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(Vingt heures dix minutes)
Le Président (M. French): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la culture entreprend l'étude des
crédits du ministère des Communications. J'inviterais les membres
de la commission à prendre place.
M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue) est absent; M. Brouillet
(Chauveau) va venir; M. Champagne (Mille-Îles) est présent; M.
Dauphin (Marquette) est absent; M. Doyon (Louis-Hébert) est
présent; M. French (Westmount) est présent; M. Gauthier
(Roberval) est présent; M. Hains (Saint-Henri) est absent; Mme
Lachapelle (Dorion) est présente; M. Proulx (Saint-Jean) est
présent. Nous avons donc quorum.
Je veux, très brièvement, rappeler aux membres de la
commission que, si nous avons une séance de travail qui dure presque
deux heures ce soir, plus de deux heures la semaine prochaine, il nous restera
quand même quarante à cinquante minutes pour étudier les
crédits des Communications à un autre moment. Il faudra, M. le
ministre et MM. les membres de la commission, trouver ce bout de temps. Je
signale à la secrétaire que j'aimerais qu'elle mentionne aux deux
leaders parlementaires, ainsi qu'au ministre le fait que l'enveloppe de temps
ne sera pas épuisée. Il nous faut, en plus des deux heures
d'aujourd'hui et des deux heures de la semaine prochaine, quarante à
cinquante minutes de plus avant d'en avoir fini avec l'étude des
crédits du ministère des Communications. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: S'il m'était permis de faire une suggestion
dès maintenant: la possibilité qui pourrait être
explorée, c'est que, mardi prochain, on puisse, compte tenu de la
disponibilité de tout le monde, dépasser 22 heures
éventuellement. On pourrait considérer cette chose de
façon à liquider l'étude de ces crédits à la
dernière séance, le 17 avril, mardi prochain, si la chose
était possible. En tout cas, je le soumets comme cela.
Le Président (M. French): L'idée est donc
lancée que mardi soir, c'est-à-dire dans une semaine, on continue
jusqu'à la fin de notre enveloppe de temps; la commission poursuivrait
alors ses travaux jusqu'à 23 heures. Cela va. M. le député
de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): La semaine passée,
lorsqu'on s'est quittés, il restait quatre heures.
Le Président (M. French): Non, il ne restait pas quatre
heures, M. le député.
M. Champagne (Mille-Îles): II restait plutôt 4 heures
et 40 minutes.
Le Président (M. French): On avait l'impression qu'il
restait quatre heures, mais la secrétaire, en regardant cela à
tête froide, nous apprend qu'il reste une autre demi-heure ou trois
quarts d'heure.
M. Champagne (Mille-Îles): On va quand même se
rallier à la proposition que, mardi de la semaine prochaine, on
épuise le temps.
Le Président (M. French): M. le ministre, est-ce que cela
vous convient de terminer mardi prochain?
M. Bertrand: M. le Président, j'ai malheureusement tenu
pour acquis que je raterais probablement quelques-unes des rencontres entre les
Nordiques de Québec et le Canadien de Montréal. J'en fais mon
deuil.
Société de
radio-télévision du Québec (Radio-Québec)
Le Président (M. French): M. le ministre, ayant tout
simplement une allégeance extrêmement partagée entre les
deux équipes, c'est aussi bien que vous ne soyez pas là, de toute
façon.
Nous allons, ce soir, commencer avec, je crois, le programme 8. Je n'ai
pas la ventilation devant moi. Nous commençons donc ce soir avec
l'étude du programme 8 du ministère des Communications, lequel
concerne Radio-Québec. Puisqu'il a été question de
Radio-Québec dans les commentaires préliminaires du ministre et,
dans une certaine mesure, dans ceux du porte-parole de l'Opposition, nous
pouvons, je crois, commencer par les questions des députés. M. le
ministre.
M. Bertrand: M. le Président, je comprends très
bien l'intérêt que les parlementaires portent à
Radio-Québec et leur volonté de poser le maximum de questions au
président-directeur général de
Radio-Québec ou au ministre des Communications.
Quant à moi, je vous proposerais que le
président-directeur général de Radio Québec, qui
vient d'entrer en fonction il y a à peine quelques mois, puisse tout de
même faire une brève présentation - j'en ai pris
connaissance, il ne s'agit pas d'une longue présentation - et que, sur
la base de cette présentation, incluant, bien sûr, les documents
qui ont été transmis aux membres de la commission, nous puissions
engager dès lors la discussion.
Le Président (M. French): M. le ministre, une telle
intervention demande le consentement de tous les membres de la commission. Y
a-t-il consentement pour que M. Jacques Girard, qui est le nouveau P.-D.G. de
Radio-Québec, ancien sous-ministre de l'Éducation, quelqu'un que
nous connaissons tous, y aille avec sa présentation de cinq ou dix
minutes, quelque chose de cet ordre?
M. Bertrand: C'est le gros maximum.
Le Président (M. French): Y a-t-il consentement?
Des voix: Oui.
M. Doyon: M. le Président, il y a, évidemment,
consentement là-dessus. Ce que je comprends, c'est que M. Girard va
faire une déclaration sur le fonctionnement en général de
Radio-Québec, son organisation interne, sa structure, etc.
Évidemment, la question des politiques, la question des orientations
fondamentales demeurent sous la juridiction du ministre qui est responsable de
ces questions.
Le Président (M. French): Oui, M. le député
de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Au point de vue de certaines
informations pertinentes, sans parler de politique globale, je pense que notre
invité, M. Girard, pourrait certainement répondre sur des
détails techniques et donner des sources d'information ou de
l'information. Est-ce que je rejoins l'idée du député de
Louis-Hébert dans ce sens?
M. Doyon: C'est à peu près ce que j'ai dit.
M. Champagne (Mille-Îles): D'accord. Je pense qu'on
s'entend sur ce sujet.
Le Président (M. French): M. Girard.
M. Girard (Jacques): M. le Président, je vous remercie, de
même que les membres de la commission de m'autoriser à faire une
brève présentation. C'est une présentation écrite,
mais qui, dans mon esprit et dans celui de la direction générale
de Radio-Québec, résume bien la situation dans laquelle nous
sommes et dégage, pour l'avenir, des voies relativement précises
et des prospectives que nous pourrons discuter plus longuement avec les membres
de la commission dans les minutes qui suivront.
Nous sommes loin de l'époque où Radio-Québec
était encore une réalité plutôt vague, loin des
réalités de la vie quotidienne des Québécois, loin
de l'époque où beaucoup de Québécois croyaient que
Radio-Québec était un poste de radio qui avait pignon sur rue
à Québec, loin aussi du temps où des blagueurs disaient
que cette télévision éducative offrait des séries
ennuyantes, illustrées de diapositives et consacrées à
l'étude des poignées de porte, une télévision du
réchauffé qui, pour comble d'ennui, offrait un programme
constitué de reprises. Radio-Québec est devenue "l'autre
télévision" qui réunit devant son écran chaque
semaine près de la moitié de la population francophone du
Québec, c'est-à-dire 48%, venant de toutes les classes de la
société.
Ses 2 362 000 téléspectateurs, qui nous regardent en
moyenne plus de deux heures par semaine, se disent plus satisfaits de "l'autre
télévision" que des autres diffuseurs québécois. Si
la croissance de notre auditoire, cette année, est un indice de
l'appréciation du public québécois, nous pouvons parler
d'une véritable cote d'amour, car l'auditoire de Radio-Québec a
fait, en 1983-1984, un bond prodigieux de pas moins de 29%, pour passer de 1
833 000 à 2 362 000 téléspectateurs. Dans certaines
régions, cette croissance a même été de plus de
60%.
En dépit de la concurrence grandissante de la part des grandes
chaînes de télévision francophones, de la
télévision française au Québec, de la
télévision à péage et, en dépit de la
popularité croissante des télévisions américaines,
Radio-Québec n'a cessé de conquérir de l'auditoire. La
performance de Radio-Québec est due sans doute à la pertinence,
à la diversité et à l'attrait de nos émissions.
Elle est aussi, en grande partie, attribuable à l'image de dynamisme et
d'audace que nous projetons.
Pour les téléspectateurs québécois, "l'autre
télévision" est vraiment différente des
télévisions traditionnelles, car elle est aussi la
télévision de la Ligue nationale d'improvisation, des grands
débats populaires entre la France, la Suisse et le Québec dans le
cadre de l'émission Agora; elle est la télévision qui
offre une programmation entièrement nouvelle pour le temps des
fêtes, qui est aussi la seule à offrir une programmation
d'été novatrice avec Station Soleil, qui offre une programmation
spéciale
pour la semaine des femmes et qui a présenté en
stéréo le gala du centenaire du Metropolitan Opera de New York.
"L'autre télévision" a aussi développé une
émission quotidienne originale et efficace de services,
Téléservice, et la dramatique d'information SOS
j'écoute.
Pour de nombreux Québécois et aussi pour nos
collègues des autres télévisions, Radio-Québec est
véritablement une autre télévision; non pas une
télévision marginale qui étudie, comme je le disais plus
tôt, les poignées de porte, mais plutôt une
télévision imaginative, dynamique, proche des
préoccupations des gens et vraiment de chez nous. Je me permets de
signaler que la seule émission francophone du Canada retenue cette
année pour la conférence internationale des
télévisions publiques, Input, est une émission de
Radio-Québec, La Soirée de l'impro.
La préoccupation des responsables et artisans de notre
télévision n'est pas de faire autre pour le plaisir d'être
différent, ni de chercher les plus grosses cotes d'écoute pour
suivre les grandes chaînes de télévision, mais de
concevoir, de produire et de présenter une programmation authentiquement
éducative et culturelle, accessible et attrayante pour l'ensemble de la
population et susceptible d'enrichir le menu télévisuel des
téléspectateurs. Radio-Québec fait de la vraie
télévision et plus de la moitié des
Québécois sont déjà au rendez-vous.
Même si l'image que je viens de vous décrire de
Radio-Québec paraît fort positive, elle comporte aussi des ombres.
D'abord, nous ne voulons pas nous contenter de la présence de la
moitié des Québécois devant notre écran, ni de leur
consommation d'un peu plus de deux heures par semaine de notre programmation.
Notre préoccupation est de rendre nos émissions de plus en plus
accessibles et attrayantes à la grande majorité des citoyens qui
paient pour cette télévision, et nous espérons les inciter
à la fréquenter davantage. Nous voulons enfin poursuivre
l'exploration de nouvelles formules et approches au sein de nos
émissions afin d'assurer que Radio-Québec demeure "l'autre
télévision".
Il y a, toutefois, une autre préoccupation constante pour les
responsables de "l'autre télévision", préoccupation qui
vous habite aussi, et qui explique en grande partie notre présence ici
aujourd'hui, soit celle de l'efficacité ou de la productivité de
cette télévision. Radio-Québec diffuse cette année
environ 4500 heures d'émissions destinées non seulement au grand
public, mais aussi à la clientèle scolaire, ainsi qu'au public de
l'éducation permanente. Au chapitre de la production maison, signalons
que le nombre d'heures produites par Radio-Québec cette année est
de 534 pour le réseau, plus 180 pour les régions, ce qui fait un
total de 714 heures en comparaison de 499 heures-réseau, plus 129
heures-région en 1982-1983, pour un total, à l'époque, de
628 heures. Il s'agit donc là d'une croissance de 86 heures, soit de 14%
en un an et ce, en regard d'une augmentation de 4,4% de la subvention
gouvernementale. Cette croissance significative du nombre d'heures produites se
reflète, évidemment, dans les coûts horaires. Une heure de
production maison de Radio-Québec pour la saison en cours coûte 37
800 $ en comparaison de 39 200 $ pour la saison dernière.
Regardons maintenant notre rentabilité par les yeux du
téléspectateur contribuable: combien lui coûte une heure de
programmation par semaine à l'écran de Radio-Québec? Le
coût d'une heure de programmation effectivement consommée par
téléspectateur par semaine est, cette année, de 0,20 $, en
comparaison de 0,32 $ l'heure il y a cinq ans. Notre
téléspectateur peut donc aller au cinéma à
Radio-Québec pour 0,30 $, recevoir les dernières informations de
service en éducation, économie, consommation et santé pour
moins de 0,10 $ la demi-heure. Radio-Québec est non seulement une
télévision grandement appréciée par les
Québécois, dynamique dans le domaine de la
télévision, mais elle est aussi de plus en plus économique
pour le téléspectateur à la recherche d'information, de
culture et de stimulation.
Toutefois, nous ne nous contenterons pas des résultats de
rationalisation et de croissance de la productivité que nous avons
obtenus jusqu'ici. Nous chercherons systématiquement à rendre
notre télévision de plus en plus efficace et, partant, de plus en
plus rentable. Afin d'atteindre ces buts, nous avons mis sur pied un
comité chargé d'étudier et de proposer des moyens de
rationalisation des activités dans le domaine de la technique et de la
production.
Les nouveaux défis en 1984-1985. Radio-Québec est, j'en
suis convaincu, en excellente santé. Toutefois, comme
télévision de masse et comme service public, nous sommes
condamnés au progrès et à la qualité. Dans cette
perspective, nous sommes confrontés à de nouveaux défis
importants. J'aimerais évoquer ici devant vous les principales
invitations que nous lance l'avenir immédiat. Premièrement, la
diversification de nos services télévisuels. Notre programmation
actuelle répond de façon importante et pertinente aux grands
objectifs que nous fixe notre mandat tel que décrit dans la Loi sur la
programmation éducative. Il y a, toutefois, des enrichissements que nous
voulons lui apporter. Dès la saison 1984-1985, c'est-à-dire la
saison prochaine, nous améliorerons notre présence à
l'actualité quotidienne en information et en affaires publiques. Notre
expérience en cette matière dans le cadre de notre
émission estivale Station Soleil nous
incite à développer une présence quotidienne
originale et attrayante à l'actualité dans les domaines
politique, économique, social et culturel. Nous voulons également
enrichir notre contribution à la culture québécoise par
une présence plus importante en dramatique québécoise et,
de façon générale, par une présence plus importante
à la créativité culturelle dans plusieurs domaines.
Un autre service télévisuel que nous souhaitons
élargir dès la prochaine saison est celui offert en
éducation permanente. Nous chercherons une collaboration plus active
avec le ministère de l'Éducation, les universités, les
cégeps, les commissions scolaires et les autres institutions en vue de
l'élaboration d'une programmation "instruc-tionnelle ou scolaire", entre
guillemets, plus importante à l'intention de l'éducation de
façon générale.
Le deuxième objectif: une plus grande symbiose entre les
programmations du réseau et les programmations des régions.
Radio-Québec en région est, pour nous, un acquis important, voire
indispensable. Le dynamisme des régions, ainsi que la perspective des
Québécois des quatre coins du Québec sont essentiels
à la programmation de Radio-Québec. Il n'y a, toutefois, pas dix
Radio-Québec, mais une seule Radio-Québec. Pour que cette
Radio-Québec, unique et multiple à la fois, soit une
réalité bien vivante, il faudra assurer, au cours des prochaines
années, une symbiose plus grande entre Montréal et les autres
régions. Cette symbiose devra se traduire par la concertation au sujet
de la programmation-réseau, par des contributions collectives originales
et pertinentes et par une grille de programmation attrayante et
diversifiée, de grande qualité, constituée
d'émissions-réseau et de contributions régionales. Nous
aurons également à promouvoir une présence
régionale qui reflète davantage le poids relatif des
régions. Nous avons mis sur pied un comité chargé de faire
le point sur la collaboration entre le réseau et les régions et
de faire des recommandations visant à assurer une symbiose plus
dynamique entre les partenaires.
Le troisième objectif: la rationalisation des activités
dans le domaine de la programmation télévisuelle au
Québec. Plusieurs instances gouvernementales et para-gouvernementales
produisent ou font produire des documents télévisuels à
vocation éducative dont certains sont destinés à une
diffusion très large. Nous souhaitons promouvoir une rationalisation de
la production télévisuelle éducative au Québec en
collaboration directe avec le ministère de l'Éducation, ainsi que
d'autres ministères concernés. Une meilleure planification et
concertation assurera un meilleur impact auprès des auditoires
visés et une utilisation plus rationnelle des ressources. Un groupe de
travail composé de représentants de Radio-Québec et de la
Direction générale des moyens d'enseignement du ministère
de l'Éducation prépare en ce moment des propositions
concrètes concernant la rationalisation de la production
télévisuelle éducative des deux institutions.
Le quatrième objectif: l'accroissement des revenus autonomes. Le
coût sans cesse croissant de la production et aussi de l'acquisition de
documents de qualité et les limites des subventions gouvernementales
nous ont amenés, depuis quelques années, à chercher de
nouvelles sources de financement pour combler les manques à gagner. Dans
cette perspective, nous avons eu recours, depuis quatre ans, à la
commandite de prestige. Près d'une vingtaine d'entreprises et
d'institutions ont souscrit depuis quatre ans à plus d'une vingtaine
d'émissions et séries. Les prévisions de revenus de la
part de ces commanditaires pour la saison en cours sont de l'ordre de 700 000
$. La notoriété positive de Radio-Québec auprès du
public, ses cotes d'écoute de plus en plus élevées, un
contexte économique plus favorable, ainsi qu'une meilleure connaissance
des attentes des entreprises alliée à une meilleure planification
et organisation du marketing à Radio-Québec nous incitent
à développer des stratégies nouvelles et dynamiques visant
à maximiser les sources de revenus autonomes. Nous devons toutefois
faire preuve d'un grand réalisme à cet égard. En effet,
cette nouvelle forme de publicité institutionnelle que constitue la
commandite de prestige à l'écran de Radio-Québec
coûte cher aux souscripteurs compte tenu du nombre et de la durée
des mentions, ainsi que de l'auditoire rejoint. La gamme de produits offerts
par Radio-Québec n'est pas toujours facile à vendre et les
budgets de publicité institutionnelle des entreprises ne sont pas
considérables. Nous voulons, toutefois, aller de l'avant sur la voie de
la commandite de prestige, mais les défis sont de taille. (20 h 30)
Le cinquième objectif ou la cinquième
réalité: une concurrence accrue dans le marché de la
télévision au Québec. Comme je vous l'indiquais plus
tôt, Radio-Québec n'est pas une télévision marginale
qui vit dans la sécurité d'un environnement éducatif et
culturel bien protégé, avec un auditoire d'élite, de
fidélité indéfectible. Bien au contraire, "l'autre
télévision" est une solution de rechange attrayante et efficace
pour l'ensemble de la population. Les émissions de Radio-Québec
sont consommées dans le même environnement du foyer que celles des
autres diffuseurs et subissent les mêmes contraintes de la concurrence et
des habitudes d'écoute. Le défi que constituent les autres
diffuseurs est un stimulant utile pour Radio-Québec qui, en fin
d'analyse, ne peut que profiter à nos téléspectateurs.
Ce
défi risque, toutefois, de devenir plus grand au cours des
prochaines années avec la venue possible, maintenant annoncée,
d'une autre chaîne commerciale et de la programmation toujours possible
de Radio-Canada 2. Nous aurons à développer des stratégies
pour assurer le maintien de notre présence importante dans le menu des
téléspectateurs québécois.
Sixièmement: le développement en fonction des nouvelles
technologies. Les nouvelles technologies qui se sont développées
depuis quelques années ont une influence profonde sur les
méthodes de production, sur l'imagerie des émissions de
télévision, sur la diffusion, la distribution et le prolongement
des émissions. Nous aurons recours à certaines de ces
technologies pour des fins de production, certes, mais d'autres seront
particulièrement pertinentes en regard de notre vocation
éducative. Nous aurons, notamment, à étudier le rôle
que nous pourrions, nous devrions jouer dans le développement de
logiciels à caractère éducatif et dans l'utilisation de la
télématique. La télévision éducative de
l'Ontario, ainsi que PBS aux États-Unis jouent dans ce domaine
déjà un rôle très actif. Nous ne pouvons pas, de
notre côté, négliger les développements
nécessaires.
Septième et dernier point: l'évolution dans le domaine des
relations du travail. "L'autre télévision" n'a pas trouvé
sa personnalité, son originalité et son dynamisme par hasard. Ses
traits, ainsi que la qualité générale de la programmation
sont le fruit d'un travail d'équipe à Radio-Québec. Cette
équipe, constituée d'employés permanents et occasionnels,
regroupe environ 850 personnes oeuvrant dans toutes les professions et tous les
métiers reliés directement ou indirectement à la
télévision. La programmation et la performance de
Radio-Québec sont des résultats de leurs efforts, de leur
imagination, de leur énergie et de leur loyauté. C'est ensemble
que nous aurons à trouver des voies qui nous conduiront à encore
plus d'efficacité, à une rentabilité de mieux en mieux
établie. Un des moyens essentiels pour arriver à cette
efficacité est la rationalisaton constante de nos processus de
production et de gestion. Nous avons déjà décrit ces
défis à nos syndicats. Nous leur avons déclaré que
nos objectifs pour les années à venir étaient ni
d'augmenter le personnel permanent ni d'augmenter les coûts de
production.
En conclusion, après quinze ans d'existence, je crois que nous
pouvons affirmer avec une certaine fierté que "l'autre
télévision" est en bonne santé. Elle ne jouit pas,
toutefois, de la tranquille possession de la formule de la réussite, ni
encore moins de ressources financières et techniques sûres et
généreuses. Radio-Québec est en quelque sorte
condamnée à une qualité exigeante et à une
évolution constante. Nous avons l'intention de présenter, au
cours de l'automne, un document d'orientation pour notre
télévision, qui indiquera les pistes sur lesquelles nous
souhaitons nous engager au cours des prochaines années. Ces pistes
d'évolution toucheront, il va de soi, notre télévision,
mais elles seront souvent dépendantes des options du gouvernement,
notamment en ce qui regarde notre financement. Vous et nous aurons alors des
choix à faire. Je suis confiant qu'ils assureront une évolution
positive de ce service public unique que constitue "l'autre
télévision". Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. French): Merci, M. le président de
Radio-Québec. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci. Tout en voulant remercier M. Girard, je porte
à votre attention, M. le Président, qu'il a consacré
au-delà d'une vingtaine de minutes à une présentation fort
agréable à entendre, qui est de la nature de la défense et
de l'illustration de Radio-Québec. Sauf que je me demande si, dans
l'esprit dans lequel doit siéger cette commission quand elle examine les
crédits d'un organisme comme Radio-Québec, il est vraiment de
mise que nous procédions de cette façon. Je n'avais pas
d'objection à donner mon consentement. Vous aviez dit vous-même,
M. le Président, qu'une dizaine de minutes cela semblait être un
maximum. Or nous avons passé au-delà de vingt minutes
là-dessus.
Ce que je veux porter à votre attention, M. le Président,
c'est qu'en procédant de cette façon nous enlevons aux
parlementaires une certaine opportunité de poser les questions qui leur
conviennent sur les sujets qui leur conviennent. Le bilan que vient de faire M.
Girard, pour lui, peut être gratifiant. Mais pour autant que je suis
concerné, pour l'Opposition, il y a un certain nombre de questions que
je désirerais poser et qui, par la force des choses, ont dû passer
au second plan, compte tenu du temps qui a été consacré
à la présentation de M. Girard.
Je passerai immédiatement aux questions, M. le Président,
pour ne pas prendre plus de temps là-dessus. J'aimerais que le ministre
nous explique, aussi brièvement que possible, quels sont les principaux
facteurs auxquels il attribue l'augmentation budgétaire, l'augmentation
des crédits de 54 565 000 $ à 56 855 000 $. Quels sont les
facteurs principaux qui motivent cette augmentation des crédits?
M. Bertrand: Essentiellement, M. le Président, un montant
réel de crédits nouveaux de 400 000 $ pour la production
régionale à Radio-Québec; tout le reste, ce ne sont
que des ajustements mécaniques. C'est ce qui fait, d'ailleurs, qu'on
constate qu'il y a une très faible augmentation du budget de
Radio-Québec en 1984-1985 par rapport à 1983-1984. Cela passe de
54 600 000 $ à 56 900 000 $. C'est une augmentation infime. Seul un
budget de 400 000 $ est ajouté en crédits réellement
nouveaux pour permettre d'accentuer la production en région.
M. Doyon: M. le ministre, est-il exact qu'il y avait eu des
propositions de la part du Conseil du trésor qui visaient à
diminuer, effectivement, les crédits devant être alloués
à Radio-Québec, cette diminution devant être de l'ordre de
1 500 000 $. À ce que vous sachiez, y a-t-il eu une telle proposition du
Conseil du trésor?
M. Bertrand: Comme tous les ministères et les organismes
gouvernementaux, Radio-Québec s'est vu transmettre par le Conseil du
trésor un plan de rationalisation des ressources qui impliquait ce qu'on
pourrait appeler une compression budgétaire, comme cela a
été le cas, d'ailleurs, au ministère des Communications
pour un montant d'environ 2 600 000 $. Or, à Radio-Québec, le
même type de demande a été acheminé et, quand on
regarde le budget 1984-1985, on doit tenir compte à la fois de cette
augmentation dont j'ai parlé tantôt, de 54 600 000 $ à 56
900 000 $, et, bien sûr, des compressions budgétaires que
Radio-Québec a dû assumer au cours de l'exercice financier
1983-1984. Pour un montant de...?
M. Girard: Les coupures budgétaires que nous avons
dû assumer en 1983-1984 étaient de l'ordre de 1 800 000 $; pour la
prochaine année, les compressions budgétaires que nous devrons
assumer sont de l'ordre de 500 000 $.
M. Doyon: Ces compressions budgétaires de 500 000 $ pour
l'année 1984-1985 se situent à quel niveau, dans quel
domaine?
M. Girard: Nous n'avons pas encore terminé la
préparation du budget. Nous commençons au cours de la semaine
prochaine une tournée budgétaire qui va nous amener à
rencontrer chacune des directions et chacun des services. Notre volonté
est de faire en sorte que les coupures portent davantage dans le secteur -
comment je dirais - des infrastructures de Radio-Québec pour maximiser
le transfert des sommes vers le secteur de la production. Ce sont les
orientations qui ont été transmises à chacun des
directeurs et directrices de service. Donc, la volonté est de poursuivre
la rationalisation, de maintenir le nombre d'employés à son
niveau actuel et, si possible, de le réduire un peu, de maximiser nos
efforts dans le domaine de la rationalisation de la gestion et de
transférer le plus d'argent possible vers la programmation.
M. Bertrand: M. le Président, je crois que le
député de Louis-Hébert le sait probablement, c'est
toujours assez difficile d'établir des comparaisons quand on parle des
budgets de Radio-Québec puisque l'année financière de
Radio-Québec commence le 1er septembre et se termine le 31 août,
alors qu'effectivement notre année budgétaire, au gouvernement du
Québec, commence le 1er avril et se termine le 31 mars. Il y a toujours,
comme cela, des comparaisons qui doivent être faites en tenant compte,
bien sûr, de deux bases budgétaires différentes.
M. Doyon: M. le ministre, j'aimerais vous ramener à
l'automne dernier où vous promettiez un énoncé de
politique nationale sur les communications pour le printemps prochain, en
parlant du moment où on est rendu actuellement.
J'aimerais vous entendre sur ce qu'il en est de cet énoncé
de politique nationale sur les communications. Est-ce que vous pouvez nous en
faire part? Est-ce que c'est un document qui sera rendu public prochainement?
Est-ce qu'il y a de la consultation là-dessus et comment
procédez-vous exactement?
M. Bertrand: II en est exactement ce que j'en disais dans ma
présentation de vendredi dernier. Cela se retrouve au journal des
Débats. C'était présenté de la façon
suivante: "Ces messages - parlant des messages qui nous ont été
transmis au sommet sur les communications - nous ont indiqué de
façon claire qu'une politique nationale des communications doit
être absolument axée sur l'action, privilégiant une
approche terrain beaucoup plus qu'une approche théorique qui risquerait
de couler dans le béton des principes qui peuvent se
révéler trop imperméables aux changements." Un peu plus
loin je disais: "La politique québécoise des communications sera
donc beaucoup plus un plan d'action qui épousera les
réalités du terrain qu'une politique nationale au sens
traditionnel du terme, qui, même bien fignolée, a tendance
à effleurer les cimes de la raison raisonnante au détriment
parfois du pays réel." Voilà où elle en est.
M. Doyon: Cela me paraît bien mince, M. le ministre...
M. Bertrand: Mais clair.
M. Doyon: ...compte tenu de ce que vous annonciez et de ce que
vous
promettiez. Vous me permettrez de vous dire qu'on reste joliment sur
notre appétit. Je pense que l'engagement que vous aviez pris au mois
d'octobre dernier était plus précis que cela et allait
au-delà de cela. Si vous êtes en train de faire machine
arrière, c'est une autre question. Vous avez le choix de le faire si
vous voulez.
Négociations avec les employés
J'aimerais entretenir brièvement le ministre de ce qui se passe
au niveau des employés de Radio-Québec. Au début de
novembre 1983, on lisait dans certains journaux que Radio-Québec
cherchait à maintenir le statu quo avec ses employés sur
l'ensemble des dispositions normatives de la convention collective qu'elle
négocie avec le Syndicat général des employés de
Radio-Québec.
Est-ce que le ministre pourrait nous informer où en sont les
négociations actuellement entre Radio-Québec et ses
employés? Est-ce que l'affirmation du ministre, en date du mois de
décembre 1983, dans le Devoir, que "Radio-Québec pourrait
réaliser son mandat avec la moitié de son personnel en confiant
davantage de production à l'entreprise privée", est toujours
valable? Est-ce que cette façon de voir les choses influence les
négociations qui ont lieu actuellement avec les employés de
Radio-Québec?
M. Bertrand: Je dois dire que c'est une déclaration qui a
probablement créé une dynamique de négociation dans
l'ensemble relativement intéressante. Deuxièmement, je maintiens
que si nous devions rebâtir à zéro Radio-Québec, ce
qui est, évidemment, une utopie, il est fort probable que nous
épouserions un scénario différent pour ce qui est de
l'organisation de Radio-Québec en termes de ressources humaines, en
termes de ressources matérielles, en termes de ressources
financières. (20 h 45)
Par ailleurs, j'ai bien indiqué - quand on cite l'article du
journal Le Devoir au complet, on se rend bien compte que cette
déclaration doit être replacée dans son contexte, et vous
avez eu l'honnêteté de le faire - que, pour parvenir à
réaliser le même type de production que ce que Radio-Québec
a réussi à réaliser au cours des dernières
années, il faudrait, dans la mesure, évidemment, où nous
nous départirions - ce n'est pas notre intention - de certains
employés permanents qui oeuvrent à Radio-Québec, confier
une bonne partie de la production en sous-traitance, ce qui est
déjà, d'ailleurs, le cas pour une partie des productions de
Radio-Québec. Évidemment, Radio-Québec doit utiliser toute
la créativité et l'imagination des employés permanents
pour faire en sorte, comme le disait tantôt le président-directeur
général, que dans une perspective de plus grande rationalisation
des ressources nous parvenions à augmenter la productivité de
Radio-Québec.
M. Doyon: M. le ministre, dans l'affirmation que vous faisiez, et
je cite ici vos paroles, à savoir que "Radio-Québec pourrait
fonctionner aussi bien, sinon mieux avec la moitié de ses effectifs",
aviez-vous pesé les mots que vous avez employés? Est-ce que vous
êtes encore du même avis? Est-ce que vous avez effectivement
l'intention d'ajuster les ressources financières, les ressources
humaines particulièrement de Radio-Québec en fonction de cette
affirmation?
M. Bertrand: Pour rassurer les permanents qui oeuvrent à
Radio-Québec et pour rassurer ceux et celles qui, en ce moment,
négocient avec la direction de Radio-Québec, je peux indiquer
qu'il n'est absolument pas dans l'intention du gouvernement du Québec de
confier un mandat à la direction de Radio-Québec pour sabrer dans
les ressources humaines existantes et couper de moitié le personnel
permanent de Radio-Québec. Il y a des objectifs qui ont
été transmis à la direction de Radio-Québec
relativement aux négociations qui sont en cours. Comme les
négociations sont en cours, je pense qu'à ce stade-ci notre
attitude, comme parlementaires et comme ministre des Communications, est de
faire en sorte -comment dirais-je - que nous ne venions pas altérer la
qualité des négociations qui peuvent se poursuivre en ce
moment.
M. Doyon: La compassion du ministre est probablement la bienvenue
de la part des employés, mais elle a sûrement soulevé des
inquiétudes au moment où il a prononcé ces paroles. Je me
demande quand le ministre doit être cru: quand il parle devant cette
commission ou quand il fait des déclarations aux journalistes? Il y a
comme un problème, c'est sûr.
Je signalerai au ministre qu'il est peut-être
compréhensible qu'il fasse des affirmations semblables à celles
qu'il a faites, quand on considère plus particulièrement qu'au
niveau des cadres et non-syndiqués le total des employés est
passé en 1977 de 47 à 105, pour une augmentation de 123,5%. On se
retrouve dans une situation où, finalement, le nombre de chefs est
extrêmement important par rapport au nombre d'Indiens. Des augmentations
semblables me paraissent devoir faire appel à une explication
convaincante de la part du ministre. J'aimerais savoir comment il peut
défendre une telle augmentation des cadres et non-syndiqués
où leur nombre passe de 47
à 105, soit, comme je vous le disais, une augmentation de
123,5%.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais que le
président-directeur général rectifie les chiffres
avancés par le député de Louis-Hébert. Je ne sais
pas sur quelle base se fonde le député de Louis-Hébert
pour avancer ces chiffres. Je souhaiterais bien qu'on puisse, dans toute la
mesure du possible, éclaircir cette question.
M. Doyon: Ce que je vais vous dire, M. le Président, ce
que je vais dire au ministre, c'est que ces chiffres me sont transmis en
partant d'un tableau montrant l'évolution et l'identification des
augmentations d'effectifs pour la période 1977 à 1982, le tout
étant basé, d'après la lettre que j'ai ici en main, sur
les rapports d'effectifs que la société, c'est-à-dire
Radio-Québec, nous fait parvenir mensuellement. C'est le Syndicat des
employés de radio-télédiffusion de Radio-Québec qui
me transmet cette lettre en date du 5 avril. Pour simplifier la question, je
demanderais au ministre si effectivement il y a 105 cadres et
non-syndiqués en 1982 à Radio-Québec, oui ou non.
M. Bertrand: Le chiffre que nous avons, M. le
député de Louis-Hébert et M. le Président, est de
74 cadres.
M. Doyon: 74 cadres et non-syndiqués.
M. Girard: C'est-à-dire 74 cadres. Si l'on ajoute le
personnel non syndiqué, évidemment, on se rend au chiffre que
vous dites, mais on ne peut pas assimiler le personnel non syndiqué
à du personnel cadre. Il y a dans le personnel non syndiqué du
personnel qui ne se voit pas attribuer des fonctions de cadre. Si l'on parle de
façon conventionnelle des cadres, il y a actuellement 74 cadres à
Radio-Québec sur un total de 850 employés, lorsque l'on ajoute le
personnel permanent au personnel occasionnel.
M. Doyon: En incluant pour les fins de calcul les cadres et les
non-syndiqués, même s'ils n'ont pas les mêmes fonctions - et
je reconnais avec vous qu'il y a des non-syndiqués qui n'ont pas des
fonctions de cadres - est-ce que, effectivement, ce nombre-là est
passé, de 1977 à 1982, de 97 à 105?
M. Girard: M. le Président, il faudrait que je
vérifie les chiffres. Il y a effectivement eu une augmentation des
cadres. Par ailleurs, pour comparer des choses comparables, puisque l'on
invoque des statistiques et des augmentations qui vont de l'année 1977
à l'année 1982, il faudrait vérifier pour la même
période l'augmentation des personnels non cadres et non
syndiqués. Il y avait eu à l'époque une augmentation. Les
années que vous citez correspondent précisément à
l'époque d'expansion. Depuis l'année 1982, nous sommes, au
contraire, à réduire l'ensemble du personnel et
Radio-Québec l'a fait tant à l'égard des personnels
syndiqués qu'à l'égard des personnels cadres, et c'est
l'intention que nous avons de poursuivre dans le même sens. Il n'est
absolument pas question d'attaquer de façon spécifique les
personnels syndiqués dans le processus de rationalisation que nous avons
entrepris; nous touchons tous les secteurs de la maison, que ce soit le secteur
de la programmation, le secteur de la technique, le secteur de l'administration
ou au niveau des cadres de l'institution.
M. Doyon: M. le Président, avec votre permission, le
ministre n'a pas répondu à la question que je lui posais au tout
début, à savoir où en sont les négociations avec
les employés. Y a-t-il actuellement des rencontres? Y a-t-il des choses
qui ont été paraphées? On en est à discuter quoi?
Les clauses normatives, les clauses salariales? Où en est-on? Est-ce que
cela se déroule normalement? J'aimerais que le ministre nous
éclaire là-dessus.
M. Bertrand: M. le Président, vous comprendrez comme moi
que, lorsqu'on est en pleine période de renégociation de la
convention collective, on se doit d'être extrêmement prudents au
niveau des bilans qu'on dresse de la tournure que peuvent prendre les
négociations. Il y a un certain nombre de problèmes qui
subsistent, qui sont majeurs pour certains d'entre eux, mineurs pour d'autres.
Je pourrais dire - et si le président-directeur général
veut expliciter, j'en ai discuté avec lui hier soir - qu'au moment
où nous nous parlons il y a certainement des problèmes à
la table de négociations en ce qui a trait à la
"permanentisation" des employés de Radio-Québec, certainement un
problème aussi relativement à la sous-traitance et un
troisième problème qui serait celui des affectations temporaires.
Si vous désirez que nous entrions un peu plus dans le détail, je
pense qu'à ce moment-là le président-directeur
général de Radio-Québec pourrait peut-être vous
donner quelques informations additionnelles, mais ce sont, pour l'essentiel,
les trois problèmes les plus importants en ce moment dans le cadre des
négociations qui sont en cours.
M. Doyon: Simplement pour savoir comment cela se passe, est-ce
qu'actuellement il y a des réunions? Y a-t-il des séances de
négociation. Quand, par exemple, a eu lieu la dernière et combien
y en a-t-il eu depuis les deux derniers mois?
M. Girard: M. le Président, il y a eu de nombreuses
rencontres avec le Syndicat général des employés de
Radio-Québec, le SGERQ. Les rencontres ont commencé avant la
période de Noël et se sont poursuivies intensément depuis.
L'on peut dire qu'au cours de ces rencontres la quasi-totalité des
clauses de la convention collective ont fait l'objet d'échanges avec le
syndicat SGERQ, qu'il reste des questions majeures que j'ai eu l'occasion
d'aborder moi-même à l'occasion d'une réunion que nous
avons eue la semaine dernière avec ce syndicat.
Pour ce qui est du syndicat SERT, nous sommes moins avancés et
nous n'avons pas eu l'occasion encore de faire le tour de l'ensemble des
clauses de la convention, mais c'est à se faire actuellement. Nous
souhaitons pouvoir en venir à une entente le plus rapidement possible.
Nous aurions souhaité que cela puisse se faire d'ici la fin du mois
d'avril. Je ne peux pas faire de promesse indiquant que cela sera fait, mais
les négociations se poursuivent et nous aborderons, au cours des
prochaines semaines, la question salariale, qui n'a pas encore
été abordée à proprement parler.
Voilà, grosso modo, où en sont les négociations: le
tour presque complet avec le syndicat SGERQ, un peu moins avancées du
côté du SERT. Il nous reste à aborder, dans le cas des deux
syndicats, la question des offres salariales.
M. Bertrand: M. le Président, je veux indiquer que je
transmettrai demain au Conseil du trésor une proposition de mandat en ce
qui a trait aux clauses salariales. Nous venons de parler du normatif
essentiellement quand nous avons parlé de la "permanentisation", de la
sous-traitance, des affectations temporaires. Je transmettrai demain au Conseil
du trésor une proposition de mandat. C'est le Conseil du trésor
qui, après l'avoir analysée, nous transmettra ses directives en
ce qui a trait à la politique salariale pour les employés de
Radio-Québec.
M. Doyon: M. le Président, j'ai d'autres questions assez
nombreuses, mais je pense que cela fait déjà une vingtaine de
minutes et peut-être qu'il y a d'autres questions. Avec votre permission,
je reviendrai.
Le Président (M. French): M. le député de
Saint-Jean, sans que le député de Louis-Hébert renonce
à la possibilité de revenir sur le même programme. Cela va
être assez rapide.
M. Proulx: Ce sera un commentaire et une question, M. le
Président, M. le ministre. Au tout début, M. Girard, je vous
félicite pour votre nomination. J'en suis très heureux. Vous avez
fait une histoire très vivante, très imagée et très
colorée de
Radio-Québec, mais vous êtes très jeune, M. le
Président. À l'avenir pourriez-vous rappeler, quand vous faites
l'histoire de Radio-Québec, que c'est M. Maurice Duplessis qui a
passé la loi en 1944. Quand je passe devant la statue de M. Maurice
Duplessis, je dis: Merci, Maurice. Tu nous as donné Radio-Québec.
Deuxièmement, c'est M. Daniel Johnson qui a passé la loi sur
Radio-Québec telle qu'elle existe aujourd'hui. Cette loi a
été passée en 1968. Il serait bon de rappeler ces faits
historiques. C'est de l'histoire. Cela appartient au patrimoine. J'ai
voté pour cette loi en 1968. Il y a certaines institutions dont nous
sommes fiers comme parlementaires et je suis très fier de cette loi.
C'est une de nos très belles réussites québécoises.
C'est mon commentaire.
Bulletin de nouvelles
Voici ma question. Vous avez parlé tout à l'heure de
nouveaux défis, de nouvelles avenues, de sept avenues importantes. Ce
qui m'intéresse, ce qui intéresse beaucoup de gens, M. le
Président, ce sont les émissions d'actualité, les
émissions d'information. Est-ce que ce sont les bulletins de nouvelles
traditionnels, avec des commentaires, des analyses, des thèmes, des
sujets pour faire le point sur l'activité québécoise?
Est-ce que ce serait une émission d'actualités
québécoises qui toucherait seulement les événements
quotidiens? Quelle formule est-ce - première question - et dans quel
mois est-ce que cela va arriver? Est-ce que c'est clair?
M. Girard: M. le Président, je note les commentaires qui
ont été faits. J'aurai sûrement l'occasion de faire une
histoire de Radio-Québec plus longue que celle que j'ai faite ce
soir.
Je voudrais dire que, pour ce qui est de l'information, l'orientation de
Radio-Québec est claire. Nous sommes convaincus que nous devons aborder
ce domaine que nous traitons déjà, mais que nous devons
intensifier notre façon de traiter l'actualité. Par ailleurs,
nous ne sommes pas convaincus que la façon la plus habile, la plus
propre ou celle qui ressemble le plus à Radio-Québec consisterait
nécessairement en la création d'un service de nouvelles et en la
présentation à l'antenne de Radio-Québec d'un bulletin de
nouvelles de façon quotidienne.
Ce que nous cherchons à l'heure actuelle, c'est une façon
qui vraiment soit propre, soit caractéristique de Radio-Québec et
qui nous permette d'aborder de façon encore plus marquée que nous
ne l'avons fait la question de l'information. Ces orientations apparaissent
dans la programmation - que l'on ne peut pas, bien sûr, rendre publique
et qui, pour l'instant, n'est pas encore complétée - de
l'année 1984-1985. Il y aura
transformation de certaines émissions, ce qui nous permettra de
nous orienter davantage dans un style qui nous est propre du côté
de l'information. (21 heures)
M. Proulx: Partout où on va, quand on rencontre des gens
qui s'occupent de l'information et de la télévision, on se pose
la question: Quand est-ce que que Radio-Québec - cette question arrive
partout - va avoir son bulletin de nouvelles? Vous le savez sans doute, comme
président, vous avez dû vous-même l'entendre. À
chaque réunion, ces questions se posent.
M. Girard: Encore une fois, tout ce que je peux dire, c'est que
l'orientation n'est sûrement pas, à brève
échéance, dans le sens d'un bulletin de nouvelles. Il y a, par
ailleurs, une volonté d'être plus présent à
l'information, d'être plus présent à l'actualité et
nous avons fait, d'ailleurs, dans ce sens des offres aux groupes
parlementaires.
Le Président (M. French): M. le député de
Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Voici, je pensais qu'on suivait
l'alternance.
Un instant. Je pense que la commission de la culture peut se
réjouir de voir en conclusion ici du mémoire à l'intention
des membres de la commission parlementaire de la culture à l'occasion de
l'étude des crédits 1984-1985: "Radio-Québec, outil de
développement culturel majeur, continue de s'imposer". On l'a vu par les
chiffres que vous avez étalés à savoir que depuis 1978, il
y avait à peu près 600 000 auditeurs et cette année nous
avons 2 362 000 auditeurs. Je pense que c'est à cause de la
qualité de vos émissions, sûrement, à cause de la
qualité du service. Vous avez fait des sondages. Je pense que c'est tout
à votre honneur lorsqu'on obtient dans les sondages une satisfaction de
90%. Vous êtes dans la bonne voie: "outil de développement
culturel majeur". Je pense que tous les membres de la commission de la culture
seront d'accord avec vous pour que vous continuiez dans cette veine.
J'ai laissé mon droit de parole au député de
Saint-Jean. Moi aussi, dans mon milieu, on me demande: Quand
Radio-Québec aura-t-il un genre de bulletin d'information? Je peux vous
dire que nombreux sont mes électeurs qui demandent que
Radio-Québec puisse incessamment diffuser de l'information. C'est
sûr qu'en respectant l'objectif de mission éducative de
Radio-Québec je pense qu'il y a moyen de donner de l'information.
Hélas, beaucoup de Québécois ne se reconnaissent pas dans
Radio-Canada et dans TVA.
Débats parlementaires
J'allais vous poser une question. À Radio-Québec, la
période de questions de l'Assemblée nationale est
télédiffusée. On ne parle pas de cote d'écoute. Je
ne sais pas si la cote d'écoute est bonne par les questions qui sont
posées ou par les réponses qui sont données. Ce serait une
première information que je voudrais avoir.
M. Bertrand: M. le député de Mille-Îles,
à la page 8 du mémoire présenté par
Radio-Québec, vous constaterez que, dans les succès d'auditoire,
nous ne figurons certainement pas parmi la quinzaine d'émissions dont
les cotes d'écoute sont les plus élevées ou ont
été les plus élevées au cours des dernières
années.
M. Champagne (Mille-Îles): Voici, on n'est même pas
dans les 15 premiers. On ne sait pas où on se situe.
Une voix: C'est peut-être parce qu'on n'a pas de
talent.
M. Champagne (Mille-Îles): Enfin, on ne pose
peut-être pas les bonnes questions.
M. Bertrand: Je crois, M. le député de
Mille-Îles, qu'au-delà de la cote d'écoute comme telle sur
laquelle M. le président-directeur général pourrait
peut-être dire quelques mots il y a eu effectivement un changement au
niveau de la programmation quant à la diffusion des débats de
l'Assemblée nationale. Peut-être que sur cette question
précise les parlementaires seraient en droit d'obtenir un certain nombre
d'explications, parce que la population nous en parle à l'occasion.
Le Président (M. French): Beaucoup plus souvent,
d'ailleurs, que du bulletin de nouvelles.
M. Girard: M. le Président, la cote d'écoute de
façon moyenne pour la période de questions est de 28 000
téléspectateurs. Pour ce qui est des commissions parlementaires,
Radio-Québec a pris l'orientation suivante: ne pas diffuser
automatiquement les commissions parlementaires, mais plutôt, toujours
dans le sens des questions qui étaient traitées plus tôt,
aborder les sujets qui sont traités en commission parlementaire dans le
cadre de ses émissions régulières de façon à
donner une information vraiment journalistique et qui couvre tous les aspects
du sujet. Un exemple remarqué, je pense, c'est le refus que nous avons
fait de diffuser la commission parlementaire sur la loi 40, mais, dans le
même temps, l'engagement que nous avions pris à l'époque de
faire des émissions dans le cadre de nos émissions
régulières sur ce projet de loi; ce que nous avons fait avec
une émission extraordinaire de Droit de parole d'une heure et
demie, qui, elle a connu une cote d'écoute assez exceptionnelle,
même au-delà de la cote d'écoute habituelle de
l'émission Droit de parole. Donc, cela vous donne des indications quant
à notre volonté et à la façon dont nous voulons
traiter l'information ou les sujets d'actualité qui sont discutés
et qui préoccupent l'ensemble de la population du Québec.
M. Champagne (Mille-Îles): La période des questions,
je pense, est à la fin de l'après-midi. Ce n'est pas en direct.
Considérant que ceux qui sont intéressés à la
période des questions sont au travail plutôt à cette heure,
avez-vous pensé à mettre cette période des questions
à la fin de la veillée?
M. Girard: II n'y a pas de décision qui soit prise de
façon finale en ce sens. Je dois vous dire qu'au moment où on se
parle ce n'est pas notre intention. Au fur et à mesure que la production
autonome de Radio-Québec augmente, au fur et à mesure que les
acquisitions et les coproductions que nous avons augmentent, au fur et à
mesure que la production régionale augmente et alors que nous songeons
à augmenter le nombre d'émissions produites en région dans
la grille nationale, se pose, bien sûr, un problème d'utilisation
de ce qu'il est convenu d'appeler le "prime time". Cette période
à Radio-Québec va de 18 h 30 à 22 h 30 et nous voulons,
dans cette période, très franchement et très
honnêtement, présenter les émissions qui retiennent le plus
grand nombre de téléspectateurs.
M. Champagne (Mille-Îles): Je pense que les affaires
publiques devraient prendre -enfin, c'est un souhait - une importance
grandissante à Radio-Québec. Une deuxième question et la
dernière, au sujet de votre quatrième objectif, les nouvelles
sources de financement. Je regardais votre bilan financier, à la page
39: les revenus de ventes en 1982 étaient de 857 000 $ et, en 1983, 1
167 000 $. Que pensez-vous qu'ils seront en 1984? Quel sera votre programme, on
pourrait dire, de ventes, de commandites? Est-ce que vous pensez le faire d'une
façon plus agressive, d'une façon plus soutenue pour que
Radio-Québec aussi puisse avoir, comme vous le disiez tout à
l'heure, à la fois de la commandite de prestige et aussi d'autres
commandites?
M. Girard: À cet égard, ce que nous avons en
tête, c'est d'atteindre ou si possible de dépasser au cours de
l'année 1984-1985 un total de 2 000 000 $, mais là pour ce qui
est des revenus autonomes et non uniquement pour ce qui est de la commandite de
prestige. D'ailleurs, nous faisons actuellement une étude sur toute la
problématique des revenus autonomes. Par revenus autonomes, ce que nous
entendons, c'est la souscription, la commandite de prestige, la vente
d'émissions et la vente de produits dérivés. Pour ce qui
est de la souscription, nous faisons actuellement une étude de
faisabilité. Vous savez que TV Ontario a eu recours à la
souscription et nous regardons de très près s'il y a une
possibilité réelle pour Radio-Québec d'obtenir des fonds
de façon significative par la souscription.
Deuxièmement, pour ce qui est de la commandite de prestige, nous
pouvons dire qu'à l'heure actuelle nous obtenons en commandite de
prestige le même montant que TV Ontario et ce, alors même que nous
avons commencé à faire de la commandite de prestige plus tard que
TV Ontario et que la politique de Radio-Québec à l'égard
de la commandite de prestige n'est devenue claire qu'au cours des deux
dernières années. Jusque-là, il y avait une
réticence de la part de certains membres du conseil d'administration, il
y avait également des réticences à l'intérieur de
Radio-Québec quant à la pertinence de faire de la commandite de
prestige. Ces réticences sont maintenant disparues et nous sommes
déterminés à obtenir le maximum possible de fonds de la
commandite de prestige. Mais je tiens à souligner que, lorsque l'on
parle uniquement de commandite de prestige, les réussites de
Radio-Québec sont aussi bonnes que celles de TV Ontario.
La vente de produits dérivés est une autre source de
revenus et il y a, finalement, la vente d'émissions. Si l'on compare les
revenus provenant de la vente d'émissions à Radio-Québec
et à TV Ontario, on se rend compte qu'il y a un écart
considérable. L'écart s'explique de plusieurs façons. La
première façon, c'est que TV Ontario, comme chacun le sait,
fonctionne en anglais et le marché anglophone est beaucoup plus
accessible que ne l'est le marché francophone. La vente
d'émissions pour TV Ontario est possible aux États-Unis. Elle est
possible également dans le reste du Commonwealth. Il suffit de penser
aux ressources que peuvent présenter les États-Unis - je viens de
le mentionner - mais aussi l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou d'autres
pays anglophones. Dans le cas de Radio-Québec, nous produisons en
français et, bien sûr, les marchés sont moins nombreux. La
France n'est pas particulièrement réceptive à cet
égard et les pays africains pourraient l'être, mais l'on ne peut
pas compter vendre à un très fort prix nos émissions.
La deuxième raison, c'est que la programmation de
Radio-Québec est d'une nature très différente de la
programmation de TV Ontario. Nous avons une programmation d'une nature plus
générale, très enracinée dans le vécu
québécois, alors que TV Ontario a toute la production,
à
proprement parler, éducative. Lorsque l'on oeuvre dans le domaine
éducatif, l'on peut produire des émissions qui sont moins
incarnées dans le temps et qui ont un caractère plus
international et qui peuvent mieux se vendre. D'ailleurs - je l'ai
souligné dans l'allocution d'ouverture - c'est une des raisons pour
lesquelles nous voulons nous orienter de façon sérieuse du
côté de la programmation éducative au sens strict et nous
comptons clarifier les responsabilités entre le ministère de
l'Éducation et Radio-Québec dans ce domaine au cours des
prochains mois. Il est évident, en tout cas il nous semble
évident qu'oeuvrant dans ce secteur nous pourrions probablement obtenir
des résultats plus intéressants que ceux que nous avons obtenus
jusqu'à maintenant relativement à la vente
d'émissions.
Le Président (M. French): C'est une question purement
d'information. Lorsque j'ai lu le document, j'ai compris que vous allez
consulter le ministère de l'Éducation et la
Télé-université pour clarifier les mandats respectifs et
essayer de voir s'il y a plus de synergie possible, etc. Est-ce que vous venez
de nous dire, cependant, que, conjuguée à cet effort de
clarification, il y a une volonté de retourner, si vous voulez, aux
sources éducatives davantage et de façon plus définie?
M. Girard: Oui, M. le Président. Il y a une volonté
d'assumer le mandat proprement éducatif ou scolaire conformément
à l'alinéa a de l'article 3 de la Loi sur la programmation
éducative, et c'est ce que nous sommes en train de clarifier avec le
ministère de l'Éducation.
M. Champagne (Mille-Îles): Je n'avais pas terminé
mes questions. Je voudrais parler des émissions d'Octo-puce;
l'initiation aux ordinateurs. Vous avez fait l'achat d'une espèce de
série. Vous avez bâti cette série-là. Vous avez
aussi demandé l'aide de la Télévision éducative
ontarienne. C'est une initiative que vous avez prise dans ce domaine,
concernant cette série. Quel est, aujourd'hui, le résultat?
Est-ce que cela s'est autofinancé? Quelle a été la
réponse du public? Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire dans ce
domaine au point de vue de l'initiation aux ordinateurs?
M. Girard: M. le Président, je veux simplement apporter
quelques précisions. La série Octo-puce est diffusée sur
les ondes de Radio-Québec, mais c'est une série qui a
été achetée par le ministère de l'Éducation
du Québec de TV Ontario. Par ailleurs, quant à la cote
d'écoute pour une émission de cette nature, c'est un
succès intéressant. L'auditoire moyen, pour ce qui est de
l'émission diffusée le dimanche, est de
Al 000 personnes. Vous me demandez si nous avons l'intention de
continuer dans ce domaine. Je pense que oui; nous avons l'intention de
poursuivre dans ce domaine et nous pourrions songer à de nouvelles
émissions de cette nature, mais cela fait partie
précisément de la problématique que je viens
d'évoquer et c'est dans ce sens que nous voulons clarifier les
responsabilités respectives du ministère de l'Éducation et
de Radio-Québec. Dans le cas d'Octo-puce, comme dans le cas de
Passe-Partout, Radio-Québec est le diffuseur, mais Radio-Québec
n'est pas le producteur. (21 h 15)
M. Champagne (Mille-Îles): Merci beaucoup.
M. Gauthier: Mes questions seront assez brèves puisque mes
collègues en ont traité. M. Girard, j'aimerais que vous nous
parliez un peu de la politique du film à Radio-Québec. Tout
à l'heure, vous parliez de cote d'écoute; cela intéresse,
évidemment, tout le monde dans le domaine des
télécommunications. Radio-Québec a une vocation
particulière, une mission éducative qui fera toujours en sorte
que les cotes d'écoute seront quelque peu sacrifiées au profit
d'émissions d'une qualité un peu plus grande. Je pense entre
autres, en plus des émissions régulières, aux films
présentés par Radio-Québec. Dans les réseaux
commerciaux, je pense que la politique du film est d'avoir le film à
plus haute cote d'écoute possible à partir des succès
observés en salles de cinéma. Est-ce qu'à
Radio-Québec c'est la même chose ou si vous avez différents
types de films particuliers que vous voulez présenter, que vous tenez
à présenter à vos auditeurs, même si ce ne sont pas
des succès garantis selon les cotes d'écoute? Est-ce qu'il existe
quelque chose à Radio-Québec concernant le film?
M. Girard: Oui, le film est une préoccupation que nous
avons constamment. Au cours des dernières années, nous avons fait
des efforts pour faire des acquisitions dans le domaine du film qui, tout en
étant des acquisitions de qualité, nous permettent d'atteindre un
grand nombre de téléspectateurs. Je dirais que notre
volonté est, à la fois, de présenter des films de
qualité, mais dans le même temps d'obtenir des cotes
d'écoute comparables à celles qu'on peut obtenir dans les autres
postes de télévision. À cet égard, je vous citerai
le succès que nous avons eu à l'occasion de la période des
fêtes lorsque nous avons présenté la série Les uns
et les autres où nous avons obtenu en moyenne au-delà de 700 000
téléspectateurs. Également pour la programmation du temps
des fêtes dans le domaine du cinéma pour les enfants, nous
avons eu - c'est indiqué dans le rapport
annuel et dans le rapport que nous avons déposé -
d'excellentes cotes d'écoute dépassant 850 000
téléspectateurs.
La volonté est donc d'acquérir des films de qualité
mais, en même temps, d'aller chercher des films qui nous permettent
d'intéresser un grand nombre de téléspectateurs. Dans le
même temps, nous nous sentons des responsabilités
particulières et c'est en ce sens que nous continuons et que nous
continuerons de diffuser des films québécois dont certains,
d'ailleurs, obtiennent une excellente cote d'écoute. Par ailleurs, dans
le même temps - et c'est une question qui a été
évoquée publiquement au cours des derniers jours - toujours dans
le domaine du film, nous sommes sur le point de prendre la décision
d'abandonner la présentation de films sous-titrés, même si
certains de ces films sont d'excellente qualité parce que nous
constatons que, dès que nous présentons des films
sous-titrés, le nombre de téléspectateurs chute de
façon vertigineuse. Il ne faut pas oublier que nous sommes une
télévision en ondes ouvertes et, encore une fois, tout en
maintenant les objectifs de qualité - là-dessus, nous demeurerons
intransigeants - nous ne pouvons pas nous considérer comme un
ciné-club et nous devons présenter des oeuvres qui
intéressent un nombre significatif de téléspectateurs.
M. Gauthier: De façon plus précise, M. Girard, vous
parlez de présentation de films québécois. Est-ce qu'il y
a des pourcentages qui sont établis préalablement ou si c'est
simplement une chose qui est présente dans l'esprit des personnes qui
choisissent les films de Radio-Québec? Est-ce qu'il existe des
pourcentages?
M. Girard: Je n'ai pas les pourcentages en tête, mais il y
a une volonté systématique de diffuser les films
québécois et de le faire de façon plus marquée que
ne le font les autres postes de télévision. Dans la série
Les cinéastes à l'écran, nous avons une série
consacrée à la présentation de films
québécois.
Commandite de prestige
M. Gauthier: Ma deuxième question portera sur la
commandite de prestige. On en a parlé. J'ai toujours été
partisan de cette formule, bien sûr, parce qu'il n'y a rien de
désagréable à voir à l'écran qu'une
série est présentée grâce à la collaboration
de telle et telle entreprise. C'est fait de façon très correcte,
je pense, jusqu'à présent. Il y a une certaine proportion de
commandites de prestige qui est tolérable dans une
télévision du type Radio-Québec et il y a un seuil qui est
peut-être dur à définir, mais qui nous ferait passer
carrément dans le commercial. Or, dans l'ensemble, les citoyens ont
cette hantise que Radio-Québec en vienne à vouloir trouver
beaucoup de revenus autonomes et à passer une quantité
peut-être plus importante de commandites de prestige. Vous
êtes-vous fixé une norme limite à ne pas dépasser
dans le cadre de cette chose?
M. Girard: Dans notre politique des programmes, nous avons des
règles qui sont clairement établies quant à la commandite
de prestige. Par ailleurs, nous n'avons pas au sens où vous l'entendez
de quotas, c'est-à-dire un nombre maximal d'émissions qui
feraient l'objet de commandite. En fait, dans notre volonté d'augmenter
les revenus autonomes, nous voulons obtenir le plus grand nombre possible de
commandites de prestige et c'est allé en augmentant au cours des
dernières années. Par ailleurs, je vous cite quelles sont les
règles que nous avons à cet égard. La commandite de
prestige n'existe que pour aider financièrement la réalisation de
certaines émissions et pour permettre à certaines maisons,
compagnies, fondations, sociétés ou autres de s'associer au
développement de l'éducation et de la culture
québécoises, ce qui nous paraît être un objectif
parfaitement valable.
La commandite de prestige n'a rien de commercial, ne contenant d'aucune
façon la diffusion de messages publicitaires et il est interdit
d'associer un produit à une émission de Radio-Québec.
C'est une maison qui commandite. À cet égard, des études
intéressantes ont été faites aux États-Unis quant
à la commandite de prestige et on se rend compte, aux États-Unis
tout au moins, même si ce n'est pas encore le cas au Canada, mais cela
semble le devenir au Canada et au Québec, que certaines maisons
commencent à comprendre qu'il peut être aussi important de vendre
l'image corporative de la société que de vendre son produit.
C'est essentiellement sur cette base que nous obtenons de la commandite de
prestige.
Mais pour répondre précisément à votre
question, non, il n'y a pas de quotas; il y a des règles que nous
suivons quant à l'obtention de commandites de prestige. Nous sommes
très sensibles aux conflits d'intérêts; il y a une
volonté d'obtenir le plus possible de commandites de prestige, mais en
respectant les règles que nous avons respectées jusqu'à
maintenant.
M. Gauthier: Toujours dans la même foulée, cela
m'inquiète toujours un peu quand j'entends dire: Notre objectif est
d'obtenir le plus possible de commandites de prestige. À titre
d'exemple, une commandite de prestige en début d'émission
pourrait-elle être un quota normal? Il me semble que vous allez devoir,
à un moment donné, vous en fixer un afin d'éviter
qu'apparaissent en cours d'émission ou à toutes les demi-heures
des
commandites de cette nature. N'avez-vous pas l'idée au niveau de
Radio-Québec de fixer une limite? C'est intéressant d'en obtenir
toujours plus, mais il y a quelque chose qui devient intolérable
à un moment donné.
M. Girard: Les règles que nous avons suivies
jusqu'à maintenant et que nous continuons de suivre, sont les suivantes,
c'est-à-dire que nous mentionnons le nom du commanditaire de prestige au
début de l'émission et à la fin de l'émission, mais
nous avons refusé de couper les émissions ou d'interrompre les
émissions. Ce sont des règles que nous nous sommes données
et que nous respectons.
Quand je parle de quotas, je ne l'entendais pas - et là, je
comprends mieux -dans le sens où vous le dites, c'est-à-dire que
nous tentons d'obtenir des commanditaires si c'est possible pour la
quasi-totalité de nos émissions. Mais le fait d'interrompre une
émission en cours de diffusion, ce n'est pas une volonté que nous
avons.
Régionalisation
M. Gauthier: Une dernière remarque et question en
même temps. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, région dont j'ai l'honneur
de provenir, Radio-Québec a accepté de télédiffuser
en entier le sommet économique régional qui se tiendra chez nous
et je pense que c'est tout à son honneur, cela répond à un
besoin bien particulier. Ceci m'amène, tout en vous remerciant d'avoir
accepté une chose comme celle-là, à vous demander: Quel
est le degré d'autonomie dont disposent les bureaux régionaux ou
les directions régionales de Radio-Québec par rapport à
des accrocs comme ceux-là à la programmation
régulière? Pour télédiffuser une chose comme le
sommet économique, j'imagine qu'il y aura des éléments de
programmation qui seront nécessairement mis de côté. Est-ce
qu'il y a un processus donné que doivent suivre les directions
régionales pour en arriver à faire des accrocs à la
programmation? Est-ce qu'elles ont un degré d'autonomie suffisant ou si
le tout se juge à la pièce lorsque cela se présente?
M. Girard: Dans un cas comme celui que vous citez, c'est vraiment
la décision du comité régional. Chaque comité
régional se voit attribuer au début de chaque année une
enveloppe budgétaire et chacun est libre de dépenser cette
enveloppe budgétaire comme il l'entend. Par ailleurs, cette question de
l'autonomie des régions est une question fondamentale. J'ai eu
l'occasion de dire publiquement que nous ne remettions pas en question la
régionalisation. Par ailleurs, dans le même temps, il me semble
qu'il existe un cloisonnement trop marqué entre, d'une part, ce qui se
fait dans les régions et, d'autre part, ce qui se fait au plan national.
Ce que nous souhaitons faire au cours des prochaines années - et le
processus est, d'ailleurs, déjà engagé - c'est permettre
vraiment une intégration plus grande entre ce qui se fait en
région et ce qui se fait à Montréal. On peut difficilement
concevoir qu'il y ait dix plans de programmation totalement indépendants
les uns des autres. On doit en arriver à un plan global de programmation
qui comprend à la fois la programmation dite nationale et la
programmation des régions. Mais dans l'exemple que vous donnez la
région peut décider de prendre une décision comme celle
qu'elle a prise. Pour l'avenir, l'intention n'est pas d'empêcher une
région de prendre une telle décision, mais, au contraire, de
faire en sorte que l'on travaille plus étroitement et qu'il y ait une
meilleure intégration au plan de la programmation et cela, c'est voulu
par les régions qui souhaitent elles-mêmes avoir un plus grand
nombre d'émissions régionales qui soient diffusées au plan
national. Pour que cela devienne le cas, il faut précisément une
symbiose plus grande entre ce qui se fait à Montréal et ce qui se
fait dans chacune des régions.
M. Bertrand: Pour indiquer au député de Roberval
à quel point cette autonomie est réelle, je peux simplement lui
confier, à titre anecdotique, que nous avions tenté, dans la
région de Québec, d'obtenir que Radio-Québec puisse
télédiffuser le sommet socio-économique de la grande
région de la capitale. Or, à cause de certains délais qui
étaient trop courts et s'appuyant sur une décision autonome de
son comité régional, Radio-Québec, dans la région
03, ne s'est pas rendue à notre demande. Dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la demande a été faite. Probablement que
les délais pour que vos travaux soient télédiffusés
au moment de la tenue du sommet étaient suffisamment longs pour
permettre à Radio-Québec de se préparer en
conséquence. Et là, le comité régional, de
façon autonome, a procédé à sa décision.
Cela prouve que, effectivement, d'une région à l'autre, il peut y
avoir des attitudes, des comportements qui sont adoptés et que chaque
région, à ce point de vue, est très autonome.
Le Président (M. French): Merci. M. le
député de Chauveau.
M. Brouillet: M. le Président, M. le ministre, quand
j'entendais, au début de notre séance, l'exposé de M.
Girard, je sentais naître en moi des sentiments contradictoires. D'un
côté, devant l'ampleur des performances de Radio-Québec
depuis un certain nombre d'années à différents points
de vue, au point de vue de l'accroissement de son auditoire, de la
qualité de sa programmation, de l'accroissement de sa
productivité, etc., aussi, en voyant le dynamisme que le nouveau
président-directeur général manifeste - et je suis
assuré que ce dynamisme reflète un peu l'état d'esprit de
tous les dirigeants, de tout le personnel de Radio-Québec - je ne
pouvais que sentir naître en moi un sentiment de fierté devant
cette institution québécoise qui joue un rôle très
important dans le développement de la culture québécoise,
dans cette fabrication d'une identité québécoise par le
biais de ce moyen de communication tout à fait exceptionnel.
C'était un des volets des sentiments qui naissaient en moi.
Je dois vous dire, par ailleurs, que je sentais naître une
frustration aussi qui s'accroissait à mesure qu'il parlait, parce que
chez moi je ne peux pas capter les ondes de Radio-Québec. C'est à
peu près à une quinzaine de milles du centre de la capitale
nationale des Québécois. Ce n'est pas très loin, Stoneham
ici dans la région. (21 h 30)
Ce qui m'inquiète, c'est qu'on dit partout que l'implantation du
réseau est terminée. C'est vrai que 92% de la population,
à ce que l'on dit, peut actuellement capter les ondes de
Radio-Québec, mais il en reste encore 8% qui n'habitent pas dans les
terres éloignées et reculées du territoire
québécois. J'essaie de voir quelque espoir dans tout cela. Vous
annoncez qu'au mois de janvier les antennes de Radio-Québec seront
alimentées par satellite. Croyez-vous que je pourrais chez moi, par ce
moyen, capter les ondes? Si ce n'est pas par ce moyen du satellite, est-ce que
vous envisagez d'autres solutions pour qu'à brève
échéance - cela fait, quand même, quinze ans qu'on attend -
on puisse capter ces ondes par un autre moyen que le satellite, s'il y en avait
de meilleur? Je sais qu'il y a toujours possibilité d'installer des
antennes. J'aimerais vous entendre un peu sur la politique et les intentions de
Radio-Québec.
M. Girard: M. le Président, je dois dire que nous sommes
animés de bonnes intentions, mais, au-delà de bonnes intentions,
il est nécessaire de regarder les chiffres bien en face. Avec
l'inauguration des dernières stations émettrices en
Gaspésie, qui s'est faite au cours du mois de janvier, nous atteignons
maintenant 92% de la population du Québec, ce que nous avons fait en un
temps relativement restreint. Pour atteindre les 8% de Québécois
et de Québécoises qui ne sont pas encore atteints, il nous
faudrait investir une somme quasi égale à celle que nous avons
investie pour atteindre 92% de la population. Ce n'est donc pas une
possibilité que l'on peut envisager avec réalisme. Par ailleurs,
il est vrai qu'à compter du 1er janvier 1985 nous passerons aux
satellites et que nous commencerons à diffuser par satellites. Nous
avons, d'ailleurs, décidé de louer deux satellites et ce, pour
permettre les détachements régionaux. L'on peut espérer
qu'avec l'évolution des technologies on puisse finalement trouver des
moyens d'atteindre les populations qui ne sont pas desservies à l'heure
actuelle.
L'une des premières choses lorsque l'on passe aux satellites,
c'est l'utilisation que pourraient en faire les câblodistributeurs
à l'égard de certains des citoyens qui ne sont pas desservis
à l'heure actuelle ou l'achat d'antennes par ces citoyens. Il n'y a pas
de voie clairement définie, mais l'on peut imaginer des
possibilités au cours des prochaines années étant
donné l'évolution très rapide des technologies. Mais, pour
répondre franchement, il n'est pas possible d'envisager à court
terme de compléter le système, étant donné les
investissements considérables que cette volonté exigerait.
M. Brouillet: Alors ce serait par le bais du satellite et
l'amélioration des techniques de captation, les soucoupes, je
suppose.
M. Girard: Oui.
M. Brouillet: J'espère qu'on pourra les rapetisser un peu
et en diminuer le coût aussi. Alors, je prends une chance et je vais
continuer à demeurer chez moi.
M. Bertand: En ce moment, M. le député de Chauveau,
elles se vendent, à ce qu'on me dit, environ 1500 $ chez Canadian
Tire.
M. Brouillet: Actuellement, si vous n'utilisez pas le satellite,
cela ne me servirait à rien d'avoir la soucoupe, l'antenne parabolique.
Comme vous utiliserez le satellite à compter du 1er janvier, on pourrait
peut-être avec une antenne... Je vous remercie.
Le Président (M. French): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. M. Girard, vous avez
parlé assez longuement de ce que vous appelez les revenus autonomes.
Vous en faites état dans le mémoire que vous avez
présenté à cette commission en vous réjouissant, en
tout cas, en signalant qu'il y a eu un accroissement de 42%. Sauf qu'il faut
mettre cela en perspective et reconnaître que le budget de
Radio-Québec qui provient de ces ressources autonomes est de l'ordre de
1% ou 2% seulement comparé avec TV Ontario où les renseignements
que j'ai m'indiquent que c'est de l'ordre de 20%. Je pense que l'accroissement
de 42% est une
amélioration sur la situation actuelle. Je ne partage pas les
inquiétudes du député de Roberval à savoir qu'un
seuil est prêt d'être atteint ou qu'il pourrait être
dépassé, ce qui ferait qu'on pourrait avoir des craintes en ce
qui concerne la nature même de Radio-Québec comme
télévision un peu différente des télévisions
commerciales que nous connaissons. Je pense qu'il faut toujours se souvenir que
Radio-Québec est financée, pour la presque totalité de son
budget, par les fonds publics. Je ne peux que voir d'un bon oeil que
Radio-Québec réussisse à s'autofinancer au moyen de
revenus autonomes.
M. Girard a eu l'occasion, à un moment donné, d'indiquer
qu'il était en négociation avec le Conseil du trésor en
vue de la création d'un fonds spécial qui, à long terme,
pourrait s'autosuffire par la vente de productions. Est-ce qu'il y a eu
effectivement des démarches dans ce sens avec le Conseil du
trésor? Si c'est le cas, quelle somme a été requise du
Conseil du trésor? Quand cela a-t-il été fait? Est-ce
qu'on a des espoirs que cette somme sera accordée par le Conseil du
trésor? Quelle est actuellement la situation en ce qui concerne cette
question-là?
M. Girard: M. le Président, pour ce qui est des
coproductions et des acquisitions, Radio-Québec compte faire tous les
efforts possibles pour obtenir le maximum de fonds des différentes
sources qui existent. Une première source c'est, bien sûr, le
fonds Fox, le fonds fédéral, qui malheureusement, à
l'heure actuelle, n'est pas accessible aux télévisions
éducatives. Nous comptons à nouveau faire des démarches
auprès du gouvernement fédéral pour que ce fonds devienne
accessible aux télévisions éducatives. Je peux ajouter que
nous menons ces démarches au titre de Radio-Québec, mais
également conjointement avec les autres télévisions
éducatives du Canada. Qu'il s'agisse de TV Ontario, d'Access ou du
Knowledge Network, il y a une volonté de la part des quatre
télévisions éducatives de continuer à faire des
pressions auprès du gouvernement fédéral pour avoir
accès au fonds Fox.
Deuxièmement, nous avons rencontré à deux reprises
au cours du printemps les principaux intervenants dans le domaine du
cinéma au Québec et, en particulier, la Société
générale du cinéma qui a à sa disposition des fonds
de l'ordre de 10 000 000 $. Il est d'ores et déjà acquis que nous
aurons accès à ces fonds et nous comptons bien nous en servir.
Au-delà de la possibilité pour Radio-Québec d'obtenir des
fonds de la Société générale du cinéma et
d'obtenir, à la suite des pressions que nous exerçons, des sommes
auprès du fonds Fox, nous souhaitons et nous sommes en
négociation avec le Conseil du trésor, comme je l'ai dit, pour
obtenir un fonds qui soit propre à Radio-Québec.
Les décisions n'ont pas encore été prises, mais
nous avons eu une première rencontre avec le Conseil du trésor au
mois de décembre où le principe a été acquis; ont
suivi depuis deux ou trois autres réunions, si ma mémoire est
bonne, et nous comptons en arriver à une décision avec le Conseil
du trésor au cours des prochaines semaines. Il s'agirait, bien
sûr, d'un fonds et là, le montant n'a pas encore été
arrêté. Par ailleurs, on ne peut pas escompter que ce soit un
fonds qui se renouvelle automatiquement. C'est un fonds qui devrait subir des
réinjections de la part du Conseil du trésor à certaines
périodes et cela aussi est en négociation avec le conseil parce
que le marché auquel nous avons accès est tel que l'on ne peut
pas espérer faire suffisamment de profits avec les coproductions que
nous faisons pour remplir, renflouer ou renouveler le fonds annuellement.
M. Doyon: M. Girard, vous avez eu l'occasion de déclarer
dans le courant du mois de mars, que vous considériez que la
régionalisation de Radio-Québec était un acquis qui ne
devait pas être remis en cause, de toute évidence. Vous êtes
en poste depuis peu de temps, mais pourriez-vous indiquer à cette
commission quels sont les gestes et les actions que vous entendez poser pour
protéger cet objectif et, si possible, en accélérer,
justement, l'atteinte?
Dans ces gestes et dans ces actions que vous poserez, est-ce que vous
avez impliqué les régions qui doivent être
impliquées dans une symbiose ou dans une vie commune avec
Radio-Québec? Quelles sont les actions prévisibles de la part de
Radio-Québec en ce qui concerne la régionalisation?
M. Girard: M. le Président, il y a des premières
actions ponctuelles qui ont été posées et il y a une
démarche à plus long terme qui sera entreprise sous peu. Les
démarches ponctuelles, ce sont trois rencontres avec les directeurs
régionaux, dont une a eu lieu au cours du mois de mars pour discuter du
plan de programmation nationale et des plans régionaux de programmation.
Une deuxième doit avoir lieu à la fin d'avril où je
rencontrerai les neuf directeurs régionaux et où l'on abordera
l'ensemble des questions qui les préoccupent à l'heure actuelle.
Mais de façon, comment dirais-je, plus systématique et moins
ponctuelle, nous avons mis sur pied un comité qui a comme mandat de
faire le bilan de la régionalisation et de dégager les avenues
réalistes de développement pour les régions. Ce
comité devrait se mettre en marche au cours des prochaines semaines
et
il va de soi que les régions seront impliquées et
consultées à plusieurs reprises dans le cadre de cette
démarche.
M. Doyon: Vous avez eu l'occasion d'affirmer aussi, M. Girard,
qu'il était dans vos prévisions de préparer un plan
triennal de programmation qui devrait intégrer les besoins
régionaux. Est-ce que ce plan triennal de programmation est en voie de
préparation? Est-ce là un des mandats qui seront confiés
au comité chargé de faire le bilan? Comment est-ce que tout cela
s'articule ensemble?
M. Girard: Non, la préparation du plan triennal de
programmation ne sera pas confiée au comité dont je viens de
parler sur la régionalisation. Le plan triennal de programmation que
nous entreprenons sera effectivement mis en marche et nous commencerons
à y travailler au tout début de l'automne prochain. Dans la
perspective de ce que j'ai dit, les régions seront impliquées
puisque, effectivement, on veut que ce plan triennal qui va nous guider, comme
le nom le dit, au cours des trois prochaines années, tienne compte
à la fois des orientations nationales, des besoins définis par
Montréal, mais également des orientations et des besoins de
chacune des régions. Lorsque je parle de symbiose, c'est
précisément par des actions concrètes comme
celle-là et par la participation des régions à la
préparation d'un plan triennal de programmation qui sera, bien
sûr, un outil majeur de travail pour nous au cours des trois prochaines
années.
M. Doyon: Pouvez-vous nous donner l'assurance, M. Girard, que les
régions seront vraiment partie prenante et seront impliquées dans
la préparation de ce plan triennal et que ce ne sera pas un plan qui
leur sera imposé de l'extérieur par la maison mère de
Radio-Québec à Montréal sur la rue Fullum? Quelles
dispositions pratiques prenez-vous pour vous assurer que ces exigences seront
satisfaites?
M. Girard: Les dispositions que nous prenons, c'est la
participation des régions à la préparation de ce plan.
Déjà, nous leur avons fait la proposition qu'elles ont
acceptée lors de la rencontre que nous avons tenue au mois de mars avec
les neuf directeurs régionaux sur l'ensemble de la programmation.
M. Doyon: Vous avez aussi eu l'occasion de dire, M. Girard, que
Radio-Québec ne pouvait pas se permettre d'être une
télévision de moindre qualité et qu'il devait y avoir un
esprit plus positif que celui qui existe à l'heure actuelle.
Qu'entendez-vous par un esprit plus positif que celui qui existe à
l'heure actuelle?
M. Girard: J'entends une volonté de participer vraiment
à l'édification de Radio-Québec de tous les
employés de Radio-Québec, qu'il s'agisse des cadres, des
réalisateurs, des techniciens, des secrétaires. Cette
volonté existe déjà, bien sûr. J'ai eu l'occasion
d'y faire allusion dans ma présentation, mais je souhaiterais que l'on
puisse intensifier au cours des prochaines années ce sens de
participation à l'entreprise. C'est un peu en ayant en tête cette
orientation que nous comptons préparer un document
général, cette fois-là, qui, je l'espère, pourrait
être prêt à l'automne, faisant le bilan de ce qu'a
été Radio-Québec jusqu'à maintenant et
définissant les orientations que pourrait prendre Radio-Québec au
cours des prochaines années et les moyens financiers qu'il faudrait
mettre à la disposition de Radio-Québec pour que ces orientations
puissent être effectivement réalisées au cours des
prochaines années. (21 h 45)
M. Doyon: M. Girard, vous avez eu l'occasion de déclarer
aussi que vous considériez que l'arrivée des technologies
nouvelles en matière de communications devait forcer le changement de
certaines habitudes. Pourriez-vous être plus spécifique et
identifier les technologies auxquelles vous faites allusion? Quelles sont ces
certaines habitudes que vous voudriez voir changer et dont la modification est
rendue nécessaire par ces nouvelles technologies?
M. Girard: Je ne me souviens pas d'avoir lié aussi
intimement nouvelles technologies et habitudes. Ce qui est un fait, c'est que
j'ai parlé de certaines habitudes qui devraient être
modifiées. Quand je parle de certaines habitudes qui peuvent ou qui
devraient être modifiées, j'entends, par exemple, une
volonté de ne pas s'orienter vers des cloisonnements de tâches qui
empêchent une mobilité qui pourrait être utile, qui pourrait
être intéressante, une capacité d'envisager l'apparition
des nouvelles technologies et les impacts que cela peut avoir à
l'intérieur d'une entreprise de façon non pas uniquement
craintive, mais de façon positive. Dans cet esprit, j'ai demandé
aux syndicats, lors de la rencontre que j'ai eue avec eux, de s'associer
à nous pour que les décisions que nous aurons à prendre
soient prises d'un commun accord et qu'elles ne soient pas le fait uniquement
de la direction générale.
Il y a dans la vie de toute entreprise des décisions qui sont
importantes à prendre, qui parfois imposent des choix plus difficiles.
Je pense que l'ensemble des employés devraient être suffisamment
conscients de ces orientations, de la nécessité de ces choix
à faire pour y participer avec nous.
Éducation des adultes
M. Doyon: Vous avez aussi eu l'occasion de faire
référence au créneau scolaire et éducatif de
Radio-Québec, en ce qui concerne plus particulièrement
l'éducation des adultes. J'aimerais savoir - ma question s'adresse plus
particulièrement au ministre -de quelle façon le gouvernement va
orienter sa politique en ce qui concerne l'éducation des adultes par la
voie de Radio-Québec qui s'impliquerait dans ce domaine. De quelle
façon le gouvernement va-t-il orchestrer sa politique afin
d'éviter qu'il n'y ait confusion entre le rôle de
Radio-Québec, ce qui est du ressort du ministère de
l'Éducation, ce qui est aussi, finalement, dans une certaine mesure du
ressort - d'après ce qu'on comprend des déclarations
ministérielles - du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu? Qui, finalement, va être le
maître d'oeuvre là-dedans? Qui va s'occuper de quoi? Est-ce qu'on
n'est pas en train de se retrouver dans un état de confusion? J'aimerais
aussi savoir de la part du ministre s'il y a eu une certaine consultation avec
l'Institut de l'éducation des adultes, avec les enseignants? Comment
est-ce que tout cela s'articule ensemble?
M. Bertrand: Je voudrais, M. le député de
Louis-Hébert, donner un certain nombre de grandes orientations sur
lesquelles le président-directeur général de
Radio-Québec et moi-même, nous nous sommes entendus. Dans la Loi
sur la programmation éducative, à l'article 3, il est très
spécifiquement indiqué qu'une programmation éducative doit
favoriser l'exercice du droit des citoyens à l'éducation,
notamment en présentant des émissions répondant à
des besoins spécifiques de la population, conduisant
éventuellement à l'obtention de diplômes ou
répondant à des besoins d'éducation permanente. Donc,
déjà dans la Loi sur la programmation éducative -comment
dirais-je - une indication très forte est donnée de la direction
que doit prendre la programmation de Radio-Québec dans une perspective
de satisfaire les besoins qui existent au sein de la population en
matière d'éducation permanente.
Le président-directeur général de
Radio-Québec vous a fait état tout à l'heure de relations
qu'il a en ce moment avec le ministère de l'Éducation, en
particulier avec la Direction générale des moyens en
éducation, pour faire en sorte que Radio-Québec puisse assumer de
plus en plus des mandats qui sont reliés à toute la politique de
l'éducation des adultes et à toute la politique de
l'éducation permanente.
Pour l'instant, ce que je crois savoir sur la base des discussions que
j'ai eues avec le président-directeur général de
Radio-Québec, c'est que les contacts sont déjà solidement
établis avec le ministère de l'Éducation du Québec.
Les contacts restent à établir avec le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu puisque effectivement
au niveau de l'application d'une politique de l'éducation permanente, il
n'y a pas seulement le ministère de l'Éducation du Québec
qui est en cause, mais, comme vous l'avez souligné fort à propos,
il y a aussi le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et également d'autres ministères
du gouvernement du Québec. Or, nous nous sommes entendus pour faire en
sorte que Radio-Québec développe de plus en plus ce
créneau que M. Girard appelle maintenant le créneau
instructionnel - à défaut peut-être, pour l'instant, de
trouver un terme, disons, plus élégant - mais qui décrit
bien la volonté qui est celle de Radio-Québec de tenter, par tous
les moyens possibles, d'offrir, dans le cadre de sa programmation, des
contenus, des produits qui facilitent l'apprentissage de personnes qui, par
l'intermédiaire de la télévision, peuvent effectivement
participer à des programmes d'éducation permanente ou
d'éducation des adultes.
Par ailleurs, je dois dire que nous sommes très sensibles au fait
qu'un tel choix va amener Radio-Québec à segmenter, de
façon encore plus précise, les clientèles auxquelles elle
s'adresse puisque, effectivement, qui dit éducation permanente, qui dit
éducation des adultes, dit forcément tentatives multiples de
préciser les contenus de programmation en fonction des besoins de
certains secteurs de la population. C'est toute cette dynamique qui est en
cours et qui, jusqu'à un certain point - je dis bien "jusqu'à un
certain point" - est nouvelle en ce qui a trait à l'expression d'une
volonté de la direction de Radio-Québec d'aller de plus en plus
dans ce sens-là. Mais les démarches commencent à peine
à être entreprises même si, déjà, il se
faisait beaucoup de travail au niveau de l'éducation des adultes par
certaines émissions à Radio-Québec. Tout le travail de
symbiose, tous les efforts consentis par le ministère de
l'Éducation du Québec, le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu et Radio-Québec sont en ce moment
regardés et analysés de très près.
Il y a un autre commentaire, M. le député de
Louis-Hébert, que je voulais faire. Je m'excuse; cela m'était
parti de l'esprit et c'est revenu. Le ministère des Communications,
comme je l'ai dit dans ma présentation de vendredi dernier, va
travailler très activement au cours des prochains mois à la
préparation d'une politique de l'audiovisuel. Cette politique de
l'audiovisuel, c'est le rapport Fournier qui nous a invités à la
préparer pour que le gouvernement du Québec indique bien quelle
politique de l'audiovisuel il entend adopter et comment il entend concentrer
ses efforts du
côté du développement d'une politique
cohérente dans le secteur de l'audiovisuel. Or, Radio-Québec nous
a manifesté son intérêt à l'élaboration d'une
telle politique de l'audiovisuel et j'ai indiqué au
président-directeur général, dans une lettre que je lui ai
transmise, que je comptais effectivement associer Radio-Québec à
la préparation de cette politique de l'audiovisuel.
M. Doyon: Merci. Le ministre a eu l'occasion tout à
l'heure de faire état du degré d'autonomie des conseils
d'administration régionaux. J'aimerais savoir comment cela fonctionne.
Est-ce qu'il y a un conseil régional dans les principales régions
du Québec et les membres sont-ils nommés par le gouvernement ou
par Radio-Québec? Comment cela fonctionne-t-il?
M. Bertrand: II y a neuf régions, donc neuf comités
régionaux constitués, chacun, de sept personnes. Il y a des
comités de sélection qui sont constitués dans chacune des
régions. Le comité de sélection, sur la base des
présentations qui peuvent être faites par différents
groupes culturels et socio-économiques, retient un certain nombre de
candidatures, les transmet à Radio-Québec qui, ensuite, les
transmet au ministre des Communications qui, lui, les transmet au Conseil des
ministres pour approbation.
Je dois dire que, dans l'ensemble, tout au plus je ne trouverais, durant
les trois années où j'ai été ministre des
Communications, qu'un cas où je n'ai pas suivi la recommandation qui
avait été faite par Radio-Québec, lesquelles
recommandations provenaient, bien sûr, des régions. Je crois que
c'était sur la Côte-Nord, mais nous avons eu la précaution
élémentaire, dans le cas de cette personne, d'aller chercher
comme remplaçant une personne qui était dans la liste des
substituts proposés par le comité de sélection qui avait
oeuvré dans cette région.
M. Doyon: M. le ministre, on a porté à mon
attention que M. Jean-Pierre Bhérer a été nommé au
comité régional de Radio-Québec au Lac-Saint-Jean. Selon
ce que je comprends, il est un ex-cadre - vous me direz si c'est le cas - d'un
cégep de la région. Il ne demeure pas ou il ne demeure plus au
Lac-Saint-Jean depuis un certain temps, mais a feu et lieu à Sherbrooke.
Pourriez-vous me dire s'il est toujours membre du comité régional
de Radio-Québec au Lac-Saint-Jean?
M. Bertrand: Nous allons vérifier parce que j'avoue que je
n'ai pas cette information à portée de la main en ce moment.
M. Doyon: J'imagine, M. le ministre, qu'un des critères
importants pour qu'une personne siège à un comité
régional est qu'il soit de la région.
M. Bertrand: Je crois même que c'est une obligation qui est
contenue dans la loi.
M. Doyon: Je vous saurais gré, M. le ministre, de
vérifier si la personne que j'ai nommée, M. Jean-Pierre
Bhérer, qui siège au comité régional de
Radio-Québec au Lac-Saint-Jean, demeure dans la région du
Lac-Saint-Jean où n'a pas plutôt sa résidence, son domicile
à Sherbrooke où elle étudie actuellement. Cela
entraîne, selon les informations qu'on m'a fournies, certaines
difficultés et une certaine frustration de la part de résidents
du Lac-Saint-Jean qui considèrent qu'ils seraient mieux
représentés par quelqu'un qui serait résident de la
région. Est-ce que cette vérification peut être faite, M.
le ministre?
M. Bertrand: Nous allons faire la vérification, M. le
député de Louis-Hébert. J'avais en ma possession le
rapport annuel 1982-1983 de Radio-Québec. Nous n'avons pas en main le
rapport annuel de l'année 1983-1984 et vous comprendrez pourquoi:
l'année budgétaire de Radio-Québec se termine le 31 mars
1984. En 1982-1983, les informations contenues au rapport nous indiquent que
sont membres du comité régional M. Lucien Gendron, M. Jacques
Cleary, Mme Laurence Bouchard, Mme Anita Martel, M. Raymond Rouleau, M. Gilles
Simard et Mme Lily Tremblay.
M. Doyon: Dans le mémoire qui nous a été
transmis par Radio-Québec, on indique que le service de la recherche de
Radio-Québec n'a pas effectué de sondage en 1983. Est-ce qu'il y
a une raison à cela? Quelle sorte de sondage a-t-on effectué
quand on parle, par exemple, de prétests de matériel publicitaire
pour 7100 $ et un autre en collaboration avec l'indice de l'agence DDT,
recherche formative. De quoi s'agit-il?
M. Bertrand: Je m'excuse, M. le député de
Louis-Hébert. Pendant que je cherchais l'information que vous demandiez,
j'ai manqué le début de votre question.
J'ai ici un document qui a été soumis au
président-directeur général de Radio-Québec en date
du 25 novembre 1983. Effectivement, à la page 20 de ce document, pour la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous retrouvons comme membre du
comité régional le nom de M. Jean-Pierre Bhérer qui a
probablement remplacé une des personnes qui siégeaient au
comité régional avant. Nous allons faire des vérifications
et nous assurer s'il est vrai que M. Bhérer habite maintenant dans la
région de l'Estrie pour que les corrections soient apportées.
M. Doyon: Je vous demandais ceci. Relativement au service de la
recherche de Radio-Québec qui n'a pas effectué de sondage, on
indique dans le mémoire qui nous a été soumis par
Radio-Québec qu'il y a eu des sommes dépensées dans ce
qu'on appelle ici des prétests de matériel publicitaire
destinés aux médias écrits en collaboration avec
Multi-Réso Inc. On indique aussi qu'il y a eu une collaboration avec
l'indice de l'agence DDT, recherche formative. J'aimerais avoir des
éclaircissements concernant ces dépenses de fonds. De quoi
s'agit-il exactement?
M. Bertrand: Je devrai passer la parole au
président-directeur général de Radio-Québec
puisque, dans nos discussions, je dois dire que le ministre des Communications
ne va dans tous ces détails. C'est un de ces détails pour lequel
peut-être le président-directeur général, M. Girard,
peut vous apporter quelques éclaircissements. (22 heures)
M. Girard: De fait, avant de nous lancer dans une campagne
publicitaire, nous vérifions quel peut être l'impact du
matériel que nous utilisons et nous le faisons en passant des contrats
avec certaines firmes privées. J'ai également devant moi le
document que vous citez, prétests de matériel publicitaire
destiné aux médias écrits; campagne 1983-1984 avec
Multi-Réso; réaction des auditeurs face à la
sexualité dans le cinéma télédiffusé et les
autres collaborations que vous avez mentionnées. C'est une pratique que
nous avons effectivement de tester préalablement la campagne.
M. Doyon: C'est fait par sous-contrat. M. Girard: Oui.
M. Doyon: Une dernière question. Le ministre a
mentionné tout à l'heure - je pense que M. Girard a dit la
même chose -qu'il y avait un fort taux de satisfaction de l'auditoire en
général en ce qui concernait les émissions d'information.
En regardant les meilleures cotes d'écoute qui nous sont
indiquées à la page 8 du mémoire de Radio-Québec,
je m'aperçois que, finalement, les meilleures cotes d'écoute ne
se trouvent pas aux émissions d'information proprement dites, mais
plutôt aux informations de variété ou je ne sais pas
comment les appeler, Passe-Partout, Les douze travaux d'Astérix, etc.
Comment expliquez-vous cette haute satisfaction que vous prétendez qu'il
y a vis-à-vis des émissions d'information et que, dans les faits,
parmi les émissions les plus écoutées, ce ne soit pas ces
émissions d'information qui aient la cote d'amour de l'auditoire?
M. Girard: Je pense que j'ai parlé du taux de satisfaction
général à l'égard des émissions de
Radio-Québec et que je n'ai pas fait de relations avec les
émissions d'information en particulier. Les recherches qui sont faites
par nos services de relations avec l'auditoire nous indiquent, comme nous le
disons dans le document, que pour l'ensemble des émissions les personnes
consultées se déclarent satisfaites à 89% de la
qualité des émissions. Si nous prenons la liste qui
apparaît à la page 8, nous constatons quand même que, pour
les Lundis de Pierre Nadeau, il y a un auditoire-réseau de 408 000, pour
Droit de parole, 383 000, pour Télé-service, 337 000.
Évidemment, si on regarde la liste, on constate que la plus haute cote
d'écoute est pour Les douze travaux d'Astérix. Je ferai remarquer
qu'il s'agit d'un film présenté un soir à l'égard
d'un public particulier, les enfants, et vraisemblablement durant la
période de Noël, si ma mémoire est bonne. Cela n'est pas
inhabituel dans une maison de télévision que d'avoir des sommets
lorsque l'on présente un film particulièrement intéressant
ou qui attire de façon spécifique une clientèle.
M. Doyon: En terminant, je voudrais remercier le
président-directeur général de Radio-Québec pour
les informations qu'il nous a fournies. Cela nous a permis de voir un peu plus
clair dans cette boîte qui, quand même, coûte assez cher aux
contribuables québécois, soit environ 55 000 000 $, 56 000 000 $
par année. Je pense qu'il est sain que nous puissions, une fois par
année au moins, examiner d'une façon critique la façon de
dépenser les fonds publics et je remercie le président-directeur
général de Radio-Québec de nous avoir permis d'aller un
peu plus loin dans la compréhension de cette institution
québécoise qu'est Radio-Québec.
Le Président (M. French): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Nous allons continuer
jusqu'à 22 h 10, M. le ministre, puisqu'on a commencé dix minutes
après l'heure. Je vais en profiter; il me reste cinq minutes, je ne veux
peut-être pas les utiliser toutes. Cela fait maintenant trois ans que
j'étudie les crédits du ministère des Communications et
plus particulièrement de Radio-Québec qui a toujours eu plus que
sa part d'attention lors de l'étude des crédits. J'aurais eu une
foule de questions à poser. Je ne sais pas si c'est dans l'esprit de la
réforme parlementaire, mais je me trouve souvent à céder
la place à mes collègues, puisqu'ils ont tous des questions
importantes à poser. Cependant, je voudrais dire un certain nombre de
choses en tant qu'individu et non pas comme président de la commission
de la culture parce que je ne parle pas nécessairement pour mes
collègues.
Je voudrais dire, d'abord, que je trouve
les renseignements que nous avons cette année pour
Radio-Québec extrêmement valables. Ils m'ont permis de clarifier
un certain nombre de choses. Selon ce qu'on peut lire dans la documentation et
selon ce qu'on a entendu ce soir - je crois qu'il est extrêmement
important de le constater - à mon avis, les négociations en cours
actuellement sont les clés de l'avenir pour Radio-Québec. Chaque
fois que nous parlions des coûts de production à
Radio-Québec, chaque fois que nous parlions, par exemple, des droits
d'auteur, de la créativité, etc., on revenait toujours avec la
convention collective en vigueur à Radio-Québec et on
évoquait un passé plus ou moins heureux dans les relations de
travail.
Si la nouvelle direction de Radio-Québec, avec l'appui du
ministre, pouvait réussir à assainir cette atmosphère et
à clarifier du côté du normatif, salarial, etc., un certain
nombre de choses dont on ne parlera pas plus longuement ce soir puisque les
négociations sont effectivement en cours, nous pourrions vraiment
espérer un nouveau départ à Radio-Québec, d'autant
plus intéressant qu'il y a un certain progrès qui s'est fait
déjà dans les conditions actuelles. On voit, d'ailleurs, que la
convention collective n'était pas la clé de tout.
La deuxième priorité me semble la clarification du mandat.
J'étais très heureux de voir que, malgré la tentation
inévitable de continuer à augmenter sa cote d'écoute
à travers les sondages du BBM, on n'y a pas cédé
complètement puisqu'on peut absolument clarifier et même revenir
à un mandat "instructionnel". Pour ma part, je voudrais dire que je
serais prêt à voir la cote d'écoute plafonner ou même
baisser si le mandat "instructionnel" s'exprimait de façon plus tangible
dans la programmation de Radio-Québec. Je pense que c'est une chose qui
n'a jamais été abordée de front et il est
extrêmement important qu'on fasse l'expérience pour vrai cette
fois-ci.
Tout en reconnaissant qu'il y a ailleurs dans le système d'autres
mandats éducatifs, pour ma part le progrès qui se fait dans ce
domaine invite, implore même Radio-Québec à y aller avec la
liberté qu'il a, avec les ressources qu'il a, avec la
créativité qu'il a et non pas d'attendre que toutes les
politiques gouvernementales soient finalisées à la fine pointe
des détails parce que, si on attend, on n'avancera jamais.
J'ai été intéressé, par exemple, par le lien
entre le mandat "instructionnel", d'une part, et le marché, d'autre
part, que faisait le président à un moment donné. On a
beau dire que TV Ontario a un meilleur marché, un marché plus
intéressant en anglais, je constate, cependant, que Radio-Québec
achète les programmes éducatifs qui passent en français
à TV Ontario. Ce n'est pas uniquement à cause du fait que le
marché anglais est plus intéressant - tout le monde est d'accord
qu'il l'est - que TV Ontario a dépassé quelque peu, dans certains
esprits, Radio-Québec dans certains domaines qui devraient être la
force de Radio-Québec.
Je voudrais terminer en disant que, pour ma part, ce serait une
tragédie que Radio-Québec se lance dans des activités
d'actualité qui seraient en quelque sorte des miroirs des
activités en actualité qui se font dans les autres postes
francophones. À mon sens, on doit éviter à tout prix un
bulletin de nouvelles traditionnel. Si Station Soleil est quelque peu
l'inspiration de ce qui devrait se faire dans ce domaine, j'en suis. Mais si on
veut faire notre propre téléjournal, on va causer un gaspillage
d'énergie, de créativité et d'argent qui ne rapportera pas
du tout. De ces temps-ci, le ministre parle beaucoup de fragmentation et, je
pense, à bon droit, mais il ne faudrait pas que Radio-Québec
contribue à cette fragmentation en essayant de faire concurrence aux
gens qui sont déjà des professionnels, qui font cela depuis
très longtemps, qui ont des ressources et des réseaux de
correspondants, etc.
À Radio-Québec de trouver une façon de toucher
l'actualité de façon neutre, de façon objective ou
relativement objective, mais de s'y prendre de façon créative et
peut-être à une autre heure de la journée, de s'y prendre
avec un traitement peut-être plus informel, d'une façon, somme
toute, radicalement différente des autres postes. Je pense qu'il y a
quelques débuts intéressants dans ce domaine qui s'amorcent et je
voudrais, tout simplement, les encourager, avec toute l'éloquence que je
peux trouver, à ne pas imiter les autres chaînes pour ce qui est
du bulletin de nouvelles.
J'aurais beaucoup d'autres choses à dire, mais je vois que le
temps est épuisé. À moins que le ministre ne veuille dire
quelques mots, il faut demander si le programme est adopté. M. le
ministre, avez-vous quelque chose à dire avant qu'on termine?
M. Bertrand: Un mot très bref, M. le Président,
pour dire que vous ne pouvez pas trouver allié ou complice plus fort que
le ministre des Communications sur les dernières paroles que vous venez
de prononcer relativement à ce que devrait être une couverture de
l'information à Radio-Québec dans la perspective où on
déciderait graduellement de s'intéresser à
l'actualité ou à l'information quotidienne. Et, effectivement,
puisqu'il s'agit ici de "l'autre télévision", ce doit
nécessairement être une autre approche en matière de
couverture de l'information quotidienne.
Le Président (M. French): Le programme 8 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. French): Nous ajournons nos travaux sine
die. Merci, M. le ministre, M. le président de Radio-Québec, MM.
et Mmes les fonctionnaires.
(Fin de la séance à 22 h 11)