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(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture se réunit ce matin pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Affaires culturelles pour l'année 1987-1988. Je
constate que nous avons le quorum. Je m'excuse, Mme la ministre, pour mon
léger retard. J'étais au téléphone - pas avec
Ottawa, on n'en est pas encore là - avec une personne de mon
comté.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements pour
la journée? On peut peut-être annoncer les remplacements pour ce
soir également, parce que je pense qu'il y en a.
La Secrétaire: M. Godin (Mercier) est remplacé par
M. Claveau (Ungava), Mme Harel (Maisonneuve) par M. Chevrette (Juliette) et Mme
Juneau (Johnson) par Mme Blackburn (Chicoutimi). Ce soir, M. Gardner
(Arthabaska) sera remplacé par M. Forget (Prévost).
Le Président (M. Trudel): Merci. Mme la ministre,
considérant votre très longue expérience parlementaire et,
comme ministre maintenant, je pense que vous connaissez bien les règles
du jeu. Je vais vous inviter à faire immédiatement vos remarques
préliminaires et à déposer le texte... Je vois qu'il est
déposé et j'en accepte le dépôt; on est en train de
le faire. Par la suite, le critique de l'Opposition fera ses remarques
préliminaires et, enfin, nous commencerons, programme par programme,
l'étude de vos crédits budgétaires.
Je rappelle aux membres de la commission que nous avons jusqu'à
13 heures, que nous ajournerons nos travaux jusqu'à 15 heures et que
nous les reprendrons de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à
23 h 30.
Mme la ministre, sans plus tarder, tout en vous invitant à nous
présenter vos principaux collaborateurs, je vous cède, avec grand
plaisir, la parole.
Remarques préliminaires Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Merci, M. le Président. J'aimerais vous
présenter mon sous-ministre,
M. Albert Jessop ainsi que mes sous-ministres adjoints, M. André
Juneau et M. Henri-Paul Chaput. Au fur et à mesure, je pense, que
j'aurai besoin des services des fonctionnaires de mon ministère qui
m'accompagnent, je pourrai vous les présenter. Vous me permettrez des
remarques d'ouverture, M. le Président.
M. le Président, mesdames, messieurs, membres de la commission,
l'étude des crédits, en début d'année
financière, est toujours un moment privilégié pour le
gouvernement de présenter les orientations qu'il entend poursuivre et
qui marqueront l'ensemble des gestes qu'il posera à l'égard de
tous les citoyens et les citoyennes du Québec. Cet exercice
budgétaire me donne donc l'occasion de vous exposer le plus clairement
possible les objectifs et le plan d'action que j'ai arrêtés pour
appuyer et favoriser un développement harmonieux de la vie culturelle
des Québécois et des Québécoises.
Avant de préciser les orientations qui sous-tendent la
planification budgétaire pour l'année 1987-1988, permettez-moi de
rappeler certaines réalités sur lesquelles j'ai
particulièrement réfléchi au cours de l'année qui
vient de s'écouler. Ces réalités font l'objet de
réflexions et d'analyses, aussi bien au sein du ministère que
dans le public en général, pour engendrer un consensus
social.
Pour bien saisir la toile de fond du développement culturel du
Québec, comment mieux la résumer que par la notion de
société distincte? Sans même se référer au
contenu des dernières discussions constitutionnelles, le Québec a
toujours su s'affirmer et faire en sorte que sa culture transcende les
débats politiques, économiques et sociaux. Bien avant qu'on le
reconnaisse de façon officielle le 30 avril dernier, le Québec
culturel a toujours été différent par sa langue, ses
institutions et sa culture.
L'année 1986-1987 n'a pas fait exception à cette
règle. Au-delà du vécu culturel, intervient
nécessairement la gestion de la culture et cette dernière
année en fut une de grands débats et de consultations publiques
qui auront quidé l'action du ministère des Affaires culturelles
à déterminer les meilleurs choix possible. Au cours de ces
échanges, le rôle de l'État à l'égard du
développement culturel fut mis en perspective plus d'une fois. Qu'il
s'agisse de politique de la lecture, d'arts d'interprétation, du statut
de l'artiste, des
équipements culturels ou du plan de réalisation du 1 %,
tous les agents engagés dans les discussions ont convenu que
l'État ne pouvait, en aucun cas, se défiler de ses
responsabilités.
Toutefois, il fut également compris que l'État devait se
limiter à un rôle de catalyseur, d'animateur, plutôt que
d'initiateur et qu'à ce titre les demandes culturelles pouvaient
être illimitées si on n'y prenait garde, d'où l'importance
pour le gouvernement de retenir les bons choix, ceux qui influent positivement
sur le marché culturel et qui engendreront le maximum de
retombées. En d'autres termes, l'équation à
résoudre demeure toujours la même. Si la demande culturelle est
illimitée, les fonds publics pour y répondre, eux, ne le sont
pas. La communauté artistique a bien saisi cette problématique,
mais, comme je le disais récemment, le secteur culturel ne doit en aucun
cas souffrir plus que d'autres secteurs des conjonctures économiques ou
sociales qui se présentent dans notre société.
En second lieu, au cours de cette année, l'articulation des
éléments principaux du programme de notre formation politique
s'est concrétisée avec plus de netteté, et dès lors
se profile la philosophie qui est le soutien, lequel programme avait
été exposé au cours de la dernière campagne
électorale. C'est ainsi que, tout en prenant garde de ne pas politiser,
en aucun temps, le secteur culturel, notre gouvernement s'en est tout de
même tenu au respect de ses engagements. D'un autre côté, il
fallait prévoir que leur mise en oeuvre ne se fasse pas de façon
spontanée. En effet, nombre d'engagements pris auprès de la
population du Québec nécessitent des changements majeurs et,
pardessus tout, te gouvernement a voulu et réussi à reprendre un
contact nécessaire auprès du monde des arts pour la
réalisation de cet objectif.
À titre de ministre des Affaires culturelles, je suis
fière du climat créé par tous les intervenants du secteur
culturel, lequel a déterminé et consolidé la
volonté du présent gouvernement à apporter des changements
substantiels à l'égard du secteur artistique et culturel. Oui,
c'était là un choix de notre gouvernement de procéder
à des changements d'attitude et de mentalité par le biais de la
concertation et non à coups de décisions spontanées prises
sans avoir au préalable consulté les milieux
intéressés. Vous avez également remarqué la
diversité des dossiers menés concurremment, ce qui explique que
les grandes décisions suivent un processus plus ou moins long et parfois
complexe, avant que ne soit clos, de façon définitive, un
dossier.
Notre intention est de poursuivre ce dialogue permanent entre
l'État et ses partenaires culturels. De cette façon, nous serons
assurés que tous les intervenants comprennent bien les tenants et
aboutissants des enjeux économiques et culturels et qu'avec nous ils
aient établi la véritable portée et les avantages des
principales décisions prises. C'est donc dans cette volonté
d'assumer un rayonnement essentiel de la culture québécoise que
se comprend le bilan de la dernière année et s'esquissent les
perspectives pour l'année 1987-1988. (11 h 45)
Au cours de l'année 1986-1987, il faut constater qua nous avons
abordé des questions fort importantes. Qu'il suffise de mentionner
quelques dossiers majeurs, soit le statut de l'artiste, le budget de la
culture, le financement des arts, les équipements culturels à
Montréal, la distribution des films au Québec et l'état
des bibliothèques publiques. Les travaux de la commission permanente de
la culture sur le statut de l'artiste au printemps de 1986 ont
été l'occasion privilégiée pour les artistes et les
organismes qui les représentent d'exposer la précarité de
leur situation économique et sociale et d'exposer aussi la faiblesse et
la timidité des moyens dont ils disposent pour faire reconnaître
et respecter à sa juste valeur leur contribution à notre
qualité de vie culturelle. En retour, ils nous ont interpellés
pour savoir si nous sommes prêts, comme société, à
consentir les efforts nécessaires pour améliorer leur
qualité de vie économique et sociale. Ils nous ont aussi
rappelé la protection déficiente des droits des créateurs
de tirer profit de leurs oeuvres et d'en contrôler l'exploitation.
Enfin, les thèmes du régime fiscal et de la
sécurité sociale en regard du statut de l'artiste auront
également fait l'objet de discussions et auront clairement
démontré que l'État ne pouvait plus rester
indifférent à ces volets du dossier. Consciente de la
complexité et de l'envergure du dossier, j'ai d'abord demandé
qu'on scrute ces messages, qu'on en rassemble la substance et une
synthèse des centaines de recommandations présentées a
donc été préparée et acheminée à
chaque ministère concerné ou susceptible de l'être par
l'une ou l'autre d'entre elles. Les réponses apportées ont
été débattues et plusieurs font encore l'objet de
discussions.
L'ensemble des intervenants a vite compris toute la complexité du
dossier du statut de l'artiste. Par ailleurs, le gouvernement actuel est
résolument convaincu que l'État doit assurer, et je le
répète, un rôle de catalyseur au lieu d'initiateur. C'est
donc dans ce contexte que j'ai présenté au Conseil des ministres
en décembre dernier un énoncé d'orientation et
exprimé mes intentions sur les actions que nous devions poser pour
améliorer le statut socio-économique de l'artiste et du
créateur.
La toile de fond de cet énoncé a évidemment
reposé sur la problématique d'ensemble dégagée
à l'issue de la
commission parlementaire à partir des priorités
présentées par les artistes et créateurs
eux-mêmes.
J'ai également constitué un groupe-conseil formé de
huit artistes professionnels dont la tâche consiste à formuler des
avis sur les propositions de mesures faites par les ministères pour me
conseiller sur l'ensemble du dossier.
En somme, la question du statut de l'artiste et du créateur est
très large. Elle déborde les éléments de la notion
de travail, certes fort importants, pour inclure d'autres volets aussi
importants, comme la formation professionnelle, le financement de la
création, la présence d'associations professionnelles de
qualité, la diffusion des oeuvres et les droits d'auteur. La question du
statut de l'artiste et du créateur concerne également l'ensemble
des créateurs professionnels au Québec. C'est en ayant à
l'esprit la réelle portée du statut de l'artiste que nous
travaillons à mettre au point les mesures les plus
appropriées.
Permettez-moi de faire le point sur un engagement politique majeur de
notre formation politique: celui de porter le budget de la culture à 1 %
du budget total de l'État au cours du premier mandat. Les milieux
culturels ont pris l'heureuse initiative de se regrouper pour appuyer ce point
de vue. J'ai personnellement eu plusieurs entretiens avec des
représentants de cette coalition. Plus encore, le premier ministre a
publiquement réitéré le principe de notre engagement. Cet
engagement est simple, il cache cependant une réalité complexe,
ne serait-ce que dans l'établissement de ce qui constitue le budget
culturel de l'État.
Quant à moi, j'entends tirer la ligne sur une base de calcul qui
soit commune, permanente et acceptable par les parties concernées. Je
n'ai pas l'intention d'avoir recours à une gymnastique plus ou moins
occulte pour tronquer la réalité. Néanmoins, je poursuis
ma réflexion pour établir des critères qui tiendront
compte du caractère spécifique de notre société
dans ce calcul des dépenses culturelles. Je ferai allusion plus avant
dans ce discours, lorsqu'il sera question des orientations du ministère
pour 1987-1988, à la portée de cet objectif de 1 % du budget
total de l'État.
Permettez-moi d'aborder rapidement un sujet qui peut nous aider dans la
compréhension de ce qui se passe chez nous en matière de
financement des arts. Le champ du financement des arts est partagé entre
plusieurs bailleurs de fonds: le gouvernement fédéral, le
gouvernement québécois par son ministère des Affaires
culturelles, mais également par d'autres ministères, par les
municipalités et par le secteur privé. On peut souhaiter à
certains moments modifier l'équilibre du partage en réduisant ou
en haussant le poids relatif de chacun, mais un fait demeure, le financement
des arts et de la culture est partaqé entre plusieurs intervenants.
A l'égard du financement des arts, il existe en Occident
plusieurs modèles et plusieurs tendances. Certains misent
essentiellement sur le marché, le financement privé. C'est le cas
des États-Unis où plusieurs paliers de gouvernement
n'interviennent qu'au soutien des contributions des individus, des entreprises
et des fondateurs.
En France, le poids de l'État central est important. Il
représentait, en 1983, 42 % du financement public alors que celui des
régions, départements et municipalités s'élevait
à 58 %. Cela n'empêche pas ce pays de préparer une loi sur
le mécénat dont les dispositions ne seront pas sans
intérêt. En République fédérale d'Allemagne
et en Italie, la décentralisation du financement est encore plus nette,
alors que les Lander et les provinces sont les premiers bailleurs de fonds de
la culture. Au Québec, le poids du gouvernement provincial est dominant.
Le financement public se complète par des contributions du gouvernement
fédéral et des gouvernements municipaux. Notre modèle est
donc fort différent. Le rapport Bovey du printemps 1986 a bien mis en
lumière ces différences.
Nous pouvons certes souhaiter que des partenaires s'engagent davantage
dans le financement des arts. Cela ne dispensera jamais le Québec,
compte tenu de la nature de notre société francophone en
Amérique, de conserver une responsabilité particulière et
un leadership certain. L'expérience nous montre, par ailleurs, qu'en
période de crise financière il est davantage périlleux de
croire que le soutien aux arts reposant d'une manière trop importante
sur l'État provincial saura satisfaire toutes les demandes.
Parlons maintenant d'une autre réalisation d'importance au cours
de la dernière année. L'année 1986 a été
l'occasion de tirer au clair la situation des qrands équipements
à Montréal. Je veux parler du Musée d'art contemporain, de
la salle de l'Orchestre symphonique de Montréal et de la Place des Arts.
Nous avions demandé à un groupe de travail, présidé
par M. Jean-Pierre Goyer, de nous formuler des recommandations. Le 5
décembre 1986, je confirmais la relocalisation du Musée d'art
contemporain au centre-ville de Montréal sur le site de la Place des
Arts, la nécessité d'apporter des modifications au projet qui
était en voie de réalisation et le maintien de la participation
financière du gouvernement fixée à 20 000 000 $. À
l'égard de la salle de l'Orchestre symphonique de Montréal, le
gouvernement a fait savoir qu'il maintenait son intérêt à
partager en concertation avec tous les partenaires, soit le municipal et le
fédéral, le développement d'un nouveau projet pour
une salle de concert. C'est ainsi que nous avons accordé à
l'Orchestre symphonique de Montréal 250 000 $ en subventions afin de lui
permettre d'élaborer un nouveau projet qui réponde aux besoins de
l'orchestre. Tous ces gestes visent à consolider le rayonnement de notre
métropole culturelle à Montréal.
Une autre réalisation de l'année 1986-1937 a
marqué, pour les années à venir, le milieu du
cinéma. C'est au cours de la dernière année que nous
sommes finalement parvenus à une entente avec les "majors"
américains concernant ta distribution des films au Québec. Cette
entente d'une durée de cinq ans accorde aux distributeurs, dont le
principal établissement est au Québec, le droit exclusif de
distribuer les films tournés dans une langue autre que l'anglais. Les
"majors" américains, renoncent aussi formellement à la
distribution de tels films, à moins d'y avoir investi 100 % des
coûts de production et d'être détenteurs des droits
mondiaux. La finalisation de cette entente a exigé l'amendement à
la Loi sur le cinéma et le projet de loi 157 fut ainsi adopté le
18 décembre 1986.
Abordons maintenant la question des bibliothèques publiques au
Québec. Dans la foulée des consultations amorcées et que
j'entends bien poursuivre, je vous rappelle que nous avons créé
une commission d'étude sur les bibliothèques publiques au
Québec. Cette commission a le mandat de faire le point sur l'état
du développement des bibliothèques au Québec et de me
formuler des recommandations. Jusqu'à maintenant, nous avons pris
l'habitude de traiter à leur juste valeur les résultats des
études que nous avons fait réaliser et j'entends faire de
même avec le rapport de cette commission qui devrait nous être
remis à la fin de juin.
Permettez tout de même que je brosse une réflexion sommaire
de ce dossier en attente de l'éclairage de la commission. Avec les
mutations, technologiques dont nous ressentons tous les effets dans notre vie
quotidienne, la bibliothèque, source documentaire par excellence, est
soumise à une nouvelle donnée, celle de l'accès
documentaire à des banques de données via l'informatique. Ces
banques existent, elles sont nombreuses et, souvent, en marge des
bibliothèques. Voilà une situation qu'il faudra considérer
le plus rapidement possible. À l'autre extrême, la
bibliothèque constitue également l'équipement par
excellence d'une fonction d'animation culturelle polyvalente.
L'expérience pratique de certaines bibliothèques montre nettement
leur succès sur ce terrain et il n'est pas négligeable. Ces
doubles fonctions s'opposent-elles? Sont-elles complémentaires ou en
compétition?
D'autre part, ta majorité de nos bibliothèques publiques,
si on fait exception des bibliothèques centrales de prêt, sont
étroitement liées aux municipalités. Cela ne signifie pas,
dans mon esprit, que l'État doive en conséquence se retirer comme
partenaire. Loin de là! L'évolution des services de lecture
publics au Québec est également une responsabilité de
l'État, d'autant plus qu'en vertu de la loi 51 l'État impose aux
bibliothèques d'acquérir leurs volumes dans des librairies
agréées. Dans les faits, donc, la constitution de collections
dans les bibliothèques publiques engage l'État comme
partenaire.
Ces réflexions préliminaires ne préjugent en rien
des recommandations que la commission pourra nous transmettre bientôt.
Les quelques pages qui précèdent font état, d'une
manière éloquente, de certains grands dossiers auxquels nous nous
sommes résolument attaqués au cours de la dernière
année. Ces dossiers constituent également des
éléments qui m'ont qu'idée dans le choix des
priorités pour l'année 1987-1988, que ce soit dans tes secteurs
du patrimoine, de l'édition, de l'enseignement des arts, des
équipements culturels, des bibliothèques, des archives et j'en
passe. Les besoins de la population sont immenses. Il n'est pas facile de
pondérer ces besoins. Comme ministre responsable des Affaires
culturelles, les choix budgétaires, pour l'année 1987-1988, sont
fondés sur des décisions qui permettent de réaliser
l'essentiel et le nécessaire.
J'ai également l'intention de poser des questions aux
intervenants, de les consulter. L'expérience de la consultation
amorcée sur les bibliothèques, les statuts de l'artiste et du
créateur m'amène à croire que c'est là la meilleure
façon de connaître et de répondre aux vrais besoins de la
population.
L'année 1987-1988 permettra de poursuivre la démarche
entreprise en 1986-1987. Ici encore, je me contenterai de faire état de
quelques dossiers majeurs tels que le statut de l'artiste et du
créateur, la diversification du financement des arts et, concurremment,
la question du pourcentage de 1 % du budget de l'État pour la culture.
Ce dossier, sur la valorisation du statut de l'artiste et du créateur, a
été fort bien engagé au cours de la dernière
année. Plus complexe qu'il ne le paraît à première
vue, nou3 le mènerons à terme. Déjà les
crédits du ministère, pour l'année 1987-1988,
prévoient une somme de 1 500 000 $ qui sera affectée
exclusivement à cette question. Le gouvernement a reconnu que son
intervention devait favoriser l'indépendance économique des
artistes et des créateurs et la revalorisation de leur place dans la
société.
Au chapitre des responsabilités propres au ministère des
Affaires culturelles, ces principes se traduisent par des actions qui visent
à affermir le marché de l'art, à
consolider les milieux artistiques et à promouvoir l'excellence
disciplinaire. À cet effet, nous dégagerons de nouvelles
stratégies pour que les milieux artistiques puissent diversifier leurs
sources de financement. J'ai également entrepris des démarches
pour améliorer le rayonnement extérieur de nos produits
culturels, comme la promotion des produits culturels québécois:
le livre, le disque, le film, j'en passe aussi, et les tournées des
companies de théâtre, de danse et des orchestres. Les principaux
paramètres d'un plan d'action pour assurer une meilleure diffusion de
ces produits sont en voie de préparation. Nous serons en mesure, au
cours de l'année qui vient, de poser des gestes encore plus concrets en
ce sens.
La préparation de la relève d'amateurs d'art ne sera pas
négligée. Nous appuierons les projets novateurs qui mettent les
jeunes en contact avec les créateurs et leurs oeuvres. Je pense, par
exemple, au projet pilote de la présence de l'artiste à
l'école ou aux tournées d'écrivains. Des
expériences de cette nature ont déjà donné des
résultats suffisamment concluants pour nous convaincre de la richesse de
ces contacts dans le sens de nos objectifs.
Dans une perspective d'autonomie accrue des milieux artistiques, les
associations professionnelles et regroupements d'artistes seront
fortifiés de manière qu'ils puissent améliorer les
services à leurs membres. Le ministère entend de plus contribuer
à stabiliser les secteurs de la production, de la diffusion, de la
gérance de carrières d'artistes par des mesures axées sur
le renforcement de la connaissance en gestion et en administration des
arts.
Nos programmes de formation professionnelle en musique et en
théâtre et l'ensemble des programmes d'aide financière font
l'objet d'un réexamen. Cette révision s'inspire d'un même
objectif de promotion de l'excellence disciplinaire.
Voilà donc, brièvement décrites, quelques lignes
maîtresses du plan de travail du ministère dans son champ de
compétences. Le Conseil des ministres a, par ailleurs, pris la
décision de faire élaborer, par l'ensemble des ministères
concernés, un plan d'action gouvernemental dans lequel seront
prioritairement considérées les mesures relatives à la
sécurité sociale et à la fiscalité: le dossier des
relations du travail des artistes interprètes et la reconnaissance
juridique des associations d'auteurs et d'artistes.
Finalement, lors de la rencontre annuelle des ministres provinciaux de
la Culture, tenue à Calgary, en septembre 1986, nous avons pris la
décision de mettre en place un comité intergouvernemental sur le
statut de l'artiste et du créateur et le financement des arts. Ce
comité est coprésidé par le Québec et a le mandat
spécifique de recommander l'implantation de mesures les plus
appropriées à la revalorisation du statut de l'artiste et du
créateur et à la vitalité des arts, (12 heures)
Ce comité fera rapport en septembre 1987 et viendra
compléter nos travaux sur cette question, nous permettant ainsi
d'adresser au gouvernement canadien les recommandations concrètes qui le
concernent en cette matière, lesquelles s'ajustent aux
représentations que nous avions déjà faites, notamment
à l'endroit des droits d'auteur. Et on a pu voir au cours des derniers
jours que le gouvernement canadien faisait un premier pas dans la bonne
direction.
J'ai déjà évoqué les modèles
variés de financement des arts. À l'examen de ces modèles,
il est manifeste que la question du financement privé en est une
à laquelle il faut prioritairement s'attarder. Dès le 26 janvier
dernier, j'ai annoncé la création d'un fonds d'appariement
destiné à stimuler le financement privé des arts et
doté d'une enveloppe budgétaire de 2 000 000 $. Depuis, j'ai fait
en sorte que l'on augmente la somme allouée et c'est ainsi que, dans le
discours du ministre des Finances, la dotation de ce fonds a doublé pour
être portée à 4 000 000 $ dès le présent
exercice financier.
Nous savons pertinemment, même si ce proqramme est de nature
à rassurer les milieux privés qui craignent parfois qu'un
investissement de leur part n'entraîne le retrait des gouvernements, que
cela n'est pas en une seule année qu'il donnera tous les fruits
escomptés. Cette initiative devra être poursuivie quelques
années et, à l'usage, nous serons mieux en mesure de
déterminer qui, des milieux culturels, obtient le plus de succès
dans ses rapports avec l'entreprise privée, car nous savons que les
chances ne sont pas éqales pour tous. Nous suivrons donc de près
ce programme pour en mesurer tous les effets.
Ce n'est pas par hasard que naît aujourd'hui ce fonds. S'il est
naturel que les États-Unis fassent appel à un tel
procédé, l'Ontario le fait également depuis quelques
années. La France elle-même a également introduit dans son
mode de financement des arts des dispositions d'appariement. Si la conjoncture
favorise le développement du financement privé au profit des
arts, il est normal, voire ingénieux, que les États
emboîtent le pas de manière à stimuler ce type de
financement et à favoriser le développement de nouvelles
habitudes.
Soyons clairsl La création de ce fonds n'a aucunement comme
objectif de se substituer aux responsabilités de l'État, comme
certains auraient voulu le faire croire, bien au contraire, puisque nous
apparierons toutes les contributions privées.
Venons-en maintenant au plan de
réalisation du financement culturel par l'État. J'ai
déjà fait savoir que je soumettrais, au cours des prochains mois,
au Conseil des ministres un plan de réalisation devant nous conduire
à l'atteinte de l'objectif de 1 % du budget total de l'État
alloué à la culture. Ce plan prévoira une croissance
graduelle répartie, je l'espère toujours, sur les années
qu'il reste à courir d'ici à la fin du présent mandat du
gouvernement.
Si le premier objectif de ce plan est l'atteinte graduelle du 1 % du
budget total de l'État pour la culture, cela ne sera pas sa seule vertu.
Il sera également l'occasion, comme nous avons commencé à
le faire l'an dernier et comme noua le ferons cette année, de jeter une
lumière nouvelle sur les priorités du développement
culturel au Québec. Nombre de dossiers, de domaines et de fonctions
culturelles commandent que l'on y regarde de plus près, que l'on mesure
le plus finement possible leur état fragile et les effets du retard
considérable pris avec les années. Pensons à la question
des bibliothèques, de la production artistique ou du patrimoine, par
exemple. Ce plan constituera donc les assises nouvelles du financement culturel
et un exposé des priorités de développement. Pour
l'exercice financier 1987-1988, les crédits du ministère des
Affaires culturelles s'élèvent à 184 496 000 $ en
début d'exercice, à l'exclusion des crédits de la Charte
de la langue française du Québec. Ce montant représente un
taux de croissance de 7 % par rapport aux crédits de 1986-1987, soit
ceux apparaissant aux livres des crédits en début d'année.
J'avais indiqué à des représentants de la coalition le 26
janvier dernier que j'avais bon espoir de voir les crédits du
ministère s'accroître à 7,6 % en 1987-1988, si nous tenons
compte des crédits qui, dans le processus budgétaire
gouvernemental, font l'objet de transferts interministériels, et je
pense notamment à ceux qui nous sont versés par l'OPDQ pour les
projets découlant des sommets socio-économiques régionaux
ainsi qu'à ceux du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu pour les programmes de création
d'emplois. J'ai enfin un espoir réaliste que le prochain budget
supplémentaire apportera des réponses positives à des
discussions que je mène actuellement. Nous atteindrons même et
dépasserons les 7,6 % d'augmentation que j'avais identifiés en
janvier dernier.
De ce bilan esquissé pour l'année 1986-1987 se profileront
les orientations privilégiées pour la prochaine année. Ces
orientations constituent la base de la défense des crédits
1987-1988 du ministère. Et, plus exactement, nous en sommes à la
croisée des chemins quant au rôle de l'État dans le
développement culturel.
La démarche de la coalition des artistes aura permis d'amorcer un
dialogue fructueux et de mettre en relief certaines situations. Les contraintes
auxquelles sont exposés les organismes culturels sont telles qu'elles
ont souvent pour effet de réduire la qualité culturelle de leur
travail et ce, à leur corps défendant. Il n'est pas rare de voir
des artistes rogner volontairement sur leur salaire pour maintenir un tant soit
peu des budgets de production convenables. Vous me direz que c'est là un
fait commun en période de crise financière. À
l'égard de ce qu'elle contribue largement à développer nos
traits de civilisation, cette situation devient inadmissible lorsqu'elle
perdure. C'est pourquoi je n'ai pas hésité à appuyer cette
coalition.
D'autre part, du point de vue de la population, qui a droit à des
services culturels de qualité et à l'accès aux grandes
oeuvres du monde, la situation mérite également un correctif
à court terme. L'irrigation des esprits ne peut passer uniquement que
par la télévision, comme nous avons tendance trop souvent
à l'admettre. Il faut remettre en vigueur des programmes de
tournées d'artistes et une circulation souple et constante des
expositions. De même, nous devons maintenir les chantiers
d'agrandissement de nos institutions les plus prestigieuses pour enfin sortir
des réserves où elles se trouvent les collections qui sont les
nôtres.
La commission d'étude sur les bibliothèques fera sans
doute le constat que nous avons pris des retards quasi historiques quant au
développement de la lecture publique. Si la hausse du niveau de lecture
des citoyens n'est pas une génération spontanée, la
croissance naturelle de la scolarisation est aujourd'hui telle, après
plus de vingt ans d'efforts, que par la présence de services de lecture
publique de qualité nous pouvons escompter des résultats
significatifs à court terme. L'exemple de certaines bibliothèques
en est une preuve manifeste.
Enfin, arrêtons-nous un moment sur notre réseau
d'institutions nationales. Celles-ci ont été, à
l'occasion, parce que moins visibles, les premières à voir leur
développement ralenti, lorsque la crise a fait raqe. La conjoncture nous
a fait ici aussi prendre des retards qu'il est indiqué aujourd'hui de
corriger. On oublie facilement que ces institutions nationales, telles les
archives et la bibliothèque, ont le mandat de consigner le génie
de ceux qui nous ont précédés et d'en offrir le
repère historique. Il s'agit ici de services directs aux citoyens et
pour cette raison ils se doivent d'être de haut niveau.
On peut encore constater en matière de patrimoine que la
sédimentation naturelle propre à de nombreuses interventions
publiques a eu pour effet de rendre confuses nos orientations, nos
responsabilités. C'est
plus par un instinct de protection que nous réagissons parfois.
Les efforts entrepris depuis quelques années, de concert avec les
municipalités méritent sans doute qu'on en réexamine
désormais les effets.
Ces observations paraissent brosser un portrait sévère de
la réalité. Ce n'est pas mon intention. Il est certain qu'en
regroupant ce qui devrait faire l'objet d'une correction de tir, nous risquons
de laisser cette impression. La réalité demeure cependant tout
autre. En dépit des faiblesses que je viens d'évoquer, la
création contemporaine ne manque pas de réussites ni de
vitalité. Nos bibliothécaires maintiennent tout de même des
services de qualité, il en va de même pour nos archivistes qui ne
se désarment pas facilement. Cet état de situation ne fait que
confirmer ce que nous défendions dans notre programme culturel, à
savoir que les crédits de l'État du Québec doivent
s'accroître sensiblement.
Voilà présentées sommairement les intentions du
ministère des Affaires culturelles. Avant de terminer cet exposé,
je voudrais dire un mot des conclusions qui s'imposent à l'égard
des orientations principales qui guideront nos actions au cours de la prochaine
année.
Il y a dans ce budget un parti pris très net pour les
créateurs et les créatrices. Non seulement toutes les mesures qui
entourent l'amélioration du statut de l'artiste et du créateur
sont-elles le moteur de ce parti pris, plus encore nos choix financiers visent
globalement à protéger l'emploi culturel. La trace
singulière de notre société en Amérique et dans le
monde repose largement sur l'expression culturelle de nos artistes et de nos
créateurs.
Il y a également dans ce budget une volonté de
continuité dans la recherche de la diversification du financement des
arts. Depuis maintenant près de deux ans, je n'ai pas caché mes
couleurs sur cette question. En dépit de la situation financière
délicate de la dernière année, il fallait prendre partie
pour cette diversification. J'ai déjà signalé les dangers
d'être à la merci de la conjoncture en situation d'une trop forte
prépondérance d'une seule source de financement. Ce choix de la
diversification a également d'autres vertus. On ne peut douter que
l'élargissement des sources de financement contribue à garantir
encore mieux la liberté de création et d'expression.
Il y a encore, dans ce budget, le maintien du développement des
grands équipements culturels. Une société ne rayonne pas
de l'intérieur si elle ne peut s'ouvrir aux grands courants culturels,
aux grandes oeuvres du patrimoine mondial et si elle ne peut poursuivre le
cheminement de ceux qui nous ont précédés. Il a certes
fallu rationaliser les choix; ils sont désormais clairs et nous
entendons les mener à terme.
Il y a finalement un exposé, me semble-t-il, précis des
responsabilités de l'État à l'égard de la culture
au Québec. En exposant au passage les modèles différents
de gestion et de financement des arts, j'aj, en corollaire, mis en
lumière les responsabilités du qouvernement
québécois. Soutenir la création, favoriser le
développement sans s'immiscer dans les choix artistiques et garantir
l'équilibre entre les composantes de la culture ne sont pas, dans mon
esprit, des mots vides de sens. Ils évoquent des réalités
bien concrètes auxquelles j'ai souvent l'occasion de me confronter. Je
mesure ainsi chaque jour la portée de ces choix dont j'entends tenir
compte.
Sur ce, M. le Président, je vous invite à l'examen
détaillé des crédits du ministère des Affaires
culturelles pour l'exercice financier 1987-1988.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, Mme la
ministre. Je reconnais maintenant M. le député de Saint-Jacques,
critique de l'Opposition en matière d'affaires culturelles. M. le
député.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, Mme la ministre, MM. les
sous-ministres, à la lecture des crédits 1987-1988 du
ministère des Affaires culturelles, on constate que l'autorité a
cédé le pas à l'incapacité de la ministre à
livrer la marchandise au chapitre des dossiers majeurs de son
ministère.
L'année dernière, le budget du ministère des
Affaires culturelles subissait des coupes sombres de plus de 10 000 000 $, se
répartissant comme suit: 4 000 000 $ de coupures pour l'aide au
fonctionnement des bibliothèques municipales; 3 600 000 $ pour le
soutien à l'implantation et à l'amélioration des
équipements culturels; 1 600 000 $ de compressions budgétaires
ou, pour utiliser l'expression plus raffinée de la ministre, de
réaménagements budgétaires au programme 4, pour le soutien
et la promotion des arts, des lettres, de la musique et de l'industrie
culturelle. À ces coupures, il faut ajouter une économie de
l'ordre de 7 500 000 $ qui a été réalisée par le
report d'une année de l'ouverture du Musée de la civilisation,
ici même, dans notre capitale nationale et non pas provinciale, comme
dans le texte dont je viens d'entendre la lecture.
Pour justifier les coupes sombres du budget de la culture
décrétées par le gouvernement, la ministre multiplie les
interventions sur le thème du nouveau rôle de l'État
québécois en matière de financement du
développement culturel. Lors du sommet économique de
Montréal, en juin dernier, la ministre déclare que l'État
ne
peut plus remplacer les villes et qu'elle n'entend plus se substituer
à elles. Selon la ministre, et je la cite: "Le gouvernement du
Québec a assumé une suppléance quant au niveau des
dépenses culturelles publiques. La croissance du financement total de
l'activité culturelle devra ainsi passer par celui du privé et
l'accroissement du financement public, par les municipalités." Cela
était reproduit dans Le Devoir du 16 juin 1986. Le modèle
de l'Ontario, où 67 % du financement public provient des
municipalités, devient, pour la ministre, la voie à suivre en
matière de financement de la culture.
Nous condamnons ce discours qui non seulement vise à justifier
les coupures au budget du ministère des Affaires culturelles, mais "
surtout à cautionner un retrait progressif de l'intervention de
l'État québécois en matière de culture.
Étant donné notre spécificité culturelle, qui
réside principalement, d'ailleurs, sur le caractère
français de notre société, l'État
québécois doit continuer d'assumer son rôle historique de
maître d'oeuvre de la politique en associant à cette
démarche, comme il l'a fait depuis la création du
ministère des Affaires culturelles, ses partenaires culturels et,
surtout, ses créateurs. (12 h 15)
La fragilité de nos industries culturelles, le statut
socio-économique déficient de nos artistes,
l'exiguïté relative de notre marché et son envahissement par
les produits culturels étrangers commandent une nécessaire
intervention de l'État en matière culturelle, une participation
accrue des municipalités, des individus et du secteur privé. Le
financement doit être encouragé, mais pas au détriment d'un
retrait de l'État dans ce secteur essentiel à la consolidation et
è l'affirmation de notre identité en tant que peuple.
La participation accrue des municipalités, des individus et du
secteur privé au financement de la culture passe par des mesures
incitatives. Vous ne créerez pas les conditions de cette participation
par le vide. Les conséquences de la coupure de 4 000 000 $ au chapitre
des bibliothèques ou celles du moratoire sur les équipements
culturels en témoignent éloquemment, tristement, devrais-je dire.
Cette participation doit être recherchée par des mesures
incitatives comme les mesures fiscales proposées dans le rapport
fédéral Bovey sur le financement des arts, pour stimuler la
consommation de nos produits culturels ou encore par une formule de financement
conjoint de projets où le milieu, l'État, la municipalité
et le secteur privé devront chacun apporter leur contribution.
Après les effarantes coupures de l'an dernier, devant le discours
de la ministre sur le nouveau rôle de l'État en matière de
financement de la culture ainsi que des rumeurs faisant état de
nouvelles coupures de l'ordre de 10 000 000 $ à 15 000 000 $ pour 1987,
les milieux culturels, heureusement, n'ont pas tardé à
réagir. À l'automne, plus d'une soixantaine d'organismes de
l'ensemble des milieux culturels se regroupaient sous la Coalition du monde des
arts et de la culture pour le 1 %. Cette coalition, M. le Président, a
rencontré, le 26 janvier dernier, la ministre en exigeant que le
gouvernement respecte son enqagement électoral de consacrer 1 % du
budget de l'État à la culture d'ici la fin du présent
mandat. La ministre nous rappelait tantôt qu'elle s'engageait
effectivement à l'amener à 1 % d'ici la fin du présent
mandat. Donc, deux ans pour trouver au-delà de 100 000 000 $. Elle
voulait y concourir, et je pense qu'elle devra y courir très fort.
La ministre des Affaires culturelles s'engageait donc à obtenir,
pour le budqet de 1987 de son ministère, une augmentation de 13 500 000
$ ou, pour les amateurs de statistiques, 7,6 %, pour le volet culturel. Or, la
ministre a lamentablement échoué en n'obtenant, lors du
dépôt des crédits le 25 mars dernier, que 9 000 000 $
d'augmentation pour le volet culturel de son budget par rapport à celui
de 1986, soit une croissance réelle de 5,2 %. Ce pourcentage de 5,2 %
est d'ailleurs inférieur au pourcentage général de
croissance de l'ordre de 5,9 % pour l'ensemble des dépenses des autres
ministères en 1987. Malgré cette augmentation de 9 000 000 $, le
budqet 1987 du volet culturel du ministère s'élevant à 182
400 000 $ n'atteint même pas le niveau du budget 1985 qui
s'élevait à 183 900 000 $.
De plus, comme le craiqnait à juste titre la coalition,
I'augmentation de 9 000 000 $ échappe, pour l'essentiel, aux artistes: 1
500 000 $ iront è la gestion administrative du ministère, 5 600
000 $ seront consacrés au Service de la dette, alors que 1 500 000 $
seront prévus pour le statut de l'artiste. Il faut préciser que
ces 1 500 000 $ prévus pour le statut de l'artiste sont largement
financés par une diminution des dépenses de transfert en 1987 par
rapport à l'année dernière dans les secteurs suivants:
moins 100 000 $ pour les bibliothèques publiques - on vient pourtant de
célébrer à pleine page - 220 000 $ pour l'aide aux
musées privés, au moment où le Québec d'ailleurs
développe, dans le domaine des écomusées, une expertise
qui fait l'émerveillement de tous, 62 000 $ pour l'aide au
théâtre, 100 000 $ pour le soutien et la promotion du
cinéma - ne faisait-on pas allusion au cinéma dans le texte
initial? -.et 2 100 000 $ pour les transferts divers aux organismes culturels,
ceux-là même qui embauchent nos artistes.
Insatisfaits de leur rencontre avec la ministre et de l'augmentation de
9 % du
budget, les responsables de la coalition rencontrèrent le premier
ministre le 26 mars. Cette rencontre fut qualifiée d'historique et elle
l'est effectivement dans te sens où, pour la première fois, les
artistes se sont sentis à ce point menacés par l'inaction d'un
ministre des Affaires culturelles qu'ils se sont regroupés et ont
demandé à être entendus cette foi3 par le premier ministre
lui-même. Ce dernier, fidèle à son personnage, a pris bien
soin de ne prendre aucun engagement formel, à savoir que son
gouvernement respecterait l'objectif du 1 % du budget de l'État à
la culture d'ici la fin de son présent mandat. À preuve, les
titres fort révélateurs de la presse écrite au lendemain
de cette rencontre. Dans Le Soleil M. Bourassa n'a pas pris d'engagement
formel; dans La Presse: La politique du 1 %: aucune garantie.
Le budget présenté en catastrophe par le ministre des
Finances a confirmé l'absence d'engagement formel du premier ministre
à l'égard du 1 %. Outre les 2 000 000 $ comme fonds d'appui au
financement privé, le budget ne comportait aucune mesure concrète
susceptible d'améliorer le statut fiscal de nos artistes. Il s'est
plutôt contenté de leur - et j'emploie ce titre savoureux des
journaux - "servir du réchauffé", en officialisant une pratique
courante du ministère du Revenu, soit de déduire du revenu
imposable de l'artiste la cotisation annuelle que celui-ci verse à
l'association professionnelle dont il est forcément membre. Personne
dans les milieux culturels n'a été dupe d'une telle supercherie
du ministre des Finances. Connaissant les grands classiques, je me suis
demandé si ce n'était pas une piètre version de L'Avare
ou Des Fourberies de Scapin de Molière.
Malgré son engagement, la ministre n'a pas pu obtenir du ministre
des Finances le retour de la déduction à 150 % pour tout
investissement effectué dans la réalisation d'une production
cinématographique. Le ministre des Finances avait réduit, en
décembre dernier - malheureusement, tout le monde se le rappelle et il
est bon de rafraîchir la mémoire de ceux qui par malheur
l'auraient oublié - cette déduction de 150 % à 100 %,
rendant ainsi beaucoup moins attrayant l'investissement dans la production
cinématographique qui comporte un élément de risque
certain. Cette décision va contribuer au déplacement de
réalisations de productions cinématographiques de Montréal
vers Toronto,
À une question que je lui adressais en Chambre, le 12 mai
dernier, sur l'absence de mesures fiscales pour les artistes et de nouveaux
crédits substantiels pour la culture dans le budget, (a ministre tenta
de se justifier d'une façon très maladroite, compte tenu de son
expérience parlementaire. Elle évoqua le fait qu'elle
était en discussion sur ce sujet avec le ministre des Finances, le jour
même de la fuite, alors que le budqet était déjà
à l'imprimerie. On a tenté d'établir pour nous les
distinctions entre imprimerie, ateliers de composition et tout cela, mais
enfin. Une déclaration aussi frivole et irréfléchie nous
apparaît irrespectueuse à l'endroit des artistes et des milieux
culturels. Cette déclaration a d'ailleurs entaché
sérieusement sa crédibilité auprès de ces
milieux.
Mme Bacon: Ah!
M. Boulerice: Eh oui! Il faut effectivement, madame, regretter ce
qu'on a fait ou pas. Vous l'assumez déjà, je m'en rends compte
à vos propos.
Au-delà des communiqués de presse incantatoires
émis à l'issue du dernier conseil réqional du Parti
libéral du Québec réitérant sa confiance à
propos du 1 %, nous attendons que la ministre passe concrètement aux
actes ou, à défaut, qu'elle ait le couraqe d'admettre devant le
milieu culturel qu'elle sera incapable d'obtenir un minimum de 100 000 000 $
d'ici deux ans, pour respecter l'engagement électoral de son parti qui
date déjà d'il y a au moins presque deux ans.
Je souhaite qu'elle nous explique au cours de l'étude des
crédits de son ministère comment elle s'y prendra pour atteindre
cet objectif, alors que le budget de 1987 de son ministère n'atteint
même pas après deux ans le niveau de celui de 1985 et qu'il
affiche après deux ans d'administration libérale un taux de
croissance zéro. Si elle s'inquiète toujours, comme elle
l'avouait récemment à l'Assemblée nationale, de
l'utilisation de ces 100 000 000 $, je lui répondrai de consulter les
milieux culturels qui n'attendent qu'une aide de son ministère dans
plusieurs cas pour réaliser des projets d'implantation, de consolidation
et de développement de leurs activités.
Je ne citerai ici qu'un seul exemple -mais Dieu, qu'il est pertinent -
celui de l'amphithéâtre du festival d'été de
Lanaudière, madame. Statut de l'artiste, reparlons-en. Les
résultats de l'action de la ministre, dans le dossier du statut de
l'artiste, ne sont guère plus probants que ceux obtenus dans le cas du 1
% du budget de l'État consacré à la culture.
On est très loin du bel optimisme affiché par la ministre
au terme des travaux de la commission parlementaire sur le statut de l'artiste.
À l'issu de ces travaux, la ministre a créé un
comité, présidé par Mme la députée de
Vachon, chargé de lui formuler des recommandations, et elle s'engage
à agir par un projet de loi.
Le 2 décembre dernier, elle réitère cet enqagement
et je la citerai de nouveau: "Nous agirons sur une base législative dans
la session de mars à juin 1987. C'est ce que j'ai dit et c'est ce que
nous ferons."
La ministre a reporté ce projet de loi à l'automne 1987,
dans les meilleures hypothèses 1988, 1989, 1990 et s'est
contentée d'annoncer la création d'une Direction de soutien
à l'artiste. Dans les faits, il s'agit, pour cette Direction de soutien
à l'artiste, d'un regroupement de services déjà existants
sous une même structure administrative.
Pendant ce temps, l'impatience gagne les artistes. Cette impatience
s'est exprimée d'une façon originale, comme le. sont nos
artistes, par le biais de la commission - je me souviens - qui rappela, avec un
humour ironique, à la ministre son engagement. Pressée par le
milieu de déposer te projet de loi, tel que promis, au cours de la
présente session, la ministre sent le besoin de gagner du temps. Elle
annonce, sans consultation du milieu, après avoir démis son
premier comité, la création d'un nouveau comité
consultatif chargé, au cours de l'année qui vient,
d'émettre des commentaires sur les mesures que le gouvernement entend
mettre en oeuvre.
La légitimité de ce comité est aussitôt
contestée par cinq associations professionnelles, au rang desquelles
figurent l'Union des artistes, la Guilde des musiciens de Montréal, le
Syndicat des techniciens et techniciennes du cinéma du Québec, la
Société des auteurs, recherchistes, documentalistes,
écrivains et compositeurs, la SARDEC.
Pour nous, la création de ce comité, nonobstant la valeur
des personnes qui y sont, répond à deux objectifs de la ministre,
deux objectifs fondamentaux, traditionnels: le besoin de gagner du temps et la
volonté de prendre ses distances par rapport à ces
associations.
Aux critiques formulées par ces associations, la ministre
réplique sèchement qu'elle ne se laissera pas intimider par de
gros syndicats. Cela est sans doute inspiré par la vieille règle
qui veut que, lorsque le message gêne, il faut tenter de
discréditer le messager. Une telle attitude de la ministre a
contribué à une détérioration marquée de ses
relations avec ces assocations, dont l'une célèbre le 50e
anniversaire, alors que tous conviendront qu'un sain climat de collaboration
avec l'ensemble des intervenants est essentiel au bon cheminement de ce dossier
prioritaire.
Je me contenterai de rappeler ici l'appel, lancé par le premier
ministre, en faveur de l'émergence d'un dialogue positif, efficace et
fructueux avec les différents organismes à vocation culturelle,
dans le cadre de son homélie dominicale, sur les ondes de Radio-Mutuel,
le 29 mars dernier, et qui portait sur le développement culturel. Enfin,
il nous a parlé de culture autre que la souveraineté ou, à
rabais ces derniers temps, de sécurité culturelle.
Au lieu de chercher un expédiant, par la création de ce
comité, pour dissimuler ses difficultés à agir dans ce
dossier, la ministre devrait plutôt admettre franchement que ce dossier
suscite des réticences importantes au sein du Conseil des ministres et
de plusieurs de ses collègues. (12 h 30)
J'entends bien, M. le Président, profiter des quelques minutes
qui viennent pour tenter d'obtenir... Je dis bien "tenter" puisqu'on voit bien,
et ce n'est pas seulement l'apanage de la ministre, mais bien de l'ensemble de
ses collègues, qu'il est difficile d'obtenir des réponses.
J'entends bien profiter, comme je vous le disais, des quelques heures qui
viennent pour tenter d'obtenir de la part de la ministre l'enqagement ferme que
le projet définissant le statut de l'artiste sera déposé
au cours de la session d'automne 1987.
Je souhaite qu'elle nous indique quelles sont les actions qu'elle compte
entreprendre dans ce dossier, au chapitre de la formation, de la
fiscalité, de la sécurité du revenu, de la gestion des
arts, qui sont aussi des éléments majeurs d'une réforme
globale visant à améliorer le statut de l'artiste.
En avril dernier, la ministre décrétait jusqu'en 1989, ce
qui pourrait être sa Bastille, un moratoire sur tout projet
d'équipements culturels. Cette décision néfaste
empêche la réalisation d'un bon nombre de projets
d'équipements culturels en régions, qui ne peuvent se
concrétiser sans l'aide de la ministre des Affaires culturelles. Ce
moratoire devient ici le prétexte permettant à la ministre de
refuser de s'impliquer dans des projets d'équipements culturels, mais
surtout d'inciter à la patience, jusqu'en 1989, les municipalités
et les organismes qui entendent et attendent de concrétiser de tels
projets. Ce moratoire devient l'alibi tout idéal pour la ministre, dont
le leitmotiv dans le secteur se résume à gagner du temps et
à investir le moins possible. Bon nombre d'organismes et de
municipalités ont demandé sans succès la levée du
moratoire. Parmi eux, le Réseau indépendant des diffuseurs
d'événements artistiques unis, mieux connu sous le sigle de
RIDEAU, a demandé la levée du moratoire dans un mémoire
adressé à la ministre l'automne dernier. Insistant sur la
nécessité de doter le Québec d'un réseau
adéquat de salles de spectacles, RIDEAU, regroupant 51 diffuseurs de
spectacles dans tout le Québec, soutient à juste titre dans ce
mémoire qu'une intervention soutenue de la part du ministère est
la pierre angulaire du partenariat que celui-ci tente de développer et
est garante de l'émergence d'un réel réseau de diffusion
en arts d'interprétation au Québec. C'est à la page 9 de
leur mémoire, madame.
Ce mémoire reconnaît que le
programme de soutien à l'implantation et à
l'amélioration des équipements culturels a suscité
l'implication financière des municipalités dans ce secteur.
Pourquoi, Mme la ministre, vous priver d'un tel outil, alors que vous ne cessez
de plaider en faveur d'une implication accrue des municipalités dans le
développement culturel? Ce que fait Joliette actuellement et ce que vous
lui refusiez tantôt.
Pourtant, ce moratoire n'existe pas dans les faits. Soyons donc francs!
Le moratoire n'existe pas. À preuve, certains projets
d'équipements culturels ont reçu une aide de votre
ministère, dont celle s'élevant à 300 000 $ pour le
complexe culturel de Rivière-du-Loup. D'ailleurs, le titre du journal
disait: "Grâce à la complicité de notre
député..." Puisse-t-il être complice en d'autres lieux
également! Notons aussi l'aide de 188 000 $ pour l'agrandissement du
centre d'art de Richmond. Invoquant toujours le moratoire, la ministre a
recommandé, ce matin, sans doute au grand désappointement des
habitants de ma ville natale, la patience aux gens de Joliette pour leur
amphithéâtre, à ceux de Hull pour leur salle de spectacles,
à ceux de Sept-îles pour leur salle de spectacles
également, et à ceux de combien d'autres villes encore?
Nous condamnons sans réserve ce double langage de la ministre
autour d'un pseudomoratoire qui lui permet de refouler les demandes d'aide et
d'y aller cas par cas, selon son humeur. Étant donné que les
rapports, dont ceux de la firme Jean-Paul L'Allier et Associés, de
PLURAM et de SACUL, font état de besoins urgents, nous vous demandons
d'être honnête, de lever ce pseudo-moratoire et de cesser de vous
abrier avec ce pseudo-moratoire.
À quoi bon, Mme la ministre, des programmes de soutien et un
statut de l'artiste si celui-ci ou celle-ci ne peut se produire dans certaines
régions, faute de lieux de diffusion ou d'équipements culturels?
La qualité de la vie culturelle en régions passe par l'existence
d'un réseau adéquat de salles de spectacles. Les besoins existent
et ils commandent une implication soutenue de votre ministère. La
décision de la ministre à l'endroit des bibliothèques
publiques a lourdement aggravé la situation déjà difficile
de celles-ci. Pour reprendre le titre d'un article du Soleil, la
ministre a mis les bibliothèques dans l'embarras. Les coupures de 4 000
000 $ en 1986 au chapitre de l'aide au fonctionnement des bibliothèques
publiques se sont traduites par une diminution de 30 % du budget de
fonctionnement des bibliothèques et nous vous en reparlerons, même
à l'aide de photos, s'il le faut. Nous allons au Québec, nous
aussi, madame. Nous ne refusons pas de rencontrer certains conseils
régionaux.
Cette coupure a provoqué une réduction des heures
d'ouverture, une diminution dramatique d'achats de livres, au détriment
non seulement des bibliothèques, mais aussi des libraires et des
auteurs. Cette coupure a diminué la capacité de nos
bibliothèques publiques de jouer leur rôle de promoteurs et de
diffuseurs du livre. Devant le tollé de protestations des usagers,
d'organismes et de municipalités, la ministre s'enqage à
réformer l'aide aux bibliothèques municipales par la
présentation en octobre 1986 d'un nouveau programme d'aide. Selon Le
Soleil du 1er mars 1986, incapable de livrer la marchandise, la ministre
informe en novembre les municipalités qui préparent leur budget
pour 1987 que le ministère gèle au niveau de 1986 l'aide de son
ministère aux bibliothèques pour 1987. Elle décide alors
de créer une commission d'étude pour analyser la
problématique des bibliothèques publiques, alors que l'ensemble
des intervenants identifient le sous-financement comme l'une des causes
majeures du retard du Québec par rapport au reste du Canada.
L'étude, elle l'avait. Une étude de Mme Diane Mittermeyer,
commandée par l'Association des directeurs de bibliothèques
publiques, démontre à partir de certains indicateurs que le
Québec occupe le dernier rang canadien pour sa performance au chapitre
des bibliothèques publiques. Les ravages exercés depuis le 2
décembre 1985 nous confirment davantage dans ce dernier rang.
Le bilan des dernières audiences de la commission d'étude
par M. Philippe Sauvageau conclut à l'urgence d'un rattrapage. Ce
rattrapage passe par l'injection de fonds supplémentaires. M. Sauvageau
déclarait à juste titre, et je le cite, qu'il ne peut y avoir de
développement des bibliothèques s'il n'y a pas de budget.
C'était dans Progrès-Dimanche du 17 mai 1987.
Pour nous, une décence élémentaire aurait dû
vous inciter à accorder à tout le moins le strict minimum,
c'est-à-dire une indexation de 4 % du budget du ministère
consacré aux bibliothèques publiques. Après avoir
coupé 4 000 000 $, vous avez choisi de geler le budget de 1987
légèrement au-dessous du niveau de celui de 1986, soit environ
100 000 $. Pourtant, le prix des livres et les coûts des personnels ont
continué d'augmenter depuis deux ans, madame.
Vous allez me rétorquer que le coeur du problème des
bibliothèques publiques se situe dans le partage des
responsabilités du financement entre l'État et les
municipalités; je vous répondrai que vous ne créerez rien
par le vide ou par un retrait substantiel comme vous le faites. D'ailleurs,
l'ensemble des intervenants entendus au cours des audiences de la commission
d'étude ont rappelé le leadership de votre ministère dans
ce secteur.
Voilà quelques-unes des considérations et des
préoccupations qui m'animent à titre de porte-parole de
l'Opposition en matière de culture, au moment justement d'entreprendre
cette étude des crédits à laquelle vous m'invitez et
à laquelle je réponds, madame, très spontanément:
Ouï, allons-y. Nous avons bien des choses à discuter.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques.
Il n'y a pas eu de séance de travail de la commission,
séance préparatoire à cette séance publique des
discussions des crédits, et on vient du côté de
l'Opposition de me demander si on consentirait de l'autre côté,
donc, Mme la ministre, à une discussion générale d'environ
90 minutes. J'ai répondu à l'Opposition après avoir
consulté quelqu'un de votre entourage que les règles de la
commission, si vous me le permettez, M. le député, ne
permettaient pas, sauf consentement des deux côtés de la table, ce
genre de discussions et qu'une discussion générale sur des sujets
comme l'exemple qu'on m'a donné et que j'accepte comme étant un
exemple intéressant, le libre-échange, pouvait, à mon avis
- là, c'est le président de la commission qui parle - tout aussi
bien se retrouver à l'intérieur du proqramme 1 qui est un
programme général. À moins d'un consentement de la part de
la majorité ministérielle, je vais inviter le
député de Saint-Jacques et critique officiel de l'Opposition en
matière d'affaires culturelles à engager la discussion autour du
programme 1 qui s'appelle Politique, gestion interne et soutien.
Est-ce que, Mme la ministre ou les membres du parti ministériel,
on a le consentement pour une discussion générale?
Mme Bacon: ...au programme 1, M. le Président.
Politique, gestion interne et soutien
Le Président (M. Trudel): Le programme 1, Mme la ministre.
M. le député de Saint-Jacques, nous sommes maintenant au
programme 1, que j'appelle. Il s'agit, encore une fois, du programme Politique,
gestion interne et soutien. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, la
spécificité culturelle commande à l'État
québécois un rôle de maître d'oeuvre et d'intervenant
majeur. C'est d'ailleurs ce qui explique la création et le
développement d'un véritable ministère des Affaires
culturelles et l'Ontario ne doit pas nous servir de modèle. D'ailleurs,
il n'y a pas, proprement dit, de véritable ministère des affaires
culturelles en Ontario, c'est rattaché au ministère des
Affaires municipales ou quelque chose dans ce sens.
J'aimerais poser une question à la ministre quant au rôle
de l'État québécois dans le financement de la culture. La
ministre a fait plusieurs déclarations dans le sens que l'accroissement
du financement passerait dorénavant par les municipalités,
secteur privé. Justement, elle faisait son éloge de l'Ontario
comme modèle.
Au-delà du discours qui vise à justifier les coupures de
l'an dernier, comment la ministre peut-elle concilier le fait qu'elle
privilégie l'Ontario comme modèle, ce qui présuppose une
diminution de l'intervention québécoise en matière de
culture, alors que son gouvernement tente, avec des résultats
limités, de faire reconnaître le caractère distinct du
Québec, en fonction de sa spécificité culturelle, en
tentant de limiter le pouvoir croissant de dépenses
fédérales dans ce secteur?
Mme Bacon: M. le Président, je suis ici pour
étudier les politiques du ministère au programme 1, Politique,
gestion interne et soutien. Je pense que l'Ontario ne vient pas du tout dans le
dossier de la gestion interne et du soutien. Si on a des questions à
poser au programme 1, je vais y répondre.
Le Président (M. Trudel): C'est votre droit,
stipulé à l'article que j'oublie, mais que je peux vous
retrouver, de répondre ou de ne pas répondre à des
questions qui vous sont posées.
Mme Bacon: C'est parce qu'on venait de décider que nous
prenions le programme 1, Politique, gestion interne et soutien. Je pense que la
politique ontarienne n'a rien à voir avec notre politique, notre gestion
interne et notre soutien.
M. Boulerice: M. le Président, je pense que la ministre...
Je vais lui donner mes questions par écrit, comme ils font à la
période de questions quand un député ministériel se
lève, comme cela, elle pourrait peut-être les lire.
Je lui demande de développer sa philosophie et elle est en train
de me dire que je suis hors du sujet. Est-ce qu'elle est en train de me dire
qu'elle n'a pas de philosophie comme ministre des Affaires culturelles?
Mme Bacon: J'espère que l'Opposition a des questions sur
cela...
M. Boulerice: Je lui dis, au-delà...
Mme Bacon:... sur le programme 1, j'espère.
M. Boulerice: Oui, le financement.
Mme Bacon; Allez-y!
Le Président (M. Trudel): Si vous me permettez, M. le
député de Saint-Jacques, je ne crois pas que Mme la ministre ait
dit que vous étiez hors du sujet. La ministre a refusé, et
c'était son droit en vertu de l'article 82, de répondre à
une question d'ordre général ou de refuser de répondre
à toute question.
Maintenant, vous avez le droit vous aussi, comme parlementaire, de poser
toutes les questions à Mme la ministre et c'est à elle d'accepter
d'y répondre ou non.
M. Boulerice: M. le Président, je ne lui pose pas des
questions sur l'Ontario. Je ne lui ai pas demandé quelle était la
capitale de l'Ontario. De toute façon, elle doit le savoir, son chef est
là ou du moins, s'il n'est pas là, il n'est pas loin.
Je lui ai dit qu'elle avait fait l'éloge de l'Ontario en
matière de financement. Je lui demande pourquoi elle tient ce discours,
alors que le Québec a un caractère distinct, différent,
sous bien des aspects. Comment peut-elle prendre un modèle qui est sans
comparaison avec le nôtre au plan culturel?
Mme Bacon: Est-ce que cela veut dire que le député
de Saint-Jacques, en matière de financement, ne regarde pas ce qui se
fait ailleurs?
M. Boulerice: Je regarde ce qui se fait ailleurs, mais...
Mme Bacon: C'est ce que nous faisons.
M. Boulerice: ...je lui pose la question. (12 h 45)
Mme Bacon: C'est ce que nous faisons, M. le Président.
L'Ontario est ailleurs. Nous regardons ce qui se fait ailleurs et nous tenons
compte de la conjoncture dans laquelle nous vivons. On tient compte de la
spécificité québécoise dans laquelle nous vivons.
Mais cela ne nous empêche pas de regarder ce qui se fait aux
États-Unis, ce qui se fait en Italie. J'ai eu des échanges avec
le ministre Léotard sur le mécénat. Est-ce que je vais
m'empêcher d'avoir des échanges sur le mécénat avec
le ministre de la Culture de la France parce que ce n'est pas au
Québec?
M. Boulerice: Mais, dans vos discours, vous privilégez
toujours l'Ontario comme modèle. Je suis bien d'accord que vous en ayez
eu avec M. Léotard.
Mme Bacon: L'ancien gouvernement ne privilégiait que la
France comme modèle. Nous, nous regardons l'ensemble des modèles
qui nous sont soumis.
M. Boulerice: M. le Président, dans une entrevue qui
était accordée au magazine PME du mois de mai, la ministre entend
inciter les PME, donc les petites et moyennes entreprises, à investir
dans la culture. Au-delà de la lettre aux diriqeants à laquelle
la ministre songe, est-ce qu'elle peut me dire ce qu'elle entend faire pour
créer un marché pour les oeuvres de nos créateurs au sein
des PME?
Mme Bacon: Je ne retrouve toujours pas cela dans le programme 1,
M. le Président.
M. Boulerice: Bien, si, c'est du financement.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Mais cela va au financement, madame.
Mme Bacon: ...est en train de faire ce qu'on vient de lui refuser
de faire, soit une discussion générale. Nous avons
décidé d'étudier le dossier que nous avons devant nous,
qui est le programme 1, Politique, gestion interne et soutien. Si nous sommes
pour faire la discussion générale qu'on vient de lui refuser, il
faudrait peut-être qu'il nous le dise. -
M. Boulerice: M. le Président, on n'a pas refusé
cette discussion générale, on l'a acceptée, comme on
l'avait fait l'an passé. Ahl vous l'avez refusée?
Mme Bacon: Vous n'étiez pas là? On vient de dire
qu'en vertu du règlement nous pouvons accepter le programme 1.
M. Boulerice: Je croyais que vous auriez accepté, comme on
l'a fait l'an passé. Cela vous a gênée Pan passé?
Vous n'avez pas le goût de reprendre cette expérience? Pourtant,
il me semble qu'il aurait été profitable qu'on
échange.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, si vous me permettez d'essayer de mettre les choses au clair.
J'ai eu une demande informelle, de la part de l'Opposition, d'avoir avec Mme la
ministre une discussion générale d'environ 90 minutes. J'ai dit
à votre représentant que j'allais en faire part à un des
collaborateurs de Mme la ministre. La réponse m'est revenue, disant: On
passe au programme 1. J'ai dit à votre représentant que,
peut-être, au titre Politique, avant gestion interne et soutien, cela
pourrait... Mme la ministre est toujours libre d'accepter ou de refuser de
répondre à des questions. Maintenant, rien ne vous empêche
de poursuivre dans cette ligne de
question. Ce sont les crédits de la ministre et c'est vous qui
êtes le critique de l'Opposition. Je ne veux pas intervenir toutes les 40
ou 45 secondes. Mon rôle ici est d'essayer de faire respecter le
règlement le mieux possible et de ne pas empêcher, ni d'un
côté ni de l'autre de cette table, la pleine liberté
d'expression et de discussion. J'ai l'impression qu'à l'intérieur
de ce cadre plutôt général il y a sûrement moyen
de... Mme la ministre a d'ailleurs commencé à répondre
à vos questions tantôt. Si les réponses ne vous satisfont
pas, c'est une autre question. Évidemment, si on parle des
réponses, ce n'est pas "une question", mais vous avez toujours le choix
de revenir avec une question.
M. Boulerice: Vous me dites-qu'on ne veut pas faire comme l'an
dernier, et je sais qu'on se sert du pouvoir écrasant de la
majorité ministérielle et que j'aurais beau intervenir pendant X
heures, finalement, on ne changera pas d'idée. Je pense- qu'on prend
bonne note, d'une part, que la ministre refuse cette période
d'échange comme celle qu'on avait eue l'an dernier. La presse en est
témoin d'ailleurs et jugera bien de la ministre. Je ne
m'empêcherai quand même pas, à l'intérieur du
programme 1, de continuer à poser mes questions. Naturellement, on
notera au Journal des débats de cette commission quelque chose
d'un peu semblable è ce qui se passe au salon bleu. Je prends avis de
l'endroit où il n'y a pas de réponse. L'absence de
réponse, encore là, je pense, démontrera ce que cela peut
bien démontrer.
Justement, toujours dans le programme 1, Politique, gestion interne et
soutien -alors le soutien, c'est le financement - je voudrais savoir,
au-delà de l'injection d'une nouvelle somme de 2 000 000 $ dans le fond3
d'appui au financement privé, quelles mesures concrètes la
ministre entend prendre, a prises ou envisage prendre pour inciter les
municipalités et le secteur privé à faire plus dans le
domaine culturel.
Mme Bacon: M. le Président, si le député de
Saint-Jacques veut aller au programme 2, on pourrait peut-être adopter le
programme 1? Il est en train de poser des questions concernant le programme
2.
M. Boulerice: Je ne suis pas au programme 2. L'ensemble...
Mme Bacon: Développement des milieux culturels, M. le
Président.
M. Boulerice: L'ensemble du financement de la culture,
madame.
Mme Bacon: C'est dans le programme 2, pas dans le programme 1.
Nous sommes au proqramme 1. À moins qu'il ne veuille adopter le
programme 1, M. le Président.
Projet de consacrer 1 % du budget de l'État
à la culture
M. Boulerice: Est-ce que le 1 % fait partie des questions
auxquelles vous êtes capable d'apporter des réponses? Oui?
Mme Bacon: Etes-vous au programme 1?
M. Boulerice: On va y aller.
Mme Bacon: Gestion interne et soutien, M. le
Président.
M. Boulerice: Bien oui, voilà. Politique... 1 %? Alors, ma
première question...
Mme Bacon: On pourrait l'accepter parce qu'on peut aussi ajouter
au soutien et aux ressources humaines avec le 1 %. Cela ne va pas tout en
subventions.
M. Boulerice: Dans le 1. Alors, au-delà des formules
creuses et des voeux du premier ministre qui a refusé de s'enqaqer
formellement à consacrer 1 % du budqet à la culture, lors de sa
rencontre historique de mars, est-ce que la ministre peut prendre l'engagement
qu'elle va trouver 100 000 000 $ d'ici deux ans, soit en 1989, pour respecter
l'engagement électoral de son parti du 1 %, qu'elle nous
réitère dans son texte? Est-ce qu'elle peut nous dire cela de
vive voix une deuxième fois?
Mme Bacon: M. le Président, je ferai sûrement mieux
que l'ancien gouvernement et je vais vous citer certains chiffres. En
1980-1981, le ministère des Affaires culturelles avait un budget de 99
977 000 $ et l'État québécois avait un budqet de 17 760
134 000 $; donc, le ministère des Affaires culturelles avait un budget
de 0,56 % par rapport au budget de l'État. En 1981-1982, le budget du
ministère était de 108 705 000 $, le budget global de
l'État, 20 712 873 000 $; donc le budget du ministère des
Affaires culturelles était de 0,52 % par rapport au budget global. En
1982-1983, le budget était de 120 379 000 $ et le budget global de
l'État était de 23 547 306 000 $; donc le budget du
ministère, en pourcentage, était de 0,51 %. En 1983-1984, le
budget était de 131 755 000 $, le budget global de l'État
était de 25 105 579 000 $, donc 0,52 % du budget global. En 1984-1985,
le budget était de 153 778 000 $, le budget total de l'État
québécois étant alors de 26 113 061 000 $, donc un budget
de 0,58 %. Ce qui fait une moyenne de 0,55 %.
Le député a mentionné des chiffres tantôt. On
va lui en mentionner aussi. Quand on dépose des crédits, ce sont
des chiffres au début d'une année. Dans le budget du
ministère des Affaires culturelles, le budget original, il a dit qu'il y
avait davantage d'argent en 1985, leur dernier budget, donc, un budget
électoral de 163 386 000 $ qui était au début de
l'année, le budget original.
J'aimerais dire au député, s'il ne le sait pas, que ce
budget de 177 904 000 $ incluait, à la fin de l'année, un montant
de 10 934 000 $ qui avait été obtenu en vue d'assurer le paiement
des services rendus par la SIQ. En excluant celui-ci, l'augmentation
réelle par rapport à l'exercice financier de 1984-1985
était donc moindre. Il ne peut pas dire qu'il avait plus en 1985-1986
que nous n'avions à la fin de l'année 1986-1987. Si nous enlevons
les 10 000 000 $, cela lui fait 167 000 000 $ et nous, nous avions en
1986-1987, 173 335 000 $. Il faudrait peut-être qu'il regarde l'ensemble
de ces chiffres avant d'en citer.
M. Boulerice: Je suis très heureux que la ministre me
donne ces chiffres parce qu'elle confirme qu'à l'époque où
nous étions là les budgets ont toujours augmenté, mais il
n'y a jamais une année où on a coupé, ce qui est
très exactement votre cas puisque, l'an dernier, vous n'allez quand
même pas me faire accroire que vous avez augmenté, vous avez
coupé. Dieu seul sait que, s'il y a eu crise économique au
Québec, c'est bien nous qui l'avons vécue. À cette
époque, nous ne coupions pas au ministère des Affaires
culturelles.
On a peut-être fait l'erreur d'avoir coupé les salaires de
certaines personnes, mais on a eu le courage de ne pas couper au
ministère de la culture, ce que vous avez fait l'an dernier, vous avez
coupé au-delà de 10 000 000 $. Si on n'avait pas
créé une coalition pour la culture, il n'y a pas tellement
longtemps, parce que j'ai eu le plaisir de sonner l'alarme le premier, combien
aurions-nous eu de coupures cette année? La preuve, d'ailleurs, c'est
que vous aviez promis 13 000 000 $ et finalement ce n'est pas cela qui est
arrivé, c'est uniquement un maigre montant de 9 000 000 $.
Je suis très heureux que vous apportiez ces chiffres puisqu'ils
viennent confirmer ce que j'ai toujours dit, que, nous, on n'a jamais
coupé, on a, bon an, mal an, malgré les difficultés
financières que rencontrait le Québec, reconnu la
fragilité, mais surtout le fondement de la culture
québécoise. On a toujours tenté d'apporter de plus en plus
de choses, ce qui n'a nettement pas été votre cas l'an
passé. Cette année, il n'y a pas de quoi pavoiser...
Mme Bacon: M. le Président.
M. Boulerice: ...absolument pas de quoi pavoiser.
Je la remercie pour les chiffres extraordinaires...
Mme Bacon: J'en ai d'autres, M. le Président. Si le
député de Saint-Jacques en veut d'autres, on peut lui en donner
d'autres.
M. Boulerice: Vous pouvez toujours en donner d'autres. De toute
façon, vous voyez...
Mme Bacon: En 1984-1985, je disais donc que le budget original
était de 144 320 000 $; en 1985-1986, le budget original était de
163 386 000 $; en 1986-1987, je ne pense pas que ce soit un gouvernement
péquiste, 172 475 000 $ et, en 1987-1988, 184 496 000 $. Je pense que
nous avons quand même 21 000 000 $ d'écart avec le dernier budget
du Parti québécois, et cela, en début d'année, un
budget original.
Le Président (M. Trudel): M. le député.
M. Boulerice: Le vrai président qui est revenu. Je ne dis
pas que l'autre était fou, mais le président permanent...
Le Président (M. Trudel): Permanent, c'est un bien grand
mot.
M. Boulerice: M. le Président, j'aimerais dire à la
ministre que, dans ses remaniements de cabinet, il y a urgence d'avoir un bon
comptable parce que, les dépenses 1985-1986, cela a été de
183 982 000 $. Les dépenses probables...
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
me permets de vous interrompre, on m'a déjà dit que j'avais du
front tout le tour de la tête, j'ai également des yeux
derrière la tête. Je vois qu'il est 13 heures et je dois suspendre
les travaux de la commission jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15h 8)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture poursuit son étude des crédits
du ministère des Affaires culturelles pour l'année 1987-1988.
Je vais reconnaître M. le député de Saint-Jacques.
Nous en sommes toujours au programme 1.
M. Boulerice: Je reprends la question que j'avais posée
à Mme la ministre avant que nous ajournions à 13 heures, M. le
Président. Au delà des formules et des voeux que le
premier ministre a employés au sujet du 1 % du budget de l'État a
la culture, lors de la rencontre du mois de mars dernier avec les gens de la
coalition, est-ce que la ministre, quoi qu'on voie dans le texte, peut
reprendre de vive voix aujourd'hui l'engagement qu'elle va trouver 100 000 000
$ d'ici deux ans, soit en 1989, pour respecter l'engagement électoral de
son parti de consacrer 1 % du budget è la culture?
Mme Bacon: M. le Président, j'ai demandé à
mon sous-ministre, justement en prévision du 1 % du budget global du
gouvernement en faveur des Affaires culturelles, de nous préparer un
dossier qui nous donnerait un plan de réalisation du 1 %. C'est bien
beau avoir 1 %, mais il faut savoir ce qu'on fera avec, où il sera
dépensé et où on fera les priorités. Je dois
présenter ce dossier, à la fin de l'été, au Conseil
des ministres, pour acceptation.
M. Boulerice: Vous dites à la fin de l'été,
Mme la ministre? Est-ce bien cela?
Mme Bacon: Oui, j'ai demandé d'avoir, d'ici
l'été, ce dossier qui sera étudié ensuite et
présenté au Conseil des ministres.
M. Boulerice: Par contre, il y a une chose où j'accroche
et où je ne vous suis vraiment pas. Vous m'avez dit, à plusieurs
reprises, que vous aviez fait, vous... Quoique votre prédécesseur
l'avait fait, la preuve, c'est que j'avais comparu à ce moment-là
à la commission itinérante qu'il avait tenue au Québec,
donc j'avais rencontré le milieu de la culture. Vous me dites que,
depuis le 2 décembre, vous rencontrez le milieu de la culture, mais
là vous dites que, pour le 1 %, il faudrait bien savoir quoi faire avec.
Le milieu de la culture vous a dit, depuis fort longtemps, quoi faire avec le 1
%. Vous le disiez également en commission parlementaire. La commission
parlementaire n'a pas porté uniquement sur le statut. D'ailleurs, quand
on relit les travaux de la commission, on s'aperçoit qu'il y avait des
recommandations formelles sur bien des secteurs. Je suis encore très
étonné que vous me disiez: Oui, mais il va falloir savoir quoi en
faire.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques
s'étonne pour pas grand-chose, M. le Président. Je dois dire que
1 % du budget global, c'est quand même une somme énorme. Il y a
des dossiers qu'il faudrait "prioriser". Je pense qu'il est normal que je
demande à l'administration de mon ministère une planification de
ce plan de redressement ou plan de dépense de l'argent qui nous serait
versé en considérant le 1 % du budget global. Je n'ai pas
l'intention de le faire moi-même. Je pense que c'est à l'interne
de faire cela. C'est aux administrateurs de mon ministère de faire ce
plan, de le présenter et d'en discuter. Ce plan sera le miroir de
l'avenir, alors, il faut le regarder ensemble et, ensuite, le faire accepter
par le Conseil des ministres.
M. Boulerice: D'accord, si je comprends...
Mme Bacons Et cela ne veut pas dire que je n'ai pas écouté
le milieu. Au contraire, je pense qu'en ayant ce plan qui me sera remis, et
forte de l'expérience que j'ai et des rencontres que je fais dans toute
la province, il y a moyen de faire un plan qui soit réaliste et qui
corresponde aux besoins.
M. Boulerice: Donc, M. le Président, si je comprends bien
Mme la ministre, le plan de redressement qui était prévu pour
juin va venir au mois d'août. Et, au mois d'août, vous allez le
rendre public?
Mme Bacon: Je l'ai demandé pour le mois de juin, j'ai
toujours dit cela. D'ailleurs, j'ai déjà répondu à
une question du député de Saint-Jacques en Chambre.
M. Boulerice: J'aime ça que vous le
répétiez.
Mme Bacon: II va falloir le regarder et le faire accepter au
Conseil des ministres.
M. Boulerice: Et vous avez prévu l'acceptation au Conseil
des ministres pour le mois d'août, c'est bien cela?
Mme Bacon: Au cours de l'été.
M. Boulerice: Au cours de l'été. Et vous allez le
rendre public immédiatement ensuite?
Mme Bacon: On verra la décision du Conseil des
ministres.
M. Boulerice: Mais, de prime abord, parce qu'à vous
entendre il va y avoir de bonnes nouvelles, vous n'êtes pas
intéressée à le rendre public immédiatement
après son dépôt on son acceptation au Conseil des
ministres?
Mme Bacon: Je pense que je conserve encore la décision de
le rendre public ou non. Et quand je le rendrai public? C'est ma
décision, à moi.
M. Boulerice: Votre décision, à vous. Toujours dans
le programme 1. Il y a eu des déceptions, l'absence de mesures qui
améliorent la situation fiscale de l'artiste et
rien sur le retour de l'ancienne déduction fiscale pour le
cinéma qui était passée de 150 $ à 100 $.. Bien
entendu, quand on avait promis 13 000 000 $ et qu'il n'y en a que 9 000 000
$... Est-ce que la ministre est prête à reconnaître que les
déductions, pour les cotisations d'un artiste à son association
professionnelle et pour les dons qui sont faits à un organisme culturel,
c'est du réchauffé, dans les faits, puisque le ministère
du Revenu admettait ces déductions depuis plusieurs années?
Mme Bacon: Je ne retrouve pas cela dans le programme 1, M. le
Président. Je considère encore une fois que le
député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Mais Politique, gestion...
Mme Bacon: ...continue à faire la même chose qu'il a
faite ce matin.
M. Boulerice: Politique, gestion interne...
Mme Bacon: On lui avait dit qu'on n'acceptait pas de discuter de
choses et d'autres. Je pense qu'on avait décidé de prendre les
programmes 1, 2, 3 et 4 à la suite. Et ce n'est pas dans le programme
1.
M. Boulerice: Si je comprends bien, vous ne voulez pas discuter
du discours sur le budget...
Mme Bacon: Nous sommes au programme 1, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: ...par rapport à la culture. Sans budget, au
départ, vous ne seriez pas là.
Mme Bacon: J'aimerais qu'on discute d'une façon
cohérente. Nous sommes au programme 1, M. le Président, et je ne
vois pas, dans l'administration, où sont les mesures fiscales,
législatives ou réglementaires.
M. Boulerice: Je ne dirai pas que c'est une tradition parce que
je n'étais pas là auparavant, mais, l'an dernier, on avait cette
façon de faire. Alors, c'est justement en fonction d'une logique comme
celle qu'on avait adoptée l'an dernier et à laquelle se refuse la
ministre, que nous essayons malgré tout de vouloir fonctionner, en
amorçant d'abord l'étude des crédits par un discours
général, un discours sur la philosophie à
l'intérieur du ministère des Affaires culturelles. Tout le monde
sait aussi que le budget sous-tend le ministère des Affaires
culturelles. Que serait le ministère des Affaires culturelles s'il n'y
avait pas de budget? Je vois très mal que la ministre s'y refuse
justement au nom de la cohérence quand, l'an dernier, elle en avait fait
preuve; cette année, elle ne la veut plus.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais renvoyer le
député de Saint-Jacques au programme 2; il pourra revenir avec
cette même question au programme 2. Le programme 1, c'est gestion
interne, administration, soutien, ressources financières,
systèmes de gestion, Direction générale de
l'administration.
M. Boulerice: Cela n'est pas une politique, d'après vous?
Vous poser une question là-dessus, ce n'est pas une politique?
Mme Bacon: Est-ce que cela veut dire, si j'ai bien compris, que
le député de Saint-Jacques adopte le programme 1 et qu'il veut
commencer à discuter sur le programme 2, M. le Président?
Rayonnement du Québec à
l'étranger
M. Boulerice: Non. Non, madame. Non, madame. En gestion interne
et soutien, je vois la Direction des relations intergouvernementales. Je vois:
"Les principales préoccupations de la direction pour 1987-1988 porteront
sur les dossiers suivants: préparation d'un plan d'action en rayonnement
culturel international. Ce plan devrait établir les principes directeurs
des interventions du ministère visant à favoriser le rayonnement
du Québec à l'étranger." Pouvez-vous me dire, madame,
quand ce plan d'action sera terminé?
Mme Bacon: Au niveau des relations internationales, nous avons
déjà eu des rencontres en Algérie, au Maroc, au
Sénégal et en CÔte-d'Ivoire. Je dois dire que,
déjà, des réalisations se font, compte tenu des
procès-verbaux qui ont été adoptés au cours de ces
rencontres: jumelage d'institutions, échanges d'expertises et tout cela.
Il y a un plan d'action qui est en cours et ce plan sera soumis au début
de l'automne.
M. Boulerice: II est en cours, mais il ne sera soumis qu'à
l'automne.
Mme Bacon: II est en préparation.
M. Boulerice: Bien oui, mais c'est inscrit pour 1987-1988.
Mme Bacon: Bien oui, 1987-1988.
M. Boulerice: Oui, c'est cela, 1987-1988, mais c'est uniquement
au début de l'automne que vous allez le rendre public.
Mme Bacon: II y a des choses de
faites. Dans les quatre pays que nous avons visités, il y a des
choses qui sont en cours, il y en aura d'autres qui seront faites avec d'autres
pays et l'ensemble du plan d'action sera remis à l'automne.
M. Boulerice: Avec les quatre pays que vous avez visités,
quelles sont précisément les choses dont vous faites mention qui
sont en cours?
Mme Bacon: Jumelage d'institutions, possibilité de... Il y
a des gens de la Bibliothèque nationale, des gens des Archives qui sont
allés en Algérie et au Maroc; avec le Sénégal...
Surtout sur le film et l'écrit, il y a des échanges qui sont
faits. Au niveau des musées aussi, au niveau des conservatoires, il y a
échanges d'expertises entre les différents pays et nous, et j'en
passe. Il y en a d'autres.
M. Boulerice: Je vois un peu plus loin: affectation par le
ministère de Affaires culturelles de responsables culturels dans
certaines délégations et bureaux du Québec à
l'étranger: Paris, Bruxelles, New York et Toronto. Dans le cas de Paris,
il y a déjà vacance ou, s'il n'y a pas déjà
vacance, il y aura vacance si ce n'est pas dans quelques jours, ce sera dans
quelques semaines tout au plus. Déjà, avez-vous
désigné un ou une responsable des Affaires culturelles à
la délégation générale de Paris, pour ce qui est de
la première?
Mme Bacon: Pour Paris, cela sera fait à court terme; une
nomination, une désignation, sera faite à court terme.
M. Boulerice: Oui, mais quand vous me dites: à court
terme, j'aime toujours entendre préciser ce que cela veut dire, combien
de semaines, combien de mois.
Mme Bacon: À court terme, dans les semaines qui
viennent.
M. Boulerice: Dans les semaines qui viennent. Dans le cas de
celle de Bruxelles?
Mme Bacon: Je vous ferais remarquer que ce sont des
recommandations que nous faisons au ministre des Relations internationales.
M. Boulerice: Des recommandations?
Mme Bacon: II y a une loi qui existe quand même. Le
ministre des Relations internationales est responsable des nominations dans les
délégations. Dans le cas des Affaires culturelles, j'avais
demandé que le choix du ministre des Affaires culturelles soit
respecté par le ministre des Relations internationales.
M. Boulerice: II acquiesce?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Donc, vous avez déjà fait vos
propositions de nomination?
Mme Bacon: Nous en sommes à faire des entrevues avec des
gens qui seraient susceptibles d'être nommés et il y aura un choix
de fait. On ne peut pas nommer quelqu'un, comme ça, sans avoir vu
plusieurs personnes, quand même.
M. Boulerice: Mais, là, quand vous me dites que vous
faites des interviews, c'est pour Bruxelles, New York et Toronto. Pour
Paris...
Mme Bacon: Paris.
M. Boulerice: Ah, Paris. Donc, vous en êtes uniquement
à celle de Paris. Celles de Bruxelles, New York et Toronto, ce n'est pas
commencé?
Mme Bacon: On a besoin des crédits. Je pense qu'il y a une
question d'obtention des crédits nécessaires et, dès que
nous les aurons, nous continuerons les autres. C'est un cheminement qui ne se
fait pas dans une seule semaine.
Culture et libre-échange
M. Boulerice: Quand on parle de relations intergouvernementales
et de la Direction de la recherche également, en même temps -
parce que je pense que tout cela se retrouve, dans le volet 1 - est-ce qu'il y
a une étude de faite à votre ministère par la Direction de
la recherche sur le libre-échange et le Québec? Parce que vous
n'êtes pas sans avoir lu comme moi quelqu'un du bureau de M. Murphy, qui
s'appelle Bill Merkin, qui disait: "The Canadians have agreed to define as
narrowly as possible the cultural industries". Vous n'êtes pas sans
savoir que cette phrase est menaçante pour les industries culturelles
québécoises. Donc, me dites-vous qu'il y a des études de
faites par ta Direction de la recherche?
Mme Bacon: II y a des études qui ont été
faites. Il y en a d'autres qui sont encore en cours. Il y a des positions du
ministère qui sont connues par les responsables des discussions sur le
libre-échange. Nous avons reconnu que le secteur culturel constitue une
composante de l'économie québécoise et que sa contribution
à la vie économique augmente. Pour ce qui est du
libre-échange, nous avons reconnu aussi qu'il ne doit pas affecter ce
qui constitue la spécificité du Québec. Ce point de vue
est partagé par le
gouvernement canadien; on le voit.
Nous avons reconnu aussi que dans le dossier du libre-échange,
nous estimons que les industries culturelles québécoises doivent
se développer et s'ouvrir au monde, outrefrontières. Cela ne doit
pas se faire à notre détriment, au détriment des
industries culturelles québécoises. Nous reconnaissons aussi que
notre préoccupation consiste à ce que les intérêts
du Québec ne soient pas menacés dans de telles
négociations entre le gouvernement canadien et le gouvernement
américain.
Jusqu'à maintenant, évidemment, les provinces avaient
convenu que certains dossiers soient exclus des discussions sur le
libre-échange. Nous voulons aussi que le Québec assume - pour
nous, cela est essentiel - son rôle de gardien d'une culture qui lui est
propre, celle d'une société distincte, et à ce titre le
Québec est particulièrement concerné par la
nécessité de préserver son identité culturelle. Je
crois qu'un te! principe se concrétise par le renforcement d'une
industrie culturelle québécoise capable de produire, capable
aussi de distribuer, capable de commercialiser la création
québécoise à un niveau garantissant l'identité
culturelle du Québec.
Dans le domaine du libre-échange, le gouvernement du
Québec a fait connaître sa réaction générale
à l'égard du dossier du libre-échange et je pense que ce
que je viens de dire au député de Saint-Jacques résume un
peu, jusqu'à maintenant, l'état d'avancement des travaux. Le
Québec a exprimé sa position sur la libéralisation des
échanges dans le secteur des industries culturelles et nous avons dit en
avril 1987 que, pour le Québec comme pour le Canada, les
activités culturelles sont essentielles au maintien et au
développement de leur caractère distinct. C'est pourquoi le
Québec défendra l'intégralité des lois, des
programmes, des politiques contribuant à la spécificité de
la société québécoise.
Le Québec, comme le Canada, insiste sur le fait que son
identité culturelle et son caractère linguistique particulier ne
doivent pas être en jeu dans les négociations, et c'est ce que
nous avons dit. Nous allons donc défendre notre pouvoir d'intervention
financière de même que celui des sociétés
d'État; qu'on pense à la SODICC, par exemple, ou à la
Société générale du cinéma. Nous allons
aussi défendre le pouvoir de réglementation des industries
culturelles et toutes les autres mesures nécessaires à la
préservation de l'identité culturelle québécoise et
à son développement. C'est notre position.
M. Boulerice: Lorsqu'il y a eu interpellation sur le dossier du
libre-échange le 22 mai dernier, votre collègue du Commerce
extérieur, M. MacDonald, a réitéré la position du
Québec en ce sens précisément. Je le cite textuellement,
selon les galées: Le Québec défendra
l'intégralité des lois, programmes et politiques contribuant
à la spécificité de la société canadienne.
Le Québec, comme le Canada, insiste sur le fait que son identité
culturelle et son caractère linguistique particulier ne doivent pas
être en jeu dans ces négociations.
Cependant, M. MacDonald a aussi déclaré: II est normal,
lorsque nous parlons de culture, qu'on va vouloir empiéter dans le
domaine des investissements et dans le domaine des subventions.
Compte tenu, je pense, qu'on peut parler de l'unanimité du monde
de la culture, joint en cela d'ailleurs par d'autres organismes - ce que vous
convenez d'appeler les gros syndicats - CSN, FTQ, CEQ...
Mme Bacon: Ce sont des manchettes, M. le député de
Saint-Jacques; ce ne sont pas mes mots.
M. Boulerice: ...il y a unanimité pour exclure le domaine
de la culture. Les études faites par votre ministère pourraient
contribuer à étoffer le débat qui se fait actuellement.
Comme on ne sait pas exactement quel mot le Québec va avoir à
dire dans tout ce traité de libre-échange et compte tenu
également des procédures qui vont être employées
pour son adoption, pourquoi ne rendez-vous pas ces études publiques,
puisqu'elles sont d'intérêt commun pour l'ensemble de la
population québécoise et du milieu culturel?
Mme Bacon: C'est parce qu'elles ne sont pas terminées. Je
pense que le ministère des Affaires culturelles assume ses
responsabilités dans les discussions qui sont en cours au Comité
permanent du développement économique qui relève
précisément du ministre du Commerce extérieur. Nous avons
notre mot à dire à l'occasion de ces rencontres. C'est aussi
parce que c'est encore en négociation et, tant que les
néqociations ne seront pas terminées et qu'il peut y avoir des
changements, on peut attendre encore. Les discussions ne sont pas
terminées.
M. Boulerice: Oui, mais au-delà de cela vous avez dit,
pour ce qui est des études, qu'une partie était
réalisée. Donc, pourquoi cette partie ne peut-elle pas être
rendue publique?
Mme Bacon: Parce que, quand on fait une négociation, je
pense qu'on ne dévoile pas complètement ce que nous avons. Il
faut attendre. Il faut continuer nos négociations. C'est quand la
négociation est terminée qu'on peut dévoiler
complètement ce que
nous avons. Je n'ai jamais vu de négociateur étaler ses
cartes de négociation sur la place publique.
M. Boulerice: Bon. Vous dites que vous êtes en
négociation...
Mme Bacon: Le libre-échange, c'est une négociation,
je pense.
M. Boulerice: Oui, oui, mais je dis qu'il n'y a pas de
négociation au chapitre de la culture. Avez-vous des garanties que le
secteur de la culture est vraiment exclu des négociations sur le
libre-échange à l'heure actuelle?
Mme Bacon: La position du Québec est claire. On avait dit
qu'on ne négocierait pas sur ce qui touche la culture. Je pense qu'il y
a l'intégralité des lois qui équivaut à
protéger les mesures d'intervention des pouvoirs publics. On est
conscient que les États-Unis comprennent peut-être
différemment la culture. Parce que, pour eux, la culture, c'est
i'"entertainment". Ce n'est pas du tout la même chose pour nous. Cela n'a
rien à voir avec notre vision de la culture. Je pense que, parmi les
mesures d'intervention des pouvoirs publics qu'on veut protéger, il y a
les lois, il y a les subventions, il y a des garanties très... Je
parlais tout à l'heure de la SODICC et de la Société
générale du cinéma.
Je peux peut-être répéter au député de
Saint-Jacques la position que nous avions exprimée, à savoir que,
pour le Québec comme pour le Canada, les activités culturelles
sont essentielles au maintien et au développement de leur
caractère distinct. C'est pourquoi le Québec défend
l'intégralité des lois, programmes et politiques qui contribuent
à la spécificité de la société
québécoise. Nous disions aussi que le Québec, comme le
Canada, insiste sur le fait que son identité culturelle et son
caractère linguistique particulier ne doivent pas être en jeu dans
les négociations. Alors, cela ne se négocie pas une culture. (15
h 30)
M. Boulerice: D'une part, au départ, je sais...
Mme Bacon: On a dit que l'on défendrait le pouvoir
d'interventions financières, celui des sociétés
d'État comme la SODICC ou la Société
générale du cinéma, pour donner un exemple. On
défendrait aussi le pouvoir de réglementation des industries
culturelles et les mesures qui pourraient préserver l'identité
culturelle québécoise et le développement. On
défendrait cela.
M. Boulerice: Au départ, je sais que ce n'est pas vous qui
négociez, c'est le gouvernement fédéral.
Premièrement, avez- vous des qaranties du gouvernement
fédéral que le secteur de la culture est exclu, à l'heure
actuelle, des négociations sur le libre-échange?
Deuxièmement, quand on parle du libre-échange et de la culture,
je dis oui, nous voulons protéger nos lois, nos réglementations,
etc. Dans les parties d'études que vous dites réaliser, y en
a-t-il qui traitent de cela et qui, rendues publiques, contribueraient à
l'argumentation québécoise qui dit non au libre-échange
dans le domaine de la culture, pour le Québec tout au moins? Quant aux
autres provinces canadiennes, elles s'arrangeront bien ensemble.
Mme Bacon: Au ministère des Communications
fédéral, on nous informe et on nous rassure en même temps
qu'il n'est pas question de négocier la culture. Quant à rendre
publiques les études en cours au ministère ou les recherches que
nous faisons, on ne rend pas publiques ces recherches quand on est en train de
négocier. Je n'ai pas l'habitude de négocier sur la place
publique.
M. Boulerice: Mais vous me dîtes...
Mme Bacon: On a fait part des positions du Québec. Je
viens de les donner au député de Saint-Jacques, M. le
Président. Les recherches qui sont faites par le service de recherche du
ministère le sont pour nous donner un appui ou des paramètres
dans les discussions qui ont lieu et non pour être étalées
sur la place publique.
M. Boulerice: II y s quelque chose de contradictoire. Vous dites:
On est en négociation, donc on ne peut pas dévoiler les
éléments de négociation. On n'est pas en
négociation en ce qui concerne la culture, c'est bien entendu, pour deux
raisons: la première, parce que ce n'est pas nous qui négocions,
c'est le gouvernement fédéral; ta deuxième, parce que la
très grande majorité des Québécois s'entend sur le
fait que la culture n'est pas négociable. Pouvez-vous me dire si oui ou
non le gouvernement fédéral souscrit à la position du
Québec selon laquelle la culture ne fait pas partie des
négociations du libre-échange?
Mme Bacon: Je vais relire une troisième fois ce que je
viens de dire au député de Saint-Jacques, M. le Président:
Le Québec, comme le Canada, insiste sur le fait que son identité
culturelle et son caractère linguistique particulier ne doivent pas
être en jeu dans ces négociations - point à la ligne.
M. Boulerice: Donc, je vais en déduire que vous
négociez avec le gouvernement fédéral pour que la culture
ne soit pas incluse.
Mme Bacon: Le libre-échange, je ne négocie pas la
culture.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: C'est tout le dossier du libre-échange qui est
une négociation, mais pas la culture.
M. Boulerice: Alors, si la culture n'est pas, comme vous me
dites, en négociation, les documents d'études que vous avez
produits ne sont pas des documents de négociation. Pourquoi ne pas les
livrer?
Mme Bacon: Ce sont des documents internes du ministère, M.
le Président, qui nous donnent des balises, des paramètres, un
appui dans les discussions -que nous pouvons avoir. Ces documents ne sont pas
pour publier, ce sont des documents internes du ministère. On ne rend
pas publiques toutes les recherches que nous demandons, au ministère.
Tous les ministères qui préparent des outils de travail pour le
libre-échange ne les rendent pas publics. Je n'ai pas encore vu un
ministère rendre publiques ses recherches sur ce dossier. Alors, je ne
vois pas pourquoi le ministère des Affaires culturelles rendrait
publiques les recherches internes qui sont faites pour nous appuyer, nous aider
à travailler.
M. Boulerice: Vous ne voyez pas pourquoi on rendrait publiques
des études qui permettraient aux Québécois de mesurer
toute l'importance de l'exclusion de la culture dans tout traité de
libre-échange qui va être signé entre le Canada et les
États-Unis, et à pleine vapeur. Cela s'appelle, d'ailleurs, "fast
track procedure". Enfin, c'est votre point de vue, vous vivrez avec lui. Cela
va aller pour le programme 1, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: Malheureusement, il n'y a pas eu de consentement
pour un échange dans une plus large perspective, mais j'ai quand
même réussi à obtenir un peu d'informations sur le
libre-échange malgré la grande résistance de la ministre.
Je déplore encore qu'elle n'ait pas consenti, comme l'an dernier,
à un débat général. Cela elle vivra avec
encore.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, vous considérez que pour le programme 1, Politique,
gestion interne et soutien, les crédits sont adoptés?
M. Boulerice: En conclusion, compte tenu du budget qu'on a
déposé, vous comprendrez bien...
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
Alors, nous sommes prêts, je pense, à passer si vous l'êtes,
M. le député au programme 2: Développement des milieux
culturels. Je vous reconnais, M. le député de Saint-Jacques.
Développement des milieux culturels
Révision des programmes d'aide
M. Boulerice: La première question que j'aimerais poser
à Mme la ministre touche la révision des programmes d'aide du
ministère. La ministre se confiait au Devoir le 27 janvier en
disant: J'ai demandé une simplification de nos programmes ainsi qu'une
révision complète de nos actions. Alors, ma question, est la
suivante. Mme la ministre a évoqué à plusieurs reprises,
justement, cette révision de l'ensemble des programmes d'aide du
ministère afin d'en assurer une simplification. Peut-elle nous faire le
point sur cette démarche? Peut-elle nous indiquer aussi si la formule de
jury dans l'attribution des subventions pourrait être remise en
question?
Elle n'est pas très avancée dans ce programme!
Mme Bacon: II faut dire, M. le Président, qu'au niveau des
programmes au ministère nous avions environ 60 programmes qui
existaient. Donc, 60 programmes, je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui
se plaignent de ne pas tous les connaître, de ne pas savoir ce à
quoi ils auraient droit dans le domaine où ils oeuvrent. À chaque
fois qu'il y avait un problème, autrefois, on créait un
programme. Je ne pense pas que c'est comme cela qu'on puisse régler un
problème. Soixante programmes, c'est trop pour s'y retrouver pour
l'ensemble du milieu culturel. Donc, nous avons entrepris une longue
démarche qui va durer presque une année au ministère en
ayant à l'esprit la priorité que nous avons établie au
ministère quant au statut de l'artiste et du créateur. On va
faire en sorte d'en arriver à avoir des programmes qui touchent de
près, qui soient faciles à identifier pour nos artistes et nos
créateurs.
Ce cheminement se fait en ce moment. Ce matin, on a critiqué le
qroupe-conseil que j'ai formé, mais je pense que ce groupe-conseil va
cheminer avec nous pendant l'année, et, chaque fois qu'on aura
avancé sur ce dossier du regroupement des programmes, la façon de
les envisaqer nous irons voir le groupe-conseil pour avoir son avis, pour
savoir s'il accepte cela, pour l'analyser avec lui et pour avoir son aval sur
les gestes qu'on veut poser au niveau des programmes. Cela va durer presque une
année.
Ce n'est pas facile de regrouper 60
programmes, de tous les revoir, de regarder s'ils peuvent être
améliorés, s'ils peuvent être regroupés suivant les
différentes disciplines, suivant les différents besoins. On
s'était donné à peu près une année.,.
J'aurais préféré que ce soit plus court mais cela prend
à peu près une année avant d'avoir terminé tout ce
cheminement de regroupement des programmes, mais cela se fera avec le
groupe-conseil. On a regroupé par famille, cela c'est fait, on a
regroupé ces programmes par famille, on a des programmes d'aide aux
artistes, on a l'art visuel et les métiers d'art, on a le patrimoine et
les musées privés et on a les organismes en arts
d'interprétation. On a aussi les industries culturelles qu'on a
regroupées en industrie du livre et périodique, industrie du
disque et spectacles québécois. C'est surtout quatre grandes
familles où l'on retrouve ces dossiers. On a commencé. Le
regroupement est fait en quatre grands dossiers. Nous allons voir avec le
groupe-conseil comment on peut améliorer ces programmes.
M. Boulerice: Une famille ayant plusieurs membres, cela finit
toujours par donner quand même un certain nombre de programmes.
Personnellement, qu'il y en ait 60, j'avoue que cela ne me gênerait pas.
C'est polymorphe, la culture, justement. Mais qu'on ait le goût de
ramener peut-être quelques formules à un certain
dénominateur, je vous avoue que je n'ai pas d'objection à cela
comme tel. C'est surtout le deuxième volet de ma question auquel vous
n'avez pas encore répondu qui me préoccupe. Est-ce que la formule
du jury pour l'attribution des subventions pourrait être remise en
cause?
Mme Bacon: C'est discuté avec le groupe-conseil. Eux vont
nous dire comment ils voient cela. S'ils décident que ce sont des jurys
qui doivent continuer à faire les choix, ce sont eux qui nous
conseilleront là-dedans et qui décideront.
Je dois dire aussi au député de Saint-Jacques que, si nous
avons fait des regroupements de programmes, c'est à la demande des
artistes qui ne s'y retrouvent pas et qui nous le disent eux-mêmes. Ce
n'est pas une fantaisie de notre part de regrouper 60 programmes, de les
améliorer et de les simplifier.
M. Boulerice: Vous dites que vous consultez votre comité.
Mais, comme ministre, que pensez-vous de la formule de jury?
Mme Bacon: La formule de jury est un mode de gestion. Il y a des
endroits où il y a un conseil des arts. Ici, on n'en a pas. On s'en
remet à des jurys pour faire des choix. C'est un mode de gestion.
M. Boulerice: Mais le conseil des arts...
Mme Bacon: Si le groupe-conseil préfère trouver un
autre mode de qestion, ils vont nous faire des suggestions à cet
effet.
M. Boulerice: Mais un conseil des arts a des jurys.
Mme Bacon: Oui, mais c'est une forme de gestion: conseil des arts
et jury. Nous avons un jury qui donne ses décisions au ministre. C'est
une forme de gestion des subventions et pour donner des subventions aux plus
méritants.
M. Boulerice: Mais il y a des jurys dans tous les cas?
Mme Bacon: Oui. Mais il y a des jurys qui passent... Il y a deux
choses. Il y a un conseil des arts et... L'Ontario a un conseil des arts...
M. Boulerice: Oui, mais il y a des jurys. Mais nous autres...
Mme Bacon: ...qui fait ses choix. Oui, mais il fait ses
choix.
M. Boulerice: On a un chapeau de moins, soit le conseil des
arts.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: De toute façon, on l'avait, mais on l'a
aboli récemment dans une loi de deux lignes. Donc, on n'a pas besoin du
conseil des arts. On l'a aboli en deux lignes. Donc, on a les jurys directs,
nous, et non pas des jurys à travers un organisme qui... Remarquez que
si ce modèle ontarien de conseil des arts vous plaît, on pourrait
peut-être ramener la loi et la reconsidérer.
Mme Bacon: II y a le modèle canadien aussi qui a un
conseil des arts.
M. Boulerice: Le modèle canadien. Mais à ce
moment-là, de prime abord, vous n'avez aucun préjugé
favorable en fonction de ce modèle de jury. Vous êtes prête
à...
Mme Bacon: Je n'ai pas de préjugé
défavorable aux jurys. Je n'ai pas de préjuqé
défavorable à des comités d'évaluation. Nous avons
les deux.
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: On peut se servir de l'un et de l'autre.
M. Boulerice: Les comités d'évaluation. Alors, il y
une autre chose dans l'établisse-
ment du nombre de programmes, diminution pour les ramener à
certains chapeaux plus larges. Est-ce que cela veut dire - j'espère que
vous allez me répondre oui - que les budgets d'aide régionaux
vont- demeurer, c'est-à-dire les enveloppes dont la répartition
de l'aide est décidée en régions?
Mme Bacon: Vous parlez des bureaux régionaux?
M. Boulerice: Je parle de la révision des programmes. Si
vous révisez les programmes pour les ramener... Remarquez qu'on peut y
revenir un peu plus tard aussi. Je peux quand même devancer vos
réponses tout de suite. Mais on pourrait situer cela à deux
plans. Si vous ramenez les programmes d'aide et que vous les diminuez, est-ce
que vous maintenez quand même les budgets régionaux? Vous voulez
aller à quatre?
Mme Bacon: II y aura toujours des budgets régionaux et un
budget au central. Cela ne change pas les budgets qui sont accordés aux
régions et au ministère, au central comme tel, comme on l'appelle
chez nous.
M. Boulerice: Une révision des programmes aurait pu amener
une révision des modes de décentralisation financière.
C'est la question que je vous posais. (15 h 45)
Mme Bacon; On n'a pas l'intention d'enlever des
sommes aux régions. Je pense que nos bureaux régionaux font un
excellent travail. Ils sont sur place, ils sont à même de
constater, souvent, les besoins les plus urgents. Souvent, ils font des choix.
Cela ne veut pas dire, parce qu'on revoit les programmes, qu'on enlève
des responsabilités à nos bureaux régionaux.
Moratoire sur les équipements culturels
M. Boulerice: D'accord.
Toujours dans le programme 2, sur le pseudo-moratoire. Il y a des
rapports: le rapport L'Allier, le rapport Pluram, le rapport
L'AIlier-Montérégie. Il va y avoir Montérégie 2,
paraît-il, après votre passage, samedi, dans cette région,
et il y a un autre rapport L'Allier sur les Laurentides. Compte tenu des
rapports qui se multiplient, qui font état de besoins urgents en
équipement culturel dans diverses régions du Québec,
est-ce que vous entendez lever le pseudo-moratoire sur les équipements
culturels?
Mme Bacon: M. le Président, le pseudo-moratoire, c'est
tout à fait faux. Le Conseil du trésor a
décrété - ce n'est pas le ministre des Affaires
culturelles qui décrète un moratoire - un moratoire qui porte sur
les équipements financés par le Service de la dette. Il y a quand
même un budget au ministère pour les équipements mineurs.
Quant aux équipements majeurs, ils sont, la plupart du temps,
financés par le Service de la dette. Le moratoire porte sur les
équipements majeurs financés par le Service de la dette.
Pourquoi a-t-on été obligé de faire un moratoire?
Parce que l'évolution des budgets, qui étaient nécessaires
pour le Service de la dette, était démesurée. Il faut
savoir que, cette année, et vous avez dû voir les dossiers, pour
les sociétés d'État, l'augmentation du budget du Service
de la dette est de 111,4 %, et cela, pour payer des décisions qui ont
été prises par l'ancien gouvernement, pas les miennes. Je ne veux
pas dire que les décisions qui ont été prises
étaient toutes mauvaises, mais je veux dire clairement qu'on ne peut pas
dépenser sans planifier; 111,4 % d'augmentation du budget du Service de
la dette, c'est trop pour un ministère comme le nôtre.
Ceci dit, on a parlé ce matin de projets qui avaient
été réalisés malgré le moratoire. J'aimerais
bien qu'on rectifie ce qui a été avancé ce matin. Il y a
des projets qui ont été exclus du moratoire, au moment de la
décision, parce qu'ils avaient fait l'objet d'une décision
antérieure au moratoire. Donc, on continuait ce qui avait
déjà été décidé; le
développement de ces projets était trop avancé pour qu'ils
soient arrêtés. On devait établir des priorités,
à ce moment-là. Par exemple, le Musée d'art contemporain
n'a pas été supprimé lors du moratoire. Il y a certains
projets qui ont pu être financés à même nos
crédits réguliers. Pour ces projets, on a un budget de 3 200 000
$ que nous avions en 1986-1987 et dont nous nous sommes servis pour financer
certains projets d'équipement culturel. Nous avons, encore cette
année, ce budget de 3 200 000 $, qui a servi, par exemple, pour
New-Richmond. L'argent est pris à même nos budgets
réguliers et non -et cela, je veux le faire remarquer encore une fois -
au Service de la dette. Il n'y a pas de construction qui se fait, en ce moment,
avec le Service de la dette. C'est cela le moratoire.
Ce que nous donnons, quand nous allons dans les régions, ce que
nous avons donné, ce sont, la plupart du temps, des équipements
mineurs. Nous avions un budget annuel de 3 200 000 $ pour ces
équipements. Dans certaines régions, on a eu l'aide de l'OPDQ qui
a assumé certains coûts qui étaient assez importants, mais
qui les a assumés à même ses crédits
réguliers. Donc, jamais, encore une fois, le Service de la dette. Je
pense que, quand en a une auqmentation du budget du Service de la dette de
111,4 %, il faut arrêter de construire et voir où on s'en va avant
de continuer à construire à même le Service de la
dette.
M. Boulerice: M. le Président, je vais répondre
à la ministre. Elle me parle de son collègue, le
député de Verdun et président du Conseil du trésor.
Vous faites partie du Conseil du trésor, vous?
Mme Bacon: Cela a été dans tous les journaux, je
pense que tout le monde le sait, C'est une décision, je n'ai pas dit du
président, mais du Conseil du trésor.
M. Boulerice: Ah bon!
Mme Bacon: Ce n'est pas le président tout seul. Il y a
cinq membres au Conseil du trésor.
M. Boulerice: Ah bon, d'accord. C'est pire si vous me dites
cela.
Mme Bacon: Ce n'est pas pire, M. le Président. J'ai bien
dit, si vous me permettez...
M. Boulerice: C'est pire, M. le Président.
J'espérais qu'elle se...
Mme Bacon: Quand on a une augmentation du service de la dette de
111,4 %, il faut s'arrêter et regarder où on s'en va. Je veux bien
payer les dettes du gouvernement précédent, ce qui
m'empêche de construire...
M. Boulerice: Oh!
Mme Bacon: ...j'aurais aimé être capable de
construire des équipements culturels majeurs, mais je dois payer les
dettes qui ont été faites par le gouvernement
précédent.
M. Boulerice: D'une part, je pense qu'il faudrait
démystifier cette histoire du Service de la dette. J'ai toujours dit que
construire par le Service de la dette, pour un État, c'était la
même chose que, pour un individu, prendre une hypothèque. Il y a
une dramatisation suprême là-dessus. Mais, maintenant, madame, si
vous ne voulez pas financer par le Service de la dette - vous vous interrogiez
tantôt, è savoir ce qu'on va faire si on a 1 % - faites donc
augmenter l'aide aux équipements culturels dans votre budget.
Voilà un point pour lequel vous auriez pu demander des crédits
supplémentaires au ministre des Finances au cours d'un lunch
précédent, mais, en tout cas, vous auriez pu quand même le
lui demander.
Mme Bacon: J'ai dit, au début de mon mandat, M. le
Président, que, si j'avais à choisir entre les individus, les
artistes, les créateurs et le béton, je choisirais les individus.
Donc, les artistes et les créateurs ont, pour moi, une priorité
prioritaire. Après, si on a l'argent nécessaire, on construira.
Je vais commencer è payer les dettes. Je veux bien démystifier le
Service de la dette, mais, si je n'ai pas les moyens d'avoir une maison de 500
000 $, je vais m'en payer une de 50 000 $, 70 000 $ ou 100 000 $, mais pas de
500 000 $. Je pense que c'est cela l'hypothèque... Si on peut assumer
une hypothèque de 100 000 $, on ne peut pas en assumer une de 500 000 $.
Il y a aussi notre capacité de payer pour les citoyens
québécois.
M. Boulerice: M. le Président, au départ, quand
elle dit qu'on va privilégier les artistes, je pense bien que tout le
monde est d'accord avec cela; deuxièmement, à Montréal, au
moins la moitié habite dans ma circonscription, donc, tous les jours,
j'ai une bonne chance d'en rencontrer quelques-uns. M. le Président, ce
sont les artistes eux-mêmes qui réclament ce béton.
D'ailleurs, le rapport Pluram qui vous a été
présenté, les conséquences du moratoire, le mémoire
Rideau - je m'excuse - c'est l'industrie du spectacle elle-même qui
réclame du béton et une harmonisation des différents
programmes afin que les efforts consentis dans le domaine de la
création, de la production ne soient pas annihilés par un
cul-de-sac que pourrait être le domaine de la diffusion, faute
d'équipements culturels adéquats. On ne fait pas du ballet sur
l'asphalte, au coin de Sherbrooke et Amherst, et on pourrait donner- un certain
concert dans une salle appropriée et non pas dans une cathédrale
à 100 $ le billet, parce que, comme ce n'est pas assez grand et que cela
coûte très cher pour faire venir celle qui va faire le show, ce
discours-là est totalement erroné, biaisé.
Alors, qu'elle me dise: Je ne finance pas par le Service de la dette, je
vais l'accepter, mais qu'elle me dise après: Je vais faire augmenter le
budget d'aide aux équipements culturels dans le budget l'an prochain,
justement, en fonction de l'atteinte du 1 % et on va y mettre 7 000 000 $, 8
000 000 $, 10 000 000 $, 15 000 000 $, 20 000 000 $. Elle pourrait faire cela.
Pourquoi ne le fait-elle pas? Qu'est-ce qui augmente cette année
là-dedans? Cela fait pitié! Vous pouvez bien rire, mais, moi, je
trouve que cela fait pitié.-
Mme Bacon: M. le Président, j'ai parlé tantôt
d'un plan de redressement pour arriver au 1 %. Dans ce plan, il y aura des
constructions que nous paierons avec des budgets réguliers. Cela va
faire partie de ce plan, mais non des constructions imputées au Service
de la dette. Cela fait partie du plan de redressement qui sera
présenté au Conseil des ministres.
On parle de Montréal, mais il y a des endroits
éloignés où il n'y a pas de salle de
concert et qui feront partie de priorités dans le plan de
redressement.
M. Boulerice: Donc, vous êtes en train de me promettre une
augmentation très substantielle, très significative de l'aide aux
équipements culturels de façon qu'on ne puisse plus entendre,
à partir de l'an prochain, ce discours faux de moratoire.
Mme Bacon: Le moratoire, M. le Président - cela, il va
falloir que le député de Saint-Jacques le comprenne - touche les
constructions imputées au Service de la dette et non les constructions
datées de budgets réguliers. C'est ça, la
différence. Le moratoire ne concerne pas seulement le ministère
des Affaires culturelles. C'est la même chose pour d'autres
ministères. Il n'y a pas que le ministère des Affaires
culturelles. Il y a l'Enseignement supérieur et la Science, le
ministère de l'Éducation, l'Environnement, les Transports, la
Société d'habitation du Québec, la Société
de radiotélédiffusion du Québec. Dans le plan triennal
d'immobilisations, c'est tout ce monde-là qui est touché par ce
moratoire. Il n'y a pas que le ministère des Affaires culturelles qui
soit concerné.
Le moratoire porte sur des constructions dépendant du Service de
la dette. Mais, ces constructions, quand on a les sous nécessaires,
l'argent nécessaire, il n'y a pas de moratoire. C'est ce qu'on va tenter
d'aller chercher dans le plan de redressement. Il y a des priorités
à travers la province. Il y a des endroits où il n'y a pas de
centre culturel, où il n'y a pas de salle de concert, où il n'y a
pas les équipements nécessaires qui sont importants. Il n'y a pas
que la ville de Montréal au Québec; il y a l'ensemble des
régions. Il y a des choses à faire dans les régions et
cela fera partie de ce plan de redressement.
M. Boulerice: Monsieur, mon collègue, aimerait poser une
question.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Mme la
ministre, je suis un peu surpris de voir que la base de ce moratoire repose sur
une simple opération comptable du Service de la dette. J'ai l'impression
qu'au ministère des Affaires culturelles, les budgets
opérationnels pour les établissements, pour le béton
déjà en place ne sont pas suffisants. C'est pourquoi plusieurs de
nos bâtisses ont des budgets insuffisants pour opérer. Si vous
aviez basé votre moratoire sur la chose suivante, en disant: Depuis 25
ans au Québec, il y a eu des investissements immobiliers dans le domaine
des affaires culturelles qui ont été faits, sans prévision
de budget opérationnel et, ainsi, l'ensemble des opérations de
scène et d'exécution, d'"entertainment", comme vous le disiez
tantôt, en souffrent.
Prenons, par exemple, la Place des Arts. Son investissement même a
été mal planifié. La grande salle a été
placée trop près des rues, de sorte que jamais, sinon en fermant
une rue ou en enlevant les églises derrière, on ne pourra mettre
une salle convenable pour toutes les manifestations qu'on peut
reconnaître de façon mondiale. Il y a longtemps de ça,
c'était en 1964.
Lorsqu'on en a fait sortir la compagnie du TNM pour l'installer dans
l'ancienne Comédie canadienne, on faisait encore une erreur
opérationnelle en recréant une institution à cet endroit,
parce qu'immédiatement, une autre troupe, la troupe de Duceppe, est
venue s'y installer et on a mis deux budgets pour soutenir deux troupes.
L'investissement à la Comédie canadienne était un mauvais
investissement.
Quand on a enlevé la NCT du Gésu pour l'installer au
théâtre Granada, au coût de plus de 3 000 000 $, à ce
moment-là encore, il y avait des théâtres presque libres.
Parlons du Plateau, par exemple, où, en investissant un peu moins, 2 000
000 $ de moins ou 1 000 000 $, on pourrait donner une place à ces gens
qui se transportent, de l'extérieur par autobus.
Je pourrais en nommer à peu près 50 de ce genre-là,
des erreurs d'investissement au Québec dans le domaine culturel depuis
25 ans. Ces investissements avaient été faits sans laisser de
budget opérationnel suffisant - je n'accuse aucun gouvernement, je parle
du dernier quart de siècle - sans laisser au ministre des Affaires
culturelles un montant suffisant pour l'opération. Regardez la Place des
Arts. On peut avoir le grand orchestre, on peut avoir l'opéra, etc.,
mais, s'il n'y a pas de budget pour remplir ces salles, s'il n'y a pas de
budget opérationnel, ces salles peuvent rester vacantes par moments. Si
la base était que le Québec ne peut pas se rendre à 1 % de
son budget avec une somme suffisante, opérationnelle, pour des
investissements déjà en place et qu'on met un moratoire sur de
nouveaux investissements, je serais d'accord avec vous sur ce point, parce que
je trouverais ça rationnel. Mais la simple raison que le Service de la
dette - comparativement à des investissements de 3 200 000 $, on est
rendu à quelque 4 000 000 $ - est de 111 %, comme vous le dites, que
c'est trop et que cela paraît mal du côté comptable, je
trouve ça un peu mou, un peu faible comme raison valable.
J'aimerais savoir si cette façon d'investir du dernier quart de
siècle, sans laisser de budget opérationnel, ne serait pas
plutôt la raison latente que vous n'exprimez pas et qui me semblerait
beaucoup plus
adéquate à un moratoire éventuel, si moratoire nous
acceptons. (16 heures)
Mme Bacon: Il n'y a pas que la construction. C'est vrai qu'il y a
la qestion des équipements culturels, par la suite, qu'il faut voir dans
les nouvelles constructions, parce qu'on nous demande constamment de nouvelles
constructions. Dans les nouvelles constructions, il faut voir aussi le
coût de gestion par la suite, pas seulement le coût de
l'immobilisation.
M. Blais: C'est ce que je viens de vous dire, Mme la
ministre.
Mme Bacon: Je le sais, je le sais. On nous a parlé des
rapports L'Allier pour les différentes régions - parce qu'il en a
fait plusieurs - mais, quand on regarde l'ensemble des rapports, il faut
regarder combien cela va coûter par la suite. C'est bien beau de nous
dire que dans telle et telle région, vous avez besoin de tel et tel
équipement, mais on ne nous dit pas toujours combien cela va
coûter pour faire vivre ces équipements. Il va falloir
gérer les équipements. Cela exige une planification et c'est ce
que nous tentons de faire. Nous ne pouvons pas décider d'en construire
demain matin dans tout le Québec sans avoir le coût de la gestion
de ces équipements culturels par la suite. C'est ce que nous faisons.
Cela exige une planification sérieuse, suivie et adéquate, et
c'est ce que nous tentons de faire en ce moment.
Vous nous parlez de production, du coût de production et du
coût de gestion, M. le député de Terrebonne, et votre
collègue de Saint-Jacques nous parle de construction; il faut
s'entendre.
M. Blais: Écoutez, je faisais remarquer que j'aurais
aimé mieux que vous donniez comme raison que le ministère n'a pas
assez de budgets opérationnels pour ces différents
investissements qui ont été faits depuis un quart de
siècle...
Mme Bacon: Ce sont les deux.
M. Biais: ...et que, à ce moment-là, vous faites un
moratoire pour regarder de quelle façon, d'abord, on ajusterait les
sommes pour gérer ces investissements déjà en place avant
de penser à en créer d'autres. À ce moment-là, je
trouverais que c'est une raison valable pour faire un moratoire et, encore
là, ce n'est pas nécessairement acceptable tel quel. Mais juste
le fait que le Service de la dette soit à environ 4 000 000 $ et les
investissements à 5 000 000 $, je trouvais que c'était une raison
de comptabilité difficilement acceptable en milieu culturel. Je voulais
simplement en faire la remarque plutôt qu'une invective de mauvaise
politique. Mais si vous serviez cet argument, je crois qu'il serait beaucoup
plus facile à faire passer et, là, on justifierait pourquoi on ne
se rend pas à 1 % du budget de la province pour la culture. D'ailleurs,
c'est ce que vous semblez vouloir faire selon ce qui a été dit
avant et après le 2 décembre et que vous avez sûrement
à coeur de mettre en opération bientôt dans votre
ministère. En quelle année pensez-vous qu'on aura ce 1 %?
Mme Bacon: Dans la construction, il y a deux choses: il y a la
construction et il y a la gestion des choses par la suite. Il faut penser aux
deux. On ne peut pas continuer à construire au Service de la dette. Il
faut aussi planifier les budqets qui viennent: quelle somme on mettra à
la gestion de ces équipements et quelle somme on peut assumer au Service
de la dette. C'est ce que je disais tantôt. II faut regarder les deux. On
ne peut pas dissocier l'un de l'autre non plus.
M. Biais: J'ai fini.
M. Boulerice: Durant ce temps-là, je relis le rapport de
Rideau - et j'espère que vous t'avez fait - qui dits À la
lumière des chiffres précités, on constate que le
ministère, grâce à ses apports, a suscité la
participation d'autres partenaires du développement culturel, dont les
municipalités. C'est justement une excellente occasion, parce qu'on
investit dans ces choses-là, d'y inclure les municipalités.
J'aimerais revenir sur votre histoire de béton. À quoi
sert-il actuellement d'aider, donnons comme exemple Daniel Lavoie, qui est un
extraordinaire chanteur, ou Sylvie Tremblay, etc., tiens, Carmen, pour en finir
une fois pour toutes avec Carmen, que je souhaite que vous ayez vue au
théâtre de Quat'Sous... On est incapable de les envoyer en
région. C'est quoi, le soutien de l'artiste, le statut de l'artiste?
Est-ce de lui faire une statue ou bien de lui permettre d'aller diffuser dans
des régions la production culturelle québécoise?
Mme Bacon: J'ai tout dit cela ce matin.
M. Boulerice: Oui, oui, mais, durant ce temps-là, on a un
moratoire que vous expliquez par le Service de la dette et qui nous
empêche de faire cela et qui prive, premièrement, les artistes de
travail et, deuxièmement, les régions d'avoir accès
à des produits culturels intéressants.
Mme Bacon: Je référerais le député de
Saint-Jacques, M. le Président, à la page 34 de mon texte de ce
matin.
M. Boulerice; Bon.
Mme Bacon: J'ai dit qu'il fallait remettre en vigueur des
programmes de tournées d'artistes, une circulation souple et constante
des expositions et maintenir les chantiers d'agrandissement à nos
institutions les plus prestigieuses pour enfin sortir des réserves
où se trouvent les collections qui sont les nôtres.
M. Boulerice: Mais où va aller Daniel Lavoie à
Sept-îles? Sur le quai? Il n'y a pas de salle. Il n'y en a pas. Comme dit
ma collègue, le piano ne fonctionne pas, quand il y en a un. Il n'y a
pas de système de son. C'est un amplificateur qu'on a emprunté
à la polyvalente, avec ce que cela vaut... Pardon?
M. Audet: II fera comme quand il vient dans la Beauce, il ira
à la polyvalente.
M. Boulerice: Mais dans quelle condition? On va revenir
là-dessus un petit peu plus loin, parce qu'il y a le rapport Pluram.
Dans quelles conditions s'exercent le travail et la création d'autres
artistes au Québec?
Mme Bacon: Je suis toujours étonnée d'entendre, que
ce soit le député de Saint-Jacques...
M. Boulerice: Et vous n'avez pas fini.
Mme Bacon: ...ou la députée de Chicoutimi, se
plaindre des équipements culturels...
Mme Blackburn: Je n'ai pas encore parlé.
Mme Bacon: Je dois dire, quand je fais la tournée de la
province et que je vois des besoins en équipements culturels dans toute
la province, qu'il y a eu un moratoire de neuf ans sur les équipements
culturels.
Mme Blackburn: C'est pourquoi cela a coûté 110 % de
plus au Service de la dette.
M. Boulerice: Neuf ans?
Mme Bacon: C'est ce que je tente de corriger par une bonne
planification. Oui, il manque des équipements. Je le sais parce que je
fais la tournée de la province. Il y aura des équipements qui
seront donnés dans toute la province, mais par une planification
adéquate et réaliste. Partout, cela m'a frappée, dans
toutes les régions que j'ai visitées, encore plus dans les
régions éloignées, on voit le manque d'équipements
culturels, dû à un moratoire qu'on n'a jamais
déclaré ouvert. Un moratoire, dans certains endroits du
Québec, il y en a eu, parce qu'on n'a pas construit d'équipements
culturels. Il y a des régions éloignées qui n'en ont pas.
On leur en a pas donné, on les a donnés ailleurs.
M. Boulerice: Écoutez, M. le Président, vaut mieux
être sourd que d'entendre cela. Premièrement, elle me dit: C'est
épouvantable, il y a eu un accroissement de 111 % du Service de la
dette.
Mme Bacon: J'ai dit: On en a donné ailleurs.
M. Boulerice: On en a donné ailleurs... Et elle est en
train de nous dire qu'il y a un moratoire depuis neuf ans. Mais qui a construit
le Musée régional de Sept-îles? Est-ce Taschereau?
Mme Blackburn: Et les maisons de la culture?
M. Boulerice: Qui a commencé les maisons de la culture
à Montréal? Notamment, celle du Plateau Mont-Royal où on a
fait un spectacle de danse, cet automne? Malheureusement, c'est
inadéquat pour la danse. Et le Théâtre du Cuivre. Et la
rénovation du Quat'Sous à Montréal, qui a fait cela?
Malheureusement, le 2 décembre est arrivé et, là, on se
retrouve avec La Licorne qui est bloquée et gênée, parce
qu'elle faisait partie des priorités qui avaient été
indiquées. Le Musée de la civilisation? D'ailleurs, on va en
reparler tantôt. Mais le moratoire... À Mont-Joli, qui a fait
cela? Et on pourrait en sortir une longue liste. Je regrette, que la ministre
retire ses paroles quand elle dit qu'il y a eu un moratoire de neuf ans au
Québec. Vraimentl Cela fait neuf ans que vous ne vous êtes pas
promenée au Québec.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a construit des équipements
à Baie-Comeau, M. le Président?
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, Mme la ministre, je
n'ai pas compris votre question.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a construit des équipements
à Baie-Comeau? Quant à La Licorne, nous attendons le dossier.
Nous n'avons pas ce dossier.
M. Boulerice: Mais, Mme la ministre, je vais me faire un plaisir
de vous donner un bon "breffage" sur La Licorne, tantôt. Ne vous
inquiétez pas.
Mme Bacon: Je dois dire que je connais bien La Licorne et que j'y
ai même assisté à des représentations. À la
grande surprise peut-être du député de Saint-Jacques, je
vais aussi à La Licorne.
M. Boulerice: Ah! bien, j'en suis très heureux. Comment
avez-vous aimé la dernière pièce qui était... Mon
Dieu!
Mme Bacon: C'était une pièce de Marie Laberge.
M. Boulerice: "Nightcap Bar".
Mme Bacon: C'est cela. Je n'osais pas parler anglais. Je ne
voulais pas blesser les oreilles du député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Ce ne sont pas exactement les... Écoutez,
est-ce qu'on critique le choix des titres de Mme Laberge, qui est devenue une
dramaturge tellement bien connue? Non. Là, on ne bifurquera pas
là-dessus. Écoutez, quand on entend qu'il y a eu un moratoire
durant neuf ans et qu'on entend dire qu'il y a des besoins, effectivement, il y
a des besoins qui n'ont pas tous été comblés. Il y a un
accident historique au Québec qui va se réparer, c'est bien
entendu. Mais, actuellement, il y a des besoins qui sont exprimés. En
attendant, avec ce pseudo-moratoire, qu'est-ce que vous attendez? Que les
besoins soient moindres dans deux ou trois ans? C'est le contraire. Les besoins
vont augmenter, parce que la culture est en ebullition au Québec.
Tantôt, vous avez fait allusion à La Licorne. C'est incroyable, la
création théâtrale et l'écriture
théâtrale qui se pratiquent au Québec actuellement. Vous
vous imaginez qu'en patientant encore trois ans, toujours avec le
pseudo-moratoire, on va réduire les besoins ou que les gens vont
s'essouffler et ne reviendront plus avec leurs besoins? Pardon?
Mme Bacon: M. le Président, si on regarde la demande
culturelle, c'est sûr qu'il n'y a pas de limite à la demande
culturelle. 11 y a toujours des choses à faire en culture et on en a
fait avec les budgets réguliers que nous avons. Je pourrais
référer le député de Saint-Jacques à
certains de ses collègues qui ont profité de certains budgets du
ministère et qui en sont très heureux. Nous faisons des choix et
nous tentons de faire des choix judicieux.
M. Boulerice: Gatineau, Rivière-du-Loup, ce sont les seuls
endroits où il n'y a pas de feu rouge, avec ou sans jeu de mots sur les
moratoires.
M. le Président, on va parler de la Communauté urbaine de
Montréal. Voici le temps que nos notes arrivent. Il y a le rapport
Pluram qui avait des priorités à court terme. Il y avait quatre
priorités, je ne sais pas si vous vous en souvenez, qui
étaient...
Mme Bacon: Vous devez les avoir devant vous, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, mais je veux voir si vous vous en souvenez,
parce que le rapport Pluram a été accueilli avec un certain
sérieux à Montréal. C'était très bien fait.
Cela fait un an d'ailleurs qu'on attend votre réponse
là-dessus.
Mme Bacon: Très intéressant.
M. Boulerice: II y avait une salle de 250 à 400 places qui
était consacrée exclusivement à la danse moderne et
expérimentale, avec forcément des locaux de
répétition qui devaient être jumelés à cette
salle. Il y a une autre salle de 200 à 250 places pour les troupes de
jeunes théâtres, le nombre de théâtres
expérimentaux, que ce soit ou non au Monument national. Il y avait une
salle de 250 places pour le Théâtre d'aujourd'hui, que ce soit ou
non au Monument national. Le Théâtre d'aujourd'hui, d'ailleurs,
qui a fait "Six heures au plus tard", qui est extraordinaire, "Vagues de
chaleur", qui, je l'espère, vous submergera si vous y allez. On avait
aménagé la Maison québécoise du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse, qui est encore au
cégep du Vieux-Montréal, à l'auditorium, avec les
contraintes que cela implique.
Cela fait un an que l'on attend votre réponse là-dessus.
Avez-vous l'intention de donner suite au rapport Pluram, notamment, aux quatre
dont je vous ai énuméré les objets que vous aviez
momentanément oubliés?
Mme Bacon: Non, je ne suis pas obligée de les
mentionner,
M. le Président, le rapport Pluram est un des dossiers que nous
étudions avec d'autres rapports que connaît bien le
député de Saint-Jacques, j'espère, qui touchent les
différentes régions. Cela fait partie des rapports que nous
utilisons pour pouvoir planifier et faire des choix. C'est un de
ceux-là.
M. Boulerice: Pas avant trois ans?
Mme Bacon: II y a aussi des solutions que nous tentons de trouver
nous-mêmes, sans avoir è... On prend les dossiers qui nous sont
soumis, comme le rapport Pluram ou d'autres rapports, mais il y a aussi des
solutions que l'on peut mettre de l'avant au ministère avec des gens
intéressés à avoir des équipements culturels dans
leur construction. C'est ce que nous regardons. Il n'y a pas que ces rapports.
D'autres suggestions et d'autres recommandations nous sont faites.
M. Boulerice: Le rapport Pluram a établi des
recommandations à court terme.
Mme Bacon: II y en a d'autres, è court
terme aussi, M. le Président, qui nous sont soumises.
La danse au Québec
M. Boulerice: Mais connaissez-vous l'état de la danse,
notamment, au Québec et à Montréal, Mme la ministre?
Savez-vous dans quelle condition les danseurs et les danseuses exercent leur
art? Avez-vous déjà assisté à un spectacle de danse
à l'Eskabel où il n'y a vraiment pas le plancher qu'il faut? Vous
avez déjà dit que vous aviez fait du ballet dans votre
jeunesse.
Mme Bacon: Non, je n'ai jamais dit cela.
M. Boulerice: Non? Je me suis trompé.
Mme Bacon: La seule chose que je n'ai pas faite, c'est le
ballet.
M. Boulerice: J'étais tout content d'essayer de me
raccrocher à cela pour essayer d'atteindre un peu de sensibilité
pour le monde de la danse.
Mme Bacon: J'ai fait de tout, sauf cela.
M. Boulerice: Peut-être du patin artistique, je ne le sais
pas.
Mme Bacon: Non plus. (16 h 15)
M. Boulerice: Non plus? Eh bien, vous pourriez donner des
leçons. Non, mais, sérieusement, la danse...
Mme Bacon: Je suis toujours sérieuse, moi.
M. Boulerice: Vous êtes toujours sérieuse?
Mme Bacon: Bien oui!
M. Boulerice: II faudrait le montrer dans le prochain budget, en
tout cas. La danse, A l'Eskabel, Danse-échange Montréal-Toronto a
été un événement extraordinaire,
subventionné d'ailleurs par le député de Saint-Jacques. Il
y avait tellement de faiblesses du côté du ministère des
Affaires culturelles que j'ai été obligé d'y aller de mon
propre budget hors normes mais cela a été un succès
extraordinaire.
Mme Bacon: On en a d'autres dans le comté de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: On a damé le pion aux gens de Toronto.
Avez-vous vu dans quel état on exerce cet art à Montréal
et même, ici, à Québec, d'ailleurs? Actuellement, la
création québécoise à ce chapitre est
drôlement intéressante. Il y a même des danseurs de New
York... Dereck Davis, qui n'est quand même pas un deux de pique, accepte
de partir de New York, qui est vraiment un très grand centre dans le
domaine de la danse - je sais que cela ne vous préoccupe pas - pour
venir danser au Québec, parce qu'il sait qu'il se fait des choses
intéressantes en danse. Il y a Bruno Verdi, qui est en Suisse et qui est
à l'oriqine, entre parenthèses, de la protection des droits
d'auteur sur les chorégraphies, grâce à son travail sur
ordinateur, mais qui est reconnu comme la sommité. Édouard Lock,
Perreault, etc. Avez-vous vu dans quelles conditions ils travaillent? Vous leur
dites: Bien, écoutez, le rapport Pluram, c'est à court terme, il
y a d'autres demandes à court terme et il y a mon pseudo-moratoire,
attendez.
Mme Bacon: M. le Président, le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: Le soutien de l'artiste, c'est quoi?
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques me fait
parler. Ce n'est pas moi qui ai dit cela, c'est lui. Je dis que, avant de
prendre des décisions - et qu'il l'interprète à sa
façon, c'est son affaire - étant responsable du ministère,
je sais que je ne peux pas prendre des décisions à la
légère. Avant, je dois étudier tous les rapports qui me
sont soumis, de même que les recommandations qui me sont faites par les
différents groupes. Le député de Saint-Jacques vient de
faire un excellent plaidoyer sur la danse et je suis tout à fait
d'accord avec lui qu'il faut donner autant que possible des équipements
culturels qui soient adéquats. C'est ce à quoi nous nous
employons en ce moment: regarder et faire des choix.
M. Boulerice: M. le Président, avant de passer la parole
à ma collègue, la députée de Chicoutimi,
très préoccupée de culture... La ministre dit qu'elle ne
prendra pas de décision à la légère. Cela fait
depuis le mois de mars l'an passé qu'ils ont cela. Ces qens devront-ils
attendre jusqu'en 1989 avant d'avoir une réponse? Est-ce que c'est cela
que vous êtes en train de leur dire à travers les questions que je
vous pose?
Mme Bacon: Si c'est pour des équipements culturels
majeurs, au Service de la dette, il y a le moratoire qui existe. Je n'ai pas
inventé cela. Cela fait peut-être dix fois qu'on le mentionne.
Pour les équipements mineurs, nous prenons le budget que nous avons au
ministère. Pour les équipements majeurs, au Service de la dette,
c'est soumis au moratoire.
M. Boulerice: Pouvez-vous prendre l'engagement que, l'an
prochain, vous allez faire augmenter votre budget d'aide aux équipements
culturels et que vous allez répondre, deux ans en retard, à un
besoin urgent exprimé, qui s'appelle Maison québécoise du
théâtre pour l'enfance et la jeunesse, quand on sait le triomphe
qu'obtiennent justement nos troupes québécoises, notamment en
Australie? Une salle pour le Théâtre d'aujourd'hui, une salle pour
le jeune théâtre et le théâtre expérimental et
une salle pour la danse moderne.
Mme Bacon: Le Théâtre de la jeunesse, je pense qu'il
vient de terminer son travail et de nous remettre son projet. Donc, on va
commencer par le regarder. On vient de recevoir le projet. On ne peut pas
prendre une décision immédiatement, il faut au moins
l'étudier. C'est évident qu'on s'emploie à trouver les
sommes nécessaires et, autant que possible, le plus d'argent possible
dans nos budgets. Cela fera partie du plan de redressement que nous soumettrons
au Conseil des ministres.
Mme Blackburn: Bien...
Le Président (M. Trudel): M. le député
de...
Mme Blackburn: Madame.
Le Président (M. Trudel): Non. Je m'adresse, même
s'il ne me regarde pas, au député de Saint-Jacques. Je pense que
vous avez terminé?
M. Boulerice: Enfin, je cède la parole, mais je pense que
vous vouliez poser une question.
Le Président (M. Trudel): Je la poserai tantôt. Je
voulais simplement souligner, en toute amitié, que c'est le
président qui cède la parole et non pas les
députés. Sinon, il y aurait une espèce de - en excellent
français, comme toujours - "free for all", pour reprendre une de vos
expressions. Mme la députée de Chicoutimi, et, par la suite, si
les membres de la commission le permettent, j'aurais une courte question pour
Mme la ministre.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais juste,
sans vouloir compléter, poursuivre un peu sur les remarques que faisait
mon collègue de Saint-Jacques touchant un secteur
particulièrement négligé qui s'appelle la danse. C'est
traditionnellement négligé, je dois le dire. C'est un secteur
beaucoup plus en expansion et où les jeunes Québécois sont
très performants. Qu'on pense à Édouard Lock, à
Eddy
Toussaint, à Ginette Lorrain ou à Jean-Pierre Perreault.
Et je continuerais ainsi. C'est beaucoup dans la danse moderne et postmoderne,
un secteur effectivement très négligé. Je voudrais savoir
si la ministre a établi des priorités dans son plan de
redressement et si, dans ses priorités, elle a apporté une
attention particulière à ce mode d'expression.
Mme Bacon: Je dois dire qu'il y a quand même des sommes qui
sont données aux écoles de danse du Québec. Quand on
regarde l'École supérieure de danse du Québec, elle
reçoit 567 000 $, les Ateliers de danse moderne, 85 000 $,
l'Académie de ballet du Saguenay, que la députée doit
sûrement connaître, 23 600 $, l'école-groupe Danse Partout,
30 800 $, l'Académie de danse de l'Outaouais, 27 400 $. C'est pour les
activités d'une dizaine d'écoles de danse. L'Académie de
danse de l'Outaouais, 27 400 $ et d'autres, 133 000 $. J'en passe parce qu'il y
a d'autres activités qui sont subventionnées. Ce sont certaines
écoles de danse au Québec. On donne des montants d'argent quand
même aux écoles de danse. Cela fait un total de presque 1 000 000
$ que je viens de mentionner et qui sont reconduits d'une année à
l'autre. C'est évident que, dans le plan de redressement, toutes les
disciplines que j'appelle disciplines culturelles vont être incluses. On
ne favorisera pas l'une par rapport à l'autre. Je pense qu'il faut
regarder l'ensemble des besoins et pondérer suivant les disciplines et
les besoins de chacun.
Mme Blackburn: Je voulais vérifier avec la ministre si
elle était sensible au fait qu'en danse, vous avez des secteurs. Ce
qu'on soutient beaucoup et traditionnellement, je le rappelle, ce sont beaucoup
les danses classiques.
Mme Bacon: II y a la danse moderne aussi. Il y a les deux. Il
faut faire les deux.
Mme Blackburn: Connaissant un peu ce domaine, je le sais. Je ne
vous dirai pas que vous êtes responsable de cela, je dis que,
traditionnellement, on a eu tendance è soutenir davantage les troupes de
ballet et les écoles.
Mme Bacon: Je parlais de Danse Partout tantôt, c'est quand
même moderne.
Mme Blackburn: Oui. C'est un exemple. Mais je vous dis que, de
façon générale, c'est la pratique. Actuellement, l'avenir
est davantage du côté des danses modernes et postmodernes, et que
là il y a un sous-développement. Les jeunes y sont
particulièrement performants, entre autres, parce qu'on a ouvert un
programme en danse à l'UQAM et un autre à Concordia. Cela
nous a donné une génération de jeunes
créateurs dynamiques extrêmement intéressante.
Comme la ministre en parlait tout à l'heure, c'était
seulement cela que je voulais vérifier avec elle. Sans vouloir faire de
partisanerie aucune, je voudrais juste savoir une chose. Elle nous a dit: On a
un plan de redressement et il faut établir nos priorités. Mais en
vertu de quoi établit-on des priorités? Par rapport à des
secteurs antérieurement négligés? A partir de quoi
établit-on des priorités? Par exemple, quand on pense à un
plan de redressement précisément, est-ce que ce secteur entre
dans les priorités de la ministre? C'était simplement cette
question.
Mme Bacon: Cela entre tellement dans les priorités de la
ministre, M. le Président, que j'ai un cheminement qui a
été fait au ministère et que j'ai demandé
moi-même une école nationale de danse. On a qu'à se
promener dans toute la province pour voir comme ce secteur est fragile et
comme, à certains endroits, on ne fait pas de formation, mais presque de
la déformation. Quand on pense aux enfants qui prennent des cours de
danse, souvent, certains professeurs n'ont pas toutes les qualifications
nécessaires pour enseigner la danse. Pensons aussi au peu d'encadrement
qu'on a donné dans les écoles de danse au Québec. J'ai
demandé au ministère, il y a plusieurs mois, de se pencher sur le
dossier de la danse parce que cela m'inquiétait. C'est vrai que cela a
été négligé. On est en train de cheminer avec les
gens qui font non seulement de la danse classique, mais de la danse moderne,
parce qu'il va falloir inclure les deux. II va falloir trouver une façon
d'avoir les deux écoles, moderne et classique, pour en faire une
école de danse nationale. Ce sont les modalités qu'on est en
train de vérifier avec des gens d'expérience, des gens qui ont
amené au Québec tant la danse classique que la danse moderne. Il
faudra que chacun trouve pignon sur rue et que chacun trouve sa place. Il n'y a
pas de mécanisme de coordination de l'enseignement de la danse, que ce
soit pour le ballet ou la danse moderne. En collaboration avec mon
collègue de l'Éducation, il y aura possibilité de trouver,
avec le ministère de l'Éducation, une formule qui réponde
aux besoins et qui apportera, en même temps, cet encadrement
nécessaire à tout le domaine de la danse. D'ailleurs, j'en avais
informé la représentante du milieu de la danse, qui est membre de
la coalition, quand je l'ai rencontrée.
Mme Blackburn: Pour le ballet classique, on a déjà
une école nationale financée par le gouvernement
fédéral.
Mme Bacon: Une école supérieure.
Mme Blackburn: La formation se fait en collaboration avec
l'école Pierre-Laporte, à Montréal. Donc, pour le
classique, cela existe déjà; la carence est beaucoup plus dans le
moderne. On a deux programmes de formation: un à l'Université du
Québec à Montréal, l'UQAM, et un autre à Concordia.
Je me demandais si, dans vos priorités, vous aviez des programmes
spécifiquement destinés au soutien à la relève.
Mme Bacon: En danse?
Mme Blackburn: Non, partout, de façon
générale, le soutien à relève. Et quelle proportion
cela touche-t-il? Est-ce 5 %, 10 %, 15 % ou 50 %? Le plus grand reproche qu'on
fait dans le milieu, quand ce ne sont pas les professionnels patentés
qui viennent en parler, c'est qu'il y a peu de programmes destinés
à la relève. On finance les troupes, qu'elles soient de
théâtre, qu'elles soient musicales, les orchestres symphoniques,
et ainsi de suite, dans la mesure où elles seront reconnues. Il n'y a
pas ou peu de programmes destinés à créer une
relève et à l'aider. C'est majeur. Ce monde s'use. S'il y a un
milieu où on vieillit, c'est celui-là.
Mme Bacon: Oui. C'est non seulement ma préoccupation,
mais, quand on a fait le travail de revoir tous les programmes qui existent,
j'ai voulu qu'on fasse une place importante à la relève dans les.
programmes mis sur pied, quand on apportera des corrections à l'ensemble
des programmes, car je me suis aperçue - puisque je lis tous les
dossiers qui me sont présentés et que, ce que je signe, je le lis
- à un certain moment donné, que des jurys disaient: Nous avons
privilégié des gens qui ont déjà reçu des
prix ou qui ont déjà été choisis. Je me suis donc
aperçue qu'on n'aurait pas fait place à la relève dans
certains comités de sélection. Cela m'a inquiétée
parce que, si on ne fait pas place à la relève, on ne pourra pas
assurer l'avenir des jeunes, et c'est loin d'encourager ceux qui veulent
s'intégrer au milieu culturel. C'est pour cela que, dans le regroupement
des programmes, l'aide à la relève prendra une place importante.
Un pourcentage important sera accordé à l'aide à la
relève, dans quelque discipline que ce soit. Pour moi, c'est majeur et,
si on ne le faisait pas, je pense qu'on manquerait notre coup. Plus que cela,
quand il y a eu négociation du budget - et je le dis publiquement, parce
que je l'ai déjà dit dans les journaux où j'ai presque
négocié les possibilités de budget - mon inquiétude
était que, s'il y avait trop de restrictions budgétaires, ce
serait la relève qui paierait le prix, et je ne pouvais accepter, comme
ministre des Affaires culturelles, que la relève paie le prix des
restrictions
budgétaires. Donc, c'est de cette façon que je suis
allée chercher de l'argent. L'Orchestre des jeunes, par exemple,
l'Orchestre métropolitain de Montréal auraient dû
être rayés de la carte si on n'était pas allé
chercher les sommes nécessaires. C'est de cette façon que j'ai pu
aller les chercher.
Mme Blackburn: Quel pourcentage de vos programmes est
destiné à...
Mme Bacon: Je n'ai pas le pourcentage. Je ne peux répondre
à cela.
Mme Blackburn: Ce sera ma dernière questionl J'en aurais
plusieurs autres, mais... Parlant de relève, on a un jeune orchestre
chez nous, l'Orchestre symphonique de Chicoutimi, qui a de la difficulté
à lever parce qu'il n'a pas suffisamment de budget pour garder un
personnel à peu près permanent, de manière à aller
chercher des membres, et ainsi de suite. Quelle est la politique touchant ces
ensembles dans les régions? Vous avez parlé d'un ensemble
à Montréal, mais dans les régions? (16 h 30)
Mme Bacon: Les jurys font la sélection en région
pour l'octroi des subventions. Cela se fait comme cela dans toutes les
régions. Je sais que les orchestres symphoniques des régions ont
souvent beaucoup plus de difficulté que souvent dans les grands centres
où on peut faire de l'appartement. Je pense que le budget d'appariement
cette année, que nous avons en supplément de par le budget du
ministre des Finances qui accordait 2 000 000 $ de plus, donc 4 000 000 $, dans
les régions, ce budget d'appariement est confié aux
régions pour faire des choix de dossiers. Il y aura peut-être
possibilité d'aller chercher, dans les budgets d'appariement, des sommes
du secteur privé, par exemple.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut savoir si l'orchestre chez nous
aura une partie de ce nouveau budget?
Mme Bacon: D'appariement? Mme Blackburn: Oui.
Mme Bacon: Ce seront les choix du bureau régional avec
l'ensemble du milieu. S'ils font des demandes, le bureau régional aura
ses sommes d'appariement selon les dossiers qui lui seront
présentés. S'ils ont un dossier permettant d'aller chercher des
sommes et que ce dossier est considéré pour le fonds
d'appariement régional, ils pourront aller les chercher. Il y aura aussi
des sommes qui seront au niveau central. On aura les deux.
L'Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean reçoit 12 550
$ cette année - il y a une subvention qui est versée - et, pour
l'Orchestre symphonique des jeunes de
Chicoutimi, c'était 2000 $ en 1986-1987. Ce sont des sommes qui
sont, la plupart du temps, reconduites.
Mme Blackburn: Est-ce que les budgets alloués dans les
régions le sont de façon è peu près uniforme, au
prorata de la population, par exemple, ou s'ils le sont au prorata des
activités? Par exemple, on sait que la région est un milieu
plutôt fertile dans différents secteurs d'expression artistique.
Dans ces groupes de musiciens, vous avez des petits ensembles, des orchestres
de chambre, des orchestres symphoniques; je pense qu'il y en a cinq ou six.
Est-ce que ces cinq ou six se partagent une enveloppe qui est à peu
près la même, qu'on soit à Rimouski, Chicoutimi? Et dans
les régions où il y a moins d'ensembles, est-ce qu'on tient
compte du dynamisme du milieu?
Mme Bacon: L'enveloppe régionale est modulée selon
les besoins. Dans certaines régions, le patrimoine peut prendre plus
d'importance. Cela dépend des régions. Dans d'autres
régions, cela peut être la musique, et cela, ce sont des choix qui
se font dans la région.
Mme Blackburn: Un peu tous les choix, c'est la musique, c'est la
théâtre, c'est la danse.
Mme Bacon: II faut qu'ils répartissent les sommes qui sont
mises à leur disposition.
Mme Blackburn: C'est un budget è peu près uniforme.
Il ne tient pas compte...
Mme Bacon: On pourrait regarder... L'enveloppe régionale
peut varier suivant la densité de la population, mais c'est
réparti, comme je le disais tout à l'heure, suivant les
priorités de la région. Comme je le disais tantôt, dans
certaines régions, cela peut être le patrimoine; dans d'autres,
cela peut être la musique; dans d'autres, cela peut être la danse.
Cela dépend des régions.
M. Boulerice: Est-ce qu'on a cette ventilation-là?
Mme Bacon: Et il y a la reconnaissance aussi de ce qui existe
déjà. Il y a* une espèce de base historique pour les
sommes allouées. Certains orchestres sont là depuis longtemps,
d'autres sont plus récents, plus nouveaux. Je pense que, dans une
région, si un orchestre est là depuis plusieurs années, il
va sûrement être favorisé par rapport à un orchestre
qui commence.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir la
ventilation de l'enveloppe d'appariement des régions, le
budget...
Mme Bacon: L'enveloppe régionale? M. Boulerice:
...par région?
Mme Bacon: Les modalités de l'enveloppe d'appariement vont
être annoncées d'ici une semaine ou deux, en ce qui concerne les
régions.
M. Boulerice: Je peux compter sur votre diligence pour en avoir
une copie, le lendemain matin?
Mme Bacon: Vous le savez bien, je vous fais toujours parvenir la
documentation nécessaire.
M. Boulerice: Oui, mais j'ai été obligé de
me lever le mercredi pour demander des réponses à mes questions
écrites. Mais enfin!
M. le Président, je pense que vous aviez demandé de poser
une question.
Équipements culturels dans l'est de
Montréal
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député, de me céder si gentiment la parole.
Mme la ministre, j'ai l'impression, pour reprendre une expression que
j'affectionne particulièrement, que vous allez me voir venir gros comme
un sous-marin dans une baignoire. On a parlé tantôt des
régions. Je vais vous ramener rapidement à une région, la
mienne, évidemment, l'est de Montréal. Cela m'étonne que
le député de Saint-Jacques, qui se dit représentatif de
cette région, n'en ait pas parlé. Vous le savez, j'ai lu tout
comme vous le rapport Pluram. J'ai même l'impression que, pour la seule
fois de ma courte carrière politique, j'avais un peu d'avance sur vous,
dans la mesure où, étant à l'époque, je dis bien,
puisque j'ai démissionné depuis - membre du Conseil des arts de
la CUM, j'avais eu un avant-projet de rapport et j'avais remarqué
immédiatement, compte tenu de l'intérêt que j'ai dans cette
région, ce qu'on disait sur l'est de Montréal, cette
espèce de désert de l'est de Montréal. Je vous avais,
à l'époque, écrit une courte lettre à laquelle vous
avez rapidement répondu.
Ma question, c'est surtout un espoir que je formule. Je comprends que le
moratoire demeure, je comprends que la ville de Montréal dise: On va
essayer de le faire seule, mais est-ce qu'on peut compter que, dès la
levée du moratoire, compte tenu de la situation dans l'est de
Montréal... Je vous rappelle aussi qu'on parlait d'un aménagement
possible à l'école Édouard-Montpetit. Des études
ultérieures ont prouvé que c'était inutile. Donc, devant
ce désert, au niveau des équipements culturels dans l'est de
Montréal, peut-on compter sur un ordre de priorités qui
nous placerait pas très loin de la tête sur cette question?
Mme Bacon: Je dois dire que te langage que je tiens, et je le
tiens partout, c'est que, dès cette année, il faudra
déjà avoir déterminé certaines priorités par
rapport à la levée du moratoire parce qu'on ne peut pas, en 1989,
décider subitement qu'il se construit, je ne sais pas, quinze centres
culturels et qu'on envoie cela dans n'importe quelle région sans
regarder les besoins. Déjà, à l'automne 1987, on
commencera à donner la priorité à certains dossiers. Il y
a des dossiers qui sont urgents, d'autres inévitables. On commence
déjà à cataloguer, si vous me permettez l'expression, les
dossiers comme urgents et inévitables, qu'il faudra faire rapidement la
levée du moratoire. On tiendra compte, à ce moment-là, des
déserts culturels et des capacités de payer. Mais, compte tenu de
la capacité de payer de l'État, l'est de Montréal est un
endroit où il y a quand même des choses à faire par rapport
à d'autres régions qui ont déjà des... C'est pour
cela qu'on a mentionné ce matin la ville de Hull. Quand je regarde tout
ce qu'il y a à Hull comme équipement culturel et les besoins de
Gatineau, où il n'y a pas de centre culturel et qui a besoin d'une vie
culturelle, je privilégierai toujours Gatineau par rapport à
Hull, qui a déjà, comme ville, des centres culturels et des
équipements culturels qui sont importants, et qui est presque en
même temps... qui vit presque avec Ottawa, qui a aussi ses
équipements culturels. Les gens de Hull sont beaucoup plus près
d'Ottawa que les gens de Gatineau, qui n'ont rien.
Le Président (M. Trudel): Aussi, ce n'est pas parce qu'on
a la Place des Arts à Montréal que l'ensemble de
l'île...
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): ...est effectivement bien
desservie par des équipements culturels.
Mme Bacon: Peut-être. D'ailleurs, c'est la même chose
dont se sont plaints, en fin de semaine, les gens de Longueuil...
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: ...qui sont à proximité des
équipements culturels de Montréal, mais qui aimeraient bien
avoir, chez eux, ce qu'il faut. Laval a sa maison des arts, alors, Longueuil la
veut aussi.
Le Président (M. Trudel): Merci, madame. Je vois le
député de Saint-Jacques
piaffer d'impatience, alors, je lui cède la parole de
nouveau,
M. Boulerice: Oui, parce qu'il n'y a pas seulement Mercier, M. le
Président, il y a Rosemont, il y a Jean-Talon, il y a
Pointeaux-Trembles, il y a Rivière-des-Prairies, mais je vois que...
Pardon? Beauce-Nord.
Mme Bacon: Cela va.
M. Boulerice: Le développement du réseau est
véritablement freiné, le développement du réseau
des maisons de la culture est vraiment freiné. Il faut bien vivre
à Montréal - je suis d'accord avec M. le président - pour
voir l'affluence et l'achalandage des maisons de la culture qui apportent
d'ailleurs des habitudes de consommation culturelle qui se prennent très
jeune. Les maisons de la culture sont fréquentées très
largement par les jeunes du quartier. Donc, ils prennent des habitudes de
consommation culturelle. Il y aura d'ailleurs, demain, à la Maison du
Plateau Mont-Royal, l'inauguration d'une exposition de travaux d'enfants qui,
vraiment, fonctionnera comme une véritable exposition dans un
musée ou une galerie, Là, vous me parlez encore de la
levée partielle du moratoire en fonction des éléments
d'analyse que vous pourriez faire l'an prochain.
Mme Bacon: Je n'ai pas parlé de levée partielle.
Non. J'ai dit que, dès 1987, nous aurons déjà donné
la priorité à certains dossiers par rapport à d'autres
pour la levée du moratoire en 1989, II faudra, déjà, en
1987, avoir fait certains choix pour 1989. Il n'y a pas de levée.
M. Boulerice: Vous prévoyez faire un choix de combien?
Mme Bacon: Ce n'est pas fait. Les choix ne sont pas faits. Alors,
on le saura à l'automne.
M. Boulerice: Frontenac, lui, est arrivé juste avant que
la barrière ne tombe.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: M. le Président, la maison de la culture
Frontenac est arrivée, elle, par contre, juste avant que la guillotine
ne tombe sur les maisons de la culture, et cela va être la plus grande.
L'année 1989 sera peut-être la levée d'un rideau, mais
est-ce que vous... C'est l'urgence au ministère? Est-ce que vous vous
engagez à donner ta priorité, hors de tout doute, à l'est
de Montréal? L'est de Montréal, ce n'est pas que pour les
fermetures d'usines: Coleco, etc. L'est de Montréal a été
appauvri, parce qu'on lui a enlevé la maison de l'orchestre symphonique.
On lui a enlevé l'hypothèse d'une maison de la science et de la
technologie. Est-ce que vous vous engagez à donner la priorité
à celle de l'est de Montréal, compte tenu que celle d'Ahuntsic
est réalisée?
Mme Bacon: On dit qu'on a enlevé la salle de l'orchestre
symphonique, M. le Président. S'il faut reprendre cette discussion, on
va la reprendre. Je pense qu'on avait besoin d'études sur l'impact sur
la Place des Arts. Les résultats que nous connaissons maintenant dans
les travaux que nous avons faits avec la Place des Arts nous donnaient raison.
II faut une préparation pour l'après-orchestre symphonique
à la Place des Arts. Il faut l'avoir préparé. Il fallait
aussi regarder tous les besoins que nous avons. Est-ce qu'on avait besoin de
cette salle maintenant ou si on peut se permettre d'attendre encore quelques
années? C'est tout ça qu'il fallait regarder et qu'on a
étudié.
Je dois dire que ce n'est pas mis de côté, la salle de
l'Orchestre symphonique, au contraire. Je n'ai qu'à vous rappeler ce que
je disais encore ce matin. Nous travaillons non seulement avec la ville de
Montréal, mais avec le ministère fédéral, pour
déterminer la part qui peut être faite par les trois
gouvernements. Nous avons participé au comité de relance
économique de l'est de Montréal avec d'autres ministères
pour tenter de créer un nouveau cadre de vie. Je pense que la culture
fait partie de ce nouveau cadre de vie qu'on va tenter de se donner dans l'est
de Montréal.
M. Boulerice: M. le Président, le mode de
répartition semblait satisfaire les intervenants. Est-ce que la ministre
peut me donner la garantie que, lorsqu'elle dévoilera son plan de
relance des maisons de la culture, que l'on espère, la participation du
ministère ne sera quand même pas inférieure à 33 %,
c'est-à-dire à ce qu'elle était auparavant?
Mme Bacon: C'est particulier à la maison Frontenac, mais
pas nécessairement aux autres.
M. Boulerice: Les autres ont eu des montants similaires.
Mme Bacon: La seule intervention que nous avons faite, c'est
à Frontenac, avec 33 %. Nous avons une autre intervention pour la
rénovation du couvent du Bon-Pasteur.
M. Boulerice: Qui est de combien? (16 h 45)
Mme Bacon: Elle est de... Est-ce qu'on a les montants? On va les
avoir le 18, parce
que l'ouverture officielle se fait le 18 et les montants seront
probablement mentionnés.
M. Boulerice: Est-ce que cela inclut le piano?
Une voix: C'est au municipal.
M. Boulerice: C'est au municipal. D'accord.
Une voix: ...
Mme Bacon: Mais ils ne gèrent pas cela au municipal.
Festival d'été de
Lanaudière
M. Boulerice: Au sujet de l'amphithéâtre du Festival
de Lanaudière, est-ce que la ministre peut nous indiquer les raisons de
son entêtement à refuser de verser une aide au Festival
d'été de Lanaudière pour la réalisation du projet
de l'amphithéâtre de 5 000 000 $? Pour lequel, d'ailleurs, les
responsables ont recueilli 1 000 000 $ de la ville de Joliette, a00 000 $ dans
une souscription auprès des marchands et il y a eu une participation du
fédéral. Ces gens attendent depuis l'été dernier un
engagement de votre part au festival, qui va célébrer d'ailleurs
son dixième anniversaire.
Lorsque je vous posais la question ce matin, vous mettiez en doute les
propos du ministre fédéral de l'Énergie, M. Marcel Masse,
qui est, comme moi, joliettain d'origine et qui a été ministre
des Communications. Vous disiez que vous alliez contacter le ministre des
Communications. J'aimerais vous lire un télégramme qui a
été envoyé le 10 novembre à M. Charette,
Comité de construction, Festival d'été de
Lanaudière: "II me fait plaisir de confirmer que le ministère des
Communications se propose de participer à la réalisation de la
construction d'un amphithéâtre de 10 000 places à Joliette.
Cette contribution sera accordée dans le cadre du programme Iniatives
culturelles dans la mesure où le Festival d'été de
Lanaudière pourra démontrer que les fonds suffisants, provenant
d'au moins deux autres sources de financement, ont été
recueillis." Voilà! Mme MacDonald, d'ailleurs, qui signe le
télégramme, avait versé immédiatement 165 250 $
pour défrayer une partie des coûts encourus à la
réalisation d'études et de travaux professionnels, en souhaitant,
bien entendu, tout le succès possible au festival. Voilà!
Joliette a donné son argent...
Mme Bacon: À quelle date?
M. Boulerice: Le 10 novembre, madame.
Mme Bacon: De cette année?
M. Boulerice: Bien oui! En 1986. Ce n'est pas le 10 novembre
1987, vous devez bien le comprendre. C'est le 10 novembre 1986.
Mme Bacon: Le 10 novembre 1986, oui. J'ai devant moi une lettre
que j'écrivais à Mme MacDonald, le 31 octobre 1986, à la
suite d'une rencontre que nous venions d'avoir à Ottawa. J'avais
demandé à Mme MacDonald, à ce moment-là, si nous
pouvions compter sur des montants d'argent qui nous auraient permis de
construire certains équipements culturels dont nous avions besoin ou de
participer financièrement à certains équipements
culturels. Je recevais, le 11 décembre 1986, une lettre de Mme MacDonald
qui me disait: "Vous comprendrez que je ne peux présumer des
résultats, étant donné les contraintes budgétaires
du gouvernement fédéral et les demandes pressantes des autres
provinces en vue de négocier de nouvelles ententes culturelles."
C'était en décembre, c'est après le
télégramme que vient de citer le député.
Je dois dire que j'attends que la ministre concernée fasse son
annonce. Aujourd'hui même, nous étions informés qu'il est
évident que la ministre des Communications trouve fort louable le
dossier de Lanaudière. Personne ne remet en question le dossier de
Lanaudière. L'appui d'Ottawa doit se concrétiser avec l'accord
des deux paliers de gouvernement. Je ne crois pas que les dossiers culturels
doivent être choisis par Ottawa. Les fonctionnaires concernés
à Ottawa et à Québec étudient le dossier en
concertation. Il n'y a aucune entente de faite quant au moment de la
réalisation du projet. C'est le ministère des Communications qui
nous informe de cela.
Dès le moratoire, j'avais informé l'ancien ministre des
Communications des responsabilités que nous avions face au moratoire. Il
était fort conscient que le projet de Lanaudière était
sous le coup du moratoire, puisque c'est un projet d'équipement majeur
au Québec. Il en est encore aussi conscient quand il annonce qu'il
attend la réponse du gouvernement provincial, quand, lui, fait l'annonce
au nom de sa collègue, parce qu'il est quand même responsable de
l'Énergie et non des Communications. Alors, je vais attendre que la
ministre des Communications fasse elle-même l'annonce de ces
sommes-là. Ce n'est pas au ministre de l'Énergie à
annoncer les dossiers de la ministre des Communications.
M. Boulerice: M. le Président, je pense que le premier
ministre a déjà annoncé des choses au nom de ses
ministres, notamment sur la langue. Alors, on ne fera pas de
drame, à savoir que...
Mme Bacon: Je ne pense pas que M. Masse soit le premier ministre
du Canada.
M. Boulerice: M. le Président, connaissant M. Masse depuis
fort longtemps, j'ai eu l'occasion d'être un de ses élèves,
en histoire, d'ailleurs - c'est peut-être pour cela que j'ai de la
mémoire, Mme la ministre -connaissant M. Masse, je ne pense pas qu'il se
soit avancé sans avoir parlé au départ à sa
collègue, Mme MacDonald, et je ne crois surtout pas que les propos de M.
Masse puissent être traités de façon aussi
légère que le fait la ministre actuellement, quand on sait que M.
Masse a l'importante charge, au cabinet fédéral, d'être le
ministre responsable pour le Québec. C'est un ministre "senior", pas
"junior".
Alors, le Festival d'été de Lanaudière a fait ses
preuves depuis dix ans et a un rayonnement international. Ceux qui l'animent
ont d'ailleurs bien servi la ministre en d'autres temps et d'autres lieux.
Alors, il serait peut-être temps d'arrêter de tergiverser au sujet
de l'amphithéâtre pour le Festival d'été de
Lanaudière, de régler cela une fois pour toutes et
d'arrêter de commettre tous les crimes culturels au nom du moratoire ou
du pseudo-moratoire. C'est un dossier qui est là depuis un bon bout de
temps. Il y a eu une annonce du gouvernement fédéral. Une
municipalité, et la ministre nous chante le credo de la concertation
avec les municipalités, s'il y a une municipalité qui s'est
vraiment engagée, et j'en suis fier, c'est Joliette. S'il y a une
entreprise privée, et j'en suis fier, qui s'est engagée dans ce
dossier-là, c'est le secteur privé de Joliette, c'est la
population de Joliette par une collecte publique. Maintenant, la seule roue qui
ne veut pas tourner, c'est celle du ministère des Affaires culturelles
du Québec, et cela doit cesser. En plus de son caractère
extrêmement prestigieux, malheureusement, à cause de l'absence de
l'amphithéâtre au festival, la participation et la
démocratisation de la culture au Québec s'en trouvent
drôlement lésées. On ne peut pas faire venir "the Academy
of St. Martin in the Fields", compte tenu des conditions climatiques, pour tel
soir, sachant que, si on fait cela en plein air et qu'il risque de pleuvoir,
c'est le cas de le dire, c'est à l'eau. On est obligé de faire
cela à la cathédrale de Joliette. Cela vous fait peut-être
rire, mais cela coûte 100 $ le billet. S'il y avait eu
l'amphithéâtre, cela aurait coûté 7 $ le billet. La
population aurait pu en profiter. À 100 $ le billet, ce n'est pas tout
le monde qui peut se permettre cela.
Donc, en ce qui concerne le Festival d'été de
Lanaudière, on va arrêter. Les sommes d'argent sont là.
Voulez-vous, oui ou non, en donner, vous, du ministère des Affaires
culturelles? Sinon, je vous donne une autre possibilité: Est-ce que
votre collègue, responsable de l'OPDQ, est capable d'en donner? Ou bien
è travers le fonds fédéral-provincial? Mais allez-vous
agir dans les jours ou les semaines à venir? Je vous en donne quatre au
maximum. Oui, madame, c'est un ultimatum que je vous adresse, parce que
là, la farce du Festival d'été de Lanaudière, cela
suffit, à moins que je n'aille frapper à la porte de Mme Bourassa
qui est très préoccupée par le dossier, et je l'en
remercie. Mais allez-vous régler le problème de
l'amphithéâtre du Festival d'été de
Lanaudière? C'en est assez.
Mme Bacon: M. le Président, M. Masse n'a fait que
répéter ce qu'il a dit il y a un an. Ce n'est pas nouveau. II a
dit cela il y a un an, M. le Président. Je ne pense pas qu'il ait
versé les 2 500 000 $ à Joliette depuis un an. Nous allons voir
si le ministère des Communications nous dit la même chose et nous
verrons par la suite. La lettre de Mme MacDonald, du mois de décembre,
que je vous lisais tout à l'heure dénotait quand même une
prudence sur les sommes disponibles. C'est quand même elle qui est
responsable du dossier des Communications, ce n'est pas M. Masse qui est
responsable du dossier. J'attends de voir ce que Mme MacDonald a à me
dire sur le dossier. J'ai aussi dit que certains dossiers sont pour moi urgents
et inévitables. Je n'ai pas besoin de faire de dessin au
député de Saint-Jacques, M. le Président, et je n'ai
surtout pas è recevoir d'ultimatum du député de
Saint-Jacques. Je ne fonctionne pas à l'ultimatum. Je suis capable de
reconnaître... Et je dois dire, *M. le Président, que je n'ai
jamais caché tout le processus de négociation avec le
gouvernement fédéral. Je n'ai jamais caché ces processus
de communication que nous avons eus avec ma collègue du
fédéral aux responsables du Festival de Lanaudière, je
n'ai pas de cachettes. Eux-mêmes ont fait le travail avec nous et ont
fait ce cheminement avec nous. Il n'y a pas à faire d'ultimatum.
Eux-mêmes n'ont jamais fait d'ultimatum.
M. Boulerice: Ils n'attendent que vous.
Mme Bacon: M. le Président, le député de
Saint-Jacques peut faire toutes les crises qu'il voudra me faire cet
après-midi, il peut me lancer tous les ultimatums qu'il voudra, la
responsable du dossier à Ottawa est Mme MacDonald et la responsable du
dossier ici; c'est moi. Et c'est ensemble qu'on va régler ce
problème. Et ce n'est pas l'ultimatum du député de
Saint-Jacques, une des crises ou la scène du 2 du député
de Saint-Jacques, M. le Président, qui va m'énerver. J'ai dit
qu'il y avait des dossiers urgents, des dossiers
inévitables, et je sais quels sont ces dossiers, je sais quelles
négociations j'ai entreprises avec le Conseil du trésor. Nous
verrons les résultats de ces négociations avec le Conseil du
trésor, et je les dirai au député de Saint-Jacques quand
j'aurai à le dire, M. le Président.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
Saint-Jacques, avez-vous d'autres questions?
M. Boulerice: Nous n'attendons que vous dans
l'amphithéâtre du Festival de Lanaudiè-re. Ces gens
attendent des réponses. Je leur ai parlé. D'ailleurs, vous avez
refusé de rencontrer, je crois bien, le Conseil régional de la
culture de Lanaudière, justement parce que ce dossier aurait pu
être abordé.
Mme Bacon: M. le Président, il y a des limites! Le
député de Saint-Jacques s'imagine qu'il entend me3
pensées, il est tout à fait dans l'erreur, M. le
Président. Et, s'il me prête des intentions que je n'ai pas, libre
à lui de continuer à les propager. C'est son affaire. Mais il en
portera les conséquences, M. le Président. Je rencontre les gens
que je peux rencontrer et je n'ai jamais refusé de rencontrer qui que ce
soit. S'il veut voir mon agenda, je pourrais lui en faire parvenir des copies,
lui qui se vantait qu'il en avait une copie dernièrement.
M. Boulerice: Cela vous a fatiguée, n'est-ce pas?
Mme Bacon: Non, cela ne me fatigue pas, parce que mes gens sont
plus sérieux que cela. Mais, s'il voyait l'agenda que j'ai, M. le
Président, il verrait tout le monde que je rencontre et je n'ai pas
l'habitude de refuser de voir des gens quand j'ai le temps.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
Saint-Jacques?
M. Boulerice: Écoutez, je connais bien les gens de
Joliette. On va avoir les galées de tout cela très bientôt.
Je pense qu'ils vont être capables de porter leur jugement. De toute
façon, ils l'ont fait le 2 décembre 1985.
Mme Bacon: Si le député de Saint-Jacques, M. le
Président, veut faire de la petite politique avec le dossier de
Joliette, libre è lui de le faire. Je n'embarquerai pas
là-dedans.
M. Boulerice: Je ne ferai pas...
Le Président (M. Maciocia): M. le député, un
instantl Oui, Mme la ministre.
Mme Bacon: Je dis que, si le député de
Saint-Jacques veut faire de la petite politique avec le dossier de
Joliette, libre à lui de le faire. Les qens aussi le jugeront, M. le
Président.
M. Boulerice: Alors, ma ville natale va juger, M. le
Président, qu'effectivement j'ai encore beaucoup d'intérêt
à ce qui se passe.
Mme Bacon: Ma mère est enterrée près de
Joliette, M. le Président. Mes parents viennent de cette région,
je n'ai pas de leçon à recevoir.
M. Boulerice: La mienne est au cimetière de Joliette,
madame. La mienne est au cimetière de Joliette!
Le Président (M. Maciocia): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Bacon: Je n'ai pas de leçon à recevoir du
député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Maciocia): S'il vous plaît!
Mme Bacon: S'il veut qu'on sorte toute notre
généalogie, on va la sortir, M. le Président.
Le Président (M. Maciocia): Si vous permettez, M. le
député de Saint-Jacques, je crois que Mme la ministre a
répondu plusieurs fois à cette question du Festival de
Lanaudière.
Si vous voulez continuer, si vous avez d'autres questions, aucun
problème. (17 heures)
M. Boulerice: Si vous me permettez, M. le Président
de...
Mme Bacon: Est-ce qu'on va se mettre à déterrer les
morts?
M. Boulerice: Pardon? Le Festival d'été de
Lanaudière, je ne considère pas que je fais de la politique
partisane, au contraire je défends un dossier culturel qui est majeur au
Québec et qui, malheureusement, souffre d'un
désintéressement complet de la ministre et de l'incapacité
à obtenir de la part de son gouvernement les sommes nécessaires
pour y arriver. Deuxièmement, cela compromet une participation du
gouvernement fédéral. Son patron s'est fait dire tantôt:
"Welcome back in Canada". De toute façon, cela a toujours
été nos sous. Mais je pense qu'il est très important - ce
n'est pas de la politique partisane - de profiter de ce qui nous revient et
c'est surtout, pour le gouvernement du Québec, d'investir dans un
festival comme celui-là qui date déjà d'au moins dix
ans.
Mme Bacon: J'aimerais répéter, M. le
Président...
Le Président (M. Maciocia): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais
répéter que nous avons d'excellentes relations avec les gens de
Lanaudière. Je n'ai jamais eu de telle crise, comme vient de me faire le
député de Saint-Jacques, de la part des gens de
Lanaudière. Nous avons des relations sereines. Nous avons des relations
intéressantes et intelligentes...
M. Boulerice: Ce n'est pas payant... Mme Bacon: ...pour ne pas en
dire plus.
M. Boulerice: ...je devrais vous faire une crise.
Le Président (M. Maciocia): Je croîs aussi, M. le
député de Saint-Jacques, que la ministre vous a répondu
à un certain moment en vous disant de vérifier le
bien-fondé des 2 500 000 $.
M. Boulerice: Bien, M. le Président...
Le Président (M. Maciocia): Je crois que c'est en Chambre
qu'elle vous a répondu cela.
M. Boulerice: ...je pense que vous allez...
Mme Blackburn: II n'a pas à commenter les réponses
de la ministre.
M. Boulerice: ...s'il vous plaît...
Le Président (M. Maciocia): Non, non, mais je
préfère en tant que...
M. Boulerice: ...vous n'avez pas à apprécier...
Le Président (M. Maciocia): Même si je siège
en tant que président...
M. Boulerice: M. le Président, je regrette, nous sommes
aux crédits...
Le Président (M. Maciocia): ...je peux faire mes
commentaires sans aucun problème.
Mme Blackburn: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Boulerice: Nous sommes aux crédits...
Le Président (M. Maciocia): Allez-y, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Je pense qu'il n'est pas dans l'ordre des choses
que le président commente les réponses ou les questions...
Une voix: Ou la pertinence des...
Mme Blackburn: ...ou la pertinence des questions.
Le Président (M. Maciocia): Madame...
Mme Blackburn: Je voudrais juste qu'on utilise les règles
comme elles...
Le Président (M. Maciocia): Mme la députée...
Mme Blackburn: ...sont reconnues en commission parlementaire.
Le Président (M. Maciocia): Mme la députée de
Chicoutimi...
Mme Blackburn: C'est un minimum.
Le Président (M. Maciocia): ...j'ai seulement voulu dire
qu'étant donné que la ministre a répondu
déjà plusieurs fois à des questions concernant le festival
de Lanaudière c'est inutile qu'on prolonge encore sur la même
question...
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Maciocia): ...pendant trois heures.
Mme Blackburn: ...vous me permettrez de vous rappeler à
l'ordre!
Le Président (M. Maciocia): Bien, madame...
Mme Blackburn: Oui, parce que vous enfreignez le règlement
quand vous intervenez pour limiter...
Le Président (M. Maciocia): Madame...
Mme Blackburn: ...le droit d'intervention du
député. Le député a le droit d'intervenir comme il
l'entend et aussi souvent qu'il l'entend; le président n'a qu'à
le rappeler à l'ordre s'il n'a pas demandé la parole, s'il est
grossier ou s'il emploie des propos antiparlementaires. Mais vous n'avez pas,
comme président, à déterminer que le député
a posé suffisamment de questions parce que la ministre a
déjà répondu. Il pourrait passer le reste de l'heure
là-dessus et...
Le Président (M. Maciocia): II est...
Mme Blackburn: ...c'est tout à fait sa liberté,
c'est la liberté des parlementaires, particulièrement de
l'Opposition, lors de
l'étude des crédits, et vous le savez très
bien.
Le Président (M. Maciocia): II y a deux choses, Mme la
députée de Chicoutimi: premièrement, vous ne pouvez pas me
rappeler à l'ordre, je ne crois pas que vous puissiez le faire.
Mme Blackburn: Bien, on peut rappeler...
M. Boulerice: Là, on va me laisser...
Le Président (M. Maciocia): Vous pouvez seulement...
M. Boulerice: ...continuer l'étude de mes
crédits...
Le Président (M. Maciocia): Voilà!
M. Boulerice: ...M. le Président, et on va régler
toute la patente...
Le Président (M. Maciocia): Voilà!
M. Boulerice: ...nonobstant l'amitié sincère que je
vous porte.
Mme Blackburn: On va l'envoyer en session de formation.
Une voix: À l'ordre!
Le Président (M. Maciocia): Alors, si vous avez d'autres
questions, M. le député de Saint-Jacques, aliez-y.
M. Boulerice: Puisque Mme la ministre m'a dit qu'elle a
assisté au "Nightcap Bar", elle s'est aperçue, comme moi, qu'on
était bougrement mal assis et que, deuxièmement, cela ne pouvait
pas contenir plus de 45 personnes. J'aimerais demander à la ministre:
Est-ce qu'elle compte s'impliquer dans l'agrandissement du
café-théâtre La Licorne compte tenu du dynamisme et de la
progression de ce café-théâtre qui a fait au moins, je ne
le sai3 pas, une quarantaine de pièces depuis son ouverture, avec des
succès vraiment extraordinaires? La question que je vais vous poser,
même si... Puisque nous avions prévu une aide et, malheureusement,
le 2 décembre est arrivé... Heureux de vous voir de retour, M. le
Président, vous voyagezl
Mme la ministre, compte tenu qu'il y a eu l'incident du 2
décembre... Dans le programme d'amélioration des
équipements culturels, malheureusement on n'a pas pu se rendre
jusqu'à La Licorne; on s'était facilement rendu au
Théâtre de Quat'Sous. Donc, La Licorne a commencé une
campagne de souscription, à laquelle d'ailleurs j'ai participé,
très heureux de m'associer avec eux. Oui, parce que, voyez-vous, je suis
quand même un ministre substitut de la culture au Québec... Ils
vont aller à l'aide dans le privé. Il est bien entendu que leur
collecte a été commencée avant votre budget. Ce que je
veux savoir, c'est ceci: Sont-ils admissibles au fonds d'appariement?
Mme Bacon: Oui. On a discuté de tout cela avec les gens de
La Licorne, M. le Président. Ils nous ont soumis leur projet. Ils sont
en train de faire leur campagne de financement. Nous allons voir, avec le fonds
d'appariement, ce que nous pourrons donner dès que nous aurons le
résultat de leur campagne de financement. Mais, ils peuvent faire une
demande au chapitre du fonds d'appariement.
M. Boulerice: Parfait, merci. Enfin, une bonne nouvelle au
moins!
Situation des bibliothèques publiques
Bibliothèque de Chicoutimi, une ville qui vous tient à
coeur...
Une voix: Moi aussi.
M. Boulerice: Vous aussi!
Une voix: Oui, je suis parrain de ce comté-là.
M. Boulerice: Vous n'avez pas qrand-chose à faire,
monsieur, parce qu'ils ont une bonne députée. Vous devez vous
reposer, monsieur. D'ailleurs, on ne vous entend pas intervenir sur les
dossiers de Chicoutimi en Chambre.
Mme Blackburn: Avez-vous vu le dernier sondage?
M. Boulerice: Bien oui, le dernier sondage effectivement à
Chicoutimi, cela va bien. C'est comme dans Saint-Jacques et dans plusieurs
autres comtés du Québec.
Mme la ministre...
Mme Bacon: Le député fait de l'extrapolation.
M. Boulerice: Ahi vous aurez des surprises, madame.
Le Président (M. Trudel): Cela va bien dans Chomedey, cela
va bien dans Bourget. Cela va bien. C'est vrai.
Mme Bacon: Cela va bien dans Chomedey.
M. Boulerice: Au lieu de "welcome back", vous risquez de vous
faire dire
"goodbye birdie", pour employer des chansons populaires
américaines.
À la bibliothèque de Chicoutimi, il y a 6000 livres
entassés dans le sous-sol. Ma collègue de Chicoutimi a une photo
de cela.
Le Président (M. Trudel): On n'est pas à la
commission des institutions. Il n'y a pas de télévision, M. le
député.
M. Boulerice: Non, non. Il n'y a pas de télévision
et puis je ne peux faire comme votre ministre des Relations
intergouvernementales, avoir mes petits tableaux avec mon micro. On est capable
de parler directement assis à la table. Il y a un espace manquant.
Naturellement, le dossier des bibliothèques, on ne vous le cachera pas,
a été le dossier le plus lourdement frappé l'année
précédente dans votre budget. Il l'est de nouveau cette
année. On ne sait pas ce que va donner le comité mais on sait
fort bien ce que dit Mme Mittermeyer dans l'excellente étude qu'elle a
faite. J'aimerais connaître vos intentions ainsi que ma collègue,
députée de Chicoutimi, avec qui J'étais d'ailleurs
à Chicoutimi pour visiter ta bibliothèque. Entre
parenthèses en ce qui concerne la culture, je suis parrain de 121
comtés au Québec, M. le député de Beauce, si cela
vous intéresse. Alors, je suis allé voir de visu cette
bibliothèque. Je pense que ma collègue de Chicoutimi peut vous en
parler avec beaucoup d'éloquence également.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi, puisque vous êtes mise en cause,
allez-y.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il serait
peut-être intéressant... Je me rappelle, l'an passé, au
moment où je suis intervenue sur cette question des coupures dans les
bibliothèques municipales, c'était pour les déplorer. Je
vais juste rappeler un peu l'essentiel du propos que je tenais à
l'époque. On coupe dans les bibliothèques, si ma mémoire
est fidèle, à peu près 4 000 000 $, alors que c'est connu
qu'au Québec les bibliothèques souffrent de
sous-développement. Pas seulement les bibliothèques municipales.
On a le même problème dans les bibliothèques scolaires,
c'est-à-dire dans les écoles secondaires, dans les cégeps
et dans les universités. Dans les universités, on retrouve
à peu près 20 % de ce qu'on retrouve dans les collections des
universités, de Toronto par exemple, ou de certaines universités
américaines au prorata, évidemment, des clientèles. Dans
toutes nos bibliothèques publiques, que ce soit dans nos
établissements ou encore dans les bibliothèques municipales, on
connaît un sous-développement chronique qui a un effet direct sur
ta capacité d'acquisition des volumes et sur le potentiel de vente des
volumes de nos créateurs et écrivains québécois.
Cela a un rapport direct. On ne peut pas encourager les écrivains
québécois et, en même temps, couper dans les
bibliothèques sans qu'il n'y ait un rapport de cause à effet.
Je voudrais juste présenter le cas plus particulier de la
bibliothèque municipale de Chicoutimi. La bibliothèque municipale
de Chicoutimi contient à peu près les volumes qui permettraient
de desservir une population de 12 000 habitants alors qu'il y en a plus de 60
000, peut-être 65 000 ou 66 000. Il y a 6000 volumes qu'on est incapable
de loger, faute d'espace. La façon qu'a la bibliothèque de faire
un peu plus d'espace: plutôt que de prêter deux ou trois livres,
elle en prête quatre. Cela circule plus vite. Donc, évidemment,
cela fait un peu de place sur les rayons. Si vous voulez vous asseoir pour
consulter un document à la bibliothèque, il y a 28 places alors
que, normalement, pour une population comme celle de la ville de Chicoutimi,
cela en demanderait 180. Vous savez, il faut l'avoir visitée pour savoir
ce qu'est la bibliothèque de Chicoutimi.
Les heures d'ouverture, à présent, sont de 25 heures par
semaine alors que cela se trouve à être fermé aux heures
les plus intéressantes, soit le samedi matin l'été. Ce
sont des moments où, généralement, on a un peu plus de
temps pour aller à la bibliothèque. Eh bien, là, c'est
fermé. C'est fermé, parce qu'ils se disent: On a le choix. Est-ce
qu'on ouvre dans l'après-midi ou si on ouvre le samedi matin? Alors,
comme II faut qu'ils ouvrent le lundi aussi pour les jeunes qui ont besoin
d'aller chercher des manuels de référence, ils ouvrent sur
semaine et ils ouvrent seulement le samedi après-midi. Donc, c'est 25
heures par semaine alors que généralement on reconnaît,
pour un service à peu près acceptable, 40 heures. C'est une
situation de sous-développement chronique. Les bibliothèques
municipales au Québec sont les plus pauvres au Canada et celle de
Chicoutimi est la plus pauvre parmi les pauvres. Cela fait pauvre pas mal
longtemps. Alors moi, je voudrais savoir... Tout à l'heure, la ministre
nous a dit un certain nombre de choses que je trouvais intéressantes et
je voudrais savoir si cela ne pourrait pas s'appliquer chez nous - c'est ma
question - pour corriger cette situation qui est tout à" fait aberrante
et -d'autant plus chronique parce qu'on a fait d'autres coupures l'an
passé. Elle parlait tout à l'heure d'un plan de redressement de
construction qui ne touchait pas au moratoire parce que c'était pris
à même ses budgets réguliers. Est-ce qu'on peut avoir
accès à cela dans la ville de Chicoutimi?
Mme Bacon: J'ose croire que le maire
de Chicoutimi, qui doit avoir les mêmes demandes que la
députée, s'est présenté devant un groupe de travail
dans la région d'Alma pour faire connaître ses besoins et les
possibilités aussi à offrir à sa population. Nous avons
voulu faire le point. Le ministère intervient dans le secteur des
bibliothèques publiques depuis 25 ans. Depuis 25 ans, il n'y avait
jamais eu d'études en profondeur effectuées malgré
l'importance des ressources en cause. Donc, je pense qu'il était temps
que nous fassions le point sur l'état de la situation des
bibliothèques publiques au Québec et en même temps proposer
des orientations qui pourraient guider l'action du ministère, l'action
du gouvernement dans ce domaine. C'est pour cela que j'ai demandé
à un groupe de travail de faire le bilan d'abord du développement
des bibliothèques publiques et de nous formuler des recommandations
quant aux moyens à prendre pour poursuivre sur une période de
cinq années le développement des bibliothèques publiques.
Alors, les recommandations qui nous seront faites porteront sur la poursuite du
développement des bibliothèques publiques sur une période
de cinq ans.
Je lui ai aussi demandé de regarder de plus près le
partage des responsablités entre l'État et les
municipalités relativement, évidemment, encore une fois, à
ce développement et aussi le mode de financement du
développement. Cela fait partie du mandat que j'ai donné au
groupe qui est dirigé par M. Sauvageau. Alors, c'est pour cela qu'il a
fait la tournée de la province: consulter et écouter les
intervenants dans les dossiers et recueillir des commentaires qui pourraient
éclairer les actions futures du ministère des Affaires
culturelles dans le domaine des bibliothèques. Je disais ce matin que je
recevrai le rapport du groupe de travail à la fin de juin. Ce rapport
sera étudié au cours de la période estivale et nous
pourrons, à la lumière des recommandations qui nous seront
faites, prendre des décisions. Comme, je pense, le groupe a parcouru
l'ensemble des régions de la province, ou du moins une grande partie ou
une partie des régions de la province, nous pourrons avoir une
idée générale. Mais en même temps, pour chacune des
régions, nous verrons ce que le résultat des audiences publiques
pourra nous apporter comme recommandations. On sait qu'il est allé
à Montréal, Québec, Rouyn-Noranda, Aima et Mont-Joli.
Donc, on a quand même des régions qui sont assez
représentatives de l'ensemble. (17 h 15)
Je dois dire que pour mettre en place un réseau de
bibliothèques qui est accessible au public québécois qui
demeure en régions ou qui demeure en centres urbains, je pense qu'il est
fondamental qu'on élabore cette politique de lecture et en même
temps d'accessibilité à des bibliothèques. J'ai beaucoup
d'espoir dans ce comité, ce groupe de travail qui a été
formé pour pouvoir donner cet éclairage nécessaire, parce
que, comme je le disais tantôt, cela fait 25 ans qu'on subventionne les
bibliothèques et jamais on n'a fait une telle étude et une telle
recherche. Il fallait que cela se fasse, cette année, pour pouvoir
ensuite donner les sommes nécessaires au réseau des
bibliothèques et regarder aussi de plus près les besoins à
travers la province. C'est la recommandation du groupe de travail qui va nous
donner l'éclairage nécessaire pour prendre les décisions
quant aux sommes a donner ou à répartir dans tout le territoire
québécois.
Mme Blackburn: M. le Président, la situation des
bibliothèques publiques au Québec est relativement bien connue,
comme elle est bien connue dans les collèges, les universités et
les écoles. Ce gouvernement... Je trouve cela intéressant parce
que cela fait quelques commissions auxquelles j'assiste et j'entends
essentiellement le même discours. La ministre dit: 11 faut
préparer une politique. 5auf qu'avant de commencer à savoir quels
sont les besoins elle coupe 4 000 000 $ et ce, l'an passé. C'est la
première décision. Mais une fois qu'on a coupé A 000 000
$, on va préparer une politique. Il y a quelque chose de surprenant,
c'est le moins que je puisse dire. Dans toutes les commissions, c'est la
même chose. On crée un comité, on crée un groupe de
travail, on réfléchit, on y pense, on examine, on analyse,
autrement dit on emploie n'importe quel terme du dictionnaire pour dire qu'on
reporte les décisions. Je pense que je suis en train de me
développer tout un vocabulaire à faire le tour des commissions,
mais cela converge essentiellement dans le même sens: on reporte les
décisions.
Le cas de la bibliothèque de Chicoutimi est connu. Les maires de
la province de Québec ont demandé qu'il y ait une levée du
moratoire sur les équipements culturels. Les maires de la province de
Québec s'élèvent parce que ce qu'on fait, ici, au
gouvernement, c'est que, dans tous les programmes qui étaient
destinés aux municipalités, qu'il s'agisse de loisir, de
développement culturel, de plus en plus le gouvernement se retire, mais
il se retire avec l'argent. Les municipalités se retrouvent avec des
responsabilités de plus en plus grandes. La ministre le sait, les maires
le lui ont dit. Je ne pense pas qu'il était nécessaire de
commencer à créer un groupe de travail pour
réfléchir sur l'état des bibliothèques municipales.
On aurait dû commencer tranquillement " à les renflouer, parce que
cela n'a pas de bon sens. À sa face même, on le savait que les
bibliothèques sont sous-développées au Québec. On
aurait pu ne pas
imposer le moratoire, c'était un minimum, et, au moins, maintenir
le même budget. Les municipalités se retrouvent de plus en plus
avec des responsabilités, l'État a ouvert des chantiers et a
ouvert des programmes à financer. Ensuite, il a dit aux
municipalités: Gérez donc ce petit budget. À
présent, le programme reste là et on retire complètement
les budgets. Ce n'est pas tout à fait ce qu'on a fait pour ce qui est
des bibliothèques, mais on a coupé 4 000 000 $ dans la province
de Québec pour les bibliothèques publiques, c'est quelque chose
vous savez. Cette année, la ministre nous dit: Nos comités
d'études vont préciser une politique. Où cela nous
mène-t-il, d'autant plus qu'il y a un moratoire jusqu'en 1989? Si je
comprends bien, ce moratoire va toucher aussi les bibliothèques
publiques, à moins que ce ne soit pris, comme elle me l'a dit tout
à l'heure, mais je n'ai pas eu ma réponse, à même
son budget régulier.
Ma question était: Étant donné qu'il y a un
moratoire, est-ce qu'on peut penser, à Chicoutimi, que, par le biais de
ce budget régulier, on pourrait éventuellement avoir accès
à des sommes pour corriger la situation absolument inacceptable, qui
est, je le rappelle, la pire de la province de Québec?
Mme Bacon: M. le Président, le délestage de
certaines responsabilités gouvernementales vers les municipalités
n'a pas commencé depuis l'arrivée de ce gouvernement au
pouvoir.
Mme Blackburn: Demandez cela aux maires, Mme la ministre.
Mme Bacon: Les municipalités se plaignaient
déjà...
Mme Blackburn: Demandez cela aux maires.
Mme Bacon: ...qu'on leur remettait trop de
responsabilités, sans leur remettre les crédits
nécessaires, avant l'arrivée de ce gouvernement au pouvoir.
Mme Blackburn: Là, ils savent ce que cela veut dire.
Mme Bacon: Ceci dit, M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Trudel): Oui, Mme la ministre.
Mme Bacon: Je dois dire que toute la démarche que j'ai
entreprise a été faite ayec l'accord des maires puisque j'avais,
dès le départ, rencontré la table
Québec-municipalités pour leur indiquer la démarche que
j'entendais poursuivre, avec l'accord des maires qui étaient
présents, les responsables de la table
Québec-municipalités. Donc, je ne pense pas que la formation du
qroupe de travail soit une surprise pour l'ensemble des maires puisque je la
leur avais mentionné, à ce moment-là. M. le
Président, je n'ai pas interrompu la députée de
Chicoutimi, j'aimerais peut-être continuer, si vous me permettez. J'y
reviens encore une fois, M. le Président, cela fait 25 ans qu'on
subventionne les bibliothèques. Il n'y a jamais eu d'études sur
ce dossier. Je pense qu'il était temps qu'on regarde de très
près les moyens à prendre pour poursuivre le développement
des bibliothèques, pour regarder le partage des responsabilités
entre l'État et les municipalités. En passant, je dois dire que
la grande majorité des municipalités est en très bonne
position financière et pourrait peut-être faire davantage pour les
bibliothèques.
Quant au mode de financement, il faudra regarder ce dossier aussi. Cela
fait partie du mandat du comité de travail. Je dois dire que je fais
entièrement confiance à M. Sauvageau et à ceux qui
l'entourent. J'ai confiance en leur expérience et en l'expertise des
membres de ce comité pour faire des recommandations adéquates au
gouvernement, recommandations que nous recevrons au mois de juin. Je pense
qu'il était temps de faire le point sur l'état de la situation
des bibliothèques publiques au Québec. Il était temps de
proposer des orientations qui peuvent guider l'action du gouvernement dans ce
domaine. Je n'ai aucun regret d'avoir mis sur pied ce comité de travail,
très représentatif de l'ensemble des responsables des
bibliothèques, qui nous fera des recommandations très importantes
dans les décisions que nous aurons à prendre dans les mois
à venir.
M. le Président, comme je le disais tantôt, des dossiers
sont urgents, des dossiers sont inévitables quant à certaines
constructions. Je suis en ce moment à négocier avec le Conseil du
trésor certains dossiers inévitables et urgents, et nous
regardons ensemble les possibilités de réalisation de ces
dossiers.
Le Président (M. Trudel): Merci. Avant de vous donner la
parole, M. le député de Saint-Jacques, et pour être
évidemment tout à fait original, je répéterai une
phrase qu'on entend quotidiennement de la part de notre président de
l'Assemblée nationale. Il aime bien entendre les questions et il aime
bien aussi entendre les réponses. Comme je suis président d'une
commission, j'entends bien les questions et j'aimerais aussi entendre les
réponses.
M. Boulerice: S'il y a réponse.
Mme Blackburn: Est-ce que cela
suppose, M. le Président, qu'on ne peut pas échanger avec
les recherchistes?
Le Président (M. Trudel): Non, pas du tout. Absolument
pas.
Mme Blackburn: Bien, merci. J'ai compris.
Le Président (M. Trudel): Je pense que vous avez bien
compris mon intervention, Mme la députée de Chicoutimi. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: La ministre ne reconnaît-elle pas que ces
coupures, ce massacre à la scie qu'on a fait l'an passé en ce qui
concerne les bibliothèques, se sont traduites par l'absence ou par la
diminution de l'achat de volumes, des gros vendeurs, ce qu'on appelle en
langage courant - on emploie une expression américaine - les "best
sellers", ce qui fait l'attrait des bibliothèques et la réduction
des heures d'activité des bibliothèques? Les municipalités
n'ont pas comblé le manque à gagner des bibliothèques
à la suite d'une réduction de 30 % du budget de celles-ci lorsque
vous avez effectué ces coupures et les coupures aggravent la situation
déjà peu reluisante de nos bibliothèques. Êtes-vous
capable de reconnaître cela? Avez-vou3 le courage de reconnaître
cela?
Mme Bacon: Ce que je reconnais, M. le Président, c'est le
rapport du groupe Sauvageau. J'ai mis sur pied ce groupe de travail avec un
mandat bien établi et je reconnaîtrai les recommandations que ce
groupe de travail nous soumettra à la fin du mois.
M. Boulerice: Déjà, notre réseau souffre
d'un sous-financement, vous venez de le reconnaître. Donc, vous devez
reconnaître que de le diminuer de 4 000 000 $ comme vous l'avez fait,
c'est le "sous-sous-développer" de nouveau. Allez vers la logique! En
plus de cela, ma collègue a bien raison quand elle parle du nouveau
glossaire des députés ministériels libéraux.
Les municipalités. Vous avez vu le maire d'Anjou, M. Corbeil, qui
est venu vous dire que cela ne marcherait pas et que refiler le dossier aux
municipalités sans leur donner les moyens financiers, elles ne sont pas
capables de l'assumer. On en a eu un exemple patent dans le cas de votre
collègue de l'Environnement qui a confié aux
municipalités, sans aucune ressource financière, l'analyse des
eaux. Résultat: l'été dernier, toutes les plages ont
été fermées. Les municipalités n'étaient pas
prêtes. Les municipalités n'avaient pas les ressources
financières pour le faire. Vous dites; Cela fait 25 ans qu'on finance
les bibliothèques. Il n'y a jamais eu d'études. Avez-vous lu le
rapport de Mme Mittermeyer? L'avez-vous lu? En voilà une étude.
C'en est une. Vous parlez de votre rapport Sauvageau, rapport de la commission
présidée par M. Sauvageau. Êtes-vous capable de vous
enqager immédiatement, quelles que soient les modalités de
gestion qu'il vous propose? On peut sans doute aborder le problème
d'informatisation, ce qui serait intéressant. J'ose présumer que,
dans le rapport de M. Sauvageau, il va y avoir des choses comme
celles-là. Mais êtes-vous capable de vous engager
immédiatement sur ceci que, quel que soit le contenu du rapport, vous
vous engagez à ne pas diminuer l'aide directe de l'État, du
ministère des Affaires culturelles, aux bibliothèques publiques
du Québec? Êtes-vous capable de vous engager à cela?
Mme Bacon: Ce que j'ai fait cette année...
M. Boulerice: Ah oui!
Mme Bacon: ...M. le Président, je n'ai pas diminué
l'aide aux bibliothèques.
M. Boulerice: Elle est diminuée, elle n'est pas
indexée.
Mme Bacon: J'aimerais rappeler au député de
Saint-Jacques que les municipalités sont les premières
responsables du développement des bibliothèques publiques en
vertu d'un mandat confié par l'État et que le ministère
des Affaires culturelles intervient comme partenaire des municipalités
lorsqu'il participe à l'établissement de bibliothèques
publiques viables, fonctionnelles, préoccupées de répondre
aux besoins de culture de la population québécoise. Le
ministère intervient comme partenaire, mais les municipalités
sont les premières responsables du développement des
bibliothèques publiques en vertu d'un mandat qu'elles ont reçu.
Le ministère interviendra comme partenaire comme il l'a toujours fait,
mais les premières responsables sont les municipalités, M. le
Président.
M. Boulerice: Le niveau de l'aide va-t-il être maintenu?
Vous me dites: Je n'ai pas coupé cette année. Effectivement, si
par malheur vous avez coupé cette année comme vous aviez
coupé l'an passé, la seule chose qui nous restait, c'était
de brûler les rayons de bibliothèques parce qu'il n'y avait plus
de livres à mettre dessus. La décence même... Vous dites:
C'est un gel qu'il y a cette année. Vous auriez pu au moins l'indexer.
Vous savez autant que moi que, si vous avez discuté de façon
approfondie... C'est notre culture. Une bonne partie des livres proviennent
d'Europe. Vous en avez discuté sans doute avec M. Léotard,
j'espère. Il y a
augmentation du prix des livres. II y a augmentation aussi du salaire
à payer au personnel. Vous auriez pu au moins indexer. Est-ce que vous
vous engagez à ne pas diminuer l'aide directe de l'État aux
bibliothèques publiques du Québec à partir du principe de
l'indexation?
Mme Bacon: Si le rapport nous disait de diminuer l'aide
aux bibliothèques et que je m'engageais, aujourd'hui, à ne
pas diminuer... On ne sait pas ce qu'il y aura dans le rapport. Il faudrait
attendre le rapport de travail.
M. Boulerice: Si le rapport Sauvageau vous dit cela, madame,
vraiment, je veux dire...
Mme Bacon: On peut proposer un nouveau mode de financement.
M. Boulerice: Ah oui!
Mme Bacon: Oui. Cela fait partie de son mandat, le mode de
financement du développement.
M. Boulerice: Les modalités...
Mme Bacon: De voir quels sont les modes de financement.
M. Boulerice: Les modalités peuvent changer, mais le
budget comme tel...
Mme Bacon: Cela ne veut pas dire que les budgets sont les
mêmes si la recommandation qu'il nous fait est de ne pas avoir les
mêmes budgets. On va attendre les recommandations du rapport. M. le
Président, j'ai mis sur pied un groupe de travail et je dois attendre
ses recommandations avant de prendre des décisions. Alors, comme cela
couvre l'ensemble, quand on regarde les moyens à prendre, sur une
période de cinq ans, pour le développement des
bibliothèques publiques, quant au partage des responsabilités,
aussi, entre l'État et les municipalités relativement à ce
développement... Est-ce que le député de Saint-Jacques
m'écoute?
M. Boulerice: Je vous écoute religieusement, madame.
Mme Bacon: ...et quant au mode de financement de ce
développement, c'est tout cela que je vais avoir comme réponse,
M. le Président, à la fin de juin quand je recevrai les
recommandations du rapport Sauvageau. Je vais attendre et, après cela,
je prendrai mes décisions.
M. Boulerice: D'accord. Si la ministre ne se retrouve plus dans
le nombre de programmes au ministère, on est à la veille de ne
plus se retrouver dans le nombre de ses comités d'étude. Il y a
Goyer, Sauvageau, Pelchat et compagnie. Mais au-delà de... (17 h 30)
Mme Bacon: Mais, M. le Président, je me retrouve dans mes
programmes. Je dis qu'il y en a trop et qu'il faut simplifier l'aide aux
artistes, aux créateurs, qu'il faut simplifier l'aide au milieu culturel
en leur donnant des programmes où ils pourront se retrouver.
M. Boulerice: Et augmenter l'aide aux municipalités dans
le cas des bibliothèques publiques. Non? Ce n'est pas une belle
hypothèse de votre comité, cela?
Mme Bacon: On verra le rapport.
M. Boulerice: Votre rapport...
Mme Bacon: Quand vous dites la multiplicité des rapports
et que vous n'en nommez que deux, ce n'est pas énorme.
M. Boulerice: Oui, mais on a vu le "floppe" du rapport Goyer. Si
vous voulez que j'Insiste sur les rapports des comités, attention, c'est
un terrain glissant!
Mme Bacon: Bah! Si vous voulez insister, insistez.
M. Boulerice: Ah bien! On va y revenir ce soir et on va en
reparler.
Mme Bacon: M. le député de Saint-Jacques s'amuse,
M. le Président.
M. Boulerice: On va se payer la traite ce soir; on va en
parler.
L'an passé, les municipalités n'ont pas été
avisées à temps quant au financement des bibliothèques.
Elles ont des budqets à préparer. À l'automne, allez-vous
être en mesure, cette année, de les aviser?
Mme Bacon: M. le Président, j'ai demandé au
comité de me faire rapport à la fin de juin. Si juin n'est pas
suffisant et si la période d'été n'est pas suffisante, je
ne sais pas ce qui est suffisant pour les municipalités, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui, mais il faut finaliser le rapport.
Mme Bacon: Mais j'aurai le rapport à la fin de juin avec
les recommandations.
M. Boulerice: Oui, mais je me fie toujours... Écoutez,
c'est beau recevoir le rapport, mais avant de le rendre public...
Mme Bacon: Pas pour 1987, M. le
Président.
M. Boulerice: ...il faut le finaliser et, après, qu'il
passe à votre conseil et à votre comité de je ne sais
quoi. L'assurance que je veux... Vous me dites que les municipalités
vont être avisées à temps pour la préparation
adéquate de leurs budgets.
Mme Bacon: M. le Président, les municipalités
connaissent déjà le budget 1987-1988. Elles le savent.
M. Boulerice: C'est pour 1988-1989. Elles ont fait leur budget
1987-1988, madame. Les municipalités Pont fait. Là, elles sont en
train de planifier le budget 1988-1989, de préparer leurs
données...
Mme Bacon: Si elles sont en train de faire 1988-1989, il faudrait
le savoir.
M. Boulerice: Au niveau de la fiscalité des
municipalités, d'ailleurs, j'aimerais beaucoup vous en reparler car
votre ministre a eu un accueil très chaleureux à ce chapitre.
C'est un autre sujet et on y reviendra aussi. La question est là. Votre
comité vous remet son travail au mois de juin et les
municipalités devront commencer quelques semaines, deux ou trois mois
peut-être, au plus tard, après la planification de leur budget.
Donc, vous allez recevoir... Pardon?
Mme Bacon: Non, je vous écoute.
M. Boulerice: Vous m'écoutez, là. Répondez
aux questions d'abord.
Mme Bacon: Bien non, mais continuez. Vous étiez en train
de me poser votre question. Continuez-la.
M. Boulerice: Bon, alors je vous repose la question. Vous nous
donnez la garantie que les municipalités seront informées
à temps pour la planification de leur prochain budget.
Mme Bacon: Si vous parlez de deux ou trois mois, M. le
Président, si j'ai un rapport à la fin de juin, je pense que,
dans les mois qui vont suivre, mes décisions se prendront.
M. Boulerice: Ah! Mais chat échaudé, je vous l'ai
dit, craint l'eau...
Une voix: Froide. Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: II faut toujours attendre parce que vous me dites
toujours; C'est beau recevoir le rapport, mais il faut le finaliser, etc.
Alors, je tiens à vous le faire préciser d'une façon
exacte, par prudence, et vous comprendrez...
Mme Bacon: Je ne pense pas être devant un juge, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Vous n'y tenez pas. Mme la
ministre?
Mme Bacon: Non.
Des voix: Ha! Ha!
Mme Blackburn: Cela viendra.
M. Boulerice: Cela viendra.
Le Président (M. Trudel): D'accord. La réponse est
évidemment non.
M. Boulerice: C'est venu dans le cas de la maison de la culture
de...
Écoutez, j'allais vous poser des questions sur le rapport
L'Allier pour Québec, notre capitale nationale, notre capitale
provinciale, et la salle de spectacles de Sept-Îles, mais MM. les
sous-ministres, ne vous empressez pas, parce que sans doute que j'obtiendrais
la même réponse qu'on va retrouver à la paqe 4, premier
paraqraphe, cinquième ligne des qalées d'aujourd'hui: Le
moratoire, pas avant trois ans. Nous sommes en train de dégager un plan
d'action. Il nous faudra voir. Cela devra ensuite être approuvé
par le Conseil des ministres.
En fait, écoutez, si Mme la ministre insiste pour reprendre cette
cassette-là, je suis bien prêt à la lui donner deux
minutes, mais je ne suis pas dupe de la réponse qu'elle va me faire pour
le rapport L'Allier sur Québec et pour la salle de spectacles de
Sept-îles, où je serai d'ailleurs très prochainement. Je
sais fort bien ce qu'on va me répondre.
Des voix: Ha! Ha!
M. Boulerice: II n'y a pas de salle de spectacles à
Sept-îles, la commission ne pourrait pas siéger, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): II y a déjà une
commission qui a siégé à Sept-îles, M. le
député. Ni vous ni moi n'étions élus à
l'époque.
Toujours au programme 2, M. le député?
M. Boulerice: Toujours au programme 2, M. le Président. On
a une salle de spectacles effectivement... Programme 2, élément
3.
Une voix: Le programme 2; adopté.
M. Boulerice: Attention! Ne vous précipitez pas, M. le
député. Vous avez patienté 250 ans, vous êtes
capable de le
faire encore quelques minutes.
Démolition du vieux couvent de
Montmagny
J'aimerais vous parler de la démolition du vieux couvent de
Montmagny. Dans le dossier de la démolition du vieux couvent de
Montmagny qui était un édifice reconnu d'intérêt
public, par un beau samedi après-midi, à la suite d'une
décision pour le moins inconséquente et méprisante du
maire de Montmagny, la ministre a demandé une enquête du
ministère de la Justice. Peut-on savoir les résultats de
l'enquête"?
Mme Bacon: Est-ce une question?
M. Boulerice: Les résultats de l'enquête, madame,
que vous avez demandée à la suite à l'attitude
inconséquente et méprisante du maire de Montmagny. Vous avez
demandé cela à votre collègue de la Justice, M. le
député de D'Arcy McGee. Pour une fois qu'il reçoit de3
plaintes! Il se plaignait cet après-midi qu'il n'en recevait pas
suffisamment.
Mme Bacon: Au moins, la commission de la protection les a
envoyées. Elle n'a pas mis cela dans des boîtes dans le coin.
M. Boulerice: Vous pourriez peut-être souligner à
votre collègue de l'Industrie et du Commerce de parler français
au Japon et, deuxièmement, à votre collègue du Tourisme...
Si vous me permettez un petit aparté, lorsque je suis arrivé
à l'aéroport vendredi, on annonçait la conférence
fédérale-provinciale sur le tourisme, d'abord en anglais et
après en français. Cela dit, j'aimerais avoir le résultat
de l'enquête du ministère de la Justice...
Une voix: ...
M. Boulerice: Non, j'en ai profité pour passer un message,
comme à Dorval, parce que la loi 101 a pris un coup dans l'aile.
Le maire de Montmagny, vous le connaissez sans doute, il a fait
démolir le vieux couvent de Montmagny par un beau samedi
après-midi, sans aucune autorisation. Vous avez vous-même, Mme la
ministre - et je vous en félicite - demandé une enquête du
ministère de la Justice. Est-ce qu'on pourrait avoir les
résultats de l'enquête?
La loi est pour tout le monde, même pour les maires, peu importe
leur couleur. Détruire le patrimoine! Il y a des pays où
lorsqu'on détruit le patrimoine, on se retrouve en prison.
Je regarde mes collègues... Vous savez qu'il faut une
autorisation préalable de 60 jours venant de la ministre pour
détruire quelque chose comme cela. Ce bon maire, il s'en est allé
comme "je m'en fous" et il a fait démolir cela par un beau samedi
après-midi. Il a violé la loi. Il a fait démolir un
édifice qui a été reconnu d'intérêt
historique.
Mme Blackburn: II y en a qui n'ont aucun souci du patrimoine.
M. Boulerice: Aucun souci du patrimoine, de notre histoire, de
notre mémoire architecturale. L'enquête est en cours ou bien
non?
Mme Blackburn: C'est une erreur de jugement.
Mme Bacon: C'est parce que le ministère de la Justice a
fait parvenir à notre ministère une note sur l'enquête qui
avait été demandée. Je suis en train de travailler, en ce
moment, avec le ministre des Affaires municipales, sur une possibilité
de réparation en ce qui concerne le patrimoine. J'attends un rapport -
je ne trouve pas cela drôle, je ne ris pas de cela -je pense que c'est
une infraction de la Société d'habitation du Québec, qui a
été en quelque sorte facilitée un peu par la
municipalité, ce qu'il faut regretter ici. Nous avons eu un rapport du
ministère de la Justice et nous sommes en ce moment en pourparlers avec
le ministère des Affaires municipales pour qu'il y ait réparation
de cette infraction.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci. La ministre parle de réparation,
donc le jugement est rendu, donc le ministère n'avait pas
été informé. Est-ce que c'est ce qu'il faut
comprendre?
Mme Bacon: II n'y a pas eu de jugement. Ce n'est pas un jugement.
On n'est pas è la cour.
Mme Blackburn: C'est une infraction è la loi et, pour une
infraction à la loi, il doit être prévu des
pénalités, selon des règles qui interprètent la
loi, probablement.
Mme Bacon: C'est une infraction présumée. Le vieux
couvent avait été reconnu - je pense qu'on peut reprendre le
dossier, M. le Président - monument historique, le 14 octobre 1982, par
le ministère des Affaires culturelles. La Loi sur les biens culturels
indique que nul ne peut vendre ou démolir un bien culturel reconnu sans
fournir un avis préalable de 60 jours au ministre des Affaires
culturelles, ce que la Société d'habitation et la ville de
Montmagny
n'ont pas fait.
Mme Blackburn: Ma question était: Est-ce que la ministre a
été informée...
Mme Bacon: Si vous me permettez de terminer. Au mois de novembre,
le ministère des Affaires culturelles a demandé au
ministère de la Justice de procéder à une enquête
sur les événements qui entouraient la vente et la
démolition du vieux couvent. On a reçu une opinion du
ministère de la Justice, qui est arrivée au ministère des
Affaires culturelles, et à la suite de cette opinion nous avons
entrepris des discussions avec le ministère des Affaires municipales
pour qu'il y ait réparation. Réparation ne veut pas dire
reconstruction du couvent. Réparation pour ce qui est du patrimoine de
la ville de Montmagny.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir une copie du document du
ministère de la Justice?
Mme Bacon: Non, parce que ce n'est pas terminé.
M. Boulerice: Comment, ce n'est pas terminé?
Mme Bacon: Le dossier n'est pas terminé avec le
ministère des Affaires municipales.
M. Boulerice: II y a eu un rapport d'enquête? Le
ministère de la Justice a enquêté? II vous a remis un
rapport?
Mme Blackburn: M. le Président.
Mme Bacon: C'est une opinion juridique que nous avons eue.
M. Boulerice: S'ils recommandent des réparations, c'est
parce qu'ils ont fait une enquête, ils ont émis des
conclusions.
Mme Bacons C'est une opinion juridique, M. le
Président.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Blackburn: II y a une loi qui régit ce genre de
choses. Ce qu'il serait important de savoir, c'est que, au moment où il
y a Infraction, il y a nécessairement une enquête et cela, c'est
d'ordre public. À moins qu'on me dise que... Écoutez, la loi
d'accès à l'information décrète que c'est d'ordre
public parce qu'on a porté atteinte à un bien public. Si la
ministre, en plus, nous dit qu'il va y avoir réparation, on voudrait
savoir qui a déterminé qu'il y aura réparation, de quel
ordre est cette réparation, pour quel montant, et de quelle nature?
Acquisition de volumes à la bibliothèque, construction d'un
nouvel édifice pour fins communautaires? La réparation est de
quelle nature?
Mme Bacon: L'opinion du ministère de la Justice
blâmait la Société d'habitation du
Québec, c'est évident. Est-ce que le gouvernement se
poursuit?
M. Boulerice: Est-ce que c'est la Société
d'habitation qui a démoli? C'est la ville.
Mme Bacon: Ils n'avaient pas le droit de démolir ce
couvent. Ils n'avaient pas le droit de le vendre. La vente ne devait pas
être faite sans avoir, au préalable, demandé un avis
à la ministre des Affaires culturelles.
Mme Blackburn: Donc, c'est la société
immobilière qui a vendu à la ville...
Mme Bacon: Pas immobilière, Société
d'habitation.
Mme Blackburn: La Société d'habitation qui vendu
à la ville?
Mme Bacon: C'est cela. (17 h 45)
Mme Blackburn: Et la ville l'a démoli? Donc, si
j'étais citoyen et que je voudrais m'élever contre...
Mme Bacon: La loi ne prévoit pas d'infraction dans la
démolition. Donc, il n'y a pas d'infraction dans la
démolition.
Mme Blackburn: Oui, oui. Eh bien oui.
Mme Bacon: La loi ne prévoit pas d'infraction dans la
démolition.
Mme Blackburn: On ne peut pas altérer, modifier ni
construire à moins de demander un avis de 60 jours, vous venez de le
lire.
M. Boulerice: Aie! Cela ne se peut pas, là...
Mme Blackburn: Cela est compris à l'intérieur.
M. Boulerice: ...dans la constitution à votre
ministère. Écoutez, que la Société d'habitation du
Québec l'ait vendu...
Mme Bacon: L'infraction est dans le défaut d'avis et non
dans la démolition. Il n'y a pas eu d'avis de 60 jours. Donc,
l'infraction est dans le défaut d'avis et non dans la
démolition.
M. Boulerice: Ah bien là c'est...
Mme Blackburn: Un instant! L'infraction est dans le défaut
d'avoir demandé un avis. L'avis aurait pu être négatif.
Cela ne se juge pas parce que vous avez demandé...
Mme Bacon: Vous dites exactement ce que je viens de dire,
l'infraction est dans le défaut d'avis et non dans la
démolition.
M. Boulerice: Attendez là! On est en train de faire
quelque chose... Écoutez, le parlement est un édifice historique.
Moi je décide demain matin avec un bulldozer de vous le raser. Ma seule
culpabilité, c'est que je ne vous ai pas envoyé une lettre 60
jours avant?
Mme Bacon: C'est cela. C'est cela l'infraction.
M. Boulerice: Eh bien il va falloir changer nos lois malades.
Mme Bacon: Les lois ne sont pas toutes parfaites.
M. Boulerice: Mais, quand même là! Mme Bacon:
C'est cela quand même.
Mme Blackburn: De quelle nature est la réparation et de
quel montant? Vous parlez d'une réparation.
Mme Bacon: Ce n'est pas déterminé encore. On est en
train de voir les possibilités de réparations par la
société. Le gouvernement ne se poursuit pas.
Mme Blackbum: Dans ces cas, M. le Président, il n'y a pas
de blâme porté à l'endroit de personne, de quelqu'un en
quelque part dans la machine qui ne s'est pas soucié de cela?
Mme Bacon: C'est ce que je suis en train de voir avec le ministre
des Affaires municipales.
Mme Blackburn: II y a eu une enquête, est-ce qu'on peut y
avoir accès? Est-ce que c'est un document public en vertu de la loi
d'accès à l'information?
Mme Bacon: C'est une opinion juridique, ce n'est pa3 une
enquête. Nous n'avons qu'une opinion juridique à la suite de
l'enquête, nous n'avons pas l'enquête.
Mme Blackburn: Donc, ce qu'on peut conseiller, ce serait une
espèce de recours collectif d'un certain nombre de citoyens dans la
ville pour leur demander de faire une enquête sur cela et trouver le
coupable et porter des condamnations.
Mme Bacon: Cela n'a pas de rapport avec cela.
Mme Blackburn: Si l'information n'est pas accessible
autrement?
Mme Bacon: La loi prévoit des sanctions, c'est cela? il
faudrait demander au ministère de la Justice pour le rapport de
l'enquête, nous n'avons qu'une opinion juridique au ministère, on
n'a pas l'enquête au ministère.
M. Boulerice: Eh bien, est-ce qu'on peut avoir une copie de
l'opinion juridique?
Mme Bacon: On a cela. Ce qu'on me dit, c'est que cela est une
note interne qu'on n'a pas à dévoiler publiquement. Je pense que
cela nous a servi dans notre dossier, on n'a pas à le dévoiler
publiquement.
M. Boulerice: On s'entend sur quelque chose. Il faut que cela
soit clair. Il n'y a pas de blâme à vous. Il n'y a pas de
blâme à vous, là.
Mme Bacon: Bien, j'espère.
M. Boulerice: Quand même, d'accord.
Mme Bacon: Je ne le prends pas non plus.
M. Boulerice: Non, mais moi je veux faire pendre haut et court
celui qui se permet - mais je suis contre la peine de mort, c'était
juste une image que j'employais. Je trouve que cela n'a pas d'allure qu'on
puisse comme cela démolir un édifice de 130 ans, je pense,
quelque chose comme cela, classé monument historique. Je trouve que cela
n'a pas d'allure. Encore là aussi, ce n'est pas la SHQ, elle t'a vendu
ou cédé à la ville pour 1 $, la somme nominale de 1 $.
C'est la ville qui, elle, est allée démolir le lendemain,
même pas par clair de lune, paraît-il, mais en plein
après-midi.
Mme Bacon: La SHQ devait demander la permission au ministre des
Affaires culturelles avant de céder le couvent pour 1 $, ce qu'elle n'a
pas fait.
M. Boulerice: Je comprends cela, Mme la ministre.
Mme Bacon: Ce qu'elle n'a pas fait.
M. Boulerice: Je comprends cela et aussi elle devra se faire
taper sur les doigts, s'il le faut.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Ce qu'il y a de pire là-dedans, parce qu'il
y a quand même une gradation entre, malheureusement, démolir -je
ne sais pas - peut-être une faïence... Par contre, aller
lacérer un Raphaël... C'est la ville qui a joué au
bulldozer. Est-ce qu'on a l'intention de 3évir contre la ville? Que l'on
blâme la SHQ vertement et qu'on convoque son président en lui
disant: Écoutez, soyez plus attentif, etc., mais le maire de la ville
coupable... Je ne pense pas qu'il ait un employé du garage municipal qui
ait pris une responsabilité aussi énorme sans avoir eu la
permission du maire. Pour celui qui a donné l'ordre à la
municipalité de démolir un édifice historique du
Québec, qu'est-ce qu'il va y avoir? Est-ce que le ministère
entend le poursuivre par l'intermédiaire du ministère de la
Justice? Je fais une autre parenthèse. Vous dites: On a une opinion. Je
me suis fié au... C'est écrit: La ministre recevra le rapport
d'enquête la prochaine fois. Le ministère vous a juste
envoyé une opinion, ou, plutôt, il n'a pas voulu faire
d'enquête?
Mme Bacon: Non. Dans le communiqué de presse que j'ai
émis à ce moment-là, je disais: La ministre a
demandé au ministère de la Justice de se saisir du dossier afin
d'évaluer sa situation et d'inventorier les moyens à prendre pour
faire respecter la loi et, s'il y a lieu, d'entreprendre des poursuites. Si
vous voulez avoir une copie de l'avis du ministère de la Justice, ce
dernier nous a demandé de lui référer tous ceux qui
voulaient en avoir une copie. Je ne peux pas vous la donner à sa place.
C'est le ministère de la Justice qui doit répondre à vos
demandes.
M. Boulerice: Pas de problème, on va la demander.
Mme Bacon: Sauf que, quand vous ne blâmez que la ville, je
dis aussi que la Société d'habitation du Québec a vendu ce
couvent sans en avoir la permission, et cela, il ne faut pas l'oublier non
plus.
M. Boulerice: Oui, mais ce que je ne comprends pas, c'est que
vous êtes en train de dire qu'il y aura uniquement des mesures
réparatrices d'exigées à la SHQ.
Mme Bacon: Je ne peux pas lui demander de le reconstruire.
M. Boulerice: Je le sais bien. Mais c'est la ville qui l'a
démoli. Est-ce que la SHQ savait que, le lendemain qu'elle le
cédait à la ville, cette dernière devait arriver avec son
équipement et tout raser? Je pense qu'on est en train de couvrir la
ville.
Mme Bacon: La première infraction qui a été
commise, c'est la SHQ qui l'a commise.
M. Boulerice: Mais c'est la moindre dans les deux
infractions.
Mme Bacon: Non, pas d'après la loi. D'après la loi,
il aurait fallu que la SHQ saisisse la ministre des Affaires culturelles du
dossier de l'ancien couvent qui était identifié comme un immeuble
reconnu en 1982. Et la première qui a commis l'infraction...
M. Boulerice: Oui, mais, Mme la ministre...
Mme Bacon: ...c'est la SHQ.
M. Boulerice: Oui, mais la SHQ oeuvre dans tout le Québec.
Je peux peut-être comprendre - je ne me fais pas son avocat, elle ne m'a
pas mandaté et je n'ai pas cette formation - que la SHQ fonctionne
à l'intérieur du Québec, mais on ne viendra pas me faire
accroire que, dans la ville de Montmagny, il n'y avait pas un Magnymontois
dont, notamment le premier d'entre tous, qui ne savait pas que c'était
un monument historique et qu'on n'avait pas le droit de le démolir, et
qui a laissé partir les employés du garage municipal avec tout
leur équipement et qui a dit: Vous me rasez cela et vous me mettez cela
en asphalte parce que c'est beau. Je trouve effectivement que la SHQ est
manquante, mais la ville...
Mme Bacon: Dans la Loi sur les biens culturels, un immeuble qui
est reconnu, comme l'était reconnu le couvent depuis 1982, commande que
son propriétaire ne peut aliéner ou démolir un tel
immeuble sans fournir un avis préalable de 60 jours au ministre. Si le
député de Saint-Jacques m'écoutait... Je vais
répéter. En vertu de la Loi sur les biens culturels, un immeuble
reconnu commande que son propriétaire ne puisse aliéner ou
démolir un tel immeuble sans fournir un avis préalable de 60
jours au ministre des Affaires culturelles, ce que n'a pas fait la
Société d'habitation du Québec.
M. Boulerice: Je pense, Mme la ministre, qu'au-delà - je
pense que vous allez en convenir avec moi parce que cela est important pour le
patrimoine du Québec - de l'avis ou de l'opinion juridique qu'a
donné le ministère de la Justice, je pense qu'il y aurait lieu de
commander une enquête sur tout ce sujet. Si vous voulez modifier la Loi
sur les biens culturels de façon qu'une chose comme celle-là ne
se reproduise plus jamais dans ce pays...
Mme Bacon: Pas par des sociétés de la couronne.
M. Boulerice: Pas la société... À ce
moment-là, vous pouvez compter sur notre concours, comme on dit
typiquement en québécois, à cent milles à l'heure.
Le vice de la loi, c'est quoi?
Mme Blackburn: Mme la ministre, vous dites: C'est la
Société d'habitation qui est coupable. Deux questions. La
première: Est-ce que la Société d'habitation du
Québec connaissait les intentions de la ville? La seconde: Votre loi
s'applique, non seulement exclusivement à la Société
d'habitation du Québec, mais elle s'applique à tout
propriétaire, même si c'est un nouveau propriétaire qui
s'appelle la ville. En vertu de cette loi, la ville y était soumise au
même titre que la Société d'habitation du Québec,
parce qu'elle était la propriétaire. Du moment où elle est
propriétaire, elle est soumise aux mêmes lois que la
Société d'habitation du Québec. Ce n'est pas la
société d'habitation...
Mme Bacon: La vente était nulle. Mme Blackburn: ...
Mme Bacon: Si vous voulez m' excuser, je vais vous l'expliquer.
La vente était nulle parce que la Société d'habitation
n'avait pas, dans un délai de 60 jours, avisé le ministre. Donc,
la vente était nulle. C'est encore la Société d'habitation
du Québec qui est responsable.
Mme Blackburn: Je sais, Mme la ministre, que la vente
était nulle parce qu'on n'avait pas respecté les délais
requis sauf que le nouveau propriétaire ne s'est pas comporté
comme si la vente était nulle. Il s'est comporté comme s'il
était propriétaire. En vertu de cette attitude, il est tenu de
respecter la Loi sur les biens culturels. C'est une disposition juridique. Cela
ne demande pas de grands... Il y a quelques avocats, ici. ils vont comprendre
que c'est assez simple et que cela ne demande pas de grands
développements. Ce qu'on demande ici, premièrement, c'est une
enquête parce qu'il ne faudrait pas que cela se reproduise tant par les
villes que par nos sociétés publiques. C'est sûr que c'est
inacceptable. C'est Incompréhensible. Je me demande comment cela a pu se
réaliser. J'ai de la difficulté à comprendre cela. Comment
classent-ils cela?Ils doivent avoir au moins un fichier pour les
édifices qui sont classés biens culturels.
Deuxièmement, il ne faudrait pas les laisser s'en sortir
facilement parce que cela est inacceptable. Après cela, on invoquera une
ignorance quelconque, une faute, quelque part, et on rasera autre chose. Je
pense que cela doit servir d'exemple. C'était essentiellement le
prolongement du discours du député de Saint-Jacques.
Mme Bacon: D'accord, M. le Président. Je suis intervenue
immédiatement au ministère de la Justice.
M. Boulerice: Ah non! Je ne vous blâme pas.
Mme Bacon: Je pense qu'on n'a pas à me convaincre de
cela.
Mme Blackburn: Mais il faut parler. Mme Bacon: On est
d'accord.
Mme Blackburn: Ce n'est pas juste la Société
d'habitation.
Mme Bacon: C'est ce que nous dit le ministère de la
Justice. M. le Président, j'implore la députée de
Chicoutimi d'aller au ministère de la Justice demander l'information
parce qu'elle ne m'écoute pas, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques ou Mme la députée de Chicoutimi, comme il reste
moins d'une minute...
Mme Bacon: M. le Président, juste une dernière
intervention...
Le Président (M. Trudel): Non, on va terminer...
Mme Bacon: ...pour que la députée de Chicoutimi
entende. Elle pourrait aller immédiatement au ministère de la
Justice pour demander l'opinion juridique du ministère de la Justice sur
ce dossier. Elle verrait que c'est la Société d'habitation, au
départ, qui était responsable. Elle verrait que c'est cela.
M. Boulerice: Mme la ministre, je vous demande une enquête
publique là-dessus parce que je pense qu'il faut faire un exemple.
Mme Blackburn: C'est le droit du public à
l'information.
M. Boulerice: C'est le droit du public à l'information,
effectivement. Personne n'est au-dessus des lois. Deuxièmement, si
à l'automne vous voulez déposer un projet d'amendement à
la loi, je puis vous assurer du concours de l'Opposition pour qu'il soit
adopté dans les délais les meilleurs, pour employer l'expression
qui vous est coutumière.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, si vous voulez
ajouter quelque chose avant la suspension de nos travaux.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que j'en suis
à la première étape dans ce dossier qui constituait en une
étape avec le ministère des Affaires municipales, responsable de
la 5HQ. Suivant le rapport que j'avais du ministère de la Justice, si la
SHQ veut revenir contre la ville, elle pourra le faire. Mais je pense qu'en
premier nous en sommes à une étape de rapport entre notre
ministère et le ministère des Affaires municipales, qui est
responsable de la SHQ. C'est une première étape. La poursuite,
c'est une deuxième étape.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. Sur ce,
j'ajourne les travaux de la commission jusqu'à... Je suspends les
travaux de la commission, dÎ3-je, jusqu'à...
Mme Bacon: Est-ce qu'on adopte le programme 2?
Le Président (M. Trudel): ...20 heures. Non, il semble,
madame...
M. Boulerice: II reste un élément, madame.
Le Président (M. Trudel): II reste un
élément. M. le député.
M. Boulerice: Voulez-vous qu'on prenne deux secondes et comme
cela on ne pourra pas...
Mme Bacon: Vos deux secondes sont longues.
M. Boulerice: Bon, bien, parfait. On reprendra ce soir.
Le Président (M. Trudel): Alors, je répète
que les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 2)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture reprend l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles pour l'année 1987-1988. Au
moment de la suspension de nos travaux, à 18 heures, nous en
étions toujours au programme 2.
Je vous reconnais, M. le député de Saint-Jacques.
Statut de l'artiste
M. Boulerice: M. le Président, la première question
que j'aimerais poser à Mme la ministre, à la reprise de notre
séance, est la suivante. J'aimerais que vous disiez quelle est
l'utilisation prévue du montant de 1 500 000 $ pour le statut de
l'artiste. Est-ce que le budget cumulé de fonctionnement de la Direction
des services aux artistes et de la gestion des programmes d'aide
déjà existants - bourses du Québec, accessibilité,
studios du Québec, Studio Cormier, etc. - est inclus dans cela?
Mme Bacon: L'utilisation du montant de 1 500 000 $ a
été étudiée avec le groupe-conseil. Cet
après-midi, je disais que nous voulions avaliser les décisions
que nous pensons prendre dans le dossier du statut de l'artiste et dans les
différents proqrammes qui touchent les artistes et les créateurs.
C'est un des dossiers que nous avons étudiés avec le
groupe-conseil. Je donnerai, dans deux semaines, lors d'une conférence
de presse, toutes les informations qui touchent le budget de 1 500 000 î.
J'ai aussi d'autres dossiers à annoncer, à ce moment-là.
J'expliquerai l'utilisation du montant de 1 500 000 $.
M. Boulerice: Quant au nouveau comité que vous avez
constitué, est-ce que c'est possible d'avoir une copie de son mandat? Je
sais que l'échéancier est prévu pour l'automne. Est-ce
qu'il est possible d'avoir le budget ventilé?
Mme Bacon: Pour le comité? M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Enfin, le comité définitivement
temporaire ou temporairement définitif, ça dépend.
Mme Bacon: Est-ce que vous le voulez tout de suite, le mandat du
groupe-conseil? On peut vous le donner.
M. Boulerice: Je pense qu'on a vu une partie du mandat dans le
programme, mais si vous avez une formulation plus explicite, je l'accueillerai.
Remarquez que je vous...
Mme Bacon: Non, non. On va vous donner cela. Le groupe-conseil
sur le statut de l'artiste a pour mandat de conseiller la ministre des Affaires
culturelles sur les mesures à développer pour améliorer le
statut socio-économique et juridique des créateurs et des
artistes professionnels au Québec. À ce titre, il sera
appelé à faire des recommandations à la ministre à
partir des propositions que lui soumettra le ministère des Affaires
culturelles, tant en ce qui a trait à ses propres interventions
qu'à celles qui sont soumises par les autres ministères
concernés par le dossier. Il pourra
aussi, s'il le juge à propos, formuler de nouvelles propositions
dans le cadre des orientations retenues par le Conseil des ministres.
Alors, la composition est de huit artistes professionnels: Madeleine
Dansereau, Marie Laberge, Jeanne Renault, Louis Caron qui préside le
comité, François Dompierre, Luc Plamondon, Yves Trudeau et
Fernand Dansereau du milieu du cinéma. Pour le fonctionnement de ce
comité, la présidence du groupe sera assumée par un des
membres; donc, cela a été M. Caron qui a été choisi
par les membres. Le secrétariat est assumé par le
ministère des Affaires culturelles qui voit à convoquer les
réunions et à fixer les ordres du jour en accord avec le
président; il sera responsable de la rédaction des
procès-verbaux, des rapports et des documents, de l'organisation et de
la gestion du groupe. Les membres du groupe sont nommés pour un mandat
d'un an. Les réunions devraient en principe se tenir au rythme d'environ
une par six semaines. Les membres du groupe recevront 200 $ par jour de
réunion et ils seront remboursés pour leurs frais de
déplacement et de séjour sur pièces justificatives.
M. Boulerice: Est-ce que vous pouvez me faire un bilan, somme
toute provisoire, puisqu'il n'y a pas de décision de prise, de vos
négociations avec les homologues fédéraux quant à
la fiscalité et à la sécurité du revenu des
artistes?
Mme Bacon: Je disais ce matin dans mes notes explicatives qu'un
comité conjoint fédéral-provincial a été mis
sur pied à l'occasion de la conférence
fédérale-provinciale de Calgary. Ce comité que nous
coprésidons sur le statut de l'artiste et du créateur verra
à faire des recommandations à la prochaine rencontre
fédérale-provinciale et, à ce moment, nous tiendrons
compte des différentes facettes du problème du statut de
l'artiste et du créateur. Ce comité a siégé
quelques fois. Il y a eu trois réunions. Il y en aura d'autres d'ici le
mois de septembre.
M. Boulerice: Est-ce que vous avez des assurances que, dans la
réforme de la fiscalité que M. Wilson s'apprête à
faire à Ottawa, on va tenir compte des revendications du Québec
justement quant au statut, à la fiscalité et à la
sécurité du revenu pour ce qui est des artistes et des
créateurs, enfin des gens du monde de la culture au Québec? Parce
qu'il ne faudrait pas que dans une décision fédérale on
vienne contrecarrer des gestes que voudraient bien poser les parlementaires
québécois.
Mme Bacon: En ce qui concerne la fiscalité, je dois dire
qu'il y a une concertation avec les deux ministres des
Finances, le ministre des Finances du Québec et celui du
fédéral, sur les différents dossiers en ce qui a trait
à la culture. Quant au comité fédéral-provincial
qui avait été mis sur pied, on n'a pas étudié ce
dossier de la fiscalité comme tel. Je sais que le ministre des Finances
du Québec et le ministre des Finances fédéral ont des
discussions sur la fiscalité dans les différents dossiers, dont
celui des affaires culturelles.
M. Boulerice: Est-ce que vous avez présenté
à votre collègue des Finances des points très
précis qu'il devrait aborder avec son homologue fédéral,
M. Wilson, de façon, encore une fois, je vous le répète,
que cela ne vienne pas contrecarrer des intentions que les législateurs
québécois pourraient avoir?
Mme Bacon: Le ministère des Finances est bien conscient du
problème du statut de l'artiste et du créateur puisque nous avons
un comité qui a été mis sur pied entre le ministère
des Affaires culturelles et le ministère des Finances du Québec
et qui discute de ce dossier pour trouver des possibilités, sur le plan
fiscal, d'alléger le fardeau des artistes et des créateurs. C'est
pour cela que je dis que le ministre des Finances est très au fait du
dossier puisque ses fonctionnaires travaillent à ce niveau avec les
miens.
M. Boulerice: Tout en espérant que M. Wilson ne soit pas
la victime d'une fuite qui pourrait pénaliser les artistes, comme,
semble-t-il, ils l'ont été au Québec, est-ce que vous
pourriez...
Mme Bacon: Ce n'est pas une farce?
M. Boulerice: La réponse a été une farce,
Mme la ministre.
Mme Bacon: Non, cela n'a pas été une farce, c'est
vrai.
M. Boulerice: Écoutez...
Mme Bacon: On va revenir è la discussion entre la
composition et l'imprimerie.
M. Boulerice: Ne venez pas me faire croire, Mme la ministre, vous
connaissant...
Le Président (M. Trudel): Je peux vous en parler, madame,
et vous appuyer parce qu'ayant été éditeur je fais
facilement la différence entre une galée et une copie finale.
M. Boulerice: M. le Président, vous me brimez...
Mme Bacon: On peut changer une
première composition jusqu'à la dernière minute
avant d'aller à l'imprimerie.
Le Président (M. Trudel): Jusqu'à la
dernière seconde, madame.
Mme Bacon: Je le sais.
M. Boulerice: Je sais que les moyens techniques, maintenant, sont
précis, mais, quand même, Mme la ministre, vous ne me ferez pas
avaler la couleuvre que...
Mme Bacon: Je ne peux pas vous dire quel est le dossier.
M. Boulerice: ...sept jours...
Mme Bacon: Vous le verrez au prochain budget.
M. Boulerice: ...avant le budget vous étiez en train d'en
discuter avec le ministre des Finances.
Mme Bacon: On en avait même encore discuté la veille
et le midi même.
M. Boulerice: La veille? Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Comment se fait-il que ces choses-là...
Mme Bacon: Ces choses se discutent jusqu'à la
dernière minute tant que le budget n'est pas imprimé.
M. Boulerice: II est si difficile à convaincre quand il
s'agit de lui parler de l'artiste?
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice: Est-ce que vous êtes obligée de
déjeuner avec lui jusqu'à...
Mme Bacon: Mais non! Je pense que l'ancien ministre des Affaires
culturelles n'avait pas plus de facilité à convaincre son
ministre des Finances de faire un peu plus pour la culture. J'avais, quand
même, réussi à débloquer un dossier.
M. Boulerice: II a augmenté les budgets chaque
année.
Mme Bacon: Je le regrette.
M. Boulerice: Écoutez, quand on est passé si
près, je vous le concède...
Mme Bacon: Si je vous disais ce qu'est la mesure fiscale, je
dévoilerais déjà le prochain budget, je ne peux pas.
M. Boulerice: C'est ce que je vous ai répondu. Est-ce que
vous êtes en train de me donner la première fuite d'un budget
supplémentaire?
Mme Bacon: Je ne vous la donnerai pas.
M. Boulerice: Qui vous dit que je ne l'ai pas? Quand on est
passé si près, Mme la ministre, est-ce qu'on peut, quand
même, s'attendre, pour ce qui est de la fiscalité de l'artiste,
etc. à des choses dans un budqet supplémentaire?
Mme Bacon: C'est évident.
M. Boulerice: Donc, sans être une fuite, bien entendu -
c'est une déclaration ministérielle très sérieuse
à l'intérieur d'une commission - vous êtes en train de me
dire que, dans un prochain budget supplémentaire, il va y avoir des
choses précises.
Mme Bacon: On continue toujours à en demander.
M. Boulerice: C'est beau d'en demander, mais vous me dites que
vous allez en obtenir au prochain budget supplémentaire.
Mme Bacon: Non, J'avais l'accord du ministre des Finances. M. le
député de Saint-Jacques sait bien que, une fois qu'il a
donné sa parole, le ministre des Finances la garde.
M. Boulerice: Pourquoi n'a-t-it pas sauté sur l'occasion
que je lui donnais qui était de profiter, justement, comme on nous le
permet, d'une déclaration ministérielle afin de rajouter...
Mme Bacon: Vous pourrez le lui demander.
M. Boulerice: Vous le souhaitiez, vous aussi? Il me semble qu'il
aurait pu donner suite...
Mme Bacon: J'aurais souhaité qu'on soit capable d'avoir le
budget à la date limite et qu'on ait pu insérer la mesure fiscale
dans le budget.
M. Boulerice: Donc, vous conservez...
Mme Bacon: Je n'ai pas l'habitude de faire des farces plates
comme cela.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Je n'ai pas l'habitude de faire des farces plates.
M. Boulerice: Je ne sais pas à quoi
vous faites allusion, mais enfin. Est-ce que vous pourriez confirmer -
et je vous avoue que c'est entendu - que votre collègue, le ministre du
Travail, a de sérieuses réserves, a même, me- dit-on
certaines oppositions à un projet de loi sur le statut de l'artiste qui
lui donnerait un régime particulier de relations de travail?
Mme Bacon: Disons que nous négocions rudement avec le
ministère du Travail.
M. Boulerice: Vous me dites bien "rudement". Donc, vous me
confirmez que...
Mme Bacon: Je vous dis que je ne fais pas de farces plates.
M. Boulerice: Je pense que vos collègues sont en train de
nous en faire une, par exemple, en étant peu sensibles...
Mme Bacon: Non. Il faut tenir compte de la politique
gouvernementale en matière de main-d'oeuvre et en matière de lois
du travail.
M. Boulerice: Mais...
Mme Bacon: Et dans ce dossier-là, évidemment, nous
sommes demandeurs au ministère du Travail.
M. Boulerice: Alors, vous maintenez toujours, c'est bien entendu,
votre engagement - j'ai donc hâte d'être en commission de la
culture pour étudier les projets de loi sur la culture - qu'il y aura un
projet de loi déposé à l'automne.
Mme Bacon: Sauf que...
M. Boulerice: Vous me dites que vous travaillez très fort.
Cela va finir par aboutir.
Mme Bacon: Oui, tout cela va sortir en même temps, c'est
bien évident.
M. Boulerice: Votre collègue me fait signe que oui.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Je ne Sais pas duquel des deux je vais m' inspirer.
Légalement c'est de vous. (20 h 15)
Mme Bacon: Le projet de l'UDA, par exemple. Nous sommes à
préparer un plan de mesures qui vise à reconnaître et,
aussi, à améliorer le statut de l'artiste et du créateur.
Les gens du ministère des Affaires culturelles, particulièrement
la Direction des services aux artistes, travaillent activement dans ce but avec
les ministères concernés tels le ministère des Finances,
le ministère de l'Éducation, le ministère du Travail et le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Le projet de l'UDA, qui concerne, d'abord, les relations du travail entre
artistes, interprètes et employeurs, soulève, évidemment,
beaucoup de questions auxquelles les réponses ne sont pas si simples. On
pense que les réponses sont simples, mais elles ne sont pas aussi
simples qu'on voudrait le laisser croire. D'ailleurs, cela nous a
été démontré par une étude de Me
André Côté, spécialiste dans ce domaine. Par cette
étude, ce dernier nous a démontré que les réponses
n'étaient pas si simples.
Le principal message qui est sorti des auditions publiques de la
commission parlementaire sur le statut de l'artiste et du créateur et
que je retiens, c'est celui de développer des moyens et aussi des
mesures pour améliorer la situation de tous les artistes et de tous les
créateurs, pas seulement des membres de l'UDA, mais de tous les artistes
et de tous les créateurs.
C'est le statut de l'artiste et du créateur qui me
préoccupe en priorité et non le statut de l'UDA. Je pense qu'il
faut que cela soit bien clair. L'UDA a un nombre important de membres, mais ce
ne sont pas tous les artistes, ni tous les créateurs qui sont membres de
l'.UDA. Par des mesures pour l'ensemble des artistes et des créateurs
québécois, je pense arriver à améliorer leur
statut. Mon approche dans ce dossier, je pense, obéit à cette
'loqique d'aborder la problématique de façon globale et non de
façon sectorielle, sectorielle étant pour l'UDA. Je pense qu'on
ne peut pas faire un projet de loi seulement pour l'UDA. Il faut regarder le
dossier globalement, pour l'ensemble des artistes et des créateurs.
M. Boulerice: Je me permets de vous rappeler que l'UDA n'a
jamais, de façon égoïste, demandé des choses
uniquement pour lui-même, pour elle-même; puisqu'il s'aqit de
l'union, il faut faire les accords français qui s'imposent. Je vous
rappellerais, par contre, que tous les groupes qui sont intervenus à la
commission de la culture à ce moment-là appuyaient fort bien les
recommandations de l'UDA. Je vous incite à une certaine prudence parce
que, quelquefois, j'ai l'impression que, dans votre discours, vous tendez
à une marginalisation de l'UDA...
Mme Bacon: Mais non.
M. Boulerice: ...ce qui serait, à mon point de vue,
socialement et moralement, outrancier et, politiquement, plus ou moins habile.
Mais, dans votre cas, je me dis: Mon Dieu! Ai-je besoin de lui faire la
leçon?
Mme Bacon: Surtout pas à moi. Ha! Ha! Ha!
Je pense que le député de Saint-Jacques invente un peu. Il
sait très bien que je n'ai pas placé dans un coin spécial
les membres de l'UDA, quand même. Quand je dis qu'il faut regarder cela
globalement, je parle de l'ensemble des artistes et des créateurs. L'UDA
nous présente un projet pour ses membres qui sont des artistes en arts
d'interprétation, mais il y en a d'autres. Alors, je pense qu'on va
regarder la problématique de façon globale et non
sectorielle.
M. Boulerice: Enfin. L'UDA avait établi un
parallèle assez intéressant avec l'Union des producteurs
agricoles.
Mme Bacon: Oui, mais c'étaient des producteurs.
M. Boulerice: Oui, mais enfin!
Mme Bacon: À l'UDA, ce sont des artistes et non pas des
producteurs.
M. Boulerice: Le spectre des champs d'activité que couvre
l'Union des producteurs agricoles...
Mme Bacon: Ils ne sont pas dans la production, ce n'est pas la
même chose.
M. Boulerice: Oui, mais enfin, production! Production artistique.
L'artiste produit des choses artistiques et je pense que c'était dans
son sens très large et très extensionné. Écoutez,
vous avez peut-être souffert d'un peu de témérité,
à l'issue de la commission de la culture, en promettant une loi pour la
présente session. Il semble que ce sera en septembre. J'ai
évoqué l'espoir que ce soit septembre 1987. J'aimerais savoir
quand vous comptez dévoiler votre énoncé
d'orientation.
Mme Bacon: J'ai dit tantôt qu'une analyse avait
été faite sur le projet de loi soumis par l'UDA. Cette analyse a
été effectuée et, pour nous, elle a été un
outil de travail parmi d'autres pour regarder tout ce dossier du statut de
l'artiste.
Il y a quatre types de problèmes. Je pense qu'il y avait un
problème d'ordre constitutionnel. Il y a un problème d'ordre
législatif. Il y a un problème d'ordre politique, notamment, par
rapport aux politiques actuelles du ministère du Travail et c'est pour
cela que le ministère du Travail regarde le dossier de très
près, car il touche les politiques de ce ministère.
M. Boulerice: Je note toujours votre réticence à
répondre au mot "quand". Cette couverture que vous tirez
allègrement à tout moment pour vous couvrir et qui est analyse,
commission, étude et comité, cela s'appelle effectivement
pelleter les décisions dans la cour du voisin. Je pense que le milieu
s'est exprimé. Il a tout dit. Il reste maintenant à agir.
Je vous avoue être profondément déçu de voir
vos hésitations quand il s'agit de nous répondre: Oui, mais
quand? Quand? D'ailleurs, vous vous êtes vous-même encore
là, nonobstant les qualités personnelles et les
réalisations professionnelles des membres qui forment le comité -
construit, à mon point de vue, une espèce de clôture
aussi.
Mme Bacon: Non, non, non. Il a été bien
entendu...
M. Boulerice: Oui, oui, mais laissez-moi terminer ma phrase et,
après cela, vous protesterez. Tout d'un coup qu'à
l'intérieur de cela vous y trouvez votre compte et que vous êtes
d'accord avec moi. Alors, ne faites pas l'excès de
témérité que je vous reprochais tantôt.
Mme Bacon: Je n'ai pas l'habitude d'avoir besoin de
clôtures, M. le Président.
M. Boulerice: Premièrement, on a invité les gens du
monde de la culture à intervenir en commission parlementaire et ils nous
ont fait valoir leurs points de vue. Là, vous avez créé un
comité qui s'appelle le comité Pelchat qui vous a sans doute
recommandé la création d'un comité qui, lui, vient
d'être nommé. Ce comité-là, n'étant pas
mandaté par les gens du milieu comme tel, mais agissant à titre
individuel - ce qui n'est pas un crime en soi - se prononçant à
partir des énoncés de votre ministère, vous devrez
après convoquer une autre commission de la culture dont les membres
devront se ressaisir du problème et en discuter, quand il y avait une
voie toute tracée qui était la ligne droite qui est encore le
plus court chemin entre deux points. À partir des données de la
commission de la culture, vous pouviez très facilement faire un
énoncé et immédiatement le lancer dans le milieu pour
attendre les réactions et non pas agir par personne
interposée.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous avez posé une question à Mme la ministre?
M. Boulerice: Bien, j'ai posé une question.
Le Président (M. Trudel): C'est parce que je vous voyais
discuter, je m'excuse.
Mme Bacon: Je n'ai pas vu de question là.
M. Boulerice: Vous n'avez pas vu de
question?
Mme Blackburn: Elle n'a pas entendu, non plus.
Le Président (M. Trudel): Alors, M. le
député, si vous voulez . recommencer succinctement.
Des voix: Ha! Ha!
M. Boulerice: Je disais: Pourquoi avoir créé un
comité qui a proposé la création d'un comité qui,
lui, après cela, devra distribuer dans les organismes de la culture un
énoncé qui fera l'objet de création, dans chacun des
organismes, d'un comité, quand vous aviez la voie toute tracée
qui était la ligne droite, à partir de ce qui s'est dit à
la commission de la culture, et que vous pouviez a ce moment-là prendre
des représentants dûment mandatés par les organismes de la
culture, et non pas nécessairement l'UDA? Le Conseil
québécois de l'estampe aurait pu y déléguer
quelqu'un immédiatement et vous auriez franchi une étape qui
aurait raccourci le délai. Là, vous n'osez pas me répondre
quand je vous demande quand on aura l'énoncé d'orientation.
Est-ce que ce sera à l'automne? Vous avez dit que ce serait à
l'automne, quand, par contre, vous aviez dit que c'était à la
session de printemps. Mais la session de printemps achève, autant en
termes de jours que d'heures.
Mme Bacon: M. le Président, je serais tentée de
dire au député de Saint-Jacques qu'il me manque un
élément pour continuer les études, c'est le rapport
Charron. 11 m'aurait peut-être donné un bon coup de main sur le
dossier de l'UDA. Quand on parle du temps qu'on prend à se
décider, d'eux qui n'ont jamais rien décidé sur ce
même dossier, je pense que je n'ai pas de leçon à recevoir
à ce sujet, M. le Président. Nous allons prendre notre temps.
Quand j'ai mentionné tantôt le rapport Côté sur le
dossier de l'UDA, si je ne m'étais fiée qu'à ce rapport
Côté, j'aurais fermé les livres, comme l'a fait l'ancien
gouvernement. Je n'ai pas voulu faire cela; j'ai voulu essayer de trouver une
solution au problème, dénouer ce problème-là et,
aussi, trouver des mesures qui visent à reconnaître et à
améliorer le statut de l'artiste et du créateur. C'est pour cela
que je n'ai pas fermé les livres. Si je ne m'étais fiée
qu'au rapport Côté - et cela, je ne l'ai "jamais sorti
publiquement, l'UDA le sait maintenant parce qu'elle l'a en main, je lui ai
donné -j'aurais fermé les livres en ce qui concerne le dossier du
statut de l'artiste et du créateur. Comme je m'étais
engagée à trouver une solution et comme il faut répondre
aux objectifs qu'on s'était fixés: affermir le marché de
l'art, consolider les milieux artistiques, promouvoir l'excellence
disciplinaire, j'ai demandé au groupe-conseil de faire un bout de chemin
avec nous, de nous donner son avis sur des mesures que nous proposerions et
d'apporter des corrections de tir, si c'était nécessaire. 11 est
très clair pour moi que le groupe-conseil n'est pas là pour
négocier ni pour prendre des décisions à ma place; il est
là pour nous conseiller et regarder avec nous, à mesure que nous
allons avancer dans ce dossier, les possibilités d'améliorer le
statut socio-économique de l'artiste et des créateurs.
M. Boulerice: J'aurais souhaité y retrouver des gens
dûment mandatés par leurs instances, et il y en a de nombreuses,
d'ailleurs.
Mme Bacon: Mais je pense que tous ces gens qui sont...
M. Boulerice: Le comité...
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais redire au
député de Saint-Jacques que ce n'est pas un comité de
négociation que nous avons créé, c'est un comité de
consultation. Ce n'est pas la même chose. Donc, ils n'ont pas à
être mandatés par leur association pour siéger à ce
comité. J'ai une confiance absolue, inébranlable, envers tous ces
artistes et créateurs qui ont une expertise. J'espère que le
député de Saint-Jacques aussi a confiance en ces gens-là
qui ont une expertise qui a été reconnue par leur milieu, qui
sont capables de conseiller la ministre si, dans les dossiers que nous avons,
nous faisons fausse route. Ils ne sont pas là pour négocier ni
pour prendre des décisions à notre place. Nous sommes là
pour prendre les décisions et nous voulons vérifier avec eux, en
bout de route, si ce que nous décidons est valable pour améliorer
le statut de l'artiste et du créateur.
M. Boulerice: Pour terminer, je pense que vous auriez pu joindre
à la fois consultation et négociation, ce qui aurait permis une
économie de temps, puisque le dossier, somme toute, et c'est
vous-même qui le disiez, pressait.
Conseils régionaux de la culture
Cela dit, M. le Président, j'aimerais questionner Mme la ministre
sur les conseils régionaux de la culture, auxquels j'attache -elle le
sait, mais elle voudra peut-être des ultimatums encore - la plus grande
importance. La conférence des conseils régionaux de la culture -
et cela, je ne vous le cache pas - est inquiète pour l'avenir des
conseils régionaux de la culture, compte tenu que leur budget, celui qui
est mis à leur
disposition pour leur fonctionnement et la gestion de programmes,
plafonne depuis deux ans. En plus, comme on le dit dans un mauvais
français, injure à l'insulte, lors d'un conseil
général du Parti libéral, le 25 janvier dernier, je crois,
il y a eu une résolution de la commission politique des affaires
culturelles - il paraît qu'une commission, ce n'est pas partisan - qui a
recommandé leur abolition. J'aimerais savoir si la ministre endosse
cette résolution de l'instance suprême de son parti,
premièrement et, deuxièmement, quel avenir elle réserve
aux conseils régionaux de la culture. (20 h 30)
Mme Bacon: M. le Président, il y a des discussions qui ont
lieu, en ce moment, entre mon sous-ministre adjoint, qui est responsable des
conseils régionaux de la culture, et les conseils régionaux de la
culture. On examine leur mandat, leur rôle, pour le prochain plan
triennal. Cela se termine au mois de mars prochain et nous verrons ensuite ce
qui sera fait. Mais nous commençons déjà à discuter
avec eux quant à leur rôle, quant à leur mandat - nous
tentons de le revoir et de le définir - et quant au nouveau plan
triennal. Mais il n'y a pas de décisions qui sont prises.
M. Boulerice: Vous mentionnez: revoir leur rôle et leur
mandat. Est-ce que vous êtes insatisfaite de leur rôle et de leur
mandat?
Mme Bacon: Je pense que, quand on négocie un plan
triennal, c'est bon de revoir et de regarder ce qui a été fait,
quel a été leur rôle, quel sera leur rôle. Cela
évolue. La situation, sur le plan culturel, évolue rapidement. De
trois ans en trois ans, ce n'est pas toujours la même chose. Alors, on
voit ça, on regarde, on discute.
M. Boulerice: Vous désavouez donc, j'ose l'espérer,
la résolution de votre parti quant à leur disparition.
Mme Bacon: Je prends note de toutes les résolutions qui me
sont soumises par les commissions politiques et je verrai.
M. Boulerice: Donc, vous n'écartez pas l'hypothèse
de votre parti, l'abolition?
Mme Bacon: Non, là, M. le député de
Saint-Jacques, vous me prêtez des intentions que je n'ai pas.
M. Boulerice: Bien, si vous l'avez dans votre liste, c'est parce
que vous ne l'écartez pas.'
Mme Bacon: Vous n'entendez pas mes pensées du tout.
M. Boulerice: Alors, je veux une réponse très
franche, très courageuse, très brave.
Mme Bacon: Mais je vous dis que les résolutions qui sont
adoptées à un conseil général, comme celles que
vous adoptez à votre parti... Vous les regardez de très
près. C'est ça que vous faites, je l'espère, quand vous
avez des résolutions. Vous les étudiez, vous en prenez note, vous
les regardez. Mes décisions sont les miennes. Elles ne sont pas celles
du conseil général.
M. Boulerice: Je peux vous dire, en tout cas, que, dans le
domaine de la culture, madame, jamais aucune résolution de cette nature
n'est passée à nos conseils nationaux et même à nos
congrès. Au contraire, même. Je pourrais, d'ailleurs, vous donner
l'énoncé politique du programme de ma formation au chapitre de la
culture et vous montrer quelle place nous voulons voir attribuer aux conseils
régionaux de la culture et, notamment, à la
conférence.
Déjà, on a le courage de nos convictions. Cela ne vous
vaudra pas une expulsion de votre parti, j'en suis persuadé Rejetez donc
carrément cette résolution de votre instance.
Mme Bacon: Est-ce que le député de Saint-Jacques
est au courant que cette résolution n'a pas été
adoptée? Est-ce qu'il est au courant qu'elle était dans le cahier
de résolutions, qu'elle a été proposée, mais non
adoptée?
M. Boulerice: Elle a été déposée pour
étude et je pense que, comme ministre et comme militante de tout premier
ordre de ce parti, vous devez, d'ailleurs, assumer une responsabilité
politique et dire très carrément à votre parti: Vous
faites fausse route dans cette voie. Vous hésitez à faire
ça. Là, c'est important.
Mme Bacon: Elle n'a pas été discutée, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui, mais elle est encore là pour
étude.
Mme Bacon: Mais non.
M. Boulerice: Ah bien, elle est encore là pour
étude.
Mme Bacon: Elle a été proposée et non
retenue. Et la sous-commission politique culturelle n'est pas revenue avec
cette résolution au dernier conseil général.
M. Boulerice: Vous avez parlé de plan triennal...
Mme Bacon: Vous parlez de l'ancien conseil général,
pas le dernier. C'est l'autre. Au dernier conseil...
M. Boulerice: Bien, l'ancien, ça ne fait pas longtemps,
écoutez! On ne remontera pas à Mathusalem.
Mme Bacon: Bien non, le dernier qui vient d'avoir lieu, ça
n'y était pas.
M. Boulerice: De toute façon, pour ce qui est de votre
conseil, je pourrais vous faire la remarque que je pense qu'il n'est pas dans
les habitudes du ministre de la Culture, au cours d'une réunion
partisane, d'émettre des communiqués de presse avec
l'entête du ministère. J'ose espérer que vous voudrez bien
prendre les mesures nécessaires à l'intérieur de votre
cabinet pour que des choses comme celles-là ne se produisent pas. On
pourrait vous montrer les communiqués.
Mme Bacon: Par mon ministère?
M. Boulerice: Ah oui, madame! Vous voyez, nul n'est à
l'abri. Je vous l'ai prouvé encore ce matin.
Mme Bacon: Est-ce que ça sort de mon bureau?
M. Boulerice: Ah, si je me mettais à sortir tout ce qui
sort de votre bureau. Ha!
Ha! Ha!
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques porte des
accusations, M. le Président, et il faudrait, quand même, qu'il
dise ce que c'est.
M. Boulerice: Pendant qu'on trouve le papier, je vais vous poser
une autre question. Vous avez parlé de plan triennal. Est-ce que vous
êtes en train de me dire que vous n'allez pas, avec les conseils
régionaux de la culture... Oui, madame! "Communiqué no 2,
gouvernement du Québec, ministère des Affaires culturelles,
cabinet de la ministre". En tout cas, je ne sais pas votre code, COM.42, telbec
01 pour diffusion immédiate» "À propos du 1 % du budget
d'État consacré à la culture, Mme Bacon adopte une
attitude aussi réaliste que déterminée". Remarquez que je
ne ferai pas de commentaire. "Suite à l'allocution prononcée par
la ministre des Affaires culturelles, Mme Lise Bacon, au conseil
régional du PLQ, les 23 et 24 mai, à Laval, les
délégués ont adopté une proposition exprimant sans
équivoque leur appui". C'est signé: "Source: Antoine Godbout,
attaché de presse, cabinet de Mme Lise Bacon, vice-première
ministre et ministre des Affaires culturelles". C'est le COM.42. Je peux vous
donner le no 41 aussi. Je ne sais pas jusqu'à quel numéro on se
rend. Est-ce qu'il est de coutume que cela se fasse?
Mme Bacon: Non, non.
M. Boulerice: II n'y a pas de coutume.
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice: Bon. Vous allez voir à ce que...
Mme Bacon: II est là. M. Boulerice: II est là.
Mme Bacon: Comment se rappeler?
M. Boulerice: Alors, il va recevoir le même sort que
Montmagny, j'espère.
Mme Bacon: Je pensais que vous donneriez des noms.
Mme Blackburn: II ne sera pas trop pénalisé,
d'après ce que j'ai compris.
M. Boulerice: II ne sera pas trop pénalisé, oui.
Étant donné que le protocole d'entente entre votre
ministère et les conseils régionaux vient à
échéance le 31 mars 1988, pouvez-vous nous dire si les
négociations ont été amorcées avec la
conférence? Est-il vrai que vous voulez négocier aux mêmes
conditions que pour l'actuel protocole, mais pour une seule année?
Mme Bacon: Je viens de dire que mon sous-ministre adjoint les a
rencontrés à deux reprises.
M. Boulerice: Mais le sous-ministre n'est pas le ministre. J'ai
beaucoup de respect pour lui...
Mme Bacon: Bien oui, mais le ministre n'est pas pour commencer
à négocier en premier. 11 faut commencer par regarder...
M. Boulerice: Pourquoi pas?
Mme Bacon: ...ce qui peut être fait avec le sous-ministre
adjoint. Vous avez déjà vu quelqu'un qui signe un contrat et qui
négocie le premier?
M. Boulerice: Ah! On n'est jamais mieux servi que par
soi-même.
Mme Bacon: Oui, je vois cela, avec l'autre chose de
tantôt.
M. Boulerice: Vous voyez cela avec les communiqués de
presse, n'est-ce pas? Vous seriez mieux de les faire vous-même.
Mme Bacon: Le sous-ministre me dit qu'il n'a pas
été question de protocole d'une année. On ne s'est pas
rendu là dans les discussions.
M. Boulerice: Est-ce que vous privilégiez l'adoption, au
moment des négociations, d'un nouveau contrat triennal?
Mme Bacon: C'est, quand même, le 31 mars 1988. On est en
train, en ce moment, de faire le bilan de ce qui a été fait. On
verra par la suite. Il n'y a pas de décisions dans ce sens qui sont
prises en ce moment.
M. Boulerice: Oui, mais vous avez, quand même, une
pensée à ce ministère. Vous n'êtes pas ministre pour
la frime, pour couper les rubans et pour inaugurer les chrysanthèmes,
comme le disait le général de Gaulle. Est-ce que vous pensez que
les conseils régionaux de la culture sont une chose importante à
un point tel qu'il faut songer pour eux à un plan triennal et non pas
à un plan d'une seule année? Là, ils seront dans la
situation où ils devront renégocier.
Mme Bacon: Je pense, sur la question d'un an ou de trois ans,
qu'on n'a pas besoin d'une longue vision culturelle pour penser à
cela.
M. Boulerice: Bon, alors, donnez-moi la réponse tout de
suite.
Mme Bacon: Cela viendra quand ce sera le temps. Quand on aura
discuté du mandat, quand on aura fait le bilan de ce qui a
été fait, on regardera si on doit renégocier chaque
année ou si on doit penser à un contrat de deux ou trois ans. On
n'en est pas là dans la discussion.
M. Boulerice: II n'y a pas de discussions, entre
parenthèses. Ne pensez-vous pas que c'est inquiétant pour les
conseils régionaux, donc pour leur conférence, de ne pas savoir
si le protocole sera pour un an ou pour trois ans? Bon, je sais que c'est la
marque de commerce de votre gouvernement de ne pas avoir de
préoccupation au sujet des régions.
Des voix: Oh! Oh! Ah! Ah!
M. Boulerice: Oui, oui. Vous devriez être parrain plus
souvent, vous vous en apercevriez, monsieur. Je sais pertinemment que les
conseils régionaux de la culture font un travail extraordinaire en
régions. Je suis en mesure de le dire. Je les ai rencontrés. J'ai
souvent discuté avec eux. Ils existent depuis un bon bout de temps. Ne
pensez-vous pas que ces gens ont besoin de savoir, compte tenu de
l'énergie qu'ils dépensent à ce niveau, si le protocole
sera pour un an ou pour trois ans? Dans quel climat peuvent-ils travailler
actuellement s'ils ne savent pas si le protocole sera d'un an ou de trois ans?
Vous me chantez depuis tantôt, sur tous les tons, qu'il faut avoir une
vision à long terme, qu'il ne faut pas aqir à court terme, qu'il
faut vraiment avoir quelque chose de planifié dans un espace temps
significatif.
Mme Bacon: Dans le contrat actuel, il y a une possibilité
de donner une prolongation d'une année de plus que les trois ans qu'ils
ont. C'est dans le contrat actuel. On n'en est pas là dans les
discussions. Cela ne sera pas fait avant juillet. Alors, on n'est pas rendu
à ces discussions-là. Même si je vous dis un an, deux ans
ou trois ans, cela n'a pas été discuté et il y a une
possibilité, après mars 1988, d'une autre année. C'est
dans le contrat.
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: À ce moment-là on pourrait dire une
année de plus ou trois ans. Il y a des possibilités que ce soit
une année de plus ou trois ans. Si on fait une année, cela peut
être les mêmes règles que nous avons en ce moment. Si on
fait trois ans, cela peut être d'autres règles.
M. Boulerice: Même si c'est juste pour une
année.
Mme Bacon: C'est cela. On dit; Cela peut être trois ans. Si
c'est trois ans, cela sera peut-être d'autres règles.
M. Boulerice: Je vous dis: Pourquoi ne pas leur proposer trois
ans? Ne pensez-vous pas?
Mme Bacon: On n'est pas rendus là dans les discussions
avez eux.
M. Boulerice: Alors, pouvez-vous nous expliquer pour quelle
raison les conseils régionaux de la culture ont de la difficulté
à se faire entendre?
Mme Bacon: Les députés en demandent plus que les
CRC. Ils n'ont pas demandé cela encore. Les députés en
demandent plus.
M. Boulerice: Ils sont gênés. Mme Bacon: Ils
sont gênés.
M. Boulerice: Quand on nous dit: On va renouveler votre mandat
pour un an, c'est normal, c'est la nature humaine, on dit: Bien oui, pour un
an, c'est pourquoi? Premièrement, on se sent un peu
dévalorisé. On dit: Vois-tu, c'est juste pour une année et
on va
vous regarder. Il faut avoir de bonnes raisons pour les regarder et,
è ce jour, ils ont toutes les raisons accumulées au monde pour
dire qu'ils ont fait un bon travail et que l'on doit aller de l'avant avec eux,
comme avec les MRC, d'ailleurs. Alors, pourquoi ne pas leur dire tout de suite
trois ans, à ces gens-là qui oeuvrent sur le terrain, qui
articulent des politiques culturelles au niveau régional, qui essaient
de compenser, d'ailleurs, une pénurie entretenue, notamment, par les
moratoires dans les régions pour réussir à faire des
choses? Comme ministre, vous n'avez aucune idée de cela actuellement? Je
m'excuse, mais si j'étais ministre des Affaires culturelles, je n'aurais
aucune hésitation à dire, ce soir, aux gens des conseils
régionaux de la culture: Nous allons renouveler votre mandat pour trois
ans,
Mme Bacon: Je disais tout à l'heure...
M. Boulerice: Déclaration ministérielle de ma
part.
Mme Bacon: ...M. le Président, en matière
d'affaires culturelles cela évolue rapidement. Il y a la
régionalisation du ministère et il peut y avoir des
dédoublements de mandat. On parle des nouveaux mécanismes de
concertation en régions; il y a des regroupements de
bibliothèques, des regroupements en arts visuels. Alors, quand on arrive
à une révision de mandat, dans la perspective du maintien de la
régionalisation, il y a tout cela qu'il faut regarder. Cela
évolue rapidement. Il y a eu une évolution depuis trois ans. Il
faut revoir cela. C'est normal et on en est là, à regarder cela
avec eux.
M. Boulerice: M. le Président, j'ai comme philosophie que,
lorsque l'on donne du temps à des gens, ils sont capables de planifier
l'avenir de façon beaucoup plus adéquate que si on les condamne
à vivre dans le quotidien, c'est-à-dire l'espace d'une seule
année.
Mme Bacon: Je n'ai jamais dit que cela serait juste un an, j'ai
dit que l'on pourrait y aller pour une année, seulement.
M. Boulerice: Je vous demande de vous mouiller. Plongez donc, de
toute façon. Le lac Meech n'est pas si creux que cela.
Mouillez-vous.
Mme Bacon: J'ai peur des monstres. Des voix: Ha! Ha!
Ha!
M. Boulerice: II y a votre ancien frère
fédéral qui a fait pipi dedans. Le lac est pollué, mais,
enfin, c'est une autre histoire. Pourquoi ne pas dire aux conseils
régionaux de la culture: Moi, ministre des Affaires culturelles et, de
surcroît, vice-première ministre, déjà depuis mon
entrée au ministère, depuis plus d'un an et demi - vous m'avez
dit que vous les aviez tous rencontrés, enfin la plupart, quelques-uns,
plusieurs, sept peut-être, c'est un chiffre chanceux - après vous
avoir rencontrés, après vous avoir vus agir, connaissant vos
dossiers, j'estime votre travail valable à un point tel que je vous
dis: Oui, nous allons reconduire l'entente pour trois ans? Vous
n'êtes pas capable de vous avancer jusque-là?(20 h
45)
Mme Bacon: M. le Président, s'il fallait que je fasse
devant les gens des CRC la démonstration théâtrale que
vient de faire le député de Saint-Jacques, on ne me prendrait pas
au sérieux. C'est pour cela que je veux analyser mon dossier, le
regarder. Le sous-ministre adjoint les recontre et discute avec eux. Quand le
dossier sera mûr, on s'assoira et on prendra les décisions, pas
avant.
M. Boulerice: En tout cas, si vous qualifiez cela de
théâtral, au départ, ce n'est pas une insulte, mais je
pense que vous voulez lui donner un caractère caricatural. Si vous
qualifiez de théâtrale la conviction profonde que j'ai quant au
rôle que jouent les conseils régionaux de la culture, madame,
à ce moment-là, je vous en remercie. En effet, je crois à
l'excellente qualité du travail qu'ils font» Ils mesureront bien,
d'ailleurs, lequel des deux a le plus de respect envers eux.
J'aimerais vous poser une dernière question sur les conseils
régionaux de la culture. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pour
quelle raison les conseils régionaux de la culture ont beaucoup de
difficulté à se faire entendre et que le comité bipartite
qui est votre ministère et les conseils régionaux de la culture,
à l'initiative du ministère, ne fonctionne pas depuis plusieurs
mois?
Mme Bacon: Ce comité a été remis en place il
y a un mois.
M. Boulerice: II a été remis? Mme Bacon:
Oui.
M. Boulerice: Donc, il y a eu, comme on dit...
Mme Bacon: II y a des changements qui se sont faits au
ministère.
M. Boulerice: Je change mon bottin tous les jours, quand
je regarde votre ministère.
Mme Bacon: Maintenant, il est remis en place.
M. Boulerice: Vous dites qu'il y a eu une rupture dans le
dialogue.
Mme Bacon: II n'y a pas eu de rupture, il y a eu des changements
au ministère. On a remis le comité en marche. Il y a eu
suspension.
M. Boulerice: Suspension, enfin. Trois points de suspension,
d'ailleurs, sur vos permanences, c'est une autre chose. Je pense que les
conseils régionaux de la culture vont tirer profit des
"réponses", entre guillemets, que vous avez données. J'aimerais,
toujours dans l'élément 4...
M. Audet: Adopté.
M. Boulerice: M. le député de Beauce-Nord, la
politique de la chanson. On a célébré, lundi, la semaine
de la chanson.
Mme Bacon: Est-ce que l'élément 3 est
adopté?
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, les
éléments, il n'est pas nécessaire de Ies adopter un par
un.
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Nous adoptons les
programmes.
Mme Bacon: On va y aller en bloc.
Le Président (M. Trudel): Nous sommes, si je comprends
bien, toujours au programme 2.
Mme Bacon: Oui, d'accord.
Politique de la chanson
québécoise
M. Boulerice: Bon, alors, on est en pleine semaine de la chanson
pour laquelle vous avez investi 68 000 $. Remarquez qu'une semaine, c'est bien
court. On est loin d'une véritable politique de la chanson. Est-ce que
vous avez renoncé a l'élaboration d'une politique de la chanson,
comme vous l'aviez annoncé?
Mme Bacon: On a mis sur pied certains programmes pour venir en
aide aux spectacles, aux disques, è la relève et à
l'industrie de la chanson. Je n'ai pas renoncé à une grande
politique de la chanson, on continue à travailler dans ce sens. Je dois
dire que, si la Semaine de la chanson française d'ici peut avoir ouvert
les yeux et les oreilles de notre jeunesse qui écoute beaucoup de
chansons étrangères...
M. Boulerice: C'est ce que je vous faisais remarquer, oui.
Mme Bacon: ...on aura, quand même, réussi ce
pourquoi on a apporté notre collaboration. Cet élément
avait été créé et organisé par l'Association
canadienne de la radio et de la télévision de langue
française. Il nous a fait plaisir de nous associer à elle. Je
pense que cela vient à point nommé illustrer l'effort
concerté des gouvernements et aussi des partenaires privés. On a
toujours dit que nous devions essayer d'avoir une concertation entre les
différents partenaires et cela en est un. On a voulu soutenir et
promouvoir l'une des formes d'expression préférées du
public au fond, la chanson. On comprend que la façon de procéder,
c'est toujours dans un environnement idéal, quand on fait une semaine de
la chanson. On espère que cela portera des fruits et que cela fera
davantage la promotion de la chanson française.
M. Boulerice: Je suis bien heureux...
Mme Bacon: Au ministère, on a l'aide à la
production de disques d'artistes québécois.
M. Boulerice: L'avez-vous augmentée? Oui.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: II y a une augmentation là ou bien le statu
quo, donc diminution puisqu'il n'y a pas indexation?
Mme Bacon: II n'y a pas de diminution.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a une indexation? C'est un gel
encore; donc, diminution de 4,3 %.
Mme Bacon: Par rapport à l'an dernier, oui. Cette
année, il y a augmentation.
M. Boulerice: Une augmentation de combien?
Mme Bacon: En fait, l'augmentation sensible qu'on a
donnée, c'est l'aide à la production du disque pour les artistes
de la relève; en 1986-1987, il y avait 105 000 $ et, en 1987-1988, il y
a 400 000 $.
M. Boulerice: Oui, mais, par contre, quand je regarde le plan de
développement et la politique financière de la SODICC, nonobstant
votre grande préoccupation, je pense que la SODICC, qui relève de
votre ministère, ne traduit pas cela. Pour le disque, en 1985-1986, il y
avait 3 030 000 $, estimés, en 1986-1987; autorisation prévue, en
1987-1988, 1 000 000 $, soit trois fois moins.
Mme Bacon: On peut y revenir tantôt pour les
institutions.
M. Boulerice: Ce n'est pas pour les institutions. J'ai des
chiffres très précis. Je suis bien d'accord que...
Mme Bacon: J'aimerais peut-être mentionner que, en ce qui
concerne la SODICC, il y a 2 000 000 $ que nous avons dû donner à
Disques Améric. J'aimerais aussi mentionner qu'il nous a fallu donner 2
000 000 $ au lieu de 1 000 000 $, parce que l'ancien ministre des
Communications, au fédéral, a refusé de donner sa part de
1 000 000 $ qu'il avait promise dans te dossier Disques...
M. Boulerice: Vous n'avez pas réussi à
négocier cela.
Mme Bacons Alors, c'est pour cela que vous me comprenez quand je
suis...
M. Boulerice: Mauvais négociateurs.
Mme Bacon: ...sceptique au sujet des 2 500 000 $ pour
Lanaudière, M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je m'aperçois que vous n'êtes pas si
bons négociateurs que vous le faites croire, les gens d'en face.
Mme Bacon: Raison de plus, il n'est plus au ministère.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Raison de plus, il n'est plus au ministère des
Communications. Alors, quand il était en poste et qu'il aurait pu donner
1 000 000 $, il a refusé, ce qui nous a obligés è donner 2
000 000 $.
M. Boulerice: Enfin, là, encore une fois, je pense qu'on
est...
Mme Bacon: On ne nous blâme pas d'avoir donné 2 000
000 $, j'espère.
M. Boulerice: Non, mais là, je pense qu'effectivement,
compte tenu de vos réponses, on est encore loin d'une véritable
politique de la chanson, qui doit passer par un accroissement des efforts au
chapitre de. la production et de la diffusion. Quand je regarde le plan de
développement de la SODICC, encore une fois, je m'aperçois qu'il
n'y a pas énormément là-dessus.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, M. le Président, je
parlais tantôt de l'aide à la production de disques d'artistes
québécois, il y a aussi l'aide à la promotion du disque et
du spectacle québécois, l'aide à la promotion de
vidéo-clips, par exemple, la promotion du spectacle, la promotion
à l'étranger de disques et spectacles d'artistes
québécois. Ce sont des volets qui encouragent la chanson en
même temps.
M. Boulerice: Alors, on va aller au programme 3.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous considérez que les crédits du
programme 2, Développement des milieux culturels, sont
adoptés?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté, Nous passons
maintenant au programme 3, Institutions nationales. M. le député
de Saint-Jacques, la parole est à vous.
Institutions nationales
M. Boulerice: Brève question au sujet des Archives
nationales. Est-ce que le déménagement des Archives nationales
à Montréal, dans l'ancien palais de justice de la rue Notre-Dame,
à l'école Charles-Lemoyne, est ce qu'on appelait dans
l'institution à laquelle j'appartenais auparavant une solution
définitivement temporaire ou temporairement définitive?
Mme Bacon: C'est une solution temporaire, M. le Président.
On essaie de trouver des possibilités en faisant une évaluation
la plus juste possible des choix. C'est donc temporaire pour une période
de deux ans.
M. Boulerice: On a mis les archives dans une partie
inoccupée de l'école Charles-Lemoyne. Est-ce que les Archives
nationales ont bien indiqué que cela correspondait aux normes de
conservation, notamment en matière de climatisation, etc.?
Mme Bacon: Oui. Elles sont même beaucoup mieux
conservées qu'elles ne l'étaient avant.
M. Boulerice: Mieux qu'elles ne l'étaient avant.
Mme Bacon: Si vous le demandez aux responsables, c'est ce qu'ils
vous répondront*
M. Boulerice: Je voudrais faire un très léger
aparté. Puisqu'on parle d'archives, donc on parle de livres en
même temps. Au cégep de Joliette, il y a une extraordinaire
collection de très vieux livres, des livres du XIXe, du XVIIIe et du
XVIIe siècle même, que le père Laroche a
collectionnés et qui sont dans un état de conservation vraiment
lamentable. J'apprécierais beaucoup si les Archives nationales pouvaient
y jeter un coup d'oeil dans le respect de la compétence du cégep
de Joliette. Je pense que c'est une
énorme richesse que le Québec possède, ces
éditions originales de Molière, de Racine et même de
Corneille. Il serait dommage qu'on perde cela à cause de l'état
lamentable... Je vois que M. Chaput semble très réceptif à
cela. Je vous serais personnellement... Pardon?
Mme Bacon: Est-ce que les gens du cégep ont
déjà fait une demande?
M. Boulerice: Non, je pense qu'ils ne l'ont jamais faite. Je vous
le dis ainsi, très brièvement. C'est une visite à mon aima
mater...
Mme Bacon: Non. Je vérifiais avec M. Chaput si une demande
avait été faite.
M. Boulerice: Non. Je pense qu'ils n'ont jamais fait de demande.
C'est lors d'une visite à mon alma mater que je me suis aperçu de
leur état; cela m'intéressait, l'état de ces livres que le
père Laroche, l'ancien bibliothécaire, conservait avec amour et
affection. Je vous avoue que cela m'a un peu chagriné de voir cela. Vous
pourrez peut-être en reparler avec M. Chaput.
Mme Bacon: On en prend bonne note.
M. Boulerice: Si vous m'autorisez à parler à M.
Chaput... Je me suis déjà fait faire une petite crise parce que
j'avais eu le malheur de parler à un président d'une
société d'État. Alors, je ne voudrais surtout pas...
Mme Bacon: Je ne fais jamais de crise.
M. Boulerice: ...mettre un sous-ministre dans l'embarras.
Mme Bacon: Cela dépend pour quelles fins, M. le
Président.
M. Boulerice: Justement, puisqu'on parlait d'archives, j'aimerais
vous parler de la Bibliothèque nationale. Pardon?
Une voix: La Bibliothèque nationale?
M. Boulerice: Les archives, il y a des livres là, alors,
je parle de la Bibliothèque nationale. Vous êtes capable de faire
le lien, surtout que les livres, cela vous préoccupe.
Lors de l'étude des crédits, l'an dernier, Mme la
ministre, vous nous disiez que vous étiez en train de
réévaluer le projet de réaménagement et
d'agrandissement de la Bibliothèque nationale - dans la circonscription
de Saint-Jacques, entre parenthèses, au moins, il nous reste quelque
chose - afin d'en réduire les coûts par rapport au projet soumis
au Conseil du trésor, en avril 1985. Lors du lancement de l'exposition
consacrée à Pamphile Le May, en mars, vous avez dit: On va rendre
publics les projets de réaménaqement de la Bibliothèque
nationale. Est-ce que vous avez l'intention de donner le feu vert à ce
projet d'ici la fin du présent exercice financier?
Mme Bacon: En fait, la Bibliothèque nationale est
située à quatre endroits différents. Je disais qu'il est
temps qu'on regroupe en un seul endroit ce qui est dispersé dans quatre
endroits et que les gens sachent exactement, quand ils vont à un
endroit, qu'ils ont toutes les possibilités de retrouver ce qu'ils
cherchent au lieu de se promener dans toute la ville de Montréal. (21
heures)
J'ai aussi dit qu'il faudrait chanqer les heures d'ouverture - on en a
parlé tout à l'heure pour les bibliothèques, c'est la
même chose à la Bibliothèque nationale - pour que les gens
puissent aller consulter dans des moments où ils ont des
disponibilités ou des loisirs, qu'ils puissent y aller et non à
des heures souvent indues où ils ne peuvent pas y aller. C'est un
dossier sur lequel nous nous penchons en ce moment et qui va aboutir dans les
mois qui viennent.
M. Boulerice: Donc, vous avez une étude sur ce dossier,
son état d'avancement et...
Mme Bacon: Cela va bien. M. Boulerice: Cela va bien? Mme
Bacon: Oui.
M. Boulerice: Alors, on peut attendre cela pour quand?
Mme Bacon: Cet automne.
M. Boulerice: Cet automne. En plus...
Mme Bacon: À l'occassion du 20e anniversaire, c'est ce que
j'ai dit la dernière fois.
M. Boulerice: Pour l'automne, peut-on s'attendre à une
modification du statut actuel de la Bibliothèque nationale en un statut
de corporation autonome et des modifications relatives à la
réglementation du dépôt légal?
Mme Bacon: C'est sur mon bureau en ce moment, M. le
Président, à savoir si on a besoin d'un projet de loi ou pas.
M. Boulerice: Je ne détesterais pas avoir un projet de loi
dans le domaine de la culture qui créerait quelque chose au lieu d'en
abolir.
Mme Bacon: Cela va dépendre de la collaboration de
l'Opposition, si on peut faire un projet de loi ou pas.
M. Boulerice: Ah! Je les attends, vos projets de loi, mais que
voulez-vous, vous ne me gâtez pas.
Mme Bacon: SI c'est comme l'IQRC, cela va être long.
M. Boulerice: Ah oui, mais là, madame, je vous ai dit:
Quand ce seront de bons projets de loi, à ce moment-là, vous
pourrez compter sur une plus grande collaboration. L'IQRC, ce n'est pas de
notre faute, vous n'avez pas répondu à nos questions
là-dessus; nous ne pouvons pas nous avancer à l'aveuglette. Dans
ce dossier-là, on s'est bien mouillé, par exemple.
Vous en avez brièvement fait mention et j'aimerais qu'on y
revienne puisque c'est à l'élément 3 que vous avez fait
état du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec,
le projet de l'École nationale de danse. Vous avez dit que cela
s'imposait, vous avez même parlé d'une école à
succursales, avec une maison-mère à Montréal. Par contre,
pouvez-vous nous faire le bilan des démarches qui sont engagées
sur la rationalisation de la gestion pédagogique et financière et
la révision du statut des conservatoires pour une actualisation de leur
mission? C'est un sujet, l'enseignement des arts, qui préoccupe beaucoup
ma collègue, la députée de Vachon.
Mme Bacon: Le sous-ministre adjoint vient de terminer une
tournée à travers la province de tous les conservatoires. Nous
avons mis en place un régime pédagogique qui n'existait pas, qui
n'a jamais existé. Nous allons, à mesure que les choses vont
évoluer, faire le point sur le régime pédagogique et voir
un peu comment cela va fonctionner et nous verrons, par la suite, si des
réajustements sont nécessaires. Mais le régime
pédagogique n'existait pas à cause des conservatoires.
M. Boulerice: Voilà pour le programme 3. Combien...
Oui.
Le Président (M. Trudel): M. le député, en
avez-vous terminé avec le programme 3?
M. Boulerice: Mme...
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Chicoutimi...
M. Boulerice: ...la députée de Chicoutimi...
Le Président (M. Trudel): ...vous me faites signe que vous
voulez parler.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Trudeî): Allez-y.
Mme Blackburn: Brièvement, sur un dossier que le
président de la commission connaît bien, c'est la Loi sur le
livre, loi 51 et les effets que cela a sur les éditeurs de manuels
scolaires aux niveaux collégial et universitaire. Comme il n'y a pas de
liste reconnue de manuels scolaires à ces niveaux-là, les
éditeurs se trouvent tenus de verser une ristourne de 30 % aux
libraires, en vertu de la loi 51, la loi sur le livre.
Mme Bacon: Est-ce qu'on reprend le 2?
M. Boulerice: Voyons donc, madame! Je vous en prie.
Mme Bacon: Non, mais c'est...
M. Boulerice: Seulement une brève question que ma
collègue veut vous poser...
Mme Bacon: C'est correct, c'est correct.
M. Boulerice: C'est correct? On va finir quand même.
Mme Blackburn: Brièvement, je rappelle un peu les faits et
je sais que le président de la commission est bien au fait de cette
situation. Dans mon comté, il y a l'éditeur Gaétan Morin,
qu'on appelle - et il se qualifie ainsi, je pense, à juste titre
-éditeur universitaire du Québec parce que l'essentiel de sa
production est dans le cadre des manuels scientifiques pour les collèges
et universités.
Évidemment, il est, parce que, principal éditeur en ce
domaine au Québec, particulièrement touché par cet article
de la loi 51. En 1985, il avait fait une démarche auprès du
ministère avec l'association des éditeurs pour qu'on dresse une
liste de manuels scolaires de niveau collégial d'abord. Cela pouvait
contenir 200 à 300 titres. Une fois la liste reconnue, il se trouvait
régi par les mêmes conditions que pour les manuels scolaires du
primaire et du secondaire.
Ce qu'il faut dire, c'est que, dans le cas de la production de ce qenre
de manuels, l'éditeur Gaétan Morin se trouve en
compétition - j'allais dire injuste - avec les éditeurs
étrangers qui ne sont pas soumis à la loi 51 et qui, eux, par
exemple, s'ils sont installés de l'autre côté de la
rivière Outaouals, sont obligés de payer 20 %, ce qui est la
norme nationale et canadienne reconnue. Il est directement en
compétition avec ce qui s'imprime et ce qui se distribue à partir
d'Ottawa ou du reste du Canada.
Il y avait eu une démarche de faite. Elle avait été
convenu, en collaboration avec
l'éditeur et les professionnels de la DGEC en ce qui concernait
l'enseignement collégial. On avait réussi à dresser une
liste et la liste des manuels scolaires aurait été reconnue et
mise en application dès septembre 1986 pour la rentrée scolaire
de 1986.
Finalement, on sait que ça ne s'est pas conclu. J'en ai
parlé avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Science qui m'a dit y réfléchir et être en
négociations avec vous là-dessus. Il y avait différentes
hypothèses qui étaient avancées, soit une modification
à la loi - ce qui est peut-être un peu lourd et pas
nécessairement utile -soit une réglementation ou
l'établissement d'une liste de titres.
Alors, ma question, pour ce qui est de l'éditeur Gaétan
Morin, ne représente pas une somme astronomique. Son chiffre d'affaires
est de l'ordre d'à peu près 3 000 000 $. Mais 50 % de sa
production touche ce genre de manuels. Cela veut donc dire que ça le
pénalise d'une façon importante. Il me disait: II s'agirait que
j'aille m'installer à Ottawa pour distribuer mes volumes et ce serait
correct.
Alors, comme il est installé chez nous, je pense qu'il fait un
bon travail. Il est efficace et il s'est fait une excellente réputation
dans le milieu des universités. Je pense qu'il faut l'aider à
avoir au moins les mêmes revenus et les mêmes avantages que
n'importe quel autre éditeur.
J'aimerais savoir de la ministre si elle a été saisie du
cas et, si oui, où en sont les négociations actuellement par
rapport au...
Mme Bacon: J'ai des fonctionnaires qui viennent de partir et qui
avaient ces dossiers. Alors, on pourrait peut-être faire le point et
faire parvenir l'information à la députée de
Chicoutimi.
M. Boulerice: Oui...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous me permettez une
précision, Mme la ministre? J'ai été mêlé de
très près à ce dossier comme député,
Gaétan Morin étant évidemment un ex-compétiteur. Il
ne rivalise plus avec personne, puisque c'est moi qui suis hors
compétition maintenant.
Le problème soulevé par cet éditeur est important
et on en a parlé. J'en ai parlé moi-même avec le ministre
de l'Éducation. Je me souviens avoir échangé avec Mme la
députée de Chicoutimi. J'aimerais qu'on ait l'occasion de s'en
parler dans la mesure où la solution n'impliquerait pas, loin de
là, un amendement à la loi 51, ce qui serait quand même,
à mon avis, beaucoup trop lourd pour régler un problème,
qui n'est pas nécessairement le problème d'un seul individu, soit
dit en passant.
Mme Bacon: Non...
Le Président (M. Trudel): II y a quelques autres
éditeurs, à un moindre titre que M. Morin, qui sont...
Mme Bacon: Non, je vais regarder, faire le tour de la question et
j'enverrai l'information.
Mme Blackburn: Si vous me permettez une dernière question.
Ce n'est pas quelque chose de majeur, je le rappelle. Sauf qu'il faut savoir
que le ministre de l'Enseignement supérieur, avec raison, a un certain
nombre de réserves à l'idée d'établir une liste de
référence à des manuels, des ouvrages scientifiques pour
les universités. On sait très bien, cependant, . qu'en science,
en mathématique, en physique, en biologie et en chimie, ce sont souvent
les mêmes ouvrages qui servent. Il y a peu de variantes
là-dedans.
Donc, on peut facilement, sans nuire à la liberté
pédagogique, dresser une liste d'ouvrages utiles pour les
collèges et universités. Ce que je voudrais savoir de la
ministre, c'est: Est-ce qu'on peut penser, étant donné que
ça fait déjà - j'ai reçu la lettre l'an
passé - près d'une année que j'ai ce dossier sur ma table
avec un autre dossier, soit l'aide à l'édition scientifique, que
dans les prochains mois cela pourrait trouver son aboutissement? Est-ce qu'on
pourrait trouver une solution à ce problème?
Mme Bacon: C'est parce qu'il faudrait que je vois l'avancement,
où en est rendu le dossier en ce moment, au moment où on se
parle. Cela, je ne l'ai pas ici. Mais je pense que, s'il y a moyen de le
régler, ça ne doit pas prendre tant de temps que ça. Je
peux le regarder avec mes fonctionnaires et faire en sorte qu'on puisse arriver
à un règlement. Je pense à hâter les choses, parce
que c'est quand même important pour les gens qui sont en cause.
Mme Blackburn: C'est une question de revenus et de
rentabilité de son entreprise.
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, il s'agit
même de dossiers qui datent d'avant 1985.
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): J'ai déjà fait
partie d'un comité au moment où j'étais éditeur,
mais je n'étais pas directement impliqué parce que je ne vendais
pas ce genre de livres, universitaire et collégial.
Mme Bacon: C'est pourquoi je dis qu'il faut que cela aboutisse
à un règlement à un moment donné.
Le Président (M. Trudel): Donc, si cela remonte è
1984, cela me paraît devoir être une entente entre fonctionnaires,
si c'est réalisable.
Mme Blackburn: II y a déjà une solution qui avait
été avancée et presque en voie de réalisation en
1985. Elle devait être appliquée en 1986, mais pour une raison que
j'ignore, parce que je n'ai pas la raison dans ma lettre, cela ne s'est pas
appliqué. Ils avaient réussi à établir une liste de
manuels ou d'ouvrages qui étaient destinés à
l'enseignement collégial.
Mme Bacon: Je vais voir cela au ministère, parce que mes
fonctionnaires viennent de quitter, et dès que j'aurai la
réponse, je vous la ferai connaître.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous considérez que votre programme, le programme 3, est
adopté?
M. Boulerice: Bien, mon programme...
Le Président (M. Trudel): J'ai dit "votre" programme? Je
m'excuse. Ce n'est pas encore votre programme. Cela viendra peut-être un
jour très lointain.
M. Boulerice: Ah! M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 3 du
ministère des Affaires culturelles est adopté?
Mme Blackburn: ...du président, ce genre de remarques.
M. Boulerice: Soyez prudent, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Remarquez que j'ai fait dix
jours à la commission des institutions. J'ai appris comment un
président pouvait intervenir tout à fait librement et tout
à fait normalement dans les travaux d'une commission.
M. Boulerice: Je vous rappelle que vous êtes dans le
comté de Bourget, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Si vous tenez absolument
à le souligner, cela fait d'ailleurs deux ans aujourd'hui que j'ai
été élu pour la première fois.
M. Boulerice: Très exactement. J'allais le faire.
Le Président (M. Trudel): Merci pour le message.
M. Boulerice: Vous m'avez enlevé ce plaisir. Avant de
passer au programme 4, je demanderais à la ministre si elle me
permettrait deux minutes, parce que le dossier est tout à fait
récent. II date pratiquement de ce matin. Je pense qu'elle est
intéressée. Très brièvement, concernant la
magnétothèque, Mme la ministre, que vous avez d'ailleurs
visitée récemment dans le comté de Saint-Jacques. Je vous
fais le grief de ne pas m'en avoir informé. Le député de
Saint-Jacques tient toujours à recevoir les personnalités qui
visitent son comté.
Mme Bacon: J'étais à la Bibliothèque
nationale.
M. Boulerice: Non, non, vous êtes allée à la
magnétothèque.
Mme Bacon: À la Bibliothèque nationale.
M. Boulerice: Bon. En tout cas, je veux vous parler plutôt
de la magnétothèque.
Mme Bacon: Ils étaient là.
M. Boulerice: Ah! Ils étaient là. D'accord.
Mme Bacon: C'étaient les gens de la
magnétothèque qui étaient à la Bibliothèque
nationale.
M. Boulerice: À qui vous avez donné une subvention
de 300 000 $.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Bon. J'ai appris ce matin que leur campagne de
financement, malheureusement, n'a pas fonctionné comme ils l'auraient
souhaité. D'après les nouvelles que j'ai eues ce matin, ils en
sont à couper dans la production. Ils ne font pas que des livres de
loisirs. Ils font des manuels scolaires pour les étudiants.
Je ne pense pas qu'il s'agisse de demander une aide
supplémentaire au ministère de3 Affaires culturelles parce que le
ministère a quand même fait sa part, je suis en mesure de
l'apprécier. Mais est-ce qu'il y aurait possibilité, au
même titre que la demande que vous faisait tantôt ma
collègue, Mme ta députée de Chicoutimi, d'intervenir - ce
que mon collègue de Laviolette va faire également - auprès
du ministre de l'Éducation, de façon à peut-être
sauver cette production essentielle aux étudiants qui ont besoin de ces
livres qui sont compromis par le mauvais état financier, à cause
du volet sur le financement populaire? On sait que les gens sont tellement
sollicités et c'est seulement une capsule que je voulais vous
lancer...
Une voix: La "gang" du livre arrive. M. Boulerice:
Pardon?
Mme Blackburn: La "gang" du livre arrive.
M. Boulerice: La "gang" du livre arrive. C'est vous qui avez
employé cette expression.
Le Président (M. Trudel): II faut connaître le
ministère. C'est la "gang" du livre, je peux vous dire ça.
M. Boulerice: Bon, j'ai sans doute les oreilles très
attentives.
Mme Blackburn: On a fini de parler d'eux.
M. Boulerice: On va parler de la magnétothèque. Au
programme 4,
Organismes-conseils et sociétés d'État, à
l'élément 1, Commission des biens culturels du Québec, je
pense que cela ne peut pas être plus actuel qu'aujourd'hui, compte tenu
de...
Mme Bacon: Est-ce que le programme 3 est adopté?
M. Boulerice: Sur la magnétothèque, vous allez en
parler avec votre collègue, le député d'Argenteuil.
Mme Bacon: Oui, oui, je vais regarder cela. C'est parce que vous
parliez de ce matin... C'est cela.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous...
M. Boulerice: Oui, le programme 3 est adopté.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous consentez
à l'adoption des crédits du programme 3?
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Organismes-conseils et sociétés
d'État
Le Président (M. Trudel): Programme 4, Organismes-conseils
et sociétés d'État.
Commission des biens culturels
M. Boulerice: La Commission des biens culturels, dans son rapport
annuel, disait que le Québec n'a pas de véritable système
complet et intégré et qu'il n'y a aucun réqime de
prêts a la restauration ni de mesures fiscales "incitatives", etc. Compte
tenu de ce rapport, que vous avez sans doute lu avec beaucoup d'attention, la
Commission des biens culturels recommande l'adoption d'un système d'aide
intégré et complet pour la conservation du patrimoine en ajoutant
à la contribution directe du ministère un régime de
mesures fiscales "incitatives" et un régime de prêts à la
restauration. (21 h 15)
J'aimerais connaître votre opinion à cet égard.
Est-ce que vous entendez vous engager dans cette voie, qui serait un moyen
d'accroître les outils qui sont à la disposition de bons citoyens
et non pas de mauvais citoyens corporatifs, comme on en a cité cet
après-midi - è la disposition de citoyens propriétaires
d'un édifice historique qui exige des restaurations?
Mme Bacon: C'est une étude que la commission avait faite
en regard de ce qui se fait dans le système américain, les
avantages fiscaux.
M. Boulerice: En France aussi. Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Au Texas, notamment aux États-Unis.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: J'ai dit aux États-Unis, le Texas est le
plus bel exemple.
Mme Bacon: C'est cela. Il y a des États américains
qui en font. On va en tenir compte au moment où on doit faire le point
avec eux à ce sujet. C'était dans son rapport annuel. C'est
là-dessus que vous vous basez, sur le rapport annuel?
M. Boulerice: Oui, c'était dans le rapport 1985-1986.
Mme Bacon: Oui. On doit le regarder avec eux. Nous sommes en
train de regarder la possibilité de la révision des approches que
l'on doit avoir quant à la Loi sur les biens culturels.
M. Boulerice: Vous êtes favorable à ce genre de
mesures.
Mme Bacon: Pour les regarder. En même temps cela fera
partie des discussions que l'on va avoir.
M. Boulerice: Oui, mais vous, c'est une chose que vous favorisez:
un régime intégré.
Mme Bacon: Je pense qu'il faut évaluer la portée de
cela.
M. Boulerice: La portée n'est pas compliquée. C'est
la conservation du patrimoine.
Mme Bacon: Mais quand on parle de fiscalité, cela a quand
même des implications assez grandes. Cela va assez loin.
M. Boulerice: Mais il reste si peu, on l'a vu cet
après-midi. Cela vaut peut-être le coup d'y mettre le prix.
Mme Bacon: C'est évident.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui est évident?
Mme Bacon: On a toujours fait du financement en direct. Les gens
sont habitués au financement direct dans la conservation du patrimoine.
Si on change complètement de la subvention directe à la
fiscalité, ce n'est pas la même chose. C'est ce qu'il faut
évaluer. Ces approches-là sont primaires.
M. Boulerice: On ne parle pas de changer, on parle
d'intégrer un régime. C'est un ajout.
Mme Bacon: Ce sont des pistes à explorer, mais il faut les
évaluer, les regarder, voir de près les coûts de tout cela,
regarder les possibilités, si cela va améliorer le système
ou non. C'est tout cela qu'il faut évaluer. On ne change pas
radicalement les choses sans avoir fait les évaluations. J'espère
que le député de Saint-Jacques ne fait pas cela.
M. Boulerice: Je n'ai pas peur de me mouiller, par exemple* Vous
êtes toujours en train d'évaluer: Oui, mais il faudrait.
Mme Bacon: M. le député de Saint-Jacques doit
sûrement voir...
M. Boulerice: C'est bon d'être prudent, je vous l'accorde,
mais il ne faut pas abuser, quand même.
Mme Bacon: ...depuis qu'il y a des réalisations qui ont
été faites qu'elles ont été bien planifiées,
bien étudiées, bien évaluées. Quand j'ai pris des
décisions à Montréal, elles avaient été bien
évaluées et bien planifiées et cela avait
été de bonnes décisions. Il ne faut quand même pas
faire...
M. Boulerice: Vous faites allusion à quel dossier?
Mme Bacon: Des équipements culturels à
Montréal.
M. Boulerice: Vous avez effectivement raison. Le Musée
d'art contemporain avait bien travaillé son rapport.
Mme Bacon: Je ne m'attendais pas que le député dise
que j'avais bien travaillé, M. le Président. Vous me permettez de
le dire.
M. Boulerice: Je n'ai pas nié quoi que ce soit, j'ai
parlé du musée. Voyons, on l'aime bien, on y danse.
Les appartements du frère Marie-Victorin.
Mme Bacon: Un peu plus loin.
M. Boulerice: Je vous avoue être tristement
déçu de l'obsession du centre administratif à tout prix,
comme mon employeur d'ailleurs, puisque je suis en congé sans solde,
pour charge publique, de la Commission scolaire régionale de Chambly.
Dans le dossier des appartements du frère Marie-Victorin, la ministre a
abandonné, en janvier, son avis d'intention de classement qu'elle avait
émis en octobre, laissant donc les appartements sous le pic des
démolisseurs. C'était à l'encontre de l'avis de la
Commission des biens culturels qui avait reconnu la valeur patrimoniale des
lieux. Pourquoi?
Vous avez changé d'idée en cours de route. Pourquoi? Au
moment où, justement, on a un triste exemple, cet après-midi..,
Montmagny, je ne le sais pas - hypothèse -ils se sont peut-être
inspirés de cela. Je veux dire... Bah! Ce n'est pas grave.
Mme Bacon: Ah! Le, le député de Saint-Jacques
charrie, M. le Président.
M. Boulerice: Non, non, je ne charrie pas. Voyonsi On tient
compte de la réalité. On va se...
Mme Bacon: II n'y a pas que la Commission des biens culturels qui
donne des conseils au ministre. Il y a aussi notre comité sur le
patrimoine à l'interne. Je ne base pas mes décisions sur un seul
dossier, mais sur deux dossiers, dans les dossiers du patrimoine.
Il y a eu un projet de réaménagement. On peut rappeler ce
qu'était le dossier, un projet de réaménagement de
l'ancien collège par la Commission scolaire régionale de Chambly
qui devait entraîner, à ce moment-là, la disparition des
locaux du frère Marie-Victorin, locaux qu'il avait occupés entre
1933 et 1944. L'Association des résidents du Vieux-Longueuil, si on se
rappelle, avait demandé de classer l'appartement en août 1986.
Nous avons eu de nombreux échanges avec la commission scolaire pour
connaître aussi son projet de recyclage de l'ancien collège. On a
également communiqué avec les différents intervenants,
l'Association des résidents du Vieux-Longueuil et la
Société
historique du Marigot Inc. pour faire le point sur le dossier. Pour
évaluer le potentiel patrimonial de la suite du frère
Marie-Victorin, la direction du patrimoine avait effectué une visite des
lieux et elle avait demandé aux différents intervenants
d'élaborer un dossier préliminaire qu'elle a
complété par la suite.
Lors de la présentation du dossier le 18 septembre 1986, ce qu'on
appelle le comité du statut, ce comité qui s'occupe des dossiers
du patrimoine, avait recommandé de ne pas retenir la demande en
sélection pour étude ultérieure, de ne pas émettre
d'avis d'intention de classement. Les pressions du milieu ont amené
exceptionnellement la présentation du dossier devant la CBC, alors
j'avais donc déjà une recommandation de ne pas classer. Compte
tenu des pressions du milieu, nous avons demandé à la CBC de se
pencher sur le dossier et la CBC a recommandé d'émettre un avis
d'intention à l'égard de la suite du frère
Marie-Victorin.
Les mois qui ont suivi nous ont permis de faire une analyse plus en
profondeur de la valeur historique et patrimoniale des appartements du
frère Marie-Victorin et, au cours du mois de janvier 1987, j'ai dû
abandonner l'avis d'intention de classement qui avait été
émis il y a plusieurs mois pour les appartements parce que,
d'après ce qu'on me disait, il ne contenait pas suffisamment
d'éléments significatifs pour commémorer sa
mémoire. Pendant ce temps-là, évidemment la commission
scolaire a pu commencer ses travaux de rénovation. Mais j'avais
demandé à la commission scolaire d'aménager un espace
à la mémoire du frère Marie-Victorin et la direction du
patrimoine de Montréal a offert sa collaboration et celle de
spécialistes à la commission scolaire pour que nous puissions
garder, dans l'édifice rénové, un espace à la
mémoire du frère Marie-Victorin. À ce moment-là,
j'ai suggéré, comme le frère Marie-Victorin avait fait ses
travaux surtout au Jardin botanique et qu'au Jardin botanique on ne lui a
jamais véritablement rendu hommage qu'on aurait dû le faire
là où il a effectué tous ses travaux et non dans un petit
espace qui lui aurait servi de chambre. C'est le Jardin botanique qui devrait
lui rendre un hommage spécial et lui faire une place spéciale,
beaucoup plus que ces espaces qui avaient été à peine
gardés dans un drôle d'état dans l'édifice
même.
M. Boulerice: Vous aviez dit que vous ne preniez jamais qu'un
seul avis, que vous en preniez deux. À ce moment-là, je vous dis:
Pourquoi pas trois? J'aurais pu vous en parler. J'ai eu mes bureaux dans cet
édifice pendant longtemps. À cela je vous répondrai: Le
Jardin botanique? Oui, mais pourquoi pas à deux endroits? Pourquoi pas
également à Longueuil?
Mme Bacon: II va y avoir un endroit. J'ai demandé à
la commission scolaire d'aménager un endroit à la mémoire
du frère Marie-Victorin - il va y en avoir un là - et qu'on fasse
davantage...
M. Boulerice: Dans le préambule...
Mme Bacon: ...au Jardin botanique pour rendre hommage au
frère Marie-Victorin parce que c'est là qu'il a fait son oeuvre.
Ce n'est pas dans sa chambre.
M. Boulerice: Dans le vestibule. Vraiment. En tout cas,
j'espère que cela n'a rien à voir avec la présence d'Yves
Beauchemin dans le dossier.
Mme Bacon: Je pense que le député de Saint-Jacques
nous prête des intentions malveillantes. Il devrait voir, au rythme
où on fonctionne au ministère des Affaires culturelles, qu'on ne
fait pas de discernement, quels que soient les gens qui viennent. Nous sommes
tous susceptibles d'aimer la culture, M. le Président.
M. Boulerice: Dernier élément...
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais donner le nombre
d'avis que nous avons reçus au cours de l'année 1985-1986. Nous
avions 1569 dossiers. Qu'il y en ait un qui déplaise au
député de Saint-Jacques, ce n'est pas beaucoup sur 1569. La
grande majorité des dossiers que nous avons nous permet de rendre
satisfaction à ceux qui font la promotion de ces dossiers. C'est
beaucoup plus que 90 %. C'est sûr qu'il y en a toujours un qui fait
beaucoup de bruit, mais les autres n'en font pas et on n'en parle pas.
Institut québécois de recherche sur la
culture
M. Boulerice: Oui, parce qu'il y a toujours quelque chose qu'on
fait disparaître et c'est malheureusement après qu'on
s'aperçoit de l'erreur tragique qu'on a faite.
L'élément 2, dont vous avez fait mention tantôt,
concerne l'Institut québécois de recherche sur la culture. Dans
le cas de l'Institut québécois de recherche sur la culture, par
suite de l'adoption du projet de loi 149 et du gel de son budget pour 1987-1988
après une coupure - on disait qu'elle était de 200 000 $ en 1986,
mais c'est une coupure réelle de 400 000 $ - est-ce que la ministre peut
faire le point sur l'état de ses discussions avec l'Université
Laval quant au projet d'affiliation de l'Institut québécois de
recherche sur la culture à la Faculté des sciences sociales qui
se traduirait par un projet de loi, tel qu'elle nous l'a laissé entendre
te 25 mars, lors du débat en troisième lecture sur le projet de
loi 149,
auquel nous nous étions formellent opposés?
Mme Bacon: Si on se rappelle les propos que nous avons eus lors
de la modification de la loi sur l'IQRC, on aura véritablement compris
qu'il n'est pas question d'abolir l'IQRC, J'espère que le
député de Saint-Jacques en est convaincu maintenant.
M. Boulerice: On n'a pas encore de crédits.
Mme Bacon: J'avais alors donné trois garanties: 1- Que
l'entité serait protégée. 2-Que les activités
raisonnables seraient maintenues et 3- Que les intéressés
seraient mis dans le coup. J'ai dit cela tout le long de la commission
parlementaire. Actuellement, il y a des discussions sérieuses qui sont
avancées et qui se déroulent entre l'IQRC et l'Université
Laval à l'intérieur des paramètres qu'on a
énoncés. On nous promet pour le 20 juin un mémoire
conjoint sur lequel mon collègue, le ministre de l'Enseignement
supérieur, M. Ryan, et moi aurons à nous prononcer. On projette
une loi, oui. On projette une loi pour l'automne. Il y a eu un versement de la
subvention qui est fait. On attend le 20 juin et, ensuite, probablement le
projet de loi à l'automne.
Mme Blackburn: M. le Président, vous permettez?
Le Président (M. Trudel): Allez-y, madame.
Mme Blackburn: Tout à l'heure, la ministre a dit: J'avais
pris trois engagements: ne pas abolir l'institut, revoir un peu son avenir, je
ne me rappelle plus le troisième et que des activités
raisonnables soient maintenues. Je voudrais que la ministre me définisse
ce que sont des activités raisonnables; ensuite, je pourrai
réagir.
Mme Bacon: Je pense aux activités actuelles, je pense que
c'est un niveau raisonnable.
Mme Blackburn? Est-ce que la ministre estime que c'est raisonnable?
Cette année, si j'ai bien vu les crédits, il n'y a pas
d'indexation; est-ce que c'est juste?
Mme Bacon: Oui, ils ont le même budget, 1 996 000 $,
c'était prévu dans la loi.
Mme Blackburn: II n'y a donc pas d'indexation. (21 h 30)
Mme Bacon: Non.
Mme Blackburn: Et il n'y en a pas eu l'an passé non
plus.
Mme Bacon: Ils disposaient d'une réserve à ce
moment-là, donc, il n'y a pas eu d'indexation.
Mme Blackburn: Cela, c'est une chose. Disposer d'une
réserve pour prévoir les mauvais coups ou, peut-être, pour
essayer d'entreprendre des travaux, c'est autre chose; c'est comme toucher
à une fondation. Je veux dire que vous prenez généralement
les intérêts, mais il est rare que vous alliez chercher le
capital. Cela ne vous avancerait pas beaucoup. Je ne pense pas qu'on puisse
invoquer le fait qu'il y avait une réserve pour être obligé
d'exécuter des travaux de recherche dans le cadre de leurs
activités courantes. Je ne pense pas que ce soît un discours qui
se défende, où qu'on soit.
Cela veut donc dire - pas d'indexation l'an passé, pas
d'indexation cette année -que ce n'est plus le maintien des
activités raisonnables d'il y a deux ans. Si je sais calculer, si je
sais compter un peu, la diminution réelle frise les 10 %.
Mme Bacon: C'est évident que, lorsqu'on dit qu'il y a des
discussions entre l'IQRC, l'Uniservité Laval et mon collègue de
l'Enseignement supérieur, c'est qu'il y a des possibilités que
l'IQRC puisse bénéficier de subventions de l'Université
Laval, de certains montants à l'intérieur des sommes
consacrées à l'Université Laval. C'est ce qu'on attend
comme dossier pour le 20 juin.
Mme Blackburn: Je comprends un peu que, quelque six mots
après que la ministre soit entrée en fonctions, elle ne
connaissait pas bien l'IQRC - je pense qu'on avait vu cela, à un moment
donné, quand on avait eu des échanges - et qu'elle n'était
pas beaucoup en mesure de bien mesurer l'importance d'un organisme comme
celui-là. Je comprends cela. On ne peut pas se saisir de tous les
dossiers en même temps, en une période de six mois. Sauf
qu'actuellement je pense que vous connaissez bien l'IQRC, l'importance des
travaux réalisés par cet organisme et le rôle primordial
qu'il joue au Québec. Ce n'est pas un rôle mineur, ce n'est pas
une question de folklore ni de ceinture fléchée. Quand on parle
de l'Institut québécois de recherche sur la culture, c'est majeur
au- Québec et, dans certains domaines, on connaît encore un retard
important. Les travaux de recherche, je le rappelle, ne servent pas qu'à
des fins proprement culturelles, dans le sens traditionnel du terme. Ils
permettent d'avoir une meilleure connaissance de nos modes de consommation, de
nos modes de vie et ainsi de suite, ce qui nous permet, éventuellement,
de planifier nos politiques, soient-ellles familiales ou culturelles. J'ai
encore de la difficulté à
comprendre comment on est en train de réduire la capacité
de travail et de réalisation de cet organisme. On aura beau faire tous
les calculs qu'on veut, le moins qu'on puisse dire, c'est que leur
capacité de réalisation de travaux de recherche est au moins
diminuée de 10 %. Diminuée de 10 %, donc, l'activité
raisonnable est maintenue, moins 10 %. Ce n'était pas indexé l'an
passé et ce n'est pas indexé cette année. Bien.
La ministre nous dit: Écoutez, il est possible qu'au moment
où cet institut serait rattaché à l'Université
Laval, cette dernière, à même ses propres budgets, accorde
des subventions à l'IQRC. Ce qu'il faut savoir, d'une part, c'est que
les budgets des universités sont réduits au strict minimum. Tous
ceux qui estimaient que le plan de relance du ministre de l'Enseignement
supérieur était le strict minimum... On sait que le ministre de
l'Enseignement supérieur a eu à peu près 50 % de ce qu'il
réclamait. Au total, il réclamait 100 % de 13 000 000 $ et il a
eu 7 900 000 $. C'est en deçà de ce qui était
qualifié comme étant le strict minimum. De la à penser
que, à même ses propres budgets, l'Université Laval pourra
financer l'IQRC, moi, je suis étonnée. On m'a dit - et là,
je voudrais vérifier avec la ministre, c'est une hypothèse de
travail qui a été mise sur la table... Je voudrais savoir si, une
fois l'IQRC transféré ou rattaché à
l'Université Laval, que les mêmes subventions du ministère
des Affaires culturelles seront maintenues.
Mme Bacon: Je n'ai pas encore la proposition qui doit nous
être soumise le 20 juin; alors, je ne peux pas répondre à
cette question. Je voudrais ajouter aussi que l'IQRC peut accepter des mandats
de différents ministères. Par exemple, le ministère des
Affaires sociales, l'an dernier, a donné des mandats à l'IQRC. Je
pense que c'est un ajout à ce que reçoit l'IQRC.
J'aimerais dire aussi qu'il y a des centres de recherche au
Québec qui n'ont pas vu leur budget augmenter pendant quatre ou cinq
ans, ce qui n'a pas été le cas de l'IQRC par rapport à
d'autres centres de recherche. Alors, je pense que ce n'est quand même
pas... On ne peut pas dire que la situation est tragique à l'IQRC quand
on pense à ce qu'ont dû vivre d'autres centres de recherche au
Québec.
Mme Blackburn: C'est un secteur fragile, on le sait. Je ne pense
pas avoir besoin de convaincre la ministre de cette situation. On est dans un
secteur fragile où on a de la difficulté, quel que soit le
gouvernement, à défendre les intérêts et le
développement de la recherche sur la culture. Cela a toujours l'air des
"oiseaulogues". Quand la ministre confond la recherche commanditée avec
un plan de recherche et de développement à l'intérieur
d'un institut, je pense qu'il ne faut pas confondre les deux choses. Elles ne
sont pas irréconciliables, mais il n'y en a pas une qui peut remplacer
l'autre. Cela m'apparaît évident. Je ne pense pas que cela demande
une longue démonstration. J'ai peine à croire que cela
relève de la responsabilité d'un comité rattaché
à l'Université Laval de nous dire si la ministre entend maintenir
des subventions. Est-ce qu'elle entend transférer avec l'IQRC les
budgets actuels?
Mme Bacon: Je vais être obligée d'attendre. On nous
a promis un mémoire pour le 20 juin. Il faudrait que je commence par
voir le mémoire avant de savoir ce qui est là-dedans.
La députée de Chicoutimi nous dit que la recherche sur la
culture est difficile. C'est toujours difficile, c'est vrai. II y a dix ans, la
recherche sur la culture était dans un état embryonnaire. Les
chercheurs de ce secteur étaient défavorisés dans les
programmes réguliers de recherche, je pense. Il ne me semble pas que
cela soit vrai en 1987. Quand on regarde les montants qui ont été
donnés à la recherche sur la culture par rapport à
d'autres centres de recherche, il y a des centres de recherche qui ont
trouvé la vie beaucoup plus difficile au cours des dernières
années.
Mme Blackburn: M. le Président, je dois dire que chaque
fois que j'aborde cette question, la ministre me déçoit. Autant,
dans d'autres circonstances, je pense qu'il y a des dossiers sur lesquels je la
regarde aller et je serais assez d'accord pour dire qu'elle a pris de bonnes
décisions dans certains cas... Je pense particulièrement à
la consultation générale sur le statut de l'artiste. Il faut
reconnaître que c'était une bonne initiative. Mais ce dossier, la
ministre est la seule en mesure et possédant l'autorité pour le
défendre. J'ai toujours de la difficulté à comprendre,
alors que c'est la grande responsable, qu'elle ne trouve pas moyen de le
défendre avec plus de vigueur comme si elle n'y croyait pas. La
recherche sur la culture au Québec, vous le savez, ce n'est pas comme
les nouvelles biotechnologies et ce n'est pas comme l'Institut de recherche sur
l'énergie rattaché à Hydro-Québec. On a des
secteurs où vraiment on est à la fine pointe et cela s'est
développé. Mais on a encore comme 20 ans de retard dans la
recherche sur la culture au Québec. La principale responsable se sent
comme si elle n'était pas concernée par ce dossier. Chaque fois,
j'ai beaucoup de difficulté à la comprendre. Cela me laisse
l'impression qu'elle ne comprend pas parfaitement l'importance de cette
recherche pour le développement social, économique et culturel du
Québec. Cela passe pour beaucoup par la
recherche sur la culture.
À présent, quand elle me dit qu'elle attend la
recommandation du comité pour savoir si elle va donner des budgets, cela
aussi m'étonne. Cela m'étonnerait de la part de la ministre,
telle qu'on la connaît, que ce soit quelqu'un de l'extérieur qui
vienne lui dicter qu'il faut qu'elle donne ou non des budgets. Vous me
permettrez de douter un peu de cela. Habituellement, vous dites: Je n'ai pas de
leçon à recevoir des autres. Cela me surprendrait que vous
laissiez un fonctionnaire ou même un universitaire de l'Université
Laval vous dire: Madame, vous devriez mettre les 2 000 000 $ là-dessus.
Il me semble que c'est une décision qui appartient en premier titre
à la ministre.
Mme Bacon: Je n'ai pas dit qu'on ne donnerait pas de budget. Le
ministère des Affaires culturelles compte maintenir des budgets qui sont
importants pour la recherche sur la culture. C'est évident. Il n'est pas
question de dire: On ne donne pas de budget. Mais peut-être qu'on peut
être accompagné par d'autres. Il peut y avoir des partenaires. Il
n'y a pas que nous pour donner ces budgets. C'est ce qui me fait dire qu'il
faut voir ce que les autres pourront verser pour savoir ce qui sera
nécessaire. Je ne peux pas dire, aujourd'hui, quel montant sera
versé sans voir d'abord le rapport, sans voir les partenaires qui seront
là. Je pense que l'IQRC ne refuse pas d'être rattaché
à l'université. Il n'a pas refusé.
Mme Blackburn: C'est la meilleure façon de lui sauver la
vie. Je serais tout à fait d'accord, si j'étais à la place
du président de l'IQRC.
Mme Bacon: II ne s'en trouvera pas si mal quand même, Mme
la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Non, non, non. Moi, je trouve que c'est plus
rassurant. Je dois vous dire, comme simple contribuable un peu
préoccupée du développement culturel et de la recherche,
que je pense qu'effectivement il sera plus en sécurité
rattaché à l'Université Laval, parce que je ne sens pas
que la ministre est en mesure ou a vraiment comme intérêt de
défendre I'lQRC.
Mme Bacon: C'est une question d'opinion, M. le
Président.
Mme Blackburn: Dans ce sens-là, je suis tout à
fait... Je vous dis qu'il ne sera pas plus menacé, sauf qu'il faut lui
donner un niveau de financement qui lui permette de poursuivre ses travaux et
une équipe aussi. Je suis certaine que les gens que la ministre a
rencontrés et qui viennent des secteurs de recherche, d'où qu'ils
soient...
Elle sait très bien que cela ne se constitue pas à la
petite semaine, une équipe, et que c'est une question de longue
planification, lorsqu'on parle de travaux de recherche.
Mme Bacon: C'est pour cela que j'ai donné des garanties
que l'entité serait protégée, que des activités
raisonnables seraient maintenues et que les intéressés seraient
mis dans le coup. J'ai garanti que l'entité serait
protégée et je pense qu'on ne peut pas donner de meilleures
preuves,
Mme Blackburn: Bien oui. L'entité peut être
protégée. Voua protégez votre maison et vous ne la
chauffez pas. Je me dis, à ce moment-là, que c'est une question,
la protéger. La façon de protéger une entité...
Mme Bacon: C'est encore une question d'opinion,
d'interprétation, M. le Président.
Mme Blackburn: Protéger quelque chose, c'est lui permettre
au moins de maintenir son niveau d'activité; or, au cours des deux
dernières années, on n'a pas permis à cet institut de bien
maintenir son niveau d'activité.
Une seconde chose. La ministre a parlé tout à l'heure de
recherche commanditée. Est-ce que je fais de l'interprétation si
je dis que ce serait peut-être l'intention de la ministre, plutôt
que de donner un budget de recherche selon un programme que l'IQRC se donne, de
donner un budget conditionnel à des travaux de recherche faits pour les
fins du ministère?
Mme Bacon: Au cours des discussions que nous avons eues avec
l'institut, l'institut nous a fait des propositions. Quand je parlais
tantôt de mandats qui peuvent être donnés par d'autres
ministères, l'institut n'a rien contre cela. Il le fait
déjà et je pense qu'il regarde la possibilité de
s'associer à d'autres entités qui pourraient travailler avec lui
dans la recherche. L'IQRC est dans le coup. On ne fait pas cela tout seul. On
fait cela avec lui.
Mme Blackburn: Je pense qu'il ne faut pas confondre les choses.
L'IQRC ou l'Institut national de la recherche scientifique ou l'Institut
Armand-Frappier - on pourrait passer tous les instituts - qu'ils aient de la
recherche commanditée, c'est reconnu mondialement. Cela fait partie de
ce qu'on reconnaît comme étant le mandat de ce genre de structure
qui, en particulier, est une bonne structure. Mais ce qu'on reconnaît
généralement et partout dans le monde, c'est un financement de
base permanent et adéquat qui permet de se donner des programmes de
recherche à moyen et à long termes. Cela ne se fait pas à
même la recherche commanditée. On ne maintient pas
des équipes de recherche avec de la recherche commanditée.
De façon ponctuelle, on réalise un travail de recherche sur
mandat de n'importe quel organisme public ou privé. Ce sont deux choses
tout à fait distinctes. Avoir un niveau de financement qui vous permette
de planifier vos travaux de recherche à moyen et à long termes
demande un niveau de financement égal et stable. Que vous enrichissiez
votre équipe par le biais de la recherche commanditée, c'est une
tout autre question.
Ma question: Est-ce que la ministre n'estime pas qu'il est important de
maintenir un niveau de financement qui permette à l'institut de se
donner une structure stable pour planifier ses travaux de recherche? On
n'engage pas un chercheur à six mois d'avis. Généralement,
ils sont déjà sur des travaux et cela prend parfois
jusqu'à deux ans pour aller les chercher. Quand la ministre pense au
financement qu'elle pourrait accorder à l'IQRC, est-ce dans le genre de
la recherche commanditée? (21 h 45)
Mme Bacon: M. le Président, je reviens encore aux trois
garanties que j'ai données. Dieu sait que la députée de
Chicoutimi et le député de Saint-Jacques avaient donc dit qu'on
voulait la disparition de l'IQRC. J'avais maintenu l'entité, j'avais dit
qu'elle serait protégée, elle est protégée. J'ai
dit aussi que les activités seraient maintenues, elles vont être
maintenues et les intéressés seront mis dans le coup et tous les
changements qui seront réalisés seront faits avec eux. On
n'invente rien, on n'arrive pas avec des surprises. L'IQRC travaille en ce
moment en étroite collaboration avec nous. Supposons que - je vais vous
donner un exemple -l'IQRC, par hypothèse, à la suite de son
association avec l'Université Laval, se trouvait logé
gratuitement, doté de prêts personnels, doté
d'équipements, à ce moment-là, on pourrait regarder les
besoins et ils seraient différents. C'est cela que je dis: aujourd'hui,
je ne peux pas dire la somme qui serait donnée. C'est ce genre
d'hypothèse sur laquelle on ne peut pas, actuellement, dire le montant
exact qui sera donné.
Mme Blackburn: M. le Président, quand on parle de
logement, quand on parle d'équipements, ce sont ce qu'on appelle, dans
les universités, les points directs de la recherche. Au cours des
dernières années, on a mené une bagarre assez vive dans
les universités. On estime que les coûts indirects de la
recherche... Il y a là-dedans à la fois un peu de personnel et le
logement, comme vous dites, serait gratuit; les équipements, cela
coûte, selon les services qui sont offerts, un minimum de 28 % à
35 %.
Mme Bacon: Ce sont les coûts directs pour l'IQRC, mais ce
sont eux qui paient actuellement.
Mme Blackburn: Oui, oui, ce sont les coûts indirects...
L'université, ce n'est pas gratuit. Même s'ils sont
installés à l'université, il y a ce qu'on appelle des
points directs, d'accord? Il va falloir qu'elle le facture quelque part. Ce
n'est pas parce qu'ils sont installés dans un édifice que, tout
à coup, le chauffage est gratuit ou la maintenance, ainsi de suite. Ce
seront des coûts indirects qui s'appellent logement et soutien.
Mme Bacon: Mais la position de l'université, c'est de
fournir ce genre de service-là, prêter des professeurs, ce genre
de services qui peuvent être rendus gratuitement. Et cela augmente les
ressources de l'IQRC.
Mme Blackburn: Je comprends votre "gratuitement", mais ce n'est
jamais gratuit, l'université va vous le dire, quand vous dites
gratuitement... Elle peut les loger, mais cela coûte des sous à
l'université. Dites que l'université accepte de contribuer
à ce qu'on estime être les coûts indirects de la recherche,
d'accord? Généralement, ce que je vous dis, un budget de
recherche en commandite, les coûts indirects de la recherche sont de 35
%. Si vous avez 1 000 000 $, il vous en coûte 350 000 $ pour administrer
le budget. C'est reconnu dans toutes les universités
nord-américaines. Ce n'est pas un secret. Alors, il n'est pas vrai de
dire que c'est gratuit et ce que les universités réclament de
plus en plus, c'est précisément ces coûts indirects de la
recherche qui grèvent tous les budgets des universités.
Ce que je dis à la ministre, et là je voulais lui demander
et elle ne m'a pas répondu là-dessus... Est-ce que votre
financement, celui que vous songez éventuellement à accorder
à cet institut qui, dorénavant, serait rattaché à
l'Université Laval et ne relèverait plus de la compétence
de la ministre... La ministre songe-t-elle à un financement
inconditionnel ou conditionnel, genre recherche commanditée ou
inconditionnel? C'est-à-dire qu'on donne les 2 000 000 $ dans le cadre
de la planification régulière des travaux de recherche.
Mme Bacon: II n'y a rien qui nous empêche de demander des
recherches. Si c'est cela que la députée appelle "inconditionnel
ou conditionnel"...
Mme Blackburn: Oui, c'est cela, commandité.
Mme Bacon: II n'y a rien qui empêche,
je pense, le ministère...
Mme Blackburn: Non, non... Mme Bacon: ...de donner...
Mme Blackburn: Oui.
Mme Bacon: ...des signaux sur des recherches qu'on voudrait voir
faire...
Mme Blackburn: Cela va.
Mme Bacon: ...ou d'avoir un siège.
Mme Blackburn: Est-ce que votre financement serait du genre
recherche commanditée ou si ce serait tout simplement un financement de
base? Que vous donniez des recherches commanditées après, cela ne
pose pas de problème, je l'ai dit tantôt. Ce n'est pas là
que la question se pose.
Mme Bacon: C'est un financement de base, ce que l'ÎQRC
aimerait avoir, c'est peut-être quelqu'un qui siégerait avec lui
à un comité d'orientation, par exemple, mais c'est un financement
de base que nous donnerions. En 1987-1988, le montant n'est pas
changé.
Mme Blackburn: Est-ce qu'on peut tenir pour acquis... Si vous me
dites ça, je n'ai vraiment pas de problème. Si vous gardez ce
niveau...
Mme Bacon: Mais il n'y a jamais eu de problème, Mme la
députée de Chicoutimi. C'est vous qui vous en faites, des
problèmes.
Mme Blackburn: Vous avez dit, tout à l'heure, que vous
attendiez le rapport pour savoir si vous financeriez.» Ce n'est pas moi
qui l'ai inventé, là.
Mme Bacon: Non, le montant! Mais vous aviez demandé quel
montant on donnerait.
Mme Blackburn: Alors, si vous me dites que vous maintenez le
niveau de financement de cette année...
Mme Bacon: En 1987-1988, c'est le même montant.
Mme Blackburn: Mais je parle pour l'avenir. Cela veut dire que
celui-là, il est engagé, quoique j'ai déjà vu des
budgets périmés dès le lendemain d'une commission
parlementaire. On nous faisait état de ça en commission
parlementaire, hier, sur...
Mme Bacon: Vous voyez, vous nous prêtez tout le temps des
mauvaises intentions.
Mme Blackburn: Je ne vous en prête pas. Ce
gouvernement-là... On nous l'a dit hier et on nous a affirmé
ça. C'est une de vos collègues qui nous l'a dit, la ministre
déléguée à la Condition féminine. Au
lendemain de la commission parlementaire l'an passé, elle avait eu un
ordre du Conseil du trésor de périmer 1 200 000 $ sur un petit
budget. Je ne me le rappelle plus, une garderie. Ce qui était important,
c'est qu'au lendemain...
Alors, je me demande si la ministre n'a pas eu le même ordre du
Conseil du trésor, dès le lendemain de l'étude des
crédits. Cela veut dire qu'au moment où je suis en train
d'examiner les crédits, vous me dites: Je vais donner tout près
de 2 000 000 $ à l'IQRC. Il n'y a absolument rien qui nous garantit
aujourd'hui que vous n'aurez pas un téléphone demain de votre
collègue du Conseil du trésor pour dire: Vous périmez la
moitié de cette somme. Dans ce sens-là, je demande à la
ministre: Ce niveau de financement est garanti pour cette année et
est-ce que la ministre s'engage à s'assurer -je pense que cela
relève de sa responsabilité morale - que le niveau de financement
de base de l'IQRC soit suffisant pour lui permettre, - au-delà de la
recherche commanditée, de se maintenir une structure efficace et de
faire de la planification à moyen et à long termes?
Mme Bacon: Cela fait encore partie de mes trois garanties. Je
vais les répéter pour la dernière fois, M., le
Président, parce que ça fait tellement de fois: Que
l'entité soit protégée, que les activités
raisonnables soient maintenues, que les intéressés soient mis
dans le coup. C'est ce qui est arrivé. Il ont été mis dans
le coup. Tout le cheminement que nous faisons, nous le faisons avec eux. Nous
attendons le rapport le 20 juin.
Par la suite, avec mon collègue, le ministre de l'Enseignement
supérieur, on aura à se prononcer. Cette année, c'est 1
996 200 $. L'an prochain, on verra au budget.
Mme Blackburn: Un niveau d'activités raisonnables,
ça laisse place à l'interprétation. C'est un peu comme
société distincte. J'ai lu quasiment autant
d'interprétations qu'il y a de ministres dans ce cabinet selon que vous
lisiez le texte d'un ministre qui vient de la communauté
anglophone...
Mme Bacon: C'est un peu comme l'"affirmation nationale", vous
savez, c'est la même chose. Il y a beaucoup...
M. Boulerice: Ce n'est pas raisonnable, ce que vous dites.
Mme Blackburn: Sauf qu'on n'est pas en
train de laisser ça dans tes mains de la Cour suprême.
Mme Bacon: Non, mais c'est ce que vous voulez préparer
pour l'avenir. C'était la même chose.
Mme Blackburn: On n'est pas en train de laisser ça... En
tout cas, de toute façon, on pourra toujours s'en parler. Mais ça
laisse place à l'interprétation. L'interprétation que je
suis obligée de faire, c'est la suivante: Pas d'indexation l'an
passé, pas d'indexation cette année. À dix ans de ce
régime, ça va valoir à peu près la moitié du
budget qu'ils ont actuellement. Est-ce que c'est ça, un niveau
raisonnable?
Mme Bacon: C'est pour ça qu'on agit maintenant avec
l'Université Laval et avec le ministère de l'Enseignement
supérieur.
Mme Blackburn: Alors, comme l'a dit mon collègue
tantôt, les gens de l'institut, j'imagine, vont s'intéresser
à cette question.
Mme Bacon: Ils cheminent avec nous, madame.
Mme Blackburn: S'ils relisent la transcription des débats,
ils vont être tout à fait rassurés. Ils vont être
tout à fait rassurés quant à leur avenir, le niveau de
financement et le fait que les subventions ne seront pas conditionnelles...
Mme Bacon: Ils connaissent leur avenir, M. le Président.
Ils en discutent avec nous. Alors, il connaissent l'avenir.
Mme Blackburn: Une dernière question: Est-ce que la
ministre a rencontré souvent le président de l'IQRC? C'est une
question de curiosité.
Mme Bacon: Non, peut-être moins souvent que la
députée de Chicoutimi.
M. Boulerice: Vous avez tort, madame.
Mme Blackburn: II vient de chez nous. Vous avez tort parce que
vous perdez un contact tout à fait précieux et enrichissant;
c'est un homme très cultivé et un grand universitaire de chez
nous, un grand chercheur. Il me semble que la ministre des Affaires culturelles
devrait être particulièrement intéressée à
rencontrer un homme comme ça, qui a une connaissance intime du
Québec.
Peut-être aussi qu'elle aurait eu intérêt à
venir assister è la commission des institutions au moment où on a
discuté de l'entente du lac Meech et au moment où M. Dumont est
venu nous faire une présentation tout à fait brillante.
Mme Bacon: Je suis certaine que la députée de
Chicoutimi était là et qu'elle a bien écouté tout
ce qui s'est dit, M. le Président.
Mme Blackbum: Oui, madame et je pense qu'il y a beaucoup de
ministres qui auraient eu intérêt à faire la même
chose.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je pense que...
Le Président (M. Trudel): Vous allez nous demander s'il
vous reste...
M. Boulerice: Au sujet de l'IQRC, tout a été dit,
mais quand la ministre nous dit qu'on l'interprète, à ce
moment-là la seule chose que je peux répliquer, c'est que si elle
consentait à être précise, on ne pourrait pas lui
prêter d'intentions. Ma collègue a bien résumé:
raisonnables, on va se ramasser à la Cour suprême pour en
connaître la signification dans quelques années là
aussi.
Dans l'élément 3, toujours au programme 4, où en
êtes-vous rendu dans vos négociations pour le secteur vidéo
avec les "majors" ou les majors?
Cinéma
Mme Bacon: Je dois dire que les négociations sont moins
faciles que cela ne l'a été avec le dossier du cinéma,
mais elles sont beaucoup plus difficiles que les négociations que nous
avons eues dans le dossier du cinéma. C'est d'ailleurs pour cela que
nous avons voulu les séparer, parce que si on les avait faites en
même temps, on n'aurait rien gagné.
Nous négocions en ce moment. C'est un dossier difficile. La
négociation est assez pénible, mais on vit encore avec l'espoir
de pouvoir le régler. Mais ce sera beaucoup plus long que je ne l'avais
prévu.
M. Boulerice: Ce n'est pas facile de négocier avec eux,
n'est-ce pas?
Mme Bacon: De négocier?
M. Boulerice: Ce n'est pas facile de négocier avec eux,
n'est-ce pas?
Mme Bacon: Non. C'est pour cela que je trouvais que nous avions
eu une grande victoire dans le cinéma.
M. Boulerice: Mais là, pour le vidéo vous me dites
que ce n'est guère avancé.
Mme Bacon: C'est plus rude un peu. M. Boulerice: C'est
plus rude un peu?
Mme Bacon: Parce qu'ils ne se laissent pas avoir eux.
M. Boulerice: Ils ne se laissent pas avoir. Est-ce que des
distributeurs américains sont devenus de nouveaux membres de la "Motion
Pictures Export Association of America" entre octobre et le 1er janvier
1987?
Mme Bacon: Non, la liste est fermée. Il y en a neuf»
Les neuf qui étaient signataires de l'entente restent neuf. Il n'y en a
pas d'autres, la liste est fermée.
M. Boulerice: II en reste neuf. Le gouvernement
fédéral s'apprête à déposer un projet de loi
qui prévoit des dispositions qui vont plus loin que celles que vous avez
conclues. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est M. Malo qui est bien connu. Est-ce
que la ministre va continuer d'appliquer l'entente sur le territoire du
Québec ou si elle va modifier l'entente en vue de l'harmoniser avec les
dispositions du projet de loi fédéral qui l'encadreraient
beaucoup mieux, encore là selon l'avis des gens du milieu?
Mme Bacon: Je pense que le député de Saint-Jacques
doit être dans la même situation que je suis. Je n'ai pas encore vu
la loi. Il faudrait commencer par voir cette loi-là, voir le contenu, ce
qui en est avant de prendre quelque décision que ce soit.
L'entente qui est intervenue avec la MPEAA en matière de
distribution avait un double effets elle permet d'avancer le dossier des
règlements qui permettront la mise en application de la Loi sur le
cinéma... Les délais encourus sont liés au
déménagement de la Régie du cinéma qui accuse des
retards. C'est pour cela que l'on a certains délais, mais cette entente
semble avoir incité le gouvernement fédéral à
intervenir. Ce qui crée une situation d'attente. On est en attente comme
l'est le député de Saint-Jacques, puisque l'on ne sait trop ce
que va contenir le projet de loi fédéral.
Ma collègue de l'Ontario, Mme Munroe, et moi avons discuté
de cette question lors d'un voyage qu'elle a fait Ici à Québec et
nous avons souhaité toutes les deux être impliquées dans le
processus qui nous mènera à l'élaboration du projet
fédéral» Nous sommes conscients que l'entente aura un effet
sur les distributeurs canadiens, mais, de façon indirecte, puisque c'est
la loi qui est adoptée à l'unanimité qui le veut comme
cela.
Dans l'hypothèse où la loi fédérale
constituerait un parapluie suffisant face aux distributeurs étrangers,
à ce moment-là peut-être qu'il faudrait
réévaluer nos positions, mais il faudrait voir le texte. À
moins que le député de Saint-Jacques n'ait eu une copie
privilégiée, nous n'avons pas le texte encore.
M. Boulerice: C'est vrai que l'on n'a jamais été
très forts pour avoir les textes...
Mme Bacon: Peut-être son ami, l'ancien ministre des
Communications... (22 heures)
M. Boulerice: II faut aller les chercher ailleurs. On en a
donné encore la preuve cette semaine. Mais, sans vous dire que j'ai une
copie de la loi fédérale, elle sera déposée dans
quelques semaines. II y a un élément à l'intérieur
qui est important, qui oblige les intérêts étrangers,
c'est-à-dire les "majors" d'Hollywood, à demander des permis
d'importation pour des films en salle et des bandes, soit les cassettes de
magnétoscope. M. Malo, en parlant du projet fédéral de Mme
MacDonald, dit: "II va beaucoup plus loin que l'accord conclu en octobre entre
la ministre provinciale, Mme Bacon, et Jack Valenti, représentant des
"majors". Ottawa ne semble pas devoir laisser d'échappatoire -c'est bien
ce qu'on disait à l'époque - tandis que l'accord
Québec-Valenti permet aux étrangers de distribuer au
Québec un film dans lequel ils auront investi 4 500 000 $."
Je me rappelle bien, à l'époque, vous avoir dit que cela
pourrait inclure les dépenses de promotion, de lancement et les frais de
copies. Déjà, s'il y a cela, c'est suffisant pour modifier la loi
que vous avez actuellement.
Mme Bacon: Je pense qu'on pourrait rappeler qu'il y a quand
même eu des gens qui nous ont aussi félicités, au moment de
la signature de l'entente avec les "majors", y compris le sous-ministre des
Communications à Ottawa. Ce qu'il y aura dans le texte final, puisqu'il
faut parier d'un texte final, nul ne le sait, à moins que le
député de Saint-Jacques n'ait la copie finale, mais personne du
fédéral ne me l'a donnée. Nous allons voir, au moment
où un texte final sera déposé et qu'il aura
été adopté. Est-ce qu'il sera adopté
intégralement, tel que déposé? C'est à voir. Il
faudra voir, après qu'il aura été adopté, s'il y a
des ajustements à faire de notre part. En attendant, on va voir.
M. Boulerice: De toute façon, au cours des travaux de la
commission de la culture qui a étudié l'entente et, en
troisième lecture, on vous a bien fait savoir qu'on allait suivre le
dossier de façon très attentive. Je vais vous poser une question.
Donc, ne soyez pas inquiète, on va continuer.
Je voudrais maintenant vous parler de la Cité du cinéma.
Il y a trois projets. On va vous faire cela en panavision, d'ailleurs. Il y a
le projet d'Harold Greenberg situé près de Radio-Canada, il y a
la Cité du cinéma de Mel Oppenheim, qui est la conversion de
l'Expo-théâtre, et il y a aussi le groupe Télé
Corpo, qui a la maison de production
indépendante Via le monde, 5DA, d'ailleurs, que je vais visiter
bientôt, Verseau, Téléscène, Prisma, etc. Les
ministres souhaitent une concertation Greenberg-Oppenheim par le biais d'un
consortium.
La première question que je voudrais vous poser: Est-ce que vous
pouvez faire le point sur le dossier de la Cité du cinéma,
puisqu'un plan d'action devait être dégagé sur la base
d'une analyse conjointe des fonctionnaires et de ceux des ministères des
Communications du Québec et d'Ottawa? Cette analyse devait être
terminée le 30 novembre dernier.
Mme Bacon: II faudrait rappeler au député de
Saint-Jacques que Radio-Canada a reçu des projets de 40 promoteurs; pas
seulement de 3, mais de 40 promoteurs.
M. Boulerice: Mais trois qui... Mme Bacon: C'est un peu
dépassé... M. Boulerice: Mais, sur les 40...
Mme Bacon: À la mi-juin, il y aura un rapport de
Radio-Canada qui sera soumis et qui sera étudié par la suite,
à la fin de juin. Dès que Radio-Canada va faire son choix, il
sera soumis au ministre des Communications fédéral. Là,
nous nous joindrons aux spécialistes du ministère des
Communications pour travailler ensemble sur le dossier.
Devant la difficulté d'implantation d'un studio qui puisse servir
au développement de l'industrie cinématographique
québécoise, le ministère des Communications du
Québec s'était joint au ministère des Affaires culturelles
et au ministère des Communications du Canada. Ensemble, nous avons
convenu de la pertinence d'un projet dans le cadre de l'accord
Canada-Québec sur les équipements culturels de 1984 à
1990. Toutefois, considérant que la Société Radio-Canada a
lancé une invitation publique pour présenter des projets de
développement de studios, les trois ministères ont convenu
d'attendre une première épuration des dossiers obtenus par la
Société Radio-Canada avant d'aller de l'avant dans ce dossier.
Dès la première épuration des dossiers effectuée
à la suite d'un premier choix de Radio-Canada,- des
représentants, comme je le disais tout à l'heure, des trois
ministères concernés se joindront aux spécialistes de la
Société Radio-Canada pour s'assurer que les objectifs
ministériels seront réalisés. Advenant la
difficulté de réaliser les objectifs de studios de cinéma
ou de télévision, les ministères pourront recourir
à l'entente sur les équipements culturels pour compléter
leurs plans. En ce qui concerne la solution Radio-Canada, cette solution
n'impliquerait aucune dépense d'immobilisation de la part des
ministères du
Québec. Une fois effectuée l'épuration des
dossiers, à la suite d'un premier choix de Radio-Canada, les
représentants des ministères concernés vont se joindre aux
spécialistes de Radio-Canada pour s'assurer que les objectifs
ministériels seront réalisés. Encore une fois, advenant la
difficulté de réaliser les objectifs de studios de cinémas
et de télévision, les ministères pourront recourir
à l'entente sur les équipements culturels pour compléter
leurs plans.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui va arriver des 7 500 000 $?
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Qu'est-ce qui va arriver des 7 500 000 $?
Mme Bacon: C'est en réserve.
M. Boulerice: Ils vont être réutilisés?
Mme Bacon: C'est peut-être cela que le ministre Masse veut
donner à Joliette.
M. Boulerice: Non, c'est juste 2 500 000 $.
Mme Bacon: II en garde peut-être 1 000 000 $. C'est
peut-être le 1 000 000 $ qu'il destinait à
Disques-Améric.
M. Boulerice: Vraiment, je me demande comment on a pu signer
quelque chose ce matin.
Mme Bacon: Vous parlez beaucoup du ministre de l'Énergie,
alors, je vous en parle.
M. Boulerice: Oui, parce que je le sens grand défenseur et
vendeur de culture. Dans le communiqué de presse qui faisait suite
à votre rencontre, il est fait mention d'une
complémentarité souhaitée avec les structures en place.
Est-ce qu'on a atteint l'objectif d'un consortium intégrant les projets
de M. Oppenheim et de M. Greenberg puisque la ministre souhaite l'implantation
d'un seul centre? À moins qu'elle ne se dédise.
Mme Bacon: .Il faut attendre le dossier Radio-Canada, le choix
que Radio-Canada pourra faire, et, ensuite, on va se joindre à eux pour
voir de plus près les incidences. Si le projet de Radio-Canada rejoint
tous les choix que nous avions exprimés, on n'a pas à apporter
une complémentarité, mais il faut attendre de voir sur quel
projet s'arrêtera le choix de Radio-Canada.
M. Boulerice: On va continuer avec le cinéma. Votre
collègue, le député de Verdun, recommandait le maintien de
la Société
générale du cinéma, l'abolition de la Régie
du cinéma et l'abolition de l'Institut québécois du
cinéma. Après avoir observé le silence sur le rapport
Gobeil, vous vous déclariez favorable à une fusion des organismes
découlant de la Loi sur le cinéma avec la SODIC et vous avez
même évoqué la possibilité qu'une recommandation
soit soumise à cet effet au Conseil des ministres en septembre. Est-ce
que vous envisagez toujours la fusion de ces quatre organismes ou est-ce que
vous avez renoncé à ce projet?
Mme Bacon: C'est vrai que le rapport Gobeil remettait en question
le nombre et le mandat des organismes du cinéma et de la SODIC. Nous
avons examiné les propositions pour conclure que la Régie du
cinéma doit demeurer un organisme autonome à cause de son mandat
qui est quasijudiciaire. Pour conclure aussi que l'institut
québécois avait sa place, pourvu que son mandat soit
redéfini pour en faire un organisme-conseil sans rapport formel avec la
Société générale du cinéma du Québec,
et pour conclure aussi que la SODIC et la Société
générale du cinéma du Québec pouvaient
avantageusement voir leur mandat intégré. Alors, tout cela va
faire l'objet d'un projet de loi sur lequel l'Assemblée nationale est
susceptible de se pencher très prochainement. Ce sera l'occasion,
à ce moment-là, d'expliquer les orientations et les
modalités.
M. Boulericeî Pardon? Vous m'avez dit que cela ferait l'objet d'un
projet de loi?
Mme Bacon: Un projet de loi. Bien oui! M. Boulerice: Très
prochainement?
Mme Bacon: Oui. Très prochainement. L'Assemblée
nationale est susceptible de se pencher là-dessus très
prochainement.
M. Boulerice: Au cours de la présente session?
Mme Bacon: Très prochainement. Mais il ne reste pas
beaucoup de temps.
M. Boulerice: Enfin, je veux dire à l'automne.
Mme Bacon: II sera adopté à l'automne. Il est trop
tard pour l'adopter maintenant.
M. Boulerice: Si je comprends bien, vous allez fusionner la SODIC
avec la Société générale du cinéma. C'est ce
que va être le projet de loi.
Mme Bacon: Intégrer les services. M. Boulerice: C'est une
fusion?
Mme Bacon: Une intégration.
M. Boulerice: Vous êtes en train de refaire l'IQRC bis.
Mme Bacon: Non, mais non! C'est une intégration des deux.
Ce n'est pas une fusion. On ne fait pas disparaître la mission
essentielle de chacun.
M. Boulerice: La SGC va disparaître. C'est
inévitable.
Mme Bacon: Elle ne disparaît pas. Il n'y a pas de
disparition d'organisme, M. le Président.
M. Boulerice: Pour continuer dans le cinéma, comment
êtes-vous capable de justifier une diminution de 1 000 000 $ à la
SGC dans les transferts cette année?
Mme Bacon: Une diminution de?
M. Boulerice: Une diminution de 100 000 $ dans les
transferts.
Mme Bacon: C'est 100 000 $, pas 1 000 000 $.
M. Boulerice: Est-ce que j'ai dit 1 000 000 $?
Mme Bacon: Oui, vous m'avez dit 1 000 000 $.
M. Boulerice: Oui, 1 000 000 de centimes, comme disent nos...
Mme Bacon: Une légère différence quand
même. Vous allez avouer que c'est un peu différent.
M. Boulerice: Non, mais 100 000 $ dans un secteur qui n'est quand
même pas dans l'abondance.
Mme Bacon: L'année dernière, nous avions
demandé à nos sociétés, comme on l'a demandé
aux ministères, de faire un effort dans les compressions
budgétaires. Il y avait ces 100 000 $ que nous avions laissés
quand même à la Société générale du
cinéma pour éviter de modifier le décret qui avait
été signé. Il y a 40 000 $ pour la
rémunération des membres à temps partiel du conseil
d'administration de l'Institut québécois du cinéma.
M. Boulerice: Sur les 100 000 $, il y avait 40 000 $...
Mme Bacons De rémunération pour les membres à temps
partiel.
M. Boulerice: II reste quand même
60 000 $.
Mme Bacon: C'est à peu près la même chose
pour l'autre, je pense. C'est la même chose pour la
société. C'est cela, la révision de la politique de
rémunération des membres à temps partiel des conseils
d'administration...
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: ...a entraîné une diminution des
coûts.
M. Boulerice: Le grand drame de votre budget, c'est qu'il y a des
jeux de transfert comme tels. Cela passe d'une place et cela s'en va à
l'autre. Il n'y a jamais de...
Mme Bacon: Mais non!
M. Boulerice: Pourquoi n'avez-vous pas réinjecté
ces 100 000 $ d'économie dans l'aide à la production?
Mme Bacon: L'entente qui avait été signée,
c'est que le budget reste le même que l'an dernier.
M. Boulerice: Comme vous avez économisé 100 000 $,
question de rémunération, c'est un montant qui aurait pu
être ajouté. (22 h 15)
Mme Bacon: Non, cela fait partie des compressions
budgétaires. Il devait y avoir des compressions budgétaires de
100 000 $ l'an dernier. Pour faire des compressions budgétaires, il
aurait fallu changer le décret parce que ce budget est donné par
décret. Comme on ne voulait pas changer le décret, il y a eu ce
surplus de 100 000 $. Donc, surplus, plus le budget de cette année,
c'est le même budget que l'an dernier.
M. Boulerice: Au mois de septembre, vous avez pris l'engagement
de convoquer à une même table Mo Bégin et M.
Losique afin d'éviter un nouveau conflit entre les deux festivals, tenus
d'ailleurs dans un climat houleux l'an dernier à Québec. La
guerre semble reprise de plus belle. Est-ce que vous avez échoué
dans votre tentative de régler le conflit? Avez-vous réussi votre
mission pacificatrice?
Mme Bacon: C'est presque une mission impossible.
Des voix: Ha! Ha!
Mme Bacon: Disons qu'il y a possibilité de
règlement de ce dossier d'ici les prochains jours.
M. Boulerice: Quand vous dites "mission impossible", encore
là, je vais souligner votre témérité...
Mme Bacon: Mais je ne suis pas un 007...
M. Boulerice: ...Mme Bacon entend régler le conflit. Vous
allez vous avancer, mais pas aux bons endroits.
Mme Bacon: C'est de les réunir qui est une mission
impossible. Le problème, cela peut se faire.
M. Boulerice: Ha! Ha! Ha!
Mme Bacon: Il y a moyen de réqler ce problème.
D'ailleurs, peut-être que dans les prochains jours on aura des nouvelles
à donner. Mais c'est de les réunir qui est une mission
impassible.
M. Boulerice: Avez-vous eu des discussions récentes avec
les deux protagonistes, parce que, là, cela s'en vient? On peut faire un
appel conférence, d'ailleurs, de toute façon.
Mme Bacon: II y a eu des discussions récentes avec
eux.
M. Boulerice: Oui, mais une discussion ne dit pas que... Vous
discutez, mais, si chacun reste sur ses positions, quel festival aura-t-on?
Mme Bacon: Peut-être que je pourrais demander à mon
sous-ministre adjoint. M. Chaput.
M. Chaput (Henri-Paul): II y a actuellement des discussions pour
atteindre l'objectif très précis d'éviter la situation
qu'on a vécue l'an passé à Québec. Ces discussions
se font, comme on l'a noté, avec une partie prise de la
Société générale du cinéma, avec son
président-directeur général, et je suis personnellement en
contact avec les acteurs, mais pas ensemble.
Le Président (M. Trudel): M. le sous-ministre, est-ce que
je peux me permettre de vous souhaiter bonne chance? J'ai été
pris avec la même fonction que vous, en 1977, dans une guerre entre les
Salons du livre de Québec et de Montréal. Cela a
été passionnant, mais difficile. Bonne chance! M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: II va y avoir concurrence mutuelle sur l'horaire.
Je pense qu'un va ouvrir un soir et, le lendemain, ce sera l'autre, si rien ne
change.
Mme Bacon: Dans les prochains jours ou les prochaines semaines,
cela va se régler.
M. Boulerice: Ahi mais c'est au mois d'août, n'est-ce
pas?
Mme Bacon: Oui, mais cela va être réglé
avant. On est en juin, quand même, au début du mois de juin.
M. Boulerice: Alors, bonne chance, M. Chaput! Sauf que,
malheureusement, la manchette ne dira pas: M. Chaput a réglé le
conflit. Vous savez quel sort ingrat...
Toujours dans le cinéma - je le retrouve ici - à propos du
recul du français dans les salles de cinéma. Dans le dernier
rapport annuel de la Régie du cinéma, on constate que seulement
43 % des films projetés au Québec en 1965 l'ont été
en français, alors que le nombre de films anglais projetés a
augmenté, durant cette période, pour atteindre 57 % du total des
films projetés, alors que le Québec compte, au minimum des
minimums, 80 % de francophones. Face à cette situation aberrante,
malgré l'entrée en vigueur de l'article 83 de la Loi sur le
cinéma fixant à 60 jours la version française d'un film
tourné dans une autre langue, j'aimerais bien connaître ce que
vous entendez prendre comme mesure pour corriger cette situation, Je dois vous
dire qu'en tant que montréalais je la vis
régulièrement.
Mme Bacon: En ce moment, on est justement en train d'examiner
l'article 83 qui permet de contourner l'esprit de la loi. Disons que les
décisions finales ne sont pas prises quant à l'amendement
à apporter. C'est un phénomène inquiétant et je
suis d'accord avec le député de Saint-Jacques -cela n'arrive pas
souvent. C'est pour cela qu'on est en train de regarder les possibilités
d'amendement à l'article 83.
M. Boulerice: Parce que c'est une passoire.
Mme Bacon: Oui. Il permet de contourner l'esprit même de la
loi.
M. Boulerice: Faut-il s'attendre à une loi cet
automne?
Mme Bacon: Oui, probablement. M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: On va vous faire travailler à l'automne.
M. Boulerice: Enfin!
Mme Bacon: C'est vraiment une mauvaise pensée, M. le
député.
M. Boulerice: Ne vous inquiétez pas, madame, je ne vous
oublie jamais. On assiste actuellement... Pardon? Une voix: ...
M. Boulerice: 250 ans plus tard, oui, M. le député
de Beauce.
On assiste actuellement à la fermeture d'un bon nombre de salles
de cinéma qui sont véritablement des institutions tels le
cinéma Outremont à Montréal et le cinéma Cartier.
Je ne pense pas que la consommation de vidéos à elle seule puisse
expliquer ce phénomène. On assiste à une véritable
prise de contrôle de la propriété de nos salles de
cinéma par les grands réseaux que sont Cinémas Unis,
Cinéplex Odéon, qui sont contrôlés par des
intérêts étrangers, il ne faut pas se le cacher.
Cinéplex, d'ailleurs, a avalé, sans un mot de votre part, 25
salles de cinéma de France Film, qui était le dernier
propriétaire québécois d'un nombre important de salles. On
apprenait que le cinéma indépendant Le Clap, de Sainte-Foy,
passerait sous le contrôle de Cinéplex Odéon, encore
là, dans cette espèce de match à finir qui l'oppose
à Cinémas Unis. Face à cette situation, est-ce que la
ministre entend s'assurer que nous disposions d'un minimum de contrôle
québécois sur la propriété de nos salles de
cinéma ou si elle va se contenter plutôt de regarder passer le
train en invoquant les lois du marché, la ritournelle
néo-reaganienne venant peut-être de votre Conseil du
trésor, qui est, paraît-il, en affection envers Mme Thatcher ces
derniers temps, si on se fie aux titres des journaux.
Mme Bacon: Vous lisez beaucoup trop les journaux, M. le
député.
M. Boulerice: Ah ouï? Vous me reprochez de m'informer? II
faut que je lise les journaux pendant qu'il en reste encore qui nous
appartiennent.
Mme Bacon: La SODIC peut aider financièrement un promoteur
québécois, par exemple, qui désirerait conserver
québécoise la propriété d'une entreprise
culturelle. La SODIC établit aussi des critères qui doivent
être respectés pour qu'elle puisse intervenir. Dans le cas de
France Film - et j'y reviens - les promoteurs qui s'étaient
présentés à la SODIC ne satisfaisaient pas aux exigences
minimales de la SODIC. Par ailleurs, en raison de cas exceptionnels ou de cas
ad hoc, le ministère a jugé bon d'ajouter au plan de
développement de la SODIC et à ses priorités
d'intervention le fait que la société demeure ouverte à
intervenir de façon prioritaire, à la demande de la ministre,
dans des projets qui requièrent une action gouvernementale
cohérente et concertée, ce qui n'existait pas dans son plan
d'action ou son plan de développement. Nous avons jugé bon
d'ajouter cela.
M. Boulerice: Le mal est fait. À l'époque, on vous
sensibilisait. Cela m'apparaît comme un diachylon sur une jambe de bois
maintenant.
Mme Bacon: Je ne pense pas...
M. Boulerice: La propriété québécoise
de grands réseaux de distribution, maintenant, je pense qu'on peut
compter cela. Je pense que vous ne pouvez pas me contredire
là-dessus.
Mme Bacon: C'est peut-être encore quelque chose qu'on a
ajouté comme gouvernement à ce dossier de la SODIC qui n'existait
pas avant.
M. Boulerice: Mais il y avait possibilité d'intervention
de la SODIC au moment de la prise de contrôle des salles de France Film,
et il n'y a absolument rien qui a été fait.
Mme Bacon: La SODIC n'avait pas de pouvoir d'intervention. On lui
donne ce pouvoir d'intervention dans son plan de développement. Elle ne
Pavait pas à ce moment-là.
M. Boulerice: Ce qu'il s'agissait de lui donner à
l'époque, c'était de l'argent, madame.
Mme Bacon: Non. La SODIC a des critères qui doivent
être respectés, quand même. S'il y a des gens qui voudraient
faire des acquisitions et qu'ils ne répondent pas aux exigences
minimales de la SODIC, il n'y a rien qu'on peut y faire.
Musées d'État
M. Boulerice: On va parler des musées d'État.
Comment cela va au Musée d'art comporain, le comité de
construction?
Mme Bacon: Le député doit connaître la
réponse, mais je vais la lui donner quand même. Nous avons
annoncé que le projet du Musée d'art contemporain de
Montréal était relancé sur le site de la Place des Arts.
Il s'agit d'un projet modifié, comme on l'avait dit à
l'époque, auquel le ministère contribuera pour 20 000 000 $, soit
le même montant qui était prévu au départ. Si les
coûts devaient excéder la somme de 20 000 000 $ le Musée
d'art contemporain de Montréal devrait trouver ailleurs les sommes
nécessaires. La balle est dans le camp du musée, qui est en train
de revoir son programme et ses besoins. J'ai demandé que la
révision des plans et des coûts soit terminée à la
fin de septembre prochain pour que les travaux soient entrepris le plus
rapidement possible. Le budget prévoit que le Musée d'art
contemporain de Montréal va disposer d'une légère
augmentation de ses crédits de fonctionnement pour être en mesure
d'occuper adéquatement les nouveaux locaux le temps venu. Nous
disposerons des budgets, d'une augmentation des crédits de
fonctionnement et nous espérons que la révision des plans soit
terminée à la fin de septembre prochain pour que les travaux
puissent commencer.
M. Boulerice: Vous avez parlé de 20 000 000 $.
C'étaient les chiffres du début. Vous êtes en train de me
dire que vous ne comblerez même pas l'écart dû à
l'inflation et que c'est à la charge du musée. En plus d'avoir
fait payer le musée de ses propres deniers l'étude qu'il a
dû faire, le fardeau de l'indexation causé par les retards repose
sur lui?
Mme Bacon: Nous avons convenu avec le musée que nous
maintenions le montant de 20 000 000 $, plus les frais de financement.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Plus les frais de financement.
M. Boulerice: Les 20 000 000 $, en 1987, ce n'est plus 20 000 000
$.
Mme Bacon: Le Musée d'art contemporain de Montréal,
M. le Président, est prêt à faire l'effort pour aller
chercher les sommes nécessaires, s'il y a lieu.
M. Boulerice: Mais pas à subir des
pénalités. J'estime que c'est une pénalité de ne
pas au moins indexer les 20 000 000 $ en fonction de la réalité.
Qu'on dise que cela va coûter 35 000 000 $, d'accord, mais que les 20 000
000 $ représentent finalement 5 000 000 $ et qu'on soit obligé
d'aller chercher 10 000 000 $... Je pense qu'il y a des gens suffisamment
courageux et intéressés par le musée, on l'a vu vendredi
soir. Bravo et bonne chancel Je pense que personne n'est jaloux et que personne
ne s'oppose à ce qu'on aille chercher de l'argent ailleurs. D'ailleurs,
cela n'a pas été un de vos slogans, le fédéralisme
rentable? Si on peut ramasser de l'argent d'Ottawa, tant mieux! Actuellement,
les 20 000 000 $ ne sont plus 20 000 000 $.
Mme Bacon: Quand j'ai annoncé cela au Musée d'art
contemporain de Montréal, il n'a pas vu d'objection à aller
chercher la différence, s'il y a lieu.
M. Boulerice: La différence, oui.
Mme Bacon: S'il y avait besoin d'un supplément. (22 h
30)
M. Boulerice: Seriez-vous prête à leur accorder
l'indexation que, normalement, représente..,
Mme Bacon: Non. Ce que je leur ai dit, c'est que je maintenais
les 20 000 000 $ qui avaient été accordés au
départ.
M. Boulerice: Vous mettez un montant de 20 000 000 $ sec,
c'est-à-dire...
Mme Bacon: Plus les coûts du financement à court
terme. Il n'y en a pas à long terme.
M. Boulerice: Qui s'occupe de la construction du
musée?
Mme Bacon: Qui quoi?
M. Boulerice: Mais qui est dans le comité directeur de la
construction du musée?
Mme Bacon: C'est la Place des Arts qui est le maître
d'oeuvre et le Musée d'art contemporain.
M. Boulerice: La Place des Arts? Et le musée est quoi,
lui, là-dedans?
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Le musée est quoi là-dedans, lui?
Mme Bacon: C'est un membre votant de la Place des Arts. C'est
ça. Il y a la Place des Arts, il y a le Musée d'art contemporain
et il y a le ministère.
M. Boulerice: II n'y a pas la SIQ? Bien oui, il y a la SIQ. La
SIQ, c'est l'exécutante.
Mme Bacon: Ce n'est pas un membre votant.
M. Boulerice: Non, mais c'est l'exécutante. D'accord?
Mme Bacon: C'est la Place des Arts qui préside le
comité, ce n'est pas la SIQ.
M. Boulerice: D'accord. La SIQ, que vous considérez comme
l'exécutante?
Mme Bacon: Elle fait ce qu'elle fait habituellement.
M. Boulerice: Ah! L'exécutante, d'accord. Le
ministère, quel rôle a-t-il? En tout cas, personnellement, je
souhaitais, quand j'étais au comité directeur de la
construction... On avait un rôle d'observateur. Est-ce dans ce rôle
que le ministère se situe actuellement?
Mme Bacon: Un rôle de contrôle des fonds. On ne peut
pas laisser aller les fonds comme ça. Ce sont les fonds du public,
ça.
M. Boulerice: Mais, quant aux concepts, etc., le musée et
le ministère...
Mme Bacon: Nous présidions le comité. Nous avons
demandé à la Place des Arts de présider le
comité.
M. Boulerice: Vous avez parlé d'augmentation du budget. En
1984-1985, le musée faisait l'évaluation. Ses besoins
étaient de 25 postes permanents à l'intérieur du
musée. Il fallait un minimum de 400 000 $ d'acquisitions pour sa
collection, si on voulait conserver l'identité et le patrimoine
québécois au chapitre de l'art contemporain.
C'est un musée qui va entrer dans trois ans - vous qui êtes
planificatrice - dans de nouveaux locaux dans le centre-ville. Le musée
commence à se rapprocher du centre-ville, dans un certain sens, parce
qu'il va faire des choses au Vieux-Port, Donc, il va avoir une présence
en ville. Il y a une grande exposition, d'ailleurs, qui va avoir lieu, je
pense, et qui est Constat 1988. La France et la Belgique sont
intéressées, et l'Espagne, d'ailleurs, je crois bien. Vous parlez
d'augmentation du budget pour l'an prochain. Vous voyez ça comment, une
augmentation du budget du musée? En se disant bien que c'est un
musée qui, dans trois ans, va être au centre-ville, qu'il a besoin
de développer des ressources.
La planification de son déménagement comme tel, ça
ne se prépare pas? Juste comme individus, nous, on sait qu'il faut
s'acheter des caisses et commencer à empaqueter. Juste en ce qui
concerne la bibliothèque, qui accuse des retards quand même assez
importants... Quand je dis une bibliothèque, je ne parle pas uniquement
du livre de référence, je parle du catalogage, etc. Un
musée qui va s'en venir en ville avec un budget si maigre dans le
domaine des communications...
Mme Bacon: L'augmentation de...
M. Boulerice: En tout cas, ce sont les propos qui viennent d'un
membre de la fondation des amis du musée.
Mme Bacon: L'augmentation de la subvention en 1987-1988,
ça comprend une somme de 229 500 $ qui est prévue pour les taxes
foncières, qui seront dorénavant payées directement par la
Société du Musée d'art contemporain. C'était
assumé par le ministère des Affaires municipales.
Une partie de l'augmentation réelle de la subvention est de 254
300 $. Elle servira, notamment, à couvrir les frais d'études qui
sont menées par le Musée d'art
contemporain, dans le cadre des travaux du comité d'étude
sur le projet de la salle de l'OSM, de la construction du musée et de la
relance des travaux de construction. Cette augmentation de la subvention va
permettre aussi au Musée d'art contemporain de se préparer en
fonction de, l'occupation des nouveaux locaux, à la suite de la
construction du musée sur les terrains de la Place des Arts.
M. Boulerice: Les 254 000 $ incluent-ils les frais
d'études qu'on a dû faire pour contrebalancer le rapport
Goyer?
Mme Bacon: C'est ce que je dis. Les frais des études qui
ont été menées par le Musée d'art contemporain dans
le cadre des travaux...
M. Boulerice: Excellente étude, d'ailleurs!
Mme Bacon: ...du comité d'étude sur le projet de la
salle de l'OSM, sur la construction du musée, la relance des travaux de
construction. Cela couvre tout cela.
M. Boulerice: Cela couvre tout cela, mais cela ne le
prépare quand même pas à déménager demain
matin, et je ne pense pas que cela améliore la bibliothèque et
tout cela.
Mme Bacon: Non. Le musée doit nous fournir son
évaluation sur un budget de fonctionnement, ce qui sera
relocalisé. Il faut qu'il nous fasse une soumission d'évaluation
de budget.
M. Boulerice: Êtes-vous en train de me dire que vous seriez
prête à accepter, pour l'an prochain, un budget triennal pour le
musée en lui disant: Écoutez, je vous donne cela parce que, dans
trois ans, vous déménagez?
Mme Bacon: Je pense qu'on aura une meilleure vue l'an prochain
que celle qu'on a maintenant de ce que cela pourra coûter.
M. Boulerice: Mais vous rendez-vous compte que,
déjà, au départ, pour eux, c'est un peu difficile de faire
une évaluation de ce que cela va leur coûter et de ce que cela va
leur prendre pour déménager quand ils sont vraiment
confrontés entre mettre moins de personnel et aller plus vers les
acquisitions. Il faut s'entendre. Un musée, est-ce que c'est une
gigantesque salle d'exposition seulement ou si cela a un rôle de
conservation? Je dis que cela a un rôle de conservation. Donc, là,
ils sont confrontés sans aucun doute entre mettre plus d'argent pour
l'acquisition - et, l'acquisition, c'est l'encouragement à l'art d'ici -
et engager un peu plus de personnel. Par ailleurs, le musée a une
collection qui est très riche et qui est extraordinaire, donc, il
faudrait que cela tourne et, pour tourner, il faut de l'argent. Depuis les deux
dernières années, on ne peut pas dire que l'augmentation du
budget ait été délirante.
Mme Bacon: Le Musée d'art contemporain de Montréal
est en croissance de 20 % sur ces deux ans, sans compter les taxes.
M. Boulerice: Ah! bien oui, mais les taxes...
Mme Bacon: Je pense qu'on est quand même dans la bonne
direction. Quand on regarde l'augmentation de 20 %, c'est quand même pas
si mal.
M. Boulerice: Donc, on pourrait s'attendre à une
croissance du budget du musée dès l'an prochain, une croissance
qui tienne compte de ta planification nécessaire que le musée
doit entreprendre pour son entrée au centre-ville. Oui ou non? Pour une
fois, "straight shot"
Mme Bacon: Cela fait deux ans qu'on le fait.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Cela fait deux ans qu'on le fait.
M. Boulerice: Non. Deux ans qu'on le fait, là... Vous me
permettrez de contester cela un peu.
Mme Bacon: C'est votre droit, mais c'est ce qu'on fait quand
même.
M. Boulerice: Si je vous disais que... Je ne sais pas, moi, on a
quand même au Québec peu d'expertise muséologique et il
semble même que c'est un peu difficile d'aller voir ce qui se fait
ailleurs. Quand vous dites que cela fait deux ans qu'on fait cela, vous me
permettrez d'en douter quand même un peu.
Mme Bacon: 554 000 $ en deux ans, ce n'est pas si mal...
M. Boulerice: On va parler du... Mme Bacon: ...plus les
taxes. M. Boulerice: Ah! Vos taxes...
Mme Bacon: Bien, c'est beaucoup d'argent.
M. Boulerice: Oui. On va parler d'un autre musée, le
Musée de la civilisation. C'est très près. Avez-vous
approuvé le concept muséologique du Musée de la
civilisation?
Mme Bacon: Le conseil d'administration du musée doit
l'approuver vendredi, avec son plan d'effectif,
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Avec son plan d'effectif.
M. Boulerice: Avec le plan d'effectif?
Mme Bacon: Oui, et il doit nous le soumettre par la suite. Il
faut dire qu'il y a un nouveau conseil, qu'il y a un nouveau...
M. Boulerice: ...un nouveau directeur
générai...
Mme Bacon: ...un nouveau directeur général.
M. Boulerice: M. Arpin, d'ailleurs, et j'aimerais bien profiter
de l'occasion pour le saluer.
Mme Bacon: II y a un concept et un plan d'effectif qui doivent
nous parvenir dès la semaine prochaine, ce qui veut dire que le projet
est relancé. Le musée va disposer, pour l'exercice en cours, de
11 113 000 $, soit 800 000 $ qui sont versés en avance, 8 500 000 $ sur
justification et 2 000 000 $ au Service de la dette. Nous avions
espéré ouvrir le musée à l'automne 1988, mais je
-pense qu'on va laisser à la nouvelle équipe le soin de nous
confirmer si elle peut le faire. Au cours des prochaines semaines, on va voir
ce qu'elle va nous dire là-dessus. Il ne faut quand même par
s'alarmer outre mesure. La mise sur pied d'un musée de cette envergure
prend évidemment beaucoup de temps. Nous n'avons pas l'intention de
précipiter les choses parce que, dans un projet comme celui-là,
on n'a pas le droit d'être médiocre.
M. Boulerice: Ah! On n'a pas le droit d'être
médiocre, mais il ne faut pas non plus en faire un jouet ou un objet
politique. Je pense qu'il y a eu cinq ou six...
Mme Bacon: Ce n'est pas un jouet politique. On n'a qu'è
voir... Si vous êtes allé visiter... Êtes-vous allé
à Paris dernièrement, M. le député?
M. Boulerice: Ah! Et j'y retourne, madame.
Mme Bacon: Alors, si vous avez visité D'Orsay, vous savez
que cela a pris neuf ans.
M. Boulerice: Oui, et on n'hésite pas è investir
là-bas.
Mme Bacon: On investit ici aussi.
M. Boulerice: Ici, on laisse des maires faire des folies avec des
stades olympiques de 1 000 000 000 $. Oui, allez-y! Votre pauvre
collègue, M. Goldbloom, avait tellement tenté d'arrêter
cela, pauvre lui; mais enfin!
Effectivement, je suis allé à Paris et j'ai vu la gare du
Musée d'Orsay. J'ai trouvé intelligent, d'ailleurs, qu'on fasse
le musée avec la gare et non pas un musée dans la gare. Ce qu'on
a un peu fait d'ailleurs, et je pense qu'il faut rendre justice aux architectes
qui ont fait te Musée de la civilisation, ils l'ont fait avec le
quartier. Je pense que cela s'intèqre de façon très
harmonieuse. Il faut féliciter les gens qui ont été
à l'origine du concept architectural. Mais Il y a eu, sans aucun doute,
au moins cinq ou six concepts. Là, vous me dites que le conseil
d'administration va en déposer un... On veut qu'on quitte, non?
Mme Bacon: Cela vous laisse le temps.
M. Boulerice: Ha! Ha! Oui, je sais, de toute façon. Vous
dites qu'un nouveau concept va être soumis au conseil d'administration du
musée. Vous m'avez parlé de la semaine prochaine ou quelque chose
comme cela?
Mme Bacon: Vendredi.
M. Boulerice: Vendredi, d'accord. Le temps presse. M. Arpin a dit
qu'il souhaitait ouvrir le musée dès septembre 1988. Est-il de
votre intention... Enfin, septembre 1987...
Mme Bacon: Nous espérons toujours... 1988.
M. Boulerice: M. Arpin m'a dit cela. Septembre...
Mme Bacon: Non, c'est de donner accès à
l'édifice à l'automne 1987.
M. Boulerice: D'accord. Le musée jouant
sensiblement...
Mme Bacon: Ce n'est pas l'ouverture du musée, là.
C'est l'accès au musée. Si on veut préparer la population
à se rendre au musée, il y a des étapes à franchir,
et ce sont des étapes que le nouveau directeur général
veut voir franchir au musée.
M. Boulerice: Alors, le musée étant une
société ayant son autonomie, si le conseil
d'administration accepte vendredi un concept muséologique, est-ce
qu'on peut présumer que la ministre va donner son accord le plus
rapidement possible...
Mme Bacon: II faut le soumettre au Conseil des ministres.
M. Boulerice: ... et non pas... Pardon?
Mme Bacon: II doit être soumis au Conseil des
ministres.
M. Boulerice: Oui, mais alors... La ministre connaît sans
doute le concept soumis au conseil d'administration.
Mme Bacon: II y en a eu tellement, M. le
député.
M. Boulerice: Oui, mais il y en a un qui va être
là.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: D'accord? Il vous agrée ce concept?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Oui? Vous allez le défendre au Conseil des
ministres? Vous allez accélérer cela?
Mme Bacon: Mais il faut qu'il soit accepté. Ce ne sont pas
des délais pour se faire plaisir.
M. Boulerice: J'espère, parce que je pense qu'on en a eu
un petit peu, à un moment donné, pour se faire plaisir. Il y a eu
surtout un mouvement de personnel qui a sans doute été assez
insécurisant.
Mme Bacon: Bénéfique.
M. Boulerice: II y a l'agrandissement du Musée du
Québec. Je pense que je dois saluer l'immense succès des
responsables de l'exposition sur les impressionnistes. J'aimerais savoir si la
ministre entend donner le feu vert au projet d'agrandissement et confirmer si
ce projet va supposer l'utilisation des locaux de l'ancienne prison qu'on
appelle la Petite Bastille? (22 h 45)
Mme Bacon: Encore là, c'est le Conseil des ministres qui
prendra la décision. J'ai reçu le projet. Ce projet-là a
aussi connu plusieurs modifications, mais le dernier qui nous a
été soumis est un projet acceptable, intégrant l'espace de
la Commission des parcs des champs de bataille et la vieille prison.
M. Boulerice: Mais que va-t-il arriver avec le musée
Riopelle?
Mme Bacon: La prison peut se diviser à peu près en
deux. Il y a une partie qui sera gardée pour le musée Riopelle et
l'autre partie qui sera utilisée par le Musée du Québec.
Nous verrons ce qu'il va arriver ensuite du dossier Riopelle, mais il y a une
partie de la vieille prison qui peut être gardée pour
l'utilisation du dossier Riopelle.
M. Boulerice: Vous avez l'intention de l'autoriser cette
année?
Mme Bacon: Si le cabinet accepte. J'ai l'intention de le
soumettre au cabinet.
M. Boulerice: Vous allez en saisir le cabinet quand?
Mme Bacon: Le projet de convention entre la fondation Riopelle et
le musée n'est pas encore signé. On attend cela pour soumettre
tout le projet et, dès que nous l'aurons, nous soumettrons le projet au
Conseil des ministres.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui accroche?Est-ce la sortie
des oeuvres de France?
Mme Bacon: Dans le premier dossier, nous avions posé des
conditions à la fondation Riopelle, conditions qui n'ont pas
été honorées par la fondation. Il a fallu revenir à
d'autres exigences et il faut que cela soit signé entre le musée
et la fondation, parce qu'ils n'ont jamais amassé les sommes
nécessaires. Je ne dévoile pas de secret en disant cela.
M. Boulerice: D'accord, pour l'agrandissement comme tel,
exception faite de cette moitié potentiellement réservée
qui serait distincte.
Mme Bacon: Qui aurait une vocation. M. Boulerice: Cela n'est pas
l'IQRC.
Mme Bacon: Cela serait des salles pour la collection Riopelle. Il
faut faire revenir la collection Riopelle qui est en Europe.
M. Boulerice: Je le sais bien, mais, si vous me permettez
l'expression puisqu'on l'a employée, le "major" en art contemporain au
Québec, c'est le Musée d'art contemporain du Québec, qui
est à Montréal. C'est sa location géographique, mais c'est
le Musée d'art contemporain du Québec.
Mme Bacon: II y aura toujours la bataille entre Québec et
Montréal...
M. Baulerice: Pardon?
Mme Bacon; ...pour obtenir Riopelle.
M. Boulerice: Moi non plus: Canadiens-Nordique, je suis sorti de
cela.
Mme Bacon: On se battait encore récemment.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: II est très en demande, M. Riopelle, parce
qu'il y avait bataille encore récemment entre Québec et
Montréal.
M. Boulerice: C'est une excellente exposition, d'ailleurs, qui
vaut le coup d'être vue. Donc, vous m'avez dit, pour ce qui est de
l'agrandissement du musée, que vous deviez déposer cela au
Conseil des ministres. Quand, m'avez-vous dit?
Mme Bacon: Dès que la fondation Riopelle et le
musée auront signé leur convention, on nous soumettra cela. Nous
avons des plans au ministère, en ce moment.
M* Boulerice: Je le sais bien, mais l'agrandissement du
musée se fait avec la petite Bastille avec ou sans Riopelle. Donc, il
faut quand même autoriser l'agrandissement du musée.
Mme Bacon: C'est un projet intégré. Il faut en
tenir compte. On ne peut pas négliger cette partie-là, non
plus.
M. Boulerice: S'il n'y a pas de règlement pour Riopelle,
il n'y a pas d'agrandissement pour le musée.
Mme Bacon: II faudrait trouver une autre vocation à cette
partie-là.
M. Boulerice: Je suis bien d'accord, mais...
Mme Bacon: Alors, c'est là qu'il faut ajuster.
M. Boulerice: Mais vous ne pouvez pas vous mettre à
rénover une seule partie de la prison.
Mme Bacon: C'est pour cela que l'on attend.
M. Boulerice: Je ne vous suis pas.
Mme Bacon: II faut attendre qu'il y ait une convention de
signée entre la fondation Riopelle et le Musée du Québec
pour savoir ce qu'ils vont faire avec cette partie. Si cela ne se signe pas,
comme c'est un complexe intégré, il faut trouver une vocation
à l'autre partie, il faut savoir quoi faire avec l'autre.
M. Boulerice: On pourrait effectivement avoir une autre
alternative.
Mme Bacon: On ne peut pas présenter un projet au Conseil
des ministres sans savoir ce que l'on fait avec l'autre partie de la prison. Il
faut le dire.
Société de la Place des Arts de
Montréal
M. Boulerice: Quant au projet de réaménagement de
la Place des arts, il faut répondre aux besoins de l'OSM qui n'a pas sa
salle, de l'opéra qui est passé de cinq productions à
quatre et des Grands Ballets canadiens» La Place des Arts a
proposé un projet de réaménagement scénique de 7
500 000 $ - à un moment donné, on a parlé de cinéma
- permettant la mise en place d'une scène escamotable. Est-ce que vous
entendez donner suite à ce projet de la Place des Arts?
Mme Bacon: Nous devons soumettre...
M. Boulerice: Parce que vous connaissez le problème qui a
été vécu, soit le concert affreux devant un rideau pour
camoufler les décors de l'opéra. Je pense que le maître n'a
plus le goût de revenir à Montréal, n'est-ce pas?
Mme Bacon: La Place des Arts a mené les études que
nous lui avions demandé de faire, à l'occasion des
décisions qui avaient été prises. Nous devons soumettre
ces études au Conseil des ministres, avec nos recommandations,
très rapidement, enfin, sous peu. Nous avons le dossier au
ministère en ce moment.
M. Boulerice: Mais, c'est toujours la même question: Quand?
Quand?
Mme Bacon: D'ici l'été.
M. Boulerice: D'ici l'été?
Mme Bacon: Oui. Avant l'automne.
M. Boulerice: Avant l'automne?
Mme Bacon: Oui. Il y a eu déjà des discussions au
Conseil du trésor, là-dessus.
M. Boulerice: Vous avez sensibilisé votre
collègue?
Mme Bacon: Mais oui, voyons! C'est un être très
sensible, vous savez.
M. Boulerice: Oui? Cela dépend où. Vous m'avez dit
que vous en preniez avis ce matin. J'espère que vous en avez pris avis.
Est-ce que vous pouvez me parier maintenant du Grand Théâtre de
Québec, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Oui. Je ne suis pas au courant.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: il faut que j'aille voir ce qui s'y passe, parce que
vous m'avez dit des choses ce matin. Il faut que j'aille voir.
M. Boulerice: Mais vous êtes d'accord avec moi qu'il y a
lieu de regarder ces choses.
Mme Bacon: Je ne le sais pas. Il faut que je les voie. Il faut
que je les regarde. Vous avez avancé des choses ce matin. Je vais les
vérifier.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut s'attendre à une
réponse demain?
Mme Bacon: M. Vézina est en vacances. M. Lefebvre est
absent pour une semaine. Il sera difficile de vous donner la réponse
demain. Enfin, ce sera le plus tôt possible, dès que M.
Vézina rentrera de vacances et que M. Lefebvre sera de retour de
l'extérieur du pays. On remettra cela à la Chambre, comme on le
fait habituellement. Vous pourrez poser d'autres questions sur réception
du dossier.
M. Boulerice: Une histoire à suivre, quoi! La suite, la
semaine prochaine.
Mme Bacon: La suite au prochain numéro.
M. Boulerice: Est-ce que vous escomptez en avoir plusieurs comme
cela? Vous dites: Suite au prochain numéro. Vous m'inquiétez, Mme
la ministre. Malheureusement, si le président, M. Vézina,
s'avérait être ou avoir été en conflit
d'intérêts, est-ce qu'il est dans l'intention de la ministre
d'exiger sa démission?
Mme Bacon: Je ne peux pas présumer. Cette question est
hypothétique. Je ne peux pas répondre à cela.
M. Boulerice: Si quelqu'un est en conflit
d'intérêts, comme ministre, est-ce que vous croyez...
Mme Bacon: Avant de dire si, on va voir s'il l'est.
M. Boulerice: D'accord. En terminant, Mme la ministre, toujours
à l'élément 4, Soutien aux fonctions culturelles, je vois
qu'à Direction des arts visuels, des musées et des
bibliothèques on a écrit sous arts visuels: "Nou3 accentuerons
notre présence aux grandes foires internationales des galeries d'art,
notamment à Paris, Bâle, Cologne, Chicago et New York". Qu'est-ce
que vous entendez par accentuer votre présence? Je vous pose la
question, parce que, dans le cas de Chicago, vous savez que ni votre
ministère ni celui des Relations internationales n'avaient consenti
à défrayer des frais de représentation pour qu'il y ait
une présence des galeries québécoises à Chicago.
Cela a été les bonnes oeuvres de gens très
intéressés par l'art contemporain qui ont fait en sorte qu'il y
ait une présence québécoise. Pardon?
Mme Bacon: Je ne comprends pas ce que le député
veut dire.
M. Boulerice: Vous inscrivez: Arts visuels. Nous accentuerons
notre présence aux grandes foires internationales des galeries d'art,
notamment à Paris, Bâle, Cologne, Chicago et New York. Que veut
dire: accentuer notre présence? Est-ce que cela veut dire...
Mme Bacon: C'est d'envoyer des gens là. Ce n'est pas autre
chose que cela. Dans quelle page? C'est dans mon texte?
M. Boulerice: Oui. Est-ce que vous étiez au courant qu'il
y a une deuxième participation du Québec à la FIAC cet
automne à Paris?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: D'accord. Et que les montants d'aide
n'étaient véritablement pas suffisants? Les galeries
étaient confrontées au problème d'avoir à
transporter elles-mêmes les pièces.
Mme Bacon: La participation à ces foires est toujours
difficile. Je pense que notre rôle est de susciter des candidatures pour
qu'il y ait des gens qui soient là, qui représentent le
Québec. C'est pour cela que je disais qu'on va essayer de faire
davantage. Il faut souvent susciter nous-même les candidatures, les
présences québécoises.
M. Boulerice: Je vous remercie. Je m'aperçois que vous
avez été moins rigide en fin de soirée qu'au début,
madame. C'était dans le programme 2.
Mme Bacon: J'attendais pour vous le dire. Je l'avais
remarqué.
Le Président (M. Trudel): Est-ce à dire, M. le
député de Saint-Jacques, que le programme 4 est en bonne voie
d'être adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Trudel): Adopté. Est-ce que tous
les crédits du ministère des Affaires culturelles pour
l'année 1987-1988 sont adoptés?
M. Boulerice: Plusieurs éléments, M. le
Président, ne sont pas à ma satisfaction. Je vais être
obligé de vous dire qu'ils sont adoptés mais sur division.
Le Président (M. Trudel): Sur division. Alors» tous
les crédits du ministère des Affaires culturelles pour
l'année 1987-1988 sont adoptés.
Mme la ministre, est-ce que... M. le député de
Saint-Jacques, peut-être auriez-vous un mot très court
puisque...
Conclusions
M. Boulerice: J'aurais un mot très court. Le premier est
de remercier MM. les sous-ministres - je n'ai plus le plaisir de dire: Mmes et
MM. les sous-ministres d'être ici, Mmes et MM. les fonctionnaires du
ministère des Affaires culturelles. Je sais que vous êtes
dévoués et intéressés à la cause de la
culture du Québec. Je pense que beaucoup de vos travaux le prouvent,
nonobstant les politiques du ministère, c'est bien entendu. Vous
n'êtes pas là à titre de politiques, vous êtes
là à titre de compétence, de ressources. Je pense que vous
l'exercez.
Quant au budget et quant aux réponses de la ministre,
malheureusement, M. le Président, je suis encore obligé de
constater que c'est évasif, c'est flou et, forcément, cela porte
à interprétation parce qu'il n'y a rien de précis. Il n'y
a malheureusement pas de vision d'ensemble. II y a surtout, dans les
ressources, carrément des déficiences. Je me pose
véritablement la question à savoir: Pourrons-nous, tel que cela a
été promis et répété, obtenir le 1 %,
c'est-à-dire ramasser 100 000 000 $ durant les deux prochaines
années, pour l'apporter au ministère des Affaires culturelles? En
tout cas, je le souhaite. J'ai hâte d'accueillir des projets consistants
pour la culture dans le salon bleu de la Chambre. Je dois vous avouer qu'on n'a
pas été gâté au cours de la présente
session.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. Mme la ministre.
Mme Bacon: Un bref mot, M. le Président, pour remercier
les membres de la commission parlementaire de l'attention qu'ils ont
portée à l'étude de ces crédits. Je veux remercier
aussi ceux qui m'entourent, mes fonctionnaires, mes sous-ministres,
sous-ministres adjoints et les différents dirigeants de services du
ministère qui ont préparé ces crédits avec beaucoup
de sérieux et beaucoup d'intérêt. Je dois les remercier
pour les nombreuses heures qu'ils ont mises à préparer les
documents et les dossiers pour les crédits.
Quant à ma vision de la culture, quant à la planification
que nous faisons, je référerais le député de
Saint-Jacques à mon exposé de ce matin. Il y a tout ce qu'il faut
pour faire encore plusieurs interventions en Chambre ou ailleurs. Merci
beaucoup, M. le Président.
M. Boulerice: ...la question sur telbec officiel et
justifié.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. À
mon tour, il me reste à vous remercier ainsi que les fonctionnaires qui
vous accompagnent.
La commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
Merci.
(Fin de la séance à 23 heures)