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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de la culture se réunit ce matin pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 78, Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des
métiers d'art et de la littérature et sur leurs contrats avec les
diffuseurs.
Mme la secrétaire, je remarque que nous avons quorum. Est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Trudel): II n'y a aucun remplacement.
Donc, nous sommes prêts à procéder.
Je crois comprendre que Mme la ministre a de courtes remarques
préliminaires...
Mme Bacon: Quelques remarques, M. le Président.
Le Président (M. Trudel):... à faire. Alors, je
vais lui céder immédiatement la parole et, ensuite, au
député de Saint-Jacques. Mme la ministre.
Remarques préliminaires
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, nous sommes rendus ce matin
à l'étude article par article du projet de loi 78, Loi sur le
statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et
de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs.
Au cours des audiences publiques de la commission, nous avons pris
connaissance de la position de seize associations d'artistes et de diffuseurs
et, par la suite, d'autres documents et commentaires ont été
acheminés à nos bureaux. Je voudrais souligner encore une fois,
M. le Président, la grande qualité des interventions et des
représentants de ces organismes, tant dans leurs mémoires qu'au
cours des discussions que nous avons pu avoir avec eux. Tous ont
témoigné, par leur sérieux et les soins qu'ils ont mis
à la préparation de leurs commentaires, de l'importance du projet
de loi et aussi de sa complexité.
Chaque recommandation, chaque réserve, chaque interrogation a
été considérée en elle-même, prise et
appréciée l'une en fonction de l'autre et les changements au
projet de loi que nous proposons aujourd'hui sont le résultat de cette
analyse et aussi des décisions que nous avons prises en tenant compte de
notre responsabilité en tant que législateurs.
Comme nous le verrons, certaines modifications sont importantes. Elles
ne remettent pas en cause, cependant, les orientations que nous avions
définies pour guider la préparation de ce projet de Soi.
Conformément à la problématique générale du
statut de l'artiste que les premiers intéressés nous ont
exposée depuis la commission parlementaire de mai 1986 sur le sujet, le
projet de loi 78 établit un cadre juridique de reconnaissance de
l'artiste professionnel des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature, il définit les mécanismes par lesquels une
association ou un regroupement d'associations pourra être reconnu dans
chacun des domaines.
Il propose également un cadre au contrat entre les artistes et
les diffuseurs, de manière à offrir une meilleure protection aux
créateurs. Pour une association ou un regroupement d'associations
d'artistes et une association de diffuseurs, Sa possibilité de
négocier des ententes minimales de diffusion est aussi maintenue. Ces
changements importants, comme nous le verrons, n'affectent pas
l'équilibre général du projet de loi. Ce sont des
changements qui assurent une meilleure prise en compte des
réalités qui nous ont été expliquées.
Les propos qui nous ont été livrés nous ont
invités à considérer l'état actuel du
développement particulier des différents secteurs. Certains nous
ont dit que le projet de loi était trop timide, qu'il n'allait pas assez
loin. D'autres nous ont demandé d'assouplir le cadre qui était
proposé. D'autres, aussi, avaient besoin d'être rassurés
quant à ia signification exacte qu'ils devaient donner aux propositions,
aux dispositions prévues.
Pour répondre dans toute la mesure du possible à ces
attentes, nous proposons essentiellement, d'abord, de modifier la
définition de la littérature de manière à supprimer
les références subjectives de qualification de l'oeuvre et aussi
à préciser le champ d'application, de rendre plus explicite et de
confirmer avec plus de vigueur la réalité des associations
existantes dans les diverses disciplines en maintenant, cependant, la
nécessité d'un rassemblement des forces par domaine pour
l'exercice de fonctions spécifiques convenues entre elles. Nous
proposons aussi de clarifier les dispositions relatives au contrat, notamment,
en l'entachant de nullité s'il n'est pas signé et s'il ne
comporte pas les objets obligatoires prévus.
Nous entamons donc cette étude détaillée avec
confiance et je suis persuadée que nous possédons tous les
éléments pour faire de ce projet de loi une bonne loi, surtout
une loi porteuse d'avenir dans le sens d'un progrès social,
véritable pour les artistes créateurs.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques, avez-
vous quelques remarques préliminaires? M. André
Boulerice
M. Boulerice: Très brièvement M. le
Président. Dans un élan allégorique, la ministre s'est
faite un petit peu couturière dans ses remarques de fin, variation sur
un terme connu, puisqu'il semble que ce soit, sans jeu de mots, à la
mode aujourd'hui. Donc, ce dont je veux m'assurer, ce que je vais voir
aujourd'hui, c'est dans quelle mesure les retouches ont été
faites aux vêtements de façon que le roi ne soit pas nu, comme je
lui répondais. Sauf que, d'ores et déjà, je
m'aperçois qu'il n'y a pas de vêtements spéciaux pour les
gens du domaine de la littérature, ce que j'aurais bien
souhaité.
Alors, je pense que nous pouvons commencer l'étude article par
article, avec les explications nécessaires que nous allons demander, de
façon à en arriver à une conclusion des travaux de cette
commission et à un vote en Chambre le plus rapidement possible.
Le Président (M. Trudel): Merci M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Cela a une version française.
Étude détaillée Champ
d'application et définitions
Le Président (M. Trudel): Pendant que le
député de Saint-Jacques regarde ses papiers, j'appelle
immédiatement l'article 1. On me permettra sans doute de ne pas lire
chacun des articles, me réservant pour les amendements ou des papillons.
J'appellerai les amendements au fur et à mesure qu'ils se
présenteront. J'en appelle déjà un premier qui est
à l'article 1.
Mme Bacon: Est-ce que vous en faites la lecture?
Le Président (M. Trudel): Je peux en faire la lecture et
vous pourrez l'expliquer, Mme la ministre?
Mme Bacon: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Remplacer, dans la
deuxième ligne de l'article 1, les mots "de façon autonome" par
les mots "à leur propre compte". Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, cet amendement précise
davantage quels artistes sont visés par le projet de loi et ce, de
manière concordante avec les critères de reconnaissance du statut
de professionnel prévus à l'article 6, paragraphe 2°.
Le Président (M. Trudel): M. le député.
Mme Bacon: C'est une concordance d'expression.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
adopté? Amendement adopté. L'article 1 tel qu'amendé
est-Il adopté?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Trudel): M. le député?
M. Boulerice: Oui, on enlève le mot "utilitaires"
qui...
Le Président (M. Trudel): Pour le procès-verbal,
c'est important.
Mme Bacon: C'est à l'article 2, "utilitaires". M.
Boulerice: Ah! D'accord, oui, oui. Mme Bacon: On y arrive.
Le Président (M. Trudel): À l'article 2, il y a
également un amendement. Il se lit comme suit: 1° remplacer le
paragraphe 1° de l'article 2 par le suivant: 1° "arts visuels": la
production d'oeuvres originales de recherche ou d'expression, uniques ou d'un
nombre limité d'exemplaires, exprimées par la peinture, la
sculpture, l'estampe, le dessin, l'illustration, la photographie, les arts
textiles, l'installation, la performance et la vidéo d'art ou toute
autre forme d'expression de même nature; 2° remplacer dans la
deuxième ligne du paragraphe 2° de l'article 2 les mots "ou d'un
nombre limité d" par les mots...
Mme Bacon: "Ou en multiples".
Le Président (M. Trudel):... "ou en multiples"; 3°
remplacer le paragraphe 3° de l'article 2 par le suivant: 3°
"littérature": la création et la traduction d'oeuvres
littéraires originales, exprimées par le roman, le conte, la
nouvelle, l'oeuvre dramatique, la poésie, l'essai ou toute autre oeuvre
écrite de même nature. "
Je constate, Mme la ministre, qu'il y a des changements importants.
Mme Bacon: On peut peut-être enlever le "et", dans la
définition des arts visuels, quand on dit "la performance et la
vidéo d'art".
Le Président (M. Trudel): Oui, on enlève le "et".
Cela va, M. le député de Saint-Jacques, comme
sous-amendement?
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: Cet amendement a notamment pour objet d'apporter des
précisions aux définitions des arts visuels et des métiers
d'art, d'élargir celle des arts visuels et de répondre
à
des préoccupations qui nous ont été
exprimées lors des audiences publiques, entre autres, la suppression de
l'expression "oeuvres non utilitaires" qu'on retrouvait, l'ajout de
l'illustration et de toute autre forme d'expression de même nature.
Quant à la définition de la littérature, nous la
modifions en supprimant la bande dessinée et tout critère
suggestif d'appréciation esthétique. Nous ne pouvons toutefois
couvrir l'ensemble des oeuvres écrites, notamment celles des secteurs
scientifique et technique.
Notre objectif n'est pas de catégoriser les écrivains ou
les auteurs, mais nous voulons reconnaître le statut d'artiste
professionnel, aider par l'intermédiaire du contrat de diffusion ceux et
celles qui veulent faire profession d'écrivain, même s'iis en sont
à leur premier ouvrage, et qui oeuvrent dans le domaine des lettres, qui
sont les personnes les plus vulnérables contractuellement,
financièrement et juridiquement.
La difficulté réside dans la traduction législative
de ce dilemme. Nous choisissons d'aider les plus démunis, ceux et celles
qui sont laissés à eux-mêmes et qui créent sans
autre initiative que la leur et dans un contexte autre que celui d'un emploi,
d'un contrat, d'un service ou d'une commande. La notion d'essai peut englober
beaucoup d'auteurs dits scientifiques, mais l'objectif du projet de loi n'est
pas d'intervenir dans ces secteurs, ni dans ceux de l'enseignement ou du
journalisme. Ce serait, nous semble-t-il, dénaturer les buts que nous
poursuivons et aussi déplacer les responsabilités confiées
par le législateur au gouvernement et au ministère responsable
des affaires culturelles.
Par ailleurs, par un amendement à l'article 29 qui sera
bientôt étudié, nous permettons à l'ensemble des
écrivains de bénéficier des avantages du contrat
individuel, dans le cas de la publication d'un livre, par exemple.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: On répond à ce qui a
été exprimé par les groupes et les remarques qu'on avait
faites.
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): Adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 2 est adopté
tel qu'amendé? Adopté. J'appelle l'article 3.
Il y a un amendement à l'article 3 qui se lit comme suit: 1°
Remplacer, dans ies première et deuxième lignes de la
définition du mot "association" à l'article 3, ies mots "ou
d'associations groupant de tels artistes" par les mots "ou, si elle fait partie
d'un regroupement, d'une même pratique"; 2° remplacer la
définition de "diffuseur" par ce qui suit: "diffuseur": personne,
organisme ou société qui, à titre d'activité
principale ou secondaire, opère à des fins lucratives ou non une
entreprise de diffusion et qui contracte avec les artistes; "diffusion": la
vente, le prêt, la location, l'échange, le dépôt,
l'exposition, l'édition, la représentation en public, la
publication ou toute autre utilisation de l'oeuvre d'un artiste;
"regroupement": groupement d'associations d'artistes d'un même domaine.
Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, les amendements que nous proposons ont pour
objet de clarifier la définition d'association, de la distinguer de
celle d'un regroupement d'associations et aussi de mettre fin aux craintes de
tutelle qui ont été exprimées par les associations
professionnelles disciplinaires en regard de l'association dite chapeau. Nous
vouions aussi préciser que la diffusion couvre l'activité
principale et l'activité secondaire du diffuseur. Nous voulons aussi
déterminer que le diffuseur visé est celui qui contracte avec un
artiste.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Pour le paragraphe 2, cela va quant à la
définition de diffuseur et à la définition de
diffusion.
Mme Bacon: Peut-être que cela peut éclairer le
député de Saint-Jacques, la reconnaissance...
M. Boulerice: Section chapeau.
Mme Bacon: Oui et nous faisons une division entre diffuseur et
diffusion. Vous vous rappelez...
M. Boulerice: Cela va.
Mme Bacon: Cela va? On nous a mentionné... On parlait
aussi, à un moment donné, des restaurants qui ont des expositions
de peinture et tout cela. Il faut distinguer entre diffuseur et diffusion. La
reconnaissance d'une seule association, d'un regroupement d'associations par
domaine est maintenue dans ce projet de loi et un des problèmes
importants des associations existantes dans le domaine des arts visuels en
particulier, c'est la fragmentation. Ces associations se sont
développées, on ie sait, dans une perspective de promotion de
chacune des disciplines qu'elles représentent et, prises une à
une, elles ont des moyens relativement réduits, d'autant plus qu'elles
ne peuvent pas exiger des contributions élevées de la part des
artistes qui en font partie.
Compte tenu de leurs revenus très modestes, il est apparu que
cette situation pouvait constituer un frein à la mise sur pied de
services consistants, comme l'établissement de caisses de retraite, par
exemple, les services de perception, les recours juridiques ou d'autres
services d'assistance. Par contre, dans ces domaines, il y a des regroupements
où les artistes peuvent se retrouver pour discuter, faire la promotion
de leur discipline et organiser aussi des activités publiques qui sont
souhaitées.
Le projet de loi a dû tenir compte de cette réalité.
Alors, il y a des amendements proposés pour préciser que, dans
ces cas, il existe déjà plusieurs associations dans un domaine
couvert par le projet de loi. L'instance qui demandera la reconnaissance devra
refléter la volonté des associations existantes. Le partage des
pouvoirs des fonctions entre les regroupements et les associations sera
déterminé par les associations, le regroupement étant
évidemment l'émanation des associations dans diverses
disciplines.
Les associations existantes ont la garantie de pouvoir poursuivre le
rôle à l'égard des disciplines qu'elles représentent
et il leur appartient de déterminer ce qu'elles souhaitent confier
à une instance commune. La reconnaissance sera accordée par la
commission de reconnaissance pour un domaine à l'association ou à
un regroupement le plus représentatif des artistes du domaine, à
savoir l'association qui regroupe le plus grand nombre de pratiques d'un
domaine et sur la plus grande partie du territoire. Cela nous avait
été demandé, parce qu'on parlait des problèmes des
régions, le regroupement le plus représentatif des associations
du domaine. Alors, c'est conditionnel au respect des autres dispositions qui
sont prévues. (12 heures)
M. Boulerice: Au départ, sur la...
Mme Bacon: C'est la nécessité de définir un
regroupement.
M. Boulerice: Oui, mais sur la majorité du territoire, je
ne sais pas où vous avez vu ça. Je ne le vois pas dans
l'amendement comme tel.
Mme Bacon: C'est plus loin. On va le retrouver plus loin.
M. Boulerice: On va le trouver plus loin. Par contre, la
reconnaissance, ça va revenir toujours au même, s'il peut y avoir
la reconnaissance d'une seule pratique au détriment des autres.
Mme Bacon: D'une seule association ou d'un regroupement.
M. Boulerice:... parce qu'elle est à 9 aussi.
Mme Bacon: C'est parce qu'il n'y a pas d'association qui
représente toutes les pratiques en arts visuels. Il n'y a pas
d'association qui les représente toutes.
M. Boulerice: Ils sont toujours avec le pot de fer et le pot de
terre.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Je veux dire, on n'évite pas une situation
qui nous avait été illustrée par des gens. Il aurait
dû y avoir le pot de fer et le pot de terre, pour employer une image, une
pratique qui va se sentir très déconsidérée, parce
qu'elle est numériquement très faible par rapport aux autres.
Là, on joue avec des valeurs intrinsèques.
Mme Bacon: C'est la commission qui va évaluer si elles
sont représentatives du milieu.
M. Boulerice: Ah! Ce qui me fatigue là-dedans aussi, c'est
qu'on sait fort bien que les décisions - puisque je l'ai appris - sont
sans appel aussi.
Mme Bacon: Elle pourra les obliger à négocier avec
le pot de terre.
M. Boulerice: Pourquoi ne reconnaîtrait-on pas une
association par pratique au lieu de par domaine?
Mme Bacon: Une association chapeau, vous voulez dire? Par
pratique.
M. Boulerice: Par pratique, comme cela a été
demandé.
Mme Bacon: Ce n'est pas ce que nous avons dans la transcription
des commissions parlementaires. Il ne semble pas qu'on ait tout ça,
parce qu'on parlait souvent de ralliement à l'idée de
regroupement. Mais ce qu'on nous a dit souvent, c'est qu'on ne voulait pas de
tutelle et c'est ce qui a été...
M. Boulerice: Parce qu'on disait bien - quoiqu'on ne le discutera
pas - dans les interventions à l'article 9 "... à une seule
association d'artistes professionnels dans chacune des disciplines de chacun
des domaines suivants. " Là, on donnait les trois énumerations.
Cela a été fait par le Centre d'essai des auteurs dramatiques, je
pense, si je me souviens bien.
Mme Bacon: Mais je pense qu'on leur suggère, par le projet
de loi, de se regrouper. Mais on ne peut pas les y forcer.
M. Boulerice: Cela a été fait par le Conseil des
arts textiles, le Conseil québécois de l'estampe,
Mme Bacon: Ce que nous prenons comme
approche, c'est qu'il y ait une possibilité de regroupement, mais
qu'à l'intérieur de ce regroupement on reconnaisse aux
associations tous les pouvoirs possibles qu'ils veulent continuer d'exercer
dans leur association. On ne fait pas un amalgame des associations comme
telles. Elles vont continuer d'exister. Elles ne seront pas
intégrées complètement dans un regroupement en n'existant
plus comme associations. Elles peuvent se regrouper, mais elles vont exister
comme associations. Ce sont elles-mêmes qui vont décider ce
qu'elles délèguent aux regroupements. Ce n'est pas à nous
de leur dire.
M. Boulerice: Si regroupement il y a.
Mme Bacon: Oui. Comme on le dit souvent - je sais que le
député de Saint-Jacques n'aime pas cela - c'est du droit nouveau.
On leur permet de se regrouper et je pense qu'ils vont le faire. Ils vont
sentir le besoin de mettre en commun les possibilités pour eux de
résister.
M. Boulerice: Je pense que problème va demeurer, parce que
cela risque peut-être d'être difficile, étant donné
qu'ils n'ont pas...
Mme Bacon: Le risque, aussi, c'est de multiplier les associations
quasiment par le nombre d'artistes. C'est dangereux pour la commission.
M. Boulerice: Ce qui m'inquiète, ce n'est pas ce qui est
dangereux pour la commission, mais ce qui est bon pour les associations. La
commission est venue après...
Mme Bacon: Je pense que ce n'est pas nécessairement bon
pour les artistes, si on les multiplie. On veut laisser aux artistes le soin de
définir leur propre reconnaissance sectorielle. On ne veut pas
s'Immiscer dans les écoles de pensée. On ne veut pas s'immiscer
dans les chapelles qui existent. C'est normal, dans ce milieu. Il y a des
écoles. Il y a des chapelles aussi. Il y a un peu de tout. Quand
même! Le député de Saint-Jacques sait cela.
M. Boulerice: Si on le pense, on ne le dit pas.
Mme Bacon: C'est très transparent. Je veux bien être
habillée en noir, mais c'était transparent.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que Mme la ministre a
convaincu M. le député de Saint-Jacques que l'amendement à
l'article 3, premier paragraphe, réglait le problème?
M. Boulerice: Dans la mesure, M. le Président, où
j'ai l'assurance que l'autonomie interne des associations jouit d'un respect,
ce que j'ai appelé pour eux la souveraineté-association.
Le Président (M. Trudel): Vous êtes en retard sur le
programme de votre parti, vous!.
M. Boulerice: Par contre, à l'article 3, il avait
été demandé que l'expression "présentation en
public" soit modifiée et remplacée par "représentation en
public". Je ne le vois pas, à moins que...
Mme Bacon: Cela a été fait. M. Boulerice:
Où?
Mme Bacon: À diffusion, la "représentation en
public". Il y a l'exposition, l'édition, la représentation en
public, la publication. Nous avons suivi ce qu'on nous a dit.
M. Boulerice: D'accord. C'est à diffusion. Cela va.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Est-ce que
l'article 3, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. À
l'article 4, j'ai l'amendement suivant.
Mme Bacon: II n'y en a pas.
Le Président (M. Trudel): Non, il y a un article 4. 1, je
m'excuse.
À l'article 4, Mme la ministre, avez-vous des remarques?
Mme Bacon: Non, l'article 4 vise à tenir compte du fait
que plusieurs artistes des domaines visés recourent à
l'incorporation pour la conclusion de leur contrat avec un diffiseur. Ils
peuvent ainsi bénéficier des avantages de la loi, au même
titre que les artistes individuels, par exemple. C'est prévu dans la loi
90.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté. J'ai un
amendement, l'article 4. 1, donc un nouvel article. Insérer,
après l'article 4 de ce projet, le suivant: "4. 1 La présente loi
ne s'applique pas à un artiste lorsque ses services sont retenus par un
diffuseur comme salarié au sens du Code du travail. "
Mme Bacon: L'amendement est de concordance avec l'article 1 qui
est modifié et l'expression "à son propre compte" utilisée
dans cet article.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): L'article 5. Je me permets de ne
pas le lire. Je n'ai pas d'amendement là non plus. Cela semble un
article rédigé avec beaucoup de rigueur, puisqu'il n'y a pas
d'amendement.
Mme Bacon: Le gouvernement est assujetti à cette loi.
M. Boulerice: L'article 5, cela va. On ne peut pas être
contre cela.
Le Président (M. Trudel): Quand cela va, vous le dites
rapidement pour qu'on puisse procéder. J'ai beaucoup de respect pour
l'Opposition, donc j'attends toujours sa réaction aux articles.
M. Boulerice: Cela vous honore. Votre ministre en a aussi, elle.
Elle apporte ses amendements avant les autres. Elle devrait inspirer ses
collègues.
Le Président (M. Trudel): A l'article 6, j'ai un
amendement.
M. Boulerice: Vous déposez tous vos amendements non pas en
Chambre mais en commission.
Mme Bacon: On fait bien cela. C'est le temps d'une paix. Il faut
en profiter.
Le Président (M. Trudel): J'allais dire que je ne veux pas
me situer entre chien et loup, alors on va passer à l'article 6.
Des voix: Ha, ha, ha!
Statut d'artiste professionnel
Le Président (M. Trudel): J'ai un amendement à
l'article 6: Remplacer le paragraphe 3° de l'article 6 par les suivants:
"3° ses oeuvres sont exposées, produites, publiées,
représentées en public ou mises en marché par un
diffuseur; "4° il a reçu de ses pairs des témoignages de
reconnaissance comme professionnel, par une mention d'honneur, une
récompense, un prix, une bourse, une nomination à un jury, la
sélection à un salon ou tout autre moyen de même nature.
"
Mme la ministre.
Mme Bacon: Cet amendement avait pour objet d'inclure une
quatrième condition de reconnaissance du statut d'artiste professionnel
et de l'étendre au trois domaines couverts par le projet de loi.
L'amendement illustre de plus, je pense bien, ce qu'on entend par les
pairs.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
Une voix: Est-ce que c'est conditionnel? M. Boulerice: Je
trouve cela très large. Une voix: Lequel?
M. Boulerice: Je parle du paragraphe 4°. Pour le paragraphe
3°, cela va, mais pour le paragraphe 4°... Cela veut dire que, s'il n'a
pas reçu une bourse du ministère une bonne journée...
Mme Bacon: Non, cela s'ajoute. C'est un exemple qu'on donne, mais
cela s'ajoute à ce qui existait déjà. Avant,
c'était inclus, c'était intégré dans les trois
autres. Maintenant, on l'ajoute d'une façon distincte.
M. Boulerice: De façon conditionnelle?
Mme Bacon: Vous aviez le "ou". On disait: "ses oeuvres sont
exposées, produites, publiées, présentées en public
ou mises en marché par un diffuseur, ou encore, dans le cas des oeuvres
des domaines des arts visuels et des métiers d'art, elles sont reconnues
comme telles par ses pairs. " Nous expliquons: "il a reçu de ses pairs
des témoignages de reconnaissance comme professionnel", en donnant des
exemples. Ce n'est pas limitatif.
M. Boulerice: Ce que je veux savoir, c'est que cela peut ne pas
être limitatif et si c'est conditionnel?
Mme Bacon: Non, il n'y a pas de condition. C'est un exemple que
nous donnons.
M. Boulerice: "Satisfait aux conditions suivantes: 2°
crée; 3° et, là 4° il a reçu de ses pairs des
témoignages de reconnaissance comme professionnel par une mention
d'honneur, une récompense, un prix, une bourse, une nomination... "
Mme Bacon: Cela explique la dernière partie de 3°.
M. Boulerice: Ce que je veux savoir... Un artiste se
déclare professionnel; il a créé des oeuvres, il les a
exposées; par contre, s'il ne s'est ipas fait dire par un de ses
collègues: "Tu es bien beau, tu es bien fin", s'il n'a pas reçu
de bourse, s'il n'est pas allé dans les salons mais...
Mme Bacon: Non, il les a exposées et il peut se faire dire
aussi qu'il est beau, qu'il est fin, comme vous le dites, avoir des
témoignages de reconnaissance.
M. Boulerice: C'est-à-dire qu'il faut qu'il ait...
Mme Bacon: Comme professionnel.
M. Boulerice: Mais cela ne me dit pas s'il a besoin de satisfaire
à l'un des quatre ou s'il doit absolument être conforme aux
dispositions des quatre alinéas de l'article 6 pour être
déclaré un artiste.
Mme Bacon: II doit satisfaire aux quatre conditions.
M. Boulerice: Je trouve que... À ce moment-là, je
suis obligé tout de suite de vous faire "débarquer" deux artistes
en arts visuels. Ils ne pourraient pas... Je pourrais même vous les
nommer.
Mme Bacon: Ils oeuvrent pour leur propre compte?
M. Boulerice: Absolument. Mme Bacon: Ils sont
là?
M. Boulerice: Ce sont des artistes professionnels. Dans un cas,
ses oeuvres ont été exposées mais, par contre, je peux
vous dire qu'il n'a jamais reçu de mention d'honneur. Il n'a pas eu de
récompense encore, et je trouve qu'il en mérite une. Il n'a pas
eu de prix. La bourse a été refusée. Il n'a pas
été membre d'un jury. Il a été
sélectionné pour un salon, mais c'est le mien, et non pas un
salon comme la FIAC, à Paris, ou n'importe quel autre.
Une voix: C'est un artiste professionnel?
M. Boulerice: Je comprends! Quand tu dis que Bernard Lamarre se
rue pour acheter ses toiles, ce n'est quand même pas un deux de pique, ce
gars-là. Mais si j'appliquais le paragraphe 4°, il est "out", le
pauvre gars.
Mme Bacon: Tout autre moyen de même nature", cela peut
englober bien des choses. S'il y a d'autres exemples, on peut en ajouter, si le
député de Saint-Jacques a d'autres exemples à ajouter.
M. Boulerice: Comment avez-vous pensé cela quand vous avez
écrit cela? (12 h 15)
Mme Bacon: Cela a été demandé en commission
parlementaire. On avait demandé de resserrer davantage, si vous vous
rappelez, en commission parlementaire, et on a ajouté le 4° qui
n'était pas inclus avant. Cela donne des exemples, quand même, de
reconnaissance par ses pairs parce que, souvent, les gens disent: C'est quoi,
ta reconnaissance par les pairs? Ah bon! La reconnaissance par les pairs, ce
peuvent être des témoignages de reconnaissance comme
professionnel, cela peut être une mention d'honneur, cela peut être
une récompense, cela peut être un prix, une bourse, une nomination
à un jury, la sélection à un salon ou tout autre moyen de
même nature. Je pense qu'on a voulu l'avoir assez vaste pour permettre
qu'il soit reconnu.
Je me demande si le député n'a pas une crainte par rapport
au chapitre III. Cela n'influence pas la reconnaissance, au chapitre III, des
contrats entre les artistes et les diffuseurs. C'est uniquement pour
définir ceux qui sont professionnels, ici. Parce qu'on avait dit, au
cours de la commission parlementaire, que la loi s'appliquait aux artistes.
Ceux qui sont professionnels sont reconnus et je pense qu'il y a très
peu d'artistes professionnels qui n'ont pas eu de bourse.
La reconnaissance par les pairs... On n'a qu'à regarder, par
exemple, Ses demandes aux conseils régionaux de la culture, au conseil
des métiers d'art, à des centres autogérés. Je
pense qu'on voulait que les critères de reconnaissance, pour les
artistes à titre individuel, ne soient pas moindres que les
critères des associations.
M. Boulerice: J'ai une espèce de méfiance
instinctive qui n'est pas contre vous, qui est contre ce libellé,
à partir d'expériences vécues...
Mme Bacon: Oui, mais l'article s'applique à ceux qui sont
professionnels. Il y en a qui sont non-membres d'une association, ils ne sont
pas nécessairement membres d'une association. Donc, ils sont
professionnels. Il n'y en a pas beaucoup dans ce...
M. Boulerice: Écoutez, si vous vous engagez sur l'honneur
qu'on pourrait peut-être revoir cet article si, par malheur, il causait
préjudice à du monde, je vais vous le voter.
Mme Bacon: Oui, oui. "Ou tout autre moyen de même nature",
je pense que cela englobe bien des choses. Si le député de
Saint-Jacques a d'autres propositions à ajouter avant "tout autre moyen
de même nature", on peut le faire. Ce sont les artistes professionnels
qui nous ont demandé de faire des choses comme cela, de resserrer. Mais
cela n'enlève pas la possibilité, pour un artiste qui n'est pas
professionnel, d'être protégé par le chapitre III sur les
contrats.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article est adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 7. J'ai un amendement proposé par
Mme la ministre: Remplacer l'article 7 de ce projet par le suivant: "L'artiste
qui est membre à titre professionnel d'une association reconnue ou
faisant partie d'un regroupement reconnu en application de l'article 9 est
présumé artiste professionnel. "
Mme Bacon: Alors, l'amendement, vous l'avez lu? L'amendement,
comme beaucoup d'autres qui sont à venir, vise à prendre en
considération l'existence des associations professionnelles d'artistes
et aussi les règlements qu'elles ont et à admettre comme artiste
professionnel celui ou celle qui se qualifie en tant que tel auprès
d'une association. Cet amendement a aussi pour but de distinguer, parmi les
membres d'une association, ceux qui ont le statut professionnel et ceux qui ne
l'ont pas parce que, dans les associations, sont regroupés des artistes
professionnels et d'autres qui ne le sont pas.
M. Boulerice: Cela va.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député? L'article 7 tel qu'amendé est adopté.
L'article 8? Là-dessus, je n'ai pas de projet d'amendement.
Adopté?
M. Boulerice: Cela va.
Reconnaissance des associations
professionnelles
Le Président (M. Trudel): À l'article 9, j'ai un
amendement soumis par Mme la ministre: Remplacer, dans la cinquième
ligne de l'article 9, les mots "d'artistes professionnels" par les mots "ou
à un seul regroupement".
Mme Bacon: C'est un amendement de concordance avec ceux
apportés aux définitions d'association et de regroupement. C'est
ce qu'on a expliqué tantôt à l'article 7 et ça
précise que la reconnaissance vise, soit une association d'artistes,
soit un regroupement d'associations dans un même domaine.
M. Boulerice: Dans le domaine de la littérature,
c'était là que le bât blessait.
Mme Bacon: II y en a plusieurs comme ça, où on va
parler d'un regroupement.
M. Boulerice: Le Conseil québécois de l'estampe
disait que ça risquait d'être préjudiciable, que soit
reconnue une seule association, et que cela crée une
société distincte pour l'administration des caisses de retraite,
la gestion, etc. Justement, dans le domaine de la littérature, j'ai le
résumé de ce qu'avait dit l'association des traducteurs: Pour le
domaine de la littérature, que soit abandonnée la notion d'une
seule association d'artistes professionnels à laquelle la reconnaissance
serait accordée en exclusivité, qu'une formule plus flexible lui
soit substituée après consultation avec les artistes de la
littérature intéressés. Alors, ils n'y trouveront pas leur
compte.
Mme Bacon: On dit: Remplacer les mots "d'artistes professionnels"
par les mots "ou à un seul regroupement". Cela peut être une seule
association ou un seul regroupement d'associations dans chacun des domaines.
Vous trouverez, M. le Président, des concordances comme ça
à plusieurs autres articles, entre autres, les articles 10, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 41 et 43.
Le Président (M. Trudel): M. le député, vous
dites que...
M. Boulerice: Je dis que je ne peux pas l'accepter parce que cela
laisse pour compte des pans importants du domaine de la culture, les gens de la
littérature, et il y a eu de sérieuses réserves de la part
du Conseil québécois de l'estampe là-dessus aussi. Je ne
ferai pas de "filibuster" là-dessus, mais je vais quand même
être fidèle avec ce que j'ai dit en remarques de conclusion du
projet de loi devant moi. Je vais voter, mais sur division.
Le Président (M. Trudel): Alors, l'amendement à
l'article 9 est adopté sur division?
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Trudel): L'article 9, tel
qu'amendé, est adopté sur division.
A l'article 10, il y a un autre projet d'amendement
présenté par Mme la ministre. 1° remplacer dans les
première et deuxième lignes du premier alinéa de l'article
10, les mots "qui est la plus représentative" par les mots "ou au
regroupement qui est le plus représentatif; 2° ajouter, à la
fin du deuxième alinéa de l'article 10, ce qui suit: "et sur la
plus grande partie du territoire du Québec"; 3° ajouter, à la
fin de l'article 10, l'alinéa suivant: "Le regroupement le plus
représentatif est celui qui, de l'avis de la commission, regroupe les
associations les plus représentatives du plus grand nombre de pratiques
artistiques du domaine. " Mme la ministre?
Mme Bacon: Alors, M. le Président, c'est aussi un
amendement de concordance avec les modifications que nous avons
apportées à l'article 9 en regard de la reconnaissance, soit
d'une association, soit d'un regroupement dans un même domaine. Par
ailleurs, la représentativité d'une association tient
également compte de la répartition territoriale des membres de
l'association qui demande la reconnaissance. Cela nous a été
demandé lors de la commission parlementaire.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le
député de Saint-Jacques, avez-vous des remarques sur l'amendement
proposé par Mme la ministre?
M. Boulerice: Sur la plus grande partie du territoire du
Québec, je ne peux pas m'opposer à ça.
Le Président (M. Trudel): Si je comprends
bien, vous adoptez sur division le deuxième paragraphe de
l'amendement.
M. Boulerice: Le premier et le troisième.
Le Président (M. Trudel): Le deuxième et le
troisième?
M. Boulerice: Le deuxième, "et sur la plus grande partie
du territoire du Québec", je suis bien d'accord.
Le Président (M. Trudel): Vous êtes d'accord et les
deux autres paragraphes, vous êtes prêt à les adopter sur
division? Je vous pose cette question pour les fins du procès-verbal,
pour Mme la secrétaire. On va adopter paragraphe par paragraphe, M. le
député, et vous nous direz si vous divisez ou si vous ne divisez
pas.
M. Boulerice: Dans l'article 10, le 1°, sur division.
Le Président (M. Trudel): Sur division. Adopté sur
division. Merci. Le paragraphe 2°?
M. Boulerice: Bien, celui-là, ça va.
Le Président (M. Trudel): Et le paragraphe 3°?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Sur division?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): L'article 10 est adopté
sur division, dans les deux tiers des cas. Est-ce que ça reflète
votre position, M. le député?
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, à l'article 11,
j'ai un amendement qui se lit comme suit: insérer, dans la
troisième ligne du paragraphe 1° de l'article 11 et avant le mot
"du", les mots "de la pratique ou".
Mme Bacon: C'est de concordance avec l'article 3, tel qu'il a
été modifié précédemment.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Oui.
Le Président (M. Trudel): Adopté. J'ai un nouvel
article 11. 1 qui se lit comme suit: Insérer, après l'article 11
de ce projet, le suivant: "11. 1. Un regroupement ne peut être reconnu
que s'il satisfait aux exigences suivantes: 1° il a été
constitué par la réalisation, dans un domaine, des objets de
l'article 25; 2° il a adopté un règle- ment
déterminant, pour l'application de la présente loi, les fonctions
assumées par ses instances et celles assumées par les
associations qui en font partie; 3° seuls les membres à titre
professionnel des associations qui en font partie ont ia qualité de
membre à titre professionnel du regroupement; 4° ses
règlements ou les règlements des associations qui en font partie,
selon la détermination faite en application du paragraphe 2°, sont
conformes aux exigences de l'article 11. "
Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, cet amendement découle
des définitions d'association et de regroupement - on y revient toujours
- et de modifications apportées aux articles 7, g et 10. Il reprend
aussi les articles 13 et 14 du projet de loi qui visent les conditions de
reconnaissance d'un regroupement d'associations agissant dans un domaine, mais
en les bonifiant à la suite des représentations qui ont
été faites lors des audiences publiques. il précise aussi
ia composition de ce regroupement, à savoir les artistes professionnels
des associations faisant partie du regroupement. Cela reprend les articles 13
et 14.
M. Boulerice: Et ça se rattache à l'article 25.
Donc, adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député? Adopté. À l'article 12, j'ai un amendement
pour le retrancher.
Mme Bacon: Ce sera repris ultérieurement au nouvel article
14.
Le Président (M. Trudel): Adopté? M. Boulerice:
Adopté.
Le Président (M. Trudel): À l'article 13, j'ai
également un amendement de Mme la ministre pour retrancher l'article
pour les mêmes raisons, j'Imagine.
Mme Bacon: Et l'insérer à l'article 11. 1.
Le Président (M. Trudel): M. le député, cela
va?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): À l'article 14, j'ai un
amendement à l'effet de remplacer l'article 14 par le suivant: "14. Une
association ne peut être reconnue si ses règlements
empêchent injustement un artiste oeuvrant dans le domaine visé de
faire partie de l'association; il en est de même d'un regroupement si ses
règlements ou ceux de l'une ou l'autre des associations
regroupées empêchent injustement un artiste oeuvrant dans le
domaine visé de faire partie d'une association regroupée. "
Mme la ministre.
Mme Bacon: Cela reprend l'article 12 qui a été
retranché et tient compte des modifications qui ont été
apportées, notamment, aux articles 9 et 10. Cela tient encore compte du
regroupement.
M. Boulerice: C'est très explicite. Je pense que c'est un
excellent amendement.
Mme Bacon: Cela tient encore compte du regroupement.
Le Président (M. Trudel): Cela va. Alors, l'article 14,
adopté avec amendement.
L'article 15. J'ai un amendement à l'article 15 qui se lit comme
suit: 1° insérer dans la première ligne du premier
alinéa après le mot "association", les mots "ou un regroupement";
2° insérer dans la première ligne du deuxième
alinéa, après le mot "association", les mots "ou du
regroupement".
Mme Bacon: Nous sommes encore dans la concordance, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que ça concorde,
M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Cela concorde.
Le Président (M. Trudel): Cela concorde. Les amendements
sont adoptés. L'amendement à l'article 15...
M. Boulerice: La commission va aussi vite que l'avion du
même nom, ici. (12 h 30)
Le Président (M. Trudel): J'ai l'intention que ça
se termine aussi rapidement que possible pour votre plus grand bien, M. le
député, et le nôtre.
Article 16. À l'article 16, amendement. Je vais le lire parce
qu'il n'est pas tout à fait le même que celui de l'article 15.
1° insérer dans la deuxième ligne, après le mot
"association", les mots "ou du regroupement"; 2° remplacer, dans la
troisième ligne, le mot "ses" par le mot "leurs".
Mme Bacon: C'est de la concordance. Le Président (M.
Trudel): Adopté? M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Article 17. Encore un
amendement: 1° remplacer, dans la deuxième ligne du paragraphe
1°, les mots "n'est reconnue" par les mots "ni regroupement n'est reconnu";
2° remplacer, dans la première ligne du paragraphe 2°, le mot
"le" par le mot "chaque".
Mme Bacon: C'est une modification de concordance et aussi la
clarification d'un délai d'une demande de reconnaissance, pour
éviter la perpétuité de la reconnaissance. Il fallait
éviter que la reconnaissance ne se perpétue. Il faut le revoir
chaque trois ans. On fait la même chose à la loi 90.
M. Boulerice: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 17,
adopté, tel qu'amendé.
Article 18. À l'article 18, j'ai un amendement. 1°
insérer dans la troisième ligne du premier alinéa,
après le mot "association", les mots "ou du regroupement". Je pense
qu'on le voit souvent, tel que Mme la ministre nous avait prévenu.
2° remplacer, dans la deuxième ligne du deuxième
alinéa, les mots "dans l'ensemble du" par le mot "au"; 3°
insérer dans la quatrième ligne du deuxième alinéa,
après le mot "association", les mots "ou du regroupement".
Mme Bacon: Ce sont des modifications de concordance et aussi un
assouplissement de l'exigence de distribution des quotidiens où
paraissent les avis de la commission. Il est impossible de vérifier si
les quotidiens où paraissent les avis sont effectivement
distribués partout au Québec. Nous avons fait la concordance avec
cela.
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): L'article 18 est
adopté?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Article 18, adopté, tel
qu'amendé.
Article 19. L'amendement: Remplacer, dans la troisième ligne de
l'article 19, le mot "requérante" par les mots "ou du regroupement
requérant".
Mme Bacon: Concordance aussi.
M. Boulerice: Que de crimes commet-on en ton nom!
Le Président (M. Trudel): Adopté rapidement. C'est
en "Concorde", cela va.
Article 20. Ô surprise! Pas d'amendement. L'article 20, M. le
député, je pense que c'est un article qui n'a pas posé de
problème.
Je vais vous laisser le temps, d'autant plus que Mme la
secrétaire est à peu près douze articles derrière
nous dans son PV.
M. Boulerice: Cela nous étonne, d'habitude, elle est
toujours douze articles en avance, tellement elle est efficace.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que
l'article 20 est adopté, M. le député de
Saint-Jacques?
M. Bouierice: Oui.
Le Président (M. Trudel): À l'article 21, Mme la
ministre propose l'amendement suivant: 1° remplacer le premier
alinéa par le suivant: "21. Sur demande d'un nombre d'artistes
professionnels du domaine où une reconnaissance a été
accordée équivalant à 25 % des effectifs de l'association
ou du regroupement reconnu ou sur demande d'une association de diffuseurs, la
commission doit vérifier la représentativité de
l'association ou du regroupement reconnu"; 2° insérer, dans la
première ligne du troisième alinéa, après le mot
"association", les mots "ou d'un regroupement"; 3° remplacer, dans la
deuxième ligne du troisième alinéa, les mots "celle-ci
n'est plus représentative" par les mots "celui-ci n'est plus
représentatif.
Mme Bacon: C'est encore un amendement de concordance.
M. Bouierice: Cela va.
Le Président (M. Trudel): L'article 21 est adopté,
tel qu'amendé.
L'article 22. L'amendement se lit comme suit. Remplacer l'article 22 par
le suivant: "22. La reconnaissance d'une association ou d'un regroupement
annule la reconnaissance de tout autre association ou regroupement dans le
domaine visé par la nouvelle reconnaissance. "
Mme Bacon: Concordance aussi.
Le Président (M. Trudel): M. le député? Il
n'a pas l'air sûr.
M. Bouierice: Je vous l'ai dit tantôt: Que de crimes on
commet en son nom, la concordance!
Le Président (M. Trudel): M. le député, au
point où on en est, un crime de plus ou de moins... On en commet sans
arrêt depuis trois quarts d'heure, selon votre interprétation.
Est-ce que vous commettez le crime d'adopter l'article 22, tel que...
Mme Bacon: Un crime de concordance. M. Bouierice: Un crime
de concordance.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, est adopté, M. le député?
M. Bouierice: Oui.
Le Président (M. Trudel): À l'article 23, autre
amendement: Insérer dans la troisième ligne, après le mot
"association", les mots "ou du regroupement ou, compte tenu du paragraphe
2° de l'article 11. 1, d'une association faisant partie du
regroupement".
Mme Bacon: II y a aussi concordance.
Le Président (M. Trudel): Vous osez à peine le
dire.
M. Bouierice: Sur le bout des lèvres, moi aussi.
Le Président (M. Trudel): Sur le bout des lèvres?
Merci. J'appelle l'article 24. L'article 24 n'a pas de projet d'amendement.
Mme Bacon: Non.
Le Président (M. Trudel): Adopté?
Mme Bacon: Adopté.
M. Bouierice: Même s'il n'y a pas de changement, des
fois...
Le Président (M. Trudel): C'est parce qu'il concordait
avec le reste. M. le député, nous sommes suspendus à vos
lèvres.
M. Bouierice: Les illustrateurs et le Conseil de la sculpture,
pour ce qui est de 25 et 26...
Le Président (M. Trudel): Un instant, là! J'attends
toujours que vous...
M. Bouierice: Nous en sommes à 25, là.
Le Président (M. Trudel): Ah! vous avez...
J'apprécierais que vous le disiez, quand vous adoptez un article parce
que, nous, nous étions tout à fait arrêtés à
24, attendant votre accord.
M. Bouierice: Vous étiez dans le vide. Je comprends votre
angoisse...
Le Président (M. Trudel): Alors, est-ce que l'article 24
est adopté?
M. Bouierice:... M. le Président, oui.
Mme Bacon: Un instant! Je pense qu'on vient de voir une coquille
à 24.
Le Président (M. Trudel): II y a une coquille à
24?
Mme Bacon: "Lorsque la commission annule la reconnaissance, elle
en donne avis... ", il faudrait insérer "pour publication à la
Gazette officielle du Québec".
Le Président (M. Trudel): Alors, l'article 24 est-il
adopté, avec l'amendement suggéré par
Mme la ministre?
Mme Bacon: M. le Président, il va falloir faire la
même chose à la deuxième ligne de l'article 20: "... donne
avis pour publication à la Gazette officielle du Québec...
"
Le Président (M. Trudel): Prenez-le en note, Mme la
secrétaire, et nous rouvrirons l'article de façon que vous
puissiez le rédiger selon les règles de l'art. Donc, nous
reviendrons à l'article 20 pour y apporter l'amendement de l'article 24,
qui est strictement un coquillage. Vous nous rappelez déjà les
vacances qui, espérons-le, viendront un jour, et que vous avez
annulées, je pense, M. le député de Saint-Jacques, ou que
vous avez prises ailleurs. Ha, ha!
Nous nous retrouvons à l'article 24, Mme la secrétaire. Il
est adopté tel qu'amendé. J'appelle l'article 25 pour lequel nous
avons un amendement: Remplacer, dans la première ligne de l'article 25,
le mot "reconnue" par les mots "ou le regroupement reconnu". M. le
député, vous aviez des...
M. Boulerice: Oui, parce que, dans l'article 25, c'est ça
l'amendement, mais le Conseil de la sculpture et l'Association des
illustrateurs en seraient tristes puisqu'ils m'ont demandé que, dans les
articles 25 et 26, ces droits et pouvoirs soient énoncés avec la
même rigueur que dans la Loi sur le statut professionnel et les
conditions d'engagement des artistes de la scène, du disque et du
cinéma, notamment à l'article 24. Donc, pourquoi le
libellé ne pourrait pas se lire ainsi?
Mme Bacon: Dans le projet de loi 78, on a voulu bien distinguer
les articles 25 et 26 pour distinguer les fonctions de chacun, pour qu'on
puisse se retrouver à chacun des paragraphes, ce qui n'était pas
le cas dans la loi 90, où on ne distinguait pas de la même
façon les fonctions de chacun.
M. Boulerice: Oui, mais il y a une force, Mme la ministre, dans
la loi 90 qui dit "doit", tandis que dans le projet de loi 78, c'est...
Mme Bacon: II faudrait peut-être voir le papillon à
l'article... Ne bougez pas, on va y aller. À l'article 26. 1, il y a un
papillon: "Lorsqu'il s'agit d'un regroupement reconnu, une association en
faisant partie peut, par règlement, être chargée des
fonctions et investie des pouvoirs prévus aux articles 25 et 26 à
l'égard d'une pratique artistique. "
M. Boulerice:... faire le calque exact. Qu'est-ce qui
empêchait de faire les... Vous disiez que c'était plus
précis que ce que les regroupements...
Mme Bacon: On a voulu faire une distinction plus rigoureuse des
fonctions.
M. Boulerice: Par contre, eux disaient que la loi 90 avait plus
de vigueur.
Mme Bacon: Non, non, c'était moins précis, moins
différencié que celle-ci. Celle-ci est beaucoup plus
précise. En fait, cela garantit davantage que telle fonction serait
laissée aux associations des différentes disciplines. Par rapport
à loi 90, c'est différent, c'est plus précis.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Si je comprends bien, l'article
25 est adopté, oui?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Trudel): Tel qu'amendé. À
l'article 26, j'ai le projet d'amendement suivant: 1° remplacer, dans la
première ligne du premier alinéa, le mot "reconnue" par les mots
"le regroupement reconnu"; 2° remplacer, dans la première ligne du
paragraphe 4°, le mot "elle" par le mot "il"; 3° insérer, dans
la première ligne du paragraphe 8°, après le mot
"conditions", le mot "minimales"; 4° remplacer, dans la quatrième
ligne du deuxième alinéa, le mot "reconnue" par les mots "ou un
regroupement reconnu". (12 h 45)
Mme Bacon: Alors, c'est une modification de concordance et c'est
une précision quant au caractère des conditions de diffusion dans
les contrats types qui sont préparés. Cette précision est
conforme à l'expression utilisée à l'article 41.
M. Boulerice: Au début, dans le projet de loi, on parlait
d'une association. L'association de l'estampe nous avait dit: Peut créer
une société indépendante pour remplir les fonctions 2, 4,
5 et 8 de l'article 26. Est-ce que vous en avez tenu compte?
Mme Bacon: Si on se souvient bien, ils voulaient davantage une
société d'État qu'un regroupement.
En fait, l'association de l'estampe pourrait reconnaître à
un regroupement la possibilité d'exercer des fonctions telles que
stipulées dans les différents articles. Eux pourraient envoyer
à une société, par exemple... Ils pourraient confier
ça à un regroupement, il n'y a rien qui les empêche de le
faire.
M. Boulerice: Le véhicule n'est pas le même, mais
ils peuvent toujours arriver au but qu'ils visaient.
Mme Bacon: Ils peuvent y arriver par un regroupement.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
adopté?
M. Boulerice: Je dois dire que dans le 2°, la ministre a
atteint la recherche de virilité qu'elle souhaitait, remplacer "elle"
par "il".
Mme Bacon: Je ne comprends pas.
Le Président (M. Trudel): II y a un article 26. 1 que je
m'empresse de lire. Article 26. 1: "Lorsqu'il s'agit d'un regroupement reconnu,
une association en faisant partie peut, par règlement, être
chargée des fonctions et investie des pouvoirs prévus aux
articles 25 et 26 à l'égard d'une pratique artistique. "
Mme Bacon: Cet amendement a pour objet de prendre en
considération les responsabilités qui peuvent être
assumées par des associations intervenant dans des pratiques artistiques
données et de ne pas faire table rase, comme on l'a dit souvent, des
règlements, rôles ou fonctions de ces associations. Nous
répondons ainsi aux inquiétudes des associations de voir
annihiler leurs responsabilités dans l'avenir.
M. Boulerice: Ce sera par règlement du regroupement.
Mme Bacon: C'est ça, adopté par les
associations.
Le Président (M. Trudel): Adopté par vous, M. le
député?
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être, aussi, faire corriger, si
vous me permettez... Il y a eu des coquilles, dans l'amendement, c'est
chargée "de" fonctions et investie "de" pouvoirs, et non "des"
pouvoirs.
Le Président (M. Trudel): De fonctions, oui...
Mme Bacon: "Chargée de fonctions et investie de pouvoirs.
"
Le Président (M. Trudel): Ce n'est pas de la concordance,
c'est de la correction. L'article 26. 1 est-il adopté tel
qu'amendé, M. le député? Merci.
Alors, 27, amendement: 1° remplacer, dans la première ligne
du premier alinéa, le mot "reconnue" par les mots "ou un regroupement
reconnu"; 2° remplacer le deuxième alinéa par le suivant:
"L'association ou le regroupement doit également transmettre copie
à la commission de toute modification à ses règlements et,
dans le cas d'un regroupement, de toute modification aux règlements des
associations qui en font partie".
Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est encore de la concordance. il y a
peut-être...
Le Président (M. Trudel): il y a un papillon encore ici,
semble-t-il.
Mme Bacon: De toute modification aux règles...
Le Président (M. Trudel): Aux règlements des
associations.
Mme Bacon: C'est cela.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, adopté, tel qu'amendé?
L'article 28 est remplacé par le suivant: "L'association et les
regroupements reconnus peuvent exercer pour un artiste qu'ils
représentent tout recours résultant pour ce dernier de
l'application de la présente loi ou d'une entente liant l'association ou
le regroupement avec un diffuseur ou une association de diffuseurs, sans avoir
à justifier de mandat ni de cession de créance de
l'intéressé. "
Mme Bacon: C'est un article qui vise à accorder à
l'association reconnue le pouvoir de représenter en justice un artiste
sans transport de créance ni mandat exprès. Cet article, en
partie caiqué sur l'article 41 de la loi 90, apparaît encore pius
fondé dans le projet de loi 78, compte tenu de la
vulnérabilité autant économique ou financière
qu'émotive de l'artiste. L'artiste et le diffuseur forment, a-t-on
déjà dit, un couple, mais l'harmonie n'existe pas toujours et
l'éventuelle victime n'ose pas toujours faire valoir, pour toutes sortes
de motifs, ses droits.
Il y a lieu, cependant, de remplacer cet article pour des questions de
concordance, de clarification et d'en exclure aussi le contrat individuel liant
un artiste et un diffuseur dans ce cas. Il doit y avoir mandat afin
d'éviter que l'association ou le regroupement ne se serve de cet article
pour imposer ou négocier une entente collective.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
avez-vous des remarques sur cela?
M. Boulerice: Non, ceia va, adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 28 est
adopté tel qu'amendé. J'ai un double amendement à
l'article 29. C'est la même chose, je suppose, Mme ia ministre, que ce
que nous avons reçu.
Mme Bacon: Cela remplace.
Le Président (M. Trudel): Cela remplace ce que nous avions
reçu.
Mme Bacon: C'est cela.
Contrats entre artistes et diffuseurs
Le Président (M. Trudel): II y a un amendement à
l'article 29 qui se lit comme suit: Ajouter, après le premier
alinéa de l'article 29, l'alinéa suivant: "Elle s'applique
également à tout contrat entre un diffuseur et une personne non
visée par les chapitres I et II et ayant pour objet la publication d'un
livre. "
Mme Bacon: Elle s'applique également à tout,
t-o-u-t, tout contrat.
Le Président (M. Trudel): L'amendement avec "tous" ou
"tout"?
Une voix: Avec les "s".
Le Président (M. Trudel): Voilà.
Mme Bacon: On enlève le "s" et on met un "t". Et ayant
pour objet - on enlève le "s" aussi - la publication d'un livre.
C'est un amendement qui a pour objet de faire bénéficier
des dispositions 29 et 40 du projet de loi l'ensemble des écrivains,
lorsqu'il s'agit de la publication d'un livre, qu'il s'agisse d'un livre
scientifique, technique, pratique ou autre. Cet amendement est
conséquent avec l'objectif que nous avons de ne pas discriminer parmi
les écrivains quant au bénéfice des dispositions
concernant les contrats individuels.
M. Boulerice: Si on se rappelle l'intervention de Mme Marie
Laberge, j'avais dit: Pensez-vous que? Elle m'avait répondu: Oui, je
pense que, au sujet de la notion obligatoire du contrat. Je lui avais: Bien
non, ce n'est pas obligatoire. Et vous aviez dit: Effectivement, cela n'est pas
obligatoire. Si l'artiste...
Mme Bacon: C'est plus loin dans le chapitre sur les contrats.
M. Boulerice: Où, plus loin?
Mme Bacon: C'est un peu plus loin. J'essaie de retrouver
l'article. Ce sont les articles 30 et 32.
M. Boulerice: L'article 32 rendrait le contrat obligatoire.
Mme Bacon: Avec l'article 40. 1. M. Boulerice:... et
l'article 40. 1.
Mme Bacon: "On ne peut renoncer à l'application d'une
disposition du présent chapitre. "
M. Boulerice: "Sous réserve des articles 33... "
Expliquez-moi donc cela, vous.
M. Brière (Jules): "Sous réserve des articles 33
est 36... " Dans le texte même de l'article 36, qui par lui-même,
on dit que, sauf renonciation expresse, l'abritrage s'applique. À
l'article 33, c'est le consentement de l'artiste qui est requis pour donner en
garantie des droits qui lui appartiennent. Donc, en donnant son consentement,
l'artiste peut, selon l'article 33, dispenser le diffuseur de l'interdiction
qui est à l'article 33, de même qu'en donnant son consentement
à l'article 36, il peut également se dispenser du
bénéfice de l'arbitraire. Mais, sous réserve de ces deux
dispenses possibles qui doivent être expresses dans chacun des cas, les
dispositions sont dorénavant d'ordre public, au sens juridique du terme,
ce qui signifie qu'on ne peut pas y renoncer valablement dans un contrat. Donc,
un contrat qui ne serait pas conforme aux prescriptions de cette disposition
serait inexistant.
M. Boulerice: Non pas qu'il ne serait pas conforme et reconnu
inexistant...
M. Brière: Même si l'artiste acceptait la
non-conformité, il serait considéré comme inexistant en
droit.
M. Boulerice: Oui, mais le contrat est obligatoire.
M. Brière: C'est ce qui a pour effet de le rendre
obligatoire. Le contrat écrit devient obligatoire, excusez-moi.
M. Boulerice: D'accord. Dans ce sens-là, cela
répond à... Un langage juridique.
Le Président (M. Trudel):... les avocats, M. le
député. L'article 29 est adopté tel qu'amendé.
À l'article 30, la ministre propose l'amendement suivant: 1°
remplacer, dans la première ligne du premier alinéa, les mots
"Pour êtreopposable à l'artiste, le" par le mot "Le";
2" ajouter, à la fin du paragraphe 6°, ce qui suit: "et à
l'égard de laquelle une contrepartie monétaire demeure due
après la signature du contrat. "
Mme Bacon: M. le Président, cela vise à rendre
l'article 30 beaucoup plus compréhensible aux artistes et aussi à
renforcer la nécessité du contrat et à soustraire de la
reddition de comptes certaines activités, tels les paiements
forfaitaires, par exemple. Par ailleurs, la sanction de non-respect de cet
article est incluse dans la modification à l'article 32 qui sera
analysé tout à l'heure.
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Est-ce que cela répond à la question
du Conseil de la sculpture qui disait que l'article 30 énonce clairement
qu'un contrat,
pour être formé et reconnu valide dans l'application de
loi, doit contenir toutes les indications énumérées de
l'article 30. 1 à 30. 6?
Mme Bacon: Oui, cela répond.
Le Président (M. Trudel): Adopté? L'article 30 est
adopté, tel qu'amendé. L'article 31? Pas de projet
d'amendement.
M. Brière: Je pense qu'on ne discutera pas longtemps de la
teneur de l'article, M. le député.
M. Boulerice: Cela va.
Le Président (M. Trudel): L'article 31 est
adopté.
À l'article 32, Mme la ministre propose l'amendement suivant:
Remplacer l'article 32 par le suivant: Toute entente entre un diffuseur et un
artiste relativement à une oeuvre de ce dernier doit être
énoncée dans un contrat formé et prenant effet
conformément à l'article 31 et comportant des stipulations sur
Ses objets qui doivent être identités en vertu de l'article 30. "
Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est un article qui prévoit la nullité
de l'entente lorsque l'entente comporte des vices de forme, comme à
l'article 31, ou de fond, comme à l'article 30. L'amendement
répond aux préoccupations des associations d'artistes, notamment
dans le domaine des arts visuels, et renforce aussi la nécessité
du contrat écrit et signé.
M. Boulerice: Je m'excuse, pourriez-vous reprendre, Mme la
ministre?
Mme Bacon: Oui. L'article 32 prévoit la nullité de
l'entente lorsque l'entente comporte des vices de forme par rapport à
l'article 31 ou de fond par rapport à l'articie 30. L'amendement
répond aux préoccupations des associations d'artistes, notamment
dans le domaine des arts visuels, en renforçant la
nécessité du contrat écrit et signé.
M. Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Alors, il y a un
nouvel article 32. 1. On pourrait peut-être terminer avec celui-ci. Toute
entente entre un diffuseur et un artiste réservant au diffuseur
l'exclusivité d'une oeuvre future de l'artiste ou lui reconnaissant le
droit de décider de sa diffusion doit, en plus de se conformer aux
exigences de l'article 30, 1° porter sur une oeuvre définie au moins
quant a sa nature; 2° être résiliable à la demande de
l'artiste à l'expiration d'un délai d'une durée convenue
entre les parties ou après la création d'un nombre d'oeuvres
déterminé par celles-ci; 3° prévoir que
l'exclusivité cesse de s'appliquer à l'égard d'une oeuvre
réservée lorsque, après l'expiration d'un délai de
réflexion, le diffuseur, bien que mis en demeure, n'en fait pas ia
diffusion; 4° indiquer le délai de réflexion convenu entre
les parties pour l'application du paragraphe 3°. "
M. ie député?
Mme Bacon: Je ferais peut-être remarquer, il y a une petite
coquille à 2°, il faudrait ajouter un "s" à "celle",
déterminé par celles-ci, parce qu'on parie des oeuvres.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre. Étant
donné qu'il est 13 heures, est-ce qu'on convient de terminer cet article
32. 1 et d'ajourner? Allez-y.
Mme Bacon: Oui. C'est un amendement qui reprend l'objet qui est
visé par l'article 34 du projet de ioi, tout en le reformulant dans
l'esprit des modifications apportées aux articles 30 et 32 et aussi en
clarifiant au chapitre de la nature des oeuvres futures à créer
au terme de l'exclusivité en regard d'une oeuvre réservée
et non diffusée. Le défaut n'emporte pas la clause
exclusivité pour les autres oeuvres, le cas échéant.
Le Président (M. Trudel): M. le dépité de
Saint-Jacques?
M. Boulerice: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Étant
donné qu'ii est... Cela va si bien que je suis presque tenté de
dire "continuons", mais nos règlements nous en empêchent. Alors,
nous ajournons jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de la culture reprend ses travaux afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 78, Loi sur le
statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et
de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs. Au moment
où nous nous sommes quittés, il y a un peu plus de deux heures,
nous en étions à l'article 33 qui - ô surprise! - fait
l'objet d'un amendement proposé par Mme la ministre et qui se lit comme
suit: Remplacer l'article 33 par ie suivant: "33. Un diffuseur ne peut, sans le
consentement de l'artiste, donner en garantie les droits qu'ii obtient par
contrat de ce dernier ni consentir une sûreté sur une oeuvre
faisant l'objet d'un contrat et dont l'artiste demeure propriétaire.
"
Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, cet amendement, M. le Président, est
pour faciliter la lecture de l'article 33 et aussi exclure de toute
sûreté une oeuvre dont l'artiste demeure propriétaire. Cela
répond aux attentes des artistes en arts visuels sans qu'il soit
nécessaire d'exclure toute oeuvre d'art de cette disposition. Cela nous
avait été demandé lors des audiences publiques.
M. Boulerice: Là, vous dites que cela répond aux
attentes des gens des arts visuels, mais eux demandaient que l'article 33 ne
s'applique pas aux arts visuels. Encore là, ce sont les illustrateurs,
les artistes peintres, les gens du Conseil de l'estampe, du Conseil de la
sculpture.
Mme Bacon: Non, ce qu'on nous a demandé, c'est que le
diffuseur ne puisse pas garder les droits sur l'oeuvre. C'est l'exception qu'on
a enlevée. C'est ce qu'on nous avait demandé. Oui, "à
moins qu'elle ne fasse l'objet d'une publication", je pense que c'est cela.
C'est ce qu'on a enlevé. La nouvelle lecture de l'article 33
répond à ce qui nous avait été demandé.
M. Boulerice: En quoi cela y répond-il, qu'on
enlève les mots "ne fasse l'objet d'une publication et d'une diffusion
en plusieurs exemplaires"?
Mme Bacon: Ce qui avait été demandé, c'est
qu'ils soient couverts dans tous les cas où lis demeurent
propriétaires de leurs oeuvres. La façon de refaire l'article
répond à cela. Que ce soient des oeuvres multiples ou uniques,
cela n'a pas d'importance, ils restent encore propriétaires de leurs
oeuvres.
Cela peut donner lieu à une interprétation restrictive,
tel que rédigé. L'article pouvait sembler restrictif et c'est
pour cela qu'il a été refait. Parce qu'on disait... Un instant!
Ce que les artistes nous disaient... On parlait de lithographie, par exemple,
je pense que c'est cela, au moment où ils ont discuté de
l'article 33. Les sérigraphies, les choses qui peuvent être faites
en série, les choses de ce genre.
M. Boulerice: "D'une diffusion en plusieurs exemplaires", cela
répondait à cela,
Mme Bacon: On enlève cela; "à moins qu'elle ne
fasse l'objet d'une publication ou d'une diffusion en plusieurs exemplaires",
c'est enlevé, alors il n'y a pas de problème, pas de danger.
M. Boulerice: Je ne sais pas si on a les galées, mais je
me souviens bien qu'ils avaient demandé d'être entièrement
soustraits de cela. Je vais essayer de le trouver là-dedans.
Mme Bacon: C'est cela, les oeuvres multiples. Quand on nous a
demandé de les soustraire de l'article 33, c'est parce qu'on pensait aux
sérigraphies, on pensait que par cet article on soustrayait les oeuvres
multiples à la protection de la loi, et il nous a été
demandé de ne pas les y soustraire.
M. Boulerice: Me Brière? Mme Bacon: D'être
exclu de l'exception. M. Brière: D'être exclu du "à
moins que". Mme Bacon: On a enlevé "à moins que". Une
voix: On l'a enlevé pour tout le monde.
Mme Bacon: On ne l'a pas fait que pour les arts visuels, on l'a
fait pour tout le monde.
M. Boulerice: Je retrouve ceci. L'Association des illustrateurs
et illustratrices du Québec disait, à propos de l'article 33:
Dans le domaine des arts visuels l'oeuvre publiée peut être, dans
certains cas, indissociable de l'oeuvre originale, pour permettre ainsi
à un diffuseur de donner en garantie une oeuvre faisant l'objet... ce
qui va à l'encontre de l'esprit du projet de loi. L'article 33 ne doit
pas s'appliquer aux arts visuels. Là, ils disaient: Nous recommandons
qu'il soit stipulé dans l'article 33 que celui-ci ne s'applique pas; aux
arts visuels.
Mme Bacon: L'interprétation qu'ils faisaient de l'article
33 n'était pas tout à fait correcte. C'est pour cela qu'on doit
laisser l'article 33. On ne peut pas les soustraire de l'article 33. Si on les
soustrait, ils ne sont pas protégés. Les; oeuvres qui sont
confiées à une galerie pourraient être données en
garantie sans l'accord de l'artiste. C'est la grande protection dans la loi -
c'est bien 33? - par rapport à un diffuseur.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
Mme Bacon: La protection se trouve à l'aricle 33. Il faut
que cela soit...
Le Président (M. Trudel): L'article 33... Je m'excuse.
Mme Bacon: Cela va.
Le Président (M. Trudel): L'article 33 est adopté,
tel qu'amendé. L'article 34. L'amendement a l'effet de retrancher
l'article 34.
Mme Bacon: M. le Président, c'est une modification de
concordance avec le nouvel article 32. 1 qui reprend l'intention
exprimée dans l'article 34. On n'a pas à remettre l'article
34.
Le Président (M. Trudel): C'est adopté?
M. Boulerice: On regarde, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vous savais-attentif.
M. Boulerice: Je ne suis pas certain que l'article 32 ait la
même signification que l'article 34.
Mme Bacon: Article 32. 1.
M. Boulerice: C'est cela. Le premier point de l'article 34,
"être stipulée pour une durée déterminée ou
porter sur un nombre déterminé d'oeuvres à créer",
on ne le retrouve pas dans l'article 32 modifié.
Mme Bacon: "Être résiliable à ia demande de
l'artiste à l'expiration d'un délai d'une durée convenue
entre les parties ou après ia création d'un nombre d'oeuvres
déterminé par ce!les-ci. "
Le Président (M. Trudel): Au pluriel. Mme Bacon: Oui.
M. Bouierice: Au pluriel "3° prévoir que
i'exclusivité cesse de s'appliquer à l'égard d'une oeuvre
réservée... " D'accord, à la lumière de la lecture
rétroactive, cela va.
Le Président (M. Trudel): L'article 34 est adopté
tel qu'amendé.
L'article 35. Il y a une proposition d'amendement de Mme la ministre
à l'effet de remplacer l'article 35 par le suivant: "35. Le contrat est
résilié si le diffuseur commet un acte de faillite ou est l'objet
d'une ordonnance de séquestre en application de la Loi sur la faillite
(Statuts du Canada), si ses biens font l'objet d'une prise de possession en
vertu de ia loi ou, dans le cas d'une personne morale, si elle est l'objet
d'une liquidation. "
Mme Bacon: Cette modification a pour objet d'exclure certaines
situations où le diffuseur, tout en étant insolvable, peut
s'entendre avec ses créanciers et reprendre normalement ses
activités avec l'obligation de rembourser ses créanciers selon ce
qui a été convenu. Si les contrats étaient
résiliés, le diffuseur n'aurait aucune possibilité
d'entente pour poursuivre ses activités. La liquidation vise uniquement
une personne morale et non un individu. On enlève dans l'article 35:
"s'il fait une proposition concordataire". C'est ce qu'on enlève et
aussi: "Le contrat est résilié si le diffuseur devient
insolvable". On enlève cela.
M. Bouierice: Dans le deuxième volet, je ne sais pas ce
que vous allez répondre, mais dans le premier, à l'article 35,
encore là, les traducteurs littéraires, les illustrateurs, les
artistes peintres, le Conseil de la sculpture voulaient que ce soit
stipulé de façon très explicite que l'artiste soit
informé, au même titre que tout autre créancier, de ia
faillite du diffuseur. Je ne vois pas où cela serait...
Mme Bacon: On connaît tous la Loi fédérale
sur la faiiiite. Je pense qu'on avait indiqué au moment des audiences
publiques et on ne peut pas modifier la Loi fédérale sur ia
faillite. Ce n'est pas de notre domaine. C'est du ressort du gouvernement
canadien. Cela avait été mentionné en commission
parlementaire.
M. Boulerice: II n'y a rien qui va les avertir de la faillite du
diffuseur. Enfin, ils vont en être informés, mais je veux
dire...
Mme Bacon: lis sont avertis comme les autres créanciers,
s'ils sont créanciers.
M. Boulerice: On disait: au même titre que tout autre
créancier, ils ne sont pas nécessairement créanciers.
Mme Bacon: Non, cela n'est pas d'emblée. Mais, si les
oeuvres leur appartiennent... Mais on parie de registre dans le projet de loi,
un peu plus loin. S'il y avait faillite, il y a quand même le registre
qui est là et ie syndic peut avoir les noms dans le registre et informer
les artistes.
M. Bou!erice: Le syndic, le registre, pensez-vous que
c'est...
Mme Bacon: ils ont le droit de revendication quand
même.
M. Bouierice: Le syndic et le registre...
Mme Bacon: C'est (a première chose qu'il prend. S'il y a
une faillite, c'est la première chose qu'il regarde, le registre. (15 h
30)
M. Boulerice: Nous ne pouvons pas répondre à la
deuxième, non plus, qui nous demandait que les artistes soient inclus
dans la liste des créanciers privilégiés en ce qui
concerne les sommes résultant de la vente ou de toute autre utilisation
des oeuvres.
Mme Bacon: Cela sera inclus dans le registre, je pense: à
mesure que le diffuseur va vendre les biens qui appartiennent aux artistes, il
va l'inscrire dans son registre.
M. Boulerice: Ah! mais vous avez plus loin "par les produits de
ia vente... toute autre utilisation des oeuvres... ".
Mme Bacon: En ce qui touche la loi fédérale, on ne
peut pas faire quoi que ce soit là-dessus, sur l'ordre de paiement des
créanciers. En ce qui touche les créanciers, je pense qu'en
vertu du Code de procédure l'artiste est un créancier
ordinaire comme les autres créanciers. On n'a pas voulu changer
ça; on donne quand même beaucoup de protection à l'artiste
dans cette loi. Il pourra revendiquer, ce sont ses biens, parce que, de toute
façon, ce sera dans les registres et qu'il aura ses contrats.
M. Boulerice: L'adjoint a bien raison, là, il y avait la
notion de proposition concordataire. De la façon dont vous apportez
l'amendement, pour vous, c'est carrément une faillite, il n'y a pas
de... Un acte de faillite, il n'y a plus de distinction...
Mme Bacon: Dès qu'il y a une pétition de faillite.
M. Brière va vous l'expliquer.
M. Brière: Oui. La raison pour laquelle on a enlevé
la...
M. Boulerice: II a la vertu d'être avocat, lui.
M. Brière: La raison qui peut justifier le retrait de la
proposition concordataire, c'est que, lorsqu'il y a une proposition
concordataire, c'est précisément pour éviter une faillite,
pour permettre au créancier de faire une entente avec le diffuseur. Si
on met en principe que le contrat ou les contrats du diffuseur sont
résiliés dès ce moment, ça lui enlève toute
chance, parce que ça réduit son actif
considérablement.
Donc, dans l'intérêt de l'artiste lui-même, qui a
intérêt autant que le diffuseur à éviter une
faillite, il y a intérêt à ce que le contrat ne soit pas
résilié et qu'il y ait une entente avec les créanciers.
Afin de permettre ça, il ne faut pas que le contrat soit
résilié. Cependant, si le diffuseur est l'objet d'une
pétition de faillite, s'il y a une procédure qui enclenche le
processus de faillite, dès ce moment - ça, c'est un acte de
faillite au sens de la Loi sur la faillite - le contrat est
résilié. De la même façon, il est
résilié s'il va trouver un syndic pour faire cession de ses biens
de sa propre initiative et ce qui reste à courir du contrat ne va pas
dans la masse de la faillite, mais reste à l'auteur, reste à
l'artiste. C'est ça l'objectif de la disposition.
M. Boulerice: Pour ce qui est de l'article 35...
Le Président (M. Trudel): Vous êtes prêt
à le liquider?
M. Boulerice: En me disant que la ministre a maintenant un
nouveau pouvoir de négociation avec le fédéra! pour ce qui
est de la Loi sur la faillite appliquée au domaine des arts au
Québec, statut particulier, société distincte. Je la vois
sans réaction, je suis étonné, d'habitude...
Mme Bacon: C'est parce que le député veut me
provoquer que je ne réagis pas. M. Boulerice: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): L'article 35 est adopté,
tel qu'amendé? Je vous vois revenir de bonne humeur, M. le
député, cela me rassure.
Mme Bacon: Vous voulez partir une discussion? Dans la
constitution québécoise, on verra ce que vous aurez
là-dedans.
M. Boulerice: Ah!
Le Président (M. Trudel): Adopté.
Mme Bacon: Adopté.
Le Président (M. Trudel): J'appelle l'article...
Mme Bacon: L'article 36.
Le Président (M. Trudel): II y a une proposition
d'amendement de la part de la ministre. Remplacer le deuxième
alinéa par le suivant: "Les parties désignent l'arbitre et lui
soumettent leur litige selon les modalités qu'elles peuvent
prévoir au contrat. Les dispositions du livre VII du Code de
procédure civile s'appliquent à cet arbitrage compte tenu des
adaptations nécessaires. " Mme le ministre.
Mme Bacon: C'est un article qui vise à inclure dans les
contrats un mécanisme volontaire de règlement à l'amiable
des différends relatifs au contrat de diffusion. Les parties pourront en
définir les paramètres dans le contrat de diffusion, sinon le
Code de procédure civile s'applique. C'est un mécanisme qui
permet de protéger la relation privilégiée entre l'artiste
et le diffuseur et aussi d'éviter des délais et des coûts
de l'appareil judiciaire, appareil auquel l'une et l'autre des parties ne
désirent pas recourir faute: de ressources bien souvent, notamment.
Le Président (M. Trudel): M. le député.
M. Boulerice:... toujours obligatoire. Mme Bacon: Sauf s'il y a
renonciation.
M. Boulerice: Sauf renonciation expresse. Il suffit qu'il y ait
une partie ou les deux parties?
Mme Bacon: Un contrat, cela relie deux parties.
M. Boulerice: Non, mais la demande de l'arbitrage. Je sais que
pour le contrat cela prend deux parties.
Mme Bacon: S'il y a renonciation, il faut que cela vienne des
deux parties. S'il n'y a pas
d'accord entre les deux, ils ne renonceront pas. M. Boulerice:
Pardon?
Mme Bacon: II faut que la renonciation soit faite par les deux
parties. Il faut qu'il y ait entente entre les deux parties pour renoncer.
M. Bouierice: Oui, pour renoncer, mais pour qu'il y ait arbitrage
comme tel?
Mme Bacon: Aussi.
M. Brière: Si les parties ne disent rien, c'est
automatique.
Mme Bacon: C'est automatique.
M. Bouierice: Comment, c'est automatique?
Le Président (M. Trudel): La renonciation doit être
expresse, c'est cela?
Mme Bacon: La renonciation doit être expresse mais
l'arbitrage...
M. Brière: À défaut de mention expresse,
c'est l'article 36 qui s'applique.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Bouierice: C'est ce qu'on dit.
Mme Bacon: II faut que quelqu'un demande l'arbitrage.
M. Bouierice: Non. La renonciation doit être mutuelle.
Mme Bacon: Oui.
M. Bouierice: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
Le Président (M. Trudel): Ou expresse.
M. Bouierice: Expresse. Mais la demande d'arbitrage?
Mme Bacon: S'il n'y a pas de renonciation, c'est une partie qui
peut demander l'arbitrage.
M. Bouierice: Une partie seulement peut la demander.
Mme Bacon: Oui, qui peut demander l'arbitrage. C'est clair.
M. Brière: Et s'il n'y a pas de procédure dans le
contrat, c'est le Code de procédure qui va s'appliquer.
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Cela n'enlève pas le désavantage que
j'y voyais que certains milieux n'avaient pas saisi. Ce n'est pas un milieu qui
est riche, donc l'arbitrage, cela va être, comme on le dit en langage
courant, "fifty-fifty, 50-50. Je ne vous dis pas que cela rend la
question...
Mme Bacon: Elles peuvent convenir autrement.
M. Boulerice: Je ne vous dis pas que cela diminue l'avantage
d'avoir une notion d'arbitrage là-dedans. Quand elles voudront avoir des
recours, à ce moment-là...
Mme Bacon: Je pense que c'est un mécanisme, comme je le
disais tantôt, qui permet de protéger la relation
privilégiée entre l'artiste et le diffuseur et, en même
temps, cela évite des délais et des coûts de l'appareil
judiciaire.
M. Bouierice: Dans d'autres domaines du droit commercial - je ne
suis pas familier avec cela, je pose une question à M. Brière - y
a-t-il des dispositions semblables à celle-là?
M. Brière: Non, ce n'est pas fréquent. Une
disposition identique à celle-ià, je n'en connais pas dans un
domaine de droit commercial, sauf que le Code de procédure civile a
été amendé en 1986 pour inciter les parties à des
contrats commerciaux à utiliser l'arbitrage, justement, depuis la
création du centre d'arbitrage en droit international, ici, à
Québec. De plus en plus, on trouve des clauses compromissoires dans les
ententes commerciales et on utilise les dispositions des articles 940 à
952 du Code de procédure civile. C'est de plus en plus utilisé.
Mais je connais peu d'exemples dans la législation ancienne où on
utilise cette procédure de façon supplétive, comme on le
fait ici. On l'a utilisée dans la Loi sur les forêts pour
régler des litiges entre bénéficiaires de contrats
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers en 1986. C'est le seul
exemple qui me vient tout de suite à l'esprit, mais je signale que c'est
supplétif et les parties pourraient en décider autrement dans
leurs conventions.
M. Bouierice: C'est un autre ingrédient dans notre notion
de droit nouveau.
Mme Bacon: II y a plusieurs ingrédients comme
ça.
M. Brière: On peut peut-être ajouter que dans la
plupart des contrats que j'ai vus, dans plusieurs contrats que j'ai
consultés, cette clause s'y trouvait. On prévoyait une clause
d'arbitrage, une clause compromissoire, si vous voulez.
M. Bouierice: C'est à la demande d'une ou des deux
parties, Me Brière?
M. Brière: Les deux parties conviennent d'une clause dans
le contrat qui est compromissoire, mais c'est à la demande de l'une ou
l'autre des parties que l'arbitre peut être saisi. Mais on s'entend au
préalable sur la façon de saisir l'arbitre.
M. Boulerice: II y a l'arbitrage, mais il y a toujours le
problème de l'arbitre. Qu'est-ce qui arrive? Dans la loi, il n'y a rien.
Sur quoi va-t-on s'appuyer à ce moment-là? Dans le cas de la loi
90, Mme la ministre et Me Brière, c'est la commission qui est
chargée de l'arbitrage.
Mme Bacon: Oui, si les deux parties la désignent, dans la
loi 90.
M. Boulerice: Si les deux parties la désignent. Dans la
loi 78, il n'y a pas ce calque de la loi 90.
Mme Bacon: Ce sont des contrats individuels. Ce ne sont pas des
contrats avec des groupes.
M. Boulerice: Alors, ma question tient toujours: Si elles ne
s'entendent pas sur l'arbitrage?
M. Brière: Le Code de procédure s'applique et il y
a des dispositions dans le Code de procédure qui permettent de
s'adresser à un juge de la Cour supérieure pour désigner
un arbitre. Il existe un centre international d'arbitrage maintenant, depuis
quelques années, à Québec où il y a probablement
des experts en propriété intellectuelle qui feraient des arbitres
compétents pour les fins de l'application de la loi et tout cela va se
développer avec le temps.
M. Boulerice: Je suis bien d'accord avec vous, sauf qu'on est en
train de comparer un éléphant avec une souris. Vous avez la
notion d'arbitrage, le centre d'arbitrage pour une très puissante
multinationale ou une entreprise prospère. Cela va. Mais là,
c'est le monde de la culture. Ce n'est pas équipé comme
ça, malheureusement. Je pense qu'on souhaiterait tous les deux que,
demain matin, cela soit cela, mais c'est toute une mécanique pour
eux!
M. Brière: Si c'est trop onéreux, ils pourront y
renoncer et s'adresser aux tribunaux.
Mme Bacon: Ce n'est pas moins onéreux aller devant les
tribunaux. S'ils veulent renoncer à l'arbitrage et aller devant les
tribunaux, ce n'est pas moins onéreux. Ils peuvent y aller. (15 h
45)
M. Boulerice: Mais il y a toujours l'avantage que s'ils vont
devant un tribunal, quand ils y allaient avec un avocat et qu'ils gagnaient
leur cause, tout ce qu'ils avaient, c'étaient les frais et tout ce
qu'ils pouvaient retirer, tandis que pour eux, l'arbitrage sera la notion de
50-50, c'est une procédure qui peut être longue.
Je prend l'exemple d'un artiste qui a vendu cinq toiles dans son
année et qui n'a pas fait le dixième de ce que nous avons fait en
salaire...
Mme Bacon: Mais s'il va à la cour, il y a des frais de
cour, il doit payer son avocat.
M. Boulerice: Mais s'il gagne, il récupère et il
peut avoir des montants compensatoires en plus, etc. Je ne veux pas pratiquer
votre métier que je ne connais pas, je n'aurai pas cette
prétention, mais, au départ, avec une notion d'arbitrage, il sait
que cela va lui coûter 50 %. Me Pelchat... je m'excuse, Mme la
députée de Vachon semble...
Mme Bacon: Est-ce que le député de Saint-Jacques
voudrait proposer le retrait de l'article 36?
M. Boulerice: Ce n'est pas dans ce sens-là. On
s'était entendu que cette loi avait son utilité. Je vous !e
répète, on essaie de la regarder, de la comprendre pour qu'elle
soit la meilleure au monde. J'espère que vous n'en doutez pas, mon
attitude le prouve.
Mme Bacon: Non, je pose la question. C'est parce que je sentais
des doutes quant à l'article 36, c'est pour ceia que je demande si le
député...
M. Boulerice: Non, ce n'est pas dans le sens que je propose le
retrait, j'essaie de bien la comprendre, pour que je sois en mesure de bien
l'expliquer et de bien la défendre aussi.
Là, je vous avoue que j'ai de la difficulté à
comprendre le libellé de l'article 36. Qu'est-ce que l'amendement
apporte de véritablement nouveau? Comme on dit, je n'accroche pas.
Mme Bacon: II n'apporte rien de nouveau, c'est plus précis
que celui qui était dans la loi. Si on suit le Code de procédure
civile, on peut aller jusqu'à trois arbitres, tandis que, là,
c'est un seul.
M. Boulerice: Vous dites? Ah oui! que le Code de procédure
dit qu'on peut aller jusqu'à trois arbitres!
Mme Bacon: Si on suit le Code de procédure civile, on peut
aller jusqu'à trois arbitres, tandis que... C'est pour cela qu'on dit
"un arbitre".
En fait, c'est un plus par rapport à maintenant où le seul
recours est la procédure légale.
M. Boulerice: J'ai toujours dit que, si les lois appartiennent
aux avocats, j'aime bien que les citoyens ordinaires soient capables de les
comprendre. Les articles 940 à 951, c'est vrai-
ment l'équivalent du livre VII du Code de procédure
civile.
Mme Bacon: Si on gardait le renvoi aux articles 940 et 951 du
Code de procédure, on serait obligé d'amender la loi chaque fois
qu'il y aurait un changement. S'ils ajoutent des articles dans le Code de
procédure, on va être obligés de changer notre loi chaque
fois.
M. Boulerice: Comme j'avais bien fait de poser la question! Vous
me donnez une donnée que je juge très importante.
Mme Bacon: C'est pour cela qu'on dit dans le livre...
M. Boulerice: Vous m'avez regardé avec votre
méfiance naturelle, je vous connais, en voulant dire: Ça y est!
Va-t-il m'empêcher de voter la loi? Je vous ai dit qu'il n'y a pas de
problème, qu'on voterait cette loi. Je vous l'ai dit, je ne suis pas
avocat.
Mme Bacon: Moi non plus.
M. Boulerice: Bon! Enfin, nous avons deux qualités
réciproques, en plus d'aimer le noir, sauf qu'on ne veut pas de trous
noirs dans la loi.
Mme Bacon: Je vous ai dit que le noir est à la mode.
M. Boulerice: Les articles 940 à 951, pour moi...
Mme Bacon: C'est le Code de procédure civile. Si on le
laisse là, on peut amender le Code de procédure...
M. Boulerice: Le Code de procédure civile, j'ai bien des
amis qui ont cela comme taie d'oreiller, mais ce n'est pas mon cas, ce n'est
pas le vôtre non plus et ce n'est pas le cas des gens du milieu de la
culture. Bon, alors, 940 à 951 du Code de procédure... Mais
là, vous me dites que le livre VII du Code de procédure civile,
cela ne donne plus tellement de latitude et, effectivement, on sera exempt de
revenir, je ne sais pas, dans deux mois, trois mois ou demain matin, on ne sait
pas ce qui peut nous arriver. Je trouve que c'est une explication qui vaut la
peine, quand je vous disais...
Le Président (M. Trudel): Qui va nous permettre d'adopter
l'article?
M. Boulerice: Et qui va permettre, effectivement, d'adopter
l'article, M. le Président.
Mme Bacon: C'est extraordinaire)
Le Président (M. Trudel): Ce que vous faites tout de
suite?
M. Boulerice: Je trouve que c'est une information, une
précision qui ajoute à la compréhension.
Le Président (M. Trudel): Alors, vous adoptez l'article
36?
M. Boulerice: Mais oui, je l'adopte.
Le Président (M. Trudel): Bravo! Merci. À l'article
37, il y a un amendement.
M. Boulerice: II y avait juste...
Mme Bacon: Mais, là, il ne faut pas reculer.
M. Boulerice: Non.
Mme Bacon: Vous prendrez votre temps à 37.
M. Boulerice: Oui, c'est cela. Je vais revenir à 37.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Pourtant, on dit toujours: Être sur son
36.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Vous venez d'y rester un bon
moment, M. le député. À l'article 37, proposition
d'amendement.
Mme Bacon: Vous avez gagné d'aller à 37.
Le Président (M. Trudel): La proposition d'amendement se
lit comme suit: Remplacer le paragraphe 2" du premier alinéa et le
deuxième alinéa de l'article 37 par les suivants: "2° le
nombre et la nature de toutes les opérations faites qui correspondent
aux paiements inscrits et, le cas échéant, le tirage et le nombre
d'exemplaires vendus. Dans le cas où une contrepartie monétaire
demeure due à l'artiste après la signature du contrat, il doit,
selon une périodicité convenue entre les parties d'au plus un an,
rendre compte par écrit à l'artiste des opérations et des
perceptions relatives à son oeuvre. " Mme la ministre.
Mme Bacon: II s'agit là, d'une part, d'un amendement de
concordance avec le nouveau paragraphe 6° de l'article 30 et aussi de
précisions quant aux termes qui sont utilisés.
M. Boulerice: J'aimerais poser une question. Pardon? J'aurais le
goût de poser une question au président de la commission en tant
qu'ancien éditeur. Comment voit-il l'article 37 dans le domaine de la
littérature?
Le Président (M. Trudel): Je n'ai pas du tout l'intention
de répondre à cela. Je dirige les travaux de la commission, M. le
député.
M. Boulerice: Et vous reniez vos origines, M. le
Président?
Le Président (M. Trudel): Non, pas du tout. Je veux dire,
à chacun son métier pour le moment. Je pourrai vous entretenir,
si cela vous intéresse, à l'heure du dîner.
M. Boulerice: Quoi?
Le Président (M. Trudel): Je pense que mon rôle ici
consiste à diriger les débats et non pas à expliquer la
loi, ce qui appartient d'abord et avant tout à Mme la ministre.
M. Boulerice: Mais là j'ai 'e goût de... Je l'ai
entendu.
Une voix:...
M. Boulerice: Non, non, je l'ai entendu. Elle commence encore.
Elle fait du "filibuster". J'ai toujours dît sur mon honneur que cette
loi-là, si on trouvait les amendements acceptables, I! n'y a pas de
problème. Mais, là, elle s'amuse encore. Je suis en train de
poser une question et on parle de "filibuster".
Le Président (M. Trudel): J'ai l'impression que vous
comprenez bien l'article 37 qui...
M. Boulerice: Une minute, on n'a pas posé de question
encore.
Le Président (M. Trudel):... est relatif à la
perception.
M. Boulerice: J'ai voulu vous en poser une et vous n'avez pas
voulu répondre. Là, II me reste la ministre quand même.
Mme Bacon: Oui, j'avais tout vu cela.
Le Président (M. Trudel): Gardez le sourire, M. le
député, cela vous va bien.
M. Boulerice: "Dans le cas où une contrepartie
monétaire demeure due à l'artiste après Sa signature du
contrat", c'est cela qui a été ajouté?
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Cela apporte quoi et cela répondait à
qui ?
Mme Bacon: C'est la question du forfait.
Cela nous avait été demandé par l'Association des
éditeurs canadiens. Vous n'avez pas l'intention de dire non à
cela!
Le Président (M. Trudel):... à l'Association des
éditeurs canadiens parce que, là, je vous; répondrais.
M. Boulerice: Ne tentez pas le diable!
Le Président (M. Trudel): Cela ne me lente pas diable non
plus!
M. Boulerice: Le fait de ne pas l'avoir mentionné dans la
version initiale, cela avait quelle implication?
Mme Bacon: Le fait de?
M. Boulerice: Le fait de ne pas l'avoir mentionné dans
l'écriture initiale, cela avait quel impact déjà?
Mme Bacon: Cela peut causer des problèmes
d'interprétation. On voulait que ce soit le plus clair possible, vous
vous rappellerez, nous l'avions dit à l'occasion des audiences
publiques: on veut avoir une loi qui soit facile à comprendre. On ne
veut pas qu'il y ait des problèmes d'interprétation qu'on a voulu
la plus facile à comprendre possible et la plus claire possible. En
fait, c'est beaucoup plus clair maintenant. Dans le cas d'un forfait
payé à un artiste et que l'éditeur ne doit plus rien
à l'artiste, il n'y a plus de compte à rendre à l'artiste.
C'est beaucoup plus clair de cette façon. Si ce n'est pas à
forfait, à ce moment-là, il doit lui rendre des comptes.
M. Boulerice: Couvrir les forfaits, c'est cela que vous
dites.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Cela permet de couvrir les forfaits.
Mme Bacon: Non, non. Cela permet de les exclure. Cela exclut les
forfaits parce que, si le forfait a été payé,
l'éditeur n'a plus à rendre de compte à l'artiste. Il ne
lui doit plus rien.
M. Boulerice: II devra quand même tenir le livre des
comptes.
Mme Bacon: II inscrit dans son livre, je suppose, ce qu'il a
payé, mais c'est tout. Il n'y a pas de périodicité
à ce moment-là, puisqu'il lui a payé son forfait. Il n'y a
pas de contrepartie monétaire qui est due, avec un forfait. Il n'y a
plus de perception à faire. Il n'y a pas d'opération de
perception. (16 heures)
M. Boulerice: S'il ne lui doit plus d'argent, II n'y a plus
besoin de faire une reddition de compte.
Mme Bacon: Non, c'est cela. Si c'est à forfait, il ne lui
doit plus d'argent.
M. Boulerice: L'article 37 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): L'article 37 est adopté
tel qu'amendé.
M. Boulerice: À la suite de vos commentaires
éloquents.
Le Président (M. Trudel): Nous passons à l'article
38, sur lequel j'ai un amendement qui se lit comme suit: Insérer dans la
première ligne de l'article 38, après le mot "peut", les mots
"après en avoir avisé par écrit le diffuseur".
Mme Bacon: C'est un amendement qui fait obligation d'aviser le
diffuseur avant de faire examiner les livres de ce dernier, c'est
évident. Cela a été expliqué lors de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Trudel): Adopté?
M. Boulerice: Si ce n'est pas écrit, l'autre peut toujours
dire qu'il n'a pas été avisé.
Mme Bacon: II faut prévenir que le diffuseur ne soit
harcelé, à n'importe quelle heure, n'importe quel jour, le jour
ou la nuit.
M. Boulerice: II aurait peut-être été
intéressant de mettre une question de délai, un peu comme on en a
un dans la loi d'accès aux renseignements personnels, je crois, si je me
souviens bien. Je suis plus familier avec ce dossier-là que vous...
Mme Bacon: Un délai pourquoi? M. Boulerice: Pour
l'avis.
Mme Bacon: Non, mais l'article se lirait: "L'artiste peut,
après en avoir avisé par écrit le diffuseur, faire
examiner par un expert de son choix, à ses frais, toute donnée
comptable le concernant dans les livres du diffuseur. "
M. Boulerice: D'accord. Mais, là, le diffuseur peut dire:
Je suis bien d'accord, mais je ne suis pas libre avant le 19 janvier 1989,
entre 14 heures et 15 heures.
Mme Bacon: Non, non, il va se fier à cela. Il ne faut pas
faire de procès d'intention avant.
M. Boulerice: Comme tout bon Québécois, j'aime bien
les polices d'assurance. On pourra présumer effectivement que tous deux
sont de bonne foi, notamment le diffuseur.
Le Président (M. Trudel): Adopté?
M. Boulerice: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 39. Mme
la ministre, propose l'amendement suivant: 1° Remplacer dans ies
première de deuxième lignes du premier alinéa de l'article
39 les mots "chacune de ses places d'affaires" par les mots "sa principale
place d'affaires".
Mme Bacon:...
M. Boulerice: Je ne sais pas.
Le Président (M. Trudel): Remplacer dans les
première et deuxième lignes du premier alinéa de l'article
39 les mots "chacune de ses places d'affaires" par les mots "sa principale
place d'affaires".
M. Boulerice: Je ne l'ai pas.
Mme Bacon: Vous n'avez pas l'article 39?
Le Président (M. Trudel): Vous n'avez pas l'article
39?
M. Boulerice: Non.
Le Président (M. Trudel): C'était dans la liasse...
À moins que...
M. Boulerice: Non. Je ne le sais pas, moi, j'ai la page... Ah! il
y a 36 et dans la mienne, on saute à 38. À moins qu'il ne soit
à la fin.
Le Président (M. Trudel): Je reprends la lecture du
deuxième paragraphe: Remplacer, dans les quatrième et
cinquième lignes du deuxième alinéa de l'article 39, les
mots "et en prendre copie en tout temps pendant les heures d'affaires du
diffuseur" par les mots "en tout temps pendant les heures normales d'ouverture
des services administratifs".
Mme Bacon: C'est un amendement qui établit à quel
endroit doit être tenu le registre et ça détermine aussi
les heures de consultation du registre, les heures normales d'ouverture des
services administratifs.
M. Boulerice: La principale place d'affaires, ça, je me
souviens bien, c'était l'association des musées. Merci beaucoup.
C'étaient les gens des musées qui nous avaient demandé
ça, c'est tout à fait... En faisant l'image du Musée de
Québec...
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice: Et sur l'établissement de la rue Champlain.
Je pense que cela est tout à fait légitime et normal. Alors le
premier alinéa, cela va. 2° Remplacer, dans les quatrième et
cin-
quième lignes du deuxième alinéa de l'article 39,
les mots "et en prendre copie en tout temps pendant les heures d'affaires du
diffuseur" par les mots "en tout temps pendant les heures normales d'ouverture
des services administratifs". "Services administratifs", cela fait nettement
allusion aux organismes, aux musées, etc.
Mme Bacon: Bien, les diffuseurs.
M. Boulerice: Tandis que les heures d'affaires du diffuseur, ce
n'est pas exactement la même chose, selon mon interprétation, en
tout cas.
Mme Bacon: Un propriétaire de galeries, c'est un
diffuseur.
Le Président (M. Trudel): C'en est un, oui Un
éditeur peut faire de l'édition, par exemple - ça arrive
souvent - jusqu'à minuit, mais les services administratifs dont on parle
ici, comptabilité et finances, ferment à 17 heures; c'est ce que
l'article vient préciser. Il serait peut-être incongru de voir un
artiste s'amener à 20 heures et obliger le directeur des finances
à rester; c'est tout ce que l'article veut couvrir. Du raisonnable,
quoi!
M. Boulerice:... l'article 39, M. le Président,
autant...
Le Président (M. Trudel): Adopté tel
qu'amendé.
À l'article 40, Mme la ministre propose un amendement à
l'effet de remplacer l'article 40 par le suivant: Toute oeuvre visée par
un contrat et se trouvant sur des lieux loués par le diffuseur est
présumée s'y trouver provisoirement, dans tous les cas où
il n'en est pas propriétaire. "
Mme Bacon: C'est un amendement qui a pour objet de ne pas
restreindre la présomption au seul contrat de dépôt ou de
consignation, et on y inclut notamment les manuscrits. Toutefois, la
présomption ne s'applique pas aux oeuvres dont le diffuseur est
propriétaire.
M. Boulerice: Dans l'original, le mot "contrat", vous lui aviez
donné un qualificatif de dépôt, de consignation. Dans
l'article 40 amendé, vous dites "visée par un contrat".
Mme Bacon: Par un contrat.
M. Boulerice: Ce n'était pas mieux de garder...
Mme Bacon: On ne voulait pas restreindre la présomption au
seul contrat de dépôt et de consignation en y incluant, notamment,
les manuscrits. Cela excluait les manuscrits.
M. Boulerice: Comment, cela excluait les manuscrits? Le manuscrit
est également en dépôt, en consignation.
Mme Bacon: Non, pas selon le contrat. De la façon que
c'était écrit, on faisait référence à
propriété et le manuscrit n'est pas une propriété.
Le manuscrit est à l'artiste. En même temps, la présomption
ne s'applique pas aux oeuvres qui sont la propriété du diffuseur.
Le contrat de dépôt et de consignation, c'est surtout pour les
arts visuels. On ne touchait pas le manuscrit.
M. Boulerice: Un, deux, trois, bingo! D'accord, cela va pour
l'article 40.
Le Président (M. Trudel): L'article 40 est
adopté9 Adopté. On est à un nouvel article
proposé par Mme la ministre, l'article 40. 1, qui se lit comme suit:
Insérer après l'article 40 de ce projet l'article suivant: "40. 1
Sous réserve des articles 33 et 36, on ne peut renoncer à
l'application d'une disposition du présent chapitre. "
Mme Bacon: M. le Président, c'est un nouvel article qui a
pour objet de dissuader...
M. Boulerice: Ah! là, je la tiens!
Mme Bacon:... tous gestes de la part d'un diffuseur qui rendent
contractuellement inapplicables la plupart des dispositions relatives au
contrat individuel et, aussi, inciter l'artiste à signer des contrats
d'adhésion sans réel échange.
M. Boulerice: Là, vous avez voulu - comme on dit en bon
Québécois - poigner les "snoreaux" - expression typiquement
joliettaine -n'est-ce pas, Mme la ministre? Ha, ha, ha!
Mme Bacon: À Trois-Rivières, on disait cela un peu
aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: En général, c'étaient des vieux
"snoreaux".
Mme Bacon: À Trois-Rivières, c'était des
vieux.
M. Boulerice: On peut avoir des conversations avec un accent
typiquement local, nous deux.
Mme Bacon: Vous comprenez l'article? M. Boulerice: Oui. M
me Bacon: Bon!
Le Président (M. Trudel): En joliettain comme en
français, vous l'adoptez?
Mme Bacon: Parce qu'on peut expliquer encore, si vous le
voulez.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, êtes-vous
prête à adopter l'article 40. 1? Il y a d'autres explications.
Mme Bacon: On peut donner d'autres explications si le
député de Saint-Jacques en a besoin.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques semble faire sa correspondance.
Nous suspendons les travaux de la commission pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux de notre commission et si je comprends bien,
M. le député de Saint-Jacques, au moment où nous nous
sommes quittés, nous avions adopté l'article 40. 1, tel
qu'amendé, ou non?
M. Bouler ice: À l'article 40. 1, si je comprends bien,
il y a un blindage. On ne peut pas échapper au contrat, c'est tout ce
que le monde disait.
Le Président (M. Trudel): Mur à mur blindé.
M. Boulerice: Mur à mur blindé. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. L'article 41. La
proposition d'amendement de Mme la ministre est la suivante: 1° Remplacer,
dans la première ligne du premier alinéa de l'article 41, le mot
"reconnue" par les mots "ou un regroupement reconnu". C'est une proposition
d'amendement que nous avons vue une vingtaine de fois depuis le début.
2° Remplacer, dans la quatrième ligne du premier alinéa de
l'article 41, le mot "reconnue" par les mots "ou le regroupement reconnu".
"More of the same", comme disait Malraux. M. le député, est-ce
qu'on peut avoir votre attention soutenue?
M. Boulerice: Oui. Vous comprenez qu'on prépare beaucoup
de choses. Oui, oui, vous avez mon attention. Vous me disiez, M. le
Président?
Le Président (M. Trudel): Je vous lisais la proposition
d'amendement à l'article 41, qu'on a vue au moins 20 fois depuis ce
matin: le changement du mot "reconnue" par "regroupement reconnu".
M. Boulerice: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
Mme Bacon: Est-ce que j'ai compris "adopté"?
Le Président (M. Trudel): Oui, il faut comprendre par
signe, M. Se député. L'article 42?
Mme Bacon: il faut se méfier du langage non verbal.
M. Boulerice: Le signifié et le signifiant. Le
Président (M. Trudel): Voilà!
M. Boulerice: Vous connaissez bien ça, vous avez
été longtemps aux communications. Vos anciens collègues,
d'ailleurs, vous saluent. Je leur ai parié ce matin.
Le Président (M. Trudel): L'article 42. Vous me permettrez
de le lire si vous êtes...
Mme Bacon: À 42, peut-être qu'on peut expliquer.
Le Président (M. Trudel): "La durée d'une entente
est d'au plus trois ans. " Cela va?
Mme Bacon: Avez-vous besoin d'explication à l'article
42?
M. Boulerice: Si vous insistez, oui, je demanderai une
explication. Pourquoi trois? Pourquoi pas quatre?
Le Président (M. Trudel): Adopté? Est-ce que vous
êtes prêt à l'adopter?
M. Boulerice: L'article 42 comme tel, dans son libellé,
"la durée d'une entente est d'au plus trois ans", je pense qu'il n'y a
pas à ajouter. La seule chose, par contre, c'est que, là, je
relis les condensés de l'Union des écrivains et ça
s'appii-que à l'ensemble de ia section II, Ententes collectives sur des
conditions minimales de diffusion, lis disaient qu'aux articles 41, 42 et 43 de
la loi 78, s'ajoutent, avec les adaptations qui s'imposent, ies articles 26,
28, 29, 30, 31, 32, 33, 35 et 42 de la loi 90. C'était une très
grosse recommandation qu'ils nous faisaient, rappelez-vous.
Mme Bacon: C'est une très grosse recommandation, mais nous
avons réfléchi énormément à cette demande et
on ne peut l'accorder. Je l'ai même dit à la commission
parlementaire, ce n'est pas une loi sur les relations du travail, c'est une loi
qui protège le statut de l'artiste. Et on ne peut pas accéder
à cette demande, on ne peut pas la leur donner. Ce n'est pas la
même chose que dans ia loi 90.
M. Bouierice: C'était manifeste que...
Mme Bacon: Ici, les gens vendent des biens, ils n'offrent pas des
services. Ce n'est pas la même chose.
M. Boulerice: Dans le cas des traducteurs, ils offrent des
services.
Mme Bacon: Peut-être, plus tard...
M. Boulerice: Dans le cas des traducteurs littéraires, ils
offrent des services.
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Les traducteurs littéraires qui sont venus,
ils offrent des services, ce n'est pas un bien.
Mme Bacon: Dans ce cas-là, oui. Dans le reste, les arts
visuels, les métiers d'art, ce sont des biens. Même la
littérature, ce sont des biens.
M. Boulerice: Je le sais bien, c'est toujours le milieu de la
littérature qui...
Mme Bacon: On me dit qu'une idée, c'est un bien, parce que
cela se vend.
M. Boulerice: Comment se fait-il qu'on ne fasse pas plus d'argent
tous les deux?
Mme Bacon: Si elle est exprimée. Imaginez l'argent qu'on
pourrait faire ici!
Il y a quelqu'un qui me dit: Les mots se vendent, mais le silence
s'achète.
M. Boulerice: Je peux deviner qui vous a inspiré cela.
C'est un monsieur à barbe, j'en suis certain.
Mme Bacon: II est brillant aujourd'hui! On m'a posé des
questions, M. le Président. On peut peut-être donner
l'information. Quand on parle de la négociation d'ententes collectives
et des conditions minimales de diffusion, il est évident que dans la loi
78 les dispositions du projet de loi sont moins explicites que dans la loi 90,
quant à la possibilité de négociation d'ententes
collectives parce que la loi 90 et le projet de loi 78 visent, comme on l'a dit
tantôt, des secteurs culturels très différents. Ce n'est
pas la même chose, surtout en ce qui concerne le mode de
négociation du contrat et la nature du contrat. Ce n'est pas le
même genre de services qui sont offerts.
Dans la loi 90, les contrats portent sur la prestation de travail des
artistes et interprètes, il se négociait déjà des
ententes collectives. Il existe des barèmes qui concernent des cachets
minimaux. Les cachets constituent aussi des forfaits. Le contrat prend fin une
fois que la prestation de travail est terminée. En l'absence d'un statut
clair des artistes, il n'y a aucun régime qui venait encadrer une
négociation, avant que les artistes aient leur statut. La loi 90 a
clarifié le statut de travailleur autonome de ces artistes. La loi 90 a
aussi instauré un régime qui venait encadrer la
négociation collective. Une commission a été
créée pour intervenir, s'il y a lieu, dans tout le processus de
négociation, comme médiateur, comme arbitre. Cette commission
avait aussi comme pouvoir de reconnaître les associations qui sont
habilitées à négocier. Cette reconnaissance se fait par
secteur de négociation, suivant l'histoire des relations du travail.
Quant au projet de loi 78, dans les domaines des arts visuels, des
métiers d'art et de la littérature, l'entente se négocie
individuellement, soit de façon verbale - on l'a déjà dit
- soit de façon écrite. Le type d'entente est quand même
fort diversifié. Cela peut être un contrat de consignation, cela
peut être un contrat d'édition, de prêt, de location, de
vente. C'est beaucoup plus diversifié que pour les artistes qui
étaient visés par la loi 90. Cela porte non pas sur une
prestation de services, comme on l'a dit tantôt, mais sur les oeuvres des
créateurs. Les obligations des deux parties et les paiements qui portent
sur les droits d'auteur se prolongent souvent sur une longue période. Il
y a aussi, dans le cas des arts visuels, lorsque les oeuvres des artistes sont
en consignation, nécessité de protéger les oeuvres des
artistes. Je pense qu'il s'agissait davantage de protéger les artistes
comme créateurs et leurs oeuvres, en ce qui a trait à la
diffusion de ces oeuvres.
Dans ces domaines, la négociation collective n'est pas
pratiquée, bien qu'elle soit souhaitée, évidemment, comme
on l'a dit tantôt, par plusieurs associations d'artistes. Si, au cours
des prochaines années, la pratique évolue dans le sens d'une
négociation collective, à ce moment-là, il sera toujours
temps d'amender la loi mais, pour l'instant, nous nous sommes plutôt
efforcés de trouver une réponse. Je pense que c'est un peu ce que
nous avons dû faire dans un premier temps, trouver une réponse qui
était adaptée aux problèmes des créateurs qui
n'avaient pu, compte tenu des réalités qui sont
différentes, être inclus dans la loi 90. Cela se veut un
prolongement de la loi 90, cette loi 78, mais adaptée aux artistes que
nous protégeons, aux individus que nous protégeons, qu'ils soient
membres ou non d'une association. Et c'est là que vient la
différence de cette loi par rapport à la loi 90.
M. Boulerice: Moi, je ne disconviens pas de ce que vous dites.
C'est tout simplement que l'Union des artistes - je pense qu'on doit tenir
compte de ces gens - est un groupe important. Eux, ce qu'ils sont venus dire
ici... Ils ne sont pas venus dire que la loi 78 était mauvaise, je ne
pense pas qu'ils aient dit cela. Ils ont souligné des
éléments qui, pour eux, étaient bien. Par contre, ils
disaient... Et vous allez peut-être me dire: Oui, mais il recommence le
débat de fond.
Je ne peux quand même pas m'empêcher de faire valoir leur
point de vue.
Mme Bacon: il ne faut pas me faire parler quand je ne parle
pas!
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: II ne faut pas me faire parler quand je ne parle
pas!
M. Boulerice: Non, mais le... Mme Bacon: Je vous
écoute.
M. Boulerice: Ah oui! sur bien des articles, vous m'avez
écouté! Là-dessus, je ne vous blâmerai pas. Mais eux
se sentiraient mieux s'ils avaient été capables d'être
rattachés à certains articles de la loi 90. Et je ne m'explique
toujours pas, même si vous me dites que ce n'est pas un régime de
négociation collective, qu'on soit incapable de trouver une manche, en
tout cas, pour continuer dans l'imagerie qu'on avait, qui ferait que leur
habit, pour eux, serait plus confortable.
Je les relis, les articles, par exemple, le 29, le 30... On dit: Les
parties doivent commencer les négociations et les poursuivre avec
diligence et bonne foi. Une partie à toute phase de négociation
peut demander à la commission de désigner un médiateur.
Là, la commission joue un rôle dans leur cas.
J'ai l'impression que s'il y avait un petit peu plus d'efforts,
peut-être qu'on aurait pu satisfaire aux exigences de l'Union des
écrivains, puis qu'ils se retrouvent dans la loi 78 parce que,
là, ils ont l'impression un peu d'être dans un vide. D'un
côté, le verre est à demi plein et de l'autre, il est
à demi vide pour eux.
Mme Bacon: Les écrivains sont couverts par la loi 78.
M. Boulerice: C'est cela que je vous dis... Mme Bacon:
Oui.
M. Boulerice: Mais pas comme ils le veulent.
Mme Bacon: Pas complètement, mais je pense que ce que
nous...
M. Boulerice: Je trouve que c'est un petit peu timide pour
eux.
Mme Bacon: Non, non, je ne pense pas. Les interventions qu'on a
entendues et les consultations que nous avons faites par la suite nous
démontrent que ce que nous avons dans la loi, à ce moment-ci,
avec les amendements qui sont proposés, on ne peut pas dire qu'ils vont
satis- faire complètement les écrivains, l'Union des
écrivains...
M. Boulerice: Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas
l'euphorie.
Mme Bacon:... mais en grande partie. Ils ont demandé pius
pour avoir une bonne partie de ce qu'ils avaient demandé. C'est ce qu'Us
ont fait.
M. Boulerice: Cela, c'est votre décodage à vous de
leurs revendications.
Mme Bacon: Je pense que cela décode bien la situation.
Dans quelques années, comme je le disais tantôt, si on veut les
reconnaître différemment et donner ces possibilités de
négociation des conditions de travail, ce sera le prochain ministre des
Affaires culturelles qui le fera.
M. Boulerice: Je vous remercie de vos bons voeux, madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Je parlais en général!
Le Président (M. Trudel): On avait dit 2008, Mme la
ministre.
Mme Bacon: Oui.
Le Présidant (M. Trudel): En pariant de votre parti,
à partir de 2008.
M. Boulerice: J'aurai le même âge que la ministre, je
serai dans la fleur de l'âge, à ce moment-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Vous voyez cela nous fait faire des choses
sérieuses.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): L'article 42 est
adopté.
M. Boulerice: Mais je vous le dis avec des réserves on ne
peut plus réservées.
Le Président (M. Trudel): C'était l'article 43. Je
m'excuse, oui. L'article 43 est adopté tel qu'amendé, oui.
M. Boulerice: Non, c'était l'article 42. On est à
l'article 43.
Le Président (M. Trudel): II faut se comprendre.
Mme Bacon: À l'article 42, c'est la durée, trois
ans.
Le Président (M. Trudel): Vous n'étiez pas... M.
Boulerice: Bien, c'est cela.
Le Président (M. Trudel): Toute la discussion a
porté sur l'article 42, selon vous, M. le député?
M. Boulerice: C'est à partir de l'article 42 que j'ai
soulevé toute la section II. Donc, je vous dis: Article 42,
adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
M. Boulerice: D'accord. Donc, on parle..
Le Président (M. Trudel): Très bien. Nous allons
passer à l'article 43 pour lequel nous avons une proposition
d'amendement qui se lit ainsi: 1° remplacer, dans la première ligne
de l'article 43, le mot "reconnue" par les mots "ou un regroupement reconnu";
2° insérer, dans la troisième ligne de l'article 43,
après le mot "associations", les mots "ou de ce regroupement"; 3°
remplacer, dans la cinquième ligne de l'article 43, les mots "qui a
conclu l'entente ou si celle-ci est dissoute" par les mots "ou du regroupement
qui a conclu l'entente, ou si celui-ci est dissout".
Mme la ministre, vous dites que c'est de la concordance?
Mme Bacon: Oui, c'est encore une concordance.
Le Président (M. Trudel): On était en Concorde ce
matin, M. le député mais on est en DC-3 cet après-midi.
Allez-y. À l'article 43.
M. Boulerice: Un DC-3, c'est quand même mieux que les
Convair quand on a privatisé Quebecair, mais en tout cas.
Le Président (M. Trudel): Ils les ont remplacés
aussi. Adopté, M. le député?
M. Boulerice: Adopté.
Dispositions diverses
Le Président (M. Trudel): L'article 43 est
adopté.
À l'article 44, l'amendement proposé par la ministre se
lit comme suit: Remplacer dans la troisième ligne de l'article 44, le
mot "spécial" par le mot "distinct" - un peu comme la
société du même nom. Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est pour reprendre l'expression de l'article 37 du
projet de loi. Nous la reprenons à l'article 44.
Le Président (M. Trudel): Concordance, quoi?
Mme Bacon: Concordance aussi. M. Boulerice:... cet
amendement?
Mme Bacon: Vous pourrez trouver cela tout seul.
M. Boulerice: Le lac Meech de la loi 78.
Mme Bacon: J'espère que vous n'en avez pas contre la
société distincte?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: J'espère que vous n'en avez pas contre la
société distincte?
M. Boulerice: Cela va, M. le Président. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. A l'article 45,
il n y a pas de proposition d'amendement.
M. Boulerice: A l'article 45, les illustrateurs avaient: une
demande: Qu'un diffuseur qui contrevient aux articles 32 et 33 soient passibles
d'une amende et que les articles 32 et 33 soient couverts par les dispositions
de l'article 45. (16 h 45)
Mme Bacon: Aux articles 32 et 33, il y a des sanctions civiles.
Cela n'appelle pas des sanctions pénales. C'est la nullité aux
articles 32 et 33. Tandis qu'ici, c'est différent. C'est pénal.
On ne veut pas avoir une double sanction. Il y a une seule sanction. C'est
pénal et, si on ajoutait une sanction civile, on aurait double sanction.
C'est-à-dire que c'est le contraire. C'est une sanction civile et, si on
ajoutait une sanction pénale, cela ferait double sanction. On ne veut
pas une double sanction.
M. Boulerice: M. le Président. L'article 45,
adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député.
Mme Bacon: Est-ce qu'il a été adopté? Oui.
Le Président (M. Trudel): II marmonne.
Mme Bacon: Comme on l'a exposé précédemment,
c'est un article qui vise les mêmes objectifs que l'article 44, mais dans
le domaine des arts visuels et des métiers d'art les artistes sont
encore plus démunis et fragiles, étant donné les pratiques
existantes qui sont basées sur des
ententes verbales. L'article 39 est fondamental pour ies droits des
artistes. On ne peut pas tolérer des incartades. C'est pour ceia que
nous avons ici les sanctions à l'article 45.
Le Président (M. Trudel): Article 45, adopté.
Article 46? Il n'y a pas de proposition d'amendement à l'article 46.
Mme Bacon: À l'article 46, M. le Président, nous
prévoyons l'extension de certains pouvoirs de la commission de la
reconnaissance et de l'annulation de Sa reconnaissance des associations
visées par le présent projet de loi. Les autres pouvoirs de la
commission concernant les ententes collectives ne s'appliquent pas, en
l'occurrence.
M. Boulerice: Article 46, cela va.
Le Président (M. Trudel): Article 46, adopté.
Article 47?
Mme Bacon: Je pense que cet article parie de lui-même,
à moins que le député de Saint-Jacques ne soit pas
d'accord.
Le Président (M. Trudel): Et refuse cette
responsabilité pour l'année 2008.
Mme Bacon: L'article 47.
M. Boulerice: Je pourrais reprendre un amendement que vous avez
fait: La ministre des Affaires culturelles et le contre-ministre sont
coresponsables de l'application de la présente loi. Vous aviez
refusé cela une fois, je douterais que vous acceptiez.
Le Président (M. Trudel): Adopté? Une voix:
Adopté.
M. Boulerice: Ce serait du droit nouveau, il serait temps d'en
profiter. Cela ne vous tente pas?
Mme Bacon: Non, je pense que je peux assumer mes
responsabilités.
M. Boulerice: Comme disait Sacha Guitry, elle est contre, tout
contre.
Mme Bacon: Mon Dieu!
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut passer
à l'article 48, M. le député?
M. Boulerice: Puisqu'on ne semble pas vouloir accepter mon
amendement, je vais l'accepter sur division.
Mme Bacon: Je suis contre.
M. Boulerice: Pour les fins du procès-verbal, c'est
adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Article 48?
M. Boulerice: Article 48, cela va, sauf qu'il va y avoir des
ajouts.
Le Président (M. Trudel): Pardon? Il y a des
amendements.
M. Boulerice: Cela va. C'est ceia.
Le Président (M. Trudel):
il y a de
nouveaux articles. Mme la ministre a une proposition d'amendement pour ajouter
ies articles 48. 1, 48. 2 et 48. 3. 48. 1 L'article 14 de la Loi sur le statut
professionnel et ies conditions d'engagement des artistes de la scène,
du disque et du cinéma est modifié par le remplacement, dans la
première ligne du paragraphe 2°, du mot "le" par le mot "chaque",
48. 2 L'article 16 de cette Soi est modifié par le remplacement des
deuxième et troisième alinéas par ies suivants: "La
commission doit donner avis dans au moins deux quotidiens de circulation
générale au Québec du dépôt d'une demande de
reconnaissance. Elle doit pareillement donner avis de son intention de
procéder à une détermination de la
représentativité de l'association et des mesures qu'elle juge
nécessaires de prendre à cette fin. "Lorsque la reconnaissance
porte sur un secteur de négociation défini pour une partie
seulement du territoire du Québec, un avis prévu au
deuxième alinéa peut être donné une fois dans un
quotidien de circulation générale au Québec et une fois
dans un quotidien circulant dans la partie du territoire visé par la
reconnaissance. "
L'article 48. 3: Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 47, du suivant: "47. 1 Le quorum de la commission est de
trois membres. "
Mme la ministre.
Mme Bacon: L'article 48. 1 est un amendement de concordance avec
les amendements aux articles 17 et 18 du projet de loi 78. L'article 48. 2 vise
à s'assurer de la publication par la commission d'un avis et de la
demande de reconnaissance, ce qui n'était pas le cas, et aussi de la
représentativité de l'association et des mesures à prendre
à cette fin.
Quant à l'article 48. 3, cet article pallie un oubli à la
ioi qui avait été adoptée l'année dernière
sur le quorum. C'est parce que la commission de reconnaissance est
formée de trois personnes, mais nous avons ajouté le quorum.
Dès que la loi 78 sera adoptée, il y aura des
représentants des différents milieux qui sont couverts par la ioi
78 qui iront siéger à la commission, donc, il faudra avoir un
quorum d'au
moins trois personnes.
M. Boulerice: Je ne peux quand même pas m'empêcher de
vous le dire, je pense que Me Brière me voit venir...
Mme Bacon: Oui, à l'article 47 de la loi 90, on dit: "Le
gouvernement peut, pour la bonne expédition des affaires de la
commission, nommer, pour la période qu'il détermine, des membres
additionnels à titre temporaire et déterminer leur
rémunération. "
M. Bouierice: Non, ce n'était pas cela.
Mme Bacon: C'est au sujet du quorum, c'est cela?
M. Boulerice: Pour une fois, j'aurai été plus
rusé que lui.
Mme Bacon: L'absence du quorum fait en sorte qu'ils ne peuvent
pas siéger ou ils siégeraient à la majorité des
membres à ce moment-là.
M. Bouierice: C'est juste que, sur le fond, je ne suis pas pour
dire que je suis en désaccord, sauf que c'est une modification à
la loi 90; en principe, l'amendement pourrait être... Ce qui est
proposé là est irrecevable. Vous ne pouvez pas nier cela.
Mme Bacon: Non. Une voix:...
Mme Bacon: Je pense que ce sont deux lois qui sont très
reliées, très connexes. Si on veut que cela fonctionne rapidement
pour les artistes, je pense que le travail que nous faisons ici, c'est pour
protéger les artistes davantage. C'est une conséquence de
l'adoption de la loi 78, il faut déjà corriger l'autre.
M. Bouierice: C'est cela. Cela déborde la notion de
concordance, j'ai raison là-dessus.
Mme Bacon: C'est connexe. C'est une conséquence. C'est une
conséquence et c'est connexe.
M. Bouierice: Dans quei dictionnaire puisez-vous la
définition?
Mme Bacon: C'est concluant, c'est "congruent".
Le Président (M. Trudel): Adopté, M. le
député?
M. Bouierice: Vous avez dit que si le gouvernement en met plus,
c'est la majorité, c'est cela?
Mme Bacon: Oui. Parce qu'il faudrait ajouter, pour que la
commission fonctionne, pour bien représenter ce secteur, des
représentants des secteurs.
Si le député a des remords, on pourrait changer le titre
du projet de loi en disant: Loi sur le statut professionnel des artistes des
arts visuels, des métiers d'art et de la littérature et sur leurs
contrats avec les diffuseurs et modifiant la loi sur le statut professionnel
des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la
littérature.
M. Bouierice: II est un peu tard, là... Mme Bacon:
Bien, là!
M. Bouierice: Cela n'a pas fait objet de discussions,
effectivement, dans l'adoption de principe.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
êtes vous-d'accord?
M. Bouierice: Changer le titre pour rendre les amendements
acceptables, a posteriori...
Mme Bacon: Si cela peut vous faire plaisir, M. le
député de Saint-Jacques, je suis prête à tout.
M. Bouierice: Voulez-vous répéter ça, vous?
Cela peut vous mener loin, madame!
Mme Bacon: Est-ce que je dois m'amender tout de suite?
M. Bouierice: Ce qui a été dit reste dit. Je
pourra: m'en servir dans la transcription tout de suite demain.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, est-ce que vous êtes prêt à adopter?
M. Bouierice: Je pourrais dire tout de suite que votre
secrétaire à l'agenda est mieux de se mettre en contact avec moi
au bureau immédiatement!
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Adopté.
M. Bouierice: Par grandeur d'âme. Et j'espère que la
ministre...
Mme Bacon: J'apprécie fortement, au nom des artistes.
J'apprécie fortement.
M. Bouierice: Non, mais j'espère que la ministre... Parce
qu'on aurait pu la coincer là-dessus. Vous savez, du droit c'est du
droit. Il y a Me Brière qui est à côté de nous, je
pense qu'il peut en témoigner. Elle plaidait en disant:
J'espère que l'Opposition va être responsable. On donne ia
preuve qu'on l'est aujourd'hui, comme on l'a toujours été.
Toujours, oui, vous avez bien raison de le répéter, Mme la
députée de Châ- teauguay.
Le Président {M. Trudel): À l'article 49, il y a
une proposition d'amendement de Mme la ministre qui se lit comme suit:
Remplacer, dans les première, deuxième et troisième lignes
de l'article 49, les mots "la Loi sur le statut professionnel et les conditions
d'engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma"
par ies mots "ceîte loi".
M. le député, si vous réussissez à faire dix
minutes là-dessus, vous êtes bon.
Mme Bacon: II ne faut pas le provoquer!
Le Président (M. Trudel): Non, je viens de réaliser
que je le défiais. De toute façon, la présidence part
à 17 heures, alors...
M. Boulerice: Vous savez, monsieur, que je suis de la
génération qui avait Saint-Exupéry comme lecture
obligatoire, l'homme se mesure a l'obstacle. Donc, vous savez que dix minutes
ne m'impressionnent pas.
Mme Bacon: Cela vaut pour la femme aussi.
M. Bouierice: Ah! je vais reprendre cette phrase: Quand je dis
l'homme, j'embrasse la femme!
Adopté.
Le Président (M. Trudel): Cela va, M. le
député?
M. Boulerice: Oui. Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Mme la ministre
propose deux nouveaux articles, 49. 1 et 49. 2, qui se lisent comme suit: "49.
1 L'article 62 de cette loi est modifié par l'addition, après le
premier alinéa, du suivant: "À la suite d'une demande de
reconnaissance ou d'une demande d'annulation de reconnaissance ou d'une demande
de vérification de la représentativité d'une association
reconnue, ia commission peut ordonner la suspension des négociations et
du délai pour déclencher une action concertée et
empêcher le renouvellement d'une entente collective. En ce cas, les
conditions minimales prévues dans l'entente collective demeurent en
vigueur et l'article 38 s'applique jusqu'à la décision de la
commission sur la demande dont elle est saisie. "49. 2 L'article 67 de cette
loi est modifié par le remplacement, dans la première ligne du
paragraphe 2°, du mot "les" par le mot "des". " (17 heures)
Mme Bacon: M. le Président, l'article 49. 1 vise à
pallier une lacune de l'article 62 qui empêcha la commission de rendre
certaines ordonnances provisoires et aussi de suspendre divers
délais lorsqu'une association reconnue fait l'objet d'une contestation.
Cet amendement est basé sur une disposition similaire du Code du
travail.
L'article 49. 2 vise aussi une correction d'écriture et cela nous
est demandé par les membres de la commission de reconnaissance. Nous
apprécierions beaucoup, encore une fois, toute la collaboration dont
fait montre le député de Saint-Jacques.
M. Bouierice: Je pourrais dire à la vice-première
ministre et, comme on dit en anglais, "Acting Prime Minister", qu'elle
est...
Mme Bacon: "Premier", "Prime minister", c'est au Canada.
M. Bouierice: Je m'excuse, je me suis toujours refusé
d'appeler, lorsque je devais parler en anglais, le premier ministre du
Québec "Premier". Premièrement, "Premier" n'existe pas en
anglais. C'est un mot Inventé. Je vous réfère au Webster,
Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Ha, ha, ha! Il y en a qui disent "First Minister".
M. Boulerice: Elle est en complète contradiction avec le
premier discours qu'elle a prononcé en Chambre, en 1985, où elle
jurait que son gouvernement n'apporterait jamais de loi omnibus. Mais,
là, elle est en train de nous faire un projet de loi omnibus.
Mme Bacon: Mais non. L'omnibus n'est pas bien long.
M. Bouierice: Oui, elle vient d'accrocher deux ou trois wagons.
Elle avait oublié deux ou trois wagons au train de la loi 90 et elle
nous les passe dans la loi 78. On n'en est pas dupes.
Mme Bacon: J'aimerais cela rappeler au député de
Saint-Jacques dans quelles circonstances nous avons adopté la loi 90 et
à quelle heure.
M. Boulerice: Une chance que l'Opposition était
là.
Mme Bacon: Ah! quand même!
M. Boulerice: À la grande satisfaction des parties
intéressées, d'ailleurs.
Le Président (M. Trudel): M. le député,
êtes-vous prêt à accepter l'amendement proposé par
Mme la ministre?
M. Boulerice: Est-ce que cette chose-là va s'appliquer aux
associations reconnues en vertu de l'article du projet de loi 78?
Mme Bacon: Oui, s'il y a une négociation. S'il y a une
négociation collective, cela va s'appliquer. C'est pour cela que c'est
nécessaire.
M. Boulerice: Dans la loi 78, on ne prévoit pas d'action
concertée.
Mme Bacon: Non, cela touche beaucoup plus l'autre et c'est
demandé par les commissaires pour faciliter leur travail. Ils se
sentiraient beaucoup plus confortables sur le plan juridique avec cet article.
C'est eux qui nous l'ont demandé. Si vos principes sont trop...
M. Boulerice: Cela ne touche pas 78?
Mme Bacon: En partie.
M. Boulerice: Où?
Mme Bacon: La partie négociation.
M. Boulerice: Où?
Mme Bacon: Le pouvoir de suspendre les négociations touche
78.
M. Boulerice: Je suis juste tenté, M. le Président,
pour me faire plaisir et dans la vie, de temps en temps, II faut se le faire...
Si cela avait été un gouvernement du Parti
québécois qui était arrivé avec cela, quel aurait
été le comportement de l'Opposition libérale à
l'époque?
Mme Bacon: Je n'ai qu'à me rappeler l'adoption du projet
de loi sur le cinéma et nous l'avions adopté.
M. Boulerice: Entre parenthèses, vous en avez passé
une petite vite ce matin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Pensant que je ne m'en serais pas aperçu.
Vous écouterez CFCF, Newswatch, ce soir, l'extension du moratoire de
cinq mois...
Le Président (M. Trudel): Êtes-vous sûr que
vous n'avez pas donné d'entrevue à la radio, on pourrait aller
écouter cela? M. le député.
M. Boulerice: Vous ne perdrez rien pour attendre, je vous ai
donné le "preview" pour être...
Mme Bacon: Non, vous n'avez pas à vous en prendre à
moi. Je réponds tout simplement à la demande de l'Institut
québécois du cinéma. J'ai trop de respect pour l'Institut
québécois du cinéma qui me conseille pour ne pas suivre
les conseils de l'institut.
M. Boulerice: Allez-vous nous donner les chiffres parce que je
sais qu'il vous les a fart parvenir depuis un bon bout de temps?
Le Président (M. Trudel): M. le député, est
ce que je peux vous rappeler à l'ordre, s'il vous plaît, sur la
pertinence du débat?
M. Boulerice: On a été assez collaborateurs;
aujourd'hui que je pense qu'on devrait s'attendre, au minimum, à un
dizième en retour de la part: de la ministre.
Mme Bacon: Ce n'était pas dans la pochette de presse?
C'était dans la pochette de presse, les chiffres sont là.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Dans la pochette de presse, les chiffres sont
là.
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
vous ramène aux articles 49. 1 et 49. 2. Adopté?
M. Boulerice: M. le Président, je suis fidèle
à ce que j'ai dit au début.
Le Président (M. Trudel): Adopté. J'appelle
l'article 50 où il y a une proposition d'amendement de Mme la ministre,
qui se lit comme suit: "Les dispositions de la présente loi entreront en
vigueur le 1er avril 1989, à l'exception de celles des articles 9
à 28, 41 à 43, 46 et 49, qui entreront en vigueur aux dates
ultérieures fixées par le gouvernement. " Mme la ministre.
Mme Bacon: Alors, cette loi entrera en vigueur, on vient de le
dire, le 1er avril 1989, en ce qui regarde les définitions, le champ
d'application, le statut de l'artiste professionnel, les contrats individuels
et les modifications à la Loi sur le statut professionnel et les
conditions d'engagement des artistes de la scène et du cinéma
M. Boulerice: Et les autres? Mme Bacon: À une date
ultérieure.
M. Boulerice: Mais pourquoi faites-vous cette distinction?
Mme Bacon: C'est parce que c'est plus facile d'ajuster ces
sections tandis que les autres prennent un petit peu plus de temps. Alors, il
faudra se donner un peu plus de temps dans les autres sections. Vous vous
rappelez, à la commission parlementaire, lors des audiences publiques,
on a dit qu'il fallait donner le temps aux associations de se regrouper, de se
retrouver, de travailler ensemble; je pense qu'il faut leur
donner un petit peu de temps. Il y en a qui nous ont demandé deux
ans, au cours de la commission parlementaire.
M. Boulerice: Combien vous m'avez dit? Deux ans?
Mme Bacon: II y en a qui nous ont demandé deux ans, au
cours de la commission parlementaire. Cela ne veut pas dire qu'il faut attendre
deux ans.
M. Boulerice: Selon vous, combien de temps
prévoyez-vous?
Mme Bacon: Peut-être à l'automne 1989, au lieu du
1er avril. Cela donnerait presque une année, à partir de
janvier.
M. Bouierice: L'espace de deux communiqués de presse. Ha,
ha, ha!
Mme Bacon: Ha, ha, ha! Il faudrait ajouter 7, avant 9: "...
celles des articles 9 à 28... ", 7, parce que 7 nous
réfère à l'association reconnue.
Le Président (M. Trudel): À l'exception de celles
des articles...
Mme Bacon: 7, 9...
Le Président (M. Trudel): "7, 9 à 28... ".
Mme Bacon: II y a aussi, M. le Président, si vous me
permettez, un autre amendement qui se lirait comme suit: "La version anglaise
de la présente... "
Le Président (M. Trudel): Oui, mais attendez, madame. Je
l'ai, je le ferai...
Mme Bacon: Oui? Ah! excusez!
Le Président (M. Trudel):... distribuer mais je n'ai pas
encore entendu mon ami, le député de Saint-Jacques, adopter
l'article 50.
M. Bouierice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): C'est adopté?
Une voix: Tel que modifié.
Mme Bacon: Tel que modifié?
Article en suspens
Le Président (M. Trudel): Tel qu'amendé, oui? Si
vous voulez, nous allons d'abord appeler l'article 20 que nous avions
laissé en plan ce matin...
Mme Bacon: Oui.
Le Président (M. Trudel):... afin d'y insérer
l'amendement suivant: Insérer dans la deuxième ligne de l'article
20, après le mot "avis", les mots "pour publication". Cela avait
été fait à l'article 24, alors qu'on avait
déjà adopté l'article 20.
Mme Bacon: Ah oui! On l'avait retrouvé à l'autre
article.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Cela va. Mme la ministre propose
l'amendement final de l'article suivant, qui se lit comme suit: "La version
anglaise de la présente loi est modifiée par le remplacement,
partout où il se trouve, du mot "distributor" par le mot "promoter". "
Mme la ministre.
Mme Bacon: C'est une question de traduction: on nous a dit que
"distributor" ne devrait pas être utilisé et qu'on devrait
toujours utiliser le mot "promoter".
M. Boulerice: Alors, mon collègue, le député
de Viger, connaît fort bien le vieux. dicton: Traduttori traditori".
Mme Bacon: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Adopté?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Adopté. J'appelle
finalement, pour terminer, l'intitulé des titres, des livres, des
chapitres, des sections et sous-sections du projet de loi. Adopté? M. le
député.
M. Boulerice: Vous ne vouliez pas changer le titre?
Le Président (M. Trudel): Non, pas là.
Adopté?
M. Boulerice: Ah! d'accord. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): Adopté. J'appelle le
titre du projet de loi. Adopté?
M. Boulerice: Celui-là n'a pas d'amendement, c'est
ça?
Le Président (M. Trudel): Voilà! Je pense que Mme
la ministre a une motion de renumérotation à faire, compte tenu
du nombre de...
Mme Bacon: Oui, je pense qu'ii faudrait rénuméroter
le projet de loi, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): La motion de
rénumérotation de Mme la ministre est adoptée?
M. Boulerice: C'est un chiffre chanceux, 101 peut-être.
Le Président (M. Trudel): J'appelle l'ensemble du projet
de loi tel qu'amendé.
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Trudel): Adopté. Mme la ministre
pour le mot de la fin.
Conclusions Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais remercier
vous-même d'abord, les membres de cette commission et, évidemment,
mon collègue de Saint-Jacques pour le travail qui a été
accompli au cours des dernières séances, tant celles qui ont
été consacrées aux audiences publiques que celle que nous
venons de passer aujourd'hui, où nous avons examiné en
détail le projet de loi 78 sur le statut professionnel des artistes des
arts visuels, des métiers d'art et de !a littérature et sur leurs
contrats avec les diffuseurs.
Nous disposons d'un projet de loi qui est nettement
amélioré par rapport au projet de loi initial. En ce sens, on a
tenu compte de ce que nous avions entendu à la commission parlementaire.
Je retiens en particulier les clarifications apportées à son
champ d'application. Les définitions explicitent davantage ce que le
projet veut couvrir. Toutes les notions de diffuseur, d'association, de
regroupement sont mieux arrêtées. Nous avons aussi
précisé et confirmé le rôle des associations
existantes en leur permettant, si telle est l'option qu'elles retiennent, de se
regrouper et de décider entre elles des fonctions qu'elles veulent
confier à leur regroupement.
Les précisions, au chapitre des contrats, répondent encore
mieux aux besoins de protéger les jeunes artistes qui amorcent leur
carrière, ceux qui souvent, on le dit - c'est Marie Laberge qui nous le
rappelait - sont du bas de l'échelle. De façon
générale, nous avons bonifié la protection dont pourront
bénéficier les artistes à l'intérieur des contrats
avec les diffuseurs de leurs oeuvres.
Je suis convaincue que ce projet de loi représente un immense pas
en avant, un immense pas pour les artistes québécois des arts
visuels, des métiers d'art et de la littérature, comme l'a
été aussi la loi 90 pour les artistes de la scène, du
disque et du cinéma. Tel a été mon objectif lorsqu'on m'a
confié le dossier des Affaires culturelles. Je suis confiante et je dois
dire assez fière aujourd'hui de mettre à la disposition des
artistes et des créateurs québécois un outil
législatif qui les protège mieux que partout ailleurs au
monde.
C'est le président de l'UDA qui nous disait, après un
voyage récent à Leningrad qui regroupait les artistes de
différents pays, combien il avait été heureux de
manifester l'existence du statut d'artiste qui les protège,
évidemment, en mentionnant le travail énorme qui avait
été fait par l'Union des artistes à cette étape. Il
y a Valéry qui disait: " L'art vit de contraintes et meurt de
libertés" J'espère qu'avec cette loi, qui est maintenant
complétée, sur le statut de l'artiste nos artistes
connaîtront moins de contraintes, mais pourront vivre mieux leurs
libertés.
Je vous remercie, M. le Président, de votre collaboration.
À nouveau, je dois dire que j'ai apprécié beaucoup ce
temps d'une paix avec mon collègue de Saint-Jacques. Je veux remercier
aussi mes collègues, les collaborateurs du ministère, les gens
qui nous ont aidés à travailler et les collaborateurs du
député de Saint-Jacques qui nous ont tenus en haleine au cours de
cette commission parlementaire. Je pense que le domaine culturel est un domaine
où on peut faire ce temps d'une paix, parce que nous travaillons pour
l'ensemble des artistes et nous travaillons pour l'avancement d'une
société. Les artistes sont une partie importante de cette
société qui est la nôtre. Quels que soient les gestes que
nous posons, ce ne sont pas des gestes gratuits, ce sont des gestes qui sont
pour une société et qui répondent à un devoir de
société. Je pense que c'est important de le redire. Nous avons
tous, où que nous soyons, qui que nous soyons, collaboré à
faire avancer le dossier des artistes québécois.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, compte tenu des propos de
la ministre tantôt, lorsqu'elle disait qu'elle était prête
à tout pour satisfaire le porte-parole, je vous avoue que j'ai un peu
peur d'employer les mots que j'avais prévu d'utiliser parce que je
m'amusais à la taquiner, comme je le fais; très souvent en
Chambre, au moment de cette loi, en lisant un titre qui disait: Dialogue
amoureux d'une étrange solitude. Fort heureusement, cela a
été peut-être un dialogue amoureux, l'histoire en jugera,
mais qui n'a pas été d'une étrange solitude en ce qui
concerne ce projet de loi. L'Opposition a tout de suite fait part de son
intention de collaborer avec la ministre et l'Opposition, par ma personne, a
établi un contact que je vais qualifier de permanent avec la ministre
pour la bonification de cette loi.
Bien entendu, je tenais à pratiquer, pour employer un vocabulaire
rocardien - il ne faut pas renier ses amitiés - l'ouverture. Je pense
que c'était tout à fait justifié. C'est dommage, par
contre... Elle a mentionné Marie Laberge, en parlant des gens du bas de
l'échelle. Si le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avait pratiqué la même relation
qui
existe entre le porte-parole de l'Opposition en matière
culturelle et la ministre des Affaires culturelles, mais sur un autre sujet
qu'on a voté ce matin, ceux du bas de l'échelle n'auraient pas vu
le dernier barreau se casser ce matin.
Enfin, on est avec un projet de loi qui deviendra probablement dans
quelques heures une loi qui portera un autre numéro, un projet de loi
qui, je l'espère, va satisfaire les professionnels des arts visuels avec
lesquels j'ai d'étroites relations, ceux des métiers d'art. Je ne
peux quand même pas m'empêcher de dire que je reste quand
même sur mon appétit pour ce qui est du monde de la
littérature.
J'avais, ce midi, une très intéressante discussion en
aparté avec M. Lesage, du journal Le Devoir, sur l'écriture et
toute son importance, surtout dans un siècle d'audiovisuel où,
malheureusement, l'écrit n'a peut-être pas la place qu'il a eu
jadis. Enfin, cela dit, l'avenir dure longtemps, comme disait Napoléon.
À ce moment-là, je formule l'espoir qu'à la lumière
de l'expérience... Là, c'est un message que je lance au monde de
l'écriture, notamment à l'Union des écrivains que je
connais bien aussi, pour des raisons très évidentes et
géographiques en plus. Donc, ces gens vivront avec une loi qui ne les
satisfait pas parfaitement. Bon, je pense qu'à partir du principe que
l'avenir dure longtemps et que quelques mois ne sont pas un siècle on
pourra peut-être, sans aucun doute - en tout cas, j'en prends
l'engagement - faire en sorte que les difficultés soient aplanies, qu'il
puisse peut-être y avoir des modifications. J'aurais espéré
qu'on revienne éventuellement avec un projet de loi qui répondra
parfaitement et entièrement à leurs aspirations qui sont tout
à fait légitimes.
C'est une coïncidence peut-être heureuse, justement, que la
ministre, pour conclure, se soit servie justement d'un auteur qui est
Valéry, mais en employant des mots qui sont très lourds de
signification. Je ne sais pas si Mme la vice-première ministre, ancienne
ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française, se rend compte que, dans cette phrase, elle a clairement
indiqué que c'est avec ces mêmes mots que, demain matin, se joue
le sort de notre peuple. Je terminerai là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. La commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 20)