Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission permanente du
budget et de l'administration est réunie ce matin afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 117, Loi modifiant la Loi sur la Société immobilière
du Québec. M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Cardinal
(Châteauguay) remplacera M. Després (Limoilou) et M. Jolivet
(Laviolette) remplacera M. Perron (Duplessis).
Projet de loi 117
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Y a-t-il des remarques préliminaires de la part du ministre ou de la
part de l'Opposition? Aucune remarque préliminaire. Nous allons
immédiatement passer à l'étude du projet de loi 117, Loi
modifiant la Loi sur la Société immobilière du
Québec. J'appelle l'article 1 de ce projet de loi. M. le ministre.
M. Vallerand: L'article 1 modifie l'article 11 de la loi
constitutive, M. le Président. En fait, l'article, tel qu'il
apparaît dans la loi actuellement, se lit de la façon suivante:
"Le gouvernement fixe, suivant le cas, le traitement, les allocations, les
indemnités et les autres conditions de travail du président du
conseil et des autres membres du conseil d'administration. "
Tous les membres du conseil d'administration sont payés sur les
revenus de la Société. "
Ce qui est modifié, l'amendement que nous apportons est le
suivant, c'est que les membres du conseil d'administration, autres que le
président de la Société, ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions,
aux conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement. Le cas
échéant, les membres du conseil d'administration sont
payés sur les revenus de la Société.
Cet amendement vise essentiellement à soustraire la
rémunération dite de jetons de présence aux membres du
conseil d'administration, mais exclut de cette obligation, évidemment,
le président de la Société parce qu'il est payé par
la Société comme telle et qu'il siège au conseil
d'administration.
Il y a également des dispositions, et cela a été
l'inquiétude du député de Laviolette tout à
l'heure, eu égard aux autres considérations de
rémunération que sous-tend l'amendement. Il est évident
qu'on laisse une ouverture à la possibilité de
rémunérer certains membres du conseil qui auraient à se
réunir très fréquemment dans des circonstances
exceptionnelles ou autrement.
M. Jolivet: J'aurais une question, M. le Président, qui
serait...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Actuellement, quel est le traitement annuel du
président de la Société immobilière du
Québec? Commençons par celui-là.
M. Maltais (Roch): Le président est aussi le
président-directeur général...
M. Vallerand: Son salaire est connu.
Le Président (M. Lemieux): Excusez-moi, si vous voulez
intervenir, voulez-vous vous approcher et vous identifier?
M. Vallerand: Oui, et vous identifier.
M. Maltais (Roch): Roch Maltais, procureur à la
Société immobilière du Québec. Quant au montant
précis de la rémunération du président-directeur
général, je ne suis pas en mesure de vous le donner
présentement, mais le président de la Société est
aussi, par la loi, le président-directeur général de la
Société. Donc, c'est aussi son salaire comme administrateur
à temps plein de la Société. Je ne pourrais pas vous dire
quel est son traitement en sa qualité de président du conseil
parce qu'il est en même temps président-directeur
général de la Société. On pourra vous donner le
montant un peu plus tard.
M. Jolivet: En fait, on...
Le Président (M. Lemieux): C'est dans la Gazette
officielle et dans les comptes publics, on va le retrouver.
M. Maltais (Roch): C'est public, il y a un décret
là-dessus, de toute façon.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. il y a un
décret.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, on pourrait vous
demander de nous le faire parvenir. Ce serait plus simple que d'aller le
chercher, vous avez le décret qui confirme son traitement.
Ma deuxième question, c'est: Quelle est ta politique actuelle de
remboursement des dépenses des membres du conseil d'administration? Il y
avait cette possibilité. Est-ce qu'elle a été
changée au moment où la directive a été
donnée? Actuellement, les membres à qui on rembourse les
dépenses, c'est fait de quelle façon?
M. Maltais: (Roch): Je pense que le tout est fait, depuis
l'adoption des politiques gouvernementales, conformément à un
règlement ou à un décret du gouvernement qui, en fait,
fixe les tarifs de remboursement et surtout les dépenses de
déplacements.
M. Vallerand: Les déplacements et les repas
M. Jolivet: Est-ce que la Société a le pouvoir de
déterminer, comme dans le cas du Conseil des collèges, la
possibilité d'un remboursement avec des Jetons de présence? La
directive générale, c'est de dire il n'y en a plus, que personne
ne reçoit une rémunération pour avoir assisté
à une séance du conseil d'administration. Est-ce qu'on peut me
garantir qu'actuellement, à la Société immobilière
du Québec, personne ne reçoit cette forme de
rémunération? Deuxièmement, est-ce qu'on peut me dire si
le conseil d'administration a le pouvoir de recommander au ministre une formule
de rémunération? Parce que si le texte dit 'sauf dans les cas,
aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le gouvernement",
il faut que quelqu'un recommande quelque chose. Donc, normalement, la
façon de procéder, c'est que le conseil d'administration fait une
recommandation qu'il présente au ministre qui a la responsabilité
de l'organisme, lequel fait une recommandation au Conseil des ministres qui
prendra la décision. Cela a été la façon de
procéder au Consel des collèges. J'aimerais savoir s'il y a des
membres du conseil de direction autres que le président-directeur
général qui sont rémunérés en plus de voir
leurs dépenses remboursées?
M. Vallerand: Comme membres du conseil d'administration non
employés de la SIQ, non, depuis la directive du Conseil des ministres de
février 1987.
M. Jolivet: C'est la première chose. La deuxième
chose, est-ce que le conseil d'administration a le pouvoir de recommander au
ministre une proposition pour rémunérer des gens dans les
circonstances dont faisait mention le ministre, tout à l'heure, dans un
cas où des membres du conseil d'administration devraient se
réunir plus fréquemment? Je vous donne un exemple: un conseil
d'administration de sept membres à l'intérieur duquel on forme un
exécutif de trois membres qui se réunisssent plus souvent que les
sept. À ce moment-là, y a-t-il une politique de suivi?
M. Vallerand: II aurait le pouvoir de le faire par
règlement mais encore faudrait-il que le règlement soit
accepté par le gouvernement, c'est-à-dire le Consel des
ministres.
M. Maltais (Roch): C'est-à-dire plus que ça, je
crois, M. le ministre. Je pense que c'est comme le dit le nouvel article 11,
ça serait dans un règlement ou un décret du gouvernement.
Ce ne serait pas la Société qui pourrait d'elle même
adopter un règlement. Il faudrait que le gouvernement accepte que des
membres d'un comité permanent, par exemple, qui siègent
très souvent...
M. Jolivet: En fait, ce que devrait faire le conseil
d'administration, c'est de faire une recommandation au ministre responsable
qui, lui, passe un décret, en conséquence.
M. Maltais (Roch): II pourrait, oui, ce serait une
recommandation, mais pas un règlement de la SIQ.
M. Vallerand: Ce serait plus dans ce sens-là
M. Maltais (Roch): Oui
M. Jolivet: D'accord, c'est une question... Ça va aller
avec les signatures. Cela va.
Le Président (M. Lemieux): Juste une petite question. Il
s'agit bien du président. Dans le décret, j'imagine, qu'on va
retrouver président-directeur général.
M. Vallerand: Oui, quand on fait référence au
président, c'est cela. C'est au niveau de la fonction. C'est celui qui
est rémunéré.
Le Président (M. Lemieux): Au niveau de la fonction...
Président-directeur général, dans le cas de la SIQ
M. Maltais (Roch): Dans la loi, il est d'office directeur
général, contrairement à d'autres sociétés
où...
Le Président (M. Lemieux): II est d'office directeur
général. D'accord. Je voulais avoir cette précision parce
qu'on voit parfois, par exemple dans le cas d'Hydro-Québec ou de
REXFOR.. D'accord, ça va. Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Jolivet: Adopté avec réticence quand même
parce que Je n'ai pas les garanties. Je vous le dis bien honnêtement,
c'est la façon dont on l'écrit maintenant dans les textes de loi
Je suis bien conscient de ça, sauf qu'on sait qu'il peut y avoir, par
décision, d'autres formules et je trouve un peu hypocrite, je l'ai dit
en Chambre, de dire qu'on ne rémunère personne et que, tout
à coup, à un moment donné, on apprenne par un
décret gouvernemental qu'il y a une décision qui a
été prise de rémunérer des gens pour telle
circonstance. Je vous le dis bien honnêtement, nous croyons que pour
attirer des gens qui soient capables de participer à des conseils
d'administration, il faut non seulement payer les déplacements, les
frais de pension, si nécessaire,
et les frais de repas... Je dois dire que, dans un contexte où on
demande à des gens de venir bénévolement, ça limite
de beaucoup les gens qui peuvent participer à de tels conseils
d'administration, et nous sommes contre. Dans ce sens-là, on vous le
répète, nous ne sommes pas d'accord et nous continuerons à
maintenir que notre décision, à ce sujet, n'a pas changé.
Nous allons l'adopter mais avec réticence.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais peut-être vous
faire remarquer, M. le député de La-violette, vous qui avez une
connaissance des pratiques administratives du gouvernement, que, dans le cas
d'une rémunération ou d'une nomination, il y a une pratique, sans
qu'il y ait une obligation, pour qu'il y ait quand même publication dans
la Gazette officielle de ces décrets. Il est quand même
permis à la population... Je comprends que vous craigniez qu'on puisse
agir d'une manière arbitraire et, tout d'un coup, apprendre que telle ou
telle autorisation a été donnée pour des dépenses,
mais, dans ce cas-ci, si vous lisez bien l'article 11, c'est bien
déterminé par le gouvernement. Je vois mal le gouvernement agir
dans ces cas-ci, qu'il y ait une nomination ou rémunération, sans
qu'il y ait publication.
M. Jolivet: Oui, mais ce n'est pas de ça que je parlais.
Je sais que c'est évident qu'il va y avoir publication dans la
Gazette officielle.
M. Vallerand: Là, c'est plus au niveau du principe, d'une
philosophie qui nous distingue en vérité vis-à-vis de la
façon dont les membres des conseils d'administration des corps publics
ou parapublics sont rémunérés. On sollicite davantage une
contribution bénévole pour que nos citoyens et nos citoyennes qui
sont désignés sous des corps publics au titre de leur conseil
d'administration le fassent comme une contribution volontaire
bénévole. Ce que le député de Laviol lette dit?
Oui, à la rigueur, mais dans certains cas on croit qu'il vaudrait
peut-être mieux les rémunérer si on veut avoir des
compétences plus spécialisées dans un certain secteur.
M. Jolivet: Cela limite aussi cette possibilité de
participer à des conseils d'administration. Je vous donne un exemple.
À l'époque, où j'étais enseignant pour participer
au Conseil supérieur de l'éducation, si l'enseignant était
membre d'un organisme syndical, le syndicat payait son salaire et, à ce
moment-là, s'il n'avait aucune rémunération,
c'était comme si le syndicat était commandé d'agir
bénévolement dans ces circonstances. Je trouve ça,
à ce moment-là, plus difficile dans la mesure où le
syndicat va dire: On ne permet pas que les personnes qui sont
déléguées soient de nos employés. Au niveau
scolaire, on peut comprendre d'une certaine façon le fait que des
enseignants puissent être demandés à différents
comités et que la commission continue à payer leur salaire. Mais
il y avait une formule qui incitait des gens à y participer, non
seulement le remboursement des frais inhérents à leurs
déplacements et autres, mais aussi une sorte de prime qu'on appelait le
jeton de présence qui permettait de s'assurer que les gens
étaient là. C'est dans ce sens surtout que je parlais.
Pour arriver à l'autre partie, c'est que les gens ont
l'impression que c'est la même chose dans tous les organismes, dans tous
les conseils d'administration, alors que nous avons appris, à force de
poser des questions et de vérifier, que ce n'était pas la
même chose concernant l'éducation. En conséquence,
même s'il y a eu une décision prise au niveau gouvernemental et
qui a été publiée, il n'y a pas grand monde qui sait
ça. Donc, l'esprit général que je trouve hypocrite, c'est
qu'on dit qu'il n'y a personne qui est payé, sauf qu'il faut que tu
fouilles, que tu ailles vérifier parce que ce n'est pas tout le monde
qui lit la Gazette officielle - on n'a pas ça comme lecture de
chevet - pour savoir, finalement, qu'il y a des gens qui sont payés
quand même. C'est juste ça que je voulais décrier.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député. Oui, M. le ministre.
M. Vallerand: Peut-être juste une clarification. J'aimerais
bien qu'on soustraie, je pense que ce n'est pas... Je ne le sais pas, mais je
soupçonne que ce n'est pas la volonté du député de
Laviolette de penser que c'est fait avec une intention hypocrite. Au contraire,
l'intention c'est de solliciter des participations qu'on voudrait le plus
possible bénévoles, étant donné que ce sont des
corps publics et qu'ils sont financés à même des sommes
d'argent public, sauf qu'on laisse des provisions vis-à-vis de
possibilités où ces gens seraient appelés à se
réunir plus fréquemment et seraient appelés à avoir
plus de dépenses. Mais l'intention n'est pas hypocrite. Elle n'est pas
de dire: Nous ne voulons pas, nous soustrayons les honoraires dits de jetons de
présence et, par en dessous, on fait des accommodements pour continuer
à les rémunérer quand même. Ce n'est pas l'intention
gouvernementale, bien au contraire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. Est-ce
que l'article 1 est adopté?
M. Jolivet: Toujours avec réticence.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 2. M. le ministre.
M. Vallerand: Oui, M. le Président. L'article 2 corrige
l'article 17 de la loi constitutive de la Société
immobilière du Québec de la façon suivante:
premièrement, par le remplacement, dans la troisième ligne du
premier alinéa, des mots "un employé de" par les mots "une
personne désignée par";
deuxièmement par la suppression de la deuxième phrase du
deuxième alinéa.
Le President (M. Lemieux): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Jolivet: Non. J'aurais des questions, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais savoir combien de personnes sont ou vont
être habilitées à signer des documents au nom de la
Société immobilière du Québec ou à
contresigner des fac-similés des signatures autorisées? En nous
les donnant, puisqu'il y en a, l'aimerais savoir qui elles sont et quelles sont
leurs fonctions?
M. Maltais (Roch): Si je comprends bien, M. le
député, la première question, c'est combien de personnes
sont habilitées à signer actuellement, en vertu du premier
alinéa, par règlement? D'abord, ce ne sont pas des personnes, ce
sont des fonctions qui sont habilitées. L'article 17 oblige, de toute
façon, et obligera toujours même après l'amendement,
à ce que le règlement de la Société à cet
égard prévoie des cas, c'est-à-dire qu'il faut que tous
les cas de délégation soient prévus. Par exemple, si je
veux que le directeur des transactions immobilières signe des contrats,
il va falloir que je dise - comme cela se fait - qu'il est autorisé
à signer tel contrat et jusqu'à quelle limite. Si son chef de
service peut avoir une délégation de signature, il devra lui
aussi être mentionné comme étant le chef de service de la
direction en question et pourra signer tel genre de contrat ou tel genre de
document jusqu'à telle valeur. C'est comme cela que le règlement
de la SIQ est fait. Il doit être comme ça parce que la formulation
de l'article 17, qui prévoit des cas, nous oblige à en mettre et
à les prévoir dans le règlement. Ce sont ces cas qui sont
approuvés par le gouvernement. Ce qui veut dire que, par la suite, la
Société ne peut pas changer ces cas, à moins de changer le
règlement et de retourner devant le gouvernement et demander une autre
approbation.
M. Vallerand: Le règlement doit être approuvé
par le gouvernement.
M. Jolivet: D'accord.
M. Maltais (Roch): Ce principe ne change pas.
M. Jolivet: L'article actuel dit: "Un document n'engage la
Société que s'il est signé par le président de la
Société ou, dans les cas que la Société
détermine par règlement, par un employé de celle-ci. "La
Société peut permettre, par règlement, aux conditions et
sur les documents qu'elle détermine, qu'une signature requise soit
apposée au moyen d'un appareil automatique ou qu'un fac-similé
d'une signature soit gravé, lithographié ou imprimé.
Toutefois, le fac-similé n'a la même valeur que la signature
elle-même que si le document est contresigné par une personne
autorisée par le président de la Société. " Ce que
vient ajouter la modification, c'est: par le remplacement, dans la
troisième ligne du premier alinéa, des mots "un employé
de", par les mots "une personne désignée par", qui n'est pas
nécessairement un employé.
M. Maltais (Roch): Non, c'est justement...
M. Vallerand: C'est la correction ou l'amendement qu'on veut
apporter, parce que ça posait certains problèmes dans la
délégation d'autoriser un membre du gouvernement à engager
la Société pour différentes raisons. Je pense que
l'exemple qui a été apporté a été le choix
de l'appartement du délégué général à
New York. Nous fallait-il envoyer nécessairement quelqu'un pour signer
le bail, c'est-à-dire quelqu'un de la Société, parce qu'on
ne pouvait déléguer ce pouvoir à une autre personne, qui
aurait pu être le délégué général du
Québec à New York à l'époque? C'est pour
éliminer ce genre de contraintes administratives qu'on dit Toute autre
personne".
M. Maltais (Roch): II y a eu aussi les cas d'emprunts...
M. Vallerand:... d'emprunts à l'étranger
également.
M. Maltais (Roch):... où, au lieu de pouvoir être
représenté par le représentant du Québec à
l'étranger, il fallait qu'un fonctionnaire...
M. Vallerand:... se déplace pour aller faire...
M. Jolivet: Et dans le deuxième cas, on dit, à la
deuxième phrase... En fait, la dernière partie du deuxième
alinéa a été enlevée, ce qui permet alors d'avoir
plus de facilité d'agir dans le dossier.
M. Maltais (Roch): Cette deuxième phrase apporte une
réserve qui, auprès de certaines institutions financières,
soulève des doutes sur la valeur des fac-similés eux-mêmes.
À un moment donné, quand on prend la peine de faire faire des
appareils lithographiés pour la signature de telle ou telle personne,
qu'on a des fac-similés de ces signatures et qu'on peut difficilement,
ou du moins avec réticence... Certaines institutions financières
trouvent que le contreseing n'est pas là, qu'il faudrait la
contresigner, ce qui fait qu'à un moment donné... De toute
façon dans la grande majorité des corporations d'État, les
signatures lithographiées ou par fac-similés n'ont pas à
être contresignées. Cela nous cause
toujours des problèmes de reprendre ces discussions auprès
de chaque nouvelle institution financière avec laquelle la SIQ va faire
affaire. C'est un peu pour ça que...
M. Vallerand: Un exemple concret, encore une fois, de ce
problème, c'est qu'il y a quelque temps, la SIQ a fait un emprunt de 50
000 000 $, qui était fait de certificats d'obligations, avec autant de
coupons, 600 certificats d'obligations avec autant de coupons, et l'emprunteur,
parce qu'il soupçonnait fa validité ou la valeur de la signature,
a demandé que chacun des coupons soit contresigné. On a
réquisitionné tout le personnel de ta SIQ pendant une
journée pour faire contresigner l'émission en question.
M. Maltais (Roch): Cela faisait plusieurs dizaines de milliers de
coupons à signer.
M. Vallerand: Je pense que ça illustre très bien le
genre de contraintes administratives que ça impose à la SIQ.
M. Jolivet: J'ai une question qui est subsidiaire à
celle-là, qui a trait au pouvoir de contracter de la
Société. Mais avant ça, actuellement, il y a donc des
postes, des fonctions, qui ont le pouvoir, selon le règlement actuel, de
signer. Cela ne changera pas, dans le fond, avec ce qui existe actuellement. La
seule chose, c'est de dire que ce n'est pas nécessairement un
employé...
M. Maltais (Roch): Cela va permettre peut-être, si vous me
le permettez, M. le ministre...
M. Vallerand: Je vous en prie.
M. Maltais (Roch):... de dire, dans le règlement,
ça va nous obliger à l'amender parce que si on veut
bénéficier de l'amendement, on va amender le règlement
pour dire, que, par exemple - c'est un exemple que je donne - un
délégué général du Québec en poste
à l'étranger pourra signer tel genre de contrats. Cela nous
permettra de dire ça.
M. Jolivet: Donc, ce n'est pas...
M. Maltais (Roch): Ou de dire, par exemple, qu'un
représentant du ministère des Finances qui aura à
être présent lors de telle ou telle transaction pourra signer pour
la SIQ. (12 h 45)
M. Jolivet: Donc, on ne dit pas: C'est M. Roy, c'est M.
Hubert.
M. Maltais (Roch): Ah! non, non...
M. Jolivet: On dit: c'est le poste, la fonction
occupée.
M. Maltais (Roch):... II y aura des fonctions.
Comme je vous disais tantôt...
Une voix: On va le demander chaque fois.
M. Maltais (Roch): Ce sont des cas, il faut déterminer des
cas dans le règlement. Alors, le cas est autant pour la personne qui
n'est pas employée que pour l'employé. Alors, ça ne
changera rien.
M. Jolivet: D'accord. Mes questions qui ont trait à
l'autre partie sont celles-ci. On sait que les engagements financiers d'un
ministère peuvent être vérifiés, parce que là
on va donner en fait le pouvoir de faire des contrats à d'autres
personnes qu'aux employés eux-mêmes. Donc, on sait que les
engagements financiers d'un ministère peuvent être
vérifiés régulièrement en commission parlementaire
quand leur valeur dépasse 50 000 $ et plus, mais, en dessous... Ce n'est
pas rendu à 50 000 $?
Une voix: 25 000 $.
M. Jolivet: C'est 25 000 $, quand la valeur dépasse 25 000
$. Au-dessous de ce montant, les informations font régulièrement
l'objet d'une demande de renseignement par l'Opposition officielle lors de
l'étude des crédits. Dans le cas de la Société, ce
n'est pas tout à fait comme ça actuellement. L'information sur
les contrats de moins de 25 000 $ ne suffit pas car, à notre
connaissance, il n'y a pas de référence où l'on peut
trouver la liste des fournisseurs de services pour un montant supérieur
à 25 000 $. Il me semble qu'il serait utile de pouvoir consulter la
liste des fournisseurs de la Société, avec l'indication des
montants qu'ils ont reçus pour les années 1986-1987, 1987-1988 et
1988-1989, en suivant la classification du fichier des fournisseurs de
services: premièrement, entrepreneurs en construction,
deuxièmement, professionnels reliés à la construction,
troisièmement, professionnels de l'administration et de la recherche. On
croit qu'il faudrait ajouter les fournisseurs de services qui n'entrent dans
aucune catégorie, par exemple, les services juridiques.
Dans ce sens, est-ce que le ministre accepterait de prendre les mesures
afin que cette information, qui est d'intérêt public, soit rendue
publique pour tous les contrats d'une valeur de plus de 25 000 $ qui ne sont
pas inscrits au livre des crédits?
M. Vallerand: Oui, je pense que j'aurais une réponse et
une question pour m'assurer que je comprends bien le sens de la question du
député de Laviolette.
Premièrement, je ne crois pas que les sociétés
d'État soient assujetties à la vérification des
engagements financiers, et ce n'est pas le cas de la SIQ non plus.
Deuxièmement, ce que vous soupçonnez peut-être, ce
que j'ai cru comprendre, pour
l'associer aux pouvoirs de délégation par une autre
personne qu'un employé de la SIQ, vous craignez que cette personne ne
puisse prendre des engagements financiers au nom de la SIQ et, n'étant
pas employée de la SIQ, puisse soustraire l'examen de cet engagement au
niveau qui doit faire le suivi de ces engagements. Je peux vous rassurer; d'une
part, la SIQ n'est pas assujettie à ça, et, deuxièmement,
dans le cas qui nous préoccupe, quand on désigne une autre
personne, parce que l'intention de désigner une autre personne qu'un
employé de la SIQ est à la marge, c'est uniquement pour pallier,
par exemple, les difficultés d'engagements financiers - à
l'étranger, quand on a un représentant du gouvernement du
Québec qui est là et qui peut le faire - et d'éviter
d'envoyer quelqu'un de la SIQ, mais c'est la marge, ce n'est pas...
M. Jolivet: En fait, le but de ma question est le suivant. Il est
évident qu'il faut que quelqu'un supervise l'ensemble des contrats
signés pour s'assurer qu'ils ont été dans les mandats
confiés par le conseil d'administration à l'intérieur de
ses droits et privilèges. Mais comme, normalement, on reçoit la
liste - je ne suis pas le critique officiel, mais on m'a donné ces
renseignements - des contrats de moins 25 000 $, on s'est demandé
pourquoi on n'aurait pas, à ce moment-là, la liste de ceux de
plus de 25 000 $. Si on les a pour les contrats de moins de 25 000 $. pourquoi
ne les aurait-on pas pour ceux de plus de 25 000 $ - c'est dans ce
sens-là que ma question était posée - et selon la
classification prévue par le fichier des fournisseurs de services?
Est-ce que ça veut dire que la prochaine fois qu'on étudiera
ça, on le demandera et on l'aura? C'est la question qu'on se posait,
dans le fond.
M. Vallerand: C'est parce que j'essaie de comprendre le sens de
votre question. L'étude des engagements financiers du ministère
des Approvisionnements et Services se fait régulièrement avec
l'Opposition. On y dévoile tous les engagements financiers de moins de
25 000 $ et également les engagements financiers de plus de 25 000 $, la
liste des soumissions publiques ou la liste de tous les achats qui ont
été faits par appel de candidature ou autrement - au-delà,
oui - mais ça ne s'applique pas à la SIQ. Elle procède par
la soumission de son budget de fonctionnement.
M. Jolivet: D'accord. Je croyais - en tout cas, je pourrai
vérifier davantage - qu'on recevait la liste des contrats de moins de 25
000 $ même de la SIQ. Alors, je me disais que si on recevait la liste de
ceux de moins de 25 000 $ pourquoi, à plus forte raison, ne devrait-on
pas recevoir ceux de plus de 25 000 $? Qu'est-ce qui l'empêcherait, au
fond?
M. Maltais (Roch): M. le ministre, je ne crois pas que, de toute
façon, la SIQ soumettait ces vérifications.
M. Vallerand: Ses dépenses sont dans les comptes publics
et vérifiables...
M. Maltais (Roch): Ses dépenses sont dans les comptes
publics. Son budget est approuvé.
Le Président (M. Lemieux): À l'étude des
crédits, II y a toujours possibilité de poser des questions sur
les dépenses. Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi 117, Loi modifiant la Loi sur la Société
immobilière du Québec, est adopté?
M. Jolivet: Adopté. Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 117, Loi modifiant la
Loi sur la Société immobilière du Québec,
est adopté?
M. Jolivet: Avec réticence.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Le projet de loi
117, Loi modifiant la Loi sur la Société Immobilière du
Québec, est adopté. Nous ajournons nos travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
(Reprise à 20 h 50)
Projet de loi 134
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, si vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît La commission du budget et
de l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 134, Loi sur les
intermédiaires de marché M. le secrétaire, est-ce qu'il y
a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Cardinal
(Châteauguay) remplacera M. Després (Limoilou).
Le Président: (M. Lemieux): Merci, M. le
secrétaire. Je permettrais maintenant à M. le ministre et, par la
suite, au porte-parole officiel de l'Opposition de faire des remarques
préliminaires. M. le ministre. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Un mot avant les remarques préliminaires, j'ai
communiqué avec le secrétaire de la commission, parce qu'on m'a
dit qu'il y avait eu un document qui aurait été transmis par la
Commission des valeurs mobilières à la commission. Le
secrétaire dit qu'il a reçu un document - c'est ce qu'il m'a dit
à l'extérieur - je pense bien qu'il n'y a pas de secret
là-dedans...
M. Fortier: II y a un secret, je n'étais pas au
courant.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Comment se fait-il que vous soyez au courant et que
je ne le sols pas? C'est curieux.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, monsieur. Est-ce
qu'effectivement, M. le secrétaire, vous avez eu un document de la
Commission des valeurs mobilières du Québec?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. C'est
arrivé à 20 heures.
Le Président (M. Lemieux): C'est arrivé à 20
heures ce soir?
Le Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ah! C'est arrivé
à 20 heures ce soir. Pourriez-vous m'en donner une copie pour que je
puisse le prendre tout au moins? J'imagine que vous voulez qu'on en fasse le
dépôt et la distribution? Avant, M. le député de
Lévis, j'aimerais, comme président, vu qu'on l'a reçu
à 20 heures, pouvoir en prendre connaissance et, par après, je
verrai s'il y a lieu d'en autoriser le dépôt et la distribution.
Effectivement, je vois que c'est tout chaud en plus de ça. C'est
même brûlant. J'en prends connaissance, M. le député
de Lévis. Je vous remercie de votre information. Je l'ignorais moi
aussi. C'est la première fois que je vois un tel document devant moi.
J'en prends connaissance et, par la suite, j'en autoriserai la distribution.
Est-ce qu'il y a autre chose, M. le député de Lévis?
M. Garon: Bien, ça concerne le projet de loi. Si on
étudie le projet de loi, il faudrait avoir le document.
Le Président (M. Lemieux): Je veux bien le croire, M. le
député. Oui?
M. Garon: II n'est pas nécessaire que vous soyez d'accord
ou non avec le document ou que quiconque soit d'accord ou non. C'est un
organisme qui donne son opinion. Je n'ai pas vu le document.
Le Président (M. Lemieux): Je ne l'ai pas vu non plus,
mais je voudrais me réserver tout au moins le droit, comme me le permet
le règlement, de le prendre en délibéré, en vertu
de l'article 162 de notre règlement, qui dit: "Un document ne peut
être déposé en commission qu'avec la permission de son
président. " Je vois que votre conseiller est derrière vous et
fait un signe que oui, c'est bel et bien le cas, je pense. Alors, je me
réserve le droit de le prendre en délibéré.
M. Garon: Je voudrais, M. le Président, que vous
suspendiez peut-être les travaux de la commission et que vous en preniez
connaissance. Cela ne nous donnera rien d'avoir le document une fois qu'on aura
étudié le projet de loi. À ce moment-là, si vous
voulez en prendre connaissance, ça ne me fait rien qu'on suspende les
travaux de la commission, autrement ça devient ridicule.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, il s'agit d'un document d'un organisme qui s'appelle la
Commission des valeurs mobilières du Québec. Ce document nous a
été remis à 20 heures ce soir. Je comprends mal comment il
se fait que la Commission des valeurs mobilières ne nous ait pas fourni
ce document avant 20 heures ce soir. J'imagine qu'il devait être
prêt avant M. le ministre n'en a pas eu copie. La commission comme telle
en est saisie à 20 h 51 et j'ai rendu la décision suivante,
à savoir que nous allons procéder, mais permette2-moi, comme je
l'ai dit tout à l'heure, selon la décision que j'ai rendue en
vertu de l'article 162, de prendre ce document en
délibéré. Je pense qu'il n'y a pas anguille sous roche, il
n'y a pas quoi que ce soit, je pense qu'on est en démocratie et que la
présidence, avec sa responsabilité, a le droit de se
réserver de prendre ce document en délibéré.
M. Garon: Cela veut dire, M. le Président,
concrètement, comme on va siéger jusqu'à minuit, qu'on va
étudier le projet de loi sans avoir un document qui est supposé
nous renseigner, nous donner une opinion sur le projet de loi. Il ne s'agit pas
d'un organisme politique, il s'agit d'un organisme quasi judiciaire qui a des
fonctions de responsabilités et qui a fait parvenir son opinion. Le
ministre disait tout à l'heure qu'il avait sollicité l'opinion de
la Commission des valeurs mobilières et qu'il avait
intégré certaines dispositions dans le projet de loi. J'imagine
que si la Commission des valeurs mobilières a fait parvenir un
document à la commission - je ne sais même pas par qui c'est
signé, je n'en ai pas d'Idée - normalement, c'est pour qu'on en
prenne connaissance avant de l'étudier. Autrement, vous allez nous
remettre le document et vous ne pourrez pas le lire avant minuit puisqu'on doit
siéger jusqu'à minuit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, non...
M. Garon: À moins que vous ne vous fassiez remplacer par
un président de séance et que vous ne le regardiez en
attendant.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Lévis. Premièrement, j'ai rendu une
décision et je vous ferai remarquer une chose, je n'ai pas dit que ce
document ne serait pas dépose ni distribué. Je vous ai dit que je
prenais le document en délibéré. Nous avons un ordre de la
Chambre de procéder, j'ai rendu une décision et vous savez fort
bien que je ne voudrais pas qu'on revienne sur la décision qui a
été rendue. Vous connaissez le règlement à cet
effet.
Je procéderais aux remarques préliminaires. M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
M. Fortier: Sur une question de règlement..
Le Président (M. Lemieux): Sur une question de
règlement.
M. Fortier:... dans un esprit de collaboration, moi aussi
j'aimerais prendre connaissance du document, mais J'aimerais dire au
député de Lévis que je pense qu'on peut procéder.
Remarquez bien, comme je l'ai Indiqué en Chambre tout à l'heure,
que j'ai fait parvenir le projet de loi à la Commission des valeurs
mobilières du Québec avant même d'aller au Conseil des
ministres et qu'on a même fait des modifications avant d'aller au Conseil
des ministres. J'en prends à témoin l'Inspecteur des institutions
financières qui a fait de nombreuses modifications au projet de loi pour
tenir compte des commentaires de la Commission des valeurs mobilières.
Si, d'ores et d'aventure, il y avait des commentaires pertinents qui pouvaient
affecter certaines des choses que nous ferions ce soir - enfin, j'imagine que
les commentaires qu'ils ont à faire sont des questions de détail
- je voudrais dire au député de Lévis que je crois qu'on
peut avancer et que s'il y avait un ou des articles qui pouvaient être
modifiés à la suite des commentaires, je lui donne
immédiatement mon consentement pour qu'on revienne pour modifier l'un ou
l'autre article, mais je crois qu'on devrait procéder. Il est malheureux
que la Commission ait pris tant de temps pour nous faire parvenir ses
commentaires puisque le projet de loi a été déposé
I y a trois semaines...
M. Garon: Quinze jours. M. Fortier: C'était le 13
mai... M. Garon: Le 15 mai.
M. Fortier:... et qu'il y a d'autres organismes qui ont fait
parvenir des commentaires. En conséquence, je crois qu'on devrait
procéder, mais en lui donnant mon consentement d'avance que, s'il
était nécessaire de modifier un article ou l'autre du projet de
loi, on le fera demain à la première occasion.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
ministre. La décision a été rendue. Les remarques
préliminaires, M. le ministre.
M. Garon: J'ai une question d'information.
Le Président (M. Lemieux):
Oui, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Est-ce que vous voulez dire que, comme vous demeurez
président, vous ne prendrez pas connaissance du document avant minuit?
Si vous ne vous faites pas remplacer pour aller regarder le document, ceia veut
dire que les possibilités qu'on ait le document avant minuit sont
inexistantes. Demain matin, nous avons une période de questions à
10 heures, je ne sais pas si on ira en commission parlementaire demain, mais
j'imagine que c'est possible, je ne le sais pas. Cela veut dire que, là
encore, on va recommencer demain sans avoir eu le document. Cela n'a pas trop
de bon sens, à moins que vous ne pensiez que ce soit un document
licencieux, qui doit avoir un nihil obstat ou un imprimatur. Je pense que si
vous acceptiez de vous faire remplacer par un président de séance
pour le regarder pendant ce temps-là.
M. Fortier: Le président est irremplaçable.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, au moment où l'on se parle, je n'ai pas l'intention de me
faire remplacer. Je vous ai mentionné que je le prendrais en
délibéré. Je ne me vois pas forcé, comme
président, de rendre une décision dans les minutes ou dans
l'heure qui suivra. Je prendrai connaissance du document. Cette commission
siège demain matin à 10 heures. M. le ministre semble manifester
beaucoup d'ouverture d'esprit, beaucoup de compréhension, en indiquant
que si effectivement 1 y a des éléments du mémoire qui a
été déposé par la Commission des valeurs
mobilières qui nous obligent à faire un retour à certains
articles, nous allons y revenir. C'est bien dans ce sens-là que j'ai
compris votre intervention, M. le ministre. En ce sens, je pense que personne
ne peut être pénalisé et je me réserve le droit
d'avoir à rendre cette décision demain à l'ouverture de la
présente commission à 10 heures. J'inviterais M. le ministre
à faire les remarques préliminaires. M. le ministre.
M. Garon: Concrètement, c'est la première fois que
je vois le président dire qu'il veut voir le document d'information
avant pour ne pas le déposer. Quels seraient les motifs qui pourraient
vous amener à refuser de le déposer?
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Lévis, vous êtes un parlementaire...
M. Fortier: Un vieux parlementaire.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes un
parlementaire qui avez une expérience très approfondie de la
procédure et vous savez tout autant que moi que je n'ai pas à
motiver ce genre de décision. Vous connaissez bien le règlement
et je n'ai pas à le motiver. C'est le droit de la présidence
d'avoir à rendre une décision sans qu'il y ait des motifs, et
j'ai rendu la décision, M. le député de Lévis. Ce
n'est pas la première fois que la présidence se réserve le
droit d'avoir à consulter des documents. Souvenez-vous, lorsqu'il y a eu
la consultation avec la Commission des valeurs mobilières, il avait
été demandé qu'un organisme dépose un rapport, et
j'ai demandé effectivement qu'on puisse en prendre connaissance avant,
mais ce n'est que le lendemain qu'il avait été
déposé. Or, ce n'est pas un précédent. C'est une
question d'éthique tout simplement. Et je pense que la présidence
a le droit, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, en vertu de
nos règles de procédure, de se réserver ce
droit-là. En conséquence, sans plus tarder, M. le ministre, les
remarques préliminaires, la décision ayant été
rendue et finale. M. le ministre. (21 heures)
Remarques préliminaires
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Mes remarques préliminaires vont être
très simples, M. le Président, nous avons évoqué du
principe. J'ai indiqué à l'Assemblée nationale que
j'étais très réceptif à des améliorations au
texte législatif et nous avons reçu, comme le
député de Lévis l'a indiqué, lui, moi et les autres
membres de la commission, des commentaires de différents groupes. Je
demanderais à l'inspecteur de préparer des papillons qui
pourraient s'inspirer de certains commentaires que nous avons reçus. En
conséquence, M. le Président, je crois que le secrétaire a
déjà en main certains papillons que l'inspecteur vous a remis. Je
ferais motion pour déposer ces papillons immédiatement pour
permettre justement au député de Lévis d'en prendre
connaissance puisqu'à l'article 1, il y a un papillon, et ce, afin de
tenir compte d'un des commentaires fait sur le vocable de "gestionnaire de
risques".
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
J'autorise la distribution.
M. Garon: Sans les regarder?
Le Président (M. Lemieux): II s'agit d'amendements, M. le
député de Lévis, que nous passerons...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, M. le
député de Lévis, il y a une différence entre un
commentaire global sur un projet de loi et... À votre sourire, je
comprends que vous avez tout compris. Cela va. J'en autorise ta
distribution.
M. Garon: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Le premier papillon, M. le Président, se
réfère justement au vocable "gestionnaire de risques". Avec
raison, nous avons reçu une ou des représentations... Vous voulez
mes remarques préliminaires?
Le Président (M. Lemieux): J'ai autorisé, M. le
ministre, le dépôt...
M. Fortier: Je n'en avais pas. J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): ...et vous avez terminé
vos remarques préliminaires?
M. Fortier: Oui. J'ai terminé.
Le Président (M. Lemieux): M. le député,
vous avez des remarques préliminaires.
M. Garon: Je me demandais si...
Une voix: Un instant, j'ai un cahier, monsieur.
M. Fortier: M. le Président, avec votre permission, je
demanderais qu'on distribue aux députés le cahier dit du ministre
qui donne les explications sur chaque article de la loi.
Le Président (M. Lemieux): Comme je le mentionnais tout
à l'heure, M. le député de
Lévis, vous voyez l'ouverture du ministre. J'autorise la
distribution.
M. Garon: Ce n'est pas de l'ouverture de vouloir que les seuls
documents qu'on voit soient les siens.
M. Fortier: Ce ne sont pas mes documents, ce sont ceux de
l'inspecteur général, mais je les fais miens. J'en assume toute
la responsabilité, parce que c'est un excellent travail. Cela me fait
même plaisir d'en assumer la responsabilité. D'ailleurs, je dois
dire que j'ai été épaté par la qualité des
services que m'a rendus le service du contentieux de l'Inspecteur
général des institutions financières, y inclus le nouveau
Surintendant des assurances, qui était autrefois avocat au
contentieux.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous des remarques
préliminaires, M. le député de Lévis?
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, vous me mettez un peu dans
l'obligation, par votre décision, de procéder très
lentement à l'étude du projet de loi, puisque, normalement, des
parlementaires qui étudient un projet de loi veulent avoir toute
l'information voulue concernant les projets. Je peux vous dire que j'ai
reçu à plusieurs reprises au cours des deux dernières
journées des renseignements de toutes sortes de groupes qui voulaient
nous faire connaître leurs points de vue. On a reçu tous ceux qui
ont voulu nous rencontrer ou qui ont voulu nous remettre des documents. Sans se
plaindre du fait que les documents soient arrivés hier ou aujourd'hui,
on est conscients que, pour les produire hier ou aujourd'hui, il fallait que
les organismes fassent diligence, le projet de loi n'ayant été
déposé que le lundi 15 mai, alors que nous sommes rendus au 1er
juin.
M. Fortier: Cela a été déposé le 13
mai.
M. Garon: Ce n'est pas possible. Le 13 mai, c'était un
samedi, on ne siégeait pas. Au contraire, iI y a eu session, justement,
le lundi 15 mai pour permettre à un gouvernement imprévoyant, qui
a une mauvaise planification...
M. Fortier: On l'a déposé le vendredi.
M. Garon:... de déposer ses projets de loi un lundi, parce
que la planification des travaux de la Chambre...
M. Fortier: Pas le 15 mai.
M. Garon:... était tellement mal faite. Autrement, on
n'aurait pas eu le dépôt des projets de loi en temps utile, s'il
n'y avait pas eu session le 15 mai, alors que nos règlements ne
prévoyaient pas qu'on siège le 15 mai. Au contraire, le 15 mal,
les députés auraient dû être dans leur
comté.
M. Fortier: Le 11 mai.
M. Garon: M. le Président, je comprends que,
techniquement, vous avez le droit de rendre la décision que vous avez
rendue, sauf que techniquement peut avoir raison et que l'opinion publique
dise: Cela n'a pas de bon sens. L'opinion publique sait bien que des gens qui
vont étudier un projet de loi important, qui a 52 pages et 261 articles,
doivent avoir le meilleur éclairage possible, doivent avoir toutes les
facettes d'un projet de loi. J'ai fait, lors du discours de deuxième
lecture sur le principe de la loi, des commentaires au sujet des demandes qui
nous avaient été faites par des personnes qui souhaitaient qu'il
y ait un débat sur certains aspects du projet de loi, pas parce qu'elles
étaient contre, mais parce que des notions qu'on trouve dans le projet
de loi comme objectifs peuvent être valables tout en supposant une
discussion sur les modalités...
Je pense, par exemple, que quand un projet de loi arrive au fond
à reconnaître trois types de cabinets de courtage au point de vue
de la propriété, ceux qui sont...
M. Fortier: II y en a deux.
M. Garon: Ceux qui auront respecté la loi,
c'est-à-dire qui auront fait en sorte.
M. Fortier:... respecté...
M. Garon:... c'est-à-dire dont le courtier aura
gardé 51 %...
M. Fortier:... avec de bons avocats.
M. Garon:... des actions pour avoir la majorité, tel que
le voulait et le veut encore la Loi sur les courtiers d'assurances, tant que
cette loi n'est pas adoptée, ceux qui auraient - et on me drt qu'il y en
aurait un certain nombre qui auraient outrepassé, qui n'auraient pas
respecté les obligations de la loi et dont leur cabinet serait la
propriété, à plus de 51 %, de groupes qui les
contrôleraient en dehors de la légalité de la loi - et ceux
qui, maintenant, seront assujettis à la norme de 20 % parce que le
capital-actions de leur cabinet n'a pas été vendu avant
aujourd'hui. On va se retrouver avec trois types de cabinets de courtage. Moi,
je trouve ça malsain, je trouve malsain qu'on fasse des lois où
l'on dit maintenant qu'on se trouve à reconnaître les gens qui ont
outrepassé la loi plutôt que de s'y conformer. Si, selon la loi,
ce doit être 20 %, ce doit être 20 % pour tout le monde, ou bien
c'est 49 % et c'est 49 % pour tout le monde, ou bien il n'y a pas de limitation
et il n'y a pas de limitation pour personne.
On ne peut pas avoir des régimes d'exception un peu comme pour
les enfants dans les écoles qui n'avalent pas respecté la loi 101
et à qui on a dit: On vous légalise. Vous autres, vous n'avez pas
respecté la loi, mais on dit: II n'y a plus de problème, on va
tenir compte du fait que vous n'avez pas respecté la loi. À ce
moment-là, on peut faire des lois pour respecter toutes sortes de
choses. Normalement, ce n'est pas comme ça que l'administration doit
fonctionner. Ce projet de loi, à mon avis, va créer des
catégories de cabinets: des gros, qui auront des actionnaires qui les
contrôleront, qui auront une possibilité de capitalisation
fantastique; des moyens, qui seront limités mais moins limités;
des petits, qui seront complètement limités. Je trouve que c'est
une façon curieuse de procéder et je comprends mal, au fond, que
le gouvernement fonctionne de cette façon.
Je pense que si le gouvernement fait des règles, elles doivent
s'appliquer à tous de façon équitable et non s'appliquer
de façon particulière,
selon qu'on aura outrepassé ou qu'on n'aura pas outrepassé
les lois dans le passé. Il y a aussi un certain nombre de questions qui
vont devoir être soulevées par rapport à la façon de
concevoir les choses. Dans les remarques préliminaires, je sais, par
exemple, que par rapport à l'article 20, le ministre disait tout
à l'heure que c'était facile d'y répondre. J'aimerais
savoir, par exemple, si la rémunération d'un expert en sinistre
s'établit sur une base d'honoraires, si ça veut dire que la
formule actuelle, qui est une base de rémunération sur
commission, en bonne partie, va être permise parce que cet article n'est
pas clair. On dit que ça sera établi sur une base d'honoraires.
Est-ce qu'on veut dire que ça va être uniquement des honoraires,
c'est-à-dire un tarif à l'heure ou un tarif forfaitaire, ou s'il
va y avoir une participation sous forme de commission? Dans ce cas-là,
je pense bien que la commission va augmenter avec le montant qu'aura obtenu
l'assuré.
Alors, on n'est pas sur la même base de commission où
quelqu'un a une commission qui augmente avec le volume, alors qu'il a
intérêt à vous vendre au maximum même si vous n'avez
pas nécessairement intérêt à acheter au maximum. On
est dans le cas des avantages. Cela veut dire, pour l'assuré, obtenir
davantage lors d'un sinistre. C'est la première question que je voudrais
poser. Évidemment, je ne poserai pas toutes mes questions avant
l'étude du projet de loi article par article mais lorsque nous les
verrons. Je ne veux pas faire toutes mes remarques préliminaires en
même temps nécessairement. Puis-je poser mes questions avant et en
plusieurs fois?
Le Président (M. Lemieux): S'il y a consentement, M. le
député de Lévis.
M. Fortier: Allez-y, je pense qu'on va pouvoir faire le tour.
M. Garon: J'aimerais vous poser la question tout de suite parce
que je...
M. Fortier: Non, d'accord. Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): S'il y a consentement, je n'ai
pas d'objection.
M. Fortier: Cela nous permet d'éclaircir les enjeux. C'est
bon. Alors, vous voulez qu'on réponde?
M. Garon: J'aime autant, oui.
Discussion générale
Indépendance des bureaux de courtage
d'assurances
M. Fortier: En ce qui concerne le premier point, tes trois
classes de courtiers, je pense qu'il va y en avoir seulement deux. Étant
donné qu'il y a des points juridiques reliés à la clause
"grand-père", parce qu'il est vrai, à première vue, on
s'est rendu compte que certaines compagnies d'assurances n'ont pas
respecté la Loi sur les courtiers d'assurances, mais se sont
prévalues de certains articles de la Loi sur les assurances. Comme c'est
un peu technique, je demanderais à l'inspecteur de nous l'expliquer.
À la suite du dépôt du projet de loi 113 au mois de
décembre, nous avons eu de nombreuses représentations puisque
nous ne connaissions pas dans le détail les particularités de
l'achat des bureaux de courtage. À la suite du projet de loi 113, comme
par hasard, toutes les compagnies d'assurances qui avaient acheté des
courtiers se sont manifestées pour nous faire valoir leur situation
particulière. Je devrais dire, comme de raison, que, quand on rend
service aux gens, on n'a pas beaucoup de félicitations. Mais à la
suite de représentations, nous avons amélioré la clause
"grand-père" pour permettre justement de respecter certains droits
acquis. Je demanderais à l'inspecteur de nous expliquer la situation eu
égard à certains articles de la Loi sur les assurances, eu
égard à ta Loi sur les courtiers d'assurances, pour nous dire
qu'en fait, il s'agit d'une situation où II y avait un vide juridique
qui avait été identifié il y a de cela plusieurs
années. Même M. Parizeau, quand il était ministre des
Finances, avait dit que c'était une situation qui devait être
clarifiée. Là, nous sommes en train de la clarifier. Mais c'est
une situation qui dure depuis un certain nombre d'années. M. Bouchard,
si vous voulez l'expliciter sur le plan technique, tout simplement.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier, M.
l'Inspecteur général des institutions financières. (21 h
15)
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, Jean-Marie Bouchard, Inspecteur
général, M. le Président. Rapidement, c'est ceci. La Loi
sur le courtage immobilier, comme vous le savez, remonte à 1963 et
prévoyait une disposition formelle en ce sens qu'une
propriété d'une société de courtage ne pouvait pas
être détenue à plus de 49 % par des membres qui
n'étaient pas des courtiers agréés de l'association.
Par ailleurs, subséquemment à cette loi, en 1974, la Loi
sur les assurances a été édictée et l'article 330
de la Loi sur les assurances prévoyait que l'Inspecteur
général pouvait délivrer des permis à des
corporations. L'article 330 de la Loi sur les assurances ne faisait pas la
même exigence que la Loi sur le courtage immobilier, c'est-à-dire
que la majorité des actions soient détenues par des courtiers,
avec comme conséquence qu'il s'est élaboré au cours des
années une interprétation qui est devenue jurisprudentielle,
selon laquelle la Loi sur les assurances qui a été adoptée
subséquemment à la Loi sur les
courtiers d'assurances avait préséance sur la Loi sur les
courtiers de telle sorte que l'Inspecteur général pouvait
délivrer des permis à des corporations dont la
propriété n'appartenait pas à 51 % à des courtiers
parce que la Loi sur les assurances n'en faisait pas mention.
Deuxièmement, la Loi sur les courtiers d'assurances, qui a
été rédigée en 1963, l'a été dans le
langage juridique qui prévalait à cette époque. Vous savez
comme moi, qu'à cette époque, il n'y avait pas de distinction
aussi marquée, aussi développée dans le capital-actions
des entreprises, il y avait des actions ordinaires et des actions
privilégiées. Les actions ordinaires avaient des droits de vote,
tandis que les actions privilégiées pouvaient en avoir, suivant
il y avait des dividendes ou non. Règle générale, de toute
façon, la ligne de démarcation était qu'il y avait des
actions ordinaires avec droit de vote. La loi sur Ie courtage a donc
été rédigée en fonction d'actions ordinaires ayant
droit de vote, c'est-à-dire que 51 % des actions ordinaires ayant droit
de vote devaient appartenir à des courtiers.
Depuis ce temps, le système corporatif s'est
développé considérablement et nous avons maintenant une
pléthore de possibilités de capital avec des actions
participantes, votantes ou non, avec plus ou moins de conditions. Ainsi,
l'article en question de la loi sur le courtage pouvait faciement être
contourné par quiconque, tout en en respectant la lettre et
peut-être l'esprit, en attribuant, entre autres, aux Institutions
financières, jusqu'à 100 % des actions d'équité et
en conservant aux Institutions financières seulement 49 % des actions de
droit de vote, laissant ainsi aux courtiers 51 % des actions de droit de vote
mais, dans certains cas, presque rien au point de vue de
l'équité. Donc, l'équité appartenait à des
institutions financières, des compagnies d'assurances, la plupart du
temps. Par ailleurs, les droits de vote étaient exercés par le
courtier au point de vue nominal. Lorsque vous êtes propriétaire
de l'équité, et non du droit de vote, vous savez comment, en
pratique, cela peut se passer. De plus, iI y avait, dans d'autres
circonstances...
M. Garon: J'aimerais mieux que vous me le disiez.
M. Bouchard: Pardon?
M. Garon: J'aimerais mieux que vous me disiez comment ça
se passe.
M. Fortier: The golden nie, the one who has the gold rules'.
M. Bouchard: Lorsque vous êtes propriétaire des
actions d'une entreprise qui vous donnent droit à tous les
bénéfices, y compris les surplus en cas de distribution, vous
êtes dans une situation assez bien placée pour dicter, même
si vous n'avez pas les 51 % des actions de droit de vote, à votre
entreprise les orientations que vous voulez qu'elle prenne. C'est clair. C'est
là où se trouve l'argent, là où est
l'équité, là où sont l'intérêt et la
propriété véritable.
La propriété véritable se trouve dans les actifs et
dans le "goodwill" que représente la firme en question. Dans ce scheme,
qui s'est développé tout à fait légalement - I
n'est pas question de prêter des intentions de malveillance à qui
que ce soit - il s'est développé ce qui existait et qui a pris
une ampleur, ce qu'on appelle les "voting trusts" en bon français, ou
les conventions de vote, en dépit du fait que, nominalement, un courtier
pouvait être propriétaire de 51 % des actions, lequel avait
convenu de voter dans le sens de celui qui détenait soit la
totalité, soit la majorité des actions
d'équité.
Troisièmement, des conventions d'achat-vente étaient
prévues. Elles prévoyaient qu'advenant certaines circonstances,
et plus particulièrement le décès, les actions du
propriétaire nominal de cette firme de courtage étaient
achetées, à son décès, par la compagnie d'
assurances qui avait un droit de préemption.
Tout cela fait en sorte qu'en marge de la loi. laquelle avait
été édictée dans un but d'indépendance du
courtier dans le temps, fixée à 51 % des actions, il s'est
développé une pratique faisant que certaines compagnies
d'assurances s'en sont prévalues.
M. Fortier: Qui a été dénoncée
à un certain moment.
M. Bouchard: Qui fut dénoncée mais il appartenait
à l'Association des courtiers, en vertu de sa loi, de faire respecter
celle-ci. C'est ce qui a fait que les firmes de courtage ont été
acquises, ce qui s'est fait ouvertement, au vu et au su de tout le monde. Les
gens le savaient.
Lorsque le ministre a déposé son projet de loi à la
suite de l'énoncé de politique du gouvernement, qui indique que
l'indépendance des courtiers doit être maintenue, la règle
a été fixée à 20 %. Ces 20 % ont été
pris dans les mémoires déposés par les différents
représentants de courtiers.
Par contre, lorsque le "bill" 113 a été
déposé, il n'y avait pas de clause "grand-père". Cela a eu
pour conséquence que toutes les compagnies qui avaient, de bonne foi,
dans le sens que je viens de vous expliquer, acquis des entreprises au fil des
ans, se trouvaient dans la pénible situation de devoir ou bien liquider
les entreprises acquises, ou alors que celles-ci deviennent des agences
directes, ce qui n'était pas du tout leur intention ni leur
intérêt.
Les amendements apportés ici aux articles
55 et 56 consistent simplement à reconnaître l'état
de fait, les droits acquis existant déjà au moment où le
ministre a déposé son projet de loi, en décembre.
M. Garon: Comment est-il possible de faire cela en même
temps? Vous dites, par exemple, que ça prend l'indépendance des
courtiers en principe et également qu'il faut les reconnaître.
C'est deux régimes. Ou l'indépendance des courtiers est
importante, ou elle ne l'est pas. Si elle l'est, vous avez dit que ce serait la
charte de la protection des consommateurs. En se basant là-dessus,
comment peut-on dire en même temps qu'elle est très importante
pour la protection des consommateurs et ensuite reconnaître que pour un
certain nombre de bureaux de courtage, ce n'est pas important? On ne peut pas
protéger les consommateurs si les bureaux sont indépendants. On
dira que pas plus de 20 % des actions ne peuvent appartenir à un
actionnaire ou à une institution financière et, en même
temps, que les bureaux qui l'ont fait avant, on les reconnaît, on
légalise cela. Il n'y a pas de problème. Ou la clause des 20 %
est importante, ou elle ne l'est pas. Comment en est-on arrivés à
cette clause des 20 % pour dire qu'on protège, au fond,
l'impartialité, si on veut, des courtiers par rapport aux compagnies
qu'ils ne représentent pas de façon directe, mais de façon
indirecte?
M. Fortler: La réponse est assez simple, M. le
Président. Le député de Lévis nous suggère
une solution tout à fait pure, à 100 % pure. La solution pure
à 100 % serait soit de permettre l'achat total de tous les bureaux de
courtage à 100 %, alors là ce serait tout à fait pur, ou
alors d'enlever les droits acquis à tous ceux qui se sont
prévalus d'une faille dans la loi, qui a été reconnue
à un certain moment. Je pense que lorsqu'on légifère - et
je n'ai pas à faire cette remarque aux législateurs qui sont
autour de la table - on essaie de respecter les droits acquis.
C'est dans cet esprit que l'inspecteur et moi-même, lorsque nous
avons pris connaissance des représentations qui nous ont
été faites, nous nous sommes dit: On veut préserver
l'avenir, mais est-ce que nous allons enlever des droits acquis à des
gens qui, de bonne foi peut-être, n'ont pas respecté ce qu'on peut
appeler l'esprit de la Loi sur les courtiers d'assurance qui, de toute
évidence, voulait, en 1963, que les courtiers soient indépendants
à 51 %? Comme il y avait des dispositions législatives qui,
semble-t-il, le permettaient, à cause d'une certaine faille
créée en 1974 et à l'évolution de la structure
corporative des compagnies, à ce moment-là, je ne crois pas, et
j'ose espérer que le député de Lévis ne nous
suggère pas d'adopter une solution tout à fait pure qui serait
d'enlever des droits acquis à des compagnies.
Quand je regarde cela sur le plan quantitatif, je ne sais pas combien il
y a de bureaux de courtage; en volume, je n'ai pas le chiffre exact. Ce que je
peux lui dire, c'est qu'il existe 2450 bureaux de courtage au Québec et
que la clause "grand-père" ne couvre qu'une portion, une proportion
infime de l'ensemble de ces cabinets de courtage. En termes de volume
d'affaires, je ne sais pas ce que cela représente, mais, somme toute, je
crois qu'on peut dire que la disposition que nous avons mise dans la loi du 21
décembre 1988, laquelle, justement, empêche l'achat futur de
bureaux de courtage, préserve l'indépendance, du moins sur le
plan corporatif, à ce moment-là, on préserve la
très grande majorité des bureaux de courtage, parce que si on
voulait une situation tout à fait blanche ou tout à fait noire,
ce serait soit de permettre l'achat complètement, soit de ne pas
respecter les droits acquis.
J'ai fait une consultation là-dessus et il est clair que, lorsque
nous imposons une telle limite, le minimum est de respecter les droits acquis.
Je pense qu'on ne peut pas demander au législateur d'enlever des droits
à ceux qui, de bonne volonté, étant donné qu'il y
avait une faille dans la loi, ont tiré avantage de la loi existante. Au
contraire, je crois que la jurisprudence veut que nous soyons un peu
généreux de ce côté pour s'assurer qu'on ne brime
pas les droits de ceux qui se sont prévalus de certaines dispositions
législatives existantes. C'est dans ce sens que nous avons
recommandé au Conseil des ministres d'adopter la clause
"grand-père", laquelle garantissait les droits de ceux qui les avaient
au 21 décembre 1988. Par ailleurs, cette clause impose certaines
restrictions pour l'avenir. Quand on regarde cela sur le plan global, la
très grande majorité des bureaux de courtage se trouvent
protégés par les clauses de la loi 113, qui sont reprises dans le
projet de loi 134.
M. Garon: M. le Président, je pense qu'on ne se pose pas
la bonne question. Quand vous dites qu'on protège les droits acquis, je
pense, personnellement, que le contrôle des cabinets de courtage, ce que
vous appelez des droits acquis, est ou mauvais ou sans conséquence. S'il
est mauvais, à mon avis, vous n'avez pas le droit de protéger ces
droits. Si le fait qu'un cabinet de courtage est contrôlé par des
institutions financières ou des actionnaires autres que des courtiers,
c'est mauvais pour le consommateur, vous ne pouvez protéger ces droits.
Ou alors, ce n'est pas mauvais, mais indifférent.
C'est là la question fondamentale, à mon avis. Est-ce que
vous avez des études qui démontrent, ou si vous avez
constaté, au cours des dernières années que ces cabinets
de courtage contrôlés ont agi dans le sens contraire des
intérêts des consommateurs? C'est la question fondamentale.
M. Fortier: M. le Président, je pense bien que nous ne
sommes pas ici dans le domaine de la moralité, pour savoir si c'est bon
ou mauvais.
II est clair, et nous en sommes convaincus, que les compagnies
d'assurances qui ont acheté des bureaux de courtage de la façon
et dans les limites permises par la loi, selon l'interprétation qu'on en
fait, ont respecté cette loi que l'Assemblée nationale du
Québec ou l'Assemblée législative du Québec avait
adoptée dans le passé. On ne peut pas blâmer des compagnies
qui se sont prévalues de certains droits qui leur étaient
dévolus par des décisions de l'Assemblée
législative. La question qui se pose n'est pas là, mais, compte
tenu de ce problème, lequel a été évoqué...
Quand je suis devenu ministre délégué aux Finances et
à la Privatisation, on m'a parlé du fait que M. Jacques Parizeau
avait identifié ce problème. Ce n'est pas arrivé avec
nous, lorsqu'on a pris le pouvoir, cela existait depuis un certain nombre
d'années, ce n'est pas nouveau.
Lorsqu'on fait une réforme qui donnera de toute évidence
des droits beaucoup plus importants aux courtiers d'assurances, leur permettre
le décloisonnement, leur permettre de vendre des produits beaucoup plus
diversifiés, de partager les commissions, de s'organiser en
regroupement, d'agir sous une bannière commune, étant
donné que nous allons dans cette direction, il est normal que
l'Assemblée nationale dise: Dorénavant, voici les règles
du jeu. Je pense bien que l'Assemblée nationale, qui a adopté une
loi en 1963 et, en 1974, la Loi sur les assurances, qui a permis certaines
choses, il est normal que l'Assemblée nationale, en 1989, dise.
Dorénavant, voici quelles sont les nouvelles règles du jeu.
Je n'ai jamais vu l'Assemblée nationale - pourtant, je ne suis
pas avocat et j'ai compris cela depuis longtemps - enlever des droits
donnés par des législations passées. Quand on le fait, il
y a un grand débat à l'Assemblée nationale, et avec
raison, parce qu'on ne doit pas enlever des droits acquis à des gens qui
se sont prévalus des lois de l'Assemblée nationale. La question
qui se pose n'est pas de savoir si ceux qui possèdent des bureaux de
courtage dans le moment ont agi avec de bonnes ou de mauvaises intentions, il
faut se demander si, dorénavant, on veut que les règles du jeu
qui prévaudront, compte tenu du décloisonnement, des permissions
et des privilèges importants qu'on va donner aux courtiers d'assurances
et à d'autres intermédiaires de marché, est-ce qu'il est
dans le meilleur intérêt public que ceux qui sont
indépendants demeurent Indépendants et de quelle façon
doit-on le faire? C'est la question fondamentale. Ce n'est pas une question de
moralité, c'est une question de protection du consommateur
sûrement, mais je ne crois pas qu'on doive dire que,
nécessairement... (21 h 30)
Je dois vous dire que j'ai rencontré le président de La
Laurentienne et le président des Coopérants qui me disent qu'ils
n'interviennent pas, semble-t-il, dans les affaires des courtiers d'assurances.
Là où j'ai de la difficulté à les suivre, c'est
quand iIs me disent: II faut se méfier parce que si les courtiers
d'assurances ne sont pas la propriété de compagnies
québécoises, peut-être que les risques vont être
placés dans différentes compagnies et qu'elles vont
disparaître. En même temps, ils disent: On veut préserver
l'indépendance des cabinets de courtiers. Je ne comprends pas. De deux
choses l'une, ou bien ils sont propriétaires des cabinets de courtage et
ils préservent l'indépendance des courtiers - à ce
moment-là, le courtier va placer ses risques là où il le
veut bien. Il pourrait même les placer à Tombouctou, en Chine, je
ne sais où - ou bien ils sont propriétaires et is vont s'assurer
que les risques soient placés dans telle et telle compagnie. Il va
falloir qu'on s'entende sur les termes de référence. Si, en
définitive, l'indépendance du courtier joue pleinement, les
courtiers vont continuer à faire ce qu'ils font présentement et
cela va avantager des compagnies comme La Laurentlenne, le groupe Commerce, et
d'autres qui ont grossi avec la collaboration des courtiers d'assurances. C'est
pour ça que j'ai de la difficulté à concilier la position
de ces compagnies. Je le dis en toute amitié, j'ai de la
difficulté à me réconcilier avec ça parce que
l'autre argument...
Je dois vous avouer que l'autre argument que j'utilise m'a frappé
singulièrement lorsqu'on m'en a fait part, il y a six mois. On m'a dit:
Si le courtier n'a pas les moyens financiers de se prévaloir de la
nouvelle loi qu'on voudrait adopter maintenant, M. le ministre, c'est bien beau
les nouvelles dispositions de la loi, mais comment voulez-vous qu'ils s'en
prévalent en organisant des réseaux, des décloisonnements,
en s'associant et en formant des bureaux multldisciplinaires? J'ai
trouvé que c'était le meilleur argument. Je me souviens
clairement qu'il y a quelques années, lorsque le débat s'est fait
sur la propriété des courtiers en valeurs mobilières, ce
fut, finalement, l'argument massue qui a fait que les courtiers en valeurs
mobilières eux-mêmes ont dit au ministre fédéral ou
au ministre de l'Ontario: That is the direction in which we want to go. " Il
était évident, à un moment donné, que le courtier
en valeurs mobilières devait avoir une capitalisation très
importante lorsqu'il voulait faire des "bought deals", des marchés
clé en main, lorsqu'il voulait mettre sur le marché des
émissions d'actions. Si on pense à Air Canada qui va se faire
prochainement, il est évident que certains courtiers doivent allonger le
cou pour dire au président d'Air Canada. M. Jeanniot, nous achetons pour
40 000 000 $, 50 000 000 $, 70 000 000 $ d'actions et, ensuite, nous allons les
revendre dans le public.
Il est évident que si les courtiers en valeurs mobilières
n'ont pas la capitalisation nécessaire, et c'est la conclusion à
laquelle ils en sont arrivés. lls ne pourraient pas entrer en
concurrence avec les courtiers en valeurs mobilières des
États-Unis, comme les Goldman Sacks, Merrill Lynch et les courtiers en
valeurs mobilières du Japon. Donc, ils sont arrivés à la
con-
clusion qu'il était important pour eux d'avoir une capitalisation
suffisante. Je crois qu'en définitive, c'est ce qui a convaincu les
courtiers en valeurs mobilières qu'il est important qu'ils puissent
devenir la propriété des banques. Si vous avez remarqué,
aussitôt que cela a été permis, du jour au lendemain, la
très grande majorité des courtiers en valeurs mobilières
sont devenus la propriété des banques. Cela n'a pas pris dix
mois, cela s'est fait en deux clins d'oeil. Je trouve que c'est le meilleur
argument.
La question qu'on doit se poser c'est s'il est possible, étant
donné les besoins financiers des courtiers d'assurances, de prendre
avantage de la loi sans cet apport de capitalisation qui viendrait soit des
institutions financières, soit des courtiers d'assurances? Je trouve que
c'est une très bonne question et c'est la raison... Je vous le dis, M.
le député de Lévis, j'ai rencontré à
plusieurs reprises - les gens sont ici pour en témoigner - le
Regroupement des cabinets de courtage qui se préoccupe davantage de
l'aspect, disons, économique de ses membres. J'ai aussi rencontré
l'Association des courtiers et je leur ai dit: Cet argument me frappe. Je crois
que c'est un argument important. Est-ce que vous pouvez réellement, tout
en étant indépendants, vous financer, trouver le financement
nécessaire pour prendre avantage de la loi et pour faire ce que
j'espère que vous allez faire, qui est d'organiser des regroupements en
Abitibi, au Lac-Saint-Jean, en Gaspésie, des regroupements de courtiers,
de bureaux multidisciplinaires? Mais j'admets, et j'admettais au départ,
que les besoins financiers ne sont pas les mêmes pour les courtiers en
assurances que pour les courtiers en valeurs mobilières. Quand j'entends
le milieu financier me dire: Ce sont des courtiers dans les deux cas. Vous
savez, il faut arrêter de dire des sophismes. Ce n'est pas parce qu'on
retrouve le mot "courtier" dans les deux expressions que c'est la même
chose. Là, franchement, il faut revenir sur terre un peu.
M. Garon: Qui dit ça?
M. Fortier: Tout le monde dit ça. Cela me
désespère quand j'entends certains arguments. Parce que c'est
"courtier" dans les deux cas, ça doit être les mêmes
conditions dans les deux cas, franchement, on va essayer d'utiliser de
meilleurs arguments. Les courtiers en valeurs mobilières ont besoin
d'une grande capitalisation pour faire des "bought deals". Les courtiers en
assurances, ce qu'ils ont besoin... Ils sont réellement des
intermédiaires, ils n'ont pas leurs propres produits, ils ne vendent pas
leurs propres produits. Ils sont l'intermédiaire entre la compagnie
d'assurances et le client. Tout ce qu'ils ont à financer, c'est leurs
comptes à payer, ou s'ils veulent se doter de l'informatique, s'ils
veulent former un regroupement, II va y avoir la publicité commune.
J'admets qu'ils ont besoin de financement pour ça. Mais ils n'ont pas
besoin du même genre de financement que le courtier en valeurs
mobilières. Il n'y a personne qui va me convaincre de ça.
J'admets que cet argument était bon, et comme le président me
l'indique, lorsqu'un courtier en assurances doit percevoir une grosse prime, au
lieu de la percevoir lui-même, il va dire au client: Paie donc ia prime
à la compagnie d'assurances directement, parce que je ne tiens pas
à percevoir la prime et ensuite à avoir un compte à payer.
Donc, il y a différentes modalités qui sont offertes aux
courtiers d'assurances pour minimiser leurs besoins de capitalisation. Je leur
ai posé la question dix fois, quinze fois, ils m'ont répondu: M.
le ministre, nous comprenons la question que vous nous posez et nous croyons
qu'il est possible de se financer, soit auprès des caisses populaires,
des banques, des compagnie d'assurances, parce que, contrairement à ce
qui a été dit cette semaine, il n'y a rien dans la loi qui
empêche les courtiers d'assurances d'aller voir un assureur et de lui
dire: On aurait besoin d'un financement. Je me suis posé la question:
Est-ce qu'un financement qui serait donné par une compagnie d'assurances
serait réellement limiter l'indépendance? On pourrait le penser,
seulement, il faut bien comprendre que ces prêts sont pour une
période de temps limité - un an, deux ans, trois ans - et rien
n'empêche le courtier de rembourser ce prêt et de garder son
indépendance, sa marge de manoeuvre.
Je suis convaincu qu'il y a une différence essentielle entre le
courtier en valeurs mobilières et les besoins financiers qu'il a et un
courtier d'assurances. Les besoins sont différents. Je crois qu'en
définitive, si le courtier d'assurances a pour mission, comme la loi le
dit, d'être le mandataire du consommateur, de l'assuré, dans la
mesure où il a une capitalisation suffisante et qu'il peut obtenir le
financement dont il a besoin pour voir à ses affaires, il serait dans le
meilleur intérêt du consommateur qu'il soit le plus
indépendant possible. Comme de raison, il y a une clause dans la loi qui
dit que, dans cinq ans d'ici - et j'ai repris les clauses qu'on a mises dans
toutes les autres lois - le ministre responsable fera rapport. Si, dans cinq
ans, on s'aperçoit que nos hypothèses ne sont pas dans le
meilleur intérêt ni des consommateurs, ni des courtiers, ni des
compagnies d'assurances, à ce moment-là, on révisera la
loi. J'imagine que l'Assemblée nationale pourra le faire avant. Mais au
moment où l'on se parle, je n'ai pas entendu de raisons qui me
convainquaient qu'on devrait conclure qu'il ne faudrait pas protéger
l'indépendance du courtier d'assurances. Il faut bien comprendre - et
j'ai parlé à assez de monde pour le savoir - que si, demain
matin, nous permettions aux institutions financières d'acheter les
courtiers d'assurances, je peux vous dire que, de la même façon
que ça s'est fait pour les courtiers en valeurs mobilières,
ça ne prendrait pas un an pour que la majorité des courtiers
d'assurances devienne propriété d'institutions
financières. J'ai parlé à l'Association des
banquiers, la semaine dernière, à Toronto. Il y avait autour de
la table quatre ou cinq représentants de grandes banques canadiennes.
Ils essaient de convaincre Je gouvernement fédéral d'entrer dans
la distribution des produits d'assurances, et je peux vous dire que tout ce
qu'ils attendent c'est qu'une province comme le Québec dise: Vous pouvez
acheter des courtiers d'assurances. Je vous garantis qu'il n'y aurait pas
seulement... Ce serait se leurrer que de croire que permettre l'achat des
courtiers d'assurances ne se ferait qu'en faveur de deux compagnies
d'assurances du Québec. Cela se ferait en faveur de toutes les
institutions financières étrangères, comme les banques
canadiennes. Permettre que ta propriété soit entre les mains des
institutions financières, c'est comme permettre la chasse aux canards.
Au bout de six mois, M ne restera plus beaucoup de canards au Québec,
ils auront été achetés par tout le monde.
Vous savez, si La Laurentienne ou Les Coopérants ont les moyens
d'acheter les courtiers d'assurances, je vous garantis que si la Banque Royale,
qui fait 1 000 000 000 $ de profits par année, la Banque Nationale, avec
200 000 000 $ de profits par année ainsi que la Banque de
Montréal qui se situe entre les deux, viennent au Québec pour
acheter les courtiers d'assurances, Is en achèteront un paquet et 1 n'en
restera pas beaucoup sur le marché. C'est ça, la situation, soit
qu'on le permette, soit qu'on ne le permette pas.
Malheureusement, je ne peux pas écrire dans la loi qu'on le
défend à tout le monde, excepté à La Laurentienne
et aux Coopérants. Je ne peux pas écrire cela À ce
moment-là, I faut choisir. Est-ce qu'on le défend à toutes
les institutions financières ou si on le permet à toutes. C'est
le choix que nous devons faire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne dis pas que vous êtes de mauvaise foi. Je
ne veux pas que vous pensiez cela. Je me rappelle, quand j'étais...
M. Fortier: Je sais bien que vous ne pensez pas cela, voyons!
M. Garon:... professeur à l'université, lorsque les
gens ont mis un maximum de 6 % des prêts des banques, c'était de
bonne foi, sauf que cela a amené plus d'abus que de ne pas mettre de
maximum. Finalement, les banques avaient trouvé toutes sortes de
"flignes-flagnes" afin de pouvoir prêter à plus de 6 %. Par
exemple, si je vous prêtais 50 000 $, vous étiez oblige de garder
25 000 $ dans votre compte courant qui ne rapportaient pas
d'intérêts. Cela équivalait à prêter à
12 %, dans le fond, si vous ne pouviez vous servir que de 25 000 $, alors que
vous en aviez emprunté 50 000 $. Combien de façons les banques
ont prises pour contourner cela? On a eu la même chose pour les petits
qui intéressaient moins les banques. Le prêt se faisait
directement à des compagnies de finance, lesquelles prêtaient
à 2 % par mois, soit 24 %. La banque pouvait prêter 1 000 000 S, 2
000 000 % ou même 3 000 000 $ à une compagnie de finance, laquelle
faisait la job que la banque ne pouvait pas faire.
On s'est rendu compte, dans le domaine bancaire, qu'en mettant une plus
grande concurrence, tous les gens auraient de meilleurs taux C'est pour cela
que je dis que l'objectif peut être louable, mais ne pas atteindre les
résultats recherchés. Quand vous parlez de contrôler
l'indépendance du courtier, j'y crois. Est-ce que cela veut dire pour
autant que c'est dans le contrôle du pourcentage de
propriétés qu'on atteindra ce résultat? Je n'en suis pas
certain. Si vous êtes arrivé à ce résultat, vous
avez eu un raisonnement pour dire que par le contrôle du droit de
propriété, vous donneriez une plus grande Indépendance aux
courtiers. Je vous ie demande et je crois que c'est la question fondamentale.
Dans les bureaux contrôlés, I y a des gens qui ont agi avant. On
dit que, dans certains cas, certaines compagnies étrangères ont
contrôlé des cabinets de courtage. Vous dites qui y a même
des entreprises d'ici qui l'ont fait. Le gros point, dans ces bureaux, est-ce
que l'effet fut d'amener une moins grande protection du consommateur ou de
susciter une plus grande concurrence?
Vous savez, je pense qu'il y a 600 ou 700 municipalités au
Québec qui n'ont pas de banques. Je n'ai pas une grande
appréhension que demain... Non, non, elles ne sont pas là, elles
ont laissé la place aux caisses, c'est-à-dire qu'elles se sont
retirées parce que ce n'était pas assez payant. Je n'ai pas
l'Impression qui y aura demain une invasion de certains milieux du
Québec par les banques. Les banques autonomes... Je vous dirai que,
quand j'ai été dans les pêches, même à
Gaspé ou aux Îles-de-la-Madeleine, ta banque devait
téléphoner à Toronto, elle ne prenait pas de grandes
décisions. L'indépendance locale, j'ai connu cela. La banque ne
prêtait quasiment pas une cenne sans qu'l y ait une garantie
gouvernementale dans des pourcentages. Vous avez dû vivre cela un
peu.
M. Fortier: Vous étiez propriétaire de
Madelipêche dans le temps. Ha, ha, ha!
M. Garon: Oui et quand vous avez pensé que vous feriez
mieux dans Madelipêche, aujourd'hui, tout ce que vous faites, c'est de
garantir les emprunts du privé, les cautionner, en tant que
gouvernement. Les cautionner à Madelipêche dont l'actionnaire
était ie gouvernement, ou les cautionner à la banque, comme
gouvernement à une entreprise privée, je pensais que l'entreprise
privée fonctionnerait toute seule, sur son propre pouvoir.
M. Fortier: On ne perd pas d'argent. Ha, ha, ha!
M. Garon: Attendez. Les pêches, je connais cela. Vous allez
voir que du poisson, certaines années il y en a, d'autres, moins.
Certaines années, il est dispersé, d'autres, il est
concentré. Quand il n'est pas concentré, je vais vous dire que tu
as beau promener le chalut sur des milles, tu n'en prends pas beaucoup. Quand
c'est concentré, tu donnes un coup de chalut et tu le remplis. (21 h
45)
Attendons de voir ça et vous allez remarquer que, sur quinze ans,
il y a un cycle. Il y a des années où il est concentré et
des années où il ne l'est pas. Tant d'années, il l'est et
tant d'années, il ne l'est pas.
M. Fortier: Revenons à nos poissons.
M. Garon: On est dans le même sens. Je comprends que
l'intention est louable. Ce que je ne comprends pas et que j'essaie de savoir,
c'est en quoi... Parce que ce que vous voulez, au fond, c'est de dire: On va
empêcher les cabinets de courtage de vendre du capital-actions, ou bien
vous voulez protéger le consommateur. Si vous voulez protéger le
consommateur, je me dis: En quoi les consommateurs vont-ils être mieux
protégés par un contrôle de la propriété des
cabinets de courtage? Vous avez des études - vous n'avez pas
répondu à ma question - qui démontrent, au cours des
années, que les cabinets de courtage ont été
contrôlés jusqu'à 49 % ou à plus de 50 %, parce que
vous en avez, des cas. Est-ce que vous avez des analyses qui démontrent
que, dans ces cas, le consommateur est moins bien protégé, des
analyses qui montrent qu'il l'est plus ou que le droit de
propriété sur les cabinets de courtage est neutre comme
effet?
Je pense que c'est ça, la question fondamentale, parce que le but
de tout ça, c'est que les gens soient mieux desservis. J'aimerais
également comme deuxième réponse qu'on me dise comment
vous êtes arrivé au pourcentage de 20 %. Si un actionnaire d'un
cabinet de courtage ne peut pas avoir plus de 20 %, ça va être
bon. S'il a plus de 20 %, cela va être mauvais. Comment êtes-vous
arrivé à cette définition de l'indépendance du
cabinet de courtage?
M. Fortier: Je vais commencer par la deuxième question.
Nous avons eu une commission parlementaire, il y a un an, jour pour jour, et
nous avons eu un certain nombre de recommandations. Ce qui m'a frappé en
commission parlementaire, c'est qu'il y avait eu unanimité, du moins,
chez les courtiers, en faveur de ce qu'on peut appeler l'indépendance
corporative des cabinets de courtage.
Juste pour vous rappeler les positions qui prévalaient à
ce moment-là, l'Association des courtiers d'assurances disait 20 %, pas
plus. Le Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec
disait 20 % pour une institution financière et, pour deux ou plus, un
maximum de 49 %. Et les grands cabinets de courtage disaient également
20 % pour une institution financière, mais ils allaient plus loin, ils
disaient qu'on pourrait peut-être en avoir cinq à 20 %.
À peu près au même moment, ils avaient formé
un comité tripartite et ils se référaient également
à 20 %. Là, je dois avouer que les grands cabinets disaient: Oui,
c'est 20 % et il y a eu un peu de malentendus. Ils disaient: Écoutez,
c'est 20 %, mais ce que nous voulions dire, c'était 20 % pour un bureau
et peut-être le permettre pour cinq. Cela ferait cinq fois 20 %. En tout
cas, l'idée était toujours de revenir à 20 % pour une
institution financière, quoique d'autres membres du comité nous
ont dit par après: Nous étions du même comité, et ce
que nous voulions dire, c'était une fois 20 %. On ne reviendra pas
là-dessus.
Ce qui est évident, c'est qu'à la suite des discussions
que nous avons eues avec eux après la commission parlementaire quand on
a été convaincu que le désir... Et, je me suis convaincu
moi-même, parce que contrairement à ce que les gens disent, j'aime
bien faire plaisir aux gens, mais j'essaie d'arbitrer les débats dans le
meilleur intérêt du public. Quand j'ai été convaincu
il fallait réellement aller dans cette direction, j'ai essayé de
les consulter pour dire: Qu'est-ce que vous désirez
véritablement?
Finalement, la conclusion, l'harmonie s'est faite autour de une fois 20
%. Pourquoi 20 %? C'est que 20 %, comme tout le monde le sait, c'est une
participation qui permet la consolidation des profits dans les bilans
financiers. C'est au moins ça. Mais est-ce que cela ne pourrait pas
être 30 % ou 35 %? Franchement, cela n'a pas tellement d'importance, mais
20 % était la norme qui est revenue de la part des courtiers comme
étant un placement qui ne créerait pas une participation trop
considérable et qui, en définitive, laisserait 80 % aux courtiers
ou, comme on le disait à ce moment-là, à des
participations de gens qui ne seraient pas dans le secteur des compagnies
d'assurances et des institutions financières, parce qu'on parlait de
petits bureaux de courtiers qui disaient: Écoutez, il y a
peut-être mon frère qui est boucher à Saint-Éphrem,
qui voudrait mettre de l'argent dans mon bureau de courtage, et il n'est pas
une institution financière. Donc, on voulait permettre ce genre de
participation et, de cette façon, on est arrivés à la
possibilité pour des gens dits "commercial", d'investir dans un cabinet
de courtage.
En réponse à la première question du
député de Lévis, pour savoir quelle fut
l'expérience, je vais permettre à l'inspecteur de nous dire son
expérience là-dessus. Je dois vous dire que si on prend La
Laurentienne avec
Richards Melling, on me dit que Richards Melling, dans le secteur du
courtage d'assurances, a continué à fonctionner d'une
façon professionnelle, et je le crois. C'est un feed-back* que j'ai
eu.
Dans le cas des Coopérants, J'ai eu un autre feed-back' de la
part des gens du mouvement Desjardins qui m'ont dit qu'à un moment
donné, lorsqu'un cabinet de courtage a été acheté
par Les Coopérants, comme par hasard, II était au second
étage d'une caisse populaire dans la région de Mme Legault, dans
ce coin-là.
Une voix: Deux-Montagnes?
M. Fortier: Deux-Montagnes. Ils n'ont pas bien aimé
ça, parce que le gars avait eu un loyer de la caisse populaire au
deuxième étage de la bâtisse de celle-ci. Une fois qu'il a
été acheté par Les Coopérants, il a commencé
à annoncer: Venez acheter des REER des Coopérants. Eux, ils ont
trouvé ça moins drôle, mais c'était bien
évident qu'il s'identifiait aux Coopérants et qu'il faisait de la
promotion pour des produits financiers des Coopérants.
Alors, au moment où on se parle, je crois que ni l'inspecteur ni
moi ne pouvons dire, en toute honnêteté, que ceux qui sont devenus
propriétaires de cabinets de courtage ont abusé de la situation
dans le sens qu'on ne peut pas dire qu'iI y a eu des plaintes
spécifiques. Mais je crois qu'i faut se poser la question au regard des
nouvelles stratégies qui vont se développer. Autrement dit, il
est évident qu'avec les nouvelles dispositions de la loi qui vont
permettre le décloisonnement, qui vont permettre aux courtiers
d'assurances d'aller chercher des dépôts, d'offrir des
hypothèques, d'offrir différents produits financiers et d'agir
comme planificateurs financiers, s'ils le désirent, de former des
bureaux multidisciplinaires dans lesquels vont pouvoir s'associer un
assureur-vie, un courtier d'assurances et autres, ces bureaux deviendront
beaucoup plus attirants et il y a peut-être des groupes qui ont
pensé se doter d'une stratégie de marketing et de vente
basée sur ces bureaux.
Autrement dit, je crois que la dynamique qui va prévaloir dans
l'avenir va dépasser les produits d'assurances générales
et va déborder vers les autres produits financiers qu'un courtier
d'assurances pourrait offrir à sa clientèle. Je ne douterais pas
- parce que si j'étais président d'une compagnie, j'imagine que
j'y aurais pensé également - que certains organismes, je ne dis
pas à tort, pensant à leur intérêt ou au
développement de leur compagnie, ont cru qu'ils pourraient utiliser les
courtiers d'assurances comme un réseau leur permettant - peut-être
dans le secteur d'assurances générales, mais en ce qui concerne
les autres produits financiers - d'offrir des produits financiers, surtout dans
les lignes personnelles.
C'est là que la question se pose et c'est une question de
jugement, M. le député de Lévis, je vous le dis bien
franchement. Je ne sais pas, si les courtiers avaient à répondre
eux-mêmes à la question, s'ils pourraient ajouter à ce que
je viens de vous dire, mais, quant à moi, c'est la meilleure
réponse que Je peux vous donner à ce moment-ci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai pas senti que vous ayez répondu à
ma première question. Vous avez commencé par la deuxième,
mais la première, je n'ai pas senti de réponse concernant la
protection du consommateur par le contrôle de la propriété.
Ce que je demandais, au fond... Il y a des cabinets de courtage qui ont
été contrôlés par des institutions
financières ou par d'autres, ou des groupes. Est-ce que vous avez
remarqué dans ce cas-là que les intérêts des
consommateurs avaient été mal protégés? Je pense
que quand vous dites que vous respectez les droits acquis, il y a une relation.
Vous avez le droit de protéger des droits acquis, mais II s'agit de
s'entendre sur les droits acquis qu'il est bon de protéger dans
l'intérêt public. Vous parlez du contrôle de
l'indépendance du cabinet de courtiers comme nécessaire pour
assurer une meilleure protection du consommateur. Vous êtes convaincu de
ça ou vous n'en êtes pas convaincu. Si vous en êtes
convaincu, ce que je ne comprends pas, c'est que vous avez dû constater
que les cabinets de courtage qui étaient contrôlés
protégeaient moins le consommateur. Alors, il faut que vous ayez
regardé ça un peu. Si vous avez regardé cette question,
les cabinets de courtage qui sont contrôlés à plus de 50 %
respectent-ils autant, plus ou moins le consommateur? A ce moment-là,
s'il n'y a pas de relation avec le droit de propriété, à
quoi rime le contrôle du droit de propriété? Je me demande
si la question fondamentale... Je vais attendre parce que je voudrais...
M. Fortier: Allez-y, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela m'apparaît fondamental. Est-ce que vous avez
observé que ces cabinets contrôlés par les institutions
financières d'actionnaires de différente nature ont, au moins,
respecté les intérêts des consommateurs?
M. Fortier: Je vais demander à l'inspecteur, si vous le
permettez, d'ajouter à ce que j'ai dit.
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: Si vous me le permettez, on va le prendre de
façon différente. Il faut partir du point de départ. Le
réseau de distribution d'assurances générales - on parie
d'assurances générales, cela pourrait être la même
chose pour l'assurance-vie, mais le problème ne se présente
pas de la même façon - se fait de deux façons. Des
agents captifs qui sont des représentants nommément
désignés, identifiés comme étant des
représentants d'une compagnie.
M. Fortier: Par exemple, Bélair.
M. Bouchard: Bélair, Wawanesa. L'individu qui se
présente chez un client pour vendre un produit vend les produits d'une
compagnie d'assurances, de telle sorte que le consommateur sait qu'il a affaire
à un vendeur d'une compagnie et c'est correct, parce qu'il est
identifié comme tel et les jeux sont clairs.
L'autre réseau de distribution, c'est le courtier. Le courtier,
par définition, ce n'est pas qu'un agent. Il n'est pas
représentant d'une compagnie d'assurances. Il est une personne qui,
professionnelle dans son secteur, offre des services de conseils et fournit
à son client le meilleur produit qui répond à ses besoins.
Le courtier qui ne remplit pas cette mission n'est pas un bon courtier.
Essentiellement, c'est ça la fonction d'un courtier. Lorsqu'on fait
affaire avec un courtier, on s'attend donc... Je reviens là-dessus parce
que tout à l'heure je vais vous indiquer justement l'importance, non
seulement de l'indépendance mais de l'image de l'indépendance.
C'est aussi Important que la réalité. Donc, le consommateur ne
fait pas d'enquête tous les jours auprès des personnes avec qui II
fait affaire. Le consommateur qui se présente au courtier est en droit
de croire, sans faire une enquête, qu'il a affaire à quelqu'un qui
va le conseiller et qui va lui offrir les produits qui répondent
à son besoin. Le courtier va choisir parmi les assureurs qu'il
représente le meilleur produit pour son client, au meilleur coût.
C'est le point de départ. (22 heures)
Lorsque vous avez des institutions financières qui
détiennent des firmes de courtage, indépendamment du fait que,
dans le passé... Dans le cas, par exemple, soit de La Laurentienne ou
des Coopérants, pour prendre des exemples bien connus - il y en a
d'autres, mais on parle surtout de ces deux-là - le consommateur ne sait
pas, lorsqu'il transige avec cette firme-là, qu'elle est la
propriété d'une compagnie d'assurances. Au point de
départ, l'image d'indépendance est fausse, sans parler de la
réalité que je ne connais pas. Je ne sonde pas les reins et les
coeurs, mais au point de départ il est clair que lorsqu'une compagnie
d'assurances investit dans un réseau de courtage, ce n'est pas pour le
rendement sur son capital. Dans la Loi sur les assurances II y a une
pléthore de placements possibles. Ce n'est pas pour faire un
investissement ou pour le rendement qu'elle le fait. Elle investit dans une
firme de courtage pour s'assurer inévitablement d'un réseau, sans
nécessairement exiger que tous les courtiers lui transfèrent 100
% du chiffre d'affaires, c'est bien sûr. Mais, en acquérant les
firmes de courtage, les compagnies d'assurances font, par ce biais,
l'établissement d'un réseau en parallèle au réseau
institutionnel des banques et des caisses populaires.
Au lieu d'avoir un réseau d'institutions, nous avons un
réseau d'hommes ou de firmes qui assurent aux compagnies d'assurances la
mise en marché, non seulement de leurs produits, mais des produits des
compagnies qui sont affiliées au conglomérat de ces compagnies
d'assurances. C'est ça qui les intéresse, ce n'est pas pour
vendre simplement tous les produits d'assurance-vie ou les produits
d'assurances générales de leur groupe, c'est de pouvoir se servir
du réseau pour concurrencer le réseau bancaire, le réseau
des caisses populaires, se servir du réseau pour vendre des produits de
fiducie, des produits de conseillers, tous les produits du conglomérat
financier.
Le deuxième point dangereux qui fait que l'image de
l'indépendance, sans parler de la réalité de
l'indépendance, est faussée ou risque d'être
faussée, c'est que nous allons graduellement vers une concentration du
marché si on n'arrête pas la tendance au niveau de quelques
grosses compagnies d'assurances qui vont dominer tout le réseau le plus
important de distribution des courtiers, avec comme conséquence que nous
aurons dans la province de Québec trois, quatre, cinq grosses firmes de
courtage qui vont détenir à peu près le réseau
important pour la distribution, sous le couvert de courtiers qui sont
censés donner aux clients le meilleur service, le meilleur produit et
les conseils appropriés. Donc, c'est un danger sérieux en termes
d'indépendance.
Vous me demandez si, en pratique, on a des préoccupations pour
savoir si le consommateur peut être desservi? La réponse est que
je vous dis: De deux choses l'une. Ou bien nous avons au Québec des
intermédiaires de marché qui sont véritablement des
courtiers, puis on met le prix pour avoir au Québec des courtiers qui
vont donner des services de conseils et non pas des services de vente. Si on
veut les services de vente, on va faire des agents directs et les compagnies
d'assurances pourront vendre tous leurs produits directement, puis cela va
fonctionner. Il va nous manquer une partie fort importante et cette
partie-là sera desservie, si on n'y fait pas attention... C'est pour
ça qu'il est important ici de faire en sorte que nos courtiers de la
province de Québec puissent se développer parce que le
marché sera accaparé par les six plus grosses firmes nationales
et Internationales qui font actuellement affaire dans la province de
Québec et qui vont chercher jusqu'à 40 % des chiffres d'affaires
dans le commercial.
Laissons la tendance se continuer et de grosses firmes importantes comme
Parizeau il n'y en aura plus dans la province de Québec parce que ce
sont des firmes nationales et internationales qui vont dominer le
marché. Ce qu'il faut, c'est faire en sorte que les courtiers puissent
se concentrer, puissent avoir le capital requis pour
pouvoir former de grosses firmes qui possèdent l'expertise et les
connaissances requises dans les différents domaines pour soumissionner
contre des Sedgwick ou des Alexander qui font affaire et pour éviter que
nos courtiers se contentent simplement de faire de l'assurance-habitation dans
les régions éloignées ou de l'assurance automobile facile
qui peut se vendre directement dans les machines automatiques.
M. Garon: N'êtes-vous pas en train justement de faire le
contraire de ce que vous dites? Vous dites: II faudrait avoir des grandes
firmes, et vous donnez l'exemple de Dale-Parizeau, si on ne veut pas être
des "peewees* dans l'assurance et, en même temps, vous dites que
l'indépendance, c'est par le contrôle de la
propriété. Je ne comprends pas, iI me semble que vous dites le
contraire dans le projet de loi.
Deuxièmement, vous dites: C'est important pour l'image du
courtier qu'il soit indépendant. Allez-vous obliger des courtiers dans
des entreprises contrôlées à dire: Je suis un courtier
contrôlé, je suis un courtier non contrôlé? Là
iI y aura deux genres de courtiers: les courtiers vraiement
contrôlés et des gens qui ne sont pas contrôlés.
Alors, les gens vont le savoir comment? Troisième question. Parmi les
courtiers qui sont indépendants actuellement, avec combien de firmes
font-ils affaire, en moyenne?
M. Bouchard: D'abord, la première question, en ce qui
concerne les courtiers indépendants et ceux qui ne le sont pas. Je
reviens sur cette partie. La clause "grand-père", ce n'est pas un
bénéfice qui tombe du ciel. C'est simplement
reconnaître...
M. Garon: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Bouchard:... ceux qui avaient le droit de l'obtenir.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Je me dis que cette clause...
Ce n'est pas ça. Le cabinet de courtage, s'il est contrôlé,
iI est mauvais ou il n'est pas mauvais. À ce moment-ià, comment
pouvez-vous dire que le contrôle du capital-actions d'un cabinet de
courtage est important pour assurer l'indépendance du courtier, alors
que vous dites, au contraire, que pour développer le Québec, iI
faudrait qu'on ait de plus grandes entreprises qui ont du capital pour
fonctionner?
M. Bouchard: Oui n'est pas détenu par des institutions
financières, c'est ce qu'on dit. Quand on dit: Est-ce mauvais que le
capital soit détenu par des institutions financières? Je vous
réponds oui. Mais ceux qui l'ont obtenu avant aujourd'hui...
Écoutez, le 21 décembre, le ministre dépose un projet de
loi qui dit que, dorénavant, ce n'est plus 49 % que vous pouvez
détenir, c'est 20 %. Ceux qui en détiennent depuis dix ans, on ne
peut pas rétroactivement leur enlever ce droit. Donc, c'est une nouvelle
règle qui est faite.
C'est sûr que c'est mauvais de détenir à 49 %, mais
ils les avaient, les 49 %. On ne peut pas les exproprier.
M. Garon: Pourquoi est-ce mauvais?
M. Bouchard: Pour l'indépendance. L'indépendance
avait été reconnue dans la loi de 1963 et elle avait
été fixée à 51 %. Donc, ce n'est pas nouveau, la
notion d'indépendance. Même, dans le temps, le législateur
et les courtiers y tenaient. Ils disaient: 51 % doivent appartenir à un
courtier. Sauf que je vous ai expliqué tout à l'heure qu'avec
cette règle de 51 % d'actions votantes, on l'a contournée par le
développement du droit corporatif pour faire en sorte que les compagnies
d'assurances, sans avoir 51 % du droit de vote, contrôlaient les firmes
de courtage, donc, allaient à rencontre de l'esprit de la loi qui
faisait que la loi de 1963 voulait l'Indépendance du courtier.
La nouvelle loi ne fait que rafraîchir la notion
d'indépendance en l'assoyant sur des notions nouvelles et avec un
pourcentage qui assure véritablement l'indépendance du courtier,
à 20 %. À 20 %, vous ne contrôlez pas une firme; à
30 %, ça commence à être dangereux. Pourquoi 20 %? C'est
que 20 %, quand vous pensez à la possibilité de
développement des courtiers, par exemple, vous me dites: Comment faire
le développement des courtiers? On y pense, au développement des
courtiers. Éventuellement, des courtiers de la province de Québec
devraient pouvoir aller à la Bourse, comme c'est le cas pour Parizeau.
Vous savez, détenir 20 % des actions à la Bourse, cela en prend,
des actions.
Donc, une marge de manoeuvre considérable est donnée aux
courtiers pour pouvoir se développer. Deuxièmement, les 20 % ne
s'appliquent qu'aux institutions financières. Ils ne s'appliquent pas
aux autres: iIs ne s'appliquent pas aux liens commerciaux: ils ne s'appliquent
pas à toute personne qui pourrait investir et s'associer avec un
courtier, mais qui ne met pas en cause l'indépendance du courtier. Un
courtier peut s'associer avec un financier pour développer sa firme.
Mais un courtier, quand il s'associe avec une institution financière ou
un conglomérat financier, vient s'affaiblir en tant qu'individu
professionnel pour dispenser ses services.
M. Garon: Est-ce que vous avez des études ou des
données sur les courtiers contrôlés et non
contrôlés, sur la répartition de leur volume d'affaires? Un
cabinet de courtage qui est contrôlé fait affaire avec
l'Institution qui le contrôle dans quelle proportion ou répartit
ses affaires de quelle façon, dans combien d'institutions
financières ou de compagnies d'assurances? Dans le cas d'une entreprise
non contrôlée, elle fait affaire avec combien? Quelle est ta
dif-
férence entre les deux, au point de vue de la répartition
de son volume d'affaires avec différentes entreprises?
M. Bouchard: II est difficile de répondre à votre
question puisqu'il y a au-delà de 5000 courtiers dans la province de
Québec. Je dirais que la feuille de route de chaque courtier n'est pas
la même. Parlons de moyenne, mais je ne voudrais pas que vous preniez
ça au pied de la lettre, parce que vous allez trouver un courtier qui va
dire que ce n'est pas exactement ce que je vous dis. Je vous dis que c'est une
moyenne, ça veut dire qu'on tire une ligne quelque part. En moyenne, un
courtier, que j'appellerais normal, représente environ une dizaine de
compagnies d'assurances, entre sept et dix compagnies d'assurances. Les
compagnies d'assurances qui détiennent actuellement des firmes de
courtage, selon les renseignements qui m'ont été donnés,
que je n'ai pas vérifiés parce que, en vertu de la loi actuelle,
je n'ai pas le pouvoir ni le droit de le faire. Alors, j'ai pris leur parole et
je n'ai pas de raison de douter de leur parole non plus. Ces compagnies me
disent que, dans les circonstances actuelles, elles retirent de leur
réseau de courtage, au maximum, 10 % de leur chiffre d'affaires,
c'est-à-dire que les courtiers ne transfèrent pas plus qu'entre 5
% et 10 %, environ, de leur chiffre d'affaires envers leur compagnie
mère, qui est un compagnie d'assurances. Elles expliquent, fort
probablement à juste titre, que ce n'est pas d'ailleurs dans
l'intérêt de la compagnie d'assurances d'exiger de son courtier
que toutes les affaires lui soient transmises. Pourquoi? Parce la compagnie
d'assurances elle-même ne veut pas nécessairement, en vertu de sa
politique de sélection de risques et en vertu des risques qu'elle veut
assumer, recevoir tous les risques plus ou moins bons que son courtier pourrait
lui envoyer. Donc, elle veut une certaine marge de manoeuvre vis-à-vis
de son courtier, et cet argument est tout à fait correct, quand elle
l'avance.
Deuxièmement, elles disent aussi: Ce serait très mauvais
que l'on demande à notre courtier de nous envoyer un chiffre d'affaires
considérable. Pourquoi? Parce que la compagnie d'assurances n'offre
jamais toutes les lignes d'un produit, de telle sorte que le courtier se
verrait dans une situation de ne pouvoir offrir d'autres produits parce que les
autres compagnies d'assurances le boycotteraient en disant: Tu appartiens
à telle compagnie d'assurances, je ne suis pas intéressé
à faire affaire avec toi. Alors que le courtier lui-même et, par
ricochet, le propriétaire qui détient ces actions se trouveraient
pénalisés parce que le courtier ne pourrait pas faire son chiffre
d'affaires normal.
Donc, qu'il y ait un certain dosage comme je viens de vous l'expliquer,
selon les arguments qui ont été donnés, je pense que c'est
exact. On ne peut pas nier l'effet de ça. Mais je ne pense pas que cela
ait une commune mesure avec le principe qui est en cause. Le principe qui est
en cause: Veut-on un mode de distribution indépendant,
véritablement indépendant par rapport à une vente directe?
Si oui, il faut prendre les moyens nécessaires pour le faire et
éviter qu'a y ait non seulement danger de mainmise, danger de direction,
jusqu'à l'apparence de danger par ce que j'appelle une fausse image
d'indépendance.
Le Président (M. Lemieux): Nous avons terminé les
remarques préliminaires. Y a-t-il consentement pour que l'on
poursuive?
M. Fortier: Oui. Il est bon... M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Consentement. M. le
député de Lévis...
M. Fortier:... de faire le tour du dossier.
Le Président (M. Lemieux):... vous pouvez continuer. Cela
va. M. le député de Lévis.
M. Garon: Le ministre ou l'inspecteur général des
institutions financières pense-t-il que le contrôle par le volume
des affaires avec les différentes institutions financières
n'aurait pas été aussi bon, peut-être meilleur, qu'un
contrôle de la propriété des actions du cabinet de
courtage? On me dit qu'en général, un bureau, en moyenne, fait
affaire avec six compagnies environ. C'est-à-dire que 50 % du volume
seraient partagés par deux institutions, en gros. Ne pense-t-on pas,
à ce moment-là, que, si on avait essayé de contrôler
l'indépendance par un volume d'affaires, les courtiers n'auraient pas pu
dépasser avec les institutions financières, qu'on n'aurait pas
préservé autant, peut-être plus, l'indépendance que
par la propriété des actions d'un cabinet de courtage?
M. Fortier: On s'est penché là-dessus. Il y a une
certaine difficulté a établir ce contrôle parce qu'on peut
jouer avec les fins d'année, d'une part. Cela ne nous est pas apparu
finalement comme le meilleur moyen, pour répondre à votre
question. On en a discuté avec des représentants de l'Association
des courtiers et du regroupement des courtiers. Ils nous ont fait valoir qu'en
définitive, ce serait assez aléatoire d'établir un
contrôle sur cette base. Je ne me souviens pas de tous les arguments
techniques qu'ils nous avaient fait valoir, mais, d'après les
explications qu'on avait eues, cela me semblait assez aléatoire. Je ne
sais pas si M. Bouchard peut ajouter quelque chose? (22 h 15)
M. Bouchard: Cela revient à la même question.
Même si on fixe un quota, cela pose de nouveau la question fondamentale.
Pourquoi une compagnie d'assurances acquerrait-elle un réseau si elle
est consentante, au point de départ, à
avoir juste un quota de ce réseau? C'est antinomique. Je veux
dire, elle est propriétaire ou elle ne l'est pas, mais, par ailleurs,
elle accepte d'avoir un quota de pourcentage de primes qui lui revient. Donc,
cela veut dire que le but de son acquisition n'est pas le pourcentage de primes
puisqu'elle est prête à se fixer une prime elle-même sur le
montant qu'elle reçoit C'est prendre le problème par le mauvais
bout de la lorgnette. Si on veut véritablement régler le
problème, on va dire: C'est quoi, le problème? C'est
l'indépendance qu'on veut assurer. L'indépendance idéale
aurait été zéro. Cela aurait été
zéro. Je veux dire: Une firme de courtage ne peut pas appartenir,
absolument pas, en aucune façon, à une institution
financière. C'est la virginité totale. Mais tout le monde en est
venu à la conclusion qu'il y avait un juste milieu, il y avait une
possibilité, quand même, parce que... C'était vrai. C'est
un argument qui était bon, que les compagnies d'assurances sont celles
qui sont les mieux placées pour évaluer la valeur réelle
d'un courtier et attribuer à un courtier un achalandage pour ses
actions. Donc, elle est en mesure de payer un juste prix d'acquisition pour
s'assurer que ce courtier, sans être son courtier qui lui appartient,
soit un courtier qui fasse partie de son réseau, dont elle a besoin pour
distribuer ses produits. Mais ce n'est pas le sien et le courtier est libre. Il
lui enverra le pourcentage, selon les besoins de son client, que ce soit 5 %, 6
%, 8 %, 10 %. Une année, cela pourra varier. Cela pourrait être
jusqu'à 40 %, une année, si, véritablement... Cela arrive
très bien, vous avez dit: Même 50 %. C'est très vrai il y a
des courtiers qui vont aller jusqu'à 35 %, 40 % de leur chiffre
d'affaires avec une compagnie d'assurances, certainement. Mais I appartient
à la conscience professionnelle du courtier de décider si, quand
I agit ainsi et quand il est satisfait d'une compagnie d'assurances, non
seulement de ses prix mais également des services après-vente et
de tous les services qu'une compagnie d'assurances peut rendre, c'est la
meilleure compagnie il puisse offrir à sa clientèle. C'est son
rôle de le faire, comme c'est le rôle du courtier lorsqu'il place
une police - la Loi sur l'assurance automobile, on va en reparler - d'indiquer
véritablement à son client toutes les composantes de sa police et
de faire les distinctions entre les polices d'assurance. Même s'il y a
des clauses standard, il y a des variations dans les polices d'assurance et
c'est son rôle de les donner. Son rôle n'est pas simplement de
recevoir les polices, leur renouvellement et de les transmettre à son
client. C'est plus que ça.
M. Garon: À ce moment-là, pourquoi ne pas avoir
reconnu un véritable statut professionnel aux courtiers? Est-ce que cela
n'aurait pas été la meilleure façon de garantir leur
indépendance?
Statut d'assureur et de courtier
M. Fortier: J'aimerais répondre à ça, comme
ministre responsable des corporations professionnelles. Cela tombe bien. Je
sais bien que et les assureurs-vie et les courtiers, dans une certaine mesure,
aspirent à un statut. Dans le fond, si on lit la loi comme il le faut,
on leur a donné un statut équivalent ou à peu près
équivalent, il reste qu'on est dans le secteur financier et dans un
secteur où iI y a vente de produits. Comme on peut le voir par la
discussion qu'on a depuis une heure, iI y a des jugements à porter sur
les liens qui doivent ou qui ne doivent pas exister entre les institutions
financières, les compagnies d'assurances et les courtiers d'assurances,
pour prendre un exemple. On verra plus loin, dans le projet de loi, qu'on va
mettre sur pied deux conseils d'assurances: un dans le domaine de l'assurance
de personnes et un autre dans le domaine de l'assurance générale.
On Innove de ce côté. SI on prend celui en assurance de personnes,
le conseil va être composé moitié-moitié de
compagnies et d'agents. Pourquoi? C'est qu'il est démontré, si on
prend l'assurance de personnes, que, dans le passé, lorsqu'on avait
à blâmer les agents d'assurance-vie de certaines pratiques
commerciales, très souvent les Instructions leur venaient du directeur
des ventes de la compagnie d'assurance-vie. En les mettant ensemble dans le
même conseil, ils auront ensemble à élaborer des normes et
un code de déontologie qui, par la suite, seront appliqués de la
façon que le projet de loi le définit. C'est donc dire qu'on est
dans un secteur différent - en tout cas, de la façon dont je le
vois - des corporations professionnelles. Il y aurait un autre
désavantage.
L'autre désavantage que j'y vois, c'est que si les agents
d'assurance-vie et les courtiers d'assurances étalent régis par
des corporations professionnelles, ils relèveraient dorénavant du
ministre responsable des corporations professionnelles, ils ne
relèveraient plus du ministre responsable des Institutions
financières. Personnellement, je crois qu'ils y perdraient. Parce que si
un ministre finit par comprendre tout le milieu financier, et si un ministre
comprend les relations intrinsèques qui existent dans le secteur des
institutions financières, c'est un ministre qui est en mesure d'apporter
un projet de loi comme celui qui est devant vous. Je ne crois pas... Une
corporation professionnelle, c'est de définir un champ d'activité
qui lui est propre, qui s'autogère. Il faut bien comprendre que l'Office
des professions, par ailleurs, n'a aucun pouvoir d'intervention
vis-à-vis d'une corporation professionnelle en particulier, et encore
moins le ministre.
Dans le secteur des institutions financières et de la vente de
produits financiers - je fais référence aux intermédiaires
de marché - lI me semble il est important d'avoir un système qui
permette, non pas nécessairement au ministre, mais à l'Inspecteur
des institutions financières, d'intervenir s'il y avait des abus. Si on
s'était
orientés vers la reconnaissance de corporations professionnelles,
non pas seulement l'inspecteur, ni même l'Office des professions...
L'Office des professions, tout ce qu'il fait, c'est donner des conseils au
gouvernement. Il n'a aucun pouvoir réglementaire, de supervision ou
d'intervention vis-à-vis des corporations professionnelles. Dans un
secteur aussi criant, aussi important que l'est la distribution
financière, nous déléguons, par ce projet de loi,
l'autoréglementation à deux conseils, à deux associations.
Vous verrez plus loin qu'en définitive, l'inspecteur est chien de garde.
Il pourrait intervenir et, même, émettre des ordonnances et mettre
en tutelle les organismes si, d'aventure, ils ne remplissaient pas les
fonctions pour lesquelles ils ont été créés.
Ce qu'on a voulu, par ailleurs, dans le projet de loi, c'est donner la
plus grande autonomie possible. On a copié même plusieurs... La
création de comités de discipline, le code de déontologie,
la nécessité de suivre les procédures lorsqu'il y avait
appel devant le comité de discipline, de suivre les procédures
quasi judiciaires ou judiciaires qui ont été mises sur pied par
la loi des corporations professionnelles. On s'est inspirés largement
des dispositions au Code des professions, tout en laissant ce régime
à l'intérieur des responsabilités du ministre responsable
des institutions financières et, plus particulièrement, de
l'inspecteur des institutions financières.
Ce sont des quasi-professions, mais dans le secteur financier et sous
l'autorité de l'Inspecteur général des institutions
financières du Québec.
M. Garon: Je vois de l'incohérence dans tout ça. Le
ministre, quand il publie son livre blanc, donne un signal, en 1987, en disant
qu'il favorise le développement de réseaux de vente. C'est bien
ça qu'il dit, au fond. Certaines compagnies se sont orientées
dans cette direction. Je pense que Les Coopérants et La Lauren-tienne
ont lu le livre blanc et ont embarqué là-dedans. Maintenant, le
ministre donne un signal différent. Le signal n'est plus le même.
On disait, au livre blanc: Développons des réseaux. On dit:
Maintenant, développons l'indépendance.
Deuxièmement, il me semble que vous donnez dans votre document,
dans la loi, à peu près tous les attributs d'un professionnel au
courtier d'assurances, sauf que vous ne lui donnez pas le statut. Si vous aviez
vraiment voulu protéger l'indépendance du courtier,
c'était sans doute en lui donnant un véritable statut
professionnel. Il aurait été possible d'aménager autre
chose pour faire en sorte que tout ça puisse fonctionner très
bien, sauf que si c'était ça qui était important,
l'indépendance du courtier, vous lui avez donné tous les
attributs: le code de déontologie, la surveillance, toutes les
règles qui, normalement, sont les attributs d'un professionnel, mats,
à la fin, vous ne lui donnez pas le statut.
Aujourd'hui, n'importe qui peut l'acheter. Quand vous voyez que Sears
est dans l'assurance. Je ne le sais pas, mais... Et je vois Eaton qui est dans
l'assurance, comme s'ils vendaient des bas ou des gants, comprenez-vous?
En même temps, vous dites que c'est important que le courtier
conseille. Cela me semble incohérent, tout ça. Je pense que
ça aurait été mieux, si on avait dit: C'est cela qu'on
vise, donnons-lui un statut professionnel, avec les obligations et la
surveillance d'un professionnel. Comme vous l'avez fait d'ailleurs, sauf
qu'à la fin, vous ne lui donnez pas le statut.
M. Fortier: II s'agit de s'entendre sur ce qu'on entend par
statut. Vous savez, franchement...
M. Garon: Comme pour les bureaux de notaires, personne ne peut
les acheter.
M. Fortier: II ne faudrait pas charrier. Je sais bien qu'on peut
se vanter d'être... Il fut un temps où les jeunes filles ne
mariaient que des professionnels, il faut en revenir de ça. Je crois que
la valeur d'un homme ne dépend pas du "statut professionnel". Je crois
que les courtiers d'assurances et les agents d'assurance-vie sont aussi
professionnels que vous qui êtes du Barreau. Moi, je fais partie de
l'Ordre des ingénieurs. Cela n'a rien à voir avec l'appartenance
à un ordre professionnel. Il ne faudrait pas essayer de charrier. Cela
date de 25 ans, ce genre d'argument. En fait, on leur a donné un statut
professionnel. Je pense que, dans la vie, on est professionnel. C'est un statut
qu'on se donne soi-même, franchement, par le fait qu'on donne des
conseils avisés, qu'on respecte un code d'éthique, qu'on respecte
certaines valeurs et qu'on s'autoréglemente. Je vous ai expliqué,
tout à l'heure, qu'il s'agit...
M. Garon: On vous comprend mal quand vous parlez comme ça.
Quand vous avez un statut professionnel, vous opérez sous votre nom.
Quand je fais affaire, par exemple, avec Poitras et Lavigueur, avocats, je sais
que c'est Poitras et Lavigueur, avocats, ce n'est pas... Et les autres noms qui
sont...
M. Fortier: Incorporé.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: Vous ne voulez pas que...
M. Garon: On fait affaire avec des individus, des personnes.
M. Fortier: Oui. Là, il y a un gros débat.
M. Garon: Tandis que si, de l'autre côté, à
la fin, vous dites que ceux avec qui vous faites
affaire, ce ne sont pas nécessairement les propriétaires
d'entreprise, et que vous ne le savez pas, vous permettez des choses que le
statut de professionnel ne permet pas. En même temps, il aurait
été possible aussi de permettre certaines associations, qu'il y
ait un véritable statut de professionnel pour garder
l'indépendance du courtier, mais, ensuite, qu'il puisse y avoir
certaines associations avec des entreprises comme...
M. Fortier: J'ai des grosses nouvelles pour vous. Je peux vous
dire, comme ministre responsable des corporations professionnelles, que le
conseil interprofessionnel m'a fait une grosse demande, d'appuyer une demande
qu'ils ont faite depuis de nombreuses années au gouvernement,
dernièrement au ministre des Finances, pour permettre l'Incorporation
des ordres professionnels. Je suis tout à fait d'accord avec eux, parce
que lorsque J'étais ingénieur, je travaillais dans une grande
compagnie qui s'appelle SNC et que le fait d'être incorporé en
compagnie limitée nous a permis un développement fulgurant. Il y
a des problèmes particuliers parce que le ministre des Finances a
compris très vite que les individus paient de l'impôt à
Québec et que, s'ils s'incorporent, ils vont payer de l'impôt
à Ottawa. C'est là qu'il y a un petit problème parce qu'on
perdrait, semble-t-il, 75 000 000 $ par année si les professionnels
s'incorporaient. Sur le fond du problème, je suis tout à fait
d'accord avec eux. J'appuie d'ailleurs cette initiative des professionnels. Je
crois que si on permet l'incorporation des ordres professionnels, on va s'en
aller très rapidement, à mon avis, vers des bureaux
multidiscipiinaires. Je suis tout à fait d'accord avec ça,
également D'ailleurs, on s'aperçoit que dans les grands bureaux
de comptables ou les grands bureaux d'avocats, il se trouve de plus en plus de
professionnels de différentes disciplines. Je me souviens que quand
j'étais chez SNC, malgré que la loi ne le permettait pas, ces
gens faisaient un tas de choses; on avait des architectes, on avait même
un notaire, toutes des choses qui n'étaient pas permises. Et je sais que
c'est la direction dans laquelle on va. On est un peu en arrière
là-dessus. Je crois que d'ici quelques années, on va s'en aller
dans une direction où les professionnels vont pouvoir s'incorporer, et
il y aura des bureaux multidisclplinaires. À ce moment-là, on va
se poser la question. Quand ils vont avoir des bureaux à
capital-actions, on va se poser le même genre de question que celles
qu'on se pose maintenant: Qui devront être les propriétaires du
capital-actions des bureaux d'avocats ou des grands bureaux? Chez les
ingénieurs, on s'est posé les mêmes questions.
En définitive, quelle est votre autre question? Vous aviez une
autre question que j'ai oubliée.
M. Garon: Vous vous demandez pourquoi le monde semble
mêlé dans les assurances, actuelle- ment. C'est que vous tenez
deux discours en même temps.
M. Fortier: Je ne suis pas mêlé. Il y a seulement
vous qui êtes mêlé.
M. Garon: Non. Vous avez des gens qui souhaitent les mêmes
objectifs, mais qui arrivent avec des positions contraires. Les gens sont
logiques. Il y en a la moitié qui prend l'un de vos discours et l'autre
moitié qui prend l'autre discours. Vous faites deux discours en
même temps. Vous faites un discours pour créer et
développer des réseaux et développer des entreprises
L'inspecteur général aussi, quand il a parlé, par exemple,
qu'il faudrait développer des Dale-Parizeau, c'est l'avenir du
Québec, etc. Cela est un discours. Et vous avez l'autre discours: II
faut être indépendant. Il faut être petit. Il faut
être indépendant. Il faut que le courtier soit indépendant,
autrement, il n'y a pas une aussi grande protection du consommateur. Vous tenez
deux discours en même temps.
M. Fortier: Ah, c'était votre question. Je l'ai
retrouvée.
M. Garon: C'est pour ça que je me dis...
Énoncé de politique sur le
décloisonnement des intermédiaires de marché
M. Fortier: M. le député de Lévis, quand on
a publié ce document 'La réforme des Institutions
financières du Québec", comme les mots le disent, la
réforme des institutions financières du Québec, on ne
parlait pas beaucoup des intermédiaires là-dedans, et avec
raison. Je me souviens très bien que lorsque J'ai publié ce
document, en octobre 1987, les courtiers d'assurances et les
intermédiaires de marché sont venus nous dire: M. le ministre,
c'est excellent, votre document, mais où sommes-nous là-dedans?
lis ne trouvaient pas qu'on en parlait beaucoup. C'est la raison pour
laquelle... C'est pour ça, quand on parie des réseaux ici, on
parlait... Vous avez raison, développer des réseaux. Vous savez,
on n'était pas allé bien loin dans le genre de problème
qu'on discute aujourd'hui, parce qu'on parlait des réseaux. J'ai relu
ça, moi aussi. (22 h 30)
De fait, vous avez fait allusion aux objectifs. On s'était
donné des objectifs. Il y en a qui disent que j'ai renié les
principes et les objectifs que j'avais mis de l'avant. Le premier objectif,
assurer le fonctionnement efficace du système financier. Le
deuxième objectif: assurer la protection de l'épargne du public
consommateur. Le troisième objectif: le respect de la juridiction du
Québec. Le quatrième, promouvoir le développement
économique du Québec et améliorer les services financiers
dans les régions. C'étaient les quatre objectifs Je ne vois pas
ce que j'ai fait, dans le moment, qui est en contradiction avec
ça. Avec ça, on se dirige vers quatre principes: permettre
le décioisonnement par filiale, on parlait des institutions
financières; contrôle des transferts de propriété,
on parlait des institutions financières; troisième principe, une
large part d'autoréglementation, on s'en sert ici, ça s'applique
aux Intermédiaires de marché; et, quatrième principe,
permettre le développement des réseaux de distribution des
services financiers. On parlait surtout des institutions financières,
Ici, mais ce qu'on fait aujourd'hui, c'est qu'on permet la constitution de
réseaux de distribution. Il peut y avoir un réseau de
distribution des Institutions financières, II peut y avoir - c'est ce
qu'on est en train de promouvoir ici - un autre réseau de distribution
des intermédiaires de marché. Ce que certaines institutions
financières veulent faire, c'est relier les deux réseaux, et
c'est là qu'est la question, mais, il est faux de dire qu'on ne fait pas
la promotion de la constitution de réseaux. En fait, au contraire, nous
désirons, par le fait du partage de commissions, par le fait de
l'organisation des regroupements de courtiers sous une bannière commune,
favoriser la formation de réseaux dans tout le Québec.
La question qui se pose est: Ce second réseau devrait-il
être le vassal des institutions financières? Je n'avais pas
répondu, en toute honnêteté, à cette question dans
le document d'octobre 1987. C'est la raison pour laquelle, à la suite de
critiques qui étaient venues des intermédiaires, on avait
publié un deuxième document. Comme je l'ai dit tout à
l'heure à l'Assemblée nationale, je n'accepte pas le commentaire
de M. Shooner qui dit: Dans le "livre blanc" touchant le décloisonnement
des intermédiaires: Ce n'est pas un livre blanc, c'est marqué
"document de consultation". Ce n'est pas un livre blanc. Il faudrait bien
arrêter de charrier. Ce n'est pas un livre blanc, c'est un document de
consultation, et, page après page, on explique quel est le
problème, quelle est la situation possible, quelle est l'orientation
qu'on suggère, et on demande ce que vous en pensez. Ce n'était
pas un livre blanc, c'était un document de consultation. Que les gens
viennent me dire, maintenant: Étant donné que vous avez dit
ça à telle page du document de consultation - si vous relisez le
texte, c'est toujours au conditionnel - peut-être qu'on pourrait faire
ceci et peut-être que l'orientation devrait être celle-là.
C'est un document de consultation.
C'est seulement dans le document de janvier dernier qu'on retrouve un
énoncé de politique approuvé par le gouvernement du
Québec, où on dit: C'est ce qu'on va faire. Si les gens disent:
On ne le savait pas; on a attendu le dépôt du projet de loi pour
connaître quelle était la politique du gouvernement. Je m'excuse,
à la première semaine du mois de janvier, ça a
été rendu public. La loi 113 a été
déposée le 21 décembre 1988, alors, ça remonte
à il y a cinq ou six mois que la politique du gouvernement est connue
dans le secteur du décioisonnement des Intermédiaires de
marché. C'est là qu'on en est.
Moi aussi, je suis en faveur de "motherhood and apple pie". J'aimerais
bien ça que tout le monde soit d'accord. Je m'excuse, je crois que ce
serait une excellente chose que tout le monde soit d'accord, au Québec.
J'imagine qu'on pourrait souhaiter la même chose lors des prochaines
élections générales. Malheureusement, il y en a qui vont
voter pour le Parti québécois et d'autres pour le Parti
libéral du Québec. J'aimerais bien que tout le monde soit
unanime. Je ne sais pas si ce serait une bonne chose pour la démocratie.
Je crois que non. Les gens divergent d'opinions. Je ne prends pas ça
personnellement, les gens ont le droit de diverger d'opinions. Comme vous
l'avez dit vous-même, vous avez été ministre, vous le
savez. Une fois qu'on a consulté pendant un an et demi, une fois qu'on a
évoqué les différentes possibilités, une fois qu'on
a examiné les orientations qu'on voulait donner, il faut trancher, il
faut se brancher quelque part. J'ai tranché, et je crois que j'essaie de
le faire dans le meilleur intérêt du public. Comme vous l'avez dit
vous-même, d'ailleurs, les journalistes l'ont écrit: Les gens qui
me critiquent aujourd'hui sont ceux qui m'ont toujours appuyé dans les
différentes démarches que j'ai faites, entre autres auprès
du gouvernement fédéral. C'est malheureux qu'on ne se retrouve
pas du même côté de la clôture, mais, que voulez-vous,
si j'accepte d'être ministre, à un certain moment donné,
par le serment que j'ai prêté, il faut que je conclue. J'ai conclu
et j'ai l'appui du premier ministre. C'est peut-être malheureux, mais
c'est comme ça. C'est par là qu'on s'en va. Que voulez-vous que
je vous dise? C'est la démocratie. Qu'on ne vienne pas dire que c'est
antidémocratique - c'est une autre expression de M. Shooner: on est
antidémocratiques - cela fait un an et demi qu'on discute de ce genre de
problème. Cela fait six mois que le projet de loi 113 a
été déposé. Franchement, l'antidémocratle,
j'en ai vu des pires que ça.
M. Garon: La question que je pose, au fond... En lisant le projet
de loi, on a l'impression que la principale chose qu'il faut faire, c'est
protéger les cabinets de courtage contre les institutions
financières québécoises, alors qu'à peu près
n'Importe qui d'autre va pouvoir acheter du capital-actions sans limite. Une
compagnie étrangère va pouvoir. On n'a pas de contrôle pour
savoir qui contrôle les compagnies étrangères. Je ne dis
pas que votre objectif n'est pas bon, mais de la façon dont c'est fait,
une compagnie étrangère va pouvoir acheter un cabinet de
courtage, à toutes fins utiles. Il n'y aura pas de problème.
M. Fortier: Mais le projet de loi ne dit pas qu'on empêche
les institutions financières québécoises d'acheter. On dit
"toute institution financière".
M. Garon: Oui
M. Fortier. C'est autant la Deutch Bank d'Allemagne qu'une
compagnie d'assurances française, qu'une institution financière
japonaise ou de l'Ontario. C'est toute institution financière. C'est
pourquoi je crois et certaines personnes laissent entendre que, si on le
permettait, il y aurait seulement des institutions financières
québécoises qui achèteraient des courtiers. Qui peut me
donner la garantie que, si on permettait l'achat des bureaux de courtage,
seulement deux compagnies d'assurances du Québec achèteraient des
courtiers? Je peux vous dire que c'est loin d'être vrai. Si on le permet,
toutes les institutions financières vont vouloir en acheter et je peux
vous le dire, pour avoir rencontré les banques. Je peux aller plus loin
que ça. Il y a des compagnies qui nous appuient dans la politique qui
est ici, comme le groupe Commerce, et qui nous disent: M. le ministre, si vous
permettez que des cabinets de courtage soient achetés, nous ne voulons
pas en acheter dans le moment, mais, si vous le permettez, il va falloir qu'on
en achète pour nous protéger. C'est pourquoi je vous dis que si
on le permet, je serais prêt à gager 100 $ que, d'ici un an, des
2400 cabinets de courtage, I n'en restera pas beaucoup sur le marché. La
grande majorité va être achetée. Il va y avoir une
surenchère terrible. Si c'est cela qu'on veut, on va le permettre et on
va voir d'ici un an. On va faire une commission parlementaire d'ici un an pour
dire: Sur 2400, I en reste 1000; une année plus tard, I va en rester 50.
Si c'est cela qu'on veut, on peut aller dans cette direction.
Rergardez ce qui s'est passé dans le secteur des valeurs
mobilières. Cela n'a pas pris un an que des grands bureaux de valeurs
mobilières ont tous été achetés. Bingo! Si c'est
ça qu'on veut, on va aller dans cette direction. Si on le permet, on le
permet, tout le monde va en acheter et ce sera la chasse aux canards.
M. Garon: Vous l'avez permis.
M. Fortier: Je n'ai jamais permis ça. D'aïleurs, M.
Jacques Parizeau s'est plaint de la chose. C'est la Commission des valeurs
mobilières qui a pris la décision sans en parier au ministre.
C'est pourquoi je voulais avoir un pouvoir de directive. Il y en a qui m'ont
dit: Vous ne devriez pas avoir ça. C'est la Commission des valeurs
mobilères. Le document des Coopérants et de La Laurentienne dit:
"Le gouvernement a autorisé... " Ce n'est pas le gouvernement qui l'a
autorisé, le ministre Parizeau m'a dit qu'il a appris ça par les
journaux, comme tout le monde. En tout cas, la décision est prise, on
n'est pas pour revenir là-dessus. On ne reviendra pas à 1983. la
décision a été prise.
La question qu'on doit se poser, c'est: Dans le secteur de l'assurance,
quelle est la meilleure solution dans le meilleur intérêt du
Québec?
C'est ça. la question qui est devant nous dans le moment. On
n'est pas en train de discuter si la
Commission des valeurs mobilières du Québec a eu raison en
1983. Trop tard!
M. Garon: Non, mais 1983... M. Fortler: Too late!" M.
Garon: Un instant! M. Fortier: Too late!"
M. Garon: Si le gouvernement arrive... Vous avez
été élus en 1985 et vous dites: Nous autres, on ne volt
pas cela comme ça C'est vous qui décidez, vous êtes le
gouvernement. À ce moment-là, vous faites une loi en
conséquence, ça finit là. La Commission des valeurs
mobilières n'est pas au-dessus du gouvernement.
M. Fortier: Non, mais c'est un débat...
M. Garon: C'est évident que le gouvernement doit se
prononcer sur ces questions, si le problème se pose. Si vous n'avez rien
fait, c'est parce que vous n'avez rien fait, au fond. Si vous aviez dit: Nous
autres, on ne veut pas que les maisons de courtage mobilier puissent être
acquises, vous auriez pu le faire.
M. Fortier: En tout cas, ce n'est pas la même situation.
Vous avez raison, on aurait pu intervenir. Avec l'évolution de la
pensée, peut-être qu'en 1989 je serais arrivé à
d'autres conclusions. Mais cela n'a pas été fait. Et on regarde
les résultats, soit que tous les grands bureaux de courtiers en valeurs
mobilières sont la propriété des banques et qu'il n'y en a
plus beaucoup qui existent. Mais la question qui est devant nous, c'est: Dans
le domaine de l'assurance, qu'est-ce qui va être le meilleur pour le
Québec? C'est la seule question. Je vous le dis bien franchement, j'ai
essayé de regarder ça le plus objectivement possible. Je ne
prétends pas avoir toutes les réponses à toutes vos
questions. M. le député de Lévis, vous posez de
très bonnes questions que je me suis posées également et
que j'ai posées aux courtiers. Mais quand on regarde l'ensemble des
avantages et des désavantages, Je crois que les solutions que nous avons
mises de l'avant, après moult consultations, m'ont convaincu que la
limite de la propriété serait dans le meilleur
intérêt des Québécois.
M. Garon: Quand vous avez vu, par exemple... Prenons le cas des
banques qui achètent, des institutions financières, est-ce que
vous étiez d'accord ou si vous n'étiez pas d'accord? Les maisons
de courtage de valeurs mobilières, étiez-vous d'accord ou si vous
n'étiez pas d'accord?
M. Fortier: Comme je l'ai dit tout à l'heure,
le problème dans le domaine des valeurs mobilières, c'est
que le marché est très volatil. Si un courtier n'a pas les reins
assez solides pour travailler à Montréal et que le marché
peut se déplacer à Toronto, si les courtiers en valeurs
mobilières ont besoin d'une capitalisation importante pour faire face
à la concurrence, idéalement, on aurait pu tenir le même
langage que celui qu'on tient aux courtiers d'assurances, mais, d'autre part,
eu égard aux besoins en capitalisation, probablement que c'est la bonne
décision qui a été prise dans le secteur des valeurs
mobilières. Je l'ai dit tout à l'heure, le meilleur argument qui
a été posé par les compagnies d'assurances et les
institutions financières, c'est: Est-ce que les courtiers d'assurances
ont besoin d'une capitalisation importante pour faire face à la musique?
Est-ce que cette capitalisation ne peut venir que par une capitalisation
provenant des institutions financières et des compagnies
d'assurances?
Si, à cette question, on répond que la seule façon,
c'est de permettre la capitalisation par les institutions financières,
je crois qu'on devrait changer le projet de loi. Mais à venir
jusqu'à maintenant, toutes les consultations que j'ai faites sont dans
le sens qu'on ne peut pas conclure, à ce moment-ci, que c'est la seule
avenue possible. Au contraire, les courtiers me disent qu'ils sont prêts
à relever le défi et qu'ils peuvent se financer de façon
à faire face à la concurrence, à organiser des
réseaux et à prendre avantage de la nouvelle loi sans être
la propriété des institutions financières.
M. Garon: Est-ce que ce n'est pas plutôt que vous avez
hésité à faire un choix entre des courtiers
contrôlés et des courtiers non contrôlés? Vous avez
décidé de faire en sorte qu'il y ait deux types de cabinets de
courtage dans l'assurance, les cabinets contrôlés et les cabinets
non contrôlés, et voir ce qui va arriver dans l'avenir. Est-ce que
j'ai raison quand je dis ça?
M. Fortier: Non, vous n'avez pas raison. On a pris notre
décision, comme je l'ai Indiqué, et on a décidé de
respecter les droits acquis. On n'avait pas l'intention d'avoir deux types de
courtiers. C'est tout simplement que la logique nous a amenés à
respecter les droits acquis, c'est tout.
M. Garon: Est-ce que, dans votre esprit, pour l'économie
du Québec, pour la protection des consommateurs québécois,
il y a un système qui est meilleur que l'autre ou si c'est
indifférent?
M. Fortier: Ah non! Je crois que le système de
l'indépendance du courtier est certainement meilleur que l'autre.
Remarquez bien que s'il y a une faible proportion des courtiers qui sont la
propriété d'institutions financières, II faut voir
ça en volume. Comme de raison, il y a de grands bureaux de courtage qui
existent, c'est vrai, mais si l'on regarde - attendez, je pense que j'ai les
chiffres ici - les pourcentages sont quand même importants; je crois
qu'il y a 60 % du marché qui est entre les mains de ce qu'on peut
appeler les petits bureaux de courtage. Alors, c'est quand même
important. C'est ce marché que... Parmi les grands bureaux de courtage,
il y en a qui sont quand même indépendants aussi, ils ne sont pas
tous dominés par les institutions financières.
Est-ce que ça vous satisfait, M. le député de
Lévis?
Une voix: Alors, ça va.
M. Garon: Bien, ça va pour ces questions...
Une voix: Préliminaires.
M. Garon: Oui, pour les questions préliminaires parce que,
évidemment, il y a des questions qu'on va poser lors de l'examen des
articles.
Le Président (M. Lemieux): Je pensais que vous vouliez que
j'appelle les articles 1 à 264!
M. Garon: Non.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'appelle...
M. Garon: Avez-vous eu le temps de lire le document, pendant que
vous étiez parti?
Le Président (M. Lemieux): C'est votre conseiller qui vous
a glissé ça à l'oreille!
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais lui faire
remarquer...
M. Garon: Vous avez raison. Mon conseiller est là pour me
conseiller, s'il ne me conseille jamais...
Le Président (M. Lemieux): Alors, qu'il vous conseille
dans le...
M. Garon:... je vais lui dire de s'en aller se coucher!
Le Président (M. Lemieux): Qu'il vous conseille sur le
projet de loi 134, pas sur les décisions que la présidence a
prises.
J'appelle l'article 1 du projet de loi. M. le ministre.
Étude détaillée
Définitions
M. Fortier: M. le Président, il y a un papillon à
l'article 1. L'article 1 du projet de loi
sur les intermédiaires de marché est
modifié par la suppression de la définition de 'gestionnaire de
risques". La définition de 'gestionnaire de risques" nous posait un
problème. On nous a avisés de la chose. Il y a moyen
d'éliminer la définition et de procéder autrement. Donc
vous verrez, un peu plus loin, lorsqu'on fait référence au
gestionnaire de risques, qu'on peut réécrire les quelques
articles là où cette expression apparaissait sans la
nécessité d'une définition et sans même se
référer à l'expression 'gestionnaire de risques". Donc,
nous proposons la suppression purement et simplement de la définition de
'gestionnaire de risques". (22 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Un instant.
M. Fortier: Cela apparaissait à quel
article?
M. Garon: Ils ne sont pas dans l'ordre.
Le Président (M. Lemieux): Ils ne sont pas dans l'ordre?
Ils sont dans l'ordre, M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): C'est le chapitre V qui est
modifié, si vous parlez du titre.
M. Garon: C'est le titre qu'on avait en premier.
Le Président (M. Lemieux): Non, le titre. M. le
député de Lévis, c'est au chapitre V qu'il y a une
modification et non pas au début du titre comme tel. Cela va?
M. Garon: Ah bon! C'est le premier amendement que l'avais dans la
liste.
Le Président (M. Lemieux): J'ai eu la même
réflexion que vous, M. le député de Lévis. J'en
reviens maintenant au papillon 1, à l'article 1, sur 'gestionnaire de
risques'.
M. Garon: Je pense qu'on est mieux de procéder ici
paragraphe par paragraphe, on s'en va dans le milieu des définitions. On
serait mieux d'attendre quand on arrivera là parce que autrement...
Le Président (M. Lemieux): Je croyais que ces
définitions-là ne posaient pas de problème pour vous, M.
le député de Lévis. Alors, cela va.
M. Garon: Oh! attendez un peu!
Le Président (M. Lemieux): Alors, article 1, "agent en
assurance".
M. Fortier: L'"agent en assurance" est la personne qui offre
directement au public des produits d'assurance de personnes ou de dommages pour
le compte d'un seul assureur ou qui est liée par contrat
d'exclusivité à un assureur*.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
définition par rapport à la définition actuelle.
M. Fortier: Quelle est la définition actuelle? Est-ce
qu'il y a une définition, M. Bouchard, pour l'agent en assurance? Oui,
iI y avait une définition qui disait ceci, M. le député de
Lévis. 'Agent d'assurance: Toute personne qui, pour autrui et à
titre onéreux ou pour le compte de son employeur mais non pour une
personne qui, en matière d'assurance, n'offre ou ne conclut que des
contrats de garantie supplémentaire visés au paragraphe a exerce
en assurance en négociant ou plaçant des risques, en sollicitant
ou obtenant des demandes d'assurance, en délivrant des polices ou en
percevant des primes, y compris un courtier spécial visé à
l'article 346 et un courtier d'assurances au sens de la Loi sur les courtiers
d'assurances. '
M. Garon: Selon l'opinion de l'Inspecteur général,
est-ce qu'i pense que cette définition change la nature de l'agent
d'assurance tel que défini antérieurement dans la loi?
M. Fortier: M. l'inspecteur.
M. Bouchard: Non, dans la Loi sur les assurances qui date de
1974, tel que le ministre vient de vous le lire, "agent" est un terme
générique qui couvre à la fois l'agent au sens propre et
le courtier.
M. Garon: Pardon?
M. Bouchard: Et le courtier. Tandis qu'ici, vous avez une
définition d"agent" et vous avez plus loin une définition de
'courtier*. On fait la distinction très nette entre les deux, dans le
langage courant, parce que. tout au long de la loi, on va se
référer soit à un agent, soit à un courtier quand
on voudra faire la distinction.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Lemieux): La deuxième
définition, "assureur".
M. Fortier: "Assureur: l'assureur au sens de l'article 1 de la
Loi sur les assurances" C'est la même définition que dans la Loi
sur les assurances.
M. Garon: Cela va
Le Président (M. Lemieux): La troisième
définition, "cabinet. "
M. Fortier: "La société ou la personne morale qui
exerce, par l'entremise d'intermédiaires de marché en assurance
ou de planificateurs financiers, des activités à ce titre. "
Est-ce qu'il y a un problème avec la définition?
Le Président (M. Lemieux): Pour "cabinet", cela va?
M. Garon: Attendez un peu! Ce sont des définitions
nouvelles.
M. Fortier: Bien, il fallait se donner des définitions
pour pouvoir réglementer par la suite. Préférez-vous, M.
le député de Lévis, qu'on continue dans la loi et qu'on
revienne aux définitions après?
M. Garon: Non, non, non.
M. Fortier: Non?
M. Garon: Au contraire.
Le Président (M. Forget): Non, non, ça va, n'est-ce
pas? Oui?
M. Garon: J'aimerais mieux avoir les définitions au
début parce que, autrement, ça va être
compliqué.
M. Fortier: Alors, on a voulu définir le cabinet. Pour
nous, le cabinet est une société ou une personne morale qui
exerce par l'entremise d'intermédiaires de marché en assurance.
Alors, on se réfère, pour un cabinet d'assurances, à un
cabinet de planificateurs financiers.
M. Garon: Au fond, c'est là que vous avez une vision des
choses selon laquelle un cabinet peut être incorporé, une
société ou une personne morale...
M. Fortier: C'est ça.
M. Garon: Mais, par définition, quand c'est une personne
morale, les propriétaires sont les actionnaires.
M. Fortier: Cela existe dans le moment. En fait, on se
réfère à ce qui existe dans le moment. C'est une
société, alors c'est soit comme une société
d'avocats, une personne morale et incorporée. Alors, on se
réfère tout simplement à ce qui existe dans le moment dans
la vie.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. Si vous aviez
considéré ce qui était le plus important, c'était
l'indépendance du courtier...
M. Fortier: Bien, c'aurait été uniquement des
professionnels qui exercent uniquement en société.
M. Garon: C'aurait pu être ça.
M. Fortier: Oui. On n'a pas senti le besoin, M. le
député de Lévis, d'aller dans ce sens. Au contraire, je
crois que c'est une bonne chose que les personnes morales donnent une certaine
permanence. C'est plus facile d'évaluer la valeur d'un cabinet qui
travaille avec une personne morale, qui peut se transmettre de
génération en génération quelquefois. Il y a
beaucoup d'avantages à travailler avec une personne morale. C'est pour
ça que les ordres professionnels désirent avoir l'autorisation
d'exercer sous personne morale. Une des raisons, c'est la permanence que
ça crée, le "goodwill", l'achalandage que l'on peut
développer en faveur d'une personne morale. Prenez, par exemple, les
bureaux d'avocats Martineau Walker. Je pense que ça fait longtemps que
M. Martineau n'est plus là de même que M. Walker, mais c'est une
personne morale: Martineau Walker. Tout le monde sait de quoi on parle.
M. Garon: Ce n'est pas une personne morale.
M. Fortier: Bien, ce n'est pas une personne morale, mais, en tout
cas, ils ont tous des bureaux incorporés "on the side" pour certaines
fonctions.
Le Président (M. Forget): Est-ce que ça va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: C'est une conception des choses. Je ne suis pas certain
qu'on achète des services d'assurance ou des services d'avocats comme on
achète des biscuits sodas. Habituellement, il y a une relation de
confiance avec une personne ou avec des personnes dans un bureau. Dans le cas
des services professionnels, ce ne sont pas des produits
indifférenciés. Quand on parle d'un marché de produits, on
parle souvent de produits qui sont indifférenciés. L'important
n'est pas qui les vend, mais le meilleur prix, à moins qu'il y ait un
service après-vente.
Quand on est dans le domaine des services professionnels, je ne sais
pas, mais quand vous faites affaire avec un médecin, vous ne dites pas:
Je vais dans tel bureau incorporé et donne-moi le médecin que tu
voudras. Je ne suis pas convaincu. Dans certains cas, pour certaines personnes
qui n'en connaissent aucun, oui, mais habituellement, les gens vont, au
contraire, demander: Connais-tu quelqu'un qui est bon? Ou ils vont se faire
guider par des amis en qui ils ont confiance parce qu'il y a une relation
personnelle très forte dans le cas des services professionnels. Qu'il
s'agisse d'un médecin, d'un avocat, d'un notaire, même dans le
domaine de la construction, je pense bien que lorsque les gens font affaire
avec un bureau d'architectes, ils aiment la conception qu'ils ont des choses.
Il s'agit de produits qui sont différenciés par la
personnalité des gens qui les rendent. Je pense que c'est
ça qui fait la différence d'un service professionnel.
Dans le domaine du courtage, je ne peux pas parler au nom de tout le
monde, mais je pense que, quand quelqu'un prend un courtier d'assurances, c'est
parce qu'il a confiance en cette personne. Je ne dis pas que tout le monde fait
ça, mais je pense que, par définition, un agent va vendre un
produit, c'est son produit qu'il vend, mais qu'un courtier vend un peu sa
crédibilité. Vous faites affaire avec tel courtier et vous lui
demandez des choses. Vous pouvez ne pas aimer son produit. J'ai
déjà vu un courtier, qui m'a offert un produit. Il m'a dit: C'est
le meilleur, le meilleur prix. J'ai dit: Parfait, peut-être, mais je ne
suis pas intéressé, comme député, à acheter
d'une compagnie étrangère. Je me rappelle trop comment M. Ryan a
été obligé de s'expliquer longtemps quand le Parti
libéral - sa succursale de Montréal - était assuré
avec une compagnie étrangère. J'ai dit: Moi, je ne suis pas
intéressé. Trouvez-moi un produit à ce prix-là qui
est équivalent et qui provient d'une compagnie d'assurances
québécoise. Finalement, il a trouvé. Le courtier a
cherché et, finalement, il a dit: C'est correct, j'en ai un.
C'est parce que là, c'est une relation, c'est un produit, iI y a
une discussion avec le courtier. Quand on dit que c'est une personne morale, au
fond, les gens font affaire avec une entreprise, je ne suis pas sûr de
ça. Je pense qu'il...
M. Fortier: On dit "cabinet' aussi.
M. Garon: Oui, c'est là que vous faites votre affaire. On
dit "cabinet*: ta société ou la personne morale...
M. Fortier:... qui exerce, par l'entremise
d'intermédiaires de marché...
M. Garon: "... qui exerce, par l'entremise
d'intermédiaires de marché en assurance ou de planificateurs
financiers, des activités à ce titre. " C'est indifférent,
qui va être propriétaire de ce cabinet. Parce que, par la personne
morale, vous permettez que les actionnaires soient différents de ceux
qui offrent des services. C'est là qu'il arrive que ça peut
être des compagnies étrangères qui soient
propriétaires du cabinet parce que c'est une personne morale, sans que
les gens ne le sachent. Tandis que les gens trouveraient important, à
mon avis, de savoir qui est en arrière de tout ça. Quand on
choisit la société, on trouve plus facilement. Si on distingue le
contrôle, la propriété et le financement, on peut
distinguer ces questions, ces choses peuvent être distinguées.
Mais ici, par la notion de personne morale, vous faites un choix en disant:
Moi, j'incorpore les bureaux et ensuite, les actionnaires peuvent être
ceux qui acquièrent les actions.
Après ça. vous choisissez dans la qualité des
actionnaires, donnant plus de droit, ensuite, à ceux qui vont être
des actionnaires qu'on ne connaîtra peut-être même pas ni
d'Ève ni d'Adam, par rapport à d'autres pour lesquels vous allez
être plus sévères, qui sont des gens de chez nous et que
tout le monde connaît très bien, alors que ce que vous voudriez
contrôler au fond, ce sont des conflits d'intérêts possibles
d'institutions financières qui contrôleraient ces
bureaux-là. Il me semble qu'on mélange trop de choses ensemble en
faisant ça, alors qu'y s'agit de choses entièrement
différentes, qui n'ont pas nécessairement de rapport. Si on veut
contrôler les conflits d'intérêts, c'est une affaire. C'est
évident qu'avec le dédoisonnement, iI va y avoir plus de conflits
d'intérêts. Le financement, c'est une deuxième affaire.
Là, on peut discuter beaucoup sur le financement nécessaire et
tout ça.
La relation avec ceux qui vont offrir les produits, c'est-à-dire
ceux qui fournissent les produits, c'est une troisième affaire. Il ne me
semble pas que tout ça soit entièrement interrelié et que
les moyens à prendre pour viser les objectifs dans chacun des cas... Par
exemple, concernant la propriété les conflits
d'intérêts, les produits qui vont être offerts par les
courtiers. il s'agit de choses entièrement différentes et qui
peuvent être vérifiées, surveillées
différemment. Souvent, une des façons peut être, par
exemple, la divulgation. Prenons, par exemple, le domaine des compagnies. On a
choisi de contrôler quoi? On sait, dans le domaine des valeurs
mobilières, qu'il peut y avoir beaucoup de relations entre les groupes,
et on a choisi de faire en sorte qu'on dévoile les initiés qui
doivent dévoiler leur participation pour que les gens qui font des choix
soient mieux informés. Dans le domaine de l'assurance, cela aurait pu
être possible aussi.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je pourrais, M. le
député de Lévis, vous demander de revenir à la
définition comme telle?
M. Garon: C'est ça, c'est le problème de la
définition...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas
dans...
M. Garon:... qui, à mon avis...
Le Président (M. Lemieux): Revenez à la
définition
M. Garon: C'est parce que vous ne suivez pas le débat,
là.
Le Président (M. Lemieux): J'ai suivi le débat. M.
le député de Lévis. J'ai suivi le débat. (23
heures)
M. Garon: La question de la personne morale, c'est là,
à mon avis, que vous créez un système. Pardon?
Une voix: II existe.
M. Garon: Je comprends qu'il existe, mais ensuite vous
décidez de le contrôler parce que vous visez l'indépendance
en reconnaissant les droits acquis de ceux qui contrôlent les bureaux. On
arrive avec deux régimes par ce biais de la personne morale. Cela aurait
pu être différent.
M. Fortier: Est-ce que vous suggérez, dans le fond, que le
système devrait être uniquement constitué d'individus comme
tels? Parce que lorsqu'on parle de "cabinet", si vous allez voir plus loin les
règles de déontologie... Quand on regarde également le
partage des commissions, on dit que les systèmes de partage des
commissions doivent être approuvés par la direction d'un cabinet
en particulier. Il faut absolument qu'on se réfère à un
cabinet qui est constitué parce qu'on va s'y référer. Ici,
on ne fait que se donner des définitions qui vont être
utilisées plus loin dans la loi. Je pense que le débat que vous
voulez faire, on le fera plus loin. Dans le moment, c'est juste une
définition.
Le Président (M. Lemieux): D'accord, ça va pour
"cabinet". Adopté. Nous passons au "courtier en assurance".
M. Garon: Adopté. Il y a une question que je voulais poser
concernant l'agent d'assurances et j'ai oublié. Je viens d'avoir une
information. Est-ce qu'un agent d'assurances peut avoir, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y.
M. Garon:... plusieurs contrats d'exclusivité avec un
assureur?
M. Fortier: Dans le moment, on va se comprendre. Dans le
domaine...
M. Joly: II devrait reformuler la question.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Fabre, vous n'êtes pas membre de cette commission.
M. Joly: Excusez-moi, vous avez raison, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas bien grave. On a
compris vos observations.
M. Garon: Je veux justement me référer à un
document que j'ai eu pendant mon discours, tout à l'heure...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous qu'on suspende deux
minutes, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui. D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
(Suspension de la séance à 23 h 3)
(Reprise à 23 h 16)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît. La commission du budget et de l'administration poursuit ses
travaux. Nous en étions, je pense, à la définition
de...
Une voix: Est-ce que l'inspecteur générai des
institutions financières est là?
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, je croyais que M.
l'inspecteur général des institutions financières
était arrivé.
Au sujet de la définition de "cabinet"? Je pense qu'on
était rendus à "courtier en assurance", n'est-ce pas?
M. Garon: Je vais être franc avec vous, agent d'assurances,
cabinet et courtier d'assurances, ce sont des notions qui...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons attendre M.
l'inspecteur général des institutions financières, M. le
député de Lévis.
M. Garon:... sont toutes imbriquées l'une dans
l'autre.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. (Suspension de la
séance à 23 h 17)
(Reprise à 23 h 18)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration poursuit ses travaux. La parole est à M. le
député de Lévis. M. le député de
Saint-Louis, vous avez terminé vos tergiversations et
élucubrations?
M. Chagnon: C'est plus grave que ça, M. le
Président. Je ne veux pas intervenir à ce moment-ci de nos
débats, mais c'était pas mal grave.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. l'Inspecteur général des
institutions financières, la parole est au député de
Lévis.
M. Garon: Concernant les définitions d'agent en
assurance", de "cabinet" et de "courtier en assurance", il y a une lettre que
vous avez dû recevoir, M. le ministre, parce qu'elle vous est
adressée, datée du 1er juin 1989, aujourd'hui. Je comprends. Je
ne blâme personne de faire des représentations, comme vous l'avez
dit, à la dernière minute. Quand vous lisez les
six pages il y a dans ce document, qui est assez bref, six pages
à simple interligne, il y a pas mai de jus dans les six pages. Quand on
lit ce qui est dit par exemple: Avec l'introduction des définitions de
l'agent d'assurances, vous avez choisi de traduire ces objectifs dans un texte
de loi qui fait table rase de lois antérieures concernant ce que le
projet de loi appelle les Intermédiaires de marché en assurance.
En effet, les dispositions correspondantes de la Loi sur les assurances et de
la Loi sur les courtiers d'assurances sont dans leur entier, abrogées.
Des définitions entièrement nouvelles sont introduites concernant
les mots "agent en assurance" ou "courtier en asssurance", et elles ne sont
plus basées sur l'acte posé mais sur le fait que
l'intermédiaire offre au public des produits d'un seul ou de plusieurs
assureurs.
Avec l'introduction des définitions pour les mots "agent en
assurance", "courtier en assurance" et "cabinet", vous avez mis l'accent sur
l'intermédiaire de marché indépendant des assureurs. Cette
indépendance a été renforcée par des dispositions
comme l'obligation pour les employés d'un intermédiaire d'avoir
une certaine formation, article 12; l'obligation de fournir un cautionnement et
de détenir une assurance responsabilité, article 16, la
présomption que l'intermédiaire de marché est le
mandataire de l'assuré sauf exception, article 18; la
confidentialité de l'Information qui lui est transmise, article 25; le
maintien d'un compte en fidéicommis, article 26; le franchisage, article
27; et la divulgation des liens financiers, articles 47 et 48. Ces dispositions
s'appliquent aussi bien à l'agent en assurance qu'au courtier en
assurance alors que l'agent en assurance est généralement
encadré par le système de distribution par agence. Dans un tel
cas, c'est l'agence ou l'assureur lui-même qui doit être
visé par la loi. Or, en Introduisant une définition du mot
"assureur", vous laissez entendre que l'assureur n'est pas une personne morale
au sens de la définition de "cabinet". Seuls les intermédiaires
de marché et les cabinets font l'objet du projet de loi 134. Les
assureurs et leurs agences ou succursales ne seraient donc pas directement
visés par les dispositions du projet de loi et le système de
distribution traditionnel des compagnies d'assurances de personnes serait
lié et chaque Intermédiaire de marché serait un
entrepreneur Indépendant, qu'il soit ou non lié par contrat
d'exclusivité à l'assureur. Cette impression est renforcée
lorsqu'on regarde les dispositions applicables aux courtiers en assurance.
Jusqu'à maintenant, la législation
québécoise ne distinguait pas véritablement le courtier en
assurance de la personne. En fait, tous les agents en assurance sur la vie et
en assurance sur la vie et sur la maladie et les accidents étaient
titulaires d'un certificat à représentations multiples qui leur
permettait de représenter plusieurs assureurs. Ceux qui
représentaient effectivement plusieurs assureurs pouvaient, à
leur gré, utiliser le titre de courtier en assurance-vie. Dans tes
faits, la très grande majorité des agents en assurance
représentait plusieurs assureurs, que ce soit avec l'accord tacite ou
exprès de l'assureur principal qui leur accorde un contrat d'agence ou
de courtage. Seulement une minorité d'entre eux utilise le titre de
courtier et les agents véritablement exclusifs sont peu nombreux au
Québec.
La définition d"agent en assurance" et de "courtier en assurance"
vient forcer la grande majorité des agents d'assurance de personnes, qui
ne sont pas strictement exclusifs et qui ne s'annoncent pas comme courtiers,
à faire un choix entre renoncer à leur contrat avec leur assureur
principal ou renoncer à représenter plusieurs assureurs, ce qui
était un droit acquis en vertu de la loi actuelle.
Cela pose un drôle de problème, si c'est vraiment la
conclusion de l'interprétation des définitions telles qu'elles
sont. Vous en arrivez, au fond, à permettre aux compagnies d'assurances
de vendre différents produits dans le cadre du décloisonnement
des Institutions. Après, les agents des compagnies, le réseau des
compagnies ne pourront plus offrir ces produits. Si la compagnie a le droit de
vendre, d'offrir un certain nombre de produits, les compagnies ont le droit
d'offrir un certain nombre de produits. L'inspecteur a l'air de dire non. Je
vois votre réaction. Je ne peux pas m'abstenlr de voir votre
réaction. Comment ça va se faire? Comment ça va pouvoir
fonctionner?
Tantôt, vous disiez, au fond, que la plupart des courtiers
vendaient plusieurs produits et que les compagnies offrent plusieurs produits.
En quoi, à ce moment-là, la propriété de ces
bureaux va être différente par rapport à quelqu'un qui
offre plusieurs produits? Je ne comprends pas trop. Quand on relie tous ces
concepts ensemble, comment ça va fonctionner?
M. Fortier: Vous avez raison. Nos définitions sont
très simples, mais la lettre qu'on a reçue est très
compliquée. Vous avez raison. Je vais demander à l'inspecteur de
faire des commentaires.
Le Président (M. Lemieux): M. l'inspecteur
général des institutions financières.
M. Bouchard: D'abord, je dois dire, M. le ministre, qu'à
votre demande, j'ai rencontré ces gens et les présidents de ces
compagnies à l'heure du souper. On a reçu cette lettre au
début de l'après-midi. À la demande du ministre, j'ai
rencontré les présidents qui y étaient, y compris ceux qui
vous ont expliqué la lettre. Je pense qu'il y a une mise au point fort
importante à faire. Il y a une Incompréhension assez
sérieuse du projet de loi et des objectifs qui sont poursuivis par la
loi. Que l'on dise dans la lettre qu'on perturbe systématiquement le
système et qu'on fait table rase de ce qui existe, je m'in-
cris complètement en faux contre cette affirmation pour une bonne
et simple raison: c'est que le système d'agences d'assurances, de
compagnies d'assurances et les directions d'agences qui existent ne sont
abolies en aucune façon par le nouveau projet de loi qui est
déposé.
L'encadrement que constitue l'agence d'une compagnie d'assurances
comprend des agents d'assurances qui sont à contrat exclusif avec leur
compagnie. Cet agent exclusif continue d'exister dans le système, tout
comme on devra dorénavant prévoir dans le système - ce que
l'ancien système ne prévoyait pas mais qui existait dans les
faits - l'existence de courtiers d'assurance-vie.
La lacune de la loi actuelle, c'est qu'un individu qui se qualifiait
comme agent d'assurances pouvait porter le titre de courtier sans en avoir la
qualification qui, normalement, devrait être exigée. Le
système demeure donc un système basé sur la vente directe
pour une compagnie d'assurances qui peut être encadrée dans un
système d'agences. De plus, l'agence mise sur pied par les compagnies
d'assurance-vie continuera de subsister parce que les compagnies d'assurances
mettront à la disposition de leurs agents les moyens jugés
requis, soit au point de vue matériel, soit au point de vue conseil ou
encadrement de vente, et ainsi de suite, pour continuer de donner la formation
requise à leurs agents.
Donc, lorsqu'on dit, pis ici encore, que le système de
distribution traditionnelle des compagnies d'assurance de personnes serait
nié et que chaque intermédiaire de marché serait un
entrepreneur indépendant, qu'il soit ou non lié par contrat
d'exclusivité à un assureur, je ne comprends pas cette
affirmation. Je l'ai réfutée au souper, en présence des
présidents de compagnies qui y étaient, lesquels ont
semblé comprendre les explications que j'ai données.
Le deuxième point. On dit que, par les définitions
d'agents d'assurances et de courtiers en assurance de personnes qui ne sont pas
strictement exclusifs et qui ne s'annoncent pas comme courtier, on les force
à faire un choix entre renoncer à leur contrat avec leur assureur
principal ou renoncer à représenter plusieurs assureurs.
Après avoir dit, deux phrases plus haut, et c'est reconnu par l'auteur,
"dans les faits, la très grande majorité des agents d'assurances
représentaient plusieurs assureurs*. Pourtant, ils sont à contrat
exclusif, que ce soit avec un accord tacite ou exprès de l'assureur
principal qui leur accorde un contrat d'agence ou de courtage.
Le système actuel, qui est un contrat d'agence exclusif,
permettait avec l'accord tacite des compagnies d'assurances, de faire en sorte
que cet agent, supposément exclusif, transige des affaires d'assurances
avec d'autres compagnies que la sienne.
M. Garon: Si je lis les mots qui sont là, ce
n'était pas la même définition auparavant. Vous dites
"agent en assurance": "la personne qui offre directement au public des produits
d'assurance de personnes ou de dommages pour le compte d'un seul assureur ou
qui est liée par contrat d'exclusivité à un assureur."
Maintenant, vous dites qu'y peut vendre des produits de plusieurs
assureurs.
M. Bouchard: Je réponds à cela, pour revenir
à la définition et dire que...
M. Garon: II est exclusif ou il ne l'est pas? Je ne comprends
pas.
M. Bouchard: Écoutez, je réponds à
cela...
M. Garon: Je vois que le président semble se poser la
même question. Que signifie exclusivité, d'après vous?
M. Bouchard: C'est ce que j'essaie de vous expliquer.
M. Garon: Je ne comprends pas.
M. Bouchard: Partons des termes d'exclusivité...
M. Garon: Oui. (23 h 30)
M. Bouchard: Bon. Ensuite, on va reprendre le projet de loi.
L'auteur de cette lettre dit lui-même que, dans le système actuel
de contrats exclusifs...
M. Fortier: Dits exclusifs.
M. Bouchard: ...dits exclusifs, dans les faits, la très
grande majorité des agents d'assurances représentent plusieurs
assureurs. Ce ne sont pas des courtiers qui font cela. Ce sont des agents qui
ont des contrats exclusifs. C'est la situation actuelle. Revenons maintenant
à la définition. On n'a pas changé la définition
actuelle, justement parce que, dans les faits, la très grande
majorité des agents d'assurances représentent plusieurs
assureurs; on sait cela aussi. C'est la raison pour laquelle, dans la
définition d'"agent en assurance", par opposition à celle de
"courtier en assurance", il y a une personne qui accepte, par contrat avec une
compagnie d'assurances, de transférer de façon exclusive ses
produits à cette compagnie d'assurances. Et, de façon
contractuelle avec cette compagnie d'assurances, la compagnie d'assurances,
tout comme dans les faits, à l'heure actuelle, cela se passe, pourra...
Contractuellement, elle va lui permettre sans pour autant en faire un courtier.
Cela ne se fera pas systématiquement. La compagnie d'assurances qui a un
contrat va lui permettre d'offrir à son client les produits d'une autre
compagnie parce que la compagnie n'a pas ces produits. Mais, pour autant,
l'individu demeure lié à son contrat
d'assurance.
Par opposition à cela, il y a la définition du mot
"courtier", et là, tous les mots comptent. Au bas de cette
définition, on lit que c'est 'la personne qui offre directement (... )
des produits d'assurance de personnes (... ) pour le compte de plus d'un
assureur et qui n'est pas... ", non pas "ou", mais "et". Dans la
définition d'un agent, vous avez "ou qui est liée par contrat
d'exclusivité". Cela fait toute la différence du monde. Alors,
une personne qui n'a pas de contrat d'exclusivité et qui offre des
produits d'assurance pour le compte de plusieurs assureurs, c'est un courtier.
Mais un agent d'assurance-vie qui a un contrat d'exclusivité, mais qui,
à l'occasion, avec la permission de sa compagnie d'assurances, vend des
produits d'une autre compagnie d'assurances, ne devient pas un courtier; il
demeure un agent en vertu de la définition de l'agent d'assurances.
C'est clair. Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas
nécessairement pour d'autres services.
M. Bouchard: Non, pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): La compagnie pourrait offrir
ces mêmes services.
M. Bouchard: C'est pour l'acte. Ici, c'est un contrat
d'exclusivité par ligne. Par exemple, si dans un conglomérat
financier, il y a une compagnie d'assurance-vie et une compagnie d'assurances
générales, l'individu qui voudrait avoir deux contrats exclusifs
le ferait non pas par la définition, mais par les dispositions du cumul
de permis dans des lignes différentes.
Le Président (M. Lemieux): Cela va. Je comprends. M. le
député de Lévis, est-ce que cela vous va comme explication
raisonnable?
M. Garon: Quand vous dites qu'il le fera par cumul de permis, ce
sont des permis qui vont lui donner le pouvoir de faire quoi?
M. Fortier: Le droit de vendre de l'assurance-vie et de
l'assurance générale. On permet au même individu d'avoir
différents permis dans différents domaines.
M. Garon: Oui
Une voix: Ce n'est pas un courtier.
M. Fortier: Non, c'est toujours un agent.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que cela vous va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Un instant! Vous considérez que la lettre que
vous avez reçue de l'Association canadienne des compagnies d'assurance
de personnes inc., vous crée un faux problème.
M. Fortier: Non. Je pense qu'on s'entend sur la définition
de la réalité. Nous sommes tout à fait d'accord. Le
député de Fabre, qui était un excellent agent
d'assurance-vie - j'ose espérer qu'il n'y retournera pas demain matin
-pourra témoigner de la réalité. Alors, on s'entend sur la
réalité. La réalité, c'est qu'un agent qui a un
contrat d'exclusivité peut, dans un pourcentage de l'ordre de 25 % ou
autre... Peut-être que le député de Fabre pourrait nous
définir la réalité, on verra si notre définition
colle à la réalité.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lévis, êtes-vous intéressé à entendre la
réalité du député de Fabre? Il me faudrait votre
consentement, il n'est pas membre de cette commission.
Réfléchissez-y deux fois.
M. Garon: II n'est pas membre de cette commission, mais on a
toujours été assez larges.
Le Président (M. Lemieux): Oui. assez
généreux. Je voulais quand même avoir votre consentement,
c'est dans les règles. M. le député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Dans les faits, il y a
une chose qu'il faut réaliser. Tantôt, je pense que M.
l'inspecteur a très bien défini cela quand il a donné la
définition d'agent captif. Je pense que c'est ça qui englobe un
peu la réponse que vous recherchez. Au sujet de l'agent captif, il s'est
même permis de nommer des compagnies: Wawanesa, Allstate, etc.
M. Fortier: C'est dans le domaine de l'assurance
générale.
M. Joly: Oui, c'est dans le domaine de l'assurance
générale, mais c'est le même principe dans le domaine de
l'assurance-vie. Allstate fait aussi de l'assurance-vle, mais elle dit à
ses représentants: Tu vas vendre strictement pour nous. Donc, c'est un
agent captif, un agent exclusif. À l'occasion, certains directeurs de
bureau pouvaient permettre à leurs représentants de placer
certains contrats à l'extérieur, dans d'autres compagnies, mais
ils leur défendaient, par exemple, de vendre un autre contrat, un autre
engagement Quand on parle d'entente tacite, c'est un petit peu ça.
Certaines autres compagnies, par exemple La Prudentlelle
d'Amérique, la Métropolitaine, la London Ufe, sont des compagnies
qui, à leur façon, considèrent leurs agents comme des
agents captifs, des agents encadrés; elles ne leur permettent pas
d'aller ailleurs S'il y en a qui vont ailleurs, nécessairement, c'est
à leur insu, elles ne le savent pas. Il y a d'autres compagnies qui
disent. On vous donne un contrat, vous produisez, on vous paie des commissions,
on ne vous demande pas toutes vos affaires, ni un
pourcentage de vos affaires, c'est nécessairement selon les
besoins de vos clients, selon votre jugement, selon votre formation. Partant de
là, on peut constater la différence entre un "agent en assurance"
et un "courtier en assurance" dans le domaine de l'assurance-vie. Je pense que
M. l'inspecteur a très bien nuancé en démontrant que le
"et" et le "ou" faisaient toute la différence. C'est exactement
ça, M. le député de Lévis. Je pense que c'est assez
facile à comprendre si on veut y mettre juste un petit peu de bonne
volonté et réaliser qu'il y en a qui ont décidé de
s'en aller avec une pléiade de compagnies, une pléiade de
produits pour pouvoir peut-être donner, dans leur optique, un meilleur
service à leur clientèle et souvent, par le fait même, pour
éliminer une forme de concurrence Si le courtier en assurance-vie a huit
ou dix compagnies à offrir, c'est certain que, pour lui, la concurrence
est beaucoup moins forte. Tandis qu'un agent d'assurances, qui a un seul et
unique produit à offrir à sa clientèle, c'est de là
qu'on dit qu'il est agent captif. Je ne sais pas si ça peut vous aider
dans la compréhension...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous
éclaire, M. le député de Lévis?
M. Joly:... de la définition d'un "agent en assurance" et
celle d'un "courtier en assurance" dans le domaine de l'assurance-vie.
M. Fortier: Parce que, dans le moment... Le Président
(M. Lemieux): M. le ministre.
M. Fortier: Je remercie M. le député de Fabre. Il
fallait s'entendre sur les faits. Je pense que, sur les faits, sur la
réalité, on s'entend. Après ça, il s'agit de savoir
si la définition correspond à la réalité. C'est
pour ça que je crois, après avoir écouté
l'inspecteur et avoir lu la lettre, que nos définitions correspondent
à la réalité.
M. Joly: Elles définissent très clairement la
réalité.
M. Fortier: On en est aux définitions; je comprends que
c'est important. Plus tard, on verra quel impact cela aura lorsqu'on en
arrivera à l'utilisation de ces définitions. Dans le moment, la
question qu'on doit se poser lorsqu'on approuve des définitions... Je ne
dis pas qu'on perd notre temps dans le moment parce que les définitions
sont essentielles, on va s'en servir tout au long de l'étude du projet
de loi.
M. Joly:...
M. Fortier: Bien oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va, M. le
député de Lévis, pour "courtier en assurance"? Nous avons
un papillon.
M. Garon: Ce n'est pas le terme de "courtier" qui pose
problème, c'est le terme d'"agent". C'est rendu au terme "courtier"
qu'on est revenu au terme d'"agent". Je posais la question tout à
l'heure. Est-ce qu'un agent d'assurances peut être lié par contrat
d'exclusivité avec plus d'un assureur?
M. Bouchard: Pas dans la même ligne d'assurance.
M. Garon: Pardon?
M. Bouchard: Pas dans la même ligne d'assurance.
M. Garon: Alors, vous voulez dire qu'un agent d'assurances peut
être lié par plusieurs contrats d'exclusivité avec des
assureurs.
M. Bouchard: Bien non.
M. Garon: Avec différents assureurs, un contrat avec
différents...
M. Bouchard: Bien non. Un agent d'assurance-vie est un agent
captif dans le domaine de l'assurance-vie. S'il se qualifie pour un permis
d'assurance générale, il pourra être agent captif pour une
compagnie d'assurance générale avec le cumul des permis. Cela
n'est pas dans la même ligne, ce sont deux lignes différentes. Il
n'y a pas de captif dans la même ligne, deux fois.
M. Garon: II pourrait être captif, mais dans plusieurs
lignes différentes.
M. Bouchard: C'est ça. M. Garon: Combien?
M. Bouchard: Bien, il n'y en a pas beaucoup, il y a
l'assurance-vie et l'assurance générale.
M. Fortier: D'accord. De toute façon, M. le
député de Lévis, je vais être gentleman. Je vais
vous dire: On va approuver les définitions et si jamais on
s'aperçoit, en progressant, que ça crée un
problème, on y reviendra. Mais je vous dis: Acceptons les
définitions pour le moment. Je pense qu'on s'entend.
M. Garon: Alors, on va dire: Adopté pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): II y a un papillon, je pense.
Vous avez un papillon. M. le ministre, vous n'aviez pas un papillon?
M. Fortier: Oui. L'article 1 de ce projet de loi est
modifié, dans la définition de "courtier en
assurance; par la suppression des mots "pour le compte".
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est-il
adopté?
M. Garon: Quel est le but de cet amendement?
Une voix: Être adopté.
M. Fortier: Attendez, c'est dans "courtier en assurance".
M. Garon: Cela va se lire comment?
M. Fortier: Cela se lit: "la personne qui offre directement au
public ou à d'autres intermédiaires de marché en assurance
des produits d'assurance de personnes ou de dommages de plus d'un assureur et
qui n'est pas liée par un contrat d'exclusivité à l'un de
ces assureurs". Moi, j'ai toujours appris que la meilleure définition
c'était celle qui était la plus courte et que, si on pouvait y
enlever des mots, c'était encore celle qui nous permettait d'avoir la
meilleure réalité. Dans le fond, on a fait valoir que "pour le
compte de", cela n'ajoutait rien et même que ça pouvait
prêter à confusion.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. La
définition de "courtier en assurance", telle qu'amendée, est-elle
adoptée? Adopté pour le moment?
M. Garon: Adopté pour le moment.
Le Président (M. Lemieux): Merci. M. le
député de Lévis. "Courtier spécial".
M. Fortier: Alors c'est "le courtier en assurance de dommages
autorisé à offrir et à vendre les produits d'un assureur
non titulaire d'un permis au Québec et qui n'y maintient pas
d'établissement".
Comme vous le savez... M. l'inspecteur, il y a plus de 200 compagnies
d'assurances au Québec? 150 ou 200? Mais, à l'occasion, il peut
arriver - on verra plus loin dans quelles conditions - que quelqu'un qui a un
permis ou qui est un courtier spécial puisse offrir, dans certaines
conditions, une protection en provenance d'une compagnie d'assurances de
Tombouctou qui n'est pas enregistrée auprès de l'Inspecteur
général des institutions financières. C'est le courtier
spécial.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des différences avec l'ancienne
définition?
M. Fortier: Dans l'article 346, il n'y avait pas de
définition, mais on disait ceci: "L'inspecteur général
peut délivrer à tout agent d'assurances qui se conforme aux
règlements un certificat spécial l'autorisant à agir
à titre de courtier spécial. " Ce n'était pas une
définition, c'était une autorisation qu'on donnait à
l'Inspecteur générai. Vous allez voir plus loin que ce ne sera
plus l'Inspecteur mais plutôt le conseil en assurance de dommages qui
délivrera ce type de permis de courtier spécial à
certaines personnes, dans certaines conditions. Ce n'était pas une
définition, mais on reprend la même réalité. C'est
la même réalité. C'est pour permettre à une personne
de vendre de l'assurance provenant d'une compagnie d'assurances qui n'est pas
inscrite auprès de l'inspecteur, dans des conditions tout à fait
particulières et tout à fait spéciales. Vous allez le voir
plus loin.
M. Garon: Par exemple?
M. Bouchard: Vous avez certains risques qui sont difficiles
à assurer comme les clubs de nuit - ce ne sont pas toutes les compagnies
d'assurances qui assurent ça - certains risques de responsabilité
de transporteurs, certains bâtiments jugés dangereux, les
explosifs, etc. Alors, on en délivre de ces permis, bon an, mal an,
quelque chose comme, si je me rappelle bien, une cinquantaine ou une
soixantaine par année. Il faut justifier dans tous les cas qu'il y a
rareté du marché, qu'ils ne peuvent pas se souscrire au
Québec.
M. Fortier: Est-ce que cela va?
M. Garon: Cela va.
M. Fortier: Ce sont des cas exceptionnels.
Le Président (M. Lemieux): Adopté comme
définition?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle "expert en
sinistre".
M. Fortier: "La personne qui, en matière d'assurance de
dommages, enquête sur un sinistre, en estime les dommages et en
négocie le règlement. "
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Un instant. Habituellement, dans le document qu'on
présente, on dit s'il y a des changements avec avant ou s'il n'y en a
pas là.
M. Fortier: Je peux vous lire ce qui est dans loi actuelle.
"Expert en sinistre", vous ne l'avez pas?
M. Garon: Oui, d'accord. Je pensais que je ne t'avais pas.
M. Fortier: Vous l'avez? Oui, il est là, de l'autre
côté.
M. Garon: C'est parce que le document n'est pas
présenté de la même façon. Je ne suis pas encore
habitué à travailler avec.
(23 h 45)
M. Fortier: À mon avis, c'est une définition plus
claire, plus simple.
M. Garon: Pardon? Là, vous n'avez plus besoin de la
réserve de la Loi sur le Barreau? Pourquoi?
M. Bouchard: Un peu plus loin, si vous regardez, il est
indiqué, dans la loi, que ça n'empêche pas les avocats de
faire leur travail.
M. Fortier: Oui. Plus loin, lorsqu'on parle d'experts en
sinistre, on dit que telle et telle et telle personnes ne sont pas
considérées comme des experts en sinistre. C'est à
l'article 5. Alors, les exceptions vont être données plus loin. On
ne le met pas dans la définition, on va le mettre dans l'article 5.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. "Gestionnaire de
risques".
M. Fortier: II y a un papillon, M. le Président. Je
propose la suppression de la définition de "gestionnaire de risques"
parce que ça nous crée des problèmes. On va se
débrouiller autrement, on n'en a pas besoin.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Oui. Les explications sont assez claires.
Adopté.
M. Fortier: "Intermédiaire de marché".
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement visant
à supprimer la définition de "gestionnaire de risques" est
adopté?
M. Fortier: Oui, oui. Il l'a adopté. M. Garon: Oui.
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Ah bon! Cela va, M. le
député de Lévis, "intermédiaire de
marché".
M. Fortier: "L'intermédiaire de marché en
assurance, le planificateur financier et, au sens de la Loi sur les valeurs
mobilières (... ), le courtier en valeurs, le conseiller en valeurs ou
son représentant. " Quand on utilise le terme "intermédiaire de
marché", ça couvre tous ces individus.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté.
"Intermédiaire de marché en assurance. "
M. Fortier: "L'intermédiaire de marché en assurance
de dommages ou en assurance de personnes. " Je crois que c'est assez
simple.
M. Garon: J'aurais fait passer les personnes avant. En tout
cas.
M. Fortier: Ha, ha, ha!
M. Garon: II me semble qu'on assure d'abord les personnes.
Là, vous faites passer les dommages avant les personnes. Cela fait un
peu drôle.
Le Président (M. Lemieux): Cela fait des personnes
dommageables.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Parfait. "Intermédiaire
de marché en assurance de dommages. "
M. Fortier: "L'agent ou le courtier en assurance de dommages ou
l'expert en sinistre. " En fait, il y a trois permis qui seront
éventuellement donnés: un permis d'agent, un permis de courtier
en assurance de dommages et un permis d'expert en sinistre.
M. Garon: II me semble que votre premier "ou" n'est pas
nécessaire. Il me semble qu'on aurait pu dire: "L'agent, le courtier en
assurance de dommages ou l'expert en sinistre. "
M. Fortier: L'agent, virgule... M. Garon: Oui. Pardon?
M. Fortier: Non. C'est correct comme ça. On est rendus
à minuit moins dix.
M. Garon: Comment ça?
M. Fortier: Ne faites pas ça trop compliqué. Je
pense que c'est correct comme ça.
M. Garon: Ah! Il n'y a jamais d'heure pour bien faire.
M. Fortier: Cela dépend pour faire quoi.
M. Garon: C'est à minuit que je donne mon meilleur
habituellement.
Le Président (M. Lemieux): S'il y a consentement, nous
allons prolonger jusqu'à 1 heure.
M. Garon: Pardon?
M. Fortier: C'est correct, M. le député de
Lévis.
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Châteauguay est consentante pour donner son consentement afin de
poursuivre après minuit, M. le député de Lévis.
M. Fortier: Elle poursuivra M. le député de
Lévis si elle le veut mais, nous, on s'en va.
Mme Cardinal: Je n'ai pas donné mon consentement.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Je m'excuse, Mme la
députée de Châteauguay.
M. Garon: Ah! Je pense bien que je vais lui demander de
s'accommoder du député de Prévost.
M. Fortier: Elle est habituée de courir après les
Indiens.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que c'est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça va, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, j'attends un peu.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Bon.
"Intermédiaire de marché en assurance de personnes. "
M. Fortier: "L'agent ou le courtier en assurance de personnes. "
Bon, ça va.
Le Président (M. Lemieux): C'est le dernier. M. Garon:
Comment c'est le dernier?
Le Président (M. Lemieux): C'est le dernier de l'article
1.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. L'article 1
est-il adopté dans son ensemble, tel qu'amendé?
M. Garon: Pour le moment.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. C'est
adopté ou adopté sur division, M. le député de
Lévis. J'appelle l'article 2.
M. Fortier: Pour l'article 1, c'est juste un gentleman's
agreement".
M. Garon: Oui, oui.
M. Fortier: Maintenant, ça ne vaut plus. On continue pour
vrai là.
Le Président (M. Lemieux): J'appelle l'article 2.
Champ d'application
M. Fortier: Article 2 "Les dispositions de la présente loi
applicables à un intermédiaire de marché s'appliquent,
à moins que le contexte n'indique un sens différent, à un
cabinet. 'Les dispositions de la présente loi relatives au titre de
planificateur financier visent également tout autre titre similaire
déterminé par règlement. " Alors, le deuxième
alinéa, c'est bien simple, c'est parce qu'on cherche à
protéger, non pas la fonction de planificateur financier, mais le titre
de planificateur financier. Comme les gens sont toujours très subtils,
on me dit. à l'Office des professions, que pour ces professions qui ne
font que régir la protection d'un titre, on s'est aperçu que les
avocats ont une grande imagination pour trouver des titres semblables, mais
différents. Il faut donc prévoir cette disposition.
M. Garon: Laquelle?
M. Fortier: La deuxième qui dit: "ou tout autre titre
similaire déterminé par règlement. " Alors, le premier
alinéa dit: "à un cabinet", parce que, de toute évidence,
que ce soit un cabinet ou des individus, on veut que les mêmes
règles s'appliquent mutatis mutandis.
M. Garon: Dans votre deuxième définition... M.
Fortier: Deuxième alinéa?
M. Garon: Deuxième alinéa, oui, vous dites "Les
dispositions de la présente loi relatives au titre de planificateur
financier visent également
tout autre titre similaire déterminé par règlement"
du gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Fortier: Non, ce n'est pas là, mais vous allez le voir
plus loin. Il y a des dispositions qui couvrent ça lorsqu'on va parler
du planificateur financier. Ici, c'est Juste pour dire à qui la loi
s'applique tout simplement. C'est une disposition liminaire.
M. Garon: Par règlement, c'est par règlement du
gouvernement.
M. Fortier: Oui. C'est le règlement, mais là, on
n'a pas besoin de le dire.
M. Garon: C'est parce que le document et le projet de loi ne
disent pas la même chose. Dans le texte qu'on nous a fourni, ce n'est pas
la même chose. Mais là, ça équivaut à
étendre la couverture de la loi par règlement du
gouvernement.
M. Fortier: Ça va?
M. Garon: Encore une fois, vous voulez étendre la loi par
règlement.
M. Fortier: Pas la loi. C'est tout simplement le titre. On veut
protéger le titre de planificateur financier. Si quelqu'un s'affiche, je
ne sais pas moi, planificateur, conseiller financier ou je ne sais pas trop,
alors c'est pour éviter les abus tout simplement. C'est bien
évident qu'on ne fait que contrôler le titre comme tel. C'est une
mesure de prudence tout simplement.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est il
adopté?
M. Garon: C'est parce que vous craignez que des gens adoptent des
titres rapprochés.
M. Fortier: C'est l'avis que l'Office des professions m'a
donné. C'est que ces corporations professionnelles, qui visent à
protéger les titres, trouvent beaucoup d'individus avec une imagination
fertile pour trouver des titres semblables mais différents. À
moins qu'on ne puisse s'ajuster à la réalité, s'il y a des
abus trop nombreux, par règlement, on peut manquer le bateau. Alors,
c'est simplement une mesure de prudence.
M. Garon: Pour en permettre d'autres ou les interdire?
M. Fortier: C'est s'il y a des abus. On avisera dans le temps
comme dans le temps. D'un autre côté, peut-être que si les
gens savent qu'on peut les suivre à la trace, s'ils ont une imagination
trop fertile, peut-être qu'ils ne tenteront pas de contourner la loi.
Ça va?
Le Président (M. Lemieux): Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Fortier: "Ne sont pas des intermédiaires de
marché en assurance de personnes lorsqu'ils en exercent les fonctions
dans le cadre de leur activité principale - donc, c'est pour exclure
certaines personnes: "1° les administrateurs et les membres d'une
société de secours mutuels; "2° les gestionnaires de risques
qui exercent pour le compte d'un assureur certaines responsabilités
administratives... Y a-t-il un papillon là?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous avez un papillon.
M. Fortier: Alors, on a un papillon. Donc, il y a un papillon qui
dit ici. L'article 3 de ce projet de loi est modifié par le
remplacement, dans le paragraphe 2°, des mots "pour le compte" par les mots
"à titre de mandataire".
Je vais en continuer la lecture et on pourra y revenir: "3° les
actuaires qui agissent à titre d'agents ou de courtiers en assurance
collective de personnes; "4° et les agents de voyage."
Auparavant, les agents de voyage avaient besoin d'un permis, mais, comme
tout le monde le sait, lorsqu'on va s'acheter un billet d'avion pour aller en
Europe, on prend une assurance. C'est réellement subsidiaire par rapport
à l'activité principale. Dans le fond, on ne voit pas
l'utilité de contraindre l'agent de voyage à prendre un permis
spécial pour ça.
Dans les autres cas, c'est la même explication. Ce sont
réellement des activités qui, selon nous, n'ont pas besoin
d'être réglementées. Donc, on les exclut
complètement de la loi. On peut peut-être les prendre un par un.
"1° les administrateurs et les membres d'une société de
secours mutuels." Je crois que c'est dans la loi actuelle, de toute
façon. Oui, c'est...
M. Garon: Vous avez enlevé "pour le compte" de celle-ci.
Pourquoi?
M. Fortier: C'est dans le 2° ou dans le 1°?
M. Garon: Vous avez mis: "dans le cadre de leur activité
principale". C'est pour ça, vous pensez que c'est couvert par
ça.
M. Fortier: Oui, c'est ça.
M. Garon: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Fortier: Au paragraphe 2°, il y a un papillon. On veut
remplacer "pour le compte" par les mots "à titre de mandataire". Cela se
lirait comme suit: "les gestionnaires de risques qui exercent à titre de
mandataire...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Fortier:... d'un assureur".
M. Garon: Les gestionnaires de risques, ils ne sont plus
définis.
M. Fortier: C'est ça. Il y a une discussion autour ici.
C'est parce qu'on a reçu des représentations et on se demande si
on a répondu adéquatement à la demande qui nous avait
été faite, parce que "gestionnaire de risques" Je pense qu'on
va...
Le Président (M. Lemieux): Non. Nous allons suspendre dans
une minute. Nous allons ajourner
M. Garon: Là, c'est parce qu'il y a un problème. On
est aussi bien d'arrêter. On va regarder le problème et on
reprendra là demain.
M. Fortier: Cela va. d'accord. Entendu.
Le Président (M. Lemieux): Y a-t-il consentement pour que
nous ajournions une minute avant minuit, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Ah! cela ne me fait rien de la prendre, la minute, si
vous voulez la prendre.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous ajournons nos
travaux à demain, salle Lafontaine, de 11 heures jusqu'à 14
heures. On vient de m'informer que, demain, nous commencerons nos travaux
à 11 heures et que nous les terminerons à 14 heures, à la
salle Lafontaine.
M. Garon: A la salle Lafontaine?
Le Président (M. Lemieux): À la salle
Lafontaine.
M. Garon: Quand allez-vous nous distribuer le mémoire?
Le Président (M. Lemieux): J'aurai l'occasion d'en prendre
connaissance demain. Probablement qu'après en avoir pris connaissance,
je rendrai ma décision, demain.
M. Garon: M. le Président, si vous prenez votre
décision avant que la commission se réunisse, on aimerait bien
pouvoir le regarder, parce que, si on travaille de 11 heures à 14 heures
et qu'on n'a pas regardé le mémoire... Si on pouvait l'avoir, par
l'entremise du secrétaire, demain matin, on pourrait le regarder pendant
la période de questions. Je ne sais pas combien il y a de pages, je n'ai
pas vu le document, mais si on l'a seulement en entrant, ça va
être difficile de travailler avec un document qu'on n'a pas vu.
Le Président (M. Lemieux): Je vous comprends, M. le
député de Lévis, mais je n'ai jamais pris cette
décision en délibéré pour prendre la
décision devant la commission. Malheureusement, je devrai rendre cette
décision demain à 11 heures. Nous ajournons nos travaux à
demain, 11 heures.
(Fin de la séance à 23 h 55)