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Étude des crédits du
ministère
des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières
(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, madame et
messieurs!
La commission permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières continue l'étude des crédits de
ce ministère.
La parole est au député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président...
Contrôle et surveillance du courtage immobilier
(suite)
Le Président (M. Blank): On est à
l'élément 2 du programme 1.
M. Saint-Germain: Personnellement, j'avais terminé.
Seulement mon collègue...
Mme Payette: Une question du député de
Marguerite-Bourgeoys était restée un peu en l'air. On a une
réponse. Je ne sais pas si on doit attendre qu'il soit
présent.
Le Président (M. Blank): Vient-il?
M. Saint-Germain: Oui.
Une voix: II pourra lire le compte rendu.
Mme Payette: On peut donner la réponse et...
Une voix: On connaît les...
M. Saint-Germain: On pourrait passer à l'autre, si vous
voulez bien, et y revenir lorsqu'il sera de retour.
Une voix: Cela sera fait.
Mme Payette: C'est simplement une explication de chiffres.
C'est un détail technique pour comparer les deux budgets du
courtage immobilier de cette année et de l'année dernière.
La réponse est que le budget total en 1977/78 était de $403 900.
Le budget prévu pour 1978/79 est de $436100. Nous avons
transféré au fonds de soutien administratif pour financer le
système informatique, $12 000, et on a dû radier l'identification
des crédits périmés de $10 000, ce qui donne le budget
actuel. C'était la réponse demandée.
M. Saint-Germain: Puis-je lui remettre vos notes tout simplement,
si vous permettez? Merci.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres questions sur
l'élément 2?
M. Goulet: Sur les éléments 1 et 2 en
général, une dernière question avant d'adopter ce
programme, le programme 1. Étant donné qu'on a parlé
essentiellement de consommateurs, Mme le ministre nous a dit, suite à ma
question, que des gens travaillaient au dossier du ministère des
consommateurs. Il n'y a pas eu de date je ne veux pas de date non plus
mais l'an passé, elle avait dit: cinq, dix ou quinze ans. Cette
année, que nous dit-elle avant de compléter ce programme? Cinq
mois, dix mois...
Mme Payette: Je n'ai pas dit qu'on travaillait sur un
éventuel ministère des consommateurs. J'ai dit que c'était
une hypothèse qui n'était pas complètement mise de
côté et ce n'est pas au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières à prendre une
telle décision. C'est une étude qui se fait présentement
au niveau des structures gouvernementales, qui n'est absolument pas de notre
ressort. Je sais que cette étude est en cours, qu'elle existe et je sais
qu'on étudie, comme hypothèse, qu'il puisse,
éventuellement, y avoir un ministère des consommateurs, mais je
ne sais pas, moi non plus, à quel moment.
M. Goulet: S'il y a une étude de faite au niveau du
gouvernement, le ministère des Consommateurs actuel a-t-il eu un rapport
à fournir aux gens qui s'occupent de cette étude?
Mme Payette: Je pense que le sous-ministre est consulté
sur la situation administrative du ministère, mais je ne pense pas que
cela soit rendu beaucoup plus loin à moins qu'il ne veuille ajouter
quelque chose.
M. Goulet: ... rapport de fourni qu'on pourrait déposer,
des choses comme cela, non? C'est complet, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Point 2, élément 2,
adopté. Programme 1, adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Fichier central des entreprises
Le Président (M. Blank): Programme 2.
Élément 1. Fichier central des entreprises. M. le
député de Jacques-Cartier.
Mme Payette: M. le Président, je voudrais d'abord
présenter M. Michel Tanguay, qui est le directeur adjoint au fichier
central des entreprises.
M. Saint-Germain: M. le Président, à la commission,
l'année dernière, Mme le ministre nous disait, je lis simplement
le dernier paragraphe, ou je vais le lire au complet: "La Commission des
accidents du travail, la même chose. La Commission du salaire minimum, la
même chose. Si vous pensez que ces fichiers contiennent en moyenne 130
000 dossiers chacun, on n'en fait
pas un par semaine, donc c'est présentement dans le processus et
je présume qu'au milieu de 1978 l'ensemble des fichiers gouvernementaux
dans lesquels les dossiers d'entreprises se retrouvent sera affilié au
fichier central." Est-ce que les choses vont tel que prévu?
Mme Payette: En effet, M. le Président, actuellement, on
peut considérer que le fichier central a terminé sa phase
d'implantation. Jusqu'à maintenant, il y a plus de 500 000 dossiers
d'entreprises et d'établissements d'inscrits au fichier central tandis
que 65 fichiers du gouvernement lui sont associés. Pour les prochaines
années, le fichier central se propose d'obtenir pour chaque entreprise
les adresses des établissements et de raffiner ses sources auprès
des municipalités. Par ailleurs, le comité
interministériel de direction du fichier central ne semble pas
disposé à élargir le mandat de ce fichier au-delà
des données d'identité tel que défini actuellement. En
conséquence, le moment est opportun pour s'interroger sur les objectifs
et le rôle de ce service et sur la façon dont il s'en est
acquitté jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président, on a
changé la politique ou du moins on l'a...
Mme Payette: Non. On a réalisé, M. le
député de Jacques-Cartier, ce à quoi on avait fait
allusion au cours de l'année dernière, au cours de l'étude
des crédits de l'année dernière.
M. Saint-Germain: Ce fichier central sert surtout et est surtout
au service des divers ministères du gouvernement?
Mme Payette: Uniquement au service des autres ministères,
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, le public n'a pas accès aux
renseignements que le fichier central peut avoir?
Mme Payette: Non, pas directement. Il y a une politique
administrative de diffusion de l'information contenue au fichier central qui a
été approuvée par arrêté en conseil; il y a
un comité interministériel qui a à superviser
l'orientation et l'utilisation du fichier central, formé de plusieurs
ministères et de plusieurs organismes. Notre ministère a la
responsabilité d'administrer, dans le quotidien, le fichier central
suivant ses orientations.
Alors, c'est une politique administrative de diffusion assez rigide.
J'en ai des copies ici; elles sont disponibles pour ceux qui en veulent.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous pourriez nous donner le nombre
d'entreprises qui ont déménagé du Québec durant
l'année 1977? L'année dernière, on nous avait dit qu'il y
en avait 150.
Mme Payette: C'est une question à laquelle il est
difficile de répondre parce qu'il y a des entreprises... on n'a pas fait
de calculs particuliers cette année. Il y a des entreprises qui sont
incorporées au fédéral, il y a des entreprises
incorporées au Québec et il faut faire les analyses pour trouver
les changements de sièges sociaux. Actuellement, on n'a pas de
réponse à cette question.
M. Saint-Germain: L'année dernière, tout de
même, on a eu une réponse.
Mme Payette: On avait fait, l'année dernière, un
tableau particulier et ce tableau n'a pas été repris dans la
documentation que nous avons cette année.
M. Saint-Germain: Enfin, est-ce que vous...
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a une
réponse supplémentaire?
Mme Payette: La réponse supplémentaire, c'est qu'il
serait difficile pour nous de faire une étude actuellement, mais c'est
possible. On ne pourrait pas vous le donner maintenant. Il faudrait
préparer un dossier pour analyser quels sont les sièges sociaux
des compagnies incorporées au fédéral, qui ont
quitté le Québec. On n'a pas fait l'analyse.
Pour ce qui est des compagnies québécoises, elles sont
incorporées au Québec et on n'a pas de renseignements
supplémentaires à donner.
M. Saint-Germain: Quelle est la motivation? Pourquoi ce
changement de politique? Pourquoi faisiez-vous ce travail l'année
dernière et l'avez-vous cessé cette année? L'année
dernière, vous nous avez donné un chiffre bien précis,
soit 150. Pourquoi avoir changé vos politiques à ce point de
vue?
Mme Payette: II est simple de répondre à une
question comme celle-là. C'est un problème administratif de notre
ministère. Le directeur du service des compagnies vient d'être
muté à un autre poste. À ce moment-ci, il est
remplacé par un directeur intérimaire et on n'a pas pu assurer le
même suivi aux dossiers, dans cette période de transition. Mais ce
sont des choses qu'on pourrait reprendre avec la nouvelle administration du
service des compagnies, lorsque le poste de directeur sera comblé.
M. Paquette: M. le Président, si le député
me le permets, très brièvement. Personnellement, j'aimerais
beaucoup avoir ces chiffres également. Je ne sais pas si ce serait
énormément de travail de les avoir assez loin dans le temps
également, trois ou quatre ans en arrière, pour voir
l'évolution, pour voir les intrants et les sortants, par type
d'entreprises. Je pense que ce serait utile à tout le monde et
extrêmement important.
M. Lalonde: M. le Président, pour réagir à
cette question, il me semble que cela pourrait être intéressant
pour les statisticiens, mais au fond,
cela ne reflète qu'une partie de la réalité. Les
déménagements de sièges sociaux, ceux-là qu'on
déplore, qui sont une perte économique, ne se font pas
nécessairement par voie de transport, techniquement faits, formellement
faits, en vertu de la Loi des compagnies. On peut avoir 150
déménagements de sièges sociaux, vous le savez, et il va
s'agir peut-être de petites compagnies familiales, qui n'ont aucune
importance sur l'économie. On peut avoir à côté des
compagnies qui ne déménagent pas techniquement leurs
sièges sociaux...
Mme Payette: Ce qui n'apporte rien.
M. Lalonde: ... mais qui vont s'en aller ailleurs, qui vont
déménager des services en Ontario. Même si on acceptait
l'invitation du député de Rosemont, il me semble que ce n'est pas
la façon de déterminer si réellement, il y a un
déplacement des sièges sociaux.
M. Paquette: Je suis d'accord sur cela, mais cela permet
d'évaluer le facteur affectif, dans le sens que si quelqu'un veut
maintenir un pied-à-terre ici, on peut peut-être supposer, chacun
peut faire ses analyses là-dessus... Les raisons que vous donnez
vous-même sont peut-être les raisons pour lesquelles on n'a pas
jugé bon de donner les informations ici. C'est pour cela que je le
demandais. S'il n'y a pas trop de travail à faire, ce serait quand
même utile, même si c'est tout à fait partiel comme
renseignement.
Mme Payette: La seule difficulté, M. le Président,
c'est que...
M. Paquette: Je constate que vous ne les voulez plus tout
à coup.
M. Lalonde: Non.
M. Paquette: Ce n'est pas cela?
M. Lalonde: Je ne veux pas mettre en doute la valeur de la
question du député de Jacques-Cartier dans sa stratégie de
l'étude des crédits. Je dis simplement que, pour réagir
à la suggestion du député de Rosemont, si c'est pour
étudier, par exemple, l'évolution des sièges sociaux au
Québec les compagnies d'assurance assez importantes existent, on
le sait, depuis les années 50 le déplacement du pôle
d'attraction au point de vue financier de compagnies importantes de
Montréal à Toronto, ce n'est pas en étudiant le
déplacement technique de sièges sociaux... Ce n'est pas la
réalité.
Mme Payette: Cela peut même être trompeur, si on
cherche là une réponse à une situation économique,
parce qu'effectivement il existe, parmi ces sièges sociaux, des
sièges sociaux qui ne comportent que le président, qui est
habituellement le mari, la vice-présidente, qui est souvent
l'épouse et le secrétaire, qui est l'avocat qui a demandé
l'incorporation. On peut bien déplacer ce genre d'entreprise. Je ne
pense pas qu'on risque de faire effondrer l'économie, ni du
Québec ni du Canada, dans les circonstances. Je pense que ce genre de
chiffres peut même être trompeur à un moment donné.
Cela ne sert pas, en tous les cas, une étude sur le plan de la situation
économique, si c'est ce qu'on cherche à faire.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, quant au fichier central qui
est administré par...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, M. le Président, j'aimerais
continuer sur le même sujet, si c'est possible.
Le Président (M. Blank): Sur le même sujet,
excusez-moi.
M. Saint-Germain: J'aurais aimé dire que, si j'ai
posé cette question, c'est que je croyais qu'elle avait une certaine
importance. Vu qu'on nous l'avait donnée l'année dernière,
je croyais que la réponse allait être bien simple. Enfin, je ne
veux pas insister plus que cela. Si c'est trop de travail et si cela
coûte trop de sous aux fonds publics, je suis bien prêt à
laisser tomber. On pourra toujours s'organiser autrement pour avoir les
informations qu'on voulait obtenir de cette façon.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
Mme Payette: Je pourrais répondre à cela qu'on va
faire l'effort pour essayer d'avoir au moins les mêmes renseignements,
même s'ils ont une portée limitée, pour compléter le
dossier. On ne pourra pas le faire dans les prochains jours.
M. Saint-Germain: Merci, monsieur.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse. (12 heures)
M. Goulet: M. le Président, au niveau du fichier central
qui est administré par votre ministère, il y a des services qui
en sont exclus, par exemple, le service professionnel relié à la
justice, le service de publicité, le service de nolisement d'avions, le
service de déneigement des routes. Les fournisseurs sont exclus du
fichier central et relèvent des ministères concernés,
compte tenu de leur caractère vraiment particulier et spécial.
Est-ce que c'est le cas? Pourquoi? Je n'irais peut-être pas au niveau du
nolisement des avions, mais quant aux services professionnels reliés
à la justice et surtout à la publicité cela me
frappe surtout dans le domaine de la publicité, pourquoi est-ce
exclu du fichier central, est-ce administré par un
ministère...
Mme Payette: Je ne sais pas d'où vous prenez votre
question. Je ne sais pas d'où elle vous vient. Le fichier central est
strictement un fichier d'identité qui n'a rien à voir avec les
sujets que vous venez d'énumérer.
M. Goulet: Voici, je prends ce renseignement d'un
communiqué que nous avons eu, signé Fichier central des
fournisseurs, Place de la Capitale, et ainsi de suite, au soin de M. Fernand
GaudreauIt.
Mme Payette: II y a une erreur. Il ne s'agit pas du même
fichier central.
M. Goulet: De quel fichier central parlez-vous?
Mme Payette: Nous parlons du fichier central des entreprises qui
est la responsabilité du ministère. Les fournisseurs, c'est autre
chose.
M. Goulet: Les fournisseurs. Des entreprises et des fournisseurs,
ce n'est pas du tout la même chose pour vous.
Mme Payette: Ce n'est pas du tout la même chose. Notre
fichier central est strictement un fichier d'identité en ce qui concerne
les entreprises.
M. Goulet: Au niveau des permis, pour savoir si ces compagnies
ont leur permis, droit de fonctionnement. Non plus!
Mme Payette: Strictement l'identification des entreprises.
M. Goulet: Une compagnie, par exemple, porte tel nom, fonctionne
sur telle raison sociale, les directeurs sont M. Untel, Mme Unetelle, seulement
cela.
Mme Payette: C'est ce que nous avons comme renseignements au
fichier central.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le but du fichier central était de remplacer,
en fait, les quelques dizaines de fichiers qu'il y avait au gouvernement.
Est-ce que le but a été atteint? Est-ce qu'on a réussi
à éliminer petit à petit les fichiers, surtout les plus
importants, comme celui du ministère du Revenu? Est-ce que maintenant le
gouvernement fonctionne seulement par le fichier central?
Mme Payette: M. le Président, nous n'avons pas
éliminé les fichiers associés, mais nous avons, cependant,
centralisé l'information au fichier central. C'est bien le
résumé...
M. Lalonde: Si mon souvenir est bon, le but était
justement de mettre de l'ordre dans les différents fichiers, dont le
principal était celui du ministère du Revenu, et que le fichier
central, au ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, ait des rapports de service, ni plus ni moins,
avec les autres ministères, donc que les ministères qui ont
besoin du fichier central agissent comme clients, ni plus ni moins, mais ne
maintiennent pas des fichiers parallèles. Est-ce que c'est toujours le
but poursuivi?
Mme Payette: Le but du fichier central était,
effectivement, d'éviter des erreurs dans l'identification des
entreprises. Ceci se fait par le processus suivant: Lorsqu'un fichier est
informé d'une modification dans l'identité d'une entreprise, il
en prévient immédiatement le fichier central. Celui-ci va ensuite
diffuser l'information aux autres fichiers, de telle sorte que, tout le monde
peut se tenir à jour. C'est un des principaux rôles du fichier
central. Cela se fait actuellement et ça fonctionne très bien de
ce point de vue.
Il ne s'agissait pas d'éliminer les fichiers qui existent dans
chacun des ministères parce que chacun de ces ministères en a
besoin, alors les ministères continuent à fonctionner avec leurs
propres fichiers, sauf qu'ils reçoivent des mises à jour du
fichier central.
Le fichier central sert, en plus de cela, à faire des
études sur des aspects particuliers, par exemple, à dresser des
listes à partir d'un aspect particulier. Je n'ai pas d'exemple à
vous donner, peut-être que M. Tanguay pourrait vous donner des exemples
d'"extracto" qui peuvent être faits à partir des renseignements
qui sont contenus au fichier central.
On a plusieurs éléments qui sont contrôlables, comme
la date de naissance d'une entreprise, le groupe juridique d'une entreprise,
l'état juridique, le changement de nom, le code géographique, ce
qui veut dire qu'on peut extraire un groupe d'entreprises oeuvrant dans un
secteur particulier, dans une région donnée.
M. Lalonde: Les entreprises qui ne sont pas incorporées,
mais qui sont simplement enregistrées aux greffes, sont-elles comprises
dans le fichier?
Mme Payette: Oui, tous les particuliers en affaires, raisons
sociales.
M. Lalonde: Ce n'est peut-être pas à vous que je
devrais poser la question, c'est peut-être au ministère de la
Justice. Est-ce qu'il n'a pas été question, à un moment
donné, d'une réforme sur la façon de créer... Ce ne
sont pas des personnes morales, c'est-à-dire à
personnalité juridique distincte, mais ces raisons sociales, sans aucun
contrôle et qui sont dispersées un peu partout dans la province au
gré des greffes.
Mme Payette: II a déjà été question,
effectivement, de peut-être rafraîchir un peu la loi des
déclarations des compagnies et des sociétés en vertu de
laquelle sont enregistrées les raisons sociales des particuliers seuls
en affaires qui font affaires sous un nom autre...
M. Lalonde: ... autre que leur nom.
Mme Payette: ... que leur nom propre et également
enregistrer les noms des sociétés. Il y a eu
des études qui ont été faites sur ce sujet. Il faut
comprendre, évidemment, que c'est un problème quand même un
peu compliqué. J'ai eu le plaisir d'aller à Toronto, à un
certain moment, pour voir comment on avait effectué cette espèce
de ménage et cela n'a pas été tout à fait
concluant. On n'a pas encore arrêté de politique définitive
sur cette question. Il faut comprendre que cela implique également le
ministère de la Justice. Il a été question, à un
certain moment, de transférer la juridiction de cette loi au
ministère des Consommateurs, mais tout n'est pas encore prêt pour
que cela puisse se faire et il n'y a pas eu de décision
définitive sur cette question. Je pense que cela résume pas mal
l'état du dossier.
M. Lalonde: Je vous remercie.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il d'autres questions sur
l'élément 1?
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Blank): Le député de
Rosemont.
M. Paquette: Si on compare le rapport 1976/77 du ministère
à la page 15, concernant le fichier des entreprises, avec ce qu'on nous
donne dans les notes pouf l'année 1977/78, les chiffres, les
statistiques sur les différentes catégories d'entreprises, il y a
des modifications au fichier. On passe les entreprises à but
lucratif de 273 174 à 303 416. Cette augmentation du nombre de
sociétés inscrites au fichier s'est faite, j'imagine, parce que
vous avez, au cours de l'année, inséré de nouveaux
secteurs dans le fichier central. Qu'est-ce qui explique cette
évolution?
Mme Payette: Pas nécessairement. M. Paquette: C'est
un des facteurs.
Mme Payette: On enregistre les compagnies au fur et à
mesure que les documents nous parviennent.
M. Paquette: Oui.
Mme Payette: Ce n'est pas nécessairement parce qu'on a
pris un groupe particulier.
M. Paquette: Mais il y a eu, au cours de l'année, de
nouveaux groupes qui n'étaient pas inscrits auparavant et qui se sont
inscrits dans le cours de l'année.
Mme Payette: Non.
M. Paquette: Dans votre entreprise de récupération
ou d'intégration des fichiers des différents ministères,
il y a un certain nombre de ministères qui n'étaient pas inscrits
l'an dernier et qui le sont cette année.
Mme Payette: Oui, par exemple la Commission des accidents du
travail...
M. Paquette: Elle ne l'était pas l'an dernier et
maintenant, elle est inscrite.
Mme Payette: ... qui n'y était pas, qui est en cours cette
année et qui s'achève.
M. Paquette: Ah bon! Diriez-vous que l'opération est
à peu près terminée actuellement?
Mme Payette: Je dirais que, dans les trois prochains mois...
M. Paquette: ... elle sera terminée.
Mme Payette:... cela devrait être terminé, oui.
M. Paquette: Merci.
M. Lalonde: Pour la Commission des accidents du travail ou pour
tous les autres fichiers, dans les trois prochains mois?
Mme Payette: Pour la Commission des accidents du travail.
M. Lalonde: Reste-t-il beaucoup d'autres fichiers qui sont encore
à l'extérieur...
Mme Payette: Une évaluation sommaire: une quarantaine
à peu près.
M. Lalonde: Les plus petits fichiers, je pense.
Mme Payette: Beaucoup plus petits, oui. Les plus gros sont
maintenant affiliés au fichier central.
Le Président (M. Blank): Élément 1,
programme 2. Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Création et modification de personnes
morales
Le Président (M. Blank): Élément 2:
Création et modification de personnes morales.
M. Saint-Germain: On envisage de nouvelles lois pour modifier la
loi des personnes morales. On nous a dit l'année dernière que ce
processus serait relativement long. Est-ce que les études et le
progrès se font dans le sens prévu ou fait-on face à des
difficultés particulières?
Mme Payette: M. Rioux. Je m'excuse. J'étais en plein
déménagement. Pourriez-vous répéter la question,
s'il vous plaît?
M. Saint-Germain: On nous avait dit, l'année
dernière qu'on modifierait la loi des personnes
morales. On nous a dit que c'est un processus qui serait assez long.
Cela prendrait jusqu'à trois années. Est-ce que le travail en ce
sens se continue ou si on rencontre des difficultés
particulières?
Mme Payette: Je pense qu'on peut dire qu'on a rencontré
une difficulté puisque le décès d'un des experts sur le
plan juridique, sur lequel nous comptions, nous a obligés à
revoir la structure même du comité chargé de la
rédaction.
Dans un premier temps, au ministère, nous pilotions une
espèce de programme destiné à élaborer les
principaux thèmes qu'une nouvelle loi corporative devait
véhiculer à l'occasion d'une refonte. Ce programme a
été poursuivi et terminé et il a abouti sur un document de
travail qui se voudrait éventuellement l'embryon d'un projet de loi qui,
nous espérons, deviendra définitif sous peu. Il porte sur des
corporations à caractère commercial. Ce travail est l'oeuvre d'un
seul homme. Comme le signalait Mme le ministre tout à l'heure, nous
avons eu le regret de voir disparaître Me Caron, qui était un
expert en droit corporatif autant qu'en droit civil.
Toutefois, l'étape qu'avait couverte Me Caron était une
étape qui se devait d'aboutir sur une autre, c'est-à-dire une
étape de consultation avec des praticiens, des universitaires, et
autres, de façon que nous puissions avoir de la part des
différents éléments spécialisés en droit
corporatif, une appréciation du projet ainsi que des critiques
susceptibles de nous permettre d'avoir une loi des compagnies qui corresponde
tant sur le plan juridique que sur le plan pratique, à ce que les
milieux d'affaires et les milieux universitaires voyaient comme une loi plus
adéquate.
Évidemment, dans l'élaboration d'un tel projet, il fallait
tenir compte de certaines circonstances tout à fait
particulières, c'est-à-dire un contexte de droit civil qui n'est
pas tout à fait semblable à celui qu'on rencontre dans les
provinces de Common Law et même au niveau fédéral où
les principes de droit anglais sont avant tout le droit supplétif au
droit corporatif. Nous avons pris une attitude un peu différente
là-dessus. Donc, cette étape qui a été
amorcée avec Me Caron, où on devait procéder à une
étape de critique du projet, est à l'heure actuelle en cours de
route et très bien amorcée avec certaines personnes qui font
partie d'un groupe de travail, qui est déjà, à l'heure
actuelle, au travail si vous me permettez le pléonasme et
qui aboutira éventuellement sur des consultations avec les milieux
d'affaires et universitaires.
Cette première étape qui est déjà en
très bonne voie, et que nous croyons devoir compléter dans les
prochains mois, aboutira éventuellement sur une intégration de
ces lois qui, pour nous, sont de caractère commercial et qui se doivent
absolument d'être insérées dans une refonte du droit
corporatif commercial, si l'on veut éviter que soient parsemés
à gauche et à droite toutes sortes de principes juridiques
affectant les corporations commerciales. Si on me permet un exemple, prenons la
Loi des pouvoirs spéciaux sur les corporations qui, elle, permet de
modifier certains aspects des corporations à vocation commerciale et si
on ne les intègre pas dans la Loi des corporations commerciales,
seraient susceptibles d'ouvrir tout un ensemble de lois qui rendrait
incohérente ou difficile l'application du droit.
Tout cela, comme je l'ai dit tout à l'heure, dans un contexte de
cohérence avec le droit civil pour éviter qu'un nombre de
corporations infini, parce qu'on en forme entre 10 000 et 12 000 par
année, en vertu de la Loi des compagnies seulement, et un certain nombre
d'autres conformes en vertu d'autres lois des compagnies et également
les corporations étrangères en matière de
responsabilité des administrateurs... qu'on soit assuré d'avoir
une espèce de régime uniforme, chose qui n'existe pas à
l'heure actuelle.
Cela fera l'objet d'une étape qui vient se greffer sur la
première comme en un trait d'union qui nous amène tranquillement
vers la deuxième, qui est l'intégration complète du droit
corporatif. À ce moment-là, on a en droit corporatif un
problème assez particulier, c'est qu'il existe un nombre infini de lois
à caractère commercial, la Loi des compagnies minières,
par exemple, la Loi des compagnies de téléphone, la Loi des
compagnies de chemin de fer et je ne voudrais pas en énumérer une
vingtaine. Ce qui va amener un régime juridique particulier concernant
les corporations commerciales, c'est-à-dire un régime
rénové, modernisé. (12 h 15)
Or, voici qu'en parallèle existeraient les corporations sans but
lucratif qui demeureraient assujetties à un régime
vétuste. Il nous apparaît absolument impensable que, dans
l'évolution normale d'un droit corporatif, les corporations sans but
lucratif demeurent à la remorque d'un ancien système alors que
les corporations commerciales feraient l'objet d'un système de droit
modernisé. Donc, nécessité également
d'intégrer dans cette masse de législation,
éventuellement, toutes les corporations sans but lucratif.
Là, vous en avez une infinité. Tout à l'heure, j'ai
dit un grand nombre de corporations commerciales, je peux parler d'une
infinité dans le cas des corporations sans but lucratif ou à
caractère non commercial; je ne voudrais pas, à ce
moment-là, tomber dans une discussion de linguiste. Vous avez alors la
corporation c'est un peu sombre comme sujet la Loi des compagnies
de cimetières, la Loi des corporations de cimetières catholiques
romains et vous avez la loi des corporations concernant la construction de
certaines églises c'est un peu moins sombre cela demande
que nous fassions un ajustement avec la Loi des corporations religieuses, de
façon à éviter des discriminations inutiles à
l'occasion de la formation de corporations religieuses. Il y a la Loi des
fabriques, etc.
On a dénombré, dans ce domaine, peut-être une
trentaine de lois à caractère général.
Évidemment, l'inconvénient est que nous avons une centaine de
lois corporatives qui, quoique formant une corporation la
communauté des soeurs Grises, par exemple; c'est une hypothèse,
je ne prétends pas que c'est le cas toujours aux mê-
mes articles 17, 18 et 19, on prévoit que cette corporation peut,
par lettres patentes, obtenir de constituer d'autres corporations.
Donc, cette loi spéciale, qui permet la constitution d'une
personne morale, devient automatiquement une loi organique qui régit un
tas d'autres corporations auxquelles les soeurs ont donné naissance,
évidemment par le truchement de la loi.
Pas par l'opération du Saint-Esprit.
Non. Alors, je crois qu'il y a lieu, dans ce domaine, d'effectuer une
intégration qui presse jusqu'à un certain point, parce que cette
masse de corporations donne lieu à des interprétations
différentes, parce que vous avez des corporations qui sont
formées par lettres patentes. Or, elles sont astreintes à un
régime juridique très particulier. Vous avez également des
corporations formées par dépôt, par autorisation
municipale, décrets de l'évêque, décrets du
ministre, etc.
Elles ont des conséquences juridiques différentes selon
leur mode de formation en corporation. Ces corporations sont également,
en plus, assujetties à des administrations différentes,
c'est-à-dire que, tantôt, ce sera le ministère des
Consommateurs; tantôt, ce sera le ministère de l'Éducation
en matière de cégeps; tantôt ce sera le ministère
des Communications en matière de téléphone; donc, il y a
possibilité d'interprétations différentes selon les
contentieux chargés de leur application.
Donc, on aboutit à ceci, en résumé, à la
nécessité d'une centralisation d'une masse énorme de droit
corporatif qui, à l'heure actuelle, a franchi une certaine étape
qu'on espère terminer bientôt qui est celle des corporations
commerciales, en espérant que toutes les autres étapes dont je
vous ai parlé seront franchies dans des délais qui
n'excéderont pas, j'espère, les dix ans qu'a pris le
fédéral pour le faire et les dix ans qu'a pris le gouvernement de
l'Ontario pour y parvenir.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie Me Rioux.
J'aimerais lui demander si ce qu'il vient de nous décrire n'est pas une
mission de la nature de celle que l'on confie à des commissions de
révision, comme on a fait pour le Code civil, comme la commission de
réforme des lois au fédéral. Est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu, entre-temps, à l'intérieur de cette période de dix
ans ou plus... Parce que je pense qu'il se souvient que c'est en 1972, alors
que j'étais sous-ministre au même ministère, que j'avais
confié le mandat à Me Bertrand et à Me Caron. Cela fait
déjà six ans. Me Bertrand est allé ensuite comme
sous-ministre, je pense, au fédéral. Me Caron est resté
seul et il est décédé maintenant.
Cela fait déjà six ans que c'est commencé, cette
révision de la Loi des compagnies. Est-ce que, entre-temps, on ne
devrait pas procéder à des aménagements, à des
amendements, un peu à une modernisation de la Loi des compagnies en
particulier ou des lois par lesquelles on constitue des personnes morales,
puisqu'on est à l'élément 2, tout en faisant cette longue
et large étude globale des lois constitutives de corporations, de
compagnies ou de sociétés?
Mme Payette: Nous sommes conscients qu'il existe, dans d'autres
juridictions, des mécanismes différents des nôtres. Nous
devons tenir compte du fait que des exercices qui ont abouti à des
législations ont été faits dans les autres provinces ainsi
qu'au gouvernement fédéral, dont nous sommes susceptibles de
bénéficier. Je crois que, pour les étapes que nous devons
franchir dans les plus brefs délais, nous avons en main les
disponibilités nécessaires pour pouvoir rencontrer, dans des
délais raisonnables, ce qui nous semble devoir être une loi
concernant les corporations commerciales modernes et bien adaptées.
M. Lalonde: Je vois, en 1977, une réduction du nombre des
compagnies incorporées au Québec; de 12 000 à 10 000. Vous
nous avez donné ces chiffres. Il peut y avoir toutes sortes de raisons,
mais il y a aussi le fait que, de 12 057, en 1976, on tombe à 10 787, en
1977. Il peut y avoir toutes sortes de questions de climat politique, etc.,
mais il y a aussi le fait que des lois...
M. Paquette: Les Jeux olympiques aussi, peut-être.
M. Lalonde: ... voisines permettent des incorporations beaucoup
plus facilement. Par exemple, les sociétés à un seul
administrateur et la facilité d'incorporation des sociétés
fédérales sont des incitations à recourir à cette
loi au lieu de la Loi des compagnies de la province. Est-ce qu'on ne devrait
pas procéder à des amendements rapidement, quitte à
continuer la réforme globale que l'on fait? C'est une question au
ministre.
Mme Payette: Est-ce qu'il ne serait pas juste de signaler que si,
effectivement, il y a une baisse de 12 000 à 10 000 au cours de la
dernière année, ces 10 000 étaient plutôt stables
dans les années qui ont précédé l'arrivée
des 12 000, c'est-à-dire 10 500 ou 10 600, en 1975; 10 503, par la
suite, et 10 787.
On pourrait s'interroger sur le fait qu'il y a une augmentation
plutôt qu'une baisse cette année. Si on porte notre regard un peu
plus loin en arrière, on constate plutôt que cela n'a pas
tellement bougé, sauf une année qui semble exceptionnelle.
M. Lalonde: Je ne sais pas, mais je sais que de 1970 à
1976 nous sommes passés de 5700 à 10 000 par année. On a
doublé.
Mme Payette: Sur une période comme celle-là, je
pense que cela n'étonnerait aucun statisticien.
M. Lalonde: Peut-être qu'à ce moment-là il y
avait un climat de confiance.
Mme Payette: 1970, il ne faudrait pas insister
là-dessus.
M. Lalonde: De 1970 à 1976. Vous avez, par exemple, en
1971, 7000; en 1972, 7400; 8900, au-
dessus de 10 000, jusqu'à 12 000, en 1976. Me Rioux pourrait
éclairer le ministre là-dessus.
Il y a aussi eu des réformes sur la façon d'incorporer les
compagnies, pour faciliter l'incorporation, dans les formulaires, entre autres.
Mais on n'en est pas rendu la loi fédérale le permet
à incorporer une compagnie par simple dépôt d'un
formulaire et à avoir des sociétés à un seul
administrateur. On est encore dans la situation où cela prend trois
personnes pour maintenir une société et, souvent, la très
grande majorité de ces sociétés sont de petites
sociétés familiales. On a une espèce de maquillage
où cela prend, comme Mme le ministre le disait tantôt,
l'épouse, l'avocat ou le comptable, où il y a une certaine
responsabilité des administrateurs.
Il me semble que c'est une réforme qu'on devrait faire
immédiatement, quitte à faire la grande réforme en
même temps. C'est au ministre surtout que je pose la question, parce que
c'est une question politique.
Mme Payette: Je pense que, sur le plan administratif, même
si la décision du ministre était dans le sens que vous indiquez,
encore faut-il voir quelles sont les possibilités de réaliser une
décision comme celle-là. Je vais demander à Me Rioux de
vous donner la réponse.
On est bien conscient que la loi fédérale prévoit
des modifications à l'état antérieur de sa loi. Par
contre, elle n'a pas été nécessairement suivie sur ce
terrain par toutes les provinces. De là à déduire que les
modifications apportées dans la législation
fédérale ont eu tel ou tel effet, je ne saurais vous le dire, pas
plus que je ne saurais me prononcer sur d'autres raisons qui ont pu ou non
motiver telle ou telle chose. Ce sont des impondérables, pour autant que
je suis concerné.
De toute façon, pour autant que nos projets sont
concernés, nous sommes conscients qu'il y a lieu de faciliter
l'accès à l'incorporation à l'individu par des
mécanismes qui lui rendent plus accessibles les services gouvernementaux
et la formation d'une société à caractère un peu
particulier qui aboutit sur une personne morale, quitte à avoir des
corporations peut-être à caractère un peu formaliste pour
certaines entreprises qui sont susceptibles d'atteindre des
développements assez gros, qui veulent avoir une nomenclature un peu
plus formaliste et d'autres corporations beaucoup plus faciles à former
qui demandent beaucoup moins de formalisme et, nécessairement, moins
d'artifice pour en aboutir à l'incorporation.
Le fait qu'il y en ait un ou trois, je ne saurais vous dire si
réellement cela a un impact, parce que le gouvernement
fédéral je ne crois pas a été
nécessairement suivi dans ce domaine par les législations plus
récentes qu'on a rencontrées dans d'autres provinces.
Là-dessus, je ne saurais vous dire le tout avec certitude.
M. Lalonde: Ce que je peux vous dire, c'est que les clients nous
consultent pour avoir des sociétés. Lorsqu'on les met devant le
choix, ils sont beaucoup tentés de s'incorporer au fédéral
à cause de la facilité de l'incorporation et aussi de la
possibilité d'avoir un administrateur seulement.
Une voix: La question de pouvoirs.
M. Lalonde: II y a aussi d'autres questions; oui, il y a la
question de pouvoirs. Je sais que le président ne peut pas participer au
débat. Je sais que s'il venait s'asseoir ici, il pourrait aussi nous
dire de tels témoignages.
Mme Payette: Presque pas. M. Paquette: ... en plus.
Mme Payette: L'incorporation par dépôt va
sûrement faciliter les choses. C'est ce vers quoi nous nous dirigeons.
Cela implique une étude complète de tout le mécanisme
d'incorporation, de responsabilité des administrateurs qui, comme vous
le savez, n'est pas le même dans le cas des incorporations par
dépôt ou par lettre patente et, à ce moment-là, il
faut prévoir des modifications qui entraînent des
répercussions sur l'ensemble de la loi. Une telle modification, à
bâtons rompus, pourrait peut-être provoquer plus de
difficultés qu'elle ne réglerait le problème.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. On a parlé de
statistiques tout à l'heure dans le sens qu'il y avait une diminution de
près de 2000 compagnies, entre 1976 et 1977. C'est-à-dire
près de 2000, mais si on regarde les chiffres, c'est environ 1300.
Je constate que durant les trois premiers mois de 1978 par rapport aux
trois premiers mois de 1977, il y a une différence de près de
400, en moins, dans l'incorporation. J'aimerais savoir si on a des informations
au ministère, si on a des statistiques qui montrent s'il y a, par voie
de compensation, par voie de comparaison, une augmentation des incorporations
d'entreprises québécoises au niveau fédéral. Le
ministère provincial a-t-il des informations là-dessus? Avez-vous
en main les statistiques du gouvernement fédéral qui vous
permettraient d'avoir des chiffres concernant chacune des provinces et,
particulièrement, celle qui nous intéresse, le Québec,
là-dessus?
Mme Payette: J'ai ici quelques chiffres concernant les lettres
patentes qui auraient été émises enfin, ce ne sont
pas vraiment des lettres patentes; le gouvernement fédéral
maintenant ne les incorpore plus par lettre patente des compagnies qui
auraient été constituées, au gouvernement
fédérai, pour janvier, février et mars 1978. On a
discriminé dans cela, les renseignements. Le nombre total de compagnies
constituées, celles ayant un siège social au Québec et
celles ayant des sièges sociaux dans d'autres provinces.
Pour le mois de janvier, par exemple, le gouvernement
fédéral aurait constitué 480 compa-
gnies, d'après les renseignements que nous pouvons puiser dans le
bulletin mensuel que le gouvernement fédéral nous fait parvenir.
De ce nombre, il y en aurait 384, soit environ 80% dont le siège social
est au Québec. (12 h 30)
M. Roy: Le nombre total, est-ce le nombre d'entreprises du
Québec ou le nombre total d'entreprises...
Mme Payette: 480 est le nombre total de compagnies
fédérales constituées.
M. Roy: Bon.
Mme Payette: De ce nombre, il y en a 384 dont le siège
social est situé au Québec. Il y en a 96 dont le siège
social est situé dans d'autres provinces que le Québec. C'est
pour le mors de janvier. Pour le mois de février, on en a
constitué 683. De ce nombre, il y en a 536 dont le siège social
est au Québec et 147 dont le siège social est à
l'extérieur du Québec. Pour le mois de mars, le nombre total est
de 747. De ce nombre, 588 ont leur siège social au Québec et 159
ont leur siège social à l'extérieur du Québec.
En termes de pourcentage, il y a, grosso modo, entre 78% et 80% des
compagnies constituées au fédéral qui ont leur
siège social au Québec. Il y en a environ 20% ou 21,5% qui ont
leur siège social à l'extérieur du Québec.
Maintenant, je me permets d'ajouter, je n'ai pas tous les chiffres en
main, mais je sais, j'ai déjà vu des chiffres concernant ces
matières... Cela a toujours été. Le plus grand nombre de
compagnies fédérales a toujours été des compagnies
ayant un siège social au Québec. Il y a peut-être eu des
variations, je ne suis pas capable de faire des comparaisons, mais cela a
toujours été quand même. Cela n'est pas récemment
qu'il y a eu...
M. Lalonde: Notre loi est désuète.
M. Roy: Je ne suis pas, évidemment, au courant et familier
avec les autres lois et les autres directives qui émanent des autres
provinces, mais c'est quand même assez surprenant pour moi, c'est
une surprise de constater que 80% des chartes ou des lettres patentes
émises par le gouvernement fédéral le sont pour des
entreprises dont le siège social est au Québec. Il y a
sûrement des raisons, des causes à cela. Je ne sais pas si on peut
nous en énumérer quelques-unes.
Est-ce parce que ce sont des citoyens ne résidant pas au
Québec qui décident d'avoir des lettres patentes ou des chartes
pour des sociétés ayant un siège social au Québec?
J'en doute. Maintenant, serait-ce parce qu'il y a plus de facilité? Ce
serait plus pratique de s'incorporer au fédéral que de
s'incorporer au Québec. Je constate une augmentation assez
impressionnante des incorporations au fédéral, alors que, depuis
deux ans, on constate une diminution des incorporations en vertu de nos lois
québécoises.
Mme Payette: Nous avons déjà articulé une
réponse tout à l'heure concernant l'impossibilité pour
nous de saisir ces impondérables et de les chiffrer en termes de
pourcentage. On dit ici que, lorsqu'on s'incorpore au fédéral, il
y a la tendance d'avoir son siège social au Québec. Je ne sais si
c'est par enthousiasme ou autrement, mais je ne saurais vous dire si
c'est...
M. Roy: Une minute!
M. Lalonde: Je vais vous en donner des explications...
M. Roy: M. le Président, je m'excuse, mais je n'ai pas
l'intention de faire de la petite politique avec un petit "p" à cette
commission parlementaire. Je veux surtout avoir des réponses impartiales
de la part des commis de l'État. De la propagande politique, il y a
d'autres endroits pour en faire qu'en commission parlementaire. Je regrette,
mais je proteste.
Mme Payette: Je pense qu'il s'agissait...
M. Roy: Ce n'est pas la place ici pour les commis de
l'État de venir faire de la propagande. J'ai posé une question
bien objective, dénuée de toute partisanerie. Je veux qu'on se
limite aux faits. S'il y en a qui ont des cartes de membres de partis,
même si c'est une carte de membre de mon parti, ils iront faire de la
partisanerie en dehors de la commission parlementaire.
Mme Payette: M. le Président, si vous le permettez, je
pense qu'il s'agissait là plus d'un trait d'humour que d'une remarque
partisane.
M. Roy: De l'humour noir.
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud a
peut-être moins le sens de l'humour.
M. Roy: Pas sur ces questions, Mme le ministre.
Mme Payette: Pour ceux qui ont compris, il s'agissait tout
simplement d'une réponse humoristique. En réponse au
député de Beauce-Sud sur sa question importante, je pense qu'on
peut, effectivement, admettre, et nous ne sommes pas les premiers à le
faire, que la loi qui permet la constitution des compagnies au Québec
est désuète. Cela fait déjà un bon moment qu'on en
est tous conscients. De plus, les avocats du Québec, voulant
certainement servir le mieux possible leur clientèle, semblent
préférer conseiller l'incorporation au niveau du gouvernement
fédéral plutôt qu'au Québec.
M. Roy: Comme deuxième question, j'aimerais savoir si
toutes les demandes d'incorporation qui sont faites au Québec sont
acceptées. Sinon, quel est le pourcentage des demandes qui sont
acceptées. Est-ce qu'on a des statistiques sur les refus d'incorporation
qui sont donnés aux personnes qui demandent une incorporation?
Mme Payette: Disons que, grosso modo, en ce qui concerne le
nombre de requêtes qui ont été retirées pour
l'année financière du 1er avril 1976 au 31 mars 1977, elles ont
été de 678, et de 619 pour l'année financière du
1er avril 1977 au 31 décembre 1977.
M. Roy: Excusez-moi, 678 pour 1976 et?
Mme Payette: 678 pour l'année financière du 1er
avril 1976 au 31 mars 1977 et 619 pour l'année financière du 1er
avril 1977 au 31 décembre 1977.
M. Roy: Quelles sont les raisons du retrait des requêtes?
D'abord, êtes-vous en mesure de nous répondre? Ce sont des
questions, je le sais, assez techniques. Le retrait de ces requêtes
pourrait-il être dû à des délais, à des
exigences ou encore parce qu'une personne, après avoir fait sa demande
au Québec, la retire et décide de faire une nouvelle
requête, mais, cette fois, auprès du gouvernement
fédéral?
Là, vous nous dites: Des requêtes retirées. Je
voudrais bien avoir des détails concernant les requêtes qui
pourraient être refusées. Est-ce qu'il y a effectivement des
requêtes qui peuvent être refusées par le
ministère?
Mme Payette: Je vous répondrai très
sérieusement que le retrait de ces chartes est dû uniquement
à des études qui aboutissent à des
défectuosités inhérentes à la charte qui nous
obligent à les retourner.
Maintenant, quant à savoir quels sont les motifs profonds qui
guident les requérants vers le retrait pour d'autres raisons que la
non-observation de critères rigoureux de la loi et de la
réglementation, je ne saurais me prononcer.
M. Roy: Êtes-vous en mesure de nous dire ce qu'on peut
considérer, au ministère, comme délai normal entre le
moment où la personne fait sa requête et le moment où elle
reçoit sont acceptation?
Mme Payette: Vous parlez d'un délai normal...
M. Roy: Qu'est-ce qu'on considère, au ministère,
comme étant un délai normal entre le moment de la production de
la requête et le moment où la requête est
acceptée?
Mme Payette: On peut parler d'un délai statistiquement
normal, c'est-à-dire que, encore là, sérieusement, lorsque
je parle d'un délai normal, toute corporation constituée chez
nous à la suite d'une requête subit des délais. Elle peut
être incorporée dans un délai d'une semaine comme elle peut
l'être dans un délai de huit mois. Il y a toujours des raisons qui
normalisent les raisons pour lesquelles ça peut retarder.
Il y a certaines corporations qui, à cause de leur
caractère particulier, ne peuvent être acceptées
immédiatement par le ministre sans qu'il consulte d'autres ministres
à cause du caractère particulier de la requête. Dans le cas
de corpora- tions qui sont dans le domaine de la santé, qui sont
chargées, par exemple, d'administrer des garderies, il est du devoir du
ministre de s'enquérir, auprès du ministre des Affaires sociales,
de la compétence des gardiens, de la propreté des lieux, de
toutes sortes de normes en matière d'hygiène et autres, afin de
savoir s'il est normal qu'on accorde la corporation. Ça ne sert à
rien de constituer une compagnie lorsqu'elle n'aboutit pas à un permis
de fonctionnement.
M. Roy: M. le Président... Excusez-moi, est-ce que la
réponse était terminée?
Mme Payette: Non, elle n'est pas terminée. M. Roy:
Excusez-moi.
Mme Payette: En dehors de ces cas exceptionnels qui font que, de
temps à autre, l'incorporation ou la constitution en corporation
s'étire dans des délais qui paraissent souvent inacceptables...
Cela est dû à une quantité de consultations que nous devons
faire. Il y a un autre cas typique, c'est celui de la liquidation d'une
compagnie qui doit aboutir à une consultation avec le ministère
du Revenu, ne voulant pas priver le gouvernement de certaines sources de
taxation ou d'arrérages qu'il serait difficile de percevoir à la
suite du décès d'une corporation.
On peut donc dire que, compte tenu de ces cas un peu particuliers, le
délai normal pour obtenir une corporation peut varier de quinze jours
à un mois.
Si je peux me permettre d'ajouter une précision, je dirais que,
lorsque nous avons une requête assez simple parfaitement conforme
à la loi et à nos exigences, on est certainement capable de
passer à travers toutes nos procédures en l'espace d'une semaine.
Je parle, évidemment, de nos procédures internes. Lorsque M.
Rioux parle de quinze jours, il faut, évidemment, tenir compte des
délais postaux. Je pense que tout le monde sait qu'actuellement la
poste, malheureusement, est un peu lente et qu'il faut compter le délai
pour que nous parvienne la requête et il faut ensuite compter le
délai pour que nous répondions au requérant.
Les postiers ne sont pas enthousiastes.
Disons que c'est un délai très standard.
M. Roy: Cela dépend encore d'Ottawa parce que les postiers
relèvent d'Ottawa. Il faudrait avoir notre ministère des Postes,
je m'excuse. L'interférence est venue, premièrement, du ministre
et je m'excuse d'avoir continué.
Mme Payette: Vous n'avez pas à vous excuser, M. le
député. Je voudrais préciser ceci: Cela peut être
même plus court que cela. Nous acceptons des demandes, très
souvent, je dirais même de façon quasi systématique, de
personnes qui se présentent à nos bureaux ou qui nous envoient
une lettre nous disant que c'est urgent. À ce moment, on fait
étudier le dossier en priorité pour autant, bien entendu, que
cela ne nuise pas aux acti-
vités courantes parce qu'à ce moment, cela deviendrait
discriminatoire. Quand on a un volume trop élevé de dossiers,
à ce moment, on serre la vis et on diminue un peu les urgences, mais
quand on fonctionne normalement, on va accorder des urgences et il peut arriver
que la personne aura ses lettres patentes dans la journée même. Je
ne vous dis pas que c'est courant on n'en entend pas parler en
général mais cela se fait et j'ai dit à
l'intérieur d'une semaine, cela peut être dans la journée
même. Cela peut être un délai de deux jours, ou
peut-être de trois jours, dépendant toujours de la
complexité de la requête et de sa conformité parce que je
dois dire, malheureusement, que nous ne recevons pas que des requêtes
conformes à la loi. Trop souvent, malheureusement, c'est en dehors de la
loi.
M. Roy: C'est pour cela un peu que j'expliquais... On a soumis un
point tout à l'heure qui me laisse assez perplexe dans l'exemple qui
nous a été donné. On a pris comme exemple le cas des
garderies et la communication avec le ministère des Consommateurs et le
ministère des Affaires sociales. Si le ministère des
Consommateurs veut vérifier l'application des politiques des
différents ministères du gouvernement avant l'émission de
lettres patentes à des associations, syndicats, coopératives,
caisses d'épargne, garderies, n'importe quel type d'association, de
compagnie ou de groupe qui désire s'associer et qu'on commence, au
ministère des Consommateurs, à vouloir faire une
vérification auprès des ministères pour voir si c'est
conforme aux politiques du ministère, je commence à me poser des
questions parce que je ne vois pas le ministère des Consommateurs comme
étant le ministère de la surveillance gouvernementale.
Mme Payette: ... une mise en garde, M. le
député.
M. Roy: Les paroles de madame le ministre me rassurent, mais je
ne suis pas assez rassuré. Je veux continuer un peu dans le même
sens...
Mme Payette: ... de vous rassurer. Je ne fais que cela depuis un
an.
M. Roy: ... parce que...
M. Lalonde: Ce n'est pas un grand succès d'après ce
que je vois.
Mme Payette: Avec le député de Beauce-Sud, c'est un
échec total.
M. Roy: C'est pour cela que ça prend des contrats de
publicité.
M. Lalonde: Ah oui! $1,8 million! Cela coûterait moins cher
que $1,8 million pour rassurer le député de Beauce-Sud!
M. Roy: Je vais prendre à titre d'exemple le cas d'une
garderie.
Mme Payette: Vous voulez dire qu'il ne vaut pas cela, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: ...
M. Roy: J'espère que mon collègue ne tiendra pas
des propos qu'il pourrait regretter à un certain moment. J'aimerais tout
simplement revenir là-dessus, la question des garderies. Je prends cela
à titre d'exemple parce que je pense qu'on a un très bon exemple
entre les mains. Si des groupes de citoyens ou de citoyennes décident de
demander une charte, des lettres patentes et de se faire agréer
auprès du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, je pense que c'est une chose, le droit de
s'associer, le droit de se créer des institutions, des organismes. En ce
qui a trait au permis que doit émettre le ministère des Affaires
sociales, si un tel permis est requis, cela regarde le ministère des
Affaires sociales, parce que le ministère des Affaires sociales ne peut
pas émettre de permis à une entreprise, à une association
qui n'existe pas. J'ai déjà eu, dans le passé, à
piloter certains dossiers et je dois dire, M. le Président, et je veux
attirer l'attention du ministre là-dessus, que je le mets en garde
contre cette tentation, qui pourrait exister ou qui pourrait prendre de
l'ampleur au sein de son ministère, de léser les gens dans leur
strict droit d'association dans le cadre d'une politique qui veut quand
même une liberté d'association et une liberté d'entreprise.
(12 h 45)
Le fait d'émettre des lettres patentes et pour moi c'est un
principe qui est fondamental, de reconnaître l'existence d'une
société ou d'une association quelconque, c'est une chose; en ce
qui a trait à l'activité par la suite, il y a d'autres lois dans
d'autres ministères et ce n'est pas le rôle du ministère
des Consommateurs de faire en sorte que, par le contrôle de
l'émission des lettres patentes, on surveille l'application des lois des
autres ministères, parce qu'on n'en sortira pas et c'est justement
là que nous risquons que la population prenne le canal du
fédéral et que, tantôt, nous ayons plus d'entreprises ou de
sociétés au Québec qui soient régies par les lois
fédérales que par nos lois provinciales. S'il y a un gouvernement
qui devrait être sensible à ce genre de chose et à cette
situation, c'est bien l'actuel gouvernement du Québec.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Beauce-Sud a toujours un petit peu tendance à exagérer.
L'énumération qu'il a faite tout à l'heure des
responsabilités qu'il voudrait nous attribuer, et dont on ne veut pas
d'ailleurs... Je n'ai pas noté la liste des sujets sur lesquels il a dit
que, peut-être, nous sentions le besoin d'intervenir. C'est beaucoup plus
limité que cela, M. le Président, et je vais laisser M. Rioux
compléter la réponse, en particulier au sujet des garderies.
En principe, je ne crois pas que nous ayons jamais établi de
politique susceptible d'empêcher les gens d'utiliser la liberté
d'association, ce qui serait futile d'ailleurs, comme vous l'avez
souligné, puisque toute tentative d'abuser de ce
côté-là
amènerait nécessairement un déplacement de
l'incorporation vers le gouvernement fédéral. Chez nous, à
ma connaissance, cela n'existe pas.
Il existe réellement des délais qui sont dus à des
consultations. Ce ne sont pas des consultations qui sont faites dans le but
d'accaparer des juridictions ou une autorité qui relève d'un
autre ministère. Je prenais le cas, par exemple, des Affaires sociales.
Comment pouvons-nous prendre sur nous d'émettre des lettres patentes
constituant une garderie, un foyer pour personnes âgées ou autre
chose, qui exige l'adoption d'un arrêté en conseil dans lequel il
faut absolument mentionner que nous avons consulté le ministère
des Affaires sociales? À ce moment-là, c'est strictement dans un
domaine purement d'ordre corporatif et nous n'avons pas l'intention
d'arrêter des lettres patentes en prétextant que le foyer est plus
ou moins bien tenu; c'est évident. Alors, il y a un arrêté
en conseil qui doit être donné et la confirmation que nous
demandons au ministère des Affaires sociales afin de nous permettre de
rédiger l'arrêté en conseil peut, du côté de
ce ministère, les induire à enquêter sur un minimum de
critères qu'ils auront éventuellement à appliquer lorsque
viendra le temps d'un permis.
À quoi servirait-il de former une corporation qui deviendrait une
coquille, pour ne pas employer le mot "shell", par incapacité d'exercer
ses pouvoirs, vu l'absence d'un permis que le ministère des Affaires
sociales leur refusera à cause de certaines circonstances? Ce n'est pas
notre problème. Je dis simplement que la référence qui est
faite au ministère des Affaires sociales en est une afin de
déterminer, s'il y a lieu, de produire un arrêté en conseil
dans lequel nous sommes obligés de mentionner la consultation.
M. Roy: D'accord.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui arrive, M. le Président,
dans ces conditions, si cette même demande se fait au
fédéral?
Mme Payette: Je crois que je ne pourrais pas parler pour le
ministère des Affaires sociales. Je crois que c'est un type de
corporation qui doit nécessairement être formé en vertu des
articles 46 ou 48 de la Loi des services de santé et des services
sociaux.
M. Lalonde: Cette obligation est dans la loi.
Mme Payette: Elle est dans la loi. Je ne voudrais pas donner
d'avis juridique en lieu et place du ministère des Affaires sociales,
mais je serais extrêmement surpris qu'on puisse procéder
autrement. D'ailleurs, ce genre d'institution est justement du ressort des
pouvoirs des provinces, si ma mémoire est bonne.
M. Saint-Germain: Alors, la corporation formée par le
fédéral deviendrait tout à fait illégale au
Québec.
Mme Payette: Le domaine constitutionnel est un sujet sur lequel
je n'ai jamais eu à me pencher vis-à-vis des hôpitaux
puisque nous...
Si ces gens veulent essayer, M. le député de
Jacques-Cartier, on pourra en discuter après.
M. Saint-Germain: Non, je pose une question. Écoutez,
c'est bien beau; si on constate un problème que le ministre ne semble
pas prendre au sérieux... Pour quelle raison, dans les compagnies, les
Québécois tendent-ils à s'incorporer au
fédéral? Pourquoi pas au provincial?
Mme Payette: Votre question n'était pas à ce
sujet-là, je pense, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Bien oui, mais si, lors de l'émission
d'un permis, au niveau du ministère, on fait toutes sortes
d'enquêtes qui ne se font pas au fédéral, les gens... C'est
un facteur. Surtout, si les enquêtes se font ici, ça retarde
l'incorporation d'une question de mois. Maintenant, vous me répondez ou
on a semblé répondre que c'était à cause d'une loi
du ministère des Affaires sociales. Je comprends mieux la situation,
mais...
Mme Payette: La réponse était, M. le
député de Jacques-Cartier... Puisqu'on a bien dit que
c'était, selon la constitution, du ressort du Québec, s'il venait
à l'esprit de quelqu'un de demander une incorporation d'une garderie au
gouvernement fédéral et si cette incorporation était
accordée, je vous dis que ces personnes peuvent toujours le faire et on
verra après, parce que je pense qu'il y aurait là, encore une
fois, une belle lutte sur le plan constitutionnel.
Sur le plan de la juridiction du fédéral et du
provincial...
M. Saint-Germain: Excusez-moi. Il y a deux choses; on peut avoir
l'incorporation sans avoir le permis. La même corporation qui est
formée au fédéral revient au provincial et fait une
demande de permis au ministère des Affaires sociales pour faire
fonctionner une garderie.
Mme Payette: Je dirais simplement ceci: Je serais
extrêmement surprise, mais, encore là, il ne s'agit pas d'un avis
juridique je crois que le ministère des Affaires sociales serait
mieux placé que moi pour le faire je serais extrêmement
surprise que des établissements, au sens de la Loi des services de
santé et des services sociaux, puissent être constitués en
vertu d'une autre loi que celle qui les régit et qui est la loi
provinciale. Je serais extrêmement surprise.
M. Roy: II y aurait peut-être un autre exemple, je
m'excuse.
M. Lalonde: Allez-y.
M. Roy: II y aurait peut-être un autre exemple sur lequel
j'aimerais attirer l'attention du minis-
tère. En vertu de la loi de la qualification des entreprises de
la construction, qui est régie par la Loi des entreprises de
construction du Québec et qui a obligé un certain nombre de
personnes, à cause des exigences, des cartes professionnelles, de la
compétence, en somme des grandes lois de la construction, que l'on a
obligé un certain nombre de personnes à se former une compagnie,
se former une personne morale, pour pouvoir fonctionner. Le ministère
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières,
avant d'émettre une charte à ces gens-là, avant de leur
émettre des lettres patentes, peu importe le nom qu'on emploie, verrait
à communiquer avec la Régie des entreprises de construction, on
placerait des gens, dans le Québec, dans des situations
extrêmement pénibles, extrêmement difficiles et on
léserait des droits.
On a parlé des garderies, tout à l'heure. Je comprends que
les garderies sont des établissements qui doivent être
créés en vertu des lois, ce sont des établissements qui
relèvent du ministère des Affaires sociales.
Mais, dans le cas d'une entreprise de construction parce que cela
peut être une petite entreprise de construction locale, comme cela peut
être une grosse entreprise de construction, qui est régie
exactement par la même loi, mais qui peut être constituée en
vertu des lois du Québec, comme elle peut être constituée
également en vertu des lois fédérales si le
ministère entreprenait des pourparlers ou des consultations avec la
Régie des entreprises de la construction, on placerait bien des gens.
J'aurais bien des cas à citer et bien des exemples. Je n'accuse pas le
ministère. Je ne veux pas que Mme le ministre pense que
j'exagère. C'est une mise en garde ce matin, parce qu'il y a quelques
cas particuliers. Je comprends que ce sont toujours des exceptions et qu'on ne
peut pas faire des lois en fonction des cas d'exception. Il y a des cas,
jusqu'à maintenant, sur lesquels je suis obligé de
travailler.
J'aimerais bien qu'on me rassure et qu'on nous rassure de ce
côté-là.
Mme Payette: D'accord.
On pourrait dire ceci. Dans le domaine des consultations d'abord,
à ma connaissance, elles n'affectent pas, ou, du moins, elles ne
concernent pas les corporations à but commercial. Première
affaire. Nous ne nous réfugions pas derrière tes
inconvénients que pourraient peut-être trouver d'autres
organismes, pour refuser la constitution d'une charte.
Troisièmement, même si la corporation en question,
même si les requérants en question se voyaient refuser
l'accès à nos lois provinciales pour obtenir leur constitution en
corporation, il n'y a rien qui les empêcherait de s'adresser au
fédéral. À ce moment-là, la régie dont vous
parlez aurait à effectuer exactement le même travail, soit celui
de refuser le permis.
Or, dans les cas dont vous parlez, je ne crois pas je ne dis pas
que cela n'existe pas qu'on se soit servi de la discrétion
ministérielle du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institu- tions financières, pour refuser une charte, alors que les
arguments soulevés seraient ceux qui se situent au niveau du permis.
M. Lalonde: Sur la question de l'incorporation, je pense qu'il y
a deux raisons en particulier qui motivent, qui expliquent cet abandon que les
Québécois ont fait de leur Loi des compagnies pour se diriger
surtout vers la Loi des compagnies fédérale. Il y a d'abord la
désuétude de la loi. C'est pourquoi je posais la question
à savoir si on ne pourrait pas la moderniser, à petits coups,
s'il le faut, et ne pas attendre cette très désirable
réforme globale Me Rioux l'a expliqué qui a pris
beaucoup de temps d'ailleurs ailleurs aussi dans les autres juridictions
où on l'a faite. Il y a aussi le climat politique.
On peut sourire de l'autre côté quand on dit: Nos clients
ne se trompent pas. Quand ils viennent nous voir, ils veulent incorporer une
compagnie, il nous disent: Allons au fédéral, au cas... Cela
joue.
Je connais très bien Me Rioux et son sens de l'humour. Je le
considère même, je pense, comme un de mes amis. La remarque qu'il
a faite tantôt, qui se voulait humoristique, je vais tenter quand
même de la relever pour la corriger. Je vais vous dire pourquoi. Certains
membres de la population, même certains parmi les députés
ministériels pourraient croire que c'est l'enthousiasme qui fait que 80%
des compagnies fédérales ont leur siège social au
Québec. Je pense qu'on devrait plutôt dire que 80% des compagnies
incorporées au fédéral proviennent du Québec. Les
incorporateurs sont des citoyens canadiens demeurant au Québec. Ce ne
sont pas des citoyens de l'Ontario qui incorporent les compagnies
fédérales pour mettre leur siège social au Québec.
Je sais que c'est à la blague que Me Rioux le disait. C'est ainsi que je
l'avais pris. Il faut le rectifier, parce qu'il y en a qui seraient prêts
à croire Me Rioux.
M. le Président, avant de terminer je sais qu'on ajourne
à 13 heures j'aimerais poser une question. Le ministère,
autrefois des Institutions financières, maintenant des consommateurs
avait plusieurs excellentes traditions dont une était d'être le
premier à produire son rapport annuel. Notamment, on a eu beaucoup de
renseignements qui nous ont été transmis par le ministre et nous
l'en remercions. Y aurait-il lieu de nous dire quand le rapport annuel de
l'année dernière sera produit? Celui-ci est de 1976/77, mais
celui de 1977/78.
Mme Payette: L'année financière venant seulement de
se terminer, M. le député, le rapport ne saurait tarder. Je
voudrais cependant relever la dernière remarque du député
de Marguerite-Bourgeoys qu'il a tenté de faire passer inaperçue.
Le ministère est toujours le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières et non pas le
ministère des consommateurs.
M. Lalonde: Oui, je disais qu'autrefois on l'appelait le
ministère des Institutions financières, etc. Maintenant, c'est le
ministère des Consommateurs, etc.
Mme Payette: J'avais vu là une allusion malveillante, M.
le Président.
M. Lalonde: Ce n'est pas là...
Mme Payette: Qu'on veuille m'excuser si j'ai mal
interprété les paroles du député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je pourrais suggérer, pendant la fin de
semaine où nous allons choisir le prochain premier ministre du
Québec, aux prochaines élections...
Mme Payette: Un autre prophète!
M. Lalonde: ... que le ministre des Consommateurs
accélère un peu le travail et nous distribue le rapport annuel
mardi, lorsqu'on reviendra.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a des...
Mme Payette: Vous souhaitez déjà un miracle en
pensant choisir le prochain ministre. Il ne faudrait pas en souhaiter un
deuxième.
M. Lalonde: J'ai quelques remarques. Il y a une autre chose que
je voudrais dire avant de terminer. Je comprends pourquoi le gouvernement
essaie de "bulldozer" une loi pour créer une compagnie minière,
c'est-à-dire la Loi de la Société nationale de l'amiante.
Savez-vous pourquoi? Pour doubler la production de compagnies minières.
Savez-vous combien de compagnies minières ont été
incorporées en 1977? Une. En juillet.
M. Paquette: Oui. C'est pour cela qu'il faut faire quelque chose
plus vite.
M. Lalonde: On a incorporé dix fois plus de fabriques,
trois fois plus d'évêques, et 24 fois plus de corporations
religieuses. Je suis tout à fait en faveur et je suis de plus en
plus...
Mme Payette: C'est pourquoi il faut choisir un pape en fin de
semaine.
M. Lalonde: ...en faveur des activités religieuses.
M. Roy: Ce n'est pas parce que nous avons un régime pieux
qu'on abolit la prière.
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
à 10 heures, mardi prochain.
(Fin de la séance à 13 heures)