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(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, mesdames et messieurs, si vous permettez, à la suite
de ce que vous venez de discuter, je vais vous rappeler le but de notre
rencontre de ce matin. C'est l'étude du projet de loi 149, Loi modifiant
la Loi sur l'Institut québécois de recherche sur la culture.
Alors, Mme la députée de Chicoutimi vous aviez la parole
et vous avez toujours votre droit de parole si vous voulez vous
exécuter. Mme la députée.
Remarques préliminaires Mme Jeanne L. Blackburn
(suite)
Mme Blackburn: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
être relativement brève, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de
temps, mais j'aimerais rappeler à cette commission l'importance des
recherches en sciences humaines et en sciences sociales et
particulièrement les travaux effectués par l'Institut
québécois de recherche sur la culture.
Lorsque l'institut entreprend un immense chantier, pour mieux comprendre
et évaluer le sens et les orientations des mutations sociales, de telles
recherches qui nous permettent de voir comment évalue la famille au
Québec, par exemple, comment évoluent les besoins de consommation
comme les besoins de loisirs, comme les besoins de rapports entre les humains,
comme ce qu'on appelle ces sous-cultures reliées à l'âge,
cela permet, par exemple, à la ministre de la Santé et des
Services sociaux, responsable de la politique familiale, de mieux
évaluer le genre de programmes, la nature des programmes qu'elle pourra,
éventuellement, offrir.
Cela permet, également, au ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche de voir quelle nature de services on pourrait offrir aux jeunes
Québécois. Cela permet de voir les préoccupations des
jeunes Québécois à l'endroit, par exemple, de questions
comme l'environnement. Cela nous a permis, également, de voir qu'un
nombre de plus en plus grand de Québécois estiment qu'on devrait
investir et continuer d'investir dans le développement culturel. Il y a
aussi des recherches sur le chômage des jeunes. Cela permet, par exemple,
au ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de mieux
comprendre le phénomène, de mieux le situer dans le temps et dans
l'espace, de mieux établir des comparaisons entre ce qui se passe au
Québec et ce qui se passe dans les autres pays.
Les recherches effectuées par l'Institut québécois
de recherche sur la culture, il ne s'agit pas de recherches, je le rappelle,
complètement décrochées, ce sont des recherches
extrêmement pratiques et très collées aux besoins de la
collectivité.
Des recherches ont porté sur les différentes ethnies au
Québec. Cela nous permet à la fois de mieux connaître les
cultures et les besoins de ces communautés, et cela permet,
également, de mieux adapter les services de santé, les services
sociaux, les services éducatifs et culturels aux réalités
des ethnies.
L'Institut québécois de recherche sur la culture n'a
jamais été un institut qui a voulu se consacrer à des
activités de recherche, de haute voltige, je dirais. Ils se sont
davantage attachés à faire des recherches qui nous permettaient
de mieux comprendre et mieux connaître l'évolution des
Québécois et des Québécoises et à nous
apporter une meilleure connaissance de notre passé. Je pense aux
recherches sur l'histoire de la Gaspésie. Il y en a une en cours
actuellement sur la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elle se fait en
coopération avec l'Université du Québec à
Chicoutimi. L'Institut québécois de recherche sur la culture, il
est important de le rappeler, est dirigé par un de nos éminents
chercheurs qui a une réputation internationale et qui s'appelle Fernand
Dumont. C'est un homme très pratique, très pragmatique et qui a
voulu éviter précisément que les recherches sur la culture
ne soient trop parfaites ou trop intellectuelles, si vous me passez le
terme.
Alors, il est important de rappeler l'utilité et la nature des
travaux de recherche effectués par l'Institut québécois de
recherche sur la culture. J'aurai, pour cette raison, quelques questions
à adresser à la ministre. Avant de procéder à des
coupures aussi importantes, majeures - c'est environ le quart du budget qui
était prévu pour l'Institut québécois de recherche
sur la culture - est-ce qu'elle a demandé à ses fonctionnaires
d'évaluer l'impact de ces coupures sur les travaux présentement
en cours, sur la modification des échéanciers qu'on devra
apporter par rapport aux grands
chantiers qui sont en cours dans les travaux de recherche de l'institut?
Est-ce que la ministre a demandé ou a une connaissance des effets de ces
coupures sur l'emploi pour les jeunes, ce qu'on appelle l'emploi scientifique
pour les jeunes? Est-ce que la ministre s'est inquiétée de savoir
si les travaux en cours n'étaient pas attendus dans Certains autres
ministères de manière à mieux planifier leurs propres
travaux ou encore, à mieux définir les axes de
développement de leurs programmes?
Je ne m'étendrai pas plus longtemps sur cette question, mais cela
m'apparaît des questions fondamentales avant de prendre des
décisions aussi importantes que celles qui ont été prises
touchant le budget de l'Institut québécois de recherche sur la
culture et par le projet de loi qui nous est présenté. On sait,
même si on est en train d'examiner un projet de loi, que l'institut,
à toutes fins utiles, n'a pas eu ces sommes dans son budget et que c'est
une décision rétroactive. Le projet de loi, comme celui sur le
cinéma, hier, vient tout simplement entériner des
décisions prises. Mais j'aimerais quand même savoir si la ministre
s'est donné la peine d'évaluer l'impact des coupures qu'elle
propose pour le budget de l'Institut québécois de recherche sur
la culture, sur ses différentes activités et sur l'impact de ses
travaux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la ministre, est-ce que vous avez des
commentaires?
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: Oui, M. le Président. On s'imagine qu'on arrive
avec un projet de loi sans y avoir pensé, sans l'avoir
préparé, sans avoir étudié, sans avoir
évalué les conséquences de la décision ou les
décisions elles-mêmes. Je pense qu'un tel projet de loi a
été pensé, évalué, étudié,
discuté, discuté d'abord avec les personnes concernées
parce que déjà, te 25 mars dernier, je rencontrais le dirigeant
de l'Institut québécois de recherche sur la culture et je lui
disais que dans les prochains six mois, nous serions à
réfléchir, en attente, à réfléchir sur
l'avenir de l'IQRC. Je disais que notre sous-ministre rencontrerait M. Dumont
pour discuter avec lui des possibilités ou des modalités de
changements qui étaient envisagés à ce
moment-là.
Je mentionnais aussi à M. Dumont que les ministères
étaient appelés à faire des efforts concernant la
situation financière et qu'il faudrait demander aussi à tous nos
organismes de faire la même chose. Cette première rencontre a
permis de faire une évaluation des dossiers en cours et, en même
temps, d'allumer cette lumière qu'il était important d'allumer,
je pense, à l'époque.
Cela a été suivi par deux rencontres, en avril et en mai,
avec mon sous-ministre et de deux autres rencontres à nouveau, en mai et
en juin, avec le sous-ministre et l'IQRC. Des réflexions ont
été entamées sur l'avenir de l'IQRC et son
financement.
Le 20 octobre 1986, il y a eu rencontre avec le sous-ministre, M.
Dumont, et le directeur des relations avec les organismes gouvernementaux et un
des éléments discutés aussi à cette rencontre
concernait l'abolition de l'indexation du 10 % avec lequel M. Dumont
était d'accord parce qu'il convenait, à ce moment-là, que
l'organisme était privilégié par rapport à d'autres
organismes qui ne votent pas leur budget augmenté dans une loi, par
exemple - ou le pourcentage de l'augmentation n'est pas mentionné dans
la loi - et qu'on y va suivant les capacités budgétaires du
gouvernement.
Une autre rencontre a eu lieu la semaine dernière à mon
bureau avec le ministre de l'Éducation et le recteur de
l'Université Laval pour chercher ensemble à trouver des avenues
qui rendraient possible la continuation du travail de l'IQRC, parce qu'il n'a
jamais été question pour la ministre des Affaires culturelles
d'abolir l'IQRC, comme le dit l'Opposition. Jamais je n'ai dit cela. Et pour
cela, il faudrait voir les discours que nous avons faits ou les rencontres que
nous avons faites avec des gens. Jamais je n'ai parlé d'abolition totale
de l'IQRC.
On a parlé du rapport Gobeil à cette commission
parlementaire. Le rapport Gobeil est un dossier de réflexion sur lequel
il faut se pencher et prendre ensuite nos décisions. Il y a trois
garanties que nous établissons: d'abord la garantie que l'entité
qu'est l'IQRC demeure, la garantie aussi que l'activité sera maintenue
à un niveau acceptable et la garantie que l'Assemblée nationale
donnera annuellement, votera des crédits qui seront alloués
à l'IQRC.
Les ministères peuvent donner des contrats de recherche à
l'IQRC, cela peut se continuer aussi. En 1986-1987, dans les faits, l'IQRC aura
sensiblement le même budget qu'en 1985-1986, parce que le budget qui est
autorisé - on l'a dans la loi - c'est 1 996 200 $. Il y a une
réserve que l'IQRC a constituée à même les surplus
qui ont été accumulés, soit 140 000 $. Donc, l'IQRC peut
dépenser environ 2 000 000 $.
En ce qui a trait à l'orientation qui est en cours, les
discussions qui sont en cours, il y a plusieurs hypothèses qui font
l'objet de réflexion. Mais l'important, c'est que toutes ces
hypothèses reposent sur le maintien des activités de recherche et
cela, à un niveau budgétaire acceptable qui permet de pouvoir
continuer autant que faire se peut, de la même façon qu'a
fonctionné l'IQRC jusqu'à maintenant.
La liberté académique dans le secteur de la recherche doit
être protégée. Je l'ai
dit dans le discours de deuxième lecture. La liberté
académique dans le secteur de la recherche devra toujours être
protégée. Les modalités peuvent être
différentes. On parle tantôt des possibilités de rattacher
à l'université ce service qui est important pour un gouvernement.
II peut y avoir d'autres hypothèses à envisager. C'est une des
hypothèses envisagées. Notre gouvernement estime essentiel que la
fonction de recherche demeure, pour continuer à avoir le portrait
socio-économique, sociopolitique du Québec qui est important pour
nous.
On pourrait également établir d'autres scénarios.
On pourrait avoir également accès à d'autres expertises
que l'IQRC. L'IQRC peut être un genre d'expertise, mais il peut y avoir
d'autres expertises. Je parle en termes d'ouverture sur le monde, par exemple.
Je pense qu'il y a des échanges d'experts qui peuvent être
établis et encouragés.
Il faut se regarder, mais il faut aussi regarder les autres et cela
aussi, c'est important. Nous ne sommes pas repliés sur nous-mêmes
non plus. Les recherches nous ont peut-être permis de mieux nous
connaître. Mais, maintenant qu'il y a un grand bout de chemin parcouru,
cela peut nous permettre de regarder ce que les autres font.
Il ne faut pas avoir peur de penser à aller chercher d'autres
expertises que celles que nous avons ici, en complémentarité
à ce que nous faisons. II peut y avoir des échanges d'information
scientifique entre le secteur privé et le secteur public, par exemple.
Je pense à la PME. II y a là des gens qui peuvent aider à
cette recherche qui est entreprise.
Je pense que c'est tout cela qu'il faut revoir et qu'il faut regarder
avec les gens de l'IQRC. Je parlais tantôt de l'hypothèse de
l'université. Il y a d'autres hypothèses. C'est le temps qu'on
regarde cela aussi. Il faut peut-être démystifier le fait qu'on ne
peut pas toucher à cela une fois que c'est installé ou que c'est
établi.
Cette recherche est nécessaire. Je parlais tantôt des trois
garanties que nous donnons. On n'a jamais renié cela. La priorité
que j'établis dans tout cela, c'est de faire une meilleure
planification, une planification des véritables besoins en recherche
pour qu'on la fasse avec les gens qui sont intéressés et ceux qui
peuvent la faire en concertation.
La concertation nous amène à trouver les meilleures
solutions qui répondent aux besoins que nous avons. C'est la vision des
choses la plus réaliste possible dans le respect de ce qui a
déjà été fait et dans le respect de cette
liberté académique qui est importante pour les gens qui sont en
recherche.
On n'a pas l'intention de leur dire quoi faire. On a l'intention de
travailler avec eux et d'avoir ces échanges d'expertises possibles.
Cette ouverture est aussi importante pour eux que pour ceux qui
bénéficieront, des recherches, qui sortiront de cet
échange d'expertises.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques. (12 heures)
Discussion générale
M. Boulerice: M. le Président, ce n'est pas un commentaire
directement relié aux propos actuels de la ministre. Je fais
référence à la demande que nous avons adressée,
hier soir, quant au dépôt de l'étude pour ce qui est des
régimes d'épargne-actions. La ministre s'était
engagée à déposer à la prochaine séance de
la commission l'étude ou le rapport. Nous sommes actuellement à
cette prochaine séance. Elle a cours actuellement. Est-ce que la
ministre peut déposer l'étude?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: J'espère que le député de
Saint-Jacques ne voudrait pas que je franchisse les lignes de piquetage pour
aller chercher le dossier qui est à mon bureau. Il ne me demandera pas
de faire cela ce matin, j'espère.
M. Boulerice: Vous n'avez jamais de doubles de vos dossiers.
C'est plus prudent? Vous n'avez pas de téléphone non plus?
Mme Bacon: II n'y a personne à mon bureau ce matin. Nous
n'avons pas franchi les lignes de piquetage. Si le député de
Saint-Jacques veut le faire qu'il y aille. Je n'accepterai pas que les gens de
mon cabinet franchissent ces lignes.
M. Boulerice: Je vais quand même remarquer...
Mme Bacon: II y a un respect des travailleurs qu'on doit avoir
quand même!
M. Boulerice: Je vais quand même remarquer qu'on fait du
piquetage devant le ministère de madame mais non pas devant le bureau du
député de Saint-Jacques. C'est peut-être significatif.
Mme Bacon: Ni à aucun des bureaux de députés
libéraux, M. le Président. Si l'on veut commencer sur ce
ton...
M. Boulerice: Ils ont déjà été
occupés par contre, ces bureaux.
Mme Bacon: ...ce n'est pas comme cela qu'on va régler le
dossier. C'est tout à fait non pertinent à ce que nous
étudions en ce moment.
Mme Blackburn: Si vous permettez, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chieoutimi.
Mme Blackburn: ...juste en complément de la question qui
est soulevée par mon collègue de Saint-Jacques. Je comprends que
la ministre ne soit pas en mesure, ce matin, de réaliser l'engagement
qu'elle a pris, hier, de déposer, sinon l'étude, à tout le
moins les données concernant les impacts sur l'industrie du
cinéma et les modifications qui ont été apportées
au REA. Cependant, est-ce qu'on peut demander à la ministre - je sais
qu'il est prévu une grève de 24 heures, donc, demain, normalement
elle pourrait rentrer à son bureau - de déposer cette information
en Chambre ou même au bureau du porte-parole officiel.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Je la déposerai au bureau du leader, M. le
Président. Elle sera accessible.
Mme Blackburn: Très bien.
Mme Bacon: Je ne pense pas qu'on me demande et j'espère
qu'on ne me demande pas ce matin de traverser les lignes de piquetage de mon
ministère pour vous fournir l'information.
Mme Blackburn: Alors, est-ce qu'on peut penser que, demain, on
pourrait avoir accès à cette information?
Mme Bacon: Si la grève est terminée et que je peux
entrer à mon bureau, j'irai.
Mme Blackburn: Oui, c'est 24 heures généralement,
ce qui est prévu. Bien, je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Alors, cela répond
à votre question, M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Richard): Maintenant, puisque les
remarques préliminaires, à moins que quelqu'un d'autre ait des
remarques préliminaires.,.
M. Boulerice; J'en aurais eu d'autres qui s'adressaient à
mon collègue de Bourget mais je...
Une voix: ...
M. Boulerice: Vous ne voulez pas que je me gêne? Non, c'est
parce que vous avez dit en entrant en aparté, bien que ce ne fût
pas enregistré, que j'avais servi ma salade. Je suis un peu
déçu de voir que vous qualifiez les extraits du livre de M.
Lussato de salade, puisque M. Lussato est un spécialiste dans...
M. Trudel: Je ne vous ai pas parié de salade. Je ne vous
ai pas parlé de la journée, M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous ne m'avez pas parlé de la
journée?
M. Trudel: Je pense que vous confondez les gens.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, mesdames et
messieurs,
M. Trudel: ...d'avoir parlé à M. le
député de Saint-Jacques aujourd'hui, je ne l'ai même pas
vu.
M. Boulerice: ...tantôt.
M. Trudel: Pas du tout, ce n'est pas moi qui vous ai
parlé, je regrette. Là, j'étais assis ici. M. le
député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Vous m'avez regardé et vous ne m'avez pas
parlé.
Mme Bacon: D'ailleurs, il y a une éthique qui fait qu'on
ne rapporte pas des rencontres privées.
M. Trudel: On les rapporte d'autant moins, Mme la ministre, quand
les conversations n'ont pas eu lieu. Je n'ai pas parlé au
député de Saint-Jacques aujourd'hui. Je n'ai pas eu ce vaste
plaisir d'élargir ma culture et la sienne.
M. Boulerice: Bien non, mais c'est parce que cela touchait
l'enseignement des arts. Je sais que cela vous tient tellement à coeur.
J'étais presque sur le point de succomber à une tentation que
vous me souhaitez.
M. Trudel: J'aurais souhaité que vous m'en parliez,
répondant ainsi à mon invitation d'hier. Je pense que vous vous
trompez sur la personne. On ne s'est pas parlé aujourd'hui. Maintenant,
si vous voulez m'en parler cet après-midi, cela me fera grand plaisir,
au centre commercial Laurier.
M. Boulerice: Volontiers, cet après-midi.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, si vous me
permettez. On devrait revenir a la pertinence du projet de loi 149. Je
recommanderais une chose très personnelle comme opinion comme
président. J'aimerais que chacun et chacune demeurent un peu
gênés, c'est préférable. Tantôt on disait que,
si vous demeuriez un peu gênés, ce serait peut-être plus
facile de faire les débats.
Une voix: ...gênés.
Le Président (M. Richard): Vous disiez tantôt, il
faudrait peut-être.
M. Boulerice: Je n'ai fait que jeûner ce matin au
départ. Là, vous voulez qu'on soit gênés.
Mme Blackburn: M. le Président... Le Président
(M. Richard): Alors...
Mme Blackburn: ...vous me permettez? C'est à l'invitation
du président qu'on a détendu les rapports hier.
Le Président (M. Richard): Je le sais très
bien.
Mme Blackburn: II y avait une certaine gêne. Ce n'est pas
ce matin qu'il va nous dire qu'il faudrait commencer à être
gênés.
Le Président (M. Richard): Non, c'est parce que
c'était le début de l'intervention du député de
Saint-Jacques. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires, M. le député de Saint-Jacques ou Mme la
députée de Chicoutimi? Sinon...
Mme Blackburn: Peut-être. Je ne sais pas si cela est dans
l'ordre mais, à la suite de la présentation qu'a faite la
ministre, j'aurais un certain nombre de questions. Pour moi, ce n'est pas
très clair. Je voulais savoir un peu, parce qu'elle utilise d'abord deux
choses... Elle dit maintenir un niveau acceptable. Elle parle de
libertés académiques et, dans ce cadre, j'ai mal fait le rapport.
Généralement, on l'utilise beaucoup en enseignement mais
très peu en recherche. On parle de la liberté des chercheurs.
Libertés académiques, je voulais savoir si cela touchait des
études commanditées, des recherches commanditées, ou ce
que cela pouvait signifier pour la ministre, la liberté
pédagogique dans le cadre de notre discussion.
Un autre point: elle parlait d'une meilleure planification des travaux
de l'IQRC. Il aurait peut-être été intéressant de
savoir ce qu'elle reprochait à la planification des travaux de l'IQRC et
jusqu'à quel point elle peut nous dire qu'il n'y avait pas
d'échange d'expertises. C'est un peu tout cela. Elle dit: II faudrait
s'assurer d'éviter que l'on soit refermé sur soi-même,
davantage développer la collaboration, l'échange d'expertises. -
Est-ce autant de reproches que la ministre fait à l'Institut
québécois de recherche sur la culture? En gros, je fais juste
réagir un peu à la présentation.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Mme la députée de Chicoutimi voit
toujours les choses intéressantes d'une façon négative, M.
le Président. Je ne porte pas de jugement, je donne des balises pour les
discussions que nous avons en cours. Je ne porte pas de jugement sur ce qui a
été fait, au contraire, j'ai dit que nous avions... On n'a
qu'à se féliciter de ce qui a été fait. Je l'ai dit
lors de la deuxième lecture et je redis la même chose ce matin
encore.
Quand je parle de liberté pédagogique, je dis que nous ne
devons pas diriger les chercheurs, mais les laisser se trouver des champs
d'action ou des champs d'activité qui seront les leurs et qu'on n'a pas
de directive à donner. Il n'y a pas une directive à donner de la
part du ministre responsable de l'IQRC. C'est ce respect de la recherche que
nous devons avoir. Je ne le vois pas d'une façon négative. Je
pense avoir été très positive, au contraire.
Les questions de Mme la députée de Chicoutimi me
surprennent. Je pense avoir été suffisamment claire en disant que
nous avions des garanties à offrir. Quant à l'avenir, nous ne
regardons pas l'abolition de l'IQRC, comme on a voulu le faire croire de
l'autre côté. Nous allons revoir les possibilités de
rattacher peut-être à une université... C'est une
hypothèse, il y en aura d'autres qui seront étudiées, mais
nous le faisons avec les responsables de l'IQRC. Nous le faisons en
concertation avec le milieu et dans un esprit d'ouverture totale.
Quand on dit s'ouvrir sur le monde, je ne portais pas non plus de
blâme, je dis qu'il faut s'ouvrir sur le monde et c'est ma vision des
choses de ne pas vivre repliés sur nous-mêmes. Je pense
représenter la vision de plusieurs personnes, y compris les chercheurs.
Je ne pense pas que les chercheurs aient envie d'être repliés sur
eux-mêmes. Il faut fournir un cadre de travail suffisamment large pour
que les chercheurs se voient ouvrir peut-être des voies qu'ils ne
croyaient pas possibles par cette ouverture sur d'autres laboratoires. Ce sont
aussi des choses possibles, mais ce n'est pas négatif, c'est très
positif. Au contraire, dans une vision d'ouverture, de maximiser davantage les
ressources humaines que nous avons et les techniques aussi, parce qu'il y a des
ressources qui sont techniques, cela aussi fait
partie de notre vision des choses. Ce n'est pas négatif.
Mme Blackburn: M. le Président, Mme la ministre faisait
ses commentaires en expliquant qu'on était en train de réduire le
budget - évidemment il faut que cela se rattache un peu au projet de
loi, sinon ici on ne s1 entendra pas - et en justifiant une
réorientation, si je peux m'exprimer ainsi, des travaux de l'IQRC, mais
si elle me dit qu'au moment où on se parle, tout va pour le mieux dans
le meilleur des mondes et que c'est déjà une pratique à
l'institut, je ne vois pas ce que cela ajoute finalement à la discussion
et je ne vois pas en quoi cela vient expliquer les coupures que l'on veut
effectuer.
À présent, parlant de liberté pédagogique ou
de recherche de liberté des chercheurs, dans une équipe comme
cela, généralement le devis est préparé par ceux
qui veulent un peu mieux saisir une réalité quelle qu'elle soit.
Ensuite le chercheur adhère è l'équipe de recherche et il
a la liberté. Donc, je ne vois pas comment on peut parler de
liberté pédagogique dans ce sens-là, c'est-à-dire
que le chercheur accepte ou non de travailler dans le cadre du mandat
confié à l'équipe. Je sais qu'il y a des recherches qui se
font de façon très précise, en disant: On voudrait
être en mesure d'évaluer ou de mesurer tel
événement.
L'autre question, c'est la suivante. J'imagine que l'IQRC est tenue de
présenter sa programmation pour l'armée suivante, à moyen
et à long terme. Une fois cela accepté, je ne pense pas qu'il y
ait d'interférence ou qu'il y ait nécessité d'en avoir. Il
y a une chose qui m'a étonnée au - début de la
présentation de la ministre. À quelques occasions elle nous a
reproché de rencontrer des fonctionnaires, mais le lien direct entre
l'IQRC et la ministre, ce n'est pas le sous-ministre. C'est reconnu parmi tous
les organismes de cette nature; généralement, le président
ou le directeur de la recherche à l'IQRC ne relève pas d'un
sous-ministre; il relève de la ministre responsable ou du ministre
responsable, en l'occurrence.
Elle . nous expliquait un peu le calendrier des rencontres, tout
à l'heure. Elle nous disait: Le 27 mars, il y a eu une rencontre entre
le sous-ministre et M. Dumont qui s'est répétée en avril,
mai et juin. C'est en octobre qu'on leur a appris qu'il y aurait une abolition
ou une diminution, j'imagine, une abolition des 10 % statutaires dans la loi.
Ce' dont on parle aujourd'hui, ce n'est pas de 10 %, c'est de 20 % par rapport
à ce qu'aurait été le budget de l'Institut
québécois de la recherche sur la culture, s'il avait
été indexé. Le budget de l'institut était de 2 219
000 $ si ma mémoire est fidèle et, 10 %, cela donne environ 2 400
000 $, Donc, ce n'est pas une coupure de 10 % dont on parle ici, mais de 20 %.
On n'a pas juste aboli les 10 %, on a aussi fait une ponction de 200 000 $, ce
qui fait 20 %.
À présent, les rencontres. J'ai compris que la ministre
avait rencontré elle-même le président-directeur de la
recherche de l'institut, avec le ministre de l'Éducation, cette semaine,
je pense. Peut-être, l'a-t-elle rencontré avant. Je dois dire que
j'ai rarement vu, à cet échelon, des transactions ou des
tractations qui se faisaient de façon officielle entre la ministre, le
sous-ministre et des dirigeants d'organismes. Cela se fait
généralement par le ministre responsable.
La ministre nous dit: On a évalué. Je veux bien
comprendre. C'est pourquoi j'ai pris ce commmentaire comme étant une
évaluation plus ou moins positive de ce qui s'était fait. Elle me
dit: L'institut s'est toujours ouvert et il va continuer à s'ouvrir sur
le monde. Je ne vois pas ce que l'on a ajouté de neuf qui puisse venir
justifier la compression et les coupures dans ce budget.
Brièvement. Ensuite, je laisse la parole à mon
collègue de Saint-Jacques. Le rapport Gobeil, je n'apprendrai rien
à la ministre... Comme la ministre risque de perdre l'IQRC s'il n'en
tient qu'à son voeu, parce qu'elle va être rattachée
à l'Université Laval si j'ai bien compris...
Mme Bacon: Vous déformez tout ce que je dis. La
députée de Chicoutimi déforme constamment ce que je dis.
11 va falloir qu'elle commence à dire la vérité. Elle
déforme constamment ce que je dis. Je n'ai pas dit qu'elle serait
rattachée à l'Université Laval. J'ai dit que
c'était une des hypothèses de travail.
Mme Blackburn: M. le Président, je n'accepterai plus
jamais que la ministre des Affaires culturelles vienne s'en prendre à ma
personne. J'en ai laissé passer quelques-unes hier. Je trouve cela fort
désagréable. Elle passe son temps à dire que je
déforme la vérité. Qu'elle vienne me dire ici qu'il n'y a
pas actuellement, et depuis déjà quelques mois, des tractations
en vue d'assurer l'affiliation de l'IQRC à l'Université Laval et
que des demandes comparables ont été faites par l'UQ! Qu'elle
puisse nous dire cela ici, à la table! Je n'ai pas déformé
la vérité.
Mme Bacon: Le 19 novembre, rencontre avec le vice-recteur
de...
Mme Blackburn: Vous permettez, M. le Président, je termine
et elle pourra répondre.
Mme Bacon: ...de l'Université Lavai.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, Mme la ministre.
Mme la députée.
Mme Bacon: Ce n'est pas quelques mois, c'est le 19 novembre.
Mme Blackburn: M. le Président, les tractations en vue de
rattacher l'UQRC à une institution universitaire sont en cours
déjà depuis quelques mois. À présent, la seule
ministre à ne pas s'être prononcée sur les recommandations
du rapport Gobeil, quand elle nous dit qu'elle n'a pas l'intention d'abolir
l'IQRC. Les autres ministres se sont clairement prononcés sur les
recommandations du rapport Gobeil. Là-dessus, par rapport à
l'IQRC, on n'a pas entendu la ministre des Affaires culturelles. J'ai
terminé. (12 h 15)
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. Est-ce que vous avez des commentaires
immédiatement, Mme la ministre?
Mme Bacon: Oui, M. le Président, j'ai des
commentaires.
J'ai rencontré M. Dumont le 25 mars 1986 - écoutez, au
moins - le 25 mars 1986... Je ne sais plus qui est le critique officiel de la
culture dans l'Opposition. Est-ce que c'est encore le député de
Saint-Jacques ou si c'est la députée de Chicoutimi? Je ne le sais
plus. Il faudrait peut-être qu'il y en ait un qui se décide.
M. Boulerice: Je pense que...
Mme Bacon: La première rencontre, M. le Président,
c'est le 25 mars 1986. Par la suite, les rencontres qui ont eu lieu avec le
sous-ministre ont eu lieu en vertu de mandats que j'ai donnés
moi-même à mon sous-ministre. Je pense qu'il est normal qu'un
sous-ministre puisse avoir un mandat de son ministre, beaucoup plus normal que
pour l'Opposition de convoquer les gens des différents organismes
gouvernementaux.
M. le Président, il y a des échanges qui ont eu lieu avec
l'IQRC et les échanges avec le directeur administratif de l'IQRC
remontent au printemps. Cela faisait suite à l'établissement des
crédits détaillés. Le budget 1986-1987 sera de 2 100 000
$. C'est le budget que nous avons dans le projet de loi plus les surplus
qu'avait accumulés l'IQRC. Je pense, M. le Président, qu'il faut
quand même donner les chiffres. Voilà les chiffres. Je pense que
c'est normal que nous demandions - et eux-mêmes l'acceptent, M. le
Président - aux gens de l'IQRC de faire des sacrifices, comme nous le
demandons à l'ensemble des organismes gouvernementaux. Il n'y a pas,
à ma connaissance, quelque disposition qui garantisse, dans leur loi,
des augmentations statutaires à des organismes gouvernementaux.
C'était le seul organisme à qui une loi garantissait des
augmentations. Nous disons qu'il faut que cet organisme fasse sa part comme les
autres dans la situation budgétaire dans laquelle nous avons à
évoluer. Eux-mêmes l'acceptent. Jamais, à ma connaissance,
le député de Saint-Jacques ne m'a demandé, durant les
périodes de questions, quel serait l'avenir de l'IQRC ou si j'abolissais
l'IQRC. J'aurais répondu que le rapport Gobeil est un document de
réflexion sur lequel nous nous penchons, mais les ministres
concernés prennent leur décision. C'est cela que j'aurais
répondu, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre.
Mme Bacon: Je n'ai pas décidé d'abolir l'IQRC.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, au départ, je veux
remercier ma collègue, la députée de Chicoutimi, de sa
participation à la commission de ta culture. Sa participation me rend
honneur, puisqu'elle signifie hors de tout doute que j'ai bien réussi un
des mandats que m'avait confiés le chef de l'Opposition qui était
de faire des 22 autres députés de notre formation politique des
porte-parole dans le domaine de la culture. La présence de Mme la
députée de Chicoutimi s'inscrit également dans le fait
qu'elle est responsable de l'enseignement supérieur, de la recherche et
de la technologie, donc étroitement liée au dossier qu'on est en
train d'étudier. Je vous préviens: il y en aura plusieurs qui
vont s'intégrer à la commission de la culture au cours de
l'année qu'on va vivre. Alors, ne désespérez pas
immédiatement, puisque vous risquez d'être épuisée
d'ici la fin de l'année.
Mme la ministre emploie une tactique pour le moins antique qui est que
lorsque le message blesse, il est peut-être préférable
d'essayer de tuer le messager. Mais cela, mon Dieu, essayez, essayez, madame.
Vous avez vu qu'en un an, vous avez déjà peu réussi. Par
contre, je crois qu'on a certains gains, quant à nous. Il y avait une
conférence de presse fort intéressante hier à
Montréal. Ce que j'aimerais rappeler d'abord à Mme la ministre,
c'est que, au départ, elle dit que c'était le seul organisme qui
avait une loi qui lui garantissait l'indexation, le financement, etc.
Mme Bacon: J'ai dit "à ma connaissance".
M. Boulerice: À sa connaissance. Je dis au départ
que cela ne me gêne pas du tout, connaissant les conditions dans
lesquelles la culture évolue au Québec, conditions qui vont de
dégradation en dégradation: 17 000 000 $
l'an dernier et entre 10 000 000 $ et 15 000 000 $ pour l'année
qui vient. On n'a pas encore infirmé l'énoncé que je fais
et j'attends avec impatience qu'on l'infirme. Je m'en réjouirai si, par
bonheur, il n'y a pas autant de coupures au ministère des Affaires
culturelles. Je ne suis pas gêné que, dans un secteur aussi
fragile de notre identité nationale, de notre distinction, l'on
garantisse de façon particulière la recherche. Je crois
même qu'on devrait la faire dans d'autres secteurs. D'autant plus que la
recherche sur la culture est une recherche au niveau des sciences humaines. Il
est indispensable, à mon point de vue, que lorsqu'un pays veut consentir
des efforts dans la recherche technologique, il en fasse parallèlement
en sciences humaines de façon que nous puissions mieux vivre et mieux
assimiler les changements technologiques ou scientifiques qui vont arriver au
Québec.
Mme la ministre, dans son projet de loi, vient légaliser la
coupure qu'elle a faite au budget de l'Institut québécois de la
recherche sur la culture. Il y a une coupure apparente, je le
répéterai toujours, de 200 000 $, mais réelle de 400 000 $
avec des impacts et ces impacts ont été dénoncés
par l'Institut québécois de recherche sur la culture qui a
toujours eu une très large autonomie sous l'ancien gouvernement qui, je
l'espère, va continuer d'en avoir sous le présent gouvernement.
Donc, la réduction du budget a un impact sur des activités qui
ont été, selon l'Institut québécois de recherche
sur la culture, reportées ou supprimées carrément. La
première question que je vais poser à la ministre, c'est: quelles
sont les activités qui ont été affectées à
l'Institut québécois de recherche sur la culture par les coupures
budgétaires qui ont eu Heu?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: II y aurait un seul projet de recherche qui aurait
été retardé et qui peut être affecté par
cette décision budgétaire, qui sera étalée dans le
temps, mais il y en a un seul. Il faut dire, M. le Président, que nous
en avions informé l'IQRC dès le 25 mars. Les dispositions
nécessaires avaient été prises. Il faut ajouter qu'on a
quand même hérité d'une situation budgétaire - il ne
faut pas avoir peur de le dire - qui est loin d'être rose. Il est
évident que même la culture d'un peuple est associée
à la santé économique et sociale. Si on n'a pas les moyens
financiers, il faut revoir la façon de faire nos budgets, et on n'en a
pas le choix. Cela affecte la culture. Celle qui vous parle aimerait beaucoup
qu'on ait été capable de trouver la situation budgétaire
la plus florissante possible, mais c'est l'héritage que nous ont
laissé les gens d'en face, M. le Président, et je dois vivre avec
cet héritage et prendre les décisions aussi qui affectent ces
dossiers-là. C'est ce que la population veut que nous fassions. Nous
sommes quand même responsables des gestes que nous posons. Il y a aussi
des limites dans la recherche, M. le Président. Il faut planifier selon
les ressources que nous avons. Il faut planifier aussi... Les 2 000 000 $ mis
à la disposition de l'IQRC m'apparaissent cette année
raisonnables. On va voir, par la suite, les gestes qui seront posés,
mais cela m'apparaît raisonnable.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Pour dire que la recherche sur la culture est
conditionnelle à l'état de richesse de la société,
j'aimerais citer le rapport que donnait M. Bogsh, directeur
général de l'Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle, dans une publication de cet organisme en 1970, donc issu du
guide de la convention de Berne, qui dit: "L'expérience prouve que
l'enrichissement du patrimoine culturel national dépend directement du
niveau de la protection accordée aux oeuvres littéraires et
artistiques. Plus ce niveau est élevé, plus les auteurs sont
encouragés à créer, plus il y a de création
intellectuelle, plus s'élargit le rayonnement du pays, plus il y a de
production dans le domaine littéraire et artistique, plus
s'accroît l'importance des auxiliaires de ces productions que sont les
industries du spectacle, du disque, du livre, etc. En fin de compte,
l'encouragement à la création intellectuelle - et c'est ce que
fait l'Institut québécois de recherche sur la culture - constitue
l'une des conditions premières de toute promotion sociale,
économique et culturelle." Je ne sais pas si Mme la ministre se sent en
force pour s'opposer à une intervention aussi pertinente que celle du
directeur général de l'Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle. Je me permettrais de lui relire ce que
je lui lisais hier soir quant au livre qu'a publié M. Lussato et qui
dit: "La culture, parce qu'elle signifie et permet la complexification de
l'esprit humain, est non seulement nécessaire au développement
des pays avancés, mais le conditionne. Elle est la matière
même de nos progrès et de nos conquêtes scientifiques et
techniques,"
Comment la ministre peut-elle m'expliquer, M. le Président,
lorsqu'elle parle de l'état de santé de l'économie, que la
première mesure que son gouvernement a prise a été de
réduire l'impôt des mieux nantis de notre société?
La culture au Québec est-elle si bien nantie que l'on puisse se
permettre une réduction comme celle qui a été faite, M. le
Président? Je m'inquiète.
Elle dit qu'elle a demandé un effort, mais, là, comme je
le dis souvent pour faire
une comparaison, elle a demandé à l'institut un effort
avec un "E" majuscule en lettre gothique: 20 % de son budget! C'est beau de se
serrer la ceinture, mais, bientôt, iis n'auront même plus les
moyens de s'acheter une ceinture. 20 % de coupures dans ce domaine, alors qu'on
pouvait se permettre de retourner 87 000 000 $ dans les poches des mieux nantis
de notre société, je vous avoue ne pas comprendre tellement le
raisonnement.
Comment, puisque nous en sommes encore dans les questions la ministre
peut-elle dire qu'elle en a informé l'institut le 25 mars, à
moins qu'elle dise que M. Jacques ne dit pas toute la vérité, que
c'est un menteur? je ne crois pas déceler ce défaut chez M.
Jacques qui disait très bien - et il connaissait très bien les
conséquences de ses propos puisqu'ils étaient pour être
reproduits dans le plus grand quotidien français d'Amérique -
qu'ils en avaient été informés au mois d'août.
Mme Bacon: Cela me surprendrait, M. le Président, il n'y a
pas eu de rencontre au mois d'août. Les dates des rencontres que j'ai
devant moi sont les 25 mars, 16 avril, 2 mai, 6 mai, 5 juin, 20 octobre et 19
novembre.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
Une voix: Ne confondez pas vos lunchs avec les...
M. Boulerice: Pardon?
M. Trudel: M. le député de Saint-Jacques ne doit
pas confondre les lunchs qu'il prend avec le directeur général
avec ceux que la ministre prend.
Mme Blackburn: M. le Président, question de
privilège.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi. (12 h 30)
Mme Blackburn: Cela fait plusieurs fois qu'on fait allusion
à cette rencontre. Effectivement, j'ai eu le plaisir de rencontrer M.
Dumont, qui est un homme pour lequel j'ai beaucoup d'estime, sauf que - et la
ministre le sait - nous nous sommes assurés qu'il y aurait une
communication avec son cabinet pour l'en informer. C'est clair et la
communication a été faite avec son cabinet pour lui dire que nous
rencontrions, dans un restaurant de la ville de Québec, M. Dumont.
Deuxièmement, quand la ministre dit qu'on convoque les
fonctionnaires, je m'en garderais bien, ils n'ont aucune obligation à
notre endroit. Et, troisièmement, pour avoir présidé un
conseil consultatif, lorsque le porte-parole officiel de l'Opposition avait
besoin d'informations ou d'éclairage sur un avis qu'on avait
donné, on le rencontrait comme cela se fait généralement
dans un milieu démocratique et civilisé.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai été
députée de l'Opposition pendant presque cinq ans et je n'ai
jamais téléphoné au ministère. Le dossier que
j'avais était l'environnement, pendant trois ans, je n'ai jamais
téléphoné au ministère pour avoir une information.
J'ai formé mon propre comité de recherche de gens qui
m'entouraient, qui voulaient m'apporter... J'avais mon recherchiste qui est ici
encore avec moi, donc, il est très compétent et j'avais aussi
formé un groupe de 30 personnes qui m'éclairaient sur les
différents dossiers environnementaux au Québec.
Je n'ai jamais téléphoné au ministère de
l'Environnement pour avoir quelque information que ce soit et je n'aurais
jamais voulu mettre un fonctionnaire dans une situation telle où il ne
peut pas refuser une information. Le fonctionnaire a accepté de servir
un gouvernement qui est en place comme il acceptera de servir l'autre
gouvernement qui remplacera, et l'autre gouvernement. C'est cela la fonction
publique, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: M. le Président, j'ai l'impression que la
ministre confond entre un fonctionnaire et une personne nommée par
décret ministériel. Dans le cas de l'institut et dans le cas des
conseils consultatifs, ce ne sont pas des fonctionnaires qui dirigent ces
organismes et c'est précisément... Il ne s'agit pas de donner un
coup de fil au ministère des Affaires culturelles pour savoir ce qui se
passe dans certains dossiers. Tout simplement ce qu'on fait, c'est avec un
institut... Je ne vois pas en quoi on pourrait s'opposer au fait que je
rencontre un recteur, par exemple, en quoi on pourrait s'opposer au fait que je
rencontre le président d'un organisme consultatif. Ils ne sont pas
à la merci du ministre titulaire, ils sont là pour servir
l'intérêt de la population de façon générale.
Ce n'est pas un fonctionnaire des Affaires sociales, M. Dumont, c'est le
président-directeur général de l'IQRC. C'est autre chose
cela. Je pense qu'il ne faut pas confondre un sous-ministre avec un
président d'organisme.
Le Président (M. Richard): M. te député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je pense que la remarque est pertinente. Il y a des
droits individuels, ce gouvernement s'en fait le champion. Je pense bien que je
déjeunerai, dînerai, souperai et prendrai même le petit
déjeuner avec qui je veux. Effectivement, ta remarque de ma
collègue de Chicoutimi est très pertinente, il ne s'agit pas d'un
fonctionnaire dans le sens qu'on lui donne, mais du président d'un
institut autonome.
Deuxièmement, M. le Président, je n'ai pas cette
conception "goulag" des fonctionnaires des ministères au Québec.
Il n'y a personne qui va m'empêcher de parler à un fonctionnaire
de quelque ministère que ce soit. Je suis un élu du peuple avec
un mandat. Je n'ai pas la conception "goulag" du fonctionnarisme que veut
actuellement nous présenter la ministre. Le gouvernement
précédent, c'est-à-dire le mien, celui issu du parti
auquel j'appartiens et qui reviendra très bien parce que vous êtes
très mal partis, avait même permis à ses sous-ministres
d'entretenir des relations suivies avec le Parti libéral.
Alors, M. le...
M. Trudel: Est-ce que vous parlez de tous les sous-ministres, M.
le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: J'ai parlé des sous-ministres. Si vous
voulez que je vous fasse une liste exhaustive, on pourrait parler au
ministère de la Justice, il y en a eu. Cela fait partie également
de cette liberté individuelle des gens. On a pas cette conception
"goulag" du fonctionnarisme. De toute façon, Québec est une ville
où on se côtoie facilement. Les activités de la nation sont
concentrées dans cette ville-là. Je conçois très
bien que l'on puisse rencontrer quelqu'un et lui parler. En tout cas, je ne
m'explique pas les tergiversations que la ministre fait là-dessus. Mais
est-ce que la ministre est en train de me dire. M. le Président, que,
lorsqu'elle a rencontré l'Institut québécois de la
recherche sur la culture aux dates qu'elle cite, elle leur a dit que la coupure
était définitive ou a-t-elle parlé d'une
éventualité de coupure?
Mme Bacon: Elle n'était pas définitive en mars, M.
le Président, mais j'ai évoqué
l'éventualité, en mars, et c'est devenu définitif.
M. Boulerice: En août.
Mme Bacon: Cela fait presque un an. Mais si on compare la
réalité, M. le Président, de 1985-1986 à 1986-1987,
les crédits disponibles réels de l'IQRC enregistrent une baisse
réelle de moins de 3 %. C'est 2,8 % la baisse réelle. Les
crédits de 1985-1986 - je voudrais que le député de
Saint-Jacques m'écoute bien, lui qui parle de 20 % - sont de 2 200 000 $
et, en 1986-1987, de 2 140 000 $. C'est 2,8 %. Il lira les galées.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre pourrait répondre
à la deuxième question que je lui pose? Elle m'a donné une
réponse quant aux activités qui avaient été
reportées. Est-ce qu'elle peut me dire combien de contrats de chercheurs
n'ont pu être renouvelés ou ont été carrément
abandonnés à cause de l'activité supprimée?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: Sous toute réserve, deux ou trois.
M. Boulerice: Autre question...
Mme Bacon: II y a un personnel de 86 personnes à
l'IQRC...
M. Boulerice: 86 personnes.
Mme Bacon: ...dont 23 personnes de soutien.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que la ministre
pourrait répondre à une autre question? Elle a parlé du
fonds de dotation. A mon point de vue, le fonds de dotation est un peu
l'équivalent de ce qui existe pour les affaires sociales dans certains
hôpitaux où ils ont le bonheur d'avoir des fondations. Je pourrais
donner l'exemple de l'hôpital Saint-Luc qui est situé dans mon
comté.
Mme Bacon: Je n'ai pas parié de fonds de dotation, M. le
député.
M. Boulerice: Oui, vous nous avez dit: Ce n'est pas grave de
couper, ils ont déjà un fonds de dotation.
Mme Bacon: Non, non, la réserve...
M. Boulerice: La réserve.
Mme Bacon: ...qu'ils avaient accumulée.
M. Boulerice: La réserve et le fonds de dotation.
Mme Bacon: Ce n'est pas la même chose.
M. Boulerice: Bien oui.
Une voix: Ce n'est pas la même chose.
Mme Bacon: Ce n'est pas le fonds de dotation, c'est une
réserve. L'argent de l'ancien budget qui n'a pas été
dépensé, comme cela ne va pas aux crédits
périmés, ils ont des surplus. Les crédits ne sont pas
périmés, c'était des crédits; les réserves
à la banque.
Mme Blackburn: Si vous me le permettez...
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...la ministre a dit tout à l'heure: Les
crédits seront, cette année, de 2 202 000 $, quelque chose comme
cela...
Mme Bacon: Les sommes disponibles pour 1986-1987 sont de 2 140
000 $.
Mme Blackburn: La ministre m'a parlé de crédits. Je
pense qu'entre crédits et les budgets dont dispose l'institut...
Mme Bacon: Avec les réserves qu'ils ont.
Mme Blackburn: Ce ne sont pas des crédits. Les
crédits donnés par la ministre et par le gouvernement c'est 1 993
000 $.
Mme Bacon: Ce n'est pas caché, c'est dans la loi.
Mme Blackburn: Bien, il ne faudrait pas que la ministre confonde
les crédits et ce que constitue la somme à la fois des
crédits plus les surplus.
La ministre semblait ignorer qu'il y avait un fonds à l'institut
et que c'est à ce fonds de dotation que l'institut voulait verser ses
surplus de manière à progressivement se constituer un fonds qui
lui permettrait éventuellement un peu plus d'autonomie et une certaine
sécurité, je dirais. C'étaient les surplus qui avaient
été accumulés au cours de l'année
précédente qui devaient être versés à ce
fonds. Est-ce exact?
Mme Bacon: Ils n'ont pas de fonds de dotation. Ils peuvent en
créer un, mais ils n'en ont pas.
Mme Blackburn: À moins que j'aie été mal
informée. Si la ministre se donne la peine de lire le rapport de l'IQRC,
il me semble avoir bien lu l'information en ce sens qu'il ait un fonds de
dotation qu'il a créé il y a déjà peut-être
deux ans.
Mme Bacon: Ce qu'on me dit, c'est qu'il n'en a pas. On peut le
vérifier dans le rapport annuel, mais ce qu'on me dit, c'est qu'il n'en
a pas.
Mme Blackburn: Une chose que je voulais mettre au clair, c'est
que: "L'actif en fiducie du fonds de dotation a atteint le montant de 241 134
$. Le montant souscrit est demeuré le même, soit 450 000 $. En
effet, le projet annoncé l'an dernier de préparer une relance de
la contribution..." On parle bien ici d'un fonds de dotation.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi, à quelle page du document faites-vous
référence?
Mme Bacon: ...73.
Mme Blackburn: À la page 52 du septième rapport
annuel.
Mme Bacon: Au fond, ce sont les surplus qu'ils ne
dépensent pas à la fin de l'année. Ils ont une indexation
de 10 % à chaque année, s'ils n'ont pas tout
dépensé. C'est cela. Ce sont ces fonds-là, ce sont les
surplus qu'ils ne dépensent pas parce qu'ils ne sont pas
périmés comme les autres organismes.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Une manifestation? Une voix: Non, non.
Mme Blackburn: M. le Président. Mme Bacon: On
enlève le plaisir.
Mme Blackburn: Je vais pouvoir retrouver l'information parce que
c'est dans ce rapport que j'ai trouvé la date de création du
fonds de dotation. De mémoire, je vous dis: 1982 ou 1983, mais je sais
que c'est créé par lettres patentes; je pense que c'est la
procédure pour les créer? Donc, disons que cela existe. Ce que je
veux dire...
Mme Bacon: C'est doté à même les surplus qui
ne sont pas dépensés à la fin de l'année, c'est
cela.
Mme Blackburn: C'est juste, mais ils ont
créé...
Mme Bacon: On utilise les surplus.
Mme Blackburn: ...l'équivalent d'une fondation,
comprenez-vous?
Mme Bacon: À même les surplus; l'équivalent
à même les surplus.
Mme Blackburn: Oui, mais ils reçoivent également
des dons et c'est prévu pour cela. On peut penser, par exemple, à
la fondation Bronfman qui aurait pu donner à l'IQRC; ils viennent de
créer une fondation de 100 000 000 $. Ils auraient pu donner quelques
millions à l'IQRC parce qu'ils avaient une structure d'accueil pour les
dons.
Une voix: Je pense que c'est 73...
Mme Blackburn: Si vous le permettez, je retrouverai,
peut-être pour après le lunch, l'information, parce que je sais
qu'elle est dans ce rapport. Les surplus de cette année devaient
être versés à ce fonds de dotation. Quand on parle
normalement... Là, ce qu'ils ont fait, pour éviter qu'il y ait
des compressions trop importantes, qu'il y ait un ralentissement trop important
des travaux de recherche, des mises à pied dans le personnel
scientifique, on a accepté de prendre le surplus de l'an dernier pour
l'affecter au budget de cette année, mais on peut bien comprendre que ce
n'est pas comme cela que ça va se passer tous les ans. L'an prochain,
ils ne pourront pas avoir recours aux mêmes ressources. Mais je trouvais
cela important qu'on mette cela au clair ici. Il ne s'agit pas d'essayer de
confondre, involontairement très probablement, les choses en confondant
crédit et surplus, c'est-à-dire le budget total.
Évidemment si on prend les crédits et les surplus, cela donne
environ 2 200 000 $, mais les crédits sont d'un peu moins de 2 000 000
$.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être...
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: ...faire d'autres mises au point sur ce sujet.
Légalement parlant, pour créer un fonds de dotation, la Loi sur
l'Institut québécois de recherche sur la culture prévoit
l'adoption d'un règlement qui serait approuvé par le
gouvernement. Or, il n'y a pas de règlement à cet effet; il
n'existe pas de règlement à cet effet, sauf qu'on a appelé
fonds de dotation tes surplus qu'on a mis là-dedans. Mais il n'y a pas
de règlement qui dit qu'on crée un fonds de dotation comme tel
à l'IQRC.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Voilà, c'est cela, M. le Président,
à la page 69. J'étais bien persuadé que ma collègue
était bien pertinente. "Section 1. Généralités.
Création. Un fonds de dotation de l'institut..."
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, seulement pour le
Journal des débats. On peut identifier le document auquel on fait
référence puisque nous l'avons de part et d'autre.
M. Boulerice: Oui, c'est le septième rapport annuel
1985-1986 de l'Institut québécois de recherche sur la culture que
Mme la ministre a eu l'honneur de déposer en Chambre il y a quelques
heures.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie, M. le
député. (12 h 45)
M. Boulerice: II est clairement indiqué, M. le
Président, à la page 69 - c'est le ■ "Document III. Les
règlements du fonds de dotation (Adoptés le 10 juillet 1981 et
modifiés le 3 juin 1982)." Donc, on parle de sa création, de ses
objectifs, de sa propriété et de la nature des dons. "Les dons
destinés au fonds de dotation sont remis a l'institution en
espèces, ou sous forme de valeurs monnayables appropriées aux
fins de l'institut. Les objets offerts à l'institut doivent avoir
été évalués par des experts avant d'être
acceptés par l'institut. "5. Les avoirs du fonds de dotation ne peuvent
en être extraits. Seuls les bénéfices du fonds peuvent
être utilisés aux fins de l'institut."
On peut poursuivre très longtemps. Mais il y a quand
même...
Mme Bacon: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: II faudrait peut-être qu'on regarde si le
règlement existe et si le règlement a été
approuvé par le gouvernement.
M. Boulerice: Une résolution, oui.
Mme Bacon: C'est ce qu'il faut regarder.
M. Boulerice: Bien oui. Un fonds de dotation, les lois du
Québec 1979, chapitre 10, 1985, chapitre 30.
Mme Bacon: Les fonctionnaires font la recherche. On viendra avec
la réponse tout à l'heure, après le lunch.
M. Boulerice: Pendant qu'on attend la réponse...
Mme Bacon: Vous allez attendre longtemps. C'est après le
lunch.
M. Boulerice: Non, il reste quand même...
Mme Bacon: Avez-vous autre chose à
dire?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: La ministre a parlé d'un projet
d'affiliation avec l'Université Laval. La première question que
j'aimerais lui poser, c'est: Quant à l'autonomie de l'IQRC, est-ce
qu'elle peut nous préciser quels seront les impacts quant aux objectifs
et aux activités de l'Institut québécois de recherche sur
la culture?
Mme Bacon: M. le Président, j'ai dit que c'était
une hypothèse de travail - cela n'est pas fait; ce n'est pas un fait
accompli - comme bien d'autres hypothèses de travail qui seront
envisagées. C'est une des hypothèses.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je voudrais juste ajouter... Je dois m'excuser
parce qu'un de mes collègues a perdu un parent et je dois me rendre au
salon funéraire. Je vais donc quitter. Tout à l'heure, la
ministre - et c'est là-dessus que j'aimerais qu'on détaille un
peu après le lunch - nous a dit: On a échangé et on s'est
donné trois balises, c'est-à-dire assurer un revenu suffisant,
une autonomie à l'institut et je ne me rappelle plus très bien,
de mémoire, le troisième critère pour assurer la
viabilité de cet organisme. C'est tout à fait dans la ligne des
questions qu'on voulait poser pour connaître l'état des
négociations dans ce dossier. Vous comprendrez que c'est un dossier qui
est particulièrement- important pour moi, parce que je
m'intéresse à tous les dossiers de recheche. Ce qui explique que
j'avais peut-être pris une place impartante ici en me disant qu'il serait
intéressant également, à l'occasion, qu'on entende les
députés ministériels s'exprimer sur ces questions.
Mme Bacon: On ne fera pas notre propre "filibuster" quand
même.
Mme Blackburn: Ce que je voulais dire essentiellement, M. le
Présidents c'est que par rapport aux échanges qui sont en cours
-pour ne pas aller plus loin - je voulais savoir quelles garanties on offrait
et quelles hypothèses de travail étaient sur la table à ce
sujet. La ministre nous en a parlé tout à l'heure.
Malheureusement, je ne serai pas là pour entendre le reste. Mais
il y a possibilité qu'on revienne après le lunch.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: À moins que je ne me trompe, c'est une loi
sur l'Institut québécois de recherche sur la culture. Très
spontanément et très ouvertement, la ministre a fait part
effectivement de tractations, de discussions, d'hypothèses. Donc, je
pense que c'est notre droit de lui poser des questions, puisque dans le projet
de loi, on touche au financement.
Elle dit: Je pense actuellement à une autre étape que le
financement et elle parle d'intégration de l'Institut
québécois de recherche sur la culture à
l'Université Laval. Je lui demande: Quand elle parle de l'autonomie de
l'Institut québécois de la recherche sur la culture à
l'Université Laval, qu'est-ce qu'elle a comme philosophie pour
sous-tendre la continuité des objectifs et les activités de
l'Institut québécois de recherche sur la culture?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai dit tantôt qu'il y
avait trois garanties. Il y a une garantie que l'entité comme telle
demeure, que l'Institut québécois de recherche sur la culture
demeure; la deuxième garantie, c'est que l'activité soit
maintenue à un niveau acceptable et la troisième garantie, c'est
que l'Assemblée nationale pourra voter annuellement des crédits
alloués à l'IQRC. Ce sont les trois garanties que nous donnons
à l'IQRC.
M. Boulerice: C'est cela. Quand elle parle d'un niveau
acceptable, c'est quoi?
Mme Bacon: Nous avons cette année 1 996 200 $; pour nous,
c'est acceptable.
M. Boulerice: Et quand vous parlez d'autonomie, est-ce que vous
incluez le fait que l'Institut québécois de recherche sur la
culture à l'Université Laval continuerait d'avoir un conseil
d'administration autonome?
Mme Bacon: M. le Président, j'ai dit tantôt que
l'Université Laval était une hypothèse de travail. Il peut
y en avoir d'autres. On n'est pas rendus au conseil d'administration, on dit
que c'est une hypothèse de travail. On verra par la suite les autres
hypothèses. Une fois qu'on aura fait cela, on prendra les
décisions et on avisera, mais c'est une hypothèse de rattacher
l'institut à l'université, au lieu de le laisser sous la
dépendance du ministre des Affaires culturelles, et c'est évident
que l'autonomie dont jouit en ce moment l'Institut québécois de
recherche sur la culture sera une chose importante sur laquelle on va
s'entendre avec d'autres autorités si c'est rattaché à
d'autres autorités.
M. Boulerice: Mais quel est l'objectif d'un tel rattachement
à l'Université Laval?
Mme Bacon: Parce que l'Université Laval est
intéressée et parce que nous pensons qu'un tel institut peut
être rattaché à l'université. Dieu sait qu'il en
vient de l'université des chercheurs qui ont des contrats avec
l'Institut québécois de recherche sur la culture. Ce sont souvent
les mêmes personnes que l'on retrouve à l'institut. Elles se
retrouveraient tout à fait à l'aise d'être
rattachées à l'Université Laval. Cela s'inscrit dans une
vision d'échanges scientifiques et d'expertises, c'est simplement
cela.
M. Boulerice: M. le Président, Mme la ministre me dit que
l'université est intéressée. Je ne blâmerai pas
l'université d'avoir des intérêts. Est-ce que l'institut
est intéressé puisqu'elle a un dialogue soutenu avec
l'institut?
Mme Bacon: On a rencontré l'institut et on en a
discuté. Quand on aura trouvé quelle est l'hypothèse de
travail sur laquelle on prendra une décision, on verra ensuite avec
l'institut ce qui sera fait. C'est à nous de regarder aussi toutes les
hypothèses que nous voulons faire avec l'institut qui reçoit ses
fonds du gouvernement,
M. Boulerice: Mme la ministre a parlé à des
chercheurs. Est-ce qu'elle connaît les conditions d'engagement des
chercheurs à l'institut et les conditions de travail des chercheurs
à l'université? À mon point de vue, il ya une
différence.
Mme Bacon: M. le Président, c'est une question de
régie interne de l'institut qui n'a rien à voir avec le projet de
loi devant nous. Je ne vois pas pourquoi je commencerais à
répondre à ces questions, sauf pour tenir le temps jusqu'à
13 heures.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Quand Mme la ministre me dit que cela n'a rien
à voir, je pense que tout a à voir avec la culture.
Mme Bacon: Combien d'heures ils sont payés?
M. Boulerice: Vous avez bien raison, et l'avenir de l'institut
est une chose qui nous préoccupe.
Mme Bacon: ...le discours.
M. Boulerice: Justement en parlant de discours, on a entendu le
vôtre en décembre l'an dernier et on a la mauvaise fortune pour
vous de s'en souvenir. L'avenir de l'institut est hypothéqué
financièrement actuellement par le projet de loi qui nous est
démontré. Maintenant, c'est vous-même qui avez ouvert la
porte et qui avez dit: II y a actuellement des hypothèses que je suis en
train... L'université me dit qu'elle est intéressée. Je
lui pose la question: Maintenant est-ce que l'institut montre le même
intérêt? À cela il n'y a pas de réponse très
claire, par contre, elle va elle-même abonder en disant: Oui, mais il y a
des chercheurs à l'université que l'on retrouve à
l'institut. Il y a une différence entre engager un chercheur à
l'Institut québécois de recherche sur la culture qui peut
peut-être oeuvrer à l'université et engager un chercheur
à l'université qui travaillerait pour l'Institut
québécois de recherche sur la culture. Il y a une
différence.
Mme Bacon: Quand j'ai dit qu'on voulait que l'entité
demeure, c'est cela que ça veut dire. Je pense que ça voulait
tout dire.
M. Boulerice: Alors, écoutez, à ce
moment-là, est-ce que vous songez à un projet
d'intégration ou à un projet d'affiliation? Il y a une nuance,
là.
Mme Bacon: Quand on veut qu'une entité demeure, M. le
Président, ce n'est pas une fusion qu'an dit. Une entité, ce
n'est pas fusionné à une autre entité parce que cela ne
devient plus une entité. Je ne parle pas de fusion.
M. Boulerice: Donc, M. le Président, si je comprends bien,
la ministre souscrit à mon hypothèse d'un conseil
d'administration autonome.
Mme Bacon: C'est une hypothèse.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
M. Boulerice: Est-ce que je pourrais... Mme Bacon: Oui, mais j'ai
dit si... M. Boulerice: Est-ce que...
Mme Bacon: II est presque 13 heures, M. le député.
C'est cela, vous voulez traîner jusqu'à 13 heures?
M. Boulerice: Non, non, écoutez...
Mme Bacon: Ce n'est pas sérieux, M. le
Président.
M. Boulerice: Ah! Ce n'est pas sérieux de discuter...
Mme Bacon: Votre attitude n'est pas sérieuse.
M. Boulerice: C'est vous qui le dites, madame.
Mme Bacon: J'ai dit que ce n'était pas une fusion, que
nous avions une garantie que l'entité demeure. Donc, ce n'est pas une
fusion quand une entité demeure. Si elle ne demeure pas, elle
disparaît. Mais ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Boulerice: C'est cela que je...
Mme Bacon: Je n'ai jamais parlé de fusion. Je n'ai jamais
parlé de disparition. J'ai dit que la section III garantit - je vais
vous le répéter encore, prenez-le en note, je ne peux pas faire
cela toute ta journée, cela va prendre trop de temps - que
l'entité demeure, garantit que l'activité sera maintenue à
un niveau acceptable et garantit que l'Assemblée nationale va
prévoir annuellement des crédits qui seront alloués
à l'institut.
M. Boulerice: Mais comprenez, Mme la ministre, que...
Mme Bacon: Si vous n'avez pas compris cela là, vous ne
comprendrez jamais rien. Cela fait trois fois, dix fois que je le
répète, M. le Président. Il achève.
M. Boulerice: M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...je pense qu'il est concevable que je demande
à la ministre de s'avancer sur ces choses-là, parce qu'à
ce jour, à l'heure qu'il est, je n'ai toujours pas de garantie que la
recommandation du rapport Gobeil va être appliquée. Elle existe
encore.
Mme Bacon: Voyons donc!
M. Boulerice: Là, si elle me dit, M. le Président,
qu'elle ne veut pas de fusion, qu'elle parle plutôt d'une affiliation,
qu'elle continue de parler de garanties, est-ce qu'elle va me dire que, dans le
cas d'une affiliation avec l'Université Laval, il y aura une garantie
d'un budget de fonctionnement de l'Etat pour 1987-1988 égale au moins
à ce qu'on lui donne aujourd'hui, ce qui, justement, va renforcer cette
autonomie?
Mme Bacon: C'est une question?
M. Boulerice: De toute évidence. Les réponses vous
appartiennent, mais je pense que la question est bien formulée. Est-ce
que vous allez garantir dans un Institut québécois de recherche
sur la culture affilié à l'Université Laval des garanties
de budget données par l'État en 1987-1988 au moins
équivalentes à celles qui sont données cette
année?
Mme Bacon: Nous allons garantir un budget qui va permettre une
recherche valable.
M. Boulerice: Une recherche...
Le Président (M. Richard): Sûrement à la
satisfaction de tous, il est maintenant 13 heures. Donc, il y a suspension
jusqu'à 15 heures, et mangez bien.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, la
commission reprend donc ses sérieux travaux sur le projet de loi 149,
Loi modifiant la Loi sur l'Institut québécois de recherche sur la
culture. Je tiens à noter que ce matin, effectivement, Mme Blackburn,
députée de Chicoutimi, remplaçait Mme Harel,
députée de Maisonneuve. C'était le cas dans les faits,
c'est seulement pour être certain que dans les galées, cela y
apparaîtra.
M. le député de Saint-Jacques, aviez-vous quelque autre
commentaire préliminaire avant de passer à l'étude article
par article ou si vous êtes prêt à passer à
l'étude article par article de la loi 149?
M. Trudel: Cela dépend de ce que son caucus lui a dit
tantôt, M. le Président.
M. Boulerice: Je pourrais dire, M. le Président, qu'il a
duré moins longtemps que le sien.
M. Trudel: Vous êtes moins de monde aussi...
M. Boulerice: Non, mais il n'y a pas de polémique chez
nous, il y a unanimité. Je pense que ce n'est pas là-dessus
que... C'est vrai, il n'y a pas eu de caucus, en plus, ce midi. On a eu un
très agréable déjeuner, comme on a toujours, dans une
salle pleine à côté d'une autre salle qui était
vide, mais là ne sont pas les propos que l'on veut tenir, M. le
Président, cet après-midi, en commission de la culture, comme
disait, à la fois avec humour et peut-être un brin de malice qu'on
lui connaît malgré sa figure angélique, mon collègue
le député de Bourget.
J'aurais deux brèves questions à poser à Mme la
ministre avant qu'on aborde l'étude
article par article, Ce sont des échanges culturels,
effectivement, que nous avons. Mme la ministre, quant au financement de
l'Institut québécois de recherche sur la culture, pouvez-vous me
donner l'assurance que pour 1987... Ce n'est pas moi qui fais de l'attaque
personnelle, quoique vous n'ayez pas à vous cacher d'un passé qui
a été d'ailleurs prestigieux... Votre présence dans ce
domaine je ne le pense pas - ne devrait pas faire l'objet de railleries de la
part de vos collègues... Pour 1987, quant au financement de l'Institut
québécois de recherche sur la culture, pouvez-vous me donner des
garanties que l'institut recevra une aide gouvernementale équivalente
à celle de 1986, celle que vous nous proposez d'adopter?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai dit que
l'Assemblée nationale versera annuellement les crédits. Cela fait
partie des garanties que j'ai mentionnées avant le déjeuner,
garantie que l'entité demeure, je le répète, garantie que
l'activité est maintenue à un niveau acceptable et garantie que
l'Assemblée nationale votera annuellement des crédits qui seront
alloués à I'lQRC. C'est la seule garantie que je peux donner. Ce
sont les trois garanties nécessaires pour, non seulement l'existence -
parce qu'il existe -mais aussi assurer l'avenir de l'IQRC.
M. le Président, j'aimerais peut-être faire une mise au
point sur l'information qui a été demandée quant au fonds
de dotation. On a fait les recherches nécessaires au ministère
et, en vertu de l'article 18, paragraphe d de sa loi, l'IQRC peut faire un
règlement pour créer des fonds de dotation à même
les sommes reçues, que ce soit par dons, legs, subventions ou autres
formes de contribution, à l'exception de celles octroyées par le
gouvernement, ses ministères ou organismes. Cela fait partie du fonds de
dotation.
En vertu de l'article 18 de la loi, l'IQRC après avoir
adopté un règlement sur un fonds de dotation, doit faire publier
ce règlement à la Gazette officielle du Québec. Le
règlement sur le fonds de dotation qui apparaît au rapport annuel
de l'IQRC aurait été adopté le 10 juillet 1981 et
modifié le 3 juin 1982. Il n'a pas été publié
à la Gazette officielle du Québec ni en 1981 ni en 1982 ni
par la suite, entre 1983 et 1986. Malgré sa non-publication, on me dit
que le règlement sur les fonds de dotation de l'IQRC est quand
même valide. Il n'a jamais été publié à la
Gazette officielle. C'est pour cela qu'on a dit tantôt qu'il
n'existait pas, parce que, en feuilletant la Gazette officielle, on ne
l'avait pas retrouvé. Cela n'a jamais été
publié.
J'aimerais aussi apporter un com- plément de réponse -
c'est dommage que la députée de Chicoutimi ne soit pas la -
à propos des consultations que nous faisons. Je pense qu'il y a un
cheminement normal dans les consultations que l'on peut faire avec les
organismes qui dépendent de nos ministères. Il y a cette amorce
politique, soit la présence d'un ministre avec un président
d'organisme ou avec un président-directeur général, qui
fait que c'est la première rencontre qui se fait. Il y a aussi des
suivis administratifs qui se font et où le sous-ministre ou ' certains
adjoints peuvent avoir des mandats donnés par le ministre
concerné.
Je dois dire que le ministre des Affaires culturelles est responsable
d'un grand nombre d'organismes; je pense que c'est de douze ou de treize
organismes. Ce sont des organismes de gestion, des organismes-conseils, des
organismes de financement. Je pense qu'il n'est pas toujours facile
d'être présent lors des rencontres qui ont lieu. C'est normal pour
le ministre des Affaires culturelles de déléguer des mandats
à ses hauts fonctionnaires et c'est ce que je fais. Je pense que l'on a
des hauts fonctionnaires qui remplissent très bien leur tâche et
qui peuvent collaborer à des consultations et qui assurent le
cheminement normal de certains dossiers.
J'espère que le député m'a écouté
sans me voir.
M. Boulerice: Oui. Encore une fois, je le répète,
Mme la ministre. Mes yeux la contemplent, mais j'ai quelquefois d'autres
distractions. Il y a une très agréable secrétaire de
commission, mais mes oreilles sont toujours très attentives à ses
propos.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. Merci,
M. le député de Saint-Jacques. M. le député,
avez-vous d'autres commentaires préliminaires à faire avant de
passer à l'étude article par article?
M. Boulerice: J'ai dit que j'avais deux questions, sauf que Mme
la ministre vient de m'apporter un propos qui, pour moi, n'est pas clair.
Comment un règlement non publié peut-il être valide?
Mme Bacon: C'est ce que l'on me dit. Je vous donne l'information
que je reçois. Il n'est pas sujet à l'approbation du gouvernement
parce que c'est de la régie interne. Il faut qu'il soit publié,
mais il ne l'a pas été. Moi aussi, c'est la question que je me
pose: Quand un règlement n'est pas publié à la Gazette
officielle est-ce qu'il devient valide? On me dit qu'il l'est quand
même parce que cela relève de la régie interne de
l'institut.
M. Boulerice: D'accord. Maintenant, c'est un fait que la ministre
des Affaires
culturelles a sous sa responsabilité des organismes qui sont
à la fois nombreux, donc forcément importants, non pas uniquement
par le nombre, mais par la qualité et le prestige que ces organismes
ont. Si la ministre, dans son mode de fonctionnement, souhaite que
l'interlocuteur à l'occasion soit son sous-ministre, sans diverger
d'opinion avec ma collègue, je pense que c'est une façon de
fonctionner qui relève d'elle. Moi, mes observations étaient
inspirées justement de l'observation d'un prédécesseur;
j'avais eu l'occasion de le vivre, puisque j'étais au conseil
d'administration d'un musée; le ministre était l'interlocuteur du
président du conseil. Mais je pense qu'on n'en est pas à ce
point.
Mme Bacon: M. le député de Saint-Jacques va en
convenir: chacun sa façon d'administrer et quand on fait confiance
à des gens, je pense qu'ils n'ont pas constamment besoin de nous
rencontrer et de rencontrer le ministre; ils peuvent très bien continuer
à travailler avec le sous-ministre.
M. Boulerice: Je sais bien, sauf que la présence du
ministre est à la fois extrêmement stimulante, motivante et
valorisante pour les gens qui exercent des fonctions, la plupart du temps sans
trop grand avantage pécuniaire, on en est bien certain. Je sais fort
bien que la présence de Mme la ministre est pour eux très
valorisante.
Maintenant sur un autre sujet. Vous avez parlé de la
volonté de conserver l'entité de l'Institut
québécois de recherche sur la culture, de nouveau je pose la
question. Est-ce que cela signifie à vos yeux de maintenir un conseil
d'administration et de direction distinctes advenant une affiliation avec une
autre partie, en l'occurrence, l'hypothèse qui a été
mentionné l'Université Laval, qui, je ne l'oublie pas, est notre
première université, la seule d'ailleurs à avoir une
charte royale, n'est-ce pas? Ce qui lui permettrait de s'établir
même au Manitoba si elle le désirait.
Mme Bacon: C'est évident que si on garde une entité
distincte, on garde un conseil d'administration distinct. Cela fait partie de
l'hypothèse.
M. Boulerice: D'accord. Alors M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'étude du projet article par article.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie bien M. le
député de Saint-Jacques, je trouve cela même très
gentil. Donc, j'appelle l'article 1.
M. Boulerice: Vous partagez les propos de Mme la ministre disant
que je suis suave et adorable? Elle l'a dit, ce fut écrit.
Mme Bacon: ...tellement bien quand j'ai le vrai critique de la
culture.
M. Boulerice: Les autres ne sont pas fous. Ils sont de
merveilleux adjoints que j'apprécie beaucoup.
Une voix: Comme c'est gentil.
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): Donc, à l'article 1,
est-ce qu'il y a des commentaires particuliers, Mme la ministre, ou est-ce que
l'article parle par lui-même?
Mme Bacon: Non. Tous ces articles parlent par
eux-mêmes.
Le Président (M. Richard): Je me permettrais de ne pas
être certain que...
Mme Bacon: II ne faudrait pas les faire parler trop longtemps, M.
le Président, on en a déjà suffisamment dit.
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous sommes donc
d'accord pour adopter l'article 1 tel que libellé?
M. Boulerice: Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 2. Est-ce que nous adoptons l'article 2 de la
même façon, sur division?
M. Boulerice: De la même façon.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 3.
Mme Bacon: Adopté. M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté aussi sur
division M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): Maintenant j'apelle l'ensemble,
le titre du projet de loi. Est-ce que nous sommes d'accord? Est-ce que le titre
est adopté sur division aussi?
M. Boulerice: Je ne céderai pas à la tentation de
l'amendement, M. le Président. Adopté. Quant au titre, oui,
adopté.
Le Président (M. Richard): Le titre est donc
adopté. L'ensemble du projet de loi 149 est donc adopté.
Mme Bacon: Adopté.
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. C'est donc
adopté, sur division.
Mme Bacon: Voilà.
Le Président (M. Richard): Merci. Est-ce que vous avez un
commentaire?
M. Boulerice: Oui. Puis-je me permettre, M. le Président,
Mme la ministre et à vous-même, ainsi qu'à mes
collègues, de vous offrir mes plus sincères voeux. Comme je le
disais dans une carte que j'adressais à mes concitoyens: Puissiez-vous
retrouver sur les lèvres de celles et de ceux que vous aimez le
goût de ce pays et celui de se le raconter.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, vous me permettrez d'offrir
mes voeux de Joyeux Noël, de fin d'année sans mélancolie et
que l'année 1987 soit l'année la plus heureuse pour l'ensemble de
mes collègues.
Le Président (M. Richard): Un grand merci de part et
d'autre. Nous ajournons donc les travaux de la commission sine die.
(Fin de la séance à 15 h 31)