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(Quinze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la culture se réunit cet
après-midi pour procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration pour l'année 1987-1988. Je crois
comprendre, Mme la secrétaire, qu'il n'y a pas de remplacements.
La Secrétaire: Aucun.
Le Président (M. Trudel): Je déclare la
séance ouverte. J'inviterai immédiatement, tout en lui souhaitant
la bienvenue, Mme la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration à nous faire ses remarques préliminaires,
lesquelles seront suivies des remarques préliminaires du porte-parole de
l'Opposition et, par la suite, le débat s'engagera. Mme la ministre.
Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Trudel): Si vous voulez bien nous
présenter les gens qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
Mme Robic: Oui, certainement, avec plaisir.
Le Président (M. Trudel): Merci.
Déclarations d'ouverture
Mme Louise Robic
Mme Robic: À ma droite, j'ai M. Vigneau, qui est
sous-ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration; Mme
Robillard, sous-ministre adjointe à l'Immigration, et M. Antoine
Tchipeff, sous-ministre adjoint aux Communautés culturelles. À ma
gauche, j'ai le plaisir d'avoir Mme Westmoreland, qui est la présidente
du Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, et Mme
Renée Desmarais, qui est mon directeur de cabinet. Vous avez à
l'arrière le personnel de mon cabinet et de mon ministère. Nous
sommes bien préparés à tenter de répondre
succinctement à toutes vos questions.
C'est avec plaisir que je me retrouve avec vous aujourd'hui pour
présenter les grands thèmes et les principales activités
qui ont polarisé les services de mon ministère pendant les
dernières années. Il n'est pas de mon intention de les passer
tous en revue, mais plutôt d'attirer votre attention sur les enjeux
majeurs de certaines de nos préoccupations actuelles, sur ceux de ces
enjeux qui me semblent les plus déterminants tant pour l'avenir du
Québec que pour le développement et l'accomplissement de la
mission de mon ministère.
Auparavant, vous me permettrez, M. le Président, de vous...
J'allais dire de vous présenter, mais c'est fait. Je vais sauter
par-dessus cela.
Je voudrais profiter de la circonstance pour remercier ces personnes que
je vous ai présentées, toutes les personnes qui nous
accompaqnent, de même que tout le personnel de mon ministère pour
leur excellent travail et pour leur appui indéfectible tout au cours de
l'année.
Le Québec a accueilli 19 328 ressortissants étranqers au
cours de l'année 1986, ce qui équivaut à une hausse de 30
% des entrées internationales en comparaison de l'année 1985
où le niveau d'immiqration se situait à 14 884. J'attire votre
attention, M. le Président, sur le fait que, sur l'ensemble des
personnes qui ont obtenu le droit de résidence permanente durant
l'année 1986, le tiers d'entre elles ont bénéficié
sur place ou à l'étranger de mesures spéciales pour leur
faciliter l'admission au Canada. Par exemple, le programme spécial
fédéral, qu'on a convenu d'appeler l'examen administratif pour
les revendicateurs du statut de réfuqié arrivés au
Québec avant le 22 mai 1986, a permis à 2431 personnes
d'être acceptées comme immigrants indépendants. Je tiens
à rappeler, d'ailleurs, que le Québec a été partie
prenante, avec la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada,
à ce programme et que sa participation à la sélection de
personnes déjà présentes au pays a constitué une
première pour le Québec. Les accords constitutionnels
découlant de l'entente du lac Meech nous confirmeront ce droit de
sélection pour l'avenir, certainement un acquis fort important.
La part relative du continent asiatique dans le mouvement d'immiqration
continue la tendance à la hausse amorcée en 1982 et se situe
à 43 % en 1986. Les Amériques ont procuré 31 % des
ressortissants étrangers admis en 1986, soit une part
léqèrement supérieure à l'importance relative de ce
continent dans l'immiqration de la dernière
décennie, tandis que 19 % des immigrants provenaient
d'Europe.
Les cinq principaux pays de dernière résidence des
immigrants admis en 1986 comptent pour 29 % des entrées; ce sont, par
ordre d'importance: Haïti, le Liban, la France, le .Sri Lanka et les
États-Unis.
Selon les estimations actuelles, le Québec s'illustre, en 1986,
pour la deuxième année consécutive, par une
amélioration dans ses échanges migratoires avec
l'extérieur. En effet, le solde migratoire Interprovincial, tout en
demeurant négatif, s'amenuise depuis quelques années et s'est
situé à environ 3000 en 1986. Par ailleurs, le Québec a
connu cette même année un surplus migratoire international de plus
de 12 500 personnes, ce qui nous fait donc, pour cette année, une solde
migratoire positif de 9500 personnes. C'est un résultat encourageant
dont je souhaite le prolongement, compte tenu de la volonté de notre
gouvernement de continuer à augmenter le volume d'immigration.
Lors de la défense des crédits l'année
dernière, j'attirais l'attention des membres de la commission sur
l'exercice de détermination des niveaux d'immigration et sur le fait
qu'il était précédé d'une large consultation
auprès de nos principaux partenaires socio-économiques.
À la suite de cette consultation, du consensus qui s'en
dégageait et des différentes études menées par mon
ministère, c'est une approche de hausse permanente et significative des
niveaux d'immigration qui a été retenue pour 1987 et les
années à venir. Il s'agit d'une approche qui privilégie le
long terme et qui considère les objectifs démographiques comme
prioritaires pour l'avenir du Québec, tout en maintenant le
nécessaire équilibre entre les objectifs économiques et
les objectifs humanitaires qui ont toujours marqué la politique
québécoise d'immigration.
Dans cette perspective, le gouvernement du Québec a donc
décidé d'atteindre graduellement l'objectif de 25 % de
l'immigration globale du Canada, alors que sa part traditionnelle a
varié autour de 17 %. Pour 1987, le Conseil des ministres a
établi, à ma demande, le niveau d'immigration entre 20 000 et 22
000 ressortisssants étrangers, répartis comme suit: 6500
admissions au titre de la réunification familiale, 8500 à 10 500
admissions pour l'immigration économique, 5000 admissions pour des
motifs humanitaires dont 4000 à titre de réfugiés
sélectionnés à l'étranger.
L'immigration ne peut, à moins de viser des volumes très
importants, constituer une panacée à la situation
démographique actuelle du Québec. Il est évident,
toutefois, qu'elle est partie intégrante de toute politique de
population. Elle représente, dans l'immédiat, un
élément essentiel pour améliorer la situation
démographique et ainsi atténuer à moyen terme les
problèmes associés à une structure de population
vieillissante.
Invité à donner son avis sur cette question d'importance,
le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, pour sa
part, a recommandé au ministère des Communautés
culturelles et de l'immigration d'adopter une planification triennale pour
déterminer les niveaux d'immigration à venir. Pour 1987, il
préconisait un niveau de 20 000 immigrants et une hausse de 20 % au
cours des deux années subséquentes, soit 24 000, en 1988, et 29
000, en 1989. Le conseil soulignait aussi la nécessité de
sensibiliser davantage la société québécoise
à l'apport de l'immigration et des communautés culturelles au
développement du Québec. Préoccupé par la
contribution économique de l'immigration et par ses effets
bénéfiques sur la situation démographique, le conseil
demandait de recourir à l'immiqration comme investissement dans l'avenir
du Québec.
M. le Président, je voudrais en profiter ici pour remercier le
conseil pour l'ouvrage qu'il a fait cette année. Il nous a
présenté plusieurs avis et a fait des colloques très
pertinents dans plusieurs domaines. Alors, je veux le féliciter de son
travail et de l'appui que j'ai eu de lui dans nos dossiers. Je voudrais en
profiter, justement, M. le Président, pour souligner ce magnifique
travail effectué par le conseil.
Je reviens à nos objectifs pour 1987 pour vous signaler que la
plus grande partie de l'augmentation du niveau d'immigration de 1987 se
produira dans les catégories ayant un caractère économique
et visera le recrutement et la sélection de travailleurs
qualifiés et d'immigrants investisseurs. Comme vous le savez sans doute,
mon ministère a développé ces dernières
années divers proqrammes pour favoriser l'établissement des gens
d'affaires au Québec. En septembre dernier, j'ai participé au
lancement du dernier de ces programmes, celui destiné aux investisseurs
en valeurs mobilières.
C'est un programme innovateur qui a reçu un accueil enthousiaste
de la part des milieux financiers et dont les premiers résultats
semblent confirmer nos attentes puisqu'une vingtaine de candidats ont
déjà signé une convention avec un courtier alors qu'une
quinzaine d'autres ont entrepris des démarches en ce sens. Je vous
rappelle que ce programme veut favoriser la capitalisation des nouvelles
entreprises en voie de développement, tout en augmentant le nombre de
gens d'affaires qui s'installent au Québec.
Je vous signale, par ailleurs, qu'une étude auprès des
immigrants appartenant au programme des entrepreneurs et qui se sont
établis au Québec entre 1983 et 1984 révèle que la
contribution qlobale de ces derniers è notre économie
s'élève à près de
1 000 000 000 $. Une contribution appréciable qui, grâce
à nos efforts constants, progresse plus que jamais puisque les visas
émis à des gens d'affaires sont passés de 505, en 1985,
à 645, en 1986, avec un capital moyen déclaré de 645 000 $
par candidat, alors qu'il était de 515 000 $, l'année
précédente. En gros, une augmentation d'environ 25 % tant pour le
nombre de candidats que pour le capital moyen déclaré, capital
qui totalise 416 000 000 $. Par ailleurs, au cours de l'année 1986, nous
avons émis 645 certificats de sélection du Québec, ce qui
présage une augmentation continue d'immigrants investisseurs, lesquels,
M. le Président, viennent au Québec dans une proportion de 30 %
en regard du pouvoir d'attraction des autres provinces sur cette
clientèle.
Alors, je voudrais vous faire remarquer que j'ai mentionné qu'on
reçoit 17 % de l'immigration canadienne; dans le domaine des
investisseurs, c'est 30 % de la proportion canadienne. Alor3, ce n'est
certainement pas négligeable.
De l'ensemble des programmes à caractère
économique, il résulte donc un bilan très positif
où il apparaît que le savoir-faire et les capitaux des nouveaux
arrivants constituent un apport non négligeable au développement
du Québec.
Pour 1987, l'immigration humanitaire a été fixée
à 5000 personnes dont 4000 réfugiés et autres
catégories spéciales sélectionnées à
l'étranger. Cette décision s'inscrit dans la tradition des
politiques et programmes que le Québec a toujours pratiquée
à l'égard des personnes en situation de détresse. En
intervenant à ce chapitre, le Québec assume une
responsabilité majeure sur le plan international, une
responsabilité à laquelle l'opinion publique demeure très
sensible, comme nous avons pu le constater ces derniers mois à propos de
la grande question des revendicateurs du statut de réfugié.
Les revendicateurs du statut de réfugié sont des personnes
qui demandent le statut de réfugié lors de leur arrivée au
Canada et qui, è ce titre, sollicitent l'autorisation de demeurer au
pays comme résidents permanents. Ces dernières années, le
Québec a connu un véritable mouvement migratoire de ce type
puisque les revendicateurs sont passés de 3000, en 1984, à 13
041, en 1986. D'où un arrérage considérable de dossiers et
de délais indus qui font de la plupart, réfugiés ou non,
des résidents de fait. J'aimerais en profiter pour remercier les
organismes non gouvernementaux pour le travail extraordinaire qu'ils ont fait
durant ces mois où nous recevions plus que notre part de cette
immigration.
S'il est vrai qu'un certain nombre de revendicateurs sont d'authentiques
réfugiés au sens de la Convention de Genève, il est assez
évident qu'une bonne part d'entre eux correspondent aussi à
d'autres types d'immigration, notamment à celui provoqué par les
inégalités économiques qui hantent notre planète et
par - son corollaire, le déséquilibre démographique entre
pays riches et pays pauvres. En simplifiant un peu, nous pourrions dire qu'il
s'aqit d'un mouvement de population des pays à forte croissance
démoqraphique et à faible revenu vers les pays à faible
croissance démoqraphique et à revenu élevé. Tant
que cette disparité existera, il sera difficile de mettre un terme
à ce type de mouvement migratoire. Il serait illusoire aussi de croire
qu'il s'agit d'un phénomène temporaire ou accidentel ou
localisé dans certaines régions du globe. Malheureusement, c'est
plutôt une situation faite pour durer dont toutes les manifestations ne
nous sont pas encore connues et dont il faut prendre conscience quand on parle
de politique d'immigration.
Cette question continuera donc d'influencer notre politique
d'immigration alors que nous sommes loin de pouvoir en maîtriser tous les
aspects. D'une part, elle provient des nombreux problèmes à
dimension internationale que je viens d'évoquer. D'autre part, le
contrôle des frontières et l'octroi du statut de
réfugié sont de juridiction exclusive du gouvernement
canadien.
Compte tenu des circonstances et de l'analyse que je viens d'en faire,
j'ai décidé de reqrouper et de réorganiser les
différentes unités administratives de mon ministère qui
travaillent auprès des revendicateurs, et ce dans le but de rationaliser
les ressources dévolues à l'accueil de ces personnes et
d'améliorer la qualité des services rendus. Je rappelle, en
effet, que, depuis une décision du Conseil des ministres en mai 1984,
les revendicateurs du statut de réfugié sont admissibles à
divers services sociaux après obtention d'une attestation
d'identité émise par le MCCI.
C'est en avril dernier, M. le Président, que je décidais
de mettre sur pied un nouveau programme de francisation à l'intention de
ces revendicateurs auxquels le gouvernement fédéral ne
reconnaît pas le droit aux programmes de préparation à
l'emploi qui sont dispensés dans le cadre du PNFE. Le proqramme national
de formation en établissement, je vous le rappelle, est le cadre dans
lequel s'inscrit la formation linguistique dispensée par nos COFI aux
immigrants devenus résidents permanents.
Or, les journaux ont fait état du succès sans
précédent et de l'enthousiasme avec lequel ces nouveaux arrivants
se sont inscrits à nos cours. C'est une initiative heureuse qui a donc
été prise, et je tiens à la souligner ici car elle est
tout à l'honneur d'un gouvernement qui a compris qu'une large fraction
des revendicateurs est susceptible de demeurer au Québec et qui a eu le
courage
de prendre les mesures qui s'imposaient pour favoriser leur
intégration à la collectivité
québécoise.
Enfin, malgré toutes ces contraintes administratives et
financières dont il faut bien, évidemment, tenir compte, je puis
vous assurer que le Québec continuera à faire preuve de
générosité dans l'accueil des réfugiés et
des personnes en situation de détresse. Notre gouvernement est bien
conscient, toutefois, de la dimension mondiale des problèmes en cause et
de la nécessité de recourir à la solidarité
internationale pour trouver des solutions.
Nous sommes convaincus aussi de l'importance de bien informer l'ensemble
de la population non seulement sur la situation délicate et complexe des
revendicateurs, mais aussi sur le phénomène migratoire en
général et sur l'apport important qu'il constitue pour la
société, québécoise. Sur cette question, je tiens
à vous signaler l'heureuse initiative qu'a prise le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration en organisant, le 23
février dernier, une table ronde d'experts et d'universitaires sur les
impacts économiques et sociaux de l'immigration, un sujet dont la
discussion est loin d'être close et qui me préoccupe beaucoup,
d'ailleurs.
Lors de la défense des crédits l'année
dernière, je vous faisais part de mes préoccupations par rapport
à l'acceptation, à l'intégration et à la
valorisation des minorités culturelles. Je puis vous dire maintenant
qu'avec la Déclaration sur les relations interethniques et interraciales
du 10 décembre dernier, je pense avoir franchi une étape par
rapport aux objectifs que je m'étais fixés alors. Une
étape majeure qui engage non seulement le gouvernement, mais la
société québécoise tout entière et dont les
principes fondamentaux doivent constituer la pierre angulaire de nos politiques
à l'égard des communautés culturelles. Une étape
glorieuse, enfin, car elle place le Québec à l'enseigne de
l'humanisme et de la solidarité qui caractérisent les grandes
sociétés ouvertes sur le monde.
Au cours de la dernière année, le MCCI a
procédé à une réévaluation des programmes
d'aide financière aux organismes des communautés culturelles et
de sa politique d'action concertée. Cette réévaluation a
conduit à préciser un ordre de priorités et à
réaménager des plans d'action auprès de la
clientèle immigrante ou issue des communautés culturelles. Tout
en conservant les volets d'accueil et d'adaptation et le maintien des cultures,
nous avons lancé deux nouveaux volets, le volet interculturel et le
volet de la francisation. Ces deux derniers volets doivent contribuer à
faciliter la bonne insertion des immigrants dans la société
d'accueil, ainsi que leur valorisation et leur rapprochement avec le groupe
majoritaire francophone.
Au chapitre du volet interculturel, le nouveau programme d'aide aux
orqanismes à rapprochement vise à apporter une aide
financière au fonctionnement d'organismes de caractère
interculturel qui développent une dynamique d'échanges culturels
entre les Québécois des diverses communautés ethniques et
ceux de la majorité francophone par des initiatives de formation,
d'information et d'animation propres à prévenir les
préjugés raciaux et culturels. Quant au nouveau programme d'aide
aux activités interculturelles, il vise à apporter un aide
financière à des initiatives mises de l'avant par les organismes
de rapprochement à caractère interculturel.
Considérant que la francisation du noyau familial est essentielle
pour une meilleure intégration à la société
québécoise et considérant les lacunes qu'il y a eu dans le
passé à cet égard, je suis fière de pouvoir vous
annoncer que mon ministère introduira un nouveau programme qui s'appelle
programme d'aide à la francisation des immigrants. Ce programme vise
à apporter une aide précieuse aux organismes non gouvernementaux
qui veulent organiser des cours de français à temps partiel
à l'intention de leurs membres en vue de leur permettre de se franciser
et de s'intégrer à la société
québécoise. Les groupes prioritaires visés par ce
proqramme sont les femmes, les analphabètes et les minorités
visibles.
Parmi les activités de la Direction des communautés
culturelles, je suis particulièrement fière de la publication
récente d'un recueil de contes populaires des communautés
culturelles à la suite d'une entente conclue entre le ministère
et la Commission des écoles catholiques de Montréal. D'ailleurs,
c'est un projet qui a pris naissance sous le règne de mon
prédécesseur, le député de Mercier. Cette
réalisation rejoint la préoccupation conjointe du
ministère et de la CECM de sensibiliser la population en
général è la réalité multiculturelle du
Québec, de fournir des outils pédaqoqiques appropriés et
authentiques et, surtout, d'impliquer le milieu dans cette démarche.
À ce titre, je tiens à féliciter les conteurs et
conteuses, la CECM, toutes les personnes qui ont travaillé de
près ou de loin à la concrétisation de ce programme
fascinant et, tout particulièrement, les enfants qui ont illustré
avec tant d'imagination et de sens artistique les seize contes. Je voudrais
d'ailleurs offrir notre collaboration et notre appui à la CECM dans les
efforts qu'elle fait dans ce domaine. (16 heures)
Avec l'arrivée importante des revendicateurs du statut de
réfugié, l'expérience et les compétences de nos
services d'accueil ont vraiment été mises à
l'épreuve dans des situations pas toujours faciles, ni
prévisibles. Ici aussi, M. le Président, je dois remercier le
personne! du ministère pour l'ouvrage extraordinaire qu'il a fait
pendant plusieurs mois. Cette augmentation de clientèle a incité
le ministère à regrouper au sein d'une même unité
administrative les principaux services destinés aux revendicateurs.
Cette nouvelle direction est aussi responsable de la sélection des
requérants sur place et, ,à ce titre, elle participe à
l'application des mesures spéciales que le fédéral a mises
en place pour les revendicateurs arrivés avant le 22 mai 1986. Dans
l'éventualité où un autre programme de ce type pourrait
être décidé par la CEIC pour les 16 000 revendicateurs
arrivés au Québec depuis juin 1986, le MCC1 a été
mandaté par le Conseil des ministres pour négocier sa
participation à un tel programme, une négociation qui sera
sûrement facilitée, sinon simplifiée, grâce au grand
projet d'entente constitutionnelle qui élargit et confirme le rôle
déterminant du Québec en matière de sélection sur
place.
Je m'en voudrais, M. le Président, de clore mon intervention sans
dire au moins quelques mots de la situation particulière des femmes
immigrées. Leurs principaux besoins ont été
identifiés et plusieurs groupes de femmes des communautés
culturelles se sont constitués pour faire face à ces besoins. Le
ministère s'est fait un devoir de leur apporter son support technique et
financier. Je crois, en effet, que personne n'est mieux placé que les
femmes immigrées elles-mêmes pour travailler à leur juste
intégration dans la société québécoise. Nous
savons que le principal handicap qui touche les femmes immigrées est
leur manque de connaissance du français. Voilà pourquoi j'ai
décidé que le nouveau programme d'aide à la francisation
des immigrants s'adressera en priorité à la clientèle
féminine et prévoira une aide financière pour la garde des
enfants. Également, le MCCI a entrepris une campagne de recrutement
auprès des organismes des communautés culturelles au cours de
l'automne 1986 afin d'inciter les femmes à s'inscrire à des cours
de français à temps partiel. Neuf groupes de femmes ont ainsi
été formés. Ces groupes se sont ajoutés à
dix autres groupes existant déjà.
En terminant cette illustration et défense des crédits de
mon ministère, laissez-moi vous faire part, M. le Président, de
certaines de mes convictions les plus profondes par rapport à
l'évolution de la question de l'immigration dans notre
société. Je pense, d'abord, contrairement à
l'interprétation que certains font des sondages, que les
Québécois acceptent assez volontiers la venue des immigrants
malgré quelques tensions passagères dans les rapports sociaux. Je
pense aussi que cette acceptation se ferait encore plus facilement si les
Québécois avaient l'assurance que l'intégration
linguistique des immigrants est profitable à la majorité
francophone.
Par ailleurs, pour que cette ouverture de la population se
développe encore davantage, il me paraît indispensable que le
mouvement miqratoire ne paraisse pas incontrôlable, ni imposé de
l'extérieur.
Voilà un sujet d'inquiétude sur lequel le projet de
nouvelle entente constitutionnelle aura, j'en suis sûre, un effet
bénéfique puisqu'il nous permettra non seulement de consolider
nos pouvoirs actuels, mais aussi de les augmenter considérablement. En
parlant ainsi, je pense, notamment, à cet acquis primordial que
constitue la sélection des immigrants sur place. Je pense aussi aux
nouvelles et nombreuses responsabilités qui seront les nôtres
à partir du moment où tous les services d'accueil et
d'intéqration des nouveaux arrivants relèveront du domaine
réservé québécois. Ce que cela veut dire, M. le
Président, c'est qu'à l'avenir tous les ressortissants
étranqers qui viendront s'établir au Québec à titre
d'immigrants ou à titre de réfuqiés s'intégreront
à la société québécoise et à sa
majorité francophone. Par les pouvoirs que nous cède le
qouvemement fédéral, nous pourrons contrôler tous les
mécanismes d'accueil, d'intéqration et de francisation des
immigrants. Nous aurons enfin en main, M. le Président, les moyens pour
garantir un développement culturel harmonieux et conforme aux
aspirations de notre société.
La sécurité culturelle du Québec exige qu'il
conserve son poids politique et démographique à
l'intérieur de la fédération canadienne. Pour cela, le
profil et le niveau de l'immigration qui lui est destiné doivent venir
enrichir notre patrimoine culturel, social et linguistique. Les ententes du lac
Meech sur les niveaux d'immigration nous assurent de cette
sécurité culturelle.
Soyez assuré, M. le Président, que je ferai tout en mon
pouvoir pour que les grandes décisions qui découleront de ces
nouvelles responsabilités se prennent non seulement dans le meilleur
intérêt du Québec, mais aussi dans une perspective de
solidarité internationale et à partir du plus large consensus
social possible. C'est en visant ce consensus, d'ailleurs, que le gouvernement
a décidé de porter la question des niveaux d'immiqration pour les
années 1988 et 1989 à l'attention de la commission parlementaire
de la culture dont les travaux auront lieu en août prochain et à
laquelle je me joindrai alors.
Je vous remercie, M. le Président, et je suis prête
à répondre à des questions.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. En
passant, il me fera plaisir de vous revoir au cours des chaudes
premières journées du mois d'août.
En attendant, je reconnais pour ses remarques préliminaires le
député de Mercier.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président j'ai quelques remarques
préliminaires assez courtes avant de passer aux échanges avec la
ministre et son équipe, que je félicite, d'ailleurs, d'être
ici et d'avoir bien servi le Québec et le ministère pendant cette
année assez fertile en événements de toutes sortes. Je
pense que ce qui frappe le plus précisément, c'est que
l'année a été fertile en incidents de toutes sortes.
D'abord, l'arrivée des réfugiés par les bateaux allemands,
l'arrivée des réfugiés tamouls et turcs à Mirabel
et la montée de l'inquiétude de la population du Québec
par rapport à ces arrivées incontrôlées et
incontrôlables, paraissait-il. Puis, le dépôt d'une loi
fédérale qui, selon certains, est extrêmement restrictive
et dont je vais parler plus tard. Aussi, face à une telle arrivée
de nouveaux venus requérant le statut de réfugié, une
inquiétude par rapport à la francisation qui devait se faire en
ce qui les concerne et dont j'ai parlé souvent en Chambre avec la
ministre par des questions et des réponses et sur laquelle je reviendrai
plus tard. Également, la décision du gouvernement et de
l'Opposition de convoquer en commission parlementaire les intervenants au cours
de l'été pour déterminer plus précisément le
niveau d'immigration pour l'année prochaine. Et, pour terminer,
l'entente du lac Meeeh. Je peux dire que, dans cette entente qui est fort
contestée par l'Opposition, il y a au moins un point qu'on ne conteste
pas: par rapport à l'immigration, des points importants ont
été marqués pour le contrôle du Québec sur
son développement démographique et sur sa lutte au déficit
démographique que l'on constate depuis plusieurs années. On peut
donc dire que, dans ce domaine, des points importants ont été
marqués qui illustrent, d'ailleurs, mieux que quoi que ce soit d'autre
la continuité qui existe d'un gouvernement à l'autre dans cette
province, dans cet État québécois depuis M. Mario
Beaulieu, fondateur du ministère de l'Immigration en 1958, si je me
souviens bien, M. le sous-ministre?
Une voix: En 1968.
M. Godin: En 1968. Pardon, dix ans plus tard. Par rapport
à cette entente, nous interrogerons la ministre pour connaître sa
portée réelle pour ce qui touche les pouvoirs du Québec
par rapport à ceux qui sont ici et que le Québec peut maintenant
sélectionner et, également, sur l'impact réel que
l'entente pourrait avoir à l'avenir sur l'installation au Québec,
de façon aussi permanente que possible, des citoyens qui ont choisi le
Québec après avoir erré pendant plusieurs années
dans des pays plus ou moins hostiles et plus ou moins sûrs, pour
reprendre l'expression même de la loi du ministre Bouchard.
Je passe maintenant à mes questions, mais avant je voudrais
passer la parole à ma collègue de Maisonneuve.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve, il me fait plaisir de vous permettre de faire quelques remarques
préliminaires au début de ces travaux.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui, en fait, c'est la seule période où
on puisse les faire parce que, par la suite, on va étudier programme par
programme les crédits du ministère.
M. le Président, je pense que c'est un défi de taille
certainement que ce défi de la francisation de l'immigration. C'est un
défi de taille pour l'ensemble de la société
québécoise et c'est un défi de taille qui ne peut
être relevé efficacement que s'il l'est par l'ensemble de la
société québécoise et non uniquement par des
programmes du qouvemement.
Je trouve un peu présomptueux les propos que l'on retrouve
à la page 18 du discours que vient de nous tenir Mme la ministre et dans
lesquels elle nous dît, d'un ton absolument affirmatif, qu'il fait bon
entendre, malgré que ce n'est pas en le répétant
nécessairement qu'on obtient ce qu'on veut, "qu'à l'avenir tous
les ressortissants étrangers qui viendront s'établir au
Québec à titre d'immigrants ou à titre de
réfugiés s'intégreront à la société
québécoise et à sa majorité francophone." Que
j'aimerais qu'il en soit ainsi, M. le Président. Que je souhaiterais
qu'il en soit ainsi!
Mais il me semble que les pouvoirs jusqu'à maintenant
détenus par le Québec, notamment en matière d'immigration,
en ce qui concerne les immigrants, c'est-à-dire ces pouvoirs d'accueil
et de sélection, n'est-ce pas, qui appartenaient déjà au
Québec, nous permettent, quand même, de constater maintenant les
difficultés réelles qui se présentent en termes de
francisation, notamment en matière de langue de travail et, je dirais
même, en matière de langue d'usage.
J'aimerais savoir de la ministre, M. le Président - mais on aura
l'occasion d'y revenir puisque j'en suis à mes remarques
préliminaires - comment nous allons pouvoir nous assurer, comme elle le
dit, qu'à l'avenir les réfugiés vont s'intégrer
à la société québécoise et à sa
majorité francophone puisque leur sélection échappe, quand
même, toujours au Québec et continuera, même après
une nouvelle entente qui sera signée,
d'échapper au Québec. En effet, présentement, parmi
les 8000 nouveaux Québécois qui ont été admis
à la suite du processus accéléré de
sélection, la très grande majorité d'entre eux, on me dit
au-delà de 85 %, ont demandé de faire l'entrevue en anglais. Pour
ta majorité d'entre eux, les documents qui étaient inclus dans
les dossiers qu'ils présentaient étaient des documents
d'études menées dans des institutions d'enseignement de langue
anglaise.
À ce que je sache, le ministère avait comme
sous-contracté ce processus accéléré de
sélection au profit des personnes, c'est bien évident, à
qui l'on voulait le plus rapidement possible donner une décision qui
était en attente depuis si longtemps, mais ce sous-contrat, si je me
permets l'expression, s'est fait avec les critères du
fédéral. Ces critères du fédéral qui ont
été utilisés dans le programme spécial d'examen
mettent l'usage de l'anglais et du français sur le même pied
d'égalité.
Qu'est-ce qui fait qu'on peut maintenant affirmer, comme l'a fait la
ministre à la page 18, que le défi serait relevé? Je pense
qu'au contraire il faut avoir la modestie de dire que cela va exiger une
formidable impulsion de l'ensemble de la société
québécoise. Quand on pense société
québécoise, il faut bien voir que cela ne veut pas dire
uniquement des Québécois d'origine canadienne-française.
Si on veut que tout le monde devienne Québécois... Je pense que
c'est là un souhait qu'il nous faut sans cesse répéter,
tout en ajoutant, évidemment, qu'il y a 100 façons d'être
Québécois, comme l'avait si bien dit mon collègue de
Mercier. Mais si on veut faire en sorte qu'il y ait, justement, cette
intégration, bien, c'est une formidable impulsion de l'ensemble de la
société.
On ne peut pas continuer, M. le Président, comme c'est le cas
maintenant, à accepter que 92 % des nouveaux arrivants s'installent sur
le territoire de l'île de Montréal. Ce sont deux pays qui sont en
train de se développer, pas côte à côte, j'ai bien
peur que ce soit face à face: un Québec des régions, de
plus en plus canadien-français et francophone, face à un
Montréal de plus en plus multiethnique et bilingue. Ce
face-à-face n'augure rien de bon et il n'est pas souhaitable que cela se
poursuive ainsi. Le territoire de l'île de Montréal est à
peu près, je pense, l'équivalent d'un État comme le
Luxembourg. Si on imagine qu'au fil des années l'implantation ne se
fasse, en termes de sélection et d'accueil, que sur ce territoire de
l'île de Montréal, on se prépare des lendemains qui
désenchantent.
Je pense que ce sont tous ces défis que l'on doit, modestement,
mais énergiquement, examiner avec réalisme de façon
à apporter les impulsions dans les proqrammes qui vont permettre
à l'ensemble de la société québécoise de
maîtriser mieux cet accueil et cette intégration qui est
indispensable. Je crois à une société
québécoise pluriethnique de langue française. J'y crois,
j'y aspire et je pense que c'est un enrichissement pour la
société, mais on est loin d'y être arrivé, M. le
Président (16 h 15)
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
députée de Maisonneuve. Mme la ministre, avant d'entreprendre une
discussion avec M. le député de Mercier, Mme la
députée de Maisonneuve et les membres du côté
ministériel, aimeriez-vous exercer un droit de réplique auquel
vous avez absolument droit puisque vous pouvez intervenir comme bon vous semble
au moment où vous le jugez opportun? Je vous rappelle simplement les
rèqles de cette commission.
Mme Robic: M. le Président, on m'a dit que
c'étaient des remarques préliminaires et qu'on était pour
revenir avec toutes ces questions-là. Je peux y répondre
maintenant ou à mesure qu'elles me seront posées. Je n'ai pas
d'objection. Je voudrais peut-être tout simplement dire à la
députée de Maisonneuve que tout projet de société
commence par un rêve et par la détermination de la personne qui
rêve ce rêve qui a la possibilité de poser des actions
concrètes, chose .que nous avons faite. Vous avez raison, il reste
encore beaucoup d'ouvrage à faire. Mais il faut être plutôt
positif que négatif. Je pense que ça commence par des remarques
positives, par des discours, des idées, ça se véhicule
avant que ça devienne réalité. C'est ce qu'on tente de
faire depuis 18 mois que je suis là. J'ai envie de continuer ce
défi de franciser tous les nouveaux arrivants au Québec et, oui,
vous avez raison, de faire de cette société une
société pluriethnique francophone.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Mercier, pour commencer.
M. Godin: Oui. Pour être bien clair au plan du
déroulement, il y a des remarques préliminaires qui
précèdent l'élément 1. Pour qu'on ne se fasse pas
reprocher après de ne pas être dans la pertinence de
l'élément 1, des discussions peuvent précéder
l'appel des éléments un par un.
Communautés culturelles et immigration
Le Président (M. Trudel): M. le député, au
programme 1, élément l
M. Godin: Oui.
Le Président (M. Trudel): Avez-vous l'intention d'y aller
par programme et par élément? On peut adopter les règles
qu'on veut.
M. Godin: Autant que possible, oui. Le Président (M.
Trudel): Très bien.
M. Godin: Sur les crédits globaux, le ministère
prévoit recourir au fonds de suppléance pour un montant de 1 112
900 $ pour les services donnés aux requérants du statut de
réfugié et surtout pour les cours de français. J'aimerais
savoir, puisque les crédits parlent d'un éventuel recours au
fonds de suppléance, la portée du mot "éventuel". Est-ce
que c'est au cas où le besoin se ferait sentir ou si c'est prévu
dans les crédits de façon définitive?
Mme Robic: M. le Président, quand nous avons
préparé le budget pour l'année, nous n'avions pas
présenté cette demande, ni inclus ces montants dans les budgets.
À l'arrivée importante de ces personnes et à la
réalisation de l'importance de franciser ces personnes, nous sommes
allés au Conseil du trésor. Le Conseil du trésor nous a
accordé ces budgets additionnels à même le fonds de
suppléance, mais ce sont des budgets que nous sommes à utiliser
présentement, des budgets dont la grande partie va vers des cours de
français pour les revendicateurs. D'ailleurs, M. le
député, si vous êtes intéressé à le
savoir, en ce moment - et, là encore, mon personnel a fait des miracles;
en l'espace de quelques mois, il a réussi, dans nos COFI et les
commissions scolaires, à organiser 169 classes pour les revendicateurs
du statut de réfugié. Il y a 3718 personnes qui sont inscrites
à ces classes présentement. M. le député, vous nous
posiez la question l'autre jour à l'Assemblée nationale, à
savoir s'ils avaient le droit de se réinscrire. Nous avons une dizaine
de classes de réinscription.
Nous avons bien l'intention de continuer ce programme. J'ai bien
l'intention de retourner au Conseil du trésor quand les fonds seront
épuisés. Quand les 1 200 000 $ seront épuisés, nous
retournerons chercher d'autres sommes d'argent.
Accueil des nouveaux arrivants
M. Godin: M. le Président, également, le
ministère a suspendu ses services d'accueil à l'aéroport
de Mirabel et de Dorval. Qui assume cet accueil, pour l'instant, en l'absence
du ministère des Communautés culturelles du Québec?
Mme Robic: Oui. Nous avons encore un bureau. Cependant, nous
n'avons pas de personnel continuel. D'abord, nous n'avons pas de personnel 7
jours par semaine, 24 heures par jour. Un personnel était là,
mais pas à temps plein. Souvent, les personnes, après avoir
passé à l'immigration canadienne, ne venaient pas
nécessairement à notre comptoir. L'immigration canadienne ne nous
les dirigeait pas parce qu'elle s'attendait que l'immigrant ou le
réfugié voie lui-même notre affiche. Nous avons donc
établi une entente avec le fédéral, qui fait que toute
personne qui arrive est vue par l'immigration fédérale qui remet
à ces personnes la documentation du gouvernement du Québec.
Toutes ces personnes se présentent à nos bureaux. Nous pensons
que c'est plus efficace de cette façon.
M. Godin: Madame, si je vous écoute parler, je deviens un
peu effrayé quant aux nouveaux pouvoirs que vous revendiquez. Si vous
n'utilisez pas les pouvoirs actuels dont vous disposez en vertu de l'entente
Cullen-Couture, est-ce qu'on ne peut pas craindre que, si vous vous retirez de
ce qui existe déjà, vous ne vous retiriez aussi, dans l'avenir,
d'un futur pouvoir qui vous sera dévolu? Enfin, disons que cela
m'inquiète un peu de voir le Québec absent de Mirabel aux heures
d'arrivée des futurs réfugiés ou des revendicateurs du
statut de réfugié.
Mme Robic: M. le Président, nous savons exactement quand
nos réfugiés, qui sont sélectionnés à
l'étranger, arrivent et, à ce moment-là, notre personne
est sur place pour s'occuper d'eux. Quant à notre efficacité,
tant qu'à être à Mirabel quelques heures par jour et
souvent manquer certaines arrivées ou voir que certaines personnes ne se
présentaient pas à notre comptoir, nous avons maintenant
l'assurance que toute personne qui arrive reçoit notre documentation et
nous la recevons dans les jours qui suivent.
M. Godin: Cela m'inquiète, quand même, Mme la
ministre. Je voulais vous le dire, d'autant plus qu'on est à la veille
de l'application, paraît-il, accélérée de l'entente
découlant du lac Meech dans le domaine de l'immigration. Pour quelle
raison avez-vous retiré votre personnel de ce bureau, Mme la
ministre?
Mme Robic: Je pense que je viens de vous l'expliquer, M. le
député. Nous avons reqardé comment cela se passait et nous
avons trouvé que c'était peut-être plus efficace qu'on
s'assure que chacune de ces personnes ne passe pas tout droit à notre
comptoir, mais reçoive notre documentation et qu'elle puisse se
présenter chez nous dans les jours qui suivent. C'est ce qui arrive,
nous avons une bonne collaboration à ce moment-là. Nous sommes
sur place pour recevoir les réfugiés; nous savons quand ils
arrivent et nous sommes là. Je ne crois pas qu'on abandonne aucun
pouvoir à ce chapitre.
M. Godin: Parce que la remise de documentation du Québec
par les fédéraux, comme on le disait...
Mme Robic: Bien oui!
M. Godin: ...je ne dis pas que c'est un péché
mortel, mais je dis que cela ressemble beaucoup à l'époque
historique d'avant les accords Cullen-Couture...
Mme Robic: Non, je vous avoue...
M. Godin: ...où on laissait les fonctionnaires originaires
de Vancouver ou de Toronto parler à ces candidats de leur province et
pas tellement du Québec en des termes sympathiques.
Mme Robic: Pas du tout.
M. Godin: En tout cas, l'expérience...
Mme Robic: Nous n'avons aucune expérience de ce genre,
bien au contraire, ces gens, en remettant notre documentation, s'assurent
qu'ils viennent nous voir et, comme ils sont au Québec, on espère
qu'ils demeureront avec nous.
M. Godin: M. le Président, ma collègue veut
enchaîner.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Mme la ministre, en
quelle langue se fait l'accueil des nouveaux arrivants à Mirabel?
Mme Robic: Je suppose que c'est dans la langue qu'ils parlent; je
suppose qu'il y a des interprètes qui sont là pour les recevoir.
Plusieurs de ces personnes ne parlent aucune des langues officielles. Je
suppose que, si elles parlent une de ces langues officielles, elles sont
reçues dans cette langue.
Mme Harel: Alors, vous me dites: Je suppose dans leur langue
d'origine. Est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'à défaut de
l'usage du français, c'est la langue d'origine, ce qui est certainement
souhaitable? Mais, à défaut de la langue d'origine, vous nous
dites une des deux langues officielles. Est-ce à dire que la politique
du ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration du
Québec est de laisser l'accueil se faire à Mirabel dans,
dites-vous, l'une des deux langues officielles?
Mme Robic: Je vous dis qu'ils sont reçus par du personnel
du gouvernement fédéral. Je vous dis, Mme la
députée de Maisonneuve: La chose la plus importance quand
arrivent des qens à vos frontières, c'est qu'on puisse leur
parler pour quirls nous comprennent.
Mme Harel: Alors, Mme la ministre, vous dites que, maintenant, le
fédéral va céder au Québec tou3 les pouvoirs. Vous
disiez dans votre discours: Nous pourrons dorénavant contrôler
tous les mécanismes d'accueil. Est-ce que vous pouvez nous assurer que
vous allez aussi contrôler l'accueil à Mirabel de façon que
les personnes qui viennent se joindre à nous soient accueillies le plus
chaleureusement possible, soit dans leur langue d'origine, soit dans la langue
officielle?
Mme Robic: Je pense que nous aurons, une fois les ententes
siqnées, à regarder tous les programmes d'accueil que nous avons.
Si nous jugeons que nous devons être sur place à Mirabel, nous le
serons.
Mme Harel: Combien y a-t-il d'employés...
Mme Robic: Mme la députée de Maisonneuve,
l'important, c'est qu'une fois qu'ils sont ici et qu'ils sont chez nous on
assure qu'ils puissent apprendre le français le plus rapidement
possible. On doit commencer par les comprendre, par pouvoir leur donner les
directives voulues dans une langue qu'ils comprennent. Une fois qu'ils sont
ici, nous devons pouvoir nous assurer qu'ils apprennent le français le
plus rapidement possible s'ils ne connaissent pas la langue officielle du
Québec.
Mme Harel: Mme la ministre, vous dites: Une fois qu'ils sont ici.
Là, il faut bien comprendre qu'à Mirabel ils sont
déjà ici, n'est-ce pas ?
Mme Robic: II faut, tout de même, qu'ils descendent de
l'avion.
Mme Harel: Nous reprenons donc l'accueil qui se fait à
Mirabel en vous rappelant que la lanque d'origine ou la langue officielle
devraient être les langues utilisées par le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration du Québec. Vous nous
dites que vous ne savez pas, vous supposez qu'il y a usaqe de la lanque
d'oriqine. Est-ce qu'il y a réellement usage des langues d'origine?
Mme Robic: Écoutez, je ne suis pas sur place quand ces
personnes arrivent, mais il est bien entendu...
Mme Harel: Vous êtes responsable de leur accueil, Mme la
ministre.
Mme Robic: ...qu'à l'immigration les services sont
donnés en plusieurs langues, justement pour pouvoir s'assurer que ces
personnes comprennent bien les instructions ou les conseils qui leur sont
donnés à leur arrivée.
Mme Harel: M. le Président, Mme la ministre aura à
répondre durant toute cette période de l'étude des
crédits de ses politiques, de ses choix budgétaires et de ses
orientations. Je peux comprendre qu'elle ne soit pas sur place. Ce qui est
surprenant, c'est qu'elle ne sache pas en quelle langue on accueille les gens
qui viennent nous adopter et qu'on adopte à notre tour. Alors, je pense
que c'est là certainement un sujet d'inquiétude - le
député de Mercier le signalait tantôt - de penser que
présentement il n'y a pas l'air d'y avoir de volonté politique de
faire en sorte que soit clairement manifesté au moment de l'accueil, le
plus chaleureux possible, je le répète, que la seule langue
officielle, la langue d'usage, dans le respect de la langue d'origine, c'est le
français. Je pense que confier l'accueil de3 nouveaux arrivants,
immigrants comme réfugiés, actuellement au gouvernement
fédéral nous laisse inquiets quant à la volonté
réelle en matière d'accueil et de francisation.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres questions d'un membre
quelconque de cette commission? M. le député de Richelieu, vous
avez manifesté le...
M. Khelfa: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Trudel): À vous la parole.
Insertion des immigrants dans la société
québécoise
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Sachant qu'on regarde
l'avenir surtout en ce qui concerne l'insertion de ces gens des
communautés culturelles et de ces nouveaux immigrants, dans votre
présentation, Mme la ministre, vous parlez des nouveaux programmes. Au
cours de la dernière année, votre ministère a
procédé à une réévaluation des programmes et
vous avez mis l'accent sur le volet interculturel et sur le volet de la
francisation pour la bonne insertion des immigrants dans la
société québécoise. Est-ce qu'on pourrait avoir
plus de détails sur cela?
Mme Robic: Certainement. Je vous remercie de votre question,
d'ailleurs. Cela va me permettre également de m'étendre un peu
sur les inquiétudes de la députée de Maisonneuve. Elle
semble s'inquiéter de l'accueil réservé aux personnes qui
arrivent à
Mirabel et qui descendent d'un avion quand on pense que, pendant des
années, elle ne s'est pas inquiétée des revendicateurs du
statut de réfugié" qui ont vécu au Québec pendant
trois, quatre, cinq et six ans sans avoir droit à des cours de
français. Cela, c'était inquiétant; cela, c'était
un manque de vision et c'était dangereux. Ce n'est pas la demi-heure
qu'une personne passe à l'aéroport qui est importante. C'est la
façon dont nous l'accueillons et le fait qu'on assure qu'elle va vouloir
s'intégrer en apprenant la langue. Plusieurs milliers de personnes ont
été privées de ces cours de français et cela, c'est
inquiétant. Nous avons mis fin à cela, nous avons permis à
ces revendicateurs de s'intégrer le plus rapidement possible en leur
donnant droit à des cours de français. (16 h 30)
Nous pensons que, pour l'intégration, il fallait faire des pas
positifs. C'est ce que nous avons fait en refaisant nos programmes pour inclure
un volet interculturel. Nous nous sommes rendu compte que ces
communautés culturelles se regroupaient entre elles, et c'est un besoin
qu'elles ont, surtout pour la première génération, de
pouvoir se retrouver, de pouvoir s'entraider, de pouvoir mieux se
connaître comme nouveaux Québécois. Maintenant, on pense
qu'on doit faire un pas de plus, on doit s'assurer que ces personnes non
seulement peuvent se retrouver entre elles, mais également
s'intégrer à la majorité francophone par des programmes.
C'est ce nouveau volet que nous avons mis en marche et nous espérons
qu'il sera un succès.
Nous allons, d'ailleurs, faire tout en notre pouvoir pour encourager les
différentes communautés culturelles à s'intégrer
à la majorité francophone.
M. Khelfa: Votre première évaluation concernant ce
programme se révèle-t-elle positive? Dans quelle dimension
faut-il l'évaluer?
Mme Robic: Quand on parle de programme interculturel, on vient de
lancer ce nouveau programme, j'aurais de la misère en ce moment...
L'année prochaine, lors de l'étude des crédits, je serai
peut-être en meilleure position pour vous parler du succès ou de
l'insuccès de ce programme; je n'aime pas parler d'insuccès,
disons des succès de ce programme.
Cependant, celui dont je suis très fière, c'est la
francisation des revendicateurs du statut de réfugié. À la
minute où on a mis ce programme en marche au mois d'avril, nous n'avons
pas eu besoin de faire de sollicitation. La demande a été
très grande. Cela me donne espoir, les gens veulent apprendre le
français, ils veulent s'intégrer. Il faut donc leur donner des
outils, ce qu'on a commencé à faire.
M. Khelfa: M. le Président, est-ce que c'est à nous
de faire le premier pas pour les inviter à suivre les cours ou si ce
sont eux qui le demandent?
Mme Robic: II y en a qui le demandaient, et quand nous avons
réalisé le nombre de revendicateurs qui se trouvaient au
Québec, qui se trouvaient ici depuis plusieurs années et qui
n'avaient pas eu droit à des cours de français, on trouvait que
c'était une lacune terrible et nous avons voulu pallier cette
lacune.
M. Khelfa: Merci.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'aimerais rappeler à
Mme la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration - je
comprends qu'on n'ait pas l'information la plus exhaustive qui soit sur tous
les dossiers - que, contrairement à ce qu'elle a dit, il n'y a pas eu
pendant des années - six ou sept ans, avez-vous dit? -...
Mme Robic: Qu'ils sont ici.
Mme Harel: ...des revendicateurs qui étaient ici qui
étaient exclus des cours de francisation. Mme la ministre,
peut-être que vos collègues ou les personnes qui vous assistent
pourraient vous proposer un dossier à cet effet, ce serait utile,
surtout en considération des négociations qui se tiennent
actuellement avec le gouvernement fédéral, pour vous rappeler
que, dans un programme à frais partagés, ces
réfugiés avaient accès aux COFI. Présentement, vous
nous parlez de cours qui sont, pour la plupart, à temps partiel,
quelques-uns d'entre eux sont des cours qui, malgré
l'intérêt qu'ils représentent, sont insuffisants en nombre
d'heures pour l'apprentissage du français, langue d'usage.
Jusqu'à ce que brusquement, abruptement, en septembre ou octobre
1984, jusqu'à ce que le ministre fédéral cesse
brusquement... La journée même où il prenait la
décision, il avertissait le Québec par un télex, de
façon assez cavalière, faut-il le reconnaître, qu'il
cessait tout paiement dans le cadre des programmes à frais
partagés qui permettaient justement à ces réfugiés
d'avoir accès au cours de français. C'est certainement plus
important maintenant puisque leur nombre a augmenté. Vous-même,
dans votre discours, faites mention de 3000 réfuqiés en 1984.
Deux ans plus tard, on parle de 13 000 en 1986. Je pense qu'on parlait aussi,
un peu plus loin dans votre discours, de 16 000 en 1987. C'est donc dire que le
nombre a créé également une plus grande attente à
l'égard de la francisation que ce n'était le cas au moment
où ils étaient un pourcentaqe bien moindre de notre total
d'immigration. Alors, je pense que ce qu'on peut souhaiter, Mme la ministre,
c'est que, comme tou3 les autres immigrants, les personnes qui obtiennent leur
statut soient également admissibles aux COFI et qu'elles puissent... Ce
serait certainement très souhaitable, mais de là à parler
d'incurie de la part du gouvernement précédent, je pense que vous
seriez mieux de vous adresser au gouvernement fédéral qui avait
pris unilatéralement cette décision.
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que j'ai
d'excellents conseillers et je voudrais rappeler à Mme la
députée de Maisonneuve que c'est en 1982 que le gouvernement
fédéral a mis fin à son programme; c'était le
programme de PAA. Les revendicateurs n'ont jamais eu le droit à des
cours de français. J'aimerais vous rappeler que, si votre gouvernement
pensait que c'était important que ces personnes aient droit à des
cours de français, rien ne vous empêchait de mettre sur pied un
programme pour ces personnes.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier.
Nouveaux pouvoirs donnés par l'entente du lac
Meech
M. Godin: Alors, pour rester dans le contexte constitutionnel
futur, Mme la ministre, je me permettrai, avant de passer à
l'élément 1, de vous poser quelques questions. Pour avoir
été associé aux négociations pendant quelques
années avec l'ancien gouvernement dont on a eu les derniers relents dans
la presse il y a quelques jours ou peut-être l'explication des
échecs répétés qu'on a connus, j'aimerais savoir de
quels programmes l'entente du lac Meech vous donnera la responsabilité,
éventuellement, si l'entente se précise. L'entente Robic... Quel
est votre homologue fédéral?
Mme Robic: M. Bouchard.
M. Godin: ...Robic-Bouchard ou Bouchard-Robic. Les femmes
d'abord, disons Robic-Bouchard.
Mme Robic: Je vous remercie, c'est vous qui l'avez
nommée.
M. Godin: ...se concrétise... Je !e souhaite depuis des
années, madame, qu'il y ait d'autres progrès qui soient faits,
même de mon temps. Donc, quels proqrammes vous seraient confiés et
quel budget? Quand on parle dans le document du lac Meech d'une
compensation juste, est-ce qu'on peut savoir, si vous en avez une
idée, quel montant vous serait confié pour concrétiser des
programmes? Est-ce que vous êtes en mesure dès maintenant de nous
dire de quels programmes il s'agit pour ce qui touche l'accueil et
l'intégration des réfugiés au Québec et quels
montants seraient rattachés à ce8 programmes?
Mme Robic: D'abord, ce sont des pouvoirs accrus en
sélection; c'est la sélection sur place qui représentait,
l'année dernière, 25 % de notre immigration. Donc, on
récupère là un pouvoir important de sélection sur
place. Déterminer nous-mêmes nos quotas d'immigration pour
s'assurer de notre poids démographique plus cinq - je pense que c'est
très important quand on voit ce qui se passe sur le plan de la
dénatalité au Québec ces dernières années -
et ce qu'on croit être les pouvoirs les plus importants,
c'est-à-dire dans l'accueil et les services de francisation. Le texte
dit bien: "...engagera le Canada à se retirer de tous services, à
l'exception des services relatifs è la citoyenneté, en
matière de réception, d'intégration, y compris
l'intégration linguistique - donc, cela comprend les COFÎ - et
culturelle des ressortissants étrangers lorsque des services sont
fournis par le Québec." Alors, si nous fournissons tous les services, le
fédéral va se retirer de tous les services avec juste
compensation. Vous comprendrez que nous sommes en ce moment à
négocier tous ces accords et à négocier les montants.
Alors, voua me permettrez de ne donner ici aucun montant.
M. Godin: Est-ce que cela inclura effectivement les pouvoirs de
déterminer les endroits au Québec où... D'abord, est-ce
que ce programme inclut les réfugiés, puisque de plus en plus, on
constate que les réfugiés comptent pour une part importante de la
masse démographique d'immigration chaque année au Québec?
Est-ce que les réfugiés sont couverts par ces programmes?
Mme Robic: Certainement. Nous récupérons tous ces
pouvoirs et je sais que c'est une condition qui vous tient è coeur, vous
me parlez souvent de l'établissement des immigrants ou des
réfugiés dans la province. J'ai regardé attentivement ce
qui avait été -fait et je vous avoue que je n'ai pas vu là
de solution. J'aimerais vous entendre là-dessus; vous en parlez sauvent.
Si vous aviez des solutions à nous offrir à ce sujet, je serais
très intéressée à entendre vos opinions. Vous avez
été ministre longtemps. Si vous pouvez me suggérer
certaines choses, c'est avec plaisir que je vous écouterai.
M. Godin: Je vous poserai plutôt une autre question, Mme la
ministre, si vous me le permettez. Nous savons dès maintenant que le
Québec a des pouvoirs que nous connaissons et ces pouvoirs lui
permettraient d'aller chercher dans les camps de réfugiés de
Thaïlande ou d'ailleurs en Asie du Sud-Est des réfugiés que
lui sélectionnerait et même qu'il pourrait franciser sur place,
comme cela s'est fait dans les camps de... J'ai su, selon des renseignements
qui me viennent de groupes d'ONG de la réqion de Sherbrooke, que des
programmes n'étaient même pas appliqués par l'actuel
gouvernement alors qu'il pourrait les appliquer et même sans attendre de
nouveaux programmes, de nouveaux pouvoirs. Donc, je vous pose la question:
Avant de songer à de nouveaux pouvoirs, quand appliquerez-vous les
pouvoirs que vous avez déjà qui vous permettraient de recruter,
de faire une sélection de réfugiés, choisis par vous dans
les camps de la Thaïlande?
Mme Robic: M. le Président, cela tombe très bien.
J'étais en Thaïlande au mois d'octobre et j'ai eu le qrand plaisir
d'être reçue à l'école du Québec en
Thaïlande. J'ai d'ailleurs beaucoup de photos qui ont été
prises avec les réfugiés qui ont été
sélectionnés par le Québec et dont certains sont
déjà arrivés au Québec, II y a toujours une
école qui est menée par une femme absolument dynamique -
rappelez-moi son nom -.,.
Une voix: Mme Lévesque.
Mme Robic: ...Mme Lévesque, avec l'aide de plusieurs
personnes sélectionnées qui étaient même venues
étudier au Québec, qui parlaient très bien français
et qui préparaient les gens qui apprenaient le français à
ces gens-là. C'est une initiative merveilleuse; je vous en
félicite, car c'est sous votre gouvernement que cela s'est passé.
Je vous avoue qu'après être allée dans ce camp j'ai bien
l'intention de garder cette école ouverte.
M. Godin: M. le Président, j'ai été
informé, ayant fait une tournée récemment dans les ONG du
Québec, à Sherbrooke, que Caritas-Sherbrooke - sûrement que
le sous-ministre va vous fournir des indications là-dessus - avait
formulé une demande auprès de votre ministère pour aller
recruter des réfugiés en Thaïlande en vue de les implanter
dans la région de Sherbrooke, en Estrie, et, malheureusement, il n'y a
pas eu de réponse positive à leur demande de subvention, ce qui
les a donc empêchés, madame, d'atteindre 'deux buts: d'abord, de
choisir des réfugiés dans les camps dont vous parlez, que vous
avez visités, è la grande joie d'ailleurs, me dit-on, des gens
qui attendent impatiemment depuis ce jour de venir au Québec,
eux-mêmes, vous
rejoindre... Donc, le but visé de choisir des gens sur place
parmi les réfugiés n'aurait pas été atteint et le
deuxième but dont je vous parte' depuis des années, soit
d'implanter les nouveaux Québécois en dehors de l'île de
Montréal, le Luxembourg dont parlait Mme la députée de
Maisonneuve. Donc, les deux buts ont été manques faute d'avoir
fourni à Caritas-Sherbrooke les moyens de recruter des
réfugiés déjà choisis par le Québec sur
place en Thaïlande et, deuxièmement, de les implanter, des les
enraciner en dehors du bassin montréalais.
Mme Robic: Je vous avoue qu'on a eu des conversations avec les
gens de Caritas-Sherbrooke qui nous demandaient une subvention à
l'intérieur d'une campagne de souscription qu'ils sont à faire.
Ils font du parrainage. Ils font affaire beaucoup plus avec le gouvernement
fédéral que nous. Je ne suis pas au courant qu'ils nous aient
fait une demande de parrainage. C'est une demande d'ordre financier qu'ils nous
ont faite. Je suis prête à entrer en communication avec
Caritas-Sherbrooke pour qu'on s'entende là-dessus. Nous ne refusons pas
à Caritas-Sherbrooke. Nous avons un COFI à Sherbrooke et nous
continuons à envoyer des gens dans cette région.
M. Godin: Donc, j'aviserai... Mme Robic: Excusez-moi. M.
Godin: Oui.
Mme Robic: M. le sous-ministre me rappelle que, quand vous
mentionnez que Caritas voudrait faire sa propre sélection, vous
comprendrez que, non, ce n'est pas tout à fait la façon dont on
fonctionne.
M. Godin: Non. Je pense que nous nous sommes mal entendus,
madame.
Mme Robic: Ah bon!
M. Godin: II s'agissait de gens déjà choisis par
nos représentants en Thaïlande et Caritas-Sherbrooke aurait voulu
les sélectionner, c'est-à-dire donner suite à la
sélection du Québec...
Mme Robic: Les parrainer? (16 h 45)
M. Godin: ...et les parrainer à Sherbrooke, donc, hors de
Montréal, dans une région où il y a déjà un
certain groupe d'immigrants qui s'intègrent, qui se francisent et qui
contribuent d'ailleurs au développement économique de la
région de Sherbrooke, de l'avis de tous ceux à qui j'ai pu parler
en passant là.
Je reviens avec ma question, Mme la ministre. Pourriez-vous nous donner
une idée concrète des programmes desquels le
fédéral se retirerait après l'application de l'accord du
lac Meech, les noms des programmes tels que vous les connaissez et quelles
seraient les fins de ces programmes? Pourriez-vous nous donner une ventilation
plus précise des programmes dont le fédéral entendrait se
retirer si, éventuellement, l'entente Robic-Bouchard se
concrétise?
Mme Robic: Je pense que le texte est très clair. Il dit
que ce sont tous les programmes, tous les services en matière de
réception, d'intégration, y compris l'intégration
linguistique et culturelle lorsque des services sont fournis par le
Québec. Donc, le fédéral devra se retirer de tous les
services que l'on veut donner et nous donner une compensation
financière.
M. Godin: Pourriez-vous être plus précise, Mme la
ministre?
Mme Robic: Je vous avoue que je n'ai pas la liste de leurs
services pour faire la ventilation avec les nôtres ici. Il me semble que
c'est assez clair, ce sont tous les services. S'ils sont donnés par le
Québec ils ne seront pas donnés par le fédéral.
Celui-ci va nous céder ces services que nous allons donner
nous-mêmes, avec compensation financière. Je pense que c'est assez
clair.
M. Godin: Sans vouloir être méchant, y compris les
bureaux à Mirabel?
Mme Robic: On verra. Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Un instantl Avez-vous
terminé, M. le député de Mercier? J'ai deux autres
intervenants.
M. Godin: Mme la députée de Maisonneuve?
Le Président (M. Trudel): Non. Avant Mme la
députée de Maisonneuve j'ai une demande de M. le
député d'Arthabaska. Il n'y a pas d'alternance stricte, mais je
les prends dans...
M. Godin: Nous suivons nos intérêts.
Le Président (M. Trudel): Allez-y, M. le
député d'Arthabaska.
Cours de français aux immigrants
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je reviendrais sur les
cours de français, les cours de francisation à l'intention des
revendicateurs. Si j'ai bien compris, à la page 10 de votre discours
vous avez parlé du cours pour les revendicateurs et, à la
page
14, d'un nouveau cours qui irait aux immigrants. Est-ce que ça
veut dire qu'il y aurait deux sortes de cours de francisation?C'est
sûr que le cours pour les revendicateurs, vous avez mentionné que
cela a donné une meilleure intégration à la grande
majorité québécoise. Est-ce que vous avez d'autres projets
pour compléter ces cours-là? C'est beau de donner des cours, mais
ils ne sont peut-être pas vraiment intégrés lorsqu'ils ont
fini ces cours-là. Est-ce que vous avez d'autres projets pour ça?
J'aimerais avoir d'autres précisions, mais je reviendrai sur l'autre
sorte de cours.
Mme Robic: D'accord. Oui, quand je suis arrivée au
ministère nous avons appris, notre métier et regardé les
dossiers. II était évident qu'il y avait des lacunes au niveau de
la francisation de certains groupes. Les revendicateurs, je vous l'ai dit tout
à l'heure, n'avaient pas le droit à des cours de français
et on se rendait compte que ces gens, parce qu'ils restaient ici, finalement,
avaient été lésés è ce niveau-là.
Un autre groupe avait été laissé pour compte, les
femmes immigrantes qui ne se destinaient pas au marché du travail, qui
se retrouvaient chez elles, souvent avec de jeunes, enfants, qui ne pouvaient
sortir facilement de chez elles et qui se trouvaient isolées,
finalement. Donc, il était important d'aider ces femmes immigrantes et
de permettre ainsi à l'unité familiale de s'intégrer.
Quand un membre aussi important de la famille ne parle pas français,
vous comprendrez que c'est plutôt difficile de faire
l'intégration.
L'an dernier nous avons mis un programme pilote en marche et cela a
été un succès. De ce programme pilote est sorti le nouveau
programme que l'on appelle PAFI aujourd'hui. C'est un programme qui permet
à des femmes immigrantes de suivre des cours dans leurs quartiers -
j'aime les appeler mes cours de quartier - où elles pourront avoir les
services de garde pour un certain nombre d'enfants. Ces services de garde se
feront en français. Donc, l'enfant qui est d'âge
préscolaire s'habituera également à entendre parler
français. On espère qu'il apprendra le français et qu'il
sera prêt au moment de commencer l'école, qu'il aura moins de
difficultés en commençant l'école. C'est un cours
important.
Il y avait eu également des cours de soir et de fin de semaine
qu'on a remis en marche pour permettre à ces femmes qui, souvent le
jour, ne peuvent pas sortir, encore une fois, ou qui sont plutôt libres
en fin de semaine de les suivre. Alors, nous avons tenté d'avoir des
cours sur mesure pour essayer de rejoindre le plus grand nombre de personnes
possible.
M. Gardner: Mme la ministre, est-ce que cela veut donc dire qu'il
va y avoir un seul cours de francisation et non pas deux?Est-ce que
l'expérience pilote est terminée?
Mme Robic: Non, mais il y a maintenant le nouveau programme COFI
et nous avons plusieurs programmes de cours. Nous avons des cours à
temps plein qui se donnent dans le cadre de3 programmes PNFE, nous avons des
cours è temps partiel, nous avons des cours sur mesure, nous avons des
cours PAFI, d'autres séries de cours qui sont plutôt faits pour
attirer les femmes, pour leur faciliter l'accès à ces cours de
français. Si on avait... Les cours pour revendicateurs, quand on me dit
que ce sont des cours à temps partiel, des petits cours, je vous dirais
que c'est juste, si c'est une série de cours que ces personnes suivent,
ce n'est peut-être pas assez pour les franciser, mais elles peuvent se
réinscrire à ces cours autant de fois qu'elles le croient
nécessaire pour maîtriser la langue. Alors, ce n'est pas
négligeable.
Si au cours de l'année on voit qu'on doit créer de
nouveaux cours, je suis très ouverte. Mon objectif est de franciser tous
ces nouveaux arrivants pour en faire des Québécois à part
entière.
M. Gardner: Merci beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui. Merci, M. le Président. Mme la ministre,
les revendicateurs de statut n'ont toujours pas droit à la formation
linguistique à temps plein dispensée par les COFI. Les
revendicateurs de statut peuvent maintenant bénéficier de ce
programme de francisation à temps partiel, comme vous le signaliez, qui
est, et je vais vérifier cela avec vous, payé pour la
moitié par le gouvernement fédéral. Est-ce que c'est le
cas ou si ce ne sont que le ministère et le gouvernement du
Québec qui assument seuls les dépenses encourues par ce programme
de francisation?
Mme Robic: Ce sont des cours à temps partiel qui se
donnent dans le cadre de nos cours è temps partiel. Mais nous avons
ajouté des cours.
Mme Harel: Mais ce programme, il est financé
entièrement ou en partie?
Mme Robic: C'est le même programme des cours à temps
partiel qui se donnent dans les commissions scolaires et dans nos COFI. Nous
avons tout simplement ajouté un nombre important de cours pour
répondre aux besoins des revendicateurs du statut de
réfugié.
Mme Harel: Je sais que mon collègue de Mercier reviendra
tantôt sur cette question de la dispensation des cours. Ma question
concerne le financement de ce programme de francisation qui est dispensé
à la CECM ou ailleurs dans les institutions scolaires. Est-ce que c'est
en partie financé par le gouvernement fédéral ou si c'est
entièrement assumé par Québec?
Mme Robic: Ce sont les mêmes cours qui se donnent à
temps partiel dans nos COFI, dans les commissions scolaires, dans nos
organisations de cours à temps partiel. C'est la même...
Mme Harel: Oui. Et le financement? Bon, d'une part, on sait que
les revendicateurs de statut, parce que le gouvernement fédéral
ne reconnaît pas leur droit à une formation linguistique à
temps plein dans les COR... Mais est-ce qu'il...
Mme Robic: Dans le programme PNFE. Le gouvernement
fédéral ne leur donne pas le droit de s'inscrire aux cours
à temps plein dans le programme PNFE. Ils n'ont pas non plus droit au
PAAA.
Mme Harel: Donc, il faut conclure que tous les programmes, tous
les services que vous dites récupérer è la suite de
l'entente du lac Meech ne changeront pas la situation pour les revendicateurs
de statut pour lesquels le gouvernement fédéral ne
reconnaît pas l'accès à la formation linguistique dans les
COFI. C'est donc une situation qui demeure inchangée.
Mme Robic: Et quand nous aurons récupéré
tous ces pouvoirs, nous aurons la possibilité de faire ce genre
de...
Mme Harel: Mais tous ces pouvoirs ne vous donneront aucune
compensation. Vous auriez présentement tout à fait le pouvoir
d'admettre tous les revendicateurs de statut si vous étiez prête
à les financer dans une formation linguistique à temps plein dans
les COFI.
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais encore relire
à Mme la députée de Maisonneuve le paragraphe qui dit
bien: engagera le Canada à se retirer de tous services en matière
de réception, d'intégration, y compris l'intégration
linguistique et culturelle des ressortissants étrangers lorsque des
services sont fournis par le Québec; pareil retrait devant s'accompagner
d'une juste compensation. Quand nous récupérerons les pouvoirs en
matière linguistique, nous récupérerons également
les budgets.
Mme Harel: Alors, on va bien se comprendre. Avec ce que vous
venez de dire: Pareil retrait doit être assorti d'une juste compensation.
Vous-même aviez siqnalé tantôt qu'il y avait eu retrait en
1982.
Mme Robic: Pas de programmes de cours de français, Mme la
députée de Maisonneuve; ils n'ont jamais eu le droit à des
cours de français. Ils avaient le droit au PAAA.
Mme Harel: Ces programmes sont-ils entièrement
financés actuellement? Je reprends ma question: Sont-ils
entièrement financés par le Québec, ces programmes de
francisation, ou sont-ils partagés présentement?
Mme Robic: Les proqrammes de PNFE des cours à temps plein
sont payés à 100 % par le gouvernement fédéral. Les
programmes de cours à temps partiel sont financés à 50 %
par le gouvernement fédéral et 50 % par le gouvernement du
Québec.
Mme Harel: Alors, tous les proqrammes de francisation
présentement seront entièrement compensés. C'est bien le
cas?
Mme Robic: Nous allons...
Mme Harel: Tous les proqrammes de francisation qui sont
actuellement...
Mme Robic: Le texte le dit. Nous verrons les textes juridiques,
mais nous allons récupérer tous les services, y inclus les
services linguistiques.
Mme Harel: Ca va pour les services. Récupérez-vous
toute la compensation?
Mme Robic: On dit: Une juste compensation. Nous sommes à
négocier ce que cela veut dire. Nous sommes à négocier
avec le fédéral ce que cela veut dire. Nous accepterons une
compensation. On va s'assurer que ces compensations couvrent nos besoins.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Mme la ministre, le 10 décembre dernier, vous
m'aviez dit en Chambre en réponse à une de mes questions que vous
étiez allée négocier à Ottawa des montants
importants, de 8 000 000 $ à 10 000 000 $, pour que des cours de
français soient dispensés à ces personnes, donc, les
réfugiés et avant qu'elles aient leur nouveau statut. Avez-vous
obtenu quoi que ce soit de la part du fédéral de ce montant et
est-ce que je peux conclure, d'après ce que vous venez de dire à
ma collègue de Maisonneuve, que les 400 000 $ pour les
cours de français sont partagés à moitié par
le fédéral et que ce montant est dans les 400 000 $? Le cours de
français à temps partiel pour les requérants.
Mme Robic: Je ne comprends pas vos 400 000 $.
M. Godin: Les 400 000 $...
Mme Robics Non, non, du tout. Le PAFI, c'est un programme
complètement séparé des autres; d'accord?
M. Godin: Donc, c'est purement le Québec.
Mme Robic: Quand on parlait des 10 000 000 $, c'était pour
les revendicateurs dont le statut était régularisé,
arrivés avant le 22 mai 1986 et qui voyaient leur statut
régularisé, qui devenaient des résidents permanents. Quand
nous avons évalué le nombre de revendicateurs, il y avait une
possibilité de 11 000 revendicateurs - vous vous souvenez - dans cet
arrérage. Nous avions calculé que, pour franciser ces gens qui
auraient droit à ce moment aux cours à temps plein dans les COFI
parce qu'ils devenaient des résidents permanents, si ces personnes
avaient droit à ces cours, cela représentait un montant de 10 000
000 $.
Nous avons commencé le processus et c'est sûr que, comme
ils sont ici depuis plusieurs années, malheureusement, parce qu'ils
n'ont pas eu le droit à des cours de français, plusieurs de ces
personnes parlent l'anglais. Comme en ce moment c'est le gouvernement
fédéral qui décide qui a droit à ces cours dans le
programme PNFE, nous réalisons que les montants... Tout le monde n'a pas
droit à des cours de français à temps plein,
malheureusement. C'est sûr que là on ne parle plus de 10 000 000
$, mais chaque personne qui devient résidente permanente dans ce
programme a le droit au cours de PNFE quand le gouvernement
fédéral prend la décision que oui ces gens ont droit
d'avoir un cours de français. Donc, les sommes sont là. C'est
automatique, ces gens ont droit au PNFE et, également, aux
allocations.
M. Godin: M. le Président, au fond, puisque ces personnes
partent du statut de requérant au statut d'immigrant reçu, pour
ainsi dire...
Mme Robic: Oui.
M. Godin: ...donc, il n'y a pas de changement puisque les
immigrants reçus ont toujours eu droit à des cours de
français COFI de 1000 à 1200 heures, si je me souviens bien du
chiffre déjà mentionné. Ces personnes ont donc droit
à ces 1000 ou 1200 heures de français payées par le
fédéral dans le cadre du PNFE.
Mme Robic: C'est ça. (17 heures)
M. Godin; Est-ce que le PNFE est toujours à 300 000
jours-élèves?
Mme Robic: Oui.
M. Godin: Donc, c'est le statu quo...
Mme Robic: Cela n'a pas changé.
M. Godin: Donc, c'est le statu quo, si je comprends bien.
Mme Robic: Bien, écoutez, c'est le statu quo... Le
proqramme PNFE n'a jamais changé, non. C'est toujours le même
programme. Les revendicateurs ne sont pas reconnus comme
réfugiés, ils sont reconnus comme résidents permanents,
donc ils ont les mêmes droits que toute personne, tout immigrant reconnu
comme...
M. Godin: Ils entrent dans les 300 000 jours-élèves
du PNFE.
Mme Robic: C'est cela, oui. C'est le cours normal du PNFE; il n'a
pas changé.
Mme Harel: M. le Président, dans le même sens...
Le Président (M. Trudel): Oui, madame.
Mme Harel: ...ceux qui sont parmi les 11 000 autorisés, si
vous voulez, retenus, plutôt, comme immigrants, ceux parmi eux qui le
sont ont droit maintenant au COFI. Vous nous ditess Bon nombre d'entre eux n'en
profitent pas, étant entendu qu'ils ont eu un transfert linguistique
anglophone.
Mme Robic: Oui, surtout...
Mme Harel: Mais ceux qui ne le sont pas, Mme la ministre, ceux
parmi les 11 000 qui n'ont pas été - puisque, maintenant, le
processus est presque terminé - autorisés è devenir des
résidents permanents et qui demeurent des revendicateurs du statut de
réfugié, ceux-là ont-ils accès, actuellement, au
programme de francisation à temps plein?
Mme Robic: D'abord, je voudrais vous dire que la raison
principale qui fait que ces revendicateurs qui deviennent résidents
permanents dans ce programme administratif n'ont pas droit au cours de PNFE
parce que, pour la plupart, ils travaillent. Donc, cela ne s'applique pas
à ces qens. Quant aux autres, ce sont des revendicateurs du statut de
réfugié et ceux-ci ont droit à des cours de
français.
Mme Harel: Et ces cours de français sont des cours
à temps partiel; ce ne sont pas les cours qui pouvaient être
dispensés dans le cadre du programme de 10 000 000 $, donc...
Mme Robic: C'est cela.
Mme Harel: ...des cours dans le COR.
Mme Robic; C'est cela.
Mme Harel: Quel est le pourcentage de ceux qui parmi les 8000 ont
présenté des documents dans leur dossier faisant état de
diplômes obtenus dans des établissements d'enseignement
anglophone, soit le Protestant School Board of Greater Montreal, dans le cas
d'études régulières au niveau secondaire, ou encore de
diplômes d'études collégiales dans des collèges
comme John Abbott ou d'autres collèges de langue anglaise?
Mme Robic: M. le Président, je n'ai pas ces
données.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que Mme la ministre
pourrait s'informer et nous déposer ces données? Elles sont
certainement connues du ministère.
Mme Robic: Écoutez, ce sont des milliers de personnes qui
passent dans ces mesures administratives. Je vais vous dire franchement...
Allez-y, M. Vigneau.
M. Vigneau (Régis): La question...
Le Président (M. Trudel): Voulez-vous vous identifier,
toujours pour le Journal des débats, M. le sous-ministre?
M. Vigneau: Régis Vigneau, sous-ministre au
ministère.
Le Président (M. Trudel): Merci.
M. Vigneau: Ces données, nous ne les avons certainement
pas pour tous les dossiers puisqu'il faut bien comprendre que le programme de
régularisation administrative des revendicateurs était
essentiellement basé sur la capacité du revendicateur à
faire la preuve qu'il s'était bien intégré, et
particulièrement au monde du travail. Donc, il n'y avait pas une grille
de sélection dans laquelle on jugeait des années de
scolarité où il fallait présenter des preuves de
diplôme; c'est qu'il fallait beaucoup plus, c'était de
présenter des preuves qu'on travaillait. Dans ce sens-là, on a
beaucoup plus de renseignements sur ceux qui travaillent ou qui ne travaillent
pas, mais on a peu de renseignements - certainement pas d'une façon
systématique - sur les études complétées, soit
à l'étranger, soit ici au Québec.
Intégration par l'occupation
Mme Harel: Oui. Est-ce que la question ne se pose pas que la
preuve d'intégration pouvait être apportée aussi bien par
l'occupation, qui était, à ce moment-là, une sorte de
garantie d'intégration, que par le diplôme? Des personnes
pouvaient obtenir une résidence permanente en invoquant avoir,
justement, mené des études qui leur permettaient, leur assuraient
une intégration. D'autre part, est-ce que, d'une façon
systématique, n'ont pas été écartées les
personnes qui, de bonne foi, avaient participé à des programmes
d'emploi, mais subordonnés à l'opération Déclic,
qui a comme critère que la personne qui y participe doit recevoir de
l'aide sociale, être prestataire de l'aide sociale? Plusieurs personnes
qui avaient été informées par des organisations de bonne
foi quant à l'efficacité de participer à des travaux
communautaires ou quelles que soient les opérations dans le cadre de
l'opération Déclic, ont été, semble-t-il, à
leur grand étonnement et stupéfaction, systématiquement
écartées pour la raison qu'elles étaient
bénéficiaires de l'aide sociale, même si elles
participaient à des programmes de travaux communautaires.
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que dans ces
mesures administratives nous voulions être, et le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, très souples.
C'étaient des personnes qui étaient ici depuis plusieurs
années, je vous l'ai dit, et pour la plupart elles s'étaient
intégrées. C'étaient des personnes qui travaillaient, donc
ce n'était pas une question d'appliquer une grille de sélection
comme nous l'appliquons à l'étranger pour sélectionner ces
personnes. Il s'agissait de s'assurer que ces personnes pouvaient ou avaient pu
s'intégrer pendant les années où elles avaient vécu
au Québec. C'est bien sûr que l'employabilité jouait un
très grand rôle dans cette détermination. Vous avez raison,
il s'agissait également de pouvoir évaluer à travers
certains diplômes si elles pouvaient s'intégrer. On regardait le
dossier de certaines personnes. Je veux vous rassurer: 77 % ont
été acceptées jusqu'à aujourd'hui et les autres
peuvent refaire leur demande en tant que réfugiées. Donc, elles
ne sont pas reçues dans ce processus comme résidentes
permanentes, mais elles peuvent refaire le processus et demander d'être
reçues comme réfugiées. Alors, elles auront droit à
un appel et, à ce moment, tous leurs diplômes, si vous voulez,
compteront dans la balance.
Le Président (M. Trudel): Allez-y!
Mme Harel: Je veux juste terminer sur cette question, M. le
Président. Je pense que le fédéral n'a pas reconnu...
Parmi les critères administratifs, vous nous rappelez que c'est une
sélection administrative et que les critères utilisés par
les fonctionnaires provinciaux étaient des critères
fédéraux.
Mme Robic: Non, je voudrais tout de suite vous dire que nous
avions nos critères québécois qui...
Mme Harel: Oui.
Mme Robic: ...bien sûr, s'agençaient avec les
critères fédéraux. Mais c'étaient des
critères...
Mme Harel: Ma question est la suivante: Avez-vous fait
reconnaître par le gouvernement fédéral les politiques
d'employabilité mises en place par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu du Québec qui
assure aux bénéficiaires de l'aide sociale des mesures
d'employabilité leur permettant de participer à des programmes?
À la lumière des informations que j'ai obtenues,
systématiquement, tout bénéficiaire de l'aide sociale a
été écarté et n'a pu obtenir l'autorisation de sa
résidence permanente et est redevenu demandeur de statut parce que
Québec n'a pas fait respecter par le fédéral ses propres
politiques d'employabilité et ses propres orientations en matière
d'employabilité. Plusieurs organismes d'accueil avaient amené un
bon nombre de revendicateurs de statut à faire partie de ces programmes
dans la mesure, justement, où ils voulaient participer activement
à la vie de la société.
Mme Robic: Je voudrais vous dire que c'est sûr que
l'employabilité jouait dans la balance. C'était fort important.
Je regarde les statistiques ici et je dois vous dire qu'on n'a certainement pas
écarté toutes les personnes qui étaient sur l'aide
sociale. Nous avons ici 685 personnes, soit 10 %, qui ont été
acceptées pour des considérations humanitaires. Alors,
déjà là, on jugeait de leur cas. Je pense que les
personnes sur place ont montré beaucoup de souplesse à traiter de
ces dossiers. Elles cherchaient tous les moyens de pouvoir les accepter
à travers ces mesures administratives. Encore une fois, toute personne
qui a été refusée peut faire appel au gouvernement et
demander d'être reçue comme réfugiée.
Mme Harel:M. le Président, je voudrais bien comprendre,
là. Pour des considérations humanitaires, dites-vous, mais cela
ne signifie pas les prestataires de l'aide sociale. Est-ce exact ou inexact que
les prestataires de l'aide sociale ont été
écartés?
Mme Robic: On me dit que non, pas systématiquement.
Mme Harel: C'est-à-dire pas systématiquement, ni
régulièrement. Qu'elles participent ou pas à des
programmes d'employabilité.
Mme Robic: Répondez donc!
M. Vigneau: Pour bien comprendre les mécanismes qui ont
prévalu à ce traitement des cas administratifs, lorsque le
gouvernement du Québec a fait adopter un règlement - parce que
nous avons fait adopter notre propre règlement pour pouvoir traiter des
dossiers dans le cadre de la loi fédérale - il a
été dit qu'on acceptait, pour avancer les dossiers, de prendre
tous ceux qui avaient fait la preuve qu'ils s'étaient bien
établis au Canada ou au Québec. Sur les 6856 personnes qui ont
été acceptées, il y en a 3331 qui l'ont été
parce qu'elles ont fait la preuve qu'elles étaient bien établies.
Il y en a 2733 qui ont été acceptées parce qu'elles ont
fait la preuve que, sans être complètement établies,
pouvant donc être bénéficiaires de l'aide sociale, elles
avaient, de par leurs qualités personnelles, un potentiel jugé
suffisant pour bien s'établir.
Il y en a 685, comme le disait Mme la ministre, qui, sans pouvoir faire
cette preuve d'un établissement profitable, ont été
acceptées pour des raisons humanitaires. Mais à aucun moment il
n'y a eu de directive d'émise pour qu'on écarte
systématiquement les gens de l'aide sociale. Il n'y a vraiment aucune
directive qui ait été émise à cette fin, mais il
est sûr que la personne qui bénéficie de l'aide sociale a
plus de difficulté à prouver son employabilité que la
personne qui travaille depuis deux ans.
Mme Harel: M. le sous-ministre, c'est tout à fait...
Le Président (M. Trudel): Mme la Présidente,
puis-je...
Mme Harel: Mme la Présidente?
Le Président (M. Trudel): Excusez-moi. C'est parce que Mme
la députée de Maisonneuve est vice-présidente de la
commission. Je vous ferai remarquer que vous n'adressez pas vos questions
directement... selon une de vos propres décisions, d'ailleurs, qui date
du 11 avril 1984 - il me fait plaisir de vous le souligner - mais vous adressez
vos questions à Mme la ministre qui, elle, si elle le veut bien,
cède la parole à son sous-ministre. Cela va?
Mme Harel: Je vous remercie. Mme la ministre, est-ce à
dire que les politiques d'employabilité... Il ne faut pas confondre
aide
sociale et politiques d'employabilité. On sait que le
gouvernement du Québec n'a pu faire reconnaître un financement par
le gouvernement fédéral de ses politiques d'employabilité
que par besoins spéciaux dans le cadre du régime d'assistance
publique du Canada. Donc, les personnes qui sont dans les programmes
d'employabilité du gouvernement du Québec le sont à titre
de prestataires d'aide sociale avec un supplément. C'est là, en
fait, la réalité avec laquelle nous avons à vivre
présentement, compte tenu du financement fédéral.
C'est donc un paradoxe d'entendre, d'une part, que l'aide sociale est
contradictoire avec l'employabilité puisque nos programmes
d'employabilité supposent que les personnes soient
bénéficiaires de l'aide sociale. Est-ce qu'on a tenu compte des
programmes d'employabilité lorsque des personnes se présentaient,
étant requérantes d'une résidence permanente?
Mme Robic: Permettez-moi de vous dire que je ne crois pas que
cela ait joué contre elles puisque, même si quelqu'un avait
été bénéficiaire de l'aide sociale au moment
où il se présentait, s'il avait travaillé pendant un an,
il était considéré comme employable. Donc, il y avait un
genre de considération dans la détermination de ceux qui
pouvaient demeurer ou non, qui pouvaient être reçus comme
résidents permanents. Ce serait faux de prétendre que d'avoir
joui de programmes provinciaux les aurait défavorisés.
Mme Harel: Est-ce que le processus de sélection
accélérée est terminé?
Mme Robic: Pas tout à fait, mais cela achève. On me
dit à la fin du mois.
Mme Harel: Les 16 000 nouveaux requérants depuis les deux
dernières années sont-ils susceptibles d'un processus
semblable?
Mme Robic: Nous l'espérons. Nous en avons discuté
avec le ministre fédéral et nous espérons que ce processus
pourra s'étendre à ces personnes. (17 h 15)
Mme Harelî Une dernière question, M. le Président.
Est-ce que cela faisait partie du règlement que le fonctionnaire du
ministère propose que l'entrevue se fasse dans l'une des deux langues
officielles? Est-ce qu'il ne serait pas plutôt souhaitable que le
ministère assure des entrevues dans la langue d'origine ou dans la
langue officielle du Québec? Estrce qu'il est exact que l'ensemble de
ces entrevues, qui se terminent maintenant, ont été faites, pour
la très grande majorité d'entre elles, dans la langue
anglaise?
Mme Robic: Comme on le disait tout à l'heure,
malheureusement, il y en a un certain nombre qui se sont intégrés
à la communauté anglophone. Encore une fois, quand on tente
d'aider des personnes, de régulariser des statuts, l'important, c'est
d'être compris. Ensuite, l'important est de s'assurer que ces personnes
puissent apprendre le français. C'est ce qu'on fait.
Mme Harel: Mais c'est bien compris que ces personnes ne se sont
pas inscrites aux cours, malgré le fait qu'elles auraient eu droit
à des cours à temps partiel au COFI. C'est un faible
pourcentage.
Mme Robic: Vous comprenez mal.. Certaines de ces personnes ont
droit à des cours PNFE; elles se sont inscrites et elles ont droit
à des cours à temps partiel. Je ne vois pas, surtout quand on a
constaté la popularité de nos cours pour les revendicateurs, ces
personnes voudront certainement s'inscrire à des cours à temps
partiel.
Mme Harel: Mais n'est-ce pas vous-même qui venez de nous
signaler, il y a peu de temps, que, sur ces 10 000 000 $ que vous avez obtenus,
très peu d'arqent a pu être dépensé à cause
du nombre restreint d'inscriptions?
Mme Robic: Non. Les 10 000 000 $ étaient pour des cours
dans le programme PNFE, des cours à temps plein qui sont destinés
à des personnes qui se dirigent vers le marché du travail, mais
qui ne travaillent pas actuellement. Nous avons dans ce processus
découvert que la majorité de ces personnes travaillent. Donc,
elles n'ont pas droit aux cours de PNFE à temps plein, mais elles ont
droit, comme tout résident permanent, à des cours à temps
partiel, et elles peuvent se réinscrire aussi souvent qu'elles le
veulent à ces cours à temps partiel.
Mme Harel: Parfait!
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce que vous avez terminé?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Trudel): Je reconnais maintenant M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir de la
part de la ministre, si c'est possible... Vous avez parlé de la
Thaïlande où il y a une école française et une
école québécoise. Ces écoles s'adressent à
quelles clientèles?
Mme Robic: Cette école se trouve à
l'intérieur d'un camp de réfugiés, à Phanatnikon.
Les réfugiés qui se retrouvent dans ce camp sont
sélectionnés par les différents pays. Les
réfugiés de ce camp qui sont sélectionnés par le
Québec vont à cette école du Québec où ils
apprennent le français, comment on vit au Québec, quelles sont
nos traditions, notre façon de vivre. Quand ils arrivent ici, ils ont
déjà une petite connaissance du français et de notre
culture et, bien sûr, savent qu'ils auront à vivre en
français. C'est un pas important. C'est, d'ailleurs, une
nécessité pour le Québec de sélectionner ses
immigrants et ses réfugiés. Quand on le fait nous-mêmes,
c'est bien sûr qu'ils savent que, lorqu'ils choisissent le Québec,
ils le font librement et qu'ils auront à vivre en français.
M. Khelfa: Je continue, M. le Président. Vous avez
mentionné que vous aviez pris des photos de ces personnes. Nous, de ce
côté de la Chambre, on ne va pas vous demander de les
déposer, mais, si je comprends bien, M. le Président, Mme la
ministre fait des efforts extraordinaires pour que le contact avec le
Québec se fasse avant leur arrivée à Dorval ou à
Mirabel -dans mon temps, c'était Dorval. Cela veut dire que, quand ils
arrivent, ils savent quelle sorte de société, quelle sorte
de...
Une voix: Distincte.
M. Khelfa: ...société distincte, effectivement,
à quelle sorte de culture ils doivent s'attendre. Donc, les efforts sont
dirigés vers la préparation de ces personnes et, par
conséquent, le contact à Mirabel est vraiment une petite
formalité.
Mme Robic: Nous pensons justement qu'en récupérant
tous les pouvoirs de sélection - c'est là que c'est important -
les personnes qui viennent chez nous, que ce soient des immigrants ou que nous
allions dans les camps de réfugiés sélectionner ces
personnes, quand le Québec le fait, c'est bien sûr que ces
personnes sont bien Informées, â savoir que le Québec est
une province francophone, qu'ils auront à vivre en français,
qu'ils auront à travailler en français, que leurs enfants iront
à l'école française. Ils ont accepté cela. Donc,
vous comprendrez que, quand ils arrivent, c'est certainement plus facile pour
nous de les aider à s'intégrer.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Richelieu. Je reconnais maintenant M. le
député de Mercier.
Cours de français accessibles dans les
COFI
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. J'aimerais
savoir de la ministre, puisque l'entente PNFE à laquelle trois
ministères participent, si je me souviens bien, est signée pour
trois ans, si, chaque année, il y a le même nombre de
jours-élèves qui est prévu dans l'entente pour ce qui
concerne l'immigration et les cours de français aux immigrants
reçus, cours de français accessibles dans les COFI.
Mme Robic: C'est juste. Nous avons toujours un pourcentage de
l'enveloppe des programmes PNFE, qui est de quel ordre?
Une voix: Actuellement, cela tourne toujours autour de 300 000,
325 000 jours-élèves.
Mme Robic: C'est 300 000, 325 000 jours-élèves, me
dit-on, et cela représente un pourcentage constant de l'enveloppe de ces
programmes PNFE.
M. Godin: Donc, il n'y a aucun ajout par rapport aux
années qu'on vient de vivre. L'entente court à partir de quelle
année? Elle se termine en quelle année, Mme la ministre?
Mme Robic: Elle vient d'être signée, en 1987.
M. Godin: Et c'est pour 300 000 en 1987, 300 000 en 1988 et 1989,
si je comprends bien.
Mme Robic: II y a une progression, je pense, qui se fait
d'année en année, mais je vous avoue que je ne pourrais pas vous
dire ce que cela représente. C'est une répartition qui se fait
chaque année. C'est à revoir chaque année.
M. Godîn: D'accord. Dans le cadre de Meech, M. le
Président, quelles sont les intentions de la ministre par rapport aux
COFI et aux cours accessibles aux immigrants reçus dans les COFI? Est-ce
que le ministère va récupérer les COFI? Puisqu'il n'y aura
plus de verrou budgétaire venant du fédéral sur une
entente PNFE éventuelle grâce aux retombées positives de
l'entente du lac Meech, miraculeuse même, devrais-je dire, est-ce que la
ministre a l'intention d'ouvrir ses COFI, les COFI du ministère, dis-je,
davantage à d'autres groupes qu'aux personnes déjà
déterminées par le PNFE depuis des années? Puisque
maintenant vous serez souveraine là-dedans, que voulez-vous de votre
souveraineté?
Mme Robics Je pense que cela fait maintenant au-delà de deux
heures, si je ne me trompe pas...
M. Godin: Dans cinq minutes, madame.
Mme Robic: ...deux heures qu'on parle de cours de
français. Si je ne vous ai pas convaincu de mes convictions»
à savoir faire tout en mon pouvoir pour faciliter l'accès
à tous les cours de français, et même d'inventer des cours
de français, pour pouvoir rejoindre le plus grand nombre de
ressortissants étrangers possible, je ne sais pas ce que je vais
être obligée de faire. Vous allez être obligé
d'attendre mes actions. J'en ai fait, j'en poserai d'autres.
M. Godin: M. le Président, précisément parce
que vous êtes si convaincue, la question est d'autant plus facile de
répondre à la question. Que ferez-vous de vos COFI quand vous en
serez reine et maîtresse sans le verrou budgétaire
fédéral?
Mme Robic: Vous verrez. Si on peut voir une activité plus
importante dans nos COFI, nous allons voir. Cependant, je dois vous dire que
nos COFI sont pas mal occupés en ce moment. C'est assez extraordinaire
de voir le nombre de cours qui se sont ajoutés. Nous en ajoutons tous
les jours. On me donne des statistiques sur les cours aux revendicateurs. C'est
tous les jours qu'on change ma feuille pour me donner une nouvelle statistique.
Nous avons l'intention de faire de la francisation des immigrants et des
réfugiés notre priorité.
M. Godin: Nous nous en réjouissons, Mme la ministre et M.
le Président, mais vous pensez bien que notre rôle ici, comme
Opposition, est d'aller jusqu'à l'os dans la réalité et de
voir s'il n'y a pas derrière ces beaux discours je le sais pour en avoir
fait moi-même pendant plusieurs années...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Godin: ...des choses plus concrètes encore que ce qu'on
peut rêver ou imaginer dans les plus farfelus de nos rêves.
Mme Robic: Je dois vous dire, M. le député de
Mercier, que j'ai peut-être un peu plus de succès. Peut-être
que mes confrères et consoeurs au Conseil des ministres sont plus
convaincus que les vôtres ne l'étaient à la
nécessité de franciser tous les nouveaux arrivants.
M. Godin: Ou peut-être que l'Opposition les a
assimilés davantage pour être généreux avec
vous.
Mme Robic: Si l'Opposition...
M. Godin: L'Opposition, en posant des questions...
Mme Robic: Ahî
M. Godin: ...a peut-être joué un rôle
aussi...
Mme Robic: Merci. Si vous me facilitez la tâche,
j'accepte.
M. Godin: On est là pour cela, madame.
Mme Robic: J'accepte.
Le Président (M. Trudel): Avez-vous terminé, M. le
député de Mercier?
M. Godin: Madame ma collègue...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Cette unanimité dans le désir de
franciser et la reconnaissance de la nécessité de franciser
étant entendues, Mme la ministre, est-ce que vous entendez donner suite
à la demande des organisations de femmes - je pense au Collectif des
femmes immigrantes - d'admettre les femmes parrainées qui sont
travailleuses au foyer et qui voudraient pouvoir obtenir une formation
linguistique à temps plein dans les COR?
Mme Robic: Vous comprendrez qu'en ce moment ces femmes
parrainées ont droit aux cours à temps partiel, ont droit aux
cours de PAFI. Les cours de PAFI sont pour ces femmes parrainées,
justement, qui ont des problèmes. C'est plus difficile pour elles de se
déplacer, elles ont souvent des enfants d'âge préscolaire.
Des fois, c'est plus compliqué de les amener dans nos COFI. Elles ne
peuvent voyager, elles ne peuvent être loin de leur domicile. Nous avons
créé ce programme PAFI pour répandre à ce
besoin-là. Quand j'appelle ce programme PAFI mon programme de quartier,
c'est pour faciliter à cette femme-là l'accès à des
cours de français sans qu'elle ait à se déplacer de son
quartier. On lui fournit également la possibilité de qarderies
sur place. Ces cours sont réellement dirigés vers la femme
parrainée.
Mme Harel: M. le Président, il y a certainement une
combinaison de facteurs qui font que certaines femmes parrainées peuvent
se satisfaire de ces cours à temps partiel, mais que d'autres, et c'est
le cas parce qu'il y a une demande qui a été adressée
à Mme la ministre à cet effet, je pense, souhaiteraient avoir un
traitement qui leur permette l'accès à la formation linguistique
en COFI à temps partiel dans le sens où l'abordait mon
collègue, le député de Mercier, puisque vous aurez, comme
vous le disiez si bien tantôt, tous les programmes et
tous les services. Est-ce que vous avez l'intention de donner suite
à cette demande?
Mme Robic: D'ailleurs, j'ai déjà commencé.
J'ai écrit à mon homologue fédéral lui demandant
d'admettre ces femmes parrainées à des cours à temps
plein. Si nous récupérons tous ces pouvoirs et s'il m'est
possible de le faire, voua pouvez être sûre que nous permettrons
à ces femmes d'avoir accès à ces cours.
Mme Harel: Vous parlez de pouvoirs.
Vous allez récupérer sans doute les pouvoirs, mais, si
vous ne récupérez pas la compensation...
Mme Robic: Nous allons récupérer la compensation,
c'est écrit en noir sur blanc dans l'entente du lac Meech. En avez-vous
une copie? M. le Président, peut-être qu'on pourrait avoir une
copie de nos ententes.
Mme Harel: Oui. Cette compensation...
Le Président (M. Trudel): Si vous les déposez, Mme
la ministre, on l'acceptera, mais...
M. Godin: Si c'est un texte juridique, on va le prendre, mais si
c'est...
Mme Harel: Cette compensation dont vous parlez... Si c'est juste
le communiqué de presse, on peut vous le laisser.
M. Godin: On l'a. Mme Robic: Ah!
Mme Harel: Mais cette compensation, Mme la ministre, ne viendra
que des services déjà offerts. Les femmes parrainées
réclament, et elles vous l'ont indiqué à plusieurs
reprises, d'avoir accès à des cours auxquels elles n'ont pas
encore accès. Est-ce que vous pensez obtenir une compensation du
fédéral sur cette formation linguistique qui n'est pas accessible
présentement? C'est ça ma question.
Mme Robic: Vous comprendrez que je vous ai dit tout à
l'heure que nous étions en négociation quant aux budgets. Je ne
m'aventurerai pas sur ce terrain-là en ce moment. Tout ce que je peux
vous dire, c'est que je suis convaincue de la nécessité de
permettre à ces personnes d'avoir droit à ces cours. À
preuve, j'ai demandé à mon homologue fédéral de
leur permettre d'avoir droit à ces cours.
Mme Harel: Mais pensez-vous pouvoir obtenir une compensation pour
les cours qui ne sont pas dispensés parce que le fédéral
ne les finance pas actuellement?
Mme Robic: Je ne veux pas élaborer sur des choses que je
pourrais seulement espérer.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Mercier.
Réduction des subventions aux organismes
M. Godin: Merci, M. le Président. Je voudrais aborder
maintenant, toujours à l'élément 1, la question de ce
qu'on appelle les paiements de transfert au Trésor, c'est-à-dire
les subventions aux organismes. Je note une coupure, une réduction de
235 000 $ dans vos subventions aux organismes, dans vos crédits. Comment
justifiez-vous cette coupure de 235 000 $ et comment les
répartissez-vous entre les divers programmes?N'est-ce pas de
là que viennent vos 400 000 $ dont vous vous targuez depuis quelques
mois pour les cours de français?Ayant été au
Trésor pendant dix ans, j'imagine que le Trésor a dû vous
dire, face à votre demande: Écoutez! Coupez donc ici et on va
vous le donner. N'est-ce pas ce qui s'est passé, madame, au moins pour
une partie de ce PAFI? Sur deux ans, nous aurons donc une coupure des
subventions aux organismes de 470 000 $, en fait. Comment pouvez-vous nous
expliquer ou nous justifier cette coupure de 235 000 $ par année dans
vos subventions? Qu'est-ce qui justifie une telle coupure?(17 h
30)
Mme Robic: Non. Je vous le dis tout de suite, pour notre
programme PAFI, l'argent ne vient pas de ces coupures. Vous avez raison, pour
certains, quand nous avons fait nos budgets, nous avions à subir des
compressions budgétaires comme tous les autres ministères. Nous
avons fait certaines coupures, mais je voudrais vous rappeler que dans ces
chiffres n'apparaissent pas les montants additionnels que nous sommes
allés chercher au Conseil du trésor. Donc, si nous ajoutons ces
montants, ce ne sont pas des coupures que nous avons, mais plutôt une
augmentation des subventions puisque nous devons ajouter un montant de 300 000
$ qui va aux organismes non gouvemementaux.
M. Godin: Pour les réfugiés, Ies
requérants.
Mme Robic: C'est cela. Parce qu'ils ont des besoins
additionnels.
M. Godin: Mais il y a toujours en file, à la porte de
votre ministère, des demandes des organismes qui ne sont pas des ONG et
qui ne sont pas destinés aux réfugiés et eux vont
sûrement se plaindre de ne pas avoir eu leur manne annuelle. Que leur
dites-vous
pour justifier une coupure de 235 000 $ pour " l'année en
cours?
Mme Robic: D'abord, je leur dis qu'on a coupé dans
certaines activités. Cependant, je pense que les organismes ont
très bien compris qu'il fallait qu'eux aussi subissent certaines
coupures. Nous avons essayé d'être le plus humain possible, nous
avons essayé plutôt d'aller couper ailleurs au sein du
ministère; mais, oui, il y a eu de légères coupures. Je
pense qu'aucun organisme n'a souffert indûment de ces coupures. Nous
avons réalisé, avec la venue des revendicateurs, des besoins
additionnels pour les ONG. C'est là que doit s'ajouter un budget de 300
000 $ qui n'apparaît pas ici, mais qui fait partie du montant de 2 000
000 $ que je suis allée chercher au Conseil du trésor.
M. Godin: Mme la ministre, une question très
spécifique au sujet du Black Community Center. Il avait
été subventionné dans le passé pour, je crois, 50
000 $ ou 45 000 $, et, là, vous avez prolongé la subvention d'un
autre montant de 60 000 $, ce qui est une partie importante de l'enveloppe
allouée au centre communautaire. Il y avait des critères è
l'époque. J'aimerais savoir ce qui fonde votre décision de
renouveler la subvention au Black Community Center.
Mme Robic: Je cherche exactement parce que ce n'est pas un
montant additionnel de 60 000 $ que je lui ai donné.
M. Godin: C'est un montant de 45 000 $ de votre part et,
précédemment, cela avait été 60 000 $.
Mme Robic: C'est 45 000 $. Oui, oui.
M. Godin: C'était le contraire, n'est-ce pas?
Mme Robic: D'accord. Je dois vous dire, M. le Président,
que j'ai imité peut-être mon prédécesseur à
ce niveau. J'ai fait, comme je vous l'ai souvent dit, des minorités
visibles une de mes priorités.
Le Black Community Center avait eu une subvention de vous. Il s'est
établi. Il y a une association qui fait partie de cela et eux
n'étaient pas organisés. 11 y avait du travail à faire
pour organiser leurs locaux. Je vous avoue que j'ai pensé que
c'était assez important. Le Black Community Center se retrouve dans le
coin de Snowdon. Vous êtes au courant des problèmes qu'on retrouve
dans ce coin. Je voulais permettre à tous ces jeunes et à la
communauté noire de Snowdon d'avoir un endroit adéquat où
elle pouvait se rencontrer et donner des services. C'est cet objectif que je
visais en octroyant 45 000 $ au centre communautaire.
M. Godin: Je comprends qu'il y a une priorité qui a
été modifiée en faveur des minorités visibles.
Mme Robic: C'est juste.
M. Godin: Alors, cela répond à ma question, M. le
Président, et j'endosse votre décision, Mme la ministre.
Mme Robic: Merci beaucoup, M. le député.
Le Président (M. Trudel): Y a-t-il d'autres interventions
de la part des membres de la commission? M. le député de Mercier,
vous êtes toujours...
M. Godin: Oui.
Le Président (M. Trudel): Allez-yl
M. Godin: Si c'est encore moi, je vais y aller.
Le Président (M. Trudel): C'est toujours vous.
M. Godin: J'ai écouté avec beaucoup
d'émotion, devrais-je dire, la ministre nous faire état de sa
passion pour la francisation. Mais, évidemment, il y a toujours des
choses qui retroussent dans la vie d'un politicien. Je constate qu'à
certains groupes montréalais vos voeux sont formulés dans une
langue qui n'est pas la langue officielle du Québec ni celle de la
Charte de la langue française que vous répétez à
tout vent adorer et respecter plus que toute autre. Je constate que la langue
de Shakespeare a été utilisée par vous pour souhaiter vos
meilleurs voeux aux communautés indienne, pakistanaise, chinoise et
tamoule.
J'aimerais savoir pour quelle raison vous préférez
utiliser la langue de Shakespeare plutôt que celle de Molière et
de la loi 101 pour vous adresser à des communautés qui, par
ailleurs, se font parler dans la langue de Molière par le chef de
l'Opposition du Canada et par d'autres politiciens fédéraux,
pendant qu'eux ont une charte du bilinguisme.
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que je
n'oublierai jamais cela. Cela a été la première question
que le député de Mercier m'a posée quand je suis
arrivée en Chambre, à ma grande surprise. Oui, j'avoue à
cette assemblée qu'au début, si vous regardez les dates,
c'était au tout début de mon mandat, il m'est arrivé
d'adresser des messages en anglais quand la communauté m'avait
adressé la demande en anglais. Je vous dis tout de suite que cela
n'arrive plus. Je me suis rajustée à cette
réalité. J'ai compris que vous aviez absolument raison et tous
mes messages aujourd'hui sont en langue française.
M. Godin: On met ça au compte des péchés de
jeunesse, quoi.
Mme Robic: C'est ça.
M. Godin: M. le Président, nous avons
célébré ici avec plaisir, et dans la chambre bleue aussi
bien que dans la chambre rouge, la déclaration gouvernementale, en fait,
adoptée par l'Assemblée nationale à l'unanimité sur
les relations interethniques et interraciales. Même l'Opposition a pu
ajouter son grain de sel, pour ne pas dire son fion, à cette
déclaration pour en faire un projet unanime en Chambre. J'aimerais
savoir quel suivi a été donné è cette
déclaration et quelle somme a été dépensée
par le ministère pour faire la promotion d'une telle déclaration.
Quel suivi réel, dans le concret, a été donné
è cette déclaration de bonne intention?
Mme Robic: D'ailleurs, je veux remercier l'Opposition d'avoir
appuyé cette déclaration. Pour nous, c'était fort
important. Je dois vous dire que, dans les communautés culturelles, cela
a été fort apprécié. Nous avons fait une large
distribution du dépliant que nous avions préparé. Je vous
avoue que nous Pavons préparé en deux langues. J'espère
que vous ne m'en voudrez pas. On pensait que c'était important de le
faire, de pouvoir le distribuer. Je vais vous donner les chiffres tout de
suite, à savoir combien d'exemplaires.
M. Godin: La page 86, Mme la ministre.
Mme Robic: Ah! Vous l'avez. D'accord.
M. Godin: On nous donne les chiffres que vous cherchez.
Mme Robic: Page 86.
M. Godin: On aurait aimé avoir le budget, les sommes
consacrées par le ministère à la diffusion de cet
évangile nouveau.
Mme Robic: C'est 12 310 $, publicité dans les
médias ethniques destinée aux membres des communautés
culturelles pour les informer de la déclaration du gouvernement du
Québec sur les relations interethniques et interraciales. C'est une
dépense qui, d'ailleurs, a été partagée par
d'autres ministères.
M. Godin: Au-delà de la publicité dans les
médias ethniques, y a-t-il d'autres montants consacrés par le
ministère à cette déclaration, è ce manifeste?
Mme Robic: Sans doute les dépenses de la
réception.
M. Godin: Coût d'impression et de diffusion du document en
question.
Mme Robic: C'est tout ce qui a été
dépensé par le ministère, plus le coût de la
réception au salon rouge.
M. Godin: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Maintenant, j'aurais une autre question...
Le Président (M. Trudel): Allez-y!
Accès des membres des communautés culturelles à la
fonction publique
M. Godin: ...qui porte sur l'accès à la fonction
publique, qui a été, comme vous le savez, je dirais, le navire
amiral de la campagne électorale de 1986 et l'occasion aussi de
reprocher au gouvernement précédent d'en avoir fait une tactique
purement électorale. Je veux savoir s'il y a un inventaire qui a
été fait depuis lors quant aux progrès accomplis par le
qouvemement actuel dans le domaine de l'intégration de nouveaux
fonctionnaires dans les ministères ou dans le secteur parapublic au
Québec.
Mme Robic: Oui, d'accord. Il y a eu certaines choses de faites.
C'est un dossier où il reste encore, cependant, beaucoup à faire,
je ne vous le cache pas.
M. Godin: Je reconnais mon discours, Mme la ministre.
Mme Robic: Pardon?
M. Godin: Je reconnais mon discours.
Mme Robic: Vous reconnaissez votre discours? Alors,
j'espère que l'an prochain je pourrai chanqer le discours et que ce sera
plus intéressant dans un an.
Cependant, on a fait des choses. Au ministère, nous avons
demandé, en décembre 1986, après deux ans d'interruption,
d'ailleurs, que le comité interministériel sur
l'égalité en emploi dans la fonction publique se réunisse.
C'est un comité qui est présidé par le Conseil du
trésor. Nous avons également insisté pour que des
travaux
préparatoires à l'adoption du PAE se fassent d'abord par
les membres des communautés culturelles et ensuite par le groupe cible
des femmes. Cette demande fut accordée par le conseil.
Également, nous avons un plan de démarrage du PAE pour les
femmes dans les réseaux de l'éducation et de la santé et
des services sociaux, avec le monde municipal et l'industrie privée.
D'ailleurs, Mme Westmoreland-Traoré assistait aujourd'hui
-j'espère que vous allez également lui parler* c'est la
présidente du conseil; elles ont fait des choses merveilleuses cette
année, je suis sûre qu'elle meurt d'envie de vous te dire
-à une conférence de presse où l'industrie privée
consent à mettre en marche des programmes d'accès à
l'égalité pour les femmes et pour les femmes des
communautés culturelles. Nous examinons la possibilité, au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, de
développer un programme de subventions encourageant les entreprises
à mettre en place ce programme de PAE pour les communautés
culturelles. Nous avons nommé, en septembre 1986, un coordonnateur du
dossier et un comité de travail. Je vais laisser au ministre de la
Justice le plaisir de vous dire ce qui a été fait à son
ministère dans ce domaine.
M. Godin: Est-ce que vous avez des chiffres, Mme la ministre? M.
le Président, est-ce que la ministre aurait des chiffres à nous
présenter aujourd'hui quant aux progrès accomplis, si lents
soient-ils et si progressifs fussent-ils, qu'on puisse, par ministère ou
par réseau, voir les progrès accomplis par un gouvernement qui
promettait tant?
Mme Robic: Je pense...
M. Godin: Sans vouloir être méchant.
Mme Robic: ...que, si vous avez écouté mes discours
depuis 18 mois que je suis là, vous savez que je n'ai pas fait de
promesses que je ne pouvais tenir.
M. Godin: Je ne parle pas de vous, madame.
Mme Robic: J'ai bien dit que, dans un gouvernement qui tente de
rationaliser la fonction publique, qui coupe plutôt que d'engager du
personnel, il est bien difficile de faire des promesses et d'auqmenter le
nombre de communautés culturelles à l'intérieur de la
fonction publique. Cependant, je pense que nous avons fait des efforts
importants en ce qui concerne les nominations. D'ailleurs, M. Tchipeff en est
un exemple frappant, qui est sous-ministre adjoint aux Communautés
culturelles. Nous avons d'autres postes clés qui sont occupés par
des personnes des communautés culturelles à toutes nos
commissions, à tous nos comités et à tous nos conseils.
Nous tentons de nous assurer de la représentation de personnes de
communautés culturelles et de personnes qui pourront influencer ces
groupes et qui pourront nous aider dans notre tâche pour augmenter le
nombre de personnes des communautés culturelles dans la fonction
publique. Les ressources humaines du gouvernement viennent de finir une
étude justement à ce niveau. Encore une fois, ce n'est pas
nécessairement ce que l'on voudrait pouvoir vous dire comme nouvelle.
Nous sommes à 4,3 % de membres de communautés culturelles au sein
de la fonction publique. (17 h 45)
M. Godin: À quelle date, M. le Président?
Mme Robic: Cela vient de nous être donné. Octobre
1986.
M. Godin: M. le Président, donc, nous sommes tout à
fait stationnaires quant à ce qui touche les progrès accomplis,
c'est-à-dire qu'il n'y a aucun progrès de fait, sinon, comme
dirait Shakespeare, "words, words, words".
Mme Robic: Non, je ne suis pas tout à fait d'accord avec
vous. Faites attention, vous utilisez l'anglais, là!
M. Godin: Au Parlement, c'est permis. C'est un terrain
neutre.
Mme Robic: Au Parlement, c'est permis, c'est vrai, vous avez
raison.
M. Godin: L'article 133 du BNA Act.
Mme Robic: M. le Président, non, je ne suis pas tout
à fait d'accord avec le député de Mercier. C'est vrai que
les statistiques qui sont là ne sont certainement pas satisfaisantes.
Cependant, il y a - là, je ne cherche pas à nous excuser quand je
vais vous dire cela - certainement un problème d'identification des
communautés culturelles. Peut-être que cela ne montrerait pas 10 %
et cela ne changerait pas les statistiques à 10 %, mais il est un fait
qu'il y a des membres des communautés culturelles qui ne veulent pas
être identifiés comme tels. Alors, il y a un problème
à réellement cibler le nombre de ces personnes qui font partie de
la fonction publique. Mais où y a-t-il eu un progrès? Ce n'est
pas en nombre, mais c'est à des postes importants qui vont permettre une
influence. Ces personnes qui occupent ces postes vont certainement nous
influencer dans nos politiques, et cela est important.
M. Godin: M. le Président, vous
permettez?
Le Président (M. Trudel): Oui, allez-y, M. le
député! Avec un sourire comme cela...
M. Godin: À une époque pas tellement lointaine,
parmi nos collègues d'en face, dans l'Opposition, le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous disait - il nous faisait
une leçon que j'ai retenue et que je vous transmets au cas où
elle vous serait utile - ceci: D'accord, le gouvernement n'engage plus personne
pour des raisons budgétaires, mais vous nommez chaque année ou
chaque semaine au Conseil des ministres des gens à des emplois, non pas
des fonctionnaires, mais à des régies: caisse de
dépôt, Hydro-Québec et d'autres. Vous devriez en profiter
pour ajouter des représentants de ces communautés à ces
postes. Est-ce que la ministre a fait le même travail que je faisais
à l'époque, c'est-à-dire suggérer chaque semaine,
quand vient le temps des feuilles roses - dans mon temps, c'étaient des
feuilles roses, je ne sais pas comment c'est chez vous maintenant -des
candidats venant des communautés culturelles et des minorités
visibles pour combler les postes que le gouvernement pourvoit sans avoir
recours à toute l'immense machine de sélection des
fonctionnaires?
Mme Robic: Constamment. Je dois vous dire qu'on n'est jamais
satisfaits; cela représente peut-être 20 % de toutes les
nominations. Donc, c'est important.
M. Godin: Mme la ministre, je constate qu'avec le temps vous avez
découvert la complexité, d'abord, de définir ce que c'est,
deuxièmement, de voir que les ministères sont très lents
à bouger, que nos collègues ne sont pas tous aussi
disposés qu'on le souhaiterait à une réalité qui
nous tient à coeur, à vous et à moi, mais que vous faites
des efforts constants et surhumains. Donc, on va attendre les résultats
aussi patiemment que vous dans notre temps. Merci beaucoup.
Mme Robics Merci, M. le député.
M. Godin: M. le Président, ma collègue veut
enchaîner.
Le Président (M. Trudel): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, on est toujours à
l'élément...
Le Président (M. Trudel): Au programme 1. On avait convenu
de...
Mme Harel: C'est bien ce programme qui comprend notamment la
question des femmes immigrantes.
Le Président (M. Trudel): Qui comprend trois
éléments dont le recrutement et la sélection des
immigrants, donc des femmes immigrantes, je présume.
Les services de qarde
Mme Harel: Alors, j'aimerais, M. le Président, que la
ministre nous fasse part de l'état de la situation en ce qui concerne
les services de garde. Il y a quelques années, c'était un sujet
épineux, un sujet qui intéressait énormément les
organisations de femmes immigrantes, cette question de l'allocation pour les
services de garde. Mme la ministre sait certainement que l'allocation a
été modifiée par le gouvernement fédéral, de
façon que les parents inscrits au COFI qui avaient des enfants
reçoivent directement l'allocation plutôt que celle-ci soit
versée aux services de garde. J'imagine, comme l'indiquait tantôt
Mme la ministre, qu'en récupérant tous les services et tous les
pouvoirs, elle récupérera également, par cette juste
compensation, ces allocations. J'aimerais connaître ses intentions quant
à la politique qu'elle entend suivre à l'égard du
financement des services de garde. Entend-elle poursuivre l'allocation directe
aux parents, qui a été fort décriée par l'ensemble
des organisations de femmes immigrantes, et remettre en usage le financement du
service de garde en COFI? Quelles sont ses intentions dans ce domaine?
Mme Robic: Vous comprendrez, M. le Président, qu'on va
signer les ententes et qu'ensuite on prendra des décisions sur la
façon d'administrer les différents programmes. Je suis fort
sensible aux besoins des femmes et à leurs besoins de garderies. C'est
pour cette raison que nous avons mis sur pied notre programme PAFI
d'ailleurs.
Mme Harel: Combien de personnes peuvent bénéficier
du programme PAFI, chez les femmes parrainées"?
Mme Robic: C'est 400 000 $ et chaque orqanisme peut nous faire
des demandes jusqu'à concurrence de 50 000 $. Pour cette année,
ce sera à peu près une vinqtaine de groupes.
Mme Harel: Vous dites 20 groupes?
Mme Robic: Plus que cela? Attendez, on va faire les calculs.
Mme Harel: D'accord. Ce montant de 50 000 $...
Mme Robic: C'est le maximum qu'un organisme peut avoir cette
année.
Mme Harel: Ce maximum est versé à
un organisme à la fois pour donner des cours de langue et
compenser les frais de garde.
Mme Robic: C'est juste. Vous comprendrez que les garderies sur
place seront de petites garderies jusqu'à neuf personnes, pour ne pas
avoir à entrer dans les normes de l'office de garde.
Mme Harel: Vous parlez au futur. Est-ce que c'est en usage
présentement?
Mme Robic: Le programme a été lancé, avec
nos nouveaux programmes, au mois d'avril, si je ne m'abuse. Alors, nous avons
présenté ces programmes aux organismes et associations qui
doivent nous faire des demandes à l'intérieur de ce programme et
nous avons reçu des demandes que nous sommes à traiter
présentement. Donc, encore une fois, c'est un nouveau programme. Nous en
sommes à nos débuts, mais je suis assurée que nous
pourrons dépenser les budgets alloués à ce programme dans
l'année en cours.
Mme Harel: Quelle est l'importance de la clientèle que
vous comptez rejoindre dans un programme comme celui-là? Je fais
référence au projet pilote du centre des femmes, quand on pense
qu'une subvention de 30 000 $ a bénéficié à peu
près, dit-on, à une trentaine de femmes. Alors, on peut penser
qu'une subvention de 400 000 $ pourra bénéficier à environ
400 femmes, si le projet pilote est conforme.
Mme Robic: M. le Président, j'aimerais expliquer ici...
Quand nous avons mis en place le projet pilote, on faisait un essai pour savoir
si c'était possible de rejoindre les femmes chez elles, à
domicile. On nous disait qu'il y avait un problème pour les rejoindre.
On s'est dit: On va mettre en marche le projet pilote et on va voir si on est
capable d'aller rejoindre ces femmes à domicile. Donc, nous donnions une
allocation à chacune de ces femmes qui pouvaient faire garder leurs
enfants à domicile, chez une voisine ou à une garderie. Donc,
oui, je vous avoue que c'est un projet pilote qui a été
coûteux parce qu'on subventionnait chaque enfant en garderie. Mais,
là, cela va être des garderies sur place; donc, cela va être
beaucoup moins coûteux et nous allons, avec les 400 000 $, pouvoir
rejoindre beaucoup plus de femmes.
Mme Harel: Alors, combien a-t-il été prévu
en rejoindre? L'objectif qui, j'imaqine, est déjà fixé
dans le programme, la clientèle approximative qui est souhaitée
est de combien?
Mme Robic: Je vais laisser M. Vigneau répondre.
M. Vigneau: Effectivement, cela a pris quelque temps avant de
trouver la réponse exacte parce que cela va dépendre
énormément du nombre d'heures que chaque groupe qui est
prêt à nous faire un projet... Si on veut comprendre, il faut
prévoir que chaque heure de cours va nous coûter à peu
près 30 $ l'heure. Si vous divisez 400 000 $ par 30 $, cela nous donne
le nombre d'heures que l'on va avoir. C'est facile, vous dire le nombre
d'heures. Mais combien de femmes vont être touchées? Si on donne
des cours qui permettent de suivre 300 heures, l'on devrait toucher à
peu près 3000 personnes.
Mme Harel: Est-ce que vous considérez que cela
répond entièrement à la demande? Évidemment pas,
parce qu'il faut certainement beaucoup plus que 300 heures pour maîtriser
l'usage d'une lanque. J'imagine que cela va être un programme
récurrent. Les personnes qui font un premier usage de ces cours voudront
certainement poursuivre et continuer parce que, 300 heures, c'est
évidemment assez peu. C'est simplement un premier contact avec une
langue. Est-ce que vous pensez que cela répond entièrement
à la demande? Quelle est la clientèle qui est susceptible
d'être... Quelle est la clientèle de femmes que vous visez?
Mme Robic: Encore une fois, M. le Président, c'est un
nouveau programme. Il faut bien avouer, Mme la députée de
Maisonneuve, que cela ne répond pas à tous les besoins. C'est un
début. C'est 400 000 $ et c'est un nouveau programme qu'on instaure. Les
associations doivent s'organiser. C'est 100 heures par groupe et on calcule
qu'on va rejoindre de 2500 à 3000 femmes. Encore une fois, on tente de
rejoindre tout particulièrement la femme à domicile, la femme qui
a de jeunes enfants d'âge préscolaire et qui ne peut pas
s'éloigner de la maison. On veut que ces cours-là soient
donnés à des heures qui lui soient propices pour l'encourager
à les suivre. Il faut vous souvenir que ces femmes ont toujours droit
à des cours à temps, partiel dans les COFI, dans les commissions
scolaires. On tente d'aller les chercher chez elles. Que ce soient les groupes
de femmes qui aillent les chercher, c'est peut-être plus facile pour ces
qroupes de les rejoindre, d'aller les voir, parce qu'elles ont d'autres
besoins. On peut leur faire connaître la possibilité pour elles de
suivre des cours de français. C'est un début et, si c'est un
succès, c'est sûr que... J'espère pouvoir augmenter les
budgets de ce programme d'une façon importante l'année
prochaine.
Mme Harel: Oui, parce que vous nous mentionniez 100 heures de
cours. C'est une moyenne, disons, de 15 heures de cours pendant six semaines,
enfin, un mois et
demi. Est-ce qu'il y a vraiment une garantie, pour les organismes qui
entreprennent de rejoindre ces femmes qui sont souvent difficiles à
rejoindre, que ce programme va se poursuivre, que celles qui s'engagent dans ce
processus pourront le continuer? Que cette centaine d'heures de cours sera
additionnée à des cours supplémentaires qui seront
assurés aux organismes?
Mme Robic: Encore une fois, nous n'avons pas l'intention de
lancer un programme pour une année et de le laisser tomber si c'est un
succès. On me dit que nous pourrons certainement dépenser les
sommes qui se trouvent dans ce programme cette année. Donc, nous
espérons pouvoir augmenter les subventions à ce programme
l'année prochaine. Cette année, chaque groupe peut faire une
demande jusqu'à concurrence de 50 000 $ dans ce programme.
Mme Harel: Je pense que c'est un programme très
souhaitable et qui répondra certainement à la
réalité de ces femmes qui sont parfois exclues de tout le
processus de communication dans une société. Est-ce que les
organismes qui dispenseront ces cours sont des organismes de leur
communauté d'origine?
Mme Robic; C'est n'importe lequel des organismes, mais ce sont surtout
des organismes de femmes, sans doute, qui vont nous faire ce genre de demande.
Est-ce que je peux savoir quels sont les groupes qui nous ont fait des
demandes? Alors, ce sont des organismes que l'on subventionne dans d'autres
activités qui nous font cette demande dans ce programme,
Mme Harel: Les organismes...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de...
Mme Harek Actuellement, il y a trois demandes?
Le Président (M. Trudel): ...Maisonneuve, je vous ferai
remarquer qu'il est 18 heures.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Trudel): À moins que la question
ne soit très courte...
Mme Harel: Je termine, d'accord.
Le Président (M. Trudel): ...et la réponse...
Mme Harels Très courte.
Le Président (M. Trudel): ...idem, nous allons...
Mme Harel: Jusqu'à quelle date les organismes peuvent-ils
faire des demandes? Jusqu'à quelle date?
Mme Robic: C'est ouvert. On n'a pas de date limite pour ce
programme.
Mme Harel: On peut vous en envoyer, oui?
Mme Robic: Oui. Vous savez que c'est toujours difficile de
démarrer un programme comme celui-là, de le faire connaître
et de l'expliquer. On reçoit les organismes pour bien leur expliquer...
Les personnes nous appellent, elles ne comprennent pas le programme; on les
invite à venir nous voir afin de bien le leur expliquer.
Le Président (M. Trudel): Alors... Mme Harel: Est-ce que
le journal...
Le Président (M. Trudel): ...j'allais dire: Merci,
mesdames. Mais, si vous préférez continuer...
Mme Harel: ...La Gazette des femmes, qui est publié et
tiré à 50 000 exemplaires par le Conseil du statut de la femme, a
fait écho à ce nouveau programme? Il aurait
intérêt...
Mme Robic: À notre connaissance, non, mais je trouve que
c'est une très bonne Idée et on en prend note. Merci, Mme la
députée de Maisonneuve.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre et Mme la
députée de Maisonneuve. Il est maintenant 18 h 1, nous suspendons
nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Trudel): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture... M. le député de Richelieu,
vous pouvez me laisser aller. Je vous remercie.
La commission de la culture reprend ses travaux en poursuivant
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration pour l'année
1987-1988. Quand nous nous sommes quittés, M. le député de
Mercier avait la parole. Je suis tout à fait prêt à le
reconnaître encore une fois.
M. Godin: Une fois de plus.
Le Président (M. Trudel): Une fois de plus. M. le
député de Mercier.
M. Godin: Sans voua lasser, j'espère.
Le Président (M. Trudel}: Pas du tout. Je suis un homme
patient, c'est bien connu.
Mme Harel: Comme M. le député de...
Le Président (M. Trudel): Sauf à l'occasion.
Nouvelle loi fédérale sur les réfugiés et
les immigrants
M. Godin: M. le Président, ma question portera sur la
nouvelle loi fédérale relative aux réfugiés et aux
immigrants. Vous n'êtes pas sans savoir que cette loi soulève
toutes sortes de critiques de la part des ONG que votre ministère
subventionne et d'autres groupes au Québec et ailleurs.
J'aimerais savoir de vous si tout d'abord vous avez été
consulté, vous ou votre ministère, avant que ladite loi soit
présentée en Chambre.
Mme Robic: Nous avons été informés de ce
projet de loi quelques jours avant son dépôt en Chambre.
M. Godin: Est-ce que vous avez eu le loisir ou l'occasion de
donner votre opinion sur ladite loi avant qu'elle ne soit adoptée ou
présentée en Chambre ou si le délai fut trop court pour
vous donner la chance de le faire?
Mme Robic: D'ailleurs, nous avons été
informés à quelques jours du dépôt des grandes
lignes du projet de loi. Si ma mémoire est bonne, le projet de loi a
été déposé le mardi, nous l'avons reçu le
mercredi ou le jeudi suivant le dépôt. Je vous avoue bien
honnêtement qu'à cause des pourparlers du lac Meech j'ai
demandé aux fonctionnaires d'étudier ce projet de loi. Il y a
plusieurs articles dans ce projet de loi. Cependant, à cause des
pourparlers, on ne s'est pas encore exprimé sur le projet de loi.
M. Godin: Cela étant dit, est-ce que vous aimeriez vous
exprimer là-dessus ce soir devant nous, nous donner un peu votre
perception des principes puisqu'on a un texte juridique en main?
Mme Robic: M. le Président, vous m'avez sans doute
entendue dire à plusieurs reprises que je souhaitais que le
fédéral ait un projet de loi traitant des revendicateurs du
statut de réfugié. D'ailleurs, je pense que mon
prédécesseur, le député de Mercier, faisait cette
même demande au gouvernement fédéral.
Nous demandions une loi qui soit juste, équitable et rapide. Que
cela prenne trois, quatre, cinq ans avant qu'un revendicateur connaisse son
statut, nous trouvions que c'était certainement beaucoup trop long et
injuste. Nous regardons le projet de loi. Je vous avoue que nous avons des
commentaires là-dessus. Nous avons certaines inquiétudes. Je n'ai
pas encore transmis mes pensées au ministre. Je vais cependant le faire
dans les jours qui viennent. Ce dont on veut s'assurer, c'est qu'avec la
rapidité on ne sacrifiera pas l'équité. Cela est
très important pour nous.
M. Godin: Est-ce que vous estimez normal que la consultation ait
été aussi théorique et aussi peu respectueuse du fait que
le Québec dispose, d'ailleurs, en vertu de l'entente Couture-Cullen,
mais également en vertu de la constitution de 1867, d'un pouvoir
partagé, mais d'un pouvoir réel par rapport à son
immigration?
Mme Robic: Vous comprendrez qu'en ce qui concerne les
revendicateurs du statut de réfugié c'est un dossier
fédéral. C'est le contrôle des frontières qu'on
touche ici. Etant toujours du domaine fédéral, cela le demeurera
même après les ententes du lac Meech. Et même, M. le
Président, le député de Mercier avait avoué que ce
n'était pas un domaine qu'il revendiquerait lui-même. Mes opinions
quant à notre consultation ou au manque de consultation, je les ai fait
connaître au ministre Bouchard.
M. Godin: Est-ce que nous aurons la chance de connaître, en
tant que membres de ce Parlement et en tant que citoyens du Québec, vos
commentaires avant que le projet de loi soit adopté par le Parlement,
qu'on appelle d'ailleurs "le" Parlement?
Mme Robic: Nous allons compléter les ententes, ce qui
devrait se faire dans quelques jours. Ensuite, je peux vous assurer que je
ferai connaître mon point de vue sur ce projet de loi.
Mme Harel: C'est intéressant, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: La réponse de la ministre est
intéressante. Elle prend soin d'abord de signaler qu'il faut
compléter les ententes avant qu'elle énonce sa réaction
quant au projet de loi fédéral actuellement discuté devant
la Chambre des communes. Est-ce qu'il y a une relation de quelque ordre que ce
soit entre l'un et l'autre?
Mme Robic: M. le Président, l'Opposition nous accuse de ne
pas avoir de textes
juridiques. On est en train de les rédiger pour être
sûr qu'on n'oublie rien, qu'ils répondent bien aux ententes du lac
Meech. Vous comprendrez que c'est notre priorité en ce moment et je
pense que vous êtes sûrement d'accord avec nous. C'est important
que la rédaction de ces textes soit bien faite. Donc, cela prend des
ressources de mon ministère.
Mme Harel: Quels sont les membres du personnel du
ministère qui participent à cette rédaction de textes dont
vous venez de nous décrire l'importance?
Mme Robic: Nous avons des personnes très bien
qualifiées qui sont dans le domaine depuis longtemps et je puis vous
assurer qu'elles le font avec beaucoup de sérieux en pensant, bien
sûr, aux besoins du Québec et à la protection que le
Québec doit aller chercher avec ces ententes.
Mme Harel: Et encore, quelles sont-elles?
Mme Robic: Je pense que je n'ai pas ici à faire
connaître le nom des membres, des gens qui travaillent à ces
documents. Il y en a plusieurs, d'ailleurs. II y a différents aspects
à cette loi et il y a plusieurs personnes qui travaillent au
document.
Mme Harel: Est-ce que ce sont les motifs, les raisons pour
lesquelles votre position sur le projet de loi fédéral n'est pas
encore arrêtée?
Mme Robic: Non. C'est tout simplement qu'encore une fois il est
question de temps.
Mme Harel: Non?
Mme Robic: Ma journée, M. le Président, est bien
remplie. Je n'ai que 24 heures dans une journée. Ce sont tous des
projets, deux projets extrêmement importants. Quand je vais me prononcer
sur ces projets, je veux être bien informée, je veux être
sûre que mes propos sont bien à point. Donc, je vais prendre le
temps qu'il faut pour me prononcer.
Mme Harel: Cela fera un mois la semaine prochaine que le projet
de loi fédéral aura été déposé. Il
l'a été le 5 mai dernier. Nous serons le 5 juin la semaine
prochaine. Peut-on compter avoir l'opinion de la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration du Québec avant la
fin du délai d'un mois du dépôt d'un projet de loi?
Mme Robic: Je ferai connaître mes opinions sur le projet de
loi quand je penserai que je suis prête à le faire.
Mme Harel: Est-ce qu'on peut espérer que ce soit avant
l'adoption du projet par la Chambre des communes à Ottawa?
Mme Robic: Autant que possible, je vais essayer de vous donner
mon opinion avant que le projet soit adopté.
Le Président (M. Tnidel): Merci, Mme la
députée. Avez-vous d'autres questions?
M. Godin: Est-ce que le projet sera adopté, à votre
connaissance, avant la fin de juin?
Mme Robic: Ce n'est pas ce qu'on nous dit. C'est difficile pour
moi de vous dire quand il sera adopté. Je n'ai pas l'impression que...
C'est difficile à dire. Non, je ne veux pas m'avancer
là-dessus.
M. Godin: Bon! Une dernière question sur ça, en ce
qui me concerne. Les journaux ont fait état récemment de la
volonté du Québec et du fédéral
d'accélérer les choses pour ce qui touche l'entente du lac Meech
de manière que très concrètement et très
bientôt on ait en main des retombées concrètes. Est-ce que
vous pouvez nous informer de ce point-là puisque vos auteurs de textes
de loi sont sûrement déjà au travail là-dessus?
Cette rumeur est-elle fondée, ce que les journaux ont dit est-il vrai
et, si oui, à quel moment espérez-vous avoir en main lesdits
pouvoirs découlant de l'entente du lac Meech?
Mme Robic: "I do not read the newspapers." Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Hai
Le Président (M. Tnidel): Vous le dites avec un accent qui
n'est pas celui auquel on était habitué.
Mme Robic: J'ai bien de la misère avec mes imitations.
Le Président (M. Trudel) M. le député de Mercier,
est-ce que vous avez fini cette période de votre interrogatoire?
M. Godin: Sur ce point-là... D'abord, ce n'est pas un
interrogatoire, c'est un échange.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, votre
échange. Vous avez parfaitement raison.
M. Godin: Depuis un certain octobre 1970, j'ai horreur des
interrogatoires. Oui, j'ai terminé sur ce point-là, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Mercier.
Je vais reconnaître maintenant M. le député de
Beauce-Nord qui a demandé à se faire entendre.
Les immigrants investisseurs
M. Audet: Je vous remercie sincèrement, M. le
Président. Dans le discours que la ministre nous a
présenté, ainsi que dans le cahier qui nous a été
remis pour l'étude des crédits, on remarque, par exemple, au
niveau des immigrants entrepreneurs investisseurs, que, par rapport à
l'année 1985, on a connu en 1986 une augmentation de 113,5 % quant aux
dossiers d'immigrants investisseurs qui ont été
étudiés par la DSI. Je pense que c'est, quand même, une
augmentation très appréciable et très positive. On
remarque aussi, dans le discours que vous avez prononcé, que 30 % de ces
gens-là en moyenne choisissent le Québec comparativement à
d'autres provinces au Canada. Est-ce que la ministre peut nous préciser
en quoi ont consisté les efforts du gouvernement dans la dernière
année pour tenter de recruter et de faire installer au Québec une
telle clientèle?
Mme Robic: Oui. Tout d'abord, grâce à ce nouveau
programme d'immiqrants investisseurs que nous avons préparé en
collaboration avec l'entreprise privée, cela a été fort
valable puisque nous avons pu développer un programme qui est bien
adapté aux investisseurs. Comme l'entreprise privée nous a
aidés à préparer ce programme, elle l'a adopté...
Donc, vous le comprendrez bien, nous avons une bonne publicité et
beaucoup d'appuis à ce niveau-là.
Voua vous souviendrez que l'automne dernier je suis allée
également présenter ce programme à Hong Kong. Nous avions
choisi notre date pour coïncider avec la nouvelle Bourse de Hong Kong. Des
gens d'affaires du monde entier se retrouvaient à Hong Kong, des gens
dans le courtage, d'ailleurs, et des journalistes. Donc, nous avons pu
présenter ce programme devant un auditoire très averti et fort
intéressé.
Nous sommes également allés présenter ce programme
à Paris et cela a été très bien reçu.
Grâce à ce programme qui nous a permis de faire cette
tournée, d'avoir quelque chose de nouveau à offrir, nous avons pu
passer des messages fort importants à la communauté d'affaires en
disant que nous étions intéressés à avoir ces gens
chez nous, soit dans ce programme-là ou dans d'autres programmes
d'immigrants entrepreneurs, par exemple. Cela a suscité un
intérêt et vous en voyez les résultats aujourd'hui. Je peux
vous assurer que mes bureaux à l'étranger me disent qu'on
devrait, en 1987, avoir une très bonne année à ce
niveau-là également.
M. Audet: Est-ce que la ministre entend dans la prochaine
année, par exemple, comme ce fut le cas dans d'autres pays ou un peu
aussi peut-être à partir du programme qui a été
implanté l'an dernier, la promotion du Québec qu'on fait à
l'étranger, donner une orientation encore plus forte dans la prochaine
année à ces programmes-là ou peut-être favoriser
cela davantage? On sait qu'on a, qu'on aura, enfin, qu'on commence à
avoir ici, dans la province de Québec, des problèmes au niveau de
la démographie. On sait que certains pays à l'étranger,
par exemple, ont fixé des objectifs majeurs pour le recrutement
immigrants au niveau des investisseurs. Est-ce que vous entendez
peut-être favoriser ou développer cela davantage dans la prochaine
année?
Mme Robic: Vous avez absolument raison. Quand on se retrouve dans
différents pays, sur le terrain, on se rend compte qu'on n'est pas seul.
Il y a plusieurs pays, il y a d'autres provinces, d'ailleurs, qui font ce genre
de recrutement. Donc, il est important pour nous d'être là et de
pouvoir faire valoir les qualités du Québec et les avantages pour
eux de venir s'installer au Québec. Nous avons bien l'intention de
continuer ce qenre de travail. Nous comptons également sur l'entreprise
privée. On est en contact avec l'entreprise privée. J'ai une
division très dynamique pour les investisseurs. Cela a été
d'ailleurs également une de mes priorités quand je suis
arrivée au ministère de dire qu'il fallait travailler dans ce
sens. Je pense qu'on a remporté un certain succès.
M. Audet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Beauce-Nord.
Niveau d'immigration prévu
M. Godin: Merci, M. le Président. Mme la ministre, vous
nous annoncez pour l'année 1986 un niveau d'immiqration de 18 000
personnes. Je ne la mentionnerai pas, vous connaissez la motivation
vous-même. Par ailleurs, comme l'afflux des réfugiés s'est
poursuivi au Québec pendant toute cette période, pouvez-vous nous
dire dès maintenant quels sont les chiffres des derniers mois et quel
total appréhendez-vous pour l'année en cours et comment
figurez-vous ce g'roupe de personnes dans votre total?
Mme Robic: En 1986, M. le député de Mercier, vous
aviez fixé un objectif de 13 000 immigrants et réfuqiés.
Les chiffres réels de 1986 ont été 19 200, une
augmentation de 30 % sur l'armée 1985. Les objectifs pour 1987 sont de
20 000 à 22 000.
Je devrais dire que nous allons certainement rejoindre les 22 000, sinon
les dépasser. Dans la catégorie de la réunification des
familles, c'est un chiffre de 6500; dans la catégorie des
indépendantes, 10 500 et dans la catégorie des
réfugiés, nous avons doublé le nombre cette année
pour se fixer un nombre de 5000, dont 4000 sélectionnés à
l'étranger.
M. Godin: Je reprends ma question, M. le Président. Au
cours des derniers mois, est-ce que l'afflux des réfugiés
à Mirabel qui a été jusqu'à 1000 par semaine s'est
maintenu ou a diminué? À quel niveau est-il pour les mois qu'on
vient de traverser?
Mme Robic: Vous avez raison. Oui, avec les mesures Bouchard, il y
a eu un ralentissement aux frontières canadiennes. Cependant, je peux
vous donner les chiffres pour... On parle de revendicateurs du statut de
réfugié. Vous voulez les chiffres pour 1987?
M. Godin: C'est bien cela. De mai 1986 à février
1987.
Mme Robic: De mai 1986... À partir du 1er... Ah oui!
Attendez une minute, je vais vous donner cela. J'ai le total. II y en a 16 000
qui sont arrivés depuis le 1er juin 1986 jusqu'à aujourd'hui.
M. Godin: Maintenant qu'on connaît le rythme avec lequel le
fédéral traite ses dossiers, peut-on extrapoler sur le nombre de
dossiers qui seront traités d'ici la fin de l'année 1987 et
combien de personnes pourra-t-on ajouter au total que vous prévoyez pour
l'année en cours?
Mme Robic: C'est difficile en ce moment de pouvoir prévoir
ce qui arrivera. Cela va certainement dépendre de la loi Bouchard, si
elle est adoptée telle quelle, quand elle sera mise en vigueur. Donc, je
ne peux pas vous répondre là-dessus. Je peux tout simplement vous
dire qu'en février et en janvier nous étions encore à 3000
et à 2000 revendicateurs. Nous sommes maintenant à 800 par mois,
à peu près.
M. Godin: Depuis les mesures dites Bouchard, quelle baisse
avez-vous notée mensuellement dans l'arrivée à Mirabel
des... (20 h 30)
Mme Robic: Bon. Si nous regardons pour le mois de février,
par exemple, on a eu 2330 entrées; au mois de mars où il y a eu
l'application des mesures Bouchard, nous avons reçu 837 revendicateurs.
Alors, on peut penser que c'est...
M. Godin: Est-ce que vous avez les chiffres d'avril, Mme la
ministre?
Mme Robic: En avril, c'est 894.
M. Godin: Donc, nous pouvons escompter environ 10 000 personnes
annuellement qui viendraient au Québec.
Mme Robic: Si cela se maintient à 800 par mois,
certainement.
M. Godin: Oui. Combien prévoyez-vous de personnes en fin
de course au-delà de vos prévisions pour 1987 qui sont de 22 000?
Si on tient compte d'un nombre de 10 000 qui peut diminuer à cause des
mesures Bouchard, si on tient compte aussi du nombre de dossiers qui auront
quitté la machine fédérale en cours d'année,
quelles sont vos prévisions pour cette catéqorie d'immigrants qui
sont maintenant des réfugiés ou des requérants RSR?
Mme Robic: Bon. Vous comprendrez qu'encore une fois, à
cause des mesures, à cause du projet de loi, c'est bien difficile pour
nous de pouvoir déterminer combien de ces revendicateurs pourront
arriver aux frontières canadiennes. Je pense que je n'ai pas à
vous dire qu'il ne faut pas additionner ces personnes, puisque, quand elles
recevront leur résidence permanente, nous allons les rajouter. Alors, il
ne faudrait pas les compter deux fois. Mais je ne fais pas de
prédictions pour l'année.
M. Godin: D'accord. Mon autre sujet sera celui des migrations
interprovincîales, des sorties interprovinciales. Nous en sommes encore,
malheureusement, en 1986, à une migration interprovinciale en sorties
à 38 110 personnes. Le solde est positif de 9000, mais il y a quand
même des migrations interprovinciales hors Québec de 38 110 pour
un déficit dans les migrations interprovinciales de moins 3122. À
quelles mesures votre ministère songe-t-il pour que nous gardions au
Québec ceux qui sont venus ici, débarquant à Mirabel ou
étant sélectionnés par le Québec à
l'étranger?
Mme Robic: Vous conviendrez avec moi, M. le Président,
qu'il y a certainement là matière à nous réjouir,
puisque le nombre a grandement diminué. On peut donc espérer
qu'avec le dynamisme économique qu'on trouve au Québec
présentement nous pourrons garder nos immigrants chez nous. Quand on
voit ce qui s'est produit cette année, j'ai bon espoir que cela va se
poursuivre et que l'année prochaine, nous pourrons effacer ce solde
migratoire interprovincial négatif. Je veux bien vous dire quand
même que nous avons un solde migratoire positif net de 9500 personnes. Je
pense que c'est tout de même assez important.
M. Godin: Oui, nous le reconnaissons,
M. le Président, d'autant plus que ces chiffres positifs sont
là pour deux années consécutives, 1985 et 1986; c'est donc
une nouvelle tendance qui s'annonce. J'aimerais savoir si le ministère a
songé à des programmes qui relèveraient de lui et de lui
seul ou en rapport avec le fédéral, dans le domaine des
communautés culturelles, qui viseraient à ce que les immigrants
qui nous quittent pour d'autres provinces ou d'autres pays, hors Canada, se
sentent suffisamment chez eux ici pour s'accrocher au Québec, si je puis
dire. La responsabilité incombe, bien sûr, à
l'économie et à la baisse du taux de chômage, mais ne
croyez-vous pas que le ministère aurait un rôle à jouer
pour que ces nouveaux citoyens du Québec trouvent ici un home?
Mme Robic: M. le Président, je pense que la
députée de Maisonneuve l'a très bien dit au début
de cette séance lorsqu'elle a dits Tout est dans l'accueil. L'accueil de
ces gens-là est fort important, qu'ils sentent qu'ils sont bienvenus
chez nous, qu'ils se sentent acceptés de la majorité francophone
et, bien sûr, qu'on puisse les franciser le plus rapidement possible.
Quand ces gens seront bien accueillis, que nous les aurons francisés,
ils voudront certainement demeurer parmi nous.
M. Godin: On peut présumer aussi que, quand le
fédéral aura confié au Québec, en vertu de
l'entente du lac Meech, les pouvoirs dont vous faites écho depuis le
début de cette rencontre, il est sûr que nous serons encore mieux
outillés pour résoudre ces questions.
Mme Robic: M. le Président, je pense que le
député de Mercier a très bien compris la
nécessité des accords du lac Meech.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Godin: Je vous l'ai dit, madame. Sur ce point-là, nous
sommes d'accord.
Le Président (M. Trudel): ...pas beaucoup à la
commission des institutions, si vous me permettez une expression d'opinion
à laquelle j'ai droit.
Une voix: ...
Le Président (M. Trudel): Tout à fait, oui.
M. Godin: Oui, oui, c'est enregistré, monsieur.
D'ailleurs, je ne me cache pas de mes opinions sur cela.. Je vous ai dit qu'on
faisait le Québec ensemble ici. Donc, tous les partis sont bons pour y
parvenir, et tous les ministres ou toutes les ministres.
Le Président (M. Trudel): Ah, je vous donne tout le temps
qu'il faut.
M. Godin: Vous me donnez un respir.
Le Président (M. Trudel): ...respirez tant que cela vous
plaira.
M. Godin: J'y reviens un peu, même si la ministre veut
garder pour l'avenir ses commentaires sur la loi de M. Benoît Bouchard,
qu'on appelle saint Benoît du Lac dans certains quartiers, mais pas chez
les réfugiés, et malheureusement. Est-ce que la notion de pays
sûr, qui apparaît dans les principes de ce projet de loi, vous
semble une notion avec laquelle le Québec, connu pour son
hospitalité aux qens démunis et mal pris dans le monde, peut
être d'accord puisque cela permettrait presque leur envoi dans des pays
voisins, États-Unis ou autres? Un grand nombre de
réfugiés, entre autres des pays de l'Amérique centrale -
on le sait par expérience maintenant depuis le temps qu'ils arrivent au
Québec - trouvent ici une seconde patrie et, d'ailleurs, non seulement
où ils font des racines, mais des enfants, des entreprises tutti quanti,
pour le mieux-être du Québec. Est-ce que vous avez une opinion
à nous donner sur la notion de pays sûr tel que défini par
le fédéral ou si vous préférez, encore là,
reporter aux calendes portugaises ou grecques votre réponse?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Robic: M. le Président, vous allez avoir encore
là à patienter. Je ne veux pas commencer à donner une
opinion sur des morceaux de ce projet de loi. Je veux bien pouvoir faire
connaître mon opinion sur le projet complet, sur tous les aspects de ce
projet de loi avant de me prononcer.
Accueil des réfugiés
M. Godin: Je tourne ma page pour arriver à la suivante, M.
le Président. Si vous me le permettez, ma prochaine question portera sur
la participation du ministère québécois de l'Immigration
et des Communautés culturelles au traitement des requérants du
statut de réfugié au Québec même. Nous avons su,
dans une réponse à une question écrite, M. le
Président, que le ministère avait dépensé 12,96
années-personnes, soit presque 350 000 $, pour sa participation à
la sélection du fédéral, à l'accueil des
réfugiés, au traitement des dossiers des réfuqiés
et des requérants au statut de réfugié pour 1986-1987.
Est-ce que vous avez des chiffres pour l'armée qui commence quant
à ce poste budgétaire, M. le Président?
Mme Robic: Vous comprendrez que,
quand on parle de 50 000 000 $, c'est pour tous les services. Ce n'est
pas pour les services du ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration. Cela comprend les services du ministère, du
ministère de la Santé et des Services sociaux, du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et également du ministère de la Justice. Si vous voulez parler
des sommes du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration, nous avons des coûts de 2 609 900 $ exactement pour
l'année 1986-1987.
M. Godin: M. le Président, la ministre a eu le mandat de
ses collègues de récupérer ces sommes de son "monologue",
comme on le disait dans le temps, fédéral. Quels ont
été les succès remportés par la ministre
auprès de son homologue fédéral dans ce dossier? Quels
montants avez-vous récupérés d'Ottawa?
Mme Robic: M. le Président, nou3 avons
récupéré certains montants. Nous sommes encore en
négociation. Vous comprendrez que nos livres se fermant le 31 mars, il
faut compiler avant de pouvoir présenter nos factures au gouvernement
fédéral. Nous avons bon espoir que ces factures seront -comment
dit-on cela? - payées. C'est celai
M. Godin: Est-ce que la barre a été fixée
à 50 000 000 $ ou à 2 000 000 $ seulement?
Mme Robic: Non, non. J'ai reçu le mandat du Conseil des
ministres d'aller récupérer tous les coûts du gouvernement
fédéral; donc, cela comprend tous les coûts payés
par mon ministère, mais par les autres ministères
également. C'est cela qui est compris dans les 50 000 000 $. Les
ministères ont compilé leurs dépenses pour l'année
et doivent maintenant présenter leurs factures au gouvernement
fédéral. Vous comprenez que, des fois, cela prend un peu de temps
avant que cela se fasse.
M. Godin: M. le Président, pour l'année 1987-1988,
quelles sont vos estimations de coûts pour l'opération accueil par
votre ministère et par l'expérience acquise maintenant par vos
collègues dans ce dossier? Quelles estimations en faites-vous?
Mme Robic: Je vais vous donner les nôtres. C'est 3 578 676
$ que nous avons réservés pour les services offerts aux
revendicateurs.
M. Godin: Auriez-vous en main la ventilation de ce montant, comme
on l'a eue dans la réponse écrite, c'est-à-dire en
personnes-années?
Mme Robic: M. Vigneau, allez-y donc.
M. Vigneau: Alors, on a, dans un premier temps, la ventilation
par élément de programme. Pour la partie représentant
l'accueil et le changement de statut, c'est-à-dire les fonctionnaires
qui sont sur la rue Galt, qui font le processus administratif, comme on
s'attend, effectivement, qu'il y ait un renouvellement du programme
fédéral pour tous ceux arrivés depuis le 22 mai, on
consacrerait 1 304 000 $ à ce volet. Pour les ONG, donc les organismes
non gouvernementaux qui servent à faire l'accueil, on prévoit
consacrer un montant de 682 000 $. Pour ce qui est des services administratifs
-parce qu'on a été obligé de louer des locaux
supplémentaires - on prévoit consacrer un montant de 359 476 $.
Et, bien sûr, pour le programme déjà annoncé par la
ministre pour la formation linguistique, on prévoit 1 232 000 $. Donc,
c'est un total de 3 578 676 $ pour le ministère.
M. Godin: M. le Président, est-ce que la ministre vise une
compensation totale ou une compensation juste?
Mme Robic: Je pense bien qu'une compensation juste, c'est une
compensation totale, M. le Président.
M. Godin: Cela répond à ma question, M. le
Président!
Le Président (M. Trudel): Vous vous l'êtes
attirée, celle-là, M. le député! Est-ce que vous
voulez laisser votre collègue de Maisonneuve s'exprimer quelques
minutes?
M. Godin: Évidemment.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Peut-être une
première question: Mme la ministre, vous faisiez état que le
niveau atteint pour l'année 1986 a été de 19 200...
Mme Robic: À peu près. Mme Harel: Autour de
cela.
Mme Robic: Oui. (20 h 45)
Mme Harel: ...et que, pour l'année 1987, il se situait
autour de 22 000. Pour l'année 1987-1988, le niveau que vous vous
êtes fixé l'automne dernier était d'environ 22 000
également, si ma mémoire est bonne.
Mme Robic: Oui. On avait dit 20 000, 22 000.
M. Godin: Et les catégories. Les 8000
requérants au statut qui sont devenus des immigrants reçus
à la suite de l'accélération du processus à
l'examen spécial, est-ce qu'ils entrent dans la catégorie
immigrants reçus?
Mme Robic: Non. Mme Harel: Non. Mme Robic:
Indépendants.
Mme Harel: Dans la catégorie indépendants.
Mme Robic: Oui.
Mme Harel: Donc, ces personnes seraient dans le ratio de
1987?
Mme Robic: Une partie en 1986 parce qu'on en a traité en
1986 et une partie en 1987.
Mme Harel: En fait, ce que j'aimerais savoir dans le fond, c'est
si les catégories ont été bouleversées à la
suite de cet afflux massif de demandeurs de statut durant les derniers mois de
1986 et les premiers mois de 1987. Par exemple, dans le communiqué de
presse du ministère que la ministre a rendu public au mois d'octobre, on
retrouvait à la catégorie réfugiés, 5000...
Mme Robic: Oui.
Mme Harel: ...dont 4000 sélectionnés dans les
camps. Est-ce que cette catégorie reste? En d'autres termes, ma
question, c'est la suivante: Est-ce que la catégorie
réfugiés que le Québec va sélectionner à
l'étranger dans les camps est maintenue?
Mme Robic: Oui, M. le Président. Cela ne change pas. Cela
ne change aucune catégorie.
Mme Harel: Pour l'année 1986, on a donc accueilli 5000
réfugiés, dont 4000 dans les camps?
Mme Robic: Non. Ce que je vous ai donné, ce sont les
chiffres pour 1987. C'étaient nos objectifs de 1987. Les objectifs pour
l'année 1986 étaient de 2000 réfugiés. Nous en
avons reçu 2400.
Mme Harel: II s'agit bien, donc, de la catégorie
prévue de réfugiés qui sont sélectionnés
dans les camps.
Mme Robic: Dans les camps.
Mme Harel: C'est cela. Quand ils sont résidents permanents
à la suite d'une demande de statut sur place, ils entrent dans la
catégorie indépendants?
Mme Robic: Quand il s'agit du processus, sur la rue Gait, ils
entrent comme indépendants. M. Viqneau me dit que les autres, à
90 %, sont dans la catégorie indépendants.
Mme Harel: Je ne m'étendrai pas trop longtemps parce qu'on
aura l'occasion d'en discuter au moment où la commission siégera
sur le niveau d'immigration. Il est maintenant communément
répandu que la catégorie réunification des familles prend
de plus en plus d'expansion, qu'elle est dans une sorte de croissance
exponentielle et que cette catégorie de réunification des
familles pourrait éventuellement prendre toute la place du niveau
d'immigration, étant entendu qu'il y a une très forte demande
à ce niveau, surtout en provenance des pays du Sud-Est asiatique. Est-ce
bien le cas?
Mme Robic: Vous comprendrez certainement que, lorsque nous
recevons des réfugiés et que nous réqularisons les
revendicateurs du statut de réfugié, il y aura certainement une
demande de réunification des familles de ces personnes qui voudront soit
faire venir leur époux, leurs enfants. Alors, oui, on peut s'attendre
à une plus forte demande dans cette catégorie, mais je ne pense
pas que cela affectera nos autres catégories.
M. Viqneau me donne des chiffres ici. Pour les quatre dernières
années, la famille représentait 42 % de notre immigration.
Mme Harel: Est-ce qu'il est prévu ou prévisible de
croire que cela puisse augmenter beaucoup en termes de demandes, tout au
moins?
Mme Robic: C'est sûr que le nombre de
réfugiés que l'on reçoit et le nombre de revendicateurs
dont le statut est régularisé peuvent certainement faire que
cette catégorie d'immigrants augmente.
Mme Harel: Évidemment, par ailleurs, en définissant
un niveau que le Québec compte atteindre, cela contingente cette
catégorie?
Mme Robic: Non, parce que vous vous souviendrez qu'au
Québec ce ne sont pas des quotas qu'on établit, mais bien des
objectifs.
Mme Harel: Cela veut donc dire qu'éventuellement, par
exemple, on pourrait établir un objectif en termes de niveau
d'immigration qui pourrait être totalement bousculé,
complètement dépassé par une demande dans cette
catégorie de réunification des familles. En d'autres termes, on
pourrait faire un exercice qui consiste à examiner en commission
parlementaire toute cette question de niveau d'immigration, à
recevoir des groupes et à faire des recommandations, lesquelles
sont également faites par le Conseil des communautés culturelles
et acheminées au ministère. La ministre les transmet au Conseil
des ministres et les discute. Tout ce processus est presque caduc, finalement,
à cause des bouleversements qu'on a vus, en tout cas, en termes de
demande de statut de réfugié et qu'on pourrait aussi constater -
paraît-il, en tout cas, que c'est prévisible - en ce qui concerne
la catégorie réunification des familles.
Mme Robic: Je dois vous avouer que je n'ai pas beaucoup
d'inquiétudes à ce niveau parce que, si je regarde mes
statistiques, je pense qu'à un moment donné nous avons
reçu des "boat people" qui auraient pu influencer la
réunification des familles. Vous avez également eu un programme
important d'amnistie pour les Haïtiens et ça n'a pas affecté
indûment les autres catégories. Cela s'est maintenu. C'est un
processus qui prend un certain nombre d'années à se faire. Donc,
je vous avoue qu'il y aura certainement une augmentation à ce
niveau-là.
On me dit que les revendicateurs sont célibataires à 70
%.
Mme Harel: Ils vont se marier au Québec.
Mme Robic: Ils vont se marier au Québec. On
l'espère, il faut qu'on ait des enfants.
Mme Harel: Ce n'est donc pas là un pronostic qui est fait
au ministère. Les études qui sont menées, l'expertise qui
s'y retrouve ne tendent pas à prévoir, parce qu'il y en a, des
bouleversements. En 1984, il y avait 3000 demandes de statut de
réfugié. Vous faisiez état tantôt de 16 000 demandes
en deux ans. Donc, il peut y avoir parfois des bouleversements. Vous ne les
prévoyez pas pour l'année qui vient?
Mme Robic: Non, certainement pas. Quand on regarde qu'ils sont
à 70 % célibataires, on ne devrait pas avoir...
Mme Harel: Mais ces célibataires ont, quand même,
des parents.
Mme Robic: Oui.
Mme Harel: Ils ont, quand même, la possibilité de
contracter mariage selon les coutumes dans leur pays d'origine.
Mme Robic: II y a toutes ces possibilités.
Mme Harel: Mais c'est dans l'ordre de...
D'autre part, qu'arrive-t-il aux Chiliens en attente de statut à
Buenos Aires?
Mme Robic: Je vous avoue que nous n'avons pas eu de nouvelles des
Chiliens... Vous parlez de ceux que nous allons recevoir?
Mme Harel: Je parle de ceux qui ont demandé à
être reçus par le Québec.
Mme Robic: J'ai longuement fait état de cette situation.
Nous avons étudié tous les cas de ces personnes qui ont
demandé de venir au Québec. Nous avons accepté dix de ces
personnes. Nous avons accepté, pour cas humanitaires, des
épouses. Je pense qu'au total nous en prenons dix. Nous avons
accepté 10 cas pour 30 personnes et, au début, nous avons permis
à trois cas, c'étaient six personnes, de venir rejoindre les
époux. Donc, nous allons recevoir 36 personnes. Sur les dix cas, il y a
un cas qui a été accepté comme cas de
réfugié par le gouvernement fédéral. Quant aux neuf
autres cas, nous avons émis les CSQ du Québec la journée
même où nous avons pris cette décision. Ces personnes
attendent maintenant que le gouvernement fédéral émette un
visa.
Mme Harel: Ce sont 36 personnes au total.
Mme Robic: Oui.
Mme Harel: Sur un total de demandes qui se chiffrait à
combien?
Mme Robic: Sur 80.
Mme Hareh Les 80 demandaient de venir au Québec?
Mme Robic: Sur 84 ou 85 qui demandaient de venir au
Québec.
Mme Harel: Donc, ces 36 personnes ont
bénéficié d'un CSQ pour des considérations
humanitaires?
Mme Robic: C'est juste.
Mme Harel: Et les autres sont en attente. Quelle est la situation
de l'ensemble des demandes qui ont été faîtes? Vous me
dites qu'il y en a déjà 36 qui ont eu une réponse
affirmative. Vous me dites qu'il y en a 84 qui avaient fait une demande au
Québec.
Mme Robic: 84 cas, oui.
Mme Hareh 84 personnes, en fait.
Mme Robic: 84 cas.
Mme Harel: Cela fait un total de combien de personnes, 84 cas?
Ils étaient combien au total? ils n'étaient que 80.
Mme Robic: II y avait 84 cas, mais nous ne connaissons pas le
nombre de dépendants de ceux que nous avons traités. Il y en
avait d'autres qui demandaient d'aller ailleurs au Canada.
Mme Harel: Ah boni Parmi les 84 cas, tout le monde ne demandait
pas de venir au Québec.
Mme Robic: Oui, ceux-là demandaient de venir au Canada,
mais la personne qui faisait sa demande pouvait être accompagnée
de dépendants.
Mme Harel: Oui. Donc, sur les 84 cas, il y a 36 personnes qui
représentent 13 cas, en fait.
Mme Robic: Qui représentent treize cas, c'est
ça.
Mme Harel: II y a donc un total assez imposant et qu'arrive-t-il
à ces personnes qui ont fait cette demande?
Mme Robic: Ces personnes...
Mme Harel: Elles ont été vues par le service du
ministère.
Mme Robic: Elles ont été vues par notre conseiller
à Buenos Aires. D'ailleurs, nous n'avons reçu que des compliments
sur la façon dont ils ont été reçus par notre
conseiller du Québec à Buenos Aires. Le conseiller a revu tous
les cas. Il a fait sa recommandation ' au comité des cas humanitaires du
ministère qui, lui, a également revu tous ces cas. Ils nous ont
fait une recommandation. Nous avons accepté treize cas. M. Vigneau me
dit: Nous avons également consulté le HCR.
Mme Harel: M. Guérin est élogieusement connu dans
les milieux pour avoir notamment été en poste à Beyrouth
au moment de la guerre civile. Mais ce qu'on peut constater, c'est que,
présentement, il y a 36 personnes au total qui ont la confirmation d'un
CSQ du Québec.
Mme Robic: C'est juste.
Mme Harel: II y en a six d'entre elles qui sont maitenant ici.
Aucune des 30 autres n'a reçu de vi9a du fédéral
présentement.
Mme Robic: Que je sache, elles n'ont pas encore reçu leur
visa.
Mme Harel: C'est donc dire que, contrairement à ce que M.
Bouchard, le ministre fédéral, prétendait, c'est un
délai de plus de quelques semaines. Il parlait de quelques semaine pour
émettre les visas. C'est donc plus de quelques semaines. Y a-t-il eu des
représentations faites auprès du fédéral pour
accélérer le processus?
Mme Robic: Vous vous souviendrez, M. le Président, au
moment de l'arrivée des Chiliens en Argentine, que j'ai fait des
représentations auprès du fédéral pour qu'il
reconnaisse ces personnes comme réfugiées. La raison pour
laquelle je le faisais, c'est que je leur disais que c'était la
façon la plus rapide pour que ces gens puissent venir au Québec.
Quand M. Bouchard a pris sa décision, nous avons pris nos propres
décisions. J'ai demandé, bien sûr, au gouvernement
fédéral d'accélérer le processus pour que ces
personnes puissent arriver le plus rapidement possible au Québec. Mais
on voit que ce n'est pas nécessairement la façon la plus rapide
d'arriver.
Mme Harel: Je me rappelle que M. Bouchard avait même
recommandé à la ministre du Québec d'émettre, en
disant qu'il allait lui-même faire diligence. Par ailleurs, tantôt,
en vous écoutant répondre aux questions de mon collègue de
Mercier, je me disais: Si ça ne confirmait pas la rumeur qui veut qu'il
n'y ait pas de contestation pendant les négociations... En d'autres
termes, pendant les actuelles négociations sur Meech, qu'il y ait le
moins possible de critiques, qu'il y ait le moins possible de vagues sur ce lac
et...
Mme Robic: M. le Président, voudriez-vous que je tienne
une conférence de presse tous les jours pour demander les visas?
Mme Harel: En avez-vous tenu une seule? Pas tous les jours, mais
est-il arrivé, sans tenir de conférence de presse, que vous ayez
communiqué avec votre homologue sur cette question? L'avez-vous
fait?
Mme Robic: Certainement, et avec M. Bouchard et avec M. Wiener,
d'ailleurs, personnellement. Tous les deux m'ont promis qu'ils feraient
diligence.
Mme Harel: Et tous les deux vous ont assuré qu'ils
faisaient diligence? Donc, 30 personnes attendent.
Mme Robic: Oui.
Mme Harel: Pendant qu'un certain nombre d'autres, qui ont fait
des demandes d'immigrants, en fait, au Québec, sont en attente d'une
décision?
Mme Robic: Le Québec a pris sa
décision.
Mme Harel: Qui est de les refuser comme immigrants. (21
heures)
Mme Robic: Comme cas humanitaires, pas comme immigrants. Ils
peuvent faire la demande de venir au Québec comme immigrants.
Mme Harel: Est-ce qu'ils l'ont fait? Mme Robic: À notre
connaissance, non.
Mme Harelî La demande n'a pas été faite. Une fois
qu'il y a eu refus de la demande d'immigration humanitaire, il n'y a pas eu de
nouvelle demande.
Mme Robic: Ils ont été avisés par notre
conseiller sur place qu'ils pouvaient faire une demande comme immigrants. On me
dit qu'il ne semble pas y avoir eu de demandes.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Mercier.
M. Godin! M. le Président, au nombre de voyages faits par le
ministère au cours de l'année écoulée, je constate
que les Émirats arabes unis ont figuré en bonne place.
Mme Robic: Pardon?
M. Godin: Les Émirats arabes unis, les cinq ou six petits
pays arabes du golfe. Comme c'est un projet qui avait été
lancé à l'époque où j'étais à votre
place, Mme la ministre, j'aimerais savoir quels ont été les
résultats de ce voyage de façon aussi complète que
possible pour voir si les rêves de l'époque se sont
concrétisés dans la réalité.
Mme Robic: J'ai un chiffre ici de 285 CSQ émis de nos
bureaux de Rome et tous ces CSQ viennent des Émirats, ce qui
représente 26,3 % des CSQ émis aux investisseurs.
M. Godin: Donc, ce sont simplement des investissseurs.
Mme Robic: Oui.
M. Godin: Avez-vous également la ventilation, le per
capita des capitaux qu'ils apportaient avec eux au Québec ou s'il est
trop tôt?
Mme Robic: Ah! Non, je vous avoue que je n'ai pas cela par pays
ou par groupe. Si vous êtes intéressé, on pourrait
certainement vous les fournir. Si vous voulez en prendre note.
M. Godin: C'est possible, c'est noté? Merci, M. le
Président.
J'aimerais aussi connaître l'opinion de la ministre quant à
la sugqestion du Conseil de la langue française de faire passer le
nombre de points pour la connaissance du français de 15 à 25,
sachant maintenant que les francophones qui viennent ici ne coûtent rien
à votre PAR ni à vos COFI et ont donc plus de chance de
s'intégrer rapidement et de rester au Québec au lieu de
déménager vers des provinces ou des pays anglophones,
Mme Robic: M. le Président, nous avons une qrille de
sélection qui a été préparée par le
précédent gouvernement et qui accorde 15 points pour la
connaissance du français plus 4 points additionnels pour la connaissance
du français du conjoint, ce qui fait un total de 19 points sur une
grille totale de 100 et cela prend 50 points pour entrer.
M. Godin: Pour passer l'examen, oui.
Mme Robic: Oui. Il y a également des points fort
importants qui sont l'employabilité et l'adaptabilité, qui jouent
un rôle important dans cette sélection. Il est sûr qu'il y a
un avantage à ce que quelqu'un qui vient au Québec connaisse le
français, mais il y a également la possibilité pour des
personnes qui veulent venir participer à la vie québécoise
d'apprendre le français ici. De là l'importance d'avoir les
structures en place pour pouvoir leur faire apprendre le français le
plus rapidement possible quand ils arrivent ici.
M. Godin: Une dernière question, M. le Président.
L'article 40 de la loi du ministère a toujours fait au sein du
ministère l'objet de débats quant à son application.
J'aimerais savoir s'il y a eu des changements administratifs ou autres quant
à l'application de l'article 40.
Mme Robic: M. le Président, je dois vous dire que je signe
des dérogations, comme vous le faisiez, M. le député de
Mercier.
Me Godin: Donc, il n'y a pas de changement?
Mme Robic: Non.
M. Godin: Bonne nouvelle!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Godin: Donc, votre équipe n'a pas réussi
à mettre la main sur votre pouvoir de dérogation.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Godin: Surtout, ne lâchez pas, Mme la ministre!
Mme Robic: Je ne suis pas une indépendante, mais je suis
une femme indépendante.
Le Président (M. Trudel): Vous me voyez pris entre deux
feux. Comme ancien sous-ministre, je plains mon ex-collègue, M. Vigneau,
mais, comme homme politique, je vous dis, Mme la ministre, ne lâchez
pas!
Mme Robic: Merci.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Mercier, est-ce que vous avez terminé?
M. Godin: Je consulte mon oracle. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Godin: Ah oui1. Je reviens sur ma marotte, Mme la
ministre, M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Trudel): Allez-y!
M. Godin: L'implantation des nouveaux Québécois
hors du bassin montréalais, on en a beaucoup parlé en commission
parlementaire avec les membres du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration. Il y avait une sorte de conclusion qui se dégageait
comme quoi c'était un rêve un peu farfelu parce que,
expérience faite, cela ne donnait rien. Entre-temps, toujours par
habitude, j'ai voulu vérifier là où cela avait
réussi, pourquoi cela avait réussi et je pense que la ville de
Sherbrooke est un bon exemple. Puisque vous aurez sous peu de nouveaux pouvoirs
qui vous permettront peut-être d'implanter des gens en dehors de
Montréal, il s'avère que, quand il y a déjà une
communauté qui a atteint une masse critique suffisamment importante,
à laquelle communauté s'ajoutent des nouveaux venus, il y a des
chances pour que les nouveaux venus restent sur place, par exemple, Hull pour
les Portugais et Sherbrooke pour les Vietnamiens.
Par ailleurs, il y a également une expérience qui fut
faite avec deux Éthiopiens parachutés à Sherbrooke et cela
a été un échec complet. Ils sont aussitôt
déménaqés ver3 Toronto où il y a des
Éthiopiens en nombre suffisant pour avoir un journal, pour avoir un
centre communautaire, une mosquée, je pense. Donc, là où
il y a un nombre suffisamment important de personnes, ils réussissent
à s'agglomérer à ce groupe et à y rester. Donc,
cela peut fonctionner dans certaines conditions. J'aimerais savoir si votre
ministère travaille sur des réflexions, études, comme on
disait à l'époque, longitudinales ou autres, pour que nous
puissions obtenir des réponses à cette question qui, à mon
avis, est vitale parce que... Je ne sais pas si vous pouvez déterminer
parmi les 38 000 départs du Québec ceux qui étaient des
Québécois non nés au Québec, donc des nouveaux
citoyens, combien vivaient à Montréal et combien vivaient
ailleurs, ont quitté le Québec. Si nous avions ces chiffres,
peut-être qu'on pourrait mieux déterminer nos politiques pour
l'avenir et les vôtres pour l'avenir. Je vous pose la question.
Mme Robic: M. le Président, vous avez raison. C'est une
étude qui reste à faire. Il n'y a pas d'étude qui ait
été faite sur les transferts interprovinciaux. Cela serait
certainement une étude importante à faire. Je vous avoue, comme
je vous le disais tout à l'heure, que c'est quelque chose qui nous
préoccupe tous, la possibilité d'encourager de nouveaux arrivants
à aller s'installer en régions. J'ai regardé les
expériences que vous avez faites quand vous occupiez le poste et qui se
sont révélées moins positives...
M. Godin: Plus ou moins, disons.
Mme Robic: Plus ou moins positives puisque vous avez dû
d'ailleurs fermer deux COFI, entre autres, à Chicoutimi et à
Trois-Rivières.
Également, j'ai voulu me retrouver en régions. On me dit
que c'est plutôt rare un ministre des Communautés culturelles et
de l'Immigration qui va en régions. Je vais en régions,
justement, pour souliqner le fait qu'il y a des communautés culturelles
dans les différentes régions du Québec. Quand je me
retrouve dans ces régions, je tente de passer un message d'accueil de
ces régions vis-à-vis des nouveaux arrivants. On ne peut pas
prendre des gens, les envoyer en régions si les gens en régions
ne sont pas prêts à les accueillir. Je pense que c'est là
la première priorité, c'est que ces gens qui se retrouvent dans
des régions soient prêts à les accueillir.
Il y a aussi l'emploi qui est nécessaire dans ces régions.
Je pense que ce serait malvenu pour nous d'envoyer des immiqrants dans des
régions où il y a un haut taux de chômage. Je pense que
cela n'aiderait personne. Donc, il faut que la communauté soit
prête à les accepter, à les aider à
s'intégrer. S'ils peuvent trouver du travail, on a de meilleures chances
qu'ils veuillent rester dans ces régions. Mais on n'a pas la solution
et, comme je vous le disais tout à l'heure, M. le Président, si
le député de Mercier veut nous aider à trouver des
solutions, je suis très ouverte.
M. Godin: Je m'y engage formellement, Mme la ministre.
Maintenant, je voudrais passer, dans un dernier chapitre, au conseil des
communautés culturelles, dont la présidente, Mme
Westmoreland-Traoré, est d'ailleurs ici à vos
côté.
Mme Robic: Mme Westmoreland, je vous passe la parole.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. le
député de Mercier. Est-ce que Mme la députée de
Maisonneuve, avant de passer au conseil des communautés culturelles,
vous auriez...
M. Godin: Nulle objection.
Le Président (M. Trudel): ...quelques questions à
poser?
M. Godin; Nulle objection.
Mme Harel: En fait, c'est à la suite de l'échange
entre le député de Mercier et la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Je me disais que la commission parlementaire
de la culture, qui examine toutes les questions relatives à
l'immigration, pourrait éventuellement se donner un mandat d'initiative
sur cette question de l'établissement en régions,
réfléchir plus à fond, approfondir toute cette question,
les conditions de réalisation, la combinaison des facteurs qui peut
amener un succès de ces projets. Je pense que cela pourrait être
intéressant éventuellement.
Mme Robic: M. le Président, vous avez un sujet...
Le Président (M. Trudel): Je l'ai invitée.,.
Mme Robic: ...à ajouter è votre longue liste, je
suppose.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
ministre. J'allais inviter Mme la députée de Maisonneuve à
faire sa proposition lors de la prochaine séance de travail qui devrait
avoir lieu au début de la semaine qui suivra celle de la fin de
l'étude des crédits, donc dans dix jours.
Mme Harel: M. le Président, je profite de l'occasion
maintenant parce que chaque fois que je vous propose des projets de mandat
d'initiative, vous les refusez. Et, souvent, vous me dites que c'est à
cause de la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je ne peux pas croire cela de
vous.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
ministre. J'étais sûr que vous ne croiriez pas une telle chose.
Avoir su, je n'aurais jamais cédé la parole à Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Mercier, vous êtes sûr que vous n'avez pas d'autre chose
à ajouter?
M. Godin: Non, pas sur cela, M. le Président. Je vous
laisse régler vos questions avec votre vice-présidente.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut
considérer, M. le député de Mercier, le programme 1 comme
étant adopté, puisque vous aviez manifesté
l'intention...
M. Godin: En ce qui me concerne, oui.
Le Président (M. Trudel): Examiné et
adopté.
M. Godin: Lu, vu et adopté.
Conseil des communautés culturelles et de l'immigration
Le Président (M. Trudel): Lu, vu et adopté. Merci. Nous
passons au programme 2, Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration. M. le député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. Dans un
document remis à cette commission, Mme la ministre, le conseil faisait
état d'une recherche en cours, intitulée Le français, les
immigrants et les membres des communautés culturelles. Pourrions-nous
savoir de vous quel est l'échéancier de cette recherche?
Où en est rendue la recherche et quand pouvons-nous espérer le
plaisir de l'avoir entre les mains pour la consulter?
Mme Westmoreland-Traoré (Juanita): Oui. Si je peux
préciser, cette recherche s'inscrit dans le programme d'activité
pour 1987-1988. Actuellement, je sais que le vice-président aux
communautés culturelles, M. Dominique de Pasquale, a communiqué
avec quelques chercheurs du Conseil de la langue française parce que
nous sommes au courant qu'ils ont fait des recherches importantes. Ils ont
déjà une certaine documentation importante sur le français
et le milieu des communautés culturelles.
Mais, en ce qui concerne le conseil comme tel, nous n'avons pas
formellement démarré les recherches sur ce projet et nous n'avons
pas encore fixé d'échéancier. Nous en sommes toujours aux
préliminaires, mais c'est une des recherches que nous croyons qui sera
assez importante.
M. Godin: D'accord. Cela répond à ma question. J'en
ai une deuxième.
Le Président (M. Trudel): Oui, oui.
M. Godin: En ce qui touche le projet de loi de M. Bouchard sur
l'immigration et
les réfugiés au Canada et au Québec, est-ce que le
conseil a été saisi d'une demande d'avis de la part de la
ministre? Si oui, est-ce que ledit avis nous sera connu avant que l'entente du
lac Meech ne soit signée?
Mme Westmoreland-Traoré: Sur cette question, la ministre a
indiqué qu'elle avait l'intention de solliciter un avis.
Mme Robic: Je ne l'ai pas fait officiellement.
Mme Westmoreland-Traoré: Je complète: mais ce n'est
pas encore fait officiellement.
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
présume - parce que Mme la députée de Maisonneuve a
déjà présidé cette commission et rendu une
très importante décision en 1984 - toujours que vous adressez vos
questions à Mme la ministre, qui, elle, demande à Mme la
présidente du conseil d'y répondre.
M. Godin: M. le Président, vous lisez dans mes
neurones.
Le Président (M. Trudel): Je savais que je vous
connaissais bien, M. le député.
M. Godin: Est-ce que le conseil a l'intention de participer
à la commission parlementaire pour déterminer les niveaux
d'immigration? Si oui, de quelle manière et suivant quelle
modalité?
Mme Westmoreland-Traoré: Selon nos informations, nous
allons d'abord assister à la commission parlementaire en tant
qu'observateurs pour pouvoir bien profiter des soumissions faites et
également des débats en commission parlementaire. Par la suite,
nous allons, au conseil, à travers notre comité sur
l'immigration, soumettre également un avis à la ministre sur la
question des niveaux d'immigration.
M. Godin: M. le Président, toujours à la ministre.
Dans le gros cahier vert, pour ne pas dire plus, on fait état
d'études en cours ou terminées, qui touchent des aspects
démographiques de l'immigration ainsi que les aspects économiques
de ladite immigration. Pourrions-nous obtenir ces études, Mme la
ministre, avant que la commission ne parte en rogations se promener dans le
Québec pour étudier les niveaux d'immigration?
On m'informe que c'est plutôt le conseil que la ministre qui a
commandé ces études. Peu importe qui est le requérant de
l'étude, la ministre peut-elle s'engager que nous les ayons en tant que
membres de la commission dans les plus brefs délais?
Mme Robic: Oui, M. le Président. D'ailleurs, nous comptons
rendre publics ces travaux.
M. Godin: M. le Président, on a peut-être moins de
questions, Mme la ministre, que vous ne l'espériez sur le conseil, mais
nous l'avons revu pendant une journée il n'y a pas longtemps,
grâce à vous d'ailleurs. Vous aviez consenti à ce que nous
les grillions. Alors, c'est ce qui explique qu'aujourd'hui on a moins de
questions pour eux.
M. le Président, en ce qui me concerne, le député
de Mercier - je ne parle pas au nom de ma collègue de Maisonneuve, bien
sûr - je n'ai plus de questions à poser, donc, je crois que nous
pouvons adopter les proqrammes 1 et 2 de ce ministère. Je voudrais aussi
remercier la ministre pour sa collaboration souriante aussi bien ici qu'en
Chambre, ainsi que son équipe de fidèles serviteurs de
l'État québécois et de l'immigration au Québec,
ainsi que la présidente du Conseil des communautés culturelles et
de l'immigration.
Donc, nous nous estimons suffisamment informés. Nous pouvons donc
disposer, en ce qui nous concerne du moins. Je ne sais pas si de l'autre
côté il y a des...
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Mercier. Donc, vous considérez que le programme
2, Conseil des communautés culturelles et de l'immigration, est
adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Trudel): Tous les crédits du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immiqration sont
adoptés. Sur ce, Mme la ministre et chacun des membres de votre
équipe, il me reste au nom de la commission et de la partie
ministérielle à vous remercier de vous être
prêtés à cet exercice de démocratie parlementaire et
de l'avoir fait - je le souligne éqalement parce que je suis
habitué de travailler avec vous - avec le sourire et dans la
détente, ce qui rend les choses toujours plus faciles et plus
agréables. Au plaisir de vous revoir l'an prochain, quelque part autour
du mois de mai ou du mois de juin.
Mme Robic: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Sur ce, les travaux de la
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 21 h 19)