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(Douze heures onze minutes)
Le Président (M. Camden): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 187, Loi modifiant la
Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Perron
(Duplessis) remplacera M. Boisclair (Gouin); M. Lafrenière (Gatineau)
remplacera M. Gautrin (Verdun); M. Chevrette (Joliette) remplacera M.
Léonard (Labelle) et M. Bourdon (Pointeaux-Trembles) remplacera Mme
Marois (Taillon).
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Est-ce que, M. le ministre, vous avez, à titre de
déclarations d'ouverture, des commentaires, des remarques
préliminaires à nous adresser?
Remarques préliminaires M. Christos
Sirros
M. Sirros: Très brefs, M. le Président. J'aimerais,
tout d'abord, resituer le contexte de ce projet de loi. C'est un projet de loi
qui vise à faire des changements dans le domaine de la
possibilité pour les communautés autochtones d'autoriser la tenue
de bingos sur les territoires qui leur sont dévolus, c'est-à-dire
sur les réserves, comme suite logique d'un principe que nous avons
adopté à l'Assemblée nationale en 1985 et en
conformité aussi avec les règles, les normes qui prévalent
quant à la tenue des bingos sur l'ensemble du territoire du
Québec. C'est un projet de loi très petit, mais qui est
intéressant dans les relations qu'on veut établir et avoir avec
les communautés autochtones, symboliquement, si vous voulez, en termes
des principes qui sont sous-entendus dans le projet de loi.
Et je m'explique. Il s'agit, M. le Président, d'une
démarche de prise en charge par les communautés dans une
perspective d'autonomie gouvernementale, si vous voulez, qui permettra à
ces communautés qui voudront bien accepter de conclure des ententes avec
le gouvernement de pouvoir autoriser la tenue de bingos pour des buts non
lucratifs, donc pour des fins communautaires ou religieuses, tel que le
prévoit déjà la loi sur les loteries et courses du
Québec; de pouvoir constituer, désigner un organisme local qui
pourrait émettre les permis pour la tenue de ces bingos. Et, M. le
Président, ce qui est intéressant ici, c'est qu'il s'agit, de la
part des communautés autochtones qui signeront de telles ententes, de
l'émission de tels permis dans le respect des mêmes limites, des
mêmes normes, des mêmes critères qui sont en vigueur dans le
reste du territoire du Québec, donc de pouvoir harmoniser la tenue de
ces bingos sur les réserves et en dehors des réserves et, en
plus, de permettre au conseil de bande ou à l'organisme local de pouvoir
désigner quelles oeuvres vont recevoir les bénéfices de la
tenue d'un bingo dans la communauté et de donner ainsi un meilleur
contrôle à la communauté de ce qui se passe sur son
territoire en ayant l'assurance que c'est pour des fins, comme je le disais,
à but non lucratif et que c'est dans le même respect des
règles qui existent ailleurs.
Nous avons eu des discussions. Tout ça est arrivé suite
à des discussions que nous avons eues avec la communauté
montagnaise de Mash-teuiatsh et, en particulier, avec le chef Rémy
Kurtness et à la constitution d'un groupe de travail qui a oeuvré
durant au-delà d'un an non pas seulement sur la question des bingos,
mais, entre autres, sur la question de la gestion des bingos par la
communauté de Mashteuiatsh. Et nous sommes arrivés à la
conclusion, M. le Président, qu'à cause de toute la
législation qui existe il fallait passer un amendement à la loi
sur les loteries et courses, la loi sur les loteries, les concours
publicitaires et les appareils d'amusement, pour utiliser le bon terme, qui
permettrait à la Régie de reconnaître qu'il peut y avoir
d'autres organismes qui émettent des permis de bingo spécifiques
par rapport aux communautés autochtones parce que la situation actuelle
est telle que c'est la Régie qui détient l'exclusivité en
matière d'émission de permis.
En ce faisant, nous faisons des choses très semblables à
ce qui se fait ailleurs dans le reste du pays où il y a des arrangements
similaires, où il peut y avoir non seulement des régies qui
émettent des permis, mais, avec des ententes, d'autres groupes qui
émettent des permis, en particulier les autochtones. C'est le cas au
Manitoba, par exemple. C'est le cas, on me dit, en Saskatchewan, en
Colombie-Britannique et très prochainement en Ontario
également.
Nous venons ainsi, pour ceux qui veulent bien suivre les mêmes
limites, les mêmes normes et fonctionner ensemble, régler la
question très litigieuse jusqu'à maintenant de la tenue
illégale de bingos. Ce projet de loi ne permettra pas plus la tenue de
bingos qui dépasseraient les limites. Ce genre de bingos serait encore
illégal. C'est donc un encouragement à établir des
relations avec les communautés qui acceptent de marcher dans le
même sens. Et, dans ce sens-là, je suis convaincu qu'on aura le
concours objectif,
mature, raisonnable de l'Opposition qui sûrement est prête
à marcher pour mettre en opération les principes qui ont
émané du précédent gouvernement et qui ont
été repris et avancés par le présent gouvernement.
Mais je suis convaincu qu'ils ne trahiront pas le sens du principe qui voulait
qu'on puisse, dans le cadre des lois du Québec, permettre à des
communautés de se prendre en charge sur les territoires qui leur sont
donnés, qu'ils ne feront pas d'excès de langage, qu'ils ne feront
pas de difficultés quant à la possibilité de traiter les
autochtones de la même façon, objectivement, qu'on veut traiter
tout le monde dans une société démocratique et
respectueuse des libertés fondamentales et des droits de chacun. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Camden): Merci, M. le ministre. M. le
député de Duplessis, pour vos remarques préliminaires.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Je crois que, lorsqu'on
regarde le projet de loi 187, on peut dire en quelque sorte que c'est du droit
nouveau, puisque ça met les autochtones dans le coup en rapport avec la
Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils d'amusement.
Nous avons, au cours de cette commission parlementaire, plusieurs garanties
à obtenir de la part du ministre. Et on sait que, dans le document de
1991 concernant le groupe de travail Mashteuiatsh et le Secrétariat des
affaires autochtones sur le développement communautaire de Mashteuiatsh,
il était question, dans les dossiers prioritaires, au no 1 plan de
gestion, des bingos. Et on peut lire dans son rapport d'étape que le
groupe de travail avait recommandé aux mandataires politiques de faire
les démarches nécessaires auprès du ministre responsable
des loteries et courses pour l'inviter à présenter un projet de
décret au Conseil des ministres en vue de permettre au conseil de bande
de Mashteuiatsh d'administrer de façon autonome son plan de gestion des
bingos. Ces démarches ont été faites et ont donné
des résultats prometteurs. C'est ainsi que, sur la base d'un document de
travail préparé par Mashteuiatsh et complété par le
SAA, un projet de loi plutôt qu'un décret a été
préparé avec la contribution des ministères de la
Sécurité publique et de la Justice, ainsi que du ministère
du Revenu, pour ensuite être soumis pour consultation et avis suivant la
procédure établie aux comités ministériels
concernés, c'est-à-dire le COMPACS et le COMPADRE. Si tout se
déroule comme prévu, le projet de loi devrait bientôt
être déposé devant l'Assemblée nationale pour
adoption. Et, M. le Président, le document auquel je me
réfère, c'est pour novembre 1991.
Dans ce document concernant la réalisation du mandat, on retrouve
très peu d'informations se rapportant aux bingos eux-mêmes, mis
à part quelques paragraphes additionnels aux deux paragraphes que je
viens de lire. Puis, on sait très bien que le ministre du Revenu, qui
est responsable de la loi sur les loteries, a déposé ce projet de
loi à l'Assemblée nationale en date du 91-12-06,
c'est-à-dire du 6 décembre dernier, soit après le 15
novembre, comme le prévoyaient les règlements.
Donc, je pense que, encore une fois, en fin de session, le gouvernement
est en retard dans sa législation et on aurait dû obtenir ce
projet de loi avant le 15 novembre pour qu'on puisse faire une commission
parlementaire qui se tienne debout et où on aurait pu entendre certains
chefs autochtones et, en particulier, le chef de Pointe-Bleue, M. Rémy
Kurtness. Et c'est sûr que le ministre, tout à l'heure, a
mentionné qu'il n'était pas question que le projet de loi
dépasse les limites. Mais ce que le ministre a oublié de dire,
c'est que la loi sur les loteries permet des règlements et que les
règlements peuvent être amendés à l'insu des
députés siégeant à l'Assemblée nationale en
n'importe quel temps.
Puis, il a juste à regarder la réglementation qui a
été passée en date du 15 mai 1991 où on a
déjà amendé d'autres règlements. Et qu'on se
reporte à l'article 4.1, qui a paru dans la Gazette officielle du
Québec le 15 mai 1991, à la partie 2, page 2358, qui dit
ceci: "La personne à qui la Régie délivre une licence doit
payer les droits suivants", etc. Mais, là, on regarde c)i, c)ii et c)iii
et là on fait référence à 3501 $ à 5000 $,
des frais d'administration de 50 $ plus 1,5 % de la valeur totale des prix
à être attribués. Alors, lorsque le ministre me dit, dans
son allocution du début, qu'il n'est pas question de dépasser les
limites, il faut comprendre - et ça, c'est pour le
bénéfice de tous les membres de la commission et des personnes
qui nous écoutent - qu'à notre insu le ministre, en n'importe
quel temps, peut effectivement modifier le règlement pour permettre
à un groupe en particulier ou permettre à l'ensemble des groupes
du Québec qui fonctionnent avec des bingos d'avoir un montant de 10 000
$ plutôt que 5000 $. Et ça, c'est passé au Conseil des
ministres. Ce n'est pas passé en commission parlementaire.
Et c'est la raison fondamentale pourquoi il est nécessaire pour
nous d'obtenir que les ententes soient déposées à la
commission parlementaire du budget et de l'administration et j'ai l'intention,
lorsqu'on arrivera à l'article 3 de la loi 187, de déposer un
amendement avec lequel nous sommes d'accord, que nous avons discuté au
niveau du conseil des députés du Parti québécois,
et on a discuté avec des techniciens sur cette question-là. Et,
à mon sens, le principe du projet de loi lui-même, c'est oui, mais
ce sont les modalités d'application envers lesquelles on en a et c'est
là-dessus que le ministre devra nous donner des réponses à
cette commission. Et si le ministre qui a déjà en main
l'amendement - ce n'est pas encore déposé en commission - dit
non
à cet amendement, je pense qu'il peut avoir une commission
parlementaire qui va être un petit peu longue.
M. Christos Sirros M. Sirros: Si vous le permettez... Le
Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Sirros: ...moi, je vais être très clair. M. le
Président, le député faisait allusion à la
possibilité que peut avoir la Régie de changer ces
règlements sans qu'on puisse en être saisi, n'est-ce pas?
M. Perron: Non, pas la Régie, M. le Président.
C'est le Conseil des ministres...
M. Sirros: C'est le Conseil des... Exact, exact.
M. Perron: ...sur recommandation de la Régie qui modifie
le règlement.
M. Sirros: Exactement. Mais c'est la façon dont ça
fonctionne actuellement pour l'ensemble des Québécois. J'ai
clairement l'intention de traiter les autochtones sur le même pied que
tout le monde, sans privilège et sans moins de droits non plus. Je ne
pourrai pas envisager que le député souhaite, parce que les
autochtones pourraient avoir les mêmes bénéfices que vont
avoir les autres Québécois, de vouloir envisager que, pour les
autochtones, on ait un processus particulier. Si le député veut
changer la façon dont ça fonctionne pour l'ensemble des
Québécois vis-à-vis l'adoption des règlements,
ça, c'est une tout autre affaire. Mais je lui fais remarquer que jamais,
jusqu'à maintenant, ce genre de demande n'a été faite et
il le fait dans le cadre de l'adoption d'un projet de loi qui vise
particulièrement les autochtones. Donc, quand j'ai dit: II ne s'agit pas
de dépasser des limites, ça serait toujours vrai. Si les limites
étaient haussées pour tout le monde, oui, c'est vrai que les
autochtones pourraient gérer dans le cadre de la loi qu'on adopte
actuellement la réglementation qui s'appliquerait à tout le
monde. Donc, pas de discrimination, pas de privilèges. Et il me semble
que c'est des règles fondamentales auxquelles on doit s'en tenir. Pas de
discrimination, pas de privilèges.
Alors, ce que le député est en train de me demander, c'est
en quelque sorte d'acquiescer à un genre de discrimination
vis-à-vis les autochtones et les ententes qu'on pourrait conclure avec
eux autres. Moi, ce que je lui dis, c'est que nous avons là des gens qui
acceptent de fonctionner de la même façon que tout le monde. Dans
le cadre actuel, c'est à l'intérieur des limites de 5000 $ pour
la tenue des bingos. Si demain, dans la société
québécoise, on décide qu'on veut porter la limite à
6000 $, à 7000 $, à 10 000 $ pour tout le monde, oui, les
autochtones vont suivre ce mouvement. C'est ce que le projet de loi nous donne
l'occasion et la possibilité de faire: s'entendre avec eux pour qu'on
puisse sur leurs territoires leur confier la gestion des bingos en autant
qu'ils suivent les mêmes normes qui s'appliquent à tout le monde.
Et c'est à ça que je veux m'en tenir, ces deux choses-là:
pas de privilèges, pas de discrimination. Et c'est sur cette
base-là qu'on fera la discussion au moment opportun lors de la
présentation de l'amendement du député, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président, vous me permettrez de
diverger d'opinion très profondément avec le ministre. Tout
d'abord, ce n'est pas exact ce que le ministre dit. Les règlements sont
préparés par la Régie et entérinés par le
Conseil des ministres. Ce qu'il nous demande dans le projet de loi, ce n'est
pas les règlements. Ce qu'il nous demande, c'est de prendre les
responsabilités dévolues à la Régie d'État,
qui est redevable devant le Parlement, et de les transférer à un
organisme qui jouera le rôle de la société d'État
qui est la Régie des loteries et courses. C'est donc très
différent. La Régie des loteries et courses pourra avoir un
traitement pour ce dont elle est responsable et les tenants lieu de la
Régie, par entente ou par traité, pourraient demander au Conseil
des ministres quand on lui substitue un droit ou une prérogative...
L'organisme en question, qui prend lieu et place de la Régie des
loteries et courses, pourrait demander un décret pour lui. Ce n'est pas
impossible. Si c'est une prérogative de la loterie, c'est une
prérogative de l'organisme puisqu'on dit qu'il prend lieu et place de la
Régie. Donc, à partir de là, je suis loin d'être
sûr de ce que le ministre dit.
Deuxièmement, M. le Président, quand mon collègue
dit que c'est du droit nouveau, c'est vrai que c'est une entente, c'est
l'administration d'un pouvoir délégué qu'on donne à
un organisme du milieu autochtone. Remarquez bien que j'aurais cru
personnellement que, comme première entente au niveau des autochtones,
c'aurait pu être relié plus à leurs traditions ancestrales
que les bingos. Personnellement, je donne mon opinion à moi, je pense
qu'on aurait pu avoir à signer des traités, des ententes pour
déléguer des pouvoirs aux autochtones qui cadraient beaucoup plus
avec leurs revendications traditionnelles et avec leurs traditions ancestrales.
J'avoue que, comme première entente, arriver sur les bingos, pour le
moins...
M. Sirros: Ce n'est pas la première.
M. Chevrette: Je ne t'ai pas arrêté pan-toute. Tu
nous a dit d'être patients, puis d'être corrects. Donc, ne soyez
pas arrogant.
M. Sirros: Tout à fait.
M. Chevrette: D'autant plus qu'on a le dernier mot, on est en fin
de session. Puis votre projet est hors d'ordre. Soyez très poli parce
qu'on peut s'en aller tout de suite.
M. Sirros: Je m'en excuse très poliment auprès du
leader de l'Opposition.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le ministre est
pardonné, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Bien, jusqu'à la prochaine. On verra.
Le Président (M. Audet): Vous pouvez poursuivre.
Allez-y.
M. Chevrette: Je continue mon raisonnement. Moi, personnellement,
M. le Président, qu'on délègue un pouvoir d'une
régie à un organisme, en soi je ne suis pas contre ça.
Mais j'ai besoin de savoir, par exemple... Quand on confie toute la
responsabilité qui est dévolue à une régie,
ça va loin, ça. Ça veut dire assurer le respect de tous
les critères uniformes dont le ministre parlait. Ça veut dire
respecter les normes, les maxima d'argent à être mis au jeu, etc.
Ça veut dire aussi assurer la sécurité des gens qui y
participent. Et, moi, je suis loin d'être certain que ce n'aurait pas
été intéressant d'entendre la Sûreté du
Québec, d'entendre des représentants de la sécurité
publique venir nous dire ce qu'ils en pensaient. Parce qu'on n'est pas loin
d'Akwesasne où c'est un bingo qui a conduit à des
événements dramatiques. Il y a eu deux morts. C'est quoi qui
était à l'origine? C'étaient les tenants pour les bingos,
puis les tenants contre les bingos. Comme législateurs, on doit au moins
s'interroger là-dessus avant d'ouvrir une magistrale entente sur les
bingos. Moi, j'aurais aimé qu'on ait une commission parlementaire, que
ça ne soit pas préparé dans l'euphorie, puis dans une fin
de session. Je vous donne mon opinion comme législateur, ce qui est mon
droit le plus fondamental, à part ça.
Je ne le dis parce que je suis contre en principe. C'est parce que, du
principe à l'application des législations, vous savez qu'il y a
un monde. On n'a pas le droit de tuer, puis il y a des tueurs. On n'a pas le
droit de voler, mais il y a des voleurs. Donc, à partir de ce
principe-là, on doit se soucier, à mon point de vue, de
l'application éventuelle de ces lois. Moi, je suis convaincu, puis le
ministre a sans doute raison de dire: On n'est pas tous à Kahnawake. Je
comprends ça, puis je pense qu'il y a des conseils de bande qui font un
travail magistral, puis qui sont fondamentalement démocratiques. C'est
vrai, je n'en disconviens pas de ça. Sauf qu'il faut bien comprendre que
le projet que l'on met sur la table aujourd'hui, c'est un pouvoir
délégué, pouvant être délégué
à l'ensemble des membres, selon certains critères. Mais, quand on
lit le projet de loi, selon certains critères, c'est à la
discrétion du pouvoir exécutif, point. Ce n'est pas à la
discrétion du Parlement. Ce n'est pas a la discrétion de
l'Assemblée nationale. C'est à la discrétion du ministre
délégué qui, par décret gouvernemental, pourra
signer ou conclure une entente avec l'organisme qui sera créé,
l'organisme du bingo. (12 h 30)
Moi, la question qui m'embête tout le temps dans ça, c'est
que - ce n'est pas juridique, parce qu'ils n'en ont pas, de cadre juridique -
ils ont un organisme traditionnellement reconnu qui est le conseil de bande. Le
conseil de bande peut-il être automatiquement l'organisme? Ou, si on
crée un organisme de toutes pièces, il est contrôlé
et supervisé par qui, l'organisme de toutes pièces? Il y a des
questions, que, moi, en tout cas, je vais poser tout au cours de
l'étude, qui m'apparaissent fort importantes.
Deuxièmement, l'important à regarder aussi, ça
devient un minitraité, ça, si on les reconnaît comme nation
et qu'on accepte que l'Assemblée nationale, par législation, leur
confère un pouvoir de signer un traité, des ententes. Est-ce que
ces ententes sont publiques? Moi, je viens d'en lire une entente hier entre
Hydro-Québec et le conseil de bande d'Akwesasne, et le dernier article
de l'entente, c'est que les parties s'entendent pour ne jamais rendre ça
public à aucun média. Vous regarderez le dernier article de
l'entente qui a été rendue publique hier. S'il y a des pouvoirs
délégués qu'on donne à un organisme, à plus
forte raison, on se doit, comme Parlement, d'être au courant de la
façon, de la manière et dans quelles conditions on
délègue le pouvoir qui est dévolu normalement à une
structure d'État.
Et c'est pour ça qu'on dépose un amendement. Votre loi,
elle n'est pas trop urgente puisque vous ne l'avez pas déposée
dans les délais requis de l'Assemblée nationale. C'était
le 14, vous le saviez autant que nous autres, probablement plus que nous
autres. Si votre loi est importante, eh bien, je vous dis que la seule
façon de l'avoir avant Noël, c'est d'ajouter un article. Je vous le
dis tout de suite là. On ne pourra pas perdre quatre heures pour rien.
Moi, je n'aime pas ça faire perdre le temps du ministre, ni de vous
autres. S'il n'y a pas un amendement dans votre loi, qui vise à informer
l'Assemblée nationale de l'entente en question pour qu'on sache ce qu'il
y a dedans et qu'il n'y a pas une obligation légale de le faire, vous ne
l'aurez pas avant Noël. C'est clair. On vous le dit tout de suite. On va
s'obstiner. Je peux vous
rendre, moi, jusqu'à minuit ce soir. Ça ne me
dérange pas. Et, même si je me rendais seulement jusqu'à 14
heures, vous ne l'aurez pas plus, je ne donnerai pas mon consentement en
troisième lecture et je ne donnerai pas mon consentement à
l'étude du rapport. En fin de session, c'est malheureusement
l'Opposition qui peut contrôler ça pour vous autres. Heureusement
pour nous autres parce qu'on s'en ferait passer de jolies et de belles. Parce
que la seule loi consistante, on a un bâillon dessus en haut
là.
Donc, à partir de là, je veux vous aviser tout de suite:
On va le travailler très sérieusement, mais on va tenir compte
des principes que j'ai énoncés. J'espère que c'est clair.
Les parlementaires de tous les côtés de la Chambre devraient
comprendre - je finis là-dessus - l'importance de ce droit nouveau qui
constitue des ententes, mais un pouvoir délégué. Si on
n'est pas capables d'en être informés obligatoirement en vertu des
législations, on risque, encore une fois, d'être, à mon
point de vue, discordants par rapport aux deux poids, deux mesures dont j'ai
parlé souvent.
Il y a des municipalités, vous le savez très bien, dans
vos propres comtés, qui essaient d'avoir des billets de tirage pour une
auto pour se bâtir un centre communautaire - c'est du communautaire,
ça aussi - et qui n'obtiennent même pas de la régie des
loteries présentement... Et j'en ai dans mon comté; elles ne sont
même pas capables sous prétexte qu'il y a d'autres sources de
financement... Bien, bon Dieu, si on veut avoir rien qu'un poids et une mesure,
pourquoi les gens... Si c'étaient, par exemple, des gens de
Châteauguay qui allaient à Kah-nawake au bingo, si l'argent des
gens de Châteauguay était bon pour les Mohawks de Kah-nawake,
pourquoi l'argent des Joliettains ne serait pas bon pour les gens de Saint-Paul
à côté qui veulent se bâtir un centre
communautaire?
Il y aurait eu, entre vous et moi, une plus grande opportunité
d'étudier toute la loi des loteries, à mon point de vue,
plutôt que d'arriver seulement là-dessus. Je ne suis pas loin du
jour où on suggérera, nous autres, et mon collègue va en
parler plus, que l'émission des permis devrait relever d'un organisme
beaucoup plus local. Et l'organisme national serait là pour
établir les règles et critères. Mais la gestion des
permis, l'émission, je ne suis pas certain qu'on ne devrait pas
rapprocher ça du monde, avec une plus grande efficacité, une
moins grande lourdeur administrative. Là, on le fait ponctuellement,
mais, à mon point de vue, le législateur doit prévoir.
Comment essayer de faire rêver l'avenir si tu n'as pas prévu ce
qui s'en vient et si tu n'es pas capable d'assumer le présent? C'est de
la bouillie pour les chats.
Le Président (M. Audet): M. le ministre?
M. Christos Sirros
M. Sirros: Quelques brefs commentaires, M. le Président.
Pour rassurer le leader de l'Opposition, moi, je n'ai absolument aucun
problème à pouvoir prévoir dans le projet de loi que les
ententes conclues soient des documents publics et, d'ailleurs, je viens de
demander à mes conseillers de préparer un amendement dans ce
sens-là. Donc, on pourra y revenir au moment approprié. Je
comprends très bien et, sur ça, il n'y a pas de problème.
On pourrait, par exemple, dire que le ministre déposera dans les 15
jours de l'acceptation d'une entente ladite entente à l'Assemblée
nationale. On pourrait le mettre dans le projet de loi ou on pourrait envisager
que le gouvernement doit déposer à l'Assemblée nationale
toute entente intervenue avec une communauté autochtone, même plus
général, mais ce ne serait peut-être pas la place
appropriée ici. Sur ça, je n'ai pas de problème; ce n'est
nullement l'intention de signer des ententes secrètes pour la gestion
des bingos.
J'aimerais répondre à une inquiétude qu'a
soulevée le leader de l'Opposition quant à la
possibilité... Parce que, selon lui, par une délégation,
c'est comme si on recréait la Régie des loteries et courses sur
le plan de la communauté autochtone et il craindrait qu'il pourrait y
avoir des dépassements particuliers pour la communauté
autochtone. Ce n'est nullement le cas dans le cadre de la loi actuelle et je le
réfère à l'article 4 de la loi qui dit que cette loi,
c'est-à-dire la loi sur la Régie des loteries et courses,
s'applique. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on délègue
l'émission d'un permis de bingo. Par le biais de cette loi qui
s'applique, les règles et les règlements de la loi s'appliquent
également. La communauté autochtone, elle, ne peut pas changer,
ne peut même pas saisir le Conseil des ministres pour une demande de
changement. Ceux qui peuvent saisir le ministre du Revenu, c'est la
Régie qui demande au ministre du Revenu de faire des changements
à ses règles, je pense...
Une voix: Règlements.
M. Sirros: ...règlements, et le ministre, par la suite,
saisit le Conseil des ministres. Donc, c'est pour ça que je disais qu'il
n'y a pas de discrimination, c'est-à-dire que, si la Régie change
ses règles pour l'ensemble de la population, bien oui, les autochtones
vont bénéficier de ça aussi, parce que la présente
loi s'applique, la présente loi étant la loi sur la Régie
des loteries et courses. Et tout ce qui arrive, c'est qu'il y a une partie qui
est déléguée, au niveau de l'administration et de la
gestion des bingos sur le territoire d'une réserve, à un
organisme local. Qui sera cet organisme local? L'entente sera signée
entre le conseil de bande et le gouvernement. Donc, décret
gouvernemental pour entéri-
ner ça avec possibilité, comme je le disais, de faire en
sorte que l'entente soit une entente publique, mais ce serait avec le conseil
de bande.
Question de la sécurité publique, l'exemple qu'a
donné le chef de l'Opposition, c'est peut-être un exemple un peu
malheureux parce que, oui, il y a eu de la violence assez violente, si je peux
parier ainsi, à Akwesasne où il y a eu deux morts, le tout
étant déclenché par la tenue des bingos, sauf qu'il
s'agissait là des superbingos de 100 000 $ et plus tenus par des
intérêts privés pour du profit privé,
financés par un groupe non reconnu. C'est précisément
à ce genre de situation, je pense, qu'on vient donner un signal
très clair qu'il y a des communautés autochtones et des conseils
de bande qui disent: Ça, on n'en veut pas. Parce qu'il s'agirait ici des
bingos, d'abord, à l'intérieur des mêmes limites que le
reste du territoire et, deuxièmement, des bingos pour des fins
communautaires à but non lucratif, sous l'autorité de
l'émission d'un permis par un organisme local qui, lui, est sous
l'autorité du conseil de bande avec lequel le gouvernement signerait une
entente. C'est une question de responsabilisation, une question de prise en
charge et une question d'équité avec l'ensemble de la
population.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, on peut s'inquiéter de
la hâte du gouvernement à adopter une telle législation et
je pense que le minimum, c'est qu'une commission parlementaire soit tenue au
courant, comme on le préconise, des termes des ententes que le
gouvernement fera à cet égard-là. Le ministre vient de
parler des bingos d'Akwesasne où il y avait des lots jusqu'à 100
000 $, ce qui faisait dire à bien des médias qu'en pratique il
s'agissait de casinos. Or, à Kahnawake, entre autres, il se tient des
bingos avec des lots qui dépassent ce qui est prévu dans la loi
et il y a des agences de voyage, de diverses régions du Québec,
qui vendent aux gens ce qu'on appelle en anglais des "junkets" et, au lieu
d'aller à Las Vegas ou à Atlantic City, on allait, un temps,
à Kahnawake. Alors, la question que le ministre pose, c'est de dire:
Est-ce qu'on peut rapprocher des autochtones dans les réserves
l'administration des bingos? Et, en principe, on n'est pas contre, mais on veut
connaître les conditions parce que, actuellement, ça se fait en
dehors de la loi.
Maintenant, M. le Président, je pense qu'il faut situer ça
dans la perspective plus large du pari au Québec et la principale source
de paris, c'est évidemment Loto-Québec, pour près de 1 000
000 000 $ et il n'y a pas à redire là-dessus. Les deux autres
sources majeures de paris au Québec sont les bingos et le pari mutuel
lors des courses de chevaux. On a vu récemment qui ça attire, le
pari mutuel, aux courses de chevaux et, pourtant, ça rapporte 18 000 000
$. Or, je regarde les rapports annuels de la régie des loteries, qui
nous disent qu'en 1989-1990 il s'est joué dans des bingos au
Québec 81 000 000 $ et que cette somme est passée en 1990-1991
à 107 000 000 $, soit une augmentation de plus de 30 %. Et, en termes de
bingos, M. le Président, il faut maintenant distinguer deux sortes de
bingos qui se tiennent: le jeu traditionnel dont j'ignore s'il a une origine
dans la culture amérindienne, mais, dans ma culture à moi, j'ai
commencé à cinq ans à jouer au bingo à la maison
avec des petits jetons. Là, l'informatique est entrée
là-dedans et, maintenant, les bingos ont une ampleur très
considérable parce que les 107 000 000 $ de jeu qui se font, M. le
Président, rapportent net à des organismes charitables 30 000 000
$.
Et la Régie n'a aucun moyen de contrôle des recettes de
l'ensemble des bingos du Québec. Vous savez sans doute, M. le
Président, que la Régie, pour 3000 titulaires de licences de
bingo a 5 vérificateurs qui sont débordés, qui ne
suffisent pas à la tâche. Alors, à cet
égard-là, il n'y a pas juste les autochtones dont il faut
s'inquiéter en matière de bingos. Moi, dans mon quartier, il y a
Bingo de l'est où on joue et ça touche les visages pâles de
Pointe-aux-Trembles et, avec la Régie, je ne peux même pas obtenir
des renseignements, moi, comme député, d'ordre public, comme la
liste des maisons de bingo sur l'île de Montréal. Ça, c'est
un secret. J'ai écrit à la Régie pour avoir le
renseignement. M. le Président, on m'a répondu par une opinion
légale de 10 pages et, en gros, c'était: Ça ne vous
regarde pas, on tient ça entre nous.
Et il y a un autre phénomème, M. le Président.
C'est que, là, la Régie et le gouvernement vont
déléguer un pouvoir qu'on n'exerce déjà pas. Un
exemple, M. le Président, et je prends l'exemple d'un milieu acceptable
pour le gouvernement, en Ontario. Comme le bingo ne se joue maintenant plus
avec des petits jetons qu'on place sur des cartes, mais avec un crayon
où on joue sur des feuillets numérotés à des fins
d'informatique, j'ai demandé à la Régie, lors d'une
rencontre à laquelle Me Raymond participait pourquoi la Régie
n'émettrait pas tous les feuillets qui, actuellement, sont
imposés aux détenteurs de permis par les tenanciers de maisons de
bingo qui vendent pour 1,35 $ des feuillets qui valent 0,50 $. Et les
feuillets, M. le Président - je tiens à le souligner - sont le
seul moyen de contrôle de la recette. Il se joue au Québec, bon
an, mal an, 2 000 000 $ par semaine dans des bingos. Ça, c'est 300 000 $
par soir et Bingo de l'est, sur la rue Sherbrooke, c'est un endroit où
ce sont des bingos qu'on appelle "high-tech" et nettement avec des feuillets.
Or, il n'y a aucun contrôle et, en Ontario, c'est la régie
ontarienne qui émet tous les feuillets pour
contrôler que personne ne mette de l'argent dans ses poches. (12 h
45)
Moi, j'ai forcé la Régie à faire son travail
à l'endroit des titulaires de permis et je connais un organisme, M. le
Président, qui, lorsqu'il a été capable de compter la
recette, s'est mis à faire 1000 $ de plus par semaine. Alors, comme rien
ne se perd, rien ne se crée et que c'est de "la grosse" argent comptant,
il y en a qui s'en mettaient dans la poche. Juste à l'oeil, si ça
se fait partout dans les gros bingos comme ça se faisait dans mon
comté de Pointe-aux-Trembles, on parle d'un détournement possible
de 5 000 000 $ à 10 000 000 $ par année.
Alors, est-ce qu'on va aveuglément dire que juste à un
endroit, juste sur les réserves - je ne suis pas en désaccord, en
principe - là, les bingos vont être gérés autrement?
Nous, ce qu'on prétend, c'est que la Régie devrait être
encore comptable des normes, mais avec peut-être plus que cinq
vérificateurs pour 3000 licences de bingo? Il y a des abus,
actuellement, des abus sans nom. Un autre exemple, M. le Président, le
règlement de la Régie dit que le titulaire du permis doit avoir
sa principale activité dans le quartier ou la localité où
le bingo se tient. Eh bien, jusqu'à récemment, il y avait comme
titulaire d'un permis de bingo à Pointe-aux-Trembles une
résidence pour personnes âgées de Pointe-Saint-Charles. Il
y avait erreur sur la "Pointe"; moi, c'est la Pointe-aux-Trembles. On le
donnait à des gens, par magouille, à Pointe-Saint-Charles.
Ça, M. le Président, c'est des préoccupations qu'on a.
Quant à nous, on pense que la Régie devrait encore appliquer les
normes, mais qu'entre autres les feuillets devraient être imprimés
et distribués par elle pour que personne ne se mette de l'argent dans
les poches.
M. Sirros: C'est des autochtones, ça?
M. Bourdon: Dans l'ensemble du Québec. Le ministre semble
ignorer l'ampleur du problème. Il y a trois industriels du bingo dans la
région de Montréal qui, ensemble, contrôlent, de facto, 70
permis de bingo. S'il y a eu des abus à Akwesasne, je ne suis pas de
ceux qui prétendent que les visages pâles que nous sommes, on est
tous sans tache et qu'il n'y a pas des choses répréhensibles qui
se font, mais le projet de loi s'en tient à une mesure pour une
communauté. On n'est pas en désaccord, en principe, si le
contrôle peut s'exercer.
M. le Président, les feuillets dont je parle, j'en ai fait
état dans une lettre récente au ministre, permettraient de
contrôler la recette. Là, je vais ajouter quelque chose qui va
peut-être sembler révolutionnaire, c'est que, moi, je suis d'avis
que le vol est illégal et répréhensible et qu'une
régie devrait voir à ce que personne ne mette ses mains dans la
caisse et on parle d'une caisse de 107 000 000 $.
Alors, revenons aux communautés autochtones, aux nations
autochtones. On n'a pas d'objection de principe à ce que les bingos
soient rapprochés d'eux, mais, nous, on pense que les permis de bingo
ailleurs ne devraient plus être donnés par la Régie qui est
d'une incompétence manifeste, mais ils devraient être
donnés par les MRC et par les communautés urbaines ou les
municipalités dans les grands centres urbains. Je dis bien, M. le
Président, pas les normes; ça, à la Régie, on peut
toujours espérer qu'il y aura un jour plus de vérificateurs qu'il
y a de régisseurs. Actuellement, il y a cinq régisseurs et cinq
vérificateurs pour des milliers de concours publicitaires et pour 3000
permis de bingo de deux natures: le chiffre de 30 % d'augmentation dans les
bingos, il vient de ce que, dans la région métropolitaine
principalement, à la connaissance de la Régie qui ne fait rien,
on a de véritables maisons de jeu qui se tiennent à
Paul-Sauvé ou qui se tiennent au Bingo de l'est ou qui se tiennent
ailleurs sur l'île de Montréal. La Régie ne veut même
pas révéler à un député la liste des
établissements où on joue. On écrit une lettre et on
reçoit un avis légal de 10 pages.
Alors, le ministre se demande peut-être quel rapport ça a.
Ça a un rapport certain, c'est que les gens de mon comté, qui
vivent des problèmes avec la régie des loteries, vont se demander
pourquoi le gouvernement ne s'intéresse qu'à une partie de la
question, cette partie-là étant des bingos qui se tiennent dans
les réserves autochtones. En principe, on n'est pas contre, à
condition qu'il n'y ait pas des enfirouâpages et des ententes par en
dessous. La loi interdit de transporter des gens pour les amener jouer au
bingo. On sait que, dans le cas de Kahnawake, entre autres, il se vend des
forfaits tout compris, qui incluent l'autobus, l'hôtel et la
participation à des bingos. On parle de bingos où il se donne des
voitures de l'année en prix, à l'occasion. Là, on n'est
plus à 3500 $ ou 5000 $, M. le Président.
Le ministre ne nous dit pas là-dessus s'il y aura des garanties
qu'on aura comme parlementaires qu'il ne s'agit pas d'avoir de bingos qui
deviennent de facto des casinos. Que ce soit plus proche des gens, je suis
sûr que les gens de Pointe-aux-Trembles préféreraient que
la Comu-nauté urbaine ou la ville de Montréal donne les permis
plutôt que la régie des loteries. La régie des loteries,
c'est par favoritisme: si tu es dans la bonne gang, tu en as, puis, si tu n'es
pas dans la bonne gang, tu n'en as pas. Et ça pourrait rapprocher
ça des gens. Mais les normes, est-ce qu'elles vont être
appliquées? Puis, quand je parle de la bonne gang, je ne parle pas
d'allégeance politique, d'aucune façon. Si tu es dans la bonne
gang, c'est parce que tu es proche des industriels du bingo, que la
Régie laisse faire la pluie et le beau temps, puis qui, à mon
avis, s'approprient une partie de la recette
et on n'a même pas la jarnigoine d'imprimer les feuillets comme en
Ontario. Et, pourtant, en Ontario, on a de cette manière-là, un
contrôle efficace des activités de bingo.
M. le Président, pour résumer, la Régie devrait
cesser d'émettre les permis, l'Assemblée nationale devrait
continuer d'édicter la loi, les normes et les règlements. La
Régie devrait être outillée pour inspecter en
matière de bingos, parce qu'il y a 3000 détenteurs de permis,
puis, à ma connaissance, il y a 5 vérificateurs. Les MRC, les
communautés urbaines et les grandes villes devraient être celles
qui émettent les permis de bingo pour que ça se fasse avec
justice, avec honnêteté, puis qu'on réglemente
l'activité des industriels qui sont maintenant dans le bingo. Puis,
à ces conditions-là, je pense que l'ensemble de la population
s'en trouverait mieux.
Et je finis en disant qu'on parle de 107 000 000 $ qui produisent
officiellement 30 000 000 $ de profits, puis on a une Régie qui, ni dans
les réserves autochtones, ni ailleurs, ne fait un travail sérieux
pour s'assurer notamment que personne ne mette la main sur la recette. Vous
savez que ça se transige tout en argent comptant. Puis, un dernier
point: il y a le jeu de bingo qui se pratique encore dans certains sous-sols
d'églises où des clubs d'âge d'or ont un bingo où il
y a une cagnotte qui ne rapporte à personne. On met 0,50 $ dans la
cagnotte, puis on distribue ce qu'elle a rapporté. Mais, à
côté de ça, il y a des industriels où ce n'est pas 6
$ ou 7 $ qu'on joue dans une soirée; c'est en moyenne 40 $ ou 50 $.
Puis, à Kahnawake, quand le prix d'entrée, qui comporte un
certain nombre de feuillets, est de 25 $, on dépense facilement 50 $, 75
$, 100 $ par soirée.
Encore là, je ne suis pas contre le principe que des gens fassent
ce genre de pari à condition que ça profite vraiment au milieu
où ça se tient, puis qu'il y ait des règles. Et, à
cet égard-là, ce qu'on demande au ministre, c'est un minimum de
transparence. Il y aura des ententes. Qu'est-ce que les ententes vont
prévoir? Quelles conséquences auront-elles? Je parle pour les
nations autochtones, puis pour les bingos qui se tiennent chez elles. O.K. Mais
on voudrait les voir et pouvoir poser des questions, parce que, autrement, je
crains fort que les bingos continuent d'être l'objet, d'abord, d'une
croissance phénoménale, puis, deuxièmement, sous aucun
contrôle public sur la caisse. Puis, ça m'apparaît essentiel
qu'on s'assure que ça se fasse.
Le Président (M. Audet): Merci, M. le député
de Pointe-aux-Trembles. M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, je relèverais
simplement une très petite partie de ce qu'a dit le député
qui, pour la plupart, a parlé en dehors du sujet que nous avons devant
nous. Mon collègue, le ministre du Revenu, n'étant pas ici pour
répondre précisément à toutes les questions par
rapport à l'administration de la Régie, etc., je ne peux quand
même pas ne pas répliquer un petit peu vis-à-vis certaines
affirmations qu'il a faites, plus particulièrement ses
références répétées aux bingos, puis
à Kahnawake, etc.
Je pense qu'il faut qu'on souligne qu'il rapporte des choses qui ne
tiennent plus. Ça fait un bon bout de temps que c'est
arrêté pour toutes sortes de raisons. Je voudrais juste ne pas
laisser l'impression, comme l'a fait le député, que c'est quelque
chose qui est chose courante. Et, d'ailleurs... J'arrêterai là, M.
le Président. Nous avons un vote, je crois bien.
Le Président (M. Audet): MM. les membres de la commission,
nous devons suspendre nos travaux, étant donné qu'il y a un vote.
Alors, compte tenu de l'heure, nous allons suspendre jusqu'à 14
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 14 h 6)
Le Président (M. Lemieux): La commission reprend ses
travaux relativement au projet de loi 187. M. le ministre, la parole est
à vous, au niveau des remarques préliminaires, qu'on
m'informe.
M. Sirros: Les miennes sont faites, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, les remarques
préliminaires?
M. Chevrette: On en a pour deux heures.
Le Président (M. Lemieux): ...M. le député
de Joliette, aucun problème. M. le ministre.
M. Sirros: Mes remarques sont faites, M. le Président, je
passerais la parole à quelqu'un d'autre s'il insiste.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Duplessis, vous aviez demandé la parole.
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, sur l'amendement que nous
avons à proposer face à l'article 3, je voudrais poser plusieurs
questions au ministre. Je ne les poserai pas en vrac, mais on parle, dans
l'article 3, d'ententes. Il circule des informations à l'effet qu'il y
aurait déjà une entente de signée entre le gouvernement et
Pointe-Bleue, Mashteuiatsh, ainsi que, possiblement, d'autres ententes comme,
par exemple, avec les Algonquins. Ce qui nous intéresserait, nous, c'est
d'obtenir au moins l'entente se
rapportant à Pointe-Bleue, une copie de l'entente se rapportant
à Mashteuiatsh. Compte tenu de ce que nous avons dit
antérieurement, il est extrêmement important d'obtenir ces
ententes à cette commission parlementaire et cette entente en
particulier, parce que nous voulons en voir le contenu.
Lorsque le ministre, avant qu'on ferme la commission parlementaire,
faisait allusion au projet de loi, il parlait d'ententes avec les conseils de
bande. On remarque qu'à ce niveau en aucun temps dans la loi
elle-même il n'est mentionné conseil de bande; on parle
plutôt dans la loi elle-même, à l'article 3, "d'une
communauté autochtone vivant sur une réserve". On parle aussi
d"'un établissement déterminé". D'autre part, si je me
reporte au règlement, parce que le ministre a semblé couler dans
le ciment le règlement actuel, n'est-il pas exact que le Conseil des
ministres peut modifier, au moment propice où il veut le faire,
l'article 4.1 du règlement qui a été adopté en
1991? Il pourrait même y ajouter un article; à la page 2358,
lorsqu'on mentionne qu'il "autorise la tenue d'un bingo dans tout autre lieu
public et dont le prix se situe entre", il peut même ajouter, en fonction
des droits que lui donne le pouvoir exécutif, un ciiii qui pourrait
dire: Dans le cas de tel conseil de bande, dans le cas de telle
communauté, dans le cas de tel établissement, nous accordons un
montant de x par rapport au montant. Au lieu de 5000 $ qu'on a dans ce
cas-là dans le règlement 1991, on pourrait donc dire que, dans le
cas des nations autochtones, des établissements autochtones, ça
pourrait être porté de 5000 $ à 10 000 $. Même, on
pourrait le faire à la pièce, dépendamment des ententes
qui seront signées.
M. le Président, je voudrais vous souligner qu'un
règlement, ça se change très facilement de la part du
Conseil des ministres. Si je me reporte au 2 janvier 1985, il y avait eu des
amendements concernant le système de loterie. Le 13 mars 1985 - je parle
toujour d'amendements aux règlements - amendements concernant le
système de loterie, les règles modifiées. Je continue. Le
5 juin 1985, système de loterie, règles modifiées encore
une fois, toujours se rapportant aux bingos. Le 10 juillet 1985, système
de loterie, encore modification aux règlements. Le 10 septembre 1986,
système de loterie, règlements modifiés encore une fois
et, le 8 novembre 1989, système de loterie, réglementation
modifiée. Et on pourrait continuer comme ça, M. le
Président, mais, ça, ça se rapporte strictement à
ce que nous avons trouvé au niveau des règlements qui
découlent de la loi sur les loteries.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
l'intention d'en faire le dépôt, M. le député de
Duplessis?
M. Perron: M. le Président, non, je n'ai pas l'intention
d'en faire le dépôt. S'il y a des gens...
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Perron: ...qui veulent en prendre connaissance, il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Perron: De toute façon, ça, c'est connu du
public.
Le Président (M. Lemieux): Oui, d'accord.
M. Perron: Même n'importe quel membre de la commission peut
en demander le dépôt.
M. Sirros: Question de règlement, si le
député me permet...
Le Président (M. Lemieux): Oui, sur la question de
règlement.
M. Sirros: ...pour juste me situer un peu. Est-ce qu'on est
toujours dans les remarques préliminaires ou est-ce qu'on a...
Le Président (M. Lemieux): On m'a dit ce matin...
M. Sirros: Parce qu'on parle de l'article 3.
M. Perron: Non, on est toujours... C'est parce que je fais...
M. Sirros: O.K. Non, non, ça va.
M. Perron: Je fais référence, dans mes remarques
préliminaires, à certains articles et, en particulier, à
l'article 3 qui nous touche de près parce qu'on sait très bien
que la loi sur les loteries peut permettre en n'importe quel temps au
gouvernement, c'est-à-dire au Conseil des ministres, d'amender les
règlements qui découlent de cette loi-là incluant les
règlements sur les bingos.
M. Sirros: Mais, M. le Président, juste pour terminer sur
cette question de règlement, il me semble que, si on est pour parler des
amendements possibles et des choses que l'article 3 fait, on pourrait
peut-être appeler l'article 3 pour le discuter et en discuter
spécifiquement.
M. Perron: On va y aller en temps et lieu, M. le
Président.
M. Sirros: Sinon, il me semble qu'on n'est plus dans les
remarques préliminaires, mais bien dans des remarques
spécifiques.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, ce matin, ce
n'est pas moi qui ai présidé cette commission-là et on m'a
dit qu'on avait été quand même très libéral
au niveau de l'interprétation du règlement...
M. Sirros: II est toujours question de l'être, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): ...eu égard au fait
qu'il n'y avait pas eu d'appel, de part et d'autre, à ce que ce soit une
interprétation très stricte du règlement. À titre
d'exemple, M. le député de Duplessis - je me suis informé
en arrivant - est intervenu pour une période de temps de 10 minutes 45
secondes. Habituellement, au niveau des remarques préliminaires,
ça se fait en une seule fois. Je l'ai laissé intervenir parce
qu'on m'a dit que c'était un consentement mutuel de part et d'autre.
Alors, je vais continuer dans cette optique-là à ce que ce soit
très large, tout en faisant respecter les droits de chacun, et qu'on
soit quand même pertinent. Mais les remarques du député de
Duplessis, même si elles se situent au niveau d'une déclaration
d'ouverture ou des remarques préliminaires, m'apparais-sent pertinentes.
Il faut que je suive, pour l'interprétation de ces remarques-là,
l'article 41 d'interprétation. Alors, il faut que je sois quand
même très large et libéral au niveau du discours. Alors,
c'est pertinent.
M. Perron: La question était...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Perron: La question était la suivante, M. le
Président: N'est-il pas exact que le Conseil des ministres, s'il le veut
bien, peut modifier le règlement qui découle de la loi sur les
loteries en n'importe quel temps pour modifier quoi que ce soit qu'il veut sans
l'intervention de l'Assemblée nationale?
Une voix: Évidemment.
M. Perron: II peut le faire. Alors, je veux bien prendre la
parole du ministre, mais le problème que j'ai, c'est que je ne prends
pas la parole de son gouvernement.
Une voix: C'est ça.
M. Perron: Qu'est-ce qu'il va faire avec les règlements
par la suite?
M. Sirros: Ce n'est pas des questions de rhétorique. Ce
sont toutes des questions réelles qui se rattachent à
l'article.
M. Perron: Non, non. Ça se rattache aux règlements
qui découlent de la loi elle-même.
M. Sirros: Ça n'appelle pas de réponse donc?
M. Perron: Bien, si. C'est vous autres qui ne voulez pas donner
de réponse.
M. Sirros: Oui, oui.
M. Perron: C'est le ministre qui ne veut pas donner de
réponse. Je lui ai posé la question: Est-ce que le ministre a
l'intention de modifier le règlement qui découle de la loi sur
les loteries - c'est ça que je lui pose comme question - suite à
une entente qui serait signée?
M. Sirros: M. le Président, j'aimerais ça que le
député se calme.
M. Savoie: Ça, c'est des questions sur la
Régie.
M. Sirros: Oui, c'est ça.
M. Perron: Bon, mais allez-y.
M. Savoie: Effectivement, le gouvernement...
M. Perron: Ça prend deux ministres pour nous
répondre, M. le Président.
M. Savoie: Ça ne prend pas deux ministres pour vous
répondre.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Duplessis!
M. Savoie: On est deux ministres ici pour vous servir, puis vous
aider davantage.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Savoie: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que,
effectivement, la loi et les règlements s'appliquent d'une façon
globale et, pour l'appliquer dans ce cas-ci, on a besoin d'un décret du
Conseil des ministres. Sans les modifications légales qui seront
adoptées, on ne pourrait pas, à ce moment-là, autoriser la
Régie à émettre des permis ou autoriser un conseil de
bande à émettre des permis à un conseil de bande.
M. Perron: Alors, ça me ramène à la
question: Est-ce que les intentions ministérielles sont à l'effet
que, dans les modifications qui vont être apportées par le Conseil
des ministres par décret, il va modifier en même temps les
règlements?
M. Savoie: Non, il ne pourra pas modifier les
règlements.
M. Perron: Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il ne peut pas
modifier les règlements lorsqu'on a
modifié à peu près une dizaine de fois au cours des
cinq dernières années le règlement en question concernant
la loi sur les loteries?
M. Savoie: II est prévu que la délivrance du
permis, en vertu de l'article 34.1 ...
M. Perron: Pardon?
M. Savoie: Je vous invite à prendre connaissance de
l'article 34.1...
M. Chevrette: On peut avoir 30 secondes?
M. Savoie: ...qui dit que les dispositions de la présente
loi s'appliquent à l'organisation, l'administration, la conduite et le
fonctionnement d'un bingo. Quand on dit "la présente loi", c'est la
présente loi et ça comprend les règlements qui en
découlent. Alors...
M. Perron: Mais le règlement pourrait être
modifié.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, j'ai le consentement pour le député de Joliette,
puisque vous avez demandé la parole avant? Ça va? Oui.
M. Chevrette: M. le Président, je suis prêt à
vous suggérer une façon... Je pense qu'on va commencer à
l'article 1...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: ...et on posera nos questions. Étant
donné que le gouvernement était en demande, imaginez-vous, on a
eu la naïveté de croire qu'on pourrait le questionner "at large"
pour commencer, étant donné, que c'est un projet de loi vous le
savez très bien, qui peut mourir "dret" ici, après-midi.
Le Président (M. Lemieux): J'en suis très
conscient, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: On pensait qu'on le pouvait, parce qu'on a fait
appel à notre grande maturité; nous autres, on a fait appel
à leur compréhension. Comme ils n'en ont pas là et qu'il
s'en tient à des questions de règlement au moment où on
pourrait vous envoyer paître...
M. Sirros: C'était pour clarifier.
M. Chevrette: Bien, voyons! Ne prenez pas ce ton-là cet
après-midi, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette!
M. Chevrette: Vous n'êtes pas en position, vous n'avez
même pas de rapport de force, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, écoutez, je suis conscient du rapport de force que vous avez.
Je pense qu'ils en sont conscients et je voudrais que ça puisse se faire
dans le droit des parlementaires, M. le député de Joliette.
Ça va? Vraiment, en respectant vos droits comme parlementaire. Soyez
sans crainte, je vais faire respecter ce droit-là.
M. Chevrette: J'en suis convaincu. Je vais vous aider à
part ça.
Le Président (M. Lemieux): Ah ça, j'en suis
certain, vous allez être très collaborateur. Alors, j'appelle
l'article 1 du projet de loi d'intérêt privé 187, Loi
modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils
d'amusement. M. le ministre, est-ce qu'il y a des interventions sur l'article
1?
Étude détaillée
M. Savoie: Non, M. le Président, il n'y a pas
d!Jntervention.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette sur l'article 1.
Organisme local désigné après
entente pour
délivrer les licences de bingo sur le
territoire d'une communauté autochtone
M. Chevrette: M. le Président, tantôt, on a
demandé au ministre: Un organisme local, c'est constitué de quoi
légalement? À partir quoi? Est-ce que c'est un organisme avec une
charte dûment reconnue? Est-ce que c'est un organisme sur lequel on a
fait enquête pour voir s'ils sont capables de faire appliquer les
règles de la régie des loteries? Parce qu'on leur donne toute la
responsabilité de la régie des loteries. Est-ce que c'est un
organisme et c'est sanctionné... Par qui est choisi l'organisme?
Première question.
M. Savoie: L'organisme local va être identifié.
Évidemment, on fait référence à des
communautés autochtones, donc, à des réserves ou - c'est
marqué à l'article 34 - à des établissements
déterminés par règlement. Donc, ça pourrait
être des représentants provenant... Par exemple, on pense
particulièrement à des éléments provenant du
conseil de bande et qui seront déterminés. Maintenant, pour
l'organisme local, il faut comprendre qu'on fait affaire avec des autochtones.
On ne fait pas affaire avec des organismes locaux au sens large comme on peut
les voir au Québec. Et, en conséquence, on ne veut pas, non plus,
s'astreindre nécessairement à un conseil de bande. Ça
pourrait être des membres d'un conseil de bande avec d'autres membres des
communautés autochtones, mais qui
devront faire l'objet d'examen par la Régie.
M. Chevrette: Je reprends ma question. L'organisme local est
choisi par qui? Je vais y aller par petites questions si ça peut vous
simplifier...
M. Savoie: L'organisme local va être désigné
suite à des ententes.
M. Sirros: Avec le conseil de bande.
M. Chevrette: Qui négocie avec vous une entente?
M. Sirros: Le conseil de bande.
M. Chevrette: Si c'est le conseil de bande qui négocie une
entente, c'est le conseil de bande qui va donc vous indiquer quel est
l'organisme ou l'établissement?
M. Sirros: Exact. Ça peut même être le conseil
de bande lui-même.
M. Chevrette: Bon. Je sais ça. Mais, tel que
stipulé, il n'y a aucune identification de qui fait le choix de... Dans
le premier article, vous dites: "Organisme local: un organisme
désigné en vertu du deuxième alinéa de l'article
34". L'article 34 de la loi de la régie des loteries.
M. Savoie: Je ne comprends la nature du questionnement.
M. Chevrette: Vous négociez... Écoutez, là,
le ministre délégué aux autochtones me dit: On
négocie avec le conseil de bande.
M. Savoie: C'est-à-dire que les négociations pour
le choix de l'organisme local, ça va se faire par le biais du conseil de
bande. Lorsqu'on parle de l'organisme local, ça pourrait être le
conseil de bande ou des membres provenant du conseil de bande.
M. Chevrette: On va se comprendre. Quand vous allez signer une
entente...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Oubliez l'organisme.
M. Savoie: D'accord.
M. Chevrette: Quand vous allez négocier une entente, vous
allez négocier avec qui?
M. Sirros: Avec le conseil de bande.
M. Chevrette: Ce n'est pas marqué, ça, dans votre
loi. C'est marqué que l'article 1 de la loi des loteries est
modifié en remplaçant dans le premier alinéa, bon.
Organisme local. À quelle place vous voyez dans votre projet de loi que
vous sanctionnez juridiquement l'entente? Il faut que ce soit sanctionné
par quelqu'un, identifié, même chez les autochtones, ils ont beau
ne pas être constitués comme les autres. Est-ce que toute entente,
avec quelque nation ou quelque réserve que ce soit, va toujours
être négociée avec le conseil de bande, oui ou non?
M. Savoie: Oui, c'est marqué la "communauté", dans
le texte: "et cette communauté relativement à la constitution
d'un organisme local." Alors, les représentants de la
communauté...
M. Chevrette: Une communauté, ce n'est pas un conseil de
bande.
M. Savoie: Non, mais les représentants de la
communauté le sont, par exemple.
M. Chevrette: Oui. Je m'excuse, mais il faudrait marquer dans la
loi, d'une façon très précise, que toute entente devra
d'abord être signée entre un conseil de bande et le
ministère. Je veux dire, il faut que tu y trouves une source juridique,
une origine juridique quelconque. Là, si j'ai compris le projet de loi,
vous pourriez négocier avec un groupe de dissidents; ce sont des membres
de la communauté. Ils pourraient désigner un organisme, parce que
c'est tellement flou, le terme organisme local là. Les Warriors, par
exemple, prennent le contrôle de Kanahwake. Je vais vous donner un
exemple. Les tradition-nalistes prennent le contrôle demain matin, ils
négocient. C'est une prise de contrôle de la communauté par
la force, en dehors des structures traditionnelles de prise de contrôle
de la direction d'une réserve. En quoi votre loi ne permet pas aux
Warriors d'en conclure avec vous autres? Il n'y a rien.
M. Sirros: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, oui.
M. Sirros: J'aimerais référer le leader de
l'Opposition à l'article 3.
M. Chevrette: C'est exactement celui-là que j'ai lu pour
vous poser la question.
M. Sirros: C'est le coeur. On y dit: "dans la mesure où
une entente est intervenue au préalable entre le gouvernement et cette
communauté." Chaque communauté a une instance qui l'incarne, qui
la représente au niveau de la Loi sur les Indiens. Il y a deux
possibilités pour une communauté d'avoir un gouvernement, si vous
voulez, un conseil de bande. Il y a deux genres
de conseils de bande qui sont reconnus par la Loi sur les Indiens.
Chaque communauté a un mécanisme, un instrument de gestion de sa
vie communautaire. Donc, le gouvernement du Québec négocie, quand
on parle de cette communauté, avec l'instrument qui gère la
communauté. C'est le conseil de bande. Il ne peut pas y en avoir
d'autres. Maintenant, que ce conseil de bande soit un conseil de bande
élu ou traditionnel, en autant que c'est à
l'Intérieur...
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes prêt à
écrire, dans ce cas-là: "...au préalable entre le
gouvernement et cette communauté," par ses représentants
dûment nommés en fonction de la Loi sur les Indiens? Si vous dites
qu'il y en a deux sortes, puis que c'est spécifié dans la loi des
Indiens.
M. Sirros: C'est implicite dans ce qu'on dit ici. Je ne sais pas
si techniquement...
M. Chevrette: C'est loin d'être implicite.
M. Sirros: ...on est rendus au stade où on peut faire
toutes sortes de modifications de cette nature-là, mais je pense qu'il
en découle...
M. Chevrette: Eh bien on est justement là pour ça,
M. le Président.
M. Sirros: Oui, mais, M. le Président, il en
découle - c'est pour ça l'appel que je faisais ce matin au niveau
d'une lecture objective de la chose - que, quand on parle de négociation
entre un gouvernement et une communauté, il y a juste une instance qui
représente la communauté et c'est le conseil de bande, parce que
autrement, il n'y a pas de communauté.
M. Chevrette: Où est-ce qu'est défini le mot
"communauté" dans les lois du Québec?
M. Savoie: Oui, c'est une communauté autochtone.
M. Chevrette: Où est-ce que c'est défini dans les
lois?
M. Savoie: II n'y en a pas beaucoup de définitions,
effectivement. C'est ce que j'allais vous dire que, effectivement, il peut y
avoir des définitions, par exemple, dans des lois spécifiques.
Par exemple, au niveau de la loi de la santé et des services sociaux, il
va y avoir des définitions propres. Dans la loi sur l'éducation,
il va y avoir des définitions propres parce qu'on fait
référence à des communautés autochtones et à
leur propre fonctionnement, surtout pour le financement.
M. Chevrette: Mais, à plus forte raison, pour ces bingos,
entre vous et moi là, on va au moins définir ce que c'est que la
communauté. Si on veut dire que c'est le conseil de bande, on va le
dire.
M. Savoie: Ah, si je comprends bien...
M. Chevrette: Ce n'est pas vrai qu'on va laisser le soin au
ministre de choisir qui dans la communauté va diriger, va signer une
entente avec lui. Non.
M. Savoie: Finalement, ce que vous demandez, c'est qu'on
précise de cette communauté dûment
représentée par le conseil de bande.
M. Chevrette: L'autorité de la communauté. Si c'est
mieux défini dans la Loi sur les Indiens, je ne suis pas là pour
empêcher de tourner en rond là.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Je veux vous dire, on va au moins définir
quelle est l'autorité de la communauté, parce que, autrement, on
sait ce qui peut arriver.
M. Savoie: Je serais prêt... Lorsqu'on sera rendu à
l'article 3.
M. Chevrette: Faites-le préparer par vos juristes, on va
le mettre en suspens et on pourra le revoir tantôt.
M. Savoie: Ça va.
M. Chevrette: Sur l'article 1, oui.
Le Président (M. Lemieux): Nous sommes toujours sur
l'article 1. Vous n'avez pas terminé vos interventions sur l'article 1.
D'accord.
M. Chevrette: On n'a pas fini, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Continuez, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Lorsqu'il y a une entente avec le conseil de bande
de Pointe-Bleue, par exemple, si vous décidez, comme gouvernement, de
signer une entente avec le conseil de bande de Pointe-Bleue, eux autres, ils
ont le pouvoir, en vertu des articles 1 et 3, si on les lie pour fins de
discussion, de confier ça à un organisme local. Qui va faire les
enquêtes nécessaires: casier judiciaire, solvabilité,
empreintes, etc., tel qu'on le prévoit dans la loi sur les loteries?
M. Savoie: Ça va être préparé lors des
négociations entre le ministre délégué aux Affaires
autochtones et la communauté, avant d'être soumis à la
Régie. La Régie, à ce moment-
là, va examiner l'entente pour être sûre que cette
entente-là rencontre les normes.
M. Chevrette: M. le ministre, vous ne répondez pas
à ma question. Je vais vous la reposer. Je ne vous ai pas parlé
de l'entente. L'entente, elle est signée avec le conseil de bande.
M. Savoie: Non, mais avant sa signature... Avant de signer
l'entente, ces informations-là devront être
"rencontrées".
M. Chevrette: Donc, si je comprends bien, lorsque vous
négociez, supposons, avec Pointe-Bleue - ils veulent donner ça au
comité des grands-mères...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...l'enquête va se faire par la régie
des loteries?
M. Savoie: C'est-à-dire que les informations pertinentes
vont être ramassées. Le projet d'entente va être soumis
à la Régie, pour examen.
M. Chevrette: Je sais ça.
M. Savoie: Si on rencontre, à ce moment-là, les
conditions de la Régie, là...
M. Chevrette: Je reprends ma question.
M. Savoie: ...il va y avoir une recommandation.
M. Chevrette: M. le Président, je vais reprendre ma
question.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Pour l'entente, je sais ça, moi, que vous
allez faire une enquête avec la Régie et que vous allez
décider.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Et si le ministre dit: Moi, je le donne à
Pointe-Bleue, il va le donner à
Pointe-Bleue. Il va signer une entente avec le chef de Pointe-Bleue.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: C'est correct? On s'est bien compris.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Mais, eux autres, ils vont dire: Nous, maintenant
qu'on a le pouvoir de faire des bingos, on va confier ça à un
organisme.
M. Savoie: C'est ça, oui. C'est correct.
M. Chevrette: L'organisme qui sera choisi par Pointe-Bleue... Qui
va faire les enquêtes sur la solvabilité, les casiers judiciaires,
les empreintes, etc., de ceux qui demandent le permis à la bande?
M. Savoie: Dans l'entente, ces mesures-là vont être
établies. C'est-à-dire que la communauté, le conseil de
bande, par exemple, ou l'organisme local qui va être chargé
d'émettre les permis va être obligé de rencontrer certaines
normes, certains critères qui vont être prévus dans
l'entente.
M. Chevrette: Donc, c'est eux autres qui vont faire les
enquêtes.
M. Savoie: C'est-à-dire que non. Ils vont être
obligés de rencontrer des normes. Si on rencontre les normes, à
ce moment-là, il pourra y avoir émission du permis.
M. Chevrette: On sait très bien que, dans ces
milieux-là, il n'y aura pas d'enquête comme il se fait à la
régie des loteries. On peut aussi bien se ramasser avec un organisme qui
est contrôlé par un petit noyau qui peut avoir des casiers
judiciaires, qui ne paie pas ses comptes d'électricité, par
exemple - ça vous permettra de leur envoyer 300 $ - ou bien qui... Je ne
sais pas ce qu'ils feront. Mais, moi, je veux savoir qui va faire les
enquêtes de solvabilité, de casiers judiciaires, pour ceux qui
vont gérer. L'entente, c'est pour décider de contrôler
globalement. Mais la gestion même par l'organisme... Il va y avoir des
enquêtes, j'espère, sur ce monde-là.
M. Savoie: C'est l'organisme local qui va tenir les bingos.
M. Chevrette: Oui. Ce n'est pas le conseil de bande qui a
signé l'entente.
M. Savoie: Non, c'est ça.
M. Chevrette: Donc, c'est ça que je dis. Vous ne ferez pas
d'enquête sur le conseil de bande, vous signez une entente avec lui. Mais
allez-vous en faire, comme vous en faites pour les dirigeants d'organismes?
M. Sirros: M. le Président, si je peux... L'entente qui
intervient est relative à la constitution d'un organisme local. Le but
de l'entente, c'est de créer l'organisme local. (14 h 30)
Une voix: Avec le conseil de bande.
M. Sirros: La négociation se fait avec le conseil de bande
pour créer un organisme local. Donc, ça prend le consentement du
gouvernement pour créer l'organisme local. Donc, toutes les
modalités d'opération de l'organisme local: qui siège sur
cela, combien de personnes, etc., font l'objet de l'entente. Dans ce
sens-là, avant la signature de l'entente, il faut qu'il y ait une
approbation gouvernementale, de la part du gouvernement. Donc, dans ce
sens-là, il faut que le gouvernement assume ses responsabilités
et s'assure qu'il est d'accord avec ce qu'il va signer. Sinon, je suis certain
qu'il y a des parlementaires qui vont se charger de lui mettre ça sous
le nez.
M. Chevrette: Les pouvoirs de l'organisme local, M. Sirros, sont
de quelle nature?
M. Sirros: C'est d'administrer, d'émettre les permis de
bingo sur la réserve, selon la loi qui existe au Québec.
M. Chevrette: Ça, c'est les fonctions. Les pouvoirs?
M. Savoie: D'émettre ou ne pas émettre un
permis.
Une voix: 34.1.
M. Chevrette: En vertu de quels critères?
M. Savoie: En vertu des critères de l'entente qui sera
ratifiée par le Conseil des ministres.
M. Chevrette: Est-ce qu'ils seront soumis aux mêmes
obligations que tous... Par exemple, il va se créer un organisme. Le
conseil de bande signe une entente, vous reconnaissez Les grands-mères
comme organisme pouvant distribuer les permis de bingo sur la réserve.
On se comprend?
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: La structure que vous créez au niveau
régional...
M. Savoie: Oui, l'organisme local, qui va émettre...
M. Chevrette: ...le comité des grand-mères, est-ce
qu'elle a l'obligation de faire des enquêtes sur ceux qui vont demander
des permis de bingo?
M. Savoie: C'est-à-dire que l'organisme local va
être chargé de respecter les ententes et les conditions pour
l'émission d'un permis. Donc, cela veut dire obtenir à la
satisfaction les informations qui sont nécessaires et utiles, et, s'il y
a contravention à un principe d'émission de permis, ils vont
être obligés de le refuser.
M. Chevrette: Ça va être prévu dans
l'entente?
M. Savoie: Oui, ça va être prévu dans
l'entente. Les conditions pour l'émission d'un permis vont être
prévues dans l'entente par le...
M. Chevrette: Avez-vous un modèle d'entente type
là-dessus?
M. Savoie: Non, on n'a pas de modèle d'entente à ce
moment-ci.
M. Perron: Mais l'entente avec Pointe-Bleue, est-ce que vous
l'avez?
M. Sirros: II n'y a pas eu d'entente avec Pointe-Bleue. Je ne
sais pas où vous prenez cette information-là. On a discuté
des hypothèses avec Pointe-Bleue, mais on n'a jamais signé
d'entente avec Pointe-Bleue. On ne peut pas signer d'entente avant d'avoir un
projet de loi.
M. Perron: Non, mais vous avez une entente qui est en
négociation actuellement. Vous avez sûrement de la paperasse
là-dessus.
M. Sirros: On a des hypothèses de discussion. On a des
documents de travail, etc. On ne met pas ça sur... En tout cas, non, ce
n'est pas relatif au projet de loi, parce que le projet de loi n'est pas
adopté encore.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me faire une liste des
obligations, des devoirs et des pouvoirs de l'organisme?
M. Savoie: C'est-à-dire que, si on regarde la loi sur la
Régie et qu'à ce moment-là on examine ces
conditions-là, ces conditions-là vont être adaptées
pour les fins d'une communauté autochtone.
M. Chevrette: Prenons ça autrement. Quels sont les points
qui vont paraître dans l'entente?
M. Savoie: Étant donné qu'on n'a pas d'entente type
encore, qu'on n'a pas de modèle d'entente, on veut permettre au ministre
délégué aux Affaires autochtones d'arriver à des
conclusions avec les communautés en question et, ensuite, de produire
l'entente. Nous, ce que nous cherchons au niveau de la Régie, puisque
ça va devoir nécessairement arriver suite à des
consultations auprès de la Régie et l'autorisation du ministre
responsable, à ce moment-là, ce qu'on va devoir faire, c'est
s'assurer que les conditions pour l'émission d'un permis respectent la
facture générale de la loi et des règlements. Donc, Ils
vont être obligés de nous présenter des condi-
tions générales entourant l'émission d'un
permis.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes prêt à
écrire que les ententes devront respecter toutes les obligations qui
sont confiées à la Régie?
M. Savoie: On ne peut pas dire toutes, parce qu'il va y avoir des
conditions spécifiques aux communautés autochtones.
Évidemment, il faut bien penser que, par exemple, quand on est à
Natashquan, il va être assez difficile pour la communauté
là-bas de rencontrer les normes spécifiques qu'on trouve ailleurs
sur le territoire du Québec ou, par exemple, même pour une
communauté Inuit. Quand on parle de 300 personnes qui y vivent et que le
seul édifice public qu'elles ont, c'est peut-être ce qui sert de
chapelle le dimanche. Alors, ça nous demande une certaine
flexibilité. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il faut qu'ils
respectent, en principe et le plus possible, les dispositions de la
régie des loteries. Ça, il n'y a pas de doute.
M. Perron: En principe ou dans la lettre?
M. Savoie: En principe et le plus possible.
Alors, il y a des dispositions au niveau de la lettre qui ne sont pas
admissibles au niveau de certaines communautés autochtones.
M. Perron: M. le Président, au niveau de l'article 1,
à "e.1) organisme local: un organisme désigné en vertu du
deuxième alinéa de l'article 34." Ça, c'est l'article 34
de la loi?
M. Savoie: Oui.
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait me donner la teneur exacte,
actuellement, de l'article 34, parce qu'on parie du deuxième
alinéa de l'article 34?
M. Savoie: Je pourrais vous faire la lecture de l'article 34, M.
le député.
M. Perron: Deuxième alinéa en particulier.
M. Savoie: C'est-à-dire que le deuxième
alinéa est prévu dans le projet de loi. On dit, à
l'article 34 où il y a seulement un alinéa: "Nul ne peut, en
matière d'appareils d'amusement ou de systèmes de loterie,
exercer une activité pour laquelle une licence est prescrite, à
moins qu'une telle licence ne lui ait été délivrée
par la Régie sur paiement à celle-ci des droits prescrits, en la
manière et à l'époque prescrites."
Ensuite, on dit à l'article 34.1, ce qui est proposé dans
notre projet de loi, donc à votre page 4, M. le député:
"Les dispositions de la présente loi s'appliquent à
l'organisation, l'administration, la conduite et le fonctionnement d'un bingo
tenu en vertu d'une licence délivrée par un organisme local".
L'organisme local, là vous avez la définition, évidemment:
"un organisme désigné en vertu du deuxième alinéa
de l'article 34" et auquel on fait référence à: Toutefois,
dans le cas d'une communauté autochtone." Alors, ça rejoint
finalement, à 34, deuxième alinéa: "Toutefois, dans le cas
d'une communauté autochtone vivant sur une réserve ou dans un
établissement déterminé par règlement et dans la
mesure où une entente est intervenue au préalable entre le
gouvernement et cette communauté relativement à la constitution
d'un organisme local - vous l'avez là, votre organisme - le gouvernement
peut désigner cet organisme pour la délivrance de licences de
bingo sur cette réserve ou dans cet établissement".
M. Chevrette: J'essaie de suivre votre raisonnement.
M. Savoie: Pardon?
M. Chevrette: J'essaie de comprendre la trame là.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Vous négociez avec Joe Norton...
Une voix: Rémi Kurtness.
M. Chevrette: Joe Norton. J'ai le droit de prendre qui je veux.
Vous négociez avec Joe Norton et vous signez une entente. Il
décide que c'est la société des Warriors qui est
l'organisme local pour donner les permis et il en donne un à
Lasagne.
M. Sirros: II ne peut pas. Si on négocie avec Joe Norton
pour la constitution de l'organisme local, il faudrait que ce soit inscrit dans
l'entente que ça sera la société des Warriors qui
émettra les permis. On n'est pas obligés de signer parce que,
lui, veut ça.
M. Chevrette: Non, mais ce que je veux dire...
M. Sirros: La signature...
M. Chevrette: Si c'est la société des Warriors qui
l'a...
M. Sirros: Mais il ne peut pas.
M. Chevrette: II ne peut pas parce que vous présumez que
vous ne signeriez pas, mais qu'est-ce qui empêcherait, dans la loi, la
société des Warriors... Là, vous, vous bloquez... C'est
parce que vous ne répondez pas à ma question. Vous auriez pu
être d'accord pour que ce soit la société des Warriors,
c'est correct là, vous auriez pu être d'accord avec ça.
À supposer que
vous ne savez pas ce qui se passe, vous auriez pu...
M. Sirros: Oui.
M. Chevrette: Après qu'elle est signée, qu'est-ce
qui va empêcher la société des Warriors de donner un permis
à Lasagne? Expliquez-moi ça.
M. Sirros: II faut que ça soit à but non lucratif,
il faut que ça soit pour des fins communautaires ou religieuses, selon
les mêmes critères que la Régie.
M. Chevrette: Ce qui se fait à la...
M. Sirros: Comme je le disais, le pouvoir d'application de
ça est le même sur le territoire de la réserve que partout
ailleurs. Il y a des lois qui doivent être appliquées...
M. Chevrette: L'article 45 était très...
M. Sirros: ...par l'autorité moralement
constituée.
M. Chevrette: M. Sirros, vous savez très bien que
l'article 45 de la loi des loteries auquel sera assujetti votre organisme,
d'après ce que vous me dites, c'est tout du discrétionnaire: Je
peux, je ne peux pas. Par exemple, la Régie peut exiger un
cautionnement. La Régie peut exiger la prise d'empreintes; la
Régie peut... Ça va être les pouvoirs de la Régie
qu'ils vont avoir. Allez-vous vous imaginer qu'il n'y a pas là un danger
immense?
M. Savoie: M. le député, je vais prendre un cas
réel; en 1989, à Oka, les Mohawks d'Oka ont construit une salle
de bingo, une salle publique qu'on peut utiliser à des fins de
bingo.
M. Chevrette: Oui.
M. Savoie: Si on fait une demande à la Régie pour
un permis de bingo...
M. Chevrette: Oui.
M. Savoie: ...la Régie, à ce moment-là,
pourrait émettre un permis de bingo pour cette salle-là. Elle
pourrait l'émettre pour cette salle-là, si on a, par exemple,
l'assurance que ça va respecter les règles...
M. Chevrette: Ça, c'est le mot "établissement".
M. Savoie: ...en vigueur et que ça rencontre les
différentes conditions pour émettre un permis de bingo.
M. Chevrette: Ça, je le comprends.
M. Savoie: Oui, oui. Mais ce que j'essaie de vous faire
comprendre, c'est que, finalement, si quelqu'un nous fait une demande pour un
permis de bingo, s'il s'engage à respecter la loi et les normes, on va
lui émettre un permis de bingo.
M. Chevrette: Mais, M. Savoie, ou bien je me trompe ou bien je
suis très naïf, mais vivre dans une réserve et vivre dans
une ville ou dans une municipalité, c'est deux paires de culottes qui ne
se ressemblent pas trop, trop.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Chevrette: Correct?
M. Savoie: Ça ne se ressemble pas du tout.
M. Chevrette: C'est souvent - mon collègue peut en
témoigner - de grosses familles, une ou deux qui contrôlent; par
exemple à Manouane, c'est les frères Ottawa; il y en a assez que,
s'ils se décident de voter tous dans le même sens, c'est clair que
c'est un Ottawa qui va être chef.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Donc, on sait comment ça marche. Quand vous
l'aurez défini, s'il n'y a pas une rigueur dans l'application, ça
peut servir à du blanchiment d'argent, un bingo, après. Parce
qu'ils ne font pas des bingos pour s'amuser entre eux autres là. Ils
font des bingos pour attirer du monde qui va venir dépenser chez eux
pour que ça leur serve pour la communauté là. Entre
autres, les petits bingos...
M. Savoie: Ça, là-dessus...
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il y a qui ne va pas là?
M. Savoie: C'est correct là, aliez-y, M. le
député.
M. Chevrette: Vous ne vous entendez pas entre vous autres?
M. Savoie: On s'entend, ça va, M. le député,
continuez.
M. Chevrette: Je vous l'ai dit cet après-midi. Ne jouez
pas avec notre yo-yo!
M. Savoie: Allez-y!
M. Chevrette: Ce que je veux vous expliquer, c'est que, dans ces
milieux-là, le contrôle, s'il n'est pas défini, parce que,
moi, je ne vois pas... Vous m'avez dit tantôt - je ne sais pas si c'est
M. Sirros ou vous - que la Régie gardait
une forme de contrôle.
M. Savoie: Oui, oui, c'est ça.
M. Chevrette: À quelle place dans la loi?
M. Savoie: Elle garde le contrôle dans le sens suivant:
l'entente va être soumise au gouvernement. Pour soumettre cette
entente-là au gouvernement, le gouvernement va nécessairement
consulter la Régie.
M. Chevrette: C'est tout a priori, ça!
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire qu'il faut le voir comme
ça. Quand on voit gouvernement, on parle d'une modification à la
loi sur les loteries, qui relève de moi-même et qui va donc
nécessiter la signature du ministre du Revenu. Et, en
conséquence, avant de signer ou de participer à une entente de
cette nature-là, on va être nécessairement obligés
de consulter la Régie. Ça va de soi, la consultation va avoir
lieu. Ça veut dire que ce qui est proposé par le ministre
délégué aux Affaires autochtones, c'est une adaptation
locale pour des fins locales. Par exemple, lorsque les gens de Sept-îles,
les gens de Natashquan, les gens de Saint-Augustin vont vouloir tenir un bingo,
ils vont devoir tenir un bingo sujet aux règles applicables à des
bingos à travers la province de Québec, avec des adaptations
spéciales chez eux. Compte tenu qu'une réserve, comme l'a
mentionné le député de Joliette, c'est très
spécifique dans le sens que c'est une terre fédérale,
c'est une terre sur laquelle, par exemple, en vertu de la Loi sur les Indiens,
à l'article 87, il n'y a pas de saisie, sur laquelle les droits civils
sont très différents de nos droits civils, tout ce qu'on cherche
à faire, c'est un accommodement pour tenir compte des restrictions
qu'ils ont sur leur réserve quant à l'exécution. On peut
penser, par exemple, à une communauté comme au nord de
Schefferville où se trouve Kawawachikamach justement. C'est une
communauté qui est à 27 kilomètres de Schefferville qui
est suffisamment isolée et qui veut tenir un bingo. Cet organisme local
pourrait tenir compte des circonstances locales pour l'autorisation d'un
bingo.
Maintenant, évidemment, la crainte du député de
Joliette, c'est que cet organisme local tombe sous le contrôle d'un homme
ou d'un groupe d'hommes ou de femmes qui vont se protéger entre eux. Il
suffira de prévoir ces mécanismes-là. Il ne faut pas voir
une entente qui va marcher à l'infini. On parle d'ententes qui pourront
être établies, par exemple, pour des courtes périodes de
temps: trois ans, cinq ans, sept ans, des choses de cette nature-là.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Joliette.
M. Chevrette: ...quand l'entente va être signée
là...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Quand vous aurez le loisir de la signer ou pas, je
veux dire quand vous l'aurez négociée, s'ils ne vous indiquent
pas, si vous n'avez pas l'assurance que l'organisme créé est le
moindrement valable, vous avez le pouvoir de ne pas la signer. Ça, je
comprends ça. Mais, lorsque ceci est signé, lorsque l'entente est
signée en bonne et due forme, que le ministre a apposé sa
signature, qu'il a fait trois conférences de presse, qu'il est
très heureux et qu'il a le "smile" fendu jusqu'aux oreilles, il est fier
de lui et l'autre aussi, est-ce qu'il y a des devoirs à cet
organisme...
M. Savoie: Oui, M. le député.
M. Chevrette: ...de rendre des comptes d'abord à la
Régie?
M. Savoie: II va falloir prévoir même des
dispositions annulant l'entente advenant le non-respect des conditions.
Supposons qu'une communauté autochtone, par exemple, décide de
tenir un bingo de 25 000 $ et autorise un permis pour 25 000 $, à ce
moment-là, et les mécanismes vont être prévus dans
l'entente, on annule l'entente. (14 h 45)
M. Perron: Comment, un bingo de 25 000 $?
M. Savoie: Supposons qu'il y a erreur et qu'on décide de
tenir un bingo de 25 000 $, comme on l'a déjà fait à
Sept-îles d'ailleurs, comme ça s'est déjà
fait...
M. Perron: Oui, oui, d'accord.
M. Savoie: Si l'organisme local, parce qu'il est noyauté,
par exemple, ou parce qu'il comprend mal ses instructions, décide de
l'autoriser, l'entente, à ce moment-là, pourrait être
déclarée nulle immédiatement et l'organisme local pourrait
perdre le privilège qu'il a reçu en vertu de cette loi
constitutive. Et, en conséquence, le permis sera déclaré
nul et non avenu.
M. Perron: Vous venez de parler de 25 000 $. Je ne sais
pas...
M. Savoie: Oui.
M. Perron: ...si c'est un chiffre que vous avez lancé en
l'air comme ça, mais est-ce qu'une entente pourrait dire que le bingo,
disons, à Uashat pourrait se tenir pour un montant de 25 000 $...
M. Savoie: Non, non.
M. Perron: ...en vertu d'une entente qui déroge à
la réglementation actuelle?
M. Savoie: Je suis justement en train de dire le contraire,
justement en train de vous dire le contraire. Actuellement, les permis
autorisés sont pour des montants de 5000 $.
M. Perron: Maximum.
M. Savoie: Bon. Mettons les choses au pire, mais ça va
dans le sens de la question du député de Joliette. Supposons
qu'un conseil, qu'un organisme local décide d'autoriser un blngo...
M. Perron: De 25 000 $.
M. Savoie: ...de 25 000 $ à titre d'exemple.
M. Perron: Illégal.
M. Savoie: À ce moment-là, dans l'entente, il va
falloir prévoir que l'organisme qui est là, s'il agit mal, s'il
assume mal ses responsabilités, il va perdre le droit d'émettre
des autorisations, qu'il va être déchu...
M. Chevrette: Prenons la question...
M. Savoie: ...vis-à-vis la Régie et, en
conséquence, il ne pourra plus émettre de permis.
L'entente...
M. Chevrette: Prenons-la, la question, M. Savoie.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que l'organisme local a des devoirs ou des
comptes à rendre à la Régie?
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Lesquels?
M. Savoie: Chaque fois qu'ils vont émettre un permis, ils
vont devoir respecter les conditions générales qui sont contenues
dans l'entente, laquelle entente contiendra des dispositions semblables
à la loi sur la Régie des loteries.
M. Chevrette: M. le Président... M. Savoie: Et, en
conséquence...
M. Chevrette: ...je l'arrête. J'arrête le
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Vous arrêtez le
ministre.
M. Chevrette: Je vais vous dire pourquoi. C'est parce qu'on n'est
pas sur la même ligne.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Savoie: Oui, oui.
M. Chevrette: Je lui demande de...
M. Savoie: J'allais l'attacher, M. le député.
Le Président (M. Lemieux): Vous l'attachez. Alors,
laissez-lui l'attacher, M. le député de Joliette, et puis...
M. Savoie: Oui. Je vais vous l'attacher et vous allez voir.
Le Président (M. Lemieux): ...vous allez reprendre la
parole après.
M. Savoie: Si, par contre, cet organisme local n'émet pas
un permis conforme aux règlements qui sont autorisés en vertu de
l'entente, à ce moment-là, ne les respectant plus, la
Régie pourrait en aviser, en saisir immédiatement le ministre en
lui disant que, bon, il y a tel bingo qui a eu lieu, qui ne respecte pas
l'entente et, en conséquence, nous recommandons, par exemple,
l'annulation de l'entente.
M. Chevrette: Là, vous avez attaché votre chien
avec de la saucisse parce que ce n'est pas solide, votre affaire.
M. Savoie: Ah! C'est solide en masse.
M. Chevrette: Ce n'est pas ça que je vous demande. Non,
non, je vais reprendre.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Je vous ai demandé une question très
claire: Y a-t-il des obligations de l'organisme, y a-t-il des comptes à
rendre par l'organisme a la Régie? Si c'est un pouvoir
délégué que vous donnez à l'organisme, il joue le
rôle de la Régie. Il se comporte comme si c'était une
petite régie locale sur la réserve, bonne mère du ciel!
Donc, à partir de là, va-t-il y avoir dans l'entente pareil une
obligation de cette mini-régie locale d'avertir, par exemple: Je viens
d'émettre un permis à Lasagne...
M. Savoie: C'est-à-dire que...
M. Chevrette: ...ou bien à Billy Two Rivers? Y a-t-il une
obligation de faire ça, par exemple?
M. Savoie: Je ne voudrais pas faire du...
M. Chevrette: Bien, je donne des exemples là.
M. Savoie: ..."caractère" ici avec Billy Two Rivers.
M. Chevrette: Si mes exemples sont d'actualité, ce n'est
pas de ma faute.
M. Savoie: Bon, oui, mais c'est parce que l'exemple qui est
utilisé est autre chose. Vous pensez toujours en termes d'un groupe bien
spécifique et, finalement, l'utilisation du nom insinue autre chose,
surtout au niveau de Billy Two Rivers.
M. Chevrette: Bien, je ne le connais pas pantoute. Je n'insinue
rien.
M. Savoie: Oui, mais je le connais bien.
M. Chevrette: C'est parce que je l'ai vu parler à la TV
hier. C'est pour ça.
M. Savoie: Je le connais bien, Billy Two Rivers. Je suis certain
que le ministre délégué aux Affaires autochtones le
connaît bien aussi. L'entente pourrait, par exemple, prévoir qu'un
rapport annuel sera soumis à la Régie. Les officiers de la
Régie, au niveau de l'entente, vont participer. Ils vont participer
à la présentation de cette entente et ils vont déterminer
les conditions conjointement avec le ministre délégué aux
Affaires autochtones. Ce n'est pas une affaire qui va se faire sur, par
exemple, le coin de la table entre le ministre des Affaires autochtones et une
communauté. Évidemment, la Régie devra être
appelée à prendre part à ces discussions-là.
M. Chevrette: Bon, mais vous dites... M. le ministre, c'est
enchevêtré, votre affaire, c'est mêlé. Elle va jouer
le rôle de la Régie, oui ou non, sur la réserve?
Répondez-moi juste... Si c'est oui, je vais comprendre et, si c'est non,
je vais comprendre.
M. Savoie: Oui, oui. C'est-à-dire que ce que vous cherchez
à savoir c'est: est-ce qu'on fait une toute petite régie sur la
réserve? La réponse, c'est non. On ne fait pas une toute petite
régie sur la réserve. Ce qu'on fait, c'est qu'on crée un
organisme local qui va s'assurer d'émettre des permis de bingo
conformément à la loi et aux règlements en vigueur au
Québec. C'est ça qui va se produire.
M. Chevrette: Non, mais c'est un pouvoir dévolu à
la Régie, qui est délégué à l'organisme.
M. Savoie: C'est exact.
M. Chevrette: Bon. Les obligations de l'organisme deviennent donc
les obligations de la Régie.
M. Savoie: Ça ne devient pas une petite régie. Il
faut bien s'entendre. On n'est pas en train de créer une petite
régie. Et c'est bien important que vous saisissiez les
éléments parce que l'organisme en question, la régie des
loteries, peut émettre toutes sortes d'autorisations, peut avoir toutes
sortes de droits. Mais ce n'est pas ce que nous sommes en train de faire. Tout
ce qu'on fait là, c'est qu'on crée un organisme local qui pourra
autoriser la tenue de bingos sur le territoire de la réserve ou dans
l'établissement autorisé, aux conditions qui vont être
fixées par une entente intervenue entre la communauté et le
ministre du Revenu.
M. Chevrette: En tout cas, M. le Président, j'ai bien
essayé de savoir, vous savez.
M. Savoie: Je ne sais pas ce que vous voulez savoir
exactement.
M. Chevrette: Bonne mère du ciel, essayez-vous donc, vous
le connaissez mieux, il est de votre formation politique! Reposez-lui donc les
questions que j'ai posées.
Le Président (M. Lemieux): Je vais m'es-sayer, mais,
préalablement, je vais permettre à M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones de bien vouloir
compléter. Je crois qu'il m'avait indiqué qu'il voulait
compléter la réponse du ministre du Revenu. Peut-être que
le ministre délégué aux Affaires autochtones va vous
donner la réponse que vous cherchez.
M. Sirros: M. le Président, je comprends les
préoccupations du député de Joliette sur toute la question
des ententes. J'aimerais quand même lui rappeler une chose: on marche
toujours en présomption d'innocence et qu'une entente c'est une entente
entre deux parties.
M. Chevrette: Sur ça, M. le Président, je
vais arrêter le ministre, parce que, je m'excuse, j'ai donné un
exemple qui a peut-être donné une teinte, mais ce n'est pas
ça. Oubliez ça là. Tenez-vous-en strictement au droit.
M. Sirros: Oui.
M. Chevrette: Et répondez aux questions précises
que j'ai posées quant au droit. Oubliez que j'ai parlé du nom
là. Je vais vous donner d'autres noms si ça peut changer votre
réponse. N'embarquez pas sur ce terrain-là, on va prendre deux
heures. Tenez-vous-en au droit.
M. Sirros: D'accord. Sauf que les exemples qui ont
été donnés avaient affaire avec Lasagne, avec les Warriors
et je me disais: II faut quand même aborder la question en
présumant que des parties qui signent une entente sont de bonne foi et
que tout le monde est présumé innocent jusqu'à preuve du
contraire. C'est le système de
droit dans lequel on vit.
M. Chevrette: Mais il ne faut pas jouer aux innocents, par
exemple, quand on signe.
M. Sirros: Alors, sans jouer aucunement à autre chose que
d'assumer des responsabilités que nous avons de part et d'autre, avec
ces principes de bonne foi et de présomption d'innocence, on signera des
ententes avec un conseil de bande, qui est l'autorité légalement
constituée dans une communauté, qui va désigner un
organisme local et qui va aussi prévoir le fonctionnement de cet
organisme local: combien de personnes vont siéger sur le conseil
d'administration, de quel genre d'organisme elles seront, qui elles seront,
etc. Tout ça, préalable à la signature de l'entente. Donc,
il y a quand même là une possibilité de se mettre d'accord.
Il faut qu'on se mette d'accord sur la constitution de l'organisme local.
Effectivement, on s'est beaucoup inspiré dans ça, en
l'abordant de cette façon, comme je viens de le dire, de ce qui se fait
déjà ailleurs. Ce n'est pas tout à fait nouveau, ce qu'on
fait ici. Il y a, par exemple, des ententes qui ont été
signées entre le gouvernement du Manitoba et différents conseils
de bande.
M. Chevrette: Est-ce qu'au Manitoba... M. Savoie: Ils ont
cette obligation-là.
M. Chevrette: ...ils jouent le rôle de la Régie?
M. Sirros: Exactement. En tout cas, on peut vous déposer,
si vous voulez, copie des ententes, d'un exemple d'entente qui existe au
Manitoba.
M. Chevrette: Ça pourrait être intéressant
parce qu'on se baserait sur quelque chose.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, M. le
député de Joliette, il y a M. le député de
Montmorency qui m'a demandé la parole tout à l'heure. Alors, s'il
vous plaît, M. le député de Montmorency.
M. Filion: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Parce que vous m'aviez permis
de passer la parole au député de Joliette.
M. Filion: Ça va, rapidement. C'est parce qu'on pose des
questions là, puis j'ai l'impression qu'on tourne en rond. On essaie de
savoir si effectivement la Régie délègue son pouvoir
à une mini-régie. On ne le sait pas. D'abord, la Régie,
elle a un pouvoir délégué du gouvernement. Là, elle
est en train de déléguer son propre pouvoir qu'elle a reçu
à un autre organisme. J'ai l'impression qu'en règle de droit on a
une probléma- tique de base, qui m'apparaît aller de soi, le
principe de delegatus non potest delegare, la règle du pouvoir
délégué qu'on délègue à nouveau. En
tout cas, à mon avis, il y a un problème de base qui
m'apparaît à sa face même, compte tenu des réponses.
Moi, j'ai l'impression qu'on étudie un projet de loi et qu'on ne sait
pas ce qui se passe. On vous parie d'un projet de loi et vous nous parlez d'une
entente. Écoutez, c'est l'entente qu'on regarde ou si c'est le projet de
loi? Il faudrait peut-être qu'on se comprenne quelque part.
M. Sirros: Entendez-vous d'abord entre vous deux, là.
M. Filion: Non, mais, écoutez, on essaie de savoir ce qui
se passe dans le projet de loi et vous nous parlez toujours d'une entente. On
vous pose des questions pour savoir comment la loi va s'appliquer et vous nous
parlez encore d'une entente. Écoutez, c'est l'entente qu'on
étudie ou si c'est le projet de loi?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous permettez, M.
le député de Montmorency?
M. Filion: Oui, allez-y.
Le Président (M. Lemieux): En allant dans le sens de la
question du député de Montmorency, est-ce qu'il existe une
délégation de pouvoirs? C'est ça qui les intéresse
dans un premier temps.
M. Savoie: Le député fait référence
au principe de droit delegatus...
Le Président (M. Lemieux): Oui, delegatus... M. Savoie:
...non potest delegare.
Le Président (M. Lemieux): ...non potest delegare.
M. Savoie: Ici, il n'y a aucune délégation de la
part de la Régie à l'organisme local. Ce qui se produit, c'est
que le gouvernement délègue son pouvoir à la Régie.
Mais ici, ce qu'on fait, c'est qu'on permet aussi au gouvernement de signer une
entente avec une communauté autochtone et d'autoriser la
communauté autochtone, par le biais de son organisme local, à
émettre des permis. Alors, il n'y a pas de délégation de
la part du gouvernement à la Régie et, ensuite, de la
Régie à l'organisme local. Ce qu'il faut voir, c'est que la
Régie a l'ensemble des pouvoirs sur l'ensemble du territoire du
Québec. La, en vertu de sa loi constituante, on crée une
exception et on dit que le gouvernement peut autoriser sur entente la tenue de
ces activités. Alors, il n'y a pas de problème de
délégation, d'aucune façon.
M. Filion: Ce n'est pas le gouvernement, c'est la Régie
qui peut.
M. Savoie: La Régie, plutôt. Il n'y a aucun
problème de délégation là-dedans, de la part du
gouvernement ou de la Régie, c'est bien clair. Pour ce qui est de votre
question, je ne voudrais pas m'embarquer dans un suivi bête de ce qui se
passe au Manitoba, en ce sens qu'on va commencer à examiner tous les
articles pour voir si ça va s'appliquer au Québec ou pas, mais
ça peut vous donner, par exemple, une idée de ce qui se passe
ailleurs. On parle d'une entente entre la province du Manitoba et une bande
spécifique d'Indiens; ici, c'est de Pas. On parle de compétences,
de l'étendue des activités, de l'exercice des activités de
jeu, de l'exécution, de l'utilisation des produits et des obligations
additionnelles. C'est pour le député de Joliette surtout. Il y a,
par exemple, un genre de stipulation comme suit: "La commission indienne de
régie fournira au gouvernement des vérifications annuelles
indépendantes portant sur les activités de jeu, lesquelles
vérifications peuvent faire partie du système de
vérification existant de la bande indienne." Tout ça pour dire
qu'on peut imposer des conditions. Il est bien clair que, lorsque nous avons
échangé ensemble, nous avons déterminé des balises
au niveau des ententes, de façon générale. Mais il faut
bien s'entendre qu'on ne peut pas arriver, et on ne veut pas, surtout, arriver
et dire: Bon, bien, voici l'entente type et tout ce que vous avez à
faire, c'est remplir les blancs.
Une voix: Remplir les blancs!
M. Savoie: Ça vous a pris du temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Si on pense, par exemple, à Koartac...
M. Filion: C'est le projet qui est rempli...
M. Savoie: ...une petite communauté inuit qui pourrait
décider de tenir des bingos, par exemple, sous des conditions dont
pourrait convenir le ministre délégué aux Affaires
autochtones. À ce moment-là, il faut s'entendre que ça va
demander... Il n'y en aura pas 36 bingos à Koartac. On parie d'une
population de 130. Par contre, lorsqu'on arrive à Sept-îles, par
exemple, à Maliotenam, une communauté beaucoup plus importante,
capable, finalement, d'une plus grande diversité et qui va
peut-être jouer à des bingos où, effectivement, il pourrait
y avoir la présence de non-autochtones, on va regarder... Chacun sera un
cas d'espèce et c'est ce qu'on veut. Je pense que le ministre, ce qu'il
veut faire, c'est respecter chacune des communautés, respecter en
quelque sorte leur situation géogra- phique. À part cinq, six
réserves au Québec, toutes les autres réserves sont dans
des régions fort bien isolées. On pense aux communautés
cries, aux communautés inuit, aux communautés montagnaises,
attikameks; d'une façon générale, à part les cinq,
six exceptions, elles sont assez loin. Alors, on ne veut pas s'embarquer dans
l'étude d'une entente qui ne ferait pas notre affaire et sur laquelle il
y aurait des éléments... Mais, comme modèle, comme exemple
pour les obligations - qu'on pourrait appeler, "reddition-nelles" - vous voyez
le genre d'activités, le genre d'entente que ça pourrait donner
pour la tenue de ces bingos-là.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: ...là, si j'ai bien compris, le projet de
loi donne un pouvoir habilitant au gouvernement pour créer, en dehors de
la Régie des loteries, une structure au niveau des réserves, qui
va dispenser des permis, conformément aux règlements de la
Régie...
M. Savoie: ...et à ta loi.
M. Chevrette: Trois questions claires.
M. Perron: Une à la fois.
M. Chevrette: Une à la fois, et en essayant
peut-être d'aller sur vous deux, parce que je m'aperçois qu'il y a
des nuances. Étant donné que ce n'est pas une entente type et une
entente-cadre, que ça peut être une entente spécifique
à chacune des réserves, dans l'esprit du législateur,
l'application des lois et des règlements relatifs aux loteries et aux
bingos va relever de qui? Qui va assurer le suivi de l'entente? Ma question est
claire?
Une voix: C'est clair.
M. Savoie: Qui va assurer le suivi? D'abord, il faut bien
comprendre les règles. Si vous allez à 34.1, l'article 34.1 dit:
"Les dispositions de la présente loi s'appliquent à
l'organisation, l'administration, la conduite et le fonctionnement d'un bingo
tenu en vertu d'une licence délivrée par un organisme local."
Donc, les dispositions de la loi vont s'appliquer à l'émission
d'un permis pour l'organisme local.
M. Filion: Mais par l'organisme local? M. Savoie:
C'est-à-dire...
M. Filion: C'est elle qui va avoir la responsabilité...
(15 heures)
M. Savoie: C'est elle qui émet le permis.
M. Filion: ...et qui a la responsabilité du suivi.
M. Savoie: Non. Ça, c'est le deuxième
élément de ma réponse et, là-dessus, la
réponse, c'est non. C'est-à-dire qu'on pourrait prévoir
dans l'entente la même sorte de disposition où, effectivement, on
va être obligé de rendre compte.
Le Président (M. Lemieux): Quel contrôle
conservez-vous, M. le ministre?
M. Chevrette: C'est qui?
M. Savoie: On est obligé de respecter la loi; sinon,
l'entente est nulle. On annuité l'entente.
M. Chevrette: Oui, je le sais. Mais qui va assurer le suivi, si
ce n'est pas la Régie, si ce n'est pas le conseil de bande et si ce
n'est pas l'organisme? Il me semble que la question a...
M. Savoie: En demandant à l'organisme local de rendre
compte de façon systématique, par exemple, à la
Régie, par exemple.
M. Chevrette: Donc, c'est un devoir qui lui incombe en vertu de
la loi ou en vertu de l'entente?
M. Savoie: En vertu de l'entente. L'entente pourrait
prévoir des obligations "redditionnelles".
M. Chevrette: Étant donné que l'entente est
signée entre le gouvernement et un conseil de bande, et une
communauté - ça va être défini, parce qu'on a
demandé de le définir; pour utiliser la même expression que
le ministre depuis le début: conseil de bande - les ententes peuvent
donc diverger d'une réserve à une autre. Est-ce qu'il peut y
avoir des obligations moindres que celles qui sont comprises dans la
Régie?
M. Savoie: II ne peut pas y avoir opposition entre l'entente et
la loi.
M. Chevrette: Les obligations que la Régie a quand elle
émet un permis...
M. Savoie: Non, il ne peut pas y en avoir.
M. Chevrette: La Régie a des obligations de faire...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...vis-à-vis quelqu'un qui reçoit un
permis de bingo ou de loterie quelconque.
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: Est-ce que l'organisme local, en vertu de
l'entente, peut être soumis à moins d'exigences que n'y est
assujettie la régie des loteries?
M. Savoie: La réponse, c'est non, et vous avez votre
réponse à 34.1.
M. Chevrette: Ce n'est pas vrai, ça. M. Perron: M.
le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Ouplessis.
M. Perron: ...lorsqu'on parle d'un organisme
désigné, dans l'article 1, par rapport à une
communauté autochtone, communément appelée, selon le
ministre délégué aux Affaires autochtones, conseil de
bande - et ça, on aimerait que ça soit clarifié, je pense
qu'il y a une entente de principe là-dessus - est-ce que le pouvoir
d'émettre des permis pourrait être dans les mains du conseil de
bande plutôt qu'à un organisme local qui serait créé
de par l'entente?
M. Sirros: Ça pourrait être prévu, si vous
permettez, dans l'entente que le conseil de bande devienne l'organisme local.
Je peux penser, par exemple, à la situation où il s'agit d'une
communauté où c'est un petit nombre de personnes qui y habitent
et qui ne veulent pas créer un paquet d'organismes pour administrer, en
tout cas pour émettre des permis pour les quelques bingos qu'elles vont
tenir. Ça pourrait être, oui, le conseil de bande.
M. Chevrette: L'organisme local a-t-il les mêmes
obligations que la Régie lors de l'émission d'un permis?
M. Savoie: Les mêmes obligations. Tel que stipulé
à l'article 34.1 - je pense que c'est clair dans l'article 34.1 - les
dispositions de la présente loi s'appliquent. L'article 34.1: "Les
dispositions de la présente loi s'appliquent à l'organisation,
l'administration, la conduite et le fonctionnement d'un bingo tenu en vertu
d'une licence délivrée par un organisme local."
M. Chevrette: O.K.
M. Perron: C'est quoi la présente loi? C'est la loi 187 ou
la loi générale?
M. Savoie: La loi générale.
M. Chevrette: La loi sur les loteries.
M. Perron: O.K. On se comprend mieux là-dessus.
M. Savoie: Bon!
M. Chevrette: Bon, ceci dit...
M. Savoie: Ceci dit...
M. Chevrette: ...le permis est émis...
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: ...ils ont les obligations de la Régie.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: À qui font-ils rapport?
M. Savoie: Ils pourront faire rapport à la
Régie.
M. Chevrette: Ils pourront ou c'est ils feront rapport?
M. Savoie: Ils pourront le faire, ça va être selon
l'entente. Mais, si on doit faire rapport, on devra évidemment, le faire
à la Régie qui va participer à l'entente. Il ne faudrait
pas voir que l'entente va être signée uniquement... La
Régie va être appelée comme consultante à examiner
l'entente pour être sûre que les dispositions de l'article 34.1
sont respectées. Il va y avoir certainement une limite dans le temps
pour l'existence de ce pouvoir par l'organisme local. Ça ne pourra pas
être accordé pour l'éternité. Ça va
être accordé pour une limite de temps. Comme je vous l'ai
mentionné, ça va être pour une courte limite de temps. Il
pourrait y avoir également des obligations "redditionnelles" selon les
conditions qui pourront être jugées applicables dans ce
cas-là; entre autres, par exemple, l'obligation de fournir un rapport.
Si on fait affaire avec une communauté... On va penser, par exemple,
à une communauté isolée qui n'a accès qu'à
une autre communauté autochtone. On va prendre une communauté...
Je ne sais pas si vous avez dans votre comté, par exemple, une
communauté d'Attikameks.
M. Chevrette: À Berthier.
M. Savoie: Bon, alors supposons que votre communauté
d'Attikameks décide de tenir un bingo. Ils vont faire deux bingos par
année, un bingo par année. Supposons qu'ils en arrivent à
une entente à cet effet-là, on ne peut pas leur demander un
rapport mensuel: il y a une activité. Dans ce cas-là, on pourrait
s'ajuster en conséquence vis-à-vis, par exemple, Sept-îles
qui pourrait en tenir trois ou quatre, ou cinq ou six, ou sept ou huit par
année.
M. Perron: Dépendamment de l'entente?
M. Savoie: Oui. Et chaque entente pourrait être
suffisamment flexible pour dire quand et comment et à qui ils vont avoir
des obligations "redditionnelles".
M. Filion: Moi, je me pose une question. Pourquoi on passe par
une entente? Pourquoi ne pas simplement faire le contrôle directement de
la Régie? Pourquoi passer par l'organisme local? Je me pose cette
question-là.
M. Savoie: On soulève même les principes qui,
j'imagine, ont été présentés dans les remarques
préliminaires du ministre délégué aux Affaires
autochtones. Le principe là-dedans, c'est que vous avez une situation un
peu particulière vis-à-vis les communautés autochtones.
Ailleurs, ils ont ce droit-là, ce droit de créer; on l'a vu, par
exemple, on a des modèles ici en ce qui concerne le Manitoba. C'est un
peu en reconnaissance vis-à-vis certaines de ces communautés
qu'on va permettre à ces communautés d'émettre leur propre
permis. Ça respecte les principes qui ont été
présentés à l'Assemblée nationale, qui ont
été adoptés en 1983 et qui visent toujours à
développer chez elles une certaine autonomie et une prise en charge.
C'est dans cette orientation-là que ça a été
accordé. C'est à leur demande, elles nous font la demande et on y
donne suite. On trouve que c'est raisonnable compte tenu de leur
spécificité. Elles ont une grande spécificité.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je pense que M. le
ministre délégué aux Affaires autochtones voulait
compléter la réponse.
M. Filion: Non, j'ai très bien compris. Il n'y a pas de
problème, ça va.
M. Sirros: Je ne suis pas certain que le député a
tout...
M. Filion: J'ai très bien compris, M. le ministre. Oui,
oui, il n'y a pas de problème.
M. Sirros: Tout, tout? Parfait.
M. Filion: Sauf que je me dis qu'effectivement on est en train
d'adopter une loi et là on est en train de donner un prolongement
à la loi via une entente et on ne sait pas ce qu'il y a dans l'entente.
Je vous avoue que, quand on a voté la loi sur la régie des
loteries, on avait mis la réglementation et tout ce qui allait avec dans
la loi, et on l'a votée pour les gens hors réserve. Là,
vous êtes en train de nous faire une loi à l'extérieur via
une entente et on ne sait pas ce qu'il y a dedans. Et c'est là que je me
dis qu'on ne travaille pas sur les mêmes bases juridiques. Quand on fait
les lois pour les bingos sur notre territoire, on met tout ce qu'il faut dans
la loi, on la regarde, on l'examine et on
vote dessus. Là, vous nous mettez une loi secrète parce
que, en fin de compte, c'est une entente, entre guillemets, dans laquelle vous
allez opérer toute l'organisation des loteries. Et, là-dessus, je
vous dis: Vous ne le montrez pas. On ne sait pas de quoi vous parlez.
M. Savoie: O.K. Regardez. Ça, c'est prévu
également. On a également prévu cette option-là.
Regardez bien 34.1.
M. Filion: Ça, c'est prévu là?
M. Savoie: Oui, c'est ça. Alors, les dispositions de la
présente loi s'appliquent à l'organisation d'un bingo, à
l'administration du bingo, à la conduite du bingo et au fonctionnement
du bingo "tenu en vertu d'une licence délivrée par un organisme
local". Alors, il est certain que l'entente ne pourra pas outrepasser la loi,
c'est-à-dire rémission du permis, la tenue du bingo, la conduite,
son administration et son fonctionnement vont devoir appliquer la loi en
vigueur au Québec. Alors, c'est ça, l'affaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre ou les
deux ministres peuvent nous assurer que, dans le cas des ententes à
être négociées et signées par la suite entre les
conseils de bande et le gouvernement, il y aura une assurance que la loi et les
règlements de la Régie seront... On a beau dire l'article 4 dans
la loi, mais ça me fait peur quand même parce qu'on ne
connaît pas les ententes. Vous comprenez ça? On ne sait pas c'est
quoi il va y avoir dans l'entente. Est-ce qu'il peut nous assurer que,
ça, ça sera respecté même en fonction de l'article 4
de la loi 187?
M. Savoie: Lorsqu'une entente va être proposée pour
signature, elle va devoir être examinée par le Régie et
elle va devoir également être examinée par les
légistes du gouvernement, le ministère de la Justice, entre
autres.
M. Perron: Peut-être examinée par d'autres
aussi.
M. Savoie: Et peut-être examinée par d'autres aussi.
Et ces gens-là vont devoir rencontrer les exigences de l'article
34.1.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Oui. Est-ce que vous avez demandé des avis
de la Sûreté du Québec...
Une voix: Oui.
M. Chevrette: ...avant de présenter ledit projet de
loi?
M. Savoie: C'est-à-dire que nous avons déjà
fait des vérifications par le biais du ministre responsable de la
sécurité publique et il a donné son accord à ce
projet de loi.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez un rapport écrit de
ça?
M. Savoie: Ce qui s'est produit, c'est que le document et le
mémoire ont été présentés et transmis au
comité ministériel permanent sur les affaires sociales et, suite
à ça, le ministre responsable a examiné ce
dossier-là avec les officiers de la Sûreté du
Québec.
M. Perron: Est-ce que vous avez un rapport, qui suit cette
rencontre-là, qui vient de la Sûreté du Québec par
rapport aux recommandations?
M. Savoie: Les recommandations nous ont été
transmises directement par le ministre.
M. Perron: Verbalement ou par écrit? M. Filion:
À l'appui de l'écrit.
M. Savoie: Lors de la réunion du COMPACS en question et
ça a été verbal.
M. Filion: Ça a été verbal. M. Perron:
Ça a été verbal. M. Savoie: C'est
ça.
M. Perron: II n'y a aucun rapport qui a été remis
suite aux rencontres qu'il y a eu avec la SQ?
M. Savoie: En autant que la loi sur la Régie était
appliquée, je pense qu'à ce moment-là la
Sûreté du Québec pourrait difficilement s'objecter
puisqu'on présume le respect de la loi à même la loi
elle-même.
M. Perron: Oui.
M. Chevrette: Donc, la police a été
consultée.
M. Savoie: La police a été consultée.
M. Chevrette: Au niveau de la sécurité, il y a une
responsabilité de sécurité publique lors des
événements.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est par voie
d'entente que vous allez fixer qui est responsable de la
sécurité?
M. Savoie: Au niveau de la sécurité. M.
Chevrette: La sécurité publique. M. Savoie: La
sécurité de l'établissement?
M. Chevrette: Dans toute manifestation le moindrement
d'envergure, surtout au niveau des loteries, pour éviter
précisément qu'il y ait blanchissement d'argent, par exemple,
toutes ces affaires-là, il y a un contrôle fiscal en particulier;
surtout sur le contrôle fiscal, qui aura la responsabilité de
faire ces contrôles?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
M. Sirros: II s'agira d'événements tenus sur les
réserves. Sur l'ensemble des réserves au Québec, sauf une
à l'heure actuelle, il y a une situation normale. Quant à la
sécurité publique, à la police qui la maintient,
c'est-à-dire, il y a trois possibilités. C'est soit la police
amérindienne où il s'agit de personnes assermentées en
vertu des lois du Québec, soit par des ententes particulières
passées entre le gouvernement du Québec, le conseil de bande et
le fédéral. On n'en a pas encore signé une comme
ça, mais il se peut que, prochainement, il y en ait où, encore
une fois, les officiers sont assermentés en fonction des lois du
Québec. (15 h 15)
Donc, partout, il y a une situation normale qui convient à la
Sûreté du Québec et au ministère de la
Sécurité publique quant à l'application des lois sur les
réserves, sauf une exception comme on en a souvent discuté. Donc,
c'est le pouvoir normal qui va suivre aussi les événements sur
les réserves. Il y a des ententes qui prévoient l'intervention de
la Sûreté du Québec, par exemple, s'il le faut, sur des
réserves. Donc, la surveillance policière de toute
activité sur les réserves - 42 sur 43 réserves - est
assumée dans un contexte de normalité.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y aura obligation pour l'organisme de
faire une rapport annuel tout comme la régie des loteries est
obligée d'en faire un sur ses activités?
M. Savoie: Ça pourrait être...
M. Chevrette: Si oui, où sera-t-il
déposé?
M. Savoie: C'est-à-dire que les obligations
"redditionnelles" pourront établir, par exemple, qu'il pourrait y avoir
un rapport aux six mois, à l'an, dépendamment de la
fréquence, et que copie du rapport pourrait être fournie à
la Régie, au gouvernement, pour analyse et examen.
M. Perron: Un rapport pour chaque activité ou un groupe
d'activités dans une année?
M. Savoie: Ça pourrait varier...
M. Perron: ...dépendamment de l'entente.
M. Savoie: ...dépendamment de l'entente et de la
communauté.
M. Perron: Quelle est la teneur de la loi actuelle ou des
règlements qui en découlent par rapport au rapport? Est-ce que
c'est un rapport chaque fois qu'il y a un bingo? Disons qu'il est fait par la
fabrique de l'église Saint-Joseph, à Sept-îles; est-ce que
c'est un rapport qui est fait après l'activité ou si c'est un
rapport annuel qui est fait parce qu'ils font plusieurs bingos?
M. Savoie: Ça varie là aussi.
M. Perron: Dépendamment de l'entente qu'il y a avec la
Régie.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous permettez, M.
le député de Duplessis? J'aurais une petite question qui me
fatigue.
M. Perron: Sûrement, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ce genre de loi
prévoirait aussi la possibilité qu'il y ait des ententes à
Akwesasne et à Kahnawake? Est-ce que ça aussi, ça pourrait
être... Ça s'appliquerait à tout le monde?
M. Savoie: Ça pourrait s'appliquer à l'ensemble des
communautés autochtones.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous m'expliquer comment
vous allez faire respecter l'ordre et la sécurité dans ces
réserves-là?
M. Savoie: C'est-à-dire que, si on n'est pas capables de
s'assurer de l'ordre et de la sécurité, on ne signera pas
d'entente.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Perron: II n'y aura pas d'entente sur les bingos.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Sirros: Tout ce qu'on a ici, c'est un pouvoir habilitant, une
possibilité d'avoir une entente...
M. Savoie: ...de le faire.
M. Sirros: ...pas une obligation de passer
des ententes.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous allez vous assurer
préalablement qu'effectivement l'ensemble des lois du Québec, et
au niveau de sécurité publique, ça soit
respecté...
M. Sirros: Ça serait une condition préalable.
Le Président (M. Lemieux): ...avant qu'il y ait une
entente de signée avec un organisme.
M. Sirros: Une condition préalable, c'est que la question
de la sécurité publique est résolue à la
satisfaction des deux parties, et du gouvernement du Québec donc, sur la
réserve en question.
M. Filion: Mais vous admettrez avec moi que ce genre de
réglementation là n'existe pas au niveau de la régie des
loteries.
M. Savoie: C'est-à-dire que...
M. Filion: La sécurité publique, ce n'est pas
prévu au niveau de la régie des loteries, ça.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: C'est prévu aussi?
M. Savoie: Oui, oui.
M. Filion: On le dit là-dedans: On émet un
permis...
M. Savoie: II faut que ça respecte les normes au niveau de
la sécurité publique; on ne peut pas tenir ça, par
exemple, dans une salle non adéquate, des choses comme ça.
Le Président (M. Lemieux): L'article 1 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 2 est-il
adopté?
M. Chevrette: Adopté. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous passons
à l'article 3. M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on vient de parler de
sécurité de façon générale lorsqu'on a
parlé des articles 1 et 2, et je pense qu'on a pas mal parlé de
l'ensemble de la loi 187 elle-même. Est-ce qu'il serait possible dans
l'ensemble de nous confirmer si, dans l'entente, on va spécifier de
quelle façon se fera la sécurité publique lors de la tenue
des bingos concernés?
M. Savoie: Ça va varier énormément. Je
pense, par exemple...
M. Perron: Oui, ça peut varier d'une entente à
l'autre. Ce n'est pas ça que je veux dire. Est-ce qu'on va s'assurer,
dans l'entente qui serait signée avec un conseil de bande quelconque,
que la sécurité publique va être synchronisée de
telle ou telle façon?
M. Savoie: II faut bien s'entendre. L'entente peut se faire...
Vous savez qu'il y a des communautés autochtones qui ont une
réserve bien spécifique...
M. Perron: ...qui ont déjà des ententes. M.
Savoie: Non.
M. Perron: Donc, il y a déjà des ententes sur la
police amérindienne, par exemple, au niveau de la
sécurité...
M. Savoie: Oui, par exemple, ou qui ont une réserve, qui
ont un territoire fédéral bien déterminé. Il y en a
d'autres qui n'ont pas de réserve. Je pense, par exemple, à
Gaspé où il n'y a pas de réserve, mais où il y a
une communauté autochtone.
M. Perron: Oui.
M. Savoie: Si, par exemple, on devait signer une entente avec la
bande de Gaspé - à titre d'exemple - et que cette bande-là
tiendrait une activité de bingo, elle le ferait aux mêmes termes
et conditions que n'importe quelle autre activité sur le territoire du
Québec, pas nécessairement... Alors, c'est sûr qu'on
veillerait à ce que la sécurité du public, à ce que
les normes applicables aux autres bingos au Québec soient
respectées puisqu'on tombe sous l'article 34.1, c'est-à-dire
"l'organisation, l'administration, la conduite et le fonctionnement."
M. Perron: Donc, selon ce que vient de dire le ministre, est-ce
que le ministre pourrait me confirmer que, lorsqu'il n'y a pas de
réserve en vertu de la loi fédérale de
créée, mais qu'il y a quand même une communauté
autochtone qui existe dans un milieu donné, sans réserve, en
d'autres mots, éparpillée un peu ici et là, ça
sera, à ce moment-là, la Sûreté du Québec qui
va faire la sécurité puisqu'il n'y a pas d'entente de
signée avec ces communautés-là par rapport à la
police amérindienne?
M. Savoie: Ça pourrait être la Sûreté
du Québec comme ça pourrait être la Sûreté
municipale. Ça va dépendre de la police qui s'applique dans ce
cas-là.
M. Perron: Ou un agent assermenté à cet effet.
M. Savoie: Ça pourrait être les mêmes normes
de sécurité qui s'appliquent à n'importe quel autre bingo
tenu. Parce que, à ce moment-la, on n'est pas sur une réserve.
C'est les mêmes normes pour tout le monde.
M. Perron: Deuxième question. Est-ce que le ministre
pourrait nous définir "communauté autochtone" et
"établissement"? On a dit qu'on était pour apporter un amendement
pour clarifier la question de communauté autochtone. Communauté
autochtone, pour moi, c'est une chose. Ça ressemble pas mal à un
conseil de bande. Et un établissement, c'est quoi exactement? Est-ce que
ça pourrait être, par exemple, l'association des femmes
autochtones du Québec? Est-ce que ça pourrait, par exemple,
être les centres d'amitié autochtones?
M. Sirros: Non. M. le Président, "établissement"
est tout simplement un terme juridique pour désigner les endroits qui
sont des terres fédérales, mais qui ne sont pas des
réserves. Kanesatake, par exemple, c'est un établissement, ce
n'est pas une réserve. Légalement, ce n'est pas constitué
en réserve, mais c'est reconnu comme étant là pour
l'utilisation des autochtones. Saint-Augustin, Lac-Simon, je pense bien...
Des voix: Non, non.
M. Sirros: ...Grand-Lac-Victoria plutôt, ce sont des
établissements. Donc, il ne s'agit nullement d'établissements
dans le sens d'organismes ou d'endroits. C'est une...
M. Perron: À quel endroit retrouve-t-on dans la
législation québécoise ou dans la réglementation la
définition d'établissement par rapport aux questions
autochtones?
M. Savoie: Ici, c'est utilisé comme un terme
spécifique. On dit: "Toutefois, dans le cas d'une communauté
autochtone vivant sur une réserve ou dans un établissement."
C'est-à-dire qu'établissement a un sens propre en vertu d'autres
lois.
Le Président (M. Lemieux): Qu'est-ce qui constitue
justement l'établissement déterminé par règlement,
M. le ministre? Vous allez m'excuser, je ne m'y connais pas tellement dans ce
domaine-là, mais j'aimerais bien ça le savoir.
M. Savoie: C'est-à-dire Oka, par exemple, n'est pas une
réserve et, n'étant pas une réserve, à ce
moment-là, ça devient... Parce que les terres sont individuelles
et, à ce moment-là, les terres individuelles appartiennent au
gouvernement fédéral.
M. Perron: Mais à quelle place retrouve-t-on ça
dans notre législation, la définition d'un établissement
comme vous venez de le mentionner? Est-ce que c'est juste dans l'air comme
ça? Ce sont des paroles, du bouche à oreille ou quoi?
M. Savoie: Non. C'est en vertu de la Loi sur les Indiens
où on définit les réserves et aussi on prévoit les
établissements déterminés par règlement.
M. Chevrette: L'avez-vous la... M. Perron: Dans la loi
fédérale? M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Mais déterminés par règlement,
où il est, le règlement?
M. Savoie: On pourrait vous le faire parvenir. Chaque fois qu'il
y a reconnaissance d'une communauté comme Oka, par exemple, c'est toute
une série de règlements qui ont été adoptés
dans les 1840.
Le Président (M. Lemieux): Des règlements
fédéraux ça, j'imagine.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Parce que la terre, finalement,
est transférée du gouvernement...
M. Chevrette: Mais pourquoi vous ne dites pas dans un... Pourquoi
vous n'êtes pas spécifique? Tel que décrit - moi, je suis
d'accord avec Me Lemieux - ça pourrait vouloir dire tout aussi bien que
vous allez faire un règlement pour définir un
établissement. Si c'est basé sur des règlements en cours,
on ne parle pas pour rien dire, un législateur. On doit dire: Tel que
défini dans les règlements du fédéral portant tel
numéro, Christophe! On fait quelque chose.
M. Savoie: C'est un règlement, par le gouvernement, qui
transfère la terre au gouvernement fédéral. On
serait...
M. Chevrette: II doit avoir un numéro, ce
règlement-là. Il doit avoir un numéro.
M. Sirros: Non. Le terme est choisi aussi pour attraper, par
exemple, les villages inuit qui ne sont pas des réserves.
M. Chevrette: Ah! Donc, vous ne nous disiez pas la
vérité.
M. Sirros: Voilà!
M. Savoie: Oui, on vous disait la vérité.
M. Sirros: On dit la vérité.
M. Savoie: C'est les deux éléments.
M. Sirros: II y a deux éléments là-dedans.
Il y en a un où il y a des endroits comme Saint-Augustin, dans le
comté de Duplessis, par exemple, qui ne sont pas des réserves,
mais qui sont des établissements dans le sens du règlement dont
parlait mon collègue. Mais, étant donné qu'on parle des
communautés autochtones, ça nous permet aussi de rattraper les
villages nordiques qui sont les villages inuit.
M. Chevrette: Donc, vous voulez faire des règlements.
M. Savoie: Non, non, non, ce n'est pas de faire des
règlements.
M. Chevrette: Ils n'existent pas. M. Savoie: Oui, ils
existent.
M. Chevrette: Les règlements, sont-ils tous
fédéraux?
M. Savoie: II faut voir deux choses. Il faut voir le transfert
d'une terre de la part du gouvernement du Québec au gouvernement
fédéral. Je pense, par exemple, à Oka. Je ne sais pas si
vous avez déjà vu Oka sur une carte...
M. Chevrette: Oui, je l'ai vu. M. Savoie:
C'est-à-dire qu'il...
M. Chevrette: J'ai vu un noyau à l'interne aussi.
M. Savoie: Non, il n'y a pas de noyau là. Ce qu'il faut
faire, c'est qu'il faut...
M. Chevrette: II m'a demandé si j'ai vu la carte; j'ai vu
la carte, j'ai vu les maisons qui sont à vendre.
M. Savoie: Non, bien, ce n'est pas pertinent là.
M. Chevrette: Ah! Excusez. Bien, si vous me demandez quelque
chose, je vais vous répondre.
M. Savoie: On va utiliser d'abord la communauté de
Saint-Augustin, dans le comté du député de Duplessis,
où il s'agit, par exemple, d'un lopin de terre qui est tout simplement
transféré au gouvernement fédéral pour fins
d'utilisation par les autochtones, par les Indiens. Alors, ce n'est pas une
réserve. On parle d'"un établissement déterminé par
règlement" par opposition à réserve, et c'est ça
que ça veut dire.
M. Perron: En vertu de la loi fédérale sur les
Indiens...
M. Savoie: C'est ça.
M. Perron: ...qui a créé un règlement
à cet effet.
M. Savoie: Oui, et qui gère ces
établissements-là dont le droit de propriété du
gouvernement fédéral et le droit d'utilisation par les
autochtones ont été transférés par le gouvernement
du Québec.
M. Perron: Par décret. Donc, le ministre nous confirme que
la définition du mot "établissement" est prévue soit dans
la loi fédérale ou dans les règlements qui
découlent de la loi fédérale sur les Indiens.
M. Savoie: C'est ça. Lorsqu'on parle d'un
établissement déterminé par règlement.
M. Perron: Et c'est ça qui va être
respecté.
M. Savoie: C'est ça.
M. Perron: D'accord.
M. Filion: On pourrait l'indiquer.
M. Perron: L'amendement que vous voulez déposer concernant
communauté autochtone à l'article 3...
M. Filion: On pourrait l'indiquer que c'est en vertu d'une loi
fédérale. C'est un règlement fédéral.
M. Savoie: Où on voulait ajouter une modification suite
à la recommandation du député de Joliette, c'est
après le mot "communauté".
Une voix: Oui.
M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous ajoutez?
Le Président (M. Lemieux): Avez-vous un amendement?
M. Chevrette: On est prêts à vous régler
ça.
M. Savoie: Oui. On pourrait apporter une modification si cela
vous est convenable.
M. Chevrette: Représentée par son conseil de
bande?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous me
l'écrire?
M. Savoie: Oui, représentée par son conseil de
bande.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous nous
l'écrire, M. le ministre, et me remettre copie de l'amendement?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je peux suspendre une minute si
c'est nécessaire.
M. Savoie: Veux-tu préparer ça, Yves Thomas? Vous
pouvez continuer et...
Le Président (M. Lemieux): Nous allons suspendre une
minute pour vous permettre d'écrire l'amendement.
(Suspension de la séance à 15 h 28)
(Reprise à 15 h 38)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux.
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis, la parole est à vous.
M. Chevrette: Sous réserve.
M. Perron: M. le Président, j'aimerais, au nom de
l'Opposition officielle, déposer un amendement que nous demandons
d'inclure à l'article 3 du projet de loi 187. La copie est
déjà faite; donc, on n'aura pas besoin de courir.
Motion d'amendement proposant que
l'entente soit examinée par la commission du
budget et de l'administration
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous donner lecture de
cet amendement et je vais le déposer. Voilà. Nous allons vous
distribuer l'amendement. L'article 3 du projet de loi 187 est modifié
par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Avant que le
gouvernement puisse procéder à cette désignation,
l'entente qui est intervenue doit avoir fait l'objet d'un examen par la
commission parlementaire permanente du budget et de l'administration." Est-ce
qu'il y a des interventions sur l'amendement?
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui. M. le Président, nous autres, on a
présenté cet amendement parce qu'on pense que, sans être du
droit nouveau, c'est quand même le début, je pense, d'une
série potentielle, parce que je pense que toutes les formations
politiques favorisent - et j'espère que ça va se favoriser
davantage - la signature d'ententes ou de mini-traités; qu'on appelle
ça comme on voudra, je ne veux pas m'enfarger dans le type de
vocabulaire. Mais je pense qu'on n'aura pas le choix, durant les années
à venir, de conclure des ententes pour certains pouvoirs
délégués.
À mon avis, ça engage un État, ça engage une
province, dans les circonstances, et ça devrait faire l'objet d'une
étude d'une commission. On a dit la commission et du budget de
l'administration, dans les circonstances, parce que c'est le ministre qui la
supportait, mais, personnellement, je ne serais pas contre que ce soit
même la commission des institutions - moi, personnellement - si on parle
d'ententes potentielles dans plusieurs secteurs. C'est parce que, là, on
parle des bingos. Je comprends que, pour les bingos, ça revient à
la commission du budget et de l'administration. Ça, je le comprends.
Le Président (M. Lemieux): Sur le plan sectoriel, c'est
ça.
M. Chevrette: Mais, éventuellement, pour les fins de mes
propos, ça pourrait être même des pouvoirs
délégués dans plusieurs secteurs. On pourrait parler, par
exemple, de l'éducation; on pourrait parler éventuellement de la
force constabulaire, par exemple; on pourrait parler d'enseignement,
d'éducation; de santé, ça se fait déjà par
entente, quoi que la responsabilité ne soit pas
déléguée, elle, pour le moment. C'est plutôt la
gestion des établissements et non pas la gestion des actes comme
tels.
Mais, éventuellement, moi, je pense qu'on sera appelés
à déléguer même des pouvoirs, à partager
certaines formes de pouvoirs. Il y en a où, ce sera un partage, d'autres
où, ce sera carrément la délégation totale de
pouvoirs. Si j'ai bien compris, parce que je pense à l'orientation
politique de notre formation, ça peut varier de trois manières.
Ça peut être de confier exclusivement la gestion de choses qui
relèvent de l'État, puis ça pourrait être des
pouvoirs partagés que l'on pourrait faire, mais ça pourrait aussi
être exclusivement des ententes ponctuelles comme pour une histoire du
genre de celle qu'on a ici. Moi, je pense que, sur le plan de la gestion
publique, il est important que les parlementaires, entre autres, puissent
scruter ce type d'entente, puissent discuter de ce type d'entente. Je ne le
lierais pas, je ne l'ai pas lié, vous avez remarqué...
M. Perron: Aux autres ententes.
M. Chevrette: Je n'ai pas dit, M. le Président... J'aurais
pu... Hier, nous avions discuté
d'une autre formule. Nous avions dit qu'il devrait au prélable -
j'avais transmis au ministre une proposition, hier - obtenir une recommandation
positive. Moi, je pense que c'était peut-être aller loin dans
notre proposition d'hier parce qu'on subordonnait l'entente à une
recommandation positive.
Ici, ce n'est pas ça. On dit qu'avant de procéder à
cette désignation, de dire: Je t'accrédite, l'entente doit avoir
fait l'objet d'un examen par la commission parlementaire permanente. Mais on ne
dit pas que la commission... Même si la commission arrivait à une
conclusion négative, ça n'empêcherait pas, tel que
libellé, de le désigner quand même. Mais, au moins, les
parlementaires auraient pu s'exprimer sur certains dangers de l'entente, sur
certains avantages, les faire connaître. Moi, je trouve ça
négatif. Je vais vous en donner un exemple. J'en ai parlé
à M. le ministre délégué aux Affaires autochtones
tantôt. Même si ce n'est qu'administratif, prenez l'entente
d'Hydro-Québec dernièrement avec le groupe d'Akwesasne. Il n'y a
rien de plus négatif aux yeux d'un peuple que de se faire cacher ce type
d'entente. On laisse d'abord peut-être charrier des inexactitudes, un.
Deuxièmement, on laisse accréditer le traitement de la justice
différent, alors qu'on peut, dans l'étude d'une telle entente,
vanter les mérites de l'entente, dire pourquoi on est arrivé
à l'entente, éclairer le monde pour ne pas qu'il prenne ça
comme quelque chose de deux poids, deux mesures et dire que c'est une
spécificité. Ça nous permettrait véritablement, je
pense, de faire de l'éducation populaire en même temps, tout en
valorisant le Parlement, ne nous le cachons pas; ça s'inscrit dans le
cadre de la valorisation de la réforme parlementaire de 1984, cet
amendement-là.
Moi, je pense que c'est une prudence aussi. Je me suis promené un
peu au Québec. Je pense qu'on se promène tous à travers le
Québec et on sait jusqu'à quel point on est portés
à juger. Et ça s'accrédite vite, des thèses de deux
poids, deux mesures. Moi, ça m'a agacé quand j'ai vu l'entente
d'Hydro-Québec, le dernier article. Pourquoi la cacher, si c'a de
l'allure, l'entente? Pourquoi la cacher?
M. Sirros: On ne le cachera pas.
M. Chevrette: Non, non. Pas seulement la rendre publique.
Pourquoi ne pas permettre une discussion? C'est fait pour ça, des
parlementaires, pour discuter d'une entente. Il me semble que ça
n'engage pas l'État, mais au moins il y a une expression d'opinions.
C'est connu du public et ça permet à tous les partis de pouvoir
dire ce qu'ils pensent dans un Parlement. Moi, c'est de même. Je l'ai
radoucie par rapport à hier, je ne m'en cacherai pas, parce que, hier,
M. le Président, je vous répète que la proposition
était beaucoup plus sévère.
Le Président (M. Lemieux): Je peux vous poser une
question, M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Êtes-vous conscient que,
par un tel amendement, ça pourrait nous amener à siéger
peut-être... Non pas que ça me fasse peur, mais est-ce que
ça ne risque pas de nous amener à siéger davantage?
Combien de types d'ententes pourrait-il y avoir? Est-ce que ça va faire
en sorte d'augmenter le fardeau de nos commissions d'une manière
très substantielle?
M. Chevrette: Dans les circonstances, ce n'est relatif qu'aux
ententes du bingo. Ce n'est pas une loi de portée
générale. Il faut bien s'entendre, ce n'est pas une loi de
portée générale au niveau du Parlement; c'est une loi
spécifique à ça. Dans la conjoncture actuelle en plus, M.
Lemieux, je suis persuadé que la transparence est de grande rigueur
présentement dans tout ce contexte, de très grande rigueur.
Le Président (M. Lemieux): Non, c'est parce que je voulais
mieux comprendre le sens de votre amendement. M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
M. Sirros: Je ne sais pas si le député de Joliette
a terminé. Si oui...
M. Chevrette: Oui.
M. Christos Sirros
M. Sirros: ...M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le leader de l'Opposition à l'effet que la transparence
est de rigueur dans ce dossier. Mais ce qui est de rigueur également,
c'est ce que je disais au départ: Pas de privilèges, pas de
discrimination non plus. La transparence dans ce cas-ci est essentielle et je
suis d'accord également que les parlementaires puissent s'exprimer. Les
parlementaires s'expriment à partir d'informations qu'ils ont. C'est
pour ça, M. le Président, que je crois qu'il est essentiel que
ça devienne clair que les ententes sont du domaine public. Je prendrai
l'engagement, et j'ai un amendement dans ce sens-là, de m'assurer que
les engagements signés soient déposés à
l'Assemblée nationale. Les parlementaires en seraient saisis. Je pense
que c'est le sens de ce que cherche le député de Joliette
également.
M. Perron: II y a une nuance.
M. Sirros: II y a une nuance, mais c'est dans le sens suivant: le
député disait qu'ils avaient, au préalable, pensé
faire en sorte que la commission ait donné une recommandation
favorable...
M. Perron: Un avis.
M. Sirros: ...un avis favorable. Il trouvait que, ça,
ça allait trop loin. Donc, là, ils reviennent avec une
possibilité d'en être saisis tout simplement, donc de pouvoir
exprimer des opinions dans le but, un, d'assurer la transparence dans ce
dossier et, deux, de s'assurer que les parlementaires sont informés. Je
pense que le même but est atteint avec le dépôt à
l'Assemblée nationale des ententes, sans indiquer qu'on crée
uniquement pour les autochtones un cas d'espèce et particulier comme
s'il fallait les scruter beaucoup plus à la loupe, eux autres, que tout
autre groupe avec lequel le gouvernement signe des ententes. Il me semble qu'il
y a là une façon de procéder qui ne donnerait pas le bon
genre de message quant à notre désir de voir une relation de
confiance s'établir, à la capacité qu'ont les autochtones
d'assumer et de prendre en charge des activités sur leur territoire et
à la capacité que doit avoir tout gouvernement d'assumer ses
responsabilités et d'en subir les conséquences s'il fait les
mauvais choix. Mais je veux m'as-surer que les ententes soient
déposées, que ça soit transparent, qu'il ne s'agit
aucunement, nulle part, d'ententes secrètes, etc., que les
parlementaires en soient saisis et, en même temps, de ne pas discriminer
par rapport au traitement conféré aux autochtones quant aux
autres ententes qu'on pourrait signer avec d'autres groupes.
Parce que vous conviendrez avec moi, M. le Président, que le
gouvernement signe toutes sortes d'ententes avec toutes sortes de groupes et ce
serait la première fois qu'on convoquerait une commission parlementaire
pour exprimer et donner son avis quant à une proposition d'une entente
avec un groupe particulier. Surtout dans le contexte où on se trouve, il
me semble que les messages qu'il faut qu'on prenne bien soin de donner - et
c'est pour ça que ce matin je faisais appel à l'assentiment de
tout le monde afin d'aborder ça avec objectivité - ça
serait de pouvoir dire: Effectivement, c'est du domaine public, ça sera
rendu public, mais on va procéder avec les autochtones et le
gouvernement comme on procède avec tous les autres groupes de la
société, c'est-à-dire de négocier ensemble, de
signer des choses et, en plus de ça, de donner l'assurance que le tout
est transparent et connu par tout le monde en le déposant à
l'Assemblée nationale, M. le Président. Et j'aurais un amendement
dans ce sens-là si on veut le recevoir maintenant ou après.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Alors, nous allons, avant
de discuter...
M. Sirros: Je laisse ça à votre jugement.
Le Président (M. Lemieux): ...disposer de cet
amendement-là. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui. Il y a une grande nuance. Il y a une
très grande nuance avec ce que le ministre dit. Arriver à
déposer une entente à l'Assemblée nationale, il me semble
que ça va de soi, c'est un genre de traité public. Quelqu'un qui
cacherait ça, ce serait épouvantable. Mais je pense que
l'objectif de l'amendement que vous avez sur la table, c'est un objectif de
permettre aux parlementaires de donner des opinions avant qu'on ne
procède à des désignations. C'est très
différent. Ce n'est pas de dire: Bien, voici, je paierai pour ma gaffe.
C'est du droit, c'est du... D'ailleurs, il dit - ça m'a surpris qu'il
dise ça - que le gouvernement signe toutes sortes d'ententes. Quand un
gouvernement signe toutes sortes d'ententes, c'est parce qu'il a des pouvoirs
habilitants pour en signer.
Je vous donne un exemple et je reprends l'exemple de l'entente sur
l'hydroélectricité. Il y a eu une entente entre
Hydro-Québec... Je veux démontrer le parallèle comme quoi
ça ne marche pas, son affaire. Je signe une entente avec
Hydro-Québec pour dire: Le bon client, tu reçois 300 $. Toi, tu
n'es pas bon, je t'élimine, ça fait 50 $. Je donne 90 000 $ en
deux "shots", 50 000 $ une année, 50 000 $ l'autre année. Je dis:
Mon entente est secrète et, en plus, je ne la rends pas publique.
Sur le plan administratif, Hydro-Québec a le pouvoir de conclure
des ententes. Elle a un pouvoir habilitant dans la loi d'Hydro de signer des
ententes. Quant au secret, je ne suis pas sûr, parce qu'on est tous des
actionnaires d'Hydro-Québec. Mais son pouvoir de signer des ententes,
elle l'a. Elle l'a pour des tiers commerciaux, mais elle ne l'a pas
nécessairement pour des individus. J'aurais eu du "fun" si ça
avait bloqué à la loi d'accès à l'information, en
passant; j'aurais bien aimé ça, parce que ça aurait
été une très belle plaidoirie. À ce que je sache,
un consommateur, qu'il soit autochtone ou Blanc, ce n'est pas un tiers
commercial, quand tu as une maison. Ils se sont ravisés vite,
d'ailleurs, et ils me l'ont envoyé parce qu'ils ont compris qu'on aurait
rebondi très facilement et très rapidement.
Mais ici, si vous sentez le besoin de venir devant la Législature
pour vous donner un pouvoir habilitant, c'est donc parce que vous ne l'avez
pas. C'est donc parce que vous ne l'avez pas, si vous venez ici; sinon, vous ne
présenteriez pas une législation pour nous dire que vous voulez
avoir le pouvoir de conclure des ententes. Autrement, on aurait continué
à faire ce qu'on fait là. Vous venez nous demander, à
nous, les parlementaires, de vous donner ce pouvoir habilitant de signer des
ententes qui dérogent
quant au fonctionnement d'un système à ce que le
gouvernement s'est donné. C'est une assise juridique que vous vous
donnez pour vos ententes; sinon, vous ne viendriez pas me quémander un
amendement. À moins que je comprenne très mal le système
parlementaire ici, au Québec, quand un gouvernement sent le besoin de se
donner un pouvoir habilitant, c'est parce qu'il ne l'a pas; c'est aussi clair
que ça. Donc, vous nous demandez de vous donner un pouvoir habilitant
pour des ententes qu'on ne connaît pas et qu'on ne connaîtra pas,
sauf après signature. C'est ça que vous nous demandez. Donne-nous
le pouvoir de conclure des ententes, mais tu connaîtras le
résultat 15 jours, 6 mois ou 3 mois après.
Ce n'est pas ça que je vous dis dans mon amendement. Je vous dis
que je suis prêt à vous donner un pouvoir habilitant pour signer
de telles ententes, mais vous allez, cependant, avant de rendre officielle
votre entente, nous donner l'opportunité de nous exprimer. C'est
ça qui s'inscrit dans la réforme parlementaire. On ne vous dit
pas que vous ne pourrez pas faire le contraire, mais on vous dit, par exemple,
qu'on va avoir le droit de s'exprimer en cours de route; c'est tout ce qu'on
vous dit. Ça, ce n'est pas comme, hier, ce que je vous avais dit, M. le
ministre, où c'était sur recommandation positive. Si vous m'aviez
accordé l'amendement que Je vous suggérais hier, à M. Ryan
et à vous, ça voulait dire que, si la commission avait dit: On
n'est pas d'accord, vous n'auriez pas pu le faire. Là, je ne vous dis
pas ça. Je vous dis: Vous ferez ce que vous voudrez, mais il y a une
affaire qui est certaine, vous allez me permettre de dire ce que je pense.
C'est tout. C'est une mosus de nuance par rapport à hier, la proposition
que je vous fais.
Je pense que c'est important, dans la conjoncture actuelle, pour le
mieux-être du dossier lui-même, entre vous et moi. Il n'est pas
facile, le dossier, on le sait quotidiennement. On est obligés de faire
la distinction et de demander au citoyen, vous le savez vous autres
mêmes: Faites donc la distinction entre les Warriors et un dossier
autochtone. On est obligés de le répéter parce que la
conjoncture actuelle, vous savez jusqu'à quel point elle est explosive.
Et je suis assez responsable... J'ai eu une information hier soir et j'ai
appelé tout de suite le ministre de la Sécurité publique
pour la lui donner. Parce que, fondamentalement, comme législateur, si
je pense qu'il y a quelque chose qui est pour se produire - et, du moins, le
tuyau, pas le tuyau, mais la source était crédible - je me
devais, comme parlementaire, d'en aviser; il en a été
témoin, mon collègue. On a avisé le ministre de la
Sécurité publique.
Devant une telle situation, moi, je vous dis que ce qu'on vous propose,
ce n'est pas pour aller attiser; bien au contraire, par exemple, c'est
peut-être pour en calmer d'autres qui sont en train de se
réchauffer. Et ce que vous nous demandez vous permettrait de conclure
des ententes sans que les parlementaires s'expriment. Puis, ça,
ça s'adresse autant aux gens du pouvoir que de l'Opposition. Il arrivera
une coquille ou deux et on n'aura rien dit, puis ça contribuera encore
à créer davantage de l'animosité entre les groupes parce
que ça se sera fait complètement en cachette et c'est le produit
fini qui encaissera, au lieu de pouvoir permettre une expression d'opinions et
permettre de remettre les choses dans leur vraie perspective.
Moi, je vous avoue que je ne comprends pas votre raisonnement. À
partir de l'analyse conjoncturelle politique actuelle, il me semble qu'on doit
prendre un minimum de précautions dans la conjoncture actuelle. Et si,
à l'usage - et ça, je le dis au président, ça fait
longtemps qu'il est président d'une commission, M. Lemieux - ça
se devait surcharger ou ça devait être trop lourd, on le
modifiera. Mais, à mon point de vue, on doit prendre l'occasion,
l'opportunité de faire en sorte que les parlementaires puissent
échanger sur le sujet sans empêcher le gouvernement d'agir
ultimement. Il fera comme il voudra, mais il aura eu un éclairage. Il y
aura eu peut-être aussi une presse qui aura replacé ça dans
ses vraies perspectives, alors qu'après - et vous le savez très
bien - ce genre d'entente, a posteriori, qui sera rendue publique, bien vous
savez ce qui arrive dans ce temps-là. Là, il y a une
interprétation qui est grossie, qui est amplifiée, qui est partie
et là le monde commence à dire: Quel privilège ils ont
accordé et c'est ci et ça. C'est quasi des traités si on
reconnaît à la base que ces nations-là ont le droit
à une négociation quasi, dans certains cas, de gouvernement
à gouvernement. Ça dépend de la perception qu'on a des
nations autochtones. À partir de là, on ne peut pas laisser
ça sans une consultation au moins minimale d'une commission
parlementaire, avec le soin d'éplucher ça.
Moi, je suis convaincu personnellement que vous rateriez une belle
occasion, un, de permettre que les choses soient toujours dans leurs vraies
perspectives, deuxièmement, que le Parlement joue vraiment son
rôle et, troisièmement, d'éviter que ne
s'accréditent des thèses après que tout est fait. Moi,
c'est de même que je le vois et c'est pour ça que je l'ai
modifiée par rapport à hier parce que, hier, ça pouvait
paralyser le gouvernement. Mais là ce n'est pas vrai. C'est juste une
consultation préalable à l'octroi de la désignation.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Oui, M. le Président, pour renchérir sur
ce que dit mon collègue de Joliette et leader de l'Opposition, c'est
qu'hier lorsque nous avons suggéré l'amendement dont
probable-
ment ont pris connaissance le ministre délégué aux
Affaires autochtones et sûrement, M. Ryan, le ministre de la
Sécurité publique, le libellé était à peu
près comme suit - et on ajoutait ça entre le mot "local" et "le"
de la cinquième ligne: "et, dans la mesure également où
cette entente a fait l'objet d'un avis positif de la commission du budget et de
l'administration après examen de l'entente". On a admis par la suite,
après discussion même entre nous, qu'effectivement c'était
pratiquement couler nos positions face aux positions gouvernementales et que
ça aurait pu durer à n'en plus finir. Et c'est la raison
fondamentale pour quoi nous avons regardé ça d'une autre
façon. (16 heures)
Et moi, en ce qui me concerne, s'il y a une entente qui est
déposée avant signature, de par les modifications que nous
demandons à l'article 3 du projet de loi 187, c'est clair que, si on
était, disons, d'accord sur l'ensemble de l'entente, qu'on pouvait
l'étudier, la regarder et bien la comprendre, face aux questions que
nous aurions posées, aux réponses que nous aurions eues en plus,
ça ferait en sorte d'éteindre plusieurs feux dans la population,
en tout cas d'éteindre des braises qui existent actuellement. Parce
qu'à toutes les fois qu'il y a quelque chose qui est fait en catimini,
qui est fait sans qu'on le sache et que ça nous arrive six mois, et
quatre mois et deux mois après - on l'a vu dans le cas
d'Hydro-Québec - à ce moment-là, ça cause
énormément de problèmes non seulement aux membres du
gouvernement, mais aussi aux membres de l'Opposition, parce que très
souvent on est même d'accord avec le gouvernement et on est
obligés de justifier la position gouvernementale.
Alors, c'est la raison pourquoi on demande au gouvernement, aux deux
ministres concernés, de bien prendre note que, dans ce
dossier-là, ça serait extrêmement intéressant qu'on
puisse avoir un droit de regard sur cette question par le biais de la
commission parlementaire permanente du budget et de l'administration. De plus,
il y a peut-être une chose qu'il faut regarder là-dessus. C'est
que la démocratie exige... Même si le ministre
délégué aux Affaires autochtones considère que
ça serait quasiment un précédent, il ne faut pas oublier
que ce précédent-là n'existe pas seulement dans les
modifications qu'on demande; il existe déjà depuis un certain
nombre d'années dans certaines lois du Québec. Et, en
particulier, je crois, dans la loi de la commission des droits et
libertés, il existe déjà, par des modifications qu'on
apporterait. En tout cas, c'est ce qu'on m'a confirmé. Il reste quand
même que ça existe déjà. Ce n'est pas un
précédent.
Même si c'était un précédent, pourquoi ne pas
le créer pour permettre une meilleure entente entre les groupes blancs
et les groupes autochtones, les nations autochtones? Je ne pense pas que les
nations autochtones et même Mashteuiatsh s'objecteraient à ce
genre d'entente, parce que ce genre d'article qui modifie l'article 3 actuel de
la loi 187, j'en ai discuté hier soir, j'en ai discuté avant-hier
aussi le contenu avec certaines personnes des milieux autochtones et ces
gens-là n'avaient aucune espèce d'objection. C'était des
personnes, en passant, qui étaient directement reliées avec le
dossier que le ministre est en train de négocier actuellement par
rapport à Mashteuiatsh.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, je crois bien que ce qui est
important ici... Le député de Joliette a fait allusion à
la complexité du dossier. S'il y en a un qui sait que c'est complexe,
c'est bien moi, depuis un an, M. le Président. On s'efforce par tous les
moyens de travailler ça très prudemment dans la transparence,
dans l'équité, dans le respect.
M. le Président, il y a deux principes, je pense, qui jouent ici.
Un, c'est toute la question qu'a soulevée le député de
Joliette, le besoin d'informations qu'ont les députés, les
parlementaires. Je pense bien qu'en s'assurant que les ententes soient
déposées en Chambre tout député pourra en saisir le
Parlement ou même en saisir une commission parlementaire, demander un
mandat d'initiative pour agir sur quelque chose qui aurait suscité un
certain questionnement. Donc, il a la garantie, avec l'amendement qu'on
proposera en contrepartie, nous, qu'il aura accès à toutes les
informations contenues dans les ententes.
Je vous fais remarquer, M. le Président, que les ententes qui
seront négociées ou signées ne changent pas les lois du
Québec, parce qu'on dit bien qu'il s'agit des dispositions de la loi
actuelle qui s'appliqueront. L'entente viendra déterminer la nature d'un
organisme local, etc., un peu comme l'a souligné mon collègue du
Revenu, tout à l'heure. Mais, le fondement, l'essence, le fond de la
question, c'est qu'on ne crée pas de droit nouveau par l'entente. S'il y
a quelque chose qui est fait, en adoptant ça ici, on permet la signature
ou l'émission de permis aux communautés et c'est ce qu'on
discute. Mais, à l'intérieur des mêmes limites, des
conditions, des règles, les lois du Québec continuent de
s'appliquer.
Donc, M. le Président, si on était pour convoquer une
commission parlementaire avant la signature ou avant la discussion avec les
communautés, un peu comme pour soumettre, après les
négociations avec une communauté, le fruit de ça à
une commission parlementaire donc ouvrir un débat dans ce
sens-là, ça serait un peu comme si par la suite on devait avoir
l'assen-
timent de la commission parlementaire. Parce qu'il faudrait bien revenir
avec quelque chose de négocié, quelque chose de pas mal final
à proposer a la commission parlementaire. Selon l'amendement du
député de Joliette, imaginez qu'on vienne avec quelque chose qui
aurait été négocié de bonne foi, comme on disait
tout à l'heure, avec la communauté autochtone, dans le cadre du
respect des lois du Québec. À la commission parlementaire, en
tout cas, il peut y avoir des députés qui émettent toutes
sortes d'opinions - je ne vise personne, M. le député deDuplessis
- qui peuvent avoir...
M. Perron: Non, mais vous me regardez pas mal.
M. Sirros: Je dois regarder devant moi. Le message qui serait
donné, finalement, à la communauté qui avait
négocié de bonne foi avec le gouvernement serait possiblement
que... Dans le contexte surtout où on se trouve, de la
complexité, de la délicatesse qu'on doit avoir avec ce dossier
à ce moment-ci également, ce serait peut-être à
éviter, à mon point de vue. Par contre, je trouve important que
les députés puissent avoir accès à l'information
et, s'il y a des questions réelles qui sont soulevées dans les
ententes dont ils seront saisis, puissent en saisir une commission
parlementaire pertinente, l'Assemblée nationale, par la période
de questions ou un autre moyen; donc, s'assurer que les parlementaires aient
accès à l'information, mais ne pas soumettre le processus des
négociations très délicates avec les communautés
autochtones, dans le cadre actuel et dans l'avenir probablement, à une
possibilité où tout est débalancé et tout
recommence. C'est pour ça que, moi, je me vois dans l'obligation de
voter contre cet amendement-là et de suggérer, en contrepartie,
un autre amendement pour assurer que l'information soit accessible aux
parlementaires.
M. Perron: M. le Président, juste un point d'ordre, une
question technique. L'amendement que nous avions déposé
n'était pas tout à fait conforme à la concordance qu'on
doit avoir dans une commission parlementaire. Alors, on a préparé
un autre papier, en fait, qui est conforme à la concordance. Alors,
j'aimerais qu'on oublie l'amendement qu'on a proposé et qu'on travaille
surtout sur celui-ci.
Le Président (M. Lemieux): On va vous en donner une
copie.
M. Perron: C'est une question de concordance.
Le Président (M. Lemieux): C'est tout simplement qu'on en
fait état par les mots "des alinéas suivants", puisqu'il n'y a
pas qu'un seul alinéa dans l'article concerné.
M. Perron: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le ministre du
Revenu, est-ce qu'on pourrait vous entendre, sur l'amendement? Ce serait
intéressant.
M. Savoie: Oui, nécessairement.
Le Président (M. Lemieux): Oui M. le député
de Joliette. Parce que je ne suis pas encore convaincu, M. le ministre, de
voter contre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: M. le Président, je pense que le
député de Lotbinière, de même que le
député de Beauce-Nord vont porter une attention
particulière à ce qui est présenté ici. Ce que nous
voulons faire, c'est tout simplement autoriser des conseils de bande à
autoriser un organisme local à émettre des permis de bingo. Ce
que nous demandons ici, c'est, avant la signature de l'entente, de soumettre
ceci à la commission. Ça voudrait dire que, comme principe de
droit, de fonctionnement, chaque fois que le gouvernement voudrait
procéder à la signature d'une entente, que ce soit avec...
M. Perron: C'est seulement avec vous autres.
M. Savoie: Oui, mais d'une façon globale, que ce soit
n'importe quelle entente, que ce soit avec le gouvernement
fédéral, avec n'importe quelle société commerciale,
n'importe quel groupement d'individus, que toutes ces ententes-là soient
sujettes à approbation par une commission, une commission qui n'est pas
le gouvernement. Il faut bien s'entendre. Le gouvernement du Québec
constitue les groupes ministériels uniquement. Et le gouvernement,
étant constitué par le groupe ministériel, on ne peut pas
accepter que chacune des ententes...
M. Chevrette: Tu commences à avoir peur qu'ils votent
pour, hein, tu t'adresses à eux autres?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Non, non, mais je parle du principe
général parce qu'on va s'attaquer au principe particulier
après. Alors, d'une façon globale, cette façon de
fonctionner n'est pas acceptable.
M. Perron: M. le Président, j'ai juste un point
d'odre.
M. Savoie: Je voudrais avoir le droit de terminer.
Le Président (M. Lemieux): II faudrait laisser M. le
ministre terminer.
M. Savoie: Je voudrais avoir le droit de terminer.
M. Perron: Oui, mais c'est parce qu'il a parlé tout
à l'heure de toutes les ententes. On ne parle pas de toutes les
ententes.
M. Savoie: Non, non, je le sais.
M. Perron: On parle seulement des ententes sur les bingos.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis, il en est conscient.
M. Savoie: C'est parce que vous ne m'écou-tez pas quand je
parle.
M. Perron: Bien, non! C'est vous qui parlez tout croche.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Savoie: Non, je ne parle pas tout croche.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Duplessis...
M. Savoie: Un peu de calme.
Le Président (M. Lemieux): ...la parole est à M. le
ministre du Revenu. M. le ministre du Revenu.
M. Savoie: Je disais que, d'une façon
générale...
M. Chevrette: Parle, parle, jase, jase!
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le ministre du
Revenu.
M. Chevrette: Ne te choque pas pour rien.
M. Savoie: Non, je ne suis pas choqué pantoute. Ce n'est
pas moi qui me suis choqué.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le ministre du
Revenu.
M. Savoie: Non, j'attends. C'est parce que je veux qu'il
m'écoute. Après ça, il fait...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Voulez-vous vous adresser à la présidence?
M. Savoie: ...des interventions.
M. Chevrette: C'est ça, ne nous parlez pas!
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu,
adressez-vous à la présidence.
M. Savoie: De façon générale, on comprend
que ce n'est pas acceptable que les ententes du gouvernement...
M. Perron: Quelles ententes?
M. Savoie: ...toutes les ententes, d'une façon
générale là, puissent être soumises à la
commission, comme principe. Là, ce qu'on fait, c'est qu'on fait une
demande vis-à-vis ce cas-là en disant: C'est un cas particulier.
C'est un cas particulier puisqu'en vertu de la loi sur les loteries et les
courses on va autoriser un organisme local. Ça veut dire que, chaque
fois qu'il va y avoir une entente, selon l'amendement prévu par les
membres de l'Opposition, on arriverait et on ferait la demande à la
commission pour autoriser finalement la signature de cette entente-là
plutôt que de démontrer ce qui est terminé. Vous
comprendrez qu'entre les recommandations qui pourront se faire vis-à-vis
de la commission et ce qui pourra en résulter comme signature finale il
va y avoir quand même une marge.
Ce qui est important, c'est que le document soit rendu public.
Là-dessus, on est d'accord avec vous. Il n'y a pas de doute que ces
ententes-là devront être déposées à
l'Assemblée nationale. C'est pour ça que nous proposons, de notre
côté, que toutes les ententes intervenues soient
déposées à l'Assemblée nationale, ce qui va leur
donner la publicité requise.
M. Perron: On n'a pas disposé de celle-là
encore.
M. Savoie: Oui, mais je vous parle de notre...
M. Chevrette: Si on n'en n'avait pas parlé, vous auriez
fait comme avant. N'essayez pas de nous emplir!
M. Savoie: Non, non, ce n'est pas la question. C'est que
l'amendement était prêt depuis fort longtemps et on allait le
déposer. L'amendement prévoyait le dépôt à
l'Assemblée nationale, dans les 15 jours de son adoption par le
gouvernement ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours de la reprise
de ses travaux, d'une copie de l'entente. Dans ce sens-là, dans le
particulier, est-ce qu'il y a des motifs pour la publicité? La
réponse, c'est non, parce que ce qui doit être soumis et public,
c'est l'entente une fois signée et non pas l'entente avant signature.
Deuxièmement, quant aux négociations qui vont avoir cours entre
le ministre et le conseil de
bande et la Régie, c'est que les mains sont liées: on doit
respecter la loi. En vertu de l'article 34.1 qui est amendé ici dans
notre projet de loi, on prévoit que "les dispositions de la
présente loi s'appliquent à l'organisation, l'administration, la
conduite et le fonctionnement d'un bingo tenu."
M. Chevrette: "Filibuster".
M. Savoie: Finalement, tous ces éléments-là
font en sorte qu'étant donné qu'il y a déjà une
contrainte législative de la part de l'ensemble des parlementaires qui
existe déjà et que l'entente à intervenir ne peut faire
autre chose que suivre les dispositions de la loi applicables, en
conséquence son étude par la commission n'est pas
nécessaire. Deuxième élément. Il en reste encore un
troisième.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez y aller sur votre
argumentation.
M. Chevrette: Ah, il n'y a aucun problème, M. le ministre.
Si vous vous rendez a minuit, vous avez beau?
M. Savoie: Non, je vais tâcher d'être bref,
là. Au niveau de la publicité, ce n'est pas nécessaire.
Deuxièmement, au niveau d'une disposition particulière,
étant donné qu'on est déjà soumis à une loi,
ce n'est pas nécessaire. Le troisième élément, ce
serait quoi? Ce serait que seulement les ententes avec les autochtones sur les
bingos vont être soumises et ce serait une procédure
exceptionnelle, extraordinaire, allant à l'encontre des traditions
parlementaires, allant à rencontre du fonctionnement d'une commission.
Ça ne pourrait pas être acceptable. La loi prévoit que
ça va être une entente intervenue entre le gouvernement, donc,
entre les ministériels et une communauté autochtone et ça
n'a pas affaire, en conséquence, à être soumis ici et
à faire l'objet d'interventions de la part des députés de
l'Opposition, à ce niveau-là.
M. Perron: Transparence!
M. Savoie: Une fois que l'entente sera
déposée...
M. Perron: Transparence!
M. Savoie: Une fois que l'entente sera déposée,
là, à ce moment-là, la commission pourrait, si elle le
juge approprié, se saisir de l'étude de l'entente, mais pas
avant. S'il y a effectivement contravention, à ce moment-là,
à un article de loi, alors, la commission pourrait faire son
intervention.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: ...j'avais demandé la parole avant le
député de Joliette, je pense.
Le Président (M. Lemieux): Vous me permettrez, en respect
de la règle de l'alternance, M. le ministre. Je vais vous donner la
parole après, M. le député de Beauce-Nord.
M. Audet: Oui, oui, merci, M. le Président.
M. Chevrette: Ah oui, j'ai hâte de vous entendre. Je vais
parler pareil avant vous.
M. Audet: Allez-y, allez-y!
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, ce que je viens d'entendre
là, c'est le parlementarisme des années cinquante ou à peu
près, un peu plus retors même! Très honnêtement,
écoutez, c'est le gouvernement qui signe. Qu'est-ce que vous avez
à dire dans ça, vous autres? Le Parlement. Pour votre
information, vous n'êtes pas au Conseil des ministres, vous êtes au
Parlement. Je voudrais lui transmettre ça. Et c'est à nous
à se donner des outils de participation à la gestion, et
ça, c'est notre rôle de législateurs de le faire. (16 h
15)
Quand vous dites que ce n'est pas de nos affaires, avec tout le respect
que j'ai pour vous, M. le ministre - ça fait plusieurs fois que vous
dites ça comme ministre - je vous demanderais d'avoir au moins du
respect pour les législateurs, autant vos collègues que nous
autres. Je ne dis pas qu'ils vont vouloir, mais, si on veut, on a le droit de
se donner des outils de contrôle de la gestion de l'Exécutif.
L'organisme ultime dans un Parlement, c'est l'Assemblée nationale et non
pas vous, ni votre Conseil des ministres; c'est nous autres. Donc, je voulais
vous passer...
M. Savoie: C'est ça.
M. Chevrette: ...le message très clair pour qu'il n'y ait
pas d'ambiguïté entre nous deux sur le type de discours retors que
vous faites là-dessus.
Deuxième chose...
M. Savoie: Ce n'est pas...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: ...je pense que vous comprenez absolument
très mal l'argumentation et
même la proposition. La proposition n'est pas de paralyser le
gouvernement. Elle pourrait être, au besoin, pour l'éclairer, mais
vous ne semblez pas vouloir d'éclairage. Ça, c'est votre choix.
Vous dites: Après qu'elle sera rendue publique, vous allez pouvoir aller
en commission parlementaire. En commission parlementaire, pour briser une
entente? On n'a plus aucun pouvoir de la briser. On n'a plus aucun pouvoir de
l'influencer après. Il me semble que dans un processus intelligent...
Moi, la méthodologie du travail intellectuel, M. le ministre, je l'ai
enseignée. Ordinairement, ta participation à une influence, elle
se fait avant qu'une décision soit prise. Je suis surpris que... En
notariat, ils doivent vous dire ça, d'ailleurs. Il me semble qu'un
notaire doit savoir que, si tu veux influencer une décision potentielle,
il va falloir que tu t'exprimes avant que ce soit tout signé. Il me
semble. Je ne sais pas là. On ne vit pas dans le même monde, nous
deux. Franchement, ça fait drôle, ça. Moi, là, je me
cacherais, bon Dieu, d'avoir un discours de même! Je me cacherais,
surtout devant les parlementaires. Je suis tanné, je n'en reviens
pas.
M. Savoie: M. le député...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini.
M. Savoie: Ah bon! Allez-y. Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette. Oui, M. le ministre du Revenu, vous avez un droit de
réplique.
M. Savoie: Oui, oui, je vais avoir un droit de réplique.
Oh oui! J'espère.
M. Chevrette: Puis, Dieu sait si vous vous êtes
"filibusté" vous-même. Si ça ne vous dérange pas, je
vais en faire un "boutte".
Le Président (M. Lemieux): Vous avez un droit de
réplique en vertu de 246. Allez-y, cinq minutes.
M. Savoie: Oui, oui. Merci.
M. Chevrette: Je peux continuer?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ahl Vous n'avez pas fini.
Alors, continuez, M. le député de Joliette. Je croyais que vous
aviez fini.
M. Chevrette: Non. J'aurais le goût de lui en payer une
pendant 20 minutes!
Dernier point vis-à-vis son argumentation, M. le
Président. Moi, je n'en reviens tout simplement pas, en plus, que le
gouvernement pense que l'on veuille créer un climat de méfiance
vis-à-vis la communauté. Je ne sais pas lequel qui a dit
ça tantôt. C'est te contraire. Vous avez le devoir de corriger les
tirs en cours. Je ne sais pas si vous vivez dans le même monde que nous
autres, mais allez dans n'importe quel de leurs comtés, vous n'avez pas
reçu de téléphones, vous autres, dernièrement? Si
vous n'en avez pas reçu, moi, j'ai reçu des lettres haut de
même et des téléphones à la tonne. Puis, les gens
nous disent: Qu'est-ce qui se passe? C'est quoi l'entente
d'Hydro-Québec? Puis, ce n'est qu'une entente administrative. Ce n'est
pas une entente de délégation de pouvoirs. N'oublions pas
ça.
Puis, ce qu'on vous dit, c'est que l'outil ou la perche qu'on vous tend,
c'est de pouvoir scruter ça entre parlementaires, ce qui ne vous lie pas
comme gouvernement. Je ne comprends pas votre réaction, mais vous voulez
voter contre? On peut passer au vote immédiatement après que M.
Audet aura parlé. Ça ne me dérange pas, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je dois respecter le droit de
réplique, M. le député de Joliette, du ministre en vertu
de 246. Il a un droit de réplique de cinq minutes, vous saviez
ça?
M. Chevrette: Ah, bien sûr! Allez-y, monsieur.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le
gouvernement, qui comprend évidemment l'ensemble des
députés ministériels...
M. Chevrette: Non. M. Savoie: Oui.
M. Chevrette: Le gouvernement, c'est l'Exécutif, je
m'excuse.
M. Savoie: Le gouvernement qui comprend l'ensemble des
députés ministériels...
M. Chevrette: Bien voyons!
M. Savoie: Bien oui.
M. Chevrette: C'est une nouvelle loi, ça?
M. Savoie: Oui, oui. Il n'y a aucun doute là-dessus.
M. Chevrette: Non.
M. Savoie: Lorsqu'on dit: Le gouvernement du Québec, vous
le dites si souvent: Votre gouvernement. Hein?
M. Chevrette: Demandez à M. Audet s'il se sent partie du
gouvernement.
M. Savoie: M. Audet fait partie du gouvernement, il le sait, il
assume pleinement ses responsabilités.
M. Chevrette: M. Lemieux, donnez-lui un cours sur la gestion
de...
M. Savoie: Ah! Je n'ai pas besoin de cours, M. le
député de Joliette. Je connais bien le vocabulaire
gouvernemental. On fait partie du gouvernement, on participe aux
décisions gouvernementales sur une base constante. Le gouvernement,
lorsqu'il signe une entente, doit, à ce moment-là, la
déposer à l'Assemblée nationale non pas pour la rendre
publique vis-à-vis de notre députation, mais pour la rendre
publique vis-à-vis l'Assemblée nationale, ce qui comprend
surtout, dans l'élément de la rendre publique, de la rendre
à la connaissance de l'ensemble des députés, ce qui
comprend, dans ce cas-ci, les députés de l'Opposition. C'est pour
ça qu'on parle d'un dépôt à l'Assemblée
nationale. C'est pour effectivement s'assurer que les autres intervenants, les
députés de l'Opposition, de même que le grand public, de
même que les autres communautés autochtones, puissent prendre
connaissance de la lecture de l'entente qui a été signée
suivant les normes prescrites dans le projet de loi que nous sommes en train
d'étudier.
Ce qu'on est en train de dire ici, c'est que, nulle part ailleurs, ces
ententes ne font l'objet d'un examen au préalable, nulle part ailleurs.
Là, ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut créer un cas
d'espèce, justement dans un but éventuel... Et vous savez comment
ça fonctionne les commissions parlementaires. Vous savez effectivement
que ces commissions-là font souvent l'objet d'échanges et de
négociations avec des membres de l'Opposition en bout de piste. On se
ramasse ici, par exemple... Vous savez que ces éléments-là
sont des éléments de parti pris.
Ce qu'on dit dans la loi, c'est que le gouvernement comprend l'ensemble
des députés ministériels. Le gouvernement donc va signer
une entente et, justement parce que c'est une bonne idée de rendre
publique l'entente, nous l'avons déjà prévue d'avance
puisqu'une modification, un amendement a déjà été
préparé dans ce sens-là. Bien avant le début de ces
travaux, M. le Président, nous avons convenu, parce que, effectivement,
ça serait intéressant de la rendre publique, c'est-à-dire
de la rendre évidente à l'ensemble des Québécois et
des Québécoises et des communautés autochtones, que
l'entente soit déposée à l'Assemblée nationale afin
d'éviter tout malentendu et, justement, pour publiciser un peu ces
ententes-là qui sont à l'avantage et qui démontrent notre
bonne foi vis-à-vis des communautés autochtones.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Jean Audet
M. Audet: Oui, M. le Président. J'ai besoin
d'éclairage additionnel avant qu'on puisse procéder. Je ne sais
pas si j'ai mal compris, mais est-ce que... C'est sûr qu'il est difficile
de prévoir à l'avance ce que pourrait être une entente
signée en vertu des dispositions de cette loi-là. Mais ça
pourrait ressembler à quoi, par exemple? Si je reprends ce que le
député de Duplessis mentionnait en début de séance,
il existe une loi actuellement; par cette loi-ci, on vient amender cette
loi-là pour donner aux communautés autochtones le pouvoir de
percevoir des droits, toutes sortes de choses. O.K.? Mais une entente qui
serait signée entre une communauté et le gouvernement, ça
pourrait être quoi, par exemple?
M. Savoie: On a des modèles ici d'ententes, par exemple,
qui interviennent dans d'autres provinces. Ces ententes-là
prévoient, par exemple, que, dans le respect de la loi de
l'Assemblée nationale, une communauté autochtone pourra recevoir
un permis de bingo non pas de la Régie, mais, par exemple, d'un
organisme local. L'organisme local devra émettre le permis aux
mêmes conditions que la loi, c'est-à-dire que le bingo doit avoir
lieu selon l'organisation, la conduite et le fonctionnement décrits dans
la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et les appareils
d'amusement.
M. Audet: O.K. Ça n'a pas préséance sur la
loi, par exemple?
M. Savoie: Non, ça n'aura pas préséance sur
la loi.
M. Audet: À ce moment-là, si c'est la loi de la
Régie qui s'applique, si, par exemple, au niveau de l'entente, il y a
des choses qui ne sont pas respectées dans la loi, qui est-ce qui a
pouvoir - comment je dirais ça? - de dire au conseil de bande: Vous ne
respectez pas l'entente et tout ça? Est-ce que c'est la Régie qui
est responsable de l'application de l'entente ou si c'est le gouvernement?
M. Savoie: À ce moment-là, il n'y aura pas de
signature d'entente.
M. Audet: Non, mais s'il y a eu au préalable signature
d'entente...
M. Savoie: Ah! Il n'y en aura pas.
M. Audet: ...et que l'entente n'est plus respectée
après...
M. Savoie: Ah! Si l'entente...
M. Audet: ...par une communauté, par
exemple, qui change les règles du jeu pour toutes sortes de
raisons?
M. Savoie: À ce moment-là, ça serait nous
qui interviendrions pour leur enlever ces droits-là.
M. Audet: Est-ce que c'est la Régie, à ce
moment-là, ou si c'est le gouvernement?
M. Savoie: Ça va être le gouvernement et le
gouvernement utilisera l'outil approprié, que ça soit la
Régie, par exemple, pour intervenir et annuler l'entente ou autre
chose.
M. Audet: Dans la loi ici, on ne parle que du gouvernement.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Mais ça, ça nous
donne suffisamment de marge et on pourra utiliser l'arme appropriée.
M. Audet: O.K. Ça va. M. Savoie: Çava.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette avait demandé la parole.
M. Audet: O.K. Mais j'aimerais, par exemple, M. le
Président, ajouter...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...qu'avant qu'on puisse procéder au vote, si on
doit toutefois passer au vote sur l'amendement...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Audet: ...on puisse suspendre un peu, quatre ou cinq minutes,
avant de procéder au vote, pour être capables de discuter.
M. Chevrette: M. le Président, je vais quand même
présenter un sous-amendement à ce stade-ci. Je vais
présenter un sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Vous présentez un
sous-amendement à...
Motion de sous-amendement proposant
la prépublication de l'entente
dans la Gazette officielle
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Devant l'argumentaire des ministres et, de toute
évidence, on va convaincre les gens de voter contre l'amendement de mon
collègue, je n'ai pas l'intention d'être amené... Parce
que, ne l'oubliez pas, j'ai rien qu'à ne pas donner mon consentement
pour le reste, mais si on veut avoir une loi ce soir...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Chevrette: ...il faut bien comprendre que je cherche un
terrain d'entente pour essayer d'en trouver une loi ce soir. C'est clair? Je
vais faire une tentative. En tout cas, je la dépose officiellement et
vous en ferez ce que vous voudrez. Mais je vais la lire avant. En
sous-amendement, je propose qu'on biffe, après le mot "objet"...
Le Président (M. Lemieux): D'un examen? M. Chevrette:
"Fait l'objet d'un examen". Le Président (M. Lemieux):
Oui.
M. Chevrette: Je vais vous lire comment elle se lira
dorénavant. Ce sera "faire l'objet d'une prépublication dans la
Gazette officielle au moins 30 jours avant ladite
désignation."
M. Savoie: L'entente au complet?
Une voix: L'entente.
M. Savoie: Au complet.
M. Chevrette: Dans la Gazette officielle.
M. Perron: Concernant les bingos.
M. Chevrette: Ça donnerait au moins 30 jours au monde pour
essayer de faire corriger des choses.
M. Perron: Pas concernant d'autres ententes, concernant les
bingos.
M. Chevrette: On est dans la loi des bingos.
M. Savoie: Juste pour eux autres. Juste pour les Indiens,
là.
M. Perron: Ce n'est pas ça qu'est le problème.
M. Chevrette: Ce n'est pas juste pour les Indiens, ça.
M. Perron: Si, vous autres, vous en avez un problème, nous
autres, on n'en a pas.
M. Savoie: Là, on arrive avec une affaire qui est bonne
rien que pour les Indiens. Ce n'est bon pour personne d'autre.
M. Perron: Voyons!
M. Filion: Bien, vous le ferez pour les autres si vous le
voulez.
M. Savoie: Bien, pour toutes les autres ententes, on va
s'embarquer à faire des prépublications dans la Gazette
officielle?
M. Chevrette: Mais, M. le Président, je m'excuse
là, mais on ne parle pas de la même chose. Ce n'est pas rien
qu'une question d'Indiens là...
M. Sirros: C'est des ententes dans le cadre des...
M. Chevrette: Je "peux-tu" finir ma phrase?
M. Sirros: Oui, mais juste pour vous aider un peu.
M. Chevrette: Tu ne m'aideras pas là! Je veux dire ce que
j'ai à dire. Il n'y a personne qui va m'aider là-dessus.
M. Sirros: O.K. Je vais t'aider après.
M. Chevrette: Quand je donne mon opinion personnelle, il n'y a
personne qui peut m'aider. C'est moi qui vais parler.
M. Sirros: Mais pour formuler mieux votre opinion
personnelle.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Bon. Ce n'est pas une question de dire parce que
c'est autochtone.
M. Perron: Non, ça n'a rien à faire. M.
Chevrette: Pas du tout.
M. Savoie: Qu'est-ce que vous faites? C'est quoi?
M. Chevrette: Les citoyens du Québec sont assujettis
à des lois de portée générale. Ça, c'est la
règle de l'art dans un Parlement. Pour y déroger, le gouvernement
se donne un pouvoir habilitant. Que, par exemple, vous vouliez déroger
ou vous soustraire aux lois de portée générale, puis vous
donner un pouvoir habilitant de négocier des ententes avec les
communautés religieuses, on pourrait très bien, demain matin,
arriver carrément, puis vous demander la même affaire. Nous
autres, ce n'est pas une question d'autochtones ou pas; c'est une question de
droit nouveau où on est désassujetti à une loi de
portée générale des gens.
Je veux au moins savoir ce qui va se passer dans ces ententes-là.
Si vous aviez consulté... Je vais aller loin, là. Si
Hydro-Québec avait consulté le Parlement ou une commission avant
d'en arriver à des ententes particulières, d'acheter des droits
de passage... Des droits de passage, ça se négocie, ça,
devant les tribunaux d'expropriation. Ça ne s'achète pas à
faire des cadeaux, des subventions à des conseils ou à quelque
groupe que ce soit. Donc, moi, à mon point de vue, M. le
Président, c'est une deuxième perche de même nature que je
tends.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, la loi générale
s'applique pour tout le monde, y inclus les autochtones. Là, vous
demandez qu'on publie, juste pour les autochtones, en prépublication,
des ententes qui vont intervenir avec eux, sans créer du droit nouveau,
sans créer rien de nouveau dans l'entente; c'est strictement la
reconnaissance d'un instrument local pour administrer la loi
générale. C'est la même loi qui va s'appliquer à
tout le monde et, vous, vous dites finalement - je ne peux
qu'interpréter - que, parce que c'est des autochtones, il faudrait que
ce soit prépublié pour qu'on puisse voir...
M. Chevrette: Non, non, pas du tout. M. Perron:
Franchement! M. Filion: Aïe! Aïe!
M. Sirros: ...sinon vous devriez... Oui, oui. Moi, je ne vous ai
pas interrompu.
Une voix: Laissez-le faire.
M. Sirros: Vous dites: II faudrait qu'on scrute ça, qu'on
donne nos avis parce qu'il s'agit de quelque chose de spécial. Qu'est-ce
qui est spécial là-dedans? C'est la même loi qui va
s'appliquer à tout le monde, mais vous voulez voir en
prépublication les ententes conclues avec les autochtones. Pourquoi ne
demandez-vous pas, à ce moment-là, qu'il y ait une loi quelque
part, que vous proposeriez ou que vous suggéreriez, qui ferait en sorte
que le gouvernement prépublie toutes les ententes qu'il va signer, peu
importe avec qui?
M. Perron: Ça s'en vient, là.
M. Sirros: Si, demain matin, par exemple, on faisait ici au
Québec comme on le fait ailleurs dans le cas des loteries et des
courses, et qu'il y avait des ententes, par exemple, avec des centres
hospitaliers, avec des municipalités, est-ce que vous auriez
demandé qu'on prépublie les ententes qui seraient intervenues
entre le gouvernement et les municipalités? Je ne le pense pas. Je ne le
pense pas parce que ce serait, à l'évidence même, non
nécessaire parce que c'est la même loi qui s'applique à
tout le
monde. Alors, étant donné qu'on ne crée pas du
droit nouveau, étant donné que c'est la loi
générale qui s'applique, la seule conclusion que les gens
pourraient tirer par rapport à votre demande, c'est qu'il s'agit des
autochtones, donc il faut prévoir quelque chose de spécial. Moi,
je pense qu'on va se maintenir à mettre sur la place publique les
ententes par un dépôt. (16 h 30)
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Sirros: J'arrête là.
M. Perron: Si on ne crée pas...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Je veux juste avoir un éclairage additionnel. En
tant que telle, la loi qu'on propose là est une exception.
M. Perron: Bien oui.
M. Audet: Alors, à ce moment-là, est-ce que, par
exemple, je pourrais dire: Toutefois, dans le cas d'une MRC vivant sur un
territoire déterminé par règlement, etc., le gouvernement
peut signer une entente pour faire un bingo?
M. Sirros: Non.
M. Audet: À ce moment-là, elle est une exception,
parce qu'elle vient donner à un groupe d'individus un privilège
additionnel qui n'est pas conféré à d'autres groupes
organisés d'individus. Elle est une exception dans ce
sens-là.
Une voix: C'est vrai. M. Audet: O.K. Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Alors, de consentement, M. le
député de Joliette, M. le député de Montmorency et,
après, M. le député de Duplessis. O.K.?
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Bon! Je vais partir de ce qui vient d'être
posé comme question. Si ce n'était pas une façon de se
dérober à la loi de portée générale, je me
demande ce qu'on fait ici depuis deux heures, bon Dieu! Écoutez bien, je
pourrais même dire: Dans l'Ungava, ce serait pas mal mieux que ce soit la
MRC de l'Ungava qui émette les permis pour la loterie. Il y a des
autochtones dans Chibougamau, à la tonne dans la ville. J'y suis
allé, dernièrement. Pourquoi ce ne serait pas la ville de
Chibougamau, au lieu de la Régie des loteries qui siège je ne
sais pas où, qui s'occuperait de ça? C'est parce que vous
avez...
Moi, la notion, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi se refuser
à permettre une expression d'opinions? Moi, je considère que
c'est du droit nouveau. Quand on se soustrait à une loi de portée
générale par exception, il faut donner les motifs pourquoi on s'y
soustrait, il faut donner les garanties. Je suis à la veille de tirer la
"plug", moi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Perron: C'est vrai, hein.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Allez-y.
La parole est à vous. S'il vous pfaît, la parole est au
député de Joliette. À venir jusqu'à maintenant,
ça a très bien été, s'il vous plaît! M. le
député de Joliette, continuez.
M. Chevrette: M. le Président, je vous le dis très
clairement, si on ne trouve pas un mécanisme d'ici quelques minutes
pour...
Une voix: Trois minutes.
M. Chevrette: ...permettre aux parlementaires d'au moins prendre
connaissance avant que le geste soit rendu public, d'au moins avoir
l'opportunité de dire qu'il y a un danger sur tel point, si on ne permet
pas ça aux parlementaires, je vous le dis très honnêtement:
On la discutera et je ferai des motions très différentes dans
l'intersession, M. le Président. Si on accélère le
processus aujourd'hui, c'est pour essayer de trouver un terrain d'entente. Mais
vous n'êtes pas en position de nous imposer n'importe quoi aujourd'hui.
"C'est-u" clair, là? Si vous voulez en faire de la politique, vous
autres aussi, si vous pensez qu'on vise les Indiens, je ne vise pas les
Indiens, moi, dans ça. Ce serait des communautés religieuses, ce
serait une MRC, je dirais: Pourquoi vous voulez conclure des ententes
différentes? Pourquoi on n'aurait pas les explications
préalables? C'est possible.
Moi, je vous le répète, surtout sur les bingos. Si
ça avait été encore quelque chose qui se rattache
fondamentalement aux racines mêmes de ces nations-là, je n'aurais
peut-être pas le même discours, mais, au niveau des bingos, on sait
ce que ça engendre, socialement, ces jeux-là, un peu partout, pas
seulement chez les autochtones, en passant. Des bingos, en
général, on sait ce qui peut se glisser. Ça, je le sais.
Mais, à plus forte raison, à cause de la conjoncture et de ce qui
s'est passé, il faut être responsables après ce qui s'est
passé. Moi, je ne peux pas faire abstraction de Saint-Régis. Ce
n'est pas vrai, ça. Moi, je ne peux pas en faire abstraction dans mon
jugement politique que je pose. Je suis obligé de dire, comme
parlementaire, en mon âme et conscience, qu'il faut au moins que
j'aie
l'opportunité, même si je ne suis pas au pouvoir et je ne
suis pas au gouvernement, pas plus que "Beaudet" est au gouvernement, en
passant...
M. Audet: Audet.
M. Chevrette: Audet, excusez! M. Camden, la même chose, il
n'est pas au gouvernement. C'est un parlementaire qui a à
répondre devant ses citoyens. Quand les ententes sont publiées...
Là, on est obligés de répondre et on ne sait même
pas ce qu'il y a dedans. Hydro-Québec, vous avez été
appelés à répondre continuellement de cette entente
secrète là; vous ne saviez même pas quoi répondre,
pas plus que moi. Parce que ça a été signé, c'est
rendu public et après ça on est en défense. Moi, je trouve
qu'il y a une façon intelligente de fonctionner dans notre
système, c'est qu'on le sache un peu avant et qu'on puisse poser des
questions. Et ça n'empêchera pas le gouvernement, dans une
procédure ou dans l'autre, de rester sur ses positions. Mais au moins on
va savoir quoi dire avant que ça entre en vigueur. On va savoir les
pourquoi, les tenants, les aboutissants. C'est ça qu'on vous dit.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency et après on va respecter un peu la règle de
l'alternance. Je vais respecter votre droit de réplique. Il y a M. le
député de Lot-binière qui a demandé aussi la
parole. Alors, votre droit de réplique, M. le ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Très rapidement, M. le Président, parce
qu'on doit en entendre d'autres. Ce qu'on a ici, c'est une disposition qui est
spéciale à la loi sur la Régie, je veux bien, mais qui
existe dans quasiment toutes les lois où il y a permis, autorisation de
permis, où il y a toujours des adaptations spéciales ou
spécifiques. Là, on s'embarquerait dans une procédure qui
serait unique, c'est-à-dire une prépublication dans la Gazette
officielle. Je ne connais aucune autre entente que le gouvernement peut
signer qui doive être soumise à une prépublication de 30
jours dans la Gazette, de un. Alors, il y a une prépublication
uniquement parce qu'elle regarde les autochtones? La question se pose.
Deuxième élément, et je pense que c'est
significatif, ça aussi, c'est qu'une démarche comme
celle-là a plusieurs étapes à suivre. Une entente n'arrive
pas et elle passe au gouvernement. Elle doit être soumise à un
ensemble de mécanismes de contrôle, que ça soit au niveau
du Comité de législation, du conseil législatif ou
d'autres. Il y a effectivement examen par la Régie. Il va y avoir examen
par le ministère du Revenu. Il va y avoir examen également par le
comité ministériel permanent du développement
régional qui doit examiner ça. Il va y avoir également le
ministère de la Justice qui va être obligé de se pencher
là-dessus avant son autorisation finale. Ce n'est pas une affaire qui
arrive, qui est signée et qui passe, qui est ratifiée au Conseil
des ministres. C'est qu'il y a plusieurs étapes entre les deux. C'est
ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency et après la parole est au député de
Lotbinière.
M. Jean Filion
M. Filion: Alors, M. le Président, c'est très
simple, c'est qu'on nous accuse de faire de la spécificité de ce
côté-ci de la table et c'est leur propre projet de loi qui est
spécifique. C'est vous autres qui voulez traiter les Indiens d'une
façon particulière. Vous faites une loi, un amendement, juste
pour eux autres et, après ça, vous êtes surpris qu'on parle
d'eux autres. Quand même, il ne faudrait pas non plus exagérer
là.
M. Savoie: À leur demande.
M. Filion: Non, mais, écoutez, arrêtez de nous faire
un procès d'Intention. Vous nous présentez un projet de loi qui
parle des Indiens et, parce qu'on en parle, vous nous reprochez qu'on en parle.
Non, mais ça va pratiquement jusque là.
M. Sirros: Non, que vous en parliez de la façon que vous
le faites.
M. Filion: II faudrait quand même comprendre ce qui se
passe. Dans un premier temps, c'est ça. De ce côté-ci de la
table, M. le Président, ce qu'on demande au fond, c'est que ces
ententes-là, qui viennent faire une espèce de loi en
parallèle, de réglementation ou règlement en
parallèle, on les voie et on les examine avant qu'on donne un
consentement. Et c'est ce qu'on demande. Et, si on n'accepte pas le
sous-amendement qui est ici, en alternative, de publication dans la Gazette
officielle, bien, on va arrêter de se parler pendant 20 heures. On va
tourner à rien. Vous l'acceptez ou vous ne l'acceptez pas et on
reprendra le débat à un autre moment. Il faut arrêter de
porter des jugements qu'au fond on n'a pas...
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. Vous n'avez pas droit de réplique,
M. le ministre délégué aux Affaires autochtones. Vous avez
un droit de réplique, vous, M. le ministre du Revenu. M. le
député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, M. le Président. Je voudrais
peut-être revenir sur un élément de tout à l'heure
qui m'apparaît tout à fait erroné.
À titre de député de Lotbinière, à ce
que je sache, je ne suis pas membre du gouvernement. Je suis membre du parti
ministériel dont est constitué, dont origine le gouvernement.
Mais, à ma connaissance, là, je ne suis pas sur la liste de paie,
pas plus sur la liste du Conseil des ministres, lequel est le... J'y arrive,
permettez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je pense que c'est un lapsus
qu'a voulu faire M. le ministre du Revenu. Tout simplement, c'est
peut-être...
M. Camden: Nous ne sommes pas saisis des mémoires qui sont
présentés au Conseil des ministres, pas plus que de l'ensemble
des demandes et de la nature même des ententes qu'il peut y avoir avec
certains groupes. M. le Président, je pense qu'il s'agit, dans le cas
présent, d'éléments qui sont tout à fait
exceptionnels, qui visent à donner à des communautés et
à des groupes des privilèges qui n'ont rien en commun avec
l'administration générale qui s'étend à l'ensemble
des Québécois et Québécoises. Et ça
m'apparait tout à fait exceptionnel comme mesure. Et, sur ce, afin de
pouvoir, évidemment, peut-être mieux s'informer et discuter de
certains éléments, je souhaiterais qu'on suspende
momentanément les travaux.
Le Président (M. Lemieux): J'accepte cette suspension des
travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 41)
(Reprisée 17 h 11)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration reprend ses travaux
relativement au projet de loi 187, Loi modifiant la Loi sur les loteries, les
concours publicitaires et les appareils d'amusement. Nous en étions au
sous-amendement à l'article 3. Est-ce qu'il y a des interventions
relativement au sous-amendement? M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez, face au
projet de loi que nous étudions, de dénoncer les accusations
gratuites qui sont faites par les deux ministres que nous avons en face de
nous, qui nous accusent d'être les instigateurs des objections et de
façon indirecte, à cause des amendements que nous apportons - ce
qui est parfaitement légal, ce qui est parfaitement aussi
démocratique - qui nous accusent d'être contre les autochtones,
qui nous accusent de vouloir faire des choses envers les autochtones que nous
ne faisons pas dans d'autres domaines. Je voudrais vous souligner, en passant,
M. le Président, que, selon les informations que j'ai reçues tout
dernièrement, effectivement il y a deux endroits spécifiques
où il y a des commissions parlementaires qui sont automatiques:
lorsqu'il s'agit du décret des transports et de la charte des droits,
par rapport aux règlements.
M. le Président, lorsqu'on dit qu'aujourd'hui l'Opposition
crée un précédent en voulant faire en sorte que les
ententes soient déposées devant la commission du budget et de
l'administration avant signature, ce n'est pas un précédent.
C'est le gouvernement lui-même qui crée un précédent
en déposant à l'Assemblée nationale à la
dernière minute son projet de loi 187. C'est le gouvernement
lui-même qui fait en sorte qu'aujourd'hui, à la dernière
minute, en fin de session, nous soyons à une commission parlementaire
pendant que, au salon bleu, ils ne siègent même pas et nous
attendent. C'est le gouvernement lui-même qui se refuse à la
transparence face à ce que nous demandons. Et c'est le gouvernement
lui-même qui contribue directement, en n'étant pas transparent
justement, à la propagation, je ne dis pas du racisme, mais d'un certain
racisme qui se propage de plus en plus à travers le Québec.
Lorsqu'on est bien informé, lorsqu'on permet des discussions, lorsqu'on
est transparent, lorsqu'on a notre mot à dire en tant que parlementaire,
peu importe du côté de la Chambre où on est, ça fait
partie des règles démocratiques. Et, en ce qui me concerne, le
fait de refuser catégoriquement le sous-amendement et l'amendement que
nous avons annoncés devant les membres de cette commission, je ne
l'admets pas. Mais ce que je n'admets pas surtout, c'est d'être
accusé, en tant que membre de l'Opposition officielle, d'être
partie prenante au fait que nous sommes contre les autochtones et que nous
voulons créer des précédents qui n'existeraient pas
antérieurement malgré que ça existe.
M. le Président, je vais conclure en vous disant ceci, c'est que,
s'il y a une personne qui au cours de son mandat de 15 ans comme
député a été près des autochtones et qui a
défendu les intérêts des autochtones, malgré les
oppositions qui étaient faites par certains milieux des Blancs, c'est
bien celui qui vous parle. Et c'est la raison fondamentale pour laquelle je
n'accepte pas ce qui a été dit par le ministre
délégué aux Affaires autochtones, ainsi que par le
ministre du Revenu qui est responsable de cette législation.
Et je ne me cache pas de vous dire ma déception de voir que les
deux ministres du gouvernement libéral sont contre nos amendements, mais
qu'ils font usage de toutes sortes d'astuces pour nous mettre la faute sur le
dos par rapport à un précédent que l'on veut, qui n'est
pas un précédent, en passant, pendant que c'est lui-même,
le gouvernement, à la dernière minute, qui nous amène un
projet de loi qui sort complètement de la législation
générale, qui fait quelque chose autrement que la loi
générale par
rapport aux autochtones.
Alors, qu'on ne nous accuse pas de faire les choses de façon
incorrecte, mais qu'ils s'accusent eux autres mêmes de faire les choses
comme ils le font en fin de session. On se rappelle que la loi 187 a
été déposée le 6 décembre,
c'est-à-dire après le 15 novembre qui existe dans notre
règlement sessionnel de l'Assemblée nationale. On sait
très bien que tous les projets de loi qui sont déposés
après... Et, si ce projet de loi là a été
déposé le 6 décembre, pourquoi le gouvernement, s'il
était si intéressé à avoir son projet de loi, ne
l'a pas demandé sept jours après comme prévu dans le
règlement?
Il attend la dernière minute pour venir avec son projet de loi
pour qu'on puisse en discuter à la sauvette, pour qu'on puisse
même, en ce qui me concerne comme parlementaire, faire les choses de
façon incorrecte. Je dis bien de façon incorrecte parce qu'un
projet de loi aussi important que celui-là, qui, lui, crée un
précédent parce qu'il sort les autochtones de la
législation générale en donnant des privilèges
délégués... Alors, si vous voulez prendre vos
responsabilités, vous les prenez. Mais ne nous accusez pas de faire les
choses de façon incorrecte lorsqu'on est très ouverts, surtout
par le sous-amendement que nous avons apporté et par l'amendement que
nous avons apporté.
Le Président (M. Lemieux): Votre droit de réplique,
M. le ministre du Revenu.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Simplement pour en connaître davantage
là, au niveau du décret des transports, on parle de quoi, M. le
député?
M. Perron: M. le Président, c'est la seule information que
j'ai reçue. Alors, normalement, ce n'est pas à moi à
répondre aux questions. C'est au ministre à répondre aux
questions.
M. Savoie: Oui, je le sais, mais dans le but justement de nous
aider, si on avait des éclaircissements additionnels, si on avait...
Est-ce que...
M. Perron: On peut suspendre pour deux heures et, après
ça, on reviendra.
M. Savoie: Alors, finalement, vous n'êtes pas en mesure de
fournir les informations.
M. Perron: Je ne suis pas en mesure. Tout ce que j'ai, ce sont
les noms des décrets concernés. C'est tout ce que j'ai. Il appert
en même temps qu'il y en aurait d'autres.
M. Savoie: C'est quoi le nom?
M. Perron: Ça concerne le décret des transports,
ça concerne aussi la charte des droits où il y a un
précédent, où on doit se présenter devant une
commission parlementaire lorsqu'il y a des choses qui sont faites à
certains niveaux.
M. Savoie: O.K. Regardez, c'est parce qu'on a un officier du
Comité de législation ici présent et on ne sait pas
exactement ce à quoi vous faites référence,
malheureusement. Si on pouvait avoir des informations additionnelles, ça
nous aiderait beaucoup peut-être et, à ce moment-là, on ne
serait pas en train de créer un précédent ou... C'est
parce que là on a seulement un décret des transports.
M. Perron: Demandez à votre monde d'aller faire les
recherches parce que les recherches, je n'ai pas eu le temps de les faire. Je
n'ai même pas dîné, en passant, pendant qu'il y en a
d'autres qui ont dîné autour de cette table.
M. Savoie: C'est ça. On n'a pas les informations. Il faut
bien comprendre, M. le député, que tout ce qu'on cherche à
faire ici, c'est permettre au gouvernement de signer des ententes avec des
communautés autochtones, leur permettant de créer un organisme
local pour l'émission d'un permis de bingo. C'est tout ce qui se produit
ici. Imaginez-vous donc que, si on doit expliquer, M. le député,
aux Indiens, aux autochtones, aux communautés en question qu'on a une
procédure un peu spéciale, c'est-à-dire qu'avant que ce
soit signé on a une prépublication dans la Gazette officielle
au moins 30 jours francs avant ladite désignation qui doit avoir
lieu, ils vont dire: Oui, mais ça existe pour qui d'autre? Ça va
nous prendre des éléments de réponse parce que eux vont
soulever le point s'ils sont les seuls à faire l'objet d'une
réglementation particulière en ce qui concerne les ententes.
Alors, je demande au député de chercher à nous
aider en nous disant: Si on va de l'avant avec votre sous-amendement et qu'on
dit là: On s'excuse, mais il y a une prépublication qui est
exigée d'au moins 30 jours et qu'on nous dit: Ça existe pour qui
d'autre et quoi d'autre, et qu'on dit: Bien là, c'est un cas un peu
spécial...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, en réponse au ministre
du Revenu, lorsque je parle des deux précédents de tout à
l'heure, c'est que je fais référence au premier amendement et non
pas au sous-amendement. Je fais référence au premier amendement
qui se rapporte à un examen par une commission parlementaire permanente.
Alors, si vous permettez, je vais laisser mon collègue de Joliette
prendre la parole et je vais aller faire certaines recherches qui s'imposent
pour donner peut-être des informations à vos personnes de la
législation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Je suis aussi ouvert que ça...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Perron: ...parce que j'aime ça, la transparence.
M. Savoie: On peut vous aider aussi, si vous voulez avoir
quelqu'un avec vous pour vous donner un coup de main.
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que nous essayons de
faire ici aussi. On essaie de retrouver ces précédents-là,
si effectivement ça existe, comme précédents. Alors, M. le
député de
Joliette, la parole est à vous. La commission ne suspendra pas
ses travaux. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Non, mais il l'a.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez nous
faire état publiquement de quoi il s'agit? Est-ce que c'est en vertu
d'une réglementation, d'un règlement découlant de la
loi?
M. Savoie: II s'agit d'un projet de règlement et non pas
d'une entente, ce qui n'est pas la même chose. Il s'agit, tout
simplement, d'un projet pour la charte des droits. Nous avons ici l'article 98
de la Charte des droits et libertés de la personne.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je peux vous le
lire? Je l'ai ici, moi aussi. Alors, le voici. L'article 96 de la Charte des
droits et libertés de la personne (L.R.Q., chapitre C-12), "Le
gouvernement, après consultation de la Commission, publie son projet de
règlement à la Gazette officielle du Québec avec un
avis indiquant le délai après lequel ce projet sera
déposé devant la commission des institutions et indiquant qu'il
pourra être pris après l'expiration des 45 jours suivant le
dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. Le gouvernement peut, par la suite, modifier le projet de
règlement. Il doit, dans ce cas, publier le projet modifié
à la Gazette officielle du Québec avec un avis indiquant
qu'il sera pris sans modification à l'expiration des 45 jours suivant
cette publication."
L'exécution, comment se fait-elle? Comment se fait
l'exécution de l'article 98? Alors, ça s'est fait le 29 mars 1990
et le mode d'exécution était une étude
détaillée. Au moment de la mise à jour du
répertoire, la commission n'avait pas encore pris sa décision
comme telle. C'est une étude du projet de règlement sur la
procédure de recrutement et de sélection des personnes aptes
à être désignées à la fonction d'arbitre ou
d'assesseur au Tribunal des droits de la personne.
L'autre, c'était les transports, M. le député de
Duplessis. On va vérifier aussi. C'était les transports que vous
nous aviez dit?
M. Perron: Les transports.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Sirros: ...un commentaire, dans le sens...
Le Président (M. Lemieux): Oui, il y a consentement.
Oui.
M. Sirros: ...d'aider la poursuite de la discussion? Moi, tout ce
que je veux soumettre, c'est qu'il faut tenir compte du fait que nous parlons
ici d'une entente qui serait intervenue entre le gouvernement du Québec
et une nation autochtone. L'hésitation par rapport aux deux
possibilités que soumettait l'Opposition, pour moi, provient de ce fait,
entre autres. Au-delà des précédents, etc., tous les
autres exemples que vous pourriez trouver, ce seraient des consultations
à l'intérieur d'une même société. Là,
on parle d'une entente entre le gouvernement du Québec et une nation
autochtone. Soumettre ça à une commission parlementaire comme
préavis ou soumettre en prépublication, pour moi, c'est un
message qui est à rencontre de tous les principes qu'on a adoptés
à l'Assemblée nationale vis-à-vis les nations autochtones,
et je suis convaincu qu'elles vont le voir comme ça
également.
Dans la volonté de rétablir des relations harmonieuses
avec les communautés autochtones, que je crois que l'Opposition et le
député de Duplessis partagent, je pense qu'il faut qu'on
évite ce genre de possibilité là. Je suis disposé
à rendre publiques toutes les ententes qui seront intervenues entre le
gouvernement du Québec et une nation autochtone ou une communauté
autochtone. Je fais appel tout simplement - et je ne parlerai plus, M. le
Président - au désir et à la volonté de
l'Opposition également de faciliter le règlement, l'harmonisation
des relations entre les communautés et la société
québécoise. Je ne prétends pas que ce dossier va
régler ou régulariser la question, mais ce serait un geste, un
premier pas, petit, mais un pas dans le sens d'une reconnaissance de: est-ce
que c'est possible entre une communauté autochtone et le gouvernement du
Québec d'intervenir pour que les mêmes règles, les
mêmes lois s'appliquent à tout
le monde? Qu'on les applique de façon différente parce
qu'il y a des réalités différentes, soit, mais c'est des
différences qui ne créent ni inégalité, ni
privilège. C'est un effort d'essayer d'utiliser la différence
pour résoudre les problèmes que nous avons. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Je dois aussi donner l'autre
exemple qui a été apporté par le député de
Duplessis. Je dois vous dire qu'il avait effectivement raison. C'est la Loi sur
l'assurance automobile (L.R.Q., chapitre A-25), article 155.3, qui dit ceci,
pour le besoin des parlementaires: "Le gouvernement peut, à compter du
1er janvier 1989 et à tous les trois ans par la suite, fixer, par
décret, en tenant compte de l'évolution du coût des
services de santé occasionnés par les accidents d'automobile, une
autre somme que celle visée à l'article 155.1 ainsi que les
conditions et les modalités de son versement." Et voilà ce qui
est important, c'est que "le projet de décret est déposé
devant fa commission de l'aménagement et des équipements, fl peut
être adopté à l'expiration des 30 jours suivant le
dépôt du rapport de cette commission devant l'Assemblée
nationale. Le gouvernement peut modifier le projet de décret et doit
alors, dans ce cas, publier le décret à la Gazette officielle
du Québec. Le deuxième alinéa de l'article 155.1 ne
s'applique pas dans l'année où le gouvernement fixe une somme en
vertu du présent article." Alors, ça va dans le sens de
l'argumentation du député de Duplessis.
M. Perron: Merci des informations, M. le Président.
Ça nous a évité des recherches à l'extérieur
de la commission.
M. le Président, si vous permettez, compte tenu de ce qui se
passe actuellement par rapport à notre sous-amendement qui semble
vouloir être rejeté par le gouvernement et par rapport à
l'amendement lui-même qui semble aussi être rejeté par le
gouvernement, je demanderais une suspension de 10 minutes pour qu'on puisse,
nous, de notre côté, parler entre nous.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Nous allons suspendre 10
minutes, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Pour voir ce qu'on va faire avec le projet de loi
187.
Le Président (M. Lemieux): Aucun problème, M. le
député de Duplessis. Nous suspendons 10 minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
(Reprisée 17 h 35)
Le Président (M. Lemieux): La commission reprend ses
travaux relativement à l'étude du projet de loi 187. M. le
député de Joliette, nous étions au sous-amendement.
M. Chevrette: M. le Président, j'appelle le vote sur le
sous-amendement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Contre.
Le Secrétaire: Alors, pour: 2; contre: 6.
Le Président (M. Lemieux): Alors, le sous-amendement est
donc rejeté.
M. Chevrette: J'appelle le vote sur l'amendement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le secrétaire,
appelez le vote sur l'amendement.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour.
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette)?
M. Chevrette: Pour.
Le Secrétaire: M. Savoie (Abitibi-Est)?
M. Savoie: Contre.
Le Secrétaire: M. Sirros (Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lolbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)?
Le Président (M. Lemieux): Contre.
Le Secrétaire: Alors, pour: 2; contre: 6.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement principal est donc
rejeté. Est-ce que l'article 3 est adopté? Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'article 3?
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Duplessis.
M. Perron: ...juste un point d'ordre. Est-ce qu'il n'y avait pas
à voter un amendement qui a été proposé par le
ministre antérieurement?
Le Président (M. Lemieux): II n'a pas été
proposé encore, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Non, non, je parle de l'amendement se rapportant
à la clarification des mots "communauté autochtone". Ça
s'en vient.
Le Président (M. Lemieux): II n'a pas été
proposé, je pense.
M. Perron: II a été déposé, mais non
proposé. O.K. On passe à celui-là,
premièrement.
Le Président (M. Lemieux): II n'a pas encore
été proposé.
M. Chevrette: II a été proposé.
M. Sirros: II a été proposé, puis
accepté, je pense, d'un commun accord.
M. Perron: Non, il n'a pas été voté.
Le Président (M. Lemieux): Ah! Il n'a pas
été voté, c'est certain, parce que je n'ai pas
appelé le vote là-dessus. Alors, je vais lire l'amendement pour
être certain, parce que je sais qu'on avait apporté une
modification. Alors, l'amendement à l'article 3 se lirait comme ceci:
ajouter, après le mot "communauté", dans la quatrième
ligne du deuxième alinéa de l'article 34 modifié par
l'article 3 du projet de loi, les mots "représentée par son
conseil de bande ou la corporation de village nordique". C'est bel et bien le
sens de l'amendement?
M. Savoie: C'est le sens de l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que cet
amendement est adopté?
M. Perron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Nous revenons
maintenant à l'article 3. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'article 3?
Motion de sous-amendement proposant que l'entente soit
déposée à l'Assemblée nationale
M. Savoie: Oui, M. le Président. On pourrait
déposer un amendement dans le sens qui a été
proposé par la commission, où on veut donner une certaine
publicité à l'entente. En ce sens-là, M. le
Président, on propose d'ajouter un troisième alinéa
à l'article 34.
Le Président (M. Lemieux): Un troisième
alinéa à l'article... Voudriez-vous parler un petit peu plus
fort, M. le ministre?
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Oui. Un troisième alinéa à
l'article 34 qui se lirait comme suit, M. le Président: "Toute entente
intervenue en vertu du deuxième alinéa doit être
déposée devant l'Assemblée nationale dans les 15 jours de
son adoption par le gouvernement ou, si elle ne siège pas, dans les 15
jours de la reprise de ses travaux."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'on peut avoir copie
de cet amendement-là?
M. Savoie: M. le Président, je vais le déposer.
Le Président (M. Lemieux): L'amendement est recevable. On
va en transmettre une copie à
M. le député de Duplessis et à M. le
député de Joliette.
M. Perron: Si je comprends bien la première partie, M. le
Président, c'est la même chose que dans la loi actuelle en vertu
de l'article 3...
Le Président (M. Lemieux): Effectivement.
M. Perron: ...tel qu'amendé par la proposi-
tion du gouvernement qui vient d'être adoptée. M.
Savoie: C'est ça.
M. Perron: II y a seulement la dernière partie dont on
discute.
M. Savoie: C'est ça.
M. Perron: 'Toute entente" jusqu'à "travaux".
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous que je le relise,
M. le député de Duplessis, ou si ça vous va?
M. Perron: Non. Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous va. O.K. M. le
ministre, est-ce qu'on va vous entendre sur l'amendement?
M. Savoie: Oui, c'est tout simplement pour donner suite aux
demandes de la part des membres de la commission pour qu'effectivement il y ait
une publicité certaine donnée au document, à l'entente
intervenue et qu'elle soit déposée dans ce sens-là
à l'Assemblée nationale, tout simplement.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, nous allons en
remettre copie aux parlementaires. Ça va.
M. Chevrette: Aux parlementaires ministériels.
Le Président (M. Lemieux): Aux parlementaires
ministériels.
M. Savoie: Aux membres du gouvernement
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Joliette, s'il vous plaît. Alors, sur
l'amendement, M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Bien sûr, jusqu'à 18 heures! M. le
Président, si je comprends bien l'amendement, c'est après coup.
Un coup que tout va être fait, on ne saura pas ce qu'il y a dedans,
ça va nous arriver sur la table de l'Assemblée nationale et
là on va constater l'entente. On va être placés devant une
situation de fait où aucun parlementaire de quelque formation politique
que ce soit n'aura pu dire son mot, n'aura pu influencer de quelque
manière que ce soit le pouvoir exécutif qu'on appelle dans notre
Parlement ici, le gouvernement. C'est le pouvoir exécutif. Quand un
ministre négocie, le gouvernement par décret adopte ou
entérine ladite entente et, par la suite, nous autres les par-
lementaires, on va être placés devant une situation de fait. On va
avoir sur la table une entente conclue légalement sans avoir pu, au
préalable, influencer de quelque manière même le cadre.
Ici, je veux attirer l'attention, c'est là-dessus que je veux
parler. Il n'y a pas une procédure dans cette législation qui
permet au Parlement de se prononcer, même pas sur un cadre d'entente qui
peut être modifié d'une réserve à une autre. Les
parlementaires, dans tout le processus nouveau qu'on amorce des ententes sur
les bingos là, n'auront même pas une opportunité
parlementaire de se prononcer, même pas sur un cadre, à partir de
ce qui existe au Manitoba, en Alberta ou dans d'autres provinces canadiennes.
On n'a pas même pas l'opportunité, cinq minutes. Tout ce que l'on
constatera, ce sera a posteriori le fruit d'une entente, puis on n'aura
même pas été capables d'influencer le gouvernement sur
cesdites ententes.
Moi, c'est évident que je suis contre la motion telle que
libellée. Pas parce que je ne veux pas connaître les ententes.
C'est tout à fait aberrant, d'ailleurs, que vous n'y ayez pas
pensé et, soit dit en passant, c'est suite à nos discussions. Je
vous ferai remarquer que c'est un argument de dernière minute.
Ça, ça a été préparé entre 13 h 30 et
14 heures. Ce n'était même pas dans la loi. Si vous relisez bien
le projet de loi, c'est un amendement qu'on apporte à la loi. Donc, au
départ là, il n'y avait même pas de volonté
politique de rendre publiques lesdites ententes, même pas! C'est suite
à nos discussions pour essayer de contrer ce qu'on voulait comme
rôle qu'ils viennent nous dire: Oui, oui, après, vous les verrez.
Après! On l'a vue, l'entente d'Hydro-Québec, après. On a
vu qu'est-ce que ça a donné. On a vu comment on a pu influencer
correctement. On a vu comment ça a du poids, ça, un parlementaire
dans la vie d'un Parlement là. C'est après coup! Et on ne nous
offre même pas l'opportunité de faire une discussion. C'est un
Parlement qui a à donner un pouvoir. Il me semble que les parlementaires
ont le droit de s'interroger. En tout cas, moi, il me semble!
Je l'ai été ministre, moi aussi, en passant. Puis, c'est
le "fun" de soumettre à des parlementaires des sujets, de leur dire:
Qu'est-ce que vous pensez d'une entente-cadre, par exemple, dans ça, qui
peut être modifiée dans ses modalités? Mais, comme
entente-cadre, jusqu'où pouvons-nous aller au niveau, par exemple...
Prenons le cas concret qui nous occupe. Jusqu'où pouvons-nous aller dans
le type de gestion, dans les types de contrôle, dans les types
d'attribution de la notion ou de la responsabilité de
sécurité? Jusqu'où on peut aller pour permettre à
des parlementaires de s'exprimer là-dessus? On ne le saura pas. On le
saura d'autant moins si on pense que tous les parlementaires
ministériels font partie du gouvernement. Je ne le savais pas,
j'ai appris ça aujourd'hui. Mais on n'aura même pas pu
s'exprimer sur le cadre même de ces ententes-là, pour questionner
à part ça.
Il y a eu des discussions avec Pointe-Bleue - je vous donne un exemple -
pendant de longues semaines, me dit-on, de longs mois. Est-ce qu'il y en a un
de votre bord qui est capable de me renseigner, qui n'est pas au gouvernement
là? Parce que ceux qui ne sont pas ministres, ils savent qu'ils ne sont
pas au gouvernement. Est-ce qu'il y en a un qui pourrait me renseigner sur ce
qui s'est passé dans les discussions à Pointe-Bleue? Qu'est-ce
qu'ils vont avoir comme responsabilité, à part de nous dire que
c'est la loi qui s'applique? Comment ça va être
géré, cette histoire-là? Comment ça va s'appliquer
concrètement, ça? Là, nous autres, on va devoir expliquer
au monde: II se produit telle chose et ça, voyez-vous, c'est à
cause de tel point et on ne le sait pas. Moi, je vous avoue... (17 h 45)
En plus de ça, arriver en retard avec ça. Le 14 novembre,
ce n'est pas si loin que ça. Si ça fait six mois qu'on discute
avec Pointe-Bleue ou un an, elle aurait peut-être bien pu sortir le 14
novembre ou, encore, il y a huit ou neuf jours au lieu d'être à la
dernière minute, comme c'est le cas aujourd'hui. Huit, neuf, dix jours,
on aurait peut-être eu le temps de discuter; on aurait peut-être eu
le temps de faire quelque chose. On sait au moins que c'est depuis le mois de
novembre que le groupe de travail s'est prononcé. Si c'est depuis le
mois novembre, ça n'aurait pas pu être appelé le 8 ou le 9
décembre pour qu'on discute? Comment ça se fait, ça, que
c'est toujours à la dernière minute, dans les derniers instants
d'une session, qu'on essaie de nous passer une loi, de la faire adopter et de
laisser porter à une formation politique qui ne sait même pas ce
qu'il y a dedans l'odieux de décider si elle la passe ou pas, la loi?
C'est pour ça que ça ne fonctionne pas, ça. C'est
l'irrespect des parlementaires, ça, carrément. Je vous avoue
qu'on peut, par le poids du nombre, continuer à gouverner de cette
façon-là, mais ça ne m'appa-raît pas être une
façon bien, bien correcte de le faire. Moi, en tout cas, je trouve
ça pour le moins répugnant comme stratégie, comme
manière de faire; si ce n'est pas une stratégie, c'est une
manière de faire, en tout cas, qui est inacceptable en droit
parlementaire.
D'autant plus que je vois déjà, M. le Président,
fièrement le ministre délégué aux autochtones se
promener avec sa petite loi. Si on la lui donne, il va dire: Bien voici, je
l'ai eue; je l'ai eue, ma loi. Voyez-vous, je suis fin, je peux négocier
avec vous autres les bingos. S'il ne l'a pas, il va se promener avec la
même petite maudite loi. Il va dire: C'est le PQ qui a bloqué la
petite loi, en fin de session, parce que je ne l'ai pas déposée.
Je le vois, je vous connais comme Barrabas, maintenant. Vous vous promenez avec
des sabots de bois sur du terrazzo dans ce domaine-là. Ça
résonne. Je vous vois là, je vous vois aller, puis j'anticipe
à peu près tout ce qui va arriver là-dessus. Puis, il va
nous arriver en disant: Pourtant, j'ai même promis de la rendre publique,
je suis prêt. Tu sais, c'est brillant!
Moi, M. le Président, je vais tendre une toute dernière
perche pour savoir ce que je ferai en haut à 18 heures. La toute
dernière perche serait la suivante: est-ce que le ministre du Revenu,
qui est responsable et parrain de la loi, est prêt à accorder,
à prendre l'engagement formel ici autour de la table... Je sais que
ça ne s'écrit pas dans une loi. On va supposer qu'il y a du monde
qui va... C'est tout écrit, ce qu'on dit. Est-ce que le ministre du
Revenu et responsable de je ne sais pas trop quoi en plus là, le
ministre des taxes, excusez, serait prêt à prendre l'engagement de
tenir une commission parlementaire, une couple de jours au minimum, au minimum
deux, peut-être trois, où on discuterait fondamentalement du type
d'entente que les parlementaires pourraient avoir, du type d'entente-cadre
qu'on pourrait discuter à partir des documents qui existent, à
partir d'une documentation qu'il nous fournirait, et permettre une expression
d'opinions au niveau des députés?
Ça pourrait être également une occasion pour bien
démontrer que l'ensemble des membres du Parlement ne sont pas
opposés à la délégation de pouvoirs à des
nations autochtones. Ça pourrait être l'occasion aussi de
démontrer qu'on fait une nette discussion différente des Warriors
par rapport aux autochtones, alors que le peuple, présentement,
mêle tout ça. Ça pourrait être l'occasion
également de démontrer que, si on permet de discuter une
entente-cadre, c'est précisément pour éviter qu'on nous
arrive avec des ententes mal foutues par la suite, puis que l'objectif n'est
pas de favoriser des ententes pour le plaisir d'en favoriser non plus, mais
bien pour établir un cadre au moins minimal qu'on peut donner.
Moi, je veux bien qu'on nous donne par la suite des ententes. Qu'est-ce
que tu veux, il n'y a personne qui est contre la vertu. Ça devrait
être transparent, ça devrait être automatique. Quand on est
obligé de le marquer dans la loi, tu sais, c'est quasiment avouer sa
propre faiblesse, parce que tu es obligé de dire: Oui oui, je vais vous
la donner à part ça. Sauf que tu n'auras pas un maudit mot
à dire sur l'entente-cadre. Et je dis bien l'entente-cadre. Je ne parle
pas d'entente particulière parce que je sais très bien que je ne
peux pas comparer Sept-îles, Malio-tenam, à un petit village qui a
à peine 200 habitants, donc que vous appelez un
établissement.
Mais, si on n'est pas prêt à aller à ce minimum,
vous ne demanderez pas à des parlementaires... Et, moi, je fais appel
aux parlementaires là; je ne fais pas appel aux ministres là. Je
m'en fous d'eux autres. Je fais appel aux parlementaires parce que,
d'après moi, c'est nous
qui avons à répondre dans le milieu. On n'a
participé à rien, on n'a pu faire une discussion sur rien, on n'a
pas pu donner des orientations, on n'a pas pu indiquer les dangers des types
d'ententes.
Quand on bâtit dans le neuf, comme c'est le cas
présentement - que vous le vouliez ou pas, c'est bâti dans le neuf
- c'est un "guess" que vous prenez, que vous le vouliez ou pas. On sait
très bien que ça devient un pouvoir discrétionnaire du
ministre par la suite. On est bien obligés de prendre pour acquis qu'il
est supposé être compétent, qu'il est supposé
prendre les mesures. Mais celui qui négocie... Moi, j'ai vu des
ministres signer avec des gens masqués, à la
télévision, avec un juge de la Cour supérieure. Si
ça ne vous dérange pas, on a le droit d'être un peu
prudents comme parlementaires, on a le droit d'exiger un minimum
d'assurance.
Moi, je vous avoue que, avec tout ce que j'ai vécu dans ce
domaine-là, et sans être agressif, au contraire, je suis
même peiné comme parlementaire de voir qu'on mêle
continuellement deux types de dossiers. On veut se rapprocher des nations
autochtones, on veut faire un pas dans la responsabilisation des'
communautés autochtones, mais il faut un minimum de prudence parce qu'il
n'y a pas de statut juridique au niveau de ces réserves-là. Il y
a une bande qui existe à partir d'une loi fédérale, mais
les élections, le type de fonctionnement, c'est très peu
orthodoxe; c'est contraire au style de droit qu'on vit. Si on ne prend pas un
minimum de précautions, de prudence, je pense qu'on arrivera à
des situations où on ne pourra pas...
En tout cas, comme parlementaire, moi, je suis tanné de ne pas
savoir quoi répondre. Je suis tanné d'aller à la
pêche dans les périodes ' de questions pour savoir ce qui s'est
passé. Et on n'a pu rien dire. On n'a pas pu influencer les
décisions et, à partir de là, j'aimerais au moins entendre
le ministre du Revenu dans un premier temps sur ce qu'il fait avec cette
dernière perche que je lui tends. Je ne présume pas de ce que je
déciderai rendu en haut, mais je veux savoir ce qu'il pense de ce que je
dis.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre du Revenu et,
après, ça sera M. le député de Duplessis.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: On connaît bien les frustrations, je pense de
tout le monde dans le dossier autochtone. Il n'y a pas de dossier au
Québec plus complexe au point de vue législatif, au point de vue
loi, au point de vue histoire. Quand on traite du dossier autochtone au point
de vue légal, on est obligé de remonter à 1763, aux
interprétations de ça, on est obligé de retourner fort
loin en arrière. Il n'y a pas, non plus, de dossier au point de vue us
et coutumes plus complexe que le dossier des autochtones. Les autochtones, par
exemple, jouissent de privilèges monumentaux. Lorsqu'on parle, par
exemple, de toute absence de taxation, qu'ils ont droit, à travers les
États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, à
toutes sortes de services publics gratuitement, sans participation au niveau
fiscal, aucune. Ils sont absents au niveau des taxes. La notion de
réserve est une notion tellement complexe. On ne peut pas effectuer de
saisie sur une réserve. On ne peut pas exercer toutes sortes de droits
qui sont listés dans la Loi sur les Indiens. Je ne connais pas de
dossier plus complexe, plus difficile et plus ardu et, surtout en 1991, 1992 et
en 1993, plus difficile pour le Québec. C'est un dossier qui est en
croissance constante à cause de leur nombre. Le fait que leur nombre ne
cesse de se développer fait en sorte que leurs revendications, dans un
contexte d'autonomie gouvernementale, dans un contexte de droit à
l'autodétermination, vont prendre de plus en plus d'importance. Les
Indiens revendiquent des droits.
Ce qui existe au Québec, par contre, il ne faudrait pas le voir
comme quelque chose d'isolé. Il y a eu, à New York, dans l'Ouest
américain, des sièges qui ont duré 300, 400 et 500 jours.
Ganienkeh, ça a duré deux ans. C'est-à-dire que tu avais
un groupe de Mohawks entouré d'un groupe de gens de l'État de New
York. Ça a duré deux ans, ça. Deux ans que ça a
duré. À Wounded Knee, ça a été incroyable.
On a tué deux agents du FBI. Ça a déclenché,
là, quelque chose qui a duré 160 jours, où il y a eu
quelques morts, il y a eu beaucoup de blessés. Il n'y a pas de dossier
plus prenant aujourd'hui. En Australie... C'est incroyable, ce qui se passe
actuellement en Australie. Alors, je comprends les frustrations.
Tout ce qu'on peut faire - et je pense que c'est ce que le ministre
délégué aux Affaires autochtones cherche à faire,
pour l'avoir travaillé, moi, ce dossier-là pendant presque quatre
ans - c'est faire ce qu'on peut pour leur démontrer, un, qu'on est de
bonne foi, deux, qu'on veut participer avec eux et, trois, qu'on
reconnaît qu'ils ont une position sociale qui, finalement, nous fait
honte. Ils occupent le bas de l'échelle sociale au Québec, au
niveau éducation, revenu, au niveau violence, santé. Les
statistiques qui sont propres aux indiens n'ont rien à faire avec les
statistiques qui existent pour les autres Québécois et
Québécoises. On est très vulnérables dans ce
dossier-là et tout ce qu'on peut faire, c'est poser un ensemble de
petits gestes. Sous votre gouvernement, par exemple, lorsqu'on a
créé un hôpital à Kahnawake; sous notre
gouvernement, lorsqu'on est intervenus à plusieurs reprises pour essayer
d'améliorer des conditions pour différentes communautés,
les négociations qu'on fait avec les Attikameks-Montagnais. Même
si on a des endroits où il y a des réussites incroyables, on a
toujours l'impres-
sion qu'on revient toujours à notre point de départ et que
c'est très difficile. Donc, on partage la frustration et on partage
l'incompréhension et le sentiment finalement qu'on a, d'une main, de
vouloir les aider, et, d'un autre côté la difficulté de
comprendre le discours qui se tient chez plusieurs d'entre eux.
Finalement, ce que vous faites, c'est que vous me dites: Bien, si le
projet de loi est adopté et qu'on va de l'avant, est-ce qu'on pourrait,
tout au moins, s'assurer que ce qui va se faire au niveau des ententes...
Est-ce qu'on ne pourrait pas chercher à attacher les balises et,
ensuite, dire qu'on va inviter les membres de la commission pour en discuter
pendant deux ou trois jours ensemble pour essayer de voir les balises? Est-ce
que c'est bien ça, M. le député de Joliette?
M. Perron: Non. M. le Président, si vous permettez, ce
n'est pas ça. On ne parle pas des ententes particulières. Le
gouvernement, par exemple, présenterait à une commission une
entente-cadre...
M. Savoie: Oui.
M. Perron: ...qui pourrait être modifiée
éventuellement, dépendamment des conditions de chacune des
communautés autochtones, de chacun des conseils de bande, de chacun des
groupes qu'on appelle, dans le projet de loi, les établissements. C'est
ça, une entente-cadre. Ce n'est pas l'entente particulière sur
Mashteuiatsh, ou avec les Algonquins, ou avec possiblement les Hurons. Ce n'est
pas une entente particulière. C'est une entente-cadre; on pourrait
regarder ensemble, au niveau d'une commission parlementaire, la direction
générale que prend le gouvernement par rapport à
l'entente-cadre qui pourrait être modifiée en cours de route,
ça, on le sait. C'est l'entente-cadre, non pas une entente
particulière. Alors, c'est pour ça que c'est important. Si vous,
comme gouvernement, vous nous dites, en tant que ministre responsable: Oui, on
y va pour une commission parlementaire sur une entente-cadre qui pourrait
être modifiée, il n'y a pas de problème avec ça. On
est capable de vivre avec ça. Et, à ce moment-là, on
pourrait discuter, terminer et finaliser le projet de loi lui-même, le
projet de loi 187. Et là on pourrait prendre une décision
à discuter lorsqu'on arriverait à l'Assemblée
nationale.
M. Savoie: Finalement, ce qu'on pourrait faire...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le ministre.
M. Savoie: ...c'est se réunir en commission pendant deux
ou trois jours et voir le type d'entente-cadre...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça.
M. Savoie: ...les éléments qu'on voudrait voir
traiter dans l'entente-cadre...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça. (18
heures)
M. Savoie: ...par exemple, les délais, les utilisations,
les différentes conditions, en examinant peut-être quelques
modèles qui existent déjà, les obligations
"redditionnelles", les règlements de conflit.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, je peux, M. le
député de Joliette?
M. Perron: L'organisme désigné.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous voulez
suspendre pour en discuter avec votre collègue une minute?
M. Savoie: Non. Je pense que c'est beau, là. Je pense
qu'au niveau de...
M. Sirros: Comme j'aurai à le négocier, moi, je n'y
vois pas de problème.
M. Savoie: C'est ça. Si ça ne regarde que, par
exemple, des éléments qui doivent être compris dans une
entente-cadre dans le sens de l'organisation d'une entente-cadre, pour ne pas
laisser tomber des éléments, je n'ai pas de difficulté
avec cet exercice.
Le Président (M. Lemieux): Vous permettez, M. le
député de Joliette, avant. M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones voudrait prendre la
parole aussi. M. le ministre délégué aux Affaires
autochtones.
M. Sirros: Dans le même sens...
M. Chevrette: En vous donnant le consentement de déroger
à l'ordre de la Chambre.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Ah! Excusez. Je n'avais
pas vu l'heure. Je m'excuse. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger
à l'ordre de la Chambre?
M. Perron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, allez-y, M. le
ministre.
M. Sirros: Dans le même sens que mon collègue du
Revenu, étant probablement celui qui aura à négocier ces
ententes, moi, je ne trouverais absolument rien de mauvais, au contraire,
à avoir une discussion générique sur l'entente-cadre. Sur
ça, il n'y a pas de problème. Je n'ai pas de difficulté
avec ça. Puis, ça me ferait
plaisir, si la commission m'acceptait comme membre aussi, à ce
moment-là, de pouvoir venir discuter de ça avec les membres et le
ministre du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président, puis pas seulement
entre nous être capables de dire ce qu'on pense de ça, mais
interroger du monde aussi. Je vais vous donner un exemple. Je ne suis pas
sûr que, par exemple, Kurtness ne viendrait pas. Si on lui posait des
questions, nous, les parlementaires, en lui disant: Ça ne présume
pas de ta négo, mais, entre nous autres, c'est pour des fins
communautaires, comment vous gérez ça chez vous? Vous autres,
vous le savez peut-être, mais, moi, je ne le sais pas. Quand on donne 90
000 $... Puis, je vous donne un exemple où le monde en est rendu sur le
terrain à réfléchir. Tu donnes tant d'argent, x, c'est
peut-être des sommes minimes, insignifiantes; je ne veux même pas
parier sur le quantum, au-delà de ça. Tu dis: Comment c'est
géré, ça? Tu demandes à un gars: Comment vous
gérez ça, vous autres? Comment vous allez gérer ça?
Comment avez-vous l'intention, après que vous allez avoir une entente
négociée avec le ministre, qui aura peut-être des
particularités, de gérer ça? "C'est-u" confié
à des comités?
Aujourd'hui, on est dans une conjoncture économique difficile
aussi, vous le savez, très difficile. Quand il y a des
municipalités, puis je le répète, quand il y a des
municipalités qui ne sont même pas capables d'obtenir un permis
pour un tirage d'une automobile pour se bâtir un centre communautaire,
elles sont en furie contre la loterie et les courses. Puis, nous autres, on va
permettre, par entente, que du monde en ait. C'est là que tu accentues
le fossé entre les groupes. Ça peut nous amener même, la
discussion de cette commission-là, en passant, à suggérer
des choses au ministre pour changer sa loi des loteries
précisément. Moi, je suis loin d'être certain que c'est un
bon geste de le faire uniquement pour les autochtones dans la conjoncture
actuelle. Je ne suis pas sûr qu'on ne pourrait pas, dans ces cas
précis, confier, par exemple, l'émission des licences aux MRC. Je
vous donne un exemple. Mais on verrait...
Là, on ne s'exprime pas. On arrive avec un projet de loi et
c'est: Bonjour Luc! Là, il y en a qui se retournent de bord: Ah bien!
Baptême! Tu as donné ça aux autochtones? Nous autres, on
n'a rien, puis on n'est pas capables de s'organiser. On n'a même pas le
permis de tirage chez nous; on ne faisait de mal à personne, puis
c'était 1 $ du billet et ça nous permettait de nous ramasser 25
000 $, puis de nous bâtir un centre communautaire, et c'est ça qui
nous manque. Je le sais, j'ai un exemple concret là, dans mon propre
comté. Puis, si vous saviez comment on s'en fait dire!
Bien, c'est quoi administrer? Ce n'est pas toujours essayer de boucher
un trou parce qu'il y a une demande là. Il faut prévoir ce qui se
passe. Il faut avoir une vision globale du système un peu; sinon, on
contribue, et je le répète... Puis, moi, ça me fait de
quoi, ce n'est pas notre rôle de parlementaires de contribuer ou de
donner l'image qu'on a deux types d'administration au niveau de
l'équité, et ça, au-delà des autochtones; ce serait
la même chose pour une minorité, par exemple, qui a le droit de
garder ou de venir enrichir notre culture avec la sienne. Il pourrait y avoir
des ententes particulières, mais, si on n'explique pas le pourquoi de
nos choses, on contribue à créer des perceptions très
différentes.
Moi, je suis allé à Châteauguay, M. le ministre, il
y a 15 jours, avec mon collègue, puis je vous avoue que ce que j'ai
entendu là, je ne le répéterais même pas ici parce
que je suis assez responsable pour ne pas le faire. Il y a du monde qui ne voit
plus du tout le type de gestion et de fonctionnement qu'on a du même oeil
que les parlementaires le voient parce qu'il est dans le champ et,
quotidiennement, il touche du doigt ce que vous disiez tantôt, les
perceptions, quand on sait que certains privilèges - je dis bien
certains privilèges - peuvent devenir des monopoles non pas au profit
des collectivités, mais au profit de groupuscules.
La collectivité, moi, je crois en sa bonté,
personnellement, si vous voulez avoir mon opinion. Je ne crois pas que toute
une nation puisse avoir des problèmes majeurs majoritairement, mais les
perceptions du public, ce n'est pas long, hein. Il regarde ce qui se passe et
il généralise. C'est à nous de donner peut-être
l'occasion à du monde d'avoir des perceptions différentes et
c'est pour ça que, moi, personnellement, ça ferait longtemps que
j'aurais permis un débat public là-dessus. Je suis
persuadé qu'on a manqué notre coup parce que, depuis un an et
demi, peut-être pas un an et demi, mais presque un an et demi, on laisse
accréditer toutes sortes de thèses. On a contribué
à laisser confondre, dans la tête du monde qu'un autochtone, c'est
un Warrior par définition. Moi, je trouve que c'est scandaleux. Comme
hommes politiques, on a de la misère à se défendre
là-dessus, mais, $uand nous arrive une entente comme celle
d'Hydro-Québec, avec une dernière clause qui dit: Cachez
ça, on ne fait qu'accentuer auprès de ceux qui subissent
ça la perception très négative.
Moi, je ne veux pas être moralisateur, mais, comme responsable
d'une formation politique, à titre de leader, je vous regarde
accréditer cela et, moi le premier, par mes questions, si on n'a pas de
clarification instantanée des situations, si on n'a pas des
réponses adéquates, bien, ma question, sans le vouloir, contribue
à... Ça, je le
sais, mais J'ai aussi un rôle fondamental de questionner sur
quelque chose qui n'est pas transparent. Je n'ai pas le choix. Donc, ce n'est
pas une seule question de rendre publiques des choses a posteriori, c'est de
préparer un terrain propice à l'acceptation de ces
ententes-là. C'est dans cette optique-là que je vous tendais des
perches.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Joliette. M. le député de
Lotbinière, vous vouliez prendre la parole. Ça va. Alors, M. le
ministre, est-ce que ça va? Ça va. Alors, est-ce que l'article
3...
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Duplessis.
M. Perron: ...ai-je bien compris que les intentions du
gouvernement par le biais du ministre du Revenu, c'est qu'effectivement il y
aurait une commission parlementaire qui regarderait une entente-cadre?
Le Président (M. Lemieux): Est-ce votre intention?
M. Perron: Est-ce que c'est un engagement de sa part?
M. Savoie: C'est-à-dire que ce qu'on est prêts
à faire, c'est qu'on est prêts à s'asseoir avec les membres
de la commission du budget et de l'administration et à entreprendre une
discussion sur des éléments que doit comprendre une
entente-cadre.
M. Chevrette: Avec la permission de faire comparaître
certains groupes, par exemple?
M. Savoie: À ce moment-là, ça pourra
être discuté avec les membres de la commission, mais, moi, je
n'aurais pas d'objection.
Le Président (M. Lemieux): Ça pourrait être
de la nature d'une consultation particulière, tel que le prévolt
le règlement.
M. Perron: Peut-être une consultation
particulière.
M. Chevrette: Mais si on a l'assurance que ça peut se
faire. C'est ça que je veux savoir.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Ma seule hésitation... Je n'ai pas
d'hésitation de fond. Je n'ai certainement aucune hésitation
à discuter, à la commission, de toute la question,
génériquement partant, de l'entente-cadre. Ce que j'apporterai
à cette discussion quant à savoir comment procéder, ce
serait, par exemple, de tenir compte du fait que, si jamais on veut faire
témoigner - témoigner, c'est aussi un mot - ou comparaître
des autochtones avec lesquels on va négocier des ententes, ça
peut être interprété aussi comme si on leur demandait de
justifier leur affaire. Ça, on peut le considérer entre nous,
à ce moment-là, parce que j'aurai d'autres arguments ou points de
vue à présenter. Mais je n'ai certainement aucune objection
à discuter, au niveau du principe, de toute la question de
l'entente-cadre, des éléments que ça doit contenir, tout
ça, etc., avec les membres de la commission et d'envisager la
possibilité de faire comparaître les gens aussi, sans donner,
à ce stade-ci, l'engagement formel que je n'aurai pas des
hésitations à cause de quelques affaires qui me trottent dans la
tête.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je ne vois pas pourquoi le
ministre serait réticent à entendre des groupes lorsqu'on parle
d'une entente-cadre et non d'une entente particulière. Si on parle d'une
entente-cadre et qu'on discute, avec les autochtones ou des groupes à
travers le Québec, d'une entente-cadre on ne discute pas d'une entente
particulière...
M. Sirros: On pourrait faire...
M. Perron: ...à moins qu'on puisse s'entendre sur des
choses additionnelles au moment où il y a des choses qui se passent,
mais c'est surtout l'entente-cadre.
M. Sirros: Tout ce que je dis, c'est que, de bonne foi, on
pourrait avoir cette discussion lors de la convocation de la commission, ce que
je suis prêt à faire.
Le Président (M. Lemieux): Vous ne l'excluez pas, M. le
ministre.
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non. Ça va. Maintenant,
vous êtes d'accord avec le principe, tel que demandé par M. le
député de Joliette, d'une discussion de fond sur le principe
d'une entente globale, générale. D'accord. Alors, est-ce que
l'amendement...
M. Perron: Sur l'amendement...
Le Président (M. Lemieux): Oui. Un instant, je vais
attendre, oui.
M. Chevrette: M. le Président, sur l'amendement qui est
là...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Joliette, oui.
Une voix: Est-ce que l'amendement est adopté?
Le Président (M. Lemieux): II est adopté.
M. Chevrette: ...en soi, je vous dirais qu'on ne peut pas
être contre la vertu, mais sur l'adoption globale du projet de loi,
étant donné que notre amendement et notre sous-amendement ont
été battus au niveau de l'étude article par article et
qu'on considère que c'est majeur, nous voterions contre le projet de loi
sur division à ce stade-ci et ça ne présume en rien du
vote en troisième lecture, si troisième lecture il y a.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, je vais
quand même appeler l'amendement à l'article 3. Est-ce que
l'amendement à l'article 3 est... Oui. Il y a quelque chose d'ordre
technique? On va le changer pour pas qu'il y ait de problème. Dans un
instant nous allons...
M. Perron: Une question d'ordre technique qui est en train
d'être réglée.
Le Président (M. Lemieux): Pour plus de
sûreté là, voici le sens de l'amendement. L'article 3 du
projet de loi est de nouveau modifié par l'addition, à la fin, de
l'alinéa suivant: 'Toute entente intervenue en vertu du deuxième
alinéa doit être déposée devant l'Assemblée
nationale dans les 15 jours de son adoption par le gouvernement ou, si elle ne
siège pas, dans les 15 jours de la reprise de ses travaux." Voilà
le sens de l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, oui. Alors, je dois
reprendre la lecture de l'amendement. Je m'excuse. L'article 3 du projet de loi
est de nouveau modifié par l'addition, à la fin de l'article 34,
de l'alinéa suivant: 'Toute entente intervenue en vertu du
deuxième alinéa doit être déposée devant
l'Assemblée nationale dans les 15 jours de son adoption par le
gouvernement ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours de la reprise
de ses travaux." Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Chevrette: Adopté. M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'article 3, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Perron: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division. J'appelle
l'article 4. Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): L'article 5 est adopté.
Est-ce que l'article 6 est adopte?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le titre du projet
de loi 187... Oui, M. le ministre.
M. Sirros: Je ne suis pas convaincu qu'on a adopté les
articles 1 et 2. Je sais qu'on a eu des discussions.
Des voix: Oui, oui. M. Sirros: Oui? M. Chevrette:
Sûr.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, M. le ministre,
ça a été adopté. Est-ce que le titre du projet de
loi 187, Loi modifiant la Loi sur les loteries, les concours publicitaires et
les appareils d'amusement, est adopté? Le titre.
M. Chevrette: Le titre, oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que le projet de loi
187, tel qu'amendé, est adopté dans son ensemble?
M. Chevrette: Sur division. M. Perron: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Le projet de loi est
adopté sur division. Je remercie les membres de cette commission et je
m'en vais immédiatement en Chambre pour le dépôt du
rapport. J'ajourne sine die.
(Fin delà séance à 18 h 17)