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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture se réunit afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Communications pour l'année financière
1988-1989.
Avant de vous souhaiter la bienvenue, M. le ministre, je rappelle que
l'Opposition a demandé au total trois heures, c'est-à-dire de 10
heures à 12 h 30, pour les programmes 1 à 4 et le programme 6, et
cet après-midi, après la période des affaires courantes,
de 15 h 30 à 16 heures pour le programme 5 qui est la Commission
d'accès à l'information, pour une durée totale de trois
heures.
M. Blais: Ce ne sera pas moi cet après-midi.
Le Président (M. Trudel): Non, cet après-midi, ce
sera le député de Taillon qui viendra interroger le ministre et
les membres de la commission.
On n'a pas de remplaçant Mme la ministre? Mme la ministre. C'est
vrai qu'on est en pleine nuit, M. le député, vous avez raison.
Ha!
La Secrétaire: Non, il n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Trudel): Les promotions vont vite.
Une voix: Bien oui.
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le
député.
M. Blais:.. est-ce qu'il serait possible de me souhaiter la
bienvenue à moi aussi, s'il vous plaît?
Le Président (M. Trudel): J'ai dit: Avant de souhaiter la
bienvenue au ministre. Or, je n'ai pas encore commencé à
souhaiter la bienvenue à M. le ministre. Alors, je souhaite à
tout le monde, y compris aux fonctionnaires, à M. le ministre et au
porte-parole officiel de l'Opposition tout aussi officielle, la bienvenue
à la commission.
Sans plus tarder, M. le ministre, je vous cède la parole pour vos
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Richard
French
M. French: Merci M. le Président. Je vais essayer de
raccourcir quelque peu les notes qui ont été distribuées
à l'ensemble des parlemen- taires en vue de réserver autant de
marge de manoeuvre que possible au député de Terrebonne. . Un
petit point au début, puisque quelques observateurs ont sursauté
en voyant une diminution importante dans le budget du ministère des
Communications. Il s'agit d'un simple changement de mode de financement, de
mode de comptabilité dû à la création de deux fonds
spéciaux dans le domaine de l'informatique et des
télé-communications. Dorénavant, au lieu d'être
budgétisées dans le budget du ministère, l'ensemble de ces
dépenses-là, qui sont à peu près de 195 000 000 $,
seraient redistribuées à travers les ministères et
organismes clients du ministère des Communications. Il s'agit donc d'une
réduction nominale de 39, % du budget du ministère des
Communications, mais il n'y a aucun changement dans son mandat, ni dans ses
responsabilités, ni dans l'emploi au ministère des
Communications.
Je pense qu'on peut dire que le ministère, depuis deux ans, a
consolidé et raffiné son expertise dans le secteur des
médias, d'une part, et des technologies de l'information, d'autre part.
Je suis, donc, entouré du sous-ministre adjoint aux médias, M.
Claude Beausoleil, et du sous-ministre adjoint aux technologies de
l'information, M. Jean-Pierre Delwasse, prêts à répondre
à vos questions.
Il y a donc trois clientèles pour le ministère: le grand
public, les ministères et organismes qui dépendent de lui pour
son leadership technologique dans le domaine de l'informatique et des
télécommunications et, enfin, les entreprises de communication
dont on parlera plus longuement tantôt, si cela est nécessaire.
Donc on peut dire que, depuis quelques années, on a répondu
régulièrement, chaque année, à plus d'un million de
demandes de renseignements des citoyens; on a publié une
diversité de livres et de bouquins, dont le Guide de la consommation qui
figure en tête de la liste des best-sellers compilée par Le
Devoir chaque semaine; on a fourni des services de
télécommunications et d'informatique à un grand nombre de
ministères et d'organismes.
Nous avons également beaucoup de fierté quant aux
résultats de l'entente auxiliaire Canada-Québec sur le
développement des entreprises de communication. On a accepté,
depuis trois ans que cela fonctionne, quelque 82 projets. Je ne vous en ferai
pas l'énumération, mais il y en a au moins un que j'aimerais
mentionner et qui me paraît très important et majeur, c'est le
projet Consortel. C'est un consortium réunissant les compagnies CVDS,
Cogeco, de Trois-Rivières et Québec-Téléphone, de
Rimouski. L'objet de ce projet est de développer et d'implanter un
réseau interactif de communications à base de fibre optique, une
sorte d'autoroute électronique intégrant la voix, les
données et l'image. C'est un marché très convoité
par les grands produc-
teurs d'équipements de télécommunications et
d'équipements informatiques. C'est extrêmement important de
souligner que cet exercice n'aurait pas pu arriver sans la décision
très sage de la Régie des services publics - je ne devrais
peut-être pas commenter les décisions de la Régie des
services publics, mais dans ce cas-ci le président et ses membres vont
me pardonner - et la décision, par la suite, des deux gouvernements
d'aider avec un total de 5 000 000 $ à 6 000 000 $ en subventions le
projet Consortel, un projet absolument fascinant qui s'inscrit dans le
créneau de marché le plus intéressant pour l'avenir des
télécommunications.
Un des aspects les plus importants des activités du
ministère, c'est le développement de la télévision
francophone. On sait que ce marché est limité. Il y a une vive
concurrence qui y règne; néanmoins, la télévision
francophone va relativement bien, sinon très bien. À la suite
d'une autorisation du CRTC, le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes, cinq canaux
spécialisés de télévision: famille, sports,
musique, météo et TV5, seront mis sur pied d'ici septembre 1988.
Nous pensons que non seulement cette décision permettra le
développement d'entreprises de télévision payante
réellement québécoises par rapport aux succursales des
entreprises de télévision payante basées à Toronto,
mais que, d'autre part, on créera un nombre considérable
d'emplois et de retombées économiques dans le milieu, ici au
Québec.
On est, évidemment, particulièrement fier de TV5 qui est
un des grands accomplissements du ministère. Le ministère des
Communications du Québec est un des instigateurs et un des participants
au consortium TV5 Québec-Canada. L'entrée en ondes de TV5 est
prévue pour juin de cette année et TV5 remplacera TVFQ. M. le
député, nous nous attendons, compte tenu des engagements,
notamment, de Vidéotron, que cela va démarrer au milieu de juin.
Je ne le décrirai pas davantage, mais il me fera plaisir d'en parler au
cours de la commission parlementaire.
Le deuxième aspect de la télévision francophone qui
nous tient à coeur, c'est Radio-Québec. Les choses vont
extrêmement bien, là aussi. Au printemps dernier, au nom du
gouvernement et par voie de déposition de lettres à
i'Assemblée nationale, j'ai fixé quatre attentes très
précises à l'égard de Radio-Québec: offrir aux
enfants et aux jeunes Québécois des émissions
éducatives de grande qualité; apporter une attention
particulière aux communautés culturelles et aux arts; confier 25
% du budget de la programmation à des producteurs indépendants
d'ici 1990-1991 et améliorer sa gestion et sa productivité.
Je suis heureux de constater que la situation de la
société continue de progresser, tant sur le plan financier que
sur le plan de l'accroissement de l'auditoire. Permettez-moi de mentionner
à la commission quelques points qui nous apparaissent importants pour
l'appréciation de la situation actuelle de Radio-Québec. En
1985-1986, la marge d'autofinancement de Radio-Québec, via ses revenus
autonomes, s'élevait à 7 %. Elle a atteint 14 % en 1987-1988,
c'est-à-dire qu'elle a doublé en deux ans et devrait passer
à plus de 19 % l'an prochain. On sait que les revenus autonomes
permettent une plus grande flexibilité à Radio-Québec et
sont un gage de l'appréciation que les téléspectateurs
font de ce que Radio-Québec offre. En 1988-1989, nous nous attendons que
22 % de la programmation de Radio-Québec soient confiés au
secteur de la production indépendante.
Troisième point, la part du marché francophone de
Radio-Québec aux heures de grande écoute est de 7 %. Les
émissions "Droit de parole", "Parler pour parler" et "À plein
temps", par exemple, font maintenant partie des habitudes d'écoute des
téléspectateurs québécois. Finalement,
Radio-Québec est le seul réseau francophone à ne pas avoir
perdu de part de marché à la suite de l'entrée en ondes et
de la pénétration réelle, c'est-à-dire dans la
deuxième année, du réseau Quatre Saisons. Je pense que
c'est tout à l'honneur de Radio-Québec et de ses artisans.
Radio-Québec doit donc demeurer une option télévisuelle
francophone et poursuivre le développement d'une programmation distincte
et alternative aux autres réseaux, en raison de sa mission
éducative et culturelle.
J'aimerais plus particulièrement souligner l'apport à
Radio-Québec de M. Jacques Girard qui a annoncé qu'il ne
sollicitera pas le renouvellement de son mandat de cinq ans. J'ai pris
connaissance de la décision de M. Girard avec regret. Je pense qu'il a
accompli un travail exceptionnel, d'autant plus que les dernières
années furent particulièrement mouvementées pour le
réseau de télévision éducative et culturelle du
Québec. Je regrette beaucoup son départ et je lui souhaite
beaucoup de succès dans ses activités ultérieures.
Dans le domaine de la publicité gouvernementale, le
ministère des Communications a fait en sorte que celle-ci s'exerce dans
un cadre déontologique qui respecte nos valeurs démocratiques. On
a fait une campagne sur la violence conjugale, des campagnes majeures visant
à promouvoir le tourisme, ainsi que des produits tels que les
obligations d'épargne et les publications gouvernementales, entre
autres. On pourra en parler plus en détail, si le député
de Ter-rebonne le veut bien. Les sommes allouées à la
publicité obligatoire, c'est-à-dire celle prévue par la
loi, tels que les appels d'offres et les offres d'emplois, n'ont subi aucun
changement. Toutefois, nous commençons avec nos partenaires, les plus
grands annonceurs dans le domaine de la publicité obligatoire, à
étudier les façons de réduire les coûts, tout en
ciblant efficacement les publics cibles de cette publicité obligatoire.
Il y a surtout les appels d'offres, les décrets de la construction et
les offres d'emplois. Donc, il y a trois ou quatre annonceurs qui accaparent la
part
du lion de cette publicité obligatoire, et on essaie de
travailler avec ces annonceurs pour diminuer les coûts, tout en
atteignant les milieux concernés.
Les technologies de l'information sont un aspect du travail du
ministère des Communications encore mal compris, mais très
important. Ce serait difficile de trouver un secteur technologique dans lequel
il y a eu plus d'innovation, plus de dynamisme, plus d'activité et, il
faut le dire, pour lequel il y a eu plus de préoccupation au niveau de
la gestion tant dans le secteur privé que dans le secteur public
à cause de l'obsolescence rapide des équipements et à
cause des coûts toujours grandissants des nouveaux équipements. On
est intéressé au ministère des Communications non
seulement à l'efficacité et au rapport
coûts-bénéfices de ces équipements, mais
également à l'influence que nous pouvons jouer sur l'industrie
québécoise dans ce domaine et aux enjeux culturels et
sociaux.
Le ministère a un rôle important de conseil à jouer
auprès de l'industrie et des usagers québécois de
l'informatique. Le sous-ministre en titre du ministère est actuellement
à une conférence internationale en France sur l'informatique en
français où il va faire part de notre intérêt
extrêmement important pour ce domaine. Notamment, nous avons
publié un guide sur le développement des logiciels multilingues
qui permettra aux 250 producteurs de logiciels québécois de se
positionner dans ce créneau extrêmement intéressant sur le
marché international des logiciels. Nous avons aussi appuyé, via
nos besoins ministériels et gouvernementaux, ainsi que via des
subventions que nous avons accordées à l'intérieur de
l'entente Québec-Canada dans le domaine des communications, le
développement de logiciels multilingues.
J'aimerais mentionner également une autre réalisation
importante. Récemment, un comité de l'Association canadienne de
normalisation a adopté le projet de normes de clavier universel
proposé par le Québec qui sera utilisé aussi bien en
anglais qu'en français. Il y a un problème avec l'informatique en
français, c'est que les claviers des équipements qui sont
disponibles pour nous et les logiciels aussi sont souvent mal adaptés
aux réalités de la langue française.
M. Blais: C'est moins pire qu'avec les Arabes.
M. French: C'est moins pire qu'avec les Arabes, mais il faudrait
respecter intégralement notre spécificité. Nous prenons
les mesures nécessaires pour le faire sans créer de
problèmes indus. Nous avons donc remporté une victoire importante
au sein du comité de l'Association canadienne de normalisation est
à partir de notre proposition que l'on a identifié un clavier
universel.
Je mentionnerai également la contribution du ministère au
Centre francophone de recherche en informatisation des organisations, à
l'Université Laval, où on a pu établir une institution qui
va faire le lien entre le monde universitaire, le monde des affaires et le
monde de la fonction publique québécoise. Les recherches du
centre portent sur les impacts de l'informatisation, sur les méthodes de
gestion, sur les dimensions linguistiques et culturelles des technologies de
l'information. Le financement de l'institution tant universitaire que
gouvernemental et, dans une proportion grandissante, vient directement du
secteur privé.
Les axes de développement pour cette année. Nous allons
certainement continuer à apporter une attention particulière au
développement et à l'expansion de la production audiovisuelle.
Nous avons là une problématique extrêmement importante:
d'une part, un besoin fondamental de productions audiovisuelles de
qualité pour maintenir la part du marché pour de telles
productions de la télévision en français et, d'autre part,
les coûts et une concurrence de plus en plus difficile à subir. Il
y a également le problème de la force croissante de la ville de
Toronto comme centre de production. Pour des motifs à la fois culturels
et économiques, il nous apparaît fondamental que le Québec
ne perde pas de terrain, mais continue plutôt à se tailler une
place importante dans ce secteur. Le marché québécois
étant limité par le nombre, l'avenir de la
télévision francophone au Québec repose, entre autres, sur
l'exportation afin de rentabiliser des productions nécessitant des
investissements de plus en plus importants. Face à ce constat, le
ministère considère que deux avenues sont possibles:
l'exportation de produits finis et la coproduction.
Nous reconnaissons également que les producteurs
indépendants seront appelés à jouer un rôle plus
important et nous envisageons l'application de certaines mesures afin de les
aider à renforcer leur présence au sein du milieu
québécois et international de la télévision. Comme
l'exportation de produits finis vers la France et d'autres pays francophones
est souvent difficile, les réalisations suivantes m'apparaissent le gage
d'un avenir meilleur. D'abord, il faut souligner la diffusion hebdomadaire
d'émissions québécoises par TV5-Europe,
c'est-à-dire la TV5 originale, dont une soirée par semaine est
québéco-canadienne. Deuxièmement, les exportations
totalisent 7 000 000 $ dont la vente à la France des séries "L'or
du temps", "Marisol" et "La maison Deschênes". Troisièmement, les
coproductions ont atteint un volume de 66 400 000 $ l'an dernier. Pas moins de
28 % des budgets pour la production indépendante au Québec
proviennent de l'étranger, en grande partie de la France. Il s'agit d'un
apport financier substantiel qui justifie amplement notre action dans le champ
de la francophonie. En aucun temps au Canada n'avons nous eu un apport d'argent
étranger pour notre production télévisuelle aussi
important que cela.
Bien au fait de la problématique, le ministère continuera
donc d'accorder son soutien au développement de la production
audiovisuelle par la contribution à l'implantation de structures ou
d'infrastructures de production et par l'appui à l'exportation et
à la coproduction. Mon sous-ministre est actuellement en Europe. Je vous
ai parlé de sa participation à une conférence sur
l'informatique en français. I! va également visiter le MIP-TV, un
des plus grands marchés internationaux de télévision
à Cannes, réunion annuelle où l'ensemble des exportateurs
et des acheteurs se retrouvent pour conduire des ententes qui pourraient
être très intéressantes. C'est donc là que nous
vendons habituellement nos séries télévisées
québécoises. En ce sens, nous allons continuer à
travailler, de concert avec les milieux institutionnels et les producteurs
indépendants, afin de promouvoir les produits québécois
sur les marchés internationaux et de participer au développement
de nouvelles avenues de production.
Nous allons, également, viser quelques clientèles
particulières afin d'améliorer le contact ou la communication
avec l'appareil gouvernemental qui, souvent, est très complexe et
presque incompréhensible pour les clientèles
particulières. Cette année, nous pouvons annoncer avec beaucoup
de fierté qu'afin de mieux servir les communautés culturelles
déjà établies le bureau de Communication-Québec
à Montréal offrira désormais, à temps complet, un
service de renseignements en langues italienne, grecque, portugaise et
espagnole. D'autre part, pour rejoindre plus de citoyens d'arrivée
récente et pour faciliter leur intégration à la
société québécoise, ce bureau offrira prochainement
un service de renseignements téléphoniques destiné aux
communautés latino-américaine, haïtienne, vietnamienne,
chinoise, cambodgienne et laotienne. Je dois vous dire que toutes ces
communautés sont présentes dans mon comté et je peux
témoigner de l'importance que peut revêtir une
accessibilité à l'appareil étatique plus grande pour ces
communautés.
Dans un même ordre de préoccupations, je tiens à
signaler - et c'est tout à l'honneur des employés de
Communication-Québec - le renouvellement pour trois ans de l'entente
fédérale-provinciale concernant la diffusion de renseignements
sur les programmes et services du gouvernement fédéral. Passons
maintenant au domaine des technologies de l'information. Nous avons
établi quelques orientations stratégiques qui répondent
à quatre sphères de préoccupations. Il faut voir la
convergence qui se définit dans le domaine entre les
télécommunications et l'informatique. Nous avons pris, à
l'intérieur, des mesures nécessaires pour intégrer nos
activités sur le plan bureaucratique, afin de mieux pallier cette
convergence et de mieux gérer cette convergence. Nos quatre axes
stratégiques sont les suivants: une plus grande efficacité par le
choix d'équipements répondant mieux aux besoins et par le partage
des informations à l'intérieur de l'administration publique. En
clair, cela veut dire qu'on a un paquet d'équipements, un paquet de
systèmes qui ne peuvent pas communiquer entre eux. On essaie donc de
faciliter l'intégration des systèmes.
Deuxième point: la sécurité informatique pour
assurer la relève des systèmes informatiques et pour
préserver la confidentialité des renseignements personnels.
Troisièmement, l'économie pour assurer des choix technologiques
les mieux adaptés aux besoins, exploiter les économies de
marché, rationaliser l'utilisation des ressources et, également,
promouvoir l'industrie québécoise dans ce domaine. Finalement, la
culture pour assurer le respect des caractéristiques et de l'usage du
français dans l'informatique.
Nous allons, entre autres, procéder à deux
opérations d'intégration très importantes. Nous avons
actuellement sept réseaux différents de
télécommunications et nous avons l'intention de les fusionner en
un seul réseau basé sur la fibre optique. C'est une
procédure de plusieurs dizaines de millions de dollars, mais qui va
créer des économies importantes à moyen terme.
Deuxièmement... Combien avons-nous de réseaux de
radiocommunications?
Une voix: Sept aussi.
M. French: Deuxièmement, nous avons sept réseaux de
radiocommunications. Nous allons également intégrer l'ensemble de
nos réseaux de radiocommunications pour que le service de la faune
puisse communiquer avec la Sûreté du Québec qui peut
communiquer avec le service de déblaiement de la neige du
ministère des Transports et avec le service ambulancier, etc., pour que
ces services soient tous sur le même réseau de
radiocommunications. Ce sont, je pense, des projets très importants pour
s'assurer que le gouvernement du Québec continue d'exercer un leadership
dans le domaine des technologies de l'information. Il reste encore d'autres
problèmes de communication, notamment celui du cloisonnement auquel j'ai
déjà fait référence. Aucune communication n'est
présentement possible entre les réseaux des ministères ou
des organismes gouvernementaux, ce qui rend presque impossible la coordination
des activités, notamment dans le domaine des mesures d'urgence.
Le développement des services de télématique. Je
pense qu'on a tous lu récemment les présentations ou les
propositions de la compagnie Bell Canada et de la compagnie CETI dans le
domaine de la télématique. On doit encourager le
développement de ce secteur de pointe au Québec, compte tenu du
potentiel d'exportation de savoir-faire québécois qu'il pourrait
générer. Le ministère étudie également la
possibilité de rendre accessible l'information gouvernementale par le
biais de ces nouveaux moyens de communications. Je parle des banques de
données gouvernementales, des transactions gouvernemen-
tales du citoyen avec le gouvernement. On participera donc au
développement de l'industrie de la télématique en mettant
à sa disposition les banques de données gouvernementales et les
services fournis par le gouvernement. Je pense, notamment, aux secteurs
où il y a des transactions à effectuer comme les permis, les
plaques d'immatriculation, les réservations pour la chasse et la
pêche. Bref, tous les services de ce type pourraient être
évalués prioritairement pour leur inclusion possible dans les
divers projets télématiques.
En résumé, nos objectifs dans ce domaine sont d'encourager
la recherche et le développement au Québec, le respect de la
spécificité de la langue française, la création
d'emplois et l'exportation.
Comme vous le savez, M. le député, puisque vous m'en avez
parlé amplement lors de l'étude du principe du projet de loi
créant la Régie des télécommunications, nous sommes
en pleine négociation avec le gouvernement fédéral sur le
partage des rôles et des responsabilités en matière de
télécommunications. (10 h 30)
Nous avons deux objectifs fondamentaux: participer à une
véritable politique nationale des télécommunications et
posséder les mêmes outils et les mêmes juridictions et
responsabilités que sept autres provinces ont déjà pour
favoriser le développement du secteur des
télécommunications au Québec. Nous pensons que le
système des télécommunications est présentement
soumis à de nombreuses pressions: introduction de la concurrence et
libéralisation du marché, d'où l'importance pour le
Québec d'avoir un rôle politique dans la définition des
orientations de ce secteur sur l'ensemble de son territoire. Actuellement, la
balle est dans la cour de mon homologue fédéral. Nous attendons
avec impatience sa proposition au sujet d'une rencontre
fédérale-provinciale.
Je ne parlerai pas plus longuement du projet de loi sur la Régie
des télécommunications; nous allons amorcer bientôt
l'étude article par article de ce projet de loi.
Vous êtes pleinement au courant, vous, les membres de la
commission, à l'exception du député de Terrebonne puisque
ce n'est pas son domaine de responsabilité au sein de l'Opposition, de
la révision de certaines dispositions de la loi sur l'accès
à l'information. La Commission d'accès à l'information a
bien travaillé là-dessus. La commission de la culture a bien
travaillé là-dessus. J'attends le rapport de la commission de la
culture afin d'amorcer les consultations avec l'ensemble des intervenants
concernés à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Nous
attendons donc un projet de loi modifiant la loi sur l'accès aux
documents publics, qui devrait être déposé au début
de 1989. Donc, dans un an, on devrait être en pleine étude article
par article d'un projet de loi qui incorporerait les résultats de
l'évaluation, de la disposition crépusculaire de la loi sur
l'accès à l'information. Je vois que le député de
Terrebonne signale sa dissidence.
M. Blais: Non, on va être en élections à
l'automne.
M. French: Ah, bon! Si on n'est pas en élections, à
ce moment-là, on va récolter les fruits de cette analyse des cinq
premières années de cette loi. J'aimerais particulièrement
rendre hommage à M. Marcel Pépin qui occupait le poste de
président - il a été président fondateur - de la
Commission d'accès à l'information pendant ses cinq
premières années d'existence. Je pense qu'il a fait un excellent
travail. Il s'est acquitté de sa tâche avec dévouement,
efficacité et diplomatie et nous lui en sommes reconnaissants. Je
transmettrai aussi nos bons voeux à Me Jean-Marc Ducharme, le
secrétaire de la Commission d'accès à l'information, qui
vient de recevoir une nomination à la Commission des affaires sociales.
On lui souhaite bonne chance.
Les crédits périmés, les compressions
budgétaires relativement minimes et la création de fonds
spéciaux, on en parlera bientôt.
En terminant, je signale que le ministère des Communications
entreprendra une révision de sa propre loi, tel qu'annoncé dans
le discours d'ouverture. Malgré une histoire relativement courte,
puisqu'il a été créé en 1969, il faut ajuster les
mandats du ministère aux préoccupations du monde d'aujourd'hui.
Le déploiement de ses missions et de ses actions devrait donc se
traduire par des amendements à sa loi constitutive. Nous aurons
l'occasion d'en discuter l'automne prochain.
M. le Président, en résumé, le ministère des
Communications n'a pas été gâté par les faveurs du
Conseil du trésor plus qu'il ne le faut depuis deux ans, mais il s'est
ajusté, en conséquence, avec les organismes sous sa
responsabilité pour continuer à poursuivre ses objectifs, pour
innover et se moderniser à la lumière des besoins nouveaux et des
contraintes avec lesquels il fonctionne. Sur une base comparable, on a eu une
compression budgétaire de l'ordre de 1 000 000 $ cette année, que
nous pouvons subir avec un minimum de difficultés grâce aux
économies déjà prévues. Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
Discussion générale
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
beaucoup de points ont été éclaircis par votre discours,
mais il suscite aussi beaucoup de questions et j'en ai préparé
plusieurs. Mais, avant d'entrer dans le vif des questions qu'on a pris la peine
d'écrire et d'étudier, j'aurais quelques questions saugrenues,
style crottes de mouton, à vous poser, mais elles sont, quand
même, assez percutantes.
Contrats pour des discours
J'ai trouvé des choses un peu curieuses à
l'intérieur de cela. Il y a des contrats pour écrire des
discours: il y en a un pour 3200 $, il y en a un pour 4000 $ demandé
à Maximage Communication inc. et il y en a un autre au sujet de la loi
24, de 750 $, à Momentum. Celui-là, je l'ai entendu et je l'ai
trouvé bon. J'imagine que ceux de 3200 $ et de 4000 $ ont
été extraordinaires. Je présume que ces dépenses
pour créer des discours n'étaient pas pour vous, parce que je
connais votre facilité de parole et d'écriture. Je sais aussi que
vous avez beaucoup de hauts fonctionnaires et de gens qui s'occupent de vous.
À qui ces discours-là? Le discours de 3200 $ a été
écrit pour qui?
M. French: Celui de Maximage, c'était pour moi, M. le
député.
M. Blais: Ceux de 3200 $ et de 4000 $?
M. French: Bien, je ne peux pas vous jurer qu'ils n'ont pas eu
d'autres contrats avec nous, mais Maximage a certainement eu des contrats pour
écrire des discours pour le ministre des Communications. Il n'y a pas de
doute là-dessus. Maintenant, que ce soit ces contrats-là, je le
vérifierai, mais je pense que ce sont ces contrats-là.
M. Blais: Non, mais je demande: Est-ce que c'est de pratique
courante que le ministre fasse écrire ses discours par une firme
extérieure qui n'a pas la compétence, ni la connaissance du
ministère comme l'ont les gens qui l'entourent et qui sont très
compétents? D'autant plus que le ministre lui-même est un homme
d'une grande compétence, il dépenserait 3200 $ et 4000 $ pour
faire écrire des discours? Si jamais vous avez des sous-contrats, il y a
beaucoup de recherchistes chez nous qui seraient intéressés
à ce tarif-là.
M. French: Le député de Terrebonne me pardonnera si
je ne saute pas sur la mouche qu'il me présente quant aux services de
recherche du Parti québécois. Soit dit en passant, je ne mets
aucunement en cause leur compétence, qu'on a pu apprécier,
d'ailleurs, dans les interventions du député de Terrebonne lors
de l'étude de principe du projet de loi sur la Régie des
télécommunications. Mais il est clair qu'on a le choix. On peut
demander à ses fonctionnaires d'écrire des discours. On peut
demander à ses fonctionnaires de s'occuper principalement des
responsabilités de la gestion. On a décidé, à la
suite d'une certaine expérience dans ce domaine, que c'était
moins cher et plus efficace de faire appel aux services externes pour
écrire des discours périodiquement que de demander aux
fonctionnaires d'utiliser leur temps valable, autrement plus valable
d'ailleurs, pour écrire des discours.
Donc, le problème se situe à peu près comme ceci:
d'une part, vous avez des professionnels qui sont très loin du ministre,
qui sont donc rarement en mesure d'apprécier la nature et le
déroulement d'un discours ministériel de façon
suffisamment claire pour pouvoir en écrire un qui soit satisfaisant;
d'autre part, vous avez des sous-ministres adjoints et des directeurs
généraux qui, eux, ont d'autres choses à faire et dont
trois ou quatre jours de leur temps coûteraient considérablement
plus que les montants en question dans les contrats.
M. Blais: Est-ce une pratique courante de se faire écrire
un discours pour 4000 $? C'est de l'argent! Un discours de 3200 $, est-ce que
c'est une pratique courante?
M. French: Le premier discours, c'était un discours pour
la International Association of Communications. C'était sur le Sommet de
la francophonie. C'était une conférence de 2500 experts en
communications venant de partout dans le monde, surtout des professeurs. Le
discours a été publié subséquemment dans le
Canadian Journal of Communications. Je pense que cela a
été un grand succès. Cela a pu expliquer la francophonie
et le Sommet de la francophonie à l'ensemble d'un groupe d'intervenants
qui s'intéressent aux communications et qui se sont posé la
question: Pourquoi un sommet international basé sur la langue?
C'était cela. Cela me fera plaisir d'en envoyer une copie au...
M. Blais: Ah non! Non.
Une voix: Cela a déjà coûté assez
cher!
M. French: Non? Cela va vous permettre d'apprécier les
fruits de ce travail si cher. Mais, est-ce que le député me le
permettrait? Si on veut poser des questions, est-ce qu'on pourrait faire une
chose? Avez-vous des questions, M. le député, sur la Régie
des services publics? On a les fonctionnaires de la Régie des services
publics qui sont - puisqu'on parle d'argent - assez bien payés. Je me
demandais si ce serait possible qu'on accepte ce volet-là de mes
crédits et qu'on continue à parler du discours, si c'est cela
qu'on veut faire.
M. Blais: Oui, il y en une quelque part. Mais, je vais finir mon
discours, si cela ne vous fait rien.
M. French: D'accord.
M. Blais: Je vais vous demander combien vous a coûté
celui d'aujourd'hui.
M. French: Celui-là a été fait à
l'interne. Je le pense. Je l'espère! Oui.
M. Blais: Oui?
M. French: Oui.
M. Blais: Bon. Est-ce que vous l'avez considéré
comme valable?
M. French: Je m'en remets à votre jugement.
M. Blais: Je l'ai trouvé valable et il ne nous a rien
coûté. Est-ce que ce serait possible de faire comme cela à
l'avenir?
M. French: Cela dépend des circonstances. Je ne renoncerai
pas à la possibilité de recourir aux services externes de temps
à autre, si cela me paraît utile.
M. Blais: C'est pour rendre hommage aux fonctionnaires que j'ai
posé cette question. Ce n'est que pour rendre hommage aux
fonctionnaires. J'ai l'impression que ce n'est pas une pratique courante,
surtout au prix que ceux-là ont coûté. Je pense qu'il y a
beaucoup de personnes qui seraient très intéressées
à vous en écrire, des discours à 3200 $ et à 4000
$. Je trouve cela un peu farfelu.
C'est bien sûr que, selon les endroits où l'on se
présente, on aime à être beaucoup mieux
préparé, mais la préparation, c'est souvent son essence
personnelle qui en donne la tournure. C'est le fond que les gens qui nous
aident nous donnent, mais la tournure est toujours la note personnelle qu'on y
met. C'est pour cela que je trouve cela toujours mieux quand c'est
nous-mêmes qui écrivons nos discours, que l'on soit
député ou ministre.
M. French: M. le député, je vous souligne juste une
chose, c'est que la tournure, lorsque c'est moi qui la fournis et si c'est en
français, ce n'est pas toujours tout à fait à la hauteur
voulue pour un ministre des Communications du Québec. Parfois, nous
avons besoin d'un certain apport sur ce plan-là pour nous assurer que le
français soit relativement acceptable.
M. Blais: Pour rendre service aux fonctionnaires, je reviendrai
aux questions un peu saugrenues, style crottes de mouton, et je vais tout de
suite à la question sur la Régie des services publics, parce que
les fonctionnaires voudraient s'en aller plus vite. D'accord. Il n'y a pas de
problème.
Régie des services publics
M. French: Je vous présente M. le juge Jean-Marc Tremblay,
président de la Régie des services publics.
M. Blais: Bonjour, monsieur. Je ne sais pas si les questions
seront bien fortes, mais j'en ai une spécialement pour vous.
À la Régie des services publics, les crédits ont
baissé un peu cette année. Ce n'est pas énorme, mais,
quand même, ils ont baissé un peu. Vous prétendez à
un bel avenir à la Régie des services publics, tout en baissant.
Une hausse timide de 16 300 $, moi, j'appelle cela une baisse dans ce
temps-là. Comment pouvez-vous prétendre à un bel avenir
à la Régie des services publics, quand vous n'avez pas
d'augmentation de budget plus forte que cela d'une année à
l'autre?
M. French: C'est une question, M. le juge, à laquelle je
devrais probablement répondre moi-même. La réponse est
très simple. De notre côté, nous ne confondons pas le
quantum budgétaire avec l'efficacité ou l'utilité ou la
performance de l'entité en question. Le député de
Terrebonne serait malheureux si nous n'effectuions pas toutes les
économies possibles. C'est ce que nous avons fait. La régie a
contribué depuis quelques années de façon très
honnête et très appréciée à essayer de faire
davantage avec moins de ressources, tout comme le reste de l'appareil
étatique.
M. Tremblay (Jean-Marc): Est-ce que je pourrais ajouter, M. le
député de Terrebonne, que 72 % du budget de la régie sont
autofinancés par les droits et redevances payés par les
compagnies de télécommunication qui sont sous le contrôle
et la surveillance de la régie? Globalement, 75 % du budget de 2 000 100
$ concernent le paiement de salaires sur lesquels on n'a aucun
contrôle.
Si vous regardez les trois dernières années du budget de
la régie, vous vous rendrez compte que l'exercice se rapproche à
quelque 50 000 $ près des frais réels d'exploitation
réduits à leur minimum.
M. Blais: Tandis que vous êtes là, que pense le
président de la Régie des services publics de l'article 65 du
projet de loi sur la Régie des télécomrnunications;
à savoir: "Le ministre" peut donner des directives portant sur les
objectifs et l'orientation de la régie dans l'exécution des
fonctions qui lui sont confiées par la présente loi"?
M. Tremblay (Jean-Marc): À cette question, je ne peux
absolument pas répondre. Je suis ici comme président de la
Régie des services publics, défendant les crédits de la
Régie des services publics. Le projet de loi sur la Régie des
télécommunications n'est pas encore adopté. J
excéderais ma juridiction si j'osais me prononcer sur cette nouvelle
loi.
M. Blais: M. le ministre, ne croyez-vous pas que le fait qu'on
dise que "le ministre peut donner des directives portant sur les objectifs et
l'orientation de la régie dans l'exécution des fonctions qui lui
sont confiées par la présente loi" peut être un peu un
boulet politico... Je ne
dirai pas partisan; dans votre cas, vous ne l'êtes pas du tout.
S'il y en a un qui n'est pas partisan de l'autre bord, c'est vous. Vous n'avez
aucune partisanerie. C'est, tout de même, une petite influence
politique.
M. French: Ne le dites pas trop fort. Il y a des
députés de ma formation à la commission parlementaire.
M. Blais: C'est une espèce de boulet à la patte du
président. Est-ce que vous croyez que c'est un peu lourd à porter
pour un président qui ne peut pas se prononcer, bien sûr, je le
comprends bien?
M. French: Non. Si la disposition est là, c'est parce que
la possibilité de donner des directives existe déjà dans
d'autres juridictions canadiennes et, d'ailleurs, dans la majorité des
juridictions provinciales. C'est aussi parce que nous avons senti le besoin de
les communiquer en public, aux vu et au su de tout le monde, de façon
plus solennelle qu'un témoignage ou une comparution devant la
régie de la part du ministère - ce qui est le mécanisme
actuel - avant que la régie soit saisie de certaines causes, afin
qu'à l'intérieur même des balises créées par
la loi en matière d'objectifs et d'orientations, de communiquer les
orientations souhaitées et d'exercer pleinement la responsabilité
ministérielle et gouvernementale dans un domaine qui évolue
extrêmement rapidement et qui a souffert quelque peu d'un vide de
leadership politique à cause des chicanes de juridictions depuis une
dizaine ou une quinzaine d'années. (10 h 45)
Je soulignerai, pour le bénéfice du député
de Terrebonne, que nous ne voulons cependant pas faire en sorte que nous ayons
le mot avant et le mot après. Donc, il n'y a pas de mécanisme
d'appel dans la loi actuelle, ni dans le projet de loi. Il n'y a pas de
mécanisme d'appel au Conseil des ministres pour un demandeur
déçu, ce qui existe au fédéral. Donc, nous nous
disons: Voici les conditions, messieurs et mesdames les régisseurs. Nous
avons le droit de vous dire, en général, sans que vous ne soyez
déjà saisis d'une cause particulière, ce que nous
attendons, mais nous n'avons pas l'intention de faire du "second-guessing"
après coup ou de corrections a posteriori. Nous allons vous demander de
respecter nos directives générales, mais, nous, nous n'allons pas
vous renverser. Le Conseil des ministres n'aurait ni le pouvoir ni le
désir de vous renverser à la suite de l'une de vos
décisions. Donc, nous pensons que c'est un compromis raisonnable.
D'ailleurs, cela se compare favorablement aux propositions
fédérales qui ont, elles, les directives a priori et l'appel au
Conseil des ministres a posteriori, ce qui, nous le pensons, peut créer
un problème important au moment du recrutement de personnes de
qualité pour remplir le rôle de la viande dans ce sandwich
réglementaire.
M. Blais: D'accord. La définition que fait le projet de
loi 110 d'une entreprise de télécommunications, en vertu de son
article 2, inclut d'emblée Radio-Québec, dont la loi stipule
à l'article 20. 1 qu'elle doit soumettre à la RSP, à la
Régie des services publics, l'ensemble de sa programmation
éducative pour fins d'approbation. Telle est la seule prérogative
de la Régie des services publics sur Radio-Québec, d'ailleurs
reconduite par le projet de loi 110 à l'article 22. Nous demandons,
toutefois, au ministre de nous préciser les raisons qui ont fait qu'il
n'a pas cru bon d'initier un débat public sur la pertinence de
l'assujettissement de l'ensemble des activités de Radio-Québec au
pouvoir de surveillance, de contrôle et de régulation de la
nouvelle Régie des télécommunications.
M. French: Est-ce que vous êtes en train de me demander si
la juridiction sur la programmation éducative est elle-même
caduque dans les faits ou est-ce que vous êtes en train de me demander
pourquoi je n'ai pas ajouté à la juridiction de la Régie
des télécommunications sur Radio-Québec?
M. Blais: Je vous demande de nous préciser les raisons qui
ont fait que le ministre n'a pas cru bon d'initier un débat public sur
la pertinence de cet assujettissement.
M. French: Encore une fois, en arrière de cette question,
est-ce que c'est parce que vous pensez que le débat porterait sur
l'opportunité d'étendre davantage la juridiction de la
régie sur Radio-Québec ou de limiter davantage la juridiction de
la régie sur Radio-Québec?
M. Blais: Nous avons discuté de cela, mon recherchiste et
moi.
M. French: Et vous n'avez pas compris?
M. Blais: Non, nous avons compris, certain. C'est
nous-mêmes qui avons écrit nos questions et qui avons...
M. French: Vous n'avez pas fait de contrats?
M. Blais: Nous ne vous demandons pas de faire écrire vos
réponses, parce que vous ne connaissez pas nos questions d'avance. Mais,
à la prochaine commission des crédits, je vous enverrai mes
questions une semaine d'avance. Vous pourrez prendre Maximage pour
répondre. Non, en fait, la question elle-même est: Pourquoi
n'avez-vous pas cru bon d'initier un débat public sur la pertinence de
l'assujettissement des activités de Radio-Québec au pouvoir de
surveillance de la Régie des services publics?
M. French: C'est-à-dire pourquoi je n'ai pas essayé
de stimuler un débat sur la...
M. Blais: Non, non. Initier.
M. French: Bon, initier, pas stimuler. D'initier un débat
public sur les responsabilités de la régie ou sur
l'opportunité de faire de la régie un mini-CRTC pour
Radio-Québec, est-ce que c'est cela? C'est parce que la Cour
suprême a tranché la question il y a quelques années. Il
n'est pas question d'étendre les juridictions. La question a
été tranchée. C'est clair, net et précis. Nous
avons la juridiction qui nous revient après la Cour suprême, mais
la bataille a été menée il y a quelques années.
M. Biais: II y a dix ans.
Le Président (M. Trudel): La guerre du câble.
M. French: C'est cela, la guerre du câble.
M. Blais: Je me souviens de la guerre du câble. Mais, vous
donnez souvent l'exemple d'Ottawa sur certaines choses. Ce n'est pas toujours
le bon exemple à donner.
M. French: Je viens de vous donner un mauvais exemple d'Ottawa
sur le CRTC. J'ai dit: On n'est pas d'accord avec le pouvoir de directive,
d'une part, et avec le pouvoir d'appel au Conseil des ministres, d'autre
part.
M. Blais: Bon, pour la Régie des services publics,
monsieur, vous avez congé pour le reste de la matinée.
M. French: Pas congé, là.
M. Tremblay (Jean-Marc): Merci.
M. Blais: Congé de mes questions.
M. French: II regarde les rubans de Radio-Québec pour
s'assurer que c'est vraiment éducatif. Merci beaucoup, M. le juge.
Discussion générale (suite)
M. Blais: D'accord. Bon, bien, les discours, à 3200 $ et
à 4000 $, je le prends mal. Mais, en tout cas, c'est fait. Que
voulez-vous que je vous dise?
M. French: On va essayer de faire mieux à l'avenir, M. le
député.
M. Blais: Mais il y a Momentum qui vous a écrit un
discours pour 750 $. Vous savez ce que je veux dire? J'ai bien l'impression
qu'ils étaient bons, essayez donc d'aller les voir. Puis, vous en avez
prononcé un ce matin qui ne vous a rien coûté. Alors, vous
savez, entre 4000 $, 750 $ et rien...
M. French: Là, M. le Président...
M. Blais:... je suis persuadé que ce sont trois bons
discours. Alors...
M. French: Le député de Terrebonne est en train de
nous offrir un exemple de la comptabilité du Parti
québécois, c'est-à-dire que, si c'est fait par un
fonctionnaire, cela ne coûte rien.
M. Blais: Non, non. Non. Ils sont payés pour faire des
activités; c'est bien sûr, on a un salaire. Ah, non, je sais
compter. On m'appelle le poète des chiffres et j'en suis très
fier et très flatté.
M. French: Je sais que le député de Terrebonne a
survécu dans un milieu éminemment difficile, soit le milieu du
spectacle. Alors, je n'en disconviens pas. Il est certainement capable de
compter, lorsqu'il le veut.
Salaire des jurés
M. Blais: D'accord. Vous avez quelques jurés aussi - une
autre question comme cela, à la pièce - qui sont payés...
Il y a sept jurés là, que je vois dans contrats de services
professionnels et ils sont tous payés 300 $ sauf une qui est
payée 3000 $. Est-ce qu'il y a une erreur?
M. French: Voulez-vous nous dire à quelle page, puis on va
vous...
M. Blais: C'est peut-être une erreur typographique?
Le Président (M. Trudel): Le député fait ses
engagements financiers.
M. French: C'est cela, on fait des engagements financiers.
M. Blais: À la page... Non, non, on ne fait pas
d'engagements financiers là.
M. French: Pouvez-vous nous guider un peu?
M. Blais: Mais ce n'est pas numéroté, cela.
Regardez à peu près à 3/16 de l'épaisseur du livre,
Gestion interne et...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Blais:... soutien, élément 1, Direction, fonds
d'aide ministériel, page 3 de 3. À peu près à 3/16
d'épaisseur.
Le Président (M. Trudel): Un conseil, numérotez vos
pages.
M. French: Je n'ai même pas ce volume-là.
M. Blais: C'est: contrats de moins de 25 000 $.
M. French: D'accord. À quelle page?
M. Blais: Ce n'est pas numéroté, malheureusement.
Fonds d'aide ministériel.
M. French: Programme et élément en haut?
M. Blais: Page 3 de 3, élément 1.
M. French: Élément 1?
M. Blais: Oui.
M. French: Page 3 de 3, d'accord.
M. Blais: Fonds d'aide ministériel.
M. French: Morin, Lisette. Price Water... Non?
M. Blais: Gestion interne et soutien, élément
1.
M. French: Oui. Direction, fonds d'aide ministériel.
M. Blais: Fonds d'aide ministériel, page 3 de 3.
M. French: Gaston Thibault, 300 $, jury, prix des
communications?
M. Blais: Oui. Ils ont tous 300 $, mais Mme Morin, Lisette a 3000
$. Est-ce que c'est une faute d'impression?
M. French: Mme Morin, Lisette, oui, 3000 $. Bien, c'est une bonne
question.
M. Blais: Vous savez ce que je veux dire, ce n'est pas...
M. French: Si vous le permettez, on va suspendre la
question...
M. Blais: Oui, oui, oui.
M. French:... et je vais demander la réponse.
D'accord?
M. Blais: D'accord. J'ai pensé que c'était
peut-être une erreur de typographie.
M. French: Elle était présidente du jury. Alors,
c'est peut-être parce qu'elle a travaillé dix fois plus fort, je
ne le sais pas.
M. Blais: Moi, non plus, mais c'est parce que tous les autres ont
300 $.
M. French: Je vous le dirai.
M. Blais: Quand je vous dis que ce sont quelques questions qui
sont un peu saugrenues, mais qui sont intéressantes...
M. French: Ah! Bien, il faut... M. Blais:... quand
même. M. French:... poursuivre cela.
M. Blais: D'accord. Bien, je ne vous parlerai pas des avocats
d'Alliance Québec ici, mais...
M. French: C'est aussi bien, parce qu'on ne les a pas
financés.
M. Blais: Je ne le sais pas. Je ne le sais pas, je leur poserai
la question.
M. French: Demandez-le-moi donc.
M. Blais: Je vais la poser. M. Fernand Lalonde a eu un contrat de
7014, 64 $. Puis-je savoir dans quel cadre? Je vais vous le sortir, si vous
voulez avoir la page.
M. French: Bien, enfin, je n'en disconviens pas. Compte tenu des
ligues dans lesquelles joue M. Lalonde, nous avons trouvé cela fort
économique.
M. Blais: C'était sur la vente des journaux, je pense?
M. French: C'était sur la concentration des médias
au sens large.
M. Blais: C'est cela, hein?
M. French: C'était parce que c'était un ex-ministre
responsable de ce dossier-là.
M. Blais: C'est un gars compétent. Il n'est pas...
M. French: Un gars compétent. Puis, il nous a fait cette
aubaine extraordinaire, pour nous conseiller dans...
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'il a bien fait
cela?
M. French: M. le Président?
Le Président (M. Trudel): Je m'excuse, M. le ministre.
M. French:... pour nous conseiller dans le domaine de !a
concentration de la presse et de
la propriété de la presse.
M. Blais: D'accord. Vous avez dit que, s'il y avait des frais
pour de l'aide à Alliance Québec, on les retrouverait
là-dedans, mais ce n'est pas si évident que cela, parce qu'il y
en avait pour 24 000 $ au ministère du Solliciteur général
qui n'étaient pas inclus et qu'on a découverts après.
M. French: M. le député est-ce que je peux vous
parler...
M. Blais: Est-ce qu'il y a au ministère des Communications
des frais ou des subventions qui ont été versés à
Alliance Québec, tout simplement?
M. French: Je ne sais pas si c'étaient des frais, des
subventions ou un contrat. Je ne sais pas si c'est cette année ou
l'année dernière, mais je vais vous dire ce dont il s'agit. Je
pense que c'est important, je n'en ai pas honte du tout.
M. Blais: Moi, non plus.
Financement d'une étude d'Alliance
Québec
M. French: On a financé l'étude d'un chercheur
d'Alliance Québec pour nous aider à voir quels étaient les
ministères et les organismes qui desservaient bien les
communautés non francophones et quels étaient ceux qui avaient le
plus de difficultés à desservir ces communautés en terme
de langue des services. Il n'y a pas de droit à des services dans une
langue autre que le français au Québec, mais il y a, quand
même, un intérêt pour le gouvernement à essayer de
s'ajuster en conséquence parce qu'un client qui comprend les programmes,
ses responsabilités et ses obligations est un client qui nous
crée beaucoup moins de problèmes et qui nous coûte beaucoup
moins cher qu'un client qui a de la misère à comprendre. On va
essayer de l'identifier, mais je pense que c'était l'année
dernière; je ne pense pas que c'est cette année.
M. Blais: Une étude sur les services, sur la façon
dont sont rendus les services aux communautés culturelles?
M. French: Par la suite, on a demandé aux responsables des
services à la clientèle de divers organismes - c'étaient
souvent des organismes comme la RAAQ, comme la CSST, comme la RAMQ, les grands
services en contact avec la population - de rencontrer certains de nos
fonctionnaires, de même que la personne qui a fait l'étude pour
Alliance Québec et d'échanger sur les moyens de mieux desservir
ces communautés. On leur a aussi suggéré - on ne pouvait
pas leur dire quoi que ce soit parce que ce sont des gens qui ne
relèvent pas de moi - que, si jamais on pouvait les aider à
desservir mieux ces communautés, de façon plus efficace et plus
économique, on serait prêt à continuer les consultations
avec eux et à travailler avec eux.
M. Blais: S'il y a une étude qui a été faite
sur cela, le ministère en a certes une copie.
M. French: Je pense que oui.
M. Blais: Sans passer par tous les dédales des remises,
est-ce qu'il serait possible que le responsable à votre ministère
m'envoie une copie directement du travail ou de l'étude qui a
été faite par Alliance Québec?
M. French: Est-ce qu'on peut se dire, cependant, M. le
député, que c'est pour votre information? On n'a pas envie que
les critiques qui auraient pu être articulées dans ce dossier
soient étalées au grand jour. Ce n'est pas notre objectif
d'embarrasser ou de gêner les gens dans les différents
ministères et organismes. Deuxièmement, ce n'est pas le
ministère des Communications qui a fait l'étude. C'est Alliance
Québec. Autrement dit, je ne m'oppose aucunement à partager le
document avec vous.
M. Blais: C'est un document public, tout simplement.
M. French: Cela l'est et cela ne l'est pas, parce qu'on n'a pas
envie d'embarrasser ou de gêner les organismes et les agences dont
l'évaluation est faite dans le document. On pense que ce serait
"contreproductif". Je ne pense pas que vous soyez en désaccord avec cet
objectif fondamental, M. le député. Je vous demande donc de faire
attention si...
M. Blais: Tout dépend. Je sais qu'Alliance Québec,
contrairement au ministre, est beaucoup plus vindicative et beaucoup moins
compréhensive du milieu dans lequel on vit au Québec. On vient de
demander que les policiers soient bilingues, vous savez. Alors, s'il y a des
études qui sont faites et qui sont payées par les taxes des
contribuables, j'aimerais bien savoir quel en est le résultat. Je pense
que c'est tout à fait normal de le demander.
M. French: Je pense que c'est normal, mais je veux signaler,
encore une fois, que je compte sur le jugement du député de
Terrebonne, car, si un recherchiste d'Alliance Québec, il y a deux ans,
disait que la RAAQ ne dessert pas bien - je dis "si", ce n'est pas sûr -
les non-francophones, je me sentirais bien bien triste et je le regretterais
beaucoup si c'était étalé au grand jour comme une grande
question, alors que c'était l'opinion d'un seul recherchiste à la
suite d'une recherche que nous avons bien voulu utiliser comme un
élément parmi d'autres dans notre évaluation de
l'efficacité de ces services.
M. Blais: Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir une copie de cette
étude, de façon directe?
M. French: On va vérifier cela.
M. Blais: Cela veut-il dire oui ou non?
M. French: Cela veut dire qu'on va vérifier cela. Je n'ai
pas relu le document. Il va falloir que je lise le document pour être
certain que je ne serai pas ennuyé et que cela ne porte pas sur certains
aspects d'exemption à la loi sur l'accès. J'en doute, mais il va
falloir que quelqu'un le lise. Écoutez, M. le député, vous
m'avez posé une question; j'y ai répondu honnêtement et
complètement. Je vous réponds aussi honnêtement et
complètement maintenant en vous invitant à me dire que vous
comprenez les objectifs de l'exercice et que vous les partagez. Si, maintenant,
c'est pour devenir un élément d'un contentieux qui vise Alliance
Québec comme organisme dans son ensemble, je vais jouir de toute la
protection que la loi permet. Si, par contre, c'est dans l'intérêt
de savoir vraiment ce qui s'est fait dans un domaine qui est, je pense, pas
très politique et ne fait pas partie d'une controverse globale, j'aurai
moins de problèmes. (11 heures)
M. Blais: Vous savez, si j'étais pernicieux, je vous
dirais... Vous me dites que vous allez le lire. S'il fait l'affaire, s'il n'est
pas trop blessant pour les francophones, vous allez me l'envoyer et, s'il est
blessant, vous allez le garder.
M. French: II n'est pas question de blesser les francophones. Ce
qui m'énerve, M. le député... Je vous le souligne, encore
une fois, c'était en vue d'améliorer les relations entre les
agences et l'ensemble de leur clientèle. Le rapport n'a pas
été endossé comme tel par le ministère des
Communications.
M. Blais: S'il en a payé les coûts, il
l'endosse.
M. French: Non, c'est le contraire. Voyons donc, M. le
député!
M. Blais: Si le ministère paie pour avoir un document
quelconque ou paie pour faire produire un document, ce document est, par
ricochet, la propriété du ministère.
M. French: C'est vrai. C'est certainement sa
propriété.
M. Blais: Par ricochet, propriété du
ministère, donc document public; document public, donc document
disponible au moins pour ceux qui sont élus par le public.
M. French: Ah! Avec la nuance que ce sont ceux qui sont
élus par le public, je suis d'accord. Mais il faut que je vérifie
l'ensemble des exemp- tions de la loi sur l'accès. Mais, plus important
encore, il y a une distinction que vous avez faite implicitement dans votre
dernière intervention et qui me plaît, soit que la
propriété du ministère ne veut pas dire que le
ministère endosse toutes et chacune des conclusions et tout le
contenu.
M. Blais: J'en suis bien sûr également. Il n'y a pas
de problème.
M. French: D'accord. Pourvu qu'on soit d'accord
là-dessus.
M. Blais: Je vous ai dit, au tout départ, en chapeautant
ma question, que le ministère, le ministre surtout était beaucoup
plus correct dans ses décisions, ses attitudes qu'Alliance Québec
ne pouvait l'être. J'avais droit de le dire au tout début. Ce
n'était même pas nécessaire.
M. French: Ma réaction à cela, M. le
député, parce que la démonologie d'Alliance
Québec...
M. Blais: La quoi?
M. French: La démonologie.
M. Blais: Je ne sais pas ce que cela veut dire. Qu'est-ce que
cela veut dire?
M. French: Vous voyez pourquoi j'ai besoin de quelqu'un pour
écrire mes discours.
M. Blais: Mais je ne sais pas ce que cela veut dire
"démonologie" "Dénonologie"?
M. French: Démonologie.
M. Blais: Je ne sais pas ce que cela veut dire, je m'excuse.
M. French: L'étude des démons. M. Blais: Ah
bon! Des voix: Ha, ha, ha!
M. French: La démonologie d'Alliance Québec est un
bien bon exercice politique...
M. Blais: C'est bon comme mot.
M. French:... mais ne coïncide pas nécessairement...
Tu aimes cela, tu vas l'utiliser! Ne le considérez pas comme ma
propriété, utlisez-le.
Le Président (M. Trudel): "No copyright".
M. French: C'est cela, il n'y a pas de droits d'auteur
là-dessus.
M. Blais: C'est drôle que vous avez un
discours d'enfer quand vous parlez d'Alliance! M. French: Ha, ha,
ha! Elle est bonne!
M. Blais: M. le ministre, d'accord, vous allez y voir.
M. French: On va regarder cela. M. Blais: Vous m'en
parlerez... M. French: Oui.
M. Blais:... même en Chambre, une bonne fois, avant une
période de questions. Il n'est pas nécessaire de m'écrire
là-dessus.
M. French: Oui, je vais regarder cela. M. Blais: D'accord.
M. French: Les chances sont bonnes. Crédits
périmés
M. Blais: Sur les crédits périmés, on vous a
écrit un bout là-dessus dans votre discours.
M. French: D'accord, les crédits
périmés.
M. Blais: Sans aller dans les détails, moi non plus, vu
que vous ne l'avez pas lu, ce bout-là...
M. French: Je ne l'ai pas lu dans l'intérêt de la
commission. Vous m'aviez demandé de ne pas m'éterniser,
là.
M. Blais: Oui, vous aviez écoulé vos vingt minutes
réglementaires, mais ce n'est pas grave.
M. French: Mais vous avez été gentil avec moi.
M. Blais: Ah, je l'ai toujours été! Mais dans les
crédits périmés, je sais qu'il y a une baisse. Vous avez
moins de crédits périmés en 1988 que vous n'en avez eu en
1987. En 1986-1987, c'était 5 % de votre budget, 8 700 000 $ et,
l'année passée, 4 100 000 $. C'est une question
générale sur les crédits périmés. Il y a
beaucoup de demandes qui vous été faites et il y a beaucoup de
programmes que vous avez coupés.
M. French: Deux programmes, deux ou trois.
M. Blais: Oui, mais il y en d'autres qui s'en vont en queue de
poisson et qui se terminent bientôt avec la fin de l'alimentation de
l'aquarium. Il y a les TV communautaires. Il y a 1 000 000 $ dans le projet
Québec-Canada avec l'OPDQ. C'est censé être fini cette
année et, vu qu'il y avait 4 000 000 $ de surplus, je me demande
pourquoi le ministère n'a pas aidé soit les radios
communautaires, les TV communautaires, les journaux communautaires, les usagers
des communications, etc. Avec un surplus de 4 000 000 $, vous avez eu
l'usufruit de cela et tous ces programmes ensemble vous auraient
coûté moins cher que les 4 000 000 $ qui ont été
périmés. Mais quel sacrilège!
M. French: M. le député, la notion que nous avons
l'usufruit de nos crédits périmés n'est malheureusement
pas véridique.
M. Blais: Ah, c'était un ordre que vous aviez d'en couper
4 000 000 $?
M. French: C'est cela. M. Blais: D'accord.
M. French: Je veux dire que je suis contre la prémisse qui
dit: C'est dans notre budget, dépensons-le, mais je ne suis quand
même pas assez "nono" pour faire des sacrifices additionnels pour la plus
grande gloire des finances publiques québécoises. J'ai
reçu la commande et j'ai livré la marchandise, non sans peine,
d'ailleurs.
M. Blais: Dans le budget de cette année, vous avez eu
l'ordre de périmer combien de millions?
M. French: Pour 1988-1989? M. Blais: Oui.
M. French: Je vais vous le donner le chiffre, mais je vous
signale que le chiffre a tendance à monter pendant l'année.
Alors, je vous donne le chiffre d'aujourd'hui, à peu près.
M. Blais: Oui.
M. French: Je ne peux pas vous le donner avec une
précision absolue, mais nos attentes sont... Pour 1987-1988?
M. Blais: Non, non, 1988-1989.
M. French: On a déjà des attentes là. En
tout cas, on va vérifier...
M. Blais: Non, non, ce n'est pas plus important que cela.
M. French: Oui.
M. Blais: Je sais que, lorsque le budget va arriver, on aura un
montant total de crédits périmés pour tous les
ministères.
M. French: Mais il y a un problème grave
dans cela, M. le député. L'objectif est de 1, 7... Non, ce
sont les compressions. Je veux avoir les crédits
périmés.
M. Blais: Un instant! Tous les ans, il y a... L'année
dernière, je pense que ce sont 175 000 000 $...
M. French: En tout cas, l'année dernière...
M. Blais:... qui étaient déjà dans le budget
comme crédits jugés périmés d'avance.
M. French: En début d'exercice, mes conseillers me disent
qu'on n'a pas d'attentes cette année, mais, l'année
dernière, on avait des attentes dès le début de
l'exercice. Maintenant, on n'a pas reçu les attentes encore.
M. Blais: Ah! D'accord.
M. French: D'accord?
M. Blais: Ah! Cela est fort possible.
M. French: Au début de l'exercice, normalement, ils nous
le disent, mais c'est devenu un problème très grave. Je dirai,
pour l'information du député de Terrebonne, que cela devient un
problème très grave pour nous dans la mesure où, d'une
part, de plus en plus de notre budget est accaparé par les fonds
renouvelables qui se prêtent mal aux crédits
périmés; d'autre part, parce qu'un certain nombre d'organismes
échappent aux crédits périmés, mais les obligations
des crédits périmés sont calculées en incluant leur
quantum. Alors, les crédits périmés deviennent assez
difficiles à gérer pour nous.
M. Blais: Oui. Vous allez les avoir bientôt, parce que le
budget s'en vient...
M. French: Oui, oui.
M. Blais:... c'est dans une quinzaine de jours.
M. French: Non, celui-là, c'est le budget des revenus. On
a déjà le budget des dépenses, mais on n'a pas encore nos
attentes pour les crédits périmés.
M. Blais: Je sais que les crédits et le budget sont deux
choses différentes, mais dans le budget on va vous dire combien, le
total de ce qui doit être périmé. Ils le disent chaque
année.
M. French: Oui.
M. Blais: Mais vous ne l'avez pas reçu encore.
M. French: Non, en tout cas...
Télévision communautaire
M. Blais: Je vais rester dans les radios et la TV communautaires,
etc. Dans les TV communautaires, il n'y a plus de plan d'aide pour
l'année qui vient, a moins qu'il n'y ait une entente qui vienne pour
aider pour l'équipement.
M. French: II n'y aura pas d'entente, M. le
député.
M. Blais: II n'y aura pas d'entente. Donc, il n'y a plus de
subventions pour les télévisions communautaires.
M. French: II y aura possiblement des petites subventions selon
leurs besoins, mais pas le genre de subventions, dans un programme
normalisé, dont elles ont pu bénéficier depuis quelques
années.
M. Blais: Vous n'avez pas peur que la majorité ou une
grande partie des télévisions communautaires disparaisse?
M. French: II y a 37 télés communautaires parmi
peut-être une centaine au Québec qui étaient
financées. Alors, parlons des 37 et non pas des 63 autres qui
fonctionnent tant bien que mal sans subventions gouvernementales. Pour les 37
qui restent, il est clair que certaines vont, évidemment, survivre,
parce qu'elles sont d'une excellence patente. On peut mentionner celle de
Charlevoix, celle de Buckingham et d'autres qui sont vraiment d'une
qualité extraordinaire et qui vont sûrement survivre. Mais
d'autres seront obligées de réduire leurs activités et de
les rationaliser à la lumière de ce que les abonnés de
leur réseau de câble veulent bien avoir.
Mais la position du gouvernement, c'est qu'on a démontré
ce qu'est la télévision communautaire. Il est clair que les gens
qui font de la télévision communautaire l'aiment. Ce que nous
allons découvrir, c'est si les gens qui regardent la
télévision aiment la télévision communautaire.
Celles qui seront aimées vont survivre et celles qui ne seront pas
aimées vont peut-être avoir des problèmes et seront
peut-être obligées de réduire leurs activités. Mais
la dernière année où nous les avons financées selon
la formule des normes, c'était il y a deux ans, M. le
député, et je me suis retrouvé à signer des lettres
de subventions qui totalisaient 80 $ par abonné par année pour
avoir la télévision communautaire. Cela me semblait un peu
élevé comme interfinancement de l'ensemble des
téléspectateurs du Québec à une très petite
minorité de téléspectateurs au Québec. Je me suis
posé la question: Pourquoi cet interfinancement? Et je n'étais
pas capable vraiment de le justifier.
M. Blais: Que vous ayez fait l'analyse dos 100 postes de
télévision communautaire et que vous en ayez sorti...
M. French: 100, excusez-moi, c'est sous toute réserve.
C'est peut-être 95, 70, mais, en tout cas, il y en a un bon nombre,
au-delà de 37, qui ont été subventionnées.
M. Blais: Oui, il y en avait 37 qui faisaient partie d'un groupe,
même de notre temps, qui étaient presque
privilégiées.
M. French: C'est cela, de votre temps. D'accord.
M. Blais: Ah! Je le sais. Presque privilégiées, qui
avaient des subventions à peu près statutaires.
M. French: Très privilégiées.
M. Blais: Bon, il est possible qu'à l'intérieur de
ces 37 quelques-unes aient été "sursubventionnées". Cela
est bien possible. Cependant, il y en a peut-être là-dedans qui
mériteraient une certaine partie de subvention comme
Radio-Québec, d'ailleurs. Si on tenait le même raisonnement pour
Radio-Québec, on dirait que ceux qui font Radio-Québec aiment
beaucoup être producteurs et faire partie de la maison
Radio-Québec et qu'on va regarder si les gens qui les regardent les
aiment autant qu'eux aiment se produire. À ce moment-là,
peut-être que vous couperiez les subventions à
Radio-Québec. Selon le même raisonnement, vous savez, il n'y a pas
grand monde qui aime les feux rouges. J'ai bien l'impression que, si on les
éliminait, cela créerait des petits problèmes. C'est la
même chose du côté physique que du côté
intellectuel. Vous êtes bien placé pour le comprendre.
M. French: M. le député, ce que je vais vous dire
est très simple. Si j'avais 1 000 000 $ de plus à investir pour
les téléspectateurs québécois, je l'investirais,
d'abord, pour aider la production indépendante en
télévision francophone et, deuxièmement, je l'investirais
à Radio-Québec. Ce ne serait que troisièmement que
j'investirais pour restaurer un programme de télévision
communautaire. La télévision communautaire pour 1 000 000 $ est
un moyen moins efficace d'offrir une alternative francophone
intéressante face à la télévision anglophone que
Radio-Québec ou la production indépendante.
M. Blais: Je n'aime pas votre approche de la
télévision communautaire, mais c'est une question personnelle. La
télévision communautaire, la radio communautaire et les journaux
communautaires sont trois choses que vous semblez, en général,
depuis l'avènement au pouvoir du 2 décembre de noble
mémoire, laisser pour compte, comme vous laissez pour compte les moins
bien nantis, les gens qui ont moins dans tous les domaines, autant dans le
domaine des communications que dans celui de la radio ou du côté
journalistique, dans la presse parlée, écrite ou visuelle. Dans
les trois domaines, vous en parlez presque - je ne dirai pas le mot, ce serait
insultant - un petit peu de haut. En disant qu'aux télévisions
communautaires les gens "s'autoflattent" d'être là, de se produire
et de faire la programmation, qu'ils s'aiment beaucoup eux autres,
là-dedans et qu'on veut savoir si ceux qui les regardent les aiment
autant, cela veut dire qu'ils se prennent pour d'autres ou qu'ils se prennent
pour des gens qui font de belles choses. Je trouve que c'est les prendre un peu
de haut. Peut-être que j'ai... Je pense que c'est vrai, à part
cela. Vous ne semblez pas vouloir vous opposer à cela. Je trouve cela
malheureux.
M. French: M. le député, là, je dois
réagir. M. Blais: "Réactez".
M. French: La radio communautaire, c'est une problématique
complètement différente, on n'a pas coupé le programme.
Alors, si vous voulez parler de la radio communautaire, cela me fera plaisir,
mais c'est une problématique complètement différente.
D'ailleurs, j'ai dû supprimer les autres pour sauver le programme de
radio communautaire. C'était évident qu'on avait là un
instrument qui nous permettait d'atteindre les auditoires qui n'auraient pas eu
le service autrement. C'est-à-dire que, si j'ai le choix entre financer
un nième signal sur un réseau d'abonnés via une
télévision communautaire et fournir un premier signal
radiophonique sur la Côte-Nord, je vais choisir la Côte-Nord cent
fois sur cent. C'est ce que j'ai fait. Si vous voulez parler de radio
communautaire, on va parler de radio communautaire.
M. Blais: On va diviser cela.
M. French: Pour le reste, c'est-à-dire écrit et
télévision communautaire, c'est clair.
M. Blais: Vous avez combien de budget pour la radio communautaire
cette année?
M. French: 1 300 000 $.
M. Blais: L'année dernière. Cette année
aussi?
M. French: C'est stable.
M. Blais: C'est stable. Comme les constables, c'est toujours le
même salaire.
M. French: C'est stable en ce qui concerne les contributions du
ministère des Communications. Il faut dire que CRTC a sévi
à l'endroit de trois postes de radio communautaire. Il a aussi permis la
publicité pour la télévision communautaire. Il y a
d'autres moyens de financement disponibles pour la télévision
communautaire, mais ils ont en commun ceci, c'est qu'ils pro-
viennent du milieu visé, soit la contribution du
câblodistributeur, la publicité de prestige, la possibilité
de se financer via les municipalités, etc., donc à la mesure des
besoins locaux et à la mesure de l'emprise locale qu'a
créée la télévision communautaire depuis ses
années de présence dans la communauté.
Je dirais tout simplement que les organismes communautaires qui, eux, se
flattent de leur enracinement, mais qui dépendent essentiellement du
financement de Québec ont à se poser la question: Comment est-ce
que je m'enracine davantage dans mon milieu local pour être vraiment en
mesure de démontrer que l'appui est réel? C'est le défi
des télévisions communautaires. Comme je vous l'ai dit, c'est
certain que les excellentes vont survivre et vont fleurir. Les moins
excellentes, je pense qu'elles vont en subir les conséquences. Je
regrette, mais, sur l'ensemble des demandes qui me sont
présentées, je préfère choisir la radio
communautaire plutôt que la télévision communautaire, parce
qu'elle est disponible pour tout le monde à cause d'une question
d'abonnés déjà. (11 h 15)
Les bénéficiaires de la télévision
communautaire sont des gens qui paient déjà X $ par mois pour
avoir leur abonnement au réseau. Les subventionner davantage lorsque je
peux alternativement subventionner les radios communautaires, un instrument
plus flexible qui est à la portée de tout le monde,
m'apparaît une mauvaise décision. Je subventionne davantage et
j'essaie de développer davantage les radios communautaires.
M. Blais: II n'y a que quelques mois que j'ai la
responsabilité des communications et j'ai eu aussi ma campagne de
financement. Donc, il y a quelques volets que je n'ai pas eu le temps d'aller
gratter comme je le voudrais, mais je vais le faire dans les mois qui viennent,
bien sûr.
Une de ces parties, c'est la télévision communautaire des
ethnies. Je trouve cela d'une importance capitale. On a des services à
Montréal. J'ai le câble comme tout le monde et je vois sur
certains canaux qu'il y a une heure et demie pour les Égyptiens, une
heure pour... etc. Vu que les télévisions communautaires ne sont
plus subventionnées, d'aucune façon je trouve que c'est un manque
parce que la télévision communautaire comme service public pour
les ethnies - ceux qui arrivent ici qui ne parlent ni français, ni
anglais, soit un Allemand, un Grec, un Italien, un Arabe, de quelque
nationalité qu'il soit - fournit les renseignements dont elles ont
besoin. Nous, on le sait qu'on a une carte d'assurance maladie, on le sait
qu'il y a les accidents de travail.
M. French: Écoutez, M. le député...
M. Blais: La télévision communautaire offre des
services à ceux qui ne parlent pas les deux langues officielles.
M. French: M. le député, il n'y a pas une
présence plus assidue que la nôtre dans ces
télévisions communautaires. Communication-Québec est
là à bout de bras, il n'y a pas de problème, on est
très présent. Notre problème, c'est de pourvoir aux
demandes qui s'ensuivent. Lorsqu'on fait connaître notre présence
dans une communauté ethnique particulière, cette
communauté s'attend qu'on soit en mesure de répondre. C'est ce
que Mme Monique Bégin, qui est en arrière de moi, qui est la
nouvelle directrice générale de Communications Québec, est
en train d'organiser à Communication-Québec à
Montréal. Comme je vous l'ai dit, on augmente le nombre de langues qu'on
parle, on augmente le nombre d'heures de disponibilité.
M. Blais: Où? Dans les bureaux? Mais je parle de la
télévision communautaire. S'il n'y a plus de subventions, les
télévisions communautaires francophones et même anglophones
vont avoir de la difficulté à se maintenir. Pensez maintenant aux
télévisions communautaires pour les ethnies.
M. French: Si vous me le permettez, M. le député,
les télévisions communautaires dans les régions où
les ethnies habitent n'ont jamais été subventionnées par
l'État, sauf la télévision communautaire de Laval qui a
215 000 abonnés. Dans la mesure où une télévision
communautaire ne peut pas survivre avec 215 000 abonnés, c'est le
problème de la télévision communautaire, ce n'est pas le
problème de l'État, parce qu'avec 215 000, vous avez un
marché en maudit.
Ce que j'essaie de vous dire, c'est ou bien vous parlez des
télévisions communautaires que nous n'avons jamais
subventionnées - donc, leur survivance n'est nullement liée
à notre financement - ou bien vous parlez d'une seule
télévision communautaire dans la région où il y a
des communautés ethniques importantes, soit la télévision
communautaire de Laval qui a 215 000 abonnés et qui devrait être
capable de voler de ses propres ailes.
M. Blais: D'accord. Vous avez pris la décision de ne plus
subventionner les télévisions communautaires. Je présume
que vous avez pris cette décision en connaissance de cause; sinon, c'est
absurde.
M. French: Au meilleur de mes capacités dans une situation
où il fallait que je livre quelques millions de dollars de compressions
budgétaires au Conseil du trésor.
M. Blais: Vous l'avez prise en connaissance de cause. Cette
décision d'arrêter les subventions aux télévisions
communautaires a certainement été basée sur certains
rapports que vous avez
reçus. Si cela faisait moins mal de couper là qu'à
d'autres places, c'est que vous aviez une base de coupure pour répondre
à un besoin du Conseil du trésor. Est-ce que c'est possible
d'avoir l'étude qui vous a fait prendre cette décision? Je sais
que vous pouvez dire: C'est interne, ce n'est pas possible. En fait, ce que
j'aimerais avoir, c'est le tableau des 100 télévisions
communautaires, avec leur situation financière. Je peux le trouver en
fouillant partout, mais, s'il est fait, cela me rendrait service de l'avoir. Je
présume que vous l'avez eu sur votre bureau pour prendre une
décision de couper là où cela faisait le moins mal.
M. French: On n'a pas d'étude qui s'apparenterait à
ce que vous décrivez, M. le député.
M. Biais: Si j'étais un membre de l'Opposition
méchant, je vous dirais: Vous avez pris cette décision de couper
de façon arbitraire. Mais je ne dirai pas cela, moi, parce que je ne
suis pas méchant.
M. French: J'apprécie votre manque de
méchanceté. Je suis prêt à pourvoir à vos
besoins d'information, mais je n'ai pas d'étude du genre de celle que
vous décrivez. Voulez-vous la liste des 37 qu'on a financées?
C'est le genre de choses que cela nous ferait plaisir de fournir. Je ne sais
pas exactement ce que vous voulez.
M. Biais: Ce que je veux? Il y a à peu près une
centaine de télévisons communautaires et il y a aussi toutes les
radios communautaires, deux choses différentes, bien sûr. Sur les
deux...
M. French: Bien, ce qu'on finance...
M. Biais:... j'aimerais me mettre en contact avec le recherchiste
là-dessus pour avoir le tableau et savoir à qui je devrais
m'adresser de façon directe, si tous les renseignements existent. Si
l'étude n'a pas été compilée, on peut avoir la
documentation pour la compiler nous-mêmes. Avoir les
télévisions des ethnies, des francophones, des anglophones et
surtout la radio autochtone, en tout cas. Je sais qu'il y en a beaucoup, je
sais que vous y tenez, à la radio communautaire, et je vous en sais
gré.
M. French: Dans la mesure où nous ne finançons pas
les télévisions communautaires non subventionnées, on n'a
pas de renseignements très précis là-dessus, sauf qu'on
sait qu'elles sont là et qu'elles fonctionnent. Ce sont des
télévisions communautaires qui ont une bonne entente, une bonne
compréhension mutuelle avec leur câblodistributeur et elles sont
financées ainsi. On va vous fournir la liste des 37, le nom et l'adresse
de l'association des télévisions communautaires. Il y a une
fusion entre les deux organismes.
M. Biais: Mais je vous demande cela comme cela, juste à
titre d'aide pour jouer mon rôle d'Opposition. Auquel de vos
fonctionnaires devrait-on s'adreser pour avoir des détails sur les
télévisions communautaires et les radios communautaires?
M. French: À M. Serge Thibodeau, le directeur
général, qui est ici, à deux places de moi.
M. Biais: Si vous le permettez, par l'intermédiaire...
pour ne pas allonger pour rien, il y a beaucoup de choses que j'aimerais avoir
là-dedans, puis...
M. French: Oui, sauf que je veux que ce soit clair dans l'esprit
du député...
M. Biais: Vous ne pouvez pas donner des renseignements que vous
n'avez pas.
M. French: C'est cela. On est prêts à vous donner ce
que nous avons, de façon raisonnable, mais on n'est pas prêts
à être un service de recherche et à créer des
données qu'on n'a pas.
M. Biais: Non, non, d'accord. Je sais tout cela. Une belle femme
ne donne que ce qu'elle a.
M. French: M. le député vous êtes chanceux
que Mme Bégin...
Le Président (M. Trudel): Là, c'est M. Thibodeau,
de toute façon, c'est académique.
M. Biais: Pardon, madame?
Mme Pelchat: Vos propos sexistes n'ont pas...
M. Biais: Vous trouvez cela sexiste, madame?
Mme Pelchat: Absolument, M. le député.
M. Biais: Un beau gars ne donne que ce qu'il a. Est-ce qu'il y a
un gars qui va chialer que c'est sexiste, ici, là?
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce qu'on peut revenir à la pertinence du sujet, s'il vous
plaît?
Mme Pelchat: C'est aussi macho.
M. Biais: Allez-y madame, je vais vous écouter.
Le Président (M. Trudel): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Non, cela va, M. le Président, je vous
remercie. Je pense que le député...
Le Président (M. Trudel): Vous dites cela d'une voix
lente, découragée. Je vous comprends donc!
Mme Pelchat: Oui, oui, je suis vraiment découragée
d'entendre des propos aussi sexistes de la part du député Blais
parce que je sais que, dans le fond, il ne pense pas cela vraiment.
M. Blais: Ce n'est pas sexiste. C'est que vous jugez mal le
propos. Une belle femme ne donne que ce qu'elle a, c'est comme l'esprit qu'on
veut avoir gâte celui que l'on a. Cela ne veut pas dire qu'on n'a pas
d'esprit quand on dit cette phrase. Il n'y a rien de sexiste là-dedans,
mais pour que vous soyez rassurée sur mon propos, un bel homme ne donne
que ce qu'il a, est-ce que cela ferait votre affaire? J'espère qu'il n'y
a pas un gars qui va me dire que c'est sexiste ici.
Mme Pelchat: C'est aussi sexiste.
M. Blais: Merci, mademoiselle. Vous êtes bien gentille,
mais il faut comprendre ce qu'on dit et non pas ce qu'on pense que les gens
disent. Je vous remercie.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Terrebonnne, vous revenez à l'étude des crédits?
M. Blais: Si vous le voulez bien.
Le Président (M. Trudel): De toute façon, il vous
reste une heure et dix minutes.
M. Blais: Bon, alors, dans les questions dites un peu plus style
crotte de mouton, j'aurais fini. Je vais procéder, de façon
directe maintenant, sur des choses un peu plus directes.
M. French: Moins crotteuses. M. Blais: Moins quoi? M.
French: Crotteuses.
M. Blais: Hi, hi, hi. La politique nationale des
télécommunications, on va y revenir tantôt.
Bon, l'Accord de libre-échange et les droits de retransmission
par câble.
M. French: Une grosse question extrêmement importante.
L'Accord de libre-échange et les droits de
retransmission par câble
M. Blais: II y a quelque chose là-dedans que j'ai
fouillé un peu. Le cahier explicatif des crédits, à la
page 40, dit que le ministre des Communications souhaite pour l'année en
cours surveiller de près les modifications à l'environnement
économique des "entrepôts" de com- munication touchés par
l'accord de libre-échange. Pas les entrepôts, les entreprises.. Je
vais dire comme un député a déjà dit en Chambre:
Qui c'est qui a écrit ça? Vous en souvenez-vous? Vous
étiez là. Bon, excusez-moi de cet aparté. Or, en vertu de
l'article 2006 de l'accord, les câblo-distributeurs devront, au plus tard
le 1er janvier 1990, et cela à la suite d'une modification à la
Loi canadienne sur le droit d'auteur, payer des "royalties" aux
Américains dont ils captent et retransmettent les émissions.
Depuis de nombreuses années déjà, les Américains
réclament une compensation pour la retransmission par câble ou
satellite de leurs émissions au Canada.
Selon ce que rapporte Florian Sauvageau dans le numéro de
novembre-décembre 1987 de la revue Info Presse Canada: "Le
rapport annuel de 1986 sur les Foreign Trade Barriers, publié par
l'administration américaine, évalue entre 25 000 000 $ et 100 000
000 $ par année les pertes à gagner américaines en raison
de l'absence de droits de retransmission au Canada, des chiffres
exagérés selon certaines études; " d'autres disent que
c'est normal. Qui demande demande plus et qui étudie pour payer dit que
c'est trop bas.
Ma question a trois volets. Le ministre des Communications est-il
d'accord avec cet article 2006 de l'accord? Deuxièmement, quels sont les
critères qui devraient, selon le ministre, présider à
l'évaluation de la valeur de ces droits? Troisièmement, le
ministre a-t-il déjà mesuré, ou a-t-il l'intention de le
faire, l'impact pour la mise en vigueur de cet article, tant sur le financement
des câblodiviseurs que sur les tarifs aux abonnés?
M. French: La réponse à la troisième
question est oui. La réponse à la première question est
également oui dans le sens suivant: On vivait dans des espèces de
limbes, un vide juridique face à la question de retransmission. On
vivait dans une espèce de paradis faux. On utilisait le...
M. Blais: Pirate.
M. French: C'est votre mot. On a utilisé les produits des
autres sans compenser. C'était pour finir tôt ou tard.
C'était inévitable, mais il faut faire face à la
réalité. Il va falloir payer pour ce que nous retransmettons.
Donc, nous suivons ce domaine avec beaucoup d'attention et beaucoup
d'intérêt.
Maintenant, la deuxième question, je l'ai perdue.
M. Blais: Quels sont les critères qui devraient, selon
vous, présider à l'évaluation de la valeur de ces droits?
Quelles sont les bases pour dire: Quelle est la valeur de ces droits? Si vous
nous dites: 100 000 000 $, c'est de l'argent.
M. French: Ce n'est certainement pas... j C'est une
exagération américaine, mais il est clair que le montant sera
significatif. Il y a un principe très important qui est: Est-ce que vous
transmettez sur le câble ce qui est déjà disponible par
voie hertzienne? Dans tel cas, vos droits de transmission devraient
probablement être moindres ou inexistants. Comme c'est le cas à
Chicoutimi ou à Trois-Rivières, est-ce que vous retransmettez -
ou à Ottawa - ce qui n'est pas disponible par voie hertzienne? Les
implications sont donc évidemment très importantes. La
distinction est importante entre les deux. Je me sentirais très mal
à l'aise de répondre en détail sur les critères
parce que je ne me considère pas qualifié pour le faire à
ce moment-ci.
Mais nous suivons cela avec beaucoup d'intérêt. En tout
cas, on ne peut qu'accueillir avec beaucoup de sympathie l'intérêt
de l'Opposition là-dessus.
M. Blais: C'est parce que c'est un montant énorme.
M. French: C'est un montant très important.
M. Blais: Les plus bas disent 25 000 000 $ et d'autres disent 100
000 000 $ quand on est environ 3 000 000 d'abonnés... Je ne sais pas
combien il y en a au Québec, peut-être 3 000 000.
M. French: C'est 1 900 000 abonnés, je pense.
M. Blais: Disons qu'il y aurait 2 000 000 de personnes. S'il y a
une répartition, prenons l'intermédiaire entre 25 et 100, soit 75
000 000 $, cela fait environ 37 000 000 $ à payer par l'ensemble de ces
2 000 000 d'abonnés. Cela commencerait à faire de l'argent et
cela serait onéreux pour des "royalties"...
M. French: Oui.
M. Blais:... qu'on capte en pirate actuellement. C'est un terme
exagéré, mais...
M. French: Ce n'est pas une industrie qui est mal portante. Elle
expérimente une certaine saturation, mais ce n'est pas une industrie qui
est en grande difficulté à ce moment-ci.
Publicité gouvernementale
M. Blais: D'accord. La publicité gouvernementale.
Programme de publicité des ministères. En 1984-1985, il y avait
17 800 000 $, en 1985-1986, 20 000 000 $ - vous pouvez répondre que
c'était une année d'élection - en 1986-1987, 11 600 000 $
- on peut vous répondre que c'était une année après
une élection - en 1987-1988, c'est 15 100 000 $ - c'est deux ans avant
le déclenchement d'une élection - et on voit que cela s'en va
vers une...
M. French: Cela va être encore plus cette année.
M. Blais: C'est cela. On s'en va vers une gradation.
M. French: Oui.
M. Blais: Vous allez subir les mêmes foudres, quand vous
allez perdre la prochaine, qu'on a subies en perdant celle-là.
M. French: J'en doute, j'en doute. Je vais vous en parler en long
et en large, si vous le voulez, M. le député. J'en doute.
M. Blais: N'en doutez pas. On va y aller dru sur votre
publicité. Tout au cours de la campagne électorale de 1985, dans
les premiers mois de son mandat, le PLQ avait pris certains engagements
à l'égard de la publicité gouvernementale. Le ministre se
souvient-il qu'au cours de la campagne électorale le PLQ émettait
un communiqué dans lequel il s'engageait à mettre en place un
cadre juridique propre à gérer l'utilisation de la
publicité gouvernementale? Outre ce cadre juridique, le PLQ proposait
aussi, premièrement, d'établir un mécanisme de plainte
pour tout citoyen qui croit qu'une compagnie de publicité
gouvernementale ne respecte pas les normes édictées;
deuxièmement, de rendre la Commission d'accès à
l'information responsable de ce mécanisme et, troisièmement, de
déposer devant l'Assemblée nationale un rapport annuel sur la
publicité.
M. French: Ha, ha, ha!
M. Blais: Qu'est-ce qu'il y a là?
M. French: Non, ce n'est pas grave, M. le
député.
Le Président (M. Trudel): C'est une "inside joke".
M. Blais: D'accord. Amusez-vous. M. French: Une "joke"
rouge.
M. Blais: II n'y a rien qui a été fait à ce
chapitre encore. (11 h 30)
M. French: Au contraire.
M. Blais: Qu'attend le ministre?
M. French: Je suis content de cette question.
Premièrement, nous avons établi des critères internes pour
contrôler le contenu, la nature et les objectifs de la publicité
gouvernementale. Ces critères ont gouverné l'activité
publicitaire du gouvernement depuis deux ans et demi. Il est cependant
clair que nous n'avons pas érigé un cadre juridique à cet
effet, pour deux raisons. La première raison, c'est qu'on a voulu avoir
un peu d'expérience pour améliorer notre connaissance de la
problématique une fois en selle et, deuxièmement, parce qu'on a
voulu couvrir également la question de la publicité en temps
d'élection.
M. Blais: II fait chaud ici.
M. French: Je suis d'accord avec le député de
Terrebonne, il fait chaud. On a voulu faire une base de directives, de
règlements ou de lois qui couvriraient la publicité en tout
temps, y compris la période électorale. Donc, on a
été un peu à la remorque de l'exercice de la
réforme électorale. Maintenant, le leader parlemetaire,
délégué à la Réforme électorale,
responsable du Tourisme et de bien d'autres choses, a déposé un
document qui évoque quelques options quant au contrôle de la
publicité gouvernementale en temps d'élection. Cela sera
étudié par une commission parlementaire. À la suite de la
décision de cette commission parlementaire quant à la voie
appropriée, qu'elle soit juridique, réglementaire, énonce
de politique ou autre, je vais essayer d'accrocher la réglementation de
l'ensemble de la publicité gouvernementale au même instrument que
recommande la commission parlementaire pour contrôler la publicité
en temps électoral. Si la commission parlementaire décide que
cela doit être une loi, je vais proposer que la loi couvre l'ensemble de
la publicité gouvernementale et pas juste en temps électoral. Si
la commission trouve que cela doit être une directive ou un
règlement, je vais essayer d'utiliser le même instrument. Fort de
deux ans et demi d'expérience, je pense que je peux articuler, avec une
certaine clarté, les critères, ce qui est acceptable et ce qui
n'est pas acceptable en publicité gouvernementale.
M. Blais: Y aura-t-il une commission parlementaire sous peu
là-dessus?
M. French: Pour le "timing", M. le député, je ne
sais pas, mais je présume que dans les mois à venir...
M. Blais: En fait, je me souviens de sorties à ce sujet,
même en Chambre, sur notre publicité gouvernementale et vous
n'étiez pas doux. On est beaucoup plus doucereux envers vous que vous ne
l'étiez.
M. French: Avec raison, parce qu'on ne fait pas le même
genre de publicité que vous. On fait de la publicité sur la
violence conjugale, sur la vente des obligations d'épargne du
Québec et sur le tourisme. On ne se donne pas de force, nous.
M. Blais: Je me souviens de slogans que vous décriiez
comme tout à fait inacceptables: "On s'attache au Québec"...
M. French: Ce n'est pas moi qui ai parlé de...
M. Blais: Écoutez, c'était de votre bord. M.
French: Ha, ha, ha!
M. Blais:... "Prenez le tour du Québec", en disant: Faites
le tour, etc. C'était généralisé, à
l'époque. Aujourd'hui, vous voyez bien...
M. French: C'est vrai que vous avez
généralisé cela.
M. Blais: Même Labatt disait: "On est 6 000 000, faut se
parler" et "On est hydroquébécois". Ce n'était pas nous
qui faisions cela. À l'époque, il y avait beaucoup plus de
fierté québécoise qu'on peut en sentir aujourd'hui. Et,
aujourd'hui, la poussière étant tombée sur cette
publicité, on voit bien que c'était anodin. En tout cas,
c'était beaucoup moins percutant et beaucoup moins néfaste
que...
M. French: On voit bien...
M. Blais:... "Non merci", la publicité sur l'alcool du
fédéral durant le référendum.
M. French:... que cela n'a pas été efficace pour
les fins pour lesquelles elle a été bâtie.
M. Blais: Pour les fins...
M. French: Elle n'a pas été efficace, cette
publicité.
M. Blais: Cela dépend. Le "non merci à l'alcool" a
été très...
M. French: Je n'ai jamais épargné le gouvernement
fédéral de mes critiques sur la publicité de cette
nature.
M. Blais: En tout cas, c'était chiant. Donc, il y aura
bientôt un code d'éthique, entre guillemets...
M. French: Si M. le député me demandait de faire
une loi ou un règlement là-dessus, je serais très
content.
M. Blais: Non, je ne vous demande rien. M. French: Ah
bon!
M. Blais: Vous avez pris les engagements de faire... Vous dites
qu'on va aller en commission...
M. French: Oui, mais j'essaie de voir où vous vous situez
par rapport à ces engagements
Êtes-vous d'accord ou pas?
M. Blais: Je vais vous répondre. Vous dites que vous avez
pris deux ans et demi pour savoir où vous étiez. Là, vous
commencez à savoir où vous êtes. Vous allez peut-être
trouver un temps, dans les mois qui viennent, pour aller en commission
parlementaire là-dessus et prouver que vous savez où vous
êtes...
M. French: Non. Excusez-moi, M. le député! Une
commission... Pardon! Juste une...
M. Blais: Allez!-
M. French:... parenthèse, pour l'information. Une
commission parlementaire, ce sera sur la réforme électorale qui
comprend mais qui ne se limite pas à la publicité en temps
électoral. Ce ne sera pas une commission parlementaire sur la
publicité gouvernementale dans son sens large.
M. Blais: Ah bon! Ce sera seulement un petit volet encore.
M. French: Oui, mais il va y avoir une recommandation sur...
M. Blais: Est-ce qu'il y aura une commission parlementaire pour
ce que vous aviez dit pendant que nous étions au pouvoir, établir
un mécanisme différent, différents mécanismes sur
la publicité gouvernementale? Est-ce qu'il y aura, je ne sais pas moi,
une espèce de code d'éthique d'édicté sur la
publicité gouvernementale, ce que je croyais que vous demandiez à
l'époque où vous étiez de l'autre côté de la
Chambre?
M. French: Oui au sujet de la publicité en temps
d'élection. À la suite de la discussion sur la publicité
en temps d'élection, j'ai l'intention de proposer que les mêmes
moyens soient utilisés pour la publicité gouvernementale en tout
temps, que ce soit électoral ou autre.
M. Blais: D'accord. C'est dans les mois qui viennent.
M. French: Je présume. Comme je le disais tantôt, je
suis à la remorque dans ce sens du processus de la réforme
électorale. Mais je continue à être intéressé
à savoir si le député de Terrebonne est d'accord ou pas,
si cela devrait être une loi ou un règlement. Est-ce qu'il a une
opinion là-dessus, lui?
M. Blais: Oui, j'en ai même deux. J'en ai même deux.
La première, c'est que j'ai tendance, personnellement, à me fier
à la conscience professionnelle des élus, en gros. Cependant,
à cause de la leçon qu'on a eue au référendum,
cette confiance s'est amoindrie. Alors, il serait possible d'avoir un
intermédiaire, une espèce de code d'éthique que les
gouvernements devraient suivre, mais une chose que je sais pertinemment, c'est
que, quelle que soit la publicité gouvernementale, il y aura toujours
quelqu'un qui viendra dire qu'elle n'est pas efficace ou qu'elle est
tendancieuse. Il y aura toujours quelqu'un. La perfection n'est pas de ce
monde, mais ce serait bon qu'il y ait certains barèmes. Le gros de la
publicité qui nuit au territoire québécois n'est pas de
votre juridiction.
M. French: Je remercie le député en ne voulant pas
indiquer ma dissidence face à un ou deux aspects de sa
présentation. J'apprécie qu'il soit d'accord qu'une forme de code
explicite serait valable. Je suis content, je trouve cela valable et c'est ce
que je poursuis. On verra dans les mois à venir si je réussis ou
non. Je n'ai pas à vous dire, M. le député, que les
gouvernements dans leur totalité sont un peu résistants à
ce genre d'exercice-là.
M. Blais: Sans vouloir donner dans des propos sexistes: où
il y a de l'homme, il y a de l'hommerie.
Communication-Québec et les services à
la jeunesse
Bon, maintenant Communication-Québec, nouveau guichet des jeunes.
Les jeunes Québécois ne pourront plus, à compter du 31
juillet prochain, compter sur les onze agents régionaux du
Secrétariat à la jeunesse pour les guider dans le labyrinthe des
services gouvernementaux, les bureaux de Communication-Québec prenant
alors la relève. Deux questions, M. le ministre. Comment le ministre
croit-il que Communication-Québec pourra assumer ses nouvelles
fonctions, alors que, l'an dernier, vous décidiez, et voilà
où cela titube un peu, de mettre fin aux activités des modules
jeunesse de Communication-Québec, abolissant ainsi 38 postes d'agent
d'information jeunesse? Premier volet, secrétariats régionaux
abolis partout, à Communication-Québec. Les 38 postes qui
s'occupaient spécifiquement des jeunes, abolis, et, en abolissant le
secrétariat, vous envoyez tout à Communication-Québec.
Comment, après l'abolition l'an dernier, de ces postes
spécialisés les nouveaux mandats jeunesse délestés
au Conseil exécutif, l'absence de ressources additionnelles, la baisse
importante des crédits à Communication-Québec, comment
donc Communication-Québec pourra-t-il décemment fonctionner et
donner les services requis à la jeunesse?
M. French: Est-ce que, M. le député - avant de
répondre à l'ensemble - est-ce que M. le député
peut spécifier la baisse importante des crédits à
Communication-Québec, parce que je ne suis pas au courant,
là?
M. Blais: Bien, vous aviez, en 1987-1988, 8 934 000 $ et, en
1988-1989, vous avez
8 281 000 $. Il y a une baisse de 700 000 $, de quelque 600 000 $; en
plus, il y a des postes de coupés, les secrétariats de jeunesse
sont partis, les spécialistes de communication jeunesse, les postes ont
été abolis, et en abolissant le secrétariat on
réfère le tout à Communication-Québec, qui est
déjà atrophié de ses grands spécialistes, les
jeunes.
M. French: Bien, parlons d'abord de cette décision de
mettre fin que nous avons supposé- ment prise. Cette
décision-là, c'était la vôtre.
C'est votre gouvernement qui avait établi la date...
M. Blais: Cela fait deux ans et demi que vous êtes
là, si ce n'était pas correct, corrigez-le...
M. French: C'était votre...
M. Blais:... en supposant que ce soit vrai.
M. French: Ce que nous avons fait, c'est exactement ce que votre
gouvernement avait établi comme programme. Nous avons
complété le programme. Nous avons, tout comme vous, pensé
que c'était plus utile de recycler les gens en question, tout comme vous
avez proposé de les garder là, puisque c'était un
programme de création d'emplois pour les jeunes et que c'était
important qu'ils amènent leurs nouveaux talents et expériences
ailleurs dans l'économie. C'est ce que nous avons fait.
M. Blais: Ce n'est pas nous qui avons aboli le Secrétariat
à la jeunesse. C'est vous qui l'abolissez.
M. French: Je ne parle pas du Secrétariat à la
jeunesse.
M. Blais: Bon, dans les postes pour les jeunes...
M. French: Je parle des 38 postes que j'ai décidé
d'abolir, avez-vous allégué. Or, je n'ai fait que ce que le
gouvernement précédent avait proposé exactement, soit une
période fixe de deux ans, avec une fin précise...
M. Blais: Oui.
M. French:... le printemps dernier ou l'été
dernier. J'ai été d'accord avec mon prédécesseur,
malgré notre différence partisane, que c'était la
façon de faire. Donc, nous avons complété un exercice,
fort valable d'ailleurs, d'avoir eu 38 personnes jeunes lorsqu'elles ont
été embauchées, mais pas aussi jeunes lorsqu'elles sont
parties. Elles avaient toutes plus de 30 ans.
M. Blais: C'est un problème...
M. French: À notre emploi pendant deux ans, elles ont
apporté une bonne contribution, mais on a pris la relève et tout
fonctionne normalement.
M. Blais: M. le ministre, je suis prêt à prendre
tous les péchés du monde qu'on a faits et, quand on est au
pouvoir, on en fait toujours, mais, écoutez, cela fait deux ans et demi
que vous êtes là. On a fait un programme de deux ans, 38 postes
pour aider la jeunesse à Télécommunication-Québec.
Ce n'est pas nous qui avons décidé de ne pas reconduire ce
programme, c'est vous. Il ne faut pas nous dire, quand vous êtes au
pouvoir, que si les programmes ne sont pas reconduits, c'est la faute de
l'Opposition. Non, quand même! Deuxièmement, vous aviez une raison
valable de reconduire ce programme-là pour une autre période de
deux ans ou trois ans, je ne sais pas, vu que le Secrétariat à la
jeunesse régional était aboli partout et qu'on
référait l'ensemble. Vous aviez toutes les excuses du monde.
M. French: M. le député, vous venez juste
d'arriver, je vais vous expliquer. Un écart de douze...
M. Blais: Je ne viens pas juste d'arriver, je suis arrivé
ici à 10 h 5.
M. French: Mais vous n'avez pas appris, depuis une heure et
demie, que la décision d'abolir le Secrétariat à la
jeunesse avait été prise cette année, et ce n'était
pas la mienne, et qu'il y avait une décision antérieure du
gouvernement précédent qui prenait effet il y a un an
aujourd'hui, à peu près un an, un programme de deux ans qui
prenait fin.
M. Blais: On le reconduit.
M. French: On ne l'a pas reconduit.
M. Blais: Bon, c'est cela. Ne me dites pas que c'est l'Opposition
qui ne l'a pas reconduit.
M. French: Si c'était si évident qu'il fallait le
reconduire, pourquoi n'avez-vous pas ajouté les années/personnes
de façon permanente et engagé les gens avec ce mandat-là
lorsque vous étiez là?
M. Blais: Ah bon!
M. French: Ce que je dis, c'est que je suis...
M. Blais: Cela veut dire, quand on reprendra le pouvoir, de faire
des programmes de 100 ans pour être certains que, quand les
libéraux viendront, ils n'auront pas à les reconduire, il vont
être fixes. Voyons donc! Quand on est au pouvoir, on prend nos
responsabilités.
M. French: Votre gouvernement avait décidé de
créer un programme de durée limitée et nous sommes
toujours d'accord avec votre gouvernement que c'était une bonne chose
que ce soit là pendant deux ans et que c'est une bonne chose que cela se
termine. La moyenne d'âge de ces jeunes, à ce moment-là,
était de 29 ou 30 ans, 28 ou 29 ans, 29 ans, lors de leur départ.
Ils commençaient à avoir l'air moins jeune et à être
prêts à faire autre chose. C'est cela qu'ils ont fait.
M. Blais: Prenez-en d'autres. Il doit y en avoir d'autres en bas
de 30 ans au Québec, n'est-ce pas?
M. French: Sans doute. Vous auriez voulu qu'on congédie
tous ces gens et qu'on reconduise les postes. Est-ce que c'est cela?
M. Blais: Bien, c'est à vous de prendre la
décision, mais le service à la jeunesse est important.
M. French: Le service fonctionne très bien. Il n'y a pas
eu de compressions dramatiques à Communication-Québec. Les
compressions qu'ils ont eues étaient dues à une décision
de supprimer le mandat information en faveur du mandat renseignements. On a pu
effectuer des économies importantes. On n'a pas eu de plaintes de la
jeunesse en région disant qu'on ne répondait pas... On n'a pas eu
de problème avec cela. Au contraire, tout va bien.
M. Blais: D'accord, c'est ce programme de deux ans qui a fini
l'année dernière. Il était superflu. À ce
moment-là, je vais vous blâmer de ne pas l'avoir coupé un
an avant.
M. French: Je n'ai pas dit que c'était superflu.
M. Blais: Si, en arrivant, il restait encore un an et demi
à ces 38 postes et qu'en les coupant aujourd'hui vous dites que le
service est aussi fort, je vais vous blâmer de ne pas les avoir
coupés avant, d'abord. Soit que je vous blâme de ne pas les avoir
coupés avant, d'avoir pris trop de temps à regarder ce que vous
aviez à faire, soit que vous coupez dans des services qui sont
nécessaires. Je crois que c'est plutôt la deuxième
hypothèse qui est la vraie. Les jeunes n'ont plus de service.
M. French: M. le député, comme gouvernement, on a
une philosophie un peu différente de la vôtre lorsque vous
étiez au pouvoir. Lorsqu'on fait un contrat avec des fonctionnaires, on
le respecte.
M. Blais: Cela veut dire quoi? (11 h 45)
M. French: Cela veut dire qu'il y avait un contrat de deux ans
pour ces employés-là. On l'a respecté, on était
content et on trouvait que c'était une bonne affaire. Vous l'avez fait
et on l'a respecté.
M. Blais: Est-ce que vous reconduisez certains projets qui
avaient été faits dans l'ensemble de votre ministère ou
tout ce qu'on avait fait pour une période donnée, vous
l'arrêtez?
M. French: C'est le seul qui me vient à l'esprit.
M. Blais: Vous jugez s'ils valent...
M. French: M. le député, si vous me dites: Vous ne
l'avez pas renouvelé... Si c'est ce que vous voulez dire, vous avez
raison.
M. Blais: Bon, c'est cela.
M. French: Mais dire que j'ai décidé de le fermer,
ce n'est pas vrai. J'ai été d'accord avec le gouvernement
précédent pour le fermer. C'est cela que je vous dis.
M. Blais: Le gouvernement précédent ne l'a pas
fermé, il l'a mis pour deux ans et c'était renouvelable. Il y a
beaucoup de programmes qui sont comme cela. Voyons donc!
M. French: Je n'en ai pas d'autres dans mon ministère, en
tout cas.
M. Blais: Tabarnouche! J'aimerais bien en chercher un. Mais c'est
curieux, deux ans et demi après avoir perdu le pouvoir, que ce soit
encore les gens qui étaient au gouvernement dans le temps qui doivent,
selon vous, porter l'odieux des coupures de programmes en cours. Que ce
gouvernement-là pendant que vous n'étiez pas là
était puissant pour imposer à ceux qui gouvernent aujourd'hui des
gestes qu'ils ne veulent pas faire! C'est épouvantable comme on
était puissants. Imaginez-vous quand on va revenir!
M. French: M. le député, quand on est arrivé
en Chambre vous et moi, en 1981, j'étais étonné de voir
qu'en 1983, 1984 et 1985, je payais encore les péchés du ministre
d'État au transport de l'époque et des autres membres de
l'administration de 1973-1976. J'en entendais parler encore en 1982, 1983 et
1984. Alors, tenez-vous bien, mon cher ami, vous n'avez pas entendu le dernier
mot sur votre gouvernement, j'en suis certain.
M. Blais: Je le crois. Il faut bien parler de ce que les autres
ont fait quand on est réduit à ne pas faire grand-chose. Ceci
dit, on va passer à un autre sujet. Le temps file beaucoup trop
vite.
M. French: Je vais essayer d'être plus bref, M. le
député. Je suis sûr que vous allez faire la même
chose.
M. Blais: Non, non. Je vous félicite. Vous êtes
très bref dans vos affaires.
TV5
Je trouve cela le "fun" de parler de télévision
française et de télévision francophone, de TV5. En France,
ils vont appeler cela télévision... Est-ce une entente avec
Québec que vous avez? C'est une entente Québec-France sur TV5?
Avec le Canada aussi?
M. French: TV5 implique cinq gouvernements: deux gouvernements
canadiens, c'est-à-dire canadien et québécois, le
gouvernement de la Suisse, le gouvernement de la Belgique et le gouvernement de
la France. Elle implique l'ensemble des diffuseurs dans les deux pays. C'est
une structure assez complexe, mais ce sont des consortiums tant en Europe
qu'ici qui fonctionnent et qui s'alimentent mutuellement.
M. Blais: La plupart des choses venant de ce continent qui seront
diffusées là-bas seront de souche québécoise?
M. French: La plupart. M. Blais: La plupart.
M. French: Pas tout. Il y a quand même TVO qui est membre
et l'Office national du film que vous pouvez désigner comme
québécois ou non québécois. C'est francophone
à ce moment-là.
M. Blais: II y a toujours cette fierté de dire, quand
c'est québécois, de laisser sortir.
M. French: C'est clair, je n'en disconviens pas.
M. Blais: D'accord. Il y a une chose là-dedans pour les
téléspectateurs québécois, les cinq canaux vont
arriver en même temps et ceux qui sont abonnés seront
obligés de les prendre tous les cinq. Cela coûtera 2 $ de plus par
mois, que je sache.
M. French: Environ 1, 60 $.
M. Blais: Disons 2 $, et il y en a la moitié qui va aux
sports. Le prix exact, c'est...
M. French: Sauf qu'il y a déjà un 0, 27 $ et un
autre...
M. Blais: Mais ils vont être obligés de les prendre
tous les cinq.
M. French: Le net, c'est 1, 60 $. Ils vont être
obligés d'en prendre cinq ou aucun.
M. Blais: C'est un peu complexe. Est-ce que vous essayez de
travailler cette chose-là pour que les gens puissent avoir le choix et
payer selon le choix qu'ils font?
M. French: Vous touchez un sujet extrêmement complexe et je
n'ai pas de sagesse ultime à vous livrer aujourd'hui
là-dessus.
M. Blais: Regardez ce qu'on a fait avant.
M. French: Ce que vous avez fait avant, M. le
député, je ne vous blâme pas, mais ce qu'on a eu dans la
télévision payante pour les francophones, c'étaient des
succursales d'opération de télévision payante torontoise.
Or, on s'est dit: La seule façon d'avoir assez de mouvements
trésoriers pour faire fonctionner les "stand-alone services"
francophones québécois de télévision payante, c'est
que ce soit optionnel, non pas à l'abonné, mais au
câblodistributeur. C'est dans cette même veine que le CRTC a
décidé que ce serait non seulement optionnel aux
câblodistributeurs, mais il leur a dit: Prenez-en cinq ou prenez-en
zéro. Je vous avoue que je ne pense pas qu'on ait entendu le dernier mot
là-dessus. C'est controversé. Je reste convaincu que, si on peut
limiter l'ajout à la facture de l'abonné à 1, 65 $ ou 1,
60 $ net, les possibilités d'un désabonnement massif sont
minimales et la chose est faisable. Maintenant, optionnel aux
câblodistributeurs, cela veut dire ce que cela veut dire. Quand les
câblodistributeurs vont prendre une décision importante dans les
mois à venir.
Ce que j'essaie de vous dire là-dessus, M. le
député, c'est que vous touchez un sujet très
important..
M. Blais: Vous ne faites pas seulement essayer, vous le
dites.
M. French: D'accord. Autrement dit, je suis en attente de la
réaction des câblodistributeurs. Quelles sont mes
priorités? D'abord, que TV5 entre en ondes en juin. Cela, c'est une
priorité absolue, compte tenu de nos obligations internationales.
Deuxième objectif, faire en sorte qu'il y ait des services de
télévision payante francophone qui soient vraiment basés
à Montréal, "standalone", à partir desquels il y ait des
retombées pour les milieux créateurs québécois. Je
pense que ce sont des objectifs que nous partageons et je vous avoue que ce
n'est pas toujours facile de le faire, mais c'est ce que nous essayons de
faire.
Doublage des émissions de
télévision
M. Blais: Parlons du doublage des émissions de
télévision.
M. French: Oui.
M. Blais: Bon, il y a un petit texte que je vais vous lire. Cela
paraît toujours mieux dans le Journal des débats.
M. French: D'accord.
M. Blais: Le groupe de travail France-Canada-Québec sur
l'audio-visuel formé dans la foulée de l'entente tripartite
décidait, au début de mars dernier, de créer un
comité Canada-France de professionnels réunissant des
représentants de télédiffuseurs, de distributeurs et
d'organismes publics chargé de soumettre des recommandations visant
à réduire sinon à éliminer les mesures
protectionnistes qu'applique la France à l'endroit des émissions
doublées en français au Canada - quand on dit au Canada, on
devrait dire au Québec. Le comité doit produire son rapport pour
le mois de juin. Le Canada y est représenté par
Téléfilm Canada, Télé-Métropole,
l'Association québécoise des directeurs de films et SOGIC, la
Société générale des industries culturelles.
Le ministre des Communications peut-il nous faire part des
requêtes et démarches que le Québec a produites pour
solutionner le problème de la pénétration en France des
émissions de télévision produites ou doublées au
Québec, problématique sensiblement différente de celle
relative au doublage des films?
M. French: Oui, il y a un paquet de distinctions importantes
là-dedans, M. le député, et permettez-moi de les faire au
fur et à mesure. D'abord, je pense qu'on peut voir que l'objectif
primordial du comité créé spécialement à
partir du comité tripartite, c'est d'abord la problématique du
doublage cinéma, et non la problématique du doublage
télévision, bien que la problématique du doublage
télévision soit sujette à cela, mais ce n'est pas
l'objectif principal.
M. Blais: Oui, oui Une voix:...
M. French: L'objectif principal, c'est la
télévision? Ah! excusez-moi. I stand corrected.
Alors, ce comité-là, juste pour être clair, M. le
député, c'est vrai, vous avez bien cité, son objectif
principal, c'est le doublage en télévision. La situation
actuelle, c'est à peu près ceci: Le maximum de produits
télévisuels doublés au Québec, diffusables par les
différentes chaînes de télévision françaises,
est à peu près de quatroze heures par chaîne. Il y a ceci
de frustrant, c'est que ce n'est pas assez d'heures pour qu'on puisse vendre
toute une série de 39 heures doublée au Québec, parce
qu'il n'y en a pas assez pour une seule chaîne. Alors, premier objectif,
c'est d'agréger les quatorze heures de toutes les chaînes et
essayer de les concentrer sur une ou deux chaînes pour qu'on puisse
réellement vendre une série doublée. D'accord? Cela, c'est
l'objectif principal pour le moment, si on est pour vivre avec le plafond
actuel. Évidemment, ce que nous voulons faire, c'est d'enlever le
plafond. Je ne veux pas paraître indifférent envers l'industrie du
doublage au Québec, mais j'aimerais souligner - M. le
député de Terrebonne voudrait un café - je ne veux pas
paraître indifférent au sort de l'industrie du doublage
télévisuel au Québec, mais il s'agit pour l'ensemble des
Québécois d'un intérêt plutôt mitigé.
C'est un problème symbolique. Prendre un produit américain, de le
doubler ici et de le vendre en France, il n'y a pas grand intérêt
pour la culture québécoise, la fierté
québécoise et les valeurs québécoises
là-dedans. Que quelques voix québécoises
représentent des personnages du cinéma ou de la
télévision américaine sur les écrans
français, ce n'est pas un apport, c'est un apport économique
important à l'industrie, mais ce n'est pas un apport à la culture
québécoise, au rayonnement du Québec en France. Ce qui,
à notre sens et dans ce contexte-là, est beaucoup plus important,
c'est la vente de nos produits télévisuels originalement produits
ici, originalement tournés ici. Le député de Terrebonne
voit bien la différence, je pense.
M. Blais: Ah! je n'ai pas posé la question sur nos
produits intra-muros, c'est sur le doublage...
M. French: Bon! Alors, sur le doublage...
M. Blais:... parce que le problème est sur le
doublage.
M. French: Ah! Bon, sur le doublage vous avez le portrait. On
essaie d'agréger les quatorze heures par chaîne pour qu'il y ait
une ou deux chaînes et qu'on puisse vendre une série dans son
ensemble. Deuxièmement, on veut hausser le plafond. Entre vous et moi,
encore une fois, les enjeux là-dedans sont importants, mais, par rapport
à la vente des productions originales québécoises, les
enjeux sont minimes dans le doublage. Symboliquement, ils nous font très
mal comme Québécois et on a raison de se plaindre, mais pour les
milieux créateurs, il est beaucoup plus important de vendre nos
séries originales. Une série originale et tu viens de
régler tout ton problème de doublage. Toute proportion
gardée, les retombées pour le Québec sont beaucoup plus
larges dans une série additionnelle vendue, une série originale,
que de régler toute la problématique du doublage.
M. Blais: Oui, mais, dans le doublage, il est question de
principe aussi.
M. French: Oui, d'accord. Non...
M. Blais: C'est comme dans les films. La
France se débat d'ailleurs et a été très
insultante à notre endroit en faisant un reportage, vous l'avez
certainement vu...
M. French: Non, c'est très vrai.
M. Blais:... où l'on entendait que... On ne peut pas
traiter cela de racisme, mais je veux dire... On défend chacun notre
accent selon les milieux où l'on demeure et c'est autant vrai pour la
francophonie que pour l'anglophonie, hein? Il y a des accents différents
en anglais et des accents différents en français. Il y a
certainement un anglais assez international, compréhensible, puis il y a
un français aussi international compréhensible.
Il y a tout de même une valeur de principe, c'est quand le
doublage des émissions de télévision s'applique aussi aux
produits internes qui sont faits - là, il n'y a pas de doublage, c'est
fait en français - mais les produits internes faits en anglais et
doublés en français au Québec et vendables en France, et
les produits américains. Je pense aux Roche-Bobois... Pas les
Roche-Bobois, voyons...
M. French: "La Maison Deschênes"?
M. Blais: Non, non, le cartoon, les roches...
Une voix: "Les Pierrafeu".
Une voix: "Les Pierrafeu".
M. Blais: "Les Pierrafeu", bon!
Une voix:... content que vous soyez là, vous autres.
M. Blais: Non, c'est parce que je pensais à Roche-Bobois,
puis je voulais voir si les gens suivaient pour meubler mon esprit. Ce sont des
Québécois qui en font le doublage, Paul Berval, etc. Bon! Quand
cela arrive en France, bien, il y en a qui disent qu'ils ne comprennent pas
toujours. Dans le passé, on était réduit à notre
propre territoire et il y a beaucoup de choses en argot québécois
qui sont bonnes dans ces doublages-là parce que c'est un produit tout
à fait local. Vu que maintenant il y a une ouverture vers une
francophonie internationale, le doublage se fait avec plus de minutie, bien
sûr. Comme en France, si c'est international... Vous savez qu'un film de
cowboys, quand c'est traduit en français, cela donne: Tiens, mon pot,
mon mec, et pan! dans le buffet. Nous autres, on trouve cela drôle. Bon,
cela demeure quand même "pan! dans le buffet", nous on rit.
Culturellement, cela ne nous prend pas. Alors, eux aussi ont du travail
à faire.
Mais ce qui est important dans le doublage, c'est que cela crée
des emplois et il y en a qui font des carrières de doubleurs; il y en a
beaucoup au Québec qui le font et il y en a énormément
aussi en France. C'est du côté économique et c'est aussi un
verset culturel de dire qu'au Québec on parle un langage compris de
toute la francophonie et on doit en être fier. On doit en être
fier. Je trouve cela d'une importance capitale; je suis content qu'il y ait un
comité spécifique pour le doublage de la télé.
Celui des films est certainement, pour le moment, beaucoup plus important. Mais
il demeure quand même que, pour la télé, c'est par principe
qu'il faut que la francophonie du monde accepte que le doublage de la
télévision soit fait ici à cause du principe de base que
les doubleurs d'ici, à voix francophone, ont ce qu'il faut pour avoir
une écoute et une oreille internationales. C'est dans ce sens-là
que je trouve cela important.
Le rapport paraîtrait en juin. Est-ce qu'on s'attend qu'en juin,
vraiment, le rapport paraisse?
M. French: Oui.
M. Blais: Bon, c'est sûr que cela va être un rapport
public. Pas besoin de demander de copie, cela se fera automatiquement.
M. French: Je ne suis pas sûr que cela va être
automatiquement public. Je suis loin d'en être certain, parce qu'il y a
des considérations...
M. Blais: Bien, est-ce que...
M. French:... de négociations internationales
là-dedans. En tout cas, si c'est possible de le rendre public, on va le
faire.
M. Blais: D'accord.
M. French: C'est juste que le Canada en fait partie, la France en
fait partie, les syndicats en font partie, un paquet de monde. Je ne peux pas
faire des engagements... J'ajouterai juste une chose, parce que le
député est intéressé par l'industrie du doublage,
nous faisons une étude, une évaluation conjointe avec l'industrie
pour voir comment ils vont vraiment, quels sont les débouchés
possibles et quels sont les problèmes, pas seulement pour le doublage en
France, mais pour l'ensemble de l'industrie du doublage. (12 heures)
M. Blais: Je disais tantôt que, au tout début, il y
a 20 ans, on faisait déjà des doublages au Québec pour
consommation interne. Nous étions moins exigeants parce qu'on savait que
c'était pour la consommation interne. Il faut faire bien attention, et
je pense bien que le comité doit être à l'affût de
cela et aux aguets. Si on présente ces choses faites il y a 20 ou 25 ans
et qu'on dit qu'il se fait la même chose aujourd'hui, il faut tout de
même dire qu'il ne faudrait pas que cela serve d'exemple, parce qu'on
peut se faire ridiculiser autant qu'on peut, avec l'argot français,
ridiculiser les Français devant des présentations qui se
voudraient
internationales pour la francophonie. Je pense que c'est d'une
importance capitale.
M. le ministre, il y aurait la radio commerciale et la chanson
française, le CRTC, etc. Je vais vous lire en vitesse les petites notes
que j'ai, pour ne pas perdre de temps, parce que cela va vite. Dans le cahier
explicatif des crédits, à la page 35, il est écrit que la
Direction de la radio-télévision et de la publicité du
ministère entend, au cours des prochains exercices financiers, et je
cite: "Se pencher sur la réalité des relations FM et MA,
émettant possiblement des recommandations en ce qui concerne la
propriété et la programmation de ces véhicules qu'elle
désire soutenir dans leur rôle actif face au développement
de la chanson québécoise. " J'ai des questions pour quelques
volets. Comment le ministère peut-il mener cette tâche à
bien au moment où seul le CRTC a l'autorité pour
réglementer la radio? Deuxièmement...
M. French: Est-ce que je peux y répondre une après
l'autre?
M. Blais: Oui, oui, d'accord. On va diviser. D'accord.
M. French: Je pense que ce qui est important, M. le
député, c'est que le ministère a joué un rôle
très important dans la renaissance de la télévision
francophone. C'est une de nos lettres de noblesse, une de nos principales
fiertés et cela a été fait sous le gouvernement
précédent et cela a continué sous le gouvernement
actuel.
M. Blais: Vous avez reconduit le programme.
M. French: C'est cela. M. Blais: Merci.
M. French: C'est que vous n'avez pas mis un arrêt de mort
sur la vie du programme, soit dit en passant. Je n'ai pas hérité
d'un arrêt de mort, comme dans l'autre cas. L'objectif n'était pas
nécessairement de remplacer le CRTC. L'objectif était de
bénéficier d'une plus grande proximité des gens du milieu
concerné, et c'était de faire en sorte que notre expertise puisse
bénéficier à la fois au CRTC et au gouvernement du Canada
et, d'autre part, au milieu. Je pense qu'on a joué un rôle
très important, dont je peux parler plus longuement si vous voulez, dans
le domaine de la télévision francophone et qui a
contribué, par exemple, à aboutir à une entente
d'harmonisation avec le gouvernement fédéral dans laquelle on
travaille ensemble pour promouvoir la télévision francophone. On
essaie essentiellement la même opération dans le domaine de la
radio AM, qui bat de l'aile au Québec, et dans le domaine de l'appui
à la chanson française, dont la radio FM et, à un moindre
degré, la radio AM sont des véhicules importants, des locomotives
importantes. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas juridiction qu'on pense qu'il
faudrait s'asseoir sur nos mains et regarder le train passer. C'est un peu cela
la façon dont on voit cela. On a publié des études, on a
financé des activités au sein du milieu, on a financé de
la recherche au sein du milieu, on a financé de la consultation au sein
du milieu et on a exercé de l'influence sur le CRTC et sur
Communications Canada. On va continuer de le faire. Parfois, vous savez, le
ministère fédéral a besoin de se faire rappeler qu'il y a
une entité francophone importante et qu'il faut y porter une attention
particulière.
M. Blais: C'est toujours comme cela quand on fait affaire avec
des gouvernements étrangers. Que pense le ministre de la décision
du CRTC. prise au début d'avril à l'effet de reporter au
printemps 1989 l'audience pour fixer le pourcentage minimum de chansons
françaises devant être diffusées par les stations de radio?
En réalité, le conseil souhaiterait se laisser plus de temps pour
étudier les résultats d'un sondage qui indique une augmentation
du nombre de disques de langue française disponibles sur le
marché. Il y a deux ans, le CRTC avait diminué de 65 %
à-55 % le pourcentage de musique verbale...
Une voix: Vocale.
M. Blais:... vocale - j'ai écrit verbale, moi, je suis
niaiseux - de langue française devant être diffusée
à la radio, reprenant alors l'argument des radiodiffuseurs qu'il y avait
insuffisamment de disques francophones pour qu'on leur donne une plus grande
part du marché.
Mais il y a une remarque tout de suite avant, c'est que je crois que le
CRTC, quand il compte 65 % ou 55 %, en fait, cela a une certaine importance que
ce soit 55 % ou 65 %, mais c'est surtout la réglementation pour dire que
cela fait partie des 55 % ou des 65 %... J'ai su, et vous me direz si c'est
vrai, je n'en suis pas sûr et je le pose en question... Supposons qu'on a
une émission à un poste français et que l'animateur dit:
Vous allez entendre maintenant "Don't be cruel" d'Elvis Presley. Le fait de le
présenter en français...
M. French: Cela ne le rend pas francophone ou français
pour autant.
M. Blais: Cela rend... Bon, est-ce que c'est vrai ou si c'est
faux?
M. French: Non, ce n'est pas vrai. Ce qui est vrai, cependant,
dans ce sens, c'est qu'il est difficile de faire la surveillance de ces
standards, de ces exigences réglementaires. Je ne dis pas qu'elle est
complètement nulle, cette surveillance, mais c'est difficile de la faire
avec efficacité et consistance parce qu'il y a tellement de postes et
c'est tellement cher de faire la surveillance.
Mais il n'est pas vrai que, si la présentation est faite en
français, la chanson étant anglaise, la chanson devient
française pour les fins de la réglementation: ce n'est pas
vrai.
M. Blais: D'accord. Je posais la question, mais je n'en
étais pas sûr, j'avais entendu dire. Mais est-ce que vous faites
des représentations pour que le contenu soit plus, qu'il y en ait plus
ou...
M. French: Ce qu'on essaie de faire surtout, c'est d'aider
l'industrie à faire en sorte qu'il y ait une offre plus grande de
chansons françaises et cela est une responsabilité que je partage
avec ma collègue. Moi, j'ai la radio et elle a la chanson comme telle et
l'industrie du spectacle. On travaille ensemble. On a parrainé, par
exemple, la Semaine de la chanson française avec nos homologues
fédéraux. On a financé les activités de
Radio-Activité de Luc Martel qui est une excellente activité qui
vise à promouvoir la chanson française, faire le palmarès
des chansons françaises, etc., faire la reconnaissance de l'industrie et
faire en sorte que l'industrie du spectacle, l'industrie du disque et
l'industrie de la radio se parlent et travaillent en concertation. Je pourrais
ajouter d'autres volets, mais c'est ce genre d'activités que nous
menons.
Le député comprendrait que nous sommes convaincus
honnêtement que le CRTC est bien placé pour juger ce genre de
questions et mieux vaut des standards qui peuvent être respectés,
avec l'entente que nous allons les élever, les rehausser dans la mesure
du possible, que de créer des standards qui ne peuvent pas, de
façon réaliste, être respectés de toute
façon, qui perdent leur légitimité aux yeux des
radiodif-fuseurs et qui, finalement, deviennent lettre morte à cause de
leur "inopérabilité".
M. Blais: II y a beaucoup d'endroits au Québec où
on ne peut capter comme Québécois aucun signal de poste de radio
francophone, ce qui est, d'après moi, une chose inacceptable quand il y
a 83 % d'une population qui est francophone. Je vais vous donner seulement un
exemple. Vous êtes certainement déjà allé en voiture
à Val-d'Or, à Rouyn ou dans ces coins-là. Je ne sais pas
si vous vous êtes rendu compte que, même avant Mont-Laurier,
même s'il y a un petit poste à Mont-Laurier qu'on capte 250 pieds
autour de la ville, à compter à peu près de Saint-Jovite,
on est complètement dans les nuages, il n'y a que des postes anglophones
dans une province francophone. On va à Rouyn, avant d'arriver à
Val-d'Or, qui a 250 pieds autour de la ville, on "pogne" Val-d'Or, on "pogne"
Rouyn, aussi. Est-ce que vous ne trouvez pas cela anormal et, comme ministre
des Communications, est-ce que vous allez critiquer cela ou essayer d'avoir un
service sur tout le territoire, pour au moins capter un poste?
M. French: Bien, je dirai deux ou trois choses, M. le
député. D'abord, le député a bien compris pourquoi,
moi j'ai choisi de favoriser la radio communautaire, parce que, pour les gens
en permanence dans ces régions-là, il n'y a pas de signal local
et c'est très important d'en offrir un. C'est ce que nous faisons avec
notre programme de radio communautaire. Deuxièmement, je vous avoue que
ce sont les résidents de Mont-Laurier, les résidents de Maniwaki
et les résidents de Val-d'Or qui me préoccupent un peu plus que
les voyageurs en auto même si j'aimerais que les voyageurs en auto aient
accès à un signal francophone. Le mandat de couvrir le
territoire, c'est le mandat de Radio-Canada, radio. Qu'elle ne le fasse pas
dans certains coins, je le constate avec regret. Cependant, il faut que le
député comprenne que l'infrastructure technique pour atteindre
ces régions-là coûte très cher et doit être
évaluée par rapport à l'auditoire qui y est en permanence.
Elle a besoin de cet auditoire-là.
M. Blais: Oui, mais ils n'ont pas tous les postes anglais de
Montréal.
M. French: Les postes anglais de Montréal... Je ne peux
pas vous expliquer pourquoi vous aurez accès à CJAD et vous
n'aurez pas accès à CKAC. Je ne peux pas vous expliquer cela.
Cela doit être une explication technique. Si les postes anglais de
Montréal sont là, les postes français de Montréal,
il n'y a pas de raison qu'ils ne soient pas là. Ils ont la même
puissance, la même antenne, le même placement... Cela, je ne peux
vous l'expliquer.
M. Blais: En tout cas, c'est anormal. C'est une chose, je pense,
que votre ministère devrait regarder. C'était la même chose
dans notre temps. On n'en "pognait" pas plus quand on était là,
ce n'est pas...
M. French: Je comprends le point du député, sauf
qu'il devient difficile d'expliquer pourquoi un de 50 000 watts est là
puis un autre de 50 000 watts n'est pas là. Je veux dire que ce n'est
pas évident, cela.
M. Blais: Mais sur le territoire québécois on
devrait être capable de "pogner" au moins un poste francophone partout
où on va, pour avoir des nouvelles, pour savoir si le ministère
des Communications a reconduit un programme, pour savoir s'il ne l'a pas
reconduit, pour savoir s'il a des accusations à faire à l'ancien
gouvernement, pour savoir s'il a des conférences de presse à
faire, si quelqu'un a écrit un beau discours, ce sont des choses
importantes pour les Québécois, de façon
générale.
M. French: J'en ai dans mon ministère qui aimeraient que
ce soit un peu plus important que cela ne semble l'être pour le moment,
mais,
enfin, d'accord.
M. Blais: Une autre chose, un autre volet, et je serai
très court là-dessus. Les droits d'auteur pour la chanson, ne
prenons que la chanson radio.
M. French: Excusez-moi, M. le député. M. Blais:
C'est entre les deux.
M. French: Excusez-moi, M. le député, c'est le
ministère des Affaires culturelles. Je ne veux pas vous...
M. Blais: Un instant, il y a un volet dont je voudrais vous
parler.
M. French: D'accord.
M. Blais: Radio-Canada envoie aux compagnies qui donnent les
droits d'auteur la liste de toutes les chansons qui passent et c'est le seul
poste de radio que je connaisse qui le fait. Et, pour aider aux droits
d'auteur, il devrait peut-être y avoir obligation que tout ce qui passe
soit envoyé aux compagnies, aux associations qui donnent des droits
d'auteur.
M. French: C'est la SARDEC, je pense. M. Blais: C'est
juste cela que je... M. French: SGDA?
M. Blais: II y a juste Radio-Canada qui le fait. En tout cas, il
le faisait dans le temps où j'étais très lié au
domaine du spectacle. Il n'y avait que Radio-Canada. On va passer à
autre chose, mais c'est important que vous l'ayez en main.
M. French: Merci pour le conseil.
M. Blais: Ce n'est pas un conseil, c'est une constatation.
M. French: Merci pour la constatation.
M. Blais: II y aurait deux... Mon Dieu que cela passe vite, M. le
ministre, vous savez, quand c'est intéressant! Je vous trouve
intéressant, hein! Vous répondez aux questions, vous ne prenez
pas 20 minutes à chaque fois pour répondre à une question
et le règlement vous permet de répondre pendant 20 minutes quand
on pose une question. La plupart des ministres font comme vous et je trouve
cela intéressant. Il y en avait un l'autre jour qui prenait 20 minutes
à chaque fois. Au bout d'une heure et demie, je suis parti. J'ai dit:
Accepté, bonjour. Mais c'est supposé être des
échange comme cela qui doivent être faits, puis je vous en sais
gré.
La diffusion et la commercialisation, des banques d'information
gouvernementale. M. French: OuiM. Blais: D'accord. M. French:
Sujet fascinant.
M. Blais: Pour les besoins du Journal des débats,
le projet de politique. La direction générale des
technologues de l'information de votre ministère mettait sur pied au
cours de l'été dernier, l'été 1987, un groupe de
travail chargé d'étudier...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Qu'est ce qu'il y a?
Une voix: Technologies.
Une voix: Technologique.
M. Blais: Qu'est ce que j'ai dit?
Une voix: Technologues.
M. Blais: Ah! La direction générale des
technologues, oui, c'est correct cela.
M. French: Les technologies de l'information.
M. Blais: Les technologues font de la technologie?
M. French: C'est cela. Comme les démonologues font de la
démonologie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Un comité de technologues de votre
département de technologie, l'été dernier, a formé
un groupe de travail chargé d'étudier les différents
aspects reliés à la production et à la diffusion
d'information gouvernementale. Les travaux devaient porter sur les banques
produites par ou pour les organismes gouvernementaux, etc.
Double objectif: proposer une politique de production et de diffusion
et, b, décrire les moyens nécessaires et leur mise en rôle.
Puis les mettre en valeur dans le public et en retirer aussi, probablement, des
fonds pour votre ministère, si on les vend.
Que contient le projet de politique soumis à un comité
interministériel? Quelles sont les directives et dans quelle "bracket"
ce comité joue-t-il? À quel moment les principes directeurs
seront-ils définitivement soumis et quelle orientation le ministre
souhaite-t-il qu'ils prennent?
M. French: D'abord, le fait de base, c'est qu'on est à la
remorque de la création de
réseaux par les entrepreneurs qui se proposent ce créneau
du marché. Donc, il faut attendre qu'il y ait un vrai réseau de
Minitel ou un vrai réseau d'Alex qui est le bidule
télématique de Bell Canada en place. En parallèle à
la mise en place de ce réseau, nous faisons avec nos partenaires, dont
l'Office de la langue française, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, je pense, le ministère de la Justice et
quelques autres, Communication-Québec, bien sûr, les études
visant à savoir quels seraient les services les plus utiles au
gouvernement et les plus voulus par les consommateurs qu'on pourrait mettre en
mode télématique. (12 h 15)
Première question, est-ce qu'on favorise les transactions que les
citoyens ont avec le gouvernement ou si on favorise l'information au plus
simple, une forme de publicité, ou si on favorise l'accès
interactif ou l'accès à l'initiative du consommateur? Il y a
trois ou quatre créneaux différents que l'on peut évaluer.
Lesquels seraient les plus voulus par le consommateur et le plus utile pour le
ministère et les organismes?
Deuxième question, quel standard de protocole allons-nous
adopter? Allons-nous adopter le standard NAPLPS, North American Presentation
Standard, ou allons-nous favoriser le protocole Antiope qui est le protocole
Minitel basé sur la technologie française?
Cela nous coûte des centaines de milliers de dollars pour amener
nos banques de données et être capables de parler dans un des
protocoles ou de communiquer dans un des protocoles et il faut faire un choix.
Nous avons choisi le protocole nord-américain qui est le protocole qui
coïncide avec ce que Bell va établir concernant le réseau
Alex parce que ce sont des produits canadiens et québécois.
Nous n'excluons pas pour autant la possibilité que le Minitel
puisse se brancher sur les banques de données des services
gouvernementaux, sauf que le coût de la "réinformatisation" de ces
banques de données en Antiope serait sous la responsabilité de
l'entreprise qui a créé le réseau, soit CTCET ou une
autre.
Il y a aussi Radio-Québec qui est présente, M. le
député, si vous voulez poser une question là-dessus.
M. Blais: J'ai une question à poser là-dessus. Dans
les banques d'information pour diffusion publique, est-ce que vous avez
déjà établi combien seraient réellement
commercialisables?
M. French: Le revenu pour le gouvernement n'a pas l'air
d'être phénoménal, M. le député. Nos
objectifs sont vraiment des objectifs de service public. Mais il faut bien se
rendre à l'évidence que les gens ne se garrocheraient pas pour
payer des sommes phénoménales.
La principale attraction d'ordre économique pour le gouvernement,
c'est la possibilité à moyen terme de hausser sa
productivité interne en donnant accès aux services ou en faisant
des transactions avec moins de monde à un moindre coût. C'est
l'avantage économique principal que le gouvernement envisage. Donc, ce
n'est pas le Pérou, loin de là.
M. Blais: C'est plutôt un service public.
M. French: Exactement. C'est un service public plutôt
qu'une source de revenu pour le gouvernement.
Société de
radio-télévision du Québec
M. Blais: On va au moins essayer de passer quelques minutes sur
Radio-Québec, si c'est possible.
Les revenus autonomes prévus pour 1988-1989, 14 900 000 $,
représentent une augmentation de 45 % par rapport aux 10 300 000 $ des
revenus autonomes de 1987-1988. Nous remarquons aussi une augmentation continue
de la part de l'autofinancement sur les revenus totaux qui atteignent 19 %
cette année contre 14, 5 % l'an dernier. Jusqu'où cette part
d'autofinancement peut-elle aller en croissant sans que la publicité
n'en vienne à envahir les ondes de Radio-Québec? Tout de
même, là, il faut faire un peu attention. Bonjour, M. le
président.
M. French: M. le député,
préférez-vous que ce soit moi qui essaie de répondre ou le
président de Radio-Québec, M. Jacques Girard?
M. le député, je suggérerais que ce soit le
président qui a un conseil d'administration indépendant qui est
responsable de ce genre de décision.
M. Blais: C'est malheureux que vous partiez, soit dit en passant.
Quand vous étiez à l'Éducation, on avait toujours des
services très qualitatifs. Vous êtes un homme qui a l'esprit de
synthèse et d'analyse, on l'a toujours reconnu en matière
d'éducation, et à Radio-Québec vous faites ce qu'on
appelle communément en québécois: "une maudite bonne
job".
M. Girard (Jacques): Merci, M. le député.
M. Blais: À Radio-Québec on voit cela aller, mais
l'un ne peut pas se faire sans l'autre. Si on augmente et on augmente les
annonces et aussi les revenus - avec les réclames publicitaires, il y a
des revenus - on fera de Radio-québec une télévision qui
sera semblable à toutes les autres télévisions et on ne
pourra plus dire: L'autre télévision; on pourra plutôt
dire: La semblable télévision. Alors, je crains que, sous
prétexte d'une rentabilité, entre guillemets, "à tout
prix" - je sais que, comme président, vous avez des commandes à
remplir - cette télévision ne devienne en réalité
de moins en moins éducative de façon directe et de plus en plus
égale aux
autres télévisions qui sont un peu plus
récréatives.
M. Girard: M. le Président, je pense que la réponse
est simple. Il est dans la volonté de Radio-Québec de ne pas
changer son code publicitaire pour les trois prochaines années. Comme
vous le savez, en 1985, le CRTC nous a autorisés à faire de la
publicité conventionnelle de produit, mais suivant des
particularités que nous avions nous-mêmes proposées. Ces
particularités sont les suivantes: Au lieu de recourir à douze
minutes de publicité l'heure, comme c'est le cas pour les autres
stations de télévision, c'est six minutes l'heure, y compris les
identifications de la station et les autopromotions, et jamais d'interruption
des émissions.
Au bout de deux années de cette expérience pilote que nous
avait autorisée le CRTC, il avait été convenu qu'on
présenterait au CRTC un bilan de cette expérience; ce que nous
avons fait. Nous avons demandé au CRTC de prolonger tel quel ce qui nous
avait été autorisé, sauf pour une toute petite
modification, c'est la permission d'autoriser à Radio-Québec les
publicités comparant les produits. Pour le reste, nous n'avons pas
l'intention d'aller au-delà de six minutes. Comment les revenus
peuvent-ils augmenter dans ce contexte? C'est en ayant une programmation qui,
le jour, rejoint un plus grand nombre de téléspectateurs et c'est
en ayant une programmation qui, pendant les périodes de forte
écoute, le soir principalement, rejoint un plus grand nombre de
téléspectateurs, puisque le coût d'un spot publicitaire,
généralement de 30 secondes, est fonction du nombre de
téléspectateurs.
M. Blais: D'accord. Il y a quand même le volet, en plus de
penser à en faire une télévision qui ressemblerait aux
autres... On vous a entendu comme responsable de ce poste de
télévision. Actuellement, vous avez décidé que dans
les trois ans qui viennent... On ne sait jamais si, dans un budget qui vient ou
un peu plus tard, il n'y aura pas d'autres coupures draconiennes et si, les
sommes qui sont versées en subventions d'équilibre étant
diminuées, on sera obligé de changer la politique des trois ans
qui viennent et de passer de six à huit minutes, de huit à dix et
de dix à douze pour rejoindre ainsi les autres postes. Je m'excuse, mais
jamais... Je crois que Radio-Québec était très aimé
de l'ensemble de la population, plus encore qu'aujourd'hui, malgré que
cela va bien, justement parce qu'il n'y avait pas de réclames
publicitaires ou très peu, ' sauf "Alcan vous présente", etc. en
début d'émission ou dans la présentation, des annonceurs
prestigieux. J'ai peur que, plus vos revenus augmenteront, plus on vous
demandera de les augmenter et le gouvernement se sortira tranquillement d'une
aide à Radio-Québec qui ne deviendra qu'une
télévision comme les autres. J'en ai très peur. Est-ce que
cette crainte vous habite?
M. Girard: Je n'ai pas...
M. Blais: Ce n'est pas pour cela que vous partez?
M. Girard: Ha, ha, ha! Non. Je n'ai pas vraiment cette crainte
parce que, pour modifier la politique actuelle, il faudrait retourner devant le
CRTC, il faudrait avoir l'autorisation du conseil d'administration, cela va de
soi, et je vous dirai également que les autres stations de
télévision regardent de très près ce que nous
faisons. Dans la mesure où l'on voudrait augmenter le nombre de minutes
de publicité, je suis sûr qu'il y aurait des réactions de
la part des autres télédiffuseurs, notamment de la part des
télédiffuseurs privés.
Par ailleurs, sur la question de fond, et je pense que la question est
posée et qu'on y donne une réponse dans le document "Bilan et
Perspectives de la Société de Radio-Télévision du
Québec" qui a été rendu public au mois de mars dernier par
le ministre des Communications, on réaffirme que Radio-Québec est
une télévision éducative et culturelle, qu'elle va garder
ce mandat et que le gouvernement doit continuer de la subventionner. Je pense
que, dans la mesure où le gouvernement est dans une situation
financière intéressante, non seulement les revenus autonomes
pourraient augmenter, mais également la subvention du gouvernement.
D'ailleurs, cette année, il n'y a pas eu de coupure, à
Radio-Québec; nous avons eu les indexations. Et il n'est pas exclu de
penser qu'au cours des prochaines années il pourrait y avoir
augmentation.
Dans les revenus autonomes, il faut bien souligner qu'il n'y a pas
uniquement les revenus provenant de la publicité. Il y a les revenus
provenant de la vente des émissions, mais il y a surtout les revenus
provenant des produits dérivés, notamment "Passe-Partout", une
subvention ad hoc du ministère de l'Éducation et d'autres
subventions ad hoc de certains organismes dont des ministères
québécois, mais, éventuellement aussi, des
ministères fédéraux.
M. Blais: Si je dis que je crois que Radio-Québec est de
moins en moins une télévision directement éducative,
quelle argumentation aurez-vous pour me répondre que j'ai tort?
M. Girard: En comparant la programmation de Radio-Québec
à la programmation des autres stations et en constatant que l'on met par
exemple, en période de grande écoute des émissions qui ne
seraient pas en période de grande écoute dans les autres
stations, dans le maintien à l'antenne d'excellentes émissions,
mais qui ont un public ciblé, je pense notamment à "Nord Sud". Il
y a également 'Table rase" que l'on vient de mettre à l'antenne.
Pour l'an prochain, il y a un magazine culturel. Ce sont
des émissions qui peuvent aller chercher un large public, mais ce
sont des émissions qui ne vont jamais chercher des publics comparables
à ceux qu'obtiennent les autres stations avec des
téléromans que vous connaissez aussi bien que moi.
Donc, la programmation, dans sa nature est différente dans ses
objectifs est différente. Mais je pense qu'il faut se méfier
aussi de finir par confondre programmation éducative avec programmation
ennuyeuse. S'il est une chose, à mon avis, qui est contraire à
une bonne télévision éducative, c'est cette affirmation.
Une bonne télévision éducative peut attirer un grand
nombre de téléspectateurs. Je pense que personne ne peut mettre
en doute la valeur éducative de "Droit de parole", pour donner un
exemple, et "Droit de parole" va chercher en moyenne, cette année,
près de 500 000 téléspectateurs.
M. Blais: Je ne peux pas dire que votre explication n'est pas
valable, mais la comparaison que l'on fait entre Radio-Québec, pour
justifier qu'elle est éducative, et les autres réseaux qui sont
commerciaux, en fait, ce n'est pas celle-là que j'aurais tendance
à faire, moi, pour voir... C'est la programmation d'aujourd'hui, du
côté du contenu éducatif, avec le contenu d'il y a trois ou
quatre ans à Radio-Québec. Est-ce que, depuis trois ou quatre
ans, le pourcentage du côté éducatif direct a
baissé, d'après vous, ou s'il a augmenté? Et,
comparativement aussi, supposons, à TV Ontario, est-ce qu'il y a une
analogie du côté éducatif?
M. Girard: Du côté éducatif formel, depuis
l'arrivée à Radio-Québec de ce qui était autrefois
la Direction de la production et de la distribution du matériel
didactique au ministère de l'Éducation et qui est devenu, chez
nous, la Direction de la télévision éducative formelle, le
nombre d'heures d'émissions d'éducation formelle a
augmenté et va continuer d'augmenter l'an prochain.
Si l'on compare la programmation de Radio-Québec pour la
présente année à celle d'il y a trois ans, vous retrouvez
à 80 %, je dirais, en soirée, les mêmes émissions
et, pendant le jour, il y a eu augmentation des émissions produites par
les universités et de certaines émissions produites par le
ministère de l'Éducation qui sont diffusées sur les ondes
de Radio-Québec.
Donc, il n'y a pas eu de modification substantielle de la programmation.
L'an prochain, il y aura des ajouts significatifs, mais qui ne modifient pas,
à mon avis tout au moins, le caractère éducatif de
Radio-Québec.
M. Blais: Vous dites qu'il y aura des nouvelles émissions
dans de nouvelles sphères ou dans...
M. Girard: Oui, par exemple, une nouvelle émission de
service en fin d'après-midi, s'ins- pirant de ce qu'a été
jusqu'à maintenant 'Télé-Service"; une nouvelle
émission destinée aux enfants de 9 à 12 ans; étude
actuellement sur une autre série pour les 6-9 ans, donc, une
volonté d'enrichir la grille à l'égard des enfants; une
nouvelle émission produite par la DTEF intitulée "C'est toujours
la première fois qu'on a son âge" donc, des nouveautés
à la fois dans le secteur éducatif formel et dans le secteur
éducatif au sens large.
M. Blais: Bon, je vais être obligé de vous poser la
dernière, mais... Producteurs indépendants. Il y avait des
pronostics, vous avez dépassé le pourcentage, cette année,
et je trouve cela curieux que cela aille aussi vite. Qu'est-ce qui vaut d'avoir
autant dépassé l'objectif de cette année?
M. Girard: Bien, l'objectif qui avait été
fixé dans le "Bilan et Perspectives" a été effectivement
dépassé pour la présente année, on est à 21
%...
M. Blais: Oui, point 6, oui.
M. Girard:... la prévision est à 21, 6 % pour
l'année 1988-1989, mais vous vous souviendrez que l'objectif final
était de 25 %. Il nous paraît intéressant d'arriver le plus
rapidement possible à l'objectif final parce que l'interaction avec les
producteurs indépendants s'est organisée très rapidement
à partir d'un document qu'on a rendu public l'an dernier et qui
s'appelle "Appel d'offres", auquel les producteurs indépendants ont
très bien réagi. Et, pour les raisons qu'on avait
énumérées à ce moment-là, l'interaction avec
la production indépendante permet de développer une production
indépendante forte au Québec, mais également permet
à Radio-Québec d'avoir accès d'elle-même à
des idées qui viennent de l'extérieur et, troisièmement,
à des fonds auxquels elle n'aurait pas accès autrement sans la
présence des producteurs indépendants. Je pense, notamment,
à des fonds venant de Téléfilm Canada.
M. Blais: Mais moi, M. le Président, je vous remercie des
réponses que vous faites, vous êtes toujours aussi concis et vous
avez toujours une verbalisation très agréable à
l'ouïe. C'est un signe que, quand on connaît bien ses dossiers, on
en parle avec aisance. Je vous félicite de votre travail et je vous
souhaite bonne chance ailleurs, M. Girard. (12 h 30)
M. Girard: Merci, M. le Président. J'avais
préparé une déclaration liminaire, je me suis rendu compte
qu'il n'était pas possible de la lire, mais si vous le permettez on
pourrait tout simplement la déposer aux membres de la commission.
Le Président (M. Trudel): J'en accepte le
dépôt, M. le président. M. le député,
si vous voulez bien, tout simplement pour être sûr que tous les
crédits du ministère des Communications sont adoptés, dans
la mesure où vous êtes allé à gauche et à
droite, vous me permettrez de les appeler les uns après les autres et
vous me direz si vous les adoptez ou pas.
M. Blais: Adopté.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Ad hoc. Sauf le programme 5 que
nous discuterons cet après-midi, on peut dire que les programmes 1, 2,
3, 4 et 6 sont adoptés, M. le député?
M. Blais: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté. M. le
député, avez-vous une remarque finale à...
M. Blais: Non, je remercie le ministre de sa collaboration.
J'aime beaucoup cette façon d'agir, soit de poser des questions ensemble
et d'échanger des propos plutôt que de faire des monologues de
vingt minutes de chaque côté.
Le Président (M. Trudel): M. le ministre.
M. French: Je remercie le député de Terrebonne et
les autres députés, les députés ministériels
qui ont assidûment suivi le déroulement de notre commission
parlementaire. Je remercie tous et chacun ainsi que vous, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci. Vous me permettrez,
comme, vous l'avez fait M. le ministre et vous aussi, M. le
député de Terrebonne, en quelques très courtes phrases -
même si les hommes politiques sont habitués à parler
longuement - de remercier M. le président-directeur
général de Radio-Québec au nom de la commission. La
commission a eu d'excellentes relations sûrement avec lui, sous votre
mandat, M. le ministre, et sous le mien, depuis deux ans et demi. M. le
président-directeur général parlait, au moment où
il annonçait une démission que je trouve, pour ma part, triste
pour l'entreprise gouvernementale, de cycle de cinq ans. Pour avoir suivi la
carrière de M. Girard, je sais que les cycles de cinq ans, si c'est
important chez lui c'est important également chez moi. Je serai le 3
juin à 3 ans d'un cycle de cinq, on verra ce qui se passera
après. Je comprends aussi M. Girard d'être tenté par
l'entreprise privée. J'ai succombé à cette tentation, M.
le président-directeur général. Je vous souhaite de
succomber à la mienne. Vous avez fait un travail que le ministre
qualifiait d'excellent, je me joins aux paroles du ministre, évidemment,
et j'ajouterai, pour moi, je le dis souvent, le mot remarquable est un mot
fort, je vous dis, M. le président que vous avez fait un travail
remarquable. Je vous souhaite bonne chance dans cette nouvelle carrière
qui commencera dans quelques mois et j'espère, quant à moi - et
je pense bien me faire le porte-parole des membres de la commission - avoir le
plaisir de vous revoir dans vos nouvelles fonctions.
M. le ministre, merci de votre courte apparition cette année qui
a été diminuée de moitié par rapport à celle
de l'an dernier et qui s'est passée dans une atmosphère
intéressante. Merci à vos fonctionnaires. À l'an prochain,
peut-être.
M. French: À cet après-midi pour la Commission
d'accès à l'information.
Le Président (M. Trudel): Oui, je m'excuse, à cet
après-midi. Vous me rappelez que je dois suspendre les travaux
jusqu'à cet après-midi après la période des
affaires courantes. C'est vrai que nous n'avons pas fini. Il nous reste une
demi-heure.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 47)
Commission d'accès à
l'information
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La Commission de la culture poursuit l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Communications pour l'année
financière 1988-1989, et c'est le programme 5 que nous étudions
cet après-midi.
M. French: Avec nous, M. le Président, Mme
Thérèse Giroux qui est la présidente par intérim de
la Commission d'accès à l'information...
Le Président (M. Trudel): Je serais presque tenté
de dire que je vois Mme Giroux à peu près aussi souvent que mon
épouse de ce temps-là parce qu'on a l'occasion de se rencontrer
fréquemment.
M. French: C'est cela. Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Trudel): Étant donné les
activités de la commission, oui.
M. French: Ah! C'est parce que Pierrette est nouvelle à la
commission, alors, on lui présente le monde. On a Me Jean-Marc Ducharme,
secrétaire sortant de la Commission de l'accès à
l'information.
Le Président (M. Trudel): Qui est de
passage.
M. French: M. Clarence White, factotum général et
génie, président depuis très longtemps dans le domaine,
même avant la Commission d'accès à l'information.
Le Président (M. Trudel): Expert en
démonologie.
M. French: C'est cela. Des voix: Ha, ha, ha!
M. French: Un bonhomme qui a déjà fait de la
démonologie dans sa vie, mais pas le même genre qui se fait
actuellement.
Le Président (M. Trudel): Je vous souhaite la bienvenue,
Mme la présidente, et je vais reconnaître M. le
député de Taillon.
M. Filion: Je n'ai pas de remarques préliminaires sauf,
peut-être, pour signaler aux membres de la Commission d'accès
à l'information que, grâce au dynamisme du président de
cette commission, nous avons pu nous rendre en Europe, il y a trois semaines
déjà, pour un très court séjour afin d'y
vérifier un peu l'état de la législation, l'état de
la pratique en matière d'accès à l'information et de
protection de la vie privée.
Ce fut un voyage extrêmement fructueux parce qu'on peut comparer
d'abord avec ce qui existe ailleurs et on voit que les problématiques
qu'on a ici, ils les ont résolues il y a très longtemps. Par
contre, sur combien d'autres aspects ils sont allés beaucoup moins loin
que nous, à tel point que notre législation fait l'objet
d'études au sein, notamment, de l'OCDE et au sein, également, de
la Communauté économique européenne. Ce fut un voyage
extrêmement fructueux de telle sorte que, moi aussi, quand j'ai pris
connaissance du fait qu'on avait des crédits aujourd'hui, j'ai presque
eu l'impression que l'accès à l'information, pour moi, c'est un
dossier qui est continuel, sur lequel on a eu, évidemment, la commission
parlementaire, on a eu, également, les audiences, les comités
d'étude que nous avons eu ensemble, notre voyage, etc.. Vous voyez, je
me sens presque... C'est un dossier quotidien pour moi. Donc, c'était
tout simplement pour signaler cela. Je n'ai pas de remarques
préliminaires, quelques questions...
M. French: Moi, j'ai une question. Je ne savais pas que le but de
ce fameux voyage dont j'étais, par ailleurs, au courant était
vraiment d'étudier...
M. Filion: Entre autres.
M. French:... la législation en Europe. En tant que
ministre, j'aimerais vous poser la question suivante: Dans quels pays
êtes-vous allés et qu'est-ce que c'est que... Non?
Le Président (M. Trudel): On peut vous répondre
à cela. Étant soucieux...
M. French: Je ne veux pas un long discours.
Le Président (M. Trudel):... notamment, très
soucieux de l'économie, au lieu d'aller dans les pays, on a
laissé les pays venir à nous. On est allé à
Strasbourg au Conseil de l'Europe, ce qui nous permettait dans une
journée de voir la législation d'à peu près une
demi-douzaine de pays et de rencontrer la plupart des experts européens
en cette matière.
Au Conseil de l'Europe. On avait fait quelques jours auparavant, le
lundi - le député de Taillon se remettant du "jet lag", comme on
dit - l'OCDE durant la journée et, évidemment la CNIL. Je ne sais
pas comment ils vont dire cela au Journal des débats, CNIL, si je
dis la CNIL, c'est pas cela, c'est la CNIL.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): On a rencontré les
membres, le président Fauvet et nous avons rencontré... Moi, je
n'y étais pas cet après-midi-là, parce que je me suis
rendu compte un moment donné durant la semaine que le seul qui n'avait
pas fait une escapade de quelques heures - et moi, au moins, j'avais le
prétexte d'être avec mon épouse - c'était moi. Jeudi
après-midi, j'ai donc fait une escapade avec mon épouse et j'ai
laissé le député de Taillon aller rencontrer les gens du
domaine des banques. Nous avons également discuté de la chose
avec les membres de la commission des affaires culturelles, sociales et de
l'éducation de l'Assemblée nationale.
C'était curieux, M. le ministre, ancien président de cette
commission, le président de la commission me demande - il faut dire
qu'à la commission française ils sont 142 membres,
l'Assemblée nationale en comptant environ 600 -alors le président
Jacques Barot, me demande: M. le Président, vous avez combien de membres
à votre commission? Je lui dis: onze.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Trudel): J'aime autant vous dire
que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Filion: On se sentait petit.
Le Président (M. Trudel): On se sentait plutôt
petit. Ce qui n'a pas empêché la discussion d'être
fructueuse et le voyage dans l'ensemble, même dans sa totalité,
d'être, je pense, très fructueux. Cela nous a permis, mon
collègue de Taillon et moi, de vérifier certaines de nos
hypothèses dont nous allons discuter, d'ailleurs, la semaine
prochaine, entre autres de compléter l'information que nous avions
glanée ici et là, et je pense aussi - et ce n'est pas la moindre
des choses - de développer des contrats avec le Conseil de l'Europe. Et
il serait important que ces contacts-là se fassent à d'autres
niveaux qu'au nôtre avec d'autres députés dans d'autres
domaines, mais avec le Conseil de l'Europe, où le Québec est fort
bien vu, et notamment en matière de... Si on allait chercher de
l'information en matière d'accès à l'information ou de
protection de renseignements privés, on allait également en
donner, puisque la loi québécoise, le député de
Taillon le disait tantôt, est citée en exemple et est fort connue
là-bas.
Cela répond à votre question, M. le ministre?
M. French: Merci beaucoup.
Le Président (M. Trudel): Alors, M. le
député de Taillon, vous y allez avec vos...
M. Filion: "Off the record" on pourrait peut-être aussi
tantôt informer...
M. French: De l'ensemble du voyage. M. Filion: De
l'ensemble du voyage.
Le Président (M. Trudel): Ah bien, il y a des choses que
le député de Taillon a faites seul et des choses que j'ai faites
seul.
M. Filion: Bon, alors, ma première question porte sur
l'évolution des crédits. J'ai fait faire un relevé un
petit peu rapidement. En 1983-1984, 893 000 $; en 1984-1985, 1 900 000 $; en
1985-1986, oui, 3 000 000 $; en 1986-1987 2 100 000 $; en 1987-1988, 2 200 000
$, en 1988-1989, 2 300 000 $. Cela veut dire qu'on est encore, par rapport
à 1985-1986, à environ 700 000 $, grosso modo, de moins. Et, du
même souffle, il y a eu également des crédits
périmés, de façon importante. En 1985-1986, il y en a eu 1
200 000 $.
M. French: Regardons les crédits périmés.
C'est cela...
M. Filion: Vous avez absolument raison. J'allais, comme vous le
voyez, du même souffle, le souligner par honnêteté avec les
chiffres. Vous connaissez le proverbe en ce qui concerne les statistiques et
les chiffres?
M. French: Oui, Will Rogers.
M. Filion: Je vous le répète parce que je ne suis
pas sûr que vous le connaissez. Alors, les statistiques sont aux hommes
ou aux femmes politiques ce que les lampadaires sont aux ivrognes, ils
soutiennent plus qu'ils n'éclairent.
Bon, essayons quand même d'être le plus complet possible.
Donc, des crédits périmés en 1985-1986 qui avaient
été drôlement importants,
I 200 000 $; 41 %. Je remarque quand même qu'il y a encore un fois
des crédits périmés qui totalisent 12, 6 % selon nos
calculs, en 1987-1988.
Et ma question s'adresse au ministre; qu'il se sente très
à l'aise s'il veut en référer, je crois que je dois lui
adresser la question. Est-ce que cette péremption de crédits,
d'un montant quand même de 288 000 $... Bon, c'est un fait d'abord qu'il
y a des crédits périmés, et de l'autre côté
c'est un fait également que vous nous aviez parlé à
plusieurs occasions du fait que cela prendrait un petit peu plus de sous pour
mener à bien certaines missions, notamment sur le plan informatif et
éducatif, qu'il y a des choses, des mandats que vous auriez aimé
mener un peu plus à fond. Et notamment, d'ailleurs, dans la liste de ces
mandats-là, à la suite des rencontres que nous avons eues, dans
le rapport annuel de 1986, on mentionne la limitation par les ressources
humaines à la page 25, à l'occasion du fait que vous avez
dû sélectionner treize organismes pour aller faire l'espèce
d'enquête-échantillonnage. Également à la page
II dans le même rapport, je le cite: "La commission regrette
cependant de n'avoir pu d'avantage faire connaître la loi et les services
de la commission". C'est le mandat un peu informatif. Donc, ma question c'est,
eu égard à cette péremption de crédits qui, pour
les gens du gouvernement et ceux qui doivent gouverner les goussets du
Trésor, est toujours une bonne nouvelle, est-ce qu'il n'y a pas,
finalement, entre cette péremption de crédits le fait que vous
auriez aimé avoir un peu plus de sous pour explorer davantage certaines
pistes plus à fond, est-ce qu'il n'y a pas là matière
à s'interroger?
M. French: Est-ce que le député de Taillon me pose
la question?
M. Filion: Je pense que je suis obligé de la poser au
ministre, mais je vous laisse...
M. French: Moi, je ne suis pas sûr dans un cas comme
celui-ci parce que Mme Giroux est nommée par l'Assemblée
nationale, elle n'est pas nommée par le gouvernement et je
considère qu'elle parle ici en son nom propre. Je vais vous
répondre, mais, dans ce cas-ci, je ne suis pas sûr que
techniquement vous devez me poser la question.
L'événement 1985-1986 a été un
événement particulier où on avait, effectivement, une
certaine conception de la mission informatique, entre autres, et on a
changé de plan avec l'arrivée de la micro-informatique. Bref, on
a accompli plus avec moins et ça a donné cela. Je pense que le
point reste entier qu'il n'exclut pas et d'autre chose que vous aimerez faire.
Il y a deux ou trois choses. Il y a le problème d'expertise qui
réside chez les occasionnels à la Com-
mission d'accès à l'information et nous espérons,
un jour, avoir les crédits nécessaires pour engager ces
occasionnels-là qui s'avèrent essentiels pour le fonctionnement
du ministère sur une base permanente. Ce serait plus juste pour eux.
Est-ce que c'est correct?
Deuxièmement, il y a un désir de la part de la commission
de faire connaître la loi davantage. Là, je vous avoue qu'en tant
que ministre je ne suis pas contre l'idée, mais je ne suis pas
gagné tout à fait quant aux moyens et à la priorité
de cet exercice-là puisque, drns !e fond, je crois que les gens qui sont
susceptibles de vouloir utiliser la loi sont capables de savoir s'ils sont le
moindrement intéressés. Et, en effet, si j'avais à faire
de la publicité gouvernementale, ce n'est peut-être pas la
première place où j'en ferais. Je pense que nos publicités
ayant pour titre la violence conjugale. Le développement touristique et
autres sont prioritaires dans ce domaine-là. Je vous donne une vision
gouvernementale qui n'est pas la vision de la commission d'accès pour
les raisons qu'on peut comprendre. Cependant, moi aussi, je serais
intéressé à entendre parler la présidente par
interim sur cette question financière.
Je conclurai tout simplement en vous disant, M. le député
de Taillon, que les crédits périmés ne se périment
pas naturellement; ils se périment à la suite d'une
volonté et la Commission d'accès à l'information a
été appelé à faire sa part dans les états de
crédits périmés du ministère des Communications du
Québec. Ces gens ont toujours pris leur rôle avec beaucoup
d'honnêteté et de droiture. Je ne présume pas du tout que,
parce que c'est périmé, ils n'avaient pas de bonnes choses
à faire avec cet argent-là. C'est plutôt une tentative de
l'ensemble de l'appareil étatique d'éteindre les objectifs de
crédits périmés établis par le Conseil du
trésor pour l'ensemble du secteur public.
M. Filion: Avant, peut-être, de donner la parole à
Mme Giroux. On donne des crédits à un organisme, on donne des
crédits à des ministères, à des régies et
à des commissions, on donne des crédits. Personnellement, de
dire: On a des objectifs de péremption de crédits...
M. French: Je vais vous expliquer, M. le député, ce
n'est pas trop compliqué. Si vous ne donnez pas assez de marge de
manoeuvre pour l'ensemble du gouvernement, vous savez que vous allez être
obligé de faire beaucoup de crédits dans les budgets
supplémentaires. Comprenez-vous? Le problème est que vous ne
pouvez pas prévoir où on va vraiment en avoir besoin et où
vous allez être obligé de périmer. Mais vous savez, en
proportions, globalement que vous allez être obligé de
périmer. Ce n'est pas plus compliqué que cela, c'est pour
éviter les budgets complémentaires.
M. Filion: Oui, mais à ce moment-là, qu'est- ce que
cela donne de voter des budgets et des crédits, n'est-ce pas, avec
l'aimable budget consenti par le gouvernement, si une petite note l'accompagne
sur des objectifs à atteindre en termes de crédits
périmés.
M. French: C'est le fruit d'une longue expérience.
M. Filion: Je sais que cela fait partie du gouvernement, mais
quand même. Je m'interroge surtout dans le cas d'un organisme où,
justement, il existe une certaine autonomie confirmée par le fait que
les commissaires de la commission sont nommés par l'Assemblée
nationale. Alors, de passer une commande comme on en passerait, disons à
n'importe quel ministère, me laisse un petit peu inquiet,
préoccupé, surtout que cet organisme-là a exprimé
dans ses rapports annuels le fait que des ressources sont nécessaires.
Peut-être que Mme Giroux veut ajouter... (16 heures)
Mme Giroux (Thérèse): Écoutez, M. le
député de Taillon, je pense qu'il n'y a certainement pas eu de la
part de la commission de volonté explicite de périmer des
crédits, sauf l'expérience exceptionnelle à laquelle M. le
ministre vient de faire référence, celle de 1985-1986, mais non
les crédits périmés des autres années. La
proportion, d'ailleurs, a eu tendance à descendre. En fait, depuis le
début, si on excepte 1985-1986, mes vérifications
m'amènent à vous dire que c'est surtout en regard du programme de
communications. C'est qu'essentiellement on avait prévu pour les
déplacements des commissaires en province, pour les auditions, par
exemple, quelque chose de plus grand que ce qui n'a été en
réalité. La même chose pour les professionnels.
Peut-être que, dans notre programme de vérification, on avait
envisagé des déplacements plus importants et cela n'a pas
été le cas.
L'autre enveloppe, apparemment, où la part la plus importante des
crédits périmés se trouve, c'est au plan des services
professionnels. Peut-être qu'on avait prévu plus que ce qui n'a
été requis. Mais il n'y a certainement pas eu de volonté
de la part de la commission de périmer des crédits.
M. Filion: Cela répond à ma question.
M. French: J'aimerais dire cependant que le gouvernement
considère que la Commission d'accès à l'information est
bien gérée et a toujours coopéré pleinement avec
les objectifs globaux du secteur public quant aux crédits
périmés.
M. Filion: Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas
d'extravagance financière, madame.
M. French: Je pense que c'est très juste. Il
aut louer la bonne gestion de la commission.
Mme Giroux: Je dois dire que cela a toujours été
effectivement une préoccupation et à maintes reprises
rappelée par M. Pépin, qui était particulièrement
sensible a ce qu'il n'y ait pas d'extravagance financière. Je partage
tout à fait ce point de vue.
M. Filion: Mais entre une extravagance financière et
essayer de maximiser les résultats avec une enveloppe... Je comprends,
on peut faire plus avec moins. Cela existe. Quand j'ai occupé un poste
au sein du gouvernement du Québec, cela nous est arrivé
d'expliquer cela aux hôpitaux, d'ailleurs. Il fallait qu'ils
rationalisent. Cela n'a pas toujours été facile.
M. French: Avec le succès que l'on sait. M. Filion:
II fallait faire plus avec moins.
Le Président (M. Trudel): Au moment où le
député de Taillon était là où il
était, j'étais président d'un conseil d'administration
d'un hôpital qu'il voulait fermer, d'ailleurs, Sainte-Jeanne-d'Arc.
M. Filion: Bref, cela va sur ce plan. Comme on a peu de temps, je
voudrais dire un mot, poser quelques questions sur le répertoire des
fichiers de ministères et organismes du gouvernement du Québec.
Je ne vous dirai pas que je l'ai lu d'un couvert à l'autre. J'en ai pris
connaissance surtout en me basant sur le communiqué de presse
émis par la commission. En bon critique, je suis allé voir les
notes discordantes, ce qui ne fonctionnait pas.
Dans un premier temps, je pense que cela doit vous être dit, il
s'agit là d'un travail énorme, qui a été bien
réalisé. Je me demande en combien de copies il sera
distribué. Il coûte assez cher, je pense. C'est 30 $?
Mme Giroux: II se vend 30 $, effectivement.
M. Filion: II se vend 30 $? À ce jour, quelle sorte de
distribution a connue le répertoire?
Mme Giroux: On en a fait imprimer 500 copies. Nous en avons
envoyé une copie à tous les organismes visés, à peu
près 200. Nous en avons distribué à tous les journalistes.
Pour l'instant c'est 500...
M. French: Aux bibliothèques publiques,
sûrement.
Mme Giroux:... mais on en a commandé 200 additionnels.
M. Filion: Je l'ai vu au Salon du livre de Québec,
d'ailleurs, jeudi dernier.
Mme Giroux: Nous l'avons transmis à toutes les
bibliothèques publiques. On en avait d'abord commandé 500, mais
on a ensuite fait une commande additionnelle de 200.
M. French: C'est probablement en vente au magasin du
ministère des Communications?
Mme Giroux: Absolument.
Le Président (M. Trudel): II était en bonne place
à votre comptoir au Salon du livre.
M. Filion: Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?
Mme Giroux: M. White me précise qu'en fait la commission
en avait commandé 500, mais il semble que les Publications du
Québec qui en ont assuré l'édition en ont imprimé
500 autres qui n'ont pas été commandés, par la
commission.
M. Filion: C'est ce que je croyais, parce que les 500 ont
été distribués par la commission alors que les
Publications du Québec en font 500.
Donc, un répertoire de 489 fichiers de renseignements personnels
détenus par 26 ministères. Les ministères, à
eux-mêmes, ce sont 235 fichiers. Les 98 organismes, cela donne 254
déclarations de fichiers.
Alors, quant aux notes discordantes. On peut se rendre compte quand
même, en dehors des notes discordantes, que l'effort a été
fait par les ministères d'une façon presque
généralisée et d'une façon, ma foi, consciencieuse.
J'ai été frappé du nouveau lexique qu'on se donne pour
bien définir ce que contient le fichier, les catégories de
personnes, etc. C'est vraiment un travail bien fait.
Maintenant, les notes discordantes. Il y a 25 organismes gouvernementaux
qui ont déclaré ne détenir aucun fichier. Il y a 24
organismes qui n'ont pas produit de déclaration de fichier et cela,
malgré le fait qu'on mentionne dans le rapport que la commission
d'accès a fait plusieurs rappels. Il y a des organismes également
qui ont soumis des déclarations dites incomplètes et je veux
d'abord m'interroger particulièrement et interroger le ministre un petit
peu sur ce qui se passe en ce qui concerne ses collègues, le ministre du
Tourisme et le Solliciteur général. C'est là que
peut-être les notes discordantes sont les plus fortes.
En ce qui concerne le tourisme, en page 191 on peut lire que,
malgré une rencontre entre un membre du personnel de la commission et le
responsable de l'application qui a permis d'identifier les secteurs - cela est
en novembre 1986, cela fait un an et demi - il demeure que le ministère
du Tourisme n'a donné absolument aucune réponse alors que de tels
fichiers existent ou peuvent exister et n'ont pas été
déclarés. Donc, il y a eu un manque de collaboration sur
ce plan et, évidemment, en ce qui concerne le ministère du
Solliciteur général.
J'ai pris connaissance en longueur des fichiers déclarés
par le ministère du Solliciteur général et en ce qui
concerne le problème pas toujours facile - mais, quand même, avec
le temps on aurait dû se brancher un peu mieux - des fichiers de la
Sûreté du Québec. La commission estime qu'un certain nombre
de fichiers supplémentaires auraient dû être
déclarés, entre autres, le fichier de l'index
général, le fichier du service d'identité judiciaire, le
fichier de renseignements sur le crime organisé, le fichier des
renseignements de sécurité, etc. C'est à la page 187 du
rapport. Donc, je crois que la question s'adresse surtout à M. le
ministre: Est-ce que des interventions suffisantes seront faites ou ont
été faites auprès de ces deux collègues qui ont la
direction de leur ministère? Ils ne peuvent pas dire: Écoutez,
c'est un organisme... Deux ministères qui n'ont pas fait leur
devoir.
À ce moment-là, je vais vous dire, cela a un effet curieux
chez les autres organismes. On parle du secteur privé, on verra. Si le
gouvernement ne suit pas la loi, où va-t-on? Le gouvernement est
responsable de l'application des lois par ses ministères de la Justice,
du Solliciteur général, etc. C'est important de suivre nos lois.
Je n'ai pas besoin de faire un grand discours sur cela. Alors, est-ce que les
interventions suffisantes ont été faites ou seront faites pour
amener ces quelques cas de délinquance qui sont bien circonscrits
à se mettre à jour?
M. French: Je pense qu'on doit remercier la commission de nous
avoir informés de façon importante, utile et claire de ce
problème. Je pense qu'au ministère du Tourisme c'est de la simple
négligence. On s'est fait assurer que ce problème-là
serait réglé relativement rapidement. Pour ce qui est du domaine
du Solliciteur général et de la Sûreté, je vous
avoue que vous avez occupé le Solliciteur général pas mal
depuis la publication de ce rapport et j'ai considéré que vos
préoccupations importantes devraient être
privilégiées. Pour le moment, donc, je n'ai pas fait d'ouverture
auprès du Solliciteur général qui est aussi Procureur
général, mais j'ai l'intention de le faire. Je reconnais
l'importance de ces préoccupations parce que, qu'elles soient
accessibles ou non, c'est une deuxième question, c'est justement le
genre de fichier qui devrait être au moins identifié.
M. Filion: Voilà. On se comprend bien. J'aime bien la
nuance que met le ministre: une déclaration de fichier, c'est une
procédure prévue à je ne sais pas trop quel article, peu
importe, alors une opération en soi qu'il faut faire. Je ne sais pas si
Mme la présidente veut ajouter à ce qui a été
dit.
Mme Giroux: Ce que j'aimerais vous préci- ser, et nous
l'avons dit, d'ailleurs, en conférence de presse, c'est que la
commission estime être un peu rendue à une phase où de
toute façon elle doit remettre en question son approche plus
pédagogique. On a un exemple montrant qu'il y aurait certaines
résistances et il faudra voir dans quelle mesure il ne faudra pas
utiliser davantage certains des pouvoirs qui sont donnés à la
commission. Par ailleurs, et on l'a également souligné en
conférence de presse, la commission estimait que la seule publication du
répertoire avec une identification des organismes récalcitrants
serait susceptible d'avoir un effet et, effectivement, après la
conférence de presse trois organismes ont déclaré leur
fichier et au moins un sur les trois nous a dit que son défaut de le
faire avant n'était absolument pas attribuable à une
volonté de refuser de le faire, que vraisemblablement les demandes qu'on
avait faites ne s'étaient pas rendues jusqu'à la bonne personne
et il s'est immédiatement empressé de le faire. Alors, la
commission, bien sûr...
M. Filion: Quels sont ces trois organismes?
Mme Giroux: La Commission des affaires sociales.
M. Filion: Parce que c'est 3 sur 50. Mme Giroux: 3 sur
25.
Le Président (M. Trudel): Sur 25 qui n'avaient pas fait de
déclarations.
M. Filion: Ah, dans le groupe.
Mme Giroux: Attention, 3 des 25 qui n'ont pas répondu.
M. Filion: C'est dans le premier groupe, l'annexe 1 de la
déclaration.
Mme Giroux: La commission ne tient pas pour acquis que les 24 et
quelques qui ont dit ne pas avoir de fichier en ont effectivement.
M. Filion: D'accord.
Mme Giroux: Pour nous, jusqu'à la nouvelle
vérification, ceux qui ont déclaré ne pas en avoir ne sont
pas des récalcitrants.
Le Président (M. Trudel): Vous parlez de l'annexe 2?
M. Filion: Oui, l'annexe 2.
Mme Giroux: Je parle de la dernière annexe, vraiment les
25 qui n'ont pas répondu.
M. Filion: Allons-y dans l'annexe 1. Quels sont les trois qui
sont maintenant...
Mme Giroux: Sur les trois qui l'ont dit et qui n'ont pas
répondu, la Commission des affaires sociales a maintenant fait ses
déclarations de fichiers. L'Office de la protection du consommateur qui
était dans l'annexe 1 a finalement dit avoir un fichier et a
demandé une dispense d'enregistrement. Le Centre québécois
de valorisation de la biomasse nous a fait quatre déclarations de
fichiers. La Régie des grains du Québec qui était dans
l'annexe a été abolie en juillet 1987 et elle a été
intégrée à la Régie des marchés
agricoles.
M. Filion: D'accord. Vous la compléterez peut-être
si vous voulez. Donc, cela veut dire qu'ils sont toujours récalcitrants
en ce qui concerne l'annexe 1. Le Bureau de la statistique du Québec, la
Commission d'appel de la francisation des entreprises, le Conseil des
universités, la Société québécoise de
l'assainissement des eaux, le Tribunal du travail dont l'existence est plus
qu'en péril avec le projet de loi sur la Commission des relations du
travail, peut-être que cela explique...
Mme Giroux: M. le député, je vous précise
à nouveau que, pour nous, les organismes de l'annexe 1 ne sont pas des
récalcitrants nécessairement. Par exemple, pour le Tribunal du
travail...
M. Filion: Ah, c'est l'annexe 2. Ah bon!
Mme Giroux:... pour avoir posé la question à
quelqu'un qui y oeuvre, on m'a dit que c'est tout à fait vraisemblable,
parce que le seul fichier qui existe probablement dans cet organisme-là,
c'est le fichier des membres du tribunal. Alors, il relève du
ministère de la Justice et il n'y a pas de fichier. Le fichier du
personnel est administré par le ministère de la Justice. Donc, ce
ne sont pas pour nous des récalcitrants.
M. Filion: D'accord. Ils ont déclaré ne pas en
avoir et...
Mme Giroux: Ne pas en avoir. Voilà.
M. Filion: Cela a été dit, donc, c'est à eux
de vérifier s'ils ont bien dit ce qu'ils avaient à dire.
Mme Giroux: Voilà.
M. Filion: Revenons à l'annexe 2. Je m'excuse de vous
avoir "enduit d'horreur" pour "induire en erreur".
Mme Giroux: Voilà. C'est l'annexe 2.
M. Filion: Donc, l'annexe 2 du répertoire qui est la
Commission des affaires sociales qui a fait...
Mme Giroux: Qui a fait ces déclarations au fichier
depuis.
M. Filion: II demeure quand même beaucoup d'organismes.
Est-ce que vous pouvez rapidement nous en faire... J'en ai plusieurs.
Mme Giroux: L'énumération? La liste? M. Filion:
Oui.
Mme Giroux: Centre québécois de recherche... Vous
les aviez?
M. Filion: Oui, c'est cela, mais moins les trois que vous avez
mentionnés.
Mme Giroux: Moins les trois, oui. Centre québécois
de recherche sur les applications pédagogiques de l'ordinateur,
Comité d'accréditation des associations d'élèves ou
d'étudiants, Comité d'études musicales du conservatoire.
Ce ne sont pas des organismes, comme on l'a d'ailleurs dit en conférence
de presse, qui détiennent généralement des fichiers
importants. Il y a bien sûr dans cela des organismes où c'est plus
étonnant, comme la Commission des droits de la personne.
M. Filion: Bien oui.
Le Président (M. Trudel): C'est un exemple
étonnant.
Mme Giroux: Je continue la liste: Comité de discipline de
la Loi sur les huissiers, Comité de révision des pharmaciens,
Comité de révision des spécialistes en chirurgie buccale,
Comité d'acquisition du Musée du Québec, Commission
d'appel en matière de lésions professionnelles - là, on a
un organisme qui a très certainement des fichiers importants -
Commission d'examen en soins psychiatriques, Commission de la
représentation électorale, Commission des affaires sociales qui
s'est amendée, Commission des droits de la personne dont on n'a pas eu
de nouvelles, Commission des valeurs mobilières, Conseil des services
essentiels où il y a certainement des fichiers, Conseil
québécois de la recherche sociale, coroners, Fondation pour la
conservation et la mise en valeur de la faune, Institut québécois
de recherche sur la culture, Institut québécois du cinéma,
Musée de la civilisation, Musée du Québec,
Société de développement de la Baie-James et
Société de la Place des arts. (16 h 15)
M. Filion: Pour le troisième groupe, en ce qui concerne
les deux ministères, est-ce que vous avez d'autres commentaires à
ajouter à ce qui a été dit? Je parle du ministère
du Tourisme et du Solliciteur général. Vous dites: On met
l'approche pédagogique de côté. J'avais noté cela a
votre conférence de presse.
M. French: Vous pouvez aviser le gouvernement formellement qu'au
fond vous ne l'avez pas fait en vertu de la loi. Vous pouvez soumettre un
rapport à l'Assemblée nationale. Vous pouvez en faire état
dans votre rapport annuel.
M. Filion: Oui.
M. French: C'est-à-dire qu'on a bâti la loi en
fonction d'une variété de moyens que la commission pouvait
prendre.
M. Filion: D'accord, cela va. Lors d'une rencontre
précédente, vous aviez dit que le répertoire du fichier
était d'abord utile en soi, comme outil de travail, mais qu'il
était aussi utile parce qu'il va vous permettre d'épurer un peu
le nombre de fichiers, les fichiers, etc. Évidemment, c'est une autre
entreprise gigantesque. Dans ce sens de l'opération épuration
particulièrement, quelles sont les mesures et quand entendez-vous les
mettre de l'avant?
Mme Giroux: Les mesures ne sont pas encore directement
arrêtées. Je vous dirais que ce n'est peut-être pas le
répertoire en lui-même qui est très important pour nous,
mais que ce sont les déclarations de fichiers. Je pense que le
répertoire est un instrument très intéressant pour le
citoyen. Pour nous, la commission, les déclarations de fichiers qu'on
est allé chercher par cette opération, sont vraiment des
instruments à partir desquels on va pouvoir véritablement doser
nos actions et davantage cibler nos interventions. Cela servira, entre autres,
à examiner de façon plus précise le caractère
nécessaire des renseignements. C'est vraiment à partir de ces
déclarations qu'on peut avoir des interrogations, qu'on pourra
identifier les problèmes qui risquent de se retrouver de manière
assez systématique dans tel ou tel secteur. À partir de cela et
du programme de vérification évidemment, qui continue son cours,
on pourra peut-être davantage choisir des objectifs plus précis
dans nos actions pour l'avenir.
M. Filion: D'accord. Quand je parlais du répertoire, je
parlais...
Mme Giroux: Des déclarations elles-mêmes.
M. Filion:... des déclarations de fichiers, bien
sûr. À ce chapitre, cela va. Oui, allez-y, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Non, je ne peux pas,
malheureusement, l'enveloppe impartie étant déjà
écoulée. Il restait quatre minutes ce matin, je peux vous les
accorder, M. le député, jusqu'à 16 h 21. Ce n'est pas
beaucoup, il vous reste...
M. Filion: Quatre minutes.
Le Président (M. Trudel):... quatre minutes.
M. Filion: Le cas du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. Est-ce qu'on a des nouvelles pour nous?
Vous vous souviendrez qu'il y avait un groupe dit groupe Élite de
Boucherville - élite de quoi? Quel élitisme! - qui offrait - j'ai
vu le document, d'ailleurs, vous avez dû le voir, vous aussi - de fournir
tous les renseignements concernant les gens qui étaient
bénéficiaires de l'aide sociale. D'ailleurs, en Chambre, la
question a été posée à un de vos collègues,
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, qui avait révélé
à ce moment-là, m'empêchant par là d'interpeller mon
ami, le ministre des Communications, qu'une enquête était
également en cours aux Communications et à la commission. Est-ce
que...
M. French: C'est la commission qui l'a faite de sa propre
initiative, d'ailleurs. Il faut le souligner.
M. Filion: Ah bon! Excellent! Est-ce qu'il est possible
aujourd'hui pour vous de nous révéler les conclusions de cette
enquête?
Mme Giroux: M. le député, là-dessus,
j'aimerais céder la parole à M. White...
M. Filion: D'accord.
Mme Giroux:... qui est directement au fait de ce dossier.
M. French: M. Clarence White, de la Commission d'accès
à l'information.
M. White (Clarence): M. le député, ce que je peux
vous dire jusqu'à maintenant, c'est que nous avons collaboré avec
le ministère qui faisait une enquête; il y avait
déjà le service d'enquête du ministère qui
était chargé du dossier, et la Sûreté du
Québec. Nous avons collaboré avec ces gens. Dans les prochains
jours, il doit y avoir une dernière réunion avec les gens qui ont
fait les enquêtes. Actuellement, il y a un rapport sur
l'événement en préparation à la Sûreté
du Québec. Nous sommes tenus au courant de ce qui s'est fait comme
démarche de la part de la Sûreté du Québec et je
peux, entre autres, vous dire sans rien cacher qu'il y a eu des perqui sitions
de faites par la Sûreté du Québec. Elle va évaluer
et probablement remettre prochainement un rapport au Procureur
général pour voir si des poursuites doivent être
intentées. Après, à la demande de Mme Giroux, nous allons
regarder plus à fond le système de sécurité de ces
fichiers, si effectivement il y a eu une fuite d'informations à partir
du fichier de l'aide sociale.
M. Filion: D'accord. Il peut y avoir, vous savez - sans vouloir
compliquer les affaires - des actes criminels de commis. Il peut
aussi y avoir, pas nécessairement des actes criminels, mais des
infractions à votre loi, à notre loi, qui auraient pu être
commises. Alors, l'un peut impliquer l'autre ou ne pas impliquer l'autre. C'est
évident que, s'il y a un acte criminel de commis, cela va probablement
inclure des infractions à la loi, mais il peut arriver que l'un
n'emporte pas l'autre. Je vais vous dire, c'est le cas le plus
révoltant, peut-être le plus patent, le plus évident, le
plus tout ce que vous voulez qui ait été porté à ma
connaissance, à part les ventes de renseignements du ministère de
la Justice pour lesquelles je me bats toujours. C'est à
l'unanimité de tous les parlementaires, vous savez, que cette pratique a
été dénoncée, autant du côté de
l'Opposition que du côté gouvernemental.
Mon temps est expiré.
Le Président (M. Trudel): Malheureusement, M. le
député de Taillon.
M. Filion: C'est court, n'est-ce pas?
Le Président (M. Trudel): C'est très court. Mais
c'est vous qui avez donné votre...
M. Filion: Voilà! c'est vrai, vous avez raison.
Le Président (M. Trudel): On va essayez de vous
réserver une heure l'an prochain pour nos discussions du rapport de la
commission, notamment.
M. Filion: C'est vrai qu'on s'était beaucoup vus cette
année. Alors...
Le Président (M. Trudel): On s'est beaucoup vus. Alors, M.
le député de Taillon, je vous remercie. Mme la présidente
par intérim, je vous remercie. M. le ministre, le programme 5 est
adopté?
M. Filion: Oui, adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Trudel): Et tous les crédits du
ministère des Communications sont adoptés?
M. Filion: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Alors, la commission, ayant
rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 22)