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(Quinze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture reprend ses travaux et procède
à l'étude détaillée du projet de loi 61, Loi
modifiant la Loi sur la Société de radiotélévision
du Québec. Quand nous nous sommes quittés... J'y renviendrai
tantôt. Je vais d'abord m'enquérir des remplacements.
La Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplace M.
Godin (Mercier) et M. Cannon (La Peltrie) remplace M. Maciocia (Viger).
Le Président (M. Trudel): Vous avez les
remplaçants. Nous avons quorum. Nous pouvons donc déclarer la
séance ouverte. Je rappellerais que, quand nous nous sommes
quittés, jeudi soir dernier à 22 heures, le député
de Lac-Saint-Jean nous entretenait de la nécessité de faire
comparaître la Fédération nationale des communications de
la CSN et je lui avais dit qu'il lui resterait, à la reprise des travaux
aujourd'hui, quatre minutes.
M. le député de Lac-Saint-Jean, je vous cède la
parole pour quatre minutes.
Reprise du débat sur la motion
proposant la tenue d'une consultation
particulière avec la FNC
M. Brassard: M. le Président, quatre minutes, c'est
évidemment très peu pour parler d'une des
fédérations les plus importantes de la CSN. Je pense qu'on
comprend facilement la nécessité d'entendre cette
fédération puisqu'elle regroupe des travailleurs qui sont
directement concernés par tout le secteur des communications. Il arrive
que les employés de Radio-Québec sont affiliés à
cette fédération. Par conséquent, ce serait là,
à tout le moins, l'occasion ou la possibilité de permettre aux
travailleurs syndiqués de la société Radio-Québec
de se faire entendre, d'exprimer leur point de vue sur un dossier qui les
concerne directement, au plus haut chef.
Je considère, cependant, que la venue de la
Fédération nationale des communications de la CSN ne constitue
pas, à mon point de vue, un témoignage complet et suffisant. Il
faudrait sans doute examiner la possibilité d'en ajouter d'autres de
façon que ces audiences particulières qu'on souhaite voir se
tenir permettent à plusieurs intervenants dans le domaine de se faire
entendre des membres de cette commission. D'autant plus que ce que se
prépare à faire le ministre des Communications concernant
Radio-Québec - je pense, en particulier, à l'abolition de la
régionalisation, à ia fermeture de quatre bureaux dans quatre
régions du Québec - ce qu'il s'apprête à faire, ce
qu'il a l'intention de faire, vous en conviendrez avec moi, a des effets
négatifs sur l'emploi à Radio-Québec. Ce n'est un secret
pour personne, puisque le ministre et le P.-D.G. de Radio-Québec ont
déjà indiqué que cette opération, ce bouleversement
des structures, cette fermeture de bureaux régionaux entraînerait
des pertes d'emplois et des mises à pied. Par conséquent, il
m'apparaît essentiel dans les circonstances que ceux-là
mêmes qui seront touchés par ces mesures, par ces mises à
pied, par le biais, bien sûr, de l'organisme syndical qui les
représente, puissent se faire entendre. Cela m'apparaîtrait tout
à fait normal, légitime et plus que souhaitable.
C'est pour cette raison que j'ai présenté cette motion
pour que la Fédération nationale des communications de la CSN
puisse témoigner devant cette commission, de façon à
mettre en lumière les effets et les impacts négatifs en termes de
perte d'emplois des mesures qu'entend prendre le ministre concernant
Radio-Québec. Ce n'est pas le seul aspect négatif de ces
bouleversements faits par le ministre, mais c'est sans aucun doute un des
éléments les plus néfastes puisqu'il touche directement
des salariés de l'entreprise. Alors, pour cette raison, j'espère
que mes collègues vont appuyer cette motion et faire en sorte que cette
audition particulière de la Fédération nationale des
communications puisse se tenir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Je dois dire que j'admire votre profond
respect du temps qui vous a été imparti. Vous l'avez fait en 3
minutes et 59 secondes.
M. Brassard: Très respectueux.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui veulent s'exprimer sur la motion d'amendement du
député de Lac-Saint-Jean?
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Si
j'interviens en faveur de l'acceptation par votre formation politique, de
l'acceptation par votre ministre responsable de recevoir à cette
commission parlementaire la fédération nationale de la CSN, c'est
pour beaucoup de raisons, M. le ministre. Premièrement, vous vous
souvenez qu'en Chambre, il y a à peine quelques jours, je
déposais une pétition signée par 453 employés
membres d'associations semblables dans tous les syndicats. Vous souvenez-vous
de cela, M. le Président? Toutes ces personnes faisant partie de ce
même syndicat souhaitaient à tout prix que le ministre se rende
compte de l'importance d'aller de l'avant avec son engagement électoral,
son engagement personnel et celui de sa formation politique, d'aller de
l'avant, dis-je, avec ce qu'il avait consenti pour gagner le vote des
Québécois le 2 décembre. Il reprend sa parole. C'est
vraiment triste de penser que le ministre, que j'ai toujours connu comme un
homme de parole, un homme d'une extrême délicatesse envers ses
semblables, puisse changer aussi rapidement. Je dirais qu'il a fait un virage
à 90 degrés; tout à coup, parce qu'on lui a imputé
des responsabilités en matière de communications, le ministre
reprend sa parole.
C'est aberrant de savoir que le ministre ne pourra vraisemblablement pas
ou ne veut pas ou se voit contraint è ne pas accepter que la
fédération de la CSN vienne nous éclairer sur certaines
facettes extrêmement importantes de Radio-Québec. Entre autres, M.
le ministre, les facettes importantes sur lesquelles ces syndicats veulent
venir informer ou éclairer le ministre sont, d'une part, l'importance de
la coupure de 8 000 000 $ par rapport à un budget de 61 000 000 $, parce
que ces gens trouvent que le très petit budget qu'ils recevaient
était justifié.
Si, éventuellement, on finissait par comprendre ou admettre que
le ministre ne pouvait faire autrement que faire appliquer sa coupure de 8 000
000 $, soit 13 % du budget, je pense qu'il serait tout à l'avantage du
ministre de pouvoir écouter ces gens, parce qu'on aimerait bien avoir
des réponses concernant les employés faisant partie de cette
fédération, premièrement dans les neuf régions du
Québec, mais spécifiquement dans les quatre régions qui
doivent être coupées ou rayées de la "map". Appelez-les
comme vous voulez. De toute façon, ces quatre régions vont
disparaître et j'ai ouï-dire - je ne sais pas si c'est
confirmé - qu'on a même eu des dates auxquelles le ministre
s'apprêtait à poser certaines actions concrètes qui vont
être vraiment le mot de la fin pour ces quatre régions du
Québec.
J'ai, à quelques reprises, personnellement posé des
questions au ministre en Chambre et lors de l'interpellation, et je pense que
le ministre, même en conférence de presse, n'a pas
été capable de renseigner la population sur l'état des
conventions collectives qui jouent en ce moment pour ces employés. Je me
souviens très bien aussi que le ministre a parlé d'une centaine
de mises à pied probablement.
Mais le ministre sait pourtant que ces mises à pied touchent des
gens faisant partie d'une fédération ou d'un syndicat
protégé. Donc, ces employés doivent être
localisés ou il faudra toucher à leurs conventions collectives.
Je ne sais pas si le ministre a pensé de quelle façon il va
intervenir dans les conventions collectives de ces employés. Je pense
que le ministre va peut-être avoir des surprises lorsqu'il commencera
à toucher aux conventions collectives des syndicats de la
fédération de la CSN. Je ne suis pas sûre que le ministre
va être en mesure de réaliser la compression qu'il s'apprête
à faire, parce qu'il y a des choses à respecter. Je ne sais pas,
non plus, si le ministre a pensé au fait qu'à cause des baux qui
sont déjà signés par ces quatre stations régionales
qui doivent disparaître il y aurait également des coûts pour
des bris de contrats.
Je pense qu'en ce qui a trait à tout cela, le ministre aurait eu
avantage à recevoir, ici, en commission parlementaire les
différentes associations et fédérations dont on lui a fait
mention à plusieurs reprises, mes collègues et moi. Il n'y a rien
de honteux, il n'y a rien de gênant à recevoir des groupes qui
peuvent nous éclairer et, par le fait même, nous rendre en mesure
de pouvoir intervenir avec diligence et de façon éclairée,
évitant ainsi les remous qu'une telle décision prise - j'oserais
dire -en catimini a créés dans la population tout entière
du Québec. (15 h 45)
Le ministre a coupé quatre régions. Bien sûr, vous
allez dire: En laissant les cinq autres régions, on va minimiser le
bruit, on va attacher, ni plus ni moins, ces régions ensemble et on va
les empêcher de réagir trop fortement concernant les quatre qui
seront touchées. Mais, comme vous le voyez, le ministre n'a pas
réussi, même en promettant que ces cinq régions
demeureraient ouvertes, à fermer complètement le bocal parce que
tous les gens de ces régions protégées sont quand
même restés inquiets. Ils sont restés inquiets parce qu'ils
ne savent pas si, dans un autre coup de baguette, ça sera leur tour de
passer au couperet ou à la hache ou, employez l'épithète
que vous voulez. Ces régions sont inquiètes aussi d'avoir eu une
bouée sans corde, comme le disait un journaliste dans un hebdo
régional.
Je pense que la fédération nationale de la CSN serait tout
à fait en mesure de faire comprendre au ministre l'importance d'un
être humain sur le marché du travail, l'importance pour un
syndicat de défendre ses employés, car aujourd'hui un syndicat,
dans une société gouvernementale a pour fonction de
débattre des problèmes et d'éclairer le ministre sur une
éventuelle prise de décision qui serait néfaste aux
employés représentés par cette
fédération.
Pour tous ces motifs, M. le Président, j'interviens au nom de mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean, qui a
apporté cette motion lorsqu'on a terminé nos travaux.
J'interviens en faveur de mon collègue et j'interviens en faveur de tous
les membres du syndicat de la fédération de la CSN afin que Je
ministre daigne écouter ces gens-là. Je pense que le ministre
sera drôlement surpris des éclairages que cette
fédération pourra apporter. J'espère que le ministre va
consentir à ce que la motion de mon collègue de Lac-Saint-Jean
puisse être acceptée de façon positive.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
cette question?
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Juste une seconde, si
c'est possible, M. le Président. Est-ce qu'on peut interrompre nos
travaux pour deux secondes?
Le Président (M. Trudel): On peut suspendre nos travaux
pour quelques secondes.
Mme Harel: On peut y aller, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, la parole est à vous pour dix minutes.
Mme Harel: Merci. J'aimerais m'associer à la motion du
député de Lac-Saint-Jean ayant pour but la
Fédération nationale des communications. J'aimerais rappeler
à nos collègues de cette commission l'importance de cette
fédération. Sans doute êtes-vous déjà
informés que la Fédération nationale des communications
regroupe 4000 membres dans tout le Québec, c'est-à-dire plus de
75 syndicats répartis dans l'ensemble des régions du
Québec et oeuvrant dans le journalisme, tant écrit
qu'électronique, représentant les journalistes de la radio, de la
télévision, de l'édition et, également, de la
câbiodistribution. D'ailleurs, la Fédération nationale des
communications produit et publie six fois par année un bulletin, une
revue qui s'intitule "La Dépêche" et qui permet à
l'ensemble des artisans des communications au Québec de garder le
contact et d'être en étroite liaison les uns avec les autres.
Pourquoi, M. le Président, serait-il opportun d'entendre les
représentants de la Fédération nationale des
communications hors le fait qu'elle représente les artisans qui ont
permis la performance que nous tous, maintenant, reconnaissons à ce
qu'est devenu Radio-Québec? On sait que des résultats dignes de
mention ont été, durant les dernières années,
obtenus par Radio-Québec en termes d'augmentation significative de sa
productivité, en termes, évidemment, d'augmentation assez
remarquable de son auditoire. Quand on pense que l'auditoire a pratiquement
doublé de 1980 à 1985 et que, de 500 000 en 1980, l'auditoire
s'approche maintenant à près de 3 000 000 à la fin de
1985, c'est donc là un fait remarquable. Il faut reconnaître que
tes artisans, le personnel de Radio-Québec ne peut pas y avoir
été indifférents. Ils y ont été
étroitement associés. Ils connaissent bien, pour y avoir
été impliqués, cette maison qu'ils appellent, d'ailleurs,
la maison mère et, ils auraient certainement intérêt
à nous en parler pour nous faire valoir les difficultés qu'ils
rencontrent, mais aussi les solutions qu'ils préconisent.
Je vous rappelle que la Fédération nationale des
communications n'a pas simplement comme souci la défense des
intérêts de ses membres. La Fédération nationale des
communications est certainement une des instances, dans la
société québécoise, les plus sensibles à la
promotion de la liberté de presse. Il faut constater que la
Fédération nationale des communications a des relations
très suivies au niveau fédéral avec l'ensemble des
intervenants en matière de communications et que cette
fédération participe de façon régulière, en
présentant des mémoires, en y dépêchant des
représentants, aux audiences des commissions sur la radio et la
télévision canadiennes. La Fédération nationale des
communications s'est donné également, en plus de la promotion de
la liberté de presse, une responsabilité de promotion des
médias, dans l'ensemble des régions du Québec.
Je crois que cette fédération est représentative du
milieu des artisans des communications. Je rappelle qu'il s'agit là des
journalistes de l'ensemble de ce qu'on considère être les
médias de communication au Québec. Je pense qu'ils auraient
certainement des choses à nous communiquer. Je vous donne un exemple.
J'ai reçu, la semaine dernière, un coup de
téléphone d'un représentant de cette
fédération qui, moi, montréalaise, parfois tentée
d'adopter le modèle de l'impérialisme culturel montréalais
à l'égard des régions, me morigénait en me
rappelant que, si les cotes d'écoute ne sont
pas celles de Montréal, elles ont, par ailleurs, parfois, une
valeur que n'ont pas, à l'inverse, en termes de qualité et de
conséquences pour la région des interventions qui peuvent en
résulter, les cotes d'écoute montréalaises. L'exemple
qu'il me donnait était celui d'une émission produite à
Rimouski en collaboration avec le cégep de Rimouski, sur le reboisement,
en m'indiquant qu'il n'y avait pas plus de 3000 personnes qui assidûment
regardaient cette émission, mais que ces 3000 personnes suivaient
littéralement un cours en écoutant ladite émission.
D'ailleurs, le cégep, je crois même, proposait à ceux ou
celles qui le désiraient, de passer un examen à la fin de cette
émission. Quels que soient, finalement, les résultats scolaires
qui pouvaient en résulter, il y avait un bénéfice net que
cette région pouvait rapporter du fait même que les artisans du
reboisement dans la région étaient mieux au fait des techniques,
étaient mieux au fait de l'ensemble des nouvelles technologies dans le
domaine. J'ai pensé que, finalement, ces 3000 personnes qui
syntonisaient cette émission produite à Rimouski en collaboration
avec les organismes de Rimouski valaient bien des émissions de
consommation de masse qui n'ont finalement aucun effet. S'il y avait là
respect intégral d'une mission éducative, c'en était donc
un bon exemple. De tels exemples, je crois comprendre, de la part de certains
représentants de cette fédération que je connais mieux
personnellement, qu'ils en auraient à notre disposition pour à
peu près l'ensemble des régions du Québec. Cela pourrait
nous amener à adopter sans doute une attitude, d'une certaine
façon, plus responsable, je dirais, à l'égard des
régions.
Depuis que ce débat a commencé sur Radio-Québec, je
dois dire que j'ai bénéficié beaucoup de la
problématique qui a pu en être développée. Je ne
vous cacherai pas que ce qui se fait à la maison mère sur Fullum,
vu de Montréal, c'est parfois considéré comme étant
de loin supérieur à ce qui peut se faire ailleurs. Cela
m'amène, d'ailleurs, parfois à comparer cette espèce de
modèle d'impérialisme montréalais à une sorte de
modèle bien connu d'impérialisme culturel américain.
Je rappelais, d'ailleurs, à mes collègues, à la
commission parlementaire de la culture, qu'André Mélançon,
réalisateur du film bien connu "La Guerre des tuques" - film qui a eu un
succès dans toutes les régions du Québec et qui
démontre qu'il y a intégration possible multiethnique ailleurs
qu'à Montréal puisque c'est le bon exemple d'intégration
d'un jeune Vietnamien dans la région de Charlevoix - raconte que, pour
mettre en vente son film - un film, donc, qui a eu tout le succès qu'on
connaît - pour le faire visionner dans une séance à cet
effet à des distributeurs américains, il a dû leur laisser
croire que ce film avait été réalisé en anglais,
parce que, expliquait-il dans l'entrevue, aucun d'entre eux ne se serait
déplacé s'il avait su d'avance que le film avait
été réalisé en français. Vous vous rendez
compte des subterfuges qu'il faut utiliser pour mettre notre cinéma,
même les films les meilleurs, dans le circuit et je crois que c'est un
peu l'équivalent pour les artisans des régions de mettre leurs
productions dans le circuit montréalais. À preuve, le
témoignage de Pascal Gélinas, le président
intérimaire, qui est venu à notre commission de la culture
déposer un mémoire pour l'Association des réalisateurs et
réalisatrices de films du Québec et qui, ignorant tout de
l'actuelle controverse qui...
Le Président (M. Trudel): Mme ta députée de
Maisonneuve, je me permets de vous faire remarquer deux choses: la
première, c'est qu'il vous reste une minute et, deuxièmement,
sans vouloir être trop strict...
Mme Harel: Sur la pertinence?
Le Président (M. Trudel): ...je vous ramènerais
à la pertinence du débat, à notre article 211. Je crois
que vous vous en êtes éloignée. C'était fort
intéressant, mais vous en êtes très loin.
Mme Harel: Je vais m'en rapprocher en vous rappelant les
propos...
Le Président (M. Trudel): Quand vous rappeliez votre
passé, c'était peut-être beaucoup plus pertinent.
Mme Harel: ...mêmes de M. Gélinas. Je vous disais
donc qu'il était tout à fait à l'écart de la
controverse actuelle sur cette question de la régionalisation et qu'il
nous mettait en garde et mettait en garde le gouvernement dans l'actuelle voie
dans laquelle il s'engageait avec Radio-Québec de confier à des
maisons de production de Montréal - compte tenu que les décisions
se prendraient à Montréal en tout cas, pour les régions -
le soin d'aller en régions filmer les émissions qu'on
souhaiterait ensuite présenter sur l'ensemble du réseau.
Je crois - et je vais terminer là-dessus, M. le Président
- que c'est finalement ce qui m'a convaincue de la nécessité de
tenir ce débat sur la régionalisation pour la raison suivante:
dans l'ensemble de nos médias électroniques, quand entendons-nous
parler des régions? Lorsque cela va mal. Je dis toujours que les
mauvaises nouvelles se promènent vite, mais jamais les bonnes nouvelles.
Il suffit, d'ailleurs, de regarder n'importe quel média pour s'en rendre
compte. Les seules nouvelles que l'on ait...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, s'il vous plaît!
Mme Harel: Je termine, M. le Président, en vous disant
que, finalement, avoir de bonnes nouvelles des régions, c'est aussi
avoir des nouvelles de leur propre définition de ce qu'elles sont et
c'est ce qui nous amène à faire le débat actuel. Je vous
remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Y a-t-il d'autres intervenants? M. le
député de Saint-Jacques. (16 heures)
M. Boulerice: M. le Président, lorsque nous nous sommes
quittés jeudi soir, je vous avoue que j'avais peu d'empressement
à regagner mon comté puisque j'étais porteur d'une
nouvelle effroyable, soit que le ministre avait refusé d'inclure
à la liste des intervenants possibles à une commission
parlementaire le Comité social centre-sud. Tout le monde connaît,
ma collègue de Maisonneuve connaît très bien l'implication
sociale et culturelle même du Comité social centre-sud et je dois
vous avouer que ceux qui gravitent autour de ce comité - M. le ministre,
écoutez-moi bien encore une fois -étaient fort
déçus de votre attitude. Je leur ai fait part d'une sans doute
présence de votre part dans un débat avec moi quant à
l'objet de votre refus. Confiant que vous seriez capable d'accomplir un
mouvement de redressement et me faisant, malgré tout, plaideur de votre
cause, M. le ministre, connaissant vos qualités je me suis dit que nous
reprendrions sans doute cet après-midi et que vous auriez cette
fois-ci...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous pourriez reprendre sur la motion d'amendement du
député de Lac-Saint-Jean.
M. Boulerice: ...de bien meilleures dispositions quant à
la motion présentée par mon honorable collègue, la
députée de Johnson, pour inclure la Fédération
nationale des communications.
M. le Président, le ministre des Communications et
néanmoins cher ami, le député de Westmount, a
balayé du revers de la main une longue liste d'intervenants, les
considérant - et je suis obligé de reprendre cette expression
qu'il maîtrise parfaitement maintenant je l'espère - comme des
deux de pique. Voilà qu'on lui propose maintenant de ne pa3 ajouter
l'injure à l'insulte en renvoyant encore à cette tablée
des deux de pique un organisme qui dans le domaine des communications au
Québec a fait ses preuves, il s'agit de la Fédération
nationale des communications.
Ma collègue et amie, la députée de Maisonneuve, a
bien fait part de la réalité que sous-entendait la formation de
ce syndicat. Premièrement, il serait bon de l'ajouter, lorsque je suis
intervenu en Chambre en vous disant quelles sont les grandes
réalisations du Québec des 25 dernières années,
j'aurais dû mentionner un mouvement syndicaliste au Québec qui
s'est développé et qui n'est pas sous tutelle américaine
ou étrangère, mais un mouvement syndicaliste essentiellement,
purement d'essence québécoise, comme la Fédération
nationale des communications. Cette fédération, vous le savez,
comprend 4000 membres répartis dans 75 unités à
l'intérieur du Québec - j'ai le plaisir de vous le
répéter - et qui, comme vous le disait ma collègue de
Maisonneuve, sont du domaine journalistique écrit ou
électronique.
M. le ministre, allez-vous une fois de plus refuser d'entendre celles et
ceux qui dans ce domaine comptent au Québec? Nous avons un
intérêt particulier, d'ailleurs, à parler de ce qui compte
au Québec actuellement. Allez-vous refuser d'entendre celles et ceux qui
comptent au Québec par leur formation professionnelle qui ne fait aucun
doute dans l'esprit de tous et qui comptent à cause de l'expertise
qu'ils ont dans un domaine de pointe, dans un domaine d'avenir, celui de la
radio et des télécommunications, et qui peuvent ajouter au
débat qui nous préoccupe actuellement, un éclairage
extrêmement important qui ne pourra que mieux vous faire comprendre la
pertinence des propos que l'on tient et vous faire réfléchir
quant aux recommandations que certains - d'où viennent-ils, d'où
viennent-elles - semblent vouloir vous faire quant à Radio-Québec
et qui, à mon point de vue, causeront un grand tort à la
radiotélédiffusion du Québec, surtout dans son mandat de
régionalisation qui est, d'ailleurs, inhérent à la loi qui
a mis sur pied, l'Office de la radiotélédiffusion du
Québec?
Donc, M. le Président, après avoir balayé du revers
de la main une liste extrêmement importante d'organismes aussi
sérieux que l'Association nationale des téléspectateurs...
Dieu sait que, quand on veut parler de télévision, M. le
ministre, en parler avec l'Association nationale des
téléspectateurs m'apparaît la chose la plus normale, la
plus légitime, voire même la plus sensée pour un ministre
responsable de la radiotélédiffusion du Québec!
Après avoir balayé, comme je vous le disais, du revers de la main
une motion non exhaustive que vous présentait ma collègue, la
députée de Johnson, vous avez aujourd'hui - Ciel! que l'occasion
est belle pour vous et j'ose espérer que vous la saisirez au vol!
-l'occasion de vous reprendre, je dirais même, M. le ministre, de vous
refaire et d'engager un débat qui ne sera qu'extrêmement
profitable pour l'avenir de Radio-Québec, en amorçant en
commission parlementaire une
discussion avec cette Fédération nationale des
communications qui, je vous le répète, représente les
éléments les plus avertis, les éléments les plus
aguerris - pas dans le sens de chicanes ou de luttes - dans cette
complexité des télécommunications au Québec et des
gens qui, encore une fois, de par leur expérience, seront
capables...
Naturellement, vous ne trouverez pas cela dans le cahier que vous avez
devant vous. C'est plutôt à mes paroles que vous devez vous fier.
M. le ministre, vous ne trouverez pas mieux que les gens de la
Fédération nationale des communications pour vous expliquer toute
l'importance, si on ne veut pas se retrouver avec un coeur et un corps nourris,
mais des membres atrophiés, qu'il y a pour Radio-Québec de
maintenir non pas, comme je vous le disais, ses bureaux avec fausses
façades de carton-pâte qui vont rester dans différentes
régions, mais bien des centres de production régionale pour
Radio-Québec. M. le Président, Dieu sait que la
Fédération nationale des communications n'a pas assisté,
malheureusement, parce qu'elle avait d'autres obligations, à la
commission de la culturel il faut des centres de production, de diffusion. Je
ne vous référerai pas de nouveau à l'excellent texte que
publiait en fin de commission notre collègue, vice-première
ministre et ministre des Affaires culturelles, sur l'importance de maintenir
des centres de production et de diffusion à l'intérieur, de
l'ensemble du Québec.
M. le ministre, j'appuie sans aucune réserve la résolution
présentée par ma collègue, la députée de
Johnson, et je vous demande, cette fois, de mettre de côté cette
attitude obstinée, qu'on ne vous connaissait pas et qu'on se flattait,
d'ailleurs, de ne pas trouver en vous, tellement vous étiez reconnu
comme un homme d'ouverture et un homme d'esprit, et d'enfin amorcer un
dialogue.
Pourquoi refusez-vous cela dans un sujet aussi important? Pourquoi
refusez-vous de tenir une commission parlementaire sur un sujet aussi
important, lorsque, en plus, il a fait l'objet d'un engagement
électoral, piétiné et déchiré, encore une
fois, alors que votre collègue, vice-première ministre, a eu plus
de courage, elle, a respecté un élément de programme du
Parti libéral et a tenu cette commission parlementaire sur la
culture?
Je vous remercie, M. le Président, et j'aurai un amendement
à apporter tantôt à l'issue du vote sur l'amendement
précédent.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur la motion de M. le député de Lac-Saint-Jean? S'il n'y a pas
d'autres intervenants, je...
Mme Juneau: M. le député de Sherbrooke
demandez-vous le vote?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke, vous demandez le vote?
Une voix: II va finir par parler, lui.
Mme Juneau; Vote nominal, s'il vous plaît, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Vote nominal? Mme Juneau:
Vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Je relis la motion du
député de Lac-Saint-Jean puisqu'elle date déjà de
jeudi, à 21 h 50, ou quelque chose comme cela. "Qu'en vertu de l'article
244 des règles de procédure de l'Assemblée nationale ta
commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude article par
article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi de la Société
de radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec l'organisme suivant: la Fédération
nationale des communications de la CSN. Que ces consultations
particulières soient tenues par la commission le 5 juin 1986 à
compter de 10 heures et que l'organisme mentionné plus haut soit
convoqué en conséquence."
Vote par appel nominal. M. French (Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington n'est pas là. Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre, M. le Président.
La Secrétaire: Contre: 7; pour: 4; abstentions: 1.
Le Président (M. Trudel): La motion du
député de Lac-Saint-Jean est rejetée. M. le
député de Saint-Jacques.
Motion proposant la tenue d'une consultation particulière avec
les partis reconnus au Québec
M. Boulerice: M. le Président, j'ai le plaisir, en vertu
de l'article 224 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale, de présenter la motion suivante: "Que la commission de la
culture, avant d'entreprendre l'étude article par article du projet de
loi 61, Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec l'organisme suivant: les partis politiques reconnus
au Québec. Que ces consultations particulières soient tenues par
la commission les 4, 5 et 6 juin 1986 à compter de 10 heures et que
l'organisme mentionné soit convoqué en conséquence."
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut en avoir une
copie?
M. Boulerice: Je vous en remets une copie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M., le
député de Saint-Jacques.
M. le député de Saint-Jacques, après consultation,
votre motion est acceptable et vous pouvez commencer à la
débattre. Je présume que vous voulez vous en faire le
proposeur.
M. Boulerice: Absolument, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vous cède la parole,
M. le député de Saint-Jacques, sur votre motion.
M. Boulerice: M. le Président, le gouvernement
précédent, et cela, les Québécois se le rappeleront
bien, n'a jamais hésité, d'aucune façon que ce soit,
à mettre sur pied des commissions parlementaires. Nous avons même
tenu des commissions parlementaires à la suite de certaines
allégations de députés membres de l'Opposition à
l'époque. Nous pratiquions la démocratie dans son sens
véritable. Je vous ferai grâce de l'étymologie, mais c'est
de cela que nous nous rapprochions lorsque, pour nous, nous parlions de
démocratie. Nous avons tenu des commissions parlementaires à
l'époque où notre formation politique était
présente et notre gouvernement permettait à d'autres formations
politiques de se présenter. Il permettait même, M. le
Président, à des représentants d'instances de sa propre
formation politique de se présenter en commission parlementaire. (16 h
15)
Je vous donnerai, à titre d'exemple, la commission parlementaire
sur la loi 101. J'ai eu le plaisir, à l'époque, en tant que
président du Conseil régional de Montréal-centre, de venir
me faire le porte-parole de mes douze autres collègues présidents
de conseils régionaux du Parti québécois, pour
présenter une position qui n'était pas divergente de notre
exécutif national, mais plutôt convergente avec, forcément,
ses distinctions; et cela s'était fait.
Il y a même eu, d'ailleurs, à l'époque une autre
commission, celle sur les gens à pourboire où, de nouveau, la
région que j'avais l'honneur de présider était intervenue
en commission parlementaire. Cela avait donné lieu, d'ailleurs, à
un incident assez cocace: un député de votre formation, je pense,
sous toute réserve, le député de Hull, s'était
demandé: Quand le Parti libéral, lui, avait-il
présenté un mémoire? Comme il ne se le rappelait pas, eh
bien c'était de toute évidence que le Parti libéral
n'avait pas de mémoire, hors de tout doute.
Donc, M. le Président, en permettant aux partis politiques
reconnus au Québec, donc à leurs instances aussi, de se
présenter à la commission parlementaire, ce que nous visons
vraiment à faire, c'est rendre justice à ces hommes et à
ces femmes de bonne volonté, à ces militants et militantes du
Parti libéral qui, depuis des années, ont travaillé
d'arrache-pied pour porter leur parti politique au pouvoir et qui ont des
convictions profondes, j'en suis certain, quant au développement
culturel, au développement éducatif et au développement
social du Québec. Ces gens-là sont aujourd'hui
littéralement trahis par le silence de celles et ceux qu'ils ont
élus le 2 décembre et sur un sujet aussi important que l'avenir
de
Radio-Québec se retrouvent sans aucune voix, sans aucune
expression articulée. En toute justice pour la démocratie au
Québec, ce rôle de justiciers envers votre propre parti, si vous
n'êtes pas prêts à le jouer, nous sommes prêts, nous,
à le jouer pour le bénéfice de la démocratie. Je
pense que nous nous devons d'apporter cet élément de justice afin
de permettre aux représentants des partis politiques reconnus au
Québec de faire part de leur vision du développement de
Radio-Québec.
Donc, il y aura comme première possibilité de donner aux
militants et militantes du Parti libéral ce droit de parole qu'ils se
sont fait littéralement confisquer le 2 décembre au soir, au
profit d'une aile parlementaire beaucoup plus docile aux diktats de son whip,
de son leader ou de son chef que motivée par la reconnaissance bien
légitime qu'elle devrait avoir du travail des militants et des
militantes en écoutant les propos qu'ils leur tiennent et les
invitations pressantes qui leur sont lancées de défendre des
dossiers pertinents. Cela m'apparaîtrait d'autant plus à propos
que les résultats du 2 décembre montrent hors de tout doute que
plusieurs de ces députés muets ont été élus
dans des régions et que ce sont, malheureusement, les régions qui
écopent dans le plan de redressement de Radio-Québec.
Le Québec n'est pas, non plus - et cela, j'espère que le
ministre le comprend bien - une société monolithique. Vous savez
très bien quel intérêt nous avons toujours porté
à la pluralité de l'expression politique. Nous avions l'intention
- mais là, il y a eu encore votre refus obstiné en Chambre -
à un moment donné, de proposer un mode de réforme
électorale qui aurait permis à d'autres tendances politiques de
s'exprimer dans le débat politique au Québec. Malheureusement,
votre refus prive le Québec de vivre une démocratie dans sa
véritable essence. Sur un sujet qui est très pertinent, qui n'est
pas un propos de taverne, je pense qu'il serait intéressant que nous
puissions entendre en commission parlementaire des gens qui, au Québec,
ont le goût de faire des choses, ont des idées, partagent des
idéologies qui sont peut-être différentes des vôtres
et des nôtres, mais qui, par contre, ont également reçu un
appui de la part de la population du Québec le 2 décembre lorsque
le vote s'est exprimé. Pourquoi, donc, refuser à ces gens qui, en
vertu de notre système électoral, ne sont peut-être pas
présents, une certaine reconnaissance, une certaine justice, et leur
permettre de s'exprimer en commission parlementaire sur les orientations et le
sens avoué - ou le sens inavoué peut-être - que vous voulez
donner à Radio-Québec?
M. le Président, je pense que le ministre a vraiment là la
dernière chance de redevenir raisonnable. Pour employer une expression
qui a cours dans certains établissements, dans mon comté, et dans
le sien, c'est littéralement un "last call" qui vous est donné,
M. le ministre...
M. French: Pas dans mon comté.
M. Boulerice: ...d'écouter ceux qui, au Québec,
articulent les réflexions politiques, les partis politiques reconnus au
Québec et, forcément, ces militantes et ces militants qui ne sont
pas uniquement bons, je l'espère, au Parti libéral, pour faire du
porte-à-porte ou pour aller recueillir l'argent dans les campagnes de
financement ou "paqueter" les stades pour diverves manifestations
partisanes.
Laissez la chance aux Québécois et aux
Québécoises de participer à ce débat et, de
grâce, puisque votre ligne de parti muselle votre aile parlementaire, M.
le ministre, laissez la chance aux militants de votre parti et notamment
à la Commission Jeunesse qui, elle, fait des efforts, d'ailleurs, au
niveau de votre parti, pour adopter une ligne de pensée originale. Ils
sont faibles en organisation, on l'a vu récemment dans un comté
en particulier, mais au niveau de la réflexion je pense qu'ils seraient
capables d'apporter certaines choses quant à l'avenir du Québec.
Allez-vous les priver de cette tribune d'expression? En plus d'être le
croque-mort de Radio-Québec, M. le Président, le ministre est-il
le fossoyeur de l'expression démocratique des militants et des
militantes du Parti libéral et des autres partis politiques? J'ose
espérer que non. Je pense que c'est effectivement sa dernière
chance, son "dernier appel"j sinon, j'ai bien peur qu'il sera
discrédité à tout jamais comme ministre des Communications
dans l'opinion publique. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Y a-t-il d'autres membres qui veulent
s'exprimer? M. le député de Lac-Saint-Jean,
M. Brassard: M. le Président, que voilà une motion
on ne peut plus pertinente! Je voudrais, en commençant, rendre hommage
au député de Saint-Jacques pour l'à-propos d'une motion
semblable. Je pense qu'il est tout à fait approprié d'inviter les
partis reconnus au Québec à venir devant cette commission
parlementaire témoigner sur ce dossier majeur de Radio-Québec.
C'est, d'ailleurs, maintenant une coutume, depuis quelques années, que
nous avons instaurée, nous, du Parti québécois. Nous en
sommes très fiers, d'ailleurs, et je pense que c'est une manifestation
éminemment démocratique que d'inviter les partis politiques
reconnus à se présenter devant les commissions parlementaires,
à déposer des mémoires et à
témoigner sur un certain nombre de sujets majeurs pour la
société québécoise.
II faut bien le dire, M. le Président: Au sein des partis
politiques modernes, il existe parfois des distinctions très
évidentes et parfois même des divergences entre ce qu'il est
convenu d'appeler l'aile parlementaire, les députés, les
élus qui constituent l'aile parlementaire et qui exercent le pouvoir
quand leur formation politique est majoritaire, et les instances dirigeantes de
ce parti qui sont constituées de militants, de bénévoles
élus à différents niveaux du parti, que ce soit au niveau
du comté, de la région ou au niveau national. Il est essentiel,
quand se déroulent des débats majeurs sur des sujets importants
dans une société, que l'on donne, la parole aux instances
dirigeantes des partis, que l'on donne la parole aux militants des partis.
Il est évident que cela ne signifie nullement, en contrepartie,
de bâillonner l'aile parlementaire, les élus. Ils ont toujours,
que ce soit en Chambre ou en commission parlementaire même ou ailleurs
sur d'autres tribunes, des possibilités nombreuses de s'exprimer
publiquement. Donc, du côté de l'aile parlementaire des partis
politiques, on ne peut pas identifier de problèmes majeurs relativement
à l'expression d'opinion. Les tribunes sont là et les
institutions parlementaires sont là également pour cela.
Trop souvent, cependant, les militants n'ont pas l'occasion et ne
disposent pas des tribunes appropriées pour se faire entendre. Dans ces
circonstances, il est important qu'une commission parlementaire comme la
nôtre donne l'occasion aux militants d'exprimer leur point de vue,
l'occasion à ce qu'on appelle très souvent la base d'un parti
politique de s'exprimer. Que ce soit le nôtre ou celui des
ministériels, peu importe le parti, il arrive que la base d'un parti,
les militants d'un parti soient vraiment enracinés dans leur milieu. Ils
ont des racines profondes dans leur milieu et ils sont bien arrimés aux
aspirations profondes de leur milieu et de leur communauté. Il y a un
lien très fort entre les militants d'un parti politique et les
aspirations, les attentes, les espoirs d'un milieu et d'une communauté.
Par conséquent, en permettant aux militants de s'exprimer, on permet du
même coup aux communautés régionales de s'exprimer et
d'exprimer leurs aspirations.
Pour le Parti québécois, je suis sûr que cette
motion du député de Saint-Jacques sera fort bien accueillie par
les instances du parti. Je suis persuadé que les exécutifs
régionaux, que les exécutifs de comté et l'exécutif
national du parti seront très heureux de participer à cette
commission parlementaire et de répondre à l'appel du
député de Saint-Jacques. Pour ce qui est du Parti libéral
du Québec, c'est également une belle occasion.
Dans les circonstances, on peut presque parler, sur Radio-Québec
en tout cas, de trahison. Le Parti libéral du Québec a
carrément trahi son propre programme politique. En tout cas, il a
abandonné l'élément de son programme politique concernant
Radio-Québec. Je vous le rappelle brièvement, M. le
Président. Lors de la campagne électorale, le Parti
libéral s'était engagé à geler les crédits
consacrés à Radio-Québec - ce qui n'a pas
été le cas puisqu'il y a une coupure de 8 000 000 $ qui lui est
imposée - et, deuxièmement, il s'était engagé
à tenir une commission parlementaire publique pour permettre à
tout le monde de se prononcer et de s'exprimer sur les orientations de
Radio-Québec.
Voilà un engagement intéressant, un engagement faisable et
réalisable, qui n'est pas farfelu. C'est très simple à
réaliser et à concrétiser. Malheureusement, le Parti
libéral a carrément trahi et abandonné cet engagement, par
son aile parlementaire, par le gouvernement, par les élus. La question
que l'on peut se poser ici à cette occasion, M. le Président, est
la suivante: Est-ce que les instances dirigeantes du parti, est-ce que les
militants du Parti libéral sont d'accord avec cet abandon, cette
trahison perpétrée par les parlementaires du Parti
libéral? C'est une question pertinente. Pour le savoir, il faudrait,
évidemment, que ces instances dirigeantes du Parti libéral
puissent défiler devant nous, venir témoigner devant nous et
s'exprimer sur cette question. (16 h 30)
J'aimerais, comme mon collègue de Saint-Jacques, en tout cas,
entendre l'exécutif du Parti libéral. J'aimerais également
entendre la Commission Jeunesse, qui manifeste une certaine autonomie - ii faut
le dire - par rapport au pouvoir. C'est très admirable de sa part. II
serait intéressant d'entendre la Commission Jeunesse du Parti
libéral sur le dossier de Radio-Québec. Plusieurs des jeunes qui
composent la Commission Jeunesse proviennent de régions où l'on
va carrément et purement abolir la régionalisation. J'aimerais
entendre, en particulier, le vice-président du Parti libéral, M.
Luc Harvey, candidat libéral dans mon comté aux dernières
élections, qui est devenu, à la suite de sa défaite du 2
décembre, vice-président du Parti libéral du
Québec. C'est une personne qui vient d'une région. Je serais
très intéressé, quant à moi, en tout cas, à
connaître le point de vue de Me Harvey sur cette question. Je suis
persuadé qu'il ne manquerait pas de rappeler l'engagement pris par le
Parti libéral. Il ne manquerait pas d'exprimer son accord avec cet
engagement.
M. le Président, la motion du député de
Saint-Jacques est, en quelque sorte, je dirais, une main tendue vers nos
collègues ministériels. Nous leur fournissons, en
quelque sorte, l'occasion de sauver l'honneur puisqu'ils
s'apprêtent à commettre, à perpétrer une
véritable trahison par rapport à leur engagement électoral
concernant Radio-Québec. Nous leur tendons la main. Nous leur disons:
Faites en sorte que votre parti ne se déshonore pas sur cette question
et vienne ici devant nous rappeler son engagement et exprimer de nouveau son
accord avec cet engagement.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je pense que la motion
du député de Saint-Jacques est on ne peut plus pertinente. Est-ce
que d'autres partis politiques reconnus accepteraient l'invitation? Cela reste
à voir. Je souhaite, en tout cas, que les deux principaux partis, les
deux principales formations politiques du Québec acceptent cette
invitation qui leur est faite, mais il y a peut-être d'autres formations
politiques également, moins importantes, sans doute, mais ce ne sont pas
là, les deux seuls partis politiques au Québec. Le
NPD-Québec s'est, d'ailleurs, prononcé au sujet des coupures
à Radio-Québec. Il pourrait être intéressé
à venir témoigner également. Je ne pense pas qu'on doive
limiter cette invitation aux deux seules grandes formations politiques, que ce
soit le Parti libérai et le Parti québécois, mais je pense
que l'appel doit être général. Il serait intéressant
d'entendre également les partis moins importants que le Parti
libéral et le Parti québécois.
Voilà, pour toutes ces raisons, M. le Président, vous
devez comprendre que c'est avec grand plaisir et sans réserve que je
voterai en faveur de la motion du mon collègue de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député. Est-ce que d'autres intervenants voudraient se faire
entendre sur la motion du député de Saint-Jacques?
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je pense qu'il est
peut-être important de définir, au tout début, les raisons
qui me motivent à prendre la parole sur la motion du
député de Saint-Jacques. Nous avons tous, à
l'intérieur de chacun des 122 comtés du Québec, des hommes
et des femmes qui, en atteignant l'âge de voter, se font une idée
très précise de ce qu'est un parti politique. Ces hommes et ces
femmes, dis-je, s'en vont quelquefois vers le Parti libéral parce que,
idéologiquement, cela correspond à ce qu'ils vivent, ce qu'ils
souhaitent et ce qu'ils demandent à la société. En
d'autres temps, ces hommes et ces femmes optent pour le Parti
québécois.
Mais avant ces deux seules formations politiques qui, aujourd'hui,
représentent les 122 comtés du Québec, il y avait, entre
autres, dans mon comté... Je pense que personne n'ignore que je suis
représentante d'un comté qui a déjà
été représenté par un ancien premier ministre
à l'Assemblée nationale, soit Daniel Johnson, sous une formation
politique qui s'appelait l'Union Nationale à l'époque. Je pense
que, dans le coeur de bien des Québécois et surtout dans le coeur
de plusieurs militants de mon comté, il y avait une grande place et il y
a toujours une grande place pour des gens qui, à l'époque, comme
je le disais tout à l'heure, faisaient partie de l'Union Nationale et
combattaient vivement pour tout ce qu'ils croyaient être bon pour la
collectivité. Aujourd'hui, on a deux formations politiques qui sont
représentées à l'Assemblée nationale et je pense
que les gens qui ont élu la formation qui est en face de nous, le 2
décembre dernier, sont en train de se poser de sérieuses
questions. Ils se demandent comment il se fait que les gens de ce parti
avaient, durant la campagne électorale, pris des engagements importants
concernant ce que l'on discute aujourd'hui et que cette même formation
politique découvre, après l'élection et après
être bien assise sur son siège, que ce n'est plus un engagement
qu'elle doit tenir. J'ai même ici un article qui vient du Journal de
Montréal, de samedi 26 avril, et qui dit qu'il y a des
députés libéraux, des députés de la
formation politique que nous avons en face de nous qui commencent à
grogner. Je voudrais vous citer juste quelques petits passages de quelqu'un que
vous connaissez bien, Normand Girard, un de vos membres, je pense...
M. Boulerice: Non, c'est Maurice Girard.
Mme Juneau: En tout cas, ce M. Girard, dans le Journal de
Montréal du 26 avril, disait: "Plusieurs députés
libéraux commencent à avoir de la grogne à son
égard et ils se demandent si leur ministre -c'est vous M. le ministre -
n'a pas choisi simplement de protéger le P.-D.G." Ce ne sont pas des
gens de ma formation politique et ce n'est pas un journaliste reconnu de notre
formation politique. Il dit aussi: "Telles sont les principales confidences -
parce qu'il n'avait pas le droit de mentionner leurs noms - recueillies au
cours de la semaine auprès d'un certain nombre de députés
libéraux soucieux de l'avenir de Radio-Québec en régions."
M. le ministre, il y a des gens dont je suis certaine qu'ils vous en ont fait
part. Je sais bien que vous ne l'avouerez pas devant nous aujourd'hui, mais je
suis certaine qu'ils vous en ont parlé. Ils vous en ont parlé et
cela a dû certainement vous ébranler un peu de voir que,
même des membres de votre formation politique, avaient de la grogne.
Pourquoi avaient-ils de la grogne? Parce qu'eux aussi pensaient que, du fait
qu'ils avaient été élus démocratique-
ment par les gens de leur comté, ils devaient être
liés par des engagements qu'ils avaient pris en campagne
électorale et qu'ils ont laissé tomber par la force des choses.
Je ne sais pas si ce sont des membres de notre commission parlementaire; ce
sont peut-être quelques-uns de ceux-là, et j'aimerais bien savoir
qui vous faisait de la grogne.
M. French: Moi aussi.
Mme Juneau: Levez la main, ceux qui étiez en faveur de
Radio-Québec.
M. Boulerice: Ce n'est pas grave, on ne vous verra pas, on ne
dira pas vos noms.
Une voix: Que ceux et celles qui grognent lèvent la
main!
Mme Juneau: C'est cela. À part cela, M. Girard dit encore
que: "ceux-ci reconnaissent avoir été impuissants à faire
entendre raison au ministre des Communications quant à la
nécessité pour lui de respecter le programme du parti politique
auquel il appartient." M. le Président, à la place du ministre,
je pense que j'écouterais les membres de ma formation politique, au
moins quelque peu, et je leur donnerais raison, parce que lui aussi est
embarqué dans le même bateau. Il a, lui aussi, pris les
mêmes engagements. Ce serait peut-être important qu'on puisse
entendre ici et ces gens qui ont la grogne et les gens de notre
côté qui croient aussi que ce serait important que tous les
membres d'un parti politique reconnu soient assis ici près de nous en
train de nous informer de la nécessité, du bien-fondé que
les régions du Québec demeurent intactes, d'une part, et que la
compression qui a été annoncée par le président du
Conseil du trésor, sinon diminuée, en tout cas appliquée
de façon à conserver nos acquis.
M. le Président, je vous en ai parlé tout à
l'heure, je viens d'un ancien comté de l'Union Nationale qui est,
aujourd'hui, fièrement un comté du Parti québécois
depuis deux mandats; j'en suis l'heureuse élue et j'en suis très
fière. Je vous dirais que, dans mon comté, j'ai beaucoup de
membres qui veulent venir se faire entendre ici. Dernièrement, cela fait
quelques semaines, on a eu une rencontre, une réunion de
l'exécutif, comme cela doit se faire de votre côté.
J'imagine que, dans les comtés où cela grognait, il a dû y
avoir des réunions d'exécutif et que ces gens-là
souhaiteraient avoir la possibilité de se faire entendre.
Chez nous, M. le Président, il y a même une
résolution qui a été prise par les militants et les
militantes de mon comté qui comprennent l'importance de cette loi, parce
que nous, en Estrie, on se trouve à passer sous le couperet du ministre.
Nous sommes une région du Québec qui va perdre ses ailes, ses
antennes - appelez-les comme vous voudrez - mais nous sommes une des
régions sacrifiées.
Moi, quand je fais un sacrifice, j'aime toujours savoir pourquoi je le
fais. À cette occasion, je ne comprends pas comment il se fait que le
ministre sacrifie la région de l'Estrie, entre autres. Il faut avoir de
bonnes raisons. Si le ministre évoque le fait qu'on est en
difficultés financières et tout cela, je vais juste lui rappeler
ce qu'il a dit en conférence de presse, qu'il apporterait 3 000 000 $ de
plus. Je ne comprends pas pourquoi le ministre va apporter un fonds
spécial de 3 000 000 $ pendant que ces quatre régions - dont la
mienne, M. le ministre - coûtent environ 3 000 000 $. Je ne comprends pas
l'idée du ministre, d'offrir de la main gauche 3 000 000 $ et, de la
main droite, de couper le cou de ces quatre régions. Je ne comprends
vraiment pas et je souhaiterais que les militants de mon comté et les
militants de toute la région de l'Estrie puissent venir s'exprimer en
commission parlementaire. Je souhaite, M. le ministre, que vous soyez
très ouvert à cette motion de mon collègue de
Saint-Jacques de pouvoir recevoir les membres de toutes les formations
politiques reconnues à cette commission parlementaire. Merci beaucoup,
M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Cette motion du
député de Saint-Jacques afin d'entendre en commission
parlementaire les représentants des partis politiques autorisés
peut sembler paradoxale, du fait qu'on peut croire que les points de vue des
partis sont représentés par les membres respectifs de cette
commission qui y siègent. Vous savez sans doute, M. le Président,
qu'un paradoxe n'est qu'une apparence de contradiction et qu'il n'en est pas
vraiment, véritablement une puisqu'on doit donc constater que les partis
politiques, les formations politiques existent en dehors des caucus qu'elles
ont fait élire ici au Parlement. (16 h 45)
D'ailleurs, une des grandes réalités que les partis
apprennent au fil des années, c'est que, souvent, les gouvernements sont
les cimetières des partis politiques, c'est-à-dire que les
gouvernements, en n'agissant pas de la façon qui leur est
indiquée par leur parti politique, par le programme de leur parti
politique, en faisant fi des engagements électoraux ou des programmes de
leurs partis respectifs, conduisent leur parti à une sorte de
désaffection sur le plan local et régional.
Je crois que la motion du député de Saint-Jacques convie
les représentants des partis politiques autorisés à venir
nous exprimer les points de vue qui ont été
développés dans les formations politiques de manière qu'il
puisse y avoir une saine vitalité et une pluralité d'opinions qui
se manifestent dans le cadre de ce débat sur la régionalisation
et sur l'avenir de Radio-Québec, compte tenu de l'ampleur de la
compression à laquelle il doit faire face.
M. le Président, ce n'est pas étonnant, d'ailleurs, qu'il
y ait ces motions pour entendre des intervenants qui ont une expertise en
matière de radiocommunications. C'était déjà un
souhait formulé par le Parti libéral au moment où il
était dans l'Opposition. Je rappelle, d'ailleurs, au ministre des
Communications, qu'il a lui-même présidé quelques
séances de la commission de la culture, auxquelles la secrétaire
de la commission, qui est la même, assistait, lesquelles séances
avaient lieu pour donner suite à la proposition du député
de Louis-Hébert de convoquer une commission parlementaire. Ces
séances de la commission ont eu lieu il y a quand même un bon
moment, en décembre 1984 et en janvier 1985. J'ai quelques
procès-verbaux des séances de la commission, une le 12
décembre 1984 en particulier, où le député de
Louis-Hébert faisait motion afin d'étudier et d'examiner
l'ensemble du dossier concernant Radio-Québec tenant compte des
dispositions législatives existantes, des gestes annoncés par
Radio-Québec ou par le ministre et d'entendre à ce sujet toutes
les personnes et organismes qui peuvent être utiles, permettant ainsi
à la commission de faire un rapport éclairé sur cette
situation.
Mme Juneau: C'est un éminent membre libéral?
Mme Harel: Cette proposition émanait du
député de Louis-Hébert qui invoquait l'importance de
l'avenir de Radio-Québec, qui invoquait à l'époque sa
préoccupation vu qu'il y avait des réflexions qui se
poursuivaient au niveau gouvernemental sur l'avenir de Radio-Québec. Il
n'y avait pas de décisions. Il n'y avait donc à l'époque
que des réflexions gouvernementales.
Par exemple, je cite la lettre que le député de
Louis-Hébert faisait parvenir au président de la commission, le 3
décembre 1984, pour lui demander la convocation de la commission de la
culture où il disait: "Depuis plusieurs mois, un débat de fond -
il n'était pas devant une proposition de loi modifiant la structure de
Radio-Québec; il fait allusion à un débat de fond - s'est
engagé sur l'avenir de Radio-Québec, son mandat et les moyens
dont cette société d'État doit disposer pour atteindre ses
objectifs."
Le député de Louis-Hébert faisait valoir la
nécessité de convoquer une séance de travail de la
commission de la culture pour examiner une proposition afin d'entendre les
intervenants, disait-il, toutes les personnes et organismes qui peuvent
être utiles, permettant ainsi à la commission de faire un rapport
éclairé sur la situation.
Je rappelle donc qu'il s'agissait d'une motion du député
de Louis-Hébert au moment où un débat, certes,
s'engageait, mais non pas où il y avait un projet de loi qui
était déposé devant cette Chambre, projet de loi modifiant
substantiellement les structures de Radio-Québec. Il fait donc
référence à un débat de fond qui, selon lui,
justifiait, à l'époque, une commission parlementaire pour
entendre toute personne et organisme qui tenaient à faire valoir leur
point de vue de manière à permettre à la commission de
faire un rapport éclairé sur la situation. C'est donc dire, M. le
Président, que, si cette proposition du député de
Louis-Hébert valait en décembre 1984 et en janvier 1985, elle
vaut d'autant plus dans le contexte de l'étude d'un projet de loi
où nous sommes présentement. Compte tenu de l'incertitude qui
continue à flotter sur l'avenir de Radio-Québec, compte tenu du
débat justifié concernant la façon dont
Radio-Québec doit s'acquitter de son mandat, je crois qu'il serait utile
de procéder à ces consultations particulières et j'invite
donc les membres de cette commission à retenir cette motion qui ne
l'avait pas été en décembre 1984.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
je me suis informé, il vous restait au moins trois minutes, je pense,
mais si vous avez terminé...
Mme Harel: Cela va me permettre, M. le Président, de
simplement rappeler la politique culturelle, évidemment, qui est
maintenant bien connue, du Parti libéral dans le domaine de
Radio-Québec. Cette politique du Parti libéral a
été longuement expliquée, je crois, pendant la campagne
électorale. Cette politique consistait à "reconnaître
l'importance du rôle de Radio-Québec dans l'épanouissement
éducatif, culturel et social de la collectivité
québécoise et, en conséquence, à prendre
l'engagement, premièrement, de convoquer une commission parlementaire
pour discuter du mandat, des orientations et des modes possibles de financement
et des objectifs futurs de Radio-Québec." Je crois que cet engagement
tient toujours, malgré que d'autres engagements puissent,
évidemment, ne pas être retenus, notamment celui qui, en
quatrième lieu, consistait à développer de nouvelles
formules d'autofinancement partiel visant une proportion d'environ 25 % du
budget
d'opération de Radio-Québec, connaissant l'état de
la situation dans le domaine de la télévision éducative et
certainement, également, des règlements qui les régissent.
Si tant est que cette disposition dans l'ensemble des engagements
électoraux ne puisse pas être maintenue, il demeure que les trois
autres engagements sont souhaitables, dont celui de convoquer une commission
parlementaire et, notamment, celui de geler le budget d'opération de
Radio-Québec au niveau actuel pendant toute la durée de cette
étude et également l'engagement de créer un groupe de
travail pour préparer, conjointement avec la direction de
Radio-Québec, un plan de redressement à l'intérieur de ce
gel prévu durant l'étude en commission parlementaire. Il faut
reconnaître, M. le Président, que si cet engagement a lieu, c'est
certainement parce que, d'une certaine façon, les porte-parole du Parti
libéral devaient sentir l'inquiétude qui flottait dans l'opinion
publique, les rumeurs qui circulaient durant cette campagne électorale
quant aux tracasseries que pouvait subir Radio-Québec à la suite
de l'élection d'un gouvernement libéral. Cet engagement ferme qui
avait été pris durant la campagne était certainement fait
pour rassurer la population, mais il faut bien voir qu'elle en est
maintenant...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
autant je vous ai donné du temps plus tôt, autant je suis
obligé de vous en retirer maintenant puisque vous avez
dépassé vos dix minutes. Je vous permettrai une phrase finale.
Vous étiez dans une envolée que je me voudrais d'interrompre
brutalement.
Mme Harel: Alors, je terminerai simplement en vous disant, M. le
Président, que je serai vraiment intéressée à
savoir des auteurs de ces engagements électoraux durant cette campagne
quelles étaient les motivations qui les animaient à ce moment.
Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres invervenants
sur la motion du député de Saint-Jacques? On va mettre la motion
du député de Saint-Jacques aux voix.
Une voix: Vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Vote nominal sur la motion du
député de Saint-Jacques demandant que les partis politiques
reconnus au Québec soient invités, etc. C'est le même texte
que les autres.
Mme Juneau: Vous pouvez la lire, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): En faites-vou3 la demande, Mme
la députée de Johnson? Mme Juneau: S'il vous plaît.
Le Président (M. Trudel): Cela me fait plaisir de la lire
pour vous et pour les autres membres de la commission. La motion du
député de Saint-Jacques se lit comme suit: "Qu'en vertu de
l'article 244 des règles de procédure de l'Assemblée
nationale la commission de la culture, avant d'entreprendre l'étude
article par article du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec, tienne
des consultations particulières avec les organismes suivants: les partis
politiques reconnus au Québec. Que ces consultations
particulières soient tenues par la commission les 4, 5 et 6 juin 1986
à compter de 10 heures et que les organismes mentionnés soient
convoqués en conséquence.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Mon droit de conclusion, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Vous savez qu'en vertu de
l'article 217, M. le député de Saint-Jacques, il n'y a pas de
droit de réplique en commission.
M. Boulerice: L'article 217!
Le Président (M. Trudel): Nous passons donc au vote par
appel...
M. Boulerice: L'article 217, vous avez dit?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous étiez ici jeudi dernier, puis cela fait...
M. Boulerice: C'est la semaine passée, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): J'en ai encore parlé
tantôt.
M. Boulerice: J'ai été très
préoccupé durant toute une fin de semaine à essayer
d'excuser le ministre des Communications.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît, je vous dis qu'en vertu de l'article
217...
M. Boulerice: Vous avez bien raison, l'article 217 dit: "En
commission, il n'y a aucun droit de réplique. "Article 218: La
réplique clôt le débat." Je m'excuse, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Nous passons maintenant au vote
par appel nominal. M. French (Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): And the results are?
La Secrétaire: Quatre pour, sept contre et une abstention.
M. Khelfa...
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. Khelfa. Je m'en
excuse, M. le député de Richelieu.
M. Khelfa: Vous êtes tout excusé, mais je suis
contre, M. le Président.
La Secrétaire: Quatre pour, huit contre et une
abstention.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, j'aurais une motion à
soumettre à cette commission, laquelle se lirait comme suit...
Mme Pelchat: C'est un oubli?
Motion proposant la tenue d'une
consultation particulière avec les
SSJB, les SNQ du Québec et les
comités régionaux de
Radio-Québec
M. Brassard: "Qu'en vertu de l'article 244 des règles de
procédure de l'Assemblée nationale la commission de la culture,
avant d'entreprendre l'étude article par article du projet de loi 61,
Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec les organismes suivants: Les sociétés
Saint-Jean-Baptiste du Québec et les sociétés nationales
des Québécois du Québec et les porte-parole des
comités régionaux de Radio-Québec. Que ces consultations
particulières soient tenues par la commission les 4, 5 et 6 juin 1986
à compter de 10 heures et que les organismes mentionnés soient
convoqués en conséquence.
M. French: Excellent appareillement d'organimes, Jacques!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Est-ce qu'on peut présenter une motion de
blâme à l'endroit de la députée de Johnson pour
avoir oublié autant d'organismes dans sa première motion?
Le Président (M. Trudel): Vous savez que les
députés des deux côtés de cette table ont droit
à toutes les motions.
M. Brassard: Oui, présentez-la!
Le Président (M. Trudel): Pendant que vous devisez
gentiment de part et d'autre, je vais suspendre deux minutes, histoire de voir
si la motion est recevable.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 1)
Le Président (M. Trudel): J'ai lu la motion... M. le
député de Saint-Jacques, s'il vous plaît! J'ai lu la motion
de M. le député de Lac-Saint-Jean avec, évidemment, une
grande attention. Je vous avoue que, pour les
raisons que je vais invoquer, j'ai eu de la difficulté à
la recevoir. Je la reçois cependant. Mais je vous explique que je vois
moins la pertinence de faire comparaître la Société
Saint-Jean-Baptiste et les différents groupes de la
Société nationale des Québécois, si on parle
surtout, dans le projet de loi 61, d'une restructuration administrative. Je
ferai remarquer, d'autre part, qu'il faudrait spécifier, quand on parle
des porte-parole des comités régionaux de Radio-Québec,
dans la mesure où on a déjà rejeté une motion qui
demandait que les présidents des comités régionaux... Il
faudrait qu'on sache quels sont les porte-parole des comités
régionaux de Radio-Québec. J'ai la très nette impression,
quand on parle des porte-parole régionaux de Radio-Québec, qu'on
parle des présidents.
Je vais accepter cette motion du député de Lac-5aint-Jean,
mais avec beaucoup plus de réticence que les autres parce que cela
m'apparaît beaucoup moins évident et un tantinet
répétitif.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je vous remercie, M. le Président.
J'essaierai d'ailleurs, en même temps que je vais défendre
ma motion, d'en démontrer la pertinence. Je vous dirai tout d'abord
qu'il m'apparaissait quasiment tout à fait anormal que la commission
tienne des audiences particulières sans que des porte-parole, des
représentants des comités régionaux soient appelés
à venir témoigner devant nous. Or, par une de vos
décisions, que je respecte d'ailleurs, c'était devenu impossible
puisque vous aviez jugé irrecevable une motion qui réduisait la
liste déjà présentée par la députée
de Johnson, mais en mentionnant toutefois dans votre décision, je vous
le rappelle, que vous l'aviez rejetée parce qu'elle ne comportait pas
d'éléments nouveaux. Nous nous sommes pliés de bonne
grâce à votre décision. Cette fois-ci, cependant, sans en
faire un débat, je vous signale que, s'il est vrai que les porte-parole
des comités régionaux, en tout cas, les comités
régionaux comme tels, se retrouvent dans d'autres motions qui ont
été battues déjà par cette commission, il reste
qu'il y a un élément nouveau et ce sont les
sociétés Saint-Jean-Baptiste et les sociétés
nationales du Québec.
Pourquoi cette motion? Pour une raison très simple. C'est
à leur demande même que je présente cette motion. Non pas
qu'ils m'ont contacté directement pour m'inciter à
présenter cette motion, mais par voie de conférence de presse -
j'ai devant moi le communiqué de presse - les sociétés
Saint-Jean-Baptiste, de même que les sociétés nationales
des Québécois ont réclamé la tenue d'une commission
parlementaire. J'ai ici devant moi un communiqué de presse qui faisait
suite à une conférence de presse, en date du 29 mai 1986, et dont
le premier paragraphe est le suivant: "Nos régions sont les
premières concernées par les fermetures de stations
régionales de Radio-Québec annoncées par le gouvernement.
Nous nous unissons aujourd'hui pour demander publiquement une commission
parlementaire sur l'avenir de Radio-Québec."
On retrouvait à cette conférence de presse M. Babin,
porte-parole du groupe et également président de la
Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie. 11 y avait aussi la
Société Saint-Jean-Baptiste de Québec et celle de
5herbrooke, de même que les sociétés nationales des
Québécois de la capitale et de l'Outaouais. On retrouvait
ensemble cinq sociétés du Mouvement national des
Québécois qui réclamaient en choeur une commission
parlementaire sur l'avenir de Radio-Québec et qui, déjà,
se prononçaient contre l'abolition de la régionalisation de
Radio-Québec considérant Radio-Québec comme étant
un outil de développement régional aussi bien au niveau culturel
qu'économique. Pour ces raisons, je pense qu'en bonne démocratie
il est normal que l'on accède à des demandes légitimes
comme celle-là. Cela m'apparaît une demande parfaitement
légitime.
Le Mouvement national des Québécois est un mouvement fort
ancien qui a des racines profondes dans toutes les régions du
Québec, qui est très actif, qui est très vigilant
concernant l'évolution de la société
québécoise, qui intervient fréquemment et à bon
escient, d'ailleurs, et de façon très positive dans la plupart
des grands débats qui passionnent la société
québécoise ou qui ont agité la société
québécoise dans le passé. Ils ont l'habitude de
témoigner devant des commissions parlementaires et je pense que leur
point de vue serait très intéressant.
C'est pour cette raison qu'on les retrouve dans la motion que j'ai
présentée. Il y a un paragraphe de leur communiqué de
presse qui me semble intéressant et que je n'hésite pas à
vous citer également. C'est que les représentants de ces cinq
sociétés se disent prêts à participer à un
groupe de travail qui aurait pour objectif de préparer des solutions aux
fermetures annoncées. Voilà une offre très positive de ces
sociétés faite au ministre. Les sociétés
Saint-Jean-Baptiste et les sociétés nationales disent au
ministre: Écoutez, nous connaissons bien les régions, nous
connaissons bien les attentes et les aspirations des régions, nous
sommes disposés à vous aider à participer à des
comités de travail de façon à trouver des solutions aux
fermetures annoncées. Je pense qu'un tel appel ou une telle offre
mérite d'être considérée par le ministre.
D'autre part, l'autre élément de ma proposition, ce sont
évidemment les comités régionaux. Je ne veux pas
préciser plus
longuement. Je suis convaincu que ma collègue de Johnson, qui
connaît bien les comités régionaux, leur rôle, leurs
fonctions, va sûrement en parler mieux que moi, mais je pense qu'il est
absolument essentiel que si les syndicats ne sont pas convoqués, si les
syndicats regroupant les travailleurs de Radio-Québec ne sont pas
convoqués par l'entremise de la Fédération nationale des
communications, puisque ma motion a été rejetée, si les
partis politiques ne sont pas convoqués' - on vient de voter contre
cette motion pourtant tout à fait intéressante du
député de Saint-Jacques et, donc, les partis politiques ne
viendront pas témoigner - à tout le moins il m'apparaît
essentiel, nécessaire, indispensable que les porte-parole des
comités régionaux le soient. Cela pourrait être les
présidents dans certains cas, cela pourrait être aussi les
directeurs régionaux; ce sont les comités régionaux
eux-mêmes qui désigneront leurs porte-parole pour venir
témoigner devant cette commission.
Ce sont les plus touchés, ce sont les comités
régionaux qui sont touchés. Les neuf comités
régionaux qui existent actuellement au sein de Radio-Québec sont
abolis purement et simplement, disparaissent. On maintient certains bureaux
ouverts, on en ferme d'autres, mais les comités régionaux comme
tels, eux, disparaissent, sont carrément abolis. Il me semble qu'on
pourrait au moins les entendre avant de passer à l'étude
détaillée du projet de loi. Est-ce que c'est une revendication
illégitime? Est-ce que c'est une réclamation farfelue,
scandaleuse que de permettre à ceux qui vont mourir de saluer le
ministre? Comme on disait dans la Rome antique: "Ceux qui vont mourir te
saluent." On pourrait au moins permettre à ceux qui vont mourir de
saluer le ministre et de venir devant la commission parlementaire avant de
sombrer dans le néant puisque c'est là sa volonté. En tout
cas, encore une fois, c'est un dernier effort, un des derniers efforts que l'on
fait. On en fera quelques autres encore, mais on arrive au bout du rouleau, je
dirais, parce qu'on devient, dans une circonstance comme celle-là,
envahi par la désespérance en quelque sorte.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Brassard: On en arrive à désespérer et
à...
M. French: ...trop tôt.
M. Brassard: ...lancer la serviette parce qu'on se bute à
un mur de pierre, on se bute à une intransigeance absolue de la part du
ministre. C'est une tentative qui m'apparaît, en tout cas, raisonnable de
dire au ministre: Écoutez! Au moins, entendons les porte-parole des
instances qu'on va abolir. Ce n'est pas beaucoup ce qu'on demande là. On
réduit notre liste à peu de chose: les sociétés
Saint-Jean-Baptiste qui viennent tout juste de réclamer d'intervenir
dans le débat et les porte-parole des comités régionaux.
Voilà une demande qui m'apparaît raisonnable. Ne pourrait-on pas
faire consensus là-dessus? Il me semble que si on pouvait faire un
consensus là-dessus, cela ne prendrait pas beaucoup de temps. Je pense
qu'en une demi-séance tout au plus, au maximum une séance, on
pourrait entendre ces groupes-là. C'est peu de chose. Est-ce que cela
retarderait indûment l'étude détaillée du projet de
loi? Je ne le pense pas. Je pense qu'on arrive vraiment avec une demande on ne
peut plus raisonnable, nous de l'Opposition. On a restreint et on restreint,
depuis des heures, nos exigences, nos revendications. Je pense qu'on en est
arrivé au minimum, au strict minimum. Le minimum, c'est de permettre aux
comités régionaux de se faire entendre. Ce sont eux les plus
directement touchés, les plus concernés par le bouleversement de
structures engendré par le projet de loi. Est-ce que le ministre ne
pourrait pas convenir qu'il s'agit là d'une demande on ne peut plus
raisonnable? Est-ce que les membres de la majorité ne pourraient pas sur
cette motion faire consensus avec les membres de l'Opposition, pour une fois,
de façon qu'on puisse à tout le moins tenir une audience
particulière, mais vraiment à son strict minimum? C'est un
dernier appel. C'est un appel angoissé que je lance. Un appel
angoissé.
Le Président (M. Trudel): M. le député...
M. Brassard: J'essaie, évidemment, de me contraindre
et...
Une voix: Un appel de détresse.
M. Brassard: Oui, presque un appel de détresse aux
ministériels pour qu'ils répondent à la main tendue et
qu'on accepte cette motion parfaitement raisonnable.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Mme la députée de Johnson.
Mme Jumeau: Merci beaucoup, M. le Président. Vous
comprendrez facilement pourquoi, de la même façon que mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean, j'interviens, comme
je fais partie d'une région qui a eu le malheur - je ne sais pas quel
terme employer - de tomber sous le couperet du ministre des Communications.
Les comités régionaux étaient composés de
sept membres nommés par le gouvernement, soit pour chaque comité
quatre personnes recommandées par des organismes
socio-économiques, populaires et culturels de la région,
deux personnes recommandées par les institutions d'enseignement de la
région, une personne choisie parmi et par les employés de
Radio-Québec travaillant dans nos régions, M. le
Président. Ce n'est pas n'importe qui. Ce sont des gens de nos
régions, des gens qui ont des choses à dire. Depuis que vous avez
décidé de ne rien entendre, M. le ministre, on a eu à
quelques reprises, dans les journaux régionaux, des manifestations
d'états d'âme et des réclamations de la part de ces
personnes dûment nommées par les groupes socio-économiques,
par toutes les institutions dont je vous ai fait mention tout à l'heure.
Je pense, entre autres, à M. Jacques Lessard, qui est le directeur de
Trois-Rivières, qu'un de vos députés a vilipendé de
façon presque irrespectueuse. J'oserais dire que, lorsqu'un de vos
députés a dit que la tête de M. Jacques Lessard ne valait
pas 900 000 $, je pense, à mon point de vue, que ce député
n'aurait jamais dû faire cette intervention malheureuse, M. le
Président. On ne fait pas d'intervention de cette nature lorsqu'on
parie... (17 h 15)
Le Président (M. Trudel): Mme la députée
de...
Mme Juneau: ...d'un directeur régional...
Le Président (M. Trudel): Je ne veux pas vous
empêcher de défendre un de vos ex-collègues...
Mme Juneau: Mais, M. le Président...
Le Président (M. Trudel): ...candidats, mais je vous
rappellerai la pertinence du débat, s'il vous plaît.
Mme Juneau: ...je vous parlais, non pas de
l'ex-collègue-candidat, mais je vous parlais du directeur
régional de Trois-Rivières. Si vous avez confondu, c'est votre
problème, M. le Président. Je vous parlais du directeur
régional de Radio-Québec. Je pourrais vous parier aussi de M.
Antonin Collard. Vous n'allez pas dire que c'est un autre de nos candidats. M.
Antonin Collard est le directeur régional de Chicoutimi. Je voudrais
vous parler aussi de M. Gaston Bachand, de l'Estrie. Allez-vous me dire, M. le
Président, que c'est un autre de nos candidats?
M. French: Vous signez le bulletin de votre candidat.
Mme Juneau: Je m'excuse, M. le Président, je m'excuse
auprès du ministre aussi. Ce n'est pas un de nos candidats.
M. French: Vous signez le bulletin de votre candidat.
Mme Juneau: C'est notre directeur régional en Estrie. Lui
aussi a réclamé de la part du ministre cette commission
parlementaire parce que nous, en Estrie, M. le Président, on a aussi des
choses très importantes à dire et je pense que le directeur
régional, M. Bachand, lorsqu'il a fait état dans les journaux de
ce que la ministre responsable à la Condition féminine avait dit
contre la région de l'Estrie, concernant cette fermeture
éventuelle, M. le Président... Je pense que M. Gaston Bachand,
qui est notre directeur régional, aurait bien des choses à dire,
lui aussi, concernant la station Radio-Québec en Estrie.
Je voudrais simplement aussi vous mentionner que le gouvernement
supprime Radio-Québec en Estrie sous prétexte que la
région est bien desservie. Je parle de l'Estrie parce que vous
comprendrez très bien que je suis native de là, donc je connais
le coin amplement pour être capable de vous en parler pendant dix,
quinze, vingt ou trente minutes...
M. French: C'est assez.
Mme Juneau: Vous croyez, M. le ministre? Est-ce que vous voulez
intervenir? Non.
Vous avez dit que, si vous coupiez l'Estrie, c'était parce qu'on
était bien desservis par d'autres réseaux et stations de
télévision. Mais, M. le ministre, avez-vous oublié que,
nous aussi, les Estriens, nous payons des impôts comme le reste des
Québécois? On a le droit de conserver, sinon un centre
administratif, au moins un certain pourcentage d'heures de
télévision par mots à Radio-Québec et,
répétons-le, pas de la télévision produite par des
penseurs intellectuels de Montréal, M. le Président, mais de la
télévision conçue par des gens d'ici, pour des
téléspectateurs d'ici.
Déjà, sur certains dossiers comme la cartographie, le
textile, le sommet socio-économique de l'Estrie, une maison de
production privée de télévision est impliquée, ce
qui contribue à alléger le fardeau financier de la production.
C'est dans cette veine qu'il faut poursuivre et non pas en faisant appel
à la maison mère, M. le Président. Si le ministre avait
accepté d'écouter, non seulement le comité régional
provenant de la région de l'Estrie, mais aussi les trois autres
comités régionaux, soit celui de Hull, de Trois-Rivières
et de Québec, tel qu'exigé par eux, ce sont des expressions de
pensée qu'il aurait pu écouter et il aurait pu se faire une
idée plus juste que celle qu'il a prise hâtivement et qu'il s'est
dépêché de mettre à exécution parce que,
à ce qu'on a entendu, il fallait que ce projet de loi soit adopté
avant le 20 juin à tout prix. Je ne
sais pas ce qui presse le ministre autant que cela pour faire adopter en
vitesse ce projet de loi avant le 20 juin. Je pense qu'une loi, pour bien
s'adapter aux coutumes et aux besoins des gens qui vivent ici au Québec,
doit être le reflet des gens, et, si on fait une loi barbare qui coupe
les régions, M. le Président... Je crois que les gens ont le
droit de s'élever et de clamer leurs droits, au moins, pour qu'on leur
donne la chance de s'exprimer ici en commission parlementaire pour être
capable de définir ce qui va et ce qui ne va pas. Dans un premier temps,
ces directeurs régionaux, en plus des présidents régionaux
qui faisaient, qui font partie encore, jusqu'à ce que le ministre ait
complètement cisaillé les régions, tous ces gens, dis-je,
qui font encore partie du conseil d'administration en tant que tel avaient
exprimé au ministre le fait que, s'il ne pouvait passer outre, ils
pouvaient vivre avec cette compression tout en travaillant de façon
différente. La raison pour laquelle les gens de l'Estrie seraient venus
ici en commission parlementaire comme les autres personnes des autres
régions, c'était tout simplement pour aider le ministre. Nous
savons à quel point un ministre responsable doit prendre politiquement
des engagements. C'est donc dans le but principal de soulager le ministre et de
l'aider à prendre une décision qui serait tout à fait
selon la volonté des gens qui vivent ici au Québec et
principalement dans les quatre régions données. Il se peut donc,
M. le ministre, que, si vous acceptez éventuellement de rencontrer ces
gens, vous allez vous apercevoir que, dans leurs commentaires, dans leur vue
d'ensemble de ce qu'est Radio-Québec, ils pourront informer le ministre
de façon adéquate et substantielle. Je souhaite de tout mon
coeur, pour les gens que je représente avec fierté, les gens de
la région de l'Estrie, que vous leur donniez une écoute attentive
et que vous leur donniez le privilège, parce que c'est un
privilège, de venir auprès des élus de chacun des
comtés du Québec s'exprimer et de leur dire combien il est
important de les entendre et de les écouter. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je vais reconnaître Mme la
députée de Matsonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je crains de ne pas
pouvoir terminer mon intervention de dix minutes, puisque je devrai
peut-être monter à l'Assemblée pour prendre la parole,
alors je vais immédiatement faire cette intervention sur cette motion
visant à entendre les représentants et porte-parole des
sociétés nationales des Québécois en
régions, de même que les porte-parole régionaux de
Radio-Québec.
M. le Président, vous imaginez-vous la réaction, le
tollé de protestations qui aurait suivi, si, à une demande de
rencontre des porte-parole d'Alliance Québec, lors du
précédent gouvernement, les réactions auraient
été que ce n'était pas utile de les entendre puisque la
plupart d'entre eux s'exprimaient par la voix du parti d'Opposition. Imaginez
ce qu'on peut penser comme véhémence des réactions pour
protester contre le fait qu'on confonde un mouvement, Alliance Québec,
un mouvement légitime qui représente à bon droit les
intérêts de ses membres, avec les intérêts du parti
d'Opposition. Ce qui m'étonne beaucoup, c'est qu'on ne se rende pas
compte, lorsqu'on entend cette réaction selon laquelle ce n'est pas
nécessaire d'entendre les porte-parole des sociétés
nationales en régions, qu'il s'agirait de péquistes qui
n'auraient pas de légitimité pour représenter les
intérêts de leurs membres et de leur région... Je me
prononce fermement, M. le Président, contre cette sorte de hauteur
arrogante. Il est facile de constater qu'il n'y a pas beaucoup de
clientèles qui aient été l'otage du Parti
québécois dans aucune des élections que nous avons tenues;
à preuve, nos élections partielles. Je suis bien placée
pour le savoir étant députée d'un comté qui a connu
un député de l'Opposition durant une courte période,
après une élection partielle. Il n'y a pas de clientèle
captive, il n'y a pas de porte-parole qui soient des otages. Il y a des
porte-parole qui sont audacieux, qui sont courageux, mais qui ont à
coeur l'intérêt de leur région. Je crois que ce qui est en
cause, c'est plus une défiance profonde à l'égard d'un
certain projet de régionalisation, parce que, si on fait le reproche aux
porte-parole de la Société nationale des Québécois
d'être, tout compte fait, d'accord avec l'Opposition actuelle et, donc,
on conclut qu'ils en seraient pour autant péquistes, il faut voir qu'il
en va de même pour les représentants des MRC, les
municipalités régionales de comté, un des projets de
structuration régionale qui a obtenu l'appui de l'ensemble des
intervenants municipaux et régionaux et où on retrouve des
porte-parole qui se sont toujours dits très favorables à cette
régionalisation.
Ce seraient donc là encore des péquistes qu'on ne devrait
pas écouter. Il en va de même de l'ensemble des structures
régionales. Qu'on pense aux conseils régionaux de la culture, aux
conseils régionaux des loisirs, à l'ensemble de ce projet de
régionalisation dont on pouvait lire, sous la plume de Jean-Paul
L'Allier, dans le Devoir de samedi, que le reproche qu'on pouvait faire au
gouvernement précédent était peut-être de ne pas
être allé assez loin en termes de soutien au développement
culturel régional. Il en donnait une démonstration en signifiant
que des change-
ments apportés pour une somme de 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ au
système d'éclairage ou de son du Grand Théâtre de
Québec allaient de soi, mais qu'une salle de concert, par exemple, ou de
théâtre à Baie-Comeau tardait depuis plus d'une
décennie et que cette salle, disait-il, aurait pourtant certainement
pour effet, d'abord, de diffuser nos produits culturels, mais aussi de
permettre à la population de ne pas se sentir défavorisée,
de ne pas se sentir, d'une certaine façon, abandonnée sur le plan
culturel, à la merci, finalement, du média électronique
qui lui parle de ce qui se passe ailleurs en lui présentant des images
d'ailleurs.
Je crois que l'intérêt d'entendre les représentants
régionaux, tant des sociétés nationales que des organismes
de Radio-Québec, des organismes régionaux, c'est que sans doute
ils ont quelque chose de constructif à dire au ministre sur la
façon d'appliquer ses restrictions budgétaires. Ils ont une
certaine expertise. Je me rappelle, par exemple, la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal, que je connais mieux que les autres
sociétés en régions, qui, au moment du
développement radiophonique, a été l'initiatrice de bien
des radios en régions. Par exemple, la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal détenait des actions fondatrices
dans des radios le long du fleuve, dans la Gaspésie, sur la
Côte-Nord, parce que, pour les sociétés nationales, le
développement des communications de masse francophones a
été au coeur même du projet qu'elle s'est donné de
promotion des intérêts des francophones en Amérique du
Nord. Il y a là une expertise certaine. (17 h 30)
Pensons tout simplement au développement des radios chez les
francophones hors Québec. Pensons au développement actuel d'une
radio française chez les francophones d'Amérique, nos cousins du
sud, qui bénéficient actuellement de subventions des
sociétés Saint-Jean-Baptiste grâce à des fondations
qui ont été créées pour développer la
radiophonie chez les francophones hors Québec. Pensons simplement
à Vancouver où une expérience soutenue par le Mouvement
national des Québécois et par le ministère des
Communications permettra sur la Place de l'Exposition une radio communautaire
francophone, tout cela grâce à l'initiative du Mouvement national
des Québécois. Il faut voir qu'il y a là une expertise
qui, certes, aurait été extrêmement intéressante
pour la mise en oeuvre des solutions plus adéquates à
l'égard de Radio-Québec.
M. le Président, j'imagine le sort qui sera fait à cette
motion. Je le déplore. Je pense que cela aurait certainement pu
être intéressant d'entendre les porte-parole des
sociétés régionales et des bureaux régionaux de
Radio-Québec. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a un autre intervenant sur
la motion du député de Lac-Saint-Jean?
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
Une voix: C'est difficile.
M. Boulerice: Oui, c'est effectivement une situation
extrêmement difficile et pénible que vous faites vivre à
Radio-Québec, à la population du Québec qui écoute
cette télévision, aux membres de cette commission parlementaire,
à ceux de notre formation et à la vôtre également
puisqu'il semble y avoir un bâillon de toute évidence.
Bien entendu, je vais appuyer sans aucune réserve la motion
présentée par mon collègue, député de
Lac-Saint-Jean et whip en chef de ma formation politique, afin d'inviter la
Société Saint-Jean-Baptîste et la Société
nationale des Québécois. Mon collègue faisait part
tantôt de ses humanités en vous citant cette phrase
célèbre: "Ave Caesar, morituri te salutant", Salut César,
ceux qui vont mourir te saluent. C'est un peu le sentiment qui anime les
stations régionales. Je ne demeurerai pas en reste et je dirai, M. le
ministre, que je suis profondément déçu de vous voir, tel
Zeus sur son olympe westmountais, brandir vos foudres sur Radio-Québec
et surtout rester sourd aux suppliques de ces pauvres mortels qui, en bas de
cet olympe où vous siégez, vous supplient de
réfléchir et d'écouter les sages qui s'offrent pour vous
conseiller. Je dis bien les sages.
M. le ministre, vous avez été, depuis le début de
cette question, à mon point de vue, atrocement méprisant.
D'abord, vous avez traité Radio-Canada de vache sacrée du PQ, ce
que les nombreux artisans et artisanes de cette télévision
d'État ne méritaient sûrement pas. Vous avez
été, M. le ministre, tout aussi méprisant en rejetant une
liste impressionnante d'organismes que l'on vous suggérait pour
éclairer vos propos, des gens qui, au Québec, se sont
donné une crédibilité, des gens qui, au Québec,
sont respectés par le sérieux de leurs propos et le travail
qu'ils font depuis des années. Là, en dernier recours presque, M.
le Président, nous vous proposons d'inclure la Société
Saint-Jean-Baptiste de Montréal comme interlocuteur à cette
commission parlementaire. Est-ce que vous ajouterez encore au mépris, M.
le ministre, comme vous l'avez si malheureusement fait depuis le tout
début de la commission, en rejetant de nouveau - ce qui semble possible
puisqu'il y a consigne du vote comme il y a consigne du
silence chez nos amis d'en face - un organisme qui, au Québec,
depuis près de 150 ans est au service de la nation et qui l'a,
d'ailleurs, prouvé par des interventions non partisanes tout au long de
son histoire dans les sujets qui sont les plus préoccupants pour la
survie de la communauté francophone au Québec et au Canada
même, soit la langue, la culture, les traditions? Cela a
été la marque de commerce, M. le ministre, de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal avec, plus
récemment, d'autres relais qui sont ces sociétés
nationales des Québécois que l'on rencontre partout en province
et qui sont, elles aussi, profondément impliquées dans cette vie
nationale, cette vie régionale, et qui contribuent, justement, à
assurer la crédibilité globale de cette société
nationale qu'est la Société Saint-Jean-Baptiste du
Québec.
Le gouvernement précédent, comme le vôtre, a
confié, dans une très large mesure, a la Société
Saint-Jean-Baptiste l'organisation d'un des événements les plus
importants pour notre collectivité: celui de notre fête nationale
qui, malheureusement, a failli être changée, modifiée,
n'eût été notre vigilance et celle de la population du
Québec.
Lorsque l'on confie à cette puissante -et surtout très
sérieuse - société nationale, M. le ministre,
l'organisation d'un événement aussi important pour la vie d'un
peuple - et vous avez vu avec quelle fierté mon collègue de
Viger, ce matin, soulignait la fête nationale de la république
italienne comment pouvez-vous, encore une fois, songer - comme je suis
persuadé que vous êtes en train de le faire - à balayer du
revers de la main l'addition d'un intervenant aussi prestigieux quand on sait
pertinemment que rien de ce qui est solide, durable et bénéfique
pour le peuple du Québec n'a été fait sans le concours de
la Société Saint-Jean-Baptiste?
Il s'agit de relire tous les manuels d'histoire écrits dans ce
pays pour voir que la Société Saint-Jean-Baptiste a
défendu les causes justes avec cet esprit visionnaire qu'on lui
connaît. Cette société, M. le Président, j'ose
espérer que le ministre n'ira pas encore, là aussi, comme il l'a
fait depuis je ne sais pas exactement combien d'heures, la. rejeter et la
lancer dans sa boîte déjà très remplie de deux de
pique, comme je l'ai appelée avec beaucoup d'humour et surtout beaucoup
de tristesse, parce que cela-témoigne du mépris qu'il affiche
envers les intervenants que nous lui avons suggérés. Est-ce que
la Société Saint-Jean-Baptiste, les sociétés
nationales des Québécois et les porte-parole régionaux des
antennes de Radio-Québec, après, eux, avoir été
traités de "vaches sacrées du PQ", vont devenir des deux de
pique? Je pense, M. le ministre, que vous avez atteint maintenant ce qu'on
appelle et ce qui se comprend très bien dans votre comté - et
vous allez me permettre d'employer l'idiome courant dans votre comté,
"the fail-safe point". Au-delà d'un dernier refus, M. le ministre, je
pense que vou3 atteignez un point de non-retour. Pour emprunter une autre
expression qui est plus française et qui dit: Au-delà de cette
limite, votre ticket n'est plus valide, je vous dirais, M. le ministre, que le
rejet que vous feriez de cette motion que nous vous présentons -et j'ose
espérer que vous ne le ferez pas -ferait effectivement qu'au-delà
de cette limite votre ticket ne serait plus valide, c'est-à-dire, dans
votre cas, votre crédibilité, M. le ministre, en tant que
ministre des Communications du gouvernement du Québec et de ministre
chargé de protéger - je sais que vous en êtes . capable -
la culture française au Québec.
M. le ministre, à l'exemple de mon collègue, je vous
supplie, pour l'avenir de Radio-Québec, pour la place que vous occuperez
dans l'histoire du Québec aussi, de prendre en très
sérieuse considération la motion qui vous est
présentée par mon collègue le député de
Lac-Saint-Jean, et cette fois-ci de ne pas donner le signal, en tant que
ministre et principal porte-parole à cette table, de cette cavale
éhontée de "non" que nous avons malheureusement entendus trop
souvent depuis le début de la commission. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce que d'autres
députés veulent s'exprimer sur la motion du député
de Lac-Saint-Jean?
Je vais mettre cette motion aux voix en vous...
Mme Juneau: Vote nominal.
Le Président (M. Trudel): Toujours, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: Est-ce qu'on ne peut pas enregistrer le même vote
au lieu de toujours voter comme cela?
Mme Juneau: Non, je pense qu'il est important que, chaque fois
qu'on a une motion, M. le Président, on puisse entendre vraiment, par
chacun des membres de cette commission, son accord ou son refus.
M. Boulerice: Et l'histoire retient...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: M. le Président, une petite question de
règlement. Je comprends que...
Le Président (M. Trudel): Non, c'est moi qui décide
des questions de règlement, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Trudel): Quel article invoquez-vous?
M. Brassard: Je fais référence à l'allusion
que vient de faire le député.
Le Président (M. Trudel): Je peux peut-être...
M. Brassard: Non.
Le Président (M. Trudel): Je pense que tout le monde se
comprend.
M. Brassard: C'est simplement pour dire que je comprends que vous
commenciez à être gêné de...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: ...voter contre.
Le Président (M. Trudel): Je vais maintenant lire la
motion...
M. Brassard: Je comprend cela.
Le Président (M. Trudel): ...qui va être...
M. Brassard: Je comprends votre gêne.
Le Président (M. Trudel): ...mise aux voix par... À
l'ordre, s'il vous plaît!
Je fais maintenant lecture de la motion du député de
Lac-Saint-Jean qui va être mise aux voix. À l'ordre, s'il vous
plaît! La motion se lit comme suit: "Qu'en vertu de l'article 244 des
règles de procédure de l'Assemblée nationale la commission
de la culture, avant d'entreprendre l'étude article par article du
projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec les organismes suivants: les sociétés
Saint-Jean-Baptiste du Québec, les sociétés nationales des
Québécois du Québec et les porte-parole des comités
régionaux de Radio-Québec. Que ces consultations
particulières soient tenues par la commission les 4, 5 et 6 juin 1986
à compter de 10 heures et que les organismes mentionnés soient
convoqués en conséquence."
Vote sur appel nominal. M. French (Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassards Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. Cannon (La
Peltrie)?
M. Cannon: Je suis contre également.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de La Peltrie.
La Secrétaire: Pour: 3; contre: 8; abstentions: 1.
Le Président (M. Trudel): La motion du
député de Lac-Saint-Jean est rejetée.
Mme Juneau: Est-ce qu'on peut voter par procuration, parce que ma
collègue est allée en Chambre faire un autre discours?
Le Président (M. Trudel): Non, madame. Mme Juneau:
Cela ferait 4 pour.
Le Président (M. Trudel): II m'est arrivé dans une
autre commission et à un autre moment d'être obligé de
m'absenter...
Mme Juneain Ce n'est pas possible, M. le Président?
Le Président (M. Trudel): Ce n'est pas possible.
Boulerice: En vertu de quel article déjà?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous demanderais de me faire confiance là-dessus. Vous
le savez aussi bien que moi. Oui, Mme la députée de Johnson.
Motion proposant la tenue d'une consultation
particulière avec
l'UDA et les producteurs télévisuels
indépendants du Québec
Mme Juneau: J'aurais une motion à apporter à ce
moment-ci: "Qu'en vertu de l'article 244 des règles de procédure
de l'Assemblée nationale la commission de la culture, avant
d'entreprendre l'étude article par article du projet de loi 61, Loi
modifiant la Loi sur la Société de radiotélévision
du Québec, tienne des consultations particulières avec les
organismes suivants: l'Union des artistes et les producteurs
télévisuels indépendants du Québec. Que ces
consultations particulières soient tenues par la commission les 4, 5 et
6 juin 1986 à compter de 10 heures et que les organismes
mentionnés soient convoqués en conséquence."
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
députée de Johnson. Je vais suspendre pour quelques secondes
avant de statuer sur la recevabilité de la motion.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 17 h 47)
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, je vais recevoir votre motion, vous faisant quand même la
remarque suivante: L'Union des artistes a été entendue par la
commission de la culture pendant de nombreuses heures à l'occasion de la
consultation générale sur le statut économique de
l'artiste et du créateur. Il a été question, lors de cette
consultation avec l'Union des artistes, de Radio-Québec.
Cela étant dit...
M. Boulerice: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Laissez-moi terminer, je n'ai
pas terminé, M. le député. Cela étant dit,
j'accepterais la motion puisque les producteurs télévisuels
indépendants du Québec, c'est un organisme nouveau, quoique
l'Union des artistes, j'aie plus de difficulté à l'accepter.
Mais, compte tenu que l'audition des producteurs télévisuels
indépendants du Québec est un fait nouveau, je vais accepter
votre motion. Avant de vous céder la parole, je vais écouter M.
le député de Saint-Jacques qui m'a l'air très
impatient.
M. Boulerice: Je m'oppose, M. le Président, à votre
décision sur la recevabilité pour ce qui est de l'Union des
artistes.
Le Président (M. Trudel): M. le député, vous
n'avez pas à vous opposer, j'ai reçu la motion de la
députée de Johnson.
M. Boulerice: Mais vous avez enlevé l'Union des
artistes!
Le Président (M. Trudel): Je n'ai pas enlevé
l'Union des artistes!
M. Boulerice: Vous ne l'avez pas enlevée?
Le Président (M. Trudel): Non. M. te député,
ce que j'ai dit...
M. Boulerice: J'en suis heureux.
Le Président (M. Trudel): ...c'est que je trouvais
plutôt risqué de voir...
M. Boulerice: ...parce que cette galée se serait
promenée, M. le PrésidentI
Le Président (M. Trudel): ...l'Union des artistes. Alors,
j'accepte votre motion, je la déclare recevable.
Mme Juneau: Merci beaucoup. Étant donné que vous
êtes bien conscient que je n'ai pas pu participer è la commission
sur le statut de l'artiste, vous comprendrez très bien que je ne sois
pas au courant de tout ce qui s'est dit. J'aurais dû - j'en conviens
-faire venir les galées et relire avec attention tout ce qui s'est dit
lors de la commission parlementaire sur le statut de l'artiste.
Malheureusement, avec les travaux qu'on a de ce temps-ci, je pense qu'il est
facile de comprendre qu'on n'a pas pu éplucher à notre guise tout
ce qui s'est dit sur le statut de l'artiste à cette commission
parlementaire.
Si j'ai insisté, M. le Président, pour
apporter cette nouvelle motion à la commission, c'est que je
pense qu'il est important, comme le disait... J'ai entendu le tout début
de l'intervention de M. Turgeon, le président de l'Union des artistes,
où il faisait une comparaison entre l'UDA et l'UPA. Vous vous souvenez,
M. le Président, comment l'image qu'il avait donnée lors de la
lecture de son mémoire était représentative à la
fois de ce que représentait pour lui l'Union des artistes, l'UDA, et de
ce que représentait l'UPA pour nos producteurs agricoles.
Je pense que, si l'UPA travaille pour les gens de la production
agricole, autant l'UDA fait des pieds et des mains pour que les artistes
représentés par elle le soient par des gens bien informés.
Je pense que M. Turgeon est venu apporter un éclairage important sur le
statut de tous les artistes du Québec.
Si j'ai voulu ajouter dans ma motion les producteurs
indépendants, M. le Président, c'est que vous savez très
bien qu'à cause et grâce à la société
Radio-Québec des producteurs indépendants, dans certains cas, ont
vu le jour et, dans d'autres cas, ont grandi. Ils ont grandi parce que
Radio-Québec leur a donné un souffle de vie. Ils ont grandi parce
qu'on leur a donné l'occasion de fabriquer en régions des choses
qu'on ne pouvait vraiment pas faire à Montréal, non pas qu'on
n'avait pas tous les outils nécessaires, mais on n'avait pas
l'âme, on n'avait pas la vie, les coutumes de nos régions.
Ces producteurs indépendants, dis-je, ont été un
apport important pour chacune de nos régions et Radio-Québec leur
a donné ce qu'il fallait pour qu'ils soient capables de produire en
régions des émissions à saveur régionale. Bien
sûr, Radio-Québec a été le gagne-pain de ces
producteurs indépendants. Bien sûr, Radio-Québec a permis
à ces porte-parole régionaux de graver sur pellicule la vie, les
us et coutumes de nos régions respectives. Bien sûr,
Radio-Québec leur a permis de diffuser dans tout le Québec et,
grâce à leurs moyens de producteurs indépendants,
d'exprimer à la face et au visage de tous les Québécois et
Québécoises ce qui se passait dans nos différentes
régions.
Je me souviens très bien, M. le Président, lors de
l'interpellation que nous avons eue en présence du ministre responsable,
lui avoir demandé si, dans le fonds spécial de 3 000 000 $ qu'il
injectait dans la société Radio-Québec,
éventuellement, il avait songé aux producteurs
indépendants. Le ministre, si ma mémoire est fidèle, a
répondu: Au moment où on se parle, je n'ai pas tout à fait
défini l'utilisation de ces 3 000 000 $, mais ce n'est pas une mauvaise
idée que cela puisse aider les producteurs indépendants.
J'espère que le ministre, depuis ce jour de l'interpellation, est
arrivé à la conclusion que les producteurs indépendants
avaient fait un travail exceptionnel et avaient survécu grâce
à l'aide et à la participation importante que Radio-Québec
apporte dans chacune de nos régions du Québec. Donc, l'importance
que les producteurs indépendants soient présents à cette
commission n'a d'égal que les productions elles-mêmes que ceux-ci
ont présentées à tout le Québec.
Les producteurs indépendants qui ont, comme je l'ai dit tout
à l'heure, grandi grâce aux efforts de Radio-Québec,
souhaiteraient intervenir pour vous indiquer à quel point c'est
important que des montants d'argent leur soient décernés encore
en vue d'une programmation régionale tout à fait ressemblante
à chacune de nos régions.
M. le Président, je suis inquiète de savoir comment, en
Abitibi-Témiscamingue, les producteurs indépendants s'y sont pris
pour produire une émission traitant des réalités de la
jeunesse d' Abitibi-Témiscamingue, comment elle vit, comment elle
grandit, ce qu'elle espère devenir. Je pense que c'est par des
producteurs indépendants que l'on a pu en connaître davantage sur
les jeunes de l'Abitibi. Les femmes d'Abitibi-Témiscamingue se sont vu
présentées au petit écran de L'autre
télévision grâce aux producteurs indépendants. Qui
mieux que nos producteurs indépendants d'Abitibi-Témiscamtngue
aurait pu définir, sur le petit écran, ce qu'est la vie des
femmes en Abitibi-Témiscamingue?
Je pense aussi, M. le Président, aux producteurs
indépendants du Bas-Saint-Laurent qui ont fait des émissions qui
s'appellent "Les décideurs de l'an 2000". Je suis persuadée que
les producteurs indépendants du Bas-Saint-Laurent ont mis tout leur
talent et leur dynamisme pour faire toute la lumière sur "Les
décideurs de l'an 2000", provenant du Bas-Saint-Laurent. Il serait
important d'entendre et d'écouter tout ce que les producteurs
indépendants pourraient nous apporter comme éclairage.
Je pense aussi à l'autre facette de la motion que je viens de
vous présenter. Je pense à ces artistes qui ont eu la chance de
venir exprimer devant le petit écran ce que, personnellement, ils vivent
par rapport à leur art. Dans mon comté, M. le Président,
j'ai trois artistes dont une est venue présenter son imagination et sa
façon de penser à Radio-Québec, la semaine
dernière, à Trois-Rivières. Cette femme s'appelle
Josseline Deschênes et elle écrit des livres pour enfants. Je
pense que c'est la seule femme au Québec qui a exporté des livres
pour enfants en France.
Le Président (M. Trudel): Le temps file, Mme la
députée.
Mme Juneau: Oui, je veux bien, M. le Président, mais vous
me permettrez de terminer en vous disant que, comme cette femme écrivain
de mon comté qui a eu le privilège, par des producteurs
indépendants, de venir exprimer à L'autre
télévision son art et sa façon de vivre ici au
Québec, tous les artistes pourraient, de la même façon,
venir exprimer en commission parlementaire comment elles et ils vivent leur art
et comment elles et ils peuvent nous l'exprimer à travers L'autre
télévision. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
députée de Johnson. Il est 18 heures moins quelques fractions de
seconde. Je suspends les travaux de la commission jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je constate qu'on a quorum.
Une voix: Je ne vous jouerai pas de mauvais tours.
Mme Juneau: Je pense que c'était à M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Trudel): Nous allons poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 61...
Mme Juneau: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): ...Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec. Mme la
députée de Johnson, vous aviez terminé votre intervention
en présentant...
Mme Juneau: Oui, M. le Président... Le Président
(M. Trudel): ...une motion.
Mme Juneau: ...mais j'ai toujours constaté que vous
étiez très compréhensif et le deuxième intervenant
de ma formation politique était le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on ne pourrait pas
commencer par M. le député de Saint-Jacques qui, à la
rigueur, pourrait nous lire les Fables de La Fontaine...
Mme Juneau: Si le député de Saint-Jacques veut
s'exprimer...
Le Président (M. Trudel): ...à défaut
d'imagination?
Mme Juneau: ...libre à lui, mais puisque vous
souhaitez...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, êtes-vous prêt à...
M. Boulerice: Une question de règlement, M. le
Président. Vous dites: "À défaut d'imagination". À
ce chapitre, je pourrais vous reprocher qu'un certain temps vous en avez eu,
mais, grand bien vous fasse, vous avez préféré
déchirer votre imagination.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous avez...
M. Boulerice: La parole?
Le Président (M. Trudel): Oui, vous avez la parole. Ah!
Voici le député...
M. Boulerice: Voici le député.
Le Président (M. Trudel): ...de Lac-Saint-Jean.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Brassard: Cela va bien.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lac-Saint-Jean, si vous voulez la
parole, je vous la cède; sinon...
M. Brassard: Oui, oui, oui.
Le Président (M. Trudel): ...M. le député de
Saint-Jacques avait commencé à...
M. Brassard: S'il veut...
Le Président (M. Trudel): Non, il avait...
Une voix: Des entourloupettes.
M. Brassard: Allez, mon cher collègue.
Le Président (M. Trudel): Qu'à cela ne tienne,
disent-ils.
Mme Juneau: L'UDA et les producteurs régionaux.
Le Président (M. Trudel): La parole est à M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Oui, certainement, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vous la cède avec
grand plaisir.
M. Brassard: M. le Président, voilà deux
organismes qu'il conviendrait d'entendre. Je pense que mon
collègue de Saint-Jacques serait plus en mesure que moi de parler de
l'Union des artistes, compte tenu de sa compétence en cette
matière et du fait qu'il n'y a pas si longtemps encore, quelques jours
à peine, il a pu dialoguer avec cet organisme à l'occasion de la
commission parlementaire portant sur le statut de l'artiste.
Quant aux producteurs télévisuels indépendants du
Québec, M. le Président, je vous signale que . j'avais
déjà fait une tentative de les inviter, sous forme d'amendement.
Vous vous le rappelez sûrement. J'avais échoué dans ma
tentative pour des raisons sans doute fort valables en vertu de notre
règlement. Mais, cette fois-ci, nous nous reprenons parce que nous
jugeons important que les producteurs télévisuels
indépendants du Québec fassent entendre leur point de vue sur
Radio-Québec, pour la raison principale suivante: c'est que la
régionalisation de Radio-Québec, on l'a maintes fois
signalé, souligné, a permis dans les régions, en
particulier, dans la nôtre, mais, je pense, dans toutes les
régions du Québec, à des producteurs indépendants
de se consacrer à leur métier, alors qu'autrefois, avant la
régionalisation, ces producteurs étaient
généralement condamnés au chômage et à
l'inaction. Le fait que des comités régionaux se soient
créés en régions, le fait que ces comités
régionaux aient été responsables d'une programmation et
d'une production à caractère régional et que ces
comités aient confié également à des firmes
régionales le soin de produire un certain nombre d'émissions,
cela a eu des effets bénéfiques, cela a permis
littéralement à certaines firmes de venir au monde. Des firmes
qui n'existaient pas auparavant, des petites firmes de production ont pu se
constituer, produire et permettre, par conséquent, à des artisans
et à des artistes de chez nous d'exercer leur art, d'acquérir une
certaine expérience et de consolider leur compétence.
Il suffit, d'ailleurs, en cette matière, M. le Président,
de jeter un coup d'oeil sur un document de Radio-Québec, sur sa
production régionale 1985-1986, où l'on retrouve la liste des
émissions produites par les différentes régions du
Québec. Il y a, évidemment, tout ce qu'on appelle production
autonome, mais il y a également une large part de ce qu'on appelle de la
coproduction. On retrouve, dans chacune des régions du Québec,
des petites firmes de production. J'aimerais en donner quelques exemples; par
exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, la firme L'Imagerie Inc. On retrouve cette
petite firme responsable d'un certain nombre de productions commandées
en quelque sorte par la région du Bas-Saint-Laurent, et c'est ainsi dans
chacune des régions du Québec. Par exemple, dans le centre du
Québec, les Films
Michel Audy, les Films Cinoptique. Ce sont là de petites firmes
de production télévisuelle qui donnent l'occasion et la chance
à des producteurs, à des artisans de se faire valoir. Chez nous,
c'est la même chose, dans ma région; il y a au moins deux firmes
qui ont vu le jour grâce à la régionalisation et qui ont pu
ainsi procurer du travail à certains artisans de la production
télévisuelle.
C'est pour cette raison, je pense, qu'il serait intéressant
d'entendre les producteurs télévisuels indépendants du
Québec parce qu'ils pourraient nous indiquer de façon très
concrète les effets bénéfiques, l'impact
bénéfique de la régionalisation de Radio-Québec
dans nos différentes régions au chapitre de la création
d'entreprises de production et de la création d'emplois pour les
producteurs et les artisans télévisuels du Québec.
Voilà pour cet organisme.
Quant à l'Union des artistes, faut-il insister et vous dire que
cet organisme, cette organisation fort respectable au Québec regroupe
tous les artistes de la scène au Québec, les comédiens,
les réalisateurs, les producteurs et que, à ce titre-là,
il serait intéressant de l'entendre sur le sort que le ministre
réserve à Radio-Québec. Je suis persuadé qu'elle
aurait des recommandations extrêmement positives et une opinion
très précise, sinon catégorique, sur la loi qui est
actuellement à l'étude devant nous.
Voilà, M. le Président. C'est une dernière
tentative que l'on fait pour essayer de convaincre le ministre d'entendre au
moins quelques organismes sur le dossier de Radio-Québec. Je dirais que
c'est la déception qui nous habite actuellement ce soir parce que nous
avions cru que le ministre avait un sens démocratique très
développé; il nous l'avait démontré dans le
passé. On voit qu'il a bien changé depuis quelques semaines et
qu'il fait fi de toute vie démocratique et de toute manifestation
démocratique, se refusant farouchement, catégoriquement à
entendre qui que ce soit sur ce dossier. Le ministre, malheureusement,
détient tranquillement la vérité. Il est un
détenteur tranquille de la vérité, il est en possession
tranquille de la vérité. Il n'a pas besoin d'entendre qui que ce
soit. Il est inutile de demander à des organismes d'exprimer leur point
de vue, c'est tout à fait sans intérêt pour lui. La
vérité absolue, il la possède et c'est ce qui fait que,
depuis jeudi dernier, nous tentons vainement de le convaincre de se livrer
à un exercice éminemment démocratique qui consiste
à permettre à des organismes, à des intervenants de se
faire entendre en commission parlementaire. C'est là une
opération qu'on pourrait qualifier de banale dans une démocratie.
Mais cette opération, qu'on pourrait qualifier de banale dans une vie
démocratique normale, force nous est de
constater qu'elle est impossible à faire avec un ministre qui
possède la vérité absolue et qui refuse d'être
à l'écoute de qui que ce soit.
C'est fort malheureux, M. le Président, mais il y a là une
dernière occasion, sans doute, pour le ministre de retrouver au
tréfonds de lui-même le sens de la démocratie et
d'accéder à la demande que ma collègue de Johnson vient de
lui faire par le biais de cette motion, invitant l'Union des artistes et les
producteurs télévisuels indépendants du Québec
à témoigner devant cette commission. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
qui veulent se faire entendre sur cette motion de la députée de
Johnson? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, nous a indiqué que ce serait
sans doute la dernière motion que cette commission aurait à
entendre avant que nous entreprenions l'étude article par article du
projet de loi. Puisque c'est la dernière motion, il me semblait qu'il
serait peut-être intéressant de faire part à cette
commission de certaines réflexions qui me sont venues à la suite
de ce débat et de cette controverse venus du dépôt de ce
projet de loi.
Je vous parlais, un peu plus tôt des propos qui ont
été tenus par la président intérimaire de
l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec
lors de notre commission parlementaire, sur le statut de l'artiste. Je vous
disais - et j'insiste là-dessus - que ces propos étaient tenus
par un artisan du cinéma qui n'était pas du tout impliqué
dans la controverse actuelle concernant Radio-Québec. Ce
président intérimaire de l'association des réalisateurs
est lui-même le représentant des réalisateurs et
réalisatrices du Québec et il faut se rappeler que cette
association regroupe l'ensemble des créateurs de cinéma les plus
prestigieux. Incidemment, Denys Arcand en est membre. Il faisait valoir que
l'Institut québécois du cinéma venait de terminer une
tournée régionale, justement, dans le but de répondre
à une question qui était posée à ce
moment-là à la commission et qui était d'établir un
constat de ce qui pouvait se passer ou ne pas se passer en dehors des grands
centres. Je dois vous dire que c'est un euphémisme parce que "de3 grands
centres" se limitait plutôt à "du grand centre" qui était
le centre métropolitain de Montréal. Il disait ceci: Comment
obtenir à Sherbrooke ou au Lac-Saint-Jean, par exemple, la
crédibilité que l'on demande aux producteurs ou aux
réalisateurs? Comment obtenir l'expérience? Si on veut, dans ces
régions, avoir accès à de la fiction - il parlait,
évidemment, au nom des réalisateurs - c'est très difficile
puisqu'on n'en a pas fait une fois encore avant. On a peut-être fait
beaucoup de documentaires. Je me permettrais, d'ailleurs, de mentionner que les
coupures exercées à Radio-Québec sont dramatiques pour
toute la production privée où dans chacun de ces centres vous
aviez de petites compagnies qui produisaient, à la demande de
Radio-Québec, différents types de documents.
Je n'avais pas été très sensibilisée
à cette question de la production régionale. Il y avait,
évidemment, un document intitulé "La production régionale
à Radio-Québec 1985-1986, Le Québec, c'est tout un monde
à regarder. C'est à neuf que l'on entend le présenter." Il
y a la présentation de la programmation et des productions pour chacune
des régions. D'une certaine façon, il est possible que notre
souci de mieux connaître le monde nous éloigne d'une connaissance
plus profonde des régions du Québec elles-mêmes. Dans son
intervention selon laquelle cela pouvait avoir des conséquences
dramatiques sur la production privée elle-même dans les centres,
ce président intérimaire faisait valoir ceci - et je le rappelle
rapidement parce que je crois que c'est important pour la suite des choses,
quelle que soit l'issue de ce débat et de ce vote que l'on aura en
Chambre - II y a un fonds de 3 000 000 $ qui semble avoir été
conservé à cette fin, c'est-à-dire pour de la production
régionale. Mais on se demande vraiment comment il sera
administré, à partir de quels critères. On risque, encore
un fois, avec ce type de fonds, de se retrouver dans la situation où
Radio-Québec (Montréal) fera affaires avec un producteur de
Montréal qui, lui, peut-être, enverra ses équipes en
régions pour faire les tournages. Enfin, concluait-il, il faudrait
être vigilant pour s'assurer que ce montant de 3 000 000 $ stimule une
production régionale.
Je crois que c'est là certainement essentiel à l'ensemble
de cette réflexion que nous poursuivons présentement et je
souhaite que ces propos soient retenus par les personnes en autorité
à Radio-Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je pense que je me dois de
reprendre les propos de mes collègues ici, autour de cette table. Je
pense que c'est une espèce de dernier appel que l'on lance au ministre
des Communications en espérant qu'il daigne bien l'entendre comme il
daigne bien vouloir nous écouter autour de cette table sur un sujet
aussi sérieux que celui de Radio-Québec.
On a soumis, depuis le début de cette commission, une liste
d'intervenants qui, à mon point de vue, étaient probablement -
et, là, je reprends toujours les paroles que j'ai prononcées aux
différentes interventions précédentes - des organismes
qui, je crois, au Québec ont fait leurs preuves par leur implication
dans tous les domaines, par le sérieux des propos qu'ils ont toujours
tenus et surtout par cette richesse d'expérience qu'ils ont, chacun dans
son domaine.
À tour de rôle, lorsqu'on a appelé ces intervenants
pour une éventuelle commission parlementaire sur Radio-Québec,
vous les avez tous rejetés, organisme après organisme, peu
importe ce qu'ils étaient, et Dieu sait que vous êtes bien
placé pour savoir ce qu'ils représentent puisque vos fonctions
antérieures vont ont déjà amené à rencontrer
ces gens-là.
Donc, en dernière tentative, nous ajoutons les producteurs
indépendants et l'Union des artistes. À la défense de ces
deux derniers organismes, je pense que les propos de ma collègue, la
députée de Maisonneuve, lorsqu'elle rapportait les paroles de M.
Gélinas, de l'Association des réalisateurs et des
réalisatrices, étaient drôlement pertinents. Ce n'est pas
uniquement M. Gélinas qui est intervenu au niveau de la commission
parlementaire pour bien faire ressortir les conséquences
extrêmement négatives qui résulteraient, au niveau des
régions, de la disparition des centres de production. Je le
répète: C'est, d'une part, une création d'emplois qui va
disparaître et, quand on connaît le coût de la formation dans
ce domaine, je pense qu'on n'a pas les moyens de gaspiller les énergies
qu'on a mises à les former et, deuxièmement, de dépenser
pour les relocaliser dans un autre endroit, dans une autre région. Il va
se trouver des régions qui vont être considérablement
appauvries quant à leur possibilité de faire état de leurs
particularités, d'une part, et, deuxièmement, ce qui est
très légitime quand on habite une autre région, d'enrichir
le contenu national d'une télévision d'État à
partir d'une expérience qui leur est commune, d'un point de vue qui leur
est commun et qui surtout leur est différent également. Je n'ai
pas la prétention de croire que les gens de la Mauricie ou les gens de
l'Outaouais perçoivent les mêmes phénomènes de
société ou vivent les mêmes événements d'une
façon identique à celle de Montréal.
Donc, vous avez des gens reliés à ce domaine de la
production - production cinématographique, production vidéo
même, puisque c'est une utilisation que Radio-Québec fait
fréquemment - qui, demain, vont se retrouver sans aucune
possibilité de production dans une région. Autre résultat:
vous allez vous retrouver avec une région sans aucune possibilité
de refléter ce qu'elle est, ce qu'elle a fait de sa propre
personnalité au cours des ans lorsque, finalement, on lui a donné
le moyen de le faire. Ce moyen de le faire, c'étaient les antennes et
les centres de production régionaux de Radio-Québec.
Maintenant, pour ce qui est de l'Union des artistes du Québec qui
est invitée, la question va se poser encore, la question se posera
toujours. C'est un des organismes les plus prestigieux du Québec pour ce
qui est de la culture. Il rassemble celles et ceux qui font de notre culture ce
qu'elle est, des gens qui sont venus en commission parlementaire et qui nous
ont fait part des énormes difficultés qu'ils vivent, qui ont eu
l'avantage, fort heureusement, d'être très écoutés,
contrairement à ce qui se passe à cette commission, par la
ministre responsable du dossier. Ce sont des gens qui nous ont souligné,
puisque l'Union des artistes n'est pas uniquement un phénomène
montréalais, mais un phénomène régional, leur
très grande inquiétude pour ce qui est des régions, tant
au niveau du travail qu'au niveau du cinéma.
Finalement, c'est ce portrait un petit peu triste que nous a
dressé l'Union des artistes. Il y a au moins trois députés
de la partie gouvernementale qui devront reprendre leurs travaux, relire la
transcription des débats et se sensibiliser une seconde fois à
l'état inquiétant de la culture en régions. Ils
s'apercevront que les intervenants ont posé un diagnostic
extrêmement sévère, extrêmement lourd qui devrait
inquiéter le ministre, à mon point de vue. Mais cela ne semble
pas l'inquiéter.
Donc, c'est effectivement le dernier amendement que nous proposons en
n'étant pas dupes vu qu'il y a une majorité ministérielle
qui va finir par imposer sa volonté. Je pourrais peut-être
reprendre une autre de ces Fables de La Fontaine que je citais tantôt:
"Ainsi, certaines gens, faisant les empressés, s'introduisent dans les
affaires: ils font partout les nécessaires, et, partout importuns,
devraient être chassés." Je pense que. c'est ce qui qualifie fort
bien les actions du ministre dans le domaine de Radio-Québec
actuellement. Je pense que mes collègues et moi-même avons fait le
travail que nous avions à faire face à cette population du
Québec qui nous a élus, face à cette population du
Québec pour laquelle nous avons beaucoup de respect, qui n'a
peut-être pas voté pour nous, mais qui s'attendait à voter
pour un monde meilleur, tout au moins en ce qui concerne Radio-Québec,
et qui se rend compte de façon très triste que ceux qui devaient
la défendre ne semblent pas du tout intéressés à le
faire. Ils font plutôt des gorges chaudes des propos que tient une
Opposition responsable sur ce sujet. (20 h 30)
En tout cas, quant à moi, M. le
Président, j'aurai été, tout au long de ce
débat, en accord avec moi-même, ce qui est important. En effet,
dans les minutes qui ont suivi mon élection à titre de
député de Saint-Jacques, la première interview que j'ai
donnée, c'était à la télévision de
Radio-Québec et, quand "l'intervieweuse" m'a demandé ce que
j'allais faire maintenant que j'étais dans l'Opposition, je lui ai dit:
Madame, nous nous occuperons d'un dossier fort important, celui de
Radio-Québec et si, par malheur, le pire devait survenir, madame, ne
vous inquiétez pas, nous vous rétablirons dans vos droits lorsque
le temps sera venu! C'est l'engagement que je prends envers les gens de
Radio-Québec.
M. le Président, je n'ai surtout pas de félicitations
à faire à ce ministre, il me déçoit au plus haut
point et la déception est un sentiment qu'il m'est toujours très
difficile de surmonter. J'aurais cru que son sens démocratique
était beaucoup plus fort que ça et j'aurais cru que les gens du
Parti libéral étaient gens de parole, mais il ne semble pas que
ce soit des gens de parole puisque un autre élément de fraude
électorale vient d'être découvert, soit les engagements du
Parti libéral face à Radio-Québec, qui sont, encore une
fois, là comme dans bien d'autres domaines, foulés au pied,
déchirés, brûlés, mis à la poubelle. La
devise du Québec est: "Je me souviens" et je pense que les gens de
Radio-Québec, autant ceux qui la font que ceux qui l'écoutent, se
souviendront, M. le Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. J'essaie de me souvenir; il vous
restait, je pense, fort peu de temps. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur la motion de la députée de Johnson? Je vais donc la mettre
aux voix. Est-ce qu'on veut que je la relise?
Mme Juneau: Cela serait peut-être important. Cela fait un
petit bout de temps qu'on discute là-dessus, M. le Président;
cela serait important pour que tout le monde soit bien saisi de la motion.
Le Président (M. Trudel): Je vais en saisir les membres la
commission immédiatements "Qu'en vertu de l'article 244 des
règles de procédure de l'Assemblée nationale la commission
de la culture, avant d'entreprendre l'étude article par article du
projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec, tienne des consultations
particulières avec les organismes suivants: l'Union des artistes, les
producteurs télévisuels indépendants du Québec. Que
ces consultations particulières soient tenues par la commission les 4, 5
et 6 juin 1986 à compter de 10 heures et que les organismes
mentionnés soient convoqués en conséquence".
Mme Juneau: Vote par appel nominal.
Le Président (M. Trudel): Un vote par appel nominal»
Je me retrouve dans mes papiers, Mme la députée. Voila! M. French
(Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Avec la même détermination que mon
collègue, mais dans un sens contraire: pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Avec autant de vigueur que mon collègue de
Saint-Jacques, je suis pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Je suis contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Je suis contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que je vois M. Khelfa? M.
Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Je suis contre, M. le Président, et
j'écoute.
Le Président (M. Trudel): M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon).
Mme Pelchat: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je pense que je vous ai
passée, je m'en excuse. Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour, M. le Président.
La Secrétaire: Contre: 7; pour: 4; abstentions: 1.
Le Président (M. Trudel): La motion est rejetée: 4
pour, 7 contre et une abstention.
M. Boulerice: Pour le bénéfice de
Radio-Québec.
Étude détaillée
Le Président (M. Trudel): Est-ce que la commission est
prête à passer à l'article 1 du projet de loi 61?
Mme Juneau: Après avoir déployé tant
d'efforts, M. le Président, nous allons entreprendre l'étude de
l'article 1, comme vous l'avez mentionné.
Composition du conseil d'administration
Le Président (M. Trudel): Nous sommes à l'article 1
du projet de loi 61. "L'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est modifié; 1° par
la suppression du paragraphe c; 2 par le remplacement du paragraphe d par les
suivants: d) cinq personnes nommées par le gouvernement,
domiciliées dans différentes régions du Québec
autres que celle de Montréal; d.l) cinq personnes nommées par le
gouvernement, dont une représentant les milieux de l'éducation
nommée sur la recommandation du ministre de l'Éducation." Est-ce
qu'il y a " des députés qui veulent intervenir sur l'article
1?
Mme Juneau: On aimerait entendre le ministre.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, on va vous
céder la parole.
M. French; Cet article vise à modifier la composition du
conseil d'administration de la société. Il sera composé
dorénavant de treize personnes nommées par le gouvernement. Le
conseil d'administration comprendrait le président, le P.-D.G., dix
personnes dont cinq domiciliées à l'extérieur de la
région de Montréal et une représentant les milieux de
l'éducation nommé sur la recommandation du ministre de
l'Éducation, et une personne choisie parmi les employés de la
société. Cette modification donne suite à l'abrogation des
comités régionaux et de leurs structures dont chacun doit
déléguer son président au conseil d'administration de la
société.
L'article vise donc à réduire la taille du conseil
d'administration, tout en préservant l'équilibre entre la
métropole et la province, si je peux m'exprimer ainsi.
Mme Juneau: Avez-vous d'autres commentaires, M. le ministre?
M. French: Si vous voulez me poser d'autres questions, Mme la
députée. Je ne veux pas faire un discours, je pense que c'est
relativement clair, mais, s'il y a des questions, cela me fera plaisir de
répondre.
Mme Juneau: Je pense qu'on va intervenir sur l'article 1 pour
commencer, M. le Président, et, si notre formation politique a un
amendement à présenter, on le fera après. Cela va?
Le Président (M. Trudel): Je vous rappelle que, si vous
avez des amendements à présenter à l'article 1, il
faudrait le faire à l'article 1 et non pas...
Mme Juneau: On intervient sur l'article pour commencer.
Le Président (M. Trudel): Allez-y!
Mme Juneau: Bon. C'est moi qui vais commencer? D'accord.
Excusez-moi, avant de commencer, M. le Président, est-ce que nos
interventions doivent durer 10 minutes ou 20 minutes?
Le Président (M. Trudel): C'est 20 minutes, puisque nous
sommes sur le fond et non plus sur la forme.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Le ministre a
dit: "L'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est modifié par la
suppression du paragraphe c." Qu'est-ce que c'est, le paragraphe c de
l'ancienne loi de Radio-Québec? C'est: "les présidents de
comités régionaux nommés en vertu de l'article 19.6, sans
excéder le nombre de 10." Cela veut dire qu'on enlève les
présidents des comités régionaux complètement,
comme cela, les neuf présidents. C'est cela que cela veut dire, n'est-ce
pas? Si on regarde ce qu'est et ce que veut dire un conseil d'administration,
je prétends encore que les neuf présidents régionaux,
représentants de nos neuf stations régionales, avaient et ont
toujours leur place dans le conseil d'administration de
Radio-Québec.
Pourquoi un conseil d'administration et ces comités? Le conseil
d'administration constitue un organe suprême de Radio-Québec. Il a
pour fonction d'orienter, de réglementer et de surveiller l'action de
ceux qui ont pour mandat de gérer une institution qui, en l'occurrence,
est Radio-Québec. Le comité exécutif constitue l'organe
décisionnel qui relève immédiatement du conseil
d'administration et dont les décisions engagent l'ensemble de la
société. Enfin, les comités de programmation et de
vérification
constituent des organes consultatifs qui, à la demande du conseil
d'administration et à celle du comité exécutif ou de leur
propre chef, procèdent à des analyses et formulent des avis
à l'intention du conseil d'administration.
En 1984-1985, M. le ministre, le conseil d'administration s'est
réuni à six reprises, tandis que le comité exécutif
tient 15 séances. Pour leur part, les comités de programmation et
de vérification se sont réunis trois fois chacun. Voilà
l'importance, M. le Président, qu'un conseil d'administration
composé de 21 membres occupe dans une société aussi
importante que Radio-Québec. Avant que le ministre impose une coupure de
8 000 000 $ à Radio-Québec, je pense que les 21 membres qui
faisaient partie du conseil d'administration ont fait un excellent travail
ensemble et étaient capables à la fois de discuter, de raisonner,
de prendre des décisions et d'être en mesure de bien
représenter la société Radio-Québec.
Le conseil d'administration est formé d'un président, d'un
président-directeur général, des présidents de
chacun des neufs comités régionaux et de neuf autres personnes
dont deux représentants du milieu de l'éducation et une personne
choisie parmi les employés de Radio-Québec.
Ce qui m'inquiète, dans tout cela, c'est ce que penseront les
téléspectateurs, les gens du Québec qui syntonisent
Radio-Québec! Et je me demande aussi ce que cela fera parmi ces
présidents régionaux comme retombées politiques., Je
m'inquiète toujours de ce qui va arriver au ministre par rapport
à la décision qu'il vient de prendre, un homme qui est en haute
estime, je pense, parmi les Québécois et un homme qui a toujours
été à la hauteur. Je me demande ce qui va lui arriver et
cela m'inquiète, franchement. Je sais que les présidents de
comités qui faisaient partie du conseil d'administration de
Radio-Québec étaient des gens - M. le ministre, si vous ne le
savez pas, mais je suis sûre que vous le savez - très influents
dans leurs milieus respectifs. Vous savez, les présidents des
comités régionaux n'étaient pas des gens pigés au
hasard. C'étaient des gens en qui chacune de nos régions
représentées au conseil d'administration avait mis une confiance
"inquantifiable", parce qu'elle s'était dit: II faut que ce soit des
gens vraiment représentatifs de notre milieu.
Si je prends le président du comité de
l'Abitibi-Témiscamingue, ce n'était pas le dernier venu, M. le
Président. Le président du comité de
l'Abitibi-Témiscaminque, qui faisait partie du conseil d'administration
à Radio-Québec, était M. Adrien Boucher. Il n'avait pas
été choisi au hasard. M. Adrien Boucher était le directeur
des services éducatifs de la commission scolaire de Val-d'Or, à
Val-d'Or. C'est un homme très influent dans son milieu et un homme
très respecté de ses congénères. Je pense que le
ministre est en train de creuser un fossé pratiquement insurmontable
entre sa position, la position de tous les membres de son parti et, d'un autre
côté, les gens qui se voient, du revers de la main, rejetés
complètement.
Le président du Bas-Saint-Laurent, quant à lui,
était nul autre que M. Robert Olivier, responsable du département
des arts plastiques et professeur au cégep de Rivière-du-Loup,
à Rivière-du-Loup. Avez-vous pensé, M. le ministre,
à la sorte de ravage que cela a fait à l'intérieur du
cégep, le fait que vous l'ayez renvoyé du revers de la main comme
cela, en le faisant sortir d'un conseil d'administration aussi important, car
c'est ainsi qu'il est perçu dans tout le Québec, que celui de la
société Radio-Québec'? Que croyez-vous qu'un bonhomme
comme M. Robert Olivier, professeur au cégep de Rivière-du-Loup,
va faire, ou qu'il est en train de faire, je ne le sais pas, dans son milieu
éducatif? Il va dire: Le Parti libéral qu'on a élu, on le
regrette. On le regrette. On ne peut pas faire autrement que de le regretter,
parce que, vraiment, il a manqué de confiance en nous. On était
là pour faire du bon travail, on l'a toujours fait, et, maintenant, il
n'a plus confiance en nous. Parfois, le vent vire vite, M. le
Président.
M. Boulerice: Sur une question de règlement, M. le
Président. Pourriez-vous demander à ceux que j'appellerais les
"outsiders" d'avoir un peu plus de respect envers les membres de droit de cette
commission qui veulent parler et qui veulent écouter?
Le Président (M. Trudel): Je pense que les membres de la
commission, M. le député de Saint-Jacques, ont compris le
message.
Mme la députée de Johnson.
M. Cannon: Excusez-moi, M. le Président. Est-ce que le
député pourrait définir, traduire "outsiders", venant de
sa bouche? - Qu'est-ce que cela signifie en français?
M. Boulerice: En dehors ou de l'autre côté.
M. Cannon: Merci beaucoup, M. le député.
Le Président (M. Trudel): M. le député
faisait référence à ceux qui, n'étant pas membres
de la commission, ont le plaisir d'assister à nos travaux ce soir.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. J'étais en
train d'essayer de démontrer au ministre quel tort il était en
train de se
faire, à la fois à lui personnellement, à son
équipe, et quel tort il va faire en ce qui a trait à la confiance
qui a été témoignée par la population le 2
décembre envers son parti et qui est en train de se retirer. (20 h
45)
Dans le centre du Québec, la personne qui faisait partie du
conseil d'administration de Radio-Québec était nul autre que
Jean-Jacques Dubuc, coordonnateur des techniques audiovisuelles au cégep
de Trois-Rivières. Je pense aussi, dans le cas de M. Dubuc, qu'il va
certainement, dans son entourage immédiat, raconter ce qui se fait et ce
qui est en train de lui arriver personnellement en tant que personne
responsable d'un dossier aussi important que cette télévision
éducative qu'est Radio-Québec.
Je pense au président de la Côte-Nord, M. Jean-Guy
Rousseau. Lui non plus, ce n'est pas un bonhomme qui a été pris
au hasard comme cela, pas du tout. M. Rousseau est directeur
général adjoint de la ville de Baie-Comeau.
Une voix: Ce n'est pas un deux de pique.
Mme Juneau: Non, je comprends donc! M. Rousseau est un homme qui
occupe un poste important à Baie-Comeau. Avez-vous pensé que ce
bonhomme-là va faire un tort et, avec raison, M. le Président,
irrécupérable à la formation politique que nous avons
devant nous? Pourquoi? Parce que cette formation politique fait fi de toutes
les condidérations qu'un homme comme M. Jean-Guy Rousseau peut apporter
à la société Radio-Québec.
En Estrie, M. le Président, un bonhomme que j'estime
énormément, que je connais fort bien et que, je pense, M. le
Président, votre ministre aurait eu avantage à écouter, M.
Jean Chouinard, qui est directeur du centre audiovisuel de l'Université
de Sherbrooke. Ce n'est pas n'importe qui, ce n'est pas un gars pigé au
hasard, ce n'est pas un numéro, Jean Chouinard.
Une voix: Ce n'est pas un deux de pique.
Mme Juneau: Ce n'est pas un deux de pique, Jean Chouinard. C'est
un bonhomme très intelligent et qui a un rayonnement autour de lui, M.
le ministre - et c'est ce qui m'inquiète - très large et une
écoute abondante de ses collègues de l'Université de
Sherbrooke. Je pense que le ministre fait une grave erreur en laissant tomber
Jean Chouinard, le président de Sherbrooke, un bonhomme à qui
toute l'Estrie faisait confiance. M. le ministre, vous auriez dû,
à mon point de vue, écouter non seulement vos directeurs
régionaux, non seulement votre entourage, dirais-je, non seulement le
P.-D.G., mais notre président de Sherbrooke, M. Chouinard.
Dans la Gaspésie, on a M. Francis Pelletier, animateur culturel
à Sainte-Anne-des-Monts. Mon collègue de Saint-Jacques, un homme
très cultivé et un homme qui prend la culture comme l'air pur
qu'il respire, un besoin essentiel à la vie, doit connaître
certainement M. Pelletier qui est animateur culturel à
Sainte-Anne-des-Monts. Ce n'est pas n'importe quel deux de pique, comme vous le
dites. C'est un homme très important en culture, un homme qui fait un
travail exceptionnel dans son coin. Le ministre n'a pas eu confiance, non plus
en lui. Du revers de la main, il a dit: Je m'excuse, M. Pelletier, mais on n'a
plus besoin de vous.
Dans l'Outaouais, qui avait-on comme présidente du comité
et qui était à la fois membre du conseil d'administration? Je me
demande si les gens de l'autre côté, assis en face de moi, le
savent. Ceux qui ne le savent pas, vous pourriez lever la main pour savoir qui
est le président ou la présidente du comité de
l'Outaouais. Je suis certaine qu'il n'y en a pas un qui le sait. La
présidente du comité de l'Outaouais et membre du conseil
d'administration de Radio-Québec était Mme Monique Cyr.
M. French: C'était une libérale.
Mme Juneau: Monique Cyr? Je ne sais pas de quelle
allégeance elle est, mais, si elle est libérale, M. le ministre,
vous allez le regretter, elle va se revirer contre vous. Mme Monique Cyr,
directrice générale de la commission scolaire d'Outaouais-Hull.
Elle n'aurait pas été nommée à la commission
scolaire comme directrice générale parce que si elle n'avait pas
eu les connaissances ou l'intelligence ou la possibilité de remplir le
poste auquel on l'avait conviée. Je pense que Mme Monique Cyr
était une femme qui avait toutes les qualités pour être
membre du conseil d'administration de Radio-Québec. Je plains le
ministre de ne pas avoir considéré l'importance du poste
qu'occupait cette dame à l'intérieur du conseil d'administration
de Radio-Québec.
Je pense à la région de Québec ici, même la
religion s'en était mêlé. M. le ministre, y en a-t-il
encore de l'autre côté -je les vois sourire, je les vois lever le
nez -un qui sache qui était le président du comité de la
région de Québec? Je suis sûre que non. M. Gilles Poulin.
Que fait M. Gilles Poulin? Curé de la paroisse de Stoneham et
Tewkesbury. Vous trouvez cela drôleî On pourrait peut-être
dire au curé que le Parti libéral rit de cela. Si le curé,
M. Gilles Poulin, a été nommé au conseil d'administration
de la société Radio-Québec, c'est que cet homme avait la
confiance des siens. S'il avait la confiance des siens, c'est
qu'il l'avait méritée, cette confiance. Il l'avait
méritée et il a été nommé au conseil
d'administration de Radio-Québec. Le ministre n'est pas
intéressé à avoir un bonhomme comme M. Poulin, comme le
curé de la paroisse de Stoneham et Tewkesbury. Pour lui, ce n'est pas
important; c'est de réduire la taille du conseil d'administration, point
à la ligne.
Il reste une région, je pense, que je n'ai pas mentionnée,
la région du Saguenay Lac-Saint-Jean. Qui est-ce dans la
région du SaguenayLac-Saint-Jean? Le président du
comité c'est M. Lucien Gendron. Ce n'est pas un deux de pique, M. Lucien
Gendron. M. Lucien Gendron, savez-vous quel poste il occupe dans la vie
publique?
Une voix: II était président du conseil.
Mme Juneau: Oui. À la fois aussi. J'y arrivais, cher
collègue. M. Gendron est vice-recteur, administration et finances, de
l'Université du Québec è Chicoutimi-Nord. Je suis certaine
que je vous ai appris des choses, les gens de l'autre côté. Je
suis certaine de cela. En plus de cela, M. Lucien Gendron était le
président du conseil d'administration. Vous trouvez cela drôle! On
pourrait peut-être demander à M. Gendron comment il trouve vos
interventions, c'est-à-dire nulles, parce que vous n'en faites pas.
Deuxièmement, on pourrait peut-être lui demander s'il trouve cela
drôle, s'il trouve acceptable qu'un parti comme le vôtre ait pris
des engagements pendant la campagne électorale et qu'il trompe les gens
aujourd'hui. Je ne sais pas si M. Lucien Gendron va apprécier cela.
Le président du conseil d'administration de Radio-Québec
qui, lui aussi, au bon gré du ministre, va lever les pattes, parce que
ce n'est pas important, ce ne sont pas des gens importants. Ce qui est
important pour le ministre et pour sa formation politique, c'est de nommer des
gens et d'avoir les ficelles dans les doigts, qu'il va être capable de
manier è sa façon. Il va nommer qui il veut: Quels
critères va-t-il exiger de ces gens? Nul ne le sait! Ce sera selon la
fantaisie du Parti libéral et selon la fantaisie ou l'humeur du
ministre.
M. le Président, le ministre a toujours été reconnu
comme un homme très affable, qui ne change pas souvent. Par contre,
lorsqu'une journée nous sommes intervenus en Chambre, lors de son droit
de réplique, je l'ai vu fâché. Il était
fâché, il montrait des copies de presse, rouge de colère;
c'est vrai que c'est sa couleur, mais le ministre était
fâché. Pourquoi? Parce qu'il n'aime pas qu'on le contredise. C'est
juste pour cela.
Parce qu'on a osé présenter une motion de report en
Chambre, d'une part et, d'autre part, parce que mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest, a présenté une motion de
scission, là, le ministre était fâché. Il a dit:
Assez, c'est assez! Là, il a dit qu'il ne pouvait pas accepter que, nous
de l'Opposition, nous entravions la marche de ce qu'il avait conclu dans sa
tête, c'est-à-dire se débarrasser du conseil
d'administration, couper dans Radio-Québec, en fin de compte, arranger
cela à sa manière. Je pense que, si le ministre avait le
privilège de faire une autre loi, ce serait la loi 23 pour effacer les
23 membres de l'Opposition. C'est cela qu'il ferait parce qu'il n'aime pas cela
qu'on présente des motions de report, parce qu'il n'aime pas cela qu'on
critique. Le ministre ne veut pas qu'on le dérange quand il a
décidé d'agir, tout seul, entouré d'un nombre restreint de
membres. Le ministre n'aime pas qu'on le contredise.
C'est malheureux parce qu'il aurait eu avantage à écouter
les gens avant de partir en grande et de dire: C'est final, on enlève
les membres du conseil d'administration, on coupe dans Radio-Québec, on
ne veut pas les entendre en commission parlementaire. C'est "final
bâton", ça va passer par là! Le ministre a beau nous dire
cela, on n'y croit pas. On croit qu'il aurait eu avantage à
écouter non seulement l'Opposition, mais les gens qui l'entourent et les
gens qui font partie du conseil d'administration depuis 1979, donc, des gens
qui connaissent ce qu'est Radio-Québec. Je souhaite, M. le ministre, que
nous, les membres de l'Opposition, soyons en mesure de vous faire entendre
raison et, enfin, de sauver votre poste de ministre, oserais-je dire, en vous
rendant capable d'écouter d'autres personnes que celles qui vous ont mai
renseigné et mal informé. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, nous en sommes donc à
l'article 1. Après de multiples et vaines tentatives pour ramener le
ministre à la raison et réveiller en lui son sens
démocratique, il a décidé de se comporter dans ce dossier
en petit despote, en petit potentat et d'imposer ses diktats au Parlement et
à l'ensemble de la société québécoise.
On veut donc, par l'article 1 de ce projet de loi, modifier
substantiellement, je dirais même radicalement, l'article 6 de la Loi sur
la Société de radiotélévision du Québec qui
porte sur la composition du conseil d'administration. Qu'en est-il, donc, du
conseil d'administration actuel? Je pense qu'il est important de se rappeler
que la loi, actuellement, constitue le conseil d'administration de
Radio-Québec de la façon suivante: II y a d'abord les
présidents des comités régionaux qui sont nommés en
vertu d'un autre article de la loi, tout en n'excédant pas le nombre de
dix, et des
personnes en nombre égal à celui des présidents
visés dans le paragraphe c. (21 heures)
Et c'est cela, l'élément majeur de la composition du
conseil d'administration actuel, c'est la présence des présidents
régionaux en tant que membres du conseil. Je pense que, pour comprendre
la composition du conseil actuel, il faut remonter à 1979, à
l'origine, faire un bref rappel historique sur la régionalisation. On
sait qu'en 1978-1979 M. Guy Rocher a été mandaté pour
présider un comité de travail du Comité ministériel
de développement culturel pour faire des recommandations sur le
développement de Radio-Québec. Le coeur de ce rapport Rocher, je
pense - tout le monde s'en souviendra - c'est la régionalisation. La
principale recommandation, la recommandation, je dirais, centrale du rapport
Rocher, c'est de proposer que Radio-Québec soit
régionalisée.
Évidemment, dans le rapport, longuement et fort justement,
d'ailleurs, on justifie ce choix de la régionalisation. On en indique
les raisons. Je pense qu'il n'est peut-être pas inutile d'en mentionner
quelques-unes: c'est ainsi qu'on fait mention des différences
régionales, on fait mention de l'existence d'un esprit régional
dans les régions du Québec. Et ces entités
régionales ayant une existence réelle, il est tout à fait
pertinent et souhaitable qu'on les reconnaisse dans la structuration de la
société Radio-Québec. J'indique tout de suite
également que cette proposition de régionalisation avait
été suivie d'une véritable consultation en commission
parlementaire, ce que nous n'avons pas réussi à obtenir depuis
jeudi dernier.
Donc, à l'origine de la composition du conseil d'administration
actuel, il y a cette proposition majeure, fondamentale du rapport Rocher visant
à régionaliser Radio-Québec. Cette proposition a
été agréée par le gouvernement d'alors et cela a
donné lieu à un projet de loi qui a été
adopté à l'unanimité, je le signale. C'est peut-être
intéressant de le signaler à nos collègues libéraux
qui n'étaient pas là à ce moment-là: le projet de
loi qui présentait la régionalisation de Radio-Québec a
été adopté unanimement par l'Assemblée nationale.
Donc, votre propre parti avait accepté à l'époque le
principe de la régionalisation.
Par conséquent, en partant du fait qu'on régionalise
Radio-Québec et qu'on implante des comités régionaux - on
en reparlera tout à l'heure, ma collègue en a parlé
longuement - il était essentiel aussi que cette régionalisation,
que cette mise en place de la régionalisation de Radio-Québec se
reflète dans la composition même du conseil d'administration de
Radio-Québec. De là les amendements qui ont été
apportés à cette époque à la composition du conseil
d'administration de Radio-Québec, de façon que les
présidents régionaux fassent partie, ex officio, je dirais, du
conseil d'administration. C'est ainsi qu'on assurait une sorte de
cohésion ou de cohérence entre la régionalisation qu'on
mettait en place dans les régions avec les comités
régionaux, les bureaux régionaux et le conseil d'administration
qui reflétait, d'une certaine façon, très largement, cette
régionalisation par la présence des présidents
régionaux.
On peut donc dire - je pense qu'on peut encore l'affirmer jusqu'à
ce que ce conseil disparaisse et soit remplacé par un autre, en tout cas
il existe toujours actuellement - que ce conseil d'administration tel que
constitué était représentatif. On ne pouvait mettre en
doute sa représentativité, en tout cas sa
représentativité régionale. Comme l'a longuement
signalé tout à l'heure ma collègue de Johnson, la
présence des présidents régionaux assurait au sein du
conseil même une représentativité régionale forte,
solide et réelle.
Or, que nous propose le ministre des Communications? Un bouleversement
complet de la composition du conseil, un bouleversement complet de la structure
même de Radio-Québec. D'abord, la suppression du paragraphe c:
c'est le premier alinéa de l'article 1 du projet de loi qui est devant
nous. Le paragraphe c concerne la présence des présidents
régionaux. Cela signifie donc que le ministre, d'un trait de plume,
évince les présidents régionaux du conseil
d'administration de Radio-Québec; donc, il annule la
représentativité régionale qu'on retrouvait au sein dudit
conseil. Je pense que c'est une proposition fondamentale avec laquelle je ne
peux être d'accord. On l'a longuement expliqué en Chambre,
à l'Assemblée nationale, et ici même en commission: Nous
sommes farouchement opposés, comme formation politique, à
l'éviction du conseil d'administration des représentants des
régions, en l'occurrence des présidents régionaux. Donc,
nous sommes fermement opposés à la suppression du paragraphe c de
l'article 6 de la loi actuelle.
En supprimant le paragraphe c, on se retrouve avec un conseil
d'administration constitué de personnes qui seront toutes nommées
directement par le gouvernement, c'est-à-dire par le ministre. Il faut
bien connaître la façon de procéder pour les nominations au
sein des conseils d'administration des sociétés d'État.
C'est vrai que, formellement, légalement, c'est le gouvernement, le
Conseil des ministres, qui nomme, qui désigne. Mais, en
réalité, c'est évident que c'est le ministre responsable
qui choisit et c'est lui qui nomme, qui désigne.
Donc, on va se retrouver avec un conseil d'administration totalement
constitué de personnes nommées par le ministre. J'ai
mentionné en Chambre, ainsi que plusieurs de mes collègues, qu'on
se retrouverait, finale-
ment, avec un conseil d'administration qu'on pourrait qualifier d'un
comité de "yes-men", de béni-oui-oui; c'est comme cela qu'on
appelait les indigènes, à l'époque coloniale, qui
étaient à la dévotion des métropolitains et des
colonisateurs.
L'autonomie de ce conseil sera, en pratique, nulle. Actuellement, au
moins, on avait un conseil d'administration qui jouissait d'une relative
autonomie. La meilleure preuve de cela, c'est la façon dont il s'est
comporté dans le cadre de l'opération compressions
budgétaires. On a vu qu'il s'est refusé, exerçant son
autonomie, ses responsabilités, à entériner purement et
simplement les recommandations du ministre et du président du Conseil du
trésor. Il a pris une décision qui ne satisfaisait pas le
ministre; on l'a bien vu par la suite. C'était la preuve, en tout cas,
qu'on avait un conseil d'administration relativement autonome.
Avec le conseil d'administration tel que proposé par le ministre
dans le projet de loi actuel, on se retrouve avec un conseil d'administration
dont l'autonomie est pratiquement nulle, inexistante.
Une voix: Des boubou-oui-oui..
M. Brassard: Oui, et il va devenir, en quelque sorte, un bureau
d'enregistrement des volontés du ministre. C'est cela qu'on va avoir
comme conseil d'administration de Radio-Québec avec le projet de loi
actuel; c'est un bureau d'enregistrement des décisions, des
volontés du ministre. D'ailleurs, il suffit de voir ce qui s'est
passé. Pourquoi le ministre n'est-il pas content? Pourquoi le ministre
propose-t-il ce projet de loi? C'est parce que l'actuel conseil
d'administration lui a résisté. Il a opposé une
résistance.
Une voix: C'est cela.
M. Brassard: II a refusé de se plier à ses quatre
volontés, d'obtempérer à ses volontés. Alors, le
ministre s'est retourné et il a présenté un projet de loi
à l'Assemblée nationale afin de bouleverser la composition du
conseil d'administration parce que ce dernier exerçait son
autonomie.
Une voix: Voilà!
M. Brassard: Donc, cela ne satisfaisait pas le ministre. Un
conseil autonome cela le dérange et l'embarrasse. Alors, il
présente un projet de loi pour se retrouver avec un conseil
d'administration qui est un simple bureau d'enregistrement, une courroie de
transmission, comme le diraient les marxistes-léninistes, pour acheminer
les décisions du camarade ministre.
Une voix: Comrade French!
M. Brassard: Ou simplement, si vous voulez une autre image, une
caisse de résonnance. C'est avec cela qu'on va se retrouver, - une
caisse de résonnance où l'on va retrouver uniquement
l'écho des paroles, des diktats du ministre. C'est cela, la proposition
qui est devant nous actuellement, je le signale à mes collègues
ministériels qui ne s'en sont peut-être pas aperçus. C'est
cela. On va se retrouver avec un conseil d'administration de cette nature. Je
pense qu'on ne peut, nous en tout cas, accepter cela.
Par conséquent, on se retrouve aussi avec un conseil
d'administration où l'ingérence politique va être
extraordinairement facile. J'ai relu rapidement les débats de
l'Assemblée nationale portant sur le projet de loi qui introduisait la
régionalisation, à l'époque, en 1979,
présenté par M. O'Neil. Les représentants libéraux
de l'époque, M. Forget et M. Rivest, s'inquiétaient beaucoup de
la possibilité ou du danger d'ingérence politique du ministre des
Communications, du gouvernement dans le conseil d'administration de
Radio-Québec. Il y avait beaucoup d'inquiétudes. À
plusieurs reprises, dans les débats, on voit les députés
libéraux de l'époque s'inquiéter de cela. Ce qu'on
proposait à ce moment-là, qui existe actuellement, c'est qu'il y
ait au moins une certaine garantie d'autonomie puisque au moins neuf des
membres du conseil d'administration étaient désignés par
la base en quelque sorte, par les comités régionaux. Le ministre
n'avait pas droit de regard là-dessus. Il y avait au moins cette
garantie-là. Mais, dans le cas qui nous occupe, plus aucune garantie;
tout le monde est nommé par le ministre, par le gouvernement. Je pense
que, à ce moment-là, l'inquiétude qu'avaient les
libéraux de l'époque, en 1979, est encore beaucoup plus
présente: le danger d'ingérence politique.
M. le Président, je voudrais également faire une remarque
concernant le paragraphe d où l'on indique: "cinq personnes
nommées par le gouvernement, domiciliées dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal." Je veux
simplement vous dire, M. le Président, qu'il s'agit là de poudre
aux yeux. Nous ne sommes pas dupes de cette tentative du ministre de faire
croire qu'il maintient une certaine forme de représentativité
régionale. Nous ne sommes pas dupes de cette manoeuvre; il s'agit
là de poudre aux yeux. C'est vrai que cinq personnes devront être
domiciliées dans différentes régions du Québec,
mais elles seront tout aussi nommées par le gouvernement que les cinq
autres que l'on retrouve à d.l), que le président ou que le
directeur général.
Alors, le simple fait d'être domicilié dans
différentes régions n'assure pas nécessairement - je vous
le signale, M. le
Président - la représentativité régionale.
Ce n'est pas du tout la même chose que pour les personnes que nommait
tout à l'heure ma collègue de Johnson, qui sont
désignées par les organismes régionaux et qui sont
vraiment représentatives du milieu régional. Ce n'est pas du tout
la même chose, c'est simplement le domicile. Elles vont être
nommées directement, de toute façon, par le ministre. Dans cet
article, il n'y a aucune garantie que l'on aura vraiment une véritable
représentativité régionale de ces cinq personnes, aucune
garantie. En plus, quand on sait la façon dont sont nommées les
personnes, par le gouvernement, aux divers conseils d'administration
actuellement, c'est ce qui se passe, on peut être assuré que l'une
des conditions, ce sera de posséder sa carte du Parti libéral. On
peut être assuré de cela.
M. French: Pas plus que ce que vous avez fait, vous autres.
M. Brassard: On peut être assuré que ces cinq
personnes et ces dix personnes vont certainement détenir... (21 h
15)
M. French: Veux-tu gager, Jacques?
M. Brassard: Oui, oui.
M. French: Veux-tu gager par rapport à la situation
actuelle quant au conseil d'administration?
M. Brassard: D'accord, on va parier... M. French:
Anytime!
M. Brassard: ...tantôt. On peut suspendre pour parier, M.
le Président.
M. French: Non, non, on va laisser faire la suspension.
M. Brassard: On peut suspendre pour parier, mais je suis
persuadé que ce sera une des conditions des nominations.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, je vous ferai remarquer que la commission n'est pas un endroit
de jeux.
M. Brassard: Oh!
M. French: Ahl ça, c'est bien.
Le Président (M. Trudel): Je ferais la même remarque
à M. le ministre des Communications.
M. Boulerice: Mais d'enjeux.
Le Président (M. Trudel): Mais d'enjeux, vous avez raison,
M. le député.
M. Brassard: Vous avez raison. D'ailleurs, je ne suis pas un
joueur, M. le Président, je ne parie jamais. Mais je prends bonne note
de la remarque du ministre. On vérifiera quand il constituera son
conseil d'administration.
M. French: Vous regarderez bien si c'est encore le ministre
actuel, aussi, Jacques.
M. Brassard: Oui, oui. M. French: Oui.
M. Brassard: J'aurais une dernière remarque, M. le
Président, sur le nombre. Dans ses interventions en Chambre, le ministre
a souventefois mentionné que l'actuel conseil d'administration,
constitué de 23 personnes, était beaucoup trop lourd et, par
conséquent, inefficace.
Ce que je me dis à ce sujet, c'est: Qu'est-ce qui importe
vraiment? Est-ce d'avoir un conseil d'administration vraiment
représentatif des divers milieux, des diverses régions, donc
d'assurer le caractère représentatif du conseil d'administration?
Est-ce que c'est cela qui est important, évidemment, au risque d'avoir
une certaine lourdeur, admettons-le? Il est peut-être
préférable, à mon avis, de viser la
représentativité au risque de se retrouver avec un conseil
peut-être un peu lourd quant au nombre de personnes. En tout cas, c'est
le choix que je fais. C'est ma préférence.
Je constate que ce n'est pas celle du ministre. Il préfère
en réduire le nombre. À tout le moins, si, en réduisant le
nombre, il en maintenait le caractère représentatif, on pourrait
essayer de trouver un consensus...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, pouvez-vous accélérer, s'il vous plaît?
M. Brassard: Alors, pour toutes ces raisons, M. le
Président, il est évident que je m'oppose fermement à la
proposition du ministre que l'on retrouve à l'article 1 de ce projet de
loi et qui a pour effet de modifier, de fond en comble, la composition du
conseil d'administration actuel.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Mme la députée de
Maisonneuve, vous avez demandé la parole.
Mme Harel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): II me fait plaisir de vous la
céder, madame.
Mme Harel: Donc, à l'article 1 du projet de loi, M. le
Président, pour donner suite aux propos que l'on entend dans cette
commission concernant l'allégeance politique qui dominerait chez les
présidents des comités régionaux qui siégeaient au
conseil d'administration de Radio-Québec, je dois vous dire que je
souhaiterais presque qu'il y ait un test qui soit faite Je crois que cette
sorte d'évaluation serait certainement extrêmement
éloquente sur l'autonomie de ces personnes en regard de ce projet de loi
que l'on discute présentement.
Ce test, à mon point de vue, serait le suivant: comment ces
personnes auraient-elles réagi si tant est que le gouvernement
précédent avait déposé un projet de loi similaire
visant, notamment, à abolir les structures régionales? Je crois
que, hors toute autre considération, c'est le seul test qui peut nous
faire clairement comprendre le degré de représentativité
de ces personnes en regard du mandat qui leur était confié par
les régions. Voyez-vous, ce n'est pas possible d'être dans une
société où on peut reprocher à des gens leur
allégeance politique. Je ne les connais pas. Je ne connais aucun d'entre
eux. Je remercie ma collègue, députée de Johnson, d'avoir
permis aux membres de cette commission de connaître tout au moins la
feuille de route de certains d'entre eux en nous mentionnant les fonctions
professionnelles qu'ils assumaient respectivement dans leur région.
Personnellement, je ne connais aucun d'entre eux. Je ne connais
l'allégeance politique d'aucun d'entre eux. D'une certaine façon,
je vous assure que, pour la poursuite de ce débat, cela
m'indiffère complètement. Étaient-ils plutôt
péquistes que libéraux? L'étaient-ils? D'ailleurs,
voilà une question qui n'est pas pertinente et je crois, M. le
Président, que vous pourriez fort bien utiliser la règle de la
pertinence de nos débats, justement, pour écarter ce
sujet-là. Ce n'est donc ni pertinent à nos débats, ni
pertinent au débat que nous tenons sur cette question de la
régionalisation.
La vraie question, c'est bien plus de savoir si, quel que soit le
gouvernement, ils allaient plus s'identifier à leur région et
s'ils allaient davantage en être les porte-parole et se distancer de la
direction centrale, encore une fois quel que soit le gouvernement. Je crois que
c'est le seul test que l'on puisse, politiquement, envisager,
c'est-à-dire, comment ces gens auraient réagi si tant est qu'un
gouvernement du Parti québécois avait décidé que la
régionalisation coûtait trop cher, qu'elle n'était pas
efficace, qu'elle n'apportait pas de rendement suffisant et qu'il fallait donc
conséquemment abolir les structures régionales. M. le
Président, je crois vraiment au mérite de cette question. Compte
tenu du degré de représentativité que ces gens me semblent
détenir, ils auraient adopté exactement les mêmes
attitudes, le même comportement, les mêmes positions que celles
qu'ils adoptent présentement à l'égard de ce dossier.
C'est, je crois, le seul test valable et légitime que l'on puisse leur
faire passer, sur lequel on puisse évaluer la crédibilité
de leurs propos.
Relisons un rapport préparé le 25 avril 1978 qui
s'intitule "Rapport du Comité de travail du comité
ministériel permanent de développement culturel sur le
développement de Radio-Québec", préparé par un
comité composé de' Guy Rocher, président, Pierre-A.
Deschênes, Guy Doré, Adélard Guillemette, Léo
Jacques, Real Michaud et M. Miville-Deschênes, comme secrétaire.
Ce rapport avait sans doute été demandé parce que le
gouvernement de l'époque, en 1978, d'une certaine façon,
hésitait à financer de manière généreuse le
développement régional. C'est intéressant de faire lecture
de ce rapport maintenant, huit ans après que ses principales conclusions
ont été retenues, pour comprendre d'abord que cela a certainement
insufflé un second souffle à Radio-Québec, cette
régionalisation et aussi cette affirmation claire d'un mandat
éducatif.
Essentiellement, c'est un rapport qui porte sur deux aspects.
Premièrement, qu'est-ce qu'une télévision
éducative? Deuxièmement, faut-il ou ne faut-il pas une
télévision régionalisée? Concernant ce
deuxième aspect des conditions essentielles considérées
pour assurer le succès de la régionalisation, on fait
également mention, à l'occasion de la consultation tenue en 1975,
d'une demande unanime, dans chaque région, dit-on, d'un certain nombre
d'émissions qui soient plus près des intérêts
régionaux et dans lesquelles on puisse se retrouver davantage. La
télévision régionale peut servir d'instrument au
développement régional. Elle peut contribuer à
sensibiliser la conscience de la population aux réalités
régionales, aux besoins de la région et aux problèmes
spécifiques de la région. Partant, dit-on, elle peut contribuer
à ce que des solutions soient trouvées et apportées,
à ce que de nouveaux développements soient engagés et
à ce que de nouvelles activités soient mises en train.
Je crois que, d'une certaine façon, c'est ce que
Radio-Québec a tenté par la suite de développer dans sa
programmation régionale qui, certainement, n'obtenait pas partout le
même succès et ne manifestait pas la même performance, mais
on peut dire qu'il y avait une sorte d'engagement qui était
prometteur.
Sans doute, doit-on maintenant se poser la question: Qu'en sera-t-il
avec cet amendement proposé à la Loi sur la Société
de radiotélévision du Québec visant à modifier la
loi de manière qu'on supprime la structure régionale et qu'on
supprime la présence des présidents des comités
régionaux au conseil d'administration de Radio-Québec?
Est-ce qu'on peut croire, M. le Président, que les personnes
nommées par le gouvernement seraient, malgré leur domicile en
régions, représentatives pour autant de cette sorte d'esprit
régional, de cette sorte de fierté dont, je crois, mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean, est porteur, de
cette manière de penser et de faire, qui n'est pas toujours comprise,
d'ailleurs, dans les grands centres urbains? Je me rappelle son intervention
qui a pu en étonner quelques-uns, mais qui, réflexion faite, a
certainement eu de l'écho dans sa propre région et qui a
certainement de l'écho dans les réflexions qu'on doit faire,
à savoir que les éditorialistes des grands médias
nationaux sont eux-mêmes parfois très insensibles à cette
question d'un esprit régional à développer, à cette
question d'une culture régionale à constater et de structures
régionales à épauler et à soutenir.
Je crois qu'il peut certainement y avoir une perte pour l'ensemble de la
société québécoise, y compris pour nos concitoyens
des centres urbains, du fait qu'il y ait une sorte d'érosion de
l'appartenance régionale au Québec. Cette appartenance est une
manifestation de l'enracinement et elle est certainement une des conditions
essentielles au succès du maintien en régions d'une population
dynamique, active, qui se projette vers l'avenir en n'ayant pas l'impression
d'être en perte à l'égard des grands centres.
Dans les conditions qui étaient examinées a
l'époque pour assurer le succès de la régionalisation, on
pouvait lire qu'il fallait envisager la régionalisation de la
production. On lisait ceci: Cette production peut être faite de deux
manières. Cette production doit, d'abord, disait-on, absolument relever
de la responsabilité des régions de manière qu'elle soit
faite dans des studios locaux en régions ou avec l'aide de cars mobiles,
ou encore à l'extérieur de la région, dans d'autres
régions, ou même au centre national, à Montréal,
mais toujours sous la responsabilité de la région à
l'origine de cette production. C'était là, semble-t-il, un
élément jugé essentiel pour maintenir une
régionalisation efficace et assurer une suffisante autonomie de la
gestion régionale pour qu'on ait en régions ce sentiment de
liberté nécessaire pour assurer aux personnes qui s'engageaient
la garantie qu'elles allaient agir selon les besoins locaux immédiats.
(21 h 30)
Qu'en sera-t-il maintenant à partir du centre montréalais?
On peut certainement craindre qu'il n'y ait une tout autre conception de
l'appartenance régionale ou de la fierté régionale, une
tout autre conception des priorités régionales. Ces
priorités peuvent être certainement diluées dans les
perspectives montréalaises et dans la définition que
Montréal peut faire des régions comme étant plus des
filiales que des entités propres. M. le Président, je crois que
mon collègue de Saint-Jacques aurait un amendement à proposer
à ce stade-ci.
Une voix; Non.
Mme Harel: Non, pas immédiatement? Il va d'abord
intervenir?
Une voix: II va d'abord intervenir.
Mme Harel: Ah, bon! Alors, je vais le laisser d'abord intervenir.
Je vais simplement conclure en souhaitant que nous puissions bonifier ce projet
de loi. On peut souhaiter le faire par l'introduction d'amendements qui
seraient retenus par les membres de cette commission parlementaire et qui
pourraient assurer un meilleur équilibre régional dans cette
représentation qui pour tout de suite peut certainement causer
préjudice à la régionalisation de la production et de la
programmation. Je vous remercie, M. le Président,
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Si je comprends bien, je cède
maintenant la parole à M. le député de Saint-Jacques.
Une voix: Bravo!
M. Boulerice: M. le Président, quant aux modifications du
conseil d'administration de la Société de
radiotélévision du Québec, je me rappelle que le ministre
a dit en Chambre - j'ai été, d'ailleurs, à ce moment
sidéré d'entendre une telle chose - que c'était impossible
de fonctionner avec un tel nombre de personnes au conseil d'administration.
Cela nous a fait rire et nous a, d'ailleurs, poussés à lui
suggérer d'aller faire les mêmes recommandations au premier
ministre puisque vraiment à 24 ou 25 ce doit être
extrêmement difficile pour lui de fonctionner. Je pense que
c'était un argument très faible. S'il y a de nombreuses personnes
qui siègent au conseil d'administration du Conseil des ministres et
à celui de Radio-Québec, il y a également de nombreuses
personnes, sensiblement le même nombre, dans les collèges
d'enseignement général et professionnel et, à ce que je
sache, les cégeps cheminent bien, fonctionnent bien et donnent une
éducation de qualité. J'ai, d'ailleurs, été en
mesure de le vérifier puisque j'étais tout récemment dans
deux cégeps de l'île de Montréal. Si cela vous
intéresse, je suis allé à celui d'Ahunstic où il y
a un excellent département de design et à celui du
Vieux-Montréal où il y a un excellent département de
photographie. Il faut croire que la programmation pédagogique au
cégep du Vieux-Montréal ne souffre pas de la présence
d'une vingtaine de personnes au conseil
d'administration. Il faudrait également penser aux conseils de
commissaires des commissions scolaires, M. le ministre, des conseils que vous
connaissez sans doute fort bien. Un conseil de commissaires regroupe
jusqu'à au moins 49 personnes. Cela ne les empêche pas de bien
fonctionner. Il y a même d'autres organismes qui ont des conseils
d'administration d'un nombre assez important. Je pense que "The Westmount
Municipal Affairs" avait un conseil d'administration assez impressionnant. J'ai
eu le plaisir de les rencontrer à l'époque où
j'étais le président du Parti québécois de ce
comté. Rien ne m'indique dans les travaux de "The Westmount Municipal
Affairs" que le nombre, quant à lui, soit un handicap pour ce qui est de
la qualité.
M. le ministre, là encore où je trouve profondément
aberrants les propos que vous tenez, c'est qu'en plus - je suis obligé
de le répéter - de traiter Radio-Québec de vache...
Une voix: Hein?
M. Boulerice: Ah oui! Il a traité Radio-Québec de
vache sacrée du PQ... vous taxez les conseils d'administration de
partisaneries. M. le ministre, quand je vous entends dire des choses comme
celles-là, je me dis: Ah! C'est peut-être un mécanisme de
l'esprit et un jour peut-être inconsciemment souhaite-t-il se faire
accuser de la même chose, mais avec justesse, cette fois, ce qui sera
tant pis pour lui. Mais, c'est tout de suite, immédiatement tant pis
pour lui, parce que ce n'est pas nous.
Écoutez, je pourrais vous donner de nombreux exemples. Le conseil
d'administration de certains musées dont les nominations ont
été faites, somme toute, très récemment par le
gouvernement péquiste précédent, par le ministre en titre,
M. Richard. Est-ce que nos considérants sont purement partisans lorsque
nous avons nommé, au conseil d'administration du musée de
Joliette, M. Serge Joyal, qui est votre grand frère d'Ottawa? Est-ce que
nous avons été partisans lorsqu'il y a eu la nomination, comme
président du conseil d'administration de l'Hôtel-Dieu de
Montréal, de votre grand-père d'Ottawa, Marc Lalonde? M. le
Président, quand le ministre taxe les nominations que nous avons faites
d'essentiellement partisanes, je peux réfuter très
allègrement ses accusations. Dans son pari et sa gageure avec mon
collègue, je l'informe que j'y suis tout de suite pour le double.
Quand je regarde la composition projetée du conseil
d'administration, il est de toute évidence que c'est une
véritable prise de contrôle ministérielle sur le conseil
d'administration de Radio-Québec. Véritable prise de
contrôle. Que l'on jette aux orties ces représentants
bénévoles régionaux qui oeuvraient au Québec et qui
étaient très fiers de cette participation à
Radio-Québec, puisque cela faisait partie de leur engagement comme
citoyens du Québec, préoccupés de tous les tenants et
aboutissants de nos politiques éducatives et culturelles!
Quand on regarde «le remplacement du paragraphe d par "cinq
personnes nommées par le gouvernement, domiciliées dans
différentes régions du Québec autres que celle de
Montréal", M. le Président, cela va très vite. Il
suffirait d'en nommer une de Laval, une de Saint-Lambert, une de Joliette et,
à ce moment, ce seraient effectivement d'autres régions que celle
de Montréal, mais des régions qui n'auront véritablement
rien à voir avec le véritable sens que nous, nous avons voulu
donner à l'appellation "région" à l'intérieur du
Québec.
Il n'y a rien de nouveau sous le soleil et c'est donc vrai. Probablement
un des politiciens les plus visionnaires du Québec intervenait le 12
juin 1979 à cette commission que nous, nous avons tenue -nous n'avions
pas peur des commissions, nous - et il disait, ce visionnaire - c'était
l'ancien député de Bourget, l'honorable Camille Laurin - "Donc,
il me paraît qu'il faut adopter ce projet de loi, que l'Opposition doit
revenir sur la fin de non-recevoir qu'elle vient d'apporter. Qu'elle ne se
laisse pas aveugler" - là, c'est bien entendu, je ne m'adresse plus
à l'Opposition, mais au gouvernement - "par les frais que cela peut
encourir. Il est vrai qu'il peut coûter cher de mettre dans un conseil
d'administration local ou de mettre dans un conseil d'administration central
des représentants de toutes les couches de la société, et
de tous les secteurs de la société. Mais qu'est-ce que l'on veut,
M. le Président? Préfère-t-on des conseils
d'administration qui fonctionneront d'une fonction adéquate parce qu'ils
ne seront constitués que de représentants d'un seul secteur?"
Mme Juneau: M. le député, je m'excuse, mais
là-bas il y a tellement de bruit que j'ai peine à vous entendre.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut demander aux
membres de la commission de reprendre leur place, s'il vous plaît?
M. Boulerice: M. le Président, je me suis
arrêté à 21 minutes 28 secondes; je vais me reprendre, si
vous le voulez bien.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous dites que vous vous êtes arrêté à
21 minutes 28 secondes; vous avez dépassé d'une minute 28
secondes les 20 minutes auxquelles vous aviez droit.
M. Boulerice: Je m'excuse, c'est un
compte à rebours, M. le Président. Un compte è
rebours, c'est pour les explosions et c'est ce qu'est en train de faire le
Parti libéral avec Radio-Québec, une explosion. "Mais qu'est-ce
que l'on veut, M. le Président, disait ce célèbre et
exceptionnel député de Bourget? Préfère-t-on des
conseils d'administration - vous m'écoutez bien, M. le ministre - qui
fonctionneront d'une façon adéquate parce qu'ils ne seront
constitués que d'un représentant d'un seul secteur et,
habituellement, le secteur le plus riche, le plus élitiste?" Votre
proposition de conseil d'administration sera sans doute le Sénat
où iront s'asseoir vos bénévoles lorsqu'ils auront fini de
vous conseiller, si jamais ils finissent par finir." Je préfère,
continuait le député de Bourget, le Dr Laurin, pour ma part, voir
dans un conseil d'administration des représentants de toutes les classes
sociales, de tous les secteurs de la population, puisque l'éducation est
une obligation pour tous, et de les voir discuter, même d'une
façon virile, même au prix de tensions, car il y a des tensions
créatrices, car il y a des conflits inévitables, car il y a des
polarisations temporaires qui se résolvent finalement en consensus
harmonieux qui vont dans le sens de la création." Propos
éminemment visionnaires de ce que s'apprêtait à faire, si
par malheur il arrivait au Québec, un gouvernement dirigé par le
Parti libéral qui, comme on le dit d'ailleurs dans la fable de La
Fontaine "Le serpent et la lime", essaie de toucher à tant de beaux
ouvrages, mais n'y réussit pas.
Donc, la proposition que vous faites, M. le ministre, quant au conseil
d'administration vise de façon pure et simple à évacuer
cette concertation et cette présence des régions à
l'intérieur du conseil d'administration de Radio-Québec.
J'espère que vous adopterez la même attitude que nous quant aux
nominations non partisanes. Le conseil d'administration que vous vous
apprêtez à nommer ne répondra en aucune façon au but
visé par la création de Radio-Québec et les structures qui
ont été établies. Ce seront tout simplement des individus
sur lesquels le ministre pourra agir de façon directe, constante,
immédiate, quotidienne et ce que vous dénonciez à cette
commission parlementaire, eh bien, M. le Président, pourra se
révéler exact, mais cette fois-ci, c'est vous qui en serez les
utilisateurs, c'est-à-dire une intervention directe du ministre dans le
processus décisionnel de Radio-Québec. D'ailleurs, c'était
votre collègue qui disait: On procède à une modernisation
de la Loi sur la Société de radiotélévision du
Québec. C'est le temps d'insérer dans cette loi des garanties un
peu plus explicites quant à l'indépendance de la direction de la
société vis-à-vis du pouvoir politique. M. le ministre, la
composition que vous êtes en train de projeter pour le conseil
d'administration de
Radio-Québec vous ouvre toutes grandes les portes pour arriver
à ces agissements. Si ce n'est pas vous qui le faites, ce sera celui qui
éventuellement pourrait vous remplacer dans un potentiel remaniement
ministériel. On écoute bien ce qui se passe de l'autre
côté.
Une voix: On n'est pas des animaux.
M. Boulerice: Donc, M. le Président, je pense que le
libellé, tel que vous le projetez pour l'article 1, est totalement
inacceptable pour ma formation politique puisqu'il trahit l'esprit de la loi et
vient en profonde contradiction avec les propos que vous avez tenus au moment
où on étudiait la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec au mois de juin 1979 et ceci en
commission parlementaire, je vous le rappelle. Sur ce point, M. le
Président, je pense avoir été très clair et je vous
informe que j'ai l'intention de déposer un amendement à l'article
1.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous avez le texte,
M. le député?
Motion proposant d'avoir 12 représentants des
régions
M. Boulerice: J'ai plaisir à vous le lire: "L'article 1 du
projet de loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est remplacé par le
suivant: 1. L'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec (LRQ, chapitre S-ll.l) est
modifié: 1. par la suppression du paragraphe c; 2. par le remplacement
du paragraphe d par les suivants: d)' douze personnes nommées par le
gouvernement, chacune à titre de représentant d'une des douze
régions administratives du Québec; d.l) deux personnes
nommées par le gouvernement sur recommandation d'organismes
représentants les milieux de la télévision au
Québec -puisqu'il s'agit d'une télévision, M. le ministre
- d.2) une personne nommée par le gouvernement à titre de
représentant des milieux de l'éducation sur recommandation
d'organismes représentatifs de ces milieux."
Nous ne le laissons pas explicitement au ministre de l'Éducation
puisque c'est bien lui qui faisait ces remarques sur la tentative de mainmise
du ministre sur le conseil d'administration, nous l'avons bien
écouté.
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
viens d'en recevoir une copie, je vais suspendre quelques minutes pour...
M. Boulerice: Juger de sa recevabilité.
Le Président (M. Trudel): ...juger de sa
recevabilité. Comme vous commenciez à plaider
immédiatement, j'allais vous dire...
M. Boulerice: Je n'ai pas plaidé encore.
Le Président (M. Trudel): ...attendez que je le
reçoive.
Une voix: Est-ce qu'on va pouvoir en avoir des copies?
Le Président (M. Trudel): Oui, on va en faire des copies
pour les membres de la commission. Il en manque quelques-unes, mais je vais
suspendre les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 49)
(Reprise à 21 h 53)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'inviterais les nombreux députés que les travaux de
la commission de la culture passionnent, en dehors des membres de la commission
qui sont toujours les bienvenus, à baisser le ton un peu de façon
qu'on puisse s'entendre.
J'ai pris connaissance, M. le député de Saint-Jacques, de
l'amendement que vous proposez et je le juge recevable. Je présume que
je vous cède immédiatement la parole pour en débattre. Mme
la députée de Johnson.
M. Brassard: Ce qui n'enlève pas le droit de parole du
député de Saint-Jacques par la suite?
Le Président (M. Trudel): Évidemment pas.
Mme juneau: On voulait que vous nous rassuriez.
Le Président (M. Trudel): Ce n'est pas un droit de
conclusion, ni un droit de réplique. C'est un droit de parole sur votre
amendement.
M. Boulerice: Sur un amendement en vertu de quel article?
Une voix: 262. M. Boulerice: 262?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, j'ai cédé la parole à Mme la
députée de Johnson sur l'amendement que vous avez proposé.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Si mon collègue, le député de
Saint-Jacques, a fait cet amendement, M. le Président, c'est que nous
sommes tous conscients - et je pense que les gens du Parti libérai aussi
doivent en être conscients - que, dans le Québec, il n'y a pas que
neuf régions, celles déjà représentées par
les neuf stations régionales de Radio-Québec, mais qu'il y a en
fait douze régions. En plus de l'Abitibi-Témiscamingue, du
Bas-Saint-Laurent, du centre du Québec, de la Côte-Nord, de
l'Estrie, de la Gaspésie, îles-de-la-Madeleine, de l'Outaouais, de
la région de Québec, du SaguenayLac-Saint-Jean, il y a
aussi la Montérégie, les Laurentides-Lanaudière et
Montréal. Nous croyons fermement que, si nous avions un
représentant par région, nous aurions à la fois un
portrait complet de l'ensemble des régions administratives du
Québec. Un portrait complet signifie, à mes yeux, être en
mesure de représenter les gens, les us et coutumes de chacune de ces
régions très représentatives que sont les douze
régions du Québec. Je trouve malheureux qu'au lieu de penser
à permettre à ces douze régions une représentation
équitable, à l'inverse, on décide d'en enlever quatre. Au
lieu d'en ajouter trois, on en enlève quatre.
Je pense qu'il y a un point auquel nous devons faire face et qui n'a pas
encore été mentionné dans les interventions de mes
collègues depuis le début de l'étude article par article.
Je disais donc que, dans toutes ses interventions depuis le début de
l'étude de la loi sur Radio-Québec, le ministre a toujours
souligné l'urgence du redressement, de compressions budgétaires,
de la répartition de l'enveloppe budgétaire, du financement de
certaines sociétés. En fait, tout ce que le ministre a dit, c'est
comment on peut appliquer une compression budgétaire, mais il a
oublié que tous ces comités régionaux, tous ces
présidents régionaux qui faisaient partie du conseil
d'administration étaient des bénévoles, étaient des
gens - comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure - qui avaient,
dans la vie quotidienne, une occupation fort importante et étaient
rémunérés pour l'emploi qu'ils occupaient, leur poste dans
différents cégeps, universités, commissions scolaires, et
n'étaient pas rémunérés parce qu'ils faisaient
partie du conseil d'administration de Radio-Québec. Je pense que c'est
peut-être erroné de faire croire que c'est à cause de
l'obligation de faire une compression budgétaire de l'ordre de 8 000 000
$ ou de 13,3 %, si vous le voulez; il ne faudrait donc pas utiliser un
subterfuge semblable pour dire qu'on raye quatre régions du
Québec.
Il nous apparaît à nous, de notre formation politique, que
c'est un effort négatif parce que vous pourriez appliquer votre
compression de la même façon ailleurs; le conseil d'administration
avait pris la décision d'appliquer votre compression de façon
qu'il y ait une préservation de toutes les stations existantes.
Donc, M. le ministre, si, aujourd'hui, on vous demande de bien vouloir
non seulement accepter les neuf régions déjà
représentées au sein du conseil d'administration, mais
ajouter les trois régions dont je viens de vous faire mention,
c'est-à-dire Montérégie,
LaurentidesLanaudière et Montréal, c'est que nous croyons
que ces trois régions ont, elles aussi, leurs artistes, ont, elles
aussi, leur culture, ont, elles aussi, leur besoin de s'exprimer devant ce
petit écran qui s'appelle L'autre télévision.
Dans un article du Soleil du 17 mai 1986 - ce n'est pas vieux cela, M.
le Président, cela fait quelques jours à peine -le signataire de
l'article, M. Michel Pomerleau, un journaliste qui a été
envoyé en collaboration spéciale pour faire un article sur
Radio-Québec, disait - j'espère que le ministre m'écoute
parce que c'est important qu'il entende cela - :"la réduction du nombre
d'administrateurs est, dans les faits, moins une attaque à la
prétendue lourdeur de cette instance qu'à sa simple composition.
Treize administrateurs ou vingt et un, la différence ne peut garantir
une plus grande vivacité du conseil d'administration. Ce qui est
changé, par contre, c'est la représentation régionale sur
ce conseil. Elle était de 52 % et - avec ce que le ministre
s'apprête à faire - elle est maintenant de 38 %. "La modification
à l'administration de Radio-Québec est, d'ailleurs,
révélatrice de cette nouvelle conception qui fleurit dans les
télévisions publiques et vise à donner priorité
à l'efficacité concurrentielle."
Donc, si c'est un faux prétexte que le ministre a utilisé
en disant: On y est obligé à cause de l'urgence d'un
redressement, à cause d'une compression budgétaire, si c'est un
faux prétexte, puisque les présidents qui font partie du conseil
d'administration sont des bénévoles, j'aimerais bien que le
ministre l'explique non seulement aux membres de cette commission, mais
à toutes les personnes qui ont, pour cette télévision
éducative, un attrait important par rapport à ce qu'on diffuse
à partir de chacune des régions. Je pense, M. le ministre, qu'il
est urgent que vous puissiez expliquer à tous les
Québécois et Québécoises si vraiment ce ne sont pas
les compressions qui vous font agir ainsi. Je pense qu'il serait important,
avant qu'il soit trop tard, que vous puissiez nous expliquer les raisons, les
vraies raisons, j'entends, qui vous ont amené à prendre la
décision que vous avez prise.
Est-ce que ce serait le fait que M. Rémi Bujold, qui est le
directeur de cabinet de M. Bourassa... Ce n'est pas moi qui l'ai dit, j'ai ici
un extrait du Soleil. Écoutez bien cela. C'est surprenant d'entendre de
telles choses de la part d'un directeur de cabinet d'un premier ministre.
Personnellement, j'ai été renversée d'entendre ça.
Écoutez bien. Je ne vous le cache pas, M. le ministre, ça me fait
de la peine d'entendre des choses comme celles-là, parce que j'ai
beaucoup de respect pour vous. Je pense que vous êtes capable de prendre
des décisions sans qu'elles soient feutrées et filtrées
par le bureau du premier ministre. M. Bujold, j'imagine qu'il a dû se
faire taper sur les doigts le lendemain du jour où cela a paru dans les
journaux. Je vois des gens qui sont intéressés. Le
député de Saint-Henri a hâte d'entendre ce que j'ai
à dire, il a peut-être passé par-dessus cet
article-là. M. le député de Saint-Henri, je vous ferai
faire une photocopie. Voici ce qu'il a dit, M. Bujold: "Le cabinet de Robert
Bourassa exerce une mainmise complète sur l'appareil gouvernemental et
sur la chose politique à Québec. Actuellement, tout remonte au
bureau du premier ministre à Québec et rien n'est laissé
au hasard - M. le Président, je n'invente pas cela, je le lis -comme le
confirme en entrevue le chef de cabinet de Robert Bourassa, Rémi
Bujold". M. le ministre, j'ai été peinée de lire un
article comme celui-là, vraiment peinée, parce qu'on a
l'impression que les ministres font "une job de bras". Je dis bien "une job de
bras" et, en fait, ils ne décident rien. C'est Rémi Bujold et le
premier ministre. Ce sont ses dossiers.
Le Président (M. Trudel): Sur l'amendement, Mme la
députée.
Mme Juneau: Oui, M. le Président, je parle sur
l'amendement. Je suis en train de demander pourquoi le ministre se laisse
passer un sapin comme celui-là. Cela n'a pas de bon sens. M. Bujold
décrit, d'ailleurs, M. Bourassa comme étant le président
du conseil d'administration. Il en parle comme d'un président de conseil
d'administration. On avait M. Gendron, vous n'en voulez plus. M. Bujold
décrit M. Bourassa comme le président du conseil
d'administration, ce qui confirme cette vision très centralisée
de la gestion de l'État. Est-ce que cela vous ouvre des petites
lumières? J'espère que le contact se fait. Cela vous ouvre des
lumières sur le fait que tout se passe au niveau du cabinet du premier
ministre. Cela me fait de la peine de voir qu'on fait faire des "jobs de bras"
par les ministres responsables de dossiers et qu'en fait ce n'est pas là
que la décision est prise. C'est décevant. À mon point de
vue, M. le ministre, je pense que j'accepterais très mal le fait qu'on
me confie un dossier et que, par la suite, un chef de cabinet vienne me dire:
Ce n'est pas vous qui décidez, tout se décide au bureau du
premier ministre.
Savez-vous ce qu'a dit M. Bujold? Ministres muselés. Je ne sais
pas ce que cela veut dire, mais, si je lis entre les lignes: "Selon certaines
informations, le bureau du premier ministre a muselé les ministres au
cours des premières semaines." Je ne sais pas ce que cela veut dire
exactement et jusqu'à quel point on a eu le muselage en question, mais
on aurait peut-être raison de
se poser des questions là-dessus. On a fait des mises en garde
sur certains points de vue. Je suis certaine, quand ils parlent de certains
points de vue, qu'ils ont parlé des points de vue du ministre.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée, je
ne veux pas vous interrompre trop longtemps.
Mme Juneau: II voulait avoir douze régions
représentées au Québec.
Le Président (M. Trudel): J'ai de la difficulté
pour le moment, je me trompe peut-être, à voir la pertinence.
Mme Juneau: M. le Président, je suis en train de vous dire
que le ministre a fait des représentations au bureau du premier ministre
pour que les douze régions du Québec soient
représentées, on ne l'a pas écouté. Je suis en
train de vous décrire cela et vous pensez que ce n'est pas
pertinent.
Le Président (M. Trudel): Continuez, Mme la
députée.
Mme Juneau: Je suis sûre que le ministre a fait des
représentations. Ce n'est pas le ministre qui, tout de suite, est
arrivé en disant: On fait une coupure, on coupe quatre régions,
on laisse faire Ies autres, etc. Ce n'est pas vrai. Je ne crois pas à
cela. Je pense que le ministre a fait des efforts considérables pour que
les douze régions du Québec soient représentées au
niveau du conseil d'administration de la société
Radio-Québec. Je connais le ministre depuis fort longtemps et je suis
sûre que cette intervention a été faite au bureau du
premier ministre et qu'est-ce qui est arrivé? Il a été
muselé. Ce n'est pas mot qui le dis, c'est l'article.
Le ministre a été muselé comme les autres ministres
parce que tout se décide au cabinet du premier ministre.
Une voix: Au bunker.
Mme Juneau: Au bunker, c'est cela. Les ministres n'ont rien
à dire, Ils n'ont qu'à exécuter. Je suis persuadée
que, si le ministre avait la latitude qu'on croyait qu'il avait, cela ferait
longtemps qu'il aurait mis un peu d'ordre dans tout cela. Le ministre sait
très bien qu'en appliquant les décisions qui viennent d'en haut
il se fait personnellement du tort. Je n'aime pas cela. Je ne me sens pas bien
avec cela. J'aimerais mieux que le ministre, de toute autorité, puisse
dire: Oui, les douze régions du Québec vont pouvoir être
représentées au conseil d'administration. Oui, c'est important
qu'on ait une représentation régionale. Oui, c'est important que
nos douze régions soient là pour communiquer au petit
écran toutes les facettes de notre culture régionale de nos douze
régions du Québec.
Je pense que le ministre, comme bien d'autres dans son cas, a
été obligé de se plier à un ordre qui venait d'en
haut. C'est malheureux.
Une voix: Les cisailles "gobeilliennes".
Mme Juneau: . Les cisailles "gobeilliennes". C'est ce qui est
arrivé, je pense, et le ministre est obligé de vivre avec cette
compression. Même à cela, je reviens encore à mon
idée maîtresse: c'est le fait que les présidents
régionaux qui siégeaient au conseil d'administration
étaient des présidents bénévoles. Donc, aucune
espèce de relation avec la compression que la société
Radio-Québec a été obligée d'accepter; ils
s'apprêtaient à le faire.
Donc, M. le Président, je souhaite énormément que
le ministre, avant qu'il soit trop tard, fasse un petit ménage dans tout
cela et qu'il puisse dire à ceux et à celles qui font semblant de
ne pas comprendre l'importance de ce qu'on vit que douze régions au
Québec, c'est ce qu'il souhaite. C'est ce que nous souhaitons tous.
J'espère que le ministre va faire le nécessaire et qu'il va
accepter notre motion. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je reconnais maintenant le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: À moins que le ministre ne soit
intéressé à...
Le Président (M. Trudel): Vous savez que vous avez un
droit d'intervention de cinq minutes, mais vous êtes libre de l'utiliser
ou pas.
M. Brassard: ...faire son intervention.
M. French: Merci, M. le Président. Je pense que je vais
accumuler les impressions et livrer mes réponses à la fin des
interventions de mes amis d'en face.
M. Brassard: C'est dommage, on aurait aimé vous entendre.
On va finir par croire que c'est vrai, ce que l'article du journal dit: Les
ministres sont vraiment bâillonnés, muselés. C'est
désolant.
M. le Président, je pense que le député de
Saint-Jacques vient de démontrer que l'Opposition a l'intention de faire
un travail constructif sur ce projet de loi. C'est ce que nous faisons,
d'ailleurs, depuis le début, en tentant, d'abord, de faire en sorte que
cette commission parlementaire puisse entendre les intervenants
intéressés. Malheureusement, ce fut un échec à
cause de l'entêtement borné
du ministre et de ses collègues, mais nous
persévérons, nous continuons à faire un travail
constructif sur ce dossier. Je pense que la meilleure preuve, c'est cet
amendement que propose le député de Saint-Jacques à
l'article 1.
Voilà un amendement, d'abord, qui prend acte de la disparition
des présidents régionaux au conseil d'administration puisque,
comme vous le constatez, l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques reprend l'alinéa 1 du projet de
loi qui est devant nous, c'est-à-dire la suppression du paragraphe c, la
disparition des présidents régionaux.
Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on fait cela, sauf qu'il faut
bien prendre acte du fait que le projet de loi a franchi l'étape de
l'adoption du principe et que, par conséquent, l'un des principes de ce
projet de loi est l'abolition de la régionalisation, l'abolition des
comités régionaux, force nous est de le reconnaître. Nous
en prenons acte à regret et nous tenterons par la suite, tout en
exprimant notre résignation en quelque sorte face à l'abolition
de la régionalisation, de bonifier le projet de loi, de
l'améliorer et surtout, puisqu'on est à l'article 1 portant sur
la composition du conseil d'administration, d'améliorer sa
représentativité.
Quant à l'article 1 proposé par le ministre, on l'a
indiqué, nous quatre, tout à l'heure, à l'occasion de nos
interventions, cette composition d'un conseil d'administration
révèle une très faible représentativité.
Nous voulons nous acharner maintenant à améliorer la
représentativité du conseil d'administration de
Radio-Québec. C'est l'objet de l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques. (22 h 15)
Donc, ce que nous proposons, c'est d'abord que toutes les régions
du Québec aient droit à un représentant au sein du conseil
d'administration. Il y en a douze, ce sont les douze régions
administratives. Peut-être qu'il s'en ajoutera d'autres. On sait que la
carte des régions est sur la planche à dessin; il est possible
qu'il s'en ajoute d'autres, mais, au moment où l'on se parle, il y a
douze régions administratives. Ma collègue de Johnson les a
énumérées tout à l'heure. Quant à nous, il
nous apparaît essentiel, si l'on veut se retrouver avec un conseil
d'administration de Radio-Québec le moindrement représentatif des
divers milieux du Québec, qu'à tout le moins chacune des
régions administratives du Québec puisse avoir un
représentant au conseil d'administration. C'est l'objet de
l'amendement.
Le but que nous poursuivons en faisant cela, c'est, évidemment,
de faire en sorte que, même si les comités régionaux
disparaissent, même si la régionalisation est carrément
anéantie, à tout le moins, la représentation
régionale ne soit pas totalement évacuée du conseil
d'administration et que l'on conserve la forme la plus large possible de
représentation régionale.
Ce que nous suggérons, c'est qu'il y ait deux personnes qui
soient nommées par le gouvernement, mais sur recommandation d'organismes
représentant les milieux de la télévision au
Québec. On en a longuement parlé à l'occasion de certaines
motions. Il est évident que tout le milieu des artisans, des
créateurs, des producteurs, des diffuseurs, tous ceux et celles qui
gravitent au sein du milieu télévisuel au Québec sont
directement et fortement intéressés par l'avenir et le
fonctionnement de Radio-Québec. On l'a vu, par exemple, à
l'occasion de la dernière motion que l'on a présentée pour
inviter des organismes. Il s'agissait du regroupement des producteurs
télévisuels indépendants. Aussi, il y avait l'Union des
artistes, une autre organisation très connue du monde artistique. Il
nous apparaîtrait donc essentiel qu'au conseil d'administration ce monde
de la télévision, représentant les artisans, les
créateurs, les producteurs et les diffuseurs, soit
représenté. Nous prévoyons deux personnes issues de ces
milieux. Cela tombe sous le sens que c'est là une proposition tout
à fait raisonnable et acceptable aussi, je l'espère, de la part
du ministre.
L'autre élément, M. le Président, c'est la
nomination, la désignation d'une personne, à titre de
représentant du milieu de l'éducation, sur recommandation
d'organismes représentatifs de ces milieux. Je n'ai pas besoin de le
répéter, Radio-Québec est une télévision
éducative. La mission de Radio-Québec est d'abord et avant tout
une mission éducative. C'est une télévision
éducative reconnue comme telle et, dans sa loi constitutive, c'est
clairement indiqué que Radio-Québec est une
télévision éducative qui doit se consacrer à
l'éducation et au développement de la culture au Québec et
qui doit viser un certain nombre d'objectifs que l'on retrouve dans le domaine
de l'éducation.
Par conséquent, cela nous apparaît tout à fait
normal qu'une personne - ce n'est pas considérable - soit nommée
au conseil d'administration à titre de représentant des milieux
de l'éducation. D'ailleurs, c'est ce que l'on retrouve dans le projet de
loi du ministre. Il prévoit une personne représentant les milieux
de l'éducation. Donc, il considère comme tout à fait
normal que ce soit le cas.
La différence, cependant, est énorme, est
considérable. Il disait tout à l'heure, au début, qu'il
fallait assurer une meilleure représentativité" du conseil
d'administration. Comment assurer une meilleure représentativité
du conseil d'administration? Je pense que c'est en faisant en sorte qu'il
y ait le moins de dépendance possible entre les membres du
conseil d'administration et le ministre. C'est le gouvernement qui nomme, mais
il faut faire en sorte que le conseil soit le plus autonome possible. Comment y
arriver? Je pense que notre amendement atteint cet objectif. D'abord, par le
fait, comme je le mentionnais, qu'il y a douze personnes qui
représentent les régions et on pourrait prévoir, on
pourrait examiner...
Le Président (M. Trudel): On m'avertit qu'il y aurait un
incendie au complexe G et, pour ceux qui auraient leur voiture au complexe G,
il y aurait peut-être moyen de suspendre les travaux de façon que
vous puissiez aller la récupérer. On va suspendre les travaux
pendant quinze minutes, le temps de se retourner.
(Suspension de la séance à 22 h 22)
(Reprise à 22 h 39)
Le Président (M. Trudel): Après cette suspension
suspecte, j'espère qu'il ne vous est pas arrivé trop de dommages.
Le député de Lac-Saint-Jean avait la parole et il lui reste
encore dix minutes. M. le député de Lac-Saint-Jean, si vous
voulez poursuivre.
M. Brassard: M. le Président, si vous le permettez, je
vais avaler ma pastille d'abord.
Le Président (M. Trudel): Ce qui va me donner le temps
d'en prendre une en attendant. On en distribue, en voulez-vous?
M. Brassard: Bon. C'est bon pour éclaicir la voix!
Nous en étions à l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques. Je signalais, avant la sonnerie
d'alarme, qu'il était nécessaire qu'à tout le moins une
personne représente les milieux de l'éducation au conseil
d'administration, ce qui était, d'ailleurs, le cas dans la proposition
du ministre.
Là où on diffère avec le ministre, c'est sur le
mode de désignation. Il est aussi important que l'origine de la personne
désignée. Autant il est important, quant à nous, qu'il y
ait des personnes qui représentent les milieux de la
télévision, autant il est important qu'il y ait des personnes qui
représentent les milieux de l'éducation au conseil
d'administration, autant alors est-il important de bien préciser le mode
de désignation de ces personnes de façon à assurer la plus
large autonomie possible au conseil d'administration. C'est pourquoi je vous
ferai remarquer que, si les deux personnes représentant les milieux de
la télévision sont nommées, bien sûr, par le
gouvernement, elles le sont sur recommandation d'organismes représentant
les milieux de la télévision, de la même façon que
celle représentant les milieux de l'éducation est nommée
par le gouvernement, mais sur recommandation des organismes
représentatifs de ces milieux.
C'est là un mode de désignation qui n'est pas nouveau. Je
vous signale, M. le Président, que ce mode de désignation n'est
pas particulièrement original. On le retrouve à maintes occasions
et dans divers milieux, diverses sociétés d'État, conseils
d'administration d'institutions. Je pense à tout le réseau de la
santé et des services sociaux. Je pense également au conseil
d'administration du réseau des collèges, des cégeps
où un certain nombre de personnes nommées le sont toujours
à partir de recommandations des organismes au milieu. Il s'agit du
milieu de l'éducation dans ce cas et du milieu de la
télévision dans te cas des deux autres. Cela assure, cela donne
une garantie que ces personnes sont vraiment représentatives et, tout en
étant nommées par le gouvernement, elles n'ont pas le sentiment
d'être dépendantes du ministre ou du gouvernement. Donc, elles
éprouvent un sentiment d'autonomie beaucoup plus large et plus
réel.
Je pense qu'au cours des travaux de cette commission il y aurait
peut-être lieu de considérer un mode de désignation se
rapprochant de celui-là pour ce qui est des douze personnes
représentant les douze régions administratives du Québec,
de façon qu'on atteigne l'objectif d'un conseil représentatif,
c'est l'objectif premier, mais également d'un conseil jouissant d'une
large automonie par rapport au pouvoir politique, par rapport au ministre, par
rapport au gouvernement.
Pour toutes ces raisons, je pense que la proposition du
député de Saint-Jacques devrait récolter l'assentiment des
membres de cette commission et, particulièrement, j'espère que le
ministre regardera d'un oeil favorable une proposition comme celle-là.
Elle ne va pas à l'encontre du principe du projet de loi - on
considère qu'il a été adopté à
l'Assemblée nationale - mais, très évidemment, à
mon point de vue, elle améliore et elle bonifie l'article traitant de la
composition du conseil d'administration de Radio-Québec. J'ai hâte
d'entendre les remarques du ministre et je souhaiterais beaucoup, pour le plus
grand bien de Radio-Québec, pour le meilleur intérêt de
Radio-Québec, que le ministre donne son assentiment à cet
excellent amendement de mon collègue de Saint-Jacques. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Mme la députée de
Maisonneuve
Mme Harel: J'aimerais m'associer à l'amendement
proposé par le député de Saint-Jacques visant, si j'ai
bien compris le sens de votre amendement, M. le député, à
modifier la loi qui est déposée pour étude devant cette
commission de manière à réintroduire les présidents
des comités régionaux de chacune des régions du
Québec. Sans doute fera-t-on valoir que c'est là une structure
relativement lourde compte tenu du nombre de personnes qui y participent. Cela
dit, je pense qu'il faut comprendre que, dans le domaine de la liberté
d'expression, dans le domaine de la liberté d'opinion, dans le domaine
des manifestations qui en résultent dans les médias de
communication, il faut être très sensible à une
représentation élargie des intérêts. Mes
collègues vous ont fait valoir que des conseils d'administration dont la
composition équivaut à ce nombre ont un degré d'efficience
et d'efficacité qui ne semble pas hypothéquer leur fonctionnement
et qu'il ne semble pas que ce soit là le principal problème
vécu par Radio-Québec depuis l'adoption de cette loi, en juin
1979, qui assurait une composition de 23 membres. J'ai lu à peu
près tout ce qui a pu s'écrire sur les difficultés,
à l'occasion, que Radio-Québec a pu rencontrer dans son
développement et, à ce que je sache, nulle part n'a-ton
mentionné que cette composition de 23 personnes était un
handicap, majeur ou mineur, au fonctionnement de Radio-Québec. Par
ailleurs, M. le Président, ce que permet une telle composition, c'est
certainement de garantir l'indépendance du conseil et, donc, de la
société Radio-Québec à l'égard du pouvoir
politique, puisqu'on sait que les présidents régionaux sont
nommés par un comité représentatif dans chacune des
régions. Il faut comprendre que le nombre de 23 résulte de la
volonté de maintenir une représentation gouvernementale qui
équilibre en nombre la représentation régionale. C'est un
choix, cette représentation régionale; je ne veux pas revenir
là-dessus, je pense qu'on s'en est longuement expliqué.
Si tant est qu'elle n'est pas retenue, la difficulté qui se
présente, c'est donc un conseil d'administration qui serait
entièrement et exclusivement nommé par le gouvernement. En quoi
est-ce là une difficulté plus grande que celle que l'on retrouve
dans des dizaines d'autres conseil d'administration, offices, régies,
commissions où le gouvernement très souvent nomme
entièrement les conseils d'administration? Encore une fois, je pense
que, dans ce domaine stratégique des communications de masse, dans ce
domaine où on doit avoir un souci plus grand, démontrer une
sensibilité encore plus grande que dans bien d'autres secteurs ou dans
bien d'autres dossiers, puisque c'est le domaine de la liberté
d'expression, on peut sérieusement s'interroger sur la pertinence d'un
conseil d'administration exclusivement nommé par le gouvernement.
Pensons, par exemple, à la loi qui créait la Commission
d'accès à l'information, en se rappelant que le président
de cette commission doit être, à ma connaissance, nommé par
un vote de l'Assemblée, par un vote de la Chambre qui requiert
l'approbation des deux tiers non seulement des députés
présents, mais, je crois des députés qui siègent
dans cette Chambre. C'est donc une exigence très grande pour en assurer
le caractère le plus représentatif et pour non seulement en
garantir les conditions d'autonomie, mais également pour en garantir les
apparences, puisqu'on exige un vote des deux tiers non pas des membres
présents, je le répète, mais des membres qui
siègent dans cette Chambre pour la Commission d'accès à
l'information. Je crois qu'il en va de même pour la présidence de
la Commission des droits de la personne et également pour la nomination
du Protecteur du citoyen. Il en est ainsi puisque ce sont là des
secteurs névralgiques et qu'on doit certainement assurer non seulement
la pleine et entière marge de crédibilité à ceux
qui ont à en diriger la destinée, mais qu'on doit aussi
certainement en garantir toutes les apparences, encore une fois.
Je voudrais, M. le Président, vous faire part d'un voyage
récent que j'ai .fait en Catalogne. Cela va vous étonner, mais
j'ai représenté l'Assemblée nationale, à la demande
du président de notre Assemblée, dans le cadre d'un
congrès de parlementaires de peuples aux langues minoritaires. Dans le
cadre de ce congrès qui s'est déroulé à Barcelone,
en Espagne, j'ai pu rencontrer les représentants de la
télévision catalane, une chaîne qui a été
mise en place il y a à peine quatre années et qui avait
délégué des représentants pour venir examiner et
étudier plus à fond les structures de fonctionnement de la
télévision de Radio-Québec, donc de notre
télévision dite québécoise de Radio-Québec.
Elle avait très minutieusement étudié tout ce
fonctionnement pour adopter, par la suite, un mode de fonctionnement qui, tout
en étant différent et tout en étant conforme aux
traditions politiques catalanes -elles sont, évidemment, fort
différentes, puisqu'il existe un mode de scrutin proportionnel ayant
comme conséquence la multiplication des partis politiques - assure une
représentation des partis politiques par le biais de porte-parole
siégeant au conseil d'administration, mais qui sont élus par
l'Assemblée nationale catalane; cela exige le vote des deux tiers.
Les représentants du conseil d'administration de cette
télévision catalane, que j'ai pu rencontrer, il y a peine un mois
maintenant, dans le cadre de ce séjour à ce congrès, m'ont
fait part de leur très vif intérêt à suivre le
débat qui se poursuivait sur l'avenir de la télévision
éducative au
Québec. Ils voulaient suivre le débat sur la
régionalisation puisque le conseil d'administration au complet est venu,
il y a deux ans, faire un séjour de plus d'une semaine pour
s'imprégner des diverses activités, des choix de programmation,
des grandes orientations de Radio-Québec. C'est donc un débat
qui, certainement, les passionne. D'ailleurs, j'ai pris l'engagement ferme de
leur faire parvenir l'ensemble de nos travaux pour qu'ils puissent mieux
connaître ce qui en résultera.
Mais il demeure, M. le Président, que chaque
société, évidemment, choisit un type de structure pour sa
télévision qui convient à sa personnalité propre,
qui convient à sa sensibilité particulière. Il y a des
sociétés qui sont extrêmement politisées. La vie
quotidienne est extrêmement politisée et il faut comprendre en
regard de quoi ces sociétés se choisissent un type de gestion, un
type d'administration qui assure une représentation politique et
partisane avec une sorte d'équilibre, mais qui, encore là, comme
je vous le disais, est balisée par un vote à l'Assemblée
nationale qui maintient une sorte de balance des inconvénients dans ce
type de représentation, puisque l'Assemblée est chargée
d'en maintenir, d'une certaine façon, les proportions
indépendamment du parti qui est au pouvoir.
C'est un choix qui a été fait dans, semble-t-il, un
certain nombre de sociétés européennes. Que ce soit le
gouvernement seul, en l'absence de l'Assemblée nationale, qui vienne,
maintenant, entièrement nommer le conseil d'administration, c'est un
choix qui est fait dans d'autres sociétés, dans des
sociétés démocratiques, j'en conviens, mais est-ce que
c'est un choix qui correspond à ce qu'on peut considérer comme
souhaitable? Je m'interroge beaucoup sur le fait que cet amendement, s'il
n'était pas adopté, nous ramènerait à la
proposition principale qui est une composition exclusivement nommée par
le gouvernement.
C'est donc en ayant en tête à la fois des
préoccupations de représentation régionale au sein du
conseil, mais aussi certainement en étant préoccupée d'un
mode de nomination qui assure la représentativité la plus grande
possible, la crédibilité la plus grande possible aux
représentants qui auront à siéger à ce conseil que
je fais part à cette commission de mon intention de voter en faveur de
cet amendement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui veulent intervenir sur la motion d'amendement du
député de Saint-Jacques? M. le député de
Saint-Jacques» Oh, surprise!
M. Boulerice: M. le Président, je voudrais, d'abord,
remercier ma collègue, députée de Johnson et porte-parole
officielle de l'Opposition en matière de communications. Je veux
également remercier le député de Lac-Saint-Jean et whip en
chef de l'Opposition, et la députée de Maisonneuve,
vice-présidente de la commission de la culture, pour l'appui qu'ils
apportent à l'amendement que j'ai présenté qui touchait
l'article 1 du projet de loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec.
Je voulais que l'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec soit modifié "1. par la
suppression du paragraphe c; 2. par le remplacement du paragraphe d par les
paragraphes suivants." Je me permets de vous les relire pour votre bonne
compréhension, M. le ministre. "d) douze personnes nommées par le
gouvernement, chacune à titre de représentant d'une des douze
régions administratives du Québec; "d.l) deux personnes
nommées par le gouvernement sur recommandation d'organismes
représentant les milieux de la télévision au
Québec." Je pense que je vous en ai tantôt souligné
l'importance. "d.2) une personne nommée par le gouvernement à
titre de représentant des milieux de l'éducation sur
recommandation d'organismes représentatifs de ces milieux."
Bien entendu, M. le Président, à voir le sto7cisme dont
vous faites preuve à l'intérieur de cette commission, les
amendements que l'on vous présente sont recevables pour vous hors de
tout doute, sauf que, comme l'invoquaient mes collègues tantôt,
malheureusement les ficelles sont peut-être tendues et tenues par
d'autres, ce qui vous empêche de faire connaître vos
véritables couleurs dans le débat qui nous préoccupe!
Cela, je ne vous en tiendrai pas rigueur, M. le ministre, malgré tout.
(23 heures)
Bien entendu, si on a hâte d'écouter vos commentaires
particuliers sur l'amendement présenté, on a bien hâte, par
contre, d'entendre le point de vue des députés du parti
gouvernemental membres de la commission qui, loin d'avoir fait un abus de
parole, ont plutôt pratiqué le contraire, c'est-à-dire la
vertu du silence. Le silence peut, dans un débat comme celui qui nous
préoccupe actuellement, être interprété comme une
vertu dont vous me permettrez de douter, bien entendu.
J'aimerais entendre, en plus de vos propos, les commentaires que vont
peut-être faire les représentants de la partie gouvernementale. M.
le Président, à l'exemple des autres amendements que j'ai eu
l'honneur de présenter à cette commission, vont-ils se refuser
une autre fois à voter, en définitive, pour leurs concitoyens,
puisqu'il s'agit, je le disais au point d, de "douze personnes
nommées par le gouvernement, chacune à titre de
représentant d'une des douze régions administratives"? Est-ce que
les députés du parti ministériel, M. le Président,
vont, comme je l'indiquais tantôt, se refuser a donner, enfin, une voix
à ceux et celles qui, de bonne foi, le 2 décembre les ont
élus? Est-ce qu'ils vont plutôt adopter cette attitude totalement
méprisante? Ciel, M. le Président, qu'on n'aura jamais trop
insisté sur le mot "méprisante" quand il s'agit de qualifier
l'attitude des représentants de la partie gouvernementale à cette
commission de la culture sur Radio-Québec! Ils se sont permis avec vous,
selon vos indications peut-être, quand venait le temps de la motion
antérieure d'une commission parlementaire, de refuser la parole
même à leur propre parti politique, ce qui, de mémoire
d'homme, ne s'est jamais vu dans notre Parlement.
J'aimerais, d'ailleurs, qu'on poursuive la reconstitution des
débats qui a été stoppée par les coupures
budgétaires de l'actuel gouvernement. C'est vrai qu'un peuple sans
histoire est un peuple qui se gouverne mieux.
Cela dit, M. le Président, je continue dans la foulée de
l'amendement qui nous préoccupe.
Le Président (M. Trudel): J'allais vous ramener à
la pertinence du sujet.
M. Boulerice: C'est pertinent, M. le Président,
l'histoire. On a tendance à oublier l'histoire et on se retrouve dans
des situations... Je vous ai lu le Dr Laurin, d'ailleurs. Il nous a
écrit avant son terme une page d'histoire qu'on est en train de vivre
ici, en vous mettant vous-mêmes en garde à l'époque. Vous
ne l'avez pas écouté et, aujourd'hui, vous êtes dans la
situation. C'est vous qui en portez l'odieux.
Donc, M. le Président, dans l'histoire de ce Parlement, le parti
ministériel se permet de refuser un droit de parole à son propre
parti en commission parlementaire, ce que le mien, en tout cas, n'a jamais
fait. Au contraire, l'exemple est là et prêche en notre faveur.
À deux reprises, en commission parlementaire, les instances
démocratiques de notre parti ont pu s'exprimer sur des enjeux qui
faisaient l'objet de préoccupations de la part des
Québécois.
M. le Président, après avoir refusé à leur
parti de pouvoir s'exprimer, vont-ils maintenant refuser le droit de parole
à ceux qui ont voté pour eux? Vont-ils leur dire: Vous
n'étiez bons qu'à voter pour nous, vous n'étiez bons
qu'à faire le pointage, les téléphones, ces bonnes
vieilles parades auxquelles on a pu assister dans certains comtés, qui
ajoutaient à ce folklore électoral qu'on croyait en train de
disparaître au Québec? Poser des affiches et des pancartes, vous
n'êtes bons que pour cela. Chers électeurs et électrices
qui m'avez élu - je m'adresse aux députés des
régions - vous êtes bien gentils, vous êtes bien bons, mais
vous n'êtes pas assez bons, par contre, à notre point de vue, pour
que l'on puisse se permettre de vous faire siéger au conseil
d'administration de Radio-Québec. Le refus, M. le Président,
d'adopter cet amendement que j'ai déposé et qui reçoit un
appui unanime et enthousiaste de mes collègues, parce qu'eux ont appris
à vivre une certaine forme de démocratie à
l'intérieur de notre parti, le rejet que cet amendement va subir...
C'est celai On est tellement certains de l'issue du vote avec cette dictature
de la majorité que vous pratiquez depuis le 2 décembre, avec
cette force des 99 qui voudraient bien écraser les 23, mais les 23
représentent encore 40 % de la population au moment où l'on se
parle. Il y a des sondages qui s'en viennent dans quinze jours. Lisez cela
attentivement! Donc, M. le Président, est-ce que l'on va de nouveau, en
rejetant cet amendement, continuer de la part du parti gouvernemental à
littéralement insulter tous ceux qui, au Québec, ont la
faculté de comprendre, de saisir et, après cela, ont la
volonté de s'exprimer sur les sujets qui préoccupent l'ensemble
des Québécois?
Surtout, M. le Président, que l'amendement que nous proposons,
comme le disait ma collègue, la députée de Maisonneuve, se
retrouve dans bon nombre d'organismes québécois qui ont un mode
de nomination exactement similaire ou identique à celui-là. Ceci
nous permettrait d'éviter ce qui se glisse dans l'original de l'article
1 du projet de loi que le ministre des Communications a présenté
qui, lui, au contraire, vise une mainmise politique pure et simple de
l'administration, de la haute direction du corps politique constitué que
l'on appelle conseil d'administration de la radiotélévision
nationale du Québec, Radio-Québec.
Ma collègue vous a fait part d'une expérience
particulière, quand même récente, en Catalogne que j'ai eu
également le plaisir de voir sur place et qui demande certains
raffinements et des pratiques politiques qui, comme elle le disait, doivent
être balisées. Mais, avec le projet de loi présenté
par le ministre, nous en serions non pas au modèle que l'on a toujours
vécu au Québec qui est un modèle démocratique, non
pas au modèle catalan qui est un modèle particulier, mais on en
arriverait à très brève échéance au
modèle allemand. Tout le monde sait que les principales chaînes de
télévision, Norddeutsch et Suddeutsch Televizion, sont sous la
tutelle des partis politiques sociaux-démocrates,
chrétiens-démocrates.
Donc, l'amendement que nous présentons éviterait cette
mainmise politique sur le corps constitué qu'est le conseil
d'administration de Radio-Québec et nous permettrait, en plus, de
revenir à l'esprit
initial qui a présidé à la création de
Radio-Québec. Cet esprit s'est, d'ailleurs, traduit dans une loi
née d'une volonté politique on ne peut plus ferme de la part du
gouvernement, adoptée finalement par l'Opposition que vous étiez
à l'époque, pour une télévision avec des antennes
régionales et des représentants régionaux. Donc, la
proposition, qui vous est présentée pourrait à cet
égard nous permettre de revenir à cette Radio-Québec que
le législateur et la population voulaient au moment de sa
création.
Quant à la recommandation d'organismes représentant les
milieux de la télévision au Québec, est-ce que vous
pourriez être contre un tel amendement? N'acceptons-nous pas, M. le
ministre, aux conseils d'administration des hôpitaux des
représentants du corps médical qui sont les spécialistes
de la médecine dans un hôpital? N'acceptons-nous pas dans de
puissantes et importantes sociétés d'État du Québec
des représentants issus du milieu, qui connaissent très bien ce
milieu? Les ingénieurs forestiers connaissent très bien
l'industrie du bois dans le cas de Domtar où nous pouvons nommer des
membres au conseil d'administration puisque nous sommes partie prenante dans le
financement de Domtar. D'ailleurs, en tant que gouvernement, en tant
qu'État, lorsqu'il s'agissait d'avoir des comités, enfin,
originaux - Exemple: il y avait un comité consultatif sur l'immigration,
sur l'éducation, le Conseil supérieur de l'éducation il
était tout à fait normal, il était légitime que
l'on ait des gens qui étaient justement, des représentants de ces
milieux de l'éducation, ce qui nous a permis d'avoir des
pédagogues, des chercheurs, voire même des parents.
On a tenté par des lois subséquentes, n'en déplaise
à la députée de Vachon, d'augmenter le nombre de ces
partipants issus directement du milieu. Je pense que ce serait très mal
vu, M. le ministre, que vous rejetiez, dans l'amendement que j'ai
présenté, l'idée de nommer deux personnes
représentant les milieux de la télévision. Quant aux
milieux de l'éducation - on vient d'en parler tantôt, il y a
effectivement une mission éducative à Radio-Québec -
là encore, il ne fait aucun doute que nous nous devons d'avoir un
représentant de ces milieux. Vous remarquez, par contre, que dans le
libellé il est dit "sur recommandation d'organismes
représentatifs de ces milieux." Ce n'est pas nécessairement le
ministre qui recommande et cela, je vous l'ai dit, c'est inspiré par les
interventions qu'a faites l'ancien chef du Parti libéral et actuel
ministre de l'Éducation, lors de la commission sur Radio-Québec
en 1976. Il craignait trop de pouvoirs au ministre. Je suis certain qu'il est
à la recherche de la même médecine maintenant, même
s'il a changé de titre, à différents aspects, n'est- ce
pas? Cela pourrait être le Conseil des collèges, cela pourrait
être l'Association des directeurs généraux des commissions
scolaires, cela pourrait être la Fédération des commissions
scolaires du Québec, cela pourrait être, je ne sais pas comment
s'appelle son pendant. Voyez-vous, il y a de la latitude, il y a de la place,
puisque le nombre des intervenants est beaucoup plus grand et plus le bassin
est grand meilleures sont les chances de trouver la personne compétente,
c'est bien entendu, vous le savez mieux que moi. Donc, il y aura
possibilité de trouver un représentant pour les milieux de
l'éducation qui pourra siéger au conseil d'administration de
Radio-Québec. (23 h 15)
Voila, M. le ministre, l'argumentation que j'avais l'honneur de vous
présenter sur cet amendement. Encore une fois, ce que je souhaiterais le
plus vivement, M. le ministre, serait qu'enfin, enfin, enfin, les
représentants de la partie gouvernementale s'expriment très
ouvertement sur le contenu de ça et quant aux
réprésentations régionales, parce que, voyez-vous, je me
rappelle ce slogan, durant la campagne électorale, qui était:
"Votez pour du solide". Comment puis-je juger du solide des propos de la partie
gouvernementale quand je n'entends aucun mot et que j'apercevais tantôt
des positions, même sur des chaises, qui m'apparaissaient presque
gélatineuses? Or, je ne crois pas que l'on puisse faire du solide avec
de la gélatine. Cela ne fait pas, à mon point de vue,
d'excellentes briques pour construire cet édifice. J'aimerais qu'enfin
il y ait quelque chose de pertinent qui vienne de l'autre côté et
que, devant la situation qui est faite à Radio-Québec, il y en
ait qui mettent leurs culottes l'autre bord et qui nous disent vraiment...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous voulez encore
nous suggérer, M. le député de Saint-Jacques, une
soirée aux Foufounes électriques? C'est pour cela que vous
proposez aux gens de mettre leurs culottes? Il vous reste trente secondes, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Ce que je vous dis, c'est, si ce n'est pas du
courage, ayez au moins du respect envers non pas uniquement vos concitoyens,
non pas uniquement vos électeurs, mais également vos militants;
ça, c'est important. Et je vous conseille de le pratiquer; nous, on l'a
fait et ça nous est rentable. Prenez notre expérience.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce qu'on peut considérer cette dernière phrase comme
étant la fin de vos remarques sur votre amendement?
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Si,
par malheur, cet amendement devait subir le même sort que les
autres, j'ai le plaisir de vous informer que je vous en apporterai un
autre.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Est-ce que d'autres
députés veulent s'exprimer sur l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques? Oui, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II me semble que, dans les circonstances, il y a un
amendement sérieux qui a été déposé par le
député de Saint-Jacques. J'aimerais que le ministre sorte de son
silence méprisant et nous donne, au moins pendant quelques minutes, son
point de vue sur cet amendement.
M. French: Oui, M. le Président, j'avais l'intention de le
faire.
Des voix: Bravo!
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, la parole est
à vous.
M. French: Évidemment, j'épargnerai à la
commission l'expression de la plénitude de mes réactions face aux
divers aléas de l'argumentation qu'on vient d'entendre allant de la
télévision en Catalogne...
Une voix: Jusqu'au Jell-O.
M. French: ...jusqu'au Jell-O. Cela a été digne de
cette émission de Radio-Québec, que nous aimons tous, la Ligue
nationale d'improvisation.
Une voix: Ils ont une excellente cote d'écoute.
M. French: Excellente cote d'écoute. On va décerner
nos évaluations, nos prix, à la fin de la commission
parlementaire, mais je vais quand même commenter directement l'amendement
qui, à mon sens, malgré la reconnaissance, d'une certaine
façon, du principe du projet de loi. Il se veut essentiellement un
renversement de l'exercice que nous avons entrepris face à la taille du
conseil d'administration. Je veux me concentrer sur deux choses: la taille et
la représentativité. On nous a offert, comme c'était
à prévoir, une argumentation sur l'ampleur du conseil
d'administration qui démontrait, encore une fois, l'incapacité de
nos amis d'en face de distinguer entre un conseil d'administration et une
série d'autres instances politiques et représentatives. Un
conseil d'administration n'est pas une instance politique, ni une instance
représentative. Un conseil d'administration a pour but de gérer
une entreprise ou un organisme gouvernemental qui opère comme une
entreprise. Ceux et celles parmi nous qui ont eu l'occasion d'être
membres d'un conseil d'administration, d'une entité qui fonctionnait
dans un marché ou dans quelque chose qui s'apparentait à un
marché, savent que le genre de décisions qui sont prises, le
genre de suivi gui est exigé des opérations d'une
société d'Etat exigent un certain "focus", une certaine
cohérence, une certaine économie de discussions ou une certaine
concentration de discussions que seul un conseil d'administration d'une taille
d'au plus quinze personnes, je pense, pourrait apporter. On sait qu'il n'y a
aucune autre entreprise de télévision du pays, y compris les
télévisions publiques, qui a un conseil d'administration de plus
de quinze personnes.
Le conseil d'administration de Radio-Québec ne sera plus une
-entité politique ou le reflet d'une série de débats
politiques traduits par les nominations utilisées pour composer le
conseil d'administration de Radio-Québec. Il n'y aura plus dix
Radio-Québec, il n'y aura qu'une Radio-Québec. C'est ainsi que,
tel que prévu si perspicacement par le député de
Saint-Jacques, nous ne pouvons pas voter pour le projet d'amendement
proposé par l'Opposition.
La représentativité est une question que je trouve plus
intéressante, plus troublante, plus difficile. J'ai voulu trouver un
moyen d'indiquer dans la loi la volonté du législateur de voir
une diversité géographique au conseil d'administration et j'ai
réussi de peine et de misère a convaincre les conseillers
juridiques que la notion de la région de Montréal versus le reste
du Québec pouvait, quand même, trouver une place dans une loi du
Québec. Car, pour les conseillers juridiques et les rédacteurs de
lois, de telles conceptions restant floues et redéfinissables par
décret, leur définition ou leur utilisation dans un projet de loi
crée des problèmes.
Ce n'est pas, non plus, une question mineure ou un fait mineur que nous
ne puissions pas représenter simultanément - et nous n'avons pas
l'intention d'essayer de représenter simultanément - toutes les
douze régions administratives du Québec. Peut-être
pourrait-on, à la limite, en soustrayant Montréal, faire une
espèce de rotation, mais encore je vois mes conseillers juridiques en
train de rouler les yeux parce que c'est extrêmement complexe comme
moyen. Cependant, il y aurait peut-être moyen de trouver quelque chose
dans ce domaine-là, mais sûrement pas de cette taille-là et
sûrement pas à partir de la prémisse que l'essentiel des
changements voulus est une plus grande mainmise du gouvernement sur le conseil
d'administration et, d'autre part, que, compte tenu de la réglementation
actuellement en place, il n'y a pas de possibilité de politisation.
Je pense que la députée de Maisonneuve a bien dit que,
dans le fond, la
question des nominations partisanes n'est pas pertinente. On fait des
changements à Radio-Québec, non pas parce qu'on pense que les
nominations ont été partisanes, bien qu'il y en ait eu un certain
nombre qui ont été partisanes, mais parce qu'on pense que cela va
être plus efficace par la suite. Deuxièmement, c'est clair, il y
aura sûrement moins de nominations partisanes s'il y a 13 nominations au
lieu de 70 à faire. C'est quantitavement à peu près
indéniable et, qui plus est, il n'y en aurait pas plus
proportionnellement, non plus.
Tout cela pour dire que ce n'est pas le nombre, ni la structurite
entourant les nominations au conseil d'administration qui font ou ne font pas
qu'il y a abus partisan des nominations. On va juger des nominations par la
qualité des hommes et des femmes qui les acceptent. Je n'ai aucune
crainte face à cela. Le gouvernement précédent a fait de
bonnes nominations, pas toutes, mais quelques-unes. Nous allons en faire
autant, sinon plus, et nous allons essayer aussi fort que lui d'éviter
qu'il n'y ait distorsion ou déformation de la
représentativité, dans tous les sens et non pas juste
géographiquement, de la société québécoise
au sein du conseil d'administration de Radio-Québec. Nous ne le ferons
sûrement pas par une loi amendée de la façon précise
qui nous est suggérée actuellement, M. le Président, par
l'Opposition.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Est-ce
que d'autres députés veulent intervenir sur le sujet?
M. Hamel: Est-ce qu'on peut passer au vote?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke demande qu'on passe au vote sur l'amendement proposé par le
député de Saint-Jacques.
Mme Juneau; Je remarque que, le député de
Sherbrooke est fort sur le vote. C'est toujours lui...
M. French: C'est un jeune homme prometteur dans la politique, Mme
la députée.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Jacques, s'il vous
plaît! Avant qu'on me le demande, étant donné que cela fait
quand même quelques minutes qu'on n'a pas entendu l'amendement, je me
permets de vous le relire pour passer au vote par appel nominal.
L'amendement tel que proposé par le député de
Saint-Jacques se lit comme suit: "L'article 1 du projet de loi modifiant la Loi
sur la Société de radiotélévision du Québec
est remplacé par le suivant: 1. L'article 6 de la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec (LRQ,
chapitre S-ll.l) est modifié: 1. par la suppression du paragraphe c; 2.
par le remplacement du paragraphe d par les suivants: d) Douze personnes
nommées par le gouvernement, chacune à titre de
représentant d'une des douze régions administratives du
Québec; d.l) Deux personnes nommées par le gouvernement sur
recommandation d'organismes représentant les milieux de la
télévision au Québec; d.2) Une personne nommée par
le gouvernement à titre de représentant des milieux de
l'éducation sur recommandation d'organismes représentatifs de ces
milieux."
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je voudrais demander un vote scindé, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Nous ne pouvons pas scinder un
vote, M. le député. Nous allons procéder à un vote
par appel nominal.
M. Boulerice: Mais non, je veux scinder la proposition.
M. French: Vous n'avez pas le droit de la scinder.
Le Président (M. Trudel): Vous allez être
obligé de me citer le règlement. On ne peut pas scinder...
M. Boulerice: Cela n'a pas marché. Tant pis!
Le Président (M. Trudel): Pour le vote par appel nominal,
je demanderais la collaboration des députés membres de cette
commission.
M. French (Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre.
La Secrétaire: Pour: 4, Contre: 7 et une abstention.
Le Président (M. Trudel): L'amendement est rejeté
par sept voix contre quatre.
Oui, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, ayant écouté
avec beaucoup d'intérêt les propos rares du ministre, j'aurais une
motion d'amendement à proposer et elle se lirait comme suit: "Le
paragraphe d de l'article 1 du projet de loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec est
remplacé par le suivant...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean...
M. Brassard: Oui, pardon?
Le Président (M. Trudel): ...je vous ferai remarquer ceci.
J'étais mélangé dans mes feuilles, j'avais les feuilles de
temps pour l'amendement de votre collègue de Saint-Jacques qui est
maintenant rejeté. En regardant ma feuille de temps sur l'article 1, je
me rends compte que vous avez épuisé vos vingt minutes de droit
de parole.
Mme Juneau: C'étaient trois minutes, oui.
Le Président (M. Trudel): Je vous ferai remarquer qu'il ne
vous reste rien et qu'il restait à Mme la députée de
Maisonneuve six minutes trente secondes et à M. le député
de Ssint-Jacques, quatre minutes. Alors, peut-être pourriez-vous, dans un
geste de collaboration...
M. Brassard: Vas-y, mon cher.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous écoute.
Motion proposant d'avoir 9 représentants des
régions
M. Boulerice: J'ai l'honneur de vous proposer un autre amendement
qui est de remplacer le paragraphe d de l'article 1 du projet de loi modifiant
la Loi sur la 5ociété de radiotélévision du
Québec par le suivant: "d) Neuf personnes nommées par le
gouvernement sur recommandation d'organismes socio-économiques
populaires et culturels domiciliées dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal."
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous pouvez m'apporter une copie de votre amendement, s'il vous
plaît?
M. Boulerice: Avec beaucoup de plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre les travaux
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 32)
(Reprise à 23 h 36)
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît! M. le député de
Saint-Jacques, à l'ordre, s'il vous plaît!
Je déclare l'amendement du député de Saint-Jacques
recevable. Oui, M. le député?
M. Brassard: Sur un point de règlement. Relativement
à l'interprétation que vous avez donnée tout à
l'heure quant à la possibilité de présenter des
amendements ou des sous-amendements, ce qui revient également au
même, vous avez indiqué que, parce que mon temps de parole sur
l'article était épuisé, je n'avais pas la
possibilité à ce moment-là de présenter un
amendement. Heureusement, il restait du temps au député de
Saint-Jacques à ce moment-là et, compte tenu de cette
interprétation, il a pu présenter l'amendement. Cependant, il
aurait pu arriver que les quatre députés de l'Opposition aient
épuisé tout leur temps et qu'on se retrouve, par
conséquent, complètement paralysés dans les circonstances
et incapables de présenter soit des amendements ou des sous-amendements
au projet de loi, ce qui, vous en conviendrez, est l'essence même du
travail en commission. L'étude détaillée d'un
projet de loi en commission consiste précisément non seulement
à examiner les articles, mais également à bonifier le
projet de loi, à l'améliorer, à présenter, donc,
des amendements et des sous-amendements.
Avec tout le respect que je vous dois, M. le Président, il me
semble que cette interprétation ne respecte pas tout à fait
l'esprit du règlement. Je pense que ce que le règlement indique,
c'est que, sur un article de loi, sur un amendement et sur un sous-amendement,
le temps de parole d'un député est limité à 20
minutes. Cela, j'en conviens, mais je ne pense pas que l'esprit du
règlement soit d'empêcher un député de
présenter quelque amendement ou quelque sous-amendement que ce soit.
Je vous réfère, entre autre, à l'article 196 qui
dit: "Sauf dispositions contraires, toute motion de fond peut être
amendée." Donc, c'est la possibilité pour tout
député de présenter des amendements à des articles
d'un projet de loi. Il me semble que c'est un principe fondamental du
règlement et si, par votre interprétation, en quelque sorte, vous
entravez de façon très grave la possibilité pour un membre
de la commission de présenter amendements et sous-amendements, il me
semble que cela va à l'encontre de l'esprit même du
règlement. J'aimerais, M. le Président, que vous preniez avis de
cette question-là parce qu'elle m'apparaît importante puisqu'elle
peut s'appliquer aussi à d'autres commissions. Je souhaiterais que vous
preniez avis de cette question-là, que vous examiniez vous-même,
bien sûr, mais aussi avec l'aide de conseillers en droit parlementaire,
la jurisprudence et les précédents pour en arriver à un
avis sur cette question parce que cela constituerait un précédent
grave, à mon avis, susceptible d'entraver et de paralyser le
fonctionnement même d'une commission parlementaire.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, sur le point de
règlement.
M. French: C'est sûr que ce règlement aurait
tendance à entraver le bon fonctionnement d'une obstruction
systématique, mais il est clair que le temps de parole, dans une
commission parlementaire, se définit et fonctionne de la même
façon qu'à l'Assemblée nationale. Si on a fait son
intervention et qu'on a écoulé son temps, on ne peut pas se lever
quinze minutes plus tard, à sa guise, pour présenter un
amendement, pour faire une autre motion. C'est très clair qu'on a une
enveloppe de temps limité et on utilise cette enveloppe de temps
à la fin, si nécessaire, ou on peut l'utiliser en morceaux pour
proposer des amendements, ce que certains membres de l'Opposition n'ont pas
fait vis-à-vis de l'article 1. Ils feront mieux la prochaine fois.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, M. le
député de Lac-Saint-Jean, je prends bonne note de vos remarques.
Je maintiens ma décision. Sans suspendre nécessairement les
débats pour ce soir - on pourrait poursuivre sur l'amendement
proposé par votre collègue - j'accepte de vous fournir, au cours
de la journée de demain, si on peut trouver un peu de temps, la
jurisprudence à l'appui de ma décision, qui est exactement -
à moins que je me sois mal exprimé ou qu'on ait mal compris cette
décision de jeudi dernier - semblable à celle que j'ai rendue
jeudi soir dernier. L'article 196 existe, bien sûr, l'article 69 du code
Lavoie et l'article 170 du recueil Geoffrion disent bien qu'il faut encore
avoir un temps de parole. Ce que j'ai dit, c'est que, dans votre cas
précis et dans le cas de Mme la députée de Johnson,
chronométré chez vous et à l'arrière ici, il ne
restait plus de temps. J'ai reconnu qu'il restait du temps pour votre
formation. Une façon, à mon avis, de se sortir de ce dilemme,
c'est, lorsqu'on fait des interventions, de se garder quelques minutes pour
pouvoir faire d'autres amendements.
Alors, tel est le sens de ma décision. Avec grand plaisir,
j'accepte de la mettre par écrit, demain, et de vous redonner ce que
j'avais donné à votre collègue de Gouin, jeudi soir
dernier, la jurisprudence à l'appui de cette décision et les
deux... Non, c'est sur une autre décision où il y avait deux
précédents. Je vais faire l'étude.
Si vous voulez, on peut peut-être poursuivre. Il .reste quinze
minutes et, dans le courant de la journée de demain, je rendrai une
décision pleine.
M. Brassard: Alors, je demanderais la parole sur l'amendement
proposé par mon collègue de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel): Comme l'amendement a
été déclaré recevable, je vous cède la
parole, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, j'ai bien
écouté, tout à l'heure, les propos du ministre, je l'ai
dit tantôt. Évidemment, il a souligné le trop grand nombre
de personnes constituant le conseil d'administration. Je pense que l'amendement
proposé par le député de Saint-Jacques pourrait
répondre à ses voeux. L'article 1.d) indique "cinq personnes
nommées par le gouvernement domiciliées dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal"; nous le
remplaçons par le suivant: "Neuf personnes nommées par le
gouvernement sur recommandation d'organismes socio-économiques
populaires et culturels domiciliées
dans différentes régions du Québec autres que celle
de Montréal." (23 h 45)
Pourquoi neuf, d'abord? Nous proposons neuf personnes au lieu de cinq.
Vous conviendrez que ça rappelle le nombre actuel de personnes
représentant les régions, c'est-à-dire les neuf
présidents régionaux qui siègent actuellement au conseil
d'administration de Radio-Québec. Donc, le chiffre neuf fait
référence aux neuf régions du Québec où Ton
retrouvait à la fois des comités régionaux et des bureaux
régionaux. Le chiffre neuf s'explique ainsi. Il fait donc
référence à ces neuf régions qui ont eu la chance
pendant quelques années d'avoir des bureaux régionaux et des
comités régionaux de Radio-Québec. Quatre de ces neuf
régions, malheureusement, verront leur bureau fermer d'ici à
quelques semaines, à la suite du diktat du ministre, de l'ordre formel
du ministre de fermer la boutique dans ces quatre régions dont l'Estrie,
la région de ma collègue de Johnson. Quant aux cinq autres, on
supprime les comités régionaux mais on garde les bureaux ouverts.
Ils deviennent en quelque sorte, selon l'expression utilisée par le
comité régional de chez nous, la région du
SaguenayLac-Saint-Jean, des comptoirs techniques de Radio-Québec
obéissant aux directives de la centrale, donc, n'ayant plus aucun lien
avec quelque comité régional que ce soit. Voilà l'origine,
l'explication du chiffre neuf.
M. French: Le chiffre neuf, c'est?
M. Brassard: L'explication du chiffre neuf fait
référence au fait qu'il existait et qu'il existe encore, pour un
certain temps, dans neuf régions du Québec, à la fois des
bureaux régionaux et des comités régionaux. Donc, il y
avait neuf régions qui avaient l'insigne honneur et l'insigne
privilège d'avoir une présence réelle de
Radio-Québec chez elles. Nous disons qu'il serait normal que ces neuf
régions, à tout le moins, se voient reconnaître la
possibilité de déléguer une personne chacune au nouveau
conseil d'administration de Radio-Québec. Par cet amendement, nous
tentons de maintenir la présence véritable des régions au
conseil d'administration, d'assurer le maintien d'une présence
régionale effective au sein du conseil d'administration. Je vous signale
que cela réduit de douze à neuf, par rapport à la
précédente motion du député de Saint-Jacques, le
nombre de membres du conseil d'administration, comme le souhaitait le
ministre.
D'autre part, une autre caractéristique de cet amendement, c'est
qu'il assure à la présence régionale la majorité au
sein du conseil d'administration. C'est un choix qu'on fait. C'est un choix
politique, c'est évident. Nous avons déjà choisi, en 1979,
d'assurer aux régions une majorité au sein du conseil
d'administration. Il nous semble que cette majorité devrait être
maintenue, conservée aux régions. En fixant à neuf le
nombre des personnes choisies dans les différentes régions du
Québec, on se trouve à maintenir et à assurer la
majorité à la présence régionale au sein du conseil
d'administration puisque les neuf représentants des régions
s'ajoutent aux cinq personnes nommées par le gouvernement, dont une
représentant le milieu de l'éducation - je me
réfère au projet de loi du ministre - plus les trois autres,
c'est-à-dire le président, le P.-D.G. et la personne
représentant les employés, ce qui fait neuf personnes originaires
des régions et les représentant et huit autres personnes
représentant divers milieux. Donc, cela assure une majorité aux
régions. Il nous semble, en tout cas, que ce serait souhaitable que le
ministre accepte qu'on maintienne dans le nouveau conseil d'administration
cette majorité à la présence régionale.
Je dirais que c'est là aussi l'occasion rêvée pour
nos collègues libéraux de redevenir raisonnables, de reprendre
contact avec la réalité régionale. Il y en a plusieurs qui
sont issus de régions. C'est là une occasion de retrouver, je
dirais, leurs racines régionales en acceptant cette proposition tout
à fait raisonnable, et de retrouver le sens de l'honneur. Ce que nous
leur proposons là, je pense, c'est ce qu'on pourrait appeler un
compromis honorable en matière de composition du conseil
d'administration, où l'on réduit, quand même, le nombre des
personnes composant cedit conseil, répondant ainsi à la
volonté du ministre, mais où l'on maintient la majorité
aux régions au sein dudit conseil. Je pense que les
députés libéraux venant des régions devraient
sauter sur l'occasion et accepter cette offre d'un compromis honorable,
raisonnable dans les circonstances.
L'autre élément important de cette motion d'amendement, M.
le Président, c'est le fait que ces neuf personnes sont nommées
par le gouvernement sur recommandation d'organismes socio-économiques
populaires et culturels des régions. Ai-je besoin de vous signaler que,
toutes les régions du Québec, que ce soit le
SaguenayLac-Saint-Jean, l'Est du Québec, l'Abitibi, la Mauricie,
le milieu communautaire est d'une richesse inouïe, considérable? II
y a une vitalité dans les organismes communautaires qui est tout
à fait remarquable, extraordinaire dans les régions. Je pense
à la nôtre. Je pense à une expérience comme celle
qu'on a vécue il y a quelques mois, qui était le sommet sur le
développement régional; d'autres sommets ont suivi, d'ailleurs,
l'un dans l'Outaouais il y a quelque temps. C'est là une manifestation
de la richesse du milieu communautaire des régions.
Par conséquent, compte tenu de cette richesse du milieu
communautaire des régions - on n'a qu'à penser, entre autres, aux
conseils régionaux nombreux; j'espère que le gouvernement va les
maintenir en place - il nous semble approprié et à propos de
faire en sorte que ces organismes communautaires soient appelés et
invités à faire des recommandations de personnes. Encore
là, je reviens un peu sur ce que j'ai dit tantôt, mes
collègues aussi, c'est une procédure connue - ce n'est pas une
procédure originale, c'est un mode de désignation connu, qui est
éminemment démocratique parce qu'on fait appel aux organismes du
milieu - de faire des recommandations. C'est le gouvernement qui choisit, qui
nomme, mais à partir des recommandations faites par les intervenants,
par les organismes socio-économiques représentatifs du
milieu.
Il nous semble qu'une proposition comme celle-là assurerait
l'indépendance des membres du conseil d'administration...
Une voix: Bravo!
M. Brassard: ...- oui, on peut aller jusque-là, si cela
vous convient - une large autonomie des personnes nommées, qui ne se
sentiraient pas sous la tutelle du ministre ni du gouvernement. Ces personnes
auraient le sentiment réel et véritable, d'ailleurs, de
représenter des organismes, un milieu, non pas simplement d'avoir
été désignées ou élues par le ministre, par
le pouvoir politique, ce qui leur assurerait une évidente autonomie au
sein du conseil d'administration. Elles ne se sentiraient pas, je dirais, en
dette politique à l'égard du ministre pour les avoir
nommées; elles auraient bien plus le sentiment de représenter le
milieu que de représenter le ministre ou le pouvoir politique.
Voilà pourquoi cet amendement me semble - je reprends
l'expression - un compromis honorable, compte tenu des propos tenus
tantôt par le ministre, que nous avons écoutés avec
beaucoup d'attention, je vous le signale. Je fais remarquer à mes
collègues ministériels que, contrairement à ce qu'ils font
très souvent quand on s'exprime, nous avons été
très attentifs aux propos du ministre. C'est vrai qu'il est très
avare de commentaires, très avare de remarques; alors, on les accueille
avec un intérêt très vif. On boit ses paroles quand le
ministre daigne nous parler. On a écouté très
attentivement ses propos tantôt. À moins que je n'aie mal
compris...
M. Bouierice: Vous avez bien compris.
M. Brassard: ...mais je pense que j'ai bien compris ses
remarques, je pense que cet amendement du député de Saint-Jacques
va dans le sens des propos tenus tout à l'heure par le ministre. Si on
accepte cet amendement, on atteint les objectifs du ministre, on réduit
le nombre de membres, c'est ce qu'il souhaite. Il veut assurer une meilleure
efficacité du conseil d'administration, c'est légitime comme
objectif. Toutefois, on atteint l'autre objectif qui est d'assurer une
représentation majoritaire, réelle des régions au sein du
conseil et de faire jouer un rôle déterminant aux milieux
communautaires, aux organismes, en les impliquant dans le processus de
désignation des personnes nommées. Pour tout cela, M. le
Président, j'aimerais beaucoup, cette fois-ci, que les... On me signale
un élément intéressant, je ne conclurai pas tout de suite,
M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Vous avez encore du temps, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Toujours dans le même article dont parlait
tantôt ma collègue de Johnson, M. Bujold a des propos excellents
qui confirment ce que je viens de dire. Le chef de cabinet du premier ministre,
lui-même, entérine...
M. Boulerice: L'amendement et les propos du ministre.
M. Brassard: ...et votre amendement et mon argumentation, aussi
les propos du ministre, je pense. "Sur les conseils d'administration, dit-il,
ce qui importe, c'est la compétence - tout le monde en convient -et la
représentation régionale du milieu." Excellent, cela.
M. Bouierice: C'est mot à mot.
M. Brassard: "Je travaille là-dessus, dit-il, avec Pierre
Bibeau et avec M. Bolduc; on regarde cela avec les ministres impliqués."
J'espère, M. le Président, qu'ils sont en train de regarder cela
avec le ministre des Communications. "Ce qui importe, dit-il, c'est la
compétence et la représentation régionale du milieu." Cela
va directement dans le sens de la motion du député de
Saint-Jacques. Je trouve que c'est vrai que c'est ce qu'on appelle un argument
d'autorité, qui a la valeur qu'on veut bien lui donner. C'est le chef de
cabinet du premier ministre. Je trouve que cela a une certaine valeur. C'est un
argument d'autorité que j'invoque tout de même pour faire en sorte
que, à propos de cet amendement, mes collègues de la commission
l'adoptent sans coup férir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. II est 23 heures 59 minutes et quelques
secondes; alors, si vous n'y voyez pas d'objection...
M. Boulerice: Je vais prendre les quelques minutes qui restent,
M. le Président.
Le Président
(M.
Trudel). M. le
député de Saint-Jacques, il ne vous reste pas quelques minutes,
il vous reste quelques secondes.
M. Boulerice: Quelques secondes. Et bien, je vais faire ce qu'on
fait quand il reste quelques secondes avant minuit, dire au ministre que la
nuit porte conseil sur mon amendement, de bien y réfléchir
jusqu'à demain, surtout qu'il fait le pont entre le directeur de cabinet
de son chef, lui-même, et le porte-parole de l'Opposition en
matière de culture. Enfin, en si peu de temps, M. le ministre, vous nous
auriez amenés à l'unanimité grâce à l'aide de
vos anciens amis de Westmount.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous ferais remarquer que vous utilisez déjà du
temps qui vous serait très précieux pour demain. Alors il est
minuit et, sur ce, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)