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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance de la commission de la culture
ouverte, rappelant son mandat qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 28, Loi modifiant
diverses dispositions législatives eu égard à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
aujourd'hui?
La Secrétaire: Oui. M. Boulerice (Saint-Jacques) est
remplacé par M. Rochefort (Gouin) et M. Godin (Mercier) est
remplacé par M. Filion (Taillon).
Le Président (M. Trudel): Je crois comprendre que nous
avons comme intervenant Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Très bien!
M. Rochefort: Mme la ministre.
Le Président (M. Trudel): J'ai dit: Mme la ministre.
M. Rochefort: Ah bon! Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): L'été est
terminé, M. le député.
Une voix: Heureusement!
M. Rochefort: Cela dépend pour qui.
Le Président (M. Trudel): Je sens que cela commence
bien.
Je vais permettre la présentation d'une motion
préliminaire, s'il y a lieu. Sinon, tel qu'il a été
entendu entre les deux partis, nous allons inviter M. le ministre à
faire une déclaration préliminaire qui sera suivie par une
déclaration préliminaire de la part du député de
Taillon, je pense. Nous procéderons par la suite, encore après
entente entre les partis, non pas à l'étude article par article,
dans l'ordre, mais à l'étude des articles qui concernent les lois
sectorielles en matière de santé et de services sociaux avec Mme
la ministre. Par la suite, nous reviendrons -merci, madame - à
l'étude article par article. Cela va?
Une voix: C'est bien cela.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, s'il vous
plaît!
Remarques préliminaires M. Richard
French
M. French: Je vous remercie, M. le Président. Je salue
bien chaleureusement les collègues qui sont avec nous pour faire
l'étude du projet de loi 28 modifiant diverses dispositions
législatives eu égard à la loi sur l'accès. C'est
une façon d'entrer dans la joute parlementaire. On a souvent dit que la
loi québécoise sur l'accès a été l'une des
plus progressistes du genre. Pour ma part, j'en suis convaincu, ayant
participé dès le début à son étude par le
Parlement.
Les parlementaires qui ont adopté cette loi à
l'unanimité en 1982 l'ont élevée au rang de la Charte des
droits et libertés, en lui conférant un statut de
prépondérance sur toute autre loi, règlement ou pratique
administrative. Les parlementaires ont aussi confié à une
commission, la Commission d'accès à l'information, le rôle
extrêmement exigeant de chien de garde en lui déléguant des
pouvoirs que nul autre organisme n'a détenus et ne détient encore
nulle part au monde dans ce domaine de l'exercice des droits fondamentaux que
sont l'accès à l'information et la protection des renseignements
nominatifs.
En effet, la Commission d'accès à l'information
possède des pouvoirs très étendus. Non seulement ses
décisions sont de nature à contraindre les 3600 organismes
assujettis, y compris le gouvernement et l'Assemblée nationale, mais
encore elle dispose des pouvoirs d'enquêtes, d'études, de
recommandations et d'avis à l'Assemblée nationale qui lui
permettent de soutenir la réforme des mentalités et les pratiques
administratives que suppose l'application d'une telle loi.
Une autre caractéristique fondamentale de cette loi réside
dans le fait qu'elle assujettit les quelque 3600 organismes publics du
gouvernement du Québec et encore là, à notre connaissance,
aucune autre loi au Québec n'a une telle portée
administrative.
On a souvent tendance à oublier ce fait, pourtant fondamental:
Chacun des 3600 organismes publics du gouvernement du Québec est
assujetti aux mêmes obligations,
que ce soit une petite municipalité de 2000 habitants, un centre
d'accueil, un centre hospitalier, une commission scolaire au un
ministère. Chacun doit constituer et déclarer des fichiers de
renseignements nominatifs, répondre aux citoyens dans un délai de
20 jours, appliquer les obligations de la loi pour rendre accessibles ces
documents et pour protéger les renseignements nominatifs qu'il
détient.
Les caractéristiques fondamentales de la loi et le fait qu'elle
s'adresse aux 3600 organismes du gouvernement comportent un certain nombre de
contraintes que je vous invite à examiner.
Nous devons conserver à la loi son statut de
prépondérance pour réussir la mise en place d'un
régime unique. Nous devons cependant agir avec clairvoyance. Certains
organismes parmi les 3600 ont des caractéristiques propres,
détiennent des renseignements qui, de par leur nature même,
exigent des régimes d'accès ou de protection particuliers.
La loi 65 l'avait d'ailleurs prévu. On consacrait des
restrictions au droit d'accès pour des organismes nommément
identifiés, dont l'Assemblée nationale, le Conseil
exécutif, les tribunaux, etc. Je me rappelle avoir souligné plus
particulièrement les documents qui relevaient des
députés.
Il est donc impératif que certains articles de certaines lois
s'appliquent malgré la loi sur l'accès. Allons-y d'un exemple
évident. Le projet de loi 54 sur le registre des associations et
entreprises, déposé à l'Assemblée nationale lors de
la dernière session, exclut le registre de l'application de la loi sur
l'accès. Heureusement, le registre devient ainsi totalement accessible
aux citoyens sans les frais et sans les délais prévus par notre
loi. Il est tout simplement trop facile de conclure, chaque fois, que,
malgré la loi sur l'accès, il y a effectivement perte
d'accès. Il faut étudier les cas un par un pour ce qu'ils
valent.
Il y a bien sûr aussi, dans ce recours aux exceptions, le danger
potentiel de construire pièce par pièce des régimes
d'accès et de protection contraires ou au moins distincts de ce que la
Législature a voulu par sa loi prépondérante. Cependant,
la Commission d'accès à l'information, dont c'est le mandat, a le
pouvoir et le devoir de s'adresser à l'Assemblée nationale pour
rappeler les parlementaires à leurs engagements dans ces cas-ci comme
dans d'autres, et c'est ce que la commission a fait pour le projet de loi 28,
entre autres. Ce projet de loi, dont nous entreprenons aujourd'hui
l'étude, s'inspire beaucoup des recommandations de la commission.
Nous voulons limiter les "malgré" aux strictes
nécessités. Nous voulons surtout exercer notre sens commun pour
préserver à la fois le caractère
prépondérant de la loi et le maintien d'exceptions
nécessaires. Nous vouions aussi permettre, partout où c'est
possible, une application plus souple de l'exercice du devoir de service aux
citoyens. Le projet de loi 28 contient de nombreuses propositions concernant le
monde municipal et a totalement pour objectif l'harmonisation des pratiques
administratives.
En proposant à l'Assemblée nationale te projet de loi 28,
nous avons toujours eu conscience d'une réalité administrative
extrêmement complexe, sous-.jacente au texte législatif. Nous
avons donc voulu faire en sorte que la loi tienne compte de ces diverses
réalités et donne les lignes directrices nécessaires pour
l'implantation efficace sur-le-champ.
Dans le secteur de la santé et des services sociaux, des
dérogations à la loi sur l'accès ont dû être
introduites dans deux cas. La première dérogation se trouve dans
la Loi sur l'assurance-maladie. Elle interdit à la régie de
donner elle-même des renseignements sur la santé du
bénéficiaire, alors que ces renseignements doivent être
obtenus de l'établissement ou du professionnel traitant.
La seconde dérogation se trouve dans la Loi sur la protection du
malade mental. Elle vise à permettre au médecin d'un patient en
cure fermée de communiquer certains renseignements à la famille
du patient concernant la santé de ce dernier, sans son consentement.
Quant au dossier d'adoption, les deux droits que confère la lui
sur l'accès s'affrontent. Le Code civil reconnaît un
caractère confidentiel plus étendu que celui de la loi sur
l'accès. À cet égard, je vais proposer au Parlement un
amendement afin que cette protection assurée par le Code civil soit
maintenue tout en n'excluant pas les dossiers d'adoption de l'application de la
loi sur l'accès pour ce qui a trait à d'autres facettes de la loi
sur l'accès.
Cette modification pourra permettre à la Commission
d'accès à l'information de continuer d'exercer son rôle de
surveillance dans la protection des renseignements personnels, je suis
entièrement d'accord avec les commentaires de la Commission
d'accès à l'information dans son analyse de l'article 2 du projet
de loi 28 tel qu'il est formulé actuellement.
Ce sont toutes des propositions. Nous sommes ici pour les discuter. Je
souhaiterais que nous soyons tous à la recherche du sens commun laissant
de côté les étiquettes politiques pour faire oeuvre commune
afin que les citoyens puissent jouir de leurs droits fondamentaux dans des
conditions qui les encouragent à les exercer. Au fond, nous travaillons
tous à une réforme fondamentale de nos institutions publiques en
matière d'accès à l'information et de protection de
renseignements nominatifs.
Il s'agit d'une réforme qui, si elle a
fait d'énormes progrès depuis trois ans, n'en exige pas
moins notre vigilance et nos efforts pour se maintenir et se développer
encore dans nos 3600 organismes publics concernés.
Certaines observations tirées du dernier rapport annuel de la CAI
et quelques interventions de journalistes ont laissé, ces jours
derniers, l'impression que cette réforme battait dangereusement de
l'aile. Je suis, pour ma part, beaucoup plus optimiste. Ainsi, on dit que la
loi n'est pas suffisamment utilisée par la population. Elle l'est
cependant beaucoup. Au cours de la dernière année, 4306 demandes
d'accès ont été traitées par 850 organismes, ce qui
représente environ deux fois plus de demandes que l'année
précédente. Ce niveau de demandes, d'ailleurs, n'a rien à
envier à l'usage que l'on fait de lois comparables au Canada et en
France pour ne nommer que deux exemples.
Je suis aussi encouragé par le fait que seulement 5 % des
demandes d'accès ont été refusées par les
responsables et que 94 % de celles-ci ont reçu une réponse dans
le délai de 20 jours prévu par la loi. C'est une performance bien
au-delà de ce que les parlementaires espéraient à
l'époque en établissant le délai de 20 jours.
Mais plus encore, 62 % des responsables, c'est-à-dire les
fonctionnaires qui administrent l'accès et la protection des
renseignements nominatifs dans les organismes divers sont d'avis qu'il y aurait
dans leurs organismes plus d'ouverture envers l'accès et une plus grande
conscience de la nécessité de protéger les renseignements
personnels.
Ils témoignent en outre que le nombre de demandes inscrites
officiellement comme résultat de l'exercice du droit d'accès
n'est pas représentatif de la quantité de documents rendus
accessibles par les organismes publics. En situation de conflit, la loi est
également utilisée, parce que dans la dernière
année pour laquelle nous avons des renseignements, la CAI a reçu,
rappelons-le, presque 500 demandes, c'est-à-dire officiellement
reçu, en bonne et due forme, presque 500 appels, plaintes pour des
services d'arbitrage et des décisions en ce qui a trait aux conflits
entre l'organisme public et le demandeur.
Il n'en demeure pas moins que la loi est peu connue des citoyens,
qu'elle n'a pas généré de demandes dans plus de 2500 des
3600 organismes publics. Il ne s'agit effectivement pas d'une loi qui provoque
des bousculades. Cette statistique qui se réfère au nombre
d'organismes doit cependant être relativisée. J'ai
mentionné au début que, peu importe la taille, chacun des
organismes publics du gouvernement du Québec a été
assujetti aux mêmes obligations.
Personne cependant ne s'attend que la municipalité de 5000
habitants ou moins reçoive un nombre considérable de demandes de
ses citoyens ou encore qu'elle accorde aux différentes obligations
administratives de la loi le même degré de priorité qu'un
ministère, un centre hospitalier ou une commission scolaire
raisonnable.
Or, sur les 3600 organismes publics, plus de 2500 ont une taille
comparable à une municipalité de 5000 habitants et moins.
Ainsi, l'exemple des fichiers de renseignements nominatifs. On a
beaucoup fait état que le gouvernement du Québec était aux
prises avec un monceau de papiers constitué de plus de 10 000 fichiers
de renseignements nominatifs et surtout que la commission était aux
prises avec 728 organismes délinquants qui refusaient de se conformer
aux obligations de la loi.
Je ne fais pas la même lecture du phénomène. Il y a
effectivement plus de 10 000 fichiers dans les organismes publics; 10 000, cela
ne représente tout de même qu'une moyenne de trois par organisme.
Combien y en a-t-il, d'ailleurs, d'importants et de distincts parmi ce nombre?
La commission décrira ce phénomène lorsqu'elle publiera
son répertoire. Il y a fort à parier que le répertoire
sera de dimension humaine, consultable et surtout qu'il nous
révélera la vraie nature des problèmes à
résoudre en matière d'accès et de sécurité
de données personnelles.
Enfin, s'il y a 728 organismes délinquants, tout de même 80
% des organismes se seraient conformés à cette exigeante
obligation de la loi. C'est encourageant. Surtout que parmi ces 728 organismes,
la très grande majorité représente des organismes de
très petite taille.
Par ailleurs, parmi les délinquants, figurent des organismes
majeurs qui ne présentent aucune excuse: deux universités, trois
cégeps, 27 commissions scolaires, un ministère, 36 centres
hospitaliers et quelques grandes municipalités. Je profite de cette
tribune pour leur rappeler de faire leur devoir et j'encourage mes
collègues à collaborer à cet effort. Je suis de ceux qui
sont convaincus de l'importance de cette loi. Je suis aussi de ceux qui pensent
qu'une loi semblable ne peut atteindre son objectif qu'avec le consensus des
parlementaires, bien sûr, mais aussi avec le consensus des organismes
assujettis. C'est dans cet esprit que je vous invite à aborder
l'étude de ce projet de loi article par article. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Taillon,
porte-parole de l'Opposition en cette matière.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président.
Je n'ai pas l'intention de reprendre ici mon discours de deuxième
lecture ou même de donner suite aux différents papiers qui ont
été commis durant l'été par des observateurs de la
scène politique relativement à la Commission d'accès
à l'information et à la loi sur l'accès à
l'information et la protection de renseignements confidentiels. Je pense que
les personnes qui s'y intéressent pourront se référer au
journal des débats, notamment à mon discours de
deuxième lecture.
La loi sur l'accès à l'information et la protection de
renseignements confidentiels est évidemment une loi que l'on pourrait
qualifier de fondamentale. D'abord, elle a un caractère de
prépondérance qui lui a été accordé de par
sa loi constitutive, par les parlementaires de l'époque, et qui fait en
sorte qu'elle doit s'appliquer de façon prépondérante par
rapport à l'ensemble des lois et donc par rapport aux lois
sectorielles.
Ce caractère de prépondérance ne tombe pas du ciel.
Il vient plus particulièrement du fait que les droits d'accès
à l'information et è la protection de la vie privée sont
contenus dans la charte des droits elle-même. J'ai déjà eu
l'occasion de le mentionner, en ce qui concerne l'application de la charte des
droits, quand, comme parlementaires, nous avons adopté le projet de loi
92 qui visait à faire en sorte que l'ensemble des dispositions de la
charte se retrouvent dans les lois que les législateurs ont
adoptées avant nous. Ce que nous faisons aujourd'hui et ce que fait le
projet de loi 28, c'est la même opération: On prend la loi sur
l'accès à l'information et on rend ses dispositions applicables
à l'ensemble de notre législation, à l'ensemble de notre
corpus législatif, si l'on veut. C'est donc une opération
extrêmement importante, mais justifiée par le fait qu'il s'agit
là d'une loi fondamentale et prépondérante. (10 h 30)
À cet égard, le ministre nous dit et je l'écoutais
encore ce matin nous dire: Bien, écoutez vous savez que, dans 80 % des
cas, les organismes se sont, par exemple, pliés aux dispositions
concernant la nécessité de divulguer leurs fichiers de
renseignements. 11 nous dit également: Dans 90 % ou 95 % des cas, dans
tel secteur, il y a eu conformité à la loi. J'en suis. Mais c'est
comme si on me disait: Vous savez, la Charte des droits et libertés de
la personne, il y a 90 % des gens qui l'observent. Ou comme si on me disait: II
y a 90 % des gens au Québec qui arrêtent aux feux rouges. Il
suffit de 10 % pour bousculer l'ensemble de l'équilibre et de l'esprit
de la loi.
Je comprends que la perfection n'est pas de ce monde, M. le
Président. Je comprends également que la réforme que les
parlementaires précédents ont mise sur pied en 1982 est une
réforme majeure et avant-gardiste par rapport â ce qui se fait
dans les autres pays. En ce sens, le ministre pourra être convaincu que
nous apporterons à l'étude du projet de loi article par article
tout le bon sens, le sens commun et la raisonnabilité qu'une telle
étude demande. Cependant, le ministre comprendra également,
après nous avoir dit dans ses déclarations préliminaires
qu'il y a seulement 728 organismes délinquants relativement à
l'obligation que fait la loi de déposer leurs fichiers de renseignements
personnels, que c'est peu satisfaisant, surtout quand on constate que parmi les
organismes délinquants et malgré les exhortations que nous avions
déjà faites lors de l'étude des crédits de la
Commission d'accès à l'information figure toujours un
ministère du gouvernement du Québec. C'est proprement incroyable!
Je croyais que c'était réglé en ce qui concerne le
ministère mais j'apprenais ce matin que ce n'est toujours pas
réglé. C'est proprement incroyable! Ce n'est pas un organisme, ce
n'est quand même pas la municipalité de Saint-Clin-Clin qui a fait
défaut de se plier à la loi. C'est un ministère du
gouvernement du Québec qui ne s'est toujours pas conformé
à l'obligation en ce qui concerne les fichiers de renseignements. Je me
souviens, d'ailleurs, d'une étude des crédits au cours de
laquelle j'ai demandé au ministre d'écrire - je pense que ma
mémoire est bonne - à son collègue. Il avait pris
l'engagement d'écrire à son collègue titulaire de ce
ministère pour lui dire: Bien, écoute, cela fait cinq ans que la
loi est en vigueur, est-ce que tu serais assez aimable de bien vouloir faire en
sorte que ton ministère se conforme à l'obligation
édictée par la loi.
Figurent également parmi les délinquants 2
universités, 3 cégeps, 27 commissions scolaires, 36 centres
hospitaliers - bienvenue, Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux - et quelques grandes municipalités. Encore une fois, je
rappelle tout cela au ministre, en lui disant qu'il ne s'agit pas pour nous
d'en faire un plat, mais il s'agit de constater que la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels, c'est une volonté du législateur. Ce n'est pas une
mince volonté. C'est une volonté de premier ordre, de premier
plan de faire de cette loi une loi fondamentale et prépondérante.
Dè3 qu'il existe une volonté diminuée dans ce type
d'opération, on ne peut pas faire autre chose que d'assister à un
recul important en ce qui a trait à l'application de cette loi dans la
réalité quotidienne. Donc, cela prend un degré de
vigilance et de rigueur extrêmement élevé, sinon l'ensemble
de notre réforme pourrait -je ne dis pas qu'elle l'est, loin de
là, ce
n'est pas mon avis, M. le ministre... Je pense que le chemin qui a
été fait est fait, mais je pense qu'on peut reculer vite s'il n'y
a pas une volonté rigoureuse d'appliquer de façon intelligente,
mais stricte les dispositions de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
Encore une fois le caractère de prépondérance ne
tombe pas des nues. Il vient de la Charte des droits et libertés qui est
la base même des deux droits principaux que sanctionne la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, soit l'accessibilité à l'information
et la protection de renseignements confidentiels qui s'apparentent à
l'article 5 de la Charte des droits et libertés qui définit la
protection de la vie privée. À cet égard, vous l'avez
mentionné et je voulais le mentionner également dans mes
remarques préliminaires: Bien que le projet de loi 54,
présenté, sauf erreur, par le ministre
délégué à la Privatisation, ne fasse
évidemment pas partie du projet de loi qui est actuellement à
l'étude, j'apprécierais, lorsque nos travaux seront
terminés sur les articles de ce projet de loi, que nous puissions en
discuter un peu entre nous. C'est le projet de loi 54, Loi sur le registre des
associations et entreprises, auquel vous avez fait allusion. C'est un projet de
loi qui a été déposé en juin par le ministre
délégué à la Privatisation et aux Finances, je
crois, et qui n'a pas encore été étudié. Pour
être bien précis, ce projet de loi contient, à l'article 3,
si ma mémoire est exacte, ou à l'article 126...
M. French: M. le député, je pourrais
peut-être vous donner une explication immédiatement. J'y ai fait
référence dans mes commentaires. Ce n'est pas compliqué.
C'est qu'il y a un registre des institutions financières. Ou bien dans
la loi et dans la pratique, il y a accessibilité complète,
consultation sur place automatique sans aucune formule ou application
d'exception, ou bien le document est assujetti aux exigences de la loi sur
l'accès, qui donne un délai de 20 jours. Cela implique que le
fonctionnaire peut exiger une formule écrite, etc. Le ministre nous a
assurés de son objectif de faire en sorte que ce registre soit
systématiquement et publiquement "consultable" dans des bureaux
appropriés, sans le délai des 20 jours, sans la formule, sans
l'application d'exception contenue dans la loi sur l'accès. On dit tout
simplement que le registre, comme les autres registres des régimes
matrimoniaux, d'état civil, etc., est exclu de l'application de la
loi.
M. Filion: Je suis tout à fait d'accord avec vous, M. le
ministre. Ce qui m'inquiète, c'est ceci: Voilà une disposition
contenue dans une loi sectorielle qui est déposée à
l'Assemblée nationale. Elle ne fait pas l'objet d'une étude
à cette commission parlementaire. Je ne prétends pas que la
décision prise soit bonne ou mauvaise, mais...
M. French: C'est sous la forme de...
M. Filion; Mais, encore une fois, alors que nous sommes en train
d'appliquer la loi sur l'accès à l'information par le projet de
loi 2B, cela nous échappe, je le répète, dans un sens qui
peut être acceptable - je ne parle pas du fond de la décision -
mais cela ne fait pas l'objet des discussions ni de notre étude.
Encore une fois, j'ai mentionné tantôt l'obligation
rigoureuse qui nous est faite de surveiller les lois qui peuvent affecter les
pans de mur de notre législation, comme c'est le cas avec le projet de
loi 54.
Comme je l'ai souligné au ministre, j'en profite pour lui
signaler que j'apprécierais, lorsque nous aurons terminé
l'étude de chacun des articles du présent projet de loi, que nous
puissions souligner à son attention certaines dispositions
législatives ou certaines recommandations qui ne font pas l'objet du
présent projet de loi. En deux mots, comme je l'ai fait pour le projet
de loi 92» je retiens pour la fin l'ensemble des sujets qui ne font pas
l'objet d'un article à l'intérieur du projet de loi, mais qui
pourraient le faire. En ce sens, le ministre ne se surprendra pas si, à
la fin de nos travaux, je lui soumets une série de sujets que j'aimerais
discuter avec lui, dont évidemment cette disposition de la loi sur les
registres des entreprises.
Je l'ai déjà dit lors de mon discours en deuxième
lecture: L'exercice que nous nous apprêtons à amorcer ce matin
n'est pas nécessairement facile. Il demande beaucoup de jugement. Les
amateurs de blanc et de noir, prière de s'abstenir parce que nous sommes
ici dans infiniment de zones grises. Il y a certains droits qui, dans certains
cas, sont contenus dans la loi sur l'accès à l'information et
d'autres qui sont contenus dans la charte des droits ou même dans nos
coutumes, qui s'opposent.
Je vais vous donner un exemple. Pensez à l'adoption. Au chapitre
de l'adoption, on a ici un droit qui est celui de l'accès à
l'information pour l'enfant qui désirerait, par exemple, connaître
ses parents. D'un autre côté, on a également le droit
à la protection des renseignements confidentiels. Ce sont deux droits
contenus dans la loi sur l'accès à l'information et qui
s'opposent lorsque nous étudions la question de l'adoption. Dans
d'autres cas, on aura, par exemple, le dossier médical des adolescents
de 14 à 18 ans: Le projet de loi contient une disposition importante
là-dessus et qui va faire l'objet d'une discussion entre nous. Il y a
deux droits qui s'opposent: d'un côté ce que
j'appellerais l'autorité parentale, qui est un droit reconnu dans
notre tradition, et de l'autre, la protection, encore une fois, de droits
appartenant à des individus. Je pense qu'il y a déjà eu
d'ailleurs un jugement d'un tribunal là-dessus. Ce n'est pas
nécessairement facile à trancher. C'est un exercice qui demande
du jugement, mais qui dans notre cas - c'est le but de mon propos, M. le
ministre, et, en cas de doute, ce sera l'attitude de l'Opposition - nous
devrons pencher du côté de la rigueur que commande le
caractère prépondérant de la loi que vous administrez. En
cas de doute, je dis bien.
C'est un exercice encore une fois qui peut paraître simple, mais
qui dans certains cas s'attaque aussi à des automatismes administratifs,
pour employer l'expression de quelqu'un d'autre. Les administrations ont
développé au fil des années des réflexes
administratifs, qui sont généralement de protéger leur
information. Ces réflexes-là ont été
sérieusement attaqués au cours des cinq dernières
années. Il en reste encore quelques-uns. Je citerais au ministre un
article qui va devoir également faire l'objet de discussions entre nous
et qui concerne le pouvoir pour le ministre des Affaires municipales de fixer
des frais différents pour accéder à des documents. Je dois
vous dire que de ce côté-là les notes que nous avons lues
sont loin de nous avoir convaincus. Il y a plusieurs organismes qui ont des
problèmes de financement. Tout le monde a des problèmes de
financement. Tout le monde veut faire plus d'argent: les organismes, les
individus, etc. Est-ce une raison pour permettre à des
municipalités d'avoir une tarification différente dans certains
cas, au bon gré du ministre des Affaires municipales, pour justifier
leurs recherches d'autofinancement? Je pense bien que les municipalités,
si elles ont tendance à vouloir s'apparenter à Provigo ou
à une chaîne d'alimentation, vont devoir changer leur fusil
d'épaule. Les municipalités sont des corps publics et
administrent l'argent des contribuables dans l'intérêt des
contribuables.
M. le Président, je voudrais également souligner le
travail remarquable qui a été fait par la Commission
d'accès à l'information qui aurait pu se contenter, après
avoir procédé à une consultation, après avoir
procédé à déposer son rapport d'avril 1986, si ma
mémoire est bonne, de laisser les parlementaires décider et
trancher. Mais non, je crois que la majorité des membres de cette
commission a reçu le document supplémentaire de la Commission
d'accès à l'information, qui nous fait la gentillesse de nous
fournir ses commentaires sur le projet de loi lui-même. Je dois vous dire
que, de notre côté, nous avons lu avec beaucoup
d'intérêt les commentaires de la Commission d'accès
à l'information, d'autant plus qu'elle est à l'origine de
l'ensemble de l'opération qui nous amène ici ce matin.
Je voudrais également souligner le travail qui a
été fait au ministère des Communications lequel a
procédé pas toujours avec succès, à faire de
l'arbitrage entre d'autres ministères.
M. French: Et au ministère de la Justice. En plus, on a
détecté d'autres...
M. Filion: Également, j'ai remarqué que le
ministère de la Justice a apporté son grain de sel dans le projet
de loi. J'aurais aimé que le ministère de la Justice apporte un
peu plus de soin peut-être dans d'autres projets de loi qu'il a
présentés, mais il a fait un beau travail en ce qui concerne
votre projet de loi.
Alors mon collègue, le député de Gouin, est parmi
nous ainsi que la ministre de la Santé et des Services sociaux. J'aurais
autre chose à dire, mais pour ne pas retarder indéfiniment
l'étude des dispositions du projet de loi qui concernent la santé
et les services sociaux, je vais terminer là mes remarques, mais non
sans avoir souligné au ministre le fait suivant: La loi d'accès
à l'information est administrée, si l'on veut, comme on l'a
souligné, par 35D0 organismes ou groupes dans tout le Québec. Ce
n'est pas une loi qui, comme pour la Commission des valeurs mobilières,
concerne un public tout à fait défini. C'est appliqué
essentiellement par la régie elle-même qui développe sa
jurisprudence, ses habitudes, etc., qui ajuste ses réflexes et ses
automatismes administratifs, comme je les appelle. (10 h 45)
Dans ce cas, du fait qu'une multitude d'organismes et de groupes doivent
vivre avec les dispositions de cette loi, il est d'autant plus important que le
message législatif soit clair et dénué
d'ambiguïtés, car ceux qui vont devoir vivre avec cette loi sont
nombreux. Ils vont devoir l'interpréter également. Ce ne sont pas
tous les cas qui se rendent à la Commission d'accès à
l'information et ce ne sont pas tous les cas qui font l'objet d'une
adjudication. La commission elle-même ne peut pas surveiller tout ce qui
se passe au Québec dans le secteur de la divulgation de renseignements.
Donc, le message doit être clair premièrement.
Deuxièmement, lorsque nous apportons une exception au
régime général de prépondérance de la loi,
cette exception revêt un symbole bien particulier. Je vais vous donner un
exemple. Lorsqu'on dit dans un article que, malgré la loi d'accès
à l'information, telle ou telle disposition ne s'appliquera pas à
tel ou tel organisme, l'organisme en question se voit investi, si l'on veut,
d'un régime tout à fait spécial qui pourrait le justifier
de se sentir dans une situation particulière, en dehors de la loi.
C'est pourquoi il est dangereux d'apporter des exceptions. Je suis
d'accord qu'il en faut, mais il est dangereux d'apporter des exceptions. On
ouvre un nouveau secteur dans la maison et là, l'air peut entrer. Moi,
je veux bien que ce soit une loi aérée, mais je ne voudrais pas
que ce soit une loi soumise à tous les vents. Avec cette dernière
réserve, je vais terminer mon propos en assurant le ministre encore une
fois de notre entière collaboration dans l'étude
détaillée de ce projet de loi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Taillon. M. le ministre, peut-être que vous
auriez quelques remarques.
M. Richard French (réplique)
M. French: Oui, très rapidement sur un certain nombre de
choses qu'a dites M. le député de Taillon. Je suis très
heureux de voir son intérêt et sa motivation à faire
pression sur le gouvernement et également sur l'administration publique
pour que les organismes se conforment. J'en suis. Je ne défendrai
aucunement les organismes majeurs qui ne se sont pas conformés
jusqu'à ce jour. Je pense que c'est inexplicable et inacceptable. Je
suis donc d'accord avec lui sur ce point. J'aimerais bien que le ministre des
Communications ait cependant le pouvoir de les faire agir rapidement et avec
diligence.
M. Filion: Est-ce que vous me permettez?
M. French: Oui.
M. Filion: A l'époque, c'était le ministère
des Finances qui ne s'était pas conformé à la loi.
M. French: Ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est un autre
ministère.
M. Filion: Quel ministère?
M. French: Soit dit en passant, je ne pense pas que j'aie
entrepris d'écrire à qui que ce soit. En tout cas, on
vérifiera et...
M. Filion: Je me souviens d'une discussion que nous avions eue
ensemble à l'étude des crédits, il y a un an et demi.
M. French: De toute façon, nous sommes d'accord sur le
fond. L'organisme non conforme, à ce moment-ci, c'est le
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes en ce qui a
trait au volet des renseignements personnels.
M. Filion: Des fichiers.
M. French: Des fichiers. On peut se douter qu'ils ont une tonne
de fichiers. M. le Président, avec sa neutralité habituelle, me
fait une suggestion, mais je ne la reprendrai pas. C'est donc le
Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes. En ce qui
concerne les fichiers personnels, on peut se demander s'ils représentent
un grand nombre, mais c'est le principe de la chose qui nous achale. Je pense
qu'on se dit légitimement: Bon! Si ce n'est pas un problème,
pourquoi cela n'a-t-il pas été réglé
rapidement?
M. Filion: Me permettez-vous juste un commentaire? Quand on voit
la liste des consultants que le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes a engagés pour étudier l'accord
sur le lac Meech on comprend pourquoi il a probablement tant de
difficultés à faire cela. Ce doit être cela qui prend du
temps...
Une voix: Consultants témoins, M. Beaudoin, etc.
M. French: Bien sûr, tous ceux et celles qui ont
été embauchés avant le 2 octobre 1985 comme
après.
M. Rochefort: Mais nous, nous sommes prêts à ce que
vous rendiez la liste publique quand vous voudrez.
M. French: M. le Président, juste un mot. Il me fait
plaisir de discuter de la forme et de la procédure que le
député de Taillon soulève en ce qui a trait aux articles
des lois sectorielles qui touchent aux principes de la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Cela m'intéresse d'en discuter. On en discutera
tantôt. En général, je peux dire avec une très
grande confiance devant l'Assemblée nationale que les exceptions
jusqu'à ce jour n'ont pas été de nature à
éroder de façon importante la portée et l'impact de la
loi. Il y a eu une dizaine de cas d'exception depuis que la loi existe, tant
avant qu'après le changement de gouvernement. Il y en a deux ou trois
avec lesquels je suis profondément en désaccord. Il reste que
l'Assemblée nationale les a entérinés. J'ai
protesté dans certains cas, alors que j'étais à la place
du député de Taillon, tout comme j'ai protesté contre
l'inclusion d'articles échappatoires ou tout simplement d'articles
touchant l'administration de l'accès dans les lois sectorielles et non
pas dans la loi sur l'accès. J'ai couru les commissions parlementaires
à droite et à gauche. Le député de Gouin
était président d'une commission parlementaire où j'ai
protesté.
Enfin, cela dit, je vous dis et je dis à la population du
Québec que la loi n'est pas affectée de façon
fondamentale. Il n'y a pas
eu d'écart majeur. Cependant, j'admets que la vigilance est de
mise et que l'enthousiasme et le genre de surveillance que nous offre le
député de Taillon, avec ses collègues sans doute, sont
importants. Le gouvernement partage cet avis. Il n'est pas fou, en quelque
sorte, de voir la loi sur l'accès non seulement dans l'axe
Opposition-gouvernement, mais aussi dans Taxe Parlement-administration.
Je pense que tant et aussi longtemps que les parlementaires prendront
leurs obligations au sérieux à cet égard, nous saurons
défendre les principes de la loi. Mais parfois, les critiques
sectorielles ne sont pas très fortes ni très vigilantes non plus.
Ils acceptent des choses que ni le député de Taillon ni le
député de Westmount, alors qu'ils étaient dans
l'Opposition, n'auraient voulu voir acceptées par l'Assemblée
nationale.
Cela dit, j'aimerais, avec la permission des membres de la commission,
distribuer les nombreux amendements que nous avons en main. Je voudrais
rassurer tout de suite les députés de l'Opposition que nous
allons d'abord prendre le temps nécessaire pour les expliquer et que,
deuxièmement, dans la plupart des cas, il s'agit de questions techniques
et non pas de questions de fond. Je comprends les problèmes qu'un
important nombre d'amendements peut créer, mais il va falloir vivre
avec. Nous sommes prêts à essayer,, avec toute la bonne
volonté du monde, d'aider nos amis d'en face à les
comprendre.
Si les membres de la commission sont d'accord, nous allons faire
distribuer les amendements. D'accord, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Trudel): Oui, j'en accepte le
dépôt, M. le ministre. On va les distribuer.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: On va les discuter au fur et à mesure qu'ils
deviennent pertinents.
Le Président (M. Trudel): D'accord. M. le ministre, si je
comprends, et je m'adresse également à Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, à qui je souhaite la bienvenue, il
y a une entente pour que l'on commence avec...
M. French: Précisément. Oui, 3elon l'entente, nous
allons d'abord discuter des articles touchant les affaires sociales, la
santé et ses services sociaux. Le député de Gouin
participera sans doute à la discussion avec Mme la ministre. Nous
fignolons toujours l'article concernant l'adoption et nous espérons
l'avoir le plus tôt possible pour que le débat puisse avoir
lieu.
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas Ià.
M. French: II n'est pas là. Cependant on peut discuter des
intentions générales du gouvernement sans avoir l'amendement, si
cela vous intéresse. Peut-être serait-il valable d'aborder les
autres articles et, dès que nous aurons terminé l'étude
des articles touchant les affaires sociales, l'on pourrait commencer à
discuter les intentions générales du gouvernement. Dès que
nous aurons l'amendement, nous le distribuerons.
M. Filion: Mais dans les amendements que vous nous avez
distribués, il y en a un qui concerne l'adoption.
M. French: Yes, that is right, mais ce sont des modifications
techniques aux papillons sur l'adoption.
M. Filion: Ah! II y a des modifications aux papillons,
d'accord.
Le Président (M. Trudel): Alors, ils sont en train...
M. French: Même au moment où l'on se parle, les
grands esprits évaluent le pour et le contre.
M. Rochefort: C'est dangereux si vous êtes ici et que cela
se discute ailleurs.
M. French: Je suis entièrement d'accord avec vous, M. le
député.
Le Président (M. Trudel): On peut présumer que le
ministre a donné les grandes orientations.
M. Rochefort: C'est inquiétant...
Le Président (M. Trudel): Selon l'entente et avec la fiche
que j'ai devant moi, pour la bonne gouverne des membres de la commission, les
articles seront appelés dans l'ordre suivant, sauf pour un papillon dont
je ne connais pas le numéro de l'article... L'article 2?
M. Filion: M. le Président, on peut sauter la Loi sur les
abeilles et on y reviendra.
Le Président (M. Trudel): On aurait l'article 5.1. Mais on
aurait suggéré, semble-t-il, une entente pour passer tout de
suite...
M. Filion: Ce sont les articles 1 ou 2...
Le Président (M. Trudel): ...à l'article 5.1 dont
on a le papillon, aux articles 7, 16, 102, 103, 104, 117, 118 et 119. Je vais
vous faire distribuer cette feuille, M. le député.
M. Filion: Oui, la liste des articles.
Le Président (M. Trudel): Oui, de façon que l'on
puisse libérer Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Filion: Oui, cela va. C'est fait.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous avez la
liste?
Étude détaillée
Loi sur l'accès aux documents des
organismes
publics et sur la protection des renseignements
personnels
M. Filion: Oui, elle m'a été distribuée.
Maintenant, cela va.
Le Président (M. Trudel): Si vous n'avez pas d'objection,
M. le ministre, Mme la ministre et M. le député, je pourrais
appeler immédiatement l'article 5.1 qui a un papillon. On pourrait
commencer tout de suite par le papillon à l'article 5.1...
M. Rochefort: Oui, mais l'article 2?
Le Président (M. Trudel): Non, l'article 2 est en suspens,
puisqu'on n'a pas le...
M. Rochefort: Ce serait pour savoir...
Le Président (M. Trudel): Allez-y, M. le
député de Gouin...
M. Rochefort: Sérieusement, il est en suspens pour combien
de temps? Est-ce que l'on écrit tout aujourd'hui? Que fait-on avec
Particle 2?
M. French: Nous nous engageons, M. le député,
à vous présenter aujourd'hui, ce matin, la version que le
gouvernement entend faire adopter par l'Assemblée nationale à la
suite de notre discussion. C'est une question de minutes, de demi-heure ou
d'une heure. Deuxièmement, les changements sont d'ordre technique,
c'est-à-dire s'il vous intéresse de discuter les intentions du
gouvernement sur le grand principe de l'accès qui indiquerait aux
adoptés leurs parents biologiques, on est prêts à les
discuter n'importe quand. Alors, il y a une deuxième question: les
moyens techniques pour accomplir l'objectif du gouvernement à cet
égard. C'est la question qui crée le plus de problèmes. Je
vous avoue que ce n'est pas une question susceptible de...
M. Rochefort: M. le Président, en ce qui nous concerne,
puisque entre les discours et les textes de loi il y a souvent une marge, on va
regarder le texte de loi lorsqu'il sera disponible.
Le Président (M. Trudel): Donc si je comprends bien, M. le
député de Gouin, on peut commencer avec l'article 5.1 qui est un
papillon?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Trudel): Alors, je vais lire l'article
5.1 qui est un papillon: Insérer après l'article 5 du projet de
loi le suivant: "5.1..." Il faudrait peut-être appeler l'article 5, vous
avez raison, puisque l'on parle de papillon. Vous avez absolument raison.
M. Filîon: M. le Président, vu que c'est un
papillon, donc c'est un amendement, il faudrait appeler l'article 5.
Le Président (M. Trudel): Votre remarque est d'autant plus
importante pour mot, M. le député, que vous êtes
également président d'une autre commission. Alors, je pars du
principe que vous connaissez fort bien votre procédure parlementaire. Je
vous donne raison, alors je vais appeler l'article 5 du projet de loi. "5.
L'article 59 de cette loi est modifié par le remplacement de ce qui
précède le paragraphe 1°, par ce qui suit: "59. Un organisme
public ne peut communiquer un renseignement nominatif sans le consentement de
la personne concernée. "Toutefois, il peut communiquer un tel
renseignement sans le consentement de cette personne, dans les cas et aux
strictes conditions qui suivent."
M. le ministre, avez-vous des remarques sur l'article 5?
M. French: L'article 5 ne fait pas l'objet d'un papillon.
Le Président (M. Trudel): Non, on commence...
Mme Lavoie-Roux: Après le papillon.
Le Président (M. Trudel): Puisque le papillon vient
amender l'article 5, on m'a rappelé avec justesse, je dois dire, que
l'on doit commencer par l'article 5.
M. French: Je vais demander à...
Le Président (M. Trudel): Cela ne remplace pas l'article 5
de la loi, cela s'ajoute. C'est donc un article 5.1.
M. Filion: D'accord. Voici ce qui arrive:
Comme l'article 5.1 est un papillon, il doit se poser sur quelque chose.
Alors, il se pose sur l'article 5. Nous devons donc étudier l'article 5
logiquement pour étudier 5.1, parce que c'est un amendement à
l'article 5, même si sur le fond vous avez absolument raison, mais 5.1
est...
M. Rochefort: On pourrait suspendre l'article 5 et passer
à 5.1.
M. Filion: C'est cela. On pourrait suspendre l'article 5 et
étudier 5.1. Cela serait la bonne façon de procéder.
Le Président (M. Trudel): Sans nous enfarger dans la
procédure, si vous êtes d'accord, M. le député, on
pourrait suspendre l'article 5, à moins que, M. le ministre, vous ne
soyez...
M. French: Non, je suis d'accord.
Le Président (M. Trudel): Alors, nous suspendons donc
l'article 5 et je vais maintenant appeler l'amendement...
M. Filion: Appeler l'amendement.
Le Président (M. Trudel): ...le papillon. L'article 5.1 se
lit comme suit: Insérer après l'article 5 du projet de loi le
suivant: "5.1. Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 84, du suivant: "84.1. Un établissement de santé ou de
services sociaux qui fournit à un bénéficiaire un
renseignement nominatif le concernant doit, à la demande de ce
bénéficiaire, lui fournir l'assistance d'un professionnel
compétent pour l'aider à comprendre ce renseignement."
M. le ministre ou Mme la ministre.
M. French: L'article ou le papillon parle par lui-même. Il
n'est pas nécessaire d'expliquer longuement. La Commission
d'accès à l'information a indiqué l'importance
d'étendre cette obligation de l'établissement de santé ou
de services sociaux à l'ensemble des questions d'accès au dossier
qui pourraient surgir et non uniquement au cas où il y a
momentanément un retard d'accès pour un
bénéficiaire.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. Mme la
ministre, comme intervenante, vous avez absolument le droit de parole et... (11
heures)
Mme Lavoie-Roux: II n'y a rien à ajouter. Le ministre des
Communications l'a dit: Cela répond à un désir qui a
été exprimé par la Commission d'accès à
l'information. On connaît le fonctionnement de nos établissements
en général, la pression sous laquelle souvent ils se trouvent.
Même si des représentations ont été faites par
l'Association des hôpitaux du Québec, à savoir que ceci se
faisait dans les faits et qu'il semblait un peu superfétatoire de
l'ajouter dans la loi, compte tenu des craintes de plusieurs
bénéficiaires qui, quelquefois, soit par tempérament soit
pour d'autres raisons d'ordre social, n'oseraient pas se prévaloir de ce
droit ou encore s'ils s'en prévalaient, ne seraient pas assistés
d'une façon satisfaisante, l'article 84,1 vient répondre à
cette inquiétude de la commission que, d'ailleurs, je dois dire, je
partage.
Le Président (M. Trudel): Merci, madame. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Évidemment, on
est sympathiques à l'article 84.1, tel que libellé, sauf qu'il
faudrait savoir comment cela va s'opérationnaliser, Une fois qu'on a dit
cela, on a tout dit et, d'une certaine façon, on n'a rien dit en ce sens
qu'une question de délai, une question aussi de ressources
financières, budgétaires, pourrait être impliquée.
Il y a aussi la question du choix de cette personne, de ce professionnel qui
pourrait aider la personne à comprendre un renseignement. Est-ce que
cela pourra être le professionnel qui a rédigé le dossier
ou serait-il préférable d'avoir un tiers qui n'a pas
été impliqué dans la rédaction du dossier? Je ne
veux pas écrire un projet de loi entier uniquement sur l'article 84.1 ni
un livre de règles d'application, mais quand même j'aimerais voir
un peu au-delà du principe parce que, quant à moi, c'est un
principe qu'on énonce là. Le ministère a-t-il
réfléchi aux règles d'application, aux moyens pour
appliquer un tel droit?
Mme Lavoie-Roux: On ne part pas de zéro puisque
l'Association des hôpitaux du Québec nous dit que c'est dans les
usages et les pratiques des établissements de rendre ce type de service
quand quelqu'un veut obtenir des renseignements touchant son dossier. Je pense
que le ministère devra rappeler aux centres hospitaliers cette
obligation si, par hasard, il y en a qui, dans le passé, ne se sont
même pas conformés aux usages et habitudes. Il me semble qu'une
fois ce rappel fait aux établissements, ils devront s'y conformer. C'est
à eux de juger. Dans certains cas, selon la nature du renseignement,
s'il ne s'agissait que d'un renseignement tout à fait nominatif et qui
n'a rien à faire avec... ou strictement un diagnostic sans
interprétation, cela pourrait même, à la limite être
un archiviste. C'est selon la nature de la demande qui est adressée
à l'établissement. Celui-ci, comme il le fait
présentement, dans les cas où on nous dit que cela se fait, et
cela semble être d'usage assez courant, désigne la personne.
Est-ce
que c'est le médecin traitant? Je ne pense pas qu'on puisse
définir une règle générale pour chaque
établissement concernant la personne qui devrait être
consacrée à cette chose. D'abord, les demandes de renseignements
peuvent varier d'un établissement à l'autre, c'est-à-dire
le nombre et la nature. Il est important que cette obligation soit dans la loi.
Même si on dit que, selon les usages et pratiques, cela se fait, en
devenant une obligation dans la loi, cela va sensibiliser davantage les
établissements à remplir complètement cette obligation et
à ne pas s'en délester peut-être trop facilement.
La responsabilité du ministère à ce moment-ci,
c'est de rappeler aux établissements qu'ils ont à le faire.
Est-ce qu'on leur demandera de nous indiquer qui a ces
responsabilités-là dans leur établissement? Cela peut
varier, comme je le disais tout à l'heure selon la nature de
l'information demandée.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends la
réponse de la ministre et je ne veux pas étirer le débat,
mais quand même on est conscients que ce que dit l'Association des
hôpitaux du Québec est juste. Généralement, c'est
fait. D'ailleurs, la loi n'a pas pour but de couvrir ce qui se fait
généralement, c'est pour donner un droit aux citoyens qui ont des
problèmes d'accès et de compréhension à leur
dossier, etc. La ministre le sait sûrement tout aussi bien, et fort
probablement mieux que mot, combien chaque jour les citoyens communiquent avec
nous pour nous dire qu'ils se sont vu refuser un dossier, que le dossier n'a
pas été fourni dans les formes normales ou qu'il a
été transmis dans un vocabulaire inaccessible, etc.
En ce sens, ce sont ces cas qu'on vise et non pas ceux qui fonctionnent
normalement. C'est de là que découle mon intérêt
pour qu'on s'assure que ce n'est pas le régime régulier, que la
loi, de toute façon, n'a pas besoin de couvrir dans les faits, qui va
nous servir de méthode d'application de ce nouveau droit, mais vraiment
qu'on va avoir quelque chose de particulier pour s'assurer que ça va
fonctionner.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce que j'ai dit tout l'heure en ce
sens que - je ne sais pas si on peut l'appeler une nouvelle obligation - cette
nouvelle disposition dans la façon dont l'information doit être
transmise sera communiquée aux établissements. On peut
périodiquement faire un rappel pour s'assurer que cette obligation est
respectée. Il y a aussi des recours. Si les citoyens n'ont pas
accès ou si on leur refuse l'accès à une information sans
qu'il y ait des raisons fondamentales, il y a des recours qui peuvent
être exercés par les citoyens.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon.
M. Filion: C'est sur le même article. Il y a aussi
l'obligation faite au médecin traitant, évidemment, d'informer
adéquatement son patient. Cela existe. Ce qui me chicote un petit peu,
c'est ceci au point de vue pratique. D'abord, les dossiers médicaux ne
sont pas faciles à lire.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Filion: Quand on dit "l'assistance d'un professionnel",
peut-être que ça prendra un hiéro...
Mme Lavoie-Roux: "Hiéroglyphiste".
M. Filion: En tout cas, un spécialiste en....
Une voix: En hiéroglyphes.
M. Filion: En hiéroglyphes.
Une voix: Un pharmacien probablement.
Mme Lavoie-Roux: En "hiéroglyphilie".
M. Filion: Je sais que ça porte un nom... Bref, un dossier
est illisible. Deuxièmement, il y a l'obligation pour le médecin
traitant, de toute façon, de renseigner adéquatement. Alors, je
me demande, Mme la ministre, concrètement, si je m'en vais, supposons
à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, parce que j'ai eu un accident
là, sinon j'irais à Pierre-Boucher, excellent hôpital dans
la région de Longueuil...
Supposons que je suis au Stade olympique, que je tombe et tout
ça, peu importe, et que je veux retracer mon dossier. Il n'est pas
lisible. Je demande l'assistance d'un professionnel. D'abord, un professionnel,
cela implique un professionnel au sens de la loi. Cela veut dire un
médecin? Qu'est-ce que cela implique, professionnel, à l'article
5.1? Cela implique un médecin?
Mme Lavoie-Roux: Un professionnel de la santé,
j'imagine.
M. Filion: Un professionnel de la santé?
Mme Lavoie-Roux: À moins, comme je le disais, que ne ce
soit strictement... On peut présumer que si c'était strictement,
par exemple, pour savoir à quelle date il a été
hospitalisé, strictement ce que j'appellerais une information d'ordre...
On appelle ça d'ordre nominatif.
M. Filion: Oui.
Débats de l'Assemblée nationale 19 août 1987
Mme Lavoie-Roux: S'il a été hospitalisé en
juin 1965 et non pas en juin 1966. Cela pourrait être donné par un
archiviste qui relève le dossier. Il dit: Madame, vous avez
été hospitalisée en 1966 et non pas en 1965. Mais
quant...
M. Filion: Au dossier, au fond du dossier.
Mme Lavoie-Roux: ...au fond du dossier, je pense qu'un
professionnel doit être un professionnel de la santé.
M. Filion: Oui. Je partage un peu les préoccupations du
député de Gouin sur le plan de l'opérationnalisation.
Quand on va aller aux archives, ça veut dire qu'il faudra un
médecin qui va se rendre disponible.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que.
M. Filion: Dans tous les centres hospitaliers, je sais que c'est
sur demande seulement du bénéficiaire, mais il ne faudrait pas
qu'on adopte une loi qui ne soit pas viable.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on peut entrer dans la
description de toutes sortes de modalités. Une fois la loi
adoptée, le ministère aura la responsabilité, comme je le
disais tout à l'heure, de faire connaître cette obligation aux
établissements de santé. On pourra également
s'enquérir des moyens que vous avez pris du point de vue de la
centralisation à l'intérieur de l'établissement, de la
demande des informations, du triage qui se fait dans le type d'information
demandée, et on pourra demander que des personnes soient
assignées.
Dans bien des cas, le médecin traitant, de toute façon,
sera la personne mise à contribution quand il y aura une demande
d'information sur son dossier médical. Je pense qu'on ne peut pas
arrêter toutes ces modalités.
M. Filion: Oui, d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce n'est pas l'objet de
l'exercice.
M. Filion: Je dois vous dire que, compte tenu de ce que vous
dites... Je regarde la formulation de l'article 5.1. C'est un peu vague; on
dit: "lui fournir l'assistance d'un professionnel compétent pour l'aider
à comprendre le renseignement".
Mme Lavoie-Roux: À lire et à comprendre.
M. Filion: À lire et à comprendre! En tout cas,
vous avez dû réfléchir à la formulation au
ministère, mais elle ne m'apparaît pas très précise.
Qu'est-ce que l'on veut exactement par cet article? Que quelqu'un vienne faire
quoi avec le bénéficiaire? Comme on dit, un peu à la
blague tous les deux, Mme la ministre, vraiment c'est pour l'aider à
lire ou, si on veut, aller au fond du dossier et lui dire: Écoute, tu as
eu telle opération...
M. Rochefort: À comprendre ce renseignement.
M. Filion: ...à comprendre... Le mot comprendre est
subjectif...
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui faisais une blague.
M. Filion: ...il ne faut pas l'oublier.
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui faisais la blague "pour le
lire".
M. Filion: En tout cas, je ne sais pas si vous avez
étudié d'autres formulations, mais cela m'apparaît
véritablement imprécis.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il me semble...
M. Filion: Comme l'a d'ailleurs souligné la Commission
d'accès à l'information en parlant d'un autre article qui emploie
une terminologie semblable...
M. Rochefort: L'article 7. M. Filion: ...l'article 7.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je pense que la Commission d'accès
à l'information est d'accord avec ceci. Écoutez, comprendre !
Est-ce que je dois vous définir le concept de compréhension que
doit avoir un individu?Qu'est-ce que cela peut inclure du point de
vue de sa perception des choses? Si vous avez un amendement qui puisse
améliorer les choses, présentez-le.
M. Rochefort: Bon! Est-il si tard que cela, le soir, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: Mais non! Je pense que je vous ai répondu
assez longuement.
M. Rochefort: Sur le même sujet, mais là
peut-être en m'adressant au ministre des Communications. Si je lis ses
papillons - je prends un petit peu d'avance pendant qu'on discute - je vois
qu'il y a un amendement à l'article 7.1, qui a pour but de biffer le
troisième alinéa de l'article 87.1 qu'on retrouve à
l'article 7. C'est l'obligation, pour les organismes publics, de fournir,
à la demande des personnes concernées,
l'assistance d'un professionnel compétent pour l'aider à
comprendre ce renseignement.
Si je comprends bien, dans le réseau,-de la santé, on va
maintenant obliger...
M. French: C'est juste dans le réseau de la santé,
M. le député,
M. Rochefort: Non, mais à l'article 7, qu'est-ce qui
arrive?
M. Filion: Ce n'est pas dans le réseau de la
santé.
M. Rochefort: La Régie de l'assurance automobile, ce n'est
pas dans le réseau de la santé; la CSST, cela ne l'est pas non
plus.
M. French: Non, mais... D'accord. Il s'agit des dossiers
médicaux. Mais, l'article 7 touche...
Le Président (M. Trudel): De toute façon, vous vous
promenez parce qu'il y a déjà deux papillons à l'article
7, l'article 7.1 et l'article 7.3...
M. Rochefort: ...M. le Président, peut-être
découvrirais-je d'autres perles.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce qu'on pourrait régler le cas de l'article 5?
M. Rochefort: Non, non, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Rochefort: C'est par analogie. On veut bien savoir pourquoi on
l'ajoute à un endroit et qu'on le retire à l'autre.
M. French: À l'autre article, on exigeait l'assistance
d'un professionnel lorsque l'organisme refusait momentanément, à
cause de possibilités de menaces, de préjudices graves à
la santé mentale ou physique du bénéficiaire,
l'accès dudit bénéficiaire à son dossier. La
commission a dit: Pourquoi uniquement dans le cas où il y a
momentanément un refus? De fait, le gouvernement a trouvé que la
commission avait raison; donc, on a décidé, en le biffant
à cet article, d'y ajouter une obligation plus grande, ce dont nous
discutons actuellement.
M. Rochefort: Mais, êtes-vous convaincu, M. le ministre,
qu'à l'article 5... On parle d'un établissement - je m'excuse, M.
le ministre - on ne parle pas de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, ni de la Commission de la santé et de la
sécurité au travail, pas plus des autres organismes qu'on
couvrait à l'article 87.1. Je trouve que votre plus grand me semble plus
petit, votre plus large me semble plus restreint.
Le Président (M. Trudel): C'est ce qu'on appelait, dans
notre temps, une analyse comparative, pour ceux qui ont fait leur cours
classique.
M. French: Je pense pouvoir clarifier cela pour M. le
député. Comme je le soupçonnais, on apporte un autre
papillon qui fait en sorte que ni la régie, ni la CSST, mais
plutôt les institutions ou les professionnels qui ont
préparé les dossiers médicaux auraient à porter la
responsabilité de l'accessibilité et le jugement sur
l'accessibilité. Donc, la nécessité d'un professionnel
pour expliquer, dans le cas de la CSST et de la régie, est
diminuée, sinon éliminée. Maintenant, si l'Opposition
n'est pas d'accord là-dessus, on peut discuter. Je veux que ce soit
clair dans l'esprit du député de Gouin: II s'agit de changements
non pas pour réduire la disponibilité d'un professionnel pour
expliquer le dossier mais bien pour l'étendre dans la gamme
complète de cas où il y a accessibilité dans le
réseau des affaires sociales. (11 h 15)
M. Rochefort: Dites-moi donc, M. le ministre, à quel
endroit... Quel est le papillon qui a pour but de...
M. French: On se perd, M. le député. Justement, on
commence à regarder ailleurs. Je comprends que vous vouliez une
explication...
M. Rochefort: M. le ministre, moi, je veux bien. Vous avez
totalement raison. Je veux juste comprendre la cohérence des choses. Si
c'est cohérent, on va revenir rapidement à l'article 5.1, vous
allez voir. Si cela ne l'est pas, on va essayer de comprendre pourquoi c'est
oui à un endroit et non à l'autre.
Le Président (M. Trudel): C'est l'article 7.1, M. le
ministre.
M. French: On n'est pas à 7.1, on est à la question
de la CSST et de la régie. Le papillon...
M. Rochefort: L'article 7.1 biffe cet article, le
troisième alinéa.
Le Président (M. Trudel): Non, l'article 7 biffe le
troisième alinéa.
M. French: L'article 7 biffe le troisième
alinéa.
Le Président (M. Trudel): Ensuite, il y a d'autres
papillons.
M. Rochefort: Vous dites: Oui, mais on
va le réinscrire plus largement avec un autre papillon. Je
voudrais juste savoir lequel.
M. French: Non, non, l'autre papillon est le papillon dont nous
discutons actuellement, c'est-à-dire 5.1.
M. Rochefort: L'article 5.1 dit "un établissement de
santé ou de services sociaux". La Régie de l'assurance-maladie du
Québec et la Commission de la santé et de la
sécurité du travail ne sont pas des établissements.
M. French: M. le député de Gouin, je vais essayer
de vous expliquer à nouveau. Peut-être que je ne me suis pas
exprimé suffisamment clairement. Il y a un autre papillon. Appellez-le
le papillon Y.
M. Rochefort: Oui, c'est de ce papillon que je parle. Voulez-vous
au moins nous permettre d'en prendre connaissance? Si cela règle notre
problème, on va retourner à l'article 5.1 paisiblement.
M. French: II faut nous assurer mutuellement qu'on parle du
même papillon.
M. Rochefort: Bien oui.
M. French: Permettez-moi d'expliquer ce que je comprends. Vous
allez dire oui ou non.
M. Rochefort: Je vous écoute.
M. French: C'est un papillon qui fait en sorte que, dans le cas
de la régie et de la CSST, le fardeau de l'accessibilité à
un dossier médical serait porté par l'institution qui,
vraisemblablement, est un établissement de santé et de services
sociaux ou bien le professionnel qui a été à l'origine des
renseignements en question et non pas l'institution, la régie ou la CSST
qui éprouvent certaines difficultés, compte tenu du nombre de
dossiers médicaux en question, à juger des préjudices
possibles à la santé du bénéficiaire qui demande
l'accès à son dossier. Moi, je comprends que le
député de Gouin se pose des questions sur cet aspect et cette
élimination. Il n'y a pas de problème à ce qu'on en
discute en temps et lieu. Je vais essayer de trouver le papillon qui fait cela,
s'il veut absolument le voir tout de suite. D'accord?
M. Rochefort: Je n'en fais pas une question de principe
fondamental, mais je vous dirai, M. le ministre, que, dans votre propre
développement, vous nous dites que par l'article 84.1 on va
régler certaines choses que le papillon va réintroduire par
ailleurs. Donc, il n'y a pas seulement moi qui fais un lien. Vous-même,
vous faites un lien assez direct entre les deux. Vous pouvez être
sûr qu'on étudie 5.1 au complet.
M. French: Excusez-moi, je ne suis pas sûr de vous suivre,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Je pense que ce serait plus simple que vous nous
montriez le papillon et on va se comprendre.
M. French: Le papillon est devant nous; c'est le 5.1.
M. Rochefort: L'autre papillon?
M. French: Je vais demander à l'un des architectes
d'expliquer le volet "régie" et "CSST". Il s'agit de M. Pierre Lampron,
directeur général - c'est le titre le plus récent - des
politiques au ministère des Communications.
M. Lampron (Pierre): Effectivement, je vais essayer de
l'expliquer. C'est une architecture qui se modifie, comme vous le voyez,
à l'occasion. Il y a deux articles distincts. À l'origine, la
préoccupation était celle des gens représentant les
services de santé et de services sociaux, à savoir qu'il fallait,
à cause de la nature sensible de ces dossiers, prévoir
l'assistance d'un professionnel pour donner accès à ces dossiers
afin d'éviter que certains préjudices ne soient causés aux
bénéficiaires ou qu'une mauvaise compréhension
n'entraîne un certain nombre de préjudices. On avait
appliqué cette notion exclusivement, au départ, à la
notion de préjudice grave. On disait que, lorsqu'il y aura un
préjudice grave à la santé, il faudra qu'il y ait
l'intervention d'un professionnel. Comme ces dossiers-là sont dans les
mains de différents établissements de santé et comme il y
a des dossiers de cette nature dans d'autres établissements que
strictement les établissements de santé, vous avez l'article qui
prévoit ce refus momentané de donner accès à un
document pour qu'un médecin traitant ou un professionnel puisse
être consulté.
On a proposé une modification avec l'article 5.1 pour que dans
tous les cas où un établissement de santé doit donner
accès à un dossier médical, il puisse y avoir un
professionnel qui soit appelé. On a maintenu dans l'autre article la
capacité pour une institution de refuser momentanément
l'accès à un dossier pour consulter le médecin traitant
lorsque cela s'avérera nécessaire en raison d'un préjudice
grave appréhendé. D'où cette conjonction des deux
articles.
Dans le second article, il n'était plus nécessaire de
prévoir cette intervention. Donc, il n'y a qu'un papillon en
l'occurrence, celui de l'article 5.1 qui étend l'intervention du
professionnel.
M. Rochefort: Quand je lis le papillon, l'article 5.1
proposé, M. le Président, on dit: "Un établissement de
santé ou de services sociaux qui fournit à un
bénéficiaire..." Dois-je comprendre que, si un
bénéficiaire demande à la Régie de l'assurance
automobile d'avoir accès à son dossier, celle-ci doit
référer le bénéficiaire à
l'établissement ou aller chercher le dossier?
M. Lampron: Non. La régie va donner au
bénéficiaire accès à son dossier qu'elle
détient. Le seul cas où la régie aurait à recourir
à un professionnel, c'est celui où elle serait en situation de
dire qu'elle refuse momentanément l'accès en raison de
l'évaluation d'un préjudice grave.
M. Filion: À ce moment-là, elle est obligée,
selon ce que vous dites, de recourir à un professionnel?
M. Lampron: Vous voyez au libellé de l'article que, s'il y
a un préjudice grave, elle est en situation de refuser
momentanément pour consulter le médecin traitant qui
entraînera le processus.
M. Filion: Je regarde l'article 7. Je ne sais pas si je saisis
mal, mais ce n'est pas exactement ça. Le médecin traitant est
utile pour déterminer s'il y a un préjudice. Une fois qu'on a
déterminé qu'il y a un préjudice, la régie ou la
commission refuse. Point, c'est tout. Il n'y a pas de professionnel
impliqué là-dedans. Il y a le médecin traitant pour
déterminer s'il y a un préjudice grave et ensuite c'est fini.
M. Lampron: M. French a expliqué que dans la
mécanique il est prévu que ce serait après la notion du
préjudice grave, probablement qu'on...
M. Filion: Qu'on réfère à
l'établissement, finalement.
M. Lampron: Voilà.
M. Rochefort: Je veux juste être bien sûr que je
comprends. J'ai un dossier à la Régie de l'assurance automobile.
Je demande à avoir accès à mon dossier à la
régie. On considère que, pour des raisons d'un préjudice
grave que cela pourrait me causer, on doit suspendre mon accès au
dossier. Donc, on consulte un médecin pour justifier cela. Par la suite,
on me redonne accès à mon dossier et ensuite c'est par un
établissement que j'aurai accès à mon dossier et non pas
par la Régie de l'assurance automobile? Écoutez, l'article 5.1
est très précis. Il ne dit pas: un établissement de
santé ou de services sociaux qui fournit à quiconque un dossier.
Il dit: qui fournit à un bénéficiaire. Une fois qu'on aura
réglé mon préjudice grave possible et que j'aurai
effectivement accès à mon dossier qui est à la
Régie de l'assurance-maladie, c'est l'établissement qui le donne
à la régie et la régie qui me le fournit? Et l'article 5.1
ne couvre pas cela. Ou est-ce l'établissement qui me le donne à
la suite d'une autorisation que lui donne la Régie de l'assurance
automobile?
M. Lampron: Dans ce cas particulier, effectivement c'est
l'établissement qui donne accès aux dossiers et dans ce cas
particulier il n'y a pas l'intervention obligatoire du médecin traitant
en face de l'individu. Vous avez raison.
M. Rochefort: Donc, il faut revoir l'amendement.
M. Lampron: Si vous jugiez à propos, j'imagine...
M. Rochefort: Je pense qu'effectivement...
M. Lampron: ... qu'il y ait, au moment de la remise du dossier,
l'intervention du médecin traitant, il faudrait effectivement le
reporter.
M. Rochefort: À partir de la discussion de principe qu'on
a eue tantôt, pour que quelqu'un ait accès à son dossier
médical, en tout temps, il faut, quel que soit l'organisme
détenteur et transmetteur, qu'il y ait le même principe, la
même mécanique qu'on retrouve pour un établissement de
santé et de services sociaux. Soyons conscients que, quand on parle de
la CSST et quand on parle de la Régie de l'assurance automobile, pour
quiconque fait un peu de bureau de comté, on parle du gros lot, pas au
sens de grand prix mais...
M. French: Le député de Gouin dit que, dans le cas
où la CSST ou la régie donne accès ou s'il s'agit d'un
dossier de la CSST ou de la régie, l'obligation de fournir un conseil
professionnel doit s'appliquer également.
M. Rochefort: Autrement dit, le texte actuel de votre projet de
loi devrait être maintenu et donc, le papillon de 7 non retenu.
M. French: Ah bon! Excusez! Essayons de nous limiter, pour le
moment, au fond. Si on se perd dans' les modalités...
M. Rochefort: D'accord, d'accord!
M. French: Est-ce que je pourrais proposer qu'on nous
suggère un moyen technique pour atteindre votre objectif, si tout le
monde le comprend?
M. Rochefort: D'accord. Mais je vous dis immédiatement, M.
le ministre, que, si on tombe sur les moyens techniques, il y en a un
déjà présent dans le projet de loi, mais que par un
papillon qu'on va utiliser immédiatement après celui qu'on
étudie, vous noua le retirez. Vous avez juste à nous indiquer que
vous allez retirer le papillon 7 et c'est là.
M. French: Est-ce que vous avez oublié, dans le cas de
l'article 7, qu'il ne s'agit que d'un cas de refus momentané?
Voyez-vous, on retourne un autre problème» À l'article 5.1,
pour un refus momentané ou non, vous avez accès à un
professionnel. Comprenez-vous?
M. Filion: C'est drôle, vous me dites que 87.1 s'applique
uniquement aux cas de refus momentané. Je ne sais pas.
Évidemment, il faudrait peut-être voir l'ensemble de...
M. Rochefort: Non, non, mais quand on dit cela, je m'excuse, M.
le ministre, ce n'est pas cela. On dit à 87.1: L'établissement de
santé ou de services sociaux, la CSST ou la RAAQ peut refuser
momentanément de communiquer à une personne le renseignement
nominatif le concernant lorsque, de l'avis de son médecin traitant, il
en résulterait vraisemblablement un préjudice grave sur la
santé.
Deuxièmement, vous dites: Dans ce cas donc, lorsqu'il y a
préjudice grave, l'organisme public, sur la recommandation du
médecin traitant, détermine le moment où ce renseignement
pourrait être communiqué et en avise la personne
concernée.
Troisièmement, on dit: L'organisme public doit, à la
demande de la personne concernée, fournir l'assistance d'un
professionnel compétent pour l'aider à comprendre ce
renseignement. Ce renseignement se réfère à 2 . Donc,
c'est à partir du moment où le renseignement est transmis, donc
n'est plus retenu comme pouvant causer un préjudice grave.
M. French: À supposer, M. le député, que le
renseignement n'est pas retenu, c'est cela le problème. Vous voulez
qu'il y ait une aide professionnelle dans tous les cas.
M. Rochefort: Oui.
M. French: J'essaie de vous dire que les juristes me conseillent
que, uniquement lorsqu'il y a refus momentané, il y ait obligation de
fournir de l'aide. C'est ce que dit d'ailleurs la commission d'accès
dans sa lettre que nous avons tous reçue.
M. Rochefort: Écoutez, je ne suis pas légiste, mais
je comprenais à 3° que le renseignement, si vous me passez
l'expression, est lâché, est rendu accessible.
M. French: M. Le député, on n'est, ni l'un ni
l'autre, avocat. On est d'accord sur le fond. Ne pensez-vous pas que ce serait
valable que je demande à mes experts de vous proposer quelque chose?
Vous pouvez toujours...
M. Rochefort: Je n'y ai pas d'objection, mais je vous dis juste
ma compréhension de la rédaction.
M. French: Je saisis bien ce que vous comprenez. Je vous dis ce
que je comprends à partir des conseils, d'une part, de la Commission
d'accès à l'information et, d'autre part, de nos conseillers
juridiques. Franchement, je ne vois pas qu'il y ait grand-chose
là-dedans. Anyway, on est d'accord sur le fond. Essayons de trouver le
moyen d'accomplir cela. D'accord?
M. Rochefort: Absolument.
M. French: Alors, est-ce que vous voulez soulever d'autres points
à 5.1?
M. Rochefort: Non, pour moi cela va, pour autant qu'on s'entend
immédiatement pour dire qu'il y aura un régime identique dans les
autres cas.
M. French; Est-ce qu'on suspend en demandant donc aux experts de nous
trouver les mots qui étendraient l'obligation contenue dans 84.1 pour un
établissement de santé et de services sociaux à la CSST et
à la Régie de l'assurance-maladie? On est d'accord pour dire que
c'est ce que nous demandons à nos experts de nous proposer? Alors,
essayons cela.
Le Président (M. Trudel): Si je comprends bien, on suspend...
Une voix: La Régie de l'assurance automobile.
M. French: Excusez-moi. Qu'est-ce que j'ai dit?
Une voix: De l'assurance-maladie. M. French: Ahl Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, on suspend 5.1 pour le
moment.
M. French: Oui.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que je peux faire une
remarque à la commission? Ceux qui liront la transcription de ce
débat ce matin auront probablement besoin, et vous
aussi, peut-être de demander à la commission de leur
trouver un expert pour les aider à interpréter le sens des
discussions de ce matin.
Alors, 5.1 est suspendu.
M. Rochefort: Après cela, on dira que le parlementarisme
n'est pas générateur d'emplois. (11 h 30)
Le Président (M. Trudel): En tout cas, il est
générateur de mots, c'est évident, tout le monde le
savait. M. le député de Taillon, nous avons suspendu l'article
5.1. Dès que j'aurai l'attention du côté
ministériel, on pourra passer à l'article 7. Je disais en votre
absence qu'on aura probablement besoin, dans dix ans, de gens qui nous aideront
à interpréter ce qu'on a dit ce matin. M. le ministre,
êtes-vou3 d'accord pour que nous puissions passer maintenant à
l'article 7?
M. French; Oui, un point de détail. C'est-à-dire que nous
suspendons 5.1, pensant que peut-être il s'agirait de changer à
l'article 7 ou 7.1, mais on choisirait la technique qui nous paraît la
plus claire. Cela se peut que ce soit 84.1, il se peut aussi que ce soit
l'article 7 du projet de loi.
M. Filion: Juste avant de suspendre, M. le ministre, je voudrais
savoir quelle est votre volonté après les échanges et les
discussions qu'il y a eu. Est-ce que c'est de fournir l'assistance d'un
professionnel à tout moment, ou si c'est de fournir l'assistance d'un
professionnel uniquement lorsqu'il y a eu précédemment, bien
sûr, un refus momentané?
M. French: Non. C'est le premier cas et non le
deuxième.
M. Filion: Vous voulez fournir l'assistance d'un professionnel
dans tous les cas où il y a consultation d'un dossier à la CSST
ou à la RAMQ?
M. French: Autrement dit, ce n'est pas parce qu'il n'y a
pas...
M. Filion: Pas la RAAQ, pardon.
M. French: Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu refus
momentané que le dossier devient plus facile d'accès. On veut
l'aide professionnelle dans tous les cas.
M. Filion: Lorsqu'un individu va consulter son dossier,
supposons, pour un accident du travail, et que ce n'est pas du tout l'aspect
médical qui le concerne, mais n'importe quel autre aspect, dois-je
comprendre que c'est votre volonté à ce moment de faire en sorte
qu'il y ait quand même assistance d'un professionnel pour comprendre le
dossier sur la fixation d'une indemnité, par exemple?
M. French: Non.
M. Filion: Alors, à ce moment, vous voulez réduire
les cas, comme j'ai toujours cru depuis le début de la discussion,
à des cas où était en cause un élément
médical, donc, un élément susceptible...
M. French: D'après moi, c'est la première fois
qu'on soulève la question.
M. Filion: D'accord, mais à ce moment...
M. French: II faut bien voir, ce sont les services sociaux. Je
présume donc un psychiatre, un travailleur social, on se comprend?
M. Filion: On se comprend, mais à ce moment, je dois vous
dire que, si vous modifiez l'article 7, vous avez besoin de le modifier dans le
bon sens, car l'article actuel, en tout cas, donne prise à beaucoup
d'interprétations, l'article actuel avant modification. L'article du
projet de loi avant son papillon donne prise à beaucoup
d'interprétations. Je suis d'accord avec vous qu'on devrait limiter
l'assistance d'un professionnel à l'aspect médical ou de
façon générale...
M. French: Aux services sociaux.
M. Filion: Les services sociaux, pour moi, entrent un peu
là-dedans. Au moins, la volonté est claire. On attendra lorsque
le papillon viendra.
Le Président (M. Trudel): Article 7, M. le ministre?
Tentativement.
M. French: Article 7. Mme la ministre me signale que les...
Le Président (M. Trudel): Articles 7 et suivants, c'est
l'adoption?
M. French: ...articles 7 et suivants, touchent l'adoption, et
qu'elle aimerait mieux qu'on attende que vous ayez - comme vous l'avez
souhaité - la version du papillon de l'article 2 final avant de... Ils
sont arrivés d'ailleurs. Vous voulez commencer alors?
Le Président (M. Trudel): Ça va un peu comme c'est
mené. Ils ne sont pas arrivés et on nous dit que c'est
arrivé. Ils ne sont pas arrivés. Nous allons passer à
l'article 16.
Loi sur l'assurance-maladie M. French: Article 16.
Le Président (M. Trudel): Tel qu'entendu, l'article 16 que
je vous lis à l'instant: "16. L'article 64 de la Loi sur
l'assurance-maladie (L.R.Q., chapitre A-29) est modifié: "1° par le
remplacement du premier alinéa par le suivant: "64. La personne qui a
fourni ou reçu un service assuré par la régie, de
même que son avocat ou ses représentants dûment
autorisés par elle ou agissant pour elle en vertu de la loi, a droit
d'accès aux seuls renseignements suivants, malgré l'article 83 de
la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements personnels (L.R.Q., chapitre A-2.1): "a) La date
à laquelle ce service a été fourni; "b) Le nom et
l'adresse de la personne qui a fourni ce service; "c) Les sommes payées
par la régie pour ce service et les noms des personnes à qui
elles ont déjà été payées. "2° par la
suppression, dans la première ligne du deuxième alinéa et
après le mot "est" du mot "aussi"."
Surprise! Nous avons un papillon à l'article 16 que je me permets
de vous lire à l'instant. Le papillon a été
distribué avec tous les autres tantôt. Article 16, le papillon:
Remplacer dans la deuxième ligne de la partie de l'article 16 du projet
de loi qui précède le paragraphe 1°, le mot "est" par les
mots suivants: "modifié par l'article 19 du chapitre 95 des lois de
1986, est de nouveau".
M. Filion: En ce qui concerne l'amendement, je pense qu'on peut
l'adopter, il n'y a pas de problème. Alors, l'amendement est
adopté.
M. French: Merci.
M. Filion: C'est pas pire! M. le Président, on a
réussi à mettre nos patins.
Le Président (M. Trudel): Vous m'enlevez les mots de la
bouche, M. le député de Taillon. L'article 16 lui-même? M.
le député de Gouin.
M. Rochefort: D'abord, M. le Président, dois-je comprendre
que la ministre remplace son ministre délégué pour cet
article?
Une voix: En ce qui concerne la RAMQ?
Mme Lavoie-Roux: Bon! Quelles sont les questions que vous avez
à poser?
M. Rocheforts C'en était une, M. le Président. On a lu que
c'était le ministre délégué qui était
responsable de la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Si je
comprends bien, la ministre le remplace dans ce mandat pour ce matin. Est-ce
que c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: La ministre de la Santé et des Services
sociaux est ici.
M. Rochefort: D'abord, j'ai une question. Qui est ministre
responsable de la Régie de l'assurance-maladie du Québec?
Le Président (M. Trudel): M. le
député...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux est responsable du
caractère administratif de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec et non pas des lois touchant la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. C'est pourquoi la ministre est ici.
M. Rochefort: Merci, M. Se Président, pour la
précision, ce qui prouve que la question était bien
fondée. M. le Président, j'aimerais savoir ce qu'on...
M. Filion: M. le Président, pour nous, il est important de
savoir. On nous dit; La ministre est responsable sur le plan administratif. On
a ici un article qui va modifier le caractère administratif de la RAMQ.
On vaudrais juste savoir...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, je pense que vous avez eu une réponse. Mme la ministre a
répondu de façon...
M. Filion: Non, mais certaines réactions, M. le
Président... Je pense que tous les membres de cette commission ont
intérêt à avoir des interlocuteurs valables et
éclairés pour leur permettre de se faire une juste opinion sur
les amendements législatifs qui peuvent concerner des secteurs de
responsabilité qui relèvent, si je comprends bien, d'autres
ministres que de la ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Rochefort: M. le Président, si jamais quelqu'un doutait
de la pertinence de la question, je dirais qu'on pourrait peut-être
demander au ministre responsable de la loi sur l'accès à
l'information de rendre publics les décrets de partage des
responsabilités, ce qui préciserait peut-être toutes les
questions qu'on pourrait se poser.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que vous avez des questions qui portent spécialement sur
l'article 16?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): À vous de les poser.
M. Rochefort: Je voudrais savoir ce qu'on veut exclure comme
renseignements que pourrait fournir la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui est inclus dans l'article 64...
M. Rochefort: Je l'ai lu, ce qui est inclus.
Mme Lavoie-Roux: ...c'est le mot "malgré"...
"malgré l'article 83 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements...". La clause
"malgré" a été introduite dans l'article dans le but
d'autoriser la régie à ne divulguer que des renseignements
d'ordre administratif aux personnes qui ont reçu ou fourni des services
assurés par elle. C'est un article qui vient restreindre, d'une certaine
façon, la nature des informations.
M. Rochefort: C'est cela. Ma question porte justement sur quelles
restrictions... Autrement dit, qu'est-ce qu'on veut exclure des renseignements
qu'en l'absence d'une telle disposition législative aurait pu fournir la
RAMQ? J'imagine que cela aurait pu poser des problèmes, si on veut les
exclure.
Mme Lavoie-Roux: De toute évidence, la régie a des
informations d'une autre nature, telle la question des diagnostics, des
traitements, etc. Ces informations - on en a discuté un peu
antérieurement - si elles doivent être fournies,
explicitées ou autrement, le sont par les établissements et par
les personnes compétentes à l'intérieur des
établissements, et la régie n'a que l'autorisation de transmettre
des informations d'ordre nominatif et non pas d'une autre nature - diagnostic,
etc. - ou plus personnelles, si l'on veut.
M. Rochefort: M. le Président, prenons le cas d'un
médecin qui ne pratique pas dans un établissement. La
réponse de la ministre, on n'en tient plus compte? Il y a un dossier
à la RAMQ. Il traite le patient WZY28496.
Mme Lavoie-Roux: C'est accessible au bénéficiaire
en vertu de la loi médicale, c'est-à-dire qu'un
bénéficiaire peut demander à son médecin traitant
ou à celui qui l'a traité en cabinet privé d'avoir
accès à l'information médicale le concernant.
M. French: Une autre façon de concevoir cela, M. le
député, ce serait de dire: Nous légiférons sur les
institutions publiques du gouvernement du Québec. Le cabinet
privé n'en est pas un. Donc, l'accessibilité est traitée
dans une loi sectorielle. Maintenant la question opposée, c'est:
Voulons-nous que la Régie de l'assurance-maladie, avec toute sa gamme de
responsabilités, soit l'arbitre ou qu'elle soit obligée
d'administrer l'accès aux données sur les diagnostics à
chacune des personnes assurées, soit la population du Québec?
M. Rochefort: D'accord. On se comprend bien que ce qui est exclu
ne concerne que les données sur les diagnostics?
Mme Lavoie-Roux: Enfin, les diagnostics ou les traitements
reliés à la condition mentale ou physique de la personne, peu
importe. Si l'on procède d'une autre façon, c'est que finalement
les renseignements qui peuvent être fournis ne sont que d'ordre
nominatif. Cela inclut toutes ces données que j'appellerais entre
guillemets "plus personnelles".
M. Rochefort: M. le Président, on va se dire les choses
franchement. On sait que la Régie de l'assurance-maladie est
dotée d'un système informatisé des plus
sophistiqués, des plus détaillés sur un nombre
considérable de renseignements. Je veux être bien certain que par
cela on n'est pas en train finalement d'évacuer beaucoup d'autres choses
que des données sur les diagnostics. Depuis le début, je trouve
qu'on a beaucoup parlé de la personne qui a reçu un service. Si
on lit l'article 64 c'est la personne qui a fourni ou reçu. Pensons un
peu à la personne qui a fourni, au médecin. Quel type de
renseignements détenus par la RAMQ et concernant un médecin
serait exclu à partir des dispositions de l'article 64 tel que
libellé? Il y a beaucoup de choses. Chaque médecin a un dossier
à la RAMQ, un profil de pratique. Par exemple, le docteur Y avec
l'article 64 a-t-il droit au profil de pratique qu'a établi la
Régie de l'assurance-maladie sur lui-même?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il s'agit à ce moment de
l'accessibilité des professionnels à leur propre dossier.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II ne s'agit plus selon la question que vous me
posez d'une transmission d'informations touchant les
bénéficiaires.
M. Rochefort: Oui. Je vous réfère, Mme la ministre
à l'article 64. On lit: La personne qui a fourni ou reçu. Depuis
tantôt, on discute de la personne qui a reçu. Là, je veux
qu'on discute maintenant un peu de la première partie de la phrase et de
la personne qui a fourni. Donc, un professionnel de la santé, un
médecin, un dentiste pour les
services.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on énumère le type
d'information que même la personne qui a fourni peut avoir...
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: ...et la date à laquelle les sommes
versées, le nom et l'adresse de la personne, etc. Je pense que c'est
aussi la personne qui a fourni et non pas seulement la personne qui a
reçu.
M. Rochefort: Je comprends cela, M. le Président. En
conséquence, sachant tout ce que possède la RAMQ, je veux savoir
ce qu'on exclut. Oui, je lis comme la ministre ce qu'on va maintenir. Mais si
l'on sait ce qu'on maintient, implicitement on a fait une liste de ce qui a
été exclu. Qu'est-ce qu'on exclut et pour quelle raison?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, tout le reste est exclu.
M. Rochefort: Par exemple, le profil de pratique que tient en
dossier la Régie de l'assurance-maladie sur chacun des médecins
du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Pourquoi cela serait-il exclu?
Mme Lavoie-Roux: La seule autorisation que la Régie de
l'assurance-maladie a de transmettre des dossiers concernant les
médecins, c'est au ministère du Revenu et la Régie de
l'assurance-maladie est aussi tenue...
M. French: L'article 64 de la Loi sur l'assurance-maladie. (11 h
45)
Mme Lavoie-Roux: Si vous vous référez à
l'article 64 de la Loi sur l'assurance-maladie, "la régie est aussi
tenue de divulguer ces renseignements au ministre du Revenu du Québec ou
au ministre du Revenu du Canada, dans la mesure où cette communication
est nécessaire à l'application d'une loi dont ils sont
responsables, chaque fois qu'ils lui en font la demande et elle doit divulguer
au ministre de la Santé nationale et du Bien-être social les
renseignements qu'elle a obtenus pour l'exécution de la présente
loi, chaque fois qu'il lui en fait la demande, mais elle ne peut lui divulguer
ce3 renseignements que dans la mesure où ils sont requis aux fins de
l'application de la Loi sur les soins médicaux."
Enfin, c'est l'autre type de renseignement. Quand ceci a
été discuté, si ma mémoire est bonne, au moment de
l'adoption du projet de loi 84, en 1978-1979 - je fais une réserve sur
la date - c'était strictement l'élargissement qui avait
été fait, par exemple, du contact de la Régie de
l'assurance-maladie possiblement avec d'autres types d'organismes. À un
moment donné, il y avait même eu une discussion pour savoir si on
ne pourrait pas contrôler l'application des illégaux aux
écoles anglaises par le truchement de la Régie de
l'assurance-maladie, pour voir ceux qui étaient enregistrés,
quand, etc. Enfin, toutes sortes d'hypothèses avaient été
soulevées.
En dehors de l'énumération qu'on peut lire à
l'article 64, la seule disposition est celle du ministère du Revenu, en
ce qui a trait à ce type d'information d'ordre financier.
M. Rochefort: Je ne veux pas prolonger la discussion, mais
connaissant ce qu'il y a à la Régie de l'assurance-maladie, et
c'est positif quand je dis cela, est-ce qu'il n'existe pas un document qui nous
décrit précisément ce que contient et ce que contiendra
l'article 64? Cela nous permettrait donc de voir un peu ce que l'article 64
exclut comme type de renseignements qui peuvent être transmis.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que le député de
Gouin n'y était pas - il me semble que oui, en tout cas - mais à
plusieurs reprises, cette question de la confidentialité des
informations à la Régie de l'assurance-maladie a
été discutée. À la satisfaction des
différents membres de la commission, que l'on soit d'un
côté de la table ou de l'autre, on a toujours été
informés qu'il n'y avait pas divulgation des informations de la
Régie de l'assurance-maladie autre que celle que je viens de
mentionner.
Maintenant, il se peut - non seulement il se peut, mais elle le fait -
que la Régie de l'assurance-maladie, par exemple quand il ne s'agit pas
d'information d'ordre nominatif, mais dans le cas des négociations, dise
le profil général de pratique des spécialistes ou
des...
M. Rochefort: Le profil général, oui. Mais je parle
des profils particuliers.
Mme Lavoie-Roux: Non. Il n'y en a pas, outre ce qui est dans
l'article 64.
M. Rochefort: M. le Président, je vais mettre fin au
débat, mais je souhaiterais que la ministre de la Santé et des
Services sociaux nous fournisse la liste des informations et des renseignements
que possède la Régie de l'assurance-maladie du Québec et
qui ne seront pas disponibles eu égard à l'application de
l'article 64. Je donne un exemple.
Je sais très bien que la régie, à l'occasion, rend
disponible, sur demande de certaines instances gouvernementales, le profil
spécifique de pratique d'un professionnel bien précis. L'article
64 empêcherait cela.
Mme Lavoie-Roux: Cela s'est peut-être fait sous votre
règne.
M. Rochefort: Ahl Je pense que la ministre va poser un geste qui
pourrait lui retomber gros et massivement sur le bout du nez. Je pense qu'elle
ne devrait pas commenter ce que je dis.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous avancez des choses sans pouvoir
les étayer.
M. Rochefort: Je suis très sérieux.
C'est vous qui avez commencé à préciser qui. Je
n'ai pas parlé d'époque. Je n'ai pas parlé
nommément...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais vous dites que la régie fait
cela.
M. Rochefort: Oui. Cela arrive. Je veux être assuré
que par cela ce sont des pratiques qui ne pourront plus être permises. En
conséquence, si on dit qu'il va rester un peu d'eau dans le ver.re, je
voudrais savoir où est passé tout le reste de l'eau et quelle
était la nature du reste de ce que contenait le verre. Ce n'est pas
compliqué. Je demande simplement à la ministre de nous fournir ce
renseignement dans des délais raisonnables. Je ne le demande pas pour
demain matin.
Mme Lavoie-Roux: On peut l'obtenir.
M. Rochefort: Mais quels sont les autres renseignements que la
régie détient et qui ne seront plus ou qui ne seront pas
accessibles compte tenu de l'application de l'article 64? C'est assez
considérable.
Mme Lavoie-Roux: On est dans d'autres débats
là.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Outre cette réserve, je pense, bien
fondée de mon collègue de Gouin, j'en ai une autre à
souligner aux ministres. C'est la suivante: II existe des ententes entre la
Régie de l'assurance-maladie, le gouvernement du Québec et les
professionnels de la santé. Ces ententes, dans certains cas, contiennent
des éléments qui font référence aux revenus des
professionnels de la santé, notamment pour permettre une certaine
moyenne.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce à quoi vous faisiez allusion
tout à l'heure.
M. Filion: Mme la ministre, je me demande si l'adoption de
l'article du projet de loi, de l'article 16 qui est actuellement à
l'étude, ne viendrait pas empêcher le fonctionnement des ententes
déjà intervenues entre la RAMQ, le gouvernement du Québec
et votre ministère, ainsi que les professionnels de la santé.
Je me pose des questions là-dessus. Je suppose qu'il y a eu
vérification, mais je ne voudrais pas... Je comprends très bien
l'intention de l'article 16. Mon collègue de Gouin et moi sommes
favorables dans la mesure où on le connaît, comme il dit. On ne
sait pas ce qui est exclu, mais ce qui est inclus semble être clair. Mais
je me demande s'il n'y a pas d'autres types de renseignements qui pourraient
être exigibles en vertu de l'entente signée avec les
professionnels de la santé et qui ne font pas partie de la courte
énumération contenue à l'article 16. Si vous me
dites...
M. French: Vous seriez empêché par le
libellé?
M. Filion: Voici ce que cela dit. Celui qui a fourni, qu'est-ce
qu'il va pouvoir obtenir? Il va pouvoir obtenir les services qu'il a rendus,
les sommes payées, mais on sait que dans certains secteurs, dans les
ententes, et mon collègue de Gouin pourra renchérir, je sais
qu'il y a des ententes concernant certains types d'actes, mais dans ce cas-ci,
les types d'actes ne sont pas mentionnés dans l'article 16. On ne pourra
pas savoir quels type d'actes ne sont pas mentionnés dans l'article 16.
On ne pourra pas le savoir. On peut dire: Le service a été rendu.
Le docteur X a vu M. Untel à telle date; le docteur X demeure à
telle adresse et cela a coûté à la régie 96 $ pour
cet examen. Le chèque a été payé à... Je ne
comprends pas d'ailleurs pourquoi on dit: "Le nom des personnes à qui
elles ont été payées." Je ne comprends pas. Ahl si c'est
le médecin ou si c'est l'hôpital. C'est l'établissement ou
le médecin. Cela doit être pour cela.
M. Rochefort: Mais on ne dit pas à qui a été
donné le service. J'avoue que déjà là...
M. Filion: Oui, on dit à qui il a été
donné. Oui.
M. Rochefort: Oui? Où?
M. Filion: II faut qu'il soit donné.
M. Rochefort: Mais où? Je m'excuse, ce n'est pas
écrit à qui on a donné le service dans cet
article-là. On dit la date,
qui a fourni le service, puis combien cela a coûté et
à qui on a payé. Sauf erreur, on nia pas commencé à
payer les bénéficiaires.
M. Filion: C'est vrai. Il y a peut-être un petit
problème de rédaction dans l'article, parce que là on
pense généralement à celui qui a reçu le service.
Lui sait qu'il l'a reçu, mais si on pense à celui qui a fourni le
service, on ne donne pas le nom de la personne qui l'a reçu. C'est une
erreur, probablement de rédaction, qui m'apparaît à
première vue bien soulevée. L'article a été
rédigé dans l'esprit de la personne qui reçoit, mais il
peut être demandé aussi par une personne qui a donné le
service et à ce moment-là, comme le souligne fort à propos
le député de Gouin, le nom et l'adresse de la personne qui a
reçu le service ne sont pas mentionnés.
Bref, il y a quand même cette question d'entente et
peut-être que la ministre peut me répondre maintenant. Est-ce que
cet article a été vérifié à partir des
ententes telles qu'elles existent? Je ne parle pas d'entente future, je parle
des ententes telles qu'elles existent et telles qu'elles ont été
signées par le gouvernement et la RAMQ.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que je demande au contentieux de la
RAMQ de vous donner la réponse précise là-dessus.
M. Filion: Deuxièmement, il y aurait peut-être lieu
de présenter l'amendement en ce qui concerne le nom et l'adresse de la
personne qui a reçu le service» Vous avez bien raison, M. le
député de Gouin.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que l'article 16 est
adopté, tel qu'amendé?
MM. les députés de Taillon et de Gouin, peut-on
considérer que l'article 16 tel qu'amendé est adopté?
M. Rochefort: Non.
Mme Lavoie-Roux; M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre.
M. Rochefort: D'abord, il faudrait avoir une réponse aux
questions du député de Taillon.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre des Communications a demandé
un avis du contentieux ici qui...
M. French: L'avis qui m'est apporté est le suivant: II
existe effectivement des ententes avec les groupes professionnels et à
la connaissance de ceux et, celles qui ont fait le travail technique avec la
régie, le libellé de cette disposition n'affecte pas le type
d'entente ou d'échange qui se fait avec les regroupements
professionnels. Ce n'est pas l'assurance-maladie qui parle, ce sont ceux qui
ont travaillé avec la régie.
M. Filion: Oui, écoutez, l'enjeu est trop grand, M. le
ministre. Il y a des ententes signées entre le gouvernement du
Québec, les professionnels de la santé: médecins,
dentistes, généralistes, spécialistes, etc. Je pense qu'il
faut aller au fond des choses. On ne peut pas se contenter uniquement d'une
perception. D'un côté, il faut vraiment s'assurer que ces
ententes-là ne pourraient être...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection, comme je vous l'ai dit
tout à l'heure, à ce qu'on le demande et qu'on vous apporte la
réponse.
M. Filion: C'est cela. Comme l'a dit le ministre, comme
gouvernement... En tout cas, vous ne pouvez pas ne pas montrer là-dedans
tous les soucis de vérification qu'impose semblable matière.
Deuxièmement, il y a toujours évidemment la question du
député de Gouin qui est en suspens quant aux services exclus.
Troisièmement, je pense bien que, sur l'amendement, on n'a pas eu de
réaction sur le point qui a été soulevé
tantôt quant à la personne qui a reçu les services. Il faut
que ce soit mentionné aussi. À moins que vous n'ayez voulu
l'exclure, mais je ne comprendrais pas pourquoi on l'exclurait.
M. French: M. le Président, je suis informé que le
libellé de l'article en question essentiellement recrée le statu
quo dans le sens que c'est une forme particulière de "malgré la
loi sur l'accès"... À la fin de décembre, la loi sur
l'accès fait tomber, s'il n'y a pas d'autres dispositions
législatives, une série de dispositions inconciliables dans
diverses lois, dont la disposition réglant l'accès à
l'information de la Régie de l'assurance-maladie. L'objectif de
l'article est de préserver essentiellement le statu quo à cet
égard; donc, cela a été approuvé par la
Régie de l'assurance-maladie à la lumière de l'ensemble de
leurs obligations.
M. Filion: M. le ministre, je pense que c'est le bon sens. Je
suis tout à fait enclin et porté à... Évidemment,
je prends votre parole totalement. M. le ministre, écoutez qu'est-ce que
veut dire cet article sur le plan juridique? L'article 64, tel qu'il sera
modifié, de la Loi sur l'assurance-maladie va dire: Malgré
l'article 83 de la loi sur l'accès, en ce qui concerne toute
l'information qui doit être transmise, voilà de façon
précise et exclusive les seuls renseignements qui pourront être
dévoilés. Je ne sais pas à quel autre article vous pouvez
faire
référence, mais je veux vous dire: Le médecin ne
pourra pas savoir à qui il a fourni les services s'il veut le savoir.
Cela n'aurait aucun sens. Il est sûr qu'a priori cela vient contre
l'entente intervenue avec les professionnels de la santé.
M. Rochefort: Si vous me le permettez, M. le Président, M.
le ministre, encore une fois, je pense que l'article 64a, b et c est
rédigé, un peu comme on l'a discuté tantôt, en
fonction de celui qui a reçu, donc du bénéficiaire. Quand
on pense à ce volet-là -l'article a deux volets - cela va, en
tenant compte des autres interventions que j'ai faites tantôt. Mais quand
on prend l'autre volet qui est le dispensateur de services, qu'est-ce que cela
donne à un médecin d'avoir droit de savoir de la Régie de
l'assurance-maladie à quelle date il a fait une intervention
chirurgicale, son propre nom et sa propre adresse, combien il a
déjà reçu, encaissé et dépensé et que
c'est bien à lui que cela a été payé? J'avoue que
je ne comprends pas. Je dis: De deux choses, l'une: ou il y a erreur, ou je
comprends que la régie se soit satisfaite de cela. Moi aussi, je m'en
serais satisfait.
M. French: La question du député, c'est: Y a-t-il
eu changement par rapport aux pratiques précédentes si on exclut
le nom de la personne qui a reçu le service lorsque le médecin
fait une demande en vertu de la loi sur l'accès à la Régie
de l'assurance-maladie? Donc, cette disposition change-t-elle le statu quo par
rapport au droit des médecins d'avoir accès au nom de leurs
patients? Est-ce la question?.
M. Rochefort: Je n'ai pas été si spécifique
et restrictif que cela. Je ne parle pas seulement du statu quo. Admettons
même que ce serait le statu quo, je veux quand même savoir à
quoi cela sert.
M. French: Je vous avoue que cela m'indique tout simplement qu'il
va falloir demander au président de venir informer les
députés, parce que ni l'un ni l'autre des deux ministres ne sont
en mesure, je pense, de vous donner le renseignement que vous cherchez.
M. Rochefort: Oui.
M. Filion: À moins qu'il n'y ait... Écoutez, il y a
peut-être une autre disposition dans la Loi sur l'assurance-maladie qui
régit les relations entre la RAMQ et les professionnels. Mais en
employant une terminologie, sur le plan de la rédaction, aussi
précise et exclusive, même s'il y a une autre disposition dans la
Loi sur l'assurance-maladie, j'ai peur que cette autre disposition tomberait
devant le caractère exclusif et particulier de l'article 64 tel
qu'amendé, sur le plan, si l'on veut, de la "légisterie", si on
me permet l'expression. Mais je n'ai pas d'objection à faire venir
peut-être pas le président de la régie, mais, en tout cas,
si vous pensez que c'est le seul qui peut nous informer de cela, qu'il vienne;
mais je pense que c'est possible de faire les vérifications.
Mme Lavoie-Roux: Les gens du contentieux sont...
M. Filion: Les gens du contentieux...
Mme Lavoie-Roux: II est midi, vous savez que ce n'est pas
facile...
M. Filion: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...de rejoindre ces personnes-là.
M. Filion: À ce moment-là, on peut suspendre cet
article.
M. Rochefort: M. le Président, un dernier mot au ministre.
Si le président de la régie vient, peut-être qu'il serait
utile de lui transmettre tout ce dont on a parlé depuis qu'on a
abordé cet article, notamment les autres renseignements qui seront donc
exclus automatiquement.
Le Président (M. Trudel): Si je comprends bien, les
députés de Gouin et de Taillon proposent la suspension de
l'article 16 amendé.
M. Filion: Je pense que cela s'impose.
Le Président (M. Trudel): Au moins, on a un amendement
adopté, pour ne pas revenir en arrière.
M. French: Suspendu tel qu'adopté. M. Rochefort:
Suspendu tel qu'amendé.
Le Président (M. Trudel): Tel qu'amendé.
M. French: Tel qu'amendé, excusez-moi. M. Rochefort:
Quel est l'amendement? M. Filion: L'amendement est correct. M.
French: L'amendement technique.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin, est-ce que vous avez...
M. Filion: L'amendement est correct, il est de nature
technique.
Le Président (M. Trudel): L'amendement
que vous avez renvoyé à votre collègue de Taillon,
en disant que c'étaient des choses tout à fait juridiques mais
que vous aviez confiance.
M. Rochefort: Ah oui! L'amendement de tantôt; cela va!
Le Président (M. Trudel): Alors, l'article 16, tel
qu'amendé, est suspendu. J'ai une demande de suspension des travaux pour
quelques minutes de la part du député de Taillon, à
laquelle je vais accéder avec plaisir. Les travaux sont suspendus pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 2)
(Reprise à 12 h 8)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Après cette suspension de quelques minutes, nous reprenons
nos travaux. S'il vous plaît, les gens qui sont en arrière,
essayez de parler un petit peu moins fort que les gens autour de la table.
Merci.
Est-ce qu'on a reçu tout ce qu'on a demandé tantôt?
Le papillon à l'article 5.1 est disponible, amendé et les
amendements aux articles sur l'adoption sont maintenant disponibles. Alors,
est-ce que vous désirez retourner tout de suite à l'article 5.1
et passer ensuite à l'adoption de la loi, bien entendu?
M. French; Mme la ministre me suggère - je
serai d'accord si nos collègues le sont -d'en finir avec les autres
articles et de revenir à ces articles ensuite, si cela vous convient.
Sinon, ce n'est pas...
Loi sur la protection de la santé
publique
Le Président (M. Trudel): D'accord. Si on continue, on est
à l'article 102. Est-ce cela, Mme la ministre? L'article 102...
Une voix: L'article 102.
M. Rochefort: L'article 16, on l'a suspendu?
M. Filion: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on attend quelqu'un de la régie qui
va fournir les réponses à vos questions.
Le Président (M. Trudel): Oui, l'article 16 est
suspendu.
M. Rochefort: Vous pensez que cela va se faire aujourd'hui!
Mme Lavoie-Roux: Pardon? M. Rochefort: Aujourd'hui. Mme
Lavoie-Roux: Oui, oui, aujourd'hui.
Le Président (M. Trudel): Nous sommes à
l'article...
Mme Lavoie-Roux: On les a sortis...
Le Président (M. Trudel): ...102, qui se lit comme suit:
"L'article 3 de la Loi sur la protection de la santé publique (L.R.Q.,
chapitre P-35) est abrogé."
Je pense que nous avons...
M. French: Voilà...
Le Président (M. Trudel): ...un autre papillon.
M. French: J'espère que non.
Le Président (M. Trudel): Je pense que nous avons un
papillon, je ne veux pas vous décevoir...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Trudel): On est tellement bien
partis!
M. French: Non, non, ce n'est pas un papillon.
Le Président (M. Trudel): Non, à l'article 102, je
m'excuse, on n'a pas de papillon.
M. French: Essentiellement, on sait qu'il y a un régime
dans la loi sur l'accès et la protection des renseignements nominatifs
qui prévoit une procédure de contrôle,
d'accessibilité des données pour les fins de la recherche. Ce que
nous faisons, c'est que nous entrons les données statistiques du
ministère, dont il fait la cueillette sous la Loi sur la protection de
la santé publique, sous le même régime
d'accessibilité pour les fins de la recherche.
Le Président (M. Trudel): Adopté? Est-ce que cela
va, M. le député de...
M. Filion: Je suis en train de vérifier mes notes, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Allez-y. M. Filion: Cela
va, adopté.
Le Président
(M. Trudel): Adapté.
Maintenant, l'article 104; il se lit comme suit: "L'article 28 de la Loi
sur la protection du malade mental...
Une voix: L'article 103. M. French: L'article 103,
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, vous avez
raison.
L'article 103 se lit: "L'article 67 de cette loi, modifié par
l'article 257 du chapitre 95 des lois de 1986, est de nouveau modifié
par la suppression du deuxième alinéa."
M. le Ministre.
M. French: C'est une invitation ou un ordre à traiter les
renseignements obtenus par un enquêteur sous la Loi sur la protection de
la santé publique à l'intérieur du régime
général d'accès et de protection prévu par la loi
d'accès et de protection des renseignements personnels.
Le Président (M. Trudel): Cela va?
M. Filion: Oui, en ce qui me concerne, cela va.
Le Président (M. Trudel): Adopté? Une voix:
Adopté.
Loi sur la protection du malade mental
Le Président (M. Trudel):
Article 104 dont je reprends la lecture. "L'article 28 de la Loi sur la
protection du malade mental (L.R.Q., chapitre P-41) est modifié par le
remplacement, dans la première ligne, du mot "Tout" par les suivants:
"Malgré le premier alinéa de l'article 59 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels (L.R.Q., chapitre A-2.1), tout".
M. le ministre.
M. French: Je pense que l'objectif de l'amendement est assez
clair. S'il y a discussion de fond, évidemment, ce sera ma
collègue qui en sera responsable.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon.
M. Filion: De mon côté, c'est clair en ce qui
concerne l'objectif de cet article. En somme, je pourrais me permettre
peut-être de m'exprimer un peu sur le sujet. Le ministre me corrigera si
je me trompe.
Il existe dans la loi du ministère de la Santé et des
Services sociaux certaines dispositions particulières carrément
inconciliables avec la loi d'accès à l'information. Dans ce
cas-ci, on utilise la clause "malgré que" de façon très
expresse, ce qui écarte l'application de la loi d'accès pour
conserver l'article spécifique contenu dans la loi sectorielle pour lui
donner plein effet, mais il y a juste une question que je me pose, c'est sur
l'utilisation de tous les "malgrés que". Évidemment, entre
"malgré que" et "sous réserve que", il y a une maudite
différence, "sous réserve" donne plein effet à la loi que
l'on veut écarter et "malgré" donne plein effet à la loi
sectorielle. On se comprend là-dessus. Mais pourquoi utiliser cette
formulation-là plutôt que d'autres types de clauses
dérogatoires? Il y a toutes sortes de formulations, de clauses qu'on
peut appeler dérogatoires, mais on emploie "malgré" dans la loi
d'accès à l'information.
M. French: J'ai deux points. D'abord, c'est une loi
prépondérante. Donc, cela prend un "malgré" pour rendre
les choses très claires vis-à-vis de la loi
prépondérante.
Deuxièmement, c'est un choix: Est-ce qu'on met l'exception dans
la loi sectorielle ou est-ce qu'on truffe la loi sur l'accès avec des
exceptions.
M. Filion: Oui, c'est cela, ma question. (12 h 15)
M. French: Et la philosophie, c'était de mettre
l'exception dans la loi sectorielle. La décision a été
philosophique et a été prise de la mettre - on peut voir des
exceptions partout - la plupart du temps dans les lois sectorielles et je pense
que cela se défend.
M. Filion: Oui, cela se défend, mais on emploie deux
méthodes et je me demandais sur quelle base on pouvait mettre la
dérogation, la clause dérogatoire "malgré que" dans cette
loi plutôt que dans la loi d'accès à l'information.
M. French: La règle, c'est dans la loi sectorielle. Les
exceptions aux exceptions sont dans la loi... Il y a quelques cas, notamment
l'adoption - on va voir - qui se trouvent dans la loi sur l'accès, mais
à tout jamais, dans le cas de l'adoption, parce que je pense que...
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être modifié
éventuellement.
M. French: Oui, c'est ça.
M. Filion: C'est juste en attendant de voir...
M. French: Oui, c'est un parc de stationnement dans ce
cas-là.
M. Filion: Cela me va. Adopté. Est-ce que cela va, M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Oui.
Loi sur les services de santé et les services
sociaux
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 117
qui, lui, est objet d'un papillon qui a été déposé
ce matin. Le papillon ayant pour objet de remplacer complètement
l'article 117, on me permettra de lire simplement le papillon plutôt que
l'article et le papillon, j'imagine.
Le papillon qui vient remplacer l'article 117 -se lit comme suit:
L'article 117 du projet de loi est remplacé par le suivant: "117.
L'article 7 de la Loi sur les services de santé et des services sociaux
(L.R.Q., chapitre S-5), modifié par l'article 306 du chapitre 95 des
lois de 1986, est de nouveau modifié: "1° par l'insertion, dans la
deuxième ligne du deuxième alinéa et après le mot
"avec", de ce qui suit: "malgré le paragraphe 5° du deuxième
alinéa de l'article 59 de la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, (L.R.Q.,
chapitre A-2.1)"; "2° par le remplacement, au deuxième alinéa
et après le nombre 125, des mots "de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels (L.R.Q., chapitre A-2.1)" par les mots "de cette loi"; "3° par
le remplacement, dans la cinquième ligne du troisième
alinéa, des mots "ou à la commission" par les mots "à la
commission ou à la Commission d'accès à l'information";
"4° par l'addition, après le cinquième alinéa, du
suivant: Malgré l'article 83 de la Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, un
bénéficiaire n'a pas le droit d'être informé de
l'existence ni de recevoir communication d'un renseignement le concernant qui a
été fourni à son sujet par un tiers, à moins que ce
tiers n'ait consenti par écrit à ce que ce renseignement et sa
provenance soient révélés au
bénéficiaire."
Voici l'article 117, tel qu'il apparaît au papillon. M. le
ministre ou Mme la ministre.
M. French: Je pense que c'est d'abord Mme la ministre.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Une première disposition dans le premier
alinéa...
M. French: On va s'adresser à l'ensemble...
Mme Lavoie-Roux: D'abord, on étend le droit de recours
è la Commission d'accès à l'information...
Le Président (M. Trudel): Tout l'article 117 est
remplacé...
M. Filion: Tout l'article 117 est remplacé par le
papillon. Donc, c'est bien évident, on s'adresse au papillon
seulement.
Mme Lavoie-Roux: D'une part, on ajoute le recours à la
Commission d'accès à l'information. On sait que,
déjà, les bénéficiaires peuvent avoir recours
à la Cour supérieure, à la Cour provinciale, à la
Cour des sessions, au Tribunal de la jeunesse ou à la Commission des
affaires sociales pour obtenir leur dossier ou pour en obtenir communication.
Alors, on rend explicite la juridiction de la Commission d'accès
à l'information.
L'autre disposition, c'est pour obtenir par écrit le consentement
d'un tiers avant qu'un renseignement ne soit révélé au
bénéficiaire. On le fait parce qu'on pense surtout aux situations
qui peuvent survenir du côté de la psychiatrie pour la protection
d'un tiers; par exemple un conjoint pourrait transmettre un message ou une
information et par la suite cela pourrait devenir un sujet d'aliénation
profonde entre les deux. il nous apparaît important que les informations
confiées par un tiers ne puissent pas automatiquement être
transmises au bénéficiaire, mais qu'elles doivent faire l'objet
du consentement écrit de la part de ce tiers qui transmet l'information.
On pourrait avoir des situations semblables dans certains cas de la protection
de la jeunesse ou dans d'autres circonstances. Ce sont les deux points de "
fond. Le reste, c'est davantage de la concordance.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Je me permets de lancer les premières balles.
Tout cela dit gentiment.
En ce qui concerne le troisième alinéa, c'est clair. On va
y aller par alinéa, parce que je veux cerner la portée de
l'article. Au troisième alinéa, on introduit, comme palier de
juridiction, la Commission d'accès à l'information comme
alternative?
Mme Lavoie-Roux: Si on veut. Cela dépend du sens que vous
vous donnez au mot "alternative".
M. Filion: C'est "ou", c'est cela. Alors, il peut s'adresser
n'importe où, à peu près.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est un sixième
recours...
M. Filion: II n'aura pas de problème pour trouver la bonne
porte, l'avocat ou le bénéficiaire; il va se retrouver.
Mme Lavoie-Roux: ...ou un cinquième. C'est cela.
M. Filion: Bon!
Mme Lavoie-Roux: Cela nous apparaît une protection
ultérieure pour le bénéficiaire.
M. Filion: Bon! En ce qui concerne le deuxième
alinéa, on parle de remplacer au deuxième alinéa,
après le nombre "125", les mots "de la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics" par les mots "de cette loi". Je vous avoue
que j'ai eu de la difficulté...
M. French: Dans le premier alinéa, on réfère
explicitement à la loi. Donc, on peut éliminer la
répétition. Je pense que c'est pour cela. C'est sous
réserve, mais c'est ce que j'ai compris.
M. Filion: C'est cela? Bon! d'accord, parfaitl C'est
réglé.
Mme Lavoie-Roux: Le nom est inscrit au complet dans le premier
alinéa; c'est pour éviter de le répéter.
M. Filion: Parfaitl Le premier alinéa, c'est la clause
dérogatoire - je l'appelle comme cela, je ne sais pas si la terminologie
est exacte - par rapport à l'économie générale de
la loi sur l'accès à l'information, parce qu'il y a une
dérogation, parce qu'il y a un régime bien particulier
défini dans l'article. En ce qui concerne la portée du
quatrième alinéa tel que le papillon nous le présente, je
crois comprendre - vous me corrigerez si je me trompe - qu'un
bénéficiaire ne pourra pas prendre connaissance d'un
renseignement - on devrait plutôt mettre cela à la forme active -
le responsable de l'accès à l'information ou le responsable au
sein de l'établissement ne pourra pas communiquer les renseignements
contenus dans le dossier, qui ont été inscrits ou
communiqués par des tiers. Le mot "tiers" est large. Dans votre
exposé, vous avez dit: C'est pour éviter qu'il y ait des
frictions.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, c'est un exemple que je donnais.
M. Filion: Un frère, par exemple, pourrait divulguer au
médecin tel renseignement susceptible de créer des frictions avec
son frère, des conflits d'ordre familial ou amoureux, peu importe. Mais
le mot "tiers" est large.
Mme Lavoie-Roux: D'ordre médical aussi.
M. Filion: Si un médecin obtient une information d'un
autre médecin, c'est un tiers.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. French: Oui, c'est un tiers.
M. Filion: Écoutez, il faut bien se rendre compte que
c'est une dérogation nette, claire et précise à
l'économie générale de la loi. C'est très large. Le
mot "tiers" est large. De plus, il n'y a aucune limite à cela. On dit:
Dès que cela vient d'un tiers, on oublie cela. De la façon dont
c'est rédigé cela va loin. Un rapport qui a été
préparé par exemple par un interne, par un autre
département de l'hôpital ou par une autre personne que celle qui
fait l'inscription est exclu. Je comprends votre idée de friction entre
deux personnes. J'ai de la misère à saisir véritablement
pourquoi on étendrait de façon aussi large que cela une exception
qui pourrait se justifier par des raisons que vous avez exposées. Vous
me saisissez. On emploie le mot "tiers". C'est large en maudit, cela.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Je pense bien que le tiers cela
peut être aussi le laitier qui passe. 5i vous voulez le mettre aussi
large que possible, cela peut être cette personne.
M. Rochefort: Non, ce n'est pas nous, Mme la ministre, qui le
mettons large comme cela, c'est le texte de loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste qu'il s'agit d'informations
d'ordre médical ou social dans le sens des services rendus par nos
établissements de santé et de services sociaux. Il reste que
cela, en soi, restreint déjà quand même le nombre de tiers
qui peuvent intervenir dans ces situations-là, puisque c'est
relié à une situation quand même bien définie,
à un état de maladie, quelle soit physique ou mentale. On demande
qu'il y ait le consentement du fournisseur de l'information pour qu'elle soit
transmise au bénéficiaire.
On pourrait aussi se priver, si tel n'était pas le cas,
d'informations fort pertinentes et utiles surtout dans le traitement des
personnes, encore une fois, particulièrement dans les cas de
problèmes d'ordre psychologique ou psychiatrique. Si on veut
éventuellement travailler à la réinsertion sociale de ces
gens-là et qu'il s'agit d'une information transmise par un tiers
très proche de la personne en particulier, je pense qu'on peut rendre
cette réinsertion beaucoup plus difficile compte tenu de la situation
conflictuelle qu'elle peut engendrer.
C'est vraiment dans l'esprit de donner au bénéficiaire
qu'on traite ou qu'on essaie de réadapter ou de réhabiliter
toutes les chances possibles. Je vois difficilement qu'on
rende obligatoire cette diffusion sans qu'il y ait consentement de la
personne qui a transmis l'information, parce que vous allez restreindre une
information qui, bien des fois, pourrait être fort utile dans le
traitement de la personne.
M. Filion: Je vous écoutais attentivement. Il faut se
rendre compte que l'article tel que rédigé, qu'on a devant nous,
s'applique à tous les renseignements. Il ne crée pas de
distinction dans les renseignements, ce sont tous les renseignements. Par
exemple, si mon père a dit au médecin qu'à l'âge de
trois ans j'ai eu une...
Mme Lavoie-Roux: Une coqueluche aiguë.
M. Filion: ... coqueluche aiguë, par exemple, je n'ai pas le
droit de prendre connaissance du fait que... Si vous me le permettez. Cela a
peut-être l'air un peu loufoque, mais je n'aurais pas le droit de savoir
que j'ai eu une coqueluche aiguë à l'âge de trois ans parce
que mon père vit en Floride et qu'il n'a pas encore répondu ou
que je ne sais pas où il est rendu ou peu importe. C'est large.
Deuxièmement, c'est une exception au principe
général, Mme la ministre. On a un principe qui dit qu'on a
accès à l'information, cela ne dit pas... L'information est dans
mon dossier. Si elle est inexacte, je ne peux même pas la corriger»
Si, par exemple, quelqu'un a répété... Je trouve que c'est
une espèce de bel article pour la propagation des rumeurs, à part
cela. Mettons que Floyd Youmans a fait usage de la drogue. Si un journaliste a
dit cela, cette rumeur entre dans son dossier et il ne peut pas le savoir. Je
vous donne un exemple puisé dans l'actualité sportive, mais vous
comprenez jusqu'où cela peut aller.
Le Président (M. Trudel): Je pense que vous avez vraiment
le goût de jouer au baseball, M. le député,
M. Filion: C'est vrai qu'on joue samedi. Le Président (M.
Trudel)s C'est samedi.
M. Filion: En deux mots, la couverture est éminemment
large et l'utilisation du mot "tiers" ouvre la porte à des abus eu
égard aux obligations que fait la loi.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que votre exemple de la coqueluche,
c'était pour frapper l'imagination. De toute façon, cela devrait
normalement faire partie de votre histoire médicale.
M. Filion: Mais si l'information que j'ai eu la coqueluche est
fournie par un tiers.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que... (12 h 30)
M. Filion: C'est ce que l'article dit, Mme la ministre. On adopte
des articles ici, on n'adopte pas des intentions. L'article dit "communication
d'un renseignement le concernant". Ce n'est pas dit que la coqueluche, on a le
droit de la donner dans mon histoire médicale. Si c'est mon père
qui a donné cette information ou un autre médecin, à ce
moment la divulgation n'aura pas lieu parce qu'elle vient d'un tiers.
Je suggérerais peut-être une formule qui irait un peu dans
le sens de la recommandation de la commission et qui dirait: Lorsque les
renseignements ont été donnés par des tiers, on peut les
divulguer en notifiant les tiers.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ou l'autre chose...
M. Rochefort: Je serais même prêt à aller plus
loin que cela.
M. Filion: Peut-être. C'est juste une hypothèse que
je lance comme cela. Mais il y en a d'autres.
Mme Lavoie-Roux: Oui. On va les écouter. On en a
peut-être une, nous aussi.
M. Filion: Oui?
M. Rochefort: Dans la formulation suggérée par la
commission, un des problèmes que je vois, c'est que cela peut venir
"désinciter"...
M. French: ...les gens à fournir les renseignements
nécessaires.
M. Rochefort: ...un tiers à fournir. Bon.
M. French: C'est la contrepartie qui est très
importante.
M. Rochefort: C'est cela. Bon! Je pense que l'idéal serait
d'assurer le bénéficiaire que le renseignement va lui être
fourni mais pas le tiers.
M. Filion: Pas l'identité du tiers, sauf si...
M. Rochefort: Que M. le député de Taillon soit au
courant que dans son dossier médical il y a eu problème X, Y, Z,
c'est une chose. Qu'il sache qui l'a fourni... Non, mais revenons - M. le
Président, si vous le permettez, pour être bien sûrs de ne
pas faire une discussion théorique inutilement -avec les exemples que la
ministre nous a donnés.
Dans le cas de celui qui a eu des problèmes psychiatriques, qui
est en voie de
réinsertion sociale, on veut absolument s'assurer qu'on prend
tous les moyens pour bien réussir sa réinsertion sociale. Je
comprends qu'effectivement l'identification d'un renseignement,
particulièrement dans le cas d'un dossier relié à un
problème de santé mentale, peut créer des situations qui
pourraient poser beaucoup de problèmes par la suite, y compris, par
exemple, celui de paralyser le processus de réinsertion.
S'il ne sait pas qui a fourni le renseignement, j'avoue que je ne vois
pas tellement. Écoutez, il est évident que lui-même, si
c'est un candidat à la réinsertion sociale -je reste dans le
carré de sable que vous avez délimité - qu'il sache que
son médecin traitant sait telle ou telle chose, normalement cela ne
devrait pas poser de problème. Mais qu'il sache qui a informé de,
je suis assez sensible à cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'aurais pu peut-être souscrire
à ce genre de nuance que vous voulez apporter, sauf que la nature
même de l'information donnée peut révéler la source.
Par exemple, si c'était quelque chose d'étroitement relié
aux habitudes de vie un peu asociales ou, enfin, atypiques, comme on dit, de
cet individu et qui ne peuvent être que. le résultat de sa vie
à l'intérieur de son domicile ou de sa vie intime, etc., à
ce moment-là, la personne pourrait être identifiée.
S'il s'agit d'une information beaucoup plus large, comme de savoir s'il
a eu la coqueluche, ce peut bien être sa grand-mère qui a su qu'il
avait été bien malade quand il avait trois ans et qu'il a eu la
coqueluche, autant que son père ou sa belle-soeur. Mais pour encore
rester avec le même exemple, je ne suis pas sûre si c'est une
question reliée à son travail, mais quelque chose de relié
à sa vie familiale, plus intime et surtout s'il s'agit de quelqu'un qui
aurait des tendances paranoïaques, ce qui peut arriver... Dans n'importe
quel cas, je pense que vous allez identifier...
M. Rochefort: Je souhaite que vous restiez dans le carré
de sable que vous avez délimité vous-même.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, la psychiatrie.
M. Rochefort: Celui qui a des problèmes de paranoïa,
je ne suis pas sûr que ce soit votre premier candidat en
réinsertion sociale, demain matin.
Mme Lavoie-Roux: Non. J'espère qu'on ne garde pas à
l'hôpital tous les gens qui, à un moment ou l'autre, souffrent de
paranoïa, parce qu'il n'y aura plus grand monde en circulation.
M. Rochefort: Oui. Mais en tout cas. On est mieux de rester dans
votre carré de sable.
M. Filion: Je ne sais pas quel milieu vous fréquentez, Mme
la ministre, mais je vais vous dire...
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de paranoïa dans le Parti
québécois?
M. Filion: II y en a, mais pas tant que cela. Il y a quelques cas
isolés.
M. Rochefort: M. le Président.
M. -Filion: II y en a peut-être plus chez vous parce
que...
Le Président (M. Trudel): C'est juste une question de
nombre et de proportion de toute façon. Il n'y en a pas plus chez nous
que chez vous. Allez-y, M. le député de Gouin.
Mme Lavoie-Roux: C'est la raison principale. Moi, je me disais:
Si on prenait une autre formule...
M. Rochefort: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: ...si on prenait la formule de renseignements
confidentiels, c'est-à-dire qui ont été fournis d'une
façon confidentielle, à ce moment, on pourrait quand même
faire lever cette confidentialité par un consentement écrit.
À ce moment, ça risque...
M. French: Dans les autres cas, ce serait ouvert.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait ouvert dans les autres cas.
M. Rochefort: M. le Président, toujours dans le même
carré de sable dans lequel on est depuis quelques minutes, la tendance
à la confidentialité extrême qui règne dans ces
milieux pour toutes sortes d'habitudes prises que la ministre connaît
bien, moi, je serais plutôt tenté de circonscrire cela
peut-être d'une autre façon. On a les cas de santé mentale,
pourquoi pas ne pas préciser qu'on fait référence à
ces cas? Là, j'avoue que moi, je suis...
Mme Lavoie-Roux: II n'est pas sûr que cela ne se pose pas
dans d'autres cas.
M. Rochefort: Mais voyonsi Qu'est-ce que cela peut être
d'autres cas?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, si on parle de maladie
infectieuse, par exemple.
M. Rochefort: Qui, mais que vous-même, vous sachiez que
vous avez été en contact avec quelqu'un qui en avait, cela ne
doit pas être un tort. Non, mais restons sur cet exemple, justement. Je
ne veux pas qu'on en discute théoriquement.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux dire, M. le Président,
c'est qu'on pourrait peut-être essayer de restreindre cela à la
santé mentale. Je ne suis pas sûre qu'on puisse exclure toutes les
autres possibilités sur le plan de la santé physique
également.
M. Filion: Est-ce que je me trompe, mais l'article qu'on va
encore étudier à fond, donne la possibilité au
professionnel de retenir la divulgation d'une information, si cette divulgation
de l'information est susceptible de causer un préjudice à la
santé? Cet article est en vigueur et il va continuer à
s'appliquer. Vous me saisissez. Alors, est-ce qu'au fond, cet article ne vient
pas servir de garde-fou à la situation très particulière
que cherche à restreindre le quatrième alinéa de l'article
117. Mais en cherchant à toucher une situation, on en prend tellement
large. Si vous me le permettez, Mme la ministre, vous avez è l'esprit
les cas de CSS finalement et j'en suis.
Moi, je vous dis que cela va s'appliquer aux cas de santé aussi.
Pour les exemples que je vous ai donnés tantôt, je n'ai pas eu de
réponse. Un médecin qui parle à un autre médecin,
c'est un tiers. Moi, j'aimerais mieux peut-être qu'on fasse
référence à la balise fixée par l'autre article,
l'article 7, sauf erreur, qui dit qu'une information ou un renseignement ne
doivent pas être divulgués s'ils sont susceptibles de causer un
préjudice à la santé, comme c'est le cas, finalement, du
seul exemple qu'on a devant nous.
M. French; C'est le tiers qui est concerné.
Mme Lavoie-Roux: C'est le tiers qui nous préoccupe, et non
pas le bénéficiaire.
M. French: C'est le tiers qui est concerné.
M. Filion: C'est la même chose.
M. Rochefort: M. le Président, selon l'exemple que la
ministre nous a donné, ce n'est pas le tiers qui nous préoccupe,
c'est le bénéficiaire.
M. Filion: Ce n'est pas le bénéficiaire, là.
Ce n'est pas le tiers...
M. French: En tout cas...
Mme Lavoie-Roux: Ce peut être les deux.
Écoutez...
M. French: ...la rédaction vise à l'incitation que
vous avez vous-même soulevée, M. le député de Gouin,
soit l'attitude d'un tiers à fournir systématiquement les
renseignements nécessaires. Je ne défends pas la lettre de
l'article, M. le député, je veux vous expliquer
l'intérêt primordial qui est visé, qui me rend très
inconfortable, mais qui est de protéger l'attitude collaboratrice des
fournisseurs d'informations possibles, que ce soit une fois dans une vie pour
un membre d'une famille ou vraisemblablement, plus régulièrement
pour les professionnels de la santé et des services sociaux.
M. Rochefort: C'est là-dessus, M. le Président, que
j'ai une question que je vais adresser au ministre des Communications. Cela
fait trois ou quatre fois que je le vois avec conviction dire: Oui, ça
touche aussi un médecin.
M. French: Vous me demandez si un tiers peut être un
médecin?
M. Rochefort: Oui. M. French: Oui.
M. Rochefort: Vous nous faites signe que oui chaque fois et avec
beaucoup de conviction.
M. French: Non, non.
M. Rochefort: Je ne sais pas si vous, y teniez, non?
M. French: Oui, sur le fond, oui, comme faits, mais pas oui parce
que je crois que cela devrait être...
M. Rochefort: Je ne vois pas le problème si cela vient
d'un médecin.
M. French: Excusez-moi?
M. Rochefort: Je ne vois pas le problème si cela vient
d'un médecin.
M. French: Je pourrais peut-être essayer de vous en donner.
En tout cas, on en a certainement eu. Je vais vous donner un exemple, la
Régie de l'assurance-automobile qui n'est pas touchée directement
par ceci. Si un ophtalmologiste ou un médecin voit que la vision de la
personne qui détient un permis de conduire se détériore.
La personne veut continuer à détenir...
M. Rochefort: Oui.
M. French: ...son permis de conduire.
Le médecin fournit les renseignements à la régie.
Le médecin ne veut pas que son patient se retourne contre lui et dise:
C'est vous qui êtes responsable de ma perte.
M. Rochefort: M. le Président, s'il y a une question de
principe fondamental avec laquelle je suis en opposition formelle avec le
ministre, c'est bien celle-là. Moi, j'ai le droit de savoir que mon
optométriste ou mon ophtalmologiste a dit...
M. French: Encore une fois, M. le Président...
M. Rochefort: ...à la Régie de l'assurance-maladie
du Québec que je ne suis pas apte à conduire selon ses
compétences professionnelles et de les faire vérifier par la
suite.
M. Filion: De toute façon, l'exemple que vous donnez est
hors d'ordre. Il ne s'applique pas à l'article à l'étude.
D'accord, c'est parfait. C'était juste pour... Excusez.
M. French: Non, non, je comprends.
Le Président (M. Trudel): Vous pouvez laisser le ministre
répondre, s'il vous plaît.
M. French: D'abord, je n'ai pas dit que j'étais
nécessairement d'accord. J'essaie d'expliquer que ces gens nous donnent
des arguments qui d'abord couvrent les professionnels et que certainement le
libellé de la loi couvre les professionnels. Qu'on soit d'accord ou non,
c'est une deuxième question. Je le sais. Vous m'avez invité
à vous donner un exemple.
M. Filion: Vous me dites que cela couvre les professionnels.
M. French: J'ai dit tout de suite: La régie, ce n'est pas
couvert là, mais je peux imaginer d'autres cas où le même
genre d'argument serait apporté. Mais essayons de distinguer entre mon
effort de vous expliquer quels sont les genres d'argumentation et les genres de
couvertures dont il est question et ce que je pense personnellement.
M. Filion: D'accord.
M. Rochefort: Si vous me le permettez, dans la suggestion que
nous faisait la ministre, la piste qu'elle suggérait qu'on
vérifie tous ensemble, les renseignements de nature confidentielle
seraient couverts...
Mme Lavoie-Roux: Que la personne aurait confié d'une
façon confidentielle. Ils peuvent toujours être de nature
confidentielle par rapport au public, mais ils exprimeraient le
caractère confidentiel de la communication qu'on faisait.
M. Rochefort: Ah bon! Moi, je le prenais dans l'autre sens. Dans
ce sens, je trouve que cela ne règle pas le cas...
M. Filion: Moi, je me dis ceci: Voilà une information
transmise par un tiers et qui est partie d'un dossier médical. De deux
choses l'une: Ou on veut faire protéger le caractère confidentiel
de la transmission de l'information pour protéger les tiers afin qu'ils
puissent continuer à fournir les informations parce qu'on veut que le
dossier médical soit le plus complet possible. C'est notre premier ordre
de préoccupation et j'y reviendrai. Notre deuxième ordre de
préoccupation, c'est l'effet que peut avoir ce renseignement, sa nature,
son contenu sur le patient ou le bénéficiaire lui-même.
Prenons la première préoccupation. Il faut que le tiers continue
à alimenter le dossier médical évidemment. Si vous retenez
une suggestion du type "ne pas divulguer l'identité du tiers", vous
venez de régler le problème dans 99.999 % des cas. Laissez-moi
terminer.
En ce qui concerne le deuxième ordre de préoccupation, il
y a l'autre article qui dit que, lorsque la divulgation d'un renseignement est
susceptible de causer plus de mal que de bien ou est susceptible de causer un
préjudice à la santé du bénéficiaire, on
peut le retenir, on peut ne pas divulguer ce renseignement. D'accord? II me
semble qu'en ayant ces deux balises on respecterait aussi l'économie
générale de la loi. Pourquoi est-on ici aujourd'hui? On est ici
pour faire en sorte que les renseignements circulent. C'est fini le temps
où l'on vivait dans les nuages et où les gens détenaient
des renseignements sur nous, sans qu'on le sache. C'est cela, la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels et je ta résume de façon très
vulgarisée. Le principe est important. Je pense qu'il faudrait chercher
à le conserver dans ce cas, quitte à mettre les balises que nos
préoccupations justifient.
Mais de là à mettre de côté le principe
général et dire: Tout ce qui vient d'un tiers, on ne le divulgue
pas, à moins qu'il n'y ait un consentement par écrit.
Imaginez-vous la belle correspondance! Je pense que c'est le bureau des postes
du Canada qui va être heureux si on adopte cela. On n'en finirait plus.
Les dossiers médicaux contiennent des tas de renseignements. Les
médecins passent leur temps à se parler entre eux. Si par
exemple, votre cardiologue a un renseignement à donner à votre
généraliste, ils se parlent entre eux et ils mettent cela dans le
dossier. Cela veut dire que le généraliste n'aurait pas le droit
de me dire ce que le cardiologue a dit à mon sujet. Cela n'a pas de
sens! Dans les dossiers de la Santé et des
Services sociaux, si l'on pense aux délinquants en particulier.
Tout de même! En respectant et en protégeant l'anonymat du tiers
et en protégeant également le bénéficiaire pour
faire en sorte que si le renseignement... Par exemple s'il apprend que son
père se livrait à des attouchements sur sa personne quand il
était jeune et que lui, il ne le sait pas, alors il ne faudrait pas
qu'il l'apprenne. Il ne l'apprendra pas à cause d'un autre article qu'on
adopte par ailleurs. Encore une fois, il ne faut pas perdre de vue le but de
notre exercice qui est de faire en sorte que la divulgation des renseignements
puisse être la plus large possible compte tenu, bien sûr, des
situations particulières. J'essaie de résumer. Je donne tout cela
à votre appréciation. Encore une fois, ce n'est pas facile. Je
n'ai jamais prétendu que c'était facile. Il me semble que dans ce
cas on écarte vraiment trop facilement l'objectif de la loi. (12 h
45)
Mme Lavoie-Roux: J'essaie de comprendre la préoccupation
du député de Taillon. On va repartir du point de départ.
Il a dit: Le tiers, c'est trop large. Vous avez fait intervenir la notion du
tiers, qui est trop large comme elle est étudiée ici. Au fond,
vous dites qu'il y a constamment à l'intérieur d'un
établissement des échanges entre différents
départements, etc. Au fond, les tiers qu'on veut protéger sont
peut-être davantage ceux qui sont reliés à la vie, comme je
le disais tout à l'heure, plus proches d'une façon permanente,
parce que les autres peuvent aussi avoir des interventions qui sont proches
d'un patient, mais d'une façon plus temporaire. Votre question
d'identification du tiers a des gros inconvénients, je pense, du fait
qu'elle permet une identification. Ce sont surtout des données qui sont
peut-être, comme je le disais tout à l'heure, beaucoup plus
intimes, beaucoup plus sensibles et passibles de créer chez le
bénéficiaire des sentiments d'hostilité ou ce qu'on voudra
envers ce proche qui aurait transmis ces informations. Peut-être qu'en
l'excluant, le tiers ne s'appliquant pas aux autres professionnels de la
santé qui interviennent dans le cas du bénéficiaire...
M. Rochefort: ...et des services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: ...et des services sociaux, cela diminuerait
déjà la portée du tiers. Comme je le disais tout à
l'heure, à moins de circonstances exceptionnelles, peut-être que
le laitier qui a observé quelque chose d'extraordinaire viendra dire
quelque chose, mais d'une façon générale, je pense qu'on
peut dire que ce sont des proches, des proches au plan parental ou des proches
responsables d'une personne.
M. Rochefort: J'ai le goût de compléter, M. le
Président. Je pense que c'est quelque chose d'intéressant. En
tout cas, c'est un pas dans la bonne direction quant à nos
préoccupations. Si on disait d'une part, qu'on exclut les professionnels
de la santé et des services sociaux et, d'autre part, si on disait un
renseignement qui permet l'identification du tiers. Parce qu'il y a des
renseignements qui le permettraient. Je reprends l'exemple, je m'excuse...
Mme Lavoie-Roux: De sa coqueluche. Ce peut être sa
grand-mère...
M. Rochefort: ...de sa coqueluche. 11 doit y avoir plus que son
père qui soit au courant qu'il a déjà eu une
coqueluche.
Mme Lavoie-Roux: Sa mère a dû s'inquiéter;
son grand-père aussi.
M. Rochefort: Donc, le fait que le député de
Taillon soit au courant que, dans son dossier, il y a quelqu'un qui a
informé son médecin qu'il a déjà eu une
coqueluche...
Le Président (M. Trudel): Là, c'est toute la
population qui va être au courant de la coqueluche de M. le
député de Taillon.
M. Rochefort: C'est cela. Il n'y a donc pas de problème
pour le tiers.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous eu la coqueluche au moins, quand vous
étiez jeune?
Le Président (M. Trudel): On va démentir
l'information.
M. Rochefort: Vous voyez, il ne le sait pas. Donc, il n'y a pas
de problème pour le tiers.
Mme Lavoie-Roux: II ne le sait pas.
Le Président (M. Trudel): Vous ne le saurez jamais.
M. Filion: Je ne le sais pas et je ne le saurai jamais si c'est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non, si votre grand-père consent, vous le
saurez.
M. Filion: II est mort.
M. Rochefort: Avant la sanction, on va faire une recherche
là-dessus. Mais quelle est la réaction de la ministre
là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Sur la question qui permettrait
l'identification?
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: La personne, qui
aura la responsabilité de transmettre l'information, pourra
toujours exercer un jugement absolument précis, à savoir si cela
révèle l'identité ou non.
M. Rochefort: J'ai le goût de dire que c'est un peu
l'économie générale des dispositions qui concernent la
santé et les services sociaux. Ce sont les professionnels de la
santé et des services sociaux qui vont avoir le dossier.
Mme Lavoie-Roux: II y a toujours des mesures...
M. Rochefort: Puisqu'on leur permet de mettre des renseignements
dans les dossiers, puisqu'on leur permet de faire comprendre le dossier
à un bénéficiaire, j'imagine que pour le faire comprendre,
ils doivent au moins le comprendre. Oui, c'est une donnée importante,
dans la compréhension d'un dossier, de savoir si cela peut mener
à un problème.
M. Filion: Pendant que vous réfléchissez à
cet aspect, je voudrais ouvrir une autre parenthèse. Dans le projet de
loi, vous avez créé une possibilité, si l'on veut, de
détourner le régime d'exception en disant: "À moins que ce
tiers n'ait consenti par écrit". Quand on commence à tomber dans
les consentements par écrit de personnes qui sont dans certains cas
décédées. Imaginez-vous! Qu'est-ce qui arrive dans ce
cas-là? Elle est morte. Mon père a dit telle chose sur mon
compte...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez.
M. French: Je pense que comme juriste...
M. Filion: Non, mais c'est sérieux. Un père aurait
dit telle chose sur son enfant et il est mort. Le médecin est en train
de faire son histoire psychiatrique et il a le renseignement du père. Le
patient n'en saura jamais rien. Le père est mort. Toutes ces affaires de
consentement par écrit, je trouve que c'est gentil comme intention.
C'est de la belle tarte aux pommes. Comme législateurs, on adopte cela
et on dit qu'on a fait notre "job". Les gens vont consentir par écrit!
Imaginez-vous la paperasse qu'on est en train de développer! Les
dossiers des établissements contiennent des informations venant de
partout, surtout dans le secteur psychiatrique et dans le secteur social. Dans
le secteur médical aussi. Il y a des dossiers qui sont énormes et
remplis de renseignements qui viennent de partout. Imaginez-vous la belle
bureaucratie qu'on est en train de créer là. Je ne sais pas, je
me dis: On a un régime, on a une loi, il faut l'appliquer, à
moins de raisons sérieuses. Les raisons que vous avez données
sont sérieuses et pourraient, comme l'a dit le député de
Gouin, faire l'objet d'une rédaction autre qui ferait en sorte que l'on
évite d'engloutir le coeur de notre objectif pour satisfaire quelques
préoccupations. Cela dit, je suis d'accord que c'est un pas en avant
d'exclure les professionnels de la santé. C'est clair. Mais est-ce
suffisant?Cela constituerait également un... Oui, oui, quand
je dis santé, cela veut toujours dire services sociaux au bout.
M. French: II ne faudrait pas exclure les professionnels, il
faudrait exclure le personnel.
M. Filion: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Le personnel de la santé et des services
sociaux.
M. Filion: Le personnel.
M. French: Ce n'est pas un détail, compte tenu de...
M. Filion: Oui, oui, tout le monde qu'il y a dans ce
secteur-là quand même. Deuxièmement, il y a la
possibilité intéressante qu'évoque le député
de Gouin. Je me demande même si on devrait aller jusque-là. Au
fond, on a un principe général. Est-ce que l'on ne devrait pas
vivre avec? Les frictions entre les personnes de même famille...
Mme Lavoie-Roux: Non, je regrette. Je suis bien prête que
l'on trouve des accommodements, mais cela m'apparaît trop important pour
dire: On fait tout sauter.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Si on me permet, on va essayer d'y aller comme
ceci: Premièrement, on exclut le monde de la santé et des
services sociaux, essentiellement ce que le ministre appelle le personnel du
secteur.
Mme Lavoie-Roux: II faut quand même faire attention. Celui
qui travaille dans un CLSC à salaire, c'est du personnel. Est-ce que la
même chose s'appliquerait à un médecin qui est en pratique
privée, par exemple?
M. Rochefort: Disons le personnel et les professionnels. Nos
légistes comprennent bien le sens de nos choses. C'est pour cela que
j'ai pris plutôt l'expression "le monde de la santé et des
services sociaux".
Deuxièmement, on s'entend pour dire que la personne, qui est par
définition
quelqu'un du monde de la santé et des services sociaux et qui
détient le dossier ou...
M. French: Le responsable.
M. Rochefort: Le responsable, je m'excuse, je ne connais pas le
jargon général de votre loi. Le responsable du dossier doit juger
si la transmission du renseignement est de nature à identifier le tiers.
Troisièmement, pour éviter les situations que nous
décrivait le député de Taillon tantôt, où on
cherche, 20 ans après, la personne qui a fourni le renseignement pour
voir si elle est prête à donner son consentement,je dirais qu'au
moment où on fournit le renseignement, immédiatement - comme cela
a été le cas dans les dossiers de l'adoption sur lesquels on
reviendra tantôt - on indique si on donne notre consentement pour que
l'information soit transmise ou non. Quatrièmement, quand ce n'est pas
le cas, on tombe sur ce que proposait le projet de loi.
Le 3°, c'est dès le moment où l'information est
fournie au responsable du dossier: on demande immédiatement le
consentement pour savoir s'il accepte ou non que cette information soit fournie
au bénéficiaire, pour éviter que 20 après on
cherche Pierre, Jean, Jacques.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez prévenir ceux qui sont morts,
c'est cela?
M. Rochefort: Entre autres. Pensez à tout...
M. Filion: Courir après les consentements, trois ans
aprèsl
M. Rochefort: Pensez à tout le dossier de l'adoption. Une
chance que cela s'est réglé à ce moment-là.
Quatrièmement, évidemment quand ce ne sont pas ces cas-là,
c'est le régime prévu.
Comment? Je n'ai pas compris.
M. French: S'il y a vraiment un problème tel que M. le
député de Taillon nous le décrit, ce dont je doute, mais
supposons qu'il y en a, la personne fournit les renseignements, elle dit que
c'est confidentiel, elle meurt.
M. Rochefort: C'est réglé, c'est confidentiel.
M. French: À tout jamais.
M. Rochefort: Bien écoutez! surtout s'il est mort.
M. Filion: C'est ce que le projet de loi...
M. Rochefort: C'est ce que votre loi faisait...
M. Filion: ...que vous avez déposé dit.
M. French: Moi, j'ai mal compris vos intentions, si c'est ce que
vous voulez...
M. Filion: Non, non, mais il faut se comprendre, M. le
ministre.
M. Rochefort: M. le ministre, soyons cohérents, votre loi
dit cela.
M. Filion: C'est votre loi qui dit cela. Ce n'est pas moi qui le
dit, c'est votre loi qui le dit. Moi, je vous décris la situation. Je
dis qu'il faut trouver des façons de sortir de ces situations un peu
absurdes.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on veut prévoir toutes
les circonstances, etc. Moi, je pense qu'on s'entend pour dire que cela demeure
important. J'ai cru le comprendre de la part de l'Opposition. Il y a quand
même une disposition dans la loi pour protéger le tiers qui donne
des informations dans des cas, on a pensé surtout à des cas de
santé mentale, mais en tout cas...
M. Rochefort: Moi, je vous dis cela, M. le Président, pour
que la ministre interprète bien mes propos. Moi, je ne veux pas
protéger le tiers, mais comme je me préoccupe de protéger
le bénéficiaire, je suis prêt à protéger le
tiers, mais c'est le bénéficiaire que je veux
protéger.
Mme Lavoix-Roux: Bon! d'accord. Si vous le voulez, on ne se
chicanera pas là-dessus.
Je suis prête à restreindre le tiers dans le sens qu'on a
indiqué tout à l'heure, au personnel et aux professionnels de la
santé et des services sociaux, mais les autres dispositions que
proposent les deux députés me semblent très complexes au
point de vue de l'application. Je veux demander à l'heure du lunch qu'on
examine vos deux autres propositions, mais je n'ai aucune restriction à
ce que la première soit incluse et qu'on mesure l'applicabilité
ou l'application des deux autres.
M. Rochefort: Je remercie la ministre, M. le Président, de
son ouverture d'esprit, mais puisqu'ils vont en reparler tous ensemble à
l'heure du lunch, je veux juste plaider au moins pour le deuxième
élément, et pour le troisième aussi.
M. le Président, si on juge que les responsables de dossiers sont
en mesure et acceptent de juger si la transmission d'informations contenues au
dossier peut causer un préjudice grave à quelqu'un, si
deuxièmement ces personnes, qui sont des
professionnels donc, peuvent être appelés à aider un
bénéficiaire à comprendre son dossier, je ne peux pas
imaginer qu'en troisième lieu on pense qu'ils sont trop "nonos" pour
pouvoir évaluer si la divulgation d'une information peut causer un
préjudice, non pas causer un préjudice parce que cela, c'est
déjà prévu, mais peut permettre d'identifier le tiers.
Moi, je voudrais que vous évaluiez bien cela, mais rappelez-vous les
deux autres dispositions que vous avez déjà, eu égard aux
mêmes individus dont on parle.
Mme Lavoie-Roux: On peut les examiner à l'heure du lunch
et on vous reviendra...
M. Rochefort: Je sens que j'ai touché beaucoup la
ministre, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Alors, tout en suspendant
l'article 117, nous allons également suspendre nos travaux
jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux dans l'exercice de son mandat qui
consiste à procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 28, Loi modifiant diverses
dispositions législatives eu égard à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Au moment où nous nous sommes quittés,
ce midi, nous étions toujours à l'étude de l'article 117.
Je vois que Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux n'est
pas encore entrée...
M. French: Mme la ministre est retenue au Conseil des ministres.
Elle va venir aussi rapidement que possible.
Loi sur les abeilles
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut
suggérer de passer à autre chose en attendant?
M. French: Peut-on commencer l'article 1?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Trudel): Nous suspendons
évidemment l'article 117, ce qui est dans la tradition qu'on a
instituée ce matin. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Est-ce que le ministre peut nous donner une
indication pour que je puisse voir le temps dont je dispose pour faire autre
chose? Je pense que le ministre va apprécier cela, d'ailleurs.
M. French: Pour le député de Gouin, Mme la ministre
va être ici aussi rapidement que possible.
M. Rochefort: Est-ce que ça peut être cinq minutes,
une demi-heure, une heure' Juste pour savoir cela.
M. French: Je dirais une demi-heure, mais je ne peux pas le
garantir et je trouverais dommage si vous n'étiez pas ici lorsqu'elle
arrivera, parce que vous avez des choses importantes à discuter.
M. Filion: On peut t'appeler aussitôt qu'elle arrivera, ou
si tu veux rester.
M. Rochefort: Non. Je sais que cela va bien aller.
M. Filion: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Article 1, adopté.
Article 2? J'appelle l'article 2.
M. Filion: Non, l'article 2 est déjà suspendu, M.
le Président, et demeure suspendu.
Le Président (M. Trudel): Â l'article 2, on a
décidé de ne pas...
M. Filion: C'est un...
Le Président (M. Trudel): C'est vrai, je m'excuse. Il fait
partie du groupe des articles...
M. Filion: Suspendus.
Le Président (M. Trudel): ...dont on a discuté avec
Mme la ministre.
M. Filion: Sur l'adoption. M. French: C'est ça.
Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels (suite)
Le Président (M. Trudel): L'article 3?
M. Filion: À l'article 3, peut-être que je vais
entendre les explications du ministre pour savoir si j'ai bien saisi le
problème de rédaction, je pense.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: II y a, paraît-il, une ambiguïté
parce qu'on utilise le mot "autre" deux fois dans le deuxième
alinéa. Avec l'expérience juridique du député de
Taillon. Je compte sur lui pour m'expliquer pourquoi on a fait cela et s'il est
d'accord ou non.
M. Filion: De la façon dont je l'ai compris, c'est
évident, il faut que ce soit un autre membre. C'est ça. C'est
pour cela qu'on enlève "autre". Oui, c'est l'évidence. Il ne peut
quand même pas se nommer lui-même.
M. French: D'accord. M. Filion: Adopté.
M. French: Adopté. Il n'y a pas de motivation
cachée là-dedans. En tout cas, je peux vous le dire.
M. Filion: Pas de problème.
Le Président (M. Trudel) Article 4?
M. French: Deux objectifs sont visés par cet article.
D'abord, la responsabilité de l'organisme d'informer le requérant
du montant approximatif des frais qu'il aurait à débourser pour
l'obtention d'un document. Deuxièmement, il est précisé
que le ministre des Affaires municipales peut autoriser un organisme municipal
à exiger des frais d'accès différents, etc. Maintenant, la
théorie, c'est que les gouvernements indépendants ou qui
s'autofinancent, les municipalités, sont parfois obligés de ne
pas se conformer de façon absolue au tarif en vigueur ailleurs au
gouvernement. J'aimerais préciser, pour le bénéfice du
député de Taillon, qui s'est montré
intéressé à cet aspect du projet de loi, qu'on ne
prévoit pas d'usage énorme ou industriel de ce pouvoir de
décret par le gouvernement, à la recommandation du ministre des
Affaires municipales.
Donc, entre un débat qui risquait d'être fort complexe sur
les coûts dans les diverses municipalités avec leurs diverses
tailles et structures, et la possibilité pour les cas d'exception
d'être traités avec un régime particulier au gré du
ministre des Affaires municipales, on a opté pour le deuxième
avec ce que cela comporte comme départ du principe de fond qui existe
ailleurs pour les tarifs.
Je ne pense pas qu'il risque d'y avoir des abus énormes, mais
s'il y a moyen de garder la flexibilité, de mettre plus de balises, je
suis prêt à en discuter.
M. Filion: Je pense que le ministre a été sensible
un peu à ce que je disais plus tôt dans les remarques
préliminaires. D'abord, il y a deux parties dans cet article, pour que
ce soit clair. La disposition suivant laquelle les représentants
d'organismes vont informer le requérant du montant approximatif des
frais qu'il aura à débourser, c'est une chose...
M. French: Je ne sais pas...
M. Filion: Là, il n'y a pas de problème.
M. French: C'est ce que je pensais.
M. Filion: On veut informer les...
M. French: D'accord.
M. Filion: ...gens de ce que cela va coûter. On ne peut pas
être contre cette information et la tarte aux pommes en même temps,
sûrement.
Deuxièmement, cependant, l'article du projet de loi nous dit: "Le
ministre des Affaires municipales peut, à la demande d'un organisme
municipal, fixer pour celui-ci des frais différents de ceux prescrits
par ce règlement". Ce règlement étant, évidemment,
celui relatif aux frais; je ne me souviens pas de son nom exact.
Mon gros problème dans cet article, c'est que je ne vois
absolument aucune raison de justifier le fait que le ministre des Affaires
municipales puisse autoriser une tarification différente pour des
documents. On a une loi générale, la loi sur l'accès
à l'information, qui dit: II y a un règlement fixé en
vertu de la loi; ce règlement dit que les frais doivent être
égaux à ce que cela coûte; c'est à peu près
cela, je résume. Alors, pourquoi permettre au ministre des Affaires
municipales d'autoriser une grille de tarifs ou un tarif différent,
uniquement pour permettre, l'autofinancement comme on. l'a souligné dans
le discours de deuxième lecture du ministre?
Je l'ai dit dans mes remarques tantôt, tout le monde veut
s'autofinancer. Mais à un moment donné, il y a aussi un principe
prédominant, prépondérant, qui découle encore une
fois de la Charte des droits et libertés, qui s'appelle l'accès
à l'information. Je ne vois absolument aucune raison de donner cette
autorisation. Si j'en voyais une, je pourrais comprendre, mais je ne vois pas
pourquoi on donnerait cette discrétion au ministre des Affaires
municipales. Le seul argument que j'ai entendu, c'est qu'ils veulent
s'autofinancer, mais tout le inonde veut s'autofinancer. Est-ce que c'est une
raison pour avoir des tarifs différents pour certaines
municipalités, selon qu'elles sont plus petites ou plus grosses? Je n'en
vois pas. Peut-être que, si on m'explique mieux, je vais comprendre, mais
j'avoue que, jusqu'à présent, je ne saisis pas du tout les
circonstances ou les raisons qui pourraient justifier le ministre d'accorder
à des
organismes municipaux une dérogation de cette ampleur.
Que le ministre va l'utiliser intelligemment, je le tiens pour acquis,
mais là on n'aura plus aucun contrôle sur ce tarif qui va
être adopté par règlement et dans certains cas. Est-ce que
c'est parce que le ministre va appliquer une discrétion? Il aime bien
une municipalité. Cela va coûter un petit peu plus cher là.
Au contraire. Je vois des avantages à ce que ce soit le même
règlement partout. Encore une fois, ce ne sont pas toujours des
contribuables qui font une demande. Des gens de l'extérieur peuvent
s'adresser aux municipalités pour obtenir une copie des documents.
M. French; M. le député, est-ce que je pourrais vous
faire...
M. Filïonî Oui.
M. French: ...une contre-proposition qui va peut-être dans
le sens de ce que vous dites?
M. Filion: Oui.
M. French: Qu'est-ce que vous diriez si je proposais que le
ministre des Affaires municipales peut, à la demande d'un organisme
municipal et après l'avis de la Commission d'accès à
l'information, fixer pour celui-ci - c'est-à-dire l'organisme municipal
- des frais différents de ceux prescrits par ce règlement.
M. Filion: Est-ce que je me trompe, M. le ministre? Le
règlement, dit essentiellement que les frais sont plu9 ou moins
égaux à ce que cela coûte? C'est cela? C'est bien ce que
dit le règlement qui a été adopté.
M. French: Bien! le règlement vise d'abord
l'uniformité; la récupération des coûts absolus, je
pense que c'était un voeu du Conseil du trésor. Je ne sais pas si
c'est l'objectif primordial. Si on s'embarque là-dedans, on peut aller
loin...
M. Filion: D'accord, oui.
M. French: ...ce n'est pas nécessairement dans le sens de
l'accessibilité.
M. Filion: Oui! Est-ce qu'on a une copie du règlement?
Une voix: On vous l'apporte, dans quelques minutes.
M. Filion: Merci, cela va.
M. French: II est important de se rappeler, lorsqu'on parle de
récupération des coûts ou de coûts exacts, est qu'on
ne peut, d'après ta loi, que facturer pour la transcription, la
transcription par type de support. Mais le coût du travail de recherche
et d'organisation n'est jamais récupérable par l'organisme.
M. Filion: C'est le coût de la transcription.
M. French: C'est cela.
M. Filion: Ce document existe de toute façon.
M. French: Oui, sauf que ce peut être dans un ordinateur et
ce peut être un document audiovisuel. Ce n'est pas aussi simple que juste
le papier. C'est seulement ce que je dis.
M. Filion: De toute façon, je ne veux pas changer le
règlement...
M. French: Je comprends.
M. Filion: ...qu'on se comprenne bien. On va en avoir une copie
tantôt. Je l'ai déjà eu, mais je ne l'ai pas sous la main.
Vous suggérez et vous dites: Après avis de la CAI. Est-ce que ce
serait un avis de nature coercitive ou un avis de nature simplement
suggestive?
M. French: Non, c'est un avis. Ce ne pourrait pas être une
ordonnance, si vous voulez.
M. Filion: Non, je sais.
M. French: C'est-à-dire que je suis prêt à
accepter d'autres suggestions. J'aimerais bien une flexibilité, mais une
flexibilité qui ne serait pas utilisée par toutes les
municipalités. C'est ce que je rechercherais.
M. Filion: D'accord. À ce moment, M. le ministre, il faut
retourner à la base de la question que je pose: Pourquoi créer ou
ouvrir une porte de cette nature à l'intérieur d'une loi qui, par
ailleurs, a fait ses preuves pendant cinq ans? Il faudrait me dire pourquoi
cela devrait coûter plus cher dans certains cas.
M. French: Si la loi a fait ses preuves pendant cinq ans, cela
démontre qu'on discute peut-être pour une chose absolument
primordiale. Actuellement, les municipalités fonctionnent dans la plus
grande liberté. On règle avec cela une très grande partie
du problème.
M. Filion: Quand je disais cela, je voulais dire qu'elle a fait
ses preuves dans d'autres secteurs.
M. French: Dans les grandes municipalités aussi, il y a eu
de la résistance. Il y a eu même des abus sur les tarifs, mais
cela a été réglé. Cela continue. On en règle
une bonne partie en exigeant une horizontalité ou une équivalence
avec un régime de très petites exceptions. C'est un premier
point. Je ne dis pas que cela règle votre question de fond, mais je vous
dis tout simplement que c'est cela, que dans les faits, cela change beaucoup la
pratique actuelle. Ce n'est pas une ouverture de porte, c'est une fermeture de
toutes les portes déjà ouvertes. Ce qui reste entrouvert
cependant, c'est votre question. Comme vous le savez, je ne suis pas
responsable, pour le fond de la problématique, de la liberté ou
de l'indépendance municipale. Je pense que nous avons tous entendu les
discours des maires à ce sujet. Ce que mon collègue m'a
signalé -on sait ce qu'il fait aujourd'hui - c'était son besoin,
dans un certain nombre limité de cas, d'une certaine flexibilité
pour lui permettre de répondre, en un sens d'ouverture, à un
certain nombre de cas particuliers qui, encore une fois, sont les cas de
gouvernements créatures du Parlement, mais indépendants du
gouvernement au moins nominalement. Vous dites que tout le monde veut
s'autofinancer, sauf que les municipalités ont une injonction, je dirais
quasi constitutionnelle à cette fin, ce qui n'est pas le cas des autres
organismes en question. Cela dit, je veux dire au député qu'il
peut imaginer ce que je pense. J'ai un problème, là. Le ministre
des Affaires municipales nous dit qu'il a absolument besoin de cette
flexibilité.
M. Filion: M. le ministre, à mon sens en tout cas, je vous
le signale, c'est notre responsabilité aujourd'hui et la vôtre
directement sur le plan exécutif et la vôtre encore une fois sur
le plan parlementaire. C'est une double responsabilité. Moi, j'en ai
une. Je ne vois absolument aucune bonne raison dans les propos du ministre des
Affaires municipales que vous rapportez. Le principe, c'est l'accès
à l'information. L'un des problèmes que nous avions quand nous
voulions avoir de l'information auprès des municipalités,
à l'époque, c'est que c'était faramineux. Les documenta
qu'on demande sont de plus en plus nombreux, à part cela. Les gens ont
le droit de s'informer et ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur
municipalité et dans la municipalité voisine. Par exemple, je
pense à certains documents relatifs à des constructions. Vous
savez ce que nous appelions les plans et devis, dans le temps, ce
n'était pas compliqué. Aujourd'hui, c'est rendu complexe. On a le
bâtiment sous toutes les formes. Il peut y avoir plusieurs dizaines de
pages qui concernent une même construction.
La même chose s'applique dans des tas de secteurs. Si les frais
sont dirimants pour le contribuable ou pour le citoyen, on vient de le
décourager d'accéder à l'information. Deuxièmement,
ce que le ministre des Affaires municipales nous dit par personne
interposée, c'est: Écoutez, laissez-moi la chance de discriminer
dans certains cas, laissez-moi la chance d'établir certains cas
où le tarif sera différent de celui qu'on va retrouver partout
ailleurs. Mon Dieu! Il est évident qu'il y a des municipalités
plus petites que d'autres. Il ne faudrait pas qu'il nous dise cela. On le sait.
Mais les municipalités plus petites ont beaucoup mains de
problèmes que les grandes, etc.; elles ont leurs habitudes, leurs
traditions, leurs us.
M. French: M. le député, me permettez-vous?
M. Filion: Oui.
M. French: Je veux seulement le répéter pour que ce
soit très clair. D'abord, tout le monde est d'accord que les
municipalités doivent participer avec enthousiasme et ouverture au
régime de la loi, ce que la plupart font déjà.
Deuxièmement, ce qui est devant nous représente un changement
fondamental par rapport au statu quo, c'est-à-dire les règlements
de frais adoptés par les municipalités, chacune individuellement.
Donc, en accomplissant cette...
M. Filion: Pouvez-vous répéter cela? Je ne suis pas
sûr».
M. French: Les municipalités sont actuellement libres
d'établir leur frais au niveau qu'elles le veulent.
M. Filion: Oui, mais pas supérieurs au
règlement.
M. French: II n'y a pas de règlement, actuellement. C'est
la première fois qu'on a un règlement.
M. Filion: Le règlement est-il en vigueur
actuellement?
M. French: Non, ce n'est pas cela. On a eu tellement de
problèmes au début, M. le député, dans
l'implantation. On n'avait pas suffisamment d'expérience; donc, on a
laissé - je pense que la commission était un peu malheureuse
d'ailleurs - à chacun le soin d'établir son propre régime,
non pas seulement aux municipalités, mais à l'ensemble des
différents organismes du gouvernement. Maintenant que nous avons le
règlement, cela va rendre homogène le régime de frais pour
99,9 % de tous les organismes, y compris les municipalités. On argumente
sur les derniers points de pourcentage. Je ne dis pas que ce
n'est pas important au point de vue du principe, je vous dis que,
quantitativement, en nombre d'organismes, c'est très petit,
d'accord?
Enfin, ce que je cherche, c'est le moyen de préserver ce minimum
de flexibilité, mais balisé. Je vous invite à essayer de
voir si on peut mettre d'autres bali9es que l'avis de la commission qu'on peut
mettre pour faire en sorte que ce ne soit pas une échappatoire
systématique, mais de toute façon, si on a l'avis de la
commission - elle peut le distribuer à l'ensemble des parlementaires,
à la commission de la culture - on va voir s'il y a, selon l'avis de la
commission, des abus.
M. Filion: Je veux seulement être sûr que je
comprends bien. Il y a un projet de règlement, c'est cela? Quand
entre-t-il en vigueur?
M. French: Je vais demander à mon directeur
général de vous donner des explications.
M. Lampron: Pierre Lampron. C'est ceci, rapidement. Dans les lois
municipales, il existe un nombre assez grand de dispositions qui permettent
à des municipalités d'exiger des frais pour l'obtention de
documents. Ces dispositions et tous les règlements qui s'appliquent par
pratique administrative ou autrement dans les municipalités permettent
actuellement aux municipalités, parce qu'il s'agit d'une disposition
inconciliable, de fixer des frais comme bon leur semble ou à peu
près, à l'abri du règlement qui était en vigueur
dans le cadre de la loi sur l'accès à l'information. Comme il
s'agissait d'une disposition inconciliable, ce qui est proposé ici
permet essentiellement d'imposer à toutes les municipalités le
règlement adopté en vertu de la loi. Donc, cette imposition sera
valable au moment où l'ensemble de ce que nous discutons ici sera
sanctionné, c'est-à-dire le 31 décembre. En imposant ce
règlement aux municipalités, on se trouve à exiger des
municipalités qu'elles se conforment au 0,25 $ la feuille, par exemple,
qui est prévu au règlement. Il y a aussi cet article dans la loi
qui dit que par ailleurs, une municipalité pourrait, en demandant au
ministre des Affaires municipales et, si c'était votre avis,
après avoir obtenu l'avis de la Commission de l'accès à
l'information, déroger à ce règlement. Ce serait une
mesure d'exception qui, avec l'avis de la commission, devrait être
motivée en quelque sorte. C'est dam ce sens-là que cet
article-là s'inscrit. (15 h 30)
M. Filion: Je pense que je saisis mieux maintenant. Le
règlement existe, mais étant donné qu'il y a des
dispositions législatives contradictoires et inconciliables,
étant donné que l'épuration des lois n'avait pas
été faite comme on le fait présentement par le projet de
loi 28, les municipalités faisaient, pas toutes, mais en tout cas
certaines, ce qu'elles voulaient et elles se basaient sur les lois municipales,
donc, la Loi sur les cités et villes, le Code municipal. Avec le projet
de loi, on va uniformiser l'application du règlement.
M. Lampron: Je pense que c'est le sens que donnait M. French
à son intervention, en disant que ça nettoie beaucoup.
M. Filion: Cela m'éclaire, surtout pour le passé.
Mais si on regarde l'avenir, ça ne change pas qrand chose. Pour
l'avenir, on a un règlement qui va s'appliquer partout, sauf certaines
exceptions. Mais j'aimerais comprendre en vertu de quoi on créerait un
régime d'exception.
M. French: Honnêtement, M. le député, je suis
à court de ressources pour vous convaincre davantage de l'argument que
soutient avec acharnement le porte-parole du ministère des Affaires
municipales.
M. Filion: Cela, je n'en doute pas. Les ministères sont
toujours pareils. Ils tiennent toujours tous à ce qu'ils croient
être la bonne chose pour l'administration de leur ministère. Il
n'y a aucun doute là-dessus. Mais on se pose comme question, nous, comme
législateurs: Est-ce que cette passion à vouloir conserver un
pouvoir discrétionnaire que j'appelle discriminatoire... Ce n'est pas
nécessairement négatif de discriminer; ce peut être positif
parfois aussi. Mais je ne vois pas de justification à un régime
discriminatoire de tarification. D'un autre côté, je ne veux pas
m'acharner non plus. Je me demande si on ne pourrait pas tout simplement
demander peut-être au...
M. French: Une proposition, vite!
M. Filion: Ma proposition est simple. Elle ne va pas dans le sens
d'un régime d'exception.
M. French: C'est un sous-amendement demandant de retrancher le
premier alinéa de l'article...
M. Filion: De l'article 11. Une voix: De l'article 4.
M. French: De l'article 4 du projet de loi 28.
M. Filion: Du premier alinéa, pardon, de l'article 4. Mais
le deuxième alinéa va bien, lui.
M. French: Excusez-moi, le premier alinéa de l'article 4
du projet de loi 28, vous proposez de l'abroger.
M. Filion: Oui.
M. French: Adopté. Maintenant, tel qu'amendé...
M. Filion: Est adopté. M. French: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 4 est adopté
avec amendement.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Trudel): J'appelle maintenant, non pas
l'article 5, mais l'article 6.
M. Filion: Je fais la même proposition d'amendement.
Le Président (M. Trudel): En faites-vous un amendement, M.
le député?
M. Filion: Oui, je fais exactement le même amendement,
c'est-à-dire de...
Le Président (M. Trudel): De biffer le... M. Filion:
...biffer le premier...
Le Président (M. Trudel): Donc, le paragraphe qui dit: "Le
ministre des Affaires municipales peut, à la demande de..."
M. Filion: "...à la demande d'un organisme municipal,
fixer pour celui-ci, des frais différents de ceux prescrits par ce
règlement."
Le Président (M. Trudel): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 6?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 6,
adopté, avec...
M. French: Juste un instant, je veux juste être absolument
certain, si vous me le permettez. D'accord.
Le Président (M. Trudel): Cela va?
Mo French: Excusez-moi.
Le Président (M. Trudel): C'est bien.
L'article 6, adopté tel qu'amendé. Article 7? M. Filion:
II est en suspens.
Le Président (M. Trudel): En suspens, pour le moment.
Article 8? J'ai un papillon à l'article 8, M. le député de
Taillon, qui vous a été remis et que je voua lis: Le paragraphe
2° de l'article 159.1, proposé par l'article 8 du projet de loi, est
remplacé par le suivant: "2° informe une personne de l'existence
d'un renseignement dont elle n'a pas le droit d'être informée en
vertu d'une disposition d'une loi qui s'applique malgré une disposition
de la présente loi." M. le ministre.
M. French: M. le député, je tiens à vous
dire que la différence dans le 2°, je ne la comprends pas. Alors, je
demande donc à Mme D'Anjou... Vous le savez? Good! Dites-moi donc ce que
c'est.
M. Filion: Je peux me tromper. Dans le paragraphe actuel,
c'est-à-dire dans le projet de loi, tel que soumis, on dit "communique
un renseignement". Cela implique le contenu d'un renseignement, alors que dans
l'amendement que vous présentez, on dit uniquement "informe de
l'existence d'un renseignement".
M. French: Non, mais je parle de la différence entre le
papillon et le...
M. Filion: C'est ce que je dis. Dans le cas du papillon, le
simple fait de dire qu'il existe un renseignement dont on n'a pas le droit
d'être informé est plus large que la communication du contenu de
ce renseignement. Mais on va laisser les spécialistes nous
éclairer pour voir si ma compréhension est la bonne.
Une voix: Cela rend les effets...
M. Filion: ...plus larges. Cela élargit, je pense, le
concept de la...
Une voix: ...l'application d'une infraction...
M. Filion: Pardon?
Une voix: Quelqu'un qui a une coqueluche...
M. French: ...Là, j'étais légitimement
mêlé. Merci beaucoup. Parfait. D'accord. Oui, vous avez tout
à fait raison, sauf que j'avais un autre problème que vous n'avez
pas.
M. Filion: Donc, l'amendement est adopté. Cela va.
M. French: Bon.
Le Président (M. Trudel): Amendement adopté. Sur
l'article 8 maintenant, M. le député.
M. Filion: Oui, c'est cela. A l'article 8, au troisième
alinéa, je vois peut-être un fantôme. À ce
moment-là, vous agirez comme Ghoatbuster. Peut-être que je me
trompe.
Le Président (M. Trudel): C'est votre coqueluche.
M. Filion: Évidemment, on crée une infraction.
C'est un article, si on veut, créateur d'infractions de nature
pénale. On dit: "Quiconque, sciemment, communique un renseignement dont
une personne ne peut recevoir communication en vertu d'une disposition d'une
loi qui s'applique malgré une disposition de la présente loi..."
C'est la même chose, n'est-ce pas? Un instant!
M. French: C'est-à-dire que, s'il y a interdiction de
communiquer un renseignement dans une loi autre que dans la loi sur
l'accès aux documents, la personne est assujettie à ce même
impératif de ne pas communiquer le renseignement.
M. Filion: D'accord.
M. French: D'accord? L'objectif est d'homogénéiser,
pour les mêmes infractions, les mêmes pénalités.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Article 8, adopté?
M. Filion: Adopté. Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme
Le Président (M. Trudel): Adopté. À
l'article 9, j'ai un papillon, M. le député de Taillon, qui se
lit comme suit: "L'article 9 du projet de loi est retiré."
M. Filion: Je pense que cela va. L'article 9 est
retiré.
Le Président (M. Trudel): II est retiré selon le
papillon que j'ai en main.
M. Filion: Quelle en est la raison?
Le Président (M. Trudel): Vous allez l'avoir, M. le
député. La ligne est occupée.
M. French: Si on adoptait cette proposition, elle s'appliquerait
du 31 décembre 1987 au 1er janvier 1988. Mais, dès le 1er janvier
1988, sera sanctionnée une autre loi qui répondra aux mêmes
objectifs que cet article.
M. Filion: C'est le projet de loi 100... M. French: Oui, le
projet de loi 100.
M. Filion: ...qui entre en vigueur le 1er janvier 1988.
M. French: Oui, il y avait 24 heures. On nous dit que ce n'est
pas bien nécessaire. On peut vivre avec le vide juridique.
M. Filion: Vous ne voulez pas légiférer pour le
laps de temps entre la dernière seconde de 1987 et la première
seconde de 1988. C'est une bonne idée de l'abroger alors.
Le Président (M. Trudel): II devait y en avoir
plusieurs.
M. French: II va y en avoir plusieurs comme cela, M. le
député.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député de Taillon?
M. Filion: On s'est assuré, comme vous l'avez dit, que le
projet de loi 100 contient les dispositions...
M. French: ...qui couvrent cela. M. Filion: ...absolument
similaires.
M. French: Si ce n'est pas cela, j'ai ici des conseillers qui
sont payés pour savoir ces choses. Normalement, ils sont assez...
M. Filion: Bon! D'accord. Je vois votre directeur
général qui opine de la tête. Alors, cela va. D'accord.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député de Taillon?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté, Article 10?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 11?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 12?
M. Filion: Adopté.
Loi sur l'assurance automobile
Le Président (M. Trudel): Adopté. À
l'article 13, je pense qu'il y a un autre papillon qui se lit comme suit:
"Insérer, dans la deuxième ligne de l'article 13 du projet de loi
et après la parenthèse, ce qui suit: "modifié par
l'article 16 du chapitre 95 des Lois de 1986".
M. le ministre.
Une voix: C'est une question de référence.
M. Filion: L'amendement est adopté. Il est de nature
très technique.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
M. Filion: Amendement adopté. Sur l'article lui-même
maintenant.
Le Président (M. Trudel): L'amendement est
adopté.
M. French: Cela remplace l'article? Non?
Le Président (M. Trudel): Non.
M. French: Le papillon remplace l'article? Non?
Le Président (M. Trudel): Cela vient ajouter quelque
chose.
M. Filion: Le papillon ajoute à l'article qui recommande
l'abrogation complète.
M. French: D'accord.
M. Filion: C'est cela exactement. Si je comprends bien, et vous
me corrigerez, d'abord la disposition de la loi sectorielle est plus large
et plus complète comme protection de la confidentialité que
ne l'est la loi sur l'accès à l'information, mais vous avez quand
même choisi de faire disparaître cette protection additionnelle
pour rendre applicable uniquement la protection contenue dans la loi sur
l'accès à l'information. Est-ce que j'ai raison?
M. French: Oui.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon...
M. Filion: ...vos collègues sont arrivés. On peut
peut-être suspendre l'article 13. Il y a une dernière
vérification que je voulais faire avant.
Le Président (M. Trudel): L'article 13 tel
qu'amendé est suspendu.
M. Filion: C'est cela.
Loi sur les services de santé et les services
sociaux (suite)
Le Président (M. Trudel): Très bien. Au moment de
la suspension des travaux ce midi, nous étions à l'article 117.
Est-ce que vous voulez poursuivre l'étude de l'article 117? M. le
député de Gouin? Mme la ministre?
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 117, on avait convenu, avant
le lunch, d'examiner l'alinéa 4°, qui pourrait être
modifié comme suit: "Malgré l'article 83 de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, un bénéficiaire n'a pas le droit
d'être informé de l'existence ni de recevoir communication d'un
renseignement ie concernant qui a été fourni à son sujet
par un tiers et dont l'information de l'existence ou la communication
permettrait d'identifier le tiers, à moins que ce dernier n'ait consenti
par écrit à ce que le renseignement et sa provenance soient
révélés au bénéficiaire.
Le sixième alinéa ne s'applique pas à un
renseignement contenu au dossier d'un bénéficiaire et qui a
été fourni par un professionnel de la santé ou des
services sociaux, ou par un membre du personnel d'un établissement de
santé ou de services sociaux."
M. Rochefort: Mme la ministre, vous avez eu un bon lunch. Y
a-t-il moyen d'en avoir une copie, M. le Président? À l'oreille,
cela sonne bien.
Le Président (M. Trudel): Vous m'avez demandé si on
peut vous donner le micro... Mme la ministre, est-ce qu'on peut avoir le texte
de votre amendement, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Oui. En avez-vous des copies? (15 h 45)
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on pourrait
vérifier 15 secondes la régularité?
M. Filion: Cela nous prendrait les amendements autour de la
table.
Le Président (M. Trudel): Oui et nous allons faire les
copies de l'amendement. C'est à l'article 117. Pour être
parfaitement dans la légalité, il est entendu que c'est M. le
ministre des Communications qui a présenté l'amendement.
M. Rochefort: C'est ce qu'on avait compris, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Je n'en
attendais pas moins de vous, cher ami. M. French: M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Peut-on en faire des copies pour
les membres de la commission? Vous n'en avez pas d'autres copies, je pense.
M. French: On va avoir les copies tapées tantôt,
mais j'ai une autre copie que je partagerai volontiers avec M. le
député.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie. M. le
député de Gouin.
Une voix: ...les coptes corrigées.
Mme Lavoie-Roux: Là, cela va être mieux.
Le Président (M. Trudel): Dans l'amendement dont vous
allez recevoir copie, il y a une correction d'orthographe à apporter. Je
l'apporte: à la huitième ligne, le mot "permettrait" doit se lire
au pluriel et non au singulier.
M. le député de Gouin, peut-être auriez-vous des -
Ah! vous n'avez pas encore la copie, je m'excuse - commentaires, non pas sur la
faute d'orthographe, mais sur le fond lui-même.
M. Filion: Avec votre permission, M. le Président, je
dirai que je suis heureux de l'amendement. Il reste juste un point dans mon
esprit. Je pose la question au ministre des Communications parce qu'il a
partagé, peut-être en blague, peut-être sérieusement,
ma préoccupation de ce matin, à savoir qu'arrive-t-il quand on ne
trouve plus la personne? J'avoue qu'il m'a compliqué la vie un peu, mais
dans les cas où il n'y aurait pas eu de consentement - évidemment
il n'y en aura pas beaucoup, espérons-le - de donné par
écrit, on ne retrace pas la personne, et le renseignement ne sera jamais
divulgué. Mais je vis assez .bien avec cela, parce que d'un autre
côté l'amendement se restreint aux communications susceptibles de
dévoiler l'identité de l'informateur.
M. French: M. le Président, je ne suis pas juriste, mais
j'ai de la difficulté à croire qu'une disposition imperative dans
une loi administrative de cette nature s'appliquerait à un mort. La
personne n'existe plus, à mon sens, à ce moment-là. Je ne
connais pas la jurisprudence, M. le député de Taillon, mais mon
gros bon sens me dit qu'il y a jurisprudence à ce sujet et que la
jurisprudence doit indiquer un certain nombre de gestes qui doivent être
posés par la personne responsable. Après quoi, la personne est
considérée disparue, morte ou peu préoccupée du
sort des renseignements qu'elle a fournis. Il doit sûrement y avoir une
jurisprudence à ce sujet et elle doit sûrement aller dans le gros
bon sens administratif. Je me trompe peut-être, mais vous m'avez
demandé mon opinion. C'est celle-là.
M. Filion: Je n'aiderai pas à résoudre la question,
mais je vais vous dire non. Si on dit qu'une personne n'a pas consenti et qu'on
ne peut dévoiler l'information parce que la personne n'a pas consenti...
avec les réserves qu'on a mises là, il ne reste pas beaucoup de
cas. Il faut, premièrement, que ce ne soit pas un professionnel de la
santé ou un membre du personnel; deuxièmement, il faut que la
divulgation de l'information permette de découvrir l'identité de
l'informateur ou de l'informatrice. Déjà, on n'aura pas beaucoup
de cas. Quant à moi, je suis capable de vivre avec cela. Ce n'est pas
parfait, mais la perfection n'est pas de ce bas monde.
M. le Président, nous sommes prêts à adopter
l'amendement suggéré par le ministre. Je pense que c'est un
excellent pas en avant. Pour être bien sûrs que tous les fils sont
accrochés, vous savez qu'on va terminer à cette commission
parlementaire l'étude détaillée du projet de loi; il y
aura une troisième lecture en Chambre. Je voudrais seulement signaler au
ministre que nous serons ouverts si, après plus amples
réflexions, son ministère, en collaboration avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux, en arrivait
à une solution ou une rédaction différente. Nous serons
prêts, comme d'ailleurs pour l'ensemble du projet de loi, à revoir
avec lui, avant qu'il dépose les amendements, bien sûr, en
Chambre, la solution qu'il aura retenue à ce moment-là. En deux
mots, il s'agit de bien voir l'impact des choses et je pense qu'on est en
mesure de l'adopter. On est raisonnablement certains qu'il s'agit là
d'un amendement très valable et d'un progrès certain, mais, au
fil des jours, peut-être qu'un éclairage venant d'une autre source
va vous faire changer d'idée. À ce moment, on va rester
disponibles. Cela étant dit, à ce stade, nous sommes prêts
à l'adopter.
M. Rochefort: Je veux bien expliquer les motifs de notre appui
à l'amendement. On est partis d'un texte très large où
tout renseignement fourni par un tiers n'était pas accessible à
l'individu concerné pour arriver à un texte où finalement
d'abord tout renseignement fourni par un tiers qui est un professionnel ou un
membre du personnel médical du secteur de la santé et des
services sociaux, n'est plus couvert. Donc, on ajoute une quantité
importante de renseignements qui seront maintenant automatiquement accessibles
au même titre que tous les autres renseignements contenus dans un dossier
médical. Deuxièmement, on a qualifié
le type de renseignement fourni par un tiers qui n'est pas du
réseau, qui ne peut être transmis au bénéficiaire
concerné. C'est uniquement un renseignement dont la divulgation ou
l'existence du renseignement permettrait d'identifier le tiers et seulement si
celui-ci n'a pas consenti à ce que l'existence ou le renseignement ou
les deux à la fois aient été fournis au
bénéficiaire. C'est vraiment le sens de l'appui que nous
apportons à la proposition d'amendement faite par la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Comme l'a dit mon collègue, M. le
Président, si jamais le vin s'améliore encore un peu d'ici
à la troisième lecture, nous serons disponibles pour...
M. Filion: le boire.
M. Rochefort: ...au moins le humer.
Le Président (M. Trudel): Avant de humer et de boire,
est-ce qu'on peut au moins adopter le sous-amendement?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'amendement est
adopté. Je vous rappelle qu'on parlait d'un papillon qui
remplaçait l'article 117.
M. Rochefort: Sur la procédure) on est d'accord. Oui.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre.
Loi sur l'assurance-maladie (suite)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je proposerais, si
l'Opposition était d'accord, que nous retournions peut-être
à l'article touchant l'assurance-maladie, vu que nous avons fait venir
deux personnes de la régie pour venir répondre à nos
questions. Pour l'information de ces deux personnes - je pense que la question
leur a été transmise -il y avait deux questions fort
précises: L'une touchait les effets de cet article sur les ententes avec
les professionnels. Est-ce que cela touche, au fond, aux dispositions
prévues, dans la Loi sur la Régie de l'assurance-maladie,
concernant les ententes avec les professionnels? La deuxième question
était: Est-ce que vous pourriez préciser au-delà des trois
ou quatre informations d'ordre nominatif qui sont
énumérées, les autres types de données que vous
avez touchant les professionnels, entre autres - le député de
Gouin pourra compléter - qui pourraient faire l'objet de transmission?
C'est à peu près l'esprit de la question qu'il a posée.
Pardon?
M. Rochefort: Qui sont exclues par l'adoption de cette loi.
Mme Lavoie-Roux: Qui sont exclues par l'adoption de ceci. Nous
comptons sur votre compétence, M. le président, pour
répondre à ces deux questions.
Le Président (M. Trudel): M. le président, si vous
voulez vous identifier nommément pour les fins de l'enregistrement du
Journal des débats, s'il vous plaît!
M. Mockle (Auguste): Auguste Mockle, président-directeur
général de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Merci. La première question: Est-ce que la modification
apportée à l'article 64 interfère ou change le modus
operandi en ce qui a trait aux ententes? Non. C'est le statu quo parce que la
modification apportée ne change rien au libellé de l'article 64
actuel, si ce n'est qu'on dit "malgré". On a demandé que
l'article 64 et les suivants aient préséance sur la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Donc, le "malgré", c'est pour donner
justement préséance de nos articles sur ceux de la loi
d'accès concernant ces renseignements. Donc, cela ne change pas. Il n'y
a pas de changement par rapport à l'impact sur les négociations
ou les ententes.
M. Filion: Et sur les ententes qui sont signées.
M. Mockle: Oui.
M. Filion: Autrement dit, la liste contenue dans le projet de loi
qui modifie l'article 64 n'est pas trop limitative en ce qui vous
concerne...
M. Modelé: Non.
M. Filion:...pour l'administration des ententes.
M. Mockle: Non. M. Filion: Aucun M. Mockle:
Non.
M. Rochefort: M. le Président, je salue le docteur Mockle
de sa présence parmi nous. Si je comprends bien, cela permettrait aux
négociateurs, aux partenaires dans la négociation, d'être
mis au courant d'un certain nombre de profils de pratique, non pas
généraux, mais précis qu'on aurait pu observer et à
partir desquels on pourrait tenter de modifier l'entente en cours de
négociation. (16 heures)
M. Mockle: Non, parce que l'article 64
actuel est reproduit dans la modification apportée, qui dit:
"Malgré l'article 83 de la Loi sur l'accès..." C'est tout ce
qu'on ajoute par rapport à l'article actuel. Rien n'est changé.
Cela veut dire que, par conséquent, si "une personne visée
à l'article 63 peut cependant divulguer la date à laquelle..."
etc., par une personne dûment mandatée, autorisée par elle
ou agissant pour elle en vertu de la loi. Alors, cela s'est fait dans le
passé et cela va continuer à se faire. Ce n'est pas
changé. Donc, cela n'attaque pas ce qu'on appelle les profils. Cela n'a
rien à voir avec les profils, qui sont à un autre article plus
loin. C'est le premier alinéa de l'article 64 qui est modifié
ici. Donc, ce n'est pas l'ensemble de l'article 64; ce ne sont pas tous les
alinéas de l'article 64. Ce n'est que le premier alinéa.
Il y a un avantage également, si je peux le dire, M. le
Président. De la façon dont l'article 64 est rédigé
ici, cela permet de sortir les éléments qu'on donne comme
information à 64. Quand on lit cela, il faut le savoir; il faut prendre
un crayon et le sortir. Ici, c'est a, b, et c. A, b et c sont dans l'article
actuel, mais c'est plus clair à nos yeux, pour le commun des mortels.
Surtout pour mes fonctionnaires, c'est plus clair quand on voit cela comme
cela.
M. Rochefort: Une deuxième question qu'on avait, M. le
président de la régie. Pour la personne qui reçoit le
service tel que rédigé, cela peut aller. Mais pour la personne
qui fournit le service, que le dispensateur du service sache à quelle
date il a lui-même fourni un service, qu'il sache comment il s'appelle et
quelle est son adresse, et qu'il sache combien la régie lui a
payé et que c'est à lui que cela a été
envoyé, je trouve cela sympathique, mais je ne vois pas tellement
à quoi cela sert. Est-ce qu'on ne devrait pas, au minimum, dans le cas
du dispensateur, lui rendre accessible le nom des personnes à qui il a
donné le service, pour la cohérence de l'article?
C'est drôle. Tel que rédigé, je trouve cela
intéressant pour le bénéficiaire d'un service, mais pour
le dispensateur, la personne qui a fourni, je ne vois absolument pas ce que
cela peut lui donner tel que rédigé. C'est, au minimum,
incomplet.
M. Filion: Peut-être pour vous faciliter la tâche,
docteur Mockle, si on prend la loi actuelle, celle que vous administrez, il n'y
a rien dans la loi actuelle qui vous permet de donner, à celui qui a
fourni le service, le nom de la personne qui a reçu ce service.
M. Mockle: II faudrait bien qu'on s'entende. Le professionnel
m'envoie un document qu'on appelle une demande de paiement ou un relevé
d'honoraires, une facture en quelque sorte, qui comprend des renseignements qui
nous permettent de le payer pour un service rendu à une personne
dûment autorisée à recevoir ce service, c'est-à-dire
un bénéficiaire. Il est évident que, si ce professionnel
a' perdu - il conserve un duplicata - s'il arrive qu'il brûle ou qu'il
perd le duplicata, peu importe, il peut nous demander de lui envoyer une
photocopie de la facture qu'il nous a envoyée. On le fait. Donc, en fin
de compte, on lui retourne le renseignement qu'il nous a envoyé. C'est
lui qui nous l'a envoyé. Cela se fait depuis 17 ans, depuis qu'on
existe, au plan administratif. Donc, il y a tout le portrait de ce qu'il nous a
envoyé. Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu de demande
spécifique qui fait que cela serait justifié.
M. Rochefort: Mais puisque le législateur, dans la mesure
du possible et dans les bonnes années, ne parle pas pour ne rien dire,
qu'est-ce que cela donne d'avoir cet article libellé tel qu'il
est là, quand on pense à la personne qui fournit le service. Je
vous le répète, la personne qui a fourni un service, qu'on lui
dise d'abord quelle date elle a fourni le service, comment elle s'appelle et
quelle est son adresse personnelle...
Une voix: Son propre nom.
M. Rochefort: Oui, son propre nom, comment il s'appelle
lui-même, quelle est sa propre adresse et combien il a reçu, si le
chèque était bien fait à son nom, je n'en vois pa3
l'utilité. Pour le bénéficiaire, donc le deuxième
membre de la première phrase de l'article, je comprends très bien
qu'en tant que bénéficiaire la régie puisse lui dire: Oui,
vous avez été soigné par le docteur Mockle le 17
août 19B7 et la régie lui a donné tant; l'adresse du bureau
du docteur Mockle est la suivante. Je trouve cela sympathique; ce n'est pas si
pire, c'est le "fun", c'est intéressant que la société
mette cela à notre disposition. Mais j'avoue que, pour le
médecin, le dispensateur du service, c'est parler pour ne rien dire. Je
ne vous en accuse pas. Vous n'êtes pas législateur, mais je veux
justement vous poser la question pour que vous éclairiez peut-être
le législateur pour qu'on ne parle pas pour ne rien dire.
M. Mockle: J'avoue que les renseignements qui sont là, la
personne qui fournit le service les a. Donc, elle ne nous les demande pas.
M. Rochefort: Et si jamais elle les perd.,.
Mme Lavoie-Roux: Elle peut vous les demander.
M. Rochefort: Elle va vous les demander. Ce n'est pas en vertu de
cet article que vous allez lui donner les copies de ses propres papiers.
M. Mockle: Mon directeur des services juridiques me dit que la
personne comme telle peut, peut-être à 99,9 %, ne pas être
intéressée à demander le renseignement qu'elle a. Il peut
arriver que son avocat ou ses représentants soient
intéressés. Cela veut donc dire que c'est une personne
dûment mandatée. Il peut arriver que le professionnel ne puisse
pas lui fournir, alors que son représentant dûment mandaté
le demande.
Par conséquent, il faudrait dire ou que l'avocat ou les
représentants du professionnel dûment autorisé le
demandent, si vous ne dites pas la personne.
M. Rochefort: Mais, docteur, dans les deux cas, j'ai le
goût de dire que c'est le même problème. Que ce soit vous
qui vouliez savoir ce que vous avez fait vous-même, à quelle
adresse vous demeurez et comment vous vous appelez ou que ce soit votre avocat,
c'est pas mal le même problème. Votre avocat a des chances de
savoir comment vous vous appelez et à quelle adresse vous habitez.
M. Mockle: Oui. Il peut arriver... Je vais essayer de...
M. Rochefort: Sinon il va avoir un problème pour
être rémunéré.
M. Mockle: D'accord. Il peut arriver, si on veut avoir des
données qui datent de quelque temps, que le professionnel n'ait pas
cela, qu'il les ait détruites ou qu'il ne les ait pas. Il peut arriver
qu'on demande ces renseignements qui sont très...
M. Rochefort: Je suis d'accord, docteur. Mais, à partir du
moment où c'est vrai, et je pense que ce que vous venez de dire peut se
produire, a, b et c n'ont aucune valeur s'il n'y a pas un d qui dit: et ces
services, vous allez les donner à M. Pierre Tartampion.
M. Mockle: Oui, ou qu'il décède et que ce sont les
exécuteurs testamentaires qui veulent avoir ces renseignements parce
qu'ils sont incapables de les avoir du bureau du professionnel.
M. Rochefort: On comprend bien, M. le Président, que, si
a, b et c ont un sens pour le dispensateur du service, il faut qu'il y ait un d
qui dise: et le nom du bénéficiaire. Qu'est-ce que cela donne
à un médecin ou à un dentiste ou à un de ses
avocats ou de ses représentants de savoir que lui-même a d'abord
donné un service à telle date, quel est son nom, son adresse, et
combien il a reçu de la régie, s'il ne sait pas à qui il a
donné ce service?
M. Mockle: Je suis d'accord. Il faudrait que j'aille voir dans le
Journal des débats à l'époque, lorsque cela a
été discuté. J'aimerais prendre le cas d'un
exécuteur testamentaire; il n'a pas besoin de connaître le nom du
bénéficiaire, car c'est une question d'argent. Il règle ce
qu'on appelle les revenus de la personne décédée. Donc,
peu importe à qui c'était rendu, c'est un renseignement
secondaire.
M. Rochefort: Je suis d'accord avec vous dans le cas
précis d'un exécuteur testamentaire qui veut savoir combien vous
leur devez. Je suis d'accord pour dire qu'il n'a pas besoin d'avoir le nom.
Même la date est peut-être superfétatoire aussi au fond, pas
superfétatoire, mais inutile.
M. Mockle: Mais le besoin ne s'en est pas fait sentir parce que,
sans cela, on aurait sûrement demandé un amendement depuis des
années.
M. Rochefort: Mais je vous répète que, quant au
reste...
M. Mockle: Si le besoin s'en était fait sentir, est-ce
qu'on... Donc, comme on ne l'a pas demandé, le besoin ne s'est pas fait
sentir.
M. Rochefort: Quant au reste...
M. Mockle: Alors, pourquoi donner un renseignement que personne
n'exige.
M. Rochefort; Non, il s'agit de le rendre disponible. Je vous
répète que je trouve que 64a, b et c a du sens s'il y a un d pour
le dispensateur, le d étant le nom du bénéficiaire. Je ne
sais pas si la ministre...
M. Mockle: Écoutez un peu. A l'époque, il s'agit
peut-être...
M. Rochefort: Est-ce que la ministre est censée...
M. Mockle: ...M. le Président, de voir que c'est beaucoup
plus pour les représentants, les avocats ou d'autres que le
professionnel.
M. Filion: Je pense que je saisis. Je vais reprendre le
problème autrement. Il peut arriver que le médecin veuille faire
une espèce de conciliation de ses livres avec ceux de la RAMQ, de son
comptable, de son avocat ou de son exécuteur testamentaire. À ce
moment-là, il écrit à la RAMQ. Vous lui envoyez la copie
des factures qu'il a
envoyées ou...
M. Mockle: On lui envoie ses états de compte, une copie de
ses états de compte.
M. Filion: Bon! Que comprennent les états de compte?
M. Mockle: Ils comprennent le nom tronqué du
bénéficiaire, le code de service, le montant d'argent et un code
explicatif.
M. Filion: Le nom tronqué du bénéficiaire...
D'abord, pourquoi un nom tronqué?
M. Mockle: Ce sont les quatre caractères du NAM.
Mme Lavoie-Roux: C'est sur la carte d'assurance-maladie.
M. Mockle: Les quatres premiers caractères du NAM,
c'est-à-dire les lettres et non pas les chiffres.
M. Filion: En vertu de quel article ou pouvoir vous envoyez le
nom du bénéficiaire actuellement au médecin?
M. Mockle: On lui retourne un paiement de ce qu'il a
facturé et il faut lui dire qu'on le paie pour le compte de cette
personne, pour tel montant. C'est une opération comptable qu'on fait, il
ne faut pas l'oublier. Il faut qu'on lui dise pour qui on le paie. Il nous a
facturé pour une personne...
M. Filion: Bon! en deux mots, vous êtes en train de nous
dire que l'article 64 ne sert absolument à rien.
M. Rochefort: Une minute là!
M. Filion: Vous pourriez fonctionner sans cela.
M. Rochefort: Non, non, non.
M. Filion: Vous lui envoyez un état de compte.
Mme Lavoie-Roux: Non, pour le bénéficiaire, cela
veut dire quelque chose.
M. Mockle: Oui.
M. Rochefort: C'est cela. M. le député de Taillon,
pour le bénéficiaire, cela veut dire quelque chose; pour le
dispensateur, cela ne veut rien dire.
M. Filion: Oui, oui. Pour le bénéficiaire, bien
sûr, cela veut dire quelque chose. Mais, pour celui qui fournit le
service...
M. Rochefort: Absolument rien.
M. Filion: ...cela ne sert absolument à rien.
M. Rochefort: L'article pourrait commencer à...
M. Filion: C'est cela qu'on vise uniquement...
M. Rochefort: "La personne qui a reçu..." On pourrait
biffer "a fourni ou". La personne qui a reçu un service assuré,
elle peut... Mais le dispensateur, je ne vois pas du tout.
M. Filion: En deux mots, le dispensateur, ce n'est pas en
vertu...
M. Rochefort: II ne dit pas à qui il a donné le
service.
M. Filion: C'est cela. Le dispensateur, ce n'est pas en vertu de
cet article qu'il peut demander des informations. Cet article est bâti et
est utilisé par la RAMQ uniquement pour les bénéficiaires.
C'est la conclusion, je pense, qu'on peut tirer à ce moment.
M. Rochefort: Ou comme le docteur Mockle nous le disait
tantôt, dans le cas de la succession d'un médecin.
M. Filion: Oui, à ce moment-là, ils retournent, ils
lui envoient un état de compte. Il vient de le dire, ils lui envoient un
état de compte.
M. Rochefort: Au fond, tu as raison.
M. Filion: Dans le cadre d'une transaction comptable.
M. Mockle: Par ailleurs, M. le Président, je pense que par
prudence - on ne connaît pas l'avenir - "la personne qui a fourni", je
pense que cela peut rester là. On ne sait jamais, à un moment
donné un tiers peut demander pour ce personnel ces renseignements. On ne
sait jamais.
M. Rochefort: D'accord. Pour éviter, M. le
Président...
M. Filion: Vous n'auriez pas besoin qu'on ajoute non plus le nom
de la personne qui a reçu le service,
M. Mockle: Non, de grâce. On n'en a pas besoin.
M. Roehefort: Pourquoi de grâce? Cela n'est pas un
problème.
M. Mockle: Non, non. C'est parce que -comment dirai-je? - un
bénéficiaire pourrait toujours...
M. Rochefort: M. le Président, juste une seconde.
M. Mockle: ... s'opposer à ce qu'on révèle
son nom.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse. Vous avez
posé une question au président, je pense que M. le
président peut répondre.
M. Mockle: Pourquoi se créer des complications
inutiles?
M. Rochefort: M. le président.
M. Mockle: II y a des frais d'administration.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je voudrais juste dire au président de la
régie qu'on peut suspendre nos travaux, s'il le préfère.
Je ne le sais pas.
M. Mockle; Merci.
M. Rochefort: Je veux lui offrir cette possibilité. Je
pense qu'on s'est compris. Je vois la réaction de la ministre, elle a
compris aussi. Bon! C'est juste ce que je voulais dire, M. le
Président.
M. Mockle: M. le Président, cela fait 17 ans qu'on vit
avec un tel article qui a été amendé, mais qui n'a jamais
créé de problème. Alors, je ne vois pas. En tout cas, le
président de la régie n'a pas de...
Mme Lavoie-Roux: Ils veulent en créer, eux.
M. Mockle: Le président de la régie n'a pas de
demande spéciale pour modifier l'article actuel qui n'est pas
changé par cet article. Sans cela, on en aurait fait la demande. On en
aurait profité pour faire la demande. On ne l'a pas fait comme organisme
administratif.
M. Filion: Juste pour se comprendre, on n'est pas en train
d'étudier la Loi sur l'assurance-maladie. -On étudie la loi
d'accès à l'information pour permettre aux citoyens, peu importe
ce qu'ils font dans la vie, d'avoir des renseignements qui sont notamment
détenus par la RAMQ et Dieu sait que vous en avez des bons et bien
informatisés, en plus. Cette loi a pour but, sur une base de
transparence, de faire en sorte que les renseignements que vous avez et qui ne
nuisent à personne, dont la divulgation ne nuit à personne,
soient communiqués à des citoyens qui paient aussi des taxes pour
faire vivre l'administration de la RAMQ. C'est ce qu'on est en train de voir.
On ne veut pas créer de problème à la RAMQ, on veut juste
s'assurer que les citoyens, autant les dispensateurs de services que les
récepteurs de services, reçoivent l'information à laquelle
ils ont droit. Ayant noté l'absence du bénéficiaire dans
l'énumération prévue à l'article 64, nous
étions un peu préoccupés par l'absence du nom et de
l'adresse du bénéficiaire comme étant une des mentions
pouvant faire l'objet d'une divulgation. Vous saisissez peut-être le
cadre. Ce n'est pas parce qu'on veut vous créer des problèmes. Au
contraire.
M. Rochefort: Un dernier commentaire en ce qui me concerne M. le
président.
M. Filion: II reste les choses qui sont exclues.
M. Rochefort: Oui, on va y revenir. Mais sur cet aspect
précis, tout ce que je demanderais, M. le Président, un peu dans
le sens de ce qu'on s'est dit sur l'article précédent, si jamais
la ministre ou la régie, d'ici à l'adoption en troisième
lecture...
M. Filion: Oui.
M. Rochefort: ...découvrait quelque chose par rapport
à la discussion qu'on vient d'avoir, on serait évidemment heureux
d'en entendre parler.
Mme Lavoie-Roux: Si le Saint-Esprit nous éclaire,
certainement que je vais lui demander de vous éclairer aussi.
M. Rochefort: M. le Président, j'espère qu'on
n'aura pas besoin de se rendre au Saint-Esprit.
M. Filion: Cela me surprend que la ministre fasse appel au
Saint-Esprit. Il y a un ministre délégué du Saint-Esprit,
oui à côté d'elle.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Rochefort: II y a un troisième élément,
M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Rochefort: ...qui était: Qu'est-ce qui est finalement
exclu, compte tenu de cela?
M. Mockle: Pardon? Je m'excuse.
M. Rochefort: Une fois qu'on dit que
c'est disponible, est-ce qu'il y a un document indiquant les
informations qu'on maintient confidentielles dans tout ce qu'il y a de possible
dans la masse d'informations qui existe à la régie.
M. Mockle: Oui, les seuls renseignements qu'on puisse divulguer,
selon les dispositions de la loi, sont indiqués dans l'article 64 et
suivants.
M. Rochefort: Oui, je suis en train de vous demander...
M. Mockle: Le reste, il y en a toute une pléthore, c'est
confidentiel.
M. Rochefortî ...si...
M. Mockle: Le reste, cela reste confidentiel si ce n'est pas
spécifiquement nommé dans la loi. Donc, cela reste confidentiel.
(16 h 15)
M. Rochefortî Boni c'est cela. Alors, voici le sens de ma
question docteur. Comme législateurs, on est en train de
déterminer ce qui sera accessible publiquement et donc, directement ce
qui ne sera pa3 accessible. On souhaiterait peut-être avoir une liste,
une énumération de ce qui ne sera pas accessible.
M. Mockle: Quand vous dites...
M. Rocheforts Cela existe-t-il? On n'a pas besoin de l'avoir
aujourd'hui, docteur, mais j'imagine que quand vous parlez de cela...
M. Filion: De traitements, de diagnostics, je ne sais pas,
ou...
M. Mockle: M. le Président, l'adresse des
bénéficiaires est confidentielle au sens de la Loi sur
l'assurance-maladie. Je ne peux pas divulguer à personne.
M. Rochefort: Parfait! Voici un exemple. J'imagine qu'il y a une
liste de renseignements qui deviennent ou qui sont maintenus non accessibles.
Est-ce qu'il y a moyen d'en avoir une copie, M. le président? Pas
aujourd'hui, je n'ai pas besoin de cela pour aujourd'hui.
M. Mockle: II s'agit seulement de lister la série...
M. Rochefort: C'est cela.
M. Mockle: ...d'informations qu'on a, qu'on détient.
M. Rochefort: C'est cela. Je veux juste savoir...
M. Mockle: Tant pour les bénéficiaires que pour les
professionnels?
M. Rochefort: Oui, oui. M. Mockle: Les deux?
M. Rochefort: Oui, par rapport à 1964, docteur. Au fond,
on veut, comme législateurs, savoir ce qu'on a exclu du champ
d'application de la loi. On voudrait juste savoir cela.
M. Mockle: Alors, on fournira la liste des renseignements qu'on
détient, M. le Président, sur les professionnels et la liste des
renseignements qu'on détient sur les bénéficiaires.
Le Président (M. Trudel): M. le président, vous
envoyez cela à la commission qui se fera un plaisir et surtout un devoir
de le faire parvenir à chacun des membres de cette commission.
M. Filion: Est-ce que trois semaines ou un peu moins, cela a de
l'allure, docteur? Oui.
M. Rochefort: Et aussi aux membres qui participent à nos
travaux aujourd'hui.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Trudel): De même qu'aux membres qui
participent à nos...
M. Rochefort: Sinon je risque d'attendre trop longtemps.
Le Président (M. Trudel): ...travaux, aujourd'hui. M. le
député de...
M. Filion: Vous saisissez la nature de la demande? Cela nous
permettra de savoir ce qui sera définitivement exclu.
M. Mockle: Je crois, M. le Président, que cela
répond à la deuxième question du député de
Gouin. Il voulait avoir les données qu'on détient sur les
professionnels.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. C'est le sens. Il l'a
explicité.
M. Mockle: Donc, une pierre deux coups. Alors, on va le faire
pour les bénéficiaires et on va le faire pour les
professionnels.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Filion: Juste une dernière question pendant qu'on a la
chance de vous avoir. Vous avez dit: Les profils de pratique, c'est ailleurs
dans la loi.
M. Mockle: Bien, c'est-à-dire... M. Filion: C'est
sur quel...
M. Mockle: D'abord, il y a les articles 47 et suivants qui
concernent les profils. À l'article 64 et suivants, on indique à
qui on peut envoyer les renseignements, comme par exemple le bureau de la
corporation des médecins ou des choses du genre. D'accord? Ce qui touche
les profils., Cela en vertu de la loi. Ce sont les deux articles de 64, au
premier alinéa.
Mme Lavoie-Roux: II s'agit toujours de profils et non pas
d'informations subjectives.
M. Filion: ...d'informations nominatives. Il y a la question des
sondages. Je suppose que cela ne pose pas de problème?
M. Mockle: Les sondages, M. le Président, ont
été demandés par la régie il y a quelques
années pour donner une assise juridique è la vérification
des services rendus. On envoie toujours un questionnaire aux gens pour leur
demander: Avez-vous vu tel professionnel, tel jour? Bon! on n'avait pas
d'assise juridique pour cela. On pouvait le faire comme administrateurs des
fonds publics. Je pense que personne ne nous en blâmerait. On a
pensé qu'on devait se donner une assise juridique et cela s'est
appelé "sondages". Donc, chaque semaine, on envoie une série de
formulaires à des bénéficiaires pris au hasard et on leur
demande s'ils ont vu tel jour, tel professionnel? D'accord? C'est ce que
veulent dire les sondages.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce qu'on est prêts à
adopter cela?
M. Filionî Et cela demeure dans la disposition du projet de
loi. Il n'y a pas de problème sur cela? D'accord.
Le Président (M. Trudel): Je rappelle que l'article 16
n'est pas encore adopté, mais qu'on a adopté un amendement ce
matin. Merci, docteur, pour votre participation. Est-ce que le
député de Taillon et le député de Gouin sont
prêts à...
M. Rocheforts Merci, M. le président-directeur
général.
M. Filion: Merci de vous être déplacé et de
nous avoir éclairés.
Le Président (M. Trudel): L'article 16 est
adopté?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Tel qu'amendé, merci.
M. Filion: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (M. Trudel): Oui, madame.
M. Rochefort: À quoi on passe?
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous voulez
reprendre... Il reste les articles 5.1, 7, 118 et 119. Mme la ministre.
M. Filion: II reste combien de temps?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'on est rendus à l'article
118.
Le Président (M. Trudel): L'article 118? Mme
Lavoie-Roux: Oui.
Loi sur les services de santé et
les services sociaux (suite)
Le Président (M. Trudel): J'appelle l'article 118.
M. Filion: L'article 118.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous insistez
beaucoup pour que je le lise? Cela va. Si vous insistez, je vais le lire.
Une voix: Un papillon, M. le Président.
M. French: Un papillon important et substantif.
Le Président (M. Trudel): Oui, il y a un papillon. Je
m'excuse. Il y a un papillon. Je vais lire, alors, le papillon
déposé par la ministre, article 118: le premier des deux
alinéas proposé par le paragraphe 2 de l'article 118 est
remplacé par le suivant: "Enfin, malgré l'article 83 de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels, un établissement de santé ou de
services sociaux peut refuser de confirmer l'existence ou de communiquer un
renseignement au titulaire de l'autorité parentale relativement au
dossier d'un mineur de moins de quatorze ans lorsque la sécurité
ou le développement de ce mineur est ou peut être
considéré comme compromis au sens de l'article 38 de la Loi sur
la protection de la jeunesse (L.R.Q., chapitre P-34.1)."
Voilà l'amendement proposé par Mme la ministre à
l'article 118. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais mieux répondre aux questions,
M. le Président, parce que je pense que cela va de soi. On sait que,
dans certains cas, la révélation à l'autorité
parentale de certains types de problèmes, particulièrement ceux
reliés à
l'article 38 de la Loi sur la protection de la jeunesse qui peut
compromettre la sécurité de l'enfant mineur, nous impose, nous
croyons, la nécessité d'y ajouter un "malgré" pour inclure
cette disposition et protéger les enfants mineurs. Si on veut qu'on le
rappelle, aux fins de l'article 38, "la sécurité ou le
développement d'un enfant est considéré" -boni - si les
parents ne vivent plus ensemble, "si son développement mental ou
affectif est menacé par l'absence de soins appropriés ou par
l'isolement dans lequel il est maintenu par un rejet affectif grave et convenu
de la part des parents, si sa santé physique est menacée", etc.
Il y a toute une série... "S'il est gardé par une personne dont
le comportement ou le mode de vie risque de créer pour lui un danger
moral ou physique", etc. On avait d'abord pensé à une disposition
beaucoup plus large où il pouvait y avoir un préjudice grave
causé à l'enfant et on a tenté de le restreindre pour que
ce soit...
M. French: C'est tout le truc. Le restreindre sans
dévoiler le véritable contenu en expliquant les raisons pour
lesquelles on ne pouvait pas avoir accès. C'était le
problème de l'oeuf et du coq, là.
M. Filion: De la poule.
M. French: Oui, excusez-moi.
M. Filion: Avec les prodiges de la science, je pense qu'il est
permis de dire que c'est le coq.
M. Rochefort: J'avais un commentaire, en ce qui me concerne, pour
dire que le texte de l'article, dans le projet de loi, nous semble très
large et ouvre une grande porte à un nombre inutile d'exclusions dans la
loi. En discutant et en y travaillant un peu, on avait l'intuition qu'il
s'agissait de viser, entre autres en tout cas, la protection de la jeunesse. Et
que ce soit circonscrit à cela, M. le Président, on est beaucoup
plus sympathiques à la présence de l'article. Au prochain
article, on aura l'occasion de discuter de l'âge, mais pour l'article
118, cela nous satisfait beaucoup plus que ce qu'il y avait dans le projet de
loi.
M. French: Adopté? M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que c'est adopté
tel qu'amendé?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Trudel): On parle de l'amendement.
L'article 118 est adopté tel qu'amendé?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, article
119?
Mme Lavoie-Roux: Notre article, c'est?
Le Président (M. Trudel): L'article 119, madame. Je
présume que vous me libérez aussi de la nécessité
de vous lire l'article.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, juste pour les fins du
Journal des débats, pour qu'on sache peut-être un peu ce
que contenait cet article, c'est vraiment pour limiter l'accès des
dossiers des procès-verbaux du conseil des médecins, dentistes et
pharmaciens et de chacun de ces comités. Oui?
M. Rochefort: Je m'excuse, mais on a oublié l'article
118.1°. On vient de disposer d'un papillon à 2°.
Le Président (M. Trudel): M. le député, on
peut revenir. J'ai demandé très précisément si
l'amendement est adopté et après cela j'ai dit: Est-ce que
l'article 118 est adopté tel qu'amendé? On m'a répondu:
Oui. Maintenant, si vous voulez revenir, je ne serai pas plus
procédurier qu'il le faut.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président. Dans mon
esprit, c'était l'article suivant. Oui, moi, je voudrais bien qu'on
revienne à 1 .
Le Président (M. Trudel): Boni allez-y, M. le
député de Gouin, sur l'article 118.
M. Rochefort:: M. le Président, c'est un débat
important, toute la question de l'accessibilité du droit des parents
à prendre connaissance du dossier médical de l'un de leurs
enfants. On sait qu'il y a déjà eu, en d'autres occasions, des
discussions sur ces questions, notamment en fonction des problèmes qu'on
rencontre chez les adolescents eu égard aux moyens contraceptifs ou
à ce qui tourne autour de cela, aux maladies transmises sexuellement.
J'aimerais quand même que la ministre nous explique pourquoi,
automatiquement et dans tous les cas, les dossiers des enfants de quatorze ans
et plus ne seraient pas accessibles aux parents.
Mme Lavoie-Roux: Dans les cas des... M. Rochefort: Des
quatorze ans et plus.
Mme Lavoie-Roux: ...quatorze ans et plus. Nous avons
adopté la même attitude que pour ce qui est prévu dans le
Code civil à cet égard dans la loi 20 qui a été
sanctionnée en 1987. À l'article 13 de cette loi, il est
prévu; "Le consentement aux soins
exigés par l'état de santé du mineur est
donné par le titulaire de l'autorité parentale ou le tuteur. "Le
mineur de quatorze ans peut, néanmoins, consentir seul à ces
soins. Si son état requiert qu'il soit gardé dans un
établissement de santé ou de services sociaux pendant plus de
douze heures, le titulaire de l'autorité parentale ou le tuteur doit en
être avisé." Je peux lire, si vous le voulez, ce qui est
prévu à la Loi sur la protection de la santé publique:
"Lorsqu'un mineur est âgé de moins de quatorze ans, le
consentement du titulaire de l'autorité parentale doit être
obtenu; toutefois, en cas d'impossibilité d'obtenir ce consentement ou
lorsque le refus du titulaire de l'autorité parentale n'est pas
justifié par le meilleur intérêt de l'enfant, un juge de la
Cour supérieure peut autoriser les soins ou traitements." Pardon,
c'était le premier paragraphe de l'article 42, non pas le
deuxième. "Un établissement ou un médecin peut fournir les
soins ou traitements requis par l'état de santé d'un mineur
âgé de quatorze ans ou plus, avec le consentement de celui-ci,
sans qu'il soit nécessaire d'obtenir le consentement du titulaire de
l'autorité parentale; l'établissement ou le médecin doit
toutefois avertir le titulaire de l'autorité parentale en cas
d'hébergement pendant plus de douze heures ou de traitements
prolongés.
Il y a quelque chose également dans la Loi sur la protection de
la jeunesse. Je me réfère à ces trois lois et à ces
articles différents, car c'est établi conformément aux
besoins, non seulement cela a été une habitude, cela a
été même sanctionné par les différentes lois
que l'enfant de quatorze ans et plus peut se trouver dans des circonstances
où, pour qu'il aille chercher un traitement - que l'on pense
particulièrement aux maladies transmises sexuellement - ou encore
chercher de l'information au pian de la planification familiale, des
avortements ou autres, il faut qu'il sente la nécessité et la
possibilité que cette information demeure confidentielle. Je pense que
c'est le député de Taillon ce matin qui a dit: Écoutez, ce
n'est ni blanc, ni noir.
Quand le législateur à différentes occasions a
adopté ces articles de loi, qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, il
s'est continuellement questionné d'une part sur l'autorité
parentale et d'autre part sur le besoin que pouvaient avoir des adolescents de
quatorze ans et plus de se sentir en sécurité et de se sentir
capables d'aller chercher ce type d'information ou de soins sans qu'il en
résulte, que ce soit justifié ou non, de la crainte, leur
perception étant qu'ils pourraient faire l'objet de sanctions ou de
réprimandes ou de renvoi de la maison, etc., comme on l'a souvent
entendu dire par exemple pour une adolescente qui est enceinte ou se pense
enceinte et qui se dit: Si j'en parle à mes parents, on va me mettre en
dehors de la maison, etc. (16 h 30)
II y a des circonstances parfois pénibles où la
confidentialité doit être accordée à l'adolescent de
quatorze ans et plus. En contrepartie, comme je le disais tout à
l'heure, naturellement il nous répugne un peu de dire: Pourquoi taire
à des parents une information qui, si on fait référence
à toute la question de l'autorité parentale, etc., leur est
permise et qu'on vient restreindre dans des circonstances particulières.
Nous, nous optons pour le maintien de cette prise de position qui existe du
moins depuis la Loi sur la protection de la jeunesse, les modifications
à la loi sur la santé publique et, dernièrement ou plus
récemment, dans le cas du Code civil par cette décision qui,
finalement, a été prise par le législateur de permettre ce
que j'appellerais une certaine dérogation, au fond è ce qu'on
reconnaît comme étant les droits des parents d'avoir toute
l'information au plan médical ou social concernant nos enfants.
C'est dans ce sens-là, M. le Président, que tout mis dans
la balance, compte tenu du besoin de protéger les enfants, de leur
permettre d'aller chercher l'aide qu'ils requièrent en fonction de leurs
problèmes médicaux, social ou autres, les enfants peuvent se
prévaloir de cette possibilité que l'information ne soit pas
automatiquement donnée aux parents.
Remarquez bien l'expérience qui est vécue: Quand les
professionnels interviennent dans ce cas-là, et cela arrive surtout dans
les écoles puisqu'il s'agit, dans le cas d'une hospitalisation, d'une
affaire de douze heures au-delà de quoi les parents doivent être
informés, les efforts sont faits dans le sens de tenter, non pas
nécessairement de convaincre, mais de rapprocher l'enfant de ses parents
pour leur faire part de ses difficultés. Mais on sait qu'il y a des
circonstances familiales où ce n'est pas possible et où ceci se
ferait au détriment de l'enfant. C'est le sens de la proposition. Ce
n'est pas un débat facile à trancher, mais je pense que, à
la suite de l'application des lois qui existent déjà ou de leurs
dispositions, l'expérience nous démontre que le
législateur a agi, dans le passé, dans le meilleur
intérêt du mineur qui se trouve dans ces circonstances
particulièrement difficiles.
M. Rochefort: M. le Président, je vais
immédiatement indiquer à la ministre que je suis très
déchiré par rapport à cette disposition du projet de loi.
Je comprends qu'il y a un certain nombre de situations qui peuvent s'être
produites dans le passé et avoir causé finalement un
problème indirect d'accessibilité à un service de
santé...
Mme Lavoie-Roux: Pardon.
M. Rochefort: Je comprends, M. le Président, qu'il peut
s'être produit des situations dans le passé où, finalement,
l'accessibilité non balisée aux dossiers pour tous les enfants,
particulièrement les adolescents, posait parfois un problème au
service lui-même par l'adolescent concerné compte tenu d'un
certain contexte. En contrepartie, je voudrais bien qu'autour de la table,
chacun des parents qui sont ici présents lèvent la main, s'ils
sont d'accord, pour ne pas avoir accès au dossier médical de leur
enfant de quatorze ans et plus.
Mme Lavoie-Roux: Je peux répondre à cela?
M. Rochefort: Je trouve que c'est un problème... Oui, mais
je ne pense pas que vous en ayez encore qui ont quatorze ans et plus...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais j'en ai eu plusieurs qui ont eu
quatorze ans et plus.
M. Rochefort: Seriez-vous d'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je serais d'accord. Évidemment, si
ma fille entre à l'hôpital pour se faire enlever l'appendice, je
pense que tout le monde va le savoir. Mais il reste que,
particulièrement aujourd'hui, cela devient plus aigu que ce ne
l'était peut-être - j'en ai une de 22 - pour les plus vieux, il y
a dix ou quinze ans, mettons. Pour les plus jeunes à qui on demande
quand même, à quatorze ans, des responsabilités etc., on
doit protéger, s'ils se sentent plus à l'aise du point de vue des
services qu'ils doivent requérir, on doit respecter l'intimité de
ces enfants pour leur permettre d'éviter des problèmes plus
graves. D'ailleurs, vos enfants de quatorze ans... Vous n'en avez
peut-être pas de quatorze ans?
M. Rochefort: Non, je ne suis pas rendu là encore...
Mme Lavoie-Roux: Ils ne vous diront pas tout, vous savez, vos
enfants de quatorze ans.
M. Rochefort: Non, non, je ne pense pas avoir tout dit à
mes parents non plus...
Mme Lavoie-Roux: Bon!
M. Rochefort: ...mais entre ne pas tout dire et ne pas
avoir-Une voix: ...
M. Rochefort: Pardon? Je n'ai pas compris la remarque.
Mme Lavoie-Roux: II a déjà commencé à
ne pas tout dire!
M. Filion: Je suis sensible à tout cet argument, au fait
que les jeunes, aujourd'hui, entre quatorze et dix-huit ans... finalement,
c'est même pas mal leur vie; c'est leur vie, ce n'est pas la
nôtre.
Par contre - c'est peut-être ma vieille déformation
juridique - je me dis: Les enfants sont majeurs à 18 ans; on n'a pas
changé cela, de l'autre côté. Ils sont en train de revoir
le Code civil et la majorité est encore à 18 ans, ce qui implique
que chacun des parents au Québec est encore responsable, devant les
tribunaux et devant la loi, de la conduite, des agissements de ses enfants.
Donc, cela veut dire que, concrètement, si l'enfant pose des gestes, la
poursuite est intentée aux parents en qualité de tuteurs des
enfants. C'est cette espèce de double régime... À quatorze
ans, vous savez, pour moi, on décide pas mat de choses, malgré ce
qu'on aime bien se faire accroire. Il y a un grand garçon de quinze ans
dans ma maison!
Mais, d'un autre côté, je ne voudrais pas me retrouver avec
des responsabilités, mais sans aucun droit. Si l'on donne aux parents
des responsabilités à l'égard de leurs enfants à
partir de quatorze ans, est-ce qu'on ne devrait pas leur donner aussi le
pendant? Tout cela se tient un petit peu. Je pense que c'est cela, le
débat, finalement. Là, on abaisse pas mal de choses. Je
remarquais que, dans la Loi sur la protection de la santé publique, on
reconnaît pourtant comme majeur le mineur de plus de quatorze ans. La Loi
sur la protection de la jeunesse accorde au mineur de quatorze ans ou plus le
pouvoir exclusif de consentir à la divulgation d'un renseignement;
cependant, cette loi demeure ambiguë, etc. L'âge de la
majorité, si on veut le baisser à quatorze ans, qu'on ait le
courage de le faire; cela ne me dérange pas d'entreprendre un bon
débat là-dessus. Mais est-ce qu'on va le faire par pièces
détachées et dire aux parents: Vous ne pouvez plus consulter le
dossier médical de votre adolescent - puisqu'il faut tes appeler comme
cela - parce qu'il n'y consent pas? C'est le premier point, donc qui est
surtout juridique.
Le deuxième point, c'est qu'on joue souvent - et on est
préoccupé par cela - les parents comme s'ils agissaient
nécessairement, pas nécessairement, mais comme s'ils agissaient
même occasionnellement contre l'intérêt de leurs enfants. Si
un enfant a un problème... Les deux exemples que vous avez
donnés: la fille est enceinte, elle a seize ans et elle ne veut pas que
ses parents le sachent, ou le garçon ou la fille a une maladie de nature
sexuelle. C'est cette idée de vouloir jouer nécessairement, pas
nécessairement, mais occasionnellement les parents contre les enfants.
Je vais vous dire
que 99,999 % des parents, je ne dis pas qu'ils s'y prennent bien, mais
ils veulent l'intérêt de leur enfant; mais c'est dans les moyens
qu'ils prennent que ce n'est pas toujours bien bon. On s'entend
là-dessus, mais on a la population qu'on a et on ne la changera pas,
même avec un texte de loi. Et de jouer un peu à la cachette sur
des bouts de renseignements, je ne sais pas, je suis un peu réticent;
par contre, je comprends tout à fait le bien-fondé de ce que la
ministre nous expliquait tantôt. Mais là, on est quand même
obligé de trancher.
La Commission d'accès à l'information, dans son rapport
d'avril 1986, et j'invite les parlementaires à le lire parce qu'il est
extrêmement bien fait, nous disait ceci: C'est un débat social
important. On ne vous fait pas de recommandations, mais entreprenez une
consultation sur ce sujet. Je ne pense pas qu'on soit en mesure de le faire ou
même que ce soit à propos de faire une vaste consultation
là-dessus. Non. Je me demande si la réflexion est à point.
Quoi qu'il en soit, je voulais juste vous livrer, sans minimiser la
portée de ce que la ministre avançait, ces deux points de vue,
ces deux angles. L'un, c'est un angle un peu juridique, si l'on veut, et
l'autre, c'est un angle plus psychologique. Je me demande si, en mettant cela
dans la loi, on n'invite pas aussi un peu à jouer les parents contre les
enfants ou contre les adolescents, un peu, en tout cas. Je ne le sais pas. En
tout cas,' je vous livre cela, Mme la ministre.
Le Président (M. Trudel): Moi, je vous fais grâce de
mes remarques de parent qui allongeraient le débat. Je vous cède
la parole, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais être
très brève. On a fait allusion à la position si l'on veut,
de la Commission d'accès à l'information qui s'est
interrogée sur le sujet. Évidemment, on n'est pas dans une
commission parlementaire où on entend des témoins. J'ai
l'impression qu'ils ont eu -je pourrais les consulter là-dessus, mais je
ne pense pas me tromper - le même débat que nous, à savoir
l'autorité parentale, d'un côté, le mineur, de l'autre, qui
peut avoir des besoins particuliers, etc. Idéalement, même un
enfant ou un adolescent, une jeune qui est enceinte, c'est à ces choses
qu'on pense, ou qui a besoin de traitements pour les maladies transmises
sexuellement, il y a peut-être autre chose, je ne sais pas, pour celui
qui serait peut-être homosexuel, cela pourrait être autre chose...
S'il est en confiance avec les parents, si les parents ont, dans les meilleures
conditions possible, développé cette confiance, ont parlé
avec cet enfant, il va aller le dire à ses parents. Il ne refusera pa3
le consentement. Ce n'est pas tellement à ceux-là... Mais il faut
dire que les parents idéaux et les enfants idéaux dans toute
cette interrelation sont peut-être un peu moins nombreux qu'on ne le
pense. On souhaiterait peut-être que ce soit parfait. Mais disons que ce
n'est pas pour eux. Il reste que des enfants ou des adolescents sont dans des
situations où les relations sont beaucoup plus difficiles, où
cela peut devenir pour eux des situations pénibles. Pour conclure, M. le
Président, nous, comme parti ministériel, c'est la position que
nous avons prise. Si vous avez des amendements à proposer ou si vous
voulez indiquer par une proposition quelle est votre position exacte, nous
l'examinerons.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui. Évidemment, j'imagine que cet
amendement comme ceux qui ont été rédigés pendant
que les deux ministres étaient ailleurs sur une autre table ce matin, je
suis convaincu qu'ils ont été discutés au Conseil des
ministres et au caucus, comme la ministre vient de le dire, et que c'est une
position du parti ministériel. J'en suis profondément convaincu.
Cela étant dit, puisque la ministre a l'impression et a un peu
l'attitude de vouloir prendre cela de haut comme c'est souvent son attitude
quand elle veut mettre fin à des débats qui sont pourtant
importants pour notre société, je vous dirai, M. le
Président, qu'elle vient, dans sa deuxième intervention, de me
dire exactement ce que les rares personnes que j'ai rencontrées depuis
que je regarde ce projet de loi et qui étaient favorables m'ont dit.
Ils développent un grand raisonnement pour dire qu'il faut, il
faut, il faut. Mais, dans mon cas, puisque moi, je suis bon parent, que j'ai de
bons enfants, que je les ai bien préparés, que nous avons bien
cohabité ensemble et préparé l'avenir de la famille tous
ensemble pendant de nombreuses années, évidemment, les miens ne
m'empêcheront pas d'être au courant de leur dossier médical.
Mais évidemment il faut prévoir des dispositions
législatives pour les mauvais parents qui sont les autres. Nous, cela ne
nous dérange pas de dire que ce ne sera pas accessible pour les quatorze
ans et plus, parce qu'on sait que les nôtres, ils ne nous feront pas le
coup de ne pas nous rendre leur dossier médical accessible parce
qu'évidemment on est de bons parents et que ce sont de bons enfants.
Mais puisqu'il y a d'autres parents qui sont mauvais et d'autres enfants
qui sont mal préparés, il faut bâtir... M. le
Président, cette argumentation-là est justement la preuve qu'au
plus profond d'eux-mêmes, ces individus ne voudraient non plus se
retrouver
dans une situation où un jour leur enfant à quatorze ans
et demi leur dira: Tu n'as pas accès à mon dossier
médical. Une réponse comme celle que la ministre vient de nous
fournir, c'est exactement mot à mot, au fond, ce qu'elle vient de nous
dire. Quant à moi, c'est une façon très théorique
de parler du jardin du voisin en disant: Le mien ne fonctionnera pas comme cela
et il n'y a personne chez nous dans ma famille qui aura à faire
référence à cette loi parce que ça va bien, que
tout est parfait dans le meilleur des mondes.
Mme Lavoie-Roux: ...défendre cet aspect-là que ces
excellents parents qui ont une relation extraordinaire...
M. Rochefort: Non, non. Je n'ai jamais parlé de cela
depuis le début. Vous faites de la projection.
Mme Pelchat: C'est ce que vous dites...
M. Rochefort: Vous, vous prendrez la parole à votre tour
et vous nous ferez rapport de la discussion que vous avez eue au caucus
là-dessus.
Mme Pelchat: ...votre attitude paternaliste...
M. Rochefort: La discussion que vous avez eue au caucus
là-dessus. Oui, oui, l'attitude paternaliste.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Gouint avez-vous terminé votre intervention? (16 h 45)
M. Rochefort: Ce que la députée de Vachon fait est
justement la mauvaise façon d'aborder cela. Traiter les gens qui sont
contre cela de paternalistes et de réactionnaires comme si
c'était être réactionnaire de dire qu'effectivement un
parent a une responsabilité dans la société, qu'il doit
être au courant, entre autres, de ce qui se passe chez son enfant de
quatorze ans et demi. Là, je vous dis qu'on est devenu
réactionnaire, oui. Je comprends certains de mes collègues qui
passent plus d'heures par semaine que moi avec la députée de
Vachon.
M. le Président, je dis immédiatement, en mon nom
personnel que je ne suis pas favorable. Je ne parle pas au nom de ma formation
politique. Je ne prétendrai pas que je suis ailé à mon
caucus, contrairement à d'autres ici autour de la table, M. le
Président. Je vous dirai que pour ma part je ne suis pas prêt
à souscrire à une adoption aussi large que celle qu'on est en
train de faire. Tantôt, on en a eu une bonne preuve à l'occasion
de l'étude, je pense, de l'article 117, où on a réussi,
à partir de quelque chose de large au maximum, à le baliser pour
essayer de circonscrire ce que pratiquement on voulait viser.
Je pense qu'au minimum avoir une attitude responsable vis-à-vis
d'une telle question nécessiterait que justement tout le monde se mette
à la tâche et tente de circonscrire le plus possible la
portée réelle et la portée visée par l'article. Tel
qu'il est rédigé, il n'est balisé en aucune façon.
Cela me semble régler l'affaire rapidement et à peu de frais.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Gouin. Vous me faites part, ainsi qu'à la
commission, de vos vues personnelles. Je serais intéressé,
à peine trois minutes avant la fin des travaux, à votre demande
entre autres, à savoir si l'article 118 va être adopté par
votre formation politique ou non, sinon on va passer à un autre article.
Ou alors présentez un amendement. Vous me donnez votre opinion
personnelle que je trouve intéressante, mais qu'est-ce que vous faites
maintenant avec cela?
M. Rochefort: M. le Président, je ne pense pas que des
votes de formation politique existent ici. Sauf erreur, je ne vois pas sur quoi
vous vous appuyez pour demander un vote de formation politique.
Le Président (M. Trudel): Non. Je demande si vous
êtes prêt à voter sur l'article 118 sur lequel nous sommes
revenus.
M. Rochefort: Alors, si je comprends bien, c'est que vous
vérifiez s'il y a d'autres personnes qui veulent prendre la parole ou si
on passe au vote.
Le Président (M. Trudel): Je vérifie si M. le
député...
M. Rochefort: Mais il n'y a pas de vote de formation politique
dans notre règlement, sauf erreur.
Le Président (M. Trudel): ...de Taillon est prêt
à voter à son tour. C'est un article sur lequel on est d'ailleurs
revenus après l'avoir adopté.
M. Filion: Non. Il y a des questions qui ont été
soulevées par le député de Gouin... Est-ce que la ministre
de la Santé et des Services sociaux et le ministre des Communications
sont tout à fait fermés à un amendement ou une
possibilité de peut-être circonscrire...
M. French: Si mon souvenir est bon, M. le Président, on a
demandé que nos amis d'en face nous proposent quelque chose. On est
prêts à les écouter.
M. Filion: Vous savez comme moi, M. le ministre, que pour
rédiger un amendement de cette envergure, comme on ne voudrait pas le
faire juste pour noircir du papier, le député de Gouin...
M. French: Donnez-nous un indice de vos problèmes et non
de vos états d'âme.
M. Filion: Je voudrais savoir si vous êtes fermés ou
si vous considérez... Vous nous avez dit: C'est la position de notre
caucus. Généralement, cela veut dire que c'est ferme. Vous
êtes dans le ciment et cela ne donne rien de se pourfendre.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui! mais cela fait 20 minutes que vous
placotez. Si vous avez des suggestions, mettez-les sur la table.
M. Filion: Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux, cela ne me ferait rien de placoter sur un sujet sur lequel notamment
la Commission d'accès à l'information nous a invités
à faire un débat public. Alors, moi, placoter 20 minutes sur ce
sujet qui affecte tous les Québécois et toutes les
Québécoises ou à peu près, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, je vais vous dire que cela ne me
dérange pas du tout. Si vous trouvez que 20 minutes, c'est trop accorder
à une matière comme celle-là, je vais vous lire le passage
du rapport de la Commission d'accès à l'information.. Vous l'avez
peut-être oublié. C'était leur recommandation et ces gens
passent leur temps dans ce dossier, alors que vous, j'espère que vous en
passez un peu dans le dossier du CSSMM.
Recommandation - page 101 - "La Commission d'accès à
l'information invite donc le gouvernement à enclencher au plus tôt
une réflexion approfondie sur l'accès exclusif du mineur de
quatorze ans ou plus à son dossier médical ou social. Une telle
réflexion devra prendre en compte les intérêts parfois
conflictuels des parents et des enfants, le droit à l'autonomie
déjà reconnue par la Loi sur la protection de la santé
publique au mineur de quatorze ans ou plus et enfin la situation
particulière du domaine de la protection de la jeunesse."
L'invitation que nous fait la Commission d'accès à
l'information, c'est d'enclencher une réflexion approfondie. Cela fait
20 minutes qu'on en parle et on se le fait reprocher, M. le Président.
Il y a quand même une limite. Le travail de tous les membres de
l'Opposition est fait de bonne foi et vise à étudier le projet de
loi, comme on en a reçu le mandat par l'Assemblée nationale, et,
si possible, à le bonifier. D'ailleurs, les amendements qu'on a
présentés en commission, que je sache, non seulement n'ont pas
été considérés comme farfelus, mais ont
été acceptés dans certains cas par le ministre responsable
de l'application de la loi. Et on vient nous dire qu'on placote pendant 20
minutes sur un sujet comme celui-là. Je n'aimerais quand même pas
qu'un des parents qui aurait un enfant de quinze ans atteint du SIDA, vienne
à mon bureau de comté pour me dire: Vous savez, vous avez
adopté une loi; mon petit gars a peut-être le SIDA, il a quinze
ans, et moi je ne le sais pas. Bien, c'est cela, du placotage de 20 minutes.
Excusez ma sortie, M. le Président, mais ce n'est pas du placotage de 20
minutes, Mme la ministre.
Le Président (M. Trudel): Vous voulez sortir d'une autre
façon. Vous m'avez dit que vous vouliez partir. Je vais
reconnaître le député de Beauce-Nord qui m'a demandé
la parole.
M. Audet: Merci, M. le Président. Étant
donné que la ministre de la Santé et des Services sociaux a
demandé aux membres de l'Opposition s'ils avaient des recommandations ou
des suggestions à faire à cet article ou à cet amendement,
et aussi à la demande du ministre des Communications - je pense que ce
n'est pas une question de faire du placotage, mais il ne faut pas non plus que
le débat soit». Il faut en arriver à des choses
concrètes. Je demanderais qu'on procède au vote sur l'article
118.
Le Président (M. Trudel): Êtes-vous prêts
à voter? La commission est-elle prête à voter? Il y a deux
présidents de commission de ce côté-là. Vous savez
que la demande d'un vote, c'est prioritaire. Il va falloir en disposer.
M. Filion: Nous avons d'autres représentations.
Le Président (M. Trudel): Que je sache, les travaux seront
ajournés à 18 heures.
M. Filion: C'est pour cela que je voudrais traiter un peu de
l'organisation de nos travaux, M. le Président. J'ai déjà
avisé le ministre»
Le Président (M. Trudel): Avant d'en traiter, je veux
savoir ce qui arrive avec l'article 118. Vous n'êtes pas prêts
à voter sur l'article 118, tout de suite.
M. Filion: On n'a pas terminé. On a d'autres interventions
à faire.
Le Président (M. Trudel): Très bien.
M. Filion: Vu que la réflexion, semble-t-il, ne pourra pas
se faire au sein de cette commission, comme c'est notre responsabilité
de le faire, on va devoir la faire ailleurs et peut-être la faire
partager ailleurs, mais en
tout cas. Je pense que mon collègue de Gouin a d'autres
interventions à faire et c'est mon cas également.
Le Président (M. Trudel): Très bien! De toute
façon, il vous reste amplement de temps.
M. Filion: À ce moment-ci, je voudrais profiter de
l'occasion pour souligner au ministre - je l'ai déjà
signalé - que mon collègue de Gouin et le député de
Taillon doivent se rendre à Montréal à bord de l'avion qui
part de Québec dans 45 minutes. J'ai déjà signalé
ce fait. Manifestement, il y a deux blocs au projet de loi: un bloc qu'on peut
étudier ensemble, et c'est ce qu'on va continuer à faire demain
toute la journée, et il y a un autre bloc qui concerne la ministre de la
Santé et des Services sociaux et le député de Gouin. En ce
sens-là, je suis prêt à siéger vendredi, vous aussi
je croirais.
M. French; Absolument, M. le député.
M. Filion: II s'agirait de trouver un moment. Nous, on est
prêts à siéger demain. On verra si on peut terminer notre
bloc demain.
M. French: Ce qui est préoccupant, M. le
député, c'est la combinaison du sommet et la
nécessité de terminer nos travaux parlementaires. Il serait
souhaitable de terminer nos travaux parlementaires avant le sommet, si
possible, ce qui nous mène vraisemblablement à mardi prochain.
J'aimerais savoir si le député de Gouin serait
intéressé à utiliser...
M. Filion: Mardi ou mercredi? Vous m'avez dit mercredi.
M. French: Je voulais mercredi, mais je me suis fait dire que la
GRC ne veut pas. Je me demandais si le député de Gouin serait
intéressé à continuer le débat mardi
après-midi...
Une voix: À 14 heures. M. French: ...à 14 heures.
Une voix: ...vendredi matin.
Le Président (M. Trudel): C'est parce que madame ne peut
pas.
M. Rochefort: Mardi, c'est la commission de l'aménagement
sur le transport en commun dans la région de
Montréal. Je pense que le député de Bourget...
M. French: M. le député, nous voulons certainement
nous ajuster avec la meilleure foi possible, mais nous avons aussi des
contraintes.
Le Président (M. Trudel): II s'avère impossible
d'avoir ici une salle. C'est un problème de salle, à moins de
transporter la commission, encore une fois, à Montréal, ce qui
est impossible compte tenu des délais.
M. Filion: Quoi? On ne pourrait pas siéger à
Montréal. Mercredi, on a...
M. French: On a siégé à Montréal.
Vous ne savez pas ce que vous évoquez comme problème.
M. Filion: De toute façon, c'est le Conseil des
ministres.
M. French: Pardon?
M. Rochefort: Cela se fait.
M. French: Oui, mais vous savez pourquoi et...
Le Président (M. Trudel): Cela a été
refusé ici...
M. French: Je ne dis pas que je ne veux pas, mais c'est tellement
compliqué.
Le Président (M. Trudel): ...pour la commission sur
l'immigration. On voulait siéger à Montréal et le
président a dit: Non.
M. Filion: Est-ce qu'on ne pourrait pas siéger...
M. Rochefort: Jeudi soir? Demain soir? Une voix: De cette
semaine?
M. Rochefort: Je pourrais essayer d'arriver à bonne
heure.
M. Filion: Alors, on a la solution si demain soir c'est
possible.
Une voix: Mais c'était prévu qu'on
siégerait?
M. Filion: Effectivement, c'était prévu, mais on
nous a dit que Mme la ministre ne pouvait pas venir demain.
M. Rochefort: À 20 heures? Demain? M. Filion: Aucun
problème.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je pourrais venir demain
après-midi ou demain soir, je n'ai pas de problème demain, mais
c'est parce que le député de Gouin ne peut pas, lui.
M. Rochefort: M. le Président, je préside une
séance de travail de la commission d'aménagement à 15 30
à Montréal.
M. Filion: Alors, demain soir? Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
Le Président (M. Trudel): Demain soir, à 20
heures?
M. Filion: Demain soir à 20 heures. Nous, on continue nos
travaux demain matin, demain après-midi et vendredi si
nécessaire.
Une voix: Quand le vote est demandé, M. le
Président, est-ce qu'on ne doit pas discuter de cela?
Le Président (M. Trudel): Non, c'est une question de
procédure, là... La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain matin 10 heures.
(Fin de la séance à 16 h 57)