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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture se réunit ce matin pour
procéder à l'interpellation de la députée de
Johnson au ministre des Communications sur l'avenir de Radio-Québec.
Les membres présents ce matin sont, du côté
gouvernemental, M. le ministre des Communications et député de
Westmount, Mme la députée de Matane - je m'excuse encore une fois
- et M. le député de Beauce-Nord; pour le parti de l'Opposition,
Mme la députée de Johnson, M. le député
d'Abitibi-Ouest, Mme la députée de Chicoutimi, M. le
député de Laviolette et j'ai vu tantôt M. le
député de Saint-Jacques.
L'avis d'interpellation a été donné le 1er mai
dernier et porte sur le sujet suivant, je l'ai rappelé tantôt:
L'avenir de Radio-Québec. Vous connaissez les règles d'une
interpellation. Chaque intervenant a cinq minutes. Au début,
l'interpellateur a dix minutes, le ministre a un droit de réplique de
dix minutes et chaque intervenant a cinq minutes. Quand vous ne prenez pas
votre période de cinq minutes, le temps que vous n'employez pas est
perdu pour votre côté. Et le ministre a droit à une
réplique à chaque interpellation d'un membre de l'Opposition. Il
y a évidemment alternance entre un membre de l'Opposition et un membre
du parti ministériel» si ceux-ci le désirent. Mme la
députée de Johnson, vous avez une question?
Mme Juneau: Vous avez dit tout à l'heure, M. le
Président, que si on n'emploie pas au complet les cinq minutes elles
sont perdues. Elles ne sont pas ajoutées à la fin pour certaines
personnes qui voudraient faire une intervention?
Le Président (M. Trudel): C'est-à-dire qu'une autre
personne peut prendre la parole. On ne sera pas trop sévère sur
l'interprétation. La coutume, semble-t-il, qui s'est
développée depuis deux ans veut que si vous ne prenez pas vos
cinq minutes vous les perdiez. Vous pouvez Ies reprendre dans une intervention
suivante.
Mme Juneau: Une autre intervention qui pourrait durer plus
longtemps.
Le Président (M. Trudel): Une intervention ne peut pas
durer plus de cinq minutes, d'une part. D'autre part, si vous n'employez pas
cinq minutes, vous pouvez reprendre une partie de ce temps dans une
intervention subséquente. C'est-à-dire que vous pouvez parler
deux, trois ou quatre fois lors de l'interpellation, mais cinq minutes à
la fois.
Je vois le député de Laviolette, ancien
vice-président de cette Chambre, qui connaît bien les
règlements,
M. Jolivet: M. le Président, il y a une banque de temps de
cinq minutes à chaque fois. C'est évident que, si on prend nos
cinq minutes, elles sont écoulées. Si on ne les prend pas, il n'y
a pas d'objection à ce qu'à la fin il y ait une intervention qui
puisse être faite avec le temps qui reste, pour le parti
ministériel ou le parti de l'Opposition, selon le parti à qui
reste le temps.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le ministre.
M. French: Les dernières interventions ne seraient pas
pour plus de dix minutes chacune, si j'ai bien compris. Au début, dix
minutes chacun, et è la fin, dix minutes chacun.
Le Président (M. Trudel): Et à la fin...
M. French: La seule chose que je veux éviter...
L'échange, c'est parfait. Je ne pense pas qu'on ait de problème.
Je n'ai pas envie d'avoir une tirade d'une demi-heure à la fin, de part
et d'autre. Je ne pense pas qu'on va faire beaucoup de choses avec cela. Pourvu
que ce ne soit pas cela, il n'y a ' aucun problème.
Le Président (M. Trudel): On s'entend bien sur les
règles de procédure? Mme la députée de Johnson,
vous pouvez procéder à votre première intervention
à l'interpellation.
Exposé du sujet
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Après de multiples interventions en Chambre
lors des périodes de questions, après une commission
parlementaire sur les crédits du ministère des Communications qui
s'est principalement intéressée au partage des coupures que
le
gouvernement impose à la société
Radio-Québec, après des éditoriaux des médias
écrits, des nouvelles à la radio et à la
télévision, il a fallu attendre jusqu'au jeudi 8 mai, comme par
hasard, la veille de l'interpellation formelle du ministre en Chambre pour
qu'enfin celui-ci daigne nous dévoiler ses véritables intentions.
Le ministre a finalement déposé hier le projet de loi 61, Loi
modifiant la Loi sur la Société de radiotélévision
du Québec. Ce projet de loi modifie la structure du conseil
d'administration de Radio-Québec et annihile purement et simplement les
comités régionaux qui ne coûtent rien, d'ailleurs.
En abolissant quatre des neuf régions qui composaient
Radio-Québec, le gouvernement modifie de façon fondamentale sa
mission de même que sa programmation. J'ai jeté un coup d'oeil en
entrant et j'ai beau regarder de gauche à droite, je me rends compte que
les députés du Parti libéral provenant des régions
où leur propre ministre, le député de Westmount,
s'apprête à sonner le glas, ces mêmes députés
sont absents, donc, d'accord pour perdre les acquis dans leurs régions
respectives. Non, sa région demeure, madame. C'est pour cela que...
Où sont les députés, dis-je, de la région de
Québec? Où est le député de Jean-Talon? Je ne l'ai
pas vu. Où sont les députés de Charlesbourg, de Vanier, de
Limoilou, de Chauveau? Où est le député de Taschereau?
C'est vous, heureusement. Alors, Beauce-Nord...
Des voix: II n'est pas là, il n'est pas là.
Mme Juneau: Où sont les députés de
Montmorency et de Montmagny-L'Islet? Où est le député de
Louis-Hébert? Ceux de Portneuf, de Bellechasse, je ne les vois pas non
plus. Où sont les députés de la région de
l'Outaouais? J'ai beau regarder, je n'en trouve pas un ici à la
défense de sa région.
Une voix: Des gros canons.
Mme Juneau: Bien oui, ce sont de gros canons. Les
députés de Papineau, de Chapleau, de Pontiac, de Gatineau, de
Hull, où sont-ils ces gens qui sont élus pour défendre les
acquis et les biens de chacun de leurs comtés respectifs?
Où sont les députés de la région de
Trois-Rivières? Est-ce que le député de
Trois-Rivières est ici?
M. Jolivet: Non.
Mme Juneau: Celui de Maskinongé, celui de Saint-Maurice,
celui d'Arthabaska? Où est le député d'Arthabaska, ceux de
Champlain, de Drummond, de Nicolet? Il y a neuf députés du Parti
québécois, ici. Celui de Laviolette, lui, il est là pour
défendre sa région; lut, il a compris pourquoi il avait
été élu. Pour défendre les siens.
M. Jolivet: C'est ça.
Mme Juneau: Où sont les députés de l'Estrie,
moi mise à part, bien sûr? Je suis là pour défendre
les intérêts de ma région.
Je me demande où est le député de Richmond. Il
devait être trop occupé sur la 116. Où est le
député de Frontenac, le député de Brome-Missisquoi,
la députée de Saint-François, Mme Gagnon-Tremblay?
Où est la députée de Mégantic-Compton et le
député de Sherbrooke qui est assis là ordinairement, dans
le coin en arrière? Je ne l'ai pas entendu défendre notre
région, l'Estrie. Je vous assure que cela me fait mal de voir que cette
équipe libérale en Estrie n'est pas là pour
défendre nos intérêts.
M. le Président, ces gens-là devraient être ici et
non pas dans leur comté ce matin, parce qu'on est en train d'amputer des
membres d'une société qui est en partie de chez eux. Ces
gens-là devraient être ici pour défendre leurs
régions respectives, c'est pour cela qu'ils ont été
élus, par leur population qui, le 2 décembre, a eu confiance en
eux. J'aime autant ne pas songer à ce qui va leur arriver à la
prochaine élection quand les gens vont se rendre compte qu'ils ne sont
pas là pour défendre leurs dossiers et leurs acquis. J'aime
autant ne pas songer à cela, M. le Président. Je pense qu'ils
vont le regretter amèrement.
Radio-Québec est un instrument essentiel au développement
social et culturel des régions. ' C'est aussi un outil de communication
régional indispensable. Or, dans ce dossier, le gouvernement a de toute
évidence pris partie contre nous, les gens des régions.
Le projet de loi déposé par le ministre s'en prend au
coeur de Radio-Québec et même à sa philosophie. Il s'est
toutefois bien gardé de procéder à une consultation
populaire et d'entendre les nombreux intervenants qui désiraient
participer à cette prise de décision, M. le ministre. Pourquoi
n'avez-vous pas respecté votre promesse?
Faut-il vous rappeler que le programme du Parti libéral
prévoyait le gel du budget de Radio-Québec et une commission
parlementaire pour discuter de son orientation future.
M. French: ...25 %.
Mme Juneau: S'il vous plaît, vous allez avoir votre tour
tout à l'heure pour faire la réplique, M. le ministre. Comment
avez-vous osé modifier la loi de façon si draconienne sans
consultation au préalable? Je n'aurais jamais pensé que vous
auriez fait cela, M. le
ministre. Nous exigeons la tenue de cette commission parlementaire
promise et cela avant toute modification de la loi. Le ministre respectera-t-il
ses engagements?
Faire disparaître les régions s'avère une solution
inacceptable, M. le ministre, et la disparition des comités
régionaux l'est tout autant. Comme le disaient tout récemment les
éditorialistes les faibles économies réalisées ne
justifient certainement pas le désastre social que causera
l'élimination de nos quatre régions. D'ailleurs, le ministre n'a
pu fournir aucune garantie quant à l'avenir des cinq autres bureaux
régionaux qui subsisteront. Subiront-ils aussi éventuellement vos
foudres ou les foudres de votre gouvernement, M. le ministre? (10 h 15)
Le ministre a souligné hier, en conférence de presse,
qu'il y aurait suppression des émissions produites pour diffusion
régionale. Il s'est aussi empressé d'ajouter que cette
suppression de la programmation régionale n'entraînerait en aucune
façon la disparition de la contribution des régions à la
programmation régionale nationale. M. le ministre, dites-nous donc ce
que signifie, pour les régions, une programmation produite par une
région, diffusée sur le réseau, mais pensée
à Montréal? Comment le ministre peut-il affirmer que la
contribution des régions à la programmation régionale ne
disparaîtra pas lorsqu'il retire aux régions toutes espèces
de pouvoirs décisionnels? Les neuf régions offrant une
programmation régionale reflètent la vie, les coutumes et la
culture de nos coins de pays respectifs.
Radio-Québec n'est pas, M. le ministre, Radio-Canada.
Radio-Québec n'est pas Télé-Métropole ni le futur
Quatre-Saisons. Radio-Québec c'est l'autre télévision,
celle à vocation culturelle, éducative et régionale. Nous
n'accepterons jamais que sa mission soit ainsi dénaturée sans
consultation.
Le 11 avril dernier, le conseil d'administration de Radio-Québec
adoptait une solution de compromis. Cette solution pour laquelle optait la
majorité du conseil est renversée par le ministre et le P.-D.G.
de Radio-Québec sous prétexte qu'elle nereprésentait que la vision des membres régionaux.
Comment ne pas tirer les conclusions qui s'imposent? Comment ne pas
croire qu'à chaque fois qu'une décision d'un conseil
d'administration ne sera pas prise à la satisfaction du gouvernement, ce
dernier, sous prétexte qu'il est le seul actionnaire et que cette
décision ne correspond pas aux critères qu'il a commandés,
l'écartera tout simplement et apportera ensuite des modifications
à la loi?
Le ministre n'aurait-il pas pu faire l'effort de poursuivre, à
tout le moins, une réflexion plus approfondie de l'hypothèse
fournie par le conseil d'administration? En écartant du revers de la
main toute forme de discussion et en s'obstinant dans la voie d'affrontement
qu'il a choisie, le ministre ne fait-il pas fi de toute démocratie?
Devons-nous comprendre qu'à l'avenir le ministre se retranchera
toujours derrière son P.-D.G. pour arriver à appliquer une
coupure inconsidérée qui met en danger la vie même de
Radio-Québec? Je pense que tout le monde ici en est conscient, M. le
ministre.
Qu'est-ce que le gouvernement exigera maintenant des régions
périphériques pour prolonger leurs sursis? Il est difficile de ne
pas songer au fait que ce gouvernement accorde moins d'importance aux
régions qu'à Montréal. Oublierait-il que les
régions représentent au moins 45 % de la population
québécoise? Nous pouvons nous demander si le CRTC acceptera le
changement de structure qui influencera, de toute évidence -comme nous
l'avons mentionné - la programmation de Radio-Québec.
Bref, cette loi parachutée est une aberration, M. le ministre.
Aucune consultation ne l'a précédée et elle permet au
gouvernement d'éviter de nouveaux problèmes avec un nouveau
conseil d'administration qui adopterait des recommandations embarrassantes. M.
le ministre, j'aimerais vous entendre vous expliquer sur l'ensemble de ce que
je viens de vous présenter. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson et, maintenant, M. le ministre des
Communications.
Réponse du ministre M. Richard French
M. French: Merci, M. le Président. Le libellé de la
commission parlementaire d'aujourd'hui se lit comme suit: "L'avenir de
Radio-Québec". Je pense que l'initiative de l'Opposition est tout
à fait bienvenue puisque, effectivement, ce sera intéressant de
discuter de l'avenir de Radio-Québec, sous tous ses aspects et sous ses
diverses facettes. J'ai donc l'intention de ne pas m'arrêter - au moins
pour le moment - aux préoccupations qui semblent animer la
députée de Johnson, soit de faire le débat de
deuxième lecture sur le projet de loi, entre autres, parce que la mesure
dont il est question affecte quelques-unes des structures de
Radio-Québec qui produit des émissions qui atteignent moins de 2
% de son auditoire. Moins de 2 % de son auditoire de Radio-Québec est
atteint par les productions régionales diffusées en
détachements régionaux. Donc, les autres 98 % de l'auditoire de
Radio-Québec devraient aussi avoir leur part d'attention dans une
commission parlementaire qui s'adresse à
l'avenir de Radio-Québec.
J'ai dit en Chambre il y a deux jours, M. le Président, qu'il
n'est pas de la responsabilité du gouvernement et du ministre
d'intervenir dans les décisions de programmation de Radio-Québec,
en détail, de dire quelles conceptions devraient fonctionner, quelles
émissions devraient avoir lieu, à quelle heure, etc. C'est une
décision qui devrait être prise par les instances
qualifiées pour cela à l'intérieur même de
Radio-Québec. Mais le gouvernement a une certaine norme d'orientations
générales - le gouvernement précédent autant que le
gouvernement actuel - à l'endroit de Radio-Québec. II m'a
semblé valable de récapituler brièvement ces orientations
générales aujourd'hui. D'abord, le gouvernement continue à
croire, comme d'ailleurs son prédécesseur, que le mandat de
Radio-Québec ne doit pas se limiter à une programmation
éducative au sens étroit, une programmation instructive mais il
doit aussi comprendre un volet culturel et éducatif au sens large. Donc,
en soirée, aux heures de grande écoute, Radio-Québec offre
des émissions de télévision intéressantes,
stimulantes, intelligentes et non pas nécessairement instructives au
sens étroit du terme. Nous pensons que c'est important que la
télévision publique québécoise continue de
poursuivre ce mandat et d'offrir une programmation qui comprend les
émissions telles que Télé-Service, Parler pour parler et
d'autres que l'on peut nommer, qui font en sorte que Radio-Québec,
actuellement, occupe un créneau très intéressant et
très important dans le marché télévisuel
québécois, un créneau qui lui donne une part du
marché de l'ordre de 9 % et, pendant quelques soirées de la
semaine, des parts de marché entre 10 % et 20 %, ce qui est une
performance plus que respectable.
Donc, les orientations générales de Radio-Québec ne
sont pas gravement affectées ni par le projet de loi, ni par les
orientations que le gouvernement endosse à l'endroit de
Radio-Québec, qu'il endosse, d'ailleurs, dans la continuité.
Nous avons cependant un certain nombre d'orientations plus
spécifiques que nous avons, de temps à autre, depuis quatre mois,
indiqué à Radio-Québec de façon non coercitive.
J'aimerais brièvement récapituler ces orientations envers la
programmation. Un comité fédéral-provincial, qui a
étudié la programmation à l'intention des enfants au
Québec et en même temps qui a étudié la prohibition
de la publicité en vertu de la Loi sur la protection du consommateur
envers les enfants de moins de treize ans, a recommandé que
Radio-Québec devrait se préoccuper de renouveler sa programmation
à l'endroit des enfants québécois. Cette recommandation a
été dûment transmise à Radio-Québec.
Deuxièmement, personne n'ignore la situation difficile qui existe
actuellement pour la relève en musique francophone au Québec et
la production ainsi que les ventes assez décevantes de disques
québécois. Le gouvernement a donc indiqué à
Radio-Québec qu'elle serait bien avisée de se pencher sur ce
problème et de se demander s'il n'y a pas une synergie entre
Radio-Québec et les milieux concernés. C'est un sujet que la
députée de Johnson a soulevé en Chambre en me posant des
questions.
Troisièmement, un sujet sur lequel les députés de
Mercier et de Joliette s'interrogaient cette semaine, la question de la
programmation de Radio-Québec à l'endroit des communautés
culturelles. Donc, une troisième orientation où j'ai dit en
Chambre et j'ai dit au P.-D.G. de Radio-Québec que je ne pouvais pas
renverser sa décision, que ce n'était pas dans mes pouvoirs et
mes responsabilités quant au programme Arrimage, mais que je m'attendais
que Radio-Québec offre une solution de rechange.
Quatrièmement, j'ai indiqué à Radio-Québec
la possibilité d'étudier soigneusement l'usage possible du temps
d'antenne mort. Radio-Québec a actuellement un certain nombre d'heures
au cours desquelles elle ne diffuse pas, quelques heures durant le jour,
par exemple. Il me semble que c'est un actif, une infrastructure et un permis
du CRTC qui .pourraient être mis plus en valeur, peut-être dans un
partenariat avec d'autres intervenants dans le domaine éducatif et
social. Si la commission est intéressée, on peut parler davantage
de ces orientations générales sur lesquelles j'aurai des choses
à dire. Le président-directeur général de
Radio-Québec aurait peut-être aussi des choses
intéressantes à dire à la commission.
Toujours avec l'intention de respecter mon temps de parole, je passerai
rapidement à une autre annonce qui me paraît importante, compte
tenu du fait qu'on parle de l'avenir de Radio-Québec. Je suis un peu
gêné et un peu déçu d'être obligé
d'annoncer ici, en commission parlementaire, un projet de loi qui va être
déposé la semaine prochaine. Je m'en excuse auprès de
l'Opposition, mais c'est parce que c'est pertinent à l'avenir de
Radio-Québec. Si l'Opposition pouvait comprendre que, pour
compléter le débat, je veux annoncer quelque chose...
Normalement, le projet de loi en question aurait été
déposé hier, mais le ministre responsable n'y était pas.
Je veux annoncer que la semaine prochaine, le ministre de l'Éducation va
déposer un projet de loi qui prévoit le transfert de la Direction
de la production et de la distribution du matériel didactique du
ministère de l'Éducation à la Société de
radio-télévision du Québec. Cette unité
administrative produit et distribue des
documents additionnels et des séries
télévisées telles Passe-Partout reliés à la
mission du ministère de l'Éducation.
Le transfert de cette direction assurera à Radio-Québec
à la fois un élan nouveau en matière de
télévision éducative et un renforcement de son
organisation par l'ajout d'une équipe compétente en ce domaine.
Le mandat de Radio-Québec ainsi que son environnement permettront
d'assurer un meilleur développement des activités de la
production de cette équipe en la situant dans un milieu de travail ayant
beaucoup plus d'affinités avec la nature même de ses
fonctions.
Ce changement n'a pas d'implications financières. Toutefois, les
budgets de la DPDMD représentant une somme de 1 500 000 $ seront
transférés à Radio-Québec. Cependant, un budget de
1 200 000 $ actuellement affecté à la production du
matériel audiovisuel demeurera au ministère de l'Éducation
pour le financement de la production de matériel audiovisuel selon une
programmation établie de concert avec le ministère de
l'Éducation. Vingt-huit personnes actuellement à l'emploi de la
DPDMD sont susceptibles de passer à Radio-Québec.
J'inviterais donc mes collègues de l'Opposition, s'ils veulent
vraiment parler de l'avenir de Radio-Québec, à discuter aussi des
volets que je viens d'introduire qui touchent l'orientation de la programmation
totale de Radio-Québec, programmation, comme je vous l'ai
mentionné, qui bénéficie actuellement d'un accueil
extrêmement chaleureux de la part des Québécois, une part
de marché très respectable de 9 % du marché francophone.
Le projet de loi dont il sera question la semaine prochaine et peut-être
un peu aujourd'hui a pour but essentiel de concentrer les forces de
Radio-Québec pour lui permettre de continuer de faire de la grande
télévision comme médium de masse. Merci, M. le
Président. (10 h 30)
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Abitibi-Ouest, vous avez cinq minutes pour une
première intervention.
Argumentation M. François Gendron
M. Gendron: Très rapidement, M. le Président. Je
pense que je me devais de participer à cette interpellation.
Radio-Québec, en Abitibi-Témiscamingue, occupait une place
significative et importante. Contrairement à ce qu'on pourrait
prétendre, même si dans la déclaration d'hier du ministre
des Communications et dans son projet on en maintient cinq et on en ferme
quatre, que je ne suis pas touché par cette décision, je le suis,
comme parlementaire intéressé par cette question, et je pense que
ce n'est qu'un début. C'est ce qu'il faut venir dénoncer ce matin
et c'est ce qui est très dangereux, d'entacher l'esprit même et la
lettre de la loi par une brèche significative dans la raison
d'être même de Radio-Québec. En cinq minutes, on ne peut pas
faire un débat de fond, mais je voudrais au moins avoir le temps de
citer quelques phrases.
Ce qui est étonnant dans cette décision, c'est que d'abord
on assiste à une opération planifiée depuis quelques mois
pour rapetisser le rôle de Radio-Québec, bien sûr, modifier
son esprit, la lettre de la loi et affaiblir le sens et ta valeur de la
régionalisation à Radio-Québec. Ce qui est
étonnant, c'est qu'on ne m'a même pas permis de questionner le
fond et l'analyse des choses.
Il y a à peu près trois mois, le directeur
général de Radio-Québec, dans un document que j'ai ici et
que je n'ai pas le temps de citer, disait ceci: Les structures existantes ne
sont pas remises en question en raison de leur inefficacité, en raison
de leur inutilité au de leur non-conformité avec la mission de
Radio-Québec. Ce n'est pas moi qui parle, c'est le directeur
général de Radio-Québec. C'était
complètement assumé aussi par le conseil d'administration. Je
répète qu'elle ne sont pas remises en question pour leur
inefficacité, leur inutilité ou leur non-conformité avec
la mission de Radio-Québec mais très simplement et uniquement
pour, et j'ajoute "platement" parce que nous avons à gérer une
coupure de 8 000 000 $, qu'on a des contraintes et qu'il faut y faire face...
Donc, on ne refait pas une discussion sur le fond des choses, sur la raison
d'être de la régionalisation; on dit que ce serait probablement
plus facile de prendre la décision qu'on a prise d'en fermer quatre et
d'en maintenir cinq. Or, il n'y a pas tellement longtemps, le 22 février
1985, le conseil d'administration adoptait la résolution no 1011 qui se
lisait comme suit: Que le rapport sur les orientations des activités et
des structures de la Société de radio-télévision du
Québec au cours des prochaines années soit adopté. C'est
dire que Radio-Québec entend participer de façon dynamique au
développement culturel et éducatif du Québec et ce, en
affirmant que sa structure régionalisée - écoutez bien
cela - constitue un apport supplémentaire pour l'atteinte des objectifs
fondamentaux de la Société Radio-Québec. La
régionalisation, mais la régionalisation dans toutes les
régions du Québec, constitue un apport significatif pour
l'atteinte de nos objectifs. Radio-Québec demeurera
régionalisée, une télévision
régionalisée pas comme les autres. C'est ce qu'on mentionnait.
Les instances régionales participeront de façon beaucoup
plus marquée - écoutez bien cela - à la
programmation diffusée sur l'ensemble du réseau.
Ces éléments étaient connus par l'équipe
libérale, par le ministre des Communications avant la campagne
électorale. C4est cela qu'on ne peut pas accepter. On ne peut
pas se faire dire aujourd'hui: II y a des contraintes et au nom d'une coupure
de 8 000 000 $ on va jouer avec la vocation de Radio-Québec sans au
moins permettre que certains points de vue soient exprimés sur ce qu'on
appelle des analyses et des points de vue que le ministre énonce comme
cela, simplement. Entre autres, dans sa conférence de presse d'hier il
disait: Jamais Radio-Québec n'a disposé et ne disposera des
budgets nécessaires pour entretenir une programmation régionale
significative. Je peux vous dire que ce n'est pas le point de vue des
comités régionaux, ce n'est pas le point de vue des gens qui sont
dan3 les régions. C'est important, M. le ministre, d'entendre ce point
de vue là. Je veux bien que, comme ministre des Communications, vous
ayez un point de vue, vous y avez droit, c'est votre devoir, votre obligation
et vos responsabilités, mais que vous soyez seul du haut de votre chaire
à dire: Je ne rediscute plus cela, vous n'avez jamais eu ce qu'il
fallait, vous n'aurez jamais ce qu'il faut et la preuve, avant d'en
débattre et d'en discuter au cas où il y aurait d'autres
personnes avec un autre point de vue, j'en ferme quatre sur neuf, j'en garde
cinq ouverts et c'est réglé, on vient de gérer
administrativement la coupure, c'est trop gros, M. le ministre des
Communications, c'est trop gros en ce qui nous concerne et cela n'a pas de bon
sens que ce ne soit pas réapprécié,
réévalué pour la raison d'être.
Je veux bien parler de l'avenir mais, avant de parler de l'avenir de
Radio-Québec, vous conviendrez qu'il faudra parler un peu du
présent et de ce qui se passe. Dans ce qui se passe actuellement, c'est
d'autorité que le ministre des Communications veut prendre des
décisions. D'après l'éclairage qu'on a reçu, il
nous semble que ce n'est pas exact que la proposition du conseil
d'administration qui vous a été soumise n'est pas gérable.
On peut être dans les patates. C'est là-dessus qu'on veut
être éclairé. On veut être éclairé sur
quoi exactement? Vous avez les prétentions fermement assises au fait que
d'après vous, il est absolument impossible de maintenir cet esprit de
Radio-Québec pas comme les autres, décentralisée,
présente dans toutes... Vous me dites qu'il me reste cinq minutes?
Le Président (M. Trudel): Je vous dis, M. le
député d'Abitibi-Ouest, que vos cinq minutes sont
écoulées. Je vous permets une conclusion rapide et vous
reviendrez tantôt, vous y avez droit.
M. Gendron: Je conclus et je vais revenir. Je pense que le
débat ce matin est fondamental. Ce qu'on a voulu indiquer au ministre
c'est qu'il y a des choses qui sont trop grosses pour être
acceptées comme cela, quand il y a un an à peine, le directeur
général, le conseil d'administration de Radio-Québec
convenait que pour bénéficier d'une radiotélévision
d'État pas comme les autres, il faudrait qu'elle soit présente
dans toutes les régions. Ce n'est pas exact que le problème est
au niveau des comités régionaux et des coûts. J'aimerais
que vous reveniez là-dessus. Comment se fait-il que d'un coup sec, vous
dites: Administrativement, on va gérer cela comme cela.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre des
Communications.
M. Richard French
M. French: Si mes amis d'en face sont absolument
déterminés à faire deux débats de deuxième
lecture, libre à eux. Nous ferons aussi une évaluation article
par article et nous avons fait une étude des crédits. À
l'étude des crédits, on a discuté pendant trois heures,
trois heures et demie, peut-être même quatre heures, si je me
rappelle bien, de la faisabilité de l'hypothèse de solution mise
de l'avant par les neuf présidents de comités régionaux
qui 3ont membres du conseil d'administration de Radio-Québec. Le
président-directeur général de Radio-Québec a dit
que c'était l'impasse, que l'hypothèse de solution mise de
l'avant aurait des effets désastreux - ce n'est pas moi qui parle, c'est
le président-directeur général de Radio-Québec et
vous l'avez écouté, vous autres, vous étiez
présents - sur la programmation. Je suis prêt, si l'Opposition
adopte la position que les compressions budgétaires doivent se faire
uniquement à Montréal, c'est libre à eux.
Je vous dis que c'est devant la paralysie du conseil d'administration,
face à une série de décisions extrêmement
difficiles, que le gouvernement se voit dans la nécessité
d'intervenir. Il est, il me semble, de bonne guerre de citer les écrits
et les dires du président-directeur général qui exprimait
ses espoirs sincèrement, honnêtement, à cette époque
alors qu'un autre contexte budgétaire pour Radio-Québec existait.
Je pense que l'époque a changé. Je pense qu'il y a un certain
nombre de choses qui ont changé dans la gestion des finances publiques.
C'est le lot et la responsabilité de l'Opposition de souligner leur
point de vue là-dessus, je n'ai aucune objection. C'est de bonne
guerre.
Nous sommes ici à l'Assemblée na-
tionale exactement à la place où le débat devrait
avoir lieu. Nous sommes prêts. Il ne faudrait quand même pas
ignorer que j'avais le choix en tant que ministre de laisser
Radio-Québec toute seule avec ses difficultés, de dire: Le
conseil d'administration doit prendre ses décisions, de me laver les
mains de tous les problèmes internes qui déchiraient
Radio-Québec ou de prendre ce que je considère mes
responsabilités de consulter le président-directeur
général, de rencontrer les membres régionaux du conseil
d'administration - j'ai rencontré une délégation de trois
des membres du conseil des comités régionaux - de rencontrer les
deux syndicats représentés au sein de Radio-Québec - ce
que j'ai fait - d'évaluer tous les documents, de suivre le débat
public qui a eu lieu dans les médias, d'évaluer tout cela et,
à la suite de cela, prendre une décision, d'une part, quant
à l'encadrement législatif qu'il faudrait pour
Radio-Québec et, d'autre part, indiquer quelques décisions quant
à la présence régionale de Radio-Québec.
Maintenant, la situation et le problème fondamental, c'est
qu'à une époque, soit 1978, où on a greffé le
mandat régional sur le mandat de Radio-Québec, on a prévu
une évolution budgétaire pour Radio-Québec qui n'a aucune
commune mesure avec les réalités d'aujourd'hui au moment
où on se parle. C'est sûr que si on avait pu financer en 1985-1986
Radio-Québec au niveau prévu en 1978 par le rapport qui
était la base essentielle de la loi du volet régional de
Radio-Québec, on pourrait se permettre des comités
régionaux, on pourrait se permettre la structure extrêmement
lourde qu'on a aujourd'hui. Sauf que la somme prévue à
l'époque c'était 160 000 000 $ alors que le budget de
Radio-Québec varie entre 50 000 000 $ et 60 000 000 $ par année.
C'est dire qu'on espérait faire autre chose, c'était
légitime comme espoir, mais nous n'avons pas pu réaliser nos
espoirs de cette façon. Ni le gouvernement précédent, ni
le gouvernement actuel n'ont les ressources nécessaires pour faire le
genre, le niveau et le type de programmation au total avec un budget de 160 000
000 $ qui était prévu à l'époque.
Malheureusement, c'est la situation. Nous devons effectuer une
compression. Ce n'est pas facile, mais on a étudié l'importance
pour les téléspectateurs québécois - le bonhomme ou
la bonne femme devant son écran de télévision - et les
données nous indiquent que nous ne pouvons pas nous permettre de
continuer, d'essayer de faire de la télévision régionale
au prix que cela coûte actuellement dans neuf régions
différentes du Québec. C'est cela qu'on change. La
quantité de télévision disponible aux
téléspectateurs québécois qui touche les
thèmes régionaux va rester pareille. C'est ce qui est essentiel
pour les gens de comprendre lorsqu'ils veulent déchirer leur linge
à cause du changement qui est prévu dans le projet de loi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre.
Je cède maintenant la parole au député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si je comprends bien
ce que le ministre vient de nous dire, il y a eu des rêves qui ont
été faits à un moment donné à propos de ce
que devrait être Radio-Québec. Parce qu'on a perdu nos espoirs, on
va couper - on va s'organiser de telle sorte... - les régions qui
étaient un des espoirs importants.
Je ne parlerai pas de chiffres en termes de montant d'argent. On a
toujours des objectifs et on essaie de les atteindre. On ne les atteint pas
toujours, mais une chose est certaine, c'est qu'on ne recule pas. Le ministre
est en train de nous dire que parce qu'on n'a pas atteint des espoirs, on va
aller au désespoir. On va donc couper dans nos régions.
Je regarde de l'autre côté le candidat libéral du
comté de Laviolette qui était dans ma région et que j'ai
défait à la dernière élection. Il était
président du CRD 04. S'il était demeuré président
du CRO 04, comme il avait une vocation régionale, il penserait la
même chose que les gens de la région de Trois-Rivières. Le
député de Trois-Rivières n'est même pas ici. Les
députés de la région immédiate de
Trois-Rivières ne sont pas là pour se défendre, alors
qu'ils disaient durant la campagne électorale que c'était du
solide, que c'était des gens qui étaient pour défendre de3
régions.
Nous avons une télévision qui, elle, a un but
précis dans une loi, celui d'avoir un aspect de région. Comment
le ministre peut-il me dire aujourd'hui que par un montant de 3 000 000 $... Il
faudrait peut-être se poser la question à savoir quelle sorte
d'argent c'est? Est-ce qu'à tous les ans, cela est récurrent?
Est-ce que ce sont des montants qui vont s'additionner ou si c'est un seul
montant pour ad vitam aeternam? À partir de cela, des gens de
l'extérieur de la région de Trois-Rivières vont venir dire
aux gens de Trois-Rivière3 ce qu'il va falloir qu'ils fassent comme
travail régional pour le réseau national.
Actuellement, vous avez des gens dans le milieu qui se sont
alliés avec le quotidien régional Le Nouvelliste, avec la radio
CHLN dans la région de Trois-Rivières, avec le réseau
privé CKTM.TV et qui donnent une image de ce qu'est la région. Je
vous donne juste un exemple. Au niveau de la culture, Ies gens ont dit:
L'aspect culturel, c'est quelque chose qui ne rapporte rien. Les gens
ont fait la preuve que, jusqu'à maintenant, au contraire, il y
avait un aspect, lequel était de centrer la culture sur la partie
économique, touristique. Ils ont fait un circuit au niveau de la
région sur les acquis de notre région, que ce soit la
sidérurgie, le bois ou l'ensemble des autres facteurs,
l'électricité comprise.
Vous nous dites que des gens de Montréal décideront ce que
les régions veulent. Comble d'ironie, vous allez me dire: Nous allons
engager des personnes en régions pour faire ses
émissions-là. C'est ce que j'ai cru comprendre. Comment le
ministre peut-il me dire, aujourd'hui, que la décision qu'il est en
train de prendre de faire disparaître des régions comme l'Estrie,
la Mauricie et les deux autres qui s'additionnent, Hull et j'oubliais la
région de Québec... (10 h 45)
Je pense que le ministre doit expliquer comment il va faire en sorte que
les régions aient une valeur au niveau de Radio-Québec. Comment
peut-il expliquer, en vertu des décisions qui ont été
prises par le CRTC, par la Régie des services publics, la distinction
qu'il fait? Parce qu'il semble maintenir 3 000 000 $ pour garder sa
programmation régionale qui, en fait, n'en est pas une. Mais l'illusion
que cela en est une et l'illusion pour permettre justement de conserver le
mandat qui lui a été accordé en vertu des deux, le CRTC et
la Régie des services publics en ce qui concerne son mandat
régional, c'est une des défenses qui a été faite
pour obtenir les permis. Est-ce que le ministre vient nous dire aujourd'hui que
cela n'a pas d'importance pour lui? Quand je regarde cela comme étant la
seule télévision éducative française en
Amérique du Nord, je me pose de sérieuses questions. Quand je
vois le Parti libéral en ce qui concerne simplement les affiches
bilingues ou même unilingues à Montréal, quand je les
regarde en ce qui concerne les "illégaux" au ministère de
l'Éducation et quand je regarde ces mêmes gens qui, de l'autre
côté, prennent des décisions au moment où on pense
que cette télévision francophone a une valeur essentielle, on se
la pose la question et on veut avoir une réponse de la part du ministre.
Comment réagit-il à ce que les gens des régions disent:
Nous sommes en train de disparaître tranquillement; nous avons quatre
régions qui disparaissent actuellement; nous en avons cinq dont on ne
sait même pas si les membres du conseil d'administration viendront
nécessairement de ces régions. On se dit: Comment allez-vous
concilier cela? Est-ce que vous allez faire disparaître les
régions à petit feu? Si oui, quel est votre but ultime? Est-ce de
faire disparaître Radio-Québec?
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre est-ce que vous voulez
répondre immédiatement? M. Richard French
M. French: Je ne veux pas décevoir le député
de Laviolette, qui m'a posé un certain nombre de questions, M. le
Président.,
D'abord pour la fascination de nos amis d'en face quant aux
députés des régions différentes qui sont ou ne sont
pas présents aujourd'hui... le député de Laviolette sait
mieux que moi que, dans les interpellations, il y a un rôle pour à
peu près trois ou quatre personnes, c'est la situation. Nous avons de
notre part ici quatre députés, il y en a quatre ou cinq de
l'Opposition.
M. Jolivet: M. le Président, juste avant que vous me
donniez...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...la permission de parler, en vertu du
règlement il y avait un député ministériel qui
devait parler et il n'y a pas un député ministériel qui a
pris la parole ou qui l'a demandée. Qu'an ne vienne pas me faire le...
Vous l'avez cette feuille qui indique qui doit intervenir et à quel
moment.
M. French: Excusez-moi, M. le député. Je crois que
vous avez mal compris ce que j'ai dit.
M. Jolivet: Ils n'ont pas pris leurs cinq minutes.
M. French: M. le député, c'est peut-être moi
qui me suis mal exprimé. Vous avez dit, à plusieurs reprises
qu'il y a les députés qui ne sont pas ici en Chambre; je parle de
cela. Je vous indique que, habituellement dans les interpellations, vous
n'allez pas le nier, la participation des députés est normalement
de l'ordre de cinq ou six députés. Lorsque vous étiez
à notre place, M. le député, vous étiez ici dans
vos interpellations, il y avait rarement plus de deux ou trois
députés autour du ministre et parfois un ou même aucun
député. Vous savez cela aussi bien que moi.
Dans le contexte du débat que nous avons aujourd'hui - je sais
que les députés de l'Opposition ne le savent peut être pas
-c'est la Semaine de l'entreprise. Le Parti libéral et le gouvernement
du Québec et ses députés sont en train de visiter les
entreprises dans leur comté aujourd'hui. S'ils ont fait un mauvais
choix, la population va le dire: c'est exactement ce que vous avez dit, Mme la
députée de Johnson. La population va juger cela. On n'a pas
besoin des conseils de l'autre côté pour savoir comment employer
notre temps. On est ici, on va prendre nos responsabilités, on va
défendre
nos intérêts. M. le député de Beauce-Nord va
faire ses visites d'entreprises et il va en faire d'autres.
M. Jolivet: Vous ne répondez pas à mes
questions.
M. French: Ah! M. le député, franchement. Il y a
cinq minutes de part et d'autre. Si vous n'aimez pas cela on va changer de
formule. Si vous voulez des réponses à vos questions vous n'allez
pas m'enlever mon enveloppe.
En ce qui concerne la programmation régionale, le
député de Laviolette me pose un certain nombre de questions qui,
à mon avis, sont très importantes. D'abord, il faut constater que
dans le conseil d'administration prévu par la loi le poids relatif des
personnes nommées de l'extérieur de Montréal et de
l'intérieur de la région de Montréal serait au moins,
toute proportion gardée, le même que la proportion des
régionaux au conseil d'administration actuel. C'est-à-dire qu'il
y a 9 sur 21, et il va y avoir au moins 5 sur 13. C'est à peu
près la même proportion. Donc, il y aurait un conseil
d'administration représentatif. Le gouvernement va prendre la
responsabilité de ces nominations, tout comme de la loi actuelle. Nous
allons essayer d'avoir les meilleures questions possible, tout comme nos
prédécesseurs, par exemple, quand le gouvernement du Parti
québécois en décembre 1984 et le gouvernement du Parti
libéral au printemps 1986 ont eu un problème à
l'intérieur du conseil d'administration. Alors, nous allons prendre les
mesures nécessaires afin de prendre nos responsabilités en tant
que gouvernement et en tant que représentants des actionnaires de
Radio-Québec.
En décembre 1984, le gouvernement a remplacé une dizaine
de membres du conseil d'administration de Radio-Québec.
L'Opposition, à ce moment, n'avait pas crié au meurtre,
n'avait pas déchiré son linge. Pourquoi? Parce que nous avons
pensé que, finalement, c'était le gouvernement qui assumait la
responsalité finale pour ce qui se passait à
Radio-Québec.
C'est toujours la même situation, sauf que cette fois-ci on
procède par projet de loi, ce qui donne donc toute l'occasion voulue au
député de Laviolette et à d'autres députés
de participer autant qu'ils le veulent au débat.
Pour ce qui est du volet de la production dans les régions, tout
comme aujourd'hui, il y aura la participation importante des producteurs
indépendants des régions, de toutes les régions du
Québec, dans la programmation régionale qui va puiser dans le
fonds de 3 000 000 $ qui a été créé. D'ailleurs,
Radio-Québec m'informe d'un volet d'information nouveau, hebdomadaire,
basé dans les régions, qui serait fait par Ies individus des
régions.
La disparition des régions, comme telles, est une chose qui
affecte les structures. Mais, M. le Président, ce n'est pas une chose
qui va beaucoup affecter l'auditoire. La production régionale a
été de l'ordre de 1/15 ou 1/20 dans les régions où
les bureaux ont été fermés ou seront fermés si
l'Assemblée nationale décide d'adopter le projet de loi.
Dans la région du député de Laviolette, il y a
quelque quatorze heures par semaine de production indépendante à
partir des postes affiliés à Radio-Canada et TVA. Le bureau
régional de Radio-Québec produisait à peu près une
heure par semaine. Sa part du marché était de l'ordre de 2 % ou 3
% par rapport à la part de 9 % du marché pour les
émissions de Radio-Québec qui viennent de la maison
mère.
Il est un peu difficile pour le député de prétendre
à la disparition de l'identité régionale» alors que
les gens de la région regardaient davantage ce qui venait de
Montréal que ce qui était produit dans leur région. C'est
le genre d'évaluation que j'ai dû faire. Ce n'est pas du tout, M.
le Président, une condamnation des gens qui ont travaillé dans
ces bureaux. C'est parce qu'ils n'avaient pas les ressources et n'ont pas
vraiment le bassin d'auditoire nécessaire pour faire de la
télévision efficace sur le plan financier dans un contexte
d'austérité.
Ce n'est donc pa3 une critique des artisans qui sont là; c'est
une constatation de la réalité. Encore une fois, on revient au
fait que dans la conception originale il y avait l'espoir d'avoir 160 000 000 $
pour le budget de Radio-Québec cette année. Or on a quelque chose
entre 50 000 000 % et 60 000 000 $. Je vais peut-être laisser une minute
de mon enveloppe que le député de Laviolette pourra prendre pour
ne pas me "puncher" comme il voulait le faire tantôt.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Matane.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: M. le Président, les gens d'en face
semblent très inquiets de voir qu'il y a quelques députés
ministériels qui ne sont pas présents ce matin. Mais leur
absence, justifiée d'ailleurs, parce que plusieurs étaient
à la Semaine de l'entreprise, n'est pas le signe d'un manque de
sensibilisation à la cause de Radio-Québec. Au contraire, je dois
souligner à la députée de Johnson que même le
député de Hull, M. Gilles Rocheleau, ministre
délégué aux Services et Approvisionnements, a émis
un communiqué de presse ce matin justement à propos de
Radio-Québec. Donc, c'est un signe que les députés des
régions sont
sensibilisés aux problèmes de Radio-Québec.
Je ferai remarquer également à la députée de
Johnson que le fait que les députés ministériels ne soient
pas ici n'est pas non plus le symptôme d'un manque de sensibilisation,
comme je le disais. Au contraire, c'est que nous, nous ne faisons pas de
Radio-Québec un symbole, comme vous l'avez fait dans les années
passées. Quebecair a été un symbole également.
La preuve de cela, c'est que justement nous préservons la
programmation dans les régions périphériques. C'est un
fait également que, dans les régions périphériques,
la population a beaucoup moins accès à d'autres
télévisions francophones, comme le soulignait le
député d'Abitibi-Ouest la dernière fois.
C'est en voulant respecter ce manque de télévision dans
les régions périphériques que nous avons gardé les
postes ouverts. Comme le député de Hull le souligne
également dans son communiqué de presse de ce matin, les gens de
i'Outaouais intéressés à syntoniser Radio-Québec
pourront toujours le faire grâce aux antennes existantes.
C'est à cause de l'état catastrophique dans lequel nous
avons pris les finances publiques et aussi face à l'urgence d'un
redressement à effectuer, que chaque ministère a dû
contribuer au redressement des finances publiques et Radio-Québec a
aussi été appelé à le faire. Il fallait par contre
choisir un scénario qui affecte le moins possible les émissions,
et c'est ce qu'on a fait.
On sait que le Parti québécois a toujours
privilégié une représentation très forte des
régions et plusieurs porte-parole et intervenants du milieu y ont fait
beaucoup de concertation. C'est ainsi qu'on se retrouvait avec neuf
comités régionaux de Radio-Québec qui regroupaient 63
membres. M. le Président, les membres des comités
régionaux sont plus nombreux que les permanents dans les bureaux
régionaux. J'appellerais cela de la "structurite" aiguë. C'est ce
que nous avons voulu faire: rationaliser un peu plus les structures.
À 63 membres, ils administraient en 1985-1986 un budget de 8 000
000 $ par rapport à un budget de 53 000 000 $ administré par 21
administrateurs. C'est pour cela que je suis heureuse aujourd'hui qu'il y ait
des changements dans les structures administratives et décisionnelles de
Radio-Québec. Ce projet ne modifie pas la programmation; au contraire,
en ajoutant 3 000 000 $ de fonds spéciaux constitués pour la
production d'émissions, ce sera une façon de voir à la
créativité des intervenants régionaux car ils auront
à produire des programmes régionaux ou des émissions qui
auront un rayonnement plus grand parce qu'ils seront passés sur le
national.
Quant à moi, je représente le comté de Matane, donc
la région de la Gaspésie, et je suis très heureuse que le
poste de Saint-Omer soit ouvert dans la Gaspésie. C'est un poste qui a
fait des émissions éducatives de très grande
qualité - j'en ai parlé à la commission
dernièrement - des études économiques de toutes les MRC de
la Gaspésie et c'est un poste qui a énormément aidé
les gens du milieu, que ce soit pour la pêche, la forêt ou des
documentaires. Je suis très heureuse que le ministre ait conservé
nos postes en régions périphériques, car, comme je le
disais tout à l'heure, les régions périphériques
peuvent beaucoup moins syntoniser des postes francophones. Voilà. Je
pense que mes cinq minutes sont écoulées.
Le Président (M. Trudel): Pas encore, mais si vous avez
terminé vos remarques, je vous en remercie, Mme la députée
de Matane. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Ce que j'observe depuis quelques minutes, c'est que
la députée a changé son fusil d'épaule. En
commission parlementaire, elle défendait le poste de Saint-Omer et elle
suppliait le ministre de le conserver. Étant donné qu'il a
conservé son poste...
Mme Hovington: II est conservé, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Justement, c'est pour cela que vous avez
changé votre fusil d'épaule.
Mme Hovington: Je n'ai pas changé mon fusil
d'épaule. Je vous ferai remarquer que j'avais demandé au
ministre...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il s'agit d'une interpellation de l'Opposition au ministre et je
demanderais à la députée de Johnson d'utiliser une autre
enveloppe de cinq minutes pour interroger et interpeler le ministre...
Mme Juneau: C'est que la députée disait...
Le Président (M. Trudel): Si vous voulez me laisser
poursuivre, Mme la députée.
Mme Juneau: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): L'interpellation se fait au
ministre.
Mme Hovington: Question de règlement, M. le
Président...
Mme Juneau: II n'y en a pas en interpellation.
Mme Hovington: II n'y en a pas en interpellation?
Le Président (M. Trudel): Non. Mme Hovington: Merci.
Le Président (M. Trudel): Alors, Mme la
députée de Johnson, est-ce que vous avez l'intention de prendre
cinq autres minutes pour intervenir dans le débat?
Mme Juneau: Oui, juste quelques minutes.
Le Président (M. Trudel): Je vous cède la
parole.
Mme Juneau: La députée a fait
référence à un communiqué venant du
député de Hull disant qu'il est intéressé à
sa région. Il avait émis un communiqué. J'ai aussi le
communiqué du caucus libéral de l'Estrie. Il fait de même.
Il est d'accord que le ministre coupe dans la région. Si c'est cela la
défense des régions par les députés du caucus
libéral, je vais laisser à la population le droit d'en juger.
Si vous me le permettez, M. le Président, je vais laisser la
parole à ma collègue.
Le Président (M. Trudel): Non. Les règles de
l'interpellation je les ai rappelées tantôt. Chaque intervention
jouit d'une enveloppe de cinq minutes; si vous n'utilisez pas l'enveloppe de
cinq minutes, la parole revient soit au ministre, soit à un
député ministériel; par la suite elle reviendra à
quelqu'un de votre côté.
M. le ministre, est-ce que vous voulez...?
M. French: Puisqu'il y en a eu deux de ce côté en
succession, je ne m'oppose pas que Mme la députée de Chicoutimi
prenne la parole, M. le Président. Je passe mon...
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a quelqu'un du
côté ministériel qui veut intervenir?
M. Joly: Je suis prêt à intervenir, sauf que pour
supporter ce que M. le ministre dit, je suis d'accord à
transférer. Nous avons combien de temps encore? Nous avons encore une
heure?
M. French: Cela va. Tu peux intervenir. Je pense que Mme la
députée de Chicoutimi qui attend patiemment devrait avoir la
parole. (11 heures)
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que,
Mme la députée de Chicoutimi, vous êtes prête
à intervenir? Je vous cède la parole avec grand plaisir.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président et merci, M. le
ministre. Le ministre invoque beaucoup la coupure de 8 000 000 $ pour justifier
toutes les modifications. Je dis d'abord que c'est un prétexte, c'est la
grande parade. Je voudrais interroger le ministre sur sa capacité de
défendre ce dossier puisque les autres ministères se sont vus
coupés de l'ordre de 5 % alors que, pour Radio-Québec, c'est une
coupure de 13 %.
Ensuite, il s'agit de choix politique, je le rappelle. Quand on a
choisi, en décembre, de retourner dans les goussets des mieux nantis 200
000 000 $, ce sont des choix politiques qu'on a faits. On aurait pu les
partager autrement.
Quant à l'absence des députés régionaux, qui
a été largement soulignée par la députée de
Johnson tout à l'heure, je dois dire, que moi aussi, cela
m'étonne et me désole. Je pense que, comme député
en régions, vous le savez - peut-être pas vous parce que vous
représentez davantage les grands centres que les régions - on est
constamment obligé de se défendre et de se battre pour
défendre les intérêts des régions. Le fait qu'ils
soient en train de visiter les entreprises, je dis que c'est fort louable. Cela
ne justifie pas qu'on traite le dossier de Radio-Québec de façon
bêtement comptable. J'aurais été heureuse qu'on puisse
avoir un peu plus de députés des régions ici ce matin.
À présent, quand on traite de façon comptable
l'avenir de l'unique, de la seule télévision éducative de
langue française en Amérique du Nord, alors qu'on connaît
les difficultés qu'on éprouve comme peuple - il y en a qui y sont
moins sensibles, mais moi j'y suis sensible et les régionaux
également -à défendre notre culture et notre langue, cela
m'apparaît extrêmement important et grave, quand on a cette
attitude.
Quand on prend à la légère le fait de fermer une
région qui s'appelle l'Outaouais, qui est une région
frontalière, il me semble qu'il y a là un geste qui a des
conséquences importantes. Je dirais la même chose pour Sherbrooke
et je dirais la même chose pour Québec parce qu'ensuite, on a les
frontières américaines. Il me semble qu'on n'a pas tenu compte de
cela, on n'a examiné cela que de façon extrêmement
comptable.
Même la loi, c'est une parade pour se débarrasser du poids
qu'on estimait trop grand des régions. Parce que, autrement, le ministre
aurait pu décider, avec la composition qu'il nous propose, de conserver
les comités régionaux qui ne lui coûtaient absolument rien.
Ils étaient bénévoles et de
vrais bénévoles. Cela ne coûte rien. Qu'on vienne me
dire qu'on prenne 63 personnes pour gérer 3 000 000 $, c'est que les
régionaux sont habitués à gérer des petits budgets
et cela ne les dérangeait pas de se déplacer pour cela, Ils
étaient prêts à y consacrer du temps et de
l'énergie.
Je me dis que, si Radio-Québec avait voulu faire une preuve
qu'elle voulait maintenir intégralement les orientations des
régions, on aurait pu choisir de maintenir les comités
régionaux. Qu'est-ce qu'on fait? Cinq personnes des régions, on
ne sait pas de quelle région, non pas désignées par le
comité régional, il n'existera plus, nommées par le
ministre ou par le gouvernement. Que ces personnes viennent ou non des
régions où il y a une télévision, je me dis que
c'est d'un intérêt relativement peu important parce qu'elles vont
parler en leur propre nom et au nom de personne d'autre. C'était cela
qui faisait la différence de Radio-Québec.
Je me dis qu'à modifier aussi fondamentalement les orientations
de Radio-Québec, parce qu'on ne peut pas penser que 63 personnes, ce que
vous trouvez très lourd, n'avaient pas comme effet d'influencer un peu
la programmation de Radio-Québec... L'absence de ces personnes aura
comme effet de modifier les orientations de Radio-Québec, cela
m'apparaît évident.
Donc, quand on est en train de toucher aussi fondamentalement à
la mission de Radio-Québec, cela mérite, tel que l'a promis et
s'y était engagé M. Bourassa alors qu'il était en campagne
électorale, une commission parlementaire. Je ne défendrai pas ce
matin la loi, à savoir si elle est bonne ou non, s'il faut neuf ou huit
membres, s'il faut maintenir les neuf régions. Ce n'est pas ici que cela
doit se faire. Tout ce que je pense qu'on doit faire ici, c'est tenir une
commission parlementaire, permettre aux membres des conseils d'administration
et aux régionaux de se faire entendre et examiner la proposition qui
avait été faite selon des règles admises, tout à
fait dans la légalité, proposition qui avait été
faite par le conseil d'administration. Voici ce que je demande ce matin: la
tenue d'une commission parlementaire pour examiner Ies orientations de
Radio-Québec. Je ne pense pas être plus qualifiée que vous
ici ce matin pour prendre ce genre de décision, alors que la
décision de construire Radio-Québec avait été une
décision prise collectivement et avec laquelle, je vous le rappelle,
vous étiez d'accord, vous, les libéraux, à
l'époque. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Richard French M. French: Merci, M. le Président.
Mme la députée de Chicoutimi a soulevé une foule de
questions importantes. Elle a commencé en demandant pourquoi
Radîo-Québec a été l'objet de coupures importantes
alors qu'aucun ministère n'a été l'objet de coupures
significatives ou comparables. Je pense qu'il y a deux ou trois choses à
dire là-dessus. D'abord, si on regarde le financement des
ministères et le financement de Radio-Québec sur une base de cinq
ou six ans, on voit que Radio-Québec s'en est tirée pas mal bien,
même avec les compressions qui sont faites actuellement. C'est le premier
point. Donc, les ministères et organismes ont eu des compressions
systématiques durant plusieurs années alors que
Radio-Québec qui, il faut le dire en toute honnêteté,
était en train de bâtir une infrastructure d'antenne qui
occasionnait des dépenses importantes, a eu quand même un
traitement différent au point de vue budgétaire des gouvernements
durant cinq ou six ans.
Mais parlons donc de cette année. Voyons si c'est vrai que
Radio-Qubéec a été, si vous voulez, l'objet de
compressions budgétaires démesurées par rapport aux autres
compressions. Malheureusement pour l'argumentation de Mme ta
députée de Chicoutimi, si elle avait pris le temps de regarder du
côté du ministère du Tourisme ou du ministère des
Relations internationales, je pense qu'elle aurait vu qu'il y a là des
compressions budgétaires aussi importantes que les compressions
budgétaires exercées à l'endroit de Radio-Québec.
Je ne m'en réjouis pas du tout. Je souligne tout simplement que
Radio-Québec, dans l'analyse que le gouvernement a faite, est ressortie
comme un secteur où il y aurait possibilité de faire quelques
économies sans toucher les intérêts essentiels des
téléspectateurs québécois. C'est ce qu'on pense
qu'on est en train de réussir à faire.
Mme la députée veut parler de la problématique
culturelle et, plus particulièrement, de l'importance d'une
présence francophone sur les écrans de télévision.
Là-dessus, je suis entièrement d'accord avec elle. Notre
différence ne réside pas dans les objectifs; elle réside
dans les moyens à adopter afin de concurrencer les émissions de
télévision américaines, les émissions de
télévision de langue anglaise et les émissions de
télévision américaines doublées en français.
Ce sont tous des genres de programmations pour lesquels Radio-Québec
doit exister comme alternative intelligente et stimulante.
Mais voyons d'un peu plus près quels moyens on devrait adopter
pour atteindre cet objectif. Il y a l'optique que Mme la députée,
je pense, a déjà exprimée... Je ne veux pas citer une
conversation privée, mais elle a déjà exprimé - je
pense qu'on peut le dire publiquement - une très grande
confiance et un enthousiasme pour la programmation régionale
comme instrument. Je ne pense pas déformer les paroles de Mme la
députée. Or, vérification faite auprès des
auditoires attirés par la programmation en régions, on se rend
compte que, comparer la programmation en régions avec celle de la maison
mère, compte tenu, d'une part, des moyens disponibles sous le
gouvernement péquiste et sous le gouvernement actuel et, d'autre part,
des bassins de population disponibles en régions - cela n'a pas
changé avec le gouvernement - cet argument est difficile à
soutenir. Si on considère, par exemple, la région de l'Outaouais
que Mme la députée a évoquée, il y avait un
programme produit par le bureau régional de l'Outaouais. Ce programme
avait une cote d'écoute qui était zéro, nulle; elle
n'existe pas parce que c'étaient des données inférieures
aux normes de publication. La part de marché est estimée à
1 %. L'ampleur de l'auditoire est de 2000 personnes. Je veux bien, Mme la
députée, mais il est un peu difficile de faire concurrence
à CBS, NBC et CBC avec un auditoire de 2000 personnes à un
coût de 900 000 $ par année dans ce bureau régional. On
m'indique que mes cinq minutes sont terminées. Je ne peux pas m'adresser
aux comités régionaux, mais il me fera plaisir de le faire la
prochaine fois que je prendrai la parole.
Le Président (M. Trudel): Vous aurez l'occasion de
compléter votre pensée lors de votre prochaine intervention, M.
le ministre.
Le député de Fabre avait demandé la parole et je la
lui cède.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Oui, M. le Président. J'écoutais
tantôt la députée de Chicoutimi, le député de
Laviolette, la députée de Johnson et le député
d'Abitibi-Ouest. Tout ce qu'on semble reprocher à la façon dont
la décision se prend, c'est d'agir de façon bêtement
comptable. On nous reproche d'être de bons administrateurs.
Mme Juneau: C'est ce que cela veut dire pour lui.
M. Joly: Et cela fait mal aux gens d'en face, à
l'Opposition. On reproche au ministre d'être honnête, d'être
franc et direct et de dire ce qu'il a à dire. On lui reproche d'avoir
fait des démarches, d'avoir consulté, on lui reproche sa
franchise, on lui reproche d'avoir le courage de poser des gestes aujourd'hui.
Ce que je trouve comique aujourd'hui - je devrais dire drôle parce que ce
n'est pas comique - c'est que les gens d'en face semblent avoir toutes les
solutions. Je ne comprends pas, si vous aviez tant d'idées et tant de
solutions dans le passé et si vous aviez le courage de vos gestes, que
ces gestes n'aient pas été posés. Est-ce qu'on pourrait
dire que vous n'avez pas pris de décisions comptables et que c'est ce
qui fait qu'on a hérité de ce que vous connaissez? On nous force
à prendre des décisions aujourd'hui à cause de
décisions qui n'ont justement pas été prises.
Quand on nous parle de composer avec un petit budget, c'est certain que
si on avait un gros budget on aurait peut-être pu faire concurrence aux
autres postes, etc., mais on est obligé de faire face à une
réalité. Il faut payer un service à 100 % pour une
utilisation de 2 %. C'est ce qu'on nous reproche? D'être de bons
comptables, des gens qui gèrent de façon saine le budget de la
population qui nous est conféré par des taxes. Si on veut
arrêter de faire porter le fardeau aux générations à
venir, il faut quand même prendre des décisions à un moment
donné. On en prend des décisions et on est prêt à
faire face au verdict de la population. Dans le fond, est-ce que les gens sont
toujours prêts à payer 100 % des services et en utiliser 2 %? Vous
n'achèteriez pas une voiture si vous ne vous en serviez que 2 % du
temps. Vous prendriez d'autres services. C'est un peu ce à quoi on a
à faire face aujourd'hui et c'est ce qu'on reproche à un
gouvernement qui veut faire en sorte qu'on puisse continuer à aller de
l'avant, mais avec objectivité et de façon cohérente.
C'est un peu ce qui a manqué dans le passé et on a eu
l'héritage, on vit avec les conséquences de ce passé. Nous
sommes pris avec les gestes à poser. De ce côté-là,
vous ne pouvez pas nous blâmer d'avoir le courage de poser des gestes.
C'est cela, une saine gestion et être de bons comptables. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Je pense qu'il faut revenir sur des choses
peut-être plus fondamentales que ce qu'on vient d'entendre. Ces
gens-là nous disent: Vous nous reprochez d'être de bons comptables
ou d'avoir uniquement des préoccupations comptables. Non, je pense que
c'est vraiment plus sérieux que cela. Ce qu'on vous reproche, c'est
d'être d'abord mensongers avec la population quant à vos
engagements et de n'avoir pas le courage d'affirmer que c'était
fondamental pour vous autres de faire le ménage dans Radio-Québec
parce que la promotion du Québec et des régions du Québec
vis-à-vis d'une radiotélévision différente des
autres, cela n'a pas l'air de vous intéresser.
Je ne peux pas trouver sérieux que le
député de l'Outaouais, par exemple, appuie les coupures de
Radio-Québec dans l'Outaouais. On sait que si on maintient les bureaux
régionaux, c'est 850 000 $, alors que de l'autre main j'ai un
communiqué du même mosus de gouvernement soi-disant comptable qui
dit: II y a plus de 100 000 000 $ pour le réseau routier de l'Outaouais.
Je n'ai rien contre le réseau routier, c'est important, mais c'est un
choix politique et on ne me fera jamais accroire ce matin que d'une main on
peut mettre 100 000 000 $ dans le réseau routier de l'Outaouais et
dire... On pourrait continuer. Ce sont des choix politiques que vous avez
faits. Cela n'a rien à voir avec l'état catastrophique des
finances qui a toujours été un prétexte pour la cassette
qu'on va entendre pendant des mois. Radio-Québec vous a toujours
fatigué et dérangé comme parti politique. Le Parti
libéral n'a pas le courage d'indiquer qu'il a toujours vu
Radio-Québec comme une boîte que je ne qualifierai pas et
j'arrête là. C'est vraiment parce que vous vouliez faire le
ménage à l'intérieur de cette boîte. Quand j'entends
le ministre des Communications qui nous dit: Écoutez, le taux de
pénétration dans les régions est tellement faible que la
programmation de la maison mère a plus... Là j'aimerais que le
ministre soit attentif au moins sur ce bout, c'est lui qui parlait de cela. (11
h 15)
M. French: C'est le député de Saint-Jacques qui me
distrait, M. le député.
M. Gendron: La programmation de la maison mère a plus de
réceptivité ou capte plus l'attention que la production
régionale. C'est peut-être vrai. Mais vous ne l'améliorez
sûrement pas en l'abandonnant, premièrement. Deuxièmement,
il faudrait au moins... Vous n'améliorez sûrement pas ce taux de
pénétration en régions en abandonnant carrément la
production régionale. J'ai ici un rapport qui s'appelle "Production
régionale à Radio-Québec, 1985-1986, le Québec
c'est tout un monde à regarder et c'est à neuf que l'on entend le
présenter". Je donne l'exemple de ma région en
Abitibi-Témiscamingue. Elle a commencé bien timidement avec peu
de moyens et je me rappelle, il y a quelques années, que
Radio-Québec en Abitibi-Témiscamingue avait de la
difficulté à produire des émissions avec un taux de
pénétration qui s'améliorait. Je donne l'exemple de
l'émission l'Express en tête ou Caméra 1. Caméra 1,
dans les deux dernières années, a triplé son taux de
pénétration.
Qu'est-ce qui vous indique, M. le ministre, que vous ne pourriez pas
atteindre exactement le même objectif dans l'Estrie, dans l'Outaouais et
dans les régions où vous faites des coupures actuellement, si
vous leur donniez plus de possibilités et plus de moyens de faire une
promotion qui ferait que l'intérêt grandirait,
s'améliorerait? Il me semble que ce qui est le plus fondamental, c'est
que oui ou non on accepte que Radio-Québec ne pourra jamais concurrencer
les grandes chaînes. Ce n'est pas une télévision
traditionnelle. C'est une télévision différente des autres
qui voulait donner une image régionalisée du Québec en
développement et en progression et même si le taux de
pénétration dans certaines régions était faible -
je le reconnais - ce n'est pas vrai qu'on peut, d'une main, abandonner un
coût de 800 000 $ ou de 1 000 000 $ par année dans la
région de l'Outaouais et de l'autre main donner 100 000 000 $ pour le
réseau routier de l'Outaouais. J'en suis. Mais on aurait pu en donner 99
000 000 $, en garder 1 000 000 $ et dire: On croit à la présence
d'une télévision d'un État qui va permettre que le contenu
par les comités régionaux... Quand vous dites que ce n'est pas
gérable les comités régionaux. C'est de la merde, excusez
l'expression. C'est de la merde! Les comités régionaux ne vous
dérangeaient pas.
Ils faisaient cela bénévolement, gratuitement dans les
régions pour permettre qu'il y ait un peu de visibilité
régionale dans la rétention des émissions
régionalisées. C'est cela qui était fondamental. À
partir du moment où vous faites disparaître les comités
régionaux et que vous avez le culot de dire: Oui, mais l'Outaouais va
pouvoir continuer à se brancher sur Radio-Québec, ce n'est pas
cela qu'on veut. Ce serait bien le bout de la corde si l'Outaouais ne pouvait
pas - je conclus - se brancher sur le réseau. Nous autres, ce qu'on
veut, c'est la capacité d'infléchir par les comités
régionaux le contenu même de la programmation nationale
diffusée dans les régions du Québec.
S'il n'y a plus de comités régionaux, s'il n'y a plus de
porte-parole régionaux pour véhiculer la préoccupation
régionale, qui va le faire et qui va s'assurer que le visage des
régions du Québec est potentiellement observable sur l'ensemble
du réseau? On n'a plus cette garantie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Richard French
M. French: Oui, le gouvernement a pris une série de
décisions dans le domaine budgétaire. Le gouvernement et mes
collègues de l'Outaouais vont porter les conséquences à la
prochaine élection pour leur investissement d'une centaine de millions
dans le réseau routier dans l'Outaouais et pour la fermeture du bureau
régional de Radio-Québec Je vous avoue que dans le fond, je suis
prêt à porter cette responsabilité. Je ne suis pas
très inquiet
pour mes collègues de l'Outaouais. Ce qu'il y a de plus
important, je pense, c'est ce que M. le député me demande: Ne
pourrait-on pas améliorer la performance en régions? Qu'est-ce
qui me dit que la performance dans les régions ne s'améliorerait
pas ou ne pourrait se répandre là où il y a un
succès à d'autres régions? La réponse
fondamentalement, c'est: II n'y a rien qui me dit cela. Il n'y a rien qui est
écrit dans le ciel dans ce domaine, M. le Président, absolument
rien.
Mon problème, c'est qu'il faut que je participe à un choix
avec la direction de Radio-Québec. Je sais une chose, c'est que s'il y a
des effets désastreux sur la programmation qui est regardée par
98 % de l'auditoire de Radio-Québec, cela aurait des conséquences
politiques et des problèmes politiques certains.
Je ne suis pas d'accord avec le député d'Abitibi-Ouest
lorsqu'il dit que Radio-Québec ne peut pas concurrencer les grandes
chaînes. Je ne suis pas d'accord non plus avec les prémisses qui
semblent être les siennes, soit que si on réussi à attirer
un auditoire des grandes chaînes de télévision,
nécessairement on fera une télévision similaire à
la leur. Je ne suis pas d'accord ni avec l'une, ni avec l'autre. Je ne suis pas
d'accord avec la première pour la raison suivante: nous avons 9 % du
marché francophone de la télévision au Québec.
C'est excellent et on va continuer d'essayer d'améliorer cela.
Deuxièmement, je ne présume pas qu'à cause du fait
qu'on a fait un progrès important depuis trois à quatre ans
à Radio-Québec concernant notre performance sur la part du
marché, c'est parce qu'on fait une télévision similaire
è l'autre. Ce n'est pas cela. C'est parce qu'il y a de la
qualité, de l'imagination, de l'intelligence dans les émissions
comme Téléservice, par exemple. Les gens veulent les regarder.
Cela, c'est très souhaitable. Ma préoccupation primordiale, c'est
de garder la concentration de force et de ressources sur cette mission centrale
qui est - je le dis, je l'ai déjà dit et je le dirai encore - de
concurrencer les chaînes anglophones et américaines et pourquoi
pas concurrencer les chaînes francophones qui prennent les
émissions américaines et les doublent en français en
offrant une télévision alternative et intelligente? C'est cela
que Radio-Québec est en train de faire et c'est cette qualité que
j'essaie de préserver.
Je le répète, j'aurais pu me laver les mains de tout cet
exercice, j'aurais pu laisser le conseil d'administration et toute labotte bouillir et s'entredéchirer comme cela était en train
de se faire. Je ne peux pas faire cela, cela ne serait pas responsable. Ce
serait plus facile sur le plan politique dans l'immédiat, mais cela ne
serait pas responsable. Je n'ai pas l'intention d'abdiquer mes
responsabilités sur ce plan.
Finalement, le député d'Abitibi-Ouest me demande pourquoi
je n'ai pas conservé les comités régionaux. Il y a neuf
comités régionaux formés de six membres chacun. Ces
membres-là sont nommés par le gouvernement à la suite
d'une série de procédures, de consultations et de nominations. Ce
n'est pas tous les jours, M. le Président, qu'un ministre décide
que 63 nominations qui sont les siennes, il ne devrait pas les avoir. Ce n'est
pas tous les jours qu'un ministre décide qu'il ne veut pas faire de
nomination. C'est plutôt l'inverse qui se produit. Pourquoi ai-je
décidé que je ne voulais pas faire plaisir à 63
Québécois et Québécoises, une ou deux fois d'ici la
prochaine élection? C'est parce que honnêtement je trouvais,
compte tenu des ressources disponibles, compte tenu du modèle de
programmation régionale que nous essayons de mettre en place, nous
n'avons pas besoin de ces 63 personnes.
Maintenant, qu'il y ait un comité consultatif composé de
représentants des régions nommés par le gouvernement ou
nommés par Radio-Québec, je n'ai aucune objection. Donc, de
trouver un mécanisme à partir duquel les gens des régions
participeraient sur une base consultative tout comme les comités
régionaux actuels, moi, je n'ai pas d'objection. Je n'ai pas l'intention
de les ériger en entité juridique et de nommer 63 personnes pour
remplir cette fonction parce que je considère qu'avec l'abandon de la
diffusion en détachement régional, abandon qui était
d'ailleurs et dans la proposition ou l'hypothèse de solution
régionale et dans la proposition que nous mettons .de l'avant, il n'y a
plus besoin de 63 personnes pour cinq bureaux régionaux.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre.
Je cède maintenant la parole au député de
Fabre.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. Je pense que tout le
débat ou tout le "concern", les inquiétudes des gens d'en face
retourne au mot "rentabilité", aux mots "taux de
pénétration", ainsi de suite.
Tantôt, le député d'Abitibi-Ouest disait que, depuis
quelques années, on avait triplé, on avait triplé à
partir de quoi? C'est quand même cela qu'on doit regarder.
Si on dit que Radio-Québec est établie dans les
régions quand même depuis 1979 et que vous demandez encore un
prolongement, que vous demandez encore d'étirer pendant peut-être
un an ou deux, j'imagine que c'est un petit peu cela qui est votre conception,
la manière dont vous posez vos questions ou que vous dirigez le
débat. Vous demandez
encore là d'étirer l'agonie, c'est cela que vous demandez.
Vous demandez que d'ici à un an, quand on sera encore pris à
faire face à la même décision qu'à ce moment, le
même débat se reproduise; et on n'aura rien accompli de plus
durant cette année ou durant ces deux années. Est-ce qu'on est en
train de dire que si on étire le temps on court une chance que ça
fonctionne? Si pendant sept ans on n'a pas réussi à avoir une
plus forte pénétration dans le marché des régions,
c'est justement parce que les gens des régions n'ont pas
manifesté d'intérêt. Donc, les coupables ce n'est pas nous,
de ce côté. C'est de la part de ceux qui n'ont pas
manifesté assez d'intérêt. C'est bien certain que lorsqu'on
est sur le point de perdre quelque chose qui semble être un acquis,
ça fait toujours mal. Il n'y a personne qui aime dire: Bien, cela, je le
délaisse et cela ne me dérange pas. Un acquis ça fait mal,
mais d'un autre côté, à quel prix? Est-ce que 100 % de la
population doit payer pour 2 % des services? C'est cela quand même qu'il
faut regarder. Vous savez, il vous fait peur le mot "comptable"; il vous font
peur les mots "administration", "saine gestion" et "saine administration".
On a beau défendre de grands principes, mais ce n'est pas
toujours là qu'il faut s'accrocher. Défendre un grand principe
mais qui ne traverse pas l'écran... c'est le cas de le dire, sans faire
aucun jeu de mots, cela ne traverse pas l'écran. C'est comme un artiste
qui veut se produire et qui n'a jamais de clientèle. Si vous avez une
salle d'une capacité de 100 personnes mais qu'il en a deux dedans,
est-ce que vous allez persister à ouvrir le rideau à tous les
3oirs? C'est cela qui est le fond du débat. Un soir, oui, mais là
cela fait sept ans qu'on joue devant une salle vide., Nécessairement, si
vous croyez qu'on a les moyens de laisser les guichets ouverts avec tout le
personnel que cela comporte, encore là on est obligé de revenir
au mot "comptable".
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Fabre. M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, il se dit des choses ici et
c'est quand même heureux que cela soit transcrit, la
postérité va s'en servir. Je vais commencer par répondre
à mon amie et collègue du comté de Matane. J'aimerais vous
rappeler, madame, que les émissions régionales sont
diffusées effectivement dans les régions, et après, elles
sont diffusées au niveau national. Il ne faudrait peut-être pas
oublier cela. Vous avez dit: Vous voyez, vous de l'Opposition,
Radio-Québec comme le symbole du Parti québécois. J'ai
l'impression que vous avez effectivement touché le fond du baril. Je
pense que c'est cela, cette petite bibite mesquine qui est en train d'animer le
parti gouvernemental: que Radio-Québec est un symbole d'un nationalisme
qu'on a proclamé et que dans cela se retrouve la foulée de
l'agressivité un peu mesquine qu'avait votre grand frère
d'Ottawa, que je ne nommerai pas, quand il s'agissait de Radio-Canada. Il leur
promettait un trousseau de clés de fermeture régulièrement
à toutes les années, sauf qu'il n'a jamais eu le courage de le
faire. Il savait forcément que l'impact politique de cela serait
drôlement négatif pour lui.
Dans un deuxième temps, mon honorable collègue de Fabre
dit: Si on continue cette année, on continue l'agonie de
Radio-Québec. C'est plutôt le contraire, je dois dire. Si on agit
cette année dans le sens que vous indiquez pour Radio-Québec,
c'est l'asphyxie comme telle qui se fait. Je vais vous parler de la
programmation nationale aussi, cela vous intéresse, Montréal.
Quand vous parlez de la programmation régionale, vous dites: Elle n'a
pas d'auditoire. Mais il faut se rappeler que la programmation régionale
n'a commencé qu'en 1979, je crois, à raison de pratiquement deux
demi-heures par année. C'est bien entendu qu'avec une tranche aussi
mince que celle-là l'auditoire ne s'est sans doute pas
développée en ce qui concerne le niveau auquel on l'aurait
espéré. Mais là quand vous rajoutez - si ce n'est pas
vous, c'est votre collègue de Matane, je ne sais pas lequel l'a fait -
en disant: c'est 1,9 %, et pour 1,9 % de la population cela ne vaut pas la
peine d'investir de l'argent comme cela, vous allez être logiques et vous
allez demander à votre collègue des Affaires culturelles de
"scraper" l'Opéra de Montréal parce que cela s'adresse à
un "happy few" qui ne dépasse sûrement pas 1,9 % de la population
et qui coûte bien plus cher que la programmation régionale de
Radio-Québec quant à ces gens. Vous devrez couper là
inévitablement. (11 h 30)
Ce n'est pas un symbole, Radio-Québec est un instrument pour la
vie culturelle et la vie sociale du Québec qu'on s'est donné.
Dans un siècle de communication où la présence
radiotélévisuelle est probablement la formule de communication la
plus importante qui existe au monde, on ne va pas sabrer dans une programmation
qui est enrichissante, de plus en plus, pour un réseau national, et on
ne va surtout pas sabrer dans la programmation nationale.
Il y a des coupures sur le plan national. C'est quoi, ces coupures sur
le plan national, M. le ministre? Quels vont en être les effets?
Déjà, on commence à voir des choses, en ce sens que
l'émission Arrimage, qui est une émission extraordinaire, qui a
permis aux Québécois d'ancienne souche de
découvrir leurs compatriotes de souche plus récente, qui a
aidé à un dialogue et à une meilleure
compréhension, va disparaître.
Allez-vous avoir des sous pour reprendre cette émission? Je ne
sais pas. Au moment où votre collègue, vice-première
ministre et ministre des Affaires culturelles... J'aurais le goût
méchant de vous rappeler ce qu'un ancien président de votre
formation politique a déjà dit à propos de la culture
quelques jours avant le déclenchement de l'élection de 1976, mais
ce ne serait pas parlementaire, M. le Président, si je reprenais ses
paroles...
Le Président (M. Trudel): Je ne vous laisserais pas le
dire si ee n'était pas parlementaire.
M. Boulerice: Voilà, ce n'était pas
créditiste, mais ce n'était pas parlementaire, parce que les
créditistes n'auraient jamais osé dire une chose comme
celle-là. C'était des gens intelligents, des gens de bon sens,
des gens de régions également.
M. le Président, au moment où la ministre des Affaires
culturelles dit qu'on va faire des efforts incroyables pour aider la
relève, dans la programmation nationale, on va voir disparaître le
concours des jeunes auteurs dramatiques qui nous a donné des choses
merveilleuses au cours des dernières années.
Ce que je demandais - c'était les interventions que je faisais
à l'époque où j'occupais des fonctions électives
à l'intérieur de mon parti - au ministre responsable, M.
Bertrand, ce n'était pas de couper - ce n'était pas son
intention, d'ailleurs - mais d'augmenter en donnant un bulletin de nouvelles
régional, dans les régions, pour finalement en arriver à
un bulletin de nouvelles régionales également à
Montréal où on est très mal desservi.
Je vais conclure, M. le Président, en vous disant qu'un bulletin
de nouvelles nationales... Nous ne voulions pas couper. Voici ce qu'on vous
demande tout simplement aujourd'hui, pour une seule fois depuis le début
de la campagne électorale qui s'est terminée le 2
décembre: Voulez-vous, s'il vous plaît, respecter votre engagement
qui est de maintenir Radio-Québec dans l'état actuel et,
après, avec calme, sérénité et avec les
compétence que l'on peut avoir de part et d'autre et la population,
quelle que soit sa région, on ira en commission parlementaire et
j'accepte, avec vous, que l'on revoie Radio-Québec dans son
ensemble.
Mais on ne le fera pas dans le climat de panique, de calculatrices
électroniques, comme cela se fait actuellement au Conseil du
trésor dans tous les domaines qui touchent la vie culturelle des
Québécois, francophones de surcroît: 12 000 000 $ aux
Affaires culturelles, 6 000 000 $ à Radio-
Québec...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je me vois dans...
M. Boulerice: ...c'est trop, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): ...la dou-leureuse obligation de
vous couper la parole. Vous avez outrepassé vos cinq minutes. Vous aurez
sans doute le temps... Je fais remarquer aux membres de la commission qu'il
reste dix minutes avant de procéder aux deux dernières
interventions, l'une de la part de l'interpellant et l'autre de la part du
ministre. Sur ce, M. le ministre, est-ce que vous voulez utiliser votre droit
de parole?
M. Richard French
M. French: Oui, M. le Président, brièvement, pour
essayer de répondre aux interrogations du député de
Saint-Jacques. Le député de Saint-Jacques a invoqué la
décision de mettre fin à l'émission Arrimage comme
évidence des effets des compressions budgétaires sur la
programmation.
Or, la décision d'annuler Arrimage, de la part de
Radio-Québec, a été prise avant l'annonce des compressions
budgétaires. Donc, cette décision relevait purement et simplement
d'une décision de la programmation de Radio-Québec. Je vous avoue
en tant que ministre que cela me fatigue beaucoup. Ce n'est pas plaisant de me
faire dire que Arrimage - et plus particulièrement avec l'histoire que
j'ai dans le domaine en question - est une perte importante pour les
communautés culturelles du Québec. Par contre, je dois être
solidaire dans le sens que je n'ai pas le rôle et la
responsabilité de prendre les décisions de programmation à
ce niveau à Radio-Québec. J'ai donc demandé à
Radio-Québec d'examiner les moyens de remplir le créneau de la
programmation qu'occupait Arrimage et le disque que j'ai de Radio-Québec
est le suivant: Arrimage avait un auditoire qui diminuait depuis deux ans.
C'était certainement une émission de qualité, mais cela
semblait être une émission en perte de vitesse; d'autant plus
qu'Arrimage semblait cibler un auditoire esssentiellement composé des
membres des communautés culturelles. Or, il semble à
Radio-Québec -le diagnostic est fait - que la programmation axée
sur les communautés culturelles devrait être plutôt
ciblée envers la totalité des Québécois et surtout
les Québécois francophones. Donc, au lieu de s'adresser aux
communautés culturelles, c'était d'avoir des membres des
communautés culturelles pour s'adresser à l'ensemble de la
population. Comment le faire?
L'expérience qui nous est proposée par
Radio-Québec, c'est d'insérer les membres des
communautés culturelles - leur rôle, activités et
responsabilités - un peu partout dans la programmation. Je m'explique.
Ce n'est pas une décision gouvernementale. On m'indique que
Radio-Québec a l'intention d'avoir une chronique régulière
de Téléservice qui toucherait les communautés culturelles.
On m'indique que Radio-Québec a demandé à d'autres
émissions telles Nord-Sud d'impliquer davantage les membres des
communautés culturelles ici au Québec. On m'indique qu'un
manuscrit est déjà arrivé à Radio-Québec
pour une mini-série dramatique touchant les relations ou la vision de
l'évolution du Québec à travers les yeux des
Néo-Québécois, de certaines familles ou de groupes de
Néo-Québécois. Le script est maintenant disponible.
J'ai dit à M. Girard et à Radio-Québec que le
gouvernement avait pleine confiance dans les expériences que tentait de
gérer Radio-Québec dans ce domaine-là, mais que l'on
demanderait, à l'intérieur du rapport annuel l'année
prochaine, une section qui toucherait les rôles et activités
à Radio-Québec des communautés culturelles. Ce fut
accepté. J'indique publiquement que nous nous attendons à ce que
les données soient suffisamment précises et systématiques
pour nous permettre de juger si c'est la bonne formule. Je veux assurer le
député de Saint-Jacques que si cela ne s'avère pas
être la bonne formule, je suis prêt à revenir l'année
prochaine et, j'espère, avec l'appui de l'Opposition, demander une
émission sur les communautés culturelles à
Radio-Québec. Je n'hésiterai pas à faire cela une fois
l'expérience faite et à examiner les propositions. Mais ce n'est
quand même pas, lorsque Radio-Québec prend une décision de
programmation de cet ordre-là, au ministre de la renverser chaque fois
qu'il y a un problème. D'ailleurs, le principe du ministre c'est de ne
pas poser de questions et... Excusez-moi, Mme la députée?
Mme Blackburn: Je pensais que c'était facile de renverser
une décision.
M. French: II y a des décisions puis des décisions.
Je discuterai de cela. Mais des décisions de programmation, je n'ai pas
l'intention de m'ingérer là-dedans.
Mme Blackburn: C'est bon de savoir cela.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, la
dernière intervention avant les deux dernières répliques.
Mme la députée de Matane, cinq minutes si vous le
désirez.
Mme Claire-Hélène Hovington Mme Hovington: Je n'ai
pas changé mon fusil d'épaule, comme le disait la
députée de Johnson tout à l'heure. En commission
parlementaire, j'avais bien demandé au ministre d'essayer de diriger les
compressions budgétaires vers les centres urbains et c'est ce qui a
été fait. Les compressions budgétaires de 8 000 000 $ ont
été étalées comme suit: 4 600 000 $ au national,
comparativement à 3 400 000 $ au régional. Les pertes d'emplois
sont réparties également entre Montréal et les
régions.
Quant au bénévolat dont parle l'Opposition, permettez-moi
de vous dire que chaque membre des comités régionaux recevait des
jetons de présence, à chacune des réunions, de l'ordre de
150 $ du jeton. Il y avait 63 membres dans les comités régionaux.
Si vous multipliez 63 membres par 150 $, on se retrouve avec un montant de 9450
$ par réunion. Ce n'est pas là du bénévolat
M. Boulerice: Cela ne coûte plus rien, on les a abolis.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, M. le
député de Saint-Jacques, s'il vous plaît!
Mme Hovington: M. le député de Saint-Jacques, vous
avez eu votre droit de parole, respectez le mien, s'il vous plaît!
M. Boulerice: C'est plus que votre droit de parole que je
respecte.
Mme Hovington: M. le Président, nous sommes conscients de
l'importance du rôle de Radio-Québec dans la vie sociale et
culturelle du Québec. Nous avons essayé que les compressions
budgétaires affectent le moins possible les émissions. Il ne faut
pas, quand même, que les téléspectateurs soient
pénalisés plus que nécessaire par les mesures
budgétaires.
Le projet de loi déposé modifie les structures
administratives et décisionnelles de la société
Radio-Québec, c'est sûr, mais ne modifie pas la programmation. Il
est sûr qu'une télévision éducative doit, pour
exercer sa mission, compter principalement sur la subvention de l'État
comme source de financement. Tout cela ne veut pas nécessairement dire
qu'il ne faille pas trouver de meilleures formules pour atteindre le plus grand
nombre possible de téléspectateurs.
C'est ainsi que le projet de loi maintient les programmations faites
dans les régions qui pourront passer au national. Je suis très
heureuse de cette décision et de ce projet de loi qui maintient le
service de Radio-Québec en régions et qui maintient les postes
dans les régions périphériques de Radio-Québec.
Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Matane. Si l'Opposition veut
exercer encore une intervention d'environ deux minutes avant que nous
procédions à la phase finale de cette interprétation.
M. French: Cela va être moins de dix minutes chacun, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): II reste deux minutes avant 11 h
45. La phase finale commençait à 11 h 45 pour dix minutes de
chaque côté.
M French: Excusez-moi, je n'avais pas compris, on finit à
12 h 5.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, on a
commencé à 10 h 5. Mme la députée de Johnson,
peut-être.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: J'aurais quelques questions très
précises à poser au ministre. Tout à l'heure, M. le
ministre, et dans votre conférence de presse d'hier, vous avez fait part
de 3 000 000 $ de fonds spéciaux. Dans une première question,
j'aimerais bien que vous nous disiez ceci: Est-ce que ces 3 000 000 $ vont
être récurrents, c'est-à-dire revenir à chaque
année? Peut-il nous expliquer aussi si, dans les quatre régions
qui vont être abandonnées, il pourrait y avoir une assurance du
ministre qu'il y aurait, je ne sais pas, 400 000 $ de production
régionale non existante qui seraient attribués pour ces
régions?
M. French: Je serai prêt à échanger certains
propos avec vous en ne tenant pas compte de l'enveloppe du temps, si vous
voulez, madame. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, si vous
voulez...
M. French: Je vais juste consulter pour être certain que je
n'induis pas la commission...
Mme Juneau: Est-ce que vous souhaiteriez le prendre dans vos dix
minutes après, M. le ministre?
M. French: Comme vous le voulez.
Le Président (M. Trudel): Vous pouvez, M. le
ministre...
M. French: Vous préférez que j'attende, que
j'accumule les questions et que j'essaie ensuite de répondre? C'est
comme vous le voulez.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: C'était une première question. Une
deuxième question, M. le ministre. Vous nous dites: On est ici d'abord
pour savoir l'avenir de Radio-Québec. J'aimerais bien que vous nous
disiez comment vous envisagez l'avenir de Radio-Québec sans
comités régionaux et amputée de quatre régions.
C'est important qu'on sache comment vous envisagez l'avenir de
Radio-Québec. J'aimerais que vous nous parliez aussi, M. le ministre,
étant donné que nous savons qu'en 1979 il y a eu une commission
parlementaire, il y a eu même des motions du Parti libérai, on a
eu les comités régionaux qui sont venus s'exprimer, tout le monde
est venu s'exprimer lors de cette commission parlementaire... Ce qu'on
réclame de vous, ce que vous aviez dit lors de la campagne
électorale, c'est qu'il y aurait une commission parlementaire. Donc,
nous, du Parti québécois, sommes convaincus que si vous acceptiez
une commission parlementaire pour entendre les gens, toutes les personnes
intéressées à venir s'exprimer, je pense que c'est cela
qui serait important. C'est à ce moment-là qu'on
connaîtrait véritablement l'avenir de Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre des Communications, vous avez
droit à dix minutes de réplique finale.
M. Richard French
M. French: Oui, M. le Président. Je n'ai pas l'intention
de prendre dix minutes, pourvu que ce soit clair que ce ne soit pas
ajouté à l'enveloppe de nos amis d'en face, sauf que je serais
prêt à répondre à d'autres questions, s'il y a lieu,
dans ce qu'il restera des dix minutes.
La première question de Mme la députée de Johnson:
Le fonds de 3 000 000 $ pour la programmation régionale est-il
récurrent? On n'a pas de raison de penser qu'il peut être
coupé, mais dans ce bas monde où il y a des compressions
budgétaires, je ne peux pas vous donner ce genre de garantie. Si on l'a
créé, c'est parce qu'on pense qu'il est important, qu'il doit
fonctionner efficacement et qu'il doit y avoir une programmation sur tout le
réseau qui traite les thèmes régionaux de façon
à intéresser l'ensemble des Québécois et à
amener cette réalité régionale devant tous les
Québécois. Je n'ai pas le sentiement que nous allons facilement
faire l'économie de cette présence régionale étant
donné le débat qu'on est en train de faire. Personnellement, je
suis fortement favorable et je peux vous dire que j'ai poussé
Radio-Québec à se préoccuper de cette programmation et,
plus particulièrement, à permettre aux producteurs
indépendants dans les régions - je pense que
c'est important - de continuer d'avoir accès a un fonds de
production à Radio-Québec. Donc, en grande partie, les 3 000 000
$ vont aller aux producteurs indépendants travaillant dans les
régions et qui sont très bien placés pour amener
l'intérêt régional à Radio-Québec. Avez-vous
une question, Mme la députée? (11 h 45)
Mme Juneau: Je vais vous laisser continuer.,
M. French: Non, allez-y, si vous voulez poser une question
là-dessus.
Mme Juneau: Est-ce que cela va aller dans les quatre
régions qui ont subi des coupures? Est-ce que vou3 pouvez...
M. French: Oui, c'est la prochaine question, d'accord. Vous
m'avez demandé, pour les quatre régions où on a
fermé les bureaux régionaux, s'il y aurait des fonds pour les
régions fermées de façon spécifique. On n'y a pas
pensé, mais je trouve la suggestion extrêmement crédible et
utile. J'aimerais en parler avec le P.-D.G. Je ne sais pas si vous permettez...
Je pense que c'est ma prérogative, Mme la députée.
Peut-être que le P.-D.G. de Radio-Québec qui va quand même
gérer ces fonds pourrait vous parler un peu de sa vision de ces fonds et
de ce qu'il entend en faire.
Le Président (M. Trudel): M. Jacques Girard.
M. Girard (Jacques): Alors, le fonds de 3 000 000 $ se
répartit de la façon suivante: 2 000 000 $ sont
déjà prévus dans le plan de programmation qui a
été accepté par le conseil d'administration et, au cours
de l'année qui vient, nous allons vivre une année transitoire.
Chacune des neuf régions avait engagé des projets. Nous aurons,
mercredi de la semaine prochaine, une réunion avec les directeurs
régionaux pour faire le point sur l'ensemble des projets. La somme
additionnelle de 1 000 000 $ est une somme qui était destinée
à une émission d'information nationale que nous transformons en
une émission d'information régionale. Ce que nous
prévoyons, c'est que les topos qui seront faits sur l'une ou l'autre des
régions ne seront pas uniquement faits dans les régions qui sont
maintenues, mais pourront provenir également des autres régions.
Une fois cette année de transition passée, pour l'avenir, ce
qu'il faut voir, c'est comment nous ferons en sorte que l'ensemble des
régions puissent être présentes dans la programmation de
Radio-Québec. C'est ce genre de discussion qu'on engagera avec les
directeurs régionaux dès mercredi de la semaine prochaine.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Mme la députée de Johnson m'a
posé une question qui me paraît un peu difficile compte tenu du
temps dont je dispose. Elle m'a dit: Je veux que vous nous parliez de l'avenir
de Radio-Québec sans comités régionaux et avec ses
régions amputées. J'avais commencé à parler de
cela. J'aurais aimé compléter, Mme la députée, mais
au lieu de cela j'ai eu droit à un discours de deuxième lecture
de tous et chacun sur le projet de loi. On a donc malheureusement passé
à côté de l'essentiel même de
Radio-Québec.
Je vous ai invités à discuter des sujets que j'ai
soulevés: programmation pour enfants, le temps mort d'antenne de
Radio-Québec, la problématique de la chanson francophone. Je veux
bien le faire si, en deux minutes, vous voulez que j'essaie de dire quelque
chose sur chaque point. C'est ce qui me paraît important pour l'avenir de
Radio-Québec et j'aurais aimé en parler depuis deux heures.
M. Jolivet: Commission parlementaire. Mme Juneau: C'est
cela.
M. French: M. le Président, pour ce qui est d'une
commission parlementaire, je n'ai pas l'intention d'avoir des auditions
publiques sur le projet de loi. Je suis cependant prêt à envisager
une commission parlementaire à un moment donné, si les
orientations générales et la programmation entière de
Radio-Québec semblent dans une situation de changement fondamental ou
devant une impasse ou un problème d'ordre créatif et de contenu.
Ce n'est pas du tout ce dont on parle dans ce projet de loi et ce n'est pas du
tout ce sur quoi on débat depuis deux ou trois mois.
M. Jolivet: Mais cela a des effets.
M. French: Les effets sont très marginaux par rapport
à l'écoute de Radio-Québec. C'est clair.
M. Jolivet: Oh! Oh! Oh!
M. French: Le projet de loi ne change pas l'encadrement et les
orientations générales de Radio-Québec, il change un
certain nombre d'emplois, un certain nombre de structures, mais l'essence
même du projet de loi est de préserver la programmation qui s'est
avérée, depuis cinq ou six ans, la plus attrayante pour
l'ensemble des Québécois. Encore une fois, je serai prêt
à faire la commission parlementaire en temps et lieu, mais certainement
pas des auditions publiques sur le projet de loi.
Est-ce que j'ai encore du temps dans
mon enveloppe, M. le Président?
Le Président (M. Trudel): II vous reste au moins quatre
minutes.
M. French: Est-ce que mes amis d'en face aimeraient mieux poser
d'autres questions? Pour ma part...
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: J'en aurais peut-être une à poser si on
me donne le droit. Le directeur général a parlé de
rencontre avec les directeurs régionaux pour mercredi prochain. Puis-je
lui demander si ce sont les neuf directeurs régionaux actuels? Est-ce
que les quatre qui disparaîtront prendront des décisions pour les
cinq qui resteront? Comment se fait-il qu'il vient de nous dire qu'on
réunira, pour des raisons de programmation à venir, des gens qui
ne seront plus là demain matin? Quand il dit que les topos qui seront
faits à Montréal peuvent...
Une voix: ...
M. Jolivet: Laissez-moi finir. Ils seront pensés à
Montréal et faits dans les régions.
Une voix: ...
M. Jolivet: Ecoutez] C'est moi qui pose les questions.
Le Président (M. Trudel): M. le député, vous
posez des questions, mais vous prenez quand même le temps que le ministre
vous a...
M. Jolivet: C'est lui qui me l'a offert.
Le Président (M. Trudel): J'aimerais que vos questions
soient aussi courtes que possible, sans trop de préambule.
M. Jolivet: On m'interrompt de l'autre côté par des
gestes. On me dit que des topos seront faits en régions - j'ai bien
compris cela - sur les 3 000 000 $ mais que quelqu'un les pensera. Est-ce que
ce seront les directeurs régionaux ou la maison mère à
Montréal qui décidera et, si elle décide, elle le fera
dans l'esprit que les gens de Montréal voient les régions et non
pas de la façon dont les gens des régions voient leur propre
région. Si j'ai bien compris, le but de Radio-Québec était
de permettre aux régions de s'exprimer partout au Québec par
l'intermédiaire de Radio-Québec. Avec ce que vous nous proposez,
comment allez-vous faire ces choses?
M. Girard: Et c'est cet esprit-là qui sera maintenu. Si
cinq régions sont maintenues et que 3 000 000 $ sont consacrés
à la programmation, ce n'est pas pour s'amuser, à partir de
Montréal, à présenter les régions comme les
Montréalais voudraient les voir. Cela n'a aucun sens et aucune
signification. Si on maintient une programmation régionale, c'est parce
qu'on pense que cela fait partie du mandat de Radio-Québec et qu'on
pense que cela colore notre programmation. Cela va se faire comme cela se fait
dans toute maison de télévision. Les gens qui pensent la
programmation, ce sont les directeurs régionaux et leur équipe,
mais cela doit s'intégrer dans un plan de programmation qui nous
permette de présenter une programmation qui intéresse les gens.
Les directeurs régionaux, c'est de cela dont on va discuter avec la
structure du comité stratégique de planification de la
programmation. Dans ce comité, il faut tenir compte de la programmation
régionale, de la programmation éducative formelle, de la
programmation éducative générale, des acquisitions et des
coproductions. Un plan de programmation, cela ne se morcèle pas. Cela se
pense comme un tout avec des composantes qui sont importantes. J'ajouterai que
jusqu'à maintenant, dans la structure que l'on connaissait, on
était loin de l'unanimité. Je ne veux pas aller plus loin, mais
on était loin de l'unanimité.
Pour l'autre question que vous m'avez posée, ce sont les
directeurs régionaux qui m'ont demandé de les rencontrer. J'ai
accepté de les rencontrer. Je pense qu'il est normal de rencontrer les
neuf puisqu'on va faire le point sur l'ensemble de la programmation. Mais,
également, les quatre dont les régions disparaissent m'ont
demandé une rencontre spécifique, différente, ad hoc, et
j'ai dit oui, également. Ces rencontres vont avoir lieu la semaine
prochaine.
M. Jolivet: On va attendre l'intervention du ministre pour finir,
après cela l'intervention de l'Opposition viendra. Le ministre nous a
dit que c'était un montant -vous l'avez répété - de
transition parce qu'il ne peut pas nous dire si l'année prochaine il va
l'avoir. Je vous dis: C'est un problème.
M. French: Non, excusez-moi.
M. Jolivet: Laissez-moi poser la question.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
posez votre question parce qu'il est 11 h 55.
M. Jolivet: La question est donc: Vous dites que c'est un montant
d'argent de 3 000 000 $ pour cette année. Vous ne pouvez pas nous le
garantir pour l'année prochaine. Comment allez-vous pouvoir nous
garantir cela pour le futur? L'avenir de
Radio-Québec, ce n'est pas demain matin, c'est l'ensemble des
autres demains matin.
M. French: Je n'ai pas dit que c'était un montant de
transition. J'ai dit que dans ce bas monde, nous ne pouvons pas garantir quoi
que ce soit au sujet de Radio-Québec pas plus à la
Société immobilière du Québec, pas plus à
une autre société d'État ou à un autre
ministère. Mon ministère pourrait disparaître demain matin.
C'est une décision du gouvernement. C'est une décision du premier
ministre. Je ne peux pas entreprendre, en toute bonne foi, les engagements qui
pourraient se révéler faux. Je vous dis que c'est mon intention,
en tant que ministre, de demander que Radio-Québec reflète la
réalité régionale sur le réseau national de
Radio-Québec et, pour ce faire, il e3t évident que des moyens
d'environ 3 000 000 $ semblent être nécessaires dans la situation
actuelle.
Quant à moi, si le financement et la volonté à
l'intérieur de Radio-Québec de faire fonctionner de cette
façon demeurent, je ne pourrais pas garantir, mais je pourrais vous dire
que le ministre...
M. Jolivet: Fataliste.
M. French: Si le ministre a décidé de'
préserver... Le ministre est réaliste. Si vous
préférez que je vous donne un engagement dont vous savez fort
bien que je ne peux pas vous donner, mais si cela vous rend heureux, M. le
député de Laviolette, je le ferai. Vous savez aussi bien que moi
que, malheureusement, je ne peux pas vous faire ce genre d'engagement absolu.
Si vous étiez ministre, vous n'auriez pas pu davantage que moi.
L'engagement est là, la volonté est là. Si on avait
pu faire autrement, on l'aurait fait immédiatement. On est à
notre première année de mandat et il me semble que cela serait un
peu fou, plus tard, d'aller agir autrement. On pense qu'on a pris une
décision de bonne foi en préservant les régions
périphériques, en fermant des bureaux régionaux où
l'offre télévisuelle d'autres postes est relativement plus
élevée et où la plupart des Québécois ont
l'occasion de visiter assez régulièrement.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, je m'en voudrais
de couper votre temps de parole. Je me contenterai de le comprimer en vous
demandant si vous avez terminé.
M. French: Oui, j'ai terminé. Le député de
Laviolette me signale qu'après avoir épuisé mon temps, il
veut que j'arrête.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président. M. le ministre
nous a demandé de lui poser des questions durant les quatre minutes
qu'il restait, et c'est ce que j'ai fait.
Le Président (M. Trudel): Je cède maintenant la
parole aux intervenants qui pourront diviser, après entente entre eux,
les dix minutes moins une minute - disons dix minutes pour être
libéral dans l'interprétation - qu'il reste à cette
interpellation.
Mme la députée de Johnson.
Conclusions Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. J'ai comme
l'impression que le ministre n'a pas répondu aux questions que j'avais
posées dans mon discours d'ouverture, dans un premier temps. J'aurais
bien aimé qu'il puisse justifier aussi ses choix politiques parce qu'en
ne respectant pas la population ou la décision du conseil
d'administration, je pense qu'il fait une brèche importante à la
démocratie. C'est ce qui nous inquiète pour l'avenir aussi. Si un
ministre responsable de société, quel qu'il soit, fait la
même chose qui s'est faite au moment où l'on se parle, je pense
que, vraiment, la démocratie sociale est en danger.
Je reviendrai aussi, M. le ministre, sur les fameux 3 000 000 $, un
montant drôlement inquiétant, si j'ose m'exprimer ainsi, parce que
pour couper les quatre régions, selon votre conférence de presse
d'hier, c'est environ 850 000 $ que vous épargnez par bureau, donc qui
équivalaient à 3 400 000 $. Comment se fait-il que vous disiez
que vous voulez épargner absolument 3 400 000 $ dans ces quatre
régions et que vous remettez 3 000 000 $ supplémentaires comme
boni ou je dirais comme un bonbon pour ne pas qu'il y ait trop de discussions
de la part de la population. Je pense que c'est vraiment de ce
côté que j'aurais bien aimé vous entendre parler.
J'aurais bien aimé aussi vous entendre parler de ce que le CRTC
fera dans tout cela. Est-ce que, si ces coupures importantes sont
accompagnées de changements dans la programmation, Radio-Québec
sera obligée de retourner au CRTC pour recevoir un nouveau permis?
M. French: ...Mme la députée.
Mme Juneau: M. le ministre, tout à l'heure, vous avez dit
que vous n'aviez pas l'intention d'intervenir dans la programmation, etc. Mais
nous sommes inquiets que le tout puisse venir de la station
montréalaise. Vous avez dit aussi dans votre programme électoral
qu'il y aurait 25 % d'autofinancement. Je me demande si l'autofinancement que
vous prévoyez pourrait changer la mission éducative et culturelle
de Radio-
Québec qui est, à notre point de vue, la raison
d'être de la société et la raison pour laquelle vous avez
obtenu le permis du CRTC. Donc, s'il y a chez vous l'intention d'intervenir du
côté publicitaire au point où vous prévoyez
l'autofinancement... Pour la programmation, à mon point de vue, vous
aurez à vous présenter de nouveau devaht le CRTC pour être
capable d'avoir ce permis d'opération. Comme on l'a dit dans le discours
d'ouverture, je pense que la mission de Radio-Québec n'est pas la
mission de Radio-Canada ou des autres.
Je reviens encore sur le fait, M. le ministre, qu'en 1979, c'est le
Parti libéral qui a fait toutes sortes d'interventions et qui est
même allé presque au "filibuster" pour être capable
d'obtenir de la part du gouvernement la tenue d'une commission parlementaire.
Il y a eu, lors du dépôt du projet de loi 4, des interventions et
des motions de toutes sortes. Finalement, le gouvernement avait consenti
à tenir cette commission parlementaire avec audiences publiques.
À l'époque, huit régions sont venues nous informer de ce
qui se passait et ce qu'elles souhaitaient. Je me demande, et nous nous
demandons, ce qui vous inquiète de tenir cette commission parlementaire
avec audiences publiques. Si vous êtes tellement sûr que ce que
vous avez décidé doit être pour le mieux-être de la
société, de tous et chacun des Québécois et
Québécoises, je me demande quelle inquiétude vous et votre
parti avez de tenir ces audiences publiques en commission parlementaire. Vous
l'aviez déjà promis durant la campagne électorale et vous
aviez promis le statu quo aussi. Aujourd'hui, vous venez nous dire,
après le dépôt d'un projet de loi, que vous ne tiendrez pas
cette commission palementaire.
Hier, M. le ministre, lors de votre conférence de presse, vous
avez dit: L'ancien gouvernement est intervenu il y a deux ans dans le conseil
d'administration et a changé tous les membres. M. le ministre, je voua
dirai que lors de cet incident dont vous avez parlé hier en
conférence de presse, les mandats de ces personnes étaient
échus et qu'une ou deux de ces personnes ont été
réélues au conseil d'administration. Les autres ont
été changées mais on n'a pas fait de loi à
l'époque, M. le ministre. On a simplement changé les mandats qui
venaient à échéance. Voila!
M. Jolivet: Ce n'est pas la même chose.
Mme Juneau: Ce n'est pas tout à fait la même chose
que ce que vous avez laissé croire hier en conférence de presse.
Ce qui est important, M. le ministre, c'est que nous, du Parti
québécois, continuions d'insister. Si vous n'avez aucune
inquiétude sur l'avenir de la société Radio-Québec,
comme vous semblez le faire voir aujourd'hui ou comme vous le laissiez entendre
hier, il nous semble très important que vous laissiez les gens venir
s'exprimer sur ce que nous pensons tous, c'est-à-dire que lors de ces
audiences publiques les gens pourraient vous apprendre et nous apprendre des
choses, à savoir comment nous voyons la suite de
Radio-Québec.
À notre point de vue aussi, changer un conseil d'administration
n'est pas la façon d'en arriver aux moyens qu'on connaît
aujourd'hui.
M. French: ...par exemple. Ce ne serait pas une raison pour
changer dix membres du conseil d'administration?
M. Jolivet: S'il vous plaît, M. le ministre!
Le Président (M. Trudel): S'il vous plaît, M. le
ministre]
Mme la députée de Johnson, est-ce que vous avez
terminé votre intervention? Il vous reste trois minutes.
Mme Juneau: On pourrait peut-être passer à ma
collègue. Elle voulait avoir quelques minutes pour terminer.
Le Président (M. Trudel): II me fait plaisir d'accorder la
parole à Mme la députée de Chicoutimi pour trois
minutes.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Tout à fait dans le prolongement de ce que
vient de dire la députée de Johnson, si le gouvernement n'est pas
inquiet, si cela ne se voulait pas ou si cela n'était pas une
volonté de faire un nettoyage dans les régions, une
opération, une parade pour justifier qu'on se débarrasse des
régionaux, je ne vois pas pourquoi on ne tiendrait pas cette commission
parlementaire. Il me semble qu'en démocratie, la décision prise
par le ministre des Communications doit nous inquiéter. Le ministre nous
dit: La décision du conseil d'administration? Le vote est serré.
En plus, il ne me convient pas. Qu'à cela ne tienne. On change le
conseil d'administration.
Ce qui aurait été normal et ce à quoi on aurait
dû s'attendre si leur décision était questionnable, c'est
qu'on en fasse l'objet d'un débat. L'hypothèse, la proposition du
conseil d'administration a été condamnée sans appel.
Personne à ce conseil, à l'exception du P.-D.G. n'a eu l'occasion
de venir exprimer son point de vue. Rien de cette hypothèse, qu'on nous
dit être un drame par rapport à la production régionale,
nationale, n'a été démontré à notre avis,
surtout pas à la satisfaction des régionaux. J'ajouterais qu'au
Québec on a, malheureuse-
ment, cette attitude de juger, de condamner nos entreprises qui avaient
une perspective plus lointaine, après cinq ans d'expérience. Cinq
ans d'expérience pour une institution, c'est la petite enfance. Je
dirais que c'est quasiment l'embryon. Une institution au plan national? Vous
évaluez cela quasiment sur un siècle et là vous êtes
en train de nous dire que cela n'a pas donné de résultat
après cinq ans.
Cela ne fait qu'expérimenter notre profonde aliénation et
la menace certaine qui pèse sur notre culture. Voilà. Donc, je
réclame, à la suite de la députée de Johnson, la
tenue d'une commission parlementaire ce qui, il me semble, serait beaucoup plus
respectueux de la population québécoise, mais aussi des membres
des comités régionaux qui se sont consacrés à
Radio-Québec. Merci.
M. Jolivet: Juste un instant pour dire au ministre qui
s'inquiétait du fait que c'était l'ultime... Il me reste une
minute.
M. French: C'est une kyrielle là. Il ne reste pas une
minute.
Le Président (M. Trudel): Non. Il reste...
L'enveloppe...
M. Jolivet: Je vous le dirai ailleurs, mais vous allez avoir la
chance de nous entendre longtemps sur le sujet de la loi.
M. French: Je n'en doute pas, M. le député.
Le Président (M. Trudel): Je remercie le ministre des
Communications ainsi que les membres de la commission du ton serein,
détendu la plupart du temps, et civilisé avec lequel
l'interpellation s'est déroulée. Je félicite les
représentants de Radio-Québec pour leur attitude stoïque
pendant ce débat. Sur ce, j'ajourne les travaux de la commission sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 7)