Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que je peux demander à mes deux collègues de
s'attabler avec nous? Arrêtez de planifier les stratégies de
tennis, me dit le député de Taillon.
La commission de la culture se réunit ce matin pour
procéder à l'étude du rapport d'activités 1987-1988
de la Commission d'accès à l'information. Mme la
secrétaire, est-ce qu'on a des remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire: Oui, M. Filion (Taillon) remplace Mme Harel
(Maisonneuve), M. Doyon (Louis-Hébert) remplace Mme Pelchat (Vachon) et
M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine) remplace M. Vaillancourt (Orford).
Le Président (M. Trudel): Merci. Je constate que nous
avons quorum. M. le président, je vous souhaite la bienvenue au nom des
membres de cette commission. Vous vous présentez pour la première
fois devant nous. Je vous disais tantôt ainsi qu'à Mme la
commissaire, que la commission est toujours à peu près un an en
retard par rapport aux événements ou alors six mois à
l'avance par rapport aux événements. Si bien, qu'à peu
près a pareille date l'an dernier, nous avions l'occasion de recevoir
les membres de votre commission, alors que vous n'en étiez pas encore le
président, pour discuter avec nous du rapport sur la clause
crépusculaire. Nous aurons sûrement l'occasion d'y revenir
tantôt, puisque vous en faites largement mention dans votre rapport. En
relisant, pour me rafraîchir la mémoire, votre rapport annuel
1987-1988, j'avais un peu comme l'impression de me répéter
puisque j'y relisais les choses que j'avais entendues l'an dernier et que nous
allons discuter ce matin.
Évidemment, le calendrier parlementaire étant ainsi fait,
il est toujours difficile de vous rencontrer très tôt après
la remise de votre rapport qui, habituellement, se fait, comme cela a
été le cas du rapport 1987-1988, avant l'ajournement du mois de
juin. Il y a eu un nouveau président, vous-même, M. le
président, à compter du mois de juin. Donc, on a cru
préférable d'attendre quelques mois pour que vous ayez le temps
de vous installer à la commission. D'autre part, ainsi que vous le
savez, l'Assemblée nationale a débattu du rapport de cette
commission dès son retour au mois d'octobre dernier, si bien que nous
voilà rendus à quelques jours avant la reprise d'une autre
session et nous discutons enfin de votre rapport annuel 1987-1988.
Vous me permettrez de vous dire tout de suite que je ne me gênerai
pas pour poser des questions plus d'actualité, et je pense qu'il en sera
ainsi pour mon collègue du comté de Taillon et critique de
l'Opposition en matière d'accès à l'information. La base
de la discussion sera évidemment, M. le président, votre rapport
1987-1988, mais compte tenu des circonstances, compte tenu de ce qui se fait
à l'intérieur du gouvernement actuellement, de l'approche, je
l'espère bien, du dépôt d'un projet de loi, je me
permettrai de vous poser quelques questions plus d'actualité.
Je vous cède la parole pour le temps que vous voudrez bien
prendre pour nous faire un exposé de la situation et par la suite, comme
mon collègue de Taillon me l'a dit tantôt, il aura des remarques
préliminaires d'une dizaine de minutes, ce que je n'ai pas
préparé, moi, au nom de la commission. Mes remarques
préliminaires viendront à l'occasion des questions que j'aurai
à vous poser tantôt. Alors, sans plus tarder, M. le
président, je vous cède la parole.
Remarques préliminaires M. Jacques
O'Bready
M. O'Bready (Jacques): Je vous remercie, M. le Président,
de votre accueil et de vos voeux de bienvenue. Je le dis sans malice,
j'espère que vous ne pensez pas que la Commission d'accès
à l'information est un an en retard dans ses travaux, même si la
commission de la culture n'a pas pu, pour toutes sortes de bonnes raisons,
comme vous l'avez expliqué, nous recevoir avant.
Avant de débuter cette présentation sur le rapport
1987-1988, je pourrais peut-être vous présenter les personnes qui
m'accompagnent et qui sont assises ici en avant. À ma gauche, Mme Carole
Wallace commissaire, Mme Thérèse Giroux, immédiatement
à ma gauche également commissaire et qui a été
présidente par intérim pendant quelque huit mois en 1988, avant
mon arrivée au mois d'août. À ma droite, Mme Mariette
Bélanger, mon adjointe administrative et à l'arrière, M.
Clarence White, directeur des études et des analyses chez nous, de
même que Me André Ouimet qui est chef des services juridiques, et
Mme Francine Lalonde, qui n'est pas de la commission mais qui est du service de
la loi au ministère des Communications.
Alors, M. le Président, mesdames et messieurs les
députés, comme nouveau président de la Commission
d'accès à l'information, il me fait plaisir de rencontrer les
membres de cette commission parlementaire pour la première fois. Je sais
que depuis qu'elle a commencé ses activités, la Commission
d'accès à l'information a toujours fait l'objet d'un suivi
régulier de la part de votre commission. Ses activités et ses
crédits ont été scrutés à la loupe, de
même que la loi
qui l'a créée. Par le passé, vous avez toujours pu
compter sur la collaboration inconditionnelle des membres de la Commission
d'accès à l'information ainsi que de son personnel. Je voudrais
me joindre à ces personnes pour y ajouter ma disponibilité la
plus entière en toutes circonstances.
Permettez-moi maintenant d'aborder avec vous le bilan de la commission
pour l'année 1987-1988, dont les principales activités sont
inscrites à son rapport annuel. Vous avez certainement eu l'occasion de
le parcourir. Aussi, je ne reprendrai pas les détails. Je me limiterai
simplement à souligner quelques sujets qui ont particulièrement
fait l'objet des préoccupations de la commission au cours de cette
période. D'abord, la révision de la loi sur l'accès. Il
s'est agi là de la principale activité de la commission au cours
de l'année 1987-1988. Mieux que n'importe qui, vous en avez suivi le
processus, puisqu'à la suite du rapport de la Commission d'accès
à l'information, vous avez fait votre propre examen de la loi à
un niveau différent, bien sûr, mais avec le même objectif,
celui de la bonifier en tenant compte des expériences vécues par
tous et chacun.
Avec la présentation d'un projet de loi amendant la loi sur
l'accès à l'information que M. le ministre Dutil devrait
déposer au printemps 1989, nous arriverons au terme de ce processus
quinquennal. Encore une fois, vous et nous serons appelés à nous
prononcer. Il me semble tout de même important de profiter de cette
tribune pour vous dire que tous les amendements qui auront pour but de mieux
servir le citoyen et de mieux le protéger dans sa vie privée, ne
pourront être que bien reçus de la part de la commission que je
représente. Toutes les modifications qui viseront, soit à faire
disparaître les irritants, soit à clarifier l'exercice des droits
reconnus aux citoyens, seront les bienvenues.
Une autre des activités importantes de la commission en 1987-1988
a consisté en l'analyse des déclarations de fichiers de
renseignements personnels des ministères et organismes du gouvernement,
qui s'est soldée par l'élaboration d'un répertoire
regroupant 489 déclarations de fichiers produites par les 26
ministères et 98 organismes gouvernementaux. Pour nous de la commission,
ce répertoire ainsi que l'autre que nous sommes sur le point de publier
pour les secteurs municipaux, des affaires sociales et de l'éducation
sont à la source de l'orientation que la commission s'est donnée
pour l'avenir, soit le développement du volet de la protection des
renseignements personnels. Ces répertoires constituent les premiers
outils que nous possédons vers une plus grande conscientisation des
citoyens de ce que l'État possède à leur sujet. Les
organismes assujettis ont de nombreuses obligations à l'égard des
citoyens pour assurer la protection des renseignements personnels qu'ils
détiennent, et la commission est là pour les surveiller dans leur
application de la loi sur l'accès. De plus en plus, elle aura à
rendre des comptes sur sa vigilance, sur ses vérifications, sur son
contrôle ainsi que sur les mesures concrètes qu'elle aura prises
pour faire respecter la loi. Ainsi, la commission constate, dans son rapport
annuel, que près de 700 organismes publics n'ont pas leur
déclaration de fichiers. À ce jour, nous avons 666
délinquants. Parmi eux, nous comptons 14 organismes gouvernementaux, 103
organismes du secteur de la santé et des services sociaux, 47 organismes
du secteur scolaire. C'est dans le secteur municipal que l'on retrouve le plus
grand nombre de contrevenants avec un total de 502 organismes dont 312
municipalités. Vous aurez sans doute compris que, comme ancien maire et
ancien sous-rninistre des Affaires municipales, je ne suis pas 'très
heureux de la performance de ces organismes.
À leur défense cependant, j'aimerais souligner que
plusieurs d'entre eux disposent d'administration très réduite qui
rend difficile l'application de la loi sur l'accès. D'autres, par
ailleurs, n'ont aucune excuse à présenter et la commission ne
peut se permettre de ne pas intervenir. Aussi ai-je l'intention d'utiliser tous
les moyens qui sont à ma disposition pour les inciter à se
conformer à la loi.
Dans certains cas, un simple rappel de ma part pourrait suffire. J'ai
d'ailleurs adressé récemment quelque 60 lettres
personnalisées rappelant à ces organismes délinquants
leurs obligations. Dans d'autres cas, des rencontres personnalisées avec
les dirigeants de ces administrations pourraient être envisagées.
Si ces moyens n'étaient pas satisfaisants, la commission est
disposée à aller encore plus loin.
De plus, au cours de 1987-1988, la commission a poursuivi son programme
d'examen du respect de la loi. Quatre organismes ont été
visités et invités à formuler leurs commentaires et
à informer la commission des mesures correctives qu'ils entendaient
prendre pour se conformer à la loi.
Outre ces enquêtes, la commission a complété le
règlement de certaines vérifications effectuées au cours
de 1986-1987. Au cours de la présente année, malgré les
effectifs réduits de la commission, non seulement le programme de
vérification a-t-il été maintenu, mais nous entendons
l'accentuer. Avant longtemps, nous devrions être en mesure de
dégager de plus en plus de lignes directrices de ces enquêtes et
d'étendre nos directives à l'ensemble des organismes ou à
des secteurs particuliers, selon ce qui pourrait être retenu. C'est l'un
des moyens que nous privilégions non seulement pour informer les
organismes de leur devoir, mais également pour les aider à s'y
soumettre.
C'est, d'ailleurs pour aller dans ce sens que nous venons de publier une
politique sur l'utilisation des formulaires d'évaluation, de l'autonomie
des bénéficiaires des centres hospitaliers et des centres
d'accueil. Il s'agit là bien sûr d'un exemple pour vous Illustrer
le propos que je
tiens.
Je terminerai ici mes propos sur les activités de la commission
en 1987-1988 et sur les orientations qui en découlent. Le rapport donne
également beaucoup de statistiques sur l'état des demandes qui
sont adressées à la commission. Vous remarquerez qu'avec un tel
palmarès, les commissaires ainsi que le personnel de la commission ont
beaucoup à faire. Je profite d'ailleurs de l'occasion qui m'est
donnée pour les remercier. Je veux souligner également le travail
remarquable accompli par mon prédécesseur, M. Marcel
Pépin, qui a relevé le défi de bâtir de toutes
pièces la commission d'accès ainsi que celui de ma
collègue, Mme Thérèse Giroux, qui a assumé avec
dévouement un intérim de quelque huit mois comme
présidente, tel que je le mentionnais au début de mon
exposé.
Vous me permettrez, M. le Président, mesdames et messieurs de la
commission, de limiter là ce propos écrit qui s'est voulu un tour
d'horizon assez rapide du rapport d'activités de la Commission
d'accès à l'information pour 1987-1988. Bien évidemment,
comme vous l'avez mentionné vous-même, M. le Président, je
serai très heureux de discuter, et peut-être d'inviter mes
collègues à le faire, de répondre à des questions
plus précises, soit sur la mise en application de l'exercice qui a
été fait au moment de la révision de la loi, à la
suite de cette clause crépusculaire qui était inscrite, sur les
activités aussi actuelles de la commission, sur les défis qui la
confrontent ou sur tout autre sujet que les membres de cette commission
voudront bien débattre, en cette occasion qui nous est donnée de
nous rencontrer, peut-être pas très souvent, mais tout de
même une fois par année. Alors, je vous dis mon plaisir - et je le
répète - d'être ici ce matin, comme première
expérience bien sûr, pour me prêter à cet exercice.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, M. le
président. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Taillon pour ses remarques préliminaires.
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. À mon tour,
bien sûr, je voudrais souhaiter la bienvenue au nouveau président
de la Commission d'accès à l'information qui, c'est bon de le
rappeler, a été nommé à la suite d'un vote unanime
des membres de l'Assemblée nationale, ce qui en dit beaucoup sur
l'importance que le législateur, que le parlementaire, accorde aux
postes de direction, au pluriel, à la Commission d'accès à
l'information. Je félicite M. O'Bready pour cette nomination unanime.
Les élections par acclamation sont plutôt rares de nos jours en
politique et, étant donné que votre organisme est un organisme
autonome et indépendant, j'ose espérer qu'en aucun moment, vous
n'aurez de doute sur cette autonomie de la Commission d'accès à
l'information, qui est un facteur extrêmement important et qui continuera
bien sûr.
M. le président, vous avez remercié tantôt votre
prédécesseur, M. Pépin, que nous avons bien connu et je me
joins également à vous, encore une fois - je pense que ça
a déjà été fait à l'Assemblée
nationale - pour le remercier de ses bons offices. M. Pépin était
là depuis le tout début de la Commission d'accès à
l'information. Il a fait un travail remarquable. J'étendrai ces
remerciements et ces félicitations à Mme la commissaire Giroux
qui a surtout assuré le pilotage de la Commission d'accès
à l'information dans des périodes qui ne sont pas faciles, que ce
soit à n'importe quel endroit, celles qu'on appelle des intérims,
mais cet intérim a été assuré, en ce qui me
concerne en tout cas, avec compétence et efficacité, et je tiens
également à l'en féliciter.
J'ai préparé quelques notes. Je passerai rapidement sur
certains sujets car nous avons eu l'occasion de débattre à
plusieurs reprises depuis deux ans du dossier de la Commission d'accès
à l'information. À tel point, d'ailleurs, qu'on a suscité
l'envie du Protecteur du citoyen qui est venu témoigner en commission
parlementaire la semaine dernière, pour la première fois depuis
20 ans, et qui se plaignait qu'on n'attachait pas suffisamment d'importance
à ses travaux, à ses rapports etc. C'était à une
autre commission, bien sûr, M. le Président. C'est la commission
de l'Assemblée nationale qui a ce mandat mais, pour une raison inconnue,
elle ne l'a pas exercé entre 1984 et 1988, et a demandé à
la commission des institutions de recevoir le Protecteur du citoyen. Je l'ai
mentionné tantôt, nous avons eu l'occasion à plusieurs
reprises d'étudier la loi et les activités de la Commission
d'accès à l'information. Le moins qu'on puisse dire, c'est une
loi qui a été mise à l'épreuve, entre guillemets,
depuis son adoption par l'Assemblée nationale, le 23 juin 1982 et au
cours des trois dernières années de sa mise en vigueur, la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur ia protection
des renseignements personnels a, tour à tour, franchi différentes
étapes qui peuvent s'établir rapidement comme suit: en 1986, le
dépôt du rapport de la commission sur les dispositions
inconciliables; en 1987, dans la foulée, le dépôt et
l'adoption du projet de loi 28 par l'Assemblée nationale; en octobre
1987, conformément aux dispositions de la loi, le rapport de la
commission sur la mise en oeuvre de cette loi; en février 1988, la
présente commission de la culture préside une importante
consultation générale et, en juin 1988, le dépôt par
le président de cette commission du rapport de la commission des
institutions. Vous avez signalé ou le président a signalé
votre nomination, je pense, en juin 1988 et votre entrée en fonction en
août 1988.
En 1989, je tiens à le signaler immédiate-
ment, il y a un dossier d'importance pour la commission. On sait qu'il y
a eu une modification en ce qui concerne le titulaire du poste de ministre des
Communications et if appartiendra au pouvoir exécutif de demander au
législateur, à l'Assemblée nationale, d'abord de prendre
les décisions qui s'imposent sur les orientations futures et de
déposer à l'Assemblée nationale le fruit de ces
décisions. Bref, rares ont été les lois qui, en une si
brève période, ont été à la fois l'objet
d'autant d'analyses et qui ont eu à subir autant de mutation. (10 h
30)
M. le Président, avec votre permission et celle de mes
collègues, je voudrais examiner certaines de ces étapes. D'abord,
la loi 28. En ce qui concerne la loi 28, il importe de souligner à
nouveau le travail phénoménal de la Commission d'accès
à l'information qui a procédé au fastidieux travail de
répertoire des dispositions inconciliables dont vous avez traité
tantôt, travail qui s'est échelonné sur plus de deux
ans.
Dans cet exercice, 260 chartes municipales, le Code civil du
Québec, 495 lois publiques, 12 000 pages de textes réglementaires
ont été lus et analysés. La nomenclature eu égard
à l'importance de la tâche méritait d'en faire mention.
Seule - je l'ai déjà dit - la loi 92 peut ou pouvait rivaliser
d'ampleur à ce chapitre.
Le projet de loi 28 a été adopté en décembre
1987 et constituait ainsi le dernier maillon d'un ambitieux mais
nécessaire exercice. Il touchait 52 lois et contenait 133 articles qui
ont pour effet d'abroger plus de dix dispositions inconciliables, d'en modifier
96 et d'en maintenir 27. De telles statistiques témoignent de
l'évidence du sérieux de l'opération alors
menée.
L'unanimité ne fut cependant pas toujours reine au cours des
travaux en commission parlementaire et je voudrais rappeler ici deux dossiers
qui ont fait l'objet de choix de société - ou de choix sociaux,
comme on pourrait les appeler - et auxquels nous a confrontés la loi
d'accès à l'information. Alors, je vais parler du dossier de
l'adoption et du dossier de l'accès des parents au dossier
médical de leur enfant de plus de quatorze ans.
Le premier dossier: l'adoption. Après avoir d'abord
proposé l'exclusion complète des dossiers d'adoption aux
dispositions de la loi d'accès, le gouvernement y allait de l'ajout
à la loi générale de l'article 2. 1, faisant en sorte
d'assurer l'accès au dossier d'adoption par les dispositions du Code
civil et d'assurer leur protection par les prérogatives propres à
la loi d'accès à ces fins.
L'Opposition avait alors évoqué et maintient toujours,
d'ailleurs, que cette solution ne réglait en rien la question de la
sollicitation à laquelle peut inciter la disposition du Code civil sur
l'accès et qu'à ce moment et aujourd'hui encore, la
décision du comité interministériel sur la
problématique des retrouvailles - si on peut me permettre de l'appeler
ainsi - n'est toujours pas arrêtée et aucune décision n'est
connue à ce chapitre.
Deuxième cas: l'accès des parents au dossier
médical de leur enfant de plus de quatorze ans. La Commission
d'accès à l'information, dans son rapport sur les dispositions
inconciliables, s'interrogeait sur la pertinence ou non d'harmoniser le
régime d'accès au dossier médical ou social avec le droit
de disposer de soi-même reconnu aux mineurs de plus de quatorze ans. Elle
recommandait, et je crte: "La Commission d'accès à l'information
invite donc le gouvernement à enclencher au plus tôt une
réflexion approfondie sur l'accès exclusif du mineur de quatorze
ans ou plus à son dossier médical ou social. Une telle
réflexion devrait prendre en compte les intérêts parfois
conflictuels des parents et des enfants, ie droit à l'autonomie
déjà reconnu par la Loi sur la protection de ia santé
publique aux mineurs de quatorze ans et plus et enfin, !a situation
particulière du domaine de la protection de la jeunesse. "
Les débats - on s'en souviendra - furent parfois très
vifs, mais un certain consensus finit enfin par s'établir autour du
double objectif d'accorder un accès aux parents et de garantir la
responsabilité des enfants de quatorze à dix-huit ans.
En ce qui concerne la notion de prépondérance, le
législateur a aussi fait en sorte d'éviter que toute
brèche injustifiée ne vienne hypothéquer la
prépondérance de la loi d'accès. D'ailleurs, la Commission
d'accès à l'information, dans l'avis qu'elle soumettait aux
membres de l'Assemblée nationale relativement au projet de loi 28,
déplorait, et je cite: "... retrouver, dans le projet de loi 28, une
confirmation de cette tendance du législateur à grignoter le
caractère prépondérant de la loi d'accès en
excluant son application dans certaines circonstances particulières. "
Fin de la citation.
C'est la Commission d'accès à l'information qui nous
mettait un peu en garde contre cette tendance. L'Opposition, a entrepris toute
mesure susceptible de minimiser cette crainte et s'y est aussi associée
et elle demeure aujourd'hui toujours vigilante. D'ailleurs, j'invitais à
l'époque le ministre des Communications à demeurer
également vigilant à l'égard de toute tentative visant
à instaurer des régimes particuliers.
Pas plus tard qu'en décembre dernier - décembre 1988 -
nous offrons comme preuve ce qui s'est passé en décembre 1988
relativement au projet de loi 99, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement et d'autres dispositions législatives. Cette loi, dans
sa version préliminaire, visait à instituer un nouveau
mécanisme d'accès aux renseignements d'un tiers détenus
par le ministère de l'Environnement, sort ceux des établissements
soumis au programme de dépollution industrielle. Cette disposition du
projet de loi 99 a été abrogée après discussion et
entente avec l'Opposition et aussi, sinon surtout, après que la
Commission d'accès à l'information elle-même eut
sensibilisé les
législateurs aux écueils qu'elle contenait. Bref, à
notre avis, cette vigilance requise de la part du ministre responsable et de la
part de tous les parlementaires est nécessaire à tous
égards. Nous légiférons sur un tas de matières. Et
chaque pilote d'un projet de loi a toujours de bonnes raisons pour justifier un
régime particulier. Et, en particulier, les ministres qui pilotent les
projets de loi ont toujours une longue litanie de bonnes raisons pour esquiver
le régime générai d'accès à l'information.
Il s'agit pour nous d'être vigilants dans ces secteurs pour faire en
sorte que le régime général soit réellement
appliqué.
En ce qui concerne le rapport de mise en oeuvre - on en a parlé -
de multiples caractéristiques assurent à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels une valeur toute particulière dont celle, et
non la moindre, de faire l'objet d'une évaluation quinquennale, à
laquelle le président se référait tantôt, en parlant
de la clause crépusculaire. Dans un effort d'objectivité
remarquable et remarqué, allais-je dire, parce que maintenant on parle
de plus en plus de l'utilisation de ce type de clause dans d'autres lois,
établissant les tenants et les aboutissants de chaque cas, cause ou
problème, la Commission d'accès à l'information a
réussi le mandat périlleux d'évaluer à la fois la
loi d'accès et son propre travail. Eu égard aux enjeux, à
la complexité et à la nouveauté de la loi d'accès
ainsi qu'à la très courte période de sa mise en
application, la réussite du bilan et de l'analyse est à nouveau
digne de mention. Une consultation en commission parlementaire a permis, au
début de l'année dernière, de faire le point sur
l'ensemble des sujets qu'avait soulevés le rapport de mise en oeuvre.
Cette opération devait d'ailleurs être complétée par
la production par la commission de la culture du rapport intitulé "La
vie privée, un droit sacré" qui, espérons-nous, saura
guider le gouvernement a l'heure des choix sur les orientations futures de la
loi d'accès. Nos travaux de ce matin nous permettront sûrement de
procéder à d'utiles rappels sur les questions soulevées
par ce vaste débat, pour faire ainsi en sorte de poursuivre la
réflexion.
J'entends toutefois Ici, en conclusion, insister sur deux aspects qui
nous semblent fondamentaux et qui matérialisent la notion de
défi. J'entends ici l'élargissement du champ d'application de la
loi d'accès au secteur privé et la protection de renseignements
personnels à l'ère de l'informatique. Donc, quant au premier
sujet, l'élargissement du champ d'application de la loi au secteur
privé - ne s'agirait-il, comme on l'avait déjà
mentionné, que des entreprises de crédit, de banque et des
compagnies d'assurances - force nous est de nous inquiéter, dans le
secteur privé, de la quantité phénoménale de
renseignements personnels recueillis, consultés et
échangés. La Commission d'accès à l'information,
dans son rapport de mise en oeuvre, s'était d'abord montrée
timide au sujet de l'application de la loi d'accès au secteur
privé. Mais elle devait toutefois, plus tard, lors de sa comparution
devant les membres de la commission de la culture, le 15 mars 1988,
reconnaître une relative urgence à la réalisation de cet
objectif. La commission de la culture, quant à elle, recommandait, pour
certains secteurs prioritaires de l'entreprise privée, l'application des
principes de protection de renseignements personnels à la loi
d'accès.
Deuxième sujet, la protection des renseignements personnels
à l'ère de l'informatique. L'informatisation des renseignements
personnels a pris aujourd'hui des proportions qu'il eût été
difficile d'imaginer il y a encore peu de temps. La Commission d'accès
à l'information soulevait ainsi, dans son rapport de mise en oeuvre,
certains aspects de la protection des renseignements personnels à
l'ère de l'informatique et en particulier ceux de l'utilisation des
identifiants, de l'interconnexion des réseaux et du couplage des banques
de données. En septembre 1987, à la conférence annuelle
des commissaires à la vie privée, dont d'ailleurs la Commission
d'accès à l'information du Québec était
l'hôte, l'un des spécialistes canadiens en la matière,
David il. Flayerty de l'Université Western Ontario, devant
l'émergence de ce qu'il qualifiait de société de
surveillance, s'inquiétait des nouvelles techniques menaçantes et
de la réduction de l'espace privé. L'informatisation permet,
entre autres, la commercialisation des données personnelles. Je rappelle
ici, pour la nième fois, le cas du ministère de la Justice qui,
conformément à quatre contrats en bonne et due forme, assure la
production et la livraison en masse à des compagnies de crédit
informatique à caractère judiciaire. Non seulement, croyons-nous,
cette pratique va-t-elle à rencontre de l'article 72 de la loi
d'accès, qui stipule que les renseignements nominatifs doivent servir
aux fins pour lesquelles ils sont recueillis mais aussi risquent-ils de porter
préjudice à la personne puisque les données contenues au
plumitif des greffes sont incomplètes eu égard à l'usage
qu'en font les bureaux de crédit. Pendant ce temps, rappelons-le aussi,
face à l'automatisation de la justice, la France s'est donné un
organisme, en l'occurrence la Commission nationale de l'informatique et des
libertés, qui vise à contrôler l'opération afin de
garantir qu'elle ne soit pas une atteinte à la vie privée.
Soulignons qu'au Québec, le Vérificateur
général relève avec régularité dans chacun
de ses rapports annuels que la gestion des systèmes informatiques de
certains ministères et organismes publics qu'il identifie
nommément n'offre souvent aucune garantie suffisante sur la
confidentialité ou encore sur l'intégrité des
renseignements nominatifs. On peut ainsi difficilement se surprendre qu'en mars
1988, une firme privée de Boucherville, Groupe Élite, ait eu en
sa possession pour fins de revente des renseigne-
merits confidentiels sur les bénéficiaires d'aide sociale
tels que détenus par le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. L'informatique autorise et facilite enfin les
échanges de renseignements, qui, à une vaste échelle, et
dans une optique particulière peuvent faire en sorte de constituer un
système de délation légalisée. J'entends
d'ailleurs, plus tard ce matin, aborder précisément cette
question et d'autres avec vous.
En conclusion, la présidente par intérim de la Commission
d'accès à l'information, Mme Thérèse Giroux,
écrivait dans le rapport qui est le sujet de notre étude ce
matin: La commission est maintenant au seuil d'un deuxième souffle. Je
crois qu'il s'agit là d'une observation très pertinente et que
rien n'est plus vrai et qu'une importante séquence de défis
nouveaux se profile au proche horizon et rien n'interdit que nous croyions aux
chances de réussite de la commission qui, elle n'est pas sans l'ignorer,
a toujours su compter et pourra toujours compter sur l'appui des parlementaires
que nous sommes. Je vous remercie, M. le Président. Je m'excuse
auprès de mes collègues, si cela a été un peu
long.
Discussion générale
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Taillon. Alors, nous entreprenons la deuxième
partie des travaux de cette commission qui est un échange de vues, de
questions et de réponses entre les membres de la commission de la
culture et les membres de la Commission d'accès à l'information.
Tout le temps qu'ont duré les travaux de la commission l'an dernier sur
le rapport de la commission, surtout en fin de journée où les
gens étaient un peu plus fatigués qu'en début de
journée, quand on parlait de la commission, on ne savait plus trop bien
de quelle commission on pariait. C'était la commission d'accès,
la commission de la culture. Je me souviens qu'au cours du débat
à l'Assemblée nationale en octobre dernier, il en était un
peu de même surtout lors de l'intervention du ministre de la Justice qui,
d'une commission à l'autre... Je pense qu'il y avait aussi un rapport de
la commission des institutions dont mon collègue de Taillon est le
président, qui venait d'être déposé. Alors, le
ministre de la Justice était un peu perdu dans ces commissions.
Budget
M. le président, je me permettrai deux ou trois petites questions
pour en finir rapidement avec l'aspect un peu cuisine du rapport, qui est
l'aspect à la fois du personnel et des budgets qui sont mis à la
disposition de la commission. Vous dites dans votre rapport 1987-1988 que vous
aviez à ce moment-là 30 postes comblés sur 32 et un budget
d'environ 2 240 000 $. Vous écriviez, vous ou celle qui vous
précédait à ce moment-là à !a
présidence de la commission, vu le peu d'effectifs - et je suis tout
à fait d'accord et les budgets quand même limités, les
mandats avaient été fort bien remplis. J'aimerais vous entendre
commenter sur ie budget de votre commission, le nombre de personnes, de postes
que le Conseil du trésor vous reconnaît. N'hésitez pas
à me parler de l'année 1988-1989 qui, elle, s'achève.
Avant qu'on regarde votre rapport, on est probablement non seulement une loi
plus tard mais probablement une élection plus tard. On peut
peut-être essayer de régler ces choses-là ce matin. (10 h
45)
M. O'Bready: D'accord, M. Se Président. Je pense que le
budget de la commission est à peu près dans le même ordre
de grandeur, si vous voulez. Son budget de cette année ou de
l'année qui se termine dans quelques jours ou quelques semaines est
d'environ 2 400 000 $ et probablement qu'on sera dans cet ordre de grandeur
pour l'année qui vient, soit 1989-1990. Quant au nombre de personnes,
bien sûr, il y a toujours 32 postes permanents autorisés par le
Conseil du trésor et nous avons aussi huit occasionnels sur projets
spécifiques qui travaillent chez nous, soit des avocats ou avocates, des
professionnels, enquêteurs ou enquêtrices. Les quelques discussions
que j'ai pu avoir avec le ministre des Communications, M. French, dans le
temps, évidemment, parce que je n'ai pas eu l'occasion d'avoir beaucoup
de ces discussions avec M. Dutil, le nouveau titulaire, nous avions convenu que
dans cette période où les ressources de la province sont
peut-être un peu limitées, il n'était peut-être pas
réaliste de croire qu'on devait augmenter de façon
considérable, du moins, l'effectif de la commission. Sauf que nous
avions entrepris certains pourparlers pour peut-être rendre permanents,
éventuellement, les huit postes occasionnels que nous avons, ce qui
porterait les effectifs de la commission d'accès, à toutes fins
utiles, à une quarantaine de personnes. Je vous concède que ce
n'est pas ià un très gros effectif et qu'on ne pourra
peut-être pas absorber indéfiniment l'augmentation du volume de
travail, mais je pense que, pour le moment, en tout cas, au moment où je
vous parle, ce matin, je n'ai pas de récrimination particulière
à vous exposer quant au budget ou quant à l'effectif de la
commission, sauf peut-être cet aspect particulier des postes
occasionnels. Parce qu'il y a des gens, chez nous, qui ont maintenant trois ans
d'expérience soit, comme je vous le dis, dans le domaine légal ou
dans le domaine de la recherche, et ça reste toujours des occasionnels.
Je ne pense pas que la commission pourrait vraiment exécuter son mandat
si on la réduisait de ce nombre de personnes.
Je suis conscient aussi, comme }e vous le disais tantôt, de la
rareté des ressources sur le plan des budgets des différents
ministères et/ou organismes. Je pense qu'on va commencer par maximiser
l'utilisation de ce que nous avons en
termes de ressources financières, en termes de ressources
humaines, et on en reparlera. Bien sûr, si jamais il y avait des mandats
additionnels confiés à la commission d'accès, on aurait
peut-être certaines difficultés à livrer la marchandise. Je
vous souligne en passant que le volume de travail augmente
considérablement. Ne serait-ce que sur le plan de la révision,
les personnes, citoyens, citoyennes ou organismes qui font des demandes de
révision sur les refus qui leur sont opposés, nous en sommes
rendus à plus de 200 dossiers par année. C'est quand même
un volume de travail assez important absorbé par chaque commissaire qui,
actuellement, doit être assisté par des personnes-ressources.
Nous avons également de plus en plus de vérifications
à effectuer, d'ententes, d'échanges... Tantôt, M. le
député parlait de couplage informatique ou de "computer
matching", alors il y a de plus en plus d'ententes à étudier
entre ministères ou entre ministères et organismes. C'est bien
évident que le volume est là, il augmente chaque
année.
Maintenant, je vous dis que pour le moment, pour le budget qui est en
cours, il n'y a aucun problème concernant les crédits que
l'Assemblée nationale aura à étudier éventuellement
au cours des prochains mois, nous resterons dans le même ordre de
grandeur sur le plan budgétaire, entre 2 400 000 $ et 2 500 000 $ par
année, avec le même effectif. Mais je vous répète
que notre demande précise sera peut-être de rendre permanents ce
nombre de postes d'occasionnels.
Droit d'appel
Le Président (M. Trudel): Merci. Je souligne au
député de Taillon que s'il a des questions, je pense qu'on peut y
aller comme ça, parce que je n'ai pas l'intention d'utiliser tout le
temps... On n'a pas fait de répartition du temps, donc, on se le
divisera équitablement.
Je voudrais aborder une question qui était au centre même
des préoccupations de la commission que je préside et de la
commission que vous présidez maintenant et que vous ne présidiez
pas à l'époque, à l'occasion de la revue de la loi,
déjà, en octobre 1987. Je vais tout de suite aborder la question
du droit d'appel, c'est une question qui a été longuement et
largement discutée devant cette commission, qui a fait l'objet de
recommandations fort précises de la part de votre commission, M. le
président. Je m'inspire aussi de votre rapport 1987-1988 pour aborder
cette question, au moment où le législateur est en train de
réfléchir tant à vos recommandations qu'aux nôtres
pour savoir ce qu'il va faire avec la loi. Je souhaite, comme le
député de Taillon, que ce projet de loi soit déposé
dans des délais raisonnables. C'est-à-dire que, pour moi, des
délais raisonnables, ce serait le printemps pour adoption à
l'automne ou, plus particulièrement, le printemps pour adoption au
printemps, si jamais on veut que ça se fasse dans des délais
raisonnables.
Sur la question du droit d'appel, M. le président, je
présume que la commission n'a pas changé d'avis.
M. O'Bready: La commission n'a pas changé d'avis, bien
sûr, elle n'a pas eu à rendre d'autres avis, non plus. Je ne sais
pas quelles seront les dispositions qui seront retenues dans ce projet de loi
qui, nous l'espérons, sera déposé au printemps.
Évidemment, quant aux recommandations, idéalement, le droit
d'appel aurait pu être aboli, tout au moins
réaménagé. À ce jour, il n'y a pas vraiment eu de
geste posé et certainement pas pour l'abolir. Pour le
réaménager, cela reste à discuter. Mais il reste un fait,
ce droit d'appel existe. Évidemment, je n'étais pas à la
commission au moment où les recommandations d'abolir ou de
réaménager le droit d'appel ont été faites à
la suite de l'étude de la loi. Cela a fait l'objet de nombreuses
discussions. Je n'ai pas eu l'occasion de débattre à nouveau ce
point de vue avec les personnes responsables. Je serai toujours prêt
à le faire. Mais je sais que ce n'est certainement pas dans l'air
actuellement. Rien, dans l'air, ne dit qu'on abolirait le droit d'appel. Tout
au mieux, on pourrait y faire certains réaménagements.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous avez autre chose
à dire, madame? Oui, allez-y.
Mme Wallace (Carole): Je voulais juste ajouter qu'il serait
peut-être intéressant pour vous d'évaluer
l'expérience de la commission ontarienne en cette matière. Comme
vous le savez, cela fait maintenant plusieurs mois qu'il y a une Commission
d'accès à l'information et de la protection de la vie
privée en Ontario. Et en vertu de la loi ontarienne, il n'y a pas de
droit d'appel de la décision du commissaire. Cela fait maintenant
plusieurs mois que cela fonctionne. Il pourrait être intéressant
pour vous de voir ce que cela a pu donner comme résultat.
Le Président (M. Trudel): Je ne refuse évidemment
pas que la commission regarde cela, soit chaque membre, à titre
individuel, lors d'une séance de travail. Mais il semblerait plus
approprié - je pense que cela se fait - que le ministère des
Communications et ses fonctionnaires, qui sont en train de préparer des
amendements à la loi actuelle, se penchent sur cette question. J'en ai
parlé... Oui, M. le président.
M. O'Bready: Effectivement. J'ai mentionné tantôt la
présence ici d'une personne du service de la loi du ministère des
Communications, Mme Lalonde. Je dois dire que je ne veux pas parler au nom de
ce service. Mais quand même, ce service se penche sur ce genre de
question et on a l'occasion d'en discuter. Lorsque j'ai dit que je n'avais pas
eu l'occasion de débattre de cela
avec les responsables, je parlais surtout de ta haute autorite
politique, à savoir le ministre. Mais, M. le Président, cela ne
veut pas dire qu'aucune réflexion ne se poursuit actuellement sur cette
question qui n'est pas facile à trancher. Comme Mme la commissaire
Wallace le mentionnait, évidemment, au moment où vous avez
étudié cela, c'est sûr que l'expérience ontarienne
n'était pas enclenchée parce que la commission ontarienne a
commencé le 1er janvier 1988. Elle a à peine une année
d'existence. Mais ce que Mme la commissaire a mentionné est exact. La
façon de procéder en Ontario est différente. Alors, il
faudrait aussi comparer toutes les données. Ces gens font beaucoup de
médiation; c'est même officialisé dans leur loi. C'est
à revoir, je vous le concède.
Le Président (M. Trudel): Je conclus rapidement
là-dessus. Il y avait une telle unanimité au sein de la
commission de la culture sur le maintien du droit d'appel, bien sûr, mais
aussi sur un aménagement sérieux de son exercice. À la
page 31 - je !e souligne parce que !e chiffre m'a surpris - à 4. 1. 2,
les décisions de la Cour provinciale, au dernier paragraphe de la
première section, on dit: "La commission tient cependant à
souligner que 38 dossiers sont toujours en suspens devant la Cour provinciale,
certains depuis plus de trois ans. "
Quand je vois de telles choses, je conclus peut-être trop
rapidement, comme ex-avocat qui n'a vraiment pas pratiqué longtemps,
mais qui a une formation juridique, à tout le moins, je me demande si on
n'assiste pas à des dénis de justice. J'en parle parce que c'est
une question qui m'avait préoccupé au moment où la
commission étudiait le droit d'appel. J'ai un cas dans mon comté
qui est renommé maintenant parce que l'Individu se débat comme un
beau diable dans l'eau bénite et communique souvent avec vous. Je sais
que vous ne pouvez rien faire. C'est le fameux cas Labelle versus la ville de
Montréal qui traîne dans le paysage encore. Soit dit en passant,
les crevasses, dans la maison de M. Labelle, continuent à
s'étendre. J'ai vu M. Labelle la semaine dernière, à ma
demande et non pas à la sienne cette fois, pour discuter du cas.
Voilà un cas flagrant. Je ne veux pas m'attaquer aux tribunaux, ce n'est
pas l'endroit et ce n'est pas mon genre non plus. Voilà plus de trois
ans que M. Labelle attend une décision sur une question incidente. Il
n'est pas évident, une fois qu'il y aura une décision sur cette
question, qu'il n'y aura pas d'autres questions incidentes qui remonteront vers
les tribunaux. C'est avec de tels cas à l'esprit que la commission a
travaillé l'an dernier. Ne voulant quand même pas abolir le droit
d'appel dans un premier temps, vous le savez, M. le président avait
recommandé de sérieux aménagements à la
façon d'exercer ce droit d'appel.
M. O'Bready: Effectivement, je dois vous dire qu'en date de ce
Jour, il y a 58 dossiers qui ont fait l'objet d'appel...
Le Président (M. Trudel): Le dossier de...
M. O'Bready:... dont 44 sont toujours en suspens. !l y a une
augmentation, si vous voulez, du nombre de dossiers en appel. Alors, c'est
clair.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que vous avez une
idée - ne faites pas de recherche intense si vous ne l'avez pas dans le
moment - du temps que ça peut prendre pour obtenir une décision?
On disait qu'il y avait des dossiers en suspens depuis plus de trois ans.
Combien ii y en a-t-il dans ces catégories: trois ans, deux ans et demi,
deux ans, un an et demi...
M. O'Bready: Je n'ai pas de statistiques précises, M. Se
Président, mais II y en a plusieurs, évidemment.
Le Président (M. Trudel): Dans l'entreprise privée,
on appelle ça le vieillissement des comptes...
M. O'Bready: Qui remontent à plus d'une année.
Le Président (M. Trudel):... mais là on peut
appeler ça le vieillissement des dossiers.
M. O'Bready: Actuellement, il y en a qui remontent à plus
d'une année. Je dois vous dire, par contre, que la Cour du Québec
semble accélérer un peu son processus de siéger en appel
sur les décisions de la commission. Effectivement, c'est peut-être
un chiffre qui peut vous Intéresser, il y a à peu près 15
% de nos décisions, grosso modo, qui font l'objet d'appel devant la Cour
du Québec. Ce n'est quand même pas un pourcentage...
Le Président (M. Trudel): Non.
M. O'Bready:... épouvantable, mais c'est quand
même... Il y a, bien sûr, des causes importantes, je vous le
concède, qui peuvent traîner.
Le Président (M. Trudel): En oubliant les extrêmes,
quelle est la durée moyenne, d'après vous?
M. O'Bready: La durée moyenne, M. le Président,
peut être d'environ un an et demi, mais on en a quand même de trois
ans, actuellement. M. le directeur des services juridiques me fait remarquer
que nous avons des appels qui durent depuis plus de trois ans.
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie. M. le
député...
M. Filion: Sur le même sujet.
Le Président (M. Trudel): Sur le même sujet?
M. Fïion: Sur le même sujet, M. le Président,
celui du droit d'appel. D'une part, je note, à la page 21 de votre
rapport annuel, que vous dites, à l'avant-dernier paragraphe: "Quant
à l'appel de ces décisions devant la Cour provinciale, la
commission est plus que jamais convaincue qu'en raison principalement des
délais qui entourent le traitement des dossiers en appel, une telle
procédure devrait être abolie, le recours en évocation
offrant suffisamment de garanties pour éviter les erreurs manifestes et
l'excès de juridiction. "
On se rappellera la prise de position des membres de cette commission.
Dans notre rapport, nous avons mis de l'avant, M. le Président, cette
fois-ci je m'adresse au président de la commission de la culture, une
série...
Le Président (M. Trudel): D'abord président de la
commission des institutions.
M. Fïlion:... de modifications qui pourraient constituer un
encadrement juridique différent pour permettre de traiter les dossiers
à l'intérieur de délais normaux.
D'ailleurs, il est utile de le signaler, M. le Président,
messieurs les présidents, que le Protecteur du citoyen, pas plus tard
que la semaine dernière, dénonçait la judiciarisation de
l'ensemble - on ne pariait pas seulement de la Commission d'accès
à l'information - des processus administratifs. D'une façon tout
a fait remarquable, le Protecteur du citoyen nous indiquait que cette
judiciarisation a amené une déresponsabilisation, trop souvent, a
amené des délais - quand je dis déresponsabilisation, des
décideurs de première ligne, je sais que ce n'est pas votre cas,
mais ça s'applique ailleurs - des décideurs de première
ligne. Souvent, le fonctionnaire dit: Mon Dieu, vous avez un droit d'appel;
alors, si vous n'êtes pas content, allez en appel. Là, on est en
train de faire de chaque citoyen du Québec des spécialistes en
droit administratif qui sont obligés d'attendre un an ou un an et demi.
Dans le cas de la Commission d'accès à l'information, c'est le
délai qui est inacceptable. Le délai d'un an et demi, dans
certains cas... On connaît tous les deux le cas Labelle, il y en a
d'autres et c'est beaucoup trop long. On l'a dit souvent: "Justice delayed is
justice denied. " Je le dis en anglais parce que la formule a plus d'impact.
(11 heures)
Alors, en ce sens-là, pour le bénéfice du ministre
qui va nous lire et pour celui des gens qui sont derrière vous, je
dirais bien simplement qu'il est impérieux, au moment de la
rédaction du projet de loi, de considérer pour le moins des
modifications au régime d'appel actuel. Cependant, je tiens à
vous signaler une petite chose: dans le rapport de mise en oeuvre, aux pages 94
et 95, vous signaliez que "d'autres organismes exercent des fonctions
comparables à celles exercées par la commission et qu'un examen
des lois qui les constituent nous permet de constater qu'il n'existe pas
toujours un droit d'appel de leur décision. C'est le cas, notamment, de
la Commission des affaires sociales et de la Commission d'appel en
matière de lésions professionnelles. " Mais uniquement à
titre d'information, je tiens à vous signaler que le régime est
quand même différent dans ces cas-là étant
donné que la Commission des affaires sociales et la Commission d'appel
en matière de lésions professionnelles sont des organismes qui
sont chargés de l'application des lois et dont les décisions sont
prises à d'autres niveaux. Je ne sais pas si vous me saisissez? Le
statut de ces organismes-là est différent du statut de la
Commission d'accès à l'information dans certains cas, en tout
cas, à mon point de vue. Mais ça ne diminue en rien la
portée de l'argumentation visant à réviser les
mécanismes d'appel à la Cour provinciale. Alors c'était
simplement pour conclure là-dessus, à moins que vous ne vouliez
réagir à ce que je disais quant à la distinction qu'il
faut faire entre la Commission des affaires sociales, la Commission d'appel en
matière de lésions professionnelles et la Commission
d'accès à l'information.
M. O'Bready: Si vous me permettez, M. le
député...
M. Filion: Oui.
M. O'Bready:... je vais peut-être demander à Mme
Giroux qui aurait un commentaire à vous faire sur ce sujet.
Mme Giroux (Thérèse): Oui, M. le
député. J'avoue que j'ai un petit peu de difficulté
à comprendre la distinction que vous faites entre la Commission des
affaires sociales et la CALP, d'une part, et la commission d'accès. J'ai
peut-être mal saisi. Suivant ma compréhension des choses, la
commission d'accès rend également des décisions sur des
décisions déjà rendues à un premier niveau. Elle
est, au même titre que la Commission des affaires sociales, un
deuxième niveau de décision.
M. Filion: Oui, vous avez...
Mme Giroux: Alors j'ai un petit peu de difficulté à
comprendre la...
M. Filion: Oui, d'accord, sauf que les décisions sont
prises par des organismes qui ne sont pas spécialisés. Vous
siégez en révision de décisions rendues par tous les
organismes publics et quasi publics à l'intérieur de votre champ
de
compétence alors que la Commission des affaires sociales et la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles
siègent en appel de décisions...
Mme Giroux: Des bureaux de révision.
M. Filion:... qui sont rendues par des organismes
spécialisés.
Mme Giroux: D'accord.
M. Filon: En tout cas, écoutez...
M. O'Bready: Vous avez... C'est sûr qu'il y a une
distinction.
M. Filion: Mais c'est une distinction qui ne devrait quand
même pas, encore une fois, ralentir, j'espère, l'enthousiasme de
ceux et celles qui sont à préparer le projet de loi, à
réviser les mécanismes d'appel pour le moins, je dis bien, afin
d'en réglementer différemment l'exercice. Cela peut aller plus
loin. Et l'exemple que vous donnez de la loi ontarienne est
intéressant.
De façon générale, je dois vous dire
qu'après un peu plus de trois ans sur ces banquettes, je suis à
peu près convaincu qu'au Québec on a un peu trop
judiciarisé sous prétexte d'offrir à des citoyens des
droits et des recours, etc. Alors on a créé... Cela n'a plus de
sens. Surtout en matière de santé et sécurité au
travail, on est rendu avec des décisions sur l'examen médical et
des décisions ensuite de ça sur le quantum avec des appels
à chacune des instances. On est rendu dans un système où
les délais, en plus de ça, bien sûr, deviennent
inacceptables. On a mis de côté les processus de médiation
et de conciliation. Le député de Louis-Hébert était
présent, je pense, la semaine dernière, et je dois vous dire que
c'était très convaincant. Alors dans ce sens-là, il
paraît s'imposer qu'on puisse arriver à repenser un petit peu
autrement nos systèmes judiciaires à l'intérieur des
décisions administratives.
Alors je veux juste terminer cette question-là d'appel à
la Cour provinciale, avec votre permission, M. le Président, par une
question. Est-ce qu'il existe une collaboration entre la Commission
d'accès à l'information et les représentants du
ministère quant à la préparation du projet de loi?
M. O'Bready. Oui, certainement, M. le député. J'ai
eu des rencontres. Les fonctionnaires de nos services juridiques ont eu des
rencontres entre eux. Nous en aurons prochainement également sur les
nouveaux documents qui nous seront soumis. Mais il y a effectivement une
excellente collaboration entre le ministère des Communications et la
commission d'accès.
M. Filion: Vas-y.
Application de la loi au secteur privé
Le Président (M. Trudel): C'est une question que j'allais
vous poser. Je l'ai posée tantôt, en arrivant, à des gens
de votre entourage et je suis content de réaliser que cette
collaboration existe parce qu'avec votre commission, on a quand même
affaire aux experts. Et après les travaux de cette commission, voici
deux commissions qui, dans l'ensemble, disent à peu près la
même chose à quelque nuance près. Je pense qu'au
gouvernement, l'équipe du ministère des Communications doit
savoir un peu vers quoi tendre. D'autant plus que cela n'a pas
été rendu public pour autant que je me souvienne; j'en al eu une
copie que je me suis bien gardé de rendre publique à mon tour. Le
fameux comité interministériel qui a remis son rapport quelques
jours après Se débat à l'Assemblée nationale -
quelques jours avant ou à peu près en même temps - un
volumineux rapport qui permet d'aborder tout de suite cette question, celle de
la prolongation possible de !a loi d'accès au secteur privé, et
c'est la question que je veux aborder tout de suite avec vous, M. le
président. Je pense que le député de Taillon est
également intéressé.
La commission aura eu deux positions sur cette question - ce n'est pas
moi qui lui reprocherai d'avoir eu deux positions - une première
position dans son rapport. Je peux comprendre qu'en octobre 1987 on voulait
être prudent. C'était un peu normal; on était à la
fin d'une première étape; il y avait des choses à
consolider et la commission s'est dit: Avant de l'étendre partout, on va
consolider les acquis. Mais, devant la quasi-unanimité qui a
existé tout au long des travaux de cette commission durant trois jours
en février, la commissaire, Mme Giroux, est revenue nous dire, l'an
dernier, dans une intervention quand même très convaincante et
dont vous reprenez d'ailleurs les grandes lignes dans votre rapport: Oui, bien
sûr, devant cette quasi-unanimité, la commission est d'accord pour
étendre la loi au secteur privé. Cela a fait l'objet du
débat à l'Assemblée nationale. J'en ai parlé dans
mes remarques durant environ 45 minutes; le député de Taillon en
a également parlé. Le ministre de l'époque, M. French,
n'en a à peu près pas parlé pour plusieurs raisons. La
première, je pense, était qu'il ne lui restait malheureusement
que trois ou quatre minutes pour intervenir dans un débat qui avait
été limité à deux heures.
En tant que président de cette commission, je n'ai absolument
aucune raison d'avoir changé d'avis entre le moment où on a fait
la recommandation en juin 1988, celui où on a fait le débat,
à la mi-octobre 1988, et au moment où je vous parle aujourd'hui,
le 8 mars 1989. J'ose croire que le gouvernement nous donnera rapidement ses
vues à ce sujet. J'admets dès le départ que ce n'est pas
une question facile. D'autre
part, à partir du moment où on décide d'aller vers
le secteur privé, c'est une nouvelle problématique qui entre en
jeu. En conférence de presse et dans une entrevue, par la suite, II y a
déjà quelques mois, j'ai dit qu'il ne fallait pas que
l'entrée vers le secteur privé se fasse au détriment de ce
qu'on est en train de mettre en place dans le secteur public. Ce qui veut dire,
pour moi... C'est facile de parler pour un député qui, je dirais,
n'a pas de responsabilité, entre guillemets, gouvernementale. S'il
fallait que la commission se voie confier - et c'était l'une des
recommandations de cette commission - également l'aspect du secteur
privé en même temps que ses travaux traditionnels, pour reprendre
l'expression, il faudrait vraiment s'assurer de lui donner, à ce
moment-là, des moyens à la fois physiques, humains et financiers.
Mon collègue et moi avons constaté, entre autres, lors d'un
très court séjour à Paris et à Strasbourg en avril
1988, que vouloir que les deux domaines soient régis par une même
commission, c'est presque condamner la commission à
l'inefficacité, et dans l'un et dans l'autre.
C'est la nuance que j'apporte et que j'ai toujours apportée, de
toute façon. Je suis tout à fait favorable en fait que, dans une
première étape, avec le député de Taillon sans
doute, le gouvernement intervienne dans le secteur privé, le
député le soulignait tantôt, notamment du côté
des banques et des institutions de crédit; il me semble que c'est
l'endroit où il faille intervenir rapidement, mais non pas au
détriment de la consolidation dans les secteurs public et parapublic.
J'aimerais vous entendre à ce sujet et je suis convaincu que le
député de Taillon y reviendra également. Je vous pose
cette première question pour lancer le débat sur un sujet quand
même extrêmement important.
M. O'Bready: D'accord. Je ne voudrais pas relever tous les
travaux effectués, à savoir s'il était ou non opportun
d'élargir au secteur privé. Vous savez comme moi, vous l'avez
mentionné d'ailleurs, M. le Président, qu'il y a un groupe de
travail sous la férule du ministère de la Justice, qui
était porteur du ballon, et qui a fait une longue réflexion sur
l'opportunité de cette extension.
D'autre part, nous avions, à la commission d'accès, un
représentant à ce comité. Il ne m'appartient pas de vous
dire quand le rapport sera rendu public ou s'il y aura une consultation
là-dessus. Je pense qu'on pourra y participer. Bien sûr, ça
nous fera plaisir de le faire.
J'ai très peu eu l'occasion de discuter avec les membres de la
commission, avec les commissaires ou même avec le personnel de la
commission sur ce sujet comme tel. Je ne suis pas très sûr que la
commission doive s'impliquer à ce moment autrement que de dire qu'on
pourrait être l'instrument approprié ou non pour appliquer la loi
si jamais on l'étendait au secteur privé.
Lorsqu'on a parlé de budget et d'effectifs tantôt, j'ai
mentionné que si on nous confiait des responsabilités
additionnelles, il est bien sûr qu'il faudrait qu'on pense aussi à
la contrepartie et c'est un peu ce que j'avais en tête. Je suis d'accord
avec vous pour dire que le premier mandat devra toujours être
respecté, c'est-à-dire le mandat que nous exerçons
actuellement, qui est l'accès aux documents des organismes publics et la
protection des renseignements personnels.
Comme vous l'avez mentionné, je peux avoir mon opinion un peu
personnelle là-dessus comme avocat. C'est sûr que l'extension au
secteur privé ne se ferait pas comme ça du jour au lendemain sans
qu'on éprouve des difficultés, ne serait-ce qu'au niveau des
banques qui sont de juridiction fédérale, et tout un paquet
d'histoires de cette nature sur lesquelles il y aurait certainement lieu de
faire une réflexion plus approfondie.
Je ne voudrais pas relever ce qui a été dit au moment de
la commission parce que je n'étais pas présent. Effectivement,
j'ai lu que la commission avait dit: II y a peut-être eu deux versions.
Ce que la commission veut peut-être dire, à toutes fins utiles,
c'est que, si le législateur ou les décideurs jugent opportun de
l'étendre au secteur privé, la commission n'a pas de raison
valable de s'opposer à ça. C'est peut-être l'affirmation
que je peux faire ici ce matin et dire qu'il faudrait que la commission soit
consultée sur l'extension de l'application d'une telle loi.
Je vous répète, messieurs et mesdames, que c'est quand
même le ministre de la Justice qui est le porteur du ballon dans ce
dossier et que la commission n'est qu'un des partenaires, je pense bien, dans
l'étude qui a été faite. C'était un groupe
interministériel. Alors, il faudra qu'on participe et
j'apprécierais, du moins, qu'on soit associé aux discussions qui
auront lieu, s'il doit y en avoir et, s'il y en a une, à la suite
à donner à ces études qui ont été
faites.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, sur la même question.
M. Filion: Sur le même sujet, M. le Président. Tout
ça me laisse un peu sceptique sur la base suivante. Premièrement,
il y a un comité interministériel qui a été mis sur
pied je ne sais il y a combien de lunes, qui a pris je ne sais combien d'autres
lunes pour faire son travail et qui a déposé son rapport. Je
l'apprends aujourd'hui. Je ne le savais pas, mais je m'en doutais. Alors, tant
mieux. Il y a le rapport du comité interministériel. Donc, on ne
peut plus prétexter le fait qu'on est en train d'étudier le
sujet; il est déjà étudié.
Deuxièmement, il y a cette commission qui a étudié
- et, même, on peut dire que c'était l'un des points importants de
ces recommandations à l'Assemblée nationale - toute cette
problématique de l'extension de la ioi au secteur privé et qui en
est venue à la conclusion d'éten-
dre à certaines catégories - je reprends les termes
mêmes de la recommandation 3. 1 - "d'étendre à certains
secteurs prioritaires de l'entreprise privée, comme les agences de
crédit, les assurances et les banques, les principes - c'est important -
de protection des renseignements personnels de la loi sur l'accès
à l'information".
Je ne connais pas les conclusions du groupe de travail
interministériel, mais ce qui me rend sceptique, c'est de voir qu'on est
peut-être en train de passer à côté du bateau. Ce
n'est pas du tout un blâme à l'intention des gens de la Commission
d'accès à l'information qui ont fait leur travail, qui, comme je
l'ai dit tantôt, étaient timides au départ et qui,
après, étaient un peu plus musclés quant à
l'importance pour le législateur de le faire. Le président nous
dit ce matin: Écoutez, nous n'avons pas d'objection. Le président
ne peut pas nous dire autre chose. Ce n'est pas lui qui va décider de la
teneur de la loi bien que, comme il le souligne lui-même, il aime
être consulté. Mais je ne voudrais pas qu'on passe à
côté du bateau.
Vous avez vous-même souligné dans vos propos d'ouverture,
M. le président, qu'il y avait un certain nombre de municipalités
qui étaient toujours récalcitrantes ou délinquantes. Vous
avez fait un envoi personnalisé, etc. Mais, pour le citoyen ou la
citoyenne du Québec, c'est important, la municipalité de
Saint-Donat. Je veux bien, mais je vais vous dire que les renseignements
détenus par les compagnies d'assurances et par les banques sont beaucoup
plus importants, en ce qu'ils représentent comme menace pour la vie
privée, que pour les municipalités. Je comprends qu'au tout
début, le législateur a dit: Allons-y avec ce qu'on
contrôle, allons-y avec ce qui est public et on verra, après, avec
ce qui est privé. Mais II me semble qu'un deuxième souffle passe,
bien sûr, par la consolidation des acquis. (11 h 15)
II y a une bonne partie du travail qui a été faite. Il
faut se parler franchement. Il reste des étapes à franchir. On en
parlera tantôt. Pour la Commission d'accès à l'information,
il reste des étapes à franchir, mais on est pas mal rendu dans la
modulation et dans le peaufinage. Bon. D'ailleurs, les demandes de
révision sont en train de se stabiliser. On pariera tantôt du
rayonnement de la commission et du rayonnement de la loi où il y a du
travail à faire. On en pariera, mais le gros du travail a
été fait dans le secteur; il faut se le dire franchement. Le
répertoire des fichiers est là, etc. Il reste du travail à
faire, bien sûr, à mon point de vue, mais il ne faudrait pas qu'on
passe à côté du bateau. C'est une simple remarque. Je suis
à 200 % derrière la recommandation que nous avions faite, M. le
Président de la commission de la culture. Je dois vous dire que
j'entends bien, en tant que porte-parole de l'Opposition, relancer ce sujet
dans les mois qui viennent.
Ce qui m'inquiète, de plus, c'est que le ministère de la
Justice semble être le maître d'oeuvre du comité
interministériel et, d'un autre côté, je sais fort bien que
la loi va se faire au ministère des Communications. Quelle belle
structure pour faire en sorte que ia loi ne contienne rien à ce sujet et
dire: Écoutez, on continue d'étudier; il y a des discussions
entre les deux ministères; il y a des arbitrages à faire. On a
une belle occasion de prendre les problèmes directement, d'affronter les
problèmes directement, sans esquive. Encore une fois, nous n'avons pas
l'intention de passer ça en dessous d'une couverte administrative en
disant: Écoutez, le secteur privé, on n'y touche pas tout de
suite, parce que, l'avenir, on ne sait pas de quoi il est fait.
Cinq ans, c'est long, compte tenu du développement des
systèmes d'information de nos belles corporations privées qui ont
tendance à se fusionner de plus en plus et qui ont tendance à
faire du cannibalisme, c'est-à-dire à s'intégrer l'une
l'autre pour construire des entités absolument gigantesques. L'exemple
le plus récent vient de nos voisins du Sud où Time et Warner vont
peut-être, ce n'est pas sûr, se fusionner. A-ton idée du
gigantisme d'une telle structure? Du côté bancaire, c'est la
même chose, l'acquisition par les banques des firmes de courtiers, etc.
C'est un mouvement économique naturel, sauf qu'il faut pouvoir y faire
face d'une façon intelligente.
Nous, on ne dit pas: II faut assujettir tous ces organismes; demain
matin, un système de contrôle où il va y avoir un
inspecteur par banque. Cela n'aurait pas de sens. On disait: Étendre
à certains secteurs prioritaires; qu'on fasse des choix pour en
écarter et pour prendre certains; les principes. Je tiens, en terminant,
à ce sujet, rappeler ce qu'on avait constaté en commission
parlementaire. Je ne veux pas me tromper, mais il me semble que c'est le Bureau
d'assurance du Canada, le BAC, qui était venu témoigner devant
nous, M. le Président, pour dire: En termes d'éthique, vous
savez, on fait attention à nous. Ah bon, c'est vrai, montrez-nous votre
code d'éthique. Cela tenait en huit lignes et ça n'avait pas de
sens. Cela donne un tas de situations qui causent des préjudices
réels aux citoyens, sans compter les banques, etc.
M. le Président, je ne pouvais pas m'empêcher de faire ce
commentaire à l'intention, encore une fois, de ceux qui seront
appelés à prendre des décisions pour qu'on ne se retrouve
pas dans quinze ans, vous et moi, peut-être à l'extérieur
de l'Assemblée nationale, peut-être toujours à
l'intérieur - souhaitons-nous en tout cas d'être à
l'endroit où on veut être - dans une situation où on aura
atteint presque une perfection dans le secteur public. Toutes les
municipalités vont être au pas, mais dans le secteur privé,
on aura passé à côté du bateau et il y aura,
notamment, dans les banques, compagnies d'assurances et agences de
crédit que je ne porte pas trop dans mon coeur pour
différentes
raisons - j'ai donné des cas concrets - des préjudices
énormes subis par des citoyens et des citoyennes. C'était le but
de mon commentaire, M. le Président.
M. O'Bready: Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Trudel): Oui, monsieur, allez-y.
M. O'Bready:... pour terminer mon propos de tantôt de
façon à ne pas être mal interprété. Je pense
bien que la commission est tout à fait consciente de l'importance de la
protection de la vie privée, que ce soit pour le secteur public comme
pour des organismes du secteur privé. Ce n'est pas ce que j'ai voulu
dire. Ceoncernant les principes, on partage cette préoccupation que la
vie privée, cela ne se protège pas à moitié ou
à 33 1/3 %, mais, si cela doit se protéger, cela doit se
protéger à 100 %. Deuxièmement, je suis également
d'accord pour dire que, dans certains secteurs, comme cela été
souligné par le député, on a parlé d'agences de
crédit ou de banques, le danger est plus grand, là où on
fait une certaine centralisation de données personnelles et,
après cela, on peut les distribuer. Ce que j'ai voulu dire, c'est que la
commission n'a peut-être pas l'expertise pour évaluer les moyens
et les mécanismes législatifs ou autres avec lesquels on
protégera la vie privée des citoyens du Québec, même
certaines réglementations dans le secteur privé.
Je répète que la commission serait, j'imagine, disponible
à ce moment-là, quitte à réévaluer ses
moyens d'action, pour une application totale ou partielle d'une telle loi. Je
ne sais pas si cela précise ma pensée. Je ne veux pas dire que le
secteur privé n'est pas important; je ne veux surtout pas être
interprété comme cela. Ce que je voulais dire aussi, c'est qu'on
est un des partenaires qui aura à évaluer avec d'autres, dont le
ministère de la Justice, quels sont les mécanismes à
être mis en place et quels sont les secteurs prioritaires aussi.
Le Président (M. Trudel): Oui, allez-y.
M. Filion: M. le Président, encore une fois, ce n'est pas un
blâme à l'endroit de la commission. Cependant, comme on est ici
pour se parier assez franchement, je dois vous dire qu'à mon avis, si
l'enthousiasme diminue à la Commission d'accès à
l'information - les parlementaires passent, mais la commission reste - j'ai
bien peur... Vous savez qu'il n'y a rien de plus facile que le statu quo. Ceux
et celles qui veulent des changements sont ceux et celles qui doivent
généralement convaincre. C'est une invitation, peut-être,
mais ce n'est pas un blâme, en aucune façon. Vous avez raison de
dire que les moyens et tout cela, cela appartient aux dirigeants. Mais, d'un
autre côté, quant aux principes véhiculés par cette
modification possible, je pense que la commission a quand même,
même si ce n'est pas sa responsabilité dans la loi actuelle, une
espèce, comment dirais-je, d'autorité morale auprès des
décideurs.
M. O'Bready: Je dois vous dire, M. le député, que
l'enthousiasme est loin de diminuer...
M. Filion: D'accord.
M. O'Bready:... à la commission d'accès sur la
protection de la vie privée. Je vous dirai même que, dans les
premières années, et c'était peut-être normal,
c'était le volet accès à l'information qui était
plus connu et qui avait plus de "glamour". Je dois vous dire que, maintenant,
la protection de la vie privée prend, chez nous, de plus en plus
d'importance. Parmi les mandats de recherche que nous avons entrepris
récemment, vous en pariiez tantôt, il y a le couplage
informatique, le "computer matching", où on a parié
d'identifiants universels. Ce sont tous des éléments qui se
rattachent à la protection de la vie privée. Récemment,
nous avions aussi des échanges avec le commissaire ontarien à la
protection de la vie privée. Soyez sans crainte. Je peux rassurer les
membres de la commission permanente de la culture que l'enthousiasme à
la commission d'accès, chez nous, ne diminue pas pour cette
considération de protéger la vie des citoyens.
Le Président (M. Trudel): Oui, madame, allez-y.
Mme Wallace: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose? M.
Filion, vous avez dit, je crois, que, quant à vous, le travail dans le
secteur public, cela a été fait.
M. Filion: Non, je n'ai pas dit cela.
Mme Wallace: C'est un peu ce que j'ai compris. Je voulais
seulement vous signaler qu'on est loin d'avoir complété le
travail en vue de l'application de la loi dans le secteur public. C'est
seulement une précision.
M. Filion: D'accord. Dans le même sens, ce que j'ai dit,
c'est qu'il y avait une bonne partie du travail de fait, qu'il y avait place
à amélioration, qu'il y avait place à une meilleure et
plus grande application de la loi, etc. Mais quand même, quand on regarde
l'ensemble du tableau, on ne peut pas faire autrement que de conclure qu'il y a
une bonne partie du chemin de fait, sinon une très bonne partie du
chemin, à mon modeste avis. Il reste encore des bouts importants
à faire mais...
Mme Wallace: II en reste beaucoup. Le Président (M. Trudel):
Mme Giroux.
Mme Giroux: M. le Président, étant donné le
rôle assez important et assez actif que j'avais joué l'an dernier,
au moment de la commission parlementaire sur cette question en particulier,
j'aimerais, avec la permission du président, peut-être
compléter un peu. Je pense que sur l'évolution de la position de
la commission, il y a toujours eu une constante. À la Commission
d'accès à l'Information, nous ne considérons pas avoir eu
l'expertise et nous n'avons jamais étudié à fond la
question d'une éventuelle prolongation de la loi au secteur
privé. Je pense que c'est dans ce sens-là que la commission a
toujours été assez prudente et que, dans un premier temps, elle a
pris une position plutôt neutre.
Je pense que ce qui nous a amenés à être un peu plus
interventionnistes au moment de la commission parlementaire, vous l'avez
rappelé tout à l'heure, M. le Président, c'est un peu
à la faveur de tous les mémoires que vous aviez reçus.
Compte tenu également de l'expérience que nous avons avec la
protection de la vie privée depuis cinq ans, cela a été de
se dire qu'on ne peut pas ne pas concéder qu'il y a effectivement un
besoin d'intervention dans certains domaines du secteur privé.
Je pense que, même si nous n'en avons toujours pas
rediscuté à l'intérieur de la commission, parce que nous
ne considérons pas que c'est notre rôle - surtout qu'il y avait
des travaux en cours au sein du comité interministériel - cela
continue d'être la position de la commission et il n'y a certainement pas
de résistance à croire, de notre part, qu'une intervention
législative dans le secteur privé, même sectorielle,
apporterait un bénéfice pour les citoyens.
Le Président (M. Trudel): Merci. J'en profite
également pour conclure sur cet aspect de nos discussions de ce matin.
Je pourrais affirmer devant vous et au gouvernement que cette commission est
toujours unanime quant à sa recommandation du mois de juin 1988 et que
nous en faisons une priorité, quant à nous. Évidemment, en
ce qui concerne la recommandation très précise, le
député de Taillon l'a dit tantôt, on veut être
prudent, on veut y aller par étapes, et on parle d'un secteur, ce qui
pourrait être un secteur témoin.
Je profite de l'occasion qui m'est fournie ce matin pour
réaffirmer cette volonté de la commission, son ardent
désir de voir cette recommandation traduite dans une mesure
législative dans des délais raisonnables. Pour nous, des
délais raisonnables, sans mettre trop de pression, ce serait le
printemps 1989, près d'un an après la recommandation de la
commission.
Pour changer de sujet et quand même aborder un sujet qui a fait
l'objet de discussions intéressantes a l'occasion des travaux de la
commission parlementaire du mois de février 1988, j'aimerais vous
entendre dire quelques mots sur deux aspects et, ensuite, on pourrait
peut-être passer au couplage informatique dont le député de
Taillon veut discuter et dont je veux également discuter un peu plus
tard.
Il s'agit du programme d'examens. L'an dernier, à l'occasion
d'une comparution de la Commission d'accès à l'information et,
par la suite, à l'occasion des travaux de cette commission, II a
semblé que le programme d'examens pouvait causer quelques
problèmes, notamment, à l'Université Laval, et vous en
faites état dans votre rapport 1987-1988. J'aimerais vous entendre
parler, de façon générale de ce programme, M. le
président, et de ce que vous pensez, à ce jour, des
résultats des interventions que vous faites. Par ia suite, on pourrait
peut-être aborder la question de... Je pense que vous avez un changement
de mots et de nuances. L'an dernier, on appelait ça "les
récalcitrants". Vous avez choisi un autre mot tantôt.
M. O'Bready: Peut-être "les délinquants", oui.
Vérification
Le Président (M. Trudel): Les délinquants.
J'aimerais qu'on parle des récalcitrants délinquants. Mais,
avant, on pourrait peut-être aborder la question de l'excellent programme
-vous avez dit que vous aviez l'intention de le poursuivre - de ia commission,
le programme d'examens.
M. O'Bready: Effectivement, ce programme d'examens s'est
poursuivi depuis la dernière fois que les membres de ia commission de la
culture ont rencontré ia Commission d'accès à
l'information. Deux - je devrais dire - énormes mandats ont
été presque complétés au cours des derniers mois,
soit celui de notre vérification pour voir si la loi était
respectée en ce qui concerne le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu et en ce qui concerne également
le ministère de ia Sécurité publique pour les
établissements de détention. (11 h 30)
Ces rapports ont été récemment soumis aux membres
de la commission et viennent d'être transmis aux responsables des
ministères dont je viens de faire mention. Au cours de 1988-1989 - je
recule un peu dans les derniers mois -beaucoup de nos énergies y ont
été concentrées. Évidemment, il y a eu des
vérifications sur le respect de la loi dans des organismes de plus
petite taille, mais je dois vous dire qu'il n'y a pas plus d'une quinzaine de
jours, nous avons entrepris l'étude de ce programme pour voir quelles
seront nos priorités pour les mois qui viennent et pour continuer
à faire des vérifications un peu partout dans les organismes pour
le respect de !a loi et, pour nous, c'est prioritaire. Il y a bien sûr
des ministères qui seront ciblés, pas nécessairement parce
qu'on les soupçonne
d'être plus mauvais que d'autres, mais parce que cela peut
être plus pertinent de le faire. Je pense, par exemple, au
ministère de l'Éducation, pour la question des prêts et
bourses. Il y a différentes cibles comme cela qu'on se donne et ce
programme devait être soumis aux membres de la commission pour une
approbation finale.
C'est, pour nous, vraiment une priorité, ce programme de
vérification, pour conclure au respect de la loi. Je vous
répète que les deux pius gros clients, si vous me passez
l'expression, ont été, au cours des derniers douze mois, le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et le ministère de la Sécurité publique parce
qu'effectivement, on y retrouve énormément de données
nominatives de toutes sortes de considérations qui sont importantes pour
nous.
Il y a aussi d'autres dossiers peut-être plus particuliers mais je
ne m'y attarderai pas. M. Clarence White, qui est ici, à la disposition
des membres de la commission de la culture, est le responsable, le directeur de
cette direction générale de l'analyse des études où
on fait la vérification. Si vous souhaitez poser des questions plus
précises à M. White sur l'un ou l'autre des mandats de
vérification qui ont été effectués, je suis
très à l'aise pour...
Le Président (M. Trudel): J'aurais une question, je ne
sais pas si...
M. O'Bready: Peut-être que je peux y répondre
aussi.
Le Président (M. Trudel):... vous pourriez y
répondre vous-même, M. le président. Dans votre rapport
1987-1988, aux pages 23 et suivantes, il y a quatre dossiers que vous aviez
choisi d'aborder plus précisément: L'Université Laval, la
commission scolaire Baldwin-Cartier, ce qu'on appelle communément les
CRSSS - je ne sais plus combien de "M" à Montréal - le conseil
régional de la santé et des services sociaux, la
Société d'habitation du Québec et, au bas de la page 25,
vous nous disiez: "Ajoutons en terminant que la commission a
complété au cours de l'année le règlement de
certaines vérifications effectuées durant 1986-1987. " Vous
considériez qu'il y avait des dossiers réglés, tels
Chicoutimi, le cégep de Trois-Rivières, le Centre des services
sociaux de l'Outaouais, la commission scolaire régionale Meilleur. "Par
ailleurs - écriviez-vous - les dossiers de ville de Laval et du Relais
Saint-François demeurent toujours actifs. "
Ma question est plutôt technique: Quels sont les dossiers
traités durant 1988-1989? Quels sont les dossiers qu'on pourrait
considérer actuellement comme étant actifs et quel est
l'état de ces dossiers? Je pourrais peut-être poser une question
plus précise: Quel est l'état de la satisfaction de la commission
vis-à-vis de l'évolution de ces dossiers?
M. O'Bready: Je peux vous parler des deux dossiers que j'ai
mentionnés tantôt. Au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, nous avons déjà eu des
discussions préliminaires avec les hauts officiers. Je peux vous dire
que notre rapport a été très bien reçu et que les
échanges se poursuivent. J'ai bien l'impression - je ne voudrais pas
prophétiser - que les recommandations que nous faisons seront, pour la
plupart, mises en application très rapidement par le MMSR, d'une part.
D'autre part, pour le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et le ministère de la
Sécurité publique, le rapport a aussi reçu un bon accueil.
Je suis satisfait de la réaction positive des autorités de ces
ministères. Vous comprendrez que ces deux vérifications ont
été terminées au cours des derniers mois, sinon des
dernières semaines et que nous en sommes maintenant à discuter
avec les autorités des ministères concernés de la mise en
oeuvre.
Pour d'autres organismes, je ne sais pas si M. White voudrait ajouter
quelque chose sur des mandats particuliers susceptibles d'intéresser la
commission. Avec votre permission, M. le Président...
Le Président (M. Trudel): Oui.
M. O'Bready:... je lui demanderais peut-être de commenter
cela.
M. White (Clarence): Si on va à la page 23 du rapport
annuel, on disait qu'il y avait des choses en marche avec l'Université
Laval. Depuis ce temps, nous avons terminé la vérification
à l'Université Laval. Le dossier est fermé à la
satisfaction de tous. Quant au fichier de 200 000 noms que l'université
ne voulait pas nous déclarer, elle s'est conformée à la
demande de la commission et a incorporé ces noms-là dans les
fichiers déjà existants.
Pour ce qui est de la commission scolaire Baldwin-Cartier, c'est un
dossier qui est toujours en suspens pour des raisons... À la commission
scolaire, on a eu des problèmes administratifs. Le secrétaire
général est décédé. Il y a un nouveau
secrétaire, de sorte qu'on pense pouvoir compléter ce dossier
dans les prochaines semaines.
Pour ce qui est du CRSSS de la région de Montréal
métropolitain, c'est un dossier qui est terminé et
réglé à la satisfaction des parties.
Pour la Société d'habitation du Québec, c'est la
même chose, sauf en ce qui a trait à l'archivage des documents, la
raison étant la suivante. Aux dernières nouvelles, la
société attendait toujours l'approbation de son calendrier de
conservation en vertu de la Loi sur les archives. Si on va dans le bas
de la page, on disait que c'était terminé et qu'il restait deux
dossiers ouverts, dans le fond, la ville de Laval et le Relais
Saint-François. Pour le Relais Saint-François, c'est
réglé. On a un problème avec la ville de Laval. En fait,
c'est réglé et ce ne l'est
pas. On a demandé à la ville de Laval de nous
déclarer les fichiers des opérations policières et cette
dernière a refusé de nous déclarer les fichiers
opérationnels de la police municipale. Elle s'est adressée au
Solliciteur général pour lui demander de présenter un
décret pour rendre confidentiels ces fichiers. Depuis ce
temps-là, on n'a pas de nouvelles. Il y a toujours ce
problème.
Le Président (M. Trudel): Là, on parlait de
1987-1988. L'examen est entrepris depuis quand?
M. White: Cela s'est fait à l'automne 1986. On est
allé à Laval en septembre 1986. Cela dure depuis ce
temps-là. Le problème de la police n'est pas nouveau. Même
la Sûreté du Québec refuse toujours de nous produire des
déclarations de fichiers sur les opérations policières des
corps de police. Il y a seulement le corps de police... Le plus Important qui a
fait ces déclarations, c'est celui de la Communauté urbaine de
Montréal.
Le Président (M. Trudel): D'accord. Qu'est-ce que vous
avez actuellement sur la table de travail?
M. White: Sur la table de travail, le président vous a
parlé du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. C'est un très gros mandat qui est
terminé en partie. Nous avons terminé la première partie
du mandat et nous en avons une deuxième à venir dans les
prochaines semaines en ce qui a trait à la main-d'oeuvre. La raison pour
laquelle nous avons procédé en deux parties, c'est justement - le
député de Taillon en a fait référence un peu plus
tôt - le problème de Élite. Des gens avaient
communiqué de l'information à une agence privée. À
la demande des commissaires, le mandat de vérification a
été modifié en cours de route lorsque cet
événement est survenu. Notre vérification a
été plus étendue sur le système et la
manière dont fonctionnait le ministère. Il y a cela à
l'heure actuelle qui est terminé en partie. Le ministère a
reçu un premier rapport, mais il en recevra un deuxième.
Pour le ministère de la Sécurité publique,
c'étaient les prisons. On est allé dans les prisons provinciales.
Ce n'est pas tout à fait terminé mais c'est sur le point de
l'être.
Nous avons fait quelque chose à la
Télé-université. Nous avons eu plusieurs remarques de gens
qui se plaignent que lorsque les organismes publics adressent du courrier, ils
communiquent des renseignements autres que l'adresse. Alors, on va donner le
nom de l'enfant, le nom du père, le nom de la mère, des
numéros de codes identifiant l'étudiant, le lieu où il
étudie, etc. Comme nous avions eu des plaintes, nous avions un bel
exemple. Télé-université procédait de cette
façon. Alors, nous sommes allés voir
Téléuniversité et ça se règle. D'ailleurs,
dans une brochure publiée dans le bulletin L'Accès, on indique
à tous les organismes qu'on a fait une vérification et que ia
commission a décidé qu'il fallait que seulement les
renseignements nécessaires soient communiqués pour adresser le
courrier. Nous avons également vérifié une ordonnance de
la commission dans le cas de ia ville de Pointe-Ciaire. À !a page 35 i!
est question d'une enquête à la ville de Pointe-Claire concernant
le recensement municipal. Nous avons vérifié, à savoir si
l'ordonnance de la commission avait été respectée. La
commission avait émis l'ordonnance de détruire les renseignements
qu'elle jugeait non nécessaires au recensement. Nous avons
vérifié si cette ordonnance avait été
respectée et c'est positif, l'ordonnance a été
respectée, les renseignements ont été détruits.
Dédaration de fichiers de renseignements nominatifs
Le Président (M. Trudel): Je vous remercie, M. White.
À moins que le député de Taillon n'ait des questions, je
passerai à ia question de ia déclaration de fichiers de
renseignements nominatifs, les récalcitrants delinquents. M. White a
abordé un peu la question à la page 26 du rapport 1987-1988. Il
est assez longuement question du nombre de fichiers qui ne sont pas encore
déclarés, du nombre de récalcitrants. Que certaines
petites villes aient de la difficulté compte tenu d'un personnel
réduit, tout le monde peut le comprendre, mais si la loi doit
s'appliquer à tout le monde, il y a peut-être moyen de trouver des
solutions qui feraient en sorte que ces gens puissent se conformer à la
loi.
Quand vous soulignez que la situation s'est rétablie, parce qu'on
parle de choses qui ont été écrites il y a plus d'un an
maintenant, quand vous parlez de villes aussi importantes que Westmount ou
d'organismes aussi importants que la Communauté urbaine de
Québec, la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal et d'un hôpital qui n'est pas le plus petit au
Québec, l'hôpital Notre-Dame, quand on parle du nombre effarant de
corps policiers qui n'ont pas fait do déclaration de fichiers,
j'aimerais vous entendre sur votre état de satisfaction face à
cette situation et peut-être informer la commission en ce qui a trait aux
délinquants récalcitrants.
M. O'Bready: Voilà. On peut peut-être parler de
récalcitrants, M. le Président, le terme "délinquant"
pouvant avoir une connotation un peu péjorative. Il reste
évidemment encore un nombre assez important soit de
municipalités, de commissions scolaires, ou d'organismes gouvernementaux
qui n'ont pas produit de déclarations de fichiers. Je dois vous dire
que, dernièrement, à titre d'expérience pilote, j'ai
choisi parmi quelque 600 récalcitrants à peu près 10 %,
j'ai pris les principaux... Quinze jours après l'envoi
de ma lettre au plus haut responsable, c'est-à-dire soit le
maire, soit le président du conseil d'administration, le
président de la commission scolaire, nous avions déjà un
retour de plus de 25 déclarations de fichiers sur quelque 63 lettres que
j'avais envoyées. D'autres nous ont demandé de l'aide technique.
On fournit de l'aide technique soit par notre bureau de Montréal, soit
par notre bureau de Québec. On envoie des professionnels rencontrer ces
organismes pour, dans plusieurs cas, leur expliquer comment compléter
les différentes déclarations.
C'est une expérience intéressante. Sur les quelque 600
récalcitrants, il y avait 120 offices municipaux d'habitation. Nous
avons découvert que, pour la majorité, il s'agissait de
très petits offices qui n'avaient pas ou avaient peu de personnel. Nous
avons fait une démarche auprès de la Société
d'habitation du Québec, qui est quand même en relation avec les
offices municipaux, et la société va aider ces 120 offices. D'un
seul coup, d'un seul trait, on va probablement régler 120 dossiers
d'organismes récalcitrants. J'ai aussi passé certains messages
à des gens que j'ai bien connus dans les offices municipaux pour leur
demander d'inciter leurs municipalités à produire ces
déclarations.
D'autres disent: On n'a pas de fichiers, c'est pour ça qu'on n'a
pas communiqué avec vous. Alors, on dit: Envoyez-nous une lettre,
ça constituera une déclaration que vous ne possédez pas de
fichiers dans lesquels il y a des renseignements personnels. Je dois vous dire
que je n'ai pas l'impression qu'on va tous les régler, bien sûr,
il restera peut-être quelques cas problèmes en dehors des fichiers
d'opérations policières, dont M. White faisait mention
tantôt, parce que c'est une question qui n'est pas nécessairement
un refus, mais c'est une question d'interprétation de la loi.
Pour le reste, je dois vous dire que si cette expérience que j'ai
faite se révèle assez satisfaisante, j'ai l'intention de la
répéter par un autre envoi de lettres aux plus hauts responsables
des organismes, de sorte que je pense qu'on pourra en régler plusieurs.
Je ne sais pas si j'ai la liste... Vous avez parié de villes
importantes. Je peux vous dire que dans les derniers jours, nous avons
reçu plusieurs déclarations de villes importantes. Je ne me
souviens pas desquelles, par exemple, mais je sais qu'il y en a plusieurs qui
ont fait leur déclaration. La Communauté urbaine de
Montréal, je pense... Je pourrais transmettre à la commission des
statistiques plus récentes, parce que ce sont des démarches qui
ont été faites au cours des dernières semaines.
Le Président (M. Trudel): On apprécierait, M. le
président, que vous nous fournissiez une liste récente.
M. O'Bready: À Westmount, on me dit que c'est fait, entre
autres.
Le Président (M. Trudel): Peut-être celle à
partir de laquelle vous avez travaillé dernièrement, qui me
semble quand même récente.
M. O'Bready: D'accord. (11 h 45)
Le Président (M. Trudel): On ne vous demande pas ça
aujourd'hui, mais quelque chose qui est plus d'actualité parce qu'au
moment où on va se revoir pour étudier le rapport 1988-1989, il
se sera passé encore un an.
M. O'Bready: C'est cela. Dans le rapport 1988-1989, M. le
Président, il y aura évidemment des statistiques plus
récentes sur les délinquants ou les récalcitrants en date
d'aujourd'hui plutôt qu'en date d'il y a maintenant au-delà d'une
année.
Le Président (M. Trudel): M. le président, est-ce
qu'on sent quand on comprend mieux, quand la commission insiste, qu'il y a
quand même un effort de ces organismes-là pour se conformer
à la loi qui date quand même maintenant de quelques
années?
M. O'Bready: II faut dire qu'il faut toujours faire beaucoup de
pédagogie, j'imagine, quand on arrive avec une loi relativement
nouvelle, comme M. le député de Taillon le mentionnait
tantôt. Cela a bousculé beaucoup dans ce domaine-là et
c'est un peu du droit nouveau. Alors, il a fallu faire quand même
beaucoup de pédagogie. Ce message-là passe de plus en plus. Par
les publications comme celle-ci, qui est peut-être assez humble, qui est
quand même notre bulletin, L'Accès, on passe différents
messages maintenant et on leur fait connaître l'importance de remplir ces
déclarations de fichiers. On tire, par exemple, comme je vous le disais
tantôt, à partir d'enquêtes que nous faisons, des politiques
plus globales qui s'appliquent un peu à tout le monde ou à un
secteur plus général. Je parlais de la formule quant à
l'autonomie des malades en centre d'accueil. On dégage du personnel,
même si les ressources sont relativement modestes, pour se rendre sur les
lieux rencontrer les responsables d'hôpitaux, de centres d'accueil, de
commissions scolaires, de petites municipalités surtout, parce que les
plus grosses sont mieux structurées. Alors, je dois vous dire que cela
bouge. J'ai bien l'impression que, graduellement, on va réduire
possiblement à néant - ce serait l'idéal; je ne sais pas
si on le fera - le nombre de ces récalcitrants.
M. Filion: Le nombre de récalcitrants en juillet de l'an
passé était de 700; maintenant il est de 500 ou 600.
M. O'Bready: De 666 en date de février, mais cela ne tient
pas compte de peut-être 25 ou 30 qui, depuis ce temps-là, s'y sont
conformés, à la suite de ma lettre.
M. Filon: Environ 600. Ce qui me frappe le plus, M. le
Président, c'est qu'on fêtera dans quelques mois le
quatrième anniversaire de leur obligation. C'était le 1er juillet
1985 que les organismes publics étaient censés soumettre leur
déclaration sur les fichiers. Dans quatre ou cinq mois, cela fera quatre
ans que des organismes publics, donc les organismes qui relèvent
directement ou indirectement de l'État, des contribuables, parmi
lesquels il y a un groupe de 600 - c'est quand même assez important - qui
se sont toujours dérobés à cette obligation-là dont
on fêtera non pas le 400° anniversaire, ni le 500° anniversaire,
mais le quatrième anniversaire, le 1er juillet 1989.
Vous nous dites que cela bouge, qu'il y a différents contacts,
des messages, des publications, etc. Il est clair, d'un autre
côté, qu'il y a une résistance inacceptable, quant à
nous. Vous en disposerez comme vous voudrez, mais une petite poursuite à
un moment donné pour aller chercher le noyau dur, cela
m'apparaîtrait - je ne connais pas la loi à ce chapitre, mais si
c'est possible de le faire - être un bon message aussi, parce qu'à
un moment donné, il faudrait arrêter de dépenser des
timbres et faire en sorte que les déclarations de fichiers entrent.
Après tout, le répertoire est bâti. De façon
générale, c'est ce que j'ai à dire là-dessus.
Deuxièmement, J'aimerais peut-être demander à M.
White ou à M. O'Bready de revenir sur les fichiers détenus par
les corps policiers. C'était, je pense, dans votre présent
rapport annuel.
M. O'Bready: À la page 26.
M. Filion: Oui, à la page 26 et aussi à la page 49,
sauf erreur. C'est ça. Dans le cadre du processus de révision de
la loi sur l'accès, la commission a procédé à une
étude des articles de la loi traitant des renseignements ayant des
incidences sur l'administration de la justice et de la sécurité
publique... Intitulée "Les renseignements détenus par les corps
policiers et la loi sur l'accès", l'étude développe les
thèmes suivants. Vous m'excuserez, mais est-ce une étude qui a
été déposée?
M. White: Non.
M. Filion: Non. Y aurait-il objection à ce que cette
étude soit déposée?
M. O'Bready: II n'y a aucun problème, M. le
député. C'est un document qui a été fait à
l'interne chez nous pour étudier la problématique de la police,
mais je ne vois pas de problème à ce qu'on la dépose.
M. Filion: D'accord. À ce moment-là, j'en demande
le dépôt. Le président de la commission s'étant
absenté quelques minutes, on va procéder au
dépôt dès son retour.
Je dois comprendre, MM. White et O'Bready, que, finalement, vos contacts
avec le ministère de la Sécurité publique ont dû
aider énormément, que ça avance à votre
satisfaction dans ce secteur qui est délicat et fragile, etc., mais
j'aimerais peut-être que vous fassiez le point là-dessus.
M. O'Bready: Je voudrais vous dire que sur la question des
fichiers policiers, je me propose de rencontrer le sous-ministre de la
Sécurité publique, M. Beaudoin, dans les prochaines semaines. Je
devais rencontrer son prédécesseur, mais comme il y a eu un
changement, cela a retardé un peu la rencontre.
On doit se rencontrer pour tenter d'éclaircir
l'interprétation de la loi sur la question de la déclaration, du
caractère de confidentialité de certains fichiers, mais il y a
tout un processus à suivre. Alors, je voudrais éclaircir
ça, que si ce n'est pas un refus, ça deviendrait peut-être
l'application de notre loi. D'une part, je dois faire ça pour les
fichiers policiers.
Pour l'autre partie du rapport dont M. White a fait mention
tantôt, la question des établissements de détention,
c'était plutôt sur les données nominatives qui
étaient transférées d'un établissement de
détention à un autre, les dossiers médicaux des
prisonniers qui révélaient une certaine quantité de
renseignements très sensibles, dans bien des cas sur des prisonniers.
Cette partie du rapport, M. le député, procède de
façon satisfaisante, mais, comme M. White le mentionnait, le rapport
vient à peine d'être terminé et il est encore au stade de
l'examen par des officiers du MSP.
M. Fïion: L'an passé, sauf erreur, dans le rapport
annuel, la commission faisait mention que la Sûreté du
Québec n'avait pas déposé son fichier.
M. O'Bready: Elle n'a pas déposé son fichier.
M. Filion: Est-ce que la situation est rétablie ou si elle
n'a pas encore déposé son fichier?
M. O'Bready: Elle n'a pas encore déposé son fichier
d'opérations policières, pas plus que plusieurs autres corps
policiers, d'ailleurs - Laval ne l'a pas déposé. Je pense que M.
White a dit que parmi les gros corps policiers, celui de la CUM -
Communauté urbaine de Montréal - a été
déposé.
M. Filion: D'après le calcul que j'ai fait, il y avait
finalement 107 corps de police qui n'avaient pas déposé leur
fichier, plus la Sûreté du Québec.
M. O'Bready: C'est à peu près ça.
M. Filion: C'est à peu près ça.
M. O'Bready: Oui. Si vous me permettez, tantôt, quand vous
avez mentionné qu'il y avait 600 organismes récalcitrants, je
voudrais juste vous dire que la lettre que je leur envoie est
véritablement une mise en demeure...
M. Filion: Ah!
M. O'Bready:... où je termine, dans le dernier paragraphe,
en disant: À défaut par vous, M. le responsable, de donner suite
à la présente dans les 30 jours...
M. Filion: Ah!
M. O'Bready:... la commission n'aura d'autre alternative que de
prendre les moyens que la loi met à sa disposition. Bla-bla-bla, je ne
m'en rappelle pas trop.
Mais je dois vous dire aussi, je suis un peu obligé de vous le
dire presque à ma gêne ou un peu à ma honte, que sur les
600, il y a 502 organismes municipaux. Ce n'est pas facile parce que parmi eux,
il y a 312 municipalités. Il y en a très peu qui sont de grande
taille. Ce sont toutes de petites municipalités. J'ai moi-même
fait l'exercice de vérifier la liste. Je veux essayer, par une des
unions municipales qui regroupent ces petites municipalités, de
peut-être passer le message. Vous savez que dans plusieurs petites
municipalités - d'abord, il y a 1500 municipalités, tout le monde
sait ça, dont une grosse proportion compte moins de 2000 habitants - il
y en a au-delà de 50 %, dans le temps où j'étais aux
Affaires municipales, qui ont un employé ou moins à leur service.
Alors, bien souvent, que voulez-vous que je vous dise, c'est la directrice de
la caisse populaire qui est en même temps maître de poste...
M. Filion: Oui.
M. O'Bready:... présidente de la commission scolaire et
secrétaire-trésorière. Alors, une déclaration de
fichier - je caricature un peu -cela ne lui dit pas grand-chose parfois.
M. Filion: D'accord.
M. O'Bready: C'est ça qu'on veut essayer de passer comme
message, soit de les aider.
M. Filion: D'accord. M. le Président de la commission de
la culture, en votre absence, j'avais demandé à nos
invités de déposer l'étude...
Le Président (M. Trudel): Oui, celle dont il est question
à la page 49?
M. Filion:... dont il est fait mention à la page 49 et qui
traite des articles de loi et des renseignements ayant des incidences sur
l'administration de la justice et la sécurité publique,
intitulée "Les renseignements détenus par les corps policiers et
la loi sur l'accès". Cette étude n'était pas
déposée, alors nos invités consentent...
Le Président (M. Trudel): Consentent à la
déposer.
M. Filion:... à déposer ce document, dont vous
devez accepter le dépôt.
Le Président (M. Trudel): J'accepte évidemment le
dépôt de cette étude et aux fins du Journal des
débats, je vais répéter le titre: "Les renseignements
détenus par les corps policiers et la loi sur l'accès".
M. Filion: D'accord. Juste une question, peut-être...
Le Président (M. Trudel): Elle est maintenant
déposée. Merci, M. le président de la Commission
d'accès à l'information.
M. Filion: Avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, allez-y.
Transferts de renseignements entre organismes
M. Filion: J'aimerais aborder l'échange de renseignements
entre organismes, dont il est question à la page 37 et suivantes de
votre rapport. Vous vous en souvenez, à l'automne dernier je pense, on
apprenait par les journaux que seize ministères ou organismes
s'apprêtaient à signer une série d'ententes visant
l'échange de renseignements confidentiels sur les citoyens et citoyennes
du Québec. Cela comprenait le registre médical, le casier
judiciaire, l'état de revenus, les opinions politiques, entre
guillemets, ou encore les liens familiaux, et tout ça dans le but de
permettre une administration plus rapide, plus radicale des renseignements pour
différents ministères. C'est facile de considérer
l'intérêt du ministère de la Sécurité du
revenu et du ministère du Revenu, mais if y a aussi d'autres
ministères. Alors, c'était là un vaste réseau
d'échange de renseignements qui visait à économiser des
sous au gouvernement. Il faut vérifier si ce réseau-là ne
constituait pas en même temps ce que j'appellerais un système de
délation organisé. C'était la situation en novembre
dernier.
Il y en avait huit parmi les seize qui n'avaient pas fait l'objet de
demandes d'avis auprès de la commission. Parce qu'on sait que la
commission n'a pas de droit de veto. La Commission d'accès à
l'information - et vous me corrigerez si je me trompe - n'a qu'un pouvoir
d'avis, donc, en quelque sorte, un pouvoir de
conseiller sur ces échanges de renseignements entre
ministères ou organismes. J'aimerais que vous fassiez le point,
peut-être, sur ce dossier. Quelles ont été les suites de ce
vaste projet, comment la commission y a été associée, quel
est le nombre et la nature des avis qui ont été donnés par
la commission?
M. O'Bready: D'accord, M. le député. Je vais
demander à M. White qui a des statistiques toutes fraîches sur le
nombre et le type d'avis que nous avons donnés, de vous les fournir.
Mais je veux juste confirmer que vous avez raison. La commission d'accès
comme telle a un pouvoir d'avis seulement sur ces ententes d'échanges de
renseignements nominatifs. Évidemment, après ça, c'est le
Conseil des ministres qui doit voter un décret pour approuver l'entente
comme telle. Alors, je laisse M. White vous donner les informations
pertinentes.
M. White: Ce à quoi vous faites référence,
M. le député, c'est ce qui a été publié dans
les journaux, selon vous, vers l'automne. Il s'agissait d'un document
émanant du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu visant à établir au
ministère de la Main-d'Oeuvre quelles étaient les ententes que ce
ministère devait négocier dans le cadre de l'application de ses
lois. D'accord? Alors, c'étaient des ententes où le
ministère de la Main-d'Oeuvre disait: Voici avec qui je dois
négocier des ententes pour l'application de mes lois sur l'aide sociale,
la qualification professionnelle, toutes les lois qui sont à
administrer. C'est le document qui a été rendu public.
Le ministère de la Main-d'Oeuvre nous a soumis plusieurs
ententes. On ne les a pas toutes reçues parce que ces gens ne
réussissent pas à négocier avec les autres organismes tout
ce qu'ils veulent avoir. Alors, nous recevons ce qui est négocié.
On a, entre autres - comme on en a parlé ici - l'entente avec Emploi et
Immigration Canada. Nous avons donné des opinions concernant le
ministère de l'Enseignement supérieur sur un couplage, pour
vérifier les étudiants qui peuvent avoir fait des demandes d'aide
sociale et ce, à cause des deux programmes, prêts et bourses. On a
donné aussi des avis sur des communications entre le ministère de
la Main-d'Oeuvre, le ministère de l'Enseignement supérieur et le
ministère de l'Éducation, mais ce ne sont pas des communications
qui sont faites pour trouver des gens qui frauderaient l'un des
ministères. C'était tout simplement pour s'assurer, pour une
personne qui participe à un programme de qualification professionnelle,
que le ministère de l'Éducation ne paye pas la commission
scolaire et que le ministère de la Main-d'Oeuvre ne fait pas le
même paiement, car il y aurait alors double paiement. On a donné
des opinions favorables sur ça. On étudie actuellement une
demande avec le conseil d'arbitrage. Le conseil d'arbitrage agit un peu au nom
du ministère sur certaines choses, c'est-à-dire que le
législateur a confié des responsabilités au conseil
d'arbitrage; le ministère en a aussi et, quand on va au conseil
d'arbitrage, on a besoin de renseignements. (12 heures)
M. Filion: Quel conseil d'arbitrage? Je m'excuse. À
l'intérieur du ministère de la Main-d'Oeuvre?
M. White: Oui, oui, c'est ça. M. Filion: D'accord.
M. White: Je n'ai pas le nombre total pour le ministère de
!a Main-d'Oeuvre. Avec le ministère de la Main-d'Oeuvre, on en a
certainement étudié une dizaine.
M. Filion: En général, est-ce que vos avis ont
été survis?
M. O'Bready: Oui.
M. Filion: En général ou en totalité?
M. O'Bready: Jusqu'à maintenant, je ne connais pas
d'entente qui aurait été approuvée. Est-ce qu'il y en
a?
M. White: II y en a une. Une entente aurait été
approuvée par le Conseil des ministres.
M. O'Bready: Laquelle?
M. White: À l'encontre d'un avis défavorable de la
commission.
M. Filion: De quelle entente s'agissait-il?
M. White: Du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Commission de l'emploi et de l'immigration.
M. Filion: Et sur quel motif portait l'avis
défavorable?
M. White: La commission acceptait que le ministère de la
Main-d'Oeuvre reçoive des renseignements d'Emploi et Immigration Canada
concernant les assistés sociaux qui pourraient retirer de
l'assurance-chômage. D'accord? La commission a refusé le pendant,
c'est-à-dire que la Commission de l'emploi et de l'immigration
reçoive des renseignements concernant d'ex-béneficiaires...
M. Filion: De l'aide sociale.
M. White:... d'assurance-chômage.
M. Filion: Des anciens bénéficiaires.
M. White: C'est ça. Dans le fond, c'était en
vue de récupérer des montants. Cela se faisait par
couplage. La commission a prétendu que la Commission de l'emploi et de
(immigration avait tous les pouvoirs pour procéder autrement que par
couplage.
M. O'Bready: Incidemment, M. le député, aux pages
37 et 38 de notre rapport 1987-1988, on fait état de tout l'historique
de cet avis. 4. 3. 1: Avis relatif à un projet d'entente.
M. Filion: Oui, voilà, c'est ça. D'ailleurs, il y
avait quelque chose qui m'avait frappé là-dedans. Le couplage a
donc eu lieu malgré l'avis défavorable de la Commission
d'accès à l'information.
M. White: II y a eu un décret.
M. Filion: II y a eu un décret au Conseil des
ministres.
M. White: Qui a dû je suppose, être
déposé à l'Assemblée nationale.
M. Filion: Je soulève peut-être une idée, M.
le président, pour...
M. O'Bready: II serait peut-être intéressant de
mentionner aussi, pour le bénéfice des membres de la commission
de la culture, que l'appareil gouvernemental a maintenant ce réflexe,
à partir du Conseil exécutif et dans tous les ministères,
qu'aucun projet d'entente pour de tels échanges ne sera
étudié ou encore plus loin, approuvé au Conseil
exécutif, sans que la commission ne se soit prononcée.
M. Filion: J'espère que c'est plus qu'un réflexe,
c'est la loi.
M. O'Bready: Ah non! C'est vraiment... On n'est pas sûr
que, même si c'était la loi avant...
M. Filion: Ah bon!
M. O'Bready: C'est vraiment passé dans les moeurs.
M. Filion: Ah bon! D'accord. Avant ça, le réflexe
était de dire: On fait le couplage et on oublie la Commission
d'accès à l'information. Au moins, la commission d'accès
est là. Est-ce bien ce que vous me dites?
M. O'Bready: Oui.
M. White: II n'y a pas seulement ça. Je pourrais ajouter
à ce sujet qu'en vertu de l'article 67 de la loi sur l'accès
à l'information, une entente c'est pas nécessaire. Si c'est un
échange et que la communication est donc nécessaire à
l'application d'une loi, l'entente n'est pas nécessaire donc, l'avis de
la commission ne l'est pas non plus.
Ce qui se produit, c'est qu'il y a des organismes qui ont dans leur loi
l'obligation d'obtenir quand même un décret du gouvernement. C'est
actuellement le cas de la Régie des rentes, de la Régie de
l'assurance-maladie, d'un certain nombre d'organismes.
Quand, ces organismes envoient des ententes, des décrets au
Conseil exécutif, en prétendant qu'il s'agit d'un échange
visé par l'article 67 de la loi sur l'accès à
l'information, au Conseil exécutif on a le réflexe de nous
envoyer ça et de nous demander notre opinion pour savoir s'il s'agit
bien d'un cas relevant de l'article 67.
M. Filion: Cela, c'est l'application de l'article 70 de votre
loi, n'est-ce pas, par rapport à l'article 68 et à l'article
67?
M. White: C'est ça.
M. Filion: Bon. Ce que vous nous dites, ça devient plus
important. Au moins, ça a développé un réflexe qui
pourrait peut-être déborder l'article 68 et toucher l'article 67.
C'est ça? Cela va.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que ça va sur
cette question? Avez-vous d'autres questions, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Juste une idée. Lorsque l'entente a lieu
malgré un avis défavorable de la commission, ce serait
intéressant que, lorsque l'entente est déposée à
l'Assemblée nationale, elle contienne une mention disant que la
Commission d'accès à l'information a émis un avis
défavorable, pour informer les parlementaires du fait que la Commission
d'accès à l'information a émis un avis
défavorable.
M. O'Bready: On me dit que notre avis est toujours
déposé en même temps que le décret.
M. White: C'est ce que prévoit la loi.
M. Filion: C'est ce que prévoit la loi. Bon. C'est
à vérifier parce que cela ne semble pas être le cas. En
tout cas, c'est à vérifier.
M. White: C'est ce que prévoit l'article 70 de la loi.
M. Filion: II nous reste peu de temps. Ce qui est difficile,
c'est de faire la distinction entre les articles 67 et 68. Est-ce que c'est
ça? C'est ça, n'est-ce pas? D'accord.
À ce moment-là, c'est une sorte d'invitation au
rédacteur de la future loi à se pencher là-dessus.
Effectivement, quand on lit l'article 67 et l'article 68. 1, ce n'est pas
toujours facile de faire la distinction.
Je ne veux pas éterniser les débats, d'au-
tant plus que j'ai quelques autres petites questions.
Le Président (M. Trudel): Allez-y donc, M. le
député, avec votre série d'autres questions.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Trudel): J'aurai peut-être un petit
sprint final sur les tableaux statistiques.
Après, si vous ne le faites pas, le mandat sera accompli.
Sécurité des fichiers
informatisés
M. Filion: J'en ai glissé un mot dans mes remarques
préliminaires: la question de la sécurité des fichiers
informatisés. D'une part, dans votre rapport annuel, vous
déplorez certaines lacunes qui entourent la sécurité des
fichiers, en notant, en particulier, l'accessibilité aux mots de passe
à des personnes qui ne seraient peut-être pas
autorisées.
De l'autre côté, le Vérificateur
général, depuis plusieurs années et depuis plusieurs
rapports, nous dit exactement la même chose. Il nous informe lui aussi
dans son dernier rapport annuel et dans tous les autres, qu'il y a non-respect,
si l'on veut, de certaines normes gouvernementales et qu'il y a un manque de
rigueur dans les contrôles d'accès aux ressources
informatiques.
Plus particulièrement, le Vérificateur
général nous pointe du doigt à chaque année
certains organismes: la RAMQ, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu - mais vous êtes passés par
là - la RAAQ. Ma suggestion est la suivante et je ne sais pas dans
quelle mesure elle peut se concrétiser. N'y aurait-il pas lieu de
conjuguer vos efforts à ceux du Vérificateur
général pour faire en sorte que les renseignements que les
organismes publics détiennent sur les citoyens et citoyennes du
Québec puissent être munis d'une protection suffisante pour en
assurer une pleine sécurité?
Le Protecteur du citoyen nous dit ça chaque année. Vous le
soulevez et on ne semble pas avancer beaucoup. On a des systèmes
informatisés extrêmement sophistiqués, d'autant plus qu'ils
font du couplage. Donc, en allant au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, vous pouvez avoir un tas de renseignements
sur un tas de personnes mais la sécurité,
l'étanchéité j'allais dire de ces mécanismes, est
loin d'être assurée, au dire du Vérificateur
généra! et au vôtre.
De quelle façon avez-vous l'intention de vous attaquer à
ce problème à l'avenir? Est-ce que, peut-être en conjuguant
vos efforts avec ceux du Solliciteur général, on n'arriverait pas
à faire bouger le monstre bureaucratique dans le sens d'une meilleure
protection?
M. White: M. le député, là-dessus je peux
peut-être philosopher un peu en vous disant que sur la question de la
sécurité informatique, on peut bien collaborer avec le
Vérificateur général, mais que je ne suis pas sûr
qu'on va s'entendre parfaitement avec lui. Les approches ne sont pas tes
mêmes. Je pense qu'on n'a pas les mêmes conceptions. Cela se
comprend peut-être. S'il est vrai, entre autres, qu'à la
Main-d'oeuvre, il y a beaucoup de gens qui ont accès aux renseignements
informatisés, il est également vrai qu'aussitôt que
quelqu'un a accès, il y a un enregistrement qui est conservé
pendant cinq ans, de sorte qu'on peut retrouver qui a demandé
i'accès au dossier, de qui, à quel moment, à partir de
quel terminal?
À ce moment-là, on peut savoir s'il y avait des raisons et
interroger la personne. C'est ce qui est arrivé, d'ailleurs, dans le cas
que vous avez soulevé un peu plus tôt, le cas Élite. Il y a
un logiciel qui s'appelle logiciel Top Secret, qui garde toutes ces
données. À partir du moment où on a su quelle était
la personne visée par la demande d'information, tout le monde
était capable de retrouver qui avait demandé l'accès
à ce renseignement. Il y a des systèmes de sécurité
qui existent. Le problème, je pense, n'est pas là. Le
problème c'est qu'il faut habituer les gens à ne pas utiliser ces
choses pour des besoins qu'ils n'ont pas, pour des besoins autres que des
besoins légitimes.
Il est là le gros problème. C'est que les gens y ont
accès - on est capable de les retrouver - mais ils l'utilisent à
d'autres fins que celles pour lesquelles ces renseignements sont
conservés. On voit cela encore fréquemment dans le CRPQ, le
Centre de renseignements policiers du Québec. On a vu récemment
un individu, un policier de Gatineau qui, semble-t-il, fournissait des
renseignements à une agence privée. Mais, comment le
retrouve-t-on? La commission pourrait le retrouver et les gens de la
Sûreté qui font enquête vont le retrouver. À partir
du moment où on a une information, parce qu'il y a des logiciels de
sécurité, les renseignements y sont contenus. On aura tous les
plus beaux systèmes de sécurité informatique, si les gens
ne sont pas conscients qu'ils manipulent de l'information confidentielle, de
l'information qui ne doit pas être communiquée à d'autres
fins que celles pour lesquelles elle a été recueillie, on aura
toujours les mêmes problèmes. La sécurité
informatique commence, je pense, par la personne qui est assise devant un
terminal et qui doit avoir l'éthique de ne pas utiliser les
renseignements à d'autres fins.
M. Filion: Vous avez une question?
Le Président (M. Trudel): Cela va sur cela.
M. Filion: Non.
Le Président (M. Trudel): Si vous avez autre chose,
allez-y.
M. Filion: Je peux...
Le Président (M. Trudel): C'est parce que je ne veux pas
qu'on fasse voyager les membres de la commission. Si c'est sur le même
sujet, poursuivez.
M. Filion: Non. Sur le même sujet...
Le Président (M. Trudel): C'est terminé
là-dessus.
M. Filion:... j'ai terminé.
Statistiques
Le Président (M. Trudel): D'accord. Oui. Ce que j'ai
annoncé comme étant un petit sprint de statistiques, strictement
pour mettre la commission a jour sur les statistiques de 1987-1988, vous disiez
tantôt, M. le président - je pense que c'était à
l'occasion de vos remarques préliminaires - que vous étiez rendus
à environ 200 demandes de révision par année. On en avait
169 au cours de l'exercice 1987-1988. Donc, on peut présumer que cela
augmente. Est-ce qu'on peut commencer à parler de stabilisation - le
député en parlait tantôt - ou allez-vous me répondre
que c'est difficile à dire?
M. O'Bready: Incidemment, on me faisait remarquer que pour
l'année qui va se terminer dans quelques semaines, ça sera
plutôt 250 demandes de révision que 200. (12 h 15)
Le Président (M. Trudel): Donc, c'est une centaine de plus
que l'année précédente.
M. O'Bready: Cela a augmenté. Évidemment, il y a un
plus gros volume. Les gens sont plus conscients de l'existence de la loi en
matière d'accès à l'information. Nous avons diffusé
une information très légère par des dépliants et
des choses comme ça, mais il y a de plus en plus d'utilisateurs de la
loi, dans ses mécanismes d'accès à l'information. C'est
toujours difficile de faire des projections si ça continuera dans la
même tendance. C'est bien sûr que seul le temps pourra nous le
révéler, M. le Président. Mais on sent qu'il y a quand
même une utilisation beaucoup plus grande qui est faite.
Le Président (M. Trudel): Mais si on parle d'accès
aux documents, toujours à la page 51, dans le tableau qui résume,
vous indiquez 74 demandes de révision d'une demande d'accès aux
renseignements personnels. Quel serait le chiffre correspondant pour la
période actuelle? Je sais bien que l'année n'est pas
terminée, mais...
M. O'Bready: Je ne l'ai pas, malheureusement, pour l'année
qui se termine, sur les renseignements personnels. Depuis le début de
l'existence de la commission, nous avons reçu 412 demandes
d'accès aux renseignements personnels. Alors, ça fera environ
cinq ans en juillet que la loi est en vigueur. Donc, ça veut dire une
moyenne de 80 demandes par année, en ce qui concerne les renseignements
personnels.
Le Président (M. Trudel): Oui, on parle bien de...
M. O'Bready. Je ne parle pas des documents, je parle des renseignements
personnels.
Le Président (M. Trudel): Des renseignements
personnels...
M. O'Bready: C'est ça. Vous m'avez posé la
question. Alors, il y a eu au-delà de 700 demandes pour l'accès
aux documents et au-delà de 400 pour les renseignements personnels dans
les quatre ans et demi de vie de la commission.
Le Président (M. Trudel): D'accord. À la page 53 de
votre rapport 1987-1988... Je ne demanderai pas d'actualisation. Vous indiquez,
dans la catégorie des demandeurs, 83 citoyens, 17 journalistes, 17
syndicats, 21 entreprises. Pouvez-vous me donner, quant aux entreprises,
à tout le moins, quel genre de document elles veulent se procurer?
M. O'Bready: Cela peut être des entreprises qui veulent
avoir différents documents qui sont détenus par des
ministères. Je pense à des questions de soumissions, des contrats
qui ont été alloués par la SIQ ou des ministères,
par exemple le ministère des Approvisionnements et Services. Ce sont ces
genres d'entreprises qui, souvent, vont faire des demandes d'accès.
Le Président (M. Trudel): D'accord. Je note qu'il y a une
entreprise qui a demandé accès à son dossier personnel. Je
me souviens que, pendant les audiences de la commission l'an dernier, on avait
discuté de cet aspect, que la loi donnait accès aux entreprises.
Je pense que ce sont des gens qui n'étaient pas dans une entreprise
privée. Je ne me souviens pas si c'étaient les gens d'Auto-Psy
qui nous avaient dit: Nous avons demandé à la commission de nous
donner l'état de notre dossier. Donc, dans ce cas-là, Auto-Psy ne
voulait pas avoir un renseignement concernant un dossier d'un de ses clients,
mais des renseignements la concernant. Ce n'est peut-être pas d'elle que
vous parlez à la page... C'est plutôt l'Église de
Scientologie. Je remercie le recherchiste du Parti québécois.
Mme Wallace: Cela peut avoir été, par exemple, une
compagnie d'assurances qui voulait obtenir de la police le nom des victimes
d'un acte criminel ou le nom des gens impliqués dans un accident. Cela
peut être ce genre de dossier.
Le Président (M. Trudel): Oui, mais ce que
je demandais, c'était sur l'accès à son dossier
personnel. Donc, une compagnie, présumément, voudrait avoir
accès à son propre dossier.
Mme Giroux: M. le Président, sans me souvenir du cas, je
pense que ça doit être vraisemblablement... Si c'est le cas, c'est
une demande qui a été refusée. Mais ça peut avoir
été présenté. La loi n'empêche pas une
compagnie de présenter...
Le Président (M. Trudel): De présenter, oui...
Mme Giroux: Mais, vraisemblablement, c'est une demande qui a
été rejetée, parce que non recevable.
Le Président (M. Trudel): Très bien, c'est
ça. C'est ce qu'on avait discuté l'an dernier.
Mme Giroux: Voilà.
Le Président (M. Trudel): Les dernières questions,
quant à moi, sont aussi sur le plan statistique. Mais vous
élaborez quand même assez longuement dans le rapport les 69
demandes reçues pour fins d'études, de recherches ou de
statistiques. Il en avait été longuement question à
l'occasion de l'étude qu'on faisait de vos recommandations avec vous
l'an dernier. Est-ce que, de ce côté-là, il s'est
présenté des problèmes particuliers? Vous soulignez, dans
votre rapport, que la plupart - pour ne pas dire 100 % - des demandes
reçues sont accordées parce que, étant donné
qu'elles étaient sérieuses, il n'y a pas eu de points majeurs
d'accrochage.
M. O'Bready: Depuis le début de l'existence de la
commission, si ça peut vous intéresser, nous avons reçu
262 demandes, en date du mois de février 1989, ce qu'on appelle des 125,
c'est-à-dire des autorisations d'obtenir des renseignements
nominatifs.
Le Président (M. Trudel): Vous commencez à parler
comme des policiers.
M. O'Bready: Pardon?
Le Président (M. Trudel). Vous commencez à parler
comme des policiers.
M. O'Bready: Non, non. Ce sont des demandes de recherches. Il y
en a eu de refusées, si on a jugé que la recherche était
futile ou des choses comme cela. Normalement, la majorité des demandes
qui nous sont soumises, M. le Président, sont acceptées, mais
avec des conditions. C'est que la commission va poser beaucoup de conditions,
en particulier pour s'assurer premièrement que les données
nominatives ne serviront pas à d'autres fins que la recherche;
deuxièmement, qu'après cela, elles seront détruites pour
ne pas qu'elles puissent circuler. On pose toute une série de conditions
comme cela. Il y a toujours un enquêteur chez nous qui examine le
dossier. Le dossier est soumis en assemblée plénière aux
trois commissaires. Ce sont les trois commissaires qui rendent les
décisions. Dans certains cas, cela pose des difficultés, il faut
l'admettre, mais de plus en plus, la commission établit certaines
traditions en matière d'accès aux données nominatives pour
fins de recherche. On a d'ailleurs publié une brochure qu'on doit mettre
à jour, bien sûr...
Le Président (M. Trudel): Oui, on l'a eue.
M. O'Bready:... que je vous ai peut-être déjà
donnée, qui dit aux chercheurs un peu à quoi s'en tenir.
Le Président (M. Trudel): Quant à moi, cela termine
le sprint. Je pense que le député...
Délai d'audition
M. Filion: Sur les tableaux, vous avez déjà
posé, M. le Président, plusieurs des questions que je voulais
poser; j'en avais deux. L'une n'est pas comprise là-dedans: quel est
votre délai pour... En 1986-1987, vous avez eu 129 auditions; en
1987-1988: 81. Je crois comprendre que le nombre sera un peu plus grand cette
année. Quel est votre délai d'audition?
M. O'Bready: II manquait évidemment un commissaire durant
une partie de l'année...
M. Filion: Oui.
M. O'Bready:... alors cela a peut-être fait moins
d'auditions.
M. Filion:... comme c'est signalé dans votre rapport.
M. O'Bready: Le délai, moi, j'ai bien l'impression... Je
vous dirai, à l'oeil, qu'il est de deux mois entre le temps où la
demande entre et le temps où elle est entendue par un ou une
commissaire. Il faut cependant que je vous dise quelque chose, c'est qu'on a
beaucoup, souvent en tout cas, des demandes de remise. Cela peut retarder le
délai entre le moment où la demande a été faite et
l'audition parce qu'il y a de plus en plus d'avocats d'impliqués dans
les dossiers et qu'on a souvent des demandes de remise; parfois c'est bon parce
que cela conduit à un désistement ou à une
déclaration de règlement hors cour; parfois, cela retarde
évidemment l'issue de la cause. C'est à peu près deux
mois.
M. Filion: Oui, Mme Wallace, vous voulez peut-être...
Mme Wallace: Je pense que ce qui s'est
passé, c'est qu'on a quand même pris un certain retard
à cause du fait qu'il nous a manqué un commissaire durant presque
un an. Il y avait certainement une période au cours de l'année
dernière où les gens attendaient pendant six mois avant d'avoir
une audition. Avec l'arrivée de M. O'Bready, cela aide beaucoup et
là, on est entré, je pense, dans ses propres dossiers; deux mois,
ce doit être cela. Je vous avoue que j'ai encore un retard que j'ai
accumulé de la période où on était moins nombreux
mais...
M. Filion: D'accord.
Mme Wallace:... cela s'améliore beaucoup.
M. O'Bready: Nous sommes très ouverts à
l'information; on se confesse publiquement.
M. Filion: Non, mais c'est très bien. Ma question traduit
une préoccupation constante que les délais soient les plus courts
possible pour des raisons qu'on a bien explicitées tantôt.
M. O'Bready: D'une récente réflexion interne que
nous avons faite, rapidement, je peux vous dire que c'est l'une des
priorités des trois commissaires de réduire autant que faire se
peut le délai entre la demande et la décision finale transmise
aux parties.
Catégorie de demandeurs
M. Filion: La deuxième et dernière question sur les
tableaux, c'est une curiosité. Dans le tableau 5, quelles sont les
catégories de demandeurs? On a les citoyens, les journalistes, les
syndicats, les groupes de pression, les élus, les partis politiques, les
entreprises, les avocats et les organismes publics pour des demandes
d'accès aux documents administratifs. Organismes publics, cela doit-il
s'entendre dans le sens de la loi sur l'accès? J'aimerais avoir des
explications là-dessus.
Mme Giroux: II faut noter tout de suite, M. le
député, que sur les onze organismes publics, il y en a six qui
sont dans la rubrique "Demandes abusives". Donc, par définition
même, ce genre de recours est fait par un organisme public.
M. Filion: Oui.
Mme Giroux: Donc, tout de suite, vous avez plus de la
moitié qui sont des demandes abusives, ce qui veut dire - c'est
l'article 126 de la loi - que lorsqu'un organisme a reçu de trop
nombreuses demandes de la même personne, c'est à lui, l'organisme
public, qu'il incombe de venir devant la commission pour lui demander de
l'autoriser à ne pas tenir compte des demandes de ce citoyen. Sur les
onze organismes publics demandeurs, vous en avez plus de la moitié qui
sont dans cette catégorie-là; il n'en reste que cinq.
M. Filion: Mais là, on est dans les demandes de
révision et je parle plus particulièrement d'accès aux
documents administratifs, non pas de demandes abusives.
Mme Giroux: D'accord. Les cinq?
M. Filion: Oui.
Mme Giroux: Ah bon!
M. O'Bready: Cela pourrait être, par exemple, un centre
d'accueil qui demanderait au ministère de la Santé et des
Services sociaux les résultats d'une enquête qu'il a faite sur
l'administration du centre d'accueil. Cela pourrait être des choses comme
ça. Probalement que c'est cela.
Mme Giroux: Moi, je me souviens d'un cas que j'ai eu.
C'était une MRC qui avait un litige avec une municipalité pour
avoir des documents et qui a utilisé la loi sur l'accès pour les
obtenir, mais c'est bel et bien organismes publics au sens de la loi sur
l'accès; mais ce sont des cas vraiment exceptionnels.
M. Filion: J'espère que la médiation est plus
facile dans ces cas-là. Sur les tableaux, ça va.
Le Président (M. Trudel): Avez-vous d'autres...
Objectifs
M. Filion: Peut-être en terminant. Dans son rapport qui est
signé par la présidente par intérim, vous nous faites part
de plusieurs objectifs à court et à moyen terme qui s'imposent
d'eux-mêmes à la commission. Parmi ceux-ci, je note une plus
grande présence dans le milieu pour informer la population et pour faire
de la commission l'organisme garant de la protection de la vie privée.
Je note également un effort accru à la recherche et à la
réflexion, de même qu'une plus grande coercition à
l'égard des récalcitrants. La présidente par
intérim de conclure, à la page 10 de son rapport: "Certes ces
objectifs devront être confirmés, concrétisés puis
actualisés. Ce sera probablement l'oeuvre du prochain titulaire du
poste... " qui, au moment de la rédaction, était vacant. Je
voudrais savoir, du président de la Commission d'accès à
l'information, M. O'Bready, qui est avec nous, s'il fait siens ces objectifs et
comment il entend les concrétiser vu que nous avons fait, ce matin, cet
exercice bien partiel, tout de même, de revue de l'ensemble des forces et
des faiblesses, si l'on veut, surtout des forces quant à moi, des
problèmes et des solutions qui sont propres à la commission.
Peut-être que le président, à l'aide de ces objectifs qui
sont contenus au rapport
annuel, veut nous faire part de façon très personnelle de
son approche vis-à-vis de l'année qui vient.
M. O'Bready: Je dois vous dire, M. le député, que
lors de mon arrivée à la commission, j'ai d'emblée
accepté ces grandes orientations d'avenir que s'était
données la commission. Nous avons tenu une couple de Lac à
l'Épaule, entre guillemets, depuis ce temps, soit entre commissaires et
cadres supérieurs ou même, récemment, avec l'ensemble du
personnel des services juridiques et de la direction de l'analyse et de
l'évaluation. Par écrit, j'ai souscrit à l'ensemble de ces
objectifs plus peut-être une couple à saveur un peu plus locale.
En ce qui regarde la recherche, la commission a approuvé
récemment quatre mandats. Il faut comprendre qu'on fera cela à
l'intérieur de chez nous avec nos ressources. Alors,
premièrement, c'est sur le "Computer matching", l'autre est sur
l'accès aux dossiers médicaux et l'autre, c'est sur l'utilisation
d'identifiants universels tels que le numéro d'assurance sociale, le
numéro d'assurance-maladie et un prochain qui aura trait justement
à l'actualisation du dossier de la recherche. C'est l'un des objectifs
pour la partie de la recherche.
Quant à la partie de l'information, je vous répète
qu'avec le budget et les ressources humaines que nous avons, nous tentons
d'être plus présents dans le milieu par ce genre de petits
dépliants qui donnent des réponses à vos questions et qui
s'adressent aux citoyens pour leur dire la manière d'utiliser la loi
d'accès, où et comment obtenir des renseignements personnels,
comment se plaindre et comment faire rectifier leurs dossiers. Nous avons aussi
des brochures un peu plus spécialisées. Entre autres, nous avons
été présents à un congrès
d'infirmières où nous leur avons donné une brochure
expliquant c'est quoi, par exemple, les renseignements nominatifs en milieu
médical. Alors, c'est une deuxième grande orientation. Il y a eu
aussi notre présence personnelle par des conférences
prononcées soit par des membres de services juridiques, soit par le
président ou soit par les commissaires dans différents forums et
congrès. Je vous ai parlé aussi de l'emphase que nous voulions
mettre cette année sur la protection de la vie privée. C'est une
philosophie que je partage. On tente de plus en plus de s'intéresser
à cela et d'intéresser tout le monde à faire une certaine
pédagogie.
Je sais que le temps est à la veille d'être expiré,
J'irai donc assez rapidement, tout de même, dans une espèce de
tour d'horizon. Je dois vous dire que je partage cela et je parlerai
peut-être d'une note que j'ai ajoutée tantôt sur la question
des récalcitrants et/ou délinquants: j'ai mis moi-même
l'emphase sur cela par des lettres personnalisées et pour les convaincre
de se conformer. J'ai une dernière observation. On a parlé de
judiciarisation. Moi, je peux vous dire qu'un objectif personne! partagé
par ies commis- saires, ce n'est pas de judiciariser la commission
d'accès, c'est de tenter d'en alléger le processus autant que
faire se peut. Notre loi ne prévoit pas de médiation
structurée comme la loi ontarienne, mais cela ne nous empêche pas
de le faire de façon officieuse. Alors, la commission tente, par ses
officiers, avocats ou professionnels, parfois des médiations dans des
dossiers. I! faut le faire avec une certaine réserve, en étant
très diplomate et très délicat, parce que lorsqu'on a
après cela à faire de l'adjudication, il ne faut pas que ia
commission ait entaché son jugement d'avance et qu'elle soit
accusée de manque d'objectivité. Je pense que les deux objectifs
sont quand même conciliables, sans pour autant faire souffrir les
justiciables.
Voilà les objectifs que je partage, qui ont été
endossés par l'ensemble des trois commissaires et qui ont
été également, il y a à peine quinze jours,
endossés par l'ensemble des cadres et des fonctionnaires de !a
Commission d'accès à l'information.
M. Filion: Je vous en remercia et, encore une fois, je vous
remercie de vous être livré à cet exercice annuel,
démocratique et, j'espère, efficace.
M. O'Bready: C'est moi qui vous remercie, mesdames et messieurs
les députés et M. le Président de la commission.
C'était ma première expérience en matière
d'accès. Alors, n'ayant pas la prétention de connaître tout
ce qui s'était fait avant moi, même peut-être tout ce qui
s'est fait depuis que je suis là, j'ai donc dû avoir recours
à des collaborateurs. J'espère qu'ils ont bien su vous
renseigner.
Je vous remercie de votre temps et de votre disponibilité et vous
assure de notre disponibilité, même en dehors de ces forums plus
officiels, si jamais on peut vous être de quelque utilité. Merci,
messieurs, dames.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Taillon. Merci, M. le président et Mmes les
commissaires, ainsi que les cadres. Encore une fois, je pense que ç'a
été un exercice utile, même très utile; cela aura
permis à la commission, entre autres, d'actualiser les renseignements
qu'elle peut posséder sur vous, puisqu'on parle d'accès à
l'information.
Comme je le disais au début de la séance, ce n'est jamais
facile d'être un an en retard et de poser des questions sur le
passé quand il faut y mélanger l'avenir. Il me reste à
souhaiter que le gouvernement agisse dans les meilleurs délais en ce qui
a trait tant à vos recommandations qu'aux nôtres, puisque pour la
plupart d'entre elles, elles sont conjointes et communes, notamment sur la
question d'intervention dans le secteur privé.
Enfin, je vous assure, M. le président, de l'appui de cette
commission comme j'en ai assuré vos prédécesseurs. Je
pense que nous avons
développé, au cours des trois dernières
années, des liens étroits et fructueux et j'ai bon espoir qu'il
en sera ainsi pour l'avenir. Merci beaucoup et à la prochaine.
La commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 33)