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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie
aujourd'hui afin de procéder à l'examen dé l'annexe
à la déclaration ministérielle du ministre des Finances
concernant l'administration de la TPS et la réforme des taxes à
la consommation au Québec.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Marois
(Taillon) remplacera M. Boisclair (Gouin).
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie.
Relativement à la procédure que nous nous devons de suivre
ce matin, j'aimerais demander aux membres s'ils ont des suggestions ou
propositions formelles à faire quant au déroulement de ce
débat ce matin puisque j'ai consulté l'ordre de la Chambre et
que, relativement à l'ordre de la Chambre, il n'existe pas au niveau du
règlement comme tel une procédure, je dirais formelle, clairement
définie pour un tel débat, le débat que nous avons
aujourd'hui.
Effectivement, j'ai pris le temps, hier soir, d'en discuter avec le
secrétaire de la commission et de regarder de la manière la plus
équitable la façon dont ce débat devrait se poursuivre.
J'ai quand même une idée à l'esprit, mais je demanderais
préalablement aux membres de cette commission s'ils ont des suggestions
à me faire relativement au débat que nous nous devons de faire ce
matin.
M. Léonard: J'ai souvenance, M. le Président, de la
dernière commission où c'a été un peu caricatural
d'appliquer les règles comme elles ont été
appliquées ou, en tout cas, comme elles ont été
vécues la dernière fois. Je pense que ça ne produira pas
des effets très positifs, à mon sens. J'escompte que nous aurons
un débat, je suppose, très franc; nous sommes ici pour ça.
Mais, en même temps, si chaque fois qu'on pose une question, les
réponses s'étirent sur 20 minutes et qu'un autre pose une
question de 30 secondes et que la réponse s'étire encore sur 20
minutes, on n'ira pas très loin. C'est ça le problème que
je voudrais qu'on évite au cours de cette commission.
Le Président (M. Lemieux): En regard du règlement
et comme j'ai pris le soin d'étudier ça hier soir, j'ai deux
options possibles: ou je me réfère au débat relativement
à la politique budgétaire ou je me réfère à
l'article 209, et l'article 209 ne permet pas le débat et ne permet pas
l'échange. je veux que vous soyez conscient que chaque parlementaire
aura un droit de parole de 20 minutes, et un seul droit de parole de 20
minutes. je trouve ça inéquitable eu égard à la
nature et la façon dont ce débat devrait se poursuivre. je me
suis dit qu'il y aurait peut-être lieu d'appliquer ce qui a
été appliqué depuis 1985 et même avant 1985, avant
1984, les règles relatives à la politique budgétaire. ces
règles font en sorte qu'il y ait un certain débat et ces
règles se définissent comme suit. c'est que le ministre des
finances et le porte-parole de l'opposition interviennent dans un temps de
parole de 20 minutes. par la suite, au niveau de la durée de la
séance, les membres disposent d'un temps de parole de 10 minutes qu'ils
peuvent utiliser en une ou plusieurs interventions et ça peut prendre la
forme de questions et de commentaires, ce que l'article 209 ne me permet pas de
faire. évidemment, le ministre des finances dispose d'un temps de parole
de 10 minutes pour commenter chacune de ces interventions. je vais vous dire
que, dans la mesure du possible, je vais appliquer la règle de
l'alternance dans les interventions. est-ce que ça vous va, m. le
député de labelle?
M. Léonard: Je n'ai pas d'objection à ça.
C'est juste que, dans une question comme celle-là, il y a des questions
d'information où il me semble que la réponse peut venir dans 30
secondes ou, en tout cas, qu'elle peut venir facilement. Là, si on
étire chaque fois qu'on intervient, ça devient inutile comme
exercice. C'est juste ça:
Le Président (M. Lemieux): Vous comprendrez, M. le
député de Labelle, que je ne peux pas, dans le cadre de la
réplique que M. le ministre des Finances a, dire: M. le ministre des
Finances, votre réponse... Ce n'est pas à moi de juger si sa
réponse est incomplète ou si elle est complète.
M. Léonard: Je sais.
Le Président (M. Lemieux): Je pense qu'il appartient
à M. le ministre des Finances de... C'est sa prérogative.
Ça va? Alors, nous commençons immédiatement.
M. Levesque: Est-ce que vous pouvez maintenant
résumer?
Le Président (M. Lemieux): Oui, je résume, M. le
ministre des Finances. En résumé, voici. Vous aurez, M. le
ministre des Finances, un temps de parole de 20 minutes, un premier temps de
parole de 20 minutes; il s'agit d'une déclaration d'ouverture.
L'Opposition officielle aura aussi un temps de parole de 20 minutes. Par la
suite et ce, pour la durée de la présente séance, chaque
membre, chaque député disposera d'un temps de parole de 10
minutes qu'il pourra utiliser en une ou plusieurs interventions et qui peut
prendre la forme de questions ou de commentaires, exactement comme on a fait
relativement au débat sur la politique budgétaire, et vous, M. le
ministre des Finances, à chacune de ces interventions, vous disposez de
10 minutes pour commenter ces interventions. Et, dans la mesure du possible, je
vais appliquer la règle de l'alternance. Est-ce que ça vous va,
M. le ministre? Ça vous va. Ça vous va, M. le
député de Labelle? Alors, nous vous écoutons maintenant,
M. le ministre des Finances, pour une déclaration d'ouverture pour une
durée de 20 minutes.
Déclarations d'ouverture M. Gérard O.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, je suis heureux d'être
aujourd'hui devant cette commission afin de venir discuter de l'importante
réforme des taxes à la consommation, réforme que j'ai eu
l'honneur de présenter à l'Assemblée nationale la semaine
dernière.
Je n'ai pas l'intention à ce moment-ci de reprendre en
détail l'ensemble des dispositions de la réforme. J'aurai
l'occasion, cependant, dans la mesure du possible - et, d'ailleurs, mes
collaborateurs du ministère sont ici pour ajouter tout détail
technique que la commission voudrait connaître peut-être plus en
profondeur - j'aurai l'occasion, dis-je, de vous donner dans les heures qui
viennent toute l'information pertinente que la commission désire
obtenir.
J'aimerais débuter ce débat en mettant bien en
lumière le contexte dans lequel s'est inscrite l'action du gouvernement
ainsi que les trois objectifs qui ont guidé cette action, à
savoir: l'amélioration de l'équité du régime
fiscal, l'accroissement de la compétitivité de l'économie
québécoise et de la création d'emplois et, enfin, la
défense de l'autonomie du Québec dans l'orientation et la gestion
de la politique fiscale sur le territoire du Québec.
Il est de la plus haute importance que les citoyens du Québec
comprennent bien les motifs de notre décision et les impacts favorables
qui en découlent. Il faut comprendre d'abord que nous faisions face
à la venue de la TPS fédérale à compter du 1er
janvier 1991 - inutile de rappeler qu'il s'agit là d'une initiative du
gouvernement fédéral - et, bien que l'on puisse, à un
certain moment, dire: Ce n'est pas encore adopté au niveau
fédéral, les chances sont fortes que le 1er janvier 1991 on ait
à faire face à cette TPS fédérale. Je pense qu'il
était de notre devoir de prévoir, dans un temps utile, les
conséquences de la mise en application de la TPS fédérale.
Déjà, grâce en bonne partie à nos multiples
représentations auprès du gouvernement fédéral,
nous avions réussi à faire modifier cette TPS, en particulier par
une baisse de taux de 9 % à 7 %. Vous vous rappelez - je n'ai pas
à le dire encore, je pense bien... Je tiens à vous rappeler notre
opposition même farouche à l'imposition de la TPS
fédérale telle qu'elle avait été
présentée au début. Je n'ai pas à vous rappeler
qu'avec un taux de 9 % nous avions des craintes sérieuses par rapport
à la croissance économique qui aurait été mise en
cause, une inflation inacceptable et une perte d'emplois qui était
prévue également inacceptable. C'est pourquoi nous avons fait la
lutte. C'est pourquoi le premier ministre du Québec et d'autres
collègues se sont objectés à la mise en place de cette TPS
fédérale telle que présentée. Lorsqu'il y a eu
réduction annoncée de 9 % à 7 %, nous avions à ce
moment-là dit que c'était un pas très important dans la
bonne direction. (10 h 30)
Deuxièmement, je dois rappeler que nous étions
également opposés à cette TPS telle que proposée,
pour d'autres raisons. C'est que cette TPS fédérale imposait un
fardeau additionnel très important sur les finances du Québec. En
effet, on taxait, avec la TPS, les commissions scolaires, les
universités, les municipalités, les hôpitaux, de sorte que,
finalement, une bonne partie de ce coût aurait dû être
absorbée, aurait normalement été absorbée par le
gouvernement du Québec. Et, là encore, nous nous sommes
objectés, le gouvernement fédéral a reconnu la justesse de
nos appréhensions et nous en sommes arrivés à une entente
qui fait en sorte que nous n'aurons pas à supporter ce fardeau
additionnel au Québec.
De plus, le gouvernement fédéral, par sa TPS, taxait
d'autres "items" et les conséquences de cette taxation pouvaient
être également importantes pour nos finances. Par exemple, les
loteries. Cela nous coûtait entre 35 000 000 $ et 40 000 000 $ que le
gouvernement fédéral venait chercher simplement à ce
chapitre-là. Là encore, nous avons presque réduit à
néant ces intentions du gouvernement fédéral. Donc,
autrement dit, les négociations, les discussions, les objections, les
rencontres, etc., ont fait en sorte qu'on a pu enlever de cette taxe, de la TPS
fédérale, les aspects qui nous paraissaient très mauvais
pour nos équilibres financiers, comme gouvernement.
Mais en plus de cela, et nous n'étions pas les seuls, je vous
assure, les représentations que j'ai reçues à cet
égard ont été multiples, c'est qu'on voyait bien que la
présence, deux régimes de taxe à la consommation pouvaient
difficilement coexister sans que cela apporte une corn-
plexité administrative inouïe et des dépenses
considérables pour les entreprises québécoises, pour les
commerces québécois, pour les petits commerces, que ce soient des
dépanneurs, que ce soient des magasins d'alimentation. À ce
propos, dans le domaine de l'alimentation, on nous a fait part que, pour
seulement 400 grands magasins, même si l'alimentation de base est
exemptée des taxes fédérale et provinciale, même
à ça, il reste que les épiceries ne vendent pas seulement
de l'alimentation, on le sait, de sotte qu'il aurait fallu avoir un
équipement nouveau. Je vous assure que les vendeurs d'équipement
- et cela vient de l'étranger en grande partie - étaient à
nos portes, même aux portes des entreprises pour faire changer tout le
système. Seulement dans le domaine de l'alimentation on parlait de 50
000 000 $ pour 400 magasins, simplement pour le changement nécessaire
d'équipement. On ne peut pas ne pas tenir compte de ces choses-là
lorsqu'on a à faire une gestion efficace de la chose publique.
Donc, cette complexité faisait en sorte que nous devions trouver
- et je l'ai annoncé d'ailleurs dans mon budget du mois d'avril 1990 que
nous étions en négociation avec le gouvernement
fédéral, justement afin de trouver des solutions pour faire en
sorte que cette complexité ne constitue pas un fardeau réellement
inacceptable pour les entreprises québécoises... D'ailleurs, vous
savez ce qui arrive: si c'est un fardeau pour les entreprises, dans les jours,
semaines ou mois qui suivent, ce fardeau-là est transféré
aux consommateurs, tous les économistes vous le diront sans aucune
hésitation.
Nous aurions pu attendre que ces problèmes se
matérialisent au début de 1991 et laisser ainsi nos entreprises
et, notamment, nos petits commerçants et nos PME, faire face seules
à la musique et encourir d'importantes dépenses improductives en
matière de caisse enregistreuse, de logiciels et de services de
consultation de toutes sortes. Tous les observateurs reconnaissent qu'il
fallait trouver une solution à ce problème. Nous avons donc
plutôt choisi de faire preuve de leadership et de régler le
problème avant qu'il n'affecte nos entreprises, tout en respectant
cependant nos principes d'équité fiscale et de respect de notre
autonomie.
Certains commentateurs, tout en reconnaissant le bien-fondé de
notre geste, nous ont cependant reproché de vouloir escamoter le
débat sur une question d'une telle importance. Je tiens à
être très clair là-dessus. Nous ne pouvions pas, lors du
dernier discours sur le budget, annoncer, plus que nous l'avons fait, nos
Intentions sans avoir complété nos négociations avec le
gouvernement fédéral sur le transfert au Québec de
l'administration de la TPS. Cela aurait été contraire à la
plus élémentaire stratégie de négociation. Nous
étions toutefois suffisamment certains de l'issue finale de ces
discussions pour inscrire aux équilibres financiers les montants
relatifs à la réforme.
Quant à la raison pour laquelle nous n'avons pu attendre la
reprise normale des travaux parlementaires en octobre pour procéder
à l'annonce, c'est qu'il est devenu évident... D'ailleurs, on se
rappellera que mon collègue qui me remplaçait cet
été, le président du Conseil du trésor, ministre
par intérim des Finances, a émis un communiqué devant la
pression des entreprises qui disaient: Décidez-vous, faites quelque
chose, parce que nous autres, on ne peut plus attendre, il faut acheter
l'équipement; il faut faire quelque chose; décidez; faites
quelque chose. Et, par ce communiqué, on rassurait les entreprises qu'on
aurait une décision imminente. C'est ce qui est devenu évident
vers la fin de l'été, que les entreprises de commerce de
détail étaient sur le point d'engager d'importantes
dépenses en équipement afin d'être en mesure de
gérer deux régimes de taxes distincts à compter de janvier
1991. Si nous avions attendu, nous aurions laissé nos entreprises
encourir des dépenses de façon tout à fait inutile. Il n'y
a donc pas de cachette dans notre façon de procéder. D'ailleurs,
le débat de six heures que nous aurons aujourd'hui montrera que notre
politique est bonne, qu'elle se défend bien, qu'elle sera profitable au
Québec. on a même mentionné que je m'étais introduit
- infiltré peut-être - chez les mohawks un peu pour
présenter cette réforme. loin de moi une telle idée. nous
cherchions un moyen d'arriver à l'assemblée nationale le plus
tôt possible. vous savez que c'est une mesure importante. entre les
sessions, ce que l'on fait aux finances lorsque nous avons besoin de sommes
d'argent, par exemple, qui ne sont pas votées, que nous n'avons pas
à notre disposition, nous avons les mandats spéciaux, c'est
prévu dans la loi. lorsqu'il y a une mesure à être
annoncée par le ministre des finances, cela se fait normalement par
communiqué, comme vous le savez bien, et, quand on se retrouve à
l'assemblée nationale, bien, on reprend le débat. dans ce cas-ci,
cela me répugnait de le faire par communiqué. j'en ai fait part
à mes collaborateurs qui étaient du même avis: ii faut
trouver une façon d'aller à l'assemblée nationale. est-ce
qu'on convoquait l'assemblée nationale à la fin d'août, au
début de septembre, lorsque arrive cette commission parlementaire sur la
constitution? c'était ça qui était annoncé...
c'est-à-dire que l'assemblée nationale est convoquée pour
créer cette commission parlementaire sur la constitution. alors, nous
avons dît: c'est là que nous allons nous rendre; c'est alors que
nous allons procéder. la question de la crise améri-dienne
était bien loin, à ce moment-là, de nos pensées
relativement à ce dossier.
Alors, par cette réforme, notre gouvernement poursuivait des
objectifs bien précis: équité, régime fiscal,
croissance économique et autonomie fiscale.
Du côté de l'équité fiscale, il
m'apparait
important à ce moment-ci de rappeler qu'il ne s'agit pas de
l'annonce d'une nouvelle taxe qui viendrait se superposer aux taxes
déjà existantes. En fait, les modifications annoncées
prévoient le remplacement de l'actuelle taxe de vente au taux de 9 %, de
celle sur les communications également au taux de 9 % et de la taxe sur
les repas et l'hôtellerie autour de 10 % par une taxe de vente unique
dont le taux sera de 7 % en 1992 et de 8 % en 1991. J'entendais à la
radio d'État un reportage qui nous arrivait de la Gaspésie et qui
disait que: Oh! mais cette taxe, cette décision de l'harmonisation par
le gouvernement du Québec va créer des problèmes à
l'industrie touristique. Si nous n'avions pas agi, ça aurait
été quoi? Ça aurait été la TPS plus quoi?
Rus 10 % dans le domaine de la restauration et de l'hôtellerie.
Dorénavant, ce sera 8 % en 1991 et 7 % en 1992. Au contraire, notre
action a été très bénéfique dans le domaine
de l'hôtellerie et de ta restauration. Il y a peut-être des
domaines où if y a des gagnants, il y a des domaines où il y a
des perdants, mais l'ensemble de tout cela fait en sorte qu'il n'y a pas de
revenus additionnels pour l'État. Donc, on peut faire certaines
remarques de bonne foi, mais, comme il s'agit d'un domaine très
complexe, je pense qu'on doit l'examiner à fond et prendre te temps de
faire une étude exhaustive des avantages et des inconvénients
avant d'arriver avec des jugements qui ressemblent à des jugements de
dogme, de foi, comme s'il n'y avait aucune nuance à faire. Donc, au
départ, les consommateurs bénéficient d'une
réduction de taxe à l'égard d'une foule de biens et
services qui sont actuellement taxables au taux de 9 % ou de 10 % et qui le
seront autour de 8 % et de 7 %.
La présidence me fait signe que je dois conclure dans deux
minutes. J'avais beaucoup d'autres choses à ajouter dans
l'intérêt de la commission. Est-ce que la commission me
permettrait cinq minutes additionnelles...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque:... quitte à donner...
Le Président (M. Lemieux): La même chose.
M. Levesque:... la même chose au député de
Labelle?
M. Léonard: Oui. M. Levesque: Merci.
Le Président (M. Lemieux): Alors, consentement, M. le
ministre.
M. Léonard: Nous consentons à vous donner de la
corde. (10 h 45)
Le Président (M. Lemieux): Consentement, M. le ministre
des Finances.
M. Levesque: D'un autre côté, étant
donné l'élargissement de l'assiette fiscale et l'impact sur le
fardeau fiscal que cela peut représenter sur certains consommateurs,
nous avons choisi - ça, c'est important, je pense, parce que, dans
toutes les analyses que peuvent faire nos amis d'en face, malgré que je
doive dire que le député de Labelle... J'écoutais ce qu'il
disait dans des revues radiophoniques que j'ai eu le temps de relire; je pense
qu'il a fait preuve d'assez d'objectivité, et je le félicite.
Non, ce n'est pas tous les jours qu'on... Parce qu'il a fait la part des
choses. Je l'ai lu et ça m'a surpris parce que ce n'était pas ce
qu'il avait dit en Chambre. Là, il était à la radio; je
lisais ça et il disait... Bon! Beaucoup d'objectivité.
D'ailleurs, ce n'est pas surprenant parce que son propre parti préconise
le changement des taxes à la consommation par une taxe sur la valeur
ajoutée, ce que nous sommes en train de faire, peut-être pas avec
toutes les modalités que le député aimerait. Comme il l'a
dit d'ailleurs à la radio, il aurait aimé un taux multiple, mais,
que voulez-vous, j'ai à répondre à ça, moi aussi.
Tout à l'heure, lorsque nous aurons l'occasion de parler du taux
multiple, on verra ce qui est pratique là-dedans.
M. Léonard: C'est l'autonomie fiscale qui en prend un
coup, là.
M. Levesque: Oui, mais on peut le faire. On garde notre autonomie
fiscale. Bon, on va continuer parce que le président va m'arrêter
encore, et je ne vous blâme pas de faire votre travail, M. le
Président.
Nous avons choisi - et ça, c'est important, je pense, dans toute
la discussion - de protéger et même d'améliorer la
situation des ménages à faible et à moyen revenu. Pour ce
faire, j'ai annoncé la mise en place d'un crédit d'impôt
remboursable pour taxe de vente ainsi qu'une indexation de 4, 5 % du
régime fiscal et du régime de la sécurité du
revenu. Ainsi, par exemple, en 1992, le revenu disponible d'une famille ayant
un revenu de travail de 25 000 $ sera augmenté de 382 $ lorsque la
famille comprend un enfant de moins de six ans. Une telle famille
bénéficie de gains jusqu'à un niveau de revenu de plus de
50 000 $. Dans le cas d'une famille ayant deux revenus de travail et comportant
deux enfants de moins de six ans, les gains totalisent 812 $ à 30 000 $
de revenu de travail. Une telle famille bénéficie de gains
jusqu'à des revenus excédant 75 000 $.
Du côté du régime de la sécurité du
revenu, les barèmes des programmes APTE et APPORT seront
également indexés de 4, 5 % en 1992, alors que les personnes
inaptes au travail verront leurs prestations indexées automatiquement,
tel que prévu par la loi. Bien plus, dès l'année
d'imposition 1991, les contribuables à faibles revenus
bénéficieront du crédit d'impôt remboursable pour
taxe de vente, ce qui représente 230 $ pour une famille ayant deux
enfants, et ça dès 1991. Il avait été question,
j'ai entendu des gens dire: Bien, c'est seulement en 1992 que vous allez
commencer ça. Non. Dès 1991, ce crédit d'impôt
permettra de protéger leur pouvoir d'achat et un montant
équivalent sera intégré aux prestations de la
sécurité du revenu dès janvier 1991. Au total donc, pour
la seule année d'imposition 1992, les ménages
bénéficieront d'une hausse de revenus disponibles de 581 000 000
$. Il s'agit là d'un gain appréciable pour eux.
Un autre objectif très important que poursuit la réforme
des taxes à la consommation est l'amélioration de la performance
de l'économie québécoise. Il s'agit d'ailleurs d'un
objectif toujours présent chez notre gouvernement qui se traduit par des
gestes concrets dans divers domaines dont celui de la recherche et du
développement ainsi que la formation de la main-d'oeuvre. Les effets
économiques positifs de la réforme originent principalement de
deux éléments. En premier lieu, la réforme aura pour
conséquence de réduire les coûts de production en
éliminant la plus grande partie des taxes actuellement applicables aux
achats des entreprises. Il s'agit d'un geste important qui aura pour
résultat de favoriser les investissements en rendant les entreprises
québécoises plus concurrentielles, tant sur les marchés
extérieurs que sur les marchés intérieurs. Pour se
convaincre de la justesse de ces propos, nous n'avons qu'à nous
référer aux déclarations en provenance des autres
provinces quant à la nécessité pour ces dernières
de suivre la voie du Québec afin de maintenir le degré de
compétitivité de leurs entreprises. Vous n'avez qu'à lire
la presse ontarienne, la presse de l'Ouest du pays et vous allez voir qu'on
s'entend pour dire: Si vous ne suivez pas le Québec dans sa
démarche, il va y avoir là un avantage considérable pour
le Québec dans le domaine des investissements.
À long terme, on estime à 0,5 % la hausse de la
production, ce qui est considérable, et à 0,3 % la hausse de
l'emploi, encore quelque chose de très significatif. Des bienfaits
économiques découlent également de la simplification
découlant de la réforme québécoise. Le seul exemple
du secteur de la distribution, je le mentionnais tout à l'heure, permet
de juger de l'à-propos de cette simplification. C'était pour 400
magasins que j'ai parlé des 50 000 000 $. On peut s'imaginer
l'importance de telles économies lorsque l'on songe que le seul secteur
de la distribution alimentaire regroupe plus de 3000 magasins. Il s'agit donc
de frais supplémentaires que pourront épargner l'ensemble des
entreprises du Québec.
On a mentionné, du côté de l'Opposition, qu'on avait
abandonné toute autonomie dans les taxes à la consommation parce
qu'on collectait, disaient-ils, ou disait-on, pour le gouvernement
fédéral. Pas tout à fait, mais, enfin, on aura l'occasion
de vous entendre.
Le Québec a choisi, dans un premier temps tout au moins, de
rapprocher le plus possible l'assiette de sa taxe de vente de celle de la TPS
afin de simplifier au maximum l'application des deux régimes par les
entreprises et ainsi leur éviter ces dépenses improductives.
Toutefois, si l'Opposition se donne la peine de lire le texte de l'entente
signée - parce que vous l'avez, l'entente signée - la semaine
dernière avec le gouvernement fédéral, elle ne donnera
que... Vous ne l'avez pas?
M. Léonard: Non. On n'a pas eu ça. Une voix: On
l'a eu.
M. Léonard: Vous l'avez distribué à tout le
monde, sauf à l'Opposition, si je comprends. Je n'ai pas vu
ça.
M. Levesque: Alors, je verrai à ça. Je regrette
parce que je pensais que vous l'aviez.
M. Léonard: Non, non.
M. Levesque: Évidemment, lorsque ce qu'on appelle le "kit"
a été distribué, ce n'était pas signé, parce
que j'ai voulu aller en Chambre avant de signer. Alors, quand on a
distribué les choses, probablement c'est ce qui explique que vous ne
l'ayez pas eu, c'est que ce n'était pas signé à ce
moment-là. Mais, depuis ce temps-là, nous avons eu l'occasion de
le faire. Je n'ai aucune objection; au contraire, c'est du domaine public.
Alors, j'en profite. Je croyais que c'était fait; je vous prie de
m'excuser. C'est substantiellement, évidemment, ce que j'ai
annoncé en Chambre, mais je vous le remets, M. le Président, et
je le dépose devant la commission, si on me permet.
Le Président (M. Lemieux): Merci. J'en autorise le
dépôt et nous en faisons faire des copies immédiatement
pour chacun des parlementaires.
Vous pouvez continuer, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: En lisant l'entente que nous avons signée la
semaine dernière, le ministre des Finances du Canada et moi-même,
ainsi qu'avec le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes, on verra que le Québec n'a
renoncé d'aucune façon à son autonomie fiscale. Il pourra
dans les prochaines années effectuer les choix qu'il lui semblera
à propos de faire entre un maintien de la simplicité du
régime et d'autres considérations.
On a mentionné que l'obtention de l'administration, je pense que
le chef de l'Opposition a
mentionné ça, que l'obtention de l'administration de la
TPS fédérale ne serait pas importante parce que ça ne
donne qu'un rôle de collecteur pour le gouvernement
fédéral. Il faut en comprendre réellement
l'utilité. Pour moi, les avantages obtenus par une telle
délégation sont évidents. C'est une preuve de leadership,
c'est une preuve de maîtrise de nos moyens, c'est une preuve, encore une
fois, de maîtrise dans le domaine de l'administration fiscale. En
unifiant l'administration des deux taxes, cela permet d'abord des
économies d'échelle considérables; on parle de 35 000 000
$ à 40 000 000 $ annuellement, récurrents. Ça permet aussi
aux entreprises d'éviter des coûts substantiels, comme je l'ai
mentionné, en faisant affaire avec un guichet administratif unique.
L'administration unifiée permettra enfin aux fonctionnaires
québécois d'acquérir l'expertise dans la gestion d'une
taxe qui devient de plus en plus la norme dans le monde et mettra le
Québec en situation de mieux saisir les enjeux de la politique de la TPS
susceptibles d'affecter ses contribuables et d'ouvrir un dialogue avec le
gouvernement fédéral de sorte que nous aurons notre mot à
dire, le gouvernement fédéral aura son mot à dire, et nous
pourrons même influencer les politiques au point de vue de la
législation, de la réglementation fédérale, parce
que nous avons, dans l'entente signée, cet engagement, de part et
d'autre, de maintenir une cohérence entre nos politiques. Alors, cela va
beaucoup plus loin que le simple fait de faire la collection ou la perception
de la TPS fédérale. C'est que nous entrons de plain-pied dans un
domaine qui a été traditionnellement le nôtre,
c'est-à-dire le niveau des taxes à la consommation.
En somme, M. le Président, je termine, la politique que nous
avons arrêtée la semaine dernière ainsi que l'entente
historique que nous avons conclue avec le gouvernement fédéral
permettront de simplifier le régime fiscal pour les entreprises et les
consommateurs, de réduire les coûts d'administration de ce
régime au bénéfice des contribuables, d'éviter aux
entreprises québécoises d'importantes dépenses
improductives relatives à la perception des taxes à la
consommation au nom des gouvernements, d'améliorer
l'équité du régime fiscal en plaçant les
ménages à faibles et moyens revenus dans une situation plus
avantageuse, d'accroître la production et l'emploi en améliorant
la position concurrentielle de nos entreprises et en favorisant les
investissements productifs, et ça nous permet de maintenir une place
prépondérante du Québec dans l'orientation et la gestion
des taxes à la consommation sur son territoire.
Je pense donc, M. le Président, que c'est là un geste qui
s'inscrit totalement dans la foulée des orientations que notre
gouvernement a poursuivies depuis 1985.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle, porte-parole de l'Opposition
officielle, vous avez 31 minutes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Merci beaucoup, M. le Président. Je
vois que ça s'élargit. J'ai dit que je voulais avoir un
échange fructueux et j'espérais qu'on pourrait poser des
questions sans avoir des réponses de 20 minutes, mais des
réponses concises. Alors, je suppose que c'est ça qui se
produirait.
M. Levesque: Vous ne voulez pas que je vous interrompe pour
donner une réponse précise? Non?
M. Léonard: si vous m'interrompez pour contribuer à
la discussion, je veux bien. si c'est simplement pour vous agiter, c'est une
autre chose.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Alors, jeudi dernier, le ministre des Finances
du Québec révélait à la population que le
gouvernement libéral avait choisi l'harmonisation de sa taxe sur les
ventes au détail avec la TPS du gouvernement fédéral. Il a
dit tout à l'heure que, dans son discours sur le budget, il ne pouvait
pas aller plus loin. Je l'ai lu, relu moi-même et d'autres personnes
l'ont lu et chacun arrivait à des conclusions différentes.
À la lecture de ça, certains ont dit. Oui, il l'a annoncé;
d'autres disaient: Non, il ne l'a pas annoncé. Alors, vous pouvez
très bien voir ce que ça voulait dire, la confusion dans laquelle
il avait laissé tout le monde et qui faisait que, finalement, à
la lecture de tout cela, on n'était pas sûr. Personnellement, je
pensais que vous seriez amené à harmoniser, mais on n'en
était pas sûr et, surtout, on ignorait que, dans les colonnes de
chiffres que vous avez présentés, il y en avait qui touchaient la
taxe fédérale de vente ou l'harmonisation.
Alors, selon l'accord survenu entre les deux paliers de gouvernement, le
Québec appliquerait sa propre TPS en respectant l'assiette
déterminée par Ottawa en retour de quoi le gouvernement du
Québec avait la tâche d'administrer les deux taxes. Je suis
très heureux que nous ayons, finalement, je suppose, cet accord. Nous
aurons l'occasion de le lire, je ne l'ai pas eu en main jusqu'ici, mais vous
comprendrez que nous, comme membres de l'Opposition, nous n'avons pas droit au
"briefing" auquel les journalistes ont droit. Nous devons étudier vos
documents à leur
propre mérite avec nos propres moyens seulement et non pas avec
les fonctionnaires. alors, cette réforme est présentée par
le ministre des finances comme un gain important et l'accord comporterait,
quant à nous, de nombreux désavantages qui dépassent
largement les avantages. en tout cas, nous aurons l'occasion de
l'étudier. nous en verrons aussi la teneur à la lecture de
l'accord. je voudrais toucher un point au départ qui, à mon sens,
est très important du point de vue de la démocratie, parce que
c'est fondamental, l'étude des crédits, le discours sur le
budget, en démocratie, et je pense que de plus en plus le ministre des
finances s'enferre dans une attitude qui n'est pas conforme au sain exercice de
la démocratie. l'opération camouflage. cette opération
camouflage s'est opérée sur deux plans: d'une part, on a
caché que les équilibres financiers des années
budgétaires 1990-1991, 1991-1992 et 1992-1993 tenaient compte de
l'harmonisation des deux taxes sans qu'aucune mention à cet effet
apparaisse dans le discours sur le budget; puis, on a profité du fait
que l'attention des médias et de la population soit braquée sur
le conflit autochtone pour révéler ce qu'on avait caché le
26 avril dernier. c'est ça, l'opération de la semaine
dernière sur deux plans. (11 heures) cette façon d'opérer
pose un problème fondamental. elle remet en question la
crédibilité qu'il faut donner à la présentation du
budget. sans nier le fait que le discours sur le budget a un caractère
politique, contrairement aux états financiers, par exemple, qui sont des
états très factuels, on pouvait croire, jusqu'à
maintenant, que l'information qu'il contient était complète et
véridique. dorénavant, chaque fois qu'on lira le discours sur le
budget, nous nous demanderons si l'information qu'on y retrouve est maintenant
complète, si tout a été divulgué,
révélé complètement. et rappelons, à cet
effet, que le vérificateur général prêche chaque
année en faveur de l'intégralité des états
financiers et des documents budgétaires. dans son dernier rapport
annuel, le vérificateur général indique qu'il analysera
l'information financière contenue dans le livre des crédits. je
cite: "le vérificateur général entreprendra en profondeur,
au cours de la prochaine année, l'examen critique de la qualité
de l'information financière présentée dans ces documents,
en commençant par le livre des crédits. son objectif est de
s'assurer, notamment, que cette information est pertinente, complète et
produite en temps opportun." dans le dernier discours sur le budget,
l'information contenue n'est certainement pas complète; c'est ce que
tout le monde a compris la semaine dernière. cette situation pourrait
amener le vérificateur général, éventuellement - on
peut le souhaiter - à en faire mention dans son rapport annuel à
l'assemblée nationale.
Le ministre des Finances pourrait toutefois argumenter à l'effet
que, le 26 avril dernier, l'entente n'était pas conclue entre les deux
gouvernements; ce qu'il a fait, effectivement, tout à l'heure. Il
entend, je suppose, assimiler cette situation à celle qui prévaut
lors des négociations de conventions collectives, alors que le
gouvernement cache, dans les dépenses de ses ministères, le
coût prévu d'éventuelles ententes. On peut, encore
là, argumenter même sur le fait qu'il camoufle dans ses
crédits le coût qu'il pense avoir à négocier dans
ces conventions collectives. Mais dans le cas présent, il s'agit de
beaucoup plus que cela parce qu'il s'agit de taxes qui touchent directement la
population; ce qui n'est pas encore le cas du coût des conventions
collectives. Il s'agit de revenus, de décisions budgétaires du
gouvernement, et toute la tradition du parlementarisme, finalement, c'est d'en
parler très clairement, de ces revenus, de ces taxes et de ces
décisions du gouvernement. par ailleurs, encore une fois, sur un autre
plan, il faut noter que le gouvernement libéra} avait indiqué
qu'il était opposé au projet fédéral. j'ai
cité, en chambre, la déclaration du premier ministre à cet
effet. j'ai aussi mentionné les déclarations du ministre du
revenu sur cette question qui, encore aujourd'hui, s'interroge, c'est dans (es
journaux, et je pourrais en citer un bon nombre, faire toute la revue de presse
sur les débats qui avaient cours là-dessus, qui ont
implosé, qui ne se sont pas vraiment faits sur la place publique. moi,
je pense que, lorsque le premier ministre a répondu à une
question du chef de l'opposition officielle le 15 mars dernier, il a
représenté, confirmé la position du gouvernement, à
l'effet que, finalement, ils avaient beaucoup de réticence à la
tps fédérale. le ministre des finances lui-même, dans son
discours sur le budget, a donné ces quatre raisons à l'effet
qu'il était opposé ou très très réticent
à la tps fédérale. je pense qu'il s'agissait d'un
débat, il l'a mis lui-même sur la table, mais, lorsqu'il nous
revient, il nous revient avec une décision sans que le débat ait
pris la place publique.
Le ministre des Finances a dit, dans le discours sur le budget, que le
Québec aurait préféré se passer de cette TPS.
Est-ce que cela voulait dire que, finalement, il admettait et qu'il
négociait simplement les modalités de son application? Certains
l'ont conclu et d'autres ont conclu l'inverse. Alors, comme transparence, on
pourrait faire mieux.
Je dirais plus même, parce qu'on peut se poser une question, le
fait d'inclure l'impact de l'harmonisation dans les équilibres
financiers n'a-t-il pas compromis la position de négociation du
Québec? Si l'Opposition ne possède pas les moyens de
détecter un tel camouflage dans le discours sur le budget, dans les
tableaux du discours sur le budget, est-ce qu'on peut en dire autant du
gouvernement fédéral? Est-ce qu'on peut en dire autant de
l'appareil d'analyse du
gouvernement fédéral? nous avions été
surpris, et nous l'avions noté, que le rendement des taxes à la
consommation augmente de 7, 7 % au budget sur l'année
précédente. nous étions un peu surpris parce qu'on nous
annonçait une période pratiquement de stagnation
économique, un taux d'inflation de moins de 5 % et le rendement des
taxes à la consommation augmentait. est-ce que des fonctionnaires dont
le travail est d'aller regarder, analyser les documents financiers des
provinces et les discours sur le budget, est-ce que des fonctionnaires
fédéraux n'ont pas pu voir, justement, qu'il y avait là un
camouflage? je pehse qu'on peut soupçonner que oui, ils l'ont vu et que
le chiffre que le ministre des finances a prétendu camoufler
était très clair à leurs yeux et donc qu'il à
finalement affaibli la position de négociation du gouvernement
fédéral en pensant naïvement que le fédéral
n'avait pas vu ces chiffres alors qu'il a tous les économistes et tous
les analystes pour, justement, analyser, examiner les états financiers
et les documents budgétaires du gouvernement du québec.
Sur un autre plan, la page 58 du document qui accompagné la
déclaration ministérielle indique les impacts de la
réforme des taxes à la consommation. Selon le ministre du Revenu,
l'impact net de la réforme se résume ainsi: en 1990-1991, 77 000
000 $; en 1991-1992, 252 000 000 $; et un impact négatif de 348 000 000
$ en 1992-1993, pour un impact net de 19 000 000 $, négatif, pour le
gouvernement. C'est le chiffre qu'il mentionne depuis la semaine
dernière. C'est trop beau pour être vrai, parce que, pour en
arriver à un pareil résultat, le ministre des Finances soustrait
de l'impact de la réforme le coût de l'indexation de 4, 5 % du
régime d'imposition, des allocations familiales et des programmes de
sécurité du revenu. Pourtant, à bien lire les documents,
le ministre des Finances indique lui-même à la page 36 qu'il ne
peut faire une telle soustraction. Je le cite au texte, page 36 de l'annexe
qu'il nous a distribuée: "En 1992, l'indexation au taux de 4, 5 % des
besoins essentiels reconnus dans le régime de la sécurité
du revenu et dans le régime d'imposition afin de protéger les
ménages contre la perte de pouvoir d'achat résultant de
l'inflation qui n'est pas attribuable aux réformes
fédérale et québécoise des taxes à la
consommation. " "Qui n'est pas attribuable aux réformes
fédérale et québécoise des taxes à la
consommation", c'est son propre texte. Et rappelons aussi que la non-indexation
du régime d'imposition revient à augmenter les impôts.
Comme le faisait remarquer M. Claude Piché dans La Presse:
"Le ministre des Finances nous indique qu'il n'augmentera pas les
impôts en même temps que les taxes à la consommation.
Ça revient à dire cela. Alors, nous devons lui dire merci,
paraît-il. " Ou alors, est-ce qu'on doit comprendre que si la TPS
québécoise n'allait pas rapporter tellement d'argent, si le
ministre des Finances avait décidé de ne pas indexer le
régime d'Imposition en 1992, bref c'était plus de taxes que
d'Impôt? Est-ce qu'on doit comprendre ça?
Alors, si on ne soustrait pas l'indexation du coût de la
réforme, comme on doit le faire, l'impact est le suivant: en 1990-1991,
c'est 77 000 000 $ que ça coûte de plus au contribuable; en
1991-1992, l'année financière 1991-1992 pour le gouvernement,
mais l'année 1991 qui se continue pour le contribuable, 324 000 000 $ de
plus, l'impact négatif, en 1992-1993, moins 39 000 000 $, soit 362 000
000 $ net, total, sur l'ensemble. Je comprends et tout le monde a compris que,
dans sa déclaration ministérielle, le ministre parle de
l'année 1992. Il "gomme" pratiquement systématiquement
l'année 1991 parce qu'elle coûte très cher aux
contribuables et, dans l'analyse des documents, nous verrons très bien
qu'il eh est ainsi.
Je vous donne juste Un chiffre en passant; c'est à la
première ligne des taxes à la consommation. Les ventes au
détail rapporteront de plus, en 1990-1991, 324 000 000 $; en 1991-1992,
1 362 000 000 $ de plus, mais, au net, 250 000 000 $; et, en 1992-1993, 791 000
000 $. ii y a des variations substantielles dans ces chiffres et
j'espère que le ministre, après les grandes déclarations
de principe, nous amènera sur des explications précises sur cette
question. mais l'impact net de la réforme pour les contribuables, sur
les trois années dont nous parlons, c'est de payer, en plus, 362 000 000
$ et qu'on ne vienne pas nous parler de l'indexation, parce que si le ministre
n'indexait pas, il augmenterait les impôts.
Notons qu'à cet argument le ministre des Finances répond
toujours que le gouvernement du Parti québécois n'a pas toujours
pleinement indexé les régimes d'imposition. Non seulement cet
argument est fallacieux, mais je pense qu'il est faux. Le Parti libéral
du Québec n'a pas, non plus, toujours pleinement indexé le
régime d'imposition. Jusqu'en 1988, les grosses exemptions, exemptions
de base et exemptions de personnes mariées, n'étaient pas
indexées, n'ont pas été indexées.
M. le Président, sur un autre plan, sur l'autonomie fiscale du
Québec, nous croyons, contrairement aux prétentions du
gouvernement libéral et du ministre des Finances en particulier, que le
gouvernement du Québec voit et verra son autonomie fiscale
réduite à la simple perception des taxes
fédérales.
Sur le plan fiscal, un gouvernement lève ses propres
impôts, ses propres taxes. Cela veut dire qu'il détermine son
assiette de taxation. Nous verrons, à la lecture très
probablement, que l'accord signé par Québec et Ottawa indiquera
tout au contraire que ce sera le gouvernement fédéral qui fera le
choix des produits sur lesquels Québec appliquera sa TPS.
M. Levesque: Non, non. Pour ça, j'interviens. C'est
non.
M. Léonard: Un jour, le jour où il décidera
d'imposer tel produit, ça deviendra une décision
particulière pour le Québec de ne pas le faire. Le
communiqué de presse no 6 qui accompagne l'annexe à la
déclaration ministérielle nous semble clair à cet effet,
on peut y lire: "Le Québec s'engage par ailleurs à respecter,
dans l'administration de la TPS fédérale, des normes visant
à assurer une administration uniforme de la TPS à travers le
Canada."
M. Levesque: Fédérale. (11 h 15)
M. Léonard: Nous pensons que le Québec a
cédé aux ambitions du fédéral de s'introduire dans
le champ des taxes sur les ventes au détail et laisse à ce
dernier le soin d'indiquer sur quels produits et services elle s'appliquera.
C'est aussi la prétention du premier ministre de l'Ontario, dont nous
avons lu des déclarations dans les journaux, où il s'estime
lui-même floué par le Québec, où il estime que le
Québec l'a abandonné dans sa position. Et même pour la TPS
du Québec, il va être difficile de ne pas adopter l'assiette
définie par Ottawa puisque le même communiqué de presse
indique ce qui suit: "Le Québec demeurera cependant seul responsable de
la politique et de l'administration de son régime de taxation; tout au
plus reconnaît-il, conjointement avec le gouvernement
fédéral, l'importance de maintenir des assiettes fiscales
cohérentes. " Un tout au plus coûteux sur le plan de l'autonomie
puisque l'importance de maintenir des assiettes fiscales cohérentes
signifie dans les faits que les deux TPS s'appliqueront à compter de
1992 sur une assiette identique incluant les meubles, les chaussures, les
vêtements et tous les biens culturels. Et le ministre, tout à
l'heure, a indiqué comme première raison de l'harmonisation:
C'est une question de simplification administrative. Exactement ce qui est dit
là. C'est une raison de simplification administrative. À chaque
fois qu'il voudra se démarquer de l'assiette fédérale, il
fera face à son argumentation qu'il nous a servie lui-même,
à chaque fois. Je voudrais signaler aux Québécois que si
le Québec est autonome, pourquoi donc taxe-t-il les biens culturels, les
livres, les imprimés et les journaux? C'est donc une décision
tout à fait autonome, tout à fait consciente de le faire. Donc,
en partant, if s'aligne sur le fédéral en ce qui concerne les
biens culturels.
Sur le plan de l'Industrie touristique, même chose. Les chambres
d'hôtel n'étaient pas taxées. N'étaient pas
taxées! Zéro! À compter du 1er février, elles
verront, ces chambres d'hôtel, une taxe fédérale de 7 %,
plus une taxe de 8 % indiquée à la page 45 du document:
Élargissement sur les services: réparations, loisirs et culture,
services personnels, chambres d'hôtel, 8 % de taxe. Chambres
d'hôtel, 8 % de taxe; page 45 du document. Vous avez ça dans le
tableau qui est là. Alors, ça c'est une nouvelle. On voit mal
comment une assiette fiscale cohérente et une administration uniforme
à travers le Canada de la TPS fédérale peuvent permettre
au Québec d'appliquer sa taxe sur une assiette différente. Sinon,
en effet, pourquoi taxer les livres dans un marché aussi petit que le
Québec? Est-ce qu'il s'agit d'un manque de jugement ou d'une contrainte
réelle?
Les crédits d'impôt. L'introduction de crédits
d'impôt remboursables tant au niveau fédéral qu'au niveau
provincial québécois ne constitue pas qu'une mesure de
redistribution pour compenser le caractère régressif des taxes
à la consommation. C'est aussi un aveu que le fardeau fiscal des
consommateurs est haussé par l'introduction de la TPS. Alors qu'au
niveau fédéral les crédits d'impôt accordés
aux ménages à faibles revenus seront en vigueur en même
temps que s'appliquera la TPS, le gouvernement libéral attendra
1992-1993 pour introduire ses propres crédits d'impôt. S'il est
vrai que l'harmonisation complète...
M. Levesque: Les crédits d'impôt sont en 1991. Je
vous arrête.
M. Léonard: ...attendra l'année 1992-1993,
l'année 1992, le début de l'année 1992 seulement pour
appliquer ses propres crédits, indexation du crédit d'impôt
remboursable pour taxe de vente, 1er janvier 1992, une faible partie va
affecter l'année 1991-1992 alors que les crédits vont vraiment
s'appliquer pleinement pour l'année financière 1992-1993. C'est
pour cela...
M. Levesque: On va revenir là-dessus parce que je pense
que le député a besoin d'être éclairé
là-dessus.
M. Léonard: Nous reviendrons, M. le ministre des Finances,
ne m'interrompez pas. Durant l'année 1991, il n'y a pas de crédit
d'impôt relatif à la transformation de la TPS, du système;
il n'y en a pas, c'est ce qu'on voit. Pour l'année 1991, il n'y en a
pas.
M. Levesque: Bien voici, on me dit exactement le contraire, ici,
là.
M. Léonard: S'il est vrai...
M. Levesque: II va falloir qu'on s'entende, d'accord?
M. Léonard: Tout à l'heure, quand on posera des
questions, vous pourrez répondre là-dessus.
M. Levesque: D'accord. C'est parce que vous m'avez dit de vous
rappeler à l'ordre des fois.
C'est correct.
M. Léonard: Non, je ne vous ai pas permis de rappeler
à l'ordre.
M. Levesque: O.K.
M. Léonard: Gardez votre calme, restez calme, M. le
ministre des Finances.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, M.
le député de Labelle est sur son temps de parole.
M. Levesque: Absolument, j'en conviens.
Le Président (M. Lemieux): Vous en convenez? Ça va.
Alors, nous continuons, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Si cela est vrai que l'harmonisation
complète des taxes à la consommation québécoises ne
sera en place que le 1er janvier 1992, les mesures transitoires qui
s'appliqueront dès janvier 1991 vont constituer une manne pour le
ministre des Finances du gouvernement. Nous estimons - et les calculs que nous
avons faits n'ont pas été démentis jusqu'ici - que cela va
coûter aux contribuables québécois 401 000 000 $ à
partir de maintenant.
M. Levesque: Là, je ne peux pas le donner.
Une voix: Non, c'est la vérité.
Le Présidant (M. Lemieux): Sérieusement, M. le
ministre des Finances, vous ne pouvez pas... mais vous pouvez prendre des
notes.
M. Léonard: Alors, le ministre des Finances compte
régler ses difficultés budgétaires par cette
réforme actuellement, une ponction nette. On verra aussi dans le
détail comment il joue, tout à l'heure. Le gouvernement entre de
plus en plus dans une politique économique procyclique; au lieu d'aider
à la reprise économique alors que nous sommes en récession
pratiquement, il accentue, il va accentuer les difficultés des
entreprises, des consommateurs, donc il va accentuer la récession
pratiquement, parce que, au fond, ce qu'il nous a déclaré la
semaine dernière, c'est une hausse des taxes et des impôts en
pleine période de récession.
J'aimerais bien qu'il nous sorte maintenant ou qu'U nous dise si cette
décision d'harmonisation a un impact sur le tableau comparatif avec
l'Ontario, si, au printemps dernier, son tableau comparatif avec l'Ontario
tenait compte des changements particulièrement à la suite des
décisions du gouvernement de l'Ontario. Nous pourrons voir aussi, au
cours de l'étude du document qu'y nous a remis, que la valeur des
crédits d'impôt offerts par le gouvernement
québécois est largement inférieure à celle qu'offre
le gouvernement fédéral dans la même réforme
fiscale. Cela peut s'expliquer par le fait que l'impact des modifications
apportées par Québec est moindre, essentiellement parce qu'on
partait de plus haut.
M. le Président, deux minutes?
Le Président (M. Lemieux): Cinq minutes, M le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui. Je voudrais simplement rappeler la
position de notre parti sur cette question de la réforme fiscale, parce
que le ministre des Finances a eu et il n'a pas résisté à
la tentation de s'étonner de notre position compte tenu de ce que nous
avions dit de la TPS fédérale. Rappelons une chose, c'est que
notre position à l'égard du projet fédéral
consistait à dire que la TPS était une bien meilleure taxe que la
taxe au manufacturier qui pénalisait considérablement nos
exportateurs.
Sur le plan de l'économie, une taxe à la valeur
ajoutée constitue une amélioration certaine. Nous l'avons dit et
nous te maintenons. Mais nous disions toutefois que le taux de 9 % apparaissait
exagéré pour la période économique difficile que
nous traversons. Nous avons été entendu, comme le gouvernement,
par le ministre Wilson. Aussi, nous nous interrogions sur l'opportunité
de hausser les taxes au moment où les taux d'intérêt
élevés étouffaient et étouffent toujours
l'économie.
Par ailleurs, conscients des difficultés d'administrer deux taxes
de vente en parallèle, nous avions proposé que le Québec
perçoive la TPS fédérale. Cette proposition
entraînait vraisemblablement un élargissement de l'assiette de
taxation québécoise, mais, pour nous, à certaines
conditions: pouvoir appliquer différents taux de taxation selon les
biens et services, donc, pour nous, les biens culturels pouvaient être
détaxés; pouvoir appliquer la TPS fédérale sur
l'assiette choisie par le Québec - choisie par le Québec,
uniquement par le Québec - et maintenir au même niveau le fardeau
fiscal des Québécois. On verra et on a vu que ce n'est pas le
cas, au moins en 1991. Ce n'est qu'à ces conditions que nous
étions prêts à accepter que le fédéral puisse
intervenir dans le champ de cette taxation avec sa réforme.
Notre intention a toujours été et est toujours
d'accroître l'autonomie fiscale du Québec. On est bien ioin d'une
harmonisation pure et belle comme celle que nous a annoncée le ministre
des Finances où, pratiquement, le Québec est réduit au
rôle d'un collecteur de taxes pour le fédéral. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est à 30 secondes
près, M. le député de Labelle.
M. Léonard: A 30 secondes?
Le Président (M. Lemieux): Près. M.
Léonard: Je vais rajouter une chose... Le Président (M.
Lemieux): Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: ...sur la cachette du ministre des Finances.
Sa seule réponse est de dire: J'aurais pu simplement émettre un
communiqué de presse, j'aurais pu faire pire. C'est ça qu'il a
dit.
Le Président (M. Lemieux): alors, merci, m. le
député de labelle. c'est maintenant à zéro seconde
près. m. le ministre des finances, la parole est à vous pour une
période de 10 minutes en réplique.
M. Gérard D. Levesque (réplique)
M. Levesque: M. le Président, ce que je retiens au tout
début de mes propos, ce que je retiens des propos du
député de Labelle, c'est qu'il est fondamentalement d'accord sur
le fond de cette question. Il admet volontiers que son parti est d'accord pour
changer les taxes à la consommation par une TPS, c'est-à-dire une
TVA, si vous voulez, une taxe sur la valeur ajoutée. Donc, sur le fond
de la question, je reconnais que le député de Labelle est en
accord avec nous. Là où il diverge, c'est sur les
modalités et la principale modalité que je reconnais dans ses
paroles, c'est sur le besoin d'un taux multiple par rapport à un taux
unique. Dans le reste de ce qu'il a dit, c'est une question encore de
modalités: Est-ce qu'on a réellement annoncé tout ce qu'on
aurait pu annoncer dans le discours sur le budget, est-ce qu'on est
arrivé à un moment X pour annoncer en Chambre la politique en
question, est-ce qu'on a une augmentation ou une diminution du fardeau fiscal,
est-ce que l'indexation aurait eu lieu ou n'aurait pas eu lieu ou est-ce
qu'elle aurait dû être comptabilisée ou non, est-ce qu'on a
une véritable autonomie par rapport à l'assiette? Voilà
des modalités qui ont été - en fait, c'est ce que je
perçois, c'est ce que je comprends - des propos du député
de Labelle.
Je vais reprendre, si on me le permet, dans le peu de temps que j'ai
à ma disposition, quelques-uns des points soulevés par mon
honorable ami. D'abord, sur cette question d'avoir ou non bien annoncé
nos couleurs. Il me semble que c'était clair pour tout le monde. Lorsque
l'on prend le discours sur le budget - il me semble que pour quelqu'un qui
écoutait un peu ce que je disais et qui y attachait un peu de foi, sinon
d'attention du moins - je parle d'un problème sérieux de
complexité administrative posé par la TPS; ce problème
demeure entier. Je cite ce que je disais. Je parle également des
objections que nous avions au moment où la TPS a été
annoncée par le gouvernement fédéral et j'annonce tous les
progrès que nous avons réussi à obtenir au moment
où je lisais le discours sur le budget. Je disais ceci: "Malgré
ces problèmes majeurs, le gouvernement fédéral semble tout
à fait déterminé à aller de l'avant avec son
projet. C'est pourquoi il nous faut explorer avec lui toutes les solutions qui
seraient de nature à atténuer ces difficultés." Il me
semble que c'est clair, ça. "J'aurai l'occasion - quand? - au cours des
prochains mois - il me semble que c'est clair, ça; ce n'est pas
caché - de revenir sur l'évolution de la situation afin
d'indiquer le plus tôt possible aux entreprises québécoises
dans quel cadre administratif elles devront fonctionner le 1er janvier
prochain." Ça, c'est annoncer ses couleurs. (11 h 30)
Deuxièmement, celui qui m'a remplacé au cours de
l'été, durant ma convalescence, disait ceci: "C'est avec ce souci
constant de protéger les intérêts des contribuables et
d'accroître la capacité concurrentielle des entreprises que le
gouvernement du Québec a exploré avec le gouvernement
fédéral diverses avenues de solutions, etc." Et là, il
mentionne, parmi ces solutions: "Celle qui offre le plus d'intérêt
en termes de simplification et de réduction des coûts consisterait
à mettre en place - et là, c'est clair, c'était au mois de
juillet - une administration unifiée de la TPS et de la taxe de vente
québécoise qui serait gérée par le Québec."
Il me semble que c'est clairement annoncé, ça.
Lorsque nous cherchions une occasion de venir le dire, d'abord à
l'Assemblée nationale, il est arrivé, justement, la commission
constitutionnelle qui exigeait une loi adoptée par l'Assemblée
et, à ce moment-là, notre problème sur le plan
parlementaire se réglait. C'est pour ça que nous sommes
arrivés à ce moment-là. La crise amérindienne,
ça n'avait rien à voir avec ça. Et on nous pressait
d'annoncer la décision et nous voulions l'annoncer à l'endroit
approprié, c'est-à-dire à l'Assemblée nationale.
quant aux chiffres eux-mêmes, écoutez-moi bien parce qu'il faut
bien se comprendre, surtout que j'ai affaire, avec le député de
labelle, à quelqu'un qui connaît les chiffres, qui est un
comptable agréé. en 1990-1991, c'est ça le budget; il
touchait 1990-1991. pour les années subséquentes, il s'agit de
prévisions qu'on appelle triennales; elles n'ont pas la valeur d'un
budget. dans toutes les provinces canadiennes, je n'en connais pas qui ont de
prévisions triennales. alors, à ce moment-là, ce sont des
projections que nous faisons, mais elles n'ont pas la valeur d'un budget. ce
qui a la valeur d'un budget, c'est ce que nous annonçons pour
1990-1991.
Or, la différence qu'il y a là, pour 1990-1991, c'est 77
000 000 $. Or, 77 000 000 $, vous le savez, sur un budget de 35 000 000 000 $,
c'est infime et cela peut fort bien se régler, si on n'avait pas
réglé nos affaires au point de vue
de notre entente que nous prévoyions à ce moment-là
pouvoir réaliser. Ces 77 000 000 $, ce n'est pas 325 000 000 $, ce n'est
pas 360 000 000 $. C'est 77 000 000 $ Cela se réglait très bien
autrement. Et on n'a pas besoin de faire preuve de beaucoup d'imagination pour
savoir que 77 000 000 $ sur un budget de 35 000 000 000 $, ça se
règle par la gestion de fin d'année. Vous faites plus ou moins de
remboursements. Vous les faites le 31 mars ou le 1er avril et l'affaire est
réglée. Donc, il n'y avait pas là d'information qui
n'était pas, à mon sens, une information raisonnable. D'ailleurs,
lorsque vous dites que le gouvernement fédéral, avec tous ses
économistes et tout cela, pouvait déceler, il décelait
quoi? 77 000 000 $ sur 35 000 000 000 $, il décelait quoi? Une infime,
infime, infime proportion. Ce n'est pas ça qui justifiait de pouvoir
dire, par le député de Labelle, qu'on cachait quoi que ce soit.
Au contraire, on disait: Nous sommes presque sûrs de pouvoir arriver
à une solution et, à ce propos, ça veut dire 77 000 000 $,
mettons-les tout de suite et, s'il y a lieu de corriger cela au prochain
budget, on le corrigera, mais 80 % des chances, et au moins, étaient
qu'on allait le régler. Donc, la vérité vraie,
c'était de le mettre, mais aussi d'être prudents dans nos propos
parce que le budget est un instrument officiel, un document officiel. On ne
pouvait pas annoncer, à ce moment-là, quelque chose qui
n'était pas conclu.
Maintenant, je vais poursuivre rapidement sur les autres points
soulevés par le député de Labelle. Il parle d'indexation.
Nous avons tenu compte de l'indexation, et le député sourit.
Pourquoi? Parce qu'il sait fort bien que lorsqu'il était dans le
gouvernement qui nous a précédés, dans les années
quatre-vingt, on a sauté pardessus des années d'indexation. On ne
peut pas se fier à l'indexation. En 1979, par exemple, alors que le taux
d'inflation était de 8,9 %, quelle était l'indexation de votre
gouvernement? C'était zéro. Vous avez passé par-dessus.
Bon. Prenez une autre année, 1982, l'inflation était de 12,5 %.
Vous avez fait quoi? 7,5 % d'indexation. Autrement dit, il y a une
différence de 5 %; c'est considérable. En 1985, vous
n'étiez plus là, mais votre gouvernement était encore
là, c'était 4,3 % d'inflation et le gouvernement a
décidé zéro d'indexation. Alors, si on prend les
années 1979 à 1985, le taux d'inflation cumulatif était de
80,2 % et, pendant ces années-là, votre indexation était
de 46,7 %. Aïe! Vous avez oublié ça. Je pense qu'il
était important pour nous de dire et de prendre l'engagement, bien que
nous l'ayons fait continuellement depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons
respecte la pleine indexation, il était important à ce moment-ci
d'annoncer que le pouvoir d'achat des contribuables serait
protégé.
Le Président (M. Lemieux): En conclusion rapide, M. le
ministre, il vous reste 10 secondes.
M. Levesque: Oh! M. le Président, là, j'ai une
chose assez importante à mentionner. Je vais...
Le Président (M. Lemieux): Malheureuse ment, M. le
ministre des Finances, votre temps est écoulé.
M. Levesque: Alors, je reviendrai. Mais je vais vous dire sur
quoi je vais revenir, parce que c'est important.
Le Président (M. Lemieux): Consentement?
M. Levesque: Je vais revenir sur l'autonomie fiscale. Je vais
revenir également sur l'assiette. Je vais revenir sur l'Ontario. Je vais
revenir sur le "procyclique". Je vais revenir sur les taux
d'intérêt.
M. Léonard: O.K. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, il n'y a pas de
consentement.
M. Levesque: Je vais revenir sur les...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances, je
m'excuse. M. le ministre des Finances, il n'y a pas de consentement. Alors, M.
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Alors, M. le Président, je pense...
M. Levesque: ...mentionné, m. le président, et on
demandait une commission parlementaire et, s'il manque 30 secondes, on
m'arrête ii me semble que...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse M. Levesque:
Non, c'est correct.
Le Président (M. Lemieux): ..M. le ministre des Finances,
mais vous devez comprendre qu'il me faut le consentement. J'ai demande le
consentement à ma gauche et on m'a fait signe que non, et le
député de Pointe-aux-Trembles a demandé la parole. Alors,
M. le député de Pointe-aux-Trembles, vous êtes dans votre
droit. La parole est à vous.
M. Bourdon: M. le Président, je pense que, comme c'est
souvent le cas avec le ministre des Finances, il y a un problème de
décalage entre ce qu'il dit et les faits. Le 30 août 1990, quand
il s'est caché derrière les Mohawks pour annoncer une hausse de
taxe...
M. Levesque: II est gentil, ce garçon-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: ...il disait dans son communiqué, et je
cite...
M. Levesque: C'est un gentil garçon, qu'on me dit.
M. Bourdon: Le gouvernement du Québec a donc
décidé de s'engager...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, vous avez tenu un propos qui est antiparlementaire en
vertu de l'article 35.6. Vous pouvez faire état du fait qu'un
gouvernement s'est peut-être caché, mais pas un
député, en vertu de l'article 35.6 du règlement. Et M. le
ministre est un député. Alors, je vous prierais, s'il vous
plaît, de bien vouloir faire attention.
M. Bourdon: M. le Président, je retire ce que j'ai
dit.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Discussion
générale
M. Bourdon: ce que je dis, c'est que le gouvernement, profitant
de la crise amérindienne, a annoncé le 30 août une hausse
considérable de taxe. et ce qui était dit dans cette annonce,
c'est, et je cite la page 2 de \a déclaration ministérielle: "le
gouvernement du québec a donc décidé de s'engager dans une
voie qui non seulement protégera les intérêts
économiques des québécois, mais consacrera la
maîtrise du québec sur l'orientation et la gestion des politiques
fiscales sur son territoire." ça, c'est la déclaration
ministérielle. je lis le texte de l'entente, m. le président,
faite avec le gouvernement du canada. le deuxième "attendu" à la
page 1 dit ceci: "attendu que le québec se propose de recommander au
parlement du québec une législation pour modifier l'assiette
fiscale de sa taxe à la consommation de façon à la rendre
substantiellement comparable à celle de la tps dans les limites des
pouvoirs constitutionnels du québec." c'est ce qu'on appelle
l'autonomie, de recommander au parlement du québec une
législation pour rendre la taxe à la consommation
substantiellement comparable à celle de la tps fédérale.
m. le président, ça, c'est l'autonomie qu'on dit avoir, celle qui
consiste à faire exactement ce que le fédéral a
décidé qui devrait se faire. la preuve, c'est que la tps du
québec va imposer une taxe aux services alors qu'il n'y en avait pas
avant. la tps du québec va imposer les industries culturelles,
c'est-à-dire une taxe sur les livres qu'on lit et sur les journaux qu'on
lit qui n'existait pas avant. les vêtements n'étaient pas
imposés au québec; on va les imposer comme au
fédéral. et ça, c'est une manifestation d'autonomie. Les
chaussures n'étaient pas taxées; elles le seront. Manifestation
d'autonomie. Les meubles le seront et certains électroménagers.
Alors, c'est donc dire qu'il y a quelque chose de fou de venir nous dire qu'on
est autonome. La preuve, c'est qu'on fait la même chose que le
fédéral. d'autre part, le ministre des finances nous dit que le
contribuable ne paiera pas plus cher qu'avant et que ça aura un impact
négatif sur le gouvernement du québec, cette nouvelle tps
provinciale. mais pour ce faire, il soustrait la taxe qui va rapporter, d'ici
à deux ans, 401 000 000 $ de plus au gouvernement du québec et il
la déduit de l'indexation des tables d'impôt, de l'indexation de
l'imposition. je pense que ça, ça trompe la population parce
qu'on parle de deux ordres de choses qui sont absolument distinctes. en 1989,
le gouvernement a indexé l'imposition. en 1990, 1991 et 1992 - il dit -
je le ferai encore et, donc, l'indexation de votre table d'impôt va
compenser pour ce que vous allez payer de plus en taxes. mais la
vérité, c'est que la taxe va rapporter plus et que les gens vont
payer plus qu'avant. alors, je ne pense pas qu'on puisse affirmer que c'est
négatif, pour ce qui est des revenus du gouvernement. c'est une hausse
de taxe qui s'ajoute à celle de la taxe foncière, qui s'ajoute
à la hausse des tarifs d'électricité, qui dépasse
de beaucoup l'inflation. et je pense que, dans ce sens-là, on peut dire
que les contribuables québécois vont payer plus cher qu'avant,
vont payer sur des tas de produits qui étaient exemptés de taxe
et que le québec va perdre son autonomie parce que, pour pouvoir
administrer la tps fédérale, on consent à en faire une au
québec qui est de même nature. et quand on invoque...
En terminant, M. le Président, la TPS que le ministre nous
propose est tellement mauvaise que, d'avance et encore maintenant, le ministre
du Revenu lui-même a dit que ce n'était pas une bonne mesure.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé.
Alors, M. le ministre des Finances, vous avez un droit de réplique de
dix minutes et, après, je pense que M. le député de
Mille-Îles a demandé la parole.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais tout simplement
rappeler à cette commission que, lorsque l'on parle d'une assiette
relativement à l'autonomie fiscale, c'est volontairement que nous
décidons, cette année, pour 1991, de procéder comme nous
l'avons annoncé. Nous maintenons toutes nos options. Et il faut bien
comprendre
que le gouvernement peut utiliser la fiscalité dont on parle, la
TPS - pas tout à fait une TPS, mais enfin - ce que nous avons comme taxe
à la consommation, que nous pouvons utiliser ce moyen-là pour
aider. Nous pouvons également laisser la même assiette, mais
prendre des mesures afin de compenser par des remboursements; c'est ce que nous
faisons, d'ailleurs, pour les personnes moins nanties, c'est ce que nous
faisons pour les families à faibles et moyens revenus. C'est une
façon de faire en sorte qu'on n'ait pas, justement, de cadeaux à
faire à des gens qui ont le moyen de payer. Et la meilleure preuve de
ça, c'est que, lorsque l'on regarde ce qui est devenu un mythe, avec les
vêtements, les chaussures, on pense qu'on aide seulement les gens
à faibles revenus. Mais c'est le contraire, l'exemption profite surtout
aux bien-nantis. Lorsque l'on regarde ce qu'achètent, par exemple, dans
le domaine du vêtement... 40 % de la population du Québec qui ont
des revenus inférieurs, cette section-là. 40 %, achètent
16 % de ces biens-là, tandis que les 40 %, supérieurs, bien
nantis, profitent de cette exemption-là à un point tel qu'ils
achètent 67 % des biens en question, alors, je me dis: Est-ce qu'on ne
devrait pas plutôt protéger tes gens qui sont moins bien nantis en
les remboursant, en les laissant faire leur choix? Les gens qui ont le moyen de
payer, qu'ils achètent des biens et qu'ils les payent, qu'ils payent
leur part dans le domaine fiscal. Qu'ils payent leur part. (11 h 45)
Et c'est un faux débat lorsque l'on parle de ces
choses-là, l'extension de l'assiette, à un point tel que le
conseiller principal au point de vue économique de l'ancien
gouvernement, M. Pierre Fortin, non seulement est d'accord pour que ces meubles
et ces vêtements soient inclus dans le domaine liscal, dans le domaine de
la taxation des biens de consommation, mais il regrette que l'alimentation soit
exemptée, si j'ai bien lu les articles publiés récemment
dans le journal Le Devoir. Or, c'est le conseiller économique de
l'ancien gouvernement du Parti québécois qui nous dit ça,
et je le comprends, parce que les exemptions servent souvent aux mieux-nantis.
On est mieux de rembourser les gens qui ont moins le moyen que d'exempter
complètement tout le monde. Ça fausse sur le plan
économique, je pense qu'on peut se rejoindre là-dessus.
Mais ce que le député de Labelle disait tout à
l'heure, ce n'était pas contre ce que je viens de dire, c'était
qu'en taxant... avec la même assiette, d'avoir des taux différents
selon les objets en question. Mais ça revient pas mal au même
comme conséquence. Dans une économie ouverte comme la nôtre
où, de plus en plus, comme en Europe d'ailleurs, l'Amérique du
Nord devient de plus en plus un marché commun, on s'aperçoit que
les taux multiples se défendent moins bien. D'ailleurs, on n'a
qu'à regarder ce qui se passe en Europe, en vue de 1992, et on voit les
efforts qui se font présentement pour obtenir un taux unique. On me dit
qu'on arrivera peut-être à deux taux. Mais je pense que ça
nous amène à réfléchir.
Vous savez, nous n'avons pas toute la vérité chez nous et
vous le contraire. Ce n'est pas vrai. Mais nous recherchons des moyens qui nous
semblent les plus appropriés dans le contexte de 1990 à
1991-1992, vers l'an 2000, et il faut évoluer, il faut tenir compte de
ce qui se passe dans le monde. C'est pourquoi je vous dis: Attention aux
petites solutions faciles. Je pense que c'est notre devoir d'informer la
population des véritables enjeux, d'informer la population des
changements qui se produisent et, également, des nouvelles orientations
et tes moyens nouveaux également qui doivent être pris en
considération.
Je voulais aussi... Est-ce qu'il me reste...
Le Président (M. Lemieux): Trois minutes.
M. Levesque: II me reste encore quelques minutes.
Le Président (M. Lemieux): Ou).
M. Levesque: Je reviendrai de toute façon sur les autres
sujets, parce que je ne veux pas prendre trop de retard sur les
réponses. Le député de Labelle m'en pariait tout à
l'heure, il m'a posé la question et j'aimerais lui répondre:
Est-ce que ça affecte notre comparaison Québec-Ontario quant au
fardeau fiscal? Je dois lui dire que nos chiffres ne sont pas du tout
altérés parce que ce sont les chiffres de 1990 que nous avons
présentement. Nos prévisions sont pour 1990. Or, ceci n'arrivera
qu'en 1991 et surtout en 1992. Alors, nous ne sommes pas en mesure, à ce
moment-ci, d'avancer les choses sinon que ça n'affecte pas
l'année 1990. Deuxièmement, lorsque le député a
évoqué, je pense, que M. Peterson avait laissé entendre
qu'il abaisserait sa taxe à 7% le 1er janvier 1991, on serait
peut-être mieux d'attendre.
Une voix: S'il est là.
Une voix: Le résultat des élections.
Une voix: Le prochain budget.
Des voix: Ce soir.
M. Levesque: On verra. Mais, enfin, on va attendre.
Une voix: Concernant les élections et le prochain
budget.
M. Levesque: Le prochain budget aussi, pas seulement les
élections.
Le Président (M. Lemieux): Le prochain budget, oui.
M. Bourdon:...
M. Léonard: Avez-vous hâte de vous réjouir
sur un presque...
Le Président (M. Lemieux): Deux minutes encore, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: J'ai d'autres choses. Le député de
Labelle parlait d'une politique procyclique, etc. Je dois vous dire encore une
fois, pour que ce soit bien clair, qu'il n'y a pas d'augmentation de coût
pour les contribuables; au contraire, il y a des gains pour les contribuables.
Je le dis là et je le répète pour la nième fois, il
y a des gains pour les contribuables. Pour les personnes à bas revenus,
pour les familles à faibles et moyens revenus, il y a un gain. C'est
clair, elles sont remboursées et, à certains moments, chez les
plus faibles, elles sont remboursées du double de la moyenne par
laquelle elles seraient affectées.
Deuxièmement, je me demande comment le député de
Labelle...
M. Léonard: Franchement..;
M. Levesque: Si vous voulez, je peux faire venir des gens ici. Si
vous ne me croyez pas, on va faire venir toute l'expertise que vous voulez et
ils vont vous confirmer ce que je dis.
Deuxièmement, je trouve très curieux - malgré que
je ne doive pas non plus être désagréable - que le
député de Labelle nous arrive avec cette préoccupation qui
l'honore sans doute, mais qui ne fait pas honneur à sa mémoire,
dans le sens que, s'il y a eu une politique qui était de celle
qu'appréhende le député de Labelle, c'a été
celle de 1981-1982. S'il y a eu un moment, non pas au moment où on
appréhendait une récession, mais en pleine
récession...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion.
M. Levesque: ...où le gouvernement du Parti
québécois est arrivé avec une ponction fiscale
additionnelle non pas de 77 000 000 $, mais de 1 200 000 000 $, en chiffres de
1982. Là, ça fait mal. Là, ce n'est pas le temps
d'apporter de telles mesures.
M. Léonard: 1 800 000 000 $ l'an prochain, en 1991.
M. Levesque: Pas du tout. Ce que vous faites là, vous
savez que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas une taxe nouvelle comme doubler la
taxe sur la gazoline. Ce ne sont pas des taxes, ça, là.
M. Léonard: Lisez Normand Girard, vous allez voir.
M. Levesque: Oui, mais Normand, je l'ai invité, Normand,
à venir me voir et on allait faire...
M. Léonard: Vous allez régler ça. Oui,
oui.
M. Levesque: On allait au moins ouvrir tous les livres, pas
seulement les vôtres, on va ouvrir les vrais livres.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président. C'est sûr que je
n'aurai pas tout le loisir, en l'espace de quelque 10 courtes minutes, de
toucher à tout ce que j'aimerais dire ce matin parce qu'il y a beaucoup
à dire, mais, d'une part, je vais m'attaquer surtout à la
complexité de toute la situation et des deux régimes de
taxation.
Au niveau de ce qui est taxé, de la structure et des assiettes,
les deux régimes de taxation diffèrent. Au niveau des
mandataires, ceux qui perçoivent les taxes, 25 000 mandataires au niveau
de la taxe fédérale de vente avant l'introduction de la TPS au
Québec et 240 000 mandataires pour la vente au détail.
Il faut mentionner, M. le Président, qu'il y a au-delà de
48 pays au monde présentement qui ont adopté ce système de
TPS ou de taxe à la valeur ajoutée. Donc, simplement, un
raisonnement simpliste, ça ne doit pas être une si mauvaise taxe
à la consommation. C'est peut-être quand même une taxe
à la consommation qui a du sens, qui se tient.
Ma première réflexion, c'est relativement aux coûts
des entreprises. J'ai regardé ici, autour de la table, ce matin, et je
me suis demandé: Est-ce qu'il y a quelqu'un, dans ce beau
groupe-là, qui est propriétaire d'une entreprise? J'ai
regardé le député de Taillon, j'ai regardé le
député de Labelle, j'ai regardé le député de
Pointe-aux-Trembles qui avait des activités syndicales au
préalable et qui n'était pas manifestement propriétaire
d'une entreprise. Je me suis dit que c'est exact qu'il y a un coût
à la perception des taxes de vente et il faut peut-être commencer
à penser en termes de coûts et de productivité des
coûts. Est-ce qu'on a des coûts non productifs dans notre
société?
Je sais que quand vous avez une petite entreprise de 15, 20 ou 35
personnes, dans le domaine de l'alimentation ou ailleurs, dans le domaine de la
restauration ou dans le domaine de la fabrication, vous avez quelqu'un qui est
là, qui fait le contrôle, la comptabilité. Je sais ce que
ça prend comme temps, hommes-heures par mois, pour faire les
compilations. Je sais ce que ça prend au vérificateur quand il
vient faire la vérification. Mais toutes nos entreprises sont soumises
à ces coûts-là. Quand on a régime de
taxes de vente au détail au Québec, et on en a un, et
ça diffère, et dans les assiettes et dans la structure, ce sont
deux systèmes différents. Dans la restauration, je peux vous dire
qu'on avait des drôles d'embêtements avec le système des
caisses parce que c'est vrai qu'on aurait eu des embêtements majeurs et
je peux en parier en connaissance de cause. Ça coûtait un montant
énorme aux entreprises.
Si je prends ce qui est à la page 23 de l'annexe à la
déclaration ministérielle, j'aimerais que le député
de Labelle conteste ces chiffres. Il est comptable, il a dû certainement
faire de la vérification. Ce que ça coûte pour maintenir un
système de perception pour une entreprise, est-ce que c'est vrai ce que
la Fédération canadienne des entreprises indépendantes
nous dit à l'aide d'études, que ça coûte environ
1380 $ par année à l'égard de l'administration des taxes
de vente? On ne parle pas de l'impôt sur le revenu, là, on ne
parte pas de ça du tout, on ne parie pas des systèmes de paye, on
parle des taxes de vente au détail. À supposer qu'une entreprise
soit soumise aux deux systèmes, disons que c'est moitié
moitié, une entreprise paye la taxe de vente fédérale
actuelle et la taxe de vente au détait au Québec. On
sépare les 1380 $, 690 $ par régime de taxe. C'est ça en
piastres, grosso modo, calculé vite. C'est ça que ça
coûte parce qu'un employé, ça coûte 8 $, 9 $, 10 $
l'heure et, par mois, il y a douze mois dans l'année, à la fin de
l'année, ça coûte 750 $.
Est-ce qu'on est en train de dire que, parce que le gouvernement
fédéral a établi une taxe fédérale, TPS
fédérale, on va prendre 400 000 entreprises au Québec et
on va leur dire de façon sensée, logique: On va vous faire
percevoir une taxe qui est d'une nature différente de la taxe de vente
au détail, simplement parce qu'elle est différente, mais que
ça coûte 400 000 fois 700 $ à l'ensemble de
l'économie québécoise? Faites votre calcul, là, 400
000 fois 700 $, et ce n'est pas beaucoup d'heures par mois pour un
employé, pour un vérificateur à 50 $, 60 $ pour
vérifier les colonnes à un certain moment donné. C'est 280
000 000 $. Ce n'est pas de 28 000 000 $ qu'on parie, c'est de 280 000 000 $. On
ne parie même pas des coûts administratifs dans le réseau.
On parie du coût qui va se répercuter automatiquement et
directement sur le coût des produits et des services vendus aux citoyens
du Québec. Est-ce là l'intérêt des citoyens du
Québec? Est-ce là l'intérêt des citoyens du Canada?
Est-ce là l'intérêt supérieur du Québec et du
gouvernement du Québec de dire: Non, nous, pour une question
d'autonomie, on va maintenir notre système de vente au détail
alors qu'il y a l'autre régime fiscal, qui est le régime
fédéral; en vertu des lois actuelles, on va avoir deux beaux
systèmes; nous autres, on s'en fout carrément que 280 000 000 $
chaque année soient tout simplement envoyés, jetés avec le
bain, pour absolu- ment rien; nous autres, on va investir dans la perception,
dans la bureaucratie, dans la comptabilisation? C'est peut-être bon pour
l'Ordre des comptables agréés et pour ceux qui font de la
comptabilisation, mais ce n'est certainement pas bon pour les entreprises.
M. le Président, le 7 mars 1990, Georges Angers, écrivait
dans Le Soleil et je le cite: "Mais plus tard, ce n'est pas impossible.
En fait, cela apparaît même inévitable." Il y aura une TPS
au Québec. Dans le Journal de Québec, l'un des
collègues de M. Normand Girard, le samedi 10 mars 1990, bien avant le
discours sur le budget, à la page B9 de L'Argus, c'est ça, oui...
Je vais vous citer le nombre de personnes qui croyaient à ça,
qu'on devait avoir une TPS au Québec. Ce n'est pas des deux de pique,
là! Raymond Théorêt, professeur d'économie à
l'Université du Québec à Montréal, je vais vous
dire ce qu'il dit et c'est normalement relié au système
québécois, l'économie québécoise: "du
Québec dépend davantage pour sa croissance de la consommation
intérieure que de ses exportations, il est évident qu'un double
système de taxation est invivable et que des correctifs s'imposent." Un
autre, Yvan Springer, professeur d'économie et spécialiste en
fiscalité à l'École des hautes études commerciales:
"II est absolument essentiel d'uniformiser le système, que ce soit en
créant une TPS québécoise qui s'ajouterait à celle
d'Ottawa, etc." Et, en pariant d'en faire, ce n'est certainement pas M. Saucier
qui va être qualifié effectivement de fou, comme j'ai entendu
tantôt quelqu'un qualifier des gens de fous, qui connaît les
entreprises. M. Saucier est le président de la société de
comptables Raymond, Chabot, Martin, Paré et associés: "À
l'heure actuelle, la taxe de vente s'applique à environ 243 000
établissements commerciaux au Québec. L'entrée en vigueur
de la TPS fera que plus de 700 000 entreprises seront touchées." On
risque de devenir fous. C'est pour éviter qu'on soit fous qu'on a fait
une harmonisation. (12 heures)
Maintenant, M. le Président, le ministre des Finances a
touché à la question de l'équité. Faudrait-il
rappeler à certains journalistes et à notre honorable ami Normand
Girard, du Journal de Québec, que le mercredi 10 janvier 1990 il
écrivait, dans le Journal de Québec: "Parizeau estime que
Québec devrait percevoir la TPS." O.K. Bon. Sauf que, pour la
première fois ce matin, j'entends un début de positionnement du
Parti québécois quant à l'ensemble du problème de
la TPS, et ça ne m'a pas convaincu. C'est très clair, là.
M. Parizeau disait, et je cite: "L'ancien ministre péquiste des Finances
est d'avis que l'imposition d'une TPS fédérale plus l'imposition
d'une taxe provinciale de 9 % comportant des exceptions deviendra
incompréhensible pour le consommateur." Est-ce qu'elle deviendra
seulement incompréhensible ou devien-dra-t-elle, M. le Président,
aussi absurde? Le
ministre des Finances tantôt, II n'a pas pris la page 37 de sa
déclaration ministérielle, mais je pense qu'elle est bien
là. On parlait des vêtements et des chaussures, M. le
Président, je pose la question au député de Labelle:
Pourquoi avoir exempté les vêtements et les chaussures alors que
vous étiez membre du Conseil des ministres en compagnie du ministre des
Finances? Pourquoi? Pourquoi cela? Pourquoi avoir maintenu un régime
fiscal de taxation indirecte basé sur des exceptions à
caractère régressif et non progressif? Tout système fiscal
ne vise qu'une seule chose: la progressivité du régime, pour que
ceux qui sont les mieux nantis transfèrent plus de ressources à
ceux qui sont moins nantis. Moi, je préfère une règle
générale de taxation sur tout et une correction ou une
surcorrection par le principe de crédit d'impôt à une
règle qui est mal alignée et qui, de façon
évidente, permet à ceux qui gagnent 69 000 $ et plus - ce n'est
pas 90 % des personnes au Québec - de bénéficier
d'au-delà 141 000 000 $ de l'exemption totale de 540 000 000 $, et
à ceux qui gagnent plus de 48 000 $, la part du lion, le "break"
fiscal...
Le Président (M. Lemieux): Une minute et demie, M. le
député.
M. Bélisle: ...on le donnait aux plus nantis. Pas un
fiscaliste qui existe, pas un seul, pas M. Parizeau, pas le chef de
l'Opposition, jamais ne pourra soutenir que c'est une bonne règle. C'est
pour ça que M. Fortin s'est aperçu, lui qui était le
conseiller économique de l'ancien gouvernement, qu'on avait erré,
qu'on avait établi une régressivité au lieu
d'établir une progressivité.
M. le Président, je n'aurai pas l'occasion de tout sortir ce que
j'ai à dire, mais, quand je vois dans les journaux un article comme
celui du 1er septembre 1990, et j'ai beaucoup de respect pour M. Girard du
Journal de Montréal, je trouve que c'est une simplification de la
réalité, et ce n'est pas bon de trop s'impliquer jusqu'à
ce point-là. Je pense qu'on commet des erreurs en faisant ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles, vous allez devoir revenir. Votre temps est
terminé.
M. Bélisle: Ah! D'accord. Alors, je reviendrai sur cet
aspect si vous me le permettez, M. le Président, plus tard, cet
après-midi.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
est-ce que vous avez des commentaires?
M. Levesque: Oui, d'abord, je concours évidemment aux
propos tenus par mon collègue, l'adjoint parlementaire au ministre des
Finances et député de Mille-Îles, mais je pense qu'il a mis
l'accent sur des points essentiels. Lorsqu'il citait le chef de l'Opposition
tout à l'heure, il m'ame- nait à regarder également
certains documents. l'on voit, par exemple, dans le devoir - je n'ai pas
la date, mais je pense que ça remonte déjà peut-être
à une couple d'années, à un an ou deux - un article
écrit par le chef de l'opposition d'aujourd'hui qui "condamne d'abord la
taxe fédérale actuelle qui n'est plus tenable". il mentionne
"qu'elle favorise les importations aux dépens de la production
domestique, elle gêne les importations et l'administration de la taxe est
devenue cauchemardesque, il faut changer la formule. deuxièmement, la
forme de taxe de vente d'aujourd'hui la plus utilisée est la taxe
à la valeur ajoutée." alors, il donne tous les exemples de cela.
il continue et je le cite: "le gouvernement - parce qu'on a parlé de
taxe à taux multiples - peut décider qu'il y aura plusieurs taux
de taxe à la valeur ajoutée: par exemple, 15 % sur les
automobiles, 8 % sur les vêtements et les coupes de cheveux, 5 % sur les
honoraires professionnels et 0 % sur les aliments et les médicaments.
dans un tel cas, cependant, chaque entreprise doit tenir des jeux de factures
très complets. le détaillant en particulier qui vend des produits
à des taux différents - et ça rejoint les propos du
député de mille-îles - devra accumuler une paperasse
impressionnante à la fois pour déterminer le montant total de
taxe sur ses ventes et le montant des crédits de taxe qu'il peut
réclamer. mais beaucoup d'autres entreprises devront tenir un jeu de
factures. évidemment, on ne meurt pas de tenir des relevés de
factures. on n'est pas forcé, cependant, d'aimer cela." et il continue
un peu plus loin: "pour déterminer le crédit de taxe de vente, on
calcule simplement 8 % des matières achetées, des services
obtenus, du compte de téléphone et , d'électricité,
etc.; montrant que la simplification est importante, on peut faire cela sur sa
calculatrice, de la main gauche, en regardant le hockey. plus de facture, plus
de paperasse." vous avez un peu une description qui confirme les propos tenus
par le député de mille-îles et, cette fois-ci, qui ne
viennent pas de quelqu'un de l'équipe ministérielle où on
pourrait penser qu'il y avait un peu de partisanerie, mais ça vient du
chef de l'opposition lui-même qui écrivait, justement, ce qu'il
pensait à l'époque de cela.
Maintenant, vous savez, on n'est pas seul à avoir pensé
à ça. Chez les organismes ayant réclamé au
gouvernement du Québec l'harmonisation de la taxe provinciale et
l'administration conjointe des deux taxes, on retrouve quoi? On retrouve la
Fédération canadienne des entreprises indépendantes, le
Conseil du patronat du Québec, le Conseil canadien du commerce de
détail, l'Association des manufacturiers canadiens, l'Institut CD. Howe,
le Conseil canadien des chefs d'entreprise, l'Institut canadien des comptables
agréés, la Chambre de commerce du Québec, l'Association
des voyageurs de commerce du Québec, Canadian Organization of Small
Business Incorporated, l'Association canadienne de l'industrie du
caoutchouc, l'Association canadienne des producteurs d'acier, l'institut
canadien du chauffage, de la climatisation et de la
réfrigération, pour n'en nommer que quelques-uns.
Vous avez, en plus, de nombreuses personnes, des individus, des petites
entreprises, individuellement, qui nous ont fait part de leur
appréhension à la coexistence de deux taxes et aux
nécessités d'avoir autant d'investissements et de dépenses
qui seraient encourus à cet égard.
Vous savez, ce n'est jamais parfait. On peut tdUjours trouver des
imperfections. On va essayer, sans doute dans les années à venir,
d'améliorer le système, il n'y a pas de cachette là-dedans
et je pense qu'il faut toujours essayer de bonifier les choses. Mais si on
regarde simplement la réaction des éditorialistes à notre
décision! je pense que vous allez trouver toute une série
d'éditoriaux qui vont vous dire que, sur le fond de la question, on est
d'accord.
Ce que j'ai trouvé de critiques avait beaucoup plus à
faire avec les modalités. Les critiques que nous avons reçues,
c'était: "Peut-être y aurait-il eu lieu d'avoir un débat
public plus complet? On aurait peut-être pu choisir un autre moment que
la crise amérindienne pour en parler à l'Assemblée. J'ai
tout expliqué tout à l'heure pourquoi nous l'avons fart. S'il y
avait des critiques, elles étaient de cette nature-là, mais, sur
le fond, je pense qu'il y a consensus que c'était la ligne à
suivre.
J'ai encore devant moi ce matin, je reçois à l'instant
même le journal Les Affaires et, en editorial: TPS provinciale:
une bonne décision". Et là, M. Jean-Paul Gagné donne tout
le... Il commence même un peu en disant qu'il n'était pas toujours
d'accord. Il commence en disant. "Comme plusieurs, j'ai toujours eu du mal
à reconnaître le bien-fondé d'une taxe à la
consommation. La nouvelle taxe fédérale sur les produits et
services en est une, etc." Mais, lorsqu'il a terminé ça, il
parie, entre autres, de M. Pierre Fortin dont on parlait tout à l'heure,
l'économiste qui conseillait le gouvernement dont faisait partie le
député de Labelle. Il dit ceci, et je le cite: "Dans son
intervention devant le Comité sénatorial sur les banques, le
commerce et les finances, l'économiste Pierre Fortin de l'UQAM a soutenu
que la réforme fiscale allait accroître proportionnellement plus
le fardeau fiscal des familles à revenus élevés que celui
des familles à revenus modestes simplement par le fait que les riches
consomment beaucoup plus de services que les moins riches. Or, les TPS
fédérale et provinciale toucheront aussi les services." Et il
continue. Je n'ai pas l'intention de tout lire, mais on me permettra de lire la
fin qui est la conclusion qui me semble, qui n'est pas tellement difficile,
pour moi, du moins, à lire. Je cite: "Enfin, il faut souligner
l'habileté du ministre québécois des Finances et de ses
fonctionnaires qui ont réussi à vendre à Ottawa
l'idée d'un système de perception unique des deux taxes,
géré par Revenu Québec II en résultera des
économies d'au moins 35 000 000 $ par année pour les
gouvernements et dé plusieurs millions pour les entreprises, qui
n'auront plus à transiger avec deux gouvernements."
Alors, vous savez, je ne blâme pas l'Opposition de faire son
travail, mais je dois dire qu'il semble de plus en plus clair que nous avons
pris une décision qui se justifie amplement. L'Opposition officielle
elle-même, dans son propre programme, reconnaît l'Importance de
modifier, de changer les taxes à la consommation que nous connaissons
aujourd'hui par la taxe à la valeur ajoutée et c'est ce que nous
avons fait. Mais nous l'avons fait en tenant compte de l'importance de
conserver l'autonomie du Québec et même de promouvoir l'autonomie
du Québec en ayant la pleine maîtrise de l'administration des
taxes et au niveau fédéral et au niveau provincial. Alors, je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Forget): Merci, M. le ministre. Alors, un
intervenant, M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président. D'abord, permettez-moi
simplement d'indiquer que je trouve aberrante la façon dont le ministre
des Finances passe de la pratique à la théorie en mêlant
aussi bien les concepts que l'application réaliste de politiques
financières et fiscales. J'aimerais également - puisqu'il a fait
allusion au chef de l'Opposition - lui rappeler que le chef de l'Opposition,
bien sûr, a été un des premiers intervenants à
signaler qu'il fallait que le gouvernement du Québec, dans le contexte
du fédéralisme canadien actuel, s'ajuste d'une façon ou
d'une autre à la TPS fédérale C'est simplement
reconnaître la vérité de La Palice et reconnaître la
situation dans laquelle on vit. M. Parizeau avait également fait
état de la possibilité d'introduire une TPS
québécoise, mais pas une TPS sur le modèle de celle
calquée ici, une TPS modulée, une TPS qui tienne compte des
secteurs forts et des secteurs mous de l'économie du Québec, qui
tienne compte également de l'indexation et des avantages pour les plus
vulnérables de notre société.
Ceci étant dit, j'aimerais faire porter mon intervention sur
quatre points précis. Je vais essayer de le faire dans les 10 minutes
qui me sont imparties. D'abord, au niveau des coûts. Vous avez tait
état du fait que le gouvernement ne tirerait pas de revenus additionnels
de cette taxe. Pour notre part, on prétend que le gouvernement va en
soutirer quelque 300 000 000 $ de plus. Mais, jusqu'à présent,
vous n'avez pas parlé des coûts de toute cette opération.
J'ai devant moi, ici, le protocole d'entente que vous avez signé avec le
gouvernement fédéral qui prévoit deux phases: une phase de
transition et une
phase post-transitoire. Durant la phase posttransitoire,
c'est-à-dire à partir de 1992, apparemment, vous allez partager,
50-50, avec le fédéral les coûts de perception additionnels
de la TPS. Il n'y a pas grand-chose sur la phase transitoire,
c'est-à-dire pour 1991. On fait état que le gouvernement du
Québec va se voir refiler 550 fonctionnaires fédéraux pour
administrer cette TPS. J'aimerais bien que vous nous donniez des chiffres
précis sur le budget additionnel ou sur les coûts additionnels au
ministère du Revenu pour ces fonctionnaires qui vont être
ajoutés. (12 h 15)
Je vous pose cette question pour la raison suivante. Lorsque nous avons
étudié les crédits et les engagements financiers du
ministère du Revenu, j'ai posé la question à ce
moment-là, puisqu'on était encore complètement dans le
vague quant à vos intentions concernant l'agencement avec la TPS
fédérale, j'avais posé la question au ministre du Revenu,
à savoir si des crédits étaient prévus au
ministère du Revenu pour défrayer les coûts d'une
perception par le Québec de la TPS québécoise. Le ministre
du Revenu a répondu qu'il n'y avait pas de revenus spéciaux qui
étaient prévus, pas de revenus, mais de sommes spéciales
qui étaient prévues à ce niveau-là, et qu'une fois
la décision du gouvernement du Québec annoncée les fonds
sortiraient de quelque part si ça coûtait quelque chose pour
s'harmoniser à la TPS fédérale. Donc, de deux choses
l'une: ou bien il n'y avait aucuns frais supplémentaires, aucun budget
supplémentaire de prévu pour cette opération-là
à l'époque où nous étudiions les engagements
financiers, ou bien il y a quelqu'un, quelque part, qui ne nous a pas dit
complètement la vérité.
D'autre part, j'aimerais revenir sur un point qui n'a pas
été mentionné jusqu'ici, c'est celui de la langue. En
reprenant votre protocole d'entente, on dit, aux pages 8 et 9, que les
dispositions de la Charte canadienne des droits ainsi que de la Charte de la
langue française devraient s'appliquer dans cet exercice. Il y a quelque
chose qui me semble étrange ici puisqu'on mentionne, advenant qu'il y
ait nécessité de communiquer dans une autre langue que le
français avec les contribuables québécois concernant cette
opération de collecte de la TPS fédérale, "que le Canada -
et je cite - exercera alors ces fonctions pour assurer le respect de la Loi sur
les langues officielles". Êtes-vous en train de nous dire, d'après
ce protocole d'entente, que si quelqu'un fonctionne en anglais avec le
gouvernement du Québec, le ministère du Revenu va simplement lui
dire: Adressez-vous au gouvernement canadien, ou cette personne va recevoir une
communication en anglais directement du gouvernement canadien? C'est ce qui
semble découler de cela. Si ce n'est pas le cas, vous venez de
façon indirecte d'accepter que la Charte de la langue française
est assujettie à la Charte canadienne des droits dans l'application de
l'exercice de la collecte de cette taxe. J'aimerais bien que vous apportiez des
précisions à cet effet. troisième point. votre document
laisse sous-entendre que, finalement, la tps québécoise, c'est
simplement une taxe de vente élargie à d'autres secteurs. il y a
des points d'interrogation constitutionnels derrière toute cette
question. j'aimerais savoir si votre conception de cette nouvelle taxe, c'est
une forme de taxe "multistade", style tps fédérale ou tva
européenne, ou si c'est exclusivement une sorte de taxe de vente
élargie à d'autres secteurs. ma question, également,
serait la suivante: est-ce que vous avez des avis juridiques qui vous indiquent
que le gouvernement du québec est à l'abri de toute contestation
judiciaire sur l'imposition de sa tps de façon à éviter ce
qui est arrivé à bell canada et que le gouvernement du
québec se retrouve, suite à une poursuite par l'association de la
protection des consommateurs ou par quelque groupe que ce soit, à devoir
remettre, dans cinq ou dix ans, des milliards de dollars qu'il aura
collectés de façon inconstitutionnelle? alors, ma question:
est-ce que vous avez des avis juridiques à cet effet et, si vous en
avez, est-ce que vous seriez disposé à les déposer devant
cette commission?
Quatrième point. Vous savez très bien que les pays qui ont
introduit une taxe style TPS ont généralement accompagné
cette mesure-là d'une réduction substantielle de l'impôt
direct des particuliers, c'est-à-dire d'une réforme fiscale en
profondeur. Vous aviez d'ailleurs, dans votre discours sur le budget, fait
allusion à un virement de la politique fiscale du gouvernement du
Québec vers une plus grande taxation indirecte, tout en indiquant que
vous prendriez en considération également une réforme de
l'impôt direct des individus. Or, dans vos déclarations jusqu'ici,
il n'y a aucune indication à cet effet. J'aimerais savoir si vous
entrevoyez une réduction de l'impôt direct des particuliers et, si
vous l'entrevoyez, quel est le type d'échéancier que vous vous
fixez.
Le Président (M. Forget): C'est terminé, M. le
député de Bertrand?
M. Beaulne: oui.
Une voix: II a encore une minute.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Forget): M. le ministre.
M. Beaulne: Bien, si j'ai encore une minute, j'aimerais
simplement insister sur le besoin de la réforme fiscale. Le ministre du
Revenu y a fait allusion lui-même à maintes reprises et ce,
publiquement. D'autre part, j'aimerais tout simplement vous rappeler
qu'à l'heure actuelle le
gouvernement du Québec, sous forme d'impôt direct sur le
revenu, va chercher 12 000 000 000 $ chez les particuliers sur des revenus
totaux de 85 000 000 000 $, alors qu'il ne va chercher chez les entreprises que
680 000 000 $ sur un total de revenus de 300 000 000 000 $. De plus, au milieu
des années soixante, le taux d'imposition des entreprises est
passé de 18 % à 9 %, tandis que celui des contribuables a presque
doublé, passant de 26 % à à peu près 50 %;
d'où, à mon avis, la nécessité d'accompagner votre
TPS d'une réforme fiscale en profondeur.
Le Président (M. Forget): Le temps est
écoulé, M. le député de Bertrand. Alors, M. le
ministre.
M. Levesque: M. le Président, les derniers chiffres, je
les conteste et j'aimerais que le député nous les fasse parvenir
ici. J'aurai l'occasion, cet après-midi, peut-être, de
retourner... parce que c'est trop facile, dire ça.
Deuxièmement, je vais prendre cependant les points
soulevés par le député de Bertrand. Il parle des
coûts additionnels que pourrait comporter la période transitoire,
c'est-à-dire 1991. Je tiens d'abord à lui dire que, quant
à l'année 1992 et suivantes, c'est un partage à 50-50 avec
le gouvernement fédéral et, donc, il y a une économie
d'échelle très importante à ce niveau. Ce qui semble le
préoccuper, c'est la période transitoire 1991. Or, je dois le
rassurer que nous avons également négocié avec le
gouvernement fédéral une compensation pour les frais que
constitue la mise en oeuvre du système et nous aurons un remboursement
par le gouvernement fédéral allant jusqu'à 20 000 000 $,
c'était le...
Une voix: De 20 000 000 $.
M. Levesque: De 20 000 000 $. C'est un peu ce que nous avions
calculé au début que coûterait cette opération. Et
même si ça allait à 22 000 000 $ ou 23 000 000 $, ce sera
20 000 000 $. Mais si c'est 17 000 000 $, ce sera 20 000 000 $. Il fallait
arriver à un chiffre. Nous avons conclu ce chiffre-là.
Maintenant, quant au personnel que nous allons recruter, qu'il sera
nécessaire de recruter au cours des prochains mois et que nous allons
prêter au gouvernement fédéral en attendant d'assumer
pleinement l'administration, ces frais seront payés, par le gouvernement
fédéral. Donc, il est normal, je pense, que le ministre du Revenu
ait pu répondre qu'il n'y avait rien de prévu comme tel parce que
nous avons pris les dispositions pour avoir ce remboursement par le
gouvernement fédéral.
L'autre sujet abordé, c'était la langue. Je pense qu'il ne
faut pas avoir de craintes de ce côté-là. Nous avons pris
toutes les mesures nécessaires, autant avec l'Office de la langue
française, autant avec le ministère de ta Justice, avec tous ceux
qui auraient à examiner cette situation-là ou à avoir des
commentaires à faire, et ce que nous faisons, c'est que nous respectons
entièrement la Charte de la langue française. Il y a une
difficulté qui s'est présentée, c'était: Qu'est-ce
qu'il arrive d'une entreprise commerciale, une société, une
corporation qui veut, elle, faire affaire en anglais pour la partie de la TPS
fédérale?
Une voix: Par écrit.
M. Levesque: Par écrit, oui. Oralement, ils peuvent le
faire, mais par écrit. C'est pourquoi vous trouverez dans le protocole
d'entente les dispositions qui ont été prises pour ces cas qui
seront sans cloute très peu nombreux où on aura des gens du
gouvernement fédéral qui seront ici, à Québec, pour
régler ces cas-là pour la TPS fédérale, mais sans
du tout affecter la Charte de la langue française. Toute l'expertise
juridique a été mise à contribution, je vous assure,
l'Office de la langue française également et tout ce qu'il y
avait d'expertise en matière de la Charte de la langue
française.
Quant à l'autre "item" qui a été... Pardon?
L'aspect constitutionnel, je pense que c'est ça qui était l'autre
"item"? L'aspect constitutionnel, oui. Là également, nous avons
fait preuve d'une attention soutenue et nous avons pris tous les moyens pour
s'assurer que, sur le plan constitutionnel, nous ayons toute la protection
nécessaire et toutes les assurances nécessaires; nous avons les
avis juridiques à cet effet-là également. Vous comprenez,
c'est la coutume de ne pas déposer des avis juridiques, justement parce
qu'ils peuvent éventuellement servir à défendre les
intérêts du Québec devant les cours de justice.
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous terminé?
M. Levesque: Ça va faire. Peut-être qu'il y en a
d'autres qui veulent parler avant le lunch.
M. Beaulne: Mais la réforme fiscale.
M. Levesque: Ah! Il y a autre chose Excusez-moi. J'ai
peut-être oublié quelque chose.
M. Beaulne: Oui, vous n'avez pas...
M. Levesque: Ah! La réforme fiscale, oui.
M. Beaulne: L'impôt direct des individus.
M. Levesque: Vous savez que nous l'avions fait il n'y a pas
longtemps, nous avons procédé à une diminution
considérable du côté de l'impôt sur le revenu des
particuliers. Et, en 1988, nous avons annoncé une diminution de 1 257
000 000 $
simplement sur le revenu des particuliers et de 140 000 000 $ pour les
entreprises, soit un total de 1 400 000 000 $. Vous savez comme moi qu'alors
que nous avions un taux, une différence avec l'Ontario de 10,5 % en
1986, nous avons réduit cela à 3,5 %. Alors, ça a
été fait. Nous sommes devenus plus compétitifs justement
à cause de cette réforme fiscale de l'impôt sur le revenu
des particuliers.
Concernant l'impôt sur le revenu des entreprises, nous
étions à 9,6 % de différence et nous l'avons encore
pratiquement réduite à rien par les mesures que nous avons
prises. Donc, nous sommes compétitifs concernant l'impôt sur le
revenu des particuliers et également sur le revenu des entreprises.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
ministre?
M. Levesque: Oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, vous avez demandé la parole.
M. Chagnon: Oui, M. le Président. La commission
parlementaire travaille ce matin non seulement sur l'implantation de
l'idée de la mise en place d'une TPS au Québec, mais fatalement
se doit de regarder la qualité et la façon de faire
l'harmonisation de la taxation provinciale avec la taxation
fédérale. Au gouvernement fédéral, on n'a pas
encore fini d'ailleurs de faire le débat - on le finira au Sénat
sûrement d'ici les deux ou trois prochains mois - pour faire la
démonstration qu'une taxe en cascade doit être
transférée ou doit être modifiée ou doit être
radicalement changée pour une taxe "multistade". Une taxe en cascade,
c'est la taxe de vente fédérale ou la taxe de vente provinciale
que nous retrouvons ici depuis je ne sais pas combien de temps; ça doit
faire, en tout cas bien avant que je naisse. Changer et modifier cette taxation
en cascade, ce qui fait que les objets... Lorsqu'on dit que même les
aliments ne seront pas taxés avec la TPS, il ne faudrait pas oublier
qu'actuellement les aliments sont taxés de façon indirecte par la
taxe de vente fédérale ou provinciale. Je voyais le
député de Pointe-aux-Trembles s'exclamer en disant: M. le
ministre des Finances, vous ne voudriez sûrement pas que les aliments
soient éventuellement taxés par la TPS. Actuellement, c'est
clair; ils le sont par les taxes de vente fédérale et
provinciale, parce que tous les intrants qui ont permis de mettre, que ce soit
un morceau de bacon sur l'étal de l'épicier, que ce soit un pain,
que ce soit une pinte de lait, ils ont passé par différents
stades qui ont eux-mêmes été taxés. Et c'est ce
qu'on appelle une taxe en cascade. (12 h 30)
La taxe "multistade" qui nous est proposée par le gouvernement
fédéral tout d'abord est une taxe qui vient faire en sorte
d'amener à un seul point, enfin, une élimination des taxes, parce
qu'il y a un remboursement de taxes à chaque fois qu'il y a une
opération industrielle, une opération manuelle ou une
opération financière qui se fait pour qu'un produit arrive
auprès du consommateur.
L'émergence de la taxe "multistade" fédérale nous
oblige - et c'est là le rôle de cette commission - à faire
des choix. Quels choix devrions-nous faire? Continuer à conserver la
taxe de vente provinciale ou nous harmoniser et adopter une taxe de vente
"multistade", soit une taxe sur les produits et services un peu du type de
celle qu'on retrouve au gouvernement fédéral?
Un aspect qui n'a pas été abordé ce matin ou
à peine abordé, je pense que le ministre des Finances l'a
abordé un peu au moment de son entrée en la matière au
départ de cette commission, c'est l'importance du modèle de
taxation sur notre développement économique, mais
particulièrement sur nos exportations. Le Québec a un produit
intérieur brut de près de 120 000 000 000 $ dont 40 % sont
exportés aux États-Unis. 40 % de ce PIB sont exportés aux
États-Unis.
Une voix:...
M. Chagnon: 40 % sont exportés ailleurs, effectivement.
Vous avez raison.
Une voix: On sourcillait, M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Mais vous avez raison. La majeure partie de ces 40 %
qui sont exportés dans le monde, disons 65 %, sont exportés aux
États-Unis. Alors, là, on va s'entendre.
Une voix: C'est mieux, là.
M. Chagnon: Ce qui fait que presque 30 % du PIB sont
exportés aux États-Unis. Ce serait plus juste. Peu importe le
pays qui organise sa fiscalité interne sur une base de taxe à la
valeur ajoutée, une taxe sur les produits et services, il ne peut pas
faire autrement que rendre plus concurrentiel dans un État ou
vis-à-vis d'un État où on n'a pas cette taxe à la
valeur ajoutée. Je pense qu'il n'y aura pas beaucoup de contentieux
entre nous. si je ne m'abuse, on a aussi mentionné que le programme du
parti québécois disait - finalement, on dit tous la même
chose - je pense à l'article 3.3 du programme du parti
québécois qui dit: ii faudra instaurer un mode de taxe de vente
qui favorisera les producteurs nationaux et les exportations - c'est en plein
ce que je dis aussi - contrairement au système établi par le
gouvernement fédéral. la taxe fédérale de vente et
la taxe de vente au détail provinciale seront remplacées par une
taxe à la valeur ajoutée.
Finalement, c'est exactement le modèle dans lequel on est en
train de s'embarquer. Le Parti québécois avait déjà
fait son lit avant la conclusion du gouvernement fédéral,
semble-t-il, de choisir la TPS. Je ne me rappelle pas avoir vu, dans un
programme du Parti libéral, une précision sur le modèle de
taxation qu'on devrait choisir. Mais n'empêche que le gouvernement a
choisi, finalement, de s'accorder aux desiderata de l'Opposition à
l'égard du modèle de taxation qui est celui sur la valeur
ajoutée plutôt qu'une taxe en cascade.
J'ai reçu à la fin du printemps, cet été,
une revue que j'ai fait parvenir, d'ailleurs, à tous les membres non
seulement de la commission, mais à tous les députés, celle
de la Société de droit international et économique, qui
est une nouvelle revue qui a paru à Montréal et qui est
distribuée non seulement au Canada et aux États-Unis, mais aussi
en Europe et, évidemment, dans le comté de Saint-Louis; elle est
en partie écrite, mais aussi imprimée, je pense. Cette revue de
la SDIE portait sur la taxe sur la valeur ajoutée. Pour les gens qui
s'intéressent tant aux relations économiques qu'au droit
international, l'approche que ce bulletin nous envoie nous amène aussi
à tirer certaines conclusions qu'eux-mêmes, que des gens qui ont
écrit dans ce bulletin ont pu tirer, des conclusions qui vont aussi dans
le sens du gouvernement et de l'Opposition, finalement.
C'est que le modèle, la façon de changer, d'arriver
à faire une taxation qui soit une taxation "multistade" plutôt
qu'en cascade, c'est-à-dire une taxation sur les produits et services ou
une taxation sur la valeur ajoutée plutôt qu'une taxation sur la
vente, tu ne peux pas faire autrement que d'améliorer ta position en
matière d'exportations éventuelles. Je prends quelques exemples
tirés du bulletin que je vous mentionnais, dont je vous parlais,
où il est tout à fait clair pour André Raynauld qui est un
économiste reconnu, qui a écrit un article sur la taxe à
la valeur ajoutée, qu'un des aspects les plus intéressants de la
réforme fiscale consiste dans ses impacts sur les exportations et les
importations canadiennes. Les avantages de la TPS à ces deux
égards viennent de l'abandon de la taxe fédérale de vente
- ça, on le sait. Cette taxe de vente s'appliquant aux produits
transformés au Canada touche indirectement tous les produits. On estime,
sur ce point, que la taxe de vente accroît les coûts de production
de 4 % au titre des biens d'équipement, ce qui se traduit par une hausse
moyenne des prix à l'exportation del %.
Alors, au départ, pour les fabricants du Québec, nous
avons une capacité d'exportation, un avantage d'exportation de 1 % de
leurs produits. Il faut reconnaître que la taxe de vente favorise, elle,
plutôt les importations. La taxe, comme elle est là, la taxe de
vente fédérale ou provinciale, favorise les importations au
détriment des produits nationaux, contrairement à une taxe
"multistade" qui va faire en sorte de même réajuster nos produits
manufacturés ici et vendus localement. Les conclusions qu'il faut
tirer..
Hier, en descendant à Montréal, j'ai appelé
quelques manufacturiers de meubles - on le sait, le meuble, au Québec,
est souvent exporté et c'est une industrie qui a de la misère au
moment où on se parle; c'est un secteur plutôt mou dans notre
activité économique - et la conclusion qu'ils tiraient
était non pas qu'ils craignaient les effets de la TPS, parce qu'ils y
voyaient eux aussi une nette amélioration de leur capacité
exportatrice, mais leur plus grand désavantage à l'égard
de la mise en place de la TPS - je le signale au ministre des Finances pendant
qu'on est là; c'est probablement assez vrai aussi - c'est l'impact
psychologique chez le consommateur de la mise en place d'une TPS qui risque de
diminuer, pendant un certain temps, d'avoir un effet qu'on peut juger
temporaire, mais de diminuer sa capacité d'achat ou de diminuer sa
volonté d'acheter, particulièrement dans le secteur du meuble. Un
meuble, si on s'en est passé pendant quelque temps...
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé, M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je peux conclure? Mme Marois: C'est
terminé.
Le Président (M. Lemieux): C'est terminé M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je peux conclure?
Une voix: Toute bonne chose a une fin.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je n'ai pas de
consentement d'après Mme la députée de Taillon. M. le
ministre des Finances.
Une voix: M. le ministre des Finances a quelques minutes
pour...
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Est-ce que M. le
député de Labelle a raison? Vous prenez vos 10 minutes?
M. Levesque: Pas 10 minutes, c'est juste parce que je pense que
l'intervention du député de Saint-Louis m'amène à
quelques commentaires.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Levesque: Je pense que l'intervention est assez importante
pour que je doive au moins y ajouter quelques mots dans le sens que le
député de Saint-Louis a fait état des avantages, sur le
plan de l'économie, de la taxe à la valeur ajoutée et a eu
l'occasion, à ce moment-là, de citer le programme du Parti
québécois qui
concourt un peu dans le même sens. Ce que je veux relever, c'est
ce que vient de dire le député de Saint-Louis lorsqu'il se
réfère, comme exemple, aux meubles, parce que j'entendais
certains intervenants parler de la situation des meubles. Mais prenons
simplement celui-là, parce que je pourrais en prendre beaucoup d'autres
où il y a des avantages très clairs. Par exemple, la restauration
et l'hôtellerie, c'est clair qu'au lieu de payer 10 %, on va payer 7 %.
C'est clair que c'est clair. Sauf que c'est peut-être moins clair pour
certains qui disent: Vous aviez une exemption pour les meubles; ça va
peut-être nuire à l'industrie du meuble. L'exemple de l'industrie
du meuble permet d'illustrer pourquoi l'économie
québécoise tirera à long terme des bénéfices
largement positifs de la réforme des taxes à la consommation.
D'abord, la détaxe des intrants courants, le remboursement de la
taxe sur les composantes achetées pour produire d'autres biens, des
meubles, par exemple, représentera pour l'industrie du meuble une
réduction de coûts de près de 2 %. Alors, l'industrie du
meuble doit être consciente, justement, de l'importance de la
détaxation des intrants ou de la détaxe des intrants. Il s'agit
d'un apport non négligeable lorsqu'on sait que plus du tiers de la
production de meubles québécois est vendu à
l'extérieur du Québec. Alors, ça veut dire quoi? Cela veut
dire que l'industrie du meuble va être nécessairement plus
compétitive à cause de la réduction des coûts. Plus
du tiers de la production de meubles québécois est vendu à
l'extérieur du Québec et il n'y a aucun doute que l'industrie
pourra être plus compétitive.
Les entreprises ne supporteront plus de taxe sur les meubles
étant donné le mécanisme de remboursement sur les
intrants, parce que des meubles, ça ne se vend pas seulement dans les
foyers, ça se vend également dans les bureaux. Mais, lorsque
ça ira dans les entreprises, dans les bureaux, il y aura remboursement
de la taxe. C'est ça qui n'est pas toujours véhiculé. Les
meubles de bureaux taxés présentement verront donc le prix
diminué d'environ 10 %, ce qui devrait en stimuler la demande et encore
aider l'industrie du meuble.
La taxe de vente n'affectera pas négativement la position
relative des fabricants de meubles québécois puisque la taxe
s'appliquera à tous les meubles, qu'ils soient de fabrication
québécoise ou importés, et on sait combien il y a de
meubles importés qui arrivent ici et ces meubles importés auront
à subir la taxe au niveau de détail.
De plus, le nouveau crédit d'impôt pour toute taxe de vente
atténuera la baisse de demandes des consommateurs parce qu'on rembourse
les gens moins nantis, ils vont recevoir un crédit d'impôt
remboursable. Le crédit d'impôt remboursable, ça veut dire
que ceux qui reçoivent de l'impôt verront à réclamer
leur crédit au moment de faire leur impôt et ceux qui ne paient
pas d'impôt vont recevoir un chèque pour compenser la taxe
additionnelle qu'ils auront à payer et même plus, parce que nous
avons mis plus que la moyenne reconnue par les statistiques, nous en avons mis
plus pour être sûrs que tout le monde soit pleinement
compensé, particulièrement les moins bien nantis.
En résumé, la réforme dans le domaine du meuble
n'aura certainement pas les effets néfastes que certains pourraient
craindre pour cette industrie. En fait, l'industrie du meuble
bénéficiera de cette réforme. À terme, cela devrait
pouvoir signifier une compétitivité et une productivité
accrues et donc, plus de production et plus d'emplois dans l'industrie du
meuble. Il faut tout prendre en considération. Je ne pense pas qu'il
faille faire une analyse qu'on pourrait qualifier de simpliste
là-dedans. Il faut faire une analyse complète pour arriver
à des conclusions qui risquent d'être plus justes. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
Mme Marois: S'il vous plaît, M. le Président!
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon, s'il vous plaît!
Mme Marois: merci, m. le président. je reviendrai un peu
plus tard, dans le cours de nos débats, sur cette question de
l'industrie du meuble et on pourra aussi toucher en même temps
l'industrie du vêtement, évidemment, puisque, là encore, on
ajoute une taxe dans un secteur qui était effectivement
détaxé. (12 h 45)
J'aimerais revenir plutôt sur le processus général
et aborder ensuite une question très précise. Sur le processus
général, c'est dans le sens où je suis assez sceptique sur
la crédibilité que l'on doit accorder aux propos du gouvernement,
M. le Président, quand on se fie au passé. J'imagine que le
député de Saint-Louis a dû réussir à
convaincre le premier ministre Bourassa de la valeur d'un changement tel que
celui qu'on nous propose aujourd'hui, à savoir la TPS ou la taxe sur la
valeur ajoutée, puisque M. Bourassa ne semblait pas tout à fait
convaincu il y a quelques mois à peine, en mars. Je ne
répéterai pas les propos, que j'ai devant moi, qu'il a tenus
à l'Assemblée nationale du Québec...
M. Chagnon: II n'avait pas lu votre programme.
Mme Marois: II n'avait probablement pas lu notre programme
à ce moment-là, effectivement,
M. le Président - c'est dommage pour lui parce qu'y s'est un peu
mis les pieds dans les plats - ou il n'avait pas encore parlé à
son ministre des Finances qui négociait, semble-t-il, avec Ottawa,
puisqu'il nous l'a dit lui-même et qu'il ne l'a pas mis dans le discours
sur le budget puisque ces tractations n'étaient pas
terminées.
Cela étant dit, je suis sceptique aussi quant aux
prévisions que l'on fait, parce que le ministre des Finances a bien pris
la peine de nous dire: Écoutez, c'est un plan triennal devant lequel on
est, c'est en 1992 qu'on appliquera la mesure de correction et donc de
crédits d'impôt remboursables aux consommateurs et aux
consommatrices. Je suis sceptique, si je me fie à ce qui s'est
passé dans les mois que l'on vient de passer, finalement, en me disant:
Est-ce qu'en 1992 on va respecter ce qu'on a écrit dans ce document
puisque, dans d'autres cas, on ne l'a pas fait? Alors, ça
m'inquiète, ce crédit d'impôt que l'on va verser en
1992.
Plus que cela, M. le Président - et là, on va aller aux
données comme telles qui sont dans l'annexe publiée par le
ministère des Finances. Dans l'annexe publiée par le
ministère des Finances, aux pages 50, 51 et 52, on fait état de
l'impact de la réforme des taxes à la consommation sur
différentes situations de famille: un couple avec deux enfants, une
personne seule avec un enfant, une personne seule, etc. Là, on a
établi des seuils en deçà desquels ou en haut desquels,
par exemple, on va cesser de recevoir un crédit ou en deçà
desquels on va avoir un crédit. Je prends un exemple. Prenons cette
première famille qu'on nous décrit, un couple qui a deux enfants
de moins de six ans dont un seul des conjoints travaille, enfin, qui a un seul
revenu de travail. On va constater que c'est à 30 000 $ qu'on va
commencer à payer davantage que maintenant ou qu'on n'aura pas le
crédit. Votre crédit va être moindre que ce que l'on paie -
il y a une différence de 11 $ dans ce cas-là - à 30 000 $
de revenu de travail du ménage, ménage de quatre personnes: deux
adultes, deux enfants. Oublions l'indexation, parce qu'on a dit que
c'était un peu camoufler les choses que d'utiliser cette indexation.
Prenons simplement le crédit d'impôt remboursable.
Si je m'en vais aux données de base sur la pauvreté au
Canada en 1989 publiées par le Conseil canadien de développement
social, qui réfère aux seuils de pauvreté qui sont
élaborés par trois organismes - donc, on ne peut pas dire: Tout
est relatif, etc., trois organismes - pour une famille de quatre personnes, en
1989 - pas en 1992, en 1989 - on dit: Statistique Canada, le Conseil canadien
de développement social et le Sénat ont établi à 26
619 $, à 27 600 $ ou à 26 700 $ le seuil de pauvreté d'une
famille avec quatre enfants, en 1989, dollars de 1989.
Une voix:
Mme Marois: Pas avec quatre enfants, pardon, avec deux enfants,
une famille de quatre personnes. Or, quand on regarde le crédit
d'impôt dont bénéficiera une famille de quatre personnes,
on constate que ce sont essentiellement les familles à très
faibles revenus et, en fait, sous le seuil de pauvreté ou au seuil de
pauvreté qui bénéficieront d'un crédit, mais tous
les autres... Autrement dit, à partir du moment où tu commences
à sortir un peu du seuil de pauvreté, là, tu paies
davantage. Ça, c'est le résultat de vos tableaux et je peux vous
fournir le document, évidemment, c'est un document public que vous avez
même sûrement, fait par le Conseil canadien de développement
social.
Si je continue et que je regarde plus loin, le couple qui a deux enfants
de moins de six ans, c'est la même chose. C'est à 45 000 $ qu'il
va payer, c'est-à-dire que c'est à 40 000 $ qu'on a un
léger bénéfice, un léger bénéfice, on
s'entend bien. Et, là, quand on tombe aux personnes seules avec enfant,
qui est le premier tableau, en haut, à la page 51, c'est à 20 000
$ qu'on aura un léger gain en termes de crédit d'impôt
remboursable et, passé ce revenu, on commence à verser davantage.
Le crédit d'impôt, autrement dit, est plus bas que la taxe que
l'on payera en sus. Et, là encore, je ne reviens pas sur ces
données, mais le seuil de pauvreté est établi à 20
000 $; dans ce cas-là, 19 000 $ et quelques. Pour les personnes seules,
la même chose.
Alors, dans le fond, je relis mon intervention avec mon scepticisme
quant à la réalisation, d'une part, et à l'application de
ce crédit d'impôt pour 1992, parce qu'on peut en changer.. Si je
me fie aux propos tenus par le passé et non respectés par la
suite, on peut en changer, mais, d'autre part, quand on fait une analyse
serrée, chiffres 1992 et chiffres 1989, on se rend compte
qu'effectivement, ce sont essentiellement les gens au seuil de pauvreté
ou en dessous du seuil de pauvreté pour lesquels on protège, un
tant soit peu, le pouvoir d'achat, mais que toute la classe moyenne et,
évidemment, tous ceux qui sont à peine au-delà du seuil de
pauvreté commencent un peu à se voir compensés, commencent
à peine, c'est-à-dire ne se voient même pas
compensés.
Alors, ce sont, pour l'essentiel, mes propos à ce moment-ci, M.
le Président. Et si je prenais les chiffres de 1989 et je que les
amenais aux chiffres de 1992, probablement que ce serait encore plus
détérioré comme situation que ce que je décris
maintenant.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste deux minutes, Mme
la députée. Vous avez terminé? Je vous remercie.
Mme Marois: C'est, pour l'instant, ce quo je
voulais mentionner et j'aimerais plutôt que le ministre des
Finances me rassure, s'il est capable de le faire, en me disant que le
passé ne sera pas garant de l'avenir, finalement. Et peut-être que
même il pourra améliorer la situation pour 1992, parce que
ça risque d'être assez grave pour la majorité, la
très large majorité des familles québécoises.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre des Finances, en
réplique.
M. Levesque: M. le Président, je veux bien que madame me
parle des choses qui ne sont pas réalisées ou je ne sais pas
quoi, mais elle n'a pas donné d'exemple. Alors, je peux difficilement
répondre. Mais je fais...
Mme Marois: Je m'excuse, un point d'ordre, M. le
Président. J'ai donné un très bel exemple qui a
été les propos tenus par le premier ministre du Québec
à l'Assemblée nationale du Québec le 10 mars...
Une voix: Le 15 mars.
Mme Marois: ...pardon, le 15 mars 1990, en disant qu'ils
étaient, lui et ses collègues des autres provinces, unanimes,
contre l'implantation de la TPS. Or, nous sommes en train d'en débattre.
Alors, il y a quelqu'un...
M. Levesque: C'est ça. Là, je comprends pourquoi
elle me parle de choses du passé. Madame précise.
Mme Marois: Du passé récent.
M. Levesque: Du passé récent. Alors, je tiendrais,
à ce propos, à rappeler à madame que lorsque nous
étions, et nous n'étions pas les seuls, je pense que tous les
premiers ministres du pays ont eu la même réaction lors de leur
rencontre du mois d'août 1989... C'est qu'ils étaient contre la
TPS telle que proposée par le gouvernement fédéral. C'est
une grosse différence avec ce qu'elle est aujourd'hui.
deuxièmement, je dois rappeler à madame que le taux de 9 % a
été baissé à 7 %, les effets négatifs sur
les finances des provinces ont été réglés et la
complexité appréhendée maintenant, nous avons
négocié cet aspect-là très important. avant
d'aborder cette question-là touchant les taux exacts - j'aurai
l'occasion d'y revenir dans une minute - avant d'arriver là, il est
important de prendre l'exemple justement de ce couple avec deux enfants, parce
que c'est mme la députée de taillon qui a mentionné,
justement, le couple avec deux enfants, c'est-à-dire les quatre
personnes, avec un revenu de 25 000 $. quelle était leur situation en
1985? c'est qu'ils avaient un impôt à payer de 2664 $ et le
soutien de l'État était de 521 $. Quand on regarde la situation
en 1990, c'est exactement le contraire ou à peu près; le soutien
financier est de 2319 $, tandis que l'impôt à payer a
baissé à 439 $ et 1991 est encore plus percutant. Si on prend une
famille avec un revenu de 40 000 $, en 1985, pour le couple avec deux enfants
et un revenu de 40 000 $, je le répète, l'impôt à
payer en 1985 était de 6401 $ avec un soutien financier de l'État
de 521 $; en 1990, l'impôt à payer est réduit à 4415
$ et le soutien financier est monté à 1730 $. Vous avez les
tableaux. Je pense qu'on vous les a remis. Je pense que c'est public. C'est de
notoriété publique.
Lorsqu'on regarde simplement les taxes à la consommation, on
parle de taxe de vente au détail, de taxe sur les
télécommunications, sur les repas et l'hôtellerie, sur les
meubles, sur les vêtements, etc., il y a un remboursement par
l'État, par le gouvernement du Québec, et ce remboursement, pour
compléter la présentation par Mme la députée de
Taillon... Lorsque l'on prend, par exemple, le revenu de travail de 10 000 $,
c'est 230 $, mais la taxe de vente supplémentaire n'est que de 118 $.
Alors, vous voyez là, on n'aurait pas dû escamoter que tous les
gens à bas revenus vont recevoir plus; entre 25 000 $ et 30 000 $, ils
vont recevoir plus que le coût additionnel de la taxe de vente
supplémentaire.
Quand on regarde le cas jusqu'à 35 000 $, il y a encore un
crédit d'impôt remboursable pour cette famille, mais moins que 230
$. Mais l'essentiel de ça, c'est que nous devons prendre l'autre colonne
à côté qui s'intitule, "Indexation des besoins essentiels",
et là, vous verrez que ces familles-là vont recevoir des sommes
de 625 $ allant jusqu'à 334 $ pour un revenu de 50 000 $. C'est l'impact
total qu'on doit regarder et qu'on ne doit pas escamoter. L'impact total, par
exemple, est un plus pour les familles, disons, de 20 000 $, de 604 $; pour les
familles avec un revenu de 25 000 $, c'est 392 $ et ainsi de suite; pour une
famille de 45 000 $, c'est un plus de 207 $; pour les familles avec un revenu
de 50 000 $, c'est 147 $ et ainsi de suite. Il faut aller jusqu'à 75 000
$ avant d'avoir un impact négatif. Si vous ne voulez pas
évidemment tenir compte de l'indexation, comme si ce n'était pas
important, il faudrait vous rappeler que, dans votre propre temps, vous avez
passé par-dessus des années en ne donnant pas l'indexation.
M. Léonard: C'est écrit à la page 36...
M. Levesque: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre des Finances.
M. Léonard: À la page 36, ce n'est pas attribuable
aux réformes des taxes à la consommation.
Mme Marois: Voilà.
M. Léonard: C'est vous qui l'avez écrit, à
la page 36.
Mme Marois: Moi, j'ai essayé de... M. Levesque:
Donnez-moi la page 36.
Mme Marois: ...prendre ce qui influençait vraiment ce dont
on parle aujourd'hui, M. le Président.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, s'il vous
plait!
M. Levesque: Un instant! Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Lemieux): La page 36, M le ministre.
M. Levesque: Je vais lire avec vous la page 36...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Levesque: ...parce que je pense que c'est important.
Des voix: Oui.
M. Levesque: "Le régime fiscal contient plusieurs
instruments adaptés à la protection des ménages à
faibles revenus afin de compenser pour le fardeau des taxes à la
consommation. Dans le cadre de la réforme, trois choix fondamentaux ont
été effectués à cet égard: l'abolition de
plusieurs exemptions importantes associée à une réduction
à 7 % du taux de la taxe de vente du Québec - il faut bien
comprendre qu'on passe de 9 % à 7 % - ; l'introduction d'un
crédit d'impôt remboursable pour taxe de vente et d'une majoration
équivalente des barèmes de la sécurité du revenu
afin de compenser les ménages à faibles revenus pour les hausses
de taxes résultant de la réforme."
Une voix: On vous le donne
M. Levesque: Vous nous donnez ces deux-là. O.K. Le
troisième...
Une voix: Celui-là.
M. Levesque: ...qui vous fatigue, je vais vous en parler: "En
1992, l'indexation au taux de 4,5 % des besoins essentiels reconnus dans le
régime de la sécurité du revenu et dans le régime
d'imposition afin de protéger les ménages contre la perte de
pouvoir d'achat résultant de l'inflation" - c'est ça, les 4,5 %,
et ce qui n'est pas attribuable...
Une voix: II n'est pas attribuable aux réformes.
M. Levesque: ...c'est justement ça, c'est ça qui
est important...
Mme Marois:...
M. Levesque: Ce qui n'est pas attribuable est payé.
Mme Marois: "Qui n'est pas attribuable aux réformes
fédérale et québécoise des taxes à la
consommation", M. le Président.
Une voix: Ne noyez pas le poisson.
M. Levesque: Écoutez, on le paye. On le paye. Le
gouvernement fédéral...
Mme Marois: Vous le payiez avant et vous le payez maintenant
là.
M. Levesque: La partie de l'inflation qui est de 1,2 %
additionnel va être remboursée par le gouvernement
fédéral et le 0,4 % de notre part est remboursé par nous.
C'est pour ça Nous remboursons l'excédent des 4,5 % et les 4,5 %,
c'est pour les besoins essentiels, de toute façon.
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Levesque: C'est parce que vous comprenez mal la phrase, c'est
tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Sur ces propos, la commission
du budget et de l'administration suspend ses travaux pour les reprendre
à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Farrah): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend son mandat qui
était le suivant: La commission du budget et de l'administration est
réunie aujourd'hui afin de procéder à l'examen de l'Annexe
a la déclaration ministérielle du ministre des Finances
concernant l'administration de la TPS et la réforme des taxes à
la consommation au Québec.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le Secrétaire? Ça a
été fait ce matin? Ça va, merci. Alors, on me dit que M.
le ministre, vous aviez
la réplique à ce moment-là. Vous avez sept minutes
d'utilisées. Il vous en restait trois.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Farrah): Ça va. Mme la
députée de Taillon...
Une voix: Je me demandais si...
Le Président (M. Farrah): II lui restait une minute
quarante, qu'on me dit. C'est réglé, ça aussi?
Mme Marois: Est-ce que je peux la garder pour tout à
l'heure? Je la reporte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): Non. Il faut que vous la preniez
tout de suite. Vous avez terminé, Mme la députée de
Taillon? Vous avez terminé?
Alors, il s'agit d'un député ministériel. Je vais
passer la parole au député de Mille-Îles.
M. Bélisle: Juste pour terminer, un petit commentaire que
j'ai à faire. Je ne veux pas rire de quelqu'un en disant ça. Au
contraire, je l'apprécie beaucoup, je le respecte beaucoup, mais quand
je parlais de facilité journalistique, je n'ai pas pu m'empêcher,
quand j'ai lu l'article de notre doyen de la colline parlementaire, Normand
Girard, le 1er septembre 1990, de sourciller et après, de me dire: Bon
bien, peut-être que des fois notre meilleur journaliste s'oriente dans
une certaine direction et peut-être que quelqu'un d'autre au journal
colle des titres qui peut-être sont de sa plume ou ne sont pas de sa
plume parce que, quand j'ai lu cet artfcle-là, j'ai l'article devant
moi, j'ai vu 4 200 000 000 $ de moins dans nos poches. Je me suis dit, bon...
M. le Président, M. le Président, bonjour, M. le
Président; M. le Président, bonjour Ça me fait plaisir de
vous parler...
Le Président (M. Lemieux): Bonjour, M. le
député de Mille-Îles. Je m'excuse.
M. Bélisle: ...de vous saluer, dès votre
arrivée, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): J'étais en train de
raconter que j'ai fait une crevaison, M. le député de
Mille-Îles. Alors, on oublie tout ça et on revient aux
réalités de la vie.
M. Bélisle: Bon. Alors, c'est excellent.
Alors, quand j'ai vu l'article, je me suis dit: Ça doit
être, M. le Président, le député de Labelle qui a
soufflé le titre de l'article, 4 200 000 000 $ de moins dans nos poches.
Le titre est un peu inexact. Il est pour le moins accrocheur, ça, c'est
le cas de le dire. Quand on met un titre dans un journal, on dit 4 200 000 000
$, on pense que c'est un énorme trou, mais ce n'est pas 4 200 000 000 $.
Quand on lit un petit peu plus loin, on regarde, dans un caractère plus
fin, caractère gras quand même - je n'ai pas dis "gros", j'ai dit
"gras" - 4 200 000 000 $ pour les trois prochaines années. Et là,
on qualifie le titre, je ne sais pas s'il est de notre doyen ou s'il est du
responsable du pupitre au journal, "Gérard D., le taxeux". Et là,
on fait une colonne de comptabilité des taxes qui, vraisemblablement
sont imposées et qui sont la responsabilité du ministre des
Finances. Moi, je trouve ça d'une extrême simplicité comme
argument. M. le Président, mon commentaire est tout simple. C'est que,
de tous les temps, les ministres des Finances du gouvernement du Québec
qui se sont succédé à la tête du Québec,
incluant l'actuel chef du Parti québécois, qui a
été ministre des Finances pendant huit ans, je pense,
approximativement, et les ministres des Finances auparavant, et M. Garneau, les
ministres des Finances qui ont précédé, ils ont tous
été obligés, à cause de la nature de leurs
fonctions, d'être des taxeux. on n'a pas de politique monétaire au
québec. on a une politique de stabilisation du revenu, une politique
d'incitation au développement de l'emploi avec les mesures qu'on a. on
agit d'une façon, une seule façon qu'on a, étant
donné qu'on n'imprime pas la monnaie pour insuffler du nouvel argent
dans notre économie, on fait juste une chose: on procède par le
biais de la fiscalité. on taxe certains pour récupérer des
budgets dans l'état, et avec ces sommes-là, on les redistribue
à d'autres ou on produit des services publics. c'est en
réalité ce qu'on fait. alors, les ministres des finances, ce
n'est pas une trouvaille que notre doyen de la presse parlementaire a
collé comme titre à son article de journal en disant: le ministre
des finances, c'est un taxeux. eh oui, les ministres des finances ont tous
été des taxeux, par définition. sauf que ça varie
en termes de régularité, d'imposition d'une nouvelle taxe,
d'équité, de volume de taxe. et c'est là qu'on peut
peut-être les graduer. leur dire: ii y en a un qui est plus taxeux que
l'autre. l'autre est moins taxeux que l'autre.
Et quand je lis l'article dans le Journal de Québec, du
samedi 1er septembre 1990, le premier point qui est reproché au ministre
des Finances, on dit: Ah! Une hausse des frais de scolarité
universitaires qui coûte 52 000 000 $ de plus aux contribuables cette
année. L'année prochaine, 104 000 000 $. Mais on a oublié
que, oui, il y a des frais supplémentaires qui ont augmenté au
cours des 15 dernières années dans les universités
québécoises et que les coûts des services publics ne sont
pas statiques. Ce ne sont pas des coûts coulés dans le
béton.
Et quand le ministre des Finances, au nom du gouvernement, prend une
décision d'imposer
des frais, c'est suite à une entente, à une discussion
avec ses collègues du conseil des ministres, avec des comités
ministériels, avec le ministre sectoriel, et avec l'accord de l'ensemble
du gouvernement. mais dans ce cas spécifique, je rappellerais à
m. girard que ce n'est pas une taxe qui est une taxe pour taxer. quand on
regarde dans le discours sur le budget, étonnamment, cette somme
d'argent-là - vous me corrigerez, m. le ministre des finances - retourne
aux universités. elle retourne au secteur de l'enseignement.
mon propos, c'est que c'est simpliste de dire dans un article de
journal: voici le ministre des finances, c'est un "taxeux". mais ce qu'il faut
dire d'autre part, c'est: oui, il y a un prélèvement d'une somme
d'argent dans l'économie. on appelle ça une taxe. mais ce
montant-là, 'a est fait pour corriger une situation qui n'a plus de sens
au niveau des frais universitaires et on redonne par la main droite ce qu'on a
pris par la main gauche au système. dans te fin fond, est-ce que c'est
une taxe dans l'esprit où les gens la conçoivent ou la
perçoivent habituellement? non, ce n'est pas dans ce sens-là.
La deuxième bourde qu'on reproche à mon ami - je pense que
je peux l'appeler mon ami - le ministre des Finances, on lui dit:
Hydro-Québec, les hausses de tarifs. Vous avez taxé. Nom de Dieu!
S'il y a une chose dont je pense qu'il n'est pas responsable... Oui, c'est
ça. Mais je fais... Je pense que, M. le Président, Mme la
députée de Taillon peut facilement comprendre qu'il y a une
différence entre ce que le ministre des Finances fait, le gouvernement,
dans son ensemble, certains ministres en vertu de certaines lois et dans
l'ensemble du gouvernement pour des projets, entre autres, pour le
développement de certaines autres phases dans la rénovation du
réseau hydroélectrique de Montréal.
Alors, quand on augmente les tarifs d'hydroélectricité, ce
sont des frais indirects. Mais ce sont des frais indirects qui sont là
pour une mesure d'investissement...
Une voix: ...dividende.
M. Bélisle: Oui, en plus de ça, dividende
zéro présentement pour le gouvernement du Québec, alors
qu'il y a quelques années, c'était pas mal champion dans les
dividendes. Et ça, si je ne m'abuse, on en a profité, M. le
ministre des Finances, pendant un court moment.
Mme Marois: Ce n'est parce qu'on a...
M. Bélisle: Oui, justement. C'est parce que vous autres,
vous taxiez bien, parce que l'Opposition taxait bien. Et je pense qu'il y a des
distinctions fondamentales qui doivent être faites. Je pense
honnêtement que ce n'est pas le meilleur article de notre doyen de la
presse parlementaire et qu'il ne devrait pas - c'est ma suggestion - être
publié dans ses mémoires. C'est la recommandation que je lui
fais. Je pense que M. Girard est un excellent journaliste Mais, dans ce cas
précis, je pense qu'il y a un autre côté de la
médaille. La production des services publics, il faut qu'elle soit
démontrée, il ne faut pas maintenir l'illusion auprès du
peuple que tout est gratuit, qu'il n'y a rien qui se paye, ça va aller
de soi, il n'y a rien qui augmente en coûts et que la gratuité,
l'État, dans sa magnificence et, dans sa gratuité totale, existe
toujours. Ça n'existe plus, ça. Ça n'existe plus.
Maintenant, j'aimerais simplement faire sourire notre collègue de
Labelle, M. le Président... faire sourire notre collègue de
Labelle qui, lors du dernier discours sur le budget, le 2 mai 1990, à
l'Assemblée nationale, à la page 2197 des Débats, nous a
brossé une théorie assez complète des avantages de la
souveraineté et de l'autonomie au Québec, de l'autonomie fiscale,
de l'autonomie de l'administration unique. Un service public, pas deux services
publics, un seul, il y a d'énormes avantages à ça. Je vais
vous citer, M. le Président, ce que le critique officiel de l'Opposition
en matière de finances...
Le Président (M. Lemieux): Une minute.
M. Bélisle: ...notre ami, le député Labelle,
nous a dit. Je cite. Deuxième élément, nous aurions
effectué la fusion des fonctions publiques - fédérale et
provinciale - dans un État souverain au Québec, dirigé par
le Parti québécois avec, comme ministre des Finances, le
député de Labelle. Nous pouvons et nous devons garantir l'emploi
à tous les fonctionnaires fédéraux qui prendront la
souveraineté du Québec, mais qu'en est-il exactement de cet
ensemble de fonctionnaires? Il y a 12 % à 13 % de francophones dans la
fonction publique fédérale. En faisant cette opération, en
donnant cette garantie, nous allons réaliser 1 000 000 000 $
d'économies à soustraire de ce fameux déficit, de la part
du déficit du gouvernement fédéral
Ce que je comprends, M. le Président, c'est une chose, c'est que
le député de Labelle a compris qu'il y aurait un avantage
à la fusion des deux fonctions publiques. Un fonctionnaire qui peut
faire deux choses en même temps, administrer deux régimes de taxe,
ça coûte moins cher. Il l'a compris. Il l'a utilisé comme
argument pour la souveraineté alors que ce matin, le
député de Bertrand, lui, complètement à rencontre
de la philosophie du député de Labelle, est en train de demander
au ministre des Finances: Mais où sont les coûts additionnels de
tout ça? Est-ce le député de Bertrand qui a raison avec
les coûts additionnels ou si c'est le député de Labelle qui
dit qu'il y a des économies? Moi, je suggère, M. le
Président, que les violons de l'Opposition s'accordent et arrivent ici
avec une
position intellectuelle qui soit tout à fait logique, mais qui
soit unique, mais qu'on ne parle pas des deux côtés de la bouche
en même temps pour ne vouloir rien dire.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre des Finances,
avez-vous des commentaires ou des réflexions?
M. Levesque: M. le Président, c'est sûr que,
lorsqu'on regarde un côté de la médaille, on peut arriver
à certaines conclusions. Sur les sommes d'argent qui seront
perçues par l'État, on peut regarder, par exemple, ces chiffres
qui ont été avancés. On peut les apprécier, on peut
les évaluer, on peut les comparer. On parle de 4 000 000 000 $ dans
trois ans. Pris simplement comme ça sans tenir compte des autres
facteurs, on pourrait arriver à des conclusions un peu
dévastatrices, si vous voulez, dans l'opinion, mais il faut tenir compte
de plusieurs facteurs. D'ailleurs, le député de Mille-Îles
en a souligné, sur le rôle de l'État et sur la façon
dont sont utilisées certaines sommes. Il a parlé, par exemple,
des frais de scolarité. Je pense qu'on peut difficilement ajouter les
frais de scolarité du côté de la fiscalité comme
telle, étant donné qu'au Québec les frais de
scolarité n'avaient pas bougé depuis 20 ans, alors qu'on
connaît l'inflation qui a existé pendant toute cette
période-là. À des moments donnés, l'inflation
était réellement galopante. (15 h 30) on parle de gel de frais de
scolarité, on devrait plutôt parler de diminution de frais de
scolarité, non pas de gel, parce que, en fait, il s'agit d'une
diminution annuelle de frais de scolarité pendant 20 ans à un
point tel que, partout ailleurs au pays, les frais de scolarité
étaient deux, trois ou quatre fois plus élevés qu'au
québec. ce que nous avons fait, c'est qu'étant donné les
difficultés que connaissaient les universités et connaissant leur
situation précaire et aussi l'importance... d'ailleurs, le
député de labelle devrait être le premier, lui, un eminent
professeur et doyen d'une de nos plus grandes universités, et être
bien conscient... j'imagine qu'il est bien au courant des difficultés
que connaissaient les universités québécoises. comme on
veut avoir un degré d'excellence élevé,
particulièrement à cet endroit-là, il était normal
de répondre aux besoins répétés et aux insistantes
prières et requêtes de la part des autorités universitaires
et c'est là que nous avons trouvé qu'il y avait sûrement un
manque à gagner pour les universités. nous avons permis aux
universités de recueillir un peu plus du côté des frais de
scolarité. à ce moment-là on nous avait fait peur;
à un moment donné, on avait dit: ça va être
effrayant, les inscriptions dans les universités vont chuter
considérablement. or, hier on m'indiquait qu'ici à
wniversitê laval les inscriptions étaient aussi fortes que jamais,
peut-être plus. Alors, il faut faire attention de ne pas sauter aux
conclusions comme celles-là.
Alors, pour revenir à mon propos, je disais que 4 000 000 000 $
ça pouvait avoir l'air gros un peu pour trois ans, mais d'abord, disons
que, pour 1990-1991, les revenus autonomes de l'État - je ne parle pas
des transferts fédéraux - vont être de l'ordre de 27 000
000 000 $; en 1991-1992, 29 000 000 000 $; en 1992-1993, 31 000 000 000 $.
Donc, durant la même période, les revenus autonomes seront de 87
000 000 000 $. Lorsqu'on parle de 4 000 000 000 $, c'est sur quoi, ces 4 000
000 000 $? Il faut en tenir compte. Si c'est 4 000 000 000 $ sur 400 000 000 $,
c'est beaucoup, mais si c'est 4 000 000 000 $ sur 87 000 000 000 $, ça
prend un aspect un peu différent.
Il faut aussi prendre le montant de 4 000 000 000 $ et regarder aussi de
quoi il est fait. J'ai parlé des frais de scolarité, on peut
parler d'hydroélectricité, comme l'a mentionné le
député de Mille-Îles. Si c'était une compagnie
privée, ce serait beaucoup plus que ça encore. Il ne faut pas
oublier que les tarifs d'électricité au Québec sont parmi
les plus bas en Amérique et dans le monde. Dans les circonstances, il
faut faire bien attention, une société d'État doit se
comporter, jusqu'à un certain point, du côté
rentabilité, du côté service au public, du
côté de tous les...
Si c'était une entreprise privée qui faisait ça,
qui avait la responsabilité, si, autrement dit, en 1962, on n'avait pas
procédé à la nationalisation de
l'électricité...
Une voix: Si vous n'aviez pas eu René Levesque.
M. Levesque: C'était un de mes bons copains, vous savez.
Je suis heureux que vous rappeliez sa mémoire d'une façon aussi
positive. Je ne sais pas si vous l'avez toujours fait, mais, enfin!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Ceci étant dit...
une voix: il n'y aura pas...
M. Levesque: Ceci étant dit, je reviens, justement,
à l'hydroélectricité, si c'était une
société privée, probablement que les hausses auraient
été encore plus grandes. On ne peut pas, en toute justice et en
toute objectivité, considérer cela comme faisant partie de la
fiscalité québécoise. Si, au moins, on avait quelque
dividende d'Hydro-Québec comme gouvernement, comme nos
prédécesseurs l'avaient eu à certains moments, on pourrait
dire: Ils profitent des dividendes. Mais dans notre cas, pour les
trois mêmes années, on a zéro comme dividende de
prévu. Donc, il faut tenir compte de ça, on ne peut pas
l'additionner avec ça. Je comprends que, pour le contribuable, lui, pour
le citoyen, ce sont des frais additionnels qui s'imposent, un peu comme s'il y
a des augmentations dans le charbon, dans le pétrole, dans d'autres
produits, évidemment, le même citoyen devra les subir. Mais on ne
peut pas dire, parce qu'il y a une augmentation dans les fruits et
légumes, que c'est le gouvernement qui est responsable de tout
ça, si les fruits gèlent en Floride. Le consommateur va
être obligé d'avoir à faire face à des augmentations
de coût. Je pense qu'il ne faut pas mêler les choses; c'est
ça que je veux dire. Je ne veux pas porter de blâme à qui
que ce soit là-dedans, mais je tiens à faire une mise au point.
Donc, il faut tenir compte de ça.
Il faut tenir compte des baisses d'impôt également parce
que, durant ces mêmes années-là, dans le domaine de la
formation, dans le domaine de l'indexation, dans les déductions
additionnelles pour frais d'exploration, il y a plusieurs endroits où il
y a des diminutions d'impôt. Il y a aussi des chiffres qui ont
été avancés et qui mériteraient d'être
corrigés, pour un total de 1 600 000 000 $. Quant à Hydro, il
s'agissait de 700 000 000 $, frais de scolarité de 0,3. Si on
enlève ça des 4,1, on est à 1 500 000 000 $ sur trois ans,
par rapport à 87 000 000 000 $. Alors, je pense qu'il faut tenir compte
de toutes ces nuances-là. Je pourrais continuer, mais je n'ai pas
l'intention d'insister là-dessus. Tout ce que je veux dire, c'est qu'il
faut toujours avoir le souci d'une certaine objectivité et, en
même temps, tenir compte de la situation relative. On peut dire qu'un
dollar, c'est gros par rapport à un sou, mais un dollar, ce n'est pas
gros. Le huard n'est pas gros aujourd'hui par rapport à quoi que ce
soit, de toute façon. Ceci étant dit, je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je vois qu'on est en
train, finalement, d'adopter une discussion qui se rapporte à un budget
supplémentaire par rapport à une manchette qui a
été faite et un rappel que j'ai fait, quant à moi, sur les
nouvelles taxes, les taxes additionnelles qui ont été
imposées depuis un an, avant, pendant et après le budget; parce
que c'est de ça qu'il s'agit. Et quand le ministre compare 4 000 000 000
$ à 87 000 000 000 $, il s'agit de 4 000 000 000 $ de nouvelles taxes
parce que c'est au-delà de l'indexation des taxes. Je vais simplement
lui rappeler un chiffre qui, sûrement, l'avait fait sursauter dans une
manchette aussi, c'est que le rendement de l'impôt sur le revenu des
particuliers est de 1 440 000 000 $ de plus, cette année; il s'en
souvient très bien. Ça, c'est au- delà des 4 201 000 000
$. Et prenez toutes les taxes, il y a de ça aussi. Alors, je pense qu'il
convient de rappeler la liste...
M. Levesque: M. le Président, est-ce que le
député me permet une question?
M. Léonard: Non, non. Je sais que vous allez prendre 10
minutes si vous intervenez. Alors il convient de rappeler chacune des
décisions qu'il a prises depuis le début de l'année. Mais
c'est au-delà de l'indexation normale des revenus.
Je voudrais revenir sur un sujet, celui de la TPS et un sujet
particulier, l'entente, que j'ai eu le temps de lire un peu plus... que j'ai eu
le temps de lire sur l'heure du midi, parce que nous ne l'avions pas
jusque-là, cet avant-midi et sur des paragraphes en particulier qui font
quand même sursauter. Parce que le ministre a dit qu'il ne cédait
rien de l'autonomie du Québec, qu'il n'y avait aucun problème
là et puis qu'au fond c'était quelque chose d'absolument
formidable pour le Québec l'entente qui venait d'intervenir. Je voudrais
simplement rappeler quelques paragraphes. Et ceux qui nous liront dans le
Journal des débats, qui liront aussi le document lui-même
parce qu'il est incorporé, je suppose, au Journal des débats
ou déposé. Le deuxième "attendu", relisons-le.
M. Levesque: II n'est pas incorporé.
Le Président (M. Lemieux): II est déposé. Il
est déposé mais il n'est pas incorporé.
M. Levesque: II est déposé, mais pas
incorporé.
Le Président (M. Lemieux): II est
déposé.
M. Léonard: Mais on ne peut pas demander qu'il soit
incorporé parce que..
Le Président (M. Lemieux): II est public du fait qu'il
soit déposé.
M. Léonard: il est public?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Léonard: Très bien. Mais lisons quand même
les paragraphes qui touchent à cette entente et qui touchent aux
pouvoirs du Québec. Deuxième "attendu". "ATTENDU que le
Québec se propose de recommander au Parlement du Québec une
législation pour modifier l'assiette fiscale de sa taxe à la
consommation de façon à la rendre substantiellement comparable
à celle de la TPS dans les limites des pouvoirs constitutionnels du
Québec..." "substantiellement comparable" retenons bien ce mot. Il est,
à mon sens, très important au plan des "attendu"
Allons maintenant... M. Levesque: ...choisi...
M. Léonard: ...à la page 6 du texte, paragraphe 4.
Le premier paragraphe de la page, si vous voulez. "Le Québec convient de
respecter les paramètres nationaux requis pour assurer une application
uniforme et cohérente de la TPS à travers le Canada." Paragraphe
6: "Le Canada et le Québec...
M. Levesque: ...fédéral. Vous comprenez là.
M. Léonard: La TPS..
M. Levesque: Non, non, nous autres, ce n'est pas... Dans le
document, TPS fait référence à TPS fédérale,
jamais au Québec. L'autre c'est 'taxe provinciale".
M. Léonard: Paragraphe 6. "Le Canada et le Québec
reconnaissent l'importance de maintenir une cohérence entre leur
assiette fiscale respective." Alors, je pense qu'il faut quand même voir
les impacts de ce que cela fera sur les décisions du Québec en
termes politiques. L'objectif c'est d'avoir un système cohérent,
uniforme à travers le Canada et le Québec doit ajuster son
assiette de façon à rendre l'objectif substantiellement
comparable dans le Québec et dans le Canada, qu'il y ait une
cohérence entre tout ce système et donc, une cohérence
dans les assiettes fiscales respectives. Le Québec, par ce fait
même, vient de se mettre à la remorque du
fédéral.
M. Levesque: Ce n'est pas vrai. M. Léonard: M. le
Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle...
M. Levesque: Excusez-moi.
M. Léonard: mais je vois que le ministre intervient pour
s'inscrire au journal des débats après chaque fois. il a
l'expérience. je sais que certains l'admirent pour cela.
M. Levesque: On ne peut rien vous cacher.
M. Léonard: Oui, on pourrait faire la même
chose...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des Finances,
s'il vous plaît.
M. Léonard: ...et ça serait devenu impossible.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle, s'il vous plaît.
M. Léonard: Alors, l'objectif, c'est d'avoir un
système uniforme et cohérent à travers le Canada. Je pense
que, ce faisant, le gouvernement du Québec se met à la remorque
du gouvernement fédéral, qu'il aura des preuves à faire
lorsqu'il va vouloir se distancer du gouvernement fédéral.
À mon sens, il vient d'abandonner une partie de nos
responsabilités là-dessus de facto. En droit, il se
réserve toutes les possibilités mais, dans les faits, on sait
très bien comment ce sera difficile de se démarquer d'une
décision du fédéral qui va vouloir, lui, l'uniformiser
à la grandeur du Canada. Évidemment, nous n'avons pas les
mêmes thèses politiques. Nous voulons un jour régler cette
question fondamentalement, c'est-à-dire avoir un niveau de
décision qui sera le Québec, mais ici, en ce qui concerne le
système actuel, le Québec se met à la remorque du
gouvernement fédéral. C'est ce qu'a souligné le premier
ministre de l'Ontario. C'est ce qu'il a souligné. Et puis, je pense que
lui-même le regrette parce que même l'Ontario se sent
abandonné par le Québec dans une bataille qu'il voulait mener par
rapport à cette question de la taxe de vente au Québec.
Je pense que le ministre des Finances se pète les bretelles un
peu vite là-dedans, un peu facilement, et qu'il devrait faire bien
attention, lui qui rappelle sans arrêt les histoires de droit de veto qui
n'existaient pas. Dans tout ce contexte, j'ai bien l'impression qu'il vient
d'en laisser un fichu morceau dans cette entente.
Évidemment, nous allons récupérer tout cela et le
député de Mille-Îles a fort raison de rappeler ce que j'ai
dit, qu'il y aurait des économies à avoir une fonction publique;
effectivement, il y en aura. Mais ça sera ici que les décisions
se prendront et on n'aura pas à s'aligner sur le gouvernement
fédéral, en l'oc-curence.
M. Levesque: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Labelle? Vous avez encore du
temps. Un instant, M. le ministre des Finances. Il vous reste trois
minutes.
M. Léonard: Effectivement. Essentiellement, c'est parce
qu'on reconnaît l'importance d'harmoniser l'assiette de taxation, qu'on a
signé cette entente. C'est sur cette base-là qu'Ottawa a
signé cette entente et sur cette base-là qu'il veut
l'administrer. Le Québec, dans les faits, va se sentir lié et va
être lié. (15 h 45)
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: O.K. M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): La parole est à
vous.
M. Levesque: Je relève des propos du député
de Labelle les références suivantes: Le député
s'est attardé d'abord aux "attendus". Alors, l'attendu suivant: "Attendu
que le Québec se propose de recommander au Parlement du Québec
une législation pour modifier l'assiette fiscale de sa taxe de
façon à la rendre substantiellement comparable..." C'est
infiniment différent de ce que le mot "identique", par exemple, serait.
Employer volontairement les mots "substantiellement comparable" et nos juristes
se sont penchés... Est-ce que je pourrais avoir un peu d'attention, s'il
vous plaît, des deux côtés de la table? Alors, je dis que
nos juristes ont pris un soin - pas seulement les juristes au ministère,
les juristes du gouvernement, parce qu'il y a eu plusieurs contributions
là-dedans - ont pris bien attention de bien évaluer la
signification des mots utilisés. On attire notre attention... D'abord il
s'agit là des "attendus". Quand on arrive dans le corps de l'entente,
c'est ça, le député a mentionné le paragraphe 4, je
pense: "Le Québec convient de respecter les paramètres
nationaux..." Et finalement: "Le Canada et le Québec reconnaissent
l'importance de maintenir une cohérence entre leurs assiettes fiscales
respectives".
Prenons le premier cas, "rendre substantiellement comparable". Je pense
qu'il faudrait lire aussi l'attendu suivant. Il faudrait éviter
d'escamoter les choses aussi importantes que, et je cite:"Attendu que, bien que
le Canada soit seul responsable de la politique fiscale de la TPS - ça,
c'est le fédéral, je ne veux pas qu'on emploie le mot TPS
lorsqu'il s'agit de la taxe provinciale - et de son application uniforme
à travers le Canada, et le Québec soit seul responsable de sa
taxe provinciale..." Vous comprenez bien que ce sont des mots qui veulent dire
quelque chose ça aussi. "Bien que le Canada soit seul responsable de la
politique fiscale de la TPS et de son application uniforme à travers le
Canada et que le Québec soit seul responsable de sa taxe provinciale",
il me semble que c'est clairement établi dans cet
"attendu"-là.
Quand on parle de "Québec convient de respecter les
paramètres nationaux requis pour assurer une application uniforme et
cohérente de la TPS à travers le Canada", c'est entendu qu'il
s'agit uniquement de la TPS fédérale et c'est normal. Le
gouvernement fédéral ne peut pas accepter, et si j'étais
à sa place je n'accepterais pas non plus, que sa propre taxe ait des
barèmes différents ou des applications différentes
à un endroit ou l'autre du territoire. Et lorsqu'on dit que "le Canada
et le Québec reconnaissent l'importance de maintenir une
cohérence entre leurs assiettes fiscales respectives, il s'agit
là, on reconnaît l'importance, c'est sûr, d'avoir une
cohérence et nous allons parler, ça va nous permettre, puisque
nous avons l'administration de cette taxe, de ne pas être les derniers
à apprendre les choses comme ça aurait pu être si on avait
laissé passer leur projet de taxe de vente nationale. Moi, je me suis
objecté bien clairement, il y a trois ans, au tout début, en lui
disant que jamais je n'accepterais que la taxe de vente du Québec soit
administrée par le gouvernement fédéral. Les autres
provinces feront ce qu'elles voudront mais dans nos traditions
québécoises il n'était pas question de ça. Si on
voulait avoir la simplication, si on voulait avoir l'administration unique
d'accord, mais ce sera au Québec que ça se fera, et c'est
ça qui est arrivé. Maintenant, dans l'autre paragraphe, je pense
qui est extrêmement important, essentiel, non pas dans les "attendus"
dans le corps même de l'entente, le paragraphe 3 de quoi? Un instant Le
paragraphe 3, à la page 8...
M. Léonard: Moi, j'ai le point 3 de l'entente
plutôt.
M. Levesque: C'est ça M. Léonard: O.K.
M. Levesque: Je pense que c'est ça qu'il faut lire. C'est
essentiel.
M. Léonard: J'aurais pu le lire parce que je l'avais
souligné.
M. Levesque: "II est entendu que ni le Canada ni le Québec
ne sont réputés, pour avoir conclu la présente entente,
avoir cédé ou abandonné des pouvoirs, droits,
privilèges ou attributions qui leur sont conférés par la
Constitution du Canada ou autrement, ni être lésés dans
l'un ou l'autre de ces pouvoirs, droits, privilèges ou
attributions."
Nous avons maintenu notre pleine autonomie et, si nous décidions
demain de changer notre assiette en disant: On va laisser tomber la
simplification, c'est plus important l'assiette... On peut le faire. Mais je
n'ai pas l'intention de le faire, du moins à court terme, parce que je
veux être en mesure de réussir le départ sur un bon pied
avec la meilleure simplification possible. Mais, que ce soit moi ou que ce soit
un de mes successeurs qui veuillent le changer, ils peuvent le changer comme
ils le veulent. Il n'y a rien qui les empêche de le faire.
M. Léonard: Le point 3 de l'entente, M. le ministre des
Finances, si vous le permettez, ressemble un peu aux affirmations
répétées du Québec depuis le coup du Labrador. M.
Tas-chereau, à l'époque, avait rejeté ça et il
avait dit à peu près la même chose, et, de facto, le
Labrador a l'air à ne pas être dans le Québec. Du point de
vue de la taxation, c'est un peu la même chose.
M. Levesque: Moi, je n'ai pas fait la comparaison du Labrador
parce que je suis en fiscalité, mais nous nous sommes assurés
de
maintenir tout ce qu'il y avait de plus sacré chez nous,
c'est-à-dire notre autonomie fiacale. À un point tel que nous
n'avons jamais voulu. Là, ça aurait été
différent si on avait dit: Bon, eh bien, on maintient notre autonomie,
mais on va faire administrer ça par le gouvernement
fédéral. Parce que là, c'est dangereux, ça.
D'ailleurs, c'est ce qui arrive pour les autres provinces, pour l'impôt
sur le revenu des particuliers, ils font administrer ça par le
gouvernement fédéral, mais je comprends qu'ils ont
peut-être quelques économies, d'une part, administratives, mais
ils n'ont pas la flexibilité que nous avons. Nous pouvons, par exemple,
avoir des abris fiscaux en matière d'exploration minière. Nous
pouvons les avoir dans les films, le cinéma, les productions
télévisuelles et elles ne peuvent pas, les autres provinces, le
faire. Elles doivent procéder d'une façon budgétaire pour
aider, si vous le voulez, mais elles ne peuvent pas le faire avec la
fiscalité. Alors nous avons cette flexibilité-là, nous
avons l'autonomie et, quant à moi, depuis que M. Duplessis était
ici, à cette table, je l'ai toujours regardé, pas toujours du
même oeil...
M. Léonard: Vous en êtes rendu à vous prendre
pour M. Duplessis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: Non, mais, vous savez, il y avait du bon, M.
Duplessis. Il avait du bon.
Une voix: II n'avait pas de déficit.
M. Levesque: II ne faisait pas du tout de déficit, ha, ha,
ha!
Ce que je veux dire, c'est que, quand on se réfère au
protocole d'entente, je pense qu'à ce moment-là on a
conservé toutes nos garanties, toute l'autonomie nécessaire et
toute la flexibilité dont on a besoin; toutes les options sont ouvertes,
mais je pense que pour que la mesure soit réellement efficace, aide nos
entreprises, aide les contribuables et aide les mandataires, il faut avoir au
moins, au début, une similitude dans les assiettes, quitte ensuite, s'il
y a lieu, et ceux ou celles qui viendront après moi pourront le faire
s'ils le jugent à propos. Mais l'affaire sera au moins rodée et
nous serons partis parce que je dois vous dire que ce n'est pas facile de
mettre en place ce système.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste une minute, M. le
ministre des Finances.
M. Levesque: La TVA, ce n'est pas dans la tradition
québécoise ni canadienne. Je vous assure que la mise en oeuvre de
ça, ce n'est pas aux finances, mais au ministère du Revenu que
ça va se faire et je vous assure que ce n'est pas facile.
Une voix: Avec le ministre?
M. Levesque: Oui, oui, avec le ministre du Revenu. Ce n'est pas
facile, même si on a les gens les plus compétents. Mais je ne suis
pas inquiet. Si ça se fait à Ottawa, ça peut se faire ici.
Et je suis convaincu que nos gens sont aussi qualifiés, sinon - je ne
veux insulter personne - mais au moins aussi qualifiés que quiconque
pour mettre cela en place.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
M. Levesque: J'allais dire comme M. Levesque, l'autre, l'ami de
M. Bourdon: On est capable.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Je ne pourrai pas dire
que j'étais ici avec M. Duplessis, mais, quand même...
M. Léonard:...
M. Farrah: Non, mais...
M. Levesque: II n'était pas né.
M. Farrah: Au niveau de l'autonomie fiscale, M. le
Président, je pense que c'est important d'en parler parce que nos amis
d'en face, le député de Labelle entre autres, je pense que tout
cela est de la désinformation au niveau du public. Moi aussi, j'ai eu
l'occasion de vous entendre à la radio à diverses
émissions, notamment à Radio-Canada, dire qu'on a perdu notre
autonomie, ce n'est pas vrai. Critiquer sur le pourcentage de la taxe, bon,
ça va.
Écoutez, on peut être d'accord ou pas d'accord, mais il
reste que c'est la prérogative du Québec d'émettre cette
taxe-là et le pourcentage de la taxe. Alors, ce n'est pas vrai qu'on a
perdu notre autonomie. Également, au niveau des exemptions, c'est la
prérogative du Québec, si un jour on le décide, de dire
que tel produit ou tel bien ou tel service sera exempté de cette
taxe-là. Alors, la pleine autonomie, on l'a toujours. Et ça, je
pense que c'est démontrer clairement la démagogie au niveau de
l'Opposition parce que ce n'est pas vrai qu'on a perdu notre autonomie. Crier
sur le pourcentage de la taxe, ça va de soi, mais non pas sur
l'autonomie. C'est nous qui décidons le pourcentage, si on met 7 %, si
on met 6 %, si on met 5 %, si on met 8 %, si on retire les biens culturels ou
autres biens, c'est nous. Et ça, je pense que c'est important...
M. Léonard: Vous admettez à ce moment-là
que c'est vous qui décidez de taxer les biens culturels.
M. Farrah: Ah! Absolument pas. Nous allons taxer ce que nous
allons vouloir tout simplement. C'est ça, l'autonomie. Vous
prêchez l'autonomie.
M. Bourdon: C'est exactement la même chose que le
fédéral.
M. Farrah: C'est ça, l'autonomie, M. le
Président.
M. Levesque: C'est ça que vous avez demandé, le
disque, c'est rendu culturel...
Mme Marois: M. le Président, s'il vous plaît!
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'allais faire,
Mme la députée de Taillon. Je vous remercie de votre remarque. M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, vous pouvez continuer
sur votre temps de parole.
M. Farrah: Je pense que c'est important aussi que la presse
puisse publier cette chose-là. C'est effectivement le cas. L'autonomie,
c'est nous qui l'avions au niveau de la fiscalité.
Dans un deuxième temps, je suis quand même stupéfait
d'entendre les propos du député de Labelle aussi concernant le
fait qu'on abandonne l'Ontario. On nous a toujours dit qu'on est à la
remorque de l'Ontario, qu'on dépend de l'Ontario et là,
maintenant, non, on abandonne l'Ontario.
M. le Président, pour des gens qui prônent l'autonomie,
l'indépendance du Québec, on nous accuse de laisser tomber
l'Ontario. Mais, M. le Président, je suis obligé de vous admettre
que je suis stupéfait d'entendre ces choses-là...
M. Léonard: C'est le premier ministre de l'Ontario qui l'a
déploré.
M. Farrah:... de gens, comme le député de Labelle,
qui prônent l'indépendance pure et dure. Alors, je ne peux pas
concevoir qu'il nous impute le fait qu'on est à la remorque de
l'Ontario.
Je me dis: Bravo! Vous devez nous féliciter, nous avons le
leadership au niveau de la TVA au Canada. Dans ce sens-là, ça va
faire en sorte qu'on va prendre les devants au niveau concurrentiel, au niveau
de l'ensemble du pays et, avant que les autres ne nous rattrapent, on va faire
du chemin et on va se roder. À ce moment-là, nos entreprises vont
être plus concurrentielles.
Même le Financial Post à Toronto cite le
Québec en exemple à cause de son leadership dans le domaine. Et
ça, il faut le mentionner. Alors, moi, je n'en reviens pas que le
député de Labelle, au niveau idéologique,
l'indépendance pure et dure, dise qu'on laisse tomber l'Ontario Ah bien
là!
M. Léonard: C'est peut-être que vous comprenez
mal.
M, Farrah: Non. Absolument pas. Vous l'avez dit tantôt. Je
l'ai écrit ici: L'abandon de l'Ontario.
M, Léonard: Des concepts, des concepts.
M. Farrah: Alors, M. le Président, qu'est-ce que vous en
pensez de ça, M. lé Président?
Le Président (M, Lemieux): Mme la députée de
Taillon, tout à l'heure, m'a demandé de faire un rappel à
l'ordre. M. le député de Pointe aux-Trembles, M. le
député de Labelle, voulez-vous laisser M. le député
des Îles-de-la-Madeleine aller...
M. Chagnon: M. le Président, vous admettrez qu'ils
devraient se parler, M. le député de Labelle et M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M, Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît! M. le député des îles,
continuez.
M. Farrah: M. le Président, cela dit, qu'est-ce qui
m'intéresse, moi aussi et aussi qu'il faut véhiculer, c'est
l'équité fiscale. C'est très important. Les comtés
comme les nôtres, où il y a beaucoup de petits travailleurs, de
petits épargnants, je pense que c'est important de véhiculer
aussi que la TPS fait en sorte qu'au niveau de la fiscalité il y a une
meilleure équité O. K. Parce que ces gens là, souvent, sur
lu terrain, qu'est-ce qu'on entend, nous, au niveau des petites gens? On dit:
Ce sont toujours les riches qui bénéficient de tout. C'est
toujours eux qui ont les exemptions, c'est toujours eux, par leur entreprise,
qui peuvent passer des dépenses de voiture, de voyage, etc., et,
à ce moment-là, eux, ne paient pratiquement pas d'impôt,
c'est nous qui payons tout le temps.
Alors l'équité, la taxe provinciale va faire en sorte
d'amener une meilleure équité au niveau du contribuable.
Ça, je pense qu'il y a des tableaux qui sont quand même
éloquents au niveau du document du ministre. Si vous prenez la page 37,
et mon collègue de Mille-Îles en a fait état ce matin, M.
le Président, alors que l'exemption qu'on a au niveau des
vêtements et chaussures, 87 000 000 $, ça veut dire 16 % de cette
exemption-là vont aux ménages qui gagnent moins de 31 500 $ alors
que 232 000 000 $ de cette exemption-là, soit 40 % de l'ensemble des
ménages qui bénéficient de 232 000 000 $ de cette
exemption-là. Donc, à ce moment-là, même si on fait
une exemption pour dire on va aider les plus pauvres, ce sont les plus riches
encore
qui en bénéficient, alors que la logique fait en sorte que
plus on a d'argent, plus on en dépense; donc, à ce
moment-là, plus ces gens-là vont dépenser, plus ils vont
payer au niveau de la taxation. Et ça, je pense que c'est un
phénomène correct. C'est tout à fait logique que ce soit
ainsi. Dans ce sens-là, je pense que c'est une plus grande
équité au niveau de l'ensemble des petites gens. (16 heures)
Également aussi, ce qu'il y a d'intéressant, c'est que je
veux faire allusion aussi à une question de la députée de
Taillon en Chambre, au ministre des Finances pas longtemps après sa
déclaration, l'impact au niveau des travailleurs dans le meuble et les
vêtements, notamment. L'impact de la taxe de vente provinciale. Ce qu'il
faut dire, c'est que ces secteurs d'activité, au niveau manufacturier,
pouvaient quand même connaître de grandes difficultés
à cause du libre-échange. Alors, cette mesure-là va faire
en sorte que nos entreprises soient beaucoup plus concurrentielles au niveau
des exportations. Et, par conséquent, peut avoir un effet quand
même très bénéfique au niveau de la sauvegarde au
moins de ces emplois-là. Et ça, je pense qu'il faut le
mentionner, parce que ces emplois-là, encore souvent ce sont des petites
gens qui occupent ces emplois et, notamment, dans le domaine du vêtement.
Alors, ça je pense qu'il faut le mentionner, l'importance d'une
réforme fiscale.
Également aussi, au niveau de la petite entreprise. Moi
personnellement, j'ai une petite entreprise et je sais ce que c'est la
paperasse. Ça devient très lourd parce que souvent les petites
entreprises n'ont pas les ressources nécessaires pour remplir toutes ces
formules-là, cette paperasse-là. Alors, la mesure va faire en
sorte de faciliter et d'éliminer la complexité de cette
tâche-là. Et ça va faire en sorte aussi, également,
que ces entreprises-là, plutôt que de dépenser de l'argent
dans des firmes pour remplir ces formulaires-là, il y en a qui vont
pouvoir le faire possiblement elles-mêmes, donc, améliorer leur
marge de profit. C'est important parce que 80 % des entreprises au
Québec sont des PME.
Alors, on touche ces gens-là. C'est important de le mentionner,
M. le Président. Et dans ce sens-là, on rejoint le rapport de la
fédération des entreprises indépendantes. Alors, je vais
vous lire les conclusions avant que le Québec décide d'instaurer
sa taxe provinciale. Je vais vous lire quelques lignes de la conclusion de la
fédération des entreprises indépendantes du Canada. "Comme
il ressort clairement de ce qui précède, l'implantation de la TPS
deviendra un incroyable cauchemar pour la petite et moyenne entreprise
québécoise. La coexistence de la TPS et de la taxe de vente du
Québec n'est pas changée...
Le Président (M. Lemieux): Vous faites état
de...
M. Farrah: Alors, c'est la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante et dans un mémoire qui s'intitulait:
"Se conformer à la TPS au Québec". Cette
fédération-là représente 80 % des entreprises au
Québec, pratiquement. Alors, ce n'est quand même pas
négligeable. Alors, ces gens-là nous disaient qu'il fallait
s'harmoniser avec le fédéral pour justement faire en sorte que
nos entreprises n'aient pas un système complexe et faire en sorte que
nos entreprises soient moins concurrentielles, moins rentables, nos petites
PME. Ça, je sais de quoi je parle, M. le Président, j'en ai une
petite et moyenne entreprise. Je sais ce que c'est.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je vois mal comment
l'Opposition, nos amis d'en face...
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
îles, il vous reste deux minutes.
M. Farrah: ...peuvent nous dire que cela n'a aucun sens, à
part de faire de la démagogie. Et ça, en terminant, M. le
Président, je le comprends encore moins, alors que j'ai le programme du
Parti québécois ici, janvier 1989, mes collègues doivent
en avoir sûrement fait état ce matin, alors l'article 3.3 qui dit:
"La taxe fédérale de vente et la taxe de vente au détail
provinciale seront remplacées par une taxe sur la valeur
ajoutée." M. le Président, je ne peux pas comprendre
l'incohérence de nos amis d'en face dans un sujet aussi sérieux
et surtout, alors que notre collègue de Labelle nous disait qu'on
était à la remorque de l'Ontario et qu'on laissait tomber
l'Ontario. Je le répète, parce que c'est une phrase très
importante pour un indépendantiste de sa trempe.
En terminant, j'aimerais peut-être demander au ministre, lui poser
une question. Il y a un article, ce matin, qui a paru dans La Presse,
sous la signature de M. Claude Picher, parce que La Presse a un
rôle à jouer, pour bien informer la population, objectivement. Il
y a un paragraphe où M. Picher mentionnait: "Par contre, à
compter de 1992, alors que la réforme entrera pleinement en vigueur et
que le gouvernement commencera à verser ses crédits
d'impôt". Ça, je pense que c'est une mauvaise formation compte
tenu, si ma mémoire est fidèle, M. le ministre, que vous avez
fait état que c'est en 1991 que ces crédits
d'impôt-là seraient versés aux contribuables, aux petites
gens. J'aimerais que vous puissiez éclairer les membres de la
commission, pour s'assurer que la population reçoive un message objectif
et très clair. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de îles. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Oui, M. le Président. Vous savez, je crois
que, pour répondre à la question
du député des Iles-de-la-Madeleine, les gens,
généralement, sont de bonne foi. C'est qu'il s'agit d'une mesure,
évidemment, essentiellement complexe et quant à nous, nous avons
travaillé depuis des mois et des mois et des mois dans ce
dossieNà. Et les autres qui arrivent pour faire les commentaires,
souvent ont eu à peine quelques heures. Alors, c'est sûr qu'ils
peuvent faire erreur. Ça n'enlève rien à leur bonne foi.
Même l'Opposition fait des erreurs et souvent c'est de bonne foi. J'en
suis convaincu. Prenons, par exemple, le cas de quelqu'un pour qui j'ai
beaucoup d'estime, M. Guy d'Anjou, qui est président de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. Je voyais dans Le Soleil de mercredi, le 5 septembre,
qu'il déplorait, justement, l'imposition de la TPS sur les articles
scolaires.
Or, c'est la lutte que nous avons faite pendant combien de semaines et
de mois avec le gouvernement fédéral, justement pour qu'on ne
touche pas - tel que ça avait été proposé au
début - aux commissions scolaires, aux municipalités, aux
hôpitaux, aux universités. Nous avons gagné notre point.
Probablement que l'information ne s'est pas rendue. Ce n'est pas la mauvaise
foi dans ce cas-ci, simplement... Non, c'est probablement parce qu'on n'a pas
vu tous les effets de cette négociation. Les commissions scolaires ne
perdront rien. Elles n'auront pas à voir leur fardeau augmenté ni
à cause de la TPS fédérale ni de la taxe provinciale.
Ça, c'est une chose.
Alors, lorsque j'arrive à répondre plus
précisément au député des
Îles-de-la-Madeleine, lorsqu'il mentionne l'article de La Presse
de ce matin, où on mentionne qu'à partir de 1992, le
remboursement va avoir lieu, M. Picher a dû tenir peut-être pour
acquis que les propos de nos amis d'en face étaient fondés. C'est
peut-être là qu'il a pris son information, propos, probablement,
qui ont été tenus de bonne foi, mais je dois rappeler encore une
fois que ce n'est pas seulement en 1992, mais en 1991 que ça commence
à s'appliquer. L'aide sociale, APPORT, APTE, toutes ces
choses-là, 1991. Ils seront payés d'avance, un chèque pour
1991, pas en 1992, en 1991.
Deuxièmement, les crédits d'impôt remboursables, il
y en a qui vont être.. Ceux qui paient de l'impôt vont attendre,
évidemment, de faire leur rapport d'impôt. Ça, ça va
être en 1992, mais c'est pour 1991, comprenez-vous, pour l'année
d'imposition 1991. Si ce n'est pas comme ça qu'on l'a dit, je voudrais
qu'il y ait une correction de faite. C'est parce qu'on véhicule
ça et qu'on a de la misère à la rattraper après
parce que ce sont tous des gens de bonne foi, comme nos amis d'en face qui le
disent. Tout le monde est porté à les croire. Ce sont des gens,
normalement, de bonne foi, mais mal informés.
Une voix: Mal informés
M. Levesque: Prenons les personnes âgées à
faible revenu, leur crédit d'impôt sera même payé
d'avance pour 1991. Alors, je suis heureux, je remercie le député
des Îles-de-la-Madeleine d'avoir soulevé cela et de nous avoir
permis de corriger. Mais, est-ce que ça va se rendre? Est-ce que nos
amis d'en face vont continuer et persister dans leur erreur et continuer de
désinformer la population, probablement de bonne foi? Mais, là,
ce ne sera pas la bonne foi. S'ils répètent encore une fois, ce
ne sera pas la bonne foi. Là, il faudrait arrêter de dire que
ça ne couvre pas 1991. Ou bien je me trompe et tout le monde ici, tous
les fonctionnaires m'ont mal renseigné - ce qui n'est pas le cas - ou
bien vous allez cesser de répéter ça. Moi, je vous donne
le crédit de la bonne foi jusqu'à aujourd'hui encore, mais,
après aujourd'hui, ce ne sera plus de la bonne foi. C'est remboursable,
oui, un crédit remboursable. Alors, si vous avez été mal
informés, si nous sommes responsables de vous avoir mal informés,
nous nous en excusons, mais nous répétons aujourd'hui que
d'après tout ce que je sais, c'est ce que je viens de vous dire qui est
la vérité.
Maintenant, je remercie encore une fois le député des
Îles-de-la-Madeleine. Vous savez, le député des
Îles-de-la-Madeleine vient d'une région qui n'est pas la plus
riche au Québec et s'il est d'accord avec cette mesure, c'est qu'on a
affaire à quelqu'un qui, lui-même, est dans l'entreprise,
lui-même connaît bien les petites gens autour et les gens qui ont
certaines difficultés et il est probablement le meilleur témoin
parmi nous, autour de cette table, pour dire que cette taxe-là va non
pas nuire, pour les gens moins bien nantis; il y a un remboursement souvent
supérieur à ce que la taxe coûtait à ces
gens-là. Et pour l'industrie et pour les entreprises, on va avoir une
simplication qui va éviter le chaos administratif et, de plus, nous
allons pouvoir aider notre économie à se développer, nous
allons favoriser la création d'emplois. D'ailleurs, ce n'est
sûrement pas l'Opposition qui peut nous contredire là-dessus;
c'est la thèse qu'a développée ce matin le
député de Labelle qui protestait tout à l'heure parce
qu'il disait que, peut-être, le député des
Îles-de-la-Madeleine ne l'avait pas entendu. Parce que, lui-même,
le député de Labelle, avait fait la démonstration de
l'importance d'une taxe sur la valeur ajoutée pour remplacer des
vieilles taxes à la consommation.
M. Léonard: Le député aurait dû
être là. L'absence. . Avant de s'attaquer... C'est un coup dans le
vent.
M. Levesque: Ceci étant dit, je ne veux pas prendre plus
de temps parce que je sais qu'il y en a peut-être d'autres qui aimeraient
participer. Je pense que Mme la députée de Filion me regarde
depuis tout à l'heure.
Une voix: Taillon. Ha, ha, ha!
M. Levesque: Ha, ha, ha! Je vais cesser.
Une voix: Je vous écoute, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Oui, merci, M. le Président. En tout cas, il y
a au moins une chose qui est claire, parce que ça a l'air que ce n'est
pas clair tout le temps sur un certain nombre d'autres choses. Mais il y a au
moins une chose qui est claire: c'est le ministre des Finances du gouvernement
du Québec qui a décidé qu'il allait taxer le textile, les
meubles, les vêtements et les chaussures, au Québec. Alors, au
moins, on va savoir où se loge la responsabilité, pour ce qui est
de la taxe de vente. C'est clair que c'est lui qui l'a fait. Bon! Alors, il y a
une première chose qui est bien claire...
M. Levesque: Vous en doutiez!
Mme Marois: ...à cet égard-là. Il
n'était donc pas sous influence, nous dit-il. Il a lui-même, de
son propre chef, décidé que c'était plus simple pour
lui.
Maintenant - et ce sera une des questions, je vais continuer, je ne veux
pas qu'il me réponde maintenant - compte tenu qu'on a quand même
conservé beaucoup d'autonomie, à l'égard du gouvernement
d'Ottawa, en matière de taxation, malgré l'entente que l'on a
eue, j'aimerais qu'il identifie les produits ou services où on a agi
différemment, où on a exercé notre pleine et
entière autonomie, où on ne taxe pas à 7 %, comme il se
propose - enfin, il descend, 8 % et après ça 7 %. dans quels
secteurs d'activité a-t-il gardé son autonomie? et ne s'est-il
pas complètement harmonisé avec ottawa? ça, pour moi,
c'est bien important.
Deuxième volet. Le ministre des Finances l'a mentionné ce
matin et il est revenu cet après-midi aussi sur cette
question-là, en disant: Nous avons trois objectifs en nous harmonisant
et en ramenant la taxe à un taux uniforme, en faisant en sorte qu'elle
s'applique à tous les secteurs d'activité. Un de nos objectifs -
et c'est le deuxième qu'il mentionnait - c'est d'améliorer la
productivité des entreprises et de créer des emplois. Il le
rappelle, d'ailleurs, dans une entrevue, j'imagine, qu'il a donnée au
journal Les Affaires, où il dit: "M. Levesque - je cite le
journal - pense que les entreprises québécoises vont
économiser des centaines de millions de dollars, sinon plus de 1 000 000
000 $ de taxes de vente fédérales et provinciales. Autrement dit:
les entreprises seront en meilleure posture fiscale, etc." Alors, moi,
j'aimerais bien qu'il m'explique et qu'il me donne les chiffres.
Quelle est l'économie faite par les entreprises, sur la base de
la disparition de la fameuse taxe de 13,5 % aux manufacturiers, mais quel est,
en contrepartie, le poids que l'on va faire subir aux entreprises, et
là, à toutes les entreprises, pas seulement le secteur
manufacturier, mais, évidemment, le secteur des services, par l'ajout de
la nouvelle taxe qui est prévue au niveau de la hausse de la taxe sur la
masse salariale et des autres taxations prévues? À la page 58, on
prévoit des chiffres. Mais quel est le gain net, s'il y en a un, pour
les entreprises ou la taxe supplémentaire qu'elles auront à
payer, finalement? Est-ce qu'on a augmenté ou on a baissé
réellement leur fardeau? Et qui l'a augmenté? Est-ce que c'est
Ottawa ou nous? D'accord. Quelle est la proportion respective? (16 h 15)
Troisième élément. Non, avant de passer à
mon troisième élément, je voudrais citer, entre autres,
les gens d'affaires qui, vendredi dernier, étaient quand même un
peu estomaqués. Ils étaient contents de voir que le Québec
s'harmonisait, et on en convient, sur l'aspect de l'amélioration du
processus administratif, ça va de soi. Il faudrait être
complètement bête pour dire qu'on ne va pas enlever, finalement,
des ennuis qu'on allait causer aux entreprises en harmonisant au plan
administratif et tout le reste, ça c'est bien sûr. Mais ce que les
gens d'affaires disaient, entre autres, je cite ici le vice-président de
l'Association des manufacturiers qui dit: "On sait très bien qu'on
s'harmonise mais c'est déplorable que le ministre des Finances se sucre
le bec au passage." Et du côté du CPQ, du Conseil du patronat, on
dit encore une fois: "On va chercher plus ou moins 300 000 000 $ chez les
entreprises en augmentant la taxe sur la masse salariale pour le financement
des services de santé. On juge que cette taxe est régressive,
pénalisante pour les industries qui comptent beaucoup de travailleurs,
entre autres, celle de l'alimentation." Et on continue: "L'augmentation du
fardeau fiscal ne pouvait tomber à un plus mauvais moment alors que nos
entreprises se battent pour survivre." Et ça, c'est Jean Lambert, le
président de la Chambre de commerce du Québec. Bon, alors, eux
doivent être sûrement en train de faire l'analyse et trouver que le
morceau est un peu gros à avaler.
Troisième élément. Quand on a enlevé la taxe
de vente sur les meubles, sur les vêtements, sur le textile et sur les
chaussures, - il faut faire attention quand on joue avec les chiffres - on
avait fixé un plafond. Une paire de bottes, une paire de chaussures qui
coûtait au delà de 125 $ devenait taxée. Donc, c'est vrai
que c'a profité à des gens peut-être bien nantis, mais il
reste que l'objectif c'était de faire en sorte que les produits de luxe
continuent d'être taxés et c'était vrai pour le
vêtement aussi. Il y avait un plafond qui était fixé et au
delà duquel on devait payer la taxe. Quand on a enlevé la
taxe - c'était le ministre des Finances du gouvernement du Parti
québécois qui est actuel-lement le chef du parti - on l'a fait
dans une perspective d'avoir un impact sur l'emploi, pas seulement de
protéger le pouvoir d'achat des familles moyennes ou de faire en sorte
que des biens essentiels chez la famille moyenne soient protégés,
mais on voulait stimuler l'économie de ces secteurs qui sont des
secteurs mous, on en convient, et qui occupent encore une grande place dans
l'économie québécoise en termes d'emploi.
Et, au budget qui a suivi l'élimination de cette taxe, les gens
d'affaires du secteur avaient évalué - et là je cite Le
Soleil de février 1979 - avaient évalué que, je cite:
"L'abolition de la taxe de vente de 8 % a permis une hausse des
expéditions de 363 000 000 $ au cours de l'année, soit une hausse
de 11, 7 % par rapport à 1977. " Bon, eux l'attribuaient à ta
taxe. Je n'ai pas fait l'analyse, peut-être y avait-il d'autres facteurs,
mais eux l'attribuent à ça. Si ç'a eu un impact sur la
hausse des expéditions, si ç'a eu un impact sur l'emploi, a
contrario, le fait de la rajouter doit avoir un impact, mais dans le sens
inverse, dans le sens de détériorer l'emploi. Parce que c'est
quoi le taux d'expédition extérieure, en fait d'exportation de
nos entreprises dans les secteurs mous? Est-ce que c'est 30 %? Je ne l'ai pas
actuellement, le chiffre. Il reste que... Pardon? Peut-être un peu plus.
Mais il reste qu'une grande partie de leur marché est intérieure.
Et, à ce moment-là, on va frapper de plein fouet les
consommateurs qui, en période de récession, comme celle dans
laquelle on est en train de s'engager, évitent d'investir dans des biens
durables et souvent ce sont des achats qu'ils vont remettre à plus tard.
Alors il y aura un effet assuré du fait qu'on ajoute actuellement la
taxe, plus la TPS, bon bien c'est quoi? C'est 15 %. Donc ç'a aura
sûrement un impact sur ces secteurs-là. Alors je veux savoir si
vous avez évalué cet impact-là, particulièrement en
matière d'emploi? Parce qu'on ne peut pas dire d'un côté:
Vous savez, nos mesures sont absolument passionnantes et on va augmenter
l'emploi. Et, de l'autre côté, dire en même temps qu'en
baissant la taxe on avait permis de l'augmenter. Voyons, il y a quelque chose
qui ne va pas. Il y a un problème de cohérence quelque part.
Alors je veux avoir des réponses à mes trois questions.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je note que Mme la députée de Taillon
a pris plaisir à mentionner que j'étais responsable de la taxe
sur les vêtements, sur les chaussures...
Mme Marois: Je n'ai pas pris plaisir, j'ai voulu loger les
responsabilités. C'est différent, M. le Président.
M. Levesque: d'accord. cependant, la démonstration a
été plutôt courte parce qu'on aurait, il me semble, pu me
donner la paternité également d'autre chose, comme par exemple
les remboursements accordés à tous les gens moins nantis qui
n'auront pas à subir la taxe ni sur les chaussures ni sur les
vêtements ni... c'est l'autre partie, ça. alors, ce sont les gens
bien nantis, les mieux nantis évidemment qui auront à souffrir,
s'il y a souffrance, d'une augmentation de taxe parce que tes autres, ceux qui
sont à 40 % et moins, n'auront pas à "souffrir de cela parce
qu'ils vont être amplement compensés pour leurs achats. ça,
il faudrait me donner une paternité là-dessus.
Quant à faire des paternités, il faudrait aussi, quant
à cela, me donner quelques paternités qu'on a oubliées.
Dès que nous sommes arrivés au pouvoir en 1985, nous avons
enlevé la surtaxe sur les carburants, toutes les populations des
régions périphériques. Donnez-moi cette paternité
s'il vous plaît.
Quand on diminue l'impôt de 1 400 000 000 $, il faudrait aussi me
donner la paternité de ça. Lorsqu'on prend le fardeau fiscal des
Québécois de 10, 5 % et on le baisse à 3, 5 %, les
industries de 9, 6 %à0 %...
Mme Marois: M. le Président, question de. Un point
d'ordre.
M. Levesque: Non, non, laissez-moi continuer. Je sais, parce
qu'on n'a pas voulu me laisser...
Mme Marois: Je n'ai pas de réponse à mes questions,
M. le Président. Je veux bien en convenir.
M. Levesque: Non, non mais...
Le Président (M. Farrah): Non, non, regardez, Mme la
députée de...
Mme Marois: Mais je veux qu'on réponde à mes
questions...
M. Levesque: J'ai 10 minutes pour répondre...
Le Président (M. Farrah): Mme la députée de
Taillon, je m'excuse. Oui.
Mme Marois:... il pourra compléter aussi.
M. Levesque: J'ai 10 minutes pour répondre à ma
façon.
Mme Marois: Ah bon!
Le Président (M. Farrah): Oui, exactement. Je n'ai pas
à commenter la pertinence des propos...
M. Levesque: Chacun a sa façon Alors... Vous avez la
vôtre et j'ai la mienne très bien. C'est pour ça que je
vous dis bien gentiment, si je prends, d'une part, la paternité de
certaines mesures, je veux absolument que vous m'accordiez la paternité
des autres. Je n'ai pas, par exemple, à vouloir faire toute la liste de
ces bonnes choses, non, non. Mais au moins, je pense qu'il y a la part des
choses à faire.
Maintenant, on me parle, par la suite, des entreprises. Qu'est-ce qu'il
arrive des 13,5 % au niveau manufacturier, la taxe fédérale?
Comment est-ce que ça influence? Qu'est-ce que ça va faire,
ça, la disparition des 13,5 %? C'est une taxe fédérale, il
faut bien comprendre ça, mais ce n'est pas nous autres, ce n'est pas
notre taxe. La TPS, c'est une taxe fédérale. Alors, le
gouvernement fédéral a produit des tonnes de documents à
ce sujet-là. La taxe sur la masse salariale, c'est une
spécialité du gouvernement qui nous a
précédés. Vous savez, cette taxe-là a
été mise, par ce gouvernement-là en remplacement d'un
impôt sur le revenu des entreprises, baissant le niveau, d'une part, de
l'impôt sur les corporations, mais apportant un fardeau beaucoup plus
considérable sur la masse salariale, dans le financement des soins de
santé et la taxe sur le capital. Alors il ne faudrait pas que madame se
surprenne que nous ayons continué dans le sens : de maintenir... Ce
n'était pas si mauvais. Nous avons maintenu la structure. Maintenant,
pour-| quoi cette augmentation de 287 000 000 $? C'est i simplement parce que
nous croyons que c'était aux entreprises de payer cela. Parce que les
entreprises vont bénéficier, comme vous l'avez mentionné
tout à l'heure, de la disparition au niveau fédéral des
13,5 %, mais de notre côté, de la détaxe des intrants.
Ça, ça va être plus que les 297 000 000 $. Il faut bien
comprendre. Mais ça serait injuste de dire que ça va profiter aux
entreprises comme telles parce que, d'après les économistes, tout
cela s'en va directement chez le consommateur. Le jeu de la concurrence fait
que ce que gagnent les corporations, c'est finalement le consommateur qui va le
gagner et où l'entreprise réellement profite elle-même de
cela c'est pour les produits exportés, pour les produits qui vont
à l'extérieur du Québec, là ce n'est pas vers le
consommateur québécois que va le bénéfice mais le
bénéfice va dans la compétitivité des produits
québécois sur les marchés extérieurs au
Québec. Pour avoir des chiffres précis il va falloir attendre. On
ne peut pas vous dire des chiffres précis comme on aimerait les avoir.
Quelle est la proportion des 13,5 % qui vont s'en aller directement au
consommateur? Prenons une automobile, je connais un peu mieux le domaine...
Une voix: Est-ce que...
M. Levesque: Est-ce que je peux terminer simplement en disant.
Quelle est cette partie des 13,5 % sur une automobile, par exemple, qui va
aller directement chez le consommateur? Ça, on va le savoir assez
prochainement. Mais j'ai l'impression qu'avec la concurrence très forte
qui existe présentement sur les marchés le consommateur va
bénéficier à un très haut degré de toutes
les économies qui pourront être faites soit par l'abolition de la
taxe fédérale de 13,5 %, soit par la détaxe des intrants
au niveau provincial mais ça en 1992. Mais en 1991 la détaxe des
intrants est faite par le gouvernement fédéral, mais en 1992 les
deux gouvernements procéderont à la détaxe des
intrants.
Le Président (M. Farrah): Merci, M. le ministre. Mme la
députée, il vous reste 1 minute 45. Si vous voulez en
disposer.
Mme Marois: C'est super, je ne le savais pas.
M. Levesque: Moi, ça m'en donne dix.
Mme Marois: Merci, est-ce que la minute qui me restait aussi de
la fois précédente?
Le Président (M. Farrah): Non, non, parce qu'il y a
alternance, mais il vous reste...Vous avez parlé pendant 8 minutes 15.
Alors, il vous reste 1 minute 45.
Mme Marois: D'accord, parfait. Merci, M. le Président.
M. Levesque: Mais, un autre règlement...
Mme Marois: Ne perdons pas les minutes précieuses qu'il me
reste. La question que j'ai posée, M. le Président...
M. Levesque:...
Mme Marois: Non, il me restait une minute à mon
intervention de 20 minutes.
Le Président (M. Farrah): 1 minute 45 à vous.
Une voix: ...tout ça...
Mme Marois: c'est parce qu'il n'a pas répondu à ma
question, m. le président. là où il n'a pas répondu
à ma question, c'est l'impact sur les entreprises. je considère
que ça n'a aucune espèce de sens qu'un ministre des finances
n'ait pas fait quelques simulations quant à l'impact sur les entreprises
surtout quand il donne des entrevues et qu'il dit: ça aura de l'effet
sur la création d'emplois. bon! alors, ii y a des modèles pour
faire des simulations, on baisse à une place, on monte à l'autre,
on évalue en étant optimistes, en étant pessimistes. je
n'ai pas besoin de donner de cours de finance au ministre des
Finances, j'imagine qu'il sait ça, hein? Des probabilités,
bon, etc. Ça s'établit, il existe des modèles. Alors,
à ça il n'a pas répondu. Il n'a pas répondu non
plus à la question d'autonomie. En quoi là, nous, on va taxer des
produits différemment ou des produits différents de ceux, ou des
services différents de ceux du fédéral puisqu'on est
restés autonomes. Alors, moi, j'aimerais le savoir s'il y en a et ce
sont lesquels? Ce sont des questions auxquelles le ministre n'a pas
répondu. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Farrah): Merci, Mme la
députée de Taillon. M. le ministre en réplique.
M. Levesque: Je pense que Mme la députée de
Taillon...
Mme Marois: Je suis partie à peine quelques minutes, mais
j'ai été ici presque tout lavant-midi.
M. Levesque: Oui. Je ne sais pas si vous étiez ici lorsque
j'ai donné l'impact économique à long terme sur
l'industrie du meuble?
Mme Marois: Oui
M. Levesque: Là, vous avez un exemple de ce que nous avons
fait comme étude sur le meuble et c'était positif. D'ailleurs,
j'ai ici les chiffres que je n'avais pas donnés ce matin:
L'écoulement de la production québécoise. Les exportations
internationales.
Mme Marois: Est-ce un document qu'on pourrait obtenir parce que
vous avez d'ailleurs pris cet engagement en Chambre si je me souviens bien la
semaine dernière?
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection. Ce sont des
prévisions du ministère et je n'ai pas d'objection à vous
les donner.
Mme Marois: C'est un document que j'aimerais avoir si
c'était possible.
Le Président (M. Farrah): Vous en faites le
dépôt, M. le ministre?
M. Levesque: Attendez, elle est pas mal barbouillée la
mienne là, je vais vous en donner une autre plus propre.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Farrah): alors, le document sera
déposé ultérieurement. (16 h 30)
M. Levesque: exportation internationale, la production
québécoise, 131 000 000 $ soit 6,3 % de la production.
exportation au reste du canada, 583 000 000 $, soit 29,1 %. c'est donc dire
qu'il y a à peu près 35 % de la production qui sont
exportés hors du Québec. Du côté du marché
domestique pour les ménages 866 000 000 $, soit 41,7 %, les entreprises
470 000 000 $, pour 22,6 % et les gouvernements 26 000 000 $, pour 1,3 %, ce
qui fait les 100 % de la production. Je tiens à vous rappeler que ce que
j'ai donné ce matin comme exposé, en résumé, c'est
que la réforme réduira les coûts de production et
accroîtra la compétitivité de l'industrie du meuble. La
détaxe des biens d'investissements incitera les entreprises à
investir et la seule partie où il y aurait une petite augmentation sera
justement, pour les ménages, la partie des 41 % de la production, et
là, vous avez les remboursements qui sont faits aux ménages les
moins bien nantis.
Cependant, si on veut avoir d'autres chiffres pour le total, on croit
que la hausse du PIB, l'ensemble des secteurs, l'ensemble de la production de
biens et services reliés, ce serait de 0,5 % et la hausse de l'emploi de
0,3 %. Les entreprises devraient donc être en meilleure posture au
Québec, à un point tel que, si les autres provinces ne suivent
pas le Québec, ça va être plus que ça. Ça,
c'est si tout le monde y allait. Mais si le Québec demeurait un certain
temps seul avec cette mesure-là, je vous assure qu'il y aurait des
déplacements d'investissements parce que...
Une voix:...
M. Levesque: Non, non, mais pas seul à votre
manière, vous là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Farrah): On n'est pas à la
remorque de l'Ontario.
M. Levesque: On n'est pas à la remorque de l'Ontario,
comme...
Le Président (M. Lemieux): M le député de
Prévost, c'est à vous. Avez-vous terminé, M le ministre?
M. le député de Prévost.
M. Forget: Oui. Merci, M. le Président M le ministre,
disons qu on a parlé de beaucoup de choses, mais on n'a pas parlé
de la classe agricole et j'aimerais avoir certaines informations. Par exemple,
je vais vous poser une couple de petites questions. Je ne sais pas si vous
allez me répondre immédiatement ou après. En tout cas, je
vais poser toutes mes questions.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez prendre tout votre
temps, M. le député de Prévost, pour poser vos
questions.
Une voix: Vous avez tout votre temps, pendant dix minutes
M. Forget: Pardon?
M. Levesque: Le député de Labelle a une ferme lui
aussi.
M. Farrah: Oui, il est membre de l'UPA. M. Léonard:
On vous écoute.
M. Forget: Bon, bon. Parfait. On a des choses en commun tous les
deux.
M. Levesque: Ah bon!
M. Forget: Alors, ma première question concerne les
équipements de ferme.
Une voix: Des vieilles connaissances.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
Allez-y.
M. Forget: O.K. Deuxièmement, concernant la machinerie
agricole. Également le commerce du bétail. On a parlé du
boeuf, mais on n'a pas parlé du commerce de bétail, des vaches
laitières, des porcs, etc. Est-ce que ça va être taxable?
Je ne le sais pas. Je me pose la question. D'ailleurs, les producteurs se la
posent aussi. Vous savez également qu'on a quand même beaucoup de
commerces à l'extérieur au niveau du bétail. Est-ce qu'il
va y avoir une taxe là-dessus? Je pose la question.
Aussi, concernant les équipements d'érabliè-res,
vous savez que nos entreprises, nos petites PME fabriquent présentement
beaucoup d'équipements pour le Nouveau-Brunswick. C'est que le
gouvernement du Nouveau-Brunswick a développé la production de
l'érable. Alors il subventionne à 50 % tous les
équipements et tous les gens là-bas. Les producteurs agricoles
viennent acheter les équipements, à 90 %, au Québec. Alors
si vous voulez avoir des équipements présentement, au niveau de
l'érablière, on est mieux de faire vite parce qu'il n'y a plus de
place. Est-ce que ces entreprises vont continuer d'être
favorisées, de ne pas être taxées ou si ça va
être taxable après 1991? C'est ça que je voudrais savoir.
Je vous pose la question, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez parlé aussi,
M. le député de Prévost, je ne sais pas si M. le ministre
a compris tout à l'heure, de tout ce qui concerne je pense, les
produits, directs ou indirects d'agriculture; vous avez parlé aussi de
peut-être...
Une voix: La machinerie.
Le Président (M. Lemieux): ...au niveau de la
mécanique comme telle.
M. Forget: Oui, de la machinerie.
Le Président (M. Lemieux): Oui, les machineries,
l'ingénierie, les équipements.
M. Forget: Un autre petit point que je n'ai pas touché
aussi, M. le Président, si vous me le permettez, c'est la construction
des bâtisses agricoles. Est-ce que les matériaux de construction
vont continuer à être taxés comme ils le sont actuellement
ou s'il va y avoir une application différente; surtout nos producteurs
en serre également qui sont drôlement pénalisés.
J'aimerais avoir une réponse là-dessus, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Prévost. M. le ministre des Finances.
Une voix: C'est très pertinent.
M. Levesque: Disons que, en général, l'entreprise
agricole est considérée justement comme une corporation, est
considérée comme une entreprise et bénéficie de
toute la détaxation qui va avec l'entreprise. J'ai quelques personnes,
ici, qui pourraient peut-être aller dans le détail technique pour
répondre d'une façon... Je veux être sûr que les
réponses ne soient pas trop générales mais soient le plus
précises possible. Peut-être qu'on demanderait à M...
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur le temps de parole
du ministre, voulez-vous, s'il vous plaît, bien vouloir vous identifier
pour fins de l'enregistrement du Journal des débats. Vous pourrez
passer à la postérité.
M. Leblanc (Marcel): Marcel Leblanc du ministère des
Finances. Dans le fond, essentiellement, le principe général,
c'est une entreprise, un agriculteur. Alors, tous les achats qu'il va faire
pour les fins de son entreprise vont être détaxés ou
exemptés. Vous avez demandé, par exemple, la machinerie agricole.
Il achète une moissonneuse-batteuse. Ce n'est sûrement pas pour
faire tondre sa pelouse. Donc, ça va être exempté
immédiatement à l'achat.
Actuellement, par exemple, un agriculteur achète un marteau. Il
s'en va chez Canadian Tire, il paie la taxe sur le marteau. À partir de
1992, comme les intrants sont détaxés, c'est pour les fins de son
entreprise, il va être remboursé pour la taxe qu'il a payée
sur le marteau.
Vous avez parlé de la tubulure d'une érablière, par
exemple, quand un agriculteur investit pour la tubulure d'une
érablière. Il y a actuellement une taxe de vente qui est
perçue là-dessus. Elle va être aussi perçue, et il
va être remboursé pour la taxe de vente qui a été
perçue. Donc, il est en meilleure situation.
Le commerce du bétail, c'est exempté. Les biens qui sont
exportés. Vous posez la question, qu'est-ce qui se passe dans les biens
exportés? Alors, si c'est un bien qui est vendu à
l'extérieur du Québec, au Nouveau-Brunswick, en
Ontario, ça a le même traitement que les autres biens qui
sont exportés. Il n'y a pas de taxe.
Donc, essentiellement, pour les agriculteurs comme pour les
entreprises... Je pourrais continuer. Les investissements qu'un agriculteur va
faire, par exemple, il va construire son garage pour ses fins agricoles.
Actuellement, il achète des matériaux de construction
là-dedans. Alors, les matériaux de construction, actuellement, il
y avait des taxes de vente là-dessus. Dorénavant, il va pouvoir
être remboursé.
M. Forget: C'est un gain à ce moment-là.
M. Leblanc: C'est un autre gain.
De la même façon que pour toutes les entreprises, les
agriculteurs vont être dans une meilleure posture face à cette
nouvelle taxe de vente parce que toutes les taxes de vente qu'ils supportaient
actuellement dans l'exercice de leur entreprise vont dorénavant
être totalement soit exemptées, soit remboursées.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost.
M- Forget: ...j'aurais une autre petite question. Est-ce que vous
me permettez? J'aurais une autre petite question.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Forget: Par exemple, un agriculteur s'achète un camion.
O.K. Avant ça, on payait la taxe. Est-ce que, dans la nouvelle
réforme, on ne paiera plus la taxe? Qu'est-ce qu'il va se passer?
Le Président (M. Lemieux): Non. Allez-y, monsieur. Pour
les fins de son commerce, j'imagine que non.
M. Leblanc: La même chose. Lorsqu'il achète un
camion, effectivement, comme une entreprise, actuellement, la taxe de vente est
prélevée. À partir de 1992, il va être
remboursé de la taxe de vente qu'il a payée pour son camion, ce
sont des montants encore assez appréciables.
M. Forget: Alors, c'est un plus. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous va,
M. le député de Prévost? Avez-vous d'autres commentaires,
M. le ministre? Il vous reste du temps de parole. Est-ce que vous avez d'autres
commentaires? Ça va.
M. Levesque: Je pense que la réponse est...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, oui, la parole est à vous.
M. Beaulne: Oui. Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, notre collègue des Îles-de-la-Madeleine a fait allusion
à la nécessité de maintenir ce débat sur une base
factuelle et d'éviter, dans la mesure du possible, la
désinformation. Bien, j'aimerais justement situer mes commentaires sous
ce chapitre-là.
D'abord, quand on parle de la TPS québécoise, qu'elle
origine du Québec, qu'elle origine du fédéral, on parle
essentiellement d'une taxe régressive. Il faut qu'on s'entende sur les
termes là-dessus. C'est d'ailleurs le premier ministre qui l'a reconnu
et il l'a admis par une déclaration et une réponse en Chambre le
15 mars au chef de l'Opposition.
Donc, la question qui se pose ici c'est: Comment prémunir ou
alléger le fardeau des citoyens qui sont les plus vulnérables de
notre société? On s'entend là-dessus.
Au niveau de l'indemnisation ou du remboursement des gens qui seraient
bénéficiaires d'un remboursement d'impôt ou ceux qui
pourraient bénéficier d'un crédit d'impôt,
j'aimerais que vous nous expliquiez la mécanique et, plus
particulièrement, à quel moment les personnes âgées,
par exemple, ou les bénéficiaires qui sont sous le seuil de la
pauvreté, recevront ces remboursements. Si ces remboursements ne vont
parvenir que dans le contexte d'un rapport d'impôt en 1992, pour la
période de 1991, c'est un peu pénaliser ceux qui auraient droit
à ces remboursements.
Vous conviendrez avec moi que lorsqu'on institue des remboursements de
ce genre-là, c'est pour venir en aide à des gens qui font face
à des sérieux problèmes de liquidité ou ce qu'on
appelle en anglais de "cash flow". Des gens qui arrivent à la fin du
mois et qui ne disposent pas de liquidités pour acheter les biens
essentiels, même si vous leur dites que vous allez leur rembourser la
taxe dans trois mois, dans six mois, ou lorsqu'ils vont remplir leur rapport
d'impôt dans un an, ça ne les aide pas tellement au niveau de
boucler le budget à la fin du mois. Là est ma première
question.
Deuxième aspect concernant cette tentative et ce maintien factuel
du débat. On a fait allusion, à maintes reprises ici, là,
depuis plusieurs heures que dure notre discussion, au fait que cette TPS
québécoise faciliterait l'écoulement de la production des
entreprises québécoises, et en particulier au niveau de
l'exportation. Je m'excuse, mais je pense que la TPS québécoise
n'a strictement rien à voir avec l'aspect de favoriser ou de
défavoriser les exportations québécoises, pour la simple
raison qu'au niveau fédéral on pouvait faire l'argument qu'en
éliminant la taxe du manufacturier de 13,5 %, effectivement, on ajoute
un élément un peu plus compétitif à nos industries
sur le plan de l'exportation.
Mais la taxe, la TPS provinciale n'enlève rien de tout ça
Au fond, tout ce qu'elle fait,
c'est de réduire de façon uniforme le taux de taxation.
Elle n'élimine absolument pas une taxe, style taxe des manufacturiers
qui existait au préalable. Et à ce chapitre, j'aimerais rappeler
au ministre des Finances et à ses adjoints aussi, que lorsqu'on parle de
compétitivité sur le plan international et au niveau des
exportations en particulier, dans le contexte actuel, particulièrement,
ce n'est pas la question de la TPS québécoise, qui n'a rien
à voir là-dedans, il y a une question de productivité, qui
est rattachée au niveau très faible de recherche et de
développement qui se fait au Canada et au Québec en particulier,
qui est rattachée, également, au fait que les frais financiers de
nos entreprises sont beaucoup plus élevés au Québec et au
Canada qu'ils ne le sont aux États-Unis en raison, entre autres, du
niveau élevé des taux d'intérêt et de la politique
monétaire de la Banque du Canada.
Et, troisièmement, que cet élément de
compétitivité, à l'heure actuelle, est essentiellement
lié aux fluctuations du dollar canadien par rapport au dollar
américain. Je pense que la baisse des surplus commerciaux du Canada, les
problèmes auxquels font face nombre d'industries, à l'heure
actuelle, au Canada, sont attribuables, en grande partie, à la politique
monétaire de la Banque du Canada et au niveau très
élevé du dollar canadien par rapport au dollar américain.
Donc, je pense que, si on veut avoir un débat factuel sur la question,
ne venons pas essayer de défendre la TPS dans le sens où
ça va favoriser nos exportations. Moi personnellement, je trouve que
ça n'a rien à voir là-dedans.
Troisièmement, il y a une dimension qui a été
très peu abordée ici, c'est l'impact de cette TPS
québécoise sur les industries culturelles. Les éditeurs
québécois ont eu l'occasion de faire valoir leur point de vue sur
cette question en répétant à maintes et maintes reprises
qu'une TPS, non seulement fédérale, mais
québécoise, de surcroît, aurait un effet désastreux
sur l'industrie du livre français au Québec et sur les industries
culturelles, particulièrement françaises au Québec. M. le
ministre, dans votre rapport, vous faites allusion au fait que les commissions
scolaires, que les municipalités peuvent se voir rembourser une partie
de la TPS de façon à minimiser l'impact sur les corps publics.
Est-ce que vous envisagez la possibilité pour les industries
culturelles, et particulièrement, l'industrie du livre francophone, la
possibilité d'obtenir un allégement quelconque compte tenu de la
nature très particulière de ce secteur et de son importance au
chapitre de tout le caractère distinct de notre société,
essentiellement, le caractère francophone? (16 h 45)
Et finalement, j'aimerais conclure en disant que ce que je retire de
cette discussion, jusqu'ici, c'est que, au fond, le gouvernement du
Québec a été placé devant un fait accompli qui est
l'imposition par le gouvernement fédéral d'une TPS. Le
gouvernement du Québec doit s'harmoniser d'une façon ou de
l'autre à cette taxe, j'en conviens. Mais je trouve assez surprenant
que, depuis le début des séances de cette commission sur ce
sujet, on a l'impression que le ministre des Finances, non seulement se fait le
défenseur du besoin d'harmonisation de la taxe de vente provinciale
à la taxe fédérale - ce qui est un objectif dont nous
convenons tous - mais, tout à coup, commence à se faire le
défenseur de la TPS comme type de taxe alors que le premier ministre du
Québec de même que tous les autres premiers ministres, chaque fois
qu'ils en ont eu l'occasion au cours des conférences des premiers
ministres, se sont objectés à l'introduction de ce genre de taxe.
Je trouve que le ministre des Finances fait un peu volte-face par rapport aux
positions qu'ont défendues jusqu'ici le gouvernement du Québec
ainsi que la plupart de tous les intervenants qui se sont prononcés sur
cette question, sur le fond même de l'introduction d'une TPS. Et
finalement, vous me permettrez de dire, M. le ministre - je conviens que, en
quelque sorte, vous êtes obligé de vous harmoniser avec le
gouvernement fédéral - que la conjoncture n'est pas la plus
propice. D'abord, elle est loin d'être propice pour l'introduction d'une
TPS fédérale, mais elle l'est encore moins pour l'introduction
d'une TPS provinciale. À ce niveau-là, je conviens que vous avez
un peu les mains liées, mais il demeure qu'on aurait pu au moins pallier
certaines lacunes de la TPS fédérale, au Québec, en
introduisant des éléments modulateurs comme l'avait
proposé le chef de l'Opposition.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre des
Finances.
M. Levesque: Alors, M. le Président, si vous voulez, on va
commencer par la première question - et je reviendrai par la suite -
posée par le député de Bertrand. Peut-être que le
sous-ministre...
M. Séguin (Claude): Oui.
M. Levesque: Le côté technique de cette
question-là, le sous-ministre, M. Claude Séguin, pourrait y
répondre.
Le Président (M. Lemieux): M. Claude Séguin, s'il
vous plaît, voulez-vous vous identifier?
M. Séguin (Claude): Claude Séguin, sous-ministre
des Finances. La réforme prévoit l'instauration d'un
crédit d'impôt à la taxe de vente de 90 $ par adulte et
d'un montant différent pour les autres personnes du ménage, qui,
comme vous dites, s'applique à partir de l'année d'imposition
1991 et, pour la majorité des contribuables, disons, va être
versable au moment
du rapport d'impôt dans les mois qui vont suivre la fin de
l'année. pour éviter aux personnes qui sont effectivement
à très faible revenu d'avoir, comme vous dites, à attendre
aussi longtemps après la hausse des prix consécutive à la
réforme... premièrement, pour tous les
bénéficiaires d'aide sociale, dès le 1er janvier 1991,
leur prestation va être modifiée par rapport à ce qui avait
été annoncé jusqu'à maintenant pour que
l'équivalent du crédit d'impôt leur soit versé
à chacun des mois sur leur prestation d'aide sociale, automatiquement.
donc, ils vont avoir, au fur et à mesure que l'impact sur les prix va se
produire, l'argent nécessaire pour faire face à cette
éventualité-là. d'autant plus que, selon les analyses que
l'on possède, le montant qui va leur être versé est
à peu près le double de l'impact qu'ils vont avoir a supporter
par la hausse des prix. deuxièmement, les ménages qui sont
bénéficiaires du programme apport, donc les gens qui sont sur le
marché du travail mais à revenus faibles, soit jusqu'à 25
000 $, de la même façon, l'équivalent du crédit
d'impôt remboursable va être ajouté à leur prestation
du programme apport tout au cours de l'année, à chacun des mois.
donc, eux aussi, au fur et à mesure que l'augmentation des prix va se
matérialiser, vont avoir la compensation au même moment. il n'y
aura pas de différence de versement. ça, ça fait 350 000
ménages qui vont être traités de cette
façon-là. pour les personnes âgées à faibles
revenus à qui on n'envoie pas de prestation d'aide sociale ni de
prestation du programme apport, à ce moment-là, on va ajouter au
rapport d'impôt pour l'année 1990, qui va être rempli au
printemps 1991, une disposition spéciale qui va faire qu'elles vont
avoir leur versement de crédit d'impôt dès le printemps
1991 plutôt que d'attendre leur rapport d'impôt en 1992. donc,
essentiellement, pour ces clientèles-là, il va y avoir une assez
bonne synchronisation entre l'effet de la réforme de la taxation et le
versement des crédits d'impôt.
M. Levesque: Ça répond à votre question?
Une voix: Très bonne réponse.
M. Levesque: Merci. Maintenant, pour les autres sujets
abordés par le député de Bertrand. Le député
de Bertrand se demande: Qu'est-ce que ça va donner pour les
exportations? Si je comprends bien sa démonstration, dans le cas du
fédéral, il y a une taxe cachée de 13,5 % et dans notre
cas, il n'y en a pas. C'est juste, sauf qu'il semble ne pas avoir tenu compte
de la détaxe des intrants tout le long du processus de production.
Présentement, ce qui entre dans la production est taxé par nous;
notre taxe de 9 % s'applique avant que le produit final n'arrive au
consommateur. Alors, c'est la détaxe des intrants, dans la production,
qui va favoriser l'exportation. D'ailleurs, ça a été bien
compris.
Même dans le programme du Parti québécois on dit
ceci: "II faudra instaurer un mode de taxe de vente qui favorise les
producteurs nationaux et les exportations, contrairement au système
établi par le gouvernement fédéral." C'est cette
détaxation des intrants qui fait... Pardon?
Une voix: Qui est aussi présente dans notre
régime.
M. Levesque: Oui, sûrement, qui est présente dans
notre régime, c'est ça que je mentionnais tout à l'heure.
Nous ne pouvons pas faire exactement comme le gouvernement
fédéral, il faut bien comprendre ça. C'est pour ça
que, tant qu'il n'y aura pas d'amendement constitutionnel, on ne peut...
M. Léonard: La société distincte, elle a
l'air loin, pas mal.
M. Levesque: Mais ça a le même effet.
C'est-à-dire qu'avec le système fédéral, vous taxez
et vous vous faites rembourser. Vous payez la taxe quand le produit arrive chez
vous. Quand il arrive à être vendu, à l'étape
suivante, vous soustrayez la taxe que vous avez payée. C'est pour
ça qu'on parle d'une valeur ajoutée tout le temps.
Une voix: C'est "multistade".
M. Levesque: c'est "multistade". dans notre cas, on est
obligé d'arrêter lorsque la constitution ne nous permet pas de
taxer pour revente dans ce cas-là, on ne taxe pas du tout. il n'y a pas
de remboursement non plus, mais c'est le même effet, exactement le
même effet. ce serait plus simple si on avait pu faire exactement la
même chose que le fédéral, mais la constitution ne nous le
permet pas. j'imagine que, éventuellement, une fois que l'affaire sera
rodée, peut-être que l'amendement constitutionnel permettra
de...
M. Léonard: Avec l'indépendance, ça va se
régler tout seul.
M. Levesque: Ça dépend, évidemment, du
système de gouvernement que la commission constitutionnelle va nous
indiquer...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Levesque: ...la forme de structure que nous allons
connaître. Disons que, pour le moment, pour y arriver, il fallait faire
ça pour être à l'abri de toute intervention judiciaire
Alors, je crois que, avec la détaxe des intrants, nous arrivons au
même avantage pour nos exportations. Le député de Bertrand
a raison de souligner aussi l'importance des effets d'une hausse des taux
d'intérêt et de la valeur du
dollar canadien, etc. Tout ça, ce sont des facteurs qui entrent
en ligne de compte. Mais il s'attache à quelque chose de conjoncturel,
à ce moment-là. Tandis que ce que nous faisons ici, c'est
très structurel, c'est structurant, si vous voulez, c'est pour
longtemps. Donc, on ne peut pas simplement faire ces choses-là et dire
qu'elles ont un effet plus ou moins fort, selon la conjoncture. Mais je crois
que, fondamentalement, comme vous l'avez vous-mêmes reconnu, sur une
période de temps, on devrait avoir des bénéfices
très visibles pour nos exportations.
M. Beaulne: Les industries culturelles?
M. Levesque: Dans le domaine culturel. Justement, j'ai
reçu des questions, après notre séance de ce matin. On me
posait justement la question pour savoir ce qui se passe là-dedans.
D'abord, il faut bien comprendre que ce qui nous préoccupait et ce que
nous avons négocié pendant ces mois-là, c'étaient
justement les choses essentielles qui touchaient l'administration des deux
taxes, un guichet unique, une administration unique. Nous avons
également négocié la simplification de tout le
système, la coexistence des deux régimes. Nous avons aussi
négocié tous les effets négatifs que comportait la TPS
telle que proposée au début. On nous a demandé: Mais vous
auriez peut-être pu en même temps changer les assiettes ou
négocier les assiettes? Je crois que nous avions un programme assez
chargé, merci, et rien n'exclut que nous ne puissions le faire en cours
de route. Et je n'exclus pas non plus qu'on puisse le faire
unilatéralement, mais pas pour le moment. Nous pensons que la
simplification était essentielle si on voulait nous assurer du bon
fonctionnement de la mesure dès ses débuts. Mais il est
important, je crois, pour répondre au député de Bertrand,
de ne pas nous attacher uniquement à cet aspect-là, mais de
prendre l'ensemble, encore une fois, la taxe de vente du Québec et de
l'industrie de l'imprimerie et de l'édition. Parce que c'est ça
dont il s'agit.
Alors la réforme des taxes à la consommation ne remet pas
en question l'industrie de l'imprimerie et de l'édition en
étendant la taxe de vente aux livres et journaux achetés par les
ménages au 1er janvier 1991. En effet, les achats de livres et journaux
par les ménages représentent environ 17 % de tous les produits de
l'industrie de l'imprimerie et de l'édition. Là encore il faut
voir la relativité des choses. C'est donc dire que plus de 80 %, 83 %
même, de la production de cette industrie ne devraient pas être
affectés négativement par la réforme. 59 % des ventes de
ce secteur sont destinés aux entreprises qui, dès 1992, seront
remboursées sur toute taxe sur leurs intrants. En imprimerie il s'en
fait beaucoup pour les entreprises, comme vous pouvez l'imaginer et
l'édition également. Donc, 59 % des ventes du secteur sont
destinés aux entreprises qui vont être remboursées.
deuxièmement, 21 % sont destinés au marché d'exportation
et ne seront donc pas touchés par la taxe. au contraire, la
détaxe des intrants courants permettra de réduire les coûts
de production de cette industrie, ce qui devrait la rendre plus
concurrentielle. de plus...
Le Président (M. Lemieux): En conclusion, M. le
ministre.
M. Levesque: Oh!
Le Président (M. Lemieux): Une minute.
M. Levesque: Me donnez-vous deux minutes parce que j'en ai
à peu près pour deux minutes?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement.
M. Léonard: Consentement, là, je ne veux pas
être méchant.
M. Levesque: De plus sur le marché
québécois, la taxe de vente n'affectera pas négativement
la position relative de l'industrie québécoise puisqu'elle
s'appliquera aux produits consommés par les ménages, qu'ils
soient de fabrication québécoise ou importés, il ne faut
pas oublier ça non plus. On pensait au livre québécois. Il
va être désavantagé par rapport au livre français.
Non. Parce que les deux vont subir le même sort à cet
égard. Et les livres américains aussi. Puis tout ce que vous
voyez quand vous entrez dans les tabagies. Il y en a de toutes les sortes
venant de partout. Je ne pense pas que c'est ça que vous aviez à
l'esprit pour protéger le côté culturel. Enfin, certaines
publications spécialisées dans... Il est vrai cependant que le
sous-secteur des livres, journaux, revues et périodiques qui s'adresse
le plus aux ménages verra le prix de ses produits augmenter. Toutefois,
il faut se rappeler qu'une part très importante du marché des
maisons d'édition de livres, est accaparée par celles qui
oeuvrent dans le secteur du manuel scolaire. Je l'ai mentionné tout
à l'heure. Ces maisons réalisent plus de 67 % des revenus de
l'ensemble des maisons d'édition. Il s'agit d'un élément
additionnel qui contribuera à minimiser tout impact potentiel sur ce
secteur industriel. Vous savez qu'on a fait une négociation intense avec
le gouvernement fédéral justement sur ce point-là des
achats faits par les commissions scolaires. (17 heures)
D'autre part, il ne faut pas négliger le fait que la
réforme proposée permettra d'atteindre un certain nombre
d'objectifs qui sont, à plusieurs points de vue, désirables. Par
exemple: une assiette élargie à la majeure partie des biens et
services de consommation y compris les livres,
journaux et imprimés, permettra une réduction du taux qui
profitera à tous les contribuables, simplifiera considérablement
le régime fiscal pour les entreprises responsables de percevoir la taxe,
éliminera les exemptions qui, dans le cas des livres, magazines et
imprimés, comme pour les autres produits, profitent avant tout aux
ménages les plus fortunés. Et, là encore, j'ai des
tableaux qui indiquent que, dans le livre, les ménages gagnant plus de
48 200 $ font 61 % des achats Oui, oui. Ah! Je n'ai pas d'objection, je l'ai
tout lu, sauf le petit tableau. Enfin, le crédit remboursable pour taxe
de vente compensera les ménages à revenus faibles ou moyens pour
le fardeau additionnel qu'ils auraient à subir suite à la
réforme des taxes à la consommation. Et là, j'ai un
tableau, en annexe, qui vous indique.. Pardon?
M. Léonard: Quel tableau? On pourrait le consulter.
M. Levesque: Oui. Je vais juste vous donner le titre toujours.
L'écoulement de la production imprimée, édition 1984.
Ça date de 1984, mais il n'y en a pas de plus récent. C'est dans
les statistiques. D'accord. C'est dans les statistiques, alors on pourra le
mettre à jour si vous voulez. C'est ce que nous avons
présentement.
Le Président (M. Lemieux): . ..immédiatement...
M. Levesque: Marché intérieur, exportations
internationales, exportations du reste du Canada, production. Vous avez tous
les chiffres. On n'a rien à cacher. On vous donne tout le document. On
est heureux de vous le remettre. Ce sont les études qui ont
été faites au ministère.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. M. le député de Mille-Îles.
M. Bélisle: M. le Président, possiblement une
dernière intervention, étant donné qu'on approche l'heure
de fermeture. Je voudrais, possiblement, peut-être, "resouligner" toute
la question de l'harmonisation et de l'autonomie parce qu'on a fait tout un
plat de ça, et il faudrait peut-être comprendre un petit peu ce
qui se passe. La Communauté économique euro-pénne a
toujours mis de l'avant que l'harmonisation de toutes les mesures fiscales dans
le but de créer l'union douanière et l'union économique
tant souhaitées était, M. le Président, peut-être
l'un des objectifs les plus importants en matière économique.
C'est confirmé à l'article 99 du traité de Rome.
Le Président (M. Lemieux): ...1957.
M. Bélisle: II y avait une date limite, c'était le
31 décembre 1992. Nous, au Canada, encore dans la structure actuelle, au
Québec, n'en déplaise aux gens de l'Opposition, il y a une union
douanière et il y a une union économique qui existent dans les
faits. Si c'est une bonne chose, l'Opposition nous donne souvent en exemple la
Communauté économique européenne, si l'objectif de
l'article 99 du traité de Rome, qui est l'harmonisation des mesures
fiscales, des taxes indirectes, des TVA, de chacun des pays qui composent la
Communauté économique européenne, si c'est un objectif
louable et valable pour ces communautés-là, je suppose, M le
Président, que ça doit être tout aussi valable pour le
Québec et le Canada qui ont déjà une union
douanière et une union économique.
Vous savez, M. le Président, on a déjà
commencé, depuis 1967, à éliminer des tas de taxes qui
étaient en cascades parce qu'on a compris... Eux, ils ont compris il y a
23 ans que ce qu'on est en train de faire présentement, c'est une bonne
chose, comme ce qui est inscrit dans le programme du Parti
québécois, dans le but de promouvoir les exportations, etc. C'est
une bonne chose d'avoir une TVA sauf, M. le Président, que je dois
comprendre que le député de Bertrand ne comprend pas la
même chose. Sauf que le texte officiel du programme de son parti dit le
contraire.
Il y a 12 systèmes nationaux de TVA dans les communautés
économiques européennes. Pas un, pas deux. Il y en a 12
différents. Est-ce que quelqu'un d'intelligent, dans cette salle, peut
faire l'argument que, par exemple, le taux - je les ai les taux ici... En
Espagne, il y a trois taux pour la TVA: 6 %, 12 % et 33 %. Au Luxembourg, il y
a trois taux: 3 %, 6 % et 12 %. Est-ce que quelqu'un peut faire l'argument en
disant que, parce ces deux pays-là ont 6 % en commun, comme un de leur
taux, ils sont plus ou moins autonomes. Ce qu'on semble confondre en ce moment,
c'est que... La députée de Taillon était là
tantôt avec nous et nous disait: Écoutez, vous avez le même
taux; vous avez 7 %, vous avez copié sur le taux fédéral.
Par conséquent, étant donné que c'est 7 % au
fédéral, c'est 7 % au provincial. Vous n'exercez pas votre
autonomie. Vous êtes complètement similaire, vous êtes
égal, identique. Il n'y a pas de distinction. Vous n'êtes pas
autonome. Est-ce que cette même personne-là pourrait
prétendre que le Luxembourg, l'Espagne, avec des taux identiques dans
une catégorie, ont perdu leur autonomie en ayant des taux identiques?
Bien non, voyons, ça ne se peut pas! La France, M. le Président,
a cinq taux différents: 5,5 %, 7 %, 18,6 %, 28 % et 33,3 %. Je pense que
c'est un argument qui est un peu facile à faire, et ça ne tient
pas compte de la complexité des choses.
Ce n'est pas parce que, au départ, l'harmonisation fiscale, comme
le disait le ministre des Finances tantôt, commence à la base avec
une assiette qui est la plus commune possible qui impose à la base le
plus grand nombre de biens
possible, règle générale, contrairement aux
exemptions régressives sur les vêtements et les chaussures qui
existaient et qui n'étaient pas taxées sous l'ancien
gouvernement, et ça, c'était très régressif, ce
n'était pas progressif, parce que ça permettait aux riches d'une
société de s'en mettre et de s'en tasser beaucoup plus dans les
poches... J'aime autant qu'on adopte la philosophie suivante: C'est qu'on
arrive et qu'on dise au départ: On met une règle
générale tout le monde sur un pied d'égalité Par la
suite, au bout de quelques mois, un an, deux ans, trois ans, on va voir comment
le système va opérer. On est réaliste et on va se
réajuster si on a besoin des réajustements dans tel ou tel
domaine. Il me semble que c'est d'une logique à toute
épreuve.
Et là, le Parti québécois nous parle, M. le
Président, dans son programme que, eux auraient voulu une taxe de valeur
ajoutée à taux variable. Là, on s'aperçoit
présentement que les négociations de la Communauté
économique européenne c'est qu'ils vont finir avec possiblement
deux taux, mais ce sont des fourchettes de taux. La première fourchette
de taux entre 4 % et 9 %, la fourchette réduite, et l'autre fourchette
de taux entre 14 % et 20 %. Je ne sais pas si le programme du Parti
québécois, lorsqu'il a été écrit,
c'était simplement une copie de ce qu'on avait vu de l'autre
côté de l'Atlantique. Moi, je préfère qu'on adopte
notre façon de voir avec peut-être deux taux à la base qui
sont, on va me dire, exactement semblables mais où ça n'affecte
absolument pas notre autonomie où on pourra corriger à la hausse,
à la baisse, comme on le voudra, par la suite, une fois que le
système sera bien en place.
Ce qu'il faut bien comprendre c'est quand on dit: On perd notre
autonomie. On semble dire: On perd notre souveraineté. Je n'ai pas
l'impression que ni la France, ni l'Allemagne, ni la Belgique, ni le Danemark,
ni l'Irlande, ni les Pays-Bas, ni le Royaume-Uni, ni le Portugual, ni le
Luxembourg vont perdre leur autonomie parce que la France va passer de cinq
taux à deux fourchettes de taux et que le Portugual va passer de quatre
taux ou le Luxembourg de trois taux à deux fourchettes de taux.
L'argument ne tient pas. C'est un argument qui n'a pas de fondement, en aucune
façon. On s'aperçoit que, lorsqu'on n'a pas d'union
douanière et qu'on n'a pas d'union économique, il y a deux
façons de régler le problème d'harmonisation des
politiques fiscales. La première façon, c'est en trouvant
à l'aide d'une négociation serrée un dénominateur
commun moyen, l'autre façon, c'est en laissant les règles du
marché s'établir et en obtenant un dénominateur, le plus
petit dénominateur, mais en laissant les forces du marché
s'opérer.
Moi, je pense que ce qu'on est en train de faire ici, nous au
Québec, c'est qu'à la base on a établi un
dénominateur commun qui était le dénominateur commun de
l'assiette parce qu'en fin de compte presque tous les mêmes biens vont
être à peu près traités de la même
façon, sauf certaines exemptions très minimes, mais on va
regarder le marché aller et en fonction de la spécificité
de notre industrie au québec, de la façon dont nos industriels
vont peut-être pouvoir bénéficier de l'effet ontario,
peut-être qu'il va s'ajouter à compter de ce soir selon les
résultats là, et comment ils vont s'aligner avec tout ça.
l'effet ontario, peut-être que ça sera plus avantageux de taxer
encore moins que 7 % dans certains cas, mais au moins on va laisser les forces
naturelles du marché s'opérer. on va regarder la
réalités des choses et si on s'aperçoit qu'on ne score
plus de points avec cette technique-là ou cette approche-là, on
va la modifier en conséquence.
Moi, je pense que c'est logique. L'approche est logique, l'approche est
réaliste. Ce n'est pas une approche de technocrate en plus de ça.
C'est une approche qui est sensée. Pour la première fois, M. le
Président, dans l'histoire politique canadienne, moi je ne connais pas
de précédent, le gouvernement fédéral cède
le plus petit champ possible, même la perception d'une mini mini mini
taxe à une province. Je ne connais pas ça et je pense que c'est
une drôle de belle victoire pour le Québec. Connaissez-vous un
seul domaine où, en l'espace d'une heure, 550 fonctionnaires
fédéraux vont devenir des fonctionnaires provinciaux? Moi, je
n'ai jamais vu ça. Et je pense, M. le Président, a
l'éditorialiste Albert Juneau, dans le Le Devoir du 1er septembre
1990, qui parle à M. Parizeau et je vous le cite, M. le
Président: "N'en déplaise à M. Parizeau, l'entente
confère au Québec toute l'autorité requise pour
répondre à ses besoins fiscaux. Le chef péquiste
dénonce le fait que l'administration québécoise se
transforme en agent collecteur de la taxe fédérale." Je saute un
peu plus bas. "Malgré ses limites, la TPS fédérale marque
un incontestable progrès dans l'évolution du régime fiscal
canadien." Et là, un peu bas, c'est comme pour lui... ait
préféré que le gouvernement fédéral collecte
la taxe du Québec. Le choix n'est pas compliqué là. Tu
fais la job toi-même ou tu dis à quelqu'un d'autre: Fais-la pour
moi. J'aime autant qu'on la fasse nous autres mêmes.
Si la conception qu'on a, M. le ministre des Finances, est la bonne
conception de l'autonomie, et il en avait une bonne conception aussi, M.
Maurice Duplessis: faire nous autres mêmes ce qu'on pouvait faire par
nous autres mêmes, là, je pense qu'on est rendu à une
étape où on est en train de faire nous autres mêmes ce que
d'autres pourraient faire pour nous. Si ce n'est pas de l'autonomie, je ne sais
pas ce que c'est.
Je veux juste conclure, M. le Président, avec la dernière
phrase de ['editorial de M. Juneau, dans Le Devoir du 1er
septembre 1990. Écoutez bien ce que dit M. Juneau, M. le
Président: "Les technocrates semblent acquis à l'idée,
mais les hommes politiques se font plus hésitants, car certains
craignent que le projet n'en vienne à diluer l'autorité
fédérale en matière fiscale et donc, d'affaiblir le
pouvoir central. On comprend leur méfiance." M. le Président,
selon moi, la preuve est faite, incontestablement, que le Québec a
gagné dans cette bataille, a gagné beaucoup plus que ce qui
paraît présentement, a gagné dans son autonomie.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez terminé. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Levesque: M. le Président, je suis très heureux
que le député de Mille-Îles ait souligné les aspects
positifs, comme il vient de le faire, de la mesure que nous avons mise de
l'avant. C'est le genre de satisfaction que j'aurais espéré voir
de l'autre côté de la table. Vous savez, ces gens-là, c'est
leur droit le plus sacré dans notre belle démocratie, de
désirer une autre structure politique et ce n'est pas la première
année qu'on en parle; en tout cas, à ma connaissance, ça
remonte à 20 ou 25 ans, pour ce parti, alors que, pour d'autres aussi...
Nos ancêtres en parlaient peut-être aussi un peu. Ça fait
que ce n'est pas nouveau.
Je me rappelle que, lorsqu'on faisait des projections au moment
où il y avait un débat, un référendum, etc., on
parlait des fonctionnaires fédéraux qui seraient
intégrés à la fonction publique québécoise.
Là, on disait ça avec une certaine fierté, que le
Québec pourrait récupérer tant de fonctionnaires
fédéraux; on avait même prévu des arrangements,
parce que ces gens là allaient jusque dans le détail; les
ambassades étaient toutes sur la Grande-Allée, à tant de
pieds, à tant de mètres ou de kilomètres. Tout
était réglé. Je me rappelle très bien qu'on faisait
état de la capitale ici, avec tous les équipements. Donc, pour
revenir à mon propos, on montrait la satisfaction qu'on avait enfin de
pouvoir intégrer les fonctionnaires fédéraux dans le giron
ou dans la fonction publique québécoise. (17 h 15)
Mais voici que nous le faisons aujourd'hui, sans pathos, sans bruit,
sans défaire les structures, mais le silence à ce sujet de nos
amis d'en face me rend songeur. Pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait comme le
député de Mille-Îles, avoir souligné cela?
Imaginez-vous que si ça avait été le contraire,
imaginez-vous que si on avait décidé, comme ça avait
été suggéré par certaines provinces canadiennes,
par certains porte-parole que j'ai entendus dire: Bien, mon Dieu! S'il le faut,
bien, on va passer l'administration de notre taxe à Ottawa comme ils
l'ont fait d'ailleurs avec l'impôt sur le revenu .. Pardon?
M. Léonard: Le député de Mille-Îles
vous aurait vanté sûrement, même si ça avait
été le contraire.
M. Levesque: Je ne pense pas qu'on aurait pu accepter ça.
D'ailleurs, il y a trois ans, j'ai mentionné bien clairement au ministre
des Finances qui était là à la table: Vous voulez faire
une taxe de vente nationale, vous voulez entrer dans notre domaine, nous sommes
contre cela, mais si vous venez, ne vous fiez pas sur nous pour vous demander
d'administrer notre taxe. Au contraire, s'il y a quelque chose, c'est nous qui
allons administrer la vôtre. À ce moment-là, il n'y a pas
grand monde autour de la table qui croyait que nous pourrions un jour
administrer une taxe fédérale, je vous l'assure. Et ça n'a
pas été fait facilement, je vous l'assure également. Je
pense que sur ce plan-là, en dehors des autres considérations,
simplement sur le plan de l'autonomie du Québec, simplement sur la
maîtrise de nos moyens, je pense qu'on devrait au moins manifester cette
fierté d'avoir réalisé cette négociation au point
tel que nous avons assumé pleinement nos responsabilités pour
que, aujourd'hui, nous mettions sur pied une administration d'ici.
Revenu-Québec devient l'organisme de perception des taxes à la
consommation sur le territoire du Québec, tant fédéral que
provincial. Mais ça, je pense que ça vaut la peine d'être
souligné.
Deuxièmement, le député de Mille-Îles a
parlé de la taxe, des taux multiples, etc Je pense qu'il a eu raison de
nous rappeler ce qui se passe ailleurs dans le monde. Ce qui pouvait se faire
il y a 10 ou 15 ou 20 ans, dans un autre contexte, doit, il me semble,
être ajusté aujourd'hui à notre contexte. On voit toutes
les conséquences de la tombée des barrières
internationales, interprovinciales. Qu'est-ce que vous voulez, c'est le
marché commun nord américain, c'est le marché commun
européen, c'est partout II faut que nous ayons une évolution qui
tienne compte de ces changements-là.
Voyez-vous, ça paraît simple de dire les produits de luxe,
on va les taxer plus et les autres, on va les taxer moins. Mais il faut voir
les comportements du consommateur, qu'est-ce qui arrive aux frontières
en particulier? Je ne voudrais pas être un bijoutier, moi, à Hull,
si vous me mettez 25 % de taxe. Je ferme boutique tout simplement. Il y a juste
un pont à traverser.
Avant de faire des choses comme celle-là et décider
ça d'une façon un peu abstraite, il faut voir sur le terrain ce
que ça donne. Mais, en dehors de ça, je le répète
encore une fois, ce que nous voulions, c'est avoir un système qui puisse
fonctionner et un système qui puisse fonctionner sans non plus
créer un fardeau inacceptable pour nos petites entreprises en
particulier, nos petites entreprises québécoises, finalement, qui
auraient subi des coûts énormes d'équipements additionnels,
coûts qu'ils auraient fait quoi avec? Ils les auraient
transférés aux consommateurs.
Alors, nous avons voulu protéger le con-
sommateur par l'entreprise et nous avons recherché la
simplification, tout en maintenant la plus grande autonomie pour le
Québec. Je pense que c'est ça "in a nutshell", comme dirait
Shakespeare, et je crois que nous allons y réussir. Nous comptons,
évidemment, sur la bonne compréhension des parlementaires de
cette commission et de tous les parlementaires. Nous comptons sur votre appui.
Je vous en remercie à l'avance.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, vous me permettrez de
sourire, quand même, de voir que le ministre des Finances et le
député de Mille-Îles sont tout heureux d'avoir
récupéré 500 fonctionnaires fédéraux. Je
suis très heureux, moi aussi, d'autant plus que je considère
qu'ils doivent tous réintégrer le Québec. Alors, vous
êtes dans la bonne direction, et je suppose que si vous continuez dans
cette direction, vous aurez encore des bons discours d'auto-congratulation
comme ceux que vous venez de tenir.
Alors, je pense que vous êtes dans le bon chemin. Alors,
continuons. Revenons sur cette question du Marché commun. D'abord il
faut rappeler, que le Marché commun est composé d'États
souverains. Il ne faudrait pas l'ignorer, au départ, et ça va
tout à fait encore dans le discours que vous teniez tout à
l'heure. Il y a eu toute une série de politiques, mais il faut se
souvenir que le Marché commun a commencé à fonctionner en
1957 et que nous sommes pratiquement en 1992, 35 ans après, et que
l'harmonisation n'est pas finie. Je pense qu'avant de crier aux victoires
auxquelles vous criez, il faudrait un peu de modestie et voir que
peut-être si on s'est aligné, comme on l'a fait au cours de
l'entente, on a peut-être laissé quelques bonnes pelures et pas
mal de plumes dans tout cela.
On parle de deux fourchettes de taux. Très bien. Je l'ai
souligné ce matin. Si le député de Mille-Îles veut
se le rappeler. Dans les pays industrialisés, il y a plusieurs taux.
Parce qu'en fait, leur appareil administratif est assez souple et flexible pour
les faire fonctionner. Mais ce que ça indique, c'est qu'il faut
plusieurs taux et que tout le monde discute autour de ces fourchettes et de ces
taux.
Deuxièmement, ce qu'il faut souligner, c'est qu'il y a beaucoup
d'exemptions. La Grande-Bretagne, qui a un taux, a de nombreuses exemptions. Et
là, les éléments de flexibilité, il faut les voir
là où ils sont. C'est là qu'ils sont pour la
Grande-Bretagne. Je voudrais mentionner simplement le fait que Mme Thatcher a
répondu au voeu de ses économistes, et a imposé une taxe
par capita, mais avec le résultat qu'il y a eu des émeutes dans
les rues. Et donc, il y avait des choses qui ne tournaient pas rond, finale-
ment, à vouloir aller trop raide.
Je note une chose sur le discours autonomiste, soudain, du gouvernement
libéral, actuellement. Je note une chose. C'est qu'en signant cette
entente, ils ont adopté exactement la même structure que le
gouvernement fédéral et uniquement celle-là. Et en
partant, ils ont cédé sur toutes les exemptions que nous avions
établies ici sur le meuble, sur le vêtement, la chaussure, les
textiles et en plus, ils sont allés chercher un élément
qui était détaxé dans la plupart des pays du monde, je
n'en connais pas là actuellement qui soient taxés, ce qui touche
le secteur culturel, le livre.
Et le ministre des Finances, tout à l'heure, a dit: II n'y a que
17 % de tout ce secteur qui vont aux ménages, mais ce sont les 17 %
justement qui sont particulièrement culturels. Et c'est lui qui fait
mal. En partant, il l'a laissé tomber. En partant, il s'est
aligné sur Ottawa sur toute la ligne. La députée de
Taillon, tout à l'heure, lui a posé la question sur les secteurs
où le Québec était différent du
fédéral. Il n'a pas répondu. Il ne peut pas
répondre parce que, si je comprends l'énoncé qu'il a fait
ce matin, qu'il a répété tout à l'heure, il n'y en
a pas. Il s'est aligné en partant. Et donc, on voit les effets de
l'entente qu'il a signée. En termes d'autonomie, il n'y en a pas. Il
s'est aligné complètement dès le départ. il va
faire mal à des gens, là-dedans, dans l'application de sa
nouvelle taxe, en particulier dans tout le secteur de la culture. il va faire
mal. il faut qu'il en soit conscient et très conscient. je voudrais,
moi, si on me le permet, poser une question qui, il me semble, devrait amener
une réponse plutôt technique, si le ministre des finances me le
permet. je m'interroge beaucoup, depuis longtemps, sur la première
ligne. je l'ai mentionné, ce matin. je ne pense pas que j'aie eu une
réponse. le tableau de la page 58, première ligne: vente au
détail. je suis intrigué par le fait que les impacts de la taxe
augmentent, qu'ils sont positifs pour le gouvernement à 324 000 000 $ en
1990-1991, à 1 362 000 000 $ en 1991-1992, et qu'ils baissent
soudainement à 791 000 000 $ en 1992-1993. je ne voudrais pas pas
souffler de réponse mais, quand même, est-ce qu'il s'agit
là de l'application de la taxe sur les intrants dans les inventaires et
les stocks des entreprises? il y a quand même une différence
considérable.
M. Levesque: M. Léonard, je vais demander à
quelqu'un, ici, de vous répondre. Marcel?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous
identifier?
M. Leblanc: Marcel Leblanc.
Le Président (M. Lemieux): Du ministère des
Finances.
M. Leblanc: Du ministère des Finances. Il y a deux choses
qui se passent en 1992, entre les deux chiffres. Premièrement, il y a
l'élargissement de l'assiette aux services, la baisse du taux de 8
à 7, et la détaxation des intrants des entreprises. Ce qui fait
qu'au total, ça donne des éléments de variation des
niveaux de revenu.
M. Léonard: La détaxation... Mais pourquoi la
hausse entre 1990-1991 et 1991-1992? 1 362 000 000 $.
Une voix: Parce que ça s'applique à un trimestre et
donc...
M. Léonard: Oui, mais ça veut dire que l'impact de
l'année 1991 est de 1 361 000 000 $... sur l'année 1991...
positif pour la taxe, et le net est de 250 000 000 $. Je comprends le
net...
M. Séguin (Claude): C'est que, essentiellement... C'est
Claude Séguin du ministère des Finances qui parle, là.
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va. C'est bien.
Ha, ha, ha! Vous avez bien appris votre leçon, M. le sous-ministre.
M. Séguin (Claude): Essentiellement, c'est la façon
qu'on a utilisée pour inscrire les chiffres. La taxe de vente, au moment
où on se parie, elle ne s'applique pas...
M. Léonard: On peut reprendre le détail de
ça, parce que...
M. Séguin (Claude): Oui, oui. La taxe de vente, au moment
où on se parle, ne s'applique pas aux carburants, elle ne s'applique pas
au tabac, aux repas et hôtellerie, aux télécommunications.
Ce sont toutes des taxes spécifiques. Donc, la première ligne,
c'est la nouvelle assiette de taxe de vente, incluant la partie qui s'applique
aux carburants, au tabac, aux repas et hôtellerie et aux
télécommunications. Donc, ça fait 324 000 000 $, 1 300 000
000 $, 791 000 000 $. Et après ça, on dit: La taxe de carburant,
le taux spécifique est diminué pour, dans le fond, avoir le
même impact... ne pas changer l'impact sur le prix. Donc, on a moins 423
000 000 $. La taxe sur le tabac est diminuée pour laisser passer la taxe
de vente sur le tabac, moins 83 000 000 $. La taxe sur les repas et
hôtellerie est abolie. Donc, c'est moins 543 000 000 $. La taxe sur les
télécommunications est abolie...
M. Léonard: O.K. Ça, ça va.
M. Séguin (Claude): C'est moins 60. O.K.?
M. Léonard: L'impact net, c'est une augmentation de 250
000 000 $.
M. Séguin (Claude): Sur l'année..
M. Léonard: 1991
M. Séguin (Claude): ...financière 1991-1992.
M. Léonard: 1991-1992, c'est-à-dire... Sur les
deux, sur un an, on peut dire sur l'année 1991 parce c'est là que
ça s'applique, qu'il y a un impact, et de la partie 1991 de
l'année financière 1990-1991 et les neuf mois de 1991-1992. Le
total, au net, ça va être de 336 000 000 $ de plus de taxe de
vente. Au minimum, au minimum.
M. Séguin (Claude): Oui C'est ça
M. Léonard: Parce qu'il faudrait soustraire probablement
un impact négatif pour ta partie 1992. Mais disons que là...
Oublions-le. Ça sera à peu près le quart de 342 000 000
$.
M. Séguin (Claude): Oui.
M. Léonard: ii reste quand même que j'aimerais que
vous répétiez votre explication sur la diminution de 1991-1992
à 1992-1993 de la taxe de la vente au détail.
M. Séguin (claude): c'est essentiellement dû
à deux facteurs. premièrement, le taux passe de 8 % à 7 %.
donc, dans le fond, là, la taxe de vente...
M. Léonard: De 8 % à 7 %, mais il y a un
élargissement de l'assiette...
M. Séguin (Claude): II y a un élargissement...
M. Léonard: ...donc, ça compense.
M. Séguin (Claude): Malgré l'élargissement
de l'assiette.
M. Léonard: Ça représente combien,
là...
M. Séguin (Claude): Et le deuxième facteur,
c'est-à-dire que malgré l'élargissement de l'assiette aux
services, comme vous dites, le taux passe de 8 % à 7 % et
deuxièmement, c'est l'entrée en vigueur du remboursement pour les
intrants des entreprises.
M. Léonard: Et ça, ça peut... Entre 8 %
à 7 % et l'élargissement, ça devrait être neutre
comme effet. Si vous me permettez de poser des questions.
M. Séguin (Claude): Oui, oui. Allez-y.
M. Léonard: Est-ce que vous avez le montant de l'impact
sur le passage de 8 % à 7 %
et l'élargissement?
M. Séguin (Claude): O. K. Ce qu'on me dit, c'est que
passer de 8 % à 7 %, tout en élargissant l'assiette aux
services...
M. Léonard: Oui.
M. Séguin (Claude):... ça, ça donne des
revenus additionnels. C'est légèrement...
M. Léonard: De combien à peu près?
M. Séguin (Claude): II faudrait prendre l'avis de la
question. Je ne peux pas vous donner un chiffre, là...
M. Léonard: O. K. À quelques centaines de
millions?
M. Séguin (Claude): Oui. Mais, ensuite, le crédit
d'impôt, c'est-à-dire le remboursement de taxe de vente...
M. Léonard: Pour les intrants.
M. Séguin (Claude):... pour intrants des entreprises,
là, fait en sorte que non seulement, ça n'augmente pas, mais
ça baisse. (17 h 30)
M. Léonard: Là, ça veut dire que, entre 1
362 000 000 $ et 791 000 000 $, disons 800 000 000 $, en gros, il y a 550 000
000 $, 570 000 000 $ auxquels il faut ajouter 300 000 000 $ d'impact positif.
Donc, le remboursement aux entreprises, pour les intrants dans les stocks,
c'est effectivement le phénomène dont on parlait tout à
l'heure, va représenter 800 000 000 $, 900 000 000 $.
M. Levesque: Qui vont être remis au consommateur.
M. Léonard: On est au plan des entreprises.
M. Séguin (Claude): Ce n'est pas sur les stocks, c'est sur
les intrants...
M. Léonard: Les intrants.
M. Séguin (Claude):... qui vont être achetés
au cours de l'année 1992. Pour l'électricité qui va
être achetée par une entreprise au cours de 1992, disons, il y a
une taxe de vente qui est applicable là-dessus. Elle va pouvoir se faire
rembourser cette taxe de vente là. Disons que la taxe de vente
payée sur l'achat de camions, d'équipements ou de matériel
va devenir remboursable à partir de 1992.
M. Léonard: Ça veut dire 800 000 000 $, à
peu près. Ça veut dire 800 000 000 $ là-dessus.
M. Séguin (Claude): C'est au moins ça. C'est plus
que ça.
M. Léonard: C'est plus que ça.
M. Séguin (Claude): Oui.
M. Léonard: Bon, enfin, on n'est pas...
M. Levesque: De toute façon, c'est l'effet de ce
que...
M. Léonard: Mais ce que ça veut dire, si vous
permettez, juste pour aller plus loin... Disons que la colonne qui manque,
finalement, pour une année régulière, c'est 1993-1994.
Est-ce que les taxes à la consommation vont rester au niveau de 800 000
000 $, à peu près, taxe, vente au détail, 800 000 000 $ et
le net va être de moins 300 000 000 $, à peu près?
M. Séguin (Claude): C'est ça. L'année de
base, c'est l'année 1992-1993. Les chiffres que vous avez
là-dedans...
M. Léonard: Ça, c'est une année ordinaire,
normale.
M. Séguin (Claude): De la structure. Donc, à ce
moment-là, on doit présumer que 1993-1994 et suivantes, il n'y a
plus de changement de structure là, alors que 1991-1992, il y a un
changement de structure.
M. Léonard: Ce que ça nous amène à
dire - je m'adresse à nouveau au ministre des Finances - c'est que,
finalement, en 1991, il y a un impact considérable sur les entreprises
par suite de la taxation aux intrants. En tout cas, si on regarde les
chiffres...
M. Levesque: 1992, vous voulez dire.
M. Léonard: Non, non, non, 1991. En 1991, il y a un...
M. Levesque: En 1991, c'est fédéral.
M. Léonard: Oui, mais vous avez la taxe de vente. Ici, si
on regarde tout simplement au plan des chiffres, les ventes au détail,
le rendement des ventes au détail, l'impact de toute votre
réforme, c'est plus 1 362 000 000 $...
M. Levesque: Quelle page?
M. Léonard:... dans les coffres du gouvernement.
M. Levesque: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Léonard: Toujours page 58.
M. Levesque: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Léonard: Dans la première ligne, les ventes au
détail vont rapporter au gouvernement 1 362 000 000 $ de plus.
M. Séguin (Claude): La nouvelle définition.
M. Léonard: La nouvelle définition de la vente au
détail. ...moins les autres, après...
M. Levesque: Moins les taxes spécifiques.
M. Léonard: ...les annulations et les taxes
spécifiques. Mais ce que ça veut dire, c'est que, finalement, les
entreprises qui n'auront pas leur remboursement sur les intrants, pour les
taxes aux intrants, vont supporter durant un an des sommes considérables
sur leur liquidité pour absorber la taxe.
M. Levesque: Voulez-vous répondre à ça?
M. Séguin (Claude): Ils la supportent déjà.
M. Léonard: II y a un impact de 250 000 000 $.
M. Séguin (Claude): Oui. C'est l'élargissement de
l'assiette sur les biens. L'abolition des exemptions fait en sorte que, dans le
fond, la taxe s'applique sur une assiette de biens plus large. Mais
malgré le fait que le taux passe de 9 % à 8 %, il reste un
résidu de 250 000 000 $.
M. Léonard: C'est ça. C'est ce que je dis. Je dis
que les gens ou les consommateurs, mais disons surtout les entreprises, je
pense, vont avoir... En tout cas, l'économie va avoir à porter
250 000 000 $ de plus.
M. Séguin (Claude): À ce chapitre-là.
M. Léonard: À ce chapitre-là. Oui, mais sur
l'ensemble, en bas, l'impact net de la réforme, pour 1991-1992, c'est
quand même plus 252 000 000 $. Mais on peut penser que les entreprises,
n'ayant pas eu leur remboursement, n'ayant pas de remboursement en 1991, vont
devoir porter davantage.
M. Levesque: Oui, mais elles paient présentement...
M. Séguin (Claude): C'est tout payé
présentement.
M. Levesque: ...9 % sur tous les intrants. Elles le paient
présentement.
M. Séguin (Claude): À moins que les entreprises
soient de gros consommateurs de vêtements...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Mais il y a quelqu'un qui va le porter dans
une année économique difficile, en 1991. Peut-être que de
notre côté, étant donné le peu de moyens que nous
avons, nous avons de la difficulté à cerner la question. Il reste
qu'il y a un impact positif pour le gouvernement sur les rentrées de
fonds qui va être absorbé...
M. Levesque: Comme il y a...
M. Léonard: ...à droite et à gauche. On peut
penser...
M. Levesque: ...impact négatif pour le gouvernement dans
l'année suivante...
M. Léonard: Ouais.
M. Levesque: ...de moins 342 000 000 $.
M. Léonard: M. le Président, si vous permettez,
là-dessus. Je pense qu'une grande partie de notre critique a
porté sur le fait que le gouvernement, au passage de la réforme,
se sucrait le bec, selon l'expression de certains journalistes. À terme,
sur l'application de la TVA ou de la TPS québécoise ou disons de
la TVA, nous avons dit que nous étions d'accord sur le principe, il y a
des critiques sur les taux, etc., mais sur le principe. Mais là
où le bât blesse vraiment c'est que, dans l'application de la
réforme, la période transitoire, notamment, il y a un impact
positif pour le gouvernement, mais un impact négatif sur
l'économie..
M. Levesque: Bien nous aurions...
M. Léonard: ...de 252 000 000 $ plus 77 000 000 $.
M. Levesque: Si je comprends bien ce que vous voulez dire, on
aurait dû avoir un taux, disons, de 7,6 % ou 7,7 % au lieu de 8 %,
quelque chose comme ça.
M. Léonard: Bien, en tout cas, là on discute
avec...
M. Levesque: Si vous voulez arriver à zéro.
M. Léonard: ...en échangeant des renseignements.
C'est que cette année-là qui va être, à notre sens,
compte tenu de la conjoncture économique, difficile, vous imposez un
fardeau additionnel de 401 000 000 $ si on ne tient pas compte de
l'inflation.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous faire remarquer
que dans deux à trois minutes, il
y aura des remarques finales, 10 minutes de la part de...
M. Léonard: Oui, O.K., mais je pense qu'on
échange.
Le Président (M. Lemieux): je n'ai pas d'objection, mais
je me dois de vous le souligner. si vous passez 17 h 40, bien on divisera en
deux, il n'y a pas de problème.
M. Léonard: Je ne sais pas si vous voulez donner les
explications additionnelles d'orientation économique
là-dessus...
M. Levesque: Bien disons que...
M. Léonard: ...je trouve que c'est un point important.
M. Levesque: On parle de 250 000 000 $ sur un...
M. Léonard: 277 000 000 $ cette année, 250 000 000
$...
M. Levesque: ...277 millions de dollars, 250 millions, sur une
économie de 150 millions, 160 millions, je vous assure que c'est assez
marginal. On aurait pu, pour arriver aux fins que vous mentionnez...
M. Léonard: "What's a million?" c'est une question
dangereuse.
M. Levesque: Non, non, je ne veux pas dire ça non plus. Je
ne veux pas dire ça non plus. Mais il aurait fallu peut-être avoir
une taxe à 7,6 % ou 7,7 % pour arriver à peu près. De
toute façon, il aurait fallu trouver ailleurs. Parce qu'on aurait
augmenté le déficit, ou on aurait été obligé
de trouver des revenus ailleurs, c'est-à-dire rien ne se perd, rien ne
se crée comme dirait Lavoisier. N'est-ce-pas? Alors, nous avons fait en
sorte qu'on puisse absorber le tout dans trois ans pour avoir une
réforme à coût neutre, à coût nul, que
ça demeure neutre. Si vous prenez une année en particulier,
est-ce qu'on aurait dû baisser à 7,6 % ou 7,7 % au lieu de 8 %
pour balancer? Ça donne quoi? 1 % donne à peu près 600 000
000 $, 700 000 000 $, alors... Combien? 550 000 000 $. Alors... Hein? 550 000
000 $
M. Léonard: 1 550 000 000 $.
M. Levesque: alors, voyez-vous, on aurait dû mettre
l'affaire à 7,7 % ou 7,6 %. on voulait réellement arriver
à zéro. mais on aurait été obligé de trouver
l'argent ailleurs.
M. Léonard: Je comprends que vous admettez finalement que
durant les années 1990-1991 et 1991-1992, l'impact de cette
réforme sur les finances du Québec est positif.
M. Levesque: II est positif... M. Léonard: Et vous
admettez...
M. Levesque: ...et il est négatif l'année suivante
alors...
M. Léonard: Mais vous admettez que vous vous êtes
sucré le bec en passant en disant cela?
M. Levesque: non, quand ils ont dit "sucrer le bec", ce n'est pas
là qu'ils ont dit "sucrer le bec", c'est dans les entreprises, si je me
rappelle bien.
M. Léonard: Ça, c'est en plus.
M. Levesque: Ha, ha, ha! Non. Pour les entreprises, d'ailleurs,
c'est 1992. Il ne faut pas mêler les choses non plus.
M. Léonard: Surtout 1992.
M. Levesque: À qui à parler?
M. Léonard: C'est à vous, moi j'ai...
Le Président (M. Lemieux): II est 17 h 40, M. le
député de Labelle. Alors nous en sommes aux remarques finales
pour une période de 10 minutes et M. le ministre des Finances, 10
minutes après.
M. Léonard: M. le Président...
M. Levesque: comme on vient de me le signaler, on aurait pu avoir
7,7 % et l'autre année après 7,2 % ou 7,3 % et on aurait
été à coût nul.
M. Léonard: Je trouve d'ailleurs que vous avez l'air de
traiter, un peu du revers de la main, une fraction de pourcentage comme
celle-là. Je voudrais simplement rappeler à cette commission que
le fait que vous appliquiez vos 7 % par-dessus le fédéral donne
un taux effectif composé de 14,49 %. Votre demi aurait pu bien passer
par ailleurs. Ça aurait pu faire 14 % net.
M. Levesque: Avez-vous objection à compléter? La
taxe de 9 % que vous connaissez bien - c'est vous qui l'avez portée
là - portait sur les produits qui comportaient déjà une
taxe de 13,5 % au gouvernement fédéral et ça s'appliquait
par-dessus les 13,5 %. Alors, on a simplement continué...
M. Léonard: Mais c'est 14,49 %, votre TVA.
M. Levesque: C'est moins que c'était avant.
9 % plus 13,5 %.
M. Léonard: 14.49 %.
M. Levesque: C'est beaucoup plus.
M. Léonard: Je voudrais, M. le Président... Combien
avons-nous de minutes sur les...
Le Président (M. Lemieux): Dix minutes. M.
Léonard: Dix minutes sur les...
Le Président (M. Lemieux): Oui J'essaie de partager...
C'est ça. Dix minutes. À 17 h 50, M. le député de
Labelle.
M. Léonard: on fera le décompte du temps
utilisé par les uns et les autres au cours de la journée,
ça pourrait être très intéressant parce que les
débats ont pu être très difficiles là-dessus.
M. Levesque: Nous avons essayé, M. le Président,
d'être très ouverts...
Le Secrétaire: Tout à fait égal.
Le Président (M. Lemieux): Tout à fait égal,
que M. le secrétaire me dit.
M. Léonard: En comptant de notre côté les
réponses du ministre des Finances, ce qui veut dire un quart, trois
quarts. C'est ça que ça veut dire. O.K. Vous avez compris.
Le Président (M. Lemieux): Un tiers, deux tiers.
M. Léonard: Vous avez compris. Une voix: C'est plus
gentil comme ça. M. Léonard: C'est gentil, oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, M. le
député de Labelle...
M. Léonard: Je voudrais rappeler le premier point....
Le Président (M. Lemieux): ..je fonctionne avec les
règles. Allez-y.
Remarques finales M. Jacques Léonard
M. Léonard: ...et le rappeler en guise de conclusion. Je
pense que quelles que soient les remarques qui ont été faites, il
s'agit, à l'heure actuelle, d'une réforme de la fiscalité
qui est très importante, très importante. Je pense qu'elle n'a
pas connu le débat qu'elle aurait dû connaître. Nous sommes
en commission parlementaire, six heures de débat, avec le partage du
temps que vous avez connu. Je rappelle la démarche du gouvernement
fédéral là-dessus. Il a déposé son livre
blanc le 15 juin 1987, et la loi n'est pas encore passée; je pense
qu'elle va être terminée au cours de l'automne. Et je pense bien
que, malgré l'opposition du Sénat, elle devrait l'être.
Mais, au fond, tout se passe comme si le gouvernement du Québec a tenu
des positions inverses. Exemple: La déclaration du premier ministre du
15 mars 1990 où il s'opposait encore à la taxe, le ministre du
Revenu aussi, le ministre des Finances aussi, dans son discours sur le budget.
C'est à s'y méprendre, avec des conditionnels, tout ce qu'on
voudrait. Le débat n'a pas été tenu au Québec, il
n'a pas été public et cette réforme va affecter
très profondément l'économie du Québec et il n'y a
pas eu de débat. On l'a laissé faire au plan
fédéral et tout à coup, après des
déclarations contradictoires, on nous arrive à la fin de
l'été - crise des Mohawks - avec une réforme, une
déclaration ministérielle simplement et un débat en commis
sion parlementaire
II reste que, sur le fond de la question, notre parti est d'accord avec
une taxe sur la valeur ajoutée. Je l'ai dit ce matin, je l'ai
répété au cours de la journée, mais avec certaines
conditions, que je voudrais rappeler, qui sont très importantes et que
nous avons rappelées au cours de la journée: des taux multiples,
des exemptions selon les secteurs, une flexibilité en tout cas dans
l'application et qui nous amène à nous détacher des
décisions fédérales dans le domaine. S'il y a une chose
que l'entente démontre, c'est justement que le gouvernement du
Québec, en partant, s'est complètement aligné sur le
gouvernement fédéral. On aura beau faire tous les discours, il
est aligné sur le gouvernement fédéral. Alors, autrement,
il faut admettre que le gouvernement actuel, le ministre des Finances n'a pas
eu le courage de dire que les biens de la culture, les livres n'étaient
pas exemptés. C'est sa décision. Si c'est ça, c'est sa
décision, c'est l'un ou l'autre. Alors, il a pris cette décision
avec toutes les conséquences qu'on connaît. Moi, je pense que
c'est une décision politique très grave qui, en plus, le met tout
de suite dans le sillage du gouvernement fédéral parce, quoique
les discours se fassent ici, la réalité c'est qu'il s'est
aligné. Les conséquences de cela c'est que ça va
être très difficile de s'en départir dans le temps, j'en
suis convaincu. Chaque fois ça va être une bataille, à
moins que le ministre des Finances veuille se permettre des petits cadeaux pour
se montrer bon prince. Je pense, cependant, que, dans des années
difficiles, des mois de récession, ceux que nous connaissons, des
secteurs vont être largement pénalisés par l'absence de
décisions du gouvernement ou par une décision positive de taxer
des secteurs mous
c'est ça dont il s'agit. m. le président, je trouve
ça très important, malheureux qu'on le fasse. en
réalité, aujourd'hui, le ministre des finances a aussi
rappelé qu'il était critiqué pour certaines taxes. au
fond, nous, à un moment de la journée, nous étions en
pleine discussion comme celle que l'on tient lorsqu'il est
présenté un budget supplémentaire, c'est exactement cela
parce qu'au fond on reprend toute la question, on ajuste son budget de
l'année. c'est un peu ce qui est arrivé avec la tps
présentement. (17 h 45)
Je passe sous silence le fait que le ministre dit toujours que
l'indexation fait partie de son document. Elle fait partie de son document,
mais elle n'est pas partie de la réforme. S'il se vante d'indexer,
ça veut dire qu'il pourrait aussi, à un moment donné, ne
pas parler comme il le fait très souvent du fait qu'il n'indexe pas,
parce qu'il a coutume de parler de ses bons coups et de ne pas parler des moins
bons, des mauvais même qu'il fait; il les passe sous silence. Un des
exemples les plus frappants de cela, c'est qu'il nous a parlé avec
emphase de l'année 1992 mais très peu de l'année 1991. Or,
les derniers échanges que nous avons eus, ici, c'est justement que, dans
la période transitoire, à un moment difficile de
l'économie, il va clencher les entreprises pour au moins 401 000 000 $.
Les chiffres que nous avons démontrés... parce qu'il ne faut pas
tenir compte de l'indexation dans cette période. C'est une autre
question, complètement une autre question. Quand on regarde les impacts,
ils sont là; 401 000 000 $ pour l'entreprise surtout dans l'année
1991. m. le président, je pense que nous avons pu voir, au cours de
cette journée, que ces explications, évidemment, tournaient, nous
ont été utiles sur certains plans mais en même temps ont
démontré ce que nous avons dit dès le départ que le
gouvernement prenait beaucoup de revenus au passage de la réforme, ce
que certains ont qualifié de sucrage de bec pour le ministre des
finances.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre des Finances. Vous avez dix
minutes.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Alors, M. le Président, je crois aussi que
nous avons eu un bon échange aujourd'hui. Je remercie M. le
Président et tous les membres de la commission qui ont participé
à cet échange. Je suis convaincu que nous avons eu l'occasion
d'aller plus en profondeur de part et d'autre. Nous, nous avons appris des
choses de l'Opposition qui nous ont sûrement encouragés parce que,
quand le député de Labelle dit que son groupe, le parti de
l'Opposition officielle, est d'accord avec la TVA, je pense que là, on
parle de question de fond et il y aura plus de facilité dans l'avenir
peut-être de s'entendre sur toute mesure de bonification, étant
donné que ce n'est pas le fond qui fait problème, mais
plutôt certaines modalités.
Sur les taux multiples, nous ne sommes pas d'accord pour les raisons que
nous avons données au cours de l'échange que nous avons eu. Pour
la flexibilité, je pense que nous avons conservé tous nos moyens;
nous avons fait preuve d'une vigilance vis-à-vis de l'autonomie du
Québec et nous avons exercé cette autonomie de façon
concrète en assumant la responsabilité de l'administration des
taxes à la consommation, tant fédérale que
provinciale.
Le débat public, je ne pense pas qu'un sujet ait
été plus discuté que la taxe sur la valeur ajoutée
depuis quelques années ici, au Canada et au Québec. Quant
à nos intentions, elles étaient clairement indiquées dans
le discours sur le budget, de nouveau dans le communiqué du mois de
juillet et, s'il y a eu une coïncidence, une crise amérindienne,
à un moment donné, je le répète encore une fois,
ça n'avait rien à voir avec les intentions du ministère
des Finances. Nous étions décidés à utiliser
l'Assemblée nationale plutôt qu'un communiqué pour une
affaire aussi importante; d'ailleurs, le député de Labelle vient
de dire qu'il s'agit d'une mesure très importante, et il n'y aucun doute
à ce sujet-là.
Nous avons reçu, à la suite de la présentation de
cette mesure à l'Assemblée nationale, des réactions
diverses. C'est partagé. Mais ceux qui nous ont critiqués l'ont
fait plutôt sur les modalités, sur certains aspects plutôt
que sur la mesure elle-même, et c'est ce qui est encourageant.
D'ailleurs, si on regarde les éditoriaux également: "Plongeon
logique dans la TPS", dit M. Raymond Giroux du Soleil; dans la
Gazette, c'est encore un editorial qui nous donne parfaitement raison
quant à la voie que nous avons choisie. "Harmonizing the pain - Combined
Québec and Federal GSTs hurt less". Georges Angers, dans Le Soleil:
"Une réforme à point et à temps." Financial Post:
"Québec sets space with tax reform". Albert Juneau dans Le
Devoir: "La solution québécoise. L'accord sur la TPS pourrait
inspirer les autres provinces". Encore le Financial Post: "Quebec
business may gain tax edge." M. Frédérique Wagnière, dans
La Presse de Montréal-Une voix: M. Gravel?
M. Levesque: M. Gravel, oui. Pour répondre à votre
question...
Une voix: C'est difficile à citer.
M. Levesque: ...n'était pas d'accord. Je l'ai ici aussi.
Mais c'était encore une modalité, si on peut appeler dans la
langue...
M. Léonard: ...nationale est une modalité.
M. Levesque: Non. Il touche une modalité du projet. C'est
sûr qu'il ne pense pas que le fait que ce soit fait durant la crise
amérindienne va changer la valeur du projet, mais simplement il opte
plutôt pour le choix d'une autre date pour la présenter. Mais, je
l'ai expliqué à maintes reprises, je ne pouvais pas le faire
avant et je ne pouvais pas le faire après. Je l'ai fait au moment
où c'était dans les meilleurs intérêts du
Québec de le faire. Avant, je n'étais pas prêt et,
après, c'aurait été trop tard pour éviter les
dépenses astronomiques qu'auraient eu à encourir les petites
entreprises québécoises et, par la suite, des consommateurs qui
auraient eu à supporter ces coûts additionnels.
Donc, en général et en conclusion, je crois que nous avons
passé une étape importante. Je suis sûr que, quel que soit
l'avenir, je ne vois pas de gouvernement ultérieur revenir au
passé. Je pense que cette réforme est là pour demeurer au
moins pour une génération ou deux. On verra après. Pas
moi, mais on verra. J'exclus la personne qui parle. Je suis convaincu que nous
allons avoir des effets bénéfiques dans l'immédiat
à cause des coûts que nous avons évités pour bien
des gens. La simplification va permettre ça. Nous allons avoir des
bénéfices dans le domaine de la gestion de nos affaires, nous
allons également avoir des bénéfices économiques,
reconnus d'ailleurs par le député de Labelle, le
député de Bertrand et les autres et les membres de notre
côté. Je crois également que tout cela va se faire sans
affecter négativement le portefeuille des moins bien nantis de notre
société. Des familles à revenu modeste, des familles
à revenu moyen sont protégées et, sans être une
mesure qui peut passer sans aucune critique, non, il n'y a rien de parfait,
c'est une mesure nécessaire à ce moment-ci et dont certaines
modalités, j'en conviens, pourront être améliorées
avec le temps. À ce moment-là nous pourrons y contribuer d'un
côté comme de l'autre. Merci, M. le Président.
M. Léonard: Est-ce que je pourrais poser une question au
ministre des Finances? J'aimerais savoir, vraiment, qui a convaincu l'autre. Le
ministre des Finances qui a convaincu son premier ministre ou l'inverse. Le
premier ministre a changé d'idée et il a convaincu son ministre
des Finances.
M. Levesque: Je dois vous dire, nous avons
travaillé...
M. Léonard: Là, c'est peut-être à la
lecture des documents de l'Opposition, finalement, que vous êtes venu
à la conclusion.
M. Levesque: Nous avons travaillé collégia-lement
au ministère des Finances en consultation avec le premier ministre et
soyez assuré qu'il y a là un travail... et je suis heureux de la
question posée par le député de Labelle parce que
ça me permet de rendre hommage à tous ceux qui ont
travaillé à ce dossier. Et des énergies
considérables, des fins de semaine, des soirées, des nuits
même passées, des discussions à n'en plus finir... et je
tiens à rendre hommage à toute l'équipe avec laquelle je
travaille. C'est pour moi réellement un privilège de pouvoir
travailler avec des gens aussi dévoués à la cause du
Québec et des finances du Québec, en particulier.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances. Alors, la commission ayant accompli son mandat de l'examen de
l'annexe à la déclaration ministérielle du ministre des
Finances concernant l'administration de la TPS et la réforme des taxes
à la consommation au Québec, nous ajournons maintenant nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 57)