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(Vingt heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! En constatant qu'on a quorum, je déclare la séance
de la commission permanente de la culture ouverte pour procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 43, Loi sur la
Bibliothèque nationale du Québec. On lui donnera la sanction
royale une autre fois. Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la
secrétaire? Nous avons quorum. Mme la ministre, vous avez
peut-être des remarques préliminaires.
Mme Bacon: M. le Président, j'en ferai à mesure que
le député de Saint-Jacques s'exprimera et j'imagine qu'elles
seront nombreuses. Je voudrais peut-être dire aujourd'hui que nous avons
quelques amendements qui seront proposés et nous aimerions reporter
l'adoption de certains articles à jeudi, alors que nous pourrons
déposer les amendements que nous prévoyons. Je crois savoir que
le député de Saint-Jacques a aussi des amendements à
proposer à certains articles. On pourrait peut-être suspendre
l'adoption de ces articles jusqu'à jeudi.
M. Boulerice: Je me suis entendu avec Mme la ministre avant
l'ouverture de la commission. Elle m'a effectivement expliqué qu'il y
avait certains amendements qu'elle prévoyait déjà
apporter, mais qu'il y a quelques technicalités qui ne jouent pas en
faveur de la commission ce soir. Alors je suis d'accord pour qu'on puisse
reporter l'article...
Mme Bacon: Ils ne sont pas nombreux.
Le Président (M. Trudel): Très bien. J'appellerai
les articles un à un et vous m'indiquerez ceux dont vous voudrez
suspendre l'étude. On passera aux articles suivants. C'est quand,
jeudi?
Mme Bacon: Je pense que c'est jeudi soir. Le Président
(M. Trudel): Hein?
Des voix: Non, non, pas le soir. Dans l'après-midi.
Mme Bacon: L'après-midi? Il faudra vérifier.
Une voix: On ne l'a pas établi encore.
Le Président (M. Trudel): Maintenant, la commission a
été appelée pour ce soir.
Mme Bacon: Mais pas pour jeudi.
Le Président (M. Trudel): Pas pour jeudi.
Évidemment pas. On s'arrangera pour jeudi après-midi?
M. Boulerice: Non, elle n'a pas été appelée
pour demain matin. Elle a été appelée uniquement pour ce
soir.
Le Président (M. Trudel): Non plus. Mme Bacon: II
faudrait voir pour demain.
Le Président (M. Trudel): Alors essayons d'en faire le
plus possible ce soir, de façon qu'il reste peu de choses pour jeudi
après-midi. Je vois des regards qui me disent qu'il y a des avions pour
Montréal vers 18 h 30, dont le mien.
Une voix:...
Le Président (M. Trudel): J'ai des activités
déjà prévues.
Mme Bacon: Des activités du jeudi soir.
Le Président (M. Trudel): Très bien. Vous
êtes prêts à commencer. J'appelle maintenant l'article 1.
Les circonstances étant que cela ne me tente pas de les lire, j'imagine
que vous allez m'éviter de lire l'article à chaque fois, à
moins que vous n'insistiez, Mme la ministre.
Mme Bacon: En fait je peux vous faire la lecture, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Vous avez plus d'occupations que
moi.
Constitution et organisation
Mme Bacon: Non, non. À l'article 1 du projet de loi: Un
organisme est institué sous le nom de "Bibliothèque nationale du
Québec". Évidemment, cet article se retrouve dans les lois qui
instituent un organisme. La Bibliothèque nationale du Québec
n'étant présentement que l'une des directions
générales du ministère des Affaires culturelles, soit un
service du ministère, et devant devenir un organisme gouvernemental, il
était nécessaire d'avoir l'article 1. La loi actuelle se limite
à stipuler à l'article 2, si on se réfère à
la loi actuelle, que l'ensemble de tous les documents acquis par le
conservateur en chef conformément à la présente loi et de
tous les documents faisant partie de la bibliothèque Saint-Sulpice au
1er janvier 1968 constitue la Bibliothèque nationale du Québec.
Toutefois, il faudrait retenir que la Bibliothèque nationale, la BNQ,
existe déjà comme une unité administrative et qu'en fait,
comme je le disais cet après-midi, il ne s'agit pas ici, malgré
les prétentions de mon collègue d'en face, d'une création
nouvelle, mais tout simplement d'un changement de statut ou d'une
désignation ' juridique d'un organisme.
Alors, on ne crée pas un autre organisme.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que ces explications vous satisfont à l'article
1?
M. Boulerice: Oui, je pourrais toujours apporter certaines
nuances et corrections, mais...
Le Président (M. Trudel): Ce serait un peu difficile
à l'article 1.
M. Boulerice: Voilà.
Le Président (M. Trudel): L'article 1 est-il
adopté?
M. Boulerice: Oui. Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Trudel): J'appelle l'article 2 que je
vais lire parce qu'il est court: "La Bibliothèque est une corporation.
"
Mme Bacon: La Bibliothèque nationale deviendra, M. le
Président, un organisme gouvernemental dont le statut sera celui d'une
corporation > qui est financée à même les
crédits gouvernementaux, par une subvention évidemment du
ministère des Affaires culturelles. Elle acquerra aussi une
personnalité juridique distincte du ministère des Affaires
culturelles. Elle pourra disposer de pouvoirs qui sont octroyés à
une corporation, ? avec des pouvoirs limités toutefois par la Loi sur la
fonction publique, la Loi sur l'administration financière ainsi que par
les règlements qui sont approuvés par le Conseil des ministres et
les directives administratives du Conseil du trésor.
Le Président (M. Trudel): Merci, madame. M. le
député.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. À
l'article 3, je vois, Mme la ministre, que vous...
Mme Bacon: L'article 3, je vous demanderais de le reporter.
J'aurais un léger amendement.
Le Président (M. Trudel): On va suspendre l'article 3.
Mme Bacon: II pourrait être suspendu.
Le Président (M. Trudel): On va le suspendre. L'article 3
est suspendu. L'article 4: "Elle a son siège - en parlant de la
Bibliothèque nationale - social dans le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal à l'endroit
déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation ou de tout
déplacement du siège social est publié à la
Gazette officielle du Québec. "
Mme Bacon: En fait, depuis sa création au mois
d'août 1967, la Bibliothèque nationale a toujours
été logée à Montréal. Les raisons qui
avaient alors milité en faveur du choix de Montréal demeurent en
ce moment, je pense, tout aussi valables aujourd'hui. Il y a une concentration
à Montréal de maisons d'édition sur le territoire de la
communauté urbaine. Il y a aussi une existence de quatre
universités sur le territoire et une concentration de la recherche qui
correspondent bien au mandat de la Bibliothèque nationale du
Québec. Il y a aussi évidemment une forte concentration de la
population du Québec sur ce même territoire, quand on pense que
56, 7 % de la population est sur le territoire. Donc, la Bibliothèque
nationale du Québec peut ainsi desservir directement cette
population.
Il y a aussi une concentration des organismes, des médias
d'information qui se servent régulièrement des ressources
documentaires de la Bibliothèque nationale du Québec. D'ailleurs,
s'il fallait songer, par exemple, à déconcentrer la
Bibliothèque nationale au moins à Québec, cette
bibliothèque serait dans l'obligation de doubler tous les services et
toutes ses collections, ce qui imposerait certainement un fardeau additionnel,
tant aux éditeurs, quand on pense au dépôt légal,
qu'à l'État québécois. Une hypothèse de
déconcentration est d'autant moins nécessaire que la
Bibliothèque nationale, comme toutes les grandes bibliothèques de
recherche nord-américaines et même européennes,
possède tous les moyens aujourd'hui qu'offre la technologie moderne pour
desservir rapidement l'ensemble de la population québécoise.
Alors, il y a un accès direct à la banque des données, une
référence par téléphone, des prêts entre les
bibliothèques par système de messagerie, par exemple. Alors, le
système de messagerie permet à un professeur de
l'Université Laval, par sa bibliothèque, de recevoir un ouvrage
dans un délai de 24 heures au maximum - on me dit 48 heures - sans
compter la possibilité qu'a la bibliothèque d'adresser des
copies, des microfiches, des copies de microfilms à un coût
très peu élevé.
La quasi-totalité des bibliothèques nationales constitue
aussi des organismes centralisés, des organismes uniques dans les divers
pays du monde. C'est le cas de la Bibliothèque nationale de France, de
la Bibliothèque de Paris, de la British Library, à Londres, aussi
de la Library of Congress, à Washington. Alors, si certains pays
possèdent plusieurs bibliothèques nationales dans des villes
différentes, c'est peut-être pour des raisons politiques, des
raisons historiques. C'est le cas de l'Italie qui a conservé une
répartition basée sur les anciennes provinces. C'est le cas aussi
de l'URSS qui constitue une fédération de républiques.
Néanmoins, dans le cas de l'URSS, on pourrait dire que la
Bibliothèque nationale de Leningrad représente vraiment ce qu'on
pourrait appeler la bibliothèque nationale de l'URSS.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je suis d'accord avec Mme la ministre quand elle
dit qu'effectivement, la concentration est à Montréal. Il y a
peut-être une circonscription qui est en train de devenir la
circonscription des angles et des médias. C'est visible. Qu'elle soit
à Montréal, qu'elle soit en centre-ville, je pense que c'est dans
la nature même des choses. J'ai envie de faire une blague et de proposer
un amendement ou modifier: à l'endroit déterminé par la
ministre, conjointement avec le député de Saint-Jacques. Elle a
prévu de l'amener jeudi, je suis persuadé.
Le Président (M. Trudel): II faut des choses à
Bourget, de temps en temps.
M. Boulerice: Sans doubler - effectivement une
bibliothèque ne peut pas se permettre de doubler, il y aurait des
coûts incroyables - est-ce qu'on a quand même pensé à
certaines choses de façon que la Bibliothèque nationale rayonne
aussi à l'intérieur des régions du Québec? Je sais
qu'il y a des prêts pour les universités mais...
Mme Bacon: Comme je disais tantôt qu'elle est accessible
par des services de messagerie rapide. Elle est accessible par tous les moyens
d'informatique possible, microfiches, microfilms. Les coûts sont beaucoup
moins élevés que d'avoir des succursales de la
Bibliothèque nationale ailleurs dans toute la province, il y a des
banques de données qui peuvent être consultées. Il y a des
références par téléphone, des prêts entre
bibliothèques. Il y a des systèmes qui sont établis par la
bibliothèque qui permettent l'accès rapide aux données que
possède la bibliothèque.
M. Boulerice: Pour bien me faire comprendre, est-ce que... Quand
je suis intervenu en Chambre, cet après-midi, il y avait quand
même des statistiques assez impressionnantes qui venaient de la
Bibliothèque nationale du Québec quant au nombre de volumes,
utilisateurs, etc. Est-ce qu'ils ont le raffinement statistique
nécessaire pour nous dire quelle est la proportion - nous employons de
grands mots - de non-Montréalais qui sont utilisateurs?
Mme Bacon: On me dit que, sur une base mensuelle, il peut y avoir
environ 340 prêts en dehors de Montréal et 1700 demandes
téléphoniques. C'est donc en dehors de Montréal, et
à part le courrier acheminé et reçu en dehors de
Montréal. Alors, elle reçoit des demandes et la
Bibliothèque nationale du Québec y répond.
M. Boulerice: On peut supposer que la bibliothèque, avec
son nouveau statut et avec, forcément, les ressources adéquates,
va faire une promotion nationale des services qui peuvent être offerts
à ceux qui n'ont pas leur résidence à Montréal.
Mme Bacon: C'est déjà fait, mais elle va continuer
de le faire.
M. Bouierice: Un peu plus intensément. Mme Bacon: Cela se
fait. Cela se fait déjà. M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 4 est adopté.
Je crois comprendre des propos du député de Saint-Jacques qu'il
aurait un amendement à proposer à l'article 5. Alors, nous allons
suspendre l'article 5 portant sur le conseil d'administration.
M. Boulerice: J'ai les amendements.
Mme Bacon: Est-ce que vous voulez adopter vos amendements ce
soir?
M. Boulerice: Mon ministère...
Le Président (M. Trudel): Bon. Alors, on peut s'entendre.
Est-ce qu'on s'entend pour...
Mme Bacon: II faudrait cesser d'espérer être
ministre.
Le Président (M. Trudel): Ce que j'avais compris, M. le
député...
Mme Bacon: Restez dans l'Opposition, vous allez avoir vos
dossiers.
Le Président (M. Trudel):... de Saint-Jacques, c'est qu'on
avait convenu de suspendre tout ce qui s'appelle amendement, de façon
à adopter les autres articles et à revenir jeudi, à moins
que vous n'insistiez.
Mme Bacon: Oui, on va les examiner jeudi. Je pense qu'on les
étudie ensemble.
Le Président (M. Trudel): Alors, l'article 5 est suspendu.
C'est physique, c'est en suspension...
M. Boulerice: Écoutez, je vais déposer mes
amendements et on les ramènera jeudi.
Le Président (M. Trudel): Sans les discuter.
M. Boulerice: Sans les discuter. L'article 5 de la Loi sur la
Bibliothèque nationale du Québec est modifié par le
remplacement, à la première ligne du deuxième
alinéa, du mot trois" par le mot "cinq". Cela fait toujours un peu
chinois pour celui qui nous entend. On voit: Trois de ces membres, autres que
le président, sont nommés après consultation du milieu des
biblio-
thèques et de celui de l'édition ainsi que des
associations d'écrivains et des universités". Alors, nous
proposons que ce soit cinq.
Le Président (M. Trudel): Nous en prenons acte. Avez-vous
un autre amendement à l'article 5, M. le député? C'est
suspendu quand même?
J'en aurais un, tel qu'annoncé par Mme la ministre, ce qui me
donnerait le temps de le préparer, de toute façon, à moins
que les fonctionnaires le fassent.
Article 6: "Le président de la bibliothèque est
responsable de la direction et de la gestion de la bibliothèque dans le
cadre de ses règlements et de ses politiques et il exerce ses fonctions
à temps plein. Il est d'office directeur général de la
bibliothèque. "
Mme Bacon: L'hypothèse de dissocier les deux fonctions de
président et de directeur général a été
envisagée, mais cette hypothèse n'a pas été retenue
parce que, d'abord, la taille de la Bibliothèque nationale ne Justifie
pas que les fonctions soient assumées par des personnes
différentes, même si cela a été le cas lors de
l'adoption des lois qui régissent les musées, par exemple. Il y a
la nature des mandats qui est assumée par la bibliothèque. Ces
mandats sont exclusifs et les activités sont très
spécifiques; cela commande également la fusion des fonctions
plutôt que leur dissociation. Il y a aussi l'efficacité du
fonctionnement du conseil qui devra être accru à cause de la
fusion des fonctions du président et du directeur général.
La fusion de ces fonctions, tout comme leur dissociation, se retrouve de
façon variable dans les divers organismes sans que les raisons en soient
toujours explicites. En général, on dit que les organismes qui
offrent des services directs à la clientèle et dont les
employés sont en relation étroite avec les gens sont
dirigés par un président-directeur général. C'est
le cas pour la SOGIQ et pour la Bibliothèque nationale du Québec.
Tandis que là où les fonctions sont dissociées, comme
à Place des arts, au Grand Théâtre ou dans les
musées, il s'agit là d'organismes dont les employés
assurent avant tout le fonctionnement de l'établissement et, donc, ont
peu de relations directes avec la clientèle. Cette question a fait
l'objet, évidemment, d'une consultation auprès de
spécialistes des organismes gouvernementaux, consultation aussi
auprès du Conseil exécutif qui a fortement recommandé la
fusion des fonctions du président et du directeur général
en une seule fonction.
M. Boulerice: Dans tous les organismes qui relèvent du
ministère, est-ce qu'il y a uniquement la SOGIQ qui vit la même
situation, celle d'avoir un P. -D. G. ?
Mme Bacon: Oui. C'est que la SOGIQ, par exemple, comme la
Bibliothèque nationale, est en relation directe avec la
clientèle, tandis que dans les musées et à Place des arts,
il y a des services qui sont rendus mais ce sont les employés qui
assurent leur fonctionnement, ce n'est pas nécessairement le
président-directeur général.
M. Boulerice: Ce n'est pas très limpide comme
réponse.
Mme Bacon: Mais cela se compare à la SOGIQ et à
l'IQRC aussi.
M. Boulerice: Quoique ils n'ont pas tellement de services...
Mme Bacon: C'est de la recherche. M. Boulerice:
Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 6 est
adopté.
Article 7. "Le président est nommé pour un mandat d'au
plus cinq ans et les autres membres pour un mandat d'au plus trois ans. "
Mme Bacon: Nous avons pensé qu'il était judicieux
de limiter la durée des mandats qui sont confiés au
président et, ensuite, aux membres du conseil. Il est aussi souhaitable
de pouvoir renouveler les mandats, si le choix s'avère à
l'avantage de la corporation> L'article nous permet soit la cessation,
soit le renouvellement du mandat, sa seule limite étant sa durée
maximale de chaque mandat. On a mis des durées de cinq ans et des
durées de trois ans.
M. Boulerice: Ce n'est pas précisé que le mandat
est renouvelable pour un autre cinq ans. En tout cas, je ne l'ai pas vu.
Mme Bacon: Donc, il est renouvelable.
M. Boulerice: "Est nommé pour un mandat d'au plus cinq
ans".
Mme Bacon: D'au plus cinq ans. Normalement, c'est renouvelable ou
cela peut être renouvelable.
Le Président (M. Trudel):... plus vite.
M. Boulerice: À l'article 8: "À l'expiration de son
mandat, un membre demeure... " Oui, mais là on parle d'un membre et j'ai
l'impression, quand on parle d'un membre, qu'on n'en parle pas comme quand on
parle du président-directeur général...
Mme Bacon: Quand la loi élimine le renouvellement,
d'accord, mais là elle ne l'élimine pas. On n'élimine pas
le renouvellement. C'est un texte légal qui nous est proposé et
qui a été accepté.
M. Boulerice: Texte légal...
Mme Bacon: Je n'oserais pas le discuter.
M. Boulerice: Je pense que pour la majorité des
organismes, on le dit, "peut être renouvelable".
Mme Bacon: Habituellement, quand on ne veut pas renouveler, on le
dit dans l'article du mandat. On dit: Le mandat n'est pas renouvelé.
Comme on ne le dit pas, il peut l'être.
M. Boulerice: Pourquoi ne dit-on pas qu'il peut être
renouvelable? Si on ne veut pas, on ne veut pas. Vous savez, il faut toujours
se méfier des lois. Ce sont les juges qui s'accaparent toujours de
ça.
Mme Bacon: Si on va à l'article 8, M. le Président,
cela répondra peut-être à la question du
député. On dit: "À l'expiration de son mandat, un membre
demeure en fonction jusqu'à ce qu'il ait été
remplacé ou nommé de nouveau. "
Le Président (M. Trudel): Le président est un
membre.
M. Boulerice: Oui, le président est un membre, mais ce qui
me chicotait, quand on regarde le président-directeur
général...
Mme Bacon: C'est un membre.
M. Boulerice: Tout le monde est égal, mais j'ai appris,
dans la vie, qu'il y en a qui sont un petit plus égaux que les autres et
quelques-uns parfois un petit peu moins.
M. Khelfa: Pas au Parti libéral. M. Boulerice:
Pardon?
Le Président (M. Trudel): Le député de
Richelieu a dit: Pas au Parti libéral.
M. Khelfa:... M. le Président.
M. Boulerice: II y a des lois, effectivement, qui
prévoient un renouvellement pour un, deux ou trois mandats.
Mme Bacon: Mais l'article 8 complète l'article 7. C'est
très clair à l'article 8: "À l'expiration de son mandat,
un membre demeure en fonction jusqu'à ce qu'il ait été
remplacé ou nommé de nouveau. "
Le Président (M. Trudel): D'autant plus, M. le
député, que le président est un membre et ça aussi,
c'est très clair aux articles 6, 7 et 8.
M. Boulerice: Dans le cas de la... Est-ce qu'il y a des limites
ou est-ce que les gens peuvent être renouvelés?
Mme Bacon: Cela peut être renouvelé. La même
chose que ça. C'est le même texte.
M. Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 8. "À l'expiration de son mandat, un membre demeure
en fonction jusqu'à ce qu'il ait été remplacé ou
nommé de nouveau. "Une vacance parmi les membres est comblée en
suivant le mode prescrit pour la nomination du membre à remplacer. "
Mme la ministre. (21 heures)
Mme Bacon: Ce genre d'article se retrouve de façon
semblable dans les lois qui régissent des organismes administrés
par un conseil d'administration comme les musées, par exemple.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 9. "Le
quorum aux séances du conseil d'administration est de cinq membres. "En
cas de partage égal, le président a voix
prépondérante. "
Adopté?
M. Boulerice: Pauvre président! Adopté.
Le Président (M. Trudel): Pauvre président,
adopté.
Article 10. "Le gouvernement détermine la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail du président. "Les autres membres du conseil ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions,
aux conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement. "
Mme Bacon: M. le Président, le premier alinéa sera
appliqué conformément à la politique actuelle du
gouvernement à l'égard des dirigeants des organismes. Quant au
deuxième alinéa, il est aussi conforme à la politique
gouvernementale. Il va correspondre à la coutume établie dans
d'autres organismes similaires.
M. Boulerice: Cela va être les vrais
bénévoles.
Mme Bacon: Que nous avons maintenant.
M. Boulerice: II y a deux types de bénévoles sous
l'actuel gouvernement.
Mme Bacon: Ce sont des bénévoles que nous avons
depuis que nous sommes là.
M. Boulerice: II va y avoir le Conseil supérieur de
l'éducation, le comité catholique, le comité protestant.
Ce n'est pas du tout la même chose. Ils ont trouvé des
allocations.
Mme Bacon: Si vous cherchez aux Affaires culturelles, vous ne
trouverez pas cela.
M. Boulerice: II ne reste aucun jeton de présence nulle
part?
Mme Bacon: Non.
Une voix: Jetons nos jetons.
Mme Bacon: Non, les nominations de l'ancien gouvernement sont
terminées, je pense, après trois ans. Il n'en reste pas
beaucoup.
M. Boulerice: Que vous aviez remplacés. Mme Bacon:
Oui, par des bénévoles. M. Boulerice: Par des
bénévoles.
Mme Bacon: Les autres, nous devions les payer.
M. Boulerice: II faudrait savoir bien les remercier. Je vous en
parlerai après.
Le Président (M. Trudel): L'article 10 est adopté.
Article 11. "En cas d'empêchement du président, il est
remplacé par le vice-président. " Que voilà un article
original! Article 11, M. le député de Saint-Jacques. Je suis
convaincu que vous n'avez jamais vu cet article dans une loi.
M. Boulerice: On est tous pour la vertu et la tarte aux pommes.
C'est bien connu.
Le Président (M. Trudel): Et les pommes de terre frites.
L'article 11 est-il adopté?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Article 12. "Le président
ne peut, sous peine de déchéance de sa charge, avoir un
intérêt direct ou indirect dans une entreprise qui mette en
conflit sont intérêt personnel et les devoirs de ses
fonctions.
Toutefois, cette déchéance n'a pas lieu si cet
intérêt lui échoit par succession ou par donation, pourvu
qu'il y renonce ou en dispose avec diligence.
Tout autre membre ayant un tel intérêt dans une entreprise
doit, sous peine de déchéance de sa charge, le
révéler par écrit au président et s'abstenir de
participer à toute délibération et à toute
décision portant sur l'entreprise dans laquelle il a un
intérêt. "
Mme Bacon: Tout autant à l'égard du
président que des membres du conseil d'administration, cet article est
conforme à la politique gouvernementale qui est adoptée.
M. Boulerice: Qu'on demande à M. Bourassa de faire
appliquer par le Conseil des ministres. Je suis bien d'accord avec vous.
Le Président (M. Trudel): Adopté, avec
commentaires?
M. Boulerice: Adopté, avec commentaires. Le
Président (M. Trudel): Adopté.
Mme Bacon: Ce serait plus élégant sans
commentaire.
Le Président (M. Trudel): Oui. En effet, cela aurait
été plus élégant sans commentaire.
M. Boulerice: La vérité est toujours
élégante, madame.
Le Président (M. Trudel): Article 13: "Les membres du
personnel de la bibliothèque sont nommés et
rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique (L. R.
Q., chapite F-3. 1. 1). "
Que voilà une grande victoire pour les gens de la BN. Je me
souviens d'avoir fait ce débat il y a déjà plusieurs
années. Je suis content que...
M. Boulerice: Les gens de la... ?
Le Président (M. Trudel): Les gens de la BNQ. À
l'époque, on l'appelait la BN. C'était la...
Mme Bacon: La Banque nationale.
Le Président (M. Trudel):... la Bibliothèque
nationale. Maintenant, c'est la Banque nationale, effectivement. On dit BNQ,
oui.
M. Boulerice: À l'AICUS, l'Association internationale
contre l'utilisation des sigles.
Le Président (M. Trudel): Article 13. Mme la ministre, je
pense que...
Mme Bacon: Cet article ne fait que reprendre le deuxième
paragraphe de l'article 3 de la loi actuelle. Le personnel de la corporation
demeurant assujetti à la Loi sur la fonction publique, une consultation
du personnel de la bibliothèque a eu lieu à ce sujet. Non
seulement les employés actuels mais également tous les futurs
employés feront donc partie de la fonction publique
québécoise.
Quant au deuxième alinéa...
Le Président (M. Trudel): J'ai oublié de lire, oui.
Je m'en excuse.
Mme Bacon: II est très explicite: "Le président
exerce à leur égard les pouvoirs que cette loi attribue à
un dirigeant d'organisme. " C'est évident que, à toutes fins
utiles, il indique que le président directeur-général de
la bibliothèque détiendra les pouvoirs d'un dirigeant d'organisme
pour la gestion de ces ressources humaines.
M. Boulerice: Cela pourrait faire l'objet de consultation avec le
personnel justement de la Bibliothèque nationale qui a indiqué
ses préférences.
Mme Bacon: Qui a répondu, justement, à ses
demandes. Il est très satisfait.
Le Président (M. Trudel): Adopté? Une voix:
Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 14: "La
bibliothèque peut adopter tout règlement concernant l'exercice de
ses pouvoirs et sa régie interne. Elle peut également, par
règlement, déterminer les normes relatives à
l'administration interne de l'établissement, à la surveillance et
à la sécurité des biens qui s'y trouvent. "
Mme Bacon: En plus de la réglementation du
dépôt légal, la bibliothèque qui devient maintenant
une corporation > devrait étendre le champ de sa
réglementation, l'extension qui se modèlera sur les autres lois,
les organismes gouvernementaux, qui sont comparables à la
bibliothèque. Il s'agit là en tout d'une réglementation de
régie interne qui précise, par exemple, les modalités des
séances du conseil d'administration, des fonctions qu'il exerce, les
pouvoirs qu'il détient, encore peut-être la répartition des
fonctions entre les membres du conseil et aussi leurs responsabilités et
bien d'autres.
Une voix:...
Mme Bacon: C'est ça. Une réglementation
interne.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Article 15: "La
bibliothèque peut établir des comités formés de
personnes chargées de la conseiller sur l'acquisition de biens et sur
toute autre matière relevant de ses fonctions et peut, par
règlement, établir des normes relatives au fonctionnement de ces
comités. "Les membres de ces comités ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement. Ils ont cependant droit au
remboursement des dépenses faites dans l'exercice de leurs fonctions,
aux conditions et dans la mesure que détermine le gouvernement. "
Mme Bacon: En fait, on a voulu, par cet article, accroître
l'implication > des principaux milieux intéressés par la
Bibliothèque nationale et élargir en même temps
l'expertise > requise dans certains champs d'activités. Des
comités ad hoc pourront être formés par exemple, pour
l'acquisition de collections très spéciales. On a souvent besoin
de comités ad hoc pour l'acquisition de collections très
coûteuses aussi, ou élaborer avec des milieux un programme de
publications axées sur des besoins exprimés de
l'extérieur. Aussi, pour établir une programmation de
microproductions axées vers une rentabilité, quand on veut
développer le rayonnement régional et international de
l'institution, par exemple.
Dans le deuxième alinéa, comme il est prévu, il est
possible que la bibliothèque soumette au gouvernement une mesure
d'exception qui est relative à la rémunération des membres
des comités, parce que les mandats comporteront sûrement la
poursuite de travaux significatifs, tout comme c'est le cas dans le cas des
membres de jurys actuels, par exemple, que forme le ministère des
Affaires culturelles.
M. Boulerice: Je lis bien: "... peut établir des
comités formés de personnes chargées de la conseiller sur
l'acquisition de biens, etc. " Je vais, l'adopter à condition que la
Bibliothèque nationale s'intéresse, j'ose l'espérer,
à l'extraordinaire collection de livres anciens que possède le
collège de Joliette. Elle est dans un état pitoyable. C'est une
richesse énorme pour le Québec. Je vous vois, monsieur,
peut-être, potentiellement, j'anticipe la loi, le
président-directeur général, prendre des notes avec
beaucoup d'attention. Je me ferai un plaisir même de vous accompagner
dans ma ville natale et vous la montrer. C'est l'oeuvre du Père Laroche.
Je ne sais pas combien d'années de sa vie il y a consacré. J'en
ai parlé avec M. le sous-ministre, il y a quelque temps. Alors, j'ai
l'occasion de faire d'une pierre deux coups, lui rappeler et surtout parler au
premier intéressé.
Conditionnellement à mes remarques, l'article 15 pourrait
être considéré comme adopté.
Mme Bacon: Je vois déjà les gens qui prennent des
notes.
Le Président (M. Trudel): Adopté, article 15.
Article 16: "Les procès-verbaux des séances du conseil
d'administration, approuvés par celui-ci et certifiés conformes
par le président ou par le secrétaire sont authentiques. "Il en
est de même de toute copie de document de la bibliothèque
certifiée conforme par le président ou par une personne qu'il
désigne. "
Mme Bacon: Je pense qu'on peut se passer de commentaire dans ce
domaine.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que c'est adopté?
Article 16, adopté. M. le député.
M. Boulerlce: Oui.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Trudel): Section 2, article 17: "La
bibliothèque a pour fonctions de rassembler, de conserver de
manière permanente et de diffuser le patrimoine documentaire
québécois publié et tout document qui s'y rattache et qui
présente un intérêt culturel. "Elle a également pour
fonctions de rassembler, de conserver et de diffuser les documente relatifs au
Québec et publiés à l'extérieur du Québec.
"
Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, les fonctions qui sont
énumérées sont des fonctions qui sont dévolues
à toute bibliothèque nationale. Quant aux documents
publiés hors Québec, mais qui sont relatifs au Québec, il
s'agit essentiellement des publications dont l'auteur est
québécois ou dont le sujet se rapporte au Québec, d'une
façon ou d'une autre.
Quant on dit "tout document qui s'y rattache et qui présente un
intérêt culturel", tel que c'est spécifié dans le
premier paragraphe, on vise à ce que la bibliothèque puisse
compléter ses fonds d'imprimés par certains fonds de manuscrits,
des photos ou des disques. C'est le cas, par exemple, des écrivains dont
l'oeuvre fait déjà partie des collections et dont les manuscrits
et autres documents viennent les compléter. Alors, ce passage vise de
plus à éviter de scinder certains fonds qui peuvent être
donnés ou légués et qui contiennent des documents d'une
autre nature tels que désignés, au premier alinéa, comme
"tout document qui s'y rattache et qui présente un intérêt
culturel".
Il faudrait aussi noter, M. le Président, que si la
bibliothèque a pour fonctions de conserver de manière permanente,
rien n'indique ici qu'elle doive le faire en conservant le document dans sa
forme originale. Dans certains cas, pour les journaux, par exemple, elle
pourrait un jour les transposer sur vidéodisques ou un autre support qui
est issu de la technologie contemporaine qui est maintenant explicitée
dans l'article 18, paragraphe 1. On le retrouve plus loin.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce qu'on peut attirer votre attention sur les choses courantes?
Mme Bacon: M. le député est à court de
cigarettes, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): II court les cigarettes
plutôt que de s'occuper des choses courantes.
M. Boulerlce: Non, j'encourage les industries de ma
circonscription. Deux remarques, au départ...
Mme Bacon: L'industrie du pétrole. M. Boulerice:
Non, du tabac, madame. Une voix: C'est plus vrai que tu penses.
M. Boulerice: MacDonald Tobacco, centre-sud, et après
cela, mon pays natal qui est producteur de tabac, Joliette.
Deux remarques. La première, la bibliothèque a pour
fonctions de rassembler - vous converger avec l'opinion de la majorité
de ma circonscription, M. le Président, je suis heureux de voir cela -
de conserver, de manière permanente... D'accord. On a grandement fait
état des conditions difficiles de conservation qu'éprouve la
Bibliothèque nationale. Cela est un grand pan qui est ouvert. Ah bien
oui, voyons!
Mme Bacon: Allez, continuez, je vous écoute.
M. Boulerice: Donc, il y a place à un débat, non
pas sur la Bibliothèque nationale comme telle, mais sur une
bibliothèque nationale; je pense qu'on m'entend quand j'emploie ce
vocable-là, une bibliothèque nationale.
Deuxièmement, je vous en avais glissé un mot tantôt,
en Chambre. Tout "document" n'est pas défini. Je pense qu'il y aurait
intérêt à ce qu'on raffine la définition du mot
"document". Elle existait dans la loi précédente, d'ailleurs;
mais là, elle ne s'y retrouve pas. Dans la loi précédente,
on disait du mot document: Toute publication, de quelque nature qu'elle soit,
qui est multipliée par les moyens de l'imprimerie ou par tout autre
procédé graphique, y compris les procédés
phonographiques et photographiques, mais à l'exclusion des
procédés cinématographiques". Je me demande s'il ne serait
pas utile de la rajouter.
Mme Bacon: Le projet de loi ne donne pas de définition des
mots "document" et "publié" parce que le sens donné à ces
mots par les grands dictionnaires de langue française est suffisamment
clair. Je pense que le Grand Robert de la langue française, en
1986...
M. Boulerice:... Petit Robert. (21 h 15)
Mme Bacon:... définit - il n'y a que de grands Robert - le
mot document par "écrit servant de preuve ou de renseignement, par
extension, toute base de connaissance fixée matériellement
susceptible d'être utilisée pour consultation, étude ou
preuve". Le terme publié
est défini: "faire connaître au public, rendre public". Les
termes sont donc suffisamment connus. Ils sont suffisants pour la bonne
compréhension des gens. Le ministère de la Justice nous a
recommandé d'éviter la multiplication des définitions dans
les lois parce qu'il y a des définitions courantes qui sont suffisamment
claires et qu'on n'a pas à reprendre dans un projet de loi. C'est ce que
nous dit le ministère de la Justice.
M. Boulerice: Je pense que mon collègue, le
député de Bourget, a fait une remarque assez pertinente dans son
intervention quand il pariait de logiciels... et tout cela, ce sont des
documents. Vous dites que le ministère de la Justice vous dit qu'il faut
que ce soit le plus restrictif possible. J'en conviens. Peut-être qu'au
ministère de la Justice, ce sont des juristes et c'est à eux
après de décortiquer les mots. Quand vous dites que ces mots sont
dans les dictionnaires... Je vais apporter une image parce qu'on comprend
toujours très vite. Vous jouez au scrabble comme tout le monde. Mais
vous m'opposez votre Flammarion et je vous oppose Quillet. Vous avez le Grand
Robert. Je vous oppose le Petit Robert.
Le Président (M. Trudel): Je prendrais celui du CEC...
M. Boulerice: Oui, aussi. Je pense que, par prudence, on devrait
remettre la définition du mot "document" qui était là,
dans la loi, et même y ajouter également la notion que lui donnait
M. le député de...
Le Président (M. Trudel): Je ne sais pas ce que vous avez
l'intention d'en faire, Mme la ministre, mais je vous ai dit ce que j'en
pensais cet après-midi. Au niveau strictement technique, je n'aime pas
voir des définitions trop restrictives et trop précises dans les
lois, il est toujours beaucoup plus complexe d'amender une loi. Et on sait
qu'on joue avec la loi sur la Bibliothèque nationale une fois tous les
20 ans. Alors si on se trompait cette fois-là, on risquerait que le
député de Saint-Jacques ne soit pas là la prochaine fois
dans 20 ans pour corriger. Quant à moi, je préférerais
voir cela défini aux règlements, si c'était une chose
possible. C'est ce que j'ai dit à l'Assemblée nationale cet
après-midi. Moi aussi je considérais que le
député...
Mme Bacon: J'avais cru comprendre que vous n'aviez pas
suggéré que ce soit défini dans la loi.
Le Président (M. Trudel): Non, pas du tout.
Mme Bacon: Parce que si on se met à tout définir
dans cette loi-là, on risque d'en oublier. Et je pense que c'est
là qu'on fait erreur et fausse route. Et c'est pour cela que le
ministère de la Justice nous demande d'être prudents et nous
recommande d'éviter cette multiplication des définitions. Et on
pourra voir. Si on a besoin de le faire, dans un règlement, on le fera.
Mais dans la loi, cela peut être très difficile. Nous obliger
à rouvrir cette loi à mesure qu'on avance dans les nouvelles
techniques, je pense que cela peut être difficile.
M. Boulerice: Ce que nous souhaitons, nous de l'Opposition, c'est
que, justement, ce ne soit pas interprété de façon
restrictive et qu'à l'appui d'une interprétation restrictive on
se retrouve une bonne journée avec une destruction ou un abandon d'une
catégorie de documents, je ne sais pas quoi et là on s'en mordra
les pouces. Et l'affirmation de mon collègue, président de la
commission, est quand même vraie. Comme c'est une loi à laquelle
on ne touche quand même pas tous les jours, parce que c'est une grande
institution, si par malheur on laissait cette brèche, je pense que nous
en serions les premiers malheureux au-delà des accusations que nous
pourrions nous lancer de part et d'autre, cela ne réglerait absolument
pas le problème. Je pense qu'on serait mutuellement très
malheureux de voir qu'on a peut-être laissé passer cela.
Mme Bacon: Encore là, si on définissait ce qu'est
une accusation, on chercherait peut-être où est-ce qu'elle
était. Je pense que c'est la même chose. Quand on regarde les
termes ici, tout le monde sait ce qu'est le terme "document", "publier", tout
le monde sait ce que c'est. On ne voit pas pourquoi on se mettrait à
tout énumérer. Il y aurait sûrement des oublis si on
commençait à faire une enumeration.
M. Boulerice: Mais est-ce que vous êtes prête
à vous engager à le mettre dans un règlement?
Mme Bacon: Si on les énonçait dans un
règlement, mais pas dans une loi. On va regarder la définition
pour la réglementation, mais pour la loi, je pense que cela deviendrait
trop difficile pour avoir à revenir. Quand on parle des disquettes, par
exemple, dans les documents, cela n'existait pas il y a dix, quinze ou vingt
ans. Alors qu'est-ce que cela sera dans 20 ans d'ici? Je ne le sais pas. Si on
se met à énumérer ce qu'est un document, on va
sûrement en oublier. Il faudra ouvrir à mesure qu'on va sortir un
document nouveau sous une forme nouvelle.
M. Boulerice: Vous vous engagez à le mettre dans un
règlement. C'est cela que j'ai bien compris. Vous ne voulez pas vous
engager.
Mme Bacon: Non, je n'ai pas dit cela. J'ai dit que je m'engageais
à regarder, quand on va préparer les règlements, comment
on peut définir le mot "document".
M. Boulerice: Par contre, sur la question de relocalisation, je
n'ai pas eu le plaisir de vous entendre autant que je l'aurais
souhaité.
Mme Bacon: Lesquels? Le dossier suit son cours.
M. Boulerice: Vous me faites penser à cette caricature de
Daumier, Les plaideurs...
Mme Bacon: Vous auriez aimé que je retarde le Musée
d'art contemporain pour réunifier...
M. Boulerice: N'essayez pas d'opposer deux choses qui sont
distinctes.
Mme Bacon: Mais c'est cela. Il y a des choix à faire.
M. Boulerice: Mais vous me faites penser à cette
caricature de Daumier, Les plaideurs, où on voit le client qui rencontre
son avocat et qui dit: Où en est ma cause? Et l'avocat lui
répond: Elle court, elle court, elle court. Il lui dit: Mais au rythme
où elle court, mes chaussures seront usées à force de la
suivre. Le dossier suit son cours, oui, mais...
Mme Bacon: II chemine avec la Société
immobilière du Québec.
M. Boulerice: C'en est où actuellement?
Mme Bacon: Je ferai des annonces bientôt, mais ce n'est pas
pour aujourd'hui.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a eu des propositions qui ont
été faites au Conseil du trésor?
Mme Bacon: II y a des dossiers qui sont prêts, qui
cheminent et qui seront annoncés en temps et lieu. Je ne vous fais
jamais des annonces trois fois, moi. Je n'en fais qu'une seule et au moment
où le dossier est prêt.
M. Boulerice: Ee cela prend trois ans avant qu'on les ait.
Mme Bacon: Quand je l'annonce, il est prêt. Je ne fais pas
trois annonces comme quelqu'un a déjà fait ou je ne fais pas une
pelletée de terre en attendant.
Le Président (M. Trudel):... sur une dalle de
béton.
Mme Bacon: C'est cela. M. Boulerice: Quel lyrisme. Une
voix: Manana, manana.
M. Boulerice: Manana, manana.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que les arguments de Mme la ministre vous convainquent d'adopter
l'article 17?
M. Boulerice: Tant mieux si elle a raison, sinon, c'est la corde
pour mieux la pendre, c'est tout. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Nous allons
suspendre l'article 18 puisque Mme la ministre a un amendement à
proposer, de même que l'article 19, parce qu'elle y a un autre amendement
à proposer.
J'appelle donc l'article 20: "La bibliothèque ne peut, sans
obtenir l'autorisation préalable du gouvernement: 1°
acquérir, aliéner ou hypothéquer un immeuble; 2°
conclure un contrat de plus de trois ans, à l'exception d'un contrat de
services visant une exposition ou une autre activité d'animation. "
Mme Bacon: C'est un article semblable à celui qu'on trouve
dans les lois d'organismes qui sont comparables à cet organisme. Quant
à l'exception qui est mentionnée pour les expositions ou
certaines activités d'animation, elle est nécessaire, vu que la
planification des grandes expositions se prépare souvent plus de trois
ans à l'avance. Il fallait l'indiquer là-dedans.
Le Président (M. Trudel): M. le député.
M. Boulerice: écoutez! Je regarde tout de suite le premier
alinéa. Comme il y avait un avis de classement de déposé,
à la suite de l'apprentissage que la ministre a eu du Couvent de
Montmagny, je suis heureux de voir le paragraphe 1, "acquérir,
aliéner ou hypothéquer un immeuble". Donc, avec beaucoup de
vigilance, un autre incident aussi regrettable ne se répétera
pas.
Mme Bacon: Vous n'attendez pas un commentaire?
M. Boulerice: Non.
Le Président (M. Trudel): M. le député est
habitué de faire les questions et les réponses, Mme la
ministre.
M. Boulerice: C'est l'histoire qui est juge dans ce
débat-là.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
est-ce que l'article 20 est adopté?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Je vous lis l'article 21. Cela
m'inquiète. L'article 20 est
adopté. L'article 21: "Le gouvernement peut déterminer un
montant maximum au-delà duquel la bibliothèque doit obtenir
l'autorisation du gouvernement pour: 1° contracter un emprunt qui porte
au-delà de ce montant le total des sommes empruntées par la
Bibliothèque et non encore remboursées; 2° louer un immeuble.
"
Mme Bacon: C'est semblable à d'autres lois d'organismes
qui sont comparables.
Le Président (M. Trudel): Une variation sur un même
thème.
M. Boulerice: C'est standard, ça.
Le Président (M. Trudel): C'est standard.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 21 est adopté.
L'article 22: "La bibliothèque doit procéder... Vous avez un
amendement à l'article 22? Il est nouveau?
Mme Bacon: On le passera en même temps que les autres.
Le Président (M. Trudel): Je ne l'avais pas vu. On suspend
l'article 22. Excusez-moi, je n'avais pas...
L'article 23: "La Loi sur l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des renseignements personnels (L. R. Q., chapitre
A-2. 1) ne s'applique pas à un document que la bibliothèque
acquiert, loue, reçoit en échange ou emprunte d'une personne ou
d'un organisme qui n'est pas visé aux articles 3 à 7 de cette
loi. " Sujet dont nous allons traiter demain matin.
M. Boulerice: J'aimerais qu'on nous donne un peu plus
d'éclaircissement sur cet article.
Mme Bacon: C'est un article qui vise à la
Bibliothèque nationale son pouvoir de mettre sous scellés pour
une période déterminée certains documents privés de
nature absolument confidentielle que les donateurs ou les légataires ou
vendeurs tiennent à ne pas rendre publics avant un certain nombre
d'années. On donne un exemple. Ce n'est que récemment qu'on a
publié, si vous vous rappelez, Les lettres à Lucienne, du
fameux poète québécois, Alain Grand bois. Ces manuscrits
avaient été acquis par la bibliothèque en 1976 et
étaient conservés sous scellés depuis 1976. Les articles
de 3 à 7 de la loi sur l'accès aux documents visent
essentiellement les organismes publics et parapublics. Cet article, l'article
23, a fait l'objet de consultation auprès du ministère des
Communications, son service juridique, auprès du ministre et ils ont
donné leur assentiment à un tel article.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, est-ce que la
commission a été consultée ou normalement la commission
donne son opinion? Des fois, cela arrive malheureusement après
l'adoption des lois, c'est déjà arrivé, mais la Commission
d'accès à l'information donne habituellement un avis sur...
Mme Bacon: Ma réponse est oui.
Le Président (M. Trudel): L'avis a été
donné... La commission était d'accord?
Mme Bacon: Elle a été consultée.
Le Président (M. Trudel): Pas de problème, M. le
député? L'article 23 est-il adopté?
M. Boulerice: Elle a été consultée; mais
quel avis la commission a-t-elle émis?
Le Président (M. Trudel): Pas de problème, me
dit-on.
Mme Bacon: On a dit: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Trudel): La commission était
d'accord avec le libellé de l'article 23?
Mme Bacon: Est-ce que vous avez lu Les lettres à
Lucienne, M. le député?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Est-ce que vous avez lu Les lettres à
Lucienne écrites par M. Alain Grand-bois?
M. Boulerice: Non.
Mme Bacon: Magnifique, je vous le suggère.
M. Boulerice: Magnifique?
Le Président (M. Trudel): Est-ce que je peux ajouter sur
le plan un peu plus personnel qu'au moment de l'acquisition par la BN en 1976,
j'étais le sous-ministre qui a signé avec le ministre cette
autorisation? C'était une des grandes acquisitions de l'année et
cela avait coûté beaucoup de sous en 1976.
Mme Bacon: J'aurais aimé les recevoir.
M. Boulerice: J'aurais aimé Jes écrire, madame. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): L'article 23 est
adopté.
M. Boulerice: Je vous en ai déjà envoyé
une, madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Elle doit être sous scellés.
M. Boulerice: Je l'avais rendue publique, mais vous avez dit
adieu comme on dit...
Le Président (M. Trudel): Oui, mais vous êtes
revenu.
M. Boulerice: Eh bien, voilà.
Mme Bacon: évidemment, vous ne pouvez pas vous passer de
moi, M. le député.
M. Boulerice: Elle a été tellement contente de
recevoir la lettre qu'elle a tout fait pour se faire réexpédier
l'expéditeur.
Le Président (M. Trudel): Les fonctionnaires en
conviendront, ce qui est rare au ministère des Affaires culturelles que
le ou la ministre ait une longévité qui soit plus importante que
celle de son critique. Ce qui est le cas de Mme la ministre, parce que vous
êtes passée et vous êtes revenue; je vous parie qu'elle sera
encore là et vous serez déjà parti.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): J'appelle l'article 24.
M. Boulerice: Je partagerai d'autre chose avec vous, M. le
député.
Des voix: Ha, ha, ha!
Garanties gouvernementales
Le Président (M. Trudel): Article 24: "Le gouvernement
peut déterminer les conditions de toute subvention qu'il accorde
à la bibliothèque pour pourvoir, en totalité ou en partie,
au paiement en capital et intérêts de tout emprunt ou autre
obligation de la bibliothèque. "
Mme Bacon: C'est semblable aussi à d'autres
organismes.
M. Boulerice: C'est standard. Mme Bacon: C'est
comparable.
Le Président (M. Trudel): L'article 20 est-il
adopté, M. le député?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): L'article 25: "Le gouvernement
peut garantir, aux conditions qu'il détermine, le paiement en capital et
intérêts de tout emprunt ou autre obligation de la
bibliothèque. Les sommes requises pour l'application du présent
article sont prises sur le fonds consolidé du revenu. "
Mme Bacon: C'est la même chose.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député?
M. Boulerice: Adopté.
Comptes et rapports
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 26:
"L'exercice financier de la bibliothèque se termine le 31 mars de chaque
année. "
Mme Bacon: Cela correspond à l'exercice financier du
gouvernement.
Le Président (M. Trudel): Adopté?
M. Boulerice: C'est la règle d'administration de
l'État.
Le Président (M. Trudel): L'article 27: "La
bibliothèque doit soumettre au gouvernement, pour approbation, son
budget pour l'année suivante dans le délai et selon la forme que
celui-ci peut déterminer. "
Mme Bacon: Cet article s'appliquera de la même façon
qu'aux autres organismes gouvernementaux qui relèvent du
ministère des Affaires culturelles subventionnés par le
ministère.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 28: "La
bibliothèque doit, dans les quatre mois de la fin de son exercice
financier, transmettre au ministre ses états financiers ainsi qu'un
rapport de ses activités pour l'exercice financier
précédent. " (21 h 30)
Mme Bacon: C'est la même chose, c'est semblable aux autres
lois, aux autres organismes. C'est aussi standard.
Le Président (M. Trudel): M. le député?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Je m'excuse je
n'ai pas lu le premier paragraphe. "Les états financiers et le rapport
d'activités doivent contenir tous les renseignements exigés par
le ministre. "
Article 29. "Le ministre dépose le rapport d'activités et
les états financiers devant l'Assemblée nationale dans les 30
jours de leur
réception si elle est en session ou, sinon, dans les 30 jours de
la reprise des travaux. " De rigueur.
Mme Bacon: C'est la même chose. C'est standard.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 30: "La
bibliothèque doit fournir au ministre tout renseignement qu'il requiert
sur ses activités. "
Mme Bacon: C'est un article qui permet au ministre d'obtenir,
s'il le désire, les renseignements supplémentaires à ceux
qui sont contenus dans le rapport annuel et surtout de les demander à
n'importe quel moment de l'année, s'il sent le besoin de demander des
informations, des renseignements à la bibliothèque.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 31.
M. Boulerice: C'est une nouvelle standardisation?
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que la nouvelle
standardisation est adoptée? Oui.
Adopté. Article 30.
Article 31: "Les livres et comptes de la bibliothèque sont
vérifiés par le Vérificateur général, chaque
année, et chaque fois que le détermine le gouvernement. "Le
rapport du vérificateur doit accompagner le rapport d'activités
et les états financiers de la bibliothèque. "
Mme Bacon: C'est standard.
Le Président (M. Trudel): C'est standard. Adopté?
M. le député?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 32: "La
bibliothèque doit, dans les quatre mois précédant le
début de son exercice financier, soumettre au ministre ses orientations
pour cet exercice. "Le ministre peut, à la suite de la transmission des
orientations, donner des directives à ce sujet à la
bibliothèque pour cet exercice. "Ces directives doivent être
approuvées par le gouvernement et entrent en vigueur le jour de leur
approbation. Une fois approuvées, elles lient la bibliothèque qui
est tenue de s'y conformer.
Toute directive donnée en vertu du présent article doit
être déposée devant l'Assemblée nationale dans les
30 jours de son approbation par le gouvernement si elle en session ou, sinon,
dans les 30 jours de la reprise des travaux. "
Mme la ministre.
Mme Bacon: Naturellement, les orientations dont il est fait ici
mention correspondent aux grands objectifs ou aux objectifs
généraux que se fixera ou que révisera la
Bibliothèque nationale chaque année. On peut donner un exemple.
Par exemple, si elle entendait modifier les règlements en vue d'imposer
un dépôt légal de tous les documents sonores qui sont
produits ici au Québec, cela serait une orientation qui devrait sans
doute être soumise au ministre concerné et qui serait prescrite
ici par cet article. Malgré le fait que la Bibliothèque nationale
sera une corporation et que par la suite elle sera administrée par un
conseil d'administration, le ministre pourra, grâce aux trois
alinéas qui suivent, émettre des directives à la
bibliothèque pour la durée de l'exercice mentionné.
M. Boulerice: Vous pourrez peut-être me rafraîchir la
mémoire. Est-ce qu'on retrouve cela dans la Loi sur les musées
nationaux?
Mme Bacon: Pour les nouveaux organismes, on le retrouve de plus
en plus.
M. Boulerice: Comme? Quels sont ceux qui ont cette disposition
dans les dits nouveaux organismes?
Mme Bacon: La SOGIC, par exemple. Des pouvoirs de directive. Un
pouvoir de directive, c'est maintenant une chose commune dans les lois qui
régissent ces organismes. Nous avons banalisé ce pouvoir,
justement pour éviter une utilisation abusive. On s'impose d'obtenir
l'accord du Conseil des ministres. On doit faire aussi le dépôt
à l'Assemblée nationale. Ce qui veut dire que le ministre qui
utilise son pouvoir devra expliquer sa décision devant le Conseil des
ministres, devant l'Assemblée nationale. Donc, on pense que cela va
banaliser ce pouvoir, pour éviter qu'il y ait une utilisation abusive.
L'institut d'hôtellerie, par exemple, a ce genre de pouvoir comme nouvel
organisme. C'est nouveau. Ce sont de nouveaux pouvoirs qui font en sorte qu'on
doit avoir l'assentiment du Conseil des ministres et aller publier devant la
Chambre les décisions qui sont prises. Il ne peut donc pas y avoir
abus.
Le Président (M. Trudel): Si je peux me permettre, Mme la
ministre, je l'aurais dit à l'Assemblée nationale cet
après-midi si j'en avais eu le temps. C'est, assez curieusement, 20 ans
après. Je suis content de savoir que cela devient
presque banal. Cela a été mon sujet de thèse au
London School of Economics que ce pouvoir du ministre de donner des directives
à un organisme public à la condition d'en assumer les
responsabilités publiquement. Au fond, ce qui se passait avant... En
Angleterre, cela fait à peu près 20 ans que cela est entré
dans les moeurs. Cela a remplacé ce qu'on appelait les directives
informelles. Il faut être réaliste. Un ministre qui veut arriver
à ses fins et obtenir ce qu'il veut prend le téléphone et
il peut parler facilement à un président. Tandis que là,
sur les grandes orientations, cela l'oblige quand même...
Mme Bacon: Non seulement c'est banalisé, mais c'est
balisé...
Le Président (M. Trudel): C'est balisé, oui,
voilà une bonne expression.
Mme Bacon:... par le fait que le Conseil des ministres doit
être informé...
Le Président (M. Trudel): L'Assemblée
nationale.
Mme Bacon:... et l'Assemblée nationale. Alors, on rend
moins... En fait, l'utilisation ne peut pas être abusive.
Le Président (M. Trudel): Cela porte sur les grandes
orientations, cela ne porte pas sur ce qu'on appelle le "day to day",
l'administration et la gestion quotidienne.
Mme Bacon: Non, non.
M. Boulerice: Bon. Dans la mesure où c'est utilisé
effectivement avec discernement...
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice:... compte tenu qu'il y a la réponse en
Chambre...
Mme Bacon: Cela ne peut pas être utilisé autrement
que comme cela. Il y a trop d'incidence si...
Le Président (M. Trudel): II y a trop de balises, comme
vous le disiez.
Mme Bacon: C'est cela. C'est balisé et on banalise en
même temps ce pouvoir...
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député?
M. Boulerice: Adopté.
Administration provisoire
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 33: "Le
ministre des Affaires culturelles peut charger une personne qu'il
désigne de vérifier si les dispositions de la présente loi
et des règlements sont observés par la bibliothèque ou
d'enquêter sur la gestion ou les activités de la
bibliothèque. "La personne ainsi désignée est investie,
pour les fins d'une enquête, de l'immunité et des pouvoirs d'un
commissaire nommé en vertu de la Loi sur les commissions
d'enquête, sauf du pouvoir d'ordonner l'emprisonnement. "
Mme Bacon: Ce pouvoir ne figure pas dans les lois des autres
organismes gouvernementaux. Par contre, on le retrouve habituellement dans les
lois sur les organismes paragouvernementaux comme les hôpitaux, par
exemple, les commissions scolaires. C'est une mesure de prudence qui ne retire
à la corporation aucun de ses pouvoirs si la gestion de cette
corporation est normale, mais elle permet au ministre d'intervenir s'il y a une
gestion anormale qui est décelée.
Alors, ce que j'ose espérer, c'est que le ministre, ni moi ni un
autre dans l'avenir, n'aura besoin d'utiliser l'article 33. Mais, cet article
permet quand même au gouvernement d'intervenir d'autorité dans
l'administration de la Bibliothèque nationale du Québec. Un
gouvernement responsable doit s'assurer qu'il a les moyens d'intervenir s'il
doit faire face à des problèmes importants. C'est une institution
qui va quand même devoir gérer des fonds publics, qui va aussi
devoir assumer la responsabilité d'une partie importante de notre
patrimoine. Cela, il ne faut pas l'oublier quand on adopte une Loi sur la
Bibliothèque nationale. Il y a des exemples qu'on peut donner: Si un
jour la Bibliothèque nationale, pour quelque raison que ce soit, vendait
des ouvrages, des ouvrages rares ou des ouvrages anciens, parce qu'elle en a
des trésors en ce moment, et que le gouvernement sent qu'on ne peut pas
permettre de perdre un tel patrimoine; ou si la Bibliothèque nationale
avait une gestion non conforme avec l'obligation de procéder par
soumissions publiques, par exemple, ce qu'on voit à l'article 22; ou
aussi, si la Bibliothèque nationale manquait de façon continue
à ses mandats, tels qu'ils sont énumérés ici par
l'article 18, alors, les articles 33, 34 et 35 sont là surtout à
titre préventif. Si on veut être responsable, on doit
prévoir les possibilités de gestes comme ceux-là qui
pourraient être posés. C'est une protection additionnelle pour
notre patrimoine.
M. Boulerice: Mme la ministre me répond que cela existe
dans le domaine parapublic, on peut donc sous-entendre le milieu de la
santé et le milieu de l'éducation. Donc, cela n'existe pas dans
les organismes publics. Ces articles 33, 34 et 35, qui vont suivre, sont donc
des précédents. Cela me semble être une espèce
d'épée de Damoclès, de menace de tutelle
déguisée et, philosophiquement, j'ai énormément de
difficulté à accepter cela. Être l'actuel directeur
général de la Bibliothèque nationale du Québec, je
serais
très conscient de l'importance de mon rôle et de
l'institution que je dirige et, moi, je recevrais cela comme un camouflet. Je
trouve que c'est d'exprimer, à travers un vocabulaire juridique, une
méfiance incroyable envers de grands commis de l'État,
chargés justement de la gestion des grandes institutions de
l'État. Cette nouvelle standardisation, puisqu'il faut employer le mot,
augure... On est peut-être en train de vivre 1984 en 1988 de George
Orwell, c'est un portrait-charge, c'est une forme grammaticale en langue
française qui nous permet d'exprimer ce qu'on pense. Puis, qu'est-ce qui
va arriver avec les organismes où cela n'existe pas? Est-ce qu'on va
nous amener bientôt à une série d'amendements aux lois
déjà existantes constituant des organismes et qu'on va leur
inclure, à eux aussi, des 33, 34 et 35. Je trouve cela... J'ai
tenté une hypothèse, cet après-midi, je me suis dit:
Est-ce que c'est l'empreinte et l'emprunt également du président
du comité du développement social et culturel qui se fait sentir,
parce qu'on retrouve cela dans ses lois à lui. Il doit être un peu
déçu de voir que la ministre des Affaires culturelles...
Mme Bacon: Est sur la même longueur d'onde.
M. Boulerice: Oui, oui, effectivement. Je sais qu'elle est
quelquefois capable de se distancer mais là, je regrette qu'elle ne
l'ait pas fait. Comme pour moi, 33, 34 et 35 n'existent nulle part ailleurs et
je vois cela véritablement très mal, cette espèce de
camouflet donné. La ministre est-elle capable de m'expliquer que rien
d'autre n'existe dans toutes les lois? Le musée pourrait dilapider... On
va donner un exemple, bon, vous savez, qui m'est cher et familier, vous
l'attendez et si je ne le faisais pas, vous seriez déçue: Le
Musée d'art contemporain pourrait décider de dilapider
l'extraordinaire collection de Borduas qu'il a, et la plus belle au monde, qu'a
empruntée, d'ailleurs, le Musée des beaux-arts pour faire son
exposition, sinon elle aurait été maigrichonne, puisqu'il en a
peu...
Mme Bacon: II aurait peut-être fallu que le Musée
d'art contemporain la fasse lui-même, l'exposition...
M. Boulerice: Bien oui, mais que voulez-vous, quand on lui
confisque ces profits, ce pauvre musée, cela devient difficile
après cela de fonctionner. Oui, la privatisation des profits et la
socialisation des pertes. Mais, sans avoir un 33, 34, 35, je sais pertinemment
que les musées nationaux ne peuvent pas faire cela.
Mme Bacon: Est-ce que vous avez fini? M. Boulerice: Oui,
pour le moment.
Mme Bacon: Pour le moment? Alors, vous me permettez de
répondre un peu.
M. Boulerice: Bien oui. Allez-y, la soirée est jeune, de
toute façon.
Mme Bacon: C'est vrai que c'est nouveau. Je n'ai pas dit qu'on
essayait de faire des changements à ce qui existe déjà,
c'est nouveau.
Je dois dire que le directeur de la Bibliothèque nationale est
d'accord avec ce qu'on met de l'avant là-dedans et il n'a aucune crainte
de sa part quant à 33, 34 ou 35. C'est pour nous et aussi pour lui, un
concept de responsabilité, de part et d'autre, et de la part du P. -D.
G. et de celle du gouvernement. Si on jette les O. K. en disant que cela n'a
pas de bon sens et que cela ne se fait pas ailleurs, au Library Congress, le
directeur doit faire un dépôt d'argent pour assurer sa bonne
gestion. C'est chacun sa façon d'être responsable. On n'a pas
demandé au directeur de faire un dépôt d'argent pour nous
assurer qu'il va faire une bonne gestion des choses. On s'est
protégé à titre préventif par les articles 33, 34
et 35. On préfère cette façon de protéger,
d'être responsable et de prévoir. C'est une mesure exceptionnelle,
on est d'accord avec ça, mais on n'est pas à part des autres
bibliothèques nationales; on le fait d'une autre façon. (21 h
45)
M. Boulerice: II y a un rapport annuel. Vous me dites que le
directeur général est d'accord avec ça. Nonobstant tout le
respect que j'ai pour le directeur général, la tâche qu'il
accomplit et celle qu'il aura sans doute à accomplir, je ne me
gênerai quand même pas pour critiquer et dire que je ne suis pas
d'accord avec son accord. Un rapport annuel est soumis au Vérificateur
général et je pense que personne dans ce pays et dans les dix
provinces du Canada ne peut tenter de s'amuser avec le Vérificateur
général quand on connaît, d'une part, ses pouvoirs, son
pouvoir moral et son pouvoir politique qui en découle, parce que, quand
on se fait, comme on dit en bon québécois, "swinger" par le
directeur général, je pense qu'on y écope drôlement.
En plus, il y a un pouvoir de surveillance des directives que peut
émettre la ministre. Je trouve qu'elle a suffisamment d'instruments de
contrôle de bonne gestion sans ajouter 33, 34 et 35 qui, je vous le
répète, m'apparaissent toujours un peu odieux.
Mme Bacon: J'aurais peut-être deux ou trois questions
à poser au député de Saint-Jacques, M. le
Président. Que ferait le député de Saint-Jacques si la
Bibliothèque nationale avait une gestion non conforme à l'article
22, c'est-à-dire qui ne se plierait pas à l'obligation de
procéder par soumissions publiques? Première question.
Que ferait le député de Saint-Jacques si la
Bibliothèque nationale, pour quelque raison que ce soit, vendait des
ouvrages rares et anciens qu'on doit garder comme des trésors de notre
patrimoine et qu'elle dilapiderait ces trésors patrimoniaux à
tout vent? Que ferait le député de Saint-Jacques si la
Bibliothèque nationale
manquait de façon continue à ses mandats? Ce sont des
directives qu'on doit donner et qui doivent être suivies. Est-ce que le
député de Saint-Jacques accepterait que des directives de saine
gestion données à la Bibliothèque nationale ne soient pas
respectées et que le ministre responsable soit incapable d'intervenir?
Que ferait le député de Saint-Jacques, dans un tel cas, pour
régler le problème? Attendrait-il le rapport annuel? Je ne pense
pas que ce soit inscrit dans le rapport annuel.
M. Boulerice: Je ne sais pas. Il y a de très belles
éditions originales de Corneille, Racine que vous allez d'ailleurs
trouver à Joliette, n'est-ce pas, pour enrichir votre collection. Mais
quand cela part, je pense que cela se sait.
J'irais voir ma ministre. Que fait la ministre si le Musée d'art
contemporain se départit des Borduas qu'il y a là? Que
faites-vous?
Mme Bacon: Vous n'avez pas répondu à ma
question.
M. Boulerice: Bien oui. Je vous réponds en vous posant une
question.
Mme Bacon: Vous ne répondez pas à ma question.
Comment régleriez-vous ce problème? Vous êtes contre les
articles 33, 34, 35. Comment répond riez-vous à la question que
je vous pose?
M. Boulerice: Mais, comment...
Mme Bacon: Ne revenez pas avec le Musée d'art
contemporain, s'il vous plaît. Je sais que vous le connaissez bien, que
vous savez tout ce qui s'y passe. Répondez à mes questions
là-dessus.
M. Boulerice: Je peux même lire son avenir.
Mme Bacon: Cela dépend de ce qu'on vous dit
là-bas.
M. Boulerice: On me dit toujours la vérité. Voyons!
Vos fonctionnaires ne sont pas menteurs, madame. Ils ne déforment pas la
vérité. Que faites-vous?
Mme Bacon: Répondez à ma question. Vous n'avez
répondu à aucune de mes questions.
M. Boulerice: Bien, attendez. J'ai besoin de... Si je peux vous
imiter un peu à la période de questions en Chambre, laissez-moi
ce plaisir quelques secondes. Que faites-vous avec...
Le Président (M. Trudel): C'est un excellent exercice pour
vos futures fonctions de ministre que d'essayer de répondre à des
questions.
M. Boulerice: Que faites-vous avec le Musée d'art
contemporain s'il se départit de la collec- tion de Borduas?
Mme Bacon: II n'y a rien qui vous dise qu'on n'aura pas
pensé de faire la même chose là.
M. Boulerice: Ah! Donc, vous avez l'intention...
Mme Bacon: Je n'ai pas dit cela. Pourquoi ne le ferait-on pas
pour le Musée d'art contemporain?
Mais répondez à mes questions. Que feriez-vous si la
Bibliothèque nationale...
M. Boulerice: Vous n'avez pas de recours.
Mme Bacon:... ne se conformait pas à l'obligation qui lui
est faite de procéder par soumissions publiques, vous qui poursuivez le
gouvernement toujours pour que nous soyons limpides et clairs et transparents
et qui vous vantez de transparence.
M. Boulerice: êtes-vous en train de me dire que dans les
cas où on doit aller par soumissions, si les autres organismes qui
relèvent de votre ministères et qui n'ont pas les articles 33, 34
et 35 ne le font pas, vous ne pouvez rien faire actuellement?
Mme Bacon: Rien ne nous garantit dans nos lois d'intervenir s'ils
n'y vont pas pas soumissions publiques. Il n'y a rien qui me permette d'aller
voir de si près la gestion d'un musée, votre Musée d'art
contemporain dont vous pariez si souvent, M. le député.
M. Boulerice: Merci de dire mon musée.
Mme Bacon: Et pour lequel vous êtes si près et si
attaché.
M. Boulerice: La jalousie ne mène nulle part.
Mme Bacon: Rien ne peut me permettre d'aller voir si cela
fonctionne par obligation, sauf s'il y a fraude. S'il y a fraude, on peut y
aller. Cette loi sur l'administration de procéder par soumissions
publiques, qui est la transparence même, qui est exigée de tous
les fonctionnaires de la fonction publique... Vous ne répondez pas
à mes questions, M. le député.
M. Boulerice: Mais vous leur avez déjà
indiqué dans un article qu'ils doivent aller par soumissions.
Mme Bacon: S'ils ne le font pas?
M. Boulerice: Vous êtes en train de me dire qu'il y a une
série incroyable d'organismes qui peuvent contrevenir à la Loi
sur l'administration.
Vous ne pouvez...
Mme Bacon: Non. À moins qu'il y ait fraude.
M. Boulerice: À leur propre loi. Et vous ne pouvez
pas?
Mme Bacon: Non. À moins qu'il y ait fraude... Vous
êtes au courant que je ne peux pas aller vérifier.
M. Boulerice: Mais dans combien de cas y a-t-il eu des fraudes et
des tutelles?
Mme Bacon: Vous demanderez peut-être à l'ancien
détenteur du poste de ministre des Affaires culturelles.
M. Boulerice: Double réponse. Je continue dans mon
idée. Je trouve que c'est de la méfiance. Cela n'existe nulle
part ailleurs. Je ne vois vraiment pas l'utilité de mettre cela dans une
loi qui vise un organisme qui relève directement du ministère,
même s'il a été formé en corporation et qui est une
institution nationale. N'y a-t-il pas une loi du patrimoine? Il y a une loi du
patrimoine. Vous pouvez déjà invoquer celle-là. Est-ce que
vous sentez l'arrivée du "batch" de fraudeurs? On ne l'a jamais eu. Je
ne verrais pas pourquoi elle arriverait demain matin.
Mme Bacon: Je ne dirais pas cela si j'étais à la.
place du député de Saint-Jacques. Il faudrait peut-être
qu'il parle à un ancien ministre des Affaires culturelles qui a eu des
problèmes dans un organisme et qui ne pouvait pas y aller pour faire
cesser ces problèmes parce que la loi ne lui permettait pas d'y aller.
Il faudrait peut-être qu'il regarde un peu le passé. Tout ministre
devrait être capable de répondre publiquement de la gestion des
organismes et le ministre quand il pourra répondre à une gestion
correcte de ces organismes, il devra être capable d'aller voir comment
c'est géré. Dans le moment, la loi ne nous permet pas de voir
comment c'est géré. Le ministre est responsable devant
l'Assemblée nationale de cette gestion sans être capable d'aller
vérifier.
Donc, s'il y a fraude, le ministre doit répondre de cette fraude
à l'Assemblée nationale sans avoir été capable
d'aller vérifier la gestion de l'organisme.
M. Boulerice: Donc, en conséquence, pour tous les
organismes, s'il y a fraude, vous pouvez faire quelque chose. S'il y a fraude,
vous avez bien dit.
Mme Bacon: Le ministre ne répond pas en Chambre de cette
fraude... mais il n'est pas capable d'aller prévoir ou prévenir
cette fraude. Il ne répond qu'au moment où elle existe. Il
faudrait peut-être faire en sorte que les gens se sentent obligés
de respecter la loi et qu'on ne se rende pas jusqu'à une fraude. C'est
une manière préventive de faire les choses. C'est de la
prévention qu'on fait et je pense que cette prévention est de
bonne gestion. C'est un concept de responsabilité. Je pense qu'un
concept de responsabilité, il ne faut pas minimiser cela.
M. Boulerice: Découlant de votre argumentation, je dois
vous dire que tous les organismes relevant du ministère des Affaires
culturelles devront voir leur loi amendée pour y inclure des articles
identiques à ceux qu'on retrouve...
Mme Bacon: Ce n'est pas ce que j'ai dit, je n'ai pas dit qu'on
partirait en guerre et que l'on irait amender toutes mes lois cette
année. On verra si on a besoin de le faire.
M. Boulerice: Là, vous avez créé...
Mme Bacon: On est en train de faire celle-là.
M. Boulerice: Je le sais bien, mais... Mme Bacon: Pourquoi
on ne fait pas...
M. Boulerice:... vous avez créé la SOGIC et vous ne
l'avez pas mis dedans. La SOGIC n'a pas été créée
en l'an quarante, cela fait quelques mois, tout au plus.
Mme Bacon: Mais la SOGIC n'a pas la même gestion des choses
que cela. Il y a des sélections qui se font à la SOGIC, ce n'est
pas la même chose que cela. Ici, quand on parle d'ouvrages rares,
d'acquisition d'ouvrages anciens, de trésors qui sont des trésors
de notre patrimoine, ce n'est pas la même chose.
M. Boulerice: Ces gens gèrent des fonds publics aussi; ils
sont appelés à donner des soumissions. C'est un autre volet.
Mme Bacon: S'ils ne se plient pas aux soumissions publiques,
c'est cela qu'on dit.
M. Boulerice: C'est cela. S'ils ne se plient pas, vous ne pouvez
pas intervenir, donc pourquoi ne l'avez pas mis pour la SOGIC aussi, cet
article-là?
Mme Bacon: Le mandat n'est pas le même à la SODICC
que le mandat de la Bibliothèque nationale, quand même; ce n'est
pas la même chose.
M. Boulerice: La SOGIC a le mandat de dépenser aussi,
d'investir, alors qu'elle pourrait potentiellement aller sans soumission.
Mme Bacon: Elle garantit des prêts, elle investit, mais
elle n'a pas le même mandat que
cela.
M. Boulerice: Alors, pourquoi ne pas l'avoir mis? Je vous donne
le bénéfice du doute, je ne pense pas que ce soit vous qui l'ayez
inventé, mais qu'on vous l'a imposé... Des silences
éloquents! C'est un acte de méfiance; la banque du Saint-Esprit
n'est pas surveillée comme cela au Vatican.
Le Président (M. Trudel): M. le député, il
est 21 h 58. Est-ce que vous...
Une voix: Je ne suis pas d'accord.
Le Président (M. Trudel): Vous demandez un vote,
adopté sur division, vous voulez poursuivre la discussion qui semble
avoir atteint un point, peut-être pas de non-retour, mais à tout
le moins...
M. Boulerice: Je ne peux pas adopter ces articles-là.
Le Président (M. Trudel): Là, on ne vous en demande
pas tant, on vous demande un article à la fois.
M. Boulerice: On risque de chagriner le directeur
général de la bibliothèque...
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous demandez un
appel nominal ou quoi...
M. Boulerice: Adopté sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division?
Article 33, adopté sur division. Il reste une minute. J'ai le temps de
lire et d'entendre un premier commentaire sur l'article 34: "Le gouvernement
peut, pendant ou après la tenue d'une vérification ou d'une
enquête, et après avoir donné aux membres du conseil
d'administration l'occasion de présenter leurs observations, ordonner
que les pouvoirs de la bibliothèque soient suspendus pour la
période qu'il détermine et nommer un administrateur qui exerce
les pouvoirs du conseil d'administration lorsque la bibliothèque
s'adonne à des pratiques ou tolère une situation qui sont
incompatibles avec la poursuite de ses fins et celles d'une saine
administration. "
Mme Bacon: J'aimerais peut-être redire, M. le
Président, qu'il aurait fallu que le député de
Saint-Jacques relise le deuxième paragraphe de l'article 33. Je ne veux
pas revenir là-dessus. Mais quand on parle de l'immunité, c'est
important, parce que la personne est investie de l'immunité et des
pouvoirs d'un commissaire. Je pense que c'est important.
Le Président (M. Trudel): Sur division, M. le
député ou vous commencez à vous ranger du
côté de Mme la ministre?
M. Boulerice: Je pense qu'il y a d'autres moyens que
ceux-là. J'aurais été prêt à les regarder. Je
ne peux pas me rentrer dans la tête qu'il n'y a pas d'autres
mécanismes qui existent ailleurs. Précédent, à la
fois méfiant et un petit peu mesquin. En tout cas, je ne suis pas
à l'aise avec cela. Oui, je suis d'accord avec la responsabilité.
Je suis d'accord avec l'immunité des fonctionnaires qui sont
nommés. Je pense qu'il y a une limite effectivement aussi, à un
moment donné, à la limite de la responsabilité
ministérielle. Je pense que quand quelqu'un donne un coup de balai
à quelqu'un dans une institution, ou quelque part, je ne pense pas que
ce soit nécessairement la ministre ou le ministre qui en est
responsable. Mais je me demande si on a fouillé suffisamment et qu'on
n'aurait peut-être pas pu faire mettre en relief d'autres articles
d'autres lois ou de formuler d'autre façon. Mais tels qu'ils sont
là, je ne peux pas les adopter. Je vais les considérer
adoptés, mais sur division.
Le Président (M. Trudel): L'article 34 est adopté
sur division.
Avant de terminer, l'article 35. "L'administrateur nommé par le
gouvernement peut, sous réserve des droits des tiers de bonne foi,
annuler toute décision prise par la bibliothèque. "
M. le député, je présume que vous avez les
mêmes remarques.
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division. Cela
nous permettra, étant donné qu'il est 22 heures et quelques
secondes...
M. Boulerice: Je peux vous faire l'article 36 vite vite.
Le Président (M. Trudel): Non, c'est parce qu'on passe
à une nouvelle section, M. le député.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Comme il est 22 heures et que
nous devons ajourner nos travaux, nous le faisons sine die.
(Fin de la séance à 22 h 1)