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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Trudel): La commission de la culture se
réunit ce matin pour procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires culturelles
pour l'année 1989-1990.
Je constate que nous avons quorum. Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire: Aucun.
Le Président (M. Trudel): Aucun remplacement?
M. Boulerice: M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplacera Mme Harel
(Maisonneuve).
Le Président (M. Trudel): M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplace Mme Harel (Maisonneuve). Merci.
M. Boulerice: Mme Blackburn.
Le Président (M. Trudel): II a été convenu
qu'il y aurait six heures de discussion. Alors, sans plus tarder, Mme la
ministre, tout en vous souhaitant la bienvenue pour la quatrième fois,
je pense, ce sont les quatrième crédits que vous défendez
cette année, je vous cède immédiatement la parole pour vos
remarques préliminaires, lesquelles seront suivies de remarques du
même genre et, espérons-le, de la même qualité de la
part de M. le député de Saint-Jacques. Après cela nous
engagerons le débat sur vos crédits.
Remarques préliminaires
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: Je vous remercie, M. le Président. Avant de
commencer, j'aimerais vous présenter les gens qui m'accompagnent
aujourd'hui pour l'étude des crédits: Mme Nicole Malo,
sous-ministre du ministère, Mme Michelle Courchesne, sous-ministre
adjoint au milieu culturel, M. Henri-Paul Chaput, sous-ministre adjoint aux
institutions nationales, M. Claude Archambault, directeur général
de l'administration au ministère, M. Serge Doyon, directeur des
ressources financières, Mme Louise Lachapelle, secrétaire du
ministère, Mme Louise Bourassa, du secrétariat du
ministère, M. Antoine Godbout, directeur de mon cabinet, M. Gilles
Pineau, mon secrétaire de presse, M. Luc Lafrance, un de mes adjoints et
vous voyez entrer M. Charles Denis, le président de la SOGIC. Je pense
avoir fait le tour, M. le Président.
M. le Président, comme chaque année, je me présente
devant vous afin de vous informer des réalisations accomplies par le
ministère des Affaires culturelles pendant l'année qui vient de
se terminer et aussi des priorités que j'entends retenir pour
l'année qui s'amorce. J'aime bien voir au-delà de l'exercice
annuel de la défense des crédits, qui est en soi aride et, sous
un certain angle, aussi réducteur et je souhaiterais plutôt que
nous en fassions une occasion de nous mobiliser pour notre développement
culturel collectif et que cela se traduise par une solidarité
gouvernementale accrue.
C'est dans cet esprit que je vous invite à analyser les
réalisations de 1988-1989 ainsi que les projets à venir. Je ne
vous cache pas que j'éprouve une certaine fierté à
constater que la plupart des objectifs que nous avions fixés en 1988 ont
été atteints. Je ressens aussi un enthousiasme certain devant ce
qu'il nous reste à accomplir. Le chemin parcouru depuis trois ans
témoigne avec éloquence de la justesse de notre vision en
matière de développement culturel et illustre tout aussi
justement la volonté du gouvernement de contribuer par tous les moyens
à l'évolution de la collectivité
québécoise.
Aussi, quand je vois ce que nous avons fait depuis bientôt trois
ans et demi que je dirige le ministère des Affaires culturelles, force
m'est de constater que nous avons franchi des étapes capitales pour le
mieux-être de nos artistes, de nos créateurs, mais cela ne nous
fait pas oublier le chemin à parcourir encore. Nos artistes demandent,
parce qu'ils ont besoin et ce besoin est un dû de la
société à ceux et celles qui assurent, par leurs
créations et leurs productions, une identité propre et distincte
au peuple que nous constituons.
L'an dernier, à pareille époque, je vous disais que le
temps était venu d'amener ia société
québécoise à considérer que l'intégration
des valeurs culturelles et des actions qui en découlent, dans les
préoccupations des individus aussi bien que dans celles des
sociétés et des regroupements qui les représentent, doit
avoir des retombées concrètes et que le gouvernement a pour
mission de jeter les bases d'un partenariat renouvelé dans cette
nouvelle dynamique. Plusieurs outils ont donc été
créés ou repensés afin que l'introduction de ce nouveau
schéma d'intervention soit favorisée.
Pour l'exercice 1988-1989, le ministère des Affaires culturelles
disposait lors du dépôt des crédits, de 215 200 000 $. On
prévoit toutefois que les dépenses auront atteint 224 300 000 $
au 31 mars 1989. L'augmentation au livre des crédits a donc
été de 17, 9 % l'an dernier par rapport à l'année
précédente, ce qui nous a permis d'atteindre 0, 68 % du budget de
l'État. Le ministre des Finances ayant ajouté 5 000 000 $ pour la
relève, la proportion du budget de l'État consacrée au
ministère des Affaires culturelles se trouvait alors portée
à 0, 7 %.
Les crédits additionnels alloués à la culture ont
alors été affectés à l'amélioration des
conditions de vie des créateurs et des artistes professionnels,
à l'aide à la production, au développement et à la
diffusion des arts d'interprétation, ainsi qu'au développement du
réseau des bibliothèques et des grandes institutions
nationales.
L'adoption de la Loi sur le statut professionnel et les conditions
d'engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma, en
décembre 1987, a amené la création de la Commission de
reconnaissance des associations d'artistes. Cette dernière, qui a
été instaurée le 1er avril 1988, est devenue pleinement
opérationnelle en novembre dernier.
Cette loi a, de plus, permis de définir la notion d'artiste
professionnel, ce qui s'est avéré déterminant pour
l'évolution d'autres dossiers qui faisaient depuis longtemps l'objet de
demandes. Ainsi, sur cette nouvelle base, le ministère du Revenu a pu
modifier son bulletin d'interprétation à l'avantage des
artistes.
Les artistes m'avaient aussi demandé l'appui du gouvernement du
Québec dans le dossier du droit d'auteur; ils l'ont obtenu doublement.
Le ministère des Affaires culturelles a d'abord offert et maintient
toujours un service technique et professionnel aux artistes et aux organismes
dans ce dossier complexe de compétence fédérale. J'ai
aussi présenté une politique gouvernementale d'acquisition et de
gestion du droit d'auteur et obtenu son adoption. Elle devrait être en
vigueur au plus tard à l'automne.
Par ailleurs, la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts
visuels, des métiers d'art et de la littérature et sur leurs
contrats avec les diffuseurs, votée en décembre 1988, donne
à ces artistes les moyens de mieux protéger leurs droits en ce
qui a trait à la diffusion de leurs oeuvres et ce, selon les
paramètres qu'ils ont eux-mêmes déterminés. Les
dispositions de cette loi touchent donc, en matière de contrats, les
relations entre les artistes de ces secteurs et les diffuseurs.
Finalement, les instruments d'intervention auprès des artistes
ont connu d'autres améliorations majeures. Après les programmes
d'aide aux artistes, les programmes s'adressant aux organismes de production et
de diffusion en arts d'interprétation ont été
révisés et leur nouvelle définition tend à assurer
une meilleure adéquation avec les besoins constatés.
Des crédits nouveaux ont été consacrés
à ces programmes. On a aussi reconnu que l'accessibilité des
jeunes artistes aux différents programmes n'a pas toujours
été facile et une injection ponctuelle de 5 000 000 $ nous a
permis de maximiser leurs chances d'accéder à une carrière
qui réponde à leurs aspirations.
Je vous disais l'an dernier que nous nous attaquerions au
développement de la diffusion des produits culturels et je pense avoir
respecté cette résolution.
Sur le plan international, le ministère a poursuivi ses efforts
pour donner aux artistes et aux organismes des moyens concrets d'action et ce,
plus spécifiquement à Paris, à New York et à
Toronto, par l'entremise de conseillers culturels reconnus pour leur
compétence.
Le rayonnement culturel du Québec s'étend à tous
les points du globe et le ministère des Affaires culturelles y contribue
par ses programmes de bourses aux artistes - 200 artistes y ont eu droit cette
année - par ses subventions à des activités de diffusion
dans des réseaux professionnels reconnus - par exemple, les foires, les
salons du livre - et par son soutien à l'organisation de manifestations
et d'événements majeurs à caractère international
au Québec, soit près de 25 événements de ce type
annuellement. A toutes ces mesures d'aide financière du ministère
s'ajoutent évidemment celles des organismes et des
sociétés d'État qui contribuent aussi à la
reconnaissance du Québec sur la scène internationale. Citons, par
exemple, la SOGIC qui, par certains programmes, permet aux entreprises
culturelles de mieux pénétrer les marchés étrangers
depuis le transfert de cette responsabilité du ministère du
Commerce extérieur au ministère des Affaires culturelles, le 1er
avril 1988.
Je m'en voudrais de ne pas parler ici de la participation de notre
gouvernement aux activités de fa francophonie internationale. En effet,
les pays francophones représentent un marché naturel pour les
produits culturels québécois ainsi qu'une source d'enrichissement
pour tous les artistes. Aussi, le Québec s'est-il impliqué
activement dans les activités et les projets découlant des
sommets francophones dans les champs de l'écrit et de l'audiovisuel. Il
a de plus participé aux programmes de coopération
bilatérale avec certains partenaires de la francophonie.
Les résultats se sont fait sentir, notamment, par une
intensification de cette coopération avec la France, la
communauté française et la communauté flamande de
Belgique, et le ministère intervient à ce titre dans le cadre de
programmes de coopération culturelle avec quatre pays francophones
d'Afrique. Il participe également à la définition et
à la mise en oeuvre de projets découlant des sommets de Paris, de
Québec et, éventuellement, de Dakar.
La diffusion comprend aussi l'accessibilité de la culture sur le
territoire québécois. Les disparités, les traditions et
les points d'intérêt régionaux sont des
caractéristiques propres à la richesse culturelle du
Québec. Pour vivre et se développer, la culture doit donc trouver
preneur et maître d'oeuvre dans tous les milieux.
Le rayonnement de la métropole culturelle, Montréal, et
celui de la capitale qu'est Québec, trésor du patrimoine mondial,
de même que l'accès aux arts et l'émergence des talents
dans tout le Québec sont des éléments indissociables et
déterminants pour l'essor de la culture québécoise.
Tout en assumant son rôle de chef de file, le gouvernement fait en
sorte que ses interven-
tions tiennent compte de cette réalité.
Le soutien de l'État aux régions s'est fait sentir dans
tous les secteurs d'activité, et je prends l'exemple de la mise en place
d'un réseau d'équipements culturels diversifié et
adapté aux besoins. Afin d'intensifier le développement culturel
des régions, le ministère a augmenté son aide
financière pour soutenir davantage les activités d'animation,
pour accroître la diffusion de spectacles et l'accessibilité des
produits culturels par des tournées d'artistes ou d'oeuvres artistiques,
et ainsi permettre la mise en place de réseaux régionaux et
interrégionaux facilitant la réalisation d'activités
culturelles.
En 1988-1989, 128 projets d'équipements culturels ont
été annoncés et ils se répartissent ainsi: 58
projets en arts d'interprétation, 21 pour les bibliothèques, 20
pour le secteur de l'environnement visuel, 17 en muséologie, 7 en
patrimoine et, finalement, 5 projets multidisciplinaires.
Le ministère a aussi accru son aide à des centaines
d'artistes et de créateurs pour leur permettre d'entreprendre et de
poursuivre des carrières intéressantes, son soutien aux
organismes dans les différentes disciplines pour la formation, la
production et la diffusion de spectacles ou de produits culturels et, enfin,
son aide à la mise en valeur du patrimoine québécois.
La diffusion repose aussi sur ce qu'il est convenu d'appeler les grands
équipements. L'année 1988-1989 a été marquée
à ce chapitre par la mise en chantier du Musée du Québec,
du musée d'Art contemporain de Montréal et de l'agrandissement du
musée des Beaux-Arts de Montréal. Le musée de la
Civilisation a par ailleurs ouvert ses portes en octobre 1988 et, de plus,
Montréal pourra compter l'an prochain sur un centre de production
cinématographique, ce qui permettra de conserver et même
d'accroître la part du marché de la production que détient
déjà le Québec.
Enfin, tout en considérant que la responsabilité
première en matière de bibliothèques publiques revient aux
gouvernements municipaux, le gouvernement a soutenu les bibliothèques de
façon plus significative que jamais en accroissant de 4 200 000 $ les
crédits de transfert aux bibliothèques publiques autonomes, en
mettant sur pied un programme d'aide à l'implantation des
bibliothèques qui a permis de porter a 150 le nombre de
municipalités desservies par une bibliothèque autonome et en
révisant le programme d'aide à l'achat de livres et au
fonctionnement des bibliothèques. En ce qui concerne les
bibliothèques centrales de prêt, elles desservent maintenant 908
municipalités et rejoignent plus de 1 200 000 personnes, grâce
à l'accroissement des crédits de fonctionnement.
Le patrimoine est la manifestation concrète de notre
passé, le témoin de la continuité dans notre
société. À ce titre, il a une valeur inestimable
d'incitation à la cohérence historique de notre
société et de notre culture. Afin de consolider et de poursuivre
la mise en valeur du patrimoine, le ministère s'est donné pour
objectif d'accentuer le partenariat avec les municipalités et la prise
de conscience de la société québécoise à
l'égard de l'importance que présente la protection de ses
richesses patrimoniales.
Un nouveau programme d'aide qui s'adresse aux organismes et qui porte
sur la recherche, l'animation et la diffusion a été lancé.
Les ententes avec les villes de Montréal et de Québec sont en
voie d'être renouvelées. Nous procédons actuellement au
transfert de la gestion du parc immobilier du ministère à la
Société générale des industries culturelles, la
Sogic.
Dans le cas de la Bibliothèque nationale et du Conservatoire de
musique, nous avons constaté que certaines mises à jour
s'imposaient. Le ministère a ainsi décidé de proposer un
changement au statut de la Bibliothèque nationale, de façon
à en faire un organisme autonome dirigé par un conseil
d'administration formé de partenaires du réseau documentaire, en
maintenant son mandat qui est de rassembler, de conserver et de diffuser notre
patrimoine imprimé. La loi adoptée à cet effet en novembre
1988 est en vigueur depuis le 1er avril 1989.
Quant à la loi sur les conservatoires de musique, elle date de
1942. Aussi est-il apparu nécessaire d'adapter la mission des
conservatoires aux besoins et au contexte d'aujourd'hui et, pour ce faire, le
ministère des Affaires culturelles a entrepris une large tournée
de consultation auprès des professeurs, des élèves et des
intervenants du milieu. Cette réflexion a été enrichie par
le sommet de novembre 1988 sur la formation musicale au Québec. Un
document d'orientation sur la mission des conservatoires de musique a
été transmis à l'ensemble du personnel des conservatoires
pour cette ultime consultation. Je rendrai publique avant l'été
la mission que le gouvernement entend confier aux conservatoires de musique
pour la prochaine décennie. Parallèlement à la
consultation, les professeurs des conservatoires de musique se prononcent
actuellement sur des projets de régime pédagogique et de
programmes d'études. (10 h 30)
En conclusion, pour l'année 1988-1989, le gouvernement peut
déclarer "mission accomplie" en matière culturelle. Des
étapes importantes ont été franchies et la plus grande
partie des engagements ont été respectés. Nous avons
bénéficié d'un effort de redressement du budget du
ministère; nous avons connu un développement important en
matière de mécanismes de diffusion, que ce soit sur le territoire
québécois, sur la scène internationale ou par
l'intermédiaire d'équipements majeurs adéquats, et nos
grands musées ont aussi connu une croissance importante. De même,
il nous a été permis d'assister à la reconnaissance du
statut de l'artiste, avec tout ce que cela implique pour l'exercice de la
profession, au lancement d'un plan d'action concernant les bibliothèques
publiques, à l'enga-
gement accru du gouvernement dans les secteurs des arts
d'interprétation et du patrimoine et, finalement, nous avons
été témoins de l'importance donnée aux institutions
nationales que sont la Bibliothèque nationale et les conservatoires de
musique.
Mais la satisfaction que j'éprouve face au travail accompli ne
m'incite pas pour autant à me contenter de ce qui a été
réalisé, car la mission accomplie ne comble pas
nécessairement tous les besoins d'hier ni tous ceux de demain. Plusieurs
secteurs doivent en effet évoluer, et je voudrais à
présent vous communiquer les priorités que nous avons retenues
pour l'année 1989-1990.
Pour l'année qui vient, les priorités du ministère
reposeront sur deux axes. En premier lieu, il y a les actions qui
découlent des engagements déjà assumés cette
année. Je pense ici aux dispositions relatives au statut de l'artiste,
à l'accessibilité de la culture, à la définition de
la mission des conservatoires de musique, à la politique des archives
privées et au secteur du cinéma. En second lieu, il y a des
secteurs où le ministère entend proposer des orientations aux
milieux Intéressés, de façon à définir des
pistes d'action à long terme. Il est évident que je parle ici de
consultations élargies dans les dossiers majeurs que sont la politique
du patrimoine, la mission des conservatoires d'art dramatique et
l'énoncé d'orientation en matière de muséologie. Je
pense qu'il est possible de respecter ce canevas de travail, bien que les
crédits dont nous disposons soient moins importants que nous
l'espérions.
Avant de discuter de chacun des dossiers précités, je
voudrais aborder la question de la définition des crédits dont
nous parlons. Il m'apparaît essentiel, d'entrée de jeu, que nous
nous livrions à l'exercice de comparer les crédits alloués
pour l'année 1989-1990 à ceux qui nous étaient
alloués au livre des crédits l'an dernier. En comparant ce qui
est comparable, nous verrons que les crédits alloués au livre des
crédits pour ces deux années démontrent une progression de
19 200 000 $ pour 1989-1990. Cela représente une augmentation de 8, 9 %
alors que, toujours au livre des crédits, le taux d'augmentation des
crédits de l'État se situe à 5, 4 %.
Le gouvernement a donc maintenu la tendance qu'il a adoptée
depuis son élection, à savoir que la croissance des
crédits consacrés à la culture a toujours
été supérieure à celle des crédits de
l'État. Ainsi, les crédits du ministère des Affaires
culturelles sont passés de 163 400 000 $ à 234 400 000 $ en
quatre ans, soit une augmentation de 43, 5 %, alors que pour la même
période les progressions budgétaires gouvernementales ont
été de 21 %. C'est cela, la vérité des chiffres, M.
le Président.
Pour la clientèle culturelle majoritairement traitée au
programme 2, Développement des milieux culturels, on constate une
augmentation de 4, 9 %. Ce taux est appelé à croître au
cours de l'année, puisque c'est à ce chapitre qu'est versé
l'essentiel des ajouts aux crédits reliés aux travaux
communautaires, à l'emploi étudiant et aux projets
d'équipements culturels visés par une contribution de l'OPDQ.
À titre de ministre des Affaires culturelles et consciente des
immenses besoins de la clientèle, je considère cette augmentation
comme insuffisante, il va sans dire. Elle nous permettra, par ailleurs, de
continuer à marquer certaines priorités appuyées par des
mesures qui n'émargent pas aux crédits du ministère: la
déduction fiscale pour le cinéma, la reconnaissance aux fins
fiscales du statut des artistes professionnels, l'intégration des arts
à l'architecture, la reconnaissance de près de 200 organismes
culturels aux fins de déduction pour dons, sans compter des ajouts
souhaitables lors du discours sur le budget par mon collègue, le
ministère des Finances. C'est d'ailleurs à cette occasion que
nous pourrons déterminer la reconduction ou la non-reconduction du fonds
d'appui.
L'année 1989-1990 constituera une année charnière
dans l'application de la réglementation et de la législation
ayant trait à la reconnaissance du statut de l'artiste. Vous avez
été témoins de ma détermination pour que ces
mesures législatives soient adoptées. Je m'engage à en
déployer tout autant pour qu'elles soient pleinement et correctement
mises en oeuvre.
Ainsi, vous savez que l'application de la Loi sur le statut
professionnel et les conditions d'engagement des artistes de la scène,
du disque et du cinéma a été confiée à la
Commission de reconnaissance des associations d'artistes qui, je le rappelle,
fonctionne depuis le 1er avril 1988. Le ministère entend donc maintenir
son appui financier à cet organisme et même l'ajuster en fonction
de l'élargissement du mandat de la commission qui découle de
l'adoption de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels,
des métiers d'art et de la littérature et sur leurs contrats avec
les diffuseurs. Les dispositions traitant de la reconnaissance des associations
professionnelles représentant les artistes devraient entrer en vigueur
au cours du présent exercice.
Par ailleurs, l'année dernière, par suite de l'adoption de
la Loi sur le statut professionnel et les conditions d'engagement des artistes
de la scène, du disque et du cinéma, des ajustements
budgétaires ont été faits dans le secteur des arts
d'interprétation. Pour 1989-1990, certains de nos choix,
budgétaires appuient les secteurs des arts visuels, des métiers
d'art et de la littérature dans un souci de cohérence avec
l'adoption de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels,
des métiers d'art et de la littérature et sur leurs contrats avec
les diffuseurs.
Outre les deux lois précitées, la politique
gouvernementale concernant l'acquisition et la gestion du droit d'auteur a
été adoptée au cours de l'exercice 1988-1989. Les
modalités relatives à
son application seront arrêtées incessamment et ce, avec la
collaboration de mon collègue, le ministre des Communications, qui est
chargé d'appliquer cette politique. Je suis persuadée que le
gouvernement démontrera très concrètement son engagement
à l'égard du respect des droits des auteurs qu'il engage.
J'ai déjà dit que le développement culturel et le
maintien d'une vitalité culturelle dans tout État constituent un
objectif majeur, un objectif permanent. Ce sont des indices, parmi les plus
révélateurs, de l'état de santé d'un peuple, des
moteurs de création et de cohésion. L'accessibilité des
activités et des produits culturels à toute la population est une
condition fondamentale pour l'atteinte de cet objectif.
Aussi, par des interventions structurées et
complémentaires, je pose comme postulat que des équipements
culturels adéquats doublés de réseaux solides de diffusion
et jouissant de l'appui des partenaires de milieux concernés sont le
gage d'une meilleure circulation de nos produits culturels dans l'ensemble du
territoire québécois.
À cet égard, le gouvernement continuera à soutenir
le développement du réseau des équipements culturels de
manière à s'assurer que toutes les régions du
Québec disposent des ressources essentielles pour produire et diffuser
les produits culturels. Plusieurs équipements scéniques sont
maintenant vétustes et désuets. Il est indispensable de les
réaménager, de les adapter en conformité avec les
tendances actuelles en scénographie et en techniques de
scène.
Dans le domaine du livre, nous continuerons à encourager les
municipalités à améliorer la qualité des services
offerts dans les bibliothèques existantes et à étendre ces
services au Québécois qui en sont dépourvus. Nous y
consacrerons d'ailleurs nous-mêmes 1 300 000 $ de plus cette
année. Le programme d'aide financière au développement des
bibliothèques publiques autonomes a aussi été
révisé. En outre, nous ajouterons des crédits à
l'édition de façon à accroître notre appui aux
maisons québécoises d'édition du secteur privé
ainsi qu'à l'essor de l'industrie du livre au Québec.
Par ailleurs, une direction des bibliothèques publiques, une
unité administrative du ministère exclusivement consacrée
aux bibliothèques publiques, est en voie de mise sur pied.
Appelée a soutenir nos directions régionales et à assurer
la coordination et la concertation de tous les intervenants, cette unité
sera un des piliers de la création et du développement d'un
réseau de services adéquats de lecture publique. Le
ministère procédera également à l'actualisation de
la présente Loi sur les bibliothèques publiques du Québec
et ce, dès l'automne prochain.
De plus, le gouvernement doit continuer à faciliter une plus
grande circulation des spectacles et des produits qui en dérivent, de
façon à en accroître l'accessibilité et la
fréquentation, à contribuer à la formation de nouveaux
publics et à favoriser la circulation des produits déjà
subventionnés. Dans cet esprit, l'aide aux organismes régionaux
en arts visuels sera sensiblement accrue.
La formation professionnelle est aussi une façon d'accéder
à la culture et l'année qui vient devrait nous permettre de
finaliser des dossiers majeurs dans ce secteur d'activité. Je fais ici
allusion particulièrement à la formation professionnelle en
métiers d'art.
En effet, l'intégration de la formation en métiers d'art
dans les cégeps entraînera des dépenses pour le
ministère des Affaires culturelles en ce qui a trait notamment aux
équipements requis pour les écoles-ateliers.
Dans le domaine de la danse classique, nous mettons actuellement la
dernière touche à une proposition de consolidation du mandat de
l'École supérieure de danse. Les négociations se
poursuivent dans le secteur de la danse moderne et devraient nous permettre
d'assurer l'évolution de ce dossier au cours du présent exercice.
Pour ce qui est de la consultation qui a eu lieu dans les conservatoires de
musique, les étudiants, les professeurs, les gestionnaires et tous ceux
qui se sentaient concernés par la question ont eu l'occasion de se faire
valoir ou de faire valoir, leur point de vue respectif. Est-il besoin de
rappeler que la lecture du document d'orientation diffère selon les
intervenants et qu'elle ne suggère pas nécessairement la
même solution?
Comme je l'ai déjà dit précédemment, nous
ferons connaître en mai prochain la position du ministère des
Affaires culturelles en ce qui a trait à la mission des conservatoires
de musique. Nous procéderons également à la
préparation des modifications afférentes à la loi
actuelle. Nous entendons aussi instaurer un régime pédagogique et
des programmes d'études qui tiendront compte de la consultation en
cours.
Il restera ensuite à traiter la mission des conservatoires d'art
dramatique qui n'a été abordée que de façon
préliminaire à ce jour. Déjà, le milieu du
théâtre a manifesté son intention de tenir des états
généraux sur la formation en théâtre et cela
constituera une occasion pour le ministère d'élargir sa
réflexion sur le sujet.
En 1989-1990, nous terminerons la mise en application de la Loi sur les
archives. Conformément à cette loi, le ministère est
chargé de promouvoir la conservation et l'accessibilité des
archives privées. Il reste donc à établir une politique
d'agrément et de soutien au secteur des archives privées. Je
soumettrai au Conseil des ministres un mémoire à ce sujet au
cours des prochaines semaines.
Le cinéma est l'un des secteurs les plus effervescents de la
dynamique culturelle et le ministère entend poursuivre son engagement
dans les différents dossiers qui le concernent. Le centre de production
cinématographique sera en chantier cette année, et, si le
calendrier des travaux est respecté, Montréal devrait pouvoir
compter sur son ouverture d'ici à la fin de l'année. Cela
accroîtra les possibilités de production pour nos créateurs
en ce domaine, d'une part, et, d'autre part, cela pourra contribuer à
accentuer la venue au Québec de tournages étrangers, gage d'une
plus grande stabilité dans l'emploi de techniciens, d'artisans et de
comédiens, de même que dans l'économie
générale du cinéma.
En ce qui a trait aux négociations avec la France relativement au
doublage de films, je pense sincèrement que le fait que la
reconnaissance de la légitimité de la demande
québécoise par la partie française se soit
concrétisée par l'engagement de modifier le décret
français de 1961, autorisant l'exploitation en France des films
canadiens doublés au Québec, marque une étape importante
et permet d'espérer que la poursuite des pourparlers se soldera par la
définition d'une solution acceptable. Je m'engage à continuer de
défendre nos intérêts dans cet important débat. Des
mesures seront également prises afin d'assurer à la
Cinémathèque québécoise le soutien
nécessaire à son développement et à son
rayonnement. Je vous rappelle qu'en 1988-1989 la Cinémathèque a
reçu plus de 1 000 000 $ pour son fonctionnement, pour le centre de
documentation et pour les fêtes de son 25e anniversaire. En outre, une
somme de 1 750 000 $ sera consacrée aux besoins en immobilisations de
cet organisme.
Pour ce qui est du commerce du matériel vidéo pour
adultes, j'ai été, comme vous sans doute, fort
préoccupée par l'engouement que provoque ce type de contenu. Je
partage le point de vue que des regroupements de femmes ont fait valoir
lorsqu'elles nous ont demandé un encadrement et un contrôle de
l'exploitation du matériel vidéo et ce, dans un souci de
protection de la jeunesse. Je souscris à cette position et, à
l'heure où nous nous parlons, un mémoire concernant l'approbation
du règlement sur le permis de commerçant au détail de
matériel vidéo est à l'étude au Conseil des
ministres. Ce règlement fera l'objet d'une publication dans la
Gazette officielle du Québec et le délai habituel de 45
jours avant son entrée en vigueur permettra aux milieux
Intéressés de réagir.
En ce qui a trait, par ailleurs, à la Loi sur le cinéma
dans son ensemble, les efforts des derniers mois pour la mettre en application
ont clairement mis en lumière le fait que le contexte dans ce secteur a
évolué de façon tellement significative depuis l'adoption
de la loi en 1983 qu'il est maintenant pertinent de procéder à
une évaluation en profondeur. En effet, if s'avère important
d'harmoniser les moyens avec les objectifs poursuivis par le gouvernement en
matière de cinéma. Un comité de travail sera mis sur pied
sous peu. Il est entendu que l'Institut québécois du
cinéma sera associé à cette démarche et cela,
conformément à son mandat. Cette opération majeure que je
souhaite commencer dès à présent pourrait mener à
une vaste consulta- tion à l'automne 1989 à partir d'un
avant-projet de loi et d'un dossier exhaustif sur le problème
actualisé. (10 h 45)
Je comprends que dans un domaine aussi chargé
d'émotivité que celui du patrimoine, puisqu'il recèle dans
son essence les principes mêmes de notre identité, il soit
difficile d'établir des consensus et audacieux de s'exposer à
devoir, en dernier recours, s'ériger en arbitre face à des points
de vue contradictoires. Le ministère publiera sous peu un document de
consultation sur lequel les milieux intéressés seront
appelés à réagir, II sera évidemment d'abord soumis
pour consultation à mes collègues du Conseil des ministres,
étant donné que les effets de la politique proposée
pourraient dépasser le mandat du ministère des Affaires
culturelles.
Par ailleurs, par le transfert à la SOGIC de son parc immobilier,
le ministère des Affaires culturelles marque un pas important dans la
gestion du patrimoine. Si d'aucuns croyaient y voir une formule de
délestage, je soutiens au contraire que ce transfert de
responsabilités constitue l'édification d'un levier financier
majeur pour la gestion et la restauration du patrimoine. La SOGIC, en effet,
prend non seulement charge de 47 édifices, mais elle aura à les
mettre en valeur avec des partenaires municipaux et privés. Elle pourra
aussi, nous le souhaitons vivement, s'associer à la restauration et
à la mise en valeur d'autres édifices patrimoniaux partout au
Québec, sauf à Montréal où un tel outil financier
existe déjà par l'entremise de la SIMPA. Cet organisme,
créé conjointement en 1981, par le ministère des Affaires
culturelles et la ville de Montréal, a déjà permis la
réalisation de travaux considérables. Le ministère entend
maintenir son appui à de telles formules.
Le Québec recèle des trésors en fait de
musées. Outre les grands musées, le Musée du
Québec, le musée de la Civilisation, le musée d'Art
contemporain, le musée des Beaux-Arts de Montréal, pour lesquels
le ministère consacre plus de 8 000 000 $ en crédits additionnels
afin de consolider leur fonctionnement, il existe des institutions
privées importantes tels le Centre canadien d'architecture, le
musée des Arts décoratifs et beaucoup d'autres. Nous avons
également plusieurs musées et centres d'exposition qui jouent un
rôle déterminant dans leur région et qui sont les gardiens
de collections inestimables. Il ne sera pas possible de leur consacrer des
crédits supplémentaires cette année. Nous ajoutons
strictement 200 000 $ pour les quatre nouveaux musées et centres
d'exposition qui ont été accrédités
récemment.
Enfin, nous sommes arrivés au point où le ministère
doit positionner ses interventions à ce chapitre dans un cadre d'action
intégrée. Les musées et les centres d'exposition le
réclament aussi. Le ministère entend définir son
intervention en ce qui a trait aux musées régionaux, situer
concrètement le rôle de l'État dans cette
dynamique et, en dernier lieu, établir une politique de diffusion
des collections. En préparation depuis plusieurs mois, un dossier
d'orientation sera soumis à la consultation durant l'exercice
1989-1990.
En conclusion, je crois que le bilan que je vous ai soumis ainsi que les
perspectives qui se dégagent pour la prochaine année attestent de
l'engagement indéfectible du gouvernement en matière culturelle.
Vous avez pu constater que l'action du ministère des Affaires
culturelles s'inscrit dans une démarche de cohérence et nous
pensons qu'il est important, certes, d'augmenter la part relative du budget
consacrée à la culture, mais qu'il est tout aussi primordial
d'inscrire les différentes interventions en matière culturelle
dans un cadre d'action à long terme.
Le statut de l'artiste a été un champ d'action
privilégié. Nous avons arrêté nos positions dans le
secteur des bibliothèques. Les programmes ont été
révisés dans le domaine des arts d'interprétation. Nous
maintiendrons notre intérêt pour ces secteurs et nous nous
tournerons aussi vers de nouveaux défis, que ce soit en formation
professionnelle, en métiers d'art, en danse, en musique, en
muséologie ou en ce qui a trait aux archives privées.
L'année 1989-1990 en sera donc une d'approfondissement des politiques,
des lois mises de l'avant, de réflexion aussi en matière de
patrimoine, de cinéma particulièrement, et de poursuite de nos
efforts dans le but de consacrer à la culture 1 % du budget de
l'État, objectif, je le rappelle, qui constitue encore et toujours un
engagement de notre gouvernement.
Cet objectif n'est pas atteint cette année. Il n'y a là,
M. le Président, rien d'étonnant. Je l'avais déjà
annoncé publiquement, au printemps dernier, à l'occasion de la
présentation de mon plan de redressement pour le secteur culturel que
j'avais intitulé: "Bilan, action, avenir. " J'avais alors
spécifié que notre horizon pour atteindre cet objectif
était fixé à 1991 et que j'avais l'appui de mes
collègues au Conseil des ministres dans mes efforts en ce sens.
En appui à cet échéancier, je rappelle aussi ce que
je disais au début de mon exposé, à savoir que depuis
qu'on m'a confié ce mandat le budget des Affaires culturelles a connu un
taux de croissance deux fois plus élevé que celui de l'ensemble
du gouvernement. Quand je tiens ces propos, je le dis sans autre
naïveté que celle de la vérité des chiffres
constatés depuis les trois derniers exercices financiers. Qui plus est -
il m'apparaît essentiel de le noter - les efforts consentis par le
gouvernement pour améliorer le statut économique de l'artiste et
du créateur passent aussi par des mesures qui, même si elles ont
été prises à la suite des initiatives des Affaires
culturelles, ne relèvent pas de ma juridiction, comme celles touchant le
revenu des personnes ou les mesures fiscales. C'est d'ailleurs là une
excellente démonstration de l'intérêt que mes
collègues portent au dossier culturel qui me fait réitérer
devant vous ma confiance en ce que notre gouvernement poursuive ses efforts
dans le but d'allouer 1 % de son budget total à la culture et ce, sans
jouer sur tes mots, comme nous l'avons souventefois
répété.
En fait, à moins que la ministre des Affaires culturelles ne se
substitue au ministre du Revenu ou à celui des Finances, pour ne citer
que ceux-là, qui peut soutenir sérieusement que les initiatives
prises par ces derniers au profit des artistes et des créateurs ne
peuvent pas être prises en compte dans nos efforts pour atteindre nos
objectifs? Le développement culturel est autant l'affaire des artistes
que de tous et chacun des citoyens, comme c'est une préoccupation autant
des Affaires culturelles que de tous et chacun des ministères qui
peuvent y contribuer.
Notre gouvernement situe le développement culturel au coeur
même de ce qui nous distingue comme peuple. Notre souci comme
gouvernement consiste donc à assurer, solidairement et en concertation,
un contexte d'accessibilité à nos produits culturels, des
conditions propices à l'expression culturelle et une infrastructure
adéquate à la diffusion des oeuvres de nos artistes et de nos
créateurs. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. Je
cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, chers collègues de
la commission, Mme la ministre, Mmes et M. le sous-ministre et autre personnel
du ministère des Affaires culturelles et, notamment, M. le directeur de
cabinet qui, j'en suis sûr, après sa carrière politique, va
sans doute poursuivre une carrière littéraire dans le domaine de
la science-fiction avec autant de succès, je dirai que l'étude
des crédits du ministère des Affaires culturelles nous fournit
à nouveau l'occasion d'examiner de plus près les politiques
gouvernementales en matière de culture, tant en ce qui concerne les
ressources budgétaires allouées que les divers modes
d'intervention de l'État dans ce secteur crucial de notre
identité nationale.
Les crédits du ministère des Affaires culturelles pour
1989-1990 s'établissent donc à 234 400 000 $, soit une
augmentation de 4, 5 % par rapport aux dépenses probables de 1989-1990.
Cela équivaut à une croissance nulle, compte tenu de l'inflation,
et se situe en deçà de l'augmentation générale de
5, 8 % des dépenses gouvernementales. Ces données traduisent donc
l'échec patent de la ministre. Le budget alloué aux Affaires
culturelles ne représente, en effet, que 0, 7 % du budget total de
l'État. Il manque ainsi près de 100 000 000 $ pour atteindre
l'objectif du 1 %. Une autre promesse libérale qui n'aura pas
été tenue, d'où une déception
profonde, fort légitime chez les artisans de la culture. Ils ont
été tout bonnement dupés par ce gouvernement sans
parole.
La ministre disait: Comparons ce qui est comparable. Elle aurait donc
dû au départ s'astreindre au silence, puisque son gouvernement ne
peut être comparé au précédent, le
précédent n'ayant jamais coupé dans le budget du
ministère de la Culture, malgré une condition économique
beaucoup moins avantageuse que l'actuelle. Quand je vois la ministre inclure
l'insertion triomphale "mission accomplie", je serais tenté d'ajouter
à cette série télévisée bien connue: Et ce
message s'autodétruira dans les secondes qui suivent par
l'énoncé que je vais vous faire.
Nous savions, en fait, depuis le printemps dernier, que la promesse
visant à consacrer ce 1 % du budget a la culture au cours du
présent mandat serait reniée, la ministre nous ayant
annoncé un soi-disant plan de réalisation devant conduire
à l'atteinte du 1 % d'ici à 1991. Il apparaît maintenant de
plus en plus clairement que c'était là aussi de la frime.
Peut-on, en effet, croire que le gouvernement libéral, advenant sa
réélection, ajoutera en une seule année une centaine de
millions de dollars à l'enveloppe de la culture, soit deux fois plus que
le total de ce qui est consenti depuis quatre ans? Depuis l'arrivée des
libéraux au pouvoir, la part du budget de la culture est passée
laborieusement de 0, 67 % à 0, 71 %, tandis que le gouvernement du Parti
québécois l'avait porté en dépit, je vous le
répète, d'une conjoncture économique moins favorable de 0,
42 % à 0, 67 %.
J'entends déjà la ministre rétorquer qu'il faut
comparer des choses comparables, comme elle l'annonçait tantôt,
que nous n'en sommes encore qu'au début de l'exercice financier et qu'il
peut y avoir des ajouts en cours d'année. Nous connaissons bien, M. le
Président, chers collègues, la tactique un peu grossière
du gouvernement actuel qui ne met rien dans les crédits réguliers
pour mieux mousser les annonces faites lors du discours sur le budget. On se
rappelle les 5 000 000 $ pour la relève de l'année
dernière. À cet égard, deux commentaires s'imposent: II
est d'abord à la fois fort révélateur et décevant
que la ministre n'ait pas réussi à obtenir que ces 5 000 000 $
soient récurrents et intégrés dans le budget
régulier du ministère; deuxièmement, il faudra davantage
qu'un saupoudrage de quelques millions pour combler l'immense fossé
creusé entre la promesse électorale libérale et la
réalité. Seulement pour atteindre 0, 8 %, des crédits
additionnels de 30 000 000 $ seraient nécessaires.
Si je reviens maintenant à ce qui est sur la table, ce qui est
connu, c'est une mince augmentation d'une douzaine de millions par rapport
à l'année dernière. Ceux-ci sont consacrés, pour
l'essentiel, à l'ajustement des subventions pour les musées
d'État et le musée des Beaux-Arts et au service de la dette des
sociétés d'État. Quant au budget de divers programmes
d'aide adminis- trés par le ministère dans les divers champs
d'activité culturelle, il stagne et même régresse dans
certains cas, notamment à cause de la non-récurrence des
crédits pour la relève.
Nous déplorons aussi le gel des crédits des conseils
régionaux de la culture. Depuis 1985-1986, ils n'ont augmenté que
de 60 000 $, soit 4 % en quatre ans. Les dépenses effectuées pour
le soutien aux fonctions culturelles, élément qui regroupe
précisément les programmes de subventions pour les secteurs des
arts, des lettres, des industries culturelles et du développement
culturel en général, totaliseront, en 1989-1990, 77 400 000 $,
sensiblement le même niveau qu'en 1988-1989. Un maigre montant de 550 000
$ est prévu comme budget de développement. En somme, si l'on
examine non pas le béton, mais l'aide directe aux artistes dont s'est
toujours vantée la ministre, aux entreprises, aux organismes culturels,
pour soutenir aussi bien la création, la production que la diffusion, la
perspective n'est guère reluisante. Il nous sera aussi permis de
s'interroger sur l'avenir du fonds d'appui au financement privé pour
lequel la ministre se met immédiatement sous la tutelle du ministre des
Finances. Rien n'est prévu à ce titre dans les crédits
déposés. On se rappellera que la ministre avait suspendu le
programme pour procéder à son évaluation. Devra-t-elle
compter sur le ministre des Finances?
Par ailleurs, les crédits alloués en 1989-1990 aux
équipements culturels en subventions directes et en services de la
dette, totalisent 9 033 000 $, soit une augmentation de 17 %. Il faut cependant
souligner qu'ils se situent encore en dessous du niveau de 1985-1986, ce qui
représente une diminution de plus de 20 % en dollars constants. Quant au
moratoire imposé en 1986 sur les nouveaux équipements culturels
financés par le service de la dette, on constate qu'il est, en fait,
sélectif et qu'il se lève graduellement à l'approche des
élections. Plusieurs projets importants demeurent néanmoins dans
l'attente d'un engagement du ministère des Affaires culturelles: la
rénovation de l'implan-théâtre à Québec et du
centre culturel à Shawinigan; la construction d'une salle de spectacles
à Baie-Comeau, les projets de maison de la culture à
Thetford-Mines et à Lévis, la Maison pour le théâtre
à l'enfance et à la jeunesse à Montréal. Je ne
mentionnerai pas ici les nombreuses priorités culturelles
identifiées dans les sommets régionaux tenus par le
présent gouvernement. (11 heures)
L'insouciance du gouvernement se manifeste aussi dans le dossier des
bibliothèques publiques. L'effet dramatique de la coupure draconienne
pratiquée par les libéraux lors de leur arrivée au pouvoir
n'a pas encore été compensé, de sorte que les ressources
consacrées au développement des bibliothèques publiques
autonomes sont encore inférieures de près de 1 000 000 $ à
leur niveau d'il y a quatre ans et au coût de la vie.
Le moratoire imposé au programme d'aide à
la construction et à la rénovation de bibliothèques
publiques a eu des effets désastreux. Assez curieusement, un tel
programme a été établi cette année et recueille,
semble-t-il, l'essentiel de l'augmentation fort modeste des subsides consentis
aux bibliothèques.
Je n'ai pas l'intention de revenir longuement sur le rapport de la
commission d'étude créée par la ministre et sur le sombre
portrait qu'il dresse de l'état de nos bibliothèques. Ce rapport
vous place en queue de liste par rapport aux provinces canadiennes en ce qui a
trait au nombre de livres par habitant, au personnel employé et aux
dépenses per capita. M. le Président, vingt mois après le
dépôt de ce rapport, on attend toujours que le gouvernement y
donne des suites concrètes. Il se fixe des objectifs précis, en
termes d'accessibilité et de qualité des services. Il faudra
davantage que la création d'un secrétariat aux
bibliothèques publiques pour nous convaincre de sa volonté de
procéder aux vigoureux redressements requis dans ce domaine.
Dans le secteur du cinéma, l'année 1988-1989 a
été marquée par un certain nombre
d'événements sur lesquels je voudrais revenir. En ce qui concerne
d'abord le dossier du doublage, nous savons que les négociations avec la
France sont malheureusement dans l'impasse. Le chas-sé-croisé des
rencontres s'est poursuivi, mais sans résultat concret et significatif
sur le plan du libre accès au marché français des films
doublés au Québec. À l'occasion de la visite presque
inaperçue du premier ministre à Paris, en janvier, le
gouvernement français s'est tout au plus engagé à modifier
son décret de 1961 pour autoriser l'exploitation dans les salles de
cinéma de l'Hexagone de films de nationalité canadienne
doublés au Québec. Il ne s'agissait, en fait, que d'officialiser
l'entente intervenue à l'automne entre les principaux syndicats
d'acteurs français et québécois, ce qui ne concerne qu'une
très faible part du marché, on en conviendra. Elle ne change, en
effet, rien à la règle du maximum de 14 heures par année
de production doublée en dehors de la Communauté
économique européenne sur les chaînes
françaises.
L'industrie du doublage s'en prend notamment au refus français de
considérer comme hors quota les productions canadiennes-anglaises
doublées au Québec, diffusées sur les chaînes
françaises. Bref, le gouvernement libéral n'a pas fait mieux que
son prédécesseur dans le dossier. On pourrait citer le vieux
dicton qui dit que cracher en l'air risque de nous retomber sur le nez.
Tout récemment, l'Union des artistes et l'Association canadienne
des doubleurs ont lancé la balle dans le camp du ministre
fédéral des Communications et l'enjoignent, en quelque sorte, de
servir aux Français leur propre médecine et établir une
réglementation pour garantir la présence sur les zones
canadiennes de produits doublés au Québec.
Il reste à voir ce que la ministre des Affaires culturelles
entend faire de son côté pour faire débloquer ce dossier
majeur, par ses retombées pour nos artistes, et d'importance, pour
l'industrie du doublage.
À propos d'un sujet connexe, M. le Président, la ministre
qui s'était vantée d'être allée plus loin que le
gouvernement du Parti québécois pour assurer la présence
du français sur les écrans en amendant l'article 83 de la Loi sur
le cinéma a rapidement reculé en décrétant, le 11
mai dernier, un moratoire de cinq mois sur l'application de cet article. Elle
justifiait ce geste par la volonté nouvelle, affichée par
l'industrie, de s'autodiscipliner, cette vision conviviale qu'adore son
collègue de l'Éducation et qu'elle semble vouloir partager.
Le président de l'Institut québécois du
cinéma s'était montré perplexe vis-à-vis de cette
décision en demandant fort judicieusement, et je le cite: "S'il est sage
de laisser à la bonne volonté des autres la survie d'une culture
dont ils n'ont rien à faire... " On connaît la suite. En
décembre dernier, la ministre dévoilait les résultats de
l'étude commandée à l'institut quant à
révolution de la sortie des films dans leur version originale anglaise
et en version française pendant la période du moratoire. Et,
disait-elle - je la citerai - afin de disposer d'une période plus
significative pour évaluer la portée réelle de la tendance
à l'amélioration constatée, elle prolongeait le moratoire
jusqu'en mai.
Si le rapport révèle une amélioration, elle
apparaît dans les faits, avouons-le, marginale et peu convaincante.
Ainsi, moins du tiers des films en version originale anglaise ont
été visés en version française doublée. Le
nombre de copies en version française ne représente que la
moitié du nombre total de copies visées. De plus, l'institut,
dans son rapport, disait regretter le peu de changement constaté en vue
de l'obtention de visas simultanés pour les deux versions d'un film et
constatait que le nombre de films doublés au Québec pendant la
période du moratoire est demeuré le même, soit cinq, alors
que leur délai moyen de sortie est nettement inférieur à
celui des films doublés à l'étranger.
Tous ces chiffres montrent bien qu'on est très loin d'atteindre
l'objectif de simultanéité et de parité dans la diffusion
des films recherché à l'article 83.
D'autre part, les dernières données colligées par
la Régie du cinéma et contenues dans son rapport
révèlent que la proportion de films en langue française a
chuté de 43 %, en 1985-1986, à 34 % en 1987-1988, tandis que le
nombre de films en anglais atteignait les 60 %. Alors que le nombre de films du
Québec n'occupe plus que 1, 5 % du marché, la ministre sabre
cette année dans les crédits alloués au soutien et
à la promotion du cinéma qui passent de 2 600 000 $ à 1
400 000 $. Il faudra davantage que de belles paroles pour nous convaincre de la
volonté du gouvernement d'assurer au français la place qui
devrait être sienne à l'écran autant que dans
l'affichage, dossier que la ministre a bien connu.
Autre sujet important pour le rayonnement de l'activité
cinématographique, M. le Président, mais qui ne semble
guère préoccuper la ministre des Affaires culturelles: le
déclin accéléré du nombre de salles de
cinéma au cours des dernières années ainsi que la vente du
seul réseau de salles propriété d'intérêts
québécois. Situation de laisser-aller, d'ailleurs,
indifférence de la ministre que j'avais violemment
dénoncée à l'époque. Le rapport du groupe de
travail sur l'exploitation des salles de cinéma, que la ministre a
maintenant en main depuis plus de six mois, formule plusieurs recommandations
fort intéressantes pour redresser la situation, je n'en disconviens pas.
Il s'agit en fait d'un plan d'urgence, de sauvegarde des salles,
prévoyant notamment la création d'un fonds d'aide à la
rénovation alimenté à même une taxe sur les recettes
au guichet et l'instauration d'un programme spécial pour les
régions mal desservies - Dieu sait qu'il y en a plusieurs - pour ne
citer que celles-là. Fidèle à son habitude, ce
gouvernement libéral est beaucoup plus prompt à créer des
groupes d'étude qu'à agir diligemment dans le sens des
recommandations qui lui sont faites. La ministre libérale n'a ainsi pas
encore annoncé ses intentions précises, confiant maintenant
l'analyse du rapport aux organismes gouvernementaux, ce qui justifiera encore
là de nouveaux délais, j'en suis certain.
La lenteur et, à certains égards, l'incurie du
gouvernement se manifestent aussi dans le domaine du patrimoine. Celui-ci
accuse cette année une baisse de crédits de 1 000 000 $: de 14
015 000 $ à 13 005 000 $, soit 7 % qui s'appliquent en bonne partie par
la non-récurrence de crédits de 2 000 000 $ alloués l'an
dernier pour le parc immobilier. Par rapport à 1986-1987, en trois ans,
les budgets du patrimoine n'ont augmenté que d'un maigre 2 %.
Alors que la ministre plaide pour la reconnaissance d'un rôle
accru des municipalités dans la mise en valeur du patrimoine et se
défend de faire du délestage, l'aide qui leur était
octroyée à cette fin par le ministère diminue de 5 % pour
une deuxième année d'affilée. Si l'objectif de
responsabilité accrue des municipalités dans la
préservation et la mise en valeur du patrimoine historique devait
signifier quelque chose, elle devrait être accompagnée de
ressources nécessaires correspondantes, et non pas le délestage
qu'elle avoue ne pas pratiquer, mais qui, dans les faits, s'exerce.
Il ne saurait d'autre part, nullement justifier ce désengagement
avoué du ministère, comme je viens de le dire. Tel semble
malheureusement être le cas. Après la démolition du vieux
couvent de Montmagny, les derniers mois ont été marqués
d'événements déplorables en matière de patrimoine.
Je pense, entre autres, à la démolition de l'hôtel Queens
à Montréal, au dossier de l'école Signay, monument
historique classé qu'un promoteur a transformé en condos de luxe,
avec la bénédiction de la ministre, laquelle ne se gêne
même plus et bafoue publiquement un organisme aussi important, sans
oublier, bien sûr, tous les remous que suscitent les transformations du
Westmount Square, oeuvre d'un des plus grands maîtres de l'architecture
du XXe siècle. Encore ici, la ministre, à la Ponce Pilate, se
lave les mains dans ce dossier, bien qu'un groupe de 32 architectes des plus
prestigieux lui aient demandé de classer l'édifice de Mies Van
der Robe. Parlant de l'architecture du XXe siècle, je me rappelle avec
tristesse l'insensibilité de la ministre quand je lui ai demandé
de classer, donc de sauvegarder à la fois l'intérieur et
l'extérieur de l'ancienne Pharmacie de Montréal, qui est un des
rares exemples existants d'architecture Art déco. On voit pertinemment
que la ministre se refuse de donner un avenir à notre passé, M.
le Président.
J'aimerais aborder, en terminant, la question cruciale de l'avenir des
conservatoires de musique. Comme on le sait, la ministre des Affaires
culturelles à temps partiel a mis en circulation, l'automne dernier, un
document d'orientation qui, s'il était mis en application, conduirait
à un réaménagement profond de la vocation des
conservatoires. Ce projet a causé une très vive inquiétude
au sein des conservatoires, notamment chez les professeurs, mais aussi dans le
milieu artistique. Ils s'en prennent, notamment, au fait que les
conservatoires...
Le Président (M. Trudel): M. le député
de
Beauce Nord. M. le député de Saint-Jacques, question de
règlement. Allez-y, M. le député de Beauce-Nord.
M. Audet: II est arrivé à quelques reprises, je
pense, que... Dans le règlement il y a un article - je ne me souviens
pas du numéro en tant que tel - qui dit que, quand on interpelle un
collègue ou un ministre, on doit l'appeler par son nom. C'est
arrivé à quelques reprises que le député dise "la
ministre des Affaires culturelles à temps partiel. " Je pense que vous
pouvez peut-être rappeler le député de Saint-Jacques
à l'ordre, si c'est possible.
Le Président (M. Trudel): Merci de votre remarque, M. le
député de Beauce-Nord. En effet, en vertu du règlement, M.
le député de Saint-Jacques, je vous rappelle qu'on doit faire
référence à un collègue de cette Assemblée
par son titre et, que je sache, Mme la ministre qui est devant nous est
ministre des Affaires culturelles en titre, sans qualification.
M. Boulerice: M. le Président, mon collègue du
comté de Beauce...
Le Président (M. Trudel): Excusez, je n'ai pas
terminé.
M. Boulerice: Vous n'avez pas terminé, M. le
Président? Je vous en prie.
Le Président (M. Trudel): J'allais justement vous dire que
vous pouvez laisser faire votre radiocassette quand j'ai des remarques à
vous passer. Vous pouvez maintenant repartir votre radiocassette.
M. Boulerice: M. le Président, mon collègue,
à regret, malheureusement, a mal formulé sa question. Le
règlement ne nous permet pas d'appeler la ministre par son nom. Il
m'interdit de dire: Mme Bacon ou, affectueusement, Lise. Le règlement
dit: Par le titre. Alors, vous auriez dû, M. le député de
Beauce-Nord, bien relire votre règlement et le citer correctement. (11 h
15)
Je dirai donc que la ministre des Affaires culturelles, cumulant
également le dossier de l'environnement, donc qui serait sans aucun
doute préoccupée par l'environnement culturel au Québec,
va être intéressée par mes propos au sujet des
conservatoires. Je lui disais que ce projet a causé une très vive
inquiétude au sein des conservatoires, notamment, chez les professeurs,
mais aussi dans les milieux artistiques. Ils s'en prennent notamment au fait
que les conservatoires devraient se retirer du champ de la formation musicale
initiale et, à la concentration, de la formation professionnelle
spécialisée à Montréal et à Québec,
ce qui compromettrait l'avenir des conservatoires régionaux.
Réagissant à ce tollé, la ministre a tenté
de rassurer le milieu, notamment, quant au maintien de la gratuité des
cours. Ses propos n'ont cependant nullement fait disparaître les
appréciations relatives au rétrécissement de la mission
des conservatoires régionaux de musique. La ministre devrait clarifier
ses intentions à cet égard dans les meilleurs délais. Il
ne reste qu'à espérer que les décisions prises ne
viendront pas compromettre les acquis et la spécificité de cette
institution.
Voilà donc les quelques remarques préliminaires,
interrompues par un aparté du député de Beauce-Nord, que
je désirais formuler à l'ouverture de cette étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles pour 1989-1990. La
revue des programmes nous permettra de revenir sur les lacunes des politiques
gouvernementales concernant les dossiers que je viens d'évoquer. Quant
au budget de la culture, la preuve est maintenant faite que le Parti
libéral du Québec a trompé les milieux culturels, et la
population aussi, avec sa promesse du 1 %. C'est le quotidien de la province
voisine de l'Ontario The Globe and Mail qui titrait, à propos des
crédits que nous étudions aujourd'hui, la qualification la plus
juste "A bad joke", soit une mauvaise plaisanterie. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Trudel): Merci M. le député
de Saint-Jacques. Mme la ministre.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: J'ai juste quelques remarques, M. le Président.
J'ai l'impression que le député de Saint-Jacques a sorti de
nouveau son discours de l'an passé pour préparer celui de cette
année ou il nous a relu celui de l'an dernier. Il y a juste deux faits
qui m'amusent: c'est qu'à la fin il cite The Globe and Mail et,
dans les dossiers majeurs qu'il nous a cités, je reconnais des dossiers
majeurs qui sont très chers au ministre fédéral des
Communications. Cela m'amuse de voir qu'ils sont cités par le
député de Saint-Jacques. Je ne reprendrai pas la guerre des
chiffres qu'il a commencée. Je pense qu'on pourra en parler
tantôt, à mesure qu'on étudiera chacun des programmes du
ministère. Je dis que le député de Saint-Jacques a encore
une fois berné la population en jouant avec les chiffres. En comparant
avec le comparable, c'est là qu'on voit la différence et qu'on
peut souligner l'effort qui a été fait par le gouvernement,
depuis notre arrivée en décembre 1985, pour améliorer la
situation de la culture au Québec. J'aurai l'occasion d'ailleurs, M. le
Président, de réfuter une à une les allégations non
fondées du député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, nous sommes
maintenant prêts à procéder à l'étude des
crédits 1989-1990 du ministère des Affaires culturelles.
J'appellerai donc le programme 1, Politique, gestion interne et soutien.
Politique, gestion interne et soutien
M. Boulerice: M. le Président, j'aurais une
première question. Comment la ministre justifie- t-elle la stagnation
des crédits du ministère des
Affaires culturelles pour 1990, où la croissance est
équivalente à l'inflation seulement, vu l'écart qui
persiste entre la réalité et la promesse électorale
libérale du 1 %?
Mme Bacon: Est-ce que c'est le temps de faire la guerre des
chiffres, M. le Président? J'ai l'impression que c'est ce que le
député de Saint-Jacques cherche.
M. Boulerice: Où sont passés les 100 000 000 $?
Mme Bacon: II sait très bien, M. le Président, que
nous avions dit que nous atteindrions le 1 % en 1991 et j'ai eu l'appui, dans
ce dossier, de l'ensemble de mes collègues, ce que n'a jamais eu
l'ancien ministre de la Culture par ses collègues du cabinet. Le livre
des crédits compare le budget prévu en début
d'année avec les dépenses prévisibles à la fin de
l'année précédente. Il faut se rappeler qu'au cours de
l'année le budget d'un ministère varie. Au ministère des
Affaires culturelles, année après année, le budget
prévu au 1er avril est augmenté
par des budgets qui proviennent du MMSR, des travaux communautaires dans
les différents organismes culturels, de l'OPDQ par des participations
à des projets du PAFEC, par exemple. Ils peuvent aussi nous provenir de
l'Industrie et du Commerce, du Placement étudiant, pour des organismes
culturels. Donc, il est nécessaire de comparer des choses qui sont
comparables.
Si on regarde les tableaux des dépenses probables et des
crédits de 1988-1989, on y voit la variation d'une année à
l'autre et on voit que l'ensemble des programmes...
Au programme 1, II y a 26 463 000 $ en 1988-1989. En 1989-1990, il y a
23 263 000 $, soit une diminution de 12, 1 %, si on compare les
dépenses.
Au programme 2, il y avait 116 566 000 $ contre 111 656 000 $; il y a
aussi une variation de 4, 2 %.
Au programme 3, les dépenses probables de 1988-1989
étaient de 19 493 000 $ et les crédits de 1989-1990 de 20 165 400
$, soit une augmentation de 3, 5 %.
Au programme 4, il y avait 61 767 000 $ de dépenses probables en
1988-1989, par rapport aux crédits de 1989-1990, soit une augmentation
de 28, 4 %.
Donc, les dépenses probables de 1988-1989 sont de 224 289 000 $
et les crédits sont de 234 400 000 $, ce qui donne une variation de 4, 5
%.
Si on compare le livre des crédits 1988-1989 à celui de
1989-1990. 1988-1989, crédits: 215 199 000 $; 1989-1990, crédits:
234 401 000 $, pour une augmentation de 8, 9 %.
Compte tenu que la Bibliothèque nationale du Québec est
devenue un organisme gouvernemental autonome depuis la loi, nous avons la
meilleure comparaison possible. Si les crédits de la Bibliothèque
nationale du Québec demeuraient au programme 3, Institutions nationales,
plutôt qu'au programme 4, Organismes gouvernementaux et
sociétés d'État, le résultat serait le suivant:
Programme 1, 1988-1989: 23 086 000 $; 1989-1990: 23 263 000 $, pour une
augmentation de 0, 7 %.
Programme 2, 1988-1989: 106 451 000 $; 1989-1990: 111 656 000 $, pour
une augmentation de 4, 9 %.
Programme 3, 1988-1989: 25 369 000 $; 1989-1990: 27 042 000 $, pour une
augmentation de 6, 6 %.
Programme 4, 1988-1989: 60 293 000 $; 1989-1990: 72 439 000 $, pour une
augmentation de 20, 1 %.
Toujours au livre des crédits, la comparaison des budgets globaux
est la suivante:
Budget global de 1988-1989: 215 199 000 $; budget global de 1989-1990:
230 400 000 $, pour une variation de 8, 9 %.
Donc, l'augmentation du budget est de 19 000 000 $, soit 8, 9 % de plus
qu'à la même date l'an dernier. L'administration ne connaît
pas d'augmentation, contrairement à ce qu'on a dit. Les milieux
culturels connaissent une augmentation de 4, 9 %, soit une augmentation de plus
de 5 000 000 $, en termes absolus. Rappelons aussi qu'au cours de
l'année, c'est dans ce programme que plusieurs transferts de budget
seront affectes, notamment ceux provenant de l'OPDQ.
Au programme Institutions nationales, aucune augmentation autre que les
indexations normatives décrétées par le Conseil du
trésor, sauf le démarrage d'un nouveau programme d'archives
privées en conformité avec la loi.
Pour les organismes gouvernementaux, l'augmentation est substantielle.
D'abord, le service de la dette est évident et un effort se poursuivra
dans le discours sur le budget, je l'espère, à la suite de la
rencontre qui a eu lieu avec la coalition. Il y a un engagement qui est
maintenu. Il ne faudrait pas oublier qu'entre décembre 1985 et le 1er
avril 1989 le budget du MAC est passé de 163 400 000 $ à 234 400
000 $, une augmentation de 71 000 000 $, soit 43 % versus 22 % du budget de
l'État, entre avril 1985 et avril 1989.
Donc l'effort dort se poursuivre, j'en suis bien consciente, M. le
Président, mais il faut quand même reconnaître, avec
objectivité, que les acquis sont considérables.
M. Boulerice: M. le Président, la ministre compare
crédit à crédit. Comme on a indexé suivant
l'inflation et non pas suivant la progression des dépenses de
l'État, il est bien entendu que, en termes de chiffres, ce
ministère a eu une augmentation, mais, encore là, c'est une
augmentation pour soutenir l'inflation. Donc, on est passé de 0, 67 % en
1985-1986 à 0, 7 %, soit une petite marchette de 0, 04 %. La ministre a
toujours peur des chiffres parce qu'elle sait qu'elle est perdante dans cette
guerre des chiffres. Mais, pour arriver à votre promesse, madame, ce
n'est pas qu'une indexation, il vous aurait fallu une augmentation d'au minimum
60 000 000 $, si vous aviez voulu franchir la moitié du chemin qu'il
vous reste à faire pour remplir une promesse que vous aviez faite
à l'intérieur d'un premier mandat et, là, vous avez
reculé à un hypothétique deuxième mandat.
Mme Bacon: Je ne l'ai jamais nié, M. le Président,
et, vous le savez - le programme électoral du parti nous mentionnait 1 %
- nous avions comme objectif 1 % et, vous en êtes bien conscient, nous
avons voulu atteindre cet objectif au cours d'un premier mandat. C'est ce que
nous avions dit dans le programme électoral. Je n'ai jamais nié
cela, sauf que quand on regarde les faits, quand on regarde la situation que
nous avions au Québec en 1985 - il ne faudrait quand même pas que
le député de Saint-Jacques l'oublie - il nous a fallu faire des
ajustements au budget, il nous a fallu corriger et diminuer l'endettement du
Québec et la dette des Québécois. Je pense que les
Québécois nous ont été
reconnaissants de l'avoir fait au départ, ce que n'avait pas fait
l'ancien gouvernement, M. le Président. Nous avons dû changer
notre objectif pour 1991; l'atteinte de ce 1 % se fera d'ici à 1991.
M. le Président, les crédits prévus au livre des
crédits au 1er avril, en 1986-1987, étaient de 172 475 000 $. Au
livre des crédits par rapport aux dépenses probables à la
fin de l'année, nous avions ces 175 201 000 $. Nous avons, chaque
année, dépassé les crédits prévus. Les
dépenses, à la fin de l'année, ont constamment
dépassé les crédits prévus; de 1986 à 1988,
de 10, 8 %, de 1987 à 1988, de 15, 5 %. Le député de
Saint-Jacques doit quand même reconnaître qu'un effort
considérable a été fait de la part de ce gouvernement par
rapport aux dépenses du gouvernement et de certains autres
ministères pour la culture au Québec. Évidemment, c'est de
bonne guerre, le député de l'Opposition s'enregistre
peut-être pour préparer sa prochaine campagne électorale.
Je ne lui nie pas le droit de faire cela, de préparer ses prochains
discours et de les pratiquer.
M. Boulerice: Et je serai candidat.
Mme Bacon: II le fait très bien, d'ailleurs, je l'ai
regardé à la télévision. Il fait des
répétitions extraordinaires, parce que son émission de
télévision était très bien faite.
M. Boulerice: Je vous remercie. Antoine m'a beaucoup
aidé.
Mme Bacon: Je dois le dire, M. le Président, je ne suis
pas d'accord avec les chiffres qu'il cite. Je pense qu'il faudrait qu'il revoie
ses chiffres. On ne comprend pas, du côté de l'Opposition, M. le
Président. Les chiffres que nous avons devant nous parlent par
eux-mêmes et nous avons, par ces chiffres, prouvé qu'il y a eu une
augmentation considérable du budget du ministère des Affaires
culturelles par rapport au budget de l'État. Cela, je pense qu'ii
faudra, un jour ou l'autre, que le député de Saint-Jacques
compare - je le redis encore - avec le comparable: les crédits avec les
crédits, les dépenses avec les dépenses. On ne compare pas
des crédits avec des dépenses, mais des dépenses avec des
dépenses et des crédits avec des crédits. C'est ça
que devrait faire le député de Saint-Jacques. Ce que nous voyons
devant nous, ce sont des prévisions budgétaires pour
l'année, mais, je le redis encore, il y a des ajustements qui se font en
cours d'année, il y a des ajouts de certains ministères à
nos clientèles, il y a des ajouts que nous pouvons avoir. J'ose
espérer que dans le prochain budget, et j'ose croire que le ministre des
Finances pourra se pencher sur ce dossier avec beaucoup de
générosité, il nous remettra des sommes qui seront
ajoutées à ce dépôt de crédits que nous avons
devant nous. (11 h 30)
Sous le Parti québécois, en 1977-1978, le budget
était à 0, 51 %, et le député dit qu'ils ont
ajouté considérablement au budget des Affaires culturelles.
C'était quand même dans les premiers budgets du Parti
québécois. Il est arrivé, en 1984-1985, avec un budget de
0, 53 %; c'est loin de ce que nous avons, en 1989-1990, soit 0, 70 %. Si on
veut jouer sur les chiffres, on va sortir ceux que nous avons devant nous.
Comparons avec le comparable, M. le Président. Si je compare 0, 70 %
à 0, 53 %, quand nous avons pris le budget des Affaires culturelles, je
suis très fière du progrès qu'on a accompli en cours de
route.
M. Boulerice: Je répondrai tout simplement à la
ministre que, effectivement, chiffres pour chiffres, crédits ou
dépenses, il y a augmentation, à l'exception de la
première année où ça a été ce que
j'ai appelé, à juste titre, le massacre à la scie. Quand
j'entends la ministre se glorifier des augmentations consenties au
ministère de la culture, de 0, 67 %, la dernière année du
gouvernement du Parti québécois, à 0, 71 %, elle peut
peut-être me dire qu'elle a augmenté, en argent, le budget de ce
ministère, mais qu'elle ne vienne pas me dire qu'elle a fait faire une
progression fulgurante à l'atteinte de l'objectif du 1 %, quand elle n'a
atteint qu'un 0, 04 %. Est-ce que la ministre est en train de nous refaire un
second engagement formel, qui serait le 1 % la prochaine fois, s'il y a
prochaine fois?
Une voix: II va y avoir une prochaine fois.
M. Boulerice: Pour 1990-1991. Ne jurez de rien, monsieur, on ne
sait jamais.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que le
député n'a pas écouté ce que j'ai dit
tantôt.
M. Boulerice: Oui, j'ai écouté.
Mme Bacon: J'ai dit que, oui, l'atteinte du 1 %, nous l'avions
dans notre programme électoral. Nous avons pensé l'atteindre,
mais quand on est arrivés et qu'on a regardé la situation
budgétaire on s'est aperçus qu'on ne pouvait pas y arriver dans
un premier mandat, M. le Président. Ce n'est pas notre faute, c'est
l'incurie de l'ancien gouvernement. Prenons les chiffres. Regardons
l'évolution du budget du ministère des Affaires culturelles
comparativement au budget du Québec. Le Parti québécois a
pris le pouvoir en 1976. En 1976-1977, il était à 0, 44 % du
budget; en 1977-1978, 0, 51 %; en 1978-1979, 0, 50 %; en 1979-1980, 0, 45 %; en
1980-1981, 0, 50 %...
M. Boulerice: C'est faux.
Mme Bacon:... en 1981-1982, 0, 53 %; en 1982-1983, 0, 51 %...
M. Boulerice: Elle nous induit en erreur.
Mme Bacon:... en 1983-1984, 0, 52 %; et, en 1984-1985, 0, 53 %.
À notre arrivée au pouvoir, M. le Président: en 1985-1986,
0, 60 %. Déjà, on a une augmentation à notre
arrivée au pouvoir, pour arriver avec notre évolution du budget,
en 1989-1990, à 0, 70 %.
M. Boulerice: ils sont arrivés en décembre. La
ministre prétend qu'ils sont arrivés à 0, 60 %. Je
m'excuse, ce n'est vraiment pas le cas.
Mme Bacon: Vous avez fait un effort au moment des
élections, M. le Président.
M. Boulerice: En 1976-1977, dernière année de
Bourassa I, c'était 0, 42 %. C'était vous. Y étiez-vous
à cette époque-là? Je ne me souviens pas.
Mme Bacon: 0, 44 %.
M. Boulerice: C'était, sous ce gouvernement, 0, 42 %.
Notre premier budget, nous l'avons haussé à 0, 51 % et, en
1985-1986...
Mme Bacon: 0, 46 % en 1975-1976, M. le Président.
M. Boulerice: Est-ce qu'elle veut bien me laisser parler? En
1985-1986, 0, 67 %, d'accord, ce sont des dépenses, et excluant les
organismes de la Charte de la langue française et, tout de suite, 0, 62
% pour eux, nous en sommes aujourd'hui à 0, 71 % si on calcule les
crédits en début d'année. De toute façon, dans
cette guerre des chiffres, c'est elle qui y perd en crédibilité,
c'est inévitable, puisque c'est incontesté de la part de tous
ceux qui les ont regardés et qui les ont lus. Il y a même un
graphique que je vous fournirai, d'ailleurs, qui l'illustre très bien.
Mais est-ce que la ministre est capable de me dire, si elle obtient 19 000 000
$ en crédits, potentiellement peut-être quelques saupoudrages qui
feraient augmenter le chiffre en termes de dépenses réelles
à la fin de l'année, comment elle va faire dans un si court laps
de temps, puisqu'elle vient de fixer une deuxième
échéance, pour aller chercher les 100 000 000 $ qui manquent
à la tête du 1 %, alors que, cette année, où
normalement elle aurait dû faire un pas, elle n'a que 19 000 000 $
d'augmentation des crédits? Je vais être optimiste pour elle,
disons qu'elle obtient 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ de plus au chapitre des
dépenses en fin d'année. Comment la ministre peut-elle
considérer qu'elle va réussir l'objectif des 100 000 000 $ si on
calcule les dépenses de l'État aujourd'hui? L'an prochain,
l'augmentation des dépenses de l'État sera peut-être plus
significative et l'année d'après. Comment la ministre peut-elle
croire que nous allons croire qu'elle va sortir de son budget 100 000 000 $
avec un petit coup de baguette magique?
Mme Bacon: Je vais m'arranger.
M. Boulerice: Vous dites que vous allez vous arranger. Je ne sais
pas comment vous allez vous arranger avec le ministre des Finances, parce que
vous avouez vous-même que vous avez été
déçue, vous n'avez pas obtenu ce que vous vouliez. Vous l'avez
dit dans votre discours initial, mais, là, c'est 100 000 000 $ qui
manquent.
Mme Bacon: M. le Président, jamais le député
de Saint-Jacques n'a cité ses sources pour nous dire où il avait
pris tous les chiffres qu'il nous lance comme ça, que ce soit à
la télévision, dans ses discours, quand il veut se... Jamais il
ne nous a donné ses sources.
M. Boulerice: Des fonds publics.
Mme Bacon: Ce ne sont pas les chiffres publics. Ce ne sont pas
les chiffres publics que vous sortez de cette façon-là.
M. Boulerice: Bien voyons!
Mme Bacon: M. le Président, l'Opposition officielle
connaît mal ces dossiers, connaît mal les ressources que nous avons
devant nous, pour sortir justement les chiffres qu'elle nous lance comme
ça, de temps à autre, pour nous démontrer qu'on n'a pas
atteint ce 1 %, qu'ils n'ont jamais atteint eux-mêmes, M. le
Président. Jamais. On veut prendre le ton électoral? On va le
prendre ce matin, M. le Président. L'Opposition ne comprend pas la
dynamique d'un système gouvernemental. Comment veut-elle gouverner quand
elle n'a même pas saisi la dynamique d'un système gouvernemental?
Elle se cherche une vocation, M. le Président, en tant que formation
politique. Elle cherche également des points d'appui qu'elle ne trouve
pas dans le domaine de la culture parce qu'on a fait beaucoup plus, depuis que
nous sommes là, qu'elle n'a jamais fait. Elle a beau essayer de trouver
des points d'appui, elle n'en a pas. Elle ne convainc personne de la
démarche qu'elle entreprend en ce moment. L'Opposition nous
démontre qu'elle a encore besoin d'un long stage d'étude et d'un
long stage d'information pour se mettre à la page.
Les besoins du milieu, nous y avons fait face, M. le Président,
on les a compris et nous avons attaché de l'importance là
où elle doit être mise. On n'a qu'à interroger le milieu
pour savoir qu'il a compris les interventions du ministère des Affaires
culturelles.
Les mesures des autres ministères, l'aide directe au
ministère des Affaires culturelles, nous arrivent en cours de route. Le
ministère des Affaires culturelles intervient principalement de deux
manières. L'une consiste à apporter une
aide directe au milieu artistique et culturel par une contribution
financière à même les budgets du ministère ou
à partir des fonds d'autres ministères québécois.
L'autre manière consiste aussi à mener des actions dont l'effet
ne se traduit pas directement en termes budgétaires, mais elles ont
quand même un effet levier. Cela constitue un manque à gagner pour
le gouvernement: par exemple, les mesures fiscales et aussi celles à
l'égard du statut des créateurs, des artistes et aussi des
programmes d'incitation de financement privé. On en a fait de cela, M.
le Président, depuis notre arrivée. Quand on regarde l'aide que
nous allons recevoir des autres ministères, c'est un montant d'environ
10 000 000 $ de plus que nous comptons avoir ajouté à notre
budget, aux crédits, sans parler de la possibilité d'un ajout
dans le discours sur le budget du ministre des Finances. Et je ne suis pas
à la merci du ministre des Finances. Le ministre des Finances fait cela
à l'égard de tous les ministères quand il présente
son budget. C'est bien mal connaître ce qu'est un fonctionnement
gouvernemental, M. le Président, que de dire que nous sommes
encarcanés par le ministère des Finances.
Nous avons fait connaître nos besoins au Conseil du trésor,
nous avons fait connaître nos besoins au ministre des Finances, nous
avons des crédits devant nous et nous aurons des ajouts des autres
ministères, des actions, l'aide directe au ministère, des mesures
des autres ministères qui sont importantes par rapport à notre
budget et qui ajoutent au budget qui est donné aux milieux culturels.
Par le fait même, nous ajouterons probablement, et je l'espère. Le
ministre des Finances, dans son budget, j'espère qu'il aura cette
générosité que nous attendons de lui, qui est
nécessaire dans sa compréhension à lui aussi des milieux
culturels, et il les a compris, M. le Président.
M. Boulerice: M. le Président, la ministre dit: Si on veut
faire de la politique... On voit à son ton, de toute façon,
qu'elle ne s'est jamais départie de son élément
ultra-partisan. Quand le message porte et, forcément, touche la cible,
c'est une bonne vieille tactique que d'essayer de discréditer le
messager. Mais cela, le milieu de la culture n'en est pas dupe. Quand elle me
vante: "Mais les efforts considérables que vous, vous n'avez pas faits
pour le 1 %", je vais la ramener à une mathématique
élémentaire, donc compréhensible, à partir des
chiffres qui sont du domaine public, qu'elle a d'ailleurs, qu'elle peut
trafiquer à volonté si elle le veut, mais ils sont
là...
Mme Bacon: M. le Président, il y a des limites!
M. Boulerice: M. le Président...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice:... en 1976-1977...
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, M. le
député de Saint-Jacques. Je vous demande de retirer l'expression
"trafiquer" que vous avez employée.
M. Boulerice: Jouer, M. le Président.
Mme Bacon: C'est aussi antiparlementaire.
Une voix: Ce n'est pas plus parlementaire.
M. Boulerice: Jouer?
Le Président (M. Trudel): On pourrait...
Mme Bacon: Je ne joue pas avec les chiffres, M. le
Président, je cite des chiffres.
M. Boulerice: L'interprétation partisane des chiffres que
donne la ministre. Eh bien! je vais faire cette mathématique
élémentaire!
Le Président (M. Trudel): Vous avez beaucoup de
vocabulaire, M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: 0, 42 %, la dernière année du
gouvernement Bourassa I. La dernière année du deuxième
mandat du Parti québécois, 0, 67 %. Donc, un bond de 0, 25 % dans
l'atteinte du 1 %. La quatrième année, quatrième budget du
ministère des Affaires culturelles sous la gouverne de Robert Bourassa
II, 0, 71 %, donc 0, 04 % de progression dans le pourcentage à
atteindre, soit 1 %. Nous, on ne s'est peut-être pas garrochés sur
la place publique en criant "vous l'aurez", mais on était en train de
leur donner. Eux disent: On va vous le donner, mais Ils sont en train de ne pas
l'avoir. À un rythme de progression de 0, 04 %, ça prendra trente
ans pour l'obtenir. Voilà!
Je vais passer à autre chose, parce que je pense que les chiffres
sont très éloquents.
Mme Bacon: Non, non, je ne laisserai pas passer ça, M. le
Président, si ça ne vous fait rien.
M. Boulerice: Cela ne me fait rien, je vais aller faire...
Mme Bacon: J'aimerais bien, chaque fois que le
député cite des chiffres comme ça, qu'il cite ses sources.
Nous n'avons pas les mêmes chiffres que lui, nous avons les livres...
M. Boulerice: Les crédits déposés chaque
année. Je réponds tout de suite.
Mme Bacon: Nous n'avons pas les mêmes
chiffres que lui.
M. Boulerice: Bien voyons!
Mme Bacon: Le livre des crédits nous donne...
M. Boulerice: On n'a pas déménagé le
ministère quand vous êtes arrivée.
Mme Bacon:... 0, 44 % en 1976-1977. Ce n'est pas 0, 42 %, c'est
0, 44 %.
M. Boulerice: Moi, on me dit 0, 42 %.
Mme Bacon: Parmi les chiffres que nous cite le
député de Saint-Jacques depuis quelque temps - c'est d'ailleurs
la seule vulnérabilité qu'il peut trouver - nous avions dit 1 %
dans notre programme électoral et nous avons changé en cours de
route pour fixer à 1991 l'atteinte du 1 %. Il ne trouve rien d'autre au
ministère des Affaires culturelles que ce fameux 1 %. On peut passer
l'avant-midi là-dessus, on peut en parler longtemps.
Dans les chiffres que nous cite le député de Saint-Jacques
depuis longtemps, nous avons cherché les données qu'il nous cite
dans les crédits originaux des années citées, dans les
crédits modifiés apparaissant dans les crédits originaux
de l'année suivante, dans les dépenses apparaissant dans les
comptes publics, dans les crédits originaux apparaissant dans les
comptes publics, sauf pour les années 1989-1990 et 1988-1989 qui sont
des dépenses probables, et on ne peut pas trouver l'origine des chiffres
du député de Saint-Jacques. Même si on mettait tout le
ministère à la recherche de ces chiffres, on ne pourrait pas les
trouver. J'aimerais qu'il nous cite ses sources parce qu'on ne peut trouver
nulle part au ministère les chiffres qu'il nous cite. On peut bien
fabriquer des chiffres, M. le Président, on peut jouer avec les
chiffres. Je vais utiliser le mot du député de Saint-Jacques, on
peut jouer avec les chiffres.
M. Boulerice: Faites-lui retirer.
Mme Bacon: Mais je pense que celui qui Joue le plus entre nous
deux, c'est le député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Trudel): Mme la ministre, j'ai fait
retirer au député de Saint-Jacques le mot "jouer" pour le
remplacer par "interpréter".
Mme Bacon: Retirons le mot "jouer". Il interprète les
chiffres, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): C'est ça. Merci.
Mme Bacon: II dit que, moi, je les interprète. C'est lui
qui les interprète. Je cite suivant les sources du ministère qui
sont publiques, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Madame, on est au
ministère des Affaires culturelles, on peut Interpréter. Non?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Je ne me suis jamais substituée à un
artiste, M. le Président.
M. Boulerice: M. le Président, de toute façon,
encore là, je vous l'ai dit...
Mme Bacon: II a l'air fou!
M. Boulerice:... je pense que ['honnêteté
intellectuelle, c'est reconnu et de quelle part elle est...
Mme Bacon: Ah! Il y a des limites.
Le Président (M. Trudel): Je pense qu'on peut
échanger des idées et même se donner quelques coups,
mais...
M. Boulerice: Mais c'est un peu... Ce jeu des chiffres, M. le
Président...
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint Jacques, c'est moi qui parie pour le moment, s'il vous plaît! La
période des crédits n'est pas nécessairement la
période la plus détendue, dans l'histoire, de l'année
parlementaire au Québec...
M. Boulerice: Cela viendra tantôt.
Le Président (M. Trudel):... mais je pense qu'on est
plutôt mal partis ce matin. Je vous inviterais, M. le
député de Saint-Jacques, à regagner votre calme.
Peut-être auriez-vous besoin d'une ou deux minutes de suspension
pour...
Mme Bacon: II faudrait peut-être qu'il tourne sa cassette,
M. le Président, et qu'il s'entende un peu Le ton agressif qu'il utilise
ce matin, s'il veut répéter pour la prochaine élection, II
faudrait peut-être qu'il change un peu ce ton-là. Cela ne passe
pas dans la population, ça, M. le Président.
M. Boulerice: A ceci, M. le Président, je dirai qu'on a vu
les jeux habiles, enfin les interprétations habiles quant à la
réduction du déficit qui ont d'ailleurs été
démenties par le Vérificateur général de
l'État. Je pense qu'on pourrait peut-être l'inviter à venir
se pencher sur le budget du ministère de la culture depuis les livres
des crédits déposés des dix dernières
années, et il nous donnerait raison. À la suggestion de Mme la
ministre de suspendre, je lui demanderais, effectivement, une seconde, mais
pour des raisons tout à fait autres que celles qu'elle a
évoquées, qui sont des raisons très personnelles.
Le Président (M. Trudel): C'est très naturel.
Mme Bacon: Avant cela, M. le Président, je voudrais quand
même revenir sur les chiffres que je cite, je les ai dans les livres
publics, je les prends à même les livres publics, et je ne
parlerai pas ici d'honnêteté intellectuelle, comme l'a fait le
député de Saint-Jacques. M. le Président, c'est un affront
à l'ensemble de mon ministère qu'il fait en ce moment. Je
travaille avec des gens qui sont dévoués, qui ont
travaillé à ces dossiers, qui les ont bien préparés
et qui ne sont pas des malhonnêtes Intellectuellement. Pour quelqu'un qui
a envie d'être ministre un jour, c'est très mauvais, c'est bien
mal parti, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Alors, je suspends les travaux
de cette commission pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 51)
Le Président (M. Trudel): Nous allons poursuivre.
Êtes-vous toujours sur la même question, M. le député
de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Oui, toujours au programme 1.
Le Président (M. Trudel): Au programme 1, d'accord.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Oui, allez-y, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Dans le programme 1, élément 1, je
vois: Revue de presse LL, confection d'une revue de presse quotidienne. Est-ce
qu'on pourrait connaître le nom des administrateurs de cette
société?
Mme Bacon: À quelle page?
M. Boulerice: À la page 77 des renseignements
supplémentaires.
Une voix: Les renseignements supplémentaires.
M. Boulerice: Dans le volume 1.
Le Président (M. Trudel): Demandes
générales, 1989-1990, volume 1, page 77.
Mme Bacon: Confection d'une revue de presse quotidienne. Qui sont
les membres du conseil d'administration?
M. Boulerice: Qui sont les administrateurs de cette compagnie? Je
ne crois pas que ce soit une société.
Mme Bacon: Je n'ai pas la réponse, M. le Président.
Il faudra vérifier. La directrice des communications va vérifier
et nous donnera la réponse tantôt.
Le Président (M. Trudel): D'accord. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je m'excuse. Est-ce que la directrice des
communications est là?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Est-ce que je pourrais en profiter pour faire une
petite "capsule"? Cela fait je ne sais combien de fois que mon bureau appelle
pour demander que je reçoive encore de nouveau la revue de presse
hebdomadaire du ministère des Affaires culturelles.
Une voix: Quotidienne.
M. Boulerice: Quotidienne, et je ne l'ai pas.
Mme Bacon: II n'y a pas de problème. Vous ne l'avez
pas?
M. Boulerice: Non.
Mme Bacon: C'est enregistré.
M. Boulerice: C'est tellement enrichissant.
Mme Bacon: C'est enregistré non seulement sur votre
cassette, mais aussi sur la nôtre.
M. Boulerice: C'est enrichissant. Développement des
milieux culturels, programme 2, élément 2.
Mme Bacon: Est-ce qu'on a adopté le programme 1? On finit
le programme 1.
M. Boulerice: Je n'ai pas d'autres questions pour le moment.
Mme Bacon: Est-ce qu'on ' procède programme par programme,
M. le Président?
Le Président (M. Trudel): Oui, on va procéder
programme par programme. M. le député.
Mme Bacon: Est-ce que c'est fini, le programme 1?
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le
programme 1 est adopté?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Adopté sur division.
Passons donc au programme 2, Développement des milieux culturels. M. le
député de Saint-Jacques, vous avez une question?
Développement des milieux culturels
Mme Bacon: Programme 2?
M. Boulerice: Oui, l'équipement culturel. Il y a plusieurs
projets qui sont en attente d'une implication du ministère des Affaires
culturelles. Il y a l'implanthéâtre, achat et rénovation;
la rénovation du Centre culturel de Shawlnlgan; la salle de spectacles
de Baie-Comeau - remarquez que la ministre lie son consentement à une
aide fédérale de 3 000 000 $...
Mme Bacon: Est-ce qu'on les prend un à un pour avoir des
réponses?
M. Boulerice: D'accord, implanthéâtre. Ce que je
veux savoir, ce sont les intentions du ministère face à
l'Implanthéâtre.
Mme Bacon: L'Implanthéâtre, c'est à
l'étude. Cela doit arriver bientôt, d'ici à 24 heures.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: D'ici à 24 heures.
M. Boulerice: Bon. Je dois vous avouer que c'est la
première fois que vous me donnez une date aussi précise quand
vous dites "bientôt".
Mme Bacon: C'est aussi précis que cela le dossier, M. le
Président.
M. Boulerice: Sauf pour les chiffres. Mme Bacon: Comme les
chiffres.
M. Boulerice: Sauf. La rénovation du Centre culturel de
Shawinigan.
Mme Bacon: C'est un dossier qui est en marche. Il y a le sommet
économique qui vient et il sera présenté lors du sommet
économique, au mois de mai.
M. Boulerice: Dans 36 heures.
Mme Bacon: C'est le 27 mai, le sommet économique.
M. Boulerice: Le 27 mai.
Mme Bacon: Les chiffres que je donne ce matin sont très
précis, M. le Président.
M. Boulerice: La salle de spectacles à Baie-Comeau.
Mme Bacon: La salle de spectacles à Baie-Comeau. C'est le
service de la dette. Nous avions accepté le dossier lors du dernier
sommet économique et il nous faut connaître le montant de notre
service de la dette pour dire quand on pourra démarrer. Il y a la
participation du fédéral que nous attendons et qui reste à
être confirmée. Elle n'a pas encore été
confirmée. J'avais dit, lors du sommet économique, si ma
mémoire est fidèle, que nous y allions, mais que nous exigions
une participation du fédéral qui avait d'ailleurs
été promise, comme beaucoup de promesses sont faites par le
fédéral en matière culturelle.
M. Boulerice: Je ne comprends pas, bon négociateur comme
ce gouvernement prétend l'être. Mais on me dit que le ministre
fédéral des Communications...
Mme Bacon: Promet beaucoup.
M. Boulerice: Oui, mais il s'est engagé formellement
à une aide fédérale de 3 000 000 $.
Mme Bacon: Non, ce n'est pas écrit, ce n'est pas
confirmé. Je lui dirais bien merci s'il me le donnait, et je vous
remercie de me l'apprendre, mais je n'ai pas de lettre de confirmation de ce
ministre. Si vous avez des liens directs et privilégiés avec lui,
il faudrait peut-être lui dire de hâter les choses.
M. Boulerice: Vous l'avez vu pour l'Amphithéâtre de
Joliette, oui. De combien serait l'implication de votre ministère dans
le dossier?
Mme Bacon: 2 800 000 $. M. Boulerice: 2 800 000 $. Mme Bacon:
2 800 000 $, autour de ça.
M. Boulerice: D'accord. La Maison de la culture à
Thetford-Mines, ou à Thetford les mfnes, peu importe comment on
l'appelle.
Mme Bacon: C'est un dossier qui sera présenté
probablement au sommet de l'automne. Je sais que le ministre
fédéral a fait des promesses, à la lecture des journaux
que j'ai vus. Je reconnais son Intérêt pour le comté de
Frontenac, mais j'attends le sommet économique, et je pense que nous y
verrons les priorités qui seront arrêtées par la
région. Je pense qu'il faut quand même respecter la "priorisation"
des dossiers par la région.
M. Boulerice: Si on ne "priorise" pas rapidement, d'autres
priorités viendront et cet argent consenti par le fédéral
risque...
Mme Bacon: Ce n'était pas dans les priorités du
ministère. C'est une priorité qu'en fait le ministre
fédéral, mais la responsabilité culturelle est la mienne
et non la sienne, et je ne vois pas pourquoi le fédéral ferait
des priorités de dossiers pour nous. Laissons la région
travailler à ses dossiers culturels d'ici au sommet et "prioriser" ses
dossiers, et nous répondrons. Comme nous l'avons fait dans tous les
sommets économiques, nous répondons aux "priorisations" de
dossiers que fait la région.
M. Boulerice: La Maison de la culture de Mercier?
Une voix: Mercier?
M. Boulerice: Oui, dans l'est de la ville, de Montréal,
j'entends.
Mme Bacon: C'est la ville de Montréal? M. Boulerice:
Oui.
Mme Bacon: On ne subventionne pas les maisons de la culture de
Montréal.
M. Boulerice: Vous ne subventionnez plus. Mme Bacon: On
l'a fait une fois. M. Boulerice: Donc, son avenir est...
Mme Bacon: C'est convenu avec la ville de Montréal. Il y a
une entente avec la ville de Montréal là-dessus. Ils le savent,
ils connaissent.
M. Boulerice: Le projet de la Maison de la culture à
Gatineau connaît des retards. Il semble que les coûts seraient plus
élevés que prévu et que le gouvernement serait
invité à hausser sa participation à, je pense, 3 500 000
$.
Mme Bacon: On ne sait pas encore de quel ordre peut être
cette différence, mais on attend la demande officielle de la
région de Gatineau.
M. Boulerice: Vous n'avez pas encore reçu de demande
officielle jusqu'à présent, avec les montants?
Mme Bacon: Non. On n'a pas les montants précis.
M. Boulerice: Cela va coûter inévitablement plus
cher. Avez-vous la liste des projets en service de la dette?
Mme Bacon: Pour 1989-1990?
M. Boulerice: Non, non, pour 1988-1989.
Mme Bacon: Pour 1988-1989, dans la liste des projets qui ont
été retenus en service de la dette, il y a eu la salle de
spectacles de New Richmond, la bibliothèque Chibougamau (Ungava), la
bibliothèque Montcalm à Québec, le Musée
Laure-Conan à La Malbaie, la bibliothèque affiliée
à Cap-Santé (Portneuf), la bibliothèque affiliée
des Cantons unis de Stoneham et Tew-kesbury (Chauveau), la salle
Albert-Rousseau, phase I à Sainte-Foy, la bibliothèque
affiliée Saint-David - de - l'Auberivière (Lévis), fa
bibliothèque de Sherbrooke, l'École nationale du cirque, la
bibliothèque Laure-Conan à Vimont, la bibliothèque
multiculturelle et de ressources de Laval, et il y aura une annonce lundi sur
un autre dossier. Vous me permettrez d'attendre à lundi.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut obtenir la liste et les
montants?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Cela totalise environ combien?
Mme Bacon: 15 000 000 $ en service de la dette...
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon:... sans compter les musées et les
sociétés d'État.
M. Boulerice: Serait-ce possible d'obtenir le document de travail
dont il est fait mention à la page 10 sur les équipements
culturels sur une base régionale?
Mme Bacon: La page 10 de quel dossier? M. Boulerice: Le
cahier.
Mme Bacon: On était à la page 29. Dans lequel
travaillez-vous? Il faudrait qu'on travaille dans le même dossier.
M. Boulerice: Le volume 1, le vrai cahier.
Mme Bacon: À la page 10, Rétrospective des
activités réalisées en 1988-1989. Est-ce ça? Est-ce
le titre? Que demandiez-vous? Le ministère a publié deux
numéros du bulletin Chiffres à l'appui, le premier portant sur
les habitudes d'écoute de la musique. C'est le bulletin?
M. Boulerice: II y a quatre documents de travail. C'est
écrit: Ils ont porté sur les dépenses publiques pour la
culture, sur les équipements culturels sur une base
régionale.
Mme Bacon: Ah oui! On peut fournir ça. Nous les avons.
M. Boulerice: Les rapports d'étude sont-ils disponibles
également?
Mme Bacon: Oui. Vous êtes toujours à la
page 10?
M. Boulerice: II y en a un sur le fonds d'appui.
Mme Bacon: Les documents de travail ont été
diffusés. Oui, ils ont été diffusés.
M. Boulerice: II y en a un sur le fonds d'appui aussi.
Mme Bacon: Oui. C'était sur la distribution des
dépenses. C'est public.
M. Boulerice: La ministre va-t-elle convenir que si,
officiellement, ce n'est pas levé, officieusement, le moratoire est
levé? Il serait peut-être temps qu'on considère que les
règles du jeu devraient être claires et qu'elles soient les
mêmes pour tous.
Mme Bacon: Si on considère les investissements qui ont
été consentis au cours des deux dernières années,
je pense qu'on peut parler quand même d'une augmentation des
investissements en équipements. Je ne dis pas que c'est levé, je
dis qu'il y a une levée progressive du moratoire. L'augmentation de 500
000 $ aux crédits réguliers pour 1989-1990 ce sont des
crédits réguliers - va nous permettre de réaliser des
projets urgents, qu'on appelle urgents, nécessaires,
particulièrement dans le secteur des bibliothèques
affiliées aux bibliothèques centrales de prêt et aussi pour
l'amélioration des équipements existants. On ne connaît pas
encore l'enveloppe qui nous sera octroyée en service de la dette. On
devrait être en mesure de donner suite à certains projets
importants. Dès qu'on connaîtra l'enveloppe du service de la dette
du Conseil du trésor, on pourra faire des choix à ce
moment-là. Il faut quand même considérer, dans nos choix,
l'impact majeur sur les crédits réguliers de nos engagements en
service de la dette. Pour cette année, une augmentation de plus de 6 500
000 $ a été octroyée pour assumer nos obligations à
ce chapitre-là.
Dans un contexte comme celui-là, je ne peux pas parler d'une
levée totale du moratoire. On doit quand même permettre des
développements, mais on doit le faire d'une façon très
prudente. À ce moment-là, il faut favoriser des projets qui nous
semblent les plus urgents et qui ont aussi le plus de rayonnement dans leur
milieu, qui servent au plus grand nombre de gens, et qui ont le plus grand
rayonnement dans leur milieu. Mais si on devait lever dramatiquement le
moratoire en disant "at large", si vous me permettez l'expression, mur à
mur, ce serait vraiment s'embarquer dans une augmentation de budgets qui ne
servirait qu'au service de la dette et non aux milieux culturels, aux artistes
eux-mêmes. Cela est dangereux dans un gouvernement. C'est pour cela, je
pense, qu'une saine administration nous fait dire: Oui, il y a des besoins en
équipements; oui, on y va en service de la dette.
Malgré un moratoire qui avait été
décrété par le Conseil du trésor, on est
allés chercher, en convainquant ce même Conseil du trésor
des besoins urgents, des besoins nécessaires, des sommes qui sont
importantes. Mais il va falloir lever le moratoire prudemment, en y allant avec
les besoins urgents et nécessaires, pour ne pas augmenter un budget du
ministère qui ne servirait qu'en service de la dette. Je pense que c'est
agir en bons administrateurs que de faire cela. Mais quand on cible bien nos
priorités, quand on cible bien les besoins qui nous sont transmis par
les milieux culturels, par les régions, quand on favorise les dossiers
qui sont les plus urgents, je pense qu'on arrive quand mêmes à
doter le Québec d'équipements qui sont importants, à doter
les milieux culturels d'équipements qui permettent une meilleure
diffusion de notre culture, tout en n'accablant pas le ministère des
Affaires culturelles d'un budget qui est nécessaire pour payer ensuite
le service de la dette. Je ne voudrais pas me retrouver dans un, deux ou cinq
ans avec un service de la dette qui viendrait gruger la marge de jeu
budgétaire nécessaire pour les autres programmes. Je pense que,
quand on administre un ministère, il faut être bien conscients de
cela.
M. Boulerice: Une levée progressive, comme vous dites,
entraîne des critères.
Mme Bacon: Entraîne?
M. Boulerice: Cela entraîne des critères. Il y a
quand même des critères.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Oui, mais...
Mme Bacon: Je viens de les dire: urgent, nécessaire,
inévitable, rayonnement régional, rayonnement culturel,
diffusion, besoins des régions. On n'a qu'à penser, dans
certaines régions, aux sommets économiques où les milieux
culturels sont venus - ils ont quand même fait un effort - pour favoriser
des dossiers; ils ont fait connaître le résultat de leurs efforts
que nous avons accepté. Cela fait partie des critères de
sélection.
M. Boulerice: Oui, mais un moratoire "démuré", pour
employer votre expression, signifierait aussi des critères. Cela ne veut
pas dire, parce que vous "démurez" le moratoire, que c'est tout, partout
et tout de suite. Alors, pourquoi ce jeu d'ordre philosophique?
Mme Bacon: C'est ce que je viens de dire. Non, on peut
philosopher, parler sur les mots. C'est ce que je viens de dire. Nous y allons
progressivement, en s'occupant d'abord des
besoins urgents et nécessaires, des dossiers qui ont, au
préalable, été privilégiés par les
régions. Je pense que c'est cela, une saine administration, une saine
gestion des fonds publics. Accabler un ministère en service de la dette,
si on y allait à 100 000 000$ -vous aimez les 100 000 000 $ - pour
construire dans la province, on ne pourrait, à ce moment-là,
avoir d'augmentation de budget qui irait aux clientèles culturelles,
à nos artistes directement, dans les années qui viennent, parce
qu'on se retrouverait en train de rembourser ce service de la dette, avec les
augmentations qui seraient données au ministère des Affaires
culturelles. C'est sur cela que j'essaie de mettre en garde le
député de Saint-Jacques, en disant: Si on y va à 100 000
000 $ cette année, au lieu de 15 000 000 $... On répond aux
besoins. Je pense que cela nous permet de privilégier les dossiers et
d'aller répondre aux besoins de diffusion culturelle, aux besoins de
l'ensemble des régions. Je pense que les régions y sont aussi
très sensibles, parce qu'elles doivent elles-mêmes faire un effort
de capacité de payer aussi, quand elles favorisent des dossiers.
M. Boulerice: Vous allez me dire que je reprends mon discours
habituel, mais je ne perds pas confiance. Un jour, je vais vous faire changer
d'idée. Vous dites qu'il faut penser aux artistes. Je suis bien d'accord
avec vous, mais qu'est-ce qu'un artiste qui n'a pas l'équipement pour
exercer son art? Je vais vous répondre: C'est beau le statut de
l'artiste, mais c'est tout ce qui lui reste, une statue sur sa cheminée,
un Oscar qu'il a gagné, pour vous donner une image. Mais il n'a pas
l'édifice, l'équipement adéquat pour exercer son art.
Mme Bacon: L'Oscar, ce n'est pas moi. M. Boulerice:
Pardon?
Mme Bacon: Cette image de l'Oscar, ce n'est pas moi.
M. Boulerice: Non, parce qu'il y a deux formes d'Oscar. Il y a
celui où on met une carte et où on obtient de l'argent tout de
suite; ce n'est pas votre cas.
Mme Bacon: Le député n'a pas compris que nous avons
mis 500 000 $ de plus cette année aux crédits réguliers.
Il y a des crédits réguliers aussi. On les a mis aux
équipements, au lieu de les donner aux groupes culturels, justement pour
que ces groupes culturels puissent bénéficier
d'équipements de diffusion. C'est ce choix qu'on doit faire quand on a
devant nous les sommes qui nous sont données par le Conseil du
trésor. On a pris 500 000 $. L'an dernier, on avait mis l'accent sur les
groupes culturels; les sommes qui allaient directement aux artistes. Cette
année, on a pris 500 000 $ de l'argent que nous avions en crédits
réguliers pour mettre, à la disposition de ces mêmes
artistes des équipements, ce qui nous permet de doter la province
de centres de diffusion, que ce soit pour les bibliothèques, pour des
centres de diffusion comme tels, des salles de spectacles et autres, et ce qui
nous permet de mettre à la disposition des artistes ces endroits de
diffusion qui sont importants. Ce sont des choix qu'on doit faire, non
seulement en service de la dette, mais on doit les faire aussi en
crédits réguliers.
M. Boulerice: Vous avez dit que vous ne saviez pas combien vous
auriez en service de la dette. Combien avez-vous demandé?
Mme Bacon: Si le député, un jour, est ministre, il
saura qu'on ne demande pas; on attend le Conseil du trésor.
M. Boulerice: II paraît que vous êtes prophète
des fois.
Mme Bacon: II y a des dispositions du Conseil du trésor
qu'il faut respecter et c'est le Conseil du trésor qui offre des
enveloppes de service de la dette aux ministères respectifs. Nous
pouvons discuter avec eux.
M. Boulerice: Mais il y a quand même des demandes.
Mme Bacon: Nous discutons avec eux et, si nous ne sommes pas
satisfaits des enveloppes, en cours d'année, bien souvent, nous allons
en chercher davantage. (12 h 15)
M. Boulerice: Mais il y a quand même une demande
préliminaire. Ils n'inventent pas les besoins. Il y a une échelle
qui leur a été soumise.
Mme Bacon: On a déposé un plan triennal au Conseil
du trésor et on travaille à partir du plan triennal. On
espère que l'enveloppe va suivre.
M. Boulerice: De combien était-il, votre plan
triennal?
Mme Bacon: Un chiffre qu'adore le député de
Saint-Jacques, 100 000 000 $ pendant les trois prochaines années.
M. Boulerice: Vous auriez pu demander 101!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Ou 178!
M. Boulerice: Et un ministre par loi. D'accord, ça va pour
les équipements.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que ça va
pour les programmes?
Mme Bacon: J'ai peut-être la réponse que cherchait
le député de Saint-Jacques tantôt sur la Revue de presse L.
L enr. Le propriétaire est Paul Laquerre.
M. Boulerice: D'accord pour l'élément 2, les
équipements culturels. Au programme, il nous en reste encore.
Mme Bacon: C'est l'élément 1.
Le Président (M. Trudel): Est-ce qu'on peut
considérer l'élément 1 comme étant adopté ou
si vous ne l'avez pas encore touché?
Mme Bacon: Nous sommes à l'élément 2.
Le Président (M. Trudel): M. le député, vous
êtes au programme 2.
Mme Bacon: Les équipements culturels, c'est à
l'élément 2.
M. Boulerice: C'est ça.
Mme Bacon: L'élément 1, c'était
l'administration.
M. Boulerice: C'est ça.
Mme Bacon: L'élément 2 est terminé?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Les éléments 1 et
2 sont terminés, si on a bien compris, M. le député.
M. Boulerice: Les éléments.
Le Président (M. Trudel): Vous êtes à
l'élément 3.
Patrimoine historique, archéologique et
naturel
M. Boulerice: Est-ce qu'on pourrait avoir des explications quant
à la diminution des crédits au chapitre de l'aide aux
municipalités - qui est un délestage - et aux organismes du
patrimoine?
Mme Bacon: La diminution de l'aide aux municipalités dans
le domaine du patrimoine s'explique par la répartition des
crédits variables dans le cas des ententes et par la fin aussi des
ententes. Il y en a qui sont en voie de renouvellement pour 1990-1991. Il n'y a
pas de diminution aux organismes. La diminution de l'aide aux
municipalités s'explique dans la répartition des crédits
variables, dans le cadre des ententes et de la fin de certaines ententes.
M. Boulerice: Vous avez parlé d'un budget de
développement de 1 600 000 $. Quelle est la ventilation de ce
budget?
Mme Bacon: II y a 600 000 $ pour les organismes nationaux et
régionaux, et
I 000 000 $ pour ce qu'on appelle dans notre jargon, chez nous, Popen
bar", le programme par lequel les gens qui font la restauration de leur
édifice ou de leur maison du domaine patrimonial viennent chercher soit
60 %, 25 %, 40 %.
M. Boulerice: Les propriétaires privés.
Mme Bacon: C'est ça. Alors, on ne sait jamais d'une
année à l'autre de quelle somme nous avons besoin, parce que si
tout le monde décidait de rénover la même année on
devrait augmenter les budgets. C'est ouvert, mais d'une année à
l'autre on ne le sait pas.
M. Boulerice: Je n'aurais pas dû acheter du neuf et
profiter de votre "open bar". De combien est votre enveloppe actuelle?
Mme Bacon: Elle est de 4 400 000 $, alors qu'elle était de
3 437 000 $. C'est inscrit au livre des crédits.
M. Boulerice: Vous avez présumé une
augmentation.
Mme Bacon: Oui, nous avons présumé ça, parce
qu'il y a une augmentation chaque année.
II y a eu une dépense supérieure au cours de
l'année qui vient de se terminer. Cela dépasse souvent ce qu'on
prévoit. C'est difficile de prévoir un montant exact, parce qu'on
ne sait pas qui va rénover. Mais, de ce montant de 1 600 000 $, il y a
quand même 600 000 $ pour les organismes nationaux et
régionaux.
M. Boulerice: Quand avez-vous l'intention de déposer votre
projet de politique du patrimoine qui était prévu pour l'automne
dernier? Léglslativement pariant, je dois vous dire que je m'ennuie.
Quelle justification donnez-vous à ce délai?
Mme Bacon: Je dois recevoir le dossier la semaine prochaine et on
le rendra public le plus rapidement possible, au début de
l'été, pour qu'il y ait consultation à l'automne.
M. Boulerice: Sous quelle forme se tiendra cette
consultation?
Mme Bacon: On se retrouvera à l'automne. Sous forme de
documents, d'après les documents qu'on recevra du comité de
travail.
M. Boulerice: Vous ne prévoyez pas d'audiences?
Mme Bacon: On verra à ce moment-là quelle forme
prendra la consultation, mais il y aura consultation.
M. Boulerice: Dans cette révision de la Loi sur les biens
culturels, est-il dans vos intentions de permettre aux municipalités de
conserver les intérieurs?
Mme Bacon: C'est à partir du dossier sur le patrimoine
qu'on va tout revoir ça. Cela dépendra des recommandations faites
dans le dossier, mais il nous semble que cela va dans ce sens-là.
À partir de valeurs historiques, je crois qu'on peut dire oui.
M. Boulerice: Vous, personnellement, y êtes-vous
favorable?
Mme Bacon: C'est difficile de se prononcer personnellement quand
on a fait travailler des gens si longtemps. Je pense qu'il faut quand
même attendre que ces gens nous remettent leur dossier et on verra
à ce moment-là. Si cela ne me satisfait pas, le "personnellement"
entre en ligne de compte.
M. Boulerice: Mais il y a des cas pour lesquels vous ne vous
gênez pas de vous prononcer personnellement.
Mme Bacon: Pas au moment où les gens sont en train de
finaliser leur dossier afin de nous le remettre la semaine suivante.
M. Boulerice: Mais, il y a eu une commission qui n'avait
même pas encore entendu une requête et, déjà, vous
aviez dit oui, vous. Vous ne vous gêniez pas alors. Pourquoi
l'êtes-vous, là?
Mme Bacon: Pardon?
M. Boulerice: Pourquoi vous sentez-vous soudainement
gênée de vous prononcer personnellement?
Mme Bacon: Je ne suis pas gênée du tout. Je dois
répéter à nouveau ce que j'ai dit tantôt: C'est par
respect pour les fonctionnaires qui ont travaillé au dossier, par
respect pour les gens qui ont travaillé au dossier. Ils ont
consulté beaucoup de gens et j'attends de recevoir leur dossier. Si je
ne suis pas d'accord avec eux, il y aura discussion entre nous et, ensuite, on
pourra voir ce qu'on fera.
M. Boulerice: Vous n'avez pas eu la même délicatesse
envers la Commission des biens culturels, qui n'était pas encore tout
à fait saisie...
Mme Bacon: Ce que vous dites n'est pas la vérité.
J'ai eu un dossier de la Commission des biens culturels et nous avons agi en
accord avec la Commission des biens culturels; nous avions son accord. C'est
une plainte subséquente qui a déclenché tout ça. Je
n'ai jamais, comme vous l'avez dit tantôt, bafoué la Commission
des biens culturels.
M. Boulerice: Vous l'avez fait avant qu'elle émette son
avis.
Mme Bacon: Pas du tout.
M. Boulerice: Bien oui, il faut lire les journaux. Un autre
attaché de presse qui va être mis à la porte!
Mme Bacon: Pas du tout. Nous avions le dossier de la Commission
des biens culturels et nous avons émis un communiqué du
ministère par la suite. Je n'ai jamais bafoué la Commission des
biens culturels. Vous utilisez de biens grands mots, M. le député
de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Justement, puisqu'on parle de l'école
Signay, pourriez-vous nous transmettre le contenu de l'avis de la commission et
la date du dépôt? Rappelez-vous que l'avis de la commission en
décembre 1987 était négatif.
Mme Bacon: Vous m'avez demandé une date, je vais vous la
donner.
Le ministère avait émis un communiqué le 1er mars
en donnant des informations techniques sur le bâtiment. Le
député de Saint-Jacques m'avait accusée, à ce
moment-là, le 11 mars, de bafouer la Commission des biens culturels. Je
n'avais pas bafoué la Commission des biens culturels puisqu'elle m'a
remis son dossier le 13 mars.
M. Boulerice: Quelle année? Mme Bacon: Cette
année, en 1989.
M. Boulerice: C'est ça, mais la commission s'était
déjà prononcée en décembre 1987.
Mme Bacon: Je vais vous faire lecture de l'avis officiel de la
commission: "Attendu la demande déposée devant les membres du
comité... "
M. Boulerice: Excusez-moi, quelle date?
Mme Bacon: Cela devait accompagner la lettre du 13 qu'on a
reçue. Oui, c'est ça; ça accompagnait la lettre du 13
mars. Vous voulez que je vous la lise?
M. Boulerice: Oui. Avant que la commission ne se prononce, le 13
mars, vous aviez déjà dit que vous étiez favorable. Si ce
n'est pas de l'influence, c'est quoi?
Mme Bacon: En décembre 1987, la CBC avait
décidé de surseoir à l'octroi d'un permis. À
l'automne 1988, un autre projet a été soumis. À ce
moment-là, nous avons exprimé nos conditions, nos exigences dans
un communiqué de presse, le 1er mars, qu'on a soumis dans une lettre que
nous avions transmise à ce moment-là et qui a été
rendue publique par le ministère. Le 1er mars. Ce n'était pas une
décision, c'étaient des conditions et des exigences que nous
mettions.
M. Boulerice: Avant que la commission statue.
Mme Bacon: Non, on les avait fait connaître à la
commission pour pouvoir les mettre sur la place publique. Il fallait quand
même en avoir informé la commission avant. Pour prendre sa
décision, elle doit connaître ces exigences, ces conditions.
C'était en 1988. Le 13 mars, la commission a statué sur ce
dossier. (12 h 30)
On peut aller à la conclusion immédiatement parce qu'il y
a plusieurs "compte tenu". "Le comité recommande donc d'émettre
un avis favorable au recyclage de l'école du Cap-Diamant en huit
unités résidentielles aux trois conditions suivantes: qu'un autre
matériau que le béton coulé soit utilisé pour
assurer l'insonorisation et l'ignifugation au niveau des planchers; que les
services du ministère s'assurent de documenter le dossier au fur et
à mesure de la réalisation des travaux et, enfin, que la
réversibilité souhaitée soit virtuellement faisable; que
le ministère s'assure que les futurs propriétaires soient
complètement informés de leurs droits et devoirs à
l'égard de ce bien classé. " Ce qui fut fait. C'est dans ce
contexte qu'on a émis le permis. Je pense que le député de
Saint-Jacques en aurait fait tout autant, avec le respect qu'il a pour la
Commission des biens cuturels, comme moi qui la respecte.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir copie de ça? Est-ce
qu'on peut avoir l'avis de la Commission des biens culturels qui, justement, en
décembre, avait fait une recommandation au ministre de ne pas permettre
un projet de condos au même endroit, pour des raisons de protection du
patrimoine...
Mme Bacon: De surseoir.
M. Boulerice:... et d'intégrité architecturale?
Mme Bacon: Non, non, de surseoir.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir les deux avis de la
commission?
Mme Bacon: Oui, oui. Je ne demanderai pas au député
de se rétracter, par exemple.
M. Boulerice: Je le sais bien, mais comment la ministre peut-elle
expliquer qu'on l'avait justement classée, dans les années
soixante, pour ne pas qu'elle serve d'habitation? C'était à
l'époque des habitations à loyer modique, si je me rappelle
bien.
Mme Bacon: Dans les années soixante?
M. Boulerice: Et là, on accepte bien que ce soit des
condos.
Mme Bacon: On ne restaurait pas avec les mêmes
critères que ceux que nous avons en 1988-1989. Les critères
n'étaient pas les mêmes. Bien souvent, il y a eu beaucoup plus de
démolition que de restauration dans les années soixante. Les
critères n'étaient pas les mêmes Les entrepreneurs sont
plus sensibilisés à ces transformations d'édifices
patrimoniaux. Ils sont aussi beaucoup plus préparés à
faire face aux exigences du ministère, aux conditions que l'on met et
peuvent satisfaire à toutes ces exigences et conditions et les trouver
très acceptables dans la poursuite du dossier.
M. Boulerice: Donc, vous dites que malgré les
transformations, contrairement à l'avis de bien des spécialistes
en la matière, dont un en particulier, le Dr Schwarz, qui est de
renommée internationale...
Mme Bacon: Mais le Dr Schwarz avait des intérêts
personnels.
M. Boulerice: Laissez-moi terminer ma phrase.
Mme Bacon: Je vous arrête tout de suite parce qu'il ne faut
quand même pas dire des aberrations. Les gens qui ont vu cette maison en
vente pendant deux ans et qui n'ont jamais offert...
M. Boulerice: Écoutez, M. le Président. La ministre
pourrait me laisser terminer ma question avant de s'emballer.
Mme Bacon: C'est parce que vous dites des choses erronées.
Il faut quand même corriger immédiatement. Il ne faut quand
même pas errer dans ce dossier.
M. Boulerice: M. le Président, je vais vous demander de
lui faire retirer ses paroles.
Le Président (M. Trudel): Faire erreur?
Mme Bacon: M. le Président, est-ce qu'on va faire retirer
au député de Saint-Jacques ses propos, quand il dit que j'ai
bafoué la commission? Est-ce qu'il est prêt à retirer,
à dire que je n'ai jamais bafoué la Commission des biens
culturels?
Le Président (M. Trudel): Je pense qu'il l'a dit en dehors
de la Chambre, Mme la ministre, c'est un peu difficile.
M. Boulerice: Je l'ai dit en dehors de la Chambre, madame. Alors,
au civil maintenant.
Mme Bacon: Comme cela, vous dites n'importe quoi?
M. Boulerice: Je suis prêt à le redire.
Le Président (M. Trudel): Si vous le dites ici, je vais
être obligé de vous le faire retirer, je vous avertis tout de
suite.
M. Boulerice: Vous êtes en train de me dire que,
malgré les transformations, selon l'avis de nombreux
spécialistes, dont un d'ailleurs que vous accusez de conflit
d'intérêts, le Dr Schwarz, l'intégrité
intérieure et extérieure va être préservée.
On n'a même pas voulu enlever la cloche, d'ailleurs, pour la
transférer en disant: Oups, ne touchons pas à la cloche. Mais
là, l'intérieur est plus important que la cloche.
Mme Bacon: C'est là-dessus qu'on travaille avec le
promoteur qui a soumis un nouveau projet. Quand on va dans le plâtre, les
foyers, les niches, l'ancien escalier, on dit aussi de protéger certains
éléments. Il y a même des éléments qui seront
rétablis, d'après les plans originaux de l'édifice, qui
n'existent pas en ce moment, mais qui seront rétablis selon les plans
originaux de l'édifice, tels que les galeries, la façade sud, les
contrevents aux fenêtres du rez-de-chaussée, les soupiraux de la
façade nord. On en a plus qu'il n'y en avait déjà. On
rétablit selon les plans originaux. On fait plus que ce qu'il y a
déjà. Quant à Schwarz...
M. Boulerice: M. Schwarz.
Mme Bacon:... qui a fait des sorties, je dois dire que oui, il
était en conflit d'intérêts. M. Schwarz aurait dû
faire des offres d'achat, s'il était si intéressé à
cet édifice. D'autres l'ont fait avant lui. C'est au moment où la
vente était en marche qu'il s'est réveillé et qu'il est
revenu sur la place publique. Je pense qu'il faut que cela soit dit aussi.
M. Boulerice: Êtes-vous en train de dire: Si la
transformation que je viens de décider ne vous plaît pas, achetez?
C'est une drôle de façon de conserver.
Mme Bacon: Ce n'est pas ça, non. M. Schwarz voulait
acheter l'édifice.
M. Boulerice: II n'a jamais voulu l'acheter. Mme Bacon:
Oui, il voulait l'acheter...
M. Boulerice: On le lui a offert.
Mme Bacon:... pour l'utiliser. Et il n'a pas fait cette offre
d'achat comme d'autres l'ont faite et qui a porté ses fruits. Ces autres
personnes acceptent les exigences, les conditions du ministère pour
protéger cet édifice.
M. Boulerice: Le Dr Schwarz ne le voulait pas à des fins
personnelles. Non, madame.
Mme Bacon: Les deux.
M. Boulerice: Le Dr Schwarz - Mme Courchesne va vous passer la
fiche, si vous me laissez deux secondes - ne le voulait pas à des fins
personnelles. Le Dr Schwarz a une résidence, je pense, qu'il ne veut pas
quitter. C'est très agréable. Il le voulait, par contre, et il
avait déjà entrepris des démarches avec la ville de
Québec à ce sujet. Il voulait qu'il serve à une vocation
culturelle, initiation au patrimoine, etc. Je sais qu'il y a un programme
à Québec qui visite des maisons anciennes, ou quelque chose comme
ça, et il aurait été intégré dans le
circuit.
Mme Bacon: Le Dr Schwarz voulait en faire un musée, mais
il voulait aussi l'habiter. Le dernier étage de l'édifice lui
aurait été réservé. Alors, c'était personnel
ainsi que d'une grande générosité culturelle.
M. Boulerice: Donc, c'est un projet mixte quand même
intéressant.
Mme Bacon: À même les fonds de l'État. Mais
c'était personnel, n'allez pas dire qu'il n'y a pas de conflit
d'intérêts quand on veut habiter une maison. Il y a des conflits
d'intérêts.
M. Boulerice: Mais je loue sa conscience, au Dr Schwarz, madame.
Ce n'est pas illégitime de vouloir l'habiter, mais le Dr Schwarz disait:
Même s'il y a un espace qui m'est exclusif, comme ce sera un espace
exclusif aux habitants de ce condo, la quasi-totalité sera accessible
à l'ensemble de la population. Je ne pense pas qu'on puisse visiter les
condos après! Je vous trouve un peu cinglante envers le Dr Schwarz qui a
fait tellement ses preuves en ce qui concerne la préservation du
patrimoine, qui a d'ailleurs à coeur le patrimoine du Québec de
façon étonnante, ce qui fait de lui un Québécois
émérite, à mon point de vue.
Mme Bacon: Ma remarque essaie de rétablir des faits, M. le
Président. Le Dr Schwarz avait un magnifique projet, mais aux frais du
gouvernement.
M. Boulerice: Mais c'est la vocation de l'État.
Mme Bacon: En ce moment, le gouvernement n'a pas à payer
pour ce projet qui existe, qui remet la maison dans une meilleure situation
qu'elle ne l'était, qu'elle ne l'est déjà. On rajoute des
choses qui nous ramènent au tout début de la construction de
cette maison et, si le Dr Schwarz avait été plus loin dans ses
offres d'achat, il aurait fallu appliquer au bâtiment des normes de
sécurité, donc, ajouter aussi des modifications majeures, parce
qu'il fallait appliquer des normes de sécurité.
C'est un projet qui était extrêmement préliminaire,
avec des meubles personnels de M. Schwarz.
M. Boulerice: D'une grande qualité.
Mme Bacon: Bien, oui, mais c'était ça. Il aurait
fallu y faire des modifications majeures de la même façon.
M. Boulerice: Ce n'est pas tout à fait la même
chose, quand même. Au lieu d'avoir huit salles de bains, je pense que le
Dr Schwarz se serait contenté d'une et demie.
Mme Bacon: J'inviterais le député à examiner
le projet qui est devant nous et ce, de très près, avant de
considérer tout ça, et à faire la différence entre
les deux.
M. Boulerice: Est-ce que les gens du ministère sont sur
place durant les travaux?
Mme Bacon: On va exercer notre surveillance, comme on l'a fait
dans tous ces travaux-là. On a des exigences. Les exigences sont
là avec des conditions qui doivent être acceptées par le
promoteur. Mais il faut dire que ce projet est complètement
réversible.
M. Boulerice: Dans quel sens?
Mme Bacon: II pourrait être défait pour autre chose.
Il pourrait servir à autre chose par la suite. L'intégrité
originale...
M. Boulerice: Vous êtes en train de me dire que les
condos...
Mme Bacon: Laissez-moi parler, je n'ai pas terminé; je
vais faire comme vous. L'intégrité originale va être
entièrement respectée. Quand on fait des cloisons amovibles, il
est permis de penser qu'à ce moment-là on revient au dossier
original et le projet est complètement réversible.
M. Boulerice: Mais vous lui vendez par bail
emphytéotique...
Mme Bacon: Non, le promoteur l'a acheté.
M. Boulerice: Mais ça appartient au promo- teur. Comment
pensez-vous que le promoteur, à un moment donné, va
renverser...
Mme Bacon: Mais ça peut arriver, s'il veut le revendre
pour autre chose.
M. Boulerice: Bien, il ne le revendra pas; si ce sont des
condos, ils vont être vendus à huit individus.
Mme Bacon: Cette clause-là existe; la clause... Il n'y a
aucune modification majeure qui peut empêcher de revenir à
l'intégrité du bâtiment, à l'intégrité
historique du bâtiment. C'est un projet qui est complètement
réversible. On va revenir là-dessus. Le projet est en vente
depuis deux ans. M. Schwarz n'avait pas fait d'offre d'achat satisfaisante au
propriétaire et le projet actuel répond à nos exigences,
comme ministère des Affaires culturelles, aux exigences de la Commission
des biens culturels et la transaction a eu lieu, et c'est ça. Quel est
le problème?
M. Boulerice: Qui en sont les nouveaux promoteurs?
Mme Bacon: Pardon? Qui...
M. Boulerice: Qui en sont les nouveaux promoteurs?
Mme Bacon: C'est M. François Brisson, Les immeubles
Dalhousie enr.
M. Boulerice: C'est une société.
Mme Bacon: Qui va revendre à des individus, puisque ce
seront des appartements.
M. Boulerice: François Brisson. Est ce que c'est, l'unique
actionnaire de Les immeubles Dalhousie?
Mme Bacon: Bien, là, il faudrait vérifier aux
Institutions financières. On n'a pas ça ici.
M. Boulerice: II est possible d'avoir ça? Mme Bacon:
Oui.
M. Boulerice: Même si ça contrarie la
sous-ministre.
Westmount Square qu'on vous a demandé de classer, où en
est le dossier?
Mme Bacon: J'aimerais quand même dire que le
ministère n'a aucune juridiction sur l'édifice du Westmount
Square, en ce sens qu'il n'est pas soumis à la Loi sur les biens
culturels.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Le ministère n'a aucune
juridiction sur l'édifice du Westmount Square, actuellement, en
ce sens qu'il n'est pas soumis à la Loi sur les biens culturels.
M. Boulerice: Mais il pourrait l'être.
Mme Bacon: Bien, oui. Je vous le dis. Voulez-vous
m'écouter?
M. Boulerice: Oui.
Mme Bacon: Oui? Bon. Le président fondateur
d'Héritage-Montréal et la fondatrice directrice de Canadian
Centre for Architecture...
M. Boulerice: Ah bon!
Mme Bacon:... m'ont adressé, comme vous l'avez dit
tantôt, un télégramme pour porter à mon attention
les derniers développements qui concernent l'édifice du Westmount
Square de l'architecte Mies Van der Rohe. J'ai donc demandé au service
du ministère d'analyser le dossier et de me faire rapport sur
l'opportunité de classer ce complexe. Entre-temps, nous sommes en
contact avec la Caisse de dépôt et de placement pour obtenir la
collaboration des propriétaires de ce complexe sur l'actuel projet de
rénovation.
Je sais aussi que la ville de Westmount se donne quelques semaines pour
réfléchir avant de modifier un règlement de zonage qui
aurait peut-être pour effet de permettre les travaux de
réaménagement extérieurs. Ce délai va nous
permettre de compléter notre analyse. Je suis aussi convaincue et
consciente du caractère unique du Westmount Square dans le contexte
québécois. Je peux vous dire que nous portons et que je porte
personnellement à ce dossier la plus grande attention.
M. Boulerice: Et compte tenu des intervenants aussi, je pense que
c'est tout à fait légitime, puisque ce sont des autorités
qui soulignent l'importance de ça...
Mme Bacon: Et l'édifice lui-même. Il faut regarder
l'édifice.
M. Boulerice: Et l'édifice lui-même. C'est ce qui a
motivé la liste impressionnante de personnes.
Mme Bacon: Et la notoriété de l'architecte en
plus.
M. Boulerice: Et la notoriété de l'architecte. Dans
la conservation du patrimoine, ce n'est pas la dernière venue. C'est
sans doute une des toutes premières venues, quand on parle de Mme
Lambert qui s'est battue durant des années à ce point de vue. Je
pourrais d'ailleurs profiter de l'occasion pour la féliciter de
l'extraordinaire travail qui est fait. Mais quand le ministère
prendra-t-il la décision de classer ou de ne pas classer?
(12 h 45)
Mme Bacon: Nous l'étudions et, comme je le disais
tantôt, la ville de Westmount s'était quand même
donné quelques semaines pour réfléchir, ce qui nous permet
de faire le travail en même temps. Ce délai nous permet de
terminer notre analyse et, d'ici à peut-être deux semaines, on
pourra arriver à une conclusion. Je pense qu'il faut quand même
regarder ce projet-là avec beaucoup de sagesse.
M. Boulerice: D'accord. Serait-il possible - ce n'est pas une
question, c'est une requête - d'avoir la liste des sites et monuments
historiques classés par le ministère des Affaires culturelles de
1976 à ce jour?
Mme Bacon: Certainement, avec grand plaisir.
M. Boulerice: Au lieu d'avoir la guerre des tuques, comme
ça, on aura les mêmes chiffres, M. le Président. Alors,
patrimoine, complété.
Mme Bacon: Vous n'avez pas parlé du pont de Québec
avec ses lumières? Non?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Classer le pont de Québec avec ses
lumières?
M. Boulerice: Je ne sais pas. Êtes-vous au courant qui
étaient les architectes du pont de Québec?
Mme Bacon: On peut vous donner l'information dès que nous
l'aurons.
M. Boulerice: J'aimerais ça. Il paraît qu'un des
architectes s'appelait Joachim Von Ribbentrop qui est devenu tristement
célèbre par après.
M. Vaillancourt: M. le Président, me permettez-vous de
poser une question?
M. Boulerice: Ce n'est pas moi, le président, mais, M. le
Président, si c'est pour ses granges, je l'appuie. Ses granges rondes,
je l'appuie.
Le Président (M. Maciocia): Allez-y, M. le
député.
M. Vaillancourt: Avant les granges rondes, je voudrais demander
à la ministre s'il est question d'éliminer le pont de
Québec? Est-ce dans le programme du ministère des Affaires
culturelles?
Mme Bacon: Je pense que c'est un projet à l'étape
des idées. Il n'y a aucune décision prise.
M. Vaillancourt: Est-ce dans les projets?
Mme Bacon: Non, non, c'est à l'étape des
idées. On en a parlé, au ministère des Affaires
culturelles, on a même souligné la déclaration de M.
Guillemette qui est notre directeur du service du patrimoine. Lors de la
conférence de presse du colloque sur le patrimoine industriel, M.
Guillemette a souligné la contribution du ministère à des
projets de restauration, des projets de mise en valeur du patrimoine
industriel, mais il n'a jamais parlé du pont de Québec. Il n'y a
pas de décision au ministère à ce sujet-là.
Confusion de citation par rapport à notre directeur du service du
patrimoine.
M. Vaillancourt: On va attendre à l'an prochain pour vous
poser la question. Le dossier sera plus avancé.
En ce qui concerne les granges rondes, est-ce qu'un rapport a
été soumis depuis les derniers crédits?
Mme Bacon: Non. Le directeur n'est malheureusement pas ici. On
peut peut-être faire un appel téléphonique pendant l'heure
du déjeuner au directeur pour savoir où en sont rendues les
granges rondes.
M. Vaillancourt: Y aurait-il moyen d'avoir des informations?
Mme Bacon: Je les aurai cet après-midi. Je demanderai au
directeur du patrimoine.
M. Vaillancourt: Merci.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député d'Orford. M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, tantôt vous avez
porté un jugement téméraire quant au climat qui
règne toujours à la commission de la culture. Je ne sais pas si
ce sont les vives réactions de la ministre qui vous ont incité
à faire ça. Je pourrais peut-être dire à mon
collègue qu'après cette illumination qu'il vient d'avoir et la
réponse éclairée de la ministre, si cela devait se
produire, je revendiquerai immédiatement l'éclairage du pont
Jacques-Cartier qui est sans doute le plus beau symbole de ma circonscription.
Alors, j'anticipe une réponse favorable de votre part, de façon
à pouvoir invoquer le précédent et vous présenter
ma demande par la suite. Vous savez que cela a été
tenté...
Mme Bacon: J'espère que ce n'est pas la seule
préoccupation du député de Saint-Jacques sur le
patrimoine.
M. Boulerice: Je sais bien, mais...
Mme Bacon: J'espère que vous avez d'autres
préoccupations que l'illumination du pont?
M. Boulerice: Au-delà de l'humour qu'on peut
peut-être faire pour quelques secondes là-dessus, il y a deux ou
trois ans, on avait fait effectivement un éclairage du pont
Jacques-Cartier à Montréal. Je dois vous dire que cela ajoutait
énormément à l'aspect esthétique de la ville. C'est
une architecture industrielle qu'il était intéressant de
souligner de cette façon, un peu comme nos collègues, et un ami
du premier ministre, M. Chirac, l'a fait avec la tour Eiffel, quoiqu'ils
n'aient pas tous deux le même âge - je ne parle pas des premiers
ministres, je parle des monuments.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Ah! oui, surtout!
M. Boulerice: Tous deux ne sont pas encore classables, mais
enfin, peut-être, qui sait?
Mme Bacon: Je vais seulement revenir à une remarque du
député de Saint-Jacques, quand il dit que je réagis M. le
Président. Je ne réagis que quand je suis provoquée par le
député de
Saint Jacques. Il faut quand même dire que lui aussi avait
drôlement haussé le ton, M. le Président.
M. Boulerice: Ah! Elle concède que j'ai une influence sur
elle.
Mme Bacon: II revient à de meilleurs sentiments, M. le
Président. Une fois qu'il a passé le 1 %, il se sent très
à l'aise et moi aussi dans les dossiers que nous étudions en ce
moment, puisqu'il n'y a pas beaucoup d'appui à ce moment-là.
M. Boulerice: Vous voyez, on va parler du cinéma
tantôt et la ministre va parler du film "Woman under his influence".
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Beauce-Nord.
Mme Bacon: Je pensais que ce serait "Working girls", mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Dans le cas de Westmount Square, j'espère
que ce ne sera pas Towering Inferno".
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Audet: Puisqu'on est justement dans l'éclairage, je
veux savoir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Audet:... de Mme la ministre... Étant donné que
lorsqu'on a étudié les engagements financiers du ministère
M. le député de Saint-Jacques avait justement soulevé un
problème d'éclairage à son appartement, étant
donné qu'un projecteur éclairait dans...
M. Boulerice: Ce sont les engagements financiers...
M. Audet: Je voulais savoir si cela a été
réglé.
M. Boulerice: Non, c'était...
M. Audet: Votre problème est-il réglé, M. le
député?
M. Boulerice: Non, malheureusement, le problème n'est pas
réglé.
Mme Bacon: Non, on a fait vérifier... Je dois dire qu'on a
fait vérifier. Nous voulons quand même le bien-être du
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Non, mais j'ai remarqué que...
Mme Bacon: II faut le conserver en forme pour...
M. Audet: C'est cela.
Mme Bacon:... finir le mandat.
M. Boulerice: Mais j'ai remarqué effectivement que les
services du ministère sont rendus très sécuritaires par
l'ajout d'une espèce de... Je vais appeler cela une console...
Mme Bacon: On prend bien soin de vous.
M. Boulerice:... parce que je ne trouve pas le mot, ce qui fait
que ce n'est pas joli, mais c'est moins laid qu'une démolition comme
telle.
Mme Bacon: Cela vous dérange moins et cela ne vous
empêche pas de dormir.
M. Boulerice: Mais c'est toujours cet immense réflecteur
qui gêne les gens du coin.
Mme Bacon: C'est sous étude.
M. Boulerice: C'est sous étude. Alors, pour une fois, on
vous...
Mme Bacon: Mais il me semble que le député de
Saint-Jacques aime bien être sous les réflecteurs de temps
à autre.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques aime bien
être sous les réflecteurs de temps à autre.
M. Boulerice: Madame, je ne nierai pas que dans ma brève
carrière parlementaire - enfin, je parle de mon premier mandat, depuis
trois ans et demi - vous m'avez quand même influencé à
certains égards.
Mme Bacon: Non, je pensais que vous alliez dire: Vous m'avez
permis d'être sous les réflecteurs.
M. Boulerice: Non, vous m'avez influencé... Si on se
renvoie l'ascenseur, on peut se renvoyer les spots de temps en temps. Oui, bon,
cela étant dit...
Le Président (M. Trudel): Où en êtes-vous, M.
le député?
M. Boulerice: À l'élément 4.
Le Président (M. Trudel): L'élément 3 est-il
adopté?
M. Boulerice: On n'adopte pas les éléments, on
adopte les programmes.
Le Président (M. Trudel): Ah oui! D'accord. Adopté.
Allez-y, vous avez dix minutes sur l'élément 4.
Mme Bacon: L'élément 4.
Soutien aux fonctions culturelles
M. Boulerice: Si je regarde la problématique,
l'état de la situation, M. le Président, les crédits
totaux alloués pour le Soutien aux fonctions culturelles
s'élèvent en 1989-1990 à 77 388 900 $ par rapport aux
crédits de 77 734 900 $, soit une baisse de 0, 5 %. Celle-ci s'explique
en partie par la non-récurrence de 5 000 000 $ pour les jeunes artistes
et créateurs qui viennent compenser. Il y a un ajustement de 4 300 000 $
pour le musée des Beaux-Arts de Montréal. Il y a un budget de
développement de 550 000 $. C'est bien cela. La plupart des programmes
d'aide aux entreprises, aux municipalités et aux organismes sans but
lucratif et aux personnes sont financés à partir de cette
enveloppe, mais plusieurs de ces programmes stagnent ou accusent des baisses
qui, à mon point de vue...
Mme Bacon: C'est cela.
M. Boulerice:... sont incompréhensibles et inacceptables.
Si on examine le tableau Synthèse des programmes d'aide aux pages 259 et
262.
Mme Bacon: Si vous me le permettez, je voudrais corriger tout de
suite. Quand on parie de baisses, c'est parce qu'il y avait l'an dernier 5 000
000 $ accordés à la relève, où on n'avait pas fait
de programme spécifique pour les 5 000 000 $ mais on avait inclus ce
montant ventilé dans certains programmes. Quand on enlève les 5
000 000 $, c'est sûr qu'il y a 5 000 000 $ de moins.
M. Boulerice: Bien oui. Vous étiez contente de dire qu'il
y avait un montant de 5 000 000 $ de plus mais, quand il n'y est plus, vous
êtes obligée de dire que c'est 5 000 000 $ de moins.
Mme Bacon: II ne faut pas dire qu'on en a retiré aux
autres. Ce sont les 5 000 000 $ du budget qui ont été
accordés à la Relève et il reviendra au ministre des
Finances de décider si on doit l'avoir ou pas.
M. Boulerice: Quelles sont les dépenses probables à
l'élément 4, Soutien aux fonctions culturelles, pour
1988-1989?
Mme Bacon: Pardon? Les dépenses...
M. Boulerice: Probables à l'élément 4,
Soutien aux fonctions culturelles.
Mme Bacon: Ce qui peut nous venir des autres ministères,
c'est environ 10 000 000 $. C'est ce qu'on peut prévoir venant des
autres ministères comme soutien direct.
M. Boulerice: Est-ce que ça s'ajoute ou si c'est inclus
aux 77 000 000 $?
Mme Bacon: Cela s'ajoute. Ils font partie de d'autres
ministères mais ils viennent chez nous. L'OPDQ, le MMSR.
M. Boulerice: Le MMSR?
Mme Bacon: Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Boulerice: Non, c'est parce que les sigles, je...
Mme Bacon: On s'y habitue, M. le député.
M. Boulerice: Mais j'appartiens à la ICUS, Institution
internationale contre l'utilisation des sigles. C'est renouvelable
annuellement.
Une voix: Vous renouvelez votre cotisation.
Mme Bacon: Est-ce que c'est renouvelable et durable?
M. Boulerice: Récurrente et durable. Au sujet de
l'utilisation des 550 000 $ du budget de développement.
Mme Bacon: J'ai dû réaffecter des sommes qui
étaient consenties en 1988-1989 à d'autres priorités en
1989-1990. Il était primordial de continuer nos engagements dans des
secteurs qui n'ont pas accès... Ce ne sont pas tous les secteurs qui
avaient accès au fonds d'appui. Il y a les bibliothèques, la
diffusion Québec à l'étranger, l'édition,
l'industrie du disque, la formation, les équipements, le patrimoine.
C'est une décision qui n'est pas facile à prendre mais que j'ai
dû prendre.
Le fait de reconduire le fonds d'appui cette année aurait eu pour
effet d'accorder les fonds aux secteurs qui, l'an dernier, ont
bénéficié largement des crédits additionnels
puisque ce sont ces secteurs qui, en plus, attirent plus facilement la
commandite. Donc, cette année, il fallait accorder une priorité
à des secteurs qui n'ont pas accès à une commandite, comme
je le disais tantôt: les bibliothèques, diffusion à
l'étranger, diffusion Québec, l'édition, l'industrie du
disque, la formation, les équipements et le patrimoine. Donc, le montant
qu'on aurait pu accorder au fonds d'appui, nous l'avons accordé à
des secteurs qui ne l'avaient pas ou qui n'auraient pas accès au fonds
d'appui. On peut peut-être on donner.
M. Boulerice: Pour terminer, M. le Président, est-ce que
c'est possible d'avoir la ventilation de ces 550 000 $?
Mme Bacon: Oui, je peux la donner tout de suite. On va finir avec
beaucoup plus de 550 000 $, mais, cet après-midi, quand on recommencera
les travaux, je vous en donnerai une ventilation qui peut être
importante.
Le Président (M. Trudel): D'accord. Je constate qu'il est
13 heures. Nous allons donc ajourner nos travaux sine die, c'est-à-dire
jusqu'à ce que la Chambre nous donne l'ordre de nous réunir
à 15 h 30, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 36}
Le Président (M. Audet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense qu'il y avait un complément de réponse
à apporter à l'élément 4. Mme la ministre ou M. le
député de Saint-Jacques.
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques m'a
posé une question sur la répartition des 550 000 $ du budget de
développement. J'irai
encore plus loin que ça. Aux 550 000 $, j'ai ajouté les 3
950 000 $ du fonds d'appui pour que ces crédits soient donnés...
En fait, c'est une réaffectation du budget.
Nous avons donné, comme je le disais ce matin, 800 000 $ en aide
financière à la musique, à la danse et à la
diffusion; 100 000 $ d'aide financière aux événements
majeurs; 340 000 $ aux associations, organismes et regroupements; 450 000 $
d'aide à la formation; 500 000 $ d'aide aux organismes régionaux
en arts visuels; 235 000 $ d'aide aux musées, centres d'art
accrédités et cinémathèques; 1 300 000 $ aux
bibliothèques; 365 000 $ à l'édition; 150 000 $ à
l'industrie du disque; 200 000 $ aux centres de recherche, de diffusion et
d'innovation en métiers d'art. On a ajouté un montant de 60 000 $
aux Prix du Québec, c'est 20 000 $ de plus, parce qu'on ne donnait que
15 000 $, et je pense qu'on doit donner un peu plus en 1989, et, aux archives
privées, 200 000 $. Ce qui fait 4 500 000 $.
On pourrait peut-être en donner une copie au député,
M. le Président.
M. Boulerice: Oui, s'il vous plaît. Le Président
(M. Audet): Allez-y.
M. Boulerice: M. le Président, si tantôt on
était "A woman under his influence", je ne voudrais pas qu'on tombe dans
"A woman on the verge of a nervous breakdown", qui est un autre excellent film.
Alors, si vous le permettez, mon collègue, le député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition, aimerait vous poser des questions.
Mme Bacon: Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui est en "nervous
breakdown"? Je ne le pense pas, M. le Président.
M. Boulerice: Non, mais le président a dit ce matin qu'on
s'échauffait.
Mme Bacon: Je peux aussi bien faire face au député
de Lac-Saint-Jean qu'au député de Saint-Jacques.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Ma question porte sur
le fonds d'appui. J'ai eu l'occasion d'avoir une discussion avec les
représentants du Conseil régional de la culture du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ces derniers s'inquiétaient de l'avenir qu'on
réserve au programme du fonds d'appui du ministère des Affaires
culturelles mis sur pied en 1987 et qui, comme on le sait, prévoyait une
contribution de 0, 50 $ pour chaque dollar recueilli lors d'une campagne de
financement auprès de l'entreprise privée. Cela devait être
1 $, mais le programme a connu un tel succès que, finalement, il a fallu
ajuster les proportions. Alors, on a ramené ça à 0, 50 $
pour chaque dollar.
L'inquiétude est forte au Conseil régional de la culture
du Saguenay-Lac-Saint-Jean de même que chez tous les autres - je pense
que la Conférence nationale des conseils de la culture du Québec
s'est également inquiétée de l'avenir de ce programme -
aussi bien chez les organismes culturels que parmi les entreprises qui ont
contribué dans le passé à financer la vie culturelle,
d'autant plus que, justement, le caractère intéressant de ce
programme était la recherche de fonds chez l'entreprise privée,
la participation de l'entreprise privée à la vie culturelle. Cela
avait obtenu un très grand succès. Je pense qu'on peut dire que
l'entreprise privée, aussi bien les PME que les grandes entreprises -
chez nous, en tout cas, c'était le cas - ont bien répondu
à l'appel et ont participé, ont contribué à ce
fonds d'appui de façon que les organismes culturels reçoivent des
subventions du ministère des Affaires culturelles.
La question qu'on se pose évidemment au Conseil régional
de la culture, je vous la pose directement, Mme la ministre: Est-ce que vous
avez l'intention de maintenir et de poursuivre ce programme de fonds d'appui,
qu'on a aussi appelé le fonds d'appariement, compte tenu de son
succès, compte tenu de l'implication et de la participation des
entreprises privées au financement, compte tenu, pourrait-on dire, de la
popularité de ce programme? Il semble qu'il soit abandonné.
Est-ce que c'est le cas? Est-ce qu'il sera maintenu? Est-ce qu'on peut compter
sur sa poursuite, du moins pour l'année qui vient?
Mme Bacon: Le fonds d'appui au financement privé
n'apparaît pas dans les crédits du ministère comme tel. Je
suis très heureuse d'entendre le député vanter les
mérites de ce programme.
M. Brassard: Oui, oui.
Mme Bacon: C'est un programme que nous avons mis sur pied parce
que, auparavant, on avait un petit fonds d'appui qui était remis d'une
façon discrétionnaire par le ministre, ce que nous ne voulions
pas. Je voulais que tous les organismes aient droit et accès au fonds
d'appui. Je maintiens encore l'objectif que j'avais à ce
moment-là d'augmenter par le fait même les revenus de nos
organismes culturels, sauf qu'il nous fallait réévaluer le fonds
d'appui à cause justement de l'ensemble et du nombre des demandes que
nous avions et qui nous venaient d'un peu partout.
On avait voulu ne pas privilégier un secteur par rapport à
un autre, mais donner accès à tout le monde. Malheureusement, il
y a quand même encore des secteurs qui n'ont pas accès au fonds
d'appui, comme les bibliothèques, la diffusion Québec, la
diffusion à l'étranger, par exemple. Il y a l'édition,
l'industrie du disque, la formation, les équipements, le patrimoine. Ces
gens-là n'avaient pas accès au fonds d'appui. Je pense qu'il
fallait revoir tous nos dossiers avant de
reprendre une décision, sauf que je maintiens l'objectif dans nos
priorités, et je souhaite que nous ayons dans le budget ies montants
nécessaires pour le faire.
Le fait de reconduire le fonds d'appui cette année aurait eu pour
effet d'accorder des fonds dans des secteurs qui déjà, l'an
dernier, ont pu bénéficier largement de ce fonds d'appui et, en
même temps, faire en sorte que d'autres secteurs comme je le mentionnais
tantôt, les bibliothèques, les disques, la formation, les
équipements, le patrimoine et autres, n'aient pas encore accès
à cette possibilité de fonds supplémentaire. Nous avons
voulu justement distribuer nos crédits cette année parmi ces
différents organismes et nous espérons que nous pourrons avoir...
Nous avons eu une oreille attentive de la part du ministre des Finances, mais
nous espérons qu'il aura les fonds nécessaires dans son prochain
budget pour reconduire le dossier du fonds d'appariement.
Il a été populaire, c'est vrai, et c'est pour ça
qu'il a fallu réduire à 0. 50 $ Je pense qu'il faut quand
même penser à une équité pour l'ensemble des
organismes et ne pas toujours donner aux mêmes par rapport à
d'autres. Il y a d'autres possibilités que nous avons de répartir
les fonds, mais je pense que quand on fait un pareil fonds d'appui il faut
tenter d'instaurer une équité pour faire en sorte qu'il n'y ait
pas de priviliège pour certains par rapport à une façon
inéquitable pour d'autres qui ne peuvent pas bénéficier de
ce fonds. Alors, nous voulons trouver une formule qui fera en sorte que tous
les gens pourront y avoir accès et afin qu'on ait les fonds
nécessaires à donner à ceux qui ne le peuvent vraiment
pas, à même les crédits du ministère.
Je dois dire, par exemple, que l'entreprise privée - ce n'est pas
une boutade - n'était pas fâchée qu'on revoie le dossier
parce qu'elle a été drôlement sollicitée dans toutes
les régions, et largement sollicitée. Cela permet à
l'entreprise privée, aussi, de "prioriser" ces secteurs parce qu'elle a
été sollicitée de partout, dans toute la province. Cela
permet quand même à l'entreprise privée de continuer
à garder cette conscience qu'elle a de la position dans laquelle elle
est, d'aider davantage la culture au Québec et de participer comme
partenaire, et, c'est ce que nous voulions à ce moment-là, la
ramener avec nous comme partenaire dans un geste qui ferait en sorte que nos
organismes pourront bénéficier de ces sommes venant du milieu
privé comme du milieu public. Elle reste un partenaire de choix dans ce
dossier, et je dis encore une fois que l'objectif d'aider davantage les
organismes qui font des campagnes de financement, de levée de fonds,
reste le même. Nous n'avons pas abandonné cet objectif. Il nous
reste à avoir les fonds nécessaires.
M. Brassard: M. le Président, est-ce que je comprends bien
vos propos si je dis que votre
Intention, advenant le cas où le ministre des Finances
répondrait favorablement à votre demande et prévoirait de
nouveaux crédits pour maintenir en vigueur le fonds d'appariement, c'est
qu'il devienne plus sélectif, que certains secteurs ne soient pas
admissibles, parce que...
Mme Bacon: Non, au contraire.
M. Brassard: J'ai des chiffres du Conseil régional de la
culture qui disent que, l'année dernière, c'est surtout,
évidemment, dans le domaine des arts d'interprétation que le
fonds d'appariement a été largement utilisé, que c'est de
ce secteur que les demandes provenaient largement. Est-ce que vous voulez,
à ce moment-là, en arriver à exclure des secteurs...
Mme Bacon: Au contraire, c'est pour cela qu'il a fallu revoir le
programme parce qu'on s'est aperçus qu'en arts d'interprétation
il y a souvent des structures. Il y a certains endroits où il y a une
personne qui travaille à temps plein pour faire des levées de
fonds et aller chercher l'argent nécessaire. Donc, c'est un secteur qui
a déjà un net avantage sur d'autres, par exemple, comme je le
disais tantôt les bibliothèques, les disques, la formation, la
diffusion, qui n'ont pas ces structures de levées de fonds. Et il faut
essayer d'être équitables pour tout le monde. C'est ce genre de
formule qu'on tente de trouver pour rendre équitable le fonds
d'appariement pour ne pas privilégier un secteur par rapport à un
autre et je pense que l'ensemble du milieu culturel doit y avoir
accès.
M. Brassard: Est-ce que vous souhaitez atteindre cette recherche
ou cet objectif d'équité en fonction des régions, de
façon qu'il n'y ait pas d'injustice à l'égard d'une ou de
plusieurs régions mais qu'il y ait une répartition, la plus
équitable possible, dans toutes les régions?
Mme Bacon: II y a l'équité des secteurs culturels
et l'équité des régions, les deux.
M. Brassard: Le fonds d'appariement était de combien
l'année dernière? Est-ce que c'était 10 000 000 $?
Une voix: De 7 000 000 $, sur deux ans. M. Brassard: De 7 000 000 $, sur
deux ans? Mme Bacon: De 3 900 000 $, deux fois. M. Brassard: De 3 900
000 $, deux fois, et...
Mme Bacon: En 1987, 3 900 000 $, et la même chose en
1988.
M. Brassard: Compte tenu des demandes et du fait que vous avez
été obligée de réajuster..
Mme Bacon: Cela nous aurait pris 20 000 000 $
M. Brassard: Cela veut donc dire que les demandes étaient
nombreuses. Est-ce que vos demandes auprès de votre collègue des
Finances sont supérieures à ces chiffres-là?
Mme Bacon: Vous savez bien qu'au ministère des Affaires
culturelles on demande toujours plus que l'année
précédente pour la culture.
M. Brassard: Est-ce que vous êtes optimiste dans le sens
que vous avez, je ne dirais pas une garantie absolue, mais une assurance que le
prochain discours sur le budget va remettre en vigueur le fonds d'appariement
ou le fonds d'appui?
Mme Bacon: Optimiste, je le suis toujours par rapport au ministre
des Finances et aux possibilités du ministère des Affaires
culturelles. Je ne peux pas annoncer ici le discours sur le budget. Je dois
quand même dire qu'à plusieurs de nos réunions de caucus
l'ensemble des députés ont fait des démarches, tant
auprès du ministre des Finances qu'auprès du premier ministre,
pour qu'on puisse remettre sur pied ce fonds d'appariement avec un montant qui
répondrait aux besoins. Au cours des grands caucus de deux jours que
nous avons où on remet en question les différentes politiques des
différents ministères, les députés ont toujours
fait des pressions sur le premier ministre et sur le ministre des Finances pour
que nous ayons le fonds d'appariement, mais cela touche toutes les
régions.
M. Brassard: J'ai une dernière question sur ce sujet.
Est-ce qu'il serait possible, pas maintenant, mais le plus tôt possible,
évidemment, d'avoir une sorte de bilan du fonctionnement du fonds
d'appariement pour les deux ans où il a été en
activité, en termes de nombre de projets, des secteurs
touchés...
Mme Bacon: Le député de Saint-Jacques avait
demandé...
M. Brassard:... et de la répartition régionale?
Mme Bacon:... ce matin, les documents que nous avions
là-dessus. On a promis de remettre ces documents. Alors, à ce
moment-là, on remettra cela.
M. Brassard: Je ne sais pas si vous avez abordé ce sujet,
mais j'ai bien compris, en discutant avec mon collègue de Saint-Jacques,
que pour ce qui est du programme d'aide à la relève, il
n'était pas question, cette année, de le poursuivre.
Mme Bacon: C'était un budget non récur- rent.
C'était un budget qui nous avait été donné au cours
de l'année; et il était ponctuel et non récurrent. Ce
budget, on l'a distribué... Cela s'est avéré, je
pense...
M. Brassard: Votre évaluation de ce programme...
Mme Bacon:... un budget fort nécessaire, qui a permis
à beaucoup de jeunes de démarrer. Je n'ai qu'à penser
à Starmania, à Paris, par exemple, où des jeunes y sont
allés justement grâce à des subventions du fonds d'aide
à la relève. On n'a qu'à penser aussi à Vis ta
vinaigrette, où là aussi on a des possibilités... Il y a
eu des possibilités de départ de carrière. Il y a eu aussi
des possibilités pour des jeunes qui ont fait leur place, tant du
côté du cinéma que du côté des
scénarios de cinéma, par exemple, avec la SOGIC, et dans d'autres
domaines; ils ont vraiment vu une possibilité de démarrer. Ce
n'est pas facile pour un jeune de faire sa place dans ces différents
milieux, et cela a été très positif comme bilan.
M. Brassard: Justement à cause de ça et de son
succès, est-ce que vous ne pensez pas que de non récurrent, ce
programme devrait devenir récurrent?
Mme Bacon: Je le souhaite.
M. Brassard: Encore là, vous nous reportez au discours sur
le budget? Vous avez une demande en ce sens?
Mme Bacon: Je pense que je n'aurai pas à le dire plusieurs
fois au ministre des Finances, quand on voit les succès de certains
dossiers.
M. Boulerice: Oui, mais il nous a fait une passe dans le domaine
du cinéma, il pourrait peut-être nous en faire une
là-dessus aussi.
Mme Bacon: Dans le domaine du cinéma?
M. Boulerice: Bien oui, quand il avait réduit les abris
fiscaux. Je lui avais donné la chance de se rattraper par une
déclaration ministérielle en Chambre, mais...
Mme Bacon: On s'est drôlement rattrapés quand
même.
M. Boulerice: Bien oui, mais on...
Mme Bacon: il ne faudrait pas regarder les sommes qui vont
être données...
M. Boulerice:... a pâti durant cette
année-là, par exemple.
Mme Bacon:... cette année. Je pense qu'on a quand
même l'abri fiscal de 166 2/3 %; je dois
vous dire que l'Ontario a fait des pressions énormes sur le
Québec pour qu'on l'abandonne. Je dois rendre hommage ici au ministre
des Finances pour avoir tenu parole et l'avoir gardé.
M. Boulerice: II a été plus ferme là-dessus
que pour les immigrants investisseurs. Bravo!
Mme Bacon: Cela est un autre dossier, ce n'est pas le mien, M. le
Président. J'en ai suffisamment de deux. J'espère que...
Là, ce serait à temps partiel-partiel, comme le dirait le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je poserai la question à la ministre
142!
M. Brassard: M. le Président, j'aurais une dernière
question. Encore une fois, je ne sais pas si je suis conforme au
règlement, mais c'est concernant le moratoire ou la levée du
moratoire.
Il me semble que vous avez affirmé que ça se ferait,
comment dire, progressivement. Est-ce que vous pourriez éclairer ma
lanterne à ce sujet-là?
Mme Bacon: Sur ce que veut dire "progressivement"?
M. Brassard: Sur la levée progressive. Qu'est-ce que
ça veut dire? Cela veut dire que vous allez ouvrir dans certains
secteurs pour certains équipements plutôt que d'autres, que vous
allez davantage tenir compte des choix identifiés dans les sommets, par
exemple.
Mme Bacon: C'est ça. D'abord, aux sommets. Alors, on
favorise quand même les régions dans les différents sommets
parce que les gens ont établi leurs propres priorités. Je pense
qu'à ce moment-là on a une oreille attentive aux dossiers qui
nous sont soumis.
J'ai dit, ce matin, qu'on irait progressivement parce qu'on ne peut pas
ajouter, d'une façon dramatique, au service de la dette. En fait, pour
les années qui viennent, je ne voudrais pas que les surplus de budget
qu'on donne une année par rapport à l'autre ne servent
qu'à couvrir le service de la dette. Je pense qu'il faut y aller par
étapes. On a quand même tenté de privilégier, dans
nos dossiers, au service de la dette, le domaine des bibliothèques, par
exemple, parce qu'il faut en construire davantage. On a répondu
davantage et il y avait plusieurs dossiers qui nous étaient soumis. On a
quand même un plan triennal de construction d'équipements et on
essaie de le suivre pour autant que ce soit possible, puisque c'est suivant les
dossiers qui sont entrés au ministère et les besoins. C'est tout
à fait à part des dossiers des sommets. On essaie de permettre
des développements de façon prudente, mais en "priorisant" les
plus urgents, ceux qui ont un rayonnement aussi, que ce soit régional,
et ceux qui, dans leur milieu, sont vraiment nécessaires. Encore une
fois, on a quand même dépensé 15 000 000 $ cette
année au service de la dette dans le domaine de l'immobilisation, ce qui
est un montant important. On n'a pas notre enveloppe pour 1989-1990 encore.
M. Brassard: Est-ce que je me trompe, pour ce qui est des trois
prochaines années, je pense que votre demande...
Mme Bacon: C'est 100 000 000 $.
M. Brassard: Vous demandez 100 000 000 $, donc, à peu
près 33 000 000 $ par année au service de la dette.
Mme Bacon: C'est ce que nous espérons, mais on va attendre
le service de la dette. Je pense qu'on a déjà 15 000 000 $ cette
année.
M. Brassard: Si vous l'aviez, ça doublerait vos
possibilités d'engagements sur le service de la dette. Vous êtes
à 15 000 000 $ en 1988-1989, c'est ça?
Mme Bacon: Pour le plan triennal, c'est ce que nous avons
d'entré au ministère, 100 000 000 $. Comme je le disais
tantôt, on "priorise" aussi. Les priorités se font selon ce qui
est urgent, ce qui est nécessaire, ce qui est inévitable, ce qui
produit de la diffusion dans le milieu, ce qui est important comme rayonnement,
en plus des sommets économiques que nous avons. Encore là, cette
année, nous ne connaissons pas l'enveloppe budgétaire. Nous y
allons suivant l'enveloppe budgétaire mais, souvent, il y a de ces
dossiers qui sont entrés, mais qui ne sont pas terminés. On n'a
pas attaché tous les fils de ces dossiers, dans certaines
régions, et même à Québec ou à
Montréal. Ce sont des dossiers qui sont entrés, que nous avons,
mais c'est 100 000 000 $.
Cela ne veut pas dire qu'ils sont tous prêts. Alors, si un
dossier, disons, pour l'année 1989-1990, que nous avons à notre
calendrier, n'est pas prêt, on en fera avancer un de 1990-1991 qui est
prêt ou qui est davantage prêt en 1989-1990. On déplace
comme ça, suivant ceux qui sont prêts ou pas prêts, mais on
a quand même un plan triennal.
M. Brassard: Quand on parle des sommets, cela ne veut pas dire...
Évidemment, un sommet, ça se déroule une fois tous les
quatre ou cinq ans. Cela ne veut pas dire qu'il faut attendre les sommets pour
avoir...
Mme Bacon: Non, non, on n'attend pas les sommets. Il y a des
choses qui sont nécessaires entre les sommets.
M. Brassard: C'est ça.
Mme Bacon: Alors, on leur accorde de
l'importance aussi. Il y a des dossiers dans des régions qui sont
"priorisés" au sommet et d'autres qui ne le sont pas. Souvent, ils
peuvent être nécessaires aussi. Alors, on accepte la
"priorisation" des dossiers par les gens du sommet, mais on regarde aussi de
plus près les autres qui pourraient nous sembler nécessaires et
nous sembler aussi importants et urgents. Il y en a qui sont reportés
à la biennale. Il y a les biennales aussi, il n'y a pas que les
sommets.
M. Brassard: Si je comprends bien, si votre demande de 100 000
000 $ sur trois ans, en termes de plan triennal, était acceptée
cette année par le Trésor, cela voudrait dire quelque 30 000 000
$.
Mme Bacon: Je serais surprise qu'on nous donne 30 000 000 $. Il
ne faut quand même pas rêver en couleur. Vous avez connu ça
comme moi, M. le député le Lac-Saint-Jean. Le Conseil du
trésor a le dernier mot sur le service de la dette. Pas moi.
M. Brassard: II y a au moins une augmentation de 15 000 000 $
à un peu plus.
Mme Bacon: On a eu 15 000 000 $ et on espère toujours
plus. Plus on va en recevoir, plus on va en faire, sauf qu'il faut quand
même penser à ce que sera, dans un an, dans deux ans ou dans cinq
ans, le service de la dette du ministère. Il ne faudrait pas que les
sommes qui nous seront remises en crédits, à ce moment-là,
par le Conseil du trésor, ne servent qu'à rembourser le service
de la dette. Je pense qu'il faut penser à s'en garder pour les milieux
culturels. Mais, en même temps, c'est évident que l'immobilisation
sert aux artistes.
M. Brassard: Merci.
Le Président (M. Audet): Cela va, M. le
député? M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui. M. te Président, pour ce qui est de
l'aide à la relève - encore une fois je me permettrai de dire que
je n'aime pas le mot, je me rattache toujours à la phrase de Vigneault
qui dit...
Mme Bacon: Cela n'offusque pas le milieu. (16 heures)
M. Boulerice:... " Pourquoi la relève? Personne n'est
tombé. " Donc, parlons de continuité. J'écoutais la
ministre dire que ce qu'elle appelle le programme d'aide à la
relève, c'est merveilleux, mais, malheureusement, cela ne paraît
pas dans les crédits. Elle ne pourra pas me reprocher de l'avoir
dénoncé. C'est là. Ce sont des chiffres incontestables. Ce
n'est malheureusement pas là. Mais c'est un bel exemple de
continuité, pour ne pas employer le mot que vous utilisez. C'est bien
Oxyjeunes qui touche l'ensemble des jeunes du
Québec. Un dossier, d'ailleurs, qui tient beaucoup à coeur
à votre adjointe parlementaire, ma collègue et néanmoins
amie, la députée de Vachon. Alors, qu'est-ce que vous... Il y a
une demande, de 100 000 $, je crois, quelque chose comme ça, de la part
d'Oxyjeunes. Est-ce que la ministre appuie cette demande d'Oxyjeunes où
l'on retrouve, d'ailleurs, des gens autant de l'Estrie - pour faire plaisir
à mon collègue d'en face - des gens de la rive sud, des gens du
Saguenay, des gens du Lac-Saint-Jean, des gens de cette belle région de
la Beauce. Est-ce que la ministre appuie la demande d'Oxyjeunes? Et, surtout,
est-ce qu'elle entend faire accélérer les choses?
Mme Bacon: C'est évident que j'appuie la demande
d'Oxyjeunes, vis-à-vis de mon collègue du MLCP. Si vous n'aimez
pas les abréviations, c'est le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Mais la demande, chère madame...
Mme Bacon:... qui est responsable de ce secteur d'activité
qui n'est pas un secteur professionnel. Ce sont des jeunes de 12 à 16
ans, réseau scolaire non professionnel. La mission du ministère
des Affaires culturelles est une mission qui englobe les artistes
professionnels. Et les démarches qu'on peut faire sont auprès de
mon collègue du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. C'est lui qui est responsable de ce genre d'activité.
M. Boulerice: Mais la demande a été faite à
votre collègue numéro un, le premier ministre. Elle n'a pas
été faite au MLCP.
Mme Bacon: Elle a été transmise au MLCP.
M. Boulerice: Et qu'est-ce que votre collègue vous
répond actuellement?
Mme Bacon: C'est lui qui doit analyser son dossier. Je ne peux
pas faire l'analyse pour lui. J'en ai suffisamment à faire.
M. Boulerice: Ah bien non! Je sais bien que vous ne ferez pas sa
job. C'est bien entendu. Vous en avez assez de deux.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: Comme disait l'autre: "Trente-six...
Mme Bacon: Je trouve que vous avez l'air à vouloir m'en
donner beaucoup en plus.
M. Boulerice:... métiers, trente-six misères*.
Comme disait le père Ovide.
Mme Bacon: Non, non, pas à ce point-là quand
même.
M. Boulerice: Mais vous êtes intervenue face au ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, quoique Chasse et Pêche...
Mme Bacon: Certainement.
M. Boulerice: Mais on me dit que la demande est plutôt
examinée au cabinet du premier ministre.
Mme Bacon: SI le premier ministre a reçu la demande
directement chez lui...
M. Boulerice: Ce qui est le cas.
Mme Bacon:... c'est évident qu'ils ont regardé
à quel ministère ils devaient s'adresser. Ils se sont
adressés chez nous au départ. On leur a dit que nous
n'étions pas responsables de ce genre de dossier et que c'est un dossier
qui relève du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, un secteur d'activité qui n'est pas de niveau professionnel
et ce dossier-là a été transmis au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Boulerice: Vous ne leur avez rien donné l'an
passé? Il me semble que oui.
Mme Bacon: Ah oui!
M. Boulerice: J'avais tellement poussé que vous aviez
cédé.
Mme Bacon: Le premier ministre a reçu le dossier comme
responsable du dossier jeunesse. Le secteur de la jeunesse relève du
bureau du premier ministre.
M. Boulerice:... vous. Il me semble que vous leur avez
donné quelque chose l'année passée. À moins que je
ne me trompe?
Mme Bacon: Dans le cadre des fonds d'initiative culturelle,
jusqu'à ce que ce soit considéré par le MLCP.
M. Boulerice: Et, advenant que le MLCP ne les considère
pas, qu'est-ce que vous entendez faire? Vous allez me dire: question
hypothétique. Mais vous n'êtes pas le maire Drapeau, vous pouvez
quand même répondre aux questions hypothétiques.
Mme Bacon: Je pense que... Je dois dire qu'on doit... Et ce n'est
pas un blâme que je fais au ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, mais if commence à être temps que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche se penche sur les
dossiers socioculturels qui ne sont pas du niveau des professionnels. C'est
à eux de prendre leurs responsabilités. Je ne peux pas prendre...
J'ai tenté d'aider davantage les professionnels. Mais c'est le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui est
responsable de ce secteur d'activité.
M. Boulerice: Bon, la remarque que vous faites au sujet du MLCP -
je ne veux pas vous mettre en conflit avec ce ministère-là..
Mme Bacon: Non, ce n'est pas un conflit. Je l'ai
déjà...
M. Boulerice:... mais je la juge quand même pertinente
comme remarque.
Mme Bacon:... dit. J'ai déjà discuté de ce
dossier-là avec le ministère.
M. Boulerice: Sauf que la demande de 100 000 $ qu'ils ont faite
pourrait venir de différents secteurs, toujours dans l'hypothèse
où le MLCP n'arrive pas à dégager des fonds. Mais je veux
revenir à ma première question. Il me semble que vous leur avez
donné quelque chose l'an passé. Je sais que le
député de Saint-Jacques a été
généreux envers eux. C'est traditionnel. Mais il me semble que
vous avez fait votre effort vous aussi.
Mme Bacon: L'effort que j'ai fait, c'est en 1986 et 1987. L'an
passé, j'ai commené à être un peu plus, comment
dirais-je, réservée...
M. Boulerice: Réservée, ha, ha, ha!
Mme Bacon:... par rapport à ce dossier parce que c'est
là que je trouvais qu'il fallait, une fois pour toutes, responsabiliser
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je ne peux
pas continuellement tenter... Je sais que c'est de la culture, que c'est
socioculturel; ce ne sont pas des professionnels, ce sont des jeunes qui
veulent faire des choses. Ce sont des efforts très louables qui viennent
de la part de beaucoup de milieux, mais le ministère qui doit assumer
ces frais, c'est le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Je ne dis pas que je n'en ai pas donné l'an dernier mais
assez, c'est assez. Je pense que c'est le temps que le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche prenne ses
responsabilités.
M. Boulerice: Advenant le cas où le MLCP ne donnerait rien
cette année, quelles que soient les raisons que pourrait invoquer votre
collègue, le festival tombe à l'eau, c'est le cas de le dire. Et
Dieu sait que c'est maintenant rendu une tradition. C'est un fait que ce ne
sont pas des professionnels, mais ce sont ceux de demain.
Mme Bacon: Pas toujours, quand même!
M. Boulerice: Ah!
Mme Bacon: II y a des gens qui restent...
M. Boulerice: J'y vais moi.
Mme Bacon: Vedette de demain?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: En parlant de vous.
M. Boulerice: Bien oui, voilà! Je vous l'ai dit que vous
étiez prémonitoire, tantôt.
Mme Bacon: Le fonds d'initiative culturelle du ministère,
c'est un fonds discrétionnaire, ce n'est pas un fonds récurrent.
On ne doit pas normalement revenir à la charge à toutes les
années. On l'a fait en 1986 et on l'a fait en 1987. Si cela devient un
fonds récurrent, on ne terminera jamais. Il faut que le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche prenne ses responsabilités
dans ce cas.
M. Boulerice: Ceci dit, il n'y a aucun doute quant à
l'appréciation du Festival création jeunesse.
Mme Bacon: Je n'ai jamais dit que je le mettais en doute, au
contraire, je ne les aurais pas aidés les deux premières
années.
M. Boulerice: D'accord. Le dossier est rendu chez votre
collègue. Êtes-vous prête à faire des
démarches? Il ne faut pas oublier que vous êtes aussi
vice-première ministre. Vous êtes le no 2.
Mme Bacon: On a fait énormément de
représentations au bureau du premier ministre pour qu'il fasse aussi des
représentations auprès du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Nous, on n'a pas fait que les démarches
auprès du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
on a demandé au bureau du premier ministre de faire la même
chose.
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: On a expliqué à ce moment au bureau du
premier ministre les différences de missions qui ne sont pas les
mêmes. Chacun a sa mission.
M. Boulerice: Cela va pour ce qui est du programme d'aide
à la relève, puisqu'il faut employer le nom.
Le Président (M. Audet): Programme 2, Développement
des milieux culturels, cela va?
M. Boulerice: Non, non.
Le Président (M. Audet): Non?
M. Boulerice: On vient de terminer un élément.
C'est l'élément 4.
Le Président (M. Audet): L'élément 4 du
programme 2.
M. Boulerice: C'est cela.
Le Président (M. Audet): C'est cela.
M. Boulerice: Non, non ce n'est pas fini l'élément
4. Un premier volet, c'est le programme d'aide à la relève.
Là, on va aller à un deuxième qui est les
bibliothèques publiques. Bibliothèques publiques autonomes en
1984-1985, c'était 13 559 911 $; en 1985-1986, 13 824 600 $; 1986-1987,
9 824 000 $; 1987-1988, 9 853 478 $; 1988-1989 - on commence un peu à
récupérer - 12 513 000 $ et 1989-1990, 12 984 600 $. Est-ce qu'on
peut me dire à quoi sera consacrée l'augmentation des
crédits, étant donné qu'il y a un moratoire - si nous
pouvons toujours employer le terme - qui a été imposé en
1986 au programme d'aide à la construction et à la
rénovation des bibliothèques publiques et qui a eu, d'ailleurs,
un effet désastreux. Il y a une bibliothécaire qui disait: Ce
programme était de beaucoup supérieur à l'aide ponctuelle
que le gouvernement accorde actuellement à la construction et à
la rénovation de bibliothèques. Soit dit en passant, un programme
à caractère universel dont les règles seraient connues du
public et des milieux concernés entrouvre moins la porte à
l'arbitraire que des subventions distribuées à la pièce
selon le bon vouloir du ministère. C'était quelqu'un de
première ligne qui faisait cette assertion.
Mme Bacon: On a annoncé récemment la construction
de six nouvelles bibliothèques: à Charny, à
Saint-Augustin-de-Desmaures, à I'île Perrot, à
Saint-Antoine, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac et à Tracy. Dans les
crédits que nous avons devant nous en ce qui concerne les
bibliothèques, il y a une partie qui servira à la gestion de ces
nouvelles bibliothèques. On ne fait pas que construire. On a besoin
d'avoir davantage de fonds. C'est beaucoup plus là, dans l'implantation
de ces bibliothèques, que dans d'autres programmes que vont ces sommes
d'argent.
M. Boulerice: Tantôt, dans les équipements, vous
disiez qu'il y avait des bibliothèques. Quand on regarde le poste:
Implantation de nouvelles bibliothèques publiques autonomes, on voit 1
600 000 $.
Mme Bacon: Oui, c'est dans l'implantation et le
développement de ces bibliothèques qu'on va dépenser
l'argent.
M. Boulerice: Pour la construction.
Mme Bacon: Non, non. Pour l'achat de livres, pour l'achat
d'équipements. Il y a de l'informatisation dans certains endroits.
M. Boulerice: Donc, sur les... Il n'y a pas de béton ou de
contre-plaqué, peu importe.
Mme Bacon: II n'y a pas de béton là-dedans?
Une voix: II n'y a pas de béton.
Mme Bacon: C'est le fonctionnement, le développement, le
démarrage.
M. Boulerice: Quels sont les critères de ce programme
réintroduit?
Mme Bacon: II y a l'aide à l'achat des livres et de
l'équipement, une proportion réservée au
fonctionnement.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: C'est 100 % de l'achat de livres et 10 % des frais de
fonctionnement.
M. Boulerice: Pour les nouvelles ou pour toutes?
Mme Bacon: Pour toutes les bibliothèques.
M. Boulerice: Donc, ce n'est pas un programme distinct pour
l'implantation de nouvelles bibliothèques publiques autonomes. C'est
pour toutes les bibliothèques.
Mme Bacon: II y en a six là. C'est ça, les
nouvelles bibliothèques.
M. Boulerice: Pourquoi y a-t-il une enveloppe distincte si c'est
pour toutes?
Mme Bacon: Vous voulez savoir les critères, si c'est sur
l'ensemble des bibliothèques ou les six que nous avons.
M. Boulerice: Non, mais vous dites que vous réintroduisez
un programme pour l'implantation de nouvelles bibliothèques.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Mais vous me dites: 1 600 000 $, ce n'est pas pour
les nouvelles bibliothèques, c'est pour toutes les
bibliothèques.
Mme Bacon: Non, non. Non, non. Il y a une partie... On va
attendre madame...
L'an dernier, on avait six nouvelles bibliothèques et, cette
année, il y en a six autres que je vous al nommées tantôt.
Nous apportons ces crédits à l'implantation des
bibliothèques durant les deux premières années. Il y a 500
000 $ qui sont compris dans les crédits de cette année qui
servent encore cette année aux bibliothèques qu'on a
implantées l'an dernier. La différence servira aux nouvelles
bibliothèques, les six que je viens de nommer. C'est sur deux ans. On
couvre les frais... Je disais tantôt 10 %...
Une voix: Non.
Mme Bacon: Ce n'est pas ça. C'est l'implantation des
bibliothèques nouvelles, celles de l'année passée et
celles de cette année.
M. Boulerice: Après deux ans, ces anciennes nouvelles
bibliothèques...
Mme Bacon: C'est parce qu'il faut passer à d'autres
nouvelles par la suite.
M. Boulerice: Je le sais bien, mais elles répondent...
Mme Bacon: Elles deviennent admissibles au programme.
M. Boulerice: Elles font partie du fonctionnement
régulier. Comment choisit-on les critères pour l'implantation de
nouvelles bibliothèques?
Mme Bacon: Pour faire le choix d'une construction de
bibliothèque, vous voulez dire?
Elles posent leur candidature. Il y a des villes qui ont besoin d'une
bibliothèque...
M. Boulerice: Pardon? (16 h 15)
Mme Bacon:... et posent leur candidature. Est-ce que c'est ce que
vous voulez savoir? C'est analysé suivant les besoins.
M. Boulerice: Et la sélection se fait comment? Selon leurs
besoins, il y a 1 000 000 de Québécois qui ont des besoins parce
qu'ils n'ont pas accès à des bibliothèques publiques.
Mme Bacon: Vous avez passé votre commercial, je vais vous
répondre.
M. Boulerice: II est vrai, mon commercial, d'ailleurs.
Mme Bacon: 900 000.
M. Boulerice: On n'est pas à 100 000 près. C'est
déjà déshonorant...
Mme Bacon: 900 000, c'est le chiffre exact.
M. Boulerice:... on se confond à Terre-Neuve, un petit
côté "Newfie" au ministère.
Mme Bacon: II n'y a aucun projet de bibliothèque soumis et
prêt qui a été refusé.
Celles que je vous ai nommées tantôt avaient soumis des
projets qui étaient prêts et nous leur avons accordé. Il y
a des gens qui nous soumettent des demandes pour l'implantation d'une
bibliothèque, mais leur projet est loin d'être prêt. Il y a
des gens qui en parlent aussi et qui s'imaginent qu'en en parlant on va leur
donner. On ne peut pas donner une bibliothèque, des sommes a une ville,
si le projet n'est pas prêt ni même soumis. Il y a des gens qui
n'ont même pas soumis de projet et qui s'attendent d'avoir leur
bibliothèque. Ce n'est pas comme cela que cela fonctionne.
M. Boulerice: Donc, il n'y a plus de moratoire concernant les
bibliothèques.
Mme Bacon: Je ne parle pas du moratoire. Je vous ai dit qu'il
existe toujours, mais qu'on le lève progressivement. C'est la même
chose pour cela. On a fait des efforts en ce qui concerne le service de la
dette, surtout pour les bibliothèques. Ce sont des choix qu'on a faits
de privilégier les bibliothèques. Vous qui vous plaignez, M. le
député de Saint-Jacques, qu'il n'y ait pas suffisamment de
bibliothèques, vous devriez être heureux qu'on ait
privilégié les bibliothèques.
M. Boulerice: Je vous rappelle ce que disait un
bibliothécaire en parlant de l'ancien programme: Ce programme
était de beaucoup supérieur à l'aide ponctuelle que le
gouvernement accorde actuellement à la construction et à la
rénovation de bibliothèques. Soit dit en passant, un programme
à caractère universel dont les règles sont connues du
public et des milieux concernés entrouvre moins la porte à
l'arbitraire que des subventions distribuées à la pièce,
selon le bon vouloir du ministère. C'est la principale critique que l'on
formule sur la façon d'agir du ministère actuellement en ce qui
concerne les bibliothèques.
Mme Bacon: Avez-vous posé une question?
M. Boulerice: Bien oui!
Mme Bacon: Je m'excuse, je n'ai pas saisi.
M. Boulerice: Comme en 1980!
Le Président (M. Audet): M. le député de
Saint-Jacques, si vous voulez poser votre question, s'il vous plaît.
Mme Bacon: Qu'est-ce qu'il y a eu en 1980?
M. Boulerice: II y avait une question et vous n'avez pas encore
compris. Alors, vous n'avez pas su comment voter.
Mme Bacon: Je ne saisis pas.
M. Boulerice: Je vous donnerai un cours tantôt. Je vous ai
dit qu'il n'y a pas de moratoire. Vous m'avez dit: On le lève
progressivement.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Je vous ai dit: Progressivement, mais à
partir de quels critères de sélection.
Mme Bacon: Quand on nous donne une enveloppe de 15 000 000 $ pour
le service de la dette, c'est là qu'il faut faire des choix. Nous avons
privilégié, quant aux bibliothèques, les dossiers et les
projets qui étaient prêts. Je dis qu'il y a des gens qui nous
parlent d'un besoin de bibliothèque, mais qui ne présentent aucun
projet au ministère. Donc, il y a des projets d'entrés au
ministère. Il y a des projets qui sont prêts. Cela couvre des
régions où il y a un rayonnement. Il y a des endroits où
il est nécessaire qu'il y ait ces bibliothèques. C'est pour cela
qu'on fait cette sélection des projets qui sont prêts. On ne donne
pas des fonds à des gens dont les projets ne sont pas prêts.
M. Boulerice: Une sélection de ceux qui sont prêts.
Vous me dites que vous n'avez pas donné à toutes celles qui
étaient prêtes, mais à certaines qui étaient
prêtes.
Mme Bacon: On n'a pas refusé de nouveaux projets. Cela ne
nous arrive pas trois douzaines à la fois.
M. Boulerice: Donc, tous les projets qui étaient
prêts ont été acceptés.
Mme Bacon: On n'en a pas refusé.
M. Boulerice: Vous dites oui et votre collègue, en
arrière, dit non.
Mme Bacon: Lequel? Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Bon! Il dit: Non, on n'a pas refusé.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: M. Bouchard est tout à fait d'accord avec moi.
C'est un acquiescement.
M. Boulerice: Ha, ha, ha! Alors, pour revenir à 1980,
c'est normal pour les gens d'en face qu'un oui vaille un non et qu'un non
vaille un oui.
Mme Bacon: Cela fait longtemps que j'ai oublié cela.
M. Boulerice: Ah! Madame...
Mme Bacon: II faut vivre d'avenir et non pas du passé.
M. Boulerice: Mais qui oublie le passé est condamné
à le revivre.
Vingt mois après le rapport Sauvageau, nonobstant le fait que M.
Sauvageau devienne le nouveau président de...
Mme Bacon: Vous n'êtes pas heureux?
M. Boulerice: Ah bien! J'en suis très heureux. Je m'en
réjouis, d'ailleurs.
Mme Bacon: Mon choix personnel. Merci beaucoup.
M. Boulerice: À moins que mon secrétariat n'ait pas
exécuté ce que j'ai fait, je pense qu'il a reçu une petite
note de ma part le félicitant pour ça.
Mme Bacon: Ah! Il doit être content.
M. Boulerice: Oui, il va être content parce que,
d'ailleurs, le monde de ia bibliothéconomie m'avait - à la
Bibliothèque nationale, Saint-Sulpice, qui est justement dans ma
circonscription - félicité pour le travail acharné que
j'avais fait pour les bibliothèques à l'époque du massacre
à la scie que vous étiez en train d'effectuer. 20 mois... Bien,
une coupure de 4 000 000 $, vous ne viendrez pas encore me faire une guerre de
chiffres. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Ils sont malheureusement
éloquents dans votre cas. Ce que vous avez fait: de 13 000 000 $
à 9 000 000 $, il y a des coupures pour 4 000 000 $. D'accord.
Alors, 20 mois après, comment se fait-il qu'il n'y ait aucune
suite concrète qui ait été donnée au rapport
Sauvageau?
Mme Bacon: Ce n'est pas vrai.
M. Boulerice: Vous dites que ce n'est pas vrai, bien
prouvez-le.
Mme Bacon: J'aimerais quand même que le
député de Saint-Jacques dose ses remarques. Le massacre à
la scie, je dois dire que je ne faisais que poursuivre la philosophie de mon
prédécesseur qui s'en allait dans un "phasing-out" quant à
l'aide du ministère aux bibliothèques.
M. Boulerice: Encore là, les chiffres prouvent le
contraire.
Mme Bacon: Je dois dire qu'à mon arrivée au
ministère, c'était déjà enclenché. J'ai
appris rapidement, M. le Président, que ce n'étaient pas
là les besoins. J'ai corrigé le tir immédiatement
après.
M. Boulerice: Ce qu'elle dit c'est: Mon
prédécesseur les faisait disparaître et, moi, je les ai
mutilés.
Mme Bacon: Non, je les ai fait revivre, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui, en coupant 4 000 000 $. C'est un sérum
drôlement encourageant pour eux.
Mme Bacon: Les interventions et les objectifs qu'on entend
poursuivre dans le domaine des bibliothèques publiques...
M. Boulerice: Ce qui a été fait 20 mois
après, qu'est-ce que c'est? Je me permets de dire qu'elle a de la
difficulté avec ses livres.
Mme Bacon: En matière d'aide financière, on a
porté à 20 900 000 $ l'aide financière aux
bibliothèques publiques... Non. C'était en 1988-1989. Cela
représentait un accroissement de 4 600 000 $ ou 30, 6 % par rapport
à l'année précédente.
Un montant de 12 513 900 $ a été versé aux
bibliothèques publiques autonomes, dont 2 660 000 $ ou 27 % de plus que
l'année précédente. Cette somme devait être
consacrée exclusivement à l'achat de livres, ce qui fut fait.
Il y a six municipalités qui ont reçu 562 988 $ dans le
cadre du nouveau programme d'implantation de bibliothèques. Les
bibliothèques centrales de prêt ont reçu 6 611 600 S en
subvention, ce qui représente une augmentation de 13, 6 % et 790 000 $
de plus que l'année précédente. Elles ont aussi
reçu un premier versement de 500 000 $ pour leur permettre de
réaliser un programme d'informatisation réparti sur quatre ans.
Dans le cas de l'aide aux jeunes artistes et créateurs, qui a
été accordée par le gouvernement, les 5 000 000 $ dont on
parlait tantôt, il y a une somme de 300 000 $ qui a été
allouée aux bibliothèques publiques, qui favorisait à la
fois l'expression des jeunes artistes, l'animation et la fréquentation
des bibliothèques.
M. Boulerice: Pas récurrents.
Mme Bacon: Sept projets d'équipements ont aussi
été subventionnés, pour un total de plus de 5 000 000 $.
On a aussi fait connaître le nouveau programme d'aide financière
aux bibliothèques publiques autonomes et ce programme, applicable aux
municipalités, pour l'exercice de 1989, comprend deux volets. D'abord,
une aide financière à l'achat de livres, qui représente
100 % de la contribution municipale, et une aide financière au
fonctionnement, qui représente 10 % de la contribution municipale, selon
les disponibilités budgétaires du ministère.
Il y a des négociations en cours pour la réalisation
d'études sur l'informatisation des bibliothèques publiques
autonomes, sur les besoins particuliers des personnes handicapées, et
des
travaux sont aussi en cours dans le cadre d'une étude sur la
capacité de payer des municipalités de moins de 5000
habitants.
M. Boulerice: Si je comprends bien, M. le Président...
Mme Bacon: Je n'ai pas terminé, M. le Président, si
vous le voulez bien. En 1986-1987, la population qui était desservie par
les bibliothèques publiques autonomes était de 4 498 520
personnes, les BCP étaient de 1 151 045, pour un total de 5 649 565. Par
rapport à 1988-1989, il y a une augmentation à 4 568 656 pour les
bibliothèques publiques autonomes, et à 1 204 751 pour les BCP,
soit un total de 5 773 407. Donc, il y a quand même une augmentation
quant à la population desservie.
La projection, pour 1989-1990, visant les bibliothèques publiques
autonomes, est de 4 618 656, pour les BCP, 1 234 751, soit un total de 5 853
407. Donc, depuis 1986-1987, il y a une progression, de l'état du
développement des bibliothèques, ayant l'aide des
municipalités. La population desservie est toujours de plus en plus
nombreuses, et ce sont les efforts qui ont été consentis à
la suite du rapport Sauvageau.
Le projet de révision de la Loi sur les bibliothèques
publiques et les règlements qui s'y rattachent devraient être
finalisés, et une direction des bibliothèques publiques sera mise
sur pied dans les semaines qui viennent; je pense qu'on aura les sommes
nécessaires. On est à la mettre sur pied, ça ne sera pas
bien long. Cette unité pourra être mandatée pour assurer la
coordination des actions gouvernementales nécessaires au soutien, au
développement du réseau des bibliothèques publiques pour
l'ensemble de la population du Québec. Elle verra aussi à assurer
la cohérence des interventions, de concert avec les directions
régionales du ministère et les associations du milieu des
bibliothèques. C'est une des mesures qui nous avaient été
demandées par le rapport de la commission d'étude sur les
bibliothèques publiques. Cette direction va jouer un rôle de
premier plan en matière d'aide-conseil aux bibliothèques
publiques, en matière de sensibilisation et d'information, aussi en
matière d'implantation de nouvelles bibliothèques, de même
que dans des domaines aussi variés que le développement des
collections, l'informatisation, la coopération ou l'animation. Elle va
assurer, en collaboration avec les directions régionales du
ministère, la gestion des programmes d'aide financière aux
bibliothèques et ça, en collaboration avec toutes les directions
régionales. Elle va réaliser ou verra à la
réalisation d'études de normes qualitatives et quantitatives dont
elle supervisera l'application. (16 h 30)
M. Boulerice: Compte tenu du cumul des fonctions de la ministre,
j'ai presque le goût de dire que ses BCP ont été
contaminées par ses
BPC parce que, 20 mois après le rapport Sauvageau, tout ce
qu'elle vient de me dire, c'est que, pour cette année, c'est un gel et
elle leur a redonné, l'an dernier, les 15 000 000 $ qu'elle leur avait
coupés la première année.
Mme Bacon: Ce n'est pas un gel, c'est 1 300 000 $ de plus.
M. Boulerice: Bien, 1 000 000 $, c'est un gel si on calcule le
taux d'inflation. Quand on ne se résout qu'à donner
l'équivalent de l'inflation, pour moi, c'est l'équivalent d'un
gel, madame.
Mme Bacon: Mais ce n'est pas un... M. Boulerice: Donc,
après 20 mois...
Mme Bacon: Non, non. M. le Président, j'aimerais
répondre. Ce n'est pas un gel...
M. Boulerice: Après 20 mois.
Mme Bacon:... c'est une des sommes les plus élevées
que nous accordons pour le développement dans le dossier des
bibliothèques. Nous savons que ce n'est pas suffisant, mais c'est une
des sommes importantes que nous accordons aux bibliothèques parce que
nous savons qu'elles en ont besoin.
M. Boulerice: Mais si on enlève l'implantation de
nouvelles bibliothèques publiques autonomes, de combien est
l'augmentation pour le développement des bibliothèques publiques
autonomes existantes? Pas le Pérou!
Mme Bacon: Je n'ai jamais dit que c'était le Pérou
ni le Brésil.
M. Boulerice: Non, mais c'est combien? Même pas 4 %,
même pas le taux de l'inflation. Des chiffres, là, vite.
Mme Bacon: L'année dernière, nous avions un montant
de 500 000 $ pour l'aide financière à l'implantation de nouvelles
bibliothèques publiques autonomes.
M. Boulerice: Non, je vous parle du développement des
bibliothèques publiques autonomes existantes.
Mme Bacon: Nous avons, cette année, 1 600 000 $,
donc...
M. Boulerice: Ce n'est pas ça.
Mme Bacon:... 1 000 000 $ - écoutez-moi...
M. Boulerice:...
Mme Bacon: Je vous écoute quand vous parlez;
écoutez-moi à votre tour. Donc,
1 100 000 $ de plus. Nous avons aussi 200 000 $ que nous ajoutons
à l'aide financière au développement des
bibliothèques publiques autonomes. Par rapport à l'année
dernière, nous avions 12 784 000 $ et là, nous avons 12 984 000
$.
M. Boulerice: Donc, 200 000 $. Mme Bacon: C'est
ça.
M. Boulerice: C'est ça, ce n'est pas le Pérou.
Donc, 20 mois après le rapport Sauvageau, et autant de mois après
le rapport Mittermeyer, c'est maigre.
Mme Bacon: Mais ce n'est pas maigre avec les six nouvelles
bibliothèques qu'on a implantées l'an dernier et les six
bibliothèques nouvelles qu'on implante cette année, avec les
sommes qu'on a données pour l'achat de livres dans toutes les
municipalités - demandez-le aux municipalités, elles sont
très heureuses des efforts qu'on fait du côté des
bibliothèques - plus le budget d'équipements, plus le
secrétariat qui sera Installé au ministère dans quelques
semaines; je n'appelle pas ça maigre.
M. Boulerice: Dans le cas...
Mme Bacon: II y a des efforts constants qui sont faits.
M. Boulerice:... du développement des bibliothèques
publiques, avec votre norme de 100 % des livres et de 10 % pour le
fonctionnement, pour ce qui est de l'achat des livres, est-ce que c'est le
principe que vous avez appelé, avec humour, Popen bar" ou bien s'il y a
une norme, un seuil?
Mme Bacon: Non, non, il y a quand même une limite de
budget.
M. Boulerice: Qui est de combien?
Mme Bacon: C'est en fonction de la demande des
municipalités et de la disponibilité budgétaire qu'on va
fonctionner. Il faudra voir quelle sera la demande des
municipalités.
M. Boulerice: Comment cotez-vous les normes des
municipalités?
Mme Bacon: On a demandé aux municipalités de nous
fournir leur demande. On va faire le total des demandes des
municipalités et, suivant notre disposition budgétaire, on va
répartir les sommes entre les municipalités.
M. Boulerice: Employez-vous un barème semblable au projet
initial émis par votre prédécesseur pour ce qui
était de l'appariement? On paie égal, égal, de
façon à ne pas désinciter les municipalités
à l'achat de volumes.
Mme Bacon: Si les municipalités veulent en mettre plus, on
ne peut pas les en empêcher. De la façon dont vous le dites
là, on empêcherait les municipalités d'en mettre plus. On
ne peut pas les empêcher d'en mettre plus, au contraire.
M. Boulerice: C'est ça. Jusqu'à un certain niveau,
au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valide, c'est
ça, Romain Gary, c'est-à-dire qu'au-delà d'un certain
montant, la municipalité ne peut pas acheter plus, cela devient
entièrement à ses frais.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: D'accord. Et la limite du ticket pour les
municipalités est en fonction de que) barème? Sa population,
l'âge de sa bibliothèque?
Mme Bacon: C'est en fonction du budget dont nous disposons.
M. Boulerice: Cela risque d'être arbitraire, dans le cas
d'une vieille bibliothèque qui a besoin de beaucoup plus de nouveaux
volumes.
Mme Bacon: Je ne connais pas de bonnes bibliothèques qui
n'achètent jamais de volumes.
M. Boulerice: Certaines peuvent avoir plus de besoins par rapport
aux autres. Si vous dites: Je n'ai que ce budget. Vous êtes 24, on divise
par 24, à ce moment-là, la notion d'équité est
moins forte.
Mme Bacon: Les demandes ne sont pas les mêmes non plus. Il
faut vraiment attendre que les bibliothèques nous fassent leurs
demandes.
M. Boulerice: Donc, on continue d'être avec Terre-Neuve
pour ce qui est des bibliothèques, malheureusement.
Mme Bacon: Ça, c'est vous qui le dites.
M. Boulerice: Non, ce n'est pas moi qui le dis, c'est un rapport,
le rapport Sauvageau.
Mme Bacon: II ne faut pas oublier que les bibliothèques
sont une responsabilité municipale. Quand on a dit aux
municipalités qu'elles sont des partenaires - et c'était dans le
rapport Sauvageau - c'est une responsabilité à partager. Il n'y a
pas que le gouvernement provincial qui est responsable. Il n'y a pas que le
ministère des Affaires culturelles qui est responsable des
bibliothèques. Les municipalités ont une grande
responsabilité par rapport aux bibliothèques. Ce n'est pas
uniquement notre responsabilité. C'est aussi et beaucoup la
responsabilité des municipalités. Comme en Ontario.
M. Boulerice: Nous irons, M. le Président, à un
sujet de prédilection, les musées.
Mme Bacon: Où s'en va-t-on?
M. Boulerice: Aux musées, madame.
Mme Bacon: On change de... Page 71?
M. Boulerice: Je ne le sais pas. Vous avez retrouvé les
musées?
Mme Bacon: Quelle est la question?
M. Boulerice: Non, mais en ce qui a trait à l'aide aux
musées privés, j'aimerais connaître la ventilation des 12
400 000 $, entre le musée des Beaux-Arts de Montréal et les
autres musées privés. Pour ce qui est des musées
privés, on ne se le cachera pas, si le budget est gelé cette
année, il n'aura donc augmenté que de 14, 5 % en quatre ans, soit
une croissance nulle compte tenu de l'inflation.
Mme Bacon: Vous parlez de quel musée? L'ensemble des
musées?
M. Boulerice: Oui. La ventilation des 12 400 000 $ entre le
musée des Beaux-Arts de Montréal et les autres musées
privés et les centres d'exposition.
Mme Bacon: II y a près de 7 000 000 $ qui vont au
musée des Beaux-arts de Montréal et les 5 000 000 $ qui restent
sur les 12 000 000 $...
M. Boulerice: 7 000 000 $ pour le...
Mme Bacon: À peu près 7 000 000 $ vont au
musée des Beaux-arts de Montréal...
M. Boulerice: 7 000 000 $.
Mme Bacon:... et les 5 000 000 $ qui restent sur les 12 000 000 $
sont répartis entre les autres musées.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir la ventilation?
Mme Bacon: On va vous envoyer ça le plus rapidement
possible, M. le député.
M. Boulerice: Combien le musée des Beaux-arts avait-il eu
en 1988-1989 compte tenu de l'ajout, d'une part, et de l'éponge qui a
été passée, d'autre part?
Mme Bacon: En 1987-1988, nous avions donné 3 325 000
$.
M. Boulerice: En 1988-1989?
Mme Bacon: On a augmenté à 5 800 000 $.
M. Boulerice: Tout inclus ou si c'est juste pour...
Mme Bacon: Plus... M. Boulerice: Plus le?
Mme Bacon:... 1 500 000 $, environ 7 000 000 $ en tout.
M. Boulerice: 5 000 000 $ plus 7 000 000 $? Mme Bacon: 7
000 000 $ en tout. M. Boulerice: Cinq...
Mme Bacon: On a reconduit le montant de l'année
dernière.
M. Boulerice: De combien était le déficit,
déjà?
Mme Bacon: 3 000 000 $.
M. Boulerice: Et dans le montant de 7 000 000 $ de cette
année, y a-t-il encore une partie pour éponger le déficit
ou non?
Mme Bacon: Une fois, c'est assez.
M. Boulerice: Une fois, c'est assez. Une fois, c'était
bien trop. C'est un gouffre ça.
Mme Bacon: Moitié, moitié. M. Boulerice:
Moitié, moitié.
Mme Bacon: Moitié l'an dernier, moitié cette
année. On n'en donne pas plus. C'est un rééquilibrage
qu'on fait.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: On fait un rééquilibrage cette
année. Je pense qu'on devrait plutôt parler d'une révision
de la participation du gouvernement dans le financement des activités du
musée, financement qui a été porté à 50 % de
son budget de dépenses, et d'un rajustement qui est consenti
rétroactivement aux deux années antérieures au cours
desquelles des études et les enquêtes nécessaires ont
été effectuées. On fait un
rééquilibrage.
M. Boulerice: Alors vous me dites qu'il y a 50 % de participation
de l'État dans le budget de fonctionnement du musée.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: Pour ce qui est des autres musées, à
combien se situe la proportion de la part de l'État?
Mme Bacon: Cela varie. On a ici le musée de la
Civilisation à 84, 2 %, le Musée du Québec à 92, 7
%, le musée d'Art contemporain à 73, 6 %, et ça varie
aussi pour les autres musées régionaux.
M. Boulerice: Et les musées régionaux?
Mme Bacon: Cela varie de 25 % à 80 % à peu
près. Ce n'est pas la même chose.
M. Boulerice: De 25 % à 80 %, et il n'y a toujours pas de
place pour reconnaître l'écomusée de la Maison du
Fier-Monde. C'est un petit musée privé qui n'a pas encore de
reconnaissance et qui est situé dans ma circonscription de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Bacon: Est-ce qu'on va faire votre bureau de comté
aujourd'hui?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Est-ce qu'on va faire votre bureau de comté
aujourd'hui?
M. Boulerice: Pourquoi pas? Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Ma première obédience, madame, va aux
gens de mon coin. (16 h 45)
Mme Bacon: Comme moi à Chomedey, M. le
député.
M. Boulerice: Ah oui! C'est cela, d'ailleurs, il y a eu de beaux
développements. Tout ce que je vous demande, c'est la simple
reconnaissance de l'écomusée de la Maison du Fier-Monde. Avouez
que je ne suis tout de même pas gourmand! Vous m'avez enlevé
l'Orchestre symphonique là!
Mme Bacon: Comment on a enlevé l'Orchestre
symphonique!
M. Boulerice: Oui, vous m'avez enlevé la Maison de
l'Orchestre symphonique dans ma circonscription.
Mme Bacon: Elle n'était pas là.
M. Boulerice: Mais oui, elle était là; c'est moi
qui l'avais amenée là.
Mme Bacon: Elle était juste annoncée.
M. Boulerice: Quand vous êtes arrivée, vous l'avez
envoyée.
Mme Bacon: Elle était juste annoncée.
M. Boulerice: On avait fart la première pelletée de
terre. On avait même fait venir la terre.
Une voix: Je me souviens de cela.
M. Boulerice: Ce n'est pas ma faute si...
Mme Bacon: II ne faudrait pas donner cela comme exemple...
M. Boulerice:... l'administration municipale était
auparavant bétonnière et que c'était de l'asphalte qu'il y
avait là.
Mme Bacon:... de bonne administration.
M. Boulerice: Au contraire, cela aurait été un
instrument extraordinaire pour le développement et la revitalisation de
l'est de Montréal qui, depuis trois ans et demi, n'est bon que pour les
fermetures d'usines. Il n'y a rien qui s'y passe. Il n'y a pas de ministre dans
l'est de Montréal et on le regrette.
Mme Pelchat:...
M. Boulerice: Elle est dans le nord. Vous ne connaissez pas la
géographie montréalaise, Mme la députée de
Vachon.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Saint-Jacques, pouvez-vous revenir à...
M. Boulerice: Mais l'écomusée de la Maison du
Fier-Monde, pour la troisième année consécutive, est un
petit musée privé très intéressant qui
reflète justement l'histoire de ce quartier populaire.
Mme Bacon: II y a certains musées qui n'ont pas
été accrédités mais qu'on reconnaît comme des
musées, qui sont, en fait, des centres d'exposition reconnus dont
l'écomusée de la Maison du Fier-Monde. C'est cela.
M. Boulerice: "A woman under his influence".
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: C'est un centre d'exposition qui est reconnu mais qui
n'est pas accrédité.
M. Boulerice: Je souhaiterais qu'il soit
accrédité.
Mme Bacon: Je comprends que vous le souhaitiez.
M. Boulerice: Écoutez, quand on a 7 000 000 $ pour le
musée des Beaux-Arts, je vous avoue que le constructivisme russe
m'intéresse, étant tant passionné d'Art déco,
cela
s'apparente, mais pour les gens du centre-sud, vous savez, il y a une
appartenance ou une fierté de retrouver cette culture populaire.
Mme Bacon: Je pense qu'être reconnu par le ministère
en ce moment, c'est une étape vers l'accréditation.
M. Boulerice: C'est une étape, je ne le nie pas.
Mme Bacon: Une étape importante, parce qu'on ne peut pas
reconnaître tous les musées. Il y a quelques musées comme
cela, cette année, qui ont été reconnus ou des centres
d'exposition qui ont été reconnus. Il y a le Musée
historique acadien de Bonaventure, il y a le Musée de Kamouraska et deux
centres d'exposition reconnus qui sont le Centre canadien d'architecture et
l'écomusée de la Maison du Fier-Monde. C'est fier, n'est-ce pas?
Pour le Journal des débats, c'est un "F".
M. Boulerice: Je me permets de revenir à la charge
encore.
Mme Bacon: Je comprends.
M. Boulerice: Je ne nie pas que c'est une étape.
Mme Bacon: C'est véritablement une charge que vous faites,
M. le député.
M. Boulerice: Parce que nous sommes du fier monde dans ce petit
coin de ville d'ailleurs, madame, mais malheureusement, au niveau culturel,
depuis trois ans, il est vraiment à l'état de tiers monde, je ne
vous nierai pas cela. C'est une étape que d'avoir été
reconnu.
Mme Bacon: Oui, une étape importante.
M. Boulerice: Une étape importante, je ne le nie pas.
Mme Bacon: Bon merci!
M. Boulerice: À César ce qui est à
César.
Mme Bacon: À Césarine aussi.
M. Boulerice: À Césarine aussi, comme vous le dites
si bien. L'accréditation permettrait un développement beaucoup
plus intéressant. J'aimerais savoir si vous êtes en train de
considérer cette prochaine étape de façon positive dans un
avenir que je qualifierai d'immédiat.
Mme Bacon: Quand on reconnaît un centre, il faut lui donner
le temps de faire aussi ses preuves. C'est déjà une importance
qu'on accorde à un centre que de le reconnaître. C'est un pas en
avant vers une accréditation. Cela n'existait pas, la reconnaissance de
centres ou de musées au ministère, et devant les efforts
considérables qui sont déployés dans des centres
d'exposition, dans des musées comme ceux que je viens de vous
mentionner, y compris le vôtre, M. le député, dans
Saint-Jacques, je dois dire qu'on a déjà établi cette
étape de reconnaissance, qui est une étape importante, qui nous
permettra par la suite d'accréditer des musées et des centres
d'exposition. C'est un pas en avant.
M. Boulerice: Oui, mais l'accréditation amenant un
financement différent...
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice:... vous comprendrez l'empressement qu'ils ont de se
voir accorder l'accréditation. La question que je vous pose est la
suivante: Peuvent-ils l'envisager dans un avenir quand même
immédiat? Quand je dis immédiat, je ne vous dis pas demain matin,
disons dans le courant de l'année. Vous n'avez que des recommandations
et des félicitations qui arrivent à votre bureau à ce
sujet-là, notamment d'Héritage-Montréal qui souligne la
très grande valeur de cet écomusée.
Mme Bacon: Oui, je ne minimise pas les recommandations qui sont
envoyées au ministère. C'est parce que cela a été
recommandé et reconnu que nous avons reconnu cette étape. Je le
redis encore, nous ne l'avions pas au ministère. Nous avions une
accréditation ou rien. Là, nous avons une étape de
reconnaissance de la part du ministère, qui est une étape
importante.
M. Boulerice: Je vais vous répondre: Nous sommes du fier
monde. On n'ira pas quêter une accréditation, mais on trouve qu'on
a fait suffisamment du beau travail pour mériter cette
accréditation-là. Je souhaiterais que vous vous penchiez
sérieusement sur le dossier dans les mois à venir.
Mme Bacon: Je comprends votre empressement dans les mois à
venir.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Je comprends votre empressement dans les mois à
venir.
M. Boulerice: C'est aussi bon pour vous que pour moi. Je vous
inviterai, avec tous les honneurs dus à votre rang. De toute
façon, si on danse au bal, on peut bien aller au musée.
Par contre, si je regarde les 7 000 000 $ donnés au musée
des Beaux-Arts, il faut s'attendre que l'an prochain, forcément, il n'y
ait pas la moitié de l'éponge du déficit, du moins on
l'espère, et là j'espère que la porte est barrée
à double tour.
Mme Bacon: C'est vrai, oui, oui.
M. Boulerice: Parfait. La loi du cadenas dans le bon sens du
terme. Il reste 4 000 000 $ pour les autres musées privés. Si on
regarde les chiffres, pour eux, il n'y a pas de plan de développement.
C'est un gel quand, par contre, ils vous avaient demandé de faire passer
de 4 000 000 $ à 8 000 000 $ le budget pour les musées
privés.
Mme Bacon: Écoutez, c'est évident que l'ensemble
des musées régionaux nous a demandé...
M. Boulerice: Vous aviez même reconnu - je m'excuse, Juste
pour terminer ma question - iors des engagements financiers, qu'il devait y
avoir un effort particulier pour les musées privés et les
musées régionaux. Mais, là, on voit qui part avec la
cagnotte.
Mme Bacon: Cette année, nous avons regardé les
crédits que nous avons devant nous. Il a fallu faire des choix, comme je
le disais tantôt. Il y a des choix qui sont souvent difficiles à
faire devant les crédits qui nous sont accordés, et nous ne
pouvions pas passer d'un budget de 4 000 000 $ à 8 000 000 $ pour les
musées. Ce sont les choix que nous avons faits.
M. Boulerice: Mais de combien est l'augmentation?
Mme Bacon: Je parle des musées régionaux.
M. Boulerice: Exception faite du MBA.
Mme Bacon: Elle est de 200 000 $.
M. Boulerice: De 200 000 $?
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Pour l'ensemble de tous les musées
privés, centres d'exposition et musées régionaux? 200 000
$ pour tous les autres.
Mme Bacon: On n'a pas les 8 000 000 $ qu'on nous a
demandés.
M. Boulerice: Oui, mais entre les 8 000 000 $ et les 200 000 $.
200 000 $...
Mme Bacon: En 1988-1989, on avait pour les musées et les
centres d'exposition des crédits de 4 054 000 $et, en 1989-1990, c'est 4
229 000 $.
M. Boulerice: Comment seront-ils répartis? Est-ce qu'on
pourrait avoir la ventilation, la répartition du faramineux montant de
200 000 $?
Mme Bacon: Des 200 000 $? C'est sur quatre musées.
!il. Boulerice: Ce n'est même pas l'indexation de tout le
monde.
Mme Bacon: II y a le Musée historique acadien, le
Musée de Kamouraska et deux autres, le musée Louis-Hémon
qui va recevoir des sommes, et le musée Marsil de Saint-Lambert.
M. Boulerice: Donc, quatre musées
bénéficient d'une augmentation. Pour ce qui est des autres, c'est
le statu quo.
Mme Bacon: C'est le même montant.
M. Boulerice: C'est le même montant, c'est cela. Ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je vois certains fonctionnaires tressaillir, Mme la
ministre.
Mme Bacon: En entendant votre "Ha!"
M. Boulerice: Ils ont sans doute deviné, puisqu'ils sont
en permanence dans la capitale nationale, l'avenir de l'Orchestre symphonique
de Québec-. Je vois Mme la sous-ministre dire: Ah! et non pas votre Ha!
d'enthousiasme, messieurs.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Et pourtant, fière Joliettaine, la musique
devrait l'intéresser.
Mme Bacon: L'Orchestre symphonique de Québec
connaît...
M. Boulerice: La question n'est même pas venue. Ha, ha,
ha!
Mme Bacon: Je fais le tour du dossier. Vous n'avez pas l'air de
poser de questions. Je suis prête à répondre.
M. Boulerice: Là, on accorde les violons.
Mme Bacon: Aviez-vous une question spécifique. Je peux
répondre à celle-là, mais je peux vous faire l'état
de la question.
M. Boulerice: C'était tout simplement à la suite du
cri d'alarme du maire Pelletier, un cri vibrant, d'ailleurs. Je vous
demanderais: Est-ce que vous avez l'intention de revoir votre
proposition...
Mme Bacon: Justement, à cela, je vais répondre.
M. Boulerice:... et d'augmenter la contribution du
ministère des Affaires culturelles?
Mme Bacon: Si vous me permettez de continuer, l'Orchestre
symphonique de Québec a connu et connaît encore une situation
financière difficile avec un déficit anticipé de 1 400 000
$ et ce, malgré le fait qu'il bénéficie d'une subvention
du ministère des Affaires culturelles qui soit plus élevée
que la moyenne observée chez les organismes comparables à
l'échelle canadienne. Pour venir en aide à l'Orchestre
symphonique de Québec, plusieurs solutions sont envisagées,
solutions issues de discussions commencées depuis janvier entre le
ministère et la direction de l'orchestre. J'ai été un peu
étonnée du ton alarmiste du maire de Québec, dont
l'idée serait que le gouvernement doit effacer tout de suite le
déficit de 1 000 000 $, sinon c'est la mort de l'orchestre.
M. le Président, je pense que la situation se présente
tout autrement et c'est fort heureux aussi. À court terme,
c'est-à-dire dans l'exercice financier 1989-1990, il importe
évidemment que l'Orchestre symphonique de Québec puisse continuer
de se produire et ce, pour le bénéfice et le plaisir de tous les
citoyens de la capitale et de la région de Québec. Mais ceux-ci
devront apprendre à soutenir davantage leur orchestre, eux qui ne sont
pas toujours présents aux concerts de l'Orchestre symphonique de
Québec.
Un plan de redressement a été présenté par
l'Orchestre symphonique de Québec au ministère. Ce plan a
été discuté et accepté par le ministère en
février. Ce plan prévoit effacer, d'abord, 400 000 $ du
déficit anticipé pour cette année. Nous avons
décidé d'accorder à l'orchestre 100 000 $ si la ville de
Québec donne 100 000 $ et si la Communauté urbaine de
Québec donne 100 000 $ aussi, donc si elles en font autant que nous en
faisons. J'ai aussi demandé au Conseil des arts du Canada de contribuer
à titre exceptionnel pour une somme de 100 000 $. Pardon?
M. Boulerice: Est-ce qu'ils ont accepté?
Mme Bacon: Non, on attend leur réponse. J'ai
demandé aux fonctionnaires du ministère d'intervenir
auprès du Grand Théâtre pour qu'on trouve des
façons, des moyens nécessaires pour réduire les frais de
l'orchestre encourus auprès du Grand Théâtre. Ces
démarches sont assez difficiles à chiffrer actuellement.
L'Orchestre symphonique de Québec va entreprendre une campagne de
financement à laquelle je suis confiante que les citoyens de la grande
région de Québec vont répondre avec enthousiasme et aussi
avec générosité.
En ce qui a trait au déficit accumulé de 950 000 $,
l'orchestre devait ou doit présenter au ministère un plan de
redressement à long terme qui permettrait de résorber ce
déficit et, évidemment, pour que cette situation précaire
ne se répète pas.
M. Boulerice: À ceci... (17 heures)
Mme Bacon: Je n'ai pas terminé.
M. Boulerice: Vous n'avez pas terminé?
Mme Bacon: Non, non.
M. Boulerice: Bien, dépêchez-vous.
Mme Bacon: II est évident que le déficit
d'opération ne pourra pas être réduit sensiblement sans une
intervention directe des paliers gouvernementaux et ne pourra pas, non plus,
demeurer tel quel sans nuire au fonctionnement de l'orchestre.
Des discussions sont en cours avec nos partenaires. Nous avons espoir
qu'une solution sera trouvée incessamment, avec la collaboration de la
direction de l'orchestre qui devra assurer une gestion et aussi une
planification réaliste et serrée. Je pense qu'il faudra aussi que
l'orchestre se discipline davantage pour que cette gestion soit beaucoup plus
serrée qu'elle ne l'était auparavant, ce qui a fait qu'il est
arrivé avec un déficit de 1 400 000 $.
Je pense que c'est un effort concerté des partenaires, que ce
soit la ville de Québec, la CUQ, le Conseil des arts, que nous
espérons - j'ai l'intention d'en discuter avec M. Masse - que ce soit le
ministère des Affaires culturelles, et aussi un effort de la population
de la grande région de Québec d'assister aux concerts. On nous
dit que la campagne d'abonnement va très bien. Il va falloir qu'on
remplisse les salles à l'occasion des concerts de l'Orchestre
symphonique de Québec si on veut garder cet orchestre a
Québec.
Québec veut avoir la même chose que Montréal, mais
je pense que Québec doit être présent. Quand il y a soit
l'orchestre, soit l'opéra, soit les grands concerts, ils doivent
être là pour assurer cette continuité et, surtout, pour ce
qui nous intéresse en ce moment, l'Orchestre symphonique de
Québec.
M. Boulerice: Premièrement, M. le Président, je
n'aime pas tellement ce ton de culpabilisation des Québécois qui
équivaut presque à leur dire: Incultes, vous n'allez pas
suffisamment aux concerts...
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice:... vous n'appuyez pas votre orchestre.
Quand je regarde le déficit, je me dis: Mon Dieu! ce n'est pas
possible le nombre d'intervenants et de portes où il faut aller frapper
quand, en criant "bingo", on vient d'éponger, dans un programme
différent, tantôt, un déficit de 3 000 000 $! Que je sache,
on n'a pas demandé au président du conseil de fournir ça
de sa poche et on n'est pas allés au Conseil des arts du Canada. Le
ministère y est ailé. Après, le premier ministre
était prêt à mettre son chan-
dail, à prendre son gouret et à partir avec ses patins
pour sauver les Nordiques de Québec. Mais l'Orchestre symphonique de
Québec, si on fait un chichi épouvantable pour éponger un
déficit de 1 400 000 $ de façon à le remettre sur rail et
qu'on ait un orchestre qui puisse fonctionner avec peut-être un peu plus
de rigueur, ou quelque chose comme ça, dans l'administration... Je pense
que chacune des gestions est perfectible, quel que soit le domaine dans lequel
on est. Mais je trouve l'attitude...
Le Président (M. Trudel):
M. Boulerice: Vous êtes bien gentil, M. le
Président, j'accepte votre offre. Je vous en remercie.
Le Président (M. Trudel):... tenter d'en préciser
la teneur. Vous me faites peur, vous.
M. Boulerice: Oui. Le président vient d'avoir la
gentillesse d'offrir un café aux membres de la commission.
Je trouve l'attitude de Mme la ministre face à l'OSQ
personnellement - je sais que vous allez réagir ce mot - j'oserais dire
Oh! je me lance - mesquine, en m'excusant, ne voulant pas vous blesser
personnellement. Mais, problème pour problème, comment se fait-il
qu'on en raie un en criant "bingo", comme dit l'expression populaire, et que,
par contre, dans le cas de l'Orchestre symphonique de Québec, on
devienne soudainement très tatillon? On frappe à toutes les
portes et, sans caricaturer à l'excès, c'est tout juste si on
n'est pas encore même allés frapper aux portes du Vatican pour
essayer d'avoir des cents là-dessus. Je vous avoue que je ne comprends
pas ce deux poids, deux mesures. Les problèmes ont quand même une
certaine analogie.
Mme Bacon: C'est là qu'on voit la mesquinerie, pour
retourner le même mot, du député de Saint-Jacques qui ne
prend pas ie temps de regarder les dossiers en profondeur et qui accuse.
Dans le cas du musée des Beaux-Arts de Montréal,
c'était tout simplement un rattrapage qu'il a fallu faire parce que ce
musée, par rapport aux autres musées, est nettement
sous-financé. Même à 50 %, il est encore
sous-financé, c'est ce qu'on se fait dire par le musée,
comparativement à l'Ontario.
Dans le cas de l'Orchestre symphonique de Québec, quand on
pense... Je vais vous donner les chiffres pour l'Ontario. Le Royal Ontario
Museum est financé à 75 % et le Art Gallery of Ontario à
66%. On a tenté de faire du rattrapage et on s'est arrêté
à 50 %.
M. Boulerice: On ne compare que ce qui est comparable.
Mme Bacon: Je n'ai pas terminé. C'est ça, mais vous
avez comparé avec le musée des Beaux Arts...
M. Boulerice: Madame, je vais vous comparer Toronto à
Québec, après.
Mme Bacon: Non. Vous avez comparé avec le musée des
Beaux-Arts, donc, je vous compare le musée des Beaux-Arts. Quant
à l'Orchestre symphonique de Québec, on le subventionne
déjà plus que la moyenne. Il a reçu 1 120 000 $ en
1988-1989 et l'Orchestre symphonique de Montréal a reçu 1 000 000
$. Donc, il y a déjà 120 000 $ de plus, en 1988-1989, à
Québec. Je pense qu'on doit comparer le comparable, encore une fois, et
ne pas être mesquin dans ce qu'avance le député, parce que
c'est lui-même qui fait des mesquineries, M. le Président.
M. Boulerice: Comparez avec le comparable, M. le
Président: Toronto et Québec ont tous deux un statut de capitale.
Dans le cas de Québec, c'est la capitale d'un État francophone
dont le premier ministre se dit le seul chef d'État, d'ailleurs, en
Amérique du Nord. Capitale pour capitale, je pense qu'une capitale a
toujours des responsabilités particulières que lui confère
son statut qui lui a été donné par l'État,
d'où des responsabilités particulières de l'État
face au statut de capitale qu'il a donné à une ville qui,
numériquement, n'a pas la même importance et n'a pas le même
indice de richesse que Toronto.
Mme Bacon: C'est pour ça...
M. Boulerice: N'allez pas comparer le financement de Toronto.
Toronto, je veux dire, il y a quoi, 2 000 000, et il y a une concentration de
fric là-dedans, ça sort par les oreilles. Donc, la
proportion...
Mme Bacon: C'est pour ça, M. le Président. Si vous
me laissez vous répondre, je vais vous le dire.
M. Boulerice: Oui, mais si vous me laissez terminer mon
intervention, après ça, je vous donnerai le temps.
Mme Bacon: J'ai l'impression que vous n'en ajouterez pas
plus.
M. Boulerice: Oui, je vais en ajouter plus. Je veux vous faire
ajouter plus que les 400 000 $. La situation de Toronto et de Québec ne
peut pas être comparable à ce niveau. Comparons avec ce qui est
comparable.
Éponger les déficits. Votre attaché de presse l'a
dit: "La ministre s'est dit prête à intervenir dans une optique de
partenariat, bien que ce ne soit pas dans les habitudes du minis-
tère des Affaires culturelles d'éponger les
déficits. " C'était la déclaration qu'il faisait. Dans le
cas du musée des Beaux-Arts, vous n'avez pas invoqué la condition
du partenariat. Pourquoi, dans le cas de l'Orchestre symphonique de
Québec, qui est une institution culturelle, lui aussi...
Mme Bacon: Avez-vous terminé? M. Boulerice:
Oui.
Mme Bacon: Dans le cas du musée des Beaux-Arts, il est
inapproprié de dire qu'on a absorbé le déficit
accumulé. On devrait plutôt parler d'une révision de la
participation du gouvernement dans le financement de ses activités, ce
que je viens d'appeler le rattrapage, pour la porter à 50 % de son
budget de dépenses. Si vous voulez mettre l'accent sur la capitale du
Québec, qui est la ville de Québec, par rapport à
Montréal - je vous ai dit que Montréal recevait 1 000 000 $ et
Québec, 1 120 000 $ - l'Orchestre symphonique de Montréal, avec
le montant de 1 000 000 $ que nous lui donnons, c'est 10 % de son budget. Quand
on revient à Québec, capitale de la province de Québec, le
montant de 1 120 000 $, c'est 25 % et plus de son budget, donc, on prend en
considération que c'est la capitale. Ce n'est pas par mesquinerie que
j'ai dit aux gens d'aller entendre l'orchestre. Premièrement, c'est un
excellent orchestre et, deuxièmement, les salles ne sont jamais combles,
50 %, 50 % de l'assistance. Je pense qu'à Québec il y a
suffisamment de gens connaisseurs de la belle musique pour se déplacer
et aller au Grand Théâtre entendre l'Orchestre symphonique de
Québec, et c'est ça qu'ils devraient faire pour appuyer leur
orchestre symphonique. Je pense qu'il a besoin d'appui, et non seulement du
ministère des Affaires culturelles, mais de la municipalité, de
la CUQ. Il a besoin d'appui, surtout, de la population. Cela va peut-être
se traduire, parce que la population le remarque qu'il y a un grand besoin, par
la campagne d'abonnement qui est en cours. Je l'espère.
M. Boulerice: Qu'il n'y ait pas la fréquentation
souhaitée, je pense qu'il faudrait peut-être faire une analyse de
motivation. Il pourrait y avoir bien des hypothèses possibles. Je
pourrais vous emmener dans un long débat pour ce qui est de la
programmation, avec des idées assez intéressantes
développées aux États-Unis, notamment à
Philadelphie, mais ce serait un autre sujet. Si vous êtes disponible
après, justement, le concert, on en discutera. Mais, de nouveau, je
m'aperçois de cette réécriture stalinienne du discours que
vous faites des fois. Vous êtes en train de nous dire que vous n'avez pas
épongé le déficit du musée des Beaux-Arts, mais que
vous avez fait un remaniement de la subvention de fonctionnement.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: Je vous en prie, soyez sérieuse,
là.
Mme Bacon: On l'a portée à 50 %. Je suis
très sérieuse.
M. Boulerice: Vous avez épongé le déficit du
musée des Beaux-Arts. À ce moment-là, seriez-vous
prête...
Mme Bacon: Si cela a eu comme effet d'éponger le
déficit, tant mieux. Mais on a fait un rattrapage.
M. Boulerice: Alors, voulez-vous appliquer la même
médecine à l'OSQ, d'abord, à l'Orchestre symphonique de
Québec?
Mme Bacon: Est-ce qu'il va falloir augmenter, à ce
moment-là, l'OSM à 25 %, comme nous payons l'Orchestre
symphonique de Québec à 25 % de son budget et qu'on ne donne que
10 % à l'OSM? Vous avez dit qu'il fallait donner davantage à la
capitale. Vous ne voulez pas qu'on donne davantage à l'OSM?
M. Boulerice: Je suis bien prêt à discuter du cas de
l'OSM, mais je sais qu'une ville qui a le statut de capitale est obligée
à des responsabilités particulières qui entraînent
des devoirs particuliers de la part de l'État, et je n'en
démordrai jamais.
Mme Bacon: C'est significatif, puisque nous lui donnons 25 % de
son budget.
M. Boulerice: Bon! Alors, vous ne voulez pas éponger le
déficit? Êtes-vous prête à faire la même chose
que dans le cas du musée des Beaux-Arts, réussir à
réaménager l'affectation des fonds dévolus à son
opération de façon que ça ait, comme heureux effet, la
même chose que le musée des Beaux-Arts, que le déficit
disparaisse par enchantement?
Mme Bacon: La discussion avec les partenaires...
M. Boulerice: Pour aller avec votre syllogisme de
tantôt.
Mme Bacon: Je ne relèverai pas ça. La discussion
avec les partenaires est justement à l'effet de trouver des solutions
pour éponger ce déficit accumulé. S'ils ont fait des
erreurs administratives, il va falloir surtout redresser, donner plus de
rigueur à l'administration des fonds de l'Orchestre symphonique de
Québec, pour ne pas que ça se répète. Je pense que
c'est ce qu'on cherche avec eux, une façon plus rigoureuse de gestion
par rapport aux fonds dont ils disposent.
M. Boulerice: Alors, vous jugerez mon dernier commentaire comme
vous le voudrez. Je calcule que vous êtes incompréhensive face aux
problèmes de l'OSQ. Voilà.
Mme Bacon: Je vais répondre à ça. M.
Boulerice: Les conseils régionaux...
Mme Bacon: Non, non, vous allez me laisser répondre. Les 3
000 000 $ de déficit du musée des Beaux-Arts de Montréal
n'étaient pas dus à une mauvaise gestion.
M. Boulerice: "A woman on the verge of a nervous breakdown. "
Mme Bacon: Écoutez-moi!
M. Boulerice: J'écoute, madame, je vous écoute avec
mes oreilles, pas avec mes yeux.
Mme Bacon: Les 3 000 000 $ n'étaient pas dus à une
mauvaise gestion. Le déficit de 1 400 000 $ est dû en partie
à une gestion qui demande à être resserrée.
M. Boulerice: Même argumentation que vous avez
déjà employée pour le musée des Beaux-Arts en
disant: Oui, mauvaise gestion; on va resserrer les contrôles parce que
l'État participe. Épongez, et vous avez des gens au conseil
d'administration.
Mme Bacon: On a dit que le musée des Beaux-Arts de
Montréal avait besoin d'une surveillance. On n'a pas dit "mauvaise
gestion", mais "surveillance".
M. Boulerice: Bon! Alors, exerçons une surveillance...
Mme Bacon: C'est une surveillance des fonds publics. On a la
responsabilité, comme ministère, de surveiller les fonds
publics.
M. Boulerice: Exerçons une surveillance de l'OSQ et
épongeons le déficit. Cela dit, nous irons dans les conseils
régionaux de la culture.
Mme Bacon: Est-ce que le député est en train de me
dire qu'il va falloir que le ministère prenne de son budget pour
éponger tous les déficits de nos organismes? C'est à
ça que doit servir le budget des Affaires culturelles, à
éponger tous les déficits de nos organismes?
M. Boulerice: À tout péché,
miséricorde. Pour une première fois, je suis toujours prêt
à l'indulgence. S'ils devaient récidiver, à ce
moment-là, vous pourriez sortir votre "strappe" si vous voulez.
Mme Bacon: Vous l'enlevez où?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Vous l'enlevez où, le montant de 1 400 000 $?
À qui l'enlevez-vous pour le donner à l'Orchestre symphonique de
Québec?
M. Boulerice: Je ne l'enlève pas, madame. Si vous aviez
respecté votre engagement du 1 %, vous auriez les sous.
Mme Bacon: Venant d'un député d'une formation
politique qui n'a jamais respecté son 1 %...
M. Boulerice: Qui l'a fait progresser..
Mme Bacon: Je ne le qualifierai pas, M. le Président.
M. Boulerice:... de 0, 25 %, alors que vous, c'est de 0, 04
%.
Le Président (M. Trudel): Si nous parlions des conseils
régionaux de la culture. M. le député, vous étiez
bien parti sur les conseils régionaux de la culture. Je vous ferai
remarquer qu'il reste deux programmes et qu'il vous reste une heure et
quart.
M. Boulerice: Ah!
Le Président (M. Trudel): C'est votre choix que je
respecte, mais...
M. Boulerice: Je vous remercie d'être aussi vigilant, M. le
Président. En tout cas, dans le cas de l'OSQ, je pense que c'est
très clair, là. Quels crédits sont alloués cette
année aux Conseils régionaux de la culture?
Mme Bacon: II n'y a pas d'augmentation pour les Conseils
régionaux de la culture. Nous ne pouvions pas nous permettre d'indexer
les subventions de tous les organismes, il a fallu faire des choix. Nous avons
privilégié l'aide aux organismes de diffusion et de production
plutôt qu'aux organismes qui ne diffusent pas directement. Les Conseils
régionaux de la culture reçoivent tout de même 1 670 000 $
cette année, ce qui devrait leur permettre de jouer un rôle
important de conseil, pour lequel le ministère les subventionne.
M. Boulerice: Vous vous rendez compte que c'est un gel des
subventions depuis quatre ans. Donc, les 100 000 $ dont ils disposent...
Mme Bacon: Elles ont été indexées l'an
dernier.
M. Boulerice:... doivent être soustraits de 16 %, en termes
de dollars constants. (17 h 15)
Mme Bacon: II y a eu une indexation l'an dernier, ce n'est pas un
gel.
M. Boulerice: De combien? Mme Bacon: De 5 %.
M. Boulerice: Et les deux années antérieures?
Mme Bacon: On n'a pas les données, il faudra les
regarder.
M. Boulerice: Depuis 1985-1986, il y a eu une augmentation de 60
000 $, soit 4 % en quatre ans. Alors, trois ans après, 4, 5 %, cela fait
13 %. Donc, en dollars constants elle est de 10 % inférieure à ce
qu'elle était à ce moment-là. Les Conseils
régionaux de la culture avaient demandé une augmentation modeste,
à mon point de vue, de 5 %, tandis que la conférence, elle, avait
demandé de voir passer sa subvention de 34 000 $ à 54 000 $ en
deux ans. Elle attend la réponse, et j'ai l'impression que vous venez de
lui répondre que c'était non.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: C'est ça. Alors, moi, de toute façon,
au mois de novembre, je leur ai répondu dans le programme de notre parti
qu'ils seraient considérés comme des interlocuteurs
privilégiés, avec tout ce que cela pouvait signifier en termes de
ressources.
Mme Bacon: Je n'ai jamais dit que ce n'était pas un
organisme-conseil important au ministère.
M. Boulerice: II est important, mais, enfin...
Mme Bacon: Est-ce que vous considérez l'importance des
sommes que vous donnez ou l'importance du travail que les gens font?
M. Boulerice: Mais les gens font leur travail dans la mesure
où ils sont capables d'avoir de l'argent pour faire leur travail.
Mme Bacon: Dans la mesure où ils sont payés? Mais
va-t-on enlever l'argent aux artistes pour le donner directement au conseil? Ce
sont des choix qu'il faut faire.
M. Boulerice: Vous n'auriez pas ce problème, Mme la
ministre, si vous aviez le 1 %. Avec ces 100 000 000 $, c'est d'ailleurs la
réponse. Quand vous avez dit à la coalition et que votre premier
ministre a dit: Le 1 %, c'est beau, mais il faudrait savoir quoi en faire, en
voilà des exemples.
Le régime d'abris fiscaux pour le disque, M. le Président,
est-ce que la ministre a reçu de la part de l'ADlSQ une étude et
des recommanda- tions qui concernent la mise en place d'un régime
d'abris fiscaux?
Mme Bacon: L'ADlSQ est en train de faire une étude
à ce sujet, mais elle n'est pas encore entrée au
ministère.
M. Boulerice: Ce n'est pas entré. Est-ce que vous
êtes sympathique à cette idée d'abris fiscaux dans le
domaine du disque?
Mme Bacon: II faudra regarder les propositions.
M. Boulerice: C'est un domaine coincé au Québec,
malheureusement, entre les États-Unis et la France, parce que les deux
pays ont des productions qui sont, employons le mot, "envahissantes" chez nous
et qu'il faut jouer du coude pour percer.
Mme Bacon: On ne peut pas se prononcer avant d'avoir vu
l'étude de l'ADlSQ, mais elle sera analysée dès qu'on la
recevra.
M. Boulerice: D'accord. Cela va pour le programme 2, M. le
Président. Nous passons au programme 3, Institutions nationales.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 2 est
adopté? M. le député, vous adoptez le programme 2 sur
division?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): Sur division. Nous passons donc
au programme 3, Institutions nationales. M. le député, à
vous la parole.
Institutions nationales
M. Boulerice: Quelles sont vos intentions en ce qui concerne
l'avenir des conservatoires de musique régionaux à la suite
justement de cette consultation? Comment voyez-vous le rôle des
conservatoires régionaux?
Mme Bacon: Ces derniers temps, on en parle davantage, mais il n'a
jamais été question de fermer les conservatoires, mais
plutôt de leur permettre de prendre un virage pour faire face aux
années quatre-vingt-dix. Je veux que les conservatoires retrouvent leur
fondement même, ce pourquoi ils ont été
créés, soit la formation professionnelle d'artistes d'envergure.
Au cours des dix dernières années, le nombre des jeunes dans les
conservatoires a augmenté continuellement. Entre 1977 et 1985, la
proportion d'étudiants au précycle est passée de 6, 5 %
à 29 %. En 1985, les enfants d'âge scolaire primaire constituaient
60 % de la clientèle des conservatoires et, en 1986, 35 % des
étudiants sont partis au cours de la première année et
jusqu'à 60 % après deux ans. Depuis deux ans, les
mesures qui ont été adoptées par les conservatoires
ont fait en sorte que la tendance au rajeunissement de la clientèle se
renverse. Il est important d'arriver à renforcer cette dynamique qui se
dessine dans les conservatoires et il faut définir des orientations
claires. Il faut renforcer la formation avancée en fonction des
ressources du milieu et des besoins de l'étudiant. la formation initiale
doit reprendre sa place dans un contexte où les partenaires pouvant la
dispenser se sont multipliés et la formation terminale doit permettre
à l'étudiant, s'il le désire, de côtoyer une
concurrence qui ne peut, en général, se retrouver que dans les
grands centres.
Il faut aussi revoir la mission des conservatoires dans un contexte
où la clientèle a évolué et où les
partenaires se sont multipliés depuis la mise en vigueur de la loi qui
date quand même de 1942. Les démarches que nous avons entreprises
m'apparaissent des plus saines. Elles ont été faites en
collaboration avec les intéressés, le personnel des
conservatoires, les étudiants et elles méritent que des suites
concrètes soient données pour régler la
problématique qui perdure. Je dois discuter avec le personnel des
conservatoires pour répondre aux inquiétudes qu'a
soulevées la réévaluation de la mission. On rendra ensuite
publiques les orientations finales qui auront été retenues.
C'est vraiment la passivité devant l'évolution actuelle
qui entraînerait la mort des conservatoires de région. On disait
tantôt qu'il y a une baisse constante de la clientèle
avancée partout sauf à Montréal. On a eu tendance aussi
à combler le vide qui se créait en admettant plus d'enfants. Je
reviens là-dessus parce que c'est le problème majeur. Les
conservatoires de région se transforment en écoles pour enfants
débutants. Ils sont mal adaptés à ce rôle. Leurs
ressources sont destinées à un niveau beaucoup plus avancé
et ces ressources sont concentrées dans certaines localités et
sont inaccessibles à la plupart des enfants.
Les conservatoires peuvent contribuer encore plus efficacement au
développement musical des régions. Il y a aussi des contraintes
administratives, il y a des conventions collectives qui diminuent la
compétitivité des conservatoires de grands centres. Nous
dépensons déjà plus du double de nos partenaires pour un
travail semblable et ces coûts ne peuvent se justifier qu'à la
condition d'attribuer un rôle mieux défini aux conservatoires.
Ce que nous recherchons au ministère, c'est vraiment de
créer de façon réaliste des conditions pour que les
conservatoires se développent en symbiose avec leur milieu et offrent
aussi des services de formation, des services de soutien à la formation,
de soutien à la vie artistique en conformité avec les besoins du
milieu et de façon à favoriser une croissance
intégrée de la vie artistique. Il serait irréaliste de
prétendre assurer des services de formation musicale avancée dans
un milieu qui ne serait pas en mesure de l'assumer. Et, inversement, il n'est
pas exclu d'assurer de tels services dans le cas contraire, s'il y a une
clientèle suffisante. Compte tenu du bassin de population du
Québec, il est certainement irréaliste de prétendre que
nous pouvons continuer à fonctionner avec des conservatoires où
l'on a tendance à admettre de plus en plus d'enfants en très bas
âge, ce qui n'est pas la mission première des conservatoires.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui va leur rester si vous leur enlevez
la formation spécialisée et vous leur enlevez l'initiation?
Qu'est-ce qui reste?Quel est l'entre-deux?
Mme Bacon: Les conservatoires ne sont pas des lieux d'initiation
à la musique. Ils sont là pour former les professionnels de
demain. C'est une mission importante des conservatoires. C'est pourquoi nous
essayons de renverser le fait qu'on admet trop de jeunes au précycle,
qui ne vont là que pour une initiation à la musique. Je vous
disais tantôt qu'entre 1977 et 1985, la proportion d'étudiants au
précycle est passée de 6, 5 % à 29 % c'est quand
même une augmentation considérable. En 1986, 35 % des
étudiants sont partis au cours de la première année
d'admission, et jusqu'à 60 % après deux ans. Ce sont les
statistiques que nous avons. C'est-à-dire que, plus nous ajoutons des
enfants au précycle, ou des enfants d'âge scolaire primaire, plus
il y a des départs dans nos conservatoires et plus on met en danger leur
survie surtout en région. Cela se passe surtout en région et non
pas dans les grands centres comme Québec et Montréal où on
le voit beaucoup moins. C'est pour ça qu'il faut renverser ces
admissions de trop jeunes enfants qui partent au bout d'un an ou deux.
M. Boulerice: Par qui voulez-vous les remplacer si vous enlevez
la formation spécialisée?
Mme Bacon: Mais non, on ne l'enlève pas. On peut les
remplacer par des enfants plus âgés, mais pas par des tout-petits.
C'est une formation de futurs professionnels que nous donnons. Je pense que, si
les enfants d'âge scolaire ou préscolaire partent, quand on pense
à 60 % de la clientèle, c'est énorme. Quand on pense aussi
que 35 % partent au cours de la première année d'admission et
jusqu'à 60 % après une deuxième année, c'est grave.
C'est pour ça qu'il fallait réagir. Je pense que d'avoir
laissé aller les choses d'une façon passive aurait
été de condamner nos conservatoires de région à
disparaître, et c'est ce que nous ne voulons pas.
La formation initiale en musique se donne dans le réseau public,
elle se donne dans des écoles privées. Après, on doit
recevoir au conservatoire ces élèves qui ont été
initiés dans le domaine public, qui ont été
éduqués dans les écoles privées. Ils viennent
ensuite au conservatoire, cela fait partie de tout le réseau
d'enseignement ou de formation musicale. Il y a des cas particuliers de
grands talents. Ça ne nous empêche pas d'en accepter, mais ce ne
sont pas des cours d'initiation à la musique qui doivent être
donnés par tes conservatoires. Il y a des écoles pour
ça.
M. Boulerice: Si l'amélioration que vous voulez faire est
aussi souhaitable que vous le dites, comment expliquer cette opposition unanime
du milieu? Peut-être que les directeurs se sont fait imposer le... (17 h
30)
Mme Bacon: Je dois dire que partout dans l'étude qu'on a
faite - le document a circulé dans tous les conservatoires - partout,
tout au long de cette démarche qu'on a entreprise, les professeurs y ont
été associés. On n'a pas exclu les professeurs; au
contraire, on les a associés à la démarche. Cette
consultation qu'on a faite dure. Cela fait deux ans que nous travaillons
à ce dossier. Elle dure depuis deux ans. Elle a été
marquée par deux tournées sous-ministérielles. Je pense
que dire que tout le monde est contre, c'est susciter, et d'une façon
très artificielle, une opposition à ce dossier. Les professeurs
ont participé intensément à la dernière
étape du processus. La version finale du document sur la mission leur a
été présentée pour recueillir des réactions.
Les réactions écrites que nous avons reçues,
étudiées, sont foncièrement positives, contrairement
à ce que vous pouvez lire dans certains journaux. Elles expriment
certaines inquiétudes nuancées, précises, mais, en
général, les réactions que nous avons reconnaissent qu'il
y a un enrichissement, une adaptation de la mission des conservatoires.
Certains ont même manifesté de l'impatience devant la longueur de
la phase de consultation que nous avons entreprise il y a deux ans et ils ont
hâte que cela soit mis sur pied.
M. Boulerice: S'il n'y a pas l'opposition dont je parle, qui sont
vos appuis dans ce dossier?
Mme Bacon: L'ensemble du milieu, les professeurs, les gens des
conservatoires.
M. Boulerice: Les professeurs des conservatoires sont d'accord
avec vous?
Mme Bacon: Je vous dis qu'il y en a qui manifestent de
l'impatience devant la durée des phases de consultation. Je vous dis
qu'il y en a qui nous ont exprimé certaines inquiétudes. Ils ont
nuancé ces inquiétudes par rapport à celles qu'on
retrouvait dans les journaux. Elles sont précises. On en tient compte.
Ils reconnaissent un enrichissement, une adaptation de la mission qu'ils ont
hâte de voir implanter.
M. Boulerice: Je pense que c'est un dossier à suivre.
Est-ce que vous prévoyez toujours le dépôt d'un projet de
loi à l'automne?
Mme Bacon: On travaille là-dessus en ce moment.
M. Boulerice: Vous travaillez là-dessus.
Mme Bacon: La loi actuelle est désuète puisqu'elle
date de 1942. Je pense qu'on doit faire le plus rapidement possible. Dès
que tout sera terminé comme consultation et que les documents seront
prêts, on doit faire rapidement pour adopter une nouvelle loi.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre est au courant - le terme
n'est pas exagéré - des bavures dans la rénovation de
l'édifice de Hull, Une enquête a été
instituée pour en identifier les responsables.
Mme Bacon: Vous parlez de l'insonorisation. C'est surtout
l'insonorisation et les réparations sont en cours.
M. Boulerice: Qui va en défrayer les coûts?
Mme Bacon: C'est entre les mains de la SIQ. C'est la SIQ qui
s'occupe de ces réparations, ce n'est pas le ministère.
M. Boulerice: Qui va payer la SIQ?
Mme Bacon: Cela va être réparti entre les divers
ministères. C'est la SIQ qui est responsable du dossier.
M. Boulerice: Combien cela va-t-il coûter au total?
Avez-vous ouvert une enquête là-dessus?
Mme Bacon: Je n'ai pas de chiffres ici.
M. Boulerice: C'est comme à l'urgence de Saint-Luc, les
portes sont tellement étroites que les civières ne rentrent
pas.
Mme Bacon: Le député a parlé de bavures
tantôt, mais je pense que c'est la qualité de l'insonorisation qui
est en cause. Ce qu'on est en train de faire, c'est une insonorisation de
meilleure qualité. D'ailleurs, ces problèmes que nous avons eus
à Hull nous ont apporté une expérience qui va nous servir
pour les autres conservatoires. C'est la première expérience de
la SIQ dans ce genre de dossiers. Ces personnes sont moins
spécialisées que le ministère des Affaires culturelles,
c'est évident.
M. Boulerice: Quel est l'état de l'avancement du dossier,
dans le cas de la relocalisation du conservatoire dans l'ancien Palais de
justice de Chicoutimi? Ma collègue, la députée de
Chicoutimi, aurait bien aimé venir vous poser la question.
Mme Bacon: J'imagine.
M. Boulerice: Malheureusement, elle est retenue avec votre
collègue de la Santé et des Services sociaux.
Mme Bacon: II y a eu une réunion, hier, avec le Conseil du
trésor et le dossier du conservatoire de Chicoutimi chemine bien.
M. Boulerice: II chemine bien.
Mme Bacon: On attend la décision et ça va se faire
rapidement.
M. Boulerice: Rapidement.
Mme Bacon: Vous pouvez transmettre ça à votre
collègue de Chicoutimi.
M. Boulerice: Je n'y manquerai pas. Programme 4,
cinéma.
Le Président (M. Trudel): Le programme 3 est-il
adopté, M. le député?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Trudel): Sur division. Programme 4,
Organismes-conseils et sociétés d'État.
Organismes-conseils et sociétés
d'État
M. Boulerice: C'est ça.
Le Président (M. Trudel): Allez-y.
M. Boulerice: Je voudrais parier du cinéma, notamment de
l'article 83 de la loi. La ministre s'était vantée d'être
allée plus loin que le gouvernement du Parti québécois
pour assurer la présence du français sur les écrans. En
amendant, justement, l'article 83 de la Loi sur le cinéma, elle a
reculé en décrétant, le 11 mai dernier, un moratoire de
cinq mois sur l'application de cet article. Elle prétendait donner une
chance à l'industrie qui disait s'autodiscipliner. C'est la philosophie
ryaniste de la convivialité. Cette décision laissait perplexe,
d'ailleurs, même le président de l'Institut
québécois du cinéma qui se demandait, et je le cite:
"Est-il sage de laisser à la bonne volonté des autres la survie
d'une culture dont ifs n'ont rien à faire. " Et ce n'est pas toute la
page, parce que...
Une voix: Pardon?
M. Boulerice: Ce que je voudrais poser comme question... Le
pourcentage des films visés en version française, à
l'intérieur de la période du moratoire, est passé de 23, 7
% à 29, 5 %. Le nombre de copies de films en français a
augmenté de 56, 5 %, alors que le nombre de copies en version originale
anglaise demeure stable, ce qui représente maintenant près de la
moitié du nombre total de copies visées, par rapport à 36
% en 1987. La question que j'aimerais poser: Comment la ministre
justifie-t-elle son recul et est-elle satisfaite des résultats du
moratoire?
Mme Bacon: D'abord, le député, je pense, a lu un
peu vite les manchettes des journaux auxquels il se...
M. Boulerice: Je préfère parler aux gens que de
lire les journaux.
Mme Bacon: Oui, mais les deux aussi. Je pense qu'il écoute
très rapidement.
M. Boulerice: II a des contacts.
Mme Bacon: II est mal renseigné. Une lecture...
M. Boulerice: Vous critiquez vos fonctionnaires?
Mme Bacon: Vous voulez me dire que vous vous abreuvez au
ministère?
M. Boulerice: On a lu le rapport de l'institut. Je vous
préviens qu'en français, madame, un abreuvoir est pour les
animaux; pour les personnes, c'est une fontaine.
Mme Bacon: Je ne change pas mon mot!
M. Boulerice: Et je ne pense pas que votre personnel soit du
bétail! Continuons.
Mme Bacon: Je parlais de vous, monsieur, je disais: Vous vous
abreuvez, je n'ai pas dit les fonctionnaires.
M. Boulerice: "À mon ministère". Donc, vous dites
que votre ministère est un abreuvoir!
Mme Bacon: Si je reviens à l'article 83, le sujet de notre
discussion...
M. Boulerice: L'"open bar".
Mme Bacon: Je dois dire que si le député
était un peu plus attentif à ce qui se passe, il saurait qu'il
s'agit de données que j'avais utilisées quand j'ai annoncé
la révision de l'article 83. J'avais dit, à ce moment, que nous
voulions plus de français sur les écrans, et on avait pris les
moyens législatifs pour atteindre l'objectif. Après avoir obtenu
l'accord de l'Assemblée nationale, qui avait voté l'amendement
à l'unanimité, le milieu s'était engagé à
modifier la situation, sans devoir utiliser l'amendement de la loi. J'ai
décrété un moratoire de six mois. Le résultat, pour
moi, est positif. Il y a une amélioration, mais pas suffisamment
à mon goût, donc,
j'ai décidé de le laisser encore un autre six mois, ce qui
nous amène en mai prochain. Je vous dirai en mai prochain, dès
que j'aurai reçu le rapport de l'institut québécois du
cinéma, le résultat de cette deuxième période de
six mois, de ces douze mois, et j'aviserai par la suite.
M. Boulerice: Qu'est-ce qui va vous amener à prendre
position? La proportion de films visés en version française, le
nombre de copies visées en version française, le délai de
doublage...
Mme Bacon: Ce qui va m'amener à prendre une
décision, c'est le résultat...
M. Boulerice: Vous êtes-vous fixé des objectifs?
Mme Bacon:... du dossier, de ces douze mois, le rapport de l'IQC.
On prendra une décision en fonction du rapport de l'Institut
québécois du cinéma.
M. Boulerice: Votre objectif...
Mme Bacon: II n'a pas fait cela tout seul. L'Institut
québécois du cinéma nous avait recommandé de donner
cette prolongation de six mois.
M. Boulerice: Mais quel est votre objectif?
Mme Bacon: Une amélioration sensible du français
sur nos écrans. C'est ce que j'avais dit au départ.
M. Boulerice: C'est quoi une amélioration sensible?
Mme Bacon: C'est une amélioration sensible.
M. Boulerice: Est-ce que c'est la même chose que pour
l'affichage, du deux pour un?
Mme Bacon: Cela dépend des films qui nous sont
présentés. Il faut quand même être réalistes
mais ce que j'avais dit, c'est qu'il fallait que cela s'améliore, c'est
ça qu'on est en train de regarder. Je ne peux pas donner de chiffres
ici, une amélioration sensible, on va voir si, pour nous, c'est sensible
ou non.
M. Boulerice: L'article 83, c'était parité et
simultanéité.
Mme Bacon: Mais oui.
M. Boulerice: Cet objectif vous convient-il?
Mme Bacon: II me convenait puisque c'est moi qui l'ai mis de
l'avant.
M. Boulerice: Alors, à ce moment, pourquoi étirer
la bande élastique aussi longtemps? Depuis le temps que vous leur
donnez...
Mme Bacon: Je n'étire rien; c'est vous qui posez les
questions.
M. Boulerice: Depuis le temps que vous leur donnez... Si la loi
dit cela, la loi est là.
Mme Bacon: Nous sommes en avril et j'ai donné jusqu'au
mois de mai. Attendons à la fin de mai.
M. Boulerice: Je suis bien prêt à vous donner trois,
quatre semaines encore, mais ce dossier ne pourra pas traîner
éternellement.
Mme Bacon: Que vous me les donniez ou non, je les prends quand
même.
M. Boulerice: Faites attention! La bande élastique a
toujours un retour.
Mme Bacon: Je ne fonctionne pas avec des élastiques.
M. Boulerice: Je vais vous parler de la saga de vos
négociations avec la France sur le doublage qui se poursuit et qui
piétine. Je vous épargnerai la chronologie des
événements que vous connaissez. J'ai fait allusion au discours
d'ouverture où il était beau de gloser sur le gouvernement
précédent mais, encore là, vous n'avez pas
péché par l'exemple dans l'actuel.
Les questions... Qu'est-ce que vous pensez de la proposition de l'Union
des artistes quant à l'imposition de quotas sur nos ondes?
Mme Bacon: De quotas?
M. Boulerice: Oui, la proposition de l'Union des artistes quant
à l'imposition de quotas sur nos ondes?
Mme Bacon: À la télévision?
M. Boulerice: Les ondes, c'est la télévision,
madame.
Mme Bacon: Je ne suis pas responsable de la télé.
Je suis responsable du cinéma.
Une voix: C'est fédéral, la
télévision. Mme Bacon: II faudrait changer de parc.
M. Boulerice: Je sais que vous êtes à
l'étroit.
Mme Bacon: II faudrait poser la question au collègue des
Communications.
M. Boulerice: Je sais que vous êtes très à
l'étroit dans votre provincialisme, en termes d'option politique. Ce
n'est pas mon cas, je me sens beaucoup plus à l'aise, mais c'est
quand
même dommage même si c'est un dossier fédéral
et justement que vous vous plaignez du ministre fédéral qui,
d'ailleurs, dans ce dossier a pris le pôle assez rapidement, comme dans
le dossier de Léméac d'ailleurs. Vous pourriez, peut-être,
lui donner des indications?
Mme Bacon: C'est parce que vous pensiez que j'étais pour
donner des conseils. J'avais l'impression que vous me demandiez de lui donner
des conseils.
M. Boulerice: Je ne le sais pas. Vous n'avez pas d'influence sur
ce gouvernement? Après tout, le Québec fait partie...
Peut-être pas par signature, parce que l'accord du lac Meech n'est pas
fait, mais il y a quand même une voix qui est celle de 6 000 000, 7 000
000 de personnes.
Mme Bacon: C'est mon collègue des Communications qui est
responsable de la télévision. Comme ministre des Affaires
culturelles, je suis responsable du cinéma. Je ne peux pas faire des
pressions pour la télévision.
M. Boulerice: Quelle est votre statégie pour faire aboutir
ce dossier? Est-ce que vous pensez qu'il va falloir en venir à des
mesures de rétorsion?
Mme Bacon: Je n'écarte jamais cette solution. Je n'ai
jamais écarté cette solution. (17 h 45)
M. Boulerice: Et votre prochaine étape de rencontres avec
vos homologues français?
Mme Bacon: J'aurai l'occasion de rencontrer M. Lang à
Dakar lors du sommet de la francophonie.
M. Boulerice: Mais avant Dakar?
Mme Bacon: Dakar est au mois de mai. C'est quand même
demain matin.
M. Boulerice: Donc, vous allez nous quitter encore.
Mme Bacon: J'ai l'intention de lui réécrire avant
Dakar.
M. Boulerice: Vous allez vous absenter en pleine campagne
électorale?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Qu'est-ce qu'il dit?
M. Boulerice: Je dis: Vous allez vous...
Mme Bacon: Vous allez vous ennuyer?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Vous allez vous ennuyer?
M. Boulerice: Tristement, comme les trois semaines avant
Pâques.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Nous verrons après Dakar les gestes que nous
devrons poser.
M. Boulerice: Madame, j'ai été distrait par votre
adjointe parlementaire.
Mme Bacon: Donc, il faut que je recommence encore.
Une voix: Nous disions qu'il était cabotin.
Mme Bacon: C'est-à-dire que dans ce dossier, pour
être plus sérieux... Je pense que je vais vous rappeler au
sérieux de ce dossier, M. le député de Saint-Jacques. Je
pense que, dans ce dossier, il y avait eu une entente entre le nouveau et
l'ancien gouvernement. Avec le nouveau gouvernement, dès la
première rencontre, on obtient quand même l'ouverture du
décret et ce, après 28 ans. C'est un décret qui date de
1961, avec le nouveau gouvernement. C'est vrai qu'on doit poursuivre. J'ai
rencontré les partenaires que nous avons ici au Québec. Nous
poursuivons le dossier ensemble. Nous allons intensifier ce dossier. Je dois
écrire de nouveau au nouveau ministre, M. Lang, à la suite de la
rencontre avec nos partenaires québécois et j'ai l'intention d'en
rediscuter avec lui à Dakar.
M. Boulerice: Quelle était l'entente avec le
précédent gouvernement? Vous venez de dire qu'il y avait eu une
entente avec le précédent gouvernement.
Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Quelle était l'entente?
Mme Bacon: C'était l'entente telle que nous l'avions
demandée, libre accès.
M. Boulerice: II y avait eu une entente? Mme Bacon: Oui.
M. Boulerice: Ferme? Mme Bacon: Signée.
M. Boulerice: Signée? Vous n'avez jamais
déposé cette entente à l'Assemblée nationale.
Mme Bacon: Non.
M. Boulerice: Pourquoi?
Mme Bacon: Vous auriez voulu voir tout le
monde dans les rues de Paris, M. le député de... M.
Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Vous auriez voulu voir tous les partenaires de M.
Léotard à l'époque dans les rues de Paris?
M. Boulerice: Ah bien ça! M. Léotard a ses
problèmes.
Mme Bacon: Et les écrans noirs au moment d'une
élection générale en France? Même si je ne suis pas
responsable de la télévision?
M. Boulerice: Comme le 1 % n'est pas atteint, c'est ce qui risque
de vous arriver à la prochaine élection, mais enfin. Cela
étant dit, mais Dakar n'est pas un tribunal, madame. Vous allez profiter
de la présence...
Mme Bacon: Mais je pense qu'à Dakar...
M. Boulerice:... de vos présences simultanées pour
avoir peut-être des discussions en aparté avec votre homologue, M.
Lang. Mais la France...
Mme Bacon: Mais je pense que ces rencontres peuvent servir
à des discussions...
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon:... pas nécessairement autour de la table.
M. Boulerice: Et ce n'est pas le sommet qui...
Mme Bacon: Mais les discussions qui se font en dehors de la table
ne sont pas que de la rhétorique.
M. Boulerice: C'est prouvé que, parfois, les jeux de
coulisse sont plus efficaces que les tours de table.
Mme Bacon: C'est ça.
M. Boulerice: Je ne le nierai pas.
Une voix: As-tu fini ton cinéma?
M. Boulerice: Non, nous sommes aux salles de cinéma
maintenant. Je ne suis pas gêné, d'ailleurs, de faire
connaître les commentaires de l'Opposition. Il y a eu le rapport du
groupe Gendron qui est un groupe de travail sur l'exploitation de salles de
cinéma qui a été rendu public en février. J'ai bien
dit qu'il s'agissait là de propositions intéressantes, que je me
réjouissais du travail qui avait été fait par ce groupe de
travail dont le rapport, comme je le disais, a été rendu public
en février. Par contre, la ministre l'avait depuis octobre. De toute
façon, si elle est un petit peu cachottière, que voulez-vous? Si
ça fait partie de sa personnalité, je suis bien prêt
à l'accepter. Le rapport révèle que le nombre de salles a
chuté de 233 à 123 de 1983 à 1988, soit 47 % et ça,
comparativement à seulement 10 % en Ontario. J'ai appris ce matin - et
c'est là que la ministre a été un petit peu piquée
- que, malheureusement, on avait aussi perdu au Québec le seul
réseau de salles de cinéma qui était
propriété exclusivement québécoise, France Film,
à cause de l'inertie gouvernementale à l'époque, mais
au-delà de cela, face à la situation qui est décrite dans
le rapport Gendron, il recommande un train de mesures d'urgence et une
injection de 20 000 000 $ pour remettre le parc de salles en bon
état.
Dans les recommandations, il y a justement la création d'un fonds
d'aide à la rénovation, alimenté à même une
taxe sur les recettes au guichet, de salles appartenant au domaine public pour
la promotion du cinéma de répertoire, qui pourrait servir
d'ailleurs pour augmenter la proportion de cinéma
québécois qui n'est que de 1, 5 % et l'instauration d'un
programme spécial pour les régions mal desservies, 48 % de la
population hors Montréal ne possède pas de salle dans un rayon de
quinze kilomètres. La ministre a confié l'analyse du rapport
à la SOGIC, à l'Institut québécois du cinéma
et à la régie. Six mois après avoir reçu le rapport
du groupe de travail, est-ce que la ministre est prête à Indiquer
les suites qu'elle y donnera?
Mme Bacon: M. le Président, c'est évidemment avec
un grand intérêt que j'ai pris connaissance du rapport du groupe
de travail sur l'exploitation des films en salle et je suis heureuse d'avoir
créé ce groupe, parce que le travail accompli a été
vraiment impressionnant. J'ai d'ailleurs rencontré les membres du groupe
de travail et nous avons discuté des suites que je compte donner
à leurs recommandations.
Le rapport comporte un grand nombre d'informations sur la situation
actuelle de l'exploitation des salles au Québec, notamment sur
l'évolution du parc des établissements cinématographiques,
et aussi sur l'offre et la demande cinématographique, sur le
comportement du public, les raisons des fermetures de salles et ce document
brosse un tableau intéressant de l'exploitation des salles dans le
contexte actuel. L'étude fait état d'une diminution des salles de
cinéma de toutes catégories de 47 % entre 1983 et 1988 et, entre
1975 et 1985, les salles de cinéma ont perdu 6 000 000 de spectateurs.
On constate également une reprise de la fréquentation et ce,
dès 1986: 1 500 000 spectateurs sont retournés en salle depuis
1986.
Le groupe de travail témoigne par ses constats, par son analyse,
d'une bonne perception de la situation et aussi de l'exploitation des salles de
cinéma. Par ailleurs, les auteurs du rapport nous ont indiqué,
bien sûr, des pistes de solutions. Les 52 recommandations du groupe
visent à relancer l'exploitation des salles de cinéma,
visent aussi à ramener les spectateurs devant le grand écran et
à assurer une meilleure accessibilité des films dans toutes les
régions du Québec.
Je suis évidemment en accord et en faveur de la poursuite de ces
objectifs. Plusieurs des recommandations du groupe de travail doivent
être considérées très sérieusement. Il y en a
d'autres qui nécessitent un examen approfondi et certaines des
recommandations concernent surtout l'amélioration d'actions qui sont
déjà entamées par le gouvernement et plusieurs
bénéficieraient d'être examinées dans un contexte
beaucoup plus élargi. En respectant les interactions entre les
recommandations du groupe concernant le développement des
infrastructures, les règles administratives, l'aide à la
diffusion des films, j'ai amorcé les interventions suivantes: J'ai
d'abord demandé à la SOGIC - le député de
Saint-Jacques l'a dit tantôt, j'ai consulté les organismes qui
s'occupent du cinéma - d'élaborer un plan directeur sur la
rénovation et l'implantation des salles de cinéma, en prenant en
considération les paramètres que nous a indiqués le
groupe, soit l'analyse qualitative des salles encore en activité,
l'identification des régions cibles d'intervention. C'est une demande
que j'ai faite à la SOGIC. Ce plan va comprendre des hypothèses
d'intervention et aussi des estimations de coûts. Il va comprendre aussi
un échéancier de réalisations. La société
devra me soumettre ce plan directeur avant la fin de l'année. Il s'agit
ici d'un travail d'envergure, et je suis certaine que la SOGIC va y accorder
une attention spéciale.
Je considère aussi avec un intérêt la proposition de
la création d'un fonds de soutien au développement des
entreprises cinématographiques. Pour donner suite à cette
recommandation, il y a des prérequis qui sont nécessaires. La
création d'un tel fonds, selon les propositions du groupe, repose
surtout sur le résultat des discussions que j'ai déjà
amorcées avec mes collègues des Affaires municipales et des
Finances sur la question de l'utilisation de la taxe de divertissement en
faveur des établissements. Je dois aussi recevoir les résultats
d'une étude sur l'économie du cinéma qui est menée
par l'Institut québécois du cinéma et cette étude
doit traiter la question de la création d'un fonds de soutien à
la cinématographie dans une perspective qui est plus élargie, ce
qui me sera utile dans le contexte des salles de cinéma.
L'Institut québécois du cinéma doit tenir aussi des
audiences cet automne sur le chapitre 3 de la Loi sur le cinéma. J'ai
demandé à l'institut d'examiner certaines propositions du groupe
telles que, d'abord, le règlement sur le permis d'exploitation des
salles de cinéma, la bonification de la classification des films
proposés ainsi que la classification actuelle et aussi la
réglementation sur les fenêtres de diffusion.
J'ai demandé aussi à la SOGIC d'examiner des moyens
à mettre en oeuvre pour améliorer les programmes existants selon
les propositions du groupe de travail. Je lui ai demandé aussi d'estimer
des coûts et de me faire des recommandations qui sont appropriées.
Cela touche trois programmes de la SOGIC: le premier, l'aide à la
diffusion régionale; le deuxième, l'aide automatique aux
entreprises québécoises d'exploitation de salles de cinéma
et, le troisième, l'aide aux entreprises québécoises
d'exploitation de salles de cinéma. Ce sont les premiers gestes que j'ai
posés et je m'attends que les résultats contribuent à
améliorer sensiblement la situation de l'exploitation des salles de
cinéma.
J'accorde donc une attention toute particulière à
l'exploitation des films sur grand écran. En matière de
cinéma, je pense qu'il est primordial que l'on favorise la diffusion des
oeuvres, la culture cinématographique dans toutes les légions du
Québec. Je le répète, pour moi, comme pour notre
gouvernement, le grand écran constitue le premier maillon de la
chaîne de mise en marché des films et c'est ce premier maillon par
lequel se détermine généralement ia rentabilité des
autres fenêtres d'exploitation, soit la vidéo, la
télévision, la télévision payante ou autre. Les
exploitants des salles jouent un rôle important dans la poursuite de
notre objectif culturel en matière de cinéma et je compte bien
les soutenir.
Donc, j'ai accordé à ce rapport une attention
immédiate. Les discussions qui ont eu lieu avec les membres du
comité qui ont rédigé le rapport ont été
fort intéressantes, nous ont permis de poser ces premiers gestes et
ça répond au désir des membres du comité qui ont
rédigé le rapport.
Le Président (M. Trudel): M. le député. Mme
Bacon: II est bouche bée.
M. Boulerice: Non, cela va. Je viens de me rendre compte que le
texte est fini. Dans ce dossier particulièrement, comme dans certains
autres, je vous assure de la collaboration de l'Opposition.
La, on va aller dans la vidéo, du grand écran au petit
écran par simulation. L'Association des commerçants de
matériel vidéo mène actuellement une campagne contre la
Loi sur le cinéma dans ses dispositions qui concernent les clubs
vidéo. Les propriétaires de clubs s'en prennent notamment au
monopole conféré aux distributeurs de films
québécois en vertu justement de la définition du permis de
distributeur. Ils s'opposent aussi à l'intention de la Régie du
cinéma d'imposer l'application d'un timbre gouvernemental sur toutes les
vidéocassettes vendues au Québec comme mesure efficace pour
contrer la piraterie bureaucratique - expression qu'ils emploient - qui aurait
des effets néfastes pour le commerce. D'ailleurs, l'association a
rencontré M. Benjamin, de la régie, en vain. Elle demande
de révoquer les articles touchant la vidéo et de surseoir
à l'application de règlements en découlant. On peut lire,
à la page 125 du cahier des crédits, qu'un projet de
règlement sur le permis pour les commerces au détail de
matériel vidéo sera soumis pour adoption en 1989-1990, et trait
d'actualité, aujourd'hui, on a vu l'attitude de Paramount. Comme je suis
dans notre plus importante institution nationale, je mesurerai bien mon mot,
j'emploierai "attitude cavalière" de Paramount, pour ne pas employer un
autre mot qui décrirait bien ce que je ressens à l'égard
de leur geste. (18 heures)
La question que j'aimerais vous poser, Mme la ministre: Comment
réagissez-vous aux représentations des commerçants de
clubs vidéo et est-ce que vous avez l'intention de soustraire ce secteur
à l'application des dispositions sur le permis de distributeur?
Mme Bacon: Ce sont deux dossiers dont vous parlez aujourd'hui,
Paramount en est un et l'interprétation de l'article de la loi en est un
autre. Jusqu'à récemment, l'interprétation donnée
aux articles 118 à 122 de la Loi sur le cinéma laissait à
penser que des ententes cédant de façon exclusive des droits
seraient convenues entre les détenteurs des droits et ceux qui
distribuent les oeuvres sur vidéo. Donc, certains avaient cru que les
distributeurs québécois obtiendraient des droits exclusifs.
La Régie du cinéma, qui est chargée
d'interpréter et d'appliquer la loi, en est venue à la conclusion
que la volonté du législateur de voir céder les droits de
distribution de façon exclusive aux distributeurs
québécois ne pouvait se déduire du texte actuel des
articles 118 à 122. Il faut donc nous rendre à l'évidence
que c'est une interprétation qui n'est pas contestable. Même s'il
en est ainsi, nous devons ajouter que les produits vidéo ne seront
distribués que par des distributeurs québécois. Ce premier
objectif de la loi est toujours obtenu, c'est le second objectif qui n'est pas
atteint, à savoir que des droits exclusifs soient cédés
aux distributeurs québécois. Nous n'aurons donc pas tous les
effets escomptés, mais nous devrons quand même continuer
d'examiner pour pouvoir y parvenir.
Le troisième objectif, à savoir la lutte contre la
piraterie dans le domaine de la vidéo, sera aussi atteint grâce
à la loi actuelle et aux moyens pris par la Régie du
cinéma pour en assurer le respect.
Là, on arrive au dossier de Paramount qui nous surprend
très fortement par le geste qu'il a posé de refuser aux
distributeurs québécois l'autorisation de distribuer des
vidéocassettes de ses films en langue anglaise au Québec. Je suis
surprise parce que les "majors", par la voix de leur avocat, discutent avec la
Régie du cinéma des modalités de la mise en application de
la loi depuis l'automne dernier et on est arrivé à une entente
acceptable pour les parties. On avait l'impression que tout le monde l'avait
acceptée, sauf que, d'après nos informations, depuis
l'application de la loi, au 1er avril 1989, qui était la date de la mise
en application de la loi, 108 distributeurs québécois ont obtenu
des permis de la régie. Parmi les producteurs qui ont cédé
leurs droits aux distributeurs québécois, on retrouve les
principaux producteurs américains, à l'exception de Paramount
pour la distribution des vidéocassettes de ses films en langue
anglaise.
En ce moment, on n'a pas d'information sur les motifs qui expliqueraient
la décision de Paramount. Nous ne pouvons qu'assurer que ce geste est
inacceptable et je pense que nous ne pouvons l'expliquer que par des raisons
commerciales, je ne vois pas de raison politique. Au terme de la loi en vigueur
depuis le 1er avril, un distributeur québécois doit obtenir de la
Régie du cinéma l'autorisation de distribution
générale - cela lui coûte 400 $ - l'autorisation pour
l'exploitation d'un titre, 50 $ le titre, et le nombre suffisant
d'étiquettes pour apposer sur les vidéocassettes qui sont
destinées au marché, c'est 0, 25 $ par étiquette. Ces
frais ne sont pas assumés par le producteur. Ils ont assumés
entièrement par le distributeur québécois. J'aimerais dire
ici que le président-directeur général de la Motion
Picture Export Association of America, la MPEAA, M. Valenti, nous avait
toujours assurés que ses membres - c'est sérieux ce que je
dis...
M. Boulerice: Lui, je ne le trouve pas plus sérieux que
cela, mais enfin...
Mme Bacon: Non, mais c'est sérieux, ce qu'il nous dit. Il
nous avait assurés que les membres de la MPEAA agiraient au
Québec dans le respect des lois du Québec et que la mesure que
semble contester la Paramount en ce moment est une mesure qui est justement
là pour aider à contrôler la piraterie, une mesure qui agit
dans le sens de la protection non seulement des intérêts des
distributeurs, mais des intérêts des producteurs. C'est pour cela
que je m'étonne que Paramount ait refusé de se soumettre à
cette loi pour ses vidéocassettes en langue anglaise. J'ai lu dans des
journaux que Paramount avait l'intention d'augmenter le coût de ses
vidéocassettes. S'ils se servent de cette occasion pour le faire,
j'aimerais les rappeler à l'ordre - c'est ce que j'ai fait d'ailleurs -
et leur dire qu'ils doivent être de bons citoyens corporatifs. Quand on
pense que tous les autres ont accepté la loi, tous les autres acceptent
de passer par les distributeurs québécois, puisqu'il y a 108
distributeurs au Québec qui le font, j'accepte mal que seule la
Paramount refuse de le faire. Quand on pense aux "majors" qui ont conclu des
ententes, il y a la 20th Century-Fox, la Buena Vista, la Columbia, la MCCA,
MGM, Orion et Warner. Moi, je suis vraiment surprise du comportement de
Paramount, mais ce n'est pas la même chose que l'autre dossier qui touche
118 à
122. Ce sont deux dossiers différents.
M. Boulerice: Vous rejoignez M. Broadbent en Incitant Paramount
à ne pas être ce qu'il appelait "a corporate bum".
Mme Bacon: Je leur dis d'être des bons citoyens
corporatifs.
M. Boulerice: Voilà, corporatifs. Espérons que M.
Valenti va les remettre à l'ordre comme il a tenté de nous
remettre au pas, avec la même vigueur, j'ose espérer.
Mme Bacon: Je dois dire que même leur avocat à
Montréal n'était pas au courant de cela.
M. Boulerice: Pour revenir à ces commerçants au
détail, est-ce que vous avez été mise au courant de leurs
revendications, de la rencontre qu'ils ont eue avec M. Benjamin et comment
réagissez-vous à cela, vous?
Mme Bacon: Vous dites que?
M. Boulerice: Je vous ai demandé: Pour ce qui est des
commerçants au détail de vidéocassettes, est-ce que vous
avez été mise au courant de la rencontre qu'ils ont eue avec M.
Benjamin et comment réagissez-vous aux propos qu'ils ont tenus?
Mme Bacon: Écoutez, M. Benjamin a rencontré le
président de la régie. J'ai rencontré moi-même les
distributeurs.
M. Boulerice: Les distributeurs? Non, on parle des
commerçants.
Mme Bacon: Les distributeurs au Québec. J'ai
rencontré les distributeurs au Québec à ce sujet.
M. Boulerice: Vous n'avez pas rencontré les
commerçants.
Mme Bacon: Je disais ce matin qu'on doit procéder à
une évaluation sérieuse de la loi. On s'aperçoit, à
la lecture de la Loi sur le cinéma, qu'elle doit être faite pour
les années qui viennent et non pour le passé. On va faire une
révision globale de la Loi sur le cinéma. Quant aux gens de la
vidéo par rapport à Paramount... Ce que j'ai cherché
à assurer, c'est la réalisation des objectifs de la Loi sur le
cinéma dont l'un était d'augmenter la part relative des
distributeurs québécois sur le marché de la distribution
des films au Québec. Cela a toujours été notre
préoccupation majeure. J'ai tenté par tous les moyens de mettre
en application une loi qui a été adoptée, je le souligne
encore, en 1983, et nous sommes en 1989. Pendant près de trois ans,
entre 1983 et 1986, on n'avait pas réussi à appliquer une loi
à l'adoption de laquelle nous avions participé, nous qui
étions dans l'Opposition alors. En 1986, on a quand même
réussi à convenir d'une entente avec les "majors"
américaines, entente qui, par la suite, a été traduite
dans la Loi sur le cinéma. J'ai fait en sorte que les fameux
règlements que tous attendaient depuis 1983 soient adoptés par le
gouvernement et c'est ainsi que la réglementation nécessaire est
en vigueur depuis le 30 octobre 1988.
Donc, grâce à notre action, les moyens nécessaires
ont été pris pour assurer l'application de la loi adoptée,
je le rappelle encore, en 1983. C'est pourquoi je sens le besoin de faire une
révision globale de cette loi et l'adapter aussi à des techniques
nouvelles qui ne cessent de nous arriver de tous côtés, pour faire
une loi qui réponde à des besoins d'avenir, qui soit
adéquate pour l'avenir et non pas qui ait un regard sur le
passé.
M. Boulerice: Vous m'avez dit que vous aviez rencontré
l'association des distributeurs. Mais, moi, je vous parle de l'Association des
commerçants de matériel vidéo qui, elle, semble se poser
des questions quant à l'application du timbre gouvernemental. Elle
semble juger que c'est une mesure inefficace contre le piratage, que c'est pour
eux, en définitive, une bureaucratie tatillonne qui ne les aide pas.
Alors...
Mme Bacon: C'est évident que les étiquettes sont
une contrainte et faire la preuve qu'ils ont une entente avec un producteur est
une contrainte, mais il y avait tellement de piraterie, et tout le monde se
plaignait de la piraterie des vidéocassettes au Québec. Je pense
qu'on a voulu régler ça. Cela suscite toujours une
réaction, c'est évident. Je pense que ce règlement, cette
contrainte des étiquettes était nécessaire pour endiguer
la piraterie et je pense qu'on peut atteindre l'objectif qu'on s'était
fixé au départ par ce processus.
M. Boulerice: Vous parlez d'une remise à jour de la loi.
Avez-vous l'intention de rencontrer l'Association des commerçants de
matériel vidéo?
Mme Bacon: C'est fondamental. On va rencontrer tout le monde. Il
y aura des consultations. Ce n'est pas pour rien que je dis qu'on enclenche
dès maintenant la révision de la loi et qu'on serait prêts
pour une commission parlementaire probablement à l'automne. Alors, il
faut se donner quand même beaucoup de temps.
M. Boulerice: D'accord, parfait! A l'élément 5, M.
le Président, la Société de la Place des Arts. La
société a manifesté l'intention de créer un fonds
de production de 500 000 $ à même les surplus de l'année
1986-1987, le décret lui permettant de le faire, car la loi l'oblige en
effet à retourner les fonds ou tout excédent au fonds
consolidé de la province. Il semble que la
ministre serait favorable, si je me fie aux propos qu'elle me tenait
à l'étude des crédits, mais malheureusement elle n'a pas
pu être présente à l'audition du mandat de surveillance de
la Place des Arts - ah! c'est vrai on ne l'avait pas invitée, elle
n'était pas membre de la commission -... Et le président qui y
tenait tant!
Mme Bacon: II faut quand même laisser les mandats
d'initiative à nos commissions parlementaires. Je n'ai pas à dire
au président quoi faire, M. le Président. Je ne suis pas rendue
là, quand même!
M. Boulerice: Je sais bien, mais ce n'aurait pas
été gênant que vous soyez là. Le président,
malheureusement, l'a ratée et je sais qu'il y tenait comme à la
prunelle de ses yeux.
Le Président (M. Trudel): C'est pour cela que j'ai de la
misère à vous voir.
M. Boulerice: C'est pour cela qu'il a de la difficulté
à me voir aujourd'hui. Est-ce que le décret autorisant la Place
des Arts à conserver l'excédent de 500 000 $ sur le montant de
1987 a été adopté? Sinon, quand le sera-t-il? Si oui,
quand l'a-t-il été? (18 h 15)
Mme Bacon: La Place des Arts a un surplus accumulé d'au
moins au-delà de 1 000 000 $. La loi est claire là-dessus: ces
surplus doivent être récupérés et retournés
au fonds consolidé, pour éviter que cet argent puisse servir...
En fait, ce qu'on veut, c'est que cet argent serve au milieu culturel. J'ai
pris la décision de redonner 50 % de cet argent à la Place des
Arts en tant que subvention spéciale pour la mise en place d'un fonds de
production. Un surplus à la Place des Arts, il faut bien savoir de quoi
on parle. Au début de l'année, la Place des Arts soumet à
notre approbation un budget, c'est-à-dire son évaluation des
dépenses et des revenus. Or, depuis deux ans, la Place des Arts a
sous-évalué ses revenus, ses revenus de stationnement, par
exemple, ses revenus de location des boutiques, et c'est de là que vient
le surplus de la Place des Arts. Il faut quand même faire attention. La
Place des Arts n'est pas un organisme subventionnais, ce n'est pas là sa
mission, mais en lui donnant une subvention spéciale pour la mise en
place d'un fonds je pense que nous aidons correctement la Place des Arts et ce,
dans le cadre de sa mission.
M. Boulerice: Mais dans le cahier de l'étude des
crédits, les 500 000 $ n'apparaissent pas.
Mme Bacon: Le montant est à l'intérieur de ces 4
258 000 $.
M. Boulerice: Mais vous aviez la même chose l'an
passé: 4 258 400 $, à la page 134.
Mme Bacon: Mais c'est parce qu'elle fait des profits. C'est ce
que je viens de dire, il y a
I 000 000 $ de profits.
M. Boulerice: Mais les chiffres ne coïncident pas.
Mme Bacon: Mais oui.
M. Boulerice: Votre discours tient peut-être, mais les
chiffres ne coïncident pas.
Mme Bacon: Ce n'est pas le budget de la Place des Arts que vous
avez devant vous, c'est une subvention d'équilibre budgétaire et
les 500 000 $ sont compris à l'intérieur de cette subvention
d'équilibre budgétaire, suivant les budgets, compte tenu des
revenus et des dépenses qu'elle a.
M. Boulerice: D'accord. Il n'y a pas eu de décret, il y a
eu une...
Mme Bacon: C'est cela. Il y a un décret d'autorisation
d'un budget de transfert.
M. Boulerice: Oui, d'accord. Ce qui m'amène
malheureusement à constater, encore une fois, la contradiction flagrante
des discours de la ministre.
Mme Bacon: II n'y a pas de contradiction.
M. Boulerice: Bien oui, ce qui est bon pour le musée des
Beaux-Arts n'est pas bon pour l'Orchestre symphonique de Québec; ce qui
est bon dans l'accumulation de surplus pour la Place des Arts n'est pas bon,
par contre, quand il s'agit d'un surplus au musée d'Art
contemporain.
IIest obligé de tout retourner.
Mme Bacon: Est-ce que le député de Saint-Jacques
est en train de me reprocher d'avoir donné 500 000 $ à la Place
des Arts? C'est cela?
M. Boulerice: Non, je vous accuse de faire du favoritisme.
Mme Bacon: Mais non. M. Boulerice: Mais oui.
Mme Bacon: C'est un organisme d'État, je suis responsable
de la Place des Arts.
M. Boulerice: C'est inévitable.
Mme Bacon: C'est ma responsabilité, la Place des Arts.
Donc, ce n'est pas du favoritisme.
M. Boulerice: Et le musée d'Art contemporain aussi est
votre responsabilité. C'est une société d'État. Il
faudrait...
Mme Bacon: Le musée d'Art contemporain sera ajusté
en temps opportun.
M. Boulerice: C'est-à-dire que vous allez tenir compte
qu'il y a eu des surplus et vous allez lui en refiler une partie.
Mme Bacon: Mais déjà, en 1989-1990, on donne 900
000 $ de plus au musée d'Art contemporain.
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: Vous n'êtes pas content?
M. Boulerice: Ah! mais oui! Je suis très content.
Mme Bacon: Et cela va s'ajuster comme cela d'ici à
l'ouverture officielle du nouveau musée.
M. Boulerice: Ce n'est pas suffisant, mais les 250 000 $ ou 300
000 $ qu'ils ont faits - je ne me souviens plus du chiffre exact - ils
pourraient s'en voir retourner une partie aussi.
Mme Bacon: C'est exact. On a demandé aux organismes
gouvernementaux de contribuer à un effort gouvernemental
d'équilibre budgétaire. Ces organismes ont été dans
le passé exclus de cet effort annuel, on ne demandait qu'aux
ministères de le faire. Cette année, certains de ces organismes
ont été capables de le faire sans mettre en danger les
activités et ils ont rationalisés leurs dépenses- Le
musée d'Art contemporain a pu contribuer pour environ 200 000 $. Il
fallait que des efforts soient faits et il a fait comme d'autres. Ce n'est pas
facile, mais c'est faisable, et il a réussi à le faire sans
mettre en péril sa situation budgétaire.
M. Boulerice: Mais dans le cas d'un musée qui va
déménager et qui va se développer, s'il y a des efforts
à faire, je pense qu'ils sont bien plus du côté du
ministère pour en ajouter, que le musée pour en redonner.
Mme Bacon: On ajoute 900 000 $ et ce n'est que pour
1989-1990.
M. Boulerice: Sur un budget de combien?
Mme Bacon: 3 959 600 $. Quand on pense qu'on donnait 30 %...
M. Boulerice: 3 950 600 $, plus 900 000 000 $, donc cela fera un
budget de...
Mme Bacon: Non, non.
M. Boulerice:... 4 800 000 $.
Mme Bacon: Non. En 1988-1989, on donnait 3 035 800; en 1989-1990,
3 959 600. C'est 30 % d'augmentation au musée d'Art contemporain. On est
en train de normaliser les subventions qu'on donne.
M. Boulerice: Que de crimes on commet en ce nom! Place des Arts,
en 1986-1989, ça a été combien? Parce que le jeu
d'écriture comptable...
Mme Bacon: 4 258 000 $.
M. Boulerice: Dans ces 4 258 000 $, 1988-1989, c'est là
qu'il y a les 500 000 $?
Mme Bacon:
Oui.
M. Boulerice: II y a un transfert latéral, après
ça, pour 1989-1990, donc, 4 258 400 $.
Mme Bacon: Suivant le...
M. Boulerice: Si vous me répondez oui, je réponds:
Parfait! J'ai compris votre tableau.
Mme Bacon: C'est suivant le budget qu'ils nous ont soumis. C'est
ça.
M. Boulerice: Est-ce que c'est ça, M. le
sous-ministre?
Une voix: C'est ça.
M. Boulerice: II était inclus en 1988-1989, et le
transfert latéral, bang! 4 258 400 $. Il a été
donné juste une fois; il n'est pas récurrent, bien entendu. Cela
ne sera pas récurrent?
Mme Bacon: C'est un fonds.
M. Boulerice: C'est un fonds, d'accord.
Mme Bacon: Les fonds ne sont pas toujours récurrents.
M. Boulerice: Non, je le veux bien. Le conseil qu'on pourrait
leur donner, l'an prochain, c'est: Faites des déficits.
Mme Bacon: II faut qu'ils fassent fructifier leur fonds. Si on
leur donne un fonds de 500 000 $, ils peuvent le faire fructifier.
M. Boulerice: Comme cela, ils ne se le feront pas saisir.
Mme Bacon: Non, c'est un fonds.
M. Boulerice: D'accord. C'est un fonds autofinancé par le
musée...
Mme Bacon: Lequel?
M. Boulerice: Le fonds de 500 000 $, Us l'ont financé en
donnant 1 000 000 $.
Mme Bacon: Non. M. Boulerice: Bien, oui.
Mme Bacon: Non, c'est tiré de son surplus. Ce n'est pas le
musée qui a financé la Place des Arts.
M. Boulerice: Je ne parle pas du musée, je parle de la
Place des Arts. Son fonds, elle l'a financé.
Mme Bacon: Oui, mais normalement, elle aurait dû le perdre
et on le lui remet. Vous n'êtes pas satisfait?
M. Boulerice: Ah! Non, je vous trouve une grande âme de
leur redonner la moitié du million qu'ils ont fait.
Mme Bacon: J'aime mieux le voir là que dans le fonds
consolidé; vous ne trouvez pas?
M. Boulerice: Oui, et je vous dis que c'est pour ça que
ça devrait s'appliquer un peu partout, notamment au musée d'Art
contemporain.
Mme Bacon: Ils n'ont pas tous des profits, j'aimerais
peut-être faire remarquer au député que je n'ai pas vu
beaucoup de profits au musée d'Art contemporain.
M. Boulerice: Si on leur donnait les moyens, qui sait s'ils n'en
feraient pas.
Fonctionnement de la commission du statut de l'artiste. Enfin, c'est la
commission sur le statut de l'artiste et le statut de l'artiste. Quelle est la
position de la ministre en ce qui a trait à la requête de la
Guilde des musiciens qui dit: On ne veut plus appartenir au décret, mais
on veut être inclus a la loi 90?
Mme Bacon: La guilde s'est entendue avec le ministère du
Travail, c'est la responsabilité de ce dernier, et il y aura des
dispositions...
M. Boulerice: La ministre, elle...
Mme Bacon: Le décret peut être prolongé pour
lui donner un peu plus de temps pour se faire accréditer. Il faut
prolonger le décret, à ce moment, il faut lui donner le temps de
se faire...
M. Boulerice: Ils ne veulent pas la prolongation du
décret, ils veulent se faire accréditer.
Mme Bacon: Oui, ils ont rencontré le ministère du
Travail et ils ont accepté, pour une courte période.
M. Boulerice: Pour une courte période?
Mme Bacon: Oui. Jusqu'à ce qu'ils aient reçu leur
reconnaissance.
M. Boulerice: D'accord.
Mme Bacon: Cela ne se fait pas du jour au lendemain, quand
même. Il faut qu'il ait le temps d'être étudié. Le
dossier doit être étudié par la commission de
reconnaissance, et il faut prolonger le décret en attendant.
M. Boulerice: On a voté à l'unanimité la loi
78, avec certaines réserves que j'ai émises quant au monde de
l'édition et de la littérature. Ce que j'aimerais savoir, c'est
ceci: Le statut fiscal des travailleurs autonomes, est-ce qu'il va
s'étendre, en 1989, aux artistes membres des associations qui vont
être reconnues en vertu de la loi 78?
Mme Bacon: Non. Le ministère du Revenu est en train de
l'étudier. J'ai fait une demande, de la même façon qu'il
l'avait fait pour l'autre loi. Il est en train de consulter le milieu, les
gens, et regarder ce qu'il peut faire au sujet de la loi 78, de la même
façon qu'il l'avait fait pour la loi 90. D'ailleurs, j'ai l'impression
qu'en ce moment les artistes reçoivent des chèques du
ministère du Revenu, vu l'adoption de la loi 90, qu'ils n'auraient pas
reçus autrement.
M. Boulerice: Crédits, toujours au programme 4.
Mme Bacon: Vous passez vite dans ce temps-là, quand
ça va bien.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Bacon: Vous passez vite dans ce temps-là, quand
ça va bien.
M. Boulerice: Non, c'est parce que, malheureusement, le temps
file, sinon madame... Écoutez, si vous voulez rester, je vous
préviens.
Mme Bacon: On va en avoir assez.
M. Boulerice: Je suis célibataire comme vous. On a tout le
temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: Vous et moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Écoutez, madame, si vous voulez qu'on reste
seuls, au contraire...
Une voix: Dites-le-nous tout de suite et on va s'en aller.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Ceux qui nous gênent sont priés de se
lever et de guitter.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Alors, crédits et autorisation de la
Bibliothèque nationale du Québec. On a parlé tantôt
de M. Sauvageau à la présidence qui, à mon point de
vue...
Mme Bacon: Est un excellent choix.
M. Boulerice: C'est une excellente chose. C'est un budget qui
passe de 5 614 400 $ à 8 431 600 $; donc, une augmentation de 50 %. Mais
ce sont les ajustements pour les crédits de l'ACIQ pour contributions au
régime de retraite, si mes renseignements sont bons. Qu'est-ce qu'on
entend par ajustement pour les crédits de l'ACIQ? Est-ce que ce sont les
sommes que !e ministère payait déjà directement pour les
loyers?
Mme Bacon: C'est le transfert des sommes pour les loyers. C'est
cela.
M. Boulerice: Donc, une enveloppe. Quelle est la véritable
augmentation comme telle pour la Bibliothèque nationale?
Mme Bacon: C'est près de 400 000 $. C'est autour de 300
000 $.
M. Boulerice: 300 000 $. Est-ce que l'augmentation est
consacrée à des nouveaux développements, à des
programmes ou si ça va uniquement pour l'administration, les salaires,
etc. ?
Mme Bacon: C'est pour le nouveau conseil qui va être
constitué; ils ont besoin de fonds supplémentaires pour
ça.
M. Boulerice: Donc, ils n'ont aucun sou de plus.
Mme Bacon: C'est toute la réorganisation et la mise en
place du nouveau conseil. C'est l'an prochain qu'on pourra analyser davantage
les besoins et faire des ajustements.
M. Boulerice: D'accord. Pour ce qui est de la Bibliothèque
nationale du Québec, une dernière question. Quel est
l'état du développement du dossier de relocalisation?
Mme Bacon: II est encore en discussion avec le ministère
des Approvisionnements et Services. Ce n'est pas terminé.
M. Boulerice: M. le Président m'informe qu'en 1975,
à l'époque où il était un loyal serviteur de
l'État à titre de sous-ministre, il en discutait. On va essayer
de l'avoir avant son jubilé.
Mme Bacon: Ce dossier a été arrêté
pendant trois ans. Je l'ai repris en main.
M. Boulerice: Pardon!
Mme Bacon: II a été arrêté pendant
trois ans, je l'ai repris en main et il chemine bien.
M. Boulerice: Elle l'a depuis trois ans et demi, donc il est
arrêté depuis trois ans et demi.
Mme Bacon: Ce n'est pas ça que je dis. Il ne vient pas
juste de repartir, cela fait trois ans qu'on travaille là-dessus. Il y a
tout un réaménagement. Ce n'est pas qu'un
déménagement. Cette loi-là ne s'est pas faite du jour au
lendemain, pour la Bibliothèque nationale, et la relocalisation en
même temps. Tout ça s'est fait depuis mon arrivée au
ministère. On a travaillé là-dessus. Il faut penser aussi
en même temps aux archives. Alors, on essaie de faire les deux.
M. Boulerice: Quelle date vous fixez-vous? Mme Bacon: Le
plus tôt possible.
M. Boulerice: Quand vous me dites le plus tôt possible ou
ça chemine, cela me fait toujours penser à cette pièce de
Daumier, les Plaideurs, où le plaidant dit à son avocat:
Où est ma cause? Il dit: Elle court, elle court. Il dit: Au rythme
où elle va, je suis en train d'en user mes souliers. Alors, j'aimerais
quelque chose de plus précis.
Mme Bacon: J'espère que vous userez vos souliers ailleurs
qu'à la commission parlementaire, M. le député de
Saint-Jacques. En 1992 l'objectif sera atteint.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président (M. Trudel): Est-ce que le programme 4 est
adopté M. le député de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Trudel): II n'y a rien d'autre, M. le
député de Saint-Jacques? De toute façon, votre temps est
écoulé, sauf pour les remarques finales, je pense bien.
M. Boulerice: Comme la ministre m'a fixé un rendez-vous
pour tantôt, j'ai accéléré.
Le Président (M. Trudel): M. le député, je
vous laisse la parole avant Mme la ministre pour vous laisser...
Conclusions
Mme Bacon: Écoutez, je voudrais remercier tout le monde
d'avoir travaillé très fort à la préparation des
dossiers parce qu'on sait ce que ça demande comme travail pour
préparer les dossiers des crédits d'un ministère. Je ne
reprendrai pas ce que j'ai dit ce matin, mais je résumerai le tout en
disant devant vous, M. le Président, que j'ai conscience d'avoir
accompli ma mission. En vous remerciant.
Le Président (M. Trudel): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le Président, pour la
patience que vous avez eue de nous endurer toute une journée de temps,
mes collègues, le personnel du ministère. Je
répéterai moi aussi les mêmes choses qu'avant: Mission
accomplie, mais le message s'est autodétruit dans les dix secondes
après. La pièce principale, malheureusement, n'est pas là.
Cela aurait drôlement facilité le travail de ces nombreux
serviteurs du ministère de la Culture d'avoir eu le 1 % qui était
un engagement pourtant très formel de la part du Parti libéral
lors de la dernière élection. Donc le Globe and Mail
continue toujours à avoir raison: Mauvaise plaisanterie.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député de Saint-Jacques. À mon tour de
répéter ce que je dis toujours à la fin des commissions:
Tous les crédits sont adoptés et la commission, ayant accompli
son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 31)