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(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture poursuit l'étude
détaillée du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec. Au
moment d'ajourner nos travaux hier soir - enfin, tôt ce matin, puisqu'il
était minuit très exactement - le député de
Saint-Jacques avait commencé à s'exprimer sur sa propre motion
d'amendement. Il y avait trente secondes d'évoulées sur autre
chose, évidemment, mais cela n'est pas le problème du
président.
M. le député de Saint-Jacques, si vous voulez
poursuivre.
Composition du conseil d'administration
(suite)
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Si vous voulez me
donner juste une petite seconde pour que je remplace mes papiers. Nous
étions en Chambre, au cas où vous ne le sauriez pas.
Le Président (M. Trudel): On peut suspendre.
M. Boulerice: Deux secondes.
Le Président (M. Trudel): Trente secondes.
M. Boulerice: Trente secondes. Vous êtes bien aimable.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
(Reprise à 11 h 35)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Saint-Jacques, est-ce que vous êtes
prêt à entamer cette journée de travail? En commission je
dis bien, car je sais que la vôtre a commencé beaucoup plus
tôt. M. le député de Saint-Jacques, je vous cède la
parole.
M. Boulerice: M. le Président, lorsque nous avons eu le
regret de nous quitter, hier soir, trop tôt, selon moi, puisque la
discussion semblait bien avancer et que, surtout, le ministre commençait
à montrer un intérêt certain.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Jacques, je vais reprendre la parole. Par
inexpérience ou par inattention, j'ai oublié de demander,
très officiellement pour les fins d'enregistrement au Journal des
débats, s'il y avait des remplacements. On m'a dit que M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) remplace M. Godin (Mercier) et, du côté du parti
gouvernemental, on ne m'a pas fait part de remplacements. Merci, M. le
député, je ne vous interromprai que si vous massacrez notre
règlement; sinon, la parole est à vous.
Reprise du débat sur la
motion proposant d'avoir
9 représentants des régions
M. Boulerice: M. le Président, je vous disais que nous
nous sommes quittés, hier soir, trop tôt, à mon avis, pour
l'excellente raison non pas que l'heure avançait, mais qu'on
commençait, avec la proposition que j'ai eu l'honneur de déposer,
à susciter un certain intérêt de la part du ministre des
Communications qui, sans doute, en fait une bonne lecture actuellement. Qui
plus est, cette proposition, M. le Président, semblait répondre
effectivement aux intentions politiques que semblait pouvoir donner, à
titre d'orientation de l'action gouvernementale, M. Rémi Bujold, qui est
le chef de cabinet du premier ministre, qui, lui aussi -le ministre en
conviendra - n'est pas un deux de pique, n'est-ce pas?
La proposition que je vous faisais était de remplacer le
paragraphe d de l'article 1 par le suivant: "Neuf personnes nommées par
le gouvernement sur recommandation d'organismes socio-économiques
populaires et culturels domiciliés dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal." Par cette
proposition, d'une part, nous voulions redonner un rôle aux neuf antennes
régionales de Radio-Québec qui ont toujours oeuvré, selon
le mandat de Radio-Québec et selon sa constituante.
Deuxièmement, nous voulions nous rapprocher de cette position
gouvernementale exprimée par M. Bujold et je le cite: "11 faut faire la
distinction entre les gens nommés sur les conseils d'administration et
les hauts fonctionnaires, qu'il faut forcément remplacer..." Je
n'appuierai pas trop sur le premier paragraphe, c'est le deuxième
qui
m'intéresse. "Sur les conseils d'administration, ce qui importe,
c'est la compétence et la représentation régionale du
milieu." Or, M. le ministre, je pense qu'en tant que représentation
régionale du milieu, rien n'est plus indiqué que l'amendement que
nous vous avons proposé, puisque, effectivement, nous faisons appel
à neuf personnes de différentes régions. Le libellé
le dit bien: "dans différentes régions du Québec autres
que celle de Montréal". Donc, nous rejoignons l'intention qu'exprimait
sans aucun doute le premier ministre par la voix de son directeur de cabinet;
un directeur de cabinet parle toujours plus ou moins au nom du ministre.
Deuxièmement, c'est la compétence. La compétence,
M. le Président, je pense qu'on la trouve également dans les mots
"sur recommandation d'organismes socio-économiques populaires". C'est,
justement, à partir d'un libellé comme celui-ci que nous avons
pu, à l'intérieur de différentes sociétés
d'État et d'organismes du secteur péri ou parapublic, tels les
hôpitaux, les CLSC, les conseils de services sociaux, les CRSSS, enfin
toute cette panoplie de sigles qui identifient les organismes
créés par l'État et qui jouent un rôle
extrêmement important dans la vie sociale du Québec mettre sur
pied des conseils d'administration qui fonctionnent très bien.
J'ai eu le plaisir, d'ailleurs, de participer à deux d'entre eux;
vous êtes sans doute au courant. J'ai eu le plaisir de participer au
conseil d'administration de l'hôpital Saint-Luc, un hôpital
universitaire très reconnu et situé dans le comté de
Saint-Jacques. À partir d'un libellé identique à celui que
je vous propose, nous avons formé un conseil d'administration où,
effectivement, les groupes socio-économiques populaires étaient
représentés. Cela permettez-moi de vous le dire a donné un
conseil d'administration extrêmement fort à l'hôpital
Saint-Luc. D'ailleurs, l'hôpital a célébré, l'an
dernier, son soixante-quinzième anniversaire; les
célébrations se sont faites sous l'impulsion du conseil
d'administration et vous avez pu voir un hôpital qui, longtemps,
peut-être un peu par masochisme de la population, a été
dénigré parce que c'était un hôpital du
centre-ville, commencer à reprendre du poil de la bête et se
livrer à des prouesses médicales, d'ailleurs, qui ont fait
l'étonnement et l'émerveillement de tous. Il a repris sa place en
termes de qualité et a, surtout, obtenu une présence
"médias" qui l'a véritablement aidé à se situer
dans tout le réseau des centres hospitaliers du Québec.
Dans le libellé, M. le ministre, nous avons inclus le mot
"culturels" parce qu'il va de soi... Quand je vous disais que la nuit porte
conseil eh bien, je ne l'ai pas consacrée au sommeil, mais bien
plutôt à la lecture de la transcription des débats de la
commission parlementaire sur la culture. J'ai failli en faire un
résumé que je pourrais remettre à me3 collègues de
l'autre bord pour leur faire gagner un peu de temps, mais cela, je pense qu'ils
vont être capables de le faire.
J'ai relu très attentivement les interventions des
différents organismes et des différentes associations qui se sont
présentés en commission parlementaire. On n'abordera pas la
question des équipements parce que c'est un autre débat que
j'entends plutôt poursuivre avec votre collègue, la
vice-première ministre et ministre des Affaires culturelles. Sauf que
tous, notamment les conseils régionaux de la culture et certains autres
organismes, ont fait part de leur volonté de s'impliquer davantage dans
le développement culturel des régions où ils habitent.
Donc, nous croyons que l'inclusion, dans l'amendement que nous vous proposons,
des représentants d'organismes culturels domiciliés dans
certaines régions permettra, d'une part, d'apporter une expertise, de
donner un éclairage nouveau aux discussions de Radio-Québec
puisque ces gens-là sont sur le terrain et on ne nie pas la valeur que
cela peut avoir d'être sur le terrain. Ils vont nous permettre, puisque
c'est là la deuxième mission de Radio-Québec, non pas
chronologiquement seulement, non pas en importance parce que, je pense,
qu'elles s'équivalent... L'éducation fait partie de notre culture
et avons-nous une culture sans éducation? Poser la question, c'est y
répondre. Les représentants d'organismes culturels pourront vous
aider, vous conseiller - quand je dis "vous", je parle du conseil
d'administration de Radio-Québec qui réunit vos
représentants à l'intérieur de cette boîte-là
- et vous permettre, M. le ministre, de renforcer le rôle culturel de
Radio-Québec, ce qui est souhaité par la quasi-totalité
des intervenants et par l'ensemble de la population du Québec,
unanimement d'ailleurs, à l'intérieur de la population du
Québec. Ils vous permettront de donner à Radio-Québec ce
sens qui est fort heureusement à l'encontre du sens que
dénonçait, d'ailleurs, votre collègue, la
vice-première ministre, lorsqu'elle citait M. Jacques de Bourbon-Busset,
je crois. Elle faisait appel, à ce moment-là, à un sens
très dirigiste. Comme elle le disait si bien en rapportant cette phrase
de Jacques de Bourbon-Busset: "Donner un sens à la société
n'a de sens que pour une société totalitaire," Je sais, M. le
ministre, que vous vous refusez, fort heureusement, à cette appellation
qui ne rendrait pas justice aux qualités de démocrate qu'on vous
a toujours reconnues et qui, je l'espère, se poursuivent après le
2 décembre, nonobstant le nombre fatidique de 99 députés
élus qui ne devrait pas obnubiler chez vous ces facultés qui se
sont exprimées de façon aussi intéressante pendant les
années précédentes. Elle disait: "Ce qui importe,
c'est de créer un cadre d'existence permettant à chacun de donner
un sens à sa propre vie."
La Société de radiotélévision du
Québec a à donner un sens éducatif et un sens culturel, et
a surtout à projeter une image "polyforme" du Québec, M. le
ministre, c'est-à-dire la composante de ce que le Québec peut
être, non pas une métropole, non pas une capitale plus que
centenaire, mais bien des régions qui, au fil des années, se sont
développées, ont profité de la richesse des gens qui les
habitent et ont fini par produire une culture non pas différente, mais
légèrement distincte de la nôtre, avec des
préoccupations qui sont sans doute liées à
l'environnement, aux populations qui les ont habitées.
Donc, avoir un conseil de "neuf personnes nommées par le
gouvernement sur recommandation d'organismes socio-économiques
populaires et culturels domiciliés dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal"
permettrait de donner à la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
à la région de l'Outaouais, à la région de la
Gaspésie, du Bas-du-Fleuve aux autres régions où
Radio-Québec est présente, un sens à la propre vie de ces
régions qui nous apparaît extrêmement important.
Je pense que cette proposition se situe, M. le ministre, dans une
relation d'aide dans ce dossier qui nous tient tant à coeur, à
vous et à moi. Elle se situe dans une recherche de consensus, elle se
veut un pont entre une vision un peu fonctionnarisée et
technocratisée comme celle de la rédaction de la loi. Je ne veux
pas faire injure aux rédacteurs juridiques, mais, comme j'en
fréquente, je sais qu'ils sont bons sur les libellés, mais quant
a l'expérience du terrain, malheureusement, leurs occupations ne leur
permettent pas de faire cela, ce qui nous est permis puisque nous
exerçons le métier de politiciens et que cela nous donne
l'occasion de fréquenter ces régions, de rencontrer les
populations et d'être à l'écoute de ces populations.
C'est un compromis. Mon collègue de Lac-Saint-Jean le qualifiait
comme tel. Ma collègue de Johnson y voyait les mêmes intentions,
M. le ministre. C'était très nettement dans le but d'arriver
à un consensus pour un conseil d'administration qui va satisfaire tout
le monde, y compris son père, le père de Radio-Québec
étant vous puisque vous en avez la responsabilité auprès
du Conseil des ministres et, forcément, de l'Assemblée
nationale.
Effectivement, je pense que vous ne pouvez pas vous permettre
d'être un mauvais père. D'ailleurs, puisque je parlais des
rédacteurs juridiques tantôt, vous savez qu'il existe une foule de
lois où on peut se permettre quelquefois de faire condamner des gens en
disant qu'ils n'ont pas agi en bon père de famille. C'est une expression
consacrée, d'ailleurs. Dans toute rédaction juridique...
Une voix: Une expression antique.
M. Boulerice: Une expression antique. Je pense que vous avez
là, de nouveau, M. le ministre... Pardon?
M. Brassard: Paterfamilias.
M. Boulerice: Paterfamilias. Je pense que vous avez là, M.
le ministre, une occasion rêvée de vous rétracter par
rapport à ce que certains ont voulu vous imposer. Mon Dieu pourquoi ne
pas puiser dans des enseignements anciens? Nous ne vous en tiendrons pas
rigueur. Comme le disait Talleyrand: "II vaut souvent mieux se rétracter
et s'en attribuer tous les mérites que de persister et être
finalement vaincu." Si ce n'est pas vaincu par un vote de la commission ou de
l'Assemblée nationale, ce sera vaincu dans l'opinion publique, ce que
vous ne souhaitez pas puisque déjà votre cote est forte, solide.
Il y a de la part de la population du Québec un respect envers le
député de Westmount que je partage, sauf que, malheureusement,
entre le député de Westmount et le ministre des Communications,
semble se creuser un gouffre que nous voudrions bien voir comblé. (11 h
45)
La résolution que l'on vous présente actuellement vise
essentiellement, M. le ministre, à combler ce gouffre-là,
à donner satisfaction à tout le monde, à réparer
les torts extrêmement graves que vos collègues ont causés
en refusant a pleines pelletées des organismes très
sérieux qu'on vous suggérait à une commission
parlementaire et qui auraient pu vous dire quelque chose. S'ils ne sont pas en
commission parlementaire pour faire un débat, ils seront quand
même présents puisqu'on parle d'organismes
socio-économiques populaires et culturels. Ils seront là pour
vous faire profiter de leur expérience dans la conduite des dossiers de
Radio-Québec, pour le progrès et le développement de
Radio-Québec.
Alors, M. le ministre, la parole est à vous. Vous nous avez fait
l'honneur hier, avant de quitter, de nous confier certains propos, certaines
réflexions que vous aviez sur Radio-Québec, et fait, je ne dirais
pas surprenant parce que rien de ce qui est noble chez vous ne me surprend,
mais fait étonnant, vous aviez sans doute un peu devancé notre
pensée et bien senti la bonne volonté que nous voulions
manifester en présentant ce projet d'amendement-là qui vise, je
vous le répète, à nommer neuf personnes sur recommandation
d'organismes socio-économiques populaires et culturels
domiciliés dans différentes régions du
Québec autres que celle de Montréal, ce qui, en terminant, je
vous le rappelle et je vous le répète, est un mode de
fonctionnement adapté à différentes institutions que l'on
rencontre au Québec.
Je vous ai dit que c'est dans les centres hospitaliers, les centres
locaux de soins communautaires, c'est dans les CRSSS; on retrouve cela,
d'ailleurs, dans les collèges d'enseignement général et
professionnel et on le retrouve même dans les conseils d'administration
de nos universités. Si cela est bon pour des organismes qui ont une
vocation extrêmement importante au Québec et qui, en l'occurrence,
d'ailleurs, sont très souvent appelés à collaborer avec
Radio-Québec, je ne vois maintenant aucune raison, à moins que ce
ne soit de la véritable mauvaise volonté, de la mauvaise foi de
votre part - et, encore là, je serais l'homme le plus
étonné de déceler cela chez vous -maintenant que vous nous
avez presque à demi-mot fait connaître hier soir votre
acquiescement à notre résolution, pour rejeter un amendement
comme celui-ci qui va donner, encore une fois, satisfaction à tout le
monde, d'abord et avant tout, à Radio-Québec, puisqu'elle va
pouvoir fonctionner tout en étant respectueuse d'autres
réalités. Radio-Québec n'aura pas mangé ses propres
enfants, comme c'était prévu en premier, alors qu'on les
enlevait. Là ils seront présents, puisqu'ils viendront de
différentes régions du Québec autres que
Montréal.
M. le ministre, je vous laisse là-dessus en espérant avoir
vos commentaires dans un premier temps et très assurément votre
accord à cette résolution qui m'apparaît, d'ailleurs - et
j'en discutais avec certains journalistes avant d'arriver - un heureux
compromis. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion d'en rencontrer qui vous
ont fait part de ce même commentaire. Ils estiment que c'est un heureux
compromis qui pourrait nous permettre de mettre fin à un débat
qui, sans devenir agressif, semble vous exaspérer. Nous, on n'a pas du
tout l'intention de céder là-dessus, sauf que l'on pourrait, le
pouvoir et l'Opposition, se présenter à l'Assemblée
nationale dans quelques heures et dire que, pour Québec, l'essentiel est
protégé et que voilà une mission accomplie. Nous rendrons
hommage, M. le ministre, à votre compréhension comme vous avez,
c'est bien entendu, rendu hommage à notre désir de collaboration
et à notre recherche de consensus.
Le Président (M. Trudel): Je rends, en effet, hommage, M.
le député de Saint-Jacques, à votre collaboration. Je
ferai, cependant, remarquer, pour vous aider, tout comme moi, à mieux
connaître votre règlement, qu'il est d'usage de s'adresser
à la présidence et non pas directement au ministre, la
présidence se chargeant, éventuellement, de transmettre tout ce
que vous dites au ministre. C'est bien connu dans nos règles
parlementaires.
M. Boulerice: M'adressant à vous, j'ai toujours le
goût d'anticiper, mais je sais que le premier ministre me
déçoit dans mes anticipations. C'est pour cela que je commets
souvent cette erreur.
Le Président (M. Trudel): Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Ce nouvel
amendement qui a été soumis par mon collègue de
Saint-Jacques, hier, dit: "Le paragraphe d de l'article 1 du projet de loi
modifiant la Loi sur la Société de radiotélévision
du Québec est remplacé par le suivant: Neuf personnes
nommées par le gouvernement sur recommandation d'organismes
socio-économiques populaires et culturels domiciliés dans
différentes régions du Québec autres que celle de
Montréal." Si je vous l'ai relu, M. le Président, c'est pour que
tous les membres de la commission se rendent compte que, par rapport à
l'amendement que nous avions soumis hier qui était, si vous vous en
souvenez bien... Il s'est dit tellement de choses que je me demande si les gens
de la commission...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y aurait moyen que les membres de la commission
parlent juste un peu moins fort que la députée qui s'exprime
actuellement, s'il vous plaît?
Mme Juneau: Cela me fait de la peine, M. le Président. Je
me rends compte que les gens de l'autre bord ne sont pas
intéressés à la société
Radio-Québec.
M. Brassard: Indifférents.
Mme Juneau: Cela les laisse indifférents parce que,
pendant que j'essaie de leur exprimer pourquoi, aujourd'hui, on a soumis un
amendement différent de celui d'hier, pas un d'eux ne m'écoute.
Il n'y a que le président qui était à l'écoute.
Même s'il lisait son Argus, il était à l'écoute
quand même.
J'étais en train de démontrer aux gens de l'autre
côté que, si nous avons présenté ce deuxième
amendement qui est tout à fait différent - je voudrais que vous
en preniez conscience, on vous l'a distribué hier - c'est qu'on
recommande ici que neuf personnes soient nommées par le gouvernement
tandis que, hier, on disait douze personnes. Vous voyez, on a diminué de
trois personnes le nombre de représentants au conseil
d'administration. Pourquoi a-t-on fait cela? Parce qu'on est des gens
qui écoutent. On est des gens qui ont entendu la voix du ministre qui
disait que douze personnes, c'était trop, que c'était impensable
de faire un conseil d'administration avec douze personnes. Donc, on s'est dit,
malléables comme on l'a toujours été: II est important
qu'on puisse en venir à prendre une décision entre les deux qui
serait à la fois acceptable par le ministre et par les gens de mon parti
politique.
Je vous disais qu'on écoute les gens. C'est ainsi qu'on peut, de
façon beaucoup plus éclairée, intervenir ici en commission
parlementaire. Je ne vous dérange pas, M. le député de
Viger?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Viger, je ne...
Mme Juneau: Si je vous dérange...
Le Président (M. Trudel): ...vous empêcherai pas de
parler, mais j'aimerais que vous preniez un ton de quelques décibels que
celui employé, déjà pas très haut, par la
députée de Johnson, s'il vous plaît.
Mme Juneau: S'il fallait que je me mette à crier, cela ne
serait pas drôle.
M. le député de Viger, si vous voulez, je vous cède
mon droit de parole, je reviendrai après. Vous savez, cela ne me
dérange pas, cela me ferait plaisir de vous entendre.
M. Maciocia: Je vous écoute religieusement.
Mme Juneau: Oui, comment faites-vous en parlant?
M. Maciocia: C'est vrai. Je vais cesser.
Mme Juneau: Bon, je vous remercie de votre condescendance, cher
monsieur. Toujours est-il que je disais que nous avons été
malléables vu que nous comprenions que le ministre avait certaines
réticences avec la proposition d'amendement que nous avions faite hier
soir. Nous en sommes venus à suggérer que seulement neuf
personnes soient nommées par le gouvernement et fassent partie du
conseil d'administration. Ces neuf personnes joueraient un rôle fort
important parce que ce serait des personnes recommandées par des
organismes socio-économiques populaires et culturels domiciliés
dans les différentes régions du Québec. C'est la raison
pour laquelle, M. le ministre, notre formation politique croit toujours que si
vous acceptiez qu'il y ait ces neuf personnes représentant nos neuf
régions, je pense que cela serait très positif pour la
société Radio-Québec et ce serait aussi très
positif pour votre formation politique. Comme je vous l'ai expliqué
hier, vous êtes en train de creuser un fossé pratiquement
insurmontable et vous allez avoir beaucoup de difficultés, dans le temps
qu'il vous reste pour gouverner, à surmonter ce fossé
infranchissable.
Je disais aussi hier, M. le ministre, si vous vous souvenez bien - je
sais que vous m'avez écoutée religieusement, étant
donné que vous êtes principalement concerné par ce dossier
- dans une intervention précédente que je cherchais la raison qui
vous avait fait agir de cette façon. Je me posais de sérieuses
questions. Je me disais: Ce n'est pas le fait de faire une compression comme le
ministre l'avait présentée à Radio-Québec. Ce
n'était pas du tout cela. Le ministre sait très bien et tout le
monde sait, parce que tout le monde l'a décrié, que le conseil
d'administration avait fait le partage ou départagé ces
compressions de 8 000 000 $ qui égalisent 13,3 % des coupures à
Radio-Québec. Donc, M. le ministre, en arrivant chez moi hier, vous
pensez que je me suis couchée? Erreur!
M. French: Vous avez regardé le match Maroc-Pologne.
Mme Juneau: Je ne me suis pas couchée, M. le ministre.
Savez-vous ce que j'ai fait? J'ai pris le Journal des débats du 20 mai
et j'ai relu votre intervention à plusieurs reprises.
M. French: C'est une masochiste.
Mme Juneau: Non, non, absolument pas. Je pense que, d'un autre
côté, j'ai essayé de comprendre pourquoi vous vous opposez
à la recommandation que nous vous faisons de bien vouloir accepter
d'introduire un amendement à l'article qui parle de réduire
à cinq le nombre de personnes nommées par le gouvernement. Donc,
j'ai lu et relu votre intervention. À mon point de vue remarquez que ce
n'est peut-être pas le vôtre, mais c'est le mien - ce n'est pas
compatible avec ce qu'on vit aujourd'hui. J'ai lu, entre autres, que vous
disiez à un certain moment dans votre intervention, en parlant toujours
de Radio-Québec: "Elle est de plus en plus aimée par de plus en
plus de Québécois et de Québécoises." C'est vous
qui avez dit cela, M. le ministre. "Si je prends quelques exemples
d'émissions, vous allez comprendre tout de suite pourquoi
Radio-Québec est importante, pourquoi elle est appréciée -
c'est beau - et pourquoi, dans l'essentiel, on ne peut pas la critiquer, d'une
part, d'être trop à gauche, trop engagée socialement
indûment, trop activiste et justement un abri de personnages militant de
façon illégitime. D'autre part, c'est faux de dire que c'est une
télévision vulgairement
commerciale comme les autres."
M. le ministre, vous avez dit cela le 20 mai dans votre intervention sur
la prise en considération de la loi 61. Cela m'a drôlement
surprise. Je me suis posé de sérieuses questions. Je me suis dit:
Est-ce possible que ce même ministre soit en train de sabrer dans la
société à ce point? Je me suis rendu compte que ce
n'était peut-être pas une décision qui venait de vous, tel
que je l'ai dit hier quand j'ai exprimé ce que M. Bujold disait, te
même M. Bujold dont on parlait hier, le directeur de cabinet.
Je lisais aussi un autre petit bout de votre intervention, M. le
ministre: "Ce qui fait que Radio-Québec joue un rôle important et
sérieux dans le paysage télévisuel, si important et si
sérieux qu'elle est devenue, depuis trois ou quatre ans, d'ailleurs
essentiellement - cela m'a ouvert une petite lumière - depuis que le
P.-D.G qui est là actuellement a pris une place importante à
Radio-Québec, qui commence à attirer la critique d'un certain
nombre de personnes..." Je me suis dit: Ah! C'est peut-être le
déclic qu'il me fallait pour être capable de comprendre pourquoi
le ministre avait agi ainsi et souhaitait aller jusqu'au bout avec son
idée, avec sa loi, avec son "bulldozage". (12 heures)
Je me souviens très bien que, lorsqu'on vous a posé des
questions sur l'avenir de Radio-Québec en Chambre, vous vous en
êtes toujours remis à ce que le P.-D.G. vous disait. Vous avez
dit: C'est un homme bien informé. Il a été nommé
par votre formation politique. Il fait une bonne "job". C'est pour cela que je
crois que c'est important que cela soit fait ici, parce que ce sont les
recommandations du P.-D.G. Si je mets les recommandations du P.-D.G. avec les
recommandations de M. Bujold, là, je me pose de sérieuses
questions. Je me dis: Le ministre avait certainement les mains
attachées. Il a été obligé de faire des choses
qu'il n'aimait pas. Oui? Mais il n'aime pas cela faire la loi 61, il n'aime pas
cela diminuer le conseil d'administration. M. le Président; vous dites
que je ne suis pas pertinente, je parle toujours du conseil
d'administration,,
Le Président (M. Trudel): Je ne pense pas qu'on puisse
jamais retrouver au Journal des débats que je vous ai dit que vous
n'étiez pas pertinente. Je n'ai jamais dit que vous étiez
impertinente, à tout le moins.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais
tenter de discuter exactement sur l'amendement que nous avons, mais je ne
prétends pas que je m'en étais éloignée. Je parlais
toujours de la décision du ministre et de ceux qui l'entourent.
Pour l'avoir relu hier, avant de me coucher bien sûr, je me
souviens, M. le ministre, que vous avez dit: 21 membres au conseil
d'administration, c'est un "pâwâ". Oui, c'est ce qu'il a dit en
Chambre. Cela m'a surprise parce que les "pâwâ" que je connais
n'étaient pas de cet ordre. Je me souviens que mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest, a alors posé la question suivante:
Est-ce que vous considérez que le conseil des ministres à 25 ou
26 personnes est un "pâwâ"?
M. French: Vous me faites dire des affaires!
Mme Juneau: Je comprends, c'est vous qui l'avez dit.
M. French: Je vous ai répondu deux fois. Je vous ai
expliqué.
Mme Juneau: Si ce n'est pas un "pâwâ", le Conseil des
ministres, comment se fait-il que 21 personnes, trois ou quatre de moins, vous
dites que cela pourrait être un "pâwâ"!
Je considère que les membres du conseil d'administration ont
toujours, en toute circonstance, pris des décisions complètement
conformes au mandat qui leur avait été confié. Je ne crois
aucunement, mais aucunement, je vous l'assure, que le conseil d'administration
par le passé, avant que vous soyez obligés de faire des
compressions, ait eu des difficultés avec ces 21 personnes à
diriger une botte aussi importante que la société
éducative et culturelle, notre télévision.
Depuis ce temps, M. le Président, le ministre a
décidé de comprimer et de diminuer la taille du conseil
d'administration et surtout de nous présenter un article, à notre
point de vue, irrationnel. Irrationnel, M. le ministre, parce qu'on met votre
intégrité en jeu. En somme, vous dites: Ce sera cinq personnes
nommées par le gouvernement. Ne pensez-vous pas que cela serait
important qu'elles soient recommandées par le milieu? À ce
moment-là, vous seriez en mesure d'acquiescer à des propositions
émergant des gens qui suivent les débats à L'autre
télévision, qui aiment les programmes de L'autre
télévision, et qui sont des gens très sérieux. Je
vous ai mentionné hier quelles fonctions ces gens qui forment le conseil
d'administration, occupaient dans la vie quotidienne.
Donc, M. le ministre, vous êtes conscient que, même si
c'étaient des gens qui étaient présentés par des
comités régionaux ou des associations reconnues, je pense que
cela serait à votre avantage puisque cela vous aiderait à prendre
une décision sage et éclairée. Vous auriez au conseil
d'administration de Radio-Québec des gens qui pourraient faire un
travail extraordinaire pour continuer ce que la
Société de radiotélévision du Québec
fait depuis 1979, en augmentant l'excellence, en augmentant la qualité,
en augmentant la cote d'écoute, en lui permettant aussi de
s'autofinancer quelque peu. Je dis quelque peu parce qu'on est conscient qu'on
pourrait peut-être apporter davantage d'autofinancement ce qui
réduirait l'intervention gouvernementale. M. le ministre a reconnu
lui-même - M. le Président, êtes-vous conscient de
ça? - qu'il avait trop exigé en demandant 25 % d'autofinancement.
À Radio-Canada il n'y a même pas cela; il y a 18 % à peine.
Le ministre lui-même s'en est rendu compte.
M. French: J'ai toujours été d'accord avec
ça.
Mme Juneau: II est d'accord, à part ça. Il s'est
rendu compte, en conférence de presse, qu'il avait trop exigé de
la Société de radiotélévision du Québec.
Pourquoi en est-il conscient? Parce qu'il a écouté certaines
personnes. Mais, s'il avait voulu écouter toutes les autres personnes
qui seraient venues en audiences publiques, il aurait été encore
beaucoup plus éclairé pour prendre cette décision grave
que nous aurons à prendre, sinon dans la journée, peut-être
demain. Le ministre aurait intérêt à penser que
l'Opposition ne fait pas d'amendement pour faire des amendements. L'Opposition
fait des amendements pour aider le ministre à prendre une
décision éclairée. L'Opposition croit fermement qu'en
présentant ces amendements, le ministre va au moins ouvrir ou
entrebâiller une porte pour nous laisser entrer et l'informer d'une
façon substantielle sur la manière de procéder dans ce
projet de loi 61. J'ai lu dans une revue intitulée "Ma Caisse" et que
tout le monde reçoit au Québec et qui est du système
coopératif bien extraordinaire - ce n'est pas que je demande au ministre
de mettre la Société de radiotélévision du
Québec dans un système coopératif - quelque chose qui m'a
fortement impressionnée. On disait dans la revue: "Face è leur
propre culture - et je vais le montrer au ministre - les
Québécois déchantent." Pourquoi les
Québécois déchantent-ils, M. le ministre?
M. French: Excellente question.
Mme Juneau: C'est cette question que je me suis posée hier
soir avant de me coucher. J'ai lu tout cela et, même si dans la revue "Ma
Caisse" on parlait des écrivains, des chanteurs, des sculpteurs, des
personnes qui dans toutes les facettes du mot artiste sont des artistes, cela
m'a amenée à penser que, si on accepte tout bonnement votre
proposition, nous empêcherons ces artistes du Québec d'être
représentés ou de pouvoir, à l'image du petit écran
ou de l'autre écran de télévision, se produire.
Vous savez, quand j'ai fait l'énumération hier des
personnes qui faisaient partie de votre conseil d'administration, je suis
sûre que vous avez remarqué que la plupart des membres du conseil
d'administration était des gens qui, soit au cégep, soit à
l'université, étaient reliés de façon très
proche à ce qu'est une télévision. Je vous ai dit qu'il y
en avait un qui était dans l'audiovisuel, un autre qui était dans
les services éducatifs. Il y en a d'autres qui sont au centre culturel.
Leurs fonctions étaient toutes rattachées, en quelque sorte, au
travail et aux décisions que ces gens-là doivent prendre, ayant
formellement adhéré à un conseil d'administration qui est
celui de Radio-Québec.
M. le ministre, j'ose espérer, du plus profond de mon âme,
que tout ce qu'on vous dira ici pour vous faire fléchir sur le nombre de
personnes ou la représentativité des personnes, c'est important.
Et je vous ai entendu hier mentionner que vous recherchez avec les gens qui
vous entourent une façon d'appliquer cette
représentativité qui, pour nous, est une phase extrêmement
importante et qui, à notre point de vue, serait très importante
aux yeux du ministre. Pour tout cela, M. le Président, et pour toutes
les personnes aussi qui, dans les différentes régions du
Québec, se sont dites contre la politisation de Radio-Québec et
qui ont parlé du conseil d'administration et qui souhaiteraient que le
ministre soit plus compréhensif, pour toutes ces personnes au
Québec, j'implore le ministre qu'il veuille bien nous écouter et
qu'il fasse en sorte que le conseil d'administration soit représentatif
de nos régions différentes et distinctes. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Est-ce qu'il y a d'autres
députés de la commission qui voudraient s'exprimer sur la motion
du député de Saint-Jacques?
M. French: Est-ce que nous avons entendu tous nos amis d'en face,
M. le Président?
M. Brassard: Mme la députée de Maisonneuve,
malheureusement, est occupée en Chambre. Elle aurait bien aimé
s'exprimer là-dessus.
Mme Juneau: Est-ce qu'on peut conserver son droit de parole?
M. French: Non.
M. Boulerice: En vertu de quel article déjà?
Le Président (M. Trudel): Cela ne se met pas en
boîte de conserve.
Cela ne se met pas au réfrigérateur.
M. Brassard: Nous avons peut-être réussi à
convaincre le ministre.
Le Président (M. Trudel): Je vais appeler le...
M. Brassard: Est-ce que le ministre a des remarques à faire sur
notre amendement?
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, avez-vous des
remarques à faire sur l'amendement du député de
Saint-Jacques?
M. French: Oui, M. le Président. Mes remarques sont celles-ci. Si
j'ai indiqué que je serais intéressé à trouver une
formule, s'il en existe une, ou que je regrettais qu'il ne semble pas exister
une formule qui nous permettrait d'assurer une certaine
représentativité géographique du Québec, je ne suis
quand même pas pour jouer le jeu jusqu'à aller au point où
nos amis d'en face veulent en venir, soit à une majorité absolue
pour les régions ou pour les parties non montréalaises du
Québec au sein du conseil d'administration. Il me semble un peu curieux
que ce soit ce que l'Opposition nous demande de faire. C'est une drôle de
contradiction avec ce qu'ils nous ont offert comme analyse de nos
décisions et de notre projet de loi depuis le début. L'Opposition
nous disait! On ne respecte pas la démocratie. La première
surprise, c'est qu'en soumettant un projet de loi à l'entité
représentative de tous les Québécois, soit
l'Assemblée nationale, on ne respecte pas la démocratie. La
deuxième surprise encore plus grande, c'est de se faire offrir un
amendement au projet de loi qui veut assurer la majorité de la
représentation au conseil d'administration de Radio-Québec aux
régions ou aux parties non montréalaises du Québec, alors
que ces mêmes parties n'ont qu'à peu près 40 % à 45
% de la population du Québec et la région de Montréal a
quelque chose comme 55 % à 60 % de la population du Québec. Je ne
serais pas obsédé par ces pourcentages si nos amis d'en face ne
s'évertuaient pas tant sur leur esprit de démocratie. Mais un des
principes fondamentaux, si on veut parler de la démocratie, c'est la
représentation de la population. C'est un principe qui est contredit de
façon flagrante dans l'amendement qui nous est offert actuellement par
l'Opposition.
Encore une fois, je ne serais pas prêt à observer
religieusement ce genre de proposition, d'autant plus que j'ai assez de respect
pour les individus nommés "at large", s'ils le sont vraiment, à
un conseil d'administration, comme c'est le cas pour la très grande
majorité des conseils d'administration des sociétés
d'État du Québec, pour croire qu'ils vont faire abstraction de
l'esprit de clocher qui pourrait les animer dans certaines circonstances et
qu'ils vont veiller à ce que le bien général de
Radio-Québec soit respecté. Mais je ne suis pas pour jouer le jeu
au point d'accepter cette motion. Un gouvernement ne pourrait pa3 accepter neuf
personnes parce que, encore une fois, c'est en flagrante contradiction avec la
notion d'une représentation à peu près proportionnelle des
populations en question.
Deuxièmement, pour ce qui est des organismes et de leurs
recommandations, j'ai vu comment cela fonctionne depuis six mois, mais je n'ai
aucune espèce d'intention de m'enliser dans cette notion tant
chérie de nos amis d'en face, à savoir que les organismes
socio-économiques populaires... On sait ce que cela veut dire, c'est une
tranche très respectable et importante de la réalité
sociale du Québec, mais pas une tranche qui épuise, en aucune
manière, le pluralisme de la société
québécoise, la diversité de la société
québécoise. Ce n'est pas parce qu'il y a un groupe de personnes
qui se nomment elles-mêmes, d'une place à l'autre, dans une
certaine partie de la société et qui travaillent bien dans
certains cas, et même dans plusieurs cas, que ces gens vont avoir le
monopole des recommandations pour les nominations au conseil d'administration
de Radio-Québec ou à n'importe quel autre conseil
d'administration qui n'a pas comme vocation spécifique de se vouer, au
genre d'activité dont il est question pour les organismes en
question.
Alors, il y a deux problèmes dans l'amendement et deux raisons
pour lesquelles on ne peut pas l'appuyer. D'une part, nous ne pouvons pas
appuyer le nombre de personnes dont il est question. Deuxièmement, nous
n'avons pas l'intention de nous enliser dans le genre de procédurite qui
ne garantit nullement, je le répète, la neutralité, ni la
représentativité des nominations qui en ressortent. Je pourrais
faire un long débat, mais je ne le ferai pas, car cela ferait trop
plaisir à nos amis d'en face, sur ce que cela a fait dans les
comités régionaux de Radio-Québec. Je n'ai pas l'intention
de m'embarquer dans ce genre de mécanisme. Donc, le gouvernement sera
obligé de rejeter l'amendement soumis par nos amis d'en face.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Alors,
j'appelle le vote sur l'amendement proposé hier soir par le
député de Saint-Jacques.
Mme Juneau: Vote nominal, s'il vous plaît!
Le Président (M. Trudel): Vote nominal, Mme la
députée de Johnson? Avec grand plaisir. M. French
(Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président. M. French:
J'appelle cela contre!
M. Boulerice: "Micro muncher. Microphone eater."
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Maciocia (Viger)?
M. Maciocia: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre.
Mme Juneau: M. le Président, comment se fait-il que ce
n'est pas le député de Sherbrooke qui a demandé le
vote?
La Secrétaire: Pour: 3; contre: 7; abstentions: 1.
Le Président (M. Trudel): La motion du
député de Saint-Jacques est rejetée par 7 voix contre 3.
M. le député de Saint-Jacques.
Motion proposant 13 membres dont
10 ayant une représentativité
géographique, professionnelle
et socioculturelle
M. Boulerice: M. le Président, malheureusement, à
la suite d'un autre refus de la partie ministérielle, j'ai le plaisir de
vous présenter un autre amendement à l'article 1, qui se lit
comme suit: "L'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est modifié: 1. par la
suppression du paragraphe c; 2. par le remplacement du paragraphe d par les
suivants - je vous prierais d'être attentif, M. le ministre - d) cinq
personnes nommées par le gouvernement sur recommandation d'organismes
socio-économiques, populaires et culturels domiciliés dans
différentes régions du Québec autres que celle de
Montréal; d.1) deux personnes nommées par le gouvernement sur
recommandation d'organismes socio-économiques, populaires et culturels
domiciliés dans la région de Montréal;"
Une voix: Point-virgule?
M. Boulerice: "d.2) trois personnes nommées par le
gouvernement .dont deux représentant les milieux de la
télévision et une représentant les milieux de
l'éducation nommée sur la recommandation du ministre de
l'Éducation.
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre quelques
secondes, M. le député de Saint-Jacques, avant de statuer sur la
recevabilité de votre amendement.
(Suspension de la séance à 12 h 20)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M. Trudel): Que voilà une
décision rapide, me direz-vous, M. le député de
Saint-Jacques! Je déclare votre motion d'amendement recevable. Est-ce
que je vous cède la parole ou est-ce que je la cède à
quelqu'un de votre groupe?
M. Boulerice: Donnez-la, s'il vous plaît, à mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, au stade où on est
rendu en commission parlementaire, à l'étape de l'étude
détaillée d'un projet de loi comme celui-là, je voudrais
vous signaler que, comme Opposition, nous tentons, nous essayons de jouer un
rôle
constructif et positif. Cela fait maintenant, je pense, le
troisième ou le quatrième amendement que l'on propose à
l'article 1 pour améliorer et bonifier cet article qui concerne la
composition du conseil d'administration. On s'est buté, jusqu'à
maintenant, à un refus catégorique de la part du ministre de
considérer toutes nos propositions, à un entêtement qu'on
pourrait qualifier de borné, avec une pointe d'arrogance et de
mépris. Cette fois-ci, M. le Président, on arrive avec une
proposition d'amendement qui, à mon avis, devrait être acceptable
pour le ministre, du moins, je l'espère. Sinon, je considérerais
tout ce qu'on fait en cette commission pour tenter d'améliorer le projet
de loi comme de l'énergie gaspillée.
J'ai écouté, depuis qu'il est sorti de son silence - cela
ne fait pas tellement longtemps - les remarques du ministre. 3e vous signale
que l'une de ses remarques importantes était la suivante. Il l'a maintes
fois mentionnée dans son discours en deuxième lecture, il l'a
répétée souventefois également en dehors de cette
Chambre. M. le ministre, vous avez souventefois invoqué le trop grand
nombre de membres du conseil d'administration de Radio-Québec. Nous,
cela ne nous apparaissait pas vrai. On pensait qu'il valait mieux avoir un
conseil d'administration plus représentatif, même s'il comptait
plus de 20 membres. L'un de vos objectifs était de réduire le
nombre. Très bien, vous voulez réduire le nombre. On a
tenté de vous convaincre du contraire, en vain. Tous nos amendements
allant dans ce sens ont été rejetés, battus. Nous revenons
cette fois-ci... Je le signale, M. le ministre, et cela m'apparaît
important que vous en preniez conscience et je suppose que mon collègue
de Saint-Jacques est en train de vous convaincre en ce sens.
M. Boulerice: Oui. Tu t'en sors bien.
M. Brassard: Cela m'apparaît important que vous en preniez
conscience: nous nous résignons - il faut le dire, c'est de la
résignation - à accepter le nombre d'administrateurs que
constituait votre objectif, c'est-à-dire treize membres. Vous y teniez
mordicus, vous y teniez avec acharnement. On a essayé de vous convaincre
du contraire, mais cela a été inutile, sans effet. Très
bien, parfait, treize membres.
M. French: M. le Président, si l'Opposition est
sérieusement intéressée, est-ce que vous seriez
intéressé à ce que j'essaie de lui indiquer ce que je vois
comme problème? J'aimerais poser des questions pour essayer de
comprendre un peu mieux.
M. Brassard: Si vous voulez...
M. French: Vous n'entrez pas dans votre enveloppe à ce
moment.
M. Brassard: ...engager le dialogue, M. le ministre, pour
essayer, sur la base de l'amendement de mon collègue de Saint-Jacques,
d'arriver à un consensus, ma foi, M. le Président, je suis tout
disposé à céder la parole au ministre.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: II y a un problème avec l'amendement, M. le
Président, c'est qu'au lieu d'avoir un minimum de représentants
régionaux, on a figé la proportion Montréal et
régions. Dans la loi actuelle, il y a un potentiel po'ur plus de
représentation régionale qu'il n'y en aurait à la suite de
l'amendement. Cela me préoccupe parce que notre intention était
d'assurer une représentation minimale, qui pourrait monter, des
régions. Or, avec l'amendement, nos mains sont encore plus liées
et, en quelque sorte, on garantit une sorte...
M. Brassard: Est-ce que vous faites allusion à d.l)?
M. French: Non, mais je vois qu'avec d.2) vous allez me dire que
cela peut être régional comme cela peut être
montréalais.
M. Brassard: Oui.
M. French: D'accord. Ce qui me préoccupe dans cela, c'est
de faire en sorte qu'on parvienne, avec toutes ces recommandations d'organismes
à droite et à gauche, à une cohésion minimale et
à une coordination des nominations à droite et à gauche.
Je ne pourrai pas accepter qu'on s'enlise dans plus de mécanismes. Je
vois bien que mon point sur la représentativité relative, ce
n'était pas juste. Je perçois mieux les droits des deux
maintenant.
Je reste incapable d'acheter, M. le Président, le genre de
spécification et de procédurite occasionnées par cet
amendement et par toute nécessité d'agir sur recommandation
puisque je ne considère pas que cela augmente la
représentativité, au contraire. Ma préoccupation a
toujours été, et j'ai pensé en cela rejoindre
l'Opposition, une représentativité géographique. Si on
essaie d'avoir une représentativité géographique,
professionnelle et socioculturelle dans un seul article pour un conseil
d'administration de treize personnes, on n'y parviendra pas.
Ce qui m'intéresse, ce serait un amendement, si on pouvait
s'entendre sur une proposition, qui donnerait satisfaction à
l'Opposition dans le sens que cela donnerait la possibilité d'avoir un
peu plus de
flexibilité à l'intérieur et peut-être
d'augmenter le nombre. Je refuse et je refuserai toujours... L'Opposition a le
droit de continuer, je ne veux pas lui enlever ce droit. Je n'ai pas d'ailleurs
protesté outre mesure. J'ai tout simplement souligné
l'opération dans laquelle elle s'était engagée. Elle peut
continuer tout ce qu'elle veut. Je je n'accepterai pas plus de
spécifications et plus de complexité et une tentative de
représentativité qui va dans trois sens encore une fois,
géographique, professionnelle ou sectorielle et socioculturelle. Ce sont
trois éléments qui s'entrecroisent créant une série
d'engrenages qui tournent, qui vont paralyser le processus de prise de
décisions dans un conseil d'administration. (12 h 30)
Alors, si l'Opposition est intéressée, je pourrais
imaginer qu'on aurait un peu plus de monde. Si l'Opposition est prête
à coopérer là-dessus, je pourrais proposer quelque chose.
Je pourrais échanger avec elle pour essayer de voir comment on peut
faire cela. Ma préoccupation, encore une fois, c'est la
représentativité géographique, mais je ne pourrais pas
m'embarquer dans d'autres types de représentativité, car la
représentativité ne serait pas bien servie par le
mécanisme dont il est question, malgré les discours à cet
effet de l'Opposition.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'aimerais qu'on essaie de bien se comprendre.
Est-ce que le ministre est en train de me dire qu'il serait prêt à
accepter qu'il y ait un plus grand nombre de personnes qui soient issues des
régions que les cinq qu'on retrouve et dans son projet de loi et dans
l'amendement même du député de Saint-Jacques?
M. French: Cela pourrait être un plus grand nombre.
M. Brassard: Deuxièmement, est-ce que ce qui embarrasse ou
agace le ministre, c'est la procédure qui implique la recommandation par
des organismes communautaires?
M. French: Le genre de réglementation et le genre de
procédurite qui se bâtissent autour de cela me préoccupent,
M. le Président. Je dis que, s'il y avait une autre formule qui pourrait
alléger le processus, qui pourrait être moins spécifique
sur la nature de l'organisme dont il est question, je serais prêt
à en discuter. Mais je ne suis pas prêt à accepter cette
formule qui est essentiellement basée, si je ne m'abuse, sur l'ancienne
loi en ce qui a trait aux régions.
M. Boulerice: C'est quel article?
Le Président (M. Trudel): Un instant, M. le
député de Saint-Jacques, M. le ministre va poursuivre sa
réponse.
M. French: C'est l'article 19.3 de la loi actuelle, M. le
Président, qui ne crée pas des comités régionaux
représentatifs. Je m'excuse, mais ce n'est pas le cas. Si vous voulez
faire le débat, je suis prêt à faire le débat. Je ne
veux pas faire un débat parce que je ne pense pas que cela va
éclairer les choses. Ce n'est pas le cas que ces comités
régionaux soient vraiment représentatifs. Par contre, cela
crée énormément de règlements, de va-et-vient,
d'échanges de bons procédés entre certains acteurs
régionaux, mais qui ne nous amènent pas nécessairement les
résultats supposément escomptés. Je n'insulte personne, je
ne critique personne pour cela. Cela a été adopté à
l'unanimité des deux partis politiques à l'époque, mais
l'expérience démontre que cela n'est pas satisfaisant.
M. Brassard: M. le Président, j'aimerais bien qu'on puisse
parler de cette expérience. C'est vrai que je n'ai jamais
été ministre titulaire des Communications, mais en régions
j'ai suivi d'assez près la procédure de nomination et de
constitution des comités régionaux. Cela ne réapparaissait
pas, à première vue, si lourd que cela, si inefficace que cela.
On faisait appel, dans un premier temps, aux organismes régionaux: on
leur demandait de suggérer, de proposer ou de recommander des noms de
personnes. Et le ministre, à partir de la liste des personnes
recommandées, faisait le choix. Le pouvoir ultime de sélection
appartenait au ministre.
M. French: Exactement, M. le Président. Donc, on
dépend toujours de la bonne foi du ministre. Sous le gouvernement
précédent, sous le gouvernement actuel, sous la loi
précédente, sous la loi actuelle, cela dépendra toujours
de la bonne foi, de l'intégrité, de la compétence et du
jugement du ministre. Pourquoi s'enliser dans le processus?
M. Brassard: II y a, à tout le moins, un appel au milieu
de faire des recommandations. Cela m'apparaît un élément
intéressant.
M. French: Là-dessus, je serais prêt à
imaginer une forme d'invitation générale.
M. Brassard: Est-ce que le ministre serait disposé
à remplacer le terme - je vous donne cela comme suggestion, comme
hypothèse - "recommandation" par le terme "consultation"?
M. French: Non, M. le Président, je pense que ce serait
pire. Je ne serais pas prêt à cela. Je chercherais cependant
une
formule que je ne voudrais pas appliquer, soit dit en passant, aux
nominations du ministre de l'Éducation, parce que je ne pourrai pas,
sans le consulter...
M. Brassard: Je vous signale que dans notre amendement, c'est:
"un représentant de3 milieux de l'éducation nommé sur la
recommandation du ministre de l'Éducation".
M. French: D'accord. On peut en parler à ce
moment-là, je pensais que vous aviez repris la formule.
M. Brassard: Pour les deux représentants des milieux de la
télévision, on n'introduit pas cette procédure, non plus.
C'est le gouvernement qui nomme deux représentants des milieux de la
télévision, mais sans indiquer une procédure.
M. French: Oui, mais peut-être faudrait-il, M. le
député de Lac-Saint-Jean, si je peux vous le dire avec respect,
que Ton recommence à zéro plutôt que de partir de
l'amendement. Il me permet de vous exprimer quels sont mes objectifs et quelles
sont mes réactions, mais peut-être ne devrait-on pas essayer de
réparer l'amendement. Je ne vous demande pas de le retirer, je vous dis
que, pour les fins de la discussion, on pourrait essayer de repartir à
neuf. Je serais prêt à imaginer une formulation qui indiquerait
que le ministre ou le gouvernement, par l'entremise de Radio-Québec,
pourrait, au moment des nominations, lancer un appel de candidatures d'ordre
très général, qui impliquerait à peu près
tous les intervenants et pas juste les intervenants des organismes
socio-économiques populaires et culturels, mais qui ferait en sorte que
la population pourrait faire des recommandations. Je ne suis pas contre, parce
que je pense qu'il y a effectivement un problème sévère de
nominations que j'ai constaté sous le gouvernement
précédent et que je constate sous le gouvernement actuel, c'est
qu'on est tous dans des sentiers relativement battus et qu'on a de la
misère à s'en sortir. L'imagination dans les nominations
publiques, c'est une certaine rareté.
Quant au moyen de générer plus de candidatures surprises
ou originales qui ne gravitent pas autour des deux partis politiques, je ne m'y
oppose pas; il ne faudrait pas, non plus, qu'elles gravitent autour des
organismes qui sont toujours là en régions, de toute
façon. Il y a une énorme duplication dans le "membership" des
comités régionaux actuels avec d'autres instances
parallèles en régions. Je ne dis pas que c'est
nécessairement mauvais en soi, mais c'est d'une
homogénéité décevante pour un processus - encore
une fois, ce n'est pas une critique, c'est une constatation - et d'une
unanimité inquiétante. C'est à peu près là
où j'en suis, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez une question à poser? Rapidement, s'il vous
plaît!
M. Boulerice: J'ai l'impression qu'on est un peu dans une
certaine forme de commission plénière, parce qu'on est en train
de s'acheminer tranquillement vers une résolution consensuelle. Ce que
je ne comprends pas, M. le ministre, c'est que vous dites: Cinq personnes
nommées par le gouvernement sur recommandation d'organismes. Quand vous
parlez de structurite, c'est quoi? À ce moment-là, je vous dis:
Êtes-vous en train de m'expliquer que vous ne serez pas capable de
"manager" cette structurite quand, dans un gouvernement libéral
antécédent, votre prédécesseur à la
Santé, M. Forget, a réussi à nommer des conseils
d'administration d'hôpitaux en faisant appel à des recommandations
d'organismes socio-économiques et populaires dans les régions
où les hôpitaux étaient situés et cela a
donné des modes de fonctionnement? Est-ce que vous doutez de la
qualité des gens -cela se fait très bien - que ces organismes
pourraient recommander? À ce moment-là, je suis en train de me
dire que votre ancien collègue à la Santé est loin de
s'être trompé quand il a nommé des gens sur recommandation
de groupes socio-économiques. Et cela englobe beaucoup, les groupes
socio-économiques. Cela peut être la chambre de commerce, cela
peut être le "Board of Trade", cela peut être l'Association des
banquiers internationaux. Cela lui a permis des exemples aussi probants,
d'ailleurs, que d'avoir comme nominations au conseil d'administration de St.
Mary's que vous connaissez bien des personnalités aussi
compétentes et bénévoles, à ce niveau, de gens que
Michel Bélanger, John Pepper, que vous connaissez bien.
Je ne m'explique pas que vous soyez en train de faire un aveu, M. le
ministre, qui, à mon avis, est monstrueux. Vous êtes en train de
me dire: Je suis faible, je ne pourrai pas "manager" cette structure de
nomination. Or, votre collègue, Mme Lavoie-Roux, est en train de faire
exactement la même chose au niveau des CLSC, au niveau des conseils
d'administration des hôpitaux, où il y a des vacances, où
les gens ne sont pas nommés nécessairement en même temps.
Votre collègue, Mme Bacon, va être appelée à combler
certaines vacances, je 'dirais même certains vides dans le cas d'un
certain musée puisqu'il y a eu un départ marqué; elle va
être appelée à nommer des gens à un conseil
d'administration d'un musée d'art contemporain à Montréal
et elle va le faire à partir de cette mécanique-là. Elle
va recevoir une série de recommandations
qu'elle va bien regarder en fonction des buts visés par
l'organisme qui est là, de son mode de fonctionnement, de la
compétence des gens, d'une représentativité de tout ce qui
gravite autour et elle va y arriver. Êtes-vous en train de me dire que
vous n'avez pas la force de faire une telle chose, que vous êtes faible
au point de ne pas être capable de "manager" ça? M. le ministre,
je pense que votre argument ne tient pas- Quand on regarde
l'élément socio-économique, populaire, culturel, comment
envisager de ne pas faire la même chose? Je vais prendre l'exemple: on
vous dit deux représentants des milieux de la télévision.
Votre conseil d'administration de l'hôpital Saint-Y...
M. French: M. le Président, je pensais qu'on était
à échanger des propos en vue peut-être d'apporter quelque
chose.
M. Boulerice: On est à échanger.
M. French; Là, on a droit à un long discours
répétitif. Si vous voulez échanger des propos
là-dessus, c'est parfait, mais...
M. Boulerice: Ce n'est pas un discours répétitif.
Expliquez-moi, d'abord, pourquoi vous n'êtes pas capable de
réussir là où vos collègues actuels ou
précédents l'ont fait.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, il ne faudrait pas faire dévier le débat. Le
ministre vous a accordé une période de questions et j'y ai
consenti aussi en suspendant le temps, mais il faudrait...
M. Brassard: J'aurais deux questions principales
là-dessus.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, avez-vous
terminé votre réponse...
M. French: Très, très vite.
Le Président (M. Trudel): ...au député de
Saint-Jacques?
M. French: Excusez-moi, M. le député. D'abord, pour
ce qui est du parallèle avec le réseau de la santé, il
s'agit de deux personnes à un conseil d'administration de quinze
à vingt personnes. Il s'agit de deux ou trois personnes, les
représentants socio-économiques.
Le Président (M. Trudel): C'est deux. J'ai fait partie du
conseil d'administration d'un hôpital assez longtemps.
M. French: Ce n'est pas tout le monde, mon cher. Ce n'est pas du
tout en parallèle avec ce que vous visez.
Deuxièmement, je peux bien "manager" le processus, mais je ne
veux pas légiférer quelque chose dont la valeur ne me convainc
pas, dont la nécessité ne me convainc pas. Je suis prêt,
cependant, à travailler avec vous à trouver une formule qui
pourrait peut-être nous satisfaire, mais je n'ai sûrement pas
besoin de discours de cinq à dix minutes lorsqu'on est en train
d'échanger pour faire du progrès.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'aurais deux questions. D'abord, sur la question du
nombre de personnes issues des régions, j'aimerais que le ministre nous
indique - c'est ma première question - jusqu'où il est prêt
à aller. Tout à l'heure, on avait une motion d'amendement qui
proposait neuf au lieu de cinq, cela a été rejeté. Il a
indiqué tantôt qu'il était prêt à envisager
une augmentation du nombre de membres en provenance des régions.
J'aimerais qu'on sache précisément jusqu'où il est
prêt à aller à ce titre-là.
Deuxièmement, ma question porte sur le fait qu'il est insatisfait
de l'expression "sur recommandation d'organismes." On a évoqué
tantôt l'expression "invitation de candidatures". Je vous avoue que,
personnellement, je ne vois pas tellement la différence. J'aimerais bien
voir ce que cela implique comme différence. Je ne vois pas beaucoup de
différence; sur recommandation d'organismes, dans mon esprit, c'est un
peu ce qui se fait à propos des comités régionaux actuels.
C'est une invitation qui est lancée, c'est un appel qui est lancé
aux organismes de la région de toute nature de faire des propositions.
C'est parmi la liste de3 propositions qu'ensuite le ministre choisissait. (12 h
45)
Quelle est la différence entre ce qui se fait à partir de
l'expression "sur la recommandation de" et "le ministre lance un appel de
candidatures aux organismes"? J'aimerai3 voir où se situe la
différence parce que, finalement, ce n'est pas si lourd que cela, ce
n'est pas si compliqué que cela. Tu lances un appel aux organismes et
les organismes intéressés font des propositions. Ceux qui ne sont
pas intéressés n'en font pas, comme cela se passait
précédemment. Le ministre conserve toujours le pouvoir de choisir
dans la liste. J'ai de la misère à voir la distinction, la
différence que le ministre fait à ce sujet. Dans mon esprit, cela
équivaut à peu près à la même chose. Sur le
plan pratique, sur le plan opérationnel, une expression ou l'autre,
à mon avis, cela équivaut à la même chose.
Ce qu'on cherche, nous de l'Opposition, je vais vous le dire bien
franchement, c'est qu'on veut voir quelle est la meilleure formulation à
utiliser. Ce qu'on cherche.
c'est que la nomination des membres ne soit pas faite uniquement et
exclusivement à partir du ministre, donc dans la direction ministre vers
le conseil d'administration. Ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait un appel, une
implication, une participation du milieu communautaire dont vous avez
mentionné et souligné la richesse tantôt - ce qui est exact
- tout en maintenant le pouvoir gouvernemental, le pouvoir du Conseil des
ministres de choisir et de nommer. Je ne pense pas que personne ici conteste ce
pouvoir. Concernant le nombre, j'aimerais avoir une précision si on veut
réussir à s'entendre, de même que sur l'implication des
organismes communautaires du milieu dans le processus conduisant à la
nomination des membres.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Mme la députée avait peut-être une
autre question à ajouter.
Mme Juneau: C'est en rapport avec ce que mon collègue
disait. Tout à l'heure, dans votre intervention, M. le ministre, vous
avez dit: Un appel de candidatures par le biais de la société.
Est-ce que cela voulait dire que l'appel de candidatures viendrait de la
société Radio-Québec ou parviendrait de votre cabinet?
C'est ce que je voulais comme éclairage.
M. French: Dans les circonstances actuelles, on m'informe que
Radio-Québec, en effet, dans les bureaux régionaux, joue un
rôle majeur dans la stimulation de candidatures.
Mme Juneau: L'invitation d'agents.
M. French: C'est un peu l'expérience historique que j'ai
eue depuis six mois. Je n'irai pas plus loin, mais la façon dont cela
est fait actuellement ne me paraît pas satisfaisante.
Concernant le nombre de représentants régionaux, de
personnes nommées de l'extérieur de Montréal - je pense
que c'est une meilleure description - je pourrais vivre avec six ou sept. Je
suis d'accord avec l'Opposition qu'il ne faudrait pas créer une
situation où on ne peut pas, à cause de simples questions de
quantité, se satisfaire d'avoir assez de diversité
régionale ou autre au sein même du conseil d'administration. Ce
n'est pas parce que j'envisage six ou sept que je suis prêt à
revenir sur le principe. Il n'y a pas de relation magique entre cinq
représentants régionaux et cinq bureaux régionaux qui
restent ouverts. Je veux que cela soit clair, je ne veux pas créer
d'attentes fausses. Ce n'est pas cela que je dis. Je parle du conseil
d'administration, exclusivement du conseil d'administration.
Deuxièmement, je cherche un mécanisme d'appel de
candidatures qui fonctionnerait pour les nominations régionales. Il faut
bien se comprendre. Les nominations régionales, à
l'époque, avaient leur propre mécanisme et les nominations
nationales étaient des nominations nationales. Il n'y avait pas
d'histoire de recommandation d'organismes à droite et à gauche.
D'accord? Je ne suis pas pour m'embarquer là-dedans, non plus.
Mais, en - ce qui concerne les nominations: cinq, six ou sept, le
minimum de gens de l'extérieur de Montréal, je ne serais pas
rébarbatif à un mécanisme d'appel de candidatures.
Là, je suis un peu dans l'embarras, M. le Président, parce que je
suis sensible au point qu'apporte le député de Lac-Saint-Jean qui
ne voit pas très bien la différence. Là, je pense tout
haut. Lorsqu'il y a des vacances, on pourrait utiliser Radio-Québec ou
la publicité de Radio-Québec dans un certain nombre de quotidiens
régionaux pour susciter des nominations "at large". Là, tu aurais
2000 demandes; tu fais le tri, tu réduis et tu réduis. Cela
pourrait peut-être apporter des idées au-delà de la norme.
Encore une fois, nous vivons, en politique, dans les sentiers battus. On voit
souvent les mêmes personnes, on pense souvent aux mêmes personnes.
Je vous avoue que je ne pense pas que l'article 19, tel que
rédigé actuellement, permettrait à ce gouvernement, comme
il n'a pas permis au précédent gouvernement, de sortir des
sentiers battus.
Je serais intéressé à voir comment on pourrait
faire cela. Alternativement, je ne dis pas que je suis complètement
fermé -encore il faudrait que je consulte - vis-à-vis des
recommandations d'organismes socio-économiques. Je trouve
complètement inacceptable les qualificatifs: populaires et culturels,
à moins que les qualificatifs: populaires et culturels ne
désignent des organismes socio-économiques, des organismes
populaires et des organismes culturels. Est-ce l'idée?
M. Brassard: Là-dessus, on n'est pas fermé, non
plus.
M. French: Ce qui me préoccupe, c'est que, si l'on met ces
mots dans la loi, il faut que l'administration essaie de respecter, au meilleur
de ses capacités, ce que le législateur voulait. Je ne suis pas
prêt à dire que tout l'effort ainsi déployé
amène des bénéfices proportionnels. C'est ma
préoccupation. Je tire ma conclusion à partir de ce que j'ai vu
comme "membership" dans ces comités régionaux, de ce que je vois
comme nominations qui me parviennent; ce sont, parfois, d'excellentes
personnes, mais qui ne représentent, à mon sens, qu'une tranche
des personnalités que nous connaissons déjà dans ces
régions parce que
ce sont toujours les mêmes.
Je peux penser à ces gens-là sans avoir à faire une
longue consultation: le secrétaire ou le vice-recteur - je ne vise
personne, je ne devrais pas utiliser cet exemple - le directeur de l'animation
pastorale de l'est de Montréal. Je peux penser à cette personne
et» ainsi de suite, dans les autres cas.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Concernant le paragraphe d, M. le ministre, ce que
vous sembleriez souhaiter, ce serait: Cinq personnes nommées par le
gouvernement...
M. French: Sept.
M. Boulerice: ...sept personnes, je m'excuse, sur recommandation
d'organismes du milieu.
M. French: Je déteste le mot "milieu". Vous allez
m'expliquer ce qu'est le milieu de la télévision, soit dit en
passant; je le déteste parce que cela veut dire ce que cela veut
dire.
M. Brassard: La région. M. French: Oui.
M. Brassard: Les organismes de la région...
M. French: J'aimerais mieux cela. M. Brassard:
...concernée. M. French: L'organisme régional. M.
Brassard: De la région concernée. M. French: Sauf
que...
M. Boulerice: D'organismes des différentes
régions.
M. French: Excusez-moi. Il faut bien voir, M. te
député de Lac-Saint-Jean, des régions concernées,
des organismes régionaux. Oui, en tout cas. Avec sept, on ne
réussira pas à faire l'appareillement entre les sept et les
douze. Il faut bien se comprendre là-dessus.
M. Brassard: Et même, il serait possible qu'il y en ait
deux qui viennent d'une même région.
M. French: D'accord.
Mme Juneau: Pas d'après les termes du ministre.
M. Brassard: Oui, oui.
Mme Juneau: Le ministre a dit "représentativité
géographique".
M. French: C'est ce qui me préoccupe le plus, en tout
cas.
M. Brassard: D'accord, il s'efforcerait de. Mais, dans la
formulation telle qu'elle est là, cela ne stipule pas, même dans
notre amendement, que cela doit être cinq régions
différentes.
M. French: Est-ce que je pourrais suggérer qu'on
suspende.
M. Boulerice: Une formulation, j'en ai une.
M. Brassard: Je pense que l'offre de suspension est
peut-être préférable.
M. Boulerice: On pourrait suspendre. Je pense que plus...
Le Président (M. Trudel): On pourrait suspendre les
travaux.
M. French: Mais on pourrait avoir la suggestion de M. le
député, s'il le veut.
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre, pardon,
jusqu'à 15 heures, ce qui permettrait sans doute, de part et d'autre, de
développer une formule.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
(Reprise à 15 h 8)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Au moment où nous avons suspendu les travaux à 13 heures,
la discussion se poursuivait entre M. le ministre des Communications et le
député de Lac-Saint-Jean.
Est-ce que vous désirez poursuivre ce genre d'exercice ou si vous
préférez revenir...
M. Brassard: Le dialogue? On s'était laissé en se
donnant un temps de réflexion. Le ministre avait fait une
ouverture...
M. Boulerice: Intéressante.
M. Brassard: ...intéressante à plus d'un titre. Il
nous semblait - en tous cas, peut-être qu'il y a eu un malentendu - qu'il
pouvait revenir à 15 heures avec possiblement des suggestions et des
proposi-
tions autour des thèmes et des sujets dont on avait parlé
ce matin.
M. French: M. le Président, est-ce que je dois comprendre
que l'Opposition est prête à rétirer l'amendement qui est
sur la table actuellement pour qu'on puisse discuter? Ce n'est pas un
piège que je vous tends; vous pourrez présenter d'autres
amendements après cela, si vous le voulez.
M. Brassard; Est-ce qu'on peut suspendre notre amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Trudel): On peut très certainement
suspendre un débat pour en engager un autre. Je ne crois pas qu'on
puisse suspendre un amendement.
M. French: Je ne peux pas vous offrir un amendement dans le
milieu d'une discussion sur un de vos amendements.
Le Président (M. Trudel): Un instant, s'il vous
plaîtl
M. Boulerice: M. le Président, je vous ferais la
proposition qu'on suspende momentanément les débats et qu'on
passe à 10 minutes d'échanges informels où M. le ministre
pourra nous faire part de ce qu'il a en tête. Nous, nous réagirons
après.
Une voix: Cela ne sera pas enregistré.
M. Boulerice: Que cela ne soit pas enregistré.
Le Président (M. Trudel): Je pense que le ministre a
été clair, à moins de l'avoir mal
interprété. Il y a un amendement sur la table et, à moins
que le proposeur ne retire cet amendement, on devra voter sur cet amendement.
Si le ministre a un autre amendement, il peut soit le présenter comme
sous-amendement ou alors attendre le sort de l'amendement présentement
sur la table de la commission et présenter le sien par la suite.
M. Brassard: M. le Président, on est à la recherche
d'un consensus. Est-ce qu'il serait possible, comme le suggère le
député de Saint-Jacques, de mettre de côté
temporairement la discussion sur l'amendement qu'il a proposé?
Le Président (M. Trudel): Ce dont on avait convenu, je
pense, en fin d'avant-midi...
M. Brassard: Est-ce qu'on ne pourrait pas poursuivre ce
dialogue-là?
Le Président (M. Trudel): Je n'ai pas d'objection.
M. French: Là, je voudrais signaler que j'ai un
amendement. Je ne peux quand même pas passer un amendement lorsqu'il y a
un amendement qui est sur la table.
M. Brassard: Oui, mais vous pouvez nous en faire la
présentation.
M. Boulerice: À sa lumière, on jugera.
M. Brassard: À partir de ta connaissance qu'on en aura, on
pourra retirer l'amendement qu'on propose.
Le Président (M. Trudel): II y a une chose qui est
certaine, c'est que nos règlements nous empêchent d'étudier
deux amendements en même temps. M. le ministre.
M. French: Si les députés de l'Opposition
préfèrent que je fasse une proposition, il n'y a pas de
problème, je vais le faire. Est-ce que cela vous convient?
M. Brassard: Étant donné que ce n'est pas possible,
selon les règlements, faites donc plutôt une présentation,
qu'on en prenne connaissance.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Trudel): J'allais le dire, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. French: Alors, la présentation...
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, présentez
de façon générale vos intentions.
M. French: Bon.
Le Président (M. Trudel): Si elles correspondent
à...
M. French: La proposition que je ferai à l'Opposition
comprend deux choses.
Le Président (M. Trudel): ...celles de l'Opposition, on
avisera.
M. French: Si on regarde l'article 1 du projet de loi, dans
l'alinéa 2 d), au lieu de "cinq personnes nommées par le
gouvernement", on dirait "sept personnes nommées par le gouvernement".
D'accord? C'est à d), non pas à d.l). Deuxièmement, le
deuxième paragraphe de l'article 1 se lirait comme suit: "Avant de
procéder aux nominations visées par le paragraphe d du premier
alinéa, le gouvernement invite les organismes régionaux à
soumettre des candidatures." C'est une tentative de ma part d'offrir
à
mes amis d'en face quelque chose qui semble s'apparenter à leurs
intentions et à leurs désirs et qui atteindrait en même
temps les objectifs que le gouvernement a à l'esprit vis-à-vis de
la loi sur la société Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je pense qu'on est en train
de faire avec le ministre une démarche extrêmement sérieuse
qui va sans doute nous conduire vers une hypothèse intéressante.
J'aimerais qu'on impose le silence le plus rigoureux.
Le Président (M. Trudel): Je le fais à l'instant,
M. le député de Saint-Jacques. M. le député de
Richelieu, est-ce que vous auriez l'amabilité, pour la bonne conduite
des travaux de la commission... Je ne vous empêche pas de deviser avec
votre voisin, mais veuillez le faire sur un ton qui soit moins
élevé que celui de l'ensemble des membres de la commission qui,
eux, parlent du sujet à l'étude, s'il vous plaît, cela va
accélérer les travaux pour tout le monde.
M. Khelfa: M. le Président, vos désirs sont des
ordres et je me soumets.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie de votre bonne
collaboration, M. le député de Richelieu. M. le ministre, la
parole est à vous, je pense.
M. French: Non, je n'ai pas d'autre chose à ajouter. Je
pense que c'est clair. J'aimerais avoir les réactions de mes amis d'en
face, s'ils sont prêts à m'en donner.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Si je comprends bien, M. le ministre, on dit:
Remplacer le paragraphe d) par les suivants: "sept personnes nommées par
le gouvernement - c'est cela que vous dites - domiciliées dans
différentes régions du Québec autres que celle de
Montréal" et, là, il y a l'ajout que vous faites, qui est: Avant
de procéder à ces nominations, le gouvernement s'engage...
M. French: "Le gouvernement invite les organismes
régionaux à soumettre des candidatures."
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, je ne veux pas
être procédurier; je ne veux pas empêcher cette commission
de parvenir à un compromis, si on se dirige vers cela. Mais je ne
voudrais pas, non plus, qu'on fasse indirectement ce qu'on n'a pas le droit de
faire directement. C'est-à-dire que si vous discutez du libellé -
et c'est ce que vous semblez faire à ce moment-ci - je vais être
obligé de vous dire: Procédons selon nos règlements,
disposons d'une façon ou d'une autre de l'amendement qui est devant nous
et, si M. le ministre a un nouvel amendement à proposer, il le fera.
Là, on est en train de mélanger les deux choses et je ne le
permettrai pas au nom de nos règlements. M. le député de
Saint-Jacques. (15 h 15)
M. Boulerice: Pour ce qui est de l'amendement d), M. le
Président, je vais le retirer.
Le Président (M. Trudel): Alors, M. le
député de Saint-Jacques, vous retirez l'amendement que vous
appelez d) et que j'appelle 3, qui propose "cinq personnes nommées par
le gouvernement sur recommandation, etc.", celui que vous avez
présenté ce matin.
M. Boulerice: C'est cela. Le premier.
Le Président (M. Trudel): Vous le retirez.
Mme Juneau: C'est l'amendement c.
Une voix: Vous ne pouvez pas le retirer.
M. Boulerice: Je m'excuse, toute proposition appartient au
proposeur.
Le Président (M. Trudel): Oui. Je vous accorde,
évidemment, selon notre règlement, le droit de retirer votre
amendement de ce matin à l'article 1.
M. Boulerice: Ce n'est pas le code Morin qu'on applique,
monsieur, c'est le code de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, est-ce que vous avez maintenant un amendement
à proposer, compte tenu du geste posé par M. le
député de 5aint-Jacques au nom de sa formation politique?
M. French: Oui, l'amendement est donc la proposition que je viens
de vous faire.
Le Président (M. Trudel): Veuillez en faire la
lecture.
Nouvelle rédaction de l'article 1
M. French: Voulez-vous que j'en fasse la lecture? L'amendement se
lit comme suit: Remplacer l'article 1 du projet de loi par le suivant: "1.
L'article 6 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec (LRQ, chapitre
S-11,1) est modifié: "1° par la suppression du paragraphe c;
"2° par le remplacement du paragraphe d par les suivants: nd)
sept personnes nommées par le gouvernement domiciliées dans
différentes régions du Québec autres que celle de
Montréal; "d.1) cinq personnes nommées par le gouvernement, dont
une représentant les milieux de l'éducation nommée sur la
recommandation du ministre de l'Éducation; "3 par l'insertion,
après le premier alinéa, du suivant: "Avant de procéder
aux nominations visées au paragraphe d du premier alinéa, le
gouvernement invite les organismes régionaux à soumettre des
candidatures."
Le Président (M. Trudel): M. le ministre est-ce que vous
voulez faire des remarques? Comme proposeur de l'amendement, vous disposez
d'une certaine période de temps.
M. French: Je ne veux pas m'éterniser. Je pourrais exposer
encore une fois les raisons qui m'amènent à rejeter la ou les
formules paradigmatiques qu'on a utilisées auparavant.
M. Boulerice: Excusez-moi, M. le Président, je n'ai pas eu
le plaisir de comprendre ce mot très ésotérique
prononcé par le ministre.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Paradigmatique. De paradigme. On avait un paradigme de
consultation que je rejette et je vous offre un autre paradigme de
consultation.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre ne savait
peut-être pas, au début des travaux de la commission, ce qu'est un
deux de pique, mais M. le ministre a des mots longs comme cela, comme on dit!
M. le député de Saint-Jacques, vous avez appris des choses
aujourd'hui.
M. Boulerice: C'est montagnais, de l'ouest.
Une voix: C'est du cri.
Le Président (M. Trudel): Ces considérations
linguistiques étant maintenant terminées, est-ce que vous voulez
la parole, M. le député de Saint-Jacques? M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Oui, M. le Président. Je pense que, d'abord,
pour ce qui est du point d), cela constitue un progrès fort
intéressant, quant à nous, de hausser à sept le nombre de
membres du conseil originaires des régions. C'est certainement plus
satisfaisant pour l'Opposition que cinq. Maintenant, pour ce qui est de la
consultation des milieux intéressés, le paragraphe qui est
ajouté à la fin me semble - je ne sais pas si c'est l'avis de mes
collègues également - correspondre aux intentions qu'on avait
à l'origine, c'est-à-dire de faire en sorte d'impliquer le
milieu, d'impliquer le monde associatif et communautaire dans le processus du
choix des membres, quoique je signale au ministre qu'à mon avis, "que le
gouvernement invite les organismes régionaux à soumettre des
candidatures", cela n'a pas moins de portée, peut-être que je me
trompe, que l'expression "sur recommandation". Mais, enfin, question de
libellé ou de formulation, du moment qu'on atteint l'objectif
visé, c'est-à-dire de faire en sorte que le milieu soit
impliqué et participe, je serais d'accord avec cela.
Maintenant, j'aimerais quand même sur le point d.1) obtenir
quelques explications du ministre. Il y avait un élément
intéressant dans la proposition retirée du député
de Saint-Jacques. Non seulement précisait-on qu'un membre
représentait les milieux de l'éducation, mais on y proposait
qu'il y en ait deux qui proviennent des milieux de la télévision;
cela nous semblait plus qu'intéressant que cette précision soit
apportée. Elle n'est pas reprise par le ministre. Est-ce que cela
répugne au ministre ou est-ce un oubli? Le ministre a-t-il une
réaction face à cet élément de la proposition du
député de Saint-Jacques qui nous semblait intéressant? En
plus de préciser qu'il y avait un représentant du milieu de
l'éducation, ce qui est tout à fait normal et souhaitable pour
une télévision éducative, on disait aussi que deux
personnes pouvaient provenir des milieux mêmes de la
télévision. Cela comprenait, évidemment, les producteurs,
les artisans.
M. French: Justement, comment est-ce qu'on va définir ces
milieux, M. le député? Notre problème essentiellement
n'est pas qu'on ne veut pas avoir les gens des milieux de la
télévision; c'est qu'il devient un peu difficile d'identifier des
gens des milieux de la télévision qui n'auront pas un conflit
d'intérêts en siégeant au conseil d'administration de
Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: II y a une façon: vous pouvez indiquer, M.
le ministre, une personne représentant les milieux de la culture, par
exemple, et vous servir de l'insertion après le premier alinéa
qui serait: Avant de procéder aux nominations visées, le
gouvernement invite les organismes de la culture à soumettre des
candidatures, ce qui
fait...
M. French: On n'est plus à la
télévision.
M. Boulerice: C'est cela: invite les organismes. Vous aurez sans
doute quelqu'un comme l'association des producteurs indépendants...
M. French: Qui veulent tous faire affaires avec
Radio-Québec.
M. Boulerice: Ce n'est pas un péché.
M. French: Non, pas du tout, mais ce n'est pas la place d'une
personne membre du conseil d'administration, non plus.
M. Boulerice: À ce moment-là, l'alliance des
producteurs de cinéma et de vidéo qui ne sont pas
impliqués ou le syndicat des techniciens du cinéma. Vous allez me
dire que, par ricochet, ils vont se retrouver à travailler
derrière une caméra à couper le ruban, mais il ne faut pas
quand même...
M. French: Tous les syndicats de Radio-Québec ont leurs
représentants.
M. Boulerice: Les médecins siègent bien au conseil
d'administration des hôpitaux.
Le Président (M. Trudel): J'ai été, encore
une fois, très - je n'ose pas encore prononcer le mot - large dans mon
interprétation du règlement. Je ne voudrais pas qu'une
période de questions à laquelle les deux partis ont consenti
tourne en une espèce de débat. Il y a un autre moyen, c'est les
vingt minutes dont chacun des membres dispose pour parler qui est la
façon de discuter. Maintenant, la période de questions,
d'échange que vous avez semble tourner au débat. Je vous
rappellerai que ou j'interprète le règlement strictement ou alors
que cela soit une véritable période d'échange de questions
et de réponses plutôt que d'échange d'opinions. Il y a un
moment pour échanger les opinions en commission parlementaire. Vous avez
la parole, M. le député de Saint-Jacques, si vous la voulez
toujours.
M. Boulerice: M. le Président, quant à trouver la
formule, cela nous a peut-être pris un peu de temps, mais cela valait le
coup d'investir pour Radio-Québec, puisqu'on a trouvé une
formulation, à mon point de vue, acceptable pour le point d. Maintenant,
c'est vrai que la Société de radiotélévision du
Québec est une télévision éducative et qu'à
ce moment on...
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse encore une fois,
est-ce que vous...
M. Boulerice: J'interviens, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): ...intervenez avec votre droit
de parole de vingt minutes sur l'amendement proposé par M. le
ministre?
M. Boulerice: Mon droit de parole...
Le Président (M. Trudel): Je ne veux pas vous enlever
votre droit de parole, je veux...
M. Boulerice: Je m'excuse, je pense que ma collègue de
Johnson a une question.
Mme Juneau: J'aurais une question à poser au ministre, si
mon collègue le permet, avant d'intervenir.
Le Président (M. Trudel): Allez-y, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Ce que je voudrais savoir de la part du ministre,
c'est ceci: Quand il parle des sept personnes nommées par le
gouvernement et domiciliées dans différentes régions du
Québec, est-ce que ce ne serait pas important, M. le ministre, qu'on
puisse -mais je ne sais pas de quelle façon - avoir une garantie que,
dans les quatre régions qui ont été coupées, parce
que là, nécessairement, on n'a plus de représentants dans
nos régions qui ont été coupées, les quatre
régions du Québec... Quand vous avez conçu cet
article-là, à part la question de la
représentativité géographique, est-ce que vous avez
songé, ne fût-ce qu'un instant, que dans les régions
coupées, même si vous dites qu'elles sont bien desservies par
d'autres moyens de télévision déjà existants ou
d'autres moyens de communication, il pourrait y avoir, parmi ces
stations-là qui doivent disparaître, certaines personnes provenant
soit de Sherbrooke, soit de Trois-Rivières, soit de Hull, soit de
l'Outaouais? Est-ce que dans votre esprit...
M. French: Est-ce que dans mon esprit, parmi les sept personnes
visées dans le paragraphe d, il pourrait y en avoir de Hull ou de
Sherbrooke ou de Trois-Rivières ou de Québec?
Mme Juneau: C'est cela.
M. French: Sûrement. Non seulement il pourrait y en avoir,
il va y avoir des représentants de ces endroits-là au conseil
d'administration de Radio-Québec.
Mme Juneau: Quelles garanties peut-on avoir concernant ce que
vous venez de dire, M. le ministre? Ce n'est pas que je doute de votre parole,
mais...
M. French; Dans la loi, aucune, Mme la députée.
Mme Juneau: Vous ne pouvez pas inscrire cela dans la loi.
M. French; Non, Mme la députée. Ce n'est pas dans
la loi actuelle, ce ne sera pas davantage dans la loi future. Encore une fois,
je reconnais la préoccupation que vous manifestez, mais il n'est pas
possible de trouver une formule. Vous pouvez présenter un amendement en
ce sens, mais vous allez très vite vous rendre compte comment il est
difficile de trouver une formule satisfaisante et "workable", faisable.
Mme Juneau: Quand vous parlez de représentativité
géographique, dans votre esprit à vous, cela veut dire quoi au
juste?
M. French: Que les sept personnes à l'extérieur de
Montréal ne viennent pas toutes de Sherbrooke, par exemple, ne viennent
pas toutes de Québec.
Mme Juneau: Dispersées à travers le
Québec.
M. French: Oui, c'est cela. Qu'il y ait une raisonnable
dispersion. C'est ce que j'ai l'intention de faire respecter dans mes
nominations. J'avais demandé aux conseillers juridiques la
possibilité de donner pius de garanties. On me signale qu'il y a quand
même les mots "différentes régions du Québec". C'est
une évocation qui demande au ministre de respecter l'esprit du
législateur lorsqu'il a dit "différentes régions", c'est
cela qu'il voulait dire, évidemment.
C'est pour cela, entre autres, que je me suis rallié à
votre désir de voir plus de monde. Je me suis dit: Effectivement, cela
risque d'être difficile d'avoir les ressources humaines qu'on veut et la
diversité qu'on veut.
M. Boulerice: Ce qui est bien tolérable, je vous l'ai
dit.
Mme Juneau: Bon, cela va. Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le député de
Saint-Jacques.
Motion proposant d'avoir un représentant des
milieux de la culture
M. Boulerice: M. le Président, l'amendement que nous
propose le ministre des Communications paraît intéressant. Je
pense que la discussion n'a pas été vaine et qu'enfin la voix de
l'Opposition a été écoutée sur un sujet aussi
intéressant que celui-là. Cela m'amène à l'accepter
d'emblée, sauf qu'au paragraphe d.l, M. le ministre - je m'excuse, M. le
Président, -c'est vrai, je dois m'adresser à vous - sauf qu'au
paragraphe d.l, M. le Président, je serais tenté d'apporter un
sous-amendement qui se lirait de la façon suivante: Cinq personnes
nommées par le gouvernement dont une personne représentant les
milieux de l'éducation nommée sur la recommandation du ministre
de l'Éducation et une autre personne représentant les milieux de
la culture nommée sur la recommandation du ministre des Affaires
culturelles du Québec." Vous me permettez d'argumenter?
Le Président (M. Trudel): M. le député, si
vous présentez un sous-amendement, je dois d'abord l'accepter et
décider s'il est recevable ou pas.
M. Boulerice: Alors, on l'écrit.
Le Président (M. Trudel): On fait rapidement ses classes
en droit parlementaire dans une commission parlementaire. Pendant que vous
l'écrivez, je vais suspendre quelques secondes pour vous permettre de
rédiger votre amendement.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je déclare votre amendement recevable et je vais le
relire pour le bénéfice des membres de la commission. On va
essayer d'en faire des copies, en espérant que ce que j'ai de la
difficulté à lire sera plus facile pour mes collègues.
Votre amendement vise à ajouter - si je comprends bien - dans le
paragraphe d.l, après les mots "ministre de l'éducation", les
mots suivants "et une autre représentant" - "une autre" étant une
personne - "les milieux de la culture nommée sur la recommandation du
ministre des Affaires culturelles" ou de la ministre des Affaires
culturelles.
M. Boulerice: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): En droit, le masculin l'emporte
toujours sur le féminin, je pense. Alors, on devrait dire "du ministre
des Affaires culturelles". Je ne veux insulter personne en ces temps de...
Merci, M. le député de Saint-Jacques. Je sais que vous vous
occupez de ma carrière avec beaucoup d'intérêt. Alors,
l'amendement se lit comme suit: "et une autre représentant les milieux
de la culture nommée sur la recommandation du ministre des Affaires
culturelles." M. le député de Saint-Jacques, sur votre
sous-amendement.
M. Boulerice: M. le Président, après le grand bond
en avant que vient de nous faire faire le ministre des Communications avec sa
modification à l'article d), je pense que nous franchissons un pas de
plus avec l'amendement que j'ai l'honneur de déposer et qui viserait
à ajouter, à préciser que, dans les cinq personnes
nommées par le gouvernement, il y aura une personne issue des milieux de
la culture. Je pense, M. le Président, que cela ne fait aucun doute -mes
collègues d'en face qui ont assisté avec une certaine
assiduité aux audiences de la commission de la culture l'ont bien senti
de par les interventions des principaux intervenants qui se sont
présentés à cette commission - que, s'il y a une mission
éducative à la radiotélévision nationale du
Québec, il y a également une mission culturelle. Pour ce faire,
si on a su reconnaître la mission éducative du ministère en
incluant dans le projet de loi une représentation des milieux de
l'éducation, je pense qu'il est tout à fait à propos,
compte tenu de l'évolution et de l'importance de Radio-Québec
dans le domaine de la culture, que l'on fasse le même amendement et qu'on
prévoie une personne capable de représenter les milieux
culturels.
Je voudrais peut-être devancer certaines remarques que pourrait
potentiellement faire tantôt M. le ministre des Communications, à
savoir comment on définit les milieux de la culture. Je pense que la
réponse appartient à la personne qui aura à faire la
recommandation, c'est-à-dire le ministre des Affaires culturelles du
Québec qui, à mon point de vue, sait sans doute ce que sont les
milieux de la culture. Au même titre que, lorsque on a parlé d'un
représentant des milieux de l'éducation, je ne pense pas que l'on
se soit attardé et inquiété à savoir si le ministre
de l'Éducation connaissait bien les milieux de l'éducation. Ils
sont en autorité dans un ministère, ce qui leur donne cette
connaissance très approfondie de tous les rouages, de tous les
organismes, de toutes les institutions, de tous les conseils qui peuvent
exister et qui gravitent alentour de leur ministère, pour être
bien capables de cibler et de trouver la personne la plus compétente,
peu importe la façon qu'ils prendront pour la nommer: consultations...
De toute façon, on voit qu'il y a un amendement qui dit que "le
gouvernement invite les organismes régionaux à soumettre des
candidatures". J'ai bien l'impression que la ministre de la culture va
s'inspirer de l'insertion que le ministre avait prévue au premier
alinéa et qu'elle va, elle aussi, procéder à une certaine
consultation auprès d'organismes reliés au domaine de la
culture.
Quant à moi, il m'apparaît que, si l'on adoptait cet
amendement au paragraphe d.l), compte tenu de ce que vient de nous
présenter le ministre des Communications et qui nous agrée
parfaitement - j'espère, mes collègues de Lac-Saint-Jean et
Johnson me disent oui - on aurait finalement réglé un point
d'accrochage majeur qui était notre volonté d'avoir un conseil
d'administration représentatif de ce qu'est le Québec moderne des
années 1986, un Québec aussi qui ne se limite pas à une
métropole et à une capitale, mais qui se limite très bien
à un ensemble de régions. Je reprendrai peut-être un peu
-vos propos, M. le ministre, quand vous avez dit: Montréal, c'est 60 %,
et le reste de la province, c'est 40 %. Dans le cas de l'auditoire de
Radio-Québec, je pense qu'il faudrait peut-être, à cause de
certaines réalités culturo-linguistiques, réduire le
pourcentage de Montréal et dire que Montréal et la province
s'équivalent. C'est probablement 50-50. Il y a des habitudes de
consommation qu'on connaît dans une partie de Montréal qui sont
différentes, mais tout aussi bonnes puisqu'elles s'adressent à un
réseau étranger.
M. French: M. le député, vous n'avez pas besoin
de... Tout le monde est d'accord là-dessus.
M. Boulerice: Non, vous êtes d'accord avec mon
amendement.
M. French: Je suis d'accord avec votre point sur la question du
marché effectif de Radio-Québec. J'ai apporté, à la
suite de vos demandes, une amélioration. On n'a pas besoin de s'attarder
là-dessus.
M. Boulerice: Je vous en félicite et ce que vous trouvez
à faire est de me blâmer de vous donner raison. Je ne comprends
pas votre raisonnement, mais cela ne m'empêchera pas de poursuivre le
mien. M. le ministre, de nouveau, si nous adoptions cet amendement, comme je
vous le disais et je vous le répète, au point d.l), on aurait
réglé ce problème épineux depuis le début de
la commission parlementaire, n'en déplaise à mes collègues
de Richelieu et de Saint-Henri qui ne semblent pas préoccupés par
la discussion qui nous intéresse et qui, surtout par leur verbiage,
rompent le fil conducteur des idées et des pensées que nous
échangeons. On ne leur en tiendra pas rigueur, mais on va essayer,
maintenant que le calme semble revenir, d'aller à ce qui nous
préoccupe de nouveau, c'est-à-dire le problème
épineux de la composition du conseil d'administration de
Radio-Québec.
Je pense, M. le ministre, qu'en acceptant l'amendement que j'ai eu
l'honneur de déposer nous aurions hors de tout doute un conseil
d'administration, d'une part, équilibré quant au nombre,
équilibré quant à la représentation. Même si
ça vous agace que je vous donne raison, le nombre de sept
personnes m'apparaît très intéressant et le fait que
vous ayez, de plus, indiqué "différentes régions du
Québec" est tout à votre honneur. Le conseil serait, donc,
représentatif des régions, mais, d'autre part, avec l'amendement
que je présente, représentatif d'une façon très
précise des deux missions essentielles de Radio-Québec qui sont
sa mission éducative et sa mission culturelle. Je ne vois, pour
terminer, aucune raison de ne pas inclure cet amendement. Je pense que nous
pourrions immédiatement, après cela, adopter l'article 1 dans ce
que les citoyens du Québec, les auditeurs de Radio-Québec et le
personnel de Radio-Québec souhaitent, c'est-à-dire la plus
parfaite harmonie, je dirais même presque une franche camaraderie...
Une voix: Ce serait fort.
M. Boulerice: Pardon? Cela serait effectivement fort que nous en
soyons venus à un terrain d'entente, malgré tout, si rapidement.
M. le ministre, je vais conclure là-dessus, parce que j'aimerais bien
qu'on passe aux autres articles qui sont intéressants. Je termine mon
intervention, confiant que vous saurez reconnaître son très grand
mérite à l'amendement que je présente, qui ne vient que
bonifier le vôtre, qui ne vient que souligner une facette importante de
Radio-Québec, celle de la promotion, de la diffusion et de la production
de la culture au Québec. Il est important qu'il y ait là
quelqu'un, d'une façon permanente et sensibilisée. Je fais appel
à votre bonne volonté comme vous avez fait appel à la
nôtre tantôt. Nous vous avons répondu par un oui franc et
sincère. J'ose espérer ne pas recevoir, comme récompense
de notre collaboration, cette litanie à laquelle, malheureusement, vous
nous avez peut-être habitués auparavant, mais qu'on va oublier,
qui serait un "non, merci", très inopportun dans le sujet que nous
débattons. M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard; Quelques mots sur la motion de sous-amendement de
mon collègue de Saint-Jacques qui vient, à mon avis, en tout cas,
compléter l'amendement du ministre. Nous sommes - mon collègue
l'a mentionné tantôt - d'accord avec l'amendement proposé
par le ministre, tout en indiquant, comme réserve, que, si nous sommes
d'accord avec cet amendement, avec dans la perspective du principe du projet de
loi tel qu'il a été adopté à l'Assemblée
nationale. C'est bien évident que cela ne doit pas être
interprété comme un accord à la suppression de la
régionalisation, à l'aboli- tion des comités
régionaux. Là-dessus, nous maintenons notre position. Mais du
fait que le projet de loi a été adopté, en principe,
à l'Assemblée nationale et qu'un des principes du projet de loi,
c'est l'abolition de la régionalisation et, partant, des comités
régionaux, il est bien évident que nous sommes obligés de
fonctionner dans ce cadre et que, dans ce cadre, l'amendement du ministre nous
apparaît acceptable. (15 h 45)
Toutefois, je pense qu'en acceptant, en intégrant le
sous-amendement du député de Saint-Jacques, on
améliorerait grandement les choses et on se trouverait à avoir un
article 1 du projet de loi qui nous conviendrait complètement. Je dirais
qu'il ne faut pas oublier que l'une des deux missions, comme le mentionnait le
député de Saint-Jacques, de Radio-Québec, c'est le
développement culturel. C'est vrai que c'est une
télévision éducative. Ici, on prend l'éducation au
sens très large comme on le retrouve, d'ailleurs, dans la Loi sur la
programmation éducative où l'on mentionne que l'un des objectifs
de cette programmation est de promouvoir l'accès des citoyens à
leur patrimoine culturel. Par conséquent, il nous semblerait plus
qu'opportun et pertinent que, parmi les cinq personnes nommées par le
gouvernement, personnes autres que celles qui sont issues des régions,
en dehors de Montréal, en plus d'une personne représentant les
milieux de l'éducation et nommée sur la recommandation du
ministre de l'Éducation, il y ait également une de ces cinq
personnes qui soit issue des milieux culturels et qui soit recommandée
par la ministre des Affaires culturelles.
Je pense que c'est là une précision intéressante
qui indique bien la grande mission qu'on assigne à Radio-Québec.
Pour cette raison, M. le Président, je serai d'accord avec le
sous-amendement proposé par mon collègue de Saint-Jacques.
J'espère aussi que mes collègues ministériels et le
ministre accepteront d'intégrer ce sous-amendement pour, finalement, en
arriver à compléter cet article 1 portant sur la composition du
conseil d'administration.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Bien sûr, je ne
prendrai pas 20 minutes pour dire, d'une part, ma satisfaction à la
suite de la prise de conscience du ministre face à toutes les
interventions que nous avons faites, interventions
répétées afin que le ministre comprenne l'importance que
les membres du conseil d'administration proviennent de différentes
régions du Québec. Du fait d'augmenter de deux personnes le
nombre prévu à la loi - à mon grand plaisir et
à ma grande joie - il y aura plus de régions du Québec qui
seront représentées au conseil d'administration. À mon
point de vue, cela est une nette amélioration par rapport à ce
que le ministre avait projeté au tout début, c'est-à-dire
cinq personnes. Cela me plaît beaucoup que le ministre ait au moins
compris, après tant d'heures d'explications, que le but pour lequel on
travaillait, c'était, justement, qu'il y ait plus de
représentativité. Que le ministre l'appelle la
représentativité géographique, que nous l'appelions la
représentativité professionnelle, culturelle ou
économique, je pense qu'on peut quand même se rejoindre sur ces
points.
Quant au fait que mon collègue de Saint-Jacques ait soumis un
sous-amendement à l'amendement présenté par le ministre,
je pense que cela aurait été surprenant, pour le moins, qu'on
puisse dire que le critique officiel des affaires culturelles ne soumette pas
cet amendement, parce que je pense, comme je l'ai dit hier, que la culture,
pour mon collègue de Saint-Jacques comme pour beaucoup d'autres
personnes, est très importante. C'est une bouffée d'air frais
quand on parle de culture. C'est tout ce qui nous entoure qui devient plus beau
et plus acceptable dans le quotidien de chacun de nous. L'amendement
présenté par mon collègue ne signifie pas l'ajout d'une
personne. Il entre exactement dans le cadre des cinq personnes nommées
par le gouvernement que le ministre nous a présenté dans
l'alinéa d.l. Il s'agit seulement d'une nomination par un autre
ministre, soit celui de la culture.
Je pense que le ministre, qui a déjà fait un grand pas en
avant, n'aura certainement pas de difficulté à faire le second
pas nécessaire pour en arriver à un parfait accord sur ce qu'il
vient de nous présenter. Je suis d'accord avec mon collègue de
Lac-Saint-Jean, cela ne veut pas dire que nous applaudissons à ce qui
arrive à la société Radio-Québec, mais nous
convenons que le ministre prend ses responsabilités. Nous sommes tout
à fait conscients que ce sera une nette amélioration pour le
conseil d'administration de Radio-Québec Je tiens donc à implorer
davantage l'ouverture d'esprit du ministre, dont il vient de faire preuve, et
à lui demander s'il n'y aurait pas une possibilité que le
sous-amendement de mon collègue de Saint-Jacques passe aussi la rampe et
soit accepté par le ministre.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre, avez-vous des commentaires
à faire sur le sous-amendement du député de
Saint-Jacques?
M. French: Oui. M. le Président, je suis sensible aux
préoccupations des députés de l'Opposition, qui visent une
présence culturelle explicite dans la loi pour la composition du conseil
d'administration de Radio-Québec. Dans le fond, il n'y a pas de
vérité ultime dans ce genre de discussion. On n'en est plus au
point où l'on discute de principes; on discute plutôt de moyens.
Si je devais distribuer les responsabilités de nominations parmi tous
mes collègues qui en mériteraient bien une à cause de
l'importance de leurs fonctions vis-à-vis de la programmation de
Radio-Québec, je vous avoue que le ministre de l'Éducation serait
certainement le premier, mais le deuxième ne serait pas la ministre des
Affaires culturelles. Ce serait probablement la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration ou peut-être la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Là n'est pas le débat, dans le fond. Encore une fois, il
n'y a jamais eu un conseil d'administration de Radio-Québec qui n'avait
pas de représentant du milieu de la culture. Il n'y aura pas davantage,
à l'avenir, de conseil d'administration sans représentant de ce
domaine. C'est le ministre des Communications qui devrait, à un moment
donné, avoir la responsabilité fondamentale de structurer les
complémentarités nécessaires, que ce soit
régionales, que ce soit la question de la représentation des
milieux ou quoi que ce soit. Ce sera le seul ministre, le ministre des
Communications. Encore une fois, ce n'est pas une question de principe ou un
rejet du raisonnement sous-jacent à la proposition du
député de Saint-Jacques, mais simplement une différence de
moyens. Encore une fois, il y aura un représentant de la culture,
probablement deux ou trois. Il y en a un maintenant, il n'y a jamais eu de
moment où il n'y en avait pas et il y en aura à l'avenir, sauf
qu'on n'a pas besoin de le spécifier dans la loi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Une question. Il me dit: II n'y en aura pas, mais
il y en aura.
M. French: II n'y aura jamais de situation où on se
retrouverait sans représentant des milieux culturels au conseil
d'administration de Radio-Québec.
M. Boulerice: Comment pouvez-vous nous le garantir?
M. French: Par l'histoire, M. le Président, par la parole
du ministre.
M. Boulerice: L'histoire commet plus de crimes que de bons
coups.
M. French: II n'y en avait pas plus dans l'ancienne loi et
les représentants étaient toujours là.
M. Boulerice: On veut la bonifier, justement.
M. French: C'est cela. On a des différends sur la
façon de la bonifier, M. le député.
M. Boulerice: II y a une question que je pose au ministre.
Premièrement, je trouve ses propos un peu injurieux envers la
vice-première ministre qui est le no 2 de ce gouvernement, en disant que
ce ne serait pas elle la deuxième, mais que ce serait Mme Robic. J'ai un
peu de difficulté à lire ce qu'on voit en dessous de sa photo. Je
trouve cela un peu méprisant envers la vice-première ministre du
Québec et ministre des Affaires culturelles, Mme Bacon. Est-ce que c'est
le fait que ce soit elle qui doive recommander qui vous achale? Je pourrais
retirer une partie de l'amendement et dire: Une autre personne
représentant les milieux de la culture. Mais là, on aurait
quelqu'un de bien identifié. Je ne sais pas. Si vous ne voulez pas avoir
de relation formelle sur un dossier avec Mme la ministre de la culture, il ne
m'appartient pas d'entrer dans la vie privée...
Une voix: C'est une question...
M. Boulerice: ...des membres du gouvernement. Je sais qu'il y a
toujours certaines frictions, des choses comme ça des fois.
Une voix: Franchementl
M. Boulerice: Oui, c'est justement ce qu'un de vos ministres nous
dit: Franchement! À chaque question, ça l'est moins, sauf que,
dans votre cas, à chaque réponse, c'est plus franc. Je dois vous
rendre hommage, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que je dois comprendre,
M. le député de Saint-Jacques, que vous avez terminé?
M. Boulerice: J'attends la réponse de M. le ministre.
C'est une question que j'ai posée à M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Je vous ferai remarquer, M. le
député de Saint-Jacques, que vous êtes toujours à
l'intérieur de vos vingt minutes que vous avez le droit de scinder en
commission parlementaire.
M. Boulerice: Je les ai scindées.
Le Président (M. Trudel): Je reviendrai, d'ailleurs,
là-dessus en fin de journée dans la décision que je vous
ai promis de rendre...
M. Boulerice: J'attends la réponse.
Le Président (M. Trudel): ...et qui est toute
prête.
M. Boulerice: Vous qui avez présidé cette
commission, balayez du revers de la main tout le milieu de la culture, c'est 56
000 personnes à qui on dit: Vous êtes des deux de pique, vous
autres aussi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le ministre, on vous a posé
une question à laquelle vous n'êtes pas obligé de
répondre, selon nos règlements.
M. Boulerice: Eux ont les moyens, comme deux de pique, comme vous
les traitez, de vous dire que vous n'êtes pas un as de coeur en faisant
cela.
M. French: Un as de coeurl M. Brassard: M. le
Président...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...il me semble que la dernière suggestion du
député de Saint-Jacques devrait être agréée
par le ministre. Effectivement, je comprends un peu la réaction du
ministre s'il s'agit de référer à plusieurs de ses
collègues pour constituer un conseil d'administration. Je comprends
cela. Je trouve que cela risque de compliquer pas mal la constitution du
conseil d'administration. Le ministre de l'Éducation peut demeurer dans
le paysage, compte tenu, justement, de l'importance de la programmation
éducative de Radio-Québec. C'est sa mission fondamentale, sa
vocation première. Cela peut toujours s'expliquer, mais
référer à d'autres de ses collègues en termes de
nominations, cela peut être effectivement un peu lourd comme
processus.
Toutefois, je retiens toujours l'idée du député de
Saint-Jacques de faire en sorte que, de façon spécifique, les
milieux de la culture soient assurés d'avoir au moins un
représentant. Je suis certain que, tant et aussi longtemps que le
député de Westmount sera responsable des Communications et de
Radio-Québec, cela va être plus qu'un représentant des
milieux de la culture qu'on va retrouver au conseil d'administration»
Mais on sait qu'il peut y avoir un remaniement. M. le député de
Westmount peut se retrouver avec un autre poste au sein du Conseil des
ministres. Il n'est pas éternellement titulaire du ministère des
Communications et il me semble que ce serait une meilleure garantie, une
meilleure sécurité de stipuler de façon précise
qu'au moins une personne du conseil d'administration va originer des milieux de
la culture, tout en faisant remarquer la très bonne volonté du
député de Saint-Jacques qui
consent à faire en sorte que cette nomination relève,
quand même, du ministre des Communications et qu'on ne fasse pas appel
à un autre membre du Conseil des ministres pour ce qui est de sa
nomination.
Le Président (M: Trudel>. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Si vous me permettez d'ajouter, M. le
Président, ce serait dans la ligne de l'action gouvernementale qui parle
de revalorisation du statut de l'artiste, l'artiste étant issu des
milieux de la culture. Je pense que ce serait donner du poids aux actions que
le gouvernement s'apprête à présenter au début du
mois de décembre. Je prends à témoin les honorables
députés de Sherbrooke, de Beauce-Nord' et de Vachon... Non, je
parle du comité, le sanctus sanctorum de la commission de la
culture.
Mme Juneau: Alléluia!
Le Président (M. Trudel): Je crois comprendre, M. le
député de Saint-Jacques, que vous parlez toujours pour votre
sous-amendement.
M. Boulerice: C'est cela. C'est terminé. Je garde mon
temps en banque. (16 heures)
Le Président (M. Trudel): Je vois que vous commencez
à apprendre les règlements de cette Assemblée et de cette
commission, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants...
M. Boulerice: Dans quatre ans, je ne sais pas si vous allez vous
en réjouir, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): ...qui veulent s'exprimer sur le
sous-amendement présenté par M. le député de
Saint-Jacques? Dans ce cas, après l'avoir relu, je vais mettre le
sous-amendement du député de Saint-Jacques aux voix. M. le
député.
M. Boulerice: M. le Président, j'aimerais ajouter aux
propos de mon collègue qu'effectivement cela risque de retarder un peu,
que vous adressiez une lettre à votre collègue en disant:
Auriez-vous l'obligeance de bien vouloir me transmettre le nom de la personne
que vous recommandez si elle, d'ailleurs, n'a pas encore participé
à cette consultation et il y a un besoin pressant de remplir une vacance
au conseil d'administration parce que vous voulez que cette bâtisse
marche bien. Cela, je vous l'accorde, sauf que pourquoi ne pas le
spécifier qu'il doit y avoir quelqu'un issu du milieu culturel, à
cause de cette vocation culturelle comme telle? Ce serait, d'ailleurs, une
espèce de garde-fou que vous donneriez dans cette loi envers
d'éventuels successeurs, de quelque côté qu'ils puissent
venir, moins sensibles au phénomène culturel. Pardon? Je
m'excuse.
Le Président (M. Trudel): Non, non, j'ai une conversation
d'ordre privé avec M. le ministre.
M. Boulerice: Alors, M. le ministre, encore une fois, compte tenu
du retrait que je peux faire quant à l'obligation de vous lier à
la vice-première ministre, ce qui vous déplaît pour des
raisons qui vous sont personnelles, je pense que vous devriez quand même
considérer l'inclusion que j'ai faite, à savoir "une personne
représentant les milieux de la culture". Comme je vous le dis, c'est 56
000 personnes au Québec, qui sont vraiment préoccupées par
la situation de Radio-Québec en termes de promotion et de défense
de la culture québécoise, qui vous seraient reconnaissantes d'un
de ces premiers gestes de revalorisation de leur profession qui aurait
été posé et c'est vous qui en auriez le mérite.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. 11 n'y a pas d'autres intervenants?
M. Boulerice: Si c'est non, là, c'est Léonidas aux
Thermopyles.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous pourriez répéter votre menace?
M. Boulerice: Ce n'est pas une menace, je n'en fais jamais, M. le
Président; je fais des promesses, des engagements et je les
respecte.
Le Président (M. Trudel): Voilà.
M. Boulerice: Je dis que si, par malheur, c'était non, je
serai dans la position, moi, le représentant des 23, de
répéter l'exploit de Léonidas aux Thermopyles face
à une armée plus nombreuse.
Le Président (M. Trudel): Voila!
M. Boulerice: Oui, mais lui a dit: Passant, va dire à
Athènes que nous sommes morts pour toi. Alors, nous pourrons dire:
Radio-Québécois, nous sommes morts pour vous!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous remercie de ce rappel de votre grande culture. Je me
permets de revenir à des choses beaucoup plus terre à terre et
pratiques, soit votre amendement.
Une voix: De la Grèce antique à
Radio-Québec!
Le Président (M. Trade!): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je me permets de relire le sous-amendement du député
de Saint-Jacques qui se lit comme suit: "Remplacer le paragraphe d.1 par le
suivant: Cinq personnes nommées par le gouvernement dont une
représentant les milieux de l'éducation nommée sur la
recommandation du ministre de l'Éducation et une autre
représentant les milieux de la culture nommée sur la
recommandation du ministre des Affaires culturelles." Alors, vote par appel
nominal, je présume, Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Avec grand plaisir. M. French
(Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président,
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Le temps d'une paix étant fini, je vais
voter oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: J'ai le plaisir de voter non, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Une voix: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
Mme Juneau: Je n'ai pas répondu.
Le Président (M. Trudel): M. Maciocîa (Viger)?
M. Maciocia: Contre.
Mme Juneau: Pour l'enregistrement du vote, c'est pour.
Le Président (M. Trudel): Le sous-amendement
préseoté par le député de Saint-Jacques est
rejeté par 8 contre, 3 pour et 1 abstention.
Nous revenons donc à...
M. Boulerice: Pourriez-vous le répéter, s'il vous
plaît? C'est pour les fins de mon communiqué de presse.
Le Président (M. Trudel): 8 contre, 3 pour et 1
abstention.
Une voix: Est-ce qu'il faut reprendre les noms de chacun?
Le Président (M. Trudel): Ils sont inscrits au Journal des
débats.
Nous revenons donc, messieurs, mesdames... À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous revenons donc à l'amendement proposé par M. le
ministre. Y a-t-il d'autres intervenants qui veulent se prononcer sur cet
amendement proposé par M. le ministre des Communications?
M. le ministre, avez-vous un mot à ajouter sur votre
amendement?
M. French: Non. Je demande le vote, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vais relire l'amendement
proposé par M. le ministre des Communications: "Remplacer l'article 1 du
projet de loi par le suivant: "1. L'article 6 de la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec (LRQ,
chapitre S-ll.l) est modifiés "1 par la suppression du paragraphe c; "2
par le remplacement du paragraphe d par les suivants: "d) sept personnes
nommées par le gouvernement, domiciliées dans différentes
régions du Québec autres que celle de Montréal; "d.l) cinq
personnes nommées par le gouvernement, dont une représentant les
milieux de l'éducation nommée sur la recommandation du ministre
de l'Éducation; "3 par l'insertion, après le premier
alinéa, du suivant:
"Avant de procéder aux nominations visées par le
paragraphe d - et on enlève la parenthèse, c'était une
erreur - du premier alinéa, le gouvernement invite les organismes
régionaux à soumettre des candidatures."
Sur la proposition d'amendement du ministre, vote par appel nominal.
M. French (Westmount)?
M. French: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Je m'excuse, un caucus. On va voter pour.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice? M. Boulerice:
Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Maciocia (Viger)?
M. Maciocia: Pour.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat est absente.
L'amendement proposé par le ministre des Communications est
adopté: 11 pour et 1 abstention.
La commission est-elle prête à se prononcer sur l'article 1
tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Rémunération des administrateurs
Le Président (M. Trudel): Adopté. Nous passons
à l'article 2 qui se lit comme suit: "L'article 7 de cette loi est
remplacé par le suivant..." On comprend que l'article 1 est
adopté, évidemment, tel qu'amendé. "2. L'article 7 de
cette loi et remplacé par le suivant: 7. Les administrateurs ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit
d'être indemnisés des dépenses qu'ils encourent pour
assister aux séances du conseil d'administration ou de ses
comités aux conditions et dans la mesure que détermine le
gouvernement."
Y a-t-il des membres de la commission qui veulent intervenir sur
l'article 2?
M. le ministre.
M. French: Je pense que les membres de la commission ne sont pas
sans savoir que le gouvernement, quelque six semaines ou deux mois après
son arrivée en selle, a décidé de changer un peu les
règles du jeu en ce qui a trait au "membership", à la
rémunération des membres des conseils d'administration des
douzaines sinon centaines d'organismes, régies, offices,
sociétés d'État, etc., qui fonctionnent au sein de
l'appareil public québécois. On a décidé que la
règle générale devrait être que les membres des
conseils d'administration ne soient pas rémunérés par des
jetons de présence ou autres mécanismes, ou autres
modalités, mais que lorsqu'on pouvait démontrer la
nécessité d'une rémunération, soit par la
quantité du travail impliqué, par l'expertise dont il fallait
disposer ou par la situation financière des individus appelés
à servir, cette possibilité existerait, mais il faudrait quand
même prendre des mesures explicites pour les cas particuliers dont il
serait question.
L'article 2 du projet de loi vient instaurer ce régime en ce qui
a trait aux membres du conseil d'administration de Radio-Québec. Il faut
bien voir que, en ce qui concerne le président-directeur
général, à la fois membre du conseil d'administration et
salarié, le remplacement ne porte pas atteinte à son engagement.
L'engagement du prochain sera régi par l'article 8.3.
Le Président (M. Trudel): Vous avez terminé? Merci,
M. le ministre. M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'aurais des questions pour M. le ministre. Vous
dites: "Les administrateurs ne sont pas rémunérés sauf
dans les cas, aux conditions et dans la mesure que peut
déterminer le gouvernement." Cela me semble très vague comme
formulation.
M. French: Je vais expliquer au député pourquoi
c'est vague. Je comprends que c'est vague - ça l'est - mais il y a trois
ou quatre hypothèses possibles. Tout d'abord, une personne qui est
nommée à qui l'employeur enlève son salaire pour la ou les
journées où elle va assister au conseil d'administration soit
à Québec, à Montréal ou ailleurs, qui signale au
ministre que c'est la situation, etc., on peut peut-être s'imaginer qu'on
va rembourser son salaire s'il est d'ordre raisonnable, alors que, pour
personne qui serait - je prends quelques exemples tout à fait
arbitraires - membre ou employée d'une commission scolaire, d'un
hôpital, d'un CRSSS ou d'un CLSC - ce n'est pas du jamais vu dans le cas
de Radio-Québec, ces cas-là - l'employeur n'enlève pas le
salaire. C'est ce genre de situation là.
Une autre possibilité, ce serait quelqu'un qui est
réellement dans le besoin et à qui le remboursement des
dépenses de voyage et tout le reste ne suffirait pas comme compensation.
Je ne pense pas qu'on retrouve beaucoup de personnes dans cette
situation-là à nos bureaux et offices, etc., mais on peut
imaginer une personne handicapée, par exemple. On peut imaginer que,
compte tenu des services et des difficultés de la tâche
impliquée, peut-être cette personne-là serait
rémunérée. C'est justement pour nous permettre de nous
accommoder à ces possibilités diverses que j'évoque que
nous avons une formulation qui est assez vague.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson avait demandé la parole.
Avez-vous d'autres questions, M. le député de
Saint-Jacques?
M. Boulerice: Non, je vais aller sur le fond plus
tard.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Est-ce que le ministre peut nous indiquer quelle
somme ces jetons de présence représentaient? Est-ce que
c'était un montant fort important?
M. French: Globalement ou par personne, par jour?
Mme Juneau: Par personne.
M. French: On me dit 150 $, mais je le dis sous toute
réserve.
Mme Juneau: D'accord. L'autre question: "Ils ont cependant droit
d'être indemnisés des dépenses qu'ils encourent pour
assister aux séances du conseil d'administration." Est-ce que c'est sur
présentation de pièces justificatives? Comment cela va-t-il
fonctionner?
M. French: Si cela se fait selon les normes gouvernementales, ces
gens ont le choix. Normalement, il y a un...
Mme Juneau: Un per diem.
M. French: ...per diem. Si les gens le préfèrent,
ils peuvent fonctionner avec les pièces justificatives, jusqu'à
concurrence du per diem. Il y a une politique qui existe. Je ne peux pas vous
en faire...
Mme Juneau: Ce sera selon cette politique déjà
établie et non quelque chose de neuf que vous apporterez?
M. French: Je ne dis pas qu'on ne la changera pas au fur et
à mesure que le besoin se fera sentir, Mme la députée,
mais on ne compte pas innover radicalement dans ce domaine-là.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, vous avez terminé vos questions?
Mme Juneau: Cela va. Il va peut-être m'en venir
d'autres.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, sur le fond? (16 h 15)
M. Boulerice: Oui, sur le fond. Je pense que cela a
été une mesure apportée par les gouvernements
précédents que de rémunérer les membres des
conseils d'administration des sociétés d'État. Je vais
vous donner un exemple qui existe aux États-Unis. Bien entendu, on n'est
pas rémunéré lorsqu'on est membre d'un conseil
d'administration d'un grand musée. Je pense que personne ne
reçoit de jetons s'il e3t au MOMA à New York ou bien au
Guggenheim, des choses comme celles-là, parce que c'est bien entendu que
cela apporte énormément de prestige d'être là et la
coïncidence fait, aussi, très souvent que les personnes qui sont
membres de ces conseils d'administration font partie de ce que j'appellerais
l'"establishment" financier, dont les membres portent des noms bien connus
comme Carnegie, Rockefeller, etc. Donc, pour eux, cela est
dérisoire.
Par contre, dans d'autres sociétés d'État, qu'elles
soient ou qu'elles ne soient
pas à but lucratif, on donne des jetons de présence de
façon à amortir les dépenses ou les pertes de salaire. Par
le fait même, sachant qu'il y a compensation, cela nous permet d'avoir
dans les conseils d'administration des gens qui ont la bonne fortune
d'être compétents et intelligents, mais qui ont, par contre, la
mauvaise fortune de ne pas faire partie de ces "establishments" qui peuvent se
permettre de quitter à tout bout de champ leur emploi pour aller
siéger à. un conseil d'administration.
Cela m'apparaît, quand même, un peu paradoxal que, au moment
où on crée des comités dits de bénévoles
qu'on rémunère, des gens à qui on a donné le statut
d'administrateurs ne reçoivent pas de rémunération ou en
recevraient "aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement." M. le ministre, si vous consentez à établir des
conditions et des mesures que peut déterminer le gouvernement, je vous
inviterais à les préciser dans l'article de la loi. Vous savez
très bien, comme moi, que les lois sont faites pour être
interprétées et, lorsqu'elles sont vagues, le droit
prédomine, mais rarement la justice triomphe. À ce
moment-là, vous aurez une foule d'interprétations qui viendront,
sans aucun doute, pénaliser les personnes qui ont droit, justement,
à ce que vous nous avez expliqué. Mais cela reste au niveau de la
philosophie, parce que cela n'est pas écrit. Ces gens seront
pénalisés, d'une part, s'ils ont décidé d'y aller
ou, ces règles, ces mesures, ces conditions n'étant pas
écrites, ils déclineront, pour le grand désavantage de
Radio-Québec, l'offre qui leur est faite de siéger au conseil
d'administration. Donc, je vou3 suggère d'inscrire quelles sont ces
conditions et quelles sont ces mesures, à moins que vous ne vouliez
assortir à l'article 7, éventuellement, une réglementation
particulière, ce qui m'apparaît peu probable puisque vous vous
êtes déjà donné un ministre responsable de la
Déréglementation. Donc, il ne veut pas ajouter des
règlements aux lois du Québec. Donc, cela va laisser place
à un arbitraire incroyable en ce sens.
Dans ce dossier, je pense que l'attitude du gouvernement est
foncièrement démagogue, compte tenu de ce qui a été
fait à côté pour les comités de
bénévoles. Je pense qu'on aurait eu intérêt à
moins s'empresser et à beaucoup mieux réfléchir aux
conditions comme telles, et à déterminer si on précise des
règles qui peuvent être appliquées, au lieu d'y aller d'une
phrase très sibylline qui va désavantager un paquet de gens et
qui va les mettre, d'ailleurs, en situation de revendication de droits qu'ils
estiment avoir parce qu'ils auront peut-être lu le Journal des
débats. Ils seront confrontés avec une opinion inverse et
différente donnée par celui qui sera en charge de ce programme
administratif à l'intérieur de Radio-Québec.
Je vous inviterais à donner des balises très fermes,
très serrées, mais surtout très explicites, de
façon à ne pas laisser des trous où certains n'y ayant pas
droit essaieront d'entrer et où d'autres qui, à juste titre,
essaieront d'y entrer se retrouveront le trou complètement bouché
par une interprétation que pourra donner l'administrateur de ce
programme. Au sujet de l'article 7, il serait préférable que vous
retourniez à vos travaux pour ce qui est de son libellé.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, cet article soulève
toute la question de la rémunération des administrateurs des
sociétés d'État, des régies, des organismes publics
et il y a là une question de principe en cause. Personnellement, je vous
dis tout de suite que je suis en faveur du principe de la
rémunération et que, par conséquent, je suis contre cet
article et pour le maintien, purement et simplement, de l'article 7 de la loi
actuelle qui stipule que "le gouvernement fixe la rémunération,
les avantages sociaux et les autres conditions de travail des administrateurs:
cette rémunération une fois fixée ne peut être
réduite", donc, qui accepte le principe même de la
rémunération des administrateurs.
Toute cette question soulevée par le nouveau gouvernement, tout
ce débat se déroule sur un fond d'hypocrisie, de
démagogie. Je pense que les administrateurs, les personnes qui sont
appelées à administrer et à gérer les organismes
d'État comme Radio-Québec fournissent un travail qui doit
être rétribué. Ils apportent une contribution fort
précieuse puisqu'ils ont été choisis
-généralement, c'est toujours le cas - en fonction de leur
compétence, de leur expérience, de leur expertise, de leur
formation. Donc, leur contribution à la gestion des
sociétés d'État est toujours précieuse, '
enrichissante, et cette contribution, ce travail fourni - parce qu'il s'agit
d'un travail - par ces administrateurs n'est jamais entièrement et
véritablement et complètement compensé par la
rémunération qui leur est accordée. Je pense que c'est
l'évidence. S'il fallait, dans bien des cas, les rétribuer
équitablement en fonction du travail et de la qualité du travail
qu'ils fournissent, il faudrait sans doute que ce soit pas mal plus
élevé que ça ne l'est actuellement. Cela étant dit,
je pense qu'il faut maintenir le principe de la rémunération, de
la rétribution du travail fourni au sein des sociétés
d'État.
Prétendre que ce travail sera fourni à
l'État et à la société par grandeur
d'âme, par charité chrétienne, par magnanimité... Je
ne dis pas qu'on n'en trouvera pas quelques-uns. Ceux qui ont une fortune
personnelle à leur disposition peut-être que cela ne les
dérangera pas de consacrer quelque temps gratuitement à la
gestion d'une société d'État, j'en conviens. Mais je pense
que ce n'est sûrement pas le cas de tout le monde. Je trouve cela
parfaitement légitime, d'ailleurs, je ne trouve pas cela mesquin, bas,
qu'une personne souhaite recevoir une rémunération pour le
travail qu'elle fournit, surtout quand c'est un travail de gestion,
d'administration. Il me semble que le gouvernement veut faire bonne figure en
agissant ainsi, mais finalement, au bout du compte, ce qu'il fait, c'est qu'il
restreint le réservoir et le potentiel des administrateurs. Il y a
beaucoup de ces candidats qui se désintéressent de participer
ainsi à la gestion d'une société d'État parce
qu'ils n'y trouvent pas leur compte et qu'ils n'ont aucune
rémunération pour le travail fourni.
Pour cette raison, M. le Président, je vous annonce tout de suite
que je vais voter contre cet amendement parce que je pense qu'il faut conserver
l'article 7 tel qu'il est libellé actuellement et aussi parce que je
suis favorable au principe de la rémunération des administrateurs
dans toutes les sociétés d'État sans exception. Je
m'oppose à cette opération qui a été lancée
par le gouvernement libéral et qui vise à supprimer un peu
partout ce qu'on appelle les jetons de présence, c'est-à-dire la
rémunération des administrateurs. J'y suis carrément
opposé, sans réserve. Il y a là un parfum de
démagogie autour de toute cette question. Je me refuse à
m'engager dans cette voie-là. Je pense qu'il faut honnêtement
rétribuer ceux et celles à qui on demande de consacrer leur
temps, leurs énergies, leur talent et leur compétence au service
de l'État et au service d'un organisme d'État ou d'une
société d'État. Il faut justement, le plus
équitablement possible, les rétribuer. Par conséquent, je
m'opposerai à l'adoption de cet article 2 du projet de loi actuel.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Autant j'étais
heureuse, satisfaite et sécurisée avec l'amendement que le
ministre avait présenté tout à l'heure concernant
l'article 1, autant celui-ci peut m'indisposer et m'insécuriser. Je
prétends qu'avec un article tel que stipulé dans le projet de loi
les gens qui vont être pressentis pour faire partie du conseil
d'administration vont être hésitants avant d'accepter une
tâche aussi importante, parce qu'être au conseil d'administration
d'une société d'État qui rejoint presque tout le peuple du
Québec, c'est par le fait même, de grandes responsabilités
qui font partie de leur tâche en tant que serviteurs de l'État. Je
pense qu'à ce compte-là, M. le Président, il est
inquiétant de penser que des personnes accepteront de faire partie du
conseil d'administration gratuitement, sans aucune espèce de
rémunération possible; on aura plus de refus que d'accord de la
part des personnes qui sont dûment qualifiées pour faire un
travail aussi important que celui de siéger au conseil d'administration
de Radio-Québec. (16 h 30)
Le conseil d'administration de Radio-Québec n'est pas une
boîte à cinq cents. Le conseil d'administration de
Radio-Québec a une importante mission dans tout le Québec. Si
cette mission n'a fait que grandir depuis son tout jeune âge, c'est parce
qu'en ce qui concerne les présences nous avons eu de la qualité.
Nous avons eu des hommes et des femmes qui savaient être
représentatifs de leur milieu. Nous avons eu des hommes et des femmes
pour qui le poste qu'ils occupaient était d'une grande importance et
signifiait un don de soi-même afin d'accorder un maximum de temps
important pour offrir aux téléspectateurs de L'autre
télévision non seulement une qualité d'émissions,
mais une qualité diversifiée.
De plus, je me rends compte, d'après l'organigramme de la
société, que les membres du conseil d'administration qui
appartiennent à différents comités, tel que stipulé
dans le rapport de la société Radio-Québec, font partie de
la programmation, de la vérification. Ils sont les adjoints au P.-D.G.
Ils sont les vérificateurs. Ce sont des gens qui, à mon point de
vue, occupent des postes très importants, donc, des postes qui
méritent qu'on puisse les rémunérer, tel que la fonction
qu'ils occupent le dit ou le commande.
Je pense qu'à ce compte, M. le ministre, tout comme mon
collègue de Lac-Saint-Jean, je me verrai dans l'obligation de voter
contre cet article pour toutes les raisons dont je viens de vous faire mention
et je souhaiterais que vous ayez l'ouverture d'esprit nécessaire pour
songer peut-être à accepter que l'article 7 de l'ancienne loi de
Radio-Québec, la loi 5, puisse être encore accepté
aujourd'hui selon les critères d'évaluation du ministre. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson.
M. le ministre, est-ce que vous désirez ajouter quelques
mots?
M. French: M. le Président, nous sommes,
évidemment, devant une question politique qui souligne les
différences
idéologiques entre nos deux partis, les différences de
diagnostic social qui animent nos deux partis politiques.
Pour ma part, je crois que les gens sont capables d'offrir d'excellents
services à leurs concitoyens et concitoyennes, tout en n'étant
pas rémunérés. Il y en a d'autres qui pensent autrement,
je les respecte. Je ne suis pas d'accord. Je viens de regarder un peu le
conseil d'administration et je ne peux imaginer qui, dans cette liste, aurait
été moins enthousiaste, moins efficace, moins assidu s'il n'avait
pas été rémunéré que dans les circonstances
où il a travaillé, c'est-à-dire à coups de jetons
de présence.
Pour ce qui est de la spécification de la politique, c'est une
politique gouvernementale. Les modalités seront mises en place par le
Conseil du trésor. Via des règlements ou des politiques
administratives? Je n'en sais rien. Je serai certainement en mesure de prendre
les initiatives, de faire les démarches nécessaires pour
rémunérer les gens qui sont dans les catégories que j'ai
évoquées plus tôt et qui sont les salariés dont le
salaire est enlevé, ceux qui sont dans la nécessité, qui
travaillent tellement d'heures additionnelles dans les comités ou les
instances de Radio-Québec qu'ils devraient être
rémunérés. Je serai certainement en mesure de faire cela
ou le P.-D.G. sera en mesure d'entreprendre les démarches
nécessaires.
Je ne pense pas que cela vaille beaucoup la peine de continuer à
essayer d'étaler nos deux points de vue là-dessus. Les deux
points de vue sont clairs. Encore une fois, je respecte l'autre point de vue.
Je ne pourrais pas l'accepter. La politique est la politique du gouvernement.
Les spécifications seront faites pour tout le gouvernement. Encore une
fois, je ne m'excuse pas de croire que les gens vont être aussi
efficaces, aussi assidus, aussi utiles au service de leurs concitoyens et
concitoyennes, qu'ils soient rémunérés ou non.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: À ce moment-là, si l'on s'en remet
à ce que vient de dire le ministre, cela va relever de la politique
gouvernementale selon des critères évalués par le
président du Conseil du trésor. On pourrait peut-être
suspendre l'article jusqu'à ce que le Conseil du trésor nous ait
dit comment ceia va fonctionner.
M. Trench: M. le Président, si la députée
veut faire une motion pour cela, libre à elle. Ce n'est pas très
pratique, franchement. On sait très bien que...
Mme Juneau: On ne sait pas ce qu'il va y avoir
là-dedans.
M. French: Justement, l'adjoint parlementaire au président
du Conseil du trésor est ici. Voulez-vous que je lui demande de nous
l'expliquer puisqu'il connaît le sujet?
Mme Juneau: Certainement. On aimerait l'entendre.
Le Président (M. Trudel): J'imagine qu'il y a consentement
unanime pour entendre les remarques, les explications plutôt que les
remarques, du député de Saint-Louis et adjoint parlementaire au
président du Conseil du trésor. M. le député de
Saint-Louis, vous pouvez résumer, cela au bénéfice des
membres de la commission.
M. Chagnon: Ce sera très résumé, mais un peu
pour donner une explication à Mme la députée du
comté de Johnson.
M. French: La question est: Comment les exceptions vont-elles
fonctionner?
M. Chagnon: Les exceptions devront être adoptées par
le Conseil du trésor et le Conseil des ministres. Je vous en donne une,
entre autres, qui a été suggérée et
soulevée; c'est pour l'Office des personnes handicapées. Il y
avait certains problèmes particuliers découlant de cet organisme
qui était tout à fait différent des autres organismes
concernés par l'arrêté en conseil qui a été
préalablement adopté. Le conseil et le cabinet devront statuer
sur les exceptions qui pourront venir, mais elles seront très peu
nombreuses.
Mme Juneau: Êtes-vous en train de me dire que le cas de
Radio-Québec sera une exception pendant que le ministre a dit tout
à l'heure que ce sera selon les...
M. Chagnon: Non. Je vous donnais l'exemple d'une exception.
M. French: Les gens qui seront rémunérés,
Mme la députée, seront des exceptions. Et on parle de la
façon dont les exceptions seront évaluées.
M. Chagnon: En tout cas, je peux vous donner un exemple
afférent au Conseil du trésor qui est celui de la CARRA, la
Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances,
où les membres du conseil d'administration ne reçoivent plus de
jetons de présence depuis déjà le 1er avril, date de
l'entrée en vigueur de l'arrêté en conseil. Cela va?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous pouvez prendre place à la table de
façon que vos
paroles soient enregistrées pour la postérité?
Merci, M. le député de Saint-Louis, de vos commentaires. À
l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que d'autres personnes veulent
intervenir? À l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que d'autres
personnes, d'autres députés...
M. Boulerice: On a entendu.
Le Président (M. Trudel): ...veulent intervenir sur
l'article 2? M. le député, vous êtes déjà
intervenu quelques fois.
M. Boulerice: Je n'ai pas dit que je voulais intervenir, M. le
Président.
Mme Juneau: Le ministre a dit: Le vote.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, vous demandez le vote par appel nominal. Je vais relire
l'article auparavant, M. le ministre. Est-ce que vous avez un mot de la
fin?
M. French: Non. Je n'ai pas un mot à dire.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! L'article 2 se lit comme suit: "L'article 7 de cette loi est
remplacé par le suivant: 7. Les administrateurs ne sont pas
rémunérés sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit
d'être indemnisés des dépenses qu'ils encourent pour
assister aux séances du conseil d'administration ou de ses
comités, aux conditions et dans la mesure que détermine le
gouvernement." Le vote par appel nominal.
M. French: (Westmount)?
M. French: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: M. le Président, je suis pour.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Je m'abstiens, M. le Président. Je n'en connais
pas la teneur.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Je suis contre l'article du ministre.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, je vous ai
oublié. M. Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Merci. Contre.
Une voix: Vous avez oublié Mme Hovington.
Le Président (M. Trudel): Non, je dois dire que le vote
était commencé au moment où Mme Hovington est
entrée. Je dois apprécier l'effort de la députée de
Matane pour venir s'asseoir rapidement, mais il était malheureusement
trop tard.
Mme Hovington: Quel dommage, M. le Président!
Mme Harel: Je ne connais pas la teneur du vote que l'on prenait,
je viens de m'associer à vos travaux.
Le Président (M. Trudel): Très bien, Mme la
députée de Maisonneuve. L'article 2 est adopté par...
La Secrétaire: Pour: 6 voix.
Le Président (M. Trudel): Pour: 6 voix.
La Secrétaire: Contre: 3 voix.
Le Président (M. Trudel): Contre: 3 voix.
La Secrétaire: Abstentions: 2.
Le Président (M. Trudel): Abstentions: 2. Nous passons
maintenant à l'article 3.
M. French: L'article 3...
Le Président (M. Trudel): Vous me
permettez, M. le ministre, de le lire.
M. French: Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): Je vous le lis à
l'instant; "L'article 8.3 de cette loi est modifié par l'insertion,
après le premier alinéa, du suivant: le gouvernement fixe la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail du président-directeur général." M. le ministre
des Communications.
M. French: M. le Président, l'article est un amendement
essentiellement technique: il précise que c'est le gouvernement qui fixe
la rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions
de travail du P.-D.G. Même si le président est aussi
administrateur, c'est à titre de responsable de l'administration des
affaires de la société qu'il est rémunéré.
Cette modification a été apportée en concordance avec
celle apportée à l'article 2 du présent projet de loi et
serait applicable pour le prochain P.-D.G. seulement, puisque le P.-D.G. actuel
a été nommé sous la loi actuelle.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Une question: actuellement, c'est le conseil
d'administration, n'est-ce pas, qui fixe cela?
M. French: C'était, je crois, le gouvernement.
M. Brassard: Quelle était la question?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: La rémunération du P.-D.G., ses
avantages sociaux et ses autres conditions de travail, elles sont
déterminées par qui et comment?
M. French: L'article 7 de la loi actuelle, M. le
député, vous l'indique. Je le lis pour votre
bénéfice: "Le gouvernement fixe la rémunération,
les avantages sociaux et les autres conditions de travail des administrateurs;
cette rémunération une fois fixée ne peut être
réduite." Vous comprendrez alors qu'en apportant un amendement à
l'article 2 du projet de loi actuel nous avons donc chambardé toute
cette formulation. 11 faut donc faire un article distinct qui vise le
président-directeur général. C'est un article de
concordance, il n'y a rien de sorcier là. Il n'y a pas de changement de
politique, là non plus.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Est-ce que c'est une concordance avec le mode de
rémunération ou la façon de fixer la
rémunération pour tous les P.-D.G. des diverses
sociétés d'État?
M. French: On ne le sait pas. Je ne connais pas toutes les lois
de façon horizontale. Cela m'étonnerait que ce soit très
différent pour les sociétés d'État dont la
subvention d'équilibre vient largement, dans une très grande
proportion, du gouvernement. Pour les sociétés d'État qui
fonctionnent dans un contexte plus commercial, je ne pourrais pas vous le dire,
mais de toute façon je peux assurer mes amis d'en face qu'on a
changé la rémunération de l'ensemble des administrateurs
avec l'article 2 du projet de loi. C'est pour préserver les moyens et
l'encadrement essentiel du P.D.G qu'on a fait un article distinct qui est
l'article 3.
M. Boulerice: M. le député, vous permettez?
J'aimerais informer le ministre, puisque j'ai cette connaissance que ce n'est
pas un modèle uniforme. Suivant les sociétés
d'État, les modes sont différents. Je me permets de vous
souligner que, pour ce qui est du président-directeur
général d'autres sociétés d'État, notamment
les musées d'État du Québec, c'est le conseil
d'administration qui règle ceci.
M. French: Écoutez...
M. Boulerice: Cela m'apparattrait une bonne chose à faire
pour la société Radio-Québec que de le confier à
son conseil d'administration, il faut bien lui donner certaines
responsabilités...
M. French: Quel était l'exemple que vous m'avez
souligné? Quels musées?
M. Boulerice: Les musées nationaux du Québec,
monsieur. Il y en a trois. Il y a le Musée du Québec - je me
permets de vous les nommer - le Musée d'art contemporain et,
éventuellement, le Musée de la civilisation à
Québec, si les coupures ne l'affectent pas trop dans son
édification.
M. French: M. le Président, si l'Opposition a des raisons
de fond de penser qu'on doit changer cela, j'aimerais bien les connaître,
mais il ne faudrait pas discuter pour discuter parce que les parallèles
ne semblent pas nous convenir. C'est une situation qui n'a pas
créé de problèmes dans le passé et qui ne devrait
pas en créer davantage à l'avenir. Je vous avoue que je ne suis
pas prêt à accepter d'amendement fondamental là-dessus,
mais, si vous voulez en apporter, apportez-en. Rationalisez-les et on verra ce
que cela donne-
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques» vous voulez toujours la parole?
M. Boulerice: Non, non, c'était au niveau de la
discussion, je n'ai pas annoncé d'amendement.
Le Président (M. Trudel): Pas du tout. Est-ce que vous
avez fini de poser des questions ou si vous voulez intervenir sur le fond?
M. Boulerice: Non, cela va.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je pense qu'il est
préférable que ce soit le gouvernement qui fixe les conditions
salariales et de travail du P.-D.G de Radio-Québec parce que c'est la
meilleure façon de faire en sorte qu'il n'y ait pas trop d'écarts
et de différences entre les P.-D.G des diverses sociétés
d'État et que cela soit conforme, en quelque sorte, à une
politique de rémunération de3 cadres supérieurs, comme les
sous-ministres, par exemple, et les hauts fonctionnaires, les grands commis de
l'État. Par conséquent, le P.-D.G de Radio-Québec, en
voyant ses conditions de salaire et ses avantages sociaux fixés par le
gouvernement, se trouve du même coup soumis à cette politique qui
existe. Je suppose qu'elle existe encore, elle existait à notre
époque. Il y a une politique de rémunération des hauts
fonctionnaires et le P.-D.G de Radio-Québec fait partie de cette
catégorie. Il me semble tout à fait normal qu'il soit soumis
à cette politique. La meilleure façon de s'assurer qu'il sera
soumis à cette politique de rémunération, c'est de faire
en sorte que sa rémunération et ses conditions de travail soit
déterminées et fixées par le gouvernement.
M. Boulerice: J'aimerais juste compléter, M. le
Président, et dire au ministre que, dans les musées aussi, la
voie de l'expérience se pratique parce que les conseils d'administration
s'inspirent des politiques administratives et salariales pour déterminer
le salaire, non pas uniquement du président-directeur
général, mais bien de tous les corps d'emploi
représentés dans le musée, syndiqués ou non.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur l'article 3?
Mme Juneau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): L'article 3 est
adopté?
M. French: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 4?
Mme Juneau: On a un amendement, M. le Président, l'article
3.1, avant de passer à l'article 4.
M. French: Le 41e amendement?
Le Président (M. Trudel): Vous dites, Mme la
députée de Johnson, que vous avez un amendement à proposer
à l'article 3.
Mme Juneau: L'article 3.1. On voudrait ajouter...
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il est
adopté?
Mme Juneau: Mais non, on voudrait ajouter un nouvel article.
Le Président (M. Trudel): Lisez-le-moi, s'il vous
plaît!
Mme Juneau: Le projet de loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec est
modifié par l'insertion, après l'article 3, de l'article 3.1 dont
le texte est le suivant: "3.1 La Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est modifiée par
l'insertion, après l'article 10, de l'article suivant: 10.1 Le conseil
d'administration doit, par règlement, établir et maintenir des
bureaux régionaux dans chacune des régions du Québec."
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Je vais suspendre les travaux de la
commission pour quelques minutes, histoire de délibérer sur la
recevabilité de cet amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît:
Une voix: On n'est pas en désordre.
Le Président (M. Trudel): C'est vraiment une tradition qui
est parfois embarrassante pour un président de commission. J'admets que
vous n'étiez pas hors d'ordre et en désordre. Cela dit, c'est la
façon, semble-t-il, séculaire de rappeler que les travaux
reprennent et que, entre autres événements, le président
est prêt à rendre une décision.
Cette décision sur la recevabilité de l'amendement
proposé par la députée de Johnson est la suivante: En
vertu de l'article 244 qui stipule très clairement que les
amendements doivent se rapporter... Je vais le lire en entier parce
qu'il y a un "son" et, si on ne le dit pas... "La commission saisie
étudie chaque article du projet de loi et les débats portent sur
les détails du projet. Les amendements doivent se rapporter à son
objet et être conformes à son esprit et à la fin qu'il
vise, à la fin que vise le projet de loi."
Or, le projet de loi 61 vise, entre autres choses, à abolir
certains bureaux régionaux de la société. Même si
les notes explicatives ne font pas partie intégrante d'un projet de loi,
disent très clairement: "Ce projet de loi a pour objet de modifier la
Loi sur la Société de radiotélévision du
Québec par le retrait des dispositions relatives aux comités
régionaux de la société.
Or, l'amendement tel que proposé par Mme la députée
de Juneau a précisément... Je m'excuse, madame.
Une voix: La députée de Johnson.
Le Président (M. Trudel): Vous vous confondez tellement
avec votre comté que je viens de vous faire un compliment, madame.
J'aime beaucoup quand on m'appelle M. Bourget plutôt que M. Trudel.
Mme Juneau: Merci.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Si vous voulez me laisser
terminer.
M. Brassard: ...j'aurais eu des commentaires à faire sur
la recevabilité.
Le Président (M. Trudel): Je vous permettrai de faire des
remarques tantôt.
Or, l'amendement tel que rédigé a
précisément pour objet d'exiger le contraire du conseil
d'administration puisque on va très loin en disant: Le conseil
d'administration doit, par règlement, refaire ses bureaux
régionaux, établir et maintenir des bureaux régionaux dans
chacune des régions du Québec. Pour ces raisons-là et en
vertu de l'article 244, je me dois de juger cet amendement irrecevable.
M. Brassard: Puis-je me permettre quelques remarques?
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: C'est qu'il me semble que vous confondez - et sans
doute sans le vouloir - les bureaux régionaux et les comités
régionaux. Le projet de loi a effectivement pour objet d'abolir les
comités régionaux. Nous n'en disconvenons pas et nous
considérons qu'il s'agit là, d'ailleurs, du principe du projet de
loi et, nous l'avons maintes fois souligné, nous étions contre ce
principe. Cependant, il arrive qu'à l'Assemblée nationale la
majorité l'emporte et la majorité a adopté le principe du
projet de loi visant à abolir les comités régionaux. Le
projet de loi ne vise pas à abolir les bureaux régionaux.
Une voix: Effectivement.
M. Brassard: L'objet de l'amendement de Mme la
députée de Johnson porte sur les bureaux régionaux et non
pas sur les comités régionaux. Partant de là et à
cause même de cette confusion, toute votre argumentation portant sur la
recevabilité m'apparaît non fondée et l'amendement de la
députée portant sur les bureaux devrait être jugé
recevable. J'admets avec vous que, si cet amendement avait porté sur les
comités régionaux, la recevabilité, à ce
moment-là, aurait dû être remise en question et j'aurais
accepté que l'amendement ne soit pas accepté. Mais l'amendement
porte sur les bureaux régionaux et le projet de loi n'abolit pas les
bureaux régionaux puisque le ministre a annoncé qu'il en
maintenait - à tout le moins, telle était sa volonté -
cinq et qu'il en fermait quatre, mais qu'il abolissait, par contre, les neuf
comités régionaux qui existaient.
Mme Juneau: Sur la recevabilité. M. French:
Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson*
Mme Juneau: Sur la recevabilité, étant donné
que mon collègue vient d'intervenir pour vous l'expliquer, j'imagine que
vous allez avoir une autre interprétation. Oui ou non?
Le Président (M. Trudel): J'ai écouté les
remarques du député de Lac-Saint-Jean. Avez-vous des remarques
à faire sur la recevabilité de cet amendement?
Mme Juneau: C'était exactement ce que le
député a dit.
Le Président (M. Trudel): Je vais vous écouter. Par
la suite, j'écouterai monsieur.
Mme Juneau: Cela va.
Le Président (M. Trudel): Cela va aller? M. le ministre,
sur la recevabilité.
M. French: Sur la question de recevabilité, M. le
Président, ce qui me semble important, c'est de voir si
l'amendement qui est proposé ne vient pas toucher de façon
fondamentale un autre article du projet de loi, soit l'article 4 article auquel
d'ailleurs, on est arrivé et qui se lit au début de la
façon suivante: "Le conseil d'administration..." Excusez-moi, une fois
la loi modifiée, il se lirait de la façon suivante: Le conseil
d'administration peut par règlement: a) délimiter des
régions et établir dans chacune d'elles un bureau de la
société.11 Or, il me paraît clair que c'est
là que l'Opposition devrait apporter un amendement et non pas
créer un article indépendant. C'est au cas où vous vous
rallieriez à l'argument du député de Lac-Saint-Jean quant
à la recevabilité, en principe, du contenu de l'amendement.
J'ajoute tout simplement que, pour ce qui est de la place appropriée
pour apporter cet amendement, il me semble que c'est évident, c'est un
amendement à l'article 11 de la loi et donc un amendement à
l'article 4 du projet de loi et il ne devrait pas viser à établir
un article indépendant. C'est une question d'esthétique
législative.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean, de façon très rapide.
M. Brassard: Pourquoi apportons-nous cet amendement, M. le
Président? On ne veut pas l'inclure dans l'article 11, on veut en faire
un article indépendant. Pourquoi? Parce que les alinéas de
l'article 11 sont précédés de la phrase suivante, si je me
souviens bien "Le conseil d'administration peut". Donc, cela devient en quelque
sorte facultatif, alors que l'amendement de la députée de Johnson
utilise le verbe devoir, "doit". Comme on ne voulait pas l'inclure avec la
liste des autres alinéas, on a proposé cet amendement de
façon autonome, isolée. Il est évident que, si cet
amendement était adopté, cela serait suivi de la suppression du
paragraphe a) du premier alinéa, c'est-à-dire qu'on supprimerait
l'alinéa a) qui indique que le conseil d'administration peut
délimiter des régions et constituer des bureaux de la
société. Cet amendement deviendrait inutile. La différence
vient du caractère facultatif d'un amendement et du caractère
obligatoire de l'autre, c'est là la grande différence. Comme on
veut lui donner un caractère obligatoire, on l'isole. Là, on est
sur la recevabilité.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, si vous n'y voyez pas d'objection, non plus que le ministre et
les autres membres de la commission, je vous suggérerais la
procédure suivante: de suspendre l'article - on est à l'article
4, pour ne pas se tromper, ou enfin à l'article 3.1 - jusqu'au retour du
dîner, à 20 heures. J'accepte de reprendre la réflexion, je
l'ai fait rapidement tantôt. Je pourrai rendre une décision
dès 20 heures sur la recevabilité de votre amendement. Afin de ne
pas retarder indûment les travaux de la commission, je pourrais me
permettre de vous suggérer, si vous êtes d'accord de part et
d'autre, de passer à d'autres articles, peut-être pas à
l'article 4 qui présente un problème pour les raisons que vous
avez évoquées tantôt, M. le député, mais
à d'autres articles et on pourrait travailler sur ces articles.
Je vous dis immédiatement, pour reprendre une expression qu'on
entend souvent à l'Assemblée nationale de la part de notre
président, que je rendrai une décision écrite sur la
question que vous m'avez posée, M. te député de
Lac-Saint-Jean, à 17 h 45.
Si les membres de la commission sont consentants, peut-être
pourrions-nous passer à l'article 5, M. le ministre, madame et messieurs
de l'Opposition. On se comprend bien: Je rendrai une nouvelle décision
sur la recevabilité de votre amendement à 20 heures, ce soir.
L'article 4 dépendant du sort qui sera réservé à
l'amendement proposé, nous passons à l'étude de l'article
5 du projet de loi. On s'entend bien? Cela va?
M. Brassard: Oui, quoiqu'on aurait à l'article 4 un
amendement qui n'a rien à voir avec le sujet en question.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
ça va, l'article 5?
M. Brassard: Entre l'article 5 et l'article 4, on aurait un
nouvel article 4.1.
Exercice financier
Le Président (M. Trudel): Alors, j'appelle l'article 5 qui
se lit comme suit: "L'article 17 de cette loi est modifié par le
remplacement du mot "août" par le mot "mars"." M. le ministre.
M. French: L'article a pour but de rendre conforme l'exercice
financier de la Société de radiotélévision du
Québec à l'exercice financier du gouvernement du Québec,
compte tenu que les subventions d'équilibre que verse le gouvernement
constituent une très large partie du financement de la
société. En vertu de l'article 9 de la présente loi, cet
article entrera en vigueur le 1er septembre 1986, c'est-à-dire à
la fin du précédent exercice financier de la
société et le prochain exercice financier de la
société qui débuterait le 1er septembre 1986 serait bien
plus court que les autres. Les suivants seront de douze mois. On peut
souligner, M. le Président, qu'il n'y a rien de sournois dans le
désir de rendre conformes les années fiscales de la
société et du gouvernement. On veut que Radio-Québec,
vis-à-vis du gouvernement du Québec, soit dans la
même situation que Radio-Canada vis-à-vis du gouvernement du
Canada, entre autres. Je pourrais vous dire, à partir de ma propre
expérience, que cela risque d'apporter une clarté dans les
discussions entre le gouvernement et Radio-Québec, ce qui n'existe pas
inévitablement actuellement puisque la complexité qu'amène
la différence des deux années financières est
vraisemblablement un problème fondamental pour la communication entre
les instances gouvernementales et la société.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Comment se traduisent les directives de compressions
budgétaires de la part du Conseil du trésor à partir de
cette réalité de deux années financières qui se
chevauchent?
M. French; Avez-vous trois quarts d'heure?
Une voix: Oui.
M. French: Vous, je le sais.
M. Brassard: C'est 8 000 000 $.
M. French: Oui. Je vais essayer de vous expliquer les 8 000 000
$, mais je le fais sous toute réserve parce que j'ai eu 56 versions.
D'accord? Cette année... Honnêtement, c'est à peine si ce
n'est pas Heinz! Effectivement, on a commencé avec une compression
budgétaire pour l'année financière du gouvernement de 800
000 $, on a poursuivi avec une compression budgétaire de 6 000 000 $.
Total, donc pour l'année financière du gouvernement, 6 800 000 $.
On a par la suite étalé ces compressions sur deux ans puisque
cela crée un problème énorme pour l'année fiscale
actuelle de Radio-Québec parce que, quand on commence à couper
sur sept douzièmes d'année plutôt que sur douze
douzièmes de l'année, cela devient extraordinaire comme
bouleversement de la programmation en place. Quand je dis "programmation",
c'est au sens large, pas juste diffusion sur l'écran. (17 h 15)
Alors, on a divisé le total de 6 800 000 $... Non, s'ajoutent
à 6 800 000 $ pour l'année fiscale en cours 500 000 $ pour
non-paiement de coût de fonctionnement, pour un total de 7 300 000 $. de
coupures. On a étalé les 7 300 000 $ de coupures sur deux
années fiscales de Radio-Québec, soit 4 300 000 $ pour
l'année... Excusez-moi. Vous voyez comment ça va? J'aimerais
mieux faire "xeroxer" ce que j'ai ici et le distribuer à tout le monde
pour que vous puissiez tirer vos propres conclusions, parce qu'il y a un moment
je comprenais, mais là je ne comprends plus.
Le Président (M. Trudel): Pour les fins d'enregistrement
du Journal des débats, le mot "xeroxer" pourrait être transcrit
par le mot "photocopier", car on pourrait se faire accuser de favoriser une
compagnie plutôt qu'une autre. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je viens de comprendre une
chose, à tout le moins: c'est que l'article 5 du projet de loi
était vraiment pertinent. Au moins, là-dessus on est
d'accord.
M. French: Alors, on peut l'adopter?
Une voix: On pourrait peut-être en parler un peu?
M. Brassard: Je pense qu'on peut l'adopter.
M. French: Je vais demander à la secrétaire de
faire des photocopies.
Le Président (M. Trudel): "Canner", "xeroxer", "minolter",
"sharper". Est-ce que l'article 5 est adopté?
M. Brassard: Adopté. Abolition des comités
régionaux
Le Président (M. Trudel): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 6, qui se lit comme suit: "La section 1.2 de
cette loi qui comprend... S'il vous plaît! Je répète
l'article 6: "La section 1.2 de cette loi qui comprend les articles 19.1
à 19.10 est abrogée." M. le ministre.
M. French: On sait ce que c'est. C'est l'abrogation du pouvoir de
constituer les comités régionaux. Le débat a largement
porté là-dessus. Je ne pense pas qu'il y ait grand-chose que je
puisse ajouter. Le contentieux entre nous et nos amis d'en face à ce
sujet-là est bien connu.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a des
intervenants sur cet article? Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Juste un instant. J'étais en train de
discuter. C'est d'abroger les comités régionaux, la programmation
régionale, d'accord, je comprends. Après la bataille qu'on a
menée depuis le tout début des discussions sur les
compressions... En effet, cela a commencé par l'application d'une
compression provenant du Conseil du trésor - parce que le ministre,
à cause de
cette compression qu'il devait effectuer de 8 000 000 $, a
été dans l'obligation - c'est ce qu'il nous dit, en tous cas - de
couper les comités régionaux, chose qui, à notre point de
vue, aurait pu être évitée.
Je ne sais pas si c'est à cause de sa grandeur d'âme ou
s'il voulait laisser faire les autres, les laisser prendre la décision,
mais le ministre avait décidé, dans un premier temps, qu'il
laissait au conseil d'administration le soin d'appliquer la compression qui
était exigée par son collègue, le président du
Conseil du trésor. Dans un premier temps, toujours, le ministre a
attendu que le conseil d'administration prenne sa décision et il y a eu,
comme nous le savons tous, deux votes qui ont été pris par ce
fameux conseil d'administration. Le premier vote s'est terminé comme
suit: 11 pour, 9 contre, 2 abstentions et 1 absence.
Cette première résolution, qui s'est terminée comme
je viens de vous l'énoncer, visait la conservation des comités
régionaux tels qu'ils étaient au tout début lors de
l'adoption de la loi 5 sur Radio-Québec. Le deuxième vote portait
sur les compressions, mais je pense que le ministre avait donné
l'opportunité au conseil d'administration d'appliquer la compression
qu'il avait commandée ou que son collègue, le président du
Conseil du trésor, lui avait commandée. Tous étaient
d'accord ou la majeure partie était d'accord pour que la compression
s'applique à la fois dans les régions et à la station
montréalaise, mais - je dis "mais" -tout en préservant les acquis
tels qu'ils étaient, c'est-à-dire conserver en place les neuf
comités régionaux. Tous ceux et celles qui ont travaillé
depuis 1979 à Radio-Québec et tous les intervenants - Dieu sait
si nous en avons eu beaucoup - ont demandé de conserver, tel que
stipulé dans la loi 5, les neuf comités régionaux tels
qu'ils étaient au tout début.
Je sais que le ministre, quand il a pris connaissance de la
décision de Radio-Québec, était fort mécontent
parce que le conseil d'administration n'avait pas pris une décision
telle que le ministre l'aurait souhaitée. C'est, d'ailleurs, pour cela,
comme je vous l'ai expliqué dans une autre intervention, que le ministre
n'était pas heureux parce que les gens n'avaient pas
décidé de la même façon que le ministre l'aurait
souhaité.
Je viens de recevoir une courte note pour les fins du Journal des
débats. Le vote avait été le suivant: 11 pour, 8 contre,
et non pas 9 comme je vous l'avais dit - je m'en excuse, M. le ministre - 1
abstention et 1 absence.
Cela dit, je pense qu'il est important de notre part, si nous voulons
être cohérents avec ce que nous avons toujours défendu et
ce que nous allons continuer de défendre, certainement de ne pas voter
pour cet article 6 du projet de loi. L'article 6 fait fi, premièrement,
d'un vote démocratique pris à l'intérieur d'un conseil
d'administration dûment autorisé par une loi qui l'a
constitué, la loi 5. Donc, ce conseil d'administration était
habilité à prendre la décision qu'il a prise,
c'est-à-dire de conserver, tels qu'ils étaient, les neuf
comités régionaux. Il est malheureux, à mon point de vue,
qu'à l'instar de tous et chacun, nous n'ayons pu faire changer le
ministre d'opinion. C'est regrettable, à mon point de vue, et je pense
que la principale objection du ministre a toujours été qu'il se
remettait aux interventions que le P.-D.G. avait faites auprès de lui
pour lui dire qu'un conseil d'administration formé de neuf
présidents de comités régionaux était un
"pâwâ", était indirigeable ou était une foire, en
tout cas, tous les qualificatifs qu'on veut bien lui prêter et qui ne
sont pas nécessairement la vérité.
Le ministre, à notre point de vue, ferait bien mieux d'apporter
un amendement à cet article 6 du projet de loi et aussi de comprendre
l'importance pour nous de conserver nos acquis.
Bien sûr, nous sommes humains et, lorsque nous sommes,
après maints et maints efforts, arrivés à un but
très précis qui repecte l'idéologie de ce qu'est le fond
même de la loi, c'est difficile de revenir et, simplement parce que le
ministre ne croit pas aussi fort que nous aux différentes régions
du Québec, d'admettre que, simplement en une phrase et quart, on peut
abolir ce que nous avons mis six ans et demi ou sept ans de travail continuel
à construire pour être capables d'arriver là où on
est aujourd'hui, c'est-à-dire nos neuf comités régionaux,
nos neuf comités représentatifs parce que ce sont des gens qui
siègent au conseil d'administration et qui viennent de milieux
différents, qui ont le feu sacré d'être tout à fait
à l'image, à la ressemblance du coin du Québec qu'ils
représentent.
Je pense que c'est une erreur et, bien sûr, je vais voter contre
cet amendement parce que je crois qu'il est important que le ministre soit mis
face à une décision, à mon point de vue, qu'il regrettera
fort longtemps. Je pourrais vous parler de plusieurs articles de plusieurs
journaux régionaux qui en ont fait état, mais je souhaite, dans
les minutes qui vont suivre, pouvoir retrouver au moins dans ma documentation
ce que le président du comité régional de l'Estrie a dit
sur le sujet. Je peux intervenir de façon très
éclairée parce que le président de l'Estrie, M. Jean
Chouinard, est un homme que je connais très bien, un homme d'une grande
crédibilité qui est intervenu dans notre quotidien, La Tribune,
en Estrie, et qui dit en gros titre: "L'avenir va démontrer que le
ministre French s'est trompé." Ce n'est pas moi qui dis cela.
M. Boulerice: Question de règlement. Je pense que, depuis
le début de la commission... Personnellement, j'en ai assez. S'il y a
des membres de l'autre bord qui se cherchent un comité social quelque
part, vous pourriez peut-être les informer que, sur la
Grande-Allée, même s'il fait "fret", c'est plein de bars et de
terrasses. J'aimerais être capable d'entendre ma collègue comme
nous, on les aurait écoutés s'ils avaient parlé, mais le
"placoting" que j'entends à côté depuis le début de
la commission, je trouve cela profondément irrespectueux,
exaspérant et, là-dessus, je n'ai plus le goût de
plaisanter.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez partiellement raison. Il y a là, je vous le
ferai remarquer, un léger jeu de mots. Vous avez partiellement raison,
je le répète. Cela a été -disons le mot -
animé.
Une voix: Cela s'applique à vous aussi.
Le Président (M. Trudel): Oui, cela s'applique à
moi, il y a un an aujourd'hui, je me permets de le souligner. Les travaux ont
été animés de part et d'autre depuis le début des
travaux de la commission. Mais je suis d'accord avec vous, M. le
député de Saint-Jacques, qu'en fin d'après-midi, comme
cela, le murmure augmente un peu plus à ma droite qu'à ma gauche.
Je demanderais aux gens de ma droite de murmurer moins fort de façon
à laisser Mme la députée de Johnson poursuivre son
intervention.
Mme Juneau: Je vais faire une motion là-dessus. Si,
éventuellement, ils ne doivent pas intervenir, excepté le
député de Sherbrooke qui va demander le vote, je pourrais leur
dire d'aller faire leur travail au bureau. Comme cela, on pourra faire nos
interventions.
M. French: La pertinence.
Le Président (M. Trudel): La pertinence du débat.
Je juge que votre temps est précieux et profitez-en au maximum, madame.
(17 h 30)
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, M. le Président, et
je remercie mon collègue de Saint-Jacques de son intervention. Je pense
qu'on va être en mesure de terminer nos interventions dans un calme
relatif.
Je disais donc que, dans le quotidien La Tribune, de Sherbrooke - et le
ministre a certainement lu cet article - on disait que Radio-Québec
fermerait à Sherbrooke. "Le gouvernement Bourassa fermera les bureaux
régionaux de Radio-Québec à Sherbrooke,
Trois-Rivières, Québec et dans l'Outaouais, affirme avoir appris
Radio-Canada. "Par ailleurs, tel que promis dans la journée d'hier par
le premier ministre, en tournée au Lac-Saint-Jean, les bureaux des
régions éloignées ou périphériques ne
seraient pas pénalisés par les compressions budgétaires
qui sont à la base de ces fermetures. "Rejoint tard hier soir à
son domicile, le président du comité administratif du bureau de
Sherbrooke, M. Jean Chouinard, ne s'est pas montré surpris de cette
nouvelle. "Nous nous y attendions, a-t-il lancé dans un premier temps.
"Nous espérions, toutefois, que le ministre Richard French se laisserait
fléchir à la suite de l'appui massif par le milieu estrien et ses
organismes, a-t-il ajouté par la suite. "Je n'en suis pas moins
très malheureux et très désappointé de cette
fermeture, devait-il renchérir. "À son avis, "l'avenir va
démontrer que M. French s'est trompé en sacrifiant les
régions pour satisfaire Montréal". "Car le président
estrien ne doute aucunement que le ministre cède aux pressions de
Radio-Québec Montréal, désireux de se débarasser du
fardeau financier que représentent les régions et de la mainmise
de ces dernières sur le conseil d'administration de la
télévision d'État."
Je pense que c'est un jugement très lourd que le président
du comité régional de l'Estrie, M. Jean Chouinard, vient de
décrire dans le quotidien La Tribune, de Sherbrooke, en date du 6 mai
1986. "Le président de Radio-Québec Estrie devait expliquer que
le gouvernement libéral s'en prend aux régions qu'il estime "bien
nanties". Mais, dans l'Estrie, ce n'est pas le cas, car nos
télévisions locales deviennent de plus en plus
"montréalisées" ou "québécisées", la
production locale diminue de plus en plus et ça prend des faits divers
ultrasensationnels pour que les réseaux s'occupent de ce qui se passe
ici. "Le service de télévision sera apprauvri dans la
région, car Radio-Québec constituait l'espoir le plus
sérieux pour permettre aux gens des petites localités, comme
Coaticook, par exemple, de se faire valoir."
Chez nous, à Windsor, on a été chanceux d'avoir
Radio-Québec, M. le Président. Si notre comité
régional n'avait pas débattu la question, nous n'aurions pas
été sensibilisés à tout ce qui venait s'implanter
en Estrie. Vous savez qu'on a eu un gros dossier, nous autres, celui de Domtar,
à Windsor. On a eu aussi le sommet économique qui a
été en partie financé par d'autres organismes de l'Estrie
pour aider afin que le sommet socio-économique de l'Estrie soit
présenté à l'écran de L'autre
télévision.
Je pense qu'on utilisait le petit écran de L'autre
télévision pour démontrer à tout
le Québec comment nous, les gens de l'Estrie, nous pouvions tirer
notre épingle du jeu et comment, de par notre comité
régional, nous pouvions nous inscrire à des émissions qui
nous ressemblaient vraiment.
Si je retrouvais tous les écrits de journaux qui sont intervenus
en faveur de la conservation des comités régionaux à la
grandeur du Québec, M. le Président, je pense que j'aurais besoin
de plus que 20 minutes pour être capable de vous dire tout ce qui s'est
dit et tout ce qu'ils auraient souhaité qu'on fasse dans les neuf
régions du Québec.
Je regrette sincèrement que le ministre n'ait pas changé
d'idée sur le fait qu'il doit abolir, qu'il veut abolir, qu'il insiste
pour abolir les neuf comités régionaux qui - je sais que je me
répète, mais je le dis bien encore une fois - ne coûtaient
rien au gouvernement du Québec. C'était gratuit. Ce
n'était pas des gens qui avaient comme seule et unique fonction
d'être présidents des comités régionaux. Je remarque
que le député d'Arthabaska ne semble pas apprécier ce que
je dis, mais cela est authentiquement vrai. Les présidents des
comités régionaux siégeaient bénévolement,
M. le député, et ils occupaient, dans la vie, d'autres fonctions,
mais c'était à titre d'expérience personnelle et à
titre de gens cultivés, éduqués, intéressés
à ce que la société Radio-Québec puisse avoir une
parole en régions. Ces porte-parole, nous souhaitions pouvoir les
conserver parce que c'étaient des gens qui pouvaient, en l'occurrence,
parler en notre nom, parler au nom de nos petites et moyennes industries,
parler au nom de nos associations, parler au nom de nos artistes, parler, en
fait, au nom de Monsieur et Madame Tout-le-Monde de l'Estrie, de tous . ceux et
celles qui avaient des choses à dire et qui voulaient les partager au
petit écran de L'autre télévision avec toutes les autres
régions du Québec. Donc, pour tous ces motifs, M. le
Président, je suis en parfait désaccord avec l'article 6
présenté par le ministre des Communications et, bien sûr,
je voterai contre cet article. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
vous n'étiez pas ici tantôt quand j'ai dit qu'à...
Mme Harel: ...17 h 45, vous rendriez une fort importante
décision.
Le Président (M. Trudel): Étiez-vous ici? J'aurai
une décision à rendre. Votre temps sera limité par cette
décision et, par la suite, on reprendra à 20 heures.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je ne serai sans doute
pas parmi vous à 20 heures, devant assister au dépôt en
Chambre du projet de loi 19 et faire un discours de deuxième lecture. Je
souhaiterais pouvoir terminer peut-être cette intervention. Enfin, on
verra.
Le Président (M. Trudel): Moi, je pourrai vous laisser
aller jusqu'à...
Mme Harel: 19 h 55? Parfait.
Le Président (M. Trudel): Je parlerai plus rapidement.
Mme Harel: J'y vais tout de suite, de toute façon, M. le
Président. Dans le compte rendu de la conférence de presse que le
ministre a tenue au moment où il a fait part de sa décision de
supprimer les comités régionaux, entre autres, et de l'ensemble
de ses décisions concernant Radio-Québec, nous retrouvions
l'affirmation suivante et je vous en fait lecture. Peut-être avant
dois-je vous dire que le Parti libéral du Québec, durant la
campagne électorale, s'était interrogé non pas simplement
verbalement, mais par écrit sur la pertinence, la qualité, la
diversité de la programmation de Radio-Québec. Je vous cite ce
qui en était exactement dit par les porte-parole du Parti libéral
qui avaient fait connaître la politique culturelle du Parti
libéral du Québec concernant Radio-Québec et qui avaient
donc, par écrit, fait part du fait que le Parti libéral
s'interrogeait sur la qualité et la diversité de la programmation
- de Radio-Québec, sa gestion financière, ainsi que sa
performance globale comparativement à celle d'autres
télévisions éducatives comme TV Ontario et le
réseau américain PBS.
Nous voyons qu'à ce moment les interrogations ne portaient
nullement sur l'efficacité, et de la programmation régionale et
de la structure régionale, mais sans doute pouvons-nous nour
réjouir, premièrement, de cette affirmation contenue, donc, dans
ce dépôt de ses positions par le ministre selon laquelle le
gouvernement reconnaît "l'effort déployé en régions
par les employés de Radio-Québec." Également - je crois
que c'est l'élément le plus intéressant - on dit ceci: "Le
gouvernement reconnaît d'emblée l'importance du rôle de
Radio-Québec dans l'épanouissement éducatif, culturel et
social de la collectivité québécoise."
C'est, donc, là une affirmation qui est maintenant, sans doute,
la réponse à cette interrogation que le Parti libéral, qui
n'était pas encore le gouvernement, formulait à l'égard de
Radio-Québec. Il reconnaît - et je crois que c'est
l'élément, évidemment, sur lequel on peut s'interroger le
plus - dit-il,
avant tout, avant tout, "la nécessité pour
Radio-Québec de continuer à augmenter sa part du marché
national en offrant une télévision intelligente et stimulante
face à la concurrence des réseaux de langue anglaise et des
émissions américaines doublées en français."
Quel est le mandat dorénavant? Essentiellement, c'est d'augmenter
la part du marché. Il y a là - et cela, il faut bien s'en rendre
compte - une sorte de glissement entre l'objectif premier, qui était un
mandat éducatif, et ce qui est maintenant le mandat ou l'objectif -
c'est un message qui est clair, je crois, maintenant, pour la direction de
Radio-Québec - d'augmenter sa part du marché. Je crois, M. le
Président, que, de L'autre télévision, il est maintenant
convenu de penser que le mandat est d'être une télévision
mieux que les autres.
Y a-t-il perte dans ce glissement, dans ce passage de L'autre
télévision à la télévision mieux que les
autres? La perte, c'est cette dimension régionale. Je veux insister
là-dessus parce qu'en étant L'autre télévision,
c'était d'autres critères qui étaient retenus pour
évaluer la performance d'une autre télévision qui avait
des objectifs autres. Mais en ayant maintenant un objectif d'être une
télévision mieux que les autres, ce sont les mêmes
critères que les autres qui vont devoir s'appliquer pour évaluer
si maintenant la performance est meilleure. C'est une différence
absolument essentielle, voyez-vous, de passer de ce mandat d'une
télévision éducative au mandat d'augmenter la part du
marché; il y a là essentiellement une différence. Il y a
là, je crois, un choix qui est fait, à savoir: Qu'est-ce qui est
choisi? D'abord, l'augmentation des revenus publicitaires, parce qu'on sait
très bien que, pour augmenter la part du marché, ce
critère est essentiel.
Le ministre a invoqué, à l'appui de ses décisions,
le fait qu'il devait y avoir diminution parce que le nombre de
téléspectateurs rejoints en régions était
insuffisant. Pour avoir lu presque tout ce qui a pu s'écrire du
côté ministériel sur cette question, je crois conclure que
c'est ce critère du nombre de téléspectateurs rejoints qui
est, finalement, reconnu comme étant le critère qui devrait
justifier la disparition des comités régionaux et la disparition
d'une programmation régionale élaborée dans la
région même. Il faut voir, d'une part, que c'est en vertu de cette
mission éducative que Radio-Québec poursuivait un projet de
développement régional, un projet de développement comme
outil de développement culturel et économique.
Évidemment, on connaît les points de vue qui ont
été exprimés à différents niveaux
jusqu'à ce qu'on remette en question la dimension régionale de
Radio-Québec. Je pense, entre autres, à la Régie des
services publics du Québec qui, l'été dernier, au mois
d'août, il y a à peine quelques mois, disait ceci en faisant
connaître son ordonnance concernant Radio-Québec, puisque
Radio-Québec devait se présenter devant la Régie des
services publics. "Le cheminement éducatif, quoique présent dans
l'élaboration de la programmation nationale, est davantage
articulé dans sa programmation régionale." On pourrait ajouter,
évidemment, bien d'autres déclarations indiquant que la dimension
éducative était essentiellement traduite par une dimension
régionale articulée. On peut certainement se poser un certain
nombre de questions et faire un certain nombre d'hypothèses. Il y a une
sorte de défiance profonde à l'égard des projets de
régionalisation du côté, je ne dirais pas de l'ensemble des
ministériels, mais de ceux qui entre eux ont le pouvoir de
décision, une sorte de défiance vis-à-vis des projets de
décentralisation, parce que essentiellement ces projets de
régionalisation sont des projets de décentralisation des pouvoirs
dans une certaine mesure et certainement des projets de Consolidation des
initiatives régionales, des projets qui décentralisent les
centres de décision, qui, évidemment, redistribuent en
régions des pouvoirs jusqu'alors centralisés dans certains
centres politiques à Québec et économiques à
Montréal. (17 h 45)
Je crois que la question est certainement celle-ci: Que met en cause
cette abolition des régions. On sait que ce qui est aboli, ce ne sont
pas que les comités régionaux, ce n'est pas, contrairement
à ce que l'on dit, qu'une structure bureaucratique. Ce qui est aboli,
c'est le mandat que ces comités avaient. Je vous le rappelle:
Établir la programmation régionale en régions et assurer
la gestion des ressources humaines et matérielles affectées
à la programmation et à la production d'émissions pour la
région. C'était essentiellement le mandat de ces comités
que nous allons abolir, puisque les ministériels ont l'air d'avaliser
complètement tout le projet, en adoptant cet article 6.
Qu'est-ce que cela a comme conséquence? Je crois, M. le
Président, qu'il faut vraiment s'interroger sur la mission
dévolue à Radio-Québec, d'une part, d'en faire une
télévision intelligente et stimulante - je pense bien que tout le
monde s'entend là-dessus - mais une télévision qui va
devoir maintenant être jugée selon les mêmes critères
que les autres, c'est-à-dire une télévision qui va sans
doute beaucoup passer au-dessus de la tête de tout le monde. Je pense, en
particulier, à cet effort qui a été fait pour se servir de
l'outil qu'était la télévision comme instrument de
développement culturel et économique.
J'ai cette définition de la culture, M. le Président, qui
est simple et qui est à peu près la suivante. Finalement, il y a
trois
types de culture: il y a une sorte de culture savante que les
élites reconnaissent comme étant la seule culture qui vaille la
peine; il y a la culture de masse, qui est une culture de consommation
évidemment déterminée, dans notre société,
par notre voisin américain, et il y a cette culture populaire qui se
fraie parfois péniblement un chemin à travers la culture savante
des uns et la culture de masse des autres. Mais cette culture populaire qui est
celle des populations, des collectivités qui se reconnaissent un certain
niveau d'expertise dans un certain nombre de domaines, qui reconnaissent leur
appartenance, qui reconnaissent leurs traditions et qui veulent les
transmettre, a essentiellement comme objectif de s'approprier les acquis du
passé pour mieux répondre aux défis de l'avenir.
Je crois que, malgré le peu d'écoute qu'on reproche
à la programmation régionale, celle-ci, à bien des
aspects, avait cette qualité de permettre aux populations
régionales, même peu. nombreuses, de se servir de la
télévision comme d'un instrument de culture populaire. Je pense
ici au palmarès des émissions régionales diffusées
sur le réseau à l'automne 1985. Je pense au centre du
Québec. Cette région détient le premier rang dans le
palmarès des émissions régionales et c'en est une que le
ministre a décidé d'abolir. Il s'agit du festival mondial de
folklore. L'émission s'intitule "Au rythme du monde".
Je ne sais pas combien d'entre nous ont participé au Festival
international de folklore, à Drummondville. Parfois, cela fait sourire
les Montréalais,, Comment imaginer un festival mondial ailleurs
qu'à Montréal? Je dois vous dire que, pour à peu
près les 2 000 000 de Montréalais de la région de
Montréal, il n'y a rien d'international ou de mondial à
l'extérieur de Montréal. C'est absolument impensable. Pourtant,
ce festival de Drummondville s'est taillé une réputation
enviable. Cela m'étonnerait beaucoup qu'une programmation, même
régionale à partir de Montréal, pense à
présenter un festival mondial qui se déroulerait ailleurs
qu'à Montréal. À ce moment-là, il y a
évidemment tous ces festivals... Vous connaissez peut-être cette
demi-douzaine de festivals qui se déroulent actuellement de juin
à juillet à Montréal. Pourquoi penser qu'ils vont
privilégier celui de Drummondville? Pourtant, j'imagine que, dans la
région du centre du Québec, c'est un sujet de fierté
certainement, mais, d'une certaine façon, c'est un modèle de
réussite. C'est certainement un exemple d'appartenance à une
région qui permet, lorsque l'ensemble des forces vives en conviennent,
de mener à terme des projets qui ont un caractère assez
prestigieux.
Je voudrais aussi citer comme preuve, au septième rang, la
Côte-Nord avec une émission "13, 3ième rue E, Gagnon".
J'imagine que cela se passe dans la ville de Gagnon. C'est sans doute une
émission qui retient un auditoire de 60 000. Ce n'est rien 60 000
allons-nous dire, si on -compare avec Montréal. Mais 60 000 personnes
qui ont une connaissance plus profonde de ce qui se passe dans d'autres
régions du Québec, c'était certainement un aspect qui,
à bien des égards, nous fait comprendre l'importance que
revêt cette programmation régionale.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, je m'excuse. Je sais que vous ne pouvez pas être
présente ce soir.
Mme Harel: C'est intéressant.
Le Président (M. Trudel): Par contre, j'ai une
décision à rendre et on avait convenu - c'est sûrement fort
intéressant -que je rendrais cette décision.
Mme Harel: Je pourrai continuer, M. le Président?
Le Président (M. Trudel): J'ai beau parler, naturellement,
rapidement, je ne voudrais quand même pas accélérer le
tempo, il vous restera, quand même, du temps, madame, si vous pouvez
être des nôtres ce soir, à 20 heures. Je vous remercie, Mme
la députée de Maisonneuve.
À l'ordre, s'il vous plaît, afin que je puisse rendre la
décision que je vous avais promise pour aujourd'hui. Je vais vous faire
distribuer le texte de cette décision.
Décision du président sur la
présentation de motions d'amendement
Hier soir, peu avant l'ajournement de nos travaux, j'ai pris en
délibéré une demande de directive du député
de Lac-Saint-Jean. Ce dernier m'a demandé, alors, d'éclairer
cette commission quant à la portée de l'article 170 du
règlement Geoffrion, article auquel j'ai fait référence
à quelques reprises depuis le début de nos travaux, notamment
jeudi le 29 mai dernier.
Au cours de cette séance, j'ai jugé irrecevable une motion
d'amendement que proposait le député de Lac-Saint-Jean à
une motion préliminaire de la députée de Johnson.
M'inspirant de l'article précité, j'indiquais au proposeur de la
motion qu'il avait épuisé son temps de parole tant sur la motion
principale de la députée de Johnson que sur les motions
d'amendement présentées par les autres membres de la commission
qui prenaient la parole sur cette motion.
L'article 170 du règlement Geoffrion stipute ce qui suit: "Sauf
les exceptions prévues au règlement, tout député
autre que
l'auteur d'une motion en délibération peut, s'il a le
droit de parler sur cette motion" -et j'insiste - "faire une motion secondaire
tendant à amender cette motion". Le libellé de cet article
confirme, d'une part, qu'un membre de cette commission n'est habilité
à présenter une motion d'amendement à une motion
principale que, et je cite: "s'il a le droit de parler sur cette motion"
(principale).
D'autre part, une note infrapaginale sous l'article 170 du
règlement annoté de Louis-Philippe Geoffrion explique, et je
cite: "Celui qui a déjà pris la parole sur une motion ne peut se
lever de nouveau pour proposer de l'amender".
Sous l'autorité du règlement actuellement en vigueur
à l'Assemblée, ce principe se trouve édicté
à l'article 209 et se lit comme suit: "Sauf dispositions contraires, un
député peut s'exprimer une seule fois sur une même
question. Son temps de parole est de dix minutes pour une motion de forme et de
vingt minutes pour toute autre affaire." Force nous est de constater que,
même aujourd'hui, la règle édictée à
l'article 170 du règlement Geoffrion trouve toujours application et,
à moins que le règlement de l'Assemblée nationale ne
prévoie le contraire, lorsqu'un membre entend intervenir sur une
question, il ne peut intervenir qu'une seule fois et il doit respecter le temps
de parole qui lui est alloué pour s'exprimer sur cette question. S'il
entend proposer un amendement à une motion principale, il doit le faire
alors qu'il a le droit de parler sur cette motion, donc à
l'intérieur du temps de parole dont il dispose sur la motion
principale.
La règle énoncée à l'article 170 du
règlement Geoffrion se trouvait également dans le
règlement en vigueur à l'Assemblée nationale de 1972
à 1984. À l'article 69 dudit règlement, on pouvait lire,
et je cite: "Sauf les exceptions prévues au règlement, un
député, s'il a le droit de parler sur une motion, peut y proposer
un amendement par une motion non annoncée et, tant que
l'Assemblée ne s'est pas prononcée définitivement, le
droit d'amendement existe"
À la lecture de cet article, nous devons conclure que,
malgré le fait que le droit d'amendement existe tant qu'une commission
ne s'est pas prononcée définitivement sur la motion principale,
il n'en demeure pas moins que, pour proposer une motion d'amendement, un membre
doit avoir le droit de parler sur la motion principale. Ainsi, lors de
l'étude détaillée d'un projet de loi, les membres d'une
commission disposent, en vertu de l'article 245 du règlement de
l'Assemblée nationale, d'un temps de parole de 20 minutes, et je cite:
"...pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un projet de loi, chaque
amendement ou sous-amendement ou chaque article qu'on propose de modifier au
d'ajouter dans une loi existante." De plus, l'article 245 précise, et ce
contrairement au principe énoncé à l'article 209 du
règlement de l'Assemblée nationale, que ce temps de parole peut
être utilisé en une ou plusieurs interventions. Le temps de parole
de 20 minutes dont disposent les membres de cette commission peut donc
être scindé.
Je réitère donc, et ce pour la bonne compréhension
de tous les membres de cette commission, que les membres qui entendent proposer
un amendement à une motion principale lors de l'étude
détaillée d'un projet de loi doivent s'exécuter au moment
où ils prennent la parole sur !a motion principale, à
l'intérieur des temps de parole qui leur sont impartis en vertu de
l'article 245.
J'aimerais, également, à ce moment-ci, apporter quelques
précisions quant aux règles régissant les
sous-amendements. L'article 200 de notre règlement stipule, et je cite:
"Tout amendement peut faire l'objet de sous-amendements, proposés et
débattus un à la fois. Ils sont soumis aux mêmes
règles que les amendements."
Par conséquent, lorsqu'un membre de cette commission prend la
parole sur une motion d'amendement, il peut, s'il dispose d'un droit de parole
sur cet amendement et ce même s'il a épuisé son temps de
parole sur la motion principale, proposer un sous-amendement visant à
retrancher, à ajouter ou à remplacer des mots à la motion
d'amendement. Par contre, il ne peut, s'il a épuisé son temps de
parole sur la motion principale alors qu'il ne l'a pas épuisé -
avec une correction qui n'a pas été faite - sur la motion
d'amendement, proposer d'amender à nouveau la motion principale. Il n'a
plus le droit d'intervenir sur la motion principale. Toutefois, il peut
proposer un sous-amendement puisqu'il a toujours le droit de parler sur la
motion d'amendement.
Les principes sous-jacents à l'application de l'article 209 de
notre règlement s'appuient sur une tradition parlementaire
séculaire. J'ai, en effet, pu retracer cette règle dans de
nombreux traités de droit parlementaire. Je me permets de vous en lire
quelques extraits. Par exemple, à la page 100 de la cinquième
édition du traité de droit parlementaire d'Arthur Beauchesne,
l'auteur écrit et je cite: "Après qu'une proposition d'amendement
a été présentée et appuyée, la discussion
porte sur l'amendement et tout député qui prend alors la parole
se prononce sur la proposition d'amendement et non sur la question principale.
Lorsque la proposition d'amendement a été réglée et
que la discussion reprend sur la question principale, tout député
qui ne s'est pas déjà prononcé sur la question principale
peut prendre la parole, qu'il se soit prononcé ou non sur la proposition
d'amendement. Les motionnaires de l'amendement, s'étant prononcés
sur la question principale, n'y peuvent revenir. La
même règle régit, bien entendu, le cas d'un
sous-amendement."
Et l'auteur poursuit à la même page: "Toute proposition
d'amendement est une question par elle-même et le député
qui ne s'est prononcé que sur l'amendement peut prendre la parole sur la
motion principale dès que la question de l'amendement a
été réglée. (Journaux - on ne parle pas de la
Presse, du Devoir ou du Journal de Montréal - du 14 mars 1928, page
154)".
Nous pouvons également retracer le principe énoncé
à l'article 170 du règlement Geoffrion, à la page 106 de
l'édition de 1927 du Règlement annoté et formulaire de la
Chambre des communes de Beauchesne, ainsi qu'à la page 12 du
traité australien de Blackmore relatant les décisions rendues
à la Chambre des communes australienne de 1857 à 1884.
Étant donné, messieurs et mesdames de la commission, qu'il est 18
heures, je vous fais grâce de l'extrait du rapport de M. Blackmore qui se
retrouve à Parliament. Public Business. Motion for Select Committee,
etc.
Voilà, messieurs et madame, ma décision.
Une voix: Très bonne décision. M. Brassard:
Très clair.
Le Président (M. Trudel): Et sur ce, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures et j'aurai le plaisir de vous donner une
autre fois mes vues sur la proposition d'amendement de Mme la
députée de Johnson.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 20 h 14)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si vous voulez que les travaux de la commission progressent
à un bon rythme, comme je pense que c'est le cas depuis le début,
j'avais dit, vers la fin de l'après-midi, en suspendant ma
décision et en suspendant l'étude de l'article 4... Rappelez-moi
qui l'avait proposé.
Mme Juneau: C'est moi.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, C'est Mme la
députée de Johnson qui avait proposé l'article 3.1 en
amendement. Je vous avoue que, au moment de rendre ma décision cet
après-midi, je dois admettre que la distinction entre le bureau et le
comité qui m'a été apportée par M. le
député de Lac-Saint-Jean est un argument fort valable que
j'accepte comme tel. On a pris une décision rapide cet
après-midi, peut-être nous laissant emporter avec les autres
membres de la commission par une espèce de mouvement qui s'était
créé qui faisait que cela allait plus rapidement. Donc, j'accepte
au moins cette partie d'argument.
Reste un problème que je n'ai pas résolu à ma
satisfaction. Je vais vous exposer la situation telle que je la vois. Cet
amendement, s'il était adopté, viendrait modifier par
anticipation l'article 11 de la loi, qui est lui-même modifié par
l'article 4 du projet de loi devant nous. Or - et c'est ce que j'ai en main
pour le moment - dans un document de la Direction du conseil en droit
parlementaire qui est envoyé aux présidents de commissions et, je
pense, à la plupart des députés membres de commissions,
qui porte sur l'étude détaillée des projets de loi, on
considère, selon les pages 11 et 12 sur la recevabilité des
amendements et selon la doctrine et la jurisprudence parlementaires, entre
autres raisons, qu'un amendement ne doit pas modifier par anticipation d'autres
articles que celui qui est à l'étude. Or, tel que
rédigé, comme article nouveau, cet amendement viendrait, par
anticipation, modifier l'article 11 en son paragraphe 1. Maintenant, je n'ai
pas, pour le moment, de jurisprudence, ni d'extrait de doctrine. On a
manqué de temps, la fatigue aidant, je pense, aussi.
De deux choses l'une: ou je suspends de nouveau ma décision sur
la recevabilité de cet amendement, à cet endroit-là, d'ici
demain matin ou demain midi et nous faisons la recherche ce soir ou, alors, je
vous demande simplement d'accepter cette décision sur la seule foi de ce
document. J'ajoute immédiatement ceci qu'à sa face même,
comme amendement à l'article suivant, il serait recevable. C'est moins
une décision que l'exposé d'une situation très
inconfortable dans laquelle je me trouve. Si je dois prendre une
décision en m'appuyant sur la doctrine et sur la jurisprudence, ma
décision sera basée sur le principe qui veut qu'un amendement ne
doit pas modifier par anticipation d'autres articles que celui qui est à
l'étude. Je devrai attendre au moins jusqu'à demain pour vous
présenter les articles de doctrine et de jurisprudence.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: ...je vous remercie de vos remarques et je comprends
un peu aussi la situation dans laquelle vous vous trouvez et le temps dont vous
devez disposer pour rendre une décision plus complète. Nous
n'avons pas d'objection à proposer cet amendement à l'article
suivant, l'article 4. Le seul problème que nous avons - je vous l'ai
évoqué un peu cet après-midi - c'est que l'article 4,
comme vous le savez, amende
l'article 11 de la loi actuelle, qui commence par la phrase suivante:
"Le conseil d'administration peut, par règlement..." et là, il y
a toute une série d'alinéas, de a) à g), alors que nous
voulons introduire un certain caractère obligatoire concernant
l'établissement de bureaux régionaux. Si on peut, sur le plan
formel, introduire notre amendement à l'article 4, je vous dispenserais
de faire ces recherches de jurisprudence sur la question.
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
l'ai dit tantôt: II m'apparaît que, comme amendement à
l'article 4, malgré le fait que cet amendement prévoirait une
obligation indiquée par le mot "doit", c'est parfaitement recevable.
Quel sera le sort qu'on lui réservera à la commission? C'est une
autre question qui ne regarde pas la présidence. D'autre part, je
répète que, si vous insistiez pour avoir doctrine et
jurisprudence, je vous donne tout de suite le sens de ma décision et je
l'appuierai demain quelque part durant la journée. Peut-être
serait-il important, éventuellement pour le progrès du droit
parlementaire, d'avoir une décision formelle sur cette chose, mais je
vous suggérerais, quant à moi, pour ce soir, de le
présenter comme amendement à l'article 4. M. le ministre.
M. French: M. le Président, je suis un peu
étonné. Ce n'est pas ma responsabilité d'aider
l'Opposition, mais il n'y a aucune difficulté technique à entrer
le sens de son amendement comme amendement à l'article 11. Vous avez un
alinéa qui est un' pouvoir et un autre alinéa qui est un devoir;
vous changez les a, b, c au besoin, et cela vient de s'éteindre. Si vous
vous le rappelez, le sens de mon intervention, c'était que je ne peux
pas dire honnêtement que le fond de l'amendement proposé ou de
l'article proposé est irrecevable à sa face même. Mais je
trouve qu'établir un article séparé et ne pas amender
l'article du projet de loi qui touche à l'article de la loi actuelle,
qui concerne partiellement le problème visé par l'article
addtionnel proposé par nos amis d'en face me semble une curieuse
démarche qui n'est pas nécessitée par un problème
de rédaction.
Le Président (M. Trudel): De toute façon, ma
décision est rendue et je vous donne le motif à l'appui de cette
décision.
M. Brassard: On pourrait faire la proposition d'amendement
suivante... M. le Président, est-ce qu'on revient à l'article
4?
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
me permets de vous arrêter. On était à l'étude de
l'article 6. Est-ce que nous pouvons...
M. Brassard: Je préférerais reprendre à
l'article 4, si c'était possible, pour ensuite...
Le Président (M. Trudel): De consentement, nous
pouvons...
M. French: Toujours en soulignant que les enveloppes de temps qui
ont été épuisées...
Le Président (M. Trudel): Parfait. M. French: Comme vous
voulez.
Le Président (M. Trudel): J'ai en face de moi les
enveloppes de temps qui restent pour l'article 6...
M. Brassard: Pour l'article 6? C'est dommage.
Le Président (M. Trudel): ...que nous suspendons pour
revenir à l'article 4. Cela va?
M. Brassard: D'accord. Règlements
Le Président (M. Trudel): L'article 4 se lit comme suit:
"L'article 11 de cette loi est modifié: "1 par le remplacement du
paragraphe a du premier alinéa par le suivant: "a) délimiter des
régions et établir dans chacune d'elles un bureau de la
société; "2° par la suppression du paragraphe f du premier
alinéa."
M. Brassard: L'amendement que...
Le Président (M. Trudel): M. le député, vous
savez que, normalement c'est M. le ministre.
M. French: Si tout le monde a lu l'article, je ne suis pas pour
gaspiller le temps de la commission. Allez, M. le député.
M. Brassard: Si le ministre a des remarques à faire, je
n'ai pas d'objection.
M. French: Non, je n'en ai pas, compte tenu des
circonstances.
M. Boulerice: Tempus fugit.
Motion proposant l'obligation d'établir
et de maintenir des bureaux régionaux
dans chaque région
M. Brassard: L'amendement pourrait se lire comme suit; L'article
4 du projet de loi modifiant la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec est remplacé par le texte
suivant: "4. L'article 11 de La loi sur la
Société de radiotélévision du Québec
est modifié: 1° par le remplacement, à la première
ligne du premier alinéa, du mot "peut" par le mot "doit"; 2° par le
remplacement du paragraphe a du premier alinéa par le suivant:
établir et maintenir des bureaux régionaux dans chacune des
régions du Québec; 3° par l'insertion, après le
paragraphe a du premier alinéa, d'un deuxième alinéa dont
le texte est le suivant: "Le conseil d'administration peut, par
règlement..."
M. French: "...établir des normes d'implantation,
etc."
M. Brassard: Et ce qui suit. Voilà, c'est cela, et par la
suppression du paragraphe f, parce qu'on le retrouve déjà.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, je déclare votre amendement recevable et de vous
cède la parole. On va faire des photocopies, s'il vous plaît? M.
le député de Lac-Saint-Jean, êtes-vous prêt à
parler sur la motion d'amendement que vous venez de proposer?
M. Brassard: Oui, M. le Président. L'amendement vise,
comme vous pouvez le constater, à faire en sorte que des bureaux
régionaux existent en régions et que l'on ait l'assurance qu'ils
continuent d'exister. Nous déplorons, bien sûr, la disparition des
comités régionaux et du principe même de la
régionalisation de Radio-Québec, de la production sous la
responsabilité d'un comité régional et de' la
programmation sous la responsabilité d'un comité régional,
mais il reste que le ministre a maintenu ouverts un certain nombre de bureaux
régionaux dans certaines régions du Québec: le
Saguenay Lac-Saint-Jean, le Nord-Ouest, l'Est du Québec, la
Côte-Nord. Il a manifesté l'intention d'en fermer un certain
nombre, c'est-à-dire quatre: Estrie, Outaouais, Québec et
Mauricie.
Nous déplorons la disparition des comités régionaux
et nous jugeons que le simple fait de maintenir ouverts des bureaux
régionaux ne constitue pas le maintien de la régionalisation de
Radio-Québec puisque ces bureaux régionaux vont dépendre
directement du bureau central et recevoir leurs directives du bureau central.
Il n'y aura donc plus aucun lien, aucune liaison avec des instances
régionales.
Du moins, c'est un moindre mal, comme on dit. Un bureau régional
avec des employés de Radio-Québec, un personnel, c'est au moins
une présence dans les régions de Radio-Québec. C'est au
moins une présence. Ce n'est pas une véritable
régionalisation, mais c'est, à tout le moins, une présence
effective et réelle de Radio-Québec et une certaine antenne, je
dirais, en régions de Radio-Québec. Partant, c'est moins bien et
c'est moins acceptable que ce qui existe déjà, un comité
régional et un bureau, mais c'est moins pire, si vous me permettez
l'expression, que plus rien du tout, ni comité, ni bureau.
Donc, l'amendement vise à s'assurer que l'on va maintenir le
moindre mal, c'est-à-dire qu'il y aura des bureaux régionaux de
Radio-Québec dans les régions du Québec de façon
que Radio-Québec continue d'être présente en régions
et que Radio-Québec puisse avoir, via ses bureaux, une certaine prise et
une certaine connaissance de la réalité régionale et, par
conséquent, aussi des aspirations des régions. (20 h 30)
Voilà pourquoi nous présentons cet amendement.
Radio-Québec avait délimité neuf régions où
elle avait installé neuf bureaux régis et sous la
responsabilité de neuf comités régionaux. Ce que nous
proposons, c'est que les bureaux régionaux soient maintenus dans les
régions reconnues par Radio-Québec. C'est pourquoi nous disons
que "le conseil d'administration doit, par règlement, établir et
maintenir des bureaux régionaux dans chacune des régions du
Québec."
On n'a pas cru bon de préciser le nombre parce que celui-ci sera
précisé ou fixé par le conseil d'administration de
Radio-Québec, qui établira, en quelque sorte, une
délimitation des régions pour ce qui est de Radio-Québec
même. À partir du moment où Radio-Québec
établira sa propre carte des régions, on veut s'assurer qu'il y
ait un bureau régional de Radio-Québec dans chacune de ces
régions, avec un personnel suffisant pour y assurer au moins une
présence réelle de Radio-Québec.
C'est ce qui explique la motion d'amendement que je viens de proposer.
J'espère que, ceci étant un moindre mal, ce sera
considéré comme tel par mes collègues ministériels,
accepté et intégré dans la loi sur
Radio-Québec.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Mme la députée de
Johnson. Allez-y, madame.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je pense que
le remplacement, à la première ligne du premier alinéa, du
mot "peut" par le mot "doit, va de soi. Nous pensons que le mot "peut" laisse
présumer qu'ils ne sont pas obligés d'aller de l'avant avec
l'installation de bureaux de Radio-Québec en régions, alors que
le mot "doit" fait comme s'ils avaient l'ordre d'implanter un comité ou
plutôt un bureau de Radio-Québec. Je m'excuse, M. le
Président. Un lapsus à cette heure-ci, cela arrive parfois,
voyez-vous, surtout quand on commence de bonne heure le matin.
Une voix: 8 h 30, c'est de bonne heure.
Mme Juneau: Oui, mais je suis arrivée ici à 7 h 30,
ce matin, moi. Je disais donc "doit" installer un bureau de Radio-Québec
dans la région.
Je pense qu'il y a une autre chose importante à souligner. C'est
qu'il est dit dans l'amendement "d'établir et de maintenir les bureaux
régionaux dans chacune des régions du Québec".
Étant donné que le ministre, dans le premier article du projet de
loi 61, est d'accord et a apporté un amendement pour qu'il y ait sept
personnes représentatives des régions nommées par le
ministre, mais qui seront favorisées par des associations
régionales, il me semble que, si le ministre a accepté de bon
gré, il faut l'admettre, de mettre ces sept personnes dans son conseil
d'administration, il va de soi que ces sept personnes puissent au moins avoir
pignon sur rue dans chacune des régions où le ministre fera son
choix géographique, comme il l'a dit dans son intervention.
Il a parlé d'une représentativité
géographique. Je pense qu'il serait important que ces gens ne fassent
pas partie de Communication-Québec, par exemple. Qu'ils aient au moins
une adresse ou que Radio-Québec ait pignon sur rue, avec son
représentant et des personnes habilitées à renseigner les
gens sur ce qu'est Radio-Québec en général, sur la
programmation régionale, en fait sur l'ensemble des possibilités
de Radio-Québec, sur son rayonnement. Ces personnes pourraient aussi
transmettre à la population, sur le réseau d'antenne
régional, tout ce qu'elle a besoin de connaître et de savoir. Si
Radio-Québec a pignon sur rue dans chacune des régions du
Québec par ses bureaux régionaux, il me semble que cela sera
très bénéfique et très positif pour ces populations
qui auront le grand plaisir de pouvoir recevoir de l'information la plus
précise possible concernant tous les services que Radio-Québec
peut rendre dans chacune des régions du Québec.
Il me semble aussi qu'il y a une chose très importante qu'on a
oubliée dans toutes nos interventions sur la Société de
radiotélévision du Québec, c'est le prêt
d'émissions. Vous savez que la Société de
radiotélévision du Québec met gratuitement à la
disposition des maisons d'enseignement et des organismes à but non
lucratif une partie de sa programmation. C'est ainsi qu'environ 3500
émissions sont disponibles pour le prêt d'émissions. Ces
émissions traitent d'une grande variété de sujets, entre
autres, ce que je vous ai raconté au sujet de ma région,
l'Estrie, où on a parlé du sommet économique, où on
a parié de Domtar, où on a parlé de différentes
interventions économiques et sociales chez nous en Estrie comme ils
l'ont fait pour les différentes régions du Québec.
Les prêts d'émissions constituent un service particulier de
Radio-Québec et un service qui rend d'innombrables services aux jeunes,
aux cégeps, aux étudiants, aux universités, pour ainsi
dire à toutes les personnes qui nécessitent d'avoir de
Radio-Québec certaines émissions qu'ils peuvent reproduire sur
leur écran. Radio-Québec peut ainsi remplir de façon plus
efficace son mandat de télévision éducative. Cela lui
permet d'élargir son auditoire tout en prolongeant la vie des
documents.
Je pense que je vais vous apprendre quelque chose. Pour l'exercice
financier 1984-1985, savez-vous combien il y a eu de prêts à
Radio-Québec comparativement à l'année passée, ce
qui prouve qu'il y a eu une progression importante? Il y a eu 20 665
prêts comparativement à 19 787 pour l'an passé. Le service
de prêt d'émissions est offert par le centre de production de
Montréal, de même que par les bureaux régionaux. Comment
voulez-vous, M. le Président, qu'il y ait des prêts
d'émissions de cette importance si nous n'avons pas en régions
les bureaux nécessaires pour faire ces prêts d'émissions
qui rendent tant de services aux jeunes, tant de services à toutes les
personnes qui en font la demande à Radio-Québec? Dans certaines
régions, ce service est également assuré par divers
organismes du milieu comme les bibliothèques centrales de prêt. Je
pense que mon collègue pourrait parler davantage des
bibliothèques centrales de prêt avec ce que la ministre
s'apprête à faire dans ce domaine. Ce n'est pas possible qu'on ait
pu triturer à ce point dans ce domaine. Je pense que mon collègue
sera beaucoup plus en mesure que moi .de discuter là-dessus.
M. Boulerice: Les bibliothèques survivront-elles?
Mme Juneau: Oui, c'est à se demander pour combien de temps
encore on laisse un sursis aux bibliothèques. À
Radio-Québec, on s'est inquiété et on s'inquiète
encore du sursis qui est accordé aux cinq régions. Mme la
députée de Matane s'inquiétait pour Saint-Omer. Je pense
madame que, vous devrez garder les yeux grands ouverts pour que Saint-Omer ne
tombe pas à la mer.
Mme Hovington: II n'est pas tombé à la mer
encore.
Mme Juneau: Non, mais j'ai lu dans un article que vous devriez
vous inquiéter parce que cela pourrait être une bouée sans
corde. Donc, si votre Saint-Omer tombe à la mer, il n'y aura plus...
Une voix: II n'y aura plus de Claire.
Mme Juneau: ...grand-chose dans votre coin, madame, parce que je
sais que vous appréciez énormément ce qui se passe
à la station régionale de Saint-Omer. C'est tout à votre
honneur. Je me souviens, lors de l'étude des crédits en
commission parlementaire, de l'ardent défenseur que les gens de
Saint-Omer ont trouvé en la personne de Mme la députée de
Matane.
M. Brassard: Depuis, cela a bien changé.
Mme Juneau: Ah oui, depuis que le ministre lui a accordé
la faveur de conserver son poste. Le ministre est toujours à
l'écoute quand une personne défend ce point. Je ne comprends pas
pourquoi il n'a pas les mêmes réflexes devant les interventions
qu'on fait. Cela nous inquiète, on se demande si le ministre entend
simplement d'une oreille et que, de l'autre, il refuse ou s'il s'appuie sur
l'autre pour ne pas comprendre. Nous sommes vraiment inquiets de ce qui se
passe.
En tout cas, pour vous, madame, c'est grâce au bureau
régional qu'il y a à Saint-Omer que vous pouvez rendre des
services innombrables à la population des gens de chez vous.
Imaginez-vous un peu comment les gens de l'Estrie souhaiteraient être
dans la même situation que vous, madame. Malheureusement, il y a
même des dates qui ont été avancées aux gens de
l'Estrie pour dire qu'à telle date on fermerait le bureau de l'Estrie.
C'est comme si on était en train d'écouter chanter le cygne,
parce que ce sont les dernières émissions qui sont en train de se
donner en Estrie comme en Outaouais, comme è Trois-Rivières et
à Québec. Ce sont les dernières émissions produites
dans ces régions où on zigouille la station.
Franchement, je trouve cela malheureux qu'on perde ces quatre bureaux.
Les gens de chez nous sont très attachés à leur station,
à leurs émissions qui proviennent directement de l'Estrie. Je ne
vous cache pas que, le fait qu'on lui ait donné la date d'enterrement, a
fait grand mal à la population de l'Estrie. Je souhaiterais bien,
madame, que le même mal ne vous arrive pas, étant donné que
je ne vous en veux pas du tout. Je suis, au contraire, très heureuse
qu'au moins les gens de Saint-Omer aient conservé leur bureau
régional pour le moment. Je souhaite bien que le ministre puisse avoir
une oreille attentive pour comprendre à quel point les quatre bureaux
qui seront éventuellement fermés dans les jours qui vont
suivre... J'espère que vous serez ouvert à ce qu'il y ait au
moins sept bureaux, tel que vous l'avez proposé dans l'article 1, M. le
ministre, où vous aurez un représentant dans tout le
Québec, car, au moins dans ces bureaux, les populations pourront se
prévaloir des services auxquels elles sont habituées de
s'attendre de la société Radio-Québec. Je souhaite de tout
mon coeur, M. le ministre, que vous puissiez comprendre l'importance de tout ce
que fait Radio-Québec de par ses bureaux régionaux.
Il y a une autre chose qui est tout à fait particulière
à la Société de radiotélévision du
Québec. Vous savez que Radio-Québec, contrairement à
certaines personnes, attache une grande importance aux commentaires et demandes
de renseignements, parce que c'est une télévision
éducative et culturelle. Donc, elle veut savoir ce que son auditoire
pense. C'est par les bureaux régionaux et, bien sûr, par la
station montréalaise qu'elle invite régulièrement les
téléspectateurs à communiquer avec elle, soit par courrier
ou par téléphone. Les gens communiquent et disent ce qu'ils
pensent. Dans nos régions, les gens communiquent
énormément parce qu'ils aiment se parler, se comprendre et dire
ce qu'ils souhaiteraient voir chez eux. Donc, les gens interviennent
énormément. (20 h 45)
Pour le présent exercice, le secteur des relations avec
l'auditoire répond à 80 338 appels téléphoniques -
c'est extraordinaire -originant de toutes les régions du Québec.
Ce n'est pas moi qui vous le dis. C'est dans le rapport annuel de
Radio-Québec. Si on n'avait pas eu au Québec les neuf
régions représentatives des gens de chacun de nos coins de pays
respectifs, pensez-vous qu'ils auraient reçu 80 338 appels
téléphoniques? Je ne le pense pas, M. le Président. Ces
appels provenaient de gens intéressés puisqu'ils se sont
donné la peine d'appeler. Ce nombre qui ne cesse d'augmenter avec les
années se chiffrait à 74 309 en 1983-1984. Aujourd'hui il est
rendu à 80 338 appels.
Il y a plusieurs émissions dont on fait mention ici qui
retiennent l'attention du public en général. C'est une autre
façon pour Radio-Québec d'aller prendre le pouls du public par sa
présence à divers salons d'exposition. Cela est aussi une facette
du caractère de Radio-Québec dont on n'a pas parlé
beaucoup. Saviez-vous que Radio-Québec a participé au Salon de la
PME à Montréal, au Salon international du livre, ainsi qu'au
Salon des passe-temps du Québec, à l'Exposition régionale
de Baie-Comeau, au Salon de la documentation de Trois-Rivières, au Salon
de l'entreprise et des services de Gaspé, aux Fêtes du vent
à Rimouski, au Salon de l'enfant de l'Outaouais et à l'Exposition
régionale de Ville-Marie? Ce sont toutes des participations au
Québec de L'autre télévision. C'est par cette autre
télévision et par ses bureaux régionaux que chacune de nos
régions a pu s'exprimer soit par des documentaires, soit par des
émissions, soit par un document qui parle de
l'expérience de jeûneurs, soit par des émissions sur
L'Anse-Saint-Jean, toutes des choses qui relèvent de Radio-Québec
et qui, si nous n'avions pas eu nos bureaux régionaux, n'auraient pas pu
faire la promotion de ces émissions qui étaient pensées,
organisées, mises sur pellicule et redistribuées en termes de
programmation dans chacune de nos régions du Québec.
Pour toutes ces raisons, je souhaite que le ministre soit ouvert
à la motion et à l'amendement de mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, et qu'on puisse à la fois
établir et maintenir des bureaux régionaux dans chacune au moins
des régions où le ministre nous permettra d'avoir un
représentant au conseil d'administration. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. Est-ce que d'autres députés
veulent intervenir sur l'amendement? M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je suis obligé de
vous corriger. Ce n'est pas une intervention sur l'amendement. J'aurais une
question à poser au ministre qui me faciliterait, je l'espère, la
compréhension du projet de loi. Je vois à l'article 4 du premier
paragraphe, "a) délimiter les régions." Qu'est-ce qu'il entend
par délimiter les régions? Est-ce qu'il va faire une nouvelle
carte du Québec pour Radio-Québec? Et à partir de quels
critères?
M. French: M. le Président, le député de
Saint-Jacques me pose une question sur l'article, mais on en est sur
l'amendement proposé par son parti politique.
M. Boulerice: Une question quoi?
Le Président (M. Trudel): Le ministre vous a dit que vous
lui aviez posé une question portant sur l'article et non pas sur
l'amendement qu'on est en train de discuter.
M. Boulerice: S'il ne veut pas me faciliter la
compréhension de sa loi... À moins qu'il n'y ait des buts
inavoués dedans qu'on n'a pas encore saisis et qu'on verra plus
tard?
M. French: Cela me fera plaisir, lorsqu'on sera rendu à
l'article, de discuter de l'article avec le député. On est
à l'amendement que vous avez proposé.
M. Boulerice: On est à l'article 4, quand même.
Le Président (M. Trudel): Je pense, M. le
député de Saint-Jacques, qu'il est du droit du ministre de
refuser de répondre ou de choisir de répondre au moment qu'il
désire.
M. Boulerice: J'en prends acte. C'est écrit pour la
postérité dans la transcription des débats.
Écoutez, je pense que je vais, moi aussi, féliciter mon
collègue de Lac-Saint-Jean d'avoir eu la présence d'esprit -qui
est coutumière chez lui - de présenter cet amendement et
féliciter également la députée de Johnson qui a
bien voulu l'appuyer. Je pense qu'il y a eu de longs débats juridiques
sur la distinction du "peut" et du "doit". Effectivement, le "peut" est une
possibilité et, dans le cas du présent gouvernement, je pense
qu'on ne peut pa3 se le permettre, c'est le cas de le dire; on doit viser
à obtenir un "doit" plutôt qu'un "peut" puisque le "doit" implique
une obligation.
Dans le cas de cette délimitation du territoire, on saura
peut-être un jour quelle carte on refait avec le Québec, selon
quels barèmes, avec quels critères, quelles modalités.
Cela reste à voir puisqu'on ne semble pas vouloir nous apporter
immédiatement les réponses à ce sujet. C'est vrai que
c'est un peu difficile d'y répondre dans le contexte actuel, puisque,
les régions ne s'expriment pas, sauf certaines, on ne sait plus
où elles sont et ce qu'elles sont.
M. le Président, je vais continuer en disant que, effectivement,
je pense que, dans la mesure où on aura délimité ces
régions, on doit forcément y établir et y maintenir des
bureaux régionaux de la radiotélévision du Québec.
À quoi cela servirait-il d'avoir sept personnes représentant les
régions autres que Montréal, si ce n'était que pour avoir
un décor de carton pâte, un peu style Hollywood, où on
placerait ces sept représentants un peu comme de vulgaires figurants
qui, occasionnellement, seraient appelés à participer au conseil
d'administration à Montréal, sur la rue Fullum, dans le
comté de Sainte-Marie, d'ailleurs? Il est peut-être triste,
d'ailleurs, que le député de Sainte-Marie ne participe pas
à ce débat, puisque Radio-Québec est dans son
comté. Je vais quand même suppléer à cette carence
puisque c'est le comté voisin du mien. Donc, inévitablement, M.
le Président, je pense qu'il nous faut maintenir des bureaux
régionaux dans chacune des régions du Québec.
Quant aux bureaux régionaux, M. le Président, la question
qu'il restera à poser appartient au ministre. Est-ce que ces bureaux
régionaux auront une certaine autonomie ou bien seront-ils pieds et
poings liés devant un conseil d'administration central qui ne leur
permettra sans doute pas autre chose que de faire ce qu'on fait
occasionnellement, parfois, par geste de méchanceté envers
certaines personnes? On appelle cela des mises sur tablette. Elles se
retrouvent avec un bureau d'où on peut peut-être placer des appels
téléphoniques, mais où on n'en reçoit pas, avec un
simple bout de papier, un crayon et absolument aucun moyen
d'effectuer quelque travail que ce soit.
Là-dessus, je vais toujours pratiquer cette saine réserve
que vous m'avez indiquée tantôt, de me constituer du temps en
banque, quitte à revenir, surtout que c'est sur l'article 6 qu'est mon
intérêt d'intervenir. Tout ce qui précède
n'était qu'artifice, à mon point de vue. C'est l'article 6 qui
nous amènera dans le véritable débat qui nous
préoccupe à Radio-Québec.
Donc, je vais conclure en approuvant l'amendement présenté
par mes collègues, ne me faisant aucun doute aussi quant à son
issue possible de la part de la partie ministérielle. Je pense que notre
amendement n'aura pas la même fortune que le magazine que le ministre a
actuellement. Je vais quand même essayer de persévérer en
me disant que la vraie discussion arrivera à l'article 6. M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je vous remercie, tant que vous n'aurez pas, ce qui serait votre
droit, de toute façon, autant que 500 amendements, vous ferez la fortune
du ministre, il n'y a aucun doute. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur
l'amendement proposé par le député de Lac-Saint-Jean?
M. Frenchs Je vais tout simplement indiquer, M. le Président,
que, même si on était d'accord sur le fond, il y a deux
problèmes assez importants avec la forme de l'amendement. Le premier,
c'est que nulle part, m'informe-t-on dans les statuts du Québec on ne
trouve un pouvoir de réglementation qui est obligatoire. On ne peut pas
dire qu'une institution doit ou que le gouvernement doit faire des
règlements. C'est toujours sous forme facultative, pas parce que
l'intention du législateur est nécessairement facultative, mais
parce que la convention de rédaction des lois est telle.
Deuxièmement, le libellé du deuxième alinéa: "a)
établir et maintenir des bureaux régionaux dans chacune des
régions du Québec, si j'étais de mauvaise foi, je
l'accepterais parce que cela ne veut pas dire qu'il y aurait neuf
région$c C'est impossible de définir ce qu'une région va
être à partir de ce genre d'article; donc, l'article ne fait pas
ce que l'Opposition veut le voir faire. Je répète que, si
j'étais de mauvaise foi, j'accepterais l'amendement, mais je veux
être honnête et dire que nous n'acceptons pas les intentions que
l'Opposition veut véhiculer via cet amendement. D'autant plus que
l'amendement a des problèmes assez sévères sur le plan de
la forme, je pense qu'il nous incombe de voter contre, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Puisque nous ne sommes pas sur le débat de
fond sur l'amendement, peut-être que le ministre va consentir à
répondre à ma question de tantôt, à savoir: Quelle
est la délimitation des régions? Il vient d'y faire allusion en
essayant de démolir notre paragraphe 2 en disant; Je pourrais être
je ne sais quoi et vous dire qu'il n'y en aura pas dans les neuf
régions. Déjà, il mentionne un chiffre, neuf
régions.
M. French: ...le chiffre neuf régions, voyons donc, M. le
député!
M. Boulerice: Alors, délimiter les régions, c'est
quoi pour lui? Cette délimitation des régions va être faite
à partir de quels critères et de quelles modalités?
M. French: Cela me fera plaisir d'en parler, dans la mesure
où je le peux, dès qu'on sera rendu à l'article, M. le
Président.
M. Brassard: Le ministre devient procédurier.
M. Boulerice: II va trouver son maître dans l'ancien
président de Montréal-centre, s'il continue, M. le ministre.
M. French: Peut-être dans un an, M. le
député.
M. Boulerice: Pas dans un an.
M. Brassard: Je vous ferais remarquer que c'est très
sérieux, ce que dit le ministre.
M. French: Je le crois.
M. Brassard: Je sais de quoi il parle.
M. French: II est allé à la bonne école.
M. Boulerice: II y a neuf ans de régime qui m'ont
enduré.
Mme Juneau: Est-ce que M. le député de Sherbrooke
va demander le vote?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Frenchs Ce ne serait pas une mauvaise idée, cependant.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques. J'allais faire remarquer au député de
Saint-Jacques, sans faire de partisanerie politique puisqu'on est le 5 juin,
qu'au moment où il est venu dans mon comté...
M. Khelfa: Je demande le vote, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Un instant, je suis en train de
parler, monsieur, si vous voulez me laisser terminer.
Une voix: II est détaché du réseau.
Le Président (M. Trudel): Alors que le
député de Saint-Jacques est venu dans mon comté l'an
dernier à pareille date à l'occasion de la partielle, j'ai eu une
majorité de 7000; quand ■ il s'est abstenu de venir dans mon
comté à l'occasion de la générale j'en ai eu une de
3000; mais je sais qu'un président de commission ne devrait pas faire de
telles remarques. Cela étant dit, M. le député de
Richelieu.
M. Boulerice: Je vous ai déjà répondu
à cela, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Ne le répétez pas,
monsieur, j'ai peur d'en recevoir une autre, M. le député de
Richelieu a demandé la parole.
M. Boulerice: Je ne suis pas sûr que vos remarques soient
recevables.
M. Khelfa: Je demande le vote, M. le Président.
Mme Juneau: Je ne comprends pas comment il se fait qu'il ait
passé son droit au député de Richelieu.
M. French: Le député de Richelieu a insisté
pour le faire.
Le Président (M. Trudel): Je vais relire l'amendement
avant de le mettre aux voix: L'article 4 du projet de loi modifiant la Loi sur
la Société de radiotélévision du Québec est
remplacé par le texte suivant: "4. L'article 11 de la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec est
modifié: 1° par le remplacement, à la première ligne
du premier alinéa, du mot "peut" par le mot "doit"; 2° par le
remplacement du paragraphe a du premier alinéa par le suivant: a
établir et maintenir des bureaux régionaux dans chacune des
régions du Québec; 3° par l'insertion, après le
paragraphe a du premier alinéa, d'un deuxième dont le texte est
le suivant: "Le conseil d'administration peut par règlement... 4°
par la suppression du paragraphe f."
Le vote par appel nominal. M. French (Westmount)? (21 heures)
M. French: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
Mme Juneau: II ne sait même pas de quoi on a
discuté.
M. Boulerice: Comme en 1980. Ils ont voté et ils ne
savaient pas pourquoi. Pour, M. le Président, à l'amendement.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gardner: Contre, M. le Président, si on peut me le
permettre.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Je suis pour, évidemment, je l'ai
proposé.
Le Président (M. Trudel): Je remplis mon rôle de
président. M. Hains (Sainte-Marie)?
M. Hains: Contre. Saint-Henri.
Le Président (M. Trudel): Saint-Henri, c'est ce que j'ai
dit, oui?
M. Hains: J'ai compris Sainte-Marie.
Le Président (M. Trudel): Non, j'ai dit Saint-Henri. J'ai
peut-être de la difficulté avec ça. M. Hamel
(Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa
(Richelieu)?
M. Khelfa: Contre, M. le Président.
La Secrétaire: 7 contre, 3 pour et 1 abstention.
Le Président (M. Trudel): L'amendement du
député de Lac-Saint-Jean est rejeté. 7 contre, 3 pour et 1
abstention.
Mme Juneau: Avant que vous appeliez l'article 5, M. le
Président...
Le Président (M. Trudel): Non, nous
revenons à l'article 4.
Une voix: Je voudrais avoir ma réponse.
Le Président (M. Trudel): Nous revenons à l'article
4. Est-ce qu'il y a des intervenants, M. le ministre, sur l'article 4?
M. French: En réponse à la question, la
réponse va à peu près de cette façon-ci: Nous avons
indiqué l'intention de préserver cinq bureaux régionaux
dans cinq régions périphériques des neuf régions
actuelles de Radio-Québec. Pour ce faire, il faut que le conseil
d'administration essaie d'indiquer les responsabilités
géographiques qui vont avec les bureaux régionaux. Si on ajoutait
ou si on réduisait le nombre de régions, il faudrait refaire les
frontières, je présume. Ce n'est pas plus sorcier que cela. Je ne
crois pas qu'il y ait des choses importantes rattachées à ces
délimitations-là, mais c'est essentiellement cela. Je dois
comprendre que, dans ceux qui restent, puisque dans chacune d'elles le bureau
de la société doit être présent, la sixième
région doit être le centre du Québec, au sens large, et
donc être desservie par le bureau de Montréal ou la maison
mère. De façon formelle, ce serait le bureau.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le ministre a parlé de régions
périphériques des régions. Si je comprends bien, la ville
de Québec, la région de Québec est une région
périphérique du Saguenay--l_ac-Saint-Jean, puisqu'il restera une
antenne au Saguenay.
M. French: Je ne comprends pas la question.
M. Boulerice: C'est ce que vous m'avez dit. Vous m'avez dit: On
va faire des régions périphériques des régions.
M. French: Non, je n'ai pas dit cela, M. le Président,
j'ai dit...
M. Boulerice: Non?
M. French: ...parmi les neuf régions actuelles, nous avons
conservé les cinq bureaux qui nous paraissaient - je parle en langage
commun afin que tout le monde se comprenne là-dessus - être des
régions périphériques. Les quatre autres régions
qu'on ferme, je pense généralement que ce n'est pas tromper la
population de dire que ce ne sont pas les régions
périphériques.
M. Boulerice: Elles sont excentriques, c'est ça?
M. French: Excentriques. Je ne suis pas assez versé en
sémantique pour vous concurrencer là-dessus. Plus
fréquentées par l'ensemble des Québécois que celles
qu'on préserve. Elles sont mieux nanties de services audiovisuels et de
télévision que celles qu'on préserve.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a des députés qui veulent intervenir? M. le
député, avez-vous d'autres questions?
M. Boulerice: Non, cela va.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il y a des
députés, membres de ta commission, qui veulent intervenir sur
l'article 4? M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, j'aurais un amendement.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, nous sommes suspendus à vos lèvres.
Motion proposant des normes distinctes au plan régional et au
plan national et la création d'un fonds spécial pour produire des
émissions en régions
M. Brassard: En fait, M. le Président, c'est un amendement
qui vise à modifier l'article 11. Comme l'article 4 modifie
également l'article 11, j'apporterais l'amendement suivant à
l'article 11: "L'article 11 de la Loi sur la Société de
radiotélévision du Québec serait modifié; 1°
par le remplacement du paragraphe b du premier alinéa par le suivant:
"b) établir des normes nationales et régionales d'implantation et
d'exploitation des installations de radiotélévision et des normes
nationales et régionales de programmation, de production et de
diffusion; 2 par l'addition, au premier alinéa, du paragraphe suivant:
"h) constituer, administrer un fonds spécial destiné à la
production d'émissions réalisées principalement par des
producteurs indépendants implantés dans des régions autres
que celle de Montréal."
Le Président (M. Trudel): Je peux peut-être relire
le texte du projet d'amendement. Merci. Je prends quelques minutes pour
étudier la recevabilité de votre amendement.
(Suspension de la séance à 21 h 8)
(Reprise à 21 h 10)
Le Président (M. Trudel): M. le député
de Lac-Saint-Jean - puisqu'il s'agit de votre amendement, je pense,
encore une fois -votre amendement est recevable et je vous invite à le
présenter aux membres de la commission.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Est-ce que le
ministre en a eu une copie? Oui?
Le Président (M. Trudel): Le ministre en a une copie,
oui.
M. French: Non, je n'en ai pas de copie.
M. Brassard: Non? Ahi M. French: Ah! C'est ça?
M. Brassard: C'est ça. M. le Président, je vous
signale que le ton de "ça" est carrément méprisant. Vous
avez bien entendu?
M. French: Vous ne me donnez pas de chance, Jacques,
franchement!
M. Boulerice: Ce n'est pas parlementaire. Il a même dit
"Jacques". Ce n'est pas parlementaire, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II a dit: Ah! C'est ça? C'est dans le ton, M.
le Président.
Le Président (M. Trudel): C'est un "ça" qui
était tout à fait parlementaire.
M. Brassard: Ce n'était pas un "ça" freudien.
Mme Juneau: Ah! Un "ça" freudien?
Mme Harel: On n'est pas obligé de montrer qu'on a plus de
scolarité que de l'autre côté.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, je vous invite à...
M. French: Peut-être que vous voyez la politique et le
travail des commissions parlementaires comme cela, M. le député
de Lac-Saint-Jean, mais pas le ministre.
Le Président (M. Trudel): Je vous invite, M. le
député de Lac-Saint-Jean, à vous défouler.
M. Brassard: Oui, M. le Président. Je n'ai pas de
problème avec mon "ça", alors je n'ai pas de défoulement
à faire.
Le Président (M. Trudel): À nous faire
siéger comme vous nous faites siéger, on risque d'avoir des
problèmes avec le nôtre.
M. Brassard: M. le Président, attention, vous allez
émettre des opinions.
Le Président (M. Trudel): Non, j'aurais émis une
opinion sur le mien, M. le député.
M. Brassard: Attention!
M. Boulerice: Gardez-vous-en bien; sinon, je serai obligé
de retourner dans votre comté.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Brassard: Je vous envoie le député de
Saint-Jacques, vous savez ce que cela veut dire.
Le Président (M. Trudel): Vous me faites peur. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Sérieusement, je pense que l'amendement
s'explique de la façon suivante. On sait que le ministre - on y
reviendra tout à l'heure - va abroger tous les articles qui concernent
les comités régionaux et que, dans ces articles, on retrouve
comme responsabilité attribuée au comité régional
celle d'établir la programmation régionale pour la région
qu'il représente et, également, d'assurer la production
d'émissions pour cette région. Donc, le comité
régional, qui n'existera plus, malheureusement, avait des
responsabilités en matière de programmation et de production
d'émissions pour la région. À partir du moment où
ces comités régionaux disparaissent, il est évident que la
production, la diffusion et la programmation d'émissions
régionales relèvent directement du central. Ce sera le central,
le conseil d'administration de Radio-Québec à Montréal,
qui sera responsable de la production et de la programmation d'émissions
à caractère régional. Ce sera cela, la nouvelle
réalité, même si on maintient dans certaines régions
des bureaux régionaux.
À ce moment-là, il nous semble important, je dirais
même nécessaire, d'introduire dans la loi certaines garanties que
la production d'émissions en régions va répondre et
être soumise à certaines normes précises qui devraient
être; à mon avis, différentes de celles qu'on impose
à la programmation nationale et à la production
d'émissions dites nationales. C'est donc l'objet du premier amendement
puisque, dans la loi actuelle, il est dit que le conseil d'administration peut
établir des normes...
M. le Président, encore une fois, le club social du Parti
libéral se réveille. On organise une activité, je ne sais
pas trop quoi.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le club social du
Parti libéral peut, tout en continuant à socialiser, le faire sur
un ton
un peu plus discret, s'il vous plaît? M. Boulerice:
Socialiser?
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, donc, la loi actuelle
stipule que le conseil d'administration peut établir des normes. Alors,
sur l'établissement de normes, il n'y a rien de nouveau. C'est le cas,
déjà, actuellement. C'est le conseil d'administration qui
établit des normes à la fois pour ce qui est de l'implantation et
de l'exploitation des installations et aussi pour ce qui est de la
programmation, de la production et de la diffusion. La loi actuelle, c'est
cela. On ne précise pas, évidemment, que ces normes devraient
être à la fois nationales et régionales. C'est là
l'élément nouveau qu'on ajoute; on indique que ces normes
devraient être nationales et régionales. Ce n'était pas
nécessaire de l'indiquer puisqu'il y avait des comités
régionaux qui avaient la responsabilité de la programmation et de
la production en régions. Il n'était donc pas utile de le
préciser. À partir du moment où ces comités
disparaissent, qu'ils ne sont plus responsables de la production et de la
programmation, il faut s'assurer qu'au bureau central on ait, au plan normatif,
une certaine préoccupation pour ce qui est de la production et de la
programmation en régions, qu'on n'impose pas des normes uniformes,
générales à la fois pour la production d'émissions
en régions et pour la production d'émissions au niveau national.
C'est la même chose pour la programmation.
Il nous apparaît donc pertinent et utile que le conseil
d'administration soit habilité à établir des normes qui
seraient distinctes, selon que cela concerne la production nationale ou la
production régionale. De cette façon, je pense qu'on pourrait
préserver certains acquis et faire en sorte que les firmes de production
qui ont vu le jour un peu partout dans les régions grâce à
Radio-Québec et qui sont, dans plusieurs cas, regroupées chez les
producteurs télévisuels indépendants du Québec,
puissent continuer de fonctionner, de produire, d'avoir des contrats et
qu'elles ne soient pas paralysées, entravées par des normes qui
seraient inadaptées aux régions. À ces firmes qui ont vu
le jour et qui se sont développées en région, qu'on impose
plutôt des normes qui tiennent compte des réalités
régionales, qui tiennent compte du milieu régional dans lequel se
retrouvent ces firmes qui produisent des émissions pour
Radia-Québec.
Il me paraît - important que cette distinction, que cette
précision soit apportée et acceptée, je l'espère,
par le ministre et les députés ministériels. Je ne pense
pas que ce soit un amendement majeur, substantiel, j'en conviens, mais c'est un
amendement qui offre une certaine garantie pour que la production en
régions puisse continuer même si les instances régionales
sont supprimées, éliminées.
Le deuxième élément fait référence,
comme vous le savez, à un engagement pris par le ministre et
annoncé par ce dernier, d'ailleurs, à l'occasion de sa
conférence de presse, je pense. On retrouve cela dans les
communiqués où le ministre nous a annoncé les
modifications à la loi sur Radio-Québec, de même que la
fermeture de certains bureaux régionaux. Peut-être en guise de
prix de consolation ou pour atténuer les effets négatifs que sa
décision a provoqués en régions, il avait annoncé
qu'il allait créer un fonds spécial de 3 000 000 $ pour la
production d'émissions régionales dont une bonne partie seraient
réalisées par des producteurs indépendants
régionaux.
Encore une fois, c'est un moindre mal. Nous aurions
préféré que ce soient les comités régionaux
qui continuent, avec des budgets qui leur sont alloués, de produire des
émissions en régions. Ce n'est pas possible. C'est donc un
moindre mal que ce fonds spécial, mais, en tout cas, c'est un montant de
3 000 000 $ qui peut permettre à ces firmes précisément
dont je vous ai parlé tantôt, à ces petites firmes qui ont
vu le jour un peu partout dans les régions' du Québec, de ne pas
disparaître, de continuer de produire et d'avoir ainsi la
possibilité d'obtenir certains contrats de production. Un fonds de 3 000
000 $ est un moindre mal. C'est une idée intéressante dans les
circonstances et dans le contexte dans lequel on se trouve.
Il nous paraît intéressant, cependant, de faire en sorte
que cette idée ne soit pas éphémère. C'est la
crainte que nous avons. Nous craignons que le ministre ne nous annonce un fonds
spécial de 3 000 000 $ pour cette année et qu'adviendra-t-il les
années subséquentes? On peut craindre que, l'an prochain,
maintenant que tout est fait et que tout est adopté, que les
comités régionaux sont disparus, ce fonds spécial
disparaisse aussi. C'est une crainte qui peut être fondée. Alors,
cela pourrait être un peu, comme me le souffle mon collègue, le
député de Saint-Jacques, comme les promesses du Parti
libéral, sans lendemain, éphémère. Alors, nous
voulons que cette idée de fonds spécial destiné à
la production d'émissions soit introduite dans la loi elle-même et
que l'on établisse, parmi la liste des responsabilités
attribuées au conseil d'administration, précisément cette
responsabilité de pouvoir "constituer et administrer un fonds
spécial destiné à la production d'émissions
réalisées principalement par des producteurs indépendants
implantés dans des régions autres que celle de
Montréal."
Au fond, je reprends quasiment le libellé ou le texte même
du ministre, mais j'en fais en quelque sorte, dans mon amendement, un pouvoir
du conseil d'administration. Cela demeure, toutefois, une possibilité.
Rien ne nous garantit que, l'an prochain, le conseil d'administration ne
décidera pas de ne pas exercer ce pouvoir, mais, à tout le moins,
il sera présent dans la loi, et on peut espérer que, pour les
années à venir, le conseil d'administration, avec l'appui, je
l'espère, du ministre, exercera ce pouvoir et maintiendra ce fonds
spécial destiné à la production d'émissions
réalisées par des producteurs implantés dans des
régions.
M. le Président, ce sont là des amendements qui ne
modifient pas substantiellement le projet de loi qui est devant nous, qui ne
touchent pas au principe de la loi, mais qui introduisent certaines
distinctions et qui introduisent aussi dans la loi l'idée du fonds
spécial qui vient du ministre lui-même, de façon que la
production d'émissions en régions puisse être mieux, je
dirais, encadrée et puisse se perpétuer de façon plus
certaine.
Le ministre a maintes fois pris l'engagement que, s'il abolissait les
comités régionaux, il demeurait favorable à la production
en régions de Radio-Québec. Je prends sa parole, c'est, au fond,
ce que je fais. Le ministre nous a dit: Les comités régionaux, on
les abolit, mais on est plus que sympathiques, on est même très
favorables à poursuivre l'expérience de produire des
émissions en régions, le plus souvent et pour une bonne partie
par des producteurs indépendants régionaux. Ce sont ses propres
termes, c'est son propre engagement. On le prend au mot.
Donc, voilà enfin un ministre libéral qui s'engage. On
présume qu'il va respecter son engagement et qu'il ne verra, par
conséquent, pas d'objection à ce que cet engagement puisse
prendre la forme de certaines modifications de son projet de loi, en
particulier la possibilité pour le conseil d'administration
d'établir des normes régionales de production et d'implantation
des installations, en même temps qu'il avait déjà la
possibilité d'établir des normes nationales. Il l'avait
déjà. Surtout aussi que le conseil d'administration soit
clairement habilité à constituer et à gérer un
fonds spécial destiné à la production d'émissions
régionales, d'émissions en régions, la plupart du temps,
par des producteurs indépendants implantés dans les
régions.
J'espère que, M. le Président, comme mes collègues,
le ministre et les ministériels accepteront cet amendement qui est loin
d'être révolutionnaire, mais qui, dans les circonstances, permet
d'espérer que la production d'émissions en régions, qui
était le grand avantage de la régionalisation, pourra se
perpétuer. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Si M. le député de Saint-Jacques veut
prendre la parole immédiatement, M. le Président, je suis bien
aise de l'écouter. Il n'en tient qu'à lui d'en décider
ainsi.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, sans faire un cours
d'histoire, nos voisins du Sud avaient établi un principe qui leur a
mérité leur indépendance, qui était: "No taxation
without representation". Ce qu'est en train de vous dire mon collègue de
Saguenay-Lac-Saint-Jean, un peu pour le paraphraser, serait: "No national
television without local production". C'est effectivement ce qu'il recommande
dans le libellé de son amendement que j'appuie sans réserve. Je
pense que l'argumentation que je vais vous apporter et celle que ma
collègue, la députée de Maisonneuve, va vous apporter vont
être concluantes quant à la pertinence de l'amendement
présenté par le député de Lac-Saint-Jean.
En dehors de leur production autonome, M. le ministre, les bureaux
régionaux ont réussi à présenter des projets
conjoints de production dont la valeur était, en 1984-1985, de 2 517 000
$ - je m'excuse, c'est pour 1985-1986, ce sont des chiffres encore beaucoup
plus frais que je ne l'aurais cru -avec des producteurs locaux. Si vous
additionnez à cela une production tout à fait indépendante
- je m'excuse du pléonasme -de ces producteurs indépendants, vous
obtenez un chiffre drôlement intéressant. Puisque certains ont
assisté aux séances de la commission de la culture sur le statut
de l'artiste, plusieurs de ces intervenants nous ont fait part de la
nécessité de maintenir en régions ces centres de
production. On se tue à vous répéter depuis le tout
début de la présente commission que, au niveau de la culture
puisqu'il faut intégrer ces producteurs comme des membres des industries
culturelles, au départ les retombées jouent de un à
quatre. Vous savez que les 2 517 000 $ qui sont investis là-dedans
représentent la petite pointe de l'étendue des retombées
qui existent dans les régions lorsque des montants sont investis dans
des productions comme celles-là.
Cela m'apparaît drôlement important que l'on puisse
continuer de maintenir cela, d'une part, pour ce qui est du
développement économique des régions. Deuxièmement,
encore là, on vous le répète et on va le
répéter ad infinitum, il s'agit pour ces producteurs d'un
marché auquel ils tiennent et, s'ils le quittent, ils ne sont pas
certains
de le retrouver dans d'autres villes, si ce n'est à
Montréal où, déjà, la concurrence est
extrêmement forte. Même s'ils venaient produire à
Montréal, ils vont produire pour les Montréalais, mais n'auront
pas la satisfaction de produire pour leur propre région, ce qui est
déjà démotivant pour eux. (21 h 30)
À cela, se rajoute une chose qui est intéressante dans la
production qui se fait: elle est multiple, la production de
Radio-Québec, M. le ministre. Prenons la région du
SaguenayLac-Saint-Jean qui est une région particulière, une
région qui se distingue à tous les points de vue et qui s'est
distinguée, d'ailleurs, il y a six mois. L'antenne de
Radio-Québec pour le SaguenayLac-Saint-Jean va décerner des
bourses aux télévisions communautaires et aux individus qui vont
se classer dans le cadre d'un concours intitulé "Vidéo-paix".
C'est une initiative qui démontre bien l'utilité de la
présence d'une antenne régionale de Radio-Québec. Les
récents démêlés des stations
périphériques du réseau avec le siège de
Montréal ont un petit peu faussé le débat. Le rôle
de Radio-Québec ne consiste pas seulement à produire et à
diffuser ses propres émissions locales, ce qui est déjà un
apport extrême important, mais également - ce facteur
m'apparaît important - à permettre aux télévisions
communautaires de s'exprimer autrement que par leur canal respectif, en ayant
un débouché de population plus important. D'ailleurs, le
porte-parole de Radio-Québec régional, M. Gagnon, a
mentionné que les télévisions communautaires qui se
verraient primées lors du concours auraient leur production
diffusée sur toute l'étendue du réseau à l'automne,
ce qui est une initiative éminemment louable qui permet, d'ailleurs, aux
régionaux de se faire valoir. -
La production au niveau de Radio-Québec, elle est multiple. Elle
est la propre production du centre de production du bureau de
Radio-Québec; elle est également celle qui est faite avec des
producteurs indépendants. C'est également la production qui est
faite avec d'autres diffuseurs, peut-être de moindre importance, mais qui
sont également des centres de production qui font vivre l'industrie
cinématographique et l'industrie du vidéo dans ces
régions. Cela m'apparaît très dangereux que, dans une
société dite de communication comme la nôtre, où la
communication visuelle a pris beaucoup d'importance, sinon toute l'importance,
au détriment même de la communication écrite, on prive ces
régions de toute l'expertise qu'elles ont pu finalement se donner
d'année en année avec un catalyseur, un polarisateur qui s'est
appelé l'antenne régionale de Radio-Québec.
Il m'apparaîtrait pour le moins aberrant, M. le Président,
qu'on laisse aller des bureaux et qu'on leur laisse jouer potentiellement le
rôle que je craignais tantôt qui était celui d'être
des bureaux de carton pâte où il n'y aurait certainement rien, si
ce n'est une ou deux personnes qui répondraient à un
téléphone qui place des appels, mais n'en reçoit pas, qui
seraient "bidons", comme on dit en bon Québécois. Il
m'apparaîtrait aberrant que vous délimitiez les régions,
puisque c'est ce que vous avez dit tantôt, et que les ayant
délimitées, ces régions, on y établisse des bureaux
sans qu'on établisse des normes nationales et régionales
d'implantation et d'exploitation des installations de
radiotélévision et des normes nationales et régionales de
programmation, de production ou de diffusion.
Quant au fonds qui doit être constitué, destiné
à la production d'émissions réalisées
principalement par des producteurs indépendants qui sont effectivement
implantés dans ces régions autres que celle de
Montréal...
Est-ce que je pourrais, M. le Président, vous adressez les
mêmes remarques que j'adressais à vos collègues
tantôt?
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Saint-Jacques, à condition que vous les adressiez également
à votre collègue, la députée de Johnson qui, je
dois le dire, me détendait en me contant des choses assez drôles.
La preuve en est que le ministre les trouvait drôles aussi.
M. Boulerice: Ma justice est distributive; elle en sera
blâmée en temps et lieu. M. le Président, d'ailleurs le
vieux proverbe le dits Qui bene amat, bene castigat.
Le Président (M. Trudel): Pour ceux qui auraient mal
compris, qui aime bien châtie bien. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je disais que ce fonds est destiné à
la production d'émissions réalisées principalement par des
producteurs indépendants qui sont implantés dans les
régions. Mon collègue a avancé un chiffre, mais je ne sais
pas d'où ce chiffre lui est venu, ni où il l'a pris. Je pense que
c'est à partir d'une réserve de 3 000 000 $. Au départ, si
l'on regarde la donnée que je vous ai apportée tantôt:
à l'exception des productions autonomes, les projets conjoints de
production sont d'une valeur de 2 510 000 $. Les 3 000 000 $ prévus
m'apparaissent quelque chose d'extrêmement raisonnable, voire même
à la limite du chiche, compte tenu des coûts élevés
de production dans ce domaine et des modifications que va apporter
bientôt le gouvernement libéral au statut juridique et
économique de l'artiste qui vont tout de même apporter certaines
reconsidérations des salaires versés, etc. J'anticipe
effectivement
sur une législation que votre ministre a prévue, enfin,
qu'elle a souhaitée - il faut bien savoir lire les mots:
souhaitée non pas annoncée - pour le début de l'automne.
On sait que des souhaits peuvent ne pas- se réaliser, mais on remarque
que des engagements aussi ne se réalisent pas. On ne reviendra pas sur
le débat, vous le connaissez aussi bien que nous, la population se le
rappellera. Donc, les 3 000 000 $ avancés réapparaissent, comme
je vous le disais, à la limite du raisonnable et même à la
limite du chiche, compte tenu des coûts assez élevés de la
production vidéo et de la production cinématographique.
M. le Président, en conclusion, déjà on avait des
indications. Il y avait un article extrêmement intéressant, la
semaine dernière, dans le Soleil de Québec où le gagnant
cette année de l'Association des cinéastes indépendants et
des producteurs vidéo annonçait qu'il déménageait
à Montréal et qu'il cessait de produire à Québec
parce qu'il évaluait que la ville même de Québec...
Nous, on va enlever, entre parenthèses, la station de production
de Québec. À mon point de vue, là aussi, c'est totalement
aberrant, qu'une télévision nationale n'ait pas de studio dans sa
capitale. Avons-nous songé un instant à enlever les studios de
Radio-Canada à Ottawa? Je pense que cela ne se fait pas. Songe-t-on
à enlever les studios de l'ORTF à Paris? C'est loin d'être
envisageable et ce n'est surtout pas envisagé par ces gouvernements.
Ce producteur, M. le ministre, M. le Président - je dis M. le
Président ou M. le ministre celui qui, à l'occasion,
écoute; c'est pour cela que cela varie dans mes interpellations -
annonçait bien qu'il devait quitter et qu'il s'en irait à
Montréal. Il disait que Québec, en ce qui a trait à la
production cinématographique et à la production visuelle,
était déjà devenue un désert. Qu'est-ce que ce sera
des régions qui n'ont pas la force structurelle que Québec peut
avoir, quand même, avec une population de tout près de un
demi-million, avec une vie économique assez forte et
intéressante? Qu'est-ce qui va arriver aux gens de Hull? Qu'est-ce qui
va arriver aux gens de Trois-Rivières? Le désert va continuer de
s'étendre aux alentours de Québec puisque l'émetteur de
Québec est également coupé.
S'il n'y a pas ces garanties aussi au niveau des normes nationales,
éventuellement, même si les stations restent dans les
régions périphériques des régions, comme le disait
le ministre tantôt; à ce moment on risque de se retrouver, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, exactement avec les mêmes conditions de
dépérissement qu'à Québec et ailleurs. On se
retrouvera avec la perte d'une expertise et d'une pratique dans les domaines
cinématographique et audiovisuel qui seront considérablement
affaiblies pour ces régions.
En troisième lieu aussi, pour la vie économique de ces
régions cela va se traduire par des pertes d'emplois. Cela va se
traduire par des gens qui devront quitter ces régions, avec un
affaiblissement, d'une part, de l'économie et, deuxièmement, de
la vie culturelle de ces régions. Je pense que, si le ministre veut
être sérieux dans sa loi en se disant qu'il ferme certains
bureaux, mais qu'il en maintient d'autres, il se doit de donner des
règles qui vont nous garantir que, pour les bureaux qui vont
fonctionner, il y aura tout au moins un contenu à l'intérieur de
cela qui permettra à Radio-Québec de préserver une partie
de ce contenu qui l'a rendue fort intéressante aux yeux de centaines de
milliers de Québécois. Je termine là-dessus, M. le
Président, en attendant toujours l'article 6 de la loi qui, comme je
vous le disais, après les artifices, est le fond du sujet.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vous n'êtes pas
sans savoir, M. le Président, qu'il nous arrive parfois d'acquiescer, de
façon très légitime, je croîs, d'un
côté ou de l'autre de la Chambre ou d'un côté ou de
l'autre de cette commission parlementaire, à des stratégies de
parti qui consistent à intervenir pour faire valoir notre point de vue
au-delà du temps qui est requis pour faire valoir ce point de vue. Comme
c'est là une stratégie pleinement acceptée, cette
discipline de parti est à ce moment bien acceptée et donc, bien
comprise.
Je dois vous dire, M. le Président, qu'en ce qui concerne cet
amendement ce n'est pas par un esprit de discipline bien connu à
l'égard des stratégies de mon parti que je voudrais intervenir,
mais parce que je crois que, sur le contenu même de ce qui est
étudié par cette commission, il y a matière,
indépendamment, je dirais, presque de notre allégeance politique,
à un examen sérieux. Je ne peux pas croire que le parti
ministériel, que les membres de cette commission qui le composent
pourraient, du revers de la main, écarter cet amendement qui est
proposé et qui, à bien des égards -et je tenterai de le
prouver par mon intervention, M. le Président - se justifie à
même les notes du ministre. Je tenterai de faire l'exercice qui consiste
à plaider en faveur de l'adoption de cet amendement à partir
exclusivement des notes préparées pour l'allocution du ministre
des Communications en conférence de presse, le 8 mai 1986. Je crois
qu'à partir même des propos que le ministre tenait il nous est
loisible et possible de plaider pour l'adoption de l'amendement qui est
actuellement devant la commission. (21 h 45)
Vous savez, M. le Président, un des
premiers éléments à retenir, c'est qu'il n'y aura
plus de programmation et de production dite régionale-régionale.
Vous savez sans doute que, dans le langage des artisans de Radio-Québec,
" cette programmation régionale-régionale se
référait à des émissions produites et
diffusées exclusivement en régions. On sait que le projet de loi
a comme objet, a comme principe - j'ose même dire - l'abolition des
comités régionaux, mais également l'abolition de la
programmation dite régionale, c'est-à-dire celle produite et
diffusée en régions. J'en veux comme preuve les propos du
ministre lui-même lors de cette conférence de presse qu'il donnait
le 8 mai 1986 pour dire qu'il entendait introduire la suppression des
émissions produites pour diffusion régionale.
M. French: Tout comme tous les membres du conseil
d'administration, d'ailleurs.
Mme Harel: C'est donc là, maintenant, une
résultante que l'on peut constater. Il n'y aura plus de ce type
d'émissions. Vous savez, lors de l'examen article par article d'un
projet de loi, il arrive toujours une sorte de minute de vérité
où l'on peut vérifier les intentions réelles qui sont
contenues dans un projet de loi, le bien-fondé des propos tenus par les
uns et Ies autres en faveur ou contre le projet de loi qui est
étudié. On sait très bien que l'Opposition n'a pas
voté pour; bien au contraire, elle a voté contre le principe de
ce projet de loi. Là ne se limite pas son rôle dans ce Parlement
puisqu'il est attendu d'une Opposition responsable qu'elle introduise des
amendements qui, tout en étant conformes à l'esprit d'un projet
de loi contre lequel elle a voté, viennent pour autant le bonifier.
Il faut constater que l'amendement qui est devant nous
présentement, sans aller à l'encontre du principe du projet de
loi - je crois que mon collègue de Lac-Saint-Jean l'a à bon droit
affirmé - ne réintroduit pas cette dimension de programmation
d'émissions régionales diffusées sur le réseau
régional. C'est là un aspect dont nous devons faire notre deuil
présentement. Nous avons certainement, assez abondamment,
expliqué pourquoi il nous semblait que cela était une erreur et
que cela pouvait représenter un outil important de développement
culturel et économique, que cela pouvait représenter un
instrument d'appropriation régionale de la réalité
régionale. Mais, voilà! Je crois, M. le Président, que
vous pouvez avec nous conclure par cet amendement que nous introduisons que
nous avons fait notre deuil de cette argumentation, sentant très bien
qu'elle ne pouvait pas franchir le mur d'incompréhension, tout au moins,
qu'elle semblait provoquer de l'autre côté.
Il reste que nous avons donc maintenant à examiner un amendement
qui pourrait venir bonifier le projet de loi. En quel sens cela est-il
possible? Tout d'abord il faut se rappeler cet engagement, qui est contenu
à la page 9 des notes de l'allocution du ministre des Communications, le
8 mai 1986, de consacrer "un fonds spécial de 3 000 000 $ pour la
production d'émissions dont une bonne partie - et je cite le ministre -
sera réalisée par des producteurs indépendants
régionaux. Radio-Québec pourra donc continuer à offrir sur
son réseau une programmation régionale de plus d'une centaine
d'heures". C'est ce qu'on retrouve dans les notes qui nous ont
été distribuées et qui contiennent l'engagement officiel
du ministre sur cette question.
M. le Président, il faut voir que l'amendement qui est devant
nous assure les conditions pour qu'il puisse y avoir ce volume d'une centaine
d'heures de programmation régionale réalisées par les
producteurs régionaux et qui répondent à des besoins
régionaux. Dans quel sens? Je vous rappelle qu'à la page 2 le
ministre invoquait qu'il entendait que les compressions affectent le moins
possible le produit à l'écran, les émissions.
Par ailleurs, le ministre demandait et souhaitait, à bon droit,
que les revenus provenant de la publicité continuent d'être
réinvestis dans la programmation. Je vous rappelle, M. le
Président, que ces revenus provenant de la publicité vont sans
doute augmenter. Il faut souhaiter qu'il en soit ainsi, compte tenu que toutes
les conditions sont réunies pour que les émissions atteignent,
évidemment, une cote... On connaît la dictature des cotes BBM, je
crois, qui sont les cotes en usage pour l'ensemble des
radiotélédiffuseurs. Donc, les conditions sont maintenant
réunies pour, dit le ministre, qu'il puisse y avoir une augmentation de
la publicité, une augmentation des revenus de la publicité,
compte tenu, sans doute, de la part du marché national qui va aller en
augmentant pour Radio-Québec. Le ministre prend soin avec raison de
faire valoir que ces revenus de publicité doivent être
réinvestis dans la programmation.
Je pense, M. le Président, que le fait d'introduire des normes
régionales de programmation, de production et de diffusion assure qu'une
partie de ces revenus de publicité, qu'une partie de cet
élargissement du marché puisse bénéficier à
une programmation régionale qui pourrait ne pas répondre aux
mêmes critères qui seraient exigés de la programmation
nationale et qui pourrait donc alors répondre à des
critères de développement régionaux.
Je voudrais citer en exemple le support que le ministère des
Transports alloue pour le réseau routier de la Côte-Nord ou de la
Gaspésie. S'il fallait, au prorata de la population, imaginer la
rentabilité d'un
réseau routier dans les grands centres urbains ou en
périphérie des grands centres urbains et le comparer au
coût d'un tel réseau dans les régions
périphériques, on comprendrait fort bien qu'au prorata de la
population cela pourrait nous sembler exorbitant de maintenir un réseau
routier adéquat en périphérie. Il en va de même pour
le réseau aérien, et c'est la raison pour laquelle le
ministère des Transports subventionne des lignes de liaison avec des
régions périphériques malgré que ces liaisons,
évidemment, seront toujours déficitaires.
Par exemple, M. le Président, lorsque le ministre a fait
abondamment état d'écarts de coûts considérables
entre une heure d'écoute d'une émission régionale et une
heure d'écoute d'une émission nationale, il a fait valoir qu'une
heure d'écoute d'une émission régionale diffusée en
détachement régional, qui maintenant est supprimé,
coûte environ onze fois plus cher qu'une heure d'écoute d'une
émission nationale diffusée sur le réseau.
Cela peut vous apparaître un peu lointain, mais je crois que,
d'une certaine façon, ces écarts peuvent se retrouver dans
presque toutes les dépenses publiques. Quand on y pense, que cela soit
au niveau des transports, au niveau de la santé, au niveau de
l'éducation, l'écart dans les dépenses pour maintenir une
accessibilité des services en régions périphériques
proportionnellement à une population moindre est, évidemment,
très grand en regard de ce que cela peut coûter dans des centres
fortement et densément peuplés.
Pourtant, il y a là un choix, un choix de société.
Il me semble qu'il nous faut prendre en considération le fait que le
Québec est six fois plus grand que la France, avec dix fois moins de
population. Alors, ce souci d'assurer un enracinement de la population dans
l'ensemble de cet immense territoire suppose un choix politique qui
amène une redistribution des coûts à l'ensemble de la
population.
M. le Président, je crois que ce projet de réinvestir des
revenus provenant de la publicité, comme l'a affirmé le ministre,
pourrait à bon droit être utilisé dans le support et le
soutien d'une programmation régionale qui pourrait ne pas trouver
dès le départ un auditoire adéquat, mais qui pourrait
certainement et presque légitimement ne pas répondre à la
dictature des heures d'écoute des grands réseaux.
M. le Président, je souhaite que le parti ministériel
prenne vraiment tout le temps nécessaire pour étudier les
conséquences que pourrait représenter le rejet d'un tel
amendement. Je crois que nous aurions, certainement, collectivement
intérêt à ce que nous puissions reconnaître que, si
chaque dollar investi dans les régions est moins efficace que le dollar
alloué au réseau national, il n'en demeure pas moins qu'il peut y
avoir un choix de société. Je ne dis pas seulement un choix
politique et je ne parle pas seulement du choix d'un parti politique; je fais
référence à un choix de société pour que les
régions trouvent leur compte dans la programmation de
Radio-Québec et dans l'ensemble du réseau national de
Radio-Québec. Que, d'une certaine façon, les régions
puissent se considérer un peu comme l'objet de ce que l'on peut appeler
des programmes d'égalité et des programmes de discrimination
positive. Pour se retrouver presque en situation d'égalité,
encore faut-il envisager des critères qui puissent prendre en
considération les conditions dans lesquelles doivent se faire la
programmation, la production et la diffusion régionales. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Oui, M. le Président. Merci beaucoup. C'est
à mon tour de venir plaider en faveur de l'amendement de mon
collègue, le député de Lac-Saint-Jean. À mon point
de vue et au point de vue des gens de ma formation politique, cet amendement
est de nature à protéger, si je peux utiliser ce terme, la
programmation nationale et régionale, surtout régionale,
l'exploitation et tout ce que nos producteurs indépendants peuvent faire
au service de la programmation de Radio-Québec.
Tel que ma collègue, la députée de Maisonneuve,
vient de vous le résumer, j'ai aussi le texte de la conférence de
presse du ministre. Je me posais aussi des questions concernant un paragraphe
à la page 8 du discours du ministre lors de cette conférence de
presse et je me demandais s'il fallait le faire sous forme de demande
d'explications ou bien si je devais l'introduire dans une intervention. Je me
suis dit: La suppression de la programmation régionale, ce n'est pas la
résultante du projet de loi, mais, au contraire, une des causes
déterminantes. Le texte dit: II importe d'ajouter que. la suppression de
la programmation régionale n'entraîne en aucune façon la
disparition de la contribution des régions à la programmation
nationale. (22 heures)
Ce qui nous inquiète, M. le Président, c'est le sort de
nos producteurs indépendants. Même si le ministre semble vouloir
nous rassurer en disant: Non, non, ce n'est pas ce qui va arriver, il y aura
pour les producteurs indépendants de la programmation faite dans les
régions du Québec, si on lit et relit le projet de loi, rien
n'est écrit dans ce projet de loi qui peut nous "sécuriser" sur
ce point. On doit prendre la parole du ministre. Je ne veux pas qu'on pense que
je crois que le
ministre peut nous tromper, mais, comme mon collègue le disait
cet après-midi, parfois, les ministres changent et deviennent titulaires
d'autres ministères. Quelqu'un pourrait remplacer le ministre actuel des
Communications, mais le remplaçant n'aurait peut-être pas la
même vision que le ministre actuel qui respecte les régions et sa
parole donnée, ordinairement. Je dis ordinairement parce que je pense
è l'engagement électoral qui n'est pas tenu. Mais, ordinairement,
le ministre des Communications que nous avons est très honnête
dans sa façon d'intervenir. C'est un homme de parole. Tant et aussi
longtemps que le ministre des Communications actuel va être là, je
pense qu'on doit prendre sa parole, mais, éventuellement, s'il y a un
changement de titulaire, je ne sais pas si on ne serait pas mieux de prendre
l'amendement de mon collègue et de l'inclure dans le projet de loi.
Ainsi, on aurait une sécurité écrite. Par le projet de loi
61, on aurait une sécurité, même si un changement de
ministre survenait. On serait sûr que notre programmation
régionale irait de l'avant et que nos producteurs indépendants
auraient aussi leur part du gâteau.
Le ministre sait très bien que bien des producteurs
indépendants, comme je l'ai dit hier, ont vu le jour grâce
à l'aide donnée par Radio-Québec, grâce à la
confiance accordée par Radio-Québec. Ils ont pu poursuivre leur
travail pour nous offrir une programmation qui nous ressemble vraiment et qui
provient de chaque coin de notre région. Tout compte fait, je pense
qu'il est d'une extrême importance que le ministre que nous avons
présentement accepte l'amendement de mon collègue, le
député de Lac-Saint-Jean, et l'insère dans le projet de
loi 61. À court terme, le projet de loi 61 ne risque pas
d'écraser complètement Radio-Québec, mais on sait que,
quand on enlève de l'air...
Une voix: De l'oxygène.
Mme Juneau: ...ou de l'oxygène - je vous remercie, M. le
député - bien souvent, le bébé devient bleu et on a
des problèmes ensuite.
Une voix: Là, il deviendrait rouge.
Mme Juneau: Oui, il va devenir rouge. M. le ministre, c'est
inquiétant. Je pense qu'on perd les acquis qu'on a accumulés
pendant des années. Je pense que, depuis dix ans, des efforts
considérables ont été faits dans le milieu de
Radio-Québec pour protéger une structure régionale qui
nous offre une programmation régionale qui nous ressemble.
Tel que mentionné précédemment, la programmation de
Radio-Québec doit refléter les réalités
culturelles, économiques, poli- tiques et sociales spécifiques
aux diverses régions du Québec. À cet effet,
Radio-Québec exploite une télévision
régionalisée; elle produit des émissions répondant
aux besoins et aux attentes de leurs populations respectives,
c'est-à-dire des populations régionales. Ces émissions
sont préparées et mises en pellicule par des gens de chez nous.
L'exercice financier de 1984-1985 au chapitre de la contribution des bureaux
régionaux pour l'augmentation des stocks d'émissions de
Radio-Québec était de 289,2 heures, comparativement à
251,8 heures, l'année précédente. De ces 289,2 heures,
186,6 heures sont des productions autonomes.
Je suis sûre que les amis d'en face ne savaient pas cela, M. le
Président. Cela ne les intéresse pas de savoir combien d'heures
d'émissions sont produites en régions. Je ne sais pas s'ils sont
très intéressés à le savoir, mais, pour moi, il
serait important qu'ils sachent qu'il y a eu aussi 12,1 heures d'acquisitions,
85 de coproductions et 5,5 de sous-traitances.
Une voix: Au moins, elle dit quelque chose!
Une voix: Au moins, elle parle!
Mme Juneau: Vous savez dans la programmation
régionale...
Une voix: Tu ne peux pas faire de faute, c'est certain.
Mme Juneau: ...il y a eu, dans l'Abitibi-Témiscamingue,
21,5 heures dans le dernier rapport annuel 1984-1985. Il y a eu, dans le
Bas-Saint-Laurent, 16 heures de production régionale. Dans le centre du
Québec, il y a eu 53,3 heures de production régionale. Sur la
Côte-Nord, il y a eu 21,1 heures. En Estrie, il y a eu 41 heures de
production régionale. En Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine, il y a eu 26 heures. En Outaouais, 37 heures. Dans
la région de Québec, 38,5 heures et, dans le Saguenay
Lac-Saint-Jean, 34,8 heures. Cela fait un grand total, tel que je vous l'ai
mentionné, tout à l'heure, de 289,2 heures. À mon point de
vue, M. le Président, c'est un élément important qui
plaide en faveur - je le redis et j'en conviens - de l'alinéa b que mon
collègue veut introduire dans le projet de loi 61. C'est important,
à mon point de vue, qu'on puisse protéger non seulement les
producteurs indépendants, mais le fait qu'ils nous offrent à
nous, gens de régions, de la programmation qui nous ressemble.
Je voudrais aussi vous mentionner quelques émissions produites en
régions et télédiffusées en régions par
L'autre télévision. Je vais me dépêcher parce que je
vois que le député de Sherbrooke s'en vient. Il va probablement
demander le vote. Je vais
me dépêcher de faire mon intervention. Dans les productions
autonomes et régionales...
Une voix: C'est une vraie machine! Mme Juneau: Une machine
à voter. Une voix: Une machine à voter.
Le Président (M. Trudel): Ça existait dans le
temps, vous le savez, aux États-Unis. Aux États-Unis, on vote
toujours avec des machines. Mme la députée, poursuivez, je vous
en prie. S'il vous plaît, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je m'excuse, M. le Président. Dans les
productions indépendantes et autonomes en Abitibi-Témiscamingue,
de par nos producteurs indépendants et nos télédiffuseurs
indépendants, plusieurs programmes ont été faits de
façon autonome. Dans un premier temps il y a eu un magazine
d'information régionale. Il y a eu aussi "Le deuxième souffle",
qui est une émission qui porte sur le tour cycliste de l'Abitibi. Il y a
eu aussi "La cité des jeunes" qui a été produite comme une
émission traitant des réalités de la jeunesse telles
qu'elles se vivent en Abitibi-Témiscamingue. On a eu comme production
régionale "L'université des Témiscabitibiens". Eh, mon
Dieu, Témiscabitibîens.
M. Gardner: Témiscamingue et Abitibi.
Mme Juneau: Oui. C'est une émission sur le rôle de
l'université dans le développement de la collectivité
régionale. Il y a eu aussi "L'école de musique de danse". C'est
une émission qui veut sensibiliser la population à l'enseignement
de la danse en tant qu'art créateur. Cela s'est fait par des producteurs
indépendants en Abitibi-Témiscamingue.
Il y a eu aussi en coproduction "L'express en tête". Il y a eu "Le
centenaire du Témiscamingue" qui a été fait par des
producteurs indépendants, il y a eu "L'orphelin de la lune", histoire
faite à partir d'une légende amérindienne. On n'aurait pas
pu faire cela de Montréal, cela venait de
l'Abitibi-Témiscamingue. On a eu "Les métiers traditionnels des
Cris", pas lâcher des cris là...
Une voix: On sait ce que c'est.
Mme Juneau: ...une émission qui traite des métiers
traditionnels chez les Amérindiens. Tout cela, M. le Président,
s'est fait par des productions régionales. À mon point de vue,
l'article b de l'amendement de mon collègue est tout à fait de
circonstance et on doit absolument l'introduire dans le projet de loi 61.
On a eu, par contre, à la station de Radio-Québec du
Bas-Saint-Laurent, comme production autonome, "Interaction" qui est un magazine
d'affaires publiques, de consommation, de chronique de santé, un dossier
et agenda culturel. Cela venait du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie,
des îles et de la Côte-Nord. Il y a eu "Le carrousel en
fête", une émission sur le festival du film pour enfants en
septembre 1985 à Rimouski avec présentation de courts
métrages et rencontre avec les auteurs. Il y a eu aussi "Les auteurs de
l'an 2000", fiction mettant en lumière le dynamisme, les valeurs et
l'optimisme d'une jeunesse engagée du Bas-Saint-Laurent, du cégep
de Rimouski, du Secrétariat d'État à la jeunesse. "Se tuer
à l'ouvrage ou mourir d'ennui"... C'est à peu près ce que
les gens d'en face font dans le moment; nous, on se tue à l'ouvrage et
eux, ils meurent d'ennui.
M. Hamel: Je demande le vote.
M. Boulerice: Je veux un encadrement de cette galée.
Mme Juneau: Dans ce cas-là, l'émission a
duré trente minutes, mais, pour nous, cela fait quinze heures que cela
dure. C'est un document d'une demi-heure sur ce qu'on appelle "les jeunes
marginaux". Ensuite, on a eu, M. le Président, comme coproduction du
Bas-Saint-Laurent produite par des producteurs indépendants, "Quand la
vie frissonne", dramatique abordant des thèmes comme le suicide,
l'isolement, les relations parents-enfants, et cela nous venait du
Bas-Saint-Laurent, M. le Président.
Il y en a eu beaucoup dans le Bas-Saint-Laurent. Je vais être
obligée de sauter des choses parce qu'on va en avoir jusqu'à
minuit, et mon temps se terminera avant longtemps. Il ne me reste que quatre
minutes. Pourrais-je avoir encore vingt minutes?
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, les règlements de cette commission sont stricts.
Mme Juneau: II y a eu aussi une coproduction qui s'appelle
"Grouille ou rouille". Cela aussi... C'est un document de santé sur les
effets d'une mauvaise hygiène posturale sur l'ensemble du
système. Ce sont des émissions qui ont été
produites en régions.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Trudel): Je vous rappelle collectivement
à l'ordre et je cède la parole à Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je pourrais continuer
ainsi, M. le Président, pendant des heures pour vous
énumérer tout ce qui se fait comme émissions
régionales.
Je dois aussi vous parler de l'autre partie de l'amendement de mon
collègue qui parle du fonds spécial de 3 000 000 $. Ceci,
à mon point de vue, est un point important où le ministre dit
que, pour la production d'émissions régionales qui seront
diffusées au réseau, il va créer un fonds spécial
de 3 000 000 $. (22 h 15)
Je me souviens très bien de lui avoir posé une question,
lors de l'interpellation, pour lui demander si, dans ce fonds spécial de
3 000 000 $, il pouvait envisager le fait qu'il pourrait donner de la
production indépendante à nos quatre régions qui ont
disparu ou vont disparaître dans les jours qui suivent. Le ministre m'a
répondu que ce n'était pas une mauvaise idée et que,
possiblement il pourrait songer à quelque chose du genre pour
décortiquer ces 3 000 000 $ du fonds spécial. Non seulement ils
pourraient être offerts en productions indépendantes aux cinq
régions qui vont rester sur la carte, mais les quatre autres
régions, aussi, pourraient bénéficier d'une part de ce
montant de 3 000 000 $. Nous souhaitons, bien sûr, que ces 3 000 000 $
puissent être récurrents.
On s'est posé des questions, bien sûr, parce que les quatre
régions qui doivent disparaître équivalent à peu
près à un montant de 3 000 000 $, tel que le fonds spécial
du ministre. C'est pour cela que ce fonds spécial nous intrigue
énormément. On aurait voulu avoir des précisions sur la
façon dont le ministre va répartir ce fonds spécial. On
aurait voulu avoir des garanties à savoir si ce même fonds
spécial sera récurrent pour les années qui suivront. Nous
voulons savoir si ce même fonds sera aussi offert aux quatre
régions qui vont disparaître et si nous aurons, nous aussi, les
gens de ces régions disparues la possibilité de voir des
productions indépendantes au petit écran de la
radiotélévision du Québec.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson.
Est-ce que d'autres députés voudraient intervenir sur la
proposition d'amendement de M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. French: Je pensais qu'on avait entendu le
député...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Sherbrooke, vous demandez le vote?
M. Hamel: J'attends depuis déjà...
Mme Juneau: II n'a pas attendu que je le lui demande.
Le Président (M. Trudel): Je présume, Mme la
députée de Johnson, que vous demande?, quant à vous, un
vote par appel nominal.
Mme Juneau: Un vote par appel nominal.
Le Président (M. Trudel): Et je présume que vous
demandez que je relise... M. le ministre, je vous cède la parole.
M. French: M. le Président, très rapidement. Nous
ne pouvons pas appuyer l'amendement. D'une part, les normes et les
installations régionales perdent un peu leur sens dans la mesure
où tout ce qui est -fait en régions va être diffusé
sur le réseau. De part et d'autre, le conseil d'administration -de part
et d'autre, c'est-à-dire les régions et la maison mère ou
les régions et les autres -a décidé cette année de
supprimer la diffusion régionale en régions. Donc, ta
première partie de l'amendement n'a pas vraiment de sens.
Quant à la deuxième partie, le député de
Lac-Saint-Jean a dit lui-même que cela ne constituait pas une garantie
telle que recherchée par la députée de Johnson.
L'amendement exprime exactement ma vision du fonds de production
régionale. Le mettre dans le projet de loi ne serait pas de la bonne
politique législative. C'est essayer d'accomplir quelque chose de tout
à fait louable, mais via un instrument, soit un statut, qui n'est pas
convenable pour cet objectif. Je répète à mes amis d'en
face que mon intention concernant le fonds de 3 000 000 $, c'est que ce fonds
soit largement pour les producteurs indépendants en régions et
qu'il constitue une programmation régionale aussi étoffée
en matière en quantité et de qualité que ce que nous avons
actuellement, sauf que ce ne serait pas neuf programmes différents dans
neuf régions différentes, soit donc la suppression de la
programmation en détachement régional.
C'est tout, Mme la députée de Johnson. Elle veut que je
continue, mais je ne mords pas.
Mme Juneau: J'étais suspendue à vos lèvres,
M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): Vous aussi. Il était
suspendu aux vôtres tantôt; vous lui rendez la pareille. Je vais
relire, pour l'information des membres de la commission, le projet d'amendement
du député de Lac-Saint-Jean. Le texte est le suivant: "4.1.
L'article 11 de la Loi sur la. Société de
radiotélévision du Québec est modifié: 1 par le
remplacement du paragraphe b du premier alinéa par le suivant: b)
établir des normes nationales et régionales d'implantation et
d'exploitation des installations de radio-
télévision et des normes nationales et régionales
de programmation, de production et de diffusion, 2 par l'addition, au premier
alinéa, du paragraphe suivant: h) constituer, administrer un fonds
spécial destiné à la production d'émissions
réalisées principalement par des producteurs indépendants
implantés dans des régions autres que celle de Montréal."
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Est-ce qu'il est possible de voter distinctement sur
chacun des éléments?
Le Président (M. Trudel): Au fond, vous demandez...
M. French: Une autre motion de scission sur un amendement
proposé par l'Opposition?
Le Président (M. Trudel): J'ai une question qui m'est
posée. Je vais consulter, M. le député de Lac-Saint-Jean,
et je vais vous répondre dans quelques instants. Je suspends
temporairement les travaux.
(Suspension de la séance à 22 h 22)
(Reprise à 22 h 27)
Le Président (M. Trudel): Après avoir
consulté rapidement les conseillers juridiques de la commission, il
appert - je suis tout à fait d'accord là-dessus et telle est ma
décision - qu'on ne peut pas, à ce stade-ci, scinder un vote sur
une motion. Il aurait pu y avoir une scission de motion, mais il faut que ce
soit une motion de fond. Telle est ma décision; donc, nous allons voter
sur la motion telle que vous l'avez présentée, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard; M. le Président, j'accepte, évidemment, votre
décision, tout en la regrettant. Cela aurait peut-être permis au
ministre, qui s'est montré favorable au deuxième paragraphe, de
changer d'idée et de voter pour le deuxième paragraphe même
s'il avait voté contre le premier. Enfin!
Le Président (M. Trudel): Le vote ayant été
demandé par le député de Sherbrooke et la façon
particulière de voter étant toujours demandée par Mme la
députée de Johnson...
Mme Juneau: Le vote par appel nominal.
Le Président (M. Trudel): ...vote par appel nominal. M.
French (Westmount)?
M. French: Contre, M. le Président. Le Président
(M. Trudel): M. Audet
(Beauce-Nord)?
M. Audet: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Boulerice
(Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Contre.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Contre.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa
(Richelieu)?
M. Khelfa: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre.
Le Président (M. Trudel): Alors, l'amendement du...
La Secrétaire: Pour: 4; contre: 8 et 1 abstention.
Le Président (M. Trudel): Rejeté par 8 voix contre,
4 pour et 1 abstention. Nous revenons donc à l'article. À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre, avez-vous des remarques
à faire à l'article 4?
M. French: Bien non. On est à l'article 4, j'aimerais bien
voter, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre demande le vote.
Est-ce que d'autres députés veulent intervenir sur l'article 4?
Le vote étant demandé...
Mme Juneau: Par le député de Sherbrooke?
Le Président (M. Trudel): Par M. le ministre.
Mme Juneau: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division?
L'article 4 est adopté sur division. Nous revenons maintenant à
l'article 6. Avant de céder la parole à M. le
député de Saint-Jacques, je pense, qui...
M. Boulerice: Non, c'est Mme la députée de
Maisonneuve.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je cède la parole au député de
Saint-Jacques et je la reprendrai par la suite.
Abolition des comités régionaux
(suite)
Le Président (M. Trudel): D'accord, mais je veux
simplement vous rappeler que les temps de parole qu'il vous reste sur l'article
6 sont les suivants: Mme la députée de Johnson, quatre minutes,
Mme la députée de Maisonneuve, six minutes et MM. les
députés de Lac-Saint-Jean et de Saint-Jacques, vingt minutes
chacun. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, M. le député de
Saint-Jacques va intervenir et je prendrai la parole plus tard dans le
débat.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Comme l'ordre est inversé...
M. Brassard: Je peux y aller.
M. Boulerice: ...vous me permettrez de refaire mes tableaux.
Le Président (M. Trudel): Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, à l'article 6, on en
est rendu, je dirais, au baroud d'honneur puisque tout le monde convient qu'il
s'agit .de l'article central de ce projet de loi. Cet article abroge toutes les
dispositions de la loi actuelle sur Radio-Québec concernant les
comités régionaux et tout ce phénomène qu'on a
appelé la régionalisation.
Je pense qu'il est tout à fait normal que, peut-être pour
la dernière fois à cette commission, on réitère nos
regrets de voir le ministre s'acharner ainsi sur un phénomène qui
avait pourtant donné des fruits intéressants en régions.
La régionalisation de Radio-Québec mise en place à partir
de 1979, je pense, constituait une expérience qu'on pourrait qualifier
de novatrice, d'originale et qui était loin d'avoir été
complétée.
Je reconnais ici, comme je l'ai, d'ailleurs, fait en Chambre, que le
précédent gouvernement, c'est-à-dire nous-mêmes, le
gouvernement du Parti québécois, n'a pas pu consacrer autant de
ressources qu'il aurait dû à cette expérience de
régionalisation de Radio-Québec. Je pense que cela s'explique et
se comprend, mais je le reconnais tout de même. Cela s'explique surtout
par la très grave crise économique que nous avons connue en 1981
et 1982, qui a obligé le gouvernement à concentrer ses ressources
limitées à des priorités...
M. Khelfa: Prioritaires.
M. Brassard: ...surtout à caractère social.
Si le député de Richelieu veut intervenir sur le sujet, je
peux lui céder la parole, M. le Président.
M. Boulerice: Les barouds, il doit connaître cela.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous pouvez continuer.
M. Brassard: On en est à l'article principal de ce projet
de loi. Je trouve un peu disgracieux que les députés, surtout
ceux provenant des régions, prennent le problème à la
légère et manifestent autant de légèreté
devant cette opération bulldozer du gouvernement qui, de façon
inacceptable, met fin brutalement à une expérience
intéressante. Je n'y trouve rien de très comique, ce n'est pas
très drôle, cela n'a rien de particulièrement
réjouissant. Je comprends mal les mines réjouies de mes
collègues ministériels face à cette opération
rouleau compresseur.
Je reviens à mon propos pour dire qu'il est fort regrettable
qu'on mette ainsi un terme à une expérience novatrice qui
était inachevée, malheureusement. Nous aurions dû, à
l'époque, y consacrer plus de ressources; c'était l'intention du
gouvernement précédent, mais, comme je le disais, la crise
économique a fait en sorte que nous n'avons-pas pu consacrer les
ressources suffisantes à
la réalisation de cette expérience. Il n'en demeure pas
moins que cette expérience était bien enclenchée, qu'elle
produisait déjà des résultats plus qu'intéressants
en régions. Elle était menée, conduite, cette
expérience, par des instances régionales représentatives,
c'étaient les comités régionaux, et elle avait
donné lieu à des manifestations originales en matière de
communication. Je pense, en particulier, à la contribution assez
remarquable de cette expérience régionale en matière
audiovisuelle. Toute l'approche multimédia, par exemple, s'est d'abord
développée dans les régions et cela a donné lieu
à des productions intéressantes.
Je donne comme exemple ce qui s'est passé chez nous.
Évidemment, je les connais mieux, mais on a vu à de nombreuses
reprises plusieurs médias collaborer, coopérer, se concerter pour
produire des choses fort intéressantes. Et c'est Radio-Québec qui
a, je dirais, fait preuve de leadership dans ce domaine. C'est
Radio-Québec qui a entrepris cette concertation, cette
coopération multimédia, qui est allée demander et qui a
obtenu la collaboration des médias écrits dans la région,
des hebdos, des quotidiens, des autres stations de télévision,
des télévisions communautaires. Je trouve que c'était
là une voie, une piste intéressante qui avait été
ouverte par les bureaux régionaux de Radio-Québec. On se devait
de poursuivre dans cette direction. Malheureusement, j'ai bien peur que ce soit
la fin de cette expérience à cause même du projet de loi
qui est devant nous.
Il y avait aussi, en termes de contribution nouvelle, originale de
Radio-Québec dans les régions, ce partenariat, comme on
l'appelle, qui avait pris corps un peu partout dans les régions du
Québec. Radio-Québec, pour la production d'un bon nombre de ses
émissions en régions, avait sollicité et obtenu la
coopération et la collaboration des institutions du milieu, des
organismes du milieu. Les commissions scolaires, par exemple, avaient
été appelées à collaborer et avaient accepté
de collaborer. Les bureaux régionaux des ministères,
également, avaient été mis à contribution. Des
institutions enracinées dans le milieu, comme le Mouvement Desjardins,
par exemple, chez nous, avaient collaboré pleinement et sans
réserve à plusieurs émissions régionales de
Radio-Québec. Bref, Radio-Québec, en régions, par son
comité régional, avait lancé une forme de partenariat avec
les institutions du milieu, les groupes et même aussi les entreprises,
fort intéressante et fructueuse, qui donnait des résultats
extrêmement intéressants.
Sur le plan culturel, c'était la même chose
également. En régions, Radio-Québec jouait un rôle
de leader en matière de développement culturel, de production
culturelle et de possibilité pour les artistes en régions de se
produire et de se faire valoir.
Malheureusement, le ministre rejette du revers de la main toute cette
expérience qui prend diverses formes, dont certaines dont je viens de
parler, ferme la boutique, si vous me permettez l'expression, interrompt une
expérience qui n'est pas complétée, qui n'est pas
achevée, même si elle était intéressante, voulue,
souhaitée et appuyée par la population régionale.
Il y a un dernier élément que je voudrais mentionner.
Cette implantation de Radio-Québec en régions, cet enracinement
de Radio-Québec en régions faisait consensus. Les populations
régionales et les organismes représentatifs des régions
étaient pleinement d'accord et soutenaient les efforts de
Radio-Québec en matière de régionalisation, et ils l'ont
démontré, d'ailleurs. Le ministre invoque souvent les
éditoriaux de la grande presse, mais je ne l'ai pas vu souvent citer les
éditoriaux et les commentaires de la presse régionale et de la
presse locale, avec raison sans doute. Ce que j'ai lu de la presse
régionale et de la presse locale, c'est, de façon unanime, un
désaccord profond avec la politique et les orientations du ministre et
du gouvernement en cette matière et une indignation exprimée
fortement et fermement partout dans toutes les régions du
Québec.
Dans toutes les régions du Québec on s'oppose à ce
que le ministre est en train de faire et on s'indigne de ce qu'il est en train
de faire. On en est arrivé très vite à la conclusion que
le gouvernement qui a été mis en place le 2 décembre 1985
est un gouvernement qui n'a aucune sensibilité régionale, aucune
préoccupation de développement régional, qui est
indifférent et insensible à toute forme de
régionalisation, à toute forme de prise en charge et de prise en
main des régions par elles-mêmes. Il l'a démontré
non seulement dans le cas de Radio-Québec, mais dans beaucoup d'autres
cas et circonstances. On pourrait en discuter. Je pense au Fonds de
développement régional qui a été
littéralement sabré. Donc, dans les régions, les
populations régionales se rendent maintenant de plus en plus compte
qu'elles ont en face d'elles un gouvernement insensible aux
préoccupations des régions et un gouvernement qui est tout
disposé à liquider toutes les formes de régionalisation,
à supprimer toutes les expériences qui ont vu le jour en
régions et qui ont pour objectif une plus grande prise en charge des
régions par elles-mêmes. Je pense que c'est la grande conclusion
qui ressort de ce débat autour de Radio-Québec. Ce gouvernement
est un gouvernement antirégions, cela m'apparaît
l'évidence.
La deuxième évidence, c'est qu'on est en face d'un
gouvernement qui fait fi de toute demande de consultation. Un gouvernement
antirégions, mais un gouvernement aussi
anticonsultation. On le voit avec Radio-Québec, mais on le voit
avec bien des dossiers. En particulier, on est en train d'étudier en
Chambre actuellement la loi dite sur les "illégaux". Il n'y a aucune
commission parlementaire et il n'y a aucune possibilité pour les
intervenants de se faire entendre sur ce sujet. Cela a été la
même chose pour Radio-Québec. Cela a été
également la même chose pour d'autres projets de loi importants.
Je pense à la fusion du Comité de la protection de la jeunesse et
de la Commission des droits de la personne. Il y a eu aussi un refus
catégorique de tenir une commission parlementaire et d'entendre les
intervenants. (22 h 45)
Donc, c'est un gouvernement qui se refuse à toute forme de
consultation, à moins qu'on ne soit président d'une grande
société, libérale bien sûr. Là, on va sans
doute condescendre à le consulter, mais, en dehors de cela, c'est un
gouvernement qui répugne à toute forme de consultation. Je pense
que l'image en est maintenant précisée. Les populations en
régions s'en sont maintenant rendu compte. Je suis persuadé
qu'elles ne l'oublieront pas dans les mois et les années qui viennent,
qu'elles vont s'en souvenir avec beaucoup de précision à
l'occasion du prochain scrutin.
Il est évident que je suis absolument opposé à
l'article 6 qui liquide la régionalisation de Radio-Québec. Ma
formation politique y est également opposée. Il est
évident que nou3 allons voter contre cet article de la loi parce que
nous estimons que c'est une erreur très grave que le ministre est en
train de commettre,, C'est une mauvaise orientation qu'il fait prendre à
Radio-Québec. Il en subira, bien sûr, les conséquences
politiques. Je n'en disconviens pas. J'en suis persuadé. C'est
déjà le cas. On peut s'en rendre compte dans les régions,
en tout cas. Il est certain qu'il va en subir les conséquences
politiques. Mais nous aurions, évidemment, préféré,
quant à nous, que l'on n'en arrive pas à cette conclusion. Si des
compressions budgétaires étaient devenues nécessaires
à Radio-Québec, nous aurions préféré,
évidemment, comme c'était la volonté du conseil
d'administration actuel, qu'elles ne prennent pas la forme d'une liquidation de
l'expérience de la régionalisation, mais que, tout en
restreignant les dépenses, l'on préserve cette expérience,
les instances régionales et le volet de la régionalisation.
Malheureusement, le ministre a trouvé là une occasion, par
le prétexte des compressions budgétaires, pour liquider - je
pense que c'est le mot le plus juste - un pan entier de la mission et de la
vocation de Radio-Québec. Ce sont donc des regrets que j'exprime, M. le
Président, ainsi que de la déception face à
l'opération bulldozer ou rouleau compresseur du ministre. En
dernière instance, je voulais exprimer mon désaccord profond sur
la conduite, la politique, l'orientation et le comportement adoptés par
le ministre des Communications sur cette question.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, je souhaite que, pour une
fois, le ministre écoute les propos que tient l'Opposition dans ce
Parlement, une Opposition qui, entre parenthèses, représente 40 %
de la population du Québec. Mon collègue avait bien raison en
disant que nous touchons le fond, que nous touchons l'essentiel par cet
article. Tout ce qui a précédé n'était que fard,
artifice, maquillage. C'est exactement là qu'est le fond du
problème. C'est la disparition d'une radiotélévision
nationale à laquelle nous avions voulu donner une dimension qui
était celle d'une télévision pour l'ensemble du
Québec et pour l'ensemble des Québécois.
Voilà qu'on nous annonce que des coupures de 8 000 000 % seront
faites, que des centres de production seront fermés et qu'il ne restera
que certaines boîtes cartonnées, avec de fausses plaques
annonçant Radio-Québec, sachant fort bien que cela ne reproduira
absolument aucune réalité de ces régions", cette
pseudo-présence de Radio-Québec.
Mon collègue a fait état de la difficile période
économique que le gouvernement précédent a vécue.
Cette période économique était effectivement beaucoup plus
difficile que celle que le présent gouvernement vit, mais une chose est
certaine, c'est que, dans le domaine de la culture, le précédent
gouvernement, en période économiquement difficile, n'a pas
coupé, tout au contraire, Radio-Québec a été
consolidée, comme le budget du ministère des Affaires culturelles
qui était insignifiant au moment où vous avez quitté le
pouvoir, qui était de 40 000 000 $ ou 45 000 000 $ et qui a
été porté par le gouvernement du Parti
québécois à au-delà de 175 000 000 $, n'incluant
pas le service de la dette, ce qui l'aurait porté à 225' 000 000
$.
Ce qui se produit, par contre, avec le gouvernement actuel, c'est encore
le même phénomène de la fraude électorale à
laquelle on a assisté le 2 décembre: coupure dans
Radio-Québec au moment où on disait qu'on gèlerait le
budget et, en fin de compte, on réduit le budget de Radio-Québec,
On l'a coupé et on n'a pas respecté la tenue d'une consultation
publique sur les orientations de Radio-Québec.
Puisque nous en parlons, quant au ministère des Affaires
culturelles, je n'ai pas
besoin de vous faire état des coupures qui y sont faites. On est
loin - c'est une autre fraude électorale qui a été commise
le 2 décembre - de l'engagement de porter le budget du ministère
de la culture à 1 % du budget total du Québec. Il faut dire que
toute la programmation en matière de culture pour le Parti
libéral a été faite par une firme-conseil engagée.
Il faut croire qu'il n'avait pas chez lui de militants et de militantes
suffisamment préoccupés par le domaine de la culture pour faire
sa propre réflexion, ce qui est dommage, parce que, chez nous, depuis
près de 20 ans, cela se fait. J'aimerais vous informer que cela va
continuer de se faire, d'ailleurs, et qu'on en verra bien les résultats
dans quatre ans. Effectivement, les Québécois ont beaucoup plus
de mémoire qu'on ne peut le croire. Comme le disait, justement, le
président Lincoln, on peut peut-être mentir une fois, mentir deux
fois, mentir trois fois, mais on ne peut pas mentir tout le temps, de cela on
s'en apercevra.
Le Président (M. Trudel): Je vous ramène à la
pertinence du débat.
M. Boulerice: M. le Président, en coupant les antennes
à Radio-Québec, c'est tout le développement
régional du Québec... "Malgré les discours - et je vais
vous citer quelqu'un que vous connaissez bien l'entreprise privée de
chez nous ou d'ailleurs, autant que l'effort gouvernemental ont naturellement
développé les centres urbains les plus dynamiques au
détriment des régions excentriques. Par ailleurs, depuis
maintenant 25 ans, le discours gouvernemental a fait une place plus grande au
développement régional et à l'expression de ses
préoccupations pour les populations les plus éloignées.
Mais, pour que ces régions se développent, il faut y croire,
reconnaître le dynamisme exceptionnel de ceux qui y vivent, malgré
tous les inconvénients de l'éloignement et en payant les
mêmes taxes que les autres. Il faut imaginer le Québec à sa
dimension réelle - quand on se fait dire la vérité, cela
choque; c'est pour cela que cela placote en arrière - plutôt que
de le réduire dans les faits au territoire de ses villes et de leurs
banlieues. On reconnaît bien ici et là, quand on y est
obligé, des primes d'éloignement pour ceux qui veulent aller s'y
épuiser à des tâches souvent plus lourdes qu'ailleurs. On
donne comme aux pauvres. À vrai dire, qu'il s'agisse du Nord-Ouest ou de
la Côte-Nord, à peu près rien n'a été fait
pour briser les coûts économiques, sociaux et culturels de
l'éloignement, tout au moins pour les résidents de ces
régions, et voilà que le peu qu'avaient ces régions est en
train d'être littéralement saccagé par le gouvernement
actuel. En 1976, la construction d'une salle de spectacle décente
était une priorité au ministère des Affaires culturelles.
La population - et la, on parle de Baie-Comeau - a augmenté depuis. Les
besoins culturels ont grandi. L'unanimité de la population ne s'est pas
démentie. La population locale est prête à payer, comme
ailleurs, sa part de cet équipement de base pour un minimum acceptable
de vie culturelle", et Radio-Québec est une vie culturelle.
Je continue de citer l'auteur: "II en coûtera toujours plus cher
pour développer les régions, c'est un fait. Mais il en
coûte aussi plus cher pour le transport en commun et pour le métro
à Montréal que pour les gens de Sept-îles ou de Hull. Le
coût du développement des régions, c'est finalement le
coût réel d'un véritable développement
québécois. Il ne s'agit pas uniquement d'argent. Il ne s'agit pas
d'abord d'argent. Reconnaître le Québec dans toute sa dimension,
constater que la population nouvelle lui fait gravement et dangereusement
défaut, accepter qu'il faille imaginer de nouveaux efforts pour donner
à ces petites populations éloignées un minimum de vie
culturelle auquel elles ont droit afin qu'elles puissent constituer ou
maintenir les noyaux de développement initiaux, c'est par là
qu'il faut commencer et c'est urgent."
L'auteur continuait: "Un gouvernement qui veut construire une
deuxième Baie James pourrait commencer par rebâtir la
Côte-Nord et s'occuper autant de la population qu'il s'occupe des
mégawatts. Il est certes possible d'imaginer que l'on exportera, dans
les années qui viennent, des millions, des milliards de dollars en
électricité. Pourrait-on faire le même effort d'imagination
pour attirer chez nous des "développeurs" et des populations qui
pourraient consommer sur place cette ressource et y développer le
Nouveau-Québec autrement que nous le faisons aujourd'hui?"
Il terminait: "II est ironique de voir qu'un gouvernement qui se fait
élire en portant bien haut le drapeau des libertés individuelles,
en dénigrant au passage des droits collectifs, en faisant de
l'entreprise privée une nouvelle religion et en voulant remettre
l'État à sa place - la petite place - ne trouve rien d'autre
à proposer aux gens de l'Abitibi et de la Côte-Nord que de leur
envoyer d'éventuels médecins qui auront été
consignés à la cubaine." C'était Jean-Paul L'Allier,
ex-ministre des Affaires culturelles du gouvernement libéral.
Ce que les gens des régions demandent, c'est exactement ce que
l'Union des artistes réclamait en commission parlementaire sur le statut
de l'artiste; ils réclament leur juste part de la
télévision de l'État. Le ministre a parlé des
coûts de production. Les coûts de production d'émissions en
régions, tel qu'on les a connus, ne sont guère plus
élevés, M. le Président, que les coûts de production
d'un opéra à Montréal qui, lui aussi, si on
regarde les antennes, les fréquentations, est pour ce qu'on
appelle des "happy few". Qu'on se plaigne que "Les Indiens de la mer" en
Gaspésie, n'ait pas atteint plus que 68 0Q0 auditeurs, je me
réjouis que l'émission ait atteint 68 000 auditeurs. Les gens de
la Gaspésie se sont sans doute reconnus là-dedans, ce qui
était leur droit, et cela a coûté l'équivalent,
sinon beaucoup moins qu'une production de l'opéra de Montréal,
qu'on est bien heureux de fréquenter, M. le Président, et c'est
notre droit. Alors, pourquoi l'enlever aux gens des régions? Car la
fréquentation n'est guère plus importante que pour la
dernière production dl"Aïda". Quant au coût, on
peut s'en reparler, M. le Président.
Combien d'autres émissions où on permettait aux
Québécois de se reconnaître. Dans la région centre
du Québec qui est Trois-Rivières, "Au rythme du monde" qui est un
reportage sur le Festival mondial du folklore de Drummondville, qui va le
faire? Nelligan, qui était un montage dramatique sur de3 textes de
Nelligan... Vous qui avez assisté à la commission de la culture,
ne trouvez-vous pas que c'est important que ces centres de production
régionale puissent produire des émissions comme celle-là?
"Contact" était un magazine d'information régionale sur la
culture pour le centre du Québec.
Les artistes nous réclamaient des moyens de diffusion pour leurs
productions. "Salut, Jean Laprise" qui était des chansons pour les
enfants, ne trouvez-vous pas cela important aussi? Le goût de lire, on a
coupé je ne sais pas combien de millions, de centaines de milliers de
dollars pour les bibliothèques. Il y avait une excellente
émission de 30 minutes produite par Radio-Québec, centre du
Québec, qui donnait aux jeunes de cinq à douze ans une initiation
au plaisir de lire. C'est vrai qu'il ne faut peut-être plus leur donner
le goût de lire parce qu'en bibliothèque il n'y aura plus de
livre, bientôt, si on continue avec les budgets du ministère des
Affaires culturelles. "Vivre à..." était un excellent
documentaire sur les villages pittoresques de la région centre du
Québec et était une initiation à tout ce patrimoine qu'on
avait. "Un mort sans soulier" - c'est une analogie avec fort probablement les
promesses électorales du Parti québécois - c'était
une dramatique d'un auteur régional, Louis Caron. Le Centre des auteurs
dramatiques est venu nous dire, en commission parlementaire, l'importance
qu'avait Radio-Québec pour la diffusion de leurs oeuvres. (23
heures)
Je pourrais poursuivre très longuement, M. le Président,
sur ces autres émissions. "Vos vidéos", une émission de
Radio-Québec Estrie. "Enjeu vidéo", était un concours
vidéo destiné aux étudiants en art et communication du
Québec; l'émission s'adressait aux jeunes et aux adolescents qui
utilisaient, justement, ces techniques de pointe qui nous manquent, d'ailleurs,
et pour lesquelles on doit former nos jeunes et nos adolescents le plus
rapidement possible. M. le Président, cela n'aura plus place avec la loi
que fait adopter le ministre des Communications. L'Outaouais; dans cette
région, tout le monde a écouté l'émission "Plein
son". Vous n'écoutez pas cela, vous, Mme la députée de
Vachon. Vous préférez peut-être "Dallas". Remarquez que
tous les goûts sont dans la nature.
Mme Pelchat: Non, je n'ai pas le temps d'écouter cela, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Moi, j'aime "Plein son", M. le
Président...
Une voix: "Dynastie".
M. Boulerice: Ou "Dynastie". J'aime "Plein son" et cette
émission était produite par Radio-Québec Outaouais. Est-ce
qu'elle va continuer d'être produite par l'antenne nationale de la rue
Fullum, à Montréal? J'ai bien peur que non. "Coeurs et Cordes
pascals" qui était une autre excellente émission, d'ailleurs,
dans le cadre des fêtes pascales où il y avait des choeurs
invités de l'Abitibi, de Québec, de Hull, l'orchestre de chambre
de Hull qui, enfin, pouvait se faire connaître, avec François
Dompierre d'ailleurs. Vous vous êtes rengorgés et l'avez applaudi
en commission de la culture. Vous étiez contents et votre ministre s'est
fait photographier à côté de lui tellement c'est
intéressant de se faire photographier avec les artistes. Bon, c'est le
"fun", cela fait une belle photo et c'est politiquement rentable, mais, pendant
ce temps-là, vous êtes en train de le priver d'un moyen de
diffusion de ses oeuvres. C'est cela que vous êtes en train de faire avec
le projet que vous nous présentez sur la
"dérégionalisation" et la centralisation excessive de
Radio-Québec, avec un conseil d'administration, d'ailleurs, qui ne sera
que le béni-oui-oui du ministre. Je ne suis pas dupe, M. le
Président. C'est cela, le projet 61, 65 ou 63, peu importe comment vous
le nommez. C'est ce qui va arriver avec votre projet. C'est un affaiblissement,
d'une part, de la culture québécoise et de son principal moyen de
diffusion.
Il ne faut pas compter trop trop sur Radio-Canada qui est bien trop
préoccupée des événements culturels de Banf, de
Vancouver, etc., pour présenter ce qui se passe au
SaguenayLac-Saint-Jean qui est mon pays et ma province et qui
m'intéresse. C'est comme leur bulletin d'information, d'ailleurs, les
chiens écrasés à Winnipeg et pas de bulletin d'information
régional à
Montréal. Quel dommage que Radio-Québec ne nous en
présente pas uni On y verra bien un jour, nous, et on pourra compenser
les carences qui sont manifestes dans le domaine de l'information au
Québec, actuellement, et donner peut-être une dimension nouvelle
à Radio-Québec.
Tout ce que vous avez fait actuellement sur Radio-Québec est un
véritable saccage. Maintenant que vous leur enlevez, M. le ministre, ces
instruments de production pour lesquels ils vont continuer à payer en
régions, est-ce que vous avez l'intention de leur donner des
remboursements de taxes là-dessus? Parce qu'ils vont continuer à
payer pour des choses qu'ils n'auront plus. Est-ce que vous allez leur donner
des remboursements de taxes? Ils continueront à payer pour les
productions nationales. Mais le visage qui était le leur et qu'ils
avaient plaisir à nous montrer, et le plaisir, d'ailleurs, très
légitime aussi de se regarder dans ce miroir que pouvait être
Radio-Québec et d'être fiers de leur réalité, ils ne
l'auront plus. Ils vont continuer à payer des impôts pour des
émissions produites au niveau national qui n'auront probablement aucun
contenu, aucune réalité de cette région. Est-ce que vous
allez demander à votre collègue du Revenu un remboursement de
taxes pour ces gens qui perdent ce moyen qu'ils avaient d'exprimer leur
réalité différente de celle d'au coin de Fullum et
d'Ontario ou d'au coin de Upper Grosvenor et de Upper Belmont? Est-ce qu'on va
leur donner un remboursement de taxes, à ces gens-là? Non, M. le
Président, on va les faire payer. Ils sont bien. Si Radio-Québec
était la vache à lait, les régions vont être les
vaches à lait du financement de Radio-Québec, au détriment
d'une production qui leur appartenait également et à laquelle ils
avaient droit en vertu de la toi que nous avions fait adopter et avec laquelle
vous étiez d'accord.
Autres temps, autres moeurs, vous avez promis un paquet d'autres choses
et, là, vous êtes en train de revenir. En quoi c'était
dérangeant, une production régionale à
Radio-Québec? En quoi c'était dérangeant de maintenir, au
moins pour une année, qu'on prenne le temps de s'asseoir et de regarder
ce que c'est, ces 8 000 000 $ quand vous avez consenti 45 000 000 $ de
réductions d'impôt à ceux qui n'écoutent pas
Radio-Québec parce qu'ils font 80 000 $ et plus? On sait dans quel coin
géographique ils demeurent. Or, vous leur avez donné un
remboursement d'impôt. Pour ceux-là, vous n'avez pas
hésité à investir 45 000 000 $, mais sur 8 000 000 $ et
peut-être, chichement, un petit 3 000 000 $ éventuellement pour
essayer d'avoir une ou deux petites programmations régionales pour
sauver la face, pour essayer de montrer qu'on a encore un contenu
régional à Radio-Québec, là, par exemple, ça
"fafouine".
M. le ministre, à ma question tantôt, quand je vous ai
demandé quelles sont les garanties, vous m'avez dit: L'histoire, la
parole du ministre. Eh bien, effectivement, puisqu'on parle de culture, je vais
vous rappeler un de ces merveilleux épisodes que nous présentait
Radio-Québec, qui était "Les rois maudits". À la fin,
Philippe de Nogaret s'adressant au roi, lui disait: Je vous donne rendez-vous,
messire. Alors, dans quatre ans, je vous donne rendez-vous, M. le ministre, sur
Radio-Québec et je vous accompagnerai en régions pour aller en
discuter et je vous accompagnerai également dans la région
métropolitaine parce que les gens de Montréal - je me permets de
vous le dire -sont extrêmement solidaires des gens des régions
dans ce débat-là. Je ferai le tour avec vous et on verra lequel
des deux agissements l'histoire va juger celui d'avoir une programmation qui
donnait aux Québécois ce à quoi ils avaient droit, leur
juste part, et un autre qui était de renier les promesses
électorales qu'ils avaient faites, de renier une loi à laquelle
ils avaient consenti pour, en fin de compte, faire des détournements
d'argent à d'autres fins.
On les a connues, on les a vues ces réductions d'impôt aux
mieux nantis, 80 000 $ et plus, vous avez 2000 $, cela fait 45 000 000 $. Hip,
hip, hip, hourra! C'est exactement ça qui se passe. Je pense
qu'effectivement les Québécois ne seront pas dupes de vos
agissements, surtout dans le domaine de la culture, qui est un des domaines les
plus fragiles au Québec. On est quarante fois minoritaires sur ce
continent-là et, s'il y a un domaine où on se doit d'investir,
c'est bien ce domaine-là. Vous n'investissez pas. À l'exemple de
votre collègue du ministère des Affaires culturelles, vous
désinvestissez dans la culture, au Québec.
Vous avez ri. Rira bien qui rira le dernier dans quatre ans. Je vous le
dis. Dans quatre ans, vous verrez que cela va être un enjeu
électoral vraiment sérieux. Qui vivra verra, effectivement. Je
vais vivre assez vieux, Dieu m'entende, pour vous entendre cette fois-là
pleurer, parce que vous verrez que, dans ce domaine-là, le
désinvestissement que vous avez fait et les conséquences que cela
apporte, vous allez les payer très cher. Vous allez les payer dans
Richelieu. Vous allez les payer dans Saint-Henri. Vous allez les payer dans
Taillon. Vous allez les payer dans Beauce-Nord, dans Vachon. Vous allez les
payer dans Matane. Vous allez les payer dans Arthabaska. Vous allez les payer
dans Westmount. C'est vrai que chez vous, vous avez les moyens de payer, dans
Westmount.
Le Président (M. Tïudel): M. le député
de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Vous allez les payer dans Bourget,
également.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, je n'interviens pas dans les débats. Je voudrais
simplement vous souligner que, le temps étant de l'argent, vous parlez
de payer, votre temps est écoulé.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Trudel): Vos vingt minutes sont
écoulées, M. le député. J'ai le regret de devoir
mettre un terme à cette envolée.
M. Boulerice: C'est notre culture qui s'écoule en
même temps. Donc, on ne mettra jamais assez d'argent en temps et en
paroles pour la défendre.
Le Président (M. Trudel): Sauf, M. le député
de Saint-Jacques, que le règlement étant ce qu'il est, j'ai le
triste devoir de vous arrêter après vingt minutes. Mme la
députée de Maisonneuve, je pense que vous avez demandé la
parole?
Mme Harel: Oui, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Vous avez six minutes.
Mme Harel: Je rappelle l'objet de cet article 6,
c'est-à-dire l'abolition des comités régionaux. Je
rappelle le mandat que ces comités avaient, soit celui d'établir
la programmation régionale en régions et d'assurer la gestion des
ressources humaines et matérielles affectées à la
programmation et à la production d'émissions pour la
région.
Dans le peu de temps qui m'est imparti, il me faut reconnaître
que, à défaut d'être L'autre télévision,
Radio-Québec va, petit à petit, devenir une autre
télévision comme les autres. Elle peut souhaiter présenter
une programmation meilleure que les autres, mais - je le répète -
en étant évaluée avec les mêmes critères que
les autres, c'est-à-dire des critères de cotes d'écoute,
des critères de part du marché, des critères de revenus
publicitaires générés par cette part du marché. En
regard de ce qui apparaît maintenant être la nouvelle vocation de
Radio-Québec qui est de continuer à accroître sa part du
marché et non plus d'être une télévision
éducative, je crois qu'avec le projet de loi actuel nous n'assistons pas
qu'à la mise à l'écart des comités régionaux
et de la programmation régionale faite par les régions, nous
assistons à un glissement très important dans la vocation de
Radio-Québec.
Je ne pense pas que ce soit une conspiration, je ne crois pas que ce
soit nécessairement antirégions. Je crois que c'est une sorte
d'indifférence régionale, qui correspond à une sorte
d'inconscience des régions. Cette indifférence régionale
est alliée, évidemment, à une attitude querelleuse que
certains porte-parole de l'actuel gouvernement ont toujours manifestée
à l'égard de Radio-Québec. Une sorte d'attitude
querelleuse qui, ne l'oublions pas, avait été suffisamment
manifeste pour que, pendant la campagne électorale, de peur que ne
s'accrédite cette perception de rejet de Radio-Québec, le
porte-parole en matière de culture avait pris soin d'adopter à
grand renfort de publicité une série de recommandations qui
avaient été diffusées largement . pour que la population
ne manifeste pas sa désapprobation à l'égard de ce que,
intuitivement, elle percevait comme un rejet, comme une attitude vraiment - je
le dis - querelleuse à l'égard de Radio-Québec.
Il n'aurait pas été pensable qu'une telle attitude se
manifeste sans qu'il y ait aussi combinaison, une sorte d'alchimie, avec le
désir, sans doute, d'augmenter la part du marché de
Radio-Québec, donc, de faire glisser d'une certaine façon la
vocation initiale à une vocation concurrentielle avec les autres
réseaux de langue française. C'est donc dire que la combinaison
de ce rejet manifeste et de cette attitude querelleuse, ce sont les
régions qui vont en payer le prix. D'une certaine façon, il faut
quasiment féliciter le ministre d'avoir réussi à
éviter le pire pour Radio-Québec, ce qui aurait
été, sans doute, tout simplement de mettre la clef dans la porte,
compte tenu de ce qu'était, l'automne dernier, le sentiment de rejet que
l'on sentait à l'égard de Radio-Québec. Mais les
régions en sont les victimes, en fait. Elles sont les victimes de cette
combinaison de forces qui ont joué contre à la fois une
télévision éducative avec un enracinement sur tout le
territoire du Québec et en défaveur d'une production
régionale qui soit plus conforme aux attentes et aux aspirations des
régions.
On peut penser, M. le Président, que tout cela est dû
à un manque de ressources - certainement que cela a joué, cela a
été un élément déterminant -
évidemment, dû aux compressions budgétaires qui ont
été décrétées par le président du
Conseil du trésor et par l'ensemble du Conseil des ministres. Mais ce
manque de ressources ne peut pas en soi justifier le manque de perspective que
l'on retrouve dans le projet de loi qui est devant nous. Bien d'autres
intervenants l'ont dit avant moi. Je pense, en particulier, aux
représentants et aux porte-parole des sociétés nationales
de3 Québécois. On entendait, à la radio, aujourd'hui
même, ce compte-rendu de leur rencontre de presse durant laquelle ils
incitaient le ministre à examiner d'autres
solutions pour réduire les budgets de Radio-Québec. (23 h
15)
Je rappellerai simplement qu'un réalisateur pigiste d'Alma
écrivait au directeur général, M. Jacques Girard, dans le
Quotidien du 28 mars 1986, ceci: "Les journaux ont laissé entendre
qu'une cinquantaine de personnes travaillent dans les satellites
régionaux de Radio-Québec. C'est de l'information
tronquée, car ce n'est que le nombre de3 permanents. Juste dans ma
région, une trentaine d'artisans gravitent autour du maigre budget
régional. Trente pigistes qui ont appris ou qui apprennent à
faire des petits miracles avec des petites ressources. Les bureaux constituent,
de plus, une des rares possibilités pour les jeunes artisans de percer
et de se faire connaître". Il terminait cette lettre en disant:
"Espérant ne pas être contraint de rejoindre bientôt la
cohorte des pigistes désabusés à Montréal, je vous
salue".
Je vous laisse avec cette...
Le Président (M. Trudel): Je vous salue également,
madame, parce que votre temps de parole est terminé.
Mme Harel: ...cette exhortation d'un réalisateur pigiste
en vous disant, pour conclure, que le manque de ressources ne peut pas
justifier le manque de perspectives que l'on retrouve dans ce projet de
loi.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce que d'autres députés
veulent intervenir sur l'article 6?
M. Boulerice: Le député de Sherbrooke dit: "Cast
your ballot".
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, est-ce que vous
avez des remarques finales à faire sur l'article 6 avant qu'à la
demande du député de Sherbrooke nous le mettions aux voix? M. le
ministre?
M. French: Non, je n'en ai pas.
Le Président (M. Trudel): Vous n'avez rien. M. le
député de Sherbrooke, je crois que vous avez demandé le
vote. Mme la députée de Johnson, je comprends que vous demandez
le vote par appel nominal? J'y procède à l'instant.
Avant, je vais vous relire l'article 6 qui, comme vous le constaterez,
est très long: "La section 1.2 de cette loi qui comprend les articles
19.1 à 19.10 est abrogée."
M. French (Westmount)?
M. French: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Audet (Beauco-Nord)?
M. Audet: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Brassard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Hains (Saint-Henri)?
M. Hains: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Hamel (Sherbrooke)?
M. Hamel: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Harel (Maisonneuve)?
Mme Harel: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudei): Mme
Hovington (Matane)?
Mme Hovington: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Excusez-moi, j'ai encore
oublié M. Boulerice (Saint-Jacques). M. Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Contre, M. le Président.
La Secrétaire: 8 pour, 4 contre et 1 abstention.
Le Président (M. Trudel): L'article 6 est adopté
par 8 voix pour, 4 contre et 1 abstention.
Nous passons maintenant à l'article 7 que je vous lis.
Fonctions de la société
Mme Juneau: Avant de passer à l'article 7, nous avons un
autre amendement à apporter, qui pourrait être un ajout à
l'article 6.
Le Président (M. Trudel): Vous avez un nouvel article
à proposer, si je comprends bien?
Motion proposant qu'elle fasse
la promotion active d'une production
provenant des régions
Mme Juneau: C'est cela. Le projet de loi modifiant la Loi sur la
Société de radiotélévision du Québec est
modifié par l'insertion, après l'article 6, de l'article 6.1 dont
le texte est le suivant: "6.1 L'article 20 de la loi sur la
radiotélévision est modifié par l'addition, après
le deuxième alinéa, de l'alinéa suivant: "À cette
fin, elle doit promouvoir activement le développement et la diffusion
d'une production télévisée en provenance des
régions du Québec".
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre quelques
minutes pour statuer sur la recevabilité de votre amendement.
M. French: M. le Président, je voudrais porter à
votre attention l'article... Est-ce que c'est toujours suspendu?
Le Président (M. Trudel): Je peux entendre un
représentant de chaque parti.
M. French: L'article...
Le Président (M. Trudel): Voulez-vous me laisser terminer,
M. le ministre, s'il vous plaît?
M. French: Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): J'entendrai un
représentant de chaque parti et je prendrai quelques minutes pour
réfléchir par la suite. M. le ministre.
M. French: L'article 197: "Les amendements doivent concerner le
même sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son
principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à
remplacer des mots." À mon avis, il serait possible d'imaginer que, dans
la mesure où le projet de loi ne vise pas l'article 20, l'amendement
proposé n'est pas recevable.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je suis pleinement d'accord
avec l'article 197 qui dit qu'un amendement ne peut aller à l'encontre
du principe. Je ne pense pas que cet article, qui vise à préciser
les fonctions de la société, à l'article 20, va à
l'encontre du principe du projet de loi qui est devant nous. Cela
précise, mais cela ne va pas à l'encontre du principe du projet
de loi.
Deuxièmement: "Ils ne visent qu'à retrancher, à
ajouter ou à remplacer des mots." Je vous signale qu'on ajoute - de la
même façon qu'on ajoutait avec l'amendement que j'ai fait et qui a
été reçu tout à l'heure l'idée d'un fonds
spécial - des éléments qu'on ne retrouve pas dans le
projet de loi. Vous les avez jugés recevables; c'est la même
chose. Ce qui est important dans un amendement, je pense, ce qui est capital,
c'est que l'amendement n'aille pas à l'encontre du principe; c'est cela
qui est essentiel. Je ne pense pas que cela aille à l'encontre du
principe. Cela parle d'une production télévisée en
provenance des régions du Québec. On ne remet pas en question la
suppression des comités régionaux, des instances
régionales, qui est vraiment le principe du projet de loi. Pour ces
raisons, je pense que, comme bien d'autres amendements, l'amendement actuel est
tout à fait recevable.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Une dernière intervention, M. le
ministre?
M. French: Très brièvement, M. le Président.
Évidemment, je ne pourrai pas m'opposer si le député de
Lac-Saint-Jean veut ajouter son grain de sel après que j'aurai
terminé.
Le Président (M. Trudel): J'aurais des objections à
ce que le débat se poursuive.
M. French: Je comprends. Je veux que ce soit clair. Je ne dis pas
que c'est contre le principe, nécessairement; c'est à
évaluer. Je signale que l'amendement proposé amende l'article 20
de la loi, soit l'article qui touche les objets de la société.
Or, les objets de la société ne sont pas modifiés par le
projet de loi qui est devant nous. Ce sont uniquement les pouvoirs qui sont
touchés par le projet de loi qui est devant nous.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Je
suspends les travaux pour quelques minutes afin de me prononcer sur la
recevabilité de cet amendement.
(Suspension de la séance à 23 h 24)
(Reprise à 23 h 27)
Le Président (M. Trudel): Nous allons attendre le ministre
des Communications.
Afin de ne pas retarder les travaux de la commission, je déclare
l'amendement... Je
m'excuse. Mme la députée de Johnson et non pas Mme la
députée de Juneau, je déclare votre amendement
recevable...
Mme Juneau: Bravo!
Le Président (M. Trudel): ...et je vous cède la
parole ou à un autre...
Mme Juneau; C'est l'euphorie totale.
Le Président (M. Trudel): ...de vos collègues.
Je le déclare recevable pour la raison suivante. À sa face
même et après une étude quand même assez rapide, il
me paraît compléter et venir expliquer davantage le
deuxième paragraphe de l'article 20.
M. le ministre, je viens de déclarer recevable l'amendement de
Mme la députée de Johnson pour la raison, notamment - c'est une
décision, quand même, prise rapidement, mais après
consultation - que, contrairement à ce que vous m'avez souligné,
je pense que cet amendement vient compléter l'actuel article 20 en
précisant à son deuxième alinéa ce que doit faire,
entre autres, la société Radio-Québec dans le
développement d'une télévision éducative et
culturelle sur le territoire du Québec.
La parole est à Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président.
Je me rends compte que, dans notre formation politique, on est
très heureux de votre décision, mais que, dans non pas L'autre
télévision, mais l'autre formation politique, le visage a
allongé de quelques centimètres lors de votre décision ou
de votre interprétation de cet amendement, M. le Président. Je
sais que le ministre aurait préféré que vous rejetiez
l'amendement de mon collègue, c'est-à-dire mon amendement.
M. Brassard: Votre amendement. Une voix: C'est la fatigue.
Mme Juneau: C'est la fatigue, oui, je comprends! Le ministre
était convaincu de sa non-recevabilité. Malheureusement,
après consultation, vous êtes obligé de lui expliquer que
notre amendement est recevable et tour à tour mes collègues et
moi nous tenterons de vous persuader du bienfait d'ajouter a l'article 20 de la
Loi sur la Société de radiotélévision du
Québec l'amendement que je viens de vous présenter. Je crois
qu'il serait important pour les membres de l'autre côté,
étant donné qu'ils n'interviennent pas et qu'ils ne sont pas
documentés de la même façon qu'on peut l'être, de
pouvoir leur lire ce qu'est l'article 20 de la Loi sur la Société
de radiotélévision du Québec, c'est-à- dire la loi
existante de Radio-Québec. L'article 20 dit à la section II,
"Fonctions de la société: "La société a pour objet
d'établir, de posséder et d'exploiter un service de production de
documents audiovisuels et de radiotélévision. La
société a principalement pour objet d'établir et
d'exploiter une entreprise de radiotélévision éducative
sur l'ensemble du territoire québécois". Avec notre amendement,
nous ajoutons ceci à l'article 20 de la Loi sur la Société
de radiotélévision du Québec: II est modifié par
l'addition après le deuxième alinéa de l'alinéa
suivant: "À cette fin, elle doit promouvoir activement le
développement et la diffusion d'une production
télévisée en provenance des régions du
Québec." Voilà l'amendement que nous apportons à l'article
20 dans le but, bien sûr, d'apporter une finalité beaucoup plus
engageante de la part de la société Radio-Québec.
La société éducative et culturelle qu'est
Radio-Québec a fait dans l'ensemble de nos régions un travail
extraordinaire qui, de notre point de vue, a aidé non seulement la
jeunesse, mais aussi les personnes mûres, ainsi que les personnes
âgées. De temps en temps elle permettait à certains groupes
de personnes de regarder des émissions divertissantes. De temps en temps
aussi, à ce divertissement s'ajoutait l'éducation par des
programmes éducationnels, de temps en temps s'ajoutait à ce
divertissement la culture où on présentait un de nos artistes du
Québec et de temps en temps on pouvait voir au petit écran,
Sylvain Lelièvre, l'auteur-compositeur-interprète qui a
écrit des classiques comme "Le fleuve" ou "Marie-Hélène".
De temps en temps on a pu écouter ou recevoir Claude Thibodeau qui est
le directeur des programmes d'un autre poste de radio qui a certainement pu
grâce à Radio-Québec...
M. Audet: II vient de la Beauce.
Mme Juneau: Oui, il est bon. Il est de la Beauce. Je suis
contente de vous l'entendre dire. J'ai l'impression que vous le connaissez
très bien. On a certainement aussi entendu, grâce au
développement et à la diffusion de productions
télévisées, Yves Beauchemin, écrivain et auteur du
succès "Le Matou". Ils ont fait un film avec son livre. M. Beauchemin
dit que, "contrairement à la chanson, la littérature n'a pas trop
souffert du référendum. Elle a évolué et même
produit de beaux succès". Il cite plusieurs livres. C'est un artiste de
chez nous. M. Robert Lalonde, un écrivain comédien. M. Maurice
Lemire, professeur de littérature québécoise à
l'Université Laval. M. Jean-Pierre Tremblay, directeur
général de la Corporation des artisans de la ville de
Québec, qui dirige aujourd'hui le Centre des métiers d'art du
Québec, à Montréal. Ce
sont tous, chers collègues du gouvernement, des gens
intéressants qui ont pu, grâce à la programmation et
à la production télévisées de L'autre
télévision, se produire au petit écran et parler de leur
art respectif. Chacun de vous a certainement vu à un moment donné
M. François Tassé, le comédien...
M. Boulerice: Qui était présent à la
commission de la culture.
Mme Juneau: C'est cela... qui était présent
effectivement, comme mon collègue le dit, à la commission de la
culture. M. Eddy Toussaint, chorégraphe, directeur, fondateur de la
compagnie de danse le Ballet de Montréal. On a aussi certainement
entendu, à un moment donné, Mme Micheline Lanctôt,
comédienne et cinéaste. Plusieurs artistes, plusieurs
comédiens, plusieurs écrivains, plusieurs graveurs, plusieurs
artisans, enfin plusieurs personnes... Merci beaucoup, M. le ministre.
Le Président (M. Trudel): II faudrait parler de Mme Nicole
Martin.
Mme Juneau: Non. Est-ce que Mme Nicole Martin est la chanteuse
préférée du ministre?
Le Président (M. Trudel): Non, c'est la chanteuse
préférée du député d'Arthabaska.
Mme Juneau: Ah, mon Dieu! En tout cas, ce sont des artistes qui
ont certainement pu, à un moment ou à un autre, profiter du petit
écran qu'on appelle L'autre télévision.
Le point de vue de notre formation politique va dans le sens qu'il est
très important que des émissions en provenance de nos
régions respectives continuent de faire la promotion dans tout le
Québec de ce qui se passe dans nos régions ou dans nos coins de
pays.
M. le Président, si vous me le permettez, bien sûr, parce
que je pense que vous avez toute l'autorité dans cette commission
parlementaire, mais, étant donné que je viens directement de
l'Éstrie, je suis persuadée que, de bonne grâce, vous allez
me permettre de vous parler un petit peu des émissions qui sont
produites chez nous en Estrie.
Je pense que le député de Sherbrooke, même s'il n'a
pas encore demandé le vote, aurait été aussi en mesure que
moi de parler des émissions qui sont produites de façon autonome
à Sherbrooke, par nos producteurs indépendants. Ils ont fait tour
à tour des émissions qui ont non seulement renseigné les
gens, mais qui ont ébahi les téléspectateurs de notre coin
de pays, soit la région de l'Estrie. Entre autres, on a fait une
émission qui s'appelait "On n'a pas tout vu". Il s'agissait de 30
émissions de 30 minutes chacune, faites dans la région. Je ne
sais pas si le député de Sherbrooke a vu ces émissions.
C'étaient des rencontres avec des gens ordinaires qui ont une passion
extraordinaire. La passion, c'était ce qui se fait de bien et ce que
sont les gens de l'Estrie. Nous, de l'Estrie, avons une région
touristique extraordinaire et il nous fait toujours grand plaisir de publiciser
les beautés de la nature qu'on peut observer chez nous. J'en suis
fière et, quand je me promène à l'extérieur de ma
région, je me rends compte que j'habite un coin de paradis. Il me fait
toujours plaisir qu'au petit écran on puisse parler de ma région
qui est extraordinaire. Le gouvernement du Québec...
Une voix: Ce n'est pas un coin de paradis, c'est le coin de
Paradis.
Le Président (M. Trudel): Exactement.
M. French: Brome-Missisquoi en particulier.
Mme Juneau: Ah oui, j'avais compris, M. le ministre!
M. Boulerice: Ah, mais Lincoln s'occupe de la pollution.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut revenir
à la pertinence du débat, Mme la députée?
Mme Juneau: Certainement. Je parlais des productions
télévisées qui provenaient de la belle région de
l'Estrie. On a diffusé au petit écran, M. le Président,
des émissions qui mettaient en relief les beautés des montagnes
et du parc Orford. Le gouvernement du Québec croit
énormément au site touristique qu'est le parc Orford. D'ailleurs,
vous savez que c'est un parc national qui a été largement
subventionné par le gouvernement du Québec.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Johnson, est-ce que ce parc national, qui est largement subventionné et
que j'aime autant que vous, a fait l'objet d'une émission
télévisée sur les ondes de Radio-Québec?
Mme Juneau: -Je le crois bien, M. le Président: Lorsqu'on
a fait des émissions à Radio-Québec pour démontrer
à quel point le touriste était le bienvenu chez nous, on a
effectivement vu des prises de vues du parc Orford. C'est avec fierté
que les gens de l'Estrie pouvaient se reconnaître dans les images
diffusées au petit écran de la Société de
radiotélévision du Québec.
Nous avons aussi un enjeu-vidéo, soit treize émissions de
30 minutes, qui était un
concours de vidéos destiné aux étudiants en art et
en communications. Je ne sais pas si le ministre des Communications a fait ses
études à l'Université de Sherbrooke pour être aussi
bien qualifié pour remplir les fonctions dont il a été
doté, mais, s'il a fait ses études à l'Université
de Sherbrooke, il doit en être fier, parce que non seulement les
étudiants de l'Université de Sherbrooke, mais l'ensemble de la
population de l'Estrie, lorsqu'ils ont passé quelques années en
Estrie, ne peuvent jamais se défaire d'un souvenir
imprégné d'une beauté aussi extraordinaire que sont ces
montagnes et ces paysages que l'on ne voit pas à l'extérieur ni
dans d'autres régions.
C'est par le petit écran de la Société de
radiotélévision du Québec que nos producteurs
indépendants nous ont permis non seulement à nous, de la
région de l'Estrie, de profiter de ces paysages de beauté, mais
qu'ils ont pu montrer à tout le Québec comment nous sommes fiers
et avons des paysages qui se renouvellent à la grandeur de nos huit
comtés de l'Estrie, comment nos gens de l'Estrie vivent, avec les us et
coutumes de chez nous qui ne sont pas, soit dit en passant,
nécessairement les mêmes que les députés du
gouvernement ou le ministre peuvent vivre dans le comté de Westmount. Je
suis sûre qu'il va me dire que son comté est mieux et plus beau
que le mien, mais je vais me battre longtemps pour définir ce qu'est le
beau et grand comté de Johnson et comment il est important que les
artistes de chez nous se fassent valoir.
M. le Président, j'ai trois grands artistes qui vivent dans mon
comté et qui ont eu la chance d'avoir des émissions parlant de
leur art à Radio-Québec. C'est grâce à nos
producteurs indépendants si Frédéric, grand peintre de
chez nous, a pu voir ses oeuvres à la Société de
radiotélévision du Québec. Frédéric est en
train de rénover ici la basilique de Sainte-Anne. C'est un peintre
exceptionnel qui a eu la chance, je pense, de faire voir ses oeuvres dans tout
le Québec grâce à la télévision. C'est vrai,
M. le député de Sherbrooke?
M. Hamel: D'accord. (23 h 45)
M. Brassard: Eh bien, le député de Sherbrooke qui
parle!
Mme Juneau: Le Frédéric en question habite mon
comté, il habite à Saint-Denis-de-Brompton. Il a eu la chance que
la radiotélévision du Québec produise son art, fasse voir
à tout le Québec ce qu'un gars de l'Estrie, tellement talentueux,
peut faire. Ils n'ont pas hésité une seconde à l'engager,
à lui offrir des cachets assez exceptionnels pour qu'il vienne
décorer la basilique de Sainte-Anne.
Nous avons aussi une autre peintre qui s'appelle Josseline
Deschênes qui est à la fois une femme écrivain qui
écrit des livres pour enfants. C'est une autre personne qui a eu la
chance de se produire au petit écran de la radiotélévision
du Québec. Parmi ces artistes de chez nous, on a Camille Racicot que
vous connaissez très bien, M. le député de Sherbrooke, qui
est un céramiste, qui a fait la décoration du séminaire de
Sherbrooke.
M. Brassard: Ne le provoque pas, il va se mettre à
parler.
Mme Juneau: II va demander le vote tout à l'heure, mais,
entre-temps, je pense qu'il va me laisser terminer mon intervention. Je suis
contente d'avoir suscité l'intérêt du député
de Sherbrooke. Cela fait longtemps que je souhaitais qu'il intervienne. Je
viens de lui mentionner des noms d'artistes de chez nous qu'il connaît
très bien. Je suis contente de voir que cela l'ait
réveillé à ce point. Je souhaiterais que le
député de Sherbrooke puisse parler de nos artistes qui ont eu la
chance de se produire à la radiotélévision du
Québec.
M. le Président, je n'ai nommé que trois de ces artistes.
Nous avons aussi Luc Tanguay qui est un peintre tout à fait
spécial, qui a une technique spéciale et dont j'ai plusieurs
tableaux. Il utilise le cube. C'est un cubiste. Quand vous viendrez à
Windsor chez nous, j'ai une collection qui est rendue pas mal importante.
D'ailleurs, j'ai été obligée de l'assurer, j'étais
inquiète. Ma collection est devenue une collection très riche
qui... Un cubiste qui s'appelle Luc Tanguay qui est à peu près le
seul artiste que je connaisse qui utilise ce mode d'expression. Ce peintre n'a
pas encore eu la chance de se produire à la
radiotélévision du Québec. Je pense que, si on coupe
Radio-Québec Sherbrooke, on n'aura pas la chance de présenter Luc
Tanguay à tout le Québec.
Le Président (M. Trudel): Vous avez une minute pour nous
entretenir de Luc Tanguay, Mme la députée.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Cela
m'inquiétait de savoir que mon temps alloué était
terminé parce que je voulais terminer sur le peintre extraordinaire qui
est Lue Tanguay. M. le ministre, j'aurais bien voulu que vous nous laissiez
notre station régionale à Sherbrooke. On aurait pu vous montrer
le talent que cet homme a pu...
M. French: Là, il prend moins cher.
Mme Juneau: Si vous saviez a quel point Luc Tanguay fait un
travail exceptionnel, M. le Président, le ministre aurait
été enchanté. Je pense qu'il aurait
possiblement acheté des oeuvres de Luc Tanguay. On a aussi un
sculpteur...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée,
votre temps est malheuresement écoulé.
Mme Juneau: Deux petites minutes pour vous parler de mon
sculpteur préféré.
Le Président (M. Trudel): Pas deux petites minutes, Mme la
députée.
Mme Juneau: Deux secondes.
Le Président (M. Trudel): En deux secondes, je suis
convaincu que vous ne réussirez pas.
Mme Juneau: Léon Leblanc, un artiste de chez nous, un
sculpteur extraordinaire, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Que nous prendrons grand plaisir
à rencontrer à un autre moment.
Mme Juneau: J'espère que si on avait eu la chance d'amener
tout ce beau monde en...
Le Président (M. Trudel): Que nous reverrons
peut-être au prochain amendement, Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Une voix: Mme la députée, au prochain amendement,
vous nous le présenterez.
Mme Juneaus J'espère qu'il ne demandera pas le vote tout de
suite.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean a demandé la parole. Merci, Mme la députée
de Johnson.
M. Brassard: M. le Président, s'il y avait consentement,
je serais prêt à donner deux de mes vingt minutes à ma
collègue de Johnson pour qu'elle finisse de parler de son sculpteur.
M. French: Consentement, M. le Président.
Mme Juneau: Consentement? Bon. Mon Dieu, je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée, vous nous
présentez votre sculpteur préféré en deux
minutes» Merci, Mme la députée.
Mme Juneau: Promis. Je vais réduire, je ne vous parlerai
pas de toutes ses oeuvres. C'est un homme extraordinaire qui n'a pas
hésité un instant. Écoutez bien ce que je vais "vous
raconter là. C'est un professeur à la polyvalente, chez nous, qui
a jugé plus important de pouvoir utiliser son mode d'expression à
lui, qui est la sculpture sur bois. Il a un talent exceptionnel. J'aurais
aimé énormément que le ministre permette qu'on reproduise,
à la face de tous les Québécois comme cet homme-là,
riche d'un talent exceptionnels un petit gars de chez nous, de Windsor,
où j'habite...
Une voix: Quel est son nom?
Mme Juneau: Léon Leblanc, un homme exceptionnel. Vous ne
devriez pas rire, M. le député de Sherbrooke. Vous ne devriez pas
rire. C'est parce que vous ne connaissez pas la sculpture que fait Léon
Leblanc, sinon, vous ne ririez pas, au contraire.
M. Hamel: Je ne ris pas, chère madame.
M. French: C'est un citadin...
Mme Juneau: Ce n'est pas un citadin, c'est une machine à
voter. M. le Président, je vous remercie beaucoup.
M. Hamel: M. le Président, je ne ris pas!
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît'
M. French: On va retirer notre consentement.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le député de Lac
-Saint-Jean, Mme la députée, votre collègue, ayant pris
seulement une minute, il vous en restera dix-neuf. Je vous cède la
parole.
M. Brassard: M. le Président, nous avons, malheureusement,
au cours de l'étude détaillée de ce projet de loi,
essuyé toute une série de refus, en plus, évidemment, du
refus des comités régionaux, ce qui constituait le principe du
projet de loi. On a tenté d'apporter des amendements pour essayer
d'obtenir certaines formes de garantie que la production régionale
allait se poursuivre en régions malgré la disparition des
comités régionaux, des instances régionales. On a
essayé, par exemple, d'obtenir que... M. le Président, je ne vous
dérange pas trop, non?
Le Président (M. Trudel): Non, pas du tout. Continuez, M.
le député.
M. Brassard: On a essayé d'obtenir tout
à l'heure que l'on spécifie que les normes établies
par le conseil d'administration soient à la fois nationales et
régionales. Sans succès, puisque le ministre a refusé
catégoriquement cette proposition que nous jugions raisonnable. Nous
avons également tenté d'introduire, comme responsabilité
nouvelle du conseil d'administration, l'établissement et la gestion d'un
fonds spécial pour assurer une production télévisuelle en
régions. En vain également, sans succès; on s'est
buté à un refus catégorique du ministre qui a
refusé carrément même de considérer le moindrement
cette proposition.
Nous en sommes arrivés à une tentative que je qualifierais
d'ultime par l'article de la loi portant sur l'objet, la mission ou les
fonctions de Radio-Québec. Tentative ultime de façon à
essayer de persuader le ministre d'introduire au moins dans son projet de loi
une forme atténuée de garantie que la production régionale
va se poursuivre, se maintenir et se perpétuer. Ce qu'on a trouvé
pour en arriver là, pour obtenir cette forme de garantie, c'est
d'ajouter un alinéa à l'article 20.
L'article 20, se lit comme suit: "La société a pour objet
d'établir, de posséder et d'exploiter un service de production de
documents audiovisuels et de radiotélévision. La
société a principalement pour objet d'établir et
d'exploiter une entreprise de radiotélévision éducative
sur l'ensemble du territoire québécois". On fait donc
référence à la mission éducative de
Radio-Québec, que tout le monde connaît.
On ajouterait l'amendement suivant: "À cette fin -
c'est-à-dire aux fins d'établir et d'exploiter une entreprise de
radiotélévision éducative, elle doit promouvoir activement
le développement et la diffusion d'une production
télévisée en provenance des régions du
Québec."
Il me semble qu'il s'agit là d'un amendement qui n'est pas
dangereux, qui ne ressuscite pas les comités régionaux. Il ne
fait que prévoir que la société Radio-Québec fera,
en môme temps qu'elle exploitera une entreprise de
radiotélévision éducative, la promotion active d'une
production télévisée en provenance des régions.
Cela me semble donc un amendement tout à fait raisonnable, tout à
fait acceptable et qui va dans le sens des propos du ministre.
Le ministre, à maintes reprises, a dit: Je maintiens la
production régionale. Je continuerai d'encourager et de promouvoir la
production d'émissions de télévision en provenance des
régions. Il l'a maintes fois affirmé dans toutes ses
interventions sur ce projet. Cela fait partie de ses intentions, nous dit-il.
Ce sont là ses intentions: J'abolis les comités régionaux,
les instances régionales, mais, je vous assure, nous disait-il et
disait-il à la population, qu'on va continuer de produire des
émissions en régions. C'est ce qu'il nous affirme. La preuve,
c'est que j'établis un fonds spécial de 3 000 000 $ pour ce
faire.
Mme Harel: Et elles vont passer sur tout le réseau.
M. Brassard; Très bien. Elles vont passer sur tout le
réseau et cela va être produit en régions; c'est ce qu'il
nous a affirmé à maintes reprises. On a essayé de lui
demander que cette intention louable se traduise concrètement dans sa
loi. Il a refusé à propos des normes. Il a refusé à
propos du fonds spécial. Là, on lui demande d'ajouter un petit
paragraphe à la vocation de Radio-Québec de façon que ses
intentions maintes fois répétées se traduisent
concrètement dans le texte législatif que nous avons à
étudier.
Moi, je vous le dis tout de suite, M. le Président, s'il refuse
cet amendement, cela va commencer à devenir louche et inquiétant.
Je vais commencer à mettre en doute et à remettre en question les
bonnes intentions proclamées par le ministre selon lesquelles on va
continuer à produire en régions. Il dit: Ne vous inquiétez
pas. Je vous en donne l'assurance. On lui demande, justement, de nous en donner
l'assurance en acceptant notre amendement; sinon, cela devient
inquiétant. Cela devient des voeux pieux et cela devient
inquiétant que le ministre n'accepte en aucune façon que cette
intention, qu'il a manifestée et exprimée à plusieurs
reprises, se retrouve quelque part dans son projet de loi. Il s'y refuse
carrément et, là, je pense que c'est tout à fait
inquiétant.
Cela accrédite l'idée, M. le Président, qu'on est
en face, finalement, d'une étape qui sera complétée par la
suite. Première étape: on abolit les comités
régionaux. On ferme quelques bureaux. On en maintient quelques-uns
ouverts. On donne 3 000 000 $ pour produire des émissions en
régions, pour calmer les esprits, pour apaiser les esprits, mais, on a
en tête l'idée qu'il y aura une autre étape.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Lac-Saint-Jean, les douze coups de minuit vont commencer à sonner dans
trois secondes.
M. Boulerice: Cela ne nous assomme pas.
M. Brassard: Bon!
Le Président (M. Trudel): Vous aurez, à la reprise
des travaux demain...
M. Brassard: M. le Président, je reviendrai à cette
prochaine étape...
Le Président (M. Trudel): ...neuf minutes.
M. Brassard: ...à cette deuxième étape que
j'appréhende demain.
Le Président (M. Trudel): Très bien. Sur ces les
travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 55)