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(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! La séance est maintenant ouverte. Je rappelle le mandat de
la commission qui est d'étudier le projet de loi 157, Loi modifiant la
Loi sur le cinéma. Je demande à la secrétaire d'annoncer
les remplacements.
Projet de loi 157
La Secrétaire: II y a deux remplacements. Mme Harel
(Maisonneuve) est remplacée par Mme Blackburn (Chicoutimi) et Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Filion (Taillon).
Le Président (M. Kehoe): Maintenant, avant de commencer
l'étude article par article du projet de loi, je demande à Mme la
ministre et au porte-parole de l'Opposition s'ils ont des motions ou des
déclarations préliminaires à faire.
Déclarations préliminaires
Mme Bacon: Non, M. le Président. Moi, je serais
prête à l'étude article par article du projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): M. le porte-parole de
l'Opposition, M. le député de Saint-Jacques, avez-vous une
déclaration quelconque à faire?
M. André Boulerice
M. Boulerice; Oui, M. le Président. Le projet de loi que
nous présente Mme la ministre en commission fait subir des modifications
très importantes, à notre point de vue, à la Loi sur le
cinéma. Je sais pertinemment qu'une entente a été
signée avec les "majors" le 22 octobre entre Mme la ministre et M.
Valenti, qui est président-directeur général de la Motion
Picture Export Association of America, pour une durée de cinq ans. Cette
entente est renouvelable, n'est-ce pas, Mme la ministre?
Mme Bacon; Elle est négociable.
M. Boulerice: Elle est négociable et pourra être
renouvelée sans doute pour une autre période de cinq ans. Dans le
projet de loi que nous présente Mme la ministre des
Affaires culturelles, on remarque qu'il y a, en échange de la
signature de l'entente, renonciation à trois articles qui nous
paraissent très importants et qui se trouvaient dans la loi 109:
l'article 109 qui était l'obligation que les "majors" investissent 10 %
de leurs recettes dans la production de films québécois;
l'article 114 qui était l'obligation pour les "majors" de verser une
partie de leurs recettes brutes aux propriétaires de cinéma et
l'article 115 qui permettait, après sept jours de présentation au
public, la disponibilité d'une copie d'un film à un autre
titulaire de permis d'exploitation de salles commerciales afin de briser le
monopole de Cinéplex Odéon et Cinémas Unis sur la
présentation de films.
On sait qu'au Québec les entreprises américaines de
distribution contrôle 40 % de la programmation et 56,5 %, je crois, des
recettes au guichet. Donc, en raison de leur poids économique, ces
distributeurs disposent, de surcroît, d'ententes
préviléqiées exclusives avec les deux circuits
pancanadiens d'exploitation qui sont les Cinémas Unis et Odéon
pour la programmation en première exclusivité de leurs films.
Concrètement, cela signifie qu'une part importante des
décisions de programmation qui affectent l'ensemble des citoyennes et
des citoyens du Québec, c'est-à-dire le choix des films, la date
de leur sortie, la lanque ou le nombre de copies mises en circulation, sont
prises à Los Angeles et relayées ici via Toronto. Cela implique
éqalement que les distributeurs québécois ne disposent le
plus souvent que de ce qu'on appelle les trous de programmation - l'expression
est malheureuse, mais elle illustre très bien ce qui se produit - qui
sont laissés vacants par les distributeurs américains pour
présenter les films dont ils ont acquis les droits. C'étaient des
remarques préliminaires qui avaient été faites aux
audiences publiques le 22 février 1983, au moment où on
étudiait la loi 109.
Donc, dans le projet de loi que nous présente Mme la ministre des
Affaires culturelles, il y a pour nous une question extrêmement
pertinente et je ne vous cacherai pas que nos intentions, quant au vote sur
cette loi, dépendront énormément des réponses que
voudra bien ou saura bien nous donner Mme la ministre des Affaires culturelles.
Toutefois, c'est une marque de commerce, la consultation. Je me rappelle fort
bien, d'ailleurs, que son avant-
prédécesseur aux Affaires culturelles, M. Clément
Richard, avait entrepris, dès le lendemain de sa nomination comme
ministre des Affaires culturelles, une immense tournée' de toutes les
régions du Québec, audiences, d'ailleurs, auxquelles j'ai eu
l'honneur de participer et qui, justement, portaient sur le film et la
vidéo au Québec.
Donc, il est bien entendu, M. le Président, que ce qui nous
importe, ce ne sont pas uniquement des réponses que va sans aucun doute
nous apporter Mme la ministre des Affaires culturelles, mais bien ce que le
milieu a à dire de cette loi.
Motion proposant la tenue de consultations particulières avec
l'ADFVQ
Alors, M. le Président, immédiatement, je vous
présente une motion pour tenir des consultations populaires,
particulières, je m'excuse, mais elles seront sans doute populaires.
Donc, la motion que je vous' proposerai, M. le Président, est que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 157, Loi modifiant la Loi sur le cinéma, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet et qu'à cette fin elle entende l'organisme suivant qui est
l'Association des distributeurs de films et de vidéo du
Québec.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous la motion par
écrit, M. le député, s'il vous plaît?
M. Boulerice: Oui, M. le Président. J'espère que la
calligraphie saura vous satisfaire.
Le Président (M. Kehoe): Bon, je vais relire la motion
pour tenir des consultations populaires: "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 157, Loi
modifiant la Loi sur le cinéma, des consultations populaires quant
à tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende
les organismes suivants, l'Association des distributeurs de films et de
vidéo du Québec."
M. Boulerice: Je m'excuse si c'était écrit "les
organismes", c'est plutôt "l'organisme suivant". Je ne pense pas que cela
gêne la recevabilité.
Une voix: Les autres s'en viennent. M. Filion: C'est vous qui le
dites.
Le Président (M. Kehoe): Après avoir
étudié la... À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Filion: Cela veut dire que vous allez en présenter.
Le Président (M. Kehoe): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Taillon. Après avoir
étudié la motion en question, je la déclare recevable. M.
le député de Saint-Jacques, vous avez trente minutes de
discussion sur votre motion.
Mme Blackburn: Je m'excuse de ma distraction, M. le
Président. Pourriez-vous relire la motion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Kehoe): Lire encore la motion?
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Pour la deuxième fois, je
vais relire la motion. Motion pour tenir des consultations
particulières: "Que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 157, Loi modifiant la
Loi sur le cinéma, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende
l'organisme suivant: l'Association des distributeurs de films et de
vidéo du Québec.
M. le député de Saint-Jacques, vous avez 30 minutes pour
parler sur la motion que vous avez présentée. Par la suite,
chacun des membres de cette commission aura dix minutes.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Nous respectons nos promesses.
M. le Président, la motion qui vous est soumise - vous en verrez
le bien-fondé -s'inspire de toute la philosophie de législation
du présent gouvernement que nous faisait l'honneur de nous
présenter Mme la vice-première ministre lors de l'inauguration de
la session au mois de décembre dernier. La ministre souhaitait que
soient associés le plus grand nombre possible d'intervenants du milieu,
de façon que l'on cesse - c'était une affirmation que je vais
qualifier immédiatement de gratuite de sa part - d'improviser au
ministère des Affaires culturelles.
M. le Président, je vais tout de suite soulever une question de
règlement. J'ai bien l'intention de profiter de cette commission
parlementaire pour faire valoir les droits et les opinions de l'Opposition,
ainsi que des nombreux intervenants. Je pense qu'il est vraiment mal à
propos qu'immédiatement la ministre se permette de m'interrompre et d'y
aller de ses commentaires.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques, la parole est à vous.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): J'espère que, des deux
côtés, on va maintenir le silence pendant que le
député de Saint-Jacques a la parole.
M. Boulerice: M. le Président..,
Mme Blackburn: Question de règlement, M. le
Président. J'estime que je ne dérangeais personne, au moment
où j'ai...
Le Président (M. Kehoe): Peut-être que vous
estimez...
Mme Blackburn: ...répondu un peu à l'interpellation
de Mme la députée de - je ne me rappelle plus - Vachon. Je dirais
que c'est une qualité que l'on reconnaît un peu partout à
la présidence, chaque fois que l'on dérange un peu en parlant, on
interpelle toujours les deux côtés, même si c'est seulement
d'un côté qu'on a parlé. Je voudrais juste vous dire cela,
M. le Président, parce que je trouve que c'est fort
désagréable.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée,
j'en appelle à la coopération des deux côtés, du
côté de l'Opposition et du côté ministériel.
C'est M. le député de Saint-Jacques qui a la parole; on la lui
cède et on l'écoute. Merci.
M. Boulerice: Je vous Temercie, M. le Président. Mon
chronomètre personnel m'indique: 26.57.56. Je poursuis. La philosophie
qui sous-tend la motion que nous avons présentée - je vous le
répète - se rattache à celle qu'exprimait Mme la
vice-première ministre et ministre des Affaires culturelles dans un
discours inaugural que nous qualifierons d'inoubliable, puisque l'on semble
oublier le fondement de ce discours.
Il nous apparaît, à notre point de vue, extrêmement
important d'écouter l'Association des distributeurs de films et de
vidéo du Québec, association qui regroupe des gens très
importants, des gens très au fait des questions
cinématographiques et de vidéo. Je crois que je n'ai pas besoin
de vous le rappeler, vous le savez aussi bien que moi, le
phénomène vidéo, qui est actuellement vécu dans le
monde, est une technique de pointe qui a pris racine au Québec d'abord
et avant tout. Il est bon de se le rappeler. C'est, malheureusement, ce que,
trop souvent, notre peuple pratique: oublier les endroits où il est bon,
où il est même excellent, où il est même en avance
sur la majorité des autres nations.
Le vidéo est né au Québec. Il est né,
d'ailleurs, sur la rue Saint-Denis, tout près du cinéma
Saint-Denis, avec cette première petite boîte, cet
établissement collectif de production et de diffusion du vidéo.
Je n'ai pas besoin d'ajouter, c'est toujours un plaisir pour moi de le faire,
que c'est, encore là, une autre fois, quelque chose qui oriqine du
comté de Saint-Jacques que j'ai l'honneur de représenter à
cette Assemblée nationale. Cette fierté, je ne l'abolirai
jamais.
M. le Président, le Québec a continué de changer
profondément depuis la fin de la Révolution tranquille. Les
activités culturelles et de loisir, dont relèvent les
activités cinématographiques, ont été à la
fois reflet et facteur de changement. Dans "Les pratiques culturelles des
Québécois, une autre image de nous-mêmes", qui a
été publié par l'Institut québécois de
recherche sur la culture - actuellement danqereusement menacé par un
autre projet de loi et nous y reviendrons plus tard - on avait réuni des
essais qui font ressortir les traits marquants propres à chacune de ces
activités, ainsi qu'à l'ensemble d'entre elles pour la
période allant de 1971 à 1985. Les auteurs analysaient ces
activités en vue d'en dégager la place, les rôles et les
significations dans notre quotidien et dans la société globale.
Ils nous proposaient aussi des diagnostics et d'autres perspectives.
Il m'apparaîtrait donc extrêmement important d'entendre en
consultations particulières l'Association des distributeurs de films et
de vidéo du Québec, car, dans l'enquête faite par
l'Institut "national" québécois de recherche sur la culture, que
nous saurons bien défendre, Réal Larochelle, dans ce collectif,
parlait du cinéma québécois avec interrogations,
assimilation ou métissage. Vous me permettrez de citer un extrait de
l'étude qu'il faisait et qui rend extrêmement pertinente la
présentation de la motion que nous avons faite. M. Larochelle disait,
par exemple: Un récent rapport d'enquête sur les jeunes et le
cinéma québécois - rapport que Mme la ministre a sans
doute trouvé à son bureau lors de son entrée en fonction -
révèle que les jeunes Québécois démontrent
un intérêt prononcé pour le cinéma américain
- 53 % le préfèrent à tout autre - et que très peu
de jeunes, soit 6 %, donnent un film québécois comme celui qui
les a le plus marqués. Cela m'apparaît une donnée fortement
inquiétante, si l'on songe à des analyses parallèles,
semblables et identiques qui s'effectuent dans l'ensemble des pays du monde
occidental et même du monde asiatique qui sont - on le sait - de plus en
plus producteurs cinématographiques.
De 1973 à 1984, dit un autre rapport de l'Office des
communications sociales - je pense que l'Office des communications sociales a
toujours joué un rôle extrêmement important dans l'industrie
cinématographique au Québec - les films américains
présentés au Québec ont augmenté de 41,5 % à
46,6 % du total des films sur écran, alors que les films
québécois, les films québécois
canadiens, diminuaient de 5,9 % à 4,8 %. Ces derniers
constituaient 7,4 % des titres offerts en 1980 et 8,7 % en 1983. Enfin,
s'explicitent les statistiques culturelles du Québec de 1971 à
1982 où on disait que, entre 1971 et 1981 au Québec, les longs
métrages américains sont en plus grand nombre, 3638 titres, 35 %
de l'ensemble des longs métrages visés.
Il continuait: Durant les quinze dernières années, il
semblerait, à première vue, que le cinéma
québécois a vécu son apogée et sa chute, à
la fois sur le plan de son affirmation comme création nationale -ce qui
est très important, on a déjà entendu parier de
souveraineté culturelle - de sa consolidation comme industrie culturelle
moderne, alors que l'on constate avec regret et je soulignais tantôt,
à la période des questions - le démantèlement des
abris fiscaux dans le domaine cinématographique, donc comme industrie
culturelle moderne, et que la présence du Québec sur la
scène internationale - vous n'en disconviendrez pas, M. le
Président - est très importante.
Bref, il aurait suivi d'assez près la trajectoire d'un parti, par
ses gains et peut-être par certains échecs, mais qui ne sont
jamais irrémédiables. Il y a eu des paramètres du
cinéma québécois qui sont sortis dans les années
soixante et que l'on voulait sceller dans une Loi sur le cinéma qui
était la loi 109. (11 h 45)
Aujourd'hui, poursuivait-il, l'assimila-tionnisme anglo-saxon
paraît tout remettre en question. Ne compte-t-on pas, en effet,, dans les
courtes, récentes histoires du cinéma québécois des
films aussi québécois que "Scanners", "Visiting Hours", "Atlantic
City" et "Louisiane"? Dans le mot "Louisiane", il y a une allusion très
marquée à ce qui, malheureusement, peut peut-être guetter
le Québec si nous ne réagissons pas. Fort heureusement, à
l'heure où nous nous parlons, des gens réagissent à
Montréal dans les milieux de la culture.
Récemment, un pilier du cinéma - je continue toujours
à citer l'article - le producteur Denis Héroux n'a-t-il pas
installé à Toronto son nouveau "holding" qui s'appelle Alliance
Entertaining Corporation? Il n'a d'autre choix que de produire pour un
marché anglophone afin de financer des films francophones alors qu'on
réduit les abris fiscaux permettant d'investir dans les milieux
cinématographiques francophones au Québec.
Il faudrait aussi faire état - cela m'apparaît, encore
là, d'une très grande pertinence - de l'étude de M. Michel
Houle commandée par Téléfilm Canada, un organisme dont la
crédibilité né peut être aucunement mise en doute
par qui que ce soit. Téléfilm Canada, connaissant les bonnes
relations que le gouvernement du Québec actuel entretient avec le
gouvernement fédéral, puisqu'il a une politique
fédéraliste, démontre les limites de l'entente. C'est
là, encore une fois, le questionnement que nous nous posons; l'entente
semble avoir d'évidentes limites. Et, pour essayer d'y voir clair, non
pas que nous doutons des réponses que pourrait éventuellement
nous donner la ministre, on aimerait justement entendre les gens du milieu, au
premier chef, qui sont les distributeurs québécois de films et de
vidéo. Ils pourraient facilement nous expliquer une des questions
fondamentales que nous avons à poser à l'intérieur de
cette commission sur la culture quant au projet de loi 157 sur le
cinéma, soit les 150 films supplémentaires et, notamment, le
concept des valeurs totales des fonds investis qui sont deux questions
extrêmement confuses quant aux réponses qu'on pourrait
peut-être essayer de trouver dans la loi que nous présente la
ministre.
Donc, tout de suite, il y a une réaction du milieu puisque
Téléfilm Canada agit toujours en concertation et, comme le disait
avec un lapsus, toutefois, quand même, agréable M. le ministre de
l'Éducation, dans un esprit de "conversation" avec les gens du milieu
cinématographique au Canada et au Québec. Je pense qu'il serait
extrêmement pertinent et extrêmement intéressant que l'on
puisse tenir... La ministre, d'ailleurs, je pense, ne s'y refusera pas. Comment
pourrait-elle s'y refuser puisqu'une des constantes de son discours, et cette
constante, je vous avoue l'apprécier à sa juste valeur, c'est:
Nous sommes à l'écoute et nous serons à
l'écoute.
Quant à l'entente signée par les "majors", que j'ai
résumée en l'appelant la convention de Dorval, avant de lui
donner le feu vert sur un décollage, puisque l'avion est en bout de
piste et que le projet de loi 157 est en commission parlementaire, je pense
qu'effectivement la ministre devrait tenir son engagement qui est celui
d'être à l'écoute des gens du milieu et inviter
l'Association des distributeurs de films et de vidéo du Québec
à venir nous faire part, ici, très ouvertement puisqu'il s'agit
d'une commission de l'Assemblée nationale - donc c'est en même
temps, à travers nous, s'adresser à la nation - de ses
commentaires et de ses inquiétudes si elle en a. J'espère que
nous pourrons la rassurer puisque nous travaillons d'abord et avant tout pour
le développement de la culture du Québec. Je pense que la
ministre ne reniera pas cet engagement qu'elle nous livrait avec une profonde
conviction lors du discours inauqural et qu'elle nous a
répété dans quelques interventions récentes sur le
projet de loi sur l'Institut québécois de recherche sur la
culture, à savoir qu'elle entendait bien être à
l'écoute des milieux de la culture au Québec.
M. le Président, s'il y a un organisme
ou une association qui peut vraiment nous donner ce point de vue, cet
éclairage, qui peut donner de l'écho aux propos que tient la
ministre, c'est bien l'Association des distributeurs de films et de
vidéo. Alors, M. le Président, je souhaiterais que la ministre
prenne en très sérieuse considération la motion que je lui
fais d'entendre l'Association des distributeurs de films et de vidéo du
Québec.
Je ne nie pas la compétence de ces fonctionnaires
extrêmement dévoués qui travaillent au ministère des
Affaires culturelles et que j'ai eu, d'ailleurs, le plaisir de rencontrer
à de nombreuses reprises à l'époque où ma formation
politique assumait la gestion du ministère des Affaires culturelles. Je
connais leur souci de fouiller à fond les dossiers; mais je suis certain
qu'ils vont convenir avec moi que tout va très vite dans cette fin du
XXe siècle, à l'aube du XXIe siècle, et que ce qui
était un constat hier, avec une situation tellement évolutive
aujourd'hui, pourrait risquer d'être périmé demain et,
malheureusement, de ne pas satisfaire les demandes et les besoins des
Québécois et des Québécoises en
cinématographie, et surtout il y a un risque, par une entente à
propos de laquelle, je le répète, nous nous posons des questions
assez serrées de nuire au développement de l'industrie
cinématoqraphique au Québec.
Et Dieu sait que les industries culturelles sont importantes. Je me
plais à citer des statistiques qui, quoique pas anciennes, mais peu
récentes - nous attendons Ies prochaines - nous l'indiquent très
clairement: l'industrie de la culture au Québec, c'est environ 60 000
emplois. Ce sont des retombées économiques de 3 000 000 000 $. Ce
sont des chiffres de 1981, je le répète. Voilà toute la
pertinence: 1 $ investi dans le domaine de la culture au Québec rapporte
1,60 $ quand parallèlement 1 $ investi dans le domaine des mines
rapporte 1,20 $. Cela me faisait dire, M. le Président, à des
jeunes qui manifestaient tout récemment à Montréal - je
vais me permettre cette très légère digression - et qui
demandaient un F-18 pour la paix: Quel magnifique slogan! J'aimerais que vous
en adoptiez maintenant un deuxième qui est: S'il y a un F-18 pour la
paix, il faudrait qu'il y ait le prix d'un char d'assaut pour la culture. S'il
y a un domaine où le Québec se doit d'investir, M. le
Président, c'est bien le domaine de la culture, puisque cela constitue
avec la langue la toute première mesure de notre différence sur
un continent de plus en plus uniformisé et dans un monde qui s'achemine
vers ce concept qu'on emploie très fréquemment qui est celui du
village global. Je suis bien prêt à vivre dans un village global
où les facilités de communication sont
accélérées et plus aisées, sauf que je ne veux pas
perdre les caractéristiques qui rendent si attachante la situation de
villageois québécois avec tout ce que cela comporte dans le sens
de notre développement culturel.
Donc, développement culturel et le développement
cinématographique est une partie intrinsèque de ce
développement. Tout le monde le sait le film véhicule des valeurs
universelles, des valeurs de paix, des valeurs d'humanité. Et Dieu sait
que l'humanisme est une chose à laquelle on souscrit, n'est-ce pas? Mais
des valeurs universelles qui ont et qui doivent continuer à avoir une
résonance bien québécoise, puisque nous avons cette
particularité à cause de notre rattachement à une des plus
grandes civilisations au monde qui est la civilisation française et de
notre appartenance géographique à un continent où il se
passe des choses extraordinaires avec nos voisins et amis des États-Unis
d'Amérique. Donc, le cinéma québécois doit pouvoir
porter des valeurs universelles et toujours avec une optique et cette touche de
finition, si je peux employer l'expression, qui est issue de cette culture qui
est la nôtre, qui nous est propre, qui nous identifie et que nous nous
devons de protéger.
Pour ce faire, M. le Président, dans l'étude de la loi 157
sur le cinéma, de nouveau je vais demander à la ministre de bien
vouloir entendre en consultations particulières l'Association des
distributeurs de films et de vidéo. De films, parce qu'encore une fois
qui ne va pas au cinéma? Le cinéma a une place extrêmement
importante, il a une place en salle puisque nous y allons le samedi soir, nous
faisons même souvent la queue pour voir un film puisque c'est un
médium culturel extrêmement important. II y a les vidéos
également, M. le Président - j'ai plaisir à vous le
rappeler pour une deuxième fois et ce n'est sans doute pas la
dernière -puisque l'expérience vidéo qui est vécue
mondialement aujourd'hui prend ses racines au Québec, et cela est
merveilleux de le souligner. Je pense que vous allez tous unanimement, de part
et d'autre de la table, convenir, à cause, justement, du fait que nous
avons été les premiers à maîtriser cette
technologie, cette technique très moderne, très actuelle, qu'il
est extrêmement important, compte tenu du développement... Qui n'a
pas chez lui un magnétoscope? Qui n'utilise pas un magnétoscope
pour voir un film que, malheureusement, le temps ne nous a pas permis d'aller
voir en salle de cinéma, mais qui est offert en location chez ces
distributeurs de vidéo? Qui ne conviendra pas qu'il est
extrêmement important, M. le Président, d'entendre les gens de la
vidéo qui, au Québec, ont tracé la voie, non pas aux
Québécois eux-mêmes, quoique les Québécois
l'ont fait d'une façon très spontanée et c'est très
reconnu... Je recevais, d'ailleurs, il y a quelques jours une demande de
renseignements d'un jeune
cinéaste en vidéo qui désirait aller regarder et
scruter ce qui se fait actuellement en Espagne, et plus particulièrement
en Catalogne qui est un pays qui nous ressemble à bien des
égards, si ce n'est de par la langue, de par la volonté farouche
de préserver une culture qui est originale et distincte comme la
nôtre. Donc, il y a une expertise que personne ne contredit de la part
des distributeurs de films et de vidéo au Québec. Et je crois,
effectivement, M. le Président, très pertinent de les inviter en
audience devant la commission de la culture. J'attendrai avec beaucoup
d'impatience une réponse, j'ose l'espérer, affirmative de Mme la
ministre des Affaires culturelles.
Il est toujours bon de rappeler les choses. Vous savez, notre
capacité quelquefois mnémonique à cause des
préoccupations nombreuses que nous avons, nous fait oublier certaines
affirmations que nous avons faites, et il est toujours bon de les rappeler. Mme
la ministre nous a parlé d'écoute du milieu, et une écoute
du milieu à laquelle nous souscrivons, puisque nous l'avons toujours
pratiquée. Son prédécesseur au ministère des
Affaires culturelles, mon collègue, voisin et ami, le
député de Mercier, l'a bien pratiquée durant les mois de
son mandat. De même, son prédécesseur, que je salue,
d'ailleurs, avec beaucoup d'affection, l'honorable Clément Richard,
député de Montmorency, a pratiqué avec une
exemplarité, M. le Président, difficile à égaler,
je crois bien, cette écoute auprès du milieu, surtout avec cette
extraordinaire qualité de l'écoute auprès du milieu - Dieu
sait que cette écoute a été profitable pour le milieu
culturel - et on le voit d'ailleurs, même s'il a quitté ses
fonctions de ministre des Affaires culturelles pour vaquer à d'autres
occupations, par l'accueil extrêmement chaleureux et sympathique qui lui
est réservé chaque fois qu'il participe, à titre de
citoyen du Québec, à des manifestations culturelles dans
l'ensemble. Il était récemment, n'est-ce pas, Mme la
députée de Chicoutimi, à l'inauguration à
Chicoutimi du prêt des oeuvres de Lavalin, M. Lamarre désirant
rendre un hommage particulier à sa ville natale.
Mme Blackburn: La ministre n'y était pas.
Mme Hovington: La députée de Chicoutimi, non
plus.
M. Boulerice: Malheureusement, Mme la ministre avait dû se
décommander, et, pourtant, Dieu sait qu'elle s une grande affection pour
la ville de Chicoutimi.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je conclurai, M. le Président... (12
heures)
Le Président (M. Kehoe): D'accord, c'est cela.
M. Boulerice: ...en vous disant - et mon Dieu, je ne vous
appellerai pas à l'aide - que je sais qu'il n'y aura pas de bataille
là-dessus. Mme la ministre va consentir, de façon très
spontanée, avec âme et avec passion, à entendre et è
écouter les propos extrêmement intéressants et avantageux
pour la bonification de cette loi de l'Association des distributeurs de films
et de vidéo du Québec. Je vous remercie de m'avoir
écouté, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Saint-Jacques. Est-ce que d'autres députés veulent intervenir
sur la motion?Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, avant de commencer
à expliquer les raisons qui militent en faveur de la proposition faite
par le député de Saint-Jacques, je voudrais corriger une
impression qu'a laissée tout à l'heure la députée
de Matane, à savoir que je n'étais pas présente au moment
où il y a avait l'exposition de Lavalin au Musée de Chicoutimi.
Il faut dire que cette exposition de Lavalin en était à sa
première sortie. C'était une première. Je sais que la
ministre des Affaires culturelles était invitée à cette
exposition. Je suis, malheureusement, arrivée en retard, mais j'y
étais, contrairement à ce que dit la députée de
Matane. Malheureusement, j'avais déjà un engagement ailleurs et
je suis arrivée alors que quelques invités étaient
repartis et probablement la députée de Matane.
Le Président (M. Kehoe): D'accord, mais revenons à
la pertinence de la motion, Mme la députée.
Mme Blackburn: Gui, M. le Président, j'y reviens. S'il est
un secteur d'activité fragile au Québec, c'est tout le secteur
des affaires culturelles et de la production cinématographique. S'il y a
quelqu'un qui devrait être sensible à la fragilité des
affaires culturelles au Québec, de l'industrie culturelle de
façon qénérale, c'est bien le ou la ministre des Affaires
culturelles.
Les affaires culturelles ne sont pas fraqites simplement sous la
direction du gouvernement libéral. Elles le sont de façon
générale et traditionnellement. Mais là, cela a atteint un
niveau qui devient extrêmement fragile et extrêmement dangereux,
car on atteint - et je vois, du côté libéral, des
députés qui sont préoccupés par cette
situation - un niveau qui aura tantôt comme conséquence de nous
priver de ces outils indispensables de préservation de la culture et de
la langue.
Parler de développement culturel au Québec ou d'industrie
cinématographique, ce n'est pas parler de cela en Ontario ou aux
États-Unis. On parle de cela en français, au Québec, dans
une mer anglophone. Ce n'est pas comme parler du cinéma allemand. Le
cinéma allemand est entouré de différents pays où
on parle sept, huit ou dix langues. Ici, parler du cinéma
québécois, c'est parler de la spécificité du
Québec, de sa culture et de ses modes de transmission. 11 serait
important, M. le Président, qu'on entende quelques organismes sur cette
question, car plusieurs articles du projet de loi auront des
conséquences comme nous l'a dit la ministre ce matin qu'elle n'a pas
examinées. Par exemple, elle n'a pas fait d'étude sur les
conséquences ou sur les répercussions qu'aurait la modification
au REA qui encourageait l'industrie du cinéma au Québec.
D'ailleurs, je passerai sous silence la remarque fort méprisante qu'elle
a eue en Chambre au moment où l'on parlait de cette modification au REA.
Je pense qu'il est préférable de ne pas la répéter,
car savoir qu'au Québec on a une ministre des Affaires culturelles qui a
une attitude aussi méprisante à l'endroit du cinéma
québécois... Si elle le veut, je peux bien le
répéter ici. La présidente et tout le monde qui
était en Chambre à ce moment-là l'ont fait.
Mme Bacon: M. le Président, question de privilège.
Je sais à quoi se réfère la députée de
Chicoutimi. J'ai dit à ce moment-là - si elle l'avait
répété exactement comme je l'ai dit, elle ne s'en
offusquerait pas - que certains REA ont aidé à la production de
films pornos au Québec. C'est ce que j'ai dit. J'ai dit qu'il y aurait
peut-être moins de films pornos... Si vous voulez des films pornos, c'est
votre affaire, mais je pense que moins on en aura, mieux ce sera.
Mme Blackburn: Ce que la ministre a dit...
Le Président (M. Kehoe): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Filion: Question de règlement.
Mme Bacon: C'est ce que vous voulez dire? C'est cela.
Mme Blackburn: Ce que la ministre a dit.
Mme Bacon: Répétez-le comme il faut.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Taillon.
M. Filion: L'intervention de la ministre n'est pas du tout une
question de règlement. J'apprécierais que vous puissiez la
ramener à l'ordre sur cela. Vous connaissez les dispositions de notre
règlement. Si Mme la ministre est insatisfaite de
l'interprétation qu'on fait de ses propres propos en Chambre...
Mme Bacon: C'est une affirmation, ce n'est pas une
interprétation.
M. Filion: ...à ce moment elle peut toujours se servir de
notre règlement et utiliser, après l'intervention de la
députée de Chicoutimi, qui avait la parole, d'une façon
calme et sereine toutes les resssources de notre règlement pour
modifier, si elle le désire, le point de vue qu'elle a tenté de
défendre ce matin. J'apprécierais donc que vous fassiez respecter
le droit de parole de la députée de Chicoutimi. Ce qu'elle dit
est parfaitement pertinent et intéressant.
Le Président (M. Kehoe): Je redonne la parole à Mme
la députée de Chicoutimi. Vous pouvez continuer votre discours.
Excusez-moi.
Mme Bacon: M. le Président, si vous me le permettez le
règlement me permet de répondre immédiatement à une
affirmation qui semble fausse. Le règlement nous permet de
répondre maintenant.
M. Filion: Sur la question de règlement, M. le
Président, est-ce que vous pourriez rétablir l'ordre?
Le Président (M. Kehoe): Un instant, s'il vous
plaîti Un instant!
Mme Bacon: M. le Président, il faudrait peut-être
aussi souligner qu'à plusieurs reprises le député de
Saint-Jacques est sorti littéralement de la pertinence du débat
et on ne l'y a pas ramené. On aurait pu le faire plusieurs fois, c'est
signe d'une grande tolérance.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde. On va
répondre à la première question.
Je lis l'article 212: "Tout député estimant que ses propos
ont été mal compris ou déformés peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
"Il doit donner ces explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite. Elles ne doivent apporter aucun
élément nouveau à la discussion, ni susciter de
débat."
Oonc, c'est bien clair, c'est immédiatement après
l'intervention qui les a suscitées.
Je donne la parole à la députée de Chicoutimi. Elle
peut continuer son intervention et Mme la ministre aura le droit de faire les
corrections qui s'imposent après son intervention, s'il y a lieu.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais ajouter
que non seulement elle voulait corriger des propos que j'ai dits, mais que je
ne les avais pas encore dits. Alors, vous savez, c'est assez surprenant. Ce
qu'elle a dit en Chambre à ce moment: Cela va faire moins de films
pornos. C'est exactement cela et tout le monde a été en mesure de
l'entendre. Je trouve que porter ce jugement de façon
générale, alors que la règle s'applique à tout le
cinéma québécois, c'est une attitude méprisante et
inacceptable de la part de la ministre des Affaires culturelles.
Peut-être a-t-elle décidé qu'au Québec on n'avait
plus besoin des outils de développement culturel, que cela s'appelle le
cinéma, que cela s'appelle les organismes de protection de la langue,
que cela s'appelle de l'aide monétaire au cinéma, aux
bibliothèques. Ce n'est plus la ministre des Affaires culturelles. Elle
est en train de démolir tout ce qui a été fait en dix
ans.
Maintenant, par rapport au projet de loi qui est ici
présenté, sur lequel il serait intéressant qu'on puisse
entendre les gens, actuellement ce gouvernement est complètement sourd.
On devrait s'en réjouir, parce qu'il a exactement l'attitude qu'il avait
un an avant sa défaite en 1976. Il était totalement sourd.
Rappelons-nous le scénario, il y avait un peu plus de
députés de ce côté, sauf qu'ils n'entendaient plus
jamais la parole des gens qui contestaient des projets de loi. On sait ce que
cela a donné. Je veux juste souhaiter que cela continue comme cela et
que cela ne vous donne pas le temps de démolir ce qu'on a fait au
Québec.
Le Président (M. Kehoe): II faudrait revenir à la
motion, madame.
Mme Blackburn: Je lirais un article, M. le Président, qui
a paru dans Le Devoir, qui touche cette loi et qui, je pense, justifie
plus qu'il n'est nécessaire l'obligation d'entendre des groupes ici,
à cette commission. Le Devoir, mercredi, 10 décembre 1986.
"L'empire du cinéma américain est loin de décliner au
Québec." Évidemment, cet article est signé par Mme
Nathalie Petrowski et l'on sait que Mme ta ministre ne l'a pas en haute estime.
Il faudrait lui demander si elle s'estime elle-même, mais cela c'est
autre chose.
Une voix: Elle est malade un peu, elle.
Mme Blackburn: M. le Président, quand ce sera leur temps
de parler, vous pourrez me rappeler à l'ordre si je les
dérange.
Js cite, M. le Président, si vous me le permettez: "Sous le
couvert de clauses aveugles et de définitions floues, l'entente
signée par le gouvernement du Québec en octobre dernier
permettrait aux "majors" du cinéma américain...
M. Filion: M. le Président, question de règlement.
Est-ce que vous pourriez maintenir l'ordre et le silence? Je suis assis
à peu près à six pieds de la députée de
Chicoutimi et j'ai de la difficulté à l'entendre.
Le Président (M. Kehoe): S'il vous plaît, des deux
côtés de la Chambre, le droit de parole est à la
députée de Chicoutimi. Je voudrais qu'on l'écoute
attentivement, s'il vous plaît!
Mme Blackburn: "...de renforcer leur contrôle sur le
marché québécois. C'est l'une des conclusions les plus
importantes d'une étude commandée par Téléfilm
Canada et dont Le Devoir a obtenu copie. L'entente sur la distribution
des films signée, en octobre dernier, entre Lise Bacon, ministre des
Affaires culturelles et M. Jack Valenti au nom des "majors" américains
ne constituerait donc pas un déblocage majeur pour les distributeurs
québécois, mais plutôt un recul significatif. "Chiffres et
faits à l'appui, l'entente Bacon-Valenti n'est, selon cette
étude, qu'une version édulcorée du projet initial de la
Loi sur le cinéma. Elle aboutirait à une véritable
régression pour les distributeurs québécois."
Ce gouvernement essaie, chaque fois qu'il y a un projet de loi à
l'étude, de nous prouver que c'est l'Opposition qui s'oppose pour
s'opposer. Pourtant, dans ce projet de loi, on abolit trois articles
extrêmement importants et qui ont des effets sur la présence des
films québécois dans nos salles. On les évacue, on les
abolit sans se demander les effets de ces décisions sur le cinéma
québécois.
La ministre, si elle avait été un peu plus respectueuse de
ce qui se faisait au Québec, aurait à tout le moins
présenté quelques études d'impact de ces décisions
sur le cinéma québécois. Elle nous a dit ce matin en
Chambre qu'elle n'en avait pas, comme elle n'en avait pas, non plus, sur les
effets de la loi 142, le fait de judiciariser les services de santé et
les services sociaux. On prend des décisions dans cette Assemblée
non seulement sans jamais consulter, mais sans jamais au préalable se
demander les effets que cela aura éventuellement à la fois sur
les usagers et, dans le cas qui nous concerne, sur l'industrie du film.
Il serait extrêmement important, M. le Président, qu'on
rencontre ici quelques associations auxquelles je fais confiance et
qui pourraient nous dire, nous expliquer un peu les effets qu'aura, sur
les distributeurs de films québécois, ce projet de loi. Je suis
d'avance convaincue que les députés, libéraux, les
députés du parti ministériel, en apprendraient;
également et très probablement la ministre, pour autant qu'elle
sache un peu écouter à l'occasion.
Il serait important, M. le Président, qu'on puisse entendre ces
organismes. On a essayé d'en convoquer sur plusieurs projets de loi
importants, vu que ce gouvernement ne s'était interrogé, ni sur
leurs impacts ni sur les effets de leurs différents articles quant aux
situations en cause. Ici, c'est le cinéma. Il serait important qu'on
puisse entendre ces organismes, à moins que la ministre ne décide
que dorénavant la seule capable de parler au nom des Affaires
culturelles et capable de connaître tous les impacts - et elle a cela par
science infuse -c'est elle. Bien, on n'aurait plus à avoir de Parlement,
pas plus que des commissions parlementaires.
J'estime, M. le Président, que pour cette raison, parce que
personne n'est infaillible et pas davantage la ministre des Affaires
culturelles, il serait intéressant qu'on entende d'autres porte-parole
qui viennent ici nous expliquer les impacts de cette loi sur la distribution et
la diffusion des films québécois parce que c'est
particulièrement pertinent du moment que la ministre ne s'est pas
donné la peine de faire elle-même ou de faire faire ces
études. Merci, M. le Président. (12 h 15)
Le Président (M. Kehoe): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Y a-t-il d'autres députés
qui veulent prendre la parole sur la motion? Je reconnais le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, j'aimerais...
Le Président (M. Kehoe): À Tordre, s'il vous
plaît!
M. Godin: Sur la même motion.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre! Je reconnais le
député de Mercier. À l'ordre, s'il vous plaît!
Merci.
M. Gerald Godin
M. Godin: M. le Président, je vous remercie beaucoup.
Évidemment, je vais appuyer la motion de mon collègue de
Saint-Jacques parce que je crois qu'il s'impose de plus en plus, au fur et
à mesure qu'on lit les journaux, que nous puissions entendre ici les
distributeurs de films du Québec parce que, au début de l'annonce
faite par le ministre avec beaucoup de fanfares...
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le député de Mercier.
M. le Président, vous n'êtes pas aveugle et surtout pas sourd,
vous connaissant tellement bien. Vous voyez le degré d'écoute de
l'autre côté. C'est extrêmement difficile. Je suis, au
maximum, à deux mètres du...
Le Président (M. Kehoe): Vous n'entendez pas?
M. Boulerice: Non, M. le Président, à cause
du...
Une voix: II est sourd!
Le Président (M. Kehoe): Je suis beaucoup plus loin et
j'entends assez bien les propos du député de Mercier.
Une voix: Voulez-vous des écouteurs?
M. Boulerice: Qu'on nous en fournisse. On en a fourni de l'autre
côté. On savait pertinemment qu'ils étaient
peut-être... Ce que l'on aimerait, c'est qu'ils écoutent surtout
la population et c'est ce que l'on demande dans nos amendements. Alors, ils
pourraient écouter le député de Mercier.
Le Président (M. Kehoe): On écoute le
député de Mercier.
M. Audet: M. le Président...
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: J'ai effectivement demandé un écouteur
tantôt, parce que je n'entendais pas bien ce que l'Opposition avait
à dire. Toutefois, on serait prêts à en fournir. On en a
quelques-uns. Alors, s'il y en a qui veulent se prévaloir de ce
privilège-là, je les invite à le faire.
Le Président (M. Kehoe): Tous les messages sont
passés. Je retourne le droit de parole au député de
Mercier. On va tous l'écouter attentivement.
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. Je vous en
suis reconnaissant et je ne vous oublierai jamais. Nous pensons de plus en plus
qu'il faut entendre les distributeurs de films québécois parce
qu'il y a eu une espèce de brume et de confusion qui a entouré
l'annonce de la victoire fondamentale de Mme la ministre. La Presse titrait:
"Débloquage majeur pour le Québec" et la Gazette disait:
Une entente qui est bienvenue, "Film distribution welcomed in Quebec. La Presse
disait aussi: "Mme Bacon a l'intention de modifier la loi 109." "On
découvre maintenant, plus on fouille dans l'entente Valenti-Bacon et
plus on a de documents qui viennent de Téléfilm Canada,
que c'était de la poudre aux yeux. Au fond, si on lit bien
l'entente, si on lit entre les lignes la portée réelle, on
découvre que, alors qu'on anngnçait que 150 nouveaux films
pourraient être distribués par des distributeurs
québécois, maintenant, ce n'est pas plus que trois par
année. Si on applique l'entente à titre expérimental pour
les deux années qui ont précédé la signature de
ladite entente Valenti-Bacon, on se rend compte qu'il n'y a pas 150 films qui
seront accessibles, mais seulement trois par année, entre autres un film
qui dure six heures et qui s'appelle "Parsifal", du cinéaste allemand
Syberberg. Donc, des films qui ne rapporteront pas les mines d'or que la
première annonce de la ministre a donné à croire à
tout le Québec et au monde du cinéma en particulier.
Après avoir consulté certains distributeurs
québécois, ils m'ont confirmé qu'il n'y avait rien
là d'intéressant. C'est pour cela que j'aimerais que nous
puissions avoir accès à des opinions qui compléteront un
peu ce que la ministre a répandu et ce que les médias ont
répandu à l'époque en s'inspirant d'une lecture tout
à fait superficielle du document signé par Mme la ministre avec
les médias américains. Plus on le lit maintenant, plus on
comprend et plus on se rend compte que c'était de la foutaise, comme le
dirait mon ancien chef, M. René Lévesque, c'est un mot qu'il
affectionnait beaucoup. On se rend compte maintenant qu'il s'applique
parfaitement à l'entente si mirobolante que Mme la ministre avait
décrochée avec les "majors" américains.
Je ne voudrais pas être méchant, mais je me souviens que la
ministre avait elle-même convoqué le milieu des artistes, il y a
quelques mois, pour les entendre sur le statut des artistes au Québec et
Mme la députée de Vachon, Mme Pelchat, s'était
réjouie à juste titre de voir - et moi aussi, j'avais rendu
hommage, à l'époque, au gouvernement - qu'eux ont fait ce que le
PQ n'a pas fait dans le temps, c'est-à-dire aller écouter les
artistes sur leur statut en tant que contribuables au plan fiscal et autre.
C'est une initiative remarquable, M. le Président, dont je rends encore
hommage à la ministre, mais je souhaite qu'elle montre la même
ouverture d'esprit à l'égard du cinéma
québécois et qu'elle invite ici les distributeurs parce qu'on
veut les entendre. Je suis sûr qu'elle-même, connaissant sa longue
expérience politique, veut aussi adopter une loi qui va s'inspirer de la
réalité observée par ceux qui sont les principaux acteurs
dans ce domaine, c'est-à-dire les distributeurs de films au
Québec.
M. le Président, j'appuie cette motion qui vient de ce
côté-ci. Je pense que la ministre elle-même, si elle
écoute son coeur et sa capacité de se renseigner sur la
vérité... Qu'est-ce que vous dites, Mme la ministre?
Mme Bacon: La députée de Chicoutimi dit que je n'en
ai pas.
M. Godin: Des querelles de femmes, je ne me mêle pas de
cela.
Des voix: Ha! Ha!
M. Godin: Donc, je souhaite que nous les entendions. On dit qu'il
y a eu un recul important par rapport à la loi 109 dans l'entente de Mme
Bacon avec M. Valenti. Je veux savoir la portée de ce recul. Je veux
savoir si la ministre en est elle-même consciente et je veux aussi poser
des questions aux distributeurs- de films au Québec, questions qui
porteraient sur la solution qu'eux verraient par rapport à la
vidéo au Québec. À l'époque où j'ai
été, pendant six semaines aux Affaires culturelles, le
prédécesseur de ma collèque de Trois-Rivières, de
Chomedey devrais-je dire, on a beaucoup discuté de cela. Je me souviens
très bien qu'il y avait des questions qui se posaient à
l'époque et qui n'ont pas de réponse dans l'entente que Mme la
ministre a signée; non seulement pas de réponse, mais, au fond,
seulement des reculs très importants par rapport, entre autres, au
montant qui fera qu'un distributeur américain sera propriétaire
d'un film ou non. On parle de 4 500 000 $. Malheureusement, le montant est
réparti dans n'importe quelle activité: copie de films,
publicité dans les journaux, affiches, toutes sortes de dépenses
relatives à la distribution d'un film, mais pas du tout à sa
production.
J'aimerais que les distributeurs nous disent ce qu'ils verraient, eux,
comme amendement à cette loi pour que le but sûrement très
honorable visé par la ministre soit atteint sans détour et de
façon claire pour tout le monde. Comme ces distributeurs de films ont
été depuis dix ans, les principaux conseillers des gouvernements
et, des ministres quels qu'ils soient, et que ce sont eux, en fait, qui sont
les parrains de la loi 109 et les auteurs au sens véritable du terme
auteur - ce sont eux qui en ont quand même inspiré la
portée, le sens réel, l'esprit et la lettre - je pense qu'il
faudrait qu'on les entende aujourd'hui pour éclairer nos esprits quant
à la portée réelle de l'entente Bacon-Valenti.
Je sais qu'elle est signée, M. le Président. D'ailleurs,
je déplore qu'on l'ait signée avant même que la loi soit
adoptée ici, agissant ainsi à l'encontre des pouvoirs
parlementaires et de la souveraineté du Parlement qui aurait dû,
d'abord, être saisi du projet d'entente et, ensuite, elle aurait
été signée avec l'appui de l'Opposition. Là, on
assiste à une manoeuvre contraire. On signe d'abord l'entente et on
vient la faire
entériner après, par le Conseil des ministres et par
l'Opposition. Elle est signée, tant pis, et passons à autre
chose, mais passons surtout à une recherche de la vérité,
d'un éclairage complet sur l'entente que M. Valenti a signée.
D'ailleurs, on peut se dire que, si M. Valenti a signé... On se
souvient de sa réaction lors de l'entente proposée par le
gouvernement précédent. Sa réaction a consisté
à ameuter le State Department américain, M. Schultz en personne,
le grand ami de l'Iran et d'autres pays bien connus. On se souviendra que M.
Schultz avait fait faire des pressions ici à Québec par son
consul général américain sur le gouvernement de
l'époque, menaçant de retirer du Québec tous les films
américains à l'affiche à cette époque-là
parce que l'entente proposée par le précédent gouvernement
ne l'intéressait pas, parce que l'entente allait vraiment lui enlever
des droits que les "majors" avaient ici pour les donner plutôt aux
distributeurs québécois de films de toute origine.
Face à une situation aussi confuse, M. le Président, je
pense qu'il n'y a pas d'autre solution pour la ministre que de se prêter
au jeu démocratique qu'elle nous a elle-même enseigné, avec
les artistes, il y a quelques mois ici même, et de revenir à ses
bonnes attitudes à l'égard du parlementarisme. Je comprends que
la loi 140 la fatigue un peu; ce n'est peut-être pas pertinent, mais je
le dis quand même. Les caucus à venir la fatiguent un peu parce
qu'on va discuter de la question de garder ou non au feuilleton, la loi 140.
Elle sera peut-être un peu plus impatiente qu'à l'habitude, ce qui
m'étonne beaucoup de sa part. Mais je pense que, peu importent les
humeurs de la ministre, la vérité a ses droits, on a des chances
de l'entendre de la bouche du cheval, comme on le dit dans votre comté,
M. Kehoe, M. le Président, "from the horse's mouth". En ce qui me
concerne, la "horse's mouth", en l'occurrence, c'est le distributeur de films
québécois qui est à la base des mouvements de tous les
gouvernements du Québec. D'ailleurs, je me souviens qu'en 1976 il y
avait au feuilleton un projet de loi du ministre Denis Hardy - on peut le
nommer, il n'est plus député, ni ministre qui visait,
précisément, à donner aux distributeurs
québécois un contrôle plus grand sur les films qui
passaient ici au Québec dans nos salles, et que l'élection avait
amené le gouvernement libéral de l'époque à retirer
son projet de loi et à passer le "bucket" ou l'enfant ou le
bébé au gouvernement suivant qui était le nôtre.
L'histoire se répétant, en 1982, nous avons
nous-mêmes passé le même "bucket", le même projet de
loi, le même maudit dossier, comme on dit dans Mercier, à nos
successeurs dans l'espoir qu'eux, étant soi-disant plus près du
monde des affaires que nous autres, arriveraient avec des solutions miracles
qui permettraient enfin une entente respectable entre les "majors" et le
gouvernement du Québec. Au début, c'était l'impression
qu'on avait. Mais plus on lit l'entente, plus on se rend compte qu'il n'en est
rien. C'est de la poudre aux yeux. Le simoun, le vent du désert, porteur
de poussière, qui bloque les yeux et des chameaux et des
députés de l'Opposition, le simoun de l'époque nous a
bloqué les yeux, on n'a pas vu quelle était la portée de
la loi. On aurait la chance maintenant de voir mieux cette portée, si on
entendait ici des témoins privilégiés que la ministre
connaît très bien, d'ailleurs, et qui auraient des choses à
dire au Québec et aux membres de ce Parlement.
Je réitère ma demande à la ministre. Je sais que
c'est une femme de bon sens et de raison. Je sais aussi que l'expérience
qu'elle a faite avec l'Union des artistes, il y a quelques mois, lui a appris
beaucoup de choses, ainsi qu'à la députée de Vachon, sur
leurs demandes réelles. Je suis convaincu que, le pli ayant
été pris à ce moment, elle aura à coeur de
convoquer ici les groupes que je mentionne et qu'elle connaît aussi bien
que moi maintenant, depuis qu'elle est ministre des Affaires culturelles. Je
vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Mercier. Je demande s'il y a d'autres députés dans cette salle
qui ont une intervention à faire sur cette motion. M. le
député de Taillon.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie. Vous savez, je suis un nouveau
député, et la première personne que j'ai entendue en
Chambre, en décembre 1985, la première intervention, sauf erreur,
en Chambre en décembre 1985, c'était celle de la
vice-première ministre qui, à cette époque, nous faisait
part des grandes liqnes du discours d'ouverture qui devait normalement
être lu par le premier ministre, le premier ministre étant retenu
à des fins de prolongation de match électoral ailleurs au
Québec. Je me souviens fort bien de la vice-première ministre qui
s'était levée. À cette époque, étant nouveau
député, on tient pour acquis que ce qui se dit en Chambre, c'est
sérieux, surtout quand c'est contenu à l'intérieur d'une
intervention spéciale que constitue, dans la tradition parlementaire, le
discours d'ouverture.
Je me souviens fort bien de l'intervention de la vice-première
ministre qui, au sujet du déroulement parlementaire, du
déroulement législatif, contenait deux points importants. Le
premier, c'était: légiférons moins et mieux. D'abord,
j'avais
trouvé que les spécialistes en marketing du Parti
libéral avaient trouvé une assez belle formule choc qu'ils ont
répétée à plusieurs reprises durant la campagne
électorale et dans les mois qui ont suivi la prise du pouvoir.
Légiférons moins et mieux, c'est bien dit, c'est frappant comme
expression. J'avais pris au sérieux ces propos de la
vice-première ministre. Également, elle avait dit qu'il fallait
que le gouvernement soit à l'écoute de la population et que le
gouvernement précédent avait fait défaut de maintenir ces
liens nécessaires avec tous les éléments de la population
dans différents secteurs d'activité qui, on le sait, sont le
théâtre, à l'occasion, de lois comme c'est le cas
maintenant avec le projet de loi 157. (12 h 30)
Je ne ferai pas le bilan absolument désastreux des mots "moins"
et "mieux" contenus dans le discours d'ouverture. Ce serait trop long. Je pense
que le bilan commence à être fait maintenant par les observateurs
de la scène politique. Nous-mêmes, en Chambre, on a eu l'occasion
d'en faire les grands traits, c'est désastreux comme façon de
légiférer. Ce gouvernement, en un an, a atteint des bas-fonds
rarement égalés dans le passé.
Deuxièmement... J'arrive à la motion.
Le Président (M. Kehoe): C'est justement...
M. Filion: La motion vise à faire en sorte que nous
puissions entendre, comme on le sait, l'Association des distributeurs de films
et de vidéo du Québec. Mon plaidoyer vise à rappeler
à la vice-première ministre ses paroles à ce moment.
La deuxième étape était: Soyons à
l'écoute de la population parce que le gouvernement du Parti
québécois a perdu ce nécessaire contact, ce
nécessaire lien avec les différents intervenants. Nous serons,
disait-elle, les porte-parole de la population dans les différents
secteurs d'activité. À ce moment, moi, comme nouveau
député, mon collègue, le député de
Saint-Jacques et ma collègue, la députée de Chicoutimi
avons pris cela au sérieux.
Je vous le dis, Mme la vice-première ministre, cela m'avait
vraiment impressionné parce que je vais vous dire, je suis d'accord avec
cela. De ce côté-ci, nous sommes d'accord avec cela.
Malheureusement, ce qu'on a vu, c'est un paquet de législations
importantes qui sont arrivées en même temps et, en ce qui concerne
la Loi modifiant la Loi sur le cinéma, sauf erreur, elle a
été déposée dans les premiers jours de novembre.
Est-ce que je me trompe? Je ne crois pas... Pardon!
Une voix: Le 13 novembre.
M. Filion: Le 13 novembre, donc, deux jours avant la fermeture du
guichet législatif, si vous me passez cette expression.
Deuxièmement, ce matin nous demandons à la ministre de
tenir ces consultations particulières qui ne sont pas longues, je pense,
qui peuvent s'organiser rapidement, mais qui constitueraient
concrètement une admission que les paroles contenues à
l'intérieur du discours d'ouverture n'étaient pas que du vent.
J'espère, en tout cas, je garde encore un espoir, on verra tantôt
si vous agréez cette demande, parce que, Mme la ministre, j'ai
remarqué que, lorsque vient le temps de traiter de problèmes
généraux qui ne demandent peut-être pas des
décisions ponctuelles, vous n'avez pas hésité à
convoquer une commission parlementaire sur le statut de l'artiste, par exemple,
et pour entendre les intervenants sur ce sujet.
Maintenant, en ce qui concerne la loi 157, c'est d'autant plus important
que ce projet de loi véhicule une décision. Il ne s'agit pas que
de rencontrer les gens pour leur dire: Bonjour, comment cela va? Les gens chez
vous sont bien? La loi 157, c'est une loi qui contient, on le sait, des
éléments extrêmement conséquents pour l'avenir du
cinéma au Québec.
Comme la vice-première ministre, la ministre des Affaires
culturelles, a déjà, je pense, manifesté son
intérêt, du moins ne serait-ce qu'à l'occasion de cette
commission, je crois que ce serait malaisé pour elle, à l'heure
de décision, à l'heure de tombée, si on veut, de ne pas
faire en sorte que les intervenants du milieu du cinéma puissent
s'exprimer sur ce projet de loi 157.
Je sais que la vice-première ministre dit souvent: Je n'ai pas de
leçon à recevoir de personne. Je l'ai souvent entendue dire cela
en Chambre et même à l'extérieur de la Chambre, elle n'a
pas de leçon à recevoir du premier ministre canadien. Que les
qens disent: Je n'ai pas de leçon à recevoir de Pierre, Jean et
Jacques ou du premier ministre, je le tiens pour acquis, mais à la
condition que les décisions prises, les gestes posés, ce qui est
concret sur le terrain soit conforme à ce qui se passe vraiment dans le
milieu culturel.
J'ai été frappé ce matin de voir que...
Évidemment, ma perception quant à la détérioration
de la situation dans le milieu culturel depuis un an était
peut-être subjective, mais je lis les journaux comme tout le monde et
j'ai reçu ce matin l'avis que le regroupement ou la coalition de 36
groupes dans le secteur culturel se réunissait au moment où nous
nous réunissons pour donner une conférence de presse - et c'est
intéressant - portant sur les politiques du gouvernement Bourassa, du
gouvernement libéral en matière culturelle. C'est très
large comme inquiétude. Je vais le lire
textuellement, en épargnant aux membres de cette commission la
liste des 36 associations présentes ce midi, mais tout en signalant
quand même que l'Union des artistes, la SARDEC, la Société
des auteurs, recherchistes, documentalistes et compositeurs, l'Union des
écrivains du Québec font partie de ces 36 groupes. Selon le texte
qui m'a été remis, ces 36 groupes se sont regroupés en
coalition face aux politiques du gouvernement Bourassa en matière
culturelle.
Je pense que cela démontre l'inquiétude,
l'insécurité et, dans certains cas - je généralise
peut-être, mais ce sont des contacts personnels que j'ai eus - l'angoisse
qui, actuellement, habitent les milieux culturels du Québec face aux
politiques ou à l'absence de politiques du gouvernement libéral
en matière culturelle. En ce sens, je crois qu'il serait très
à propos non seulement de donner suite à la motion
présentée par le député de Saint-Jacques, à
laquelle je concours, bien sûr, mais également, à ce stade
de nos travaux, je déposerais une motion d'amendement à la motion
pour consultation particulière. Cette motion se lit comme suit: La
motion pour consultations particulières est amendée en ajoutant,
à la fin de cette motion, après "l'Association des distributeurs
de films et de vidéo du Québec", en dessous, avec un autre tiret:
"l'Institut québécois du cinéma".
Motion d'amendement proposant
d'entendre aussi l'Institut
québécois du cinéma
Le Président (M. Kehoe): En avez-vous une copie? Nous
avons un amendement à la motion principale qui se lit comme suit: Motion
d'amendement à la motion pour consultations particulières. La
motion pour consultations particulières est amendée en ajoutant,
à la fin de cette motion, les termes suivants: "l'Institut
québécois du cinéma". Est-ce qu'il y a des interventions
des députés sur le sous-amendement?
M. Filion: Sauf erreur, comme je suis celui qui a
présenté la motion, je peux intervenir sur cette motion.
Le Président (M. Kehoe): Pour une période de 30
minutes.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Dix minutes par la suite pour
chaque député.
M. Claude Filion
M. Filion: M. le Président, je ne voudrais pas faire la
présentation de l'Institut québécois du cinéma. Je
pense que la ministre connaît fort bien cet organisme
privilégié de consultation, d'expertise, d'expérience. J'y
reviendrai peut-être un peu plus tard.
Je veux simplement siqnaler que le cinéma occupera de plus en
plus une partie importante de l'éventail culturel des
Québécois comme, en fait, ça se passe dans le reste des
pays occidentaux et même dans le reste des pay3 orientaux. Le
cinéma, vous savez, est un médium particulièrement
puissant. Pourquoi? Parce que, en général, quand on entre dans
une salle de cinéma -cela m'a toujours frappé - c'est
l'obscurité. On est, en quelque sorte, prisonnier du spectacle culturel
qu'on nous présente. C'est l'obscurité partout, sauf sur
l'écran. Les gens ont adopté une certaine attitude à
l'égard du cinéma où, peut-être un peu comme au
théâtre, ils sont vraiment captifs de ce qui se passe à
l'écran. Ce qui est projeté sur l'écran est d'autant plus
puissant que le spectateur a très peu de façons de
s'évader de ce qu'on lui présente.
En ce sens, le cinéma est un médium
particulièrement fort, qui est appelé à se
développer, notamment - on l'a bien souligné tantôt -
à cause des formules de vidéo qu'on retrouve de plus en plus en
Amérique en particulier; en Europe, cela commence à se
développer. En ce sens, une entente comme celle qui est intervenue entre
la ministre et la Motion Picture Export Association of America et ses membres,
le projet de loi 157 est un peu, si on veut, le bébé ou le
pendant législatif de cette entente. En deux mots, le projet de loi 157
vient permettre la réalisation ou la mise en application de l'entente
intervenue, comme je le disais, entre Mme la ministre et M. Valenti, qui
représentait ce qu'on appelle, en termes courants, les "majors".
Je pense qu'il est important de faire en sorte que l'Institut
québécois du cinéma puisse venir nous exposer son point de
vue sur cette entente et sur le projet de loi. Cela m'a également
beaucoup frappé lorsque la ministre a signé cette entente avec M.
Valenti, mais je me suis réjoui comme tout le monde. Cela a pris un
certain temps, dans mon cas, avant que je puisse avoir copie de l'entente. J'en
ai pris connaissance. Il y a certaines choses qui m'ont frappé. Encore
une fois, n'étant pas un spécialiste, j'espère le devenir
à la fin de cette commission. En tout cas, j'espère être
meilleur un peu. Là, je me suis mis à lire cela un peu. Entre
autres, j'ai été extrêmement frappé par ce que
Téléfilm disait et ce qui était bien rapporté dans
l'enquête effectuée par une excellente journaliste du Devoir,
Mme Petrowsky, qui a réussi à fouiller cela un peu.
Ce n'est pas facile à déterminer, les conséquences
à moyen et à long terme d'une
entente comme celle-là. À court terme, on peut bien dire:
Oui, on a signé. Mais, à moyen et à long terme, est-ce que
la ministre... Nous y reviendrons lorsque nous aborderons l'étude
après que nous aurons accueilli, je l'espère, les jeunes en
consultation particulière. Je vois que la ministre n'est pas sûre.
En tout cas, j'espère qu'on la convaincra, du moins en partie. C'est un
aspect de l'entente qui, dans mon cas, me préoccupe beaucoup. Je
voudrais également vous signaler, Mme la ministre, qu'il y a certains
aspects juridiques de l'entente et du projet de loi qui causent certains
problèmes. En ce sens, à l'Institut québécois du
cinéma, il existe une source d'expérience, d'expertise, de
connaissance, de vécu, pour employer un mot courant dans le milieu
culturel, très appréciable.
Faire en sorte que ces gens puissent être invités ici
durant nos travaux, cela peut se faire rapidement, M. le Président. Cela
peut s'organiser très rapidement. Je pense que si Mme la ministre est
d'accord, on ne serait pas obligé de remettre cela aux calendes
grecques. On pourrait, demain soir, recevoir ces gens. Ce sont des gens qui
sont habitués de réagir rapidement. Ils s'attendent même
peut-être à une convocation de notre commission. Du moins se
feraient-ils un grand plaisir d'y venir comme la majorité des
associations, des organismes, des intervenants qu'on appelle en commission
parlementaire. Ayant déjà fait partie d'un groupe qui a eu
à témoigner en commission parlementaire, je peux dire que ces
groupes prennent au sérieux l'invitation qui leur est faite par les
parlementaires de venir exposer leurs points de vue.
Ils ne s'attendent pas nécessairement à ce que tout ce
qu'ils proposent soit retenu par les parlementaires en général,
la majorité ministérielle, mais ils apprécient le fait
d'avoir été entendus. Dans le milieu culturel, je crois que c'est
particulièrement important de garder des liens privilégiés
avec la clientèle. C'est une période, Mme la vice-première
ministre, d'insécurité sur le plan culturel - je pense que vous
en conviendrez -causée en particulier par une politique
délabrée en matière linguistique depuis l'arrivée
au pouvoir du gouvernement libéral. Ces tergiversations du gouvernement
en matière linguistique ont amené le milieu culturel à
réagir très promptement à une détérioration
du climat en général, une détérioration du climat
culturel. (12 h 45)
II faut en tenir compte quand vient le temps, pour nous, d'examiner un
projet de loi qui affecte l'avenir de notre cinéma, surtout, encore une
fois, à moyen et à long terme et surtout à un niveau
où on a plusieurs interrogations qui n'ont pas été
satisfaites. J'ai compris, comme la députée de Chicoutimi,
l'intervention de la vice-première ministre lorsque le ministre des
Finances nous a fait part de sa coupure dans le régime
d'épargne-actions, mais je tiendrais à ce sujet - j'ai entendu
tantôt ses explications - à lui signaler cependant qu'il ne faut
pas identifier le milieu du cinéma à une simple partie et que,
s'il est vrai qu'il se fait au Québec et ailleurs des films
pornographiques, il est aussi vrai que, dans tous les autres secteurs de
l'activité culturelle, il se fait aussi des choses qui ne sont pas
"jojo", qui ne sont pas intéressantes et qui ne constituent pas un
apport culturel important. De vouloir appliquer au tout ce qu'une partie bien
mineure fait au niveau culturel, je pense que, encore une fois, à cause
du climat, en plus de cela, c'est particulièrement néfaste. Il ne
faudrait pas juger le cinéma à partir de cela. Il ne faudrait
surtout pas juger la contribution du régime d'épargne-actions au
milieu du cinéma et au développement du cinéma au
Québec sur cette base.
D'où, M. le Président, l'importance...
Le Président (M. Kehoe): La pertinence.
Une voix: La pertinence, M. le Président...
Le Président (M. Kehoe): Pouvez-vous nous expliquer la
pertinence de votre propos, M. le député de Taillon?
M. Filion: M. le Président, est-ce que je pourrais,
à ce sujet, vous signaler que la motion que vous avez devant vous vise
à faire en sorte que l'Institut québécois du cinéma
puisse être au nombre des organismes à être invités
ici et, qui dit Institut québécois du cinéma, dit, bien
sûr, le film et l'appréciation que la ministre peut avoir de
l'ensemble du milieu cinématographique québécois.
C'est précisément ce que j'étais en train de lui
expliquer à partir de l'intervention qu'elle a faite en Chambre, la
semaine dernière, jeudi ou vendredi. Je crois que je suis
particulièrement pertinent.
Le Président (M. Kehoe): Vraiment! Continuez.
M. Filion: Néanmoins, je reviens quand même à
notre propos principal. J'ai en main, M. le Président, une partie du
rapport annuel de l'Institut québécois du cinéma sur
l'orientation de ses interventions, sur l'établissement de ses normes
techniques et aussi sur ses dossiers. Quels étaient, au dire de
l'Institut québécois du cinéma, ses principaux dossiers
pour l'année qui vient? La politique du cinéma - c'est le rapport
annuel - poursuit l'objectif du développement et de la diffusion des
oeuvres et de la culture cinématographiques dans toutes les
régions du
Québec.
Est-ce qu'on peut considérer quelque chose qui serait plus
pertinent que d'entendre l'organisme dont l'objectif est de développer
et de diffuser les oeuvres et la culture cinématographiques dans toutes
les régions du Québec? Le projet de loi 157 vient
précisément modifier les dispositions de la loi 109, en
particulier en ce qui concerne la distribution des films.
Un peu plus loin, toujours dans le rapport annuel de l'Institut
québécois de cinéma, 1985-1986 - je ne sais pas si la
ministre a signé un accusé de réception pour
celui-là - l'institut nous dit ceci: L'institut s'est aussi
attaqué au dossier complexe de la diffusion du cinéma en essayant
d'établir les bases d'une politique globale axée sur
l'accès aux films pour les spectateurs et l'accès aux
écrans pour les films.
À cette fin - c'est cela que je veux signaler à la
vice-première ministre - nous avons rencontré une dizaine de
groupes, sociétés ou organismes. En deux mots, voilà un
organisme qui, lui-même, a fait un travail de consultation dans le milieu
et qui pourrait, en une heure - je suis convaincu qu'on pourrait faire cela en
une heure - nous rapporter l'essence du travail de consultation qui a
été fait.
Je suis convaincu que la vice-première ministre ne peut rester
insensible à nos propos, à notre requête visant à
faire en sorte que les parlementaires membres de cette commission puissent
bénéficier de tout l'apport nécessaire, de
l'éclairage nécessaire pour faire la lumière, toute la
lumière sur la convention intervenue entre Mme la ministre et M. Valenti
qui représentait la Motion Picture Export Association of America et ses
membres.
Si la vice-première ministre connaît toute la portée
de cette entente et du projet de loi, qu'on en profite pour l'expliquer aux
gens - elle n'a de leçon à recevoir de personne - pour que la
leçon puisse être donnée à ces intervenants qui
pourront, plus tard, dire: C'est un bon projet de loi, c'est une bonne entente.
Mais, selon les dernières informations, cela ne semble pas être le
cas et le milieu est inquiet.
M. le Président, je termine là-dessus. Je sais que
certains de mes collègues brûlent d'envie d'intervenir sur cette
motion de sous-amendement. J'ai remarqué que l'équipe
libérale - puisqu'on est en matière de cinéma, vous me
permettrez ce jeu de mots - ne fait figure, semble-t-il, que de figurant dans
nos débats. Je termine donc mon intervention ici.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres députés qui veulent
intervenir dans le débat?
M. Boulerice: Pas de l'autre côté, non?
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je peux commencer? Oui,
d'accord. Je pense que l'amendement présenté...
Des voix: ...
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Boulerice: Nous reprenons. M. te Président, je vais
appuyer sans aucune réserve l'amendement qu'a présenté mon
collègue, le député de Taillon. J'ai failli dire le
député de Filion; effectivement, il est très
identifié à son comté et c'est tout à son honneur.
Dans la section IV nous lisons très bien "L'Institut
québécois du cinéma", un organisme constitué sous
le nom de "Institut québécois du cinéma". C'est une
corporation au sens du Code civil. Il en exerce le pouvoirs en outre de ceux
que la présente loi lui confère. Il est administré par un
conseil d'administration formé de douze membres où la ministre
reconnaît les réalisateurs, les producteurs, les techniciens, les
distributeurs, les exploitants, les interprètes, les scénaristes,
les industries techniques.
Si ce n'est pas là l'ossature ou l'armature de l'industrie
cinématographique au Québec, je la mets au défi de me
trouver un autre institut qui pourrait correspondre avec autant de pertinence
aux besoins de l'industrie du cinéma que le fameux institut...
M. Gardner: Question de règlement.
Le Président (M. Kehoe): Question de règlement.
M. Gardner: M. le Président, quand on débat une
motion, est-ce que celui qui a proposé la motion doit rester pour
écouter les arguments de ses collègues?
Le Président (M. Kehoe): Ce n'est pas absolument
nécessaire.
M. Gardner: Ce n'est pas nécessaire?
Le Président (M. Kehoe): Si cela ne l'intéresse
pas, il n'est pas obligé de rester.
M. Gardner: M. le Président, j'aimerais qu'on mentionne
que celui qui a proposé la motion, le député de Taillon,
s'en va, qu'il est en train de quitter la salle; mais il revient faire son
spectacle.
M. Filion: Question de règlement.
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Filion: Pour les fins du Journal des débats, ce
n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Kehoe): Je l'ai fait remarquer, M. le
député de Taillon.
M. Gardner: Ce n'est pas une question de...
Mme Blackburn: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui, Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'est comme lorsque la ministre des Affaires
culturelles s'absente alors qu'on est train de discuter de son projet de
loi.
Le Président (M. Kehoe): Ce n'est pas une question
de...
Des voix: Mais cela a autant d'importance que la motion.
Le Président (M. Kehoe): Toutes les remarques...
Pardon?
Mme Bacon: Je ne me suis pas absentée ce matin.
Mme Blackburn: En Chambre, la ministre s'absente au moment
où on est en train de discuter du projet de loi en deuxième
lecture, M. le Président.
Mme Bacon: Avec les discours qu'on entendait, M. le
Président, on n'avait pas à rester là.
Mme Blackburn: Comme pour le cinéma porno, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Bon, le porno est passé,
on revient à la motion. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président, il ne faudrait pas
sous-entendre l'absence physique et le vide d'esprit, les silences
éloquents, puis-je dire, de mon collègue, le député
d'Arhabaska.
M. le Président, l'Institut du cinéma...
Des voix: ...
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Boulerice: M. le Président, on se refuse à un
ton élevé, de l'autre côté. Vous me permettrez d'en
être extrêmement malheureux.
Le Président (M. Kehoe): Je vous donne le droit
d'être malheureux.
M. Boulerice: Ils vivront avec cela, d'ailleurs, comme ils vont
vivre la transcription des débats. Là, lorsque je parlais des
difficultés du cinéma québécois, on soufflait chez
les députés ministériels: Parce qu'ils ne sont pas bons.
Ils vivront avec ce qu'ils disent ou avec ce que, malheureusement, ils ne
disent pas. Si la ministre dit qu'elle n'a pas de leçon à
recevoir de qui que ce soit, moi, je dis que, dans la vie, on a beaucoup
à apprendre. Nul n'est parfait. L'institut québécois a la
responsabilité de conseiller le ministre sur l'élaboration et la
mise en oeuvre de la politique du cinéma, d'en surveiller l'application
et de déterminer les orientations de la Société
générale du cinéma.
Si la ministre n'a pas de leçon à recevoir, elle pourrait
peut-être prendre conseil des gens qui existent en vertu d'une toi dont
elle a l'administration. Est-elle aussi irresponsable du ministère des
Affaires culturelles, comme je le disais, qu'elle l'est des questions
linguistiques? Il y a un institut qui peut lui permettre, à cause du
regroupement qu'il constitue, de réalisateurs, producteurs, techniciens,
distributeurs, exploitants, interprètes, scénaristes et
industries techniques, comme je vous le disais tantôt, des gens qui
peuvent donner des conseils fort judicieux et fort précieux dans
l'élaboration d'une politique du cinéma au Québec.
D'ailleurs, le président de l'Institut québécois du
cinéma, M. Fournier, disait qu'il était très important que
le Québec arrive à un règlement négocié avec
les Américains. Je pense qu'il est important que nous arrivions à
régler en négociations des différends qui peuvent exister
avec nos voisins et amis. J'emprunterai une phrase de leur père
spirituel, l'ancien premier ministre fédéral du Canada qui
disait: La géographie nous a fait voisins, l'histoire nous a fait amis,
et le monde moderne fait de nous des partenaires. Je pense qu'il est
très à propos que les différends, les contentieux qui
existent entre le Québec et nos amis et voisins états-uniens
soient réglés sous forme de négociations. On est
probablement un des rares pays qui, depuis au-delà de 150 ans, ait
décidé de régler ses différends d'une façon
très pacifique, et on s'en réjouit.
Je pense qu'on est un exemple pour le monde entier pour la façon
dont on sait régler nos choses avec un voisin. Sauf qu'il faut faire
attention. Il ne faut pas - et ciel! que l'histoire nous donne de
précieux enseignements; je vais citer La Fontaine -jouer le pot de fer
et le pot de terre, M. le Président. Il faut, des négociations,
voir également à nos intérêts parce que notre voisin
est un voisin puissant et qu'il défend
ses intérêts. Nous avons, nous aussi, nos
intérêts. M. Fournier disait qu'il se réjouissait d'une
entente négociée avec les Américains. Je souscris à
ses propos. Mais M. Fournier ajoutait, et voilà une réserve
très importante: Le seul gros nuage à l'horizon dans cet accord,
c'est de savoir qui seront les véritables signataires. Le protocole
d'entente, disait-il, fait référence aux membres en règle
au 1er janvier 1987 de la Motion Picture Export Association of America. M. le
Président, déjà, l'institut émettait des
réserves, questionnait, posait des interrogations.
Si l'institut jugeait à propos, par la voix de son
président et un président nommé par le ou la ministre des
Affaires culturelles, comme je vous le disais, de s'interroger sur un projet,
de loi, je pense qu'il est tout à fait normal que nous ayons le
privilège au cours de cette commission d'entendre l'Institut
québécois du cinéma parce que ses interrogations...
Hé bien! mon Dieu, s'il y a des doutes et que les doutes doivent
être dissipés et que la ministre peut le faire, nous en serons
heureux. Il est bon de connaître cette expertise parce que je partage
avec Mme Petrowski son intérêt très marqué pour le
dossier. Je ne sais pas si on manque de talent, comme lui reprochait quelqu'un
qu'on ne nommera pas, mais j'ai avec Mme Petrowski et mes collègues ont
avec elle, malheureusement peut-être pour nos amis d'en face,
peut-être trop d'intuition dans ce dossier et nous voulons
connaître des réponses à des questions très
importantes qui se posent à l'étude de ce projet de loi.
C'est la raison pour laquelle j'appuie de nouveau sans réserve
l'amendement qui nous a été présenté par mon
collègue, le député de Taillon, à l'effet
d'entendre l'Institut québécois du cinéma, qui est en
autorité et autorité légitime puisque sa constitution est
en vertu de nos lois. Que l'Institut québécois du cinéma
nous livre son expertise, ses interrogations face au projet de loi 157 qui
modifie la Loi sur le cinéma et que nous présente la ministre des
Affaires culturelles.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Saint-Jacques.
Il est maintenant 13 heures. Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 7)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Alors, mesdames et messieurs, si vous êtes tous d'accord, je vais
rouvrir la commission, mentionner et spécifier à nouveau te
mandat, étude détaillée du projet de loi 157, Loi
modifiant la Loi sur le cinéma au Québec.
Nous en sommes à la motion d'amendement proposée par M.
Filion. Lorsque nous avons terminé ce matin, M. le député
de Saint-Jacques en était à son intervention de dix minutes et il
lui restait une minute quarante secondes. Est-ce que vous terminez votre
intervention, M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je le sais. Je vais laisser la parole à ma
collègue, Mme la députée de Chicoutimi.
Le Président (M. Richard): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, s'il vous plaît, votre intervention,
toujours sur l'amendement.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, l'amendement visait
à entendre l'Institut québécois du cinéma. Je vous
ferai grâce du mandat de l'Institut québécois du
cinéma, parce que je présume que les membres d'une commission
parlementaire chargée d'examiner la Loi sur le cinéma -
commission parlementaire de la culture - devraient, en toute décence,
connaître le rôle, le mandat et les derniers...
M. Trudel: Le député de Saint-Jacques l'a dit deux
fois dans son intervention de dix minutes, tantôt.
Mme Blackburn: ...avis de l'Institut québécois du
cinéma. Comme on le retrouve dans différentes lois et
différents ministères, au Québec, on s'est doté
d'organismes "aviseurs" ou d'organismes-conseils, à l'exemple de ce qui
se fait dans tous les pays démocratiques où on s'assure, avant de
prendre des décisions, qu'il y ait des organismes les plus neutres
possible qui puissent vous donner des avis sur la pertinence et sur la
portée d'un projet de loi.
Dans le projet de loi qui nous concerne, Loi modifiant la Loi sur le
cinéma, je pense qu'il serait extrêmement intéressant
d'entendre l'Institut québécois du cinéma, parce qu'il
possède en cette matière, particulièrement par rapport au
sujet concerné, la diffusion et la distribution, une expertise
particulièrement précieuse. On lui avait confié, si je ne
m'abuse, la responsabilité de réunir un certain nombre
d'intervenants, d'examiner l'application de la réglementation de la loi
109. Cet organisme a rencontré différents groupes et a conclu, je
pense bien comme tous, que c'était un dossier complexe. Je lis dans le
rapport, en page 9: L'institut s'est aussi attaqué au
dossier complexe de la diffusion du cinéma en essayant
d'établir la base d'une politique globale axée sur l'accès
aux films pour les spectateurs et l'accès aux écrans pour les
films. À cette fin, ils ont rencontré une dizaine de groupes,
sociétés ou organismes et ils envisagent de saisir le milieu d'un
projet de politique au cours des prochaines années. Nos principaux
objectifs de travail - disent-ils - sont de protéger la salle comme
moyen privilégié de diffusion, d'assurer à toutes les
régions l'accès aux écrans, de favoriser la diffusion et
la production de films québécois et de soutenir
l'éducation du public.
Autant certains organismes ou certaines lois, comme la loi sur la
langue, constituent des outils précieux pour préserver la langue,
autant le cinéma d'aujourd'hui constitue un outil sans pareil, je pense,
pour faire la promotion de la culture québécoise. La ministre -
et je la sais suffisamment indépendante d'esprit pour le faire -
s'était engagée à légiférer mieux et moins.
Ses collègues estiment pouvoir légiférer sans consulter.
Je ne pense pas que c'est par esprit d'équipe que la ministre
déciderait de ne pas consulter pour se coller à ce que font ses
collègues. On nous dit qu'elle est très indépendante
d'esprit et capable d'en entendre et d'en prendre.
À cet égard, il nous semblerait intéressant, pour
tous les intervenants ici, qu'on puisse entendre le président de
l'Institut québécois du cinéma, peut-être pas
très longtemps. Une heure, cela pourrait être suffisant du moment
où on a deux, trois ou quatre grandes questions à lui poser et
sur lesquelles on n'intervient pas, on le laisse simplement exprimer ce qu'il
pense du projet de loi qui nous est soumis.
La ministre nous avait promis de légiférer dans la
transparence. Légiférer dans la transparence, ce n'est pas
légiférer à la course, en fin de session, avec des projets
de loi qui vont avoir des incidences importantes sur certaines activités
et, en ce qui concerne le projet de loi actuel, c'est sur les activités
culturelles, le cinéma en particulier. Faire preuve de transparence, ce
serait, à tout le moins, inviter quelques organismes à venir nous
faire part de leur vision des choses par rapport au projet de loi qui est
présenté. Le projet de loi est relativement court mais il n'en
est pas pour autant moins important. Si, à première vue ou avec
une analyse un peu plus approfondie, les chroniqueurs viennent à penser
qu'il y a danger de confusion dans l'interprétation qu'on pourrait faire
des droits des diffuseurs par rapport à leur contribution à la
production du film, je pense qu'il serait intéressant qu'on rencontre
ces personnes.
Il y a un article, dans la loi qui nous est proposée, qui dit
qu'un producteur doit être producteur à 100 % d'un film
étranger ou doit contribuer pour environ 4 500 000 $ en
publicité, mise en marché, information, marketing. On sait que
pour les films américains - et cela ne semble pas réservé
à la publicité qui est faite sur le territoire américain
mais à celle qui serait faite dans tous les pays - cela dépasse
facilement ces sommes. Ils dépassent facilement ces sommes et cela
pourrait avoir comme conséquence que plusieurs films étrangers
soient éventuellement propriétés, à des fins de
diffusion, de cette association.
Il faut dire également que, depuis que la loi a été
déposée et l'entente signée, on estime que c'est le double
des diffuseurs, il s'est ajouté 50 % de diffuseurs à
l'association qui, au départ, avait certains droits au Québec. La
ministre fait signe que non et j'ai tendance à la croire, sauf qu'il
serait peut-être intéressant qu'on puisse voir exactement ce qu'il
en est. On sait également qu'il y avait une règle qui donnait des
droits aux diffuseurs québécois après que les films ont
été présentés pendant sept jours dans les salles
québécoises. Il me semble que cette règle sera
également abolie. Il y a un certain nombre d'articles, bien qu'ils ne
soient pas très nombreux, qui risquent de prêter à
confusion. J'imagine que, lorsqu'on s'apprête à
légiférer, ce n'est pas pour se voir dans l'obliqatîon de
modifier la loi parce que, tout à coup, on s'aperçoit qu'elle est
pleine de trous. La responsabilité de l'Opposition, à ce
moment-ci, c'est vraiment de s'assurer que le gouvernement
légifère mieux; moins, ce n'est pas de notre ressort, mais mieux,
c'est sûrement notre responsabilité.
Il y a deux façons, je pense, d'exercer son opposition. On
l'exerce en laissant le gouvernement faire le plus d'erreurs possible, ce qui,
semble-t-il, était la pratique de la précédente
Opposition. On exerce son opposition en laissant le gouvernement faire le plus
d'erreurs possible en disant: Cela va laisser de grands trous dans les lois,
des trous dans lesquels le gouvernement risque de trébucher tout
à l'heure; ou encore, on essaie de faire une honnête opposition
qui vise à attirer l'attention sur les embûches, sur les
difficultés d'application que peuvent poser certaines lois. C'est ce
qu'on essaie de faire et, pour le faire mieux, il nous semble important que les
principaux intéressés soient entendus. On ne vous demande pas
d'en entendre dix, douze ou quinze et de voir chacun de3 producteurs, on
demande d'entendre des organismes, dont l'Institut québécois du
cinéma. Il m'apparaîtrait important qu'on accepte de rencontrer
ces organismes et d'y consacrer les quelques heures qu'il faut.
On nous accuse de vouloir bloquer le processus parlementaire. Si le
gouvernement actuel avait été le moindrement sérieux, on
n'aurait pas perdu une partie de notre temps, quand on est entré en
Chambre. Au moment où on pouvait légiférer treize heures
par
semaine, on avait tout juste six heures de débats en Chambre par
semaine, simplement parce que le menu législatif n'était pas
prêt; peut-être aussi était-il prêt, mais on avait
décidé que la meilleure façon de le passer, c'était
vraiment de provoquer cet embouteillage en fin de session qui, on le craint,
amène l'adoption hâtive de projets de loi dont on a mal
mesuré la portée et les conséquences.
Je rappelle que le cinéma québécois est tout juste
en émergence. Les films produits au Québec, jusqu'à il y a
une dizaine d'années, ne sortaient jamais sur le marché
international et ils étaient tout juste capables de percer sur le
marché québécois. De plus en plus, le cinéma
québécois, malgré ce que d'aucuns en pensent, est en train
d'acquérir, je crois, ses lettres de noblesse. Ce n'est pas au moment
où il est en émergence qu'il faut adopter des lois qui vont
freiner son développement ou qui. vont ralentir sa course. Il serait
important qu'on puisse entendre l'Institut québécois du
cinéma.
La décision vous appartient, on l'entendra ou on ne l'entendra
pas, mais j'espère - je le souhaite pour les producteurs et les
distributeurs - qu'on n'aura pas, d'ici quelques mois ou quelques
années, à déplorer vivement le fait qu'on ne se soit pas
donné le temps d'entendre ceux qui possèdent l'expertise sur ces
questions. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Sur la motion, M. Boulerice, à
cause de la levée de l'assemblée ce matin, avait encore une
minute quarante à consommer.
M. Boulerice: ...à consommer?
Mme Bacon: M. le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Jacques. M. le député, est-ce que
vous voulez utiliser votre minute quarante?
M. Boulerice: M. le Président, on sait qu'en
matière de consommation vous êtes passé maître.
Merci.
Le Président (M. Richard): Le seul commentaire objectif
que je pourrais faire, c'est que j'espère que ce n'est pas pour un
sous-amendement. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: L'occasion est fort belle, M. le Président,
et je m'en voudrais de ne pas exercer le privilège de reconnaître
votre participation à la commission de la culture. ■ Nous avons
effectivement présenté un sous- amendement et je relis ce que Mme
la ministre des Affaires culturelles nous a dit en Chambre, à 11 h 30,
plus précisément: "Nous favorisons le dialogue entre les
intervenants." Voilà une occasion unique qu'elle a de traduire la parole
dans un geste et de réunir les intervenants, comme, d'ailleurs, certains
sont venus très spontanément à Québec ce matin pour
demander rendez-vous afin de discuter de culture au Québec. Voilà
que nous discutons du cinéma, qui s'inscrit dans la culture
québécoise. Il y a une proposition d'amendement et une motion
principale quant à entendre les intervenants et j'ose espérer que
la ministre y répondra de façon favorable. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Cela m'amène donc à
demander: Est-ce que la motion d'amendement présentée par M. le
député de Taillon est adoptée?
M. Boulerice: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...je demanderais un vote enregistré, un
vote par appel nominal, si vous voulez.
Le Président (M. Richard): Vote par appel nominal, s'il
vous plaît, Mme la secrétairel
Mme Bacon: Est-ce que j'ai un droit de réplique
là-dessus?
Le Président (M. Richard): Sûrement, Mme la
ministre.
Mme Bacon: J'ai 30 minutes?
Le Président (M. Richard): Vous avez droit à 30
minutes, Mme la ministre. Mme la ministre, vous avez la parole.
M. Filion: Est-ce que c'est sur la motion de sous-amendement ou
la motion d'amendement?
Mme Bacon: Sur toutes les motions. Sous-amendement, toutes les
motions.
Le Président (M. Richard): En pratique, Mme la ministre
aurait eu le droit de prendre son droit de parole cinq minutes après
chaque intervention, sauf que, si elle désire se prévaloir de
l'article 209, elle en a le droit: "Cependant, l'auteur d'une motion, le
premier ministre et les autres chefs de groupes parlementaires, ou leurs
représentants - dont Mme la ministre - ont un temps de parole d'une
heure pour les
motions de fond et de trente minutes pour les motions de forme." Donc,
en pratique, je pense que Mme la ministre aurait jusqu'à 30 minutes, si
elle le veut.
M. Filion: De toute façon, c'est...
Le Président (M. Richard): Je pense qu'en pratique ce
devrait être sur le sous-amendement. Mais c'est un amendement à la
motion principale. En pratique, les deux peuvent s'amalgamer. Je
prétends que le sous-amendement est relié à la motion
principale.
Mme Bacon: Sur tout ce qui a été proposé
depuis ce matin.
Le Président (M. Richard): Je prétends que, oui,
Mme la ministre, vous y avez droit. Mme la ministre, vous avez donc la parole
pour un maximum de 30 minutes.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Je vais tenter de répondre, M. le
Président, à ce qui a été dit depuis l'ouverture de
cette commission parlementaire ce matin. Je pense qu'il ne faut pas faire
d'abus de la démocratie en tentant de bloquer systématiquement
l'adoption de ce projet de loi qui est devant nous. Je ne ferai pas
moi-même cet abus de la démocratie. Je vais quand même
rectifier bien des choses parce que, sans reprendre tout ce qui a
été dit, je vais au moins apporter un éclairage nouveau au
débat.
Je dois vous dire qu'à mon arrivée au ministère il
y a plusieurs documents qui manquaient, comme la lettre où on disait,
par exemple, que les "majors" américains avaient menacé - si le
terme est acceptable - de boycotter les films au Québec. Cette lettre
n'a jamais été retrouvée, ni au ministère ni au
bureau du premier ministre. La même chose avec le rapport Charron qui
demeure encore aujourd'hui introuvable, qui a été fait avec des
fonds publics et qui a été remis à l'ancien ministre. Cela
fait en sorte qu'on ne peut pas se baser sur ce rapport puisqu'on ne le
retrouve pas au ministère.
Je pense que, si le gouvernement du Parti québécois avait
écouté le milieu, il aurait agi avant sur le dossier du
cinéma. Il n'aurait pas attendu trois ans comme il l'a fait dans ce
dossier. J'ai quand même fait la tournée de la province moi aussi.
J'ai rencontré le milieu culturel qui se désole du peu
d'écoute qu'il a reçu au cours des dernières
années. J'ai fait la tournée, et pas pour un petit groupe
seulement, pour l'ensemble des groupes culturels qui veulent dire au
ministère ce qu'ils n'ont pas été capables de dire pendant
plusieurs années. C'est cela le but des tournées
régionales que j'ai entreprises. J'ai été à
l'écoute de ce milieu culturel. J'ai été à
même aussi de constater, M. le Président, que, sans le leur dire,
dans bien des dossiers d'équipement culturel, on avait fait un moratoire
durant neuf ans dans plusieurs réqions et que les gens étaient
encore en attente.
Tout cela pour nous ramener à des décisions qui ont
souvent été prises sans étude valable au préalable,
sans étude sérieuse, comme le dossier de la salle de l'Orchestre
symphonique de Montréal où on était prêt à
injecter 30 000 000 $ en les ajoutant à la dette de la province - on
n'avait pas l'argent - sans avoir fait les études nécessaires et
les études sérieuses qui ont été nécessaires
par la suite. Ce dossier du cinéma a attendu trop longtemps pour
être complètement réglé. Il faut qu'il soît
réglé avant la fin de cette session, et le projet de loi 157 que
nous avons devant nous constitue un projet de loi important et qui fait suite
à l'entente qui a été signée de bonne foi entre les
gens du milieu du cinéma, des "majors" américains et le
ministère des Affaires culturelles du Québec. Entente qui a
été faite aussi en consultation avec le milieu. On n'aurait
jamais signé une telle entente si le milieu du cinéma n'avait pas
accepté chaque article de l'entente. Je pense qu'on doit apporter des
réponses à ce travail qui a été fait par un ancien
adjoint de l'ancien ministre des Affaires culturelles pour le compte de
Téléfilm Canada. C'est assez difficile de ne pas penser que, eux,
qui n'avaient pas régler le dossier, ne soient pas un peu biaisés
dans leur façon de le traiter aujourd'hui.
Je dois dire, M. le Président, en réponse à ce
dossier, que le Québec est la seule instance gouvernementale au Canada
à avoir obtenu pour ses distributeurs l'exclusivité sur tous les
films tournés en français dans le monde, sauf, évidemment,
le cas d'investissement de 100 % dans la production. Le Québec est la
seule instance gouvernementale au Canada à avoir obtenu pour ses
distributeurs l'exclusivité sur les films en provenance de tous les pays
d'Europe, sauf la Grande-Bretagne. Le Québec est la seule instance
gouvernementale au Canada à avoir obtenu pour ses distributeurs
l'exclusivité sur tous les films des cultures non anglophones de toutes
les parties du monde. Le Québec est le seul au Canada à avoir
réussi à limiter clairement le nombre de distributeurs
américains qui peuvent oeuvrer ici et cela, en date du 1er janvier 1987.
Le Québec est le seul au Canada à avoir négocié des
conditions qui empêchent la répétition de pratiques qui
mettaient en péril l'industrie de la distribution chez nous. Le
Québec est aussi le seul au Canada à avoir obtenu non pas une,
non pas deux, mais trois polices d'assurance pour ses distributeurs. On veut
entendre les distributeurs, voici ce que cela
donne aux distributeurs. D'abord, une police d'assurance contre la
répétition des activités entreprises entre 1979-1980 par
les "majors" qui accaparaient, par leur division Classics, les films
européens, ce qui menaçait ainsi l'existence même de
l'industrie de la distribution au Québec. Une deuxième police
d'assurance contre une pratique nouvelle qui se développe aux
États-Unis et en vertu de laquelle un "major" acquiert les droits de
distribution pour le Canada même s'il ne les détient pas pour les
États-Unis. Cette pratique insidieuse pour les distributeurs
québécois est limitée à une seule
société, alors que nos distributeurs en craignaient l'adoption
par plusieurs. Une police d'assurance, M. le Président, contre
l'apparition sur le marché québécois de nouveaux
concurrents qui émergent actuellement sur le marché
américain. Aucune autre province, aucun autre gouvernement
fédéral ou provincial n'a obtenu à ce jour ce genre de
garantie pour ses distributeurs. Nous avons hâte de pouvoir
féliciter nos homologues fédéral et provinciaux de faire
des gains additionnels côté films de langue anglaise qui
profiteraient à tous les distributeurs au pays. Je crois que nous leur
avons montré la voie, et nous espérons les voir s'y engager sous
peu. (15 h 30)
On a parlé du fameux document Houle préparé pour
Téléfilm. On va en reparler encore, M. le Président.
L'étude de Houle-Téléfilm mentionne que les "majors" ont
distribué au Québec, entre 1980 et 1986, 50 films tournés
dans une langue autre que l'anglais. C'est donc dire que, si le gouvernement du
Parti québécois avait signé une entente semblable ou si
l'entente que vous appelez Valenti-Bacon avait été en vigueur
entre 1983 et 1986, c'est 50 films de plus qui auraient été
distribués par les distributeurs québécois. Le dossier
Houle argumente que les "majors" ont maintenant abandonné ces secteurs.
Nous avons maintenant l'assurance qu'ils ne reviendront plus jamais dans ce
secteur et, donc, que les distributeurs québécois auront
l'exclusivité de ce genre de films.
Le dossier Houle, encore une fois, se réfère à la
clause permettant l'adhésion jusqu'au 1er janvier 1987 comme
étant une clause aveugle et, pourtant, il reconnaît dans son texte
qu'il y a actuellement neuf membres de la MPEAA, que M. Valenti négocie
avec cinq membres potentiels et s'attend à en attirer peut-être
trois. Je crois que le coulage - je dois employer ce mot -par
Téléfilm de leur document ne peut qu'aider M. Valenti dans son
recrutement de nouveaux membres puisqu'il attire leur attention sur les
difficultés qu'ils auront pour faire affaires à Québec
à l'avenir.
Le document Houle prétend que les distributeurs canadiens hors
Québec contesteront en justice la loi 109, vu que l'entente
confère des droits aux Américains dont eux ne
bénéficient pas. Quant à moi, je crois qu'ils auraient
contesté la loi, de toute façon. Je n'ai jusqu'à
maintenant reçu aucun commentaire désobligeant de la part des
distributeurs canadiens, et je dois le dire aujourd'hui. Le document Houle se
sert d'"Un homme et une femme - vingt ans après", de Lelouch, comme
indication que l'entente est un recul par rapport à l'entente
Roth-Fournier du côté des films tournés dans une langue
autre que l'anglais. La vérité, c'est qu'il s'agit non pas d'un
exemple, mais d'un seul cas connu où les Américains ont investi
100 % des coûts de production. Nous connaissons ce cas et sa nature tout
à fait exceptionnelle. Le document Houle ne peut en citer aucun autre.
Toute l'analyse est faussée étant donné que le texte de
l'entente Roth-Fournier utilisé par Houle diffère de la version
des "majors".
II y a, en plus, une faillite - je vais l'appeler ainsi - additionnelle
dans l'analyse Houle-Téléfilm au niveau des films de langue
originale anglaise. On se souviendra qu'à la demande des distributeurs
québécois une clause a été négociée,
et elle se lit comme suit: "Aucun membre ne pourra distribuer au Québec
un film tourné en langue anglaise à moins de détenir, pour
un même support, les mêmes droits de distribution pour ce film aux
États-Unis." Les distributeurs québécois sont d'avis que
quelque 150 films de langue anglaise leur sont disponibles en vertu de cet
article. Le document Houle n'en tient pas compte dans son analyse, se
contentant de démontrer que les films distribués au Québec
par les "majors" le sont également aux États-Unis par les
"majors", mais il ne touche pas aux films de langue anglaise distribués
aux États-Unis par des maisons autres que les "majors", et il y en a
d'autres que les "majors".
Je dois dire que les distributeurs québécois ont
été consultés tout au long des pourparlers, qu'ils ont
fait plusieurs suggestions qui ont été retenues dans l'entente
que, règle générale, ils appuient, entente que même
l'auteur de l'étude de Téléfilm, malgré un effort
soutenu pour déprécier l'entente, la comparant à un projet
d'entente qui ne correspond pas à la réalité, cet auteur
est obligé d'y reconnaître certains mérites. Il va
jusqu'à admettre que, si l'entente était étendue aux
vidéos, les gains seraient significatifs. Je pense, M. le
Président, que cette entente a été acceptée et
acceptable au milieu du cinéma.
Il me fait plaisir de vous lire un communiqué de presse.
Malgré les pressions de certains membres de l'Opposition et des anciens
ministres des Affaires culturelles, les distributeurs de films du Québec
ont voulu démontrer leur appui sur la place publique à
l'entente entre Québec et la MPEAA. Je pense que les pressions
répétées des anciens ministres n'ont pas porté
fruit dans ce dossier comme dans d'autres. Ce n'est pas le dossier de l'ancien
gouvernement, c'est le dossier de tous les Québécois, Je pense
que c'est le temps que l'ancien gouvernement apprenne à vivre pleinement
la vie de l'Opposition sans se servir des gens du milieu pour bâtir ses
dossiers. "L'Association québécoise - je fais lecture de ce
communiqué - des distributeurs et exportateurs de films et de
vidéo se réjouit de l'entente signée récemment par
la ministre des Affaires culturelles et par M. Jack Valenti,
président-directeur-qénéral de la Motion Picture Export
Association of America, concernant la distribution des films au Québec.
"Réunis la semaine dernière en assemblée
générale pour étudier cet accord, les distributeurs
québécois tiennent à manifester tout leur appui à
Mme Bacon dans le cadre des négociations qui se poursuivent afin de
conclure une entente globale avec les Américains sur la question de la
distribution dans tous les médias. Consultés tout au long des
pourparlers, les distributeurs ont vu plusieurs de leurs suggestions retenues
par Mme Bacon. Les distributeurs québécois appuient les efforts
soutenus de la ministre et de son conseiller spécial, Me Francis Fox,
dans ce dossier. "MM. André Link, président, et Joseph Beaubien,
directeur général de l'Association québécoise des
distributeurs et exportateurs de films et de vidéo, soulignent
l'importance de cette entente, car elle confirme le rôle de partenaire
à part entière dans l'industrie cinématographique au
Québec. Il est important de noter que nulle autre province du Canada, en
effet, n'a obtenu à date ce genre de garantie pour ses distributeurs.
Elle leur assure l'exclusivité sur tous les films tournés dans
une autre langue que l'anglais à travers le monde, sauf dans le cas
d'investissement par les Américains de 100 % dans les coûts de
production. "Ces mesures constituent une véritable police d'assurance
pour l'industrie québécoise de la distribution, précise M.
Beaubien, empêchant la répétition . des activités
entreprises en 1979 et 1980 - il me donne raison, M. le Président - par
les "majors" qui accaparaient, avec leur division Classics, les films
européens, menaçant ainsi l'existence même de l'industrie
de la distribution au Québec. "De plus, le Québec a agi comme
précurseur en réussissant à limiter clairement le nombre
de distributeurs américains oeuvrant sur son territoire aux seuls
membres en règle de la MPEAA en date du 1er janvier 1987. Les
distributeurs québécois de films et de vidéo invitent les
autres provinces, ainsi que le gouvernement fédéral, à
s'engager dans la même voie et à adopter des mesures afin de
permettre à tous les distributeurs canadiens de prendre leur vraie part
du marché à travers le Canada. "Ce débloquage majeur dans
la distribution de films au Québec était attendu depuis longtemps
par l'Association québécoise des distributeurs de films et de
vidéo qui regroupe une quinzaine de membres. Ces derniers tiennent
à souligner l'importance de ce protocole d'entente comme une
première étape d'un processus vers une stabilisation de
l'industrie. Ils attendent avec impatience le dépôt de tous les
éléments de la loi 109, incluant les règlements sur la
vidéo, qui constituera l'aboutissement d'un travail entrepris par les
distributeurs québécois depuis cinq ans." C'est signé:
l'ensemble des distributeurs, M. le Président.
Je pense qu'avec de tels documents on n'a pas besoin d'entendre en
commission parlementaire les distributeurs qui ont été, encore
une fois, constamment consultés en cours de route. On ne fait pas une
telle entente, on ne fait pas une telle négociation sans consulter le
milieu et sans demander au ministre ce qu'il en pense. On fait bien des gorges
chaudes, je pense, au cours de cette commission parlementaire. C'est de bonne
guerre. Cela fait partie des débats, mais il faut voir l'importance que
nous accordons au cinéma québécois. Les films - on a
parlé des REA - qui sont qualifiés pour le REA, le sont en vertu
de l'application d'un règlement qui définit de façon
mécanique les critères d'accueil. Il s'agit en fait d'un
système de pointage, qui est fondé sur les professionnels qui
sont impliqués, les techniciens, par exemple, les réalisateurs,
les producteurs.
L'Institut québécois du cinéma souhaite modifier,
et je pense qu'il a raison, au niveau des discussions qui ont lieu avec la
Société générale du cinéma du
Québec... Eventuellement, on pourra appliquer un règlement pour
modifier cette façon de financer le cinéma
québécois pour donner, autant que possible, des
possibilités à l'ensemble en fonction de la qualité des
projets, et non en fonction de leur quantité, mais c'est en fonction de
leur qualité que les projets de films se qualifieront au REA.
Alors, je pense que cela serait un système beaucoup moins aveugle
que nous pouvons mettre de l'avant, et j'ai l'intention avec mon
collègue de3 Finances de travailler sur ce dossier dans les mois qui
viennent pour trouver des ententes avec le ministère des Finances et le
ministère des Affaires culturelles, et d'y intéresser le milieu.
L'Institut québécois du cinéma est l'instance majeure pour
nous apporter des suggestions, des recommandations à cet effet. Il nous
a déjà fait part de certaines recommandations, de certaines
possibilités qui existent dans d'autres pays et que nous pourrions
regarder de près ici, quant au financement des films
québécois. Toutes ces possibilités vont être
inventoriées et il y aura des décisions qui se prendront par la
suite. Je pense qu'il faut toujours penser en fonction de la qualité et
non en fonction de la quantité. Si nous voulons des projets de films de
qualité, c'est la seule façon de s'y prendre.
M. le Président, le projet de loi que nous avons devant nous est
attendu par le milieu du cinéma pour régler, une fois pour
toutes, ce dossier qui est une suite logique à l'entente qui a
été signée, entente que les gens du milieu attendaient
depuis 1983. Cette entente dure cinq ans et on a parlé de renouvellement
ce matin. Je pense qu'il n'y a pas possibilité de renouvellement
d'entente, à moins de revenir devant l'Assemblée nationale, et,
si les "majors" ne respectaient pas l'entente, il y a toujours Ies articles de
la loi qui sont là et qui peuvent être mis de l'avant, je pense,
dans un bon fonctionnement, pour faire respecter cette entente. Je pense que le
milieu le sait, les "majors" savent que, s'ils ne respectent pas l'entente que
nous avons signée, les articles que nous n'avons pas adaptés
seront adoptés et que nous reviendrons, à ce moment-là,
à l'Assemblée nationale.
Donc, je pense que cela a été fait avec tout le
sérieux que nous avons exigé et cela a été fait
avec beaucoup de rigueur aussi, M. le Président, je dois le dire. Je
suis très fière de cette entente qui répond aux besoins,
aux aspirations, je pense, et aux espoirs qu'avaient les distributeurs et le
milieu du cinéma. Quoi qu'on en dise et quoi qu'on fasse pour tenter de
discréditer l'entente, je pense que, si toutes les provinces
étaient capables de faire la même chose, elles en seraient
sûrement très heureuses, et, surtout, si le gouvernement
fédéral pouvait faire la même chose, parce que cela fait
aussi l'envie des autres provinces et du gouvernement fédéral une
telle entente avec les "majors", M. le Président.
Quant au dossier des vidéos, j'ai bon espoir que nous arrivions
à une entente d'ici à la fin de janvier, ce qui
compléterait l'ensemble du dossier, mais il nous a fallu procéder
par étapes, commencer par le cinéma et continuer ensuite sur le
dossier du vidéo, qui est un dossier fort important aussi pour le
ministère.
Je pense, M. le Président, que, d'avoir fait reconnaître
aux "majors" américains la spécificité du Québec,
est un pas important de franchi et que notre gouvernement a fait franchir
à ce dossier. Cela n'avait pas été fait avant, sous
l'ancien gouvernement. Il faudrait, au moins, reconnaître ce qui a
été fait par le gouvernement actuel dans ce dossier, de
leur avoir fait accepter que le Québec est une province
différente des autres, de leur avoir fait accepter qu'ils pouvaient y
faire des affaires, mais que nos distributeurs pouvaient y trouver aussi leur
compte, ce qui a été pour moi fort important. Comme je disais
tout à l'heure, c'est un pas vers l'autre dossier de la vidéo qui
est aussi un dossier important. (15 h 45)
Je pense que les amendements et les sous-amendements qui ont
été présentés et qui sont devant nous, M. le
Président, n'ont pas leur raison d'être. Si on veut faire de
l'obstruction systématique à cette commission parlementaire, je
pense que c'est la responsabilité de l'Opposition. Blocaque
systématique ou chantage, je ne sais pas. Je pense que ce dossier est
important pour les distributeurs qu'on dit, la main sur le coeur, vouloir
protéger. Si on les empêche d'avoir ce projet de loi, je pense
qu'on n'aura rien fait pour faire avancer le dossier du cinéma.
Encore-là, M. le député de Taillon, je n'ai pas de
leçon à recevoir de l'Opposition. Je n'ai pas de leçon
à recevoir. J'espère qu'on sera capable de faire ce débat
d'une façon plus rationnelle. Vous savez, on a tous nos passions. On a
tous la possibilité de faire de l'émotivité sur des
dossiers. Si on n'y croyait pas, on ne serait pas émotif.
M. le Président, il y a aussi des responsabilités que nous
avons acceptées, responsabilités de mener à bien les
dossiers culturels comme les autres dossiers. Il y a ce rapport de forces,
évidemment, qui a sa raison d'être jusqu'à une certaine
limite, jusqu'à ce qu'on en abuse à une commission parlementaire.
On peut vivre avec un bout de temps, mais je pense que l'Opposition aura
apporté cet abus de la démocratie qu'elle a commencé
à faire ce matin. J'espère que les travaux de cette commission
parlementaire se feront d'une façon plus rationnelle au cours de la
journée, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. S'il
n'y a pas de...
M. Boulerice: M. le Président, oui.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est en vertu de
212, M. le député?
M. Boulerice: Non, ce n'est pas la réplique, monsieur.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que c'est en vertu de 212? On vous aurait mal cité
ou on aurait déformé vos propos?
M. Boulerice: Non, c'est une demande que je désire
adresser à la ministre puisqu'elle a fait état d'un
communiqué de presse. J'aimerais connaître la date du
communiqué et demander son dépôt.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse,
M. le député de Saint-Jacques, à ce
moment-là, c'est en vertu de l'article 213. Il faut que Mme la ministre
soit consentante. Est-ce que vous êtes d'accord pour que M. le
député de Saint-Jacques vous pose une question, Mme la ministre?
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Voilà, Mme la ministre, est-ce que vous
êtes consentante à nous donner la date du communiqué de
presse dont vous avez fait état et copie du communiqué de
presse?
Mme Bacon: Aujourd'hui.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: La date, c'est aujourd'hui.
M. Boulerice: Aujourd'hui.
Mme Bacon: La réunion a eu lieu la semaine
dernière.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
Une voix: Et vlan!
M. Boulerice: Je suppose que Mme la députée de
Vachon...
M. Gardner: Est-ce qu'il y a une réplique à une
réplique?
M. Boulerice: ...est "cheer leader"...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Jacques. C'est toujours en fonction de votre
question à Mme la ministre?
M. Boulerice: Oui, une autre question. Est-ce que Mme la ministre
connaît ou connaissait le statut de M. Claude Charron au cabinet de M. le
ministre des Affaires culturelles, Clément Richard?
Une voix: C'est en vertu de quoi, cela? Une voix: C'est
une question,
Mme Pelchat: C'est en vertu de quoi, cela?
M. Boulerice: C'est parce qu'elle a parlé d'un rapport
Charron.
Le Président (M. Richard): Voici. Je dois vous dire que
l'article 213 du règlement dit ceci: "Tout député peut
demander la permission de poser une question au député qui vient
de terminer une intervention - en l'occurrence, Mme la ministre. La question et
la réponse doivent être brèves."
Puisque Mme la ministre a mentionné qu'elle était d'accord
pour que M. le député de Saint-Jacques lui pose une question, je
pense que M. le député de Saint-Jacques peut poser une question
à la suite de l'intervention de Mme la ministre, il y a quelques
instants. En vertu de l'article 213. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'apprécie votre bonne connaissance du code,
M. le Président, en espérant que vous puissiez la faire partager
par d'autres collègues de la commission.
La question que je posais à Mme la ministre est:
Était-elle au courant du statut qu'avait M. Charron au cabinet du
ministre des Affaires culturelles, M. Clément Richard, qui était
un statut de personnel politique?Donc, il produisait les documents
à la discrétion du ministre au même titre que le
recherchiste de Mme la ministre produit des documents pour Mme la ministre,
mais ne m'en donne surtout pas copie.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président. J'ai déjà
été ministre, j'ai déjà été battue,
et j'ai aussi laissé tous mes dossiers, qui avaient été
payés à même les fonds publics, dans les dossiers que j'ai
laissés à mon successeur, ce qui n'a pas été le cas
de mes prédécesseurs. Le dossier Charron a été
préparé à même les fonds publics et n'a pas
été laissé dans les dossiers de mon
prédécesseur.
Le Président (M. Richard): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais seulement
savoir, pour ma propre information, si la ministre veut bien y
répondre... Effectivement, ce sont des deniers publics mais des deniers
impartis au budget du cabinet politique. Est-ce exact? Cela fait plusieurs fois
que cela revient et je voudrais savoir s'il agissait d'un contractuel pour le
ministère des Affaires culturelles ou d'un contractuel pour le cabinet
politique.
Mme Bacon: La question est presque amusante, M. le
Président, parce que c'étaient eux qui étaient au pouvoir,
ils devraient avoir les réponses.
Mme Blackburn: Bon, si la ministre veut insinuer que
c'était un contractuel du ministère des Affaires culturelles, il
faudrait qu'elle le prouve. Ce n'est pas la première fois que cela est
soulevé. Je dois dire que n'étant pas proche de ce dossier, cela
m'a
étonnée. Effectivement, on a le droit de le
réclamer si c'est un document qui a été fait pour le
ministère; ils ont le droit de le réclamer, mais, ai c'est un
document qui a été fait pour le cabinet politique, c'est tout
à fait autre chose. Vous ne fournissez pas les documents qui sont faits
par le cabinet politique. C'est une règle qu'on a acceptée et
qu'on connaît. Je trouve que ce genre d'allusion, ce n'est pas la
première fois qu'on la fait. Il est important qu'elle soit
clarifiée; c'est pourquoi je suis intervenue.
M. Trudel: M. le Président, est-ce que je peux me
permettre une remarque? J'ai été mêlé, au cours de
l'automne 1985 et de l'été 1985, à ce dossier de
façon assez intime. Les rumeurs, ce n'est pas l'Opposition d'alors qui
les avait lancées, c'est le milieu qui avait été
consulté par M. Charron et qui nous demandait... M. Charron disait: J'ai
un mandat gouvernemental pour faire le tour du milieu, etc., pour sonder le
terrain. Et on n'a pas retrouvé cette étude. On n'a pas
lancé ces rumeurs. II y a même des écrits en provenance de
l'Union des artistes au sujet du rapport. II a été même
déposé à la commission sur le statut de l'artiste. Je
pense qu'on pourrait peut-être mettre fin à ce débat.
M. Boulerice: C'est vous qui le provoquez.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député. Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Si vous me permettez, quand même, M. le
Président. Autant je comprends bien l'explication, autant je trouve
inacceptable, connaissant les informations, qu'on continue à
véhiculer l'information qui voudrait qu'on ait subtilisé un
document qui appartenait...
M. Audet: Question de règlement, M. le Président.
En vertu de l'article 213, M. le Président, on dit que tout
député peut demander la permission de poser une question. Mais
c'est devenu un débat, des ajustements et des commentaires.
Pourriez-vou3 faire respecter le règlement en vertu duquel on ne peut
poser qu'une question et non pas...
Le Président (M. Richard): Remarquez que, comme...
Mme Blackburn: M. le Président, vous permettez que je pose
une question?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Remarquez que,
comme président... Tout à l'heure, M. le député de
Saint-Jacques a effectivement posé une question à la suite de
l'intervention de Mme la ministre. Mme la députée de Chicoutimi a
effectivement posé une question à la Mme la ministre, et je pense
qu'elle était en droit de le faire. Maintenant, je suis tout à
fait d'accord avec vous, M. le député, que cela ne peut pas
être une série de questions. Sauf que je me suis permis d'avoir
peut-être un peu de lassitude dans le sens où, de part et d'autre,
un député...
M. Trudel: Cela devient de la latitude.
Le Président (M. Richard): ...latitude. M. Boulerice: M.
Le Président.
Le Président (M. Richard): Non, non, je m'excuse.
M. Filion: Cela devient de l'altitude.
Une voix: Et comment!
Le Président (M. Richard): ...je connais assez bien mon
français. C'est une façon de faire de l'humour assez
camouflée. Il n'en demeure pas moins que M. le député de
Bourget a aussi donné une partie de la réponse. Alors,
maintenant, je pense que nous allons terminer. On ne voulait pas en faire un
débat, effectivement.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Vous aviez commencé
votre question, madame, et on termine avec Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je vous remercie. M. Filion: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Une question à Mme la
ministre?
M. Filion: Oui, c'est cela. Si elle le veut bien.
Le Président (M. Richard): En vertu de l'article 2.13?
M. Filion: Pardon?
Le Président (M. Richard): En vertu de l'article 213.
M. Filion: En vertu de l'article 213.
Le Président (M. Richard): Ce sera votre droit, M. le
député.
M. Filion: Merci.
Une voix: ...
Le Président (M. Richard): Alors,
madame... Non, mais, écoutez, M. le député
d'Arthabaska. Je prétends que, selon notre règlement, tout
député, y compris vous, pourrait poser une question à Mme
la ministre à la suite de son intervention. Chacun et chacune pourraient
le faire pourvu que les questions soient brèves et le plus
précises possible, évidemment.
M. Gardner: Et cela prolonge le "filibuster".
Le Président (M. Richard): Je pense que l'article 213
n'est pas seulement en fonction d'un "filibuster", il a pour but de donner
l'occasion de pouvoir s'exprimer.
M. Gardner: II y a l'article 218 aussi.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Mme la
députée de Chicoutimi, vous avez la parole.
Mme Pelchat: M. le Président, Mme la députée
n'avait pas déjà posé sa question?
Le Président (M. Richard): Je reconnais Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: En fait, c'est important quand même que l'on
fasse la lumière sur cette question qui laisse planer beaucoup de
confusion dans le réseau. L'explication que vient de donner le
député de Bourget m'apparaît tout à fait plausible,
à savoir que les premiers à avoir invoqué l'absence d'un
tel rapport qui devait appartenir au ministère l'aient fait sur le
fondement de ce que lui a dit le milieu. Je le comprends bien, mais je voudrais
qu'aujourd'hui on profite de l'occasion pour tirer cela au clair.
Est-ce que la ministre ou le député de Bourget peut nous
dire qu'effectivement le contrat qui a été effectué par M.
Charron l'était pour le cabinet politique et non pas pour le
ministère? Il faut que ce soit clarifié une fois pour toutes.
Le Président (M. Richard): Je dois dire, Mme la
députée de Chicoutimi, que votre question doit s'adresser
directement à la personne qui a fait l'intervention. C'est donc à
Mme la ministre, si elle désire y répondre.
Mme Blackburn: À Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, on pourra regarder au livre
des crédits, lors de l'étude des crédits.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je voudrais savoir, à partir de la
réponse de Mme la ministre tantôt et de son intervention, si elle
est disposée et si elle prend l'engaqement cet après-midi de
rendre publies tous les documents qui seront remis par son cabinet politique,
étant donné qu'il s'agit là de sommes d'arqent .
versées également grâce aux taxes des citoyens.
C'était le sens de votre réponse tantôt. Si c'est le
cas et s'il suffit d'en faire une demande, comme semblait le souligner le
député de Bourget, à ce moment-là, on va en faire
la demande,
Mme Bacon: M. le Président, je n'ai jamais annoncé
pubiquement les mandats que je donne à mes attachés politiques,
comme l'a fait l'ancien ministre en annonçant publiquement le mandat
qu'il donnait à l'ancien ministre...
Mme Blackburn: C'est la transparence qu'on nous reproche.
Mme Bacon: ...qui était un porte-parole du gouvernement.
Je dois dire que le milieu a été fort perturbé de voir que
nous n'avions pas pris connaissance de ce dossier qui aurait peut-être pu
aider à faire avancer le dossier du statut de l'artiste et qui ne l'a
pas fait parce que nous ne l'avions pas. C'est le milieu qui était
inquiet de voir que nous n'avions pas en notre possession un tel dossier.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, j'appelle
la motion d'amendement qui avait été présentée par
M. le député de Taillon.
M. Filion: On est prêts à passer au vote
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Richard): II s'agissait d'entendre
l'Institut québécois du cinéma. M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, pourriez-vous, s'il vous
plaît, demander au député d'Arthabaska de cesser de
perturber régulièrement la commission de la culture? C'est
malheureusement ce que nous vivons depuis un an et treize jours, et je vous
avoue trouver de plus en plus déplaisantes ses interventions
intempestives. Je vais me permettre, pour souligner sa non-pertinence, de faire
la mauvaise liaison et de dire: "malt-à-propos".
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques, de me sensibiliser, quoique je doive
vous dire en toute objectivité que, personnellement, il n'y a que le
futur qui pourra me démontrer que vous avez raison parce que c'est la
première fois que je préside une séance de travail.
M. Boulerice: Vous serez marqué, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie de votre
commentaire.
Maintenant, est-ce que nous votons par appel nominal sur la motion
d'amendement du député de Taillon?
M. Filion: Avant, il faudrait peut-être savoir s'ils sont
d'accord. À ce moment-là, on n'aurait pas besoin de voter.
Le Président (M. Richard): Vous me permettrez d'en douter,
M. le député de Taillon.
M. Filion: Oui. Votre perspicacité...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Trudel: Le sens du télégramme était assez
clair.
M. Filion: ...vous suivra, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Sommes-nous favorables à
!a motion d'amendement présentée par le député de
Taillon? Appel nominal, s'il vous plaît!
La Secrétaire: Mme Bacon (Chomedey)?Mme
Bacon: Contre. La Secrétaire: M. Audet (Beauce-Nord)? M.
Audet: Contre.
La Secrétaire: M. Boulerice (Saint-Jacques)?
M. Boulerice: Pour.
La Secrétaire: M. Gardner (Arthabaska)?
M. Gardner: Sans vouloir perturber, non, je suis contre.
La Secrétaire: M. Hains (Saint-Henri)? M. Hains:
Contre.
La Secrétaire: M. Hamel (Sherbrooke)? M. Hamel:
Contre.
La Secrétaire: Mme Blackburn (Chi-coutimi)?
Mme Blackburn: Pour.
La Secrétaire: Mme Hovington (Ma-tane)?
Mme Hovington: Contre.
La Secrétaire: M. Filion (Taillon)?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Khelfa (Richelieu)?
M. Khelfa: Contre.
La Secrétaire: Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre.
La Secrétaire: M. Trudel (Bourget)? (16 heures)
M. Trudel: Contre.
Le Président (M. Richard): Évidemment, sans avoir
le résultat statistique, je pense que l'amendement est
rejeté.
La Secrétaire: Contre: 9
Pour: 3
Abstentions: 0
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
secrétaire.
Maintenant, nous revenons...
M. Trudelï À la motion principale.
Le Président (M. Richard): ...à la motion
principale.
Juste un instant, si vous me le permettez! Nous allons mettre aux voix,
si vous me le permettez, la motion principale qui était effectivement
d'entendre en commission parlementaire l'Association des distributeurs de films
et de vidéo du Québec.
Est-ce que nous gardons le même vote?
Des voix: Même vote.
Une voix: On peut voter de nouveau, cela va prendre plus de
temps.
Mme Blackburn: On n'y voit pas d'objection.
Le Président (M. Richard): Est-ce que par choix vous
préféreriez l'appel nominal?
Une voix: J'aime mieux recommencer le vote...
Le Président (M. Richard): Alors, appel nominal, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: Mme Bacon, sur la motion
proposée?
Mme Bacon: Contre.
La Secrétaire: M. Audet?
M. Audet: Contre.
La Secrétaire: M. Boulerice?
M. Boulerice: Pour.
La Secrétaire: M. Gardner?
M. Gardner: Contre.
La Secrétaire: M. Hains?
M. Hains: Contre.
La Secrétaire: M. Hamel? Mme Blackburn?
Mme Blackburn: Pour.
La Secrétaire: Mme Hovington?
Mme Havington: Contre.
La Secrétaire: M. Filion?
M. Filion: Pour.
La Secrétaire: M. Khelfa?
M. Khelfa: Contre.
La Secrétaire: Mme Pelchat?
Mme Pelchat: Contre.
La Secrétaire: M. Trudel?
M. Trudel: Contre.
Le Président (M. Richard): À un près, je
dirais que la motion est...
La Secrétaire: Contre: 8 Pour: 3 Abstentions: 0
Le Président (M. Richard): ...aussi sûrement
moralement compliquée, mais mathématiquement battue.
Maintenant, j'appellerais le projet de loi 157, Loi modifiant ta Loi sur
le cinéma, l'étude article par article.
Étude détaillée
M. Filion: II faut appeler l'article 1.
Le Président (M. Richard): L'article 1, oui. On fera le
titre et le préambule à la fin.
M. Filion: C'est cela. Vous appelez l'article 1.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 1.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que, le titre de la
loi, on le fait à la fin?
Le Président (M. Richard): Nous allons faire le titre de
la loi à la fin, Mme la ministre.
Mme Bacon: D'accord, je vais attendre à la fin. L'article
1...
Le Président (M. Richard): Mme la ministre, vous avez des
commentaires? M. le député de Taillon.
M. Filion: La ministre nous distribue un amendement à
l'article 1. Peut-être pourrait-elle nous distribuer l'ensemble des
amendements...
Mme Bacon: II n'y en a pas beaucoup, M. le Président.
M. Filion: ...pour que nous puissions en prendre connaissance.
Vous ne devez pas en avoir beaucoup. C'est un projet de loi de trois
articles.
Mme Bacon: Non, on va y aller un par un. Il n'y en a pas
beaucoup.
M. Filion: Mais, en somme, c'est pour qu'on puisse avoir une vue
de l'ensemble des amendements.
Mme Bacon: On n'a pas réécrit la loi. Le titre, on
y revient à la fin.
Le Président (M. Richard): Les papillons voleront un
à un. L'article 1, Mme la ministre.
Permis de distributeur
Mme Bacon: Pourvu qu'ils ne se brûlent pas, M. le
Président!
L'article 1 de ce projet de loi est modifié: 1 par le
remplacement, à l'article 105.1, du deuxième alinéa par le
suivant: "Ce permis est délivré par la régie
conformément à la loi et suivant les conditions établies
dans cette entente. Toutefois, dans le cas d'un film tourné dans une
langue autre que l'anglais et à l'égard duquel un membre n'a pas
investi 100 % des coûts de production, le permis ne peut être
délivré à moins que ce membre ne produise un certificat
émis par le ministre selon la formule prévue à l'annexe I.
Le ministre émet un tel certificat en faveur d'un membre s'il est
démontré à sa satisfaction que cette demande est
justifiée eu égard à l'importance de l'investissement fait
par ce membre dans ce film." 2° par l'addition, à l'article 105.1,
de l'alinéa suivant: "Aux fins du présent article, l'expression
"membre en règle" a le sens que lui confère l'entente
visée au premier
alinéa."
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires, M.
le député de Saint-Jacques? Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: M. le Président, ce sera une première
question que j'aimerais adresser à la ministre. La ministre, dans son
discours de conclusion tantôt, parlait d'abus de démocratie. La
conception que nous avons de la démocratie fait que je ne crois pas que
l'on puisse, en démocratie, parler d'abus. J'aimerais lui rappeler que
l'Opposition officielle, jadis, avait l'appellation de Loyale Opposition de Sa
Majesté. L'Opposition n'a jamais été... En tout cas, la
ligne que nous suivons - nos prédécesseurs dans l'Opposition ne
l'ont peut-être pas tenue - en tant qu'Opposition officielle à
l'Assemblée nationale du Québec n'est pas une opposition
d'obstruction comme certains veulent le laisser entendre. J'aimerais rappeler
que, si numériquement nous ne sommes que 23 à l'Assemblée
nationale, nous continuons de représenter près de 40 % de la
population du Québec.
Les gens qui, actuellement, dans ce pays sont sans voix ou si les voix
qu'ils espéraient entendre sur des sujets qui les préoccupent se
taisent, je pense que c'est le rôle de l'Opposition, M. le
Président, de faire valoir ces droits. Il n'y a jamais d'abus en
démocratie, c'est plutôt l'inverse qui serait de nature à
m'inquiéter, M. le Président.
Quand Mme la ministre parle du bonheur d'avoir négocié
cette entente, j'aimerais lui dire que j'aimerais bien profiter de son bonheur,
sauf que je ne veux pas profiter d'un bonheur d'occasion. Je voudrais bien
profiter d'un bonheur durable au niveau de l'industrie cinématographique
au Québec. Mme la ministre a peut-être tort de penser qu'elle a
inventé la roue puisque, s'il y a entente actuellement entre les
"majors" américains, c'est qu'il y a eu au départ une loi 109 qui
a été votée par le gouvernement précédent,
celui de ma formation politique,
M. le Président, quand on parle d'entente et d'abus de
démocratie, je pense que malheureusement le gouvernement actuel ne fera
pas d'abus de démocratie, on l'a vu, c'est très évident,
il se refuse à entendre les intervenants du milieu, des intervenants
qui, sans doute, louaient mais qui - nous aussi on a des communiqués de
presse et des articles des journalistes dont l'analyse est sérieuse et
très critique - nous disent que, dans un premier temps plusieurs se sont
réjouis, d'autres s'inquiètent actuellement, ne connaissant pas
les portées complètes de la loi.
Donc, il n'y aura jamais, M. le Président, d'abus de la
démocratie. Lorsque la ministre nous dit qu'elle a négocié
une entente, voilà, nous touchons le fond du problème. La
ministre a fait une entente à sa manière et à sa
façon et vient faire ratifier l'entente par l'Assemblée nationale
alors qu'à mon point de vue, si on avait voulu véritablement
parler de démocratie, il aurait fallu que l'entente soit
présentée à l'Assemblée nationale qui, elle,
l'aurait acceptée et, après, aurait modifié la loi qui
permet une telle entente.
Nous en sommes, aujourd'hui, à l'inverse. Je pense que ce sont
des remarques qu'on devrait écouter de façon attentive. Et, quant
à l'entente que la ministre nous propose, la première question
que j'aimerais lui poser, M. le Président, c'est si elle a
commandé des avis juridiques qui lui permettent de s'assurer de la
légalité de l'entente qu'elle a conclue avec l'association des
"majors" alors que la loi n'était pas adoptée. Voilà.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Cela avait tout été validé, M. le
Président, avant qu'on fasse signer l'entente, c'est évident, et
les articles que nous présentons aujourd'hui viennent compléter
l'entente, mais, tout cela avait été validé avant.
M. Boulerice: Sur cette question, M. le Président, est-ce
que la ministre nous répond oui, elle avait commandé des avis
juridiques qui lui permettaient de s'assurer de la légalité de
l'entente qu'elle a conclue avec l'association des "majors"?
Mme Bacon: M. le Président, on avait vérifié
tout cela au ministère et celui qui a négocié est aussi un
avocat qui a validé avec nous les possibilités. Il y a eu
constamment la présence de M. Fox, de mon ministère, de mon
cabinet, au cours des négociations qui ont eu lieu avec les "majors".
Donc, nous avions validé sur le plan juridique la possibilité de
faire cette entente.
M. Boulerice: M. le Président, M. Fox, je crois, n'est pas
ministre de la Justice du Québec, il n'est pas le directeur du
contentieux du ministère des Affaires culturelles. La ministre peut-elle
répondre si oui ou non elle a les avis juridiques qui lui permettent de
s'assurer de la légalité de l'entente qu'elle a conclue avec
l'association des "majors"?
Mme Bacon: J'ai avec moi, M. le Président, la personne qui
me donne les avis juridiques du ministère, et je ne pourrais pas dire
devant lui que j'ai eu un avis si je n'en avais pas eu. C'était lui.
M. Boulerice: Vous m'excuserez, M. le
Président, une gratuité qui hypothéquera mon
allocution ou mon élocution!
Mme Bacon: On peut suspendre.
M. Trudel: Cela dépend, c'est un moyen original de
"filibuster", en tout cas. C'est perturbant pour la santé.
M. Boulerice: Alors, M. le Président, est-ce que la
ministre pourrait déposer ces avis juridiques?
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait entendre le conseiller
juridique du ministère des Affaires culturelles sur cette question? Cela
se fait généralement.
Le Président (M. Richard): Je dois dire...
Mme Blackburn: C'est technique et...
Le Président (M. Richard): ...cela se fait, si Mme la
ministre le permet. Effectivement, s'il n'y a pas permission, c'est Mme la
ministre qui représente le gouvernement directement.
Mme Blackburn: Alors, on peut demander à la ministre si
elle accepte?
Mme Bacon: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: ...à mesure que M. Fox négociait, il
vérifiait avec le contentieux, le service juridique du ministère,
qui donnait son aval ou non aux négociations. C'est l'information que
j'ai.
M. Boulerice: M. le Président, dans une négociation
qui entraîne une signature engageant l'État, comme Mme la ministre
l'a fait, est-elle en train de me dire qu'on se contente d'avis verbaux et
qu'il n'y a pas d'avis juridiques écrits qui lui permettent de s'assurer
de la légalité de l'entente qu'elle a conclue avec les
"majors"?
Mme Bacon: Je fais confiance à ce point au service
juridique de mon ministère, M. le Président, et je n'ai pas
à m'en excuser.
M. Boulerice: Si je comprends, M. le Président, il n'y
aucun avis juridique écrit lui permettant de s'assurer de la
légalité de l'entente qu'elle a conclue avec l'association des
"majors", un peu à l'exemple triste de la ministre des Affaires sociales
dans un dossier que nous abordions il y a quelques heures.
Mme Bacon: Je pense, M. le Président, que les
communications verbales qui ont eu lieu sont pour moi des actes professionnels
qui ont beaucoup de valeur, et, si on veut s'accrocher à cela pour faire
perdre le temps de la commission parlementaire, M. le Président, je dois
dire que c'est bien pauvre. Les communications verbales qui ont eu lieu sont
aussi importantes qu'une communication écrite et on fait confiance aux
gens qui négocient et aux gens qui sont au ministère pour les
communications qui ont eu lieu entre les deux.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je fais également
confiance aux connaissances et aux compétences des profesionnels. Alors,
est-ce que la ministre pourrait nous dire si l'entente qui a été
conlue est légale? En quoi l'adoption du projet de loi qui nous est
présenté est urgente?
Mme Bacon: L'adoption est une suite de l'entente, M. le
Président, et l'adoption de cette loi termine l'entente.
Mme Blackburn: Je comprends bien, M. le Président, vous
permettez, que l'adoption de la loi est nécessaire pour valider
l'entente; c'est ce qu'on est en train de faire, du "rubber stamp". Ce que je
veux savoir du président, ce que je veux savoir de la ministre, c'est si
l'entente est légale comme le disent les spécialistes du
ministère, et j'ai foi en leurs dires? En quoi l'étude de ce
projet, au moment où on se parle; est-elle si importante pour qu'on
bouscule tous les travaux de la Chambre et qu'on soit en train de
bâillonner certaines commissions pour examiner un tel projet de loi? (16
h 15)
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, je regrette l'attitude de
l'Opposition dans ce dossier. C'est un projet de loi qui a été
déposé en bonne et due forme à l'Assemblée
nationale pour adoption, en respectant les délais que l'on doit
respecter pour le dépôt des projets de loi, et il est
appelé aujourd'hui, comme bien d'autres projets de loi, à
être étudié article par article. On ne bouscule pas les
autres commissions parlementaires. Nous prenons notre place et la culturt a
aussi sa place. C'est la commission parlementaire de la culture. C'est Mme la
députée de Chicoutimi, ce matin, qui disait qu'on faisait bien
peu de cas de la culture, et elle ne voudrait pas qu'on se penche sur
un tel projet de loi aujourd'hui? Il a autant d'importance que les
autres projets de loi discutés.
Mme Blackburn: M. le Président, je suis contente
d'entendre les déclarations de la ministre des Affaires culturelles,
sauf que j'aimerais bien que ses propos soient conséquents avec les
actes qu'elle pose quand il s'agit des coupures à son
ministère.
En fait, ce que je me posais comme question, c'est si le fait que le
projet de loi ne soit pas adopté empêchait cette entente
d'être effective; mais elle l'est de toute façon. Je me disais: II
n'y a pas urgence et, si on veut y accorder tout le temps, il faudra le faire
avec beaucoup de soin. Il ne faudrait pas que le parti ministériel
s'insurge contre le fait qu'on veuille le faire de façon minutieuse.
C'est tout ce que je voulais dire, M. le Président.
Mme Bacon: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, madame. Mme la
ministre.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, je dirai qu'on a fait de
longs discours depuis ce matin pour nous dire qu'il fallait consulter le
milieu, pour nous dire qu'il fallait entendre le milieu; si le milieu savait
que l'Opposition se braque devant un tel projet de loi, je ne pense pas que ces
gens-là seraient très heureux aujourd'hui. Eux-mêmes
approuvent l'entente; eux-mêmes souhaitent que le tout soit
terminé avant la fin de l'année.
Quand un projet de loi est déposé en Chambre, il a quand
même fait la tournée du comité ministériel, du
bureau du Conseil du trésor - s'il y a lieu - du cabinet, du bureau des
lois, du ministère de la Justice et du secrétariat du
Comité de législation. Il a fait les dédales de tous ces
comités pour être validé et déposé par la
suite à l'Assemblée nationale. Ce dossier a fait le même
cheminement et a été accepté par l'ensemble des
comités et de ceux qui devaient se pencher sur ce dossier.
M. le Président, je pense qu'il est nécessaire d'ajouter
ce projet de loi à l'entente. Si on veut empêcher l'entente de
fonctionner et si on veut empêcher les distributeurs
québécois d'avoir leur juste part du marché des films,
continuons comme on est parti depuis le matin. Je dis qu'il est
nécessaire d'adopter ce projet de loi qui modifie de nouveau la Loi sur
le cinéma et il est nécessaire de le faire pour rendre justice au
milieu du cinéma et à nos distributeurs qui pourront avoir
accès à plus de films, donc à un meilleur revenu, et qui
pourront ensuite investir dans la production de films québécois.
C'est tout cela qui est remis en cause par l'Opposition, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée de Chicoutimi, vous aviez une intervention
additionnelle?
Mme Bacon: Y a-t-il deux porte-parole pour la culture chez
vous?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, vous pouvez terminer votre intervention. Je m'excuse...
Mme Blackburn: M. le Président, juste une seconde. La
ministre s'inquiète à savoir s'il y a deux porte-parole. Je ne
m'étonnerais pas, à sa place, qu'il y ait un peu plus de gens que
de son bord qui se préoccupent de la question des affaires
culturelles.
La ministre disait tout à l'heure que le milieu s'insurgerait du
fait qu'on ait des réverves devant l'adoption immédiate et
intégrale du projet de loi qui nous a été
présenté. À un deuxième examen, ils nous proposent
trois amendements à un projet de loi qui contient cinq articles. C'est
dire qu'il avait été assez mal préparé.
Une seconde chose: Si le milieu s'insurge contre l'attitude de
l'Opposition, je ne sais pas comment il va réagir au jugement que porte
la ministre sur la qualité des films québécois.
Mme Bacon: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Je ne laisserai pas passer cela. La
députée de Chicoutimi sait très bien qu'elle dit des
faussetés. Quand j'ai dit que le régime d'éparqne-actions
avait facilité la production de films pornographiques au
Québec... 5i la députée de Chicoutimi aime cela, c'est son
affaire. Je dis qu'on ne doit pas avoir de films pornographiques faits au
Québec. On doit faire du cinéma avec nos producteurs qui sont
capables d'en faire et qui sont capables de réagir avec nous à
cette fiscalité mise devant nous. Et c'est cela que j'ai dit en Chambre,
que cela avait facilité certains films pornographiques. Et c'est vrai,
et je suis contre le fait qu'on ait des films pornographiques faits au
Québec, et je ne suis pas la seule. Il y a des associations qui
travaillent à longueur d'année contre la possibilité
d'avoir une production de films pornographiques au Québec. Si la
députée de Chicoutimi aime les films pornographiques, c'est son
affaire, mais, moi, je suis contre et je dois m'élever contre cela.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...le célibat heureux M. le
Président, cela fait plusieurs fois que la ministre, tout à
l'heure, dans sa présentation nous a parlé d'un financement des
films québécois par les avantages...
Mme Bacon: Attendez, je continue, je n'ai pas fini, M. le
Président.
Le Président (M. Richard}: Je m'excuse, Mme la ministre,
si vous voulez compléter votre réponse, c'est très
bien.
Mme Bacon: Cela fait plusieurs fois que la députée
de Chicoutimi fait des attaques personnelles et, là, elle vient d'en
faire un cas personnel en parlant de mon célibat. M. le
Président...
Une voix: Elle parlait de moi.
Mme Bacon: Non, non. M. le Président, ce n'est pas la
première fois, et elle n'est pas la seule du côté de cette
formation politique à l'avoir mentionné. Je pense, M. le
Président, avoir respecté la vie privée de chacun des
députés de cette Chambre, et je n'accepterai pas, pas plus que je
n'accepterai qu'on se moque de mon nom du côté de l'Opposition
officielle, qu'on parle de mon célibat. Je ne parle pas du
célibat des collègues de la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je ne pensais pas offenser
la ministre...
Mme Bacon: Je suis tout à fait heureuse et bien dans ma
peau, Mme la députée, et je souhaiterais qu'il y ait bien des
gens mariés qui soient aussi bien dans leur peau que je le suis.
Mme Blackburn: M. le Président, la ministre faisait aussi
une attaque personnelle en insinuant que je pouvais aimer les films pornos. Je
ne l'ai pas relevé parce que je trouvais que cela ne méritait pas
d'être relevé.
À présent ce que je voudrais dire, étant
donné que la ministre a fait souvent allusion à la contribution
du REA pour financer des films pornos, peut-elle déposer la liste des
films pornos qui ont été produits avec l'aide des abris fiscaux
du REA? Sinon, ce sont tous les films québécois financés
par le REA qui se trouvent ainsi susceptibles d'être de mauvaises
productions et des productions pornographiques. Je trouve que ce n'est pas un
discours à tenir et, tant qu'à l'avancer, on l'avance
jusqu'à la fin et on dit: Voilà, il y en a eu 10 %, et ce sont
les titres suivants. Sinon, cela fait planer, un peu comme dans le cas des
boubou-macoutes, le discrédit sur toute la production des films
québécois comme on a fait planer le discrédit sur tous les
assistés sociaux.
Mme Bacon: Ceux qui le font planer, M. le Président, ce
n'est pas celle qui vous parle, mais la députée de Chicoutimi, et
ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est pour cette raison qu'il faut
rétablir les faits.
Mme Blackburn: Si la ministre pouvait déposer la liste, ce
serait clair.
Mme Bacon: Je ne m'amuse pas aux films pornos, Mme la
députée.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez, je pense,
que, de part et d'autre, on s'est identifié. Maintenant, je demanderais
au député de Saint-Jacques de continuer son débat sur
l'article 1.
M. Boulerice: M. te Président, je ne comprends pas
l'attitude de la ministre lorsqu'elle dit que l'on s'oppose à l'entente.
Je lui répète que nous assumons le rôle qui est
dévolu à l'Opposition qui est un rôle de questionnement du
gouvernement. Et je ne comprends surtout pas, M. le Président, qu'elle
soit agacée que je lui demande s'il y a un avis juridique écrit
qui lui permet de s'assurer de la légalité de l'entente. Ce que
je cherche dans cette question, et, encore une fois, je ne comprends pas
qu'elle en soit fâchée, je lui suis en relation d'aide, M. le
Président, parce que je ne voudrais pas que cette entente fasse l'objet
de contestations ou de poursuites... Je suis en relation d'aide, c'est de toute
évidence.
Alors, M. le Président, ce sera la dernière fois, je
crois, que je vais dire au député d'Arthabaska qu'il existe des
règles en commission. S'il désire intervenir, il a le droit de
parole, je crois, dans sa formation politique, qu'il vous en adresse la
demande...
M. Gardner: Question de règlement, M. le
Président.
M. Boulerice: ...mais qu'il me laisse continuer, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Gardner: Cela fait quelques fois qu'on m'attaque, et je pense
que je ne perturbe pas l'Assemblée. Je perturbe, peut-être, le
député de Saint-Jacques, mais je ne perturbe pas
l'Assemblée, vous écoutez attentivement et tout le monde peut
écouter le député de Saint-Jacques. On l'écoute
assez attentivement, il me semble, et je ne pense pas perturber
l'Assemblée. On ne cherche que les poux, là.
Le Président (M. Richard): Pour le bon déroulement
de la commission, c'est bien
évident qu'il est préférable que chacun et chacune
portent une attention particulière lorsque quelqu'un s'adresse soit
à un représentant de l'Opposition soit à un
représentant du parti ministériel.
M. Gardner: Les députés de l'Opposition parlent
entre eux et ils ont le droit de le faire; nous aussi.
M. Boulerice: Nous n'apostrophons personne, M. le
Président.
M. Gardner: Avec la perturbation intellectuelle qui se passe
ici!
Le Président (M. Richard): Si vous voulez continuer votre
beau...
M. Boulerice: Vous auriez dû le dire. Commettez-vous,
monsieur.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Si vous le
permettez, je ne connais pas tellement la procédure, mais il y a
sûrement certains mots qui sont antiparlementaires. Il faudrait
peut-être faire attention, s'il vous plaîtl M. le
député de Saint-Jacques, si vous voulez continuer votre
intervention, s'il vous plaît!
M. Boulerice: On est libre, M. le Président, dans le cas
du député d'Arthabaska, de se battre pour ce qu'on apporte.
Le Président (M. Richard): Ne serait-ce que pour
éviter les dégâts, M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît!
M. Boulerice: M. le Président, je vous disais que je ne
comprends pas que la ministre soit agacée quand je lui pose des
questions qui visent à s'assurer que l'entente ne fera pas l'objet de
contestation - je ne comprends pas - et qu'elle dise qu'elle n'a pas d'avis
écrit.
Je reconnais la validité d'une opinion émise verbalement,
sauf que les écrits restent et je ne pense pas que les tribunaux et les
cours de justice interprètent à partir de paroles et de
conversations téléphoniques, mais bien portent des jugements
à partir de textes écrits. La preuve c'est que la ministre ne
nous a pas annoncé et présenté sa loi verbalement. Elle
nous a déposé un texte, parce que ce sont les textes qui ont
force de loi. Donc, nous faisons du mieux que nous pouvons pour lui venir en
aide dans ce projet de loi de façon qu'il ne soit pas, encore une fois
je vous le répète, contesté.
Donc, la ministre me répond-elle qu'elle s'est appuyée sur
l'article 4.3 de la Loi sur le ministère des Affaires culturelles et que
dans ce cas-là elle s'est très bien assurée que la
désignation de toute autre personne signifie personne morale dans le
sens de corporation? Ma question est posée, madame.
Mme Bacon: II y a une chose qu'il faut... Vous avez dit ce matin
que vous aviez eu une copie de l'entente. Il y a un attendu de l'entente qui
dit: Attendu que la ministre des Affaires culturelles s'engage à
présenter à l'Assemblée nationale du Québec des
modifications législatives pour donner effet au présent
protocole. L'entente a été faite de bonne foi entre les "majors"
américains et le gouvernement du Québec, le ministère des
Affaires culturelles. Comme un des attendus fait en sorte que le ministre
signataire s'engage à revenir à l'Assemblée nationale pour
rendre l'entente légale, donc venir présenter un projet de loi,
c'est pour cela que nous avons devant nous le projet de loi 157.
Si l'Opposition est d'accord avec l'entente, il faudrait bien qu'elle
concoure à l'adoption de ce projet de loi 157. Cela fait partie d'une
suite logique à l'entente et c'est inscrit dans un des attendus. C'est
normal qu'on ait devant nous le projet de loi 157 aujourd'hui tel
qu'indiqué dans l'entente signée de bonne foi.
M. Boulerice: M. le Président, si Mme la ministre
dépose des amendements comme elle vient de le faire il y a cinq minutes,
c'est qu'elle donne la preuve que toute loi peut être bonifiée.
C'est exactement ce que nous faisons. Nous voulons nous assurer que l'entente
qu'elle a siqnée ne sera pas attaquable devant les cours de justice au
Québec et que le milieu cinématographique, comme elle le dit,
pourra bénéficier de l'entente le plus rapidement possible. (16 h
30)
Je ne comprends pas pourquoi elle est agacée qu'on aille dans le
même sens qu'elle et qu'on aille même au-delà; s'il y a ries
amendements, c'est qu'il y a des choses qui n'ont pas été
prévues. Nous voulons l'aider à prévoir les choses qui
pourraient arriver. C'est bien entendu qu'il peut arriver, et l'expression est
consacrée, comme on dit en français, un acte de Dieu. Il peut y
avoir n'importe quel cataclysme sur la tête demain, mais, dans le cadre
du passible et de l'immédiat, c'est la relation d'aide qu'on essaie
d'entretenir avec la ministre et elle me répond d'une façon
agacée. Je ne comprends toujours pas. Je veux avoir d'elle l'assurance
que la formulation "toute autre personne", cela signifie bien les corporations,
parce que, quand je lis "toute autre personne"... Je le dis très souvent
à la commission des institutions, où je siège
également, que les lois ne sont pas faites uniquement pour les juges et
les avocats, les lois sont faites pour l'ensemble de la population.
L'expression "toute autre personne", une personne, c'est moi, c'est
Mme la ministre à laquelle je m'adresse et elle me le permettra
si je dis Mme Bacon; si M. le député de Bourget me le permet, je
dis M. Trudel. Par contre, "toute autre personne", c'est la question que je
pose, est-ce que cela signifie corporation? L'entente n'est pas avec M.
Valenti. L'entente est avec Motion Picture Export Association of America. Ce
n'est pas avec une personne que l'entente s'est signée, mais avec une
personne morale, une corporation. Voici l'assurance que je demande à
propos de "toute autre personne". La ministre a-t-elle pris les assurances
nécessaires - le terme est très à propos - de façon
qu'il n'y ait aucun doute pour ce qui est de la portée de "toute autre
personne"?
Mme Bacon: Dans quel article êtes-vous?
M. Boulerice: L'article 4.3 du ministère des Affaires
culturelles.
M. Trudel: D'accord, un instant!
M. Boulerice: Continuez à m'appeler M. le
député.
Mme Bacon: Est-ce qu'on est...
M. Trudel: Si vous vous prenez déjà pour quelqu'un
d'autre, je...
Une voix: Elle est bonne celle-là.
M. Boulerice: Quand on a un miroir en face de soi.
Mme Bacon: Cela n'a rien à voir avec cela. Je ne comprends
pas, M. le Président, la question du député de
Saint-Jacques. Cela n'a rien à voir. Je me réfère à
la page 4 de la loi 157 où on dit: "Malgré l'article 105, un
permis spécial de distributeur peut être délivré
à un membre en règle, le 1er janvier 1987, d'une association de
distributeurs qui a conclu, avant cette date, une entente avec le ministre des
Affaires culturelles..." C'est la suite de l'entente qui était
signée au préalable et qu'on retrouve à l'article 105.1.
On n'est pas dans la loi du ministère des Affaires culturelles en ce
moment, on est dans la Loi sur le cinéma.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Non, mais, M. le Président, je pense que mon
collègue, le député de Taillon, va avoir le goût
d'intervenir là-dessus tantôt. Je sais bien qu'on parle de la Loi
sur le cinéma, mais la ministre peut modifier une loi sur le
cinéma à l'intérieur de la loi qui constitue son
ministère. Elle n'est pas ministre des
Affaires sociales, elle est ministre des Affaires culturelles. Ce que je
lui demande, c'est: est-ce que le projet de loi est en conformité avec
les prévisions contenues dans la loi constituant son ministère
où il y a l'article 4.3 qui dit que la ministre peut signer des
ententes? Il y a une énumération et il y a une appellation
spécifique: "toute autre personne". Donc, ma question est... La ministre
peut, aux fins de l'application de la présente loi et de toute autre loi
dont elle -je féminiserai le terme - est chargée de
l'application: a) conclure, suivant la loi, une entente avec un gouvernement.
Elle n'a pas conclu d'entente avec le qouvernement américain ni avec le
gouvernement d'un des 50 États américains, un ministère ou
un organisme gouvernemental ou toute autre personne. C'est à nouveau ta
question que je lui pose. Mme la ministre, est-ce que vous avez l'assurance que
l'expression "toute autre personne" peut signifier une personne morale de
façon que personne ne vienne contester l'entente et la loi ratifiant
l'entente que vous nous présentez?
Mme Bacon: L'expression "toute autre personne" veut dire toute
autre personne morale. Cela veut dire personne morale ou personne physique.
M. Boulerice: Voilà, j'ai enfin la réponse. Je m'en
estime satisfait. Vous me dites que, oui, vous avez l'assurance que
l'expression "toute autre personne" inclut personne morale. Voilà!
M. le Président, j'aurais une autre question.
Mme Bacon: M. le Président, il faudrait peut-être
ajouter, pour l'information du député de Saint-Jacques, qu'on
parle de membre ici. Ce sont des membres d'une association. On ne parle pas de
personnes dans le projet de loi 157.
M. Boulerice: Mais ces membres ne signent pas à titre
individuel. Pour employer l'expression américaine, en disant M. tout le
monde, on dit John Doe. Ce n'est pas John Doe qui signe, c'est M. John Doe,
président de United Artists, membre de la Motion Picture Export
Association of America. Vous me dites que vous avez l'assurance, madame; je
prends votre parole. Vous me dites que vous avez l'assurance de cela, je prends
votre parole, sauf que je vous répète toujours le fond de mon
argumentation et que je ne voudrais pas qu'on se retrouve d'ici quelques
semaines, quelques mois ou quelques années devant une contestation de
l'entente et de la loi qui la supporte. Dans la mesure où j'ai ces
garanties, vous m'en voyez réjoui parce que c'est un problème.
C'est fort de saison, d'ailleurs, de se réjouir puisque nous approchons
la Noël et je ne
voudrais pas qu'on ait un cadeau qui, malheureusement, devrait
être retourné au manufacturier parce qu'il y a un vice dedans.
Vous comprenez que notre intervention est pertinente. J'ai encore là
l'argumentation...
Une voix: ...
M. Boulerice: Est-ce que vous avez eu une question, M. le
député de Taillon? À ce moment-là, M. le
Président - on en a fait état - j'aimerais savoir sur quel
document, sur quelle étude et surtout sur quelles données la
ministre s'est basée pour affirmer qu'en vertu de l'entente nos
distributeurs auraient droit à un lot supplémentaire de 150
films. Elle a mentionné l'étude de Téléfilm Canada
et s'est mise en opposition avec les données de Téléfilm
Canada. Elle a parlé de coulage, deuxième attaque envers le
fédéral. Pourtant, on nous avait promis que cela irait bien.
L'étude de Téléfilm Canada, qui est à partir d'une
"stimulation"... d'une simulation, plutôt - on a parlé de se
réjouir, donc j'ai dit "stimulation" - une simulation appliquée
à l'entente pour les années 1984 et 1985 qui conclut que nos
distributeurs auraient eu accès à trois films de plus par
année dans une autre langue que l'anglais et de dix films de plus, je
pense, par année pour les films en langue anglaise. Quel document,
quelle étude et quelles données la ministre a-t-elle?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, les représentants des
"majors" américains savent de quoi ils parlent quand ils parlent du
nombre de films qui sont disponibles. Quand ils signent une telle entente,
c'est évident qu'ils l'ont étudiée de tous les
côtés et en profondeur pour savoir dans quel bateau ils
s'engagaient. Si j'ai parlé de coulage, M. le Président, c'est
que le danger d'avoir fait le coulage du dossier Houle Téléfilm,
cela n'a fait qu'aider les "majors" à faire du recrutement de nouveaux
membres puisque cela attirait l'attention des gens de l'industrie du
cinéma sur les difficultés qu'ils auront à faire affaires
au Québec à l'avenir. C'est pour cela que j'ai .dit qu'il y avait
des dangers. Je comprends que c'est de bonne guerre qu'il y ait des gens qui
veuillent essayer de minimiser le déblocage majeur que nous avions
opéré dans le dossier du cinéma, sauf que ces gens devront
porter la responsabilité des gestes qu'ils ont posés. Je pense,
M. le Président, que, si le Parti québécois avait
signé la même entente au moment de l'adoption du projet de loi
109, c'est 50 films de plus que les distributeurs québécois... Et
eux le savent. Voulez-vous consulter les distributeurs? Ils savent qu'ils
auraient pu distribuer au Québec, eux-mêmes, les distributeurs
québécois, 50 films de plus et qu'ils ne les ont pas eus à
leur disposition parce que l'entente n'était pas signée.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je n'ai pas satisfaction... Mme la ministre a fait
état d'une satisfaction sauf que Mme Petrowski, dans son article
où elle soulignait son entrée remarquée à
l'Assemblée - et on ne lui en tient pas rigueur, tout au contraire -
avait communiqué au bureau de Cinépix avec M. Link, qui est le
président, justement, des distributeurs, et le président
était gêné. Il avait commencé par dire que la
question était compliquée. Mme Petrowski avait insisté et
il avait répondu: Disons que les Américains distribuent environ
300 films par année et que la moitié appartiennent aux "majors".
Nous en avons conclu que, maintenant, la moitié, soit 150 films, nous
seraient accessibles. Oui, mais dans les faits... Il a répondu: Dans les
faits, on ne peut pas savoir avant janvier 1987. C'était lancé,
toujours selon Mme Petrowski - je ne conteste pas, loin de là - dans une
explication qu'elle qualifiait de tarabiscotée sur les lois d'un milieu
qui était sans cesse mouvant. Elle avait appris, par exemple, que Rambo
était distribué par Tri-Star, qui était une petite
société indépendante américaine et qui avait fait
sa renommée sans les "majors", sauf qu'on apprend que Tri-Star va faire
partie de la Motion Picture Export Association of America. Donc, ces 150 films,
vraiment, d'où viennent-ils? Je suis bien d'accord qu'on conteste ce que
Téléfilm a fait, sauf que Téléfilm n'a jamais
été quelque chose de reconnu pour être farfelu. Je suis
bien d'accord qu'on le conteste, mais encore pour le contester faut-il avoir
quelque chose qui soit son pendant. Et quelle est cette étude, quel est
ce document. À ce jour, il semble qu'on va d'après des
impressions et, dans une loi comme celle-là, je ne pense pas qu'il
faille aller d'après des impressions. Je vous l'ai dit, je serai heureux
de me réjouir de votre bonheur, mais je ne voudrais pas que ce soit un
bonheur d'occasion.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, on mentionne encore le dossier
de Téléfilm et je dois dire que ce n'est pas que
Téléfilm, c'est l'ancien adjoint de l'ancien ministre des
Affaires culturelles qui a fait le dossier. C'est difficile pour lui de dire
que l'entente est réussie, qu'on a fait un déblocage, lui, qui a
été membre d'un cabinet de ministre et qui n'a pas réussi
à faire ce déblocage, je le comprends, mais c'est difficile de ne
se
baser que sur des faits. Je pense que, lorsqu'on regarde l'ensemble de
ce dossier -encore une fois, ce n'est pas Téléfilm qui l'a fait,
on a donné un contrat à l'ancien adjoint de l'ancien ministre -
c'est normal qu'il soit biaisé parce que ces gens-là, M. le
Président, n'avaient pas réussi le déblocage que nous
avons réussi. Mais, si nous le faisons, c'est pour l'ensemble des
distributeurs québécois. Je pense qu'ils devraient s'en
réjouir eux aussi qu'on ait pu débloquer ce dossier qui
était resté sur les tablettes en décembre 1985 et qui
était allé aussi loin que les journaux nous le rapportaient
à l'époque, parce que je n'ai pas trouvé non plus la
lettre. C'est un autre document qui n'a pas été retrouvé,
la lettre de M. Valenti où on disait qu'il nous menaçait de
boycotter le Québec. On n'a jamais retrouvé cette
lettre-là non plus, M. le Président, dans nos dossiers. Cela a
été envoyé au premier ministre et on a même
demandé à l'ancien premier ministre de nous en donner une copie.
Je dois dire, M. le Président, que les informations que nous donnons
aujourd'hui, nous les détenons de gens qui ont cette
responsabilité et qui ont travaillé avec nous à signer une
entente qui est importante pour les distributeurs du Québec.
Évidemment, il peut y avoir toutes sortes de réactions
à ce que nous faisons et il faut en tenir compte, sauf que, lorsqu'on
voit la satisfaction qu'expriment les distributeurs québécois
d'avoir maintenant une plus large partie du marché, il faut se
réjouir avec eux. Nous avons été capables de leur fournir
ces possibilités-là. Si les Américains ont voulu signer
cette entente et reconnaître la spécificité du
Québec et la situation unique dans laquelle nous nous retrouvons, je
pense qu'on doit aussi comprendre qu'il y a d'autres paliers de gouvernement
qui aimeraient bien en faire autant et qui n'ont pas encore réussi
à signer une telle entente. Au lieu de jeter des pavés dans la
mare, il faudrait peut-être se réjouir ensemble qu'on ait
débloqué un tel dossier. Ce que je souhaite à l'ensemble
des ministères des autres provinces, c'est qu'ils puissent en faire
autant et que l'ensemble des provinces ou que le gouvernement
fédéral obtienne ce genre de garantie pour ses distributeurs,
garantie que nous avons obtenue, et j'ai hâte, M. le Président, de
pouvoir féliciter mon homologue fédéral qui n'a pas
été partie prenante à cette étude. (16 h 45)
J'ai hâte aussi de féliciter mes homologues provinciaux, de
pouvoir réussir, faire de3 gains, comme nous en avons faits, dans la
distribution des films pour nos distributeurs qui va leur apporter davantage
d'argent, de fonds nécessaires. J'espère que cela leur permettra
d'investir à nouveau et davantage dans les films
québécois. Je pense que c'est ce qui sera la situation. Mais,
pour cela, il fallait commencer par régler le dossier de la
distribution; le dossier de la production suivra.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques, il reste deux minutes à votre
intervention.
M. Boulerice: M. le Président, je pense que c'est une
vieille tactique, quand on veut discréditer un message, de tirer sur le
messager. Je ne pense pas que c'est une tare que d'avoir appartenu à un
parti politique. Nous ne l'avons jamais reproché à M. Fox. Mais
de là à dire que l'étude est hiaisée parce qu'elle
a été faite par M. Houle, je pense qu'encore là c'est un
peu chargé. Sauf qu'à l'étude faite par M. Houle, on ne
répond toujours pas à ma question. Sur quel document, sur quelle
étude, sur quelles données la ministre s'est-elle basée?
Encore là, il n'y a personne qui ait donné la réponse.
Même si certaines personnes se réjouissent, je ne comprends pas
l'embarras du président distributeur qui dits Bien, je ne sais pas, on
verra, il va falloir attendre, on ne le sait pas. Pas forcément, a-t-il
répondu. Désolé, Tri-Star s'apprête à entrer
dans te rang des "majors", ce que je vous disais tantôt. Mme Petrowski
lui disait: Et un superhit australien comme Crocodile Dundee - qui est au
festival du film, qui est extraordinaire, qui est d'ailleurs très
amusant sa voix a chuté d'un octave. Les Américains y ont
probablement investi trop d'argent. Alors, l'entente est un compromis
politique. Ce n'est pas la mer à boire, mais c'est mieux que rien.
C'est effectivement ce qu'on essaie de voir à l'intérieur
du projet. Ce n'est peut-être pas la mer à boire, c'est
peut-être mieux, mais je ne voudrais pas que ce soit mieux que rien. Je
voudrais que ce soit véritablement mieux. Je constate qu'il n'y a aucune
étude, aucun document, aucune donnée, selon les réponses
que la ministre nous donne, quand on avance l'hypothèse de 150
films.
M. le Président, le projet de loi 157 parle également de
valeur totale de fonds investis.
Le Président (M. Richard): Je pense, M. le
député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: J'avais terminé sur cette question. J'ai
maintenant une deuxième question.
M. Trudel: Nous sommes toujours à l'amendement
proposé par Mme la ministre.
Le Président (M. Richard): Oui. Nous sommes toujours
à l'amendement proposé, au papillon proposé par Mme la
ministre à l'article 1.
Mme Blackburn: Vous aviez une intervention, M. le
député de Taillon?
M. Filion: Oui, j'en ai quelques-unes. Commençons par
l'amendement déposé par la ministre. Si je comprends bien...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Taillon. Prenez-vous la période de vingt minutes
à laquelle vous avez droit pour discuter de l'amendement
actuellement?
M. Filion: C'est cela.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Si je comprends bien la portée de l'amendement,
vous avez ajouté le fait que le certificat émis par le ministre
doit être émis s'il est démontré à la
satisfaction du ministre que cette demande est justifiée eu égard
à l'importance de l'investissement fait par ce membre dans ce film.
C'est l'ajout.
Mme Blackburn: II vient le remplacer?
M. Filion: C'est cela. Je parle du permis spécial pour les
films européens. Je voudrais d'abord connaître la portée de
l'amendement qui nous est arrivé sur les ailes du papillon
tantôt.
Mme Bacon: Cette définition va contribuer à
dissiper tout doute quant à la portée de l'entente et à
l'application aux membres de l'association visée. C'est cet ajout que
nous mettons pour dissiper les doutes.
M. Filîon: Pardon?
Mme Bacon: L'ajout que nous mettons, c'est pour dissiper les
doutes quant à la portée de l'entente et à son application
aux membres de l'association.
M. Filion: À l'entente au paragraphe 2...
Mme Bacon: Membre en règle. C'est pour cela qu'on met
membre en règle.
M. Filion: À l'article 2 de l'entente, sous-paragrphe II
i, c'est bien cela?
Mme Bacon: La modification proposée a comme objectif de
préciser et de rationaliser le traitement administratif quant à
l'émission d'un permis spécial qui, peut-être dans la
grande majorité des cas, est délivré par la régie
conformément aux conditions de l'entente. Le ministre émet un
certificat de conformité à un membre en vue de l'obtention d'un
permis auprès de la régie dans le seul cas où un membre
n'a pas investi 100 % des coûts de production dans un film tourné
dans une autre langue que l'anglais.
Quant au deuxièmement, l'addition dans l'article 105.1 de
l'alinéa suivant aux fins du présent article, le dernier
paragraphe, cette définition nous a semblé importante, parce
qu'elle dissipe tous les doutes quant à la portée de l'entente et
surtout à son application aux membres de l'association. C'est pour cela
qu'on a mentionné "membre en règle".
M. Filion: J'en suis surtout à la première partie
de l'amendement. Finalement, la première de l'amendement, qui fait
référence au sous-paraqraphe II i de l'article 2 de l'entente,
confère, si l'on veut, un pouvoir discrétionnaire au ministre
d'émission de permis spécial. Ce pouvoir discrétionnaire
s'exprime à l'intérieur de la seule balise qui est la suivante:
s'il est démontré à sa satisfaction que cette demande est
justifiée eu égard à l'importance de l'investissement fait
par ce membre dans ce film.
Êtes-vous disposé Mme la ministre, à
reconnaître avec moi que cette balise, cette limite au pouvoir
discrétionnaire, est tellement large, vaste, floue et imprécise
que cela équivaut à exercer une discrétion à peu
près absolue, étant donné que les termes employés
sont on ne peut plus vagues que ceux que l'on retrouve ici?
Mme Bacon: C'est tout à fait le contraire de ce que dit le
député de Taillon. Dans le premier texte, la loi qui a
été déposée, il était écrit que, dans
tous les cas couverts pour l'entente, le ministre émettait un
certificat, alors qu'avec l'amendement la plupart des cas seront
gérés directement par la régie. Donc, les pouvoirs
discrétionnaires sont drôlement amoindris et c'est la régie
qui aura cette responsabilité maintenant.
M. Filion: Je vous référais à l'entente, je
ne vous référais pas à la loi. Le texte de l'amendement
correspond en tout point à l'entente.
Mme Bacon: Vous parlez de l'amendement. Nous sommes sur
l'amendement.
M. Filion: Oui, je suis d'accord, mais on parle du même
sujet, qui est l'émission du permis spécial.
Mme Bacon: II faut savoir de quoi on parle.
M. Filion: On ne parle que de cela. Depuis le début je
vous pose des questions sur le permis spécial. J'en suis à ce qui
existe dans le texte de loi, mais, de toute
façon, on a l'amendement maintenant et, avec cet amendement qui
reproduit ce qui existe dans l'entente, la seule limite è ce pouvoir
discrétionnaire qui vous appartiendra ou qui appartiendra au ministre
titulaire: s'il est démontrée à sa satisfaction que cette
demande est justifiée eu égard à l'importance de
l'investissement. Il n'y a aucune limite, aucune détermination
réglementaire qui va fixer ce qu'est l'importance de l'investissement.
Il n'y a aucune balise, aucun processus. On est dans le vague le plus absolu
avec l'amendement.
Mme Bacon: On dit, à l'article 2: Un membre pourra
toutefois distribuer au Québec un film tourné dans une langue
autre que l'anglais lorsque le membre aura investi 100 % ou lorsque le ministre
aura demandé à la Régie du cinéma d'émettre
en faveur d'un membre un permis spécial de distribution pour un film et
telle demande est faite à la discrétion de la ministre des
Affaires culturelles s'il est démontré à sa satisfaction
que cette demande est justifiée eu égard à l'importance de
l'investissement fait par ce membre dans ce film. C'est ce que l'on dit
à l'article 2.
M. Filion: C'est cela, on se comprend. C'est à cela que je
fais référence depuis tantôt. À l'article II i,
évidemment, il n'y a pas de problème, c'est lorsqu'il y a un
investissement de 100 %, mais à II i, le champ est tellement vaste. Que
veut dire: cette demande est justifiée eu égard à
l'importance de l'investissement fait par ce membre dans ce film? Est-ce 25 %,
50 %, 75 % qu'il faudrait investir dans le film de Fellini, non pas de Fellini,
mais enfin de n'importe quel auteur étranger autre
qu'américain?
Mme Bacon: Je pense qu'il fallait mettre une garantie de la sorte
ou un tel article. Il y a toujours des cas qui sont imprévisibles. Je
pense qu'il faut s'attendre à cela dans une entente et il fallait
inscrire dans l'entente qu'il pourrait y avoir des cas imprévisibles,
car il faut savoir quoi faire au moment des cas imprévisibles. C'est cet
article qui a été ajouté en prévision des cas qui
ne seraient pas exactement ceux que nous avions prévus à
l'article II i.
M. Filion: Je suis d'accord, mais n'aurait-ll pas lieu de fixer
un minimum, n'y aurait-il pas lieu de se donner un pouvoir
réglementaire. C'est tellement discrétionnaire que cela
n'équivaut à rien. Quand on écrit quelque chose comme
"à la satisfaction du ministre qui examinera l'importance de
l'investissement, un permis sera émis", cela équivaut à
être dans le cirage complet. N'y aurait-il pas lieu de fixer des balises,
notamment réglementaires, ou en tout cas des balises au niveau du
processus?
Mme Bacon: M. le Président, il n'y a pas un ministre qui
va accorder facilement un permis puisqu'il devra déposer à
l'Assemblée nationale l'attestation de ces permis. Cela est
déposé à l'Assemblée nationale. La meilleure balise
qu'on ne peut pas avoir, c'est le dépôt à
l'Assemblée nationale des permis qui seront donnés avec le
pouvoir du ministre, le pouvoir ministériel. Or, il n'y a pas un
ministre qui va donner un permis sans s'être assuré auparavant
qu'il était nécessaire de le donner.
M. Filion: Le dépôt auquel vous faîtes
référence...
M. Trudel: L'article 105.1, dernier paragraphe.
M. Filion: C'est le dépôt de l'entente, ce n'est pas
le dépôt du permis.
Mme Bacon: Lequel? Non, vous l'avez.
M. Filion: Est-ce que je me trompe ou est-ce que
j'interprète mal le dernier alinéa de l'article 105.1?
Mme Bacon: Dans l'article 4 du projet de loi, on dit: "L'article
5 de la Loi sur le ministère des Affaires culturelles est
modifié...
M. Filion: D'accord, c'est l'article 4.
Mme Bacon: ...le rapport doit inclure copie des certificats de
conformité délivrés en vertu de l'article 105.1 de la Loi
sur le cinéma."
M. Filion: D'accord.
Mme Bacon: Ils sont tous déposés à
l'Assemblée nationale.
M. Filion: D'accord. Maintenant, ce seul mécanisme - il
faut juste en être conscient -ce n'est pas la fin du monde... Je ne
trouve pas que c'est épouvantable qu'il y ait certains pouvoirs
discrétionnaires, vous savez. Il peut exister de temps en temps. On le
voit dans d'autres cas et c'est la vie aussi. Si, d'ailleurs, on enlève
toutes les discrétions au gouvernement, qu'est-ce que cela donne d'avoir
un gouvernement? II demeure que le mécanisme de dépôt
à l'Assemblée nationale est un mécanisme d'information,
point. Il n'y a aucun mécanisme de contrôle, ce n'est pas une
balise...
Mme Bacon: La meilleure balise, M. le Président, c'est le
dépôt à l'Assemblée nationale et il n'y a pas un
ministre qui va
accepter de donner un permis qui n'est pas mérité et qu'il
n'est pas non plus important de donner. Je pense que la meilleure balise est de
le déposer à l'Assemblée nationale au vu et au su de
l'ensemble de la population. Je pense qu'il n'y a pas un ministre qui va se
permettre de donner des permis sans qu'il y ait une raison majeure, une raison
sérieuse.
M. Filion: Vous conviendrez avec moi que l'article 4 du projet de
loi - je comprends que nous anticipons, M. le Président, mais en
réalité tout cela se tient - que l'article 4 du projet de loi ne
fixe pas de délai limite pour vous permettre de déposer ces
certificats de conformité. Vous en conviendrez avec moi.
Mme Bacon: II pourrait y avoir un cas par année, et
encore. On n'attend pas beaucoup plus que cela. Vous avez ici: "Le ministre
doit, dans les quinze jours de l'ouverture de chaque session, soumettre
à la législature un rapport détaillé de son
activité et de celle des organismes sous sa juridiction durant la
présente année financière. C'est la loi du
ministère qui nous oblige à le faire. (17 heures)
Une voix: C'est l'article 5.
Mme Bacon: Article 5.
M. Filion: Pardon? La loi du ministère.
Mme Bacon: Comme il y a deux sessions, je pense que le
délai n'est pas tellement long.
M. Filion: Je vais peut-être entamer un autre sujet
ou...
Mme Bacon: On pourrait peut-être dire, M. le
Président, pendant que le député cherche ses feuilles, que
c'est aussi un article qui protège le ministre contre toute tentation de
donner des permis qui ne devraient pas être donnés.
M. Filion: Je vais peut-être y aller sur un autre sujet,
bien que, finalement... Je comprends que la ministre, dans son rapport qui est,
en somme, un rapport annuel... À l'article 5 de la loi du
ministère que vous m'avez lu, c'est le rapport annuel du
ministère. Non? C'est un rapport spécial?
Mme Bacon: Et les autres rapports, tous les organismes.
M. Filion: Il me semble que, dans ce cas-ci, comme c'est un
pouvoir qui est très discrétionnaire, cela devrait
peut-être faire l'objet d'un dépôt particulier à
l'Assemblée nationale puisque c'est là la seule mesure
d'information. Et ce n'est pas une mesure de contrôle, c'est une mesure
d'information. Je pense que nous aurons peut-être l'occasion de revenir
là-dessus. Je voudrais soulever le point suivant dont Mme la ministre a
parlé tantôt dans sa réplique. D'abord, l'entente
prévoit que seuls les membres en règle le 1er janvier 1987 -
c'est cette date qui me chicote particulièrement - de l'association que
vous appelez MPEAA, pourront se voir octroyer un permis spécial de
distribution. Au moment où vous avez signé l'entente avec M.
Valenti, cette association, Motion Picture Export Association of America,
comptait six membres en règle qui sont Colombia, Fox...
Mme Bacon: Neuf membres en règle.
M. Filion: Neuf membres en rèqle? Je vais les nommer. Il
m'en manque peut-être trois, vous pourrez me les dire. Colombia, Fox,
MGM, Paramount, Universal et Warner.
Mme Bacon: II y en a trois autres.
M. Filion: Mais c'est depuis la signature...
Mme Bacon: Walt Disney Product qui a...
M. Filion: Pardon?
Une voix: Au moment de la signature...
Mme Bacon: Walt Disney était dedans. Il y en avait neuf
quand on a signé.
M. Filion: Est-ce que je pourrais avoir les noms des trois?
Mme Bacon: On va vous les donner.
M. Filion: D'accord. Depuis l'annonce de l'entente, trois autres
se sont ajoutés, semble-t-il...
Mme Bacon: Au moment de la signature, il y en avait neuf.
M. Filion: Au total... Mme Bacon: Neuf.
M. Filion: Au total, il y en a neuf actuellement.
Mme Bacon: C'est pour cela que je disais tantôt...
Une voix: Mme la ministre.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, c'est pour cela que je disais
tantôt que ce qui a été fait par Téléfilm, ce
que j'ai appelé le coulage qui a été fait par
Téléfilm - et je le redis encore - ne peut qu'aider les
"majors" à faire du recrutement de nouveaux membres parce qu'on a
attiré à ce moment-là l'attention des producteurs sur les
difficultés qu'ils auront pour faire affaires au Québec à
l'avenir et le danger, c'était cela. C'est que le recrutement s'y
intensifie avant le 1er janvier 1987.
M. Filion: Le problème, Mme la ministre, c'est la date du
1er janvier 1987. Cette date n'a pas été inscrite par des tiers
à l'intérieur de l'entente, elle a été inscrite par
la ministre des Affaires culturelles et par le représentant de
l'association. C'est évident, c'est comme... Je vais vous donner un
exemple. Si, comme représentant d'une association, j'obtiens certains
privilèges d'un gouvernement et que tous les membres qui
adhéreront à mon association avant une certaine date dans
l'avenir, obtiennent ce même privilège... En quelque sorte, on
ouvre les privilèges aux membres de l'association, et cela, encore une
fois, ce n'est pas la faute du coulage, Mme la ministre, c'est la faute, tout
simplement, de l'entente qui prévoit le 1er janvier 1987. En deux mots,
si vous me permettez juste de terminer là-dessus, je ne connais pas
beaucoup de distributeurs aux États-Unis qui, s'ils veulent venir faire
affaires au Québec, n'auraient pas intérêt à se
joindre à la Motion Picture Export Association of America, parce que
c'est tout leur intérêt d'obtenir une partie des droits acquis par
l'association que M. Valenti représentait, en quelque sorte. Pourquoi,
au moment de l'entente, ne pas avoir fixé la date même de
l'entente si l'on voulait véritablement qu'il n'y ait pas d'autres
groupements de distribution, en somme, d'autres groupements
intéressés à faire la même chose? Je pense que vous
saisissez mon point.
Mme Bacon: Je saisis très bien. Je dois dire que les
Américains, M. le Président, nous demandaient une année de
plus. Quand il y a négociation il y a le "give and take" si vous me
permettez l'expression anglaise; et on n'a pas donné. On a dit: 1er
janvier 1987, on nous demandait: 1er janvier 1988.
Il faut dire aussi que, pour faire partie des "majors"
américains, cela coûte 3 000 000 $ US. Ce ne sont pas toutes les
compagnies qui ont envie de donner les 3 000 000 $ US comme "membership" aux
"majors", annuellement. Il n'y a pas foule aux portes pour signer avant le 1er
janvier 1987. Si le député de Taillon, M. le Président, a
bien lu le rapport Houle, il y a vu la liste des neuf sociétés
membres.
M. Filion: Au moment de la signature de l'entente?
Mme Bacon: Oui, elles sont là.
M. Filion: Allez-y donc.
Mme Bacon: Dans le rapport Houle...
M. Filion: Juste pour la comparer avec ce que j'ai.
Mme Bacon: Buena Vista International Inc., Columbia Picture
Industries Inc., De Lorentis Entertainment Group Inc., MGM. U.A. Communications
Company, Orient Pictures Corporation, Paramount Pictures Corporation, Twentieth
Century Fox International Corporation, Universal International Film Inc. et
Warner Brothers International. C'est une division de Warner Brothers Inc. Ce
sont les neuf dans le rapport Houle.
M. Filion: Oui. Alors, vous me dites ceci: Pour être membre
de la MPEAA, cela coûte X millions, etc.
Mme Bacon: 3 000 000 $.
M. Filion: Un des problèmes que vous avez, c'est que vous
n'avez absolument aucun moyen de contrôle sur l'entrée des
groupements à l'intérieur de cette association. L'entente que
vous avez signée ne prévoit à ce chapitre aucune limite et
si, au 1er janvier 1987, on se ramasse avec trois, six ou neuf distributeurs de
plus, vous n'avez là-dessus aucun contrôle. Pourquoi ne pas avoir
fermé la date carrément, comme on le fait habituellement et ne
pas avoir prévu, peut-être, la date du dépôt du
projet de loi ou même, encore mieux, la date de l'entente
elle-même? C'est bien sûr qu'une entente comme celle-là ne
peut que contribuer à élargir l'empire de la MPEAA.
Mme Bacon: On pourrait peut-être citer M. Houle, M. le
Président, qui nous dit à la page 28...
M. FiHon: Vous avez l'air de lui donner raison à bien des
endroits, Mme la ministre. Faites attention.
Mme Bacon: Non, c'est qu'il me donne raison à quelques
endroits aussi.
M. Filion: C'est cela.
Mme Bacon: Peut-être que, si on le citait en disant...
M. Filion: La pomme n'est pas toute pourrie comme je le
pensais.
Mme Bacon: Ainsi, aucune entreprise non québécoise
autre que celles prévues à l'entente ne pourra désormais
exercer d'activités de distribution au Québec. Cela ferme la
porte aux entreprises américaines
qui ne seront pas membres de la MPEAA au 1er janvier 1987 et qui
pourraient atteindre la taille nécessaire pour le devenir au cours des
cinq prochaines années, de même qu'à toute entreprise
européenne. Ce gain préventif leur apparaît important dans
un contexte de développement rapide des distributeurs
indépendants américains qui pourrait conduire à des
fusions ou à des prises de contrôle par de grands groupes
financiers. Il en est de la MPEAA comme de la Ligue nationale de hockey:
l'époque de la ligue de six clubs est définitivement
révolue. De nouveaux "mini-majors" ont fait leur apparition, d'autres
pourraient naître d'ici peu, et ceux-là ne pourront
s'implanter.
Je pense que, si nous avons réussi à fermer le 1er janvier
1987 au lieu du 1er janvier 1988 comme on nous le demandait, on s'est quand
même évité d'autres "majors", d'autres membres.
M. Filion: Je vais garder le restant de mes minutes pour...
Le Président (M. Richard): Cela va. Mme la
députée de Chicoutimi, vous voulez faire votre intervention.
Voulez-vous prendre votre droit jusqu'à un maximum de vingt minutes?
Mme Blackburn: Je vais voir, M. le Président, si vous le
permettez. La ministre nous dit qu'elle met la faute sur Téléfilm
Canada en disant: Étant donné qu'ils ont informé les
distributeurs américains, ils vont vouloir se prévaloir de ce
privilège, de ce droit de distribuer des films au Québec. Je
trouve cela assez surprenant que ce soit tout à coup
Téléfilm Canada qui soit responsable et non pas tout simplement
la ministre, en raison de la date qu'elle a arrêtée pour la
signature de l'entente. Cette signature de l'entente, plutôt que de se
faire à la date de l'entente, qui est faite deux mois plus tard, ou
presque, cette signature me rappelle un autre projet de loi, qui est devenu loi
du gouvernement et qui portait sur les illégaux. Plutôt que
d'arrêter la date de dépôt de la loi sur les illégaux
dans les écoles, on s'est assuré que cela permettrait d'en
adopter un certain nombre d'autres. Je dois dire qu'on s'est assuré que
l'information serait diffusée également puisque, plutôt que
de parler du 30 septembre 1985, on a porté la date au 15 avril 1986, si
ma mémoire est fidèle. Cela a eu les mêmes effets que cela
pourrait avoir avec le projet de loi qu'on a ici, du fait qu'on n'a pas
arrêté la possibilité de faire partie des "majors" au
moment de la date de la signature de l'entente. Il est difficile de croire que
tout à coup le coupable, s'il s'ajoute d'autres producteurs, d'autres
diffuseurs, soit Téléfilm Canada.
À présent, sur les pouvoirs réglementaires, je me
rappelle aussi le discours de ce gouvernement auquel j'ai cru parce qu'il
semblait vouloir se donner une image à tout le moins beaucoup plus
libérale que le gouvernement précédent. Il faisait place
à plus de décentralisation, à plus de responsabilisation
et, dans tous les projets de loi, on retrouve un certain nombre de pouvoirs
réglementaires. Dans la loi 119, c'étaient 18 pouvoirs
réglementaires et il n'y a pas un moment où l'on n'a pas
été saisi d'un projet de loi où le ministre ou la ministre
ne se réservait pas des pouvoirs réglementaires. Qu'est-ce qui
aurait interdit, dans le projet de loi qui nous concerne ici, que l'on examine,
d'indiquer un minimum de balises pour encadrer un peu la décision du
ministre responsable de la loi? Pour une raison simple, au fond. C'est que la
ministre dit que la meilleure protection pour le ministre, c'est vraiment
d'être obligé de déposer les ententes intervenues de
même que la reconnaissance. II y aurait une meilleure reconnaissance, une
meilleure protection si on indiquait, comme le fait l'entente, que cela peut
être une contribution de 50 %. Qu'est-ce qui nous dit qu'un film, par
exemple, de Fellini, s'il est financé à 10 % ou 20 %, ne pourrait
pas être distribué? Il n'y a aucune balise, aucun critère.
Qu'est-ce qui empêcherait qu'on l'indique dans le projet de loi? C'est ma
question au ministre.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Je pense qu'on avait en tête aussi que, quand il
y a une participation québécoise, il est difficile de
définir et de mettre des chiffres, si on veut permettre une
participation québécoise. Je vais revenir au texte, encore une
fois, - si cela peut rassurer les gens de l'Opposition - où on parlait
de la croissance de l'activité des entreprises américaines au
Canada et au Québec. On dit: Depuis l'adoption de la Loi sur le
cinéma - c'est toujours M. Houle -deux nouveaux "mini-majors" se sont
implantés au Québec, Buena Vista, qui est Disney, et Orient
Cinéplex Odéon, la principale chaîne d'exploitation au
Canada est passée sous contrôle indirect de MCA Universal et a
acheté France Film, le seul réseau majeur d'exploitation du
Québec qui était la propriété
québécoise. À la faveur de la rivalité grandissante
entre Famous Players et Cinéplex Odéon, Paramount s'est
assuré les droits canadiens de distribution des films de De Lorentis
Entertainment Group et d'Atlantic Releasing jusqu'alors distribués au
Canada et au Québec par des entreprises canadiennes et
québécoises. Dans le secteur de la distribution vidéo,
plusieurs entreprises étrangères se sont implantées au
cours des dernières années. Autrement dit - et c'est toujours le
texte - pendant que les gouverne-
ments tergiversaient, les entreprises américaines resserraient
leur emprise sur le marché canadien et québécois de
distribution de films et de vidéos et d'exploitation
cinématographique, ce qui, d'une part, incitait la MPEAA à
être plus confiante et plus exigente qu'au moment de l'entente
Fournier-Roth et, selon la même logique toutefois, protéger
prioritairement l'intérêt de ses membres implantés au
Canada. Il s'avère simplement que ses membres sont aujourd'hui plus
actifs et plus nombreux qu'il y a trois ans. Cela fait partie aussi du rapport
Houle. Je ne pense que la date du 1er janvier 1987 change beaucoup le
"membership" des "majors" en ce moment.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques. (17 h 15)
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que Mme la ministre
pourrait m'indiquer combien de compagnies ont adhéré à
l'entente - le nombre exact - depuis le 22 octobre?
Mme Bacon: On va avoir cela le 1er janvier 1987.
M. Boulerice: Vous n'êtes pas informée?
Mme Bacon: Cela prend effet le 1er janvier 1987 et cela sera
déposé à la régie le 1er janvier 1987.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui va arriver dans le cas d'une
société comme Tri-Star? Qu'est-ce qui va arriver avec eux?
Mme Bacon: S'ils prennent le même marché de 3 000
000 $ US pour l'année, s'ils l'ont pris depuis le mois d'octobre
jusqu'au 1er janvier 1987, ils seront membres. Mais c'est un cas, Est-ce qu'ils
l'ont fait? On le verra le 1er janvier 1987. La liste complète sera
déposée.
M. Boulerice: Vous dites que c'est un cas. Je suis bien d'accord
que c'est peut-être un cas, sauf qu'on s'aperçoit que, depuis le
22 octobre, cela ne semble quand même pas énormément
difficile de faire des cas pour ce qui est de l'entente. Vous ne pouvez pas me
préciser le chiffre, mais comparé au nombre initial, il y en a
déjà qui se sont ajoutées.
Mme Bacon: C'est vous qui le dites.
M. Boulerice: Bien, c'est vous qui le dites!
Téléfilm le dit. Il y en a d'autres. Il y a New World, je crois,
c'est cela, puis Atlantic Releasing.
Mme Bacon: Non, les neuf compagnies qui sont indiquées
étaient là à ta signature de l'entente en octobre. Il y en
avait neuf.
M. Boulerice: II y en avait neuf en octobre?
Mme Bacon: II y en avait neuf.
Une voix: Cela fait trois fois qu'on le dit.
Mme Bacon: J'en ai donné lecture tantôt. Il y en
avait neuf à la signature de l'entente. Ce ne sont pas des compagnies
qui se sont ajoutées depuis. Elles étaient là lors de la
signature de l'entente.
M. Boulerice: Mais quand même, vous dites qu'ils vous
donnent quelquefois raison et que la pomme n'est pas si pourrie que cela, comme
disait mon collègue de Taillon. L'étude de
Téléfilm... Après le dépôt du projet de loi
s'ajouteront vraisemblablement Tri-Star, New World et Atlantic Releasing qui
cherchent à obtenir leur adhésion d'ici le 1er janvier 1987 et
qui ont de bonnes chances de l'obtenir selon M. Valenti qui est quand
même l'autorité dans ce domaine.
Mme Bacon: II peut y en avoir une ou deux, pas plus, selon M.
Valenti. ■
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, je
reviendrais au droit de, parole de Mme la députée de Chicoutimi,
s'il vous plaît! Je donne un peu de latitude. Il n'y a aucun
problème technique.
Mme Blackburn: Si on n'utilise pas entièrement son temps
de façon continue, on peut laisser la parole aux collègues.
Le Président (M. Richard): Oui, sûrement. En fait,
ce qui se produit au niveau de l'article 245, c'est que vous avez, en fait, sur
chaque article, lorsque nous sommes à l'étude article par article
comme c'est le cas actuellement, un maximum de vinqt minutes que vous avez le
droit d'utiliser d'une seule pièce ou en plusieurs interventions.
Mme Blackburn: Mes collègues, ont terminé leurs
vingt minutes?
Le Président (M. Richard): Oui. En pratique, si on voulait
être terre à terre, en ce qui concerne le député de
Taillon et le député de Saint-Jacques, leurs vinqt minutes
auraient même été un peu dépassées. Il
resterait à vous, Mme la députée de Chicoutimi, à
terminer vos vingt minutes.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, j'ai posé une
question è la ministre de façon très claire et je n'ai pas
eu de réponse. La
ministre peut-elle nous dire si elle estime que le dépôt du
rapport, c'est une garantie ou une assurance pour le ministre? Pourquoi
n'indique-t-elle pas, dans l'amendement qui nous est proposé ici, ce que
serait un minimum ou un maximum? Un maximum, on peut dire que c'est 100 %, mais
à tout le moins, il y aurait un minimum de contribution pour qu'on
puisse émettre un certificat. Pourquoi n'ajoute-t-on pas cette garantie?
Elle dit: Il est difficile d'évaluer la participation des
Québécois aux films. Il ne doit pas être plus difficile
d'évaluer la participation des Québécois à la
production d'un film que la participation des Américains à la
production d'un film.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: On essaie de prévoir l'imprévisible,
mais c'est difficile de prévoir l'imprévisible. On essaie de tout
couvrir dans cette entente avec chacun des articles de l'entente. C'est un peu
cela.
Mme Blackburn: Si vous me dîtes qu'on est en train
d'essayer de prévoir l'imprévisible, quelles seront les
règles que vous allez vous donner pour le reconnaître ou non?
Aujourd'hui, au moment où on se parle, vous êtes responsable de
l'application de cette loi. Cela vous donne un pouvoir discrétionnaire
alors que vous ne savez pas ce que cela peut vouloir représenter. Il me
semble qu'il serait important qu'on ait un certain nombre de balises
là-dessus.
Mme Bacon: Je pense que le pouvoir discrétionnaire du
ministre va être utilisé dans des cas très rares, M. le
Président. La meilleure balise, encore une fois, c'est le
dépôt de l'acceptation du ministre. Je pense que le
dépôt en Chambre, à l'Assemblée nationale, est la
meilleure balise qu'on puisse se donner pour utiliser le meilleur jugement
possible dans l'octroi de ces dossiers.
Mme Blackburn: Le dépôt en Chambre pourrait à
la limite être fait quasiment douze mois après la signature de
l'entente et l'émission du certificat. Le moindrement que vous
déposez votre rapport, je ne sais pas, à l'ouverture de la
session en mars, c'est probablement plutôt à la fin de la session
en juin, c'est généralement cela... Si vous signez une entente en
juillet, cela veut dire que l'on prendra connaissance ou le milieu sera en
mesure de prendre connaissance...
Mme Bacon: Je pense qu'on dit à la session suivante.
Mme Blackburn: ...de l'entente environ onze mois
après.
Mme Bacon: Je pense qu'on dit à la session suivante, ou au
début de la session suivante. L'article 5...
Mme Blackburn: C'est une fois par année. Je n'ai jamais vu
beaucoup de rapports d'organismes qui étaient déposés deux
fois par année.
Mme Bacon: ...de la loi du ministère nous dit: La session
ou la législation suivante ou quelque chose comme cela.
Mme Blackburn: Oui, mais c'est une fois par année. Je ne
connais pas de ministère qui dépose deux rapports annuellement.
On parle d'ailleurs d'un rapport annuel.
Mme Bacon: La ministre doit, dans les quinze jours de l'ouverture
de chaque session - il y en a deux par année - soumettre a la
Législature un rapport détaiilé de son
activité.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Bacon: Cela fait partie de cela.
Mme Blackburn: Donc, cela pourrait être....
Mme Bacon: À chaque session. S'il y a un dossier qui est
signé au mois de juillet, cela veut dire qu'à la session
d'octobre il est déposé.
Mme Blackburn: D'accord.
Mme Bacon: II y a aussi entre-temps -si les gens veulent le
vérifier - les permis qui sont émis par la régie, puisque
c'est la régie qui va émettre les permis, qui sont publics. Ce
n'est pas caché, cela. La régie peut rendre publics les permis
qu'elle émet entre-temps.
Mme Blackburn: Je voudrais savoir si le rapport dont on parle
à l'article 5 malheureusement je n'ai pas copie de la loi -est le
rapport annuel ou un rapport distinct. L'interprétation, M. le
Président...
Mme Bacon: Ce n'est pas le rapport annuel. C'est un rapport
distinct de la ministre.
Mme Blackburn: Si je lis bien, c'est: "Le ministre doit dans les
quinze jours de l'ouverture de chaque session soumettre à la
Législature un rapport détaillé de son activité et
de celle des organismes sous sa juridiction durant la précédente
année financière."
Mme Bacon: Quand un dossier va être émis à la
Législature suivante il sera public.
Entre-temps il est public par le biais de la régie. Les dossiers
de la régie sont publics. C'est la régie qui va émettre le
permis.
Mme Blackburn: Je veux bien relire l'article et si la ministre le
fait vous allez voir que ce n'est pas aussi clair que cela. D'une part, est-ce
qu'il s'agit d'un rapport spécifique?
Mme Bacon: Le projet de loi vient confirmer cela ici quand on
dit: "L'article 5 de la Loi sur le ministère des Affaires culturelles
est modifié par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant:
"Le rapport doit inclure copie des certificats de conformité
délivrés en vertu de l'article 105.1 de la Loi sur le
cinéma."
Mme Blackburn: Lorsque je lis l'article ici, c'est: "...et de
celle des organismes sous sa juridiction durant la précédente
année financière." Les organismes sous sa juridiction doivent
déposer un rapport annuel et non pas deux. Est-ce que la régie
est obligée de déposer deux rapports annuellement? C'est toujours
le même article: ...et celle des organismes.
Mme Bacon: À l'heure actuelle, c'est non. Mais
l'amendement que je propose va prévoir deux fois.
Mme Blackburn: Pourriez-vous m'expliquer comment il va
prévoir deux fois?
Mme Bacon: On prévoit: "Le rapport doit inclure copie des
certificats de conformité délivrés en vertu de l'article
105.1 de la Loi sur le cinéma." Vous retrouvez 105.1 ici, de la Loi sur
le cinéma. Ils seront déposés à chacune des
sessions.
Mme Blackburn: Dans le même article 5 de la Loi sur le
ministère des Affaires culturelles, il est indiqué: et celle des
organismes sous sa juridiction durant la précédente année
financière. Est-ce que la régie dépose un ou deux rapports
annuellement?
Mme Bacon: Un rapport annuel.
Mme Blackburn: Bien. C'est ce que je voulais signifier. C'est une
activité qui apparaît au rapport de ces organismes. Donc, c'est
une fois par année, non pas deux. Est-ce que je me trompe?
Mme Bacon: Non, c'est à chaque Législature. Cela
peut être quatre ans, une Législature aussi. Une session, c'est
une partie de la Législature, mais cela peut être quatre ans. Une
Législature peut comprendre deux sessions.
Mme Blackburn: Donc, c'est encore plus important, ce qu'on veut
dire ici. Cela pourrait être une fois 24 mois écoulés, si
j'ai compris.
Mme Bacon: Bien non. C'est le rapport annuel.
Mme Blackburn: Donc, cela n'est plus deux fois par année.
C'est un rapport annuel. C'est le minimum. C'est cela qu'on reconnaît
ici? Est-ce qu'on entend bien la même chose? C'est cela qui est
important.
Mme Bacon: ...
Mme Blackburn: Moi non plus, parce que je relis l'article. Vous
avez des gens qui doivent avoir une certaine connaissance pour pouvoir
interpréter cet article. Mais je ne suis pas certaine que tel que
libellé, il nous permette de dire ce que la ministre vient de dire.
Mme Bacon: Le rapport d'activités, c'est une année;
ce n'est pas deux ans.
Mme Blackburn: Bon.
Mme Bacon: Le rapport annuel, c'est une année. Ce n'est
pas un mandat complet d'un gouvernement,
Mme Blackburn: À chaque session? Les sessions qui ne sont
pas abrogées peuvent durer quatre ans, comme la ministre vient de nou3
le dire.
Mme Bacon: Depuis que nous sommes là, nous avons
déposé tous nos rapports annuels.
Mme Blackburn: Bien. Ce que je voudrais bien savoir...
Mme Bacon: Ils sont déposés. On a
déjà attendu plusieurs années sous l'ancien
gouvernement.
Mme Blackburn: D'accord. Très bien, M. le
Président. La vieille "toune". Ce n'est pas grave, un jour, ils vont
diriger. Mais, de toute façon, ce que je veux savoir ici, contrairement
à ce que disait tout à l'heure la ministre, c'est qu'il pourrait
s'écouler onze mois avant qu'on prenne connaissance du certificat qui a
été émis, puisque...
Mme Bacon: Vous n'avez qu'à interroger la régie;
les gestes de la régie sont publics.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Bacon: C'est la régie qui émet le certificat et
vous n'avez qu'à demander à la régie. La réqie
émet ses certificats et les
gestes qu'elle pose sont tous publics.
Mme Blackburn: Oui, très bien; c'est ce que j'entends,
sauf que, contrairement à ce que la ministre nous disait tout à
l'heure, il pourrait s'écouler onze mois avant que la régie, dans
son rapport annuel, ne rende publiques ses décisions. C'est simplement
cela que je voulais dire. Est-ce que c'est juste? Tout à l'heure, la
ministre disait deux fois par année.
Mme Bacon; Mais, M. le Président, si cela peut rassurer
l'Opposition, on peut le déposer à chaque fois qu'il y en a un
qui est émis. Il y en a tellement peu qui sont émis qu'on peut
les déposer à chaque fois.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut introduire cela dans la loi?
M. Filion: C'est ce que je suggérais tantôt.
Mme Blackburn: Est-ce que la ministre accepterait un amendement
allant en ce sens?
Mme Bacon: ...qu'on pourrait insérer à...?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. En fait,
c'est...
Mme Bacon: Est-ce que vous en avez un de prêt?
Une voix: Oui, on en a un de prêt.
M. Boulerice: On travaille bien; alors, je proposerais,. M. le
Président, un sous-amendement, en ajout à l'article 1,
après...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, si vous permettez
un tout petit moment d'attention. Un sous-amendement est proposé et
serait libellé comme...
M. Boulerice: En ajout: "Une copie de chaque permis
spécial de distribution accordé à un membre de
l'association, visée par l'entente, par le ministre des Affaires
culturelles pour un film tourné dans une autre langue que l'anglais
devra être déposée à l'Assemblée nationale
dans les quinze jours suivant son émission par le ministre des Affaires
culturelles par le titulaire des Affaires culturelles.. Si ce permis
spécial de distribution est émis . alors que l'Assemblée
nationale ne siège pas, une copie de ce permis doit être
déposée devant elle dans les quinze jours suivant l'ouverture de
la session suivante ou de la reprise de ses travaux selon le cas". Ceci nous
permet d'apporter des correctifs à la situation que déploraient
mes collègues de Chicoutimi et de Taillon.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Mme la ministre,
vous mentionnez qu'il y aurait une possibilité d'accéder à
la demande d'une façon plus...
Mme Bacon: On peut y aller plus simplement que cela.
Le Président (M. Richard): De quelle façon, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Je n'ai pas devant moi ce qu'on vient de lire, mais je
trouvais que cela avait l'air lourd. On peut regarder ici, à l'article
5...
Une voix: Avez-vous des copies pour qu'on puisse
travailler...
M. Boulerice: Sauf que vous parlez souvent, M. le
Président...
Mme Bacon: On vous a donné les copies de nos amendements.
On pourrait peut-être avoir une copie des vôtres.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Si vous le
permettez, nous allons suspendre une couple de minutes, le temps d'obtenir les
copies de l'amendement proposé par les représentants de
l'Opposition.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 17 h 32)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous recommençons nos travaux. Mme la ministre.
Mme Bacon: Oui, j'aurais peut-être une possibilité
de satisfaire l'Opposition.
Une voix: ...
Mme Bacon: Et c'est tout un contratl
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Bacon: À l'article 105.1...
Une voix: Doutez-vous de vos capacités, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Oh non!
Une voix: ...comblée par un célibat heureux.
Mme Bacon: Faites attention à ce que vous dites.
Mme Blackburn: Ce ne sera pas des personnalités dans votre
cas, juste dans le
mien.
Mme Bacon: Quand on choisit son état de vie, on est
très heureux.
Une voix: Pardon?
Mme Bacon: Quand on choisit son état de vie, on est
très heureux.
Mme Blackburn: ...obligé d'être marié.
Mme Bacon: À l'article 105.1, M. le Président, an
dit: Le ministre doit déposer devant l'Assemblée nationale une
copie de l'entente dans la loi 157. Avez-vous l'article 105.1 devant vous?
Alors, à cela j'ajouterais: "II doit également produire une copie
des certificats de conformité émis en vertu du deuxième
alinéa, dans les trente jours de leur émission si
l'Assemblée nationale est en session ou, si elle ne siège pas,
dans les trente jours de la session suivante ou, suivant le cas, de la reprise
de ses travaux."
Alors, je pense qu'avec cela c'est moins compliqué. Et cela va
avec...
M. Trudel: C'est de rigueur dans la plupart des lois si le
délai passe de quinze à trente jours.
Une voix: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on s'entend pour les
quinze jours de différence de façon à faire un consensus?
Je m'excuse; là, on oublie l'écriture, on reviendra après,
il faut d'abord s'entendre sur l'idée générale et
après cela...
M. Trudel: Je pense que le texte soumis par Mme la ministre est
littéralement de rigueur, c'est le texte qu'on retrouve dans la plupart
des lois qui...
Mme Blackburn: À l'exception que c'est
généralement quinze jours. Généralement, je pense
que tout ce genre de libellé, c'est...
Mme Bacon: Non, il y en a pour lesquels c'est trente jours; la
plupart c'est trente jours.
Une voix: Bien oui.
Mme Blackburn: C'est quinze jours. Pour avoir examiné
plusieurs projets de loi, c'est quinze jours.
Mme Bacon: Le principe est le. Le principe du dépôt,
je pense, est intégral.
M. Boulerice: Je suis heureux que quant au fond Mme la ministre
donne raison à l'Opposition qui est loyale à la culture. Moi,
j'aurais effectivement prévu quinze jours mais, si elle ne veut pas
accorder les quinze jours et qu'elle préfère trente jours,
à ce moment-là on va accepter.
Le Président (M. Richard): C'est donc dire que nous n'en
sommes pas à quinze jours près.
M. Boulerice: Cela dépend pourquoi, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): II semble que l'on fasse un
accord de part et d'autre pour des raisons techniques. Mme la
secrétaire, peut-on produire le libellé de cet amendement fort
heureux?
M. Trudel: M. le Président, comprend-on que le
député de Saint-Jacques va retirer son amendement au profit de
l'amendement présenté par Mme la ministre de façon que
l'on ne s'enferre pas dans une procédure d'amendements en
sous-amendements?
Le Président (M. Richard): Pour éviter de la
paperasse et si vous êtes d'accord est-ce qu'on s'entend sur l'amendement
actuellement suggéré?
Mme Blackburn: Ou encore qu'il fasse sien l'amendement de la
ministre.
M. Bouierice: ...fasse sien l'amendement rie la ministre.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous êtes
d'accord, Mme la ministre?
Mme Bacon: Je suis prête à partager, M. le
Président.
M. Boulerice: Puis-je avoir un dépôt
écrit?
Le Président (M. Richard): Merci de votre grand coeur, Mme
la ministre. Donc, M. le député de Saint-Jacques, cet amendement
qui est l'opinion des deux côtés devient votre amendement.
Maintenant on va essayer d'en faire la rédaction et on vous en fera
à nouveau la lecture.
M. Bouierice: Elle ne veut vraiment pas? Écoutez, on est
à l'époque des fêtes. Quinze jours.
M. Trudel: ...si on a bien compris, M. le Président.
M. Bouierice: Quinze jours...
Le Président (M. Richard): C'est de part et d'autre et
c'est à...
M. Trudel: On est à l'époque des fêtes: 30
jours.
M. Boulerice: Quinze jours. C'est quand même un
délai suffisant quand on connaît les ressources de la Régie
du cinéma.
Mme Bacon: Ah non, il faut au moins 30 jours.
Une voix: Soyons réaliste, M. le député.
C'est parce que vous voulez gagner ce point, n'est-ce pas?
M. Boulerice: Pardon? Non, non, il n'en est pas question. Ce
n'est pas "Lance et compte."
Mme Pelchat: Trente jours, les délais normaux. On a
l'impression d'y assister, M. le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Richard): J'avais cru comprendre, M. le
député de Saint-Jacques, que vous aviez glissé
jusqu'à 30 jours.
M. Boulerice: Je le sais bien, mais j'ai fait...
Mme Pelchat: C'est son recherchiste qui ne veut pas. Oui, je le
sais.
M. Boulerice: La députée de Vachon va sans doute me
laisser le plaisir de vous répondre, M. le Président. Je ne me
chicanerai pas pour quinze jours.
Le Président (M. Richard): En cette période de
Noël.
M. Boulerice: Il y aura bien d'autres quinze jours dans notre vie
parlementaire. Alors, on va...
Mme Bacon: Cela peut être une vie, quinze jours.
M. Boulerice: Cela peut être une vie, quinze jours, et on
ne sera pas à la recherche du temps perdu. Alors, on y va pour trente
jours.
Le Président (M. Richard): Ce ne sera pas tellement long,
on va seulement compléter la construction de l'amendement, du moins on
va en faire l'essai.
M. Audet: ...projet de loi à ce moment-ci.
Le Président (M. Richard): J'ai seulement une question
à poser. S'il n'y a pa3 d'autre amendement à l'article 1, est-ce
que l'on pourrait prétendre que l'article 1, avec l'amendement, serait
adopté comme tel?
Mme Bacon: À ce moment-là il faudrait
peut-être regarder l'article 4. Cela annule l'article 4. Est-ce qu'on
s'entend pour annuler l'article 4?
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on peut régler
les deux en même temps? Si cela annule l'article 4, n'y perdons pas de
temps. Est-ce qu'on l'annule?
Mme Bacon: Oui. Il faut le faire, parce que ce serait de
la redondance.
M. Boulerice: Concordance, je veux dire que c'est le frère
aîné de pertinence!
Mme Bacon: II faut enlever l'article 4.
M. Trudel: L'article 4 est retiré du projet de loi.
Le Président (M. Richard): Alors, il faudrait
prétendre que l'article 4 aussi est retiré?
Mme Bacon: Non, non...
M. Trudel: II faudrait en faire une proposition, M. le
Président,
Le Président (M. Richard): Moi, je ne peux pas en faire
une proposition.
M. Trudel: Je le fais avec grand plaisir, étant
donné que j'en fais rarement à cette commission, étant le
président.
Le Président (M. Richard): II est donc proposé par
le député de Bourget de retirer l'article 4.
M. Trudel: Cela se fait automatiquement dans le rapport de la
régie. On en a parlé tantôt. Il faut donner le moins
possible aux avocats des occasions de mettre les articles en contradiction les
uns avec les autres, de façon à être obligé
d'attendre le jugement de la Cour d'appel ou de la Cour supérieure.
M. Boulerice: ...Daumier sur les plaideurs.
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez, M. le
député de Bourget, on va seulement adapter l'article 1,
l'amendement, et on revient...
M. Trudel: Je suis très permissif, M. le Président.
Je permets tout.
Le Président (M. Richard): Cela ne me dérangerait
pas personnellement, mais la demoiselle trouve que c'est compliqué un
peu d'aller à l'article 4 avant de régler l'article 1. À
un moment donné le fonctionnarisme cela devient compliqué.
Mme Blackburn: Avant d'accepter un nouvel amendement, encore
faut-il disposer du précédent.
M. Godin: M. le Président, voulez-vous ajouter mon nom sur
la liste d'attente?
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Une voix: Pour les amendements? Le Président (M.
Richard): Pardon?
M. Trudel: Quinze jours, M. le député de
Mercier.
M. Godin: Quinze jours, trente jours.
Mme Blackburn: Vous pouvez mettre mon nom sur la liste
d'attente.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Mercier, vous êtes effectivement sur la liste d'attente. Vous
n'êtes pas sur une voie de garage. Ce ne sera pas tellement long. On va
seulement terminer cette...
M. Boulerice: ...il y a une longue file d'attente souvent.
Mme Bacon: ...en commission parlementaire?
Le Président (M. Richard): Oui, Mme la ministre.
Maintenant, si vous permettez on va faire la lecture d'abord de
l'amendement à l'article 1 que Mme la ministre avait proposé et
de l'ajout qu'on doit faire à l'article 105.1 de l'alinéa
suivant. L'article 1 du projet de loi est modifié: 1° par le
remplacement, à l'article 105.1, du deuxième alinéa par le
suivant: "Ce permis est délivré par la régie,
conformément à la loi et suivant les conditions établies
dans cette entente. Toutefois, dans le cas d'un film tourné dans une
langue autre que l'anglais et à l'égard duquel un membre n'a pas
investi 100 % des coûts de production, le permis ne peut être
délivré à moins que ce membre ne produise un certificat
émis par le ministre selon la formule prévue à l'annexe I.
Le ministre émet un tel certificat en faveur d'un membre s'il est
démontré à sa satisfaction que cette demande est
justifiée eu égard à l'importance de l'investissement fait
par ce membre dans ce film." 2° par l'addition, à l'article 105.1,
de l'alinéa suivant: "Aux fins du présent article, l'expression
"membre en règle" a le sens que lui confère l'entente
visée au prmier alinéa." 3° par l'addition, à
l'article 105.1, de l'alinéa suivant; "II doit également produire
une copie des certificats de conformité émis en vertu du
deuxième alinéa, dans les trente jours de leur émission si
l'Assemblée nationale est en session ou, si elle ne siège pas,
dans les trente jours de la session suivante ou, suivant le cas, de la reprise
de ses travaux."
M. Trudel: M. le Président, sur une question strictement
du point de vue technique. Est-ce qu'on ne doit pas comprendre que vous ajoutez
au troisième alinéa, après "le ministre doit
déposer devant", etc.. On enlève les guillemets et on ajoute "il
doit", etc. Est-ce cela?
Le Président (M. Richard): C'est immédiatement au
troisième alinéa.
Une voix: C'est cela.
M. Trudel: Donc, on n'ajoute pas de...
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela va? Est-ce que
cela vous convient?
M. Trudel: Cela va.
Le Président (M. Richard): Maintenant, est-ce qu'on
pourrait voter immédiatement sur l'amendement? Cela va, d'ailleurs tout
le monde est d'accord, si j'ai bien compris, c'est même exceptionnel.
M. Boulerice: L'Opposition fait tout en son pouvoir pour
provoquer l'unanimité dans cette Assemblée, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci. Je ne demandais pas
nécessairement d'intervention. Tout le monde est d'accord. L'amendement
est donc adopté. À ce moment, c'est donc dire que tout l'article
1 est adopté.
M. Boulerice: M. le Président, je pense qu'il est quand
même un peu trop tôt pour adopter l'article 1. Il y a d'autres
questions que, personnellement, j'aimerais poser à Mme la ministre.
Le Président (M. Richard): C'est l'amendement qui est
adopté.
M. Boulerice: C'est l'amendement qui est adopté. Quant
à l'article 1, nous y reviendrons.
J'ai des questions à poser, mais je vous demandrais
peut-être, au préalable, de reconnaître mon collègue
le député de Mercier.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, merci. C'est sur le permis
spécial que la ministre peut accorder à un film. Est-ce qu'un
organisme qui l'entoure va la conseiller pour déterminer quels sont les
films qui ont besoin d'un tel permis? Je sais que quelques ministres
déjà... Je me souviens, à l'Immigration, il y avait un tel
pouvoir de dérogation et il y en avait un à Ottawa aussi au
même ministère. Dans le cas du fédéral, de tels
permis sont soumis au Conseil des ministres et la liste est publiée
périodiquement selon les personnes auxquelles un permis a
été accordé par le ministre en dérogation de la
loi. Dans le cas en question, l'avis du Conseil des ministres est donné.
(17 h 45)
Dans les cas des films, est-ce qu'il y a un organisme qui entoure la
ministre qui sera consulté par elle ou si c'est sur le rapport de ses
propres fonctionnaires du ministère, dans son esprit?
Mme Bacon: Le député de Mercier doit savoir qu'il
existe un organisme consultatif qui est l'Institut québécois du
cinéma...
M. Godin: Cela répond à ma question.
Mme Bacon: ...qui doit être consulté quand le
ministre a des interrogations et quand le ministre le juge à propos. Je
pense que dans ce cas c'est une instance qui peut être
consultée.
M. Godin: Donc, ce sera l'Institut québécois du
cinéma.
Mme Bacon: Cela pourrait être l'Institut
québécois du cinéma.
M. Godin: Est-ce que ce sera cet organisme, oui ou non?
Mme Bacon: Cela pourrait être les fonctionnaires du
ministère, comme cela pourrait être l'institut.
M. Godin: D'accord. Mme Bacon: II a le choix.
M. Godin: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Mercier. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, au sujet de la valeur
totale des fonds investis, je pense que cela a de l'importance dans le projet
de loi que la ministre nous soumet. Si on tient compte des seules fins de
publication, de publicité et de promotion, les "majors" investissent de
3 000 000 $ à 10 000 000 $ US pour la sortie nord-américaine d'un
fiim dont ils assurent la distribution. Est-ce que la ministre ne croit pas que
les conditions qui permettent aux "majors" de distribuer des films en anglais
au Québec, soit, au choix, 50 % de la valeur totale des fonds investis
ou 4 500 000 $ en dollars canadiens - on sait ce que ça
représente en dollars américains - sont nettement insuffisantes
et, dans les faits, vont consacrer un contrôle des "majors" sur les films
américains dont ils ne sont peut-être pas les véritables
producteurs, mais uniquement les distributeurs responsables de leur mise en
marché?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: L'ancien gouvernement, dans ses discussions,
mentionnait le chiffre de 1 000 000 $, au départ, qui était un
chiffre sur lequel on voulait s'entendre avec les "majors" américains.
Dans mes discussions avec le député de Mercier, nous avions
mentionné la possibilité de 3 000 000 $. J'ai quand même
été chercher 4 500 000 $, ce qui est davantaqe que les sommes qui
avaient été jugées acceptables par l'ancien gouvernement.
Je pense que le député de Saint-Jacques devrait être
heureux de voir qu'on va chercher une somme de 4 500 000 $. C'est plus que ce
qu'avait espéré l'ancien gouvernement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Mme la ministre me permettra d'intervenir puisqu'elle
fait appel à mon passé. Dans le cas qui nous occupe, nous
demandions 3 000 000 $ dans la production; elle, elle a siqné pour 4 500
000 $ pour toutes sortes d'autres activités des "majors" dans le domaine
du cinéma au Québec. Les copies de film, par exemple, qui sont
assez coûteuses, sont prises en considération dans les 4 500 000
t. Donc, cela diminue de beaucoup le lien que le producteur a avec son film. Je
pense que c'est important de faire la distinction, 3 000 000 $ dans la
production, cela fait un film qui appartient en partie, du moins, aux
producteurs américains. Mais 4 500 000 $ dans n'importe quoi, cela ne
veut rien dire. Est-ce que la ministre peut nous dire combien les "majors"
dépensent au Québec chaque année sous forme de
publicité, promotion, copie de films et autres activités connexes
au cinéma, mais qui n'ont rien à voir avec la production
elle-même?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Je pense que la différence
entre l'ancien gouvernement et le présent, c'est le rêve et
la réalité. On a rêvé de 1 000 000 $, on a ensuite
rêvé de 3 000 000 $, mais on n'a jamais signé. La
différence, c'est que nous sommes face à une
réalité, une signature, une entente signée: le montant est
4 500 000 $ C'est cela, la différence.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Est-ce qu'il y a une différence entre la
production d'un film, donc le budget de production, et le budget de promotion
d'un film, d'après vous, Mme la ministre?
Mme Bacon: C'est bien évident, la promotion d'un film et
la production, ce n'est pas la même chose. Je connais mon dossier.
M. Godin: Combien les "majors" dépensent-ils au
Québec chaque année, d'après ce qu'ils vous ont dit - ils
me l'ont dit à moi; ils vous l'ont sûrement
répété -en promotion, en impression d'affiches, en copie
de films et autres dépenses connexes au lancement d'un film? Est-ce
qu'ils vous ont donné ce chiffre, Mme la ministre?
Mme Bacon: Ce que je me demande c'est pourquoi la signature n'a
pas eu lieu avant. C'est cela. Si le principe est bon, si c'est un bon principe
aux yeux de l'Opposition en ce moment, pourquoi ne l'avez-vous pas signé
avant? Pourquoi ce dossier n'a-t-il pas été signé
avant?
M. Godin: Parce qu'ils ont refusé tout simplement.
Mme Bacon: C'est ça. Nous, ils ont accepté.
M. Godin: Ils ont refusé parce que, au fond, on demandait
plus que la ministre actuelle du gouvernement actuel. Evidemment, quand on
donne sa chemise à l'acheteur, l'acheteur signe. Mais, quand on lui
demande d'ajouter des boutons de manchettes, c'est autre chose. C'est ce que
nous avons voulu faire et cela a tellement indisposé M. Valenti, le
grand ami de Mme la ministre, qu'il a fait appel à son ami George
Schultz pour intervenir contre le gouvernement avec des menaces
concrètes de retirer des films de l'affiche au Québec. Donc, cela
veut dire qu'on demandait aux "majors" des concessions qui leur semblaient
inacceptables.
Je reconnais que la ministre a gagné un point en faisant signer
une entente mais qu'est-ce qu'il y a derrière la signature? Si le
rapport de Téléfilm est fondé, on voit que c'est ce que la
Gazette appellerait un "sellout", c'est-à-dire que ce que la ministre a
gagné c'est fort peu de choses par rapport à ce que nous
demandions.
C'est une négociation, Mme la ministre. Vous êtes au
courant, M. le Président, que M. Gobeil, son collègue,
négocie maintenant avec les centrales syndicales. Elles vont
peut-être signer mais tout va dépendre de ce que M. Gobeil va leur
offrir. Il en va de même de M. Valenti. Il a signé mais qu'est-ce
qu'il a qagné en retour? II a gagné un circuit fermé au
Québec pour les films des membres de l'association. Si chaque membre
paie 3 000 000 $ par année pour être membre c'est parce qu'il y a
des profits impartants à faire au Québec.
Un des points sur lesquels on insistait nous aussi c'était qu'il
y ait une entente de gré à gré entre les "majors" et le
gouvernement du Québec pour que, si un distributeur - par exemple, je
vais vous donner une idée de ce qu'on avait alors sur la table
-américain distribuait aux États-Unis un film
québécois et que le film rapportait au producteur
québécois du film ou au cinéaste québécois
du film ou au coproducteur un montant de 10 000 000 $, le montant soit
déduit de ce sur quoi portait l'entente. Comme les "majors"
récoltent 18 000 000 $ en profit chaque année au Québec,
on croyait qu'ils devaient investir ici au Québec une partie importante
de cela. Chaque montant qui aurait été versé par les
"majors" en distribuant un film québécois aux Etats-Unis aurait
été déduit de ce que les "majors" auraient eu à
investir au Québec. Donc, c'était également concret et
"business wise" comme on dit en anglais, en américain. J'aimerais qu'on
le reconnaisse.
Je comprends que la ministre a signé mais qu'est-ce qu'elle a
signé? On verra dans l'avenir la portée de l'entente. Elle m'a
dit l'autre jour en Chambre que les autres articles qui ont été
suspendus restaient comme une épée de Damoclès au-dessus
de la tête des "majors" et que si le gouvernement actuel du Québec
n'avait pas satisfaction avec l'entente actuelle elle irait plus loin dans le
sens des demandes du précédent gouvernement. Je dis tant mieux.
C'est pour cela que nous avons exigé qu'il y ait un permis qui soit
publié, dont la liste des films bénéficiant d'un tel
permis, régulièrement pour que nous puissions voir quelle est la
retombée exacte en films pour les distributeurs québécois
que nous voulons sauver et que nous voulons rendre plus importants encore et
surtout faire investir dans des films québécois car eux seuls le
font.
Donc, au fond, c'est sûr qu'il y a un point de gaqné. On le
reconnaît facilement. Je l'ai d'ailleurs dit l'autre jour dans mon
discours en Chambre. Mais je pense qu'il faut également tenir compte
qu'il y a eu des
reculs sur des points importants. La ministre dit ce ne sont pas des
reculs, on attend de voir le résultat du point déjà
signé. On va la surveiller là-dessus. On va suivre cela de
près.
Je demande à la ministre s'il n'aurait pas été
souhaitable que, dans l'entente qu'elle a signée, elle garde les mots
"dans la production" qu'on avait mis dans le temps et non pas dans toute autre
activité de la compagnie au Québec à propos de promotion
de films, copie de films, publicité, impression, publicité dans
les journaux, impression d'affiches, et tout, et tout, et tout.
Nous avions également exigé que les films soient
imprimés au Québec, que ce soit une compagnie
québécoise qui emploie des Québécois. Elle ne l'a
pas du tout gardé dans son entente. Cela peut être fait n'importe
où au Canada ou aux États-Unis. Donc, il n'y a aucune
retombée en emplois ici au Québec pour les copies de films
américains distribués au Québec, films sur lesquels, je le
répète, ils ramassent chaque année 18 000 000 $ de nos
belles piastres. Quand vous faites la queue à la porte d'un
cinéma à Montréal, à Trais-Rivières ou
à Nicolet - je ne sais pas s'il y a encore un cinéma à
Nicolet - en tout cas, vous donnez de l'argent aux "majors". Je dis: Pour
chaque piastre qu'on dépense, que les "majors" investissent ici une
partie de leur argent dans le film québécois, donc, des emplois
au Québec, des cinéastes québécois et une
production québécoise et non pas seulement dans l'impression
d'affiches ou la promotion dans les journaux.
C'est en ce sens, je pense, que l'entente qui stipulait "production"
était plus soucieuse de la création d'emplois au Québec
que l'actuelle entente.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député. Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est presque un entêtement de la part du
député de Mercier de dire qu'il fallait absolument que ce soit
dans la production. Ils n'ont jamais signé en s'entêtant à
dire cela. Il fallait trouver un terrain d'entente pour la signature de
l'entente. Je dois dire - et je pense que le député de Mercier
n'était pas présent - que les distributeurs de films du
Québec appuient l'entente. Ils y trouvent leur compte à ce
moment.
M. Godin: Peut-être comme on dit à la procession de
la Fête-Dieu à Trais-Rivières, "pas toutes, pas
toutes".
Mme Bacon: "Pas toutes, pas toutes?" Ce n'est pas ce que le
communiqué dit aujourd'hui. Le communiqué, aujourd'hui, nous
donne le nom de l'ensemble des distributeurs du Québec.
M. Godin: Pourquoi ne les convoque-ton pas ici, madame, pour leur
faire dire...
Une voix: Le débat est terminé.
Mme Bacon: Le débat est terminé là-dessus.
Je pense que la motion a été rejetée. On n'est pas pour
recommencer à faire le débat. Je comprends qu'il est presque 18
heures et qu'on veut continuer.
M. Godin: Le débat est terminé, d'accord, mais je
pose la question quand même. La vie est longue et le parlementarisme
aussi est long, M. le député de Bourget. Qu'on les entende s'ils
sont tellement favorables à ce que la ministre a signé.
Mme Bacon: On les a ici. On n'a pas à les entendre, on a
ce qu'ils veulent.
M. Godin: Est-ce qu'on a une copie?
Mme Bacon: Je dois dire que l'entêtement de l'ancien
gouvernement de ne pas signer l'entente avec les "majors" a privé les
distributeurs d'une cinquantaine de films...
M. Godin: En un an.
Mme Bacon: Pendant la période de 1983-1985,
décembre 1985. Donc, au moins une cinquantaine de films. On a
privé les distributeurs, à ce moment, ce que je n'ai pas
l'intention de faire. Il fallait que le dossier soit réglé. II
fallait que ce soit signé. Nous avons tenté de ne pas le faire
sur la place publique. Je pense que ce n'est pas à coups de
communiqués de presse ou à coups de déclarations publiques
qu'on arrive à signer une entente pareille. On l'a fait avec
énormément de rigueur et Dieu sait que le député de
Mercier doit savoir que ce n'est pas facile de négocier avec ces
gens.
M. Godin: Effectivement.
Mme Bacon: Ce n'est pas facile.
M. Godin: Je peux en témoigner hautement.
Mme Bacon: Nous l'avons fait avec beaucoup de respect mutuel,
mais aussi avec beaucoup de riqueur et beaucoup d'exigence de part et d'autre.
Cela fait partie d'une négociation.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Taillon.
M. Filion: Exactement sur le même point. Ce qui me frappe
dans l'entente, c'est qu'il y a deux façons d'être producteur ou
reconnu producteur aux termes de l'entente,
pour un film tourné en anglais. Investir 50 % de la valeur totale
des fonds investis dans ce film - je pense qu'à ce moment on acquiert au
moins une paternité financière qui nous donne droit à ce
titre de producteur - ou, à son choix, la somme de 4 500 000 $. Ce qui
me frappe là-dedans, c'est que 4 500 000 $ peuvent être
dépensés n'importe où sur le globe terrestre. Si la
publicité, par exemple, est faite dans tous les États-Unis, mais
atteint quand même le montant de 4 500 000 $, cela voudrait dire qu'on
aurait eu le cas d'un producteur qui a investi un montant d'argent
énorme dans une campagne de promotion d'un film qui, évidemment,
est tourné en anglais, mais ailleurs qu'au Canada ou qu'au
Québec, bien sûr.
Je comprends que c'est cela l'objet de la signature. Finalement, ce
choix ne donne rien parce que 4 500 000 $ pour une publicité sur tout le
globe terrestre - vous me corrigerez là-dessus, si je me trompe, Mme la
ministre - ma compréhension de la loi et de l'entente, c'est que 4 500
000 $ peuvent être dépensés n'importe où. Je
comprends que c'est signé. Je comprends aussi que cela équivaut
à ouvrir une porte tellement grande pour acquérir ce statut de
producteur - encore une fois, à moins que mon interprétation soit
déficiente - que la porte est équivalente à signer, oui,
mais à signer pour pas grand-chose.
Mme Bacon: Dans l'entente, M. le Président, l'article 4
atténue drôlement ce que le député de Taillon vient
de dire. On dit: "Nonobstant le paragraphe 3, aucun membre ne pourra distribuer
au Québec un film tourné en langue anglaise à moins de
détenir pour un même support les mêmes droits de
distribution pour ce film aux États-Unis." Alors, je pense que cela
atténue un peu les craintes du député de Taillon.
M. Filion: Ce n'est pas... Oui, ce n'est pas...
Mme Bacon: La différence... Vous parliez tantôt de
l'article sur le 10 % qui aurait donné à peu près 2 000
000 $ au maximum. Ce que cela aurait pris comme bureaucratie pour surveiller
tout cela et y arriver aurait coûté peut-être plus cher
encore que les 2 000 000 $. Alors, en bout de ligne, il ne serait pas
resté beaucoup d'argent .pour la production de films. Cela aurait
été très dispendieux pour la production de films.
M. Filion: Écoutez, une bureaucratie de 2 000 QQO $, non.
Je pense bien que vous allez en avoir une...
Mme Bacon: Cela aurait fait tomber certains distributeurs
québécois.
M. Filion: Oui, mais vous allez...
Mme Bacon: On les protège davantage avec l'entente qu'on a
là.
M. Filion: Mais vous allez devoir avoir non pas une bureaucratie,
mais un soutien administratif pour cette loi. Je pense bien que parler d'une
bureaucratie de 2 000 000 $ pour le projet d'entente de l'ancien gouvernement,
c'est carrément exagéré. Puisque vous soulevez
vous-même l'article 4 de l'entente, "pour un même support", quelle
est la portée de cette expression à l'intérieur de
l'article 4?
Mme Bacon: C'est le film par rapport au vidéo ou à
la télévision. On peut posséder un droit pour le film,
mais ne pas l'avoir pour la télévision ou ne pas l'avoir pour le
vidéo.
Le Président (M. Richard): Alors, sûrement à
votre grand regret, nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures ce
soir,
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, nous
recommençons nos travaux, s'il n'y a pas d'objection, pour
l'étude du projet de loi 157, Loi modifiant la Loi sur le
cinéma.
Je redonne la parole à Mme la députée de Chicoutimi
pour la fin de son intervention. S'il vous plaît, Mme la
députéel
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je pense
qu'essentiellement, pour en avoir parlé un peu avec mon collègue,
l'amendement qui a été apporté par le député
de Saint-Jacques touchant au dépôt des rapports et des... Oui?
M. Trudel: Je pense que nous devons à la
vérité de souligner que c'est un amendement apporté par
Mme la ministre qui a été approuvé à cette
commission. Madame?
Mme Blackburn: Non. M. le Président, je pense que cela a
été un amendement à une proposition d'amendement
apportée par ici et Mme la ministre a convenu qu'elle acceptait de
modifier l'amendement proposé par le député de
Saint-Jacques.
M. Trudel: Très bien.
Mme Blackburn: En gros, c'était cela. Donc, c'est un
amendement du député de Saint-Jacques. Je dois remercier...
Oui?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse,
Est-ce qu'on fait toujours le consensus comme tantôt sur
l'amendement? Oui? C'est parfait, merci. Mme la députée de
Chicoutimi.
M. Boulerice: Parole donnée.
Mme Blackburn: Parole donnée. Je voudrais dire au
président que mon droit de parole de vingt minutes était sur
l'amendement. Comme l'amendement a été adopté, on a fait
consensus et on a adopté l'amendement: d'abord, l'amendement de
l'amendement et, ensuite, l'amendement, je passerai donc la parole à mon
collègue de Saint-Jacques pour poursuivre les débats* Avec votre
autorisation, M. le Président.
Le Président (M. Richard): C'est toujours pour fins de
discussion sur l'ensemble de l'article tel qu'amendé?
M. Boulerice: Oui.
Mme Blackburn: C'est cela.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, à vous la parole.
M. Boulerice: M. le Président, je voulais revenir sur la
question de la valeur totale des fonds investis. Compte tenu qu'aux seules fins
de publication, de publicité et de promotion, les "majors" investissent
de 3 000 000 $ à 10 000 000 $ US pour la sortie nord-américaine
d'un film dont ils assument la distribution, Mme la ministre disait: Oui, mais
la valeur investie est de 4 500 000 $. Au départ, je pense que les
propos que tenait mon collègue de Taillon étaient fort
pertinents, ce ne seront pas des sommes d'argent qui vont être investies
au Québec et cela est très important. C'est très
important, le fait que cela ne sera pas quelque chose de massivement investi au
Québec.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que le
député de Saint-Jacques veut dire qu'il n'y en aura pas du tout
d'investi au Québec?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: II va y en avoir d'investi au Québec.
M. Boulerice: Oui, mais beaucoup moins que prévu. C'est
là où je veux en venir, si vous me laissez compléter. Vous
dites: Oui, c'est 4 500 000 $ et nous sommes allés en chercher beaucoup
plus que ce que vous demandiez, qui était 3 500 000 $, je crois. Je suis
bien d'accord avec cela, mais ce n'est pas 50 % de la valeur totale des fonds
investis et 4 500 000 $. On pourrait se retrouver avec 50 % de la valeur totale
des fonds investis. Disons qu'un film a coûté 2 000 000 $ pour
être produit. Il n'aurait suffi que d'investir 1 000 000 $. Encore
là, c'est bien en deçà du chiffre que nous avions
donné lorsque nous avions proposé le projet de loi 109. À
ce moment-là, je pense qu'il est un peu - entre guillemets - "hasardeux"
de dire que l'on a vraiment négocié à la hausse.
Mme la ministre le disait, ce n'est pas facile de négocier avec
les Américains. C'est bien pourquoi je citais la fable de La Fontaine,
le pot de fer et le pot de terre. Il faut effectivement être très
prudent quand on négocie avec plus grand que soi, parce qu'il a des
moyens qui sont souvent plus étendus que les nôtres. C'est la
ministre elle-même qui disait: Vous savez, dans une négociation,
il y a un "qive and take". Ce que l'on veut s'assurer, c'est que le "take" -si
vous me permettez d'employer cette expression - nous est satisfaisant par
rapport au "give" - si on reprend la formulation que Mme la ministre employait
- que le "take" est très intéressant pour nous, comparativement
au "give", à ce que l'on aurait pu donner à l'intérieur de
l'entente. Cela m'agace, ce petit côté république de
banane, d'abandonner l'obligation d'investir directement un montant très
précis à l'intérieur du Québec. Cela fait
peut-être un peu Saint-Domingue, que je visitais il n'y a pas tellement
longtemps, où, effectivement, on coupe la canne et on raffine le sucre
ailleurs. On l'a tellement vécu avec nos richesses naturelles; notre
plus belle richesse naturelle étant notre culture, je vous avoue que
cela m'agace profondément.
Deuxièmement, l'élargissement de la notion du coût
de production. Au lieu d'ouvrir la fenêtre, on a complètement
défoncé la porte et c'est devenu une brèche immense. Le
concept de valeur totale de fonds est devenu tellement large qu'il inclut les
dépenses reliées à la promotion, à la duplication,
à la publicité, à la distribution. C'est vraiment - je
vais employer un terme que le premier ministre affectionne
particulièrement - une clause passoire qui va permettre aux
distributeurs américains de prétendre au titre de producteur de
film; ils n'assumeraient que les coûts de mise en marché.
On le sait, quand on regarde les budgets des films américains,
ils ont les moyens; je ne les en blâmerai pas, c'est une puissance. Ils
ont les moyens d'avoir un budget de films, contrairement à chez nous, au
Québec, où le coût total d'un film, quand on le produit,
inclut sa publicité, sa promotion et tout cela. Ils ont même un
budget supplémentaire au budget de production comme tel, avec un chiffre
très impartant; cela peut aller même jusqu'à 7 000 000 $, 8
000 000 $, 9 000 000 $. Je trouve que cela devient extrêmement facile
de s'approprier le titre de producteur par une définition aussi
large que celle que vous donnez. Est-ce que vous voulez répondre
à cela?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: On a une impression de redite, M. le
Président.
M. Boulerice: Cent fois, l'ouvrage...
Mme Bacon: L'entente qui a été signée va
beaucoup plus loin que l'investissement. Le but premier de tout cela -
j'espère que c'est aussi le but premier de l'Opposition -c'est de
redonner aux distributeurs québécois le marché des films;
c'est cela, le but premier d'un accord, c'est de protéger nos
distributeurs québécois. Je pense qu'on a réussi à
le faire et, quand on reqarde un des "attendus", cela dit: Attendu que les
parties reconnaissent que ce protocole est destiné à assurer aux
distributeurs de films du Québec un meilleur accès aux films en
provenance de toutes les parties du monde, tout en permettant aux membres de
continuer à distribuer au Québec, en vertu d'un permis
spécial de distributeurs, les films dont ils sont reconnus comme les
producteurs ou les détenteurs de droits mondiaux de distribution. Cet
"attendu" est drôlement important pour nos distributeurs et le but
premier, c'est de redonner à nos distributeurs le marché du film
au Québec.
Le député de Saint-Jacques parle de république de
banane, il faudrait peut-être parler de crédibilité de part
et d'autre. Je pense que jouer è la république de banane, c'est,
comme l'a fait l'ancien gouvernement, reculer devant les menaces des "majors"
et ne rien faire, et c'est ce qu'on a fait de l'autre côté.
Parlons de crédibilité; on peut en parler et je suis très
à l'aise pour parler de crédibilité, parce qu'on l'a
réglé ce problème. Cela prend plus encore que du courage
politique. Cela prend aussi un sens du réalisme des enjeux, c'est ce que
cela prend. Je pense qu'on a fait montre d'un sens de réalisme face aux
enjeux qui sont devant nous. On a réglé le problème et on
a redonné aux distributeurs le marché du film, et c'est ce que
les gens voulaient. C'est la grande satisfaction qu'ils nous démontrent
aujourd'hui. Ils l'ont démontrée en le disant ouvertement sur la
place publique, parce qu'ils l'ont fait avec nous ce dossier. On a parcouru le
chemin. Le cheminement a été fait avec eux dans une concertation
qui a été très importante et pour eux et pour nous. Je
pense que dans différents dossiers culturels, en ce moment", on
réussit parce qu'on fait de la concertation avec le milieu et que cela
répond justement aux besoins du milieu. C'est un sens de réalisme
que nous avons face aux enjeux qui sont devant nous. C'est peut-être
aussi un sens de courage politique qu'on démontre. On n'agit pas,
aucunement pas, en république de banane, car on n'a pas plié
devant quoi que ce soit. On n'a pas eu peur de régler ce dossier, on l'a
fait rudement. Les négociations ont été faites d'une
façon très rigoureuse mais avec un respect de part et d'autre. Je
pense que c'était la façon de le faire. Dans une
négociation, il faut d'abord créer un climat et on l'a
créé ce climat, un climat de compréhension, de part et
d'autre, des besoins des uns comme des besoins des autres, mais il faut aussi
négocier des choses. Je pense que la négociation est importante.
On a aussi, je pense, réussi...
Pour ce qui est de l'investissement, on aurait pu forcer
l'investissement. Le maximum qu'on aurait pu avoir, cela aurait
été 1 800 000 $ des "majors". Un film québécois
coûte au moins 2 500 000 $. On n'aurait même pas payé un
film complet au Québec avec l'investissement qu'on aurait pu avoir. Il y
a un autre choix qui fait qu'on peut inviter à l'investissement. La
façon qu'on a utilisée, c'est d'inviter les gens è
l'investissement. En redonnant le marché du film à nos
distributeurs, on a invité tout le monde à faire des
investissements et on a encouragé l'investissement. Moi, j'aimerais cela
qu'on se donne rendez-vous d'ici un an ou deux pour faire le bilan des
investissements, qui seront des investissements volontaires de la part de ces
gens, et non forcés par une loi ou forcés par un article de loi,
mais volontaires. Pour moi, c'est important qu'on ait des investissements qui
soient faits de façon volontaire par des gens qui ont envie
d'améliorer le cinéma québécois, de faire en sorte
de donner des possibilités à nos gens d'ici de faire du
cinéma québécois. On a créé ce climat
important d'entente en créant en même temps un climat favorable
à l'investissement dans la production du cinéma
québécois; c'est ce qu'on tente d'expliquer. Je comprends que
cela ne peut pas satisfaire le député de Saint-Jacques, parce que
ce n'est pas son gouvernement qui l'a fait. Je ne le blâme pas, il
n'était pas là à ce moment. Je pense qu'il y aurait eu des
moyens et des terrains d'entente si on n'était pas parti en guerre
contre les "majors" américains. C'est évident que cette approche
de négociation était importante pour nous. C'est une approche
qu'il faut faire dans un dossier comme celui-là. C'est évident
que l'objectif ultime est la mise en application du chapitre III. Quand on
pense que cela fait trois ans que la loi a été votée
à l'unanimité à l'Assemblée nationale et qu'on
n'était pas capable de le régler. Je pense que d'avoir
réussi cela, c'est quand même pas si mal. C'est même
très bien. On voit que c'est à la satisfaction des gens du
milieu. On n'a qu'à voir la réaction des
distributeurs qui ont compris parce que ce qui existe dans le protocole
d'entente et qui sera complété par la loi 157 répond
à leurs besoins, à leurs aspirations.
Je pense qu'un dossier comme celui du cinéma est important. Il
doit l'être autaut pour le député de Saint-Jacques, j'en
suis certaine. On ne peut pas négocier par décret dans un dossier
comme celui-là. C'est un dossier qui doit être
négocié de bonne foi en écoutant les gens, comme on veut
être entendu et respecté. C'est de cette façon qu'on s'y
est pris pour négocier. Je pense que les deux parties y ont
trouvé leur compte. C'est cela une négociation si on veut arriver
à un règlement sans décret. Il n'y a pas eu de menace, ni
de notre part, ni de la part des "majors".
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais revenir sur
quelques questions qui ont été posées tout à
l'heure par le député de Mercier auxquelles questions il n'y a
pas eu de réponse. Lorsque le député de Mercier tentait
d'expliquer que les 3 000 000 $ proposés par le précédent
gouvernement, par le précédent ministre des Affaires culturelles,
avaient autant de valeur que les 4 500 000 $ actuellement proposés,
c'est que les 3 000 000 $ devaient être exclusivement consacrés
à la production tandis que les 4 500 000 $ pouvaient être pour
toutes sortes d'activités de promotion, de repiquage et un certain
nombre d'activités - cela va très vite dans ce secteur - d'autant
plus que les 3 000 000 $ que le ministre des Affaires culturelles de
l'époque proposait étaient 3 000 000 $ US. C'est
l'équivalent des 4 500 000 $ canadiens. La question que posait tout
à l'heure le député de Mercier est la suivante: Est-ce que
la ministre sait combien il se dépense actuellement en promotion pour
les films qui pourrait être considéré dans ces 4 500 000
$?
Mme Bacon: C'est minime par rapport au coût quand on
regarde cela globalement. Je reviens encore sur la comparaison qu'on fait entre
les 3 000 000 $ et les 4 500 000 $.. Toute la différence est dans le
désir de négocier, ce qu'on n'avait pas avant. On ne
négociait pas. On mettait des chiffres sur la table en disant: II faut
cela. Mais il faut que cela se négocie. Je pense que c'est toute la
différence entre rêver régler un dossier et de le
régler dans la réalité. C'est cela la différence.
Il y avait un blocage de la part de l'autre partie qui n'acceptait pas de se
faire imposer cela à cause du climat qui existait à ce
moment-là. Les négociations ne se faisaient pas. On ne
négociait pas.
Mme Blackburn: M. le Président, la ministre sait
certainement que négocier c'est pouvoir céder beaucoup, comme un
jour en 1976, on a cédé aux pressions syndicales et on a
quasiment tout donné. C'est une négociation dans laquelle on ne
retient pas beaucoup d'avantages. Je rappellerais juste qu'il y a eu des
avantaqes d'acquis à ce moment-là qui ont lourdement pesé
dans la balance. Ce que je voudrais expliquer...
Mme Bacon: Si on parle de la négociation, M. le
Président, on va être obligé de parler des
négociations de 1979.
Mme Blackburn: Vous permettez que je termine?
Le Président (M. Richard): Oui. Mme Bacon: On va revenir
après.
Mme Blackburn: Ce que je veux dire, c'est qu'il est important
dans une négociation de ne pas céder sa chemise en même
temps. Dans le cas qui nous concerne, c'est toute la question de la
distribution des films québécois.
La ministre parlait tout à l'heure ries quelque 50 films que les
distributeurs québécois auraient pu distribuer entre 1983 et
1985, si on avait eu l'actuelle entente. Peut-elle m'expliquer ce que cela veut
dire par rapport aux quelque 150 films dont il était question au moment
où on a rendu l'entente publique? Je ne comprends pas très bien
la mécanique.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: La mécanique, c'est évident...
Mme Blackburn: Je voudrais savoir comment on est passé de
50 à 150 et comment on pense pouvoir atteindre un chiffre aussi
impressionnant.
Mme Bacon: C'est ce que les distributeurs ont perdu, 50 films,
faute d'entente entre 1983, la date où l'on a adopté le projet de
loi, et 1986. En ce moment, environ 300 films se font, dont 150 sont
disponibles pour les distributeurs. On pourrait avoir maintenant 150 films.
Entre 1983 et 1986, ce sont 50 films qui auraient pu être disponibles et
qui ne l'ont pas été, selon les termes de l'entente.
Encore une fois, si on veut négocier comme on le fait dans le
secteur public, c'est une situation de force les uns par rapport aux autres.
C'était ce que l'ancien gouvernement faisait avec les "majors", mais ce
n'est pas la façon de négocier avec les "majors". On
n'était pas face au secteur public, devant un rapport de forces entre
un
gouvernement et ses employés. Ce n'était pas cela. Je
pense qu'il faut négocier de bonne foi. La députée parlait
de 1976. On peut lui parler de 1979, à la veille du
référendum. On a tout donné. On a délesté et
ensuite on a été obligé d'aller le rechercher. Si c'est
négocier, je pense que ce n'est pas la façon dont nous
négocions.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, je voudrais revenir aux
150 films dont parlait la ministre au moment où on rendait l'entente
publique. C'est un chiffre tout à fait hypothétique, dois-je
comprendre?
Mme Bacon: C'est un chiffre qui a été établi
par les distributeurs québécois. II n'est pas
hypothétique. Ils doivent connaître le marché.
Mme Blackburn: Pourtant, je me rappelle avoir lu une
déclaration, dans un article de La Presse, où, à la suite
d'une question, on demandait si le chiffre de 150 films était exact. On
a répondu: Je ne sais pas vraiment, je ne peux pas vous le dire, on le
saura à la fin de l'année. Si on se fie aux deux années
précédentes, ce sont 50 films en moins.
Mme Bacon: Les 150 films, ce sont les films accessibles. Si les
distributeurs sont le moindrement agressifs, ils vont aller les chercher. En ce
moment, en 1986, ces 150 films sont accessibles.
Mme Blackburn: M. le Président, il se peut que vous ayez
la réponse là-dessus. Vous dites que la part du budget qui
devrait être consacrée à la promotion et à
l'impression d'affiches, au repiquage des émissions et à la
transcription est minime. A-t-on à ce sujet des données assez
fiables? Je reviens à ma première question. Combien investit-on
aux États-Unis pour faire la promotion d'un film? La promotion d'un film
se fait-elle pour l'ensemble de l'Amérique du Nord ou simplement pour le
Québec?
Mme Bacon: Le Québec représente 5 % du
marché nord-américain. C'est un marché marginal quand on
parle de 5 %. C'est un marché pour lequel on ne fait pas de campagne
spéciale. Évidemment, quand on regarde la population des
États-Unis et celle du Québec, ce n'est pas la même chose.
On ne dépense pas autant ici en publicité et en annonces qu'on
peut dépenser sur le marché américain, car la population
n'est pas la même; 5 % du marché nord-américain, ce n'est
pas... On ne peut pas dépenser 50 % de3 4 115 000 $.
Mme Blackburn: Je voudrais bien comprendre, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Ces coûts qui ne sont pas exclusivement des
coûts de " production, mais de promotion, sont-ils les coûts que
les distributeurs ou les producteurs américains paient pour la promotion
de tout le film, pas seulement pour le coût de promotion au
Québec? Si c'est le coût de promotion du film dans toute
l'Amérique du Nord, c'est variable entre "5 000 000 $ et 8 000 000 $
À ce moment-là, ils se trouveraient, exclusivement par le biais
de la promotion, à devenir propriétaires d'une part importante
par rapport à la règle qu'on se donne ici pour de nombreux films.
C'est ce que je voudrais savoir. Si c'est juste pour le Québec,
effectivement, c'est vraiment très marginal. 5i ce sont les coûts
de promotion pour l'ensemble nord-américain, cela commence à
chiffrer.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre. (20 h 30)
Mme Bacon: En fait, ce n'est pas différent de ce que la
loi prévoyait à l'article 105 quand on demandait de
définir ou producteur ou détenteur de droits mondiaux. Ce n'est
pas différent de l'économie de l'article de loi qui existait
avant. À ce moment-là, on ne change pas la loi.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense que dans l'article de la loi...
J'aimerais bien que ce soit clair, sinon je me suis complètement
trompée. Lorsqu'on parlait de 3 000 000 $, c'étaient des
coûts de production, reliés directement à la production,
tandis que lorsqu'on parle de 4 500 000 $, ce sont les coûts
reliés aussi bien à la production qu'à la promotion. Donc,
cela fait une différence très importante. À
présent, les 3 000 000 $ dont on parlait étaient en millions
américains et les 4 500 000 $ dont on parle sont en dollars
canadiens.
Mme Bacon: M. le Président, la députée de
Chicoutimi parle de l'entente qui est signée, qui est palpable, qu'on a
devant nous et de quelque chose qui n'a jamais existé. Cela n'a pas
été signé, cela n'a jamais existé. C'était
ce que demandait l'ancien gouvernement, mais cela n'a jamais été
signé. On parle d'une entente signée que nous avons devant nous
et de quelque chose
qu'on aurait voulu de l'autre côté. Cela n'a pas
existé; c'est un désir qui n'a pas été
réalisé, tandis que, là, il y a une entente devant nous.
On parle de deux choses totalement différentes.
Mme Blackburn: Ce que dit la ministre - je trouve important que
ce soit consigné au Journal des débats de la commission
-c'est que, à cet égard, elle a fait une excellente affaire, un
peu comme ce qu'on a entendu...
Mme Bacon: Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les distributeurs
de films du Québec qui disent: Les distributeurs de films du
Québec appuient l'entente entre le Québec et la MPEAA.
Mme Blackburn: Si c'est aujourd'hui, ce n'est pas encore sorti
dans les journaux. Est-ce qu'on en a eu copie?
Mme Bacon: Cela a été adopté la semaine
dernière en assemblée générale: "Réunis la
semaine dernière en assemblée générale pour
étudier cet accord, les distributeurs québécois tiennent
à manifester tout leur appui." Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les
distributeurs réunis la semaine dernière; aujourd'hui, la semaine
dernière.
Mme Blackburn: M. le Président, la ministre a
accepté de déposer, je pense... On ne l'a pas reçue, il
serait peut-être intéressant, si vous le permettez, M. le
Président, qu'on nous en remette une copie.
Mme Bacon: Je dois dire que même M. Houle ne trouve pas
cela si mauvais à certains égards. Il ne trouve pas cela mauvais,
il souhaite qu'on fasse la même chose dans le vidéo. Cela ne doit
pas être si mauvais puisqu'il souhaite qu'on fasse la même
chose.
M. Filion: Le reste de son rapport n'est pas si mauvais que cela
non plus, à M. Houle.
Mme Bacon? Cela dépend de la base de comparaison qu'il
prend.
M. Filion: Bien, c'est cela.
Mme Bacon: C'est sa base de comparaison qui est faussée au
départ, ce n'est pas la méthode.
Mme Blackburn: Juste une dernière question pour le moment,
M. le Président.
Le PréSident (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: étant donné qu'on inclut dans les 4
500 000 $ les coûts de promotion et que ces coûts sont pour
l'ensemble nord-américain, si ce n'est pas européen, il faudrait
que vous me le disiez également. Si c'est l'ensemble des coûts de
promotion d'un film à travers le monde, on sait quelles sommes
s'investissent là-dedans. Il faudrait savoir ce que cela peut
représenter et si, dans certains cas, cela ne représenterait pas
exactement les 4 500 000 $. Est-il exact que pour la promotion des films, pour
le repiquage des films et toutes ces activités, il n'y ait aucune
garantie que cela se fasse au Québec? Ce sont deux questions. Je
trouvais tout à l'heure que l'ex-ministre et député de
Mercier posait de bonnes questions. À ces questions, on n'a pas eu de
réponse et, pour m'éclairer dans ce dossier, j'aimerais bien les
avoir.
Mme Bacon: Je veux bien éclairer la députée,
M. le Président, sans cela on va passer la soirée
là-dessus. C'est peut-être cela qu'on veut, mais... Le vrai gain
dans l'entente est au numéro 1, quand on dit: Aucun film tourné
dans une langue autre que l'anglais ne sera distribué au Québec
par un membre. Cela est un vrai gain; cela n'existait pas avant.
Mme Blackburn: À l'exception...
Mme Bacon: Les exceptions sont marginales et le 4°,- c'est:
Nonobstant le paragraphe 3, aucun membre ne pourra distribuer au Québec
un film tourné en langue anglaise à moins de détenir pour
un même support les mêmes droits de distribution pour ce film aux
États-Unis. Le troisième gain c'est: Attendu que les parties
reconnaissent que ce protocole est destiné à assurer aux
distributeurs de films du Québec un meilleur accès aux films en
provenance de toutes les parties du monde, tout en permettant aux membres de
continuer à distribuer au Québec en vertu d'un permis
spécial aux distributeurs les films dont ils sont reconnus comme les
producteurs et les détenteurs de droits mondiaux de distribution. Ce
sont des gains importants pour les distributeurs au Québec.
Mme Blackburn: Une dernière question. La portée de
l'article 1 se trouve, dans les faits, diminuée, au paragraphe ii. On
pourrait voir un film de Fellini, par exemple, pour lequel les "majors"
auraient le droit de distribution du moment où il y a un pourcentage,
les 4 500 000 $... Quand on sait les sommes qui sont investies pour faire la
promotion d'un tel film, est-ce que, finalement, les meilleures productions ne
seront pas touchées par cela?
Mme Bacon: Je serais tentée d'être
méchante, M. le Président, et de dire que si la
députée de Chicoutimi...
Mme Blackburn: Cela ne changerait pas.
Mme Bacon: Voyez-vous, c'est personnel.
Mme Blackburn: Mais non, je vous regardais aller.
Mme Bacon: Si la députée de Chicoutimi était
ministre des Affaires culturelles, peut-être que l'on aurait un film de
Fellini. Mais, tant que je serai ministre des Affaires culturelles, cela ne
risque pas d'arriver, ce problème. C'est cela.
Mme Blackburn: Si Fellini aussi est... C'est peut-être
classé dans les films pornos aussi.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Si vous me le
permettez, entre vous et moi, j'aimerais que l'on revienne à notre
propos, s'il vous plaît! Mme la députée de Chicoutimi,
c'est encore vous qui avez la parole. Vous avez encore quelques minutes si vous
voulez vous servir de votre droit de parole.
Mme Blackburn: Je suis complètement... Vraiment, que M.
Fellini se tienne bien! Il n'est pas près d'entrer au Québec s'il
n'en tient qu'à la ministre des Affaires culturelles; c'est bon à
savoir.
J'aimerais juste poursuivre là-dessus parce que, quand
même, cela n'a pas apporté de réponse à ma question.
Est-ce qu'il est exact que, par le biais de ce que j'appelle une sorte de
dérogation sur laquelle la ministre a un pouvoir discrétionnaire,
juste les coûts de promotion d'un film, de retranscription pourraient
équivaloir à 4 500 000 $?
Mme Bacon: Cela dépend du film. Mme Blackburn:
D'accord, merci.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Mme la ministre, premièrement, il y a un
communiqué de presse que l'on attend toujours. Votre collègue me
disait que l'on avait des photocopieurs. Certes, oui, mais c'est vous qui avez
le texte. Donc, nos photocopieurs deviennent malheureusement inutiles. Je ne
sais pas si l'on pourrait avoir cette copie du communiqué de presse.
Mme Bacon: ...
M. Filion: M. le Président.
M. Boulerice: Non. On aimerait en avoir une copie. Elle le
brandit comme un oripeau.
M. Filion: Question de règlement, M. le Président.
La ministre des Affaires culturelles, à plusieurs reprises, a lu des
parties de ce document. Comme vous le savez, on aurait pu demander - et je
pourrais toujours le demander d'ailleurs - en vertu de notre règlement,
que Mme la ministre dépose ce document. Elle serait obligée de le
faire, à moins d'invoquer l'intérêt public. Comme c'est un
communiqué de presse, ce serait malaisé, pour elle, d'invoquer
l'intérêt public. Nous lui demandons une nouvelle fois, gentiment,
au lieu de nous lire des passaqes du communiqué de presse, de nous en
faire tenir copie avant la fin de cette commission qui peut se terminer
très rapidement.
Mme Bacon: Cela dépend à quelle heure est la
fin.
M. Filion: C'est cela. Cela peut se terminer très
rapidement. Cela dépendra peut-être...
Le Président (M. Richard): Je dois spécifier, sur
le plan technique, que, d'une part, pour qu'il y ait dépôt de
documents, il faut d'abord que Mme la ministre soit d'accord.
M. Filion: ...avec la nuance que...
M. Boulerice: Elle avait dit oui, ce matin.
Le Président (M. Richard): Je suis d'accord, mais il faut
aussi qu'il y ait l'accord du président de la commission et non pas du
président de séance, en rapport avec...
M. Filion: Vous vous trompez, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Non. Il y a une décision
de l'Assemblée nationale qui dît ceci: "Le président
informe les membres de la commission qu'en vertu de l'article 158 (162), c'est
le président de la commission qui autorise le dépôt de
documents en tout temps et ce, en dépit de la présence d'un
président de séance. Toutefois, en cas d'absence du
président, la permission de déposer un document incombe au
vice-président de la commission." Cela veut donc dire que c'est M. le
député de Bourget.
Une voix: C'est une décision, ce n'est pas un article.
Le Président (M. Richard): C'est 162. C'est une
décision. C'est donc dire que c'est
vous, M. le député de Bourget, qui devriez, si Mme la
ministre le désire, autoriser le dépôt de documents
à cette commission, ce soir. Pardon?
Une voix: ...Damoclès.
M. Trudel: C'est une décision importante...
M. Filion: Juste pour la bonne compréhension...
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Taillon.
M. Filion: ...de notre règlement, M. le Président.
Il y a deux nuances dans ce que vous dites: premièrement, la ministre
avait accepté cet après-midi; deuxièmement, si elle
refuse, elle doit invoquer l'intérêt public.
Le Président (M. Richard): C'est cela. C'est tout à
fait exact.
M. Filion: D'accord.
Mme Bacon: Cinq minutes avant la fin.
M. Filion: Pas de chantage.
M. Trudel: On est en pleine hypothèse. Quand Mme la
ministre aura pris une décision, je verrai si je l'autorise ou non. J'ai
l'impression que j'autoriserai.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, on va seulement
vérifier dans un autre article. Si vous le permettez, juste une
seconde.
M. Filion: Si Mme la ministre avait négocié aussi
durement avec les représentants des "majors", je suis convaincu que nous
aurions une entente fort étoffée. Je ne veux pas dire qu'elle ne
vaut rien non plus...
Mme Bacon: Elle est signée, l'entente.
M. Filion: ...mais, comme vous, j'admets que ce n'est pas
la fin du monde.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Nous, suspendons
nos travaux, si vous le permettez.
(Suspension de la séance à 20 h 42)
(Reprise à 20 h 45)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, selon l'article 214, indépendamment de M.
Richard Guay: "Lorsqu'un ministre cite, même en partie, un document, tout
député peut lui demander de le déposer
immédiatement. Le ministre doit s'exécuter, sauf s'il juge que
cela serait contraire à l'intérêt public."
Une voix: Voilà!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Boulerice: C'est le cas de le dire: les culottes sont
tombées à terre.
Le Président (M. Richard): Indépendamment de ce
gros cartable blanc...
Mme Bacon: Je dois dire que, tantôt, je pensais que vous
aviez échappé les bretelles aussi en 1979.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Boulerice: Vous avez trop "slacké" la ceinture
tantôt.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre, si ce n'est
pas contraire à l'intérêt public...
Mme Bacon: Ah non! II n'y a pas d'intérêt public
là-dedans.
Le Président (M. Richard): ...il faudrait faire des
photocopies, s'il vous plaît, pour le secrétariat...
Mme Bacon: Cela va être dans les journaux demain matin.
Le Président (M. Richard): ...et en distribuer à
l'ensemble des membres de la présente commission.
M. Boulerice: Merci, M. Trudel.
Le Président (M. Richard): Vous êtes d'accord, M. le
président de la commission?
M. Trudel: Je n'ai pas à être d'accord ou pas,
d'après ce qu'on voit.
Le Président (M. Richard): Non, mais enfin. De toute
façon...
M. Trudel: Pour les bonnes formes, je suis tout à fait
d'accord.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
Président.
M. Boulerice: On reprend?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, vous avez la parole.
M. Boulerice: M. le Président, je reviens encore à
la notion de titre de producteur. Si, comme le dit la ministre, les autres
supports sont minimes, je me demande quelle insistance il y avait à
"extensionner" le mot "producteur". On sait fort bien que celui qui produit, le
producteur, dans le sens qu'on est en train de lui donner... Je vais faire une
image. L'accessoiriste pourrait finir par être considéré
comme un producteur puisqu'il aura investi une partie dans le film. La notion
est incluse là-dedans. Même s'il y a des personnes qui disent que
c'est bon, cela continue toujours à m'agacer que le mot producteur,
contrairement à la version initiale, se retrouve maintenant avec une
portée beaucoup plus étendue. Il y a sûrement quelqu'un qui
trouvait son avantage.
La question que j'aimerais poser à la ministre, c'est:
Concrètement, selon vos évaluations, combien va-t-il y avoir de
nouveaux films de langue anglaise auxquels nos distributeurs auront
accès annuellement? Je ne vous le demande pas mensuellement,
Mme Bacon: Les distributeurs nous disent qu'il y aura un
accès possible à 150 films. Si les distributeurs sont le
moindrement agressifs - et je pense qu'ils peuvent l'être - ils auront
donc accès à 150 films.
M. Boulerice: De langue anglaise? Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: À 150 films. D'accord. Vous me citez les
producteurs.
Mme Bacon: Les distributeurs.
M. Boulerice: Les distributeurs, je m'excuse. Vous, au
ministère, n'aviez aucune étude précise, aucune
étude quantitative quant au nombre possible de films. Comme on dît
en anglais et sans le mettre en doute, vous avez pris leur parole.
Mme Bacon: Je pense que, dans une négociation et dans une
concertation, on doit agir de bonne foi. Je ne crois pas que les distributeurs
mentent pendant une telle négociation qui est trop importante pour leur
survie.
M. Boulerice: Je ne dis pas qu'ils mentent, M. le
Président, mais je pense que s'il y a un ministère qui est bien
équipé en termes de recherche parce qu'il a probablement, comme
le disait Miss Jane Brodie, Cream of the Crop, en termes de qualité de
fonctionnaires, c'est bien le ministère des Affaires culturelles au
Québec. J'aurais pensé que la ministre était capable,
durant la première année qu'elle était là, d'avoir
une équipe qui aurait pu faire elle-même sa propre
évaluation. Mais, là, on me répond non.
Mme Bacon: M. le Président, je ne peux pas laisser passer
cela.
M. Boulerice: Oui, mais vous avez dit que vous preniez un an pour
faire le tour. Alors, vous auriez peut-être pu leur demander cela.
Mme Bacon: M. le Président, il est évident qu'on
n'a pas fait ce dossier tout seul. On l'a fait avec des fonctionnaires
compétents.
M. Boulerice: On n'en doute pas.
Mme Bacon: Je n'accepte justement pas que le député
de Saint-Jacques mette en doute la compétence des fonctionnaires du
ministère qui ont été à même d'évaluer
ce dossier à mesure qu'il a évolué. Je pense que les
fonctionnaires, comme moi, acceptent ce chiffre de 150 films.
M. Boulerice: Je vous demande: Est-ce qu'il y a des
fonctionnaires qui ont fait une étude? Vous me dites: Oui, il y a des
fonctionnaires qui disent qu'il y a 150 films. Donc, ils ont fait une
étude.
Mme Bacon: Je n'ai pas dit qu'ils ont fait l'étude. J'ai
dit que des fonctionnaires ont travaillé très près de moi
dans ce dossier. Je n'ai pas fait un dossier pareil toute seule. Il y a une
équipe qui travaille sur le dossier et qui a fait en sorte de
vérifier tout ce qui nous a été dit.
M. Boulerice: M. le Président, je vais vous faire la
proposition d'amendement qui, à l'article 1, nouvel article 105.1,
troisième paragraphe, est l'ajout du texte suivant: "ainsi que toute
modification ultérieure à celle-ci", qui viendrait après
les mots "une copie de l'entente".
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Vous voulez
répéter, M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je fais une proposition d'amendement à
l'article 1, le nouvel article 105.1, troisième paragraphe, l'ajout du
texte suivant - j'ouvre les guillemets, c'est l'objet de l'amendement: "ainsi
que toute modification ultérieure à celle-ci" après les
mots "une copie de l'entente"."
Mme Bacon: Mais, M. le Président, un tel amendement ne
tient pas puisque l'entente est signée pour une période de cinq
ans. Pendant les cinq ans, l'entente est telle qu'on ne peut y faire aucun
changement. Si les gens ne respectaient pas l'entente, j'ai dit qu'on
reviendrait à la loi avec les
articles qui sont suspendus et qu'ils seraient carrément exclus
de l'entente s'ils ne la respectaient pas. Dans cinq ans, quand on
renégociera cette entente, il faudra rouvrir la loi, il faudra revenir
devant l'Assemblée nationale. Donc, cet amendement qui est
déposé par le député de Saint-Jacques ne tient pas.
Cela n'a pas sa raison d'être.
M. Boulerice: Je ne vous suis pas.
M. Trudel: Peut-être que le député de
Saint-Jacques, M. le Président, pourrait expliquer son amendement parce
que j'ai comme première réaction exactement la même
réaction que Mme la ministre. Je ne vois pas vraiment à quoi il
peut être utile, à moins d'avoir mal compris.
M. Bouierice: C'est parce qu'il n'y a rien dans l'entente qui dit
que l'entente ne peut pas être modifiée. Elle est signée
pour cinq ans, je suis bien d'accord, mais rien ne dit qu'elle ne peut
être modifiée.
Mme Bacon: Mais la loi l'empêche puisque la loi prend acte
de l'entente qui est signée. On ne peut pas rouvrir l'entente pendant
les cinq ans. On ne peut pas la modifier. La loi prend acte de l'entente. Dans
la loi, on prend acte de l'entente. C'est la plus grande garantie qu'on puisse
avoir pour cette entente. Si l'on rouvrait l'entente, cela deviendrait
illégal.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, sur ce même sujet. Vous
savez que les Américains ont le même système que nous.
C'est du consensualisme, c'est-à-dire qu'à partir du moment
où les deux parties sont d'accord, on peut toujours ouvrir n'importe
quelle entente. Je vois un de vos aides qui dit non. Mais, à partir du
moment où les deux parties sont d'accord, on peut tout faire.
Mme Bacon: On ne peut pas être d'accord parce que nous
étions d'accord pour signer une entente de cinq ans. On ne peut pas y
revenir. L'accord qui a été signé, c'est pour cinq
ans.
M. Filion: Oui, mais si les deux parties sont d'accord, Mme la
ministre, vous pouvez modifier ce terme et le remplacer par un terme de dix
ans, trois ans ou cent ans.
Mme Bacon: Non, si on modifiait l'entente, M. le
Président, il faudrait revenir devant l'Assemblée nationale pour
la faire accepter.
M. Filion: Oui, oui, bien sûr. Là, vous adoptez une
loi qui se trouve à y donner suite d'une certaine façon.
Mme Bacon: II n'est pas question qu'on la modifie.
M. Filion: Mais cela, c'est toujours possible. Non, mais il ne
faut pas que vous écartiez cette possibilité. Si, au bout d'un an
et demi, vous constatez que le bilan est carrément bien en dessous de
toutes vos espérances et que vous réussissiez à convaincre
de façon rigoureuse les gens de la MPEAA, à ce moment-là,
il est toujours possible de signer une nouvelle entente. Ne dites pas non.
Écoutez! c'est toujours possible. Ce n'est pas une table de
Moïse.
Mme Bacon: Peut-être que le député de Taillon
a déjà vu cela, renier des signatures, mais, nous, on n'a pas
l'intention de le faire, M. le Président. On n'a pas l'intention de le
faire.
M. Filion: Mme la ministre des Affaires culturelles, vous savez
fort bien que le gouvernement précédent n'a jamais renié
sa signature, que tout ce qui était compris dans l'entente collective
signée entre le gouvernement du Québec et ses employés a
été versé aux employés. Ne sortez pas du fond du
tiroir de vieux fantômes qui ne font plus peur à personne et qui
n'ont pas empêché 20 000 personnes de défiler en fin de
semaine sur Hydro-Québec, soit plus qu'on n'en a jamais vu, et je le dis
sérieusement.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Si vous le
permettez, on va revenir.
M. Gardner: C'est faux ce qu'il dit.
M. Filion: Ce n'est pas faux. Informez-vous.
M. Gardner: Je m'excuse, j'ai été coupé de
8000 $, moi, personnellement.
M. Filion: Après l'expiration de la convention
collective.
M. Gardner: Joual vert!
M. Filion: Après l'expiration de la convention collective.
En tout cas, peu importe.
M. Gardner: Non, monsieurl Vous n'avez même pas
respecté votre signature.
M. Filion: Peu importe, vous le voyez, l'avenir rejoint le
présent, M. le Président. Vous vous souvenez quand vous disiez un
peu plus tôt cet après-midi: On verra quant à l'avenir?
M. Gardner: C'est faux.
M. Filion: ...je suis en train d'échanger avec la ministre
des Affaires culturelles.
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez,
revenons au dossier de la Loi sur le cinéma.
M. Filion: D'accord.
M. Gardner: Je m'en souviens en maudit.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Alors, en ce sens, si vous constatiez qu'au bout d'un
an ou deux cette entente non seulement n'apporte pas les fruits
escomptés, mais...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Ce n'est pas à moi que vous devez... J'aimerais
bien...
M. Gardner: II perturbe notre réunion, lui!
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Par contre, j'admets que cela a
quand même mis depuis quelques minutes un peu d'humour à notre
commission, mais, si vous le voulez bien, revenons à la pertinence du
débat. M. le député de Taillon, s'il vous plaît!
M. Filion: C'est du mauvais cinéma, mais je ne comparerais
pas cela à la portion de films...
Une voix: Un western.
M. Filion: ...auxquels a fait référence la ministre
en Chambre et au début de cette commission. En deux mots...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taîllon.
M. Filion: ...je vais commencer par une question avant. En vertu
de quel système de droit cette entente doit-elle être
interprétée? Est-ce qu'elle doit être
interprétée en fonction des lois du Québec ou en fonction
des lois américaines?
Mme Bacon: Les lois du Québec. La loi prend acte de
l'entente. S'il y avait des modifications à l'entente, il faudrait
revenir à la loi. La loi prend acte de l'entente.
M. Filion: Vous n'avez pas répondu à ma question.
En fonction de quel système juridique l'entente doit-elle être
interprétée?
Mme Bacon: Ce n'est pas américain, c'est
québécois,
M. Filion: On s'entend sur cela. Alors, à partir de ce
moment, Mme la ministre, notre droit qui s'applique en cette matière est
un droit qui concrétise le principe du consensualisme,
c'est-à-dire le principe qui veut que les parties à une entente
peuvent toujours la modifier à leur gré. Je comprends fort bien
qu'un texte de loi - c'est la loi 157 que nous sommes en train d'adopter
-vienne donner une suite juridique à l'entente intervenue, mais
absolument rien n'empêche les parties de convenir de modalités
différentes à l'intérieur de cette période de cinq
ans. II s'agira par la suite d'apporter les correspondances législatives
qui pourraient découler d'une modification à l'entente. Ce ne
sont pas toutes les clauses contenues à l'entente qui doivent faire
l'objet de ce remaniement législatif, à mon sens. En ce sens,
est-ce que la ministre est disposée - à la fin d'un an, d'un an
et demi ou de deux ans, comme elle l'a dit elle-même, lorsque le bilan de
cette entente sera fait - à examiner la possibilité de revoir les
termes ou les conditions de cette entente ou de tenter de convaincre, pour
être plus précis...
Mme Bacon: Je pense que c'est loin d'être dans
l'intérêt du Québec de revoir l'entente dans un an ou dans
un an et demi. Si on a réussi à signer l'entente et à
fermer, avec la loi, ce dossier, c'est loin d'être dans
l'intérêt du Québec de le rouvrir. C'est pour cela que je
dis que l'entente est là pour cinq ans. Pendant les cinq ans, on va voir
comment cela va fonctionner. Dans cinq ans, il y aura renégociation. On
aurait pu signer une entente pour un an ou deux. Mais ce sont les distributeurs
eux-mêmes qui nous demandent cinq ans. Je dis que nous avons fait cette
loi et cette entente grâce à la concertation presque quotidienne
avec les distributeurs. Nous aurions pu signer une entente d'un an ou deux. Les
distributeurs voulaient eux-mêmes que ce soit cinq ans. Cela
répond exactement à leurs besoins. C'est eux-mêmes qui le
demandent. Si vous parlez aux distributeurs, ils vous le diront
eux-mêmes. Ce sont qui ont exigé cinq ans.
M. Filion: Écoutez, cela ne donne rien de tenter de vous
convaincre.
Mme Bacon: Non.
M. Filion: Alors, j'abandonne ce point en espérant que les
intérêts du Québec ne sont pas en jeu.
Mme Bacon: Ils ne sont pas en jeu,
puisque...
M. Filion: Ou ils pourraient devenir en jeu à la suite
d'une position aussi radicale que celle que vous adoptez ce soir. En tout cas,
vous connaissez mon point de vue.
Mme Bacon: Cela répond aux besoins et au désir des
distributeurs, M. le Président. Ce sont eux-mêmes qui nous ont
demandé une période de cinq ans. Nous répondons à
leur demande. (21 heures)
M. Filion: Nous avons déjà eu l'occasion de
converser sur les effets de cette entente qui sont en bonne partie inconnus. On
parle d'un marché et d'agents économiques qui sont capables,
à cause de l'énormité des sommes en jeu, de réagir
rapidement. Je vais en donner un exemple. J'attire votre attention sur la
clause 13 de l'entente qui dit, grosso modo, ceci: Dans te cas
d'inexécution d'obligation prise par un membre en vertu du
présent protocole, la ministre se réserve le droit d'en exclure
ce membre au moyen d'un avis écrit à cet effet, lequel sera
exécutoire 60 jours après sa date de mise à la poste. Ce
que je vous soumets, c'est le cas suivant: Un membre fait partie d'associations
cocontractantes et, pour une raison ou pour une autre - on peut imaginer
facilement qu'il y a plusieurs raisons, mais j'aime mieux ne pas imaginer ces
choses-là - sa conduite est tout à fait non conforme et vous
envoyez l'avis prescrit: le membre est exclu. D'accord? À ce
moment-là, vous et moi et la majorité des gens pourrions croire
que ce membre va subir une perte énorme quant à la distribution
non possible de son film au Québec. Mais là, il va prendre
l'entente et il va faire ce que n'importe quel avocat lui a dit de faire,
c'est-à-dire qu'il va aller à l'article 6 de la même
entente. AHez-y avant de dire non. L'article 6 de la même entente dit:
Tout membre pourrait distribuer au Québec les films de tout autre membre
à condition que l'un ou l'autre ou les deux ensemble rencontrent les
critères établis aux paragraphes 3 et 4 des présentes.
Cela veut dire que le membre exclu va pouvoir demander aux membres inclus de
distribuer ses films, d'où - en tout cas, je vous le soumets et à
vos conseillers juridiques - le fait que l'article 13 peut être
évité légalement d'une façon très rapide et
très "convenient", légale bien sûr, et très efficace
par les parties à cette entente. Voilà peut-être le type de
clauses, si vous découvrez que le manège est utilisé,
qu'il faudra manifestement changer, sans quoi on ferme une porte, mais on
permet aux mêmes membres d'entrer par l'autre porte.
Mme Bacon: Quand on prend l'article 13 ici, dans le cas
d'inexécution d'obligation, il y a toujours l'article 105 de la loi qui
existe.
M. Filion: L'article 105 de...?
Une voix: De la loi.
Mme Bacon: L'article °104 ou 105.
M. Filion: Oui, d'accord.
Mme Bacon: Les gens doivent se soumettre à cela dans ce
cas-là. Quand on regarde toute cette concurrence qui existe dans le
milieu, je serais fort surprise que l'article 6 s'applique.
M. Filion: On sait que l'entente va confirmer entre les mains de
M. Valenti une espèce de certificat, c'est lui qui va détenir le
certificat d'accréditation. J'emploie un langage volontairement
imagé, mais c'est lui qui détient la clé pour entrer dans
le club des distributeurs américains qui vont faire affaires au
Québec.
Mme Bacon: Jusqu'au 1er janvier 1987.
M. Filion: Oui, après, le club est fermé.
Mme Bacon: Oui.
M. Filion: Mais si c'est lui qui a la clé d'ici le 1er
janvier 1987, vous imaqinez le pouvoir qu'on donne à cet homme quand
même. Donc, un certain nombre de membres de ce club sélect
pourront, à moins d'obtenir un permis spécial, faire affaires au
Québec. S'il y en a un qui est exclu, il peut demander à son
"chum" de le faire pour lui, d'occuper le marché
québécois. À ce moment-là, la conjonction des
articles 6 et 13 de l'entente fait en sorte que, à mon sens ou à
moins qu'on ne me convainque du contraire, cela constitue véritablement,
je n'oserais pas dire une passoire - c'est un terme dont le premier ministre
s'est déjà servi pour qualifier à juste titre le projet de
loi de l'une de vos collègues - mais, en tout cas, un trou béant
dans l'entente.
Mme Bacon: Une fois que la liste est fermée, il n'y a pas
de possibilité que ce soit un autre qui le fasse. La liste va être
fermée le 1er janvier 1987.
M. Filion: S'il est exclu...
Mme Bacon: II y a les articles 104 et 105.
M. Filion: Cela n'empêche pas cela.
Mme Bacon: S'il n'y en a pas d'autres qui sont ajoutés, il
n'y en aura toujours que
neuf qui seront membres.
M. Boulerice: Je vais...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...vous le poser en termes d'exemple, Mme la
ministre. Donnons l'hypothèse que Paramount est exclue et qu'elle fait
entente avec Universal en disant: Je vais te donner 10 % de mes recettes au
guichet - le "box office", comme on dit aux Etats-Unis - pour distribuer le
film. Elle réussit à contourner cela à ce
moment-là. Comment pouvez-vous faire en sorte qu'elle ne contourne pas
cela?
Mme Bacon: À ce moment, la part des
Québécois est la même. Cela ne change pas la part des
Québécois et elle n'est pas décroissante par ce fait. J'en
reviens encore à dire que l'intérêt premier que nous
avions, c'est d'assurer à nos distributeurs québécois le
marché de la distribution. C'est cela, l'entente. Il ne faut jamais
oublier cela. C'est cela, l'entente. Il ne faut jamais oublier cela. C'est
cela, le but premier de l'entente. C'est pour cela qu'on a signé
l'entente, pour assurer à nos distributeurs québécois le
marché du film, la distribution du film. Je pense qu'on a
réussi.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: C'était pour voir... Avez-vous
terminé?
Mme Bacon: Elle aussi, elle a son souffleur.
M. Boulerice: Non, je reviendrai; allez-y, madame.
Mme Blackburn: Je voudrais revenir à l'article 6 de
l'entente: "Tout membre pourra distribuer au Québec les films de tout
autre membre è condition que l'un ou l'autre ou les deux ensemble
rencontrent les critères établis aux paragraphes 3 et 4..."
C'est-à-dire que, dans le cas d'une exclusion, les membres signataires
de l'entente pourraient être exclus. C'est ce que je comprends.
Mme Bacon: Je n'ai pas compris ce que vous avez dit avant.
Mme Blackburn: Les membres signataires de l'entente qui, au 1er
janvier 1987, feront partie des "majors", cela veut dire que ces membres
pourraient être exclus, même s'ils sont partie è l'entente
au moment de la signature, au moment où cela prend effet au 1er janvier.
Est-ce que c'est comme cela qu'il faut comprendre l'ar- ticle 6?
Une voix: S'ils font des gaffes. Mme Bacon: Dans l'article
13...
Mme Blackburn: Oui, je veux dire l'article 13, mais...
Mme Bacon: Dans le cas d'inexécution d'obligations
prises.
Mme Blackburn: Je voulais bien interpréter l'article 6 qui
dit: "Tout membre pourra distribuer au Québec les films de tout autre
membre..." S'il est exclu pour la distribution d'un film donné, parce
qu'il n'a pas respecté les accords, est-ce qu'il demeure membre et
pourrait voir ses films distribués par l'autre membre?
Mme Bacon: II ne demeure pas membre. Il est soumis ensuite
à l'article 104 et à l'article 105. Quand on dit qu'il pourrait
demander à un de ses copains de distribuer les films, ces gens devront
payer des sommes énormes à leur concurrent. Ils n'ont pas envie
de le faire. Ils ont envie de faire leur distribution eux-mêmes.
Mme Blackburn: II existe quand même des ententes dans ce
milieu, comme il en existe dans tous les milieux financiers. Quand cela
coûte 3 000 000 $ pour acquérir ce droit et que vous donnez une
prime de 10 % à celui qui distribue votre film...
Mme Bacon: L'article 6 dit que tout membre pourra distribuer au
Québec, mais s'il n'a pas respecté l'article 13, il n'est plus
membre. Il retombe sous la juridiction des articles 104 et 105. Il n'est plus
membre, donc, cela ne peut pas être lui, à l'article 106.
Mme Blackburn: Très bien. Donc, même ceux qui sont
partie à l'entente, une fois exclus, ne sont plus
considérés comme membres, point.
Mme Bacon: C'est facile, ils ne sont plus membres. C'est comme
s'ils n'étaient pas là.
Mme Blackburn: Cela va.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi, avez-vous d'autres commentaires?
Mme Blackburn: J'aurais peut-être juste un commentaire sur
le communiqué de presse qui nous a été distribué.
Cela ressemble à une commande téléphonique, parce qu'il y
a des ratures et...
Mme Bacon: C'est parce que c'est un "bélino".
Mme Blackburn: II y a des corrections. Un amendement a
été déposé par mon collègue de
Saint-Jacques. Est-ce qu'il est jugé recevable?
M. Trudel: ...est-ce que vous avez déclaré
l'amendement recevable?
Le Président (M. Richard): Oui, tout à fait.
D'ailleurs, depuis tout à l'heure...
M. Trudel: Je m'excuse, je ne vous avais pas entendu.
Le Président (M. Richard): ...nous discutons sur
l'amendement. C'est juste que les copies n'ont pas été
distribuées jusqu'à maintenant.
M. Trudel: Est-ce que cela vient du "bélino", Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: C'est une photocopie.
Le Président (M. Richard): Qui veut intervenir en
continuant sur le projet d'amendement qui a été proposé
par M. le député de Saint-Jacques? M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je suis, déjà intervenu, je pense, pour
signaler à la ministre que toute modification ultérieure à
l'entente est légalement possible. Alors, c'est évident que je
favorise l'amendement du député de Saint-Jacques. Mais, en
même temps, je dois lui avouer qu'en ce qui concerne la conjonction et le
jeu des articles 13 et 6, effectivement il semblerait que - d'ailleurs,
j'étais réceptif à l'opinion contraire; elle l'a bien
exprimé -il est exclu et ne pourrait plus être
considéré comme membre, étant donné qu'on fait
référence au protocole.
Le Président (M. Richard): Est-ce que quelqu'un d'autre
veut intervenir sur l'amendement?
M. Boulerice: J'ai une question à poser à la
ministre, M. le Président. Oui va assurer la structure de surveillance
de tout cela? Qui va établir la procédure? Qui va prendre la
décision et comment va se prendre la décision d'exclure la partie
qui n'aura pas respecté l'entente?
Mme Bacon: C'est la Régie du cinéma qui va assurer
cette responsabilité et qui fera des recommandations au ministre si un
membre ne respectait pas ses obligations; le ministre agira suivant la
recommandation de la régie, mais c'est la régie qui aura la
responsabilité de ce que l'on appelle le "monitoring", de gérer,
en fait, l'entente.
M. Boulerice: Est-ce que la régie a les ressources pour
vérifier la validité du dépôt des affidavits qui
devront être déposés?
Mme Bacon: Et la régie a toutes les ressources
nécessaires pour faire respecter l'entente.
Le Président (M. Richard): Y a-t-it d'autres questions ou
d'autres commentaires sur l'amendement? Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voterai en faveur de l'amendement et je vais
expliquer pourquoi. Effectivement, par entente des deux parties, cela peut
être modifié. Je ne sais pas si on est capable de me dire le
contraire, mais, par entente des parties, étant donné qu'on est
en train d'adopter un projet de loi qui ne vient qu'entériner une
entente déjà signée, voulez-vous me dire en vertu de quoi
- et j'aimerais entendre là-dessus ceux qui ont une formation un peu
plus juridique - on pourrait ne pas modifier l'entente et apporter un projet de
loi après? Donc, l'entente peut toujours être modifiée.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Les gens de droit nous diront que l'on doit
entériner par une loi ce qui a été accepté dans une
entente, sinon c'est discrétionnaire de la part du ministre en
matière de législation; ce n'est pas cela. Il faut que ce soit la
loi qui entérine l'entente. Il faut donc que l'entente ait lieu avant
pour la faire entériner par la loi.
M. Trudel: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Bourget.
M. Trudel: Si on pousse le raisonnement, on pourrait dire - et je
n'ai pas l'expérience pratique du député de Taillon comme
avocat, parce que j'ai pratiqué trois longs mois dans ma vie, mais j'ai
une formation juridique et cela me revient à l'occasion - qu'une entente
peut être remise en question quand les deux parties sont d'accord.
En admettant que l'on applique cela à l'article 105.1, la
dernière phrase le couvre, parce que ce sera copie de l'entente. De
toute façon, la ministre sera obligée de la déposer.
M. Filion: En vertu de quoi?
M. Trudel: En vertu du dernier paragraphe: "Le ministre doit
déposer devant
l'Assemblée nationale une copie de l'entente." En admettant qu'il
y a une nouvelle entente à l'intérieur des cinq ans, par pure
hypothèse, parce que je me rallie à ce que la ministre dit, on
pourrait toujours raisonner en disant: De toute façon, c'est couvert par
le dernier paragraphe.
M. Filion: Oui, cela pourrait être le cas, sauf que
l'entente dont il est question au troisième alinéa de l'article
105.1, c'est l'entente décrite au premier alinéa de l'article
105.1 qui, elle, fait référence spécifiquement à
une entente avant le 1er janvier 1987. Donc, cela ne peut pas être une
entente ultérieure qui modifierait en partie ou peut-être
totalement - je ne le sais pas - l'entente qui est devant nous et qui est
intervenue avant le 1er janvier 1987. Donc, il faudrait prévoir, et
c'est le but de l'amendement, des modifications à cette entente. On ne
prétend pas nécessairement qu'il va y en avoir, mais on
prétend que c'est une possibilité. C'est pour cela que j'ai
posé la question: Est-ce que l'entente sera interprétée en
vertu des lois du Québec?
J'ai remarqué que l'entente avait été signée
à Montréal et qu'il n'y avait aucune référence
à un autre lieu d'interprétation. Donc, à ce
moment-là, on doit en conclure que ce sont les lois du Québec qui
s'appliquent et, comme on vit dans le système consensualiste, il est
donc possible d'amender, si on peut me passer l'expression, cette'
entente-là ou même de l'écarter ou de faire tout ce que
vous voulez faire. (21 h 15)
Mme Bacon: On donne à ia régie la
responsabilité d'appliquer l'entente. Même si on voulait la
rouvrir, la régie doit continuer à faire appliquer cette entente
selon la toi. C'est cette entente que la régie devra faire
respecter.
M. Filion: À ce moment, s'il y a une modification à
l'entente et que vous devez revenir à l'Assemblée nationale pour,
supposons... C'est parce qu'il peut avoir toutes sortes de modifications
à une entente. Ce peut être une modification de certains
éléments financiers ou de certains éléments
accessoires ou d'une obligation de l'une des parties, je ne peux pas
prévoir. Cela peut être des facteurs, en deux mots, sur lesquels
la régie n'a absolument aucun contrôle. La régie n'a pas
beaucoup de contrôle, je dirais, sur, peut-être, la clause... Je ne
sais pas; tantôt, on parlait de la clause 6. En deux mots, la
régie ne surveillera pas tout.
Deuxièmement, pourquoi vous placer dans une situation telle que
vous refuseriez d'envisager des modifications à cette entente puisque
c'est possible légalement et que l'amendement aurait strictement pour
but de faire en sorte qu'une modification à cette entente soit
déposée?
Mme Bacon: D'abord, je pense...
M. Filion: En deux mots, ce n'est pas la fin du monde. On ne
parle pas d'une grosse affaire. Vraiment, vous ne devriez pas écarter
cette possibilité. Vous avez dit vous-même: On va faire le bilan
dans un an ou deux. À ce moment, si vous...
Mme Bacon: Je pense que ce ne serait pas rendre service aux
distributeurs de revenir sur l'entente. La liste étant fermée
pour cinq ans, je pense que c'est là qu'il y a des gains qui sont
importants sur les films anglais. Si on ferme la liste pour cinq ans, c'est
là qu'il y a des gains importants pour le distributeur. En plus, je
pense que la régie est capable d'assumer la responsabilité qu'on
lui confie de faire ce qu'on appelle la gestion de cette entente.
Si on donnait une interprétation autre de notre désir de
l'entente de cinq ans, ce serait donner des espoirs aux Américains de
faire rouvrir la liste. Il ne faut pas leur donner ces espoirs de rouvrir la
liste de membres qui sera arrêtée le 1er janvier 1987. Il n'y en
aura pas d'autres pendant cinq ans. C'est cela. Si on leur donne le seul espoir
qu'on peut rouvrir l'entente, c'est là la difficulté pour nos
distributeurs et la crainte qu'ils auront pendant cinq ans de voir rouvrir la
liste. Nous, nous disons: La liste est fermée le 1er janvier 1987. Il
n'y en aura pas d'autres. Là, on fera des gains pour nos distributeurs
pendant cinq ans. Après, on verra, dans cinq ans.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je pense qu'il est inutile de poursuivre. Je comprends
votre point de vue, mais d'un autre côté vous pourriez avoir
intérêt...
Mme Bacon: Mais non!
M. Filion: Ne me dites pas non, Mme la ministre.
Mme Bacon: On n'a pas intérêt à la
rouvrir.
M. Filion: Vous ne savez pas quel est le bénéfice
réel. Une entente, vous savez, c'est comme une loi. On l'écrit,
on la signe, mais comment elle va se vivre par les parties, on ne le sait
jamais. Ce n'est quand même pas un texte de Moïse, en ce sens que ce
n'est pas la fin du monde. Vous ne devriez pas fermer vous-même la porte.
Je comprends que vous n'aimeriez pas que l'autre l'ouvre, mais il ne faut pas
non plus que vous vous la fermiez. Et de prévoir une modification dans
la loi...
Le but de l'amendement ce n'est pas...
Cela existe déjà. Ce groupe, s'il change de nom...
Supposons qu'il change de nom, il y a assez de brassage de millions et de
dizaines de millions dans l'industrie du cinéma aux États-Unis
que la Motion Picture Export Association...
Mme Bacon: Il y a des ayants droit. M. Filion: Pardon!
Mme Bacon: À ce moment, il y aurait des ayants droit.
Une voix: Des successeurs.
M. Filion: D'accord, mais ils peuvent vouloir créer, pour
leur bénéfice, une nouvelle entité, peu importe. Il y a
des tas d'hypothèses possibles, Mme la ministre, quand on signe une
entente comme quand on adopte un texte de loi. À ce moment, je pense
qu'il serait sage de prévoir des modifications de cette entente, ne
serait-ce que pour protéger nos distributeurs québécois
qui pourraient être victimes d'une interprétation de l'entente et
de la loi que nous ignorons peut-être tous ce soir autour de la table.
C'est simple!
Mme Bacon: M. le Président, je vais le redire, c'est
eux-mêmes, les distributeurs, qui nous ont demandé une
période de cinq ans. C'est eux-mêmes qui ont demandé qu'on
ferme le 1er janvier la iiste pour cinq ans et que l'entente soit là
pendant cinq ans. C'est eux-même3 qui nous l'ont demandé. On s'est
rendu à leur demande, on a négocié cela avec les
Américains. On ne peut pas être à leur merci à
chaque année ou a tous les deux ans. On a négocié avec les
Américains pour cinq ans. Il a fallu négocier pour la
période de cinq ans. Cela ne se fait pas comme cela. On ne peut pas
ouvrir des ententes à partir d'hypothèses.
M. Filion: ...il s'agit de concevoir raisonnablement que des
amendements sont possibles. Les Japonais font cela couramment. Ils ne signent
plus rien; ils se regardent dans les yeux, et ils disent: On s'entend. Ils le
disent évidemment en japonais, M. le Président, vous l'aviez
compris. Mais en deux mots, nous, on est toujours là avec nos papiers...
Une entente, ce n'est jamais la fin du monde; il y a toujours
possibilité qu'il se passe des choses et, en ce sens, je pense que
l'amendement du député de Saint-Jacques - je ne voudrais pas
éterniser le débat - est tout à fait raisonnable et
constituerait une belle protection pour le Québec, pour les
distributeurs québécois. Comme vous le dites, peut-être
qu'ils voudraient ouvrir le club sélect, dont M. Valenti détient
la clé, après le 1er janvier 1987. Vous n'avez qu'à dire
non, c'est tout. Cela prend quand même un consentement entre les parties.
Cela peut arriver, peut-être que les deux vont se produire en même
temps et peut-être que ce serait intéressant, pour le
Québec, de modifier l'entente et en même temps, pour les "majors",
cela pourrait aussi être intéressant. Il est possible de concevoir
des situations où les deux parties voudront, de bon gré, modifier
les termes de l'entente. Cela arrive souvent. À ce moment-là,
pourquoi fermer la porte? Pourquoi ne pas arriver bien simplement et
prévoir, dans la loi actuelle, ce dépôt des modifications
ultérieures? II ne serait pas toujours nécessaire de modifier la
loi 157 pour donner suite à ces modifications, j'en suis convaincu.
Mme Bacon: L'article 11 de l'entente lie la ministre et le MPEAA
pour cinq ans. Aucune clause de l'entente ne prévoit de rouvrir
l'entente, sauf six mois avant l'échéance, où on va
commencer la négociation. Je pense que, si jamais il y avait des
avantages pour le Québec qui indiquaient qu'on devrait apporter des
amendements, on devrait revenir à l'Assemblée nationale, ici.
Même à la fin de l'entente, si on la reconduit, on devra revenir
encore dans cinq ans. Si l'entente est satisfaisante et qu'on veut la
renouveler de la même façon, il faudra revenir à
l'Assemblée nationale parce que, en ce moment, la loi 157 prend acte de
l'entente. Donc, il faut revenir dans cinq ans.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le ministre, je pense que mon collègue
s'est très bien exprimé. On ne dit pas à la ministre:
Ouvrez, laissez les portes battantes de façon qu'on en arrive à
des modifications sur le fond, des modifications sur un fond où il y a
des gens qui l'appuient, contrairement à ce qu'elle peut
prétendre. Il y a des succès pour la culture, personne n'en est
jaloux au Québec, au contraire, on est trop jaloux de notre culture. Il
peut arriver des détails techniques, on sait qu'on n'est jamais parfait.
La preuve, c'est qu'à tout bout de champ arrivent des amendements; on
révise, on revoit. On dit: Pourquoi ne pas se laisser cette
fenêtre qui permettrait de regarder certains détails,
peut-être d'ordre pratique?
À titre d'exemple, pour la ministre des Affaires culturelles du
Québec, si, demain matin, on décidait de changer d'appellation,
comme je l'appelle, et de parler plutôt de culture, du ministère
de la Culture du Québec, c'est une modification.
Mme Bacon: ...M. le Président, si l'on ouvrait le
moindrement la fenêtre, comme le dit le député de
Saint-Jacques, ce seraient
les portes battantes que croiraient entendre les Américains.
C'est cela, le problème. Il faut fermer le 1er janvier 1987 et ne pas
rouvrir avant six mois de la fin des cinq ans pour renégocier. Il ne
faut jamais ouvrir une fenêtre parce que ce seraient les portes grandes
ouvertes qu'on croirait entendre de l'autre côté. C'est cela qu'il
faut attendre. C'est l'épée de Damoclès pour les
distributeurs du Québec. Je ne peux pas permettre cela comme ministre
des Affaires culturelles.
Le Président (M. Richard): Autre commentaire sur
l'amendement?
M. Boulerice: Bon, écoutez, on va voter.
Le Président (M. Richard): S'il n'y a pas d'autre
commentaire, nous allons voter.
M. Boulerice: Nous allons voter.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous voulez le vote
nominal?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division.
Mme Bacon: Est-ce que cela vient du député de
Saint-Jacques?
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Saint-Jacques est le proposeur.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques ne pense-t-il
pas que, pour les distributeurs, il devrait retirer un tel amendement? Pour
protéger davantage les distributeurs.
M. Boulerice: Non. Mme la ministre dit que c'est pour
protéger les distributeurs...
Mme Bacon: ...québécois. Ne devrait-il pas retirer
un tel amendement?
M. Boulerice: Je vous dis que l'entente est fermée. Mais
pourquoi se refuser...
Mme Bacons Ce n'est pas ce que vous nous dites.
M. Boulerice: Non, laissez-moi compléter, s'il vous
plaît, Mme la ministre. Je vous dis pourquoi on peut fermer, mais laisser
quand même une ouverture quand il s'agit de corrections d'ordre
technique, quelque chose qui peut peut-être relever, à un moment
donné, de la banalité. Mais, encore là, je vous fais la
même réflexion qu'au début: je ne voudrais pas qu'à
un moment donné, à cause d'un mot mal placé, d'une virgule
mal située ou d'un chiffre mal cité, on s'aperçoive que
l'entente, dans son fondement, est attaquable ou qu'il y a un problème
d'opératiannalisation. C'est le fond de mon raisonnement. Je vous ai
fait la proposition. Si vous n'en voulez pas, vous n'en voulez pas. En tout
cas, c'est ma perception de la chose. On ne m'empêchera pas de...
Mme Bacon: M. le Président, je pense qu'en ce moment
l'entente est fermée à double tour; d'abord, à cause des
pouvoirs donnés dans l'entente et, deuxièmement, à cause
de la loi qu'on fait adopter pour compléter. Il n'y a pas de
possibilité de réouverture. Elle est fermée à
double tour et elle protège les distributeurs du Québec. Elle ne
donne aucun espoir à l'autre partie que sont les "majors"
américains.
Le seul fait de proposer "ainsi que toute modification ultérieure
à celle-ci" donne espoir à l'autre partie, et il ne faut donner
aucun espoir de modification ultérieure. Il faut fermer la porte
à double tour.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: M. le Président, je ne sais pas pourquoi la
ministre s'entête à ne voir une réouverture qu'au
détriment des distributeurs du Québec, alors qu'une
réouverture de cette entente pourrait fort bien être au profit des
distributeurs du Québec, selon la situation qui sera vécue au fil
des mois et des années. Ce n'est quand même pas
compliqué.
Chaque fois que la ministre nous donne un exemple, elle nous dit
toujours qu'une entente fonctionne de deux façons. De votre
deuxième argument, je le répète, la loi ne reproduit, sauf
erreur - vous me corrigerez -que partiellement l'entente intervenue. La loi ne
reprend pas la totalité de cette entente. À moins que le projet
de loi 157 que j'ai entre les mains ne soit pas le bon, la loi ne reprend
qu'une partie de l'entente intervenue; elle ne reprend pas tous les termes et
toutes les conditions de cette entente. En ce sens- * là, si la ministre
s'obstine à ne voir qu'un côté de la médaille et
à penser que l'entente, contrairement à ce qu'elle disait cet
après-midi, représente un succès inespéré...
Non, ce n'est pas si mal, comme vous le disiez vous-même cet
après-midi, il y a beaucoup de chemin à faire compte tenu de ce
qu'était la loi 109, de ce qu'aurait pu être l'entente. En tout
cas, vous avez voulu la signer, vous la signez, c'est très bien. C'est
votre responsabilité. Vous avez été élue pour cela
et vous avez été nommée à ce ministère pour
cela. Personne ne vous en fait le reproche. L'avenir dira cependant si
c'était une bonne décision ou non. Mais ce qu'on vous dit,
étant donné qu'on ne connaît pas l'avenir: Mon Dieu!
Prévoyez donc que
des modifications et des amendements à l'entente pourraient
arriver, premièrement pour des "bébelles" et,
deuxièmement, pour quelque chose de différent, mais qui, cette
fois-là, serait au profit des distributeurs du Québec.
Je vais vous donner un autre exemple en terminant, car je ne voudrais
pas allonger les débats. L'article 11 dont vous faites mention dit: "Les
parties s'engagent de plus à se rencontrer dans le but" - et vous n'avez
pas cité cela - "de réexaminer les clauses du présent
protocole en vue d'une reconduction possible et cela, au plus tard six mois
avant son échéance". Exemple: Vous vous rencontrez un an avant
l'échéance et vous vous entendez rapidement sur une formule qui
fait à la fois l'affaire des "majors" et celle des distributeurs
québécois. Vous vous placez vous-même dans une situation,
avec les déclarations que vous faites ce soir, en commission
parlementaire, dans laquelle vous seriez, pieds et poings liés,
empêchée de modifier l'entente sans déposer, etc., etc. Je
pense que c'est tout à fait pratique et conciiiable avec l'objectif que
vous poursuivez. Je ne vois pas pourquoi vous vous obstinez à ne voir
qu'un seul côté de cette médaille. (21 h 30)
Mme Bacon: Je ne m'obstine pas, M. le Président. Je tente
de faire comprendre au député de Taillon que ce que craignent le
plus les distributeurs québécois, c'est justement la
réouverture de cette entente. Je préfère revivre une
commission parlementaire plutôt que de renégocier. C'est plus
facile de vivre la commission parlementaire malgré toutes les
embûches...
M. Filion: Quelle commission parlementaire?
Mme Bacon: ...qu'il peut y avoir venant de l'Opposition que la
négociation que nous avons eu à faire. Le parti de l'Opposition
devrait le savoir puisqu'il n'a jamais réussi à fermer la boucle
à une entente. Ils savent -c'est dommage que mon
prédécesseur immédiat ne soit pas là et l'autre
aussi -qu'ils n'ont jamais été capables de signer une entente.
Ils doivent savoir que ce n'est pas facile de négocier. Je
préfère revivre une commission parlementaire plutôt que de
rouvrir cette entente et de renégocier cette entente. C'est ce que
craignent les distributeurs. C'est pour cela qu'ils nous ont demandé que
l'entente dure cinq ans. Ce n'est pas pour rien. C'est parce que les
distributeurs ne veulent pas qu'on rouvre cette entente; ils veulent qu'elle
soit telle quelle.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Les distributeurs du Québec, au moment
où on se parle, peuvent effectivement craindre une réouverture de
l'entente portant sur le nombre de distributeurs dans le club sélect.
Aujourd'hui, ils peuvent craindre cela. Mais dans deux ans, dans dix-huit mois
ou dans un an, les distributeurs québécois qui vont d'abord
apprendre, espérons-le, à aller chercher plus de trois films par
année, comme certains semblent le croire, vont peut-être apprendre
un peu les rouages de ce marché. Ils vont peut-être vouloir
agrandir un peu leur royaume; c'est normal. En ce sens, les craintes qu'ils ont
aujourd'hui pourraient se transformer plutôt en ambitions dans deux ans
et, si ces ambitions rejoignent ce qui se passe en Californie ou à New
York, cela donne une nouvelle entente et ce n'est pas la fin du monde, non
plus.
Deuxièmement, quand vous parlez du gouvernement
précédent, Mme la ministre, je pense qu'il faudrait, pour
être honnête, signaler que le gouvernement précédent
a quand même adopté la loi 101 et que... Je ne voudrais pas aller
plus loin. Il y a des négociations, etc., mais la loi est là. Il
ne faudrait quand même pas l'oublier, en toute
honnêteté.
Mme Bacon: L'Opposition aussi avait participé à
l'adoption.
M. Filion: Pardon?
Mme Bacon: L'Opposition d'alors avait participé à
l'adoption...
M. Filion: Oui, oui, quand je dis...
Mme Bacon: ...puisque cela a été adopté
à l'unanimité.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez et s'il
n'y a pas d'autres commentaires, j'appellerais le vote sur l'amendement.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Un dernier, M. le Président, puisqu'on dit
qu'il faut se donner une armature, une ossature solide. Il y a quand même
une différence entre un coulage dans le ciment et quelque chose qui
pourrait peut-être, comme le dit mon collègue de Taillon,
permettre une ouverture intéressante, parce que les temps changent. Les
conditions qui vont prévaloir demain peuvent être fort
différentes de celles qui prévalent aujourd'hui. Ces conditions
peuvent être circonstanciellement à l'avantage des distributeurs
québécois et ceux-ci seraient là. De toute façon,
on suggère de nouveau cet amendement et je demanderais de passer au
vote, tel que demandé.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi aurait un court commentaire auparavant, M. le député
de Saint-Jacques, si vous n'y avez pas d'objection.
Mme Blackburn: Une toute petite intervention juste pour rappeler
à la ministre des Affaires culturelles que l'objectif qu'on poursuit
n'est pas d'essayer de rendre la loi inapplicable ou plus mauvaise que le
projet qui nous a été présenté. Les interventions
veulent essayer de le bonifier. On ne m'a pas répondu tout à
l'heure, mais cela nVétonnerait qu'on ne puisse pas modifier cette
entente et ensuite, si cela n'est pas seulement une modification technique,
faire comme on fait, soit venir à la commission parlementaire avec un
projet de loi. Mais ce que propose mon collègue de Saint-Jacques, '
c'est une certaine souplesse dans la loi. Cela n'est pas exclusivement pour
faire de l'obstruction ou de l'opposition. On a un autre projet à voir
tout à l'heure, si je ne m'abuse. Je voulais seulement rappeler que
-c'est l'objectif que je me suis donné et que je conserve - chaque fois
que c'est possible, j'essaie de faire une opposition constructive. Certaines
personnes pensent qu'on devrait laisser passer les lois les plus mal faites de
manière à couler le gouvernement le plus rapidement possible. Je
ne partage pas cet avis, pas plus que mes collègues, d'ailleurs. Ce
qu'on essaie de faire, c'est rendre service à la collectivité
parce qu'on est là pour faire de l'opposition, c'est-à-dire pour
critiquer la portée de certains projets de loi. C'est simplement ce que
je voulais rappeler.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi.
Maintenant, j'appellerais le vote. Je pense que le vote par appel
nominal n'est pas nécessaire, on l'avait souligné
tantôt...
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Richard): Sur division, M. le
député de Saint-Jacques, vous qui êtes le parrain de
l'amendement?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. C'est donc
rejeté.
Nous revenons à l'étude de l'article 1 amendé. Je
m'excuse, sur division.
Une voix: L'amendement n'a pas été
rejeté?
Le Président (M. Richard): Je ne le pense pas.
Une voix: C'est adopté, l'amendement, sur division.
M. Trudel: Rejeté sur division?
Le Président (M. Richard): Cela paraissait bien, mais cela
ne fonctionnait pas trop bien.
Des voix: Ha! Ha!
M. Trudel: C'était pour vérifier.
Une voix? Adopté sur division, ce n'est pas comme
rejeté?
Le Président (M. Richard): De toute façon, on a
compris que le parti ministériel n'était pas d'accord avec ce que
M. le député de Saint-Jacques a proposé.
M. Boulerice: Un jour, un jour, ils seront d'accord.
Le Président (M. Richard): Cela viendra. Je vous le
souhaite, M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie de ces bons voeux, M. le
Président. On voit là votre équité.
Le Président (M. Richard): Nous revenons à
l'étude de l'article 1 amendé.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...toujours à l'article 1, l'entente
consacre les règles actuelles du jeu au chapitre des rapports entre la
distribution et la diffusion des films au Québec, ce qui constitue,
justement, un des problèmes majeurs du développement du
cinéma au Québec. Les "majors" bénéficient
d'ententes maintenant privilégiées et exclusives avec deux grands
réseaux de salles de cinéma qui sont Cinéplex Odéon
et Cinémas Unis. Ainsi, les films distribués par les "majors"
monopolisent l'essentiel de la programmation de ces réseaux qui
contrôlent - c'est de toute évidence, il s'agit d'habiter
Montréal ou Québec en particulier - la très grande
majorité de nos écrans.
La ministre ne reconnaîtrait-elle pas qu'en renonçant
à appliquer l'article 115... L'article 115, M. le Président, je
pense qu'il est intéressant de le citer "Lorsqu'un film a
déjà été présenté en public au
Québec pendant au moins sept jours, le distributeur de ce film ne peut
refuser d'en louer une copie disponible à un titulaire de permis
d'exploitation de salle commerciale, tel que défini par règlement
de la régie, ou de ciné-parcs, si ce titulaire lui offre des
conditions au moins équivalentes à celles offertes par un
titulaire de permis d'exploitation de salles
commerciales, tel que défini par règlement de la
régie, ou de ciné-parcs, qui a déjà
présenté ce film en public." La ministre ne reconnaît-elle
pas qu'en renonçant à appliquer l'article 115, dont je viens de
faire lecture, elle consacre les règles actuelles du jeu qui concernent
le monopole de diffusion des films des "majors", qui sont
généralement beaucoup plus rentables pour les réseaux
Cinéplex Odéon et Cinémas Unis en vertu d'ententes qui
sont privilégiées entre les distributeurs et les diffuseurs?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Les objectifs de certains articles de la loi sont
toujours intéressants. Je pense qu'ils ne sont pas là pour rien,
sauf que l'application, souvent, des objectifs qu'on s'était
fixés au départ et des articles, c'est une autre chose, c'est une
autre histoire. Par exemple, dans le cas d'un festival de films, il y aurait eu
des problèmes pour se procurer des films et, quant à toute la
mise en marché des films, il y aurait eu quand même des
problèmes là aussi. C'est pour cela qu'on dit qu'il faut retenir
cet article pour essayer d'éviter ces problèmes; des festivals de
films, il y en a plusieurs au Québec, il n'y en a pas qu'un seul.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: En fonction de la réponse que nous donne la
ministre, je suis en train de me demander si elle ne veut pas intervenir au
niveau de la distribution des films avec Cinéplex Odéon et
Cinémas Unis, lesquels laissent vraiment très peu de place,
notamment, aux films québécois. On a eu deux exemples, un triste
et un, peut-être, un peu moins triste. On a eu l'exemple du magnifique
film de M. Lamothe qui n'est pas resté longtemps, malheureusement, parce
que la distribution au Québec, est, malheureusement très souvent,
"Rocky" 48 ou bien la dernière version de "Rambo". L'autre - c'est
dommage parce que c'est un succès, et la preuve, c'est que les
Américains veulent le reprendre c'est "Le Déclin de l'empire
américain". M. le Président, j'ai le déplaisir de vous
informer qu'à Montréal "Le Déclin de l'empire
américain" était vraiment présenté dans deux salles
qu'on peut qualifier d'excentriques par rapport à la concentration de
population. On l'avait littéralement "parké" - c'est le cas de le
dire, n'en déplaise à mon collègue de la rive sud qui en a
lui-même extrêmement souffert - à Longueuil, au centre
commercial de Longueuil. Pour ce qui est du centre-ville de Montréal, M.
le Président, on l'avait placé au cinéma Crémazie,
qui est un bon cinéma, qui présente de bons films, sauf qu'il est
géoqraphiquement très excentrique. C'est vraiment le
problème qu'on rencontre actuellement.
Je vois que la ministre ne semble pas vouloir intervenir dans la mise en
marché, dans la distribution des films, notamment des films
québécois, et je vous avoue que cela me déçoit
profondément. Le grave problème du cinéma
québécois, comme je le disais au salon bleu il y a quelques
jours, et c'est là que j'ai eu un écho disant: C'est parce qu'ils
ne sont pas bons, les films québécois... J'étais vraiment
déçu.
Une voix: Qui a dit cela?
M. Boulerice: J'aime autant ne pas le dire. J'étais
vraiment déçu d'entendre une chose comme celle-là, parce
que le problème du cinéma québécois n'est pas un
problème de qualité; je pense qu'il a atteint un deqré de
qualité exceptionnelle. On a seulement à voir, d'ailleurs, les
prix internationaux que les films québécois raflent
régulièrement. Il y a un problème - et cela est vraiment
inadmissible - de diffusion sur notre propre territoire national. Quand on
connaît très bien, M. le Président, les habitudes... Vous
savez, la culture, c'est une consommation, et je pense qu'il faut créer
des habitudes de consommation. Nos voisins américains - et je ne les en
blâme pas, c'est dans la nature même des choses - M. le
Président, ont créé des habitudes de consommation
nationale qui rendent le produit domestique extrêmement fort. C'est
exceptionnel de voir un film étranger dans un cinéma
américain, même s'il est célébré par les
American Motion Picture Awards, ce qu'on appelle les Oscars, qui avait fait
mention du film "Diva"; je pense que vous l'avez vu, c'est un film
extraordinaire. À New York, il jouait dans une seule salle, non loin du
Carnagie Hall, parce qu'aux États-Unis, on a donné des habitudes
de consommation autant à la télévision que dans les
cinémas, d'un produit local, d'un produit national. On se retrouve au
Québec avec une industrie qui n'a pas la même force - c'est bien
entendu, nous n'avons pas la même densité de population -sauf
qu'on produit un cinéma de qualité, un cinéma qui est de
plus en plus reconnu. Or, voilà que ce cinéma rencontre des
problèmes de diffusion énormes parce que,
précisément, les réseaux de distribution, les diffuseurs
ne sont pas québécois; ils sont ontariens,
ontariens-américains ou américains tout court. Il ne semble pas
vouloir venir de réponse de l'autre côté.
Mme Bacon: Je pensais que ce n'était pas
terminé.
M. Trudel: C'est un long monologue qu'on entend.
M. Boulerice: Non, ce n'est pas un monologue, c'est une
réflexion; je pense qu'il faut réfléchir sur l'état
de la culture au Québec. Il y a des gens ce matin, effectivement, qui se
sont penchés sur la question; ils se sont appliqués et ont
posé des questions pertinentes. Nous avons bien l'intention d'aller dans
le même sens qu'eux. Alors, pourquoi la ministre n'intervient-elle pas
dans ce dossier qui est également un dossier important? C'est bien beau,
je suis bien d'accord que nos distributeurs puissent avoir accès
à un plus grand nombre de films, mais quand on en est à un point
- puis on le voit actuellement - où nos propres productions n'ont plus
de support et ont de la difficulté à obtenir une programmation
dans une salle qui est vraiment digne de mention, je vous avoue être
particulièrement déçu. Je pense que "Le Déclin de
l'empire américain" ne devait pas être au cinéma
Crémazie ou au cinéma de la Place Longueuil. On aurait
peut-être dû le retrouver sur la rue Sainte-Catherine, autant
à l'ouest qu'à l'est de la rue. (21 h 45)
M. Trudel: On l'a retrouvé...
M. Boulerice: Pardon?
M. Trudel: Je ne vous vois pas parce que j'ai enlevé mes
lunettes.
M. Boulerice: Je vous entends, M. le Président.
M. Trudel: On l'a retrouvé au complexe Desjardins quelques
semaines après.
M. Boulerice: Plusieurs semaines après.
M. Trudel: On l'a retrouvé au centre-ville.
M. Boulerice: Concédez-moi, M. le député,
qu'ils l'ont eu plusieurs semaines après. Dans le cas - et cela rend la
chose peut-être encore plus inacceptable - de notre capitale nationale,
on ne l'a eu qu'à la mi-octobre, si ce n'est à la fin
d'octobre.
Mme Bacon: Le député me demande...
M. Boulerice: Je suis bien d'accord pour qu'on voie "Rambo", mais
il faudrait peut-être donner un bon coup de pouce à la
distribution des films québécois.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques me demande de
répondre. Quand on parle de mise en marché, il est évident
que les gens ont créé le besoin en ayant le film à
l'extérieur, puisqu'on appelle cela des régions excentriques, au
centre-ville, sur la rue Saint-Denis, par exemple, ou à Longueuil. Le
besoin a été tel que les gens sont allés en masse, par la
suite, au centre-ville. Cela fait partie de la mise en marché d'un
produit. Ce sont des règles de mise en marché.
Deuxièmement, il faut dire que la Société
générale du cinéma a la possibilité d'apporter de
l'aide à des producteurs de films, ce qui fera en sorte qu'on pourra
ensuite faire une meilleure distribution. Des programmes pour la diffusion de
films québécois sont mis de l'avant par la Société
générale du cinéma. Les objectifs de diffusion qui sont
mis de l'avant sont, évidemment, valables, mais notre approche n'est pas
une approche coercitive dans ce dossier. Quand on regarde tout ce dossier de
mise en marché, on peut voir qu'il y a une accessibilité des
films non seulement à Montréal, mais aussi dans les
régions. Il n'y a pas que Montréal au Québec. Il y a les
régions. Le député de Saint-Jacques n'écoute pas
mes réponses.
M. Boulerice: Non, madame. Je n'ai pas besoin de vous regarder
pour vous écouter. Ce sont mes oreilles qui vous écoutent, ce ne
sont pas mes yeux.
Mme Bacon: Vous êtes en conversation. Je ne vous demande
pas de me regarder, je vous demande au moins d'écouter...
M. Boulerice: Mes yeux vous contemplent et mes oreilles vous
écoutent.
Mme Bacon: ...ce que je dis, car vous vous plaindrez après
que je n'apporte pas de réponse à vos questions.
M. Boulerice: Non, non.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est cela. J'ai donné mes réponses, M.
le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Non, M. le Président, elle n'a pas
donné la réponse. Est-ce que la ministre voudrait bien au moins
me concéder ceci? Cinéplex Odéon et Cinémas Unis
étant étroitement liés à ce fameux club
sélect, comme l'appelle mon collèque de Taillon, des "majors", la
programmation va dans le sens de leur intérêt et ce sont en
majorité, ou presque en quasi-exclusivité, des productions qui
émanent des "majors" qui se retrouvent là, au grand
détriment de productions québécoises et très
souvent au grand détriment de productions distribuées par des
gens d'ici, mais quand même étrangères à la
fois au Québec et aux États-Unis que sont certains films
français.
On sait fort bien qu'on réussit, en plein mois de février,
après avoir gelé durant je ne sais combien de minutes au coin de
Milton et de Saint-Laurent, à entrer à l'Elysée pour voir
le dernier film français qui vient d'arriver. Par contre, il y a une
très belle salle sur la rue Sainte-Catherine où il y a six ou
sept écrans et où on n'a jamais accès à ces films
et, encore bien moins, à des films québécois. Si ce l'est,
c'est en bout de piste complètement. Sans vous parler des traductions
qu'on attend toujours ad vitam aeternam et qui finissent par aboutir au
Champlain, sur Sainte-Catherine, dans mon coin de pays.
Est-ce que la ministre est quand même capable de concéder
que l'étroite relation de Cinéplex Odéon et de
Cinémas Unis qui exercent un quasi-monopole sur les salles à
Montréal ne permet pas la distribution de films québécois,
de films produits au Québec, d'excellents films québécois
et même d'autres films?
Là, je serais tenté d'embarquer en disant: Si la ministre
ne répond pas, est-ce un silence complice qu'elle a aussi quand on
regarde la vente de France Film, qui était le dernier réseau de
salles de cinéma d'importance qui appartenait aux
Québécois francophones, qui était l'oeuvre
péniblement constituée par un pionnier de Montréal, M.
J.-A. De Sève? Il n'y a rien eu, il n'y a eu aucune intervention. Ciel!
J'ai même supplié par communiqué de presse, à
l'époque; j'ai rencontré les journalistes et il n'y a rien
eu.
Mme Bacon: Non, non, un instant!
M. Boulerice: Quand on aurait pu mettre la SODIC...
Mme Bacon: Ah! Non, non, non!
M. Boulerice: On aurait pu mettre la SODIC là-dedans.
Mme Bacon: Non, non, c'est faux!
M. Boulerice: II y avait sans aucun doute...
Mme Bacon: C'est faux!
M. Boulerice: Vous me laissez terminer?
Mme Bacon: Bien non, ce sont des faussetés!
M. Boulerice: Vous le direz à la fin, d'abord. Vous allez
quand même me laisser le privilège de terminer.
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Taillon.
M. Filion: La présidence de l'Assemblée nationale -
parce que c'est une institution, n'est-ce pas? - a déjà
statué que le mot "fausseté" était antiparlementaire. Je
ne partage pas nécessairement cette opinion mais, vous, vous devez la
partager, étant la continuité, le prolongement de la
vice-présidence, qui elle-même est le prolongement de la
présidence.
Mme Bacon: M. le Président...
M. Filion: Peut-être que la ministre pourrait dire
simplement que c'est inexact.
Mme Bacon: Ce que dit le député de Saint-Jacques
est contraire à la vérité, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Cela paraît mieux, cela,
par exemple.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Apparemment, l'autorité que vous prolongez
aurait accepté cela.
Le Président (M. Richard): Ha! Ha! Ha!
M. Filion: Alors, je n'irai certainement pas au-delà.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques, vous continuez, s'il vous plaît!
M. Boulerice: Mais qu'est-ce que la ministre a fait pour
encourager les Québécois qui étaient
intéressés à racheter France Film? Compte tenu d'une
certaine faiblesse que nous avons, ils se sont retrouvés sans aide alors
que, normalement, selon mon point de vue, ils auraient dû trouver une
aide émanant en particulier de la SODIC qui a été
créée justement à ces fins.
Mme Bacon: On a demandé à la SODIC d'examiner des
possibilités d'intervention. Un certain nombre de gestes ont
été posés par la SODIC, après les discussions que
j'ai eues avec la SODIC. La SODIC a rencontré des acheteurs
possibles, éventuels et a aussi posée des conditions à ces
acheteurs éventuels: il fallait d'abord qu'ils trouvent 50 % du
financement, du capital - c'est important; il fallait qu'ils démontrent
que l'entreprise à acquérir était financièrement
saine; il fallait qu'ils démontrent aussi - ce sont des conditions
normales, je pense, établies par la SODIC - que l'acquéreur avait
la capacité de gérer l'entreprise. Ce sont trois conditions qui
étaient importantes.
Dans ce dossier, il n'y a eu aucune
suite des soi-disant acheteurs, des acheteurs éventuels. Ils
n'ont même pas pu respecter la première condition, ce n'est pas
compliqué. J'ai voulu m'assurer que tous les gestes pertinents... Je
voudrais que le député de Saint-Jacques m'écoute encore,
il ne m'écoute pas, M. le Président, quand je lui donne des
réponses.
M. Boulerice: Je vous écoute, je prends même des
notes de ce que vous dites pour être bien certain de les
mémoriser.
Mme Bacon: J'ai contacté à nouveau le
président de la SODIC pour m'assurer que tous les gestes pertinents
avaient été posés. Dans la vente du réseau de
France Film, ce sont les jeux du marché qui ont joué. À ce
moment-là, je pense que l'État ne pouvait s'impliquer davantage.
Tout a été fait pour que ces acheteurs répondent, mais ils
ne répondaient pas aux exigences de la SODIC.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre pourrait, s'il y a
effectivement eu analyse, nous donner, nous déposer les résultats
de cette analyse faite par la SOOIC quant au rachat de France Film? Tout en lui
posant la question, puisqu'elle a dit, dans l'énumération, qu'il
y avait une saine position financière, je pourrais peut-être lui
répliquer que, si l'article 115 avait été appliqué,
ils seraient peut-être en position ultrasaine, si je peux employer
l'expression.
Mme Bacon: On est un peu loin du projet de loi 157, M. le
Président.
M. Boulerice: Vous avez cité une analyse et M. le
Président, vous avez le beau cahier gris devant vous.
Mme Bacon: J'ai cité les interventions qui ont
été faites par la SOOIC. Je n'ai pas cela devant moi ici, ce
n'est pas ce qu'on étudie; on n'étudie quand même pas les
travaux de la SODIC.
M. Boulerice: Non, non, je le sais bien, vous ne l'avez pas.
D'accord. Vous vous engagez à déposer l'étude qu'a faite
la SODIC.
Mme Bacon: On pourra demander à la SODIC de nous donner
son dossier.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
Mme Bacon: II y a l'étude des crédits où on
pourrait revenir è ce dossier.
M. Boulerice: Je ne me rappelais par cet...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Trudel: On pourrait se donner un mandat d'initiative sur la
question, M. le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Moi, je vous suggère, je ne suis pas membre
encore de cette vénérable commission, mais j'y songe. Le mandat
d'initiative pourrait être plus large et comprendre...
Mme Bacon: II aime tellement cela qu'il veut y rester.
M. Filion: ...tout le milieu du cinéma. Vous savez,
finalement, pour les cinéastes québécois, pour les
producteurs québécois, pour les distributeurs
québécois, ne pas avoir un minimum de salles de sceptacles, de
diffusion pour le cinéma équivaut à peu près
à la situation où pourraient se retrouver les peintres
québécois si on n'avait pas de galeries
québécoises. Cela serait à peu près
l'équivalent d'une situation où on aurait des artistes
québécois, mais sans avoir des salles de spectacles
québécoises, comme peuvent l'être le Grand
Théâtre ou la Place des Arts dans bien des secteurs.
Je ne suis pas un spécialiste en matière de cinéma,
Mme la ministre, maïs je sais une chose, par exemple. Pour connaître
certains cinéastes, eux, il faut qu'ils ramassent des sous pour faire
leurs films; cela coûte de plus en plus cher, si on veut que le film
réponde aux espèces de normes qui circulent dans le milieu. Ce
n'est pas facile qu'on fasse tous des films - et il y en a qui me viennent
à l'esprit - à faible budget; cela prend des sous. Une fois qu'on
l'a fait et qu'on a la pellicule, il faut la distribuer» Boni Disons que
l'entente est un premier pas, etc., etc. Ce n'est pas tout, il faut que ce film
passe dans les salles de spectacles. On a vu ce qui est arrivé au film
de Denys Arcand, "Le Déclin de l'empire américain",
acclamé par combien de festivals maintenant et qui accumule les mentions
et les palmes. C'est remarquable que ce film québécois, un
produit qui fait l'envie, actuellement, de plusieurs industries
cinématographiques, ne trouve rien de mieux... Je voudrais corriqer le
député de Saint-Jacques: le film est venu effectivement à
Place Longueuil, mais il est venu deux mois après qu'au cinéma
Crémazie on ait été obligé d'attendre en ligne
pendant quelquefois une heure ou deux pour aller voir ce film qui était,
manifestement, un franc succès cinématographique.
Alors, ne pas contrôler ses salles de spectacles pour le
cinéma québécois, c'est
enlever son débouché ultime. Un film est bon uniquement
sur un écran, dans une salle plaisante, où on peut s'asseoir
confortablement et le regarder. Je ne parle pas de l'industrie vidéo, je
parle vraiment de la projection en salle. En ce sens, j'ai écouté
très attentivement également la réponse que vous me
donniez quant aux interventions de la SODIC sur cela. Premièrement, je
dois vous dire, Mme la ministre, que j'aurais plutôt
apprécié que vous me disiez quelles ont été vos
interventions, à vous. Comme ministre des Affaires culturelles, quel
rôle de protection avez-vous joué à l'égard des
salles de spectacles qui appartenaient à France Film et qui
étaient d'intérêt québécois? Je vais
terminer, Mme la ministre, et vous pouvez être sûre que je vais
vous écouter.
Mme Bacon: II n'écoute même pas les
réponses.
M. Filion: Alors, quelles ont été vos interventions
dans ce dossier? Pas seulement les interventions de la SODIC. Je connais un peu
les modalités de la SODIC, elle exige des choses. Les trois conditions
qu'elle exige: prenons les deux dernières: que cela soit rentable, il
n'y a pas de doute, il s'agit de s'organiser; si quelqu'un les a
achetées, oui c'est rentable au Québec d'avoir des salles de
cinéma; troisièmement, être capable de gérer des
salles de cinéma; au Québec si on est capable de produire la
qualité de film qu'on produit, on est sûrement capable aussi
d'administrer des salles de cinéma. On n'a qu'à regarder ce qui
s'est fait à l'Outremont, ici à Québec au Cartier - je
crois que c'est le même propriétaire, mais je ne veux pas faire de
cas personnels avec nos échanges de ce soir - quand même ce sont
des gérants ou des promoteurs, dans certains cas, de salles de
cinéma qui ont atteint des niveaux hautement sophistiqués. Mme la
ministre nous dit ce soirs Écoutez, France Film se vendait, la SODIC a
regardé cela comme n'importe quel autre dossier. (22 heures)
J'emploi ses paroles, elle a dit: Vous savez, c'est cela les conditions
usuelles: 50 % de "cash" pour aider au financement, être capable de
prouver que l'entreprise est rentable et être capable de la gérer.
C'est tout ce qu'elle a fait alors qu'on est en train, et on a perdu, en fait,
le débouché que constitue l'écran. Et on va se demander,
dans cinq ans, pourquoi le cinéma québécois est encore
moribond alors que dans toute la tuyauterie de l'industrie
cinématographique la salle de cinéma est un élément
absolument indispensable. On va se demander, dans un an, ou on va continuer
à ouvrir les pages de spectacles pour voir qu'on sera rendu à
Rocky 64, à Rambo 12, ou je ne sais quel autre numéro...
Une voix: Le déclin VIII. M. Filion: Pardon?
M. Trudel: On serait rendu au Déclin VIII.
M. Filion: Bien, peut-être, mais j'aimerais cela que le
Déclin II soit là. Déclin II, s'il sort, M. le
député de Bourget, n'aura pas de meilleur sort quant aux salles
de cinéma qu'en a eu le Déclin I. C'est cela qui est
inquiétant.
Je pense qu'il aurait été du rôle, de la
responsabilité, des devoirs et des fonctions de la ministre des Affaires
culturelles d'intervenir personnellement, vigoureusement, pour empêcher
que nous perdions ainsi le débouché essentiel que constituent les
salles de cinéma et ce, d'autant plus qu'on est en train, au
Québec, de bâtir la photoqraphie suivante de l'industrie
cinématographique: des "majors" appartenant à un club
sélect ont l'exclusivité de la distribution des films et ces
mêmes "majors" sont propriétaires d'une bonne partie des actions,
ou en tout cas, ils ont un intérêt puissant et direct dans les
salles de cinéma que constituent les deux réseaux qu'on
connaît, c'est-à-dire Cinéplex Odéon et
Cinémas Unis. Oui, la boucle est en train de se refermer au
Québec, mais la boucle est en train de se refermer au niveau du cou et
de la gorge du cinéma québécois. C'est cela qui est
inquiétant. Le cinéma est une industrie aussi importante, sur le
plan culturel, que peuvent l'être toutes les autres industries. Quand on
va aider le Salon des métiers d'art ou peu importe la manifestation
culturelle qu'on va aider, c'est important. Mais le cinéma aussi c'est
important. Si le gouvernement libéral a trouvé des sous pour
financer Rendez-vous 87, je suis convaincu qu'il aurait pu en trouver un petit
peu pour aider les Québécois qui auraient voulu investir dans la
propriété de salles de cinéma.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Taillon. M. le député de Saint-Jacques.
Je m'excuse, M. le député de Bourget. Oui, vous avez un
commentaire?
M. Trudel: Est-ce que cela va être bref, M. le
député?
M. Boulerice: En fait, cela va dépendre de ce que va
répondre Mme la ministre.
M. Trudel: C'est parce que j'aurais une réflexion que
m'inspirent les commentaires du député de Taillon, que j'invite
d'ailleurs à la prochaine réunion de travail de la commission de
la culture, le 28 janvier. Cet intérêt pour le cinéma, qui
me semble profond chez M. le député de Taillon, aurait dû
faire l'objet des préoccupations de ses
collègues parce que cela a été un des nombreux
sujets évoqués comme mandat d'initiative possible à la
commission de la culture et ce, dès le mois de février dernier,
en 1986, et il n'a pas été retenu à ce moment-là
par les membres de l'Opposition.
Si on est vraiment intéressé à parler
cinéma, on pourrait peut-être en reparler au mois de janvier
prochain. Je vous invite, M. le député de Taillon, à
demander à votre chef de vous donner la commission de la culture.
M. Filion: Seulement quinze secondes. Mon intérêt
profond pour le cinéma ne m'empêche pas d'en cultiver d'autres,
tout aussi importants, que les membres de l'Opposition ont
véhiculés au cours de vos séances de travail.
M. Boulerice: La culture s'appuie sur des traditions et je vois
que vous les maintenez. M. le Président, il ne manque que le pop-corn ce
soir.
Brièvement, avant d'adresser ma question à Mme la
ministre, je vais répondre à mon collègue,
député de Bourget, président habituel de cette commission,
mais pas à vie, c'est bien entendu. Il nous parle de ses
intérêts, mais par contre il n'a pas parlé de nos
intérêts. Mme la ministre parlait de la volonté de
négocier; je pense que le député de Bourget devrait
peut-être s'inspirer de sa ministre et négocier avec l'Opposition,
tout au moins avec son porte-parole, pour ce qui est d'un partage
d'intérêts à la commission. Ce que je voulais dire, c'est:
Est-ce que, Mme la ministre, vous ne conviendrez pas avec moi que, si France
Film avait pu bénéficier de l'article 115 de la Loi sur le
cinéma, elle aurait pu se refaire une santé? Vous l'avez
qualifiée peut-être un peu d'anémique tantôt, et
c'était, je pense, évident parce que la compagnie n'avait pas
accès aux films dont il est fait mention dans l'article 115. On aurait
pu, comme on dit en bon québécois, renipper facilement France
Film. Encore très brièvement, vous dites que c'est difficile le
financement des industries de la culture. Je réponds oui.
J'espère que vous avez pris avis de la question que je vous ai
adressée à l'Assemblée nationale. Cela va l'être de
plus en plus avec la déduction qu'a faite votre collègue des
Finances en réduisant les abris fiscaux dans une industrie qui comporte
effectivement des risques énormes, dans tous les pays du monde
d'ailleurs.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous avez de3
commentaires, Mme la ministre?
Mme Bacon: On est tout à fait en dehors du projet de loi
157, M. le Président. On a dépassé largement le projet de
loi 157 et le projet de loi 109. Dans le cas du dossier de France Film, comme
je disais tantôt, j'ai fait tous les efforts nécessaires pour que
la SODIC fasse tout en son possible pour aider davantage les promoteurs qui
étaient allés les voir. Les promoteurs ne sont jamais
retournés vers la SODIC, et j'ai retourné la SODIC vers ces
promoteurs, qui n'étaient plus intéressés. C'est cela.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous avez bien quand même noté la
question posée quant aux réductions, pour ce qui est des abris
fiscaux, qu'a faites votre collègue le ministre des Finances, ce qui
augure mal. Si l'on tirait la bonne aventure au cinéma - sans vouloir
faire de jeux de mots - je pense qu'on risque d'hypothéquer le
développement de l'industrie cinématographique, qui est une
industrie de risques, on en convient tous; on ne favorisera pas en
réduisant, comme on l'a fait cette semaine, les abris fiscaux et en
faisant passer à 150 % à 100 % les déductions fiscales.
Cela m'apparaît quelque chose d'extrêmement dangereux. Encore
là, je vous aurais demandé s'il y avait des avis sur cela. Vous
dites que ce n'est pas pertinent. Je regrette. Le projet de loi 157 s'appuie
sur le projet de loi 109, que nous avions voté. Je pense qu'on est
toujours dans la pertinence du sujet; entre production et distribution, je
pense qu'on pourrait dire qu'il y a presque un cordon ombilical.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Seulement, à titre d'information,
M. le député de Taillon, il vous reste dix minutes d'intervention
si vous désirez les prendre. Mme Blackburn, il vous reste aussi tout
près de onze minutes d'intervention.
M. Boulerice, vous avez utilisé votre temps. Il y a M. Godin, qui
est absent, qui avait du temps. De toute façon, je tenais seulement
à faire la mise au point.
M. Filion: Je pense que le reste du projet de loi découle
un peu des discussions qu'on a eues et cela va donc procéder rapidement.
En ce sens, je voudrais seulement revenir sur deux choses qui ont
été mentionnées par la ministre. D'abord, en ce qui
concerne les incitatifs fiscaux aux investissements dans l'industrie
cinématographique. Je suis extrêmement déçu de
constater que le ministre des Finances a procédé à cette
hachure d'un arrangement fiscal qui faisait l'affaire de pas mal de gens au
Québec. En particulier, j'ai un cinéaste réputé qui
vit dans mon comté. J'ai fait le tour un peu de ses problèmes de
financement. Quand on pense aux jeunes cinéastes qu'on produit, que nos
écoles produisent, qui
vont, dans certains cas, prendre de l'expérience à
l'étranger et qui décident de revenir au Québec pour
produire des films et faire des films, je dois vous dire que la situation n'est
pas rose. La SODIC a ses normes, plutôt sévères, qu'elle
aurait intérêt à suppléer dans certains cas. Les
banques et tout cela, n'y pensons pas! Pour les institutions prêteuses,
un film c'est comme une roulette. Cela ne les intéresse pas beaucoup,
à moins d'avoir la caution à peu près équivalente
au montant d'argent qu'elles veulent prêter. Dans ce sens-là, je
me demande quel sera l'avenir du cinéma.
Deuxièmement, pour ma dernière remarque, je veux revenir
sur les salles de cinéma. La ministre aurait intérêt dans
le dossier des salles de cinéma - il n'est peut-être pas trop
tard, je ne le sais pas; s'il est trop tard, c'est elle qui le sait - à
intervenir pour empêcher le cercle vicieux de se refermer sur l'industrie
cinématographique québécoise. La ministre va intervenir
dans bien des cas pour sauver des industries culturelles, par son budget, par
les budgets qui sont administrés par son ministère. La ministre
va intervenir dans plusieurs industries où, dans certains cas, les
subventions qu'elle donne constituent la principale source de financement. Mais
pourquoi, bon Dieu, ne pas intervenir dans une industrie aussi rentable que
celle du cinéma, pour protéger l'avenir du cinéma
québécois? Je pense qu'il n'est pas trop tard. Sans salles de
cinéma, ce n'est pas vrai que le cinéma québécois
va connaître un grand essor; ce n'est pas vrai! II faut intervenir
à ce niveau, comme vous le faites vous-même à
l'intérieur de votre ministère pour différentes industries
culturelles. On le sait, mais on ne le répétera pas suffisamment,
un emploi créé dans la culture, c'est un emploi qui rapporte, et
beaucoup à part cela; il coûte moins cher que dans plusieurs
autres secteurs, mais c'est un emploi qui rapporte beaucoup. Alors on se lave
les mains et on dit: Vous savez, c'est le secteur privé. Ils sont
allés voir la SODIC et la SODIC a dit non parce qu'il manquait un peu de
"cash". Je vous dis, Mme la ministre, que je souhaiterais une intervention
beaucoup plus énergique et déterminante de votre part pour le
développement de l'industrie cinématographique au
Québec.
Mme Bacon: M. le Président, on a fait rencontrer deux
groupes qui auraient pu se compléter. Il y aurait eu une
complémentarité entre les deux groupes: des gens avaient plus
d'argent que d'autres. Cela n'a pas marché, et on a fait plus que
cela.
Dans le secteur du cinéma, quand on pense aux abris fiscaux, il y
a évidemment une possibilité de revoir tous les modes directs de
soutien; il faut revoir les modes directs de soutien dans le domaine du
cinéma. Des recommandations et des suggestions ont été
faites par l'Institut québécois du cinéma, qui est
là pour conseiller la ministre des Affaires culturelles; certaines
hypothèses ont été émises et je vais les
étudier. Il faudrait qu'on arrive peut-être à mettre sur
pied un système de prélèvement ou de "box-office", si on
peut dire, qui existe en France, par exemple - il existe en France par la
billetterie - et qui serait accepté par tous ici, même par les
"majors". On pourrait peut-être, par ce biais-là, trouver les
fonds nécessaires pour le cinéma; ce serait une source de soutien
direct. Ce sont des hypothèses de travail sur lesquelles nous nous
penchons en ce moment, et on pourrait arriver à des solutions
rapidement, avec les gens de mon ministère et du ministère des
Finances.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon.
M. Filion: La ministre fait peut-être ici allusion ou
référence à un système de billetterie nationale
informatisé, c'est cela?
Mme Bacon: Comme le "box-office", oui.
M. Filion: Oui, d'accord.
Mme Bacon: Le modèle français.
M. Filion: En terminant, il demeure que dans le cinéma
comme dans toutes les autres industries culturelles, au Québec, on ne
sera pas plus de consommateurs que les 6 000 000 qu'on est; si on enlève
ceux qui ne peuvent pas se déplacer pour aller au cinéma, il
reste je ne sais pas combien de millions. Nous resterons toujours tellement
perméables aux influences américaines qu'il faut "vitaminer", si
vous me passez l'expression, l'industrie du cinéma, sans quoi on va
à l'agonie; ce n'est pas compliqué. (22 h 15)
C'est notre sort dans tous les secteurs. Je n'ai pas abordé avec
vous le dossier linguistique; peut-être aurons-nous d'autres occasions.
En tout cas, restons dans la culture. Mais la langue étant l'essence de
la culture... Ce secteur du cinéma a peut-être été
une autre manifestation de notre caractère vulnérable, pas
faible, mais vulnérable, parce que sur le plan de la qualité du
produit - on l'a démontré - on est capable de produire. Mais
simplement les moyens, eux... Il faut se forcer, il faut que l'État se
force pour les amener, sinon, ils ne viendront pas d'une simple application de
la loi de la jungle dans ce secteur.
Mme Bacon: C'est pour cela que j'ai déjà
demandé au ministère du Revenu et au ministère des
Finances de revoir la fiscalité sur le plan culturel, par exemple; il
faut
revoir tout cela. Dans le domaine du cinéma, en particulier,
c'est une des hypothèses qui a été soumise par l'Institut
québécois du cinéma, celle qu'on appelle la billetterie ou
le "box-office". C'est le modèle français. C'est une des
hypothèses sur laquelle ont pourrait se pencher et il y aura des
fonctionnaires qui vont déjà se mettre à l'oeuvre pour
regarder cela. Mais il faut penser à des modes de soutien direct autres
que la fiscalité dont on bénéficiait. On est
déjà quand même, malgré les gestes qui ont
été posés, en avance sur le fédéral et sur
d'autres provinces.
M. Boulerice: Ils ne sont pas dans la même situation,
d'autre part.
Mme Bacon: Non, je comprends cela. C'est pour cela que je dis
qu'il faut trouver des modes directs de soutien et je comprends qu'on n'a pas
la population de la France quand on pense au soutien par la billetterie* On n'a
pas la même population qui se rend dans nos salles de cinéma que
les Français. Alors, c'est une des hypothèses sur laquelle on
doit se pencher. Si cela s'avérait insuffisant, il faudrait en trouver
d'autres. Mais les fonctionnaires vont se mettre à l'oeuvre.
Le Président (M. Richard): M. le député,
cela va? Merci de vos commentaires. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je l'ai dit tout
à l'heure et je vais le répéter, parce que cela me semble
important si on n'a pas saisi l'importance de soutenir l'industrie du
cinéma au Québec. C'est une jeune industrie, c'est une industrie
en émergence. On est entré dans ce secteur très
tardivement. L'industrie du cinéma au Québec a mis du temps
à décoller.
Il est prouvé que tant les productions culturelles que la culture
doivent être soutenues et financées si vous avez une population de
moins de 15 000 000 d'habitants. On sait qu'au Québec c'est presque un
peu plus du tiers qu'on a comme population. Donc, il faut absolument qu'on
prenne des mesures, qu'on légifère et qu'on donne à
l'industrie du cinéma un soutien financier qui lui permette
effectivement de jouer le râle que doit jouer le cinéma, au
Québec en particulier.
Inutile de rappeler l'importance de cette industrie chez nous quand on
est entouré je dirais d'un mer anglophone, quand on connaît
l'impérialisme américain. J'aimerais demander à la
ministre des Affaires culturelles si elle a estimé ce que
représenterait le manque à gagner pour l'industrie du
cinéma en raison des abris fiscaux qui étaient permis à
150 % de déductions.
On sait que les modifications au REA, selon l'estimation qu'en a
faîte le ministre des Finances, entraînent une économie de
quelque 81 000 000 $, si ma mémoire est fidèle...
Mme Bacon: Globale.
Mme Blackburn: Oui, globale.
Mme Bacon: Pas que pour le cinéma.
Mme Blackburn: Pour le cinéma, actuellement, est-ce qu'on
a évalué ce que cela représentait? Quelle part de ces 81
000 000 $ représentaient les modifications au REA?
Mme Bacon: J'ai tes chiffres à mon bureau. Je ne les ai
pas ici avec moi. J'ai laissé les chiffres...
Mme Blackburn: Est-ce que la ministre pourrait s'engager à
nous communiquer ces chiffres? C'est important. Cela nous illustrera de
façon claire ce que cela représente en manque à gagner
pour l'industrie du cinéma au Québec. On sait qu'ils
éprouvent des difficultés à trouver des fonds et surtout
à faire des emprunts, parce que c'est le capital de risque dans le
cinéma au Québec et cela va le demeurer encore un bon bout de
temps, comme cela l'est d'ailleurs dans la plupart des pays. Mais je dirais que
c'est particulier au Québec. Il y a un manque à gagner, par
rapport à ce qu'on avait l'an passé, de 6 000 000 $ 7 000 000 $,
ou 8 000 000 $ qui peut représenter une perte considérable par
rapport à l'industrie du cinéma. Peut-être que quelqu'un
dans l'entouraqe de la ministre connaît ces chiffres. Je serais
intéressée à les avoir.
Mme Bacon: On ne les a pas ici avec nous. On peut les apporter
à une prochaine séance.
Mme Blackburn: Cela va aller quelque part au mois d'avril. C'est
peut-être un peu loin. Oui? Approximativement, est-ce que... Vous
évoquez 6 000 000 $, 7 000 000 $, 8 000 000 $?
Mme Bacon: La société doit nous faire une liste
complète du dossier; j'ai des chiffres qui m'ont été
fournis, mais qui ne viennent pas de la société. On peut comparer
avec ce que la société va nous donner comme information.
Mme Blackburn: Pour le moment, ces chiffres...
Mme Bacon: Je ne les ai pas par coeur. C'est sur 80 000 000 $,
mais je n'ai pas les
chiffres.
Mme Blackburn: D'accord, parce que j'imagine qu'avant
d'accepter...
Mme Bacon: Je ne m'attendais pas qu'on me parle de cela dans le
dossier de l'entente.
Mme Blackburn: ...une telle modification au REA la ministre s'est
inquiétée de savoir ce que cela pouvait vouloir dire sur
l'industrie du cinéma et a pu estimer ou évaluer les effets de ce
que j'appellerais une coupure dans les budgets de capital de risque, le capital
pour l'industrie du cinéma. C'est pour cela que je m'étonne qu'on
soit encore à la période, à la phase d'examen, de
comparaison entre des données qui vous seraient...
Mme Bacon: Non, non. Mot, j'ai des chiffres et la
Société générale du cinéma doit nous fournir
d'autres chiffres. Nous allons faire la comparaison entre les deux.
Mme Blackburn: N'aurait-il pas été
intéressant que ces données soient disponibles et
évaluées avant que la décision ne soit prise?
Mme Bacon: Elles ont été évaluées
à ce moment-là par le ministère des Finances.
Mme Blackburn: Alors, pourquoi est-ce que vous dites être
en attente de... Au moment où le ministre des Finances prend une telle
décision, le ministère des Finances a dû vous
présenter un tableau de ce que cela pouvait représenter parce
que, s'il estime ses économies à 81 000 000 $, c'est que, par
différentes activités qu'il vient de modifier dans le REA, il a
dit: Ici, cela va me donner 5 000 000 $, l'autre va me donner 8 000 000 $,
l'autre va me donner 9 000 000 $, et ainsi de suite, j'imagine. Autrement, il
n'aurait pas pu nous donner une estimation de 81 000 000 $. Est-ce qu'on peut
avoir ces chiffres du ministre des Finances?
Mme Bacon: II faudrait que je les apporte avec moi. Je ne les ai
pas ici.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut dire entre 25 000 000 $ et 30
000 000 $?
Mme Bacon: On ne sait pas ce que seront les chiffres des
investisseurs. Cela dépend de l'investissement qui est mis
là-dedans. C'est difficile de donner un chiffre précis
aujourd'hui. Je n'ai pas les chiffres devant moi. Je ne peux pas induire la
commission en erreur.
Mme Blackburn: Ce que je voulais savoir, et on peut penser que ce
n'est pas comme cela, en l'air, que le ministre des
Finances a lancé un chiffre de 81 000 000 $...
Mme Bacon: Le ministre des Finances lance rarement des chiffres
en l'air.
Mme Blackburn: Bien. Il a certainement estimé ce que
pouvait vouloir dire la diminution de cet abri fiscal, qui est passé de
150 % à 100 % de déduction. Donc, il y a une estimation. Est-ce
que c'est entre 25 000 000 $ et 30 000 000 $, comme on prétend?
Mme Bacon: II faudrait voir les chiffres exacts. Je ne peux pas
induire la commission en erreur. Je ne les ai pas devant moi. Je vous le dirai
quand je les aurai devant moi. Après cela, on dira que j'ai induit la
commission en erreur.
Mme Blackburn: On peut penser que la ministre, au moment
où le...
Mme Bacon: Entre 0 et 80. C'est tout ce que je peux vous
dire.
M. Filion: Vous l'avez dit quand vous avez été
consultée en Chambre.
Mme Blackburn: Au moment où...
Mme Bacon: Oui, c'est évident que j'ai été
consultée. Le ministre des Finances n'a pas fait ces changements sans
consulter les ministres concernés.
Mme Blackburn: Bien. Alors, ce que je voudrais comprendre, M. le
Président, si vous permettez... J'imagine que la ministre assistait
à la réunion du Conseil des ministres au moment où la
décision a été prise. Ce ne sont pas des chiffres qui sont
complètement inconnus de sa part et il m'étonnerait qu'elle n'en
ait aucune mémoire, à moins qu'on n'estime que le cinéma
soit si peu important qu'on ne s'inquiète pas de ce que cela pourrait
vouloir dire, une diminution de 25 000 000 $ à 30 000 000 $, sur
l'industrie du cinéma au Québec, quand même. Que la
ministre nous dise qu'elle ne veut pas nous les communiquer, c'est une chose,
mais qu'elle nous dise qu'elle les ignore, c'est autre chose.
Mme Bacon: Je n'ai jamais dit que je ne veux pas les communiquer,
M. le Président. J'ai dit: Quand je les aurai devant moi, je les
communiquerai à la commission. On n'a pas terminé nos
études de projets de loi. On peut revenir dans un moment
d'information.
Mme Blackburn: Est-ce que je dois comprendre dans les propos de
la ministre qu'elle souhaite qu'on poursuive demain? À ce
moment-là, elle pourra avoir les données en main.
Mme Bacon: Au rythme où on va, j'ai l'impression qu'on va
poursuivre longtemps la commission parlementaire de la culture. On va y
aller.
Mme Blackburn: Comme la ministre ne semble pas vouloir nous
communiquer ces chiffres... C'est important. J'estime que c'est majeur.
Mme Bacon: J'ai dit que je les communiquerai quand je les aurai
devant moi, pas avant.
Mme Blackburn: Alors, c'est une invitation à poursuivre
jusqu'à demain, ne serait-ce que pour satisfaire un peu le milieu qui
doit aussi s'inquiéter de savoir ce que cela peut représenter par
rapport à l'industrie du cinéma.
Une seconde question. Ensuite, j'aurai terminé là-dessus,
M. le Président. La ministre nous disait qu'il y avait des
négociations en cours dans le secteur des vidéos. Est-ce qu'elle
pourrait nous faire un peu l'état des négociations et nous dire
ce que cela peut représenter pour ce secteur au Québec?
Mme Bacon: Dès que nous avons signé l'entente avec
les "majors" américains sur le dossier du cinéma, nous avons
redonné un mandat à notre négociateur qui est Me Francis
Fox de négocier le domaine des vidéos de la même
façon que nous avons négocié l'entente sur le
cinéma.
L'entente sur le cinéma est la base dont nous nous servirons pour
négocier les vidéos. J'ai demandé à notre
négociateur, de même qu'aux "majors" américains, d'arriver
à une entente à la fin de janvier. Je laisse en ce moment la
possibilité à notre négociateur de faire - ses rencontres,
ses études, ses pressions et de négocier auprès des
"majors" américains. Nous allons voir, d'ici quelque temps, où
sont rendues les choses, mais nous voulons signer une entente pour la fin de
janvier. Le négociateur poursuit ses négociations.
Mme Blackburn: Est-ce que la ministre peut nous dire si c'est le
même négociateur qui a négocié l'entente avec les
"majors"?
Mme Bacon: C'est ce que je viens de dire: le même.
Mme Blackburn: M. Fox?
Mme Bacon: Oui. De même que les "majors" ont le même
négociateur, le même avocat.
Mme Blackburn: Si j'ai bien compris la ministre, est-ce qu'on
peut dire que l'entente sur la vidéo reprenait sensiblement les
mêmes bases que l'entente avec les "majors"?
Mme Bacon: Oui. C'est pour cela que nous voulions conclure
l'entente sur le cinéma. Parce que nous voulions ensuite entreprendre
l'entente sur la vidéo qui serait difficilement... Enfin, c'est assez
difficile pour les Américains de ne pas accepter les mêmes termes
que le cinéma.
Mme Blackburn: Cependant, s'il s'avérait à l'usage
que l'entente avec les "majors" n'était pas aussi favorable qu'on le
pense au moment où on se parle, qu'au moment où l'entente a
été signée, cela veut dire qu'on l'aura en double
exemplaire, à la fois dans le cinéma et dans la vidéo.
Mme Bacon: Si cela s'avérait peu...
Mme Blackburn: Que l'entente qu'on vient de signer avec les
"majors" n'était pas aussi avantageuse pour les Québécois
qu'on le pense au moment où on se parle.
Mme Bacon: Elle devrait être aussi avantageuse que
l'entente sur le cinéma,
Mme Blackburn: Si l'entente sur le cinéma n'était
pas aussi avantageuse qu'on le pense.
Mme Bacon: Ah bien cela, c'est vous qui le dites.
Mme Blackburn: Cela veut dire qu'on aura une duplication dans la
vidéo. C'était juste une question: Est-ce qu'il ne serait pas
utile de passer un certain temps d'expérimentation de cette entente
avant d'en signer un seconde qui soit un peu calquée sur
celle-là?
Mme Bacon: L'entente sur la vidéo nous est
demandée, encore une fois, par les distributeurs depuis longtemps. On ne
peut pas attendre plus longtemps que janvier pour la faire signer.
Encore des "si"; la députée nous dit "si", "si", "si". Je
pense que, si on continuait comme cela, on ne signerait rien. C'est pour cela
qu'il faut régler le problème. Il faut régler ce
problème de la vidéo qu'on nous a demandé de régler
depuis longtemps. Cela avait été demandé aussi à
l'ancien gouvernement et cela n'a pas été réglé.
Nous voulons signer ce dossier.
Mme Blackburn: À moins que la
ministre ne me prenne pour une complète imbécile, je ne
pense pas que j'aie jamais fonctionné dans ma vie avec des "si". Tout
simplement, ce que je dis à la ministre, c'est: S'il s'avérait
que la première entente ne soit pas aussi avantageuse, ne
serait-il pas pertinent et sage de lui laisser un temps
d'expérimentation? C'était l'essentiel de ma question, Mme la
ministre. Ce n'était pas compliqué.
Mme Bacon: II y a encore un "si", M. le Président. Je dis
que pour nous, l'entente qui a été signée sur le
cinéma est une bonne entente que nous complétons par la loi 157.
Nous croyons que nous pourrons arriver à une aussi bonne entente pour
aider...
Des voix: "Si".
Mme Bacon: Non, nous croyons que nous pouvons régler une
aussi bonne entente... "Aussi", ce n'est pas "si".
Une voix: Oh, si!
Mme Bacon: C'est une aussi bonne entente avec la vidéo que
celle que nous avons "signée" avec le "cinéma".
Une voix: "Signée".
Mme Bacon: Et le "cinéma". (22 h 30)
M. Boulerice: Ne "signez" pas d'entente. L'entente
"signée", je comprends qu'an en sait au lac du "Cygne"...
Une voix: Je vais devenir cynique.
Le Président (M. Richard): Cela va? Est-ce que l'on passe
au vote sur l'article 1, tel qu'amendé?
M. Filion: Est-ce qu'on a voté l'amendement principal?
Le Président (M. Richard): Oui, c'est fait.
M. Filion: Alors, parfait.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous exigez le vote
nominal? Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. Donc, l'article
1, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adapté.
Le Président (M. Richard): L'article 1, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 2 qui se lit comme
suit: "L'article 168 de cette loi est modifié par la suppression du
paragraphe 8° du premier alinéa."
Avez-vous des commentaires sur l'article 2, Mme la ministre?
Mme Bacon: Non, cela va. On pourrait toujours... On va attendre
un peu, si on veut tenir le temps.
Le Président (M. Richard): Aucun commentaire. L'article 2
est-il considéré comme adopté?
M. Boulerice: II y a une modification de concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Alors, c'est donc
adopté.
Mme Bacon: Cela va.
Certificat de conformité
Le Président (M. Richard): Vite avant que l'on change
d'idée. J'appelle donc l'article 3.
M. Boulerice: M. le Président, vous prêtez des
intentions aux membres de la commission.
Le Président (M. Richard): Non, puisque c'est unanime. De
part et d'autre, on pourrait changer d'idée.
M. Trudel: Des deux côtés, mon cher ami.
Le Président (M. Richard): L'article 3?
Mme Bacon: II y a un papillon à l'article 3 qui est
modifié par le remplacement...
M. Filion: On a bien entendu des bruits.
M. Boulerice: "Butterflies are free", disait le bon film.
Le Président (M. Richard): On vous distribue un papillon
concernant l'article 3.
Mme Bacon: On dit: L'article 3 de ce projet de loi est
modifié par le remplacement, à l'annexe I, du troisième
alinéa par le suivant...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Y a-t-il d'autres
papillons que celui de l'article 3?
Mme Blackburn: M. le Président.
Mme Bacon: L'autre sera pour le titre de la loi, M. le
Président. "Attendu que le requérant a aussi
démontré, à ma satisfaction, que cette demande est
justifiée eu égard à l'importance de l'investissement fait
par le requérant dans le film concerné."
M. Boulerice: C'est le permis spécial, n'est-ce pas, Mme
la ministre?
Mme Bacon: II faut être cohérent avec la
modification qu'on a apportée à l'article?
Le Président (M. Richard): Sommes-nous d'accord de part et
d'autre?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 4 et je dois spécifier à l'article 4...
Une voix: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Richard): Adopté tel
qu'amendé, évidemment.
M. Boulerice: II n'y a plus d'article 4 à cause de
l'amendement que nous avons proposé et qui a été
accepté par la ministre.
Mme Bacons On a enlevé l'article 4. On n'a pas voté.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, mais à
l'article 4, il faut que ce soit la ministre, qui est titulaire de la loi, qui
propose le retrait de l'article 4, au grand regret, peut-être, du
député de Bourget qui le soulignait tout à l'heure.
Mme Bacon: Je le propose, M. le Président.
Le Président (M. Richard): II est proposé par Mme la
ministre de retirer l'article 4.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté.
Mme Bacon: Pour le titre? L'article 5?
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 5.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle le
titre sur lequel...
M. Filion: J'ai une question à poser sur l'article 5.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Pardon?
M. Hamel: En vigueur le?
M. Filion: L'avenir vient de me frapper encore.
M. Boulerice: Le choc du futur.
M. Filion: Le choc du futur ne vous a peut-être pas
rejoints, mais il vient de m'atteindre encore dans le milieu d'une
interrogation. D'ailleurs, vous voyez mon air perplexe.
Une voix: Sceptique.
M. Filion: Pas sceptique, juste perplexe.
M. Gardner: Parlez. Dites ce que vous avez à dire.
Le Président (M. Richard): L'intervention
était-elle pertinente è l'article 5?
M. Filion: Oui, précisément, à moins que mon
collègue, le député d'Arthabaska, ne manifeste tellement
d'impatience; je suis prêt à lui laisser ma place pour la
première question.
M. Gardner: Non. Je suis très patient, vous savez. J'en ai
pour la nuit.
Une voix: Est-ce vrai?
M. Gardner: Je suis "game" pour passer la nuit.
M. Boulerice: Est-ce que vous nous annoncez une primeur? Est-ce
que M. le leader pourrait confirmer l'assertion de son collègue
d'Arthabaska?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Taillon, concernant l'article 5, vous aviez un commentaire à faire?
Une voix: Est-ce qu'il peut dire ce qu'il a à dire?
M. Filion: M. le Président, M. le leader du gouvernement
est présent. Peut-être que ma question sera d'autant meilleure,
espérons-le. Qu'est-ce qui arrive si le projet de loi n'est pas
sanctionné avant le 1er janvier 1987 quant aux conséquences
juridiques sur l'entente? Ne présumons pas de la troisième
lecture, du rapport de la commission, etc. On ne peut pas présumer de la
réaction de l'Assemblée nationale.
Mme Bacon: II y a des règlements qui vont être
nécessaires pour habiliter la régie à assumer la gestion
de ce projet de loi, le
chapitre III en général - je pense que c'est cela - de la
loi 109. Dès que les règlements seront adoptés, cela a
fonction de loi.
M. Filion: Mais si la loi n'est pas en vigueur, les
règlements qui pourraient découler de l'application de la loi ne
pourraient pas être en vigueur non plus.
Mme Bacon: II y a une grande partie du chapitre III de la Loi sur
le cinéma qui n'est pa3 en vigueur en ce moment, faute de
règlement. II n'y a pas de règlement dans cette... C'est la
même chose pour cela.
Dans la loi 109, il y a une partie du chapitre III qui n'est pas
en vigueur parce que les règlements n'ont jamais été
adoptés par l'ancien gouvernement et c'est la même chose pour
cela. Tant que les règlements ne sont pas adoptés, ce n'est pas
en vigueur.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Mme la Présidente, ma question est la
suivante: Si la loi n'est pas sanctionnée au 1er janvier, qu'est-ce qui
arrive de l'entente au plan juridique? Est-ce qu'il faut qu'elle le soit avant
l'ajournement de la présente session? En clair, c'est cela?
M. Trudel: C'est un autre si, madame.
Mme Blackburn: Oui et, là-dessus, on a un certain
pouvoir...
Mme Bacon: Ouf!
Mme Blackburn: ...le leader pourrait vous le dire. Un pouvoir
certain. C'était simplement une question. Est-ce qu'on peut avoir la
réponse?
Le Président (M. Richard): À l'interrogation de Mme
la députée de Chicoutimi, est-ce que...
Mme Bacon: Les règlements sont préalables à
l'adoption des articles.
M. Filion: Bien non! Mme Bacons Bien oui!
Mme Blackburn: Les règlements préalables à
l'adoption?
Une voix: Non, l'adoption est préalable aux
règlements,
M. Filion: Les règlements...
Mme Blackburn: Les règlements suivent l'adoption de la
loi.
M. Filion: Les règlements ne peuvent pas être
préalables. Ce serait mettre, comme on dit souvent, la charrue avant les
boeufs.
M. Boulerice: Bonne sagesse populaire. M. Filion: Comment
disent-ils cela? Mme Bacon: Si la loi...
M. Filion: Mettre ses souliers avant ses bas.
Une voix: Celle-là, c'est la première fois que je
l'entends.
M. Filion: Moi aussi, je l'ai entendue récemment.
Mme Bacon: Advenant le cas où la loi n'était pas
adoptée, il est évident que l'entente n'a pas d'assise. Si vous
voulez faire cela pour les distributeurs, c'est votre...
Mme Blackburn: C'était simplement pour le savoir.
Mme Bacon: C'est la distinction entre la mise en vigueur et
l'adoption.
M. Filion: Bon!
Mme Blackburn: Cela va!
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela répond
à votre interrogation, M. le député de Taillon?
Mme Blackburn: Cela va, cela répond. M. Filion:
Cela répond à ma question. Mme Blackburn: Tout
à fait!
Le Président (M. Richard): Donc, est-ce que l'article 5
est adopté?
M. Filion: Adopté, M. le Président. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté.
Maintenant, j'appelle le titre de la loi. Mme la ministre a
mentionné qu'il y avait un papillon, donc, une modification.
Mme Bacon: 11 y a un papillon, M. le Président, qui dirait
ceci: "Loi modifiant de nouveau la Loi sur le cinéma", parce qu'elle a
déjà été modifiée. Est-ce que cela va?
Avez-vous besoin du papillon? "Loi modifiant de nouveau la Loi sur le
cinéma" parce qu'elle a déjà été
modifiée. II faut dire "de nouveau". Ce n'est pas la première
fois.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on
est d'accord et que c'est adopté? Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que le titre
amendé est adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. Est-ce que le
projet de loi amendé dans son ensemble est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Je suis bien fier de vous dire
que la loi 157 est donc adoptée tel qu'amendée. Merci et on va
suspendre quelques instants, si vous le permettez, pour la bureaucratie.
(Suspension de la séance à 22 h 35)
(Reprise à 22 h 58)
Projet de loi 149
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous le permettez, mesdames et messieurs, nous avons aussi comme
mandat l'étude du projet de loi 149, Loi modifiant la Loi sur l'Institut
québécois de recherche sur la culture. C'est un projet de loi de
trois articles, mais on n'identifie par la durée de l'étude par
le nombre d'articles.
Est-ce que j'appelle immmédiatement l'article 1 ou s'il y a des
remarques préliminaires?
M. Boulerice: On a des remarques préliminaires.
Le Président (M. Richard): Je vous les permets, M. le
député de Saint-Jacques.
Remarques préliminaires M. André
Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, je crois que c'est un
débat extrêmement important qu'on va commencer à l'instant
avec le projet de loi 149 que nous présente Mme la ministre des Affaires
culturelles et qui modifie la Loi sur l'Institut québécois de
recherche sur la culture. Si on fait un bref résumé, on abolit
les dispositions de cette loi concernant le financement de l'État
apporté à l'Institut québécois de recherche sur la
culture. On abolit les dispositions relatives aux crédits permanents qui
étaient dévolus à l'institut et qui devaient être
indexés annuellement. On abolit également l'article 26 qui
stipule que: "Pour chaque exercice financier subséquent, la même
somme que pour l'exercice financier précédent, majorée de
10 % ou d'un pourcentage supérieur fixé par le gouvernement qui
ne peut excéder 25 % pour chaque exercice financier". On abolit
également l'article 27 permettant au ministre d'octroyer une somme
additionnelle aux crédits permanents en vertu de l'article 26. On
autorise donc, par voie de conséquence, le ministre des Finances
à verser 1 996 200 $ à l'Institut québécois de
recherche sur la . culture pour l'année financière 1986-1987,
soit 200 000 $ de moins qu'en 1985-1986. Je tiens à rappeler, compte
tenu de la non-indexation, que c'est une coupure apparente de 200 000 $, mais
une coupure réelle de près de 400 000 $, soit très
exactement, 20 % du budget.
Cela nous apparaît extrêmement dangereux. Dans les
discussions à l'Assemblée nationale, on s'est tout de suite
insurgé contre le projet de loi que nous présentait Mme la
ministre des Affaires culturelles en disant que cela contribuait à
fragiliser la situation de l'Institut québécois de recherche sur
la culture. Justement, on y abolit l'article 26 qui garantissait cette
indexation annuelle. De plus, si l'on adopte cette loi, l'institut va
éprouver beaucoup de difficultés à planifier ses travaux
en ne sachant par sur quel budget il pourra compter en 1987. Ces
difficultés de planification vont amener également des
difficultés dans l'embauche des chercheurs pour effectuer des travaux de
recherche sur une période qui sera plus ou moins longue. Je pense qu'il
est important de le faire,
Ce qui est d'autant plus important - on espère qu'au cours de la
commission la ministre va se démarquer - c'est le rapport que l'on vient
tous d'appeler - puisque c'est l'appellation qui lui a été
donnée - le rapport Gobeil qui recommandait bien - et le ministre
responsable de ce rapport n'a donné aucune indication qu'il retirait sa
recommandation - l'abolition de l'Institut québécois de recherche
sur la culture. Encore là, je vous dis que c'est une recommandation que
le ministre n'a pas carrément rejetée jusqu'ici. Nous croyons que
le projet de loi 149 comme tel ouvre la voie au démantèlement de
l'institut.
Forcément, au cours de la période que nous entreprenons,
M. le Président, on va demander à la ministre de se prononcer sur
l'avenir de l'institut et surtout de nous donner des garanties. Elle a
parlé abondamment du mot "garantie" pour les distributeurs et pour les
diffuseurs québécois tantôt, lorsque nous abordions la Loi
sur le cinéma. Je pense que nous sommes également en mesure
d'exiger, quant à nous, en tant qu'Opposition, des garanties quant au
maintien des activités de l'Institut québécois de
recherche sur la culture. On ne voudrait
surtout pas que l'Institut québécois de recherche sur la
culture soit l'objet d'une "concoctation" un peu vague et floue à
travers des méandres administratifs qui feraient en sorte que l'on se
délesterait véritablement de l'Institut québécois
de recherche sur la culture au profit d'une hypothèse qu'il va falloir
évaluer de façon très sérieuse.
Personnellement, nous ne sommes pas d'accord que la ministre se
départisse d'une partie de ses responsabilités. Je crois que,
s'il y a une intervention de l'État qui est souhaitable, c'est bien dans
le secteur de la recherche. On a, d'ailleurs, un ministère de la
Science. Je pense que le ministère des Affaires culturelles du
Québec ne doit pas se soustraire à ses obligations quant à
la recherche dans le secteur de la culture. C'est bien entendu que, dans les
minutes, dans les heures qui vont suivre, sans aucun doute, comme je le disais
en première lecture, on va demander à la ministre de nous donner
l'heure juste quant à l'avenir de l'Institut québécois de
recherche sur la culture au sein du ministère des Affaires culturelles
et surtout au sein de la réflexion et de l'articulation de la recherche
qui se fait au Québec.
C'est bien entendu que, d'emblée, on condamne, sans restriction
aucune, l'impact négatif de la coupure qui est effectuée au
budget 1986 de l'institut. Je pense qu'il y a appel pour un vote, M. le
Président. Cette coupure freine le développement de l'institut et
rend beaucoup plus difficile l'accomplissement de son mandat. Je pense qu'on
lui a dit qu'une diminution de la publication des travaux...
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez, M. le
député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Richard): ...je m'excuse, nous allons
suspendre nos travaux puisque nous devons aller en Chambre pour un vote. Nous
reprenons, immédiatement après le vote, au même
endroit.
(Suspension de la séance à 23 h 5)
(Reprise à 23 h 31)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, si vous me le permettez, nous recommençons
les travaux pour lesquels nous avons un mandat: il s'agit du projet de loi 149,
Loi modifiant la Loi sur l'Institut québécois de recherche sur la
culture. M. le député de Saint-Jacques, vous aviez la parole et
il vous reste de votre temps de parole quatorze minutes et quelques
fractions.
M. Boulerice: Quatorze minutes, vous me dites, M. le
Président; alors, je m'ajuste, voilà, d'accord. Alors, M. le
Président, je poursuis dans la foulée de tantôt. Je vous
disais que la coupure implique une réduction des activités de
recherche, une diminution au niveau de la publication des travaux - quand je
dis des travaux, je parle de ceux de l'Institut québécois de
recherche sur la culture - mais aussi une diminution - c'est là que
vraiment le bât blesse - des possibilités d'emploi pour nos jeunes
chercheurs déjà formés et pour qui - cela, je tiens
énormément à le rappeler - cette voie est
véritablement un tremplin pour l'avenir. On sait fort bien que les
universités, malheureusement, dans le contexte, n'engagent plus, et
l'Institut québécois de recherche sur la culture était
vraiment, une voie d'avenir pour ces jeunes chercheurs. C'était, comme
on le dit en langage courant, un débouché fort intéressant
et un apport extrêmement appéciable à leur curriculum vitae
dans l'optique d'une progression de carrière.
Je pense, d'ailleurs, que la situation réservée à
l'Institut québécois de recherche sur la culture a
été dénoncée par le secrétaire de
l'institut, M. Jacques, dans un article dont j'ai fait lecture et qui avait
été publié dans La Presse du 1er décembre.
Il disait fort bien que c'était très difficile d'accepter ces
coupures, surtout qu'elles étaient survenues en plein milieu de
l'exercice 1986-1987. Songez que, quand on est à planifier et à
exécuter des travaux et qu'on s'aperçoit, en cours de route,
qu'on va vous enlever les outils dont vous avez besoin, je pense qu'il est
difficile de compléter un mandat et de bien terminer ce qui a
été prévu. Cela les a obligés à certaines
acrobaties, disaient-ils, et je pense qu'effectivement c'est ce qui s'est
passé. M. Jacques ne s'est pas gêné, et je me demande
pourquoi, d'ailleurs, il aurait été gêné puisqu'il
disait bien la vérité en déclarant que l'institut ne
pourrait pas supporter une telle réduction, l'an prochain, sans que cela
entraîne des conséquences inquiétantes pour l'institut.
M. le Président, on a regardé le générique
de toutes les recherches qu'effectue cet institut et on constate que ses
travaux nous permettent effectivement de mieux connaître des
réalités complexes au Québec. Ces travaux enrichissent les
connaissances qu'on pourrait avoir de ces secteurs d'activités. Ces
connaissances inévitablement nous permettent de mieux intervenir dans
ces secteurs, parce qu'effectivement, grâce aux travaux de recherche de
l'institut, on connaît mieux la problématique. Je suis
persuadé que Mme la
députée de Vachon connaît mieux la
problématique de la société des jeunes parce qu'elle a
sans doute complété l'agréable lecture qu'elle avait
commencée la semaine passée. Il y avait des études sur les
familles monoparentales. Vais-je être obligé de le
répéter encore? C'est une réalité qui existe
à travers le Québec et qui se manifeste peut-être d'une
façon très accentuée dans le comté de
Saint-Jacques. Il y a la problématique des personnes âgées
également, des communautés culturelles et des jeunes
précisément, comme je le mentionnais tantôt quant aux
lectures que Mme la députée de Vachon a faites.
Il y a, M. le Président, une autre chose qui m'apparaît
très pertinente dans le contexte: j'ai fait récemment, à
l'exemple de la députée de Vachon, la lecture de la
dernière parution de Bruno Lussato que tout le monde connaît et
qui porte le titre, oh, mon Dieu, inquiétant, mais à propos de
"Complot contre la culture". M. Lussato disait fort bien: "La culture n'est pas
un épiphénomène, un luxe que s'offriraient les nations
prospères. Plus que jamais aujourd'hui, l'une des conditions
essentielles de la survie économique et politique d'un pays. Qui,
désormais, détient la puissance?" posait-il comme question. "Ceux
qui disposent du plus grand nombre de savants, de chercheurs, d'inventeurs,
ceux qui, dans le domaine économique, sont à la source de
l'information? Or, la culture n'est rien d'autre que l'information
poussée à son haut degré de qualité."
M. Lussato parlait, notamment de l'informatique. Je regrette que M. le
ministre des Communications ait quitté; de toute façon, je lui
ferai parvenir le texte, je connais son intérêt là-dessus.
M. Lussato, dans la thèse fondamentale de son livre, disait que "la
culture, parce qu'elle signifie et permet la complexification de l'esprit
humain, est non seulement nécessaire au développement des pays
avancés, mais conditionne ce développement. Elle est la
matière même de nos progrès et de nos conquêtes
scientifiques et techniques."
Je pourrais raccorder les travaux de l'Institut québécois
de recherche sur la culture à ce que disait plus loin M. Lussato dans
son livre. Les recherches faites par l'Institut québécois de
recherche sur la culture sont fondées sur une approche critique et
humaniste de la culture. Je crois que c'est fait en répondant à
quatre conditions. La première, à mon point de vue: elle doit
permettre la différenciation. C'est ce qui se fait puisqu'ils ont
publié un excellent collectif qui est "Les pratiques culturelles des
Québécois". Donc, ils nous aidaient à démontrer
cette différenciation de la culture québécoise par rapport
à un ensemble nord-américain et par rapport à une
civilisation prestigieuse à laquelle nous appartenons par la langue.
M. Lussato disait: "Après avoir été
confronté à un événement ou à un objet
porteur de culture, le système mental d'un individu est plus
différencié qu'avant. Il perçoit les nuances et les
différences entre les sons, les couleurs, les formes qui lui semblaient
auparavant semblables."
Le deuxième critère auquel je souscris: elle doit
faciliter le processus d'intégration, c'est-à-dire permettre
à l'esprit de comparer, de relier ces éléments
différenciés, de leur trouver des correspondances et de les
organiser dans une nouvelle structure mentale plus complexe.
La troisième notion qui est intervenue, je ne la
développerai pas ici, mais je crois que je dois en faire mention
puisqu'elle est fort importante, c'est la hiérarchisation des
systèmes de valeurs. Je pense qu'il n'existe pas de culture facile. Je
pense que les grandes oeuvres de l'humanité - M. Lussato le disait avec
beaucoup de pertinence - c'est leur degré de complexité,
d'achèvement, leur caractère universel ou durable et le rapport
novateur, ce qu'on retrouve dans la quasi-totalité des recherches qu'a
faites l'Institut québécois de recherche sur la culture.
Les travaux de l'Institut québécois de recherche sur la
culture vont dans le sens d'une recommandation qui est de ne pas
entraîner la masse du public sur la voie de la facilité, sur la
plus grande pente. Je pense que c'est important. Il n'y a pas de culture facile
et la culture doit se mériter. Encore là, on voit la profondeur
de la réflexion de M. Lussato là-dessus. C'est dommage, j'aurais
presque le goût de proposer un amendement l'invitant, si les distances le
permettaient, à venir nous en parler plus à fond. Elle demande un
grand effort, elle exige...
Je vous demanderais d'être très attentive, Mme la ministre:
La culture se mérite. Elle demande un grand effort. Elle exige qu'on y
consacre du temps, de la réflexion, de l'argent. Pourquoi le fait-on?
demandait M. Lussato dans son livre "Complot contre la culture",
prémonition peut-être d'une situation québécoise.
Pourquoi le fait-on? Pour éprouver des joies plus riches, plus durables
que le plaisir. Il y a certes des raisons plus profondes, plus vitales encore;
acquérir une culture, c'est avoir la possibilité de faire des
choix, d'affirmer son jugement, d'étendre sa réflexion et donc de
développer sa personnalité. En un mot, c'est être davantage
soi-même.
À la lecture des travaux de l'Institut québécois de
recherche sur la culture que j'ai eu le plaisir de faire depuis la fondation de
l'institut, je pense effectivement que l'institut nous a donné la
possibilité de faire des choix. Il nous a donné la
possibilité d'affirmer notre jugement, d'étendre notre
réflexion sur une foule de sujets, donc de
développer une personnalité qui nous est authentique, une
personnalité qui est très nettement différenciée
par rapport, comme je vous le disais, à cette prestigieuse culture
occidentale à laquelle nous appartenons par la langue, qui est la
civilisation française, et surtout à cause de notre mode de vie
nord-américain.
Là, c'est très important. M. Lussato disait - et tout le
monde connaît l'importance de l'acquisition de connaissances - "Plus Ie9
gens sont incultes, mieux ils obéissent à des slogans, mieux on
peut les manipuler et les asservir. La culture est un moyen de survie
aujourd'hui plus que jamais dans un univers victime de la massification.
L'acquisition de la culture enfin répond à un besoin
extraordinairement noble. C'est la soif de connaître, la passion de
savoir, c'est-à-dire de croître, de nous développer tout au
long de notre vie."
Mon Dieu, le temps va finir par me manquer, malheureusement; on s'est
donné des règles. Je pense que les propos que tenait M. Lussato
dans son livre "Complot contre la culture" viennent véritablement
à l'appui des restrictions et des très profondes réserves
qu'on a face au projet de loi 149 que nous présente Mme la ministre des
Affaires culturelles.
Pour ce qui est de l'avenir, l'Institut québécois de
recherche sur la culture -depuis le tout début, je me plais à le
dire et j'espère que je pourrai toujours continuer à le dire -
c'est un institut que je qualifie d'institut national de recherche sur la
culture qui, depuis tout près de sept ans, nous livre des
réflexions extraordinaires - qui nous permettent, justement, cette
acquisition, cette différenciation et je vois Immédiatement des
appuis venant de l'autre côté - sur les régions du
Québec. Parce que les régions du Québec - il faut le
répéter - nous, on ne les a jamais considérées
comme des pizzas. À quoi sert d'avoir une tête qui est
Québec, des poumons qui sont Montréal si on laisse atrophier les
membres que sont les régions qui forment le Québec? Une
excellente réflexion sur la culture populaire, dont, en particulier -
cela mérite d'être traité - de Jean Bourassa, "Le travail
minier, la culture et le savoir ouvrier" qui faisait partie de la collection
des documents préliminaires, qui était le numéro 4 et qui
a été publié en 1982. Je pourrais vous inviter à le
lire. Une réflexion sur la condition féminine et sur la condition
masculine également en regard des générations et de la
famille. Dans un pays qui s'interroge quant aux politiques de natalité
à apporter, je pense qu'il est drôlement pertinent de lire les six
ouvrages qui ont été publiés, dont le dernier sous la
direction du professeur Dumont, "Une société des jeunes". La
parution est tout à fait récente; elle est de cette année,
1986.
Les communautés culturelles. Je pense que nous avons tous une
préoccupation face au maintien de cet apport extraordinaire que
constitue pour le Québec l'arrivée de nouveaux
Québécois avec une culture originale qui s'intègre, et je
l'espère, harmonieusement à la nôtre, qui l'augmente,
l'enrichit. Donc, je serais porté à rattacher à nos
travaux le texte du livre de M. Lussato et à dire que le projet de loi
que nous présente Mme la ministre des Affaires culturelles quant
,à l'institut québécois, jusqu'à preuve du
contraire, m'apparaît - je ne pense pas que le mot soit trop fort - un
complot contre la culture. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques.
Est-ce que vous avez des commentaires pour l'instant, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Je vais attendre la fin des commentaires de
l'Opposition, M. le Président. (23 h 45)
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Pour ouvrir dans le
sens où terminait mon collègue, le député de
Saint-Jacques, je voudrais simplement rappeler aux membres de cette commission
que tous les pays industrialisés, parmi les plus prospères, sont
ceux qui ont investi et qui investissent dans le développement culturel.
Cela rejoint tout à fait les extraits d'un article tiré d'un
volume de M. Lussato, qui a à son crédit un certain nombre de
publications particulièrement d'avant-garde. Je pense à son
Défi informatique. J'ai eu l'occasion de dire en Chambre et je le
répète ici: le projet de loi qui nous est présenté
est inacceptable. Il est inacceptable et il se justifie mal pour la titulaire
du ministère des Affaires culturelles, parce qu'on le sait, je le
répète, le développement culturel au Québec n'a
jamais été considéré, ou si peu, comme un secteur
important ou comme un secteur qui portait le développement du secteur
économique. C'est de plus en plus reconnu dans différents pays,
c'est de plus en plus admis que le développement culturel, la
capacité d'éveiller l'imagination, la créativité
d'un peuple le rendent plus productif au plan économique. C'est
inacceptable parce que c'est un secteur fragile, un secteur - la ministre le
sait - dans lequel on a encore l'impression quand on parle de culture qu'il
s'agit de quelque chose pour une élite complètement
décrochée de la réalité quotidienne. La culture, ce
n'est pas cela.
La ministre avait - c'est pourquoi je trouve ce projet de loi
inacceptable - la
possibilité de préserver cette enveloppe puisque
c'était inscrit dans une loi. Cela appelle donc une modification
à la loi, ce qui est quand même moins aisé que si vous
réduisez simplement de 17 % un budget qui n'est pas déjà
prévu et garanti par le biais de la loi. Le législateur, dans sa
sagesse, avait précisément voulu protéger ce budget
sachant qu'il était fragile et, à la moindre occasion,
menacé. La meilleure façon d'assurer à cet organisme un
revenu stable et en croissance constante, c'était encore de l'inscrire
dans la loi. L'importance des recherches en sciences humaines et en sciences
sociales est indéniable. C'est également reconnu dans tous les
pays. On doit continuer à investir dans la recherche en
développement technologique et scientifique, mais les recherches les
plus importantes qui vont permettre aux humains de s'approprier les changements
technologiques, les changements scientifiques, de les apprivoiser, de s'y
adapter, résident beaucoup dans la connaissance et la
compréhension qu'on a de l'évolution des moeurs, de
l'évolution de la société.
Je suis extrêmement déçue de voir qu'on a - cela
demande quand même un effort particulier d'adopter une loi -
enlevé à cet organisme ce qui lui assurait une certaine
stabilité. Plusieurs chantiers fort importants sont en cours
actuellement à l'Institut québécois de la recherche sur la
culture. Il faut savoir que constituer une équipe de recherche, cela ne
se fait pas tout à fait comme pour une équipe de travailleurs qui
construirait une maison ou même un édifice; c'est un travail de
longue haleine. On sait que l'Institut québécois de recherche sur
la culture, en plus d'engager des personnes, a également la
collaboration de professeurs qui viennent encadrer de jeunes chercheurs. Vous
ne demandez pas à pied levé à un professeur de Laval, de
McGill ou de Montréal, ou de l'UQ, de se libérer pour venir
encadrer une équipe de recherche du jour au lendemain. Ils ont des
engagements et cela doit se prévoir, cela se planifie. On ne parle pas
de travaux de recherche à long terme sur une base temporaire, sur une
base instable où une espèce d'insécurité s'intalle
et où vous ne savez plus si votre recherche va prendre six mois ou un
an. Ce n'est pas comme cela que sont constituées des équipes de
recherche dans ces secteurs d'activité. La ministre aurait
été chargée de déstabiliser le ministère des
Affaires culturelles qu'elle n'aurait pas mieux travaillé. J'ai peine
è croire, peut-être parce que j'avais un certain
préjugé à l'endroit d'une certaine sensibilité de
la part des ministres des Affaires culturelles, que, de façon
délibérée, elle a pris un certain nombre de
décisions qui viennent affecter profondément le
développement culturel au Québec. Qu'on pense, par exemple, que
c'est son budget qui a été le plus sévèrement
coupé lors des derniers crédits. De 17 %. C'est le budget qui a
été le plus sévèrement coupé. La ministre a
laissé rogner dans son budget plus que tout autre ministère. Il
me semble qu'en raison du poste qu'elle occupe cela s'explique mal, sauf pour
penser qu'elle a peu d'intérêt pour les affaires culturelles. On a
coupé dans les bibliothèques. On a coupé dans les
équipements culturels. On vient d'accepter une coupure par le biais de
modifications au REA. On vient de couper dans ce budget qui est relativement
modeste lorsqu'on parle d'équipes de recherches, 400 000 $. Ce n'est pas
200 000 $ que la ministre enlève. Si le budget avait respecté les
dispositions de la loi constitutive de l'Institut québécois de
recherche sur la culture, c'est plus de 419 000 $ que représente la
coupure. Planifier le développement de la recherche dans ces conditions,
c'est impensable. C'est surprenant, pour ne pas dire inacceptable, d'autant
plus que ce type de recherche constitue, pour ainsi dire, des outils
privilégiés de développement du ministère des
Affaires culturelles.
Les recherches effectuées par l'Institut québécois
de recherche sur la culture ne sont pas des recherches sur le sexe des anges.
On est en train d'examiner les mutations qui touchent la famille, les groupes
d'âges, ce qu'on appelle les sous-cultures. À la lumière de
ces recherches, on est capable de savoir dans quelle direction on devrait
développer la culture, le cinéma, le film et l'éducation,
dans quelle mesure il faudra concevoir l'habitation. Il ne s'agit pas de
recherches complètement gratuites pour le plaisir d'amuser quelques
chercheurs rêveurs, Ce sont des recherches extrêmement
concrètes qui ont été faites également sur les
différentes ethnies. Il y a une recherche qui est en cours et qui, je
pense, n'est pas terminée, sur les jeunes chômeurs. Cela devrait
préoccuper ce gouvernement. Je vous rappelle qu'il avait promis, en
campagne électorale, d'en faire la priorité des priorités,
la toute nouvelle question nationale.
Une voix: De la pertinence, Mme la députée.
Mme Blackburn: M. le Président. Ces recherches sont d'une
extrême actualité et elles nous permettent de mieux saisir
l'évolution de la société québécoise.
Je demandais è la ministre des Affaires culturelles si elle
s'était inquiétée de l'effet des coupures sur le
développement de l'institut, mais aussi sur ce que j'appelle les emplois
scientifiques. Au Québec, on formait, en 1983, quelque 1500
diplômés en sciences humaines et en sciences sociales. En 1985, on
a dû en diplômer environ 2000, plus quelque 300 docteurs dans ces
domaines.
C'était un secteur particulièrement favorable aux jeunes
diplômés en sciences humaines et en sciences sociales. Depuis
1980, l'Institut québécois de recherche sur la culture a
engagé de façon continue ou sporadique quelque 180 chercheurs.
Actuellement, elle en a quelque 75 à son emploi. Quand on sait la
difficulté qu'éprouvent les jeunes à se trouver des
emplois de recherche dans ces secteurs d'activité, je trouve que c'est
une préoccupation qu'auraient dû avoir la ministre et ce
gouvernement en particulier s'il avait été sincère
lorsqu'il s'est dit préoccupé de la situation des jeunes au
Québec. Est-ce que la ministre a demandé aux services de son
ministère d'évaluer l'impact de ces coupures sur l'emploi
scientifique des jeunes et sur la marche des travaux en cours? Jusqu'à
quel point les chercheurs qui ont accepté d'encadrer des équipes
de recherche pour six mois ou un an accepteront-ils de le faire pour six mois
ou une année additionnelle? Jusqu'à quel point les études
qui touchent les jeunes chômeurs seront-elle3 aussi pertinentes si on
retarde leur dépôt de six mois ou un an? La ministre s'est-elle
demandé jusqu'à quel point cette coupure touchait ou
dérangeait la planification des travaux à moyen et à long
terme?
Dans le secteur de la recherce au Québec, dans le secteur de
l'éducation, depuis le 2 décembre dernier - je le rappelais ce
matin on a coupé 34 000 000 $ juste à l'enseignement
supérieur. Il en coûte 37 000 000 $ de plus aux jeunes pour
fréquenter l'université cette année. L'élection du
Parti libéral, c'est ce que cela leur aura coûté. Je le
dis, c'est 24 000 000 $ précisément sur les plus démunis
des étudiants qui fréquentent les universités, puisque
c'est sur l'aide financière aux étudiants.
Tout le développement culturel, tout ce qui touche à la
formation, à la culture et aux sciences, au Québec, a
été profondément touché. Il me semble qu'un
gouvernement qui se veut meilleur gestionnaire, bon administrateur, travaille
selon un modèle tout à fait dépassé lorsqu'il ne
met pas en parallèle le développement culturel et scientifique de
la population du Québec et sa capacité de se développer au
plan économique. C'est simple, cela a été compris partout.
Cela a été compris dans tous les autres pays. Et on coupe dans ce
qui constitue la cheville du développement économique quand on
coupe dans l'éducation et la culture.
Mais cela semble laisser la ministre complètement
indifférente, comme si on était en train de parler - est-ce que
je sais? d'un pays totalement étranger ou du développement de la
culture en Chine. La ministre des Affaires culturelles, comme ce gouvernement
que tous se plaisent à appeler le gouvernement de l'État Provigo,
raisonne comme un tiroir-caisse. On ne demande pas à un tiroir-caisse
d'évaluer l'impact de ses décisions, il ne le prend pas; il prend
les entrées et les sorties et il fait le bilan. Tant de marchandises de
sorties, tant de bénéfices dans ma caisse; la différence,
c'est le bilan. On ne demande pas au tiroir-caisse d'évaluer l'impact de
ce qui rentre et de ce qui sort. Ce gouvernement semble avoir exactement les
mêmes principes: il ne se demande pas quel est l'impact des
décisions qu'il prend.
Qu'on coupe dans les soins dentaires, qu'on soit en train d'adopter une
loi 142 qui a comme effet non pas d'assurer pour le moment des services
additionnels aux anglophones, mais simplement de leur permettre d'utiliser
tantôt la loi pour obtenir d'autres services additionnels, on ne s'est
pas demandé ce que cela aurait comme impact sur le budget de la province
de Québec. On ne s'est pas demandé où il aurait
été préférable d'investir ces 87 000 000 $; dans
des déductions, des modifications à la table d'impôt pour
les mieux nantis et 400 000 $ ou 420 000 $ à l'Institut
québécois de recherche sur la culture. On ne s'est pas
demandé s'il n'était pas préférable de laisser aux
plus riches le soin de payer un peu plus d'impôt et de permettre à
plus de jeunes d'avoir accès à l'université. On ne s'est
pas demandé s'il n'aurait pas été préférable
de laisser ces 87 000 000 $ payés par les plus riches, permettant
à des jeunes diplômés à la maîtrise ou au
doctorat d'avoir accès à des emplois scientifiques correspondant
à leur niveau de compétence. On prend des décisions sans
se préoccuper des effets que ces décisions ont sur les plus
démunis et généralement les plus jeunes de la
société. Quand on coupe dans les emplois occasionnels de la
fonction publique, on coupe chez les jeunes. Quand on coupe dans les budgets
d'éducation, on coupe chez les jeunes. Quand on coupe dans ce budget,
qui nous permet de mieux comprendre et de mieux saisir l'évolution et
les mutations des mentalités au Québec, c'est l'avenir des jeunes
qu'on est en train de menacer.
La ministre a accepté que son budget soit amputé de plus
de 17 % et on modifie aujourd'hui la loi, rétroactivement, je dois dire,
puisque la décision est déjà prise. Cette décision
ne s'appliquera pas après l'adoption de la loi. La décision est
déjà prise. L'institut a été informé qu'il
n'avait pas le budget. Si la ministre a cédé, ce n'est
certainement pas parce qu'elle n'a pas d'autorité au Conseil des
ministres. On prétend que certains ministres en ont moins. On ne
prétend jamais cela de la ministre des Affaires culturelles. Donc, c'est
vraiment un choix qu'elle a accepté de faire pour diminuer
tranquillement l'importance de l'Institut québécois de recherche
sur la culture, et peut-être pour éventuellement
l'abolir, comme le propose le président du Conseil du
trésor. Ce n'est certainement pas parce qu'on a dû lui tordre le
bras pour le faire, car, comme elle nous l'a dit en Chambre: Si elle pense que
je me laisse faire par le président du Conseil du trésor, c'est
qu'elle ne me connaît pas. Justement, je pense que tout le monde la
connaît assez pour savoir qu'elle a du pouvoir. Si elle a accepté
que son budget soit coupé comme cela, c'est parce qu'elle n'y croit
pas.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, Mme la
députée de Chicoutimi. Je pense que notre temps est
écoulé. Votre temps n'est pas tout a fait terminé.
Toutefois, je dois ajourner sine die, et nous reviendrons selon l'ordre de la
Chambre que nous recevrons demain matin, à la suite de la période
des questions.
(Fin de la séance à 0 h 2)