, avec Mme la députée de
Maisonneuve. Mme ta députée de Maisonneuve prétendait
qu'elle avait eu une information indiquant qu'il y avait 3000 chèques
par mois pour APPORT et non pas 10 000, 15 000, 20 000 et que nous autres, on
arrivait à ces chiffres parce qu'on les multipliait. Mais je veux donner
les chiffres, le nombre de chèques par mois. Je viens de les recevoir.
J'aurais aimé qu'elle soit ici, mais vous pourriez peut-être lui
en faire part.
En 1988, quand le programme a commencé, au mois de juillet, il y
a eu 4359 chèques. Là, c'est plus proche de ses chiffres. Mais au
mois d'août, on était rendu à 7958 plus une rétro de
3829, c'est-à-dire ceux qui n'étaient pas inscrits, ce qui fait
11 700. En septembre, on était rendu à 14 000 chèques. En
octobre, on était rendu à 15 600. En novembre, on était
rendu à la même chose, 15 600. En décembre, on était
rendu à 13 500. C'est pas mal stable dans ce coin. En janvier, 15 500.
C'est en février que ses chiffres... Je ne sais pas qui lui a
donné ce chiffre-là, mais ce n'est pas un chiffre qui correspond
à une réalité ou, si ça correspond à une
réalité, c'est parce qu'on a demande aux gens de se
réinscrire. Là, les seuls inscrits étaient 3377, mais,
dans les mois qui viennent, lis ont reçu une rétroactivité
qui fait qu'en mars, par exemple, on était rendu à 12 000, en
avril, on est rendu à 15 641.
Alors, le chiffre de 3000, c'est un chiffre perdu qui, si on le sort de
son contexte comme cela, peut avoir l'air d'être une
réalité, mais qu'on prenne depuis le début, on voit que ce
n'est pas du tout 3000 par mois, mais que c'est beaucoup plus près de 15
000 par mois. Je pense qu'il est important de le souligner. Cela ne veut pas
dire que je ne souhaiterais pas qu'il y en ait plus qui en
bénéficient parce que le programme est ouvert à tous les
bénéficiaires possibles, mais dire qu'il y en a 3000 par mois
lorsque nous faisons 15 000 chèques par mois, ce n'est pas tout à
fait exact. Je pense que, si cette information a été
véhiculée, cela devrait être corrigé, du moins
d'après les chiffres qu'on vient de me remettre.
Cela me surprenait tellement qu'il y en ait seulement 3000 par mois qui
pouvaient bénéficier de ce programme-là. Je n'ai pas
contesté, j'ai dit à Mme la députée de Maisonneuve
que je préférais attendre une vérification avant de
contester ses chiffres parce qu'elle prétendait les avoir obtenus du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
La seule façon dont je peux comprendre ça, c'est qu'au mois de
février lorsqu'on a demandé la réinscription, c'est
ça qui est arrivé. Mais ce n'est pas du tout réaliste
parce que, dans tous les mois précédents et dans les mois
suivants, c'est au-delà de 15 000 qu'on a comme chiffre. Je pense qu'U
faudrait être prudent quand on utilise ces chiffres.
Je remercie le député de Bertrand de m'avoir permis de
l'interrompre. Je vais attendre s'il y en a d'autres qui veulent parler, je
suis prêt à revenir tout à l'heure.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Sur ce point, de toute
façon, on a pris note des chiffres et je les porterai à
l'attention de ma collègue dès ce midi. D'ailleurs, M. le
ministre, un des buts de l'exercice, c'est qu'on soit capables de discuter de
certaines choses pour tenter d'éclairer davantage.
M. Levesque: Je suis heureux d'avoir eu cette occasion de faire
l'exercice parce que, enfin, je suis moi-même plus informé que je
ne l'étais avant d'en discuter. Quand on m'a parlé de 3000
bénéficiaires par mois, j'étais renversé, mais si
on prend le mois de février, c'est arrivé à cause d'un
changement de procédure où on a demandé la
réinscription. Dans les mois suivants, les gens sont réapparus
tout de suite. Alors, il n'y a pas de problème.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Pour revenir là où
j'ai laissé tantôt sur les questions des chiffres demandés
au ministre, la raison pour laquelle je veux avoir un peu le portrait de
révolution des crédits budgétaires qui ont
été mis au fil des années dans les différents
secteurs d'activité, c'est parce que le ministre des Finances, et
quelques autres de ses collègues, mais particulièrement le
ministre des Finances a la mauvaise habitude d'englober beaucoup de choses dans
ses discours sur le budget, qui sont très importants parce qu'ils sont
écoutés, de ramasser, finalement, des enveloppes
budgétaires pour nous dire: Depuis trois ans ou quatre ans, voilà
ce que nous avons fait Je suis un peu estomaqué, en tant que
député à l'Assemblée nationale et surtout dans le
cadre de mes fonctions dans l'Opposition, quand le ministre des Finances ou
certains de ses collègues ministres, mais peu importe, quand, au
gouvernement, on
nous dit: Voilà, depuis quatre ans, on a mis 1 000 000 000 $ de
plus dans ta famille. Je veux bien encaisser et on en fera l'analyse: on a mis
1 000 000 000 $ de plus depuis quatre ans dans la famille. La ministre de la
Santé et des Services sociaux nous dit très souvent en Chambre
qu'elle a mis 1 000 000 000 $ additionnels dans le domaine de la santé.
On est rendu à 2 000 000 000 $. Quand on parle au ministre des
Transports, lui aussi, il a fait beaucoup de récupération et iI a
mis des budgets additionnels. Lui aussi va chercher dans l'ordre des 500 000
000 $.
Quand on parle au ministre des Finances, parce que cela le concerne
réellement, il nous dit qu'il a baissé en plus de ça les
impôts des individus de 1 400 000 000 $ et que le gouvernement va
investir dans la recherche et le développement, encore là, des
milliards de dollars. Tout ça pour vous dire, M. le ministre des
Finances, que, quand je regarde 1986-1987, qui était la première
année financière, on a quelque part des chiffres de 28 100 000
000 $ de dépenses budgétaires, des chiffres
réalisés. On avait 28 000 000 000 $ de dépenses il y a
quatre ans et on va finir l'exercice cette année avec 32 000 000 000 $.
Je veux bien qu'on fasse l'extrapolation et qu'on nous dise que, dans trois ou
quatre domaines, on a mis 1 000 000 000 $ de plus, mais là, on
n'arrivera pas.
Tout ça pour dire qu'l faut faire attention. Et là
où je ne suis pas d'accord, et j'ai donné l'exemple de la
recherche et du développement... Je comprends qu'il y ait des incitatifs
fiscaux qui ne sont pas nécessairement budgétaires, mais,
lorsqu'on parle des budgets attribués à un ministère - on
verra tantôt dans le transport et dans le domaine de l'environnement - on
a des chiffres, Je les ai fait sortir. En matière d'environnement, les
dépenses budgétaires de ce ministère étalent de 96
000 000 $ il y a quatre ans. On nous dit que, cette année, il y a 90 000
000 $; c'est ce que j'ai comme chiffres. Il y a une note, à 3, je vais
seulement vérifier: 'Incluant 56 000 000 $ alloués aux
crédits de 1989-1990. ' À toutes fins utiles, on nous dit que, en
matière d'environnement, pour prendre cet exemple, au lieu de 96 000 000
$ qu'on avait il y a quatre ans, on en a 90 000 000 $. C'est cela, les vrais
chiffres. Qu'on ne vienne pas nous peter de la broue pour dire qu'il y a
300000000$, 400000000$ ou 500000000$ de plus et soufler le ballon. On sait que
les chiffres sont là et l'administration que fait le ministère
des programmes montre qu'il n'a pas plus d'argent, qu'il en a moins. Là,
on est en chiffres absolus, on n'a même pas ramené cela sur une
base. Pour moi, c'est inquiétant parce que, quand le gouvernement tient
un discours, celui entre autres de prendre le cap environnemental, cela veut
dire que non seulement, au bout du beau discours, on va mettre quelques
crédits, mais qu'on va mettre des crédits de façon
substantielle, de façon importante. On ne les retrouve pas.
Ce n'est pas pour rien qu'en matière de services de santé,
par exemple, si on vérifie les chiffres réels d'augmentation et
qu'on regarde ce qu'on avait iI y a quatre ans et ce qu'on a maintenant, les
augmentations ne sont pas si sensibles que cela et elles ne sont pas de
l'envergure... Je me demande des fois si le ministre des Finances est
conscient. S'il est conscient, iI joue bien le jeu parce qu'il englobe, et
là, iI nous parle toujours d'une augmentation de 1 000 000 000 $ depuis
quatre ans. Ce n'est pas vrai qu'il y a eu des augmentations de l'ordre de 1
000 000 000 $ depuis quatre ans. Dans ce sens-là, Je trouve cela
Inquiétant parce que, sur une année, on ne peut pas, en toute
crédibilité, dire au gouvernement: Vous n'avez pas pris tel
virage, vous n'avez pas fait tel changement. Mais on peut le faire sur une
période de trois ou quatre ans et particulièrement sur quatre
exercices financiers, dont celui de cette année qui, on le sait, va
jusqu'au 31 mars 1990 On va avoir quatre années financières
complètes, quatre exercices pleins.
Quand on parle du discours, c'est ce qu'on retrouve aux pages 1 à
33 pour prendre le budget de cette année, cela, c'est le discours. Quand
on regarde la réalité correspondante, ce sont les annexes
où on voit ce qui s'applique dans le discours. Je me permets de conclure
que, encore cette année, c'est de la poudre aux yeux parce qu'ils ne
sont pas là. Qu'on ne vienne pas nous tenir le discours selon lequel on
a pris le cap environnemental et qu'on ne vienne pas nous tenir le discours que
là on a bien pris la situation en main dans le réseau routier,
dont on a déploré l'état lamentable, et qu'on a bel et
bien pris la situation en main dans le secteur de la santé, la
même chose pour l'éducation et je pourrais passer, finalement,
tous les domaines; c'est de la foutaise pour autant que je suis
concerné. Si on est capable de me démontrer le contraire et qu'on
me montre les chiffres, je veux bien, mais je dis au ministre des Finances:
Quand vous avez passé vos enveloppes budgétaires de
dépenses de 28 000 000 000 $ à 32 000 000 000 $, vous avez eu 4
000 000 000 $, au cours des quatre dernières années, sur
l'évolution de vos dépenses et là-dessus vous avez votre
service de la dette, vous avez votre masse salariale pour votre monde. Regardez
donc ce qui reste réellement comme augmentation des budgets. Qu'on ne
vienne pas tirer de grandes conclusions en parlant de grandes reformes
accompagnées de grands budgets, ce n'est pas cela. Les chiffres sont
là pour le démontrer. Dans ce sens-là, j'inviterais le
ministre des Finances peut-être à être très prudent
parce que c'est ce que J'appelle, moi, jeter de la poudre aux yeux. Je pense
que, en termes d'honnêteté Intellectuelle, on embarque des gens
là-dedans.
Le deuxième volet que je veux toucher, c'est celui-ci.
Tantôt, le ministre des Finances disait à ma collègue et il
me l'a répété en début
de séance ce matin: Écoutez, je ne veux pas entrer dans
les ministères sectoriels. Je veux bien qu'on n'entre pas trop dans les
ministères sectoriels pour me dire pourquoi vous n'avez pas mis l'argent
pour faire le bout d'asphalte là-bas. Cela, je comprends cela. Sauf
qu'en tant que ministre des Finances, il porte un chapeau. C'est lui, avec ses
principaux collaborateurs et assisté aussi du premier ministre, je n'en
doute pas, qui a fait des choix. Le ministre des Finances est là aussi
pour faire des choix, pour dire: C'est l'assiette, c'est le gâteau qu'on
doit partager et voici dans quoi on va aller. Il doit répondre de
ça. (12 heures)
Si je m'en vais dans le domaine du transport et que je demande au
ministre des Transports pourquoi... il y a eu une interpellation de faite et le
ministre des Transports - cela a paru dans les journaux et ça s'est
passé ici avec mon collègue de Lévis - trouve ça
déplorable et il conclut lui-même qu'il n'a pas assez d'argent.
Mais c'est dramatique! C'est important. Il y a un choix qui a été
fait par le ministre des Finances de ne pas donner plus que 30 000 000 $, et
ces 30 000 000 $ sur les 100 000 000 $ au minimum qui étaient
demandés, c'est pour faire des petits bouts de routes dans les
régions. A mon avis, même si je retournais au ministre des
Transports, le ministre des Transports, comme tout autre ministre, s'il n'a pas
eu ce qu'il avait demandé, à qui renvoit-ii la balle? Il renvoit
la balle au ministre des Finances qui, lui, nous dit: Ou bien ce n'est pas de
mon ressort ou bien on n'avait pas les montants d'argent pour le faire. Je peux
comprendre qu'on n'a pas l'argent pour tout réaliser, je suis capable de
comprendre ça. Mais quand il y a eu des engagements de la part de votre
gouvernement, et vous en faites partie... Je pense que vous êtes un
ministre responsable...
Le Président (M. Forget): M. le député de
Bertrand, veuillez conclure, s'il vous plaît.
M. Parent (Bertrand): Je conclus car mon temps est
déjà écoulé. Pour terminer, M. le Président,
je pense qu'il faut que quelqu'un réponde. Si, maintenant et dans les
heures qui suivent, on est en mesure de poser des questions sur des choix qui
ont été faits, et je dis au ministre des Finances: II y a eu des
choix de faits et regardons exactement pourquoi ces choix ont été
faits.
Le Président (M. Forget): M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, j'ai déposé
tout à l'heure devant la commission un tableau indiquant les
activités prioritaires relatives aux crédits selon la base
cumulative depuis 1986-1987. Le député de Bertrand a
mentionné que, du côté de l'Environnement, il y avait 96
400 000 $ en 1986-1987 et qu'il y avait 90 000 000 $ en 1989-1990. Je suis
d'accord avec lui que ce sont des activités prioritaires qui s'ajoutent
chaque année, mais ce n'est pas la consolidation, il l'admettra avec
moi, des dépenses du ministère de l'Environnement. Il a fait
allusion lui-même au ministère de l'Environnement et je reprends
les chiffres de 1985-1986. Le total des dépenses au ministère de
l'Environnement était de 190 000 000 $, tandis qu'en 1989-1990, il se
retrouve à 429 000 000 $. Cela veut dire qu'il y a eu, depuis 1985-1986,
une augmentation de 33, 2 %, l'année suivante, en 1987-1988, de 16, 2 %,
en 1988-1989, de 22, 1 % et, en 1989-1990, de 19, 5 %, soit une augmentation
moyenne de près de 23 % annuellement depuis que nous sommes au pouvoir.
Alors, on ne peut pas simplement prendre cette partie qui sont les
activités prioritaires qui se dégagent. Il y a là-dedans
des activités prioritaires, elles sont toutes en plus, autrement dit.
Mais, pour avoir le portrait réel, il faut regarder l'ensemble des
dépenses consacrées chaque année à l'Environnement
pour avoir une idée de l'effort qui est fait.
Je suis convaincu que, si le député de Bertrand fait avec
moi le tour de tous les ministères, qu'on entre s'asseoir chez chaque
ministre et chaque sous-ministre et qu'on leur demande: Ça va, qu'est-ce
que vous aimeriez avoir, on va sortir de là avec je ne sais pas combien
de milliards de dollars de demandes. Là, il faut faire des choix. Alors,
c'est sûr que, si on ne fait pas de choix, on va s'en aller vers des
déficits incontrôlés et incontrôlables. Je n'ai pas
l'intention de refaire ce qui a été fait dans le passé
où on a vécu un peu au-dessus de nos moyens. C'est dommage, mais
il y a eu quelques années où on a vécu au-dessus de nos
moyens et où on a emprunté à long terme pour payer des
dépenses courantes. Le problème que nous avons aujourd'hui pour
répondre aux besoins des diverses clientèles provient justement
de cela. Je vous assure que, s'il n'y avait pas cet endettement
considérable qui s'est produit dans les années 1977, 1978, 1979,
1980 et 1981, on n'aurait pas autant de difficultés à
répondre aux besoins que nous avons présentement. Le
problème, c'est que nous avons plus de 5 000 000 000 $ à
consacrer aux intérêts de la dette. C'est là, le gros
problème que nous avons aujourd'hui. Ce n'est pas par plaisir que je
rappelle cela, mais c'est une réalité. Si je continue à
dire oui à tout ce qui est demandé, je vais retourner exactement
dans les mêmes ornières, les mêmes difficultés.
Regardez d'autres gouvernements, sans les nommer, qui sont dans des
situations pires que la nôtre. Ils n'ont pas pris le virage que nous
avons pris. À un moment donné, ça ne marché plus.
On arrive avec des budgets sévères, durs et résultat:
augmentation du déficit. Je ne voudrais pas revenir à cette
situation. C'est pourquoi je suis obligé, à titre de ministre des
Finances, et nous, comme gouvernement, dans l'ensemble, on est obligés,
de faire des choix. C'est sûr qu'on pourrait mettre plus d'argent pour
les routes. On
pourrait mettre plus d'argent dans tous les domaines, dans tous les
ministères. Je sais que les demandes qui sont faites sont pressantes de
partout.
D'autre part, à un moment donné, 1 faut dire: Nous avons
les moyens d'aller Jusque-là. Nous avons décidé que nous
Irions Jusqu'à 5, 9 % d'augmentation des dépenses et je pense que
c'est un choix qui se défend. Lorsqu'on a une inflation de l'ordre de 4,
5 %. 4, 8 %, 4, 9 %, on se situe déjà à 1 % au-delà
de l'inflation, en deçà cependant de la croissance du PIB, mais
je pense qu'on est dans une mesure qui se défend. A un moment
donné, I faut dire: Nous allons jusque-là et, à
l'intérieur de cette augmentation, il y a des choix.
Dans le budget actuel, nous avons répondu affirmativement aux
besoins additionnels dans les domaines de la santé et des services
sociaux, des transports, de l'environnement, du développement
régional, de l'enseignement supérieur, des universités,
des garderies. On pourrait en ajouter. Dans tous les cas, il y aurait
peut-être eu lieu de faire davantage, mais, à un moment
donné, on ne peut pas aller plus loin que les possibilités que
nous avons sur le plan financier.
Il y avait un autre sujet que je voulais aborder. En tout cas, je
reviendrai sans doute là-dessus. Je pense que le député de
Bertrand avait soulevé un autre point. Est-ce qui pourrait
m'éclairer? Je n'en ai pas pris note. Il me semble que le
député de Bertrand avait ajouté une autre dimension. Il y
avait la question de l'environnement...
M. Parent (Bertrand): J'ai donné comme exemple la question
de l'environnement, mais c'est la même chose au chapitre des
transports.
M. Levesque: Ah, oui! Je l'ai. Le député parlait de
la famille pour pouvoir concilier ses chiffres. Or, à ce propos, si le
député s'en tient aux dépenses budgétaires, I va
trouver une réponse Importante aux questions qu'il se pose, mais pas
complète. Prenons le domaine du soutien à la famille. On dit que
le budget qu'il était de 800 000 000 $ en 1985. En 1990, I est rendu
à 1 800 000 000 $, donc 1 000 000 000 $ de plus. Le député
dit: Où est-ce qu'on voit cela? On ne trouve pas tout cela dans les
dépenses budgétaires parce qu'une partie est du côté
fiscal. Je l'inviterais simplement à faire cette réconciliation.
Les chiffres sont là. Lorsqu'on parle d'aide à la famille et
qu'on dit, par exemple, qu'on a l'aide à la naissance, qu'on a une
diminution du fardeau fiscal par la réduction d'impôts pour les
familles, par l'indexation qui est contenue dans le budget actuel. Ce sont
toutes des mesures qui sont non pas des dépenses budgétaires,
mais des dépenses fiscales. Je pense il faut tenir compte des deux
lorsqu'on fait la conciliation de Ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En fait, j'en tiens compte et Je suis
pleinement conscient que les mesures fiscales sont différentes des
mesures budgétaires. Ce que je dis tout simplement, et Je le porte
à l'attention du ministre, c'est que, lorsque le ministre nous dit:
Écoutez, on n'est pas capables de mesurer aujourd'hui ce qui s'est
passé même dans la dernière année et on aura les
résultats au cours des prochains mois, donc ou bien on a les
résultats ou bien on ne les a pas. Lorsqu'on nous parle de grande
enveloppe budgétaire et d'Incitatifs et qu'on nous parle de milliards de
dollars, on peut s'en reparler sur le terrain pour savoir ce que ça veut
dire.
Le plus bel exemple de ça, c'est en matière de recherche
et de développement. On a parlé de 3 000 000 000 $ dans le
discours sur le budget; ce sont des tentatives de prévisions, avec des
incitatifs fiscaux qui font en sorte qu'idéalement, cela étant
appliqué dans les cinq prochaines années, va donner tel genre de
résultat, incluant et englobant le faire-faire d'Hydro-Québec. Ce
que Je lui dis, c'est que, dans l'application comme telle sur le terrain,
lorsqu'on parle de recherche et de développement, qu'il y ait des
Incitatifs fiscaux pour encourager le secteur privé à faire des
investissements de ce côté-là, c'est une chose, mais on ne
sait même pas et on n'est même pas capable de le mesurer
aujourd'hui. On ne peut que prendre l'avis de ceux qui ont mesuré ce qui
s'est fait ces trois dernières années via le Conseil de la
science et de la technologie, qui, lui, est capable de dire à la
façon dont l'orientation est prise... Dans le discours, on dit que
ça prend tei genre d'orientation, mais l'analyse qui correspond à
ça fait voir qu'on ne semble pas être sur la bonne longueur
d'onde.
Au sujet des incitatifs fiscaux qu'on veut bien mettre, I faut faire
bien attention: entre la théorie, ce que les fonctionnaires peuvent
être capables de planifier sur papier... Il ne faut pas les blâmer,
ils font de la projection dans le temps. Mais le rôle du gouvernement, du
ministre des Finances et des ministres sectoriels, c'est d'être capables
d'analyser cette mesure: Est-ce qu'elle correspond à... Quand
j'entendais le discours du ministre, tantôt, un discours
pondéré, dans le sens de dire: "Écoutez, on fait ce qu'on
peut et on ne peut pas satisfaire tout le monde", c'est une règle
élémentaire que je conçois très bien et que
n'importe quel ministre des Finances responsable est capable d'énoncer
Là où ce discours ne tient plus, c'est que, lorsque le ministre
des Finances nous dit ça, il est sur la défensive et il est
capable de se couvrir mur à mur avec ça.
Tu ne vas pas tenir un discours, par exemple, sur la place publique pour
dire que tu as réglé tel et tel domaine ou que tu es en train de
régler tel et tel domaine. Quand tu sais qu'en matière
d'environnement ça te prend des cen-
talnes de millions de dollars pour régler des cas prioritaires,
tu ne vas pas annoncer une mesure extraordinaire parce que ça fait
partie de tes priorités, et c'est ce qui est mentionné aux pages
23 et 24 en matière d'environnement. Cela fait partie des
priorités prioritaires, et on annonce 13 000 000 $. C'est ce que je
reproche au gouvernement.
On ne pourra jamais reprocher à un gouvernement de quelque parti
que ce soit d'être lucide, d'avoir les deux pieds sur terre et
d'être capable de garder le contrôle des finances. Ce n'est pas
ça. Ce que je lui reproche, c'est entre ce qui se passe dans le discours
qu'on tient aux gens et ce qu'on fait en réalité. C'est là
que je ne marche pas. Je me dis: Si c'est parfait, ce que vous voulez faire,
dites-le et continuez cela. Ce n'est pas ce qui a été dit en
1985, ce n'est pas ce qui a été dit en 1986, ce n'est pas ce qui
a été dit en 1987 et ce n'est pas ce qui a été dit
en 1988. C'est mon rôle de mettre le doigt dessus. Vous n'avez pas le
droit de nous dire que l'environnement, c'est une priorité prioritaire
de la société québécoise et de nous annoncer un
pauvre petit montant de 13 000 000 $, quand on sait qu'il y a 8 000 000 $ qui
vont servir à débarrasser Saint-Basile des BPC. Je trouve que
c'est une farce et je ne suis pas le seul. (12 h 15)
Vous parliez tantôt des nombreux programmes en matière de
recherche et de développement, des nombreux programmes qui existent
déjà pour la famille et dans tous les domaines. On s'entend aussi
sur une chose. Il ne s'agit pas juste d'ajouter des programmes. Je pense
qu'à un moment donné il va peut-être falloir, dans certains
secteurs d'activités, faire une razzia ou repenser les choses en
fonction de la société de 1990. En matière de formation et
de recyclage de la main-d'oeuvre, à mon avis, on est rendu au moment
où il faut repenser des choses beaucoup plus simples et beaucoup plus
accessibles, ce qu'on ne fait pas.
J'ai demandé au ministre quel était
l'échéancier à partir de la promesse, d'un voeu pieux,
à la page 7, d'avoir un comité avec ses fonctionnaires et avec
Ottawa. Il y a deux ans, on en avait parlé avec le ministre sectoriel de
l'Industrie et du Commerce et le ministre de la Main-d'Oeuvre que j'avais fait
comparaître en commission, entre autres, sur le libre-échange.
Oui, oui, on négociait en 1987, on négociait en 1988 et là
le ministre nous dit: En 1989 et en 1990, on va négocier et on va
possiblement s'entendre. Ça ne fait pas sérieux! Je pense qu'on
est rendu au tournant où il faut livrer la marchandise. Il faut
être capable d'avoir des choses concrètes sur le terrain. C'est
à partir de cela que le critique de l'Opposition pourra mettre le doigt
sur des choses et dire: Ça ne fonctionne pas, entre autres, dans cette
matière. La réponse est là: le taux de chômage. Elle
est là, l'explication: 9 1/2 % de chômage. Il y a des gens qui ne
devraient pas être au chômage parce qu'ils sont aptes à
travailler, mais ils n'ont pas été recyclés ou
orientés dans la bonne direction. Il n'y a pas ce qu'il faut. C'est
ça qu'il faut changer. C'est là comme des voeux. Je sais que le
ministre et le gouvernement y pensent. On n'a plus à penser à
ça parce que le problème a été identifié et
pas au cours de la dernière année. Je peux comprendre que, s'il
arrive une récession, dans les six mois qui suivent, un gouvernement
doit dire: Je vais m'ajuster et rapidement. Mais là, je parie de
problèmes qui ont été identifiés depuis
déjà passablement longtemps. Il n'y a pas de solution
concrète. C'est là que j'en suis. Lorsqu'on parle de ce qui s'en
vient pour les années 1989-1990, je veux parler d'un ralentissement
économique. Les chiffres sont là. Tout le monde s'entend pour
dire qu'on s'en va vers un ralentissement. Face à ça, il faut
faire de quoi pour stimuler. Là, où j'en suis, c'est qu'il n'y a
pas de mesures dans ce budget qui nous préparent à faire face
à, c'est-à-dire stimuler. Quand ça ralentit au niveau
économique, le rôle d'un gouvernement, c'est d'être capable
de poser des gestes immédiatement pour stimuler, encourager et
favoriser. Je suis très honnête quand je mets les deux morceaux
dans la balance. C'est important de dire: Bon, en ce qui concerne
Hydro-Québec, si on enclenche un processus d'investissements, on va
générer une certaine activité économique. Mais, il
n'y a pas seulement Hydro-Québec comme véhicule, il n'y a pas
seulement ça comme levier. Je pense qu'il y a passablement d'autres
choses et je ne vois pas, dans le budget, des mesures de ce
côté-là.
Le réseau routier: entre la situation décriée et
les rapports des fonctionnaires - ce n'est pas dans tous les domaines - par
exemple, le secteur de la culture par rapport à celui des transports,
comment met-on ça dans la balance quand on est ministre des Finances? Ce
n'est pas dramatique qu'on n'ait pas atteint le 1 %. C'est dramatique si vous
avez fait une promesse que vous ne tenez pas après quatre ans,
c'est-à-dire après un mandat. C'est dramatique pour vous autres
sur le plan politique, mais personne ne sera dans une situation
périlleuse demain matin. C'est un engagement politique que vous avez
pris: 1 % du budget ira à la culture. Avec votre conscience, vous irez
sur la place publique l'expliquer aux gens et ils tireront la ligne a savoir
s'ils sont heureux. C'est un engagement que vous aviez pris. C'est important
pour moi, mais cela n'a pas le même poids dans la balance que certaines
priorités prioritaires, comme les problèmes dans le domaine des
services de santé ou des services de transport. Cela, c'est prioritaire.
Quand on décide de faire un choix et de mettre les sommes à tel
endroit et d'en mettre si peu, si le ministre des Finances nous dit: II faut
être un gouvernement responsable et surveiller l'évolution du
déficit, bravo! Mais je vous dis qu'il faut être un ministre
responsable parce que dans deux, trois ou cinq ans, ceux qui auront
géré, peu importe
qui ce sera, devront dire: II faut maintenant être capables de
faire de la récupération dans le réseau routier et dans
les services de santé. C'est un choix. Est-ce mieux de garder le
déficit à 1 500 000 000 $, parce qu'on a dit qu'il serait
à 1 500 000 000 $, ou si on ne serait pas capable de trouver une
gymnastique et, même si devait augmenter un peu parce qu'on n'en a pas le
choix - je dis bien si - afin de régler des problèmes qui vont
coûter 100 000 000 $, des problèmes qu'on réglera
tantôt à coups de 200000000$ et de 300000000$? C'est une question
de vision à moyen et à long terme d'un gouvernement. Mais Je ne
pense pas que le seul objectif d'un gouvernement soit de contrôler pour
être capable de garder le déficit à tel niveau. Il faut le
garder le plus bas possible et il faut l'abaisser, j'en conviens. Mais cela
dit, quand il y a des besoins dits prioritaires, je pense que c'est important
et, surtout, quand on a pris des engagements, qu'on puisse en régler au
moins un minimum.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Vous m'avez dit merci?
Le Président (M. Lemieux): Non, j'ai dtt: Merci. M. le
ministre des Finances. Non, non. C'est à vous, M. le ministre des
Finances.
M. Parent (Bertrand): II vous remercie d'avance dans votre
cas.
M. Levesque: C'est ça. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Je remerciais M. le
député de Bertrand d'avoir terminé son intervention...
M. Levesque: Ah bon! Cela va.
Le Président (M. Lemieux):... dans la limite de temps
requise.
M. Levesque: M. le Président, je pense que nous avons dit
chacun ce que nous pensions des sommes affectées aux diverses
priorités. Je pense que nous nous entendons sur le fait qu'il y a des
limites à la dépense publique. Nous devons tenir compte - et je
pense que le député de Bertrand est d'accord avec moi - des
moyens que nous avons. J'ai mentionné tout à l'heure que les
moyens seraient beaucoup plus présents si on n'avait pas, dans le
passé, abusé des emprunts à long terme pour payer des
dépenses courantes. C'est ce qui cause aujourd'hui le problème
que nous connaissons. Si on a emprunté dans le passé 14 000 000
000 $ pour payer des dépenses courantes, si on a emprunté
à long terme, ça veut dire qu'on doit faire face aujourd'hui
à au moins près de 1 500 000 000 $ d'intérêts
additionnels, sans compter les besoins de rem- boursement un jour. Mais,
simplement du côté des Intérêts, nous avons là
1 500 000 000 $, à peu près, de plus de dépenses
auxquelles on doit faire face simplement en intérêts.
Si ce n'était de cela, on n'aurait pas le déficit que l'on
a ou on aurait une marge de manoeuvre de 1 500 000 000 $ pour répondre
à ces besoins prioritaires. Comme le diraient les anglophones ou ceux
qui utilisent la langue de Shakespeare: "No use to cry over spilt milk",
ça ne sert à rien de retourner pleurer sur le passé Je
pense bien qu'on est bien conscient que c'est fait. On a une dette. On a un
endettement considérable qui nous cause des problèmes du point de
vue des intérêts. Nous faisons l'impossible pour répondre
aux besoins prioritaires, en tenant compte aussi que, je pense, une
augmentation de 5, 9 % est une augmentation raisonnable pour des
dépenses. Je ne pense pas que le député de Bertrand nous
suggère d'aller plus loin que ça, bien que, tout à
l'heure, I faisait référence a une certaine gymnastique. Je ne
sais pas quelle sorte de gymnastique il suggérait, mais je comprends
qu'il disait qu'augmenter le déficit légèrement ne ferait
pas tellement de mal. C'est parce que cela a été essayé
dans le passé; on a commencé justement ce genre de gymnastique
qui nous a amenés où on sait.
Quant aux dépenses, vous savez, le député de
Bertrand mettait plus d'accent sur le réseau routier que sur ta culture,
disant que la culture est un objectif politique, tandis que les routes, I y a
là une question importante du point de vue de la sécurité.
Je dois lui dire que ce n'est pas nouveau, les routes. Ce n'est pas
arrivé aujourd'hui. Si c'était arrivé aujourd'hui, je
dirais: On va en prendre la responsabilité. Mais j'avais justement ici
un tableau qui indique... Je ne sais pas si le député de Bertrand
a ce tableau, mais on voit ce qui s'est passé depuis 1976-1977 La
première année, cela n'a pas été une augmentation,
mais une diminution significative des crédits de 9 %. Cela a
été suivi d'une autre diminution de 2, 6 % l'année
suivante. Vous savez, quand ça part comme ça, ce n'est pas
l'augmentation qui suit qui va compenser. On a baissé la base. Je me
rappelle qu'on s'en était vanté dans ie temps.
Parce que, dans le temps, peut-être une petite parenthèse,
on nous traitait, nous, de gouvernement de bouts de routes, tandis que le
nouveau gouvernement de 1976-1977, lui, se disait un gouvernement qui
était beaucoup plus démocrate et qui s'occupait non pas des
routes, mais du transport en commun. Il a fait une sorte de transfert de
ressources vers le transport en commun. Il s'en vantait; ce n'était pas
caché, il se vantait de ça. Peut-être que c'était
une politique qui se défendait, je n'essaie pas de critiquer, mais
j'essaie de me rappeler ce qui s'est passé. Il y a eu là une
décision politique qui a fait que, justement, on a mis moins
d'Importance sur le réseau routier. Aujourd'hui, on en a les
conséquences. Ce n'est pas que je
dise qu'il n'y a pas des besoins. Je suis d'accord avec ceux qui disent
qu'il faudrait mettre plus d'argent encore sur le réseau routier et j'ai
l'intention, dès qu'on pourra dégager des sommes additionnelles,
qu'on pense à ça. Je suis convaincu que c'est un endroit qui
serait tout désigné pour recevoir des sommes additionnelles.
Donc, "let us not cry over spilt milk but" regardons vers l'avenir avec
confiance tout en tenant compte que nous sommes très conscients des
besoins qui se présentent à nous et tout en nous rendant compte
qu'il faut faire des arbitrages, qu'il faut effectuer des choix. C'est beaucoup
plus facile de dire oui à toutes les bonnes causes qui se
présentent à nous, mais, à un moment donné, lorsque
nous dégageons une certaine marge de manoeuvre, il faut tenir compte de
tout. On ne peut pas mettre de côté l'importance, par exemple, des
universités, de l'enseignement supérieur et de
l'éducation. On ne peut pas mettre de côté, non plus, les
besoins prioritaires de la santé et des services sociaux. On ne peut pas
mettre de côté, non plus, tous les autres qui sont à la
porte, toutes les questions environnementales. Dans chacun de ces cas, nous
avons fait des pas considérables. Lorsque nous parlons de
priorités dans la santé, dans l'environnement, dans
l'enseignement supérieur, il y a là des pas de géant que
nous avons faits et nous allons continuer. Sauf que, à un moment
donné, je vous le dis bien candidement, quand on arrive à un
degré d'augmentation des dépenses qui nous paraît le
maximum que nous pouvons faire sans mettre en danger l'avenir de nos
équilibres, vous comprenez qu'à ce moment-là il y a
là un pas que nous ne voulons pas franchir. C'est simplement dans le
sens de nos responsabilités que nous assumons pleinement.
J'ai bon espoir que, dans l'avenir, nous allons pouvoir dégager
de nouvelles sommes pour répondre aux besoins prioritaires comme nous
l'avons fait, d'ailleurs. Je donnais des exemples: dans le domaine de
l'environnement, nous avons eu une moyenne d'augmentation annuelle de 23 %,
alors que l'augmentation des dépenses est de 5, 9 % en
général. Nous avons dégagé ensuite des sommes
prioritaires dans le domaine de la santé de la même façon.
Nous avons, autrement dit, consacré des ressources financières
plus importantes à la santé que nous ne l'avons fait en
général dans l'ensemble des dépenses gouvernementales.
Nous avons fait la même chose dans plusieurs domaines. Mais, encore
là, il faut savoir, à un moment donné, qu'il y a des
limites.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Alors, sous réserve de l'avis qui sera donné cet
après-midi à l'Assemblée nationale, les travaux de cette
commission reprendront à 15 h 15. Nous ajournons maintenant sine
die.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 25)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'y vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement à la poursuite du débat sur le discours sur le
budget conformément à l'article 275 du règlement pour une
durée de deux heures et trente minutes. C'est donc dire que nous
terminerons à 17 h 55.
M. Levesque: À moins que nous n'épuisions le
rôle avant ça!
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Nous avions terminé à 12 h 30 avec l'intervention de M.
le ministre des Finances. La parole est maintenant à M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je n'ai pas
d'objection, si j'ai toutes les réponses avant, à libérer
le ministre. Je ne voudrais pas le garder trop longtemps, mais je ne suis pas
sûr que je vais avoir toutes mes réponses avant.
M. Levesque: Ah!... Ha, ha, ha!
M. Parent (Bertrand): C'est ça, le problème. Nous
avions laissé juste avant l'heure du lunch, sur ce que j'appelais, comme
toile de fond, les propos tenus par le ministre dans son discours et les
crédits correspondants, c'est-à-dire les montants d'argent que le
ministre des Finances a pu accorder dans les différents
ministères lors de son fameux discours sur le budget. Tantôt,
pendant que nous siégions en Chambre lors de la période de
questions, tout en écoutant d'une oreille, j'ai relu avec beaucoup
d'attention les propos de l'éditorialiste Gilles Lesage qui parlait de
cette fameuse politique familiale. 'Quelle politique familiale?" Je trouvais
ça très bien. Je suis sûr que le ministre a eu la chance
d'en prendre connaissance. Cela traduit bien exactement le fait que, d'un
côté, on annonce des bribes concernant une politique et que, de
l'autre, on ne donne pas ce qu'y faut. Et la conclusion est qu'il est
peut-être temps d'arrêter de tenir des beaux discours et de passer
à l'action.
Crédits des Transports et de
l'Environnement
Concernant la question du transport, vous comprendrez que je reviens
à la charge parce que, à midi ou juste avant l'heure
d'ajournement, le ministre a mentionné que parce que le Parti
québécois ou l'ancien gouvernement avait réduit.. Je n'ai
pas les chiffres devant moi. Il a cité quelques chiffres. Il y avait eu
des réductions, particulièrement dans les premières
années, en 1977 et 1978. J'ai des chiffres qui m'ont été
communiqués par notre service de recherche pour
les dernières années. Je pense qu'ils sont
totalement différents de ce que le ministre nous a mentionné,
parce qu'en effet, au cours des quatre dernières années, le
gouvernement, y compris avec le budget de cette année, pour le
ministère des Transports, ]e pense particulièrement à la
construction et l'entretien du réseau routier, avait 931 000 000 $,
c'est-à-dire qu'il y avait quelque chose comme 901 000 000 $. Il y a eu
30 000 000 $ d'ajoutés, ce qui fait 931 000 000 $. Avec ces 30 000 000 $
d'ajoutés, ça fait une hausse de 3, 3 % par rapport à
l'année passée, alors qu'on sait que le taux d'inflation est
à 4, 5 %. Seulement cette année, par rapport à
l'année passée, on n'a même pas l'inflation pour le
transport. Je comprends mal le ministre de ce côté-là.
D'autre part, en quatre ans, d'après les chiffres et
notre compilation, vous auriez investi, chiffres à l'appui, 452 000 000
$ de moins que le niveau d'investissements du dernier mandat du Parti
québécois dans le domaine du réseau routier. On ne fera
pas une guerre de chiffres ici, sauf que non seulement ces chiffres semblent
être les bons, mais lis n'ont jamais été niés en
interpellation, la semaine dernière, lorsque le critique et
député de Lévis a interpellé le ministre des
Transports sur le sujet.
On ne fera pas la guerre des chiffres sur le
ministère des Transports. Je sais que le ministre ne veut pas entrer
dans les détails, sauf que je peux me permettre de lui dire qu'en
matière de transports on est loin, très loin du niveau qu'on
devait avoir. La question que je me pose, que je pose au ministre et au
gouvernement est: Qui, tantôt, va payer cette facture qu'on devra payer
pour être capables de faire de la récupération dans le
secteur routier? L'avenir le dira.
Je relève aussi quelques chiffres qui étaient
apportés par le ministre qui lui ont été glissés,
ce matin, concernant l'Environnement. II y avait eu quelque 30 % d'augmentation
par année, si ma mémoire est bonne, des crédits de
fonctionnement au ministère de l'Environnement. Si on prend les
crédits totaux, en 1985-1986, M y avait 253 000 000 $ et iIs sont
passés à 416 000 000 $ en 1989-1990. Cela peut paraître une
augmentation importante, mais lorsqu'on décortique ça on
s'aperçoit que, pour le ministère de l'Environnement, ce qui a
augmenté l'effort qu'a dû faire le gouvernement, c'était
tout simplement le service de la dette pour le programme d'assainissement des
eaux. Je comprends, c'était ce qui avait été engagé
dans la machine, mais Dieu sait à quel point le programme
d'assainissement des eaux est important. D'ailleurs, vous continuez à en
prêcher et à en mettre d'autres en marche. Ce que je vous dis et
ce qu'il faut réaliser quant à l'enveloppe globale et le chiffre
qu'on nous lance à la figure; que cela a augmenté de 30 % par
année, non, c'est le service de la dette. C'est la même chose pour
l'ensemble du Québec, quand le service de la dette vient prendre une
part importante de notre budget; il ne faut pas dire que les budgets augmentent
de tei pourcentage parce qu'en chiffres absolus les pourcentages ne
correspondent pas.
En matière d'environnement, les chiffres que j'ai
remontent à 1985-1986 jusqu'à 1989-1990, donc sur cinq exercices
financiers, et les crédits nets du ministère de l'Environnement
sont passés de 87 000 000 $ à 112 000 000 $. Si on transpose ces
chiffres en dollars constants, les 87 000 000 $ de 1985, cela veut dire que,
comparaison faite, c'est 101 000 000 $ en 1985, par rapport à 112 000
000 $ en 1989-1990. On voit, si mes chiffres sont bons, que c'est une
augmentation, dans cette période, d'environ 11 %, à peu
près 2, 6 % par année d'augmentation. Ce sont des faits que le
ministre des Finances ne peut pas nier, sans entrer dans les détails,
dont I doit être conscient. Et surtout que le ministre nous dit:
Écoutez, notre gouvernement a fait un choix. On a décidé
de faire une priorité de l'environnement. On pourra le crier autant
qu'on le voudra, je pense que les citoyens sont en train de s'apercevoir d'une
chose: c'est que le discours qui a été tenu, pour la
première année, ça va; pour la deuxième
année on ose, on espère; la troisième année, on
pense que ça va arriver, et là, quand ça n'accouche pas...
Alors, en matière d'environnement, c'est se leurrer totalement, surtout
qu'il est parmi les priorités prioritaires du gouvernement. D'ailleurs,
les dossiers en matière d'environnement ne bougent pas parce qu'il n'y a
pas d'argent.
Je ne reprendrai pas les dossiers d'actualité qui
ont fait l'objet de discussions à l'Assemblée nationale depuis un
an ou un an et demi, mais tout ce que je dirai, c'est que ce que je n'accepte
pas ou ce que j'accepte difficilement dans cette Assemblée, tout en
comprenant les règles du jeu et en comprenant aussi ce que j'appellerais
la partie politique de part et d'autre, c'est qu'on parle avec autant de
démagogie de priorités prioritaires et qu'on ne donne même
pas, dans un tel ministère, les outils nécessaires,
c'est-à-dire les sommes d'argent pour faire ce qu'on a dit Même
pas la moitié de ce qu'on ferait, on n'a absolument rien fait, on n'a
même pas été capable, en matière d'environnement. Je
ne suis pas un ministre de l'Environnement, je ne suis pas un
spécialiste, je ne suis pas un critique en matière
d'environnement, je suis critique en matière de finances. Je n'entrerai
pas dans les détails, sauf que je suis capable d'analyser, comme vous,
M. le ministre des Finances, que lorsque vous accordez des augmentations
moyennes de 2 % par année à un ministère, au moins, qu'on
ne vienne pas dire que c'est un dossier prioritaire.
On pourrait faire le même exercice sur la question de
la santé. C'est exactement le même phénomène. On a
beau le brasser d'un bord et de l'autre, il reste qu'il y a une analyse qui a
été faite, il y a un constat qui est fait, que ce soit sur le
pian des urgences dans les hôpitaux, pour prendre les services de
santé, pour les personnes
âgées, entre autres... J'aurai l'occasion d'y revenir lors
de ma prochaine intervention, mon temps est presque écoulé.
Effectivement, les chiffres ne correspondent pas aux beaux discours, et c'est
déplorable.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais tout d'abord
rappeler un fait que, je pense, il est important de rappeler constamment.
Lorsqu'on se réfère au discours sur le budget et qu'on veut faire
une équation entre les priorités gouvernementales, l'augmentation
des crédits consentis aux divers ministères et ce que l'on
retrouve dans le discours sur le budget, sans tenir compte des crédits
déposés à la fin de mars, on fait erreur. Je pense que,
lorsqu'on fait des constats sur les crédits accordés
annuellement, II faut tenir compte, évidemment, des ajouts du budget,
mais surtout des crédits qui sont déposés à
l'Assemblée nationale - ils l'ont été à la fin de
mars 1989 - et c'est là qu'on retrouve les crédits
destinés à chacun des ministères du gouvernement. Si on
regarde les crédits de cette année, on trouve là une
augmentation totale, globale d'environ 2 000 000 000 $. Alors, si on passe son
temps à dire: Bien, voici, vous avez 193 000 000 $ ou quelque chose
comme ça d'augmentation des crédits dans le budget, on fait
erreur, et on risque, en toute bonne foi cependant - je ne dis pas que c'est
fait d'une façon malhonnête, au contraire, j'ai trop de respect
pour le député de Bertrand pour lui imputer le moindre motif qui
soit indigne - mais je dis que, quand on résume les politiques
gouvernementales en se référant à des ajouts de 193 000
000 $, sans se référer aux 2 000 000 000 $ d'augmentation pour la
même année, consentis dans les crédits qui ont
été déposés devant l'Assemblée nationale, on
fait fausse route et on risque de mal informer la population.
Deuxièmement, le député de Bertrand a parlé
de soutien financier, dont il a également été question cet
avant-midi, du soutien financier du gouvernement du Québec à
l'égard des enfants. Il est intéressant de se
référer à l'annexe A, à la page 74, où l'on
voit l'effort considérable consenti par le gouvernement pour le soutien
des enfants, pour le soutien des familles avec enfants. Si, d'une façon
globale, ce soutien représente une augmentation de 1 000 000 000 $ entre
1985-1986 et 1989-1990, c'est intéressant de voir ce que constitue le
soutien financier du gouvernement du Québec à l'égard des
enfants, disons pour un couple ayant 25 000 $ de revenus de travail. En 1985,
ce soutien à l'égard d'un enfant était de 95 $; il est de
1572 $ en 1990. À l'égard de deux enfants, 521 $ en 1985 et 2318
$ en 1990. Trois enfants, 880 $ en 1985 et 4762 $ en 1990. Je pense que le
gouvernement du Québec a posé des gestes de nature à
apporter un soutien important à ta famille québécoise.
Quant aux deux autres sujets abordés par le député
de Bertrand, ils concernent le réseau routier. J'ai devant moi des
chiffres et je n'ai pas à retirer ce que j'ai dit. Il y a eu des
diminutions en 1976-1977, 1977-1978, durant les deux premières
années du gouvernement du Parti québécois, et j'ai,
à ce moment-là, mentionné que le gouvernement du temps
avait privilégié le transport en commun plutôt que le
système de réseau routier. En ayant fait des choix qu'il
appartenait au gouvernement de faire, si j'avais à le critiquer - je
l'ai critiqué dans le temps et je n'ai pas envie de continuer
aujourd'hui - je dirais qu'à ce moment-là, on a donné une
nouvelle orientation et on a changé les priorités.
Prenons simplement des chiffres encore valides et ajoutons ceux de la
construction à ceux de la conservation du réseau routier. En
1975-1976, pour la construction, on obtient le chiffre de 604 400 000 $. On n'a
jamais revu ça depuis. Il faut bien le comprendre, c'est rare que vous
voyez un budget pour lequel, au bout de quatorze ans, vous avez moins que ce
que vous aviez dans ce temps. Je ne fais pas de distinction entre les
gouvernements, je regarde simplement la tendance que vous avez donnée
à ce moment-là. Il y avait 604 400 000 $ en construction et si on
ajoute le montant de 215 000 000 $ pour la conservation du réseau
routier, l'entretien comme on l'appelle quelquefois, on arrive à un
total pour le réseau routier, c'est-à-dire construction plus
conservation, de 819 000 000 $. L'année suivante, c'était
baissé à 745 000 000 $; l'année suivante, 726 000 000 $.
Je dis qu'il y a une diminution en chiffres absolus. Si on tient compte de
l'inflation, etc., et il y a des années où l'inflation a
été très forte, particulièrement pour les
années 1981, 1982, 1983, je vous assure que, lorsqu'on regarde la
situation, il est clair qu'on n'a pas mis l'accent sur le réseau
routier. On n'a sûrement pas considéré le réseau
routier. Si on regarde l'ensemble des dépenses gouvernementales, au
cours des années soixante-dix et quatre-vingt, du moins d'après
les budgets qui étaient votés et en tenant compte de l'inflation,
si on regarde les budgets en chiffres constants, on arrive à des
résultats surprenants. C'est pourquoi nous ne sommes pas surpris de voir
que les besoins s'accroissent de ce côté.
Si on prend, encore une fois, la construction, on était partis de
604 000 000 $ en 1975-1976; en 1976-1977, on avait 515 000 000 $, en 1977-1978,
461 000 000 $ et, en 1978-1979, 455 000 000 $. Cela diminuait tout le temps. Ce
n'est pas beaucoup mieux aujourd'hui. Cela est resté dans les
mêmes chiffres. Par contre, le montant pour la conservation du
réseau routier a augmenté, mais pas d'une façon
dramatique.
Si on regarde les efforts que nous faisons de notre côté,
en 1986-1987, dans la construction, 350 000 000 $; en 1987-1988, il y a eu 374
000 000 $; pour 1988-1989, 421 000 000 $ et
392 500 000 $, pour 1989-1990. (15 h 45)
Pour la conservation du réseau routier, 428 000 000 $ en
1986-1987; 482 000 000 $ en 1987-1988; 504 000 000 $ en 1988-1989 et 564 000
000 $ en 1989-1990. Nous progressons, mais il est clair que les besoins sont
là.
Quant à l'Environnement, le député de Bertrand
mentionne qu'il est vrai qu'il y avait des augmentations du côté
de l'environnement, mais c'était plutôt du côté de
l'assainissement des eaux, c'était plutôt pour le service de la
dette. Il ne faut pas oublier que c'est, justement, une amélioration
considérable à l'Environnement. Le service de la dette n'en est
pas un consacré à des emprunts effectués pour d'autres
raisons que celles touchant l'environnement.
M. le Président, si on enlève tout ce qu'il y a
d'assainissement des eaux pour les autres têtes de chapitre, pour tous
les autres programmes, alors que les dépenses ont augmenté de 5,
9 % pour l'ensemble des dépenses du gouvernement, d'une moyenne
d'environ 5 % depuis que nous sommes au pouvoir - un peu plus de 5 % - pour
l'Environnement, en laissant de côté ce qui constitue
évidemment un gros investissement, c'est-à-dire l'assainissement
des eaux, on a encore une croissance annuelle moyenne de 12, 2 % pour
l'Environnement, alors que la croissance intégrée,
complète et globale pour l'Environnement est d'une moyenne annuelle de
croissance de près de 23 % depuis 1985.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Merci. M. le Président. J'ai
écouté la semaine dernière et j'ai écouté
encore à la fin de l'avant-midi et cet après-midi les
commentaires des gens de l'Opposition concernant le budget qui a
été déposé pour l'exercice financier 1989-1990. Je
comprends que la tâche est ardue, mais I faut reconnaître les
bonnes choses quand iI y en a, et je pense qu'il y en a. Tout n'est pas
parfait, mais il y a de bonnes choses. Entre autres, l'annexe A du budget
actuel, tout d'abord sur le plan conceptuel et sur le plan présentation,
J'ai des félicitations à adresser. C'est rare que j'adresse des
félicitations, mais je vais en adresser, et elles sont
méritées. C'est très facile de lecture et très
évident comme façon de faire la preuve de ce qui s'est
passé depuis quelques années au Québec, surtout à
compter des pages 71 à l'annexe A jusqu'à la page 78 où on
fait les comparaisons.
M. le Président, laissez-moi vous raconter une anecdote. Hier
après-midi, j'avais à mon bureau des parents de la garderie
Caroline du comté de Mille-Îles qui sont venus me voir parce
qu'ils avaient été un peu apeurés par une rumeur non
fondée qui avait circulé, selon laquelle, dans le budget actuel
de 1989-1990, on était pour couper tous les budgets, toutes les
subventions de base et tout le reste. Et je leur ai répondu que le bond
important qu'on a fait dans le présent budget, qui est de l'ordre de 32
000 000 $, si je me souviens bien, représente à peu près
28 % du programme en le faisant passer de 102 000 000 $ à 134 000 000 $.
Je leur ai dit que c'était l'augmentation la plus sensible de tous les
programmes gouvernementaux et c'était une volonté nette du
gouvernement actuel d'aller de l'avant dans un des volets importants,
c'est-à-dire le volet d'une politique familiale.
Soutien financier aux familles
Ce sur quoi je veux attirer l'attention, M. le Président, si vous
me le permettez, de mon collègue de Bertrand, c'est en revenant à
l'annexe A, aux pages 71 à 79. J'aimerais lui poser une question et je
pense que Je peux le faire tout au cours de mon Intervention. Libre à
lui d'y répondre ou pas. Ce serait intéressant d'inverser les
rôles pour un moment.. Je le vois sourire..
M. Parent (Bertrand): J'Inviterais le député
à venir siéger dans l'Opposition, il a I'air de s'ennuyer, comme
"back bencher".
M. Bélisle: Ce n'est pas pour ça, c'est que je veux
vous donner l'occasion, au moins une fois, de vous sentir dans le fauteuil de
quelqu'un au pouvoir et de recevoir une bonne question avant votre
départ. En 1985, quand je regarde l'annexe A, Évolution des
seuils de revenus à partir desquels les Impôts sont exigibles, 10
015 $ pour un couple, un revenu de travail, avec deux enfants à charge.
En 1987, le seuil minimal où les impôts étalent
affectés à un couple avec deux enfants à charge, 13 004 $;
en 1989, on fait un bond géant à 21 894 $; en 1990, 23 234 $ pour
l'exercice prochain. On est passé de 10 015 $à23 234 en l'espace
de quatre ans.
Continuons à tourner la page. À la page 72, au bas, on
calcule le travail par mois. Presque tout le monde dans notre
société calcule ses paiements en termes de mensualités.
Combien j'ai à payer sur ma voiture, combien je paie par mois pour ma
nourriture, combien Je mets par mois pour mes vêtements. Cela donne une
drôle de bonne idée. Pour un revenu de travail de 1000 $ par mois,
en 1985, l'augmentation du revenu mensuel à l'entrée sur le
marché du travail aura été, en dollars de 1990, de 93 $.
Mais compte tenu des diminutions pour 1990, ça représente, par
tranche de 1000 $ de revenus bruts taxables, 287 $. Si c'est 24 000 $, ce sont
deux tranches de 1000 $ par mois, c'est 574 $ par mois en revenus disponibles
de plus. Les revenus disponibles, ce n'est pas un concept économique
éthéré. Des revenus disponibles de plus, ça
signifie 574 billets verts avec lesquels le père de famille, la
mère de famille ou un couple avec deux enfants peut acheter des biens et
des services pour la famille Ce n'est pas totalement négatif. C'est une
drôle de performance en
quatre ans, drôle dans le sens d'exceptionnel.
Continuons à tourner les pages de cette fameuse annexe. Je pense
que c'est très intéressant, parce que, ce qu'il faut regarder,
c'est surtout l'effort du Québec par rapport à l'effort
fédéral. On voit que l'effort qui a été fait l'a
été à partir de 1985. Prenons le tableau de l'annexe A,
à la page 74, Soutien financier du gouvernement du Québec et du
gouvernement fédérai à l'égard des enfants pour un
couple ayant 25 000 $ de revenus de travail. Parlons du soutien du gouvernement
du Québec à l'égard d'un enfant: en 1985, c'était
seulement 95 $, ce n'était pas beaucoup; en 1987, cela s'est
corrigé à 371 $; en 1989, 1293 $ pour un enfant; en 1990, 1572
$.
Si on va dans l'autre colonne, à l'égard de trois enfants,
seulement pour le gouvernement du Québec, il était de 880 $ en
1985. il a fait un bon prodigieux de 880 $ à 4762 $ pour 1990. C'est
tout près de 600 % d'augmentation en quatre ans, le soutien du
gouvernement du Québec. Si je regarde le soutien du gouvernement
fédéral - prenons-le pour une famille avec un enfant: 690 $ en
1985 - vous voyez qu'il était beaucoup plus élevé que
l'effort du Québec en 1985 et que le gouvernement actuel a rapidement
corrigé la trajectoire. En 1990, au lieu d'être 690 $, il n'est
que de 832 $ au fédérai. Alors, le gouvernement
fédéral n'a pas considéré que c'était
important d'apporter un soutien financier aux familles à revenus
modestes, aux familles qui avaient 25 000 $ de revenus. Nous, au lieu
d'être à 832 $, en plus d'avoir corrigé toutes les carences
qui existaient à notre point de vue, on a fait gonfler ça
à 1572 $.
Quand vous regardez la fameuse annexe A, à la page 77 et à
la page 78, ce sont deux petits bijoux, les deux petites colonnes qui sont
là. Je pense qu'à la prochaine campagne électorale ce qui
devrait être fait, sans partisanorie, ce sont des photocopies de ces deux
colonnes pour les distribuer partout au Québec et demander aux
Québécois: Est-ce que c'est le type de société que
vous voulez? Est-ce que c'est le type de mesures budgétaires que vous
voulez pour les familles, pour une politique familiale qui a du sens au
Québec?
Regardons le tableau à la page 77, Évolution de
l'impôt à payer et du soutien financier, couple avec deux enfants
et un revenu de travail de 25 000 $. C'est tellement évident. En 1985,
soutien financier, 521 $. En 1990, au lieu de 521 $, 2318 $, ce qui
représente 400 % d'augmentation. Impôts à payer, c'est
l'inverse. En 1985, la famille qui gagnait 25 000 $ de revenus au Québec
payait 2664 $. En 1990, la famille qui gagne 25 000 $ de revenus et qui a deux
enfants va payer 439 $, ce qui représente 600 % de moins. Pas 2664 $,
mais 439 $.
J'ai été abasourdi quand on a essayé de nous faire
dire ou de faire dire au budget que ces politiques n'étaient pas dans
l'intérêt de la famille ou de la société
québécoise. Je relie cela à mon intervention de l'autre
jour. Il faut croire que je perds des bouts, par moments, à
l'Assemblée. Alors que d'un côté de la table, on a un
gouvernement qui fait des efforts systématiques pour ne pas hausser les.
impôts, pour les diminuer, pour diminuer le déficit et
créer des emplois, on a un parti, de l'autre côté de la
table, dont le chef nous dit publiquement: Moi, c'est le contraire que j'aurais
fait. J'aurais haussé les impôts et, en plus, j'aurais
haussé le déficit. Pour revenir exactement dans la même
position désastreuse qu'auparavant.
M. le Président, j'ai beau, encore une fois, essayer de trouver
une certaine cohérence, et ma question s'adresse au député
de Parent, en matière de...
M. Levesque: De Bertrand.
M. Bélisle:... de Bertrand. Il va nous laisser tellement
un bon souvenir, M. le ministre, que, peut-être, on va changer le nom du
comté.
M. Levesque: Ha, ha, ha !
M. Parent (Bertrand): II faudrait en parier au premier
ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélisle: Ma question s'adresse au député
de Bertrand. Si vous, M. le député de Bertrand, étiez
ministre des Finances, auriez-vous adopté la même ligne de
politique en matière de soutien aux familles et de diminution
d'impôts, au cours des quatre dernières années, avec des
diminutions de 600 % d'impôts à payer pour une famille qui a un
revenu de 25 000 $ avec deux enfants et le soutien qui a augmenté de 500
% en sens Inverse par le gouvernement du Québec?
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances,
avez-vous des commentaires?
M. Levesque: Oui, je pense que je ne peux laisser passer une
intervention comme celle-là sans m'y associer tellement j'ai
trouvé que la démonstration était éloquente, simple
mais tellement remplie de conviction, de persuasion. Les
références à l'annexe, à mon sens, sont très
pertinentes parce qu'à l'annexe A du budget, justement, on a ces
données qui ne sont pas contestées. Et je ne pense pas qu'elles
soient contestables. Elles s'appuient sur des chiffres réels. Je dois
dire que, si j'ai été heureux de constater les résultats
de nos politiques, je n'ai sûrement pas contribué à
fabriquer ces chiffres qui nous arrivent des fonctionnaires du gouvernement.
Ils ont été compilés avec les données les plus
objectives que l'on puisse imaginer. Les résultats sont là, ils
parient d'eux-mêmes. Je ne pense pas qu'on puisse faire une meilleure
présentation que celle que vient de faire le
député de Mille-Îles. Je n'ai pas l'intention de
renchérir là-dessus, mais je suis heureux de voir que le
député de Mille-îles, comme les autres collègues qui
ont pris connaissance de cette annexe, a fait ressortir ce qui est le
résultat de nos politiques. (16 heures)
Nous avons quoi? Nous sommes arrivés ici en disant qu'il fallait
à tout prix assainir les finances publiques. Il fallait, pour ce faire,
faire en sorte que l'économie progresse. Il fallait créer 400 000
emplois dans les cinq prochaines années, soit 80 000 par année.
Ça, c'était pour permettre à notre population d'avoir des
emplois, sûrement, mais en même temps pour faire en sorte que,
lorsqu'on a 80 000 nouveaux emplois dans une année, cela apporte des
revenus au gouvernement pour lui permettre quoi dans cet exercice d'assainir
les finances publiques?
Premièrement, diminuer le déficit qui était un
véritable cancer; deuxièmement, diminuer les Impôts et
rendre notre fiscalité plus concurrentielle, afin Justement de pouvoir
attirer des investissements eux-mêmes créateurs d'emplois - c'est
une roue ça - et, en même temps, être en mesure de nous
porter au secours des familles du Québec, d'apporter un soutien beaucoup
plus important à la famille québécoise. Tout ça
s'est fait en si peu de temps, et d'arriver à des résultats comme
ceux-là - même avec notre imagination créatrice, on
n'aurait peut-être pas osé parler, en 1985, de résultats
aussi exceptionnels et remarquables - on ne peut faire autrement qu'en
être heureux. J'imagine que l'Opposition - on fait partie de la
même petite famille québécoise au fond, on n'est pas des
ennemis - doit aussi être heureuse de voir qu'on puisse atteindre ces
résultats. Loin de nous l'idée de nous vanter et de nous
péter les bretelles, mais on peut dire: Bien, mon Dieu, on a
réussi ces choses ensemble, et à mon sens, c'est un objet de
fierté de pouvoir présenter ce bilan au moment où nous
retournons vers nos électeurs et électrices. Il me semble que
c'est un bilan positif.
Que l'on puisse améliorer les choses? Sûrement! Et je
comprends que c'est le devoir de l'Opposition de dire: Oui, ça c'est
beau, mais peut-être que vous pourriez faire telle et telle autre chose;
ainsi, si vous avez aidé les familles, si vous avez réduit les
Impôts, si vous avez réduit le déficit, il reste qu'il y a
des besoins vers lesquels on devrait peut-être se tourner davantage. Mais
comme je le disais ce matin, à la fin de mes remarques, on ne peut aller
plus vite et dépasser certaines limites sans quoi on va retourner
d'où l'on vient et Je n'ai pas l'Intention d'y retourner. Il faut qu'on
comprenne qu'on ne peut pas, qu'on ne doit pas, sauf peut-être en
période de crise aiguë, accepter de continuer à faire ce
qu'on a fait trop longtemps, c'est-à-dire emprunter à long terme
pour payer les dépenses courantes. Autrement, c'est un cercle vicieux
dont on ne sortira jamais, à moins que quelqu'un ne vienne payer nos
dettes, qu'une fée avec une baguette magique ne fasse disparaître
ça; j'en serais très heureux. Et je ne pense pas qu'on puisse
penser que nous sommes dans ta situation de certaines communautés plus
pauvres qui réussissent peut-être à faire effacer leur
dette Cela ne nous arrivera probablement pas, et je ne le sollicite pas non
plus.
Alors que fait-on? Il ne faut pas faire trop de dettes, parce que, quand
elles sont là, les intérêts sont présents chaque
année. La seule façon dont je pense qu'on puisse réussir
tout en assumant pleinement nos responsabilités sociales aussi, c'est
clair, nos responsabilités culturelles nos responsabilités de
tout ordre, de tout genre, c'est de tenir compte de notre capacité de
payer S'il y avait moyen de se tourner davantage vers le gouvernement
fédéral, ce dernier pourrait peut-être améliorer la
redistribution des richesses canadiennes, mais ce il semble avoir à nous
redistribuer présentement, c'est une partie de son propre
problème de déficit. C'est ce qu'il essaie de nous
transférer, alors ce n'est pas trop agréable de se tourner de ce
côté, malgré que nous croyions encore pouvoir convaincre le
gouvernement fédéral qui a l'obligation constitutionnelle, dans
les Investissements qu'il fait et dans la redistribution de la richesse au
pays, de tenir compte de la capacité fiscale de chacune des provinces.
À cet effet, nous allons continuer dans le sens de ces
considérations dans nos relations
fédérales-provinciales
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
Services de garde à l'enfance
M. Parent (Bertrand): Oui, M. le Président J'ai
écouté attentivement le ministre pendant dix bonnes minutes, et
le député de Mille-Îles pendant dix minutes aussi, pour me
rendre finalement à l'évidence qu'on aura beau passer la
soirée et la semaine ici, ou bien le ministre des Finances veut
continuer à jouer son jeu, ou bien il ne veut pas le voir. Je vous dis
que j'ai des messages à passer. La lecture que le ministre des Finances
et celle que le député de Mille-Îles font n'est pas la
même que celle que nous faisons. Au cas où vous en auriez
manqué un bout depuis le 18 mai, date à laquelle le discours sur
le budget a été prononcé, on n'est pas les seuls à
penser comme ça. On ne sort pas d'un nuage quelque part. Dans le domaine
des garderies, pour reprendre le cas dont nous parlait, hier, le
député de Mille-Îles, c'est excellent, et je l'invite
à faire le même exercice avec tous les gens qui se sont
impliqués en ce qui concerne la politique dans les garderies, à
aller leur expliquer ce qui se passe au gouvernement du Québec Je lui
souhaite bonne chance Cela va très bien, je vous souhaite bonne chance,
M. le député de Mille-Îles. Il ne faut pas nous prendre
pour plus idiots qu'on en a l'air, nous dire qu'il y a eu une
augmentation de x pour cent. On peut faire dire ce qu'on veut, on peut
faire sortir les tableaux qu'on veut. D'ailleurs, il y a une certaine
habileté qui a été développée au
ministère des Finances pour ne sortir que les tableaux qu'on veut et il
y a des tableaux qui n'apparaissent pas. C'est de l'emballage! Je l'ai toujours
dit, je le dis depuis 1986: Emballage. Parfait! Mais le contenu...
Si on parle un peu du contenu et qu'on lâche un peu l'emballage,
dans le domaine des garderies, c'est un flop monumental. Il manque 13 000 000 $
dans la cagnotte et, cette année, on aura 6200 places au lieu des 8700
promises en grande pompe. Ce n'est pas moi qui les ai promises. Vous n'aviez
qu'à en promettre moins. Vous en avez promis 60 000 sur cinq ans. C'est
ça, vous êtes victimes de vos propres promesses. Vous étiez
obligés de faire des promesses parce qu'il y a des besoins, mais vous
n'êtes même pas capables d'atteindre le seuil minimal. C'est une
farce. Vous n'avez pas l'argent nécessaire. Si vous l'avez, vous ne le
mettez pas au même endroit. Si j'étais vous, M. le
député de Mille-Îles, je ne sortirais pas de mon
comté avec ça. Je vous souhaite bonne chance.
J'aime mieux en rire que d'en pleurer parce que c'est désolant.
Quand je regarde les tableaux et l'annexe A, aux pages 74, 72 ou 70 que nous a
citées le député... Oui, j'en avais bien pris connaissance
parce que, vous voyez, c'est un document que j'ai lu d'une couverture à
l'autre; je l'ai même mis sous mon oreiller quelques soirs pour
être sûr de ne pas en oublier. Il n'y a pas nécessairement
de truquage dans les chiffres, il y a une façon de présenter les
choses qui fait que ça paraît bien. Le député,
tantôt, pour ne reprendre que ce cas - c'est sûr qu'on ne fera pas
la guerre des chiffres ici - nous disait: Écoutez, pour un
troisième enfant, en 1985, I y avait 880 $ comme soutien du gouvernement
du Québec, et, maintenant, c'est 4381 $. Bravo, c'est quelque 600 %, et
il est parti dans les pourcentages. Oui, c'est votre cadeau de 3000 $ qui se
retrouve là, bien sûr. Tant qu'à en mettre 3000 $, vous
auriez été aussi bien d'en mettre 4000 $, 5000 $. Au nombre de
troisièmes enfants qu'il y a, ce n'est pas ça qui
étouffe.
Une voix: J'ai pris à témoin le président de
la commission.
M. Parent (Bertrand): Je ne dis pas que vous n'avez pas fait
votre part, mais ça a été décrié sur tous
les toits. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut faire attention lorsqu'on
prend ces chiffres-là, parce qu'il y a eu un boni de 3000 $ pour le
troisième enfant, de parler d'augmentation de 600 %. D'ailleurs,
à cet effet, je rappellerai aux membres de cette commission ainsi qu'au
ministre, question de lui rafraîchir la mémoire,
l'évolution de la situation entre 1986 et 1989 au sujet des allocations
de disponibilité.
Allocations de disponibilité
En 1986, les allocations de disponibilité, sur la base du
premier, du deuxième et du troisième enfant, qui étaient
de 300 $, 200 $ et 100 $ par mois, ont été changées en
1987 par une déclaration du ministre des Finances dans son discours sur
le budget. De 300 $ pour le premier enfant, l'allocation de
disponibilité est passée à 100 $ et, pour le
troisième enfant, à 500 $. Le résultat net de ce virage
s'est fait sentir, dans la première formule, celle de 1986, celle du
Parti québécois. Cela a coûté 127 000 000 $ à
l'État. Quand on a changé la formule, pour être
supposément capables de donner un meilleur boni au troisième
enfant - il ne s'est pas fait plus, là - cela a coûté 62
000 000 $. Cela veut dire qu'en 1987, seulement, de par cette petite mesure
politique - et si mes chiffres ne sont pas corrects, j'inviterais le ministre
des Finances à me corriger - qui avait l'air tout à fait banale,
lorsqu'on fait le calcul, on s'aperçoit que le gouvernement du
Québec a empoché 64 000 000 $, c'est-à-dire qu'il n'a pas
eu à mettre 64 000 000 $ en 1987, juste par ce "flip-flop" cette mesure
qui... Le plus beau du tour - c'est de valeur que le député de
Mille-Îles ne soit pas là - mais, en 1988, il y a eu abolition de
toutes les mesures, parce que là, on s'est dit: On s'en vient avec autre
chose en 1989, qui était l'allocation pour les jeunes enfants. Mais, en
1988, on n'a rien donné de ça, que je sache, et là, les
127 000 000 $ que ça coûtait chaque année au gouvernement
ou à l'ancien gouvernement, houp! dans les poches du gouvernement.
Cela n'a l'air de rien, mais U y a 127 000 000 $ qui n'ont pas
été donnés en 1988. D'ailleurs, c'est le "fun" parce que,
dans le petit tableau - j'inviterais mes collègues à en prendre
connaissance - à l'annexe A, à la page 77 ou 78, on ne trouve pas
l'année 1988 dans les comparaisons qu'on y fait. On y voit 1985, 1987,
1989 et 1990. Tout ça pour vous dire que, si on prend de l'argent dans
une poche, qu'on le soutire une année, qu'on le met dans la cagnotte et
qu'on annonce une nouvelle mesure après ça, on a
déplacé des choses, mais on n'a rien inventé, on n'a pas
réglé et on n'a pas mis plus, parce que le total net que les
Québécois auront eu en quatre ans n'aura pas augmenté, il
aura diminué. En trois ans, d'après les calculs qu'on a faits,
juste sur la question de l'allocation de disponibilité, à partir
de 1986, avec ce gouvernement-là, il y a eu une
récupération de quelque 218 500 000 $.
Taux de croissance du PIB, des dépenses et de
l'IPC
Ce dont j'aimerais vous parler maintenant, pendant qu'on est dans les
chiffres, c'est... Le ministre des Finances nous parie très souvent de
la situation dramatique lorsqu'il est arrivé, etc. Dans le livre des
renseignements supplémentaires
sur les crédits déposé en mars dernier, à la
page 8, on trouve un tableau assez spécial qui nous démontre le
taux de croissance annuel du PIB, des dépenses et de l'IPC, l'indice des
prix à la consommation. Là, on s'aperçoit que le
même gouvernement, lui-même, le ministre des Finances, qui
était là pendant les années avant que le Parti
québécois prenne le pouvoir... Parce qu'on aime beaucoup charrier
sur des choses qui se sont passées entre 1976 et 1985. Mais je vous
ramènerais Juste à la première partie du tableau de la
page 8 où l'on voit - c'est sûrement un tableau qui a
échappé au ministre des Finances. parce qu'il ne l'aurait pas
publié; en tout cas, il est là - que, de 1971-1972 à
1975-1976, donc, ce qui a précédé l'ancien gouvernement,
si on veut faire de l'histoire, on se rend compte que le taux des
dépenses s'est maintenu à 18 % pendant que le produit
intérieur brut était à 12 % et que l'indice des prix
à la consommation était à 7, 3 %. À compter de
1976-1977, au lieu de 18, 6 % de dépenses, ça a diminué
à 14 %, et, de 1981-1982 à aller jusqu'à 1986, ça a
diminué à 8 %, et là ça a diminué à 5
%, mais il ne faut pas oublier que le taux d'Inflation a diminué. (16 h
15)
Si on regarde les rapports, on y voit la plus grande discordance et le
plus grand écart entre le pourcentage des dépenses et le
pourcentage de l'IPC ou du produit intérieur brut, et cela s'est
passé même avant 1976. Alors, qu'on ne vienne pas nous faire la
leçon sur ce qui s'est passé au cours des neuf dernières
années, avant que le gouvernement actuel arrive au pouvoir, parce que le
hasard veut que c'est le même gouvernement qui était là
avant. Cela me dit une chose, c'est qu'au fil des années chacun des
gouvernements hérite de ce qui s'est passé avant, mais qu'on a
toujours oublie de dire que le Parti québécois avait
peut-être hérité de beaucoup plus, parce que le "backlash*,
si vous me passez l'expression, le "reboum", le ressac de ce qui se passe
pendant qu'un gouvernement pose des gestes en telle année et telle
année, sur le plan économique, sur le plan cyclique, se fait
sentir deux ans, trois ans, des fois quatre ans plus tard.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En conclusion, je porte à
l'attention du ministre que si, actuellement, il y a des beaux chiffres pour
les dépenses de 1 % en haut du taux d'inflation, ce n'est pas si
extraordinaire que ça. Il y a eu de meilleures performances, on a
qu'à regarder ce qui s'est passé entre 1981-1982 et 1985-1986.
Dans tout ça, le ministre ne devrait pas oublier que, dans les
années 1981-1982, le précédent gouvernement a eu à
traverser une crise économique, avec des entrées de fonds
drôlement diminuées. Il a eu à gérer cette crise.
Lui, depuis quatre ans, il a passé dans la plus belle période de
rentrées relativement à la performance économique, au PIB,
au taux de l'IPC. Tout ce qui pouvait être positif a pu se passer ces
dernières années et, malgré ça, les
problèmes ne sont pas réglés.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Oui, M. le Président. Le député
de Bertrand a abordé d'abord, si ma mémoire est fidèle, le
dossier des services de garde à l'enfance. À ce propos, le
député de Bertrand, se référant au cas qui avait
été soumis par le député de MilIe-îles, a dit
qu'il y avait encore beaucoup à faire du côté des services
de garde à l'enfance. Je comprends qu'on pourrait en faire encore plus,
mais je ne pense pas que l'on doive fermer les yeux sur les progrès
accomplis. Encore là, je dois rappeler au député de
Bertrand qu'en 1985-1986 l'État québécois dépensait
à cette fin 73 600 000 $ et que notre budget, aujourd'hui, est de
l'ordre de 132 400 000 $. Alors, je pense qu'avec une augmentation comme
celle-ci, qui représente une augmentation annuelle moyenne
composée, entre 1985-1986 et 1969-1990, de 15, 8 %, V y a là un
effort beaucoup plus considérable que celui que nous pouvons faire, en
moyenne, pour les dépenses totales. Si on regarde les places en
garderies, encore là, l'exercice nous indique qu'à la fin de
l'année se terminant le 31 mars 1985 il y avait 42 000 places en
garderies. Au 31 mars 1989, on avait dépassé 70 000 places, et on
se dirige, en 1990, vers un chiffre qui dépassera 76 000. Je pense qu'il
y a un progrès constant. Il y en a eu antérieurement, i y
a également un progrès constant depuis que nous sommes là.
Alors, je dis qu'il ne faut pas sous estimer l'effort considérable qui a
été fait.
Je comprends que, peut-être, les services de garde s'attendaient
à un peu plus étant donné le programme annoncé par
le gouvernement fédéral. Ce programme qui non seulement a
été annoncé, mais adopté par la Chambre des
communes était de nature à verser une contribution
financière au Québec de l'ordre de 48 000 000 $ pour
l'année en cours. Il faut se rappeler que le gouvernement
fédéral, dans son budget du 26 avril dernier, a fait
disparaître cette contribution de telle sorte que nous avons
été laissés seuls avec ce programme. Cependant, nous en
avons récupéré la très grande partie. Nous avons
maintenu substantiellement ce programme en y ajoutant les 48 000 000 $ qui
disparaissaient, nous les avons remplacés par 32 000 000 $ additionnels
que nous avons dû placer dans le programme pour sauvegarder l'essentiel.
Cela constitue une augmentation des crédits de l'ordre de 27 % pour
l'année 1989-1990 par rapport à 1988-1989. Je pense que personne
ne peut nous blâmer de ne pas avoir fait un effort considérable de
ce côté. On est rendus non seulement à tenir notre part du
contrat, mais à nous substituer au gouvernement fédéral
pour la partie qu'il devait lui-même
assumer et ce, en très grande partie, soit 32 000 000 $ sur 48
000 000 $.
Le député de Bertrand parlait du soutien financier du
gouvernement à l'égard des enfants. Je pense qu'il a
mentionné qu'on n'aurait pas donné les chiffres pour 1988. Ce
sont les suivants: en 1985, 814 000 000 $, en 1986, 976 000 000 $, en 1987, 1
036 000 000 $; en 1988, 1 440 000 000 $, en 1989, 1 569 000 000 $ et, en 1990.
1 790 000 000 $. C'est là qu'on trouve l'augmentation de l'ordre de 1
000 000 000 $ entre 1985 et 1990.
Le député de Bertrand a également parlé des
allocations de disponibilité où nous aurions, en changeant
l'ordre de subvention, récupéré certaines sommes, ce que
je ne nie pas, sauf qu'il faut dire toute l'histoire, il ne faut pas en donner
seulement une partie. Dans l'ensemble, l'allocation de disponibilité,
laquelle est devenue l'allocation pour jeunes enfants et l'allocation à
la naissance, a connu une augmentation, partant en 1985, de 137 000 000 $ pour
aller jusqu'à 211 000 000 $ en 1990. Il ne faut pas prendre seulement
une partie de cela. Il y a eu beaucoup d'autres facteurs comme, par exemple, la
non-récupération des allocations familiales qu'il ne faut pas non
plus passer sous silence. C'est une somme beaucoup plus importante que nous
avons remise dans la réseau.
C'est pour cela qu'avec l'aide sociale à l'égard des
enfants, les programmes SUPRET et APPORT, les allocations familiales, les
allocations de disponibilité pour jeunes enfants et à la
naissance, les subventions des frais de garde, l'allocation de
maternité, l'accès à la mise de fonds pour les
propriétés résidentielles, les baisses d'impôts,
nous arrivons à ce tableau qui indique bien que le soutien à la
famille est passé, en 1985, de 814 000 000 $ à 1 790 000 000 $ en
1990. On peut prendre un élément et dire... C'est un peu comme si
on prend, par exemple, la non-récupération des allocations
familiales, Je suis sûr que vous pourriez fort bien dire: Oui, mais il
faudrait dire aussi qu'on a augmenté les exemptions personnelles dans le
budget de M. Duhaime du 23 avril 1985. Vous pourriez dire ça et vous
auriez raison. Je pense qu'a faut tout prendre pour voir l'ensemble des
politiques familiales. La seule erreur faite en 1985, à mon sens, a
été de cacher cette partie et d'attendre après les
élections pour que les gens s'en aperçoivent. On a, d'une part,
annoncé une somme assez importante pour les exemptions et, d'autre part,
on a presque passé sous silence la récupération des
allocations familiales. Les gens s'en sont aperçus après les
élections de 1985. Je pense qu'il faut tout dire. Pour être juste
et pour que les gens comprennent bien, je pense qu'il est important de tout
dire. À ce moment-là, on fait un calcul comme celui qu'on fait et
qu'on présente en toute lumière et qui, encore une fois, indique
une augmentation de l'ordre de 1 000 000 000 $ dans le soutien financier du
gouvernement à l'égard des enfants entre 1985 et 1990.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Saint-Louis.
M. Levesque: J'aurais voulu ajouter, si vous me le permettez,
seulement un autre mot, avec la permission des députés de la
commission.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre des
Finances, brièvement.
M. Levesque: Lorsque le député se
réfère aux dépenses de 1970 à 1975, c'est vrai
qu'elles étalent assez élevées à ce
moment-là. J'étais là, c'est vrai. Par contre, il n'y
avait presque pas de déficit, parce que les revenus étaient en
conséquence. Il ne faudrait pas l'oublier non plus. Ce que je n'aime
pas, ce sont les déficits. Il faut qu'on comprenne ça. Si on peut
en donner plus pour répondre aux besoins, tant mieux! Ce que je n'aime
pas, ce sont les déficits, parce que ce sont des taxes pour demain. Il
ne faut pas tout prendre ce qu'il y a sans penser à ceux qui auront
à payer plus tard. Je pense bien que le député de Bertrand
partage mon point de vue là-dessus.
M. Parent (Bertrand): Non, non, non.
M. Levesque: Non?
M. Parent (Bertrand): Là, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis a demandé la parole, M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il reste du temps au
ministre?
Le Président (M. Lemieux): Non, le ministre vient de
terminer. Je lui ai demandé de conclure tout à l'heure et il a
dit: Vous permettez?
M. Parent (Bertrand): Je lui aurais posé une question et
il aurait pu répondre sur son temps.
Le Président (M. Lemieux): Ah, si vous...
M. Parent (Bertrand): Est-ce que vous le permettez, M. le
ministre? Par rapport à votre dernière Intervention...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Parent (Bertrand):... pendant que c'est chaud. Le
député de Saint-Louis peut attendre un petit peu?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chagnon: Posez votre question. Il y a
consentement, M. le député.
M. Parent (Bertrand): Vous êtes bien gentil. Ce que le
ministre vient de dire, c'est grave. C'est très grave. Le ministre dit:
Les dépenses, pour moi, ce n'est pas grave, c'est le déficit que
je n'aime pas, dans ce temps-là, il n'y avait pas de déficit.
Mais avez-vous réalisé que si, de 1971-1972 à 1975-1976,
vous avez maintenu 18 % de dépenses, peut-être que le
déficit qu'on a ramassé en est la conséquence. Avez-vous
pensé à ça? SI vous avez créé 18, 5 % de
dépenses... C'est important, les dépenses, parce qu'aujourd'hui
vous nous dites en 1989: On maintient les dépenses à 5 %. Il ne
faut pas tenir deux discours. Le discours de 1970, vous étiez là,
et le discours d'aujourd'hui.. En tout cas...
M. Levesque: Pour répondre à ça, c'est
sûr que nous ne sommes pas à la même époque. Il faut
dire qu'il y a 20 ans de ça. La seule raison pour laquelle je suis
intervenu, c'est...
M. Parent (Bertrand): C'est encore plus grave, 18 %, iI y a 20
ans.
M. Levesque: Non, le pourcentage ne change pas, quelle que soit
l'époque. Ce que Je veux dire, c'est que c'est le député
de Bertrand qui a soulevé la question, ce n'est pas mol. Il est
retourné 20 ans en arrière et il a dit: Écoutez, vous avez
fait des dépenses assez importantes au début des années
1970. J'ai dit oui. Je ne suis pas ici comme ministre des Finances de 1970 pour
défendre ces budgets-là, mais je dis que, quand on retourne en
arrière, on s'aperçoit que ça ne créait pas des
déficits comme ceux que nous avons connus après. C'est tout
simplement ce que Je dis. C'est que les revenus étaient presque en
conformité, si vous voulez, lis étaient du même ordre. Mais
Je ne suis pas ici pour vous dire ce que j'aurais fait si j'eusse
été là. Il y a beaucoup d'hypothèse
là-dedans. (16 h 30)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Saint-Louis.
Financement des universités
M. Chagnon: M. le Président, j'Imagine que, depuis ce
matin, on a dû faire état de l'ensemble de la question qui traite
de l'enseignement postsecondalre. On en a parlé brièvement jeudi
dernier et on se rappellera qu'au moment où on a connu des modifications
sur le modèle de financement des universités,
particulièrement en 1982, on s'est trouvé à modifier la
structure de financement des universités et à créer un
déséquilibre dans le financement de chacune des
universités. On se souviendra qu'en 1984-1985 un déficit a
commencé à croître en milieu universitaire, qu'il a pris
une tangente et que c'est devenu une situation tout à fait
déplorable au début de l'année 1985. Cela s'est poursuivi
en 1986-1987. On se souviendra que, dans un budget précédent, le
ministre des Finances avait ajouté 30 000 000 $, si ma mémoire
est fidèle, 15 000 000 $ à la base du financement des
universités et 15 000 000 $ pour le programme d'achat des
équipements de bibliothèque et des équipements
scientifiques On nous a annoncé dans le budget que nous étudiions
présentement une augmentation de 60 000 000 $ des crédits pour le
financement, donc 60 000 000 $ à la base du financement des
universités. Le ministre a répondu en Chambre qu'il ferait en
sorte que son collègue du ministère de l'Enseignement
supérieur fasse la répartition de ces montants. On ajoute aussi 6
000 000 $ aux chercheurs des universités dans ce budget-ci. C'est donc 6
000 000 $, je présume, qui seront alloués au FCAR pour les fins
de recherche.
Dans les 60 000 000 $ que nous retrouvons dans le budget, j'indiquais la
semaine dernière l'importance de la problématique du financement
universitaire à deux chapitres. Premièrement, le déficit
accumulé par les universités québécoises est de
l'ordre de 155 000 000 $ au moment où on se parle, c'est-à-dire
à la fin de l'exercice financier 1988-1989. Il croît d'à
peu près 20 000 000 $ par année. C'est évident que les 60
000 000 $ ont été bien reçus par les différentes
universités, mais celles-ci demeurent fortement inquiètes du
financement des revenus postsecondaires qui transitent par le gouvernement du
Québec. Et le Québec est dans ce cas-ci peut-être une des
rares provinces à utiliser 100 % de ses revenus fédéraux
pour l'enseignement postsecondaire et à l'investir dans les
universités à proprement parler. À ma connaissance, la
majorité des autres provinces canadiennes se servent de ces montants
d'argent qui viennent du gouvernement fédéral à d'autres
fins que celles de l'enseignement postsecondaire Donc, c'est 60 000 000 $ cette
année. On indique dans le budget qu'il s'agit d'une première
étape.
On a entendu des critiques, et j'inviterai le ministre des Finances soit
à les rectifier, soit à préciser. Quelle est la partie des
60 000 000 $ de financement des universités que l'on retrouve à
la page 6 du discours sur le budget et qu'on retrouve aussi dans les annexes,
qui Ira dans la base de financement? Est-ce que ce sont les 60 000 000 $ au
complet? Est-ce qu'on retrouve les 15 000 000 $ qui avaient déjà
été donnés dans la base de financement des
universités? Est-ce que c'est 45 000 000 $ plus les 15 000 000 $ qui
fait 60 000 000 $ ou encore est-ce qu'on peut.. J'ai lu dans les journaux,
à l'époque, qu'un haut fonctionnaire du ministère des
Finances a dit: Mais non, iI s'agit de 60 000 000 $ d'argent nouveau qui Iront
à l'enseignement et particulièrement à la recherche
universitaire. Dans le cas de la recherche universitaire, ça
m'apparaît clair et c'est 6 000 000 $ d'argent neuf qui s'en va au
fonds
FCAR. Dans le cas du financement universitaire, il serait
intéressant de savoir quelle est la partie de ces 60 000 000 $ qui ira
vraiment, en argent neuf, au financement de l'ensemble du secteur universitaire
au Québec. Je pose la question parce que, pour moi, ça
m'apparaît absolument fondamental. Tout le monde s'entendait la semaine
dernière pour dire, comme le ministre des Finances et comme le
député de Bertrand, que, dans une société de 6 000
000 et quelques centaines de milliers d'habitants, il était tout
à fait normal que notre richesse collective première soit nos
cerveaux, enfin la matière grise, et il apparaît évident
que le financement de programmes comme celui de l'enseignement postsecondaire
doit non seulement mériter toute notre attention, mais faire en sorte
aussi de nous garder en compétition avec les niveaux d'investissements
que l'on retrouve, par ailleurs, dans l'ensemble canadien et plus
particulièrement dans la province voisine qu'est l'Ontario.
Récemment, un rapport du ministère de l'Enseignement
supérieur de l'Ontario prétendait que l'Ontario subissait ou
vivait un sous-financement universitaire et, là, il se comparait avec
quelques grands États américains et surtout quelques grandes
universités américaines. Quant au Québec, on a eu au moins
deux rapports et une commission parlementaire qui se sont penchés sur le
sujet, et on estimait que l'écart entre le financement
québécois et le financement ontarien pouvait se situer entre 130
000 000 $ et 175 000 000 $ par année. Il est entendu que, comme le
spécifie encore une fois ce budget, il s'agit d'une première
étape de 60 000 000 $ et le plus déterminant de cette somme sera
alloué, comme je le mentionnais, à la base budgétaire des
universités. Mais j'aimerais qu'on clarifie les différentes
analyses qui ont été faites du financement universitaire et de
cet ajout que le discours sur le budget apporte à l'enseignement et, en
même temps, à la recherche universitaire. Peut-être que le
ministre des Finances pourrait clarifier un peu notre connaissance à ce
sujet.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le ministre des Finances, avez-vous des
commentaires?
M. Levesque: Oui, on pourrait peut-être ajouter quelques
commentaires parce que je pense que le député de Saint-Louis a
abordé une question fort importante, c'est-à-dire l'aide aux
universités. Il est clair que nous nous préoccupons de ce sujet
non seulement dans le budget, mais ça fait plusieurs années que
nous disons au gouvernement fédéral de faire bien attention quant
au traitement qu'il donne aux paiements de transfert. À ce
moment-là, nous sommes revenus à la charge
régulièrement. L'ancien gouvernement avait fait ta même
chose, il avait dû subir des coupures particulièrement avec la loi
C-96 où le gouvernement fédéral s'était
désengagé quant à la croissance des transferts, au taux de
crois- sance, en réduisant cette indexation d'une façon telle que
les paiements financiers au titre du financement des programmes établis
dans le domaine de la santé et de l'enseignement postsecondaire
pourraient disparaître, si on continuait dans cette courbe, en 1997-1998.
C'est sûr que de ce côté-là, nous sommes revenus
régulièrement à la charge et que nous avons l'intention
d'y revenir encore afin de faire en sorte que le gouvernement
fédéral continue d'assumer sa part particulièrement dans
le domaine de la santé et de l'éducation postsecondaire.
Malgré ce désengagement progressif de la part du gouvernement
fédéral, nous nous sommes attaqués à ce
problème, évidemment, toujours selon nos moyens. Nous avons
engagé 60 000 000 $ de plus dans le budget que nous déposions
à quelle date?
Une voix: Le 12. Une voix: Le 18 mai.
M. Levesque: Le 16 mai. Il n'y en a pas un de vous qui le sait.
Le 16 mai.
M. Parent (Bertrand): Cela m'Inquiète, M. le ministre
lui-même ne se souvient plus de la date.
M. Levesque: J'ai la date, ce sont eux qui ne l'ont pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Le 16 mai dernier. Alors, les 60 000 000 $
accordés aux universités, comme ajout au discours sur le budget,
sont évidemment additionnels au financement accordé au cours de
l'année universitaire 1986-1987. C'est toujours sur la base de
1986-1987. Lorsque les universités nous demandent un ajout, des sommes
additionnelles, elles parlent toujours en partant de 1986-1987. Pour être
cohérents avec les demandes qui étaient plutôt de l'ordre
d'une centaine de millions, je pense, il faut tenir compte que c'est toujours
à partir de 1986-1987. Les comparaisons faites avec l'Ontario le sont
également sur cette base. De la même façon, le document de
consultation publié le 20 octobre dernier par le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science suggère d'ajouter, je
pense, une centaine de millions aux dépenses de fonctionnement, toujours
par rapport à 1986-1987, et situe clairement les mesures adoptées
en 1987-1988 et 1988-1989 comme des mesures de transition. Cela répond
un peu à la question du député de Saint-Louis. Il y avait
des mesures de transition qui se terminaient avec les années en
question.
Ce que nous avons fait, c'est que nous avons décidé que,
pour l'avenir, les sommes qui étalent considérées comme
transitoires, soit 15 000 000 $ pour l'ajustement de base dans ie financement
des universités et 5 000 000 $ pour les équipements
scientifiques, qui formaient une
somme de 20 000 000 $. seraient placés dans la base, et non pas
comme transitoires. En plus de cela, I y avait 19 000 000 $ pour le
redressement de la situation financière, 15 000 000 $ pour la formation
axée sur l'excellence et les besoins de l'économie et l'aide
à la recherche, enfin, pour 26 000 000 $, c'est ça?
Une voix: 6000000$ plus 2000000$ de dépensés.
M. Levesque: Oui, ce qui faisait 60000000$. Les 60000000$
comprennent, si vous voulez, les mesures transitoires qui avaient
été annoncées, mais qui étaient transitoires et qui
se terminaient. Donc, nous avons placé ces 60 000 000 $, si on peut
dire, d'une façon permanente, et nous n'avons pas l'Intention
d'arrêter là nos efforts de ce côté.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Alors. M. le député de
Saint-Louis, la réponse du ministre est claire, les 60 000 000 $
comprennent les 15 000 000 $, ce que vous auriez dû retrouver à
l'annexe A page 8. C'était écrit très clairement, c'est
une simple référence, on aurait pu vous la donner. Je suis
content que le député de Saint-Louis ait apporté ce point
- j'étais rendu là dans les points que j'ai à couvrir -
parce que je n'aurai pas le temps de les couvrir tous. L'importance de la
recherche universitaire, ce n'est pas seulement l'Opposition, ce n'est pas
seulement le député de Bertrand qui est parti sur un "fly" et qui
pense que ce qui est fait là n'est pas correct Ce ne doit pas être
des gens plus crédibles que moi, parce que, quand on est dans
l'Opposition, de toute façon, tout le monde dit: On sait bien, il
critique. Parlons des gens qui suivent ça un peu. Il y a le recteur de
l'Université Laval, M. Michel Gervais - ce ne doit pas être une
personne qui parle en l'air, je ne pense pas, en tout cas - et la directrice
générale de la Conférence des recteurs et des principaux
des universités du Québec, Mme Claire McNicoll. Qu'est-ce que ces
gens ont dit à ce sujet? Je suis extrêmement déçu -
ce n'est pas pire, c'est extrêmement déçu - non seulement
en tant que recteur, mais aussi en tant que citoyen, s'est exclamé M.
Gervais. C'est ce qu'il nous disait le 18 mai, 48 heures après l'annonce
du ministre. C'est dramatique. Ce sont leurs paroles, c'est cité
textuellement. Je sais bien que le ministre peut dire qu'on ne peut jamais les
satisfaire, le baratin d'un bon père de famille qui dit à ses
enfants: Écoute, on ne peut pas tout te donner, papa n'a que tel
salaire. Au-delà de ces bonnes paroles que tout le monde sait, il y
avait un rattrapage. La Chambre de commerce de Montréal... M. le
député de Saint-Louis connaît ces gens-là à
Montréal. (16 h 45)
Une voix: II en est membre.
M. Parent (Bertrand): II oeuvre dans ce domaine-là. La
Chambre de commerce de Montréal. M. Serge Godin, c'est un P. -D. G.
d'entreprise, ce n'est pas un deux de pique. Il dit: Nous avions fait un
consensus dans le milieu des affaires et dans le milieu universitaire pour
demander au gouvernement, comme étant la priorité" avec un grand
L, cette année... Ce n'est pas moi qui l'invente. Ce que M. Serge Godin
dit, ce que les recteurs d'universités - que ce soit l'Université
Laval, que ce soit la Conférence des recteurs - disent: Écoutez,
c'était la demande, iI fallait faire une récupération.
C'était important d'arriver avec les 162 000 000 $ pour les deux
prochaines années, avec une formule quelconque. Je trouve ça
grave et je pense que quand on nous dit que c'est un mauvais choix de
société... Ce n'est pas moi qui le dit. Moi, je ie pense, je l'ai
dit en Chambre, je l'ai dit ici, je vais le redire partout, parce que j'en suis
maintenant convaincu.
Il ne faut pas ignorer ça. C'est sûr que si vous dites
à quelqu'un sur la rue qui n'est pas vraiment impliqué, qui ne
comprend pas toute la dynamique: Ils ont mis 25 000 000 $, 40 000 000$, 46 000
000$ de plus... C'est de l'argent! Oui, mais iI faut ramener ça dans son
contexte. Il faut en parler avec les gens qui sont vraiment Impliqués.
C'est important et quand on nous dit... Cela a paru dans La Presse du 18
mai: "C'est un mauvais choix de société, a déclaré
de son côté, le recteur de l'Université Laval, M. Michel
Gervais. Je pensais bien que, compte tenu du concert de voix qui disaient qu'iI
y avait un rattrapage important à faire, le gouvernement allait
réaliser qui fallait faire un investissement pour l'avenir du
Québec à court terme. " Là, il donne quelques
exemples.
C'est un mauvais choix, je l'ai mentionné concernant les
garderies, les questions de la santé et dans plusieurs domaines. C'est
la même chose dans le domaine universitaire. Ce qu'on a reproché
au gouvernement, c'est de ne pas faire les bons choix M. le ministre, la
répercussion s'en vient. On va s'en ressentir. En ces matières,
on ne joue pas. Jeudi passé, le député de Saint-Louis a
dit dans cette Assemblée. Écoutez, au cours des dernières
années, et iI a remonté dans les années 1975-1980, des
choses ont été faites. Et iI dit: Là, iI faut payer les
pots cassés. Bien oui! Vous, les mauvais garçons, vous n'avez pas
fait des choses et maintenant on paie les pots cassés. Mais qu'est-ce
qu'on va dire dans trois ans? Qu'est-ce que le gouvernement de M. Bourassa et
le ministre Levesque ont fait quand c'était de temps de prendre.. Parce
que du rattrapage, à un moment donné, iI faut en faire, il faut
donner un coup et dire: Cette année, iI y a des priorités dans
deux ou trois secteurs. Tu ne prends pas une poignée de 25 cents
lancés en l'air et qui retombent un peu partout. Cela, c'est essayer
d'apaiser tout le monde.
En matière d'universités, c'est important. Les
commentaires des gens du milieu Impliqués, les gens
préoccupés du milieu des affaires... C'est rare que le milieu des
affaires blâme le gouvernement. C'est très rare, excepté si
on leur met une taxe sur les entreprises, et encore. Mais non, là, on le
fait, et dans un domaine où ils ne sont pas directement
Impliqués, si ce n'est qu'à cause de ça ils auront
à en subir les conséquences dans plusieurs années parce
qu'on n'aura peut-être pas tout ce qu'il faut concernant la formation
postsecondaire et universitaire.
Quelques chiffres sur les garderies et on fermera le dossier des
universités et des garderies pour passer au dossier des jeunes
étant donné que l'heure avance.
Une voix: Cela ne va pas ensemble.
M. Parent (Bertrand): Peut-être que cela ne va pas ensemble
mais vous savez, quand on n'a que dix minutes, on passe ce qu'on peut.
Une voix: On comprend ça. ___
M. Parent (Bertrand): Si vous comprenez ça, laissez-moi
parler. Concernant le dossier des garderies, que cela faisait partie des
dernières interventions, et avant que je reprenne la parole dans x
minutes, je veux rapporter certains faits.
Si, cette année, on y va avec 6200 places dans les garderies par
rapport aux 8600 qui étaient prévues, je rappellerais juste au
ministre des Finances qu'en 1981 c'était une année de crise et
qu'en 1982, que je sache, c'était aussi une année de crise. Mais,
en 1981, parce qu'il y avait du rattrapage à faire, parce qu'il y avait
des pressions du milieu et parce il y avait un besoin, à tort ou
à raison - mais, aujourd'hui, on peut dire que c'est à raison -
le gouvernement d'alors a mis 6903 places nouvelles, ce qui faisait une
augmentation de 39, 5 %, et, en 1982, 6246 places, une augmentation de 25, 6 %.
Même en 1981-1982, dans des années vraiment difficiles, on a fait
un peu, pas mal, beaucoup de récupération et on a
créé plus de places en garderies pour chacune de ces deux
années qu'on en a créé cette année, en 1989,
où l'on est rendu à 6000 places. Le gouvernement peut juste se
dire mea culpa. La ministre responsable du dossier qui s'est vantée et
s'est pété les bretelles pour annoncer, il y a un an, qu'elle
s'en venait avec 60 000 places pour les sept prochaines années, peut se
dire mea culpa, et qu'elle ne vienne pas donner l'excuse que le
fédéral n'est plus là aujourd'hui. Alors, là aussi,
on est en train de créer un "backlog", une accumulation qu'on ne sera
pas capable de récupérer tantôt.
Alors, tout le beau baratin et la belle chanson sur le support de la
famille, je veux bien, mais s'il y a une place où c'est Important
d'encourager la famille, comme le disait la députée de
Maisonneuve ce matin, c'est de faire comprendre aux futurs parents qui veulent
faire des enfants, un premier, un deuxième, un troisième, un
quatrième ou un neuvième, comme le député de
Mille-Îles - bien, il n'a pas tout le crédit, il y en a qui ne
sont pas à son crédit...
M. Bélisle: Non, voyons donc, moi, j'ai acheté
à escompte.
M. Parent (Bertrand):... et il y en a qui sont au débit...
S'il y a quelque chose d'important, c'est de dire à ces parents:
Écoutez, vous allez avoir une facilité dans le système de
garderies, et, là, on crée les places. Mais non, ce n'est pas ce
qu'on leur dit, le message est clair, ce n'est pas pour rien il y a plusieurs
garderies de fermées et qu'à y a du monde qui débraie.
Non, non, tout va bien! Le député de Mille-Îles en a
convaincu une. Bonne chance! Cela ne va pas bien dans le domaine des garderies,
il y a un problème, et le problème va aller en s'accentuant,
parce que les prévisions étaient de 8600 places pour cette
année, et ce ne sera pas fait, et de 8600 places pour l'année
prochaine et, au petit train où ça va, ce ne sera pas fait. Parce
que si vous n'avez pas fait votre récupération en période
de pleine croissance économique, là où l'argent rentrait
et où vous étiez obligés de barricader les portes,
qu'est-ce que vous allez faire en 1991-1992 où il y en a 14 000 de
prévues? Même chose pour 1992-1993 et 1993-1994. C'était
ça le plan pour être capables d'arriver au 31 mars 1994 avec une
récupération qui nous amenait 60 000 nouvelles places.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Bertrand, votre temps est maintenant écoulé. Si vous voulez
conclure en une seconde.
M. Parent (Bertrand): La question est posée. Qu'est-ce que
vous allez faire, M. le ministre?
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Voilà pour les garderies,
voilà pour les universités, et je reviendrai pour le reste.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre, vous avez
maintenant la parole pour votre réplique.
M. Levesque: Alors, je vais commencer par les universités.
J'ai eu l'occasion de mentionner que nous avions fait un pas important. On a
cité, du côté de l'Opposition, un recteur
d'université qui indiquait qu'il aurait préféré en
avoir plus pour les universités, mais c'est la même chose...
Faites le tour de toutes les clientèles. Si vous allez du
côté des transports, si vous allez du côté des
routes, enfin, faites le tour de toutes les clientèles, allez du
côté des négociations dans les secteurs public et
parapu-
blic et vous allez voir les mêmes demandes: ils en veulent plus
que ce qu'on offre, et c'est là que notre travail d'arbitrage
intervient, notre traval de dégager les priorités. Ce n'est pas
toujours facile, mais, tout de même, il faut bien tenir compte non
seulement de la capacité de payer, mais également des efforts qui
sont faits C'est bien beau de dire: Quand on se regarde, on se désole,
mais, quand on se compare, on se console. Ce n'est pas parce que je veux
critiquer le témoin, mais celui que nous avons entendu aurait pu, quand
I parlait de chiffres.. En dollars constants, de 1979-1980 à 1985-1986,
il faut bien dire que l'évolution des subventions de fonctionnement aux
universités a diminué. C'était un moins, pas un plus. De
1979-1980 à 1985-1986, en dollars constants, iI y a eu une diminution de
6, 8 %.
Une voix: Malgré une augmentation de.
M. Levesque: Oui. Et si vous regardez de 1986-1987 à
1989-1990, M n'y a pas de diminution, c'est une augmentation de 14, 5 %, en
chiffres constants. Je comprends que ce n'est pas assez, et dans toutes les
clientèles que nous avons, on en voudrait plus, et probablement qu'on a
de bonnes raisons d'en demander plus, mais c'est à nous de dire: Voici,
il y a des limites à la capacité de payer du gouvernement. Le
gouvernement, c'est quoi? C'est le fiduciaire, l'administrateur des fonds que
lui confie la société québécoise. Il ne faut Jamais
oublier que c'est le contribuable qui devra payer. Le contribuable est
généreux, mais, à un moment donné, s'iI ne peut
plus payer en taxes, il va dire: II faudrait arrêter. Autrement, ce sont
des emprunts et des déficits, et on retourne encore dans ce que nous
conseille l'Opposition officielle, soit d'y aller plus fort dans les
déficits, plus fort dans les taxes et plus fort du côté
d'où on a à peine sorti.
Les services de garde, c'est bien beau Je ne doute pas de
l'objectivité du député de Bertrand, mais comment se
fait-iI qu'il soit tombé sur les années 1981 et 1982, deux
années où iI y a eu un effort particulier du côté du
gouvernement antérieur? Là, il arrive avec le chiffre de 6000,
mais, si on regarde les années antérieures et les années
qui suivent, c'est 2000, 2000, 2000, 2000 et 3000. Il a pris ces deux
années-là et iI dit que c'est en période de
récession. Or, on sait fort bien que c'est avant la récession que
ces décisions ont été prises, parce qu'on parle du 31 mars
1981. Au 31 mars 1981, c'était le résultat de l'année
antérieure, celle qui a commencé le 1er avril 1980.
C'était justement au moment du référendum, c'était
un an avant les élections. Quand ça a commencé à
serrer, c'est dans le budget 1982, et c'est là que ça a
passé de 6246 places à 2404. C'est là qu'on a vu les
restrictions qui ont été apportées.
Une voix: Un déficit de 2 900 000 000 $.
M. Levesque: D'ailleurs, si on regarde la moyenne des places
créées du temps de nos bons amis d'en face, elle était de
4432. Depuis que nous sommes là, de 1986 à 1990, la moyenne est
de 6371 places créées par année. Je comprends que ce n'est
pas encore suffisant, peut-être qu'on pourrait faire encore plus, mais,
encore là, il faut dire que l'effort que nous faisons est important
Je ne voudrais pas sous-estimer l'effort que nous faisons dans tous les
domaines d'activité du gouvernement. Nous ne sommes pas
gênés vis-à-vis les chiffres que nous avons,
vis-à-vis des efforts que nous faisons et vis-à-vis des
ressources que nous consacrons dans tous ces domaines importants. (17
heures)
De là à dire qu'il n'y a pas de besoins qui pourraient
être satisfaits par des ressources additionnelles, je ne le nie pas, mais
l'héritage que nous avons reçu - ne le nions pas non plus - met
un frein à la générosité que nos coeurs sensibles
pourraient avoir. Nous serions très heureux de pouvoir répondre
affirmativement à toutes les demandes qui nous arrivent par toutes les
portes. Il n'y a pas une journée sans que des gens fassent des
requêtes et qui vont même jusque dans la rue pour dire: On a besoin
de plus, ici et là. Enfin, c'est la même société
avec les mêmes ressources et avec le même endettement qui doit
répondre à cela. Nous voulons garder le sens des
responsabilités, particulièrement pour les
générations qui viennent après nous, pour nos enfants.
Chaque enfant qui vient au monde aujourd'hui naît avec une dette
importante qu'on lui a laissée. Je n'ai pas l'intention d'aggraver la
situation à un point tel que nous serions une société dont
ta principale activité serait de payer les dettes de nos ancêtres
ou de nos parents. Je pense qu'il est important que nous soyons bien conscients
que. lorsque nous dépassons une certaine limite, on crée une
hypothèque grave vis-à-vis des jeunes qui viennent après
nous
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous avez
terminé, M. le ministre?
M. Levesque: Pour le moment.
Le Président (M. Gobé): Je passerai maintenant ta
parole à M. le député de Mille-Îles...
M. Bélisle: Merci, M. le Président
Le Président (M. Gobé): pour une période de
dix minutes.
Une voix: II n'avait pas demandé la permission pour...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Oui, iI me l'avait
demandé avant, M. le député. Il m'avait fait signe qu'il
voulait parler.
M. Bélisle: J'aimerais revenir, M. le Président,
à la question que j'ai posée tantôt au député
de Bertrand. Je n'ai pas encore eu de réponse. J'aimerais il prenne
l'annexe A, aux pages 71 à 78...
M. Parent (Bertrand): Cela fait deux jours que je pose des
questions au ministre des Finances, et je n'ai pas eu de réponse.
M. Bélisle: Oui, mais il n'y a rien qui m'empêche,
M. le député de Bertrand, de revenir à la charge encore
une fois...
M. Parent (Bertrand): Ah oui!
M. Bélisle:... pour essayer d'avoir, d'un homme
sensé et raisonnable comme vous, une réponse, peut-être
courte, mais qui serait quand même bien appréciée, pour
nous dire, si vous aviez été le ministre des Finances, si vous
auriez agi différemment au sujet du soutien aux familles et des
diminutions d'impôt? Je ne le pense pas. Tout au contraire, en tant
qu'homme de famille comme je vous connais - vous avez deux jeunes filles,
n'est-ce pas? - je suis sûr que vous devez applaudir dans votre for
intérieur, mais j'aimerais que vous le fassiez publiquement. A l'annexe
A, de 1971 à 1978...
M. Parent (Bertrand): M. le Président, c'est important,
parce que le député de Mille-Îles était absent
tantôt quand j'ai répondu. Après votre intervention...
M. Bélisle: Oui, j'étais là.
M. Parent (Bertrand):... j'ai eu la chance d'avoir la parole un
peu plus tard et j'ai répondu à cela.
Le Président (M. Gobé): Excusez-moi, M. le
député de Bertrand, mais la parole est au député de
Mille-Îles.
M. Bélisle: Cela me fait plaisir. C'est un collègue
amical.
M. Parent (Bertrand): C'est important, il me demande de
répondre et j'ai répondu.
Le Président (M. Gobé): Je ne voudrais pas
que...
M. Bélisle: C'est un collègue amical.
Le Président (M. Gobé): Je pense que le but de la
commission, c'est de questionner le ministre des Finances ou faire des
commentaires sur le budget, et pas forcément un débat
contradictoire.
M. Parent (Bertrand): II faudrait demander au
député de Mille-Îles de ne pas me poser de questions,
d'autant plus que j'ai répondu à ses questions.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Bertrand. M. le député de Mille-Îles, je vous
rappellerai...
M. Chagnon: M. le Président, question de...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je pense que le
député de Mille-Îles peut bien laisser interférer le
député de Bertrand dans sa période de temps de parole
à lui, s'il le permet, de son consentement. J'ai cru comprendre qu'il le
permettait. On peut intervenir, à ce moment-là, pour reprendre ou
redonner au député de Mille-îles la parole qu'il avait
déjà.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Saint-Louis, il appartient au président de donner la parole à
un membre et non à un membre de décider que l'autre peut lui
parler. M. le député de Mille-Îles, vous avez la parole, si
vous voulez vous en tenir au mandat de la commission, s'il vous
plaît.
Services de garde à l'enfance (suite)
M. Bélisle: Je m'en tiens toujours au sujet important et
je vais revenir encore sur les services de garde. Je vais poser une autre
question au député de Bertrand et, cette fois-ci, j'ose
espérer il va oser me répondre puisque cela touche directement
les services de garde. Je vous suggère de faire une expérience.
La prochaine fois que des gens d'un service de garde viendront vous voir
à votre bureau, vous interpelleront, ayez le réflexe de leur
demander leur état financier. Demandez-leur s'ils ont calculé
l'état financier avec l'ancienne formule, ce qui était
proposé avant le budget, et demandez-leur leur nouveau calcul avec ce
qui est maintenant inclus dans le budget. C'est ce que j'ai eu l'occasion de
faire cette semaine avec la garderie Caroline, du comté de
Mille-Îles. J'ai été surpris de voir que les gens qui
venaient me voir et qui semblaient insatisfaits passaient d'un budget
d'exploitation de 244 000 $, revenus, à un budget de 266 000 $.
Une voix: Presque 12 % d'augmentation.
M. Bélisle: Presque 12 % d'augmentation. Cette technique
est simplement une technique visuelle de comparaison d'états financiers.
Je sais qu'il y a un autre de mes collègues, le député de
Fabre, qui a fait la même chose dans
Laval, dans son secteur. Des garderies venaient se plaindre et disaient:
Vous ne nous donnez pas assez. Toutes et chacune d'entre elles, en grande
partie, même celles qui reçoivent le moins - je ne parlerai pas
des garderies dans les régions - celles qui ont seulement un petit
nombre d'enfants et pour qui les 30 000 $ qui vont être donnés
directement vont être beaucoup plus appréciables, compte tenu des
revenus faibles qu'ils ont. Ma question, M. le Président, c'était
tout simplement un petit commentaire que J'avais à faire. Je trouve que
c'est en regardant la réalité des choses et non seulement en
écoutant les gens qui viennent nous voir, mais en ieur disant: Sors-moi
donc tes chiffres et on va regarder si tu en reçois moins ou si tu en
reçois plus. J'aimerais savoir si le député de Bertrand,
M. le Président, a rencontré une de ces garderies dans son
comté, a fait le petit exercice et si quelqu'un lui a dit qu'il perdait
de l'argent ou qu'i recevrait moins d'argent avec la nouvelle politique. Je
pense qu'il ne peut pas me faire la preuve du contraire, c'est-à-dire
qu'il y a des garderies qui vont perdre et qui vont avoir moins. De fait, selon
leurs états financiers et leurs projections financières, c'est
très clair qu'elles vont recevoir beaucoup plus. Je vais vous dire ce
que j'ai fart, M. le député de Bertrand. Je leur ai remis une
copie du budget et je leur al dit: Regardez les pages suivantes et suivantes.
Ils sont sortis de mon bureau emballés. Il s'agissait tout simplement de
leur expliquer.
J'aimerais savoir, M. le Président, si M. le député
de Bertrand a rencontré des services de garde, du vrai monde, dans son
comté, a regardé les états financiers, ce qui existait et
de ce qui va exister en vertu du nouveau budget, ou a demandé à
des garderies de son comté de lui faire la preuve avec leurs projections
en main qu'elles recevraient moins que ce qu'elles vont recevoir avec le
nouveau budget. Si c'est vrai, à ce moment-là, j'aimerais qu'il
me dépose ces états financiers.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles, si j'ai bien compris, vous avez posé une question
au député de Bertrand.
M. Bélisle: Oui. j'ai le droit.
Le Président (M. Gobé): Sur votre temps, I vous
reste encore quelques minutes. Est-ce qu'il y a consentement pour que le
député de Bertrand réponde?
M. Bélisle: Ah oui! certainement.
Le Président (M. Gobé): J'ai bien compris que vous
disiez: M. le Président, j'aimerais poser une question au
député de Bertrand.
M. Bélisle: Oui, je veux bien.
Le Président (M. Gobé): II vous reste deux ou trois
minutes, je crois
M. Bélisle: Je consens, je consens, je consens.
Le Président (M. Gobé): Si y a consentement, M. le
député de Bertrand...
M. Bélisle: Je consens.
Le Président (M. Gobé):.. vous pouvez
répondre à la question du député de
Mille-Îles.
M. Parent (Bertrand): Je dirai au député de
Mille-Îles que je n'ai pas seulement rencontré des garderies de
mon comté. J'ai rencontré aussi des gens de l'Association des
garderies du Québec. Le problème se situe non seulement en ce qui
concerne le rendement de certaines garderies, mais particulièrement en
ce qui a trait au nombre de places qu'on doit avoir pour être capable de
répondre à la demande. Ce que je demande maintenant au
député de Mille-Îles de faire comme exercice, c'est: Allez
dans votre milieu et demandez aux parents qui ont besoin de garderies, iI y en
a beaucoup, il y a des demandes qui sont faites, s'ils sont satisfaits de cette
mesure, parce que l'enveloppe globale... On aura beau analyser un budget, dans
certains cas, ça va arriver un peu plus en excédent et, dans
d'autres cas, ça va arriver un peu plus en dessous, il y a une chose qui
est sûre, c'est qu'i manque, iI y a un trou de l'ordre de 13 000 000 $,
14 000 000 $ ou 15 000 000 $. C'est ça. Deuxièmement, c'est un
problème qui est relié à tout cet engagement que vous
aviez pris en tant que gouvernement, peut-être pas vous en tant que
député, mais que votre gouvernement avait pris, d'être
capable de répondre de ce côté. Cela faisait partie d'un
gros morceau de la politique familiale, et on n'y répond pas. Je ne veux
pas seulement faire l'analyse des chiffres et aligner des colonnes. Je vous
demande si la solution apportée par le ministre des Finances
répond aux problèmes actuels. La réponse, c'est non.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Mille-Îles, est-ce que vous avez terminé?
M. Bélisle: J'ai terminé, M. le Président.
Je comprends que mon ami de Bertrand n'a pas répondu à ma
question.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances, vous
avez maintenant la parole.
M. Levesque: Je remercie les intervenants ministériels qui
ont prouvé encore par leurs interventions qu'ils savaient souligner non
pas seulement les côtés qui répondent moins que
demandés, si vous voulez, par certaines clientèles, mais qui
soulignent justement les aspects du budget qui sont extrêmement positifs
et qui
répondent aux besoins de la population. Quand on parle des
services de garde, il faudrait, et j'espère que le député
de Bertrand, après qu'il nous aura quittés, dans quelque temps -
ce n'est pas ce que Je souhaite, mais c'est ce qu'il a annoncé qu'il
ferait - s'il s'Intéresse particulièrement à cette
question des services de garde, fera un tour du Canada - il aura
peut-être l'occasion de le faire pour d'autres fins - et qu'il s'informe
donc des services de garde dans les autres provinces du pays. Il s'apercevra
peut-être que notre régime ici au Québec n'a pas à
se sentir inférieur à ailleurs. Même dans la riche province
de l'Ontario, ce n'est pas de l'aide aux garderies que vous allez retrouver.
Vous allez retrouver beaucoup plus une aide aux personnes à revenus
modestes, mais ce n'est pas du tout le régime complet que nous avons
présentement ici. Si vous allez jusqu'à la côte ouest, vous
allez peut-être trouver là que l'État a jugé
à propos de faire autre chose avec ses ressources financières.
Peut-être que ce serait une bonne chose d'aller voir ailleurs.
La deuxième chose que j'ai à souligner, c'est qu'il y a
des subventions de frais de garde par l'Office des services de garde à
l'enfance. Si on regarde les chiffres en 1985, encore une fois, parce que c'est
par la comparaison quelquefois qu'on peut comprendre la sincérité
des critiques, vous aviez, à ce moment-là, une somme de 54 000
000 $ sur la base d'une année d'imposition. En 1990, c'est un montant de
114 000 000 $. Il ne faudrait pas penser que le gouvernement actuel s'est
désengagé. Au contraire, nous consacrons une somme beaucoup plus
importante à cette fin. Si on ajoute - c'est important de regarder de ce
côté également - les déductions pour frais de garde,
elles étaient de 31 000 000 $ en 1985, alors qu'elles sont maintenant de
55 000 000 $. En ajoutant ces deux chiffres, en 1985, c'est un total de 85 000
000 $ et, en 1990, c'est 169 000 000 $. Alors, vous avez là une
augmentation annuelle de l'ordre de près de 15 %. À ce
moment-là, tout en reconnaissant, encore une fois, qu'il y a de la place
pour de l'amélioration, Je dis que nous avons fait un pas
considérable, surtout lorsqu'on pense que le gouvernement
fédéral nous avait conviés à un nouveau plan
national...
Une voix: II a adopté un projet de loi.
M. Levesque:... de services de garde, d'aide aux garderies. Non
seulement le gouvernement fédéral nous y a conviés, mais
il a déposé un projet de loi à la Chambre des communes et
a même procédé, par la première lecture, la
deuxième lecture, les commissions parlementaires et la troisième
lecture, à l'adoption à la Chambre des communes, ce qui nous a
amenés, évidemment, à coopérer, même à
faire part de notre intérêt dans ce programme, justement dans le
même sens de nos préoccupations vis-à-vis des services de
garde. Au moment où nous arrivons pour procéder en toute
objectivité et en toute bonne foi, le gouvernement
fédéral, dans son discours sur le budget du ministre des Finances
du 26 ou 27 avril, décide de se retirer et, en même temps, de nous
enlever le tapis sous les pieds pour 48 000 000 $ pour la seule année
actuelle, sans parler des sommes récurrentes pour l'avenir. Qu'est-ce
que nous faisons? Est-ce que nous avons abandonné le programme? Nous
avons gardé l'essentiel du programme. Nous avons maintenu notre part de
ce contrat et nous avons même pris 32 000 000 $ d'argent neuf, que nous
sommes allés chercher dans la petite marge de manoeuvre que nous avions,
pour aider à substituer cette somme aux 48 000 000 $. C'est un montant
de 32 000 000 $ que nous sommes allés chercher pour nous substituer au
gouvernement fédéral. (17 h 15)
Je pense qu'il y a un effort considérable qui a été
fait, un effort sérieux. Je pense qu'il est important de le souligner.
Nous allons continuer de faire des services de garde une préoccupation
importante et nous allons continuer de considérer, comme une
priorité dans la politique familiale, les garderies, l'aide à la
naissance, les allocations pour jeunes enfants, la récupération
des allocations familiales, l'accès à la mise de fonds, le
programme APPORT, les crédits d'impôt, les déductions pour
frais de garde, la diminution du fardeau fiscal pour les familles, et, c'est
encore bon de le rappeler, la considérable diminution en 1988 pour 1989
de 1 257 000 000 $, dont 772 000 000 $ pour les familles et, encore cette
année, l'indexation nouvelle de 4, 9 % sur la plupart des crédits
d'impôt et l'aide additionnelle d'allocations à la naissance.
C'est toute une panoplie de mesures qui s'additionnent pour qu'il y ait
là un effort considérable de fait pour aider les familles, et
nous n'avons pas terminé. C'est notre intention de continuer dans le
sens où nous avons commencé, mais toujours en tenant compte, et
c'est une préoccupation constante chez nous, de notre capacité de
payer.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Bertrand.
Problèmes des jeunes
M. Parent (Bertrand): Oui, j'aimerais aborder le problème
des jeunes qui est relié à l'emploi, au chômage et qui est
relié à des problèmes de société de demain.
Je pense que le ministre des Finances, à quelques exceptions
près, en a fait abstraction dans son discours sur le budget. Si je
l'aborde, c'est parce que je suis pas mal préoccupé de voir ce
qui se passe avec les jeunes d'aujourd'hui et je me réfère
à deux articles de journaux. Donc, je n'invente rien. Je fais juste
analyser, à la suite de la perception que j'ai plus
particulièrement depuis un an, ce qui se passe actuellement chez les
jeunes.
D'abord, la création nette d'emplois pour les 15 à 24 ans.
En 1985, selon les statistiques que j'ai sorties de Statistique Canada, donc
des chiffres officiels, la création d'emplois était 176 000 pour
les 15 à 19 ans et 383 000 pour les 20 à 24 ans, ce qui veut dire
559 000 au total. En 1988 ou selon les derniers chiffres, c'était 196
000 pour les 15 à 19 ans, donc un gain de 20 000 sur trois ans pour
cette première catégorie. Par contre, pour les 20 à 24
ans, au lieu de 383 000, on serait à 367 000 emplois, ce qui veut dire
une perte de 16 000. Le résultat net de l'analyse des chiffres que j'ai
pu sortir, avec l'aide de mes collaborateurs, de Statistique Canada, c'est
qu'il y a un gain net de 4000 emplois chez les jeunes, pour les 15 à 24
ans. C'est un premier fait.
Un deuxième fait, c'est qu'un article du Journal de Québec
de ce matin - donc ce n'est pas vieux, c'est tout à fait frais -
titrait: "90 000 jeunes en chômage". Et. tenez-vous bien, la critique est
faite par nul autre que M. Ghislain Dufour, président du Conseil du
patronat. Quand le Conseil du patronat du Québec, qui défend les
entreprises, commence à se préoccuper du problème du
chômage chez les jeunes, 1 me semble qu'il y a là un signal
Important d'avertissement. Je le porte à l'attention du ministre, parce
que, effectivement, il y avait beaucoup d'engagements de la part du
gouvernement sur le pian électoral, sur le pian politique, mais il n'y a
pas, dans le budget, de mesures concrètes ou peu de mesures
concrètes pour aider ces jeunes au chapitre de la création
d'emplois. On parle de 90 000 Jeunes en chômage, on dit que 90 000 Jeunes
de 15 à 24 ans, donc cette même catégorie, sont en
chômage au Québec, alors qu'on fait face à une
pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans certains secteurs. Tout
ça est relié à la formation professionnelle. "Il s'agit
là d'une situation que le président du Conseil du patronat, M.
Ghislain Dufour, trouve inquiétante, voire aberrante. " C'est lui qui le
dit. Selon lui, "iI faut absolument enrayer la diminution des inscriptions des
étudiants à l'enseignement professionnel du cégep". Et il
donne des statistiques, depuis les quatre dernières années,
démontrant que "cette diminution a été de 10, 6 %, mais de
20 % pour les disciplines comme les techniques physiques et l'administration'.
Tout ça pour dire que, si on pointe ça du doigt, actuellement, au
mois de mal 1989, et s'il y a des ténors québécois qui
sortent avec des analyses comme celle-là, c'est parce qu'il y a un
problème fondamental, I y a un problème urgent.
Je mets en parallèle avec ces deux faits, parce que je m'adresse
au ministre des Finances et que je trouve qu'il y avait, là aussi, des
choix à faire, un article de vendredi dernier, 26 mal, paru dans Le
Soleil, où on nous dit que le taux de suicide a doublé au
Québec, en quinze ans. Cela a un certain rapport, parce que notre
société commence à être malade si nos Jeunes sont
dans cette situation, et ça progresse au cours des années. Je
suis préoccupé par ça, et, j'en suis sûr, le
ministre aussi. Le taux de suicide a doublé en quinze ans au
Québec, tandis qu'l s'est presque stabilisé dans la plupart des
autres provinces au cours de la même période. Le ministre disait
tantôt: Quand on se compare, on se console, et tout ça. Dans le
cas du chômage, ce n'est pas exactement ce qui se passe, parce qu'on en a
le double de l'Ontario ici, mais, dans le cas du suicide chez les jeunes,
ça s'est à peu près stabilisé au cours des quinze
dernières années au Canada, tandis qu'ici, au Québec, le
taux de suicide a doublé chez les jeunes, et on parle des jeunes de 15
à 24 ans. L'article est fort intéressant, et je vais prier le
ministre d'en prendre connaissance lorsqu'il en aura l'occasion.
Tout ça pour vous dire que, si le président du ConseH du
patronat juge bon de commencer à faire des sorties sur cette
préoccupation des jeunes qui lâchent, tous ceux que l'on appelle
les décrocheurs, les jeunes qui, après le cégep ou pendant
le cégep, décrochent, et qu'on associe ça à un taux
de suicide qui est constamment croissant, je ne pense pas qu'on ait une
société, en ce qui concerne notre jeunesse - d'autant plus qu'on
a de moins en moins de jeunes parce qu'on fait de moins en moins d'enfants -
qui est en santé Alors, compte tenu des chiffres de création
d'emplois des trois ou quatre dernières années, compte tenu de ce
qui se passe chez les jeunes chômeurs et aussi des répercussions,
sur le plan de la société, de tous ces Jeunes qui sont
dépressifs ou qui décident de se suicider, Je pose la question
suivante au ministre: Pourquoi avoir tenu un discours qui promettait justement
des choses aux jeunes et pourquoi, aujourd'hui, dans le budget que nous avons
analysé, ne retrouve-ton pas de ces mesures tangibles pour aider, par
exemple, toute la structure des maisons de jeunes qui, entre autres, est une
des mesures qui permettent d'être capables de conserver des jeunes, de
leur éviter de traîner à droite et à gauche, de les
amener dans des endroits où iIs sont, quand même, un peu
contrôlés? Dans mon milieu, les maisons des jeunes sont
importantes, mais ce n'est pas seulement le cas à Boucherville ou
à Sainte-Julie, c'est aussi important ailleurs. Pourquoi ne fait-on pas
d'efforts? Les quelques milliers de dollars qu'on pourrait mettre là
sont fondamentaux pour être capables, peut-être, d'améliorer
la condition mentale de nos jeunes d'aujourd'hui.
Ensuite, iI y a toute cette question de la formation professionnelle, de
ces Jeunes qui lâchent pour entrer sur le marché du traval, qui
s'aperçoivent qu'ils n'ont pas ce qui faut et qui sont obligés de
revenir aux études. Il n'y a pas cette facilité concernant toute
la réinsertion et la formation, même en entreprise, tout ce qui
est relié à l'aide à l'entreprise, pour pouvoir prendre
certains de ces Jeunes. Parce que de 20 à 24 ans, c'est l'âge
où il y a le plus de décrocheurs, et iI y en a de plus en plus
chaque année. Je le sais, j'ai deux adolescentes qui sont exactement
dans
l'âge critique. Elles n'ont pas décroché, Dieu
mercil Le ministre a dû passer par là lui aussi. Quand je vois
ça et que je regarde la société dans laquelle on est, je
trouve ça dramatique de voir que le gouvernement ne pose pas de gestes
tangibles dans différents secteurs pour être capables de dire
qu'on va certainement faire quelque chose pour ces jeunes. Je pose cette
question au ministre, j'en fais même un des principaux points de mon
intervention de dix minutes, même s'il y a tellement d'autres dossiers
dont j'aurais aimé parler. Si j'ai le temps, j'aborderai, à
l'autre extrême, toute la question des gens du troisième
âge. Mais cette préoccupation des jeunes, je ne la vois pas
traduite dans le budget, bien que je la voyais dans vos préoccupations
du discours au cours des dernières années.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, le député de
Bertrand a sûrement touché un des aspects de la vie d'aujourd'hui
qui nous préoccupent et il trouvera sûrement, de ce
côté de la Chambre, une préoccupation constante et,
également, un désir non équivoque d'apporter des mesures
concrètes pour répondre, justement, à ces situations
souvent dramatiques, comme il l'a mentionné tout à l'heure. Je
dois tout d'abord lui rappeler un fait parce qu'il a commencé son
intervention en parlant du chômage chez les jeunes. Tout en
considérant qu'il y a là encore place à
amélioration, je dois lui rappeler qu'il y a eu une chute de
chômage importante chez les jeunes et, si on regarde les statistiques,
parce qu'à un moment donné il faut se référer
à ces données, on verra que le chômage des jeunes, en
pourcentage, est le plus bas depuis que les statistiques sont compilées
à cet égard. Si je les prends en chiffres absolus, le nombre de
chômeurs chez les jeunes, en 1978 par exemple, était de 139 000,
et on peut aller jusqu'en 1982 avec 165 000 chômeurs - je comprends que
c'était une année un peu particulière - ensuite, 137 000
en 1984, mais depuis, 123 000 en 1985, 112 000 en 1986, 97 000 en 1987, 87 000
en 1988 et ainsi de suite. Donc, il y a une tendance vers une diminution
constante, en chiffres absolus et en pourcentage, du chômage des jeunes.
Je ne peux donc pas faire comme le député de Bertrand, soit
établir une relation directe entre ce qu'il déplore en ce qui
concerne le nombre de suicides durant les 15 dernières années,
donc l'augmentation, d'une part, du nombre de suicides et, d'autre part, la
situation du chômage, parce que le chômage a diminué alors
que le nombre de suicides a augmenté. Cela, c'est une chose. (17 h
30)
Maintenant, des mesures, évidemment, sont prises dans plusieurs
ministères. En particulier, il y a des efforts considérables qui
ont été faits dans la réforme de l'aide sociale. On a
apporté beaucoup d'attention là afin qu'a y ait une incitation au
travail pour les jeunes. Du côté du ministère de
l'Éducation, il y a là une préoccupation constante, et
même nous avons pris plusieurs mesures pour inciter les jeunes à
continuer leurs études ou à les reprendre, s'ils les ont
abandonnées. Là, évidemment, je risque d'entrer dans tout
le domaine sectoriel, parce qu'on retrouve, dans plusieurs ministères
sectoriels, des politiques très directement reliées à
cette préoccupation que nous devons avoir pour nos jeunes. Je puis dire
cependant que, même dans le budget actuel, il y a des mesures qui
apparaissent, bien que des efforts aient été faits par
l'augmentation des crédits de plusieurs ministères, que ce soit
pour l'emploi étudiant, que ce soit pour l'emploi dans les
régions périphériques, en forêt, ou des emplois
gouvernementaux de diverses natures pour aider les jeunes et leur trouver des
occupations, des activités. Même dans le budget, il y a des ajouts
qui touchent les maisons d'hébergement de la jeunesse, la protection de
la jeunesse, les emplois étudiants, il y a toujours cette constante dans
nos politiques pour faire en sorte de répondre à cette
préoccupation, très noble d'ailleurs, du député de
Bertrand, préoccupation que nous partageons. Je n'ai pas l'intention,
à ce moment-ci, comme je l'ai dit antérieurement d'entrer dans
une discussion qui nous amènerait sur des programmes précis qui
relèvent plutôt de ministères sectoriels.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je constate avec joie que le
ministre des Finances et le critique de l'Opposition en matière de
finances, le député de Bertrand, se rejoignent quant à
cette préoccupation, et je partage avec eux cette sensibilité
à l'égard des jeunes en générai.
Le député de Bertrand mentionnait la création, la
mise en place, l'existence ou l'exploitation récurrente de maisons de
jeunes. Il en a très bien connu une, celle de Boucherville, il
connaît maintenant celle de Sainte-Julie, qui est toute nouvelle, et
celle de Varennes, qui est à la veille de démarrer. Je sais
gré au député de Bertrand, comme maire de Boucherville,
j'avais toujours appuyé financièrement, non seulement avec de
l'argent mais aussi avec des employés, des animateurs, la maison des
jeunes de Boucher-ville. Sauf erreur - et il me corrigera immédiatement
- je ne pense pas que la maison des jeunes de Boucherville ait reçu de
subvention du gouvernement du Québec dans le cadre de l'opération
financement maison des jeunes. SI mon souvenir est bon, j'ai déjà
dit à d'autres places ou on m'a déjà dit à d'autres
places que c'était la première maison des jeunes à avoir
été créée au Québec. J'ai été
complice de cette création, il y a à peu près vingt ans.
Boucherville a été la première ville à se doter
d'une
maison des jeunes, et le modèle s'est répandu. À
tel point qu'à Montréal, dans le comté que je
représente, dans le centre-ville, on retrouve de ces maisons des jeunes.
On en retrouve une, en fait.
Je suis obligé de constater, à l'inverse de la situation
qui prévaut dans la région que le député de
Bertrand représente, que c'est le gouvernement du Québec qui
finance à 100 % l'organisation des maisons des jeunes. J'ai, dans mon
comté, par exemple, une maison des jeunes financée pour 70 000 $
par année. Le député de Bertrand pourrait dire que ce
n'est pas suffisant, mais j'ai souvent dit aux autorités municipales de
Montréal qu'elles ont aussi un rôle à jouer dans
l'organisation, non seulement du loisir, mais aussi d'une structure qui
permette à des jeunes de se retrouver, d'être non seulement
ensemble, mais d'avoir aussi l'aide d'animateurs professionnels
chevronnés et respectés. Ce n'est pas uniquement le rôle du
gouvernement du Québec que de participer au financement de telles
organisations comme les maisons des jeunes. Je pense qui faut savoir gré
à des municipalités, comme celle dont le député de
Bertrand a été maire, d'avoir pris leurs responsabilités
entièrement, d'avoir bâti, par exemple - Je pense que
c'était le député de Bertrand qui était maire
à ce moment-là - une nouvelle maison des jeunes sur le site d'un
ancien hôtel de ville et d'avoir ainsi permis, à une partie de la
jeunesse de Boucherville, de pouvoir avoir non seulement des loisirs, mais
aussi d'être encadrés. Cela a sécurisé un tas de
parents, j'en suis sûr, et ça a permis d'éviter que des
jeunes fassent des actions certainement un peu déplacées, non
seulement ça, mais que, par tristesse, peine ou misère, iIs
commettent, ce que le député de Bertrand soulevait comme
étant une problématique sociale chez les Jeunes et chez les
adolescents, un suicide. Bref, je suis content de constater qu'il y a un
même niveau de sensibilité chez le ministre des Finances que chez
le député de Bertrand quant à la problématique des
jeunes.
Organismes internationaux
non
gouvernementaux
Je voudrais, à ce moment de mon Intervention, revenir sur une
question qui est aussi Importante, mais dont on n'a pas parlé depuis le
début de cette commission parlementaire. Montréal s'enorgueillit,
depuis plusieurs dizaines d'années, d'avoir une vocation internationale.
Tous se rappelleront qu'en 1967 l'ancien maire de Montréal, aidé
du gouvernement de l'époque, du gouvernement Lesage, avait réussi
à décrocher, pour Montréal, l'Exposition universelle qui a
propulsé Montréal dans un rôle à dimension
Internationale. D'autres événements à caractère
international ont été tenus à Montréal, que ce soit
les Floralies, 1 y a quelques années, ou encore davantage les
Olympiques, il y a près de 13 ans maintenant. Tous ont ces souvenirs
aussi frais à la mémoire que si ces événements
s'étaient passés hier, M. le Président. Il n'en demeure
pas moins que cette volonté que Montréal devienne un pôle
international a souvent plutôt reçu une approche tiède des
différents gouvernements.
Je pense que, pour la première fois, le gouvernement du
Québec réagissait et reconnaissait des organismes internationaux,
des OING, des organismes internationaux non gouvernementaux, dans son budget de
1985, le petit budget, le premier budget que nous avions reçu comme
parlementaires, à la suite de l'élection du 2 décembre.
Pour la première fois, ï y avait une reconnaissance des organismes
Internationaux Installés à Montréal et aussi une
volonté de permettre à ces organismes et aux gens qui y
travaillent, d'avoir une détaxation, de n'être pas sujets à
la fiscalité locale, comme c'est le cas pour les grands organismes
internationaux, que ce sort l'UNESCO, l'ONU ou leurs organismes
rattachés. J'étais très fier, au moment du discours sur le
budget, de constater que la mise en oeuvre de mesures, depuis 1985, a non
seulement favorisé leur mise en place, mais a aussi permis d'asseoir des
organismes gouvernementaux comme IATA. Je me souviens qu'en novembre et
décembre 1985 les dirigeants de IATA me disaient qu'ils étaient
très tentés de retourner à Genève, parce que La
fiscalité locale d'Ici nous rendait beaucoup moins compétitifs
que certaines grandes villes qui reçoivent des organismes
Internationaux, comme Vienne, Genève, Paris. La réponse
Immédiate du ministre des Finances, en 1985, me plaisait beaucoup,
d'autant plus qu'à ce moment-là on parlait, au niveau
fédéral, de mettre sur pied l'accréditation d'un
système bancaire International, lequel a eu toutes les misères du
monde à naître et dont ta vie relative, aujourd'hui, pourrait
laisser à désirer.
Malgré tout, le ministre des Finances annonçait, il y a
deux semaines, au moment du discours sur le budget, qu'il avait l'intention
d'annoncer, dans les Jours prochains, l'accréditation de sept nouveaux
centres parmi lesquels on compte des banques et des maisons de courtage de
première Importance. Peut-être pourrait-il profiter de cette
commission parlementaire pour nous faire des annonces que nous ne connaissons
pas? Peut-être aussi faudrait-iI lui témoigner la reconnaissance
de Montréal et de ses environs, pour avoir souligné, dans ce
budget, avoir élargi - permettez-moi le néologisme - la
défiscalisation, l'élargissement de la
'défiscalité* d'organismes qui ont un caractère
International et dont le siège social est à Montréal.
On retrouve, à l'annexe A, page 88, une partie de la liste des
OING et aussi des modifications fiscales auxquelles auront droit les
employés étrangers et les membres de leur famille.
Évidemment, iI y a un coût à ça, que le gouvernement
du Québec aura...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion,
M. le député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Très brièvement. Alors, il y a un
coût qua le gouvernement du Québec aura à assumer
vis-à-vis des administrations locales que ce soient les administrations
municipales ou scolaires. Il n'en demeure pas moins que cette orientation
très nette, prise par le gouvernement du Québec, est, à ma
connaissance, une première sur le plan fiscal, au Canada. Je ne pense
pas que le gouvernement ontarlen ait fait la même chose à Toronto,
ni le gouvernement de la Colombie britannique à Vancouver.
Toutefois, j'aurais deux questions à poser au ministre des
Finances. La première, fait-il pression, a-t-il entendu dire ou sait-il
si le gouvernement fédéral, éventuellement, réagira
de la même façon quant à l'approche fiscale de ce type
d'entreprises internationales qui sont situées, entre autres, à
Montréal?
Deuxièmement, qu'en est-il de son annonce en ce qui concerne
l'accréditation prochaine de sept nouveaux centres comprenant des
banques et des maisons de courtage?
Je pense avoir utilisé tout mon temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: II me fait plaisir de féliciter le ministre
pour cette approche qui consacre Montréal dans sa vocation
internationale.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: II est évident que, si je prends mon temps,
ça va être fini et le...
Le Président (M. Lemieux): Le député de
Bertrand ne pourra pas conclure.
M. Levesque:... le député ne pourra pas parler.
S'il a des questions a poser, je suis prêt à lui laisser la
priorité. S'il n'a plus rien, on terminera là-dessus. Cela
dépend. Mais je ne veux pas qu'il prenne tout mon temps, par exemple.
Ha, ha, ha! Qu'il prenne quelques minutes, je n'ai pas d'objection. Je le fais
par courtoisie, pour ne pas le laisser sans avoir le mot de la fin, s'il
voulait ajouter quelques mots.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci. En quelques minutes, puisque le
temps tire à sa fin, en ce qui concerne les maisons des jeunes, c'est un
exemple parmi tant d'autres où on aura vu l'intervention du
gouvernement. Le député de Saint-Louis a dit que j'avais
posé des gestes en tant que maire. C'est une préoccupation qui
date déjà d'il y a longtemps, soit de 1978. Si le gouvernement
actuel... Ce ne sont pas tous les élus municipaux qui ont la même
préoccupation et qui sont prêts à agir. Si le gouvernement
du Québec, par exemple, à la suite de ce que mentionnait le
député de Saint-Louis tantôt, avait, dans son budget
annoncé, une mesure et avait dit: Nous savons que c'est important, qu'il
y a un manque et nous allons mettre sur pied un programme incitatif fort
simple, pour chaque dollar investi par une municipalité dans une maison
des jeunes pour augmenter le nombre de places, pour en créer ou quoi que
ce soit, nous allons mettre une piastre, jusqu'à concurrence de 50 000
$, ou des choses fort simples, cela aurait eu un effet d'entraînement et
un effet incitatif. Cela me coûte pas cher et ça règle
beaucoup de problèmes. C'est ce que j'aurais vu, un genre de mesures
comme celle-là qui ne coûtent pas des millions, des millions et
des millions. La préoccupation des jeunes, je l'ai et, si je la porte
à l'attention du ministre, c'est parce que je vois ces choses. Je ne
fais pas une relation directe entre le taux de suicide et le chômage,
entre ci et ça, mais, indirectement, c'est sûr qu'il y en a une.
(17 h 45)
Un dernier point concernant les statistiques du chômage. Le
ministre m'a dit tantôt: Je regarde les chiffres et le taux de
chômage chez les jeunes a baissé. Je lui dis: Oui, mais attention!
La population active, elle, a baissé. C'est-à-dire que la
population active, de 1985 à 1988, chez les jeunes de 15 à 24
ans, dans cette période, la population active chez ces jeunes a
baissé de 33 000. Vous avez 33 000 jeunes de moins capables d'aller sur
le marché du travail et vous avez créé 4000 nouvelles
jobs. C'est à ça qu'il faut faire attention en ce qui concerne
les chiffres. L'analyse que, moi, j'en fais, c'est que vous avez une population
active moindre, 33 000 jeunes de moins dans cette catégorie, et que vous
avez créé 4000 nouveaux emplois.
Conclusions
Je conclus en disant que j'aurais aimé parler des personnes
âgées, des personnes du troisième âge, parce qu'il y
a des problèmes en ce qui a trait aux centres d'accueil, aux places dans
les centres d'accueil et il y a toute la préoccupation du vieillissement
de la population, mais j'aurai d'autres occasions de le faire.
Pour laisser du temps aussi au ministre, puisqu'on s'est partagé
un peu les dernières minutes, je lui dirai que l'exercice des dix
dernières heures m'a paru finalement bien court parce qu'il y a beaucoup
de points que j'aurais encore aimé apporter. On n'a pas
solutionné le monde. Mais s'il y a un, deux ou trois points que j'ai pu
porter à l'attention du ministre, des collègues du
côté ministériel et que cela puisse faire en sorte qu'il y
ait des gestes de posés même avant le prochain budget parce qu'on
aura réalisé queque chose, j'aurai fait mon devoir. Si
je suis complètement dans les patates par rapport à cette
vision que j'ai de l'avenir, l'avenir nous le dira; si les propos que je tiens
par rapport aux préoccupations et aux priorités sont exacts,
ça aussi l'avenir le dira Ce que je dis au ministre des Finances en
terminant c'est que j'ai bien aimé faire cet exercice. Cela n'a pas
répondu à toutes mes questions, loin de là. Je demeure
avec beaucoup de questions. Mais, au moins, on a fait l'exercice dans un climat
dit démocratique qui nous a permis d'avoir un échange que je
calcule positif même s'il ne me satisfait pas.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M le
député de Bertrand. M. le ministre des Finances, en
conclusion.
M. Levesque: Merci, M. le Président. C'est sûr qu'on
ne peut pas être complètement dans les patates, comme le dirait le
député de Bertrand. Je suis convaincu qu'une partie de ses
observations vont, sinon se réaliser, du moins, il y a des chances qu'il
ne soit pas complètement dans l'erreur, pas plus que nous. Errare
humanum est. Il y a des choses qu'iI prévoit qui vont se réaliser
d'une certaine façon, d'autres d'une autre façon. C'est un peu la
même chose avec nous. Il y a des choses que nous pouvons prévoir
et que nous pouvons espérer, mais s'il peut arriver que nous soyons dans
l'obligation, un jour, de dire: Bon, ce n'est pas arrivé comme nous
l'avions prévu. Mais ce que nous faisons, et c'est une chose importante,
c'est que nous regardons nos prévisions avec le plus
d'objectivité possible en ayant recours le plus possible à toutes
les données disponibles. Avec l'équipe que nous avons au
ministère des Finances - j'aime à le souligner parce qu'iI y a au
moins une partie de l'équipe qui est ici - je pense que nous avons une
équipe exceptionnelle, dévouée comme j'ai rarement vu.
Cette équipe est toujours prête à sacrifier son temps, ses
énergies, ses soirées, ses fins de semaine. J'ai même de la
difficulté à les empêcher de travailler le dimanche.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Levesque: Ha, ha, ha!
Une voix: Prenez-ça en note pour votre augmentation de
salaire.
Une voix: La réduction du temps de travail.
M. Levesque: C'est ça. C'est dire que, lorsque nous
faisons des projections dans l'avenir, nous le faisons avec le plus
d'objectivité possible. J'y ajoute personnellement, évidemment,
comme toute personne politique, peut-être une petite saveur politique.
C'est normal. Je ne serais pas en politique si je n'avais pas à y
ajouter ce grain de sel. Autrement, on n'aurait pas besoin de nous autour de
cette table. Tout pourrait se faire ailleurs. Tandis que nous ajoutons un peu
ce qui fait notre charme et notre différence pour dire les choses d'une
façon, encore là, qui pourrait être censurée. Mais,
de toute façon, iI est important de dire que c'est avec la même
sincérité que J'attribue aux membres de l'Opposition, en
particulier, au député de Bertrand, que nous abordons ces
choses.
Le député de Bertrand parlait des jeunes. J'aimerais juste
apporter une autre précision, si on me le permet. Il a parlé de
la population active qui avait diminué. Mais la population
elle-même des jeunes a malheureusement diminué également.
Je pense que le facteur le plus Important à considérer, c'est le
taux d'activité. A ce sujet, le député s'apercevra qu'il y
a eu une augmentation fort encourageante, depuis quelques années, du
taux d'activité chez les jeunes. Encore une fois, nous connaissons le
taux de chômage le plus bas depuis que les statistiques existent.
Quant aux aînés, nous n'avons pas pu aborder cette question
faute de temps, mais Je pense qu'il est important d'avoir au moins quelques
données. La croissance annuelle de 8, 2 % des dépenses de
santé du gouvernement du Québec bénéficie surtout
aux personnes âgées. Il y a une croissance annuelle de 15, 7 % du
programme de maintien à domicile des CLSC et des CRSSS, une augmentation
moyenne annuelle de 15, 7 % depuis 1985-1966; une croissance annuelle de 17, 8
% des remboursements effectués par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec aux personnes âgées, encore
là depuis 1985-1986, à l'égard des médicaments et
des services pharmaceutiques. Il faut bien comprendre que les personnes
âgées également, ce n'est pas parce qu'elles le veulent,
absorbent une part des dépenses publiques de santé de près
de quatre fois supérieure à leur nombre au point de vue
démographique, si vous voulez; 63 % des dépenses publiques
totales de santé sont affectés aux soins de longue durée
des personnes âgées; 31 % des sommes réservées aux
soins de courte durée en centres hospitaliers sont aussi alloués
aux personnes âgées. Donc, Je pense qu'il y a là un effort
qu'I faut souligner non pas parce que ces personnes âgées ne le
méritent pas, je suis déjà presque dans ce groupe et je
crois que nous le méritons, mais je crois que les efforts qui sont faits
par la société sont importants et qui n'y a pas lieu de diminuer
ces efforts. Je crois, au contraire, qu'il faut continuer.
Quant aux remarques du député de Saint-Louis, Je tiendrais
à lui rappeler que tous les organismes gouvernementaux, consulats, qui
sont reconnus comme gouvernementaux, OACI, etc., sont détaxés par
le fédéral. Ceux qui ne sont pas gouvernementaux,
évidemment, nous allons plus loin. Vous avez raison. Nous allons
même du côté des taxes municipales, etc.
M. Chagnon: On dépasse la convention de
Vienne, finalement.
M. Levesque: Oui, d'accord. Maintenant, quant aux annonces que
vous aimeriez avoir sur tes centres financiers Internationaux, je serais
très heureux de vous les transmettre. J'aurai l'occasion, au cours du
mois de juin, je pense bien, de le faire. Je veux laisser évidemment
à ceux qui organisent ces choses-là et qui s'occupent de
ça quotidiennement le plaisir de pouvoir l'annoncer avec mol et de le
faire en présence des institutions ou des représentants des
institutions qui seront présents pour l'accréditation.
M. Chagnon: Vous pourriez inviter les membres de cette commission
parlementaire, y inclus le député de Bertrand.
M. Levesque: Vous êtes perpétuellement
invité. Je voudrais terminer en remerciant tous ceux et celles qui ont
participé à cette commission, M. le Président. Je
remercie, en particulier, le député de Bertrand qui a
apporté une contribution comme s'il était pour rester toujours en
politique. Il n'a pas changé d'attitude. Il a gardé la même
fidélité jusqu'au bout. Alors, je tiens à le saluer et
à le remercier de sa collaboration au cours de ces longues heures, parce
que c'est tout de même 25 heures de débat, dont dix en commission
parlementaire, de même que tous ceux qui y participent, là-bas,
ici et là dans cette enceinte et même à l'extérieur,
M. le secrétaire et, comme iI se doit, vous, M. le Président,
pour la patience que vous avez manifestée et également pour
avoir, comme vous en avez la réputation, présidé ces
débats avec une très grande impartialité et une
connaissance profonde du règlement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Je remercie les membres des deux formations politiques, de même
que les fonctionnaires du ministère des Finances, pour leur
collaboration. La commission ayant accompli son mandat, qui était de
poursuivre le débat sur le discours sur le budget en commission
parlementaire pour une période de dix heures, nous ajournons maintenant
nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 56)