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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture poursuit la consultation
générale sur le statut économique de l'artiste et du
créateur en accueillant comme premier invité, ce matin, le
Conseil québécois de l'estampe représenté par Mme
Louise Lavoie-Maheux et M. Denis Charland que j'inviterais à venir
prendre place à la table en face de nous.
Pendant que vous vous installez, je vous rappellerai rapidement encore
une fois, parce que vous n'étiez pas avec nous hier, les règles
du jeu. La commission doit mettre fin à ses travaux à 13 heures
aujourd'hui. Donc, cela nous laisse un peu moins de trois heures pour entendre
trois groupes ainsi que les remarques finales de Mme la ministre et de M. le
député de Saint-Jacques.
Je vous demanderais donc de résumer votre mémoire en cinq
ou huit minutes. Ce mémoire a été lu par tous les membres
de la commission. Il a été résumé également
pour les membres de la commission. Nous le connaissons donc, dans l'ensemble,
fort bien.
Je vous suggère de nous souligner les points que vous jugez les
plus importants de façon que nous ayons plus de temps pour vous poser
des questions. Sur ce, madame et monsieur, je vous cède la parole.
Auditions Conseil québécois de
l'estampe
Mme Lavoie-Maheux (Louise): Bonjour, messieurs dames de la
commission. Le mémoire que présente le Conseil
québécois de l'estampe a été rédigé
par trois personnes dont Mme Renée Chevalier qui est la coordonnatrice
du Conseil québécois de l'estampe, Mme Christiane Lemire qui en a
été la présidente jusqu'à il y a quinze jours
à peu près et par moi-même, directrice au Conseil
québécois de l'estampe.
Ce mémoire se veut un peu le résumé des
réflexions et du travail du Conseil québécois de l'estampe
depuis les quinze dernières années. Le conseil existe depuis
1971. Il regroupe 175 membres individuels et plus d'une quarantaine
d'organismes, entre autres des ateliers de gravure communautaires, des galeries
qui ont comme principal objet de présenter de la gravure et des
organismes et entreprises privés. Nous avons aussi des membres
honoraires. Notre fonctionnement est assuré bénévolement
par un conseil d'administration.
Les objectifs du Conseil québécois de l'estampe sont de
faire connaître, de faire la promotion et de défendre l'estampe
originale. Nous défendons les intérêts des graveurs sur le
plan professionnel, économique et social. Le Conseil
québécois de l'estampe s'implique sérieusement dans des
dossiers. Nous avons des collaborations avec différentes directions du
ministère des Affaires culturelles, entre autres, concernant le droit
d'auteur, le statut professionnel de l'artiste, la fiscalité, les
compensations aux artistes exposants et le dépôt légal de
l'estampe.
Il y a aussi des expositions de prestige qui font partie de nos
événements, une exposition présentée au Grand
Palais, à Paris, en octobre dernier qui va se poursuivre en janvier 1987
au Musée du Québec, ici à Québec, et une exposition
de prestige avec des graveurs de l'Ontario, une exposition qui s'appelle
ACTION-
IMPRESSION, qui fait le tour du Québec et de l'Ontario, dans
différents centres d'exposition.
Un des gros dossiers qu'a traités le Conseil
québécois de l'estampe, cela a été la
rédaction du Code d'éthique de l'estampe originale, qui est notre
instrument de travail. Cela a été notre gros dossier.
Au Conseil québécois de l'estampe, on croit qu'en
participant à cette commission sur la culture notre plus grand objectif,
c'est de faire connaître, de faire appuyer notre point de vue sur la
reconnaissance du statut de l'artiste. C'est le point qu'on veut
défendre le plus, et aussi l'apport de l'artiste à la
société et qui s'étend sur toute une pratique qui est
l'histoire d'une vie.
Nous avons fait - sûrement que vous l'avez vu dans les
résumés - le portrait type d'un artiste-graveur qui se
résume en dix étapes dont je ne ferai pas la lecture. Il a
été fait un peu sur le ton de la blague, mais ce n'était
pas une caricature. C'est le commun de tous nos graveurs. À tous les
jours, ils ont à cumuler différentes fonctions. Donc, à
tous les jours, ils ont à donner leur point de vue sur différents
sujets. Ils ont à participer à différentes expositions. Il
faut qu'ils voient à leur production personnelle. Donc, c'est
peut-être une description
chargée, mais elle est assez réaliste.
Les conditions dans lesquelles s'exerce la profession artistique de la
gravure sont différentes de celles d'autres professions artistiques. La
gravure est peut-être une façon très différente des
autres pratiques de la culture, entre autres, il y a les ateliers
communautaires de gravure. Cela nous vient un peu des Vieux-Pays, cette
habitude de travailler en commun. Donc, au Conseil québécois de
l'estampe, à l'intérieur de ce chapitre sur les ateliers
communautaires, nous trouvons que le gouvernement devrait permettre l'expansion
des ateliers communautaires de gravure par le renforcement de son appui
financier qui pourrait être ajusté au coût de la vie. Nous
voudrions aussi que le ministère des Affaires culturelles consulte les
ateliers communautaires dans l'élaboration des politiques culturelles,
pour vraiment les impliquer dans les discussions.
Il y a peut-être, au niveau des ateliers communautaires - il y en
a à peu près une douzaine dans tout le Québec - d'autres
formules d'ateliers qui seraient à développer. On pense au Studio
Cormier à Montréal, qui est installé. Cette formule
pourrait être reprise pour accueillir des artistes qui n'auraient pas
à résider. Cela couperait les frais encourus par les artistes et
par le ministère des Affaires culturelles pour permettre l'accès
à cet atelier.
Donc, à ce chapitre, nous recommanderions au gouvernement
l'implantation d'ateliers libres de recherche multidisciplinaire sans
résidence. Les artistes, peut-être par un concours de demande de
subvention, pourraient postuler l'adhésion à un programme et
avoir accès à ces ateliers multîdisciplinaires.
La représentativité des graveurs vis-à-vis de leur
association. Cinq années après l'émergence des ateliers de
gravure qui datent à peu près de 20 ans, si on pense à
Graff, si on pense à l'atelier de M. Richard Lacroix, à l'atelier
de la Guilde graphique, les artistes ont senti le besoin de se regrouper en
association. Nous avons eu ce qu'on appelait dans le temps le Conseil de la
gravure et qui s'appelle maintenant le Conseil québécois de
l'estampe et nous avons, comme je le disais précédemment,
procédé à la rédaction du Code d'éthique de
l'estampe originale dans lequel sont énoncées les
différentes définitions de l'estampe originale.
Évidemment, l'estampe originale doit être conçue par
l'artiste lui-même. Cet artiste doit aussi intervenir dans le processus
de réalisation de l'élément d'impression, quelle que soit
la nature de cet élément ou le procédé
utilisé. Je ne vous donnerai pas un cours technique, mais l'estampe,
c'est assez vaste. Cette définition, nous recommandons au
ministère des Affaires culturelles de l'adopter, soit la
définition de l'estampe originale tel qu'énoncée dans
notre code d'éthique, eu égard à toutes les politiques
culturelles et spécifiquement à celles touchant le droit
d'auteur. C'est peut-être la plus grande, la plus grosse, la plus
importante recommandation de notre mémoire.
Il y a d'autres dossiers qui nous tiennent aussi à coeur. Il y a
le dossier du dépôt légal de l'estampe originale. Il y a
beaucoup de travail qui a été fait par le Conseil
québécois de l'estampe, mais aussi avec différentes
directions, entre autres, le Service de la propriété
intellectuelle. Il y a eu, avec la Bibliothèque nationale du
Québec, beaucoup de travail, mais à un moment donné cela a
achoppé; le dossier est bloqué. Nous pensons à un
dépôt légal comme ceux qui existent d'ailleurs dans
différents pays, entre autres en France où, depuis Louis XIV, ils
conservent un patrimoine extraordinaire de gravures de toutes les
époques. Nous trouvons qu'il serait primordial pour le Québec de
s'enrichir de la gravure qui est faite par tous nos graveurs. C'est pourquoi on
recommande au gouvernement du Québec l'instauration d'un
dépôt légal de l'estampe originale à la
Bibliothèque nationale du Québec ou au lieu qu'il jugera à
propos et l'attribution de redevances liées à ce
dépôt à l'artiste. Évidemment, si on dépose
des pièces à la BNQ, on veut bien que notre geste soit
significatif à l'égard du revenu.
Le Conseil québécois de l'estampe a beaucoup
travaillé avec les différentes directions du ministère des
Affaires culturelles. Quand je dis beaucoup, cela veut dire longtemps, cela
veut dire aussi avec beaucoup d'application et de professionnalisme. Ce sont
des engagements qui prennent beaucoup de notre temps. On ne s'en plaint pas du
tout. C'est ce qu'on veut. Mais cela gruge aussi beaucoup de notre temps de
recherche. Cela, il faut le dire, lorsqu'on devient membre du conseil
d'administration du Conseil québécois de l'estampe on sait qu'on
devra sacrifier un peu de notre temps de recherche durant l'année. Donc,
on voudrait bien aussi au moins ne pas perdre au niveau pécuniaire et
que notre compétence soit acceptée. On pense qu'une des
façons de la reconnaître, ce serait que le gouvernement accorde
aux associations professionnelles en arts visuels un budget de fonctionnement
équivalant à ceux des conseils régionaux de la culture.
Notre association, qui regroupe plus de 250 membres, a, comme je l'ai dit tout
à l'heure, beaucoup d'interventions à faire et de dossiers
à préparer. On a besoin de personnel d'appoint pour soutenir
toutes ces actions.
On recommande aussi au gouvernement du Québec de verser des
sommes compensatoires aux artistes invités à participer aux
différentes tables de travail
convoquées par les instances gouvernementales. Comme je le disais
tout à l'heure, on est bien fier que voua nous le demandiez et on veut
que vous nous le demandiez. On s'est tellement battu pour que vous nous le
demandiez. On ne veut pas que cela cesse, mais on voudrait que notre temps soit
payé au même titre que lorsqu'on est en réunion avec deux
ou trois fonctionnaires. Toutes ces personnes qui viennent avec nos sous en
tant que citoyens, mais, nous, on est là en tant que
bénévoles.
II y a évidemment des dispositions fiscales qui devraient
accompagner la reconnaissance du statut de l'artiste. Entre autres, comme je
vous le disais tout à l'heure, le code d'éthique a établi
la définition de l'estampe originale et a défini un peu la
pratique de la gravure au Québec, si on veut. Nous, en tant que conseil,
on s'est donné aussi des critères pour recevoir des membres,
critères qui sont venus, évidemment, avec la pratique. Depuis
quinze ans que nous sommes en place, on a pris de l'âge, mais aussi de
l'expérience. Donc, il y a différents critères. Lorsqu'on
reçoit de nouveaux membres, on analyse leur dossier en regardant la
pratique du métier qu'ils ont, selon le code de l'estampe originale, la
continuité de leur évolution graphique et aussi leurs
réalisations graphiques, c'est-à-dire les expositions auxquelles
ils ont participé et leur formation, etc.
Donc, nous recommandons à ce chapitre au gouvernement du
Québec de reconnaître le professionnalisme de notre association.
On recommande aussi que le gouvernement du Québec reconnaisse que les
membres du CQE, le Conseil québécois de l'estampe, soient
considérés comme travailleurs autonomes et aient droit à
toutes les dispositions fiscales se rapportant à cette catégorie.
On recommande la mise en place d'un comité permanent qui jugerait les
cas en litige avec le ministère du Revenu, en regard de la
fiscalité, selon nos critères de professionnalisme. Ces trois
propositions sont un petit train de propositions, elles viennent ensemble.
Au chapitre des revenus, nous comprenons que nous sommes en
période de coupures, mais il serait peut-être bon de commencer
à étudier - ce n'est pas quelque chose qui pourrait être
mis en application l'année prochaine ou la semaine prochaine -ou
à envisager une façon dont les artistes pourraient gagner leur
vie. Nous, les artistes de l'art visuel, ne travaillons pas parce que nous
gagnons de l'argent, mais parce que nous pensons peut-être en gagner en
vendant ce que nous sommes en train de faire. Pendant tout ce temps, il y a un
manque à gagner. 11 y aurait peut-être des projets à
étudier sur la façon dont les artistes pourraient gagner leur vie
tout en travaillant. Il y a peut-être autre chose que des
subventions.
La santé et ta sécurité du travail, c'est, pour
nous, un chapitre très important. Je ne sais pas si beaucoup de membres
de cette commission ont déjà mis les pieds dans un atelier de
gravure communautaire où il y a 15 ou 20 graveurs qui travaillent. Cela
dégage des odeurs de produits très toxiques, cela va de l'acide
nitrique à différentes teneurs... C'est très dommageable
pour la santé; et, bien des fois, les dommages causés à la
santé de nos graveurs sont irréversibles. D'ailleurs, des
études le démontrent, ce n'est pas sans fondement.
Le Conseil québécois de l'estampe recommande au
gouvernement du Québec une étude approfondie sur les conditions
de travail au niveau de la santé et de la sécurité du
travail. Nous suggérons que cette étude soit effectuée
dans les ateliers communautaires. Les résultats pourraient servir
à établir des normes de sécurité pour les ateliers
privés, collectifs et institutionnels. On demande de faire cette
étude dans les ateliers communautaires - il y en a une dizaine au
Québec qui regroupent 15 à 20 graveurs - parce que la grande
majorité des graveurs travaillent en atelier communautaire. Comme ces
ateliers sont déjà subventionnés par le ministère
des Affaires culturelles, ce serait un bon endroit pour effectuer une
étude.
Nous recommandons aussi qu'à la suite de cette étude le
ministère des Affaires culturelles assiste techniquement et
financièrement les ateliers et qu'il procède aux
aménagements qui s'imposent. Ce sont des aménagements qui
coûtent extrêmement cher, mais qui sont indispensables. (10 h
30)
Les droits pécuniaires liés au droit d'auteur sont la base
du revenu de l'artiste. Nous croyons que l'amélioration du statut
socio-économique de l'artiste en arts visuels commencera par le respect
des droits pécuniaires liés au droit d'auteur par la
société. La reproduction d'oeuvres artistiques, les compensations
aux artistes exposants, le droit de suite, etc., n'ont pas fait l'objet de
recommandations à ce chapitre. On a décidé d'appuyer les
recommandations relatives aux arts visuels qu'a formulées la
Société de recouvrement des droits d'auteurs qui a
présenté un mémoire devant cette commission. On en a pris
connaissance un peu avant la production du mémoire final, mais on pense
que c'est très bien pour nous. D'ailleurs, on invite tous nos membres
à faire partie de cette société. Évidemment, on
sait que les mesures pour l'amélioration des politiques culturelles
doivent être concrétisées ou sont en voie de l'être.
Entre autres, il y a les compensations aux artistes exposants, ce qui est une
amélioration importante, quoiqu'il y ait peut-être des choses
à régler si on pense à la clause de
restriction lorsqu'on ne peut pas vendre. Si on vend, on n'a pas de
compensation ou vice versa. Un autre souhait qui est très important,
c'est l'histoire du dépôt légal. Le
réaménagement tant souhaité de la Loi sur le droit
d'auteur est en train d'être fait. Cela va être une
amélioration extraordinaire pour le statut économique de
l'artiste.
C'est tout ce que j'avais à vous dire. J'attends vos questions.
J'espère que je n'ai pas trop erré en lisant mon mémoire
en diagonale. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, madame. Je cède
maintenant la parole à Mme la ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: Mme Lavoie-Maheux, M. Charland, ai-je besoin de
rappeler que le Conseil québécois de l'estampe est vraiment une
association dynamique qui s'est fortement impliquée dans de nombreux
dossiers! Nous nous félicitons des rapports que nous avons entre le
ministère des Affaires culturelles et votre conseil. Je pense que sont
des rapports qui ont été empreints de collaboration et nous en
sommes très heureux.
À l'instar des autres groupes, il paraît évident que
les questions qui font l'objet des travaux de cette commission vous sont
très familières. Dans votre mémoire, on retrouve
d'ailleurs une bonne synthèse des grands sujets qui ont
été abordés jusqu'à maintenant, les droits
d'auteur, le statut professionnel de l'artiste, la fiscalité. Ce sont
autant de points auxquels vous vous intéressez depuis la fondation de
votre association, c'est-à-dire depuis 1971. Je vous remercie de votre
contribution aux travaux de cette commission. Je voudrais aussi vous
féliciter pour le dynamisme dont vous faites preuve. J'ai
été témoin de ce dynamisme lors de ma tournée dans
les régions et je sais de quoi je parle quand je le dis. Je suis
très heureuse de voir que vous avez décidé de participer
à cette commission et aussi de votre apport à cette commission
parlementaire. Quand on regarde la liste de vos activités et de vos
projets, cela reflète bien votre esprit d'initiative.
Si je reviens à votre dossier, vous nous suggérez que le
gouvernement du Québec permette des ateliers communautaires de gravure
par le renforcement de son appui financier. Pourriez-vous nous dire dans quelle
proportion pourrait être renforcé cet appui? J'aimerais aussi
savoir si, actuellement, vous bénéficiez de l'apport de
l'entreprise du secteur privé. Je vous réfère à la
page 17 de votre mémoire, la proposition no 1.
Mme Lavoie-Maheux: Tout à l'heure, lorsque je parlais du
Conseil québécois de l'estampe, du bénévolat et de
l'acharnement journalier qu'on doit mettre au bon fonctionnement de cet
organisme, c'est la même chose qui se répète dans les
ateliers communautaires qui regroupent de 20 à 25 membres. Ils sont
aussi régis par un conseil d'administration privé qui regroupe de
cinq à sept membres. Évidemment, lorsque le bassin est aussi
restreint, c'est la chaise musicale, on se remplace à tour de
rôle. 11 y a des dossiers, évidemment, qui sont traités par
les ateliers communautaires. La sollicitation auprès des entreprises
privées, je sais par expérience qu'il va falloir... Quand je dis
qu'il va falloir, c'est qu'il faut le faire. Il faut que l'entreprise le soit.
Nous essayons, petit à petit, au sein de nos ateliers respectifs, de
nous impliquer dans notre milieu, mais c'est une approche très
diplomatique. Moi, en tout cas, c'est ce que j'apprends.
Il nous faut démontrer qu'on est bons. Après cela, il nous
faut leur démontrer qu'on est les meilleurs en gravure dans la
région, et, après, on les implique dans différentes
approches en leur proposant des gravures à donner en cadeau aux membres
du conseil d'administration. On leur vend des tirages complets. On se fait
connaître comme cela et, à un moment donné, on va
peut-être arriver avec une demande de subvention de 10 000 $.
C'est quelque chose de très long à faire mais nous sommes
conscients que le ministère des Affaires culturelles ne peut pas
continuellement subvenir aux besoins qui sont de plus en plus grandissants. Un
atelier qui est en place depuis sept, huit ou dix ans a, évidemment, de
plus en plus de membres. Il a des besoins croissants. Il sait que la
santé de ses graveurs doit passer par l'installation d'un système
de ventilation qui coûte de 8000 $ à 10 000 $. Donc, on sait que
la demande de subvention comporte différents chapitres. Il y a la
subvention de fonctionnement qui paie le salaire d'un coordonnateur ou d'une
coordonnatrice parce que, à un moment donné, on ne peut plus, en
termes de bénévolat, être présent à
l'atelier, faire de l'administration et de la recherche. Si on se fait des
ateliers communautaires de gravure, c'est pour faire de la recherche. Donc, on
ne peut pas jouer à l'administrateur tout le temps. On sait qu'on doit
diversifier nos sources de financement, c'est évident. D'ailleurs, on le
fait en acceptant des projets privés à l'intérieur des
ateliers. Mais on sait qu'on doit aller vers les entreprises privées,
c'est évident.
Mme Bacon: Quand on pense à l'entreprise privée,
souvent, on pense a des immenses entreprises et même à des
entreprises internationales. Est-ce que le milieu de la PME vous est ouvert en
ce moment dans vos régions?
Mme Lavoie-Maheux: On n'a pas fait
d'étude sur cela mais, par expérience, c'est plus facile
de parler à un homme qu'on rencontre à tous les jours, qui a
peut-être une imprimerie... On peut faire des échanges de
services. Donc, c'est plus facile de parler à quelqu'un qui vient au
vernissage une fois sur deux plutôt que d'essayer de cogner à la
porte d'Hydro-Québec, de Lavalin ou de CIL. Le filtrage est grand avant
d'arriver à la bonne personne. On sait qu'auprès des petites et
moyennes entreprises c'est plus facile. On connaît plus les gens en
régions. À Montréal ou dans les grands centres je ne
pourrais pas vous le dire mais je sais qu'en régions c'est plus facile
parce qu'on est plus les uns sur les autres.
Mme Bacon: Je reviens à votre recommandation de
remédier aux effets secondaires de la "bénévolite". C'est
évident que la concertation ou la collaboration entre le gouvernement et
les représentants des créateurs, cela comporte des avantages mais
cela comporte aussi des inconvénients.
Concrètement, comment voyez-vous la mise en oeuvre de votre
recommandation?
M. Charland (Denis): Je voudrais soulever un point, si vous me le
permettez, concernant une aide à apporter, peut-être, aux ateliers
communautaires. J'ai constaté très souvent que le problème
majeur qu'ils ont, avant un problème d'équipement ou de
matériel, c'est un problème de personnel pour assurer le suivi de
leurs activités. Cet hiver, personnellement, lorsque je sollicitais un
emploi, je n'étais ni une femme, ni un handicapé, j'avais plus de
30 ans, etc., donc, il n'y avait pas d'emploi disponible dans les
différents programmes gouvernementaux. Je me disais qu'on pourrait
peut-être réserver une partie des programmes nationaux ou
provinciaux d'emploi pour les travailleurs de la culture, ceux qui travaillent
et sont actifs dans ce milieu depuis un certain nombre d'années ou ceux
qui commencent. On pourrait donc garder un certain pourcentage ou un programme
spécifique pour des emplois. Actuellement, les employés des
ateliers communautaires doivent puiser à même les fonds des
programmes de réalisation ou de fonctionnement des ateliers. C'est une
suggestion que j'apporterais à ce niveau-là.
Quant aux relations avec le ministère, je crois que celles-ci
vont en augmentant. On constate de plus en plus en régions, au niveau de
la direction régionale, que les fonctionnaires de l'État, du
ministère, ont des contacts fréquents avec les intervenants du
milieu. C'est donc une courbe progressive positive.
Mme Bacon: En page 14 de votre document on suggère
l'instauration d'un programme de rémunération universel. Je vous
réfère au point 2.2. Pourriez-vous nous donner quelques
détails sur les modalités que vous aviez à l'esprit
lorsque vous avez rédigé cette proposition?
Mme Lavoie-Maheux: Comme je le disais tout à l'heure,
lorsqu'un artiste en arts ° visuels travaille, il ne peut pas être
sur le chemin pour vendre son matériel. Il ne peut pas exposer, il ne
peut pas faire sa mise en marché, il ne peut pas faire de sollicitation
auprès d'acheteurs prestigieux. Il travaille en atelier. Des bourses et
des soutiens à la création existent, qui font l'objet de concours
bien courus, on le sait, mais il faudrait peut-être, à
l'intérieur de ces programmes, penser à avoir un salaire pour
l'artiste pour ne pas toujours être obligé de présenter un
projet qui, bien des fois, en cours de route, change, devient autre chose, et
être talonné par les fonctionnaires parce qu'ils veulent les
factures. Je comprends, lorsqu'on reçoit une bourse, qu'il faut
fournir... Il pourrait y avoir des programmes auxquels on pourrait concourir
qui seraient plutôt un salaire. Point final.
Évidemment, il y a toujours l'histoire du contrôle. Je suis
pour le contrôle parce qu'il ne faut pas vilipender les fonds publics. Ce
peut être un programme de rémunération plutôt qu'un
programme qui récompense ou qui permet la recherche avec un projet bien
spécifique. Je sais que cette résolution aurait demandé
à être précisée davantage, mais c'est comme le bout
d'un iceberg. On sait qu'il y a un problème; on le constate, on le vit
à tous les jours, mais c'est quelque chose à approfondir. C'est
la veine de quelque chose.
Mme Bacon: La multiplicité des programmes amène
souvent les gens à dire que le ministère des Affaires culturelles
est un ministère de normes. Pour des programmes, il faut des normes, et
c'est un ministère véritablement "norme", si vous me permettez
l'expression. Cela circule un peu aussi dans le milieu.
Mme Lavoie-Maheux: Oui.
Mme Bacon: Cela m'amène à parler aussi de
fiscalité. On parle de salaire et vous en parlez dans votre dossier.
Vous suggérez la mise en place d'un comité permanent qui touche
la fiscalité. Pourriez-vous nous dire de quel ordre sont les
problèmes auxquels vous faites face en matière de
fiscalité et nous préciser la composition de ce comité qui
évaluerait les cas en litige, parce qu'au fond c'est pour cela?
Mme Lavoie-Maheux: Je pense que le plus grand des
problèmes, le plus fréquent en tout cas, ce sont les artistes
qui, pour
gagner leur vie, sont obligés de cumuler un ou deux emplois, qui
ont une tâche en tant que professeur dans un cégep ou dans une
université et qui, à un moment donné,
réinvestissent dans leur art continuellement. Comme je le disais tout
à l'heure, la recherche artistique, c'est le fruit du travail d'une vie.
Cela s'étend sur une vie. On ne peut pas penser en termes de
rentabilité lorsqu'on parle de recherche artistique. On n'est pas comme
une PME: au bout de cinq ans, on va avoir des profits ou on va fermer boutique.
On ne peut pas penser cela. Le plus grand des problèmes, c'est justement
le travail partagé, le réinvestissement, le mariage du
réinvestissement que fait l'artiste de l'argent, de son "salaire" -
entre guillemets - et sa recherche. C'est un des problèmes les plus
fréquents.
Il y a aussi le problème des dépenses admissibles. Je sais
qu'il y a des gens qui sont membres d'ateliers communautaires, qui paient des
sommes assez importantes par année et qui ont des problèmes
à faire reconnaître ces dépenses, pas comme dépenses
d'atelier, mais comme frais professionnels. Par exemple, la cotisation du
Conseil québécois de l'estampe, ce n'est pas reconnu comme frais
professionnels. Même si on le met toutes les fois, même si les
artistes le mettent dans leur déclaration, c'est enlevé parce que
nous ne sommes pas un syndicat. Nous sommes une association à but non
lucratif. C'est un des désavantages, si on veut. On suggère la
création d'une commission qui siégerait, je ne sais pas à
quelle fréquence, mais qui réunirait des gens du ministère
des Affaires culturelles, des gens du ministère du Revenu, parce que
c'est avec eux que nous avons des problèmes, et des gens des
différentes associations qui regroupent des artistes, autant les gens de
l'UDA, les gens du conseil du textile ou des gens de la guilde des musiciens,
toutes les différentes catégories d'artistes. (10 h 45)
Mme Bacon: Concernant la santé et la
sécurité au travail dans les ateliers de gravure, vous avez
parlé des problèmes qui peuvent résulter du fait
d'utiliser des matériaux qui peuvent devenir dangereux à la
longue. Est-ce que vous avez acheminé au ministère ou
peut-être à la CSST une demande d'évaluation de ce dossier?
Si ce n'est pas fait, est-ce que vous avez l'intention de le faire? Je vous
vois hocher la tête négativement.
M. Charland: Je ne crois pas qu'il y ait eu de demande qui ait
été acheminée. Peut-être que Louise... Je ne crois
pas. Je dois dire que c'est une préoccupation qui est dans l'air,
disons-le, parce qu'on parle de pollution depuis peut-être cinq ans. Les
artistes travaillant en atelier se sont rendu compte des problèmes
lorsqu'ils ont constaté que certains avaient des problèmes
majeurs de santé. C'est quand le mal est fait qu'on réagit.
Dans le cas d'un atelier que je connais, celui de l'atelier Presse
Papier de Trois-Rivières, on s'est donné comme priorité
dans nos investissements de se doter d'un équipement d'aération,
de changement d'air. On entend aussi faire une analyse des améliorations
des conditions de santé à l'atelier, une fois le système
installé. Pour cela, on est entré en contact avec un
ingénieur d'Hydro-Québec. Donc, on a idée d'impliquer des
professionnels, des gens qui travaillent dans l'industrie pour venir chez nous
nous conseiller ou faire des analyses de l'état de la situation de notre
atelier à cet égard.
Ce qui m'a plu un peu dans cette approche, c'est que, aussi, on peut se
servir des gens qui sont proches de nous pour régler ou analyser un
problème. Au niveau du gouvernement, j'imagine qu'il y a du travail
à faire. Où j'ai constaté un problème majeur, c'est
dans les écoles - je l'ai trouvé encore plus grave qu'au niveau
des ateliers d'artistes - dans les écoles d'art, entre autres. Je crois
que je n'ai pas rencontré une seule école d'art au Québec,
aucun atelier institutionnalisé où il y ait un système de
ventilation adéquat. J'ai été très
étonné de voir que l'institution ne puisse pas déjà
tenir compte de cet aspect. Aussi, souvent l'information ne rejoignait pas les
étudiants; les pédagogues ou les formateurs ne s'y
intéressaient pas. On dirait que, pour eux, cette conscience arrive
après coup. C'est évident qu'il faudrait travailler de ce
côté.
Mme Bacon: Je me permettrai, peut-être de poser une
dernière question, que j'ai posée à plusieurs groupements
ou organismes semblables au vôtre. Est-ce que vous trouvez souhaitable ou
réalisable un regroupement, peut-être sur le plan administratif,
de diverses associations dans le domaine des arts visuels? Est-ce que cela
pourrait être possible, d'abord? Comment pourrait-on réaliser un
rapprochement semblable?
Mme Lavoie-Maheux: C'est envisageable. Personnellement, je crois
que, contrairement à la devise syndicale: L'union fait la force, en arts
visuels, en tout cas, cela fragmenterait nos forces. On a tellement des
intérêts différents, divergents, des préoccupations
quotidiennes différentes. Au niveau des associations, lorsqu'on pense
à des programmes ou à des dossiers, tel le droit d'auteur,
peut-être peut-on y penser mais, encore là, quand on parle du
droit d'auteur d'un comédien ou d'un écrivain, cela n'a rien
à voir avec un droit d'auteur en arts visuels. Concernant la
santé et la sécurité du travail, je ne pense pas qu'un
écrivain ait de gros problèmes de santé. Peut-être
des maux de dos, mais c'est tellement différent, les
problèmes sont tellement différents. Je sais qu'il y a une
force à avoir en....
Mme Bacon: En arts visuels seulement. Le regroupement dont je
parlais, c'est en arts visuels seulement.
Mme Lavoie-Maheux: En arts visuels?
M. Charland: Si vous permettez, Mme Bacon, il y a eu plusieurs
tentatives, quelques tentatives dans le passé, et il semblerait que
c'est assez difficile de concilier... Même si de l'extérieur les
arts visuels semblent un groupe homogène, une famille où tout est
très semblable, les façons de travailler sont très
différentes. Les matériaux utilisés, les techniques sont
très différents. Aussi, ce qu'il ne faut pas oublier au
Québec, c'est que les conseils ont une histoire de plusieurs
années et ils développent un cheminement qui les conduit,
à mon sens, vers des interventions sur le plan international qui vont
être de plus en plus présentes. Ils visent, chacun à sa
manière, à diffuser les oeuvres de leurs membres à
l'extérieur du Québec. Défaire ces organisations pour les
remettre sous un même chapeau pourrait déranger ce processus.
J'ajouterais brièvement que la Conférence des associations de
créateurs et créatrices du Québec, il me semble, pourrait
- ou devrait - être ce lieu commun où les arts visuels se
rencontrent sur des dossiers qui leur sont communs.
Mme Bacon: N'y aurait-il pas lieu de distinguer entre la
défense des artistes, comme tels, et la promotion de certaines
disciplines? Il y a des disciplines qui demandent encore de l'aide, un coup de
pouce.
M. Charland: Oui, c'est possible.
Mme Bacon: Le regroupement peut peut-être... C'est dans
cette optique. Le regroupement pourrait aider à faire la promotion de
certaines disciplines.
M. Charland: C'est peut-être possible, oui. C'est
envisageable.
Mme Bacon: Merci beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Mme Maheux, je suis très heureux de vous
rencontrer de nouveau. M. Charland, c'est une première et
j'espère... À la suite d'une longue série de rencontres
ensemble, j'ai un peu de nostalgie. Remarquez que le temps gris sur
Québec aujourd'hui n'aide pas, mais je lisais votre mémoire et
j'écoutais attentivement ce que vous disiez tantôt. Je me disais
justement avec nostalgie: Quand la politique ne prenait pas toute la place dans
mon existence, il y avait au café de longues discussions sur la gravure
au Québec, avec des gens que vous connaissez bien, Francine Beauvais,
Lorraine Béique, André Beaulieu-Gris, et cela s'est même
déjà transporté jusqu'au Studio 17, à Paris, avec
Hetter. J'ai inévitablement beaucoup d'intérêt pour la
gravure. Je pourrais vous dire aussi, mais cela est une publicité
gratuite que je vais me faire, que mes murs en sont témoins, en tout
cas.
De votre mémoire, un premier commentaire qui est celui d'une
modestie qu'il n'aurait peut-être pas dû avoir. Vous avez fait de
grandes choses. Une en particulier où vous vous bornez... Ce n'est pas
sur le ton du reproche, c'est sur celui de la remarque amicale. Quand vous
parlez du Code d'éthique de t'estampe originale, qui a été
publié en 1982, à moins que je ne me trompe, si, au
Québec, il n'est pas reconnu, il a force de loi dans plusieurs pays
d'Europe, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Maheux: Le code d'éthique, c'est vrai, n'a pas
force de loi au Québec, mais il y a beaucoup de monde qui s'en sert. Il
est unique d'ailleurs au Canada, je dirais; les anglophones n'en ont pas. En
Europe, lorsqu'on se promène avec, les gens écarquilient les
yeux, les gens en veulent un exemplaire. Donc, il est assez unique. Cela a
été un geste politique, si on peut dire, très important
pour l'affirmation du statut du graveur. Lorsqu'on se promène avec cet
instrument, cela veut dire: Moi, je travaille avec cela, moi, je suis graveur
et je réponds aux critères qui sont dans cela. C'est assez
unique. L'accueil qui lui est fait en Europe et au Canada d'ailleurs, parce
qu'il n'est pas connu, est très intéressant et flatteur,
malgré la modestie qu'on peut y apporter en en parlant. Il a
demandé beaucoup de travail. Il a été fait très
sérieusement et on pense d'ailleurs à une réimpression
parce qu'il s'envole. On a des collaborateurs privés qui ont
travaillé à la rédaction. On va le présenter dans
un format peut-être plus manipulable. On ne changera pas
évidemment l'essentiel du texte, on ne peut pas, c'est la base de notre
profession, mais il va être très abordable. Il me fait plaisir de
souligner que l'entreprise privée a été impliquée
dans cela. On n'a pas payé pour le publier. Cela a été un
travail important pour la gravure au Québec et pour la gravure en
général. C'est une petite bible dont nous sommes très
fiers. On ne part pas en voyage sans l'avoir.
M. Boulerice: Mme Maheux, la majorité des intervenants et
des intervenantes a forcément parlé de la promotion et de la
diffusion de l'art québécois. J'ai été très
intéressé de lire - à la page 5 - les projets
que vous aviez: l'exposition au Grand Palais de Paris, l'échange
international avec la Jeune gravure contemporaine en France en 1987. Ce qui a
retenu mon attention, ce sont d'autres projets d'envergure qui sont en
négociation avec le Japon. La gravure dans le monde occidental, c'est
quand même récent, c'est un peu vers la Renaissance. Par contre,
au Japon, en Chine, en Corée et dans certains pays asiatiques, la
gravure, c'est une technique qui est deux fois et peut-être même
trois fois millénaire. Donc c'est sans doute une source profonde
très intéressante pour la gravure québécoise.
J'aimerais connaître quelle est l'aide qui vous est accordée
actuellement en fonction de ces négociations avec le Japon tant en ce
qui a trait au ministère des Affaires culturelles qu'au ministère
des Relations internationales puisque nous avons une délégation
générale à Tokyo.
Mme Lavoie-Maheux: Le MRI, avec la délégation
à Tokyo - la Direction de l'Asie, je crois que c'est comme cela que
ça s'appelle - est le grand collaborateur avec le CQE pour ce projet
d'exposition au Japon. Le dossier est en cours présentement avec la
Direction de l'Asie. Le budget a été soumis et il est très
important. On n'amène pas une centaine de gravures au Japon dans un
attaché-case, donc c'est très important comme dossier, comme
budget et c'est en cours et on y met beaucoup d'espoir. Comme vous le dites, M.
Boulerice, on ne montrera pas aux Japonais à faire de la gravure,
à faire de la sérigraphie, à faire de la gravure sur bois
mais on va leur montrer, d'un côté, la culture
québécoise qu'ils ne connaissent peut-être pas. On joue un
rôle d'embassadeur en allant montrer la culture québécoise.
D'ailleurs ce projet d'exposition a été monté avec une
idée d'itinérance un peu. On ne veut pas aller seulement à
Tokyo, on veut aller dans différents autres centres. La
délégation du Québec à Tokyo est très
collaboratrice. D'ailleurs il y a déjà des contacts qui ont
été faits en personne avec un ancien président de notre
association. C'est peut-être le plus gros dossier qu'on a
présentement d'exportation de culture québécoise.
M. Boulerice: Mme Maheux, j'ai quelques questions
précises. En page 8, vous parlez de la douzaine d'ateliers
communautaires de recherche artistique. Est-ce que ces ateliers sont
principalement à Montréal ou s'ils sont dissimulés parmi
le Québec en régions?
Mme Lavoie-Maheux: Ils ne sont surtout pas principalement
è Montréal. C'est ce qui est intéressant. Personnellement,
c'est ce que je trouve très intéressant. Presque chaque
région a un atelier communautaire. Il y en a un à Québec,
à Trois-Rivières, à Val-David, à Rouyn-Noranda et
à Chicoutimi. C'est en majorité toutes les régions du
Québec qui ont un atelier communautaire de gravure qui regroupe un
certain nombre de graveurs. Â Montréal, il y en a
évidemment plus parce que le bassin de population est plus important
mais ce n'est pas principalement à Montréal, c'est vraiment plus
en régions qu'à Montréal.
M. Boulerice: J'aimerais que vous précisiez un peu plus
sur le Studio Cormier. Est-ce qu'il serait préférable pour vous
de lui donner une autre occupation ou tout simplement de lui enlever le statut
de résidence? (11 heures)
Mme Lavoie-Maheux: Le Studio Cormier, c'est un dossier auquel a
participé le Conseil québécois de l'estampe. Nous avons
été consultés sur ce projet. On peut aborder cette
question de plusieurs façons. La rénovation de cette
bâtisse historique était très importante. M. Cormier a
été un architecte très important à Montréal.
L'architecture de cette bâtisse est très importante, elle est
située dans un secteur bien identifié à Montréal.
C'est un projet très important. Je l'ai visité et je dois dire
que c'est chic, cela fait un peu élitiste comme atelier. C'est
très bien, c'est un bel endroit à visiter, mais c'est quelque
chose qui mériterait peut-être une présentation autre, cela
pourrait devenir un centre d'exposition.
Une des recommandations que nous faisons est d'avoir des ateliers
multidisciplinaires. Cela servirait à plus de personnes et cela ne
coûterait peut-être pas plus cher, quoiqu'on ne peut pas dire que
cela a été fait inutilement. La rénovation du patrimoine
québécois, la pierre... Notre culture est jeune, mais on ne peut
pas perdre de tels monuments. Cependant, comme c'est un atelier
fréquenté seulement par une ou deux personnes, cela devient
peut-être coûteux. Des ateliers multidiscipli-naires seraient
peut-être plus accessibles pour tous les créateurs.
M. Boulerice: En page 15, vous dites que vous appuyez les
recommandations de VIS-ART Copyright. Est-ce que vous pourriez m'indiquer
quelles sont les principales recommandations que vous appuyez?
Mme Lavoie-Maheux: Je sais que VIS-ART Copyright est une
association très jeune, elle a été créée il
y a environ deux mois. Pour avoir collaboré à différents
dossiers avec elle, je sais qu'elle offre un service de perception de droits
d'auteur. Les artistes peuvent adhérer à cette association un
payant une cotisation. Cette association fait la récupération des
droits d'auteur et
protège aussi le droit de reproduction. Je sais que dans le
mémoire de VIS-ART il y a des éléments concernant cela et
concernant aussi la nouvelle Loi sur le droit d'auteur pour la reproduction des
oeuvres d'art. On en voit toujours, même au ministère des Affaires
culturelles, même au gouvernement; on s'aperçoit un jour qu'une de
nos pièces orne - je dis bien "orne" - un rapport gouvernemental. On n'a
pas de droit de suite sur cela.
Une des recommandations de VIS-ART porte entre autres sur le droit de
suite, sur le droit de paternité qu'on a à exercer journellement
sur notre création, et ses recommandations portent sur ces
différents éléments. C'est très technique. Comme je
vous le dis, nous avons coupé au plus court, pour ne pas faire d'erreur,
nous avons choisi VIS-ART, nous avons confiance en elle. Comme je l'ai dit tout
a l'heure, nous recommandons à tous nos membres d'adhérer
à VIS-ART.
M. Boulerice: Vous avez mentionné tantôt la Galerie Graff
qui, entre parenthèses, va célébrer son 20e anniversaire;
je pense que c'est quelque chose dont on doit se réjouir dans le milieu
culturel non seulement à Montréal, mais partout au Québec.
Quelles sont vos relations avec les galeries et quelles sont vos relations avec
les musées? Quand je parle des musées, je dois dire notamment
avec le Musée d'art contemporain, puisque je crois que c'est lui qui a
la plus importante collection de gravures.
Cela m'amène au troisième volet de ma dernière
question. Est-ce qu'il serait souhaitable d'avoir au Québec, sans
investir, peut-être en transformant un édifice actuellement
inutilisé, un musée de l'estampe, un cabinet de l'estampe?
Mme Lavoie-Maheux: On ne peut pas dire non à une telle
proposition, évidemment, mais on sait que des coûts énormes
s'y rattachent, parce que la gravure, c'est fragile, c'est du papier. Donc,
cela exige des conditions de conservation particulières. C'est
souhaitable, évidemment.
Quant aux relations avec les différents musées, elles sont
très bonnes. D'ailleurs, le Conseil québécois de l'estampe
est consulté régulièrement. Entre autres, il y a une
consultation en cours avec les musées nationaux fédéraux
qui sont présentement en période de restructuration. Ils nous
consultent à titre de conseil. Nos membres, on les retrouve dans
différentes galeries, dans différents musées. Donc, on est
consulté. Les relations sont très bonnes, entre autres avec le
Musée du Québec. Je pense à la conclusion de
l'échange avec les représentants de la Jeune gravure
contemporaine. Le Musée du Québec apporte une collaboration
extraordinaire dont on peut faire mention sans aucune restriction. C'est
très intéressant. Il est très ouvert. On est
considéré comme... On leur amène un projet qui est assez
phénoménal, il faut le dire, mais l'accueil a été
très intéressant.
Quant aux relations avec les galeries, c'est autre chose. Elles sont
très bonnes, mais c'est très difficile parce qu'on fait "gang" un
peu. Lorsque le Conseil québécois de l'échange fait des
représentations, cela apeure un peu. Les galeries sont habituées
de traiter les dossiers un à un, artiste par artiste. Les artistes,
ordinairement, travaillent leurs dossiers ou leurs projets d'expositions
directement avec les directeurs. Nous, à titre de Conseil
québécois de l'estampe, on a publié il y a deux ans deux
documents - j'aurais dû les apporter. L'un portait sur les contrats types
que les artistes devraient être capables de signer avec les galeries,
avec les musées, et sur différents contrats de consignation, de
vente, d'exposition. Ce document a été rédigé en
collaboration avec les galeries d'art contemporain. il est très
important. Il avait été aussi rédigé en
collaboration avec d'autres conseils. Donc, c'est le genre de document qu'on
remet à nos membres pour les aider à transiger avec les galeries.
Il y a eu aussi un autre document sur... Il y a le code de déontologie
qui sert toujours lorsqu'on... Le Conseil québécois de l'estampe
est un peu le chien de garde de ce qui se passe dans les galeries. Ce ne sont
pas toutes les galeries qui font preuve du même professionnalisme dans
leur travail. Quelquefois, elles exposent des reproductions lithographiques qui
sont affichées à des prix mirobolants. Donc, on brandit notre
arme. Il y a aussi des projets peut-être plus spécifiques, des
projets qui ne sont pas faits selon les normes du code de déontologie,
des sérigraphies qui sont des sérigraphies de reproduction et qui
sont appelées sérigraphies originales. On joue le rôle de
chien de garde auprès des galeries; c'est ce qu'on fait en
majorité.
M. Boulerice: Est-ce que vous pourriez, madame, nous faire
parvenir des exemplaires de votre code de déontologie ainsi que de ces
contrats types que vous avez utilisés?
Mme Lavoie-Maheux: Certainement, avec plaisir.
M. Boulerice: J'apprécierais. Mme Lavoie-Maheux:
Merci.
M. Boulerice: Je vous remercie encore une fois. Merci, M.
Charland. M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Madame, je vous fats la
même demande au nom de la commission. Pourriez-vous faire parvenir au
secrétariat de la commission, aux soins de madame Tanguay, un exemplaire
de votre code de déontologie et de vos contrats types?
Mme Lavoie-Maheux: Cela me fera plaisir, oui.
Le Président (M. Trudel): On les distribuera aux membres
de la commission.
Mme Lavoie-Maheux: Cela va être fait.
Le Président (M. Trudel): J'ai pour ma part - le temps
passant trop rapidement -une seule question qui concerne la recommandation no
5, le dépôt légal. Vous dites que vous avez
travaillé à cette question depuis 1979, que vous avez eu une
bonne collaboration de la BNQ, la Bibliothèque nationale du
Québec, et qu'aucune suite n'a été donnée. Une
première question très courte. J'aimerais une réponse,
autant que possible, de même nature. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de suite?
Deuxièmement, approximativement combien d'estampes pourraient être
déposées par année et de quel ordre seraient les
redevances dont vous parlez dans cette recommandation?
M. Charland: Les démarches ont été faites
auprès de la Bibliothèque nationale; un cabinet des estampes ou
un dépôt légal de l'estampe peut s'effectuer soit dans un
musée ou une institution de ce type ou bien à la
Bibliothèque nationale. Actuellement, on ne peut pas déposer les
estampes parce qu'elles sont exclues, dans la réglementation, de
l'obligation de déposer parce que tout document imprimé doit
être déposé, mais il y a des exclusions, dont
l'estampe.
On a donc fait des démarches principalement auprès du
directeur - c'était M. Brault à l'époque, il y est
peut-être encore - de la Bibliothèque nationale du Québec
qui était très enthousiaste vis-à-vis du fait
d'insérer dans ses services une collection d'estampes originales. On
s'était entendu sur une formule qui n'impliquait pas le
dépôt de toutes les estampes qui se fabriquent au Québec
par les artistes - le nombre serait trop important - mais sur un nombre, un
pourcentage de la production de chacun des artistes afin que l'on ait une
représentation très fidèle de la production au fil des
années.
Si ma mémoire est juste, les sommes qu'impliquaient en termes de
redevances les rétributions de la bibliothèque par rapport
à ces dépôts se situaient aux environs de 100 000 $ par
année pour une collection d'environ 1000 estampes par année, de
sorte que, sur une très courte période, la bibliothèque
pouvait accumuler, à prix extrêmement réduit, une
quantité assez importante d'estampes qui, soit dit en passant, sont des
témoins graphiques d'une société et sont très
révélatrices de la situation de l'époque où elles
ont été réalisées. L'estampe est un médium
de communication de masse puisque c'est une image qui se vend bon marché
et qui est produite en plusieurs exemplaires. Donc, l'estampe est un
témoin graphique important pour une époque ou une année
donnée.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je sais que je n'ai
pas grand temps pour poser ma question mais, de toute façon, je vais
essayer de la poser très brièvement. Votre mémoire est
demeuré silencieux quant à la formation des artistes-graveurs;
aucune de vos recommandations ne porte sur ce sujet. Est-ce que mon observation
est fondée et, deuxièmement, quant à la formation,
où et comment les graveurs sont-ils formés au Québec?
Mme Lavoie-Maheux: C'est vrai, vous avez raison, monsieur, de
dire que notre mémoire est silencieux sur la formation de nos graveurs.
On peut dire, selon des observations, des réflexions et des sondages
internes, que les graveurs sont extrêmement bien formés: ils ont
beaucoup d'années de scolarité, ils ont presque tous un DEC, ils
ont presque tous un premier cycle universitaire, quand ce n'est pas une
maîtrise. Donc, nos membres sont bien formés.
Pour ce qui est de l'enseignement de la gravure, je sais qu'il doit
absolument se raffermir parce qu'il est en danger dans différentes
institutions. Il n'est peut-être pas fait dans des conditions
idéales, comme le disait M. Charland tout à l'heure, mais c'est
un dossier tellement vaste, tellement compliqué que nous avons
préféré ne pas toucher l'idée de la formation des
graveurs en nous disant: Nos graveurs sont bien formés, ils le sont
professionnellement, académiquement, plutôt, ils sont bien riches,
mais la formation en institution, il est vrai, doit se faire dans des
conditions améliorées. Il faut sauvegarder la formation des
graveurs. Je sais que plusieurs universités sont plus portées
vers de l'enseignement général, une formation des artistes en
général, une culture générale de l'artiste mais,
lorsqu'on parle de technique, cela demande des investissements de
matériel tellement importants que ce ne sont pas toutes les
universités ou les cégeps qui sont prêts à aborder
ces thèmes. Je sais que c'est quelque chose qu'il va falloir
étudier plus
profondément et nous, du Conseil québécois de
l'estampe, faisons continuellement des représentations par le biais de
nos membres auprès des universités, des conseils de module, parce
qu'on a des membres qui sont aussi professeurs et qui sont très actifs
à l'intérieur de ces institutions, qui travaillent avec
entêtement pour garder la gravure vivante à l'intérieur des
institutions.
M. Maciocia: Une toute petite dernière question. Est-ce
que la relève est satisfaisante ou quasi inexistante actuellement?
Mme Lavoie-Maheux: La gravure est un médium qui a
peut-être des milliers d'années dans différents pays mais,
au Québec, c'est très jeune, cela date des années
cinquante avec Albert Dumouchel. C'est donc quelque chose de très jeune.
C'est un médium, comme le disait M. Charland, qui permet la production
d'oeuvres d'art en multiples, qui est abordable pour différents
marchés, qui est tellement instantané dans sa modernité
qu'il attire beaucoup de jeunes. En tout cas, je ne vois pas de
problèmes dans la gravure au niveau de la relève. Il y a
évidemment des problèmes, mais pas de problème de
relève.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Viger.
Mme Lavoie-Maheux et M. Charland, merci de vous être
déplacés pour venir nous rencontrer ce matin. Je vous souhaite un
bon retour à Trois-Rivières. Je suis assuré que les
membres de la commission accorderont aux recommandations que vous avez faites
une attention particulière. Je vous remercie beaucoup.
Nous allons suspendre nos travaux à la demande du
député de Saint-Jacques pour trois ou quatre minutes. Nous
entendrons par la suite le Conseil des arts textiles.
(Suspension de la séance à 11 h 17)
(Reprise à 11 h 21)
Le Président (M. Trudel): Nous avons le plaisir
d'accueillir le Conseil des arts textiles représenté par cinq
personnes qui sont, s'il n'y a pas eu de changements, Mme Suzanne Paquette, Mme
Francine Courchesne, Mme Francine Duchesneau, M. Jacques Pelletier et Mme
Suzanne Sainte-Marie.
Pour les fins du Journal des débats, mesdames et monsieur, y
aurait-il possibilité de vous identifier pour que, si vous interveniez,
on puisse lire vos noms correctement dans le Journal des débats?
Je vous souhaite la bienvenue. Je rappelle qu'il est 11 h 20, que nous
recevons un autre groupe après le vôtre et que nous allons vous
consacrer entre 45 et 50 minutes. S'il vous plaît, essayez de
résumer l'excellent mémoire que vous nous avez fait parvenir et
dont tous les membres ont, d'ailleurs, pris connaissance.
Madame, je vous cède la parole.
Conseil des arts textiles
Mme Paquette (Suzanne): Je vais tenter d'être
brève.
Le Président (M. Trudel): Merci. Est-ce que vous pouvez
nous présenter d'abord les gens qui vous entourent, s'il vous
plaît?
Mme Paquette: Oui. Je vais vous présenter à la
droite complètement Francine Duchesneau; à ma droite, Francine
Courchesne, directrice sortante de la région de Québec; Suzanne
Paquette, présidente; à ma gauche, Suzanne Chabot-Sainte-Marie,
ex-directrice de la région de Québec; et Jacques Pelletier,
membre.
M. le Président, Mme la vice-première ministre et ministre
des Affaires culturelles, distingués membres de la commission. Comme
c'est déjà fait, je vais me présenter une seconde fois en
vous disant que je suis artiste lissier et présidente sortante du
Conseil des arts textiles du Québec. Avant tout, nous tenons à
vous remercier d'avoir créé cette commission parlementaire qui
nous donne l'occasion de nous faire entendre publiquement. C'est au nom des
artistes en arts textiles du Québec que je m'adresse à vous
aujourd'hui afin de vous renseigner sur la situation des artistes de notre
discipline et de préciser le contexte de nos recommandations.
Le Conseil des arts textiles du Québec est un organisme sans but
lucratif qui a pour objectif de regrouper les artistes qui utilisent les
fibres, les tissus ainsi que les procédés qui s'y rattachent
comme médium d'expression. L'organisme vise principalement à
représenter les artistes en arts textiles, à faire la promotion
et la diffusion des arts textiles québécois au Québec, au
Canada et à l'étranger.
Le Conseil des arts textiles du Québec fut fondé en
octobre 1980. Les oeuvres réalisées par les membres de
l'association s'inscrivent dans les grands mouvements contemporains de
l'expression artistique. Ce sont des oeuvres uniques issues d'une recherche
picturale ou spatiale, mais interprétées par les moyens de fibres
et de matériaux dérivés des fibres.
Les interventions que nous vous proposons visent, d'une part, à
assurer une meilleure reconnaissance des arts textiles, à assurer la
formation professionnelle de l'artiste en arts textiles, et reflètent,
d'autre part, notre volonté de vivre de nos
productions. En premier lieu, permettez-moi de présenter
brièvement le contexte d'où émergent nos
recommandations.
Les points que je vais apporter ne sont pas présents dans le
mémoire, mais clarifient le contexte du mémoire. Les artistes en
arts textiles sont présents et reconnus sur la scène
internationale et ce depuis plusieurs années. Les artistes en arts
textiles du Québec sont reconnus comme un bassin extrêmement
dynamique et très compétitif sur la scène internationale.
Je vais vous citer quelques exemples. La troisième Biennale de
Montréal qui a eu lieu en 1984, inaugurée au Musée d'art
contemporain, est partie pour l'Europe et devait revenir en décembre
dernier. La biennale, actuellement, est toujours en Europe parce que la demande
continue d'avoir la possibilité de voir cette exposition. Donc, je ne
sais pas dans combien de temps la biennale va revenir, mais la demande est
très grande en Europe.
La Biennale de Lausanne, la douzième, qui avait lieu
l'été passé, en 1985, le Canada à cette biennale
arrivait en troisième lieu au niveau mondial, après le Japon et
les États-Unis. Nous avions six participants à cette biennale,
dont trois Québécois, Uniquement la participation
québécoise dépassait la participation de tous les pays
européens qui avaient, en moyenne, un ou deux représentants.
Également, à la Biennale de Lotz, en Pologne, nos artistes sont
invités régulièrement à participer.
Lors d'un récent voyage en France, j'ai contacté des
artistes et j'ai été très surprise de voir que nous
étions très bien connus là-bas, encore mieux qu'ici, chez
nous. La France à ce moment-là a présenté un projet
pour demander aux artistes du Québec d'organiser conjointement avec elle
une exposition d'envergure qui permettrait un échange d'artistes en arts
textiles français et québécois. Depuis un an, on travaille
à l'organisation et on tente de faire subventionner cette organisation
afin que ce soit possible pour les années 1987-1988.
Au niveau international aussi, l'expertise de nos artistes en arts
textiles est récupérée à l'extérieur du
Québec. Si on ne prend qu'un exemple en particulier, Mme Mariette
Rousseau-Vermette a été l'instigatrice et la fondatrice, la
meneuse d'un programme extrêmement important au niveau international, le
programme des arts textiles du Banff Center. Elle est également
demandée par les universités anglophones. Au Québec, on se
retrouve avec la situation où il n'y a aucun programme accordé
aux arts textiles dans une université francophone. Le seul programme
existant est à Concordia, une université anglophone à
Montréal. Cela nous inquiète énormément de voir que
nos ressources, notre qualité, notre expertise est reconnue à
l'extérieur du Québec et peu chez nous. Cela nous inquiète
énormément de voir que nos artistes sont obligés d'aller
à l'extérieur pour se former et, souvent, retournent à
l'extérieur pour transmettre leur savoir plutôt que de favoriser
l'épanouissement de cette forme d'art ici au Québec. En ce qui
concerne les arts textiles au Québec, ce qui nous inquiète
énormément, c'est la faible reconnaissance qu'on donne à
cette forme d'art. On se pose encore beaucoup de questions sur ce que sont les
arts textiles. Quant au niveau international, ceci est très clair.
Le Conseil des arts textiles et ses membres, leur voeu le premier est
d'arriver à vivre de leurs créations et de leurs productions chez
eux. Cela est très important. Nous ne demandons pas au gouvernement
d'avoir une attitude paternaliste, comme Mme Bacon l'a précisé
dans sa présentation, mais bien un appui pour encourager la
reconnaissance des arts textiles au Québec. Le Conseil des arts textiles
a fait beaucoup de choses pour tenter de pallier ces lacunes. Il a
organisé de nombreuses expositions au Québec et aux
États-Unis. Il est en train de mettre en place un projet important avec
la France, mais le conseil, avec le minimum de ressources dont il dispose, ne
peut jouer le rôle de premier plan qui devrait être le sien. On
s'interroge beaucoup par rapport à la place qu'on laisse aux arts
textiles à l'intérieur des différents programmes offerts
par le ministère. Par exemple, le 1 %. Si on veut citer des chiffres, le
pourcentage maximum qui a été offert, depuis les trois
dernières années, aux arts textiles est de 6 % des contrats. La
même chose se répercute au niveau du programme d'achat, Banque
d'oeuvres d'art du Québec. Il est donc important de mettre en place des
politiques qui vont encourager et aider les oeuvres textiles à avoir
leur place sur le marché, avoir leur place, être visibles
auprès du public, informer le public par la formation ou par une
certaine promotion.
Tout cela encore pour bien vous dire que les arts textiles
désirent vivre de leurs créations et c'est très important
pour les artistes. Je sais que vous avez le mémoire en main. Vu le temps
très limité, je ne vous relirai pas les recommandations.
J'aimerais passer à la période des questions et répondre
à vos questions concernant le mémoire. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
présidente et je cède la parole à Mme la ministre des
Affaires culturelles.
Mme Bacon: Mme Paquette, j'aimerais vous remercier pour la
présentation de votre mémoire et saluer en même temps les
membres qui ont collaboré directement ou indirectement à la
rédaction de ce document
de travail. La lecture de la problématique et l'esquisse de
solution contenue dans votre document de travail m'ont paru un apport important
dans le cadre des travaux de cette commission. Il y a le fruit de votre
travail, l'acharnement aussi qui se caractérisent par leur
visibilité. Les problèmes ou inconvénients que vous vivez,
c'est peut-être moins connu du public. On voudrait que ce soit connu
davantage. C'est moins connu. Il faut donc accepter ce fait ou le
reconnaître; pas l'accepter, mais le reconnaître.
C'est avec intérêt que les membres de la commission ont
pris connaissance de votre mémoire et tiendront sûrement compte
des arguments que vous nous invitez à considérer de plus
près. Si je reviens à votre mémoire, en page 3, vous
soulignez que les galeries et musées manifestent peu
d'intérêt - vous l'avez mentionné d'ailleurs tantôt -
pour la diffusion des oeuvres textiles. Pourriez-vous peut-être
identifier certaines raisons? Est-ce qu'on vous a déjà
donné des raisons pourquoi il y a ce manque d'intérêt?
Mme Paquette: L'art textile est un art chez nous relativement
neuf. Concernant les musées, les galeries, surtout les galeries
privées vont miser sur des valeurs sûres qui ont reçu leurs
lettres de noblesse par le temps et se montrer craintives par rapport à
cette forme d'art. C'est un problème général: les gens ne
savent pas comment aborder les arts textiles. On se pose encore la question: Le
fait que c'est du textile, est-ce que c'est de l'art? La question se pose
encore beaucoup au Québec. Comme je vous le dis, elle ne se pose pas
à l'étranger, mais, ici, on se la pose encore beaucoup. Un autre
point aussi, c'est qu'au niveau même du gouvernement, une reconnaissance
de l'art textile par un encouragement au développement de cette
discipline donnerait un coup de pouce, dans le sens que les galeries
privées ainsi que le milieu gagneraient confiance d'une certaine
façon parce qu'il y aurait une certaine reconnaissance établie
qu'actuellement on n'a pas. Le conseil, par contre, y a travaillé; le
fait qu'il est un groupe, lui a permis de cogner aux portes...
Mme Bacon: Avez-vous cogné aux portes du ministère
de l'Éducation, par exemple?
Mme Paquette: ...des galeries.
Mme Bacon: Quand vous voulez, si on déborde... Aux portes
des galeries, vous l'avez fait. Quelles sont les raisons qu'on vous donne?
Est-ce que c'est méconnu ou ne vous dit-on pas tout simplement...?
Mme Paquette: C'est toujours le grand point d'interrogation:
quand on arrive, les gens demandent à voir. On est toujours
obligé de montrer... Contrairement à d'autres formes d'art, quand
on pense sculpture, peinture, gravure, déjà, il y a une image
dans la tête des gens. Quand on parle d'arts textiles, c'est le flou
total. On est obligé de présenter des images, de convaincre les
gens que, oui, c'est une forme d'art. On part de loin.
Mme Bacon: Au programme, à la page % de votre
mémoire, vous recommandez qu'il y ait des notions en arts textiles qui
soient inscrites au programme d'enseignement à tous les niveaux. Comme
vous frappez à plusieurs portes, avez-vous frappé aussi à
la porte du ministère de l'Éducation et si vous l'avez fait,
souhaitez-vous que ces notions en art soient inscrites à tous les
niveaux, au niveau secondaire, au niveau collégial, au niveau du
cégep?
Mme Paquette: Au sujet des portes auxquelles on a frappé,
au sujet de la formation de base, les démarches n'ont pas
été engagées, encore à ce jour. 5auf qu'au niveau
universitaire, on a des représentants qui débattent le dossier
depuis plusieurs années. Je sais qu'actuellement à l'UQAM un
projet de programme en arts textiles est déposé pour approbation.
Le Conseil des arts textiles ne peut que recommander que ce programme soit
accepté. Au niveau des cégeps, c'est la même chose. Il y a
eu des formations temporaires dans le sens où c'étaient des
formations techniques simplement. II n'y a jamais eu de programme complet. Ce
qui est important quand on dit de peut-être le mettre à tous les
niveaux, c'est qu'on ne peut pas arriver avec cela: Surprise! au niveau
universitaire sans que les gens aient tranquillement été
informés ou aient abordé cette forme d'art. Le travail est
à faire.
Mme Bacon: Oui. En page 7 de votre document, vous demandez que le
ministère des Affaires culturelles adopte une politique culturelle qui
tiendra compte justement de la commercialisation des produits artistiques.
Pouvez-vous nous dire ce que vous attendez quant au statut économique
des producteurs?
Mme Paquette: Pour nous, il serait important que le gouvernement,
le ministère, dans ses politiques, voit à la commercialisation,
c'est-à-dire à encourager le marché culturel des arts
visuels par ses politiques, à débloquer des ouvertures dans le
marché. Quand on dit de tenir compte du statut économique des
producteurs, c'est-à-dire que le producteur par son statut actuel ne
peut assumer sa diffusion ainsi que toutes les étapes de la mise en
marché. C'est dans ce sens qu'on le cite.
Mme Bacon: Si je reprends les
différents programmes que nous avons quant à la direction
et à la diffusion de l'audiovisuel, par exemple, il y a des programmes
d'exposition à Paris et à New York et nous avons des programmes
et des événements majeurs au Québec et à
l'extérieur du Québec, puisque vous dites- que c'est reconnu
davantage à l'extérieur, les programmes d'aide aux expositions
dans les galeries d'art, les programmes d'aide financière à
l'exportation dans les galeries, les programmes d'aide financière
à la production et l'animation. Est-ce que vous avez déjà
fait des rencontres avec le ministère pour que vous puissiez diffuser
cet art qu'est le vôtre?
Mme Paquette: On a fait des rencontres en ce qui a trait aux
délégations du Québec à New York. On a fait des
démarches avec la France. Lorsqu'on s'adresse aux gens d'autres pays, le
problème ne se pose pas. On ne se pose pas la question: Qu'est-ce que
les arts textiles? Dès qu'on a affaire à des gens du
Québec, on fait face à cette situation de méconnaissance.
À ce moment, comme je vous le dis, c'est toujours le même
problème qui se répercute à tous les niveaux. Les gens ont
été abordés. Le Conseil des arts textiles a tenté
par tous les moyens d'envoyer des dossiers visuels, de faire connaître ce
qu'étaient les arts textiles mais ces moyens sont tellement
limités qu'à un moment donné on a besoin d'un appui
quelque part pour permettre que cela ne prenne pas encore dix ans avant
d'aboutir. Les artistes deviennent de plus en plus impatients à ce qui
se passe quelque chose. Comme je vous le dis, l'artiste ne peut assumer seul
son travail de promotion, de diffusion et en plus de la reconnaissance de sa
discipline. Quel temps va-t-il lui rester pour produire?
Mme Bacon: II y a des services au ministère des Affaires
culturelles pour vous donner un coup de pouce. Est-ce que vous vous êtes
servis de ce que nous possédons déjà chez nous comme
structure?
Mme Paquette: En ce qui concerne les structures par rapport par
exemple au projet de Traces-textiles territoires il y a des démarches
qui ont été faites au ministère des Affaires culturelles.
Le ministère tente le plus possible de nous aider par rapport aux
intervenants directs que nous avons au sein du ministère mais le
problème ne se pose pas. Dès qu'on s'adresse à d'autres
ministères ou à des volets extérieurs aux personnes avec
lesquelles nous sommes en contact directement, le problème se pose.
Mme Bacon: Vous aviez une demande ou une recommandation qui
concerne le versement d'honoraires professionnels aux artistes qui sont
appelés à siéger à ces comités consultatifs.
Cela rejoint évidemment une proposition qui était analogue et qui
nous vient du Conseil québécois de l'estampe. Comment
concrètement voyez-vous la mise en oeuvre de cette recommandation que
vous nous faites?
Mme Paquette: Comment je la vois? Si on parle d'un statut
socio-économique de l'artiste, on ne peut pas parler d'un statut sans la
reconnaissance de son expertise professionnelle quand on le consulte. Il va de
soi - je ferais peut-être un parallèle - quand on fait venir des
consultants dans d'autres types d'interventions d'autres firmes, on ne se pose
même pas la question: Est-ce qu'on doit les rémunérer ou
pas? Cela va de soi. En ce qui a trait aux arts, je croîs qu'il est
grandement temps qu'on arrête de se poser la question quand on consulte
un artiste: Vu qu'il est un artiste, est-ce qu'an peut se permettre de lui
demander bénévolement ou est-ce qu'on le rémunère?
Si l'on veut que l'artiste vive de sa production, ce sont tous les apports
qu'il peut avoir en dehors de la vente de ses oeuvres, soit la perception de
droits d'auteur, soit le paiement quand il est appelé en consultation
qui peuvent faire qu'à un moment donné, il va vivre et qu'il va
cesser d'être tributaire de deux ou trois expédients pour
survivre.
Mme Bacon: Concernant le droit d'auteur dans le cadre du
programme d'intégration des arts à l'architecture et à
l'environnement, vous souhaitez des modifications. Pourriez-vous être un
peu plus précise quant aux modifications que vous souhaitez? Est-ce que
le contrat ne prévoit pas déjà que le créateur
conserve son droit d'auteur?
Mme Paquette: Oui.
Mme Bacon: Peut-être en accordant un permis pour certaines
reproductions à des fins bien précises. Est-ce que le contrat ne
reconnaît pas déjà le droit d'auteur?
Mme Paquette: Concernant le contrat du droit d'auteur par rapport
au contrat du 1 %, l'article 6.8 des anciens contrats a effectivement
été changé pour un article libellé en quatre
points. Dans le nouvel article, l'artiste garde ses droits d'auteur, mais il
donne un permis d'utilisation gratuite pour fins de publicité et, si je
ne me trompe pas, d'exposition. Par contre, on n'a pas précisé ce
qu'on entend par publicité et par exposition, parce que l'oeuvre est
déjà exposée dans un lieu public. Cela devient ambigu. De
plus, on ne donne pas de délai. Est-ce que cette clause est à vie
ou si elle est pour une certaine période? Ce n'est pa3 clair.
Le problème majeur, c'est que pour les artistes en arts textiles,
dans les années quatre-vingt, on a donné des contrats massivement
- on entend 16 % des contrats donnés - cela a été le point
culminant. Ces artistes ont signé un contrat par lequel ils
renonçaient à tous leurs droits prévus à l'article
6.8. Nous aimerions savoir ce que le gouvernement entend faire pour
rétablir cette situation par rapport aux artistes qui ont signé
l'ancien contrat, qui est toujours en vigueur pour eux.
Mme Bacon: Vous avez mentionné dans votre mémoire
la compensation versée aux artistes dont les oeuvres sont
exposées dans les musées et centres d'exposition
agréés par le ministère. Vous mentionnez que le versement
de cette compensation est conditionnel au fait que l'artiste ne vende aucune
oeuvre lors de l'exposition. Je crois plutôt que ce programme est
réservé aux musées et centres d'exposition dont la
vocation n'est pas commerciale, ce qui exclut les galeries. La vocation d'un
musée et celle d'une galerie sont quand même différentes.
Pourriez-vous préciser cette question?
Mme Paquette: Je pense que c'est dans la loi de la restriction.
Si un artiste qui expose dans une galerie ou un musée
subventionné vend une oeuvre pendant l'exposition, il se voit retirer le
montant de compensation qui lui est accordé. D'une part, nous ne
comprenons pas très bien pourquoi, si une oeuvre est vendue au cours
d'une exposition dans un musée, cela va à l'encontre des
politiques d'une galerie. Je pense que c'est ne pas comprendre la
différence entre une exposition offerte par un musée et le
rôle d'une galerie privée ou le fonctionnement interne d'une
galerie privée.
D'autre part, actuellement, les directeurs de musées ne
comprennent pas non plus très clairement cette loi. Il y a beaucoup
d'interprétation qui fait que si un directeur décide que lui, il
permet la vente... Il y a beaucoup de "si". La loi n'est vraiment pas claire
actuellement. Il faudrait la clarifier pour qu'on ait une politique claire.
D'un autre côté, je ne vois pas pourquoi les musées ou le
ministère ne voudraient pas qu'il y ait vente à
l'intérieur des musées. Cela ne ferait que permettre aux artistes
de vivre plus facilement. Ce sont deux types d'exposition, ce n'est même
pas le même type.
Mme Bacon: C'est peut-être parce qu'on pense à la
vocation même des musées. Ce n'est pas une vocation commerciale;
c'est peut-être cela qui fait la différence. Vous me dites que la
politique des musées varie selon les musées.
Mme Paquette: Oui, certains musées vont encourager
indirectement la vente d'oeuvres, même si le mandat ne leur est pas
donné officiellement. Il y a des cas où, lors d'une exposition,
quelqu'un est intéressé par une oeuvre d'un artiste et on met un
point rouge sur l'oeuvre pour montrer qu'elle est réservée. Elle
n'a pas été vendue sur place, dans le musée. Elle n'a pas
été vendue pendant l'exposition, il n'y a pas eu de transaction.
Cette personne n'a pas eu son droit de compensation. Il faut penser aussi que
ce droit de compensation est minime. Ce n'est pas le droit de compensation qui
fait que quelqu'un peut rentabiliser une exposition, parce qu'il assume les
frais de transport et il assume de nombreux frais pour arriver à cette
exposition. L'investissement qu'il fait, spécialement en arts textiles,
au niveau des produits nécessaires à son oeuvre, afin de
réaliser un solo, ce qui est une chose incroyable en arts textiles,
lorsqu'on pense qu'une oeuvre peut prendre jusqu'à trois mois de
réalisation... Quelqu'un qui investit du temps et de l'énergie et
qui reçoit un montant de compensation, ne trouve pas ce montant assez
substantiel pour qu'on dise qu'il compense la possibilité de vendre une
oeuvre. (11 h 45)
Mme Bacon: Qu'est-ce qui se passe dans les autres provinces
canadiennes?
Mme Paquette: À quel niveau?
Mme Bacon: Dans votre art, au niveau des oeuvres que vous voulez
voir reconnues au Québec. Vous dites: Nous sommes reconnus dans d'autres
pays. Qu'est-ce qui se passe ici, au Canada, dans les autres provinces? Est-ce
que les artistes comme vous ont autant de problèmes que vous en
connaissez ici, au Québec, ou si c'est simplement au Québec?
Mme Paquette: Dans les autres provinces, dans les milieux
anglophones, une grande majorité des institutions de formation
universitaire offrent des programmes en arts textiles. Dans les milieux
anglophones, c'est une chose qui est acquise, contrairement aux milieux
francophones. Dans les milieux anglophones aussi - j'ai vécu quand
même un an dans l'Ouest canadien - il y a une autre approche de la
compagnie privée face à l'art. Les compagnies privées vont
s'impliquer beaucoup plus facilement dans l'investissement en art du
côté anglophone qu'au Québec. C'est quelque chose qui est
acquis par tradition. C'est important d'encourager les arts. Les oeuvres de
bienfaisance pour les écoles... Le Centre d'art de Banff est
commandité par des compagnies privées et des individus. On n'a
pas quelque chose de semblable au Québec. C'est vraiment une autre
culture, une autre approche qui facilite
la situation des artistes en arts textiles et, je pense, celle des
artistes en arts visuels aussi.
Mme Bacon: On a beaucoup parlé ici de relève,
d'intérêt d'un milieu. Vous semblez un peu inquiète quant
à la façon de pouvoir régénérer cette
discipline qui est la vôtre, faire en sorte de la rendre acceptable.
C'est peut-être un départ. Cela me semble être votre
préoccupation majeure en ce moment, ici au Québec, par rapport
à ce qui se passe ailleurs. C'est une question d'adaptation quand on
pense aux techniques nouvelles. Est-ce que c'est cela, le problème, ou
si c'est le seul fait que c'est méconnu par la population?
Mme Paquette: Ce n'est pas assez vu par la population, ce n'est
pas assez mis en évidence. Par rapport... Je m'excuse. Si je comprends
bien le sens de votre question...
Mme Bacon: En fait, habituellement, on dit que ce sont les
artistes qui régénèrent eux-mêmes...
Mme Paquette: Oui.
Mme Bacon: ...la discipline dans laquelle ils ont à
oeuvrer. C'est beaucoup demander si l'entourage ou l'environnement n'accepte
pas ou n'est pas sensibilisé ou conscientisé à cet art qui
est le vôtre. Vou3 déplorez le fait qu'au fond vous ayez plus de
succès ailleurs qu'au Québec. Donc, il y a une
méconnaissance ou une mauvaise sensibilisation. Est-ce qu'il n'y a pas
danger qu'il n'y ait pas de relève, parce que les gens n'auront pas cet
encouragement?
Mme Paquette: Le danger est d'autant plus grand parce que les
gens qui ont une très grande expertise et qui sont très reconnus
sont demandés à l'extérieur..*
Mme Bacon: C'est cela.
Mme Paquette: ...et non au Québec pour transmettre leur
savoir, d'où l'inquiétude qui pèse un peu sur nous. S'il
n'y a pas un programme de formation qui encourage la relève d'une
discipline, ces têtes de file, les gens qui actuellement possèdent
un grand savoir? qui l'ont gagné de peine et de misère en
s'expatriant pour aller chercher leur formation à gauche et à
droite, il y a de grosses chances que cette discipline ait de la misère
à survivre. Je considère que c'est très grave, parce que,
comme je vous le dis, internationalement, on est reconnu comme une force, comme
étant un bassin extrêmement dynamique.
Mme Bacon: Ici, on aurait un problème de formation et de
perfectionnement...
Mme Paquette: Oui.
Mme Bacon: ...de diffusion, de distribution. Cela va aussi loin
que cela?
Mme Paquette: Oui. C'est peut-être même un
problème relié aussi à notre histoire et à notre
culture. Dès qu'on pense textile, on lui donne tout de suite une
connotation qui peut même être péjorative. Je veux dire
qu'on pense tout de suite à la fermière. C'est un gros handicap
qui fait que les gens ont de la difficulté à passer outre et
à comprendre qu'il y a des artistes qui ont une formation artistique
complète, qui ont des maîtrises ou des baccalauréats, mais
qui choisissent le textile comme médium d'expression.
Mme Bacon: J'allais vous demander combien d'années cela
prend pour former un artiste en arts textiles!
Mme Paquette: Je ne peux pas vous répondre à ce
moment-ci parce que...
Mme Bacon: II y a constamment une formation.
Mme Paquette: ...la plupart des artistes ont une formation
générale de premier cycle et certains de deuxième cycle,
au niveau général en arts. De plus, ils ont des formations de
maître, s'ils sont allés chercher leur formation au Japon, en
Pologne, en Europe, dans l'Ouest canadien ou aux États-Unis. Cela
dépend de l'histoire de chacun, comment il a pu être
subventionné, en trouver les moyens et aller vers la connaissance.
Mme Bacon: Mais il y a encore beaucoup de pain sur la
planche.
Mme Paquette: Oui.
Mme Bacon: Je pense qu'on va avoir l'occasion de se revoir.
Mme Paquette: Je l'espère.
Mme Bacon: Je vous remercie beaucoup de votre collaboration et
j'apprécie ce mémoire qui, comme je le disais au début, va
sûrement ajouter à ceux que nous avons eus et nous permettre
d'accorder plus de temps à vos problèmes. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous avez constaté depuis quelques
années - cela, vous l'avez bien dit -un certain
désintéressement des artistes en regard de ta pratique des arts
textiles. La première raison que vous avez donnée est le
manque de formation artistique; d'après vous, le contenu de la
formation en arts textiles devrait contenir une approche artistique plus
complète, un apprentissage technique et technologique. Je pense qu'il
est intéressant de parler de mesures technologiques plus
poussées.
Vous avez parlé de l'expérience au cégep de
Saint-Hyacinthe. Vous avez constaté un manque de compréhension en
regard de la pratique artistique de la part des techniciens qui pourraient
donner des cours. D'après vous, est-ce qu'il existe actuellement au
Québec suffisamment d'artistes compétents, de bons
pédagogues et des gens disponibles pour offrir ces cours?
Mme Paquette: Oui, il y a vraiment actuellement un bassin
d'artistes qui, comme je vous l'ai dit, sont allés chercher de
l'expertise dans d'autres pays ou dans d'autres provinces. Ils ont l'expertise
et la formation pour assurer la relève, mais il est malheureux de
constater que les quelques cours qui sont offerts en arts textiles sont
temporaires, saisonniers ou n'ont pas de suivi, n'ont pas de suite; ce ne sont
pas des cours obligatoires. Donc, les spécialistes ou les artistes en
arts textiles du Québec se voient dans l'obligation - les quelques
élus qui ont des emplois reliés à l'enseignement
-d'accepter d'être engagés comme contractuels, sans aucune
sécurité d'emploi, sans aucune sécurité
sociale.
M. Boulerice: Ces cours définiraient une option en arts
visuels, peut-être une orientation principale, après l'acquisition
de connaissances générales qui se fait en arts visuels à
l'université.
Mme Paquette: Ce serait au même titre que dans les
universités où il y a actuellement au départ une formation
générale de cégep avec initiation aux différentes
techniques. Au niveau universitaire, il est actuellement possible, dans
d'autres disciplines, de faire un baccalauréat avec une majeure dans une
discipline donnée. Ce serait cela l'important, qu'il y ait une majeure
en arts textiles de disponible, à l'intérieur d'un
baccalauréat extrêmement important de ne pas prendre les arts
textiles et de les mettre en parallèle; il faut les laisser à
même les arts visuels, le bassin actuel de formation.
M. Boulerice: La deuxième raison serait la
difficulté de bâtir et de rentabiliser une carrière
axée sur la production d'oeuvres en arts textiles. Cette
difficulté ne se retrouve-t-elle pas partout en arts visuels, somme
toute?
Mme Paquette: C'est une difficulté qui est très
grande dans toute discipline, je crois, oui, assez généralement,
mais peut-être encore plus grande ici à cause de
l'exiguïté des débauchés pour l'oeuvre textile. Elle
n'est pas facilement vendue. La situation est peut-être un peu plus
critique, mais c'est sûr que ce sont des oeuvres qui, quant au temps et
à l'argent, sont extrêmement coûteuses à produire
pour certaines méthodes. Mais il faut comprendre aussi que les arts
textiles comprennent une panoplie de techniques, soit en traitement de surfaces
soit en construction de fibres. La construction de fibres, cela veut dire
toutes les techniques d'où l'artiste part d'un fil existant et le
construit en structure. Le traitement de surfaces peut être
apparenté à l'impression sur tissu, à tous les traitements
comme la peinture sur tissu.
On ne peut pas non plus parler de façon... Quand on fait une
moyenne, c'est une moyenne... Autant des disciplines sont extrêmement
difficiles, plus particulièrement en construction de fibres, que les
techniques d'impression sur textile qui arrivent un peu plus facilement
à passer.
M. Boulerice: Vous avez parlé des professions
dérivées de la pratique. En quoi l'artiste n'a-t-il pas
accès à ces professions?
Mme Paquette: N'ayant aucun programme de formation, comme premier
dérivé ou comme le plus relié directement à sa
profession, lui permettant la transmission de son savoir, il est sûr
qu'il n'a pas accès à cela.
M. Boulerice: En page 4, cela m'intéressait
particulièrement, vous avez parlé de la philosophie du Bauhaus
comme modèle à imiter, particulièrement en arts textiles.
J'aimerais vous entendre détailler un petit peu plus.
Mme Paquette: Concernant cette philosophie du Bauhaus, il y avait
là une collaboration, un contact. On n'excluait pas artiste, artisan,
technicien, etc. Ces gens-là recevaient une formation
générale et s'orientaient par la suite; ce qui permettait
à des gens qui s'en allaient en technique d'avoir une formation leur
permettant de connaître les valeurs esthétiques du produit avec
lequel ils travaillaient et permettait par contre aux artistes d'avoir des
notions techniques assez poussées pour pouvoir travailler et garantir
encore plus leur produit. C'est un peu les grandes lignes, parce qu'on pourrait
en parler longtemps.
M. Boulerice: D'accord. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jacques. Étant donné qu'il nous
reste une petite heure
pour terminer les travaux de la commission, je n'ai qu'une brève
question mais qui risquerait d'engager un débat très long. C'est
une question plate, je vous le dis d'avance. On peut se demander, à vous
écouter et à écouter les problèmes que vous
exposez... On voit les carences du côté gouvernemental, on voit
que vous êtes traités en parents pauvres, vous le dites. Est-ce
qu'il n'y aurait pas - ce n'est pas un jugement de valeur que je pose, je dis
bien: "II n'y aurait pas" - trop d'artistes dans le secteur pour la demande
possible? Question très économique. Est-ce que l'offre ne
dépasserait pas de beaucoup la demande?
Mme Paquette: Je pense qu'on peut poser cette question-là
pour toutes les formes d'art. Elle n'est pas typique aux arts textiles, on peut
demander la même chose aux peintres, aux écrivains. C'est
sûr qu'on ne demande pas non plus une protection pour que tous les
artistes quels qu'ils soient, du simple fait qu'ils touchent aux arts textiles,
soient encouragés: veut, veut pas. Ce n'est pas notre attitude. C'est de
permettre aux gens qui font une recherche extrêmement poussée, qui
sont reconnus, de pouvoir trouver place ici. Il est entendu que dans un groupe
d'artistes disponibles, quelle que soit la discipline, une élimination
se fait. Ce n'est pas de protéger tous les artistes, je pense que ce
serait utopique. C'est premièrement la qualité et la force de
leur message qui doivent passer. Mais quand une qualité et un message
sont très forts et que le débouché n'existe pas, c'est
là que c'est inquiétant.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie de même
que votre groupe pour votre mémoire, à mon avis, très
articulé et, comme Mme la ministre le disait tantôt, qui nous
permet à tout le moins de jeter un regard sur un domaine peut-être
moins connu des arts que d'autres. Je pense que cela a été
très utile. Votre intervention de ce matin, les réponses que vous
avez données aux nombreuses questions de Mme la ministre et de M. le
député de Saint-Jacques étaient également
articulées et nous aideront sûrement dans la recherche de
l'amélioration du statut économique de l'artiste et du
créateur. Mesdames, monsieur, je vous remercie de vous être
déplacés pour venir nous rencontrer ce midi.
Mme Paquette: Mme la vice-première ministre et ministre
des Affaires culturelles, messieurs les députés, messieurs,
mesdames, merci. (12 heures)
Le Président (M. Trudel): Nous terminons les travaux de
cette commission en recevant, au nom de la Société des
décorateurs-ensembliers du Québec, son vice- président, M.
Serge-Antoine Belley.
Bienvenue, M. le vice-président, au nom de la commission. Si vous
voulez prendre place et nous résumer un mémoire volumineux, fort
bien fait, à mon avis. Vous avez déjà un
résumé dont nous avons pris connaissance. Comme je le disais aux
autres intervenants, préalablement tous les membres ont pris
connaissance de tous les mémoires. Je vous inviterais, compte tenu du
peu de temps à notre disposition, à résumer vos
principales observations et nous passerons immédiatement à la
période de questions. M. le vice-président, la parole est
à vous.
Société des
décorateurs-ensembliers
M. Belley (Serge-Antoine): Merci infiniment. Dans un premier
temps, je désire me présenter. Serge-Antoine Belley, designer
d'intérieur de formation. J'administre un bureau de consultants en
design d'intérieur dans la vieille capitale depuis quatre ans. Je
siège au conseil d'administration de la Société des
décorateurs-ensembliers, que je vais appeler par la suite SDEQ, depuis
1982 où j'ai assumé la responsabilité de différents
comités, tels le recrutement, les admissions, les
assurances-responsabilités professionnelles et, depuis janvier dernier,
j'occupe le poste de vice-président.
À la suite de l'invitation du ministère des Affaires
culturelles, il me fait plaisir de représenter la SDEQ à cette
commission sur le statut économique de l'artiste et du créateur.
Permettez-moi de vous rappeler que la SDEQ est le seul organisme regroupant les
professionnels du design d'intérieur au Québec qui sont, par le
fait même, habilités à faire partie de l'Association
nationale des designers d'intérieur du Canada, la DIC. La SDEQ, par
l'intermédiaire de la DIC, fait partie de l'Association internationale
des architectes designers d'intérieur, IFI, l'association nationale.
Dans un premier temps, Mme la ministre et les membres de cette
commission, je désire mettre en relief les points du présent
mémoire. Ce sont les principaux points que la société a
à coeur actuellement. Il s'agit de la refonte de notre charte
provinciale et du changement d'appellation de "décorateur-ensemblier"
pour "designer d'intérieur", de la démarche que l'on a faite
à l'Office des professions pour notre reconnaissance et,
troisièmement, de l'implantation d'un programme d'enseignement
d'aménagement intérieur au niveau universitaire. Nous entendons,
par définition d'un designer d'intérieur, toute personne ayant,
par sa formation, son savoir et son expérience pratique, la
compétence nécessaire pour chercher et trouver des solutions
créatives aux questions d'aménagement des espaces
intérieurs et d'amélioration
de la qualité du milieu de vie et de travail. Sa
compétence comprend la connaissance des notions du design, des
capacités d'analyse, de programmation, de planification et
d'aménagement de tout genre d'espace intérieur, ainsi qu'une
compréhension de tout autre aspect relié au design de
l'environnement.
Sa formation technique comprend des notions de structure, en particulier
des méthodes de construction intérieure, des installations de
l'équipement et autres éléments à intégrer
à l'intérieur de l'édifice. Sa formation et son
expérience lui ont fait prendre conscience des besoins humains dans les
milieux de vie et de travail et lui ont donné des facultés
d'analyse de ces besoins. Son sens du design, ses qualités de conception
et sa créativité, alliés à sa compétence
technique lui permettent d'imaginer, d'élaborer et de créer des
projets d'aménagement d'espaces intérieurs correspondant aux
besoins humains présents et futurs. Ces définitions sont
entérinées par: ASID, American Society of Interior Designers,
FIDER, Foundation for Interior Design Education and Research, NCIDQ, National
Council for Interior Design Qualifications, et ARIDO, Association of Registered
Interior Designers of Ontario.
La Société des décorateurs-ensembliers a
été constituée en corporation par lettres patentes
émises en vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies
de Québec, le 28 octobre 1935. Elle a été confirmée
dans son existence le 11 mars 1948, lorsque la Législature du
Québec adoptait un bill privé numéro 141,12 Geo. VI, 1948,
chapitre 96, s'intitulant Loi des décorateurs-ensembliers. Cette loi fut
modifiée par un autre bill privé le 24 mars 1961, numéro
203,10, Éliz. II, 1961, et se retrouvait finalement, en 1964, dans les
Statuts refondus du Québec, chapitre 270.
Aux termes de cette Loi des décorateurs-ensembliers qui
régit notre société et ses membres, les
décorateurs-ensembliers pratiquant à Montréal et
Québec jouissent de droits, privilèges et obligations
s'apparentant à ceux conférés par le Code des professions
aux membres des corporations professionnelles d'exercice exclusif. La Loi des
décorateurs-ensembliers ne s'applique cependant que sur les territoires
et villes de Montréal et de Québec, anomalie et anachronisme
qu'il convient aujourd'hui de corriger.
L'exercice de la profession de décorateur-ensemblier, dans le
cadre d'une loi qui n'a pas été révisée depuis
1961, cause aujourd'hui aux membres de la SDEQ des problèmes qui
découlent de l'évolution des techniques et de l'importance de
plus en plus grande que prend cette activité. J'aimerais vous donner un
exemple des problèmes. Nous avons énormément de
difficulté à contrôler l'usage fait par les clients et les
fabricants des dessins originaux, la loi ne nous protégeant pas en cas
de modifications mineures. Concrètement, ceci veut dire que je dessine
ce meuble qui est devant moi. Un fabricant ou un compétiteur reprend le
même meuble, va réduire la hauteur d'un demi-pouce et, selon la
loi, ce meuble n'est pas considéré comme copie. Il est
complètement un autre meuble. Un autre exemple que je peux vous
apporter, c'est que nous n'avons pas de protection de la pratique
vis-à-vis des designers d'intérieur étrangers et d'autres
intervenants dans la profession face à notre loi qui nous confère
exclusivement le territoire de l'île de Montréal et de la
cité de Québec.
Au surplus, le champ d'application de la loi restreint à
Montréal et à Québec n'a plus aujourd'hui aucune raison
d'être. Il est dans l'intérêt du public que les
décorateurs-ensembliers, dont le nombre croît sans cesse et dont
l'activité prend de plus en plus d'importance, soient régis par
des dispositions législatives et réglementaires modernes,
conformes aux réalités actuelles, et qu'ils soient soumis aux
mêmes obligations que les autres professionnels oeuvrant au
Québec.
La Société des décorateurs-ensembliers du
Québec est, à toutes fins utiles, en vertu de sa loi
constitutive, une corporation professionnelle qui n'est pas régie par le
Code des professions, créant ainsi une situation particulière
qu'il y a lieu de corriger. L'activité professionnelle des membres de la
SDEQ satisfait aux principales exigences de l'article 25 du Code des
professions justifiant la création d'une corporation professionnelle au
sens du Code des professions, à savoir le niveau de connaissances
requises, le degré d'autonomie, le caractère personnel des
rapports entre les professionnels et leurs clients, et la gravité du
préjudice ou des dommages possibles.
La Société des décorateurs-ensembliers, Mme la
ministre et membres du conseil, vous prient en conséquence,
premièrement, de prendre en considération la présente
demande de création de la corporation professionnelle des
décorateurs en déclenchant le processus d'étude et de
consultations prévu par la loi et la réglementation;
deuxièmement, de prendre en considération la présente
demande de création d'un programme de formation à un niveau
universitaire afin de nous permettre de rester compétitifs sur le plan
international parce que, de plus en plus, les niveaux d'enseignement du design
d'intérieur sont à un niveau universitaire, tandis qu'ici au
Québec notre programme de formation se limite à un niveau
collégial; troisièmement, reconnaître que
l'intérêt public justifie la création de la corporation
professionnelle des designers d'intérieur et la mise à jour des
dispositions législatives régissant actuellement ces
professions.
Quatrièmement, recommander au ministère responsable la
création de la corporation professionnelle des designers
d'intérieur du Québec et les modifications législatives
appropriées à la* Loi sur les décorateurs ensembliers. En
terminant, dans l'espoir que ce bref exposé atteigne son objectif
premier, soit de sensibiliser la présente commission à
l'état de la situation actuelle de la SDEQ, au nom de la
Société des décorateurs-ensembliers, je tiens à
vous remercier, Mme la ministre et les membres de cette commission, de
l'attention que vous nous portez.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
vice-président. Je cède maintenant la parole à Mme la
ministre des Affaires culturelles.
Mme Bacon: M. Belley, je voudrais vous remercier de nous avoir
soumis votre mémoire qui apporte aux membres de la commission une
dimension nouvelle en ce que votre travail trouve sa source dans cette
formation acquise qui vous permet de connaître les besoins humains, que
ce soit dans le milieu de vie ou dans le milieu de travail. On est
assuré que votre métier contribue à l'amélioration
de la qualité de vie de ceux et celles qui bénéficient des
talents des décorateurs-ensembliers. Votre document est aussi
précieux parce qu'il nous permet de connaître qui sont Ie3
décorateurs-ensembliers, ce qu'ils font et certains problèmes
qu'ils rencontrent. Vous avez voulu nous saisir davantage de ces
préoccupations. J'aimerais vous demander quelles sont les
démarches qui ont été entreprises, si vous l'avez
déjà fait, auprès du ministère de
l'Éducation, par exemple? Est-ce que le Conseil des universités a
déjà été saisi aussi de vos besoins? Est-ce que
vous avez déjà entrepris des démarches auprès du
Conseil des universités?
Vous voulez l'implantation d'un programme d'enseignement au niveau
universitaire. Est-ce que vous avez des étapes de franchies, touchant
ces demandes?
M. Belley: Oui, nous avons déposé une demande
à l'Université du Québec à Montréal, l'UQAM,
et aussi nous avons des relations avec l'Université Concordia où
on a fait une demande de programme universitaire.
Mme Bacon: Y a-t-il longtemps, M. Belley?
M. Belley: Cela a été fait l'automne
passé.
Mme Bacon: Où en êtes-vous avec ces
institutions?
M. Belley: C'est en négociation, actuellement, avec les
universités. Maintenant, les budgets ne permettent pas d'instaurer
immédiatement ce programme. C'est demandé à une fondation.
Les universités demandent une fondation, avant de faire un programme
pilote pour instaurer un niveau universitaire.
Mme Bacon: Vous sollicitez aussi - vous nous l'indiquez en page
trois de votre résumé - notre appui dans votre démarche
auprès de l'Office des professions, est-ce que vous pourriez nous dire
si vos démarches sont déjà commencées et où
vous en êtes? Quels sont les résultats de ces démarches,
s'il y a lieu?
M. Belley: Oui. Actuellement, nous avons déposé
à l'Office des professions un document pour définir qui nous
sommes, le champ de pratique, l'évolution de notre pratique actuellement
nous attendons, justement, la réponse de l'Office des professions.
Mme Bacon: On a demandé cela à plusieurs groupes:
Comment pouvez-vous comparer votre situation au Québec à ce qui
se fait ailleurs au Canada dans d'autres provinces, que ce soit l'Ontario, la
Colombie britannique? Est-ce que ces provinces sont plus
intéressées que les Québécois au design?
M. Belley: Je ne comprends pas tellement le sens de la
question.
Mme Bacon: Votre situation, ici, au Québec, comment la
comparez-vous...
M. Belley: En regard du public...
Mme Bacon: Non. Comment la comparez-vous en regard des gens de
votre profession dans' d'autres provinces comme l'Ontario ou la Colombie
britannique par exemple? Est-ce que ces gens sont reconnus en ce qui concerne
l'éducation? Est-ce qu'ils sont reconnus comme profession? Est-ce que la
situation est plus facile pour eux?
M. Belley: Oui. En ce qui a trait à la formation, le
degré d'enseignement du côté anglophone est
supérieur à l'enseignement ici au Québec. Je dois vous
dire que j'ai assisté comme jury à la correction d'examens de
finissants en aménagement d'intérieur la semaine dernière.
J'ai été très surpris de la qualité des candidats
qui sortent comme finissants. C'est très décevant de voir que le
niveau des candidats est nettement insuffisant pour aller sur le marché
du travail. (12 h 15)
Mme Bacon: Vous nous dites aussi que vous connaissez les
difficultés à exporter des dessins, des esquisses et des
prototypes vers les États-Unis par exemple. Est-ce que le marché
américain constitue un marché
important pour vos membres?
M. Belley: Sûrement, si on prend comme exemple que la
majorité des produits ou des designs proviennent justement du
côté américain et européen. Les principaux endroits
où on retrouve le design en force, c'est surtout à Milan, en
Italie et aux États-Unis.
Mme Bacon: Est-ce que des dessins, des esquisses ou des
prototypes américains peuvent entrer aussi facilement au Québec
ou plus facilement que vous ne pouvez entrer aux États-Unis par
exemple?
M. Belley: Malheureusement, oui. Les normes de sélection
des examens du NCIDQ qui est le National Council for Interior Design
Qualification sont très sévères. Malheureusement, je
constate que nos étudiants ou nos membres auraient de la
difficulté à passer ces examens.
Mme Bacon: Cela m'amène évidemment à vous
demander: Quels seraient les effets du libre-échange dans votre
secteur?
M. Belley: C'est une excellente question puisque c'est un dossier
à multiples facettes. Je pense malheureusement à des faits qu'on
constate. Des designers américains qui entrent ici au Québec pour
faire des projets sans que les membres de la province de Québec ou les
designers de Québec soient avisés ou consultés. Alors, on
doit faire face à cet état de choses actuellement.
Mme Bacon: Est-ce que vou3 voyez ces discussions avec confiance
ou avec crainte?
M. Belley: Cela peut sûrement être
bénéfique en ce qui concerne l'idéologie et la stimulation
pour la création en rapport avec la qualité du design. Dans le
secteur commercial, cela aurait sûrement d'heureuses retombées,
mais cela demanderait une surveillance très étroite.
Mme Bacon: Merci beaucoup, M. Belley. M. Belley: Avec
plaisir.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. Belley, en plus de partager les remarques que
Mme la ministre vous adressait au sujet de la qualité de votre
mémoire et puisque tempus fugit il faut accélérer, j'ai
une question précise à vous poser. Est-ce que vous pourriez
préciser sur l'article 10 de votre loi et l'article 16 de la Loi sur les
architectes et m'indiquer quelle est la nature du conflit qui existe entre les
deux?
M. Belley: Évidemment, nous sommes actuellement à
définir le champ de pratique du designer d'intérieur versus la
définition de la pratique de l'architecture. Nous avons
présentement une cause déposée en Cour supérieure
concernant la nature de chacune de ces pratiques.
Je disais que le designer d'intérieur est la personne
spécialisée qui s'occupe de l'architecture intérieure d'un
immeuble tandis que l'architecte conçoit l'immeuble. Ce qui est
arrivé, c'est que dans la période économique favorable,
les architectes n'éprouvaient pas de problème à trouver du
travail, les constructions étaient nombreuses. Avec la crise de
1981-1982, avec les restrictions, ils se sont tournés beaucoup plus vers
la restauration. Pour le champ d'action qu'ils 'avaient laissé autrefois
aux décorateurs-ensembliers, ils sont revenus en disant: Écoutez,
vous empiétez sur notre champ de pratique. Nous sommes malheureusement
devant la loi 16 qui dit que l'architecte est le maître d'oeuvre et qu'il
a un droit de juridiction sur tout le travail, l'intérieur et
l'extérieur. Notre loi est très limitée, c'est du terrain
qu'on a gagné avec les années, nous avons une
spécialité. C'est ce qu'on essaie de défendre devant la
Cour supérieure.
M. Boulerice: En quoi le ministère des Affaires
culturelles ou les autres ministères pourraient-ils avoir un rôle
à jouer?
M. Belley: Peut-être en exerçant certaines
recommandations auprès de l'Ordre des professions. Lorsque notre statut
sera reconnu, cela facilitera certainement la restructuration et la
révision de notre charte.
M. Boulerice: Une autre question sur votre vie professionnelle,
M. Belley: Est-ce que la société veut étendre son champ
d'action à l'extérieur de Montréal et de Québec et,
en même temps, qu'une relève s'y installe?
M. Belley: Absolument. Ce que nous demandons, c'est que la
juridiction de la Société des décorateurs-ensembliers soit
étendue dans toute la province de Québec. Ceci nous amène
des problèmes assez délicats. N'importe qui pourrait 3'improviser
décorateur-ensemblier à l'extérieur de la ville de
Montréal, c'est-à-dire à Longueuil, et nous n'avons aucun
recours contre cette personne.
M. Boulerice: Mais vous... M. Belley: Pardon. M.
Boulerice: Oui.
M. Belley: C'est une question d'intérêt public
aussi.
M. Boulerice: La protection du public, on voit par votre code
d'éthique que chez vous, c'est une chose qui est
considérée très sérieusement. Quant aux
éléments dits de sécurité sociale, en page 15 ou
16, vous parlez de l'insécurité inhérente aux P.-D.G. des
PME - c'est notre manie de parler par sigles - aux présidents-directeurs
généraux des petites et moyennes entreprises parce qu'ils ne
participent pas au fonds d'assurance-chômage. Est-ce que vous croyez
qu'on devrait favoriser une telle participation? Pour les P.-D.G. qui sont plus
à l'aise, ne s'agirait-il pas peut-être d'une charge
supplémentaire qui ne serait pas appréciée de leur
part?
M. Belley: Favorablement, oui. Je pense que la part serait utile
auprès des PME.
M. Boulerice: D'accord. Au niveau des programmes et mesures, quel
type de bourse ou d'aide souhaiteriez-vous accessible à vos
professionnels?
M. Belley: Nous souhaitons des bourses aux étudiants qui
finissent leur formation et qui auraient besoin, justement, de stimulus ou
d'encouragement, parce qu'ils ne trouvent pas nécessairement d'emploi ou
de bureau leur permettant de prendre de l'expérience.
M. Boulerice: D'accord. Je vous remercie, M. Belley. M. le
Président.
M. Belley: Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. J'aurais eu des questions à vous
poser, M. Belley, et j'aurais aimé vous entendre sur... À mon
avis, vous avez un rôle intéressant qui se situe à la fois
à la frontière de l'art, de la créativité et de
l'administration. J'en veux pour preuve, à la page 17 lorsque,
répondant à une série de questions dans une enquête
du ministère des Affaires culturelles, en 1984, vous dites qu'à
votre connaissance, aucun programme gouvernemental ne vous vient en aide, etc.,
sauf, dites-vous, les programmes généraux venant en aide aux PME.
C'est une idée que je trouve intéressante, qu'on n'a
malheureusement pas le temps d'aborder mais que j'aborderai peut-être
avec vous un de ces jours. Je vais céder la parole au
député de Viger qui a manifesté le désir de vous
poser quelques questions. C'est une question sur laquelle je reviendrai un jour
avec vous, sûrement.
M. Maciocia: Oui, M. le Président, j'aurais une question
à poser au vice-président du conseil. Est-ce que vous
recommandez, à la page 2 du résumé de votre
mémoire, que le gouvernement du Québec s'inscrive dans le courant
international actuel de la formation en design intérieur? Aux pages 9 et
10 de votre mémoire, vous écrivez que des designers
d'intérieur québécois vont chercher à
l'étranger des ressources qui leur font défaut ici. Mais ce qui
m'intéresse particulièrement, c'est justement une remarque
à la page 10. Je crois que la ministre vous a déjà
posé cette question. Vous dites, et je vous cite: "Signalons que
d'autres provinces canadiennes attirent nos professionnels par leurs
congrès spécialisés en aménagement
d'intérieur, leurs cours universitaires et leurs expositions
internationales." Pourriez-vous nous dire quelles sont ces autres provinces
canadiennes? Deuxièmement, sont-elles réellement plus
avancées que le Québec en matière de formation
universitaire et d'expositions internationales? Si oui, pourquoi en est-il
ainsi?
M. Belley: Les provinces sont l'Ontario et le Manitoba. Question
de population, leurs associations sont beaucoup plus nombreuses et la
qualité de l'enseignement est d'un niveau vraiment supérieur
à celui que nos étudiants retrouvent ici. Pour avoir
visité les expositions, comme l"'Exhibition Place" à Toronto, les
travaux d'étudiants sont à un niveau vraiment supérieur
à comparer avec ceux des étudiants que l'on a ici au
Québec.
Maintenant, vous parlez du programme universitaire. Ils ont un programme
de niveau universitaire, mais nous n'en avons pas, c'est-à-dire qu'il
est accessible via le cours universitaire en environnement à l'UQAM,
spécialisation en aménagement intérieur, mais le cours
n'est pas structuré pour la prolongation du cours DEC en
aménagement intérieur.
M. Maciocia: Mais, justement, pourquoi y en a-t-il dans les
autres provinces et pas au Québec?
M. Belley: Je ne peux pas vous le dire, c'est la raison pour
laquelle nous réclamons l'instauration d'un cours universitaire ici, au
Québec, en aménagement intérieur.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Viger. M. le vice-président, il me reste
à vous remercier de vous être déplacé pour venir
rencontrer les membres de la commission. Compte tenu de l'échange
d'idées que nous avons eu, je pense que cela va aider Mme la ministre
dans les décisions qu'elle devra prendre au cours des prochaines
semaines et des prochains mois et cela va sûrement aider l'ensemble du
gouvernement à contribuer à régler les problèmes
que vous nous avez exposés ce matin. Je vous souhaite un bon retour et
vous remercie de votre
visite ce matin.
M. Belley: Je vous remercie infiniment et anticipe le plaisir de
répondre à votre question. Merci, Mme la ministre, merci,
mesdames et messieurs.
Le Président (M. Trudel): Merci, Maintenant, tel que
convenu, nous passons à l'étape des remarques finales.
J'inviterais le député de Saint-Jacques à procéder
s'il a des remarques finales à faire.
Conclusions M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, Mme la ministre, chers
collègues de la commission, comme je le souhaitais au début de
cette commission, nous avons vécu effectivement au profit de la culture
le temps d'une paix. Maintenant, pour employer une expression des gens de la
scène, le rideau tombe, les projecteurs s'éteignent, la salle se
vide mais que retenons-nous? Nous retenons la qualité des
mémoires, la qualité des échanges que nous avons eus avec
les divers intervenants tout au long des travaux de cette commission. Cette
commission a été, sans aucun doute, une étape importante
du processus d'élaboration d'une politique sur le statut de l'artiste.
Ces travaux nous auront permis d'approfondir notre réflexion sur la
problématique multidimensionnelle du statut de l'artiste. Ces travaux
nous auront surtout permis de recueillir les propositions des artistes quant
aux moyens à mettre en oeuvre pour améliorer et revaloriser le
statut de l'artiste.
Il faut déplorer sans réserve la situation actuelle
où la très grande majorité des artistes peuvent vivre
uniquement de leur art de création ou d'interprétation. Cela doit
changer. L'État a le devoir d'agir.
Les artistes toutefois ne veulent pas être pris en charge par
l'État. Ils désirent simplement exercer leur profession dans des
conditions décentes qui leur permettront de toucher les justes parts
auxquelles ils ont droite.
La politique de revalorisation et d'amélioration du statut de
l'artiste passe par la reconnaissance d'un statut particulier à
l'artiste. Ce statut particulier devra prévoir un certain nombre de
droits fondamentaux à l'artiste et lui offrir des garanties quant
à des conditions minimales d'exercice de sa profession.
Le gouvernement du Québec doit donc intensifier ses pressions
auprès d'Ottawa afin que ce dernier accélère le processus
de révision de la Loi sur le droit d'auteur.
Le droit d'association est l'un des principaux éléments de
solution proposés par la majorité des intervenants et des
intervenantes pour améliorer le statut de l'artiste. Il faudra permettre
aux artistes de se regrouper au sein d'associations qui auront une
capacité réelle de défendre leurs
intérêts.
Le volet fiscalité a fait aussi l'objet d'un nombre imposant de
recommandations des artistes. En concertation avec le ministère du
Revenu, il faudra mettre en place des mesures fiscales adaptées à
la réalité de l'artiste et plus particulièrement sur le
plan des dépenses encourues dans l'exercice de leur profession. (12 h
30)
L'artiste, je le répète, ne veut pas être un
pensionné de l'État, mais comme tout citoyen, il doit pouvoir
compter sur un filet de protection sociale pour amortir les coups durs ou les
périodes plus difficiles. En matière d'assurance-chômage,
il faudra évaluer les possibilités d'un système
adapté à la réalité très spécifique
de l'artiste.
Comme tout autre citoyen, l'artiste revendique à juste titre de
pouvoir bénéficier d'un revenu décent au moment de sa
retraite. Cette question doit être approfondie en mettant à profit
l'expertise des responsables de la Régie des rentes du Québec et
ceux des caisses de retraite actuellement offertes aux artistes, notamment
celle de l'Union des acteurs.
Un dernier volet de protection sociale demeure celui de la santé
et de la sécurité au travail. De très nombreux
problèmes ont été soulevés en ce domaine au cours
de la commission, notamment dans le secteur de la danse, où les effets
peuvent être particulièrement négatifs lorsqu'il s'agit
d'une carrière qui dans un espace temps s'établit à quinze
ans au maximum, et les arts visuels. En collaboration avec la CSST, il faudra
mettre en place des moyens susceptibles de réduire les risques auxquels
s'expose l'artiste dans son secteur d'activité.
En matière de formation et d'enseignement, cela a
été l'objet d'interventions de la majorité des
intervenants. Plusieurs suggestions pertinentes ont été
discutées: l'adaptation aux nouvelles technologies dans le domaine
culturel, une connaissance accrue du marché par le biais du marketing,
la gestion, le concept de formation continue de l'artiste ainsi qu'un meilleur
arrimage entre l'institution d'enseignement et la réalité du
milieu ont été à maintes reprises soulevés au cours
de cette commission. Ces préoccupations doivent être
considérées par la ministre des Affaires culturelles en
étroite collaboration avec le ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science.
La promotion et la diffusion de la culture, à la lumière
des travaux de cette commission, doivent être intensifiées. Il
faut envisager à court terme des stratégies et des moyens visant
à mieux faire connaître le produit culturel
québécois. Il faut en ce sens
déclarer les impacts négatifs des récentes coupures
à Radio-Québec, organisme qui demeure un véhicule
privilégié de promotion et de diffusion de notre culture.
L'amélioration et la revalorisation du statut de l'artiste passent aussi
- et j'insiste -par le développement d'équipements culturels qui
répondent aux besoins des artistes et ce, dans l'ensemble des
régions du Québec.
Le soutien à l'artiste s'exprime aussi par des investissements
dans le béton, pour reprendre une expression si chère à
l'actuelle ministre des Affaires culturelles. En effet, l'artiste a besoin
d'accès à des lieux où il puisse se produire dans des
conditions convenables qui mettent en valeur son oeuvre de création ou
d'interprétation. Les gens de la danse ont fait part de leurs besoins,
les gens du théâtre ont aussi exprimé leurs attentes. Face
à l'insuffisance des possibilités qu'offrent actuellement les
salles de spectacle au Québec, les musiciens ont souligné
l'impact important des retombées en termes d'emplois pour eux dans
l'éventualité de la concrétisation de la Maison de
l'Orchestre symphonique de Montréal, et nous aurions d'autres exemples
à recommander. Il faut donc condamner le moratoire déclaré
par la ministre sur tout projet d'immobilisation' d'équipements
culturels jusqu'en 1989.
En terminant, c'est avec beaucoup d'intérêt que nous
attendons pour l'automne, le début d'un projet de loi sur le statut de
l'artiste en souhaitant que la ministre n'éprouve pas les mêmes
difficultés que celles rencontrées par son homologue
fédéral à convaincre ses collègues sur la
nécessaire révision de la Loi sur le droit d'auteur, en
espérant aussi que les espoirs suscités par les travaux de la
commission chez nos artistes ne seront pas déçus. L'État
doit intervenir, je le répète, compte tenu de notre
spécificité culturelle et les possibilités restreintes
qu'offre notre marché. Pour notre part, nous avons pris bonne note des
propos des intervenants entendus au cours de cette commission. Nous tenons
à les assurer de notre vigilance quant au suivi des propositions qu'ils
ont formulées. Quant à la ministre, elle pourra compter sur
l'appui de ma formation politique pour tout projet de réforme globale
visant à améliorer et à revaloriser le statut de l'artiste
afin qu'il touche réellement sa juste part. Et pour employer le langage
du milieu, souhaitons au monde de la culture ce qui normalement porte chance
à l'entrée d'un grand événement artistique,
disons-leur: "merde".
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Maintenant, Mme la ministre, je vous
cède la parole pour vos remarques finales.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, collègues de la
commission parlementaire, dès les premiers jours des travaux de la
commission portant sur le statut de l'artiste, vous vous souviendrez que j'ai
exposé la perspective dans laquelle nous écouterions et
accueillerions le fruit des réflexions de tous les intervenants qui se
succéderaient. J'avais alors exprimé l'intention de me mettre au
service des représentants du milieu culturel pour sentir et comprendre
le sens et la direction qu'ils souhaitaient voir prendre par l'État et
jouer pleinement son rôle auprès de cette clientèle
spécifique que sont les artistes et les créateurs.
Or, à la lumière de ce que nous avons lu et entendu,
j'aimerais remercier chaleureusement toutes celles et ceux qui ont pris la
parole dans le cadre des travaux de cette commission. En effet, en exprimant
aussi généreusement et de façon aussi précise
à la fois les revendications et les idées qui reflètent
les préoccupations de leur milieu respectif, les artistes auront fait en
sorte que le dossier de la culture au Québec vient de franchir un pas
capital pour amorcer un véritable tournant.
Ce pas, c'est celui de la concertation entre les décideurs quant
à la revalorisation du statut de l'artiste, celles et ceux qui en
bénéficieront par la suite. Ce pas, c'est également une
meilleure compréhension des objets d'étude sur lesquels les
membres de la commission se sont penchés. Ces objets d'étude
touchent, je me permets de vous le rappeler succinctement, tant la formation,
le perfectionnement que les droits pécuniaires liés aux droits
d'auteur, les dispositions fiscales spécifiques, la
sécurité sociale, bref, tout ce qui concourt à la
promotion et à la défense de la vie professionnelle de l'artiste
ou du créateur.
Je veux enfin vous dire à l'issue de cette étape d'un
dossier aussi vaste et complexe que celui-là que j'éprouve une
profonde satisfaction devant la rigueur et le sérieux des
mémoires présentés par les intervenants, de même que
devant la qualité des réponses apportées aux questions des
membres de cette commission.
De ces audiences, je tire un certain nombre de conclusions
préliminaires et un certain nombre de messages, si je puis dire,
prioritaires. En premier lieu, les membres de la commission parlementaire
auront sûrement noté la dimension économique reliée
à la problématique du statut de l'artiste. La contribution
directe des industries culturelles au produit intérieur brut constitue
un fondement économique impartant sur lequel le ministère des
Affaires culturelles peut étayer son action. C'est donc juste et normal
que les artistes créateurs en tirent une juste part.
Or, les descriptions faites par chacune des disciplines culturelles nous
ont démontré
que bien des artistes et créateurs travaillent dans des
conditions économiques difficiles, parfois précaires et que leur
revenu net se situe bien souvent en-deça du seuil décent d'une
rentabilité minimale. Quand on sait que la contribution directe des
industries culturelles au produit intérieur brut pour la seule
année 1960 était supérieure à 6 300 000 000 $, soit
environ 2,4 % du produit intérieur brut, il y a inéquité.
En somme, les témoignages entendus confirment le constat établi
aussi par l'UNESCO et ce constat, je le rappelle, comparait la situation de
l'artiste à celle d'une pyramide inversée où l'artiste,
tout en bas de l'édifice, supporterait le poids de l'industrie en
question tout en étant celui qui en bénéficie
financièrement le moins.
De ce constat découle plusieurs recommandations portant entre
autres autant sur ta relation de travail que sur les programmes d'aide offerts
par le ministère des Affaires culturelles. En ce qui concerne les
programmes du ministère, il est clair que nous devrons réviser
les programmes de soutien à la création en tenant compte de la
spécificité de chacun des secteurs culturels touchés.
Toutefois, il est tout aussi clair que nous ne chercherons pas à
solutionner les problèmes économiques de l'artiste en augmentant
simplement les budgets affectés à cette forme de soutien.
Comme nous l'avons dit et écrit l'automne dernier, nous
chercherons des solutions aux problèmes dans la perspective d'un
État plus catalyseur que pourvoyeur. Et, tout en continuant à
soutenir directement le créateur et sa production, nous tenterons de
trouver les moyens d'accentuer la diffusion et la visibilité des oeuvres
produites. Car, si nous voulons développer l'art
québécois, dans quelque domaine que ce soit, il me paraît
nécessaire que nous sachions le faire toujours dans le respect de la
personne même du créateur.
En d'autres termes, subventionner une production artistique qui reste
sur les tablettes - si vous me permettez l'expression - n'est ni respectueux,
ni stimulant pour le créateur. Ce que l'artiste souhaite et veut, c'est
de voir ses oeuvres connues, diffusées et, autant que possible,
consommées. Comme certains sondages récents le démontrent,
les Québécois aiment leurs artistes. Donc, il faut faire en sorte
que la production de ces mêmes artistes soit accessible au plus vaste
public.
Évidemment, je pense aussi à une diffusion qui
déborde les frontières culturelles du Québec. À ce
sujet, le ministère a certes un travail à faire pour mettre au
point une stratégie de concertation avec les autres ministères
impliqués. Je pense particulièrement ici au ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique et au
ministère des Relations internationales.
Au chapitre des valeurs sociales, les membres de cette commission auront
été sensibilisés è certains constats. Pour ma part,
je comprends qu'il peut être difficile d'assumer pleinement un rôle
d'artiste ou de créateur en 1986. Toutes ces femmes et tous ces hommes
qui consacrent le meilleur de leurs énergies à la création
artistique sont encore et toujours sans statut social particulier, sans
reconnaissance spécifique comme citoyens ayant un rôle et une
responsabilité particulière dans la société. Cette
absence de reconnaissance sociale engendre inévitablement un climat
d'insécurité qui n'a rien de très valorisant ou de
très gratifiant.
Pourtant, malgré ces conditions, les artistes et créateurs
entendus en commission nous ont réitéré leur grande
passion pour leur profession. Je les crois. Notre société ainsi
que l'État ont le devoir de reconnaître tant au niveau
institutionnel que juridique cette catégorie de citoyens.
L'attitude que j'adopterai, les gestes que je poserai n'auront rien d'un
État protectionniste et discriminatoire par rapport à d'autres
catégories de citoyens. J'ai l'intention de rectifier cette situation
sur la base d'un traitement équitable en prenant comme toile de fond les
diverses recommandations qui m'ont été soumises dans le cadre des
travaux de cette commission et en tenant compte de la compétence des
divers ministères et paliers gouvernementaux.
À titre d'exemple, l'épineux dossier du non-accès
des artistes et créateurs aux programmes de l'assurance-chômage et
du régime de pensions du Canada. J'estime que la concertation nous
permettra de travailler favorablement dans le sens des intérêts
des artistes. Dans un tel contexte, le rôle du ministère des
Affaires culturelles en sera un de coordination, mettant à contribution
d'autres ministères. Pour prendre l'exemple mentionné
tantôt, le ministère de mon collègue
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
sera directement impliqué.
Cette volonté exprimée par notre gouvernement
d'améliorer la qualité de vie de nos artistes se réalisera
dans la mesure d'une capacité de travailler dans un contexte politique,
lequel fera en sorte que des rendez-vous majeurs ne pourront être
manques. Deux exemples suffiront à illustrer mes propos: Le dossier de
la Loi sur le droit d'auteur constitue une priorité pour le gouvernement
du Québec. D'ailleurs, la nécessité de faire pression
auprès du gouvernement canadien afin que l'actuelle Loi sur le droit
d'auteur soit modifiée a été maintes fois soulignée
tout au long de nos travaux en commission parlementaire.
La problématique de ce dossier est bien connue par les deux
ordres de gouvernement.
La Loi actuelle sur le droit d'auteur protège mal les
créateurs et n'offre aucune protection aux interprètes. De plus,
certaines catégories d'oeuvres ne sont pas protégées et
certains droits ne sont pas reconnus aux créateurs, tels les droits de
retransmission, de location, d'exposition, les droits de suite, les droits sur
les logiciels et j'en passe.
En outre, d'autres carences mériteraient également
d'être soulignées mais je me contenterai de dire aujourd'hui qu'un
véritable dialogue franc et direct devra s'établir à court
terme avec le gouvernement canadien. Pour notre part, nous sommes
résolument décidés à voir les choses bouger, afin
de rendre plus équitable cette législation. J'attends donc avec
hâte et impatience le dépôt des projets de loi au niveau du
gouvernement fédéral. Soyez assurés qu'à la
lumière des informations fournies lors de cette commission le
gouvernement québécois assurera les représentations qui
s'imposent. (12 h 45)
L'autre exemple concerne le libre-échange. Plusieurs intervenants
ont exprimé des inquiétudes face à cette question et,
là encore, j'ai apprécié la franchise et la qualité
des interventions relatives à ce dossier fort complexe. Je dirai qu'en
général les artistes et créateurs entendus en commission
souhaitent une attitude de protectionnisme face à l'importation de
produits culturels étrangers. Par ailleurs, plusieurs d'entre eux ont
demandé au gouvernement d'élaborer des moyens afin d'assurer une
meilleure promotion et une plus grande diffusion de nos produits culturels
à l'étranger.
Je crois qu'au chapitre du libre-échange, le gouvernement
québécois devra, dans le secteur culturel, effectuer des
démarches réfléchies avec comme principal leitmotiv les
intérêts de nos artistes.
Au fur et à mesure que le débat sur le
libre-échange progressera, un certain nombre de choix se
présenteront et s'imposeront presque naturellement. Le gouvernement du
Québec assumera alors son rôle de leadership de manière
à défendre le plus efficacement possible le dossier de la culture
et ce dans une perspective globale.
Dans l'ensemble de toutes les démarches nécessaires
à la revalorisation du statut de l'artiste, cette consultation directe
qu'est la commission parlementaire n'est qu'un début que j'appellerais
la phase I. Pour donner suite à ces audiences, en phase II, j'ai
l'intention de mettre sur pied un comité de travail dont le mandat
consistera à analyser les recommandations de tous les mémoires
déposés ainsi que des commentaires et suggestions entendus
à l'occasion de cette commission. Ce comité sera
présidé par mon adjointe parlementaire et excellente
collaboratrice dans le dossier de la culture,
Mme Christiane Pelchat, députée de Vachon. Elle sera
assistée par les députés de Sherbrooke et de Beauce-Nord,
MM. André-J. Hamel et Jean Audet qui se sont vivement
intéressés au dossier depuis le tout début de nos travaux.
Les fonctionnaires du ministère apporteront toute leur expertise
technique dans l'analyse du dossier et dans l'élaboration des voies et
solutions.
J'ai demandé qu'un rapport préliminaire me soit remis pour
la mi-juillet 1986, mon souhait étant d'être en mesure de faire
des recommandations au Conseil des ministres avant la fin de cette
année. Ces recommandations pourraient se traduire, quant à moi,
sous forme de législation. Qui plus est, dans le cadre de la phase II,
des consultations se tiendront avec les divers ministères touchés
par le dossier du statut des artistes. S'il le faut, pour compléter ou
valider des hypothèses de solutions, nous retournerons à la
source en consultant les groupes d'artistes et de créateurs intervenus
en commission. Au fur et à mesure que les consultations et discussions
se dérouleront, des rapports d'étapes me permettront de suivre
étroitement l'évolution du dossier.
M. le Président, voilà donc esquissées mes
premières réactions à la suite de ces six jours de travaux
parlementaires portant sur le statut de l'artiste. J'ajouterai que j'ai
également apprécié la trêve à laquelle nous a
conviés l'Opposition dès le début de nos travaux. En nous
offrant ce temps d'une paix, le climat de nos échanges et interrogations
face à ce dossier aura profité à tous et chacun de nous,
artistes et parlementaires. J'aimerais aussi remercier les
délégués des autres ministères reliés
directement ou indirectement au dossier du statut des artistes. Leur
présence a contribué à une meilleure connaissance du
dossier et nous assure de meilleurs appuis au cours des mois à venir.
Sans doute, leurs conseils et leurs suggestions seront appréciés
par le ministère des Affaires culturelles en vue de résoudre
nombre de problèmes qui ont été portés à
notre connaissance.
En terminant, M. le Président, j'aimerais vous laisser sur une
réflexion de l'écrivain et humaniste Jacques de Bourbon-Busset,
qui situe, selon moi, fort justement la part de responsabilité de
l'État et celle du citoyen pris individuellement. Il disait ceci:
"Donner un sens à la société n'a de sens que pour une
société totalitaire. Ce qui importe, c'est de créer un
cadre d'existence permettant à chacun de donner un sens à sa
propre vie." Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. Il me
reste à remercier d'abord tout le personnel de cette commission qui a
travaillé d'arrache-pied depuis plusieurs semaines à
préparer ces travaux, à résumer des mémoires,
à apporter le support
technique. Alors, Marie Tanguay, secrétaire de la commission,
sincères remerciements- Je veux aussi souligner le climat de travail
dans lequel nous avons vécu depuis dix jours. Cette trêve qui, je
le crains fort, prendra fin vers le milieu de l'après-midi à
cette même commission, nous aura permis de travailler dans un climat de
détente qui était, je le crois, nécessaire aux
travaux.
Pour les amateurs de statistiques - je pense que c'est important, parce
que cette commission constitue une première historique au Québec
- nous avons reçu 50 demandes d'inscription; 48 personnes ou groupes
nous ont fait parvenir des mémoires. Mme ta ministre le soulignait
tantôt, nous avons entendu 37 personnes ou groupes différents.
Enfin, onze personnes ou groupes n'auront pas été entendus, leurs
mémoires auront quand même été distribués aux
membres et lus par les membres de la commission. J'en profite d'ailleurs pour
déposer la liste des personnes et des organismes qui ont fait parvenir
un mémoire à la commission.
Une dernière statistique avant d'ajourner ces travaux, si nous
étions allés jusqu'à 13 heures, Madame la
secrétaire me fait remarquer que nous aurions eu 32 heures et 41
minutes; c'est signe, je pense, que nous avons donné la chance à
tout le monde d'exprimer son point de vue.
Ceci dit, la commission ayant accompli le mandat qui lui avait
été confié par l'Assemblée nationale, j'ajourne les
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 15 h 49)
Étude détaillée du projet de loi
61
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je constate que l'on a quorum. Les gens de l'autre côté
viendront nous rejoindre, me dit-on, dans quelques secondes. Je déclare
la séance ouverte pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec. Est-ce
qu'il y a des remplaçants?
La Secrétaire: II y a M. Brassard (Lac-Saint-Jean) qui
remplace M. Godin (Mercier) et M. Rochefort (Gouin) qui remplace Mme Harel
(Maisonneuve).
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a d'autres
remplaçants du côté ministériel? Pas qu'on
sache?
Une voix: Pas pour nous, M. le Président.
M. Audet: Pas à notre connaissance, M. le
Président-Une voix: Pas pour l'instant.
Le Président (M. Trudel): Voilà! Nous allons
procéder sans plus tarder à l'étude
détaillée du projet de loi 61 en commençant par l'article
1.
M. French: M. le Président, l'article 1...
Mme Juneau: Avant de s'attaquer à l'article 1, M. le
Président, j'aimerais que vous regardiez, dans le livre des
règlements, l'article 244 qui dit que...
Le Président (M. Trudel): Voulez-vous me le citer, le
temps que je le cherche?
Mme Juneau: Oui. "La commission saisie étudie chaque
article du projet de loi et les débats portent sur les détails du
projet. Les amendements doivent se rapporter à son objet et être
conformes à son esprit et à la fin qu'il vise. "Avant
d'entreprendre l'étude détaillée, la commission peut
décider de tenir des consultations particulières dans le cadre de
son mandat."
Sur cet article, M. le Président, j'aimerais bien vous faire part
que plusieurs personnes ont fait mention, ont écrit, ont parlé et
ont fait des conférences de presse. Ici, à l'Assemblée
nationale, plusieurs personnes sont aussi intervenues demandant au ministre
qu'il tienne ces consultations particulières avec des organismes et des
personnes qui soient en mesure de nous éclairer davantage.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, avez-vous une motion à cet effet à présenter?
Mme Juneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): J'apprécierais en
recevoir le texte.
Motion proposant de tenir des
consultations particulières
avec une vingtaine de personnes
et organismes
Mme Juneau: Oui, je vais... Est-ce qu'on a un texte?
La motion se lirait comme suit, M. le Président: "Qu'en vertu de
l'article 244 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale la commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude
article par article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec, tienne
des consultations particulières avec les
organismes et personnes suivants: Le Syndicat des employés de la
Société de radiotélévision du Québec;
l'Association des réalisateurs et réalisatrices de films du
Québec; le président du conseil d'administration de la
Société de radiotélévision du Québec, M.
Lucien Gendron; le président-directeur général de la
Société de radiotélévision du Québec, M.
Jacques Girard - ici présent - les présidents des comités
régionaux de la Société de radiotélévision
du Québec; les directeurs régionaux de la Société
de radiotélévision du Québec pour les régions du
centre du Québec, de l'Estrie, de Québec et de l'Outaouais;
l'Association des médias écrits communautaires du Québec;
l'Association nationale des téléspectateurs; le Centre de
pastorale en milieu ouvrier; le Comité social centre-sud; la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec; la Fédération des femmes; la
Fédération des associations de familles monoparentales du
Québec; l'Institut canadien d'éducation des adultes; la Ligue des
droits et libertés; le Mouvement d'éducation populaire et
d'action communautaire du Québec; le Regroupement des groupes populaires
en alphabétisation du Québec; le Regroupement pour la
défense de la télévision publique; le Syndicat des
employés de production du Québec et de l'Acadie (Radio-Canada):
le Syndicat canadien de la fonction publique; le Syndicat canadien des
journalistes de Radio-Canada; "Que ces consultations particulières
soient tenues par la commission les 3, 4 et 5 juin 1986 à compter de 10
heures, le 3 juin, et que les personnes et organismes mentionnés plus
haut soient convoqués en conséquence."
Voilà la motion, M. le Préaident.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. À sa face même, je
déclare votre motion recevable et je rappelle aux membres de la
commission que chaque membre de la commission aura un droit de parole de dix
minutes sur cette motion puisqu'il s'agit d'une motion de forme et non pas
d'une motion de fond. Mme la députée.
Mme Juneau: Je disais donc, M. le Président, que, depuis
que le ministre a décidé d'aller de l'avant avec son projet de
loi 61 qui modifie de façon très importante le projet de loi 5
qui existait déjà au sujet de la Société de
radiotélévision du Québec, depuis ce temps, dis-je,
plusieurs, je dirais même des centaines, des milliers de personnes se
sont regroupées et ont insisté auprès du ministre pour
qu'il daigne enfin accepter de tenir cette fameuse commission parlementaire
avec audiences publiques, tel qu'il nous l'avait promis durant la campagne
électorale. C'était d'ailleurs un engagement de son parti et de
lui-même. Il y a même eu une conférence de presse qui s'est
tenue à
Montréal la semaine dernière où on a recueilli 40
000 signatures, M. le Président, dans une pétition. Il y avait 25
organismes provinciaux, il y avait 800 organismes régionaux qui ont
demandé que le ministre daigne tenir cette commission parlementaire
parce que tous ces gens croient que la société
Radio-Québec a une très grande importance dans leur quotidien et
toutes ces personnes souhaitaient... Et je suis sûre que le ministre
aurait été très heureux de pouvoir aussi avoir un
éclairage supplémentaire parce que, plus on a d'éclairage,
plus on peut prendre des décisions qui sont plus conformes, plus justes,
plus équitables pour l'ensemble des gens qui, durant leur vie, ou depuis
l'existence de la société Radio-Québec, profitent de cette
culture, de cette Autre télévision, de cette
télévision éducative et de cette télévision
régionalisée qu'est la société
Radio-Québec.
Tous mes collègues, en Chambre, sont intervenus les uns
après les autres pour réclamer cette même commission
parlementaire du ministre et je pense qu'il n'y a pas une personne au
Québec qui n'est pas sensibilisée à cette
radiotélévision. Je pense que le ministre aurait certainement
bénéficié d'un éclairage très important. M.
le ministre, je suis sûre que vous n'êtes pas au courant qu'il y a
même une chambre de commerce qui croyait que vous finiriez par
optempérer à notre demande répétée, qui m'a
même fait différentes hypothèses de travail concernant des
éclairages à vous apporter afin que vous puissiez conserver la
Société de radiotélévision du Québec dans
son entité. Je suis sûre, M. le ministre, que si vous aviez
daigné nous accorder cette commission parlementaire tous ces
intervenants vous auraient apporté certainement des éclairages
très importants et je suis persuadée que vous n'auriez
certainement pas pris l'orientation que vous avez pris là.
Malheureusement, vous avez décidé de vous en tenir à cette
vision très restreinte de ce que votre P.-D.G. vous avait donné
comme information et je pense que, au moment où on se parle, cela vous
suffit, mais je trouve cela malheureux, M. le ministre, que vous ne soyez pas
assez ouvert pour au moins accepter d'entendre les personnes dont je vous ai
fait mention tout à l'heure. Ces personnes ont toutes et chacune un but
très précis pour vous demander cette commission parlementaire et
je suis sûre que toutes et chacune de ces associations... Même M.
Girard aurait pu venir ici nous informer d'autres choses peut-être qu'on
n'a pas eu le plaisir d'entendre parce que la seule fois où on a.
été en mesure d'entendre M. Girard cela a été lors
des crédits. (16 heures)
Une voix: À l'ordre!
Mme Juneau: J'aimerais ça, et je pense que beaucoup de
personnes auraient été en
mesure d'écouter comment M. Girard, depuis son accession comme
président-directeur général, comment son travail et le
travail de ses administrateurs ont fait qu'aujourd'hui on peut se vanter que la
Société de radiotélévision du Québec est en
progression. Et je suis sûre que, si le P.-D.G. était venu ici, il
nous aurait informés et aurait informé le ministre
d'éclaircissements qu'on aurait eu besoin d'entendre, M. le ministre. Je
trouve regrettable que vous vous confiniez simplement à une
décision prise antérieurement et que vous ne vouliez pour aucune
raison daigner écouter la voix du public. On aurait eu aussi
certainement le plaisir... Et j'ai même demandé lors des
crédits si M. Lucien Gendron était présent, vous vous en
souvenez, j'en suis sûre, et je suis certaine que M. Lucien Gendron
aurait aussi eu des choses à déclarer, lors de ces audiences
publiques. Cela aurait été certainement très
éclairant pour les membres de la commission de la culture.
J'ai assisté sporadiquement à la commission de la culture
sur le statut de l'artiste et il y a même certaines associations qui sont
venues nous déclarer que la société Radio-Québec
avait de l'importance. Je pense, entre autres, aux producteurs de films, je
pense... Je ne suis pas sûre de l'association mais, en tout cas, ils sont
venus nous dire, eux aussi, l'importance de Radio-Québec. En ce sens, M.
le Président, M. le ministre par ricochet, je pense que cela aurait
été très important et très éclairant pour
tous et chacun -même pour votre formation politique, non seulement pour
la mienne, mais pour votre formation politique - de pouvoir croire que le
ministre était très ouvert et acceptait que nous puissions
entendre tous ces gens que je vous ai mentionnés tout à l'heure.
Donc, M. le ministre, j'espère encore aujourd'hui, avec tout ce qu'on
pourra faire, dire ou mentionner, que vous serez plus ouvert que vous ne l'avez
été et que vous pourrez accepter que nous puissions entendre tous
ces gens.
Je me souviens très bien, M. le Président, que votre
formation politique avait demandé, lors de l'étude de la loi 5 en
1979, de tenir une commission parlementaire, à laquelle on a
acquiescé de bonne grâce. À ce moment-là, on avait
fait une liste des intervenants qui devaient se présenter à la
commission et intervenir sur le sujet. Étant donné que votre
formation politique nous a demandé, à l'époque, de faire
venir d'autres associations, qu'elle trouvait qu'elle n'était pas assez
bien informée, nous avons accepté de bonne grâce que toutes
ces personnes soient entendues. Pourquoi? Dans un seul but, le but ultime de
faire en sorte que les membres de la commission soient bien
éclairés, que la décision à prendre soit prise dans
un maximum d'éclairage et que ce soit vraiment la bonne
décision.
En ce sens - M. le Président, j'imagine que mes dix minutes se
terminent dans les quelques secondes qui suivent - ...
Le Président (M. Trudel): Vous calculez fort juste, vous
avez encore quelques secondes.
Mme Juneau: ...j'espère que mes collègues et moi
nous parviendrons à ce but ultime - que le ministre daigne accepter
d'entendre toutes ces personnes pour un meilleur éclairage et pour une
décision qui va lui rendre la vie beaucoup plus facile, j'en suis
persuadée.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais
évidemment appuyer sans la moindre réserve la motion que ma
collègue de Johnson vient de faire et qui m'apparaît tout à
fait pertinente. Je pense qu'il est de notre devoir, en tant qu'Opposition, de
faire un ultime effort auprès du ministre pour tenter de le convaincre
qu'il y a lieu et qu'il est même nécessaire dans les circonstances
que cette commission parlementaire de la culture, qui est habilitée
à étudier le projet de loi sur Radio-Québec, puisse
entendre les intervenants qui ont manifesté l'intention d'exprimer leur
point de vue.
M. le Président, dans notre système parlementaire et dans
notre société démocratique, je pense que tout le monde
convient que la commission parlementaire est un instrument, une institution
appropriée, un forum en quelque sorte, pour permettre aux intervenants
intéressés d'exprimer leur point de vue et d'échanger avec
les élus du peuple, avec les parlementaires. Je pense que tout le monde
reconnaît, et c'est maintenant une pratique courante depuis plusieurs
années, que la commission parlementaire est un lieu démocratique
privilégié pour les organismes et les divers intervenants, les
agents du milieu qui désirent faire entendre leur point de vue aux
parlementaires, aux élus.
Nous aurions préféré, bien sûr, je le dis
tout de suite en commençant, que cette possibilité pour les
intervenants de se faire entendre puisse avoir lieu avant l'étude du
principe du projet de loi, ce qu'on appelait autrefois la deuxième
lecture. C'est préférable, évidemment, que l'on puisse
entendre les intervenants avant même que l'Assemblée nationale se
prononce sur le principe d'un projet de loi. Mais cet appel n'a pas
été entendu, comme on le sait. Le ministre a refusé la
tenue de cette commission parlementaire et le débat sur le
principe, finalement, a eu lieu en Chambre et on connaît
également le vote qui s'est tenu hier à l'Assemblée
nationale.
Toutefois, l'article 244 de notre règlement, même une fois
le principe adopté, permet à la commission parlementaire
appropriée, celle de la culture, en l'occurence, de procéder
à ce qu'on appelle une consultation particulière à
l'occasion d'une motion où l'on peut indiquer de façon
précise dans la motion, comme l'a fait ma collègue de Johnson,
les intervenants, les organismes qu'on souhaite voir devant nous et qu'on
souhaite voir témoigner sur le projet de loi.
Je répéterai certaines choses qui ont été
dites, mais je pense qu'il y a lieu de les redire ici. C'est tout à fait
pertinent. Le projet de loi, malgré le peu d'articles qu'il comporte,
est un projet de loi important et il procède à ce que j'appelle
un véritable bouleversement des structures mêmes de
Radio-Québec, en particulier, à des changements majeurs de son
conseil d'administration, mais également à des modifications tout
aussi fondamentales au volet régional de Radio-Québec.
C'est donc un virage fondamental. C'est un projet de loi qui comporte
seulement neuf articles, mais c'est un projet de loi qui fait opérer un
virage fondamental à Radio-Québec. En ce sens-là, il nous
apparaît essentiel que l'on puisse, à tout le moins, entendre les
organismes qui ont manifesté leur intention d'être entendus
là-dessus. Il ne s'agit pas pour l'Opposition de présenter une
motion pour la forme, même si c'est une motion de forme en vertu de nos
règlements. Il ne s'agit pas d'une formalité, il s'agit de
reconnaître que des organismes représentatifs dans la
société québécoise ont exprimé clairement
leur volonté d'être entendus sur cette question-là, sur ce
projet de loi. Il nous paraît tout à fait démocratique que
la commission parlementaire accède à cette demande. Cela ne
prendra pas une semaine, quinze jours. En trois jours, comme l'indique la
motion, on pourrait, je pense, entendre le point de vue des organismes
cités dans la motion pour ensuite, à partir de cet
éclairage, comme le mentionnait ma collègue de Johnson,
procéder à l'étude, article par article, à
l'étude détaillée du projet de loi.
Je me demande à ce sujet-là pourquoi cet acharnement ou
cette résistance, cet entêtement du ministre. Je parviens
difficilement à la comprendre, il nous a habitués dans le
passé, pourtant, à un comportement différent. J'ai connu
le député de Westmount comme étant un parfait
démocrate, soucieux de permettre aux intervenants, aux agents
socio-économiques de s'exprimer, de se faire entendre. Je pense qu'alors
qu'il était dans l'Opposition, en tout cas, son comportement
était parfaitement démocratique. Or, voici que, devenu ministre
des Communications responsable de Radio-Québec, il fait preuve d'un
entêtement qu'on pourrait qualifier de borné. II se refuse
farouchement, catégoriquement à toute forme de consultation,
prétextant - c'est ce que je ne comprends pas, et j'aimerais bien
l'entendre là-dessus - qu'après coup, une fois que le projet de
loi sera adopté, on pourra procéder à une commission
parlementaire. Cela m'apparaît tout à fait absurde et
insensé comme façon de voir les choses. Ce n'est pas lorsque la
réforme proposée sera faite et adoptée de façon
définitive qu'une commission parlementaire va être
nécessaire, qu'il sera utile d'entendre le point de vue des
intervenants. C'est avant que le processus législatif soit
complété qu'il faut permettre aux intervenants de se faire
entendre. J'aimerais bien entendre le ministre à ce sujet-là.
De quoi a-t-il peur? Qu'est-ce qu'il craint face à cette demande
légitime des intervenants? On n'a pas indiqué ici toute la liste
des intervenants et des organismes qui ont demandé à se faire
entendre. Il y a 25 organismes provinciaux et 800 régionaux. Il est
évident qu'on n'a pas listé tous ces organismes-là. On a
identifié un certain nombre d'organismes qui nous apparaissent
importants. De quoi le ministre a-t-il peur? Pourquoi se refuse-t-il? Qu'est-ce
qu'il craint? Est-ce qu'il craint d'être convaincu? Est-ce qu'il a peur
qu'on le persuade? Que les intervenants, en venant témoigner devant la
commission, réussissent à le persuader, à le convaincre
qu'il fait fausse route?
Je comprends mal la crainte et la peur du ministre face à cette
demande d'une commission parlementaire de la part des intervenants. D'autant
plus - et je voudrais conclure là-dessus - que c'est, encore une fois,
l'Opposition qui donne l'occasion - on l'a fait plusieurs fois et je trouve que
nous sommes magnanimes - au Parti libéral de respecter son programme. On
l'a fait plusieurs fois, on lui en a donné l'occasion plusieurs fois.
Comme on a beaucoup de grandeur d'âme et de
générosité, on revient encore à la charge et, en
vertu de nos règles de fonctionnement, on donne de nouveau l'occasion au
ministre et au Parti libéral de respecter son engagement. Pendant la
campagne électorale, il s'était engagé à tenir une
commission parlementaire sur Radio-Québec, sur sa vocation, sur ses
orientations. C'était une promesse pour le moins réalisable,
contrairement à bien d'autres qui ont été faites
également pendant la campagne électorale. Là, au moins, on
est en face d'une promesse bien faisable. La faisabilité ne fait aucun
doute. On donne de nouveau l'occasion au Parti libéral de respecter au
moins un élément de son programme, de sa plate-forme
électorale et d'entendre les organismes, tel que mentionné dans
la motion de ma collègue de Johnson.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le député de
Saint-Jacques. (16 h 15)
M. Boulerice: Je suis particulièrement déçu
moi aussi de l'attitude du député de Westmount et ministre des
Communications, déçu de son attitude vraiment obstinée de
refuser une commission parlementaire sur un sujet aussi capital, l'avenir de
Radio-Québec. C'est d'autant plus paradoxal que sa collègue, la
ministre des Affaires culturelles et vice-première ministre du
Québec, acceptait une commission parlementaire sur le statut juridique
de l'artiste en se disant que c'était un sujet où l'ensemble du
Québec pouvait s'exprimer et cela s'est fait -d'ailleurs - d'une
façon extraordinaire.
Quant à moi, Radio-Québec - qui est le
télédiffuseur national du Québec - appartient à
tous les Québécois. Je trouve regrettable que sur un sujet aussi
fondamental que l'orientation, la direction et l'administration de
Radio-Québec vous vous en teniez, M. le ministre, à cette
attitude rigide, stricte, sans aucune souplesse, ce qui est à
l'opposé -d'ailleurs - de votre collègue. Cela serait
peut-être heureux que vous vous en inspiriez et surtout quand on regarde
les consultations particulières et les organismes et personnes qui
seraient appelés à témoigner à cette
commission.
Entre vous et moi, M. le Président, ce n'est pas des "deux de
pique" les gens qui vont venir là. Vous avez la Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec. Ma
collègue députée de Johnson l'a dit. La
Fédération des femmes. Est-ce que cela compte pour vous ces
gens-là comme interlocuteurs dans une discussion sur l'avenir de
Radio-Québec? L'Institut canadien d'éducation des adultes. Je
pense qu'il a un mot important à dire en formation permanente, surtout
qu'en plus de sa mission culturelle Radio-Québec a une mission
éducative très importante. Le Mouvement d'éducation
populaire et d'action communautaire du Québec. Ces gens ne sont pas des
"deux de pique." La Ligue des droits et libertés. Vous êtes en
train, du revers de la main, de balayer des associations à
caractère national au Québec qui sont composées de gens
qui ont fait avancer le Québec sur beaucoup de sujets pendant de
nombreuses années et à ces gens vous dites avec une arrogance -
que je ne vous connaissais pas, je suis vraiment désolé de le
constater; je me sui3 peut-être trompé durant le temps que je vous
ai cotoyé géographiquement dans une partie de Montréal -
vous êtes en train de dire à ces gens que vous n'avez absolument
aucun intérêt et que votre décision est ferme. Elle est
là. Il n'est pas question qu'ils viennent apporter de la
réflexion à une décision qui a été prise
dans la noirceur du "bunker" avec, d'ailleurs, des décideurs qui sont
qui là-dedans? M. le ministre, je suis presque obligé de vous
poser la même question que je vous ai posée à
l'Assemblée nationale, hier ou avant-hier - malheureusement, vous
étiez absent. Il faut croire qu'encore une fois vous ne voulez pas
écouter ce qui se dit sur Radio-Québec. Par contre, moi, j'ai
écouté votre réplique.
M. le Président, il y a une décision qui est
annoncée par le ministre des Communications et le ministre des
Communications ne s'est pas gêné - à un moment donné
- pour parler de solidarité ministérielle. Quand on dit
solidarité ministérielle, c'est bien parce qu'on ne partage pas
entièrement ou tout à fait - en tout cas - la décision qui
a été prise. Cette commission parlementaire nous permettrait
probablement d'entendre ceux qui véritablement ont pris la
décision d'imposer une coupure aussi arbitraire à
Radio-Québec et qui sont te premier ministre et le président du
Conseil du trésor. Cela nous permettrait de les entendre, eux, tout au
moins, si vous vous ne voulez pas répondre aux questions qui sont
posées quant à Radio-Québec. Vous êtes en train de
balayer du revers de la main une somme de travail considérable qui s'est
faite et vous rayez de la carte une existence de Radio-Québec, une
existence qui a été estimée profitable par plusieurs
intervenants au cours de la commission parlementaire qui vient de se terminer
sur le statut juridique de l'artiste. Tout le monde a témoigné de
l'importance d'avoir Radio-Québec dans sa région. Tout le monde a
témoigné - ceux qui en ont parlé, c'est bien entendu -
tous ceux qui en ont parlé ont bien dit qu'à la minute où
ces centres de production... Il ne faut pas confondre, parce que ce qui va
rester c'est ce qu'on appelle en américain des "brass plates", des
espèces d'annonce: Ici est le siège de... Mais à
l'intérieur il n'y a rien, c'est du carton-pâte, c'est un
décor, il n'y a plus rien. Il y a une personne, deux personnes, c'est
tout. Il y a un téléphone et, encore là, on n'y
répond peut-être pas.
Tous les gens, dont d'ailleurs l'Association des réalisateurs et
réalisatrices de films, si je ne me trompe pas, ont dit en commission
parlementaire qu'avec le départ de ces centres de production, à
l'intérieur des régions du Québec, les régions du
Québec perdraient de façon irrémédiable des
expertises et des compétences dans le domaine
radiotélévisuel au Québec. Je pense que vous ne pouvez pas
balayer cela du revers de la main et être complètement insensible
à cette perte irréparable pour le Québec de
compétences dans des domaines qui sont des domaines d'avenir et des
domaines de pointe.
Vous êtes en train, M. le ministre, de donner très
arbitrairement, sans aucune
consultation et sans aucune discussion publique, comme le serait une
commission parlementaire, un sens à Radio-Québec, C'est dommage
que je n'aie pas avec moi le texte final de clôture de la commission
parlementaire puisque je vous renverrais de nouveau votre collègue, la
vice-première ministre.
M. Rochefort: On peut suspendre pour aller le chercher.
M. Boulerice: On peut suspendre pour aller le chercher?
Une voix: Non.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Elle disait justement que c'étaient les
États totalitaires qui donnaient un sens à la culture. Moi, je me
dis: Pourquoi aller dans une voie contraire à celle indiquée par
la vice-première ministre et de vouloir imposer vous-même, de
votre propre autorité ministérielle, commandée sans doute
par un président du Conseil du trésor peu amateur de L'autre
télévision, je ne sais pas...
Je trouve vraiment, encore une fois, déplorable, M. le ministre,
que vous ne consentiez pas à associer le plus grand nombre possible de
Québécois et de Québécoises, qui sont les
véritables propriétaires de Radio-Québec, à une
décision qui va modifier considérablement le sens, et je le
répète, les directions que ces Québécois ont voulu
pour Radio-Québec puisque Radio-Québec existe depuis une bonne
vingtaine d'années.
Je ne sais pas dans quelle mesure mon appel va être vain. Je vois
d'ailleurs une oreille distraite à mes propos, un peu comme mon
collègue de Lac-Saint-Jean, avec l'énergie du désespoir,
espérait que, même à 99, la démocratie puisse
continuer de se pratiquer au Québec.
M. le Président, il me reste une minute trente-sept et je vais
bien les prendre, ne vous inquiétez pas, à moins que vous
puissiez concurrencer la technologie japonaise qui, elle, avance parce qu'eux
n'hésitent pas à investir dans des domaines comme
celui-là, dont notamment la radiotélévision.
Je trouve encore une fois, M. le Président, extrêmement
regrettable la décision de ne pas vouloir tenir de commission
parlementaire sur Radio-Québec. Donner un sens à la
société... Je cite un écrivain humaniste, M. Jacques de
Bourbon-Busset, qu'empruntait Mme la vice-première ministre ce matin.
J'aurais préféré qu'elle cite un auteur
québécois, mais enfin! Elle reprenait une phrase de M. Jacques de
Bourbon-Busset qui situe, disait-elle fort justement, la part de ia
responsabilité de l'État et celle du citoyen pris
individuellement. Donner un sens à la société, dit-il, n'a
de sens que pour une société totalitaire. Ce qui importe, c'est
de créer un cadre d'existence permettant à chacun de donner un
sens à sa propre vie.
Cela pourrait, avec les intervenants qu'on a
énumérés ici et qui, je vous le répète, ne
sont pas des "deux de pique", nou3 permettre de donner à
Radio-Québec un sens et non pas d'aller uniquement dans le sens que vous
voulez bien donner et que Mme la vice-première ministre associait,
d'ailleurs, à juste titre, à une société
totalitaire. Je vous en remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Avant de céder la parole au
député de Gouin, qui ne l'a pas encore demandée, mais je
suis convaincu qu'il va le faire, je pense qu'on peut au moins convenir d'une
chose, M. le député de Gouin: le personnel de la commission est
apolitique et on pourrait se contenter d'un chronomètre à moins
de convenir d'une façon de faire partir les deux chronomètres
exactement à la seconde près. Je persiste dans mon impression que
le chronomètre de la commission est au moins aussi valable que celui des
représentants de votre formation.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement je vous dirai que loin de moi l'intention de contester
l'objectivité, l'impartialité et la non-partisanerie du personnel
de votre commission, de même que celle de toutes les commissions de notre
Assemblée et celle de l'Assemblée elle-même. Il s'agit
simplement de l'utilisation d'un instrument de travail qui nous permet de mieux
concentrer nos interventions dans les délais que nos règlements
que vous êtes chargé d'appliquer nous demandent de respecter pour
faire en sorte que notre Assemblée puisse suivre son cours normal dans
le cadre des règles qu'elle s'est données à
l'unanimité de ses membres. Je suis convaincu que nous avons tous les
deux d'aussi bons chronomètres et qu'on arrivera sûrement,
j'espère avant le 21 juin, à une adoption du projet de loi, si
telle en est la décision des membres de la commission et de
l'Assemblée.
Le Président (M. Trudel): Très bien, M. le
député. Alors, faites partir votre chronomètre! Vous avez
dix minutes.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, je vous remercie de me
donner la parole pour que je puisse à mon tour m'associer à ma
collègue la députée de Johnson, à mon
collègue le député de Lac-Saint-Jean qui est aussi whip de
notre formation ainsi qu'à mon collègue le député
de Saint-Jacques qui est
encore une fois présent à une commission de la culture
après avoir passé quelques semaines avec vous, d'ailleurs,
à entendre l'ensemble des intervenants qui voulaient se faire entendre
en ce qui concerne le statut de l'artiste.
M. le Président, l'objet de la motion qui est faite aujourd'hui
par la députée de Johnson vient, comme le disait mon
collègue de Lac-Saint-Jean, une dernière fois tendre la main aux
députés ministériels ainsi qu'au ministre des
Communications pour qu'enfin, une fois pour toutes, ils aient l'occasion
d'appliquer rigoureusement le programme, la plate-forme et la promesse
électorale qu'ils ont faite à l'ensemble des
Québécois et des Québécoises au cours de la
dernière campagne électorale, au cours de laquelle ils avaient
promis, écrit noir sur blanc - c'était d'ailleurs leur premier
engagement en matière de communications et d'affaires culturelles, sauf
erreur - deux choses concernant Radio-Québec. La première chose
était que le budget de Radio-Québec soit gelé au niveau
qu'il était sous un gouvernement du Parti québécois
jusqu'au 2 décembre dernier. La deuxième chose était
qu'aucune compression budgétaire et qu'aucune décision, de
quelque nature que ce soit, entourant Radio-Québec, ses orientations,
ses objectifs, son mandat et, évidemment, son budget ne serait prise
avant qu'une commission parlementaire soit tenue et à laquelle seraient
invités tous ceux et toutes celles qui, au Québec, ont
l'intention de donner leur opinion et de faire part de leurs attentes, de faire
part du jugement qu'ils portent sur la façon dont Radio-Québec
s'acquitte, pourrait et devrait s'acquitter de sa tâche dans les
prochaines années.
On voit encore, sur cette question comme sur de nombreuses autres
questions, qu'on assiste à une promesse qui est déchirée,
à une promesse qui est jetée dans les fonds de poubelles. Ce
n'est pas trois, quatre ou dix ans après la campagne électorale,
c'est à peine quatre mois et demi après la campagne
électorale au cours de laquelle cette promesse a été faite
et pour laquelle un mandat précis, clair, on ne peut plus solide, a
été donné au Parti libéral du Québec pour
appliquer l'ensemble de son programme électoral. . Non seulement
aujourd'hui les députés ministériels viennent renier leur
parole, viennent illustrer jusqu'à quel point nous avons assisté
d'une certaine façon, pourrions-nous nous interroger, à une
certaine forme de fraude électorale en décembre dernier puisqu'on
s'est fait élire sur la base de promesses qu'on ne remplit pas, qu'on
déchire et qu'on jette à la poubelle dans les semaines et les
mois qui suivent, non seulement ces députés viennent aujourd'hui
déchirer cette promesse, jeter par-dessus bord les mandats qu'ils ont
sollicités et qu'ils ont obtenus des Québécois et des
Québécoises de façon massive, mais ces
députés sont tout à coup muets. (16 h 30)
Je vois devant moi le député de Sherbrooke qui devrait
normalement prendre position sur cette motion puisque le projet de loi pour
lequel il veut appuyer le ministre vient couper la station régionale de
l'Estrie et, sauf erreur, à moins que l'élection du 2
décembre dernier ait changé des choses au Québec dont on
n'ait pas trop vu les effets jusqu'à aujourd'hui, Sherbrooke, c'est le
coeur, c'est la capitale de la région de l'Estrie au Québec, et
ce député est muet. Il est très volubile en campagne
électorale pour prendre des engagements comme quoi Radio-Québec
serait maintenue, que ses budgets seraient totalement protégés et
qu'on ne ferait rien avant d'avoir tenu une commission parlementaire. Mais,
aujourd'hui, il regarde le ministre béatement déchirer et jeter
la promesse à la poubelle et le député est muet. Il reste
coi.
On peut en dire tout autant du député de Beauce-Nord, qui
est un député de la région de Québec. Cette
région est également une région qui se voit non seulement
coupée dans sa station régionale de Radio-Québec mais qui
voit, elle aussi, comme toutes les régions du Québec, son
comité régional aboli, mis au rancart, sans qu'on lui permette de
venir nous dire si tel était le voeu, si tel était le souhait des
gens de la région de Québec. Là-dessus, également,
le député de Beauce-Nord faisait des promesses pendant la
campagne électorale. Mais, aujourd'hui, il assiste discrètement
discrétion, c'est même un euphémisme, dans son cas - dans
une discrétion absolue à l'opération visant à
mettre fin à L'autre télévision dans sa région,
visant à mettre fin aux aspirations des gens de la région de
Québec, à leur participation, à l'animation de ce que doit
être et de ce qu'a été et que pourrait continuer
d'être la Société de radiotélévision du
Québec dans sa propre région.
On pourrait en dire tout autant du député d'Arthabaska,
qui est député de la région de la Mauricie-Bois-Francs,
qui, lui aussi, vient appuyer le ministre pour fermer la station
régionale de la Mauricie-Bois-Francs, pour abolir le comité
régional dont peut-être plusieurs de ses membres sont de ses amis
ou de ses connaissances. Encore une fois un député qui a
été élu pour se taire à Québec, un
député à qui on a dit: Surtout n'interviens pas.
Probablement, telle est la directive de son chef, le député de
Saint-Laurent, mais tel n'est pas le souhait, le mandat et la directive des
électeurs de son comté. Ce n'est pas ce qu'il a promis aux gens
de son comté au cours de la campagne électorale, de venir
à Québec pour se taire à chaque fois que les
intérêts des gens de son comté et de sa région
seront attaqués.
M. le Président, on pourrait également
dire la même chose du député de Labelle, du
député de Saint-Henri, de la députée de Matane qui,
eux, ont peut-être temporairement réussi à protéger
le bureau régional. Mais le comité régional, chez eux,
sera également aboli d'autorité cavalièrement. Cela fera
en sorte que les gens de leur région, qui ont participé au
processus électoral qui les a amenés ici à Québec,
ne seront pas en mesure de participer à l'orientation des dimensions
régionales de la Société de radiotélévision
du Québec dans leur région.
On pourrait en dire tout autant de la députée de Vachan
qui, en plus, est adjointe parlementaire de la ministre des Affaires
culturelles. Là il y a vraiment encore plus grave: une adjointe
parlementaire à la ministre des Affaires culturelles qui, de
surcroît, est vice-première ministre du Québec qui reste
totalement discrète sur des projets de loi d'aussi grande
importance.
J'espère que ces mêmes députés auront au
moins la cohérence et la cohésion d'être tout aussi
discrets au cours de la prochaine campagne électorale, quand viendra le
temps de prendre de nouveaux engagements électoraux pour leur
région, pour leur comté, pour leur formation politique, parce
que, s'ils ne restent pas tout aussi discrets pendant la prochaine campagne
électorale qu'ils le sont aujourd'hui, on se fera un devoir d'aller
faire, au vu et au su de tous, leur bilan dans leur région et de montrer
jusqu'à quel point ces gens ont trahi le mandat qu'ils ont
sollicité et qu'ils ont obtenu.
M. le Président, je pourrais continuer longuement sur la
proposition de ma collègue, la députée de Johnson, pour
venir appuyer ses démarches visant à faire comparaître plus
d'une quinzaine d'organismes parmi les plus importants du Québec autour
du projet de loi. Mais je considère que ma collègue, la
députée de Johnson, a fait une omission de taille.
Motion d'amendement
Pour cette raison, je déposerai une motion d'amendement à
la motion de la députée de Johnson. J'ai le texte ici et que je
vous le ferai parvenir immédiatement après en avoir fait la
lecture. Il s'agirait d'amender la motion de Mme la députée de
Johnson, qui a omis d'ajouter un organisme important. Donc ma motion, M. le
Président, se lirait comme suit: "Ajouter le Comité de la
consultation sur la politique familiale à la liste des organismes
compris dans la motion de Mme la députée de Johnson". M. le
Président, je vous dépose l'amendement et dès que vous
m'aurez autorisé je serai en mesure de le présenter plus
largement à mes collègues de la commission pour tenter d'obtenir
leur appui, non seulement à la liste de Mme la députée de
Johnson, mais à ce nouvel organisme très important qui s'est
déjà prononcé sur le sujet qui retient notre attention
aujourd'hui.
Le Président (M. Trudel): Merci, le député
de Gouin, Si vous me permettez, M. le... Je suis certain...
M. Rochefort: On peut suspendre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): On ne suspendra pas. Vous me
permettrez de prendre quelques secondes.
M. Rochefort: Simplement, M. le Président, si tel n'est
pas votre souhait de suspendre, je voudrais solliciter de votre part la
permission, si jamais vous vous questionnez quant à la
recevabilité de cette motion d'amendement, de plaider de part et d'autre
sur la recevabilité, si jamais vous avez des interrogations, avant que
vous rendiez une décision.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, je vais suspendre pour deux minutes.
M. Rochefort: Merci. Mais, M. le Président, on s'entend
sur le fait que si vous vous questionnez sur la recevabilité vous
accepterez, comme le veut la pratique et la tradition, qu'au moins je puisse
plaider sur la recevabilité de cette motion.
Le Président (M. Trudel): Si je rejetais cette motion vous
pourriez plaider sur...
M. Rochefort: La recevabilité. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): ...représentants par
parti.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, m'appuyant sur ce que ne dit pas l'article 196 qui dit. que, "sauf
disposition contraire, toute motion de fond peut être amendée",
comme je ne trouve pas et que nous ne trouvons pas d'article qui exclut
spécifiquement les amendements possibles aux motions de forme - et on
est à une motion de forme - je vais accepter votre amendement compte
tenu qu'il ajoute à la motion de la députée de
Johnson.
Voulez-vous plaider immédiatement sur votre amendement?
M. Rochefort: Je ne veux pas plaider sur la recevabilité,
puisque vous le recevez,
mais oui, à présent, je souhaiterais pouvoir utiliser mes
vingt minutes sur l'amendement que j'ai déposé.
Le Président (M. Trudel): Vingt minutes sur?
M. Rochefort: Ah! Dix minutes, excusez-moi.
M. le Président, l'amendement que je viens de faire à la
proposition de la députée de Johnson, que, faut-il le dire,
j'appuie, est dans le but de la compléter pour être vraiment
encore plus en mesure de l'appuyer.
M. le Président, cet amendement a pour but d'ajouter à la
liste des nombreux organismes que nous souhaitons entendre ici, en commission
parlementaire, le Comité de la consultation sur la politique familiale
que le gouvernement du Québec avait institué et qui a parcouru le
Québec à au moins deux reprises, qui a eu l'occasion d'entendre
tous les organismes familiaux du Québec sans exception, qui a soumis un
rapport solide, un rapport crédible, un rapport qui, dès
aujourd'hui déjà, fait autorité dans son domaine.
D'ailleurs, la ministre de la Santé et des Services sociaux, qui est la
ministre responsable de la Politique familiale au sein de son gouvernement, a
fait procéder à un dépôt officiel formel à
l'Assemblée de ce rapport, montrant ainsi toute l'importance qu'elle
accordait au contenu du rapport.
M. le Président, ce Comité de la consultation sur la
politique familiale, qui est composé de trois personnes, mais qui est
représentatif puisqu'il a consulté à deux reprises tous
les organismes familiaux du Québec, en arrivait, dans l'ensemble des
recommandations qu'il a présentées au gouvernement du
Québec et, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale du
Québec, à une recommandation, la recommandation 71, que, je
l'espère, la ministre de la Santé et des Services sociaux a eu
l'occasion de transmettre à son collègue, le député
de Westmount et ministre des Communications. Donc, dis-je, M. le
Président, à sa recommandation 71, il disait ce qui suit: "a) Que
soient préservés le statut et la mission éducative et
culturelle de Radio-Québec" et, au point b), M. le Président:
"Que sa vocation - on parle de la vocation de Radio-Québec -
régionale soit renforcée, de telle sorte que les familles de
toutes les régions du Québec puissent bénéficier
d'une télévision éducative qui reflète leurs
réalités."
Or, M. le Président, j'imagine bien qu'un groupe aussi
sérieux, qu'un groupe crédible, qu'un groupe qui a fait consensus
quant à sa composition, partout au Québec, tant au niveau des
formations politiques que des organismes familiaux qui étaient
directement concernés par les travaux de ce groupe, qui, dans un rapport
considérable sur la politique familiale, vient déposer une
recommandation comme on retrouve à a) et b) ne peut avoir fait une telle
recommandation sans avoir bien étudié la question.
Deuxièmement, compte tenu qu'il s'agit d'un rapport qui fait écho
à des représentations des groupes, compte tenu qu'il s'agit d'un
rapport qui a été élaboré, rédigé et
conçu après deux tournées de consultations qui se sont
effectuées dans toutes les régions du Québec et
auprès de tous les organismes familiaux du Québec, c'est
sûrement, M. le Président, une recommandation qui reflète
non seulement un besoin, non seulement une demande, mais une
préoccupation fondamentale des familles du Québec.
M. le Président, il faut non seulement permettre aux organismes
contenus à la motion de Mme la députée de Johnson
d'être entendus ici avant que nous allions plus avant dans l'étude
du projet de loi 6.1, mais il faut absolument que nous ajoutions le
Comité de la consultation sur la politique familiale pour qu'il vienne
non seulement nous présenter le sens des recommandations 71a et 71b,
mais pour qu'il vienne bien nous expliquer comment il en est venu à
retenir ces deux recommandations faites au gouvernement, donc au premier
ministre, à la ministre de la Santé et des Services sociaux et
aussi au ministre des Communications, qui est membre du gouvernement du
Québec.
M. le Président, il est absolument - je le répète -
de première importance que cet organisme puisse se faire entendre. Je
n'ai pas proposé que les organismes familiaux de la région de
l'Estrie ou de la région de Québec ou de la région de la
Mauricie-Bois-Francs ou de la région de l'Outaouais soient
particulièrement entendus; ils auraient peut-être eu plus raison
que les autres d'être entendus, compte tenu que, non seulement ils ont
fait des recommandations au Comité de la consultation sur la politique
familiale en ce sens, mais qu'en plus ils vivent dans des régions qui
écopent, aujourd'hui, d'une décision autoritaire et
cavalière qui est celle d'abolir carrément, de fermer, de mettre
la clé sous la porte des stations régionales que nous retrouvons
dans leur région. Je souhaite qu'au minimum l'organisme
panquébécois qui les a écoutés, qui les a
consultés et qui a été en contact étroit et suivi
avec eux, au cours des deux dernières années, puisse au minimum
venir dire ce qu'il a entendu, non seulement dans ces quatre régions,
mais dans toutes les régions du Québec, de façon à
bien faire comprendre à tous les membres de la commission,
particulièrement au ministre des Communications, pourquoi il souhaite
que Radio-Québec, dans sa mission éducative et culturelle, soit
maintenue et que sa vocation régionale soit respectée,
renforcée et développée afin qu'elle puisse ajouter
à cette dimension éducative et culturelle dont les
familles ont besoin, que les familles ont souhaité voir maintenue
et développée.
Le Comité de la consultation sur la politique familiale vient de
déposer son rapport; il est tout récent, tout chaud: avril 1986.
Ce serait d'ailleurs sûrement la première fois que l'on
permettrait à ce groupe de venir en commission parlementaire pour nous
présenter au moins un chapitre de son rapport, qui est un chapitre
sûrement très important puisqu'il s'agit d'un dossier sur lequel
le gouvernement, en toute urgence, en toute catastrophe, est intervenu dans les
tout premiers mois de son mandat en coupant 8 000 000 $ au budget de
Radio-Québec, en fermant quatre stations régionales et en mettant
fin aux activités des comités de toutes les régions du
Québec.
M. le Président, non seulement il faut que les groupes pour
lesquels la députée de Johnson a fait une motion que j'appuie
soient entendus ici même, mais il faut absolument que ceux et celles qui
défendent - et qui y sont sensibles de façon particulière
- les préoccupations des familles du Québec, les aspirations et
attentes des familles du Québec et des organismes qui les
représentent qui, chaque jour, souvent bénévolement, les
défendent, les représentent et font en sorte que ce noyau
essentiel à la vie et à l'avenir de la société
québécoise que sont les familles du Québec soit de mieux
en mieux entendu dans notre société et de mieux en mieux
considéré par le gouvernement du Québec...
La motion d'amendement que je fais à la motion principale de Mme
la députée de Johnson ne vient pas demander au ministre ici
même, aujourd'hui même, à l'instant même, de revenir
sur sa décision. J'aurai l'occasion de le faire plus tard. Mais, au
minimum, l'objet de ma motion d'amendement vient tendre la main au ministre,
lui donner une occasion de montrer un tout petit peu de considération
pour les familles du Québec, un tout petit peu de sensibilité
à la dynamique familiale du Québec en acceptant de bon
gré, positivement, dans un esprit constructif, de leur permettre au
moins d'être entendues ici devant nous en commission parlementaire par
l'intermédiaire du Comité - gouvernemental, dois-je le rappeler -
de la consultation sur la politique familiale qui se fera un plaisir, et
sûrement bénévolement, pour aller dans le sens des
préoccupations du ministre, de venir ici même en commission
parlementaire présenter les aspirations des familles du Québec
quant aux activités actuelles et futures de la Société de
radiotélévision du Québec qu'est Radio-Québec.
Je conclus, puisque mon temps de parole est terminé tel que mon
chronomètre me l'indique et que le vôtre vous l'indique
sûrement aussi, mon intervention sur ma motion d'amendement à la
motion de Mme la députée de Johnson. Je souhaite non seulement
que cette motion soit adoptée, mais que l'ensemble des membres de cette
commission prennent leurs responsabilités en toute franchise, en toute
transparence, avec un courage total et interviennent sur cette motion pour
venir concrètement appuyer les revendications des familles du
Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce que quelqu'un d'autre veut s'exprimer sur
l'amendement proposé par le député de Gouin? Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je tiens à
remercier mon collègue, le député de Gouin, de m'avoir
fait part de cette omission involontaire d'inclure dans cette liste non
exhaustive d'organismes les recommandations du rapport du Comité de la
consultation sur la politique familiale. J'ai un profond regret de l'avoir
oublié, compte tenu que je suis aussi une mère de famille, et je
ne m'excuse pas, je n'ai aucune excuse d'avoir oublié le rapport de
cette association. Il est extrêmement important qu'on puisse entendre
cette association puisqu'elle représente nos familles du Québec.
Ses recommandations étaient très claires lorsqu'elle a
parlé des médias et de la famille. La recommandation 71, comme le
disait mon collègue, comporte deux volets: a) "Que soient
préservés le statut et la mission éducative et culturelle
de Radio-Québec; b) Que sa vocation régionale soit
renforcée, de telle sorte que les familles de toutes les régions
du Québec - j'insiste sur le mot "régions", parce que vous savez
très bien ce que le ministre est en train de faire avec nos
régions; donc le mot "régions" prend toute son importance dans la
recommandation 71 - puissent bénéficier d'une
télévision éducative qui reflète leurs
réalités." J'ajouterais à cela non seulement leurs
réalités, mais la télévision éducative
reflète aussi la culture de nos familles. La Société de
radiotélévision du Québec reflète la vie
quotidienne de chacune de nos familles. Je pense qu'elle possède une
importance capitale dans le but d'aider nos jeunes à agir. On sait que,
dans la vie quotidienne des familles, il se présente tant de choses que
nous sommes obligés, à titre de parents, de mettre tout en oeuvre
pour que les enfants puissent avoir la possibilité de s'instruire, de
partager leur culture même avec les enfants des immigrants qui arrivent
ici et qui souhaiteraient connaître comment nos familles vivent au
Québec.
Je pense que la Société de radiotélévision
du Québec avait une place très importante auprès de ces
nouvelles familles arrivant au Québec et jouait un rôle aussi
très important en leur démontrant comment nou3, ici, on agissait
avec nos
familles, comment nos enfants pouvaient grandir avec la
possibilité d'avoir des outils indispensables à leur formation.
Bien sûr, les parents ont une responsabilité importante
vis-à-vis de leurs enfants, mais ce ne sont pas seulement les parents,
M. le Président... Et je suis sûre que vous, qui êtes aussi
un parent, comprenez très bien la situation puisque, en plus de votre
responsabilité, il y a certainement la responsabilité des
éducateurs, des professeurs, qui sont les éducateurs en termes de
culture. Il y a aussi et surtout l'information, les reportages, les
documentaires, les spectacles, même, les films et les revues qui peuvent
contribuer à enrichir, à nourrir l'expression culturelle des
familles, à susciter leur participation à différentes
formes d'activités socioculturelles et touristiques.
Du fait que nous ayons un coin extraordinaire pour le tourisme, je pense
qu'il est important que la Société de
radiotélévision du Québec puisse démontrer à
toutes les autres familles du Québec comment nous, en Estrie, avons ce
potentiel, cette richesse. Ce n'est que par l'image que les enfant3 peuvent
partager ce que veut dire l'Estrie dans tout le Québec. Ce n'est que par
l'image aussi que les enfants ont été habitués à
regarder les émissions réservées aux enfants que
Radio-Québec...
Une voix: "Passe-Partout".
Mme Juneau: Lorsque "Passe-Partout" a commencé, vous
savez, M. le Président, la cote d'écoute était minime
mais, à cause des enfants de nos enfants qui y participent et qui
l'écoutent, "Passe-Partout", est devenue l'émission la plus
écoutée, la plus demandée. On se prépare d'ailleurs
à faire une deuxième série d'émissions.
M. le Président, je ne pourrai jamais vous dire à quel
point la Société de radiotélévision du
Québec est importante pour nos familles. Je suis en mesure de vous dire,
pour l'avoir vécu avec mes propres enfants, comme c'est important car
les enfants passent beaucoup de leur temps devant le petit écran pour
regarder les images que projette la Société de
radiotélévision du Québec. Je pense que les médias
peuvent également constituer des instruments privilégiés
d'éducation populaire, comme c'est le cas de Radio-Québec,
à qui la loi a confié un mandat à cet égard.
M. le Président, je pense que ce serait une très grave
erreur de priver cette association de venir dire, bien mieux que moi encore,
aux membres de la commission de la culture comme c'est important pour cette
association qui a fait, soit dit en passant, un travail formidable et
gigantesque dans tout le Québec, qui n'a refusé de rencontrer
personne, aucun intervenant-
Une voix: Ce n'est pas comme le ministre. (17 heures)
Mme Juneau: ...la différence du ministre qui ne veut
recevoir aucune association, qui ne veut écouter personne. II veut aller
de l'avant avec son projet de loi. Le rouleau compresseur! Il ne veut rien
savoir.
Comme mon collègue de Saint-Jacques le disait tout à
l'heure, si le ministre avait au moins partagé la même idée
que sa collègue, la ministre des Affaires culturelles,
c'est-à-dire d'écouter les gens pour se faire une idée sur
les interventions qu'il devra mettre de l'avant... Je pense, M. le ministre,
que c'est très important que vous puissiez ajouter à la liste que
je vous ai donnée tout à l'heure le rapport du Comité de
la consultation sur la politique familiale afin de donner la possibilité
à ces gens de venir se faire entendre pour vous dire à quel point
ils partagent l'opinion que nous partageons en termes d'outils que la
Société de radiotélévision du Québec offre
à toutes les jeunes familles québécoises.
J'ai oublié de mentionner un autre point important, M. le
Président. Il y a aussi du matériel audiovisuel et écrit
pouvant aider les familles. Vous savez qu'il existe à
Radio-Québec un prêt d'émissions. Je l'ai d'ailleurs dans
le rapport annuel de Radio-Québec de 1984-1985...
Le Président (M. Trudel): Vous avez 30 secondes, Mme la
députée.
Mme Juneau: Je pourrais revenir tout à l'heure, M. le
Président, pour parler des prêts d'émissions. Je suis
sûre que cela a échappé au ministre. Peut-être que
par ce moyen on pourrait le convertir à une meilleure intention, celle
d'écouter non seulement les organismes que je vous avais
mentionnés dans un premier temps mais aussi - je le remercie de m'y
avoir fait penser -le comité de la politique familiale.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le député de Lac-Saint-Jean
a demandé à être reconnu. Je lui cède la parole.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais d'abord dire
qu'on ne doit pas en tenir rigueur à ma collègue de Johnson
d'avoir fait cet oubli. Je pense qu'il faut l'en excuser. C'est un oubli qui
n'est pas volontaire, vous pouvez en être assurés. Comme ce
rapport du Comité de la consultation sur la politique familiale a
été rendu public assez récemment, toutes les
recommandations n'ont pas pu être scrutées, analysées au
grand complet par tous les députés. C'est donc normal que cet
oubli se soit produit.
Je voudrais cependant féliciter mon collègue de Gouin.
C'est lui qui, dans l'Opposition, est le critique en matière d'affaires
sociales et de politique familiale également. On a là la preuve
évidente que le député de Gouin s'occupe de ses affaires
et est parfaitement au fait des dossiers qui relèvent du secteur qu'il a
à couvrir. Je pense que c'est une manifestation de la pleine
connaissance de ses dossiers de la part du député de Gouin et
cela nous révèle que, déjà, il connaît fort
bien les tenants et les aboutissants de cet excellent rapport qui a
été soumis par le Comité de la consultation sur la
politique familiale. Je pense qu'il faut l'en féliciter. Cela ajoute
à la liste et je pense que ce sera fort utile d'entendre le point de vue
de ce comité présidé par M. Champagne-Gilbert, bien connu
dans tous les milieux familiaux qui s'occupent de la famille au Québec.
Cela nous permettra d'avoir plus d'explications de la part du comité sur
cette recommandation 71 extrêmement importante, qui concerne
précisément Radio-Québec et qui se lit comme suit: Que
soient préservés non seulement le statut et la mission
éducative et culturelle de Radio-Québec mais également
-pour quelqu'un comme moi qui viens d'une région, je pense que c'est le
volet b) de la recommandation qui est important - que sa vacation
régionale soit renforcée, et j'insiste sur cette expression, sur
ce verbe "renforcée", non pas seulement que la vocation régionale
soit maintenue, mais soit renforcée de telle sorte que les familles de
toutes les régions du Québec puissent bénéficier
d'une télévision éducative qui reflète leurs
réalités.
Je suis sûr que mon collègue de Saint-Jacques aura des
choses à dire sur les fondements de cette recommandation. Moi, ce que je
voudrais souligner, ce sur quoi je voudrais insister, c'est sur le fait que ce
comité qu'on souhaiterait entendre sur cette question et sur ce projet
de loi, et particulièrement sur la recommandation 71 qui fait partie de
son rapport, ce comité est on ne peut plus crédible puisqu'il a
procédé à une extraordinaire tournée de
consultations, à une consultation qu'on peut qualifier de
véritable. Si le ministre des Communications se refuse à toute
forme de consultation, à l'opposé on est obligé de
constater que le Comité de la consultation sur la politique familiale,
quant à lui, a procédé à une consultation
véritable, profonde, dans tout le Québec.
Je vous signale que, dans cette consultation de la part du
comité, il y a eu et il s'est tenu ce qu'on appelait des forums
régionaux, c'est-à-dire que le comité s'est rendu en
régions, dans toutes les régions du Québec, et qu'il a mis
sur pied et organisé des forums régionaux. Il y en a eu treize en
tout, treize forums régionaux. J'en dirai un mot tout à l'heure.
Non seulement il a tenu des forums régionaux, mais avant d'aborder la
question des forums régionaux le comité a cru bon de faire
précéder les forums régionaux de tournées
d'information. Cela m'apparaît intéressant pour dire toute la
qualité et la valeur de la recommandation du comité. Je cite le
rapport: "La préparation aux forums régionaux revêtait une
grande importance compte tenu des résultats à atteindre. Les
forums furent donc précédés d'une
pré-tournée d'information par le comité de la consultation
dans chacune des villes où devait avoir lieu un forum pour rencontrer
les groupes, les organismes et les représentants des milieux et informer
la presse sur toutes les modalités de la consultation. Du 12 novembre au
10 décembre 1984, dix de ces rencontres de pré-tournée
avaient été réalisées, le calendrier de cette
démarche situant la tenue des trois dernières en janvier et
février 1985. "Ces rencontres, qui constituaient une opération
majeure, ont permis au comité non seulement d'informer les personnes et
groupes intéressés, mais de recueillir des avis sur le
déroulement même de la consultation afin de procéder aux
ajustements qui pouvaient s'imposer. De fait, le comité a
procédé à plusieurs ajustements, dont certains majeurs, en
particulier pour revoir le processus d'animation prévu et le calendrier
de la consultation".
À la suite de cette pré-tournée d'information, il y
a donc treize forums régionaux qui se sont tenus respectivement à
Québec, Trois-Rivières, Rimouski, Longueuil, Laval,
Montréal, Hull, Sherbrooke, Chicoutimi, Amos, Baie-Comeau, Gaspé
et Saint-Jérôme, donc, dans toutes les régions du
Québec, sur tout le territoire, et qui ont eu lieu du 12 janvier au 21
avril 1985, le printemps dernier.
L'objectif principal de cette consultation et des forums
régionaux, c'était évidemment d'en arriver à des
résultats concrets exprimés par des recommandations
précises. J'insiste sur le terme, par des recommandations
précises. Évidemment, je fais référence à la
recommandation 71 portant sur Radio-Québec. Je pourrais vous indiquer
les organismes nombreux dans chacune des régions du Québec qui
ont participé de façon sérieuse, de façon assidue
à ces forums régionaux pendant deux jours. Chaque forum
regroupait les intervenants pendant deux jours. Il y avait des ateliers et des
plénières. Cela veut dire que cette forme de consultation
menée par le comité a donné lieu à des
recommandations qui reflètent véritablement - on ne peut pas
mettre cela en doute - les aspirations des régions, les attentes des
régions, les espoirs, la volonté des régions. Par
conséquent, s'il y a une chose qui m'apparaît évidente,
à la suite d'une consultation qui a pris cette
forme-là, c'est que la résolution 71 portant sur
Radio-Québec doit certainement correspondre à une attente,
à une aspiration réelle, véritable, profonde,
partagée par tout le monde des régions.
Cela signifie par conséquent que, comme commission parlementaire
chargée d'étudier un projet de loi qui modifie de façon
susbtantielle la structure de Radio-Québec, il faut, si on veut
fonctionner sérieusement, si on veut assumer correctement et
sérieusement notre rôle parlementaire, entendre ce comité
sur cette recommandation 71 pour vraiment connaître son point de vue sur
cette recommandation, savoir comment il en est arrivé à cette
recommandation et qu'il puisse nous dire également combien cela
correspond véritablement à une volonté des
régions.
Donc, M. le Président, je suis parfaitement d'accord avec cet
amendement du député de Gouin. Cela complète la liste
telle qu'on la retrouve dans la motion de la députée de Johnson.
En tout cas, cela ajoute un élément intéressant.
Peut-être y aura-t-il d'autres organismes à ajouter aussi, mais,
en tout cas, le Comité de la consultation sur la politique familiale, il
m'apparaît essentiel, il m'apparaît nécessaire que la
commission puisse l'entendre, compte tenu de la recommandation 71 qu'on
retrouve dans son rapport.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je vous remercie de me
permettre d'intervenir. Mes collègues de la commission de la culture se
sont rendu compte qu'une très grande proportion des intervenants, pour
ce qui est du statut de l'artiste, étaient de Saint-Jacques. Quoi de
plus naturel, M. le Président, pour le député de
Saint-Jacques que de parler sur l'amendement du député de Gouin
indiquant d'inviter le Comité de la consultation sur la politique
familiale puisque j'ai, en plus du plaisir d'avoir la presque majorité
des intervenants du domaine culturel dans mon comté, également le
privilège d'avoir dans mon comté un organisme qui a
participé à cette consultation et qui, à mon point de vue,
mériterait d'être entendu, ne serait-ce que pour lui-même,
et qui est l'Union des familles. D'ailleurs, j'avais le plaisir de le
rencontrer, lundi dernier, dans une manifestation qui, je sais, ne semble pas
intéresser mes collègues d'en face et notamment le ministre, qui
est plus préoccupé à couper qu'à
écouter.
Donc, quoi de plus naturel, M. le Président, que j'appuie cet
amendement du député de Gouin. A l'appui de la demande du
député de Gouin et de la recommandation dite 71 du comité
consultatif sur la politique familiale, je pense qu'il n'y a rien de plus
éloquent que de reprendre ce qu'ils ont dit et écrit, pour le
bénéfice du ministre qui ne semble pas l'avoir reçu de sa
collègue ou, du moins, s'il l'a reçu, il ne semble pas l'avoir
lu.
(17 h 15)
À l'appui de cette recommandation 71 -c'est très
important, je vous prierais d'être attentif, M. le député
de Westmount - le comité consultatif disait, au sujet des médias
et de la famille: "Informations, reportages, documentaires, spectacles, films,
livres et revues peuvent contribuer, par leur richesse, à nourrir
l'expression culturelle des familles, à susciter leur participation
à différentes formes d'activités socioculturelles,
touristiques et sportives, à favoriser la communication entre leurs
membres et leur ouverture sur la société et sur le monde. Les
médias peuvent également constituer des instruments
privilégiés d'éducation populaire, comme c'est le cas, par
exemple, de Radio-Québec à qui la loi a confié un mandat
à cet égard. Il se produit déjà du matériel
audiovisuel et écrit qui peut aider les familles, les différents
milieux de création s'intéressant aussi à la vie
familiale, à ses fonctions, à la transformation des rôles
sociaux et familiaux entre les hommes et les femmes - ce qui est quand
même un sujet d'importance - à l'adolescence, aux passages des
phases difficiles dans le cheminement des personnes ou des familles - et,
là, c'est l'éducateur qui parle lorsqu'il vous lit cela -aux lois
qui conditionnent leur vie ou encore aux services qui leur sont
destinés. Tout ce matériel devrait être davantage
utilisé."
Le comité dit: "Ainsi, il devrait être possible de le faire
circuler abondamment dans les écoles ou de le rendre disponible aux
parents dans le cadre des services d'éducation des adultes des
commissions scolaires ou encore de le mettre à la disposition des
intervenant-es en service social! Et parce qu'il peut apporter un soutien aux
parents et aux familles, le monde de la création doit être
incité à le faire, mais également soutenu par les pouvoirs
publics. Les médias électroniques jouent un rôle important
dans la vie des familles. Ils y sont en fait omniprésents. Des
études révèlent, par exemple, que les
Québécois et les Québécoises passent en moyenne
entre 25 et 30 heures par semaine devant l'écran de
télévision, soit à peine moins qu'une semaine de travail
normale. Il y aurait sans doute lieu, dans ce contexte, que les parents et les
associations qui les représentent s'intéressent activement au
contenu véhiculé et exercent leur vigilance dans ce domaine."
C'est ce qui a amené la recommandation no 71.
Donc, un organisme qui s'ajoute à l'énumération
déjà longue, fort utile, d'ailleurs, qu'avait
présentée la députée de Johnson. Ma question va se
poser de nouveau
au ministre des Communications: Est-ce que vous allez considérer,
est-ce que vous allez rejeter l'amendement présenté par le
député de Gouin sur la motion de ma collègue, la
députée de Johnson? Est-ce que vous allez rejeter du revers de la
main le Comité de la consultation sur la politique familiale? Est-ce
qu'on va considérer un organisme aussi sérieux qui vient de
produire un document d'une importance aussi capitale pour le Québec*..
Est-ce qu'on va le rejeter du revers de la main? Je vais reprendre ma phrase:
Est-ce que vous allez considérer les familles québécoises
- en fin de compte, le comité est le porte-parole des familles
québécoises - comme des "deux de pique", elles aussi?
Le ministre ne semble pas intéressé par la
fédération des femmes, par l'Institut canadien d'éducation
des adultes. Est-ce qu'il va se permettre de rejeter un organisme aussi
sérieux que le Comité de la consultation sur la politique
familiale? Je le vois qui se penche vers la députée de Johnson.
Sans doute lui donne-t-il son acquiescement à l'amendement du
député de Gouin et qu'il va nous annoncer, comme tout ministre
des Communications responsable qu'il doit être, qu'effectivement il
accepte l'amendement présenté par le député de
Gouin et que, dans l'ensemble, la motion présentée par la
députée de Johnson reçoit un accueil favorable de sa part
et, que de fait, il va écouter les gens qui ont des choses à dire
au Québec et à qui on ne doit surtout pas brimer le droit de
venir se présenter en commission parlementaire et faire valoir
l'excellente recommandation qu'ils font, je vous la répète, que
sa vocation - on parle de Radio-Québec, notre télévision;
quand je dis "notre télévision", je ne parle pas de notre
formation politique... Je sais, M. le ministre, que, dans la confusion, vous
avez eu la phrase malheureuse de traiter Radio-Québec de vache
sacrée du PQ. Je pense que vous avez envers Radio-Québec...
Une voix: Etes-vous bien sûr de cela? M. Boulerice:
J'ai bien lu.
M. Rochefort: Est-ce que c'est parlementaire?
M. Boulerice: Je pense que la vocation régionale de
Radio-Québec doit être renforcée de telle sorte que les
familles de toutes les régions du Québec puissent
bénéficier d'une télévision éducative qui
reflète leur réalité. M. le député de
Westmount, vous savez fort bien que la réalité de votre
comté est bien différente de la réalité du mien. Ne
jugez-vous pas utile qu'on puisse permettre à votre comté, aux
gens qui le peuplent, que je connais bien et que j'aime bien, d'ailleurs,
d'exprimer leurs particularités, leurs réalités? Est-ce
qu'on va brimer ce droit des Westmountais et des Westmountaises d'exprimer
leurs réalités quand c'est, en définitive, ce que
demandent les gens du SaguenayLac-Saint-Jean?
M. le Président, j'espère qu'on va accepter cet
amendement. Après l'acceptation de cet amendement, j'aurai le plaisir
moi aussi de vous en présenter un.
Le Président (M. Trudel): Je n'en doutais pas, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce que vous avez terminé
votre intervention?
M. Boulerice: Je n'ai pas terminé. J'aurai le plaisir de
vous en présenter un, M. le Président, qui sera aussi pertinent
que tous les autres amendements qui ont été
présentés...
Le Président (M. Trudel): J'invite M. le
député de Saint-Jacques à parler sur l'amendement actuel
et non pas sur le prochain.
M. Boulerice: ...et qui viendront renforcer, M. le
Président, d'une part, l'amendement présenté par mon
collègue de Gouin et, d'autre part, la motion de la
députée de Johnson.
Vous savez, veux veux pas, on n'y échappe pas, on finit tous par
être parents. Qu'on soit d'un organisme X ou d'un organisme Y, M. le
Président, on a bien des chances de se retrouver parents. À ce
sujet, je souhaiterais votre intervention dans le débat puisque vous y
êtes. Je serais intéressé de connaître vos propos
quant à la pertinence. Vous pourriez, de votre fauteuil, nous faire
connaître votre appréciation de la motion du député
de Gouin d'associer le Comité de la consultation sur la politique
familiale à la liste de celles et de ceux qui ont été
suggérés - je le dis de nouveau - par Mme la
députée de Johnson. Je pense, M. le Président, que
voilà une société, un organisme qui ajoute au
sérieux et à la profondeur, en termes de contenu, qu'aurait cette
commission parlementaire qui est réclamée. Je suis
persuadé que le débat et surtout la vision du ministre en seront
beaucoup mieux éclairés après qu'il aura
écouté le Comité de la consultation sur la politique
familiale.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur...
M. Boulerice: Après qu'on aura disposé de
l'amendement, j'aurai le plaisir...
Le Président (M. Trudel): Je demandais aux membres de la
commission si...
M. Boulerice: ...et l'honneur de vous en présenter un
autre. M. le député...
Le Président (M. Trudel): ...d'autres personnes voulaient
intervenir sur l'amendement proposé par le député de
Gouin.
Mme Juneau; M. le Président, est-ce que je peux vous
demander si vous souhaiteriez intervenir en tant que bon père de
famille? C'est peut-être important que vous puissiez intervenir sur
l'ajout de cette association au nombre déjà...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, j'ai demandé si d'autres membres de cette commission avaient
l'intention d'intervenir sur cet amendement.
M. Brassard: J'ai une question d'information.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke.
M. Brassard: J'aurais une question d'information avant... Si je
comprends bien, le ministre n'a rien à dire sur cet amendement judicieux
du député de Gouin.
M. French: Vous comprenez correctement, M. le
député.
M. Rochefort: M. le Président, si aucun
député ministériel ne souhaite donner son opinion sur mon
projet d'amendement, avant que vous n'appeliez le vote, tel que voulait le
faire le député de Sherbrooke, de qui je me serais attendu
à une contribution un peu plus importante aux travaux de notre
commission, je demanderai mon droit de réplique.
Le Président (M. Trudel): Vous n'avez pas droit de...
M. Rochefort: Je n'ai pas droit de réplique?
Une voix: Bien, voyons donc!
M. Rochefort: Je comprends que les députés
ministériels ont le droit de ne pas parler, M. le Président, mais
je souhaiterais pouvoir utiliser mon droit de réplique.
Mme Juneau: M. le Président, si actuellement on ne peut
entendre personne de l'autre côté, je pense qu'il serait...
M. Brassard: Sur le droit de réplique. Mme Juneau:
Sur le droit de réplique?
Le Président (M. Trudel): Si vous permettez, on va
vérifier. Nous suspendons une minute et demie.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît: M. le député de Gouin, sans engager de débat,
je vous prierais de lire avec moi l'article 217 qui dit qu'en commission il n'y
a aucun droit de réplique.
M. Rochefort: Un instant, M. le Président, je vais prendre
mon règlement.
Le Président (M. Trudel): De toute façon, ma
décision est rendue, M. le député de Gouin, il n'y a pas
de droit de réplique.
M. Rochefort: Oui, je veux juste comprendre. Quel article,
m'avez-vous dit?
Le Président (M. Trudel): Article 217.
M. Rochefort: Et cela s'applique, selon vous? D'accord. Mais, M.
le Président, du même coup, il n'y a pas d'article qui
empêche les députés ministériels de prendre la
parole en commission parlementaire.
Le Président (M. Trudel): Je ne crois pas, je vais
étudier la question sérieusement.
Je mets aux voix la motion d'amendement du député de
Gouin.
Mme Juneau: Dans ce cas, M. le Président, je voudrais que
ce soit un vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Nous allons procéder au
vote nominal.
Une voix: On est prêt.
Le Président (M. Trudel): On va commencer à l'autre
bout de la table.
Une voix: Attendez un peu, vous appelez les noms un par un.
Le Président (M. Trudel): Bien oui. J'ai oublié de
faire remarquer tantôt que nous avons un remplaçant du
côté des ministériels, le député de Labelle
qui remplace le député de Viger.
Mme Juneau: Cela n'a pas été dit.
M. Rochefort: Est-ce qu'il sera plus volubile que le
député de Viger, M. le Président?
Une voix: II était là au début, de toute
façon.
Mme Juneau: Consentement.
Une voix: II est là depuis le début.
M. Rochefort: Ne vous fâchez pas, M. le
député d'Arthabaska, gardez vos énergies pour vos
interventions.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: Je pense bien, M. le Président, que vous avez
oublié de le mentionner au début de la séance.
Le Président (M. Trudel): J'ai oublié de le
mentionner tantôt, je m'en excuse.
M. Brassard: D'accord. Une voix: On consent.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Labelle est assis avec nous depuis...
M. Brassard: C'est normal, Mme la députée de
Johnson avait également oublié le comité sur la politique
familiale.
Mme Juneau: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Trudel): Quels sont ceux qui... Oui, M.
le député de Gouin.
M. Rochefort: Je souhaiterais que mon amendement soit lu pour
être bien certain que les députés ministériels,
notamment, votent de façon éclairée, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): L'amendement à la motion
de la députée de Johnson se lirait comme suit: "Ajouter le
Comité de la consultation sur la politique familiale à la liste
des organismes compris dans la motion de la députée de
Johnson."
Quels sont ceux qui sont favorables à l'amendement?
M. Rochefort: M. le Président, un vote nominal signifie
que vous devez demander à chacun des députés, en les
nommant, d'inscrire leur vote pour que leurs citoyens sachent comment ils se
sont comportés en commission parlementaire.
Le Président (M. Trudel): M. French (Westmount), qui est
membre de la commission pour la durée des travaux.
M. French: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord).
M. Audet: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques).
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska).
M. Gardner: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Oui, certainement.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri).
M. Hains: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke).
M. Hamel: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Rochefort (Gouin).
M. Rochefort: Oui, avec beaucoup de plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Hovington (Matane).
Mme Hovington: Non.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson).
Mme Juneau: Oui, M. le Président, avec empressement.
Le Président (M. Trudel): M. Hétu (Labelle).
M. Hétu: Deux fois non.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon).
Mme Pelchat: Non.
M. Boulerice: Cela prend deux non pour faire un oui.
Le Président (M. Trudel): Voilà.
M. Rochefort: Si je comprends bien...
M. Hains: Attendez le résultat du vote.
M. Rochefort: Vous ne savez pas de quoi je veux parler. La
recommandation du ministre de voter pour a été rejetée
au
caucus ministériel.
Une voix: Et après?
M. Rochefort: On comprend que le comité du non est fort
dans le caucus libéral.
Une voix: Arrêtez donc de bâillonner tout le
monde.
Mme Pelchat: M. le Président, est-ce que le
député de Jonquière est membre de cette commission?
M. Rochefort: On va donner le résultat du vote.
Le Président (M. Trudel): Le résultat du vote est 8
contre et 4 pour. La motion d'amendement du député de Gouin est
rejetée et nous revenons à la motion principale de Mme la
députée de Johnson. M. le député de
Saint-Jacques.
Motion d'amendement
M. Boulerice: Comme je vous l'annonçais tantôt, M.
le Président, je vous proposerais un amendement qui serait d'ajouter
à la motion de Mme la députée de Johnson les organismes
suivants: les conseils régionaux de la culture.
M. Rochefort: Ah! C'est important! Le Président (M.
Trudel): Avez-vous...
M. Boulerice: Oui, oui. Vous excuserez la calligraphie, Mme la
secrétaire.
Le Président (M. Trudel): Votre amendement est recevable,
M. le député de Saint-Jacques, et je vous cède la parole
pour vous exprimer sur ce sujet.
M. Boulerice: C'est bien entendu, M. le Président, que le
fait que j'ajoute les conseils régionaux de la culture n'est pas une
omission de Mme la députée de Johnson; au contraire, elle m'a
laissé le privilège de pouvoir annoncer cet amendement
délibérément et très volontairement pour bien
signifier que, quant à notre formation politique, quant à la
commission de la culture, nous étions soucieux de la vocation culturelle
de Radio-Québec et que nous jugions important d'associer, dans le
débat que nous souhaitons à Radio-Québec et que refuse
encore obstinément mon collègue de Westmount, des organismes
représentatifs du domaine de la culture au Québec. Je pense que
les conseils régionaux de la culture, par leur implication, par le
travail en terrain, par l'expertise qui découle de ce travail en terrain
dans toutes les régions du Québec, pourraient être
drôlement importants. Si les députés ministériels
des régions pratiquent un silence honteux quant aux
intérêts de leur région, je pense qu'il est utile que nous
nous donnions des porte-parole autres pour leur région s'ils ne sont pas
capables d'assumer cette responsabilité qui d'ailleurs, à mon
point de vue, est inhérente à leur fonction de
député qui est de défendre les intérêts de
leurs commettants, ce qu'ils font très mal, de toute
évidence.
Donc, à cette commission sur Radio-Québec nous pourrions
associer des intervenants qui n'ont sans doute pas peur de faire valoir les
points de vue de leurs compatriotes en régions et qui
suppléeront, c'est inévitable et évident de toute
façon, aux carences du parti ministériel.
Quand je formule le souhait de voir inclure les conseils
régionaux de la culture, je m'appuie sur une récente
déclaration de la vice-première ministre et ministre des Affaires
culturelles du Québec qui disait, à l'issue de la commission de
la culture sur le statut de l'artiste: "Tout en continuant à soutenir
directement le créateur - on voit que le créateur est un large
spectre d'activités culturelles - et sa production, nous tenterons de
trouver les moyens d'accentuer la diffusion et la visibilité des oeuvres
produites." S'il n'y a plus de productions régionales, quelle diffusion
et quelle visibilité y aura-t-il? C'est en contradiction avec les propos
que tenait Mme la ministre. Elle continuait: "Car, si nous voulons
développer l'art québécois dans quelque domaine que ce
soit, il m'apparaît nécessaire que nous sachions le faire toujours
dans le respect de la personne même du créateur. En d'autres
termes, subventionner une production artistique qui reste sur les tablettes -
combien de productions régionales resteront sur les tablettes, M. le
Président? - si vous me permettez l'expression, n'est ni respectueux ni
stimulant pour le créateur. Ce que l'artiste souhaite et veut, c'est de
voir ses oeuvres connues, diffusées et, autant que possible,
consommées. Comme certains sondages récents le démontrent,
les Québécois aiment leurs artistes. Donc, il faut faire en sorte
que la production de ces mêmes artistes soit accessible à un plus
vaste public."
Il m'apparaît très important que les conseils
régionaux de la culture, qui regroupent les producteurs artistiques,
viennent faire entendre au ministre des Communications que la mission
culturelle de Radio-Québec est très importante en milieu
régional. Plusieurs intervenants l'ont dit, sur une foule de sujets, et
je vous prends à témoin, M. le Président. Une intervenante
à qui je demandais de décrire la situation de son art en
régions me répondait: C'est malheureusement le désert.
Elle n'aura même plus le loisir d'entendre une voix dans ce
désert, qui est la voix de Radio-Québec, si on coupe ses
antennes régionales, notamment dans la capitale nationale, ce qui
m'apparaît aberrant puisqu'il s'agit du radiotéiédiffuseur
national.
Il m'apparaît extrêmement important et surtout très
pertinent que dans la discussion que nous souhaitons avoir... J'espère
que le ministre va accepter et qu'il va descendre du mont Royal et qu'il va
plutôt se brancher sur une autre antenne, qu'il va écouter les
propos qu'aimeraient bien lui . tenir les Québécois
préoccupés de la défense de la culture au Québec,
donc préoccupés du sort réservé au principal
diffuseur de la culture québécoise qui est Radio-Québec.
Est-ce que le ministre va faire la sourde oreille et va faire, comme il vient
de le faire tantôt, dans un geste extrêmement malheureux.., Il
vient de balayer pratiquement l'ensemble du Québec, il rejette les
familles. Le Québec est constitué de familles. Il vient de
balayer d'un coup sec 6 000 000 de Québécois très
allègrement. La chance de reprise, après avoir balayé
à peu près tout le monde et qu'on tente de le persuader de
réintroduire au moins certaines autres personnes dans le débat
qu'on souhaite... Ces personnes sont les membres des conseils régionaux
de la culture qu'il connaît, j'espère, qu'il a sans doute
rencontrés dans le temps qu'il était dans l'Opposition et j'ose
espérer qu'il va le faire au moment où il est titulaire des
Communications.
Une belle occasion de le faire, de rencontrer ces gens qui sont
préoccupés de communications serait à l'intérieur
de la commission parlementaire que réclame Mme la députée
de Johnson, et que moi je supplie de tenir au nom de la défense, de la
promotion et surtout de la production de la culture québécoise
qui est gravement menacée. Je m'inquiète de voir, quand on parle
de promotion et de défense de la culture québécoise,
l'adjointe parlementaire à la ministre des Affaires culturelles rire
d'un sujet où on a constaté - et vous savez comme moi quels
moments de tristesse on a vécus en écoutant les intervenants dans
le domaine de la culture, quels moments de tristesse on a vécus - ce
qu'il nous reste encore à faire au Québec pour soutenir notre
culture, pour renforcer notre culture, pour protéger notre culture. Je
trouve cela très mal à propos de voir cette réaction d'une
personne qui était, pas plus tard que ce matin, qualifiée
d'excellente collaboratrice dans le dossier de la culture.
Je souhaiterais qu'elle continue d'être excellente collaboratrice
dans le dossier de la culture et qu'elle appuie l'amendement que j'ai l'honneur
de déposer qui est celui d'inclure à la liste des intervenants
à cette commission parlementaire les conseils régionaux de la
culture. Est-ce que ce gouvernement va dire encore à des gens aussi
profondément impliqués dans le domaine de la culture au
Québec: Je ne vous considère pas plus que le Comité de la
consultation sur la politique familiale? Est-ce qu'il va - je vais être
obligé de reprendre ma phrase - encore ajouter au mépris? On sait
fort bien, l'histoire se répète et se répétera fort
heureusement, que le mépris n'aura qu'un temps. Est-ce qu'il va dire
à ces conseils régionaux de la culture: Vous êtes vous
aussi des "deux de pique" et je n'ai pas le goût de vous écouter
en commission parlementaire? Est-ce qu'il va dire cela? J'ose espérer
que, dans un moment de redressement, de conscientisation, le
député de Westmount et ministre...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Trudel): M. le député . de
Gouin, question de règlement.
M. Rochefort: Oui. Je crois qu'il serait souhaitable que
l'ensemble des membres de la commission permette au député de
Saint-Jacques de compléter son intervention dans le calme. S'ils ont des
choses à dire, nous serons heureux de les entendre et on peut les
assurer, dès maintenant, qu'on les entendra dans un calme complet, un
silence absolu, mais très attentif pour leur permettre aussi de jouir
pleinement de leur droit de parole.
Le Président (M. Trudel): J'en profite pour souligner aux
deux côtés de cette table que cela bougeait pas mal de part et
d'autre tantôt. De toute façon, M. le député de
Saint-Jacques avait terminé, je pense.
M. Boulerice: J'allais dire...
Le Président (M. Trudel): Les dix minutes, elles, étaient
terminées.
M. Boulerice: ...s'il vous plaît, M. le ministre, un peu de
lucidité et, si vous deviez répondre non aux gens de la culture,
je vous invite à venir défendre votre position dans une
assemblée publique dans le comté de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais
évidemment aussi apporter mon appui sans réserve à cet
amendement proposé par mon collègue de Saint-Jacques et confirmer
justement que, cette fois-ci, contrairement à l'amendement du
député de Gouin, il ne s'agit pas d'un oubli. Nous
avions convenu qu'il était de mise que ce soit le
député de notre formation politique responsable en matière
culturelle, critique officiel en matière culturelle, qui propose cet
amendement important à la motion. Je pense qu'il est important de le
dire. Cette fois-ci, la députée de Johnson n'a pas oublié,
c'était convenu ainsi.
M. le Président, on connaît l'importance primordiale des
conseils régionaux de la culture dans chacune de nos régions.
À ce sujet, peut-être que des députés
libéraux voudront se faire entendre et, à tout le moins, signaler
pendant quelques minutes le rôle bénéfique et fort utile
joué par les conseils régionaux de la culture dans nos
régions respectives.
Les conseils régionaux de la culture sont devenus, on peut le
dire, des instruments importants en matière de développement
culturel dans nos régions. Leur contribution est on ne peut plus
précieuse. Ce qui est à signaler relativement à ces
organismes régionaux, c'est le caractère éminemment
représentatif de ces organismes. Je pense qu'on peut affirmer sans
ambages que, lorsqu'on parle des conseils régionaux de la culture, on
doit reconnaître leur représentativité, puisqu'on retrouve
au sein de ces conseils régionaux des représentants, des
porte-parole de tous les intervenants et tous les agents culturels de nos
régions, que ce soit les artisans, que ce soit les producteurs
culturels, les artistes, les troupes, les gestionnaires d'équipement
culturel. Tout ce monde, tous ces représentants culturels de nos
régions se retrouvent au sein de cette instance de concertation et de
développement que constituent les conseils régionaux de la
culture.
Par conséquent, vu la représentativité des conseils
régionaux de la culture, je pense qu'il est de mise de les ajouter
à la liste des organismes qu'il convient d'entendre sur le projet de loi
61, Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec. D'autant plus que, non
seulement ces conseils régionaux sont représentatifs du milieu
culturel des régions, mais également que leur rôle de
consultation, de consultant et d'interlocuteur privilégié
auprès des bureaux régionaux du ministère des Affaires
culturelles dans les régions est reconnu par tous, y compris par le
ministère des Affaires culturelles, bien sûr, et que, par
conséquent, ces conseils régionaux jouent un rôle
déterminant, un rôle-conseil important dans l'application des
divers programmes que l'on retrouve au ministère des Affaires
culturelles.
Je voudrais concrétiser en quelque sorte l'importance d'entendre
les conseils régionaux en vous parlant de celui de ma région. On
sait que le Conseil régional de la culture du Saguenay-Lac-Saint-Jean
est extrêmement dynamique et qu'il joue pleinement son rôle en
matière culturelle dans la région. Il signalait récemment,
à l'occasion du débat entourant le projet de loi 61, la
contribution remarquable de Radio-Québec au patrimoine régional
et culturel de nos régions. À ce titre, je pense qu'il serait
utile de les entendre. Je voudrais donner quelques exemples où on voit
Radio-Québec jouer dans nos régions un rôle culturel
évident et déterminant. Je prends comme exemple ma région,
celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je vois mon collègue de
Jonquière qui s'est joint à nous et qui pourrait sans doute, si
on consentait à lui donner le droit de parole, nous faire entendre...
(17 h 45)
Mme Pelchat: M. le Président. Je m'excuse. Le
député de Lac-Saint-Jean vient de faire allusion à son
collègue de Jonquière qui est ici. Est-ce que le collègue
de Jonquière du député de Lac-Saint-Jean a le droit de
parole et a le droit d'être ici?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Mme Pelchat: Un instantl II va répondre là-dessus.
Une question à la fois.
Le Président (M. Trudel): Sur la question de
règlement d'abord. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, sur la question de
règlement de Mme la députée de Vachon et adjointe
parlementaire de la ministre des Affaires culturelles, je vous soumettrai bien
humblement que le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de
l'Opposition a simplement mentionné la présence parmi nous de
notre collègue, le député de Jonquière. Il n'a pas
dit que le député de Jonquière avait le droit de parole,
il n'a pas dit si le député était membre de la commission.
Il a simplement noté sa présence. M. le Président,
à moins qu'en plus d'être muette la députée de
Vachon soit aveugle, oui, le député de Jonquière est parmi
nous.
M. Brassard: Sur la question de règlement, j'aurais aussi
à ajouter ceci... On a soulevé une question de règlement.
Ce n'est pas moi qui l'ai soulevée, c'est la députée de
Vachon qui a soulevé une question de règlement.
M. Rochefort: ...seulement la députée de Vachon
pour soulever des questions de ce genre.
Le Président (M. Trudel): J'aimerais qu'on souligne...
M. Brassard: Sur la question de règle-
ment, j'aimerais que la députée de Vachon...
Le Président (M. Trudel): Je ne vois pas de question de
règlement dans cela. Quel règlement?
M. Brassard: ...m'écoute. J'aimerais qu'elle
m'écoute, parce que ce que j'ai dit, c'est que j'ai signalé la
présence du député de Jonquière. J'ai même
indiqué que, pour que...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, ce n'est pas une question de règlement que vous
soulevez. Si vous voulez bien poursuivre votre intervention. Je rappelle aux
membres de la commission que le député de Jonquière a le
droit d'être présent. Il n'a évidemment ni le droit de
parole ni le droit de vote. Sur ce, M. le député...
M. Brassard: C'est ce que j'allais dire.
Le Président (M. Trudel): Je l'ai dit à votre
place...
M. Brassard: Ce n'est pas une question de règlement?
Le Président (M. Trudel): Non, ce n'est pas une question
de règlement, M. le député. J'allais le souligner
à...
M. Brassard: Non seulement vous avez raison de le dire, mais
j'indiquais qu'il faudrait le consentement unanime des membres pour que le
député de Jonquière puisse parler.
Le Président (M. Trudel): J'allais l'ajouter. Si vous
voulez poursuivre votre intervention, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je vais poursuivre. Ne nous pressons pas. Pas de
panique. Soyons calmes.
Je signalais donc que, dans ma région, le conseil régional
de la culture a reconnu la contribution remarquable de Radio-Québec au
patrimoine régional et à la culture. Cela a pris la forme de
certaines émissions impliquant les artisans de la culture, les agents
culturels de la région. C'est ainsi que Radio-Québec a produit
une série qui s'intutilait "Cinquante ans de cinéma
régional" qui a apporté une contribution tout à fait
inestimable au patrimoine cinématographique et à l'histoire de la
région. La série constitue un recueil visuel du cinéma
régional entre 1915 et 1960. Cela ne s'était jamais fait et je
pense que cette oeuvre est maintenant connue et reconnue et sera largement
utilisée dans la région. Je vous signale également que
Radio-Québec avait, en 1985-1986, produit une série qui portait
le titre "Expression" et qui a permis à plus de 70 artistes et
créateurs de la région de s'exprimer par leur art. Cela a
été produit avec des approches modernes de
télévision. La série est tout à fait remarquable.
Le conseil régional de la culture louangeait la série dans son
dernier bulletin d'information en parlant de tour de force et en
félicitant les maîtres d'oeuvre de cet énorme projet
réalisé par Radio-Québec. Un dernier exemple: une
série fort bien faite également qui s'intitule "À cause
des mots", un jeu-questionnaire culturel qui permet à des
étudiants de différentes écoles secondaires de la
région de mesurer leurs connaissances sur l'histoire et sur la culture
régionales. La série a connu un impact surprenant dans les
écoles secondaires de la région. Je signale en passant que c'est
une école secondaire de mon comté, le Pavillon Wilbrod-Dufour,
qui a remporté la victoire de cette compétition culturelle.
Une voix: Félicitations! Bravo!
M. Brassard: On pourra faire une motion de félicitations
tout à l'heure, si les députés y consentent. Non? Bon.
Donc, cette série comblait un grand vide dans le système
scolaire, soit la connaissance par les étudiants de leur milieu de vie,
de leur milieu culturel régional. Cela a commandé un travail
colossal. Cela dit, je vous signale que ce sont là des exemples qui
démontrent que Radio-Québec joue un rôle important dans nos
régions en matière culturelle et que sa contribution en
matière de développement culturel dans nos régions est
tout à fait remarquable et mérite d'être
signalée.
Par conséquent, le conseil régional de la culture chez
nous, comme ceux d'ailleurs, reconnaissant ce phénomène, je pense
qu'il serait important de Ies faire venir ici et de les entendre, d'autant plus
que c'est ce qu'ils ont signalé au conseil d'administration de
Radio-Québec. J'ai ici copie d'un télégramme
adressé à M. Gendron, président de Radio-Québec,
qui vient de la Conférence des conseils régionaux de la culture
du Québec et qui se lit comme suit: "M. le Président, la
Conférence des conseils régionaux de la culture du Québec
et le Regroupement de3 bibliothèques centrales de prêt du
Québec -tiens, c'est un organisme qui ne fait pas partie de la liste, le
Regroupement des bibliothèques centrales de prêt du Québec
-se sont entendus, lors de leur rencontre de vendredi dernier à
Montréal, pour signifier leur solidarité à la lutte que
mènent actuellement les bureaux régionaux de votre
société d'État contre la fermeture que votre conseil
d'administration veut leur imposer. Nous considérons que ce geste va
à l'encontre du principe du développement culturel des
régions - ce sont les conseils régionaux de la culture qui
affirment cela,
que cela va à l'encontre du principe du développement
culturel des régions au Québec - de même qu'il contribue
à remettre en cause la régionalisation des services de
l'État pour laquelle nous nous sommes battus depuis une
décennie." C'est signé par la secrétaire administrative de
la Conférence des conseils régionaux de la culture du
Québec, Mme Johanne Jutras.
Tout ceci pour dire, M. le Président, que la motion d'amendement
de mon collègue de Saint-Jacques est on ne peut plus pertinente et que,
compte tenu du rôle culturel tout à fait remarquable, important,
majeur de Radio-Québec dans nos régions, il serait absolument
essentiel que l'on puisse entendre les conseils régionaux de la culture
sur le projet de loi 61.
Le Président (M. Trudel)i Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Mme la députée de Johnson.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
M. Dufour: M. le Président, est-ce que je pourrais me
prévaloir de l'article 132 pour intervenir sur ce dossier? L'article
132, c'est: "Le député qui n'est pas membre d'une commission
peut, avec la permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut y voter ni y présenter une
motion. "Cette permission n'est pas requise lorsqu'une commission étudie
les crédits." Donc, il n'est pas question de crédits.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le député de
Jonquière,, j'aimerais dire que, non seulement en mon nom personnel mais
au nom de tous les députés de ma formation politique membres de
cette commission, nous consentons à ce que le député de
Jonquière, qui représente une région importante au
Québec, puisse lui aussi participer aux travaux de notre commission
parlementaire afin d'ajouter une dimension fort importante qui est toute son
expérience et sa représentativité à l'ensemble des
travaux que nous aurons à mener au cours des prochaines semaines.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Gouin. Y a-t-il consentement unanime que le
député...
M. Rochefort: Consentement, M. le Président.
M. Brassard: Bien sûr, consentement, M. le
Président.
M. French: Non, M. le Président. Une voix: Non.
Le Président (M. Trudel): II n'y a pas consentement en vertu de
l'article 132, M. le député de Jonquière.
M. Rochefort: Est-ce Mme la députée de Vachon qui
refuse son consentement, M. le Président?
M. French: Non, M. le Président.
M. Rochefort: Est-ce Mme la députée de Vachon qui
refuse de consentir?
Une voix: Le ministre aussi.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Jonquière, vous pouvez toujours assister aux travaux de la commission
sans y participer.
M. Dufour: Je pourrai dire aux gens de Jonquière que les
gens de Westmount les ont fait taire.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Jonhson. À l'ordre, s'il vous plaît! À sa demande, je vais
céder la parole à Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
J'ai quand même un peu de chagrin de m'apercevoir que vers 17 h 30 la
députée de Matane a été obligée de quitter.
Je ne sais pas pour quelle raison elle a quitté mais j'aurais
aimé qu'elle soit là parce que j'ai des choses tellement
importantes à dire, je suis sûre qu'elle aurait profité de
ce que j'ai à dire. Mais je comprends qu'il y a parfois des
obligations...
Une voix: Allez-y, Mme la députée.
Une voix: C'est la colère de Dieu envers le ministre.
Mme Juneau: II y a parfois des obligations qui peuvent nous
amener à quitter sans notre bon vouloir. Je suis sûre qu'elle
aurait apprécié ce que j'ai à dire, peut-être que
ses collègues pourront lui relater ce qui s'est passé
après son départ.
Bien sûr, je suis contente que mon collègue, le
député de Saint-Jacques, ait présenté cet
amendement à ma motion principale, je n'en attendais pas moins de sa
part. J'étais sûre qu'il n'oublierait pas les conseils
régionaux de la culture puisque c'est un homme de culture...
Une voix: De grande culture.
Mme Juneau: ...de grande culture, effectivement. C'est un homme
qui a tellement de respect, d'amitié et de culture que j'aurais
été tout à fait surprise s'il avait oublié de
demander les conseils régionaux de
la culture. Je suis très contente, cher collègue, que vous
ayez apporté votre amendement. Possiblement que nos collègues
ministériels vont être d'accord, je pense, avec ce qu'on aura
à dire sur cet amendement et vont nous permettre d'ajouter à
cette liste - je me répète - non exhaustive les conseils
régionaux de la culture.
La ministre des Affaires culturelles connaît très bien les
conseils régionaux de la culture; d'ailleurs, ceux-ci fonctionnent
grâce à des subventions qui proviennent du ministère des
Affaires culturelles. Je crois sincèrement que les conseils
régionaux de la culture ont le droit essentiel, dans toutes nos
régions, de promulguer la culture et d'aider tous les comités
culturels ou les associations à voir clair, à trouver des moyens
de progresser chacun dans son art respectif. Je trouve cela extraordinaire que
les gouvernements, l'ancien et celui d'aujourd'hui, permettent encore aux
conseils régionaux de la culture de pouvoir travailler chacun dans sa
région respective. Il serait très important qu'on puisse les
entendre afin de savoir ce qu'ils pourraient nous apporter comme
éclairage nouveau lors de nos auditions publiques; j'espère que
le ministre va daigner accepter.
Je suis sûre aussi que le ministre connaît très bien
les conseils régionaux de la culture parce que c'est un homme
très cultivé; il a été président de la
commission de la culture. Je sais pertinemment que le député de
Saint-Henri est aussi un homme de grande culture...
Une voix: C'est un homme de culture, ah oui!
Mme Juneau: ...il a été critique aux affaires
culturelles lorsqu'il était dans l'Opposition. Tous mes collègues
m'ont dit comment le député de Saint-Henri parlait, à
l'époque, des conseils régionaux de la culture. Je suis
sûre que, s'il est obligé de voter, le député de
Saint-Henri va être profondément bouleversé de ne pas
pouvoir acquiescer à la demande qu'on fait. J'espère qu'il ne
sera pas obligé de quitter. Ce sera pour lui un cas de conscience s'il
est obligé de voter contre l'amendement de mon collègue de
Saint-Jacques.
J'ai lu quelque part, M. le Président, que la culture et les
loisirs ne sont pas du luxe. Je pense que tout être humain, quel qu'il
soit...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, je dois vous signaler qu'il est très exactement 18 heures.
Mme Juneau: On reprendra, si vous me permettez...
Le Président (M. Trudel): À moins d'obtenir un
consentement unanime, nous devons suspendre jusqu'à 20 heures.
Mme Juneau: Je reprendrai avec mon droit de parole, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): A ce moment-là, il vous
restera cinq minutes, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. M. Boulerice:
Très bien. (Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de ta culture reprend - il ne faut pas que je me
trompe de sujet - l'étude détaillée du projet de loi 61,
Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec.
Au moment de la suspension des travaux, à 18 heures, la
députée de Johnson avait encore cinq minutes à son
crédit. Mme la députée de Johnson, s'il vous
plaît!
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. J'avais de
fortes inquiétudes d'être en retard pour le début de la
commission. Imaginez-vous que j'étais au téléphone avec
les gens du Conseil de la culture de l'Estrie. Je les ai appelés lorsque
j'ai pensé que leur comparution ici à la commission de la culture
pourrait être acceptée par le ministre et les membres. Je leur ai
fait part de cela et ils en étaient très heureux.
Lorsqu'on a quitté pour le souper, j'étais en train de
vanter et de louer les mérites, si je me souviens bien, du
député de Saint-Henri. Je l'ai vu à l'oeuvre. Je me
souviens, il y a quelque temps, je ne sais pas si c'est il y a un an ou deux
ans, il a débattu la Loi sur le cinéma avec des arguments
extraordinaires à l'époque. Le député de
Saint-Henri a fait un bon travail, ce qui prouve encore que ce que j'ai dit
à son sujet tout à l'heure, avant le souper, était tout
à fait exact. On ne peut croire en aucune façon que le
député de Saint-Henri ne soit pas à la hauteur et,
étant donné qu'on demande à la commission de recevoir les
conseils de la culture, on est persuadé que le député de
Saint-Henri va faire des efforts extraordinaires afin qu'on puisse adopter
cette motion.
J'ai aussi le député de Labelle à mes
côtés. Si le député est membre de la commission de
la culture, je suis persuadée que la culture doit l'intéresser
à un plus haut point. J'ai manifestement eu l'impression, toutes les
fois que je suis allée à la commission de la culture sur le
statut
de l'artiste, qu'il était drôlement intéressé
par tout ce qui se passait. Malheureusement, je n'ai pas eu le plaisir de le
connaître avant son élection du 2 décembre dernier. Je
crois que, dans les jours qui vont suivre, on aura ce plaisir. Je suis
persuadée qu'on va découvrir chez le député de
Labelle un goût indéniable pour la culture. Je crois que le
député de Labelle va être très responsable lorsqu'il
aura à voter concernant l'addition des conseils régionaux de la
culture pour qu'ils viennent présenter ici un mémoire ou se faire
entendre auprès du ministre des Communications concernant le projet dont
il est question.
Il y a aussi le député d'Arthabaska, bien entendu, que
j'ai le plaisir de saluer. Il me fait plaisir aussi de voir qu'il est tout
à fait intéressé par ce qui se discute autant ce soir que
les autres jours où je l'ai toujours vu à sa place en train
d'évaluer tout ce qui se disait. Il n'a pas pris la parole plus souvent
qu'à son tour, mais, quand même, je pense que j'ai
découvert en cet homme un ardent défenseur de la culture. Je suis
persuadée aussi que le député d'Arthabaska ajoutera sa
voix à celle de ses collègues pour nous aider à ce que le
ministre des Communications puisse accepter d'ajouter cette association
à toutes les autres qui y sont listées.
II y a, bien sûr, la députée de Vachon. La
députée de Vachon, c'est une femme pas mal particulière
également et je pense que, si elle a été choisie ou
nommée comme adjointe parlementaire à la culture, elle avait
toute les aptitudes requises et toutes les possibilités d'intervention
qu'on lui connaît. Je suis persuadée que la députée
de Vachon va certainement avoir un cas de conscience, si on lui demande de
voter sur la possibilité que les conseils régionaux de la culture
puissent être entendus à cette commission parlementaire et
d'intercéder, une fois de plus, auprès du ministre pour qu'enfin
il se décide et nous accorde la commission parlementaire avec audiences
publiques sur la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec.
J'ai conservé pour la fin - vous le pensez bien - le
député de Sherbrooke.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée, il
vous reste moins de trente secondes.
Mme Juneau: Moins de trente secondes! Mais j'ai quand même
le goût de vous dire... Voyez-vous pourquoi j'aurais utilisé
l'autre... En tout cas.
Le Président (M. Trudel): Tels sont nos règlements,
madame.
Mme Juneau: C'est cela. Je m'excuse, mais je vais essayer de
terminer sur le député de Sherbrooke. Je me souviens très
bien, M. le député de Sherbrooke, que l'autre personne qui
était là avant vous le député de Sherbrooke,
Raynald Fréchette, aurait été là et il aurait pris
la parole pour débattre, pour conserver nos acquis en régions.
Cela me fait mal au coeur de voir que vous n'intervenez jamais pour
défendre la région de l'Estrie.
Je me sens tellement esseulée.
Le Président (M. Trudel): Madame...
Mme Juneau: Je m'excuse, M. le Président, je termine
là-dessus.
Le Président (M. Trudel): Terminez rapidement, madame.
Mme Juneau: Je me sens tellement esseulée en Estrie de
voir que même le député de Sherbrooke n'ose pas se lever,
ni en Chambre, ni en commission parlementaire, ni à nulle part. Je le
vois là impassible, sans jamais songer à intervenir.
Le Président (M. Trudel): Mme la
députée...
Mme Juneau: M. le député de Sherbrooke. Je
m'excuse, je termine, M. le Président, je vous en prie.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
vous avez pris environ deux minutes de plus.
Mme Juneau: J'ai un profond regret, M. le député de
Sherbrooke, que vous ne défendiez pas nos acquis.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
votre temps de parole est écoulé.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Vous aurez sûrement
l'occasion de vous reprendre tantôt. M. le député de Gouin,
puis-je présumer que vous voulez parler?
M. Rochefort: M. le Président, oui, mais après que
l'alternance aura joué comme d'habitude. Vous voulez appeler
peut-être le député de Sherbrooke. Voulez-vous appeler le
député d'Arthabaska? puisque vous voulez désigner,
semble-t-il, les députés à qui vous donnez la parole.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, s'il vous plaît, c'est à vous.
M. Rochefort: Si personne d'autre ne veut parler, effectivement,
je vais demander le droit de parole.
Le Président (M. Trudel): Vous avez dix minutes, M. le
député de Gouin.
(20 h 15)
M. Rochefort: Oui, merci, M. le Président, de m'accorder
la parole. Vous comprendrez un peu ma surprise que vous me désigniez
d'office comme intervenant suivant. Je m'attendais que la députée
de Matane, cette fois-ci, utilise ses droits, peut-être le
député de Saint-Henri, les députés de Labelle et
d'Arthabaska qui sont ici présents, le député de
Sherbrooke. Le ministre, même, M. le Président, aurait pu, dans ce
cas, intervenir.
Mais, je m'aperçois, comme je l'ai dit dans une intervention
précédente, qu'on assiste à une commission parlementaire
composée essentiellement de députés et d'un ministre qui
étaient beaucoup plus volubiles en campagne électorale mais qui,
depuis leur arrivée au Parlement, semble-t-il, ont perdu l'usage de la
parole et également perdu leurs réflexes d'être près
des gens, ont perdu le sens de la consultation de ceux et de celles qui sont
touchés par leurs décisions ou par leurs lois.
M. le Président, la motion principale qui est à
l'étude actuellement est une motion de Mme la députée de
Johnson qui dit qu'elle souhaite que la commission entende douze à
quinze organismes afin qu'ils...
M. le Président, le député de Viau voulait-il
intervenir dans le débat? Je suis prêt à lui laisser mon
tour, je reviendrai après lui.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, vous pouvez...
M. le député de Viger, si vous voulez...
M. Rochefort: De Viau.
Le Président (M. Trudel): De Viau, je m'excuse. S'il vous
plaît, laissez continuer M. le député de Gouin qui nous
exposait...
M. Rochefort: Oui, mon voisin de comté me dérange
tout le temps, M. le Président.
M. le Président, comme je le disais, la motion principale qui est
présentement débattue est une motion de ma collègue, la
députée de Johnson qui a demandé à la commission de
recevoir de douze à quinze intervenants qui pourraient venir nous dire
comment ils réagissent au projet de loi qui fait présentement
l'objet de l'étude en commission parlementaire.
La motion d'amendement présentée cette fois-ci par mon
collègue, le député de Saint-Jacques, vise, M. le
Président, à ajouter un organisme qui a probablement, de bonne
foi, été omis de la liste par ma collègue la
députée de Johnson mais qui est tout aussi important que les
organismes qu'elle a indiqués dans sa motion, organismes qu'elle
souhaitait entendre ici. Il s'agit, M. le Président, des conseils
régionaux de la culture.
Évidemment, M. le Président, qui dit communications, qui
dit Radio-Québec dit aussi culture. Considérons qu'il est
pleinement cohérent et pleinement pertinent de demander aussi, en plus
des autres - dont je pourrais faire la liste, M. le Président, mais je
m'abstiendrai, pour l'instant, de la faire -aux conseils régionaux de la
culture de venir participer à nos travaux afin que ceux-ci puissent nous
décrire dans quelle mesure, à partir des préoccupations
culturelles qu'ils ont, le projet de loi qui est présentement devant
nous a des incidences par rapport aux préoccupations qui sont les leurs
et aux responsabilités qui leur ont été confiées,
comme le disait Mme la députée de Johnson, responsabilités
pour lesquelles ils sont pleinement subventionnés par l'État, par
le gouvernement du Québec, donc par la collègue du
député de Westmount et ministre des Communications, Mme la
ministre des Affaires culturelles, qui, en même temps, est
vice-première ministre du Québec, M. le Président. Donc,
j'imagine qu'il s'agit là d'organismes qui doivent être un tant
soit peu respectés, un tant soit peu considérés par le
parti ministériel dans les mandats dont ils ont la
responsabilité.
Une voix: ....
M. Rochefort: Le ministre veut-il intervenir sur le projet de
loi, M. le Président. À lui aussi je suis prêt à
céder mon temps de parole, je le rependrai à sa suite. Non pas
que je veuille lui répliquer, M. le Président, mais simplement
pour lui permettre d'exercer le droit de parole qu'il possède comme tout
autre parlementaire au sein de cette commission.
Le Président (M. Trudel): Je vous ferai remarquer, M. le
député de Gouin, que vous continuez à utiliser votre temps
de parole en parlant...
M. Rochefort: Je pensais que c'était une question de
règlement, M. le Président, parce qu'on m'a interrompu...
Le Président (M. Trudel): J'aimerais que vous me citiez le
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, lorsqu'un
député a la parole, aucun autre député ne peut
l'interrompre. J'imagine que vous avez déjà vu cela dans le
règlement.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, vous voulez continuer votre intervention?
M. Rochefort: Oui. Je vais reprendre, M. le Président, mon
intervention. Je disais que les conseils régionaux de la culture,
à cause de leur mission culturelle, ont des choses à venir dire
sur le projet de loi 61 et doivent faire partie de la liste de ceux et celles
que nous convierons à venir nous rejoindre au cours des prochains jours
pour débattre avec eux le projet de loi 61.
Il y a une autre dimension, M. le Président, presque aussi
importante, de la mission, du mandat des conseils régionaux de la
culture qui justifie qu'on les convie à venir participer à nos
travaux. C'est leur rôle régional. Il y a des conseils
régionaux de la culture dans toutes les régions du Québec.
Ils sont un genre de forum, de table de concertation de tous ceux et de toutes
celles qui jouent un rôle dans chacune des régions du
Québec pour ce qui est du développement de la culture dans leur
région. Je pense que chacun d'entre eux devrait venir expliquer ici
comment la culture est vécue chez lui, comment ils ont collaboré,
comment ils ont un rôle complémentaire aux comités
régionaux de Radio-Québec que le ministre a décidé,
de façon cavalière, d'éliminer totalement et à
jamais de la carte. Ces conseils régionaux de la culture non seulement
collaborent avec les comités régionaux de Radio-Québec
mais ils pourraient aussi venir nous dire jusqu'à quel point
Radio-Québec, dans chacune des régions, que ce soit l'Estrie,
Québec, l'Outaouais, la Mauricie-Bois-Francs, les quatre régions
où non seulement on abolit les comités régionaux de
Radio-Québec mais où on ferme, où on met la clef sur la
porte de la station régionale...
Je suis convaincu que les conseils régionaux de la culture,
particulièrement dans ces quatre régions du Québec, seront
amputés d'un organisme complémentaire, avec lequel ils
collaborent depuis longtemps de façon intense et soutenue dans leur
mission et que peut-être il est raisonnable de croire ou, du moins, de
s'interroger sur les conséquences directes de l'abolition des
comités régionaux de Radio-Québec et des quatre stations
régionales, sur le rôle, le travail, donc la mission des conseils
régionaux de la culture. Peut-être viendront-ils nous dire, par
exemple, que leur subvention devrait être augmentée pour palier
à l'absence des comités régionaux de Radio-Québec.
Peut-être viendront-ils nous dire qu'au minimum ils auront besoin d'une
extension de mandat, d'un élargissement de leur champ de
compétence pour faire face aux conséquences que le vide
créé par la décision du ministre, par la volonté
d'éliminer ces comités régionaux de Radio-Québec,
aura sur les activités régionales au plan culturel et au plan des
communications. Peut-être faudra-t-il revoir le rôle des conseils
régionaux de la culture eu égard à cette décision.
Au minimum, si la ministre des Affaires culturelles était venue en
commission parlementaire ici ce soir nous dire comment elle compte
aménager à l'avenir la nouvelle mission des conseils
régionaux de la culture, compte tenu de cette décision de son
collègue le député de Westmount et ministre des
Communications d'abolir les comités régionaux de
Radio-Québec, peut-être cela aurait-il été
satisfaisant pour nous. Peut-être, M. le Président, et
peut-être que tantôt nous déposerons une motion pour
demander à la ministre des Affaires culturelles, si la motion de mon
collègue le député de Saint-Jacques était
refusée, de venir nous donner des assurances minimales, des garanties
que les bonnes décisions seront prises en toute cohérence au
niveau de l'action gouvernementale pour nous assurer que l'abolition de ces
comités régionaux de Radio-Québec n'aura pas pour effet de
transposer des responsabilités additionnelles aux conseils
régionaux de la culture sans que ceux-ci n'aient, encore une fois,
été consultés, sans qu'ils n'aient vu leur mandat au plan
législatif élargi, redéfini en conséquence et sans
qu'ils n'aient vu, j'imagine, M. le Président... Parce que là
comme ailleurs, y compris pour les autres activités gouvernementales,
cela ne se fait pas sans ressources. Peut-être que là aussi il
faudra qu'on ajoute au budget des conseils régionaux de la culture pour
leur permettre de bien assumer leur nouveau rôle à la suite de
cette décision de M. le ministre des Communications.
Mais, M. le Président, si la ministre n'est pas ici, si son
adjointe parlementaire n'y est plus et, de toute façon, refuse de
participer au débat, au minimum, nous souhaitons que non seulement les
députés de l'Opposition votent pour cette motion d'amendement de
mon collègue, le député de Saint-Jacques - ce que nous
ferons - mais que les membres de la majorité ministérielle
acceptent de permettre à ces entités régionales
importantes, qui sont bien reconnues, bien considérées par le
gouvernement puisqu'elles sont subventionnées, appuyées et
soutenues par ce gouvernement, d'au moins être considérées
quant aux discussions entourant le projet de loi qui fait présentement
l'objet de notre commission.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement proposé par M. le député de
Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je vais donc exercer mon droit de
réplique.
Le Président (M. Trudel): Je vous ai fait remarquer
tantôt, M. le député de Gouin, que le droit de
réplique n'existait pas
à la commission.
M. Rochefort: Sur consentement, M. le Président, est-ce
que cela serait possible?
M. Boulerice: Je m'excuse. Vous ne vous adressez pas au
député de Gouin. J'aimerais savoir ce que vous dites au
député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel). J'ai dit tantôt au
député de Gouin...
M. Boulerice: Non, vous avez dit...
Le Président (M. Trudel): J'ai rappelé tantôt
au député de Gouin que le droit de réplique n'existait pas
en commission parlementaire.
M. Boulerice: En vertu de quel article? Une voix: Article
217.
Le Président (M. Trudel): Article 217, pour me
répéter. En commission, il n'y a aucun droit de réplique,
article 217, page 72.
M. Boulerice: Article 217, page 72. Écoutez, M. le
Président, absence de réplique, je pense que c'est très
clair.
Le Président (M. Trudel): Je pense aussi que c'est en
effet très clair.
M. Boulerice: Par contre, est-ce que le ministre peut
répondre aux questions que je lui ai posées durant mon
intervention? Je lui ai posé une question, j'aimerais qu'il puisse me
répondre.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre a choisi de ne
pas vous répondre tantôt. Je demande s'il y a d'autres
interventions. Vous vous êtes déjà exprimé sur votre
propre amendement. S'il n'y a pas d'autres interventions, je vais mettre...
Des voix: Vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Vote nominal?
M. Boulerice: II ne veut pas répondre à ma
question.
Le Président (M. Trudel): Je vais relire la motion, qui se
lit comme suit. La motion du député de Saint-Jacques est à
l'effet d'ajouter les organismes suivants au texte de la motion de la
députée de Johnson: "les conseils régionaux de la
culture". Sur appel nominal. M. French (Westmount)?
M. French: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Audet n'est pas présent. M.
Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Non. Je dis non.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Oui.
M. Rochefort: M. le Président, Mme la
députée de Matane n'a pas voté. Je crois qu'elle veut
peut-être que vous relisiez la motion. On est prêt à
consentir à cela.
Mme Hovington: C'est non. Non, non.
Le Président (M. Trudel): Je vous ai appelée, Mme
la députée de Matane, durant le vote. Non?
Mme Hovington: C'est non.
Une voix: Sans connaître la question.
Le Président (M. Trudel): Sur le vote.
Une voix: C'est cela qui s'est passé, d'ailleurs.
Le Président (M. Trudel): M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: C'est non.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat
(Vachon)?
Mme Pelchat: Oui.
Le Président (M. Trudel) J'ai tout à fait bien
compris, Mme la députée. Donc, le résultat est...
La Secrétaire: Sept contre, quatre pour, une
abstention.
Le Président (M; Trudel): Sept contre, quatre pour, une
abstention. M. le député de...
M. Rochefort: Excusez, M. le Président. Ah! vous vous
êtes abstenu! Parfait. Non, non, je voulais simplement savoir.
Parfait.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez demandé la parole?
Motion d'amendement
M. Brassard: J'aurais un amendement à apporter à la
motion de la députée de Johnson...
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Brassard: ...dont je ferais lecture. Je ferais motion pour
amender la motion de la députée de Johnson afin d'ajouter
à la liste des organismes la Conférence nationale des conseils
régionaux des communications.
M. Rochefort: Encore plus pertinent que les conseils
régionaux de la culture.
Le Président (M. Trudel): Vous pouvez me transmettre le
texte de votre amendement?
M. Rochefort: C'est encore plus pertinent que les conseils
régionaux de la culture.
M. French: Et penser que je les finance.
Le Président (M. Trudel): L'amendement étant
recevable, à sa face même, je cède la parole...
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il faut relire
la motion pour...
M. French: Non, ce n'est pas cela. Je voulais savoir si Jacques
était malade. (20 h 30)
M. Rochefort: Ah! Je pensais que vous demandiez à
relire...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaftl
Une voix: Un petit problème à...
M. French: Je voulais pairer avec lui.
M. Rochefort: Pour 21 h 45, à peu près.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Donc, M. le député de Lac-Saint-Jean sur
l'amendement...
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): ...que vous avez
proposé.
M. Brassard: Oui. D'ailleurs, je ne veux pas faire preuve de
divergence avec mon collègue de Saint-Jacques, mais il me semble qu'on
aurait dû présenter cette motion avant. Avec tout le respect que
j'ai pour les conseils régionaux de la culture, on pourrait
peut-être revenir... Ma motion aurait dû précéder,
étant donné que cela concerne les communications.
M. le Président, depuis quelques années au Québec,
on a vu se constituer dans certaines régions - pas toutes, il faut
l'admettre - des conseils régionaux des communications qui regroupent
les intervenants qui sont intéressés ou concernés par le
domaine des communications. Ces conseils régionaux - il faut
peut-être le mentionner - sont subventionnés par le
ministère des Communications. Le ministre en sait sûrement quelque
chose et peut-être qu'il pourra nous annoncer tout à l'heure une
hausse des subventions aux conseils régionaux des communications. Cela
ferait l'objet d'une nouvelle intéressante.
Donc, les conseils régionaux des communications se sont
formés, regroupant les intervenants en cette matière. Comme les
conseils régionaux de la culture, ces conseils régionaux des
communications ont trouvé utile, ont jugé bon de se regrouper en
une conférence nationale. Or, de la même façon qu'il y a
une Conférence nationale des conseils régionaux de la culture, il
existe également une Conférence nationale des conseils
régionaux des communications. Cette conférence nationale s'est
clairement prononcée sur toute la question de la régionalisation
de Radio-Québec, sur le projet de loi qui est à l'étude
devant l'Assemblée nationale. Dès le 3 avril 1986, dans une
lettre au président-directeur générai, M. Girard, la
Conférence nationale des conseils régionaux des communications
exprimait son opposition très ferme à la fermeture des bureaux
régionaux de Radio-Québec. Quels conseils régionaux
regroupe cette conférence? Cette conférence regroupe le Conseil
populaire des communications de l'Est du Québec - il y a donc un conseil
régional
dans l'Est du Québec - le Regroupement populaire des usagers des
moyens de communication de l'Abitibi-Témiscamingue, le Conseil des
usagers des médias de la Sagamie c'est dans ma région, le
Saguenay - Lac-Saint-Jean...
M. le Président, question de règlement.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais aux députés à ma droite de
garder le silence afin d'écouter les propos intéressants du
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Remarquez, M. le Président, que si les
députés ne sont pas intéressés, ils ont tout le
loisir de se retirer. Personne ne les retient ici.
M. Boulerice: Certains se sont déjà endormis
même.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous pouvez poursuivre.
M. Brassard: Alors, il y avait également le Conseil des
usagers des médias de la Sagamie et également enfin, le
quatrième, le Conseil régional des communications de la
Côte-Nord. Il y a donc quatre régions qui se sont dotées de
conseils régionaux des communications. Ces quatre conseils travaillent
à la promotion et à la défense des intérêts
des usagers dans le domaine des communications et au développement des
communications dans leur région.
Mme Juneau: M. le Président, il me semble qu'on devrait
écouter mon collègue. J'ai l'impression que la foire est prise
l'autre bord.
Le Président (M. Trudel): Je pense, Mme la
députée de Johnson, que les gens se mettent à l'aise d'un
côté comme de l'autre pour ce qui risque d'être une
longue...
Mme Juneau: On veut bien qu'ils se mettent à l'aise, mais
pas bruyamment.
Le Président (M. Trudel): ...et chaude soirée. Je
cède la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Ils peuvent se mettre à l'aise, mais ils ne
sont pas obligés de ne pas respecter mon droit de parole.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: II fait chaud.
M. Brassard: Vous n'êtes pas obligés de
m'écouter, sauf que je demande de ne pas me déranger, de
respecter mon droit de parole. Vous n'êtes absolument pas obligés
de m'écouter.
Donc, il y a quatre conseils régionaux des communications. Cela
devrait les intéresser car cette commission parlementaire est en train
d'étudier un dossier des communications. Peut-être qu'il y en a
même qui ne savent pas qu'il y a des conseils régionaux des
communications dans leur propre région.
Une voix: ...sa présence est obligatoire...
M. Brassard: Oui, oui, c'est sûr. Ces quatre conseils se
sont donc regroupés en une conférence nationale et ils se sont
clairement prononcés sur le dossier de Radio-Québec. Je pense
qu'il serait extrêmement utile et enrichissant pour les membres de la
commission de les inviter à venir faire entendre leur point de vue, ici
même en commission, sur ce dossier d'autant plus que c'est leur mandat,
c'est leur vocation de s'intéresser aux communications. Je suis
convaincu que leur point de vue serait extrêmement utile aux membres de
la commission, parce que ces conseils régionaux des communications
s'inquiètent de l'avenir de Radio-Québec, s'inquiètent, au
même titre d'ailleurs que le P.-D.G. de Radio-Québec, M. Girard,
de ce qu'il appelle la dégradation inévitable de la programmation
qui pourrait être provoquée par une diminution de la subvention
gouvernementale. C'est ce que M. Girard disait en commission parlementaire le
17 avril dernier. Il est évident que les conseils régionaux et la
Conférence nationale des conseils des communications partagent le
même point de vue que celui du P.-D.G. et sont convaincus qu'on assistera
à une dégradation inévitable de la programmation de
Radio-Québec. Ils souhaitent donc alerter les membres de la commission
pour éviter si possible cette dégradation de la
programmation.
Je donnerais comme exemple de cet intérêt des conseils
régionaux des communications celui de ma région qui porte le nom
de Conseil des usagers des médias de la Sagamie qui a fait état
dans sa prise de position des innovations extrêmement
intéressantes qui ont vu le jour en région dans le domaine des
communications grâce à Radio-Québec. C'est ainsi, par
exemple, que Radio-Québec a été le premier média
à coproduire régionalement avec les autres médias. C'est
ce qu'on a appelé l'approche multimédia. Je pense que c'est
apparu d'abord en région et que c'est une expérience
extrêmement intéressante pour les conseils des communications. Ils
souhaitent évidemment que cette expérience se poursuive, que
cette approche multimédia se poursuive et que l'on multiplie les
coproductions avec les autres médias.
Mettre un terme à la régionalisation, évidemment,
mettrait également un terme à cette expérience
intéressante en matière de coproduction. Il serait, je pense,
utile et intéressant d'entendre la Conférence nationale des
conseils régionaux des communications venir nous dire ici en commission
qu'il est absolument essentiel que, dans les régions du Québec,
on poursuive cette expérience de coproduction, cette approche
multimédia qui est apparue un peu partout sur le territoire
québécois. Le Conseil des usagers des médias de la Sagamie
chez nous dans la région soutient que Radio-Québec est un
instrument d'appui important pour les télévisions
communautaires.
Je vous signale que dans une région comme la nôtre, il y a
une dizaine de télévisions communautaires qui sont
implantées, qui fonctionnent dans plusieurs municipalités de la
région et qui collaborent étroitement avec Radio-Québec.
Radio-Québec en région apporte son soutien, son aide, collabore
et coopère de multiples façons avec les télévisions
communautaires. Il y a là évidemment une expérience de
concertation entre les médias communautaires et Radio-Québec en
région qui est tout à fait remarquable, qui mérite non
seulement d'être encouragée mais poursuivie. Les conseils
régionaux des communications souhaitent évidemment que cette
expérience se poursuive. Je pense qu'il serait intéressant de les
entendre sur cette question en particulier. Ils ont sans doute des remarques
intéressantes à nous communiquer à ce sujet.
Un troisième exemple.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Trudel): Je vous demanderais d'aller
assez rapidement. Il vous reste moins de 30 secondes.
M. Brassard: Merci. Le troisième exemple - peut-être
qu'un autre de mes collègues en parlera - était l'aide
apportée par Radio-Québec aux maisons de production
régionales. Sans Radio-Québec, il n'aurait pas vu se constituer,
se former, dans beaucoup de régions du Québec, des petites firmes
de communications qui permettent à des artisans des communications de
produire et d'exercer leur métier. Pour toutes ces raisons, je pense
utile et nécessaire que la Conférence nationale des conseils
régionaux des communications puisse se faire entendre devant cette
commission sur la question de Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Est-ce que d'autres membres de la
commission voudraient intervenir? M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le député de Richelieu voulait...
Je vous en prie, cher ami. Allez, je vous cède...
Le Président (M. Trudel): J'ai reconnu le
député de Saint-Jacques, qui a levé la main avant le
député de Richelieu.
Une voix: II a dit qu'il lui donne son tour.
M. Boulerice: En vertu de l'alternance qui caractérise
notre démocratie, je lui cède mon tour immédiatement, M.
le Président. Il est toujours détaché du réseau,
c'est une vieille pratique chez lui.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous ferais remarquer que votre temps commence.
M. Boulerice: Non, mon temps ne commence pas, M. le
Président.
Une voix: Oui, oui, il est commencé.
Le Préaident (M. Trudel): Votre temps commence.
M. Boulerice: Alors, je regrette, encore une fois, que nos amis
d'en face ne sentent pas le besoin d'intervenir dans un dossier aussi
important. On tente même de s'éloigner du débat; on a vu le
ministre des Communications, tantôt, lors de l'excellente suggestion qui
a été faite par mon collègue de Lac-Saint-Jean, quitter la
table où nous discutons pour aller s'asseoir au fond de la salle, jouer
le désintéressement ou le non-intérêt marqué
du sujet qui nous préoccupe actuellement.
La pertinence de l'amendement de mon collègue de Lac-Saint-Jean
ne fait aucun doute. Effectivement, je vais lui rendre justice. Si la
participation des conseils régionaux de la culture m'apparaissait un
élément important pour les fins que nous poursuivons,
c'est-à-dire discuter du sens et des orientations de
Radio-Québec, cela était dans cette vision culturelle, cette
vision de grand promoteur culturel que j'ai et que plusieurs centaines de
milliers de Québécois partagent avec moi quand il s'agit de
Radio-Québec. Sauf qu'effectivement, les conseils régionaux des
communications me paraissent être, si ce n'est pas l'interlocuteur
principal, tout au moins l'un des principaux interlocuteurs. Je pense que, hors
de tout doute, nous nous devons d'ajouter à la liste proposée
dans la motion de ma collègue, la députée de Johnson, les
conseils régionaux des communications.
À moins que je ne me trompe, des organismes un peu similaires
existent actuellement en France et s'articulent autour de la
régionalisation des antennes qui existent et qui couvrent tout le
territoire comme France-Languedoc, France-Roussillon... Enfin, je ne vous
énumérerai pas ce réseau; je pourrais le faire
effectivement: France-Picardie, France-Bretagne et tous les autres centres de
production et d'émissions régionaux rattachés au
réseau central de Paris avec TF1, Antenne 2 et France 3, avant qu'il
soit effectivement privatisé. Il faut croire que, de part et d'autre de
l'Atlantique, notre gouvernement et un autre gouvernement coïncident dans
les bons coups; pour ce qui est des mauvais, il semble qu'il y ait convergence
occasionnelle et c'est peut-être un exemple manifeste auquel on assiste
aujourd'hui. (20 h 45)
Je pense que ce sont les premiers interlocuteurs, d'une part, par la
pertinence et par l'expertise qu'ils ont des télévisions
communautaires et des télévisions éducatives... Pardon, M.
le Président? D'accord. ...d'une part, par la pertinence et par
l'expertise qu'ils ont des télévisions communautaires et qu'on
peut d'ailleurs voir régulièrement sur le câble. J'ai un
exemple assez frappant, lorsque je retourne dans mon pays natal,
c'est-à-dire Juliette, j'écoute une télévision
communautaire locale avec une programmation qui rejoint... Je vois le
président-directeur général de Radio-Québec et
néanmoins cher ami, M. Girard, sourire peut-être un peu à
mon propos. C'est vrai qu'ils ne se lancent pas dans de superproductions en
collaboration avec des pays étrangers. C'est bien vrai, encore
là, que cela touche toujours une petite partie de la population et,
à ce moment-là, vous établissez des coûts. Mais
à cela, rappelez-vous, je vous ai déjà fait la remarque:
les coûts que vous attribuez pour les émissions régionales,
qui ne sont supposément pas vues, coûtent moins cher et rejoignent
quand même plus sinon autant de gens que ceux qui assisteront à
l'opéra è Montréal - et l'opéra est
subventionné - et comme il y a très peu de monde qui va voir les
opéras à Montréal, M. French...
M. French: ...depuis...
M. Boulerice: II y en a 20 000 à peu près. Pour
employer une expression familière dans votre magnifique comté,
"This is for happy few". Parce que ces gens-là sont dans la
région de Montréal et qu'en descendant "The Boulevard" ou en
circulant sur la rue Sherbrooke ils peuvent se rendre à la Place des
Arts voir ces productions d'opéra; on ne songe pas à couper ces
productions d'opéra. Pourquoi y aurait-il une adéquation mesquine
faite aux télévisions régionales à savoir que la
production qui est là ne mérite pas d'être faite
puisqu'elle ne s'adresse qu'à une population de 19 000, 20 000 ou 30 000
personnes. Sauf que, je regrette, c'est en contradiction, comme je vous l'ai
dit, avec la dernière intervention publique de la vice-première
ministre - je ne parle pas de son intervention en Chambre, je parle de son
intervention en commission - et c'est en contradiction avec la magnifique
citation empruntée de Jacques de Bourbon-Busset.
Donc, je trouverais extrêmement dommageable, M. le ministre, que
vous alliez de nouveau, pour la quatrième fois, lorsqu'on va ajouter des
interlocuteurs qui pourraient apporter au dossier de Radio-Québec, qui
pourraient vous donner cet éclairage qui, à mon point de vue vous
serait utile, M. le ministre, et peut-être utile aussi dans d'autres
conversations que vous pourriez éventuellement avoir avec votre Conseil
des ministres, qui pourrait peut-être vous faire freiner les cisailles
"gobeilliennes" qu'on ressent pratiquement tous les jours dans tous les
domaines de l'activité éducative et culturelle au
Québec.
Donc, je vous supplie de nouveau, M. le ministre, de ne pas sombrer dans
cette obstination tout aussi méprisante qu'obstinée comme
tantôt, lorsque vous avez rejeté de la main, d'une part,
l'ensemble du Québec en rejetant les familles, en rejetant notamment
d'ailleurs l'Union des familles, qui est un organisme extrêmement
présent dans Saint-Jacques et très préoccupé de
télédiffusion et de son contenu. J'espère que vous ne
réserverez pas le même sort à la proposition de mon
collègue de Lac-Saint-Jean et que vous allez permettre aux conseils
régionaux des communications de se faire entendre. Encore là,
pour nous, c'est le seul moyen finalement, compte tenu toujours du silence de
marbre des gens d'en face, d'être capables de donner une voix à la
Gaspésie, à la Côte-Nord, à la région de
l'Outaouais qui, pourtant, devrait être bien écoutée. N'y
a-t-il pas des ministres seniors dans votre Conseil des ministres qui viennent
de la région de l'Outaouais. J'admets qu'ils sont engagés
à bien d'autres choses et qu'ils ne peuvent pas se préoccuper de
tous les dossiers, mais quand même Radio-Québec ce n'est pas un
dossier mineur. Vos collègues de l'Outaouais absents et muets aussi...
On permettrait, en invitant les conseils régionaux des communications,
à la population de l'Outaouais, qui vit une situation tout à fait
particulière, de bien exprimer ses besoins. Cette population, entre
parenthèses, a toujours été tenue pour acquise par votre
parti politique. C'est bien entendu, engagements, promesses, engagements non
négociables, engagements fermes, engagements mous enfin, il y avait un
long vocabulaire quand venait le temps de faire vos engagements durant la
période électorale.
Ces gens, vous les avez toujours tenus pour acquis. Peu importe, ce
n'est pas compliqué, cela va bien. On se dit: Les gens qui vont voter
là sont une forte concentration de groupes ethniques. Traditionnellement
ces gens votent pour nous, bravol
On va en arriver à n'avoir encore là -à cause de
l'incurie des députés qui ne font pas leur métier de
représentants des intérêts des citoyens de ces gens - aucun
interlocuteur. J'appuie l'amendement de mon collègue et je vous informe
que lorsque nous aurons disposé de cet amendement j'aurai le plaisir de
vous en soumettre un autre.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce que quelqu'un d'autre voudrait
intervenir sur la motion? Nous en sommes à la motion d'amendement du
député de Lac-Saint-Jean.
M. Rochefort: Je pense que le député de Richelieu
avait demandé la parole tantôt et il y avait confusion à
savoir si c'était le député de Saint-Jacques ou le
député de Richelieu. Là c'est clair. Cela pourrait
être lui.
Le Président (M. Trudel): Je pense que cette confusion est
levée. Mme la députée de Johnson m'a fait signe
tantôt. Je vous cède la parole avec grand plaisir, madame.
Mme Juneau: Merci. J'aimerais à mon tour intervenir sur la
motion que mon collègue, le député de Lac-Saint-Jean,
vient de proposer aux membres de cette commission. Je pense que si le
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de notre formation
politique a décidé d'apporter cet amendement, c'est qu'il est
bien conscient qu'en acceptant, nous les membres de la commission,
d'écouter le conseil régional des communications, c'est qu'il est
bien sûr que c'est d'une importance capitale, c'est que les gens de ce
conseil ont certainement des choses à nous apprendre concernant les
communications en général. Je pense que ce serait peut-être
important que je dise aux membres de cette commission ce que fait le conseil
régional des communications dans nos régions.
Je suis persuadée aussi que le P.-D.G., M. Girard, se souvient
très bien d'avoir reçu, le 3 avril dernier, une lettre provenant
du conseil régional des communications signée par la
présidente de la conférence Mme Agathe Lévesque, qui a
fait une impression importante dans l'idée du P.-D.G. de la
société Radio-Québec. J'aimerais vous dire ce qu'est le
conseil régional des communications. La conférence regroupe le
Conseil populaire des communications de l'Est du Québec, le Regroupement
populaire des usagers des moyens de communications de
l'Abitibi-Témiscamingue, le Conseil des usagers des médias de
5agamie, et le Conseil régional des communications de la
Côte-Nord. Ces quatre conseils travaillent, je dis bien travaillent
à la promotion et à la défense des intérêts
des usagers dans le domaine des communications et au développement des
communications dans leurs régions respectives.
C'est le travail qu'effectue le Conseil populaire des communications. Le
conseil régional des communications c'est comme un chien de garde, par
rapport à un moyen de communications, que ce soit la presse
écrite, la presse parlée, que ce soit la
télévision, que ce soient les hebdos, que ce soient les
quotidiens, tout ce qui peut contenir ou parler de communications. Le travail
qu'effectue ce conseil c'est de regarder à l'intérieur de ces
moyens de communications pour voir si éventuellement leur mandat est
rempli à souhait, c'est-à-dire s'ils donnent à la
population dont ils sont les représentants en termes de communications
leur plein mandat, c'est-à-dire donner éventuellement au lecteur,
à l'auditeur, à celui ou à celle qui regarde l'image, la
possibilité de recevoir cette qualité qu'on est en droit d'exiger
des médias qui nous entourent. Tous autant que nous sommes, nous avons
besoin d'être bien informés et de recevoir de la part de nos
médias toute l'information et toute la qualité qu'ils pensent
nous offrir. Les conseils régionaux des communications ont un travail
extrêmement important à faire et je pense qu'on ferait une erreur
grave de ne pas leur permettre de venir ici à Québec pour faire
partie de cette commission parlementaire qui a le mandat d'évaluer la
société Radio-Québec et l'avenir de Radio-Québec.
Je pense qu'un mandat comme celui d'un conseil régional des
communications s'étend de façon très importante dans tout
ce qu'on vit. Il peut s'étendre à la littérature
québécoise, aux films, aux romans, aux produits vendables en
communications. Je pense que son mandat est quand même très
étendu. Si nous admettons le fait que le conseil régional des
communications est un chien de garde pour tout ce qu'on peut recevoir dans le
domaine des communications, je pense que nous ne pouvons nous priver de ce
qu'il pourrait nous apporter comme éclairage ici à la commission
de la culture. Je pense que, tous autant que nous sommes, nous ferions une
erreur importante en ne les invitant pas ici. Si cette conférence qui
regroupe, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, quatre conseils qui ont
pris position pour Radio-Québec était venue ici... C'est d'abord
parce que le public avait demandé en 1975, lors d'une vaste consultation
concernant Radio-Québec, que des bureaux régionaux de
Radio-Québec soient implantés et qu'ils produisent des
émissions permettant le développement économique, social,
culturel et éducatif...
Lors des dernières audiences de la
Régie des services publics - le ministre en est conscient parce
que la régie relève aussi de son ministère... Le conseil
régional de la culture a écrit au P.-D.G. pour lui dire qu'il
avait lors des dernières audiences présenté un document
qui faisait valoir l'apport important des régions dans les
activités de Radio-Québec. Même qu'à
l'époque, vous envisagiez une diffusion plus importante des productions.
Je pense, M. Girard, que vous ne niez pas cela. J'en suis persuadée,
c'est ce que vous avez fait. Je disais qu'il y avait une diffusion plus
importante des productions régionales sur le réseau. C'est donc
dire que vous considériez, à l'époque où vous avez
fait cette représentation à la Régie des services publics,
que vous croyiez fermement que les productions régionales atteignaient
des standards de qualité notables. Je suis persuadée que vous
n'auriez pas fait ces représentations si vous n'aviez pas cru vraiment
à ce que Radio-Québec pouvait apporter dans chacune des
régions du Québec. La régionalisation est un
investissement à conserver et à développer, disait-on. En
consultant certains documents qui sont présentés par les
présidents des bureaux régionaux, nous avons constaté que
ces bureaux de Radio-Québec, particulièrement ceux qui sont
situés dans les régions que nous représentons, sont
très actifs. (21 heures)
Quand je parle de ces conseils régionaux je parle aussi pour
l'Estrie dont il n'est pas fait mention dans le document dont je vous fais
part. Je sais très bien, à la suite de toutes les
représentations qui m'ont été faites par les gens de
l'Estrie, nonobstant les non-représentations du député de
Sherbrooke - je croyais que lui aussi pourrait en faire mais il n'en fait pas.
Que voulez-vous que je fasse? Il ne trouve peut-être pas cela important
alors que moi, je trouve cela important. - que toutes ces interventions ont
été faites parce qu'il est important de conserver nos acquis dans
nos régions respectives.
Si les affirmations contenues dans ce document ne peuvent être
contestées, M. Girard, les bureaux régionaux occupent une place
très importante au sein de Radio-Québec. Je pense que depuis le
temps qu'on en parle, tout le monde doit être très
sensibilisé à cette vérité. De plus, ils doivent
continuer d'occuper et de recevoir de notre part, à chacun de nous, un
appui important. Je pense qu'on ferait une très grave erreur de ne pas
admettre que les conseils régionaux des communications ont une place
importante, ont des choses à dire. Nous, les membres de la commission de
la culture, devons faire un effort important pour les recevoir et les
écouter. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Est-ce que d'autres députés
voudraient intervenir sur la proposition d'amendement du député
de Lac-Saint-Jean?
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Compte tenu de la discrétion toujours
constante des députés de la majorité ministérielle,
oui, je viendrai appuyer la motion d'amendement déposée par mon
collègue le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de
l'Opposition officielle afin d'ajouter à la liste des organismes dont la
députée de Johnson a demandé la comparution ici, devant
notre commission, la Conférence nationale des conseils régionaux
des communications du Québec.
Même si je ne partage pas l'opinion du ministre et des
députés ministériels, quant au refus qu'ils ont
exprimé par vote nominal tantôt d'entendre le Comité de la
consultation sur la politique familiale, même si je ne partage pas non
plus sa décision à lui, comme ministre, et celle de ses
collègues députés de la majorité
ministérielle d'entendre les conseils régionaux de la culture, je
peux comprendre que le ministre considère - et que ses collègues
députés l'appuient dans cette décision - qu'il s'agissait
de deux organismes qui n'étaient pas absolument, de façon
totalement et directement concernés par le projet de loi et par
l'ensemble de ses responsabilités comme ministre des Communications.
Mais je ne pourrais et je ne peux comprendre que le ministre des Communications
refuse - je dis bien refuse - à la Conférence nationale des
conseils régionaux des communications du Québec de participer
à la commission parlementaire qui siège actuellement aux fins
d'étudier le projet de lot du ministre des Communications qui a pour
but, comme on le sait, d'abolir les comités régionaux de
Radio-Québec dans toutes les régions du Québec, de mettre
la clé dans la porte de quatre stations régionales, soit celle de
l'Outaouais, de Québec, de la Mauricie-Bois-Francs et de l'Estrie, et
qui a aussi pour but d'éliminer toute forme de
rémunération des membres du conseil d'administration de la
société Radio-Québec dont on fait le grand
ménage.
Je comprendrais mal que le ministre des Communications refuse un
organisme qui est directement concerné par les responsabilités
ministérielles du ministre des Communications. Cet organisme
représente pleinement l'ensemble des organismes qui participaient, qui
contribuaient, qui tournaient autour, qui étaient complémentaires
des comités régionaux de Radio-Québec. Si le ministre
refuse que les comités régionaux qu'il abolit soient entendus,
s'il
refuse que les membres du conseil d'administration des régions
concernées soient entendus, s'il refuse que les responsables des quatre
stations régionales soient entendus, j'espère qu'il fera preuve
de suffisamment d'ouverture, de disponibilité, de considération
et de respect pour les organismes que sont et qu'est la Conférence
nationale des conseils régionaux des communications et qui au moins,
comme je le disais, représentent la plupart sinon la totalité des
organismes qui participent à la vie de Radio-Québec dans les
régions du Québec qui étaient souvent aussi membres des
comités régionaux ou qui avaient des relations soutenues comme je
le disais tantôt ou qui avaient à l'occasion des activités
complémentaires, où ils collaboraient les uns avec les autres
dans le développement de services de communication de qualité,
bien adaptés, bien orientés en fonction des préoccupations
des gens, des groupes, des associations de chacune des régions du
Québec qui étaient et qui sont des associations qui peuvent
animer les groupes qui venaient à un deuxième niveau dynamiser le
travail et le rôle des comités régionaux de
Radio-Québec.
Si le ministre nous dit: Je refuse, comme ministre des Communications et
comme membre du gouvernement du Québec et au nom du gouvernement du
Québec d'entendre ces organismes parce que je considère qu'ils
n'ont aucun rôle à jouer dans cela, qu'ils n'ont aucun mot
à dire là-dessus, je dirai que j'avoue que je ne comprendrais pas
l'orientation du ministre, son attitude et particulièrement sa
façon de faire.
La Conférence nationale des conseils régionaux des
communications du Québec adressait pas plus tard que le 3 avril dernier
dans une lettre au président-directeur général de
Radio-Québec, M. Jacques Girard, faisait connaître sa position
quant aux décisions qui sont l'objet du contentieux que tente de
régler le ministre par la voie législative et par la voie du "On
fait le ménage d'un bout à l'autre", lettre dont l'organisme a eu
la déférence de faire parvenir copie au ministre des
Communications puisqu'au bas de la page 3 on Ht: "CC - pour copie conforme - M.
Richard French, ministre des Communications du Québec."
Quelle réponse le ministre a-t-il donnée à cette
association? Quelles considérations le ministre a-t-il eue à
l'endroit des représentations de la Conférence nationale des
conseils régionaux des communications? On ne le sait pas.
Peut-être le ministre a-t-il une lettre à déposer pour nous
indiquer un peu comment il a réagi, quels arguments il a
développés pour réagir aux arguments
développés dans la lettre de la Conférence nationale des
conseils régionaux des communications du Québec? On ne le sait
pas et devant l'absence d'ouverture, devant l'absence de transparence, devant
l'absence, disons-le, de considérations non seulement pour l'organisme
mais aussi pour les parlementaires membres de la commission, on a d'autres
moyens de connaître cette réaction, de connaître les
fondements de la position de cet organisme qu'en demandant à l'organisme
de venir ici en commission parlementaire et de présenter oralement sa
position, de venir confronter - disons les choses comme elles sont et comme
elles doivent être, appelons les choses par leurs noms -donner la chance
dans une démocratie comme celle dans laquelle nous évoluons de
permettre à ces conférences, à ces conseils
régionaux des communications de venir confronter leur position, leur
opinion à celle du ministre des Communications, de même
qu'à celle des députés de la majorité
ministérielle qui, encore une fois, dois-je le rappeler sont motus,
bouche cousue. On ne veut surtout pas dire quoi que ce soit là-dessus.
Peut-être que cela nuirait éventuellement à une
promotion.
On assiste un peu aux institutions à l'envers alors que les
citoyens du Québec ont le sentiment justifié, un sentiment
pleinement légitime, qu'ils délèguent à
Québec des gens pour venir présenter leurs préoccupations,
leurs aspirations, leurs attentes comme citoyens pour que ces
députés viennent à Québec défendre leur
position. Mais on assiste plutôt, semble-t-il, à des
députés qui partent de Québec pour aller défendre,
aller expliquer les positions gouvernementales à leurs citoyens et leur
expliquer qu'ils ont tort, qu'ils n'ont pas raison, qu'ils n'ont probablement
pas compris et que seuls eux ont compris et qu'ils vont leur expliquer comment
les choses doivent fonctionner au Québec.
Nous croyons que par la participation de la conférence... On ne
demande pas l'ensemble des conseils régionaux des communications du
Québec pris individuellement. Nous sommes de bonne foi. Nous sommes
compréhensifs. Nous sommes prêts à accorder une pleine
collaboration aux ministres et aux députés. On demande au moins
que la Conférence nationale des conseils régionaux des
communications puisse venir ici en commission parlementaire participer
pleinement, de bon droit, en toute franchise, en toute ouverture, en toute
transparence et en toute démocratie à cet exercice
profondément démocratique qu'est une commission parlementaire
comme celle à laquelle nous avons été conviés, non
pas par nous, mais par le gouvernement. C'est le gouvernement qui a
décidé de convoquer cette commission parlementaire, qui a
décidé de nous convier ici.
On dit oui et il y en a d'autres aussi qui veulent être
conviés ici et qui, justement, considérant qu'ils ont
été mal et pas défendus par les députés
ministériels, veulent au moins avoir le droit de parole qu'ils
croyaient s'être donné en élisant des
députés libéraux dans leurs propres comtés le 2
décembre dernier. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commissidn qui veulent exprimer leur point de vue sur l'amendement
proposé par le député de Lac-Saint-Jean?
Des voix: On demande le vote. Le vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Vote nominal encore une fois. Le
vote est demandé. On va me donner les instruments. Je relis la
proposition du député de Lac-Saint-Jean. Pour amender la motion
de Mme la députée de Johnson afin d'ajouter à la liste des
organismes "la Conférence nationale des conseils régionaux des
communications". Vote par appel nominal. M. French, Westmount?
M. French: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Audet n'est pas là. M.
Boulerice, Saint-Jacques?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner, Arthabaska.
M. Gardner: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard, Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. Hains, absent. M. Hamel,
Sherbrooke?
M. Hamel: Non.
Le Président (M. Trudel): M. Rochefort, Gouin?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Trudel): Mme Hovington, Matane?
Mme Hovington: Non.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau, Johnson?
Mme Juneau: Bien sûr.
Le Président (M. Trudel): On est rendu à Mme
Juneau, Johnson. Vous avez dit non madame?
Mme Juneau: Oui.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, vous avez dit
oui.
Mme Juneau: J'ai dit oui.
Le Président (M. Trudel): M. Hétu, Labelle.
M. Hétu: Non.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat, Vachon?
Mme Pelchat: Non.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Richelieu, le vote était commencé quand vous avez fait votre
entrée dans cette enceinte.
M. Khelfa: Je suis habitué.
Une voix: Lui commence à être habitué.
Le Président (M. Trudel): La motion -À l'ordre,
s'il vous plaît - d'amendement du député de Lac-Saint-Jean
est rejetée par six...
La Secrétaire: Contre... Le Président (M.
Trudel): ...contre-La Secrétaire: ...une abstention et quatre
pour.
Le Président (M. Trudel): Et quatre pour. (21 h 15)
M. le ministre, êtes-vous prêt à passer à
l'article 1?
M. French: Je serais "delighted" de passer à l'article 1,
M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Nous passons maintenant à
l'étude de l'article... M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Motion d'amendement
M. Brassard: M. le Président, j'ai une motion d'amendement
à proposer à la motion de la députée de Johnson. Je
ferais motion pour amender la motion de la députée de Johnson,
afin d'ajouter à la liste que l'on retrouve dans la motion de la
députée de Johnson les producteurs télévisuels
indépendants du Québec.
Le Président (M. Trudel): Voulez-vous nous communiquer le
texte de votre amendement, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Oui.
M. Boulerice: ...le fichier de 1970 pour savoir cela?
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie. Pendant que le
député de Lac-Saint-Jean rédige sa motion d'amendement, je
vais suspendre les travaux pour quelques minutes, parce que je ne suis pas
convaincu de la recevabilité de cette motion d'amendement, dis-je
bien.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais que, comme vous
l'avez fait jusqu'à maintenant, si jamais vous deviez rendre une
décision négative, vous nous permettiez au préalable de
plaider sur la recevabilité, comme il est de pratique et de tradition
ici même en commission.
Le Président (M. Trudel): Je n'ai pas l'intention de
briser les bonnes traditions de cette Assemblée...
M. Rochefort: Je suis heureux de vous l'entendre dire, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): ...et j'accorderai si tel est le
désir de chacun des côtés, un droit de plaidoirie à
un représentant de chaque côté.
Alors, on va suspendre pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 17)
(Reprise à 21 h 23)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaîtl M. le député de Gouin vous avez demandé de
faire des représentations...
M. Rochefort: C'est M. le député de Lac-Saint-Jean,
je crois, qui va vous les faire.
Le Président (M. Trudel): ...sur la recevabilité de
l'amendement que vous avez proposé.
M. Rochefort: Oui.
Débat sur la recevabilité
M. Brassard: M. le Président, à ce stade-ci de nos
travaux en commission, permettez-moi de manifester de l'étonnement
à la suite de votre décision de suspendre les travaux de
façon à examiner la recevabilité de la motion que je viens
tout juste de déposer.
Nous en étions, comme vous le savez, à discuter d'une
motion en vertu de l'article 244 qui indique et je cite: "Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son mandat". Il
est bien évident que cette consultation ou ces consultations
particulières doivent prendre au départ la forme d'une motion. On
présente une motion pour indiquer les organismes, les personnes qu'on
souhaite inviter dans le cadre de cette consultation particulière. Ce
n'est pas inscrit comme tel, mais on s'en réfère à ce
moment-là aux dispositions générales du règlement.
Donc, il faut une motion. C'est ce qu'on a fait, c'est ce que la
députée de Johnson a fait. Par la suite nous avons
présenté des amendements pour ajouter des organismes à la
liste de la motion de la députée de Johnson.
Je vous signale que sur la motion d'amendement du député
de Gouin, sur la motion d'amendement du député de Saint-Jacques,
sur ma motion d'amendement, également, concernant les conseils
régionaux des communications, vous avez jugé recevables ces
amendements comme président. On a discuté, on a débattu
ces amendements et la commission en a disposé par la voie d'un vote
nominal, en plus. Or, là, je présente de nouveau un amendement
qui est exactement de même nature que les précédents,
similaire aux précédents, qui vise les mêmes fins que les
précédentes motions d'amendement, c'est-à-dire ajouter un
organisme à la liste. Voilà que, surprise! vous indiquez que,
dans ce cas-là - je me demande bien pourquoi - la recevabilité
est soudainement remise en question!
M. le Président, j'affirme que nous respectons les règles
et les dispositions de notre règlement à partir, entre autres, de
244 et des dispositions générales de notre règlement. Nous
les respectons en présentant ces motions d'amendement à la motion
de la députée de Johnson, ce que vous avez d'ailleurs reconnu
dans au moins trois décisions visant la recevabilité rendues par
vous-même comme président sur trois motions d'amendement de trois
députés, dont moi-même.
Je vous signale également qu'à l'article 41 du
règlement il est évident que la décision du
président ou de l'Assemblée ne peut être discutée.
Nous n'avons évidemment nullement l'intention de discuter les
décisions que vous avez rendues sur les motions d'amendement que vous
nous avez présentées. On vous propose humblement, même si
c'est le président lui-même qui songe à remettre en
question ses propres décisions, de ne pas vous engager dans cette voie
et de respecter vos propres décisions rendues au cours de la
même séance sur un sujet exactement semblable.
Alors, M. le Président, pour conclure, nous nous étonnons
de ce débat, à ce stade-ci de nos travaux, sur la
recevabilité de motions qui devraient être reçues par vous
comme l'ont été les autres motions précédentes. Il
nous semble qu'en cette occasion et en ces circonstances les dispositions
générales de notre règlement s'appliquent, ce que vous
avez d'ailleurs constaté et convenu par vos décisions
précédentes. Je ne vois pas pourquoi elles cesseraient maintenant
de s'appliquer.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Ma décision est basée essentiellement, non sur...
Une voix: Un autre commentaire.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que quelqu'un veut
plaider de...
M. French: ...le Président, on n'a pas besoin de donner la
parole.
M. Brassard: II y a peut-être des députés
ministériels qui ont quelque chose à dire sur la
recevabilité.
M. French: On vous remercie beaucoup, mais on n'a pas besoin de
votre aide. Si on veut prendre la parole, on va la demander.
M. Brassard: Bon. Cela va être long. Cela va être
long.
Une voix: Le ministre est déjà impatient.
Le Président (M. Trudel): Alors, est-ce que vous me
permettez de rendre ma décision?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Lac-Saint-Jean, ma décision n'est pas
basée sur la forme. J'admets que la forme de votre motion rencontre
celle des trois motions d'amendement précédentes. Ma
décision est essentiellement basée, quitte à ce que vous
reveniez en motion principale, sur le fait qu'aucun des quatre membres de votre
formation n'a encore de temps de parole ni sur la motion principale, ni sur
chacune des motions d'amendement. Ma décision est essentiellement
basée là-dessus. Je me base sur l'article 170 du code
annoté de M. Geoffrion. Si vous l'avez, je peux vous lire... (21 h
30)
Une voix: Oui.
Le Président (M. Trudel): ...l'article: "Sauf les
exceptions prévues au règlement, tout député autre
que l'auteur d'une motion en délibération peut, s'il a le droit
de parler sur cette motion, faire une motion secondaire tendant à
amender cette motion". Au point numéro 5, on ajoute en commentaire
à cet article: "Celui qui a déjà pris la parole sur une
motion ne peut se lever de nouveau pour proposer de l'amender."
Or, dans un premier temps, Mme la députée de Johnson a
proposé une motion qui a été amendée à
l'intérieur du temps de parole du député - permettez-moi
de me retrouver - de Gouin. Dans un deuxième temps, la même motion
a été amendée à l'intérieur du droit de
parole et du temps de parole du député de Saint-Jacques et dans
un troisième temps, à l'intérieur du droit de parole et du
temps de parole du député de Lac-Saint-Jean.
De la même façon, sur chacun des amendements, les quatre
membres de l'Opposition se sont exprimés au maximum du temps disponible.
C'est la raison de ma décision. Il ne reste, à mon avis - et
c'est la décision que je rends - pas de temps de parole sur cette
motion. Maintenant, si vous jugez dans l'Opposition que vous avez d'autres
motions préliminaires à présenter, il est évident
que je les considérerai les unes après les autres. Tel est le
sens de ma décision.
M. Rochefort: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je remarque l'impatience du
député d'Artha-baska mais s'il veut parler il pourra le faire, il
n'y a pas de problème. Je veux simplement... M. le Président,
est-ce que le député d'Arthabaska veut la parole?
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Arthabaska, voulez-vous la parole? M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui?
Le Président (M. Trudel): II n'y a pas de débat sur
une décision. Vous le savez aussi bien, sinon mieux que moi.
M. Rochefort: M. le Président, loin de moi l'intention de
débattre votre décision. Au contraire, vous savez très
bien que nous respectons vos décisions et que nous n'avons pas
l'intention de les commenter.
L'objet de ma question de règlement est de bien comprendre le
sens et la portée de votre décision. Si je comprends bien la
décision que vous venez de rendre, c'est que puisque les
députés de l'Opposition membres de la commission ont
épuisé en totalité leur droit de parole sur la motion
principale de Mme la députée de Johnson, ils ne peuvent
déposer de proposition d'amendement à cette motion, puisque pour
déposer un amendement à la motion principale nous devons le faire
à l'intérieur de notre droit de parole sur la motion principale.
Est-ce bien le sens?
Le Président (M. Trudel): À l'intérieur du
temps qui vous est alloué.
M. Rochefort: À l'intérieur du temps de droit de
parole qu'on a sur la motion principale. Donc, si je comprends bien votre
décision, si le député de Lac-Saint-Jean avait eu encore
du temps de parole sur la motion principale de Mme la députée de
Johnson, sa motion d'amendement à la motion principale aurait
été recevable. Est-ce que je comprends bien le sens de votre
décision?
Le Président (M. Trudel): Vous comprenez bien le sens de
ma décision, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Bon, Deuxièmement, M. le Président,
ce que vous nous dites c'est que, compte-tenu de l'expiration du temps de
parole des députés de l'Opposition, à moins qu'un autre
député membre de la commission - comme le ministre, comme le
député de Sherbrooke, comme le député d'Arthabaska,
de Labelle, de Richelieu ou de Matane - ne souhaite prendre la parole,
j'imagine que vous allez prendre le vote sur cette motion principale. Vous nous
avez aussi dit que vous alliez recevoir de nouvelles motions
préliminaires principales que nous pourrions faire.
Le Président (M. Trudel): J'ai dit que si l'Opposition
avait d'autres motions préliminaires principales à
présenter, je regarderai la recevabilité de chacune, en effet,
oui.
M. Rochefort: D'accord. Juste un dernier élément et
je conclus. Serait-il possible, non pas en suspendant mais tout en poursuivant
normalement nos travaux, que vous nous fassiez parvenir une copie de l'article
170, vous avez dit de Geoffrion ou de Beauchesne.
Le Président (M. Trudel): De
Geoffrion...
M. Rochefort: De Geoffrion.
Le Président (M. Trudel): ...lequel renvoyait à
Beauchesne, mais je n'ai pas donné toute la... Vous aurez tout cela, je
vais vous faire une photocopie de même que de l'article 69 de l'ancien
règlement Lavoie.
M. Rochefort: J'apprécierais, M. le Président,
recevoir copie des deux amendements que vous citez, non pas maintenant mais
cela pourrait être même lundi, si vous avez des
problèmes.
Le Président (M. Trudel): Ce pourrait être
lundi.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Trudei): Très bien, M. le
député de Gouin.
Mise aux voix de la motion principale
Je mets aux voix, puisqu'il ne reste pas de temps. Y a-t-il d'autres
personnes membres de la commission qui veulent s'exprimer sur la motion
principale de Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Je demande un vote nominal, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Vous demandez un vote
nominal?
Mme Juneau: Oui.
Le Président (M. Trudel): Voulez-vous que je relise la
motion en entier?
Mme Juneau: Ce serait peut-être important. Cela fait un
bout de temps. Peut-être y a-t-il des membres de la commission qui
souhaiteraient réentendre la...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, il me fait grand plaisir de relire votre motion, laquelle se lit
d'ailleurs comme suit: Qu'en vertu de l'article 244 des règles de
procédure de l'Assemblée nationale, la commission de la culture,
avant d'entreprendre l'étude article par article du projet de loi 61,
Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec les organismes et personnes suivantes: le Syndicat
des employés de la Société de
radiotélévision du Québec, l'Association des
réalisateurs et réalisatrices de films du Québec, le
président du conseil d'administration de la Société de
radiotélévision du Québec, M. Lucien Gendron, le
président-directeur général de la Société de
radiotélévision du Québec, M. Jacques Girard, les
présidents des comités régionaux de la
5ociété de radiotélévision du Québec, les
directeurs régionaux de la Société de
radiotélévision du Québec pour les régions du
centre du Québec, de l'Estrie, de Québec et de l'Outaouais,
l'Association des médias écrits communautaires du
Québec,
l'Association nationale des téléspectateurs, le Centre de
pastorale en milieu ouvrier, le Comité social centre-sud, la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, la Fédération des femmes, la
Fédération des associations de familles monoparentales du
Québec, l'Institut canadien d'éducation des adultes, la Ligue des
droits et libertés, le Mouvement d'éducation populaire et
d'action communautaire du Québec, le Regroupement des groupes populaires
en alphabétisation du Québec, le Regroupement pour la
défense de la télévision publique, le Syndicat des
employés de production du Québec et de l'Acadie (Radio-Canada),
le Syndicat canadien de la fonction publique, le Syndicat canadien des
journalistes de Radio-Canada.
Que ces consultations particulières soient tenues par la
commission les 3, 4 et 5 juin 1986 à compter de 10 heures, le 3 juin, et
que les personnes et organismes mentionnés plus haut soient
convoqués en conséquence.
Vote par appel nominal sur la proposition principale de Mme la
députée de Johnson - je m'excuse pour le bruit.
M. French (Westmount)?
M. French: Non, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Très assurément oui, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner; Très assurément non, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. Hains est parti. M. Hamel
(Sherbrooke)?
M. Hamel: Non, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Oui, M. le Président, avec empressement.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Non, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Logiquement non.
Le Président (M. Trudel): M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: ...non.
Le Président (M. Trudel): La motion de la...
La Secrétaire: La motion est rejetée: six voix
contre, quatre voix pour et une abstention.
Le Président (M. Trudel): Motion rejetée: six voix
contre, quatre voix pour, une abstention.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Motion proposant la tenue d'une
consultation particulière avec un groupe
restreint d'organismes
Mme Juneau: M. le Président, j'ai un profond regret que ma
motion principale et ses 21 associations, comités et
fédérations ait été refusée par la
commission. Étant donné que j'ai le plus profond respect pour les
membres de cette commission, j'accepte, bien sûr, la volonté de
chacun des membres de cette commission.
Je me permettrai de demander qu'en vertu du même article,
l'article 244 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale, la commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude
article par article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec, tienne
des consultations particulières avec tes organismes et personnes
suivants: le Syndicat des employés de la Société de
radiotélévision du Québec, l'Association des
réalisateurs et réalisatrices de films du Québec, le
président du conseil d'administration de la Société de
radiotélévision du Québec, M. Lucien Gendron, le
président-directeur général de la Société de
radiotélévision du Québec, M. Jacques Girard, les
présidents des comités régionaux de la
Société de radiotélévision du Québec, les
directeurs régionaux de la Société de
radiotélévision du Québec pour les régions du
centre du Québec, de l'Estrie, de Québec et de l'Outaouais, et
que ces consultations particulières soient tenues par la commission les
3 et 4 juin 1986 à
compter de 10 heures, le 3 juin, et que les personnes et organismes
mentionnés plus haut soient convoqués en conséquence.
Le Président (M. Trudel): Pouvez-vous m'apporter le texte
de votre résolution, Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Oui, M. le Président, le voici.
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre les travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 41)
(Reprise à 21 h 44)
Le Président (M. Trudel): ...M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui, c'est simplement pour vous mentionner que, si
votre intention était de statuer sur la recevabilité dans le sens
négatif, je souhaiterais quand même vous faire quelques remarques
là-dessus; sinon, bien sûr, cela devient inutile.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous pouvez y aller assez rapidement, quand même, avec
vos remarques»
M. Brassard: M. le Président, je plaide qu'il s'agit
là d'une motion nouvelle dans laquelle on retrouve, bien sûr, un
certain nombre d'organismes qui faisaient partie de la liste de la motion de la
députée de Johnson, j'en conviens. Il y en a qui se sont un peu
scandalisés de façon un peu intempestive de l'autre
côté. On s'est choqué, cela nous émeut
profondément. Il y a donc des organismes qu'on retrouvait effectivement
dans la motion de la députée de Johnson. C'est en quelque sorte
une motion nouvelle puisqu'on réduit de façon, je pense,
considérable et substantielle le nombre d'organismes. On n'a retenu dans
cette motion que les organismes vraiment essentiels, qu'il était
essentiel d'entendre sur cette question, donc le strict minimum, le nombre
d'organismes vraiment au minimum, d'une part, et, d'autre part, l'autre
élément tout à fait nouveau, c'est qu'on réduit
aussi le nombre de séances au cours desquelles on entendrait ces
organismes.
Dans la motion précédente de la députée de
Johnson, on prévoyait trois jours d'audition; dans celle-ci, il y en a
deux seulement. Par conséquent, pour ces raisons, même si on
retrouve des organismes dans les deux listes, il n'en demeure pas moins qu'il
s'agit là d'une motion nouvelle, à notre point de vue, quant au
nombre et quant au nombre de jours de séance ou d'audition
nécessaires pour entendre ces organismes. Pour cette raison, il s'agit
là d'une motion parfaitement recevable.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie de vos
remarques, M. le député de Lac-Saint-Jean. D'autres membres de la
commission auraient-ils des remarques à faire avant que je rende ma
décision?
M. le député de Lac-Saint-Jean, ma décision est de
juger irrecevable la motion telle que présentée pour la raison
suivante, m'appuyant sur l'article 63 du code Lavoie, l'ancien code Lavoie, qui
dit: "Une motion ne doit pas soulever une question identique au fond à
une question dont l'Assemblée a décidé pendant la session
en cours, à moins qu'elle n'indique des faits nouveaux."
Or, la deuxième motion présentée n'indique aucun
fait nouveau. Les organismes sont les mêmes et la demande pour entendre
en consultation particulière ces organismes-là a
été rejetée par la première motion.
Deuxièmement, les dates ont également été
rejetées lors du vote sur la première motion. Je considère
qu'il s'agit là d'une motion identique. Par exemple, si la motion avait
inclus un organisme nouveau - j'ai un précédent que je vais vous
mentionner pour vous aider à comprendre ma décision - si cette
motion avait contenu des dates nouvelles, d'une part, ou alors un organisme
nouveau, elle aurait été tout à fait acceptable en raison
de précédents. Je base ma décision, entre autres, sur les
précédents suivants - on pourra vous communiquer une copie de ces
deux précédents - la référence est: CEMO, 5
décembre 1984, Journal des débats, page CE-377, c'était
l'étude détaillée du projet de loi 3 sous la
présidence de M. Luc Tremblay, député de Chambly. La
même chose, le mercredi 5 décembre 1984, lors de l'étude
détaillée du projet de loi 3 sur l'enseignement primaire et
secondaire public alors qu'il avait été décidé que,
dans ce cas-là, la motion était acceptable parce qu'elle
comprenait un fait nouveau. Telle est ma décision.
Est-ce qu'on est prêt à l'étude de l'article 1?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Motion proposant la tenue d'une consultation avec la
FNC
M. Brassard: Alors, j'aurais une motion à vous
présenter...
Le Président (M. Trudel): M. le député.
M. Brassard: ...en vertu de l'article 244
des règles de procédure de l'Assemblée nationale:
Que la commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude article
par article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec, tienne
des consultations particulières avec l'organisme suivant: la
Fédération nationale des communications de la CSN. Que cette
consultation particulière soit tenue par la commission le 5 juin 1986
à compter de 10 heures et que cet organisme soit convoqué en
conséquence.
La Fédération nationale de3 communications de la
CSN...
Le Président (M. Trudel): Les anciens employés,
oui.
Pour les raisons que j'ai invoquées tantôt dans la
décision que j'ai rendue, la motion, telle que présentée
et que je me permets de relire, est tout à fait recevable. "Qu'en vertu
de l'article 244 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale, la commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude
article par article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec, tienne
des consultations particulières avec - je vais vous la corriger -
l'organisme suivant: la Fédération nationale des communications
de la CSN. Que ces consultations particulières soient tenues par la
commission le 5 juin 1986 à compter de 10 heures, et que l'organisme
mentionné plus haut soit convoqué en conséquence." M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je dirais en
commençant qu'il est évident que nous sommes fort respectueux de
vos décisions et que nous allons évidemment respecter
scrupuleusement celle que vous venez de rendre pour déclarer non
recevable la motion qui limitait le nombre des organismes à entendre et
qui réduisait aussi le nombre des séances d'audition.
Évidemment, nous déplorons beaucoup - je pense que j'ai
pleinement le droit de le dire, de l'exprimer - que, par le fait de votre
décision que nous respectons, par exemple, le président du
conseil d'administration de la Société de
radiotélévision du Québec, M. Lucien Gendron, ne puisse
pas être invité à cette commission. C'est une personne que
je connais d'ailleurs bien, qui est originaire de ma région et qui
occupe un poste important à l'Université du Québec
à Chicoutimi. Donc, un régional, un régional de haut
calibre, pourrais-je dire, fort respecté dans son milieu et dans le
milieu de la télévision en particulier. J'aurais
évidemment aimé beaucoup que M. Gendron puisse venir.
Malheureusement, par le vote qui a été pris tout à
l'heure, cette possibilité est maintenant exclue.
Il aurait été intéressant aussi d'entendre à
nouveau, je dis bien entendre à nouveau, puisque l'on sait que nous
avons déjà eu l'occasion et le bonheur d'entendre le P.-D.G. de
Radio-Québec lors d'une commission parlementaire sur les crédits
du ministère des Communications. C'est toujours agréable de
dialoguer avec M. Girard. Même si on peut diverger d'opinions avec cet
éminent commis de l'État, il n'en demeure pas moins que les
échanges avec M. Girard sont toujours, je pense, fructueux et
enrichissants - encore une foiss même si cela peut se traduire
par des divergences d'opinions. Malheureusement, à cause du vote tenu
tantôt par les collègues ministériels, cette
possibilité qui les aurait sans doute enrichis eux aussi, est exclue
également.
Il aurait été essentiel aussi, M. le Président,
d'entendre les présidents des comités régionaux. Vraiment,
je l'ai dit dans mon discours sur l'adoption du principe, ce ne sont pas des
puissants du monde des affaires, ce ne sont pas M. Lortie, ni M.
Bélanger, ni M. Castonguay, ils n'appartiennent pas au grand monde des
affaires. Ce sont des citoyens honnêtes, des bénévoles des
régions, qu'il aurait été intéressant d'entendre.
Comme ils ont vécu une expérience de régionalisation tout
à fait riche et heureuse, il aurait été intéressant
de les entendre là-dessus.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, je me permets de vous interrompre et de vous citer l'article
211...
M. Brassard: C'est une argumentation pour en arriver à
dire: Contentons-nous, pour le moment en tout cas, de la
Fédération nationale des communications.
Le Président (M. Trudel): ...pour revenir à la
pertinence du débat. Merci, M. le député.
M. Brassard: Oui, c'est cela. J'exprime, d'abord, le regret qu'on
ne puisse pas entendre ces personnes-là et, cependant, que ce soit la
même chose pour les directeurs régionaux de Radio-Québec
dans les quatre régions où l'on ferme les bureaux de façon
cavalière et méprisante. Il faut donc, au moins, entendre les
employés de Radio-Québec via leurs organismes syndicaux. La
Fédération nationale des communications est une organisation
syndicale qui regroupe les employés des communications de tout le
Québec dans plusieurs médias du Québec, que ce soit des
journaux, que ce soit la presse -écrite ou la presse
électronique. C'est donc une organisation syndicale reconnue,
compétente et représentative des personnes travaillant dans le
secteur des communications, qui, d'ailleurs, s'est intéressée
très étroitement à cette question de Radio-Québec
et au dossier de Radio-
Québec, qui a pris position sur le projet de loi et qui, par le
fait même, aurait, évidemment, des propros, des remarques
judicieuses à nous soumettre au sujet du projet de loi 61.
Il est vrai que c'est très limité. Encore une fois, il
aurait été préférable d'élargir les
audiences particulières à plus d'un organisme. Malheureusement,
ce n'est pas possible dans les circonstances. On essaiera peut-être d'en
ajouter quelques autres pour que le plus grand nombre possible de points de vue
puissent être entendus à cette commission. En tout cas, à
tout le moins, entendre la Fédération nationale des
communications de la CSN serait déjà un atout, un
élément intéressant pour les membres de la commission.
Peut-être, cela pourrait-il commencer à intéresser les
députés ministériels qui manifestent une
indifférence vraiment désolante à l'égard de ce
dossier!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, je vous ferai remarquer qu'il est 22 heures, que nous devons
ajourner nos travaux et qu'au moment où nous les reprendrons, vous aurez
encore quatre minutes de temps de parole.
M. Brassard: Alors on y reviendra, M. le Président. Je
vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la 3éance à 22 heures)