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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce que messieurs les députés peuvent venir s'asseoir
à la table, s'il vous plaît? Merci,
La commission de la culture entreprend l'audition de M. Jacques Girard,
président-directeur général de Radio-Québec, afin
qu'il explique le changement de programmation concernant la retransmission de
la période de questions à l'Assemblée nationale du
Québec. Je ferais remarquer à mes collègues des deux
côtés de la table ainsi qu'à M. le
président-directeur général qu'à la suite d'une
séance de travail et d'un accord des deux partis nous avons, ma
collègue la vice-présidente de la commission et moi-même,
invité tous les députés de l'Assemblée nationale
à siéger avec nous s'ils en avaient le loisir. Cela
m'étonnerait que nous ayons beaucoup de députés autres que
ceux de la commission parce qu'il y a trois commissions qui siègent cet
après-midi. C'est la période intensive de la session. Oui, M. le
député de...
M. Godin: M. le Président, une question. Est-ce qu'on peut
aborder un autre sujet que celui qui apparaît ici comme étant la
raison de la présence de M. le président?
Le Président (M. Trudel): Votre curiosité l'ayant
emporté sur ma rapidité, j'allais dire que le mandat est
d'entendre M. Girard expliquer le changement de programmation concernant la
retransmission de la période de questions à l'Assemblée
nationale. Je serai, comme à l'accoutumée, tolérant,
libéral et ouvert, mais je ne voudrais quand même pas que cela
tourne...
M. Godin: ...au vinaigre.
Le Président (M. Trudel): Que cela tourne au vinaigre ou
au procès. Je ne pense pas que personne ne soit ici pour faire le
procès de Radio-Québec. Je voudrais aussi qu'on vide la
première question, si vous êtes d'accord, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Pas de problème.
Le Président (M. Trudel): Par la suite, si M. Girard a
encore du temps - nous, on a jusqu'à 18 heures - on pourrait
effectivement aborder d'autres questions. Mais je vous ferais remarquer
qu'à ce moment-là ce serait à la suite d'un consentement
puisque le mandat de l'assemblée est quand même...
M. Godin: Oui, d'accord. Je compte sur mes collègues pour
consentir.
Le Président (M. Trudel): Nous y verrons en temps et
lieu.
M. Godin: Éventuellement.
Le Président (M. Trudel): Alors, il n'y a pas de
déclaration de part et d'autre. M. le président-directeur
général, je vous cède la parole. Ce qui a
été convenu entre les partis, c'est que vous auriez, si tels sont
vos besoins et tel est votre choix, , environ une demi-heure, plus ou moins,
pas mal moins que plus. Le reste de la période, donc jusqu'à 18
heures, serait équitable-ment réparti entre les deux formations
politiques, en alternant entre les différents intervenants de
façon à ce que la discussion puisse s'engager de façon
aussi informelle et détendue que possible.
Oui, M, le député de Terrebonne.
M. Blais: Jusqu'à 18 heures, si nécessaire?
Le Président (M. Trudel): Bien sûr, jusqu'à
18 heures, si nécessaire. Quand le député de Mercier aura
épuisé les nombreuses questions qu'il veut aborder.
Oui, M. le député de Mercier.
M. Godin: Une seule question, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député.
À M. Girard ou à moi?
M. Godin: Non, quand vous dites "ces questions"...
Le Président (M. Trudel): Vous avez une seule
question?
M. Godin: J'annonce qu'il n'y en a qu'une seule.
Le Président (M. Trudel): D'accord. Alors, M. le directeur
général, il me fait plaisir de vous souhaiter la bienvenue. Je
m'excuse, M. le directeur général. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le directeur général,
mais comme il s'agit d'un sujet qui préoccupe, je pense, l'ensemble de
la députation et que vous-même, M. le Président, avez fait
connaître à l'ensemble des députés la
présence à cette commission de M. Girard, le directeur
général, est-ce que mes collègues seraient d'accord pour
qu'on ait un cadre un peu moins formel quant au droit de parole? J'entends par
là que ie droit de parole pourrait ne pas se limiter uniquement aux
membres de la commission comme tels, mais à d'autres
députés. Je vois mon collègue, M. Maltais,
député de Saguenay, qui
sans doute peut-être aurait le goût d'intervenir comme mon
collègue M. Paradis de Matapédia au même titre que M.
Jolivet et M. Gendron Enfin, je pense que vous avez compris le sens de...
Le Président (M. Trudel): Ou alors le député
de Rosemont que je vols entrer en cette salie. Vous avez bien compris, M. le
député de Saint-Jacques, qu'il est rare qu'on invite - en tout
cas, chez mol et je pense aussi chez vous, je vous connais assez - que vous
invitez des gens, que vous leur demandez de s'asseoir - c'est vrai que vous
partez beaucoup - mais que vous les empêchez de parier. Alors, il est
évident qu'il n'y aura pas de priorité ni pour les membres de la
commission ni pour les autres députés. Il y a une invitation qui
a été lancée à tous, et tous les
députés de l'Assemblée nationale du Québec sont les
bienvenus cet après-midi et auront le droit de parole légal. Il
est entendu qu'il y aura alternance entre les deux formations politiques.
Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres questions de cuisine avant que pour la
troisième fois je tente de céder la parole à M. le
directeur général?
Allez-y, M. Girard.
Exposé du président-directeur
général
M. Jacques Girard
M. Girard (Jacques): M le Président, Mmes et MM. les
membres de la commission, j'aimerais dans un premier temps vous
présenter les gens qui m'accompagnent. Immédiatement à ma
droite, M. Gilbert Buzaré, qui est vice-président à
l'administration et à la technique à Radio-Québec, M.
Bernard Benoist, qui jusqu'à tout récemment était
secrétaire général de la société,
responsable des affaires juridiques et qui, à compter des derniers
jours, est maintenant responsable de certains dossiers de planification sous
l'autorité de Buzaré et Mme Michèle Perryman, qui est
directrice des ressources humaines.
M. le Président, c'est avec grand plaisir que nous sommes devant
vous aujourd'hui pour répondre à toutes vos questions. Nous
sommes disponibles, cela va de soi, jusqu'à 18 heures. J'aimerais, en un
premier temps, comme vous l'avez suggéré, vous faire une
déclaration qui prendra environ une demi-heure et peut-être un peu
moins. C'est avec plaisir que par la suite nous répondrons à
toutes les questions que la commission voudra bien nous adresser.
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. le P.-D.G.,
est-ce que vous avez le texte de votre déclaration?
M. Girard: J'ai un texte auquel on a apporté des
corrections jusqu'à la toute dernière minute, mais si vous le
désirez, on pourrait faire parvenir une copie de ce texte, dès
demain, je présume.
Le Président (M. Trudel): S'il vous plaît, parce
qu'à ce temps-ci de la session les galées prennent plusieurs
jours avant de nous parvenir et on l'apprécierait.
M. Girard: Volontiers.
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Girard: M. le Président, quoi que puissent en penser
les uns ou les autres, Radio-Québec considère qu'il lut
appartient, en exclusivité et en dernière analyse, de
déterminer la nature, la teneur, la facture et les autres circonstances
de tous les éléments de sa programmation éducative et
culturelle.
C'est ainsi que de façon plus immédiate
Radio-Québec ne s'en est jamais remise qu'à elle-même
lorsqu'il s'est agi, depuis 1974, de prendre des décisions finales quant
à la retransmission sur ses ondes des débats de
l'Assemblée nationale ou de ses différentes commissions.
Lorsqu'elle est appelée à prendre de semblables
décisions, la société tient compte d'un certain nombre de
critères dont en particulier la signification des débats
parlementaires par rapport à la vie démocratique au
Québec; le fait que l'ensemble des débats soient diffusés
en direct par la câblodistribution et qu'il soit impensable de les
reprendre in extenso sur les ondes de la télévision
éducative; troisièmement, la détermination des
éléments de ces débats qui sont le plus susceptibles de
retenir l'attention d'un vaste public; quatrièmement, la satisfaction du
mandat premier de la société qui demeure de nature
éducative et culturelle; cinquièmement, fa répartition du
temps d'antenne en fonction de l'écoute normale des divers publics.
Radio-Québec admet que ces décisions lui imposent souvent
des choix extrêmement difficiles qui ne peuvent satisfaire tous les
intervenants publics ou privés. Elle tient cependant à vous
assurer qu'elle procède de son propre chef et selon ce qui lui
apparaît le meilleur intérêt de ses
téléspectateurs.
Cela dit, je m'efforcerai maintenant de vous exposer les
différents aspects et les différentes Implications de cette
délicate question de la diffusion des débats parlementaires et de
façon plus immédiate encore de la période de questions
à l'Assemblée nationale.
Tout d'abord, si vous le permettez, un bref historique de la diffusion
des débats à Radio-Québec. Depuis qu'elle diffuse, d'abord
sur le câble et ensuite en ondes ouvertes, la Société de
radiotélévision du Québec se préoccupe de
l'information parlementaire et de la compréhension par les citoyens du
processus démocratique. À partir de 1974 et durant plusieurs
saisons, Radio-Québec produisit une série d'émissions
Intitulées La Vie qu'on mène à l'Assemblée
nationale. Ces émissions visaient à familiariser le public avec
le processus démocratique du par-
lementarlsme. À compter de 1978, cette série devait
prendre un autre titre et s'Intituler La Vie parlementaire dans la vieille
capitale.
Radio-Québec devait également, dès 1974, être
impliquée dans la préparation d'un service d'enregistrement et de
distribution des délibérations de l'Assemblée nationale.
En effet, la société fut appelée à donner son avis
dans la préparation des devis techniques et des modifications
nécessaires à l'enregistrement des débats et à leur
diffusion.
Cependant, après le dépôt en juillet 1977 du rapport
sur les délibérations parlementaires, l'Assemblée
nationale décidait de créer son propre service de
radiotélévision comme vous le savez. Le 3 octobre 1978,
l'Assemblée nationale assurait la production télévisuelle
intégrale des débats, lesquels avaient lieu les mardi, mercredi
et jeudi. Le même jour, Radio-Québec a commencé à
retransmettre en différé de 18 h 30 à 22 h 30 la
période de questions et les trois premières heures de
débat survenues le même jour. Cette ligne d'action s'est maintenue
pendant les mois d'octobre et novembre 1978. Le mois de décembre a vu la
période de diffusion commencer à 18 h 30 pour se terminer
à minuit et ce, pour les cinq jours de la semaine. Cette décision
d'assurer la diffusion des débats de façon aussi intensive
s'explique du fait que Radio-Québec se relevait d'un arrêt de
travail de plus de six mois et qu'elle n'était pas en mesure de
reprendre immédiatement le cours normal de ses activités, alors
que la nouveauté de la diffusion des débats parlementaires
créait, il faut bien l'admettre, à l'époque, un certain
engouement auprès de la population.
La situation évolua rapidement alors que s'atténuait
auprès des téléspectateurs l'effet de la nouveauté.
Dès lors se posait la délicate question de la juste
répartition de la diffusion des débats chez un diffuseur à
vocation essentiellement éducative et alors que cette diffusion est
assurée in extenso par la majorité des grands
câblodistributeurs. Depuis lors, et selon l'intérêt
manifesté par les téléspectateurs, Radio-Québec a
diffusé la période de questions, l'ouverture de
l'Assemblée nationale ou la télédiffusion du discours
inaugural, la question référendaire, la commission Cliche, la
présentation des budgets et ce, à des heures variables, en direct
ou en différé. La diffusion actuelle de la période de
questions tient compte de ce qu'il s'agit de la partie des débats la
plus recherchée par les téléspectateurs et que la
totalité des délibérations est déjà
diffusée sur le câble, distributeur privilégié,
pensons-nous, pour ce type de programmation et le type d'auditoire qu'il peut
retenir de façon soutenue.
J'en arrive maintenant au fonctionnement technique. L'Assemblée
nationale possède, comme vous le savez, son propre service de
radiotélévision, qui dispose de ses propres ressources techniques
et humaines pour assurer la captation, l'enregistrement et la distribution
télévisuelle de ses débats parlementaires et de ceux de
certaines de ses commissions. L'Assemblée nationale achemine cette
programmation au centre de contrôle d'une entreprise de
télécommunication, tant à Québec qu'à
Montréal. À l'un et l'autre de ces points de jonction technique,
Radio-Québec se voit confier te soin d'offrir cette programmation, selon
certaines exigences, aux radiotélédiffuseurs de même qu'aux
câblodistributeurs qui en font la demande. Ceux-ci doivent assurer,
à leurs frais, la suite du cheminement technique. Radio-Québec
est elle-même raccordée à la centrale de distribution de
Montréal, ce qui lui permet de recevoir, en direct, la période de
questions, comme toute autre partie des débats parlementaires, d'en
assurer l'enregistrement pour ses propres fins et d'en effectuer la diffusion
en direct ou en différé. D'autre part, le service de
radiotélévision de l'Assemblée nationale offre aux
câblodistributeurs, qui ne peuvent se relier à l'une ou l'autre
des centrales de télécommunication, un service de distribution de
cassettes vidéo qui leur parviennent par mode de transport normalement
dans un délai de 24 heures.
Passons maintenant à une comparaison entre ce qui se fait chez
nous et ce qui se fait à Ottawa et à Toronto. À Ottawa, la
Société Radio-Canada assure la production et la distribution des
débats de la Chambre des communes depuis plusieurs années, mais
elle ne les diffuse pas sur les ondes de ses réseaux de
télévision ou de radio. Le signal est acheminé et
distribué aux câblodistributeurs et aux autres diffuseurs
canadiens par le satellite Anik D-1 et lorsque te canal satellite est libre,
Radio-Canada l'utilise à d'autres fins. D'autre part, Radio-Canada
produit et diffuse, durant le week-end, une émission de synthèse
des événements de la semaine, appelée La Semaine
parlementaire à Ottawa.
À Toronto, l'Assemblée législative de l'Ontario
possède son propre service pour assurer la captation audiovisuelle des
débats parlementaires. Donc, même situation qu'à
Québec. Elle achemine cette captation à TV Ontario par
l'entremise d'une entreprise de télécommunication. Encore ici,
même situation que celle dans laquelle nous nous trouvons. TV Ontario en
assure alors la distribution aux câblodistributeurs de même qu'aux
autres radlotélédiffuseurs, sur un canal de satellite de
télécommunication. TV Ontario assure également la
télédiffusion de la période de questions, les jours
où elle a lieu, sur sa chaîne française, à 23 heures
et sur sa chaîne anglaise à 23 h 30.
Les travaux de l'Assemblée nationale à l'antenne de
Radio-Québec. La télévision de Radio-Québec s'est
toujours Intéressée aux travaux des députés de
l'Assemblée nationale. En effet, Radio-Québec retransmet
régulièrement, en différé, la période des
questions des députés, lors de chacune des sessions de
l'Assemblée nationale. Pendant quelques années, une partie des
travaux des députés sont retransmis en toute fin de
soirée. Également, des émissions hebdomadaires
résument, commentent et analysent ces travaux. Il s'agit de La
Vie qu'on mène à l'Assemblée nationale et La Vie
parlementaire dans la vieille capitale, dont j'ai déjà
parlé tantôt, deux séries qui ont été
produites de 1975 à 1980. Tous les discours sur le budget et les
répliques de l'Opposition à ces discours sont diffusés en
direct ou en différé. De nombreuses commissions parlementaires et
débats sont diffusés intégralement lorsqu'ils sont
assurés par la télévision des débats. Certains sont
produits par Radio-Québec à l'occasion et je cite à titre
d'exemple: la commission d'enquête Cliche, la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources, la commission parlementaire sur la
constitution, la commission parlementaire sur le libre-échange, la
Conférence socio-économique "Le Québec dans le monde', la
Conférence pour l'intégration sociale des personnes
handicapées, la Conférence sur l'électronique et
l'informatique et enfin la Conférence socio-économique sur la
sécurité économique des Québécoises.
D'autres discours à l'Assemblée nationale et d'autres
moments importants des travaux des députés sont également
Inscrits à l'horaire. La couverture et l'analyse des résultats
des élections font l'objet, comme vous le savez, d'émissions
spéciales.
Depuis l'automne 1984, Radio-Québec, et c'est elle qui en a fait
l'offre, à ce moment-là, aux deux partis, met gracieusement du
temps d'antenne à la disposition des groupes parlementaires. En
1984-1985, neuf périodes de 27 minutes diffusées le jeudi
à 21 heures; en 1985-1986, neuf périodes de 27 minutes le jeudi
à 21 heures; en 1986-1987, 32 périodes de six minutes le jeudi
à 23 heures et pour 1987-1988, 27 périodes de six minutes le
jeudi à 23 heures à la suite d'une entente à laquelle nous
venons d'en arriver avec chacun des représentants des deux partis
représentés à l'Assemblée nationale.
Il est à noter que la production de ces émissions est
assurée par les services de Radio-Québec. La plupart de nos
émissions d'actualité et d'affaires publiques présentent
des analyses et informent régulièrement sur les principaux enjeux
et les grands débats soulevés à l'Assemblée
nationale. Les émissions de services reflètent et traduisent,
quand il y a lieu, leur impact sur la vie quotidienne des citoyens. Enfin, il
est utile de rappeler que Radio-Québec a précisé, en mars
1985, dans un document Intitulé Radio-Québec maintenant, qui
porte sur les orientations de ses activités et ses structures, que, dans
la catégorie "services" de ses émissions, elle entend continuer
à diffuser la période de questions à l'Assemblée
nationale, de même que certains discours et certains débats qui y
ont cours, ce que nous avons fait régulièrement depuis lors.
L'enregistrement et la mise en ondes de la période de questions.
La télévision des débats de l'Assemblée nationale
assure la production télévisuelle de la période des
questions des députés. Radio-Québec capte le signal et en-
registre la période qui est d'une durée d'environ 45 minutes. En
règle générale, la période de questions a lieu,
comme vous le savez mieux que quiconque, le mardi à 14 heures, le
mercredi à 15 heures, le jeudi de nouveau à 14 heures, les heures
de départ étant toutefois légèrement variables.
Durant les fins de sessions, ce qui est le cas actuellement, décembre et
juin, la période de questions a lieu du lundi au vendredi, à
compter de 10 heures le matin.
Afin de respecter une ligne stable de début de diffusion, la
période de questions ne peut donc être retransmise la même
journée avant 16 heures l'après-midi. Un court texte de
présentation lu en direct de la cabine d'annonceurs ouvre la
présentation à Radio-Québec.
La diffusion de la période de questions au cours des
dernières années. La période de questions de
l'Assemblée nationale a été diffusée à
Radio-Québec et sa cote moyenne d'écoute a évolué
de la façon suivante: 1980-1981, du mardi au jeudi, de 19 heures
à 20 heures, 83 500 téléspectateurs; 1981-1982, mardi au
jeudi, 19 heures à 20 heures, 55 500; 1982-1983, mardi au jeudi, 22
heures à 23 heures; 17 000, 1983-1984, mardi au jeudi, 17 heures
à 18 heures, 28 500; 1984-1985, mardi au jeudi, également 17
heures à 18 heures, 34 500; 1985-1986, mardi au jeudi, 17 heures
à 18 heures, 17 500; 1986-1987, mardi au Jeudi, 17 heures à 18
heures, 25 000 et cette année, 1987-1988, mardi au Jeudi, de minuit
à 1 heure, 17 000 et nous avons raison de croire que cela va aller en
augmentant. Lorsque la période de questions a été
diffusée du lundi au vendredi durant les fins de session, les
données d'écoute Indiquent une moyenne de 30 000 pour les
automnes de 1984 et de 1986. (15 h 30)
M. le Président, j'en arrive maintenant au plan de programmation
pour l'année 1988-1989, qui n'a pas encore été rendu
public, qui vient tout juste d'être terminé et qui sera
déposé au conseil d'administration de la société
lors de sa prochaine réunion, qui a lieu vendredi de cette semaine.
Jusqu'à ce jour, Radio-Québec a concentré son offre
d'une programmation éducative formelle et non formelle originale durant
les heures dites de grande écoute, soit après 18 heures
jusqu'à environ 23 heures. La rediffusion de plusieurs de ces
émissions est privilégiée en fin d'après-midi et en
fin de soirée. Les matins et débuts d'après-midi sont
l'occasion de présenter des émissions en provenance du
ministère de l'Éducation, des universités et d'organismes
d'éducation des adultes. Dès septembre 1988, tout en maintenant
la diffusion des émissions du ministère de l'Éducation et
de la Télé-Université durant le jour, c'est-à-dire
de 9 h 30 à 14 h 30, Radio-Québec a l'intention de produire une
série quotidienne d'émissions d'information et de services
pratiques à l'intention des adultes de 16 heures à 17 heures et
une série quotidienne d'émissions conçues
spécialement à l'intention des
enfants de neuf à douze ans, de 17 heures à 18 heures. La
programmation de soirée, après la diffusion de Passe-Partout,
à 18 heures, offrira une certaine continuité et une consolidation
de séries déjà existantes, en plus d'ouvrir de nouvelles
cases, notamment en éducation formelle et dans le domaine culturel. Les
cases de 14 h 30 à 16 heures et de 23 heures à minuit seront
réservées à fa diffusion, durant la même semaine,
des émissions de la soirée.
Selon les objectifs inscrits dans le plan de programmation 1987-1988,
celui de l'an dernier ou de l'année actuelle, si l'on veut,
Radio-Québec a procédé à l'analyse de la
programmation et de la stratégie horaire des grilles de jour. La
majorité des diffuseurs récoltent, avant 18 heures, une portion
substantielle de leur volume d'écoute. Radio-Québec a, sur ce
plan, un rattrapage important à effectuer. Seulement 8 % de son volume
d'écoute provient de sa diffusion de jour, bien que ce volume
représente 57 % de son temps d'antenne.
La clientèle adulte de la télévision de jour a ses
caractéristiques propres. Ainsi, le développement d'une
programmation de jour doit prendre en compte le fait que, en semaine, 69 % de
l'écoute des adultes provient des femmes et que 64 % des heures
consommées à ce moment-là sont attribuables à de
très gros consommateurs ou consommatrices de télévision,
c'est-à-dire à des gens qui regardent la télévision
en moyenne sept heures par jour. En outre, l'auditoire de jour est, dans
l'ensemble, plus âgé et souvent moins scolarisé que celui
de fa soirée. Le marché de la télévision le jour
n'a pas atteint, du côté francophone, l'étape de la
maturité. L'analyse des programmations par tranches horaires met en
lumière bon nombre de lacunes: offres francophones déficitaires
dans certains créneaux; moments de la journée où des
clientèles précises ne sont pas desservies; absence de renouveau
au cours des dernières années; ainsi, peu ou pas
d'émissions pour adultes entre 16 heures et 17 heures; et aucune offre
pour les enfants entre 17 heures et 18 heures.
Si Radio-Québec veut prendre position dans ce marché en
pleine effervescence, elle retiendra les femmes adultes et tes enfants comme
clientèles privilégiées et cherchera a se démarquer
sur le plan de l'offre en visant la complémentarité dans la
formule et le contenu traité. Dans cette optique, elle misera sur son
expertise dans le domaine des émissions de services. Pour occuper le
terrain d'une façon significative sans disperser ses efforts et pour
favoriser la notoriété et la création d'habitudes
d'écoute, elle diffusera ses émissions en strates, du lundi au
vendredi.
Également, tel que stipulé dans le plan de programmation
1987-1988 et conformément aux attentes du Conseil des ministres
exprimées ultérieurement l'an dernier, Radio-Québec a
entrepris le développement du secteur de la programmation pour enfants.
Les résultats d'une première phase d'une recherche
Intitulée Us nous attendent indiquent déjà que, si
Radio-Québec veut créer un environnement télévisuel
particulier aux enfants par des rendez-vous stables au moment où ceux-ci
sont disponibles, elle devra assurer une présence dans des
créneaux délaissés par les autres
télédiffuseurs ou dans des créneaux offrant peu de choix
aux enfants au niveau de la forme et du contenu.
Compte tenu de l'offre actuelle de la télévision
francophone, Radio-Québec devrait alors étendre sa
présence aux enfants, à compter de 17 heures du lundi au dimanche
et Passe-Partout devrait conserver son créneau sept jours par semaine de
18 heures à 18 h 30.
J'en arrive maintenant, M. le Président, à la conclusion.
En bref, Radio-Québec, à l'automne 87, a décidé de
reporter la diffusion de la période de questions de l'Assemblée
nationale à la fin de ses émissions pour les raisons
suivantes.
Premièrement, la diffusion intégrale des débats
ainsi que de la période de questions de l'Assemblée nationale est
offerte quotidiennement par la quasi-totalité des
câbtodistributeurs québécois. Il s'agit là d'un
service spécialisé, complet et accessible à une
très grande partie de la population.
Deuxièmement, Radio-Québec est une
télévision généraliste qui veut offrir une
programmation éducative, formelle et non formelle à un
très large auditoire, à des heures où les
clientèles sont les plus disponibles. Troisièmement, les
éléments importants des débats et de la période de
questions de l'Assemblée nationale, qui sont d'intérêt pour
les citoyens, trouvent leur place à l'intérieur même des
émissions d'informations, d'affaires publiques et de services produites
par Radio-Québec, et diffusées à des heures de forte
écoute.
Quatrièmement, à titre exploratoire, depuis septembre
dernier et dans le but de développer pour 1988-1989 une programmation
originale pour enfants, Radio-Québec leur a réservé une
plage horaire où la télévision francophone ne leur offre
pas d'émission, soit de 17 h 30 à 18 heures. Après
seulement trois mois de diffusion, cette série - et il s'agit d'une
reprise; en fait, il s'agit de l'émission Maya l'abeille - connaît
à ce jour une moyenne d'écoute de 97 000
téléspectateurs et la courbe de progression va en s'accentuant de
plus en plus.
Cinquièmement, l'absence de la période de questions durant
de nombreuses semaines et sa fréquence irrégulière lors
des sessions empêchent Radio-Québec de créer des
rendez-vous stables pour les spectateurs adultes ou enfants et entravent donc
la performance d'ensemble de sa programmation à un moment crucial de la
Journée, soit juste avant ce qu'il est convenu d'appeler le "prime time"
de 18 heures.
M. le Président, mesdames et messieurs les membres de la
commission, je vous remercie de votre attention et voilà les
considérations
préliminaires que je voulais soumettre à votre
attention.
Le Président {M. Trudel): Je vous remercie, M. le
président, en souhaitant recevoir le texte dans des délais aussi
rapides que possible, compte tenu du problème des questions techniques
dont je vous al entretenu tantôt. Alors, de part et d'autre... C'est ce
que j'allais vous souligner, M. le député de Terrebonne, de
commencer par un représentant du gouvernement. M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît.
Discussion générale
M. Maltais: Merci, M. le Président. Brièvement, je
remercie M. Girard de son excellent exposé sur la programmation. Mais en
premier lieu, j'aimerais, au nom de mes collègues, dire une chose bien
claire. Nous ne voulons pas que personne ne s'ingère dans notre
programmation. Dois-je vous rappeler que vous êtes une
société d'État? Donc, une partie de votre budget provient
de l'État québécois et nous sommes les
représentants de l'État québécois. Nous sommes
élus par les contribuables et si vous étiez à TVA ou
à Quatre Saisons, vous auriez droit de nous le dire. Mais en
prémices, je ne le prends pas Je le regrette. Qu'on soit d'accord ou pas
d'accord, moi, je représente des contribuables et si je ne peux pas
parler à Radio-Québec, les gens vont dire: On peut s'en passer.
SI on a une société d'État à laquelle on ne peut
pas s'adresser pour faire nos récriminations, on devra s'en passer. Je
vous le dis carrément, sans amertume, mais c'est ce que je pense.
Dans un deuxième temps, vous avez parlé du câble
dont les gens pouvaient se prévaloir. Dois-je vous rappeler
également que nous n'avons pas ce câble dans toutes les
régions du Québec? Beaucoup de régions au Québec
n'ont pas ce câble, malheureusement. La vocation de Radio-Québec,
c'était de pénétrer, bien sûr, dans les grands
centres et aussi d'aller en régions pour sa vocation éducative et
culturelle. Si on n'avait pas eu de plainte de nos citoyens, vous ne seriez pas
Ici aujourd'hui, parce qu'on ne vous a jamais fait venir pour rien, je ne pense
pas.
J'ai reçu des centaines de lettres et des centaines d'appels
téléphoniques et des télégrammes, et je suis
convaincu qu'il y en a d'autres qui pourront vous en parler. Si cela ne
préoccupait pas les gens, ils ne nous auraient pas
téléphoné et ils ne nous auraient pas écrit non
plus. Il y a des choses qui se disent et qui ne préoccupent pas les
gens. Ils ne nous en partent pas. Je vous transmets les préoccupations
que les citoyens de mon comté, contribuables, - donc, c'est une partie
de vos revenus - m'ont dit de vous dire, que l'émission de la
période de questions, il la préfère à une heure
raisonnable. Je ne pourrais vous dire si c'est entre cinq heures et... mais
minuit pour eux ce n'est pas une heure raisonnable.
Je ne suis pas en mesure - je ne suis pas psychologue ni psychiatre - de
juger s'ils ont raison ou s'ils ont tort, mais Ils m'ont dit de vous dire que
c'est bien trop tard pour eux, et si Radio-Québec n'est pas capable de
diffuser à une heure raisonnable la période de questions qui
intéresse quand même des citoyens au Québec, ils nous
demandent, en contrepartie, de vous dire: Bien, si Radio-Québec ne nous
sert pas, pourquoi continuerait-on à la servir en payant des taxes?
Voilà le message que je vous transmets des électeurs du
comté de Saguenay. Merci, c'est tout.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le président.
M. Girard: Je vous remercie. J'aimerais répondre
brièvement à certaines des remarques et des commentaires que vous
venez de faire. Ma première remarque est la suivante: C'est que nous
sommes ici avec plaisir, précisément parce que nous avons
intérêt à entendre ce que vous avez à nous dire.
Nous sommes parfaitement conscients que nous sommes une société
d'État et en tant que telle nous sommes ultimement comptables devant
l'Assemblée nationale de ce que nous faisons et de la façon dont
nous dépensons l'argent qui est octroyé chaque année
à Radio-Québec.
Ce que J'ai voulu souligner, c'est qu'il appartient à
Radio-Québec, comme à toute société de
télévision et en tant que société d'État, de
déterminer sa programmation sans influence extérieure. J'ai voulu
souligner, et Je tiens à le redire, que depuis que je suis à
Radio-Québec, il n'y a jamais eu d'intervention politique de quelque
nature qu'elle soit pour nous forcer à diffuser ou à ne pas
diffuser une émission. Cela me paraît un témoignage
Important à rendre aux membres de l'Assemblée nationale et au
ministre responsable de Radio-Québec, et cela me paraît
témoigner d'une vie démocratique saine.
Donc, il est clairement établi que la société
décide elle-même sa programmation sans Intervention
extérieure, ce qui ne veut pas dire que la société n'est
pas extrêmement intéressée à connaître le
point de vue des députés, membres de cette commission, des
membres de l'Assemblée nationale ou des citoyens dans leur ensemble, et
c'est la raison pour laquelle nous multiplions chaque année les
consultations pour savoir précisément ce que pensent les
citoyens. Alors, je pense au fond que nous sommes sur la même longueur
d'onde. Ce que j'ai voulu souligner, c'est qu'ultimement il appartient au
conseil d'administration de la société de décider de la
programmation de la société. Mais ceci n'exclut absolument pas,
en aucune espèce de façon, pour la société de tenir
compte des remarques qui sont faites par des citoyens et a fortiori des
remarques qui peuvent être faites par les membres de l'Assemblée
nationale. Voilà pour le
premier point.
Pour ce qui est du deuxième point, j'ai tenté de
démontrer, dans les remarques préliminaires que j'ai faites, les
raisons pour lesquelles nous avons choisi de diffuser la période de
questions à compter de minuit plutôt qu'à compter de 23
heures ou plutôt qu'en fin d'après-midi. Pour ce qui est de la fin
d'après-midi, l'étude que nous avons faite sur la programmation
pour enfants nous Indique qu'effectivement cette période devrait
être réservée aux enfants. Dans les orientations qui ont
été retenues par Radio-Québec, il est important qu'on
réponde à ces besoins spéciaux qu'ont les enfants et qu'on
fasse une programmation spéciale pour les enfants. Je pense que personne
ne s'opposera à cela.
J'ajouterai que les cotes d'écoute que je vous ai citées
tendent à démontrer qu'il n'y pas une grande différence
entre le nombre de téléspectateurs qui regardent la
période de questions cette année à compter de minuit et le
nombre de téléspectateurs qui regardaient la période de
questions l'an dernier en fin d'après-midi, ce qui ne veut pas dire
qu'on ne peut pas songer non plus à une autre heure. (15 h 45)
Pour ce qui est des câblodistributeurs, nous sommes conscients
qu'ils ne diffusent pas tous ta période de questions. Ce que J'ai dit,
c'est que la quasi-totalité des câblodistributeurs le faisaient.
Nous sommes également conscients que tous les Québécois ne
sont pas abonnés au câble, mais si les dernières
statistiques que nous possédons sont bonnes, plus de 60 % des
Québécois sont maintenant abonnés au câble.
Il est donc important de tenter de cerner de façon très
précise la clientèle qui peut être pénalisée
par la décision que nous avons prise de reporter la période de
questions à minuit. Il s'agit, somme toute, d'un nombre de
téléspectateurs peut-être bien non négligeable, mais
il ne s'agit pas d'une majorité de téléspectateurs. Il est
important, pour Radio-Québec, de prendre ces paramètres en
considération et iI est de notre devoir de vous les indiquer
également. Quoique, comme je l'ai...
M. Maltais: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vous arrête, M. Girard, parce que c'est bien beau, ce que vous me dites
là et...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: ...vous avez sans doute fort raison.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saguenay, s'il vous plaît.
M. Maltais: Oui.
Le Président (M. Trudel): Compte tenu des règles
fixées, je ne suis pas certain que je vais permettre un débat
entre un membre ou un invité de la commission, le P.-D.G., dans la
mesure où il y a déjà plusieurs députés qui
m'ont déjà fait part de leur Intention d'intervenir et de poser
des questions. Je vais vous laisser aller pour quelques secondes pour voir si
cela prend l'allure d'un débat. Je vous rappellerai à l'ordre s)
cela prend vraiment l'allure d'un débat, parce que...
M. Maltais: Je ne veux pas abuser du temps, M. le
Président, loin de là.
Le Président (M. Trudel): Allez-y, peut-être avec
une autre question.
M. Maltais: On a demandé en commission
parlementaire...
Le Président (M. Trudel): Quitte, M. le
député, à revenir si vous le voulez.
M. Maltais: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Ça va.
M. Maltais: On a deux affaires à faire marcher en
même temps. On a la Chambre de l'autre côté, même si
ce n'est pas diffusé.
Ce que je voudrais savoir, c'est s'il y a une possibilité...
Qu'est-ce qu'on va dire à nos gens? Quand je vais revenir dans mon
comté en fin de semaine, qu'est-ce que je vais dire? Qu'est-ce que je
vais dire? Est-ce que Je vais dire: Radio-Québec est sensible à
vos demandes ou Radio-Québec se fout carrément de vous? Qu'est-ce
que je leur dis?
M. Girard: La réponse est que nous y sommes sensibles. Je
pense que nous devons attendre à la fin de cette commission, que nous
devons tenir compte des remarques qui ont été faites, que nous
devons les analyser à l'Intérieur et faire des propositions au
comité de programmation et au conseil, qui, comme Je vous l'ai dit,
siège cette semaine, précisément pour prendre connaissance
du plan de programmation.
M. Maltais: Merci beaucoup de. votre réponse.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Lac-Saint-Jean, cela commence par M. le
député de Terrebonne. D'accord? Après cela, le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Je tiens moi aussi, comme responsable du dossier des communications de
l'Opposition, à dire que le Parti Québécois ne veut
d'aucune façon s'Immiscer de façon directe dans la programmation
de Radio-Québec. C'est élémentaire. Nous sommes
créateurs de beaucoup de
sociétés d'état et nous tenons à ce qu'elles
vivent bien et avec une pleine autorité sur leur marche et leur
administration. Nous leur avons prouvé par le passé. Cela dit,
j'aimerais bien parler du point principal; l'heure de diffusion ou de
retransmission de la période de questions à l'Assemblée
nationale.
J'ai écouté avec plaisir les statistiques de la cote
d'écoute et je suis persuadé que la direction actuelle de
Radio-Québec, comme la direction précédente, a
trouvé que l'heure de diffusion de la période de questions valait
d'être diffusée à la télévision
éducative du Québec qu'est Radio-Québec. Je ne pense pas
qu'il y ait de problème là. Le problème qui existe c'est:
À quelle heure doit-on diffuser ces débats? Les statistiques des
cotes d'écoute sembleraient être le barème pour remplacer
la période de questions dans la grille-horaire; il semblerait que c'est
plutôt la cote d'écoute que la valeur intrinsèque de
l'heure éducative de la période de questions.
Je tiens à vous dire que je suis complètement d'accord
avec vous sur le fait qu'un télédiffuseur cherche à tout
prix à avoir la cote d'écoute la plus grande et la plus vaste
possible. Si on part de 1980-1981, on me dit qu'à l'époque, de 19
heures à 20 heures, on touchait plus de 80 000 auditeurs. En 1982-1983,
il semble que l'on a baissé vers 17 000 ou 20 000; on a
recommencé à monter en 1986-1987, à peu près aux
mêmes heures, à 25 000 et dès qu'on était rendu
à 25 000, on a poussé cela à minuit.
J'ai l'impression, M. le président, qu'il y a deux raisons qui
font que la période de questions a un auditoire plus ou moins vaste. La
première, c'est l'heure de diffusion, bien sûr, d'après
nous; la deuxième, et je crois que celle-là est oubliée,
c'est qu'elle est inversement proportionnelle à la popularité du
gouvernement en place. En 1980-1981, le Parti québécois
était très populaire et au pouvoir, et l'écoute
était à plus de 80 000. En 1982, quand on a commencé
à monnayer la crise, le Parti québécois était
très impopulaire - ce n'est pas partisan, mon Intervention -
était très impopulaire.Excusez-moi!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: ...était très impopulaire et la cote a
baissé sensiblement. Elle est tombée pour les mêmes heures
à 17 000 à peu près, et c'était toujours le
même gouvernement qui était au pouvoir. Cela, M. le
président, pour vous dire qu'actuellement le Parti libéral est de
beaucoup plus populaire que le Parti québécois. On n'est pas dans
une discussion partisane, on étudie une heure qui représente
l'ensemble de la députation. Vu qu'elle est repoussée à
minuit, elle n'a pas la cote d'écoute que le gouvernement en place
devrait s'attendre à avoir et cela, je le dis de façon
très sincère.
Il y a un deuxième facteur. Vous allez me répondre qu'en
1984-1985 on voyait qu'elle commençait déjà à
augmenter et c'était toujours, selon mon raisonnement, un gouvernement
du Parti québécois impopulaire qui était au pouvoir. Il y
a une deuxième chose. C'est quand il n'y a pas d'Opposition du tout, que
le parti au pouvoir va mal et que l'Opposition ne semble pas très
valable - c'était le cas en 1982-1983 - mais en 1984-1985, l'Opposition
commençait à s'étoffer et là la cote montait
à cause de la bonne Opposition qu'il y avait. Je crois que l'heure de
diffusion pour rendre service aux deux partis politiques ou aux trois, quand
nous serons là, il faudra absolument que ce soit une heure fixe et
à ta bonne place, car si cette heure éducative doit être en
place, elle doit être à la même heure à peu
près, de façon constante, pour que les gens puissent la regarder.
C'est la remarque que je voulais faire et, M. le Président, de la
façon dont je l'ai présentée, ce ne fut pas de
façon partisane. Je crois que je l'ai présentée sous un
angle analytique qui n'a pas été évoqué par le
responsable de la programmation de Radio-Québec C'est pour cela que je
demande et que beaucoup de monde m'ont demandé que l'heure
d'écoute de cette période de questions, très
éducative autant pour les libéraux que pour les péquistes,
soft à une heure où convenablement les gens puissent la
regarder.
J'aimerais revenir à une deuxième question, la diffusion
24 heures par jour qu'on avait avant, mais j'aimerais que vous
réagissiez à ce premier volet, M. le président.
Le Président (M. Trudel): M. Girard.
M. Girard: Avec plaisir, M. le Président. Je dirais que
les décisions que prend Radio-Québec relativement à la
diffusion de la période de questions tiennent compte de trois
éléments. J'en ai mentionné plus tantôt, mais il y
en a trois qui me semblent particulièrement importants.
Il y a, tout d'abord, la grille-horaire que nous devons faire chaque
année et les besoins auxquels nous devons répondre. À ce
moment-là, nous tenons compte de la valeur et de la nature des
émissions que nous devons mettre en ondes à telle ou telle heure.
J'ai expliqué que, pour la fin de l'après-midi, il nous semblait
Important d'augmenter le nombre d'heures d'émissions ou le nombre de
minutes d'émissions destinées aux enfants. Premier
élément.
Le deuxième élément tient compte de la cote
d'écoute et le troisième élément, qui est
très important, c'est au fond la nécessité d'avoir une
émission qui revient avec régularité. La période de
questions ne dure qu'au maximum six mois par année et pendant les six
autres mois, elle n'existe pas. Oublions la période d'été
puisque c'est la même chose pour l'ensemble de ta programmation, mais
pensons à l'automne, à l'hiver et au printemps. Lorsque vous
diffusez la période de questions à une heure de grande
écoute, vous avez forcément une programmation en dents de scie au
cours de l'année, puisque
vous pouvez diffuser la période de questions tout au long du mois
d'octobre, du mois de novembre et une partie du mois de décembre;
ensuite au mois de mars, au mois d'avril, au mois de mai et une partie du mois
de juin, mais entre les deux, vous n'avez pas de période de questions et
avant vous n'avez pas de période de questions.
Toutes les statistiques et toutes les études que l'on peut faire
démontrent qu'une émission est d'autant plus regardée et
que les téléspectateurs sont d'autant plus fidèles que
vous créez un rendez-vous fixe, un rendez-vous régulier. Donc, ce
sont des éléments qui nous ont amenés à reporter la
période de questions à minuit et encore une fois je rappelle que
nous sommes ici pour écouter, faire notre profit de ce que nous aurons
entendu et faire des recommandations. En conséquence, je vous rappelle
qu'il y a un écart très peu significatif entre la cote
d'écoute de l'an dernier et la cote d'écoute que nous avons cette
année. Je ne tente pas de justifier là, de façon absolue,
la décision que nous avons prise, mais je pense qu'il faut attirer votre
attention sur les chiffres que nous avons en notre possession à l'heure
actuelle.
M. Blais: Le deuxième volet...
Le Président (M. Trudel): Une question, M. le
député?
M. Blais: Le deuxième volet et une des parties importantes
aussi, c'est que Vidéotron ou d'autres télévisions
communautaires, jusqu'à il y a deux ans, transmettait 24 heures par jour
les débats de la Chambre après minuit, toute la nuit, etc.,
jusqu'à la reprise, le matin, de leurs émissions
régulières. On voyait cela en régions et partout. Les fins
de semaine, cela se faisait sur tous les postes. Tout ce qui s'était
passé dans la semaine passait 24 heures par jour. C'était
d'abord, de façon très égoïste,
particulièrement productif pour nous. Lorsque nous sommes en commission
parlementaire, nous ne voyons pas ce qui se passe de l'autre
côté.
Quand il y avait une loi qui nous Intéressait de façon
particulière - je parle de façon égoïste pour nous -
nous pouvions regarder les débats en fin de semaine ou le soir en
revenant chez nous, parce qu'ils reprenaient les débats de la
journée toute la nuit et on pouvait regarder ce qui s'était
passé. C'est très instructif autant pour les
députés que pour toutes les équipes et pour tous les gens
qui travaillent au Parlement. C'est aussi très intéressant pour
les gens qui ne peuvent regarder les débats en direct parce qu'ils
travaillent.
La plupart des gens, comme les députés, travaillent le
jour. À l'Assemblée nationale, de ce temps-ci, on travaille
souvent le soir et la nuit, mais de façon générale jusque
vers 10 heures le soir. Les gens normalement sont à leur boulot et ne
peuvent regarder la transmission de ces débats. On m'a dit - parce que
j'ai discuté un peu avec vous quelques minutes au tout début -
que ce sont les chaînes privées et non les chaînes
d'État qui pourraient diffuser cela.
Il y a une question très directe que j'aimerais poser à
celui qui s'occupe de Radio-Québec: Est-ce que Radio-Québec,
à la fin de ses émissions - espérons qu'elles se
termineront à minuit et que la période des questions sera avant -
ne pourrait avoir un technicien - ce ne serait pas tellement cher, très
coûteux - qui ferait rouler la journée qui vient de se passer
à l'Assemblée nationale, de minuit jusqu'à la reprise de
ses émissions normales le matin? Tous ceux qui travaillent à des
heures différentes jusqu'à minuit le soir ou de 4 heures à
minuit, quand ils entrent chez eux, pourraient voir ce qui s'est passé.
C'est très éducatif. Et autant Radio-Canada a comme mandat d'un
côté de donner à la population canadienne tout ce qui peut
la cimenter dans cette grande famille, j'ai l'impression que
Radio-Québec pourrait, lui aussi, avoir comme mission de cimenter tout
ce qui est québécois pour nous cimenter dans notre grande famille
québécoise. Cette diffusion de 24 heures par jour,
c'est-à-dire au moment où vous n'avez pas d'autre programme, ne
serait pas chère. Les fins de semaine la même chose; reprendre
toute la semaine en cours, ce serait bon pour l'ensemble de la population et
surtout pour les élus. (16 heures)
M. Girard: M. le Président, je pense qu'on est
disposés à regarder de nombreuses hypothèses.
Celle-là pourrait être regardée parmi d'autres. Il faudrait
voir quel en serait le coût, il faudrait voir de quelle façon
Radio-Québec peut obtenir l'ensemble de la captation des débats
de l'Assemblée nationale ou des commissions parlementaires. Il faudrait
regarder aussi avec les câblodistributeurs, parce que si vous me le
permettez, M. le Président, je n'ai pas parié de
télédiffuseurs privés, mais de câblodistributeurs
qui, à certains moments donnés, ont fait rouler constamment
l'ensemble des débats à l'Assemblée nationale. On pourrait
sûrement regarder avec des représentants de la captation des
débats à l'Assemblée, avec des câblodistributeurs et
chez nous ce qu'il est possible de faire. Il faudrait, bien sûr,
évaluer les coûts et je suis Incapable de vous dire au point de
départ ce que cela pourrait signifier. Mais on peut regarder de fait un
ensemble de propositions.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
Président.
Je me permettrai de vous poser une question et par la suite l'alternance
recommencera.
Je me déclare, évidemment, tout à fait d'accord
avec vous sur la non-ingérence absolue du gouvernement ou du Parlement
dans les affaires de la Société Radio-Québec. Il vous
appartient totalement, exclusivement, de fabriquer la grille-horaire qui
réponde te mieux d'abord à vos besoins, bien sûr, mais
aussi aux objectifs que vous vous fixez d'une part et aux
objectifs généraux que le gouvernement vous fixe d'autre
part. Vous avez dit vous-même tantôt, M. le président: Bien,
à la suite d'une demande du Conseil des ministres, après
discussion - je me souviens qu'une partie de cette discussion a eu lieu
à l'intérieur de cette commission - vous avez
décidé d'accorder une plus grande Importance à ta
grille-horaire pour les émissions d'enfants. Jusque là, je vous
suis très bien. Donc, pour mol, non-ingérence absolue dans les
affaires de la Société Radio-Québec, cela ne fait aucun
doute.
Sur les chiffres que vous avez mentionnés tantôt, les cotes
d'écoute - tout en comprenant fort bien que ce ne soit pas le seul
élément dont vous tenez compte quand vous avez à prendre
une décision sur la grille-horaire - II y a une chose qui m'a
frappé. Il y a eu des dents de scie, bien sûr. Je n'ai
évidemment pas la même interprétation, qui n'était
pas très très politique, disons, ou politisée à
tout le moins, du député de Terrebonne. Il y a eu des hauts et
des bas. Vous avez changé de 22 heures à 17 heures, et tout de
suite on a vu que vous avez retrouvé, à un moment donné,
entre 1983 et 1984, une bonne partie de l'auditoire que vous aviez perdu.
Je serais tenté de tirer une conclusion en regardant ces
chiffres-là et sans approfondir davantage. Quand vous les avez
mentionnés tantôt, je me suis dit: Cela va malheureusement bien
avec un certain désintéressement de la population envers tout ce
qui a trait à la chose publique de façon générale,
que ce soit Ici ou ailleurs. Je serais curieux dans ce sens-là de voir
quelles sont les cotes d'écoute de TV Ontario, par exemple pour la
période de questions de l'Assemblée. Je vous poserai la question
tantôt, si jamais vous avez la réponse. Je pense que vous l'avez.
Je serais intéressé.
M. Girard: Voici la réponse: À TVO, pour la
dernière année, la cote d'écoute moyenne pour la
période de questions était de 3000 téléspectateurs,
alors qu'on en était, nous, à 25 000.
Le Président (M. Trudel): À 23 heures ou 23 h 30
selon que c'est français ou anglais. L'interprétation que je fais
rapidement de ces chiffres-là est celle que je vous al donnée.
Vous dites qu'en 1988-1989, selon la programmation que vous allez recommander
à votre conseil d'administration vendredi, si je comprends bien, au
moment où on se parle, 16 h 05, aujourd'hui, la période de
questions serait toujours, durant votre saison 1988-1989, à minuit, si
j'ai bien compris tantôt, d'accord. Mais vous vous dites disposé
à la discussion. C'est ce qu'on voit depuis le début. On parlait
de cotes tantôt, et tout en admettant encore une fois que ce ne soit pas
le seul facteur dont vous tenez compte, pouvez-vous me donner d'autres
émissions qui pourraient avoir - s'il en existe, bien sûr - qui
ont des cotes d'écoute de l'ordre de celles de la période de
questions, par exemple? Et me dire aussi si ces émissions-là sont
disparues de la grille-horaire ou ont été
transférées d'une plage à une autre. Ce serait pour le
moment ma seule question parce qu'il y a beaucoup d'intervenants qui veulent me
suivre.
M. Girard: En règle générale, M. le
Président, les émissions de Radio-Québec ont une cote
d'écoute moyenne supérieure à 100 000
téléspectateurs en période de grande écoute
notamment. Il peut arriver qu'en fonction de la concurrence ou de la
compétition à certains soirs, certaines émissions aient
une cote d'écoute inférieure à 100 000. La moyenne est
plutôt, me dit-on, de 140 000. Il peut arriver que des émissions
aient une cote inférieure à 140 000 ou une cote inférieure
à 100 000. Il y a eu certaines émissions qui ont eu, même
en temps de grande écoute, des cotes de 30 000 ou 35 000. Mais, en
règle générale, il nous paraît qu'une
émission en temps de grande écoute devrait avoir au-delà
de 100 000 téléspectateurs. Encore une fois, je tiens à
répéter que les cotes d'écoute à
Radio-Québec ont une signification, mais que ce n'est pas le seul
critère qui nous permet de juger une émission. Certaines
émissions de nature particulière qui n'ont pas
nécessairement cette cote d'écoute, mais qui répondent
à des besoins particuliers peuvent être diffusées durant
cette période ou à d'autres moments de la journée.
Le Président (M. Trudel): M. le président, votre
longue expérience vous sert bien. Vous m'avez répondu et
habilement aussi en me parlant d'émissions de "prime time". Moi,
j'essayais d'abord de faire une comparaison de choses comparables.
Peut-être avez-vous mal compris ma question? C'est-à-dire qu'on
parle d'une émission qui est à minuit ou à 17 heures et
qui a déjà été à 22 heures. Donc, on parle
de quelque chose qui est hors du "prime time". Je me demande si vous avez
déjà eu d'autres émissions hors de la période de
grande écoute, comme vous le dites, qui est plus française que
"prime time" de toute façon? Qu'est-il arrivé à ces
émissions quand les cotes d'écoute baissaient, si le cas s'est
présenté?
M. Girard: En général, on tente de les remplacer de
plus en plus par des émissions qui vont chercher un plus grand nombre de
téléspectateurs. Par ailleurs, je dois dire qu'il nous
apparaît nécessaire, à un certain moment donné, de
rediffuser de façon systématique certaines émissions qui
sont passées plus tôt dans la soirée, de les rediffuser
soit en fin de journée ou l'après-midi. Au moment où on se
parle, on rediffuse systématiquement, à compter de 23 heures,
Téléservice et L'Indice et on rediffuse certaines autres
émissions diffusées en soirée durant l'après-midi
à d'autres jours de la semaine. Je pense, par exemple, à
Nord-Sud, à Retraite-action, au Magazine, à Vidéotour
qui
sont des émissions toutes diffusées en temps de grande
écoute et rediffusées durant la semaine, l'après-midi.
Mais systématiquement, au moment où on se parle, la rediffusion
de 23 heures est consacrée à Télé-service et
à L'Indice.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le Président.
Mme ia députée de Matane, avant de partir.
Mme Hovington: Je vais faire vite, parce que je dois m'absenter
malheureusement.
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
Mme Hovington: Je dois vous dire merci, M. Girard, d'avoir
répondu à l'invitation de la commission de ta culture et de tous
les députés en même temps. Je veux surtout vous parler du
comté que je représente, te comté de Matane, qui est
situé en Gaspésie, une région très pauvre.
D'ailleurs, il y a une étude qui vient de sortir dernièrement
selon laquelle le comté de Matane est, parmi les 122 comtés au
Québec, celui où le taux du salaire est le plus bas. Ce n'est pas
très réjouissant, mais c'est comme cela. C'est ainsi que
même si la câblotélédiffuslon se rendait en
Gaspésie et dans le comté de Matane, toutes les maisons
n'auraient pas ie moyen de se le payer. Alors, mol, je me dis que l'objectif
premier de Radio-Québec était de nature éducative. Vous
l'avez dit vous-même dans vos préliminaires. Vous avez dit aussi
que Radio-Québec existait pour desservir les meilleurs
intérêts des téléspectateurs.
Ce que j'entends dans le comté, les lettres que j'ai et les
téléphones que j'ai, et même Je suis allée dans les
comtés voisins, dans le comté de Saguenay et même dans le
comté de Chicoutimi, et les gens que l'on rencontre disent: Pourquoi
n'avons-nous pas la période de questions à 17 heures ou à
18 heures, comme nous avons été habitués de l'avoir? Je
pense que si nous voulons desservir les téléspectateurs dans leur
meilleur intérêt, la demande est là. Vos chiffres, par
exemple, disent: En 1982-1983, quand vous télédiffusiez cette
émission à 22 heures, la cote d'écoute n'était que
de 17 000. En 1983-1984, à 18 heures, la cote d'écoute
était de 28 500. En 1986-1987, à 17 heures, cela a monté
à 25 000, et en 1987-1988, à minuit, je vais dire comme le
député de Terrebonne, il faut être un gouvernement
très fort pour avoir réussi à conserver 17 000
téléspectateurs à une heure aussi tardive, à minuit
le soir. Alors, il faut être très fort.
M. Blais: Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit, mais
passons.
Mme Hovington: Ce peut être une bonne
interprétation.
M. Blais: Passons.
Mme Hovington: Alors, c'est le message que je veux vous livrer.
Je ne voudrais pas que les régions éloignées souffrent de
ce changement d'horaire et souffrent parce qu'il n'y a pas de
câblotélédiffusion. Ce ne sont pas toutes les maisons qui
peuvent se payer le câble. Je voudrais vous demander, en tout cas, au nom
de toute la population que je représente et de la région
éloignée d'où je viens, que ta période de questions
soit télédiffusée pour faire en sorte que le meilleur
intérêt des téléspectateurs soit conservé et
aussi cette nature éducative qui fait partie de la démocratie et
qui la représente lors des périodes de questions. C'est le
message que je voulais vous laisser. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée. Un commentaire, M. le président.
M. Girard: Oui, un seul et très bref, M. le
Président. Mme la députée a mentionné 17 heures, 18
heures, sans exclure totalement la possibilité que l'on revienne
à ces heures, pour les raisons que j'ai évoquées plus
tôt et l'absolue nécessité, nous semble-t-il, de
répondre aux besoins des enfants. Il paraît, pour l'instant,
difficile de revenir à une diffusion de ta période de questions
qui se situerait en fin d'après-midi. Il sera peut-être utile ou
possible, au cours des heures qui vont suivre, de dégager des heures qui
semblent plus appropriées que d'autres.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Quelques remarques
sur cette question. D'abord, je vous signalerai, M. Girard, qu'il n'est pas
exact de prétendre que les câblodistributeurs au Québec
télédiffusent les débats de l'Assemblée nationale.
Dans la région du Saguenay--Lac-Saint-Jean, aucun
câblodistributeur, aucun sur tout le territoire de la région, ne
télédiffuse les débats de l'Assemblée nationale.
C'est seulement un exemple en passant. Toute une région au complet qui
n'a pas à sa disposition... Le taux d'abonnement au câble est
très élevé chez nous, mais personne n'a accès
à un canal où l'on retrouve les débats de
l'Assemblée nationale. Une remarque qu'il est important de signaler.
Deuxièmement, Radio-Québec se targue beaucoup de sa
mission éducative, on en parle souvent, on discourt très souvent
sur cette mission éducative. Est-ce que la télédiffusion
de la période de questions correspond à la vocation
éducative de Radio-Québec? Est-ce que la période de
questions est une émission qu'on peut ranger dans la catégorie
des émissions éducatives? C'est la question qui se pose. Si la
réponse est non, je comprends que ce soit à minuit. Si la
réponse est oui - je pense que la réponse est oui; on peut bien
faire beaucoup d'humour là-dessus - ia réponse est oui, parce
qu'il s'agit de retrans-
mettre les débats du Parlement québécois de
l'Assemblée nationale, de l'institution démocratique par
excellence qu'est l'Assemblée nationale, dans une société
démocratique. Donc, c'est permettre aux citoyens d'être mieux
Informés sur les sujets de l'heure, sur les différentes positions
des formations politiques représentées à
l'Assemblée nationale, sur les questions importantes, sur les questions
majeures. Ma réponse, c'est cela. Cela me paraît ressortir de la
mission éducative de Radio-Québec. Cela permet aux citoyens
d'avoir un meilleur accès à cette Institution démocratique
qu'est le Parlement, de mieux connaître les positions de leurs
élus, de ceux qui les gouvernent et de ceux qui sont dans l'Opposition.
Car l'Opposition joue également un rôle essentiel et elle est un
rouage essentiel dans nos institutions démocratiques.
Je vous le dis bien sincèrement: En répondant oui à
cette question, je ne suis pas certain que Radio-Québec ait
répondu oui à cette question. Je dirais même que
Radio-Québec a répondu non à cette question, puisqu'elle a
placé la période de questions à minuit. En la
plaçant à minuit, j'en conclus que Radio-Québec a convenu
que la période de questions ne cadrait pas avec la mission
éducative, la vocation éducative de Radio-Québec. (16 h
15)
Je vous dis cela, M. Girard, malgré votre Intervention de tout
à l'heure. Je regarde votre stratégie horaire, ce que vous
appelez votre stratégie horaire - cela fait partie du jargon des
télédiffuseurs - et une émission qui est placée
à minuit, pour moi, la conclusion, c'est que cela ne fait pas partie de
ta stratégie horaire du télédiffuseur. C'est pour meubler
un peu plus l'horaire, mais cela ne fait pas partie de la stratégie
horaire. C'est hors stratégie, une émission qui est
programmée à minuit C'est cela, ma conclusion et au fond c'est
également la conclusion de beaucoup de mes concitoyens.
Comme pour bien d'autres de mes collègues, il y a eu plusieurs
appels à mon bureau de comté: Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi la
période de questions n'est-elle plus à une heure normale et
raisonnable? À minuit, on ne peut plus la regarder. Vous pourrez
réagir, si vous le voulez bien, tantôt. Vous pourrez enrober cela
dans un discours intéressant sans doute, je connais votre intelligence,
M. Girard, je sais que vous en êtes bien capable. Ma conclusion,
carrément, c'est que Radio-Québec a convenu que rémission
de la période de questions ne cadrait pas avec sa mission
éducative. Vous l'avez évacuée. Vous ne l'avez pas
enlevée. Mais en la plaçant à minuit, pour moi, c'est
comme si vous l'aviez évacuée de votre programmation; cela
revient strictement au même. Vous l'auriez enlevée de votre
programmation et cela aurait eu le même effet pour moi
personnellement.
Pour ce qui est des cotes d'écoute, quelques petites remarques en
passant. Il est vrai que c'est en dents de scie. Il faudrait voir aussi
à quel moment ces sondages sont faits. L'émission La
Période des questions, je trouve qu'elle ne se compare pas tellement
à d'autres émissions. Ce n'est pas tellement comparable. C'est
une émission vraiment à part et spéciale, justement
à cause du moment où elle se déroute. Elle ne se
déroule pas sur une année régulière. Elle se
déroule de la mi-octobre au 16 ou 20 décembre, et elle reprend
à la mi-mars jusqu'au 20 juin, à peu près. Par
conséquent, on ne peut pas comparer les cotes d'écoute d'une
telle émission avec celles d'une émission qui se retrouve
à la grille-horaire à partir du début de septembre
jusqu'à la fin de juin. Cela me paraît incomparable. Donc, se
fonder sur les cotes d'écoute ne me paraît pas tout à fait
correct ou, en tout cas, comparer l'émission La Période des
questions à d'autres émissions de la grille horaire en comparant
les cotes, cela ne me paraît pas régulier.
Dernière remarque. Radio-Québec a produit dans le
passé - vous l'avez signalé dans votre intervention - des
espèces d'émissions synthèses de la vie parlementaire
à l'Assemblée nationale, ce que Radio-Canada continue de faire,
à la fols pour la Chambre des communes et pour l'Assemblée
nationale. Vous ne produisez plus ce genre d'émission, ce qui pour ma
part confirme la réponse à la question que je posais au
début: vous avez abandonné la production d'émissions
synthèses. Et cela devrait faire partie de la mission éducative
de Radio-Québec. Vous l'avez abandonnée, encore une fois, parce
que vous avez convenu que ce qui se passe au Parlement ne cadre pas bien avec
la vocation éducative de Radio-Québec. Pourtant, Radio-Canada a
continué de produire ce genre d'émission. Elle l'a raccourcie.
C'est passé à une demi-heure plutôt qu'une heure, mais
c'est une émission bien produite. En tout cas, celle de Radio-Canada, je
la trouve Intéressante, vivante et sans aucun doute éducative,
à mon point de vue. Je trouve regrettable que Radio-Québec ait
abandonné ce genre d'émission, ait renoncé à
produire ce genre d'émission synthèse. Voilà les quelques
remarques que j'avais à exprimer, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Je suis convaincu que
M. le président-directeur général a des
commentaires à faire.
M. Girard: M. le Président, j'ai quatre commentaires sur
chacun des points abordés par M. le député.
Premièrement, nous sommes conscients que certains
câblodistributeurs ne rediffusent pas la période de questions. Je
n'ai pas parlé de la totalité. J'ai parlé de la
quasi-totalité Effectivement, dans la région du
Sague-nay-Lac-Saint-Jean, il semble qu'aucun câblodistributeur ne
redistribue la période de questions et signale aux membres de la
commission qu'il y a peut-être, là-dessus aussi, une discussion a
avoir avec les câblodistributeurs et nous n'aurions pas d'objection
à tenir de pareilles ren-
contres avec ces derniers.
Première réaction. Donc, nous sommes conscients que ce
n'est pas la totalité. Nous sommes conscients deuxièmement que
tous les Québécois, là où c'est disponible, ne sont
pas nécessairement abonnés au câble. Troisièmement,
je pense que nous n'avons pas conclu que la période de questions ne
faisait pas partie de ta mission éducative et culturelle du
Québec. Je dirais, par ailleurs, que nous en sommes arrivés
à la conclusion que la diffusion de la période de questions, dans
cette perspective éducative, ne constitue pas nécessairement une
priorité par rapport à d'autres choix que nous avons faits. Je
dirai que les choix que nous avons faits à cet égard sont les
suivants: C'est-à-dire la diffusion sur les ondes de Radio-Québec
d'événements particulièrement majeurs, que ce soit le
discours sur le budget, le discours inaugural ou certaines commissions
parlementaires particulièrement Importantes. Premier
élément de la réponse.
Deuxième élément de la réponse: Le fait que
nos émissions d'affaires publiques doivent traiter des questions
majeures discutées à l'Assemblée nationale. Et je pense
que vous admettrez que, dans le volet "informations" de l'émission
Télé-Service, on le fait de façon régulière
et que l'émission Droit de parole le fait également de
façon régulière. Il nous semble qu'on rejoint un nombre
beaucoup plus Important de téléspectateurs et qu'on risque
d'atteindre un objectif éducatif de façon plus
intéressante par le biais d'une émission comme
Télé-Service ou par le biais d'une émission comme Droit de
parole. Une émission comme Droit de parole, à certains moments
donnés, va chercher 600 000 ou 700 000 téléspectateurs.
Lorsque le thème de Droit de parole a été débattu
à l'Assemblée nationale et encore une fois, souvent dans
l'année, c'est le cas, il nous semble que là, on rejoint
véritablement un objectif éducatif et on rejoint aussi un
très grand nombre de citoyens et de citoyennes.
Pour ce qui est des cotes d'écoute, il faut les
interpréter sûrement avec beaucoup de prudence. Les chiffres que
j'ai donnés sont des chiffres de moyenne. Il s'agit d'une
émission qui n'est pas régulière et qui peut avoir
effectivement des hauts et des bas, qui peut avoir un très grand nombre
d'auditeurs à un certain moment donné et peu le lendemain. Donc,
je pense qu'il faut interpréter ces chiffres de façon prudente.
La raison pour laquelle nous donnons toujours des moyennes, c'est qu'on utilise
les moyennes pour l'ensemble des émissions. Et ce qui me paraît
plus significatif, ce sont les tendances d'une année à l'autre
plutôt que les moyennes. Si les moyennes se contredisaient de
façon majeure ou très significative, d'une année à
l'autre, je pense qu'il faudrait y revenir de façon plus attentive. La
réponse, en bref, M. le Président, c'est que nous estimons que
c'est éducatif. Mais nous avons estimé jusqu'à maintenant
que d'autres moyens étalent peut-être un peu plus
appropriés pour rejoindre un plus grand nombre de citoyens sur certaines
des questions majeures débattues à l'Assemblée nationale
ou dans l'une ou l'autre des commissions.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
Je reconnais maintenant le député d'Arthabaska.
M. Gardner: Merci, M. le Président. Je pense être
bien placé pour discuter de cette question et je vais vous dire
pourquoi. Je ne suis pas député de l'Opposition et je ne suis pas
ministre. Vous savez qu'à la période de questions ce sont ces
deux genres de personnes qui ont la vedette. Nous ne pouvons absolument pas
paraître dans cette période, sauf une fois de temps à autre
lorsqu'il y a ce qu'on appelle une question...
Une voix: Plantée.
M. Gardner: Merci du terme.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Le débat serait...
M. Gardner: Mais cela dit...
Le Président {M. Trudel): Une question plantée, M.
le député, une question gouvernementale.
M. Gardner: ...j'aurais d'autres commentaires avant de passer
à mes trois questions. J'ai vraiment trois questions, M. le
Président. Je n'apprendrai pas au président-directeur
général de Radio-Québec que le Québec est une
société distincte. Quand je l'entends comparer notre
société de télévision, notre
radiotélévision à la Société Radio-Canada ou
à celle de Toronto, cela me chlcote un petit peu et je pense bien que je
ne lui apprendrai pas que nous avons tous, que nous soyons d'origine
Irlandaise, française ou de toute autre origine, l'esprit latin, qui est
déjà rendu dans ma face d'ailleurs et nous aimons au
Québec les périodes de questions parce qu'il y a de la chicane.
Nous aimons la chicane au Québec.
Une voix: On a vu cela en fin de semaine. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Gardner: Je vois qu'en face on aime bien cela d'ailleurs, bien
plus que chez nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gardner: Ce que je veux dire par là, c'est que nous
avons...
Une voix: ...ce n'est pas la peine de...
M. Gardner: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gardner: ...nous avons au Québec l'esprit latin et nous
avons aussi une télévision éducative qui est
différente. Quand je vous entends parler de cotes d'écoute, cela
me chicote parce que cela ne devrait pas être une de vos
préoccupations. Vous êtes là pour éduquer la
population selon les deniers donnés par le gouvernement.
Je serais porté à dire dans une autre remarque - j'arrive
aux questions, M. le Président - que la qualité des intervenants
fait qu'on a une bonne cote d'écoute. Probablement que les questions
posées ne sont peut-être pas aussi Intéressantes, mais
malgré tout, comme l'a si bien mentionné un autre de mes
collègues, on atteint une cote d'écoute de 17 000 à minuit
à l'heure des Incorruptibles, émission reprise depuis X
années.
Bon! mes questions. Vous avez mentionné tout à l'heure
qu'on a 17 000 et vous croyez que cela va en augmentant. J'aimerais savoir ce
qui vous fait dire cela. C'est ma première question. Est-ce que vous
voulez que je vous les pose toutes les trois, M. le Président?
Le Président (M. Trudel): Non, allez-y. M. Gardner:
Oui, c'est aussi bien.
Le Président (M. Trudel): Prenez tout votre temps.
M. Gardner: Deuxième question: je reviens sur la remarque
de ma collègue de Matane, en parlant de la clientèle qui est
moins favorisée. C'est pas mal sérieux, à mon avis. Vous
dites qu'il y a plus de 60 % des gens qui sont abonnés au câble.
Ce ne sont pas tous les câbles qui le font et je pense que la
télévision éducative du Québec devrait
s'intéresser davantage aux personnes moins favorisées. Est-ce que
vous pensez vraiment, lorsque vous décidez de mettre cela à
minuit, à la clientèle moins favorisée,
c'est-à-dire aux 40 % qui ne sont pas abonnés et peut-être
aux 10 % ou aux 15 % qui sont abonnés au câble, mais qui ne
reçoivent pas la câblodiffusion des débats?
J'ajouterais une dernière question. J'ai toujours pensé
que in medio stat virtus, dans le milieu se tient la vertu, et j'aimerais bien
qu'on trouve un milieu à tout cela et non pas à l'heure des
Incorruptibles, mais plutôt à une heure mitoyenne,
c'est-à-dire entre les deux. Ce n'est peut-être pas 17 heures
puisque vous aimez mieux que ce soient des jeunes et je pense que cela peut
être bon, mais je mentionnerais que les jeunes ont besoin d'être
éduqués politiquement aussi. Est-ce qu'il n'y aurait pas un
milieu à trouver et que vous pourriez trouver à la suite de cette
commission? Il y en a trois.
M. Girard: M. le Président, à la suite des
questions qui ont été posées, voici les réponses
que je peux donner pour l'instant. On pense effectivement que cela va aller en
augmentant parce que le fait que ce soft à minuit est une
nouveauté. C'est la première année. Les gens s'y habituent
doucement. Les cotes que nous voyons tentent à démontrer que de
fait iI y a de plus en plus de gens qui regardent. Je souligne également
que nous n'avons pas fait d'autopro-motion pour Indiquer aux gens que la
période de questions était désormais à minuit. Il
nous semblait que ce n'était pas très approprié de le
faire, étant donné le débat qui allait avoir lieu
aujourd'hui. Donc, il y a des indications qui nous portent à croire que
cela peut aller en augmentant malgré le fait que l'heure soit
tardive.
Deuxièmement, il est sûr qu'on pense aux clientèles
les moins favorisées. Je pense que Ton doit répondre en toute
franchise comme je l'ai fait à d'autres questions qui m'ont
été posées antérieurement. La décision a
été prise en tenant compte d'un ensemble de facteurs et en tenant
compte d'un ensemble de priorités. Je vous al parlé de la
clientèle de fin d'après-midi pour les enfants. Je pense que,
là-dessus, tes membres de la commission sont relativement d'accord avec
nous Plus tôt dans l'après-midi, rediffusion de certaines autres
émissions qui intéressent un plus grand nombre de
téléspectateurs. Au fond, les questions que l'on a à se
poser, ce n'est pas un jugement de valeur qui est porté sur la
qualité des débats que l'on retrouve à ce
moment-là. Absolument pas. C'est tout simplement voir à partir
des objectifs fixés à Radio-Québec quelle est la meilleure
façon de les atteindre et par quel genre d'émission on les
atteint le mieux. (16 h 30)
Donc, on pense aux clientèles moins favorisées, mais ces
clientèles moins favorisées, si on faisait un sondage
auprès d'elles, préféreraient-elles, de façon
absolue, avoir la période de questions ou d'autres genres
d'émissions? Par exemple en fin d'après-midi avoir une autre
émission de la nature de celle que nous diffusons à 18 h 30,
Télé-service, conçue spécifiquement pour les gens
qui sont à la maison. On ne peut pas préjuger de la
réponse. Il faudrait faire te sondage pour connaître la
réponse. Mais la réponse n'est pas évidente dans un sens
ou dans l'autre.
Le troisième élément, in medio stat virtus.
Effectivement, je pense qu'après cette commission on va
réfléchir entre nous sur la solution la plus appropriée
qui pourrait être trouvée. Je pense qu'il serait
prématuré pour moi... De toute façon, la décision
n'est pas prise par ceux qui sont ici. Nous ne faisons qu'une recommandation et
la décision est prise ultimement par le conseil d'administration,
même si, dans le cas de ta grille horaire, je dois dire que te
président-directeur général a un mot déterminant
à dire pour tenter de voir quelle serait l'heure la plus
Intéressante.
Le Président (M. Trudel): Merci, M, le président.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais être
brève. D'abord, je voudrais saluer le président-directeur
général de Radio-Québec. Voir Radio-Québec ici me
rappelle des souvenirs agréables et d'autres moins, je dirais, par
rapport au dernier événement, mais je ne voudrais pas revenir
là-dessus. À ceux qui l'ignorent, j'ai été à
l'occasion, il y a quelque dix ans de cela, je pense bien, une des artisanes de
Radio-Québec en régions. Mais ce n'est pas l'objet de votre
présence Ici.
Je dois répéter à la suite du porte-parole du
dossier qu'il n'est pas question pour nous que le politique s'ingère
dans la confection de la grille horaire. Je pense que c'est partagé par
tous mes collègues. Cependant, ce qui se pose à
Radio-Québec, c'est un débat qu'on n'a jamais fini de faire,
c'est celui entre la nature éducative d'une activité et la cote
d'écoute. Là-dessus, j'ai toujours eu de profondes
réserves. Lorsqu'on mettait dans la grille de pondération la cote
d'écoute, on lui donnait une valeur telle qu'elle avait comme effet
d'évacuer certaines émissions de la grille horaire, sous
prétexte qu'elles n'avaient pas la cote d'écoute.
La cote d'écoute, c'est bon pour ta télévision
commerciale, la télévision qui vit exclusivement ou quasi
exclusivement, à l'exception de Radio-Canada, des revenus issus des
commanditaires. On connaît aussi, on peut se le dire ici, les effets de
la diminution de la qualité des émissions offertes à
certains postes de télévision parce qu'elle finit par amener les
gens aux seuils les plus bas des attentes avec les effets qu'on connaît.
Ce n'est pas comme cela qu'on éduque une population, et
précisément si on a des télévisions
éducatives dans beaucoup de pays y compris au Québec, c'est pour
contrer cet effet - comment dit-on, soporifique ou...
Une voix: Soporifique. Mme Blackburn: Soporifique...
Une voix: Endormant.
Mme Blackburn: Endormant ou soporifique de certaines
émissions de télévision...
Une voix: Chloroformé.
Mme Blackburn: ...qui ont effectivement comme effet de maintenir
souvent les femmes à la maison et les enfants ensuite dans une situation
tout à fait amorphe qui les empêche de se poser des questions, qui
les maintient souvent dans leur rêve, qu'il s'agisse de sports, de
romans-feuilletons ou de certains films qu'on connaît.
Ce qu'on attend d'une télévision éducative, c'est
que, lorsqu'elle examine et établit sa grille horaire, la
pondération par rapport aux cotes d'écoute ne vienne pas
évacuer, je le rappelle, de la grille horaire certaines
émissions, simplement parce qu'elles n'ont pas la cote
d'écoute.
Pour ce qui est de la période de questions, je trouve
délicat d'en parler. Dès qu'on nous a annoncé fa tenue de
cette commission parlementaire, si on n'avait pas eu des pressions qui nous
sont venues des gens dans le comté qui ne s'expliquaient pas comment la
télévision éducative de Radio-Québec aft pu comme
cela, sans préavis, décider qu'on excluait, à toutes fins
utiles, la période de questions... À minuit, il ne faut pas se le
cacher - ce n'est pas le vendredi ou te samedi soir, mais les mardi, mercredi
et jeudi - c'est comme l'exclure de l'horaire. Sans préavis, c'est ce
qui fait que les gens de mon comté se sont demandé ce qui s'est
passé. Je ne connais pas la cote d'écoute de cette
émission dans la région du Saguenay~Lac-Saint-Jean, mais tout ce
que je sais, c'est qu'on en entendait parler.
Je me demande jusqu'à quel point Radio-Québec a pris en
compte l'importance de ce besoin particulier de sensibiliser ta population, je
dirais, à la politique prise dans son sens plus large, mais plus
particulièrement aux débats soulevés en Chambre. Lorsqu'on
est dans une télévision éducative, ce n'est pas parce que
fa population boude une émission qu'il faut absolument l'enlever de la
grille horaire. Ce serait comme décider du jour au lendemain, parce
qu'on n'a pas réussi à donner de bonnes habitudes à un
adolescent, d'arrêter de l'éduquer.
Je trouve que ce genre de raisonnement... Étant donné que
cela vient encore une fois d'une télévision éducative,
quelle serait la place la plus pertinente dans la grille horaire? Je ne vous
l'Indiquerai pas. Mon intention n'était pas là. Tout ce que je
sais aussi, c'est que de 5 heures à 6 heures cela ne plaisait pas
à beaucoup de gens non plus. Ils devaient faire un effort lorsqu'ils
rentraient du travail, parce que c'était au moment où ils
préparaient les repas, et ainsi de suite. Étant tout à
fait sensible à ta place que vous accordez aux enfants dans la grille
horaire, compte tenu de la qualité certaine, une qualité
supérieure - je pense bien qu'on peut le dire ici - des émissions
que vous produisez pour les enfants, je pense qu'il faut en tenir compte.
Là-dessus, je n'ai rien contre, mais est-ce que vous n'estimez pas,
comme télévision éducative, devant le manque
d'intérêt quasi total des citoyens du Québec à
l'endroit de la politique, qu'il seraft de votre responsabilité de
contribuer au relèvement de cet Intérêt? Vous allez me
rappeler les émissions que je connais déjà. Je les
connais. Il y avait un intérêt particulier pour la période
de questions. Je pense que cela contribuait, avec d'autres émissions
à caractère politique ou d'Intérêt politique,
à développer cet esprit un peu plus critique par rapport à
la
politique québécoise.
Bien que l'émission Droit de parole vienne reprendre le
thème de sujets abordés à l'occasion de la période
de questions, celle-ci nous donne l'occasion de brosser un tableau beaucoup
plus large des différents événements de la politique
québécoise dans différents secteurs d'activité. Je
ne vous dis pas que c'est toujours édifiant. Il ne faudrait pas qu'on me
prête ces propos, parce qu'il m'arriverait aussi d'être
gênée.
Ma question, c'est: Est-ce que vous avez des reprises? Ne serait-il pas
envisageable de changer la place de certaines reprises? Est-ce que ce n'est pas
un besoin particulier? Tout à l'heure, vous disiez qu'en dépit de
la faible cote d'écoute, en raison de notre besoin particulier, on le
pouvait. Cela, c'est une autre question. Je me disais que du moment où
votre conseil d'administration, M. Girard, doit adopter la grille horaire cette
semaine, il me semble qu'on ne peut pas se faire Ici beaucoup d'illusions quant
à votre possibilité de modifier cette grille pour la saison
1988-1989.
M. Girard: M. le Président, je voudrais préciser
tout de suite que le conseil d'administration va adopter cette semaine ou
pourrait adopter cette semaine le plan de programmation, mais non pas la grille
horaire. La grille horaire vient beaucoup plus tard. Donc, on a amplement le
temps de reconsidérer l'ensemble des éléments qui auront
été discutés aujourd'hui, Le choix de la grille horaire ne
se fait pas en général. La détermination de la grille
horaire ne se fait pas avant la fin du mois de mai ou le début du mois
de juin pour la prochaine année. Donc, à cet
égard-là, je pense qu'il n'y a aucune crainte à y avoir.
Premier élément.
Deuxième élément. Il me paraît Important d'y
revenir, M. le Président. Je pense que l'ensemble des membres de la
commission et vous-même avez parfaitement bien compris le sens des
premières pages de mon intervention au moment ou j'ai souligné fa
nécessité d'une non-ingérence dans la programmation de
Radio-Québec. Je voudrais qu'il soit parfaitement clair que nous n'avons
jamais perçu que la tenue de cette commission particulière
constituait une ingérence. Il est important de rappeler que le
président d'une société d'État doit
réaffirmer certains principes fondamentaux, car lorsque je m'adresse
à vous, je ne m'adresse pas uniquement à vous, mais je m'adresse
aussi aux employés de la société et au public en
général. Je crois qu'il est important à un certain moment
donné de rappeler certains principes fondamentaux.
Je répète que, pour nous et pour les collègues qui
m'accompagnent, la tenue de cette commission ne constitue, en aucune
espèce de façon, une ingérence dans la programmation de
Radio-Québec, mais plutôt l'occasion de discuter ouvertement d'une
question qui, je dois vous le dire avec une certaine naïveté, a
soulevé beaucoup plus de commentaires que nous ne le croyons. On
s'étonne même et on s'est parfois étonné à
Radio-Québec de la validité de certains sondages. La
réaction nous semble tellement considérable, de par ce qui nous
avait été dit et de par ce qui nous est dit aujourd'hui, qu'il
faut croire que la cote d'écoute pourrait être supérieure
au chiffre que nous recevons ou, en tout cas, si elle n'est pas
supérieure, que les gens qui regardaient cette émission y
attachent, de toute évidence, une importance tout à fait
particulière.
Je voudrais aussi, M. le Président, relever peut-être un
dernier élément. Je sais que c'est un élément dont
nous avons eu l'occasion de discuter à l'occasion de la défense
des crédits de Radio-Québec et à l'occasion d'autres
commissions parlementaires, un élément soulevé par Mme la
députée de Chlcoutlml. C'est que pour nous les cotes
d'écoute constituent, dans le choix de maintenir ou de ne pas maintenir
à l'antenne une émission, un des éléments, mais non
pas le seul élément. Il nous parait important de
considérer cet élément parce que la meilleure
émission du monde, le jour où elle n'est vue par personne, n'a
pas beaucoup de sens et n'a pas beaucoup d'intérêt.
Quand on tient compte du genre de médium qu'est la
télévision et du coût qu'engendre la
télévision, - je dirais presque, M. le Président, qu'il en
va de la télévision éducative comme de l'enseignement,
domaine que j'ai bien connu - la télévision éducative doit
être un bon professeur et un bon professeur, c'est celui qui retient
l'attention du plus grand nombre de ses élèves et une bonne
émission de télévision éducative, c'est une
émission qui doit rejoindre le plus grand nombre de citoyens, compte
tenu que certaines de ces émissions, nous en sommes conscients, sont
moins alléchantes que d'autres émissions qui peuvent être
présentées par d'autres postes de télévision.
J'espère, M. le Président, avoir répondu aux
questions soulevées par Mme la députée.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Rosemont.
M. Rivard: M. le président, vous défendez bien
votre dossier et vous avez une longue expérience des commissions
parlementaires. Vous parlez beaucoup de télévision
éducative et je suis entièrement d'accord avec vous sur le genre
de mission que vous avez. Peut-être que pour parler du moment de la
diffusion de cette émission, qui s'appelle La Période de
questions, on devrait peut-être au préalable concentrer notre
attention sur le produit lui-même.
Je pense que nous vous exprimons très clairement que minuit ne
nous semble pas être un bon moment pour diffuser cette émission.
Du moins, ce sont les citoyens et les citoyennes que nous représentons
qui nous le disent. D'un autre côté, au début de votre
exposé, vous avez mentionné que, s'il est question de
remettre
cette émission à l'horaire en fin d'après-midi, au
fond, la fourchette est assez étroite. Loin de moi l'idée, en
passant, de repousser à quelque autre moment que ce soit cette
extraordinaire émission qui est Passe-Partout. Je pense en avoir vu avec
mes enfants une quinzaine de fois chacun des épisodes et connaître
par coeur chacun des personnages, du moins des anciennes séries. (16 h
45)
Troisième et dernier commentaire sur le moment de la diffusion.
SI l'on regarde les chiffres, les cotes d'écoute dont vous nous avez
informés au moment de votre exposé, il est évident qu'en
dépit des Interprétations que peut en donner le
député de Terrebonne, en 1980-1981 et en 1981-1982, les cotes
d'écoute étaient très élevées. Il s'adonne
que l'heure, à ce moment-là, était vraiment une heure de
pointe, c'est-à-dire de 19 heures à 20 heures. Je n'ai pas, moi,
d'heure à vous suggérer. Il est clair qu'il ne nous appartient
pas à nous, les députés, de nous mêler de ce
problème.
Je veux faire un commentaire sur le produit. Je dirai qu'à la
limite iI se peut que vous regrettiez d'avoir à diffuser ce produit. Au
fond, si je regarde les trois critères dont vous vous servez pour juger
à la fois de la nécessité de diffuser et de la place
où cela peut se situer dans l'horaire, le premier est la valeur ou la
nature, et vous pourriez avoir des questions là-dessus. Le
deuxième, c'est la cote d'écoute; on en a parlé. Le
troisième critère, c'est la nécessité d'une
émission régulière.
Je le regrette, mais l'Assemblée nationale ne siège pas
plus souvent que six mois et demi par année. Que pouvons-nous y faire?
Je reviens cependant sur la valeur de l'émission en question ou de
l'activité en question. La période de questions, c'est de la
politique. Que voilà un moment privilégié, dans un
contexte de télévision éducative, pour enseigner aux gens
du Québec, quel que soit leur âge, ce qu'est la politique! La
politique, c'est deux choses: c'est la lutte pour le pouvoir - Dieu sait qu'au
moment de la période de questions on peut voir cette lutte se
dérouler devant nous! - et la deuxième chose, c'est le
schéma qu'on a de la société, c'est la façon dont
chacun des deux partis en présence veut organiser la
société.
Moi, je vous suggère ceci: Pourquoi ne pas transformer le
produit? Voilà que vous avez une période de 45 minutes au cours
de laquelle une certaine lutte pour le pouvoir a lieu et les deux
schémas de société s'affrontent. Pourquoi ne pas assortir
ces 45 minutes de quinze minutes additionnelles qui seraient faites de
commentaires? De commentaires peut-être pas de nature politique et
surtout pas de nature politique partisane, parce que vous seriez pris avec
cela, mais de commentaires qui pourraient très bien attirer davantage
l'attention de l'auditeur sur le processus politique lui-même. Que
voilà une activité qui se situerait très bien dans cette
émission de télévision éducative qui est la
vôtre!
Encore une fois, si vous faites cela et si par hasard cela plaît
aux gens, quel que soit leur âge, peut-être que le premier
critère dont vous vous servez pour situer cette émission dans
votre grille, peut-être que ce premier critère qui est celui de la
valeur et de la nature, le produit ayant été transformé,
peut-être que cela vous amènerait à considérer une
autre place dans l'horaire. Je le répète, minuit, M. le
président, ce n'est pas une bonne heure pour qui que ce soft. Merci, M.
le président.
Le Président (M. Trudel): Vous et moi avons connu, nous ne
l'avons pas fréquenté, mais nous avons connu à
Montréal un café qui s'appelait le Café Minuit. Vous vous
en souvenez? Je pense qu'une partie de l'université occupe juste le...
On avait midi-minuit; c'est peut-être une décision que vous aurez
à prendre un jour!
M. Girard: Exactement.
Le Président (M. Trudel): Allez-y de vos commentaires.
M. Girard: Effectivement, iI y aurait peut-être moyen de
créer un intérêt plus grand pour la période de
questions si cette émission était encadrée. Je vous avoue
que cela a été fait antérieurement à
Radio-Québec. Je pense que c'est une suggestion que l'on peut regarder
et que l'on peut analyser Évidemment, vous l'avez souligné
vous-même, la très grande difficulté réside dans te
genre de traitement que l'on peut apporter aux commentaires que l'on fait sur
la période de questions. Ces commentaires doivent être d'une
neutralité absolue, faute de quoi les téléspectateurs ne
l'accepteraient pas. Je suis sûr que les représentants de l'un et
l'autre des partis à l'Assemblée nationale ne l'accepteraient pas
non plus. Mais iI y a peut-être lieu de rendre la diffusion de la
période de questions plus intéressante ou plus alléchante
par l'ajout de commentaires ou par des indications sur le processus
démocratique. C'est un aspect qu'on peut sûrement regarder.
M. Blais: Juste 30 secondes, M. le Président, avant de
céder la parole à mon collègue, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Trudel): Allez-y, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, j'espère que
l'intervention du député de Rosemont vous a au moins
prouvé qu'une reprise est nécessaire. Il a repris certaines de
mes paroles et la première fois je me suis rendu compte qu'il n'avait
pas compris. Je reprendrai plus tard.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le président, je vais répondre oui
à votre énoncé, à la non-ingérence, sauf que
je vais reprendre les paroles du premier ministre Barre, en disant:
Non-ingérence, mais non-indifférence. Je pense que la formule
n'est pas usée: non-ingérence de la part des membres de
l'Assemblée nationale. Je le dis et je le répète,
Radio-Québec a toujours été considérée,
quant à mol, comme la télévision nationale au
Québec. Donc, vous devez être conscients qu'il y a, face à
Radio-Québec, des attentes et des exigences qui seront toujours de la
nature de celles qu'on peut avoir pour un réseau privé tel TVA,
Quatre Saisons ou la télévision d'État canadienne, qui est
Radio-Canada.
D'ailleurs, dans un autre ordre d'Idées, deux anciens
présidents de l'Assemblée nationale faisaient justement
état de cette différence et de cette distinction dans ce qui peut
provenir de l'Assemblée nationale.
Je regarde un document qui émane de votre société
et qui dit: "En programmation éducative non formelle correspondant aux
impératifs des paragraphes b, c et d de ce même article et se
répartissant elles-mêmes selon les trois catégories,
culture générale, service à la société, et
actualités et affaires publiques..." Sans faire le procès de
Radio-Québec, sur ce "service à la société", je
pourrais vous rappeler malheureusement la disparition... On s'entend tous pour
ne pas nous mêler de votre grille horaire, mais comme représentant
de commettants et "télévore" comme tout le monde - parce qu'on
arrive quelquefois à en avoir le temps - je déplore, au moment
où au Québec on parle d'augmentation du taux d'immigration, de
dialogue des cultures et où, malheureusement, on vit certaines tensions
raciales, dans "service à la société", qui est une de vos
missions, et je vais me rappeler avec tristesse la disparition de cette
extraordinaire émission qui s'appelait Arrimage.
Maintenant, "actualités et affaires publiques". Il y a quelques
semaines, je regardais la télévision des débats sur des
questions d'actualité à l'Assemblée nationale, à
Paris, au palais Bourbon. Sans faire offense à nos collègues, je
trouvais cela monotone parce que cela n'a pas la même dynamique que dans
un Parlement de type britannique comme le nôtre. Je vais reprendre les
paroles des présidents Lavole et Fréchette de l'Assemblée
nationale quant au caractère propre de l'Assemblée nationale,
ici, au Québec.
Donc, c'est un moment extrêmement fort dans la vie parlementaire,
dans la vie législative du Québec, que cette période de
questions. Peu importe qui pose les questions et qui y répond, il y a
des alternances qui se produisent dans ce pays. C'est sain, mais c'est un
moment très fort. D'ailleurs, le lendemain matin, une très large
partie des manchettes de la presse écrite et de la presse
électronique, c'est-à-dire les réseaux qui ont un bulletin
d'actualités, ce que malheureusement vous n'avez pas et que j'ai
toujours souhaité, sont tirées justement de ce moment fort qu'a
été à l'Assemblée nationale la période de
questions. Cela fait les manchettes: Le député Untel a
posé à M. le ministre une question et la réponse a
été... En plus de ta citation des faits, il s'ensuit l'analyse
politique. Je pense que cela traduit très bien l'importance que
revêt, dans notre système parlementaire, cette période de
questions.
Vous avez fait disparaître Arrimage et vous rendez cette
période de questions inaccessible pour plusieurs; Inaccessible
également dans une circonscription comme la mienne, où
malheureusement subsistent encore beaucoup d'ilôts de pauvreté qui
n'ont pas le câble; Inaccessible pour une partie de la population qui
travaille le lendemain matin. Elle ne commence pas à 10 heures ou 11
heures. Et écouter une période de questions à minuit,
c'est tout un bail quand on sait qu'il va falloir se taper une heure et demie
de métro ou d'autobus avant de se rendre. Moi, j'ai l'impression que
vous dites: Oui, le conseil d'administration va entériner le choix cette
semaine. J'ai un petit peu l'impression que les dés sont pipés,
qu'il n'y aura pas de modification et que ça va rester à
minuit.
Cela ne m'empêche pas de déplorer que, dans un autre
document que je regardais et qui date de mars 1987, Bilan et perspectives de la
Société de radiotélévision du Québec,
l'Information générale à Radio-Québec, c'est 7 %,
TVO, 9 %; éducation formelle 28 %, 23 % pour TVO, mais éducation
informelle - actualités et affaires publiques viennent dans cette
éducation Informelle - 33 % pour Radio-Québec et 46 % pour la
télévision éducative ontarienne.
Je sais que vous dites que la meilleure émission, même si
elle n'est vue par personne, ne porte à rien, certes, mais j'ai toujours
cru que les habitudes de consommation culturelle... Et je pense que la
télévision, quel que soit le sujet de rémission en cours,
est une habitude de consommation culturelle et ça se développe.
J'ai déjà fait l'analogie des saucisses Hygrade "Plus de gens en
mangent parce que plus de gens les aiment. Plus de gens les aiment parce que
plus de gens en mangent".
Oui, il y a une fluctuation dans le taux d'audience. Mais s'il y a une
fluctuation à l'heure de diffusion, au départ iI y a deux
fluctuations et je ne pense pas qu'elles soient de nature à augmenter la
consommation comme telle. Je ne vous en ferai pas le reproche - peut-être
qu'un Jour cela arrivera - vous n'avez pas de téléjournal. Je
suis mieux servi, par contre, à Québec. Il devient
extrêmement difficile pour mol, Montréalais, de savoir ce qui se
passe au Saguenay - Lac-Saint-Jean, dans l'Estrle, en
Abitibi-Témiscamingue, parce que Radio-Canada en tout cas ne me sert
pas. J'ai deux minutes sur le Québec. Par contre, un pauvre chien qui se
fait écraser à Moose Jaw, Saskatchewan, au nom de l'unité
canadienne, a une grande place dans le bulletin d'Information de
Radio-Canada.
Quand on regarde à côté, chez nos voisins
américains - fort heureusement, on a Radio-France internationale
en direct sur FM, donc on peut avoir accès à un bulletin
d'information intéressant - quand je regarde nos voisins
américains avec le bulletin de 7 heures à CBS, quand on regarde
une heure complète en fin de soirée, à 11 heures, ABC
News, je me dis: Pourquoi les Américains sont plus fins, plus
Intelligents que nous à ce chapitre, plus préoccupés des
questions d'actualité? Je ne le crois pas. Je pense qu'on a sensiblement
les mêmes préoccupations. On a sensiblement les mêmes
intérêts sur une foule de sujets, sauf que là-bas on a
créé des habitudes de consommation culturelle au chapitre de
l'information et des affaires publiques.
Je ne crois pas que la décision que vous êtes en train de
prendre, que vous allez sans aucun doute prendre, c'est-à-dire de
maintenir à minuit, qui est une heure Inacceptable pour moi, la
rediffusion d'un des moments d'actualité et d'affaires publiques te plus
fort au Québec, constitue un pas vers la création d'habitudes de
consommation d'information et d'affaires publiques au Québec par un
réseau qui normalement devrait avoir cette mission, puisque,
Radio-Québec, je vous te répète, M. le président,
est pour moi la télévision nationale au Québec.
En tout cas, moi, je me fais... C'est dommage. Justement je parlais de
bulletin d'actualités. Si vous en aviez un, je vous aurais invité
à l'assemblée générale de ma circonscription. Vous
auriez vu les nombreuses Interventions - et je ne blague pas - qu'il y a eu.
Les gens, effectivement, m'ont posé la question - comme mes
collègues se sont fait aussi poser la question - les gens m'ont dit:
Mais, qu'est-ce qui se passe, M. Boulerice, avec Radio-Québec? Et vivant
ici, je vous avoue que je ne savais pas... Ce qui m'a fait comprendre
d'ailleurs que j'avais une drôle d'émission enregistrée sur
le vidéo à la maison, chez moi, parce que j'étais
resté à l'ancienne heure, et ce n'est pas la période de
questions que j'ai eue... (17 heures)
Une voix:...
M. Boulerice: Voilà. Je me suis dit, mais qu'est-ce que
ça vient faire à fa période de questions? Ce sont eux qui
me l'ont appris et ils étaient très insatisfaits. Je pense que,
même s'ils ne sont que 17 000, 25 000, 34 000 ou potentiellement 85 000,
ils ont droit à l'information. Le droit à l'information demeure
une des règles fondamentales de la démocratie, au Québec,
en Amérique du Nord. Et dans ie cas de la constitution
américaine, d'ailleurs, c'est clairement écrit, ainsi que le
droit au bonheur. Ce qui est encore plus intéressant. Moi, je vous
répète les paroles des citoyens de mon comté: ceux qui
étalent à l'assemblée générale, le dimanche
29 novembre et ceux qui, spontanément, comme pour tous mes autres
collègues, ont appelé à mon bureau de circonscription ou
m'ont arrêté sur la rue en me disant: Pourquoi est-ce rendu
à cette heure-là?
C'est une décision extrêmement regrettable et qui n'est pas
de nature justement à répondre aux objectifs de la
société et deuxièmement à l'information sur
l'actualité publique gouvernementale et sur un droit aussi qui existe,
celui de l'Opposition à manifester ses commentaires et ses objections
envers le parti ministériel. C'est une règle que nous acceptons.
On vit là-dedans depuis 1867. En tout cas, moi, je peux vous dire que
mon sentiment est - et j'ai bien l'Impression que c'est un peu pipé -
qu'on ne retrouvera pas une grille horaire qui va permettre de resituer cela
dans une période plus accessible aux gens.
Vous me parlez de Téléservice en disant: Oui, mais nous
avons des substituts. Je ne dévaloriserai pas cette émission. Je
pense que c'est une émission extraordinaire qui a
célébré sa millième, je pense. De toute
façon, à l'époque je me souviens bien que j'avais
envoyé un télégramme de félicitations à
l'équipe. Mais cette émission en est une analyse. L'avantage de
la rediffusion de la période de questions à une heure abordable
pouvait être aussi une espèce de mouvement d'enchaînement.
Les gens ayant vu ta période de questions, ayant entendu cela, sachant
pertinemment également que le lendemain cela ferait l'objet d'articles
de fond plus explicites, étaient peut-être
intéressés par une consommation au niveau des médias
écrits, le lendemain. Ce que ne permet pas Téléservice,
parce que vous ne pouvez pas vous ajuster, à la seconde près,
à ce qui s'est passé à 15 heures, quand l'émission
a besoin d'invités et est diffusée quelques minutes
après.
En tout cas, moi, je vous fais part de l'Insatisfaction de nombreux
citoyens de ma circonscription, puis je vous fais part de l'Insatisfaction
également d'un contribuable québécois qui a
peut-être l'avantage, contrairement à d'autres, de pouvoir
siéger à une commission parlementaire et de le dire de vive voix
au président-directeur général de Radio-Québec.
C'est le commentaire que l'avais à vous faire, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Puisqu'on parle de la
période de questions, je pensais au début que vous alliez poser
une question, M. le député de Saint-Jacques, et je
commençais à trouver que votre préambule était
long. Mats c'était un commentaire que vous aviez choisi de faire. Alors,
M. le président, allez-y dans vos commentaires.
M. Girard: M. le Président, pour reprendre l'expression
utilisée par le député de Saint-Jacques, au nom de la
Société de radiotélévision du Québec, nous
sommes très heureux et je suis très heureux de pouvoir dire que
nous apprécions la non-ingérence, bien que
non-indifférence de la commission parlementaire et de l'Assemblée
nationale à l'égard de Radio-Québec.
Je voudrais également rassurer en quelque
sorte tes membres de la commission, en disant que les décisions
effectivement ne sont pas pipées, mais il faut faire une distinction
entre la décision qui pourrait être prise relativement à
janvier 1988, donc, ta poursuite de la grille actuelle, qui adéjà été décidée, et la grille de
1988-1989, c'est-à-dire la grille qui débutera à l'automne
prochain.
Je voudrais de plus ajouter que, lorsqu'on nous a fait des commentaires
en commission parlementaire et surtout lorsque nous nous sommes engagés
à donner suite aux commentaires qui avalent été faits,
nous avons toujours tenu parole. On vient de rappeler la disparition de
l'émission Arrimage. Je ferai un bref commentaire. Je ne pense pas que
Radio-Québec soit dans une situation différente des autres
maisons de télévision et l'on ne peut pas procéder par
sédimentation à l'Infini et ajouter des émissions sans
jamais en retrancher. Mais au moment de la disparition d'Arrimage, nous avions
promis que la question des minorités culturelles serait traitée
de façon adéquate à Radio-Québec. Nous avions
indiqué que nous prendrions des mesures concrètes. Je pense que
tous les membres de la commission sont conscients que nous avons produit 20
nouvelles émissions de Passe-Partout à l'intérieur
desquelles on retrouve deux personnages provenant des minorités
ethniques et culturelles du Québec Ces nouvelles émissions qui
sont diffusées le lundi soir connaissent un succès encore plus
considérable que les émissions que l'on diffuse en reprise
à l'heure actuelle J'ajouterai que que nous nous apprêtons
à produire une trentaine de nouvelles émissions de Passe-Partout
et que ces deux nouveaux personnages continueront d'exister dans ces nouvelles
émissions, que nous venons de compléter le tournage d'une
mini-série portant sur l'intégration de
Néo-Québécois dans la société
québécoise et que cette mini-série sera diffusée au
cours du printemps.
Les décisions ne sont pas prises, les dés ne sont pas
pipés et lorsque nous nous sommes engagés à analyser
sérieusement les commentaires qui nous étaient faits, je tiens
à préciser, M. le Président, que nous avons toujours
donné suite de façon précise aux engagements que nous
avons pris, il n'en Ira pas différemment dans le cas qui nous
occupe.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
M. le député de Sherbrooke.
M. Hamel: Merci, M. le Président. Je n'ai pas l'intention
de m'étendre indûment sur le sujet, puisque mon collègue,
le député de Terre-bonne, a décrit de façon
magistrale la problématique qui nous réunit cet
après-midi. Dans mon comté aussi, à Sherbrooke, M. Girard,
plusieurs se sont plaints, se sont inquiétés de ce
déplacement d'horaire. Je pense que pour beaucoup de gens c'était
un programme qui les Intéressait. Minuit, je pense qu'on en convient
tous, est une heure vraiment inacceptable. Je veux bien croire qu'à
l'occasion fa période de questions pourrait aller dans un programme dit
de variété, mais optons davantage pour une période dite
éducative.
Le Président (M. Trudel): À certaines autres
occasions, pour adultes seulement, surtout à l'arrlère-banc, des
deux côtés...
M. Hamel: M. Girard, je veux simplement vous signaler que, chez
mol aussi, j'ai sensiblement les mêmes commentaires que mes
collègues. Je considère que l'intervention de mon collègue
de Rougemont est relativement pertinente et j'espère qu'on en tiendra
compte chez vous. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. te
député. M. le président.
M. Girard: M. le Président, je pense que, à la
suite de la dernière Intervention qui vient d'être faite et qui
rappelait une Intervention antérieure du député de
Rosemont, il serait probablement utile que nous rencontrions les responsables
de la télévision de l'Assemblée nationale pour discuter de
la présentation et de la distribution ou de la redistribution par les
câblodistrlbuteurs. Cela me paraît être une démarche,
intéressante que nous pourrions faire au cours des prochaines semaines
ou, si ce n'était pas possible, d'ici aux vacances de Noël, nous
pourrions le faire immédiatement après le retour des vacances, au
début du mois de janvier.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. M. le P.-D.G.
de Radio-Québec, bienvenue à ce qu'on appelle ici la maison du
peuple, pour entendre des gens qui se préoccupent de l'Implantation de
la vie parlementaire dans la population du Québec. Pour avoir
été président d'une commission en 1977 qui a mené
à la création de la télévision des débats,
commission créée par M. Robert Burns, je sais qu'on avait eu
à l'époque beaucoup de discussions avec les collègues
députés et avec les distributeurs d'émissions. Il
était entendu que, si on entrait des caméras et un système
de télévision au Parlement, il fallait que tôt ou tard cela
sorte d'ici et que cela aille vers les citoyens. Robert Burns qui était
l'auteur du rapport et moi-même, nous comptions surtout sur
Radio-Québec pour jouer ce rôle de diffuseur de ce qui se
produisait Ici comme émissions.
Il est sûr que d'autres diffuseurs, comme vous l'avez dit tout
à l'heure, devraient aussi participer au débat sur l'avenir de
cette production de télévision proprement parlementaire. Il y a
peu d'États au monde qui disposent d'un tel système. Le Canada en
est un. Le Québec en est
un et quelques États américains aussi, qui d'ailleurs
n'ont pas les mêmes avantages que nous avons eus grâce à
vous et que nous avons encore grâce à Radio-Québec.
Cela dit, j'endosserai totalement les propos de mes collègues,
entre autres de la députée de Chicoutimi, en ce qui touche les
cotes d'écoute. Je suis un auditeur assidu de la chaîne
américaine PBS et à ma connaissance les cotes d'écoute ne
sont pas un facteur déterminant en ce qui constitue leur menu quotidien
ou même hebdomadaire. Donc, je souhaite que l'heure de la période
de questions soit rapprochée dans le "prime time", peut-être entre
11 heures et minuit, enfin à des heures où les gens ne dorment
pas encore debout. Donc, Je suggérerais que vous trouviez une solution
qui corresponde aux raisons d'être du réseau de
télévision des débats du Parlement de Québec, donc,
que ce soit présenté à des heures accessibles. J'aimerais
aussi vous demander si dans le "prime time" qui roule, je pense de 16 heures
à minuit, on ne pourrait pas se rapprocher de 23 heures comme heure de
diffusion, avant que les gens décrochent, donc, après les
nouvelles, après les émissions d'information que nous
connaissons. Si les gens pouvaient passer à notre émission, la
période de questions, je pense qu'il y aurait un enchaînement
logique, les nouvelles précédant les questions qui font les
nouvelles. Donc, II y aurait peut-être une chance que les cotes
d'écoute soient plus élevées. J'aimerais aussi vous
demander s'il est possible de savoir combien de gens changent
d'émissions pendant l'émission en question dans vos sondages.
Est-ce assez raffiné comme sondage pour nous permettre de voir s'il y a
un intérêt suivi pour cette émission-là toute
l'heure qu'elle dure ou s'il y a des défections en cours de route?
Deuxième question: Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir un sondage fait
par vous pour mesurer l'intérêt que les gens du Québec
aurait pour l'émission si elle passait à une heure plus propice
et avant que les gens aillent se coucher? Je souhaite, en tout cas, sans
m'aventurer d'aucune façon dans la grille horaire de votre chaîne,
que vous trouviez une solution à ce problème qui satisfasse les
membres de la commission qui ne veulent pas s'ingérer dans votre
processus, mais qui souhaitent que leurs propres citoyens qui se sont plaints
depuis des semaines dans leurs comtés, puissent avoir de la part de
Radio-Québec une réponse à leurs souhaits et à
leurs demandes en tant que contribuables et, au fond, financiers de
Radio-Québec?
M. le Président, j'ai terminé pour...
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député. Merci, M. le président.
M. Girard: M. le Président, il ne nous est pas possible de
dire combien de gens abandonnent en cours d'émission à l'heure
actuelle et les résultats des sondages qui nous sont fournis par la
maison BBM ou par la maison Nielson ne nous permettent pas de l'établir.
Avec l'arrivée probablement des audimètres, ce sera plus facile
de le faire quoique ce ne soit pas encore chose acquise pour le
Québec.
Pour ce qui est de la deuxième question qui a été
posée, effectivement, à l'occasion du sondage permanent que nous
faisons maintenant tous les deux ans, la question pourrait être
posée aux citoyens du Québec, elle pourrait être retenue
comme une des questions que l'on pose aux téléspectateurs.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
président.
M. Girard: M. le Président, si vous le permettez, j'ai
parlé tantôt de janvier 1988 et de l'an prochain.
Évidemment, pour l'an prochain, nous avons encore beaucoup de temps pour
déterminer la grille horaire. Pour ce qui est de janvier, s'il n'y avait
pas de modification, je ne voudrais pas que les membres de la commission
interprètent cette décision comme un refus de considérer
les éléments qui ont été déposés sur
la table aujourd'hui, mais bien en raison d'une impossibilité physique,
puisque nous sommes à la mi-décembre et que la diffusion de
janvier est toute proche. Les éléments qui ont été
apportés aujourd'hui pourraient nous amener à revoir plus en
profondeur la présentation de la période de questions, et c'est
ce que l'on a indiqué à quelques reprises dans les
réponses que nous avons données. Cela aurait davantage de chances
de se concrétiser pour l'année 1988-1989 que pour la diffusion
à compter de janvier 1988.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président.
J'aimerais porter ceci à l'attention de M. Girard. Je ne voudrais pas
reprendre le grand débat qui s'est fait sur Radio-Québec l'an
passé, entre autres le débat sur les régions, sur la
façon de les protéger. Mon propos voudrait s'attarder un peu sur
ceci. Il y a 40 % des gens qui ne sont pas câblés au
Québec. Une grande majorité de ces gens résident
effectivement en régions et le fait de les desservir à une heure
aussi tardive, je pense que cela manque nettement d'équité
vis-à-vis de ces gens-là, d'une part. D'autre part, j'aimerais
aussi faire remarquer que oui, Radio-Québec doit être
éducative. C'est son mandat et elle le fait bien, sauf qu'elle est aussi
répétitive dans certains cas et on pourrait peut-être
permettre, là où les plages horaires sont
répétitives, une heure plus abordable. (17 h 15)
Comme dernier élément, j'aimerais vous dire que vous avez
été capables d'être innovateurs en ce qui concerne
l'émission Groupes parlementaires, qui est drôlement plus
intéressante que de lire bêtement un texte comme c'est trop
souvent
le cas. J'apprécie cette nouvelle formule. Je pense que les gens
aussi apprécient cette nouvelle formule. Cela rejoint les propos de mon
collègue de Rosemont qui dit: Bon, essayons de rendre un petit peu plus
intéressante l'émission de telle sorte qu'on retienne l'attention
et qu'on garde un public plus fidèle.
Alors, ce sont les trois commentaires que l'avais, à savoir: les
régions, la place qu'il y a à l'horaire, parce qu'il y a une
certaine part de répétition, et évidemment le
caractère Innovateur qu'on doit préserver, ce que vous êtes
capables de faire parce que vous l'avez déjà prouvé.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député. M. le président.
M. Girard: M. le Président, je suis très heureux
d'entendre ces commentaires et j'en remercie le député. Je
voudrais souligner au passage que, pour ce qui est des populations en
régions, nous avons quand même fait des efforts
considérables au cours des deux dernières années par fa
création de l'émission intitulée Le Magazine, qui est
reprise cette année, et par l'émission Vidéotour.
Effectivement, ce qui paraît plus évident, c'est que les
populations des régions éloignées sont peut-être
plus pénalisées, ayant un accès moins marqué au
câble que les populations de Montréal, de Québec ou des
grandes villes du Québec. L'insistance que l'on apporte à nous
inciter à trouver une formule originale nous paraît
intéressante et on va sûrement y réfléchir de
façon très certaine et très attentive au cours des
prochaines semaines.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
M. le député de Taillon.
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président, tout en
m'excusant de ne pas avoir assisté à l'ensemble des
débats. J'étais dans l'autre salon, sur l'autre chaîne. Ce
sont des choses qui arrivent dans ce métier-là aussi, où
il y a une série de plaques tournantes, et on ne peut pas assister
souvent à tous les événements. Je suis convaincu,
d'ailleurs, que ce que je vais dire a dû sûrement, quant à
l'essentiel, me confirme le député de Terrebonne, être dit
par mes collègues, mais cela aura peut-être, à ce
moment-là, une valeur de renforcement de l'unanimité qui existe
du côté des parlementaires.
D'une part, Radio-Québec a un mandat éducatif, mais la
politique aussi a une valeur pédagogique, parce qu'on couvre l'ensemble
des secteurs de l'activité humaine au Québec. Malgré son
aspect rébarbatif ou électoraliste dans certains cas, iI demeure
que de façon générale les affaires politiques sont
extrêmement instructives. Dans cet esprit-là, il y a peu de cours
qui se donnent à 23 heures ou minuit, le soir. La loi des rendements
décroissant fait que la capacité d'un auditoire de retenir
certains éléments ou la totalité d'un propos est vraiment
diminuée à cette heure-là. Je comprends que les
insomniaques ont généralement comme caractéristique
d'avoir l'esprit aussi éveillé à minuit trente qu'à
15 h 30 l'après-midi, mais de façon générale je
pense que l'idée est que, s'il y a une valeur instructive à la
politique, cette Instruction-là passe le plus possible et à plus
de gens possible.
Deuxièmement, la politique, essentiellement - cela a
été dit et redit - c'est servir le peuple. Souvent, le peuple a
l'Impression que c'est plus le gouverner. Mais que ce soit le servir ou le
gouverner, il demeure que la politique existe pour le peuple, Si le peuple ne
s'en occupe pas, la politique, elle, on est sûr qu'elle va s'occuper du
peuple. On ne peut pas y échapper. Les décisions qui sont prises,
réglementaires, législatives, gouvernementales, etc., font en
sorte que, immanquablement, que ce soit à l'Intérieur d'un
gouvernement qui fait des vagues ou d'autres qui n'en font pas, peu importe, le
lot et le flot des décisions quotidiennes font en sorte...
Le Président (M. Trudel): ...des blagues ou d'autres qui
n'en font pas.
M. Filion: Oui, voilà, elles font en sorte que le peuple
n'y échappe pas dans sa vie de tous les jours. Donc, il est
approprié et juste pour le peuple de s'intéresser à la
chose politique, sinon la politique va s'intéresser à eux et
à elles. Bon! je ne veux pas reprendre l'ensemble des arguments qui ont
été évoqués et non plus, m'a-t-on dit, l'ensemble
des propos que vous et votre équipe avez tenus, que je sais ne pas
être dénués de sens. Je voudrais simplement ajouter ma voix
à celle de mes collègues et bien m'assurer que cette
partie-là du message a été reçue par votre
équipe. Merci!
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Taillon. Je pense que nous aurons le plaisir de vous
revoir ce soir dans une autre commission.
M. Filion: Merci.
Le Président (M. Trudel): M. le président.
M. Girard: M. le Président, je pense qu'on peut assurer le
député de Taillon qu'effectivement les messages qui nous ont
été faits et les préoccupations qui ont été
exprimées aujourd'hui ont été clairement comprises par
nous, et que nous méditerons et tenterons d'apporter des solutions
concrètes à la suite de ce qui nous a été dit.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
Mme la députée de Vachon.
Mme Pelchat: Merci. M. le Président. Dimanche matin avait
lieu dans mon comté l'assemblée générale partisane
de l'association
libérale du comté de Vachon. Il y avait presque 150
personnes qui étalent là et on discutait politique,
évidemment. En coulisse, la question qui m'est revenue le plus souvent,
c'est: Qu'est-ce qui s'est passé à Radio-Québec? Pourquoi
a-t-on reporté de l'heure du souper à minuit la rediffusion de ta
période de questions?
Je peux vous dire qu'il y a plusieurs personnes qui m'ont posé
cette question-là et ce qui m'a étonné un peu plus, c'est
qu'il y a plusieurs jeunes personnes qui m'en ont parlé aussi. À
mon avis, M. le président, les cotes d'écoute d'une
émission telle que la période de questions varient certainement,
pas tellement selon les gouvernements - il est sûr que cela a une
influence - mais c'est surtout selon les débats, les débats de
notre société. Je pense que l'écoute la plus grande a
été enregistrée lors des années quatre-vingt et je
crois que c'était certainement attribuable au débat
référendaire. C'est un signe de l'intérêt que la
population porte à la chose publique et à la chose politique.
C'est peut-être la raison principale pour laquelle on ne devrait surtout
pas s'arrêter aux cotes d'écoute dans la diffusion d'une telle
émission. Sans aller trop loin, il en va de l'accès à
l'information.
C'est le député de Saint-Jacques qui disait tantôt:
Vous n'avez pas de bulletin d'informations à Radio-Québec. Mais
la période de questions est considérée un petit peu comme
une espèce de période d'information que les gens ou le public en
général peuvent écouter et d'où ils peuvent tirer
l'information qu'ils n'ont pas nécessairement au bulletin de nouvelles.
Le bulletin de nouvelles retiendra surtout la nouvelle-choc, ce qui est un peu
plus sensationnel que les débats de fond qui ont lieu à la
période de questions, en tout cas, en partie à la période
de questions.
Je pense que c'est un droit à l'information et un droit à
l'information peut s'exercer pour autant qu'on y a accès. Je ne pense
pas que minuit soit une heure idéale et une heure correcte pour avoir
accès à l'information. Je ne pense pas que midi non plus serait
une heure idéale pour l'accès à cette même
information privilégiée, qui est la période de questions.
La période de questions, c'est une. expression de notre
démocratie et je crois que la population devrait avoir droit à la
rediffusion entre 18 heures et 23 heures. C'est mon opinion.
Tantôt, le député d'Arthabaska vous demandait:
Qu'est-ce qui vous fait croire que les cotes d'écoute à minuit
vont augmenter? Vous avez répondu que c'était parce que
c'était nouveau et que vous pensiez que, quand les gens seraient un peu
plus au courant, ils syntoniseraient certainement le poste à minuit.
M. Girard, on a parié de votre Intelligence. Je suis certaine que
c'est vrai. Je ne pense pas qu'on puisse tout simplement dire que la cote
d'écoute augmentera parce que les gens seront au courant d'ici un mois
ou deux que l'émission passe à minuit. Je ne pense pas que ce
soit tellement scientifique pour établir des prévisions de cotes
d'écoute. Ce serait peut-être intéressant, par exemple,
comme le disait le député de Mercier, de faire un petit sondage
auprès de la population pour savoir à quelle heure ils aimeraient
voir la diffusion de la période de questions.
En terminant, j'aimerais à mon tour vous remercier d'avoir
accepté de venir ici. Mais je suis certaine que, même si la
programmation est déjà pas mal faite pour Janvier, vous pourriez
certainement arranger, en fait, aménager une heure plus acceptable que
minuit, dès le mois de janvier ou, enfin, le plus rapidement possible.
Vous savez très bien que les travaux de la Chambre recommencent au mois
de mars et se terminent au mois de |uin. Alors, ce ne serait certainement pas
à l'été qu'il serait bon de revenir à cette
heure-là, puisqu'il n'y aura pas de diffusion.
Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Vachon. M. le président.
M. Girard: C'est un fait, M. le Président. La
période de questions ne reprenant qu'au début du mois de mars,
cela nous donne davantage de temps que je ne l'avais escompté
tantôt. On pourrait voir s'il est possible d'apporter des modifications
à compter du mois de mars.
Par ailleurs, je pense qu'il y a deux éléments qui se
dégagent de façon très claire. Le premier, c'est
l'intérêt qui nous est indiqué de la part d'un grand nombre
de citoyens, dont vous reproduisez les témoignages, de présenter
la période de questions à une heure qui soit moins tardive que
celle que nous avons choisie maintenant. C'est un premier
élément. Mais le deuxième élément qui est
peut-être davantage porteur d'avenir, c'est celui de tenter de
présenter cette période de questions d'une façon qui
amènerait un plus grand intérêt de la part des
téléspectateurs. Je pense qu'à cet égard-là
on peut tenter de voir ce qui pourrait être fait, non pas pour la
présente saison, mais pour la prochaine saison.
Je tiens à dire, M. le Président, qu'il a
été extrêmement agréable et utile aussi pour nous
d'entendre tous ces commentaires qui nous ont été faits au cours
de l'après-midi.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
Président.
Sur le mandat de la commission, est-ce que d'autres membres - le mandat
précis, le premier mandat ou le seul mandat - veulent s'exprimer?
M. Blais: Peut-être à la toute fin, quand il y a des
mots de chaque côté. Mais pour le moment, non.
Le Président (M. Trudel): Oui, Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Vous savez, Mme la députée de
Chicoutimi disait tantôt: Ce n'est pas parce que les gens
n'écoutent pas, ce n'est pas parce que vous n'avez pas un vaste
auditoire à 6 heures pour la période des questions que ce n'est
pas tellement grave de la changer pour minuit. Ce n'est pas pour cette
raison-là. Elle donnait comme exemple un adolescent. Ce n'est pas parce
qu'on lui dit de faire quelque chose et qu'il n'aime pas ça qu'il faut
cesser de le lui dire.
Cela me rappelait un exemple qui était donné à un
de mes cours de journalisme de presse parlée, l'exemple de
Télé-Capitale qui disait: Les gens ne veulent pas entendre parler
de la péréquation; alors, on ne voit pas pourquoi on leur en
parlerait. Ce n'est pas parce que les gens ne veulent pas en entendre parler
qu'il ne faut pas nécessairement leur expliquer.
Une voix:...
Le Président (M. Trudel): Mme la
députée.
Mme Pelchat: Je pense que votre collègue de Mercier
partage exactement ce que vous venez de dire, M. le député de
Terrebonne.
Le Président (M. Trudel): On n'entrera pas dans ce sujet
délicat. Mme la députée de Vachon, est-ce que vous avez
terminé vos commentaires?
Mme Pelchat: Je pense que les gens ont droit à cette
information. Et ce n'est pas parce qu'il n'y a pas un vaste auditoire qui en
fait usage que ça ne doit pas être à une heure plus
accessible. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la
députée de Vachon.
M. le député de Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. J'ai
hésité un peu avant d'intervenir quoique je pense que c'est un
débat quand même intéressant. Je voudrais aussi me joindre
à mes collègues des régions pour vous faire part de cette
préoccupation qu'on a. Dans la Beauce, chez nous, c'est effectivement un
problème. Mais l'argument principal qui a justifié le fait de
reporter l'émission à l'heure que vous la présentez
présentement, soit minuit, tenait compte principalement, je pense, des
cotes d'écoute. C'est bien de le faire aussi. C'est votre mission. Si
vous n'avez pas de cotes d'écoute, je pense que demain matin votre
rôle va être dangereusement remis en question.
Sauf que j'ai retenu l'intervention de mon collègue de Rosemont
visant peut-être à ajouter une période
supplémentaire à la période de questions. Je reviens un
peu aussi à mon dada qui est l'édition Si on regarde les
journaux, par exemple la presse hebdomadaire ou les quotidiens,
l'éditorial n'est pas fa rubrique qui est la plus lue par l'ensemble des
lecteurs. Il y a beaucoup d'études qui ont été faites
là-dessus. Normalement, un bon quotidien ou un bon hebdomadaire rejoint
à peu près 8 %, 10 %, 12 % ou 15 % de ses lecteurs par le biais
de l'éditorlal. Sauf que dans certains journaux - par exemple, on pense
à La Presse ou au Soleil - si on enlevait demain matin
l'éditorlal, ce ne serait plus le même journal. Il manquerait
quelque chose, en tout cas, pour nous qui sommes directement concernés.
(17 h 30)
De votre côté - je reviens toujours à la question
des cotes d'écoute - il serait peut-être important de
reconsidérer cela dans cet ensemble, selon votre mission, qui est
à la fois éducative et de divertissemnt. Sur le plan
éducatif, je pense que c'est un élément Important qui
s'inscrit un peu en dérogation aux grands objectifs que vous devez
atteindre, qui est la cote d'écoute ultime.
Si on regarde les heures où elle était
présentée, je suis d'accord avec vous pour dire que c'est une
période intensive où vous avez rejoint une clientèle
très intéressante. Vous pouvez peut-être aller chercher des
annonceurs, etc., sauf que si on la regarde à 16 heures où c'est
possible pour vous de présenter les travaux, ce n'est peut-être
pas le "prime time"; 16 heures, ce n'est pas tout à fait le "prime time"
encore; c'est peut-être du A au lieu du AM.
C'est une opinion que |e voulais simplement donner et je voulais vous
faire part aussi, en tant que député de la Beauce, de mes
commentaires Merci beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Beauce-Nord. M. le président.
M. Girard: J'ai peut-être un commentaire sur le fait que la
fin de l'après-midi - j'ai parlé de 16 h 30 ou 17 heures
jusqu'à 18 heures -nous semblait devoir être
réservée aux enfants. Je pense que là-dessus il y a
à peu près unanimité. Mais il y a quand même
d'autres périodes que l'on peut regarder en dehors de
celle-là.
Le Président (M. Trudel): M. le député
d'Arthabaska, vous m'avez fait signe que vous aviez une autre question.
Allez-y!
M. Gardner: Ce n'est pas une question. Il y a deux groupes de
personnes qu'on n'a pas mentionnés ici ou, en tout cas, dont on n'a
presque parlé cet après-midi, ce sont les personnes
âgées iI y a un taux de vieillissement extraordinaire dans mon
comté, plus grand que dans toute la province. Je peux vous dire que
c'est une clientèle qui aime la chicane, comme Je l'ai mentionné
tout à l'heure, et qui aime voir (a chicane à l'Assemblée
nationale. Il y a aussi un groupe de personnes dont on n'a pas parlé -
j'espère que cela va vous Influencer - ce
sont les personnes qui sont malades, qui sont dans les hôpitaux.
La période de questions, c'est un délassement, juste avant de
souper et cela peut les aider à... Je pense que ces deux groupes de
personnes vous demandent instamment de mettre cela, non pas à minuit,
mais plus à bonne heure.
Le Président (M. Trudel): Le service de nuit, dans les
hôpitaux, n'aime pas que la télévision soit ouverte.
M. Gardner: Surtout pas à minuit!
Le Président (M. Trudel): Surtout pas à minuit.
Avez-vous un commentaire, M. le président?
M. Blais: La cote était haute durant fa bataille pour
renvoyer M. Ryan, la cote était haute. On regarde cela. C'est vrai; vous
avez raison.
Le Président (M. Trudel): M. le député, on a
essayé de faire de la politique partisane cet après-midi et je
pense qu'on a parfaitement réussi. D'autres interventions sur le
mandat?
Une voix: ...les derniers "rating" vont être très
élevés.
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Terrebonne, vos remarques
finales.
M. Blais: Écoutez, je crois qu'avant il y aurait une
possibilité de parler d'autre chose. Monsieur aurait une question
à poser, si vous le lui permettez.
Le Président (M. Trudel): Étant donné qu'on
a un mandat précis, Je pense que cela prend le consentement.
M. Blais: Vous ne voulez pas parler d'autre chose. On n'a pas le
consentement. Alors...
M. Godin: Est-ce que je peux demander le consentement et dire
pourquoi?
Le Président (M. Trudel): Oui.
M. Godin: Dans le cadre de la mission éducative et
pédagogique de Radio-Québec, chers collègues d'en face, je
voudrais demander au président si on peut envisager de faire des
émissions sur l'histoire du Québec éventuellement,
à Radio-Québec, à des heures qui leur conviendraient. On
constate partout dans le Québec que l'histoire du Québec...
M. Blais: Est-ce qu'il y a unanimité...
M. Godin: ...a été fort peu enseignée.
Peut-être qu'il y a comme un trou...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que je crois comprendre
qu'il y a consentement?
M. Godin: II y a comme un creux.
Le Président (M. Trudel): Allez-y, M. le
député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, ma question est posée
maintenant. Vous m'avez entendu parler. Est-ce qu'il est envisageable que des
émissions sur l'histoire du Québec soient programmées
à Radio-Québec dans le cadre des émissions
éducatives et pédagogiques, aux heures que nous laissons
totalement à votre choix?
M. Girard: II y a de nombreuses émissions de
télévision faites par la direction de la télévision
éducative formelle, qui sont distribuées dans les écoles
et qui ne sont pas nécessairement diffusées en ondes à
Radio-Québec. Je ne pourrais pas vous dire de mémoire s'il
existe, parmi ces émissions, des émissions portant
spécialement sur l'histoire. Je serais porté à croire
qu'il existe des émissions portant sur l'histoire, mais nous pourrions
retrouver, à l'intérieur du catalogue que nous avons, s'il en
existe, des émissions particulièrement reliées à
des cours d'histoire. Mais je pense que ce n'est pas le sens de votre question.
Le sens de votre question est de savoir si on pourrait envisager des
émissions sur l'histoire du Québec en ondes ouvertes,
c'est-à-dire qui seraient diffusées à Radio-Québec,
soit en matinée, soit en après-midi, soit en soirée, peu
Importe le moment. Pour l'instant, il n'est pas question de telles
émissions dans les projets que nous avons faits pour les prochaines
années. Les projets portent davantage sur une nouvelle émission
destinée au troisième âge, sur une émission
consacrée à la formation des maîtres, sur des
émissions reliées à l'apprentissage du français ou
à l'apprentissage de l'anglais, mais nous n'avons rien de particulier
dans nos projets sur l'histoire, mais c'est une question que l'on peut
noter.
On me souligne que nous avons déjà eu des émissions
qui touchaient à l'histoire. Il y a également certaines de nos
émissions, à - l'heure actuelle, qui touchent à l'un ou
l'autre de ces sujets, mais la réponse claire à votre question,
pour l'instant, c'est: Nous n'avons pas de projet spécial à cet
égard. Si le sens de la question, c'est de demander si c'est
envisageable, ce peut sûrement être envisagé.
M. Godin: Un dernier mot, M. le Président, sur cela. C'est
qu'il y a eu récemment, à l'émission Le Point, une
série de quatre ou cinq émissions sur les patriotes de 1837-1838,
et on me dit que les cotes d'écoute avaient été
très bonnes pour cette série. Donc, je me suis dit que
peut-être on pourrait conjuguer les deux, l'ob-
jectif visé, la pédagogie et les cotes d'écoute
avec des émissions évidemment bien faites avec des bons
professeurs, des bons animateurs. L'histoire est une question que, me dit-on,
les Québécois ignorent pour la plupart. On fait des tests parfois
dans tes bureaux et dans les journaux, et on se rend compte que l'histoire du
Québec est à peu près aussi méconnue que le taux de
change du yen ou du deutsche mark. Donc, je suggérerais modestement -
sans vouloir intervenir d'aucune façon dans le... - que ce soit
éventuellement étudié par vos services et que quelques
cours d'histoire soient disponibles dans votre grille horaire.
M. Girard: Et je pense que l'histoire, M. le Président,
peut être abordée de différentes façons, Elle peut
être abordée dans le cadre de dramatiques. C'est le traitement, en
général, le plus intéressant, mais c'est aussi le
traitement le plus coûteux. Je pense que la question porte davantage sur
une émission de nature purement didactique et je dis que là aussi
ce peut être envisagé.
M. Godin: Merci beaucoup, M. le président. Le
Président (M. Trudel): Excusez-moi, je... Conclusions
M. Blais: Très bien, M. le Président. Pour le mot
de la fin, disons, de mon côté, que je vais essayer d'être
très bref. Tout d'abord, je ne m'attendais pas à autre chose, car
je vous af déjà vu dans d'autres commissions parlementaires. Je
ne m'attendais pas à autre chose qu'à un exposé brillant
et à des réponses claires et précises. C'est ce que nous
avons eu. En chapeau d'une demande que Je vais faire, en terminant, j'aimerais
beaucoup voir à la télévision éducative certaines
émissions qui Iraient contre certains préjugés que la
population, à son insu, par Ignorance ou autre, a parfois sur les
conflits raciaux par exemple; des émissions sur les connaissances entre
groupes, pour qu'on apprenne à mieux se connaître entre nous;
aussi sur certains préjugés de la population devant certaines
classes professionnelles, entre autres, pour ne pas énumérer
personne, les professeurs, les fonctionnaires, les députés; des
émissions pour valoriser le patronat sans tomber dans la mystique
japonaise et pour valoriser aussi les valeurs syndicales. Un éventail
d'émissions pour les gens qui ont certains préjugés envers
certaines classes de la société. - Ce serait très bon du
côté éducatif que des choses en ce sens-là se
fassent. Je suis persuadé que vous avez tellement de demandes de ce
genre que ce sont les heures de diffusion qui vous manquent et non pas les
idées. J'en suis persuadé. Mais je trouve très Important,
au moins, de le mentionner. Et si jamais vous avez le goût, comme
directeur général, d'aller dans ces domaines, sachez que tous les
députés seraient unanimes à appuyer une chose comme
celle-là.
En conclusion des deux points principaux que nous avons discutés
sur la radiodiffusion de nos débats, Je reconnais premièrement
que la période de questions selon les réponses que nous avons
eues est considérée comme une valeur éducative par les
gens de Radio-Québec et qu'elle mérite d'être
diffusée en différé à une période qui serait
beaucoup plus propice à ce que plus de gens ('écoutent. Quant
à moi, les heures que j'aimerais, c'est entre 19 heures et 22 heures
pour différentes raisons. C'est que de 16 heures à 19 heures ce
sont les nouvelles partout et de 22 heures à 23 heures, ce sont les
nouvelles encore partout. Étant donné que ce sont des
émissions d'information qui viendraient en contradiction, il serait
préférable que ce soit entre 19 heures et 22 heures, mais je sais
qu'on ne fait pas ce qu'on veut quand on a une grille, Tout a de l'importance
et je laisse, bien sûr, à votre discrétion de
l'étudier. Mais j'aimerais que vous l'étudiez entre 19 heures et
22 heures pour ne pas venir en concurrence directe avec d'autres
émissions d'information directes que les gens écoutent de
façon générale.
J'aurais une demande expresse de la commission - vous en avez
manifesté le désir - que les dirigeants de Radio-Québec
rencontrent les responsables de la diffusion des débats de
l'Assemblée nationale pour étudier la meilleure façon de
faciliter la reprise des débats de l'Assemblée nationale de
façon continue sur le réseau de Radio-Québec, aux heures
disponibles, en dehors de la programmation régulière, durant les
semaines où les députés siègent. Je pense que cela
résume un peu ce que nous avons dit des deux côtés. Cela
résume aussi le désir que vous avez manifesté de
rencontrer les gens qui diffusent nos débats à l'Assemblée
nationale. Je le dis comme cela en demande expresse pour montrer que nous
sommes très d'accord avec la proposition que vous avez faite de
rencontrer ces gens. Je suis persuadé que, des deux côtés,
cette demande explicite sera unanime. Je vous remercie personnellement
d'être venu, content de cette réunion, et j'attends, sous peu, des
réponses de votre part que j'espère positives. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Trudel): M. le président, vous me
permettrez, avant de vous laisser la parole, au nom de la formation
ministérielle, de me joindre au député de Terrebonne pour
vous remercier d'être venu nous rencontrer et pour la clarté de
vos réponses, Vous nous aviez habitués, au moins depuis les deux
dernières années, pour autant que je peux contrôler,
à beaucoup de clarté. Je vous connais depuis très
longtemps; j'étais habitué à votre clarté, à
votre précision et votre habileté. Je pense que vous avez bien
défendu un excellent dossier, dans l'ensemble. Vous constatez aussi
l'unanimité absolue, non seulement des membres de cette commission,
mais
des autres députés qui sont venus s'y joindre pour
l'après-midi, une quinzaine en tout, ce qui, dans le cas d'une
commission et compte tenu des autres travaux en cours aujourd'hui, est
excellent à mon avis. Je pense que cette unanimité doit vous
faire réfléchir puisque vous vous êtes engagé
à le faire. Je suis satisfait des assurances que vous nous avez
données. Redevenant plutôt le député de Bourget,
dans l'est de Montréal, je vous invite, M. le président-directeur
général à venir éventuellement diffuser à
partir de la RIO. C'est une Invitation que je vous al faite il y a
déjà longtemps et que je me permets de vous refaire en vous
remerciant. Je vais vous laisser le mot de la fin. Le dernier des derniers me
reviendra. Ce sera la fin des émissions, mais en attendant, M. le
président, peut-être un commentaire ou une dernière
remarque.
M. Girard: Un bref commentaire, M. le Président. Bien
sûr, volonté de rencontrer les responsables de la
télévision des débats à l'Assemblée
nationale pour discuter également d'autres sujets que ceux qui ont
été mentionnés. Je pense à la présentation
et à la formule, et au rôle des câblodistributeurs aussi que
j'avais mentionnés plus tôt. Tous ces points devraient être
à l'ordre du jour de la rencontre que nous aurons plaisir à avoir
avec eux.
M. le Président, je voudrais à mon tour vous remercier et
remercier tous les députés qui ont participé aux
délibérations cet après-midi pour l'intérêt
qu'ils portent à Radio-Québec et la façon remarquable dont
ils nous ont témoigné leurs préoccupations et les
préoccupations qui leur ont été véhiculées
par leurs électeurs. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le président.
Avant d'ajourner, sachez qu'aujourd'hui, comme hier et demain, vous avez
l'appui et l'admiration des membres de la commission, ce qui ne nous
empêche pas d'être critiques de façon constructive à
l'occasion. Sur ce, la commission ayant accompli son mandat ajourne ses
travaux, sine die.
(Fin de la séance à 17 h 45)