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(Seize heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Trudel): La commission parlementaire de
la culture se réunit pour étudier les crédits
budgétaires du ministère des Communications pour l'année
financière 1989-1990.
M. le ministre, je vous souhaite la bienvenue. C'est la première
fois que nous avons le plaisir de vous accueillir à la commission. J'ai
remarqué une chose: depuis quatre ans, la stabilité parlementaire
se situe du côté de la présidence de la commission. Il y a
eu des changements du côté de l'Opposition et voici maintenant un
nouveau ministre. Je vous souhaite la bienvenue. Si vous voulez nous
présenter les gens qui vous entourent et qui vous assisteront dans la
défense de vos crédits. Ainsi que le veut le règlement, je
vous céderai tantôt la parole pour des remarques
préliminaires. Je ferai la même chose avec M. le
député de Terrebonne. Avant tout, je dois m'informer
auprès de la secrétaire s'il y a des changements.
La Secrétaire: Mme Cardinal (Châteauguay) est
remplacée par M. Gobé (Lafontaine); Mme Harel (Maisonneuve) est
remplacée par M. Filion (Taillon) et M. Khelfa (Richelieu) est
remplacé par M. Hains (Saint-Henri).
Le Président (M. Trudel) Merci. Alors, M. le ministre,
sans plus de préambule, je vous cède la parole.
M. Dutil: M. le Président, je voudrais, d'abord, vous
féliciter pour la stabilité dont vous faites preuve, à
l'exemple du président de l'Assemblée nationale qui est aussi
stable que vous, d'ailleurs. Effectivement, il y a, semble-t-il, plus de
stabilité à ce poste.
Le Président (M. Trudel): Pas nécessairement par
choix, mais...
M. Dutil: A ma droite, M. Jacques Pigeon, sous-ministre au
ministère des Communications et, à ma gauche, Mme Lessard, mon
attachée de presse au cabinet. M. le Président, j'en profite pour
vous dire que derrière moi il y a également des gens de
Radio-Québec, de la Régie des communications et de la Commission
d'accès à l'information, qui sont représentés, dans
le premier cas, par la présidente, Mme Françoise Bertrand, et par
les deux présidents, celui de la Régie des communications, M.
Dufour, et celui de la Commission d'accès à l'information, M.
O'Bready. Je le mentionne parce qu'on m'a dit tout à l'heure qu'on ne
sera ensemble, M. le député de Terrebonne et moi, que pour une
heure et qu'il sera remplacé par la suite par M. le député
de Taillon qui viendra pour les crédits de la Commission d'accès
à l'information.
Voilà!
Le Président (M. Trudel): Oui, M. le député.
Excusez-moi, M. le ministre, on me demande de suspendre quelques secondes parce
que quelqu'un du bureau du leader doit vous parler. M. le député
de Terrebonne, vous avez demandé la parole.
M. Blais: Juste avant, j'aimerais, moi aussi, présenter
ceux qui m'accompagnent. M. Pierre Boutet, un recherchiste
émérite. Comme il est le seul à travailler avec moi dans
ce dossier, il ne peut pas remplacer la quelque douzaine de hauts
fonctionnaires compétents que vous avez, mais il est tellement bon que
je crois que nous aurons des questions très précises à
vous poser.
Le Président (M. Trudel): Je vais suspendre les travaux
pour quelques secondes.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 36)
Le Président (M. Trudel): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M. Dutil: M. le Président, à la suite d'une
discussion avec le député de Terrebonne tout à l'heure, II
m'a mentionné qu'il était possible - je ne le savais pas et je
voudrais que vous me le confirmiez - de déposer mon discours pour qu'il
soit automatiquement inscrit dans les galées, ce qui me permettrait de
faire un survol de ce document.
Le Président (M. Trudel): On peut le faire. Le
problème, M. le ministre, et ce sera votre décision, c'est que
vous pouvez toujours le déposer, mais sur le plan technique, s'il n'est
pas enregistré, il ne sera pas reproduit intégralement dans le
Journal des débats.
M. Dutil: Bon. Alors, je vais en faire un survol.
Le Président (M. Trudel): On a abandonné il y a
quelques années cette pratique de déposer des documents en annexe
parce que, un peu comme aux États-Unis, les députés
déposaient des tas de documents.
M. Dutil: Alors, M. le Président, sans plus attendre, je
suis prêt à faire mes remarques préliminaires.
Le Président (M. Trudel): D'accord.
Remarques préliminaires M. Robert Dutil
M. Dutil: Je suis au ministère, comme vous le savez,
depuis le 23 décembre, mais j'ai eu l'occasion de parcourir,
évidemment, tout le ministère depuis ce temps-là.
Plusieurs nouveautés ont été faites au cours de
l'année précédente. Je rappelle que le mandat du
ministère est de susciter en matière de communications des
retombées positives aux plans culturel, social et économique;
d'élaborer et de proposer au gouvernement des politiques en
matière de communications; de faciliter les relations entre
l'État et les citoyens en favorisant la diffusion des renseignements sur
les services offerts par le gouvernement, de favoriser l'édition, la
diffusion et la commercialisation de l'information d'intérêt
public aux citoyens et d'offrir à l'appareil gouvernemental la gamme
complète des services reliés au domaine des communications.
On touche, évidemment, plusieurs secteurs et je ne les
approfondirai pas tous, M. le Président. Je parlerai quelque peu du
secteur des médias et particulièrement de la création des
canaux spécialisés. On sait que, cette année, dans le
secteur des médias, le ministère des Communications a joué
un rôle important dans la création et dans l'arrivée des
canaux spécialisés dont particulièrement TV5, la
télévision francophone internationale. L'existence des canaux
spécialisés aux États-Unis et au Canada a
créé une pression sur le Québec où, au milieu des
années quatre-vingt, il était bien prévisible que ce
service ne tarderait pas à apparaître chez nous. Le
ministère des Communications a alors agi en fonction de deux objectifs
précis: il fallait que les nouveaux canaux répondent aux besoins
des téléspectateurs québécois et favorisent notre
industrie télévisuelle. Je pense que ce sont là deux
objectifs que nous avons atteints.
Nous avons également une section d'aide à la production
audio-visuelle. Dans ce domaine, le ministère a soutenu
financièrement, dans le cadre de l'entente Canada-Québec sur le
développement des entreprises de communication, quatre entreprises qui
oeuvrent principalement à l'étape de la postproduction. Ces
quatre entreprises sont Bellevue Pathé Québec, Films Cinar,
Groupe André Perry et Studio Centre-Ville. Dans ce domaine, rappelons
que le ministère avait diagnostiqué un problème de
sous-équipement en Infrastructures modernes de postproduction
audiovisuelle. Cette subvention majeure aux quatre entreprises peut donc
être considérée comme une amorce majeure au
règlement de ce problème.
Le secteur des médias nous a amenés à faire six
études majeures. Nous avons, en effet, réalisé des
études sur la radio, la presse écrite, la
télévision, la production indépendante, la
câblodistribution et la publicité. Ce sont des études qui
dressent un portrait de chacun de ces domaines d'activités et en
identifient les tendances de développement.
Dans le secteur de l'information gouvernementale, j'attire votre
attention sur certaines actions à signaler. Le ministère a
donné les ressources suffisantes au bureau de Communication
Québec de l'île de Montréal pour qu'il offre des services
de renseignements en dix langues afin de favoriser une plus grande prise de
contact des nouveaux arrivants avec les nombreux services du gouvernement.
Dans le domaine des publications gouvernementales, le ministère a
été particulièrement actif. Plusieurs nouveautés
sont à signaler dont l'Atlas de la francophonie que nous
produisons en collaboration avec deux éditeurs privés
québécois et français. Nous avons aussi amorcé la
commercialisation des publications du Centre d'édition du gouvernement
du Canada.
Je passe rapidement sur les orientations stratégiques du
gouvernement dans le secteur des technologies de l'information, qui est un
autre secteur majeur, comme on le sait, du ministère des Communications.
Une des interventions importantes consistait à définir des
orientations à l'intention de l'appareil gouvernemental. On sait, par
exemple, que les dépenses informatiques gouvernementales en 1987-1988
ont atteint plus de 500 000 000 $. L'ampleur du parc informatique est
considérable. L'évolution rapide de ce type d'outils, de
même que la progression des besoins des utilisateurs imposent l'adoption
de principes directeurs d'acquisition et d'utilisation des équipements.
Ces principes se retrouvent, d'ailleurs, dans un document intitulé "Les
orientations stratégiques des technologies de l'information du
gouvernement du Québec".
La francisation de l'informatique gouvernementale. Tout comme mon
prédécesseur, le député de Westmount, j'accorde,
bien sûr, la plus haute importance à la francisation de
l'informatique gouvernementale qui est une autre de nos orientations majeures.
Le ministère a continué à soutenir, cette année,
les projets de développement et de commercialisation des logiciels et
des banques de données en français. Il a continué à
soutenir aussi les travaux du Centre de recherche en informatisation des
organisations dont les recherches portent sur les dimensions culturelles et
linguistiques des technologies qui sont reliées à l'information.
Nous avons participé également à des comités de
normalisation, tant au Canada qu'à l'étranger, afin de
protéger les caractéristiques du français dans les
spécifications des normes technologiques et les travaux reliés
à la définition d'un clavier d'ordinateur bien adapté
à la langue française ont été couronnés de
succès. Je pense qui est important de le dire, puisqu'il y a maintenant
une norme canadienne qui permet à un clavier de composer ou en
français ou en anglais, avec tous les accents requis.
Le secteur des technologies de l'information: des services Informatiques
qui rendent les clients de plus en plus satisfaits. Nous avons
amélioré considérablement la qualité de nos
services et fait de nos clients des gens satisfaits. Pour ce faire, nous avons
opéré un redressement majeur à la Direction
générale de l'informatique où un fonds spécial a
été créé, en janvier 1988, qui a permis un meilleur
service à la clientèle. Il faut noter que, depuis l'implantation
du fonds, le coût unitaire des services a diminué de 8 %.
L'objectif du ministère est que son centre de traitement informatique
devienne, par la qualité et le coût de ses services, le centre le
plus performant parmi les centres comparables des secteurs public et
privé.
Nous avons également créé une vitrine technologique
permettant aux fournisseurs québécois de présenter
directement et sans intermédiaire à tous les acheteurs
gouvernementaux leurs produits Informatiques et de
télécommunications. Cette vitrine est située à
l'édifice Cyrille-Duquet à Sainte-Foy, édifice qui n'a pas
besoin, j'en suis convaincu, de présentation pour le
député de Terrebonne.
La création de la Régie des
télécommunications. La loi a été adoptée et
sanctionnée le 7 juin 1988. Cette loi a été le fruit, je
pense, d'un large consensus en vue de recentrer la régie sur sa
véritable mission, la régulation économique et technique
des services de télécommunications. On se souvient que la Loi sur
la Régie des services publics datait de presque 50 ans et était
devenue, à maints égards, dépassée par
l'évolution récente du secteur des
télécommunications.
Le secteur des technologies de l'information. Le démarrage de
l'industrie télématique mérite d'être
souligné également, M. le Président. Nous avons
également été très actifs dans le domaine de la
télématique. Par exemple, nous avons mis sur pied un projet
pilote regroupant sept ministères et organismes pour la diffusion
d'information gouvernementale sur un nouveau réseau
télématique. Ce projet vise à évaluer si la
télématique est un bon moyen pour améliorer l'accès
à l'information gouvernementale. Nous voulons aussi, évidemment,
par notre présence appuyer le développement de nouvelles
industries à haut potentiel technologique.
Quant à la révision de la loi sur l'accès à
l'information, qui sera certainement l'objet de questions du
député de Taillon, parmi les faits saillants, à la suite
des discussions que vous connaissez et qui ont été faites dans le
passé sur la première révision quinquennale de la loi,
nous avons effectué un travail en réponse aux recommandations qui
ont été faites, entre autres, par la Commission d'accès
à l'information et la commission de la culture de l'Assemblée
nationale. Selon toute probabilité, un projet de loi devrait être
déposé au cours de cette année.
Les crédits du ministère. Vous remarquerez que les
crédits du ministère représentent 118 515 900 $. Il faut
préciser que ces crédits englobent aussi ceux attribués
à trois organismes qui relèvent de la responsabilité du
ministère, soit la Régie des télécommunications
pour 2 034 000 $, la Commission d'accès à l'information pour 2
473 000 $ et Radio-Québec pour 61 830 400 $. Évidemment, ces
crédits devraient faire l'objet d'une présentation distincte.
J'ai mentionné tout à l'heure à l'Opposition et à
la présidence que les présidents de chacun de ces organismes
étaient ici.
Il est bon de noter également que nous avons maintenant quatre
fonds spéciaux les plus importants étant celui des
télécommunications et celui de l'informatique. Le total de ces
quatre fonds se chiffrerait, selon nos prévisions de cette année,
à 143 359 000 $. Si on additionne ceci aux 118 000 000 $ de tout
à l'heure, on arrive au chiffre global d'intervention du
ministère, que ce soit par des revenus de transfert ou directement par
les crédits votés à l'Assemblée nationale. (16 h
45)
Orientations 1989-1990. M. le Président, je voudrais parler d'un
sujet qui me tient particulièrement à coeur, le système
911. L'évolution au cours des prochains mois devrait être
marquée par la consolidation des activités actuelles et aussi par
l'établissement de nouvelles priorités. Parmi celles-ci, je vais
vous confier qu'une des choses qui m'ont le plus Intéressé
à mon arrivée à ce ministère, c'est d'approfondir,
justement, cette réflexion sur le système 911. Ce système,
comme vous le savez, permet aux citoyens de rejoindre les services de police,
de pompier, d'ambulance, ainsi que tous les services d'urgence. Il est
déjà implanté dans la Communauté urbaine de
Montréal, mais l'ensemble des autres régions, sauf quelques
petits endroits, n'est pas desservi. Si on se compare, de ce côté,
à l'Ontario, 35 % de nos citoyens ont ce service, alors qu'en Ontario
environ 70 % de la population en bénéficieraient.
Négociation de l'entente Canada-Québec sur le
développement des entreprises de communication. Toujours dans le cadre
de nos relations avec le gouvernement fédéral, nous allons
renégocier au cours de la prochaine année deux ententes
importantes. Je veux parler de l'entente Canada-Québec en matière
de développement des entreprises de communication et de l'entente de
concertation et d'harmonisation sur la télévision francophone.
Dans le cadre de l'entente sur le développement des entreprises de
communication, rappelons que nous avons retenu comme priorité de
financer des projets importants et structurants qui ont des
répercussions sur l'ensemble d'un secteur et qui font émerger des
collaborations entre les entreprises elles-mêmes et les centres de
recherche.
Je mentionne également les attentes que nous avons
exprimées à Radio-Québec. Je pense que ces attentes sont
connues, puisqu'une lettre est déposée chaque année
à l'Assemblée nationale par le ministre des Communications et que
cette lettre a été déposée par l'ancien ministre
des Communications, le député de Westmount, l'automne dernier.
Plusieurs éléments positifs sont à
inscrire au bilan de Radio-Québec. J'aimerais mentionner
l'amélioration de la gestion et de la productivité,
l'augmentation des investissements en production indépendante, et une
grille horaire marquée par le souci évident d'accroître le
rôle éducatif et culturel de Radio-Québec.
Le gouvernement désire pour les mois qui viennent que les efforts
soient accentués dans les domaines que je viens de mentionner. Par
exemple, Radio-Québec est incitée à poursuivre le
développement et la diffusion d'émissions pour enfants, qui,
malgré l'arrivée d'un quatrième réseau francophone,
tendent globalement à diminuer. Concernant les communautés
culturelles, Radio-Québec est invitée à se doter d'un plan
d'action qui contienne des objectifs concrets et des échéances
touchant leur représentation parmi le personnel et à
l'intérieur de la programmation de Radio-Québec. Quant aux
émissions pour malentendants, Radio-Québec fait des efforts en ce
sens, mais elle demeure le réseau québécois qui offre le
moins d'heures d'émissions sous-titrées. Nous proposons donc que,
d'ici à cinq ans, Radio-Québec porte à 50 % le pourcentage
d'émissions originales sous-titrées à son
réseau.
En terminant, je souligne que nous fêtons cette année le
20e anniversaire de naissance du ministère des Communications. Avec une
loi rajeunie, des méthodes de gestion renouvelées et des
objectifs toujours plus collés aux besoins des citoyens, des entreprises
et de l'appareil gouvernemental, cette vingtième année nous
permettra d'apporter une contribution majeure au monde des communications. Nous
sommes bien placés pour répondre aux défis des
années quatre-vingt-dix et nous allons faire en sorte d'y parvenir avec
le plus d'efficacité et d'audace possible.
Voilà, M. le Président, pour mes remarques
préliminaires. Je suis disposé à répondre aux
questions de la commission sur les crédits de 1989-1990.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, d'abord, c'est la
première fois que je fais l'étude des crédits avec le
nouveau ministre des Communications. Cela me fait plaisir de travailler dans ce
domaine. Je vais essayer d'être plus bref qu'il ne l'a été
dans ses remarques préliminaires en entrant immédiatement dans le
sujet. Que je sache, le gouvernement actuel avait demandé à votre
prédécesseur de quitter ce poste parce qu'il voulait absolument
abolir le ministère des Communications. L'ancien ministre s'était
opposé à ça et il y a toujours un ministre des
Communications. Je suis persuadé qu'on vous a probablement parlé
de l'abolition de ce ministère depuis que vous êtes là,
malgré que je souhaite longue vie à ce ministère, parce
que je crois, personnellement, qu'il devrait être là
longtemps.
Discussion générale
Cependant, si on regarde les politiques énoncées et les
réalisations, il est possible que le gouvernement veuille abolir ce
ministère. En effet, si on regarde ne serait-ce que les crédits
de cette année, ils ne correspondent même pas à
l'inflation. Vous avez eu une hausse de crédits de 0, 6 %, 773 000 $ de
plus, et ce serait peut-être là un signe que le gouvernement
actuel voudrait abolir ce ministère, te tenant comme pas trop trop
important, en laissant, cependant, Radio-Québec plus indépendant,
ce qui serait une bonne chose.
Diminution des crédits
Je vous pose la question suivante: Devant la diminution de vos
crédits et l'augmentation des dépenses gouvernementales, je crois
que vous devez être conscient que la baisse de ces crédits peut
sous-entendre que le gouvernement actuel voudrait abolir ce ministère.
Quand on regarde certains programmes de façon plus particulière,
les organismes, la coordination et la gestion interne, les médias et
l'information, l'informatique et les télécommunications, on
constate, dans le total de ces trois programmes, une chute de 66 800 000 $ en
1988-1989 à 66 300 000 $ en 1989-1990, sort une baisse, dans ces trois
seuls programmes, de 500 000 $. C'est très difficile de justifier
ça, à moins que l'orientation du nouveau ministre ne soit
différente des orientations des ministres qui l'ont
précédé.
En plus d'avoir une baisse dans son budget et dans ses crédits,
il y a 1 800 000 $ qu'on appelle des crédits périmés, sous
le vocable merveilleux et excessivement beau à lire de "rationalisation
volontaire des dépenses du ministère". Devant cette
rationalisation volontaire, malgré une diminution d'année en
année de ce ministère que le gouvernement actuel, par les
crédits qu'il lui accorde, semble ne pas apprécier, quelle serait
la réaction du ministre actuel? Surtout, j'aimerais que vous
m'expliquiez cette baisse de crédits. Cette rationalisation volontaire
de 1 800 000 $, ce serait quoi?
M. Dutil: M. le Président, évidemment, vous avez
sûrement remarqué que le député de Terre-bonne a
complètement fait abstraction de l'activité importante que nous
avons dans ce que nous appelons les fonds spéciaux; il n'en a pas du
tout tenu compte. Pourtant, ce secteur représente des prévisions
de dépenses et de revenus, puisque nous le faisons, évidemment,
sans envisager une profitabilité. J'expliquerai tout à l'heure ce
que nous avons fait. Nous étions tellement performants que nous avons
dû baisser nos prix dans un secteur. J'expliquerai tout à l'heure
que, contrairement à ce que prétend le député de
l'Opposition, nos dépenses globales sont plus hautes que l'inflation.
Mon calcul fait que nos dépenses globales sont en hausse de 5, 2 %.
Je m'explique, M. le Président. En 1985-1986, le total des
budgets de l'ensemble du ministère était de 278 000 000 $. En
1987-1988, il y a effectivement eu une baisse à 235 000 000 $ à
partir de transferts d'activités. Ces activités, soit la
reprographie, l'entretien des machines de bureau et les messageries, ont toutes
trois été transférées au ministère des
Approvisionnements et Services, lors de la création de ce
ministère, je pense. À ce moment-là, il y a eu
effectivement une certaine baisse. C'est sans doute ce qui fait dire au
député de Terrebonne, deux ans plus tard, que le gouvernement
avait l'intention d'abolir le ministère des Communications. Non, pas du
tout, M. le Président. Il y a eu un certain réajustement des
mandats et un certain transfert à un ministère que nous avons
créé, le ministère des Approvisionnements et Services qui
n'existait pas. Le gouvernement a estimé qu'il était
nécessaire d'avoir ce ministère. Évidemment, cela a
incité des transferts de certains ministères, dont le
nôtre.
À partir de 1987-1988, de 235 000 000 $, les dépenses
globales du ministère sont passées à 248 000 000 $. Cette
année, de 248 000 000 $, elles passeront vraisemblablement à 261
000 000 $, ce qui fait une hausse de 5, 2 %.
Le député me demandera: Comment comptez-vous une hausse de
248 000 000 $ à 261 000 000 $? C'est bien facile, M. le
Président. J'additionne aux 118 515 000 $ de budget que nous votons
aujourd'hui les revenus de 143 359 000 $ que nous allons dépenser, bien
sûr.
M. Blais: M. le Président, une seconde, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Trudel): On ne peut pas tous parler
ensemble parce qu'on ne s'entendra pas. M. le député.
M. Blais: Si vous additionniez la date, ça donnerait plus
aussi. S'il pouvait additionner la date, ça donnerait plus aussi.
M. Dutil: M. le Président, je suis estomaqué de la
remarque parce que je n'ai jamais vu qu'on puisse additionner des dates,
puisqu'une date ne donne qu'une situation dans le temps et non pas...
Le Président (M. Trudel): On est aussi
étonnés que vous autour de cette table.
M. Dutil: Ce que je disais, M. le Président, c'est que nos
budgets augmentent de 5, 2 %, contrairement à l'affirmation du
député, et que s'ils n'augmentent que de 5, 2 %, c'est que nous
avons été tellement performants que nous avons diminué les
prix, imaginez-vous, de 8 % et que ça ne représente pas
l'augmentation de l'activité. Il faudrait ajouter probablement, si nous
n'avions pas diminué les coûts, 2 000 000 $ qui auraient fait un
supplément d'environ 1 %. Cela veut dire que l'activité du
ministère est probablement en hausse de 6 %, peut-être même
de 7%, si on considère l'amélioration de la productivité
des autres secteurs, hormis les fonds spéciaux.
M. Blais: Oui. Si on regarde ça de cette façon,
c'est bien sûr que l'ensemble des dépenses et des revenus va
être plus gros. Ce n'est pas de ça que je vous ai parlé.
Dans votre document, "Commission de la culture", à la page I x, budget,
ministère des Communications, le total du budget du ministère
lui-même était de 117 742 000 $ en 1988-1989; il est de 118 515
000 $ cette année. Il ne suit même pas les 4, 5 % d'inflation.
C'est bien sûr qu'il peut arriver qu'il y ait des fonds à
côté, mais, pour les activités de votre ministère
lui-même, l'augmentation est de beaucoup moins forte que l'inflation.
C'est ce que je faisais remarquer. Si j'étais ministre des
Communications, je me sentirais outragé par le cabinet qui me laisse si
peu de marge de manoeuvre pour travailler à l'intérieur, surtout
avec la nomenclature des voeux pieux de ses remarques préliminaires.
Alors, on ne voit que des diminutions dans tous les chapitres à
l'intérieur, en fait.
M. Dutil: M. le Président, je vois que le
député de Terrebonne ne veut pas entendre mon argumentation. Il
veut exclure des activités du ministère celles qui sont
financées à partir des fonds spéciaux. Il veut les
exclure, mais on ne peut pas les exclure. M. le Président, je vous
mentionne quelques chiffres. Les services informatiques que nous accordons aux
autres ministères et aux autres organismes gouvernementaux, c'est une
activité du ministère des Communications. Je pense que c'est
indéniable, sauf qu'y a été convenu dans le passé
qu'étant donné que ces services génèrent des
revenus qui viennent d'organismes non budgétaires et
extrabudgétaires, des revenus qui viennent de ministères et
qu'ils votent eux-mêmes...
M. Blais: Ce sont des transferts d'un ministère à
l'autre, M. le ministre. Cela n'augmente pas vos fonds.
M. Dutil: La distinction ici, c'est qu'Us ne sont pas
votés dans les crédits du ministère des Communications.
C'est la seule distinction que l'on peut faire. Nous nous attendons à
avoir des revenus supplémentaires venant d'ailleurs que des budgets
votés par l'Assemblée nationale. Ces revenus nous viennent de
ministères ou d'organismes, en ce qui concerne les services
informatiques. Ces revenus sont à la hausse ou, à la suite de
diminutions de prix, sans être à la hausse, ont suscité une
certaine augmentation de l'activité, bien que, étant donné
notre performance et l'amélioration de notre productivité, ils
peuvent ne générer qu'à peu près les mêmes
niveaux de revenus.
Je vous citais les services informatiques qui vont rapporter 24 924 000
$, selon nos prévisions. Je vous cite également les services de
télécommunications qui, l'an prochain, devraient nous rapporter
en revenus autres que ceux que nous votons ici, à cette commission, pour
le ministère des Communications, 98 640 000 $. Je vous cite
également les services de placements médias qui devraient
générer des revenus de 8 263 000 $. Les publications du
Québec, nous les vendons. Donc, il y a des revenus. À notre point
de vue, ces revenus vont être de l'ordre de 11 532 000 $.
Donc, globalement, on peut dire que l'activité
générée par le ministère des Communications n'est
peut-être pas dans le secteur que souhaiterait le député de
Terrebonne. Ce n'est peut-être pas là qu'il souhaiterait que l'on
place nos sous. Ce sont des secteurs extrêmement dynamiques, des secteurs
en grande évolution, des secteurs qui bouillonnent, des secteurs qu'on
est obligé parfois de plonger dans l'azote liquide tellement ils
réchauffent; il faut les refroidir parce que ça bouillonne trop
fort. Ces secteurs sont en pleine expansion. Le ministère des
Communications est celui qui s'en occupe, qui les gère, qui en fait la
promotion, qui les suscite et qui les développe davantage.
Évidemment, je pense avoir répondu à la question du
député de Terrebonne. (17 heures)
M. Blais: M. le Président, je pourrais vous lire tout ce
chapitre et tout le livre, si vous le voulez. Il y a une chose. Nous sommes ici
réunis pour voter les crédits de votre ministère,
c'est-à-dire la page I x et non pas la page x, à l'envers. Vous
me pariez de la page x, des choses qui sont votées dans d'autres
ministères. Je vous parle de vos crédits, à vous, qui sont
de 118 515 900 $ comparativement à 117 742 000 $. Alors, j'aurais pu
dire au président: Écoutez, le ministre est hors du sujet. Il me
parle de crédits qui sont votés dans d'autres ministères.
C'est pour cela que je vous dis qu'à votre ministère, avec les
crédits que nous votons aujourd'hui, vous n'avez pas une augmentation
qui reflète l'inflation. C'est ce que nous votons ensemble aujourd'hui.
Moi, je ne suis pas critique de l'envers de la page que vous venez de citer, je
suis critique de la page qui vous concerne et qui me concerne.
Une voix: De l'endroit.
M. Blais: La page qui nous concerne donne 118 500 000 $ cette
année et 117 742 000 $ l'an passé. Donc, vous n'avez pas un
budget pour votre ministère qui est égal à l'inflation.
Vous êtes obligé de le reconnaître. Votre sourire complice
me fait dire que vous comprenez très bien, mais que votre
côté défenseur d'une politique gouvernementale qui se doit,
de temps à autre, d'être partisane, vous fait virer les pages plus
vite que la politique ne va.
Alors, c'est 0, 6 %. En plus d'avoir moins dans votre ministère
que l'inflation, ce que je trouverais horrifiant si j'étais ministre des
Communications, vous avez 1 800 000 $ de rationalisation volontaire des
dépenses du ministère, et je vous demanderais ce que c'est. Si ce
sont toutes des sommes de 10 $, je vous exempte de la nomenclature, mais je
vous demande de nous le dire en gros et de façon très
brève. Votre rationalisation, votre couperet rationnel, votre
sécateur de dépenses, où s'est-il posé pour ces 1
800 000 $, s'il vous plaît?
M. Dutil: Ah! Vous comprendrez, M. le Président, que je ne
peux pas partir de la base de discussion que nous suggère le
député de Terrebonne. Il fait carrément abstraction de 143
000 000 $ sur 261 000 000 $ de nos activités en disant: On ne devrait
pas s'occuper de ça parce que c'est voté par les autres
ministères. Ce n'est tout simplement qu'une provenance de revenus
différente, M. le Président. Je pense que, s'il fallait raisonner
comme ça, à ce moment-là, on aurait des difficultés
vraiment énormes non seulement au ministère des Communications,
mais dans d'autres ministères où il y a une provenance de revenus
différente.
Tout à l'heure, nous allons peut-être discuter, entre
autres, de Radio-Québec dont une partie des revenus vient de subventions
gouvernementales, mais dont certains revenus proviennent d'autres sources, une
partie qui représente 25 %.
M. Blais: Avec ce raisonnement, le ministère de
l'Énergie et des Ressources va compter les revenus d'Hydro-Québec
quand il va venir discuter de ses crédits. Voyons donc, M. le ministre!
Quand même!
M. Dutil: II faut en tenir compte. M. le Président...
M. Blais: C'est bien beau de faire de la politique, mais il faut
être rationnel un peu. Quelle est la rationalisation volontaire des
couperets de 1 800 000? C'est la question que je vous pose. S'il vous
plaît, c'est quoi?
M. Dutil: M. le Président, je pense que la question du
député de Terrebonne part d'une fausse prémisse qu'il est
important de situer. Hydro-Québec est un organisme complètement
séparé du ministère de l'Énergie et des Ressources,
mais la DGI...
M. Blais: On va travailler après le souper.
M. Dutil:... la Direction générale de
l'informatique, M. le Président, ce sont des employés qui sont
à Cyrille-Duquet, sur le boulevard Charest, qui travaillent pour le
ministère des Communications et dont les revenus ne proviennent pas du
ministère des Communications, mais
de clients qui s'appellent les ministères ou les organismes. Je
ne peux pas faire abstraction du travail de ces gens-là. Je pense que ce
serait tout à fait insultant pour eux, lors de l'étude des
crédits du ministère des Communications, qu'on dise: On fait
complètement abstraction de ces gens-là.
Cela dit, pour revenir aux questions que pose précisément
le député de Terrebonne sur les 118 000 000 $, sur les
détails parce qu'on...
M. Blais: Les 1 800 000 $ de coupures, c'est quoi, M. le
ministre? C'est ça, ma question. 1 800 000 $ de rationalisation
volontaire des dépenses du ministère. Malgré les coupures
dans votre ministère, vous rationalisez et vous faites des
crédits périmés. Ce serait quoi, en gros?
M. Dutil: Alors, en gros, on va parler spécifiquement des
indexations... Je fais les augmentations et les diminutions; vous ferez le
total et vous verrez que cela arrive aux alentours de ladite somme.
Évidemment, il ne faudrait pas que le député de Terrebonne
- je fais ça comme remarque générale - nous reproche de
faire ce qu'ils auraient sans doute dû faire à l'époque,
être rigoureux sur le plan administratif et s'assurer que les revenus des
citoyens...
Le Président (M. Trudel): Bienvenue aux crédits du
ministère des Communications, M. le ministre.
M. Dutil:... que les taxes que les gens et les citoyens du
Québec... Non, je pense que c'est extrêmement sérieux. Nous
sommes un gouvernement qui a bien mentionné que le déficit du
Québec, à l'époque, n'avait pas de bon sens et qu'il
fallait envisager avec le même argent ou, parfois avec, un petit peu
moins dans certains secteurs...
M. Blais: C'est le volet 1 des coupures. Volet 2?
M. Dutil:... en faire davantage. Cela dit...
M. Blais: Volet 2 des coupures, de 1 800 000 $, s'il vous
plaît? Cela fait quatre fois que je pose la question.
M. Dutil: Indexation des coûts de traitement, c'est une
hausse de 1 970 000 $; ajustement des loyers de la SIQ, une hausse de 174 000
$; changement de juridiction, relève informatique, une baisse de 173 000
$; remplacement équipement audiovisuel... Je peux passer les hausses, je
ne vous donne que les baisses, mais, évidemment, il faut faire des
ajustements et vous allez arriver avec un montant supérieur. Correction
de l'enveloppe de base, 317 000 $; ajustement en fonction de la fin du contrat
avec 1ST informatique, moins 500 000 $; réduction de quinze postes au
ministère des Communications du Québec, 618 000 $; compressions
FAD ministères, 710 000 $; compressions FAD organismes, 775 000 $. Tout
ça devrait vous donner un grand total de 797 000 $. Si je vous avais
donné ce que vous ne voulez pas obtenir, les hausses, par ailleurs... Je
vous ai donné davantage les baisses.
M. Blais: Le montant de 1 800 000 $ de rationalisation
volontaire, de coupures, ça se compose de différents... Est-ce
qu'on peut avoir tout simplement le dépôt des sommes qui font la
coupure de 1 800 000 $ dans votre rationalisation volontaire des
dépenses? Peut-on avoir un document là-dessus? Vous avez un
document devant vous, là? Vous venez de m'en lire un qui dit qu'il coupe
747 000 $. Vous en avez un autre probablement qui coupe 1 000 000 $ quelque
part.
M. Dutil: Non. Ce que je vous dis, c'est que nous augmentons les
crédits de 797 000 $ sur les 118 000 000 $. La différence
entre...
M. Blais: Voulez-vous me dire que vous ne répondez pas
à ma question? Cela fait cinq fois que je vous la pose.
M. Dutil: Non.
M. Blais: Des crédits périmés de 1 800 000 $
dans votre ministère, sous le titre: Rationalisation volontaire des
dépenses du ministère, pour la cinquième fois, en quoi
consiste cette coupure de 1 800 000 $ de crédits périmés?
Où sont-ils? Qu'est que c'est que ce montant de 1 800 000 $ de
crédits périmés sous votre couperet volontaire,
sécateur rationnel?
M. Dutil: M. le Président, on va satisfaire le
député de Terrebonne. On va lui donner les 10 $.
M. Blais: Si c'est un document qui comprend tout ce qui a
été coupé, j'aimerais tout simplement que vous le
déposiez.
Le Président (M. Trudel): La présidence est un peu
perdue. Est-ce qu'on attend une réponse ou une question?
M. Dutil: Non, mais écoutez... M. Blais: J'attends
une réponse.
M. Dutil: Évidemment, le député n'est pas
sans savoir qu'il y a de la friction machine et qu'il y a des crédits
périmés à toutes les années. Je pense que c'est
bien connu et ça existe dans toutes les... Vous me parlez des
crédits périmés qui surviennent à toutes les
années, il en survient à toutes les années parce que, dans
les budgets séparés, il y a des dépenses qui ne sont pas
effectuées. Ce n'est pas ce que vous voulez savoir, mais je veux juste
vous faire la remarque
au cas où vous l'ayez oublié.
M. Blais: Je sais qu'on le sait. Vous le marquez dans vos
crédits qu'il y a 1 800 000 $ de périmés. La question,
c'est quoi?
M. Dutil: Alors, réduction d'effectifs, évidemment,
en est une partie.
M. Blais: Une réduction d'effectifs de quelque 200
personnes?
M. Dutil: Ah, non, non. Quinze postes, M. le Président.
Quand même. C'est 618 000 $. M. le Président, je pense que le
député sait fort bien que depuis quelques années il y a
une certaine rationalisation au niveau des effectifs de façon
mécanique qui se fait dans les ministères. Par la suite, il peut
se faire des réattributions de nouveaux effectifs en fonction des ordres
de priorités qui peuvent être faits. Il y a dans tous les
ministères des réductions d'effectifs. En ce qui nous concerne,
ce en quoi nous sommes...
M. Blais: II y a 661 000 $ en effectifs, d'accord.
M. Dutil: C'est 618 000 $. M. Blais: Ensuite?
M. Dutil: Réduction des prévisions de
dépenses de l'ensemble du ministère, 710 000 $. Je n'ai pas le
détail, vous le comprendrez, ça peut venir d'une multitude de
cases, de dépenses qui n'ont pas été effectuées
parce qu'il y a un projet qui est tombé à l'eau...
M. Blais: D'accord. Il y a un autre montant de 500 000 $.
M. Dutil: J'ai 775 000 $ ici de plus, qui est une
réduction volontaire des prévisions des dépenses des
organismes. Les organismes, ce sont la Régie des
télécommunications, la CAI, la Commission d'accès à
l'information, et Radio-Québec.
Une voix: Avez-vous fini? Vous avez fini.
M. Dutil: Oui. Cela fait le montant que nous avons...
Évidemment, on pourrait trouver le détail si c'est ce que veut le
député, sauf qu'il va falloir faire de la recherche pour
l'obtenir, sortir les petites cases. C'est faisable.
M. Blais: Si jamais on est tous les deux ici l'an prochain et
qu'il n'y a pas eu d'élection encore, j'aimerais que vous m'apportiez
une liste de ce qui a été périmé. On la demande
à toutes les fois qu'il y a des crédits et c'est excessivement
difficile d'avoir une réponse. Il est normal que, dans chacun des
ministères, selon son ampleur, il y ait des crédits
périmés. Je le reconnais. Mais quand on a un ministère qui
ne subit même pas la hausse de l'inflation, le ministre doit veiller de
façon jalouse à ce qu'il y ait le moins de crédits
périmés possible parce qu'il est déjà victime du
cabinet, parce qu'ils l'ont coupé au départ. Donc, avec une
gestion très très proche et très très
précise, le ministre aurait pu aider beaucoup d'autres organismes dans
tout le Québec avec ce montant de 1 800 000 $ de crédits
périmés. C'est à ça que je voulais en venir.
Juridiction en matière de télécommunications
Maintenant, pour passer à un autre sujet, le partage des
responsabilités en matière de télécommunications,
Québec, Canada, provinces. Je me souviens très bien qu'avec M.
French, votre prédécesseur, nous en avions discuté. Il y a
eu en février 1986, à Edmonton, la rencontre de tous les
ministres des Communications. Tous les ministres des Communications des
provinces étaient là et le ministre canadien. Ils avaient fait un
accord de principe qui était le suivant, je le résume: Les
communications intraprovinciales seraient réservées aux
provinces. Ce qui se passe sur le territoire de chacune des provinces serait la
responsabilité totale du ministre des Communications de cette province.
Ce qui serait à l'étranger serait la responsabilité
exclusive en télécommunications du gouvernement central, Ottawa
pour ne pas le nommer, et ce qui serait interprovincial serait de
responsabilité partagée entre les provinces et le gouvernement
fédéral. Il était censé avoir une réunion
une autre fois en septembre 1987. Cette réunion n'a jamais eu lieu et
elle n'a pas encore eu lieu. Cependant, il semblerait que, durant
l'année 1987-1988, en mars 1988, il y a contre-proposition qui est
arrivée d'Ottawa. Cette proposition a été refusée
par le Québec, par cinq provinces, en fait. Quelle était la
contre-proposition sur un accord avec lequel les onze ministres étaient
d'accord à Edmonton et sur lequel Ottawa revient avec une
contre-proposition? Pourquoi le Québec a-t-il refusé cette
contre-proposition? Il avait peut-être raison de la refuser. Pourquoi
Ottawa venait-il avec une contre-proposition quand les onze ministres
s'étaient entendus à Edmonton et pourquoi le Québec a-t-il
refusé cette proposition sur la responsabilité?
M. Dutil: Avant de répondre précisément
à la question du député, je pense qu'il est tout à
fait aléatoire de penser qu'il n'y aura pas d'élection avant
l'année prochaine. Même s'il y avait eu une élection, il ne
serait pas impossible de revenir avec les crédits périmés,
j'imagine, et de retenir la remarque. Elle est aussi valable, qu'il y ait eu ou
non une élection.
M. Blais: II va y avoir des députés
périmés aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est possible.
M. Dutil: Effectivement, M. le Président, il y a eu des
rencontres auxquelles a fait référence le député de
Terrebonne concernant cette problématique qui dure depuis un certain
nombre d'années. Les provinces ne sont pas d'accord avec la suggestion
fédérale qui était, à toutes fins utiles, le statu
quo. On sait qu'actuellement il y a une cause en Cour suprême dont on
nous annonce la décision pour cet été. Le
député de Terrebonne me fait signe que oui en se prenant une
cigarette. Alors, j'imagine qu'il sait à quelle cause je fais
référence. C'est la décision de la Cour suprême dans
l'affaire AGT, Alberta Government Telephone, et CN-CP. (17 h 15)
J'ai eu l'occasion de discuter de ce sujet avec le ministre
fédéral actuel. Il faudra attendre la décision de la Cour
suprême qui peut avoir une importance considérable dans les
discussions ultérieures que nous aurons sur le partage des
compétences. Notre position, si j'avais lu, tout à l'heure,
complètement mon allocution d'introduction, le député
aurait pu s'en rendre compte. De toute façon, il aura une copie de cette
allocution et, il pourra le voir, notre position n'est pas différente de
celle qu'elle était et de celle qu'il a citée tout à
l'heure.
M. Blais: Celle d'Edmonton.
M. Dutil: On se prépare à une négociation
qui pourrait survenir rapidement, à la suite du jugement de la Cour
suprême.
M. Blais: C'est comme la cause de la langue française.
Vous attendez la Cour suprême pour vous faire une idée, mais,
depuis trois ans, depuis Edmonton, vous n'avez pas eu le temps encore. Quand
ça va arriver, vous aurez eu le temps d'avoir des avis juridiques, ou
avez-vous déjà une proposition sur la table, quel que soit le
résultat de la Cour suprême? Est-ce que vous avez, si la Cour
suprême dit oui ou si elle dit non, déjà une position
arrêtée dans les deux cas, ou si vous êtes à l'image
des autres, de votre chef, pour ne pas le nommer, et vous attendez que les
choses arrivent avant d'essayer de trouver des solutions?
M. Dutil: M. le Président, je dois vous dire que ce n'est
pas nous qui attendons le jugement de la Cour suprême, c'est le
gouvernement fédéral. Nous estimons que la balle est dans le camp
du fédérai à ce sujet. Une proposition avait
été faite par les provinces, à Edmonton, et on pensait
bien que cette position finirait par rejoindre tout le monde, y compris,
à ce moment, le gouvernement fédéral. Cela n'a pas
marché. Nous estimons, quant à nous, que la balle est dans le
camp du fédéral de ce côté, et il souhai- te
attendre le jugement de la Cour suprême. Ce que nous faisons, c'est que
nous nous préparons évidemment à une négociation
qui sera vraisemblablement dans le cadre des positions antérieures qui
étaient connues. Si vous me le permettez, je vais rapidement lire ce
qu'on retrouve dans mon allocution du début: Dans l'éternel
dossier de la juridiction en matière de télécommunication,
une décision de la Cour suprême attendue pour les prochaines
semaines, avant l'été sans aucun doute, relancera le
débat. Cette décision porte sur la cause opposant l'Alberta
Government Telephone et Télécommunications CN-CP. Elle pourrait
avoir des répercussions importantes sur les répartitions des
rôles et des responsabilités des gouvernements
fédéral et provinciaux en matière de
télécommunications. Ce que le Québec demande, c'est la
pleine juridiction sur la télécommunication intraprovinciale, le
gouvernement fédéral pouvant continuer à assurer la
juridiction sur les télécommunications interprovinciales et
internationales. Nous désirons la juridiction sur l'intraprovinciale
pour deux raisons principalement: nous voulons qu'il y ait, sur le territoire
québécois, une tarification qui soit la plus équitable
possible entre toutes les régions. Il y a actuellement des
disparités qui sont inacceptables et on se rappellera, c'est apparu dans
les journaux cet hiver, une dame, une résidente de Saint-Augustin, en
banlieue de Québec, qui devait défrayer des coûts
supplémentaires assez substantiels, comparativement à une voisine
de Cap-Rouge, pour appeler et faire des interurbains à Toronto où
vivait quelqu'un de sa parenté. Nous voulons aussi, par cette
juridiction sur les télécommunications intraprovinciales, faire
en sorte que le gouvernement du Québec ait un mot à dire au sujet
des investissements majeurs qui sont effectués dans le domaine de la
téléphonie. Je pense que je n'ai pas besoin de parler longuement.
On sait que c'est un domaine en pleine ébullition. Il y a beaucoup de
choses qui se font. La téléphonie, maintenant, est intimement
liée au développement informatique. Finalement, on se retrouvera
avec des investissements qui seront certainement encore plus
considérables dans le futur qu'aujourd'hui dans ce domaine.
M. Blais: D'accord, comme réponse, on attend le jugement
de la Cour suprême. Cela aurait été très court de
dire: On attend le jugement de la Cour suprême avant d'agir.
M. Dutil: M. le Président, j'avais dit ça, et
ça ne satisfaisait pas le...
M. Blais: Vous l'avez dit, mais vous avez parlé pendant
dix minutes ensuite pour me dire n'importe quoi. La réponse était
simple: On attend le jugement de la Cour suprême et, ensuite, on verra.
Cela aurait pris quinze secondes. Je m'excuse pour ceux qui écoutent.
J'aime les réponses courtes et précises. Ce que l'on
conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour
le dire arrivent aisément.
M. Dutil: Je vais prendre le commentaire du député
de Terrebonne. Son expérience parlementaire pour raccourcir les
débats étant éloquente, je vais m'inspirer de lui pour en
dire le moins long possible avec le plus de substance possible.
M. Blais: M. le Président, il y a la loi
fédérale sur la radiodiffusion et le caractère distinct du
Québec qui est en l'air et il y a longtemps qu'on en parle, mais, tout
dernièrement, le ministre fédéral des Communications
déposait, devant la Chambre des communes, le 12 avril dernier, il n'y a
pas tellement longtemps, une version modifiée du projet de loi sur la
radiocommunication, la loi originale datant de plus de cinq ans, qui
était morte au feuilleton l'automne passé, à cause des
élections. On rappelle qu'en avril 1987, commentant le rapport
Caplan-Sauvageau, votre ministère disait appuyer le principe de
reconnaissance du caractère distinct du système de
radiotélévision francophone. Le ministre a-t-il été
consulté avant le dépôt de cette nouvelle version de la loi
à Ottawa, et sur quels points est-il en accord ou en désaccord
avec cette nouvelle loi? Dans le cahier explicatif des crédits, aux
pages 31 et 32, la Direction générale des médias de votre
ministère dit avoir financé, conjointement avec le ministre des
Communications du Canada, une étude sur le caractère distinct de
la radiodiffusion québécoise et sur les meilleurs moyens de le
traduire dans le projet de loi fédéral sur la radiodiffusion.
J'aimerais savoir, d'abord, quelle était la substance de l'étude
qui a été faite conjointement par des membres de votre
ministère et ceux d'Ottawa, et si le projet de loi qui a
été déposé correspond à la substance de
l'étude effectuée par vos hauts fonctionnaires et ceux d'Ottawa
pour dire ce qu'ils voulaient de ce projet de loi qui donnerait un
caractère distinct à la télévision francophone du
Québec.
M. Dutil: M. le Président, de ce
côté-là, nous avons été consultés. Ce
qui m'étonne, c'est que le député mentionne que le projet
de loi a été déposé et, à notre
connaissance, il ne l'a pas été. Il semble bien qu'il y a de
nouveaux amendements sur lesquels nous nous attendons à être
consultés avant le dépôt. Quoi qu'il en sort, pour
répondre en substance...
M. Biais: II y a un communiqué de M. Masse qui disait
qu'il serait déposé le 12 avril. Bien sûr, je
n'étais pas à Ottawa pour le dépôt lui-même,
mais je présume, comme un bon politicien, que les autres politiciens
sont du même acabit et disent la vérité, et j'ai
pensé qu'il était déposé. Il est possible que le
dépôt ait été retardé de quelques jours, mais
il est sur le point d'être déposé. Le ministre des
Communications, votre homologue fédérai, a dit qu'il était
prêt à le déposer. S'il est prêt à le
déposer, c'est donc qu'il est conçu. Est-ce que vous avez eu des
communications - c'est le cas de le dire - avec votre homologue
fédéral pour savoir si ce projet de loi répond aux
demandes des hauts fonctionnaires de votre ministère et de celui
d'Ottawa?
M. Dutil: Ce qui me fait dire que ça n'a pas
été déposé, c'est qu'une rencontre est
prévue entre mon sous-ministre et l'Intervenant fédéral
qui s'occupe de ce dossier et la discussion portera sur certains amendements
à être apportés avant le dépôt de ce projet de
loi. Je ne veux pas parler des échéances que le gouvernement
fédéral pourrait avoir, mais il reste certainement des
discussions et je peux assurer la commission qu'actuellement, sur le plan des
consultations faites par le fédéral, on ne peut pas dire que nous
sommes insatisfaits. On peut dire que les consultations se déroulent de
façon correcte.
Est-ce que le document final, la loi qui sera déposée sera
entièrement satisfaisante, à notre gré? Nous le verrons
plus tard et nous réagirons en conséquence, s'il y a lieu. Pour
l'instant, il y a satisfaction quant au mode et aux consultations qui sont
faites.
Libre-échange et
câblodistribution
M. Blais: D'accord, M. le Président. Une question qui sera
un tout petit peu plus longue cette fois-ci, vous m'en excuserez d'avance,
à cause de l'importance du sujet: Accord de libre-échange et les
droits de retransmission par câble. Il y a trois formes de discrimination
là-dedans pour le Québec. En vertu de l'article 2006 de l'accord,
les câblodistributeurs devront, au plus tard le 1er janvier 1990, et ce
à la suite d'une modification à la Loi canadienne sur le droit
d'auteur, payer des "royalties* ou redevances aux Américains dont ils
captent et retransmettent les émissions. Je suis persuadé que
tout le monde autour de vous est au courant de ça.
Dans le projet de règlement afférent paru à la
Gazette du Parlement fédéral le 4 mars dernier, les
définitions proposées du signal local et du signal
éloigné ne correspondent pas aux définitions que les
Américains donnent. Donc, il y a deux définitions pour un signal
local et un signal éloigné.
Dans un document d'analyse du projet de règlement, l'Association
canadienne des diffuseurs par câble souligne que les abonnés
canadiens paieront une redevance pour des signaux de télévision
des États-Unis alors que, dans l'autre sens, des foyers
américains câblés pourront recevoir les signaux canadiens
sans subir une hausse due à semblable redevance, même si ces
signaux transfrontaliers sont captés dans des conditions identiques
à celles des Canadiens captant des signaux américains. Je dis
'Canadiens" parce que le libre-échange concerne l'ensemble du Canada,
mais je sais que, pour notre juridiction, c'est la partie
québécoise qui nous regarde. Cette situation est provoquée
par
l'absence d'harmonisation entre les définitions autant
américaines que canadiennes des mots "signal local" et "signal
éloigné". L'exemple le plus patent, selon les règlements
américains, est le signal CFCF-12. Le canal 12 de Montréal, est
considéré local à Burlington, au Vermont, alors qu'ici la
station de Burlington affiliée à CBS sera un signal local ou
éloigné, suivant une ligne tracée pas les
Américains. Les gens capteraient Burlington ici. Il y en a qui
paieraient des "royalties", des redevances aux États-Unis et d'autres
qui le captent n'en paieraient pas, tandis que des Américains
capteraient notre canal 12 et personne n'aurait de "royalties" à payer.
Il y a trois formes de discrimination qui guetteraient ici l'application de
l'accord des règlements afférents au lac Meech, l'article 2006:
une discrimination entre foyers câblés, une discrimination
possible entre les abonnés d'une même compagnie de
câblodistribution - je parle de Burlington, entre autres - et une
discrimination entre les abonnés près de Montréal ou un
peu éloignés de Montréal.
La question est la suivante, M. le ministre. Le ministre est-il d'accord
avec ces conséquences de l'application de l'Accord de
libre-échange et quelles représentations entend-il faire
auprès de son homologue fédéral? On les a toujours dans
les jambes. Si on était tout seul, on serait-y bien! Si c'était
vous qui étiez décisionnel; pensez-y deux secondes. Je ne veux
pas parler de politique, mais on doit toujours aller demander à papa ce
que son fils doit faire. Si on avait de pleins pouvoirs, si on était
souverains, on n'aurait pas à discuter ce que les autres pensent pour
nous; on penserait et on dépenserait nous-mêmes. Ce serait
extraordinaire. En tout cas, ce n'est pas de cela dont je veux parier. Au
moins, pour l'harmonisation des définitions des mots "signal
éloigné" et "signal local", est-ce que le ministre a quelque
chose à nous expliquer pour qu'il y ait entente?
M. Dutil: M. le Président, évidemment, le
député n'a pas pu s'empêcher de parier de la
possibilité d'établir une barrière autour du
Québec, de ne plus recevoir aucun signal et de ne plus en envoyer aucun,
ce qui réglerait probablement notre problème...
M. Blais: Démagogue!
M. Dutil: Sauf que je pense que la réalité du monde
moderne, c'est que les signaux traversent les frontières et qu'ils sont
perçus de part et d'autre de la frontière. Évidemment, il
faut que, dans un accord de libre-échange, les parties soient
satisfaites et que chacun y trouve son compte; c'est bien évident. Donc,
s'il y a des injustices, il faut intervenir et s'assurer qu'on trouve autant
notre compte à diffuser qu'à recevoir des signaux. Quant aux
aspects plus techniques, je demanderais à mon sous-ministre de donner
certaines informations là dessus, si le permettent le
député de Terrebonne et le président.
Le Président (M. Trudel): M. le sous-ministre, est-ce que
vous voulez vous identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats?
M. Pigeon (Jacques): Mon nom est Jacques Pigeon, sous-ministre
des Communications. Cela ne fonctionne pas?
Une voix: Cela fonctionne tout seul.
M. Pigeon: Cela fonctionne tout seul? Excellent! Je suis loin
d'être un spécialiste de cette question extrêmement
complexe. Nous avons, au ministère, un spécialiste qui suit cela
de très près. Ce que j'en sais, c'est ceci. Dans l'accord, il a
été convenu que les dispositions qui s'appliqueraient aux signaux
américains seraient les mêmes que celles qui seraient
appliquées aux signaux canadiens, dans le cadre de l'implantation de la
Lof sur le droit d'auteur. Donc, il a été décidé
qu'on traiterait les signaux canadiens, les signaux éloignés qui
sont sujets à redevance, de la même façon que seraient
traités les signaux américains.
Tout à l'heure, vous avez cité le cas de CFCF; c'est un
cas très particulier. Cette station diffuse un grand nombre
d'émissions américaines pour lesquelles elle paie des droits ou
qu'elle achète littéralement et pour lesquelles elle obtient le
droit de retransmission simultanée pour éviter, par exemple,
qu'un Québécois de Montréal regarde d'abord une
émission sur une chaîne américaine qu'il reçoit par
câble et, ensuite, sur CFCF. Il y a des accords qui ont été
signés et qui sont ratifiés par le CRTC en vertu desquels les
émissions peuvent être diffusées simultanément ou,
dans certains cas, avant le temps, avant que le signal américain entre
par le câble, par l'un des réseaux. Donc, pour les
émissions de langue anglaise achetées en propre, ainsi, il y a un
certain nombre d'éléments qui sont particuliers. (17 h 30)
Globalement, c'est la Loi canadienne sur le droit d'auteur qui va
s'appliquer. Deuxièmement, tout cela fait l'objet, je pense, à
l'heure actuelle, d'une négociation entre le Canada et les
États-Unis pour définir les signaux proches et
éloignés. Sachez que ce système, ce mécanisme de
redevances va exister également à travers le Canada. Un signal
qui dépasse ce qu'il rejoint normalement par voie hertzienne tombe dans
ce qu'on appelle la région éloignée et celui qui le
reprend, généralement par le biais de la câblodistribution,
devra verser une redevance à celui qui le diffuse dans sa source
originale. Et toutes ces questions-là ont été
soulevées à quelques reprises dans le cadre de l'entente de
concertation et d'harmonisation. Et si vous voulez avoir des informations plus
précises et plus détaillées
sur ce sujet fort complexe, on pourrait s'arranger pour vous les donner
à votre convenance.
M. Blais: On pourrait se parler en dehors de la commission
à ce sujet-là. Il y a beaucoup de choses que je serais
très intéressé à avoir, surtout si vous avez de la
documentation pour étoffer votre propos qui était très,
très percutant.
M. le ministre, une question sur la radio et la chanson
française. En 1987, le CRTC a diminué de 65 % à 55 % le
pourcentage de musique vocale, c'est-à-dire la chanson française
devant être diffusée. Il y a aussi, en sous-question
là-dessus... On dit qu'on est censé revenir à 65 % le 31
août 1989. On va voir. Il y a une question que j'aimerais bien vous
poser. Est-ce que c'est vrai que, du seul fait d'annoncer une chanson en langue
française, le temps que dure cette chanson-là est compté
pour du temps francophone même si la chanson est dans une autre
langue?
M. Dutil: Pour répondre à votre première
question qui était de savoir si...
M. Blais: Vous pouvez en prendre note. Mais, si vous ne le savez
pas et que personne de l'autre côté ne le sait, j'aimerais
beaucoup...
M. Dutil: Le savoir.
M. Blais:... oui, avoir un suivi sur cette question-là. On
me laisse croire depuis quelques années que... Supposons que je suis
animateur de radio - c'est une chose que je ne détesterais pas,
d'ailleurs - je dirais...
M. Dutil: L'annonce est faite.
M. Blais: II faudrait que j'aie 55 % de contenu francophone. Le
fait d'annoncer une chanson... Supposons que je dirais: Voici maintenant Dean
Martin, dans Pizza Pie. Et la chanson de Dean Martin jouerait pendant 2 mn 45
s. Le temps de l'annoncer et la chanson, même si elle est en langue
anglaise, compterait pour du temps francophone dans les 55 %. Si c'est vrai,
c'est énorme la différence que ça fait. Et, comme ministre
des Communications, j'aimerais beaucoup que vous regardiez ça.
M. Dutil: On va effectivement regarder cette chose-là, M.
le Président. Je n'ai pas le renseignement. Je ne pense pas que personne
l'ait ici. Cela serait étonnant. En tout cas, ce serait certainement
contourner l'esprit du permis qui est accordé que d'utiliser un tel
subterfuge pour diminuer, à toutes fins utiles, la présence du
français sur les ondes de la radio, l'objectif étant
évidemment que la chanson soit française en plus de l'annonce de
la chanson.
Quant à la première question du député de
Terrebonne qui concernait le pourcentage de chansons françaises, il
mentionnait la date du mois d'août 1989 pour cette
décision-là. Il y a des audiences qui se feront à ce
sujet-là au
CRTC au mois de juin et où nous serons présents.
Radio-Québec
M. Blais: Si vous voulez bien, M. le ministre, nous allons passer
à Radio-Québec. D'abord, je voudrais saluer Mme Françoise
Bertrand, en fonction depuis le mois d'août.
M. Dutil: Oui, si vous me permettez de faire venir Mme
Bertrand.
M. Blais: Je voudrais d'abord féliciter Mme Bertrand pour
sa nomination. Elle est en fonction depuis le mois d'août. Je suis
certain de la compétence de madame, et je trouve malheureux que vous
subissiez des coupures. C'est toujours difficile pour une
présidente-directrice de monnayer le décroissement d'un budget.
Alors, je tiens à vous féliciter d'avoir accepté le
défi malgré tout, parce qu'en 1986-1987 il y a eu des coupures
budgétaires de 8 000 000 $ à Radio-Québec, une
réduction de 128 postes, la fermeture de quatre des neuf stations
régionales (Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Hull) et
l'abolition des neuf comités régionaux. Tout cela, ce sont des
coupures qui donnent beaucoup moins de pouvoirs à une directrice et qui
lui donnent beaucoup moins de chances de faire valoir ses capacités.
En 1989-1990, un manque à gagner de 2 300 000 $ vient se rajouter
sur le total de la subvention de 61 800 000 $ eu égard à
l'indexation des salaires, en plus. Revenus autonomes ajustés à
la baisse par rapport aux prévisions de 1988-1989 en plus. Les
conséquences d'une diminution du nombre d'heures de production et de
diffusion par rapport à 1988-1989: un budget déficitaire au
début de l'exercice de 1 800 000 $.
Dans le mémoire soumis à l'intention des membres de la
commission de la culture à l'occasion de l'étude des
crédits de 1989-1990, la Société de
radio-télévision du Québec écrit, en page 4, que
son contexte budgétaire s'avère de plus en plus difficile. Quand
on sait lire entre les lignes, cela veut dire: Presque impossible. Les revenus
autonomes 1989-1990 sont de l'ordre de 13 300 000 $, soit 17, 7 % des revenus
totaux comparativement à 12 900 000 $ pour 17, 3 % des revenus totaux en
1988-1989. Il y a donc encore des revenus autonomes passant de 12 900 000 $
à 13 300 000 $, encore un revenu supplémentaire.
Ma question est très simple, M. le ministre. Bien qu'il ait
été revu à la baisse cette année, malgré les
objectifs initiaux de 1988-1989, le revenu autonome n'en continue pas moins de
progresser. Jusqu'où cette part d'autofinancement peut-elle aller en
croissant sans que la publicité ne vienne envahir les ondes de
Radio-Québec au
même titre que chez les autres télévisions
concurrentes?
Deuxième question: Le ministre et la présidente de
Radio-Québec ne craignent-ils pas que l'augmentation de la part
d'autofinancement puisse aller de pair avec un désengagement progressif
de l'État par rapport à sa subvention d'équilibre? Le
ministère, au fur et à mesure qu'on vendrait des annonces,
diminuerait les subventions données à Radio-Québec et cela
ferait porter des jugements un peu négatifs par l'ensemble de ceux qui
regardent et qui analysent. Voilà mes deux questions pour le moment.
M. Dutil: Des discussions que j'ai eues avec Mme la
présidente, elle pourra vous le confirmer, on ne s'attend pas que les
revenus autonomes puissent croître d'une façon considérable
dans l'avenir. Je pense que la partie de revenus autonomes qui est
consacrée et qui cette année est plus conservatrice - si je peux
employer ce terme - pour éviter des erreurs et qu'on n'atteigne pas cet
objectif... Ce que l'on retrouve dans le budget - ce sera ma dernière
remarque; si vous le permettez, je passerai la parole a Mme Bertrand sur cela -
on voit qu'il y a une hausse relativement faible par rapport aux
dépenses de l'année dernière dans le budget de cette
année qui représente à peu près 1 %. Je tiens
à mentionner que le gouvernement a accepté de rembourser un
montant de 10 000 000 $ sur deux périodes - le premier versement de 5
000 000 $ se fera en 1993 - et d'assumer une certaine partie des coûts
d'intérêt et cela a pour effet de diminuer les dépenses de
Radio-Québec de 1 000 000 $ et, donc, la subvention n'a pas
été reconduite puisque le gouvernement l'assume, d'autre part. Ce
1 000 000 $ représente 1, 6 % du budget de transfert que le gouvernement
accorde à Radio-Québec. Je pense que c'est un point important. Ce
que cela voudrait dire, si on additionne ces 0, 9 % à ce 1, 6 %, on voit
que la hausse effective de revenus ou la diminution des dépenses, parce
que l'État assume cette différence, ce serait plutôt 2, 5
%.
M. Blais: Mme la présidente-directrice, j'aurais une
question bien précise. Les émissions de Radio-Québec
proviennent de trois sources différentes, on le sait: la production
autonome, les acquisitions et les coproductions. Au total, en 1989-1990, cela
représente 1500 heures, soit une diminution de 144 heures de diffusion
dans l'année qui vient. Je cite Radio-Québec, dans son
mémoire à la page 16: "Cette diminution est une
conséquence directe du plafonnement des revenus à
Radio-Québec. " C'est donc dire une conséquence directe des
coupures du ministre des Communications.
Deuxièmement, diminution des diffusions et augmentation des
reprises. En plus de couper le nombre d'heures il y a une diminution des
diffusions et il y a une augmentation sérieuse des reprises au point
qu'on va l'appeler le poste des reprises. La diffusion prévue pour
l'exercice 1989-1990 représente 4155, heures soit une diminution de 785
heures ou 15 % par rapport à l'année passée. Qui plus est,
à l'heure de forte écoute dite "prime time" pour employer un
anglicisme de bon aloi, soit de 18 heures à la fermeture, les reprises
et les rediffusions passent de 37 % en 1988-1989, ce qui était
déjà énorme et trop, à 43 % en 1989-1990, du nombre
d'heures de diffusion. On est rendus à 43 % de reprises. C'est
énorme. Je sais que le ministre en frémit, mais cela demeure
énorme. En plus, L'auditoire, qui s'appelait L'autre
télévision, était de 5; il passe à 4, à 3 et
s'en va en diminuant, et ce n'est pas la faute de la directrice, mais celle de
la politique d'alimentation financière qu'on vous fournit pour exercer
vos talents. Alors, quelle est votre réaction en commission, ici, devant
votre ministre, à votre gauche, pour nous dire que, si ça
continue ainsi, eh bien, vous ne pourrez pas remplir le rôle qu'on vous a
commandé de remplir?
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, le
règlement stipule que vous pouvez répondre à la question
et que, sur les questions techniques, vous pouvez demander à Mme la
présidente-directrice générale de Radio-Québec de
répondre.
M. Dutil: D'après ce que je peux voir, M. le
Président, je pense qu'il serait préférable que la
présidente réponde étant donné que la
crédibilité de ma parole semble moins solide que celle de Mme la
présidente.
Le Président (M. Trudel): Je vais l'accepter mais, quand
on pose à un fonctionnaire, aussi présidente-directrice
générale soit-elle, une question d'opinion, en principe, je
devrais dire non. Compte tenu du fait que vous accordez à Mme la
directrice générale la permission de répondre, je vais le
lui permettre. Alors, Mme Bertrand, tout en vous souhaitant la bienvenue
à cette commission.
Mme Bertrand (Françoise): Merci, M. le Président.
Mesdames et messieurs, je commencerais peut-être par répondre
à M. Blais en lisant un extrait de ce que j'avais préparé,
mais que, semble-t-il, je n'aurai pas l'occasion de vous lire. Je dirai que
Radio-Québec est une société d'État qui doit et qui
veut, à l'instar de tous les autres organismes gouvernementaux,
participer à l'effort collectif visant à nous rendre à la
fois plus efficaces et plus efficients. Radio-Québec est consciente de
ses responsabilités et elle est soucieuse d'administrer avec la plus
grande rigueur les fonds publics qui lui sont confiés.
Conséquemment, j'aimerais peut-être dire que, oui, en
effet, les heures de production et les heures de diffusion seront
diminuées durant l'exercice 1989-1990. Cependant, le budget
alloué à la programmation demeure constant et il faut lire aussi
que nous disons, à la page 16, que
nous ferons une production différente. En fait, ce que nous avons
fait, nous avons opté aussi pour la qualité. Nous avons dit:
Produire des émissions-jeunesse fait en sorte qu'à l'écran
il n'y a peut-être pas vraiment, en termes de production originale, un
nombre d'heures supplémentaires, mais, en termes de réalisation
de ces émissions, on ne peut pas dire que, par exemple, une
émission dramatique demande le même nombre d'heures de production
que demande une émission genre discussion autour d'une table ou les
chaudes chaises, comme on les appelle dans notre métier.
Donc, le pari de Radio-Québec à ce moment-ci -
peut-être n'est-ce pas assez souligné pour vraiment le faire
ressortir - selon la remarque que nous retrouvons à l'avant-dernier
paragraphe de la page 16 nous avons fait des choix difficiles au plan
administratif mais, au plan de la programmation, nous avons misé pour
maintenir un service pertinent pour la société
québécoise.
M. Blais: Très bien, madame. J'apprécie la
délicatesse de votre réponse. Vous n'avez ébranlé
les colonnes du temple de personne et je vous en sais gré parce que
c'est normal dans le poste que vous occupez. Mais il arrive ceci. On sait aussi
une chose, que cette délicatesse peut vous revenir comme un boomerang et
ce serait l'occasion, je crois, de dire qu'il vous manque des fonds parce que,
vous le savez, dans le domaine des communications et dans le domaine culturel,
nous sommes les cibles des gens qui ont les compétences aussi de nous
juger et de juger, dans votre cas, la production de Radio-Québec. Je
sais que, si vous aviez suffisamment d'argent, Radio-Québec serait
encore de meilleure qualité. Je n'en doute pas un instant. Cependant, ce
qui est malheureux, si on n'en réclame pas ensemble du ministère,
c'est qu'on aura d'autres critiques comme celles-ci. Dans Le Devoir du
1er novembre 1988, M. Jean-V. Dufresne disait en parlant de
Radio-Québec: "Mission éducative, pensait-on. Or cette
expression, à la faveur de contraintes budgétaires, bien
sûr, a servi de prétexte aux programmations les plus disparates,
aux poursuites illusoires de la grande cote d'écoute. À vrai
dire, la programmation n'a fait qu'accélérer un
phénomène de décomposition du mandat. " (17 h 45)
M. Bernatchez, dans La Presse, le même mois: "J'ai
qualifié Radio-Québec de marché aux puces. Un
collègue a parlé de véritable effondrement. Très
réussi le lancement de la programmation 1988-1989. Le problème
c'est que la fusée a explosé en plein vol et qu'une partie de
l'équipage s'est déjà volatilisée. Pourquoi le
monde ne regarde pas ce qui est regardable à Radio-Québec? Parce
qu'on ne sait plus ce qu'est Radio-Québec. On a vu plusieurs affaires
disparaître dans le "blinder du vroom". Une dernière, pour ne pas
trop vous accabler, M. le ministre. De Lysianne Gagnon, le 16 mars 1989: "Cette
télévision publique, sensée être éducative,
qui est aujourd'hui descendue au niveau du plus bas commun dénominateur
du peuple québécois, Radio-Québec, s'acharne, dirait-on,
à copier ce qu'il y a dans les chaînes privées et ce que
les chaînes privées font de pire. "
Je ne voudrais, pour aucune considération, que le fait qu'il y
ait des critiques aussi acerbes contre la programmation de Radio-Québec
soit imputé à la directrice. Je sais qu'elle a la
compétence pour bien faire. Elle n'est même pas imputable au
ministre des Communications, mais à la politique du parti que vous
défendez, qui n'a pas le sens de la culture et du développement
du niveau intellectuel du peuple québécois. Alors, M. le
ministre, si vous ne voulez pas subir d'autres critiques de cette sorte, quand
allez-vous demander qu'on donne à Radio-Québec les fonds
suffisants pour accomplir le mandat que le gouvernement lui confie?
M. Dutil: M. le Président, en ce qui concerne la
programmation, Mme Bertrand pourrait souligner certains aspects que nous avons
discutés ensemble, mais qui relèvent davantage de sa
compétence. Mais, au sujet des accusations acerbes du
député de Terrebonne contre les politiques de notre gouvernement,
je ne voudrais pas rappeler dans quel marasme administratif nous nous sommes
retrouvés en décembre 1985, parce que...
M. Blais: Quand on est au pouvoir, on subit les foudres. Quand on
est au pouvoir, on défend son gouvernement. On n'arrête pas de
parler du butin de Duplessis. Il est mort, il y a longtemps.
M. Dutil: J'essaie de replacer les choses dans leur contexte, et
le contexte c'était celui d'une grande difficulté sur le plan
budgétaire, parce que, quand les gens de l'autre côté
étaient au pouvoir, ils ne comptaient pas. Nous, nous pensons que, pour
le plus grand bienfait des citoyens du Québec et de leur portefeuille,
il faut compter. Il faut se rendre compte que, même si les besoins sont
illimités, il n'y a pas de dollars illimités dans le fond d'un
coffre au Conseil du trésor. C'est ce que je veux illustrer, M. le
Président.
Je pense que Radio-Québec n'est pas traitée d'une
façon plus difficile que les autres sociétés.
Radio-Québec a une hausse que j'estime équivalente à 2, 5
% selon le calcul que j'ai fait tout à l'heure. Il faut tenir compte de
ce montant de 1 000 000 $ de dépenses qu'on a enlevés à
Radio-Québec. Il le faut. Ce n'est pas dans les revenus, mais ce n'est
pas dans les dépenses non plus. Selon moi, cet aspect mérite
d'être souligné.
Quant aux critiques sur la programmation, je pense que Mme Bertrand
pourrait apporter des éclaircissements.
Mme Bertrand: Au chapitre de la program-
mation, Radio-Québec, bien sûr, est discutée cette
année. Cela nous a amenés à faire une planification
stratégique, et le conseil d'administration adoptera, le 9 juin, un plan
directeur avec des orientations très précises pour les trois
prochaines années afin d'assurer que nous respections notre mandat
éducatif et culturel.
M. Blais: Je vous remercie, Mme la directrice. Je sais que vous
mettez toute votre bonne volonté et tous vos talents qui sont nombreux
pour que la qualité de Radio-Québec soit là. Je suis avec
vous et je regrette amèrement qu'on ne vous donne pas les moyens de
faire éclore et vos talents et ceux du personnel que vous dirigez. C'est
le seul regret que j'ai à faire et ce regret s'adresse au ministre en
supplique pour demander à son gouvernement... Plutôt que de
périmer 1 800 000 $ dans l'année qui vient de passer, si on vous
les avait donnés, madame, les critiques qu'on a faites de
Radio-Québec n'auraient peut-être pas été les
mêmes. Sur ce, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Trudel): Merci, M. le
député. Dois-je comprendre que les programmes 1, 2, 3, 4 et 6
sont adoptés?
M. Blais: Adopté, oui, sauf accès à
l'information.
Le Président (M. Trudel): Oui, bien sûr. On se
retrouve en famille avec la Commission d'accès à l'information
qu'on voit plus souvent que nos propres familles dans une année. Je vous
remercie, M. le député de Terrebonne, ainsi que votre valeureux
critique et recherchiste.
Commission d'accès à l'information
M. le ministre, nous allons maintenant passer à la Commission
d'accès à l'information. Je salue au moins pour la
deuxième fois cette année, et, en ce qui concerne la commission
comme telle, c'est au moins la quatrième fois, M. le
député de Taillon?
M. Filion: On l'a vue. On la connaît.
Le Président (M. Trudel): Je pense que...
M. Filion: On a accès à la commission
d'accès.
Le Président (M. Trudel): Oui, on a accès à
la commission, à tout le moins. M. le député de Taillon,
je vous cède immédiatement la parole.
M. Filion: Je ne sais pas s'il y avait des remarques
préliminaires du ministre...
Le Président (M. Trudel): De la part du ministre?
M. Filion:... en ce qui concerne cette partie de ses
responsabilités?
M. Dutil: Elles sont faites.
Le Président (M. Trudel): Elles ont été
faites tantôt.
M. Filion: Elles ont été faites en ce qui concerne
la Commission d'accès à l'information.
M. Dutil: Je pourrais pour les besoins du député
de...
M. Filion: Non, mais est-ce par écrit?
M. Dutil: Oui. On m'a dit que l'écrit n'entrerait pas dans
les débats mais que le texte de l'allocution que j'ai
présentée - je ne l'ai pas dite au complet - va être
donné à l'Opposition. Alors...
M. Filion: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Dutil: On en a des copies ici.
M. Filion: Une copie juste pour cette partie et on pourra
revenir.
M. Dutil: On va vous en trouver une.
Budget de la commission
M. Filion: Pour débuter, quelques questions sur le budget.
On a fait l'inventaire des crédits dévolus à la Commission
d'accès à l'information depuis 1983-1984. On a fait un peu
l'historique de la commission bien avant que ne soit en fonction le
président actuel, que je salue cordialement, et on a constaté,
d'abord, qu'il y a une petite différence entre l'augmentation des
crédits selon qu'on se réfère à la Commission
d'accès à l'information ou selon qu'on se réfère au
livre des crédits du Conseil du trésor. Il y a une petite
différence, mais tellement minime qu'on n'en parlera pas. Toutefois, il
est notable de constater que, de 1983-1984 jusqu'à 1985-1986, le
gouvernement avait imprimé une nette progression aux crédits de
la Commission d'accès à l'information. Or, depuis 1986-1987, le
budget de la Commission d'accès à l'information non seulement
n'augmente pas, mais est en train, grosso modo, de stagner. Et même, en
1985-1986, M. le ministre, c'était 3 000 000 $ alors que cette
année, 1989-1990, c'est 2 400 000 $. Je ne sais pas si vous avez ces
chiffres devant vous, mais cela représente une diminution de 31 %. Ma
question est simple: vu que dans son rapport annuel la Commission
d'accès à l'information disait qu'elle était au seuil d'un
deuxième souffle, est-ce que le budget actuel est suffisant pour
permettre à ce deuxième souffle de contenir un petit peu
d'oxygène?
M. Dutil: M. le Président, si Je compare le budget de
1988-1989 à celui de 1989-1990, nous constatons qu'il y a une hausse de
l'ordre de 4, 9 %, c'est-à-dire tout près de 5 %. Il est donc
faux de prétendre que la Commission d'accès à
l'information n'a pas l'argent qu'il faut, l'oxygène qu'il faut, pour
donner le service, pour assurer le suivi des dossiers, comme elle pouvait le
faire dans les années antérieures. Pour faire valoir sa
thèse, le député de Taillon remonte à plusieurs
années auparavant, à un budget qui, selon les informations dont
je dispose, était effectivement un peu plus élevé, parce
qu'on parlait de l'Implantation de l'informatique, entre autres, et qu'il
s'agissait d'une partie de dépenses non récurrentes. Je suis
convaincu que mettre sur pied un organisme est plus dispendieux que de lui
permettre de continuer, s'il n'y a pas, évidemment, augmentation de son
débit, que de lui donner les ressources nécessaires lorsqu'il est
bien organisé, qu'U a une certaine expertise, qu'U a un passé,
comme c'est le cas de la Commission d'accès à l'Information qui a
une existence de quelque cinq à six années. Pour les fins de nos
discussions, je pense qu'il faut faire la comparaison entre le budget de
l'année dernière et celui de cette année, et alors on
s'aperçoit que les ressources n'ont pas été
diminuées; au contraire, elles sont haussées, en dollars, de 5
%.
M. Filion: Soyons concrets, M. le ministre, elles ont
augmenté de 97 000 $, ce qui couvre à peu près
l'indexation des traitements. On va se comprendre, mes questions vont
être bien courtes. Premièrement, la Commision d'accès
à l'information a 97 000 $ de plus, mais cela couvre l'indexation des
traitements. Deuxièmement, passer de 3 000 000 $ à 2 400 000 $,
c'est quand même une chute qu'on ne peut négliger. Vous dites
qu'au début il en coûte plus cher, mais une fois que c'est sur
pied, ça navigue. C'est comme un bateau, il faut le construire, mais une
fois qu'il... Alors, comment expliquer qu'en pleine navigation, au moment
où l'organisme lui-même se dit - je n'ai aucune difficulté
à le croire, étant donné qu'on connaît le fond des
dossiers sur lequel je n'insiste pas, parce que c'est un exercice qu'on a fait
très souvent - au seuil du deuxième souffle, il a le même
budget ou à peu de chose près. L'indexation des traitements est
couvert, il y a toujours le même nombre de postes, 42, et il y a beaucoup
de travail à faire. Je vais vous poser quelques questions à ce
sujet. Je considère que le budget n'est pas équitable.
M. Dutil: II est absolument indéniable que 5 % de 1 000
000 000 $, ça fait 50 000 000 $, et que 5 % de 2 357 000 $, ça
fait 97 000 $. Ma petite calculatrice m'a donné exactement ces
chiffres-là tout à l'heure. Cinq pour cent d'un petit chiffre,
ça ne donne pas un aussi gros résultat que 5 % d'un gros.
Qu'est-ce que vous voulez que je dise au député de Taillon?
Il est évident qu'on n'accorde pas des hausses proportionnelles
à un gros budget quand c'est un petit budget. Le budget de la Commission
d'accès à l'information était de 2 357 000 $
l'année dernière. Or, la commission assume le même
rôle que l'année dernière. Si on lui donne l'indexation des
traitements, 4, 9 % ou 5 %, plus quelques petites choses, elle sera en mesure
d'assumer les responsabilités qu'elle assumait fort bien À moins
que le député de Taillon me dise que la Commission d'accès
à l'information n'assumait pas bien ses responsabilités dans le
passé, faute de ressources.
M. Filion: M. le ministre, ça fait trois fois que je vous
dis que son budget était de 3 088 000 $ en 1985-1986 et que, cette
année, il est de 2 400 000 $, soit une baisse de 31 %, avec ou sans
calculatrice. Vous ne pouvez pas nier cela.
M. Dutil: M. le Président, ça fait...
M. Filion: Vous me dites: Je compare avec l'an dernier. Moi, je
vous dis que la commission dont vous êtes titulaire est au seuil du
deuxième souffle. Vous leur dites: Pour le deuxième souffle, on
va vous donner ce que vous aviez à l'expiration du premier souffle. Cela
va bien!
M. Dutil: M. le Président, ça fait trois fois que
je vous dis, pour que vous le disiez au député de Taillon - parce
que je dois m'adresser à vous, si je me rappelle bien les règles
de la commission - qu'il y a trois ans il y avait 3 000 000 $, c'est possible,
je n'ai pas tous les détails, mais l'information que j'ai, c'est qu'il y
avait alors des aspects non récurrents d'une commission qui était
au début de son travail, qui devait s'installer. On ne peut pas
considérer que des parties non récurrentes reviennent
l'année suivante, parce que la définition de non
récurrent, pour l'information du député de Taillon, c'est
que ça ne revient pas. Une fois que c'est fait, on pense que ça
l'est fait pour un bon bout de temps et qu'il n'est pas nécessaire de
revenir.
Ce qu'il y a lieu de faire, c'est de comparer l'année
dernière et cette année, à moins que le
député de Taillon n'estime que, l'année dernière,
la commission n'avait pas les ressources financières suffisantes pour
réaliser pleinement son mandat, ce que je n'ai lu nulle part, mais, si
c'est le cas, il faut qu'il nous le dise. Les informations que j'ai, c'est que
la commission, l'année dernière, s'est acquittée de son
mandat d'une façon très correcte, qu'elle avait les ressources
qu'il lui fallait pour le faire et qu'il n'y avait pas de plainte de ce
côté-là. Donc, en réajustant ces ressources à
la hausse de 5 %, la commission aura, en 1989-1990, les ressources
financières pour assumer pleinement son mandat de la même
façon que l'année dernière.
Mandat d'examen du respect de la loi
M. Filion: M. le ministre, avez-vous lu les deux derniers
rapports annuels de la Commission d'accès à l'information?
M. Dutil: J'ai lu des choses, mais je ne me rappelle pas
exactement...
M. Filion: Le rapport annuel, c'est...
M. Dutil: Mais vous allez certainement me citer des choses.
M. Filion:... l'espèce de document un peu important.
M. Dutil: Ce que je vous suggère, c'est de me citer des
passages.
M. Filion: Cela fait le portrait de ce qui se passe à
l'intérieur d'un organisme dont vous êtes responsable.
M. Dutil: M. le Président, j'imagine que le
député de Taillon veut me citer des passages de ce document. Je
ne crois pas les avoir tous retenus par coeur. Alors, qu'il aille tout de suite
au fait.
M. Filion: Bon! Premièrement...
M. Dutil: Qu'il me cite exactement les passages.
M. Filion: D'accord. Deuxièmement, est-ce que vous
êtes au courant que la Commission d'accès à l'information a
pour mandat, entre autres, un examen du respect de la loi par les organismes
publics ou quasi publics qui sont sous sa juridiction?
M. Dutil: Est-ce que...
M. Filion: C'est une question.
M. Dutil:... le député de Taillon est en train de
me dire que la commission ne remplissait son rôle faute de ressources,
l'année dernière?
M. Filion: Non, je pose une question. Êtes-vous au courant
- vous pouvez me dire oui ou non - que la Commission d'accès à
l'information a un programme d'examen du respect de la loi auprès des
organismes publics qui sont sous sa juridiction? Pour vous aider, il y en a
environ 10 000 ou 12 000, peu importe le chiffre.
M. Dutil: M. le Président, est-ce que la question du
député de Taillon a pour effet de me dire, à moi, le
ministre des Communications, que l'année dernière la Commission
d'accès à l'infor- mation, qui avait le même mandat que
cette année, car il ne s'est pas ajouté dans son mandat des
choses qui exigeaient des ressources financières supplémentaires,
n'avait pas les ressources financières qu'il lui fallait pour
réaliser son mandat? (18 heures)
M. Filion: Oui. C'est cela que dit le rapport annuel. Et si vous
l'aviez lu, cela vous aurait dit que, faute de moyens suffisants,
précisément - vous voyez, en 30 minutes, on peut faire un bout de
chemin... La commission nous disait qu'ils ne pouvaient appliquer leur
programme d'examen du respect de la loi, qui consiste à aller piger des
organismes un peu partout, et que l'an dernier ils ont fait huit organismes sur
12 000 et que cette année ils vont en faire quatre. Pourquoi? Parce
qu'ils n'ont pas de moyens suffisants. Alors, ma question est simple. Vous vous
rendez compte que la commission est obligée de procéder a de
très petits échantillonnages pour vérifier que les
citoyens ont accès à de l'information contenue par des organismes
publics, et il y en a 10 000 ou 12 000. Donc, la commission n'avait pas de
moyens suffisants.
M. Dutil: M. le Président, il ne faut quand même pas
charrier. Est-ce que le mot "charrier" est un terme parlementaire? Est-ce que
je peux l'employer? Oui.
M. Filion: Je l'accepte.
M. Dutil: Oui. Il ne faut quand même pas charrier.
Le Président (M. Trudel): II en tiendrait surtout au
président de l'accepter, mais je l'accepte, oui.
M. Dutil: Oui, mais je pense que c'est très
évocateur comme terme quand on parle de 12 000 organismes. En tout cas,
avec les informations qu'on me donne, ce n'est pas 12 000, ce serait quelque
chose comme 3500 organismes, ce qui est déjà considérable,
j'en conviens avant que le député de Taillon
réintervienne, c'est déjà considérable. Mais c'est
quand même quatre fois moins.
M. Filion: C'est vrai, vous avez raison. Je me suis
trompé.
M. Dutil: II s'est trompé. Je suis heureux de voir que
ça vous arrive à vous aussi.
M. Filion: Oui, ça m'arrive.
M. Dutil: Oui, c'est ça. Je pense qu'on est des
êtres humains.
M. Filion: Surtout quand c'est le troisième ministre dans
la même journée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dutil: Alors, c'est 3600 et, de ces 3600, il y a 1500
municipalités dont certaines ne sont évidemment pas très
grosses, n'ont pas une documentation très considérable et
où l'urgence de ce mandat n'est peut-être pas aussi
considérable. Alors, ça se fait évidemment à un
rythme qui ne convient peut-être pas au député de Taillon.
Mais je voudrais lui mentionner que la Commission d'accès à
l'information a été créée sous le mandat du Parti
québécois en 1983. Donc, elle est restée deux
années sous le mandat du Parti québécois et, si je ne
m'abuse, à l'égard des ressources financières pour passer
1000 organismes par année comme semble nous suggérer le
député de Taillon, il faudrait faire ça sur un horizon de
trois ans peut-être.
M. Filion: Pas du tout, pas du tout.
M. Dutil: Pas du tout, non. En tout cas, les ressources
financières qu'avait accordées à ce moment-là le
Parti québécois pour les mandats qui étalent tout frais,
tout chauds sortis de l'Assemblée nationale en législation alors
qu'on les connaissait très bien, qu'il y avait eu des discussions en
profondeur...
M. Filion: M. le Président, le ministre ne comprend
absolument rien au dossier. Dans ces années-là,
premièrement on a donné 3 000 000 $. Deuxièmement, la loi
devait être implantée dans ces organismes. Maintenant, ce qu'il
faut faire, c'est s'assurer que la loi est respectée dans ces
organismes. Ce sont deux choses complètement différentes parce
qu'à environ 80 % ça va bien. Ils suivent la loi, mais la
commission est là, elle fait son échantillonnage et elle va
vérifier de quelle façon ça fonctionne dans les
établissements. C'est pour ça qu'ils vont à des places
comme l'Université Laval et d'autres endroits et s'aperçoivent
que c'est le cafouillis parce qu'il y a une résistance à livrer
l'information. Or, M. le ministre, je vous le dis bien simplement, je retourne
à ma question initiale après toute cette maïeutique. Est-ce
que vous ne croyez pas que la commission d'accès devrait avoir un peu
plus de sous pour notamment faire son programme d'examen du respect de la loi,
pour notamment assurer le rayonnement de la commission? Là-dessus,
puisque vous ne semblez pas avoir lu le dernier rapport annuel, la Commission
d'accès à l'information, dans son dernier rapport annuel,
déplore le fait que des limites lui soient imposées au plan des
ressources financières et qu'elle doive restreindre ses programmes
d'information et, partant, son potentiel de rayonnement. Vous le savez comme
moi, cela ne donne rien de mettre en place de belles structures si les citoyens
ne savent pas que ça existe. Il y a ces deux problèmes que Je
vous signale: le rayonnement de la commission et le programme d'examen du
respect de la loi où la commission... Je suis convaincu que, si vous
donniez la parole au président à votre droite, il dirait: Oui, ce
serait bon qu'on ait un petit peu plus de sous pour faire notre job. C'est tout
ce que je vous dis. N'ayez pas peur qu'on vous change de ministère
demain matin parce qu'on vous pose quelques questions.
M. Dutil: Non, non. M. le Président. Je n'ai pas
d'objection à ce que le président de la commission intervienne
sur ce sujet si ça peut rassurer le député de Taillon.
Encore là, il semble y avoir du côté de l'Opposition un
problème de crédibilité. Elle semble croire davantage les
présidents d'organisme que le ministre. Alors, je n'ai pas d'objection
à ce que le président intervienne si c'est le choix de
l'Opposition. Voulez-vous obtenir l'opinion de...
Le Président (M. Trudel): M. le président...
M. Filion: Écoutez, ce que je pense, c'est qu'il manque de
sous pour faire ces trucs-là. Est-ce que je me trompe ou ne me trompe
pas? Si vous en aviez plus, vous pourriez faire un examen plus complet...
M. Dutil: C'est évident. M. Filion:... et...
M. Dutil: C'est évident, lorsqu'on en a plus, on peut en
faire plus. Si le salaire des députés était plus
élevé, ils dépenseraient plus.
M. Filion: Non, non, mais est-ce que vous trouvez - je retourne
à M. le ministre - qu'un échantillonnage de quatre ou de huit sur
plusieurs milliers d'organismes est suffisant?
M. Dutil: Ce que je trouve, M. le Président, c'est que 3
000 000 000 $ de déficit, quand on est entrés au gouvernement,
c'était trop, qu'on vivait au-dessus de nos moyens, que les ressources
sont limitées et qu'il faut faire les choses les plus urgentes. Je pense
que la loi sur l'accès à l'information est une loi
intéressante et importante, qu'elle a permis de résoudre moult
problèmes, qu'elle en évite plusieurs autres, mais que,
évidemment, s'il y a plus de ressources on peut toujours en faire
davantage. Évidemment, on parle de la Commission d'accès à
l'information, mais on pourrait passer les 27 ministères, les 40
organismes directement, les 900 établissements du réseau de la
santé, les 1000 établissements du réseau scolaire et
toujours arriver à la même conclusion: Si j'avais plus de
ressources je pourrais en faire plus, mais j'ai ces ressources, alors je ne
peux pas faire tout ce dont j'aurais envie.
M. Filion: On a déjà entendu ça quelque
part. Étiez-vous au Conseil des ministres quand le gouvernement a
octroyé 25 000 000 $ à Blue
Bonnets?
M. Dutil: M. le Président... M. Filion: Je pense que
oui.
M. Dutil: M. le Président, on pourrait prendre chacune des
décisions du gouvernement et essayer de la discuter et de la
vérifier. Vous savez, notre gouvernement a pris comme optique que le
développement économique était quelque chose d'important,
qu'il avait des retombées. Je me rappelle une discussion que j'ai eue
avec un député de l'Opposition, ce n'était pas le
député de Taillon, mais je suis convaincu qu'on aurait pu avoir
la même discussion avec le député de Taillon. Il nous
disait: On est bien chanceux, il y a un développement économique
considérable qui se fait au Québec, et ça vous aide. Il
faut dire, M. le Président, que le développement
économique ne se fait pas tout seul, contrairement à ce que pense
l'Opposition. On y injecte de l'argent, on créé un climat, et
c'est ce qui fait, à un moment donné, que l'État du
Québec peut compter sur davantage de ressources pour assumer les
responsabilités qu'il a. Mais ce ne sera jamais parfait. On n'ira jamais
dans tous le champs. On peut essayer de faire croire à notre population
que les ressources financières sont infinies, mais ce n'est pas vrai. On
prend les ressources financières dans le fond de leurs poches, on les
taxe pour ça, et il s'agit de trouver le juste équilibre entre
les taxes qu'on perçoit des citoyens, les mandats et le travail qui doit
se faire en ce qui concerne nos diverses responsabilités.
On me parle de la Commission d'accès à l'information, ici,
aujourd'hui. Oui, elle pourrait faire plus si elle avait plus d'argent. Ce
n'est pas la question. La question, à mon point de vue, c'est: Est-ce
que la Commission d'accès à l'information a suffisamment de
ressources pour aller globalement répondre à son mandat et
satisfaire aux grandes orientations pour lesquelles elle a été
créée? Je pense que, de ce côté, la réponse
est oui. Si la réponse était non, le premier responsable serait
le gouvernement qui l'a créée, qui, initialement, ne lui aurait
pas donné les ressources qui étaient nécessaires. Pour
faire 500 ou 1000 établisssements par année, je n'ai pas fait
l'estimation des ressources supplémentaires que cela prendrait, mais
cela serait certainement considérable. Peut-être que le
président pourrait nous dire ce que peut représenter d'aller
vérifier le respect de la loi et il serait intéressant de voir
quelles ressources seraient nécessaires pour le faire. Je ne vois pas de
péril en la demeure.
Le Président (M. Trudel): M. le président.
M. O'Bready (Jacques): Jacques O'Bready, président de la
Commission d'accès à l'information. Il est évident, M. le
Président, que nous devons étendre sur une plus longue
période notre programme de vérification du respect de la loi dans
les quelque 3600 organismes qui y sont assujettis. On n'a pas fait vraiment de
projection pour savoir si ça prendrait 20, 30, 40 ou 50 personnes de
plus pour entreprendre, je ne sais pas, 100 ou 150 vérifications par
année plutôt que six ou sept. Mais il est évident que cela
nous prendrait beaucoup plus de ressources.
Par ailleurs, il faut aussi faire attention un peu à la
capacité, j'appellerais cela la capacité d'absorption de la
commission du nombre de dossiers qu'elle peut traiter de façon
intéressante dans une année donnée. Je dois
répondre, bien sûr, un peu comme le ministre l'a fait
tantôt, que si on avait plus de monde on pourrait faire plus de travail,
et le rapport annuel qui sera déposé prochainement, pour
l'année qui vient de se terminer le 31 mars, vous démontrera sans
l'ombre d'un doute, l'augmentation assez intéressante de dossiers dans
les différents secteurs d'activité. Mais, pour répondre au
député de Taillon, je dois lui dire qu'effectivement le programme
de vérification ou du respect de la loi dans les organismes a
fonctionné au ralenti, étant donné, comme vous le voyez
dans les crédits qui sont devant vous, que nous avons 32 postes
permanents et 7 ou 8 postes occasionnels et que 71 % de notre budget sont les
salaires de ces personnes. Il est évident qu'avec des ressources
limitées comme cela, pour faire un travail qui dans certains cas est
fort complexe et je ne prendrai pour exemple que le travail de
vérification que nous sommes en train d'achever au ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui nous a
demandé plusieurs mois de travail - c'est sûr qu'on est
forcément un peu limités dans nos actions.
M. Filion: En ce qui concerne le rayonnement de la
commission?
M. O'Bready: Mais je pourrais peut-être ajouter, pour ne
pas créer de fausse impression, que, chez ceux que nous n'avons pas le
temps de vérifier, cela ne veut pas dire que la loi n'est pas
respectée.
M. Filion: C'est évident.
M. O'Bready: Parce qu'il y a une pédagogie qui se fait en
dehors de la pure vérification qu'on peut faire, une information qu'on
donne.
M. Dutil: Des évidences ont intérêt à
être dites. C'est la même chose qu'un rapport d'impôt, tout
le monde qui fait un rapport d'impôt n'est pas vérifié dans
l'année. Cela ne veut pas dire qu'ils ne font pas de rapport
d'impôt. Cela semble évident, mais je pense qu'il est important
que le député de Taillon soit au courant.
M. Filion: Est-ce qu'on me permettrait de signaler que les
programmes d'examen du respect
de la loi ont donné des résultats, je dis ça de
mémoire, quand même assez étonnants. Sauf erreur, c'est une
proportion très élevée d'établissements où
une simple visite, un simple examen de la commission a permis de déceler
des failles importantes, des failles systémiques,
généralement, à l'intérieur des systèmes des
établissements. Dans ce sens, je pense que le programme d'examen du
respect des lois a donné des résultats, M. le Président,
sauf erreur, très probants. Je ne vous dis pas que c'est bien clair. Le
ministre, tantôt, parlait de 500 ou 1000 inspections par année. Je
ne sais pas où il allait chercher ces chiffres-là, c'est
absolument farfelu de penser que la commission peut faire autant d'examens.
Mais, passer peut-être à 30 ou 25, cela pourrait aider et faire
ça tout doucement, etc. Cela permet de voir dans la
réalité et dans le champ quel est le vécu d'une loi qui,
quelquefois, est théorique.
M. O'Bready: II est vrai de dire que les vérifications que
nous avons effectuées ont révélé, dans certains
cas, que des erreurs étaient commises où que des dispositions de
la loi, particulièrement en ce qui a trait à la
confidentialité de données, n'étaient pas
respectées. Il serait peut-être vrai aussi de dire que cela a eu
une espèce d'effet d'information par rapport à d'autres
organismes. Il y en a d'autres, effectivement, qui se sont peut-être
inspirés des erreurs de quelques-uns pour corriger leurs propres
failles. Mais c'est bien évident, je le répète tout
simplement, on ne pourrait quand même pas entreprendre, même avec
du personnel de plus, une quantité faramineuse de programmes de
vérification parce qu'il reste que le personnel de direction doit se
pencher sur les résultats de ces études. Il n'y a que trois
commissaires qui doivent repasser sur tout ça. Alors, si on veut que le
travail soit bien fait, l'ajout de personnel serait un élément,
mais il y aura également d'autres éléments pour
pondérer un peu.
M. Filion: Une dernière question, M. le ministre: C'est
pour quand la loi?
M. Dutil: La loi sera probablement déposée au
printemps.
M. Filion: Vous voulez dire ce printemps?
M. Dutil: En 1989.
M. Filion: Bon, cela va bien. J'ai terminé.
Le Président (M. Trudel): Heureux de vous l'entendre
dire.
M. Dutil: Je parle du dépôt, évidemment. Je
ne voudrais pas susciter de... Je parle du dépôt, pour qu'on
puisse prendre connaissance...
M. Filion: Oui, un dépôt d'ici l'ajournement de
juin. C'est déjà pas mal. Il semblerait que vous êtes
réclamé au Conseil des ministres à part ça.
Profitez-en donc pour aller chercher un peu plus d'argent pour la commission
d'accès à l'information.
Le Président (M. Trudel): M. le député de
Taillon, est-ce que le programme 5 est adopté?
M. Filion: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Trudel): M. le ministre, les
crédits de votre ministère sont adoptés et je vous
remercie... Avez-vous une remarque finale, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Je voudrais peut-être, juste avant de terminer,
signaler au ministre et aux gens de la commission qu'il y a beaucoup de
questions qu'on aurait pu, vous et moi ainsi que les autres membres de cette
commission, soulever eu égard à une loi que nous avons
étudiée en profondeur, mais, bien sûr, le temps de 20 ou 30
minutes étant réduit, nous ne pouvons pas faire cet exercice.
Quand même, je convie le ministre à lire les rapports annuels et
le rapport de la commission, celui qui vous avez déposé comme
président de cette commission.
Le Président (M. Trudel): Merci. M. le ministre, avez-vous
une remarque finale à faire?
M. Dutil: M. le Président, à la suite des
dernières remarques du député de Taillon, je dois lui dire
que la lecture abondante que je fais à chaque semaine me retient un
nombre considérable d'heures et qu'il est très important,
évidemment, que je sois au fait des documents qui circulent. L'avantage
de l'Opposition dans une commission comme celle-ci est d'aller chercher un
paragraphe dans une foule de documents et de le monter en épingle pour
essayer de faire croire que les élus ne font pas leur travail, mais je
peux vous dire que le travail est fait.
Le Président (M. Trudel): La commission ajourne ses
travaux à demain matin 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 15)