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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je constate que nous avons quorum pour cette réunion de la
commission de la culture afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires culturelles
pour l'année financière 1986-1987.
Y a-t-il des remplacements?
II y a M. Chevrette qui remplace M. Godin, je pense.
M. Chevrette: Oui, pour le bonheur de la commission.
Le Président (M. Trudel): Du cûté
gouvernemental? Il y a M. Camden, de Lotbinière, qui n'est pas encore
arrivé mais qui remplace M. Khelfa.
Cela va?
II m'est agréable de souhaiter la bienvenue à Mme la
ministre des Affaires culturelles. À ses côtés, je
reconnais quelques amis et anciens collègues de travail qu'il me fait
plaisir de saluer malgré la distance qui nous sépare. Au moment
où j'étais fonctionnaire, les règles étaient
légèrement différentes et le ministre était assis
tout près du président de la commission. Mme la ministre:
Bienvenue.
Avant de céder la parole à Mme la ministre, je pense me
faire le porte-parole de la commission pour offrir en votre nom mes sympathies
et les sympathies de la commission à M. Pierre Boucher, le nouveau
sous-ministre des Affaires culturelles, qui est en deuil de sa
belle-mère. Je pense qu'il ne pourra assister à la réunion
de la commission aujourd'hui, à tout le moins durant les
premières heures de la journée.
Mme la ministre, si vous voulez procéder avec votre
déclaration.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander à Mme la ministre de nous présenter son entourage.
Mme Bacon: C'est ce que j'allais faire, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci. Vous allez toujours au devant de mes
désirs.
Le Président (M. Trudel): Vous êtes très
pressé, M. le député.
M. Chevrette: C'est pour le bien de la commission.
Mme Bacon: D'ailleurs, j'aimerais peut-être vous rappeler
que ce ne sont pas mes premiers crédits. Pour rappeler des souvenirs.
Évidemment, M. le Président, je vous remercie de votre accueil et
je vous remercie aussi de la pensée que vous avez eue à l'endroit
de notre sous-ministre, M. Boucher, qui tentera d'être parmi nous ce
soir. Je pense que pour ce matin et cet après-midi c'est difficile pour
lui d'être ici, compte tenu des circonstances dans sa famille.
J'aimerais vous présenter la sous-ministre adjointe de notre
ministère, Mme Nicole Martin, qui est à ma droite. À ma
gauche, mon chef de cabinet, M. Denis Jean. Aussi avec moi, M. Bernard Ouimet
qui est sous-ministre adjoint. M. Doyon et M. Venne de l'administration. Nous
avons M. Juneau du ministère et Mme Martine Tremblay qui est
sous-ministre adjointe. Nous avons M. Gagnon qui est aussi avec nous. Je pense
que nous allons pouvoir fonctionner. Mon attaché de presse, M. Antoine
Godbout et un adjoint, M. Pierre Picard.
Remarques préliminaires Mme Lise Bacon
M. le Président, mesdames et messieurs de la commission, 1986 est
l'année charnière pour le ministère des Affaires
culturelles. C'est d'abord le 25ème anniversaire de sa création:
25 ans au cours desquels le Québec a parcouru un long bout de chemin,
brûlant les étapes, passant d'une société rurale
où le temps s'écoulait au rythme lent des saisons à une
société post-industrielle où, grâce aux
médias, le temps s'est rétréci, où la vie passe
d'instants éphémères en instants
éphémères. 1986, c'est ensuite l'année d'une
nécessaire transition. Le Québec est confronté à un
contexte budgétaire difficile. S'il ne s'agissait que d'un contexte
budgétaire délicat, l'État, son rôle et sa place, ne
seraient pas remis en question autant qu'ils le sont. Il nous suffirait
d'attendre de meilleurs jours. Mais tel n'est pas le cas en ce moment, les
individus cherchent un espace pour se réaliser pleinement dans leur
travail, dans leurs loisirs, dans leur vie familiale sans avoir à
évoluer
dans des sentiers entièrement balisés par l'État.
Cette quête constante d'espace nous oblige à revoir en profondeur
le niveau d'intervention de l'État dans la vie quotidienne des citoyens.
C'est donc sous cet angle qu'on doit aborder la nécessaire transition
qui marquera 1986.
L'étude des crédits budgétaires est
généralement l'occasion d'indiquer les priorités d'action
que l'on entend suivre pour l'année qui vient. Je ne manquerai pas de me
conformer à la tradition, mais je le ferai d'abord en établissant
avec vous l'état de la situation du développement culturel du
Québec. Une fois les grandes étapes de ce développement
tracées, nous pourrons dégager le contexte actuel,
préciser le virage que celui-ci nous impose et indiquer les moyens que
nous entendons suivre pour nous y engager.
Si on prend le rôle de l'État, ou la remise en question du
rôle de l'État, il faut considérer le quart de
siècle de vie culturelle au Québec. Le dernier quart de
siècle culturel peut se résumer en trois grandes périodes.
La première, où le ministère naissant se donne la mission
d'être un agent d'action culturelle, celui par qui les choses arrivent;
la deuxième est traversée par deux courants, l'un de la
consolidation et l'autre de l'ouverture aux nouvelles voies d'expression
culturelle telles les industries culturelles; la troisième, celle de la
création d'un réseau de sociétés d'État et
de développement de nouveaux partenaires. Prenons le temps de voir de
plus près ces trois grandes périodes, car elles sont
évidemment pleines d'enseignement et, avec le recul, elles nous
permettent de mieux circonscrire les dangers actuels.
La création du ministère, en 1961, a signifié le
regroupement sous une même communauté de pensée de
pièces détachées du ministère de la Jeunesse et du
Secrétariat de la province. Un ministère ayant une entité
propre duquel a jailli nombre d'initiatives heureuses: création de
l'Office de la langue française en 1961; finalisation du réseau
du Conservatoire de musique en 1965-1976; création des premières
bibliothèques centrales de prêt en 1962-1964; création du
Musée d'art contemporain en 1967; création de la Place des Arts
et du Grand Théâtre en 1965-1967; création de la
Bibliothèque nationale en 1967.
Culture et langue étaient donc étroitement liées en
cette période où devaient naître les grandes institutions
culturelles, où devaient apparaître les grands réseaux de
diffusion. Le ministère se dotera même d'une Direction
générale de la diffusion culturelle destinée a organiser
des tournées, à réaliser des manifestations partout sur le
territoire. Le ministère sera aussi un initiateur pendant toute cette
première décennie-La seconde décennie, en prenant appui
sur la première, s'arrêtera d'abord à consolider
l'infrastructure culturelle. Elle verra graduellement l'épanouissement
de l'aide aux créateurs, le développement des arts
d'interprétation et des arts visuels, celui d'un réseau de
musées, l'accélération de la construction des
bibliothèques publiques et le parachèvement du réseau des
bibliothèques centrales de prêt.
Le livre vert de 1976 aura un formidable effet de cristallisation des
cibles du développement: faire du ministère un ministère
de services face au créateur et au milieu, accorder une priorité
à la diffusion, à l'accessibilité et à l'animation
et intervenir auprès des autres ministères et organismes. La mise
en place des structures décentralisées et la reconnaissance du
développement régional constituaient le cadre d'action.
Quelques années plus tard, le livre blanc, en 1978,
évoquera une notion élargie de la culture au loisir, à
l'information, au travail, à la santé, etc. Marqué,
évidemment, au coin de la qualité de vie, ce livre blanc, en plus
de politiques sectorielles, évoquera de nouvelles voies d'action: la
démocratisation par l'accès du plus grand nombre à la
pratique d'activités créatrices et la reconnaissance de produits
industriels de la culture. La création de la SODICC, destinée au
développement des industries culturelles, sera le point marquant de
cette période où le rôle du ministère en aura
été un de soutien.
Plus près de nous et dans le sillage de la SODICC, une autre
idée-force apparaîtra, celle de sociétés
d'État érigées en réseau: Grand
Théâtre, Place des Arts, Musée du Québec,
Musée d'art contemporain, Musée de la civilisation,
Société générale du cinéma. Évoluant,
évidemment, sur une voie parallèle mais mu par une même
volonté de ne plus être le seul acteur culturel à partir
duquel s'orchestre le développement, le ministère des Affaires
culturelles misera donc encore sur des rapports plus étroits avec les
municipalités, notamment en matière d'urbanisme, de patrimoine et
de services de lecture publique.
De la création d'un réseau de base d'institutions
culturelles, nous passons à une infrastructure consolidée
d'organismes et à une émergence d'industries culturelles pour
reconnaître par la suite la nécessaire contribution de
sociétés d'État et de partenaires municipaux. Telle est la
trame du développement culturel des vingt-cinq dernières
années. À l'origine, l'État est intervenu directement
comme agent de développement, faisant les choses par lui-même.
C'était conforme à la tendance dominante des années
soixante. Par la suite, il s'est peu à peu muté en agent de
soutien, la mise en place des conditions nécessaires au
développement étant réalisée. Aujourd'hui,
il a commencé à céder une place à des
partenaires publics. Il est donc permis de penser que le rôle d'un
ministère n'est ni éternel ni immuable.
Ce que nous venons de voir défiler rapidement se
caractérise d'un trait de plume: une croissance par
sédimentation! Graduellement, avec les années, les organismes se
sont ajoutés aux organismes; les sociétés d'État
sont venues s'ajouter aux institutions. L'accumulation est telle qu'aujourd'hui
nous faisons face à toute une série de réseaux
entremaillés, arc-boutés les uns aux autres. Croissance
géométrique, croissance par addition, croissance telle que, les
besoins essentiels étant désormais satisfaits, nous en sommes
à prendre en charge les besoins secondaires, voire, dans certains cas,
les besoins tertiaires. L'image qui me vient souvent à l'esprit est
celle d'un labyrinthe où il devient très difficile de se
retrouver dans les dédales des réglementations, dans
l'émiettement des programmes, dans la fragmentation des structures et
dans les multiples critères d'admissibilité de toutes sortes. Mes
prédécesseurs ont fait, me semble-t-il, ce qu'il fallait à
leur époque pour favoriser le développement culturel du
Québec.
Cependant, dans cette sédimentation et par la vertu des mesures
universelles, nous avons inconsciemment érigé en système
l'accessibilité aux programmes d'aide, au support de l'État. A
ainsi progresser inexorablement, un danger nous guette: celui d'étouffer
la création sous le poids de l'État, la création que nous
pensions soutenir de mieux en mieux. Cette conjecture nous commande
désormais la vigilance et l'imagination pour redresser des situations
devenues confortablement abusives. Ce discours n'est pas propre à la
culture; il concerne tous les ministères. Nous avons fait le pari
justifié, me semble-t-il, d'amorcer un nouveau développement par
des réaménagements de mécanismes, de structures et de
budgets davantage que par une croissance cumulative.
La rationalisation des programmes ne peut plus se contenter d'être
un repli passager autour de priorités sans remise en cause de la
structure même de nos activités. Les contributions
financières d'autres partenaires nous permettent un regard neuf sur la
réalité. Les arts d'interprétation et les arts visuels
vivent des contraintes qui demandent un examen détaillé de nos
actions. Les industries culturelles nouvelles impliquent des
considérations rafraîchies. Le développement
régional doit, pour sa part, en arriver à un modèle
d'action qui ne se calque pas sur le modèle central car les
réalités diffèrent. La formation professionnelle des
créateurs, en particulier celle des arts d'interprétation,
présente des caractéristiques propres qui ont des
répercussions sur les modes d'organisation scolaire. Enfin,
l'organisation administrative même des différents organismes qui
oeuvrent dans le champ culturel suscite des questions.
Pour avoir eu l'occasion de m'entretenir avec de nombreux organismes du
milieu culturel depuis mon entrée en fonction, il me semble manifeste
que nombre d'entre eux souhaitent une indépendance plus grande de
l'État, un espace où ils puissent respirer plus à l'aise
sans constamment devoir s'en remettre à l'État. Ces
revendications sont parfaitement légitimes, surtout pour des
créateurs qui vivent essentiellement par leur esprit d'entreprise et
d'innovation, par leur capacité à explorer des voies
nouvelles.
Un nouveau contexte qui se fonde sur des valeurs de liberté, de
réalisation de soi et d'autonomie. Un nouveau contexte qui prend appui
sur les grands courants de pensée qui traversent l'Occident. Un nouveau
contexte encore que 25 ans d'histoire culturelle ont nécessairement
forgé. Un nouveau contexte, enfin, qui reconnaît aux pouvoirs
locaux des responsabilités en matière de culture. En un mot, nous
sommes conviés avec empressement à repenser nos approches dans un
environnement modifié.
Ce virage est à reconnaître et à prendre. De
nouvelles bases et une nouvelle argumentation sont nécessaires pour
justifier l'intervention gouvernementale; la prise en charge dans le
passé de plus d'un secteur par l'État et les besoins des
clientèles traditionnelles des programmes sont des raisons qui ont de
moins en moins de poids. En ce sens, la rationalisation devient un examen, plus
global, des rôles du ministère, de ses niveaux d'intervention et
de ses pratiques.
Concrètement, j'ai la conviction profonde que le ministère
pourra de moins en moins poursuivre ses interventions et son
développement en continuité linéaire avec le passé.
Au cours des ans, les interventions se sont diversifiées par
fragmentation et spécialisation, conduisant à une série de
programmes spécifiques, comme je l'ai indiqué
précédemment. Cela a été possible par une
croissance budgétaire. Par exemple, au cours de la dernière
période quinquennale, le taux annuel moyen de la croissance
budgétaire a été de 10, 4 %. Mais déjà,
cette année, on ne peut plus parler de croissance. Malgré le
délestage au parc immobilier, la fermeture de programmes, le
ralentissement des projets d'équipements culturels et la diminution
relative des coûts de gestion, la marge de manoeuvre sera ténue.
C'est donc dans ce contexte que se pose la question de la rationalisation des
programmes et, je le répète, la fin de la croissance oblige
à inventer de nouvelles manières de poursuivre le
développement dans un nouveau style d'intervention.
Quel est donc ce virage? Comment se caractérise-t-il? Par un
resserrement du
niveau des dépenses. C'est toujours par là qu'il faut
commencer. II est bien connu que la relative sécurité met
l'imagination au travail. Je vous exposerai donc dans une seconde partie ce que
nous avons considéré comme intouchable dans nos
responsabilités et ce qui a fait l'objet de ce qu'il est convenu
d'appeler les compressions budgétaires. Ensuite, sur le mode
interrogatif, je me permettrai de réfléchir à voix haute
sans pour autant tirer immédiatement la ligne sur ces
réflexions.
Il y a une question que nous devons nous poser: Où allons-nous?
II y a des choix immédiats à faire. Le virage que je viens
d'esquisser, qui implique une réduction du rôle de l'État,
est un choix de gouvernement. L'ensemble des ministères sera par
conséquent affecté par cette nouvelle orientation. C'est donc
dire que le ministère des Affaires culturelles est partie prenante aux
décisions qui ont été prises concernant le nouveau
rôle de l'État. En fait, le ministère prendra parti pour
cette nouvelle orientation qui tend à laisser une plus Large place
à l'initiative des divers intervenants dans la société.
Nous croyons que, dans le domaine culturel comme dans plusieurs autres
domaines, c'est en limitant le rôle de l'État à un
rôle de catalyseur et parfois d'orienteur que seront le mieux
favorisés l'éclosion des initiatives créatrices, de
même qu'un plus grand engagement de nos partenaires. Nous croyons que
cette voie est celle qui mène le plus sûrement vers un meilleur
bien-être général de la population, compte tenu des
contraintes auxquelles nous devons faire face. (10 h 30)
La nouvelle orientation que nous avons choisie n'est, évidemment,
pas qu'une affaire de discours. Elle implique, en effet, des changements
à court terme et, au niveau budgétaire, des décisions qui
touchent concrètement certains secteurs d'intervention du
ministère des Affaires culturelles. J'aborderai donc maintenant de
façon plus explicite la question des crédits budgétaires
pour laquelle nous sommes réunis ici aujourd'hui.
Les crédits du ministère des Affaires culturelles pour
l'année 1986-1987 seront de 192 900 000 $. Ce niveau de crédits
représente une réduction de 7 100 000 $, ou 3, 6 %, par rapport
aux crédits de l'exercice précédent qui étaient de
200 000 000 $. Ces chiffres incluent les crédits relatifs à la
Charte de la langue française, dont la responsabilité nous a
été confiée depuis quelques mois.
Il nous faut, évidemment, situer cette réduction du budget
du ministère des Affaires culturelles dans le contexte
général des compressions budgétaires qui ont dû
être imposées à l'ensemble des ministères dans le
but de redresser une situation qui nous menait vers un déficit que nous
jugions inadmissible dans les circonstances actuelles et compte tenu des
orientations nouvelles prises par notre gouvernement. Je vous signale que, pour
une majorité de ministères, l'opération de compressions
budgétaires s'est soldée par une réduction nette des
crédits de l'exercice 1986-1987 par rapport à ceux de l'exercice
précédent, ce qui montre la détermination avec laquelle
cette opération a été menée.
Pour sa part, le ministère des Affaires culturelles a
tenté de circonscrire le poids des compressions budgétaires
à quelques grandes cibles, de manière à pénaliser
le moins possible les milieux culturels. Nous avons ainsi cherché
à préserver l'aide directe aux créateurs, laquelle ne
représente, d'ailleurs, qu'environ 2, 9 % des crédits de
transferts du ministère. Nous avons également cherché
à préserver l'aide aux organismes qui constituent nos
réseaux de développement culturel, ainsi qu'aux institutions
nationales dont certaines ont même bénéficié de
crédits nouveaux, comme nous le verrons. En agissant de la sorte, le
ministère des Affaires culturelles a pu contribuer à la
réduction des dépenses gouvernementales sans pour autant en faire
payer le prix uniquement aux organismes culturels.
Ces choix s'avèrent ainsi en tous points conformes aux
responsabilités que nous nous reconnaissons, en tant que gouvernement,
dans le champ culturel. La conservation, la formation et le soutien aux
créateurs constituent l'assise autour de laquelle s'orchestreront tous
nos travaux désormais. C'est là, me semble-t-il, le rôle
essentiel de l'État en matière de culture. C'est également
à la lumière de ces responsabilités que nous avons
effectué les choix de compressions pour l'exercice financier
1986-1987.
La réduction de 7 100 000 000 $ du budget du ministère des
Affaires culturelles en 1986-1987 affectera principalement deux secteurs
d'activité, soit les bibliothèques publiques et les
équipements culturels.
La réduction de l'aide financière au fonctionnement des
bibliothèques publiques s'explique de la manière suivante:
d'abord, il s'agit d'un des programmes qui drainent le plus de fonds au
ministère des Affaires culturelles. Nous y avons investi, en 1985-1986,
plus de 14 000 000 $. Comme nous avions choisi de ne pas éparpiller nos
compressions, il devenait évident que ce programme devait faire l'objet
d'un examen en profondeur.
Aussi, nous avons entrepris une réflexion sur le rôle que
nous devons jouer dans le domaine de la lecture. Accessibilité aux
ouvrages écrits et mise en disponibilité d'équipements
qui, telles les bibliothèques publiques, permettent d'avoir accès
à la lecture demeurent le rôle traditionnel du
MAC dans ce secteur. Mais le contexte actuel demande que nous nous
intéressions tout autant au goût de la lecture qu'aux moyens de le
satisfaire. À ce propos, une expérience pilote visant à
augmenter le penchant de nos jeunes pour la lecture a été
menée en début d'année. Cette campagne de sensibilisation
à la lecture, dans laquelle nous avons investi et pour laquelle nous
évaluons les retombées en ce moment, nous permettra
d'établir, de manière plus spécifique, la part que l'Etat
devrait assumer entre l'accessibilité et la promotion.
Finalement, de nombreuses municipalités nous ont fait remarquer
à bon droit qu'il se développait actuellement sur le territoire
deux quasi-réseaux d'équipements culturels. L'un propre au
système scolaire et l'autre le résultat des efforts municipaux
pour mettre à la disposition de leur population de tels
équipements. Il est à l'évidence non permis de laisser
perpétuer une telle situation. Nos partenaires municipaux le pensent
aussi et ils nous ont demandé d'y regarder de plus près. C'est ce
que nous comptons faire au cours de l'année.
Il y a donc trois facteurs de fond qui nous ont convaincus de
procéder à des compressions à ce programme. Celles-ci nous
permettent certes d'obtenir une diminution sensible de nos dépenses,
mais elles sont encore l'occasion de revoir la problématique du
développement des bibliothèques publiques au Québec.
Pour sa part, la réduction des crédits affectés au
programme d'aide aux équipements culturels aura pour effet de
réduire le niveau d'activités de ce programme et de reporter la
réalisation de certains projets. C'est d'abord pour contribuer à
la baisse du service de la dette de l'État que nous avons
été dans l'obligation de reconsidérer nos projets. La
concertation scolaire-municipale en matière d'équipements
culturels n'est pas, non plus, étrangère a notre décision.
Les moyens de développer deux réseaux d'équipements
n'existent pas et les exemples d'utilisation adéquate
d'équipements à des fins à la fois scolaires et
municipales nous indiquent qu'il y a matière à réflexion.
Finalement, nos interventions régionales dans le domaine des
équipements culturels ne peuvent plus être à la
pièce. Nous devrons connaître les besoins d'une région,
établir les moyens de les combler et nous engager dans une dotation en
équipements qui réponde aux besoins. J'ai déjà
demandé qu'on prenne les actions susceptibles de nous donner la
situation exacte des équipements culturels en régions. C'est donc
délibérément que nous avons choisi de ralentir le
développement des équipements de façon que nous prenions
mieux en compte les nombreux changements qui s'opèrent notamment dans
les pratiques culturelles de la population.
Cet exercice de compressions budgé- taires que nous avons
mené au ministère des Affaires culturelles a été
l'occasion de procéder à certains réaménagements
budgétaires internes, lesquels nous ont permis de mettre l'accent sur
les dossiers jugés prioritaires. Nous pourrons aborder ces mouvements
budgétaires internes plus en détail à l'occasion de
l'examen programme par programme que nous ferons plus tard.
En dépit d'une conjoncture difficile, j'ai fait en sorte que
certaines priorités soient prises en compte d'une manière
significative dans les crédits 1986-1987 du ministère des
Affaires culturelles. Je veux parler du statut de l'artiste, de l'aide aux
tournées et du rayonnement international, ainsi que des institutions
nationales. Ce n'est pas par hasard que nous avons mis les créateurs et
les institutions nationales à l'abri des compressions. C'est que nous
estimons que l'un et l'autre constituent les fondements du dynamisme culturel
d'une société; les acteurs de la création sont
l'indicateur du degré d'accomplissement d'une société
alors que les institutions nationales, intervenant en aval dans la formation
professionnelle et en amont dans la conservation du patrimoine, constituent la
trame à travers laquelle se mesure la richessse d'une
société.
On a facilement pris l'habitude de mesurer la volonté d'un
gouvernement de réaliser ses priorités au niveau des
crédits qu'il annonce y consacrer. Cela était vrai dans un budget
sans cesse croissant. Pour ma part, j'estime que le développement est
possible et réel, certes avec des crédits, mais également
par des réaménagements budgétaires, par des modifications
dans la façon de faire les choses, par une nouvelle distribution des
responsabilités, par un cadre juridique plus souple et surtout en allant
à l'essentiel, aux besoins vitaux.
Le 4 février dernier, je prenais l'engagement de tenir une
consultation publique sur le statut de l'artiste, répondant de la sorte
à une demande formulée à plusieurs reprises ces
dernières années par les milieux artistiques. Cet engagement sera
tenu à compter du 20 mai prochain alors que débuteront les
audiences en commission parlementaire.
Ce sera ainsi l'occasion d'examiner l'ensemble des questions relatives
au statut de l'artiste dont toutes les personnes que j'ai pu rencontrer depuis
que je suis en poste au ministère des Affaires culturelles m'ont
signalé, évidemment, l'urgence. En fait, s'agissant du statut de
l'artiste, la question ne se résume pas à des
éléments de droits d'auteur.
De la même façon que l'ensemble des travailleurs a
cherché, par le passé, à améliorer ses conditions
de travail, de la même façon il est profondément
légitime que les artistes attendent à leur tour de l'État
une attention particulière à ces questions.
Les travaux de cette commission parlementaire porteront ainsi sur quatre
objets d'études la formation et le perfectionnement; les salaires, les
honoraires, les droits pécuniaires liés aux droits d'auteur, les
contrats et les conventions de travail; les dispositions fiscales
spécifiques, les droits moraux, les lois du travail, la
sécurité sociale, la santé et la sécurité du
travail; et, enfin, les conditions dans lesquelles s'exerce la profession
artistique et, d'une manière générale, ce qui concourt
à la promotion et à la défense de la vie
professionnelle.
Au terme de cette commission parlementaire, nous ferons le point sur les
représentations faites de manière que le ministère et le
gouvernement prennent les dispositions destinées à corriger la
situation actuelle. Je dis bien le gouvernement, puisque d'autres
ministères seront sans aucun doute concernés par ces
dispositions. On n'a qu'à nommer le ministère du Travail, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
celui du Commerce extérieur et du Développement technologique,
celui des Affaires intergouvernementales canadiennes, celui de
l'Éducation, ainsi que le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, pour ne nommer que ceux-là.
Bref, ces dispositions constitueront donc une position gouvernementale
sur le statut de l'artiste. Inutile cependant d'espérer que nous
empruntions la voie d'un corporatisme absolu qui génère des
privilèges indus et que l'État seul prenne à sa charge le
statut de l'artiste. Nous ne ferons pas de suppléance qui confine
à la dépendance.
Aussi loin que nous puissions remonter dans le temps, nul ne peut
prétendre que la culture a occupé une place significative dans
les débats des parlementaires. Il y a bien eu quelques opérations
ici et là à travers les années ou quelques tentatives
singulières, mais jamais une question aussi fondamentale que le statut
de l'artiste n'a été portée à l'attention des
parlementaires.
Si on en vient à l'aide aux tournées, voilà une
autre question qui faisait l'objet d'une priorité dans le programme
culturel du Parti libéral. Nous connaissons tous l'exigüité
du marché québécois pour notre économie et cet
état de fait existe également pour la culture. La majorité
des compagnies dépendent de la tournée pour assurer leur survie:
tournées dans le milieu scolaire, tournées au Québec,
tournées à l'étranger. En cette matière, des choses
aussi simples qu'une banque de renseignements relative aux compagnies
artistiques et aux salles de spectacles disponible pour consultation nous font
défaut. Des réseaux de diffusion existent; ils sont cependant
fragiles. S'il est vrai que la fréquentation du spectacle
décroît au profit d'une consommation culturelle à domicile,
il serait imprudent de penser que le spectacle vivant disparaîtra au
profit du spectacle médiatisé. Cela fait désormais plus de
30 ans que ta télévision existe et, que je sache, la radio n'est
pas encore en voie de disparition. Tout en demeurant consciente de ces
phénomènes, il demeure on ne peut plus pertinent de soutenir la
diffusion du spectacle.
Notre objectif est simple: rendre accessible un plus grand nombre des
spectacles de théâtre, de musique, de danse et de
variétés de haut niveau.
Ainsi, des mesures immédiates ont été prises. Par
des réaménagements budgétaires, c'est près de 500
000 $ qui seront dépensés en 1986-1987 pour aider aux
tournées, sans compter les crédits qui vont à soutenir les
lieux de diffusion dans leur programmation. Les budgets affectés aux
tournées auront presque été multipliés par
trois.
En outre, j'examine actuellement différentes hypothèses
d'une structure destinée à favoriser les tournées. Bien
que je n'aie pas encore arrêté de choix pour un modèle, ce
qui ne devrait pas tarder, je peux immédiatement vous dire que je vais
privilégier un mécanisme léger, souple et efficace qui ne
drainera pas de fonds en coûts de gestion inutiles. Le temps venu, j'en
ferai part publiquement.
Si on en vient au rayonnement international, cette question est
omniprésente dans toutes les discussions à caractère
économique au Québec. Le rayonnement international constitue un
prolongement naturel du marché intérieur, trop étroit pour
assurer seul le développement harmonieux de nos entreprises. De la
même manière, il s'applique à la culture. La
société québécoise doit demeurer ouverte au monde,
favorisant la libre circulation des idées et des oeuvres; elle se doit
de confronter son expérience, de projeter sa différence et
d'enrichir sa condition par des échanges. Le dynamisme évident du
milieu culturel et le niveau d'excellence de plusieurs de ses oeuvres et de ses
produits exigent désormais une conception renouvelée du
rayonnement international. S'il est illusoire pour une entreprise de penser
percer le milieu international d'une manière constante sans une solide
implantation sur le marché intérieur, il est également
futile de prétendre soutenir toutes les bonnes initiatives
tournées vers l'étranger sans effectuer des choix suivants des
créneaux bien spécifiques. (10 h 45)
En cette matière des visées précises seront donc
poursuivies: assurer le développement disciplinaire des artistes et des
organismes culturels québécois; témoigner de
l'identité culturelle québécoise et en assurer
l'affirmation tant sur la scène canadienne qu'internationale;
élargir le marché des produits culturels québécois;
accroître l'ouverture de la collectivité québécoise
aux réalités culturelles internationales; s'inscrire
à part entière dans la francophonie culturelle
internationale.
Nous devons, évidemment, nous fixer des priorités
d'action, soit le perfectionnement des artistes et artisans
québécois susceptibles d'élargir ainsi leur rayonnement au
Québec, ailleurs au Canada de même qu'à l'étranger;
la diffusion de la culture québécoise sur la scène
internationale et ailleurs au Canada; il nous faut aussi faire la promotion
commerciale des biens et services culturels du Québec ailleurs au Canada
et à l'étranger (on peut parler des livres, des
périodiques, des disques, des films, des spectacles et des
métiers d'art): la présence culturelle du Québec dans les
grands forums internationaux est aussi essentielle.
Permettez-moi, un instant, de revenir sur le premier sommet de la
francophonie internationale. Par-delà les problèmes concrets qui
confrontent chacun des pays membres, par-delà les rapports nord-sud qui
ont mobilisé une partie des débats, il est une question
fondamentale qui transcende toutes les autres et qui était sous-jacente
à ces assises; je veux parler du rayonnement de la langue
française dans le monde. Si le Québec est la preuve vivante qu'il
est possible de vivre en français dans un univers anglophone, il est
sans doute fort bien préparé pour jouer un rôle culturel de
premier plan sur la scène internationale. Du reste, les propositions que
nous avons mises de l'avant lors du premier sommet indiquent clairement que
nous pouvons contribuer activement à la création d'un espace
culturel francophone dans le monde.
En agissant de la sorte, nous sommes conscients de rejeter des
façons de faire antérieures souvent marquées par une
absence de véritables priorités. Autant la confrontation des
artistes est nécessaire à leur progression, autant leurs produits
doivent être capables de se comparer à ce qui se fait de mieux
à l'étranger. Si les marchés sont aujourd'hui mondiaux, il
n'y a de place, sur ces marchés, que pour l'excellence. Ce sera
là ce que nous privilégions. Une fois encore, par un processus
interne de réallocation de ressources actuellement en cours, le
ministère des Affaires culturelles va lui-même autofinancer ces
activités prioritaires à l'égard du rayonnement
international.
Il y a une révision du cadre institutionnel qui est
nécessaire. Les responsabilités fondamentales de l'État en
matière de culture, de même que les priorités de
développement qui seront les nôtres en 1986-1987 n'épuisent
pas le programme de travail que nous nous sommes tracé. Je vous ai dit
que le changement pouvait et devait se manifester de multiples façons.
J'ai également indiqué une préférence pour les
mécanismes et les structures souples qui n'entraînent pas de
coûts de gestion élevés. Sous ces rapports, notre
pensée s'articule autour de la simplification administrative qui
découle naturellement d'un rapport étroit entre la rareté
des ressources et l'indispensable efficacité. Il faut donc, à mon
avis, se pencher de plus près sur le cadre institutionnel de la culture.
Déjà, en matière de patrimoine, des gestes récents
destinés à accorder de nouveaux pouvoirs aux municipalités
ont été posés.
De plus, dès les premières semaines de mon entrée
en fonction, je m'étais publiquement interrogée sur
l'opportunité de maintenir quatre organismes autonomes destinés
à gérer la Charte de la langue française. Il est manifeste
aujourd'hui que la configuration administrative ne peut plus demeurer
celle-là. Ce que cette situation met en lumière, c'est une
fragmentation administrative atomisée qui risque de paralyser toute
réflexion d'ensemble sur l'organisation des services publics.
Dans le champ culturel, il y a encore de l'espace pour des
réaménagements administratifs susceptibles de simplifier la
façon de rendre le service public. Prenons l'exemple des institutions
nationales que sont les Archives nationales, la Bibliothèque nationale,
le Conservatoire de musique et d'art dramatique. Toute société
moderne dispose d'un semblable réseau d'institutions. Parce qu'elles ont
moins de visibilité de premier niveau, on a parfois tendance à
tenir leur existence pour acquise sans se soucier davantage ni de leurs
besoins, ni de l'étendue de leurs fonctions. Le temps ne serait-il pas
venu de procéder à un examen détaillé de la
situation de ces institutions?
Passons maintenant aux Archives nationales. La
réévaluation des moyens que l'État s'est donnés
pour rationaliser la gestion de ses propres archives, de même que pour
améliorer la conservation et la diffusion des archives publiques et
privées, est rendue nécessaire par les contraintes
budgétaires. Ces moyens sont essentiellement définis dans des
règlements, des politiques et des décisions administratives. Ils
concernent notamment la gestion des archives semi-publiques et
l'agrément des centres d'archives privées. J'ai pris la
décision de former un groupe de travail de trois personnes qui devra
faire rapport dans huit semaines et dont le mandat est d'examiner le partage
des responsabilités entre les différents intervenants,
d'identifier les politiques et mesures susceptibles de rationaliser la gestion
des archives, d'en accroître l'accessibilité et de proposer des
nouvelles voies de conservation. J'ai parfois aussi le sentiment que
l'État est trop présent et qu'il est aussi possible, compte tenu
des ressources existantes sur le territoire, d'en arriver à faire tout
autant sans une réglementation aussi détaillée.
La situation du conservatoire est
différente. Il s'agit d'un réseau de formation
professionnelle en arts d'interprétation dont le développement a
été altéré au cours des années par la
conjonction de nombreux phénomènes. Or, la formation
professionnelle en musique et en théâtre, de même qu'en
danse, même si celle-ci ne relève pas pour le moment du
conservatoire, présente des caractéristiques uniques: continuum
des études indépendamment du niveau académique; formation
permanente sur onze mois; à l'exception du théâtre,
début de la formation en bas âge, nécessité d'un
large bassin de recrutement.
Un moment, s'il vous plaîtl
Le Président (M. Trudel): Prenez le temps qu'il faut.
Mme Bacons C'est mon voisin qui fume et qui me
dérange.
Le Président (M. Trudel): II partage ce vice avec le
député de Saint-Jacques, à ce que je vois.
M. Boulerice: Ne donnez pas le goût de fumer à Mme
la députée de Vachon. Quant à mes cigarettes, elle s'en
sert trop souvent.
Mme Bacon: L'état de développement du conservatoire
montre nettement un retard sur des organisations scolaires modernes, qui se
traduit notamment par des besoins de consolidation administrative et
financière. Déjà, la refonte complète du
régime pédagogique est en cours. Ma réflexion ne
s'arrête pas là et c'est à la lumière du mandat
premier du conservatoire, soit la formation profesionnelle, et des similitudes
de cette formation en arts d'interprétation que nous poursuivrons le
développement de ce réseau. Cela pourrait vouloir signifier que,
s'il se trouve des activités d'éducation artistique et
d'initiation musicale dans ce réseau, ces activités pourraient
être remises en cause. S'il se trouve des dédoublements, ils
devraient être éliminés. De même, je serai attentive
aux modèles de développement de la formation professionnelle en
danse.
À la Bibliothèque nationale, le poids grandissant du
dépôt légal et les compressions antérieures ont eu
pour effet de sacrifier les opérations d'inventaire et de traitement
documentaire pour lesquelles aujourd'hui le retard est considérable.
Bref, plus la Bibliothèque nationale satisfait aux exigences
légales de son mandat, plus elle compromet la mise en valeur et
l'accessibilité de ce patrimoine. La première solution qui vienne
à l'esprit serait de se contenter de hausser son niveau de ressource. Si
nous agissons de la sorte, il y a fort à parier que la situation en
serait au même point dans dix ou quinze ans. N'y aurait-il pas lieu de se
pencher sérieusement sur le cadre légal qui régit les
activités de la Bibliothèque nationale sans pour autant
altérer l'essentiel de son mandat?
De même, l'application de la Loi sur le cinéma a conduit
à mettre en place un certain nombre d'organismes dont les mandats se
juxtaposent: mandat consultatif, mandat de gestion et mandat de
réglementation. Ne serait-il pas opportun en ce moment de songer
à réviser le modèle d'organisation que le Québec
s'est donné en cette matière? Et, ce faisant, en serions-nous
à sacrifier l'essentiel? Permettez-moi d'en douter a priori.
Enfin, le cas de la recherche culturelle soulève de semblables
interrogations. Nous reconnaissons volontiers que celle-ci est utile, voire
indispensable à une solide compréhension des
phénomènes culturels. En cette matière cependant, comme,
du reste, à l'égard de la création, il ne peut exister de
mandat exclusif, ni de statut particulier qui aurait pour effet de
privilégier certains lieux plus que d'autres. Les universités
font de la recherche. Nos grandes institutions ont également besoin de
mener certains travaux de recherche. Le ministère lui-même doit
conduire certains travaux de cette nature. N'est-il pas alors permis de
s'interroger sur la configuration administrative de l'actuel Institut
québécois de recherche sur la culture?
En citant ces exemples, mon intention n'est pas d'emboîter
aveuglément le pas aux travaux de certains de mes collègues sur
la privatisation de nos grandes institutions. En cette matière, le
ministère des Affaires culturelles n'est pas un bon exemple; il ne s'y
trouve guère d'institutions dont la taille et la place sont telles
qu'elles occupent un terrain qui serait avantageusement mieux occupé par
le secteur privé. Je suis, par ailleurs, convaincue à l'avance
que la spécialisation des fonctions ne doit pas obligatoirement
déboucher ni sur une réglementation lourde ni sur une
fragmentation des structures et des organismes. En empruntant un qualificatif
du domaine de l'environnement, je dirais que notre cadre institutionnel et nos
réglementations devraient apprendre à devenir
biodégradables. Mes anciennes fonctions, M. le Président.
En conclusion, mesdames et messieurs les membres de la commission,
j'estime vous avoir présenté ce matin, pendant ces quelques
minutes, t'embryon d'un véritable plan d'action pour la culture. Certes,
je n'ai pas la prétention de croire que tout est au point et qu'il ne
nous reste plus qu'à nous déplacer sur cette trajectoire.
Beaucoup d'analyses demeurent à compléter avant d'arrêter
des décisions finales. Je sais, cependant, que nombre
d'éléments qui prennent place dans ce discours non seulement
obtiennent l'assentiment des milieux
culturels, mais m'ont été verbalisés directement
par eux.
Le virage que nous nous apprêtons à prendre est un
véritable défi pour tous: défi pour les gens de culture,
défi pour le gouvernement, défi pour les fonctionnaires. Nous en
sommes à une croisée des chemins exaltante. Il serait suicidaire
de prétendre résister aux changements que nous vivrons au cours
des prochaines années. Pour ma part, j'ai pris parti pour le pilotage de
ce changement, mais je n'entends pas le réaliser seule. Il serait, du
reste, paradoxal que le gouvernement soit seul à prendre le virage alors
qu'il nous semble souhaité par tous. Je compte donc sur une
étroite collaboration de toutes les personnes concernées, en
commençant par nous tous, les membres de la commission parlementaire de
la culture. Je serai volontiers à l'écoute des points de vue de
tous nos partenaires, individus, organismes, municipalités,
institutions, sociétés et fonctionnaires, partenaires pour
lesquels j'ai le plus grand respect.
J'aimerais avant de terminer, M. le Président, dire un mot sur
les régions. Évidemment, on est présent sur tes
territoires, on va aussi continuer de l'être dans un contexte de
compressions qui n'est pas facile à vivre aussi pour nos régions,
afin de continuer à assurer un bon service à la clientèle
et aussi de tenir compte des spécificités de chaque
région. Dans ce contexte, je vais poursuivre la tournée que j'ai
déjà commencée dans deux régions afin d'être
à l'écoute du milieu et d'ajuster l'action du ministère
à ces réalités régionales.
Sur ce, M. le Président, je vous invite à un examen
détaillé des crédits du ministère.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. Vous
nous avez donné au cours de ces quelques minutes beaucoup de
matière à réflexion. J'invite maintenant le porte-parole
officiel de l'Opposition à nous faire part de ses remarques
préliminaires. Je passerai ensuite aux autres membres de la commission
si d'autres membres de cette commission avaient des remarques
préliminaires à faire. M. le député de
Saint-Jacques. (11 heures)
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, Mme la ministre, chers
collègues de cette commission, je suis d'abord très heureux
d'être ici ce matin en tant que porte-parole officiel de mon parti en
matière culturelle. Cette première expérience de
l'étude des crédits va nous permettre de mieux connaître
pendant ces quelques heures, les intentions du gouvernement dans ce secteur au
cours de l'exercice 1986-1987, mais aussi pour les trois ou quatre prochaines
années.
Je tiens à remercier les fonctionnaires du ministère des
Affaires culturelles pour la qualité des informations produites en
réponse aux demandes de renseignement de l'Opposition. L'on me
permettra, M. le Président, cela est bien légitime, de saluer
particulièrement Mme Martin et M. Juneau avec qui j'ai eu le plaisir de
travailler lorsque j'avais le bonheur d'être au conseil d'administration
du Musée d'art contemporain. Si elle devait être à
l'écoute des travaux de notre commission, vous me permettrez de
remercier Mme Leduc pour l'extraordinaire qualité des services qu'elle a
rendus à ce ministère.
Au moment d'aborder l'étude des crédits 1986-1987 du
ministère des Affaires culturelles, je dois vous dire que je suis
à la fois très déçu et très inquiet des
actions posées par le gouvernement actuel et par son attitude à
l'endroit de la culture, inquiet, parce qu'à la lumière de
moratoires imposés sur des projets d'équipements culturels
majeurs et de coupures de près de 17 000 000 $ pour les Affaires
culturelles, il est aisé de constater que la culture ne constitue pas
une priorité pour ce gouvernement aveuglé par une approche
purement comptable de l'ensemble des questions sociétales. Pourtant, la
culture dans sa forme polymorphe constitue le moyen d'expression
privilégié de notre spécificité en tant que
peuple.
Inquiétude et déception, M. le Président, parce que
les actions de ce gouvernement et de son titulaire des Affaires culturelles
compromettent un certain nombre d'acquis dans le secteur culturel
progressivement mis en place par le gouvernement précédent. Au
cours des neuf dernières années, un nombre substantiel
d'interventions auront permis de contribuer au développement réel
du secteur culturel. D'abord au plan du soutien des artistes dont la culture
est essentiellement le produit, plusieurs programmes d'aide spécifique
ont été mis en place dans les domaines de la danse, du
théâtre, des arts plastiques, de la littérature, de la
musique et du cinéma. Citons entre autres la création de la
Banque d'oeuvres d'art, des programmes "Accessibilité" et "Art et
Innovation". Puis, d'autres programmes devaient favoriser la promotion et la
diffusion de nos produits culturels, notamment par l'aide aux tournées
et à l'industrie du disque et du spectacle.
Le secteur culturel est aussi un secteur économiquement dynamique
et où le coût de création d'un emploi est parmi les plus
bas. Force économique réelle, les industries culturelles
représentaient en 1981 au Québec 58 000 emplois, 600 000 000 $ en
salaires et un chiffre d'affaires de 2 000 000 000 $.
Pour assurer la protection et la promotion de nos industries
culturelles, le
gouvernement du Parti québécois a donné à
celles-ci des outils qui visaient à favoriser leur
épanouissement. La Loi sur le développement des entreprises
québécoises dans le domaine du livre a procuré aux maisons
d'édition et aux librairies québécoises des moyens de se
développer, de prospérer et de faire l'envie même de nos
voisins du Sud. Créée en 1978, la Société de
développement des industries culturelles, la SODIC, devait devenir un
instrument financier important au service de la création et du
développement d'entreprises culturelles. En 1982, son mandat fut
élargi au secteur des entreprises de communication. En 1983, la
Société générale du cinéma fut
constituée en vertu de la Loi sur le cinéma pour promouvoir la
création cinématographique au Québec et la diffusion du
cinéma québécois à l'étranger.
Quant au développement de la vie culturelle en régions, un
certain nombre de gestes ont été posés pour
accroître le dynamisme de cette vie culturelle. La politique de
régionalisation du ministère a permis la mise sur pied de dix
directions régionales qui ont pour mandat principal de gérer les
programmes d'aide destinés aux individus, aux organismes et aux
institutions. Les conseils régionaux de la culture furent
constitués pour susciter l'expression des attentes du milieu. Des
investissements majeurs furent aussi consacrés au développement
d'un réseau de bibliothèques municipales.
Je me réjouis de voir que la ministre des Affaires culturelles
refera cette tournée des régions qu'avait entreprise M. Richard
lors de sa nomination comme ministre.
Quant au développement des équipements culturels, le
programme d'aide à l'implantation et à l'amélioration des
équipements culturels s'est traduit par une implication croissante des
municipalités, des municipalités régionales de
comté et des organismes locaux ou régionaux dans les projets
d'équipements culturels. Les ententes se sont aussi multipliées
avec les municipalités, notamment pour la protection et la mise en
valeur du patrimoine. Ce partenariat municipalités-ministère a
été confirmé dans le domaine du patrimoine par une
capacité d'intervention qui a été accrue en vertu des
dispositions de la Loi modifiant la Loi sur les biens culturels, laquelle avait
été adoptée en juin 1985.
Dans cet esprit, des ententes se sont concrétisées pour la
restauration du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal. D'ailleurs, le
renouvellement de l'entente de 20 600 000 $ concernant le Vieux-Québec,
signée en février dernier, a été
négocié par le précédent titulaire des Affaires
culturelles.
Dans le but d'intensifier le développement de lieux de production
et de diffusion de la culture, le précédent gouvernement a
multiplié les interventions dans le cadre du programme d'implantation
d'équipements culturels. Ces interventions, favorisant le
développement des diverses manifestations culturelles, segments de la
culture, par un accès adapté aux besoins de la population a
ceux-ci, se sont traduites par des réalisations et des projets en voie
de l'être: agrandissement du Musée du Québec,
relocalisation du Musée d'art contemporain, agrandissement du
Musée des beaux-arts, mise en chantier du Musée de la
civilisation, Musée Riopelle, projet de construction de la salle de
concert de l'Orchestre symphonique de Montréal.
Ces interventions au niveau des équipements culturels supposaient
deux objectifs: la consolidation de nos institutions nationales, d'une part, et
le renforcement de Montréal comme métropole culturelle, d'autre
part.
La consolidation de nos institutions nationales, au-delà des
projets - d'immobilisation ou d'équipement, s'est
concrétisée par l'adoption de la Loi sur les archives, ainsi que
par l'adoption de projets de loi conférant le statut de
sociétés d'Etat au Musée du Québec et au
Musée d'art contemporain et ce, dans le but d'accroître leur
autonomie. Nous ne saurions remettre en cause ces décisions.
Le renforcement du rôle de Montréal comme métropole
culturelle s'est appuyé, outre le volet des équipements
culturels, sur un certain nombre de gestes. Le programme d'aide aux
événements majeurs a permis la consolidation et l'expansion
d'événements primordiaux et ayant des retombées
touristiques importantes: le Festival international de jazz de Montréal,
le Festival des films du monde, le Festival "Juste pour rire".
Cette même volonté politique a permis la tenue de
l'exposition, couronnée de succès, sur Pablo Picasso au
Musée des beaux-arts et celle de Miro qui est prévue, en cette
même enceinte, à l'été 1986. Je rends hommage,
à cet égard, à M. Richard dont la ténacité
et l'initiative auront permis la tenue d'expositions exceptionnelles à
Montréal. Les expositions de Picasso et de Ramsès auront servi de
véritables locomotives permettant à Montréal de
connaître, en 1986, une année exceptionnelle sur le plan du
tourisme et du tourisme culturel. Dois-je ajouter Les cent jours d'art
contemporain qui, en plus d'être un succès, auront permis la
manifestation de la créativité de ceux et celles qui forment la
relève en arts plastiques''
Bref, l'ensemble des interventions menées depuis 1976 a permis de
rattraper un retard que nous accusions par rapport aux nations dont le niveau
général de développement était comparable au
nôtre. L'héritage le plus important de cette réelle
volonté politique de développer notre milieu culturel demeure,
certes, l'élaboration et la mise en oeuvre du programme d'action en
1983, à la
suite d'une consultation - je le disais tantôt - menée dans
le Québec auprès de l'ensemble des intervenants de ce milieu. Ces
interventions du précédent gouvernement se sont traduites par des
acquis qui ne sauraient être compromis.
C'est pourquoi nous nous inquiétons sérieusement, M. le
Président, de la place faite à la culture dans les politiques du
gouvernement du Parti libéral à la suite des gestes posés
et des décisions prises depuis son arrivée au pouvoir.
Nous sommes déçus à la fois parce que ces gestes et
décisions vont à l'encontre des engagements électoraux
pris en cette matière par le Parti libéral au cours de la
dernière campagne électorale.
L'engagement électoral du Parti libéral de consacrer 1 %
du budget de l'État au secteur culturel n'a pas été
atteint. Au contraire, des coupures de 17 000 000 $ dans le budget du
ministère des Affaires culturelles nous éloignent encore
davantage de cet engagement. Ces coupures touchent principalement le secteur
des équipements culturels, l'aide aux municipalités et le soutien
aux artistes, donc, sont en profonde contradiction même avec le discours
inaugural.
Coupure de 3 200 000 $ dans le programme de soutien a l'implantation et
à l'amélioration des équipements culturels. Cette coupure,
M. le Président, risque de compromettre l'implication de plusieurs
municipalités dans la mise en place d'une infrastructure
d'équipements culturels répondant aux besoins des
régions.
Coupure de 4 000 000 $ dans le programme d'aide à l'implantation
et au fonctionnement des bibliothèques municipales. On est loin, encore
là, de l'engagement du Parti libéral d'apporter aux
municipalités un soutien accru pour l'établissement de
bibliothèques et l'acquisition de volumes. Ces deux coupures, totalisant
7 200 000 $, affectent directement la vie culturelle de l'ensemble des
régions, compromettant ainsi certains acquis des dernières
années en ce domaine.
Au niveau du programme 4, Soutien et promotion des arts, lettres,
musées et industries culturelles, l'on assiste à une croissance
zéro de cette enveloppe budgétaire, lorsque nous excluons les 2
000 000 $ prévus pour l'implantation d'une usine de disques
audionumériques à Drummondville. En terme? réels,
lorsqu'on tient compte de l'inflation, la croissance zéro de cette
enveloppe se traduit par une coupure réelle de près de 4 % dans
les secteurs de la danse, du théâtre, de la musique et du
livre.
En fait, pour ce programme 4, un plan de compressions fut
appliqué pour permettre un réaménagement budgétaire
qui procure les sommes nécessaires au développement de
priorités ministérielles, mais sans injection d'argent neuf ou de
nouveaux crédits dans ce programme. Ce plan de compressions va se
traduire, notamment, par une diminution de 600 000 $ consacrés à
l'aide financière à la production, à la commercialisation,
à la promotion des arts plastiques, du disque, du livre et du spectacle,
une diminution de 365 000 $ du soutien au secteur du livre et de
l'édition, une diminution de 300 000 $ pour le soutien aux artistes,
principalement au niveau de la formation.
 l'ensemble des précédentes coupures s'ajoute celle
de 7 500 000 $ par le report d'une année de l'ouverture du Musée
de la civilisation à Québec. Ce musée aura
été la victime de la série de moratoires concernant les
équipements culturels majeurs.
Ces moratoires risquent de compromettre, Mme la ministre, la
réalisation de projets d'équipements majeurs ou, à tout le
moins, d'en retarder la réalisation de quelques années. La ville
de Montréal en a vraiment besoin si elle veut être la capitale
culturelle du pays. Plus particulièrement encore, l'est de
Montréal a un besoin urgent de revitalisation qui va au-delà de
la multiplication de comités sur l'avenir de l'est de
Montréal.
La ministre a confié à M. Jean-Pierre Goyer,
président du Conseil des arts de la Communauté urbaine de
Montréal, le mandat de vérifier s'il y avait un besoin
réel d'une maison pour l'OSM et d'en évaluer l'impact sur la
Place des Arts. Il faut espérer que M. Goyer va réussir à
convaincre la ministre du bien-fondé de ce projet. M. Goyer
s'inquiétait même récemment du fait que la vie culturelle
s'étiolait à Montréal et s'interrogeait. Je le cite:
"Toronto se dit la capitale culturelle du pays. Ce n'est peut-être pas
vrai, mais si on n'est pas réaliste et si on n'agit pas vite, ce sera
vrai. Â Montréal, on n'a toujours pas les moyens. " La Presse, 11
mars 1986.
Si l'inquiétude de M. Goyer ne suffit pas à convaincre la
ministre, je la renvoie aux propos de son collègue, le
député de Bourget et porte-parole de son parti en matière
culturelle, lors de la campagne électorale, qui déclarait
justement à propos de l'Orchestre symphonique de Montréal! "Le
site n'est toutefois pas mis en doute (... ) Il est certain que le principe
d'une maison pour l'orchestre symphonique ne sera jamais remis en question par
un gouvernement libéral". La Presse, 24 octobre 1985.
Le député de Bourget allait même plus loin sur
certains autres projets d'équipements culturels sur lesquels
pèsent actuellement des moratoires décrétés par le
présent gouvernement libéral. Le 24 octobre 1985, il disait: "II
faut un musée d'art contemporain à Montréal, il faut une
salle de concert à Montréal. On veut un musée de la
science et de la technologie".
J'ose espérer que Mme la ministre sera assez respectueuse pour ne
pas désavouer les propos de son collègue qui faisait, à ce
moment le point avec les journalistes sur la plate-forme libérale en
matière de culture. Et on ne rit pas des promesses qu'on a faites
à un peuple, madame.
Il faut souhaiter que le projet de maison de l'OSM ne soit pas compromis
et qu'il se concrétise dans l'est de Montréal, parce que ce
secteur de la métropole en a un urgent besoin, je le
répète.
L'exiguïté et l'accès difficile pour le public du
site de la Cité du havre devraient suffire à convaincre la
ministre de la nécessité de construire le nouvel édifice
du Musée d'art contemporain dans les meilleurs délais. Le sort
réservé à la maison de la science est-il celui de
l'abandon en douceur? Je vous pose la question. La participation du
ministère des Affaires culturelles de 25 000 000 $ dans le projet
d'agrandissement du Musée des beaux-arts est-elle compromise, Mme la
ministre? Ou est-ce que l'exigence de la tenue d'audiences publiques,
conditionnelle à l'octroi de la subvention -intervention dans le secteur
privé, d'ailleurs - permet au gouvernement de gagner du temps et
d'éviter d'investir dans d'autres projets d'équipements
culturels? (11 h 15)
II faut espérer que les moratoires qui pèsent sur un bon
nombre de projets d'équipements culturels dans la région de
Montréal ne servent pas à préparer les esprits à
une non-réalisation de ces promesses et de ces engagements. Car
Montréal, pour renforcer sa position de métropole, je vous le
redis, doit pouvoir compter sur d'autres Ramsès, d'autres Picasso et sur
d'autres Miro.
Nous attendons que la ministre des Affaires culturelles daigne enfin
nous dire quelle sera son attitude dans le dossier de l'avenir de la culture
dans toutes ses manifestations et des équipements culturels à
Montréal et dans l'ensemble du Québec.
Si nous parlons de l'ensemble du Québec, c'est que notre
formation politique a toujours eu un profond intérêt pour le
développement des régions, à l'inverse du gouvernement
actuel. Notre préoccupation première - les directions
régionales que nous avons créées en sont un exemple
précis - je peux la résumer par l'image suivante: à quoi
sert de nourrir la tête et le coeur d'un corps, sî nous laissons
ses membres s'atrophier? Le développement culturel en région est
d'une importance - et il est heureux qu'on le dise à Québec -
capitale.
Je tiens à assurer la ministre qu'elle pourra compter sur la
collaboration vigilante de notre parti en matière de culture et nous
n'entendons soutenir ou cautionner aucun recul dans ce domaine.
En terminant, nous sommes déçus des gestes et des actions
posés par ce gouvernement en matière de culture pour l'avoir
choisie, cette culture, comme une victime privilégiée sur l'autel
des compressions budgétaires, entretenant par le fait même le
préjugé populaire défavorable à l'égard de
la culture, comme si ce n'était qu'un luxe que l'on pouvait s'offrir en
temps d'opulence comme société. La culture, c'est la
première qualité de la vie.
Je souhaiterais connaître au cours des heures - et je sais qu'on
va le faire - qui vont suivre les priorités, ainsi que les positions que
vous comptez défendre dans les grands dossiers qui concernent la
culture, notamment l'impact des négociations sur le libre-échange
sur la culture québécoise.
Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Je résisterai au plaisir de
répondre même si j'ai été mis en cause dans votre
texte et je m'en tiendrai au rôle de président pour le reste de la
journée.
Est-ce qu'il y aurait d'autres membres de la commission qui voudraient
faire des remarques préliminaires? Est-ce que, Mme la ministre, vous
auriez...
Mme Bacon: II y aurait beaucoup de réactions, M. le
Président...
Le Président (M. Trudel):... la tentation de profiter de
votre droit de réplique?
Mme Bacon: Je ne peux pas résister à la tentation,
M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Vous ne pouvez pas
résister à la tentation. Succombez, madame.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: J'ai tenté, dans la lecture de mon
intervention, de situer le débat d'une façon non partisane, de le
situer pour le plus grand bien de la culture québécoise et de le
situer à un niveau tel que nous ne tombions pas dans des
considérations partisanes. Il est vrai que le député de
Saint-Jacques n'avait pas reçu cette intervention à l'avance et
qu'il devait préparer ses notes d'intervention pour ce matin. Je
déplore le fait que lui ait choisi nettement la partisanerie pour son
intervention initiale. Ce n'est pas comme cela que l'on améliore la
culture au Québec, M. le Président, et je n'ai pas l'intention de
tomber dans cette même partisanerie.
Je le regrette fortement. Je prendrai peut-être la dernière
intervention du député quand il nous dit que les régions
ont été de première importance pour l'ancien gouvernement.
Je viens tout juste de visiter, jeudi, municipalité par
municipalité, la région des
Laurentides pour me faire dire par l'ensemble des intervenants, à
qui je n'ai pas demandé s'ils étaient des libéraux ou des
péquistes, que c'était la première fois qu'ils voyaient un
ministre des Affaires culturelles se rendre chez eux, visiter chez eux les
équipements culturels et c'était la première fois qu'un
ministre daignait visiter municipalité par municipalité les
Laurentides. Le Parti québécois, il me semble, a
été au pouvoir pendant neuf ans et demi. Donc, je n'ai pas de
leçon à recevoir du député de Saint-Jacques sur
l'intérêt du gouvernement libéral face aux
régions.
Dès mon arrivée au ministère, j'ai prévu la
tournée des dix régions du Québec et il est évident
que cette tournée qui est commencée est bien enclenchée,
ce qui nous permet, je pense, de rencontrer l'ensemble des intervenants, de
mettre des noms, des visages sur les dossiers que nous devons étudier au
ministère. Cela nous permet aussi un rapprochement avec le milieu afin
de faire un meilleur inventaire des équipements culturels. Dès
que nous aurons le temps - je n'ai pas l'intention d'être absente de la
période de questions de la Chambre - malgré la session, nous
allons tenter de faire le plus rapidement possible la tournée de
l'ensemble des régions qu'il nous reste à faire. Donc,
là-dessus, je n'ai pas de leçon à recevoir de
l'Opposition.
Une coupure de 17 000 000 $. Ce n'est pas le cas, M. le
Président. C'est une coupure de 7 000 000 $. J'aimerais tout de suite
rétablir les faits. Il est faux de prétendre que les choix que
nous faisons mettent en cause tous les acquis du ministère des Affaires
culturelles et les acquis du milieu culturel, les lois, le rôle de
Montréal comme capitale et les régions. Je reviens à ce
dossier des régions. On a à notre budget, au niveau des
événements majeurs, 200 000 $ d'augmentation. Je ne pense pas
qu'on mette en péril les événements majeurs. Il y a une
chose que nous allons faire, par exemple. Nous allons accorder ces sommes et
cette augmentation de budget, puisque augmentation il y a, avec discernement,
nous allons les accorder afin de rétablir l'équilibre quant au
soutien des artistes et des créateurs et quant au soutien de l'ensemble
du milieu culturel.
Nous avons ciblé nos compressions de 7 000 000 $ - je le
répète encore, 7 000 000 $ - dans deux secteurs où il y a
lieu d'examiner notre action et de faire en sorte que nous puissions faire
intervenir dans ces secteurs - ce qui est plus facile dans ces secteurs - les
partenaires possibles. Donc, même dans les secteurs où nous avons
dû faire certaines interventions budgétaires, avec l'intervention
de nos partenaires, nous n'allons pas priver le milieu culturel des sommes
nécessaires pour continuer à oeuvrer et à agir.
Montréal doit compter aussi sur le secteur privé. C'est le
dynamisme culturel et économique de Montréal qui va faire en
sorte que le milieu culturel reçoive les sommes nécessaires pour
y arriver, pour que nous puissions maintenir les institutions qui existent
déjà et continuer à ajouter à ces institutions,
à cet équipement culturel les équipements culturels dont
nous avons besoin. Là non plus je n'ai pas de leçon à
recevoir sur la place faite à la culture à l'intérieur de
ce budget, dans les notes préliminaires que je vous ai données
tout à l'heure. Nous devons faire une rationalisation des
dépenses, c'est ce que nous faisons. Nous devons aussi faire porter
notre action sur des moyens de faire et sur des sources de financement et des
structures. En faisant cela, nous ne priverons pas le milieu culturel des
sommes dont il a besoin. Ce sont les remarques que je voulais faire.
Encore une fois, M. le Président, je ne veux pas tomber non plus
et lancer un débat sur les déclarations qui ont été
faites par qui que ce soit au préalable. J'ai donné ma vision des
choses du milieu culturel à la suite de l'expérience que j'ai
depuis les alentours du 2 décembre. J'ai voulu aussi donner une vision
la plus positive possible quant à l'avenir de la culture au
Québec. Le fait de faire intervenir des collègues du cabinet dans
des dossiers culturels est déjà le gage que l'avenir de la
culture ne doit pas être une préoccupation en ce moment. Nous
avons voulu, par l'intervention de certains ministères, comme dans le
dossier de la commission parlementaire sur le statut de l'artiste, un dossier
dont nous cherchons certains morceaux parce que l'ancien gouvernement a fait
réaliser des études par M. Charron que nous ne retrouvons pas...
C'est à peu près comme certains documents sur le cinéma
que nous ne retrouvons pas non plus. Si on veut entrer dans ces
considérations, nous allons peut-être être obligés de
donner les informations précises. Mais, encore une fois, je vais tenter
de le faire avec toute la sérénité dont je suis capable.
Je vais demander au député de Saint-Jacques de faire la
même chose. Ce n'est pas de cette façon que nous allons aider la
culture au Québec. Je pense que si nous prenons, dès ce matin,
l'attitude nettement partisane qu'il a prise... Je dois vous dire, M. le
Président, que je regrette une telle attitude. Je voulais donner le ton
par mon document. Je croyais que le député de Saint-Jacques avait
la même façon d'envisager les dossiers culturels. Je
déplore qu'il ait commencé sur cette base partisane. Il aura
quand même toute la journée pour ajuster son tir et pour poser des
questions, et j'ai toute la journée pour donner les réponses dont
il a besoin. Merci.
Le Président (M. Trudel): Moi, j'ai
toute la journée pour vous écouter. Merci, Mme la
ministre. On n'a pas déterminé la façon dont on
procéderait au cours de la journée, Est-ce qu'on a l'intention,
de part et d'autre - je vous pose la question, Mme la ministre, ainsi
qu'à M. le député de Saint-Jacques - de procéder
programme par programme et d'avoir une discussion générale de
quelques minutes auparavant?
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je proposerais une demi-heure d'échange
général; après, on pourrait y aller programme par
programme, c'est-à-dire les programmes 1, 2, 3, 4 et 5.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, est-ce que
cette façon de procéder vous satisfait? Vous êtes
d'accord?
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Trudel): Tous les membres de la
commission sont d'accord? Alors, allons-y, d'abord, pour une première
période d'une demi-heure, de façon générale, et
nous passerons à l'étude programme par programme par la suite. M.
le député de Saint-Jacques.
Discussion générale
M. Boulerice: Je vais en profiter immédiatement, M. le
Président, pour rappeler à Mme la ministre des Affaires
culturelles que, si elle traite mes propos de partisans, je dois
reconnaître en elle, depuis déjà cent jours, un
maître en la matière, dont je me suis fort bien inspiré
aujourd'hui.
Quand on dit qu'on est partisan, madame, mais que pour soutenir cela on
rappelle des engagements électoraux que votre parti a pris devant la
population du Québec, à ce moment-là, est-ce que c'est
vous qui étiez partisans? Je ne le sais pas. Nous sommes peut-être
partisans, mais nous savons également compter. Le détail des
compressions est bien de 17 000 000 $, madame. Il est de 4 000 000 $ pour les
bibliothèques municipales, de 3 600 000 $ pour les équipements
culturels, de 1 600 000 $ aux crédits du programme 4 et de 7 500 000 $
pour le report d'une année de l'ouverture du Musée de la
civilisation. Est-ce que savoir compter, de nouveau, devient partisan? Je ne le
sais pas. C'est peut-être de ne pas savoir compter qui, à ce
moment-là, devient partisan.
Mme Bacon: Peut-être une explication, M. le
Président. Je ferai distribuer tout à l'heure - parce que j'ai
demandé qu'on en fasse des copies - le budget modifié. Avec la
modification du budget, je pense que le député de Saint-Jacques
verra que mes chiffres sont non seulement réalistes, mais réels,
avec les corrections que nous pourrons lui faire parvenir.
M. Boulerice: Mais le budget modifié, M. le
Président, cela concerne quels programmes?
Mme Bacon: Le budget total. M. Boulerice: Le budget
total.
Mme Bacon: Alors, les 7 000 000 $ sont véridiques.
M. Boulerice: Alors, je vais vous demander, Mme la ministre,
pourquoi les crédits du programme 4 n'étaient pas
définitifs. Cela me semble très improvisé quant aux
décisions à prendre.
Mme Bacon: II y a eu, M. le Président, des ajustements
mécaniques avec le Conseil du trésor quant à
l'incorporation de la Charte de la langue française à
l'intérieur de nos budgets. Ce sont ces ajustements qui ont fait qu'il a
fallu changer certains chiffres qui avaient été fournis au
préalable.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, si je comprends
bien, les changements dont vous parlez, ce sont ceux par rapport aux
crédits qui ont été déposés le 25 mars
dernier.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: C'est bien entendu que cela affecte le budget
global parce qu'il y a toujours une addition à la fin, mais quels
programmes spécifiques cela touche-t-il? Est-ce que c'est le programme
4?
Mme Bacon: Non, ce n'est pas...
M. Boulerice: Les données transmises par la Direction
générale des arts et lettres, des musées et des industries
culturelles n'ont pas reçu l'approbation de M. Boivin. Il pourrait donc
y avoir quelques corrections.
Une voix: Qui est M. Boivin?
Mme Bacon: Je pense que l'on va voir, M. le
Président...
M. Boulerice: Qui est M. Boivin, d'une part...
Mme Bacon: On a dit qu'on faisait un échange
général d'une demi-heure?
Le Président (M. Trudel): C'est ce qui semble avoir
été convenu, en effet. (11 h 30)
Mme Bacon: C'est ce qui semble avoir
été convenu. Je pense que c'est cela que j'ai compris. Et,
à chacun des programmes, nous indiquerons les ajustements qui ont
été faits. Parce que là, si on entre dans les programmes
immédiatement, on peut y aller. Programmes 1, 2, 5 et 4.
Le Président (M. Trudel): Si le député de
Saint-Jacques...
Mme Bacon: S'il n'y a pas d'échange auparavant, on peut
passer aux programmes.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, vous m'avez
passé votre chat dans la gorge, Mme la ministre. Si le
député de Saint-Jacques est...
M. Boulerice: On peut procéder programme par programme
mais on trouvait cela quand même un peu curieux comme façon de
procéder, qu'on nous arrive ce matin en disant que le budget n'est pas
exactement ce que nous avons reçu.
Le Président (M. Trudel): Peut-être y aurait-il
moyen de poursuivre la discussion générale au-delà du
désaccord sur le chiffre de 17 000 000 $ à 7 000 000 $ et d'y
revenir à l'occasion de l'étude des crédits programme par
programme?
Mme Bacon: On pourrait commencer par le programme 1.
Le Président (M. Trudel): À moins que le
député ne soit prêt à entreprendre la discussion sur
le programme 1. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y aura un texte qui va nous permettre
de résumer?
Mme Bacon: J'ai dit tantôt que je le faisais distribuer. On
attend les copies très bientôt.
Le Président (M. Trudel): Vous allez déposer le
document tantôt, Mme la ministre?
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Trudel): Merci.
M. Boulerice: D'accord. J'aimerais entendre Mme la ministre nous
parler un peu du libre-échange. Je sais que c'est un mot
extrêmement à la mode actuellement. Cela fera ou ne fera
peut-être pas partie des négociations avec nos voisins
américains; il y a une division des pouvoirs qu'on avait peut-être
oubliée ou pas remarquée aux États-Unis, ce qui fait que
certaines discussions seront peut-être compromises. Sauf que, dans le
libre-échange, il y a forcément, et je vous avais posé la
question en Chambre, toutes les industries culturelles et de communication.
J'aimerais savoir de quelle façon vous allez aborder cette discussion
à votre ministère et surtout la réflexion que vous ferez
avant de nous engager.
Mme Bacon: Comme vous le savez, un comité a
été formé, qui est sous la responsabilité du
député de Robert Baldwin, M. MacDonald, sur les discussions du
libre-échange. J'ai insisté évidemment pour que le milieu
culturel soit représenté. Nous avons donc nommé M.
Jean-Louis Roux, qui a accepté bénévolement de servir au
comité qui étudie le dossier du libre-échange. D'ailleurs,
le député de Saint-Jacques était fort satisfait de cette
nomination. Je ne pense pas que cela ait fait des problèmes.
Nous avons l'intention de poursuivre à l'intérieur du
ministère les études et les recherches nécessaires pour
faire en sorte que la présence culturelle soit considérée
au cours des discussions sur le libre-échange. I! y a quand même
différents phénomènes qui sont survenus en cours de route.
On n'a qu'à penser au discours de M. Mulroney à Chicago, par
exemple. C'est parce qu'à un moment donné on semble inclure la
culture et à d'autres moments on semble l'exclure des discussions. Je ne
voudrais pas qu'on troque le porc ou le bois pour la culture. Je pense que,
là-dessus, il faudra rester très vigilants.
Nous avons commencé à faire des recherches, comme je le
disais tout à l'heure, au niveau du ministère. Nous assurons
notre présence au comité d'étude sur le
libre-échange. Nous allons poursuivre ces études et nous allons
faire en sorte que le domaine culturel soit protégé pour qu'il ne
soit pas traité comme un échange pour d'autres biens et produits
dans les discussions sur le libre-échange.
M. Boulerice: Est-ce que vous allez tracer des balises bien
précises à M. Roux, en lui demandant de porter une attention
particulière à certains points qu'on évalue comme
étant très fragiles au Québec?
Mme Bacon: M. Roux a eu les documents que nous avions
déjà au ministère. Quant à notre position sur le
libre-échange, il y a quand même une première rencontre qui
doit avoir lieu d'ici quelque temps avec le comité. Cette rencontre n'a
pas encore eu lieu.
Le Président (M. Trudel): Le 25 avril, Mme la
ministre.
Mme Bacon: C'est cela, le 25 avril. Cette rencontre doit avoir
lieu. C'est donc une prise de position qui sera faite, je pense, à
mesure que les discussions évolueront au
comité sur le libre-échange.
Au ministère, nous continuons nos recherches en profondeur. Nous
continuons à travailler pour faciliter, évidemment, la
présence de M. Roux au comité et en même temps le respect
du milieu culturel par le milieu économique, par exemple.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Est-ce que j'ai bien compris, par le perroquet, que
vous aviez modifié les crédits généraux et que les
chiffres ne correspondent plus aux chiffres qui ont déjà
été déposés?
Mme Bacon: On n'a pas modifié les crédits. Ce qui
est arrivé, c'est qu'il y a eu l'ajout, comme j'ai la
responsabilité de la Charte de la langue française, de ce budget
à notre budget des Affaires culturelles et il y a eu des changements
mécaniques qui ont été faits avec le Conseil du
trésor. Nous allons faire distribuer les nouveaux chiffres qui incluent
la Charte de la langue française à ce document.
M. Chevrette: Est-ce que cela modifie les crédits
déposés le 25 mars?
Mme Bacon: Non, cela ne modifie pas les crédits
déposés le 25 mars. Cela change dans certains endroits...
M. Chevrette: Si cela change, cela doit modifier. Modifier veut
dire changer et changer veut dire modifier.
Mme Bacon: Ne nous énervons-pas, M. le Président,
on va vous donner exactement ce qui en est.
M. Chevrette: On ne s'énerve pas du tout, mais on veut
savoir la vérité.
Mme Bacon: Vous êtes très nerveux ce matin.
M. Boulerice:... tournée régionale.
Le Président (M. Trudel):... de l'est de Montréal,
M. le député de Saint-Jacques?
M. Chevrette: II n'y a plus que cela à faire dans l'est;
il n'y a plus de...
Mme Bacon: II y a eu des ajouts qui ont été
positifs par le Conseil du trésor. Il y a eu aussi des ajouts qui
étaient négatifs par le Conseil du trésor.
M. Chevrette: Négatifs?
Mme Bacon: Des plus et des moins.
M. Chevrette: Mais, Mme la ministre...
Mme Bacon: Il y a eu à même les compressions
budgétaires des ajustements nets qui nous étaient donnés;
il y a eu des changements et des répartitions qui ont été
faits de ces sommes. C'est tout.
M. Chevrette: Je ne voudrais absolument pas faire croire qu'on
s'attaque à Mme la ministre dans les propos que je vais tenir.
Mme Bacon: Ah nonl Je ne prends pas cela comme ça non
plus.
M. Chevrette: Mais je dois vous dire que l'étude des
crédits...
Mme Bacon: Que voulez-vous? Ce n'est pas moi qui fais la
comptabilité du ministère.
M. Chevrette: Je dois vous dire que l'étude des
crédits, de par la tradition, madame... Ah non, je comprends que ce
n'est pas vous qui modifiez les crédits en fin de course, mais il est de
tradition parlementaire que les crédits sont déposés en
Chambre et ce sont les crédits dûment déposés en
Chambre qui sont étudiés...
Mme Bacon: C'est cela.
M. Chevrette:... en commission parlementaire.
Mme Bacon: Ce sont ceux-là.
M. Chevrette: Vous venez de me dire qu'il y a eu des
modifications positives et négatives. C'est donc dire qu'on est en train
de jouer dans les crédits avant même que les crédits
déposés légalement en Chambre aient été
étudiés, M. le Président.
Mme Bacon: M. le Président, si vous me permettez, avant
que...
M. Chevrette: C'est ce que j'ai compris de vos propos.
Mme Bacon: Le cahier qui vous a été remis
n'était pas conforme aux crédits qui étaient
déposés. Ce sont des modifications qu'il a fallu faire. C'est
pour cela que je dis qu'il y a eu des ajouts positifs et des ajouts
négatifs parce que le cahier que vous avez en main n'était pas
conforme aux crédits déposés. C'est pour cela qu'il a
fallu faire les corrections. Vous allez avoir les corrections ce matin.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, je vais reposer une question
plus claire à la ministre. Les crédits déposés le
25 mars par
rapport aux modifications positives ou négatives, selon le cas,
correspondent exactement aux éléments déposés le 25
mars. En d'autres mots, si, dans le livre que vous nous avez envoyé ces
derniers temps, il y a quatre ou cinq jours, il y avait - supposons -1 000 000
$ à un article et qu'on retrouve 900 000 $ maintenant, c'est parce que
les 900 000 $ étaient le le 25 mars et que le 1 000 000 $ était
une erreur dans les documents que vous nous avez envoyés et non pas dans
les documents déposés. On a besoin de savoir cela. C'est quand
même sérieux comme principe sur lequel on doit discuter quand on
parle de crédits déposés.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre.
Mme Bacon: On va vous donner cela, ce ne sera pas long.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut suspendre pour
quelques minutes, si vous...
Mme Bacon: Non, je l'ai. Le budget n'est pas changé par
rapport à celui qui a été déposé. Il n'y a
pas de changement. La seule différence - vous me permettez de terminer?
- c'est l'ajout du budget de la charte à notre budget. Donc, cela fait
que, dans la comparaison avec 1985-1986, les chiffres changent à cause
de la charte. Il y a des ajustements dans la structure budgétaire, c'est
évident, à cause toujours de la charte, parce que dans le budget
maintenant il y a le budget de la charte et c'est pour cela que les chiffres
sont changés, à cause de l'ajout du budget de la charte.
M. Chevrette: II y a des transferts...
Mme Bacon: II n'y a pas de budget changé de
ministère.
M. Chevrette: Je comprends. Par exemple, le budget des Affaires
culturelles...
Mme Bacon: Ce n'est pas tout à fait les mêmes
chiffres que nous avons.
M. Chevrette:... déposé le 27 mars en page 17 du
livre des crédits...
M. Boulerice: Les cinq premiers programmes.
M. Chevrette: Est-ce que les programmes sont identiques aux cinq
premiers, oui ou non?
Mme Bacon: Oui.
M. Chevrette: Le sixième programme...
Mme Bacon: En 1987, il n'y a rien de changé, c'est dans la
comparaison avec 1985-1986. C'est là qu'il y a des changements de
chiffres.
M. Chevrette: En d'autres mots, vous avez dit: Ce n'était
pas chez nous avant, donc on réajuste à l'intérieur du
budget global pour établir une comparaison avec 1986-1987.
Mme Bacon: C'est cela, ce n'est pas plus compliqué que
cela, M. le Président.
M. Chevrette: D'accord. Donc c'est le programme 6 qui aété réajusté comme s'il avait fait partie
pendant toute l'année de votre ministère, alors qu'il n'en
faisait pas partie.
Mme Bacon: Comparativement à 1986-1987.
M. Chevrette: Là c'est beaucoup plus clair. Donc positif
ou négatif, c'est pour fins purement et simplement de...
Mme Bacon: La prochaine fois je prendrai le temps, M. le
Président, et ce sera clair la première fois.
M. Chevrette: Mais vous admettrez que la question valait la
peine.
Mme Bacon: Oui.
M. Chevrette: Cela a pris d'ailleurs plusieurs minutes de votre
part pour venir à bout de nous expliquer clairement.
Mme Bacon: On n'a pas de leçon à recevoir du
député de Joliette.
M. Chevrette: Non, mais ce que l'on conçoit bien
s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent
aisément.
Mme Bacon: C'est cela. Il faudrait quand même tenir
compte...
M. Chevrette: J'ai compris.
Mme Bacon:... que cela ne fait pas dix ans que nous sommes au
ministère des Affaires culturelles; ce matin, les fonctionnaires avec
mot font l'impossible pour vous donner les informations nécessaires. Ce
sont des compréhensions que l'on voudrait avoir aussi de la part de
l'Opposition comme nous l'avons toujours fait quand nous étions à
l'Opposition.
M. Chevrette: II faut bien qu'on nous dise ce que c'est, M. le
Président.
Mme Bacon: Vous avez l'information
maintenant.
M. Chevrette: Cela a été long mais cela a
été bon.
Mme Bacon: C'est toujours comme cela.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette.
M. Bouierice: Vous n'irez pas m'accuser d'être
partisan?
M. Chevrette; Mme la ministre est tendancieuse dans ses sourires
et dans ses propos.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que M. le
député de Joliette a terminé ses questions?
M. Chevrette: J'ai compris et si on avait eu cela au début
on aurait gagné 20 minutes.
Le Président (M. Trudel): On aurait gagné 10
minutes. Je crois comprendre que nous retournons dans la quiétude des
questions du député de Saint-Jacques. Merci, M. le
député de Joliette.
M. Boulerice: Mme la ministre, vous avez parlé de
parrainage. J'aimerais vous entendre développer vos propos plus à
fond là-dessus. Bien entendu que le parrainage, vous l'envisagez vers le
milieu des affaires. Â ce moment, croyez-vous le milieu des affaires
suffisamment sensibilisé jusqu'à ce jour pour ce parrainage?
Quels sont les éléments que vous comptez développer pour
augmenter ou susciter cette sensibilisation? (11 h 45)
Mme Bacon: Je dois dire que j'ai été
agréablement surprise de voir que, de plus en plus, le milieu des
affaires est sensibilisé à la culture, ne serait-ce que par
l'acquisition d'oeuvres de nos artistes, l'encouragement qu'il leur apporte.
Mais il y a encore un chemin à parcourir qui n'est quand même pas
minime. Il ne faut pas maximiser l'intervention privée dans le domaine
des affaires. Je pense que ce sont des avenues que nous pouvons explorer
ensemble. Quand on parle de "partnership", de possibilité de travailler
avec des partenaires, le milieu des affaires en est un qu'il faut continuer de
sensibiliser à la culture et aussi à la possibilité de
travailler avec nous dans ce sens.
Quand on parle de partenaire, il y a aussi le milieu des
municipalités qui est important. Justement, dans ma tournée des
Laurentides, je voyais combien le milieu culturel a réussi à
littéralement embarquer les municipalités dans le mouvement
culturel, dans certains cas, et c'est fort heureux que cela existe. Aussi, dans
le cas de ceux et celles qui ont des responsabilités municipales et qui
n'ont pas encore réussi à atteindre ce degré de
sensibilisation, on a senti que les gens sentent le besoin de s'excuser de ne
pas être rendus au même niveau que les autres.
II y a eu, dans les municipalités, des sommes énormes qui
ont été investies dans le loisir. Je n'ai rien contre cela. Je
pense que, dans certaines municipalités, on a atteint peut-être un
degré de rentabilité des équipements de loisir qui doit
être pris en considération par les autorités municipales,
II est plus que temps que les autorités municipales apportent un certain
équilibre entre ce qu'elles ont investi dans d'autres domaines et le
milieu culturel. Fort heureusement on sent, dans le milieu municipal, un
éveil, un désir aussi d'embarquer dans le même mouvement
que d'autres municipalités qui ont déjà atteint un certain
niveau de compréhension et d'implication dans ce milieu.
Il faut vraiment que nous ayons une concertation. Je parle beaucoup de
cela quand je fais la tournée ou la visite de certaines
municipalités; il faut qu'on arrive à une concertation des
milieux culturels entre eux d'abord. Les cent jours du Musée d'art
contemporain, je pense que c'est déjà quelque chose de fort
important pour sensibiliser le milieu culturel. C'est un exemple qu'on peut
donner, mais il faut que les milieux culturels entre eux se concertent,
travaillent ensemble. Je pense que, dans une concertation qui va
déborder les milieux culturels et qui va aller dans le secteur
privé et dans le secteur municipal, on peut en arriver très
facilement à une grande concertation culturelle.
Je donne l'exemple aussi de la Place Royale. On en parlait tantôt,
on le mentionnait, la SODIC, qui a participé comme instrument important
à cette concertation qui a été faîte, je pense que
c'est un autre exemple qu'on peut donner de concertation possible. S'il n'y a
pas de concertation, on ne pourra pas arriver à sensibiliser l'ensemble
des milieux, que ce soit le milieu des affaires pour répondre à
votre question initiale, que ce soit le milieu des municipalités. Je
pense que c'est un ensemble, c'est un tout. Il faut globaliser cette
concertation, on ne peut pas la faire que dans un seul secteur
d'activité.
M. Chevrette: Quant aux municipalités, Mme la ministre,
est-ce qu'on peut conclure qu'elles ont compris le rôle important que
peut jouer la culture dans le développement économique de leur
milieu? Je pense que c'est peut-être la raison... Je vous entendais dire
que les municipalités ont véritablement embarqué, c'est
vrai. Je pense que c'est parce qu'elles sont venues à bout de comprendre
que la culture faisait partie aussi
du développement économique de leur propre milieu. Est-ce
que vos observations allaient dans ce sens-là également?
Mme Bacon: Je pense qu'on ne peut pas dire qu'on a atteint
vraiment cette compréhension totale, mais le cheminement se fait et je
pense que le ministère a lancé un appel partout où il est
passé à ce cheminement ensemble. Et il y a aussi un autre
phénomène, c'est tout le phénomène, sur le plan
économique, de la rentabilité. Sans devenir mercantile, je pense
qu'il faut quand même être raisonnable et le comprendre et
rationaliser le tout. Il y a aussi tout le phénomène du tourisme
qui est important si on veut que... Tourisme et économique; c'est une
nécessité sur le plan économique et pour parler de la
région des Laurentides, par exemple, quand on pense à sa vocation
touristique... Moi, je pense qu'il va falloir aussi, et cela va plus loin,
sensibiliser nos délégations du Québec à
l'étranger pour que ces délégations avec les responsables,
et j'en ai visité deux déjà... Les responsables culturels,
je les ai rencontrés, et on a essayé d'établir ensemble
des possibilités de faire en sorte que, quand on fait venir des
touristes au Québec, dans les forfaits on inclue aussi le culturel
à ce qui est nettement et strictement touristique.
M. Boulerice: Quant au partenariat, Mme la ministre, il y a
l'entreprise privée, il y a également les individus qui forment
la société dans laquelle nous vivons. Votre
prédécesseur avait entrepris une forme de partenariat dans le
financement d'institutions et d'événements qui était une
piste très intéressante qui a commencé à faire ses
preuves et qu'on a appelée, peut-être sans l'accord de
l'Académie française, le "matching grant". Est-ce que vous
avez...
Mme Bacon: L'appariement.
M. Boulerice: C'est cela. Est-ce que... L'appariement. Cela se
dit bien, d'ailleurs, je vous remercie. Est-ce que vous avez l'intention de
privilégier cette piste-là, à l'exemple de M. Richard?
Mme Bacon: Ce n'est pas à l'exemple. Je pense qu'un
ministère est une continuité et il y a des dossiers qui sont
déjà commencés à ce niveau-là et nous allons
continuer dans certains milieux. Les gens qui viennent nous demander des
subventions, nous allons essayer de faire en sorte qu'ils aillent vers d'autres
partenaires pour que nous puissions exercer ces... Les fonds d'appariement
évidemment sont importants mais nous examinons l'impact, aussi, que cela
peut créer parce qu'il faut examiner à chaque fois l'impact. Et
nous avons dans certains dossiers demandé aux gens d'aller chercher dans
cet appariement des sommes que nous pourrions, nous, apporter aussi comme
subventions.
M. Boulerice: C'est donc une émulation que vous allez
privilégier.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Ecoutez, cela va, M. le Président. On
pourrait peut-être passer à l'étude, crédit par
crédit.
Le Président (M. Trudel): Très bien. Alors,
programme numéro 1.
M. Chevrette: Mme la ministre pourrait-elle nous faire une
surprise et nous dire avant de passer programme par programme s'il y aura des
programmes nouveaux lancés d'ici quelques mois et que l'on ne pourrait
pas lire dans les interlignes du budget ou des crédits?
Mme Bacon: J'ai donné ma vision des choses. Je vous
retournerais peut-être à la lecture de mes notes explicatives au
début, où on a parlé de tournées. Mais je pense que
cela fait partie de la vision des choses que nous avons sur le ministère
et, à mesure que nous le pourrons, nous allons les mettre de l'avant,
nous allons informer le public. On ne change pas, on ne fait pas table rase de
ce qui existe en ce moment, mais nous rationalisons dans certains domaines;
dans d'autres, nous améliorons; dans d'autres, nous abandonnons. Je
pense que c'est le rôle d'un ministre de revoir les dossiers. Je pense
qu'à chaque budget cela nous permet, justement, de faire la
révision de l'ensemble des dossiers. C'est à mesure que nous
développerons ces formes de nouveaux programmes que nous les ferons
connaître. Pour le moment, je pense que c'est tout ce qu'on peut
dire.
M. Chevrette: Est-ce que Mme la ministre compte mettre à
profit les idées des membres de la commission parlementaire de la
culture dans l'élaboration de ces nouveaux programmes?
Mme Bacon: Oui, je n'ai jamais négligé, je pense,
d'intégrer les parlementaires qui sont intéressés,
spécialement les parlementaires de la commission de la culture. C'est
d'ailleurs pour cela que la commission de la culture se réunira pour
étudier le statut des auteurs, des artistes et des créateurs. Je
pense que cela permettra aux membres de cette commission de faire un travail
extraordinaire qui pourra apporter un des éléments nouveaux dont
nous aurons besoin quand on voudra concrétiser par législation
l'amélioration du statut des artistes et des créateurs.
On n'a pas besoin de faire nécessaire-
ment, je pense, M. le Président, de nouveaux programmes et de
nouvelles structures. Ce que j'ai dit ce matin aussi, c'est que dans certains
dossiers ou dans certains secteurs nous avons des budgets accrus; dans
d'autres, évidemment, nous avons dû - comme dans d'autres
ministères - faire des compressions budgétaires. Les domaines qui
nous semblaient nécessaires cette année n'ont pas perdu les
budgets dont ils ont besoin. Au contraire, dans certains domaines, c'est
accru.
J'aurais peut-être une remarque à faire, si vous me
permettez. On va attendre aux programmes peut-être, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, êtes-vous prêt à commencer au programme
1?
M. Boulerice: Peut-être juste une petite question, de
façon à avoir un portrait global, avant qu'on aille dans le
détail. Est-ce que Mme la ministre pourrait nous donner le détail
des ponctions, des compressions, des coupures de 17 000 000 $, en
définitive, qu'il y a au budget des Affaires culturelles?
M. Chevrette: Les grandes lignes. M. Boulerice: Les
grandes lignes.
Le Président (M. Trudel): Si je peux me permettre, M. le
député de Saint-Jacques, n'avions-nous pas convenu, Mme la
ministre, que le document serait déposé?
Mme Bacon: J'aimerais dire que, dès que nous recevrons le
texte, nous pourrons le prendre. Je pense que cela va être plus facile
afin de ne pas obliger le député de Joliette à revenir
chaque fois à la commission parlementaire pour rétablir les
faits. Nous allons donner l'information adéquate; donc, je
préférerais, si vous voulez bien attendre, que nous ayons le
document pour pouvoir regarder l'ensemble des dossiers.
M. Boulerice: Vous avez quand même une vision de ce que
c'est. C'est bien entendu que ce n'est pas vous qui faites la
comptabilité générale du ministère. De ces 17 000
000 $, vous avez quand même les grandes lignes d'où se font les
ponctions.
Mme Bacon: Ce n'est pas 17 000 000 $, M. le Président.
J'aimerais redire encore que c'est 7 000 000 $, 7 000 000 $ réels.
Le Président (M. Trudel): Je souhaiterais, quant à
moi...
Mme Bacon: C'est pour cela qu'il nous faut attendre, si vous
voulez bien, le document pour démontrer au député de
Saint-Jacques que c'est 7 000 000 $ réels et non 17 000 000
$.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, êtes-vous prêt à attendre que ce document
soit déposé? Il me semble que ce serait plus simple
d'étudier la question avec un document devant soi, parce qu'il semble y
avoir 10 000 000 $ de différence.
M. Chevrette: Oublions la marge 7 000 000 $, 17 000 000 $, 12 000
000 $, 13 000 000 $, on pourra justifier pourquoi on prétend 17 000 000
$ et vous pourriez justifier pourquoi vous prétendez 7 000 000 $. On ne
fera pas le jeu comptable.
Mme Bacon C'est préférable d'attendre d'avoir le
dossier.
M. Chevrette: De toute façon, j'ai bien compris que, quant
au document du 25 mars, le 17 avril, vous, vous dites que c'est 7 000 000 $ de
différence au niveau des deux colonnes. C'est évident.
Mme Bacon: 7 000 000 $ de compressions budgétaires
réelles.
M. Chevrette: Je peux vous dire qu'il y a plus de 17 000 000 $.
Si vous regardez le ministère des Affaires culturelles par rapport
à l'an passé, vous n'aviez pas la charte et là vous
incluez la Charte de la langue française en disant qu'il y en a
seulement 7 000 000 $. Si vous aviez exclus la charte, vous auriez beaucoup
plus de 7 000 000 $ déjà là. Même si vous aviez
parlé exclusivement de 7 000 000 $, comme il y a des programmes qui sont
indexés et que l'argent ne bouge pas, c'est un recul assez
évident de 4, 5 %, je pense, l'indexation générale qui a
été reconnue au sein du gouvernement. Donc, il y aurait plus de 7
000 000 $ de ponctions. Si on regarde le phénomène d'indexation,
le fait que vous avez ajouté la charte, on peut se ramasser à 17
000 000 $ et on peut les justifier assez facilement.
Mais, la question de mon collègue de Saint-Jacques est la
suivante: quelles sont les grandes lignes des ponctions? Je comprends qu'en
étudiant programme par programme on va découvrir qu'il y 200 000
$ ici, 100 000 $, 25 000 $ ou 50 000 $ là. Mais, avant de commencer
l'étude des crédits, où avez-vous privilégié
vos ponctions? Est-ce au niveau des manifestations culturelles? Est-ce au
niveau du soutien municipal? Ce sont les grands titres que l'on voudrait
avoir.
Si j'étais journaliste et que je suivais les travaux de cette
commission, Mme la ministre, je n'attendrais pas de trouver le petit
élément. Par exemple, pour le journaliste de Radio-Canada qui est
ici, ce
serait intéressant pour lui de savoir que vous avez coupé
dans les 17 000 000 $ d'abord au niveau des manifestations culturelles, ensuite
des bibliothèques et ensuite dans le soutien à la
municipalité. Donc, le journaliste pourrait faire son topo en disant: La
ministre a déclaré qu'elle a fait des ponctions au niveau de
telle, telle et telle chose. À ce moment, on a un portrait global. Notre
rôle comme parlementaire sera d'aller dans le détail, bien
sûr, et d'essayer de vous faire dire pourquoi on a
privilégié telle chose plutôt que telle autre, pourquoi
l'homme d'affaires, président du Conseil du trésor, a
obligé à faire telle ponction dans tel secteur. De même, on
pourra comprendre davantage les crédits. (12 heures)
Mme Bacon: M. le Président, on pourrait peut-être
reporter le député de Joliette à la page 16 de mon texte
où je dis que la réduction de 7 000 000 $ du budget du
ministère des Affaires culturelles en 1986-1987 affectera principalement
deux secteurs d'activité - je pense que c'est la réponse qu'il
veut avoir, c'est à la page 16 -soit les bibliothèques publiques
et les équipements culturels. Alors, on dit que nous avions investi en
1985-1986 plus de 14 000 000 $. Comme nous n'avons pas choisi
d'éparpiller nos compressions il est évident que ce programme
devait faire l'objet d'une révision. Nous avons entrepris notre
réflexion sur le rôle que voulaient jouer dans le domaine de la
culture les ouvrages» etc. Je ne reviendrai pas sur cela. Cela est un des
programmes où il a fallu couper et faire des compressions
budgétaires en ce qui concerne les bibliothèques.
M. Chevrette: Mme la ministre, vous maintenez 7 000 000 $? Ce
serait intéressant que vous me fassiez la démonstration des 7 000
000 $ du global. Vous dites que vous allez déposer un autre document.
Les fonctionnaires vous le diront sans doute mais l'an passé est-ce que
la Charte de la langue française coûtait 22 077 000 $ au
ministère où elle était? Est-ce cela?
Mme Bacon: C'est autour de 20 000 000 $, c'est ce qu'on me
dit.
M. Chevrette: En tout cas. Dans les crédits, ici, à
la page 17, je vois 22 000 000 $ - admettons que c'est aux alentours de 20 000
000 $ - il y aurait une ponction aux affaires...
Mme Bacon: Peut-être que les 22 000 000 $ c'est que
maintenant la SIQ a transféré le coût des loyers aux
organismes comme elle l'a fait pour nous d'ailleurs...
M. Chevrette: D'accord.
Mme Bacon:... et comme elle le fait pour l'ensemble. Cela peut
être les changements. Il y a des coûts réels et il y a des
coûts de développement.
M- Chevrette: Dans une de vos réponses que vous venez de nous
donner, vous dites qu'il y a eu du développement à peu
près de l'ordre de 2 000 000 $ si j'ai bien compris.
Mme Bacon: Non.
M. Chevrette: C'est au programme 4.
Mme Bacon: Est-ce qu'on se promène d'un programme à
l'autre?
M. Chevrette: Non, c'est toujours pour justifier votre
affirmation du fait qu'il y a eu du développement dans certains endroits
et qu'il n'y a pas de compression. Je ne suis pas certain, dans l'exemple que
vous avez donné, que ce ne soit qu'un seul endroit qui gobe tout le
développement.
Mme Bacon: Non. J'aimerais expliquer que nous avons coupé
dans des budgets de développements prévus. Un exemple, le
Musée de la civilisation, 7 000 000 $. Ce ne sont pas des sommes au
budget, ce sont des développements prévus, ce sont des
prévisions de développements. Ce n'est pas
budgétisé au budget, ce n'est pas réel, ce sont des
coûts de développement. On a coupé dans les choses comme
cela. Donc, ce n'est pas le budget réel mais un budget de
développement.
M. Boulerice: Alors, vous dites que la coupure de 7 000 000 $
c'est uniquement le Musée de la civilisation?
Mme Bacon: Mais non, mais non, M. le Président. Il faut
quand même... Écoutez, làl
M. Boulerice: Donc, il y a plus que 7 000 000 $, d'abord.
Mme Bacon: Non, on a ajouté dans le budget. J'ai dit
tantôt qu'on a ajouté des budgets dans d'autres secteurs
d'activité du ministère. Le député de Joliette a
été ministre, il le sait, quand on fait des budgets il y a des
programmes où on ajoute des millions et d'autres programmes où on
ajuste. Comme nous avons pris une situation financière difficile et
qu'il faut faire des compressions budgétaires, il faut ajuster dans
certains domaines pour faire des compressions...
M. Chevrette: C'est parce que...
Mme Bacon:... dans les développements prévus.
M. Chevrette: Je comprends la mécanique, tel que vous vous
exprimiez tantôt, Je prenais l'exemple du programme 4. Il y a 2 000 000 $
alors qu'il y a une compression réelle de 1 600 000 $, mais une seule
place reçoit, par exemple, une subvention de 2 000 000 $. Cela peut
avoir l'air de gonfler l'enveloppe alors qu'il y a eu une véritable
compression sur le tout.
Mme Bacon: C'est un déplacement.
M. Chevrette: C'est un réaménagement d'une
enveloppe.
Mme Bacon: C'est cela, c'est ce que j'ai dit tantôt. Il y a
eu des réaménagements de budgets. Cela faisait partie de mes
réponses précédentes.
M. Boulerice: Votre réaménagement est fait à
partir des compressions de 1 640 000 $.
Le Président (M. Trudel): Si je peux me permettre, M. le
député de Saint-Jacques, j'ai l'impression que vous vous donnez
comme groupe plus de problèmes que vous allez trouver de solutions
étant donné la complexité du document dont il est
question. Vous semblez poser des questions à gauche et à droite
sans trop savoir où vous allez. Je vous suggérerais...
M. Chevrette: Non, M. le Président, je m'excuse. Nous ne
sommes pas là pour se faire faire la morale, premièrement. Je
m'excuse d'être aussi dur que ça. Il n'est pas le propre d'un
président de commission de faire la morale aux membres de la commission
parlementaire. La stratégie, nous ne sommes pas obligés de
l'établir devant vous. Nous savons où nous allons. Nous ne nous
ferons pas passer des déclarations ministérielles comme quoi il y
a des croissances quand on réaménage un programme et que le tout
se solde par une compression sur plusieurs points, alors qu'un seul
événement va chercher tout le réaménagement
budgétaire. On n'est pas obligé de vous le dire, c'est à
vous de la comprendre, la formule. Mais c'est à nous de faire sortir
cela, par exemple, comme point important dans l'étude des
crédits.
Deuxièmement, avant de passer aux crédits
détaillés, ce qui peut devenir plate et ennuyant pour certains
qui ne sont pas versés dans l'histoire, c'est le propre de l'Opposition
d'aller chercher les coupures globales, les ponctions globales qui se sont
faites ou les points importants sur lesquels on a compressé. On va
continuer notre stratégie telle qu'on l'a voulue et je pense bien que
votre rôle, comme président de la commission, n'est pas
d'évaluer notre stratégie mais bien de voir à ce que les
débats se fassent dans l'ordre.
Le Président (M. Trudel): Alors, avec plus de calme que le
député de Joliette...
M. Chevrette: Je suis très calme et je n'accepterai pas
non plus qu'on dise quoi que ce soit sur nos attitudes. Un président de
commission n'est pas là pour commenter les attitudes des
députés.
Mme Bacon: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Trudel): Je ne veux pas répondre,
Mme la ministre, au député de Joliette, je veux simplement dire
que tantôt, semble-t-il - à moins qu'encore une fois je n'aie mal
compris, ce qui m'étonnerait - on avait convenu qu'on...
Mme Bacon: On attendrait.
Le Président (M. Trudel):... attendrait, d'une part, et,
d'autre part, prioritairement, on avait dit: On va passer environ - cela avait
été en accord avec le député de
Saint-Jacques...
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel):... et Mme la ministre - une
demi-heure sur des questions d'ordre général. Cette demi-heure
est maintenant terminée depuis à peu près une
demi-heure.
M. Chevrette: Si vous aviez dtt cela, je ne serais pas intervenu.
C'est d'accord.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette, je n'ai évidemment pas votre longue expérience, cela
viendra; ne vous en faites pas, les électeurs de Bourget me permettront
d'avoir une expérience aussi longue que la vôtre.
M. Chevrette: Vous ferez cela en Chambre, vos discours. Vous
êtes ici...
Le Président (M. Trudel): Alors, je...
M. Chevrette:... pour la présidence des débats.
Le Président (M. Trudel): Si on peut revenir... Est-ce que
le député de Saint-Jacques accepterait...
M. Boulerice: Écoutez, quant à nous, on va
être capable de prouver nos chiffres; c'est 4 000 000 $ pour les
bibliothèques, 3 000 000 $ pour les équipements culturels et 7
000 000 $ pour le Musée de la civilisation, et il y a les autres. On va
y aller point par point. On va les faire
ressortir.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous êtes maintenant prêt à passer...
M. Boulerice: Personne ne va être dupe du jeu de
cache-cache qui est en train de se faire.
Politique, gestion interne et soutien
Le Président (M. Trudel): Donc, j'appelle le programme 1,
"Politique, gestion interne et soutien". M. le député de
Saint-Jacques.
Présence culturelle du Québec à
l'étranger
M. Boulerice: Alors, en ce qui concerne le programme 1, au
Service des relations intergouvenementales, donc présence culturelle du
Québec à l'étranger, la première question que je
vous poserais, Mme la ministre, est: Est-ce que vous avez obtenu, à
cette fin, le montant de 1 400 000 $ de crédits additionnels, qui
avaient été réclamés dans un mémoire
conjoint avec le ministre des Relations internationales et soumis au
Comité des priorités du gouvernement? Alors, je me
répète: La demande était au montant 1 400 000 $ de
crédits additionnels demande faite avec votre collègue des
Relations internationales et soumise au Comité des priorités du
gouvernement. Est-ce que vous les avez obtenus?
Mme Bacon: Cela fait partie, M. le Président, des
documents que je n'ai jamais vus et que je n'ai jamais eus en ma possession
depuis mon arrivée au ministère. Je dois avouer qu'on ne m'a
jamais mentionné l'existence d'un te! document, je n'ai jamais eu un tel
document en ma possession depuis mon arrivée, comme bien d'autres
documents que je mentionnais. J'en donnais des exemples tantôt.
M. Boulerice: Alors...
Mme Bacon: Et je pense, en tout cas, que cela s'est... Je ne sais
pas si...
M. Boulerice: Enfin..,
Mme Bacon: Est-ce que cela s'est rendu au Comité des
priorités? C'est la question que je me pose.
M. Boulerice: Mme la ministre aurait peut-être avantage
à lire la revue de presse de son propre ministère parce que, dans
une édition ici, on recopie le Soleil du mardi 18 mars 1986 - c'est bien
après le 2 décembre - et on dit: "Les ministères des
Affaires culturelles et des Relations internationales réclament des
crédits additionnels de 1 450 000 $ afin d'amorcer une véritable
politique de diffusion et de promotion de la culture québécoise
à l'extérieur du Québec. "
Selon Mme Leduc, sous-ministre aux Affaires culturelles,
ex-sous-ministre, je m'excuse, et M. Martin, qui est également
ex-sous-ministre, je pense...
Mme Bacon: Ah! j'ai lu celai
M. Boulerice: Bon! Alors, si vous l'avez lu, vous êtes au
courant.
Mme Bacon: J'ai lu le journal.
M. Boulerice: Alors, il y a eu un montant de 1 400 000 $...
Mme Bacon: J'ai lu le journal, je n'ai pas eu le dossier.
M. Boulerice:... de demandé. Est-ce qu'il a
été accordé, oui ou non?
Mme Bacon: II n'a jamais été demandé
officiellement, M. le Président, ce dossier-là.
M. Chevrette: Est-ce qu'elle l'a eu sur son bureau?
Mme Bacon: Bon! Je n'ai pas eu sur mon bureau...
M. Boulerice: Même pas sur votre bureau!
Mme Bacon:... ce dossier. Et c'est la fuite qu'il y a eu dans les
journaux récemment. On en a eu quelques fuites, le député
de Saint-Jacques le sait, c'est facile d'obtenir certains documents. Je pense
que ces fuites ont été faites dans les journaux sans que la
ministre des Affaires culturelles en soit saisie. Cela ne s'est pas rendu au
Comité des priorités. C'est l'information que j'ai. Je n'ai pas
lu le dossier. J'ai lu les journaux, comme le fait le député de
Saint-Jacques et comme le font l'ensemble des parlementaires. On se nourrit des
journaux.
M. Boulerice: II y aurait peut-être avantage à se
nourrir des dossiers,
Mme Bacon: Encore faut-il... Laissez-moi terminer... Je n'ai pas
terminé, M. le Président.
M. Boulerice: Oui, mais au mois de mars... Vous étiez
déjà au pouvoir depuis le 2 décembre. Un dossier d'une
importance aussi capitale que celle-là... Je vous réfère
justement à votre texte où vous en souligniez
l'élément capital pour nous. En
tout cas, je m'étonne que vous ne soyez pas au courant. Mais, de
toute façon, quant au montant de 1 400 000 $, vous êtes en train
de me répondre que vous ne l'avez pas eu. Vous ne l'avez pas?
Mme Bacon: Écoutez...
M. Chevrette: Est-ce que vous étiez au courant?
Mme Bacon: J'ai lu le journal...
M. Chevrette: Non, mais est-ce que vous étiez au courant,
Mme la ministre?
Mme Bacon: Je n'ai pas te dossier.
M. Chevrette: Vous n'avez pas le dossier.
Mme Bacon: Je n'ai pas le dossier.
M. Chevrette: Lorsque vous avez lu l'article, est-ce que vous
avez demandé à vos hauts fonctionnaires ou à vos
sous-ministres quelle était la teneur de ce dossier rendu public par une
fuite?
Mme Bacon: Ce dossier avait été acheminé
sous l'ancien gouvernement. Cela n'a pas été fait depuis le 2
décembre mais plutôt sous l'ancien gouvernement, au Comité
des priorités. C'est ce que j'ai appris au ministère. Je n'ai pas
de copie du dossier. Je n'ai pas demandé de copie de ce dossier et je
n'ai jamais eu ce dossier en ma possession.
M. Chevrette: Et vous ne l'avez pas demandé?
Mme Bacon: Je ne l'ai pas demandé non plus,
M. Boulerice: Vous n'avez pas senti le besoin d'aller
réclamer ce montant de 1 400 000 $ de crédits additionnels
auprès du Comité des priorités. Donc, les crédits
pour l'exercice 1986-1987 à ce chapitre sont de combien?
Mme Bacon: À quel chapitre?
M. Boulerice: La présence culturelle du Québec
à l'étranger, Service des relations intergouvernementales?
Mme Bacon: C'est dans le programme 4, M. le Président.
J'aimerais vous rappeler que si on s'en va au programme 4...
M. Boulerice: Non, c'est Politique, gestion interne et
soutien.
Mme Bacon: Non, c'est le programme 4; c'est
l'extérieur.
Ce que j'aimerais ajouter, si le député de Saint-Jacques
m'écoute et s'il me laisse terminer, c'est qu'à la suite de
toutes ces fuites que nous avons lues et que tout le monde a lues dans les
journaux, j'ai discuté avec mon collègue du ministère des
Relations internationales de la possibilité pour le ministère des
Affaires culturelles de récupérer les sommes d'argent qui sont
mises à la disposition de son ministère et qui pourraient
être ajoutées au budget du ministère des Affaires
culturelles; ce qui ferait que les artistes ne frapperaient qu'à une
seule porte quand ils ont besoin d'argent pour se rendre à
l'extérieur. Nous pourrions garder en bloc les montants d'argent qui
touchent l'extérieur du Québec et faire exactement ce que fait en
ce moment le ministère des Relations internationales. En plus, je pense
que c'est le rôle du ministère des Affaires culturelles d'accorder
l'entière attention à de tels dossiers.
Le ministère des Relations internationales est un
ministère à plusieurs vocations et je pense qu'on pourrait
peut-être rapatrier ces sommes qui sont au ministère des Relations
internationales et qui concernent les dossiers culturels qui pourraient
être administrées entièrement par le ministère des
Affaires culturelles.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez préparé un
mémoire en ce sens pour le Conseil des ministres?
Mme Bacon: Pas encore. On n'en est pas rendu là.
M. Chevrette: Mais votre intention est de faire cela.
Mme Bacon: Étant membre du Conseil du trésor, j'en
ai aussi discuté avec mes collègues du Conseil du trésor.
Ce sont des discussions en cours qui déboucheront évidemment sur
un mémoire.
M. Boulerice: Au-delà du fait que cela soit dans le
programme 4, est-ce que le montant de 472 000 $ est suffisant pour la
présence culturelle du Québec à l'étranger?
Mme Bacon: Dans le programme 4, on a déjà un
montant de 950 000 $. Parce que vous m'amenez au programme 4. Le montant de 472
000 $ n'est pas récurrent.
M. Chevrette: Sur les 950 000 $?Mme Bacon: II est
nouveau.
M- Boulerice: D'accord. Est-ce que la ministre pourrait me situer la
place des services culturels de la Délégation
générale du Québec à Paris, qui est quand
même une
plaque tournante au point de vue culturel et qui est potentiellement un
marché très intéressant pour nous? Est-ce qu'il y aura
maintien, d'une part, des services culturels à la
délégation générale? De plus, est-ce qu'on entend
augmenter l'efficacité de ces services par des apports financiers
supplémentaires directs? (12 h 15)
Mme Bacon: À l'occasion de mon voyage à Paris pour
assister au Sommet de la francophonie, j'ai rencontré le nouveau
délégué général, M. Roy, et je l'ai
rencontré de nouveau ici, lors de sa visite au Québec, par la
suite. Je pense que le ministère des Affaires culturelles du
Québec doit avoir des liens plus étroits encore avec le service
culturel qui existe à la Délégation générale
du Québec à Paris. Nous avons amorcé des discussions avec
mes autres collègues responsables de la délégation et je
pense qu'il faudra faire plus encore pour que le ministère soit vraiment
responsable des services culturels à Paris. C'est un cheminement que
nous faisons. Je n'annonce rien. Cela fait partie - je n'ai rien à
cacher - des discussions que j'ai entreprises auprès de mes
collègues et auprès du Délégué
général du Québec à Paris. Il faut amplifier notre
présence culturelle, il faut lui faire une plus grande place et cela, je
le fais autant au niveau des locaux qu'à celui des possibilités
pour nos artistes, comme j'ai fait en sorte, à l'occasion de cette
présence à Paris, de rencontrer aussi les membres des
délégations africaines, par exemple, et faire la plus grande
place possible et d'obtenir le plus grand nombre de débouchés
possible pour nos artistes à l'étranger, à
l'extérieur du Québec.
Il est évident que je ne manque aucune occasion d'ouvrir des
portes à l'extérieur du Québec, que ce soit lors de mon
voyage à Toronto - je l'ai déjà mentionné en
Chambre - que ce soit Sors de mon voyage à Boston, que ce soit lors du
Sommet de la francophonie. Partout où j'irai à l'extérieur
du Québec, je ferai en sorte qu'il y ait des discussions pour ouvrir des
portes aux artistes et aux créateurs québécois.
M. Boulerice: En parlant justement du sommet francophone, Mme la
ministre, quelles sont les retombées, en termes d'activités,
auxquelles votre ministère entend donner la priorité en
1986-1987?
Mme Bacon: J'ai fait des interventions au Sommet de la
francophonie sur trois sujets. Je peux mentionner ces interventions qui ont
été faites à l'occasion du Sommet de la francophonie. Le
Québec a contribué, évidemment, aux discussions dans le
domaine des industries culturelles, de la langue et des communications; je
représentais à ce moment-là mon collègue des
Communications dans les discussions qui ont eu lieu avec le ministre des
Communications du gouvernement fédéral et les ministres du
Luxembourg, de la Belgique et de la France.
M. Boulerice:... d'activités.
Mme Bacon: Ce que nous retirons, d'abord c'est de faire notre
place dans le domaine international; il est important que le Québec soit
présent dans la francophonie internationale. D'établir aussi avec
un bon nombre de pays qui étaient présents - je le redis - des
contacts qui pourront être bénéfiques eu
développement des marchés parce que, si on ne développe
par des marchés, nos créateurs ne pourront pas avoir ces
débouchés-là pour eux qui sont importants. Nous avons
rencontré certains responsables du gouvernement français. J'ai
rencontré le ministre d'alors - parce que les gouvernements changent -
le ministre, M. Lang, pour ouvrir des portes et les discussions ont
été importantes lors de cette rencontre. Nous avons
appuyé, par notre présence aux activités culturelles, la
participation des créateurs comme, par exemple, la pièce de
théâtre de Marie Laberge qui a connu un énorme
succès en France. Nous avons évidemment fait un constat de
l'état de nos services culturels, qui était, pour moi,
très important. Nous avons essayé de créer, de renforcer
des réseaux de développement en français dans le domaine
économique, dans le domaine scientifique, dans les domaines technique et
informatique, qui sont décisifs pour l'avenir.
Quant aux suites qu'on peut donner, on peut rappeler que l'ensemble des
chefs d'Etat qui étaient présents au sommet ont constitué
un comité de onze personnes; cela a été une
décision du sommet, auquel, aussi, nous sommes présents et qui
représente les gouvernements. Ce comité de onze doit assurer la
mise en oeuvre des décisions qui ont été prises lors du
Sommet de la francophonie. Le Québec est présent à ce
comité-là. Notre représentant est M. Roquet et les
premières réunions doivent se tenir au mois d'avril.
M. Boulerice: Comme activités concrètes, y a-t-il
quelque chose de prévu en 1986-1987?
Mme Bacon: En 1987, c'est le Sommet de la francophonie au
Québec.
M. Boulerice: Oui, oui, mais privilégier une autre
rencontre.
Mme Bacon: Cela n'est rien, c'est minime pour vous?
M. Boulerice: Je le sais bien, privilégier une autre
rencontre est bien souhaitable
mais, en termes d'activités concrètes, de retombées
concrètes sur le milieu culturel au Québec, y a-t-il des choses
qui seront mises en priorité?
Mme Bacon: Nous examinons en ce moment l'envoi de
coopérants en Afrique, par exemple. J'ai eu des discussions avec des
représentants du Sénégal et nous avons entamé ces
pourparlers avec eux pour l'envoi de certains coopérants en Afrique et,
en échange, le Sénégal nous ouvrirait ses portes à
nos artistes pour qu'ils puissent se faire entendre là-bas et que les
oeuvres de nos artistes québécois soient entendues. Nous allons
continuer à le faire dans d'autres pays africains avec lesquels nous
avons entamé des discussions à l'occasion du sommet. Ce sont des
choses qui ne se règlent pas du jour au lendemain. Le
député de Saint-Jacques va comprendre que sa demande, d'abord des
discussions, des ouvertures... Ce que nous avons fait, nous avons fait
exactement ce que les artistes s'attendent de nous, soit que nous ouvrions les
portes, les possibilités, les débouchés, les
développements des marchés pour nos créateurs. C'est ce
que nous avons fait.
En passant, j'aimerais faire remarquer que les crédits de 950 000
$ mis à la disposition du ministère ne semblent peut-être
pas suffisants au député de Saint-Jacques, mais ils sont plus
importants que ce que l'ancien gouvernement avait accordé à ce
poste-là dans les autres années.
M. Boulerice: Pour être présent sur la scène
internationale, il faut avoir pignon sur rue et, à ce jour, la tendance
est de fermer ces pignons sur rue, Mme la ministre. Il y a des indications
quant à la fermeture de délégations
générales dans des endroits qui sont potentiellement des milieux
très intéressants pour le développement et la diffusion de
l'art québécois, ne serait-ce que Milan, Lisbonne, Stockholm.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
Mme Bacon: Ce n'est pas moi qui prends les décisions de
fermer une délégation. Je ne suis pas responsable des
délégations.
M. Boulerice: Vous êtes vice-première ministre.
Mme Bacon: Je suis vice-première ministre mais je suis
aussi membre du Conseil des ministres et membre du Conseil du trésor.
Quant à y aller on va donner tous les titres.
Il y a des décisions qui doivent être prises au niveau des
compressions budgétaires, mais partout où il est possible d'avoir
un responsable culturel, responsable culturel il y aura et restera. J'ai
l'intention de faire tout mon possible et faire les démarches
nécessaires auprès de mes collègues pour que cette
présence culturelle existe et demeure dans ces
délégations.
Le rôle du ministère des Affaires culturelles, il est
évident que c'est de renforcer la mission culturelle des
délégations. C'est notre rôle. C'est pour cela que je
disais tantôt... Sans attendre qu'un collègue vienne m'en parler,
j'ai pris moi-même l'initiative, sans même en parler avec ce
collègue qui est responsable des délégations, de discuter
avec le Délégué général du Québec
à Paris du dossier culturel, parce que je comprends et connais
l'importance du dossier culturel, de la mission culturelle de notre
délégation du Québec à Paris. Il y aura des
développements en cours de route. Je continue les discussions et avec
mon collègue et avec le Délégué
général du Québec à Paris, ce que nous avons repris
lors de sa visite ici. C'est donc dire le sérieux de ces discussions et
ces possibilités que nous envisageons d'assurer une présence
accrue sur le plan culturel à notre délégation et dans les
autres parce que, partout où je suis passée où il y avait
une délégation dans les bureaux du Québec, j'ai fait en
sorte de rencontrer moi-même le délégué comme j'ai
fait à Boston, comme j'ai fait à Toronto. Comme nous coupons les
dépenses des voyages, ils sont restreints, mais chacun des voyages va
être bien payé, parce que les dépenses qui seront faites le
seront d'une façon rationnelle parce que j'utilise chaque minute que
j'ai pour améliorer, s'il y a amélioration nécessaire, la
mission culturelle du Québec.
M. Boulerice: Merci. Au sujet du Service de la planification, des
politiques et de la recherche, j'aimerais vous demander, Mme la ministre, quel
échéancier a été fixé sur les études
relatives au libre-échange. Entendez-vous les rendre publiques?
Mme Bacon: Je dois dire que lorsque je suis arrivée au
ministère, je n'ai pas trouvé beaucoup de documents, ou à
peine sur cette question du libre-échange. Donc, devant la
pauvreté de ces documents, parce qu'ils n'étaient pas nombreux et
pas nécessairement poussés non plus comme j'aurais voulu qu'ils
le soient, j'ai exigé ou j'ai demandé au service de la recherche
de prendre les bouchées doubles et de faire en sorte que nous ayons des
documents mieux étoffés, bien préparés pour pouvoir
assurer une présence dans toute cette discussion sur le
libre-échange.
Donc, c'est difficile de mettre des dates quand on ne sait pas... Ce
dossier évolue tellement rapidement que c'est difficile d'y mettre des
dates précises. Mais à la fin du mois de mai, nous aurons des
études qui sont presque terminées, comme le
droit d'auteur, par exemple. Là-dessus, je pense que l'on vous
donne un dossier spécifique, des aspects particuliers du dossier, mais
il y a des études qui se termineront en cours de route. C'est sûr
qu'on va prendre des éléments et que l'on va essayer de les
pousser jusqu'au bout pour avoir l'image entière de ce dossier. Cela
peut aller au moins jusqu'à l'automne, mais c'est difficile de donner
une date et de dire: À telle date précise...
M. Boulerice: Non, cela va, mais vous allez les rendre
publiques.
Mme Bacon: C'est cela, oui.
M. Boulerice: D'accord. Est-ce que je pourrais avoir un peu plus
de détails au sujet de la mise au point d'un plan d'équipement
culturel dont fait justement état le service de la planification?
Mme Bacon: Dans chacune des régions, un inventaire complet
et bien structuré des équipements culturels n'avait pas
été fait. Je pense qu'on ne peut pas engager des sommes
importantes au niveau d'une région si l'on n'a pas ce document, si l'on
n'a pas d'études de faisabilité et si l'on n'a pas d'inventaire
complet des équipements culturels qui existent et aussi des
possibilités, de ce qui est nécessaire dans une
région.
Par exemple, il y avait des décisions qui avaient
été prises d'accorder des équipements culturels dans des
municipalités qui n'en veulent pas et qui ne se sentent pas capables de
gérer par la suite ces équipements. Alors, je pense qu'il faut
commencer par regarder l'ensemble d'une région, faire l'inventaire des
équipements culturels existants et, en même temps, faire une
étude des besoins des équipements culturels. J'ai accordé,
à l'occasion du sommet des Laurentides, une somme de 24 000 $ pour faire
l'inventaire dans la région des Laurentides, par exemple. Cela n'a pas
empêché les gens, évidemment, de préparer des
dossiers et des documents et de faire des demandes. La rive sud aussi; si ma
mémoire est fidèle, nous avons accordé une somme de 40 000
$ pour faire l'inventaire des équipements culturels parce que c'est plus
serré et plus vaste et il faut étudier davantage. Donc, la
somme...
M. Boulerice: Ces inventaires sont-ils faits par le
ministère ou par l'entremise des conseils régionaux de la
culture?
Mme Bacon: Dans certains cas, c'est le ministère, dans
d'autres cas, ce sont les conseils régionaux de la culture. Je pense que
cela fait aussi partie de leur mission, tout en stimulant le milieu, de voir
aussi ce qui existe.
M. Boulerice: Heureux de vous l'entendre dire.
Mme Bacon: Vous me connaissez mal, M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Eh bien! Nous avons trois ou quatre ans
peut-être pour mieux l'apprendre.
Mme Bacon: Vous avez tout le temps voulu.
M. Boulerice: En ce qui concerne le Service gouvernemental de la
propriété intellectuelle et du statut de l'artiste, la
première question que j'aimerais vous poser, c'est forcément la
question des activités prioritaires prévues pour 1986-1987, mais
cela, surtout au niveau de la recherche.
Mme Bacon: Évidemment, je reviens encore à mes
notes préliminaires. Le statut de l'artiste, comme je le disais
tantôt, on en a parlé beaucoup dans le passé. On a fait
beaucoup de travaux, certains dont j'ai copie, d'autres dont je n'ai pas copie
et qui sont importants. L'objectif du Service gouvernemental de la
propriété intellectuelle et du statut de l'artiste,
évidemment, est de coordonner, de normaliser et de soutenir; on veut que
cela se fasse. Pour arriver à cela, je pense que la décision
majeure qui touche les artistes et les créateurs, c'était de
tenir la commission parlementaire qui aura lieu le 20 mai et qui répond
aux besoins du milieu, mais qui répond aussi aux demandes qui nous
avaient été faites. Je pense qu'il faut cesser d'en parler; il va
falloir agir. Cette commission-là fera le point et entendra les
intervenants du milieu. Je pense qu'il y aura des présences nombreuses
d'artistes et de créateurs qui vont venir s'exprimer à cette
commission, donc, qui vont faire travailler les membres de la commission
peut-être plus longtemps que prévu. Partout où je vais,
j'invite les gens à venir se joindre à nous afin que nous
puissions discuter ensemble. Comme il y a plusieurs ministères autres
que Je ministère des Affaires culturelles qui doivent aussi être
présents, cela demanderait quand même... J'ai écrit des
lettres à mes collègues, leur demandant d'assurer une
présence continue de leur ministère parce que ce sera important
qu'ils viennent eux aussi entendre les gens sur place. Je disais que c'est une
décision gouvernementale puisque cela touche, je pense, cinq ou six
ministères au moins. C'est dire que, pour moi en tout cas, ce sera un
événement majeur en matière du statut de l'artiste et du
créateur. Les études qui ont été faites ont
été diffusées, je pense, et d'autres qui seront faites
seront diffusées.
M. Boulerice: II y a déjà une première
étude qui a été faite en 1986 sur les gens de la
musique. Est-ce que, avant même que commence cette commission
prévue pour le mois de mai où sans doute les gens de la musique
vont intervenir, vous avez l'intention de faire connaître
déjà vos commentaires sur cette étude et son
résultat?
Mme Bacon: Je préfère écouter le milieu
avant de commenter.
M. Boulerice: II y a des pistes là-dedans.
Mme Bacon: On a beau avoir des pistes, M. le Président, je
n'ai pas l'intention de m'exprimer sur des pistes. J'ai l'intention de
m'exprimer et de poser des gestes concrets au moment où nous aurons
terminé l'étude avec la commission parlementaire. Je pense qu'on
va faire le point après la commission parlementaire et on ne peut pas
poser des gestes sur des pistes que nous avons. Je pense qu'il faut être
plus sérieux que cela.
M. Boulerice: Vous avez déjà commencé
à prévoir l'après-commission; quelles sont les grandes
lignes?
Mme Bacon: C'est pour cela que je voulais que cette commission
soit tenue au mois de mai parce que cela nous donne tout l'été
pour travailler, si je peux m'exprimer ainsi, aux retombées de cette
commission, mais surtout au projet de loi qui va être important. Comme
cela touche plusieurs ministères, l'idéal à atteindre
serait d'être capable, dans le cours de la session d'automne, de
déposer un projet de loi.
M. Boulerice: L'idéal à atteindre pour vous, cet
automne...
Le Président (M. Trudel): Je vous ferais remarquer qu'il
est un peu plus de 12 h 30 et que...
Mme Bacon: 12 h 34,
M. Boulerice: 12 h 30. Nous avons faim, le temps ne compte pas
pour nous quand il s'agit de la culture...
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous pouvez me laisser compléter ma...
M. Boulerice:... mais nos estomacs le réclament.
Le Président (M. Trudel):... phrase?J'allais
simplement dire qu'on me dit que cette salle doit être prise par une
formation politique qui n'est pas la nôtre à 13 heures. Donc, je
pense qu'il faudrait ajourner les travaux sine die, si vous y consentez,
à moins que vous n'ayez encore une très courte question.
M. Boulerice: Pour le programme 1, cela va.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut
considérer le programme 1 comme étant adopté, M. le
député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Trudel): II y a quorum. La commission
poursuit son étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires culturelles pour l'année 1986-1987.
Mme la ministre, je pense que vous venez de déposer un document
et j'accepte le dépôt. Est-ce que vous pourriez nous
résumer en quelques mots le document que vous venez de
déposer?
Mme Bacon: Afin de ne pas passer la période à ne
parler que de chiffres, je pense aussi à la vision des choses, je vous
remets un tableau additionnel qui vous permet de faire la comparaison entre
1986-1987 et 1985-1986 sur la base du budget total du ministère des
Affaires culturelles, y compris la Charte de la langue française.
Vous voyez dans le tableau que le budget total passe de 183 200 000 $
à 199 900 000 $ ou près de 200 000 000 $ comme budget
modifié en 1985-1986, incluant le budget supplémentaire et les
crédits de la SIQ. C'est ce budget modifié de 1985-1986 qui passe
de 200 000 000 $ à 192 800 000 $ en 1986-1987, ce qui représente
une compression réelle de 7 200 000 $ ou 3, 6 %.
Deuxièmement, je souligne aussi que ces montants correspondent
à ceux que vous avez eus au livre des crédits, le livre avec
couverture beige, le 25 mars dernier, et à ce que vous avez eu à
ce moment-là qui était déposé par le Conseil du
trésor.
Je vous signale aussi que nous n'avions pas le livre des crédits
déposé le 25 mars au moment où vous demandiez le cahier
des crédits, ce matin; on n'avait pas ce livre-là. C'est
pourquoi, en plus de ce tableau explicatif additionnel, nous vous transmettons
des pages corrigées pour la synthèse et aussi pour chacun des
programmes. Ces pages sont annexées à votre cahier et ne sont pas
modifiées en profondeur. Elles établissent simplement la
correspondance avec le livre
des crédits.
Enfin, vous verrez dans l'étude des crédits, aux
programmes 2, 4 et 5, qu'il y a eu des ajustements négatifs par rapport
aux besoins de développement du ministère, par exemple, au
Musée de la civilisation. Ces besoins étaient inscrits dans les
discussions budgétaires, mais je n'accepte pas l'interprétation
qu'a faite le député de Saint-Jacques ce matin voulant qu'il
s'agisse de coupures puisque ces crédits n'étaient pas et ne sont
pas dans le budget actuel du ministère; donc, ce ne sont pas des
coupures.
De la même manière, il y a eu plusieurs
réaménagements budgétaires et j'aimerais, pour
l'information du député de Saint-Jacques, dire que cela s'est
fait aussi sous l'ancien gouvernement et même sous l'ancien ministre des
Affaires culturelles. Il y a toujours eu des réaménagements
budgétaires qui ont été faits et, comme je l'ai
expliqué ce matin - et je le répète aussi - je choisis
ainsi d'accorder la priorité à certaines activités. Le
député de Saint-Jacques, évidemment, pourra me contester,
et c'est son rôle de contester, mais je pense que les choix
budgétaires qui sont faits, il ne peut pas appeler cela des
compressions, et je l'expliquerai au moment de l'étude programme par
programme.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous voulez répondre à Mme la ministre
immédiatement ou passer, tel que convenu à midi à la
suspension de nos travaux, au programme 2?
Développement culturel
M. Boulerice: Nous pouvons passer immédiatement au
programme 2 puisque même si c'est parcellaire, l'addition arrivera
toujours à ce qu'on prétend. Quand on regarde Affaires
culturelles, Développement culturel, à l'élément no
1, Soutien à l'implantation et à l'amélioration des
équipements culturels, les documents que vous nous avez fournis parlent
d'une diminution au niveau des transferts de 3 200 000 $. Alors, moi,
j'aimerais savoir quelle évaluation a mené à cette coupure
de 3 200 000 $ dans le secteur des équipements culturels, qui est un
élément très important du processus de
régionalisation du ministère.
Mme Bacon: Si on se réfère à 1985-1986,
évidemment, il y a 9 000 000 $ par rapport à 6 000 000 $ en
1986-1987. Ces coupures-là ont été faites dans le
développement possible qui aurait pu être effectué au cours
de l'année budgétaire 1986-1987. J'ai
préféré limiter le développement par rapport
à l'aide, au soutien à l'artiste, par exemple. Il y a des choix
qu'il a fallu faire et j'ai préféré apporter un soutien
à l'artiste et ne pas faire trop de coupures dans ce dossier-là
par rapport au développement qui pouvait être fait au niveau de
l'équipement.
M. Boulerice: Mais, Mme Bacon... Je m'excuse. Comme
parlementaire, je pense que je n'ai pas le droit. Il faut que je dise Mme la
ministre.
Le Président (M. Trudel): Pas tout à fait, M. ledéputé.
Mme Blackburn: II faut que tu parles au président.
M. Boulerice: II faut que je parle au président.
Mme Blackburn: Voilà!
M. Boulerice: Alors, M. le Président la coupure de 3 200
000 $ - puis, cela est un peu en contradiction avec les éléments
du discours - elle se fait au niveau des régions, c'est-à-dire
avec la participation de plusieurs municipalités dans le
développement des équipements culturels. Il y a des impacts
négatifs probables là-dessus et, en plus de cela - c'est inclus
dans le cahier - vous dites: De l'enveloppe budgétaire, il y avait
là-dessus 20 600 000 $ en autorisations d'engagements pour financer, par
le service de la dette, des projets pris en charge principalement par les
municipalités. De ces 20 600 000 $, 5 400 000 $ ont été
reportés ultérieurement. Alors, les projets qui ont
été reportés, quels sont-ils et où sont-ils? Parce
que, quand on décide de financer par le service de la dette, je pense
que c'est pour des engagements majeurs et non pas des accessoires et des
"bebelles". Je pense que, là-dessus, il y a probablement la disparition
-ou, du moins, ils sont dangereusement compromis - d'équipements
très importants et très essentiels. J'aimerais donc que vous me
disiez quels sont ces projets qui ont été reportés
ultérieurement dans les 5 400 000 $.
Les bibliothèques
Mme Bacon: Je commencerais peut-être par la
bibliothèque de Saint-Donat, qui n'était pas
désirée par la municipalité de Saint-Donat, à qui
on offrait presque 200 000 $, 199 800 $. Selon mes informations, la ville de
Saint-Donat pouvait s'en passer encore pour quelque temps parce que, en pensant
à la gestion ultérieure elle ne se sentait pas capable de le
faire immédiatement. Je pense que cela fait l'affaire de tout le monde.
Cette décision n'a pas brimé qui que ce soit. Avant de faire le
reste de la nomemclature des différents projets, j'aimerais informer
peut-être le député de Saint-Jacques. Dans la façon
de retarder ou de reporter le
développement ou certains développements des
équipements culturels, je n'ai même pas pensé en termes de
comtés, j'ai pensé en termes de régions.
M. Boulerice: Je n'ai pas parlé de comtés.
Mme Bacon: Je vous donne l'information. Je pense qu'il est
important et nécessaire de comprendre, dans la situation
budgétaire actuelle, qu'on ne peut pas donner à chacune des
municipalités son musée, sa bibliothèque, son centre
culturel et en ajouter, ajouter. Je pense qu'il fallait faire ces choix suivant
les étapes où étaient rendus les différents
dossiers par rapport au développement des équipements culturels.
Donc, je viens de dire que la municipalité de Saint-Donat n'était
pas empressée plus qu'il ne fallait de prendre en charge ensuite cette
bibliothèque. Elle n'est pas offusquée que nous retardions ce
dossier. Il s'agit de presque 200 000 $.
Il y a la bibliothèque de Joliette, au montant de 410 000 $, qui
a été incendiée.
Une voix: Une autre.
Mme Bacon: Oui. Je pense qu'on va attendre avant de recommencer
le dossier.
M. Boulerice: Attendez, vous parlez de la bibliothèque de
Joliette.
Mme Bacon: Elle était dans un site qui a été
incendié.
M. Boulerice: Oui, je sais, effectivement.
Mme Bacon: On va attendre un peu. On va regarder davantage
où on s'en va là-dedans. Je comprends que le député
de Joliette va vouloir avoir ce...
M. Boulerice: Je peux en parler, madame, c'est ma ville natale.
Alors, vous voyez le développement régional, monsieur mon
collègue, cela me préoccupe encore.
Mme Bacon: Si on parle de famille, ma famille vient de cette
région. On a tous des attaches partout.
M. Boulerice: Vous nous refusiez tantôt, madame, des points
en commun et on s'en trouve.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier, vous aviez demandé la parole.
M. Godin: Combien de villes seront privées de
bibliothèques cette année?
Mme Bacon: Pardon?
M. Godin: Combien de projets, de bibliothèques
municipales, comme celui de Saint-Donat, ont été annulés
ou reportés? Au total, combien de municipalités devront se priver
de bibliothèques?
Mme Bacon: Cinq.
M. Godin: Cinq en tout?
Mme Bacon: Cela vous surprend?
M. Godin: Non, je vous pose la question.
M. Chevrette: Les exemples que vous venez de donner, Mme la
ministre...
Mme Bacon: Je vais vous en donner d'autres.
M. Chevrette:... ce sont les refus de municipalité.
Mme Bacon: Quant à la bibliothèque de Saint-Donat,
la municipalité nous dit qu'elle ne veut pas l'avoir.
M. Chevrette: Par rapport à la coupure sur le programme?
Je comprends que vous pouvez peut-être extrapoler. Cela vous a
aidée à dire que ce n'est pas tout le monde qui en veut?
Mme Bacon: M. le Président, on ne jouera pas sur les mots,
on ne fera pas de la sémantique cet après-midi. C'est
reporté. Ces dossiers sont reportés dans le temps. Quand une
municipalité dit: Moi cela ne presse pas, je n'en ai pas besoin cette
année; vous me donnez 200 000 $ dont je ne veux pas, on peut attendre un
peu...
M. Chevrette: Ce n'est pas tout à fait ce qu'elles
disent.
Mme Bacon: C'est à peu près cela.
M. Godin: Est-ce le cas des cinq que vous mentionnez, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Pour les autres, il y a d'autres raisons. Je vais vous
donner la salle de spectacles de Baie-Comeau, par exemple, 2 600 000 $; on
attendait toujours le fédéral, qui n'est pas venu. Alors, je
pense que les 2 600 000 $, on peut les reporter aussi à une autre
année. Je ne vois pas pourquoi on garderait cela au budget si le reste
ne vient pas. On ne peut pas payer tout seul le coût de cette salle.
Le Président (M. Trudel): La députée de
Chicoutimi a demandé la parole.
Mme Bacon: Oui, allez-y.
Mme Blackburn: Je vais laisser terminer Mme la ministre, si vous
le permettez.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, Mme la
ministre.
Mme Bacon: Parce que cela vous donnerait un éclairage.
M. Boulerice: Le vôtre aussi va nous aider.
(15 h 45)
Mme Bacon: La salle de spectacles de Valleyfield, qui est au
montant de 860 875 $, n'était pas suffisamment avancée. Je pense
qu'on a regardé les dossiers qui étaient avancés en
deçà de 40 %, par exemple; c'est là qu'on a pris des
décisions. Les autres, 40 % et plus d'avancement dans les travaux, on
n'a pas touché à cela. Alors, pour cette salle, les dossiers
n'étaient pas suffisamment avancés. Il a fallu décider de
la reporter.
La bibliothèque Saint-Gervais, c'est la même chose. Je
pense qu'elle en était aux plans et devis ou à peu près.
Ce sont des dossiers qu'il fallait reporter: la bibliothèque Les Saules,
la bibliothèque de Lyster, la Maison Provancher. Est-ce que vous voulez
les montants en même temps? C'est un montant de 289 690 $ pour la maison
Provancher; ville de Rivière-du-Loup, le couvent Bon-Pasteur, le centre
culturel, 600 000 $, qui est aussi reporté. Je pense que je n'en ai pas
oublié, j'ai tout donné. Il y avait 39 projets de
réalisation de moins de 40 %. Sur les 39 projets, il y en a neuf qui ont
été reportés clairement.
M. Chevrette: Pour un montant global de?
Mme Bacon: De 5 362 490 $. Alors, les autres progressent. Il a
fallu, évidemment, faire ces choix suivant les dossiers que nous avions
devant nous. Mais, même si les autres étaient à moins de 40
%, on a considéré, à ce moment-là, les
régions, pour ne pas pénaliser des régions et avoir au
moins un équipement culturel d'importance; même s'ils
n'étaient pas avancés à 40 %, on a donné le feu
vert à la continuation de ce développement.
Dans les autres dossiers qui continuent, 46 projets pour 38 000 000
$.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que la
députée de Chicoutimi a toujours une question à poser?
Mme Blackburn: Oui, M. le Président. Je dois dire que
j'apprécie le souci de la ministre des Affaires culturelles de ne pas
pénaliser globalement une région.
Par ailleurs, vous me permettrez de m'inquiéter quand même;
il y a quelque chose qui me dérange. On est en train, ensemble, de
parler du développement des bibliothèques dans la province de
Québec. S'il y a, il me semble, une question à laquelle devrait
être particulièrement sensible la ministre des Affaires
culturelles, c'est bien le développement des bibliothèques dans
la province de Québec. Cela veut dire qu'une municipalité qui n'a
pas cette sensibilité, on dit: Bien, ce n'est pas grave, cela va nous
faire moins de dépenses cette année, mais on ne se soucie pas des
effets que cela va avoir sur le développement de cette
collectivité. Il me semble que, en plus d'encourager certains projets,
le rôle d'un tel ministère, c'est aussi un peu de faire de
l'animation. On connaît les habitudes de lecture des
Québécois. Cela n'a rien de reluisant. Que, comme cela, on
accepte de sacrifier dans les bibliothèques, cela me préoccupe;
Bientôt on parlera de l'édition; je veux dire que moins on a de
bibliothèques, moins on vend de nos livres québécois
également.
Alors, cela semble fait de façon très comptable. Je n'ai
rien contre cela, sauf que, pour la responsable d'un tel ministère, il
me semble que vous faites cela avec une sérénité que, je
dirais, je n'admire pas en la circonstance parce que je trouve cela
sérieux comme décision.
J'ai de la difficulté à comprendre qu'on puisse, comme
cela, délibérément, dire: 5 382 590 $, ce sont des
bibliothèques. C'est quelque chosel Et, en plus, permettez-moi de le
souligner, la même situation se reproduit dans nos universités,
dans nos écoles et dans nos collèges. Après cela, on va
parler de politique de lecture et de politique d'édition. Trouvez-moi la
cohérence!
Mme Bacon: J'ai aussi regardé froidement un dossier que
j'ai eu devant moi à un moment donné quand nous faisions
l'étude des différents dossiers de développement
d'équipements culturels, un dossier de 2 000 000 $, la pulperie de
Chicoutimi, que j'ai laissé passer avec la même
sérénité...
Mme Blackburn: Je vous ai dit que je l'appréciais.
Mme Bacon:... - je ne vous demande pas cela, si vous voulez me
laisser continuer, s'il vous plaît - que je laisse passer d'autres
dossiers que j'ai accordés. Il s'agit ici de cinq bibliothèques
dont certaines n'étaient même pas requises par les
municipalités, mais offertes aux municipalités.
Je pense qu'il va falloir regarder froidement aussi le Service de la
dette du Québec. Je dis que ce ne sont pas des coupures
budgétaires, ce sont des projets qui sont reportés dans le temps;
non pas aux calendes grecques, mais rapidement nous allons revoir ces dossiers
avec les
municipalités et revoir aussi la gestion qu'elles veulent bien en
faire par la suite, parce qu'il va falloir que ce soit géré par
elles, ainsi que les modes de financement qu'on peut entreprendre avec les
municipalités. C'est pour cela que j'ai rencontré cette
année - je ne pense pas que cela ait été fait par mon
prédécesseur - les gens de la table de concertation
Québec-municipalités pour d'abord discuter avec eux de ce dossier
des bibliothèques et les sensibiliser davantage. Après un plan
quinquennal, je pense que c'était normal que le ministre s'assoie
à la même table que les municipalités et discute avec elles
des possibilités de prolonger le réseau des bibliothèques
dont le Québec est, quand même, assez bien pourvu. Après ce
plan quinquennal, on se devait de réajuster peut-être notre
façon de travailler avec les municipalités.
Si je m'énervais, M. le Président, de voir le bourbier
dans lequel nous sommes à cause de l'état des finances dans
lequel nous a laissés le précédent gouvernement, on
pourrait en discuter toute la journée. Oui, je serais inquiète.
Je suis aussi inquiète de voir que mon prédécesseur a
engagé des sommes pour les deux années à venir. Il les a
engagées en 1985, ce qui m'empêche de faire quoi que ce soit comme
développement dans certains domaines. Ce n'est pas moi, M. le
Président, c'est mon prédécesseur. Si vous voulez qu'on en
parle; on va en parler. Mais, là aussi, je dois garder ma
sérénité parce que j'ai la responsabilité du
ministère des Affaires culturelles et que je suis limitée par les
gestes qui ont été posés par mon
prédécesseur. Je ne parle pas de mon prédécesseur
immédiat, mais de l'autre prédécesseur; on va faire une
nuance pour le député de Mercier. Cela m'empêche, dans
certains programmes, de faire du développement parce que je dois honorer
des engagements qui ont été pris par mon
prédécesseur sans budget. Je dois tenter de trouver à
l'intérieur de mon budget global des crédits pour couvrir ces
engagements, trouver les sommes nécessaires afin d'honorer les
engagements qui ont été pris par ce
prédécesseur-là.
Mme Blackburn: M. le Président, plutôt que de
m'affecter, la réponse me rassure parce que je suis à peu
près certaine qu'on en fera, au moins, des investissements dans ce
secteur, si les engagements ont déjà été pris.
Mme Bacon: Alors, vous vous énerviez pour rien, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Je trouve cela préoccupant. Je me dis que
celle qui est le porte-parole de cette question du développement
culturel au Québec, au Conseil des ministres, si elle n'est pas plus
convaincue de la nécessité de maintenir et de défendre
certains programmes, il y a de quoi être préoccupé. Par
ailleurs, on parle beaucoup de développement économique, on
prétend être ce gouvernement qui va refaire la santé
économique du Québec; je dis bravo. Mais, si vous avez bien
examiné comment ont procédé les autres pays les plus
avancés, lorsqu'on a parlé de développement
économique, ils ont des politiques culturelles parmi les plus
généreuses parce qu'ils estiment que cela va de pair. Plus vous
développez l'imagination et la créativité de votre
population, plus vous êtes à même de la faire créer
aussi dans d'autres secteurs. Ce que je constate, dans ce dossier comme dans
d'autres, c'est qu'on ne semble pas être parfaitement cohérent. Je
serais rassurée surtout si la ministre, qui est responsable du dossier
se sentait un peu plus impliquée dans ce dossier.
Mme Bacon: Pour compléter certaines informations que je
viens de donner, j'aimerais dire à la députée de
Chicoutimi, M. le Président, que pendant vingt ans le budget du
ministère devra payer 3 400 000 $ à chaque année au
service de la dette pour ce qui vient d'être fait en matière de
développement. Je pense que c'est quand même une somme importante
quand on a à administrer un budget. Â chaque année, avant
de budgétiser quoi que ce soit pour des équipements culturels ou
pour développer davantage, il faut, au départ, trouver 3 400 000
$ pour couvrir le service de la dette et cela, pendant vingt ans.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Oui, sur la même question, Mme la ministre.
Est-ce que ce sont des projets honteux dont vous nous parlez ou si ce sont
plutôt des projets culturels, sur les bibliothèques, les salles de
concert et autres? Parce que les taxes du Québec peuvent servir au
développement culturel aussi bien qu'au développement
économique, je pense. Est-ce que vous avez honte des projets dont vous
parlez ou si ce sont des projets que vous défendriez?
Mme Bacon: Non, je disais tantôt que nous avons 48 projets
en cours, si ma mémoire est fidèle.
M. Godin: Les 3 000 000 $ par année, est-ce que ce sont
des projets culturels qui sont de la tâche précise et, je dirais,
fondamentale du ministère que vous dirigez présentement ou des
projets farfelus, frivoles ou autres? Est-ce que vous les condamnez en tant que
projets ou en tant que dettes à
acquitter pour des projets valables?
Mme Bacon: Non, en tant que financement, que la façon de
les financer; je pense qu'il faut peut-être revoir le financement du
développement des équipements culturels. II faut peut-être
revoir la façon de les financer.
M. Godin: En partie par les municipalités et en partie par
le Québec, ces projets-là.
Mme Bacon: Le Québec paye souvent presque totalement la
facture.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, là-dessus, je dirais
que ce n'est pas seulement les Affaires culturelles; on peut regarder le
ministère de l'Éducation, la santé.
Mme Bacorn Ce ne sont pas les crédits d'un autre
ministère.
M. Chevrette: Non. Quand vous dites, Mme la ministre, qu'on a 3
000 000 $ par année de service de la dette, c'est quand même,
proportionnellement à d'autres ministères, petit. 3 000 000 $ sur
192 000 000 $ pour le service de la dette, je parle seulement de proportion, ce
n'est quand même pas extrême, c'est à peu près 300
000 000 $. Si vous comptez à peu près 10 % sur le service de la
dette, cela ferait 300 000 000 $ d'équipements culturels; je vous avoue
que ce n'est pas la mer à boire pour une collectivité.
Mme Bacon: Je ferai remarquer au député de Joliette
que cela ne comprend pas le service de la dette que nous devons assumer pour le
musée, par exemple, pour les grandes institutions, la Place des
Arts...
M. Chevrette: Toutes les corporations que vous étudiez
à part, d'accord.
Mme Bacon:... qui sont à part, qui sont
considérées à part. Les 3 400 000 $ ne sont pas pour ces
grandes institutions, c'est en plus.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Donc, il y a 3 200 000 $ de coupures. À
l'élément 2, Soutien au fonctionnement des équipements
culturels, avec, comme sujet, "aide aux bibliothèques municipales", il y
a également une coupure de 3 800 000 $ en 1986-1987 pour l'aide aux
bibliothèques municipales. J'aimerais savoir quels volets d'aide vont
être les plus touchés par ces coupures. Est-ce que c'est l'aide au
fonctionnement, l'aide à la rénovation, l'aide à la
construction ou pis encore à mon point de vue, est-ce que c'est l'aide
à l'acquisition de volumes? Si, par malheur, c'était le cas, on
toucherait tous les effets extrêmement bénéfiques pour les
librairies québécoises qu'on a réussi à
créer et, comme je le disais dans le texte inaugural, les
bénéfices énormes en termes de qualité, de
disponibilité de manuels et de livres en librairie dans les
régions qu'on a réussi à créer avec la loi 51 qui
est un peu en parallèle de cela. Alors, de nouveau, quel est le volet
d'aide qui va être le plus touché? Est-ce l'acquisition de volumes
où là, il y a pénalisation des libraires,
pénalisation des éditeurs et pénalisation surtout des
auteurs et des lecteurs? Quelles régions vont être les plus
touchées par ces coupures?
Mme Bacon: Quant à l'aide aux bibliothèques
centrales de prêt, nous n'avons pas voulu réduire
sensiblement...
M. Boulerice: Les bibliothèques municipales.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, j'ai droit à ma
réponse. Je commence par les bibliothèques centrales de
prêt pour vous expliquer les choix que nous avons faits. Nous n'avons pas
voulu réduire les sommes qui étaient accordées aux
bibliothèques centrales de prêt pour les petites
municipalités de 5000 habitants et moins. Le réaménagement
des sommes qui est accordé touche les 140 bibliothèques
municipales autonomes. Comme nous arrivions, avec notre budget qui couvre la
période du 1er avril au 31 mars, au moment où les
municipalités avaient déjà commencé dans le budget
de l'année, parce qu'elles, c'est du mois de janvier à
décembre, et que c'est évident que nous savions qu'il y aurait
certains problèmes, nous avons voulu assouplir les normes quant aux
dépenses de fonctionnement et d'administration du budget qui sera
accordé aux municipalités. (16 heures)
Donc, les municipalités vont faire des choix avec les sommes qui
leur seront accordées. Pour cette année, nous avons assoupli ces
normes pour leur permettre un ajustement. Par la suite, en cours de route
jusqu'à l'automne, parce que les décisions seront prises pour le
prochain budget d'ici à l'automne, nous reverrons avec elles le
programme d'aide aux municipalités, aux bibliothèques et nous
travaillerons ensemble à trouver la meilleure façon de
fonctionner pour le prochain budget.
M. Boulerice: L'aide aux bibliothèques centrales de
prêt, le budget pour 1986-1987 est de combien?
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: L'aide aux bibliothèques centrales de
prêt?
Mme Bacon: 5 821 000 $.
M. Boulerice: 5 821 000 $. Donc, vous le maintenez.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice; D'accord.
Mme Bacon: Quant aux régions qui sont
touchées...
M. Boulerice: Si on revient aux régions qui sont
touchées, on se reporte à l'élément 2.
Mme Bacon: On était là, je pense.
M. Boulerice: Aide aux bibliothèques municipales.
Mme Bacon: C'est là que nous étions.
M. Boulerice: Non, c'est parce que ce matin vous avez
insisté pour qu'on respecte un certain ordre. J'ai eu le malheur de
m'avancer...
Mme Bacon: Je réponds à vos questions, M. le
député. L'élément 2?
M. Boulerice: Oui, mais pas dans l'ordre que vous m'avez
indiqué de suivre ce matin. Enfin, d'accord, allons-yl
Mme Bacon: Vous êtes à l'élément
2?
M. Boulerice: Bibliothèques municipales. Il y a une
coupure de 4 000 000 $. Je répète la question: Quel est le volet
qui va être le plus touché: fonctionnement, rénovation,
construction, acquisition de volumes, et quelles sont les régions qui
vont être le plus touchées?
Mme Bacon: En fait, un budget de bibliothèque publique est
de 55 % pour le fonctionnement du personnel; les livres, 14 %; le local,
l'endroit, 13 %; autres, 18 %, pour un total de 100 %. J'ai dit tantôt
que nous avons assoupli les normes cette année pour les
bibliothèques. À l'intérieur du budget qu'on va leur
accorder, on va les informer des montants dont elles pourront
bénéficier au cours de l'année et elles feront
elles-mêmes ces choix. Nous allons, évidemment, surveiller les
bibliothèques et l'administration de ces choix. S'il y avait des
problèmes en cours de route, nous travaillerons avec elles pour les
ajuster.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi,
Mme Blackburn: On vient de parler de deux coupures. Je ne suis
pas encore très familière avec ce dossier. Une première,
c'est le report de projets de construction de bibliothèques de l'ordre
de 5 382 590 $. Les 3 000 000 $ sont-ils compris dans cela? Vous nous avez
fourni ce chiffre-là tantôt.
Mme Bacon: On parlait d'équipements culturels.
Mme Blackburn: Cela comprenait à la fois les salles de
spectacles, mais vous avez parlé...
Mme Bacon: Oui, il y a des salles de spectacles. Il y a des
maisons, la maison Provancher, par exemple.
Mme Blackburn: D'accord. Mme Bacon: Des centres d'art.
Mme Blackburn: Nous sommes là à 5 382 000 $ de
projets qui ont été reportés, les coupures dans les
biblothèques municipales de 3 800 000 $, si je calcule bien.
Une voix: 4 000 000 $
Mme Blackburn: À présent, si j'examine la question
des BCP (les bibliothèques centrales de prêt) cela veut dire 5 821
000 $ non indexés. Comme cela n'est pas indexé et que l'indice du
coût de la vie est de l'ordre de 3, 5 %, c'est donc un manque à
gagner, une perte de 203 000 $ dans cette enveloppe-là. J'ai bien
calculé? Donc, il y a une diminution effective dans le budget des BCP,
puisque ce n'est pas indexé.
Mme Bacon: On ne l'a pas indexé, mais on a quand
même maintenu le même montant que nous donnions l'an dernier.
Mme Blackburn: Ne pas indexer, c'est diminuer. Vous êtes
d'accord avec cela?
Mme Bacon: C'est vous qui le dites.
Mme Blackburn: Non, si on n'indexait pas votre salaire, vous
verriez que vous avez une diminution par rapport à l'indice du
coût de la vie et à votre capacité de consommer.
Mme Bacon: Nous avons accepté 3, 5 % pour nos salaires. On
attend toujours votre réponse.
Mme Blackburn: Sauf qu'il y en a qui auraient voulu avoir 1 % ou
2 % de plus.
M. Boulerice: Mme la ministre, j'essaie de me rappeler ce que
vous m'avez livré en introduction ce matin. Vous avez dit que le
ministère donnerait des orientations. Je trouve un peu hasardeux que,
dans une coupure de 4 000 000 $, vous alliez, sans aucune indication, dire aux
gens: Vous couperez bien où vous voulez. Quand on sait pertinemment que,
déjà, la part d'achat de livres qui représente 14 % est
mince, je pense que c'est nettement hasardeux. Ils ne couperont pas sur le
personnel, c'est tout à fait normal et légitime. Une
bibliothèque qui se tient bien a besoin d'un personnel qualifié
et je pense qu'en bibliothéconomie, au Québec, on s'est
donné des compétences avec nos institutions d'enseignement. Mais
de là à leur dire d'aller au grand hasard et de couper là
où ils le voudront bien, cela risque d'avoir des effets
extrêmement négatifs au niveau de l'achat de livres, donc, encore
une fois, au niveau de la présence de librairies bien
étoffées, bien stockées, en régions,
l'accessibilité pour les Québécois à une diffusion
de livres intéressante. Je ne comprends pas que vous n'ayez pas
jugé bon de donner des indications.
Mme Bacons Je pense que le député de Saint-Jacques
ne m'a pas comprise, non plus, tantôt quand j'ai donné les
explications.
M. Boulerice: J'ai bien compris. Vous avez dit "at large" et on
reverra après. Mais ce n'est pas fait.
Mme Bacon: Je vais les répéter. Je pense qu'il
serait peut-être bon que je le dise encore une fois. J'ai senti le besoin
de discuter, de dialoguer avec le milieu municipal qui assume aussi des
responsabilités. Il n'y a pas que la province qui en assume. Le
municipal en assume aussi. Et j'ai rencontré les
intéressés à la table de concertation
Québec-municipalités. Je pense qu'on ne peut pas voir plus
représentatif du milieu municipal que cette table de concertation.
M. Chevrette: Comme on l'a tous fait pendant qu'on était
là.
Mme Bacon: Je l'ai fait, moi aussi. Je ne pense pas que le
ministre des Affaires...
M. Chevrette: Non, mais c'est parce qu'elle disait que son
prédécesseur ne l'avait pas fait. Il l'a fait.
Mme Bacon: Je l'ai fait quand même. Vous voulez avoir la
réponse? Pour que le député de Saint-Jacques comprenne
bien.
M. Chevrette: C'est elle qui l'a affirmé, ce n'est pas
toi.
Mme Bacon: J'ai rencontré la table
Québec-municipalités pour expliquer aux intéressés
la diminution de 4 000 000 $, pour leur expliquer aussi qu'il y avait des
possibilités de travailler ensemble au cours de l'année,
après cinq ans, un plan quinquennal qui se terminait... parce que de
1981 à 1986, c'était normal qu'on remette en question le
fonctionnement de cette subvention, comment on va fonctionner ensemble avec les
municipalités et leur dire de chercher avec nous des solutions aux
subventions des bibliothèques publiques autonomes, chercher aussi avec
eux les possibilités de financement. Il est évident que j'ai
parlé aussi des livres, du fonctionnement, du personnel, des
dépenses qui devaient être faites, de rationaliser, mais en
même temps d'être conscients que l'achat de livres est important,
aussi important, souvent, que le personnel qui est affecté à ces
bibliothèques, et de faire en sorte de respecter certaines normes qu'ils
ont toujours respectées, même si on les assouplissait cette
année, à l'intérieur du budget qui leur était
accordé.
M. Boulerice: Mme la ministre, M. le Président, vous avez
dit: Je suis allée expliquer les raisons de cette coupure de 4 000 000
$.
Mme Bacon: Les coupures.
M. Boulerice: Quelles étaient les raisons? Pourquoi avoir
coupé 4 000 000 $?Est-ce qu'on achetait trop de livres, y
avait-il trop de personnel, des locaux trop grands, des autres et des divers
trop volumineux?
Mme Bacon: Ce n'est pas moi qui fais les choix, M. le
Président. J'ai discuté avec les municipalités de la
possibilité de fonctionner à l'intérieur du budget que je
leur accordais cette année et même, au moment où je les ai
rencontrées, je leur ai dit que les normes devaient être
respectées comme elles ont toujours été respectées
dans le passé. Il est évident qu'il faut qu'elles achètent
des livres, qu'elles maintiennent du personnel, qu'elles gardent les locaux
adéquats. Cela fait partie de leur gestion des budgets qui leur sont
accordés au cours de l'année 1986-1987. Il avait
été accordé aux bibliothèques, en 1985-1986, 14 000
000 $. Comme nous avons choisi de ne pas éparpiller les compressions
budgétaires dans l'ensemble des dossiers, il a fallu faire des choix qui
ne sont pas toujours faciles à faire, tous ceux qui ont
été ministres le savent. Les choix ne sont pas faciles à
faire et il fallait en faire certains.
Comme le plan quinquennal se termine, il est normal de le
réviser. Il est normal aussi de regarder de plus près les
possibilités budgétaires des municipalités et les
nôtres et
voir de quelle façon on pourra fonctionner à l'avenir.
D'ici à octobre, nous allons trouver de nouvelles façons de
fonctionner avec les municipalités pour faire en sorte de ne pas
pénaliser la population dans la qualité des livres, la
qualité du fonctionnement, la qualité du personnel qu'elle a
devant elle et la qualité des locaux. Je pense que cela répond
aux normes qui ont toujours existé.
M. Boulerice: II se termine, le plan quinquennal. Il se termine,
mais il n'est pas terminé. Avant qu'il soit terminé - que vous
ayez le goût d'en faire une réévaluation m'apparaît
tout à fait justifié - déjà, vous leur dites: C'est
4 000 000 $ de moins. Mais vous ne donnez pas de raison. C'est une commande du
Conseil du trésor. Les bibliothèques et les livres, tout le monde
sait que c'est un secteur extrêmement fragile. C'est un secteur où
les acquis sont quand même très récents. Et là, tout
de suite, il y a une charge à ce niveau. C'est un choix politique que
vous avez délibérément fait, si je comprends.
Mme Bacon: C'est un choix de budget que j'ai fait. L'an dernier,
la subvention était de 19 %. Cette année, elle est de 12 %, donc
une diminution de 7 %.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Donc, c'est un choix politique.
Mme Bacon: C'est un choix administratif, M. le
Président.
M. Chevrette: Je m'excuse, mais pour administrer, quand on est
élu, c'est un choix politique que l'on pose vis-à-vis de
l'administration qui nous est confiée. Donc, vous avez politiquement
choisi de couper administrativement dans les bibliothèques à
l'intérieur de votre budget. Je ne dis pas que vous n'avez pas le droit.
C'est exactement le rôle d'un ministre de couper si on lui demande de
couper; si on décide collectivement au Conseil des ministres de couper
ou de faire des ponctions, je pense que cela relève des ministres
d'indiquer, à l'intérieur de leur budget, où on doit
couper.
Vous avez donc décidé - et c'est ce que je ne comprenais
pas dans votre réponse à Mme la députée de
Chicoutimi et à mon collègue de Saint-Jacques - et vous avez dit:
Ce n'est pas moi qui fais les choix, c'est-à-dire que ce n'est pas vous
qui allez décider comment les municipalités vous feront les
suggestions. Je comprends cela. Mais les 4 000 000 $, c'est votre propre
décision. C'est la décision de Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est évident que ce ne sont pas les
municipalités qui me l'ont demandé.
M. Chevrette: C'est un choix politique de couper dans les
bibliothèques comme vous auriez pu tout aussi bien décider de
couper plutôt, au service de la dette, dans les équipements
culturels pour l'année 1986-1987, comme vous auriez pu décider
purement et simplement de dire: II n'y aura plus de subvention aux CRC, aux
conseils régionaux de la culture, en 1986-1987, parce que je dois faire
une ponction de tant.
Votre choix politique s'est arrêté sur le service des
bibliothèques. C'est en cela que je considère la question du
député de Saint-Jacques comme très importante. Vous avez
posé un choix très politique sur la clé même de la
culture en ce qui concerne plusieurs municipalités qui sont
complètement démunies. Je pense que c'est un choix politique que
nous avons le droit de critiquer objectivement en disant que vous auriez
peut-être pu aller vers d'autres choix politiques dans votre
décision. C'est un peu cela que le député de Saint-Jacques
et la députée de Chicoutimi vous disent.
Si vous avez terminé quant aux bibliothèques...
Mme Bacon: Non, j'aurais peut-être...
M. Chevrette:... j'aurais, à cet
élément-ci... La nomenclature n'est pas nécessairement la
même partout et change. Je voudrais savoir si c'est sous cette rubrique
du programme qu'on retrouve le programme d'aide à l'équipement
mineur, dans le domaine culturel.
Mme Bacon: J'aimerais ajouter... C'est à
l'élément 1, on l'a passé, mais on peut y revenir, si vous
le voulez.
M. Chevrette: Si vous n'y avez pas d'objection. J'attendais
là.
Mme Bacon: Puisqu'on veut terminer sur les bibliothèques,
j'aimerais dire que nos partenaires, les municipalités, sont capables,
si elles le veulent, de faire des compressions et de donner le même
service, d'acheter des livres et d'avoir des locaux adéquats. C'est
aussi leur rôle de bien administrer. Dans les choix qu'on avait à
faire, il y a les choix de couper dans les organismes, de couper chez les
artistes, le soutien à l'artiste, le soutien au créateur, d'aller
dans les autres. On veut rendre ces bibliothèques de plus en plus
autonomes et je pense que c'est peut-être un pas qu'il faudrait franchir.
Nous l'avons peut-être franchi cette année, nous le reprendrons
peut-être l'an prochain lors des discussions que nous aurons avez les
municipalités et les décisions seront prises par la suite.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous aviez une autre question. (16 h 15)
M. Boulerice: Oui, une dernière sur les
bibliothèques, M. le député de Joliette, si vous le
permettez. Il y a une aide aux bibliothèques publiques
spécialisées et aux associations. Si on prend les
bibliothèques publiques, la Magnétothèque que l'on
connaît très bien à Montréal, l'Institut Nazareth et
Louis-Braille et l'Institut national canadien pour les aveugles, l'enveloppe
budgétaire pour 1985-1986 était de 543 000 $. Ma question est
celle-ci: enveloppe budgétaire pour 1986-1987 est à quel niveau
pour ces bibliothèques spécialisées pour les
handicapés visuels?
Mme Bacon: Nous avons les mêmes montants pour la
Magnétothèque, l'Institut Nazareth et Louis-Braille, 8 900 $;
l'INCA, 4 900 $; l'ASTED, 33 800 $. C'est cela. Ce sont les mêmes
montants.
Mme Blackburn: Ce sont les mêmes montants?
M. Boulerice: Montant global de?
Mme Bacon: Pour 1986-1987, c'est 682 000 $ et la
différence entre l'an dernier et cette année, c'est qu'il y a
certaines bibliothèques qui ont demandé des règlements
spéciaux. Quant à la coupure que l'ancien gouvernement avait
faite, je pense qu'il a fallu revenir là-dessus et réajuster dans
certains cas pour la création de nouvelles bibliothèques.
M. Chevrette: Donc, la ponction globale au niveau des
bibliothèques est de 4 000 000 $ et le programme est maintenu sans
indexation. Vous dites...
Mme Bacon: Non.
M. Chevrette:... qu'on veut assouplir la norme qui est de 55 %
pour le personnel, 14 % pour les volumes, 13 % pour les locaux, 17 % pour la
facture d'électricité, le chauffage ou quelque chose. Vous dites
que les municipalités auront plus de souplesse mais, entre vous et moi,
est-ce que cela ne sera pas exclusivement au détriment de l'achat de
volumes? C'est un peu cela que j'essayais de comprendre tantôt par la
question du député de Saint-Jacques et je suis convaincu
qu'automatiquement, cela va être ça. Comment voulez-vous faire une
ponction au niveau des salaires? C'est impossible. Au contraire, il y aurait
même une indexation, fort probablement, si minime soit-elle, mais
même de 3, 5 %, ce serait quand même une majoration par rapport aux
années antérieures.
Deuxièmement, je ne crois pas que l'on puisse penser à
diminuer le coût des loyers. Encore là, il y a augmentation du
tarif d'électricité autorisée par le présent
gouvernement, de 5, 4 %. On ne peut pas baisser la facture là-dessus.
Donc, souplesse ou pas dans l'administration de l'enveloppe, il est
évident que c'est une baisse nette pour la municipalité et,
à ce moment-là, qui ne peut aller que sur quoi? Sur l'achat de
volumes, j'en ai la conviction. À moins que la ministre ne me prouve le
contraire, je pense que deux et deux, cela fait quatre. On a beau essayer de
tricoter cela comme on le voudra, c'est de l'automaticité. Il y a des
choses qui ne mentent pas. Donc, à moins que la ministre n'ait une
dernière intervention là-dessus, j'aimerais revenir sur
l'élément 1 du programme 2.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, vous voulez
répondre à la question du député de Joliette?
Mme Bacon: Je pense que l'Opposition veut faire passer son point
en disant qu'on va nuire à l'achat des livres, c'est un peu ce qu'on
veut faire passer cet après-midi. Depuis tantôt que les
discussions se font sur ce sujet, c'est parce qu'on a un point à faire
passer.
M. Godin: C'est votre décision à vous, madame.
M. Chevrette: On parle des résultats de votre
décision.
Mme Bacon: Non. C'est vous qui le dites. Je fais confiance aux
municipalités. J'ai suffisamment été claire avec les gens
des municipalités pour leur faire comprendre qu'il ne faudrait pas,
quand même, minimiser l'importance de l'achat des livres. Je fais
confiance aux édiles municipaux. Je pense qu'il ont, eux aussi, une
responsabilité face à la population et qu'à
l'intérieur du budget que nous allons leur accorder en 1986-1987 ils
vont faire la part des choses et tenter de respecter les normes qui leur sont
imposées d'année en année.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: J'aurais deux petites questions. Est-ce que c'est
là-dessus?
M. Boulerice: Oui, c'est sur cela. Â ce moment-là,
pour ne pas minimiser effectivement, comme vous le souhaitez, pourquoi ne pas
avoir donné des indications très précises quant au
pourcentage d'achat de livres?
Mme Bacon: Parce que je pense que les municipalités sont
suffisamment
responsables pour faire ces choix et avec les directives qu'on leur
donnait ou avec les informations et les échanges que nous avons eus avec
elles, c'était évidemment important que cela se fasse de cette
façon.
Le plafonnement - et on pourrait peut-être revenir à
ça - à 4 $ per capita et les mesures qui avaient
été mises de l'avant en 1982, enlevaient le caractère
incitatif du programme. Le fait de diminuer les montants, je ne pense pas que
ce soit aussi dangereux que tente de le faire croire à la population
l'Opposition officielle. Le plafonnement même à 4 $ per capita et
les mesures qui avaient été mises de l'avant en 1982 enlevaient
son caractère incitatif au programme.
Une information additionnelle pour le député de Joliette,
M. le Président.
Le Président: (M. Trudel) M. le député de
Joliette veut poser sa question qui nous ramène à
l'élément 1.
M. Chevrette: Je croyais sincèrement que ça pouvait
se retrouver à l'intérieur de tout le programme 2, mais on m'a
dit que c'était à l'élément 1.
Est-ce que vous me permettez de poser une seule question? Elle est
très courte. Pour les équipements mineurs - j'ai demandé
à mon collègue de Saint-Jacques si la question avait
été posée - est-ce que vous avez l'intention de maintenir
le programme au niveau où il était, premièrement, et,
deuxièmement, sera-t-il régionalisé,
décentralisé ou centralisé? Comment entendez-vous
appliquer ce programme?
Mme Bacon: On peut dire oui à votre question. Nous avons
décidé de le garder à 750 000 $, soit 50 000 $ par
région. Cinq fois plus à Montréal et le double à
Québec pour un total de 750 000 $.
M. Chevrette: Décentralisé, administré en
régions?
Mme Bacon: Oui, oui, il me semble. Oui, c'est administré
en régions.
M. Chevrette: Est-ce que c'est possible à ce
moment-là que le message soit véhiculé jusqu'à la
base parce qu'il y a des interrogations dans certaines régions, pas
seulement dans la mienne? La région du Bas-du-Fleuve m'a posé la
question en fin de semaine et je me demandais...
Mme Bacon: Vous voulez dire par nos bureaux régionaux?
M. Chevrette: Oui, est-ce que vos bureaux régionaux
pourraient faire véhiculer cette information parce que ce n'est pas tout
le monde qui le sait?
Mme Bacon: C'est le sous-ministre adjoint responsable des
régions qui prend le message.
M. Chevrette: Ce n'est pas tout le monde qui le sait.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Alors, inévitablement, on déposera
plus tard la liste des librairies en régions qui, malheureusement, ont
dû fermer. J'aimerais maintenant vous poser des questions sur les maisons
de la culture. Est-ce que vous entendez procéder au développement
de nouvelles maisons de la culture au cours de l'année financière
1986-1987? Vous savez qu'il y en a déjà cinq qui sont
établies à Montréal. Il y en a une en voie
d'aménagement actuellement, qui est celle de de Lorimier-Saint-Zotique,
je crois.
Il y a les projets suivants à venir: Sainte-Marie, Ahuntsic,
Mercier, Rosemont, Pointe-aux-Trembles et Saint-Michel. J'aimerais savoir s'il
y a des engagements de votre part pour 1986-1987.
Mme Bacon: Je pense que nous avons répondu à ces
questions dans le cahier qui a été remis à l'Opposition
officielle. On peut peut-être ajouter Frontenac, la maison de Frontenac
qui est autorisée. Quant aux autres projets qui nous sont soumis, ils
seront étudiés à mesure qu'ils nous seront soumis et nous
verrons les décisions à prendre.
Sauvegarde du patrimoine
M. Boulerice: Comme aide aux municipalités, secteur du
patrimoine, M. le Président, quel montant leur sera consacré en
1986-1987 pour la sauvegarde et la mise en oeuvre du patrimoine? L'enveloppe
budgétaire 1985-1986 était de 3 467 600 $
Mme Bacon: L'aide aux municipalités passe de 3 464 000 $
en 1985-1986 à 5 589 000 $ en 1986-1987, soit un écart de 2 125
000 $ et c'est dû en partie et surtout aux ententes qui ont
été faites avec la ville de Montréal et la ville de
Québec
M. Boulerice: Cela représente quel montant?
Mme Bacon: 1 800 000 $ pour Montréal et 1 400 000 $ pour
Québec.
M. Boulerice: Ce qui fait qu'il ne va nous rester que 200 000 $
pour l'ensemble des autres régions.
Mme Bacon: Remarquez qu'il n'y a pas eu de coupures, M. le
Président.
M. Boulerice: Effectivement. Une question qu'on vous pose et que,
malheureusement, on n'a pas dans les cahiers... Contrairement à la
pratique que l'ancien gouvernement a établie, il n'y a pas la
ventilation. Inévitablement, on est obligé d'aller dans le jus
pour essayer d'avoir les réponses à nos questions.
Mme Bacon: Dans les livres à couverture grise, je pense
que ça y était. Vous ne l'avez pas là-dedans?
Des voix: Non.
M. Boulerice: Non, ça n'y est pas pour cette année.
J'ai le regret de vous informer de cela, Mme la ministre. Donc, vous m'avez dit
5 889 000 $. Là-dessus, on soustrait 3 200 000 %, si ma mémoire
est bonne, pour l'entente particulière Montréal et Québec.
Donc, il reste 2 689 000 $. L'enveloppe budgétaire 1985-1986 ne
contenait pas Montréal et Québec.
Mme Bacon: J'aimerais faire remarquer au député de
Saint-Jacques, dans les montants qui sont accordés aux
différentes régions, qu'il y a une augmentation de 30 000 $ dans
l'Est du Québec. Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, cela se maintient. Dans la
Mauricie, il y a une augmentation de 71 000 $; l'Estrie, 29 000 $; l'Outaouais,
27 000 $; la Côte-Nord, 24 000 $. Ce sont des augmentations, M. le
Président.
J'aimerais faire remarquer, pour le Journal des débats, que les
fonctionnaires me disent qu'on n'a jamais donné cette ventilation dont
parle le député de Saint-Jacques au niveau de
l'élément de programme. Il faudrait peut-être qu'il revoie
ce qui a été fait dans le passé.
M. Boulerice: Nous nous sommes servis, justement, des cahiers de
l'an passé pour essayer d'étudier les vôtres cette
année. C'est la première conclusion à laquelle on en est
venu.
Mme Bacon: Ce sont les mêmes fonctionnaires, M. le
Président.
M. Boulerice: Je vais me réjouir, en tout cas, des sommes
que vous injectez à ce niveau-là.
Aide aux organismes du patrimoine: j'aimerais connaître
l'enveloppe budgétaire qui est prévue en 1986-1987 pour les
organismes qui ont charge de la sauvegarde et de la mise en valeur du
patrimoine.
Mme Bacon: II y a une augmentation de 202 000 $.
M. Boulerice: Augmentation de?
Mme Bacon: 202 000 $. Nous passons de 450 000 $, en 1985-1986,
à 652 000 $ en 1986-1987. Si on veut faire une ventilation de chacune
des régions, je vais vous donner cette ventilation. L'aide aux
organismes du patrimoine: dans l'Est du Québec, nous donnons 8000 $ de
plus. Il n'y en avait pas au Saguenay-Lac-Saint-Jean; alors, nous n'en avons
pas cette année non plus. Québec, 15 000 $ de plus; Mauricie, 10
000 $ de plus; Estrie, 1000 $ de plus; Montréal, 146 000 $; Outaouais,
3000 $; Abitibi-Témiscamingue, 34 000 $. Il n'y en avait pas sur la
Côte-Nord en 1985-1986, donc nous restons de la même façon
en 1986-1987.
M. Boulerice: Brièvement, contributions aux particuliers
dans le domaine du patrimoine, l'enveloppe budgétaire 1986-1987 est de ?
(16 h 30)
Mme Bacon: 4 878 000 $. Donc, une augmentation de 1 166 000 $ par
rapport à 1985-1986. Je pensais que le député de
Saint-Jacques nous féliciterait pour les augmentations.
M. Boulerice: Pardon? Je vous félicite, je l'ai fait
tantôt. Ce sont les questions qui suivent qui me préoccupent
toujours. On va arriver au fond du tonneau à un moment donné.
"Élément 3, dans patrimoine historique, archéologique et
naturel; il y a connaissance et animation du patrimoine. Est-ce que vous avez
procédé, Mme la ministre, à une évaluation de
l'impact de ce programme, comme cela a été demandé par les
conseils régionaux de la culture, avant de procéder à
l'abolition?
Mme Bacon: Est-ce que vous voulez savoir le montant?
M. Boulerice: Non.
Mme Bacon: Excusez-moi.
M. Boulerice: Non. Est-ce que le programme est toujours
maintenu?
Mme Bacon: Ce programme n'avait pas été maintenu,
mais nous discutons en ce moment la possibilité de faire des
réaménagements de fond avec le budget global du ministère,
parce qu'il faudrait nous assurer que tous les organismes de mise en valeur du
patrimoine puissent recevoir une certaine aide du ministère et que, pour
certains organismes, ils aient d'autres sources de subventions, même
à l'intérieur de certains autres programmes du
ministère.
Pour d'autres, c'était le seul programme où ils pouvaient
s'adresser pour obtenir des subventions. Donc, pour ceux qui ne peuvent pas, au
cours de leurs activités,
s'adresser à d'autres programmes, nous allons procéder
à des réaménagements pour leur trouver des
possibilités.
M. Boulerice: Êtes-vous consciente que ce volet...
Mme Bacon: Excusez-moi. Nous avons quand même
augmenté le volet d'aide aux organismes du patrimoine, comme je le
disais tantôt, de 202 000 $. En augmentant celui-là, on peut faire
des transferts de fonds de l'aide aux organismes du patrimoine pour subvenir
aux besoins des organismes qui n'ont pas d'autres sources de financement.
M. Boulerice: L'an dernier, le budget était de 439 800 $;
donc, il y a un manque à gagner considérable. Cela risque de se
traduire par une réduction du mandat et des activités des
conseils régionaux de la culture.
Mme Bacon: Je pense que cela n'a pas rapport au budget qui est
accordé aux conseils régionaux de la culture, budget qui est le
même. Ces projets n'étaient pas récurrents. C'est pour cela
que je vous dis qu'il va falloir regarder les sources de financement des
organismes qui n'ont pas d'autres possibilités et faire des
réaménagements de budget pour leur procurer les sommes
nécessaires pour agir. Mais, cela n'a jamais fait partie du budget des
conseils régionaux de la culture.
Restauration du Vieux-Québec
M. Boulerice: D'accord. Restauration du Vieux-Québec. Le
Conseil des monuments et sites du Québec a recommandé que la
ville de Québec se donne les moyens légaux pour garantir
l'intégrité du site. Est-ce qu'on prévoit un plan
directeur pour l'ensemble de l'arrondissement ainsi qu'une
réglementation qui garantira l'intégrité patrimoniale du
site pour tout projet de construction ou de restauration?
II serait intéressant de savoir aussi si le ministère et
ou la ville de Québec a pris les dispositions légales
nécessaires pour s'assurer que les projets de rénovation du
secteur privé vont respecter les spécificités
architecturales de l'arrondissement historique du Vieux-Québec.
Mme Bacon: Les critères de l'UNESCO pour reconnaître
la ville de Québec étaient la Loi sur les biens culturels, la
réglementation sur les biens culturels. Je pense qu'à l'avenir
nous allons continuer à prendre des mesures de protection avec la
municipalité pour protéger le patrimoine. Mais cela existait
puisque le fait de vouloir reconnaître la ville de Québec,
évidemment, l'un des critères était la Loi sur les biens
culturels et la réglementation qui existe. On n'a pas à ajouter
davantage à cela. Je pense que les mesures de protection seront prises
suivant les besoins.
M. Boulerice: C'est cela. Je vous le disais tantôt, si le
Conseil des monuments et sites du Québec recommande effectivement que la
ville se donne les moyens légaux pour garantir davantage
l'intégrité du site, c'est qu'il n'y en a pas.
Mme Bacon: II y a une entente qui a été faîte
entre la ville de Québec et le ministère. Vous-même
mentionniez ce matin que cela avait été fait sous l'ancien
gouvernement. Alors, à l'intérieur de cette entente nous
apporterons, justement, les mesures nécessaires à assurer la
protection du patrimoine.
M. Boulerice: II y a des ententes dans le cas du "partnership"
entre le ministère des Affaires culturelles et le Vieux-Québec,
mais ma question...
Mme Bacon: Cela porte aussi sur l'aspect
réglementaire.
M. Boulerice: Oui, mais ma question portait sur les actions ou
les travaux qu'entreprend le secteur privé. Je pense que c'est
là-dessus qu'est l'intervention du Conseil des monuments et sites du
Québec. Est-ce qu'on a des garanties qu'on va avoir un respect de
cela?
Mme Bacon: Ma réponse est oui.
M. Boulerice: Les moyens seront une loi particulière ou
une réglementation municipale qui pourrait être...
Mme Bacon: II y a une réglementation qui existe aussi. Il
y a de la législation, il y a de la réglementation qui existe. Si
nous voyons la nécessité de faire plus, nous agirons en
conséquence, mais pour le moment tout existe. Et il faut le faire en
concertation avec la ville de Québec.
M. Boulerice: II y a sans doute un manque; si un organisme
très sérieux qui est le Conseil des monuments et sites du
Québec recommande que la ville se donne les moyens légaux pour
garantir davantage - et je cite l'article du Soleil - l'intégrité
du site, c'est qu'il y a sans doute un problème très concret qui
se pose.
Mme Bacon: M. le Président, si jamais on sentait le besoin
de réglementer et de légiférer davantage, nous le ferons.
Mais il fallait que cela existe pour que la ville de Québec soit
reconnue par l'UNESCO. C'était un des critères de reconnaissance
de la ville de Québec. Je ne vois pas le problème.
M. Boulerice: D'accord. Ce que je voulais vous faire sentir c'est
que ma grande préoccupation est que je veux bien voir que les projets de
développement ou de rénovation qui sont faits par le secteur
privé respectent très bien l'intégrité
architecturale du Vieux-Québec.
Mme Bacon: On ne peut faire autrement, M. le Président, il
va falloir que les règlements et la législation soient
respectés par tout promoteur, si promoteur il y a.
M. Boulerice: Et vous vous engagez à intervenir s'il y a
lieu.
Mme Bacon: II leur faut deux permis. Il faut un permis de la
ville et il faut un permis du ministère. Je pense que, quand ils auront
passé à travers ces dédales, ils auront sûrement
respecté les deux.
M. Boulerice: D'accord. Et si par malheur on s'apercevait qu'au
niveau de la réglementation du ministère il y a des ajustements
à faire il n'y aura aucune hésitation de votre part à les
faire. Merveilleux!
Mme Bacon: Les ajustements se feront. En concertation, toujours,
avec le milieu et la ville.
Restauration du Vieux-Montréal
M. Boulerice: Vous me permettrez maintenant de retourner à
ce que certains, dont un maire célèbre, appellent de la nouvelle
capitale du Québec, qui est le Vieux-Montréal. Le montant global
qu'entend consacrer le ministère en 1986-1987 pour la restauration du
Vieux-Montréal était de combien déjà?
Mme Bacon: De 1 800 000 $. M. Boulerice: De 1 800 000
$!
Mme Bacon: J'ai une entente de 7 500 000 $ sur trois ans.
M. Boulerice: Une entente de 7 500 000 $ sur trois ans? D'accord.
Est-ce que l'OPDQ entend aussi intervenir dans le dossier et pour quel
montant?
Mme Bacon: Pou; la première fois, l'OPDQ n'est pas partie
prenante à cette entente. Le ministère des Affaires culturelles y
va tout seul avec la ville.
M. Boulerice: II assume seul... Mme Bacon: Tout seul.
M. Boulerice: D'accord. Mais le montent qui avait
été consacré à la restauration du
Vieux-Montréal en 1985-1986 était? Vous allez peut-être me
dire que c'est moi qui devrais le savoir, mais vous avez bien dit que les
fonctionnaires restent; donc, les données sont encore là.
Mme Bacon: De 1 500 000 $
M. Boulerice: De 1 500 000 $, d'accord.
Mme Bacon: Est-ce que le député va nous
féliciter de l'augmentation?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Est-ce que le député nous
félicite de l'augmentation? Ce sont des félicitations
muettes?
M. Boulerice: Je...
Une voix: II ne félicite pas.
Une voix:... du bon sens!
M. Boulerice: Non, j'ai deux...
Mme Bacon: Ah! J'en ai déjà vu qui consentaient
à parler un peu plus.
M. Boulerice: J'ai deux options, Mme la ministre. La
première, c'est de dire: 5i vous insistez tellement pour des
félicitations, c'est peut-être qu'il y a des mauvais coups qui
s'en viennent, qu'on ne connaît pas, et là vous êtes en
train de stocker. Je pourrais faire plaisir à mon collègue qui
aime beaucoup m'attaquer là-dessus, je pourrais voir dans quelle partie
du Vieux-Montréal les rénovations vont se faire, parce que je
serais bien capable de vous identifier où sont les besoins. C'est une
partie de Montréal que je connais très bien. L'est, de nouveau,
écope et n'est pas représenté au Conseil des
ministres.
Brièvement, Mme la Présidente, la majoration de l'aide aux
projets spéciaux en 1986-1987, ne va-t-elle toucher que les travaux de
parachèvement, plutôt que la restauration de l'entrepôt
Thibodeau à la Place Royale?
Mme Bacon: Est-ce que ce sont des chiffres que le
député désire, M. le Président?
M. Boulerice: Non. Je sais qu'il y a un montant de 1 200 000 $ de
prévu pour l'entrepôt Thibodeau à la Place Royale.
Mme Bacon: Oui, oui.
M. Boulerice: D'accord. Mais, dans
projets d'aide spéciaux, est-ce qu'il y a autre chose que
l'entrepôt Thibodeau à la Place Royale?
Mme Bacon: Pas de dossier majeur.
M. Boulerice: Pas pour le moment. Merci.
Soutien aux arts d'interprétation et de
l'environnement visuel
Programme 4, soutien aux arts d'interprétation et de
l'environnement visuel. Alors, je vais citer le cahier que vous nous avez
remis. Dans le secteur des arts d'interprétation, la consolidation d'une
approche par fonction, c'est-à-dire formation, production, diffusion,
devra permettre de mieux suivre le développement du secteur et de
rationaliser l'aide au ministère.
J'aimerais cela, si vous le pouvez, que vous nous en disiez un petit peu
plus long sur la rationalisation de l'aide du ministère dans ce secteur
des arts d'interprétation par le biais d'une approche dite par fonction.
Quels sont les objectifs qui sous-tendent cette démarche?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous êtes à l'élément 4.
M. Boulerice: Monsieur, oui.
Le Président (M. Trudel): Vous êtes à
l'élément 4 du programme 2. C'est parce que vous avez dit
"programme 4"...
M. Boulerice: Non, non.
Le Président (M. Trudel):... et je ne voudrais pas que
madame,..
M. Boulerice: C'est l'élément 4 du programme 2.
Le Président (M. Trudel): L'élément 4 du
programme 2.
M. Boulerice: Nous n'avons pas changé de cahier encore.
Cela viendra.
Une voix: Je pensais que c'était adopté.
Mme Blackburn: Comme si vous aviez besoin de cela, n'est-ce
pas?
M. Boulerice: On pourrait peut-être te voir dans la section
des prospectives, tantôt.
Mme Bacon: Pour répondre à la demande du milieu -
je ne sais pas si cela répond à la question du
député - et des conseils régionaux de la culture, nous
procédons, en ce qui concerne les arts d'interprétation de
l'environnement visuel, par fonction, par formation, par diffusion et par
production. Ce sont des éléments qui sont pris en
considération au moment où nous allouons les sommes, à la
demande du milieu.
M. Boulerice: Mais, rationalisation, quelles indications vous
ont-ils données là-dessus? Qu'est-ce qu'une rationalisation pour
eux?
Mme Bacon: Je ne vois pas de rationalisation nulle part. Je pense
qu'on a dit...
M. Boulerice: Rationaliser l'aide du ministère.
Mme Bacon: Au dernier paragraphe, vous voulez dire. (16 h 45)
M. Boulerice: C'est cela, oui. Vous m'avez dit que cela venait du
milieu, donc, quels sont les objectifs?
Mme Bacon: Je pense que le fait de procéder par secteurs -
c'est pour cela qu'on dit rationaliser l'aide du ministère correspond
plus à la réalité, aux fins et aux besoins. Cela
répond à la demande du milieu. C'est pour cela qu'on parle de
rationaliser l'aide du ministère; pour répondre plus aux besoins
de la réalité. Cela simplifie, évidemment...
M. Boulerice: Cela m'apparaît une question importante. Ce
n'est pas une question embêtante; ce n'est pas le but visé par
cela. Quand on me dit que le milieu parle de rationalisation, je ne sais pas...
Il me semble qu'ils ont donné des indications au ministre sur ce
qu'était une rationalisation.
Mme Bacon: On a voulu...
M. Boulerice: Je ne demande rien quand il s'agit d'une chose que
je ne connais pas ou dont je n'ai pas connaissance. Vous me dites que c'est le
milieu qui, lui, parle de rationalisation. Qu'est-ce qu'il a voulu
entendre...
Mme Bacon:... de formation, de production, de diffusion par
fonctions. Nous avons ajusté nos programmes à la demande du
milieu. C'est peut-être ce qu'on appelle une rationalisation, une
simplification, une harmonisation et j'en passe, M. le Président.
M. Boulerice: Toujours dans le programme 4, Soutien aux arts
d'interprétation...
Une voix: Élément 4.
M. Boulerice: Élément 4, je m'excuse. Vos
collègues sont attentifs, c'est motivant pour nou9. Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel, il y a un statu quo du
budget de ce programme parce qu'il y a une diminution réelle de 4 %
c'est-à-dire la non-indexation. Je crois que vous allez admettre avec
moi, Mme la ministre, que pour l'élément 4, Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel, le statu quo de cette
enveloppe, où il y a 9300 $ de plus sur 5 800 000 $, se traduit
très nettement par une diminution de 4 % si on tient compte de
l'inflation.
Mme Bacon: On appelle cela le statu quo, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui, mais un statu quo négatif, puisque...
Un statu quo positif aurait fait: Écoutez, vous n'aurez pas plus, mais
vous aurez des sommes d'argent qui tiennent compte de l'argent de 1986.
Là, c'est de l'argent qui tient compte de l'argent de l'année
dernière. Dans ce domaine là, en tout cas, cela m'apparaît
diminuant, rapetissant.
Mme Bacon: Enfin, M. le député de Saint-Jacques, M.
le Président, vous savez que...
M. Boulerice: Là-dessus, vous n'aurez pas de
félicitations, je peux vous le dire tout de suite.
Mme Bacon:... c'est extraordinaire d'avoir au moins
conservé le même montant.
M. Boulerice: Mais moi, madame, je vous préviens, je veux
plus; je ne veux pas le statu quo et je ne veux pas moins. À ce moment
là, je pense que les cartes sont très claires. Quand on aura
atteint l'engagement -vous n'aimiez pas que j'en fasse part ce matin - que vous
avez pris d'arriver à 1 % du budget national pour la culture, à
ce moment-là, ce ne seront pas seulement des félicitations que
vous aurez, mais le meilleur champagne et les plus belles fleurs.
Mme Bacon: M. le Président, laissez-moi au moins ajouter
un mot.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Bacon: Nous avons un mandat de quatre ans et, comme les
élections, ce n'est pas facile à faire le 2 décembre,
j'espère qu'on aura au moins quatre ans et demi et que l'Opposition ne
nous en voudra pas puisqu'elle en a largement bénéficié
pendant deux mandats. Je pensais, quand le député de
Saint-Jacques cherchait à trouver un moyen de souligner quand on aura
atteint le 1 %, qu'il me dirait: Je vais changer de côté.
Mais, les fleurs et le champagne... Je pense qu'on pourrait
peut-être le laisser fêter cela.
M. Boulerice:... vous parlez de trois, quatre ans,
là...
Mme Bacon: Et demi.
M. Boulerice: Vous savez, on ne s'étendra pas
là-dessus; on va parler de ce qui nous préoccupe pour le
moment.
Mme Bacon: C'est parce que vous n'aimez pas en parler de
cela.
M. Boulerice: C'est une autre préoccupation que j'ai,
madame, et vous allez voir, là-dessus, que je ne démordrai pas,
comme pour la culture. Moi, j'aimerais vous parler de la Maison
québécoise du théâtre pour l'enfance et la jeunesse.
J'ai le plaisir de bien la connaître. J'ai le plaisir... Bon, ce n'est
pas mon âge qui me procure ce privilège, mais c'est ma famille,
c'est-à-dire mes neveux et mes nièces qui y sont
intéressés et que j'amène là. Il y a une Maison
québécoise du théâtre pour l'enfance et la jeunesse
qui fait, je crois, un travail extraordinaire et qui est reconnu d'ailleurs par
les critiques lorsqu'on lit les journaux. J'aimerais savoir quel montant vous
entendez consacrer en 1986-1987 à cette maison québécoise
du théâtre.
Mme Bacon: C'est un projet qui nous avait été
soumis, de l'ordre de 10 000 000 $ à 12 000 000 $.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: C'est un projet qui nous avait été
soumis, de l'ordre, je pense, de 10 000 000 $ à 12 000 000 $.
M. Boulerice: Attentionl Je parle de l'aide au fonctionnement
comme tel. Je sais qu'il y a deux volets: il y a la possibilité
d'acquisition d'une maison; alors là, cela est juste, au fond, au niveau
du fonctionnement.
Mme Bacon: Est-ce que ce n'est pas dans le programme 4, M. le
Président?
M. Boulerice: C'est cela, Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel.
Mme Bacon: Élément 4 ou programme 4?
M. Boulerice: Élément 4, programme 2,
Développement culturel. La Maison québécoise du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse.
Mme Bacon: Parce que les montants
pour le fonctionnement sont dans le programme 4. On peut peut-être
revenir au moment où nous étudierons le programme 4. Mais, au
niveau du fonctionnement, on peut vous donner les chiffres tout de suite. Pour
1985-1986, c'était de l'ordre de 165 000 $. Je n'ai pas ceux pour
1986-1987.
Une voix: On va le voir dans le programme 4.
Mme Bacon: On va le voir dans le programme 4,
Le Président (M. Trudel): Est-ce que cela va, M. le
député?
M. Bouterice: Oui. Maintenant, toujours dans
l'élément 4, le projet de restauration du Monument national,
j'aimerais savoir si vous entendez donner suite au rapport sur le projet de
restauration du Monument national qui jugeait non seulement ce projet faisable,
mais également souhaitable. Et est-ce que vous appuyez la proposition de
recyclage du monument national en un musée et un centre pour les arts
d'interprétation, tel qu'il a été suggéré
dans le rapport?
Mme Bacon: Je pense qu'on est encore dans le programme 4, M. le
Président.
M. Boulerice: Élément 4, Développement
culturel.
Mme Bacon: Non, programme 4. On pourrait peut-être
reprendre cela dans le programme 4.
Le Président (M. Trudel): Ce que vous dites, c'est que les
réponses...
Mme Bacon: Elles sont dans le programme 4.
Le Président (M. Trudel):... aux questions sont dans le
programme 4?
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
acceptez-vous de...
M. Boulerice: On va aller les poser...
Le Président (M. Trudel):... retenir cette question
jusqu'au programme 4?
M. Boulerice: On va aller, on va aller. Le Président
(M. Trudel): Merci.
M. Boulerice: Alors, si je vous parle du théâtre
Félix-Leclerc, vous allez me répondre la même chose. Je
vais constituer ma pile rapidement pour qu'on y arrive aussi rapidement par
après. Licorne, cela va. Bon. Soutien aux artistes professionnels.
Alors, c'est l'élément 4, Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel; alors, soutien aux
artistes professionnels, c'est-à-dire théâtre, musique,
danse. L'enveloppe budgétaire 1985-1986: 1 608 600 $. Alors, j'aimerais
connaître le montant prévu en 1986-1987 pour le soutien aux
artistes professionnels.
Mme Bacon: II y a une légère baisse au soutien aux
artistes professionnels en 1986-1987. Nous passons de... Il y a 146 000 $ de
moins. Mais il faut tenir compte que, au niveau du dossier de soutien aux
organismes en arts d'interprétation et soutien aux organismes en arts
visuels et métiers d'art, il y a des augmentations. Alors, à ce
moment-là, je pense que cela peut compenser pour la légère
baisse que nous comptons au soutien aux artistes.
M. Boulerice: On a l'assurance que l'organisme le donne à
l'artiste comme tel, mais dans ce point très précis, c'est une
aide effective aux artistes et c'est quoi, au-delà de 140 000 $, grosso
modo? 140 000 $, c'est 10 % auxquels on additionnerait peut-être 4, 5 %,
ce qui tient compte de l'inflation. Donc, il y a coupure sur ce plan. Le volet
le plus affecté, c'est le soutien à la création ou bien,
c'est un autre?
Mme Bacon: Je ferai une ventilation régionale pour le
député de Saint-Jacques, M. le Président. Dans l'Est du
Québec, il y a un écart de 16 000 $. Saguenay-LacSaint-Jean, il
n'y en a pas; c'est le même montant. La région de Québec,
c'est le même montant. Dans la Mauricie, il y a 4800 $ de moins. Dans
l'Estrie, 6400 $ de moins. Il y a 129 000 $ de - plus à Montréal.
Dans l'Outaouais, 15 800 $ de moins. L'Abitibi-Témiscamingue, 6200 $ de
plus. Côte-Nord, 11 300 $ de plus, pour un total de 146 000 $.
Alors, quand on répartit à l'ensemble des régions,
il y a des régions qui en ont plus, d'autres en ont un peu moins, mais
les montants ne sont pas si énormes.
M. Boulerice: Avez-vous prévu un programme d'aide
spécifique pour la relève à l'intérieur de cette
enveloppe?
Mme Bacon: Oui, la relève en chanson.
M. Boulerice: La relève en chanson. Il est de combien?
Mme Bacon: Les arts d'interprétation, le soutien aux
organismes en arts d'interprétation. Vous voulez dire dans le montant de
146 000 $?
M. Boulerice: C'est cela, oui.
Mme Bacon: Non, pas dans celui-là. C'est l'art
d'interprétation. On a ouvert le programme spécifiquement pour la
chanson.
M. Boulerice: L'élément 4: Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel. Il y a le secteur
métiers d'art. Con-séquemment aux décisions qui ont
été prises, il y a eu une journée nationale d'orientation
en métiers d'art et, sur le plan national, de formation en
métiers, il a aussi été question d'une rationalisation
qu'on veut apporter dans l'aide aux corporations régionales
d'artisans.
Est-ce qu'ils vous ont donné une définition de cette
rationalisation à donner à l'aide aux corporations
régionales d'artisans? Parce que, pour ce qui est de l'enveloppe, je
pense que c'est la même, donc il y a diminution, encore une fois, par
rapport à l'inflation à 4, 5 %.
Mme Bacon: Faux. M. Boulerice: Négatif.
Mme Bacon: Nous avons augmenté pour les régions de
Montréal et de Québec, parce qu'il semble se dessiner deux
pôles qui sont Montréal et Québec. Nous avons donné
les mêmes montants dans les autres régions et on a augmenté
Québec et Montréal qui deviennent les deux pôles importants
et qui le deviendront avec le temps, avec les années, parce qu'on
maintient les autres montants comme nous les avions auparavant.
M. Boulerice: L'élément 4: Soutien aux arts
d'interprétation et de l'environnement visuel. Abandon du programme
d'aide au financement bancaire. C'est un programme de 50 000 $. Pourriez-vous
m'indiquer les raisons qui ont conduit à l'abandon du programme d'aide
au financement bancaire qui touchait particulièrement les organismes en
arts visuels?
Mme Bacon: Ce programme permettait de compenser les
intérêts au moment où les intérêts
étaient très élevés et nous ne sentions pas ce
besoin de l'inclure à notre budget de cette année.
M. Boulerice: La venue de la baisse des taux
d'intérêt?
Mme Bacon: La baisse du taux d'intérêt. (17
heures)
Soutien et expertise au réseau
M. Boulerice: Je ne veux pas vous remercier, parce que ce sont
les banques qui ont fait baisser les taux d'intérêt, vous com-
prendrez.
Élément 5, Soutien et expertise au réseau. 11 y a
ces directions régionales du ministère, il y a une
différence à l'effectif de quatorze postes: six postes abolis,
huit postes de transfert. J'aimerais avoir les mandats prioritaires qui sont
attribués en 1986-1987 aux directions régionales. Je sais que
vous m'avez répondu ce matin qu'il y avait déjà un premier
mandat qui avait été donné, qui était de participer
à un inventaire des équipements culturels en région, mais
je ne pense pas qu'elles vivent de cela durant toute l'année. Quels sont
les autres mandats qui leur ont été attribués?
Mme Bacon: II y a des grands mandats qui restent la
responsabilité des bureaux régionaux. Toute l'administration et
la surveillance du patrimoine est un élément fort important du
mandat de nos directions régionales. Le dossier des arts et des lettres
est aussi un dossier important qui doit être administré par les
régions. Quand on pense aux équipements, il y a quand même
des projets pour 50 millions qui sont en cours et qui doivent être suivis
de près par nos directions régionales. Toute l'étude et la
préparation des projets qui sont soumis à nos directions
régionales demandent énormément de temps et de suivi.
M. Boulerice: Je comprends que les directions régionales
ont leur importance et qu'il y a pour vous l'utilité du maintien des
directions régionales des ministères dans les régions.
Mme Bacon: Je pense que le service à la population... On a
parlé de nos origines depuis le matin; étant moi-même
originaire d'une région autre que Québec et Montréal, je
sais ce que c'est de ne pas habiter une ville, un grand centre comme
Québec ou Montréal. Il y a toujours les frustrations du milieu.
Je pense que c'est non seulement normal, mais important de maintenir le service
à la clientèle par le biais de nos bureaux régionaux. Il
n'est pas de mon intention de fermer les bureaux régionaux, au
contraire. Il faudrait peut-être, à l'avenir, augmenter le nombre
de ces bureaux quand les ressources budgétaires pourront être
mises à notre disposition.
M. Boulerice: Augmenter leur capacité d'intervention dans
le milieu et leurs ressources.
Mme Bacon: II faut tenir compte aussi du rôle que jouent
les conseils régionaux de la culture, un rôle d'animation, de
connaissance des besoins du milieu. Je pense que c'est d'essayer de consolider
les rôles des uns et des autres et de faire en sorte que chacun, tout en
n'empiétant pas sur le
terrain de l'autre, dans une concertation, représente bien les
besoins du milieu.
M. Boulerice: D'accord. Alors, dans Soutien et expertise au
réseau, l'aide au fonctionnement des conseils régionaux de la
culture dont on parle occasionnellement depuis tantôt, l'enveloppe
budgétaire 1985-1986 était de 1 580 900 $. Est-ce que vous
pourriez me donner l'enveloppe budgétaire pour cette année?
Mme Bacon: C'est sensiblement la même chose. C'est le
même montant.
M. Boulerice: Même montant? D'accord. Vous avez
indiqué aussi, ce matin, que vous invitiez certains conseils, enfin ceux
qui étaient prêts ou s'en sentaient le goût, à
participer à cet inventaire des équipements régionaux.
Est-ce qu'il y a déjà un rôle et des priorités que
vous entendez assigner au conseils régionaux de la culture pour
l'année à venir?
Mme Bacon: C'est un organisme qui est autonome. Un conseil
régional de la culture doit garder une certaine autonomie par rapport au
ministère s'il veut être capable de faire les pressions
nécessaires. C'est quand même un organisme de pression aussi. Je
pense qu'on peut le considérer comme cela. Il doit bien
représenter le milieu auprès des directions régionales et
auprès du ministère comme tel. Si on ne lui garde pas une
certaine autonomie, il devra lui-même définir certains de ses
rôles.
Dans les deux régions que j'ai visitées jusqu'à
maintenant, j'ai fait des rencontres avec les membres du conseil
régional de la culture et nous avons échangé des propos
ensemble sur les possibilités. Il y a peut-être un dossier sur
lequel j'ai demandé à la région de Trois-Rivières,
par exemple, de se pencher, c'est la démographie du Québec par
rapport aux équipements culturels qu'on voudrait voir mettre de l'avant
dans certaines régions. C'est un dossier fort important, peut-être
sur lequel les conseils régionaux de la culture devraient se pencher.
Quand ils font des demandes, ils pourraient peut-être tenir compte de
cela dans l'avenir. Il faut penser à la complémentarité et
non au double emploi quand on pense à ces deux éléments
qui sont importants.
M. Boulerice: Toujours à l'élément 5,
programme d'aide à l'intervention régionale, quelles sont les
raisons qui ont motivé la compression de 400 000 $ audit programme? Ce
sont quand même 400 000 $ de moins d'aide administrée par les
directions régionales du ministère, qui sont ses antennes bien
implantées sur les terrains, donc bien conscientes des besoins
locaux.
Mme Bacon: Je pense qu'en ce qui concerne les régions, il
y avait encore là une décision à prendre: ou l'enlever
à nos bureaux en leur demandant de donner le même service à
la population, la même aide, la même concertation avec le milieu,
ou l'enlever aux créateurs, aux artisans, aux artistes de ce même
milieu. Nous avons coupé aux bureaux régionaux.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous... Vous avez terminé avec le programme
2;
M. Boulerice: Avec le programme 2.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 2,
développement culturel, est adopté?
M. Boulerice: Sur division. Institutions nationales
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
Programme 3, Institutions nationales. M. le député de
Saint-Jacques.
Archives nationales du Québec
M. Boulerice: Au programme 3, élément 1, Archives
nationales du Québec, la première question que je vais poser
à la ministre, M. le Président, est celle-ci: Que signifie la
diminution prévue de 260 000 $ à la revue de programmes?
Mme Bacon: Les 260 000 $, c'est une diminution à
l'enveloppe de base de dossiers qui n'étaient pas récurrents.
M. Boulerice: Ce qu'on ne savait pas. Est-ce que les Archives
nationales du Québec entendent multiplier dans ce domaine comme' dans
d'autres - on en a discuté ce matin -la formule de partenariat de
financement, de procéder au microfilmage avec des organismes
privés, ce qui permet, hors de tout doute, des économies
intéressantes pour les Archives nationales du Québec?
Mme Bacon: On a parlé...
M. Boulerice: Excusez, Mme ta ministre. C'est parce qu'il y a eu
une expérience très intéressante aux Archives nationales
avec, je crois, les registres...
Mme Bacon: On ne vous entend pas beaucoup. 5i vous voulez parler
dans le micro, ce serait peut-être plus facile.
M. Boulerice: Bon, parlant d'archives, je pense que les registres
d'état civil sont également des archives. Il y a eu une
expérience de partenariat avec - pouvons-
nous appeler cette Église une entreprise privée, je ne le
sais pas, je ne veux pas leur faire injure - je pense que cela a
été un événement très important au
Québec, très intéressant. La question que je vous pose est
la suivante: Est-ce que vous entendez développer ce style de
partenariat, de financement pour procéder au microfilmage...
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice:... ce qui nous a permis des économies
drôlement intéressantes.
Mme Bacon: La réponse est oui.
M. Boulerice: C'est confirmé? Quand on parle d'archives
aussi, je pense que nos travaux, heureusement, ceux que l'on fait aujourd'hui,
sont appuyés par les moyens de reproduction que nous permet la haute
technologie. Mais, je ne sais pas si je dois vous rappeler la pétition
qu'a déposée votre collègue du comté de La Peltrie
quant à la reconstitution des débats de l'Assemblée
nationale. Est-ce que vous entendez intervenir auprès de votre
collègue pour que cette chose revienne?
Mme Bacon: Je n'ai pas encore revu toute cette...
M. Boulerice: Même si c'est dans le budget de
l'Assemblée nationale, il serait peut-être intéressant que
le ministère des Affaires culturelles qui est gardien des Archives
nationales du Québec s'y intéresse de plus près.
Mme Bacon: J'ai demandé à mes services de me faire
rapport sur ce dossier. Il est évident que cela relève, comme
vous venez de le dire, de l'Assemblée nationale, donc, du
président de l'Assemblée nationale. J'attends le rapport des
services internes et, ensuite, je verrai quel geste il faudra poser.
M. Boulerice: Vous dites un rapport. Un rapport de
faisabilité ou un rapport de financement?
Mme Bacon: Un rapport d'impact.
M. Boulerice: Un rapport d'impact. D'accord. Vous l'avez
commandé quand, vous me dites?
Mme Bacon: Au moment où les événements sont
arrivés.
M. Boulerice: D'accord. Et vous allez nous le soumettre
dès sa réception?
Mme Bacon: Nous le ferons connaître... Il y aura
sûrement des gestes qui seront posés de ma part à ce moment
et on pourra en faire connaître les résultats.
Bibliothèque nationale
M. Boulerice: D'accord. À l'élément 2,
Bibliothèque nationale du Québec, il y a le projet de
construction de la Bibliothèque nationale. J'aimerais qu'on puisse faire
le point sur le projet de construction de la Bibliothèque nationale.
Est-ce qu'on entend mettre ce projet en oeuvre au cours de l'année 1987
ou est-ce un projet compromis?
Mme Bacon: Le mémoire qui porte sur le
réaménagement et l'agrandissement de l'édifice principal
de la Bibliothèque nationale du Québec, situé sur la rue
Saint-Denis, à Montréal, a été déposé
au Conseil du trésor par le ministère et la Société
immobilière du Québec en avril 1985. Ce projet dont le coût
était évalué à 18 150 000 $ prévoyait la
construction de 12 700 mètres carrés de superficie,
répartie sur six étages dont deux en sous-sol. Le projet
poursuivait deux objectifs: d'abord regrouper à une seule adresse les
services qui étaient ouverts au public de la Bibliothèque
nationale et aussi pourvoir aux besoins à long terme de l'institution
dans le but de minimiser le nombre d'acquisitions et de
réaménagements d'espace causés par des magasins qui
étaient continuellement en expansion.
À l'heure actuelle, la Bibliothèque nationale, faute
d'espace adéquat au 1700 de la rue Saint-Denis, offre des services au
public à partir de trois endroits différents. Cette situation
n'est pas sans entraîner des inconvénients pour les chercheurs et
aussi des coûts supplémentaires pour l'institution. Le Conseil du
trésor a formulé des interrogations sur la taille et sur le
coût du projet. Dans le contexte actuel de rationalisation des
activités de l'État, le ministère des Affaires culturelles
considère qu'une solution doit être trouvée au
problème de l'éparpillement.
Je pense que c'est un problème majeur auquel il faut trouver des
solutions, l'éparpillement des services au public par la
Bibliothèque nationale n'étant plus acceptable. C'est pourquoi le
ministère a entrepris le réexamen du projet afin de proposer
éventuellement un nouveau projet qui pourrait être moins
coûteux en investissements, mais qui permettrait d'atteindre les
mêmes objectifs, les objectifs qui étaient recherchés
prioritairement, entre autres, celui du regroupement des services offerts au
public. Nous sommes à travailler à cette nouvelle
évaluation des projets. (17 h 15)
M. Boulerice: Donc, vous vous engagez au projet de
construction.
Mme Bacon: Oui, cela suit son cours.
Je pense que la solution des problèmes doit être
trouvée et le regroupement est une solution d'importance.
Conservatoire d'art dramatique de
Québec
M. Boulerice: Sujet qui a une certaine tristesse, M. le
Président, et qui a été vécu, je pense, avec
beaucoup de douleur par la population de la ville de Québec, c'est
l'incendie du Conservatoire d'art dramatique de Québec.
Mme Bacon: Vous êtes à l'élément 3, M.
le député?
M. Boulerice: C'est l'élément 3: Conservatoire de
musique et d'art dramatique. C'est un bien culturel, à moins que je ne
me trompe. À la suite de l'incendie qui a détruit, en
février dernier, une partie du Conservatoire d'art dramatique de
Québec - et, déjà, dimanche, certaines personnes du milieu
m'interrogeaient là-dessus, me faisaient part de leurs
préoccupations - est-ce que vous entendez donner suite dans les plus
brefs délais à la demande de reconstruction de l'édifice
qui a été faite par le maire de Québec, M. Pelletier?
Mme Bacon: L'immeuble comme tel appartient à la
Société immobilière du Québec et non au
ministère des Affaires culturelles. Donc, c'est la Société
immobilière du Québec qui doit faire l'évaluation des
dégâts et aussi l'évaluation du coût d'une nouvelle
construction; ce n'est pas le ministère des Affaires culturelles qui est
le propriétaire de l'édifice. Il faudrait poser la question
à la commission parlementaire qui étudie les budgets de la
SIQ.
M. Boulerice: Je suis bien d'accord, mais vous n'en êtes
pas moins la ministre des Affaires culturelles, donc chargée de
protéger les biens culturels du Québec. Est-ce que vous entendez
faire des interventions auprès de votre collègue responsable de
la SIQ pour que l'on réponde dans les meilleurs délais à
la demande, non pas uniquement du maire, M. Pelletier? Je pense qu'il se
faisait le porte-parole unanime de la population de Québec pour la
restauration du Conservatoire d'art dramatique de Québec.
Mme Bacon: L'édifice en question est un bien
d'arrondissement, il n'est pas classé bien culturel. Il y aura, comme je
le disais tantôt, un inventaire des dégâts qui va être
fait par la Société immobilière du Québec. Il y
aura aussi des décisions qui seront prises par la Société
immobilière du Québec et nous demanderons des avis à la
Commission des biens culturels. Je pense que nous devons travailler aussi avec
la Commission des biens culturels du Québec quant aux
possibilités de reconstruction ou aux décisions qui seront prises
par la SIQ à ce moment-là. Nous suivons le dossier de très
près.
M. Boulerice: C'est effectivement un arrondissement culturel sauf
que, hors de tout doute, l'édifice s'intègre dans
l'arrondissement culturel.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Forcément, et cela, on ne peut pas le
négliger, il y a des difficultés au niveau des étudiants
qui vivent cela.
Mme Bacon: Oui, mais ils sont quand même
relogés.
M. Boulerice: Oui, mais peut-être pas dans des conditions
optimales, c'est bien entendu.
Mme Bacon: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec
le...
M. Boulerice: Je ne vous accuserai pas de l'incendie du
conservatoire, là.
Mme Bacon: Non, je ne suis pas d'accord avec le
député de Saint-Jacques, M. le Président. Je pense que la
relocalisation des étudiants a quand même été faite
d'une façon acceptable.
Je reviens au dossier de l'édifice en question. C'est
évident que la SIQ aura besoin d'un permis de la ville et que nous
demanderons aussi l'avis de la Commission des biens culturels, au moment
où les décisions seront prises.
M. Boulerice: Oui, mais je ne peux quand même pas mettre en
doute la parole du directeur, M. Doré, qui affirme que, dans les
conditions actuelles, les élèves seront incapables d'achever leur
année.
Mme Bacon: Non, cela, c'était avant. Le
député n'a pas les dernières informations.
M. Boulerice: Parfois, c'est parce qu'on ne nous les remet pas
à temps. Votre chef, d'ailleurs, a déjà fait cela
concernant un autre sujet, mais passons. II y a quand même une
difficulté et les étudiants continuent d'ailleurs - et ce sont
eux qui m'interpellaient dimanche - de vivre une situation qui n'est pas
agréable. C'est bien entendu qu'on ne peut pas leur promettre que ce
sera réglé demain matin. On ne refera pas demain matin un
édifice de cette ampleur, mais, tant que vous vous engagez devant moi
à faire les pressions nécessaires auprès de votre
collègue responsable de la SIQ pour que, justement, on agisse le plus
rapidement possible dans la reconstruction du
conservatoire, je m'estimerai très satisfait, Mme la
ministre.
Mme Bacon: Je voudrais quand même donner des informations
qui manquent au député de Saint-Jacques, je pense. Les
élèves ne sont plus logés dans la rue de la
Chevrotière, ils sont au 31 rue Mont-Carmel, qui est l'ancienne ENAP, et
le directeur est fort satisfait de ces locaux, qui ont une vocation scolaire.
Je pense que c'est l'ancienne information que le député de
Saint-Jacques avait.
Quant à l'ancien édifice qui a été
incendié, il est évident que nous allons suivre de très
près ce dossier avec la SIQ et que des décisions se prendront le
plus rapidement possible.
M. Boulerice: "Institutions nationales". Élément 3:
Conservatoire de musique et d'art dramatique, le plan de développement
des conservatoires. J'aimerais connaître les conservatoires qui vont
bénéficier de la mise en oeuvre de certains
éléments du plan de développement des conservatoires qui
sont prévus pour 1986-1987. Dans quelles régions seront-ils
situés?
Mme Bacon: C'est en fait l'ensemble des conservatoires qui vont
bénéficier du budget du ministère. Le développement
dans les conservatoires - on a quand même des crédits de 700 000 $
- vont servir à la consolidation administrative et au
développement de nos conservatoires. Il y a le perfectionnement des
professeurs, le développement du matériel didactique, les
ententes pour la formation professionnelle avec la commission scolaire et les
écoles privées; c'est donc l'ensemble des conservatoires qui
bénéficieront. Il n'y a pas un conservatoire par rapport à
d'autres, c'est l'ensemble, parce que tous en ont besoin.
Centre de conservation de Québec
M. Boulerice: Élément 4, M. le Président:
Centre de conservation de Québec, je pense qu'il existe un
problème de conformité aux exigences avec la CSST qui provoque
une interruption des activités normales du Centre de conservation.
J'aimerais savoir si on est assuré que la relocalisation des
activités va s'effectuer dans des délais minimaux, de
façon à minimiser la durée de l'intervention de ces
activités. Le Centre de conservation a quand même beaucoup de
boulot à faire actuellement, si on songe uniquement aux trois
magnifiques barques qu'on a trouvées lorsqu'on a commencé les
travaux d'excavation du Musée de la civilisation. Je pense qu'en plus,
il faut parler des toiles et tableaux. Est-ce qu'on va faire en sorte que ces
délais soient réduits le plus possible?
Mme Bacon: La relocalisation est en cours. C'est un dossier que
nous suivons de très près aussi. Pour le moment, c'est tout ce
que nous pouvons dire là-dessus.
M. Boulerice: Je m'excuse, je n'ai pas...
Mme Bacon: C'est sur la relocalisation ou...
M. Boulerice: C'est cela, oui. Je n'ai malheureusement pas
compris votre dernière phrase.
Mme Bacon: Elle est en cours et nous suivons le dossier de
très près.
M. Boulerice: De très près, d'accord. Alors voila,
programme 3.
Le Président (M. Trudel): Le programme 3, "Institutions
nationales", est-il adopté? Je m'excuse, Mme la ministre.
Mme Bacon: J'aurais quelques remarques à ajouter sur les
institutions nationales. Dans tous les cas des institutions nationales, c'est
la première année depuis au moins cinq ans qu'elles ne sont pas
comprimées au profit des activités des autres programmes, bien au
contraire, elles recevront cette année un budget de
développement. Je suis surprise que mon collègue ne souligne pas
cet aspect puisqu'il connaît bien les institutions nationales, en
particulier la Bibliothèque nationale. Merci.
M. Boulerice:... le décorum, je ne vous ai jamais
appelé...
Mme Bacon:... le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice:... le député de Saint-Jacques. J'y
tiens après tout, c'est la commission de la culture, il faut savoir
s'exprimer.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: C'est adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté, le programme 3,
"Institutions nationales".
M. Gardner: Est-ce que je peux m'excuser?
M. Boulerice: Non, n'allez pas jusqu'à des excuses, nous
essaierons de demeurer quand même en franche camaraderie malgré
tout.
M. Gardner: D'accord, M. le député de
Saint-Jacques.
Soutien et promotion des arts
Le Président (M. Trudel): Si vous le permettez, nous
passons maintenant au programme 4: "Soutien et promotion des arts, lettres,
musées et industries culturelles". M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'essaie de trouver dans cette belle forêt
québécoise, massacrée pour les besoins de la commission...
Effectivement, nous n'avons pas de bois, M. le Président.
Mme Bacon: Cela ne vient pas de Matane.
M. Boulerice: Cela ne vient pas de Matane non plus.
Peut-être qu'un jour cela nous viendra de Forestville.
Dans le programme 4: "Soutien et promotion des arts, lettres,
musées et industries culturelles", il y a le réaménagement
budgétaire. En excluant, Mme la ministre, les 2 000 000 $
consacrés à l'usine de disques numériques à
Drummondville, est-ce que vous pouvez reconnaître que le plan de
compression appliqué à ce programme se traduit par une croissance
0 au programme 4 par rapport à 1985-1986 - et je suis obligé de
le répéter - ce qui veut dire une diminution réelle de 4 %
si on tient compte de l'inflation?
Mme Bacon: Le programme 4, M. le Président, touche les
grands organismes culturels et les industries culturelles. J'ai fait des
réaménagements budgétaires négatifs de l'ordre de 1
400 000 $, ce qui m'a permis de donner suite à des activités
prioritaires et aussi de respecter certains engagements qui avaient
été pris par mon prédécesseur sans qu'il y ait les
crédits nécessaires à mon budget. Je pourrai
peut-être revenir là-dessus si le député de
Saint-Jacques veut que l'on s'en reparle.
Parmi ces ajustements négatifs, il y a la comédie
musicale, une subvention de plus de 500 000 $ qui avait été
donnée l'an dernier à la suggestion même du milieu, qui ne
considère pas cette activité prioritaire. J'ai mis les 600 000 $
ailleurs, dans les activités pour les artistes de la chanson.
Parmi les ajustements négatifs, il y a aussi de l'aide à
la recherche. J'ai pensé que les milieux scientifiques pourraient
facilement prendre la relève; c'est ce qui nous permettrait de remplacer
cette activité par une autre activité qui est encore plus
recherchée et pour laquelle il n'y a pas assez de crédits, soit
celle de la diffusion internationale.
Ceci va donc dans le sens de notre action qui est de s'assurer la
contribution des autres partenaires, dans ce cas le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science, aux activités et aux
priorités culturelles.
Quant aux ajustements positifs au programme 4. J'aimerais que le
député de Saint-Jacques nous écoute un peu, alors...
M. Boulerice: Je vous écoute, madame, je n'ai pas besoin
de vous regarder, je vous écoute.
Mme Bacon: Quant aux ajustements positifs au programme 4, M. le
Président, permettez-moi de parler de priorités. D'abord, parlons
de la chanson. Le secteur de la chanson est évidemment en
difficulté. Nous lui donnons de l'oxygène en ce moment - je pense
que ce n'est pas plus compliqué que cela - en augmentant l'aide à
la préproduction, l'aide à la relève, l'aide à la
diffusion au Québec et ailleurs. Nous le faisons de la manière
qui nous est demandée aussi par le milieu. Nous répondons aux
besoins du milieu après consultation et cela, malgré que mes
prédécesseurs n'aient déclaré que des intentions.
J'annoncerai ces actions; elles sont urgentes, évidemment. On n'a
qu'à penser à la décision qui vient d'être prise par
le CRTC.
Je parlais tantôt des promesses de mon prédécesseur
et j'aimerais que le député de Saint-Jacques les écoute
bien. J'aimerais indiquer, M. le Président, que j'ai
réaménagé les crédits pour répondre à
une série d'engagements de mon prédécesseur à
l'égard des organismes majeurs. Je ne veux pas, même si je
pourrais le faire, remettre en cause ces promesses qui n'étaient pas
appuyées par des crédits mais qui étaient bien des
promesses, parce que dans certains cas les organismes les ont crues, ces
promesses, et ont encouru leur développement 1986-1987 sur cette
base-là.
J'ai évidemment des problèmes avec plusieurs cas. Il y
avait pour plus d'un million de dollars de promesses, sans crédits. Je
ne veux surtout pas ici les financer à partir du montant d'indexation
qui est accordé aux organismes majeurs. On en a parlé des
indexations tantôt, M. le Président, j'aimerais le mentionner ici.
Ce montant d'indexation, qui représente 250 000 $ ou un quart de
million, ne sera pas coupé, contrairement à ce qu'indiquait ce
matin le député de Saint-Jacques dans ses notes
préliminaires. Les organismes majeurs d'interprétation ou les
organismes d'art d'interprétation en région recevront
l'indexation qui est accordée dans le budget par le Conseil du
trésor.
Ce sont les remarques que je voulais faire, M. le Président. (17
h 30)
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je ne reprendrai pas
l'argument des promesses...
Mme Bacon: Non. C'est peut-être
préférable.
M. Boulerice: Non. Tout au contraire. Nous avons prouvé,
en 1976 et en 1981, nous, par nos promesses, nos engagements, notamment ma
collègue de Maisonneuve que nous étions des gens de parole
puisque nous les avons tous respectés. Cela m'a d'ailleurs semblé
vous agacer un peu lorsque j'ai relevé les engagements que votre
formation politique a pris, ce matin. On va aller plutôt vers ce qui nous
préoccupe.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être poser une question, si vous
me le permettez. J'aimerais peut-être que le député de
Saint-Jacques commente ou apprécie les problèmes que nous avons
à honorer les promesses de mon prédécesseur au moment
où il n'y avait pas de crédits pour couvrir ses promesses, quand
il fait des remarques négatives sur les dossiers que nous
présentons.
M. Boulerice: On est loin des 700 000 000 $ que je pourrais vous
comptabiliser. Quand vous dites 600 000 $ pour les comédies musicales,
pour la musique, c'est 276 000 $.
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice: Quand vous parlez de 600 000 $ pour les
comédies musicales, ce n'est pas 600 000 $, c'est 276 000 $.
Mme Bacon: C'est 600 000 $. Cela a été
budgétisé.
M. Boulerice: Et que vous budgétisez cette
année.
Mme Bacon: Non. Je parlais de ce qu'on coupe cette année.
Les 600 000 $ étaient budgétisés l'an dernier. Nous ne les
reportons pas cette année.
M. Boulerice: D'accord. Vous ne les reportez pas cette
année.
Mme Bacon: À la demande du milieu? M. Boulerice:
À la demande du milieu?
Mme Bacon: II y a des gens du milieu qui nous demandent de revoir
tout ce dossier des comédies musicales et c'est ce que nous allons faire
dans le courant de l'année.
M. Boulerice: À ce moment-là, pourquoi vous
êtes-vous engagées pour 276 000 $? Est-ce que la demande du milieu
excluait...
Mme Bacon: C'était aussi un engagement de mon
prédécesseur.
M. Boulerice: Quand vous dites "le milieu", qui est-ce?
Mme Bacon: Je ne peux pas vous nommer tous les noms. Les
consultations qui ont été faites...
M. Boulerice: Non, non. Combien y a-t-il de Chinois et nommez
les, ce n'est pas ce qu'on va poser comme question!
Mme Bacon: Les grands organismes qu'on a consultés,
l'ADISQ, par exemple et d'autres organismes semblables à l'ADISQ nous
ont dit de revoir tout le dossier. L'Union des artistes nous a dit la
même chose, qu'il faut revoir tout le dossier et nous allons continuer
à le faire.
M. Boulerice: Maintenant, il y a une coupure de 300 000 $ qui a
été faite au niveau de la politique de la lecture, Aide à
la promotion du livre et de l'édition. Est-ce que vous pourriez nous
l'expliquer?
Mme Bacon: M. le Président, le dossier de la politique de
la lecture a été une expérience pilote et une campagne de
sensibilisation à la lecture. Nous réévaluons ce programme
et nous verrons l'an prochain si nous devons le reconduire.
M. Boulerice: Je vais reprendre les inquiétudes de Mme la
députée de Chicoutimi. On coupe dans la politique de lecture, on
va couper dans les bibliothèques, on n'incitera pas les
bibliothèques à l'achat de livres, on n'achètera pas de
livres québécois. La politique du livre, au Québec, fout
le camp très allègrement.
Mme Bacon: II y a énormément de projets au niveau
des commissions scolaires. Je pense qu'en évaluant ce qui a
été fait l'an dernier au niveau de cette politique, nous allons
voir ce qui peut être fait quand on parle de recherche de partenaires,
nous allons voir ce qui peut être fait avec les partenaires, comme les
commissions scolaires par exemple.
Le Président (M. Trudel): Le député de
5aint-Jacques aimerait qu'on suspende pour quelques minutes?
Une voix: Non, non. Une voix: Oui, oui.
M. Boulerice: Dans activité de recherche et innovation, il
y a 200 000 $ de coupés; formation en arts d'interprétation, 100
000 $ et la bourse de création et de perfectionnement, 100 000 $. C'est
l'aide
directe aux artistes aussi''
Mme Bacon: Je viens de donner les explications
nécessaires, à moins que le député de Saint-Jacques
veuille que je recommence.
M. Boulerice: Peut-être, oui. En définitive, Mme la
ministre, c'est qu'au-delà des engagements du prédécesseur
et en ce qui a trait à l'engagement du prédécesseur, je
pense qu'il ne faut pas aller trop loin, mais j'ai eu le plaisir
d'écouter samedi soir l'émission...
Mme Bacon:... préférable pour vous, M. le
député.
M. Boulerice:... "Impacts" où le premier ministre du
Québec disait: Cela ne donne rien de blâmer l'ancien gouvernement,
ce n'est pas cela qu'il faut dire, il faut aller vers autre chose.
Au-delà des engagements du prédécesseur, il n'y a aucun
nouvel argent qui a été engagé de votre part dans ces
programmes.
Mme Bacon: Ce n'est pas la vérité, ce que
dit...
M. Boulerice: II ne s'agit que de
réaménagement?
Mme Bacon: Ce n'est pas la vérité ce que dit le
député de Saint-Jacques. Il y a un développement ici. On
voit: Développement des activités internationales, on donne 472
000 $; développement des priorités ministérielles,
politique de la chanson, 200 000 $; aide aux tournées, 300 000 $; aide
aux organismes majeurs, 500 000 $; événements majeurs, 400 000 $,
pour un total de 2 318 000 $.
M. Boulerice: Oui, mais vous le financez à partir du plan
de compression qui est là. Ce n'est pas de l'argent neuf.
Mme Bacon: C'est ce qui s'appelle un réaménagement,
M. le Président.
M. Boulerice: Donc, ce n'est pas de l'argent neuf.
Mme Bacon: Oui, 200 000 $ de plus.
M. Boulerice: 200 000 $ sur un budget comme celui du
ministère des Affaires culturelles.
Mme Bacon: C'est ce qu'on appelle de l'argent recyclé.
M. Boulerice: Je pense que l'argent est biodégradable au
ministère. 200 000 $ sur un budget de 35 000 000 $, cela
représente une proportion que je n'oserais pas qualifier
d'insignifiante, mais ce n'est pas loin.
Mme Bacon: M. le Président, il y a aussi des
priorités ministérielles quand il y a eu un changement, le 2
décembre, au Québec.
M. Boulerice: La priorité, c'est qu'on va mener cela comme
une "business".
Mme Bacon: On a accordé certaines priorités que je
viens de mentionner.
M. Boulerice: Dans le programme 4 toujours, "Soutien et promotion
des arts, lettres, musées et industries culturelles", donc le sujet:
Aide aux créateurs, on voit une compression de 100 000 $. Quelle est
l'enveloppe budgétaire en définitive pour 1986-1987 prévue
pour l'aide aux créateurs, les bourses du Québec et le programme
accessibilité dont je faisais mention?
Mme Bacon: C'est 1 000 000 $.
M. Boulerice: 1 000 000 $. D'accord.
Mme Hovington: Est-ce que je pourrais savoir, M. le
Président, dans le programme "accessibilité", en quoi consiste
exactement ce programme? Est-ce que ce sont les artistes créateurs en
arts visuels, en théâtre, en quel... Pour l'ensemble des arts et
accessibilité? Parce que je vois la liste ici. "Accessibilité:
Les subventions versées en 1985-1986 avec des noms d'artistes pour un
total de 1 133 421 $. " Je me demandais dans quel secteur artistique ces
personnes avaient pu...
Mme Bacon: C'est l'ensemble des secteurs...
Mme Hovington: Ce n'est pas écrit là.
Mme Bacon:... et ce sont des bourses de courte durée. Ce
ne sont pas des bourses de longue durée.
Mme Hovington: De perfectionnement ou accessibilité
à quoi?
Mme Bacon: Oui, perfectionnement en serait. Il y a des gens qui
font des stages à l'étranger.
Mme Hovington: À l'extérieur du Québec, ici,
oui?
Mme Bacon: C'est cela. Mme Hovington: Merci.
M. Boulerice: Pour les arts plastiques exposés Paris-New
York et un élément
majeur du développement et surtout l'exportation de l'art
québécois. Donc, il y a 185 000 $ de coupures, de moins... enfin,
il y a 185 000 $ de coupures, c'est donc 185 000 $ de moins que l'an
passé. C'est encore là l'aide directe aux artistes qui
écope contrairement au discours d'ouverture.
Toujours dans le programme 4, Soutien et promotion des arts, Aide au
secteur du livre, j'aimerais savoir pourquoi vous avez coupé 40 000 $
pour la publication des livres qu'on appelle livres grands travaux, et 25 000 $
pour le soutien de l'édition.
Mme Bacon: Ce programme, M. le Président, était
déjà fermé quand je suis arrivée au
ministère. Il était, ce qu'on appelle en langue anglaise, en
"phasing out" et le montant de 40 000 $ représente le solde qui restait.
Ce n'est pas moi qui ai mis fin à ce programme. J'ai suivi la tendance
qui avait été prise déjà.
M. Boulerice: La coupure... c'est cela, c'est pire! La coupure de
300 000 $, par contre, qui a été effectuée au chapitre de
la politique de la lecture a, elle aussi, un impact extrêmement
considérable.
Mme Bacon: C'était un projet pilote pour vérifier
la capacité de la promotion de la lecture. Il faut quand même
évaluer ce que cela a donné comme résultat et, à la
lumière des informations que nous aurons, nous prendrons les
décisions nécessaires.
M. Boulerice: L'évaluation est-elle en cours?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Vous prévoyez la terminer...
Mme Bacon: Le plus rapidement possible.
M. Boulerice: Le plus rapidement possible,
c'est-à-dire...
Mme Bacon: Rapidement.
M. Boulerice:... rapidement.
Mme Bacon: Peut-être pas ce soir.
M. Boulerice: Peut-être pas ce soir, effectivement non. Et,
la commission sera saisie de ce rapport.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Et la commission de la culture sera saisie de ce
rapport?
Mme Bacon:...
M. Boulerice: D'accord. À l'élément 1,
programme 4, Aide financière aux arts, lettres et musées, il y a
l'aide financière aux périodiques culturels. J'aimerais savoir
quel est le montant de l'aide prévue en 1986-1987 pour le soutien aux
périodiques culturels.
Mme Bacon: 522 000 $.
M. Boulerice: Combien?
Mme Bacon: C'est 522 600 $ et c'était 496 900 $ en
1985-1986, donc une augmentation.
M. Boulerice: Augmentation de 26 000 $. À
l'intérieur de cela, entendez-vous entreprendre des actions
concrètes qui viseront à mieux faire connaître les
périodiques québécois, notamment dans le réseau des
bibliothèques publiques ou ce qui va en rester'' Malheureusement, il
faut en être conscient, à l'extérieur de milieux
restreints, ces revues passent quasi inaperçues. Je donne l'exemple de
"Lettres québécoises", "Vie des arts", "Vie en rose"
même.
Une voix: La vie en rose?
Mme Bacon: M. le Président, en ce moment, nous
finançons 50 périodiques. Est-ce bien 50? C'est cela. Je prends
note de la recommandation du député de Saint-Jacques.
M. Boulerice:... parce que si on accroît leurs moyens de
diffusion, à ce moment-là on accroît leurs chances de
consolidation et de développement et, inévitablement, dans un
terme qui peut être quantifiable, leur part d'autofinancement aussi. Je
pense qu'il y a nécessité d'intervention là-dedans et je
suis heureux de voir que vous avez l'intention de vous pencher sur la
question.
Au chapitre de l'aide à l'industrie du spectacle et du disque,
quelle est l'enveloppe budgétaire prévue pour 1986-1987?
Mme Bacon: Environ 1 000 000 $.
M. Boulerice: Et les 200 000 $ prévus pour la politique de
la chanson.
Mme Bacon: Oui, 200 000 $.
M. Boulerice: D'accord. À quelles fins précises
vont-elles être utilisées? (17 h 45)
Mme Bacon: C'est l'aide à la relève, l'aide
à la diffusion, à la préproduction.
M. Boulerice: Relève, diffusion... Mme Bacon:
À la préproduction.
M. Boulerice: À la production aussi? Mme Bacon:
À la préproduction. M. Boulerice: À la
préproduction?
Mme Bacon: Oui, à la diffusion; c'est là qu'il y a
des problèmes.
M. Boulerice: Préproduction. Donc, il y a aussi une aide
prévue pour la production comme telle?
Mme Bacon: Oui, qui était déjà existante.
Mais, pour la préproduction, nous voulons le faire aussi.
M. Boulerice: D'accord. Qu'est-ce qu'il y a pour la product4on de
vidéoclips?
Mme Bacon: 250 000 $.
M. Boulerice: 250 000 $. D'accord. Puisqu'on parle du disque et
que ce sont habituellement des choses que l'on fait tourner si ce n'est pas
à la maison tout au moins à la radio, j'aimerais avoir un
résumé de l'action que vous avez faite et l'état de la
situation du dossier quant à la réduction de 65 % à 55 %
du contenu francophone à la radio, ce qui a été
décidé par le CRTC J'aimerais que vous me précisiez les
actions à venir de votre part.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que ce qui
était important dès l'annonce par le CRTC de la réduction
de 65 % à 55 % du contenu francophone au niveau des disques à la
radio, c'était de faire des pressions et de protester vivement et c'est
ce que j'ai fait au niveau du gouvernement fédéral. Nous avons vu
ce matin que le ministre des Communications fédéral a
emboîté le pas. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il a suivi
notre exemple, mais il a signifié ce matin qu'il refusait la
décision du CRTC. Je pense que le Québec, dans ce dossier, a fait
ce qu'il avait à faire avec les représentations
nécessaires.
Nous allons voir la réaction du CRTC par rapport à la
réaction du ministre des Communications au fédéral. Mais
le geste qu'il faudrait poser, à chaque fois qu'une station de radio
demande un permis, c'est de demander au CRTC de faire respecter les 65 %
à chacun des permis des stations de radio. Je ne sais pas le nombre de
stations de radio au Québec, mais c'est un des gestes qui pourrait
être envisagé aussi.
M. Boulerice: Pour revenir aux vidéoclips, vous avez
indiqué 250 000 $. C'est quand même 15 000 $ de moins qu'en
1985-1986.
Mme Bacon: Non, c'est le même montant.
M. Boulerice: C'est le même montant? Mme Bacon: La
même chose. M. Boulerice: Statu quo négatif?
Mme Bacon: Cela, c'est vous qui le dites.
M. Boulerice: Vous avez parlé tantôt... Mme
Bacon: Vidéoclip, positif.
M. Boulerice: Vous avez parlé tantôt de 200 000 $
pour la politique de la chanson et de la relève. Est-ce qu'il est de
votre intention d'avoir un programme spécifique pour la relève?
Je ne vous ferai pas les cas de comté que je reçois mais j'ai le
bonheur d'être dans un comté où il y a une très
forte condensation de jeunes artistes qui forment cette relève et qui
m'expriment quotidiennement des besoins d'aide pour réussir à
sortir et à percer,
Mme Bacon: II y a un programme d'aide à la production,
à la promotion des spectacles d'artistes de la relève qui est
destinée à la tournée au Québec. Cela existe
à l'intérieur des budgets de développement.
M. Boulerice: Oui, mais c'est à l'intérieur d'un
programme qui est là. Mais la question que je...
Mme Bacon: Dans tout le budget de développement.
M. Boulerice: Dans le développement. D'accord. Est-ce que
vous, vous envisagez un réaménagement qui permettrait d'avoir un
volet très spécifique sur l'aide globale à la
relève?
Mme Bacon: Si on parle de l'aide au disque, par exemple, on
l'ouvre au premier ou au deuxième microsillon pour la relève.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Quelle est la politique,
l'orientation du ministère à l'égard de la
réalisation d'un vidéoclip? Par exemple, il y a un budget de 250
000 $ qui est l'équivalent de celui qui était en vigueur
l'année dernière. Compte tenu des nombreuses pressions qui
viennent du milieu, à savoir que, maintenant, le moyen de diffusion par
excellence c'est le vidéoclip, combien d'artistes, peut-on
espérer, pourraient, par cette aide, réaliser des
vidéoclips? Combien de vidéoclips avec, par exemples, 250 000 $?
L'an passé, est-ce
qu'il a été possible de soutenir la réalisation?
Combien en prévoit-on cette année? Quelle est l'opinion de la
ministre sur cette question?
Mme Bacon: II y en a eu douze l'an dernier. Il y a un jury de
sélection qui doit étudier l'ensemble des demandes et prendre les
décisions pour les choix qui sont faits des artistes et des productions.
Pour nous, à 25 000 $ chacun, disons, une dizaine par année. II
faudrait quand même voir les résultats que cela va donner, les
étudier davantage. S'il semble que c'est la voie à suivre, on
pourra peut-être regarder les sommes qui pourraient y être
investies. Il faudrait voir aussi la capacité de production que nous
avons et la qualité du produit. Je pense qu'il faut revoir tout cela
après les premières expériences. On ne peut pas se lancer
là-dedans avec un budget accru sans avoir vraiment fait une
évaluation raisonnable, voir si l'objectif recherché au
départ est atteint. Il y a la capacité de production, il y a la
qualité de la production, les retombées dans le milieu; si on a
atteint notre objectif, je pense que ce sont des éléments
importants au moment d'une évaluation du dossier. Ceux qui ont
été faits l'an dernier ne vont être prêts qu'au mois
d'avril, donc je vais faire le visionnement avec les gens du ministère.
On va regarder aussi la qualité de la production et tous les
éléments que je viens de mentionner vont être
étudiés.
Mme Harel: Donc il faut comprendre que les premiers qui seront
réalisés avec l'aide du ministère, le seront pour la
première fois en avril.
Mme Bacon: Ceux de l'an dernier sortiront en avril.
Mme Harel: II y a déjà eu, j'imagine, une
production antérieure qui a pu être analysée par le
ministère.
Mme Bacon: C'était la première année, les
vidéoclips.
Mme Harel: Et avec le soutien du ministère
évidemment, ce n'était pas la première année pour
la production québécoise...
Mme Bacon: Non, qu'il y en avait? Non, mais avec le soutien du
ministère, c'est la première année.
Mme Harel:... avec le soutien du ministère.
Mme Bacon: L'expérience a démontré que,
environ une douzaine, dix ou douze, une dizaine de vidéoclips
répondaient amplement aux besoins et à la demande.
Mme Harel: Donc vous nous dites qu'il y a eu un jury qui a fait
la sélection. Mais combien de projets avait-il à juger en fait?
Sur combien de projets...
Mme Bacon: Je ne sais pas le nombre exact de projets qui ont
été soumis; 25 à peu près; alors c'est la
moitié, au fond, qui a été choisie. C'est
déjà énorme quand on pense à 50 % de l'ensemble des
projets qui sont soumis.
Mme Harel: En fait, je veux simplement terminer en disant que
l'on n'appartient peut-être pas, ni moi-même ni la ministre,
à la génération des vidéoclips, mais il semble que
ce soit le moyen par excellence...
Mme Bacon: Je n'ai pas dit que je n'aimais pas ça, au
contraire. La députée de Maisonneuve connaît mal la
ministre des Affaires culturelles.
Mme Harel: Tant mieux Mme la ministre; mais cela dit, je pense,
en tout cas compte tenu de ce qui se dit et s'écrit sur cette question,
que cela devient le moyen de diffusion entre tous qui expliquerait en partie la
difficulté de promotion et de propulsion du disque
québécois sur la scène sinon internationale, en tout cas,
en dehors des frontières du Québec.
Mme Bacon: Quand j'ai rencontré les responsables culturels
de Toronto et de Boston, nous avons convenu que c'était un dossier fort
important savoir, que les vidéoclips font connaître nos artistes.
Quand on pense à la Nouvelle-Angleterre, où il y a quand
même un marché de disques francophones, il y a quinze stations
radiophoniques qui sont prêtes à accepter nos artistes, sî
on veut qu'il y ait des débouchés, je pense qu'on pourrait
utiliser le vidéoclip comme tel dans nos délégations pour
faire des présentations. Ce sont des outils de travail que j'ai
mentionnés, à ce moment, à nos représentants
culturels dans nos délégations.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux d'entendre
Mme la ministre des Affaires culturelles parler de l'importance des
vidéoclips. Je pense que, effectivement, c'est un moyen de diffusion,
c'est la technologie qui nous envahit. Mais c'est une technologie que les
Américains maîtrisent très bien, parce qu'ils ont des
ressources pécuniaires supérieures aux nôtres, sauf que je
pense qu'on est effectivement capable de
faire des choses à ce niveau-là.
Il y a quelque chose qui me chicote. Vous m'avez dit: Le montant de
l'aide prévue en 1986-1987 pour la production de vidéoclips est
de 250 000 $. Par contre, dans le cahier des crédits que j'ai
reçu de votre ministère, parce que vous avez dit que c'est la
même chose que l'an passé, vous m'indiquez que l'an passé
c'était 265 307 $ pour la production de vidéoclips. Je ne sais
pas, est-ce qu'il y a une erreur dans le cahier que vous m'avez remis ou une
erreur dans les 250 000 $?
Mme Bacon: Bien, on va le regarder, je pense, puis on va envoyer
lés informations et les explications aux députés. J'ai
signé moi-même les lettres d'engagement envers les artistes et je
me rappelle avoir signé pour 250 000 $, si ma mémoire est
fidèle.
M. Boulerice: Mais il y en avait quand même 265 000 $. Je
ne nie pas le fait que vous en ayez signé, que vous vous soyez
engagée pour 250 000 $.
Mme Bacon: Trouvez les 15 000 $ que vous cherchez.
M. Boulerice: Les 15 000 $ que je cherche, c'est peut-être
un vidéoclip de plus qui nous échappe.
Mme Bacon: Non, cela coûte 25 000 $ au moins. Il faudrait
dire, peut-être, M. le Président, que les artistes qui sont
subventionnés ne sont pas les plus dépourvus non plus. Ce sont
souvent des artistes qui sont très connus et qui ont passé
à travers...
Mme Harel: II y en a qui sont moins connus, qui sont en
difficulté...
Mme Bacon: J'aimerais quand même indiquer que souvent ces
artistes sont des artistes connus, mais c'est peut-être un coup de pouce
de plus qu'ils peuvent recevoir du ministère des Affaires culturelles
pour faire connaître davantage leurs disques.
M. Boulerice: Je pense qu'un bonhomme comme Daniel Lavoie, c'est
une locomotive intéressante pour la promotion de la chanson
québécoise.
M. le Président, je sais que votre formation politique a un
caucus. C'est à mon tour de vous retourner la phrase de ce matin, donc
je pense qu'on pourrait suspendre et se revoir à 20 heures.
Le Président (M. Trudel): Les travaux de la commission
sont suspendus jusqu'à 20 heures ce soir,
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission se réunit à nouveau pour poursuivre
l'étude des crédits du ministère des Affaires culturelles
pour 1986-1987. La parole est au député de Saint-Jacques, On est
toujours au programme 4, "Soutien et promotion des arts, lettres, musées
et industries culturelles. "
M. le député de Saint-Jacques.
Aide au théâtre
M. Boulerice: Programme 4, aide au théâtre. Dans la
Presse canadienne, il y avait un article assez intéressant - je suis
persuadé que Mme la ministre en a pris connaissance - qui disait que les
arts de la scène vont bien, mais qu'ils ont besoin d'aide. Dans !e
contexte que je viens de situer, qu'est-ce qui justifie ta compression de 50
000 $ au niveau de l'aide aux troupes de théâtre?
Mme Bacon: M. le Président, c'est un
réaménagement de l'aide au théâtre. Les 50 000 $ ont
été compensés parce que nous passons d'un budget de 4 541
600 $, en 1985-1986; à 4 688 400 $. Il y a même une augmentation.
Nous avons réaménagé à l'intérieur du
budget.
M. Boulerice: Par contre, il y a une compression de 100 000 $ au
niveau de la formation en arts d'interprétation; l'industrie du
théâtre risque d'en être affectée également.
Toujours dans le même plan de compression.
Mme Bacon: Pour la formation, il y a une compression de 100 000
$, mais il y a un budget de développement de 95 000 $, un
réaménagement interne. Alors, de 1 132 000 $ du budget de base de
1985-1986, nous allons à 1 127 000 $. Il n'y a pas de compression
à faire.
M. Boulerice: Avant d'y aller de façon très
spécifique, cas par cas, j'aimerais connaître quelle
évaluation, M. le Président, la ministre fait de la situation des
théâtres à Montréal. Ce sont les salles de
théâtre, plutôt.
Mme Bacon: Pour l'évaluation, je pense, on ne peut pas y
aller cas par cas, c'est évident. Il y a une étude qui a
été entreprise par le ministère des Affaires culturelles
et le Conseil des arts de la communauté urbaine. Cette étude sera
rendue publique incessamment et, à ce moment-là, je pense qu'on
aura une meilleure vision de la situation des théâtres à
Montréal
et des équipements culturels, parce qu'en fait c'est globalement
sur les équipements culturels.
M. Boulerice: Pour la progression du dossier, vous me dites, du
rapport et...
Mme Bacon: II sera rendu public incessamment. Il est
prêt.
M. Boulerice: II est prêt. D'accord, c'est une question de
semaine, de jour?
Mme Bacon: Cela me surprend que vous n'en ayiez pas une copie, M.
le député.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Cela me surprend que le député de
5aint-Jacques n'en ait pas une copie. Il faudrait peut-être le publier
avant qu'il l'ait!
M. Boulerice: Alors, à l'élément 4, on est
toujours dans le théâtre. Je suis entré tantôt dans
cette maison-là, mais on a décidé que c'était
plutôt la porte 4 par laquelle on y entrait, la Maison
québécoise du théâtre pour l'enfance et la jeunesse.
Il y avait une aide au fonctionnement en 1985-1986; quel montant est
consacré en 1986-1987 pour la Maison québécoise du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse?
Mme Bacon: La somme est de 165 000 $ et c'est le même
montant qui avait été accordé l'année
précédente.
M. Boulerice: D'accord. On en est où par rapport aux deux
sites possibles pour la relocalisation de la Maison québécoise du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse?
Mme Bacon: L'information que j'ai du dossier, c'est que le site
n'a pas encore été choisi.
M. Boulerice: D'accord. Mais, alors, advenant que la maison pour
le théâtre arrête son choix quant au site - j'ai noté
tantôt des précédents heureux de la part de Mme la
ministre, de respecter les engagements de son prédécesseur,
surtout quand ils étaient bien justifiés comme ceux qu'on a vus
tantôt - est-ce que vous entendez respecter l'engagement, à savoir
que le ministère défraierait en principe 75 % des coûts du
projet d'immobilisation?
Mme Bacon: Je pense qu'il faudrait regarder l'impact de ce
dossier-là sur le fonctionnement. Mon prédécesseur avait
d'ailleurs demandé que soit réduit le montant, le coût. Il
faudrait peut-être regarder cela dans la même optique.
M. Boulerice: Projet de restauration du Monument national. Enfin,
je l'ai dit tantôt cet après-midi, le projet de restauration du
Monument national est non seulement faisable, mais souhaitable de l'avis du
comité. Est-ce que la ministre appuie le recyclage du Monument national
en un musée et un centre d'interprétation, tel que
suggéré dans le rapport?
Mme Bacon: On a financé une étude de
faisabilité sur la restauration du Monument national et cette
étude a été livrée au ministère. Le projet,
évidemment, doit être retardé dans son ensemble en tenant
compte de ce qui va être fait et, surtout, de l'impact sur les
dépenses de fonctionnement. Je pense qu'il faut le regarder avec
beaucoup d'attention et voir ce qui peut être fait, compte tenu de
l'étude de faisabilité qui doit être prise en
considération.
M. Boulerice: Est-ce que vous jugez souhaitable que ce soit
restauré?
Mme Bacon: C'est une institution importante à laquelle il
faut accorder beaucoup d'attention.
M. Boulerice: Quant à la possibilité que ce soit un
musée et un centre d'interprétation?
Mme Bacon: Je ne peux pas aujourd'hui me prononcer sur des
décisions qui pourraient être prises dans l'avenir. Je pense qu'on
n'en est pas au stade des décisions. Il faudra reconsidérer ce
dossier à son mérite. C'est un dossier fort important pour
moi.
M. Boulerice: Le prochain ne vous étonnera pas, Mme la
ministre, c'est le théâtre Félix-Leclerc. Je crois
d'ailleurs qu'on a échangé une correspondance à ce sujet
récemment. J'aimerais connaître votre position dans ce dossier.
C'est un édifice avec une architecture exceptionnelle, avec une
rénovation extérieure et intérieure qui est quand
même impressionnante, quoiqu'elle devra être bonifiée. Il
est situé dans un quartier qui a justement besoin de cette
présence. Est-ce qu'on va laisser mourir ce théâtre?
Mme Bacon: II y a eu une demande pour sauver le
théâtre avant que j'arrive au ministère. Évidemment,
ce dossier est en cours depuis longtemps. La demande de sauver le
théâtre avait été faite avant mon arrivée, et
mon prédécesseur avait refusé. Sa réponse a
été non. Le ministère et la SODICC se sont
impliqués dans le financement de l'équipement. Le
ministère n'était pas en mesure et ne l'est pas plus aujourd'hui
de subventionner le fonctionnement de cette salle.
M. Boulerice: Est-ce que vous avez pris connaissance des
scénarios de sauvetage qui ont été proposés par
certains actionnaires du théâtre?
Mme Bacon: Je pense que les scénarios étaient fort
dispendieux, quand on parle de 1 044 000 $ à court terme. Ensuite, on
dit aussi que, si le zonage devait permettre l'aménagement, il y aurait
un autre 1 000 000 $ additionnel. Cela fait 2 044 000 $. Je ne suis pas la
seule, je pense, à regarder ce dossier. Mon prédécesseur
avait refusé de s'impliquer. Il avait dit non à ce dossier. Je
pense que c'est le plus loin que nous pouvons aller en ce moment.
M. Boulerice: Compte tenu de - et cela on va s'en réjouir,
en espérant qu'on puisse en bénéficier - l'injection de
175 000 000 $ au niveau de la culture annoncée par M. Masse, est-ce que
vous avez déjà discuté de ce dossier avec votre homologue
fédéral?
Mme Bacon: Le fédéral a refusé de participer
à ce dossier en particulier. Le fédéral a
été pressenti par les responsables du théâtre et la
réponse a été non.
M. Boulerice: Donc, c'est la mort pour le théâtre
Félix-Leclerc en tant que théâtre, en tant que salle.
Mme Bacon: Je pense qu'il y a eu des offres d'achat faites par
des groupes de théâtre qui voulaient continuer le
théâtre Félix-Leclerc et qui étaient prêts
à gérer le théâtre Félix-Leclerc. Je pense
que cela, c'est l'offre et la demande.
M. Boulerice: S'il y a une offre tout de même
sérieuse, est-ce que c'est votre intention d'aider?
Mme Bacon: Je ne pense pas qu'on puisse s'engager dans des
subventions de fonctionnement du théâtre comme tel. Les sommes
sont trop élevées. Nous n'avons pas les moyens de le faire.
M. Boulerice: Vous seriez prêts à investir dans le
rachat de cette salle de façon qu'elle continue d'avoir une vocation
culturelle et non pas être menacée de devenir une brasserie ou je
ne sais pas ce qui pourrait survenir.
Mme Bacon: Non, je pense que cela, il n'en est pas question.
M. Boulerice: De toute façon, ce serait dramatique. Il
porte au départ le nom d'un de nos plus grands poètes
québécois.
Mme Bacon: D'après mes informations, il n'est pas question
qu'il y ait une brasserie qui remplace le théâtre
Félix-Leclerc. (20 h 30)
M. Boulerice: Non, en fait, pas question...
Mme Bacon: Dans les milieux, on fait les gorges chaudes en
prenant cet exemple ou ce dossier de la brasserie en disant qu'on va laisser
une brasserie remplacer le théâtre Félix-Leclerc. Mes
informations me disent qu'il n'en est pas question. Cela ne fait pas partie des
possibilités d'achat ou de vente...
M. Boulerice: Cela ne fait pas partie des possibilités
d'achat mais les propriétaires...
Mme Bacon: Ce n'est pas la seule.
M. Boulerice: Les propriétaires actuels, à
défaut d'avoir un acheteur potentiel qui pourrait le faire, mais
conditionnellement à une certaine aide du ministère des Affaires
culturelles, s'ils n'ont pas cela, le premier commerçant
intéressé à l'acquérir pour lui donner une autre
vocation qu'une vocation culturelle va l'acheter.
Mme Bacon: S'il arrivait un événement de la sorte,
il est évident que le ministère des Affaires culturelles
s'impliquerait dans le dossier.
M. Boulerice: Ce sera quand même une implication
peut-être in extremis. Si on plongeait dans le dossier
immédiatement, on pourrait peut-être précipiter une
solution au lieu d'attendre...
Mme Bacon: On fait le...
M. Boulerice:... un certain étalement qui... Vous parlez
du milieu, mais le milieu est effectivement impatient de connaître la
vocation de ce théâtre.
Mme Bacon: J'ai dit tantôt qu'on ne pouvait pas
subventionner le fonctionnement du théâtre - et surtout
éponger le déficit qui est énorme - compte tenu des
besoins du milieu théâtral. Nous avons fait suffisamment de
chemin, en tout cas depuis mon arrivée au ministère, pour savoir
à peu près où en est rendu le dossier. Et nous le suivons
de très près. L'implication du ministère se ferait si nous
avions des indications nous disant que la vocation même du
théâtre a changé complètement, ou est
complètement chambardée.
M. Boulerice: Le théâtre La Licorne: Est-ce que vous
connaissez les problèmes d'exiguïté du théâtre
La Licorne, lequel a uniquement 90 places et refuse
régulièrement
des gens justement en raison d'une disponibilité aussi maigre?
L'objectif des dirigeants du théâtre La Licorne est d'agrandir la
salle de 90 places à 150 places. C'est une des salles les plus courues
à Montréal. Là, il n'y a pas de réponse. Alors,
d'une part, saviez-vous qu'il y a 90 places et qu'il aurait besoin de 150
places et est-ce que vous avez l'intention de vous impliquer dans ce projet
d'agrandissement de cette salle, lequel est souhaité d'ailleurs par les
dirigeants du théâtre La Licorne?
Mme Bacon: Encore une fois, M. le Président, il faut
attendre le rapport qui a été commandé à Pluram et
qui sera connu incessamment. Avant de prendre quelque décision que ce
soit quant à donner de l'expansion à certaines salles de
théâtre, je pense qu'on aura... C'est un exercice qui a
été fait très sérieusement, qui est suffisamment
volumineux et, je pense, presque exhaustif, de la situation. À ce
moment-là, on aura une meilleure possibilité de faire des projets
ou de donner priorité à certains dossiers par rapport à
d'autres. Mais il faut presque attendre cette étude qui va être
publiée dans les prochains jours avant de prendre des
décisions.
M. Boulerice: Je vais toucher à la députée
de Vachon, si vous le permettez. Je sais que cela l'intéresse.
Une voix: II faudrait qu'elle le permette d'abord
elle-même!
Aide à la danse
M. Boulerice: Je veux parler de l'aide financière à
la danse. Je sais que Mme la députée de Vachon partage avec moi
cette passion pour la danse. J'aimerais connaître l'enveloppe
budgétaire qui est consacrée à l'aide au secteur de la
danse en 1986-1987.
Mme Bacon: 1 722 900 $, et c'était 1 703 000 $. Alors, il
y a une indexation.
M. Boulerice: Non, c'était 1 765 117 $.
Mme Bacon: Nous n'avons pas les mêmes chiffres, M. le
Président.
M. Boulerice: Incluant les volets normes et non normes.
Mme Bacon: Oui, c'est cela. C'est cela. Donc, il y a une
indexation de 19, 8 %.
M. Boulerice: Non, on n'arrive pas aux mêmes calculs.
Mme Bacon: Oui, parce que j'arrive à... M. Boulerice:
Votre 1 722 900 $ est normé, non normé?
Mme Bacon: Le total des crédits 1986-1987.
M. Boulerice: Le total, l'an dernier, était de 1 765 117
$; donc, il y a une différence de 43 000 $.
Mme Bacon: Je vais vérifier les chiffres, ce ne sont pas
les chiffres que j'ai devant moi.
M. Boulerice: Ce sont les chiffres que vous m'avez donnés;
enfin, que votre ministère m'a donnés.
Mme Bacon: Je pense qu'il faudra que je revoie les chiffres et
donner l'information au député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Si, par malheur, il y avait une différence
négative de 43 000 $, je serais soucieux de savoir où cela va
faire mal. J'aurais crainte, et je pense que ma crainte est partagée,
que cela n'affecte la région de la capitale nationale qui, en tout cas,
au niveau de la danse, connaît un développement extraordinaire et
qui, bientôt, si elle ne perd pas son statut de capitale nationale, sera
tout au moins une capitale de la danse en Amérique du Nord.
M. Gardner: Ce n'est pas l'est de Montréal, n'est-ce
pas?
M. Boulerice: C'est une préoccupation nationale. Cela
va?
Mme Bacon: Du 1 768 100 $, il y a eu des sommes qui ont
été données à des troupes pour des études de
gestion, par exemple. Je ne donnerai pas de noms, mais il y a des troupes de
danse qui ont de graves problèmes. Cela fait partie de ce budget.
M. Boulerice: Je m'excuse, Mme la ministre. Vous dites dans le 1
722 000 $?
M. Bacon: Non, 1 768 000 $, le chiffre que vous me donniez.
M. Boulerice: Je vous ai donné 1 765 117 $.
Mme Bacon: On n'a jamais les mêmes chiffres.
M. Boulerice: Enfin, là, on n'ira pas...
Mme Bacon: Des études de gestion ont été
faites, qui ne sont pas récurrentes. Il n'y a quand même pas une
compression énorme, au contraire.
M. Boulerice: On n'a pas parlé d'augmentation de 19 %,
comme vous en avez parlé tantôt.
Mme Bacon: Oui, quand on regarde dans quel ordre se sont faites
ces études, le chiffre que j'ai devant moi, si on enlève les
études de gestion qui ont été faites, c'est 1 703 000 $,
une augmentation de 19, 8 %, pour 1 722 900 $. L'aide réelle, c'est
cela.
M. Boulerice: On pourra reprendre ces chiffres une fois qu'on les
aura de façon bien définitive.
Mme Bacon: Je les ferai parvenir.
Aide à la musique et aux musées
M. Boulerice: D'accord, merci. Aide financière à la
musique: Est-ce que vous pourriez me faire connaître l'enveloppe
budgétaire prévue en 1986-1987?
Mme Bacon: 5 956 700 $ par rapport à 5 592 200 $. Donc, il
y a une indexation et un budget de développement et de
réaménagement interne de 300 000 $.
M. Boulerice: Qui va profiter de cette heureuse indexation?
Mme Bacon: Je pense que c'est tout le monde. Le budget de
réaménagement de 300 000 $, c'est l'Orchestre
métropolitain, 50 000 $, l'Opéra de Québec, 100 000 $, et
l'Opéra de Montréal, 150 000 $.
M. Boulerice: D'accord. Mme Bacon: Cela va?
M. Boulerice: Maintenant, l'aide financière aux
musées privés. J'aimerais connaître l'enveloppe
budgétaire globale pour 1986-1987.
Mme Bacon: L'ensemble des musées, c'est 7 652 006 $.
M. Boulerice: Une augmentation de 9000 $. On a perdu le
président.
Mme Hovington: II a un remplaçant. Il a oublié de
changer de siège.
M. Boulerice: C'est ça, 9000 $ de plus que l'an
passé. Puisque nous en sommes aux musées privés,
l'agrandissement du Musée des beaux-arts, est-ce que la ministre a
l'intention de respecter l'engagement pris par son prédécesseur
relativement à une participation financière de 25 000 000 $ du
ministère au projet d'agrandissement du Musée des beaux-arts?
Mme Bacon: C'est un engagement qui avait été pris
par mon prédécesseur. Je pense que le gouvernement
fédéral aussi s'était engagé à verser le
même montant et le musée, 10 000 000 $. Nous avons respecté
jusqu'à maintenant cet engagement.
Intégration des arts à
l'architecture
M. Boulerice: L'intégration des arts à
l'architecture. J'aimerais savoir le montant prévu au programme
intégration des arts à l'architecture étant donné
que l'actuel gouvernement a suspendu ou reporté un bon nombre de projets
d'immobilisations. Je pourrais citer notamment le cas du Musée d'art
contemporain où déjà les concours pour ce qui est de
l'intégration de l'art à l'architecture avaient été
lancés. Si ma mémoire est fidèle, je crois qu'on en
était même arrivé à la sélection. C'est ce
qu'on appelle le fameux 1 %, mais pas nécessairement 1 %. C'était
1 % de 3 000 000 000 $.
Mme Bacon: M. le Président, nous n'avons pas de
prévisions à l'heure actuelle puisque ce sont les
ministères constructeurs qui doivent faire ces prévisions et non
pas le ministère des Affaires culturelles. Il y a les
prévisions... Je pense que nous, nous ne pouvons pas faire les
prévisions de construction pour les autres ministères, il faut
attendre. Après nous pourrons contribuer, mais nous ne pouvons pas faire
les prévisions de construction.
M. Boulerice: Alors, les montants qui ont été
accordés en 1985-1986 de 2 123 692 $ ont été donnés
par les autres ministères. Comment fonctionne la mécanique?
Mme Bacon: C'est par les autres ministères. Je pense que
le député de Saint-Jacques doit sûrement connaître
cela, Mme la Présidente parce qu'il connaît sûrement le
dossier. Quand un ministère construit, dans le coût de la
construction est inclus le coût qui est accordé pour une oeuvre.
Je pense que cela, on le respecte à ce moment-là.
Le ministère des Affaires culturelles ne peut pas faire des
prévisions pour les ministères constructeurs. Ce sont les
ministères qui construisent et qui prévoient dans le coût
de la construction l'allocation accordée pour l'oeuvre en question.
M. Boulerice: Mais, au départ, le ministère des
Affaires culturelles confie peut-être à la SIQ, la
Société immobilière du Québec, des mandats de
construction. C'est quand même le ministère qui fait
construire.
Mme Bacon: II y a d'autres ministères.
II y a le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Il peut y avoir le ministère de l'Éducation, il peut y avoir
d'autres ministères qui sont impliqués dans ces
dossiers-là, mais pas nécessairement que le ministère des
Affaires culturelles. S'il fallait que le ministère des Affaires
culturelles construise partout, M. le Président...
M. Boulerice: Je vous dis construire, mais je ne vous mets pas un
chapeau de construction sur la tête. Je sais bien que c'est la SIQ qui va
le faire.
Mme Bacon: Un centre d'accueil, par exemple, ce n'est pas le
ministère des Affaires culturelles qui va aller construire un centre
d'accueil, mais c'est compris dans le coût de la construction du centre
d'accueil. (20 h 45)
M. Boulerice: Alors, à ce moment-là que fait la
Direction de l'intégration des arts à l'architecture au
ministère des Affaires culturelles si elle ne fait pas de
prévisions?
Mme Bacon: Le ministère des Affaires culturelles assure la
gestion du programme, cela fait partie de nos responsabilités, et il
offre évidemment le service de secrétariat pour les concours.
Mais le ministère constructeur doit prévoir respecter les
engagements que nous voulons le voir prendre au niveau des oeuvres culturelles,
au niveau de la culture.
M. Boulerice: II y a quand même eu l'an dernier - et cela
c'est directement à l'artiste - 2 123 692 $. Pour cette année ce
serait actuellement...
Mme Bacon: Ce sont les contructeurs, M. le Président, qui
ont fait un investissement pour les oeuvres de 2 123 692 $. Le Musée
d'art contemporain, par exemple, coûte 20 000 000 $ et 1 % de cela peut
coûter 200 000 $.
M. Boulerice: Ce que j'essaie de faire ressortir c'est qu'en
raison de la révision à la baisse de la construction
d'équipements, notamment d'équipements culturels - et il y a
d'autres équipements dans d'autres ministères qui vont se faire -
il y a une aide directe à l'artiste puisqu'il s'agit d'un achat, d'une
construction qu'on lui demande, d'une réalisation ett si on
se fie à l'an passé, il y a au minimum 2 123 692 $ qui risquent
de ne pas être là. Au niveau de la sculpture notamment.
Mme Bacon: Oui, c'est évident que s'il ne se fait plus de
construction il y a moins d'oeuvres. Je crois que c'est à mesure que les
dossiers seront acceptés. Il y a eu des reports de dossiers mais il n'y
a pas une annulation de ces dossiers. Ces oeuvres se feront à ce moment.
On pourra vous dire l'an prochain où on en est. Je pense aussi qu'il
faudrait peut-être, quand on parle de partenaires, aller voir ce que
l'entreprise privée peut faire. Je pense que c'est aussi une
responsabilité du ministre des Affaires culturelles de solliciter
auprès de l'entreprise privée ce même respect des oeuvres
d'art. Peut-être que l'entreprise privée pourrait aussi faire sa
part à ce moment dans le même sens que le secteur public
fonctionne et de la même façon que fonctionne ce dossier au niveau
public. J'ai l'intention de faire des démarches auprès de
l'entreprise privée pour compenser.
M. Boulerice: Cela ne se fera pas sans un retour de quelque
chose.
Mme Bacon: Ah, vous sous-estimez l'entreprise privée. Le
député de Saint-Jacques sous-estime l'entreprise privée.
Il y a de plus en plus d'intérêt qui est marqué dans
l'entreprise privée et chez les entrepreneurs pour les oeuvres
d'art.
M. Boulerice: Ils sont de plus en plus sollicités
effectivement au niveau de la culture par les artistes et les organismes. Ils
le seront sans doute beaucoup plus...
Mme Bacon: Comme ils s'impliquent de plus en...
M. Boulerice:... quand ils vont constater que malheureusement au
ministère des Affaires culturelles il y a des compressions, des
restrictions et des coupures.
Mme Bacon: Cela n'a rien à voir avec les compressions
budgétaires des Affaires culturelles. Ce sont les ministères
bâtisseurs et constructeurs qui voient à ce que ce 1 % soit
respecté. Ce que j'ai dit tantôt c'est que nous assurons la
gestion de ce programme et à l'administration nous offrons le
secrétariat pour les concours. Cela n'est pas à nous de
subventionner, cela n'a rien à voir.
Aide aux événements majeurs
M. Boulerice: En terminant, au programme 4, sur l'aide aux
événements majeurs, dans la prospective 1986-1987, dans le cahier
des crédits je vois: "Rationaliser et consolider le programme d'aide aux
événements majeurs dans le but de favoriser un accroissement des
revenus autonomes... " J'aimerais vous entendre préciser plus à
fond cet énoncé.
Mme Bacon: Nous pourrons augmenter. Il y a 200 000 $ de plus dans
les événements majeurs, ce qui nous permettra d'augmenter la
subvention des événements
qui sont en plein développement. On peut donner des exemples. Par
exemple, le Festival d'été de Lanaudière, le Festival de
jazz à Montréal. Et cela pourra permettre la création de
quelques nouveaux événements dont certains avaient
été coupés ou refusés par mon
prédécesseur. On fait une révision de ces dossiers. Nous
avons revu les dossiers. Ce qui avait été refusé par mon
prédécesseur, nous revoyons ces dossiers pour peut-être
être capable de permettre la création de certains de ces
événements.
Dans tous les cas, j'ai demandé, en conformité avec
l'orientation que je vous ai donnée ce matin dans mon dossier, que l'on
examine la façon dont on pourrait accroître la contribution de nos
partenaires gouvernementaux et aussi de nos partenaires privés, et la
concertation des organismes culturels entre eux. Il y a aussi le consommateur
dans certains cas. Je pense qu'il devra participer. Il ne faudrait pas que le
gouvernement soit nécessairement le principal ou un des principaux
subventionnaires. Je pense que c'est un ensemble de subventions ou
d'engagements qu'il faudrait considérer, et cela fait partie de ce
"partnership" qui est important.
M. Boulerice: Est-ce que cela pourrait avoir le même impact
que certaines décisions ont eu? Vous allez peut-être dire que la
comparaison est odieuse quand on parle de culture, mais, enfin, dans le
transport en commun, par exemple, une réduction de la participation de
l'État pourrait amener une augmentation des coûts du
consommateur.
M. Bacon: M. le Président, on n'a pas parlé de
réduction. Nous parlons d'une augmentation de 200 000 $. Je n'ai pas
parlé de réduction.
M. Boulerice: Quand vous parlez de l'accroissement des revenus
autonomes, est-ce qu'il y a une lancée?
Mme Bacon: Meilleure gestion, recherche de commanditaires, cela
peut aussi faire partie de cet ensemble. Il y a sûrement des exemples qui
existent là-dessus.
M. Boulerice: Mais vous gardez le cap que...
Mme Bacon: Sur l'encouragement des événements
majeurs, oui.
M. Boulerice: Mais vous gardez le cap selon lequel, justement,
l'accueil de nouveaux commanditaires, etc., doit Être
privilégié par rapport à l'augmentation du coût
direct d'achat des billets, qui déjà, dans la majorité de
ces cas-là, sont des fois difficilement accessibles pour certaines
couches de notre population.
Mme Bacon: C'est cela. Il y a des événements, je
pense, qui sont populaires et à prix populaires aussi qu'il faut garder
à la portée des bourses. Le festival de Québec, par
exemple, qui n'a pas de prix d'entrée et qu'on continue à
subventionner. Je pense encore une fois qu'il ne faut pas que le gouvernement
soit le seul à subventionner. Je pense qu'il faut voir l'ensemble des
possibilités de subventions.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous en avez
terminé, M. le député de Saint-Jacques?
Mme Bacon: II faut dire qu'il y a un élément, je
pense, que j'ai oublié.. »
Le Président (M. Trudel): Oui, Mme la ministre.
Mme Bacon:... dans la réponse que j'ai donnée. Ce
qui me répugne toujours, c'est de voir la dépendance des
artistes, par exemple, ou des gens qui ont besoin de subventions du
gouvernement. Les artistes me le disent depuis ma nomination, tous les artistes
que j'ai rencontrés m'ont dit: Montrez-nous comment pêcher, ne
nous donnez pas de poissons. Je pense que cela est important de le dire. C'est
le milieu qui demande de ne pas dépendre strictement du gouvernement. Si
on peut favoriser l'arrivée de partenaires, et plus il y aura des
partenaires, moins les artistes seront dépendants strictement du
gouvernement et c'est ce qu'ils veulent.
M. Boulerice: Je suis d'accord avec vous, Mme la ministre...
Mme Bacon: Vous m'en voyez très heureusel
M. Boulerice:... je n'aime pas ce sentiment de dépendance
des artistes. Je rêve d'un jour, effectivement, où l'artiste aura
un statut économique enviable au Québec comme dans certains pays
où les artistes ont des revenus enviables. Sauf qu'il y a deux
réalités qu'on doit considérer, et c'est
inévitable. On ne peut pas s'en sortir. On a abondamment cité
votre prédécesseur tantôt et je remarquais que loin de vous
agacer, tout au contraire, vous preniez bonne note de cela. Hier, M. Richard
donnait à la radio d'État une entrevue extrêmement
intéressante sur la situation de l'artiste au Québec. Mais il y a
une chose que l'on doit comprendre, c'est que malheureusement nous ne sommes
que 6 000 000 au Québec. Sans rejeter l'autre parce que je pense qu'il y
a un apport culturel intéressant, il y a actuellement une culture
québécoise d'expression anglophone comme il y en a une allophone,
mais dans le cas de la culture francophone nous ne sommes plus donc que
5 000 000. C'est un marché extrêmement petit. Il y a la
difficulté pour nous de vivre avec un marché aussi petit que cela
et, deuxièmement, notre porte de sortie est effectivement,.. J'ai
été également heureux de vous entendre là-dessus...
Quoique les résultats financiers ne sont pas à ma satisfaction,
il y a pour nous la possibilité de l'exportation, sauf qu'à
l'exportation il faut se rendre compte que les pays auxquels on va s'adresser
ont déjà en place un réseau culturel, ont des habitudes de
consommateurs culturels établies depuis longtemps avec des produits qui
sont là et qui sont de qualité. Donc, on revient à la
concurrence. On ne nous donnera rien et cela va être difficile. Ce qui
fait qu'entre l'état de dépendance et l'état de
l'autonomie idéale au niveau financier pour l'artiste il y a une
période de transition qui doit s'écouler à
l'intérieur de celle-là. Pour cette période de transition,
il faudrait, non pas aller nécessairement à la baisse, mais
montrer qu'on veut soutenir les efforts.
Mme Bacon: Je n'ai sûrement pas parlé de
période ou d'expérience à la baisse, au contraire. C'est
peut-être, de la part du député de Saint-Jacques, ne pas
faire confiance à l'excellence des produits que nous avons et
l'excellence du travail de nos artistes.
J'ai vraiment l'impression qu'on ne leur fait pas confiance. Nous avons
des produits extraordinaires. Je comprends que le marché est restreint:
5 000 000 de francophones, ce n'est pas l'Europe et ce n'est pas un autre pays.
C'est important d'ouvrir les portes.
Il y a un marché. Je comprends la concurrence. Par exemple, en
Nouvelle-Angleterre, il y a concurrence, mais il y a nettement un marché
qui nous attend depuis des années et il faut s'ouvrir sur le monde.
Le fait que nos artistes vont participer - je me permets d'inclure cela
dans mon intervention - enfin à un événement majeur comme
Expo 86, cela ouvre des portes - ce sera télédiffusé sur
les ondes de Radio-Canada et de Radio-Québec - à nos artistes. Il
faut s'ouvrir sur le Canada d'abord et sur le monde. C'est important. Cela ne
s'est pas fait, à ma souvenance, depuis longtemps qu'on a ouvert nos
portes comme cela. On n'a jamais fêté la Saint-Jean à
Vancouver et cette année cela se fera.
Le Président (M. Trudel): Tout en me retenant d'intervenir
sur un sujet extrêmement intéressant, je cède la parole
à la députée de Matane.
Mme Hovington: Je voudrais ajouter un volet à la
réflexion du député de Saint-Jacques et pour faire
suite... J'ai oeuvré dans le monde des artistes depuis maintenant 18
ans. Quand je parle d'artistes, ce sont les artistes peintres. Il faudrait
peut-être d'abord définir le mot "artiste". On mêle le mot
"artiste" à beaucoup de choses. À mon avis, dans le monde des
artistes peintres, en tout cas, il y a beaucoup d'improvisation. D'abord il n'y
a aucun critère pour qu'un homme ou une femme ou une grand-mère
ou un grand-père ou un oncle ou une tante puisse peindre du jour au
lendemain. Tout le monde s'essaie et je pense que plus le chômage a
augmenté au Québec, plus il y a eu d'artistes peintres qui se
sont découverts ou qui se sont appelés ainsi. (21 heures)
Dans la Presse, à Montréal, pour une même fin de
semaine, j'ai calculé 92 vernissages. Il ne peut pas y avoir 92 artistes
créateurs à la même table. Alors je me dis que ce sont ces
gens-là qui s'inscrivent peut-être au ministère des
Affaires culturelles sous le nom d'artistes, et ce sont ces gens qui demandent
le plus de subventions. Je pense qu'il faudrait établir des
critères et définir le mot "artiste", parce que 6 000 000
d'habitants, c'est vrai que c'est petit, mais on ne peut pas produire autant
d'artistes peintres. Ce serait un aussi grand déséquilibre dans
une société que si on disait: II y a seulement des hommes
d'affaires, seulement des avocats ou seulement des artistes. Je pense qu'on ne
peut pas tous être des créateurs. Pour donner un exemple, on ne
peut pas tous être des Gilles Vigneault, on ne pas tous être des
Félix Leclerc, on ne peut pas tous être des créateurs dans
ce style, mais il y a de petites chansonnettes qui existent.
Dans le monde des artistes créateurs, des artistes peintres, il y
a des grands maîtres et il y a des artistes du dimanche. Ce sont les
artistes du dimanche, souvent, qui demandent des subventions parce que les
artistes peintres professionnels, les bons artistes créateurs n'ont pas
besoin de subvention, ils percent sur le marché de toute façon.
Je pense que là où le soutien devrait venir, c'est
peut-être pour ouvrir un marché sur le monde extérieur,
justement, pour le marketing, mais y aller vraiment d'une façon
marketing-business. Non pas envoyer nos produits à l'extérieur
avec un drapeau, mais y aller vraiment au niveau du marketing. Je pense qu'on
donnerait à nos produits de qualité un marché
extérieur sans avoir à toujours subventionner les artistes
créateurs.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, sur le même vaste sujet.
M. Boulerice: J'apprécie les propos de ma collègue
du comté de Matane, je suis très heureux de la voir intervenir
à ce sujet dans nos discussions. Je suis d'accord avec vous, il faut
déboucher justement vers un marketing extérieur, sauf que j'ai
fait
remarquer précédemment à cette commission que les
470 000 $ prévus étaient nettement insuffisants pour y
arriver.
Maintenant, vous parlez d'artistes, mais il faut également parler
de relève. Je pense qu'on devrait s'en occuper. J'en vois à
longueur de semaines dont le nom peut être amusant par exemple les
Foufounes électriques, sur la rue Sainte-Catherine, qui ne
bénéficient pas d'aide, mais c'est là que se retrouve...
Mme la députée de Matane, je serai très heureux de vous y
accueillir puisque, en plus, c'est dans mon comté -rassurez-vous, les
foufounes sont bien cachées - et vous allez voir que c'est là
qu'on retrouve la relève de demain en arts plastiques, et eux,
actuellement, sont les grands négligés.
Après vous avoir dit cela, et en souhaitant qu'on puisse
personnellement échanger plus tard, j'aimerais répondre à
Mme la ministre. Elle parle d'excellence. Je n'ai jamais douté de
l'excellence du produit québécois, n'en déplaise à
Mme la députée de Vachon. Cette excellence, je la
célèbre tous les jours, on l'entend tous les jours. On l'entend
d'ailleurs dans la musique. Je pense que, dans le domaine du disque, nous avons
des chanteurs et des chanteuses, des compositeurs extraordinaires. Qu'on pense
à Plamondon, qui peut occasionnellement de façon justifiée
faire certains esclandres, mais qui offre un produit de création
extraordinaire. Quand on regarde la récente décision du CRTC de
réduire le contenu francophone, le contenu local à
l'intérieur des programmes de diffusion, je vous dis que c'est beau
célébrer l'excellence, sauf que si on ne se donne pas les moyens
et l'occasion de la diffuser, à ce moment-là, où
allons-nous?
Mme Bacon: M. le Président...
M. Boulerice: M. le Président, je vous cède la
parole avec grand plaisir.
Mme Bacon: En réponse au député de Matane,
il est évident que les artistes sont nombreux mais, dans une
période où il faut faire des compressions budgétaires, les
critères, les jurys de sélection font sûrement des
sélections beaucoup plus serrées compte tenu du nombre. À
ce moment-là, nous avons réellement l'excellence.
J'aimerais rappeler au député de Saint-Jacques qui disait
que c'est peu, 472 000 $, que c'est deux fois plus que l'an dernier. C'est
peut-être peu, mais je ne sais pas comment il aurait qualifié
l'expérience de l'année dernière.
M. Boulerice:... 1 000 000 $ de moins, justement, on avait fait
nos classes et un comité avait réévalué les choses,
disant que ça devrait plutôt être 1 400 000 $. C'est dommage
qu'on n'ait pas réussi à remettre la main sur ce dossier. On
aurait pu facilement le faire en interrogeant le Comité des
priorités qui avait encore ce dossier en sa possession, dossier qui
aurait pu être bien moussé. Mais on ne reviendra pas
là-dessus; on s'en reparlera sans aucun doute l'an prochain. Je suis
prêt, si vous le désirez, madame, à conclure sur le
programme 4 et à passer au programme suivant.
Mme Bacon: Je serais tentée d'ajouter que si on nous avait
laissé certains dossiers nous aurions pu y travailler.
M. Boulerice: Mais on vous les a laissés, madame; ils
étaient dans les classeurs ces dossiers-là. Il s'agit de savoir
bien chercher.
Le Président (M. Trudel): Je pense que la
députée de Matane a le mot de la fin.
Mme Hovington: Un petit point comme mot de la fin. Vous parliez
de relève en arts plastiques, vous disiez que cette relève
était négligée. Je reviens au principe auquel je crois.
C'est que, si vous donnez une subvention à une jeune relève, il
est peu probable qu'elle va continuer parce qu'elle peut s'asseoir sur ses
lauriers. Je peux vous donner des exemptes où le jeune ou la jeune a eu
une bourse pour aider son inspiration, et la bourse s'est bue à la Casa
Pedro.
M. Boulerice: Non, non. Je ne peux pas...
Mme Hovington: Je n'y croîs pas beaucoup. Je dis que
l'artiste créateur a besoin d'un certain soutien mais si vous
subventionnez la relève elle ne durera pas.
M. Boulerice: Je ne peux pas accepter cela, madame.
Mme Hovington: L'artiste créateur n'a pas besoin de
subvention pour réussir et percer.
M. Boulerice: Non. C'est un pavé que vous jetez là,
Mme la députée de Matane.
Mme Hovington: Ce n'est pas un pavé.
M. Boulerice: Je ne peux pas accepter un propos comme
celui-là. Vous êtes en train de...
Mme Hovington: Je peux vous apporter des preuves.
M. Boulerice:... me dire que, pour qu'un artiste atteigne
l'excellence, si, par malheur, il fait partie de ce qu'on appelle la
relève... Entre parenthèses, j'aime beaucoup la phrase
de Vigneault, quand il dit: "La relève, est-ce que quelqu'un est
tombé?" Donc, personne n'est tombé. Il y a une relève mais
dans le sens d'une nouvelle génération, avec une façon
différente d'exprimer les choses par rapport à nous. Il y a sans
doute une nouvelle sensibilité dans son oeuvre créatrice. Mais
vous êtes en train de me dire que la relève va être bonne et
qu'elle va percer si elle commence par crever de faim. Je ne peux pas accepter
de tels propos...
Mme Hovington: Non. Je pense que vous allez à
l'extrême de mon propos.
M. Boulerice: Non. C'est ce que vous me dites,
Mme Hovington: Je dis que si vous facilitez trop les choses
à coups de subventions, c'est la loi du moindre effort.
M. Boulerice: Pas nécessairement...
Mme Hovington: Pour continuer la pensée que j'avais tout
à l'heure, je dis que l'artiste créateur n'a pas besoin de
subvention pour percer sur le marché ou pour arriver.
Une voix: C'est une industrie.
Le Président (M. Trudel): En parlant d'effort, est-ce
qu'on pourrait faire un petit effort pour revenir au programme 4?
M. Boulerice: C'est une industrie.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous considérez-vous comme étant prêt
à adopter le programme 4?
M. Boulerice: Programme 4, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Nous passons
maintenant au programme 5, Organismes-conseil et sociétés
d'État. M. le député de Saint-Jacques.
Organismes-conseils et sociétés
d'État
Institut québécois de recherche sur la
culture
M. Boulerice: On va se reprendre, Mme la députée.
J'aimerais demander à la ministre, au sujet de la diminution du budget
de l'Institut québécois de recherche sur la culture, si elle
entend modifier la loi constitutive de cet institut pour légaliser
-c'est le terme que j'emploie - la baisse de crédit prévue en
1986-1987 pour cet organisme, alors que sa loi, celle qui prévoit sa
création, indiquait une indexation minimale annuelle de 10 %.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre.
Mme Bacon: J'ai rencontré dernièrement le
président de l'Institut québécois de recherche sur la
culture et nous avons convenu que le ministère leur verserait la
moitié du budget pour les six premiers mois de l'exercice financier, que
nous ferions ensemble un cheminement dans les mois qui viennent quant à
certaines modalités concernant les travaux de l'institut, son existence,
sa modification possible. Cela ne change en rien les six prochains mois.
M. Boulerice: Oui, mais vous devez quand même modifier la
loi...
Mme Bacon: Pas nécessairement, non.
M. Boulerice: Mais oui, puisque vous ne lui donnez pas une
indexation maximale de 10 %.
Mme Bacon: Nous verrons...
M. Boulerice: Vous lui donnez deux versements.
Mme Bacon: Si le député m'écoutait
jusqu'à la fin, il aurait la réponse.
M. Boulerice: Bien, répondez jusqu'à la fin et je
vous écouterai jusqu'à la fin.
Mme Bacon: C'est que la deuxième tranche sera
versée en tenant compte de cela ou non. À ce moment-là,
nous nous assurerons, si l'indexation n'était pas donnée, de
faire une modification à la loi.
M. Boulerice: Cette réflexion qui entoure l'Institut
québécois de recherche sur la culture, vous dites que vous l'avez
amorcée avec son président. Il y a donc des discussions entre
vous et les membres de l'institut québécois. Vers quel moment
pourrez-vous nous parler des orientations nouvelles, des orientations
modifiées de l'institut québécois? Vous allez me dire
incessamment.
Mme Bacon: Non, dans six mois.
M. Boulerice: Dans six mois, d'accord.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je suis assez contente,
Mme la ministre, d'apprendre qu'il y aura une réflexion qui se
poursuivra durant les six prochains mois sur la pertinence des travaux
effectués par
l'Institut québécois de recherche sur la culture. Pour le
bénéfice des membres de cette commission, j'aurais
souhaité que vous déposiez la liste des publications qui ont
été réalisées par l'institut
québécois cette année. Est-ce que vous pourriez
peut-être immédiatement nous faire part un peu des
productions?
Mme Bacon: Je ne l'ai pas ici avec moi, mais, dans le rapport
annuel, ]e pense qu'on peut avoir la liste et en prendre connaissance à
ce moment-là. Si cela doit être fait plus rapidement, nous
pourrons vous la faire parvenir.
Mme Harel: Vous parlez du rapport annuel qui devra être
déposé incessamment?
Mme Bacon: Qui a été remis et qui sera
déposé rapidement, je pense. À ce moment-là, vous
auriez la liste de tous les dossiers.
Mme Harel: Ce rapport annuel, il faut l'attendre, Je crois
comprendre...
Mme Bacon: Bientôt. Il a été remis, il doit
être déposé bientôt.
Mme Harel: Ah bon! Je ne sais si vous avez eu l'occasion de
prendre connaissance de leurs publications récentes.
Mme Bacon: Oui.
Mme Harel: L'Institut québécois de recherche sur la
culture, contrairement à ce que parfois on imagine en termes
d'appellation québécoise, a surtout travaillé dans le sens
d'une contribution importante des communautés culturelles à la
culture québécoise. Une de ses publications récentes
concerne la communauté portugaise. Est-ce qu'on pourrait souhaiter que
les travaux de l'institut québécois soient déposés
à l'Assemblée nationale?
Mme Bacon: Dans le rapport annuel, on mentionne les travaux qui
ont été effectués par l'institut; je pense que ceux et
celles qui sont intéressés à ces rapports peuvent se les
procurer.
Mme Harel: Merci. Moi, je voudrais vous dire, Mme la ministre,
que je souhaiterais qu'il y ait de votre part un dynamisme soutenu à
l'égard des publications de l'institut et que ces publications soient
elles-mêmes déposées. Je ne pense pas que le rapport annuel
soit suffisant pour faire connaître les travaux de l'Institut
québécois de recherche sur la culture. On sait que 92 % des
nouveaux arrivants des communautés culturelles qui décident de
s'installer au Québec le font dans la grande région de
Montréal. C'est donc dire que nos collègues des régions
périphériques n'ont aucun accès, aucune information de
première main, aucune connaissance, dirais-je même, sur
l'état de la situation des communautés culturelles qui
certainement sont une contribution, un apport à l'histoire nationale et
à l'avenir national du Québec.
M. Boulerice: Ce serait, si vous me permettez d'ajouter quelque
chose, je pense un excellent moyen de valoriser l'extraordinaire travail qui se
fait justement à l'Institut québécois de recherche sur la
culture.
Mme Bacon: Écoutez, si nous avions à assumer la
circulation, si vous me permettez l'expression, de ces documents, il faudrait
que le ministère en assume le coût, qui n'est pas prévu
dans le budget cette année.
Mme Harel: Ah bon, M. le Président!
Mme Bacon: Cela n'a jamais été prévu par mes
prédécesseurs, non plus. Je pense que la députée de
Maisonneuve me demande de démontrer plus de dynamisme que mes
prédécesseurs.
Mme Harel: Écoutez, peut-être que Mme la ministre va
à ce moment-là m'amener à poser la question au
président de la commission de la culture. En tant que
vice-présidente de la commission, je pense que je vais soumettre une
proposition pour qu'au moins les membres de la commission de la culture aient
accès aux travaux de l'institut québécois et que la
secrétaire de la commission nous fasse distribuer...
Mme Bacon: Si c'est l'engagement que la députée de
Maisonneuve me demande de prendre ce soir, je pense que nous pouvons en assumer
le coût.
M. Chevrette: Vous en voyez le président tout
réjoui; il va avoir quelque chose à dire. (21 h 15)
Mme Harel: M. le Président, je vais terminer
là-dessus. Je crois que l'Institut québécois de recherche
sur la culture gagne beaucoup à faire connaître ses travaux. Je
pense qu'on a parfois, dans certains milieux, des préjugés qui
circulent sur l'Institut québécois de recherche sur la culture.
L'analyse et la connaissance qu'on peut avoir des travaux
réalisés jusqu'à maintenant démontrent l'importance
stratégique, le rôle névralgique qu'il joue au
Québec, pour justement faciliter la compréhension interethnique
au Québec.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
Cinéma
M. Boulerice: Oui. L'élément 3, cinéma.
Sujet: mise en application de la Loi sur le cinéma. "Oh boy!" La
question que j'aimerais adresser à Mme la vice-première ministre:
Quelles sont les étapes prévues en 1986-1987 dans le processus de
mise en application de la Loi sur le cinéma?
Mme Bacon: Le principe de l'adoption d'une réglementation
amendée a été accepté par le Conseil des ministres.
En ce moment, ce que je peux dire aux membres de cette commission, c'est que
j'ai l'intention d'envoyer un représentant 'ou un émissaire
auprès des "majors" pour leur expliquer la position gouvernementale,
leur expliquer aussi les amendements qui ont été apportés
à la réglementation et voir en même temps les
réactions du milieu. Et après, nous verrons s'il y a d'autres
amendements à apporter avant de les faire accepter au Conseil des
ministres et de les publier à la Gazette officielle, et de suivre le
processus des audiences publiques par la régie.
M. Boulerice: Mme la ministre, est-ce que vous entendez
entreprendre ces négociations incessamment?
Mme Bacon: Mon Dieu, non.
M. Boulerice: Et quant au négociateur, est-ce que
déjà vous avez pressenti - pas M. Lalonde, il est
déjà occupé ailleurs quelqu'un?
Mme Bacon: Des gens compétents.
M. Boulerice: Nous allons vous fournir une liste, ne soyez pas
inquiète.
Une voix: Non. Non.
M. Gardner: M. Richard, d'ailleurs, pourrait être excellent
là-dedans.
Mme Bacon: Je lui laisse.
M. Boulerice: Sur un ton plus sérieux, est-ce que vous
pouvez nous donner l'assurance que vous entendez respecter la lettre et
l'esprit de la loi concernant la distribution des films étrangers en
territoire québécois?
Mme Bacon: Ce que je mentionnais tantôt, c'était la
réglementation et je pense que les amendements qui ont été
apportés sont importants, mais la porte n'est pas fermée. J'ai
l'intention - et je l'ai dit déjà -de négocier. S'il faut
que nous allions jusqu'à la négociation, il faudra
négocier. Mais pour le moment, la première étape, c'est
l'information. Alors, c'est l'étape d'information qui sera franchie par
l'émissaire lors d'une première rencontre avec les
représentants des "majors".
M. Boulerice: J'aimerais vous dire, Mme la ministre, que
négocier avec nos voisins du Sud, on sait que traditionnellement c'est
quelque chose d'ardu, mais à ce sujet qui est un sujet de très
grande importance pour nous tous - je pense qu'on en convient unanimement - je
puis vous assurer, de ma part et de la part de ma formation politique, tout
l'appui nécessaire.
Mme Bacon: Surtout - j'allais être méchante,
malgré les gentillesses du député de Saint-Jacques, M. le
Président - quand on pense que l'ancien gouvernement n'a pas
été capable de régler ce dossier.
M. Boulerice: Alors, madame...
Mme Bacon: Nous comptons sûrement sur la collaboration du
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice:... je crois que vous avez été
inutilement méchante. À ce niveau-là...
Mme Bacon: Mais non, réaliste.
M. Boulerice:... il faut se rendre compte des forces...
M. Chevrette: Cela lui arrive malgré elle.
M. Boulerice:... qui existent dans le règlement d'un
dossier comme celui-là.
M. Chevrette: C'est plus fort qu'elle.
M. Boulerice: Je suis obligé de vous souhaiter bonne
chance, parce que cela va être ardu.
Mme Bacon: Je suis très consciente de cela, M. le
Président.
M. Boulerice: J'aimerais que vous m'indiquiez s'il est de votre
intention de nommer très bientôt un nouveau directeur ou une
nouvelle directrice pour la Société générale du
cinéma. Il y a des inquiétudes dans le milieu. Elles se sont
écrites, elles se sont exprimées.
Mme Bacon: En ce moment, mon choix n'est pas arrêté
sur la ou le successeur.
M. Chevrette: Ce sera sûrement une libérale.
Mme Bacon: Vous allez peut-être avoir des surprises, M. le
député de Joliettel
M. Chevrette: Elle va être libérale!
Mme Bacon: Mon choix n'est pas encore arrêté. Il y
a, évidemment, des personnes qui sont considérées, il y a
des solutions, aussi, qui sont envisagées et qui ne sont pas
nécessairement celles que vous proposez, comme d'avoir une ou un
successeur. Il y a d'autres aménagements qui peuvent être
considérés. Je ne voudrais pas me mettre dans le béton en
vous disant d'ici deux semaines, mais ce sont à peu près les
délais, deux ou trois semaines, qui sont normaux quant à la
nomination d'un remplaçant.
M. Boulerice: Et quelqu'un issu du milieu.
Mme Bacon: Pas nécessairement!
M. Boulerice: Pas nécessairement? Le fait d'être
issue de ce milieu a donné à la directrice générale
précédente énormément de
crédibilité.
Mme Bacon: Énormément de problèmes aussi
quand elle devait refuser. Quand on est issu d'un milieu et qu'on doit dire non
aux gens du milieu, ce n'est pas toujours facile.
M. Boulerice: Je sais, mais on apprend bien à vivre avec
cela. Vous dites non à vos collègues députés!
M. Gardner: Vous en savez quelque chosel
Mme Bacons J'ai pensé d'ajouter cela, M. le
Président, comme information.
M. Chevrette: II y a des moutons noirs! Ce n'est pas tous les
professeurs qui sont comme lui; vous avez raison, madame.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être profiter, M. le
Président, si vous me le permettez, de ce moment pour clarifier un peu
la situation de la démission de Mme Boisvert, démission qu'elle
avait offerte elle-même pour cause de maladie et que j'avais
refusée à ce moment-là, lui permettant de prendre un
délai de réflexion et un délai de repos au moment
où elle a offert sa démission. Je pense que sa décision de
quitter ou pas lui revient.
M. Chevrette: Elle ne ressemble pas à Claude Morin,
celle-là!
Mme Hovington: II n'est pas malade, lui!
M. Chevrette: Non, non. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Vous avez
raison. C'est pour cela qu'il n'a pas démissionné. Merci pour la
porte ouverte là.
Mme Bacon: C'est Mme Boisvert qui a pris la décision et
non pas celle qui vous parle. C'est ce que je voulais dire.
Musées d'État
M. Boulerice: M. le Président, nonobstant les propos de
certains collègues... Élément 4, musées
d'État. J'aimerais vous parler du moratoire du projet de construction du
Musée d'art contemporain, à Montréal. Étant
donné que le site actuel du Musée d'art contemporain, cela est su
de la province au complet, est trop exigu pour les 2200 oeuvres d'art qu'il
renferme, son accès est peu commode sur ce site pour le public, ce qui
freine, d'une part, son essor et son développement, est-ce que la
ministre reconnaît la nécessité de la relocalisation du
Musée d'art contemporain à Montréal dans un édifice
qui lui permettra de réaliser ce développement qui est tant
souhaité par l'ensemble du milieu culturel? Et, sera-t-il construit dans
les temps voulus - vous me permettrez d'employer encore votre mot -nonobstant
les délais que s'est imposés volontairement le ministère
dans ce dossier?
Mme Bacon: M. le Président, j'essaie de me rappeler si te
député de Saint-Jacques était membre du conseil
d'administration au moment de l'ancienne ou de la nouvelle administration et
s'il a fait le pont entre les deux. Ses remarques ou sa demande me surprennent
parce que l'ancienne administration avait jugé bon d'accepter le site
actuel et les plans actuels du Musée d'art contemporain. La nouvelle
administration nous demande de le reconsidérer en plaidant
l'exiguïté des lieux.
M. Boulerice: Si vous voulez me permettre de corriger
immédiatement, M. le Président.
Mme Bacon: Étiez-vous du premier conseil
d'administration?
M. Boulerice: J'ai été des deux, madame.
Mme Bacon: Alors, vous avez cheminé avec les deux.
M. Boulerice: Je vais me permettre de vous corriger. Je ne pense
pas qu'il y ait eu un conseil et deux conseils. Il y a eu des modifications
apportées au conseil d'administration du Musée d'art
contemporain, comme cela arrive dans tous les conseil d'administration.
Effectivement, dans son premier temps, le Musée d'art contemporain, a
accepté les plans et a tenté de les bonifier de façon
à les rendre plus adéquats aux besoins du musée. Il a
travaillé aussi avec une hypothèse de base qui était
que nous conservions l'édifice actuel dans la Cité du
havre, lequel pouvait servir de réserve, de centre de conservation, etc.
Sauf que, jamais, à aucun moment, le conseil d'administration du
Musée d'art contemporain n'a remis en question la relocalisation du
Musée d'art contemporain. Ce que je veux vous dire, c'est que
l'architecture intérieure comme l'architecture extérieure, que ce
soit en avant, en arrière, à côté, au-dessus ou en
dessous de la Place des Arts, ce sont des choses dont je suis bien prêt
à discuter avec vous ou avec n'importe qui que vous voudrez bien me
déléguer là-dessus.
Le point principal et le principe -c'était réclamé
par le milieu depuis de nombreuses années; finalement, un ministre a agi
là-dessus et ce fut votre prédécesseur -c'était
d'amener en ville ce musée qui était dans un endroit
inaccessible. Il n'y a pas de services de transport en commun pendant les fins
de semaine. Quand il faut s'y rendre en semaine par le transport en commun,
c'est aussi épouvantable que de vouloir se rendre à Tombouctou.
Si on a une voiture, on se perd dans les dédales de l'autoroute
Bonaventure. Cela ne fait aucun doute pour tout le monde que le Musée
d'art contemporain doit être relocalisé, qu'il doit y avoir un
nouveau musée d'art contemporain. Riez, riez, riez, il en restera
toujours quelque chose, et là-dessus je vais vous aligner passablement
de gens en conférence de presse. Il y a le besoin d'un nouveau
musée d'art contemporain à Montréal. Ce que je veux
savoir, c'est: Sera-t-il construit, oui ou non?
Mme Bacon: Je serais tentée, M. le Président, de
demander au député de Saint-Jacques ce qu'il ferait s'il
était ministre des Affaires culturelles, compte tenu de toutes les
informations qu'il connaît du dossier et de la continuité.
Malgré les changements de membres du conseil d'administration, lui
était toujours là. Je serais presque tentée de lui
demander ce qu'il ferait devant les contradictions que nous avons et les avis
contradictoires que nous avons reçus.
M. Boulerice: Il n'y a pas de contradictions, Mme la ministre.
Dans un premier temps, nous avons tenté de modifier quelque chose qui
existait. Je ne ferai pas le procès du passé quant à
l'architecture intérieure ou extérieure, et ce n'est pas moi qui
suis ministre en plus de cela, du moins pas pour le moment.
Le Président (M. Trudel): Pour le moment, a-t-il dit.
M. Boulerice: Sauf que j'en aurais bien le goût puisque
j'ai une passion pour l'art qui est évidente. On a tenté, dans un
premier temps, au Musée d'art contemporain, de modifier des choses, de
les rendre plus conformes aux besoins nouveaux qui sont exprimés. Dans
un deuxième temps, le conseil a jugé préférable de
revoir l'architecture intérieure et peut-être la localisation,
mais jamais on n'a contesté le fait qu'il doive y avoir un nouveau
musée d'art contemporain. Riez, riez, si vous voulez, c'est le dernier
de mes soucis. Pour la population de Montréal et du Québec et
pour le développement des arts plastiques au Québec et pour
l'apport touristique important que cela peut constituer, va-t-il, oui ou non, y
avoir un nouveau musée d'art contemporain à Montréal? Cela
fait vingt ans qu'on le réclame.
Mme Bacon: M. le Président, la construction d'un
musée d'art contemporain n'a jamais été remise en
cause.
M. Chevrette: Juste l'échéancier.
Mme Bacon: II y a eu, de la part du conseil d'administration du
Musée d'art contemporain, des demandes afin de revoir les plans,
l'ensemble des services, l'aménagement, les accès, la salle
d'exposition; je pourrais vous en faire la nomenclature. L'emplacement, on en a
parlé aussi. Ce sont surtout les accès, les salles d'exposition,
les réserves, le centre de documentation, la salle d'expression
contemporaine, l'auditorium. Évidemment, la conclusion, c'était
que l'ensemble des problèmes soulevés par le conseil
d'administration justifiait le remaniement des plans et que le conseil
d'administration nous demandait que les prévisions de croissance du
budget d'opération qui étaient liées à l'expansion
du musée soient maintenues. Il n'a jamais été dit que nous
ne construirions pas le musée d'art contemporain. Devant des
contradictions qui étaient flagrantes et une demande formelle du conseil
d'administration de revoir le dossier, il était normal de
décréter un moratoire. C'est ce que nous avons fait, en confiant
au comité Goyer certains dossiers qui concernent les équipements
culturels de Montréal. (21 h 30)
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Joliette, vous aviez demandé la parole, je crois.
M. Chevrette: Bien, j'avais l'idée de faire une farce
à cette heure-là. Est-ce que l'actuelle ministre des Affaires
culturelles aurait une question à adresser au futur ministre des
Affaires culturelles?
Mme Bacon: Est-ce que l'on parle...
M. Boulerice: Bien non! Enfin, on pourrait toujours
interpréter qui est le futur. Effectivement, j'ai des coupures de presse
qui parlent de la nécessité d'avoir un Musée
d'art contemporain à Montréal par un député
de l'est de la ville. Mais... Non, trois ans, cela passe vite.
Vous avez le rapport Goyer en main, madame, depuis quelques jours.
Est-ce que vous pouvez nous en donner les grandes lignes?
Mme Bacon: Le rapport du comité est quand même un
rapport préliminaire. Il sera rendu public la semaine prochaine.
M. Boulerice: Est-ce que vous vous engagez à
réaliser le Musée d'art contemporain de Montréal au cours
des quatre prochaines années? Oui ou non, d'ici les quatre prochaines
années?
Mme Bacon: J'ai dit tantôt qu'il n'était pas
question de remettre en question la construction d'un musée d'art
contemporain.
M. Boulerice: Je suis bien d'accord, mais cela peut être
dans 20 ans; enfin non, parce que, dans quatre ans, on le fera..
Mme Bacon: Notre mandat est de quatre ans et demi et les
décisions seront prises.
M. Boulerice: À l'intérieur de votre premier
mandat, vous avez l'intention de relocaliser le Musée d'art contemporain
dans une construction neuve.
Mme Bacon: La décision sera prise à
l'intérieur du premier mandat.
M. Boulerice: Du premier mandat. Qui vivra verrai
Toujours dans musées d'État, j'aimerais que vous
répondiez à certaines de mes interrogations quant à la
vocation dudit Musée d'art contemporain. Qu'est-ce que vous entendez
privilégier pour le Musée d'art contemporain, que Mme Lepage,
d'ailleurs, appelle très effectueusement le "Big MAC"? Oui, parce que
c'est un musée qui fait tellement et si bien qu'elle a dit que le petit
"MAC", c'était le ministère des Affaires culturelles, et le "Big
MAC" c'était le Musée d'art contemporain.
Mme Bacon: La vocation du Musée d'art contemporain est
bien expliquée à l'article 24 de la loi 35. Je pense que le
député de Saint-Jacques aurait avantage à relire cet
article; cela lui donnerait exactement la vocation du Musée d'art
contemporain.
M. Chevrette: Cela a l'air savant de citer un numéro; mais
j'aimerais cela savoir ce qu'il veut dire. Qu'est-ce qu'il y a dans cet
article, madame?
M. Filion: On s'en souvient, mais on a oublié quelques
mots.
Mme Bacon: Vous pourriez le relire.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait savoir, M. le
Président, de Mme la ministre ce qu'il y a dans l'article 24?
Mme Bacon: Je pense que l'ancien...
M. Chevrette: II va avoir le temps de vous souffler ce qu'il y a
dedans.
Mme Bacon:... membre du Musée d'art contemporain, qui est
le député de Saint-Jacques, doit sûrement se rappeler
l'article 24 de la loi 35.
M. Chevrette: Mais, pour le bénéfice des membres de
la commission, est-ce qu'on pourrait savoir...
M. Boulerice: Je n'ai pas eu le temps de me pencher
là-dessus.
M. Chevrette:... ce que contient l'article 24?
Mme Bacon: J'enverrai copie au député de
Saint-Jacques, M. le Président.
M. Chevrette: Je prends acte qu'elle ne le sait pas plus que
moi.
M. Boulerice: Donc, vous entendez respecter cet article 24.
Mme Bacon: Vous devez sûrement avoir d'autres questions. Je
vais vous donner la chance de les poser. Oui, M. le Président.
M. Boulerice: D'accord. Quelles sont vos priorités pour en
favoriser l'essor et le développement?
Mme Bacon: L'enveloppe du budget de développement est de
400 000 $ que nous avons donnés au Musée d'art contemporain. Cela
peut être pour l'exposition et l'acquisition d'oeuvres. Il y a une
autonomie qui est laissée au Musée d'art contemporain.
M. Boulerice: II y a, effectivement, une autonomie qui est
donnée au Musée d'art contemporain...
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice:.... puisque c'est une société
d'État. Vous n'entendez sans doute pas remettre cela en question.
Mme Bacon: Non. C'est pour cela que j'ai dit que la somme de 400
000 $, qui est donnée cette année pour le
développement,
peut être utilisée soit pour de l'acquisition, soit pour
des expositions ou d'autres choses.
M. Boulerice: Oui. Mais la question additionnelle que je vous
pose, c'est: Est-ce que vous entendez respecter la loi qui a été
votée et qui établit le Musée d'art contemporain comme un
musée d'État autonome?
Mme Bacon: Je pense qu'on a toujours respecté l'autonomie
des musées. On n'a pas l'intention de changer.
M. Boulerice: Son statut juridique actuel?
Mme Bacon: C'est cela. L'article 24.
M. Boulerice: Ha! Ha! Ha! M. Chevrette, un jour, vous
connaîtrez l'article 24.
M. Chevrette: Je le connaîtrai et je vérifierai si
vous le comprenez tous les deux.
Place des Arts
M. Boulerice: À l'élément 5, Place des Arts,
j'aimerais que vous m'expliquiez ce qui motive la diminution de certains
paiements obligatoires qui se traduit par une diminution de crédits de
l'ordre de 4 600 000 $ pour la Place des Arts.
M. Chevrette: C'est l'article 25.
Mme Bacon: Les crédits permanents qui étaient plus
élevés l'an dernier l'ont été parce qu'il y avait
un remboursement d'émissions d'obligations. Si le député
de Saint-Jacques comprend la réponse, les crédits permanents
étaient plus importants l'an dernier parce qu'il y avait un
remboursement d'émissions d'obligations. C'est ce qui explique la
différence.
M. Boulerice: D'accord. Donc, cela n'a pas d'impact sur le plan
triennal d'équipement de la société?
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice: Nous, on fait cela à trois et là, on
fait cela à quarante. C'est quand même pas si pire.
Mme Bacon: J'aimerais vous faire remarquer, M. le
Président, qu'il n'y a pas 40 personnes derrière moi. On en a
déjà vu beaucoup plus que cela à l'occasion de
crédits. J'ai quand même déjà été
députée de l'Opposition. Je sais le nombre de fonctionnaires qui
venaient accompagner les ministres à l'occasion de l'étude des
crédits.
Le Président (M. Trudel): J'ai été
fonctionnaire, Mme la ministre, j'ai déjà accompagné des
ministres. Il y en avait beaucoup.
Mme Bacon: Ils étaient beaucoup plus nombreux que cette
année.
Une voix: Ils en avaient plus besoin.
M. Boulerice: Toujours en ce qui a trait à la Place des
Arts de Montréal, est-ce que vous avez une opinion quant à
l'hypothèse qui a été émise, d'une part, qui disait
que la construction de la maison de l'OSM à Montréal
n'entraînerait pas de diminution substantielle à la Place des Arts
en termes d'affluence? Une autre version dit qu'au contraire - et
c'était celle privilégiée par le président du
conseil d'administration l'érection d'une maison pour l'Orchestre
symphonique de Montréal entraînerait une baisse de
clientèle, une sous-utilisation de la Place des Arts.
Mme Bacon: Nous avons reçu une lettre, comme je l'ai
déjà dit publiquement, du président de la Place des Arts
disant qu'il pourrait y avoir des problèmes pour la Place des Arts s'il
y avait la construction d'une deuxième salle de concert. C'est
justement, encore une fois, parce qu'il y a eu des opinions contradictoires qui
ont été émises que j'ai senti le besoin de confier ce
dossier à un comité qui en fait présentement
l'étude et que j'ai demandé un moratoire sur toute construction
d'autres salles en attendant d'avoir le résultat des études.
M. Boulerice: Que pensez-vous de l'article extrêmement
sérieux qui a été publié dans la revue
L'Actualité et qui indique que la présence de l'OSM - et la
présence de l'OSM est sur deux plans, d'une part, l'exécution de
ses oeuvres, mais deuxièmement, la répétition -
empêche la venue à la Place des Arts d'autres spectacles. Entre
parenthèses, la Place des Arts est une salle de spectacles, une salle
d'opéra, mais n'est pas une salle de concerts.
Mme Bacon: Je m'interrogerais sur l'extrême sérieux
du dossier que vous venez de mentionner. Je pense qu'il vaut autant que
d'autres expressions d'opinions que nous avons entendues qui étaient
tout à fait contraires. Je pense qu'il y a une chose. En ce moment, il y
a des efforts qui sont faits par la Place des Arts pour rentabiliser la Place
des Arts, ce qui n'était pas le cas au moment où nous avons
discuté des dossiers sur la place publique. Nous allons voir ce qui va
se passer, mais, quand même, le dossier est, encore une fois,
confié au comité qui fait son cheminement et qui verra, à
un moment donné, à faire des audiences
publiques. Nous pourrons réagir à ses recommandations.
M. Boulerice: Quant à la maison de l'Orchestre symphonique
de Montréal» je sais que dans une entrevue, quoique le contrat ait
été renouvelé, le directeur de l'orchestre symphonique
disait que c'était quand même un des éléments qui
motivaient son renouvellement de contrat.
Deuxièmement, vous avez une association ou une institution
à Montréal, au Québec, qui est presque centenaire, je
crois, et qui est extrêmement prestigieuse, qui est la guilde des
musiciens, qui réclame également cette salle de concerts à
Montréal. Est-ce que, dans le même cas que le Musée d'art
contemporain, vous vous engagez à construire une maison de l'orchestre
symphonique à l'intérieur de votre premier mandat?
Mme Bacon: M. le Président, si j'ai senti le besoin de
confier ce dossier à un comité, je dois respecter le mandat que
j'ai confié à ce comité et je ne peux pas, aujourd'hui,
présumer de ce que seront les recommandations du comité. Je dois
attendre la fin du moratoire et la fin des travaux du comité pour
m'exprimer sur le sujet.
M. Boulerice: Mme la ministre, à ce moment-là, je
vais vous poser cette question. Est-ce que vous êtes toujours en accord
avec la déclaration de votre collègue et porte-parole de votre
parti en matière culturelle au moment de la dernière campagne
électorale, lorsqu'il disait que jamais le principe de la construction
d'une maison pour l'orchestre symphonique ne serait remis en question?
Mme Bacon: Je n'entrerai pas dans ce genre de
considération. Je dois vivre avec le dossier actuellement. Ce dossier
est entre les mains d'un comité formé de gens fort
sérieux, qui me feront des recommandations après avoir fait le
cheminement que je leur ai demandé de faire. Ils ont un mandat bien
précis. Je pourrai commenter le rapport préliminaire la semaine
prochaine et, par la suite, tel qu'il avait été entendu, le
comité pourra tenir des audiences publiques. Nous verrons, à ce
moment, les recommandations qui seront faites par le comité.
M. Boulerice: Mais c'était quand même la position
officielle de votre parti?
Mme Bacon: Je n'ai pas à commenter, je pense, ces
déclarations. Je m'en tiens à la situation actuelle qui est la
formation d'un comité, le mandat précis du comité et
j'attendrai les recommandations du comité pour m'exprimer.
M. Boulerice: Donc, il y a deux discours...
Mme Bacon: II n'y pas deux discours, M. le Président.
M. Boulerice:... un officiel, l'autre officieux.
Mme Bacon: II y a eu une demande. Il y a eu des contradictions
qui nous ont été données, il y a eu des demandes qui ont
été faites. Il y a eu un dossier qui nous a été
soumis. La contradiction viendrait plutôt des représentants de la
Place des Arts qui disaient, il y a quelques années, qu'on avait besoin
d'une deuxième salle et qui nous disent maintenant que l'impact sur la
Place des Arts serait trop important. C'est peut-être de là que
vient la contradiction qui nous a obligés à retarder, à
faire un moratoire, à vérifier la véracité de ces
propos et à clarifier la situation. Cela nous oblige à retarder.
Alors, nous devons attendre les recommandations du comité Goyer.
M. Boulerice: Est-ce que vous pourriez me rappeler, Mme la
ministre, la composition du comité Goyer?
Mme Bacon: II y a le père Lindsay, de Joliette, que tout
le monde connaît.
M. Boulerice: Mon ancien professeur; je suis heureux de le
saluer.
Mme Bacon: Nous avons voulu que les régions soient
représentées dans un dossier de Montréalais.
M. Boulerice: Je dois vous dire qu'il n'y a pas meilleur choix
que le père Fernand Lindsay.
Mme Bacon: Je suis très heureuse de vous l'entendre dire.
M. Clément Demers, le directeur adjoint de l'urbanisme,
représente la ville de Montréal; M. Jean-Guy Dion,
vice-président de SNC; notre sous-ministre, M. Boucher, sera membre de
ce comité, et M. Goyer préside le comité. (21 h 45)
M. Boulerice: Sauf que, dans le domaine de la musique, je dois
vous avouer que je connais la très grande compétence du
père Lindsay, mais, numériquement, je le trouve bien seul.
Mme Bacon: Bien, écoutez, il y a plus que le domaine de la
musique que l'on doit regarder. Quand on pense à un représentant
de SNC, par exemple, il y a tout le domaine de la construction. Je ne pense pas
que le père Lindsay soit un spécialiste dans la construction. Je
pense qu'il fallait que ce
soit un comité assez équilibré, compte tenu des
responsabilités de chacun dans son domaine respectif. Et je ne pense pas
avoir entendu de critique sur la formation de ce comité qui,
passablement, représente l'ensemble des éléments qui
doivent être réunis pour la construction d'une salle de
concert.
M. Boulerice: Vous aviez dit que les audiences publiques auraient
lieu en avril. Vont-elles avoir lieu en avril? Il ne nous reste que quelques
jours en avril.
Mme Bacon: M. Goyer avait mentionné, je pense, le mois
d'avril. Nous allons nous exprimer la semaine prochaine sur le rapport
préliminaire et ensuite il y aura des décisions prises. Quant aux
dates, nous les fournirons à la population en temps et lieu. Je pense
que cela ne devrait pas retarder.
Musée du Québec
M. Boulerice: Toujours à l'élément 4,
musées d'État, la poursuite des travaux du Musée du
Québec. Je me réfère aux commentaires que Mme l'adjointe
parlementaire faisait lors de l'inauguration, la réinauguration que le
Musée de Québec faisait. J'aimerais savoir, Mme la ministre, vous
avez obtenu du Conseil du trésor - je sais que vous aviez fait une
recommandation, mais entre faire une recommandation et recevoir, il y a quand
même une différence -les 10 000 000 $ nécessaires à
la poursuite des travaux de rénovation et d'agrandissement du
Musée du Québec.
Mme Bacon: Je pense qu'avant d'aller chercher les 10 000 000 $ il
nous fallait aller chercher 500 000 $ qui étaient applicables aux plans
et devis. Si nous dépensons 500 000 $ pour les plans et devis, il est
évident que nous devrons poursuivre les travaux et aller chercher le
montant de 10 000 000 $ par la suite.
M. Boulerice: Donc, c'est prévu.
Mme Bacon: II y a 500 000 $ qui sont
débloqués...
M. Boulerice: Les 500 000 $ pour les plans et devis, vous me
dites, sont pour cette année.
Mme Bacon:... et nous verrons par la suite à faire
débloquer les sommes nécessaires pour continuer les travaux qui
sont plus que nécessaires.
M. Boulerice: Est-ce que le président du Conseil du
trésor vous a déjà indiqué son accord quant
à la réserve de 10 000 000 $ l'an prochain pour les travaux de
rénovation et d'agrandissement nécessaires?
Mme Bacon: II y a, évidemment, un accord de principe quand
on pense à l'état de détérioration de
l'édifice. C'est pour cela que nous avons débloqué
immédiatement la somme de 500 000 $, qui sera suivi par les autres
sommes qui seront débloquées par la suite. Je pense que l'un ne
va pas sans l'autre. C'est une suite logique de ce que nous faisons en ce
moment.
M. Boulerice: Toujours à l'élément 4, banque
d'oeuvres d'art, est-ce que vous pourriez m'indiquer quel montant le
ministère entend consacrer en 1986-1987 pour les nouvelles acquisitions
de la banque d'oeuvres d'art?
Mme Bacon: C'est 300 000 $. M. Boulerice: C'est 300 000 $.
Mme Bacon: Oui.
Grand Théâtre de Québec
M. Boulerice: À l'élément 6, qui est le
Grand Théâtre de Québec, serait-il possible de
connaître les grandes lignes du plan triennal d'équipement du
Grand Théâtre qui doit être approuvé en 1986-1987 par
le gouvernement?
Mme Bacon: Le plan triennal du Grand Théâtre est
toujours en discussion, M. le Président. Ce que nous débloquons,
ce sont des sommes de 788 000 $ qui sont nécessaires pour les besoins du
Grand Théâtre, mais le plan triennal est toujours en
discussion.
M. Boulerice: Vous croyez, pour le plan triennal, en arriver
à des conclusions...
Mme Bacon: J'ai bon espoir.
M. Boulerice: Vous avez bon espoir. Est-ce que c'est plus
près qu'incessamment ou plus loin qu'incessamment?
Mme Bacon: Entre les deux. M. Boulerice: Entre les
deux.
Mme Bacon: II y a une première tranche de garantie. C'est
déjà un premier pas.
M. Boulerice: La deuxième question que je vais soulever,
c'est vraiment du pratico-pratique. Je l'ai expérimenté à
Québec et il y a bien des citoyens de la ville de Québec qui m'en
ont parlé. Est-ce qu'on a procédé à une
évaluation des impacts dans le service des réservations
téléphoniques? Parce que
c'est toujours impossible de réserver des billets par
téléphone au Grand Théâtre, alors qu'il y a beaucoup
d'autres salles au Québec qui acceptent un mode de réservation
par carte de crédit. Dans le cas du Grand Théâtre de
Québec, le système oblige les personnes qui veulent se procurer
des billets à le faire à l'un des huit points de vente. Ce sont
les épiceries Provigo; il y en a un, forcément, au Grand
Théâtre et l'autre est à la salle Albert-Rousseau. Sauf que
cela a un élément un peu décourageant lorsqu'il y a un
spectacle couru et qui intéresset il y a bien des gens qui sont
découragés à l'idée d'aller faire cette file ou de
se promener à gauche et à droite dans l'espoir de
décrocher un billet. C'est pratico-pratique, mais dans le sens de
l'accessibilité au Grand Théâtre et du marketing pour les
événements qui se passent, je pense que cela a un impact.
Mme Bacon: Je pense que je pourrais soumettre au Grand
Théâtre le point de vue du député de Saint-Jacques,
mais on ne m'a pas fait part de changements à ce moment-ci.
M. Boulerice: Je ne parle pas que du Grand Théâtre
comme tel; je pense...
Mme Bacon: Non, mais on n'envisage pas...
M. Boulerice:... que le Grand Théâtre l'a sans doute
envisagé. Non, vous dites: Votre ministère n'a pas
procédé à une évaluation de ces impacts.
Mme Bacon: Sûrement, je ferai part aux gens du Grand
Théâtre des observations du député de Saint-Jacques.
Je pense que c'est une bonne idée de regarder de plus près cette
façon de procéder. Ils ont sûrement des raisons pour
procéder avec plusieurs points de vente. Je dois dire que je n'ai pas eu
d'échanges avec eux là-dessus.
M. Boulerice: Même s'ils ont des raisons d'avoir plusieurs
points de vente, je pense qu'il y a un handicap très net à la
vente des billets. Vous connaissez le système de Montréal: vous
appelez et vous donnez votre numéro de carte.
Mme Bacon: C'est plus rapide.
M. Boulerice: C'est rapide, effectivement.
SODICC
L'élément 7, la SODICC. J'aimerais savoir, Mme la
ministre, quel rôle vous entendez lui assigner au cours des prochaines
années.
Mme Bacon: On n'a pas l'intention de changer la vocation de la
SODICC; je pense qu'elle fait quand même ses frais, en ce moment, avec
même des surplus.
L'administration est telle que nous n'avons pas l'intention de changer
la vocation même de la SODICC.
M. Boulerice: Le fait de verser une subvention de fonctionnement
à la SODICC, comme c'est le cas pour une société à
programmes, est-ce que cela nécessite une modification de la loi
constituante de cette société?
Mme Bacon: Non. M. Boulerice: Non. Mme Bacon: Non. M.
Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: Ce montant, c'est un choix qui a été
fait pour libérer leur montant de capital-actions. Cela ne change pas la
vocation de la SODICC.
M. Boulerice: Est-ce que vous vouliez intervenir sur la
SODICC?
M. Filion: Sur la SODICC, est-ce que je dois comprendre de vos
crédits qu'il y a augmentation ou diminution du montant versé
à cette dernière par rapport à l'an dernier?
Mme Bacon: C'est une augmentation, parce que nous avons
prévu 1 310 000 $.
M. Filion: Par rapport à?
Mme Bacon: Ils n'avaient rien l'an dernier, ils devaient
s'autofinancer au complet. Cette année, nous leur donnons cette
augmentation. C'est une subvention, au fond.
M. Filion: Cette subvention est accordée dépendant
de la situation financière de la SODICC.
Mme Bacon: Non, non, pas dans ce cas-là. Parce qu'ils ont
fait leurs frais, ils ont même un surplus.
M. Filion: D'accord.
Mme Bacon: C'est parce que nous voulions dégager le
capital-actions de la SODICC, avec le moins de problèmes possible. Nous
avons décidé de la subventionner, cette année, de 1 310
000 $, ce qui dégage son capital-actions d'autant.
M. Filion: D'accord. C'est une opération uniquement en ce
qui concerne le capital-
actions.
Mme Bacon: Ah oui! Comptable, à effets comptables.
M. Filion: Le budget de la SODICC - je n'ai pas vu le dernier
rapport annuel - dans les prévisions, est-ce qu'il devrait sensiblement
être le même que l'an dernier? Est-ce qu'il y a des variations
importantes?
Mme Bacon: Le capital-actions a été porté
à 20 000 000 $. Il restait une dernière tranche, ce qui va
être autorisé.
M. Filion: Et en ce qui concerne le budget de fonctionnement
comme tel?
Mme Bacon: Comme ils s'autofinancent avec le capital-actions, le
budget que nous leur donnons leur permet de se financer dans le fonctionnement,
les 1 310 000 $. C'est pour cela qu'on dégage le capital-actions.
M. Filion: Est-ce que cette opération va leur donner un
budget de fonctionnement égal, supérieur on inférieur a
celui de l'an dernier?
Mme Bacon: Ce sera supérieur. M. Filion:
Supérieur?
Mme Bacon: Parce que c'est plus que l'an dernier.
M. Filion: À quel niveau environ?
Mme Bacon: 2 000 000 $ presque. Il y a un 2 000 000 $
d'ajoutés et 310 000 $ pour le capital de risques.
M. Filion: Ce qui va porter le budget à une somme de?
Mme Bacon: 20 000 000 $ en capital-actions et 1 310 000 $ en
fonctionnement.
M. Filion: C'est une question bien particulière, mais je
crois comprendre que je ne retarde pas les travaux de mon collègue, le
député de Saint-Jacques.
Mme Bacon: Cela repose.
M. Filion:... ni, je l'espère, vos remarques. Je
m'interroge sur les politiques de récupération des sommes dues
par les différents bénéficiaires de subventions à
la SODICC.
Mme Bacon: Récupérées par la SODICC?
M. Filion: Oui. Je ne sais pas si vous pouvez m'informer -
peut-être pas - ou si les gens qui vous accompagnent peuvent me fournir
l'information.
Mme Bacon: En fait, ce ne sont pas des subventions qui sont
accordées par la SODICC, ce sont des prêts avec des garanties. Il
y a des prêts qui sont faits avec plus de risques que d'autres,
peut-être.
M. Filion: Or, donc, dans certains cas, les débiteurs, si
on veut, se retrouvent dans des situations où ils ne peuvent pas verser
le montant auquel le contrat qu'ils ont signé avec la SODICC les
contraint. Ma question est la suivante: Quelle est la politique de
récupération des sommes dues par les débiteurs de la
SODICC?
En deux mots peut-être, pendant que les gens autour de vous
réfléchissent...
Mme Bacon: C'est le fonctionnement même de la SODICC que
vous questionnez sur la récupération qu'ils font.
M. Filion: Alors, je vais subdiviser ma question.
Premièrement, est-ce qu'il existe une politique, une directive, une
norme ou autre...
Mme Bacon: Je pense que ce sont des contrats que la SODICC fait
signer..,
M. Filion: C'est ça. D'accord.
Mme Bacon:... ou signe avec les intervenants.
M. Filion: Et pour votre information...
Mme Bacon: Et il faut que les gens respectent leur contrat.
M. Filion: Non. Pour votre information, Mme la ministre des
Affaires culturelles, la SODICC prête à énormément
d'organisations artistiques ou d'artistes dans certains cas; c'est son
rôle, d'ailleurs c'est sa vocation en vertu de la loi. Et comme on le
sait, on l'a vu tantôt, on est un petit marché de 5 000 000. Dans
bien des cas, même les projets qui sur papier paraissent les plus
rentables s'avèrent des insuccès ou des échecs et cela
place l'emprunteur dans une situation où il ne peut pas respecter les
termes du contrat qu'il a signé avec la SODICC, de sorte que celle-ci se
retrouve face à un problème, qui est celui de décider de
quelle façon elle va chercher à récupérer, si elle
cherche à le faire, les sommes qui lui sont dues. Il nous est apparu
qu'il y avait non pas deux poids, deux mesures, mais qu'il y avait des
politiques différentes selon peut-être le type d'activités,
la nature du prêt ou la sorte de secteur où le prêt avait
été accordé. Or, dans ce sens-là, ma
première question, c'est: Est-ce qu'il existe une
directive du ministère des Affaires culturelles ou une norme ou
une politique en ce qui concerne les sommes dues par les débiteurs de la
SODICC? (22 heures)
Mme Bacon: Je suis un peu surprise d'entendre parler de
récupération par le député de Taillon. La SODICC
accorde des cotes à ses différents dossiers: A, B, C, par
exemple. Quand elle prend un risque, c'est tellement serré qu'on n'a pas
eu besoin d'avoir de politique de récupération comme telle. Au
contraire, dans le milieu, on reproche à la SODICC d'être aussi
dure et même plus que sont les banques. Alors, parler de
récupération, c'est plutôt au moment du prêt qu'on
est plus serrés quand on accorde un prêt.
M. Filion: Je suis d'accord avec vous quant à la
réputation de la SODICC. Ils ont même la réputation de
s'accrocher non seulement une bonne ceinture, mais aussi des bretelles et de
faire en sorte que, généralement, l'emprunteur, s'il sort avec sa
chemise, il est bien content parce qu'il a donné sa maison et tout le
reste en garantie, cela va de soi. Mais, malgré tout cela
-sûrement que vous avez, depuis quatre mois, pris connaissance de
certains dossiers - il arrive plus fréquemment qu'on le croit,
malgré l'attribution de différentes cotes qui représentent
en sorte une espèce de calcul du risque, il arrive que l'emprunteur se
retrouve dans une situation où il ne peut pas payer. À ce
moment-là - c'est ma question -est-ce que la SODICC applique une
politique uniforme vis-à-vis ses débiteurs concernant la
récupération des sommes qui lui sont dues et, donc, qui sont dues
aux contribuables?
Mme Bacon: Tout ce que je peux dire, c'est que les sommes
d'argent que nous avons consenties à la SODICC, on peut les appeler les
capitaux de risque, par exemple. Et cela leur permet de prendre certains
risques. Je ne sache pas qu'on ait institutionnalisé une forme de
récupération. II faudrait peut-être que je m'informe
davantage auprès du président de la SODICC s'il existe une telle
formule de récupération et je le ferai savoir au
député.
M. Filion: Vous ne l'avez pas ici, c'est cela?
Mme Bacon: Non.
M. Filion: Donc, vous me répondez qu'il n'existe pas de
politique, de normes...
Mme Bacon: À ma connaissance.
M. Filion:... au ministère des Affaires culturelles.
Mme Bacon: D'ailleurs, c'est pour cela... Ce n'est pas chez nous
au fond. On parlait, tantôt, de l'autonomie de la SODICC, mais ce n'est
pas à moi à établir ces normes de
récupération pour la SODICC, c'est elle qui doit faire ses
propres normes comme elle fait ses choix de prêts. Ce n'est pas le
ministre des Affaires culturelles qui prête aux individus. C'est la
SODICC qui accorde ces prêts.
M. Filion: Je suis convaincu qu'en tant que ministre tutrice de
la SODICC, si vous me passez l'expression, vous veillez à ce que
l'administration financière de la SODICC se déroule dans le
meilleur intérêt du trésor québécois et des
contribuables.
Mme Bacon: C'est peut-être pour cela que la SODICC a
mauvaise réputation, parce que la SODICC est consciente qu'elle
gère des fonds publics. C'est pour cela qu'on lui fait une
réputation d'être plus exigeante que le système bancaire le
serait.
M. Filion: Si la ministre des Affaires culturelles et
vice-première ministre avait... Vous avez sûrement bien entendu
mon explication, mais je vais aller plus loin. La SODICC a effectivement la
réputation d'être très dure au moment de la signature d'un
prêt, au moment de l'acceptation du risque, au moment de la signature du
contrat de prêt, notamment en ce qui a trait aux conditions du prêt
et de l'obtention de garanties. Mais je suis loin d'être sûr que la
SODICC a la même réputation en ce qui concerne, encore une fois,
la position où elle peut se retrouver quand certains individus ou
groupes à qui elle a prêté des sous n'est plus en
état de payer ou se dit ne plus être en état de payer. Je
ne suis pas sûr que la réputation de la SODICC est celle que vous
qualifiez d'extrêmement dure.
Mme Bacon: Je dois dire que, jusqu'à maintenant, les
seules plaintes que nous avons reçues portaient sur la façon
d'accorder les prêts ou la rigidité de la SODICC concernant les
prêts qu'elle accorde. Personnellement, je n'ai pas eu de plainte du
milieu quant à la récupération, si
récupération il y a. Je pense que je pourrais faire la suggestion
à la commission, M. le Président, d'entendre les gens du milieu
par rapport à la vocation de la SODICC et sur ses activités. Cela
donnerait peut-être un meilleur éclairage.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Trudel): Si je peux me permettre, Mme la
ministre, et je référerais le député de Taillon,
s'il en avait le temps, à l'étude qui a été faite.
En effet, la commission de la culture a reçu, l'an
dernier, je crois, la SODICC en audition. En une journée, toutes
ces questions ont été vues avec la SODICC... Mais de les revoir
une deuxième fois en moins d'un an... je ne veux pas vous empêcher
de répondre et empêcher le député de Taillon de
poser des questions, mais je crois que la plupart des questions que le
député de Taillon vous pose se trouvent en effet dans le rapport
de ces journées...
M. Filion: Pour une bonne compréhension entre nous, M. le
Président et Mme la ministre, mon intervention n'a pas pour but de faire
en sorte que la politique de la SODICC soit plus où moins dure, au
contraire. Ce que je soulève essentiellement, c'est que,
premièrement, elle soit uniforme, c'est-à-dire que, dans la
mesure du possible, elle ne fasse pas de cas d'espèce pour certains
individus ou groupes, et que, deuxièmement, mon intervention ne soit pas
interprétée non plus comme étant un frein aux
activités de la SODICC.
Mme Bacon: Je soupçonne...
M. Filion: Dans ce sens-là, je suis heureux de vous
entendre dire ou, en tout cas, d'avoir cru comprendre que le budget de la
SODICC, malgré les compressions qui vous sont tombées dessus,
comme l'a souligné le député de Saint-Jacques, soit
augmenté, à cause d'une transformation dans le capital. Je crois
que la SODICC joue un rôle essentiel et jouera de plus en plus un
rôle essentiel, étant donné ce qu'on mentionnait
tantôt, a savoir que la percée de marchés demande de plus
en plus d'efforts intégrés de mise en marché et de
finances. Mme la ministre soulignait tantôt l'exportation d'un
marché, ce sur quoi le député de Saint-Jacques disait: Les
marchés ont leurs habitudes, et c'est vrai, pour avoir oeuvré
dans ce secteur moi-même. Le marché américain, entre
autres, quand on dit...
Mme Bacon: Étant fermé, quand même.
M. Filion: II n'est pas fermé, mais, pour le
pénétrer, il ne faut pas faire d'erreur.
Mme Bacon: II faut être prêt.
M. Filion: II faut avoir les sommes d'argent dans le bon temps,
sinon on peut passer à côté, même avec le meilleur
produit. Je ne doute pas qu'au Québec, d'ailleurs... Notamment dans
l'industrie de la chanson, on a un produit qui est tout à fait
exceptionnel. C'est la même chose pour le marché français.
J'ai à l'esprit deux vedettes québécoises qui, dans
certains cas, ont dû carrément aller chercher un financement pour
attaquer ce marché, qui n'est pas facile, qui demande ses experts, ses
conseillers en mise en marché et dans d'autres secteurs. Dans ce sens,
Mme la ministre, mon intervention a pour but, encore une fois, de vous
sensibiliser à l'importance de développer les activités de
la SODICC et, en ce qui concerne la récupération, peut-être
de faire en sorte qu'il y ait une certaine uniformisation des politiques pour
éviter de créer des injustices. Je ne dis pas qu'il y en eu,
d'aucune façon, mais ce genre de chose, même si le contrat est
bien beau et qu'il a 26 pages - les contrats de la SODICC sont incroyables; il
y a des notaires qui doivent faire leur thèse de doctorat
là-dessus, c'est à faire rêver un notaire au doctorat - il
faut l'exécuter, ce contrat, par la suite. C'est là que la
politique de la SODICC - je vais me référer à la lecture
que vous me suggériez, M. le Président - peut créer des
doutes.
Mme Bacon: Je suis très consciente de cela. Je pense que
les remarques du député de Taillon seront transmises aux
responsables de la SODICC.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je suis prêt pour
l'adoption du programme 5.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 5,
Organismes-conseils et sociétés d'État, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. M. le
député de Saint-Jacques, avez-vous des remarques finales avant
que je cède la parole à Mme la ministre?
Conclusions M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président. De cet exercice fort
utile et surtout fort enrichissant pour le député de
Saint-Jacques, critique des affaires culturelles pour l'Opposition officielle,
je retire certains éléments qui sont loin de me réjouir.
Le premier, c'est une coupure de 4 000 000 $ pour les bibliothèques
municipales, avec les conséquences que cela peut entraîner pour le
réseau des librairies québécoises, les éditeurs
québécois et les écrivains québécois. Le
deuxième, c'est une autre coupure de 3 600 000 $ pour les
équipements culturels. Le troisième, c'est le report d'une
année, donc, 7 500 000 $ pour le Musée de la civilisation,
à Québec, et les compressions de 1 600 000 $ au niveau du
programme 4. Le cinquième point, c'est le statu quo au niveau de
nombreux programmes d'aide, compte tenu
du facteur inflation. Donc, je reprends ma phrase: il ne s'agit pas d'un
statu quo, mais plutôt d'une diminution de 4, 5 %.
Je remarque cependant des orientations qui ont été
données par Mme la ministre quant au partenariat. Je pense que ce sont
des avenues effectivement très intéressantes qu'il va nous
falloir évaluer dans les années à venir. Je ne pense pas -
et on ne fera pas le discours qu'on a fait toute la journée, on l'a bien
compris - compte tenu de la fragilité de notre situation, qu'on devra
complètement s'en remettre au secteur privé, sauf
qu'effectivement je crois que le secteur privé... Quand on parle de
secteur privé, on devra inclure les membres de cette collectivité
qui s'appelle les Québécois et les Québécoises qui
devront effectivement être sensibilisés à une action de
financement et de développement du domaine des arts au Québec. En
tout cas, j'étais très heureux de voir que Mme la ministre des
Affaires culturelles voulait poursuivre dans cette veine, dont il y a
d'ailleurs eu des éléments intéressants lors d'un mandat
précédent d'un autre gouvernement. On a appelé cela
"apparrainage", c'est cela?
Mme Bacon:...
M. Boulerice: Appareillement.
Une voix: Appariement.
M. Boulerice: Appariement? Boni Apparemment, c'est difficile
à prononcer, mais j'espère que cela va être facile à
réaliser pour le bien-être de la culture québécoise.
Je voudrais assurer Mme la ministre de la collaboration de mon parti, de la
collaboration des membres de la commission de la culture qui sont
délégués par mon parti et de la mienne aussi, en vue des
travaux de la prochaine commission sur le statut de l'artiste
créateur.
Je retourne avec beaucoup d'espoir, mais également beaucoup
d'attentes face à des dossiers majeurs et je pense en avoir fait
ressortir les éléments principaux, à savoir le
Musée d'art contemporain qui me tient à coeur pour des raisons
personnelles, je n'ai aucune gêne...
Mme Bacon: La ministre aussi.
M. Boulerice: La ministre aussi, alors les fleurs et le champagne
tiennent toujours, Mme la ministre. La maison de l'Orchestre symphonique de
Montréal, je vous répète que, quant au site, on verra,
mais quant au principe de l'établissement d'une maison pour l'Orchestre
symphonique de Montréal, là-dessus, je nourris beaucoup d'espoir
et beaucoup d'attentes et j'ose espérer qu'elles seront satisfaites.
Il y a également ce Musée du Québec qui a fait la
fierté de Mme l'adjointe parlementaire et la mienne, lorsque nous nous y
sommes retrouvés il y a quelques semaines, qui est véritablement
devenu un musée national pour le Québec. Et, tout à
côté, le Musée Riopelle.
Alors, je voudrais remercier les membres de la commission, en souhaitant
pouvoir reprendre le dialogue avec Mme la député de Matane en
d'autres temps et peut-être d'autres lieux. Cette fois-ci, je n'ai pas
touché, comme tantôt. J'en avais parlé et, là, vous
l'attendiez, madame. Comme j'ai parlé d'espoirs et d'attentes, je ne
voudrais pas décevoir les vôtres également, J'espère
pouvoir vous toucher bientôtl Vous toucher au coeur, puisqu'il semble que
la culture soit une préoccupation. On ne semble peut-être pas
vouloir prendre la même route, mais j'ose espérer qu'on veut
s'acheminer vers le même quail
Je veux remercier le personnel du ministère des Affaires
culturelles qui est ici avec nous depuis dix heures ce matin. Si nous nous
sommes préparés, je pense qu'eux aussi ont largement
contribué à la préparation qu'on a pu se donner et,
forcément, à la préparation de la partie gouvernementale.
Je veux les remercier pour cette disponibilité et l'excellente
qualité de leurs travaux.
Je voudrais aussi remercier tout ce soutien technique dont la commission
bénéficie. Quelquefois, on a malheureusement tendance à
oublier ces gens parce qu'ils sont dans le sous-sol, ceux qui assurent la
transcription des débats. Je vais... Laissez-moi terminer,
monsieur...
Une voix: Allez-yl
M. Boulerice: Je pense que ce fut un échange de propos
très intéressant, très profitable avec Mme la ministre. On
s'est dit tout au long qu'on apprenait a se connaître. Cela va
peut-être mettre encore plus de piquant aux débats dans les mois
à venir. Cela va nous permettre de nous toucher, peut-être, rue
Sainte-Catherine, à ce magnifique endroit qui s'appelle les Foufounes
non pas hystériques, mais électriques, où j'ai le plaisir
également de vous inviter, Mme la ministre, et à bien d'autres
choses, d'ailleurs, Vous me permettrez...
M. Gardner: M. le Président, arrêtez cela.
M. Boulerice: Je parle des endroits de la culture.
Mme Bacon: La culture mène à tout,
M. Boulerice: Il y a également dans mon comté -
j'ai beaucoup de plaisir à vous
en parler Mme la ministre - un centre qui est unique en Amérique
du Nord, qui est la reproduction par électrographie dans le domaine de
l'art et qui s'appelle Copie-Art. J'aimerais beaucoup vous faire visiter cet
endroit au moment où vous aurez !e temps nécessaire. Donc je vous
remercie forcément de votre participation et je pense qu'on va se
retrouver à la commission et on va se retrouver à
l'Assemblée nationale lors de l'étude et de l'adoption des
projets de loi que vous nous avez annoncés, notamment sur le statut de
l'artiste.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, je voudrais tout d'abord
remercier le député de Saint-Jacques de son ton serein, de fin de
soirée. J'ai apprécié ce changement au cours de la
journée. Je pense qu'on a eu une évolution remarquable et je l'en
remercie. C'est de cette façon qu'on doit aborder les dossiers culturels
au Québec, parce qu'il y a tellement à faire encore que nous
devons le faire de la façon la plus sereine possible. Je voudrais moi
aussi remercier M. le Président de sa patience, remercier les membres de
cette commission de leur présence à la commission, remercier les
fonctionnaires de mon ministère qui, dans la préparation de ces
crédits et au cours de cette journée, m'ont apporté une
aide fort précieuse. Je remercie les gens de mon cabinet, les gens qui
ont travaillé pour la commission. Il y a toujours, comme disait le
député de Saint-Jacques tantôt, des gens qu'on ne voit pas
beaucoup mais qui travaillent très fort à la transcription de ces
textes nombreux et fort importants au cours des semaines qui s'en viennent.
J'aurais peut-être juste quelques mots, car ce n'est pas mon
intention de recommencer tout ce que je vous ai dit ce matin. Ma vision des
choses, elle ne change pas. Je ne pense pas que la journée ait fait
changer cette vision que je veux donner ou ce coup de barre que je veux donner
aux affaires culturelles. Je pense que le défi le plus important en
1986, pour un ministre des Affaires culturelles, c'est d'être capable de
concilier le souhaitable avec le possible. Je pense que c'est important, parce
qu'il ne faut surtout pas semer des illusions et faire des promesses quand on
n'a pas les moyens de les tenir. J'ai toujours dit et je le redis encore ce
soir - je ne vous rappellerai pas les promesses du prédécesseur,
les engagements du prédécesseur, je ne reviendrai pas sur les
discussions que nous avons eues; le 1 200 000 $ me fait trop mal, M. le
Président, pour le reprendre dans nos discussions. Cependant, je pense
que je l'ai dit, dans les grands projets que nous devrons mettre en marche,
quand je lèverai la première pelletée de terre, je saurai
que j'ai les moyens de me payer la deuxième pelletée de terre.
Alors merci infiniment pour votre compréhension et j'espère et je
compte sur la collaboration dans de grands dossiers comme le cinéma par
exemple, ou la commission parlementaire sur le statut de l'artiste, sur la
collaboration de l'Opposition officielle dans ces dossiers qui sont importants
pour l'ensemble de notre collectivité. J'offre ma collaboration à
vous M. le Président, a la vice-présidente et aux membres de
votre commission dans les différents travaux que vous voudrez
entreprendre, de même que la collaboration des membres de mon
personnel.
Le Président
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
ministre et M. le député de Saint-Jacques. Je m'étais
volontairement retenu d'intervenir dans les débats, même si j'en
avais le droit et que mon prédécesseur à la tête de
cette commission ne s'était pas gêné pour le faire l'an
dernier. Vous me permettrez au moins de souligner, en ayant le mot de la fin,
je l'espère...
M. Boulerice: Ce n'est pas certain.
Le Président (M. Trudel):... je ris -avec M. le
député de Saint-Jacques, on n'est jamais certain de rien - de
souligner l'appui total que j'accorde personnellement à Mme la ministre
dans le travail qu'elle a accompli de façon exceptionnelle dans des
conditions qui, on doit l'admettre depuis le début du mandat de l'actuel
gouvernement, sont extrêmement difficiles. Je veux la remercier de
s'être prêtée à ce jeu de la démocratie. Je
veux remercier les fonctionnaires qui l'ont accompagnée tout au long de
la journée. Je veux enfin remercier le personnel de la commission qui
nous a aidés durant cette journée et qui travaillera avec nous au
cours des prochaines semaines dans les mandats qui, semble-t-il, nous seront
confiés. Et vraiment, pour le mot de la fin, je tiendrais à
souligner au député de Saint-Jacques que les
présumées contradictions entre Mme la ministre et moi quant
à certaines déclarations ne sont qu'apparentes.
Sur ce, les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 22 h 20)