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(Quinze heures seize minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. le député de Saint-Jacques, on peut commencer? La
commission de la culture se réunit pour procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Communications pour l'année 1986-1987. Je constate que nous avons le
quorum. Est-ce qu'il y a des remplacements? M. Paradis, je crois savoir que
vous remplacez. »
M. Paradis (Matapédia): Le député de
Viger.
Le Président (M. Trudel): M. Paradis, de Matane, remplace
M. Maciocia, de Viger.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, c'est
Matapédia et non Matane.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. le
député de Matapédia, j'ai fait ce lapsus, pourtant nous
nous connaissons depuis fort longtemps, nous avons fait l'école
ensemble, une certaine école. Du côté de l'Opposition,
est-ce qu'il y a des remplacements?
Mme Juneau: Tout le monde a le droit d'intervenir...
Le Président (M. Trudel): II est entendu que tous les
députés, dans une séance de commission consacrée
à l'étude des crédits, ont le droit d'intervention, mais
seuls les membres de la commission ont droit de vote et de proposer des
motions. À l'ordre, s'il vous plaîtl J'aimerais souhaiter... M. le
député de Saint-Jacques.
Mme Juneau: C'est parce qu'on est en pourparlers. Je pense que M.
Godin ne pourra pas être présent et, étant donné
qu'on a peut-être des motions à faire, voulez-vous le remplacer
par M. François Gendron, s'il vous plaît?
Le Président (M. Trudel): M. Gendron, d'Abitibi-...
Mme Juneau: Abitibi-Ouest.
Le Président (M. Trudel):... Ouest, remplace...
M. Boulerice: C'est rare qu'on a des députés dans
l'Ouest, mais pour une fois...
Le Président (M. Trudel): M. Gendron, d'Abitibi-Ouest,
remplace M. Godin. Merci, Mme la député de Johnson. Voici M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre des Communications, il
m'est agréable de vous souhaiter la bienvenue et de reconnaître
parmi vos collaborateurs quelques anciens collègues d'il y a plusieurs
années. J'imagine, M. le ministre, que pour vous cela doit faire une
différence de passer soudainement du rôle d'interrogateur, que
vous avez rempli ici pendant quelques années, au rôle
d'interrogé. Je vous cède immédiatement la parole, M. le
ministre, pour votre déclaration préliminaire, qui sera suivie de
celle de Mme la députée de Johnson, et par la suite, si vous
jugez une réplique à propos... Je fais remarquer aux membres de
la commission qu'ils ont eux aussi droit à une déclaration
préliminaire. M. le ministre, la parole est à vous.
Remarques préliminaires M. Richard French
M. French: Je vous remercie, M. le Président.
Effectivement, cela fait une grande différence de ne plus être
dans votre siège, mais plutôt dans le siège du ministre
témoin, le cas échéant.
Je suis heureux d'avoir l'occasion, aujourd'hui, de vous
présenter les crédits détaillés du ministère
des Communications pour l'année 1986-1987. Je signale la présence
de deux de mes collaboratrices très fidèles et très
efficaces de la commission de la culture et je suis sûr que mes
collègues nouvellement arrivés à l'Assemblée
nationale et nouvellement arrivés à la commission de la culture
vont apprécier leur travail autant que j'ai eu l'occasion de le faire et
ils vont en bénéficier autant. J'avais pensé passer assez
rapidement sur mes commentaires préliminaires, je serais
étonné qu'il y ait des dissidences face à cette
décision. Ayant été à votre place, je vais essayer
d'être trè3 conscient de ce que c'est.
J'ai pensé également ne pas trop parler de ce qui est
arrivé en 1985-1986 dans mon ministère, mais plutôt vous
donner les grands paramètres des actions que j'envisage pour
l'année 1986-1987. Avant de compléter les crédits de mon
ministère, j'ai fait un certain nombre de consultations et d'analyses.
J'ai
eu l'occasion de discuter avec mes collègues du Conseil des
ministres du Québec, avec mon collègue fédéral, le
ministre des Communications, M. Marcel Masse, et d'autres collègues
responsables du domaine des communications, à l'occasion d'une
conférence fédérale-provinciale des
télécommunications.
C'est donc, entre autres, à la lumière de l'ensemble de
ces analyses et de ces rencontres et de ma propre expérience comme
ancien président de la commission permanente de la culture que j'ai
raffiné ma perception de ce que devraient être les grands axes de
développement du ministère des Communications.
J'ai pensé présenter de façon très sommaire
en descriptions et avec quelques chiffres les grands axes de
développement et les programmes qui dépendent de ces grands axes
de développement. Cette description n'est évidemment pas
exhaustive, mais j'ai voulu faire cela de façon que ce soit facile
d'accès pour les députés. J'espère que les
députés me pardonneront si les chiffres ne sont pas
nécessairement totalisés et que tout n'est pas d'une rigueur
parfaite, mais j'ai voulu sacrifier la précision à la
clarté. Si on a besoin de réponses précises, on va
tâcher de les fournir.
Le premier axe de développement du ministère, c'est
l'information des citoyens. L'objectif est de répondre, de façon
encore plus efficace et à l'intérieur de normes respectueuses de
la démocratie, aux besoins d'information sans cesse grandissants de tous
les citoyens du Québec, en utilisant les technologies modernes de
support à la communication.
À la page 4, M. le Président, vous voyez les quatre - on
ne peut pas les appeler programmes - activités. Ce n'est peut-être
pas techniquement des activités, selon la définition du mot
"activité" utilisée dans le vocabulaire budgétaire, mais
quatre activités qui répondent principalement à cet axe de
développement, soit Communication-Québec, les Publications du
Québec, anciennement l'Éditeur officiel, les moyens en
communication et l'accès aux documents publics.
Le deuxième axe de développement, c'est le
développement technologique et économique du Québec. L'axe
s'exprime comme suit: promouvoir le développement technologique et
économique du Québec, notamment dans les domaines des
télécommunications, de l'informatique, du logiciel et de
l'aérospatiale, de façon à augmenter la valeur
ajoutée au Québec.
Les principales activités qui contribuent à cet objectif
sont des analyses et des interventions visant à faciliter le
développement de l'industrie québécoise du logiciel,
à assurer un contexte réglementaire et juridique favorisant des
services adéquats en matière de télécommunications
et à permettre une juste participation du Québec au
développement de l'industrie aérospatiale.
Le troisième axe de développement ce sont les
infrastructures de télévision et de radio. Cet axe se lit comme
suit: appuyer le développement des infrastructures de
télévision et de radio de langue française pour faire
contrepoids à la présence anglophone et américaine dans
ces domaines et, de concert avec le ministère des Affaires culturelles,
promouvoir l'accroissement de la qualité et de l'attrait de notre
programmation télévisuelle et radiophonique.
En regard de cet axe de développement, notons en particulier les
interventions conjointes avec le gouvernement fédéral dans le
cadre de l'entente de concertation et d'harmonisation sur le
développement de la télévision francophone; le PAMEC, le
programme d'aide aux médias communautaires et aux organismes de
défense des intérêts de3 usagers des moyens de
communications. Le deuxième programme s'appelle le PODIUM. Je dois
ajouter que c'est non seulement la télévision et la radio qui
sont touchées par le PAMEC, mais également la presse
communautaire écrite. Finalement, le programme d'aide aux communications
en milieu autochtone.
Le quatrième axe est l'infrastructure gouvernementale de
télécommunications. On vise à promouvoir le
développement d'une expertise de haute qualité et le
renouvellement d'une infrastructure de réseaux informatiques compatibles
et modernes pour faciliter l'accès et le partage de l'information au
sein de l'administration gouvernementale et ce, au moindre coût
possible.
En relation avec ce quatrième axe de développement,
mentionnons entre autres les activités suivantes:
télécommunications et téléphonie du gouvernement,
60 000 000 $; services informatiques centraux à quelque 40
ministères et organismes, 31 000 000 $ par année.
On comprend, M. le Président, pour l'information de certains
députés qui ne le savent peut-être pas, qu'il y a six
centres informatiques indépendants du ministère des
Communications au sein du gouvernement, donc les six usagers les plus
importants. Tous les autres clients gouvernementaux se trouvent à
utiliser les services offerts par le Bureau central de l'informatique du
ministère des Communications.
Maintenant, si je peux aller un peu plus en détail, l'information
des citoyens. Il est essentiel de constater que, malgré une
quantité de renseignements vraiment impressionnants que produit le
gouvernement, les citoyens ont de plus en plus besoin d'aide pour se
débrouiller dans ce flot de renseignements. Tout État moderne et
démocratique doit, en période de ressources financières
limitées, avoir l'obligation
d'atteindre cet objectif de façon convenable, mais avec une
économie de moyens et au coût le plus raisonnable possible.
À cet égard, le ministère a plusieurs programmes,
plusieurs activités en marche: Communication-Québec, un
réseau de bureaux et de comptoirs d'information qui se
répartissent dans le pays. Créé au début des
années soixante-dix, ce réseau majoritairement destiné aux
besoins des citoyens a maintenant atteint sa vitesse de croisière. Les
préposés aux renseignements de Communication-Québec ont
répondu, l'année dernière, sous une forme ou sous une
autre, à au-delà de 700 000 demandes de renseignements de toute
nature.
Je pense que les fonctionnaires de Communication-Québec ont
réussi un coup extraordinaire en intéressant le gouvernement du
Canada à demander au réseau de Communication-Québec de se
charger dorénavant des renseignements fédéraux. Donc, les
gouvernements québécois et canadien ont conclu une entente en
vertu de laquelle Communication-Québec a pris en charge, depuis le 1er
avril, le service de renseignements sur les programmes fédéraux
en territoire québécois, entente qui devrait à la fois
faciliter la tâches du citoyen et réduire les coûts. C'est
dans ce même esprit d'amélioration des services aux contribuables
que Communication-Québec est en voie de compléter un projet de
bureautisation qui placera ce réseau à l'avant-garde des
technologies modernes de support à la communication.
Deuxième activité dans le domaine de l'information des
citoyens, ce sont les Publications du Québec, anciennement
l'Éditeur officiel. On sait que c'est la plus grande maison
d'édition au Québec. Outre l'édition des lois et
règlements, mentionnons en particulier la publication annuelle
d'au-delà de 300 titres qui sont le résultat de recherches et de
travaux de qualité dans tous les secteurs de l'activité humaine:
de l'économie à la santé, de la protection des
forêts à l'amélioration de la sécurité au
travail.
Parallèlement, les Publications du Québec ont
également poursuivi - et je veux le souligner parce que je pense que
c'est un grand succès - la publication des guides grand public. Ce sont
des instruments de première force destinés à condenser,
à vulgariser toute l'information administrative et gouvernementale
disponible, soit sur un sujet particulier, soit s'adressant à une
clientèle particulière. On peut penser au "Guide d'accès
à la justice", au "Guide d'information pour les femmes", au "Guide de
l'entrepreneurship", ou "Se lancer en affaires", et qui a été
écrit, soit dit en passant, par deux femmes.
Pour l'année qui vient, nous sommes en voie d'examiner ia
possibilité de publier deux nouveaux guides dans les domaines de la
consommation et du recyclage. Nous envisageons également de
développer une collection pour enfants visant à accroître
le degré d'information sur nos institutions politiques et en particulier
sur l'Assemblée nationale. Bien sûr, ce projet, s'il doit voir le
jour, sera mené en étroite collaboration avec le président
de l'Assemblée nationale au nom de tous les parlementaires.
Compte tenu de l'énorme succès qu'a connu le "Guide des
aînés", nous comptons le rééditer à
l'automne. À l'occasion de cette réédition, nous
publierons une version en langue anglaise à l'intention de nos
compatriotes - j'espère qu'ils lisent mieux l'anglais que je ne lis le
français anglophones du troisième âge. Voilà
pourquoi il faut avoir la traduction. Si cette expérience s'avère
positive, en particulier au chapitre des ventes, nous examinerons alors la
possibilité de rendre accessibles en langue anglaise d'autres documents
gouvernementaux du même type. (15 h 30)
Pour conclure sur les Publications du Québec, il faut souligner
qu'elles ont l'obligation de rentabiliser au maximum les publications
gouvernementales. Sous cette exigence, les Publications du Québec sont
obligées de récupérer tous leurs frais hormis les salaires
qui sont impliqués dans les activités de cette maison
d'édition. Je félicite les artisans des Publications du
Québec et je suis hereux de souligner qu'en 1985-1986 le fonds
renouvelable a versé au fonds consolidé du gouvernement du
Québec pas moins de 1 000 000 $.
Québec-Actualité. Un mot sur un autre moyen qui a
été mis en place au cours de3 dernières années et
qui a atteint lui aussi son rythme de croisière, soit la production
hebdomadaire d'une émission de télévision d'une heure qui
permet de vulgariser encore mieux l'information gouvernementale tout en
adaptant celle-ci aux moyens modernes de communication. Produite au coût
de 200 000 $ en étroite collaboration avec les ministères et
organismes, la série de 39 émissions
Québec-Actualité, diffusée sur les ondes de plusieurs
stations privées, dont Télé-Capitale, est reprise en
différé à Radio-Québec. L'estimation du rapport
coût de production/cote d'écoute établit à 0, 06 $
le coût pour chaque individu rejoint pendant une heure par cette
émission d'information gouvernementale.
La publicité gouvernementale. Ce ne sera pas la première
fois que j'en parle dans le cadre de cette commission parlementaire.
Évidemment, la publicité est un moyen important pour informer les
citoyens des services gouvernementaux et des activités gouvernementales.
Je dois souligner la nécessité de faire de la publicité
gouvernementale en respectant le caractère
démocratique de notre société et l'intelligence de
nos concitoyens. Le gouvernement doit donc recourir à la
publicité pour faire connaître ses programmes et services à
l'intérieur de limites qui interdisent carrément que cette
publicité serve à des fins politiques. Voilà pourquoi nous
étudions actuellement des mécanismes qui permettraient d'encadrer
l'utilisation gouvernementale de la publicité. La base philosophique de
cette démarche se trouve dans le projet de loi que j'ai
déposé lorsque nous étions dans l'Opposition, Je ne sais
pas encore si cela va être un projet de loi, un règlement ou un
décret. On étudie les modalités.
Dans le même ordre d'idées, je complète actuellement
l'examen de l'ensemble de la programmation publicitaire soumise par les
ministères et organismes pour l'année financière
1986-1987. Je peux d'ores et déjà affirmer que cette
programmation sera réduite de plus de 50 % par rapport à celle de
l'année écoulée.
Ainsi, les dernières compilations indiquent que les
ministères et organismes auront consacré environ 23 000 000 $
à la publicité en 1985-1986, incluant 5 000 000 $
consacrés à la promotion touristique auprès des
clientèles extérieures du Québec. Pour l'année en
cours, mon objectif est de ramener cette dépense sous la barre des 10
000 000 $, limitant ainsi au strict minimum l'utilisation de la
publicité gouvernementale.
Dans cette même perspective, te gouvernement a l'intention de
procéder, au cours de cette année, à un examen en
profondeur de toutes les composantes de l'information gouvernementale de
façon à améliorer l'efficacité
générale de ce secteur. Cet examen visera essentiellement
à voir de quelle manière il est possible d'améliorer la
qualité de l'information administrative transmise aux citoyens tout en
atteignant une allocation et une utilisation optimales des ressources humaines
et financières.
À ce chapitre, une des questions qui me tient le plus à
coeur concerne l'information offerte à toutes celles et tous ceux qui
n'entrent pas dans la définition de ce qu'on appelle communément
la majorité. Ainsi, j'ai demandé qu'on se préoccupe
à mon ministère en particulier de l'information offerte aux
non-francophones par les ministères et organismes gouvernementaux et
également de l'information gouvernementale offerte aux
analphabètes et aux handicapés qui sont des clientèles
importantes. Je ne suis pas convaincu qu'on s'en occupe autant qu'on le
devrait.
Cette tâche, qui se rattache à l'examen de fond
mentionné plus haut, a été entreprise il y a quelques mois
au moment de l'arrivée au ministère de l'équipe du
Secrétariat d'État aux Relations avec les citoyens. Sur la
recommandation de I'exresponsable de ce secrétariat, M. Richard Dufour,
cette tâche a été confiée à quelques membres
de cette équipe alors que les autres sont utilisés dans d'autres
secteurs du ministère et du gouvernement.
Deuxième axe de développement, le développement
technologique et économique du Québec. Il est clair que les
industries des communications revêtent une importance capitale pour
l'économie du Québec. Créer une base stratégique
pour ces Industries et pour le développement technologique du
Québec est un défi essentiel. Il faut savoir que le Québec
compte environ 2000 entreprises oeuvrant dans le secteur des communications, en
particulier au niveau des nouvelles technologies, des services informatiques et
télématiques, de la câblodistribution, de la
radiodifffusion, de la télédifusion, de la
téléphonie, de la presse écrite, de la publicité.
En 1984, ces 2000 entreprises fournissaient des emplois à près de
60 000 personnes et leur versaient en salaires près de 1 745 000 000 $.
Depuis dix ans, le secteur des communications a connu une croissance moyenne
réelle de 8 %. Aujourd'hui, il représente à lui seul plus
de 2, 1 % de l'emploi total au Québec. Le secteur des communications se
compare avantageusement à d'autres secteurs clés comme le secteur
de l'hydroélectricité.
Il faut donc accentuer le développement de nos industries dans le
secteur stratégique de la communication et de l'information. Trois
ordres de moyens sont à notre disposition» Le ministère des
Communications est et doit être la porte d'entrée des entreprises
de communication. II doit être aussi à leur écoute d'une
façon toute particulière. Au-delà des aides disponibles au
gouvernement du Québec par la SDI, ta SODICC, le ministère de
l'Industrie et du Commerce, au-delà des moyens fiscaux et des
facilités réglementaires utiles aux entreprises, nous avons
fourni et nous fournissons à celles-ci une aide de nature plus technique
pour contribuer à leur développement. C'est le cas, par exemple,
d'études de marché, d'études de faisabilité et,
d'une façon plus générale, de connaissances que nous
pouvons rendre disponibles. Avec le savoir-faire développé au
cours des années dans des domaines tels que les
télécommunications, l'informatique ou l'information, nous
disposons, à l'intérieur du gouvernement, d'un groupe d'experts
uniques dans tout ce vaste domaine interrelié. Je dois souligner la
très grande qualité des fonctionnaires dont j'ai fait la
connaissance lorsque je suis arrivé au ministère.
Le ministère des Communications, au nom du gouvernement du
Québec, est un client très important, entre autres en
matière de télécommunications, d'Informatique, de
publicité. Il est même,
dans certains cas, l'un des clients clés pour les entreprises
québécoises. Comme dans toute relation normale
"industrie-client", il y a un certain nombre de retombées
économiques et financières non négligeables. Une approche
pragmatique à l'égard d'une politique d'achat est donc
nécessaire.
Enfin, et je veux le souligner, parce que j'ai fait des
aménagements budgétaires à l'intérieur du budget du
ministère pour le favoriser, le ministère dispose d'un outil
financier très significatif d'aide à l'entreprise. Ce n'est pas
une chose dont on parle souvent lorsqu'on pense au ministère des
Communications, mais c'est important. L'Entente
fédérale-provinciale de développement signée en
1984 pour le secteur des industries de communication se chiffre à 40 000
000 $ pour cinq ans, financée moitié-moitié par le
Québec et le Canada. On espère dégager en 1986-1987 un
montant de l'ordre de 8 000 000 $. C'est un montant qui peut avoir des
incidences réelles pour accompagner le développement des
industries.
En 1984-1985, nos deux programmes d'aide qui existaient jadis et dont le
budget totalisait 2 500 000 $ ont incité le secteur privé
à investir 6 000 000 $ supplémentaires et entraîné
la création de plus de 200 emplois. En 1985-1986, 2 100 000 $ ont
été investis par le ministère et 5 000 000 $ par le
secteur privé, ce qui a entraîné la création de 150
emplois. Selon les retombées obtenues en 1984-1985 et en 1985-1986, les
entreprises privées ont investi 2, 40 $ pour chaque dollar investi par
le gouvernement du Québec. Il faut ajouter qu'il y a d'autres moyens que
les subventions pour aider les entreprises québécoises. Nous
avons démontré, par exemple, dans notre intervention dans le
dossier de Téléglobe, que nous visons à conserver au
Québec cette entreprise de pointe dans le secteur des
télécommunications et nous avons de très bons espoirs
d'avoir été entendus à Ottawa.
En somme, dans cette perspective d'actions, le Québec doit
prendre tous les moyens nécessaires pour être dans la course de la
concurrence effrénée de cette troisième révolution
industrielle caractérisée par les industries des communications
et de l'information, et se préparer adéquatement à
l'ouverture qui pourrait se présenter lors des négociations du
libre-échange avec les États-Unis pour augmenter la
compétitivité de nos entreprises.
M. le Président, je ne parlerai pas en détail de nos
activités dans le domaine de la réglementation des
télécommunications. Ces activités sont extrêmement
importantes, cela me ferait grand plaisir d'en parler aux députés
s'ils me posent des questions là-dessus. C'est un sujet complexe mais
combien significatif pour tous les citoyens.
Un troisième axe, les infrastructures de télévision
et de radio. Nous voulons, par nos activités au ministère,
appuyer le développement des infrastructures en télévision
et en radio de langue française pour faire contrepoids aux
présences anglophone et américaine dans ces domaines et, de
concert avec le ministère des Affaires culturelles, promouvoir
l'accroissement de la qualité et de l'attrait de notre programmation
télévisuelle et radiophonique.
L'atteinte de cet objectif est désormais facilitée
grâce à l'Entente de concertation et d'harmonisation
Canada-Québec sur le développement du secteur de la
télévision francophone qui a été signée le
13 février 1986. Il faut souligner le travail important de mon
prédécesseur dans ce domaine-là.
Les buts de cette entente sont les suivants: permettre au
ministère des Communications du Québec et au ministère des
Communications du Canada d'orienter et de coordonner conjointement le
développement de la télévision francophone et son
système; élaborer conjointement des recommandations sur les
politiques à adopter concernant le développement de la
télévision francophone par des mécanismes de concertation
interministériels; assurer le suivi des actions gouvernementales en
matière de télévision francophone.
Je vous ferai grâce du plan d'activités proposé pour
1986-1987, mais je soulignerai cependant un sujet qui me paraît
important, soit la question d'un canal spécialisé en musique pour
un auditoire francophone. C'est une question qui nous préoccupe
particulièrement. Nous comptons donc continuer les pressions
déjà entreprises auprès du CRTC pour l'inciter à
tenir le plus rapidement possible une audience publique ouverte à toutes
les formules de distribution et de financement afin d'identifier le projet de
canal musical qui garantisse le maximum de retombées économiques
et culturelles pour le Québec et plus particulièrement pour les
milieux créateurs du Québec.
Comme vous pouvez le constater, l'entente de consultation est une
pièce maîtresse pour préciser l'avenir de la
télévision francophone au Québec et au Canada. C'est la
première fois qu'une entente de cette nature est signée entre le
Québec et le Canada. Nous attendons donc beaucoup de ce nouveau
mécanisme.
Je voudrais mentionner la création d'un consortium
Québec-Canada qui diffuse depuis le 6 janvier 1986 une programmation
francophone canadienne pour le support satellite de TV 5 dans 15 pays
européens ainsi que dans le nord du Maroc et de la Tunisie. Ce
mécanisme de diffusion constitue une excellente vitrine de vente de nos
produits francophones pour les membres de ce consortium composé de
Radio-Canada, Radio-Québec, Télé-Métropole, Office
national du film, Téléfilm Canada, Cogeco, TV Ontario et de
producteurs indépendants.
Nous allons progressivement agrandir cette vitrine à la suite des
études de faisabilité entreprises pour la diffusion de TV 5 en
Amérique du Nord et aux Caraïbes, en Afrique française et au
Moyen-Orient dans le développement du suivi du Sommet des pays
francophones. Voilà donc une action significative pour l'exploitation de
nos produits audiovisuels francophones.
Finalement, M. le Président, la très importante sinon
très bien connue infrastructure gouvernementale de
télécommunications. Il est important qu'au niveau gouvernemental
les services informatiques et téléphoniques que les
ministères fournissent soient développés dans le contexte
d'une vision stratégique des besoins et des possibilités
technologiques. Il faudrait donc non seulement fournir les services mais faire
la promotion industrielle en même temps dans la mesure du possible.
Au niveau opérationnel des services centraux, le ministère
doit établir une relation d'affaires avec ses clients et autofinancer
les services dispensés qui doivent être compétitifs tant
sur le plan de la qualité que des coûts. Pour ce faire, le
ministère a entepris un plan de redressement au Bureau central de
l'informatique qui est à la fois technologique et organisationnel.
Nous avons donc beaucoup de grands changements à "manager" au
sein du BCA pour l'année qui s'en vient. Nous devons également
regarder de très près notre service de téléphonie
gouvernementale. Le ministère dessert 53 clients au sein de l'appareil
gouvernemental. En 1985-1986, les dépenses du gouvernement pour ses
clients ont été de 57 150 000 $ divisées en deux parties:
48 400 000 $ pour les services particuliers et 8 750 000 $ pour les services en
commun.
Selon nos estimations, le groupement des services
téléphoniques au sein du ministère des Communications
épargne au gouvernement entre 8 000 000 $ et 10 000 000 $ par
année, ce qui n'est pas négligeable. Dans ce secteur, nous avons
une série de problèmes que nous essayons de régler. Ils
sont inscrits à la page 30. (15 h 45)
M. le Président, je pourrais continuer à vous donner les
détails sur les chiffres dans le contexte budgétaire
précis du ministère des Communications dans les cinq ou six
dernières pages. Il y a un résumé qui, je pense, est assez
accessible. S'il y a des questions là-dessus, cela me fera plaisir. Je
veux tout simplement signaler que l'augmentation du budget du ministère
des Communications découle d'un certain nombre d'exigences qui ne sont
essentiellement pas discrétionnaires. Si, dans le contexte de
compressions budgétaires qui doivent s'opérer ailleurs au
gouvernement, on est tenté de se poser la question: Pourquoi pas au
ministère des Communications? cela me fera un très grand plaisir
d'expliquer aux membres de ta commission dans quelle mesure il s'avère
possible de faire des économies importantes au sein du ministère
vu sa structure et ses responsabilités actuelles. Je vous remercie.
Je dois ajouter tout simplement, et je regrette de ne pas l'avoir fait
au début, que je suis entouré d'un certain nombre de
fonctionnaires du ministère des Communications. Je veux vous
présenter au début mon sous-ministre, M. Yvon Tremblay. Au fur et
à mesure, je vous présenterai les autres personnes, les autres
experts. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. La parole
est maintenant à la députée de Johnson. Mme la
députée, avez-vous copie de votre texte pour les membres de la
commission? Nous allons en faire faire des photocopies pour les membres de la
commission. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci. Permettez-moi de remercier les fonctionnaires
du ministère des Communications pour la qualité des informations
produites et leur promptitude à répondre aux demandes de
renseignements de l'Opposition. En étant à ma première
expérience à titre de porte-parole officielle de mon parti en
matière de communications, je formule le souhait que ces quelques heures
nous fourniront...
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, Mme la
députée de Johnson, on me fait signe qu'on ne vous entend pas
à l'arrière et qu'on a de la difficulté à vous
entendre autour de cette table. Peut-être pourriez-vous approcher le
micro?
Mme Juneau: Attendez un peu. Cela va. Il faudrait que je m'assoie
sur la table.
Le Président (M. Trudel): N'en faites rien.
Mme Juneau: En étant, dis-je, à ma première
expérience comme porte-parole de mon parti en matière de
communications, je formule le souhait que ces quelques heures nous fourniront
l'occasion d'approfondir chacun des programmes inscrits à
l'intérieur de l'étude des crédits 1986-1987. Toutefois,
à la lecture de ces crédits, je m'aperçois que le
gouvernement applique à la perfection l'expression populaire: Agissez
maintenant, pensez plus tard. Ceci pour l'ensemble des programmes et plus
particulièrement pour le programme de la Société de
radio-télévision du Québec.
Le titulaire des Communications est-il en train de compromettre un
certain nombre d'acquis dans le secteur des communications
par son immobilisme depuis sa nomination en ne définissant pas
clairement les philosophies -et les orientations poursuivies qui encadreront
les actions du ministère des Communications pour la période
1986-1987, ainsi que pour la durée de son mandat? Le plus bel exemple
à propos de cette attitude, ce sont mes récentes questions en
Chambre, celles d'hier et d'aujourd'hui, sur la position du ministre
relativement à la proposition adoptée majoritairement par le
conseil d'administration de la Société Radio-Québec sur la
compression budgétaire qui leur est imposée pour 1986-1987.
J'attends toujours une réponse claire, nette et précise.
Peut-être qu'aujourd'hui ce sera le grand jour et que nous recevrons
cette réponse claire, nette et précise.
Pourtant, sous l'ancien gouvernement, nous mettions beaucoup plus de
diligence à collaborer avec l'Opposition en matière de
communications. Je fais grâce à la commission de toutes les
réalisations importantes accomplies durant son mandat dans le domaine
des communications. Mais quelques-unes d'entre elles méritent toutefois
d'être soulignées car elles illustrent ce qu'est un
développement réel dans le secteur des communications, avec des
paramètres rejoignant toutes les couches de la population dans chacune
des régions du Québec.
Je voudrais vous parler au tout début du programme d'aide aux
médias communautaires, avec son enveloppe de 2 500 000 $, dont 1 420 000
$ pour 25 radios communautaires sur tout le territoire du Québec avec un
accent en régions isolées et éloignées qui sont
plus souvent qu'autrement très mal desservies par les diffuseurs
nationaux, sans oublier les 30 télévisions communautaires pour
une enveloppe budgétaire de 800 000 $, qui eux aussi, par leur
création, répondent à un besoin d'information locale et
enfin, les médias écrits qui, dans bien des cas, offrent le seul
moyen de communication locale avec une enveloppe de 225 000 $.
Il y a aussi, bien sûr, le programme d'aide à la recherche
et au développement des entreprises de communication: 2 000 000 $.
Encore là, l'ancien gouvernement proposait à l'entreprise
privée une possibilité de subvention de 50 % si elle
présentait un projet d'un produit de communication novateur avec
retombées économiques importantes surtout au niveau de la
création d'emplois.
II y a eu aussi, bien sûr, l'entente
fédérale-provinciale qui fut la première entente à
être signée entre les deux paliers de gouvernement en
matière de communications et qui englobe une enveloppe de 40 000 000 $
répartis sur une période de cinq ans.
Notons également le rapport sur l'avenir de la
télévision francophone qui créa le nouveau comité
de concertation provincial-fédéral qui permet, pour la
première fois au Québec, de participer à l'avenir et au
développement à titre de partenaire égal de la
télévision francophone. Cette même volonté politique
a permis au ministère des Communications, sous l'ancien gouvernement, de
s'ouvrir sur le marché international en matière de
communications. Participation à la première conférence des
ministres francophones des Communications qui regroupait 40 pays. D'ailleurs,
le Québec sera l'hôte en 1987 d'une autre conférence des
ministres des Communications.
Enfin, dans l'univers de la télédiffusion internationale,
il faut souligner la réalisation de l'important dossier TV5 - M. le
ministre, vous en avez parlé tout à l'heure - qui permettra en
outre à des diffuseurs québécois d'être
présents sur le territoire européen. D'ailleurs, le ministre
profite largement de cette vitesse de croisière atteinte par le
ministère par la signature de plusieurs ententes en matière de
communications. Il suffit de nommer Communication-Québec, TV5,
Comité de concertation et d'harmonisation sur l'avenir de la
télévision francophone.
Donc, si on omet ces différentes actions dont tout le
crédit revient en fait à l'ancien gouvernement et à ses
fonctionnaires, le ministre peut-il expliquer son mutisme sur les grandes
orientations et les philosophies en matière de communications? Entend-il
suivre aveuglément les directives du président du Conseil du
trésor qui, lui, on le sait, n'a qu'un seul mot à la bouche par
les temps qui courent, "Hachure, hachure, hachure", sans égard aux
valeurs qui animent notre société contemporaine, aux
spécificités de nos régions?
Également, l'exercice sur l'étude des crédits que
nous entreprendrons dans quelques instants nous amènera-t-il à
constater la triste réalité que seuls les grands centres urbains
méritent l'attention du ministre au détriment, encore une fois,
de nos régions?
Pourtant, des promesses électorales du présent
gouvernement dans le domaine des communications garantissaient la conservation
des acquis en matière de communications. Entre autres, l'une d'entre
elles promettait une commission parlementaire pour analyser le mandat de la
Société Radio-Québec, accompagnée d'un gel de
l'enveloppe budgétaire de 61 000 000 $. Ou encore, l'étude des
crédits permettra-t-elle de savoir l'énoncé du ministre
sur la question du libre-échange? Pourquoi un retard aussi
remarqué pour se prononcer lorsque l'on sait l'importance de ce dossier
pour l'avenir des Québécois en matière de
communications?
Qu'en est-il également de la privatisation de
Téléglobe Canada, une industrie de pointe en haute technologie,
une perte potentielle de 1000 emplois en perspective,
M. le ministre?
Qu'en est-il des intentions du ministre de participer aux audiences le
1er mai du Conseil de la radio diffusion et des
télécommunications canadiennes, le CRTC, pour affirmer notre
position sur le pourcentage de diffusion sur les ondes radiophoniques de la
chanson française qui diminue de 10 %, soit de 65 % à 55 %?
Qu'en est-il d'une politique ferme qui protégera les entreprises
de communications pour qu'une anomalie comme MuchMusic ne se reproduise
plus?
J'espère que l'étude des crédits offrira la
possibilité d'entrevoir les intentions réelles du ministre lors
de l'analyse programme par programme et élément par
élément. J'assure le ministre et les membres de cette commission
qu'ils pourront compter sur la collaboration attentive de notre parti en
matière de communications et que nous n'entendons soutenir ou cautionner
aucun recul dans ce domaine.
Incidemment, à ce chapitre, la Société
Radio-Québec représente un parfait exemple que nous contesterons
avec acharnement. Nous n'admettrons jamais une régression de ce dossier,
surtout alors que le principal intervenant de Radio-Québec manipule les
statistiques, les chiffres et les enveloppes budgétaires et qu'il se
contredit à l'intérieur de ses propres rapports-documents qu'il
dépose à une vitesse vertigineuse et en quantité
phénoménale.
En effet, reprenons quelques passages de "Radio-Québec
maintenant" qui démontrent parfaitement mes propos. Dans l'introduction
de "Radio-Québec maintenant", publiée en mars 1985 et
décrivant les orientations, les activités et les structures de la
Société de radio-télévision du Québec, le
président-directeur général, M. Jacques Girard,
écrit que Radio-Québec "entend participer de façon
dynamique au développement culturel et éducatif du Québec
et ce, en affirmant que sa structure régionalisée constitue un
atout supplémentaire pour atteindre ses objectifs. Radio-Québec
demeurera une télévision régionalisée. "
Ces propos qui ont fait l'unanimité au conseil d'administration
prennent un sens particulier dans le débat actuel concernant
l'hypothèse d'abandonner l'ensemble des activités
régionales. Que représente concrètement l'apport des
régions dans la productivité d'ensemble de Radio-Québec''
II faut se poser la question pour comprendre que, dans la loi de la
Société de radio-télévision du Québec, il
était défini que Radio-Québec, c'était aussi les
régions. À l'article 19. 1, vous retrouvez le fonctionnement des
comités régionaux. D'ailleurs, les hautes instances de la
Société Radio-Québec endossaient cette décision
lorsque M. Girard, le président-directeur général de
ladite société, déposait son rapport, intitulé "Le
compendium sur la conformation de la Société de
radiotélévision du Québec", remis au ministre des
Communications du Québec en décembre 1985 dans lequel
l'entreprise de radiotélévision éducative
établissait la pertinence de couvrir tout le territoire
québécois.
La programmation régionale de Radio-Québec a fait l'objet
d'une attention particulière également de la part de la
Régie des services publics du Québec dans son ordonnance
émise le 30 août 1985. Après avoir rappelé les
obligations importantes en matière de régionalisation auxquelles
doit répondre Radio-Québec et après avoir analysé
la démarche poursuivie dans la préparation de la programmation
régionale, les régisseurs ont clairement reconnu "que le
cheminement éducatif, quoique présent dans la préparation
de sa programmation nationale, est davantage articulé dans sa
programmation régionale. "
De plus, la régie a indiqué que ta programmation
régionale "possède toutes les caractéristiques d'une
programmation éducative. En effet, la régie a pu constater le
cheminement proprement éducatif dans l'élaboration de cette
programmation régionale. Les comités régionaux
étant forcément plus près de la population, il semble plus
facile d'identifier les besoins de celle-ci, de fixer les objectifs, de choisir
de3 contenus et des auditoires cibles, de procéder à des
évaluations auprès des clientèles concernées. Le
public du milieu régional est beaucoup plus impliqué dans
l'élaboration de la programmation permettant à celle-ci de
répondre davantage à ses besoins. "
Les neuf régions de la société ont pris leur
rôle au sérieux, M. le ministre. Elles sont responsables de bien
des choses, entre autres, pour l'année 1984-1985: 26 % de la production
autonome de la société; 49 % de la coproduction
générée auprès des partenaires; 37, 9 % de la
diffusion des émissions originales de la société et 87 %
des prêts de documents audiovisuels effectués par la
société. (16 heures)
Depuis 1981-1982, l'augmentation des déboursés
effectués en régions ne représente, M. le ministre, que 16
% de l'augmentation globale des déboursés de la
société. Le coût horaire des émissions produites et
diffusées en régions est de 22 100 $ comparativement à 36
900 $ pour l'ensemble de la société.
En dehors de leur production autonome, les bureaux régionaux ont
réussi à "initier" des projets conjoints de production dont la
valeur est de 2 517 000 $ pour l'année 1985-1986. Pourtant, les
déboursés effectués en régions ne
représentent qu'environ 12 % du budget global de la
société. L'effectif global, quant à lui, représente
13, 8 % de l'effectif de la société. Aussi, M. le ministre, la
régionalisation est-elle une structure ayant établi un
partenariat efficace et multiple.
II est clairement démontré que, depuis leur
création, les structures régionales de Radio-Québec ont
généré diverses formes de partenariat avec des
institutions et des organismes publics et privés de leur territoire. Les
partenariats ont pris la forme de coproductions, d'investissements ou de
commandites d'un ou de plusieurs partenaires dans les productions de
Radio-Québec. Les partenariats se sont aussi manifestés sous
forme d'investissements de Radio-Québec en argent, en services, en
ressources techniques dans des projets issus des producteurs privés,
d'organismes et d'institutions.
D'autres partenariats se sont réalisés sous forme de
prêts de ressources humaines à des fins de production. Avec
d'autres médias, certains bureaux régionaux ont convenu
d'échanges de promotion (compte à compte), voire de
coproductions. Les partenariats ont aussi pris la forme multimédia dans
certaines régions, de concert avec d'autres organismes, notamment en
éducation des adultes, en enseignement secondaire et en santé.
Enfin, ces partenariats ont parfois associé plus d'une région
à des projets.
Parmi les nombreux partenaires, mentionnons le ministère de
l'Éducation et les divers réseaux d'enseignement, des organismes
régionaux de développement économique et des
ministères et organismes gouvernementaux comme le MAPAQ, l'OPDQ et
l'OPC, des institutions du réseau des affaires sociales, la
Sûreté du Québec, des groupes syndicaux, le Mouvement
Desjardins, le ministère des Affaires culturelles et des organismes
culturels régionaux, des commissions de formation professionnelle, la
Commission de la Santé et de la Sécurité du Travail, la
télévision éducative TV Ontario, les producteurs et postes
de télévision privée et communautaire, les hebdos, (es
quotidiens, les stations de radio, les communautés autochtones, le
SAGMAI et certains organismes fédéraux.
Les effets de ces partenariats actuellement en croissance ont eu des
retombées. Pour Radio-Québec, ceci s'est traduit par une plus
grande productivité et une présence plus significative dans des
projets de développement économique, culturel et social. Ceci a
aussi permis de développer la production éducative formelle avec
divers réseaux d'enseignement, notamment en formation professionnelle.
Ces partenariats ont aussi amené des réalités sociales
à l'antenne, entre autres les séries d'émissions faites
avec les nations autochtones. Ces démarches ont rapproché et
associé Radio-Québec à des priorités de
développement régional et ont contribué à son
enracinement dans les milieux régionaux.
En s'associant à Radio-Québec, les partenaires ont
bénéficié des services d'un réseau disposant de
ressources humaines professionnelles, de ressources techniques de
qualité supérieure et d'un réseau de diffusion maintenant
reconnu et accessible. Les émissions ainsi réalisées ont
été en général des outils d'intervention durable et
de grande qualité. Cela a permis à plusieurs partenaires de
disposer d'instruments d'éducation qu'ils n'auraient pas pu, seuls, se
payer. Cela a aussi permis a Radio-Québec d'augmenter de façon
notoire sa production régionale.
Un partenariat suscitant des investissements importants.
Outre ces considérations importantes, il faut, de plus,
considérer les efforts déployés par l'ensemble des
régions pour développer leur programmation en fonction non pas
seulement de revenus tirés de la subvention gouvernementale, mais aussi
avec l'aide des ressources régionales.
À titre indicatif, après sept mots d'exploitation, les
revenus autonomes générés en 1985-1986 dans les
régions totalisent 436 815 $. De plus, les échanges de services
(compte à compte) représentent 164 330 $ pour la même
période et les investissements de Radio-Québec en argent et en
biens et services dans des projets conjoints totalisent 842 658 $.
Aussi, les investissements générés dans les milieux
régionaux, en excluant la production autonome de Radio-Québec,
représentent 2 517 000 $. Une activité économique
importante est ainsi créée, ce qui contribue à aider le
marché de l'emploi, celui-ci étant toujours plus difficile
à maintenir à un niveau acceptable dans les régions.
Même si Radio-Québec vit des moments difficiles à la
suite de l'annonce des compressions budgétaires sévères
décrétées par le gouvernement du Québec, doit-elle
remettre en question les objectifs fondamentaux qui justifient son existence?
Je vous pose la question, M. le ministre. Doit-elle modifier ses structures
d'une façon importante? Doit-elle renier ses engagements
vis-à-vis de la population et des comités régionaux qui la
représentent? Les administrateurs qui seraient tentés d'aller
dans ce sens sous-estiment sûrement les conséquences d'une telle
solution.
Dans le contexte où se développe un autre réseau
montréalais de télévision, Radio-Québec constitue
un modèle unique en Amérique du Nord. Le menu
télévisuel panquébécois est et doit demeurer une
alternative fondamentale pour le public, sinon Radio-Québec deviendra de
plus en plus comme les autres et non pas "l'autre
télévision".
Y a-t-il d'autres solutions pour contrer les effets négatifs des
compressions budgétaires? Il en existe. Il s'agit seulement de tenir
compte des principes fondamentaux qui guident Radio-Québec et d'en
dégager des solutions, et non pas de trouver une
solution et de voir en quoi les principes fondamentaux de
Radio-Québec pourraient être modifiés.
Ces principes sont les suivants: 1. Conserver le mandat de
Radio-Québec tel que décrit dans la toi 5 qui la définit
comme étant une télévision éducative et
régionalisée; 2. Respecter les engagements pris devant les
structures de décision qui sont le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes et la Régie des services
publics; 3. Respecter les engagements pris par le conseil d'administration et
la Direction générale de Radio-Québec qui se retrouvent
dans Radio-Québec Maintenant, et dans lequel on retrouve ce qui suit:
"II convient enfin de signaler trois secteurs où la programmation des
prochaines années devrait connaître des enrichissements
importants: la contribution régionale, l'éducation formelle et le
partenariat. " 4. Respecter l'ensemble de la population régionale qui
doit pouvoir s'exprimer par le biais d'outils d'information
adéquats.
En ce sens s'il y avait. des compressions budgétaires les
régions sont prêtes à participer à la
démarche permettant d'identifier les mesures les moins dommageables au
mandat intégrai de la société. Elles sont même
prêtes, sans modifier de façon majeure leurs orientations de
programmation et sans renier leurs principes fondamentaux, à
accélérer l'application des orientations déjà
exprimées qui sont d'accentuer la présence régionale vers
le réseau.
Dans cette même foulée de principes énoncés
précédemment, j'aimerais en ajouter un cinquième, soit de
respecter les décisions adoptées majoritairement par les membres
du conseil d'administration réunis lors de l'assemblée
régulière du 11 avril 1986.
Radio-Québec est une propriété collective au
service de l'ensemble de la population du Québec. 60 000 000 $, est-ce
payer trop cher pour un réseau diffusant 4000 heures par année
à 90 % de la population du Québec? Un montant qui
représente un peu plus de 1 000 000 $ des budgets du ministère de
l'Éducation, vu dans une perspective d'éducation des adultes,
d'éducation populaire, de véhicule culturel, est-ce payer trop
cher, M. le ministre?
M. Jean-Paul L'Allier, dans un récent article paru dans le Devoir
du samedi, 12 avril 1986, signifiait qu'en permettant que les régions
soient rayées de la carte, même avec la bénédiction
des autorités de Radio-Québec, le gouvernement poserait
peut-être te geste le plus facile, mais certainement le moins rentable,
le plus dommageable et le plus criant d'absence de perspective pour le
Québec et de connaissance de ce que nous sommes et de ce que nous
pourrions être comme société.
En espérant connaître enfin les priorités, les
positions et les grandes orientations qu'entend poursuivre et défendre
le ministre au nom des Québécois en matière de
communications dans l'exercice de son mandat, je vous remercie, M. le
ministre.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre des Communications,
voulez-vous vous prévaloir de votre droit de réplique
immédiatement?
M. Richard French (réplique)
M. French: Je voudrais faire un commentaire, M. le
Président. Je voudrais remercier la critique de l'Opposition de sa revue
des réalisations du ministère des Communications et
féliciter les recherchistes pour leur très bon travail.
Il y a juste une chose que je voudrais souligner, parce qu'elle me
préoccupe beaucoup. Connaissant la députée de Johnson
comme je la connais, je veux l'inviter à réfléchir un peu
sur les accusations qu'elle a portées à l'endroit du P. -D. G. de
Radio-Québec. Pour ma part, si on est pour avoir un débat
difficile, je vais essayer d'éviter de pointer les gens du doigt et de
faire de telles affirmations.
Je ne suis pas sûr que c'est dans l'intérêt de tout
le monde d'utiliser des mots comme "manipuler les statistiques, les chiffres et
les enveloppes budgétaires". Je trouve que c'est y aller un peu fort
à l'endroit de quelqu'un qui a servi trois gouvernements, dont le
gouvernement du Parti québécois entre 1976 - deux mandats sous le
gouvernement du Parti québécois - et 1985, sans avoir, à
l'époque, causé ou stimulé le genre de réaction et
de réflexion dont soudainement il devient coupable une fois le Parti
québécois dans l'Opposition.
Je souligne que, s'il y a matière à démontrer ce
genre d'argumentation, on aura l'occasion de Le faire dans l'heure et demie qui
vient. Je voudrais m'inscrire en faux d'abord, parce que je n'ai pas
perçu de telles actions et, deuxièmement, suggérer
à la députée de Johnson, pour laquelle j'ai beaucoup de
respect, que, si elle veut influencer le déroulement des
événements, mieux vaut foncer sur le ministre que sur les gens
qui ne sont pas en mesure de répondre.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: En réponse à votre intervention, M. le
ministre, ce n'était pas du tout une attaque personnelle envers le
président-directeur général de Radio-Québec. Vous
avez dit vous-même hier, en Chambre, que vous deviez le consulter
à la suite de la décision du conseil d'administration de
Radio-
Québec. Il me semble, quand un conseil d'administration prend une
décision aussi importante que celle qu'il a eu à prendre, que le
président-directeur général doit, lui, refléter ce
que son conseil d'administration a décidé. Il me semble,
d'après vos interventions, que ce n'est pas le cas. Donc, ce
n'était pas une attaque contre M. Girard personnellement, mais
plutôt comme président-directeur général de la
Société Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Je trouve cela difficilement acceptable. Je voudrais
souligner à la députée de Johnson qu'on parle de quelque
chose qui est écrit noir sur blanc, soit l'accusation de manipuler les
statistiques, les chiffres et les enveloppes budgétaires. C'est clair et
net. Je ne veux pas m'éterniser là-dessus, mais changer de
terrain et prétendre qu'on parle d'un autre sujet, je trouve cela peu
convaincant.
Je pense que la solution, c'est d'argumenter sur le fond et de laisser
faire les personnalités complètement.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, avez-vous
terminé votre réplique?
M. French: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, des remarques préliminaires? (16 h 15)
M. Boulerice: J'aimerais faire remarquer à M. le ministre
qu'à la commission parlementaire de la culture... Les ministres se
succèdent. Ils me semblent avoir, au départ, la même
stratégie. Lorsque le message est, pour eux, dérangeant et
lorsqu'ils citent effectivement des engagements électoraux de leur
gouvernement, ils jugent préférable, au départ, d'attaquer
le messager de façon à discréditer le message. On n'est
pas dupes cette fois-ci; on l'a peut-être été mardi, mais
pas aujourd'hui.
Le Président (M. Trudel): J'ai cru comprendre qu'il y
avait eu entente entre le ministre des Communications et Mme la
députée de Johnson pour passer immédiatement au programme
6, Régie des services publics, pour quelques minutes à tout le
moins, et, ensuite, passer immédiatement au programme 8, quitte à
revenir aux autres programmes du ministère par la suite. Ai-je bien
compris cette entente, Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Si le ministre accepte que le programme 8 passe en
second lieu, cela va.
M. French: Oui, oui, M. le Président, je suis à la
disposition de la commission.
Mme Juneau: Merci, cela va.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, si vous voulez aborder l'étude des crédits en
commençant pour le pogramme 6, Régie des services publics.
Régie des services publics
M. French: M. le Président, je voudrais présenter
aux membres de la commission M. Jean-Guy Paquet, qui est secrétaire de
la Régie des services publics. Vous comprendrez que, lorsqu'il s'agit
d'une question d'ordre administratif, M. Paquet peut répondre. Lorsqu'il
s'agit d'une question politique, c'est-à-dire qui affecte l'encadrement
et la philosophie politique de la Régie des services publics, M. Paquet,
ayant un rôle dans un tribunal administratif, n'est pas en mesure de
répondre; donc, ce sera au ministre de répondre à ce
moment-là.
Le Président (M. Trudel): Très bien. On voit bien,
M. le ministre, que vous connaissez bien les règles de procédure
des commissions parlementaires. Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Si on commence par le programme 6, Régie des
services publics, premièrement, je dois remercier le ministre de nous
avoir présenté ses gens.
Sur la ventilation des crédits du programme 6, il y a une baisse
au niveau des super-catégories Fonctionnement et Personnel. On passe de
2 055 200 $ en 1985-1986 à 1 670 500 $ en 1986-1987. J'aimerais bien, M.
le ministre, que vous puissiez nous éclairer sur cette variation
importante.
M. French: Mme la députée, il y a trois postes
vacants de régisseurs pour l'année 1985-1986, cela a abouti aux
crédits périmés et, cette année, on n'a pas
octroyé les crédits au début.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: La régie est-elle responsable aussi de
vérifier les comptes de Radio-Québec?
M. French: La régie ne vérifie pas les comptes, Mme
la députée. La régie est chargée de constater la
qualité éducative de la programmation de Radio-Québec. Je
pensais qu'il y avait une périodicité explicite, mais on
m'informe que ce n'est pas le cas, c'est au besoin.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Me permettez-vous, M. le Président, de
poser quelques questions à M. Paquet, secrétaire
général - c'est ce que j'ai compris - de la Régie des
services publics? Quand la Régie des services publics s'est-elle
prononcée la dernière fois sur la programmation de
Radio-Québec?
M. Paquet (Jean-Guy): C'était l'été dernier,
je crois; je n'ai pas la date de la dernière ordonnance exactement.
Mme Blackburn; Fin 1985, quelque chose comme cela.
M. Paquet: Le 30 août, à la fin de
l'été.
Mme Blackburn: Août 1985, c'est cela. E3t-il exact
qu'à ce moment-là la Régie des services publics estimait
que, dans la programmation de Radio-Québec, les émissions qui
avaient un caractère éducatif plus conforme, si je me permets
l'expression, à la loi sur la télévision éducative
- je ne me rappelle plus si c'est la loi 4 ou la loi 5, je sais qu'il y a eu
les deux, l'une sur les structures et l'autre sur la mission - étaient
les émissions régionales?
M. Paquet: Je sais que c'est l'ensemble de la programmation
présentée devant la Régie des services publics qui a
été jugée éducative. Je ne peux pas vous dire si
effectivement au moment des délibérations à
l'intérieur des membres de la division, parce que je n'assiste pas
à ces délibérations, il y a eu une décision disant
que c'était plus éducatif sur le plan régional que sur le
plan national. Je sais qu'on a rendu notre décision sur l'ensemble de la
programmation qui nous avait été présentée comme
devant être présentée aux
téléspectateurs.
Mme Blackburn: Quelle était la recommandation de la
Régie des services publics sur la publicité dite de prestige?
M. Paquet: Avec les informations qu'on avait obtenues, la
régie avait dit que la publicité de prestige est à
considérer comme pouvant être éducative, effectivement,
mais que ce n'était peut-être pas son rôle premier de
déterminer ce qu'il y avait d'éducatif ou non dans la
publicité.
Mme Blackburn: Pour le bénéfice de la commission,
pourriez-vous rappeler les principales recommandations de la régie?
M. Paquet: Je vais les lire parce que je ne les sais pas par
coeur. Alors, je lis quelques paragraphes, si vo. us me le permettez: "Nul
doute qu'en général la publicité - ce sont les
régisseurs qui parlent - ne peut être considérée
comme de la programmation. La véritable question que doit se poser la
régie est à l'effet de savoir si la publicité peut
être considérée comme de la programmation au sens de la Loi
sur la programmation éducative. " Je vous donne la conclusion: "Ainsi,
la régie en vient-elle à la conclusion que son mandat dans le
présent dossier consiste à s'assurer que la publicité
qu'entend faire la requérante dans le cadre de sa
télévision éducative n'affecte pas le caractère
éducatif de sa programmation. "
Mme Blackburn: Ce n'était pas vraiment le sens de ma
question. Sur la publicité, votre réponse me satisfaisait tout
à l'heure. Vous aviez d'autres recommandations à la suite de
l'examen de la programmation de Radio-Québec. C'était surtout sur
la programmation que je voulais...
M. Paquet: La programmation.
Mme Blackburn:... que vous me rafraîchissiez la
mémoire.
M. Paquet: Je n'ai malheureusement pas le texte devant moi, parce
que je n'ai que quelques page3 de l'ordonnance, les recommandations comme
telles.
Mme Blackburn: De mémoire?
M. Paquet: Même pas. Je ne peux pas vous les donner.
Mme Blackburn: Le ministre les a peut-être.
M. French: Je n'ai pas le document, Mme la députée.
Je pourrai aller le chercher si vous voulez.
Mme Juneau: M. le ministre, pouvez-vous nous expliquer votre
position et votre intention face au mandat de la régie, ainsi
qu'à l'avenir de celle-ci?
M. French: Mme la députée de Johnson, vous devez
savoir que les changements d'ordre organisationnel majeurs relèvent
plutôt du premier ministre que du ministre sectoriel, mais je vais vous
répondre dans la mesure de mes capacités qui ne sont pas finales
dans une telle situation.
Ce n'est un secret pour personne que le gouvernement du Québec a
plusieurs organismes réglementaires. Ce n'est également un secret
pour personne que le gouvernement actuel du Québec a annoncé son
intention de procéder, d'une part, à un exercice de
réorganisation gouvernementale et, d'autre part, à un exercice de
réexamen des activités réglementaires. Je ne peux que
présumer que le destin de la Régie des services publics
devrait être un des enjeux des deux opérations.
Mme Juneau: Est-il réel, M. le ministre, que vous avez
l'intention de fusionner trois régies, soit la Régie des services
publics, la Régie des transports et la Régie de
l'électricité et du gaz?
M. French: Mme la députée, je ne pourrais pas
l'affirmer, mais je ne pourrais pas l'exclure, non plus.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimt.
Mme Blackburn: Si on comprend bien ce qui se passe, cela veut
dire que c'est le comité des sages qui est en train de décider du
sort de la Régie des services publics.
M. French: Je pense que ce serait simplifier un peu les choses.
Le comité des sages va sûrement nous offrir sa version. Je peux
vous dire que sa version n'est pas toujours la version finale. Le premier
ministre en premier lieu, comme je l'ai dit, dans un changement organisationnel
de cet ordre, puis le Conseil des ministres et les ministres responsables
seront saisis du problème et décideront, finalement, comment
traiter cette question qui est essentiellement un problème, semble-t-il,
de foisonnement d'organismes réglementaires qui pourraient
peut-être en faire autant s'il y avait moins d'organismes
séparés.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Votre position personnelle quant à l'issue
de cette question, M. le ministre?
M. French; Je n'ai pas vraiment étudié la question
en détail, M. le député de Saint-Jacques, mais je ne suis
certainement pas rébarbatif à une démarche de
regroupement, en principe. Je ne pourrais pas vous dire en pratique, parce que
je n'ai pas étudié cela en détail.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Concernant une autre facette
représentée par la régie, y a-t-il des demandes de hausse
de tarification de la part des entreprises de téléphone, dont
Québec-Téléphone en particulier, M. le ministre?
M. French: Vous me demandez s'il y a des demandes de hausse de
tarification. Je vous avoue qu'il y a plusieurs dizaines de compagnies
réglementées par la Régie des services publics et je ne
suis pas en mesure de vous dire quel est l'état du dossier de chacune.
Je sais qu'il y a un contentieux -ce n'est un secret pour personne - entre
Québec-Téléphone et la Régie des services publics
qui ne découle pas essentiellement des tarifs, mais plutôt du
rendement sur le capital, du rendement sur l'investissement. C'est une question
importante qu'il reste à trancher.
Mme Juneau: Est-ce que les gens qui vous entourent ont une
réponse plus précise concernant cela?
M. French: Concernant les tarifs de
Québec-Téléphone? On m'informe qu'il n'y a pas de demande
d'augmentation des tarifs de Québec-Téléphone devant la
Régie des services publics à ce moment-ci.
Mme Juneau: Merci.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, on s'est fait dire au
cours des dernières semaines en Chambre: Voilà, on n'a pas les
informations; l'étude des crédits, cela se fait en commission,
c'est là qu'on vous fera part de nos décisions. On peut penser,
selon le sort qu'on entend réserver à la Régie des
services publics, que déjà, dans le budget, on commence à
en tenir compte. Est-ce que c'est exact?
M. French: C'est certainement... Excusez-moi, madame.
Mme Blackburn: Si on me dit en Chambre; On va vous
répondre en commission et qu'en commission on me dit: On ne sait pas
où on s'en va, il y a quelque chose de préoccupant. J'aimerais
qu'on essaie de faire un peu la lumière autour de cela.
M. French: Pourriez-vous répéter la première
question? J'ai compris l'ensemble, mais je n'ai pas compris
précisément la question.
Mme Blackburn: Ce que je dis, c'est que si le ministre
responsable...
M. French: Je m'en souviens maintenant, Mme la
députée. Il ne serait certainement pas faux d'imaginer que nous
avons tenu compte d'une discussion assez serrée avec les responsables de
la Régie des services publics lorsqu'on a formulé les
crédits. Ce que cela présage sur le plan organisationnel, encore
une fois, les Québécois ne se battent pas dans les autobus
à ce sujet. On va certainement évaluer cela
dans le contexte des démarches que j'ai mentionnées
tantôt, mais, que je sache, ce n'est pas une urgence nationale. On va
certainement vous informer aussitôt qu'une décision sera prise. Je
pense qu'un tel genre de changement impliquerait une loi; donc, le Parlement du
Québec sera saisi des intentions du gouvernement par un projet de loi
à un moment donné, si jamais une décision politique est
prise, Mme la députée, (16 h 30)
Mme Blackburn: Le ministre peut-il nous rappeler les
compressions, pour ne pas parler de coupures, prévues au budget de la
régie?
M. French: De mémoire, 500 000 $, mais je vais
vérifier avec M. Paquet. C'est exact, Mme la députée,
c'est 500 000 $.
Mme Blackburn: Sur un budget de combien?
M. French: De l'ordre de 2 500 000 $.
Mme Blackburn: Cela veut dire une coupure de 20 %?
M. French: De 1/6.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir dans quels postes en
particulier?
M. French: Surtout ce que Mme la députée de Johnson
a identifié, c'est-à-dire la non-nomination de trois
régisseurs. Lorsqu'on parle de compressions, il faut s'entendre. La
pratique courante était d'établir un budget en fonction du nombre
de régisseurs et de périmer les crédits pour les postes de
régisseurs non occupés. On a tout simplement décidé
de ne pas périmer les crédits compte tenu de la situation dans
laquelle on se trouve tous.
Mme Blackburn: Donc, ces postes ne seront pas comblés?
M. French: Us ne seront pas comblés dans l'année
financière en cours, en tout cas.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que cela va pour le
programme 6? Le programme 6 est-il adopté?
Mme Blackburn: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Nous passons
maintenant, tel que convenu entre les deux groupes parlementaires, au programme
8.
M. French: M. le Président.
La Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): Avant de passer au programme 8,
j'allais simplement indiquer le nom du programme 8, Société de
radio-télévision du Québec.
Société de
radio-télévision du Québec
M. French: M. le Président, est-ce que vous me permettrez
de demander à M. Jacques Girard, président-directeur
géréral de Radio-Québec, de me rejoindre ici?
Le Président (M. Trudel): Oui, certainement.
M. French: Est-ce que les membres de la commission comprendraient
que je m'absente - je dois quitter d'urgence -pendant que le P. -D. G. fait ses
commentaires préliminaires? Je vais être de retour très
rapidement.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a consentement
des membres de la commission?
Mme Blackburn:... son contenu.
Une voix: Est-ce qu'il s'agît de besoins naturels?
M. Frenchs Je suis au courant du contenu et j'espère que les
membres de la commission ont également reçu...
M. Gardner: II nous fait plaisir de connaître M.
Girard.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je veux souhaiter la bienvenue au président-directeur
général de Radio-Québec et, comme on dit en canadien, je
ne veux pas faire du "name dropping" mais voici un homme que je connais
depuis... je n'ose pas le dire parce que nous étions étudiants
à l'université à peu près au même moment. Je
me rappelle les belles années de M. Girard à la tête de
Quartier Latin.
Mme Blackburn:... étudiante.
Le Président (M. Trudel): Cela nous ramène
plusieurs années en arrière. Cela me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue au nom des membres de la commission et je vous
cède immédiatement la parole pour vos remarques
préliminaires.
Exposé du président M. Girard (Jacques): Merci, M. le
Président. En comparaissant devant vous, aujourd'hui, 17 avril
1986, en qualité de président-directeur général de
la Société de radio-télévision du Québec, je
m'estime en situation de profond paradoxe.
En effet, j'ai, d'une part, à vous informer de la situation de
plus en plus enviable qu'occupe Radio-Québec, tant parmi les
télévisions éducatives nord-américaines que parmi
l'ensemble des télédiffuseurs québécois. À
cet égard, permettez-moi de rappeler ici que, pendant la durée
des quatre derniers exercices financiers complétés,
Radio-Québec, avec un effectif stable et avec une subvention
d'équilibre à très faible croissance, a vu augmenter son
auditoire de 76 %, son écoute de 25 %, ses productions de 56 %, ses
coproductions de 209 %, ses acquisitions de 85 %, sa diffusion de 29 % et ses
revenus autonomes de 183 %, tandis que le coût horaire de ses
émissions produites et diffusées baissait de 20 % et que 80 % de
ses téléspectateurs se déclaraient satisfaits de sa
programmation. Ces résultats n'ont été possibles que
grâce à la collaboration des artisans de Radio-Québec et je
dirai, M. le Président, de tous les artisans de Radio-Québec. Je
ne peux que déplorer profondément les articles de journaux
qu'à la suite de certaines fuites remettent en question la bonne
volonté, le travail et l'efficacité de l'immense majorité
des employés de Radio-Québec, qu'ils soient en régions ou
qu'ils soient à Montréal. Il n'existe pas dix
sociétés Radio-Québec, comme j'ai eu l'occasion de le
dire, il n'en existe qu'une et toute tentative pour diviser cette maison contre
elle-même me paraît inacceptable. Personnellement, à titre
de président-directeur général, je ne l'accepterai pas et
je défendrai l'ensemble de la société.
D'autre part, je dois vous exprimer ma profonde inquiétude quant
à l'avenir de Radio-Québec lorsque je considère non plus
les résultats du travail de ses artisans, mais bien les menaces qui
pèsent sur elle de l'extérieur. Vous comprendrez que je fais
directement allusion aux coupures budgétaires qui lui sont
imposées. Ces coupures menacent, non seulement le développement,
mais aussi la santé de Radio-Québec. 1985-1986 a
été une année marquante pour Radio-Québec à
plus d'un point de vue. Après avoir défini de façon claire
et précise, en mars 1985, ses orientations fondamentales dans un
document intitulé "Radio-Québec Maintenant", la
société avait l'occasion d'expliquer et d'illustrer ses options
tant devant le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes que devant la Régie des
services publics. Ces deux organismes de surveillance, en plus de permettre
à de nombreux citoyens de faire valoir leur point de vue, devaient
examiner de façon rigoureuse les orientations de la programmation de
Radio-Québec. Leur verdict s'est révélé en tout
point positif. Tant le CRTC que la Régie des services publics ont
reconnu tant la nature éducative que la qualité et
l'originalité de la programmation dont ils étaient saisis. Les
téléspectateurs québécois accordent
également à la société un appui sans
précédent alors que 2 600 000 d'entre eux regardent la
programmation de Radio-Québec en moyenne près de trois heures par
semaine. Ainsi, près de la moitié de la population francophone du
Québec est devenue adepte de l'"autre télévision".
Depuis cinq ans la croissance de la télévision de
Radio-Québec est remarquable. Ainsi, sa portée dans la
région métropolitaine s'élève-t-elle à 50 %
alors que celle de TV Ontario dans la région métropolitaine de
Toronto est de 25 %. De plus, le téléspectateur adulte de
Radio-Québec lui consacre pas moins d'une heure de plus par semaine que
le téléspectateur de TV Ontario ne le fait à sa
télévision éducative. Si on comparait la performance de
Radio-Québec à celle des stations du réseau P8S, nous
serions parmi les dix stations les plus écoutées de la
télévision publique américaine. Les responsables de la
télévision privée québécoise qui regardaient
jadis Radio-Québec avec une complaisance rassurée reconnaissent
maintenant la vigueur de sa croissance et l'importance de sa présence
dans le marché télévisuel québécois.
Afin de diversifier et d'enrichir notre programmation, nous avons
sollicité de la part du CRTC, en mai dernier, l'autorisation de faire de
la publicité commerciale à notre écran dans le cadre d'un
certain nombre de contraintes que nous étions prêts à nous
imposer. Le CRTC nous a permis, à la lumière des explications
données, de faire appel à cette publicité. La
publicité, qui se limite à six minutes à l'heure, en
incluant nos autopromotions, et qui n'interrompt pas les émissions, nous
a permis de recueillir, à partir du mois de septembre 1986, la somme de
2 200 000 $. Les sommes ainsi produites serviront à enrichir la
programmation et non pas à soutenir nos infrastructures administratives
et techniques.
Grâce à la qualité et la popularité de nos
émissions, d'une part, et d'une gestion rigoureuse, d'autre part, tant
au national qu'en régions, il n'existe pas à l'intérieur
de cette société des bons, d'une part, et des méchants,
d'autre part.
Radio-Québec offre aux Québécois en 1986, sur 91, 4
% du territoire du Québec, une programmation extrêmement
diversifiée qui coûte aux téléspectateurs de
Radio-Québec la somme de 0, 45 $ par semaine pour une grille de 80
heures, ou de 0, 06 $ pour une journée de dix heures. Ainsi, pour un peu
moins de 0, 07 $ par jour, le téléspectateur de
Radio-Québec peut
regarder, dans le confort de son foyer, des émissions comme
téléservice, Droit de parole, Passe-Partout, Retraite-action,
Parler pour parler, les cinémas du samedi et du mardi, les documentaires
scientifiques, les émissions de trois universités
québécoises, les émissions du ministère de
l'Éducation et bien d'autres. Pour un coût extrêmement
modeste par téléspectateur, nous offrons une gamme
complète d'émissions éducatives, tant en éducation
populaire qu'en éducation formelle, très appréciées
par les téléspectateurs de toutes les régions du
Québec.
Je viens d'évoquer pour vous le côté positif du
paradoxe que constitue la situation de Radio-Québec aujourd'hui. L'autre
côté du paradoxe est l'impact inquiétant de la coupure
draconienne imposée par le gouvernement à notre
télévision en plein essor. Des hypothèses ont
été élaborées par un comité ad hoc
créé par le conseil d'administration de Radio-Québec. Le
conseil a été saisi des propositions du comité lors de sa
réunion extraordinaire du 11 avril dernier et a pris deux
décisions dont nous sommes à analyser les impacts. Il est
impérieux pour la qualité du service offert par
Radio-Québec à des millions de Québécois que les
coupures épargnent la programmation elle-même qui est la raison
d'être de Radio-Québec. Nous osons espérer que la
santé de l'"autre télévision" ne sera pas gravement
atteinte ni à court ni à moyen terme par les compressions que
nous avons à appliquer.
Portons maintenant notre regard vers l'avenir de Radio-Québec.
Après avoir subi, comme de nombreuses autres instances gouvernementales,
l'impact des coupures en 1986 et après avoir effectué les
redressements et modifications qui s'imposent, il est de l'intérêt
vital pour notre télévision qu'elle puisse poursuivre sa course
sans ponctions supplémentaires.
Une entreprise de l'envergure relativement modeste de notre
télévision ne saurait occuper une place importante dans le monde
de la télévision au Québec sans un soutien public, stable
et significatif. Une dégradation inévitable de la programmation
elle-même provoquée par une diminution de la subvention
gouvernementale signifierait un service éducatif et culturel amoindri
tant dans ses contenus que dans son attrait auprès de la population. La
spécificité de notre télévision s'effriterait et
l'environnement télévisuel québécois en serait
grandement appauvri. Les milieux de l'éducation et de la culture
seraient également atteints.
L'extrême modestie des coûts de Radio-Québec par
téléspectateur, soit moins de 0, 07 $ par jour - je ferai
remarquer, M. le Président, que nous parlons des
téléspectateurs; si nous parlions de l'ensemble des
Québécois, ce coût serait la moitié moins
élevé - nous semble légère en comparaison du
coût culturel et social très lourd d'une éventuelle
dégradation de notre télévision. Nous, à
Radio-Québec, et de nombreux citoyens avec nous, comptons sur la sagesse
de nos gouvernants pour nous assurer un avenir stable et un
développement nécessaire. Nous ferons tout en notre pouvoir pour
assurer une gestion rationnelle et serrée et pour offrir aux
Québécois et Québécoises une autre
télévision de qualité, originale et vigoureuse.
Le Président (M. Trudel): Merci. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Johnson.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Je n'ai pas du tout l'intention de couper
l'intervention de Mme la députée de Johnson, mais je me demande
si elle serait d'accord, puisqu'elle m'a posé des questions en Chambre
là-dessus, pour me permettre d'inviter le P. -D. G. de
Radio-Québec à offrir et à partager avec les membres de la
commission parlementaire son évaluation de l'hypothèse qui a
été adoptée, dans un vote extrêmement serré,
par le conseil d'administration, vendredi dernier. Par contre, si elle
préfère poser des questions -c'est une façon de le faire -
je pense qu'il vaudrait mieux savoir quelle est la base de la discussion.
Mme Harel: On aimerait mieux commencer par un débat
général.
Une voix: Oui.
Mme Harel: M. le Président, je pense qu'il serait
préférable de commencer par un débat général
et, par la suite, nous arriverons aux hypothèses.
M. French: M. le Président, je ne veux rien dicter
à la commission. Je me rallie à la décision. Je suis
prêt à le faire de la façon que les membres pensent la plus
valable.
Le Président (M. Trudel): Nous convenons de passer environ 30
minutes sur un débat général. M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je pense qu'il est
fondamental, lors de l'étude des crédits à cette
commission, d'avoir l'occasion de s'exprimer sur des considérations
d'ordre général, sur le problème que vous connaissez et,
par la suite, je pense qu'on pourra préciser ou aborder soit des
commentaires, soit des questions, soit des perceptions des différents
intervenants, que
ce soit du ministre ou d'autres personnes, sur l'une ou l'autre des
hypothèses. Je ne serais pas d'accord à ce moment-ci de fixer
tout de suite une limite. On est entre nous; on peut réévaluer
après un certain temps si on poursuit le débat sur les
considérations générales avant de statuer
immédiatement sur une limite de temps.
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Abitibi-Ouest, puis-je me permettre de vous suggérer la
procédure suivante? Sans nous donner 30 minutes, commençons par
30 minutes et, après cette période de 30 minutes,
réévaluons la situation afin que, si le débat n'est pas
terminé, nous puissions le poursuivre.
M. Gendrorv C'est sage, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): D'accord., Mme la
députée de Johnson, je pense, a demandé la parole.
Ensuite, ce sera au tour de Mme la députée de Maisonneuve, Mme la
députée de Chicoutimi et M. le député de
Saint-Jacques, dans l'ordre. Mme la députée de Johnson. (16 h
45)
Discussion générale
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Premièrement,
je voudrais dire à M. Girard, le président-directeur
général, qu'il ne comparaît pas devant la commission. Nous
l'attendions avec impatience. Nous avions hâte de l'entendre. Nous vous
remercions énormément d'avoir dit votre fierté de ce
qu'est Radio-Québec. Nous voulons aussi saluer tous les travailleurs de
Radio-Québec, tous les téléspecteurs, enfin tous ceux et
celles qui profitent de Radio-Québec. Nous sommes fiers de notre station
de radiotélévision du Québec.
Cela dit, M. Girard, je pense que cela doit être clair entre nous.
Ce que nous souhaitons c'est de trouver un moyen clair, net et précis de
conserver ce que sont nos régions pour Radio-Québec. C'est
très important que chacun fasse un effort collectif pour trouver un
moyen de sauver nos régions. C'est à cette question
qu'aujourd'hui tous et chacun sommes sensibles puisque cela nous rejoint
énormément. Cela est à peu près le seul moyen, la
télévision éducative, de recevoir en régions
éloignées les bénéfices d'une
télévision éducative. Nous ne voulons aucunement faire le
procès de qui que ce soit. Nous voulons seulement que nos régions
puissent profiter, comme Montréal ou les grands centres, de ce qu'est
une radiotélévision éducative comme
Radio-Québec.
Nous allons faire tout notre possible pour qu'ensemble on trouve un
moyen de sauver nos régions. C'est ce qui compte, sauver nos
régions. Nous pourrons certainement trouver ensemble un moyen de le
faire. Il y a déjà sur la table une décision du conseil
d'administration qui est à mon point de vue fort valable. Il serait
peut-être important de se rasseoir et de voir ce qu'on pourrait trouver
si les décisions ne sont pas ce que les ministres souhaiteraient. Mais
je pense que l'important, les régions le savent, c'est qu'elles doivent
rationaliser. Je ne pense pas qu'elles soient en contradiction avec ceci. Ce
qu'elles souhaitent, elles, et ce que nous souhaitons, nous, c'est de sauver
nos régions.
M. French: M. le Président, si vous me permettez. Je ne
veux pas couper la parole à M. Girard. Il pourra répondre. Je
voudrais tout simplement indiquer à Mme la députée
où on en est si elle me le permet. Lorsque j'ai demandé au
conseil d'administration de faire les compressions que le gouvernement se voit
dans la nécessité de demander à Radio-Québec, j'ai
demandé que deux critères soient respectés, soit que les
revenus publicitaires aillent uniquement dans la programmation et,
deuxièmement, que la capacité de produire la programmation soit
respectée et soit protégée dans la mesure du possible.
 la suite de la démarche qu'on connaît, on a
constaté l'existence d'un groupe de travail composé des individus
de Radio-Québec travaillant en régions et d'un autre
composé des individus travaillant au siège social, ainsi que
l'incapacité de s'entendre entre les deux groupes. À la suite de
cette incapacité de s'entendre, la réunion du conseil
d'administration de Radio-Québec a eu lieu vendredi dernier. Neuf
membres, en l'occurrence les neuf membres des comités régionaux
de Radio-Québec, ont offert une hypothèse de solution. Ils n'ont
pu attirer aucun autre membre du conseil d'administration pour les appuyer.
Comme je l'ai indiqué en Chambre, le vote a été 9 pour, 8
contre, 2 abstentions et 2 absences.
Ce qui préoccupe le gouvernement à ce moment-ci c'est de
s'assurer que les compressions budgétaires soient faites et que, d'autre
part, la programmation de Radio-Québec ne soit pas indûment
affectée. Vous comprendrez qu'à l'intérieur d'une maison
aussi complexe que Radio-Québec il faut être pas mal expert pour
évaluer les impacts des différentes hypothèses de
solution.
Puisqu'on m'a demandé d'attendre parce qu'on est encore au
général, je ne vais pas donner les détails de l'analyse
parce que les gens veulent parler en général. J'essaierai donc de
vous dire où en est le gouvernement à ce moment-ci. Le
gouvernement va vouloir avoir l'assurance du P. -D. G. de Radio-Québec
que la capacité de faire la programmation ne va pas indûment
être affectée et que toutes les coupures d'infrastructures
possibles ou
raisonnablement possibles soient faites avant que la capacité de
faire la programmation soit affectée.
Sans donner les détails, le gouvernement n'est pas encore
convaincu que ce soit le cas. Il faut donc discuter, avec les membres de la
commission, avec les gens de Radio-Québec, de la façon dont on
peut arriver à une solution qui va répondre à tous les
besoins, soit le besoin d'effectuer des compressions d'une certaine
façon, ce qui est, je pense, très défendable parce que
cela vise d'abord et avant tout le téléspectateur et non pas un
groupe d'employés ou un groupe de personnes en particulier et d'autre
part, la capacité de préserver une présence
régionale légitime et importante pour le Québec. C'est
ça qui est le défi. Si cela vous convient, Mme la
députée, il me fera plaisir que M. Girard vous réponde,
mais je voulais faire cette mise au point puisqu'on en est au stade des
généralités. Voilà la situation.
Je constate en deuxième lieu, cependant, que le mécanisme
de prise de décisions qu'est le conseil d'administration actuel fait
preuve de failles assez majeures. Il y a eu une crise sous le gouvernement
précédent au sein du conseil d'administration, qui a
occasionné des démissions, des remplacements de membres sous le
gouvernement précédent, dont on a un vif souvenir, et, d'autre
part, il y a un autre problème important, cette année que je
constate à ce niveau aussi.
J'ai dit tout cela sans préjugé envers les structures. Je
dis cela vis-à-vis de la compostion du conseil d'administration qui me
paraît trop grand et difficilement efficace.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Oui. Les résultats du vote que vous avez
donnés, M. le ministre, s'appliquent à la deuxième
proposition. La première proposition, celle qui est la plus importante,
a fini par un vote de 11 pour, 8 contre, 1 abstention. Cette première
proposition était la plus importante, je le répète, et se
lisait comme suit: "Dans le cas de la compression budgétaire
imposée à Radio-Québec pour 1986-1987, il est
proposé que cette compression soit effectuée en maintenant les
structures régionales et nationales existantes. " Le résultat du
vote n'est vraiment pas celui que vous avez donné. C'est clair, net et
précis.
M. Girard: C'est effectivement la question fondamentale. Je
voudrais par ailleurs, au point de départ, faire quelques remarques
générales en réponse aux questions de Mme la
députée. Il n'a jamais été question que l'ensemble
de la programmation de Radio-Québec ne soit pas diffusé sur
l'ensemble du territoire. On semble confondre les structures régionales
et le réseau d'antennes. Si nous avons un réseau d'antennes, ce
n'est pas parce que nous avons des structures régionales. Si nous avons
un réseau de dix-sept antennes émettrices et
réémettrices, c'est parce que nous couvrons 92 % du territoire
québécois. Donc, ce premier point doit être très
clair. Quelle que soit la solution retenue, l'ensemble de la programmation de
Radio-Québec sera diffusé 3ur l'ensemble du territoire.
La deuxième remarque, la direction générale de
Radio-Québec n'a jamais remis en question la programmation
régionale. Cela aussi est un fondement de "Radio-Québec
Maintenant", c'est-à-dire que les orientations, les
développements doivent porter, non pas sur les structures, mais sur la
programmation» Si nous avons demandé au CRTC et obtenu du CRTC la
permission d'avoir recours à la publicité suivant les contraintes
que nous nous sommes imposées, c'est pour affecter ces revenus
additionnels autonomes de la société à la bonification de
notre programmation. Donc, ces deux principes doivent être clairs.
L'ensemble de la population du Québec continuera de recevoir l'ensemble
de la programmation de Radio-Québec, et les revenus autonomes doivent
être affectés à la bonification de la programmation. La
première décision du conseil d'administration va à
rencontre de ces principes fondamentaux. Je dois dire à la commission
parlementaire ce que j'ai dit au ministre des Communications, c'est qu'un P.
-D. G. d'entreprise doit être respectueux des décisions de son
conseil. Mais, lorsqu'il comparaît devant une commission parlementaire,
il n'a pas à abdiquer son intelligence. Il n'a pas à abdiquer ses
connaissances de la maison qu'il dirige. Et une recommandation qui
privilégie les structures par rapport à la programmation est une
recommandation qui n'est pas acceptable parce qu'on parle des structures
existantes. Nous pouvons arriver à des structures qui respecteraient
certains principes fondamentaux, mais qui ne seraient pas nécessairement
les structures existantes.
Il y a un article ce matin dans un journal qui fait état de la
tournée que j'ai faite. Je trouve déplorable, pour ne pas
utiliser des mots plus forts, qu'on ait fait couler ce document. J'ai pris la
peine de rencontrer tous les employés de cette maison pour
connaître leur point de vue. C'était des réunions
informelles où les gens ont parlé en toute franchise, en toute
ouverture. J'ai dit qu'à la suite de cette tournée nous
préparerions un document et ce document aura pour effet de modifier les
structures au national.
Donc, je ne peux pas accepter une recommandation qui privilégie
les structures
tant au national qu'au régional au détriment de la raison
d'être fondamentale de Radio-Québec qui est de dispenser à
l'ensemble des citoyens québécois une programmation de
qualité.
De plus, dans les propositions que nous avons faites, et cela n'a pas
été rapporté, nous avons toujours maintenu le volet de
programmation régionale destinée à l'ensemble du
réseau. Ce dont il est question, c'est bien de structure et non pas de
programmation. Or, une télévision ne vit pas de structure, elle
vit de programmation.
M. French: M. le Président, est-ce que vous me permettriez
d'ajouter quelques commentaires très courts?
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Je voudrais ajouter, au sujet du P. -D. G. et de ses
démarches, - j'ai omis de le mentionner et je devrais le faire, -que ce
qu'il a livré ici en termes de diagnostic dans la situation
budgétaire de Radio-Québec, avant la question des compressions,
n'était qu'une version expurgée de ce qu'il a offert au
gouvernement lorsqu'il a appris l'ampleur des compressions budgétaires.
Donc, nous avons eu droit, de la part de M. Girard, à une défense
de Radio-Québec qui était aussi droite, aussi claire et aussi
liminaire que ce qu'il vient de nous donner comme diagnostic de la situation
actuelle envers les démarches pour effectuer les compressions
budgétaires. Je crois que cela doit être dit et dit
publiquement.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Étant donné que tous mes
collègues souhaiteraient intervenir, je pense que je vais passer la
parole au suivant. Par après, je reviendrai.
Le Président (M. Trudel): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je pense qu'on doit
convenir que le problème qui est devant nous n'est pas d'abord celui des
modalités de répartition de la compression, mais bien celui de
l'ampleur de la compression. Je pense que c'est le premier problème qui
doit être examiné par les membres de cette commission lors de
l'étude des crédits de Radio-Québec.
Il me semble que le paradoxe le plus important est celui exprimé
par le ministre des Communications qui nous a fait savoir que le gouvernement
voulait obtenir l'assurance que la capacité de faire la programmation ne
serait pas affectée par les coupures et l'assurance que la
présence régionale légitime serait maintenue. Je pense que
le paradoxe c'est que le gouvernement ne s'est pas assuré, avec
l'ampleur de ses compressions, qu'il pourrait obtenir cette assurance d'une
capacité de faire la programmation et cette assurance d'une
présence régionale légitime.
J'invite les membres de la commission des deux côtés de
cette Chambre à manifester, avec toute la vigueur qu'ils peuvent, le
point de vue des commettants de leur région respective. Il nous faut
convenir que l'ampleur est démesurée. C'est là le
principal niveau de problème. C'est l'ampleur qui est
démesurée. On dit souvent que le paradoxe est une apparence de
contradiction. M. le président-directeur général nous
avait parlé d'une situation de paradoxe.
C'est assez étonnant qu'au moment où. Radio-Québec
est de plus en plus écoutée et de plus en plus aimée par
ceux et celles qui l'écoutent elle est en proie à une situation
qui peut affaiblir la programmation qu'elle présente aux
Québécois et aux Québécoises. Je pense qu'il faut
reconnaître que, dans le contexte culturel et linguistique qui est le
nôtre, c'est une performance remarquable que celle que l'on peut
constater avec Radio-Québec. (17 heures)
Ce à quoi on assiste justement, je pense qu'il faut s'en
réjouir et s'en féliciter, c'est que le volume du son est
très élevé contre cette coupure. Il l'est autant dans les
régions, je pense... II y a toujours évidemment le
phénomène de l'anonymat de la grande ville mais je peux vous
assurer que, comme députée d'une circonscription
montréalaise, bien des gens ont manifesté -cela m'a
étonnée d'une certaine façon, parce que le choix à
Montréal est tellement vaste - et bien des gens m'ont fait
connaître le plaisir qu'ils ont de syntoniser Radio-Québec.
J'aimerais savoir de la part du ministre, d'abord, si la ponction, c'est
une situation qui est... si, pour les recommandations qui ont été
faites, puisqu'il a été certainement consulté quant aux
compressions à réaliser, il a été partie prenante
à la décision gouvernementale?
M. French: M. le Président, je suis heureux que la
députée de Maisonneuve souligne l'importance de
Radio-Québec et ses succès. Ces succès, je le ferai
remarquer à la députée de Johnson et à certaines
autres personnes, datent d'une façon importante de l'arrivée du
P. -D. G. actuel à Radio-Québec. Les coupures budgétaires,
les compressions budgétaires découlent d'une situation
financière du gouvernement qui est pénible. Je pense que tout le
monde le sait. Elle trouve son parallèle dans la démarche du
gouvernement du Canada vis-à-vis de Radio-Canada au sujet de laquelle on
lit autant sinon plus par les temps qui courent. C'est
un commentaire assez pénible à faire à mon sens
vis-à-vis des moyens de s'offrir ce que l'on veut s'offrir comme
services culturels, éducatifs, télévisuels,
radiophoniques.
Je suis certainement solidaire du gouvernement. Je ne fais pas la
démarche que je suis obligé de faire auprès de
Radio-Québec de gaieté de coeur. Je n'ai pas l'intention de vous
dire qu'à Radio-Québec il y a énormément de
gaspillage, que se serait facile de trouver les 6 800 000 $ que le gouvernement
demande, que cela aurait dû être fait il y a longtemps. Je ne dirai
pas que Radio-Québec pourrait réaliser son mandat avec la
moitié de son personnel, comme certaines autres personnes ont
déjà dit. Je ne ferai pas état de mes états
d'âme aux journaux au sujet de Radio-Québec, même si
certaines personnes l'ont déjà fait avant moi. Mais je reconnais
la non-négociabilité de la compression budgétaire dans le
contexte financier dans lequel le gouvernement se trouve. Ces
négociations, on les a amorcées, on les a perdues. Le P. -D. G.
les a amorcées avec moi, moi je les ai amorcées avec les
autorités financières du gouvernement. J'ai eu des conseillers
financiers qui ont abouti finalement avec la réalité brutale que
je n'aime pas mais que je dois accepter, en tant que membre du gouvernement
avec lequel je suis solidaire, soit la nécessité de trouver 6 800
000 $ à l'intérieur du budget de Radio-Québec sur une base
de deux années financières.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, avez-vous quelque chose...
Mme Harel: M. le Président, l'argument, la plaidoirie du
ministre consiste à nous dire que Radio-Québec, comme les autres,
d'une certaine façon... Je lui demande pourquoi Radio-Québec plus
que les autres?
M. French: Plus que quels autres, Mme la
députée?
Mme Harel: En fait, plus que l'ensemble des autres
activités du ministère et du gouvernement. Je crois que
Radio-Québec est l'objet d'une compression majeure.
M. French: Non, je m'excuse, Mme la députée, ce
n'est pas vrai. Le ministère des Relations internationales a
certainement subi des compressions budgétaires plus grandes que
Radio-Québec. Je crois également que le ministère du
Tourisme, bien que je dise cela sous toute réserve, a subi des
compressions budgétaires plus grandes que Radio-Québec.
Mme Harel: Alors, c'est l'égalité dans la
malchance. Il faudrait que Radio-Québec...
M. French: Non, ce n'est pas moi qui ai soulevé les
parallèles, c'est vous Mme la députée. If misery loves
company, il y en a de la compagnie pour Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi, toujours sur le débat général dont on a
discuté.
Mme Blackburn: Oui, d'ordre plus général. M. le
Président, je vous remercie et je voudrais d'abord commencer par saluer
le président-directeur général, les personnes qui
l'accompagnent et toutes celles qui sont dans la salle qui, je pense,
majoritairement viennent des régions et leur dire d'abord que cela me
fait plaisir de les rencontrer. Il me fait plaisir d'endosser les propos que
vient de tenir ma collègue, la députée de Maisonneuve, sur
la qualité de la production de Radio-Québec. C'est un dossier -
et je pensé que ceux qui sont dans la salle le savent probablement plus
encore que mes collègues - qui me tient beaucoup à coeur parce
que j'ai été, pour diverses raisons, associée au dossier
de la télévision de Radio-Québec dès la
construction de son antenne sur le mont Royal en 1972. Ce qui ne me rajeunit
pas, mais ce qui vous expliquera un peu pourquoi et dans quelle mesure
j'entends défendre ce dossier avec mes collègues, avec le caucus,
avec le porte-parole, la députée de Johnson, et que je souhaite,
comme l'a fait la députée de Maisonneuve, recevoir l'appui des
membres de cette commission, qui, si je regarde bien, sont tous, parce que nous
sommes tous de la province de Québec, intéressés par la
télévision éducative. J'éviterai de parler
exclusivement des régionaux, mais j'aurais comme le goût
d'insister sur le pouvoir d'influence, j'espère, des
députés régionaux dans ce dossier.
M. Boulerice: II y en a un qui n'est pas intéressé
à ce programme.
Mme Blackburn: Vous avez une caméra? Radio-Québec,
des fais.
Le Président (M. Trudel): C'est "l'autre"
député.
Mme Blackburn: La comparaison n'est pas assez flatteuse.
Le Président (M. Trudel): On va essayer d'éviter
les coupures de salaire.
Mme Blackburn: Le détachement du réseau.
M. Boulerice: II s'est détaché du
réseau.
Le Président (M. Trudel): Le député
était vraiment momentanément détaché du
réseau. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Vous allez me permettre de faire brièvement
un rappel parce que c'est la troisième fois que j'entends le ministre
des Communications nous dire, pour le déplorer, que la décision
qui a été prise par le conseil d'administration, est regrettable
parce que ce sont les régionaux qui se sont solidarisés. Je vous
dirais, je ne vous apprendrai rien, que ce n'est pas une erreur de parcours,
que ce n'est pas un accident si le législateur a choisi de donner un
certain pouvoir aux régionaux sur le conseil d'administration de
Radio-Québec. C'était voulu, et délibérément
voulu, parce que chaque fois que les régionaux essayaient un peu
d'inviter à plus d'ouverture sur les régions, on sentait qu'il y
avait des réticences. Donc la seule façon pour le
législateur de s'assurer qu'on ne sabre pas de façon
inconsidérée dans les régions, c'était de donner au
conseil d'administration une configuration qui permettait aux régionaux
d'avoir un certain pouvoir. Cela, je trouve que c'est important de le rappeler,
et puis j'éviterais, si j'étais à la place du ministre, de
répéter, pour la déplorer, si vous me permettez de vous le
suggérer, cette décision qui a été prise par neuf
membres du conseil d'administration issus des régions. Cela laisse
entendre qu'il y a deux catégories de membres dans ce conseil
d'administration, une catégorie dont le pouvoir serait moins important.
Je me dis que, si on avait pris une décision à l'inverse, que les
autres membres de ce conseil d'administration qui sont majoritairement soit de
l'intérieur de la boîte ou de la région de Montréal,
aient pris la décision, est-ce qu'on la critiquerait autant? Je trouve
que c'est dérangeant et que c'est peu respectueux pour les membres du
conseil d'administration.
Si on est en train, comme l'a dit la députée de
Maisonneuve, de discuter aujourd'hui de l'état de la situation et des
décisions qui ont été prises par le conseil
d'administration, c'est parce qu'on vient de faire une coupure inacceptable.
Inacceptable pour différentes raisons parce qu'on l'a illustré,
cela ne nous coûte pas cher par rapport à la qualité de la
production, par rapport à l'auditoire. Parce que la coupure qu'on est en
train d'effectuer dans ce dossier, c'est une coupure directe au dossier qui
s'appelle l'éducation. On semble oublier cela. On parle de
communications comme si on était en train de parler de, je ne sais pas,
la troisième chaîne TVA. C'est de la communication, mais c'est
d'abord et avant tout une télévision éducative. Dans le
dossier de l'éducation, juste en enseignement supérieur, c'est 52
000 000 $ qu'on a coupés, plus, si ma mémoire est fidèle,
un peu plus de 30 000 000 $ au primaire et au secondaire et vous arrêtez
à 8 000 000 $ là-dedans. Vous avez un dossier au Québec
qui s'appelle l'éducation, et dans lequel, de façon
systématique, malgré tout le discours qu'a tenu ce parti alors
qu'il était en campagne, on est en train de sabrer. C'est de cela qu'il
est question aujourd'hui.
La Parti libéral, alors qu'il était en campagne, a
commencé par dire qu'il allait mettre la clé là-dessus.
Ensuite, il s'est ravisé - on peut sortir les communiqués de
presse, on peut sortir tout le dossier - parce que, effectivement, il a
constaté qu'il y avait un tollé. L'engagement qui a
été pris au cours de la campagne, que je voudrais rappeler ici au
gouvernement, c'est qu'on conservait le budget tel qu'il était et qu'on
irait en commission parlementaire là-dessus. Moi, je n'en demande pas
plus.
Est-ce que je peux demander au ministre si cette hypothèse a
été apportée de manière que, si on estimait
à l'époque qu'on ne pouvait vraiment plus se payer cela comme
Québécois, on en discute? J'aimerais peut-être qu'on
compare ce qui se compare et dire combien nous coûte l'autre
télévision d'État per capita.
M. French: Excusez-moi, madame, vous avez fait une intervention
qui se termine avec une question qui est...
Mme Blackburn: Le P. -D. G., M. Girard, nous a dit ce qu'il en
coûtait, non pas par Québécois, mais par auditeur, pour la
production de Radio-Québec, ce qui est fort modeste. Pour que les
Québécois sachent bien de quoi on parle, qu'est-ce que nous
coûtent par Québécois les émissions de Radio-Canada?
Vous avez fait les comparaisons, j'ai déjà vu les chiffres.
M. French: On n'a pas les renseignements, Mme la
députée, je regrette. Ce serait très difficile de le
calculer parce que les données concernant Radio-Canada ne sont pas
détachées des données de CBC. Je vous dis ce que mon
ministère et Radio-Québec me disent; si vous avez d'autres
renseignements, on serait très intéressé à les
examiner.
Je voudrais cependant, si vous le permettez, répondre à un
certain nombre d'affirmations que vous avez faites parce que je pense que vous
avez soulevé des questions importantes et je voulais répondre
à un certain nombre de ces affirmations que je ne considère pas
fausses, mais qui doivent être mises dans leur contexte. Je vais me
limiter non pas à la partie proprement politique, que je vais laisser de
côté, même si je suis prêt à en faire le
débat, mais sur ce que la Législature a voulu, parce que c'est
très important.
À la fin des années soixante-dix, un projet de loi a
été présenté à l'Assemblée nationale
qui faisait un lien structurel et
systématique entre un certain nombre de bureaux régionaux
et un certain nombre de membres du conseil d'administration. Cela a
été voulu ainsi, c'est sûr. Mais ce qu'il faut quand
même examiner dans le sobre crépuscule de 1986, c'est la situation
dans laquelle l'élan de régionalisation de Radio-Québec a
été fait.
Pour ce faire, je vais vous citer un chiffre qui est extrêmement
révélateur. Dans un Radio-Québec
régionalisé, le budget attendu dans le rapport Rocher, pour 1986,
en dollars 1986, était de pas moins de 160 000 000 $. C'était
cela la conception qui existait au moment où on a commencé la
régionalisation de Radio-Québec.
Il est évident que comme société, nous ne sommes
pas dans la situation pour faire ce genre de financement de
Radio-Québec. On ne l'était pas sous le gouvernement
précédent, on ne l'est pas sous ce gouvernement-ci et on ne le
sera pas sous le gouvernement qui succédera. Quand la
députée de Chicoutimi me dit que ce n'est pas un accident qu'il y
ait une solidarité régionale, elle a parfaitement raison. La
législation, en effet - je veux qu'il sait très clair que je ne
critique pas les individus qui sont les membres régionaux du conseil
d'administration de Radio-Québec - fait en sorte que dans un certain
nombre de circonstances, il y a une espèce d'automatisme ou une
espèce de relation parfaitement naturelle de la part de ces
représentants, de voter d'une certaine façon et de veiller
à une certaine série de priorités. (17 h 15) 11 ne s'agit
pas de se poser la question à savoir si c'est la mauvaise façon.
Il ne s'agit pas de se demander si c'est la mauvaise priorité. Je pense
que c'est la priorité inévitable pour eux. C'est la bonne
priorité pour eux et cela se comprend. Il s'agit cependant de se
demande, après quelques années d'expériences
régionales et quelques années d'expériences assez
pénibles sur le plan budgétaire, si on peut et on veut et on
pense que ce serait dans l'intérêt de la maison en entier et, plus
particulièrement, du téléspectateur
québécois de continuer avec ce genre de structure et ce genre
d'instrument de prise de décision.
Le Président (M. Trudel): Si vous permettez, on avait
convenu, et je serai libéral dans mon interprétation, d'une
période de 30 minutes. Je suppose que les membres sont d'accord pour
étendre cette période de 30 minutes à... Est-ce qu'on peut
parler de 30 autres minutes?
M. Gendron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): D'accord?
M. Gendron: Je pense qu'on va être d'accord et on en
redemandera après cela si on a besoin d'allonger cette période de
considérations générales.
Le Président (M. Trudel): Alors, convenons donc d'une
autre période de 30 minutes et nous aviserons. Il sera alors 17 h
45.
M. Gardner: M. le Président, pour autant qu'après,
cela ira vite pour adopter...
Des voix: Vous avez hâte de mettre la clé
là-dessus?
Une voix: Non, messieurs, on n'a pas dit ça.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je cède maintenant la parole au député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je pense que dans
n'importe quel débat, même si on est ici pour étudier les
crédits du ministre des Communications... Moi aussi, bien sûr, je
salue tous ces gens, les travailleurs, le président-directeur
général, le ministre des Communications et ses collaborateurs.
Bravo d'être venus, bravo de venir suivre une question qui, en ce qui
nous concerne, nous apparaît fondamentale.
Je pense que dans n'importe quel débat il faut mettre dans son
contexte ce qui nous réunit et voir pourquoi on sent que dans tout le
Québec actuellement il y a une agitation très importante autour
de la question qu'on a à débattre. Il faut rappeler cela dans son
contexte. Et le contexte est simple. Même si on pouvait faire toutes
sortes d'histoires et d'historiques, c'est que le président-directeur
général de Radio-Québec communiquait récemment son
intention de mettre fin à la régionalisation de
Radio-Québec. C'est cela le débat et c'est ce dont on doit
discuter.
Le président-directeur général, à une
réunion du conseil d'administration le 21 mars, voulait annoncer la
fermeture de toutes les régions administratives de Radio-Québec
et la centralisation des activités et des installations au siège
social à Montréal. On part de là. C'est le débat de
fond. Quelle est la toile de fond dans ce dossier? La toile de fond dans ce
dossier, M. le Président, c'est qu'il faut rapidement décider si
Radio-Québec, comme télévision éducative, doit
être une télévision conventionnelle au même titre que
les grandes chaînes. Est-ce que cela doit ressembler à
Radio-Canada et être capable de faire concurrence à Radio-Canada?
Je pense que la discussion n'est pas longue. C'est non. Est-ce que cela doit
éventuellement faire concurrence à TVA? C'est non. Ce n'est pas
sa vacation, ce n'est pas sa responsabilité. Radio-Québec ne
sera
jamais en mesure de faire concurrence aux grandes chaînes de
télévision, pas plus à la nouvelle chaîne
Quatre-Saisons.
Et nous, de l'Opposition, nous avons compris que Radio-Québec
doit être une télévision éducative non
conventionnelle. Cela est fondamental dans la toile de fond. À partir du
moment où elle doit être une télévision dite non
conventionnelle, il est normal qu'elle soit dirigée différemment
des chaînes traditionnelles avec une société d'État
forte, pesante, omniprésente dans les grands centres puisqu'on sait nous
aussi où est la population.
J'entendais tantôt le président-directeur
général - et je n'en reviens pas - dire: Ecoutez, les
régions, l'important c'est la programmation. On n'est pas pour faire un
débat de structures et considérer qu'on a
énormément de temps à mettre dans les structures. Je pense
que les régionaux, eux, ont compris que s'ils n'étaient pas
associés aux structures, s'ils n'étaient pas associés
à la prise de décision, s'ils n'avaient pas cette occasion, cette
capacité d'infléchir le contenu de la programmation un tantinet,
un petit peu, quand bien même ce serait tout juste pour donner un petit
peu de contenu régional, de donner un petit peu de vécu des
régions du Québec à l'intérieur de la programmation
de Radio-Québec... Les régionaux tiennent à cela comme ce
n'est pas possible et, bon sang,, qu'ils ont raison!
Je pense qu'il faut leur donner cette capacité
d'infléchir, comme je l'ai mentionné tantôt, un petit peu
les orientations du conseil d'administration. Que je sache, c'est le P. -D. G.
et cela ne s'adresse pas du tout contre la personne... Je pense que M. Girard a
de très grandes qualités, mais M. Girard est le
président-directeur général d'une boîte,
société d'État, et l'État québécois a
convenu, par voie législative, qu'il y aurait un conseil
d'administration, mais composé de ces deux tendances, de ces deux
orientations qu'on sent très présentes. Il ne faut pas être
grand devin pour se rendre compte que devant l'exigence d'une compression
budgétaire, certains ont décidé qu'il fallait la
répartir. Je le sais, je ne l'aime pas non plus la compression de 8 000
000 $. Je trouve qu'on a perdu beaucoup trop vite la capacité de faire
valoir que, s'il y a une instance qui aurait dû être soustraite de
cet effort qu'on lui demande, c'est bien une télévision
éducative dans un contexte où elle était en progression
par rapport à l'intérêt qu'elle crée au niveau de
l'ensemble des Québécois et des Québécoises,
qu'elle commençait à avoir réglé ses
problèmes de composition de conseil d'administration et de toutes sortes
de comités dans les régions. Il me semble qu'elle
commençait à avoir une certaine stabilité progressive,
intéressante, qu'elle commençait à marquer d'une
façon définitive sa place dans les régions du
Québec, et les régionaux commençaient à
apprécier Radio-Québec pour ce qu'elle faisait et,
également, sa présentation d'un contenu régional.
Dans ce sens-là, M. le Président, je pense qu'on peut
faire de très longs discours et de très longs débats, mais
il faut que les tenants de la défense des intérêts
régionaux s'expriment et disent clairement au ministre des
Communications qui, finalement, a la responsabilité... Je trouve
absolument sans précédent et absolument inconvenant. et
irrespectueux pour les régionaux de dire: Dans le fond, le
problème c'est juste parce que le résultat du vote des neuf
membres régionaux n'a pas su attirer la sympathie des autres membres du
conseil d'administration qu'on a un drame parce que si les autres avaient
compris, on n'aurait pas ce problème-là. Cela n'a pas de bon sens
de n'avoir pas plus de respect que cela pour les régionaux. La loi a
prévu que, dans le conseil d'administration il y aurait des porte-parole
régionaux qui viendraient discuter avec les instances nationales pour
refléter, pour maintenir cette dynamique dans une
télévision qui, par loi, a une responsabilité
différente et non conventionnelle d'offrir un produit éducatif
avec un contenu différent de ce qu'on est habitué de voir des
autres chaînes. C'est pour cela qu'on l'a appelée "l'autre
télévision".
Si on essaie, dans la toile de fond, de la rendre pareille et rapidement
de tout rapatrier au central, d'éliminer - je vais le dire comme je le
pense - les "fatiganteries" des régionaux, les exigences qui paraissent
des fois inutiles des régionaux... Je n'en suis même pas aux
coûts parce qu'on pourrait faire un bon débat quant aux
coûts et faire la preuve que, sur bien des éléments, c'est
pas mal moins dispendieux en région que ce à quoi on assiste.
C'est peut-être dommage qu'un document ait coulé. Je comprenais le
P. -D. G. qui disait tantôt: C'étaient des discussions internes.
Les gens ont parlé ouvertement de bonne foi... Probablement qu'ils ont
dit la vérité aussi. S'ils ont parlé ouvertement et de
bonne foi et qu'ils ont dit la vérité, ils ont dit que des choses
se passaient au central, qui coûtaient très cher pour pas beaucoup
de résultats.
II me semble que, dans la proposition qui a été
ratifiée par le conseil d'administration de la société...
Je connais un peu ce qu'est le mandat d'un conseil d'administration. Ils ont
analysé, ils ont regardé cela d'un bord et de l'autre et ils ont
pris une décision qui, à ma connaissance, respecte les objectifs
de la loi, l'intégralité de la loi, la nécessité de
conserver la place des régionaux, la dimension régionale.
Ce n'est pas juste une question de contenu. Je pense qu'il faut que les
régionaux demeurent dans la structure et soient associés dans la
structure. Je veux bien que le ministre des Communications
nous dire: II faut regarder comment "opéra-tionnaliser" la
compression. Cela ne me fait rien si j'ai ta garantie que le ministre aura la
version des deux côtés de la table dans
I'"opérationnalisation" de la compression. J'ai lu attentivement le
document qui a été présenté, comme vous l'avez
mentionné, par les tenants de la thèse régionale qu'on a
appelé "Propositions de répartition de la compression
budgétaire dans le cadre du maintien des structures nationales et
régionales de Radio-Québec", puisque la position des
régionaux, la première proposition qui a passé, ce n'est
pas tellement la modalité, c'est de dire carrément, sur le
principes Nous voulons maintenir les structures régionales et
nationales. C'est la décision du conseil d'administration. Cela
m'apparaissait utile et fondamental.
Vous avez dit, M. le ministre: Il faudra que je demande au P. -D. G.
comment cette affaire-là s'opérationnalise". Le P. -D. G. a le
droit d'avoir les convictions qu'il a, c'est lui qui est P. -D. G. de la
boîte, sauf que c'est pas mal clair. Ce n'est pas la première fois
qu'il s'exprime là-dessus. Avant même le débat, il a dit:
Ce qui est plus facile à gérer et à administrer, c'est de
me débarrasser des "fatigants" en région parce que si je pouvais
complètement contrôler ma boîte au central, je n'aurais plus
ces difficultés de subir la présence de régionaux qui,
constamment» veulent effectivement que la société
d'État Radio-Québec ait des préoccupations pour s'assurer
qu'il y a du contenu régional.
Je pense, M. le Président de la commission, que si on n'a pas
dans notre tête cette toile de fond, on fausse et on rate le
débat. Dans les remarques préliminaires, au-delà des
chiffres, parce que je pense qu'on pourrait prendre des heures... J'entendais
un collègue du gouvernement dire: Cela presse de passer au plus vite
pour regarder les colonnes. Ce n'est pas juste regarder des colonnes qu'un
gouvernement doit faire. Il a d'autres responsabilités. Actuellement, il
y a un débat de fond et, contrairement à tout ce que vous avez
annoncé, durant la campagne électorale, comme ma collègue
le disait, c'est un virage sans précédent non pas à 190
degrés - cela n'existe pas - mais à 500 degrés minimum.
C'est un virage qui n'a pas de bon sens parce qu'il va à l'encontre de
l'esprit de la loi de Radio-Québec qui permettrait, telle qu'elle a
été adoptée par le conseil d'administration... si jamais
vous n'avez pas cette capacité, M. le ministre, de faire comprendre le
bon sens à vos collègues... Vous avez dit: Écoutez! Je
tiens les 8 000 000 $ pour acquis. Nous, on pense que cela n'a pas de bon sens,
mais ce n'est plus nous, an n'est plus là, il y a eu un changement le 2
décembre et cela paraît en "sacre monde" depuis ce temps, mais pas
dans le bon sens, pas dans le bon sens en ce qui me concerne.
M. le Président, je voulais faire ces remarques d'ordre
général d'autant plus que, comme par hasard - c'est ce qui m'a
étonné le plus - on annonce la régionalisation. La coupure
est de 8 000 000 $ et quand on regarde les chiffres, c'est à peu
près ce que coûte la régionalisation. Il serait
peut-être bon d'éclairer cela aussi. Je pense que l'importance
pour l'ensemble des membres de cette commission, y compris les gens du
côté ministériel, c'est de se demander: Est-ce que, sous
prétexte d'un contexte budgétaire plus difficile, plus
serré, on va sacrifier une télévision éducative qui
s'est développée, qui a progressé et qui a permis
effectivement, surtout aux régions du Québec, d'avoir enfin un
peu d'alternatives? Je pense en particulier à ma région, en
Abitibi-Témiscamingue, Je vous dis que nous autres, on comprend ce que
cela veut dire "l'autre télévision", parce qu'il n'y en a pas
d'autres. On ne peut pas se brancher sur 25 canaux. On en prend un, c'est
Radio-Nord. On change, c'est Radio-Nord et l'autre, c'est encore Radio-Nord.
Donc, il nous reste l'autre télévision, la vraie
télévision qu'on appelle Radio-Québec. Je veux qu'elle
reste et les régionaux veulent qu'elle reste, mais pas uniquement avec
un contenu de programmation venant du central.
Je vous cite intégralement: Les régions veulent qu'on leur
expédie la programmation. Elles veulent recevoir la programmation du
central. Je ne veux pas recevoir juste la programmation du central. Je veux que
les régionaux aient l'occasion de temps en temps - je l'ai dit
tantôt, même si seulement cinq minutes par semaine; là,
j'exagère - de voir quelques productions régionales. Chez nous,
on a des choses à dire en termes de télévision
éducative. On pense que les régions du Québec, pas juste
la mienne, les autres régions du Québec, ont des choses à
montrer, des choses qui ont un caractère spécifique et qui
reprennent notre spécificité régionale. Sur le plan de
l'évolution d'une communauté, toujours en éducation, c'est
capital, c'est important.
Je pense que le débat doit être pris dans ce sens-là
et je vous exhorte, M. le ministre, en conclusion, à tenir compte de
cette dimension. En ce qui me concerne, moi le chapeau du régionalisme,
je ne le porte pas uniquement quand il y a une crise. Je le porte depuis que je
fais de l'action politique et je vais continuer à le porter. Ce n'est
pas parce qu'il y a des difficultés budgétaires qu'on va
sacrifier une évolution, un avancement de quelque chose qui, enfin, a
donné un peu de retour aux régions du Québec par rapport
à l'immense effort que les régions font dans l'apport du produit
national brut en termes de contribution économique. Les richesses de
base du Québec ne sont pas
dans les grands centres. Les richesses naturelles sont dans les
régions du Québec. Dans ce sens-là, on pense que notre
facture, cela fait longtemps qu'on l'a payée dans les contributions. Si
on a une chance par Radio-Québec d'avoir un peu de retour, il va falloir
que cela reste. M. le Président, merci.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre, voulez-vous...
M. French: Oui, j'aimerais répondre et, par la suite, je
vais inviter M. Girard à faire un certain nombre de commentaires.
J'apprécie beaucoup l'intervention du député
d'Abitibi-Ouest et je vais dire pourquoi. D'abord, parce qu'il a
mentionné sa compréhension de mes réserves quant à
la décision de vendredi dernier. Donc, il me donne l'occasion d'inviter
M. Girard à expliquer les problèmes qui découlent de
l'hypothèse qui a été soumise dans cette situation par les
neuf représentants des régions, que je vais faire
momentanément. Aussi parce qu'il a dit un certain nombre de choses que
je considère extrêmement fondamentales. Il a dit que le ministre
doit entendre les deux côtés et non pas se fier uniquement
à une seule version, je peux lui dire et je peux lui donner l'assurance
que j'entends les deux versions, j'entends les deux versions de l'Opposition,
j'entends les--* deux versions de mes propres collègues, j'entends les
deux versions du député de Matapédia plus
particulièrement et également du député
d'Abitibi-Ouest, de Mme la députée de Chicoutimi et Mme la
députée de Johnson. (17 h 30)
Néanmoins, j'ai la responsabilité claire et nette de
m'assurer que, d'une part, la compression budgétaire de 6 800 000 $ sur
deux ans est mise en application et, d'autre part, que la capacité de
faire de la programmation de qualité, qui va attirer les
Québécois, soit préservée au maximum. Je pense que
ce qu'a dit le P. -D. G. à un moment donné est assez fondamental:
Les structures en soi ne sont pas la raison d'être de
Radio-Québec, c'est la programmation, les téléspectateurs
sont les personnes clés.
J'ai l'intention d'entendre les deux côtés. Je n'ai
certainement pas l'intention de me rallier à une seule version, à
une seule vérité. II y a une vérité dans l'histoire
de Radio-Québec, c'est qu'il y a 56 vérités et chacun la
possède et elles sont toutes différentes. C'est ce que constate
le ministre des Communications après avoir entendu depuis un mois ou
deux les versions différentes de tout le monde sur
Radio-Québec.
Il y a une autre chose extrêmement importante que je veux
souligner et que je considère fondamentale. Le député a
mentionné que lorsqu'il syntonise d'autres télévisions, il
n'y en a pas d'autres télévisions. Cette image d'une personne
dans une région comme l'Abitibi qui tourne le bouton, cela me touche. Je
vous dis tout de suite que cela me touche beaucoup. Il n'est aucunement
question, d'abord, qu'il n'y ait pas de programmation régionale à
Radio-Québec. Et, deuxièmement, il n'est aucunement question que
92 % des Québécois qui reçoivent actuellement
Radio-Québec se voient coupés de Radio-Québec. Ce sont
là deux choses qui sont fondamentales et je pense que c'est important
que tout le monde le comprenne.
Je ne veux absolument pas gruger le temps des députés mais
je pense que c'est très important que le P. -D. G. de
Radio-Québec soit en mesure d'expliquer quels sont les vrais... Oui. M.
le député de Lac-Saint-Jean veut intervenir.
M. Brassards Non, non. C'est parce qu'il reste deux
députés, je pense, qui ont demandé d'intervenir.
M. French: Un instant. J'allais...
M. Brassard: Avant, on pourrait permettre peut-être au
député de Saint-Jacques et à moi qui me suis inscrit
également de...
M. French: D'accord, M. le député. Je ne vais pas
couper cela en aucune façon.
M. Brassard: D'accord?
M. French: D'accord. Sauf que je veux noter l'importance de la
démarche rhétorique que le député d'Abitibi-Ouest
nous a offerte, qui amène à cela parce que ce n'est pas par parti
pris contre un groupe de personnes en particulier qu'on a des réserves
importantes quant à la décision de vendredi dernier.
Le Président (M. Trudel): J'aimerais simplement apporter
les remarques suivantes en vertu de notre règlement. Quand un
fonctionnaire s'exprime au nom du ministre, il prend le temps du ministre et de
la réplique du ministre, soit 20 minutes, et le ministre a le droit de
s'exprimer aussi souvent qu'il le désire. Mais, étant
donné l'accord entre les parties, je vais maintenant céder la
parole au député de Saint-Jacques et ensuite au
député de Lac-Saint-Jean.
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux de saluer
le président-directeur général de Radio-Québec, M.
Girard. Je suis aussi heureux de saluer les membres de son personnel de tous
les niveaux qui l'accompagnent et qui sont présents dans la salle.
On a beaucoup insisté depuis tantôt sur
Radio-Québec en disant que c'est une télévision
éducative. Je réponds oui, c'est une télévision
éducative. Elle est par le fait même une télévision
culturelle. Et le Québec, pour la promotion, la diffusion, la
défense de sa culture, s'est donné des institutions, de grandes
institutions. Parmi les grandes institutions que le Québec s'est
données il y a effectivement Radio-Québec qui vient en toute
première ligne. On a fait avec beaucoup d'affection des jeux de mots
habiles tantôt, parlant de "l'autre télévision", et je
pense que ces expressions traduisaient le profond attachement que les
Québécois ont déjà pour une
télévision qui, somme toute, ressemble à ce qui est pour
moi l'autre télévision, qui est
fédérale-canadienne.
Donc, pour la promotion et la défense de sa culture, le
Québec s'est donné de grandes institutions et Radio-Québec
est une de celles-là. Sauf que depuis mardi, quand la commission de la
culture a commencé à siéger, on est en train de
s'apercevoir qu'il y a un comportement aveugle, un comportement
d'opération froidement comptable qui est fait autour des institutions
dont le Québec s'est doté pour la promotion de sa culture. Quand
je dis la promotion de sa culture, c'est l'ensemble de la culture
québécoise, c'est-à-dire celle de la majorité
francophone mais également celle de ceux des Québécois qui
sont peut-être d'autre origine. Là, je me réfère, M.
Girard, à cette extraordinaire émission que notre
télévision a produite et qui s'appelle Arrimage, qui a permis
à la majorité francophone d'avoir une vision tellement
chaleureuse et sympathique des cultures qui font partie de la nôtre
maintenant.
Si, comme vous l'avez dit tantôt, on ne vous a pas demandé
d'abdiquer votre intelligence, je pense que, malheureusement, le ministre des
Communications vous demande d'avoir cette abnégation qu'un shogun doit
avoir lorsqu'il s'agit de se faire hara-kiri. On vit heureusement en
démocratie, ce qui fait que le président-directeur
général d'une société d'État est capable de
s'exprimer librement autour d'une table, et il en est heureux, mais moi je
trouve qu'on vous place, M. le Président, dans une situation
délicate. On vous a carrément demandé: Est-ce qu'il faut
nourir un corps et une tête et laisser potentiellement les membres du
corps s'atrophier? Cela pour nous, c'est donner une notion à laquelle on
ne peut absolument pas consentir.
Radio-Québec est un tout. On peut rire de l'autre
côté. On rira bien dans trois ans. À cause de sa mission
culturelle et de la réalité géographique qui existe au
Québec, je ne pense pas que l'on puisse trancher au couteau. Je
reviendrai à mon hara-kiri tantôt. Je ne pense pas qu'on puisse
trancher au couteau, de façon très nette, structure et
programmation. Cela va de pair. Sauf qu'on vous a effectivement demandé
de le faire, le choix dramatique. Ce choix dramatique... et je sais que cela
agace nos amis d'en face quand on revient. Ce qui a été dit reste
dit. Ce qui a été écrit reste écrit. Le lundi 18
novembre 1985, le Parti libéral reprenait à son compte ce que M.
Clément Richard, ministre des Affaires culturelles,
répétait depuis des années, soit que l'activité,
culturelle devait être considérée comme une activité
économique, et profitait de l'occasion pour faire part du programme du
Parti libéral dans le domaine culturel où, disait-il,
l'État doit agir comme animateur dans le domaine culturel, mais doit
s'abstenir de tout dirigisme.
Lorsqu'il a parlé, de façon plus particulière, la
donnée de Radio-Québec, il disait: Un gouvernement libéral
ne fermera pas Radio-Québec comme on lui en a prêté
l'intention, mais un groupe de travail sera mis sur pied en collaboration avec
la direction de la société pour revoir, notamment, son mode de
financement. En attendant, le budget de fonctionnement de Radio-Québec
sera gelé à son niveau actuel de 61 000 000 $. Et on ajoute: Mais
le Parti libéral du Québec voudrait que la société
s'autofinance dans une proportion d'environ 25 %. On demande à la
télévision d'être meilleure que l'"autre
télévision" qui, elle, s'autofinance uniquement à 18 %.
Mais cela n'est pas le propos essentiel. Je pense que, là aussi, il y a
deux gouvernements qui siègent. Il y a deux conseils des ministres qui
siègent. Il y a celui qui siège je ne sais pas où, qui
prend les décisions dans des domaines vitaux pour le Québec.
Peut-être la rue Saint-Jacques, mais ouest, et non pas Saint-Jacques-Est.
Il y a, c'est ça, deux gouvernements qui siègent. Deux conseils
des ministres qui siègent. Un qui coupe de façon aveugle et
l'autre auquel on a vu prêter serment officiel à la
télévision qui, lui, ne trouve pas autre chose à nous
dire: On m'a donné une commande, je suis sincèrement
désolé, mais je ne peux rien faire, je regrette, je suis
obligé d'accepter, et, la sempiternelle excuse, nous vivons une
situation financière dramatique.
J'aimerais rappeler que le plus grand bout de la situation
financière dramatique, c'est le gouvernement précédent qui
l'a vécu durant les quatre dernières années. Au contraire,
tout ce qui touchait un domaine aussi fragile que la culture et les
communications au Québec ont vu leur budget non pas réduit, mais
plutôt haussé. Que veut-on réellement faire avec
Radio-Québec? Je pense que la question se pose dans son ensemble
immédiatement au ministre des Communications, Pourquoi ne respecte-t-on
pas d'une part le premier engagement qui est de maintenir sur pied et
se donner le temps de revoir la question de Radio-Québec dans son
ensemble au financement, quant à la participation de l'État. Ce
n'est pas un travail qui peut se faire dans l'espace de trois semaines, deux
mois ou un mois. On a la preuve d'ailleurs que les choix ont été
faits de façon très abrupte et surtout très
improvisée puisque souvent nous n'avons eu qu'à quelques heures
d'avis les cahiers des crédits pour l'étude des crédits
des différents ministères.
Je pense que la question de Radio-Québec mérite que l'on
s'attarde longuement à une recherche de solution, mais qu'on n'aille pas
immédiatement poser des gestes temporaires, temporaires peut-être
pour les crédits du ministère des Communications, mais
extrêmement dramatiques pour le développement d'une des plus
grandes institutions culturelles que le Québec s'est donnée.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Frenchr Je vais céder la parole au député
de Lac-Saint-Jean qui a des choses...
Le Président (M. Trudel): Je ferais remarquer au
député de Lac-Saint-Jean ainsi qu'aux membres de la commission
qu'il reste cinq minutes dans la dernière période de trente
minutes. Je vous demande si vous êtes toujours consentants à
poursuivre le débat général jusqu'à l'ajournement
de façon à passer à l'analyse des programmes point par
point au retour, à 20 heures.
M. French: M. le Président, je vous souligne tout
simplement et je ne veux absolument pas couper la parole au
député de Lac-Saint-Jean qui a attendu longtemps. Si on ne permet
pas à M. Girard de partager avec nous l'analyse qu'il fait de la
solution de vendredi dernier, on ne va certainement pas être en mesure de
répondre aux attentes légitimes du député de
Lac-Saint-Jean qui veut discuter sérieusement de la situation de
Radio-Québec, du pourquoi et du comment de tout cela, même s'il
dit être dans son plein droit dans son argumentation politique.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous pouvez faire une intervention à l'intérieur
des limites de notre règlement et nous aviserons par la suite.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
à l'instar de mes collègues indiquer qu'on semble trop facilement
accepter l'ampleur de cette compression. Toutes les discussions portent sur les
modalités d'application des compressions, mais on semble prendre comme
un fait acquis que cette compression doit atteindre l'ampleur qu'on
connaît. Il me semble important au départ d'indiquer que quant
à nous, on considère comme tout à fait inacceptable
l'ampleur, le niveau de compressions qu'on impose à
Radio-Québec.
Je comprends le P. -D. G. dans son intervention de tout à l'heure
alors qu'il a mis en relief l'ampleur considérable de la compression.
Cela risque, comme il l'a dit lui-même, d'avoir des effets
néfastes sur la qualité de la programmation. Cela
m'apparaît important quand on sait justement que pendant la campagne
électorale, le pire qu'on pouvait attendre pour Radio-Québec,
c'était un gel de ses crédits. M. Bourassa, le premier ministre
actuel, à maintes reprises lorsqu'il a parlé de
Radio-Québec, a très souvent utilisé l'expression de "gel
des crédits actuels". Là, on est loin du gel, évidemment
avec la compression envisagée.
Mon intervention portera surtout sur l'attitude du ministre en toute
amitié. Radio-Québec, comme on l'a mentionné, c'est nous
du Parti québécois qui en sommes responsables parce que c'est
nous qui avons fait adopter cette loi qui fait de Radio-Québec une
télévision non seulement éducative, elle l'était,
mais régionalisée. 11 y avait donc un choix politique au
départ. Une volonté politique et un choix politique de la part du
gouvernement du Parti québécois et cette volonté
politique, ce choix politique s'est traduit par un projet de loi qui traduisait
dans les faits de façon concrète la régionalisation de
Radio-Québec. (17 h 45)
Actuellement, on parle de compressions. On pose des questions au
ministre en Chambre. À trois reprises cela fait trois fois qu'en Chambre
à l'occasion de la période des questions on pose des questions au
ministre, pour connaître d'abord et avant tout l'orientation politique du
ministre. Au départ, cela m'apparaît capital et important de
connaître l'orientation politique du gouvernement et évidemment
l'orientation politique du ministre. C'est quoi la position politique du
gouvernement face à Radio-Québec et face à la structure
actuelle de Radio-Québec telle qu'on la retrouve dans la loi qui
régit l'institution? Nous, on n'a pas de problème de ce
côté. Vous l'avez entendu à plusieurs reprises, on n'a
aucun problème de nature politique. De notre côté, notre
orientation politique, quant à Radio-Québec elle est claire, elle
est précise et elle est sans ambiguïté; c'est la même
qui a présidé à l'adoption et à la
présentation du projet de loi, c'est-à-dire la loi actuelle.
Le Président (M. Trudel): Je vous interromps quelques
secondes pour vous dire que le glas a sonné, la deuxième
période de 30 minutes est terminée. Est-ce qu'il y a consentement
pour poursuivre le débat générai?
Des voix: II y a consentement.
Le Président (M. Trudel): II y a consentement. M. le
député de Lac-Saint-Jean poursuivez.
M. Brassard: Moi, j'en viens à cet aspect des choses qui
m'apparaît capital et central. On a posé des questions au ministre
à plusieurs reprises en lui demandant: M. le ministre, quelle est votre
position relativement à la régionalisation de Radio-Québec
telle qu'on la retrouve dans la loi régissant Radio-Québec?
Parlant au nom du gouvernement sur cette question, comme ministre
êtes-vous d'accord avec cette orientation qu'an retrouve dans la loi,
c'est-à-dire avec la régionalisation de Radio-Québec?
Êtes-vous d'accord avec cette orientation? On a posé cette
question à plusieurs reprises. Malheureusement nous n'avons pas obtenu
de réponse précise. Le ministre, c'est déplorable,
à cette question, tergiversait et se cantonnait dans
l'ambiguïté, la confusion et il nous entraînait sur d'autres
pistes. On n'a jamais été capable de savoir exactement quelle
était sa position précise quant à la
régionalisation de Radio-Québec. Cela m'apparaît
fondamental.
Je demande au ministre - et j'espère qu'il va nous l'indiquer au
cours des heures qui suivent - d'afficher ses couleurs et de nous dire en cette
matière à quelle enseigne il loge? Est-ce qu'il est d'accord pour
le maintien du caractère régionalisé de
Radia-Québec? Au départ il faut savoir ça. Après
cela le reste suivra et on pourra discuter des compressions et comment on les
fait etc. Au départ il faut connaître cela et on ne le sait pas
encore, c'est cela. Actuellement on discute en commission parlementaire. Cette
question est débattue dans l'opinion publique depuis plusieurs semaines
et malheureusement on ne sait pas à quelle enseigne loge le ministre sur
cette question fondamentale. Je demande au ministre de nous indiquer sa
position précise là-dessus et cela m'apparaît capital.
Après cela, le reste de la discussion pourra se dérouler.
Si te ministre n'est pas d'accord avec la régionalisation telle
qu'on la connaît actuellement, alors il sait ce qu'il faut faire. Il va
falloir qu'il présente un projet de loi, parce que c'est dans la loi, et
il va falloir qu'il y ait un débat à l'Assemblée nationale
et en commission parlementaire et sur cela vous connaissez nos positions, nous
du Parti québécois. Cela m'apparaît important.
M. le Président, deuxièmement je trouve cela très
habile d'opposer dans ce débat les structures et la programmation. Je le
dis en passant, je trouve ça très habile. Cela ne m'étonne
ni du ministre, ni du P. -D. G. dont on connaît l'intelligence et
l'habileté coutumière. M. Girard est reconnu pour sa grande
intelligence et pour être un grand commis de l'État, très
compétent et très expérimenté. Je trouve que c'est
un peu - vous me permettrez de le dire - un sophisme. Ce n'est pas
indifférent que les structures régionales existent ou n'existent
pas. Peut-être que pour quelqu'un qui vient d'un grand centre urbain, ou
disons-le de Montréal, cela peut paraître banal ou insignifiant,
mais pour quelqu'un qui vient d'une région, qu'il y ait ou qu'il n'y ait
pas de structure régionale, c'est mauditement important. S'il n'y en a
pas, ce n'est plus pareil du tout, parce que la structure régionale dont
on parle - quoique, avec le mot "structure", on peut effaroucher du monde,
parce que cela apparaît assez rébarbatif - dans la loi, c'est ausi
une instance de pouvoir, c'est un lieu de pouvoir. Elle détient des
pouvoirs.
C'est cette structure régionale qui établit la
programmation régionale et c'est cette structure régionale qui
assure la production régionale. Enlevez cette structure, et je vous
assure que cette programmation régionale et cette production
régionale sont drôlement compromises.
Vous ne nous ferez pas accroire, je vous le dis tout de suite, M. le
ministre, à un régional comme moi, ni sans doute à un
régional comme le député d'Abitibi-Ouest, qu'en enlevant
cette structure, cela ne change rien et cela assure que la programmation
régionale va rester et que la production va rester. Vous avez besoin
d'argumenter longuement et d'appprter des garanties et des preuves solides
à des régionaux comme lui et moi pour nous faire croire cela.
On n'a pas à être indifférent à cela. La
structure régionale, c'est capital, et décider si elle reste ou
si elle ne reste pas, c'est une question majeure et fondamentale.
Cela dit, M. le Président, je pense que ce sont les deux
observations que je tenais à faire. La première, c'est que je
veux connaître la position du ministre sur la régionalisation,
sans ambiguïté et sans confusion, une position précise.
Où se loge le gouvernement sur cette question? Jusqu'à
maintenant, c'est du patinage de fantaisie auquel on a eu droit, et de la
tergiversation. Cela m'apparaît essentiel.
Le gouvernement du Parti québécois, on savait où il
se logeait là-dessus. Le gouvernement libéral, on aimerait,
compte tenu du débat en cours, savoir où il se loge sur cette
question.
Deuxièmement, il m'apparaît essentiel que la structure
régionale demeure en place. C'est la garantie pour les régionaux
qu'ils continueront d'avoir une programmation régionale et une
production régionale.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Sans vouloir brimer en aucune
façon le ministre dans son
droit de réponse, je fais remarquer qu'il est 17 h 50 quelque
chose.
Une voix: II reste sept minutes.
Le Président (M. Trudel): II reste sept minutes avant
l'ajournement et il resterait, par entente entre les deux leaders des deux
formations politiques, deux heures ce soir, dont une heure doit être
consacrée à l'étude des - crédits de la Commission
d'accès à l'information, ce qui veut dire, afin qu'on se
comprenne tous très bien, qu'au retour du dîner de ce soir, il
restera une heure à consacrer à la fois aux crédits de
Radio-Québec et aux crédits du ministère des
Communications. Sur ce, je cède la parole au ministre des
Communications.
Mme Hovington: M. le Président, est-ce que je pourrais
vous demander une petite chose, peut-être suggérer quelque chose,
c'est qu'il est sûr qu'on s'est entendu pour que le temps soit de 90 % du
côté de l'Opposition et de 10 %... 99 %, en tout cas. Là,
il me reste un petit 10 % que je ne prendrai même pas, mais je voudrais
pouvoir dire un petit quelque chose et M. le ministre pourra conclure
après?
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Sauf que je ne veux pas m'opposer, mais c'est
évident que je ne peux pas répondre à une série de
questions qui m'ont été posées dans trois minutes.
Le Président (M. Trudel): M. te ministre, pouvez-vous
céder votre droit de parole et le reprendre ce soir au retour, à
20 heures?
Mme Hovingtore Ce n'est pas long; j'en ai pour une minute, M. le
ministre.
M. French: Comme vous voulez.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Matane.
Mme Hovingtore Je serai brève, étant donné
le peu de temps qui reste. Il me semble, à mon avis, qu'il faudrait
plutôt étudier non pas l'ampleur des compressions
budgétaires, comme le mentionnait la députée de
Maisonneuve tout à l'heure. Les compressions budgétaires sont
quand même nécessaires au redressement des finances publiques, et
cela, en tant que gouvernement, on s'est engagé à les faire.
Il faudrait plutôt étudier la façon ou les
modalités de ces compressions. Vous savez que je représente un
comté qui fait partie d'une région dite
périphérique, qui est la Gaspésie. Nous avons une station
de
Radio-Québec à Saint-Omer, avec neuf employés. Il
est vrai que le travail effectué par l'équipe de Saint-Omer en
est vraiment un de qualité, autant du point de vue contenu culturel
qu'économique. J'ai eu l'occasion, en tant que députée, de
visionner des études faites par la télévision de
Radio-Québec de Saint-Omer sur l'impact économique, politique,
industriel de chacune des MRC dans toute la Gaspésie et je dois dire que
c'était un travail très bien fait, scientifiquement, et qui
offrait une très grande qualité.
Ce que je voudrais demander ou suggérer à mon ministre, ce
serait peut-être d'étaler ces compressions ou de trouver des
modalités en tout cas pour ces compressions budgétaires qui
seraient plus dirigées vers les centres urbains où la population
a quand même le privilège de pouvoir tourner le bouton, comme
disait le député d'Abitibi-Ouest, afin de syntoniser plusieurs
postes, où la population a quand même accès à
plusieurs postes. Enfin, c'est l'avis que je vous donne en tant que
députée d'une région telle que la Gaspésie.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Dans les quatre minutes qu'il me reste, M. le
Président, je ne suis pas sûr que je serai capable de rendre
justice aux interrogations qui m'ont été offertes par M. le
député de Lac-Saint-Jean et M. le député
d'Abitibi-Quest, entre autres. Je reconnais leur pertinence et leur importance.
Je regrette qu'on n'ait pas pu, non plus, expliquer à la commission
quels sont les problèmes qui découlent de la décision de
vendredi dernier et quel impact cela pourrait avoir sur la programmation. C'est
donc facile, dans un tel contexte, d'imaginer que moi ou le
président-directeur général ou un certain nombre de
personnes d'un milieu urbain partent avec un préjugé contre les
régions, lorsqu'on se pose des questions sur cette décision,
alors qu'on aimerait beaucoup avoir l'occasion de vous expliquer quels sont les
problèmes qui vont découler de cette hypothèse de
solution.
M. le député de Lac-Saint-Jean a passé beaucoup de
temps à me critiquer au sujet de ce qu'il appelle mon
ambiguïté sur la question. Je pense que c'est de bonne guerre, sauf
que la solution était, bien sûr, de dicter une ligne de conduite
au conseil d'administration de Radio-Québec, ce que je n'ai pas voulu
faire et si je l'avais fait, j'aurais été très
critiqué, et à bon droit, par le député de
Lac-Saint-Jean. Alors, j'ai laissé le conseil d'administration
travailler dans l'espoir que, à l'intérieur du critère que
j'avais transmis au conseil d'administration, les coupures se feraient dans la
mesure du possible en ne grugeant pas dans la capacité
de faire la programmation à Radio-Québec. Pourvu que ce
critère soit respecté, le gouvernement aurait été
prêt à accepter la modalité qui lui aurait
été recommandée par le conseil d'administration afin
d'"opérationnaliser" ces coupures. Donc, je ne veux pas m'attarder plus
longtemps sur le pourquoi je ne voulais pas me prononcer, c'est que je ne
voulais préjuger le processus en cours. J'aurais été
critiqué encore une fois si j'avais voulu m'ingérer. La solution
aurait été de dicter une ligne de conduite dès le
début.
Le député de Lac-Saint-Jean m'a posé des questions
à savoir quelles sont mes orientations politiques. II ' n'est pas sans
savoir, pour avoir été ministre, qu'un ministre qui n'a pu
consulter son Conseil des ministres est dans une situation quelque peu
ambiguë. Il peut offrir ses perspectives, mais il ne peut pas parler pour
le gouvernement de façon tout à fait définitive. Pourquoi?
Parce qu'il n'a pu soumettre au Conseil des ministres une analyse
écrite, un mémoire qui aurait permis à l'ensemble de ses
collègues de prendre une décision avec laquelle il peut ensuite
prendre les mesures nécessaires pour rendre effective cette
décision. Depuis vendredi dernier, je vous avoue que je n'ai pas pu
consulter le Conseil des ministres et vous savez pourquoi.
Je vais quand même vous livrer un certain nombre de conclusions
que j'offre sous toutes réserves. Je considère que c'est un peu
difficile de procéder de cette façon puisque vous n'avez pas
encore compris le P. -D. G. sur l'analyse qui est faite de la "solution" -
entre guillemets - adoptée vendredi dernier. Excusez-moi? Est-ce que je
n'ai pas dit cela?
M. Gendron: Vous avez dit qu'on n'a pas compris le P. -D. G. on
ne l'a pas entendu.
M. French: Vous ne l'avez pas entendul Excusez-moil
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, si vous me le
permettez, il est 18 heures. Avec le consentement unanime des membres de la
commission, peut-être pourrions-nous poursuivre jusqu'à 18 h 30 et
suspendre jusqu'à 20 heures? Il y a d'autres commissions qui le font et
qui l'ont déjà fait.
M. French: Je conclus d'abord que la programmation
régionale et une certaine présence régionale sont
essentielles et font partie de ce que doit être Radio-Québec.
Deuxièmement, je conclus qu'un conseil d'administration de 21
personnes n'a aucun sens, à mon humble avis. Ce n'est pas un instrument
efficace pour les prises de décisions. D'ailleurs, avec un conseil
d'administration de cette taille, il est à peu près sûr que
ce sont les permanents qui vont mener, puisqu'un conseil d'administration de 21
personnes n'est pas un mécanisme efficace pour contrôler
l'activité. On ne peut pas avoir un débat et une consultation
efficaces à l'intérieur d'un conseil d'administration de cette
taille.
M. Gendron: Combien êtes-vous au Conseil des ministres?
M. French: Pardon?
M. Gendron: Combien êtes-vous au Conseil des ministres?
M. Frenchs M. le Président, si te député
d'Abitibi-Ouest, ex-ministre...
Le Président (M. Trudel): M. le ministre. À
l'ordre, s'il vous plaîtï
M. Frenchs J'ai un discours pour celui-là, M. le
Président. Ce n'est pas pour rien que je sui3 professeur en
administration.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur quoi Mme la députée de Vachon demandait-elle la
parole?
Mme Pelchat: II n'y a pas de consensus pour poursuivre, en ce qui
nous concerne. L'entente avec le leader, c'est jusqu'à 18 heures. Les
travaux reprennent à 20 heures.
Le Président (M. Trudel)? Bien sûr, vous me laissez au
moins...
Mme Pelchat: Oui, je parle au nom de tout Le monde.
Le Président (M. Trudel): Je repose la question.
Mme Pelchat: II s'agit qu'un député refuse le
consentement pour qu'on n'ait pas de consentement.
Le Président (M. Trudel): Je repose la question.
M. French: Nous pourrions recommencer à 20 heures.
Une voix: Oui.
Mme Pelchat: Respectez votre collègue ministre.
M. French: Ce qui est problématique, c'est que par la
suite, on va me demander mes conclusions. Mais j'aimerais d'abord les livrer
aux parlementaires. Je pense que c'est essentiel.
Le président-directeur général a, lui
aussi...
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, si je n'ai pas
le consentement unanime, le règlement empêche la commission de
poursuivre ses travaux. Mme la députée.
Une voix: On va voter.
Mme Pelchat: C'est parce que sinon... Est-ce que l'on va passer
à l'étude des crédits ou si on va continuer toujours sur
des études générales?
Une voix: Ce n'est pas important.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Mme la députée de Vachon, avez-vous d'autres
commentaires?
Mme Pelchat: Non. Je veux bien laisser terminer le ministre,
effectivement.
Une voix: J'aurais d'autres questions à vous poser, M. le
Président.
Une voix: Elle est d'accord.
Mme Pelchat: Quand le ministre aura terminé,
peut-être qu'on pourra... Une voix: Cela va.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que cela veut dire que
vous suggérez de donner votre consentement à Mme la
députée de Vachon jusqu'à ce que le ministre ait
terminé son intervention?
Mme Pelchat: C'est évident. Je m'excuse, je pensais qu'il
avait terminé.
Le Président (M. Trudel): Nous reprendrons par la suite.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, juste une petite minute pour
rectifier. Tout à l'heure, vous avez dit que l'on devait conserver une
heure pour l'élément 7, l'accès à
l'information.
Le Président (M. Trudel): On a dit que si telle est
l'entente entre les leaders...
Mme Juneau: Non. C'est un "package deal", c'est-à-dire un
ensemble. S'il nous reste moins d'une heure, c'est l'ensemble. Cela va rassurer
la députée. Donc, on va avoir le temps de voir les autres
programmes même s'il ne reste pas une heure pour l'accès à
l'information.
Mme Pelchat: C'est l'entente qu'il y a eu entre les leaders.
M. Brassard: C'est un peu dans ce sens-là, M. le
Président.
Mme Pelchat: C'est bien cela, je sais que les ententes ne sont
pas toujours respectées, mais quand même...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai donné la parole au député de
Lac-Saint-Jean.
Mme Pelchat: On pourrait peut-être en parler avec M.
Chevrette.
M. Brassard: II a été entendu qu'il y avait une
heure sur la Commission d'accès à l'information. C'est
évident que c'est important, la Commission d'accès à
l'information, mais compte tenu du caractère majeur de ce dossier, on
peut réduire le temps consacré, si la commission le veut,
à l'accès à l'information.
Une voix: Pour donner plus de temps d'antenne.
M. Brassard: Plus de temps d'antenne. Voilà.
M. Gardner: Compte tenu du "deadline" de Radio-Canada.
Radio-Québec n'est pas ici.
Une voix: C'est dommage que l'on n'ait pas...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre!
Madame, si vous me permettez. Si le ministre veut terminer son
intervention, nous allons alors suspendre tes travaux jusqu'à 20 heures
ce soir.
Le ministre va terminer son intervention et nous suspendrons les travaux
jusqu'à 20 heures ce soir. Je rappelle aux seuls membres de la
commission qu'il y a une très courte séance de travail
immédiatement après cette session-ci. Elle durera trois
minutes.
M. le ministre.
Mme Pelchat: Qu'est-ce qui arrive? Est-ce que l'on siège
jusqu'à 18 h 30?
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, si vous voulez
bien poursuivre votre intervention, s'il vous plaît.
M. French: Alors, je disais que ma première conclusion,
c'est qu'une certaine présence régionale, et certainement ta
programmation régionale, est essentielle pour Radio-Québec. Ma
deuxième conclusion, c'est que la taille du conseil d'administration
ainsi que sa composition actuelle m'apparaissent difficilement conciliables
avec un instrument de prise de décision dans un contexte aussi
complexe que la télévision et la gestion d'une botte aussi
exigeante que Radio-Québec se trouve à l'être.
Également, je tire la conclusion que, dans la mesure où les
compressions budgétaires "s'opérationnalisent", il y a lieu
qu'elles "s'opérationnalisent" dans une partie importante à la
maison mère. Chose qui n'a d'ailleurs jamais été
niée, ni par le P. -D. G., ni par les autres intervenants.
Également, je tire la conclusion que, compte tenu de
l'information dont je dispose, de l'analyse du P. -D. G. sur l'impact de la
"solution" - entre guillemets - adoptée dans un vote hautement
polarisé vendredi dernier, les objectifs que recherche le gouvernement
quant à la préservation de la capacité de programmation ne
sont pas atteints. Donc, je me dois d'envisager la possibilité, si
Radio-Québec n'est pas en mesure et si le conseil d'administration
actuel n'est pas, avec le P. -D. G., en mesure de répondre à ce
critère de façon satisfaisante, de prendre mes
responsabilités et si nécessaire de déposer une loi devant
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Si le
caucus entre les représentants des deux partis est terminé...
Mme Juneau: Est-ce que vous allez donner votre réponse, M.
le Président?
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de Vachon,
est-ce que vous avez...
Mme Pelchat: Non, ça va.
Le Président (M. Trudel): C'est parce qu'on a
demandé le consentement pour poursuivre jusqu'à 18 heures et
demie. Vous l'avez refusé et vous nous avez dit, et je respecte cela:
Jusqu'à la fin de l'intervention du ministre.
Une voix: II a fini.
Le Président (M. Trudel): Le ministre ayant maintenant
terminé son intervention...
Mme Pelchat: Je pense qu'on pourrait reprendre les travaux
à 20 heures.
Le Président (M. Trudel): Vous refusez. Les travaux de la
commission sont suspendus jusqu'à 20 heures. Je demanderais aux membres
nommés de la commission de la culture de rester ici trois minutes, s'il
vous plaît, pour une séance de travail.
Mme Juneau: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau:... en une heure que l'accès à
l'information...
Le Président (M. Trudel): Quant à l'enveloppe qui a
été convenue entre les leaders, je conseillerais aux
représentants des deux partis de se voir pendant la suspension des
travaux et de convenir d'une enveloppe. Moi, je n'en sais rien. La
séance est suspendue.
(Suspension de la séance à 13 h 5)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Trudel)? Je constate que M. le
député de Richelieu fait maintenant partie du groupe à
temps plein, le détachement réseau étant terminé.
Je constate qu'il y a quorum.
La commision de la culture reprend ses travaux pour procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Communications pour l'année financière
1986-1987.
À la suspension des travaux, à 18 heures et quelques
minutes, dans le cadre du débat général ou de la
discussion générale que nous avions entreprise, il restait un
député qui avait demandé la parole et c'était le
député de Beauce-Nord. Avec l'accord de la commission, je pense
qu'on pourrait céder la parole au député de Beauce-Nord.
M. le député de Beauce-Nord.
M. Audet: Je vous remercie, M. le Président. C'est pour
apporter un commentaire à la suite des déclarations du
député d'Abitibi-Ouest, M. Gendron. M. Gendron a dit que, depuis
le 2 décembre, on ne parle que de colonnes...
Le Président (M. Trudel): On se réfère
à nos collègues en utilisant les titres qui sont les leurs.
M. Audet: D'accord. Le député d'Abitibi-Ouest - je
m'excuse, M. le Président - a dit que, depuis le 2 décembre, on
ne tient qu'un dialogue de colonnes, de chiffres et tout cela. Alors, je crois,
M. le Président, qu'il est grand temps qu'un gouvernement le fasse,
parce qu'on fait face - je pense qu'il n'y a pas de cachette là-dessus -
à un contexte économique assez difficile.
Je ferais remarquer aussi au député d'Abitibi-Ouest que
l'argent, que ce soit sur le plan éducationnel ou sur le plan de
l'entreprise privée, ce n'est pas écrit dessus. Alors, il a la
même valeur, à mon sens. Je pense qu'il faut faire la juste part
des choses.
J'inviterais les membres de cette commission, surtout mes
collègues d'en face, à faire preuve d'un peu plus de jugement ou
de discernement, si je peux m'exprimer ainsi,
parce qu'on parle bien, dans le cas actuel, d'une mesure de redressement
de 10 % sur une base de deux ans, ce qui représente sur un budget total
de 60 000 000 $, 5 % par année, l'équivalent de 3 000 000 $.
Cela étant dit, j'inviterais mes collègues d'en face
à témoigner un peu plus de confiance à l'administration de
Radio-Québec, à la tendance dans laquelle on s'engage, si je peux
m'exprimer ainsi, parce que, si on regarde le rapport qu'on a ici, la
société a comparu devant le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes, soit le CRTC, en mai 1985, pour
lui demander d'avoir recours à certains revenus pour augmenter ses
revenus autonomes. Je pense, M. le Président, qu'on doit faire confiance
aux administrateurs de Radio-Québec, ainsi qu'à son personnel
pour trouver une solution. Je n'ai aucun doute qu'il va y avoir des solutions
de trouvées pour pallier à la mesure de redressement
budgétaire qu'on discute présentement.
Je ne sais pas si le président-directeur général de
Radio-Québec voudrait faire un commentaire à ta suite de ce que
je viens de déclarer. Je vous laisse la parole, M. Girard.
M. Girard: Avec plaisir, M. le Président. Tout d'abord
dire...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Juneau: Il me semblait qu'on avait déjà un
président.
Le Président (M. Trudel): C'est ce que j'allais, en effet,
souligner à M. le député de Beauce-Nord.
Une voix: Ce n'est pas un complot, j'espère?
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! II reste très peu de temps pour discuter de choses fort
sérieuses. J'allais souligner à Mme la députée de
Johnson que les députés du côté ministériel
n'ont pas, dans certains cas, l'expérience de la députée
de Johnson. Je l'inviterais à se référer à sa
période d'apprentissage, il y a quelques années. J'imagine
qu'elle a dû faire quelques erreurs.
Il m'est agréable de céder la parole à Mme
Blackburn qui, dans le cadre de la discussion de cet après-midi, avait
demandé la parole. Par la suite, M. le président-directeur
général, il me fera plaisir de vous entendre, de même que
M. le ministre.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vais essayer d'être brève, parce
qu'effectivement on a de nombreuses questions. D'abord, on veut entendre le P.
-D. G. de Radio-Québec et, aussi, on a quelques questions. Une fois
qu'on aura entendu le président-directeur général, il sera
peut-être intéressant d'entendre le président du conseil
d'administration de Radio-Québec. On pourra voir, au fur et à
mesure, parce que j'aimerais bien qu'on entende différentes
versions.
J'aurais le goût de réagir, et rapidement. Ce qui m'a
étonnée dans la réponse faite par le ministre des
Communications, c'est la chose suivante: Radio-Québec, 21 membres au
conseil d'administration, cela fait un organisme difficile à diriger.
Comme on n'est pas d'accord avec la décision prise par le conseil
d'administration, qu'à cela ne tienne, on change le conseil
d'administration! On a entendu sensiblement le même discours en Chambre
aujourd'hui. La ministre n'est pas d'accord avec les avis de la Commission de
protection de la langue française. On dit: Qu'à cela ne tienne,
on limoge son président. On a vu des ministres congédier trois ou
quatre sous-ministres sous prétexte qu'ils ne partageaient pas leurs
orientations.
M. Gardner:... beaucoup, madame.
Mme Blackburn: Heureusement, vous n'êtes pas fier de vos
hauts fonctionnaires?
M. Gardner: Voyons, voyons!
Mme Blackburn: Si on dit qu'un conseil d'administration
composé de 21 personnes, c'est trop gros pour se gérer, je
préviens tout de suite - j'espère que vous le savez -que tous les
conseils d'administration de nos organismes publics et parapublics sont
sensiblement composés de la même façon, de 19 à 21
personnes. Cela va vous faire des lois à modifier, si vous voulez tous
les ramener à une proportion que vous appelez gérable. J'avais
juste le goût de réagir là-dessus. C'est un sens de la
démocratie qui me surprend. Cela veut dire que, chaque fois qu'on ne
sera pas d'accord avec une décision, on dira: Ce n'est pas grave, on
change le conseil d'administration, on change les personnes et on met celles
qui vont pouvoir répondre favorablement.
M. Gardner: Vous aviez tout changé depuis neuf ans.
Mme Juneau: Ceux qui vont dire comme nous.
M. Gardner: Depuis neuf ans, ils sont tous là, ce sont
tous les vôtres.
Mme Blackburn: Je pensais que c'étaient des
Québécois qu'il y avait là et choisis selon leurs
compétences.
M. Gardner: Oui, madame.
Mme Blackburn: M. le Président, je peux continuer?
M. Gardner: M. le Président, vous pouvez me ramener
à l'ordre.
Le Président (M. Trudel): C'est ce que j'allais faire,
mais vous le faites vous-même et je l'apprécie beaucoup. Vous
pouvez continuer, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. C'est ce que je voulais exprimer comme
réaction face à cette réponse qu'on nous fait par rapport
à une décision prise de façon démocratique dans un
conseil d'administration dont les membres sont nommés par le
gouvernement. Lorsqu'on ne partage pas les orientations, on dit: II va falloir
changer le conseil d'administration. Il y a quelque chose d'inquiétant
par rapport à notre avenir. Voilà'
Une voix: En quatre mois, à part cela.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, avez-vous des
choses à ajouter avant que nous passions, entre guillemets, à la
"période des questions" proprement dite? Peut-être que M. le P.
-D. G. de Radio-Québec aurait des commentaires à faire.
M. Girard: Oui, M. le Président, je vais essayer de
répondre à certaines des affirmations qui ont été
faites plus tôt cet après-midi, en particulier par le
député d'Abitibi-Ouest, M. Gendron. Lorsque l'on parle de
télévision non conventionnelle pour Radio-Québec, nous en
sommes convaincus, c'est ce que nous disons à Radio-Québec
maintenant et c'est ce que nous vouions continuer à faire. Nous estimons
que les deux organismes habilités à ce faire l'ont fait de
façon non équivoque au cours du printemps dernier. Le CRTC a
rendu une décision en tout point favorable à Radio-Québec
et la Régie des services publics a rendu en tout point une ordonnance
favorable à Radio-Québec.
Donc, me semble-t-il, il faut cesser de parler des orientations de
Radio-Québec, il faut cesser de remettre Radio-Québec en question
et s'en remettre aux décisions qui sont prises, qui sont là, qui
sont évidentes et qui ont été rendues par les deux
organismes habilités à ce faire. Dans un cas comme dans l'autre,
c'est l'ensemble de la programmation de Radio-Québec qui a
été jugé et non pas une composante ou l'autre. D'ailleurs,
à cet égard-là les lois sont claires, tant dans le cas du
CRTC que dans le cas de la Régie des services publics.
On a ensuite abordé la question de l'ampleur de la coupure. Je
serais l'homme le plus heureux du monde si la coupure n'était pas de
l'ampleur qu'elle est. Le ministre a eu l'occasion de dire plus tôt les
démarches que j'ai faites pour tenter de faire en sorte que la coupure
soit réduite. Mais du jour où la coupure est inévitable,
je pense que le réalisme doit l'emporter et que l'on doit à ce
moment-là tenter d'opérer les coupures de la façon la plus
sage et la plus rationnelle possible, ce que nous nous appliquons à
faire.
Lorsque j'ai répondu plus tôt sur les structures, j'ai bien
parlé des structures existantes. Je pense que dans une
société d'État l'on ne peut pas nécessairement
accepter de ne jamais remettre en question les structures qui existent. J'ai
parlé des structures existantes et j'ai dit que les structures
existantes, tant à Montréal qu'en régions,
n'étaient peut-être plus des structures que l'on est capable de se
payer. Il ne faut pas en inférer, ce que l'on tente de faire, qu'il
n'existerait plus ipso facto de structures régionales.
On a également dit que la Direction générale de
Radio-Québec et son P. -D. G. voulaient la disparition des
régions. Je vous dirai qu'au cours des trois dernières
années le budget des régions a été augmenté
de 42 %, alors que le budget du national a été augmenté de
16 %. À cet égard, les chiffres qui ont été
cités plus tôt ne correspondent pas à la
réalité. Le 21 mars, nous avons mis sur la table six
hypothèses et nous avons refusé de faire une recommandation au
conseil, sachant précisément que l'ampleur de la coupure
était considérable et que, la nouvelle étant
récente, il serait difficile d'arriver à une conclusion. C'est ce
même jour que, d'un commun accord, nous avons tous accepté de
créer un comité extraordinaire pour tenter d'arriver à une
solution. Ce comité a siégé sans discontinuer entre la
réunion du 21 mars et celle du 10 avril du comité exécutif
et nous avons donné aux représentants régionaux, ils l'ont
admis eux-mêmes, toute l'information qu'ils ont voulu obtenir. Nous avons
agi en totale et pleine transparence.
Dans les hypothèses qui ont été
déposées par la Direction générale de
Radio-Québec, il me paraît important de le dire, si nous avons
remis en question les structures existantes, nous n'avons jamais remis en
question une présence significative de la programmation régionale
dans la grille de Radio-Québec. Nous avons toujours mis sur la table 2
000 000 $ pour réaliser la programmation régionale telle
qu'acceptée dans le plan de programmation et nous sommes allés
au-delà: nous avons dit que, dans une situation pénible comme
celle que nous vivons, nous devons envisager la situation dans une structure
évolutive et non pas dans une structure figée. Nous avons dit que
nous étions prêts, tel que le conseil d'administration l'avait
évoqué l'année précédente, à nous
entendre sur une
péréquation entre le national et les régions pour
augmenter le fonds de production régional dans une proportion
raisonnable à partir des revenus autonomes que nous allons aller
chercher au cours de la présente année et au cours des prochaines
années.
M. Boulerice, de son côté, a parlé de shogun. Je
dirai que, pour ma part, je n'ai aucun goût pour jouer les kamikaze. Je
pense avoir dit de façon claire, dans ma note liminaire, que ce qui me
préoccupait le plus, c'était le développement de
Radio-Québec au cours des prochaines années et que, devant une
coupure qui nous est imposée et qui n'est pas discutable, nous allons
tenter d'arriver à la solution la plus intelligente et la plus
raisonnable. On est tous conscients que l'on vit dans une situation très
difficile. C'est une raison de plus pour ne pas étaler sur la place
publique les problèmes internes de Radio-Québec, mais pour tenter
de les régler entre nous.
On a parlé de sophisme lorsque j'ai évoqué que la
télévision existait non pas en raison des structures, mais en
raison de la programmation. Je pense que ce n'est pas un sophisme. Je pense que
ce que les téléspectateurs veulent, c'est une bonne programmation
et je répète que cette programmation doit être tant
nationale que régionale. Cet aspect du problème n'a jamais
été remis en question et nous avons toujours été
prêts à donner toutes les garanties pour que la programmation
régionale ait une place significative dans la
programmation-réseau de Radio-Québec. Les efforts qui ont
été faits au cours des deux dernières années le
démontrent hors de tout doute. Je pense qu'à un certain moment il
faut regarder les faits et ne plus parier à partir de perceptions ou
à partir de procès d'intention que l'on fait aux uns ou aux
autres. Il faut regarder la réalité et non pas les perceptions
que l'on peut avoir de cette même réalité.
Pour ce qui est de la proposition, de la deuxième décision
retenue par le conseil d'administration - je veux être extrêmement
précis - le conseil ne nous a pas demandé d'appliquer texto cette
décision. Il nous a demandé d'analyser les impacts d'une coupure
qui se ferait suivant les orientations et les paramètres contenus dans
cette décision, ce que nous avons fait. Le conseil m'a demandé,
en plus, de faire rapport au ministre des Communications à la fois sur
les décisions et sur les impacts, ce que j'ai fait et ce que je fais
devant vous ce soir.
L'impact de l'hypothèse retenue signifie une réduction non
pas de 49 heures, tel qu'indiqué dans le document, mais de 120 heures de
la programmation nationale, dont 42 heures de coproduction, 39 heures
d'acquisition de mini-séries dramatiques et 39 heures d'émissions
d'information. L'impact d'une diminution de 120 heures de la programmation
nationale entraîne trois choses: une défiguration de la
programmation à laquelle les téléspectateurs sont
habitués, une diminution de l'auditoire moyen et, en conséquence,
une diminution des revenus autonomes. Les revenus autonomes sont essentiels
pour le développement de Radio-Québec puisque la proposition que
nous avons faite au gouvernement, que ce soit le précédent ou que
ce soit l'actuel, quant à Radio-Québec maintenant, est la
suivante: Radio-Québec, comme télévision d'État de
nature éducative et culturelle, ne pourra jamais s'autofinancer; il faut
donc que le gouvernement paie les infrastructures et accepte de payer les
indexations annuelles; pour le reste, le développement de la
programmation devrait se faire à même les revenus autonomes de
Radio-Québec.
Vous comprendrez qu'il ne nous est pas possible dans cette perspective
d'accepter une proposition qui a pour effet net de réduire les revenus
autonomes au cours des trois prochaines années, sans compter en plus
que, dans cette proposition, l'on escomptait déjà la
totalité des revenus autonomes que l'on espère aller chercher
l'an prochain. Dans le plan de programmation accepté par le conseil
d'administration le 21 mars, sous réserve des disponibilités
budgétaires, nous avons estimé que, sur des revenus
escomptés pour l'an prochain de 2 300 000 $, il était raisonnable
d'en affecter 1 600 000 $ en nous gardant une marge de manoeuvre de 700 000 $.
Dans l'hypothèse retenue par le conseil d'administration, c'est la
totalité des revenus escomptés qui est tenue pour acquise ce qui,
en saine administration, ne peut pas se faire.
Au chapitre de l'exploitation technique, l'on nous demande de
réduire le temps supplémentaire de 300 000 $. Le temps
supplémentaire, au cours des deux dernières années,
à Radio-Québec, a été réduit de 27 %. Comme
nous sommes une télévision qui fonctionne 365 jours par
année, ce qui veut dire le samedi, le dimanche et les jours
fériés, il y a du temps supplémentaire qui, de
façon obligatoire, à partir des ententes collectives que nous
avons, doit être payé. Donc, ce que je dis, c'est que les
hypothèses que nous aurons à retenir doivent être
réalistes et non pas fantaisistes. Je suis obligé d'arriver
à la conclusion que l'hypothèse qu'on nous demande d'appliquer a
des effets désastreux au plan de la programmation, au plan des revenus
autonomes et au plan de la direction de l'exploitation et du réseau.
C'est la raison pour laquelle elle ne nous paraît pas applicable.
Je répète, par ailleurs, qu'on nous a bien dit que
c'était selon les orientations et les paramètres. Pour ma part,
il me semble que l'on pourrait arriver à des conclusions raisonnables si
au point de départ, compte tenu des coupures, on ne nous imposait
pas
des paramètres impossibles à réaliser. Je reviens
à ma déclaration de cet après-midi: Partir du principe que
l'on ne touche pas aux structures existantes, ni au national ni en
régions, c'est un principe qui, en saine administration, ne peut
conduire qu'à l'impasse.
Je voudrais ajouter également qu'en tant que P. -D. G. je dois
prendre acte des réalités. Quand je constate,
indépendamment de la mathématique de la majorité ou de la
minorité, que le conseil d'administration est divisé, je suis
obligé de dire qu'il est divisé. Or, ce conseil est actuellement
divisé. Nous sommes dans une impasse et il faudra en sortir d'une
façon ou de l'autre. Le vote des représentants régionaux
est égal à celui des représentants nationaux. Mais la
contrepartie, c'est que le vote des représentants nationaux est aussi
égal à celui des représentants régionaux. Quand
nous discutons sur cette base, qui est une base raisonnable, je dois constater
que le conseil est divisé, qu'il n'y a pas d'unanimité. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
président-directeur général. Est-ce que, M. le ministre,
vous auriez des commentaires à ajouter?
M. French: Non, je ne pense pas. Je pense que le
président-directeur général a bien rendu à la
commission ce qu'il m'a soumis comme analyse. C'est à ta suite de cette
analyse que je tire les conclusions que j'ai brièvement livrées
un peu après 18 heures cet après-midi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Johnson, vous avez la parole.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Est-ce que M.
le ministre ou M. le président-directeur général voudrait
bien nous présenter les gens qui étaient au comité ad hoc
formé pour présenter des suggestions au conseil
d'administration?
M. Girard: Oui. Le comité ad hoc était
composé de M. Gilbert Buzaré, qui est vice-président
à l'administration, de M. André Larin, qui est directeur des
services administratifs, de moi-même, de M. Gilles Gagné,
directeur régional de la région de l'Outaouais, de M. Christian
Gagnon, directeur de la région de la Côte-Nord et de M. Mario
Santerre, directeur de la région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Mme Juneau: Merci. En ce moment, est-ce qu'il y a dans la salle
M. Lucien Gendron, qui est président du conseil d'administration?
M. Girard: Madame, lors de la réunion de vendredi et
même avant, j'avais prévenu le président du conseil
d'administration que la commission parlementaire se tenait aujourd'hui.
Malheureusement, il n'a pas pu se dégager pour être
présent.
Mme Juneau: En son absence à ce moment-là, ne
pourrions-nous pas entendre un des membres du comité ad hoc nous
exprimer, au nom de ce comités la décision ou certains
renseignements qu'on aimerait entendre de la part d'une personne faisant partie
du comité? Je ne sais pas si M. Gagnon était là. Est-ce
que M. Gagnon est là?
M. Gardners M. le Président...
Mme Juneau: Est-ce que le ministre accepterait qu'on
l'entende?
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Arthabaska.
Mme Juneau: Un instant, s'il vous plaît! Je voudrais juste
terminer. Est-ce que M. le ministre nous permettrait d'entendre...
M. Gardner: J'ai une question à poser.
Mme Juneau:... M. Gagnon qui faisait partie du comité ad
hoc que vous avez mis sur pied pour prendre une décision au conseil
d'administration?
Le Président (M. Trudel)î M. le député
d'Arthabaska, vous avez demandé la parole?M. le
député.
M. Gardners Oui. M. le Président, je pense que pesonnellement M.
Girard fait partie de ce comité ad hoc. Je ne comprends pas pourquoi Mme
la députée de Johnson demande une autre personne que M. Girard.
Est-ce que c'est un manque de confiance envers M. Girard?
Mme Juneau: Absolument pas. Je pense qu'au moment où on se
parle M. Girard a deux chapeaux. Il est à la fois membre du
comité ad hoc et président-directeur général. D'un
autre côté, à mon point de vue, je pense qu'il serait
important d'entendre un autre membre du comité ad hoc pour le
bien-être de la commission. (20 h 30)
M. Girard: Est-ce que cela ne prend pas la permission du
ministre?
Mme Juneau: Justement, je l'ai demandé au ministre. C'est
ce que j'ai fait.
Mme Blackburn: Cela prend la
permission de la commission.
Mme Juneau: Et la permission de la commission.
Le Président (M. Trudel): Pour mettre les choses au clair,
je rappellerai, dans un premier temps, qu'il ne s'agit pas d'une consultation
générale ou particulière. Nous sommes à
l'étape des crédits purement et simplement. Deuxièmement,
on m'informe -quitte à suspendre pour quelques secondes ou quelques
minutes - que la décision revient au ministre.
Mme Juneau: Est-ce que le ministre accepterait, pour un
éclairage, qu'on puisse entendre un membre de l'équipe au plan
régional? Est-ce qu'on pourrait l'entendre, M. le ministre, s'il vous
plaît?
M. French: Non, Mme la députée. Ce n'est pas un
jugement que je porte sur l'individu dont il est question, mais lorsque
l'exécutif vient témoigner, il vient avec l'appui qu'il choisit
d'amener. Il prend les responsabilités de ses déclarations. S'il
y a dans un autre contexte une occasion d'entendre tout le monde et son
frère, cela va comme cela, mais on étudie ici les crédits
budgétaires. J'en prends la responsabilité et j'en suis le
porte-parole.
Le Président (M. Trudel): Si vous me le permettez, pour
l'information des membres de la commission, je citerai un document
préparé pour les présidents de commissions à
l'occasion de l'étude des crédits. Il n'y a pas d'article qui
traite nommément de ce sujet. Cependant, le guide - et je suis tout a
fait prêt à suivre les indications qui y sont contenues - je
l'avais tantôt - dit qu'au niveau des interventions des fonctionnaires
lors de l'étude des crédits certains hauts fonctionnaires, par
exemple, le sous-ministre, le président d'office, etc., peuvent
être appelés à prendre la parole à moins qu'un
membre de la commission ne s'y objecte. Leurs paroles sont consignées au
Journal des débats, etc. sous leur propre nom, mais ils utilisent le
temps de parole du ministre. Ce droit de parole devrait leur être
accordé uniquement lorsqu'on discute de questions d'ordre technique ou
administratif, les aspects politiques ne devant être
élaborés que par le ministre responsable.
Mme Juneau: Vous avez dit les membres de la commission, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): À moins qu'un membre de
la commission ne s'y objecte. Est-ce qu'il y a des objections de la part de
membres de la commission à ce qu'on entende...
M. Gardner: M. le Président, je m'y oppose. S'ils veulent
faire de la surveillance des organismes publics, c'est l'article 294 que je
viens de voir.
Mme Juneau: Une chance qu'on vous t'a ditl
M. Gardner: Oui, madame. Je vais préciser, madame...
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
M. Gardner: C'est l'article 294.
M. Gendron: Question de règlement. Question de
règlement.
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Abitibi-Ouest, sur une question de règlement.
M. Gendron: Ma question de règlement est très
simple. Nous discutons inutilement une décision qui est rendue. Il est
de tradition que, si le ministre refuse d'entendre un intervenant, le
débat est clos. Passons à autre chose. On n'a pas d'affaire
à entendre des discours sur la procédure. On est ici pour
étudier des questions de fond et non pour faire de la
procédure.
Le Président (M. Trudel): J'accueille votre question de
règlement. Accueillant la question de règlement du
député d'Abitibi-Ouest, je demande à Mme la
députée de Johnson de poursuivre son interrogatoire. Ou alors
à Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Deux brèves questions parce que je vois que
le temps court et on en a plusieurs. Le comité-conseil dont il est
question a-t-il été composé sur recommandation du conseil
d'administration et les personnes choisies par le conseil d'administration? Ou
si c'est un comité -parce que j'ai cru constater qu'il y a plusieurs
administrateurs à ce comité-conseil - composé par le
conseil d'administration à la suite d'une décision du conseil
d'administration?
M. Girard: Oui, c'est le conseil d'administration lui-même
qui, à sa réunion du 21 mars, a créé ce
comité extraordinaire en désignant nommément dans une
résolution les six membres qui feraient partie du comité.
Mme Blackburn: Une deuxième question. Tantôt, le
directeur général nous disait que les propositions
avancées par le comité des trois des comités
régionaux suggéraient que ça pouvait demander une
diminution de la production d'environ 49 heures dépendamment
évidemment - ce qu'il n'a pas dit - du choix des émissions
que vous coupez. Si vous coupez dans une émission à grand
déploiement, évidemment, cela peut prendre moins d'heures et
économiser plus d'argent. Je pense bien que tout le monde connaît
le système lorsqu'on parle de programmation. Lorsque vous dites: C'est
120 heures, à ce moment-là, est-ce que c'est par rapport à
vos prévisions de production pour 1986-1987 ou en fonction de votre
production de 1985-1986?
M. Girard: C'est 120 heures par rapport à l'ensemble de la
programmation pour 1986-1987.
Mme Blackburn: Si on la compare à la production de cette
année, qui était viable quand même, cela voudrait dire
combien?
M. Girard: Je n'ai pas les chiffres. Je peux demander qu'on les
fasse, mais cela représente quand même un nombre d'heures assez
significatives. On va faire les chiffres.
Mme Blackburn: Est-ce que le vice-président à la
programmation est ici?
M. Girard: Non, le vice-président à la
programmation n'est pas ici.
Mme Blackburn: Il aurait été intéressant
qu'il le soit parce que, lorsqu'on parle de ces questions-là,
généralement, c'est lui qui est le plus au fait et capable de
nous donner rapidement les informations. En fait, quand vous nous dites que
c'est 120 heures qu'on sera obligé de couper par rapport à la
proposition apportée par le comité régional, cela veut
dire que c'est parce que vous avez prévu une augmentation de votre
production. Si vous acceptiez, pour tenir compte des compressions
budgétaires - pour ne pas dire des coupures parce que c'est un mot qui
déplaît - des hachures, comme le dirait notre collègue de
Johnson...
Mme Juneau: Paul Il.
Mme Blackburn: Pas le hasch comme sur Saint-Denis.
Une voix: On est dans la culture.
Mme Blackburn: Alors, cela veut donc dire que, lorsque M. Girard
nous apporte ces 120 heures, c'est parce qu'il prévoit, malgré
les compressions, une augmentation de sa programmation, de sa production.
M. Girard: Nous prévoyons une augmentation de la
programmation de l'ensemble de la société. Je reviens au principe
que j'ai évoqué tantôt. Si nous obtenons des revenus
autonomes, c'est pour bonifier la programmation. C'est le principe de base.
Donc, il est parfaitement normal que les revenus autonomes aillent à
l'augmentation de la programmation et non pas à l'infrastructure ou aux
équipements techniques.
De plus, dans les propositions que nous avons faites et que nous sommes
prêts à faire, nous sommes prêts à envisager, en
particulier pour ce qui est de l'émission d'information que nous devions
faire au national, de la transformer en une émission d'information faite
par les régions.
M. le Président, vous me permettrez d'insister là-dessus
parce qu'il est important que les membres de la commission aient l'ensemble de
la réalité. Dans notre proposition, les 2 000 000 $
consacrés à la programmation régionale produite par les
régions demeuraient. Ces 2 000 000 $ étaient augmentés,
dans les années à venir, d'une quote-part de nos revenus
autonomes. Ce que je dis maintenant, ce soir, c'est que nous sommes prêts
à envisager que l'émission d'information que nous voulions faite
depuis Montréal, portant sur des sujets d'intérêt global,
soit transformée en une émission faite par les régions,
dans les régions.
Mme Blackburn: M. le Président, si vous me le permettez,
ma question n'est pas celle-là. J'ai bien compris l'explication de M.
Girard. Ma question demeure la suivante: Si on voulait conserver le même
nombre d'heures de production que cette année, plutôt que de
songer à une croissance malgré les compressions, qu'est-ce que
cela voudrait dire, les présentes compressions?
M. Girard: AIors, écoutez, j'ai les chiffres devant moi.
La production autonome de Montréal pour 1985-1986 était de 553
heures; nous l'augmentons à 602 heures, ce qui fait une augmentation de
49 heures. C'est ce qui explique, d'ailleurs, le chiffre avancé par les
régions. Ce que nous proposons ou ce que nous sommes prêts
à proposer, c'est que l'émission d'information prévue,
l'émission d'une heure, 39 semaines, soit faite par les
régions.
Mme la députée, je dois vous dire, parce qu'on a beaucoup
répété le contraire depuis cet après-midi, que nous
n'avons jamais remis en question la production faite dans les régions
par des producteurs régionaux. Actuellement, la programmation en
régions n'est pas faite par des permanents de Radio-Québec; elle
est faite par des pigistes et elle est faite en sous-traitance. Ce que nous
proposons, c'est très exactement de maintenir cette situation et
même de la développer dans la mesure où nos revenus
autonomes vont augmenter. Il est important que ces choses soient dites parce
que je ne les ai pas beaucoup vues dans les journaux au cours des trois
dernières semaines.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke.
Mme Blackburn: Si vous me le permettez, je termine.
Le Président (M. Trudel): Vous terminez? D'accord.
Mme Blackburn: Vous parlez de production régionale, vous
parlez de structures régionales. Vous parlez de l'abolition des
structures régionales et du maintien de la production régionale.
Vous parlez de maintenir la production régionale alors que vous aurez
aboli les structures régionales. En partant de quel mécanisme
allez-vous déterminer quel genre de production on va faire dans les
régions?
M. Girard: Notre proposition, madame, consistait à
maintenir dans chacune des neuf régions un employé permanent
ayant pour mandat de déterminer et d'établir ce qui pouvait
être fait en programmation générale, ce qui pouvait
être fait en éducation formelle et ce qui pouvait être fait
en partenariat. Nous proposions la création d'un comité
consultatif composé de représentants de chacune des neuf
régions qui devaient obligatoirement être consultés par la
vice-présidence à la programmation dans l'élaboration du
plan de programmation. Ce que nous tentions de faire, c'était
réduire la structure régionale, comme nous le faisons à
Montréal, en maintenant la programmation.
Mme Blackburn: Donc, la détermination...
M. French: Est-ce que Mme la députée de Chicoutimi
me permettrait un court commentaire? Je ne veux pas l'interrompre du tout, je
veux clarifier quelque chose. On vient d'évoquer l'une des
hypothèses sur laquelle le comité de travail s'est penché.
Je ne veux pas que la députée présume que c'est
l'hypothèse à partir de laquelle le ministre fonctionne
actuellement puisqu'il a l'esprit ouvert.
Mme Blackburn: M. le ministre - vous me le permettez, M. le
Président - vous me rassurez. Imaginez-vous! II s'agirait juste de lui
casser les jambes, à votre employé régional, pour qu'on
n'entende plus parler de la région! Cela veut dire qu'une personne dans
une région donnée décide de la production d'une
télévision éducative qui est supposée
répondre à des besoins d'une région.
Mme Juneau: C'est inacceptable!
Mme Blackburn: Vous avez là quelque chose
d'étonnant: entre ça et fermer les régions, dites-moi la
différence.
Mme Juneau: Ils vont se réveiller à
Communication-Québec.
Mme Blackburn: Oui, à peu près. Écoutez,
là-dessus, je ne suis vraiment pas rassurée. Cela veut donc dire
que le poids des régions serait, à Radio-Québec,
réduit à zéro. La personne qui resterait responsable de la
production régionale serait un employé! Cela veut donc dire
quelqu'un qui relève de l'administration de Radia-Québec!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: M. le Président...
Mme Blackburn: Est-ce une question de règlement? Si ce
n'est pas une question de règlement, M. le Président, j'ai le
droit de terminer.
M. Audet: M. le Président, je m'excuse auprès
de...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous intervenez sur
une question de règlement?
M. Audet: La députée de Chicoutimi devait conclure,
alors... Je pense qu'il y en a d'autres qui veulent prendre la parole. Je pense
que ce serait important aussi.
Mme Blackburn: À quel article? Une voix: Elle a droit
à 20 minutes.
Une voix: C'est à l'article 209, si elle cherche.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi, vous pouvez poursuivre.
Mme Blackburn: Bien, je vous remercie. Je pense que l'essentiel a
été dit. Si on est en train d'envisager de telles solutions alors
que la proposition du comité de travail a été
déposée la semaine dernière, cela veut donc dire qu'une
réflexion comme ça n'est pas récente. Cela revient un peu
à ce que disait mon collègue, le député
d'Abitibi-Ouest: II y a comme des gens, quelque part, qui voudraient se
débarrasser d'une structure qui est embarrassante. J'aimerais juste dire
ceci à cette assemblée: Radio-Québec dans les
régions... Je pense en particulier - elle est -à des parties,
à la députée de Matane, je pense à celui qui
était ici tantôt, le député de Matapédia, je
pense au député de Sherbrooke qui était ici tantôt.
On nous a toujours dit...
M. Gardner: II est là, le député de
Sherbrooke, voyons donc!
Mme Blackburn:... la production régionale, c'est
extrêmement important. On va me dire: C'est différemment important
si vous êtes à Sherbrooke et si vous êtes en
Gaspésie. Cela n'est pas vrai. Sherbrooke est noyée dans une
identité qui s'appelle l'identité montréalaise; que cette
région puisse, à travers une télévision
éducative, exprimer sa propre identité, c'est aussi important que
cela l'est en Gaspésie où il ne se produit absolument aucune
émission locale, à l'exception de Radio-Québec. (20 h
45)
Ce qui se produit en Gaspésie, dans la Baie des Chaleurs et
particulièrement dans le comté du ministre des Finances, c'est
que la télévision et la radio sont partagées avec les
francophones du Nouveau-Brunswick. Il n'y a rien! Alors, quand on parle de
Radio-Québec dans ces régions, je voudrais bien que les gens
sachent de quoi on parle» Cela a permis à des gens ordinaires de
trouver un moyen d'expression. Cela a permis à des producteurs
régionaux de se donner une expertise là-dedans. J'ai trop entendu
dire que les émissions produites en régions étaient de
qualité douteuse pour ne pas relever ici aujourd'hui que plusieurs
émissions qui ont été primées, ce sont des
émissions produites en régions.
On est en train de vouloir mettre la hache dans les productions
régionales en disant: Ils n'ont pas eu assez de budget et ce que
prévoyait le rapport Rocher, c'était de l'ordre de 114 000 000 $,
ou 120 000 000 $, ou 140 000 000 $, ou 160 000 000 $...
M. French: 160 000 000 $.
Mme Blackburn: Je me rappelle aussi le rapport Rocher. Dans le
temps, il faut dire que l'on voyait grand un peu partout.
M. French: Oui, on voyait grand.
Mme Blackburn: C'était vers 1978. Cela fait
déjà huit ans.
M. French: Vous avez raison, madame.
Mme Blackburn: On pourrait revenir à des choses plus
modestes. Cette expérience de production en régions n'a que sept
ans. Elle est en train, avec des moyens relativement modestes, de concurrencer
de façon fort honorable ce qui se fait avec des moyens beaucoup plus
élaborés dans la maison de Radio-Québec, rue Fullum. On a
comme oublié cela.
J'aimerais poser une question à présent au directeur
général. Il en coûte combien pour produire une heure
d'émission régionale comparativement à la moyenne? Je ne
dirais pas votre plus coûteuse, je dirais votre production heure
moyenne.
M. Girard: Madame, tout d'abord, ce que nous disons, c'est que
les émissions doivent continuer d'être produites en
régions. Quand j'ai parlé d'une personne, ce n'est pas une
personne qui fait les émissions puisque le système que nous
proposons continuerait d'exister très exactement comme il existe
à l'heure actuelle, avec le budget consacré aux émissions
régionales faites pour le national.
Deuxièmement, le coût moyen d'une émission produite
en régions, selon ce que l'on y met, est de 22 000 $ et celui d'une
émission produite au national est de 36 000 $. Nous ne nous en sommes
jamais cachés, c'est dans le tableau de bord. Par ailleurs, il faut voir
dans l'ensemble, et ce n'est pas un jugement, parce que je me suis
refusé depuis le début de ce débat à porter quelque
jugement que ce soit sur la programmation régionale ou sur la
programmation nationale. J'aurais bien aimé que l'ensemble des
commentateurs fassent de même, parce que je répète qu'une
maison divisée contre elle-même ne peut que périr.
Il y a des explications nombreuses dans lesquelles je ne veux pas entrer
parce que je pense que ce serait désagréable pour les
régions et je me considère autant le défenseur des
régions que le défenseur du réseau national. Je
n'accepterai jamais, sauf si on me force à le faire, d'utiliser des
chiffres que j'ai au plan de la productivité et qui pourraient
être aussi dévastateurs que ceux que l'on a utilisés dans
l'autre sens. Mais, comme je me refuse à entrer dans un tel débat
et à porter des jugements de valeur, parce que je comprends dans quelle
situation ont été placées les régions au cours des
dernières années, je me refuse à le faire, mais un jour
j'aurai, comme président de cette boîte, à être
obligé de corriger publiquement les accusations invraisemblables qui
sont portées à l'égard des artisans de
Montréal.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président. M. le
président-directeur général, tantôt j'ai noté
que vous avez parlé de coupures que vous avez qualifiées de
sages, rationnelles, intelligentes et raisonnables. J'aimerais savoir, parce
que je fais aussi partie des régionaux, dans quelle mesure ou comment
vous allez appliquer ces coupures que vous qualifiez de sages, rationnelles et
intelligentes au national. Concrètement, comme cela se
traduirait-il?
M. Girard: Au national, ce qui a déjà
été identifié, ce sont 2 100 000 $ de coupures. Il est
important de dire qu'au comité nous nous sommes entendus sur un bon bout
de la façon d'appliquer les coupures. Les 2 100 000 $ à
Montréal sont
acceptés par les six membres du comité, le 1 000 000 $ en
régions est accepté par les six membres du comité; les 600
000 $ reliés à des activités faites à
Montréal, mais pour favoriser la régionalisation, l'utilisation
du satellite et la diffusion, nous nous entendons sur cela. Donc, nous nous
entendons sur une coupure de 3 700 000 $. Ce qui nous sépare, c'est
l'écart entre les 3 700 000 $ et les 8 000 000 $, c'est-à-dire 4
300 000 $. Pour ces 4 300 000 $, il va falloir trouver une solution, il va
falloir l'appliquer. Pour répondre directement à votre question,
les objectifs que nous avons en tête pour pratiquer les coupures sont les
suivants: toucher le moins possible à la programmation, pourquoi? Pour
maintenir l'auditoire de Radio-Québec, qui a augmenté sans
arrêt au cours des dernières années -nous avons maintenant
dans la région métropolitaine de Montréal 9 % du
marché -pour éviter, en coupant des émissions, de diminuer
nos revenus autonomes et, enfin, respecter les conventions collectives.
M. Hamel: Merci.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, d'abord une remarque sur la
proposition qui a été adoptée par le conseil
d'administration lors de sa séance du 11 avril dernier. Tout à
l'heure, j'ai été un peu étonné d'entendre à
la fois le ministre et le P. -D. G. affirmer que cette proposition
adoptée par le conseil d'administration ne constituait pas une directive
formelle, mais une demande d'analyser les impacts des compressions
proposées dans la partie 2 du rapport du comité de travail. Or,
je l'ai sous les yeux et je me permets de la lire en commission, c'est
important parce que je ne la comprends pas de cette façon, moi en tout
cas.
Dans le cadre de la compression budgétaire imposée
à Radio-Québec, il est proposé que cette compression soit
opérée selon les orientations et les paramètres
définis dans la partie 2 du rapport du comité de travail quant
à l'actualisation d'une compression de 8 000 000 $ sur les
prévisions budgétaires 1986-1987. Il ne me semble pas, à
moins que je ne sache plus lire, qu'il s'agit là d'une simple demande
d'analyser les impacts. On demande ici que la compression soit
opérée à partir des orientations et des paramètres
définis dans la partie 2. Première remarque. Je pense qu'il y a
là une véritable décision du conseil d'administration et
il me semble, en tout cas, que, à partir de ce moment-là, on se
doit d'y donner suite. Peu importe le résultat du scrutin, c'est une
décision qui a obtenu la majorité des voix au conseil
d'administration et il me semble, en tout cas, à moins que je ne
comprenne mal la structuration d'une société d'État,
qu'à partir de ce moment-là les cadres et, en premier lieu, le P.
-D. G. se devraient de donner suite à cette résolution
adoptée en bonne et due forme par le conseil d'administration.
Deuxièmement, justement quant à cette partie 2 du rapport
du comité, il y a un certain nombre de chiffres que j'aimerais qu'on me
confirme parce que cela m'apparaît important pour la suite des choses.
Est-il exact que le coût horaire d'une émission produite et
diffusée en régions est de 22 100 $? Ce qui est nettement
inférieur au coût moyen de Radio-Québec. Est-il exact
également que les instances régionales sont directement
responsables de 49 % de l'augmentation de la production autonome, de 46 % de
l'augmentation de la coproduction, de 58 % de l'augmentation de la diffusion?
Cela m'apparaît important M. le ministre, que vous confirmiez ou
infirmiez, mais que vous donniez votre point de vue sur ces chiffres. Cela
m'apparaît important parce que cela indique qu'il y a une
productivité assez importante en régions.
Quant aux compressions proposées et adoptées par le
conseil d'administration, je voudrais savoir pourquoi on juge inacceptable,
inapplicable...
M. French: Serait-ce possible de répondre au fur et
à mesure, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: D'accord, allons-yi
M. French: Je ne veux pas vous couper votre droit de parole mais
ce sera plus facile.
M. Brassard: Très bienl
M. French: Je n'ai jamais dit que la "solution" de vendredi
dernier n'était pas une solution essentiellement opérationnelle.
Je pense que c'est le P. -D. G. qui l'a faite. Je l'invite à expliquer
pourquoi. Je n'y étais pas.
M. Girard: Ce que j'ai voulu dire, et je le répète,
c'est que, lorsque l'on regarde le libellé, bien sûr qu'on nous
demande de le faire suivant les orientations et les paramètres, mais je
pense que l'honnêteté, et nous nous sommes entendus
là-dessus avec les trois directeurs régionaux, m'a amené
à dire qu'il était possible d'imaginer, à
l'intérieur des orientations et des paramètres, des coupures
autres que celles qu'ils avaient identifiées, parce qu'eux-mêmes
ont admis qu'il y avait une marge de manoeuvre là-dedans. Au fond,
lorsqu'on reprend les chiffres, il y a 2 300 000 $ à la programmation, 1
300 000 $ à l'exploitation et à la technique. Ils n'ont pas dit:
C'est de
cette façon que vous le faites. C'est ce que j'ai voulu dire. Je
pense que c'est tout simplement pour être parfaitement honnête
à leur égard que je le dis. Dans mon esprit, effectivement, la
décision nous amène a faire les compressions suivant les
orientations et les paramètres, mais pas nécessairement en
respectant chacun des chiffres identifiés.
M. Brassard: D'accord. Je pense que c'est important qu'on se
comprenne bien. Cependant, est-ce que vous vous considérez comme
lié, en tant que P. -D. G., par les orientations et les
paramètres suivants soit la compression en régions de 1 600 000 $
et la compression à Montréal de 2 100 000 $ et 4 300 000 $?
Est-ce que vous considérez qu'il s'agit là de paramètres
qui vous sont imposés par le conseil d'administration? Cependant, je
comprends bien par votre réponse qu'à l'intérieur de cette
enveloppe il y a des choses qui peuvent changer. Ce ne sera peut-être pas
2 300 000 $ pour la réduction des heures de production autonomes, par
exemple, et ce ne sera peut-être pas 1 300 000 $ pour réseau et
exploitation. Est-ce que je comprends bien?
M. Girard: Vous comprenez parfaitement bien. C'est ce que j'ai
voulu dire et c'est ce que j'ai clarifié il y a un instant, si ce
n'était pas clair au point de départ. J'ai dit publiquement
après la réunion du conseil d'administration vendredi en
conférence de presse que je nous considérais liés. Vous
avez vu ce que les journaux ont rapporté. Par ailleurs, j'ai
également dit au conseil d'administration qu'il fallait faire l'analyse
des impacts. Nous avons fait l'analyse des impacts, et je répète
que les impacts sont désastreux pour Radio-Québec et que, comme
P. -D. G., il ne me paraît pas possible d'envisager de tels impacts qui
seraient désastreux pour l'ensemble de la programmation de
Radio-Québec et qui seraient désastreux quant à la
possibilité d'obtenir des revenus autonomes qui ne seront pas tous
dépensés à Montréal - je répète la
proposition qui a été mise sur la table - mais qui seront
partagés suivant des façons qu'il reste à
déterminer entre le national et les régions.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je veux poser une toute petite question. Étant
donné ce que vient de dire le P. -D. G. au sujet de la programmation qui
viendra du national pour s'en aller vers les régions et que vous avez
dit dans un même souffle qu'il resterait une personne en régions
pour faire tout cela pour que cela ait une saveur régionale,
j'aimerais...
M. Girard: Je m'excuse, madame. Je demande la permission de
parler au président. Ce n'est pas ce que j'ai dit, je suis obligé
de rectifier. J'ai dit que la programmation régionale en régions
continuerait d'être faite sur le modèle que l'on connaît
actuellement en sous-traitance et en coproduction. Et, en régions, il
n'y a pas que des gens dans les bureaux régionaux, il y a une
quantité considérable de pigistes. On ne peut pas dire que notre
proposition est qu'une personne fasse la programmation en régions. Notre
proposition, c'est qu'il y ait un permanent en régions plutôt que
quatre ou cinq. (21 heures)
Mme Blackburn: Qui décide des orientations.
Mme Juneau: Qui va décider de la programmation?
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Qui va décider d'une programmation ou d'une
autre" Est-ce que c'est une personne ou un comité? Est-ce que c'est une
personne qui va dire que, dans sa région, ça doit être
ça qui devrait avoir la saveur régionale?
M. Girard: La saveur régionale d'une émission
relève de la production elle-même. La production est faite en
régions suivant le même principe que celui qui existe à
l'heure actuelle, celui de confier en sous-traitance ou de faire des
coproductions, À l'heure actuelle, dans les bureaux régionaux, il
y a quatre ou cinq personnes. Les régions elles-mêmes
suggéraient de réduire ce nombre de personnes. La production,
c'est-à-dire l'identification, si vous voulez, aurait été
faite par chacune de ces personnes. Une fois que les projets sont
identifiés - c'est le cas à l'heure actuelle - ils sont
intégrés dans le plan annuel de programmation de la
société. Le plan annuel de programmation comprend à la
fois les émissions nationales et les émissions régionales.
Ce plan est élaboré actuellement par les régions et la
direction des programmes au national, soumis au comité de programmation
du conseil d'administration et adopté, finalement, par le conseil
d'administration.
Mme Juneau: Je pense qu'au moment où on se parle ce sont
des comités régionaux qui décident de la programmation
régionale. Vous dites qu'une personne pourra faire le travail à
la place de tout ce comité régional. Je veux savoir si le
ministre endosse ce que le président-directeur général
dit. Est-ce que le ministre est d'accord de faire fi de tout ce qui se passe en
région, malgré ce que vous avez reçu en termes
élogieux de ta part de la régie et du CRTC
concernant la programmation régionale? Est-ce que le ministre est
d'accord qu'on mette la hache là-dedans et qu'on fasse disparaître
nos comités régionaux d'un revers de la main, comme ça,
pour confier cela à un employé?
M. French: Je pense que le P. -D. G. veut dire quelque chose. Je
ne veux pas y échapper; je vais répondre après.
M. Girard: Ce n'était pas un employé, madame. Il y
avait un employé permanent, mais nous proposions également la
constitution d'un comité consultatif composé de 18 personnes,
c'est-à-dire deux représentants de chacune des régions,
lequel comité consultatif devait obligatoirement être
consulté par le comité de programmation du conseil
d'administration. Je pense que si on veut analyser la proposition il faut
l'analyser dans son entièreté. Elle comportait cinq volets et
chacun des volets était important. Mais c'est une proposition qui a
été faite. Il y a d'autres propositions qui peuvent être
faites également.
M. French: Ce que je voudrais dire à Mme la
députée, c'est qu'encore une fois...
Mme Juneau: M. le ministre, je m'excuse.
M. French:... c'est une hypothèse de travail qui a
été émise à l'intérieur de
Radio-Québec et qui n'émanait pas du gouvernement, mais qui
essayait de respecter les critères que le gouvernement a transmis au
conseil d'administration de Radio-Québec. Je reste disponible pour la
discussion. Je dirai simplement une chose: j'ai été très
frappé par l'image que le député d'Abitibi-Ouest m'a
présentée quand il a syntonise et m'a fait part de ce qu'on
trouvait chez lui; là-bas, on trouve, l'"autre télévision"
importante. J'ai vu cette image et elle me reste. C'est en fonction de cette
image d'un téléspectateur, où qu'il soit, y compris dans
une région comme l'Abitibi-Témiscamingue, que je vais y penser.
Je n'ai pas pris de décision finale à ce sujet, sauf que je
constate, encore une fois, que la solution actuelle nominalement mise en
application est le résultat d'une impasse, elle a des effets
désastreux et elle n'est pas applicable.
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: M. le Président, ma question s'adresse au
président-directeur général de la société.
Comment évaluez-vous la contribution régionale dans la production
et la diffusion des émissions par la société? Dans quelle
proportion, selon vous, cela permet-il d'augmenter le nombre de vos
auditeurs?
M. Girard: Je pense que la contribution régionale est une
contribution significative, une contribution intéressante, une
contribution qui s'est améliorée au cours des dernières
années. C'est la raison pour laquelle, à Radio-Québec
maintenant, l'on suggérait que l'effort des régions au cours des
prochaines années porte sur la fabrication d'émissions
régionales destinées au national.
Par ailleurs, dans l'ensemble de l'écoute de Radio-Québec,
la présence régionale sur l'ensemble du réseau est de
l'ordre de 6 % ou 7 % à l'heure actuelle par rapport à une
programmation totale. Donc, 94 % ou 95 % de la programmation diffusée
sur l'ensemble du réseau est d'origine montréalaise.
M. Gendron; En 1984-1985, combien d'heures-réseau ont-elles
été diffusées?
M. Girard: En 1984-1985, le nombre d'émissions
régionales diffusées sur le réseau?
M. Gendron: Oui.
M. Girard: Alors, 1984-1985, il faudrait que je vérifie.
Je peux vous donner le chiffre de 1985-1986 parce que c'est récent. Ce
qui était prévu comme diffusion d'émissions
régionales sur le réseau, c'était 104 heures.
M. Gendron: 104 heures.
M. Girard: On me dit que l'an dernier c'était 132.
M. Gendron: Et quelle est la proportion
réseau-détachement?
M. Girard: Les détachements régionaux, il y en
avait à peu près l'équivalent d'une demi-heure par semaine
pour chacune des neuf régions tout au long de l'année.
M. Gendron: Est-il exact que dans vos émissions
diffusées, dites réseau, il faut soustraire à ces
émissions un certain nombre d'émissions qui vous proviennent
directement des ministères et des universités? Si oui, dans
quelle proportion?
M. Girard: Oui. Il y a toute une section d'éducation
formelle qui sont les émissions produites par te ministère de
l'Éducation, que ce soit le Marché aux images le matin, que ce
soit Passe-Partout en fin d'après-midi, que ce soit Quebec School
Telecast et la programmation du samedi et du dimanche est une programmation
éducative formelle venant des universités.
De mémoire, M. le député, je pense que la
programmation d'éducation formelle constitue à peu près 37
% à 38 % de la programmation totale.
M. Gendron: Si mes informations sont exactes, je pense que c'est
dans cet ordre de grandeur. Mais il faudrait faire remarquer aux membres de
cette commission que si on soustrait de ce que vous appelez dans votre jargon
correct le réseau original, selon les informations que j'ai pour
1984-1985, sur un total de 4385 heures diffusées d'émissions,
réparties en 3008 heures-réseau et 574 détachements,
après la soustraction des émissions provenant des
ministères et des universités, on arrive à une production
du réseau original de 1100 heures à peu près, par rapport
au premier chiffre de 3008, toujours sur les données 1984-1985, et les
émissions détachements, 574 heures et 450 heures, après,
toujours la même exclusion. Là, je trouve que c'est important que
les membres de cette commission soient saisis que cela fait une proportion
à peu près de deux pour un, si on arrondit.
Alors, je conclus, et je voudrais que M. le ministre des Communications
soit très attentif. Cela signifie qu'avec 12 % du budget de
Radio-Québec la diffusion dite d'émissions originales en
provenance des régions est passablement significative, parce que, si
pour un facteur deux pour un on a seulement 12 % de productions
régionales, je pense qu'à ce moment cela indique qu'il y a des
coûts très importants qui sont davantage imputables à la
production et à la diffusion des émissions nationales, donc dites
réseau original plutôt qu'en régions. Je voudrais savoir si
le ministre est au courant de ces données.
M. French: Pas en détail mais je suis content que le
député me les souligne.
M. Gendron: J'aimerais également poser une question
additionnelle. Je veux savoir si j'ai bien entendu le
président-directeur général de Radio-Québec quand
il a dit ceci sur l'adoption de la proposition que nous connaissons. Tout comme
mon collègue de Lac-Saint-Jean, j'ai cru comprendre que, sans
prétendre que c'était la vérité
révélée, ces gens vous faisaient cette proposition pour
que, effectivement, elle soit opérationalisée. Puis ils l'ont
détaillée en disant: Nous pensons que c'est une proposition
opérationnelle. Je reconnais que vous aviez le droit, vous, dans les
échanges avec eux, de dire: II se pourrait qu'on fasse quelques autres
ajustements. Mais ma question précise, j'ai cru vous entendre dire
qu'ils vous avaient demandé de faire rapport au ministre des
Communications de cette proposition. Selon les informations que j'ai, cela ne
semble pas exact. Je voudrais savoir si c'est une déduction des
échanges que vous avez eus avec eux autres ou si c'est vous qui avez
pris sur vous de faire rapport au ministre des Communications.
M. French: Là, si vous me permettez, je vais dire tout de
suite au député que moi j'ai demandé, avant la
réunion de vendredi dernier, au P. -D. G. de me faire rapport.
M. Gendron: Dernière question. J'ai cru aussi entendre le
directeur général mentionner que le résultat de la
décision du conseil d'administration était 50-50. J'ai cru
entendre dire que les régionaux étaient d'accord sur la
proposition que nous connaissons, alors que le reste des membres du conseil
d'administration du central était en désaccord. Selon ce que
j'observe, toujours dans le vote, c'est une proposition qui a été
majoritairement acceptée par le conseil d'administration. Est-ce bien
exact?
M. Girard: Je ne pense pas avoir dit que c'était 50-50. Je
pense avoir dit à peu près textuellement que j'étais
obligé de constater qu'il y avait une impasse et que le conseil
d'administration était divisé.
M. Gendron: C'est justement, moi, à moins que je me
trompe, je reconnais qu'un vote majoritaire avec une voix de différence,
c'est serré. Je ne connais pas cela. J'ai de la difficulté
à comprendre que vous, comme directeur général qui recevez
une indication quand même serrée mais très précise
du conseil d'administration, considérez cela comme une impasse. Quelle
est l'impasse? Juste une seconde, je voudrais juste finir ma question.
L'impasse, c'est que la tendance est serrée, mais elle semble
privilégier l'option qui a été analysée et retenue
par ce qu'on convient d'appeler, pour les fins du débat, des
régionaux. Consécutivement à cela, si l'analyse qui serait
faite par vous et par le ministre des Communications démontrait que
peut-être, avec des ajustements, il y aurait des possibilités de
donner suite à l'opérationalisation de leurs recommandations,
à ce moment, on dénouerait l'impasse. Quelle est l'impasse?
M. French: Si vous me permettez, sans vouloir couper la parole au
président-directeur général, l'impasse vient du fait que
le gouvernement a demandé au conseil d'administration de soumettre les
hypothèses d'opérationalisation des coupures budgétaires
qui auraient un impact minimal sur la programmation. Or, c'est loin
d'être le cas d'après l'analyse faite par les personnes les plus
compétentes pour faire cette analyse, soit le président-directeur
général et son équipe, qui sont responsables de
l'administration de la boîte.
M. Gendron: À ce moment, votre conclusion... M. le
Président, je demande au ministre des Communications si, comme ministre
des Communications, il approuve l'analyse que moi je n'approuve pas. Je n'ai
pas les instruments et je ne suis pas un spécialiste pour faire cette
analyse, mais vous semblez dire à cette commission que pour vous, dans
votre esprit, s'il n'est pas possible de donner suite à
l'opérationalisation de la recommandation 2, à ce moment, vous
seriez tenté de privilégier cette analyse d'incapacité d'y
donner suite plutôt que de voir à un réaménagement.
Ma question précise, en somme, c'est: Est-ce que vous seriez d'accord
pour voir un réaménagement de la formule 2, en conservant
l'essentiel de l'esprit des régionaux dans cette proposition,
plutôt que de vraiment, parce que le directeur général
aurait, à la suite de l'analyse, la conviction que cela devient
impraticable, opter, à l'encontre d'une décision du conseil
d'administration, pour la recommandation du directeur
général?
M. French: Le président-directeur général et
son équipe ont la confiance du ministre et du gouvernement. Maintenant,
s'il y a des aménagements possibles, je pense que moi-même et le
P. -D. G. serions prêts à les recevoir et les évaluer. Je
répète que je ne peux pas attendre indéfiniment. Je dois
avoir l'assurance que les compressions budgétaires vont être
opérationalisées dans le sens que le gouvernement souhaite.
M. Gendron: Vous ne vous opposez pas, comme ministre, à
regarder à nouveau ce qu'on appelle aujourd'hui une recommandation non
opérationalisable, qui aurait trop de conséquences sur la
production nationale? S'il était possible de voir à des
réaménagements et qu'à la lumière de votre analyse
et de celle du P. -D. G. et que vous conveniez que cette proposition est
envisageable dans un réaménagement, vous ne la rejetteriez pas
à ce moment-ci? C'est ce que je veux savoir. (21 h 15)
M. French: Lorsqu'on commence à ajouter des
aménagements, il s'agit de savoir ce que je rejette et ce que je ne
rejette pas, n'est-ce pas? Moi je ne suis pas particulièrement
intéressé et je ne me suis certainement pas fait élire
comme député et assermenté comme ministre pour essayer
d'appliquer les compressions budgétaires par voie législative.
Cela ne m'intéresse pas particulièrement.
Le message aujourd'hui c'est que, s'il le faut, je suis prêt
à le faire, mais s'il y a d'autres solutions qui respectent les
critères du gouvernement, soit d'opérationaliser les compressions
budgétaires et d'avoir un impact minimal sur la programmation, je suis
toujours prêt à attendre mais je trouve que le temps commence
à être court, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: En parlant du temps, M. le Président, je
termine...
Le Président (M. Trudel): Vous avez trente secondes
encore, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Quand, dans votre esprit, allez-vous être en
mesure de statuer définitivement sur votre capacité
d'opérationaliser cette recommandation ou non?
M. French: Moi, j'ai un jugement assez définitif pour le
moment du P. -D. G. Maintenant, il y a des négociations qui pourraient
se faire à l'intérieur de la boîte; mais, pour le moment,
je considère que j'ai une évaluation qui est assez claire et je
procède comme si c'était nécessaire de
légiférer.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à M. Girard. On parle des revenus autonomes; dans l'étude des
crédits, ici, on a une prévision pour 1985-1986 de 4 200 000 $.
J'aimerais savoir l'apport des régions au budget total des revenus
autonomes. Est-ce que vous êtes en mesure de me le fournir?
M. Girard: Oui. Pour la présente année, cela se
situe entre 400 000 $ et 500 000 $.
M. Audet: 400 000 $ et 500 000 $. D'accord, merci.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez une question?
M. Boulerice: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre. Êtes-vous conscient que, M. le ministre, si vous prenez la
position qui n'est pas favorisée par les régionaux, des projets
en cours en régions avec des maisons d'enseignement et d'autres
organismes vont être compromis et quels sont ces projets?
M. French: Je suis conscient qu'il y a des projets en cours. Je
ne les connais pas par coeur dans les neuf régions, M. le
député, mais peut-être que le P. -D. G. ou quelqu'un
d'autre ici pourrait vous informer.
M. Boulerice: Vous pouvez vous faire assister, M. le
ministre.
M. Girard: La réponse précise, c'est qu'il y avait
de prévue au budget une somme de 2 000 000 $ pour les émissions
régionales diffusées sur le réseau. Dans cette
catégorie d'émissions, il y a des émissions qui sont
faites en collaboration avec des maisons
d'enseignement ou d'autres partenariats, ce qui est extrêmement
intéressant et extrêmement utile parce que de cette façon
les régions pouvaient en faire davantage que si cela n'avait pas
été le cas,
II y avait également une enveloppe de 2 400 000 $ pour la
diffusion régionale en détachement et là-dessus nous nous
entendions à l'intérieur du comité sur le fait
qu'étant donné les coupures budgétaires la programmation
régionale en détachement n'aurait pas lieu au cours de la
prochaine année. Par ailleurs, les régions proposaient que cette
programmation régionale en détachement soit remplacée par
une émission d'information régionale provenant des régions
et faite en régions. J'ai dit tantôt que nous sommes prêts,
au moment où l'on se parle, à abandonner l'émission
d'information que nous avions en tête pour transférer le budget
que nous avions à Montréal à cet effet, qui est un budget
de l'ordre de 1 700 000 $ lorsqu'on considère les frais directs et
indirects, et l'affecter en régions dans des proportions qu'il faudrait
établir puisque, bien sûr, les frais indirects ne seraient pas
transférés, mais le coût des frais directs pourrait
être transféré.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que le président-directeur
général de Radio-Québec pourrait nous expliquer pourquoi
dans le tableau de bord, au 31 août 1985, il y a 1 434 600 $ de temps
supplémentaire? C'est quand même un montant important et c'est un
facteur, je pense, qui pourrait être éliminé. J'imagine que
le temps supplémentaire ne vient pas des régions. Je ne le sais
pas. Est-ce que vous pourriez nous expliquer comment cela se fait-il? Est-ce
que ce temps supplémentaire vient du national?
M. Girard: Je pense que cette portion de temps
supplémentaire est principalement attribuable au national. J'ai dit
tantôt que nous avions réduit au cours des deux dernières
années le temps supplémentaire de 27 %. Je pense qu'il nous est
possible de faire de nouveaux efforts et, dans la proposition de couper 2 100
000 $ à Montréal, nous réduisons à nouveau le temps
supplémentaire. Par ailleurs, est déjà compris dans les 2
100 000 $... Ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est 1 300 000 $ additionnels
en réduction de temps supplémentaire et c'est ce qui ne nous
paraît pas réaliste pour les raisons que j'ai indiquées
tantôt, c'est-à-dire que ce que l'on désigne sous le
vocable "global de temps supplémentaire" comprend du temps qui doit
être obligatoirement payé résultant du fait que nous
diffusons 365 jours par année, le samedi, le dimanche et les jours
fééries, et qu'au moment où nous diffusons ces
journées il y a automatiquement des primes additionnelles qui sont
payées aux techniciens.
Mme Juneau: Sur les revenus des commandites, est-ce que vous
prévoyez une augmentation?
M. Girard: Oui, nous prévoyons une augmentation. Je
pourrais vous indiquer les augmentations suivant le document que nous avons
déposé au CRTC. Le document que nous avons déposé
au CRTC est le suivant: pour 1985-1986, prévisions
révisées, nous prévoyons 1 930 000 $; nous atteindrons
vraisemblablement cette somme et nous la dépasserons peut-être
même. En 1986-1987, une prévision de 3 410 000 $. En 1987-1988,
une prévision de 4 600 000 $. Ce sont les chiffres que nous avons
déposés au CRTC.
Mme Juneau: Cela provient à la fois des
régions?
M. Girard: Ces montants proviennent exclusivement des revenus
générés par la publicité suivant la formule
autorisée par le CRTC puisque la publicité ne peut être
achetée ou vendue que pour l'ensemble du réseau et que la
publicité ne peut pas être achetée ou vendue
régionalement.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi, en vous faisant remarquer qu'il vous reste environ deux minutes sur
les vingt minutes. En étant généreux, trois minutes.
Mme Blackburn: Dans l'hypothèse avancée par les
régionaux, il n'y aurait plus de détachement régional.
Donc, la production régionale serait diffusée sur le
réseau national. Cela aurait comme effet - si j'ai bien compris -
d'augmenter la diffusion de productions originales sur le réseau
national. J'ai trouvé que c'était intéressant parce
qu'enfin cela donne l'occasion aux régions de faire connaître un
peu leurs besoins et leurs préoccupations à l'ensemble de la
population. À mon avis, cela aura comme effet d'enrichir et de
diversifier la production de Radio-Québec.
M. French: Est-ce que Mme la députée a bien compris
aussi que l'argent dans le plan de programmation pour l'année prochaine
que Radio-Québec avait alloué pour une émission de
commentaires ou de nouvelles internationales est tourné en "news
magazine" régional? Je veux juste souligner cela.
Mme Blackburn: J'ai bien compris. Étant donné qu'il
me reste deux minutes, ma question va s'adresser au ministre des
Communications. Elle est claire, il me
semble, et j'aimerais qu'on puisse avoir sur cela un peu d'indications.
Est-ce que te ministre peut, ce soir, s'engager à revoir avec le conseil
d'administration les possibilités de réaménager la
proposition 2? Il semble que c'est sur la première que cela accroche.
Essentiellement, pour pouvoir maintenir la structure, il faudrait pouvoir
envisager un réaménagement de la deuxième proposition
qu'on connaît tous - je ne la répéterai pas. Il me semble
qu'un élément contenu dans un document qui a été
préparé par la direction de Radio-Québec, qui s'appelle
"Partie 3, hypothèse d'une modification de la mission régionale",
dans lequel document la société prévoyait résorber
un déficit de l'ordre de 2 100 000 $ sur trois ans... Si je fais un
petit calcul, je dis, sans réaménagement de la proposition, 1 600
000 $ dans les régions, 2 100 000 $ au national de compressions et de
rationalisation, ensuite un déficit qu'on peut résorber sur trois
ans. Là, on est rendu à 5 800 000 $. Il me semble que
l'écart commence à s'amoindrir et, à la lumière de
cette remarque, je demanderais au ministre s'il peut, ce soir, s'engager
à revoir avec le conseil d'administration de Radio-Québec, tel
que composé, la possibilité de réaménager la
proposition. Je me permets de faire la remarque suivante, je pense que c'est
une façon de sortir de l'impasse et - je me dis -peut-être aussi
de voir un peu venir...
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, Mme la
députée de Chicoutimi, j'ai été...
M. Filions Avec le consentement, M. le Président, pour
terminer.
Le Président (M. Trudel): Je vais lui permettre, si vous
voulez me laisser continuer... Je veux simplement dire à Mme la
députée de Chicoutimi que si elle pouvait accélérer
légèrement...
Mme Blackburn: Ma minute est terminée?
Le Président (M. Trudel): Vos trois minutes sont
écoulées, comme dirait la téléphoniste.
Mme Blackburn: Bien. Est-ce que je peux remettre 0, 25 $?
Le Président (M. Trudel): Les tarifs sont plus
élevés. M. le ministre étant responsable de la
téléphonie, on pourrait peut-être lui poser la question
tantôt.
Une voix: On voit bien que c'est Radio-Québec.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il ce soir nous laisser
là-dessus?
M. French: Deux ou trois réactions, Mme la
députée. D'abord, le ministre n'a pas l'intention d'aller jouer
le rôle de médiateur à l'intérieur du conseil
d'administration. Je pense qu'un ministre qui embarque dans ce genre
d'activité est susceptible de créer plus de problèmes que
d'en régler. Cependant, s'il y a moyen de trouver un
réaménagement qui va faire un consensus raisonnable ou qui n'aura
pas d'effet sur la programmation qu'on identifie dans la solution actuelle, je
serai heureux d'en entendre parier. Je dois avouer très
honnêtement, Mme la députée, que vous avez utilisé
une phrase combien importante dans votre question:... nous permettrait de
préserver la structure. Je ne suis pas sûr qu'on puisse
préserver la structure et opérer les compressions
budgétaires de façon à minimiser l'impact sur la
programmation. Si on le peut, le ministre des Communications serait très
heureux d'en entendre parler. Cependant, je dois actuellement présumer
que ce sera très difficile et prendre les mesures en
conséquence.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le ministre, depuis le commencement de notre
commission sur les crédits, on a tenté par tous les moyens de
vous exprimer, par notre formation politique, combien il était important
pour nous, dans chacune de nos régions, d'écouter, d'entendre et
d'avoir des programmes qui nous ressemblent. Vous avez aussi reçu
d'innombrables lettres d'appui, de télégrammes, concernant nos
régions. Cela vous témoigne grandement de notre volonté de
faire l'impossible pour sauvegarder nos régions. Nous vous demandons ce
soir de bien vouloir réévaluer tout ce qui s'est dit durant cette
commission concernant Radio-Québec et de tenter l'impossible pour nous
épargner, nous, les gens des régions. Merci.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, avez-vous des
commentaires à ajouter?
M. French: Je prends très au sérieux la
déclaration de Mme la députée, cela me touche. Cependant,
je dois reconnaître encore une fois qu'il y a certains faits... on peut
vouloir qu'ils n'existent pas, mais ils existeront pareillement. Je suis
prêt, quant à moi, à me faire dire par le conseil
d'administration de Radio-Québec et le P. -D. G. qu'une solution a
été trouvée, mais je ne peux pas présumer qu'il va
y en avoir une.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Johnson, doit-on considérer le programme 8,
Société de radio-
télévision du Québec, comme étant
adopté? Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division. Je
remercie, au nom de la commission, le président de Radio-Québec
de s'être prêté de bonne grâce à ce barrage de
questions au cours des dernières heures.
Mme la députée de Johnson...
Mine Juneau: Oui.
Le Président (M. Trudel): Quel programme voulez-vous
aborder?
Mme Juneau: Si on retournait au programme 1.
Le Président (M. Trudel): Programme 1.
Mme Juneau: C'est Gestion interne et soutien.
Le Président (M. Trudel): Gestion interne et soutien.
Mme Juneau: Cela va aller assez vite, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson. (21 h 30)
Gestion interne et soutien
Mme Juneau: Le livre des crédits de 1985-1986 indique au
programme 1 des crédits à voter de 27 797 700 $. Si on y ajoute
les 2 241 000 $ votés en décembre 1985 par l'adoption de
crédits supplémentaires, les crédits alloués au
programme 1 s'élèvent à 30 038 700 $. Est-ce que le
ministre peut nous indiquer ce que représente cette différence de
plus de 9 000 000 $?
M. French: Mme la députée, je regrette beaucoup,
mais il y a énormément de bruit. La salle se vide. Si on pouvait
recommencer quand la foule sera partie, je serai plus en mesure de vous aider.
Mes fonctionnaires auront eu le temps de se situer un peu.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, on peut vous
donner quelques secondes pour vous réorganiser.
M. French: Oui, on va essayer de changer...
Le Président (M. Trudel): Tout en souhaitant que vous ne
soyez pas trop engourdi par la longueur de cette journée.
M. French: Non, pas du tout, M. le Président. À ma
droite, M. Roger Hakim, qui est le responsable de l'administration
financière du ministère.
Mme la députée, je m'excuse, je n'ai pas compris votre
question. Je sais qu'elle est importante, mais le bruit était tel que je
n'ai pas pu saisir l'essentiel.
Mme Juneau: J'ai parlé du programme 1 de votre
ministère, Gestion interne et soutien. Le livre des crédits de
1985-1986 indique, au programme 1, des crédits à voter de 27 797
700 $. Si on y ajoute les 2 241 000 $ votés en décembre 1985,
lors de l'adoption des crédits supplémentaires, les
crédits de 1985-1986 alloués au programme s'élèvent
à 30 038 700 $.
Or, les crédits de 1985-1986, pour fins de comparaison, dans le
cahier des crédits déposé le 25 mars dernier,
s'élèvent à 39 609 300 $. Est-ce que le ministre
peut nous expliquer cette différence de plus de 9 000 000 $?
M. French: II y a eu un certain nombre d'augmentations et je vais
essayer de les expliquer au fur et à mesure sans promettre de
façon absolue que je vais être capable de concilier le total au
bout de la ligne.
Il y a d'abord eu un changement de politique au gouvernement, à
savoir que les ministères et les organismes sectoriels payent leur
propre loyer à la suite de la réforme qui a mené à
la création de la Société immobilière du
Québec. Donc, la somme qui a été ajoutée d'un coup
sec d'un autre vase communiquant ailleurs au gouvernement est de 8 300 000
$.
Deuxièmement, il y a une somme de 2 300 000 $ qu'il faut allouer
à la croissance de l'affranchissement et aux hausses de tarifs de Postes
Canada.
Vous comprendrez, Mme la députée, que mon ministère
met les timbres sur toutes les lettres du gouvernement sans contrôler la
quantité et évidemment, sans contrôler, la tarification non
plus.
C'est l'essentiel de l'augmentation. Je ne sais pas si l'ordre de
grandeur... On parle d'environ 10 500 000 $. Est-ce à peu près
cela que vous avez cherché?
Mme Juneau: Si je comprends bien, on aide beaucoup le
fédéral par vos timbres.
M. French: C'est une façon de voir les choses, Mme la
députée.
Mme Juneau: Est-ce que le ministre peut nous expliquer aussi,
dans la ventilation des crédits du programme 1, ta variation la plus
importante qui se retrouve aux éléments 1, "La direction", et 2,
"Le soutien administratif et technique"?
M. French: C'est la SIQ et les crédits
pour les frais d'affranchissement du courrier. On peut trancher comme on
le veut, mais cela revient à cela.
Mme Juneau: Cela va pour le programme 1.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 1,
Gestion interne et soutien, est adopté?
Mme Juneau: Adopté sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
Programme 2, Information et publications gouvernementales. Mme la
députée de Johnson.
Information et publications gouvernementales
Mme Juneau: Le ministre peut-il indentifier clairement les
variations au programme 2 portant sur l'information et publications
gouvernementales?
M. French: Mme la députée, si on est toujours dans
l'explication des écarts, on va la trouver en détail à la
fin du discours, à la fin des commentaires préliminaires. Cela
commence à la page 34.
Mme Juneau: C'est bien, M. le ministre. Est-ce que le ministre
peut nous dire s'il a été avisé avant l'abolition du
comité ministériel permanent des communications?
M. French: C'est une question un peu délicate. Je ne sais
pas trop comment répondre, Mme la députée. Le premier
ministre a le droit de créer et d'abolir les comités
ministériels. Dire que j'ai été avisé, avec toute
la formalité que le verbe aviser implique, je suis obligé de dire
non. Est-ce que je savais que ce ne serait pas créé? Oui. Il faut
dire que cela n'a pas été aboli. Cela n'a pas été
créé. Il y a une subtilité là qui est quand
même importante. Je ne peux pas avoir une connaissance préalable
d'un événement qui n'a pas eu lieu.
Mme Juneau: Avez-vous été consulté au
moins?
M. French: Est-ce que j'ai été consulté?
Vous savez, Mme la députée, le premier ministre n'était
pas insensible à ce que j'ai dit depuis cinq ans au sujet de la
publicité gouvernementale et à mes commentaires sur le rôle
du comité ministériel dans ce dossier. J'étais très
mal placé pour revendiquer mon comité des ministres, après
coup.
Mme Juneau: On devrait quand même vous demander votre avis.
C'est important je pense.
M. French: De demander mon... Mme Juneau: Votre avis.
M. French: M. le Président, ce que le premier ministre
fait, je l'endosse. Je considère que te comité n'était pas
un élément essentiel pour un gouvernement qui sait communiquer
autrement que par la publicité gouvernementale.
Mme Juneau: Avec l'abolition du comité ministériel
permanent des communications, M. le ministre, le ministère des
Communications et le Conseil du trésor vont contrôler les
différentes directions des communications des ministères. Est-ce
que cela vous inquiète un peu?
M. French: Mme la députée, si le Conseil du
trésor était capable de contrôler les différentes
directions de communications des différents ministères, quel
ménage on ferait! Mais, ce n'est malheureusement pas le cas. Il faut
quand même indiquer, Mme la députée, le sous-ministre me le
rappelle à bon droit, que le ministre des Communications, en vertu des
règlements existants, tant sous le gouvernement précédent
que sous le gouvernement actuel, a le contrôle, au moyen du
mécanisme des devis préalables, de l'activité
publicitaire, que le comité des ministres existe ou n'existe pas.
L'information gouvernementale, par exemple, est pas mal
décentralisée dans la situation actuelle. On pense qu'il y a
probablement des économies à faire la. Le Conseil du
trésor le pense également. On verra si on réussira. Mon
expérience dans ce domaine depuis quinze ans, c'est qu'il est
très difficile de contrôler les ministres qui gardent leur
direction des communications avec un soin assez jaloux.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, j'ai une petite question
d'information personnelle. À la page 14 de 17, on a un contrat de 225 $
pour la fabrication d'un pigeonnier en contreplaqué, 48 sur 48.
C'était en 1985-1986.
M. Boulerice: Avec les coupures maintenant, on va communiquer par
pigeon voyageur. Plus de téléphone au parlement, plus de
télévision!
Une voix: Soyons un peu plus sérieux.
Une voix: C'est la communication.
M. Boulerice:... avec les pigeons voyageurs.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Richelieu, avez-vous une
autre...
Mme Hovington: Quand le député de Richelieu se
réveille, il trouve vraiment des points.
Le Président (M. Trudel):... question d'importance...
M, Khelfa: Est-ce que je peux compléter ma question?
Le Président (M. Trudel):... majeure pour l'avenir du
Québec.
M. Khelfa: Depuis le début de la séance, on
s'interroge sur des questions un peu enveloppées et quand on arrive aux
dépenses réelles...
Une voix: Dans la vraie vie.
M. Khelfa: Dans la vraie vie des pigeonniers...
M. French: Parle-moi de celai
M. Khelfa:... on ne dit pas un mot sur notre propre
administration, mais on parle de "Foufounes électriques" par exemple et
des...
M. Boulerice: Nos propos sont retranscrits pour la
postérité.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu, avez-vous une question à poser?
Mme Hovington: II veut savoir où a été
construit le pigeonnier en question et pour quels pigeons c'était.
Le Président (M. Trudel): Je vous ferais remarquer que vos
propos sont enregistrés pour la postérité.
M. Khelfa: Si vous me laissez le temps de terminer, M. le
Président, j'aimerais poser la question suivante: Quand on parle d'un
contrat de moins de 25 000 $, est-ce qu'on peut donner n'importe quel contrat
sous n'importe quelle forme, même pour fabriquer un pigeonnier?
Mme Hovington: Ce serait sûrement avec du
contreplaqué de trois quarts de pouce.
M. French: Est-ce que la question concerne l'administration
financière du gouvernement, à savoir comment procéder pour
avoir la permission d'exécuter les contrats en deçà de 25
000 $?
M. Khelfa: Effectivement et le bien-fondé de chaque
contrat.
M. French: Je vais demander au directeur de l'administration
financière, M. Roger Hakim de répondre sur la procédure
d'approbation des contrats de moins de 25 000 $.
M. Hakim (Roger): Cela dépend de la nature des contrats et
des montants. Il y a des contrats pour lesquels il faut passer par le fichier
central des fournisseurs. Donc, ta procédure est réglée.
Pour des montants en bas de 5000 $, c'est le choix du ministère de le
faire. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. French: Donc, entre 5000 $ et 25 000 $ on passe par le fichier
central des fournisseurs et pour ceux de moins de 5000 $ on a le droit,
indépendamment du Conseil du trésor, d'exécuter ces
contrats.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le ministre, j'aimerais...
M. Khelfa: Pour terminer, je voudrais remercier M. Hakim pour son
information. J'aimerais souligner que ce pigeonnier a été
construit sous l'ancienne administration.
M. Boulerice: On était prévoyant, on savait ce qui
s'en venait.
Le Président (M. Trudel): Je cède la parole
à Mme la députée de Johnson.
L'attribution des contrats de publicité
Mme Juneau: Quant à la publicité gouvernementale,
M. le ministre, la dérogation de l'agence de publicité,
pouvez-vous me dire pourquoi le gouvernement actuel attribue les contrats de
publicité à des agences autres que celles retenues par voie de
concours?
M. French: Est-ce que Mme la députée pourrait me
parler du cas dont il s'agit précisément?
Mme Juneau: Oui, M. le ministre, l'agence Publim.
M. French: Publim est une agence de coordination de l'achat de
temps de médias.
La dérogation par rapport à Publim ne serait pas la
même chose qu'une dérogation par rapport à une agence
publicitaire choisie autrement. Il s'agit de se poser la question à
savoir quelle est la manière la plus économique d'acheter le
placement-média. C'est de cela qu'il s'agit avec Publim, ce n'est pas
une agence de publicité comme telle. Si, en octroyant le contrat, le
gouvernement calcule que les économies afférentes à une
centralisation de l'achat de Placements-média via Publim seraient
moindres que les économies via une large agence de publicité pour
une campagne donnée, il procède par dérogation. Entre vous
et moi, Mme la députée, il ne s'agit pas de sommes
énormes. Il ne s'agit pas du choix d'une agence de publicité, il
s'agit d'un choix de moyens d'achat de placements-média.
Mme Juneau; N'est-il pas vrai, M. le ministre, que l'agence
Publim conteste dans le moment la décision de déroger, du fait
qu'elle avait les contrats?
M., French: Mme la députée, si vous me posez une
question générale, à savoir si Publim conteste la
manière dont on fonctionne, que je sache, non. Si vous me posez une
question sur un contrat particulier, je serai intéressé à
spécifier davantage. Il est évident que Publim, comme agence,
n'est pas contente lorsqu'il y a dérogation. C'est un calcul
gouvernemental dans les intérêts de l'économie. Le montant
d'argent impliqué est un demi pourcentage ou un quart de pourcentage. Ce
sont des montants importants, des économies significatives mais ce n'est
pas le Pérou. Ce n'est pas une matière à patronage, le
choix entre Publim ou une agence publicitaire. Il ne s'agit pas de ce genre de
sommes-là.
Mme Juneau: Est-ce qu'on pourrait recevoir une liste des agences,
autres que celles dont on vient de parler, qui ont été retenues?
(21 h 45)
M. French: Mme la députée, je m'excuse, mais je ne
peux pas répondre à cette question. Lorsqu'on fait une campagne
publicitaire, on pense à un processus de sélection. On
sélectionne une agence publicitaire, donc on la retient. Mais il s'agit,
après, pour les fins de l'achat de Placements-média uniquement,
de se poser la question: Est-ce qu'on laisse l'agence publicitaire retenue
acheter les placements dans les médias ou si on passe par Publim? Le
calcul est fait en fonction de l'économie et de l'efficacité,
mais principalement de l'économie. Est-ce que vous me demandez une liste
de ce genre de dérogation? Mon sous-ministre adjoint, M. Jean-Claude
Picard, est ici et il pourrait probablement les énumérer sur les
doigts de la main, puisqu'on n'a pas fait beaucoup de publicité depuis
que le nouveau gouvernement est arrivé. Pouvez-vous me spécifier
cela, Mme la députée?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, il y a d'autres députés qui ont demandé la
parole avant vous.
M. Boulerice:... dû le refuser à ma collègue
de Matane.
Le Président (M. Trudel): Vous présumez de...
M. Boulerice: Elle m'a tellement touché mardi.
Le Président (M. Trudel): Vous toucherez tantôt, M.
le député, parce que je dois d'abord céder la parole au
député de Sherbrooke.
M. Hamel: M. le ministre...
Mme Juneau: M. le ministre, est-ce que vous m'avez dit quelque
chose? Il y a quelqu'un qui me parlait et j'ai manqué vos
dernières paroles. Je m'excuse, M. le ministre.
M. French: J'ai essayé de répondre à votre
question, Mme la députée.
Mme Juneau: Je vous ai demandé s'il y avait
possibilité de déposer la liste des agences qui avaient
été retenues par votre ministère, autres que celles dont
on vient de parler? C'est ma question.
M. French: Là, on ne parle plus de Publim.
Mme Juneau: Non.
M. French: Là, on parle de la liste d'agences
publicitaires qui ont été retenues par le ministère. Elles
ne sont pas nécessairement retenues par le ministère; elles sont
retenues par les ministères qui font la publicité, techniquement.
Vous voulez une liste? Je pense qu'on pourrait vous dire verbalement quelles
sont les agences. Il y a eu deux ou trois campagnes.
Le sous-ministre adjoint m'informe que, d'une part, pour la campagne des
obligations d'épargne du Québec, c'est l'agence BCP qui a
été retenue et, pour la publicité hors Québec sur
le tourisme, c'est la reconduction des deux agences qui avaient le contrat
l'année dernière, sous le gouvernement précédent,
pour une durée d'un an.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Vous avez terminé,
madame?
M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président. M. le ministre, en
regardant le cahier des crédits - on est toujours au programme 2,
Information et publications gouvernementales - je constate que, pour l'exercice
1985-1986, il y a fort peu de publications dans la langue maternelle que vous
parlez si bien. J'aimerais savoir, M. le ministre, si c'est votre intention -
parce que je représente un grand nombre d'électeurs et
d'électrices de langue anglaise dans mon comté, dans la
région de l'Estrie - de publier un certain nombre de publications dans
la langue de Shakespeare.
M. French: Yes, Mr. Deputy.
M. Hamel: I am glad. Thank you, Mr. Minister.
M. French: Oui, j'ai l'intention de travailler avec la direction
générale des publications afin de faire en sorte que plus de nos
grands succès soient disponibles en anglais. Je suis déjà
en mesure de vous dire que, l'automne prochain, nous allons publier une
nouvelle édition, en français et en anglais, du Guide des
aînés. Il y a un "Guide for Senior Citizens" en anglais qui va
être adapté à la réalité des anglophones du
troisième âge. Si cette publication s'avère un
succès, j'espère en avoir plus. Je sais que j'ai reçu
beaucoup de lettres de gens de Sherbrooke et de Lennoxville a ce sujet, et
j'espère que vous allez leur dire parce que la capacité de
traitement de texte à la direction générale des
publications gouvernementales commence à être pas ma!
épuisée.
M. Hamel: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Matane.
Mme Hovington: M. le ministre, on sait que les dépenses de
publicité pour 1985-1986 se chiffreront autour de 23 000 000 $. Pour
l'année 1986-1987, les différents ministères avaient fait
des déclarations d'intention en matière de publicité qui
représentaient près de 17 000 000 $. Mais on sait que le
ministère des Communications, en voulant limiter les abus qui se sont
produits dans le passé à ce niveau, a voulu procéder
à l'analyse de toutes les demandes, et a suggéré au
Conseil du trésor d'autoriser seulement 10 000 000 $ des dépenses
en publicité pour cette année.
Dans un deuxième temps aussi, le ministère des
Communications est actuellement en train d'étudier certains
mécanismes qui lui permettraient de contrôler la publicité
gouvernementale à des fins partisanes. Est-ce qu'on pourrait savoir, M.
le ministre, quels sont les critères qui vous ont permis d'accepter ou
de refuser telle publicité plutôt que telle autre et est-ce qu'on
peut espérer penser qu'une publicité gouvernementale pourrait
être soumise, par exemple, à l'approbation de l'Assemblée
nationale? Quels sont les critères enfin qui vous ont guidé?
M French: D'une part, pour ce qui est de la réduction de la
quantité de la publicité, cela a été fait à
partir de critères extrêmement serrés. En évaluant
les campagnes de nos prédécesseurs pendant deux ans, on a
constaté qu'il y a eu une quantité significative de
publicité dont l'objectif essentiel était de faire valoir le
bien-fondé et l'efficacité des programmes et activités
gouvernementaux, plutôt que d'informer le citoyen sur la façon de
s'en prévaloir. Cela a été beaucoup plus: On s'occupe du
problème économique. Tout va bien. Et à la fin, on avait
le logo du gouvernement du Québec.
On s'est dit c'est un gaspillage de l'argent de la population. On veut
plutôt essayer de réduire ce genre de publicité. Alors, on
a évalué, à partir d'une grille, qui est d'abord de
l'ordre de 3 500 000 $ à 4 000 000 $ de publicité obligatoire de
par la loi, ou obligatoire ou quasi-obligatoire, soit les offres de postes, les
offres d'emplois, l'ouverture de la saison de chasse, ne pas marcher sur la
glace, l'eau est polluée, etc., ce genre d'annonces de services publics
essentiels, et, est venu s'ajouter à cela une quantité d'à
peu près 3 000 000 $ ou 4 000 000 $ de dépenses prévues
par le ministère du Tourisme, dans le domaine de la publicité
touristique, pour attirer les gens de l'extérieur du Québec ou
attirer les Québécois, les influencer pour qu'ils restent au
Québec. Les compressions budgétaires au ministère du
Tourisme ont fait en sorte que même cette publicité ne se ferait
pas ou pas en totalité en tout cas. Et on a laissé tomber le
reste.
Donc, pour le moment, on se situe autour de 8 200 000 $ en
publicité. On va probablement toucher les 10 000 000 $ à la fin
de l'exercice.
Est-ce que vous me posez une autre question? Non. D'accord.
Une voix: Non. D'accord.
Le Président (M. Trudel): Cela va, M. le ministre? M. le
député de Saint-Jacques.
Mme Hovington: C'est parce que j'avais un deuxième volet,
je m'excuse.
M French: J'avais oublié le deuxième volet, M. le
Président. J'ai oublié ce que c'est d'ailleurs.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous pouvez... Alors,
Mme...
Mme Hovington:... les critères.
M French: Alors, Madame... Ahi D'accord. Ce qu'on a
décidé de faire, cela a été de procéder
systématiquement à une expression des objectifs légitimes
de la publicité gouvernementale. Nous avons l'intention d'en faire un
décret ou une politique administrative ou un règlement, selon les
occasions légales qui se présentent, pour faire en sorte que tous
les organismes du gouvernement aient une série de critères
à partir desquels ils pourront planifier ce qui est légitime et
ce qu'ils peuvent faire en termes de publicité gouvernementale, et donc,
éviter la publicité qui a pour objectif essentiel de faire valoir
les bienfaits du gouvernement dans divers domaines sans but plus précis
dans le design et les conceptions publicitaires.
Mme Hovington: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous ferai remarquer qu'il reste cinq minutes.
M. Boulerice: Je n'abuserai pas, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): 21 h 55.
M. Boulerice: Je m'excuse auprès de M. le ministre.
Contrairement à une intervention précédente, je n'ai pas
eu le temps de lui faire parvenir ma question.
Quand vous parlez de placements-média, vous entendez, c'est bien
certain, le placement dans les médias écrits. D'accord?
M French: Et la télévision aussi, M. le
député.
M. Boulerice: D'accord. Il y a forcément un volet
média écrit.
M French: Oui.
M. Boulerice: Bon. Dans les médias écrits, il y a
une réalité qui est à la fois régionale et
montréalaise, puisque c'est notre préoccupation, il y a ce qu'on
appelle les journaux communautaires et il y a les journaux non communautaires
dans le sens où ce sont des journaux à but forcément
lucratif mais qui ne sont pas affiliés à ce qu'on appelle les
hebdos métropolitains, etc. Ceux-là se sont plaints à
quelques reprises -le gouvernement précédent a tenté de
corriger cela avec succès dans certains cas -qu'ils n'avaient pas de
publicité gouvernementale. II y a une étude très
sérieuse qui a été faite et qui dit qu'en population
urbaine, en tout cas - je vous donne l'exemple de Montréal - cette
information écrite est 75 % de l'information que les citoyens
reçoivent, pour l'excellente raison que cela leur est distribué
gratuitement à leur porte. Donc, ils peuvent le lire, ils l'ont, il est
accessible. Et comme cela parle de nouvelles des quartiers, en tout cas
d'entités géographiques quand même restreintes, il y a un
intérêt de la part de ces personnes à la lecture de ces
journaux.
Est-ce que je peux avoir l'assurance de votre part qu'il y aura de la
publicité gouvernementale dans ces médias?
M. French: Deux choses à l'intention du
député de Saint-Jacques. Première chose, c'est qu'il n'y a
pas une entreprise à but lucratif ou communautaire de publication qui
reçoit sa part de la publicité gouvernementale. Il n'y en a pas
par définition.
M. Boulerice: II y en a qui en ont eu, oui.
M. French: Non, il n'y en a pas, d'après eux toujours. Si
je pars des grands quotidiens montréalais jusqu'aux plus humbles hebdos
non affiliés, en passant par les quotidiens régionaux et par les
journaux communautaires, tout le monde pense qu'il est sous-utilisé par
le gouvernement. Je ne connais pas le cas particulier dont vous parlez, mais je
soupçonne que ce sont là des journaux dont la circulation n'est
pas vérifiée de façon systématique. Il se peut que
je me trompe, M. le député. Corrigez-moi si j'ai tort, mais en
tout cas...
M. Boulerice: Oui, la circulation...
M. French: Est vérifiée. En tout cas...
M. Boulerice: Oui, parce qu'il y a un regroupement de ces
associations de journaux avec des structures bien établies.
M. French: Ils se surveillent? M. Boulerice: Ils se
surveillent.
M. French: Alors, il y a une surveillance mutuelle? Le
problème de fond, M. le député, est que les
ministères font leur propre choix de placements et les leviers dont
dispose le ministre des Communications pour influencer le placement, le choix
de médias est relativement mineur. Il se limite au cas où le
ministère qui place l'annonce nous demande notre opinion et notre
expertise. Nous avons de l'expertise de très haute qualité, mais
je vous avoue que les directions des communications des ministères
pensent qu'elles aussi ont de l'expertise. Donc, notre
influence sur l'ensemble des canaux de placements médias est
relativement mineure et c'est peut-être mieux ainsi. Pourquoi? Parce que
cela permet à un certain marché de fonctionner et à tout
le monde de trouver le médium qui lui convient.
Mais la vraie réalité encore une fois, "M. le ministre",
c'est que, même si je disais oui, je n'ai pas les leviers
nécessaires.
M. Boulerice: Je vous remercie de cette heureuse anticipation, M.
le député.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Pour le programme 2, ce serait terminé.
Le Président (M. Trudel): Alors, le programme 2,
Information et publications gouvernementales, est-il adopté?
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
Mme Juneau: Étant donné que...
Le Président (M. Trudel): Oui. Je vous ferai remarquer
qu'il est 22 h 58 et 44 secondes.
Mme Juneau:... le temps nous presse et qu'on a promis qu'il y
aurait 20 minutes sur l'accès à l'information...
Le Président (M. Trudel): Il y a consentement à ce qu'il y
ait 20 minutes, en effet, sur la Commission d'accès à
l'information.
Mme Juneau: Étant donné...
Le Président (M. Trudel): C'est 20 minutes, soit dit en
passant...
Mme Juneau:... qu'on a commencé en retard, ce matin.
Le Président (M. Trudel):... de retard accumulé
depuis 15 heures cet après-midi. On avait quinze minutes cet
après-midi et cinq minutes ce soir. Donc, on poursuivra jusqu'à
22 h 20.
Mme Juneau: Je vaudrais m'excuser auprès des conseillers
du ministre pour les programmes 3 et 4 qu'on n'aura pas le temps de
discuter.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous les adoptez?
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Vous les adoptez sur
division?
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Alors programme 3, Bureau
central de l'informatique, adopté sur division?
Mme Juneau: Programmes 3 et 4.
Le Président (M. Trudel): Programme 3, adopté sur
division. Programme 4, Télécommunications gouvernementales,
adopté sur division?
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
Mme Juneau: On va aller au programme 5.
Politiques et développement des
communications
Le Président (M. Trudel): Programme 5. Politiques et
développement des communications.
(22 heures)
M. Gardner: M. le Président, j'aurais une question
là-dessus, mot. Cela fait longtemps que je me suis bien
préparé et c'est sur MuchMusic. Est-ce que vous me permettriez,
Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Étant donné que le temps...
M. Boulerice: If you don't take too much time!
M. Gardner: Non, mais je suis persuadé qu'on va s'entendre
sur la question et que vous allez être heureux, je l'espère, de la
réponse du ministre.
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Arthabaska, si vous pouvez passer directement à l'objet de votre
question, on va économiser ce temps-là pour d'autres.
M. Gardner: M. le Président, le 13 mars dernier, le CRTC a
acquiescé à la demande de modification de licence de CHUM Limited
pour offrir un MuchMusic en français dans l'est du pays et ce, de
préférence à MTVQ.
Moi, j'aurais préféré, bien sûr, MTVQ. Je
vais raccourcir ma question. Ma question est pour savoir si te ministre peut
nous dire ce qu'il compte faire dans le dossier MTVQ-MuchMusic afin de bien
faire valoir les intérêts du Québec. Je pense que vous
êtes d'accord sur cette question, messieurs de l'Opposition et
mesdames.
M. Boulerice: Ils vont donner cela à CHUM.
M. French: On sait, M. le Président, que l'entreprise
MuchMusic est installée à Toronto. Elle veut offrir un service de
vidéoclips avec des vidéojockeys interposés en
français, sauf qu'il faut comprendre que la quantité de
vidéoclips en français va être minime parce qu'il n'y en a
pas de disponibles en français, malheureusement. Le gouvernement
précédent a subventionné cela et on subventionne
maintenant. On espère qu'il y en ait plus, mais il n'y en a pas beaucoup
actuellement.
Maintenant, ce qui nous préoccupe, c'est le fait que MuchMusic
soit une entreprise non québécoise et qu'une bonne partie des
activités de MuchMusic vont, pour des raisons d'économie,
inévitablement se faire à Toronto parce que greffées sur
l'activité nationale anglaise de MuchMusic.
J'avais signalé d'une façon assez claire à mon
homologue fédéral notre préoccupation face à cette
prise de décision du CRTC. Nous avons également signalé
à notre homologue fédéral que nous pensons que la
meilleure façon d'offrir les nouveaux services de
télévision au Québec, c'est de ne pas les offrir sur une
base discrétionnaire, donc, où les gens sont abonnés - une
fois qu'ils ont le câble de base, ils s'abonnent en plus pour un service
de télévision payante - mais plutôt sur le câble de
base moyennant une somme relativement modeste pour tous les abonnés au
service du câble.
Si on avait cet autre cadre réglementaire taillé pour les
besoins du marché francophone du Québec, on croit qu'on aurait
davantage de nouveaux services, dont MTVQ qui serait un service de musique sur
vidéoclips francophones "made in Québec", installé
à Montréal.
La décision du CRTC de modifier le permis de MuchMusic afin de
lut permettre d'exploiter un service "francophone" - entre guillemets - au
Québec sans avoir écouté la demande de l'entreprise MTVQ,
entreprise québécoise, et sans donner l'assurance aux citoyens du
Québec que les deux possibilités, soit le cadre
réglementaire sur le service de base et, deuxièmement,
l'entreprise MTVQ, soient évaluées au mérite contre la
proposition de MuchMusic en français a donc déçu le
gouvernement du Québec.
Nous avons donc demandé au ministre fédéral, par le
comité coordonnateur de l'entente d'harmonisation du
développement de la télévision francophone, donc, entente
Québec-Canada, de demander au CRTC, premièrement, d'avoir des
auditions sur ta possibilité de changer le cadre réglementaire
sur lequel les nouveaux services sont offerts en français au
Québec et, deuxièmement, d'évaluer MTVQ et toute autre
entreprise québécoise qui veut offrir ce service-là pour
qu'on puisse avoir l'assurance qu'un processus juste et équitable pour
tout le monde a eu lieu. On n'en a pas l'assurance, mais on s'attend à
voir des résultats assez rapidement. On espère que le ministre
fédéral va être prêt à agir dans le sens de ce
que le Québec demande.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Non.
M. Gardner: Il y a eu des consentements toute la journée,
M. le Président.
Le Président (M. Trudel): S'il vous plaît, M. le
député d'Arthabaska, il reste à peine 15 minutes. Je
cède la parole à Mme la députée de Johnson sur le
programme.
Mme Juneau: Une toute petite question au ministre. C'est dans le
programme 5, M. le ministre. Pourquoi le programme d'aide à
l'informatisation des entreprises a-t-il été
transféré dans l'entente fédérale-provinciale?
M. French: Dans l'entente, on dépense des piastres de
cinquante sous par rapport au Trésor public québécois.
C'est donc un programme: 1 $ québécois, 1 $ canadien et l'on
pensait qu'on faisait cracher plus le fédéral comme
ça.
Mme Juneau: Cela a du bon sens.
Croyez-vous toujours répondre ainsi aux attentes des entreprises
pour ce programme spécifique?
M. French: Excusez-moi, Mme la députée? C'est
à mon tour de m'excuser.
Mme Juneau: Est-ce que vous croyez répondre toujours ainsi
aux attentes des entreprises pour ce programme spécifique? Est-ce que
vous allez tout envoyer dans ce programme?
M. French: Non, Mme la députée, je ne vous ai pas
donné une réponse complète. Pour ce qui est du volet
"informatisation des entreprises", il n'y aura plus de tel programme. Nous
avons évaluer le bien-fondé de ce programme. Nous avons
décidé qu'il valait mieux avoir plus d'argent à
l'intérieur de L'entente fédérale-provinciale dans le
domaine des communications que de continuer avec le volet "informatisation des
entreprises" aux Communications qui, entre vous et suivi, était
difficilement justifiable sur le plan économique.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, est-ce que le programme
5 est adopté?
Mme Juneau: Adopté sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division. Il
ne nous reste, si je comprends bien, que le programme 7, Commission
d'accès à l'information. Je crois que la parole est à
monsieur...
Mme Juneau: Si vous me permettez, M. le Président.
Le Président (M, Trudel); Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Simplement pour vous dire que je remercie, pour ma
part, M. le ministre et les gens qui l'entourent, étant donné que
je passe la parole à mon collègue, le député de
Taillon, pour le prochain programme. Pour ma part, j'en ai terminé avec
Ies autres programmes. Je tiens à vous remercier et à remercier
votre entourage, M. le ministre.
M. French: Merci beaucoup de la part de mon entourage, Mme la
députée. Je vous remercie à mon tour.
Le Président (M. Trudel): Sur le programme 7, Commission
d'accès à l'information, M. le député de
Taillon.
Commission d'accès a l'information
M. Filion: Merci, M. le Président. Comme vous avez pu le
constater, M, le président de la Commission d'accès à
l'information est assis à la droite, M. Pépin.
M. French: C'est M. Marcel Pépin, qui est président
de la Commission d'accès à l'information et qui ne relève
pas du ministre. Je pense que c'est important de le souligner. Il relève
de l'Assemblée nationale.
M. Filion: C'est exact.
Le Président (M. Trudel): Que nous aurons le plaisir de
revoir à un autre moment.
Une voix: La demoiselle qui est à votre gauche?
M. French: La demoiselle qui est à ma gauche, c'est Mme
Charland qui est responsable, à l'intérieur du ministère,
de la coordination de nos activités à l'intérieur du
gouvernement par rapport à la loi, bien que la loi focalise les
responsabilités sur les ministères et non pas sur un seul
ministère. Nous coordonnons et nous essayons d'aider, de catalyser et de
passer l'information aux réseaux et organismes assujettis à la
loi.
M. Gardner: Merci, M. le ministre.
M. Filion: À l'intérieur du ministère?
Est-ce qu'elle est employée à l'intérieur du
ministère?
M. French: C'est cela, elle est fonctionnaire au ministère
des Communications.
M. Filion: Comme J'ai commencé à le dire, je pense
que le président de la Commission d'accès à l'information
a pu constater que ces commissions parlementaires sont justement des
commissions nous permettant d'accéder à l'information
gouvernementale sur les crédita, les politiques, les orientations. Nous
avons seulement quelques minutes devant nous. Ma première question
concerne, justement, les crédits de la Commission d'accès
à l'information. Malheureusement, je dois vous dire que j'ai
été chercher à trois sources d'information
différentes pour obtenir les crédits exacts de la Commission
d'accès à l'information et j'ai trois réponses
différentes. D'autant plus qu'hier le président du Conseil du
trésor a déposé un nouveau document où il y a de
nouveaux chiffres, c'est-à-dire où les compressions
mentionnées pour la Commission d'accès a l'information sont
exactement de 500 000 $, alors que, selon les documents que j'ai
retrouvés dans le livre des crédits, dans les trois feuilles qui
ont été remises pour notre information, j'arrive à des
compressions beaucoup plus importantes. M. le ministre, dans un premier temps,
est-ce que ce serait possible d'avoir les crédits exacts de la
Commission d'accès à l'information pour l'année qui
vient?
Le Président (M. Trudel): M. le député, avec
votre permission, je pense que le président est le mieux placé
pour expliquer la situation.
M. Filion: D'accord.
M. Pépin (Marcel): M. le député de Taillon,
les crédits qui ont été alloués à ta
Commission d'accès à l'information pour l'année 1986-1987
sont de l'ordre de 1 936 900 $.
M. Filion: Ce qui représente une compression - vous me
corrigerez - d'environ 950 000 $?
M. Pépin: II faut s'entendre sur le terme compression.
Cela représente un budget à peu près analogue au budget
qui a été alloué pendant l'année budgétaire
précédente, mais représente effectivement 1 000 000 $ de
moins que l'enveloppe qui a été acheminée aux
ministères et organismes par le Conseil du trésor au début
de
l'automne dernier, qui était une projection en fonction d'un
certain nombre de critères de majoration automatique. Lorsque la
commission a fait la révision de son programme budgétaire
l'automne dernier, elle a demandé des crédits inférieurs
à ceux de l'enveloppe suggérée: l'enveloppe
suggérée était de 2 903 000 $ et la commission a
demandé 2 403 000 $. Par la suite, ces 2 403 000 $ ont été
réduits à 1 936 900 $ dans le cadre de l'opération de
compression pour l'année qui commence.
M. Filion: Ce qui signifierait finalement que, par rapport au
chiffre initiai...
M. Pépin: Par rapport à la demande de la
commission, il y a une diminution de 500 000 $.
M. Filion: De 500 000 $. Mais par rapport à l'enveloppe
originale?
M. Pépin: 1 000 000 $.
M. Filion: Environ 1 000 000 $, c'est bien cela.
M. Pépin: II faudrait peut-être que j'explique que,
dans ce 1 000 000 $, il y avait une somme de 240 000 $ qui était pour
payer les loyers. C'est une somme qui, en fait, est strictement une
écriture comptable puisque cette prévision qui avait
été faite l'an dernier ne s'est pas réalisée et le
gouvernement a continué à payer les loyers dans un compte global.
Ce n'est qu'à compter de cette année que les loyers des
organismes sont comptabilisés.
M. Filion: Soustrayons donc une somme de 240 000 $ pour ce
virement de loyers et il reste environ 250 000 $, c'est cela?
M. Pépin: C'est exact.
M. Filion: Ces 250 000 $ vont s'appliquer à quel endroit?
De quelle façon?
M. Pépin: En bonne partie sur les traitements, puisque
nous avions anticipé d'accroître le personnel de 10 postes
additionnels et, aussi, au chapitre des communications; communications
entendant publicité, frais de déplacement et publications.
M. Filion: En ce qui concerne la bureautique, on imagine
qu'à la Commission d'accès à l'information gouvernementale
on ne doit pas manquer trop trop de papier. Je comprends que, à un
moment donné, vous aviez développé un projet de
bureautique. Ce projet est-il déjà réalisé ou s'il
l'était uniquement en partie?
M. Pépin: II faut bien s'entendre. La commission, qui est
toute jeune en fait, a dû continuellement au plan budgétaire,
pendant les deux premières années... C'est maintenant la
première année que nous avons suffisamment de vécu pour
évaluer de façon un peu plus précise les besoins
financiers. 5i on remonte à quinze mois, nous avions prévu,
à la suite d'une étude qui a été faite par des
spécialistes, un programme pour informatiser les opérations de la
commission. Ce programme nécessitait des crédits annuels
d'environ 650 000 $. Ce sont ces crédits qui avaient été
alloués pour l'année budgétaire 1984-1985. Or, en cours de
route, compte tenu du volume des opérations et surtout des
méthodes de traitement que nous avons mises au point, nous avons
opté pour un système beaucoup plus léger de
micro-ordinateurs plutôt que du temps-ordinateur au BCI. Cela permet
présentement quand même de traiter assez efficacement notre volet
d'enregistrement des fichiers et s'est traduit par une dépense de 50 000
$ plutôt que 650 000 $. Nous en sommes, finalement, très heureux
et nous invitons ceux qui veulent savoir comment nous nous y sommes pris
à venir voir. (22 h 15)
M. French: Oui, je suggérerais au critique de
l'Opposition, s'il doit s'intéresser à ce secteur pendant quatre
ans, de visiter la commission parce que c'est d'une efficacité
extraordinaire et cela aide à comprendre le fonctionnement de la
commission. Moi-même, cela fait longtemps que je me mêle de cette
question, et lorsque je suis allé à la commission, j'ai
commencé vraiment à comprendre le processus d'appel et tout.
M. Filion: D'accord. Je vais probablement accepter, un jour,
l'invitation du ministre.
M. Pépin: II me ferait plaisir d'inviter tous les membres
de l'Assemblée.
Le Président (M. Trudel): Cela nous fera plaisir d'aller
vous rencontrer chez vous.
M. Filion: On va se déplacer en tas.
Le Président (M. Trudel): D'autant plus que c'est à
Québec; donc, ce n'est pas très loin.
M. Pépin: Nous avons une vue sur l'Assemblée toute
la journée.
M. French: Oui, ils ont une meilleure vue que le ministre des
Communications, je peux vous dire cela.
M. Filion: M. le Président, évidemment, j'ai pris
connaissance de votre rapport annuel
1984-1985. Vous avez dit, tantôt, que le rapport 1985-1986 devrait
être prêt quelque part au mois de juin. J'ai étudié
un peu les activités de la commission. Évidemment, comme vous
l'avez mentionné, c'est une jeune commission qui, à mes yeux,
sans être un expert, n'est pas tout à fait bien connue par la
population, mais d'année en année, vous savez, l'absence de
connaissance, les Québécois viennent vite à saisir les
outils qu'on leur donne. Dans ce sens-là, je ne suis pas inquiet que le
développement de la commission va se faire avec ou sans
publicité.
J'ai regardé les activités de la commission qui, en
1984-1985 - vous incluiez dans cela, évidemment, des demandes de
révision, des demandes d'enquête, des demandes d'information - se
chiffraient à 284. Est-ce que, pour 1985-1986 - on vient d'arriver au
1er avril, peut-être que vous n'avez pas les chiffres exacts - vous
êtes en mesure de nous donner un aperçu des activités de la
commission?
M. Pépin: Oui, absolument. Si on prend, par exemple,
l'activité principale de la commission qui est de traiter les demandes
de révision, c'est-à-dire d'entendre les citoyens qui se sont vu
refuser l'accès à un document et les organismes qui l'ont
refusé venir exposer leurs motifs, nous avons reçu, au cours de
l'année, 219 demandes de révision.
M. Filion: Par rapport à quelque chose qui était
autour de 140?
M. Pépin: C'est exact. M. Filion: D'accord.
M, Pépin: Puis, nous avons rendu 110 décisions
définitives et sept décisions intérimaires. En plus, 81 de
ces demandes ont été traitées avant révision
formelle, c'est-à-dire qu'elles ont abouti à un
désistement de la part de la personne, grâce au service des
professionnels de la commission qui parviennent à mettre les parties en
présence et à jouer un rôle de rapprochement qui aboutit,
finalement, à la satisfaction du demandeur de la même
manière.
M. Filion: En ce qui concerne les autres non seulement à
titre de révision, mais, par exemple, en termes d'enquête?
M. Pépin: En termes d'enquête, il y a eu des
enquêtes sur environ 30 plaintes reçues des citoyens. Il y a
également des enquêtes que la commission peut mener de son propre
chef. C'est l'un des programmes qui commencent ce printemps,
c'est-à-dire le programme de vérification systématique et
de contrôle des organismes qui détiennent des renseignements
personnels pour s'assurer que la gestion de ces banques de renseignements
personnels soit faite conformément à la loi.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, je vous ferai noter qu'il reste une minute.
M. Filion: Me donnez-vous dix minutes? On vient de commencer. Je
pense qu'on n'a pas fait déplacer le président pour rien. En dix
minutes...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous consentez sans
grignoter l'enveloppe globale des 200 heures réparties'' C'est un
problème.
M. Filions Peut-être si...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que la commission est
d'accord pour...
M. Gardner: Oui, oui. Mot, je n'ai pas d'objection.
Une voix: Un service en attire un autre.
M. Filion: Ce n'est pas un service. C'est un service pour la
commission finalement. Le président de la commission est ici. C'est une
jeune commission.
M. Gardner: On a été très conciliants.
M, Filion: Peut-être que vous avez quelques questions. II faudrait
qu'on prenne une dizaine de minutes.
M. Gardner: J'en ai, justement.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, j'en aurai une qui sera la seule de la journée; j'ai assez
hâte de la poser, vous n'avez pas idée. Allez-y.
M. Filion: Oui! Non, mais...
M. Audet: Jusqu'à quelle heure peut-on...
M. Filion: 10 h 30. M. Gardner:... veiller?
Le Président (M. Trudel): On parle de dix minutes, M. le
député de Taillon?10 h 30.
M. Filion: Dix minutes. D'accord. Je vais vraiment y aller
rapidement, avec quelques questions. En ce qui concerne l'accès aux
documents des organismes
publics, les demandes formulées par les citoyens en vertu de
l'article 42 et du suivants font-elles souvent l'objet d'un recours en
révision à la Commission d'accès à l'information
gouvernementale? En deux mots, est-ce qu'on peut avoir des chiffres à ce
sujet?
Je sais que ce n'est pas facile. Avez-vous une évaluation
à donner là-dessus?
M. Pépin: Nous nageons un peu dans l'obscurité dans
ce domaine, dans le sens suivant. J'ai entendu, par exemple, lors d'audiences
publiques que la commission devait tenir pour s'acquitter d'un autre mandat qui
est celui des dispositions inconciliables à Montréal, un
organisme public nous dire qu'il avait reçu 2000 demandes d'information
et se plaindre, en quelque sorte, que c'était un travail très
lourd.
De cet organisme, nous avons environ six demandes en révision.
Donc, nous devons conclure que 1994 citoyens ont été
comblés. Mais ce n'est peut-être pas exact, puisque, en fouillant
un peu davantage, on s'est rendu compte que, parmi ces 2000 demandes, il y en
avait beaucoup qui étaient un peu routinières comme celles de
compagnies d'assurances qui demandent les constats d'accidents au service de
police de la ville en question ou des choses comme cela.
Nous, nous ne traitons qu'avec les mécontents, si je peux
m'exprimer ainsi. Alors, les heureux, c'est le ministère qui a pu les
identifier.
Le Président (M. Trudel): C'est bien connu que les gens
heureux ne font pas d'histoires.
M. Filion: Avez-vous l'impression, M. le Président, qu'il
y a une force éducative, d'abord, dans la loi elle-même, qu'il y a
une force éducative dans la simple présence de la commission?
Croyez-vous que les activités de la commission sont à peu
près à leur vitesse de croisière ou si on peut
prévoir un développement dans l'année ou les années
qui viennent?
M. Pépin: Je crois que le passé peut être un
peu utile pour essayer de répondre à votre question. Pour autant
que je m'en souvienne et comme c'était mon métier auparavant
d'observer un peu l'évolution des organismes publics, je crois que c'est
le genre de service qui ne s'implante pas très rapidement. Les gens
apprennent souvent à la suite d'un hasard l'existence de ce service ou,
encore, apprennent qu'il peut être efficace, et il y a une boule de neige
qui se fait.
Je pense que la vitesse de croisière de la commission sera
toujours un gros point d'interrogation. Je vous donne un exemple.
Nous avons eu un cas qui a eu un certain retentissement dans la
région de Rimouski et nous avons constaté, dans les semaines qui
ont suivi, énormément d'intérêt pour la commission
dans cette région. Alors, on ne pouvait pas prévoir que la
région de Rimouski s'intéresserait plus particulièrement
à cette loi que la région de Sherbrooke, mais c'est
arrivé. Mais si la même chose se produit à Sherbrooke, le
même phénomène va se répéter. Cela veut dire
que notre problème sera toujours d'essayer de ralentir la vitesse de
croisière de la commission, éventuellement.
Aujourd'hui, nous avons 219 cas; nous sommes trois commissaires. Lorsque
nous en aurons chacun 600 ou 700, je crois que nous aurons atteint une haute
vitesse.
M. Filion: D'accord. L'article 17 crée l'obligation pour
le ministre d'éditer la liste des personnes responsables de
l'accès à l'information. Cette édition existe-t-elle?
M. French: II y a eu au moins deux répertoires, M. le
député, que vous pouvez avoir et il y en aura un troisième
fait par la commission qui va sortir au mois de juin.
M. Filion: Quels sont ces deux répertoires?
M. French: Supposons, M. le député, que vous voulez
demander à la commission...
M. Filions Je voulais juste vous demander s'il y a deux
répertoires dans deux régions?
M. French: Non, excusez-moi, ce sont des répertoires
nationaux. Le deuxième répertoire a été la mise
à jour du premier.
M. Filion: D'accord, le répertoire a
été...
M. French: Un répertoire a été
édité avec une certaine périodicité. Mais vous
savez ce qu'est le répertoire?
M. Filion: Oui, cela va. Maintenant, en ce qui concerne le
répertoire prévu à l'article 132, c'est-à-dire le
répertoire des fichiers détenus par les organismes, là,
aussi, je crois qu'il y a une obligation pour le ministre quant à
l'édition. Est-ce qu'il y en a eu?
M. Pépin: Non, ce répertoire n'a pas encore
été publié. C'est l'obligation de la commission.
M. Filion: De la commission, pardon.
M. Pépin: Avant que la commission puisse le publier, il
faut faire un premier
travail qui est de recueillir l'information pertinente,
c'est-à-dire de recueillir les déclarations de fichiers de chacun
des organismes assujettis à la loi. C'est une opération en cours
qui implique le traitement d'environ 10 000 pièces de correspondance
actuellement et c'est en bonne voie. Je crois que ce sera fait à temps
selon les prescriptions de la loi
M. Filion: Je pense que c'est le 1er octobre 1986. Est-ce que
c'est cela?
M. Pépin: Ce sera à l'automne 1986, à peu
près.
M. Filion: Automne 1986. Brièvement, encore une fois, en
vertu de l'article 65 -ma question s'adresse au ministre - est-ce que le
gouvernement a l'intention d'adopter le règlement relatif aux
règles selon lesquelles on fait la collecte des renseignements
nominatifs?
M. French: M. le député, je vous avoue qu'il est 22
h 25. Les règles suivant lesquelles la collecte des renseignements
nominatifs doit être faite sont prescrites par règlement du
gouvernement.
M. Pépin: C'est-à-dire que cet article-là
énumère un certain nombre d'obligations qui sont faites aux
organismes lorsqu'ils recueillent un renseignement. Â ces obligations, on
peut ajouter, par règlement, des précisions sur des
méthodes ou des manières. Jusqu'ici, il n'y a pas eu de demande
vraiment pour clarifier davantage l'article de la loi par un règlement
additionnel. Je n'ai pas personnellement, c'est-à-dire que la commission
n'a pas suggéré au ministre l'examen d'un règlement de ce
genre et je ne crois pas que ce soit urgent pour l'instant.
M. Filions Alors, vous ne prévoyez pas, dans l'année qui
vient...
M. Pépin: Non.
M. Filion:... M. le président de la commission, devoir
recommander au ministre l'adoption de ce règlement.
M. Pépin: II n'y a pas eu de problèmes majeurs qui
ont été soulevés par l'application de l'article tel qu'il
existe présentement.
M. Filion: Je n'en suis pas nécessairement surpris, M. le
Président.
Une dernière question, à 22 h 28. On a l'impression de
faire une commission d'accès rapide à l'information, comme la
vôtre. En ce qui concerne l'article 80, est-ce que le gouvernement a ou
n'a pas autorisé par décret l'établissement de fichiers
confi- dentiels?
M. French: On m'informe que la réponse, c'est non, M. le
député.
M. Filion: L'article 80...
Une voix: Si vous n'avez pas d'autre question...
M. Filion: Non, j'ai encore une autre question. Je l'ai
commencée, elle commence par l'article 80. Évidemment, l'article
80 concerne assez directement un fichier de police. Si je comprends bien -
parce que, quand même, la loi est assez épaisse la revue que j'en
ai faite, c'est par le biais de l'article 80 que les corps de police peuvent
accumuler les informations qui sont nécessaires dans l'exécution
de...
M. French: M. le député, si vous me le permettez,
M. Pépin va me corriger, mais je pense qu'il faut voir qu'il y a une
autre exemption régulière pour les renseignements personnels dont
la cueillette est faite afin de réprimer le crime. Donc, il y a une
exemption. Ce dont il s'agit ici, c'est que non seulement certains
renseignements sont confidentiel mais que l'existence même du fichier est
confidentielle. Ce qu'on nous dit, c'est qu'on n'a jamais adopté de
règlement ou qu'on n'a jamais utilisé l'article en question pour
dire que non seulement ces renseignements personnels sont couverts par
l'exemption X, mais que tout le fichier est confidentiel. À supposer que
ce serait une enquête pour des fins de sécurité nationale,
pour les fins du crime organisé - je fais de la spéculation, je
ne suis pas expert là-dedans; vous connaissez peut-être cela mieux
que moi - enfin, on ne l'a pas utilisé.
M. Filion: Je pense que l'article auquel vous faites
référence, c'est l'article 61: "Un corps de police peut, sans le
consentement de la personne, communiquer un renseignement nominatif à un
autre corps de police. " Cela va, mais l'article 80 concerne
l'établissement du fichier lui-même. En deux mots, si je m'adresse
à votre commission demain matin pour lui demander tous les
renseignements concernant n'importe quel individu qu'on peut associer à
des activités criminelles, je me demande, sans l'établissement du
décret gouvernemental, comment la Commission d'accès à
l'information - peut-être que je me trompe, peut-être que je suis
dans l'erreur - pourrait refuser l'accès à ces
renseignements.
M. French: Vous ne faites pas la demande à la commission,
M. le député.
M. Filion: Pardon?
M. French: Vous ne faites pas la demande, en premier lieu,
à la commission. Vous la faites à un corps policier.
M. Filion: Si je m'en vais en révision et que ce fichier
n'est pas protégé comme étant confidentiel...
M. Pépin: Techniquement, l'organisme qui vous refuserait
l'accès à un renseignement qui vous concerne et qui est contenu
dans un fichier de renseignements personnels peut invoquer divers autres
articles de la loi, mais ne pourrait pas invoquer l'article 80
présentement, parce qu'aucun décret n'a été
adopté pour consacrer le caractère confidentiel d'un fichier.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, il est 22 h 30. Je m'excuse d'être, sans jeu de mots sur votre
comté, tatillon. Sur ces questions, nous avons excédé de
dix minutes et je ne voudrais pas empiéter sur les crédits des
autres ministères. Est-ce que vous considérez, M. le
député de Taillon, que le programme 7 est adopté?
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Trudel): Adopté. Est-ce que les
crédits budgétaires du ministère des Communications,
programmes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8, vous me permettrez de ne pas les
énumérer, sont adoptés?
M. Filion: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division, M.
le ministre, avez-vous quelques mots à ajouter avant qu'on termine?
M. French: Je veux remercier les membres de la commission. Je
veux remercier le président de la Commission d'accès à
l'information. Il me rappelle que la semaine prochaine je vais recevoir de la
commission le rapport sur les dispositions inconciliables dans les lois
québécoises avec la loi 65, Cela va créer toute une
série d'évaluations et d'études et probablement des
propositions à l'Assemblée nationale pour amender d'autres lois
en conséquence.
Le Président (M. Trudel): C'était la question que
je m'étais réservée pour la journée. M. le
ministre, aviez-vous terminé?
M. French: Je vous remercie beaucoup, M. le Président, M.
te député de Taillon et Mme et MM. les députés de
la majorité. Cela a été un plaisir.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je remercie le ministre et M. le président de
la commission. Effectivement, j'ai accepté l'invitation du ministre.
Nous aurons l'occasion d'en discuter un peu plus longtemps quand nous nous
verrons informellement. Merci.
M. French: Je dois vous dire que c'est une suggestion, M. le
député. Je ne peux pas vous inviter parce que ce n'est pas mon
terrain, mais je vous le suggère et je serai très heureux si vous
acceptez.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, merci de votre
présence. Cela a été agréable de vous entendre
toute la journée et d'entendre vos collaborateurs. M. le
président de la commission, merci. Nous prendrons un grand plaisir
à vous recevoir dans le cadre d'un autre article de votre loi et de nous
rendre chez vous éventuellement vous rencontrer. La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 33)