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Etude des crédits du ministère
des
Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, madame,
messieurs!
La commission permanente des. consommateurs, coopératives et
institutions financières est réunie pour faire l'étude des
crédits du ministère pour l'année 1979/80.
Les membres de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville); M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Gagnon (Champlain); M. Goulet
(Bellechasse); M. Laberge (Jeanne-Mance); M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Lefebvre (Viau); M. Paquette (Rosemont) remplacé par M. Clair
(Drummond); Mme Payette (Dorion); M. Samson (Rouyn-Noranda); M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska); M. Giasson
(Montmagny-L'Islet); M. Gosselin (Sherbrooke); M. Gravel (Limoilou); Mme
Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine); M. Perron (Duplessis); M. Raynauld
(Outremont).
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Mme le ministre.
M. Clair: M. le Président, je vous suggérerais de
demander au député de Champlain d'agir à titre de
rapporteur des travaux de cette commission.
M. Lalonde: Ah oui!
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que M. le
député de Champlain accepte?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Champlain sera rapporteur des travaux de cette commission.
M. Lalonde: Avant de commencer, madame, ne considérez-vous
pas que vous pourriez suspendre l'étude des crédits pour les
réviser à la hausse, parce qu'on sait que le gouvernement hier
soir s'est enrichi du dépôt de tous les candidats battus dans
Argenteuil? Ce seraient quelques centaines de dollars qui pourraient être
accordés au ministère des Institutions financières.
Mme Payette: On fera cela l'an prochain. M. Lalonde: L'an
prochain, bon, très bien!
Remarques préliminaires
Mme Lise
Payette
Mme Payette: M. le Président, je ne vais prendre que
quelques minutes, au début de la séance de cette commission, pour
faire rapidement le point sur les dossiers qui ont été, au cours
des deux dernières années, les dossiers principaux du
ministère, sur ceux qui impliquent un certain nombre de gestes
législatifs dans les semaines, dans les mois qui viennent, et sur les
autres, sur lesquels des questions avaient été posées l'an
dernier et au sujet desquels j'avais pris certains engagements. Cela me
permettra de faire savoir où en sont les travaux au sujet de ces
engagements que j'avais pris.
Immédiatement après, si la commission est d'accord, sans
que nous y soyons vraiment obligés, il me fera plaisir de demander
à M. De Coster, le président de la Régie de l'assurance
automobile, qui ne dispose que des quelques heures de la matinée pour
répondre aux questions des députés ministériels et
des députés de l'Opposition, je lui demanderai peut-être et
je demanderai l'autorisation de mes collègues qu'il soit le premier
à être interrogé, ce matin, s'il y a lieu.
Dans le domaine de la protection du consommateur, vous savez que nous
avons maintenant un projet de loi qui a été adopté par
l'Assemblée nationale avant Noël. Nous travaillons
présentement sur les règlements qui doivent entrer en vigueur
éventuellement. Nous pensons, nous visons comme objectif le 1er novembre
1979 et, pour ce qui concerne ces règlements, les consultations...
Vous savez, M. le Président, que nous avions
présenté un projet de règlement avec le projet de loi.
Nous continuons donc de travailler sur ces règlements. Les consultations
se continuent avant même la prépublication dans la Gazette
officielle. Nous avons travaillé avec tous les groupes concernés,
tous les groupes qui auront à vivre avec la Loi de protection du
consommateur. Si, dans certains cas, certains de nos interlocuteurs nous
indiquaient que le 1er novembre 1979 paraît une date trop serrée,
je puis vous assurer que nous écouterions toute suggestion qui ferait en
sorte que nous puissions assurer une application réaliste et
intelligente de la Loi de protection du consommateur.
Il y a également un autre projet de loi qui faisait partie de
lavant-projet de loi de protection du consommateur qui avait été
déposé en 1978 et qui, par la suite, a été
retiré de la loi 72. C'est toute cette partie qui traite des relations
entre commerçants et, en particulier, des agences de recouvrement. Ce
projet de loi et le mémoire qui l'accompagne sont déjà
rendus au Conseil des ministres pour examen. J'espère que cela se fera
le plus rapidement possible. Ce projet de loi est donc prévu pour
dépôt et adoption avant l'ajournement de juin, si possible.
Relativement au projet de loi concernant les agences de sollicitation,
vous savez qu'à la suite du rapport de la CECO au ministre de la
Justice, nous avons entrepris une étude de la législation
américaine dans ce domaine, dans plusieurs Etats américains. Nous
prévoyons préparer le mémoire et le projet de loi pour les
acheminer au Conseil des ministres dans les plus courts délais.
En ce qui concerne le deuxième volet du Code de protection du
consommateur qui est consacré au domaine de l'immobilier, nous y
travaillons toujours. Je peux vous dire que le mémoire ou plutôt
le document de travail qui précède le mémoire est
complété et que nous avons l'intention, avec ce document de
travail, d'entreprendre une consultation auprès des milieux qui sont
directement impliqués. J'ai dit à quelques reprises que
c'était un secteur un peu difficile. Nous avons formé un
comité de travail qui est composé de représentants du
ministère de la Justice, du ministère des Affaires municipales,
de la Régie des entreprises de construction et des notaires de la
pratique privée afin de faire le tour de la question et de
dégager les conclusions qui sont consignées dans ce document
auquel je viens de faire allusion.
Le document est presque terminé, comme je vous le disais, et il
sera envoyé, dans les prochaines semaines, aux associations et
organismes intéressés comme, par exemple, la Chambre des
notaires, le Barreau, la Chambre de commerce, les associations de
constructeurs, les associations et chambres d'immeuble. L'Office de la
protection du consommateur serait disposé à rencontrer toutes ces
personnes avant de présenter un mémoire final qui suivra lui
aussi le cours normal, c'est-à-dire qu'il ira au Conseil des ministres
et qu'il deviendra un projet de loi qui sera déposé à
l'Assemblée nationale.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que nous avons
également déposé la loi 87 en novembre 1978. Elle n'a pas
été rappelée à la présente session, parce
qu'il nous est apparu utile de bien nous assurer qu'il y ait cohérence
entre cette Loi du courtage immobilier et le travail que nous avions entrepris
dans le domaine de la protection du consommateur, pour ce qui a trait à
l'immobilier également. C'est après avoir consulté les
associations en immeuble et après entente avec elles et à leur
demande que nous avons décidé de ne pas rappeler ce projet de loi
avant de pouvoir rediscuter avec les intéressés du contenu
éventuellement du deuxième volet du Code de protection du
consommateur.
Je peux également, M. le Président, vous annoncer pour les
semaines à venir des amendements à la Loi des compagnies. Afin de
permettre des procédures plus simples d'incorporation des compagnies
à but lucratif et parce que la refonte du droit corporatif se fera
attendre encore au moins deux ans, nous déposerons un projet de loi qui
prévoira entre autres les dispositions suivantes: la constitution de la
compagnie par dépôt de ses statuts, la possibilité de
constituer et maintenir une compagnie d'un seul actionnaire,
l'élimination des objets corporatifs qui font référence
aux activités permises et leur remplacement par le principe de la
capacité d'une personne naturelle, la possibilité de tenir des
réunions par téléphone et de prendre des décisions
en signant des résolutions écrites et la possibilité
d'être administrateur sans être actionnaire.
Donc, M. le Président, ce que nous visons, c'est d'agir plus
rapidement qu'avec la réforme du droit corporatif, avec plus de
simplicité également, moins de discrétion et moins de
formalisme.
Nous entendons également amender la Loi des syndicats
professionnels, essentiellement afin d'enlever un formalisme inutile. Par
exemple, ils n'auront plus à faire approuver leurs règlements par
le ministre. Ce seront des choses à venir pour très
bientôt.
Nous avons devant nous, à l'Assemblée nationale, un projet
de loi le projet de loi no 19 qui amende la Loi des associations
de coopératives. Nous travaillons à la préparation du
sommet coopératif pour l'automne prochain. En ce qui concerne, M. le
Président, les amendements à la Loi de la société
de développement coopératif, un mémoire est
déjà prêt et déjà au Conseil des ministres
pour examen dans les semaines qui viennent. Le Comité de
développement économique a approuvé ce mémoire le
26 avril dernier et il reste à franchir l'étape du Conseil du
trésor avant de pouvoir déposer des amendements devant
l'Assemblée nationale. (10 h 15)
Nous avons entrepris, depuis déjà trois mois, avec les six
fédérations des caisses d'épargne et de crédit, une
consultation en vue de la refonte de la Loi des caisses d'épargne et de
crédit. De part et d'autre, je crois que nous sommes très
satisfaits de l'examen des revendications qu'elles nous avaient faites. Les
fédérations doivent travailler entre elles, maintenant, pour nous
présenter une position qui leur soit commune, autant que possible. Les
fédérations sont d'accord avec nous pour dire qu'il s'agit d'un
travail de longue haleine et, si des amendements mineurs étaient
demandés d'ici là, nous sommes bien disposés à leur
endroit, par exemple en ce qui concerne les réserves qui étaient
prévues dans la loi 46. Si les fédérations nous faisaient
des représentations dans le sens d'amendements, nous sommes prêts
à les étudier, même si vous savez, M. le Président,
que la loi 46 avait été soumise à la consultation des six
fédérations, et c'est en accord avec les
fédérations que nous étions intervenus à ce
moment-là.
Je pense que cela résume essentiellement le travail que nous
faisons présentement au ministère. Nous sommes disposés
à répondre à toutes les questions. Je devrais
peut-être vous glisser un mot également de la Commission des
valeurs mobilières, puisque nous y reviendrons dans l'étude de
ces crédits. Nous attendons toujours les amendements à la Loi de
la Commission des valeurs mobilières. Nous sommes assurés par le
président de cette commission que le travail suit son cours;
ii a dit se fixer un nouvel échéancier, mais il serait
bien possible que des amendements soient déposés dans les mois
qui viennent.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Je n'ai pas préparé de
déclaration préliminaire pour l'étude de ces
crédits. Malheureusement, la semaine dernière, je devais terminer
les études en vue de cette commission, mais on m'a mobilisé pour
aller travailler dans le comté d'Argenteuil.
M. Lalonde: Avec quel succès! Nous félicitons le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Les succès que nous avons eus font que
je ne peux pas trop regretter d'avoir négligé un peu ce travail
qui reste tout de même important. Travailler dans le comté
d'Argenteuil, comme vous le voyez, n'est pas facile, on en sort toujours un peu
handicapé, mais, avec la victoire, on accepte facilement les
inconvénients qu'on peut y retrouver.
Cependant, dans la déclaration de Mme le ministre si vous
le permettez, je prendrai quelques minutes avant de réellement commencer
article par article l'étude de ces crédits ce qui me
frappe, c'est...
Mme Payette: J'espère que cela n'est pas une
automobile.
M. Saint-Germain: Comment?
Mme Payette: "Ce qui me frappe", j'espère que cela n'est
pas une automobile.
M. Saint-Germain: Non, j'ai eu ma part de ce point de vue;
surtout avec l'assurance automobile qui existe aujourd'hui, je n'aurais pas
d'intérêt pécuniaire à me faire frapper,
croyez-moi.
M. Lalonde: ... prudent.
M. Saint-Germain: On va essayer d'être prudent à ce
point de vue.
En ce qui regarde la protection du consommateur, vous vous souvenez l'an
dernier que nous avons étudié cette loi qui était tout de
même vaste et qui exigeait, certainement, une critique serrée de
l'Opposition, vu qu'on pouvait considérer que cette loi apporterait
certaines difficultés d'application. On l'a étudiée, tout
de même, dans une situation assez difficile, c'est-à-dire qu'on a
terminé l'étude de cette loi au mois de décembre, alors
qu'on était bousculé par le gouvernement et que nous avions une
montagne de lois à étudier les tout derniers jours de cette
session. Lorsqu'on voit que les règlements ne viendront en vigueur qu'au
mois de novembre, et même cela n'est pas une promesse ferme, il est
possible que ce soit en l'année 1980 seulement, on peut tout de
même se demander pour quelle raison on n'aurait pas pu étudier
cette loi dans des conditions qui nous auraient permis d'aller plus encore au
fond des problèmes que cette loi pouvait poser. Enfin, cela semble
être l'habitude du gouvernement de nous mettre, nous de l'Opposition,
dans un cul-de-sac à la fin des sessions, bien que, pendant que ces gens
étaient dans l'Opposition, ils aient bien promis à la population
qu'il était absolument d'intérêt public de voir à ce
que les travaux parlementaires se déroulent normalement, tout au long de
l'année.
Après deux ans et demi de pouvoir du Parti
québécois, nous en sommes encore aux promesses en ce qui regarde
la protection du consommateur concernant les agents de recouvrement et les
agents de sollicitation. Ce sont pourtant des champs d'activité
où il y a eu des abus graves, surtout en ce qui regarde les agents de
sollicitation. Ceux qui se sont tenus au fait des travaux de la CECO et qui en
ont entendu les témoignages savent qu'il y a eu là fraude et que
bien des citoyens y ont perdu des montants quelquefois assez
considérables.
Malgré deux ans et demi, comme je disais, nous en sommes rendus
encore à des promesses. Ces dossiers évoluent bien tranquillement
et on peut se poser des questions sur l'efficacité dans l'administration
de ce ministère, car ce n'est pas un domaine neuf non plus. Au
ministère, lors de la prise du pouvoir, des études avaient
été faites dans ces champs d'activité, il y avait
même la loi qui les couvrait jusqu'à un certain point.
C'étaient simplement des modifications à la loi et, après
deux ans et demi, nous en sommes encore au niveau de l'étude.
Je pourrais ajouter exactement la même chose au point de vue du
courtage immobilier. On sait que c'est un champ d'activité où
beaucoup de consommateurs ont subi des préjudices très
sérieux. Depuis des années, on parle de protéger le
consommateur dans le monde immobilier et nous en sommes encore rendus aux
études. Une loi a été déposée à la
fin de la session, l'automne dernier, et voilà qu'on admet volontiers
que cette loi a été mal étudiée, on ne l'a pas
déposée, on a même formé un comité. Je
suppose qu'on aura une nouvelle rédaction pour la loi qui devra
s'appliquer dans ce domaine. C'est inconcevable, M. le Président, un tel
retard, surtout dans le domaine de l'immobilier; il y avait déjà,
au ministère, des études qui avaient été faites,
des constatations qui avaient été faites et il me semble que le
consommateur devrait, actuellement, après deux ans et demi de pouvoir,
être protégé adéquatement dans ce champ
d'activité.
Je pourrais aussi ajouter que la loi 46 est encore une de ces lois qu'on
a étudiées, croyant modifier adéquatement la Loi des
caisses d'épargne et de crédit. On nous avait assurés que
des consultations avaient été faites, que l'unanimité
s'était dégagée parmi les fédérations de ces
diverses caisses d'épargne et de crédit et, quelques mois plus
tard, à une assemblée générale de
la fédération des caisses populaires, voilà que,
par un vote de l'assemblée générale, on demande au
gouvernement de modifier encore cette loi.
Pour moi, c'est assez surprenant, surtout qu'on nous avait
assurés comme je le disais que cette loi était le
résultat d'un dialogue sérieux entre les
fédérations. Je crois que cette loi aurait dû être
étudiée à cette commission parlementaire. On aurait pu
écouter les représentants des diverses fédérations.
J'imagine bien que, tout de suite, on aurait eu des voix discordantes et,
à titre de députés, soit du gouvernement ou de
l'Opposition, nous aurions pu nous apercevoir que les déclarations du
ministre étaient, à ce point de vue, fragiles et reposaient je ne
sais pas sur quelle base.
Je constate aussi que Mme le ministre nous avait promis une modification
de la Loi des compagnies. Avec le nombre de compagnies
québécoises qui sont incorporées à Ottawa, on avait
déjà basé sur ces contestations, cette constatation que la
majorité des compagnies québécoises, ou, du moins, une
bonne partie des compagnies québécoises étaient
incorporées à Ottawa. Le nombre en est tel que nous avons plus de
compagnies québécoises incorporées à Ottawa que
toutes les autres provinces. Cela me semble être une preuve
évidente que la loi n'est pas adéquate.
On avait mentionné avant ces longues études qui devaient
modifier totalement la Loi des compagnies, vu que cette étude prendra
des années, et on avait cru qu'il serait peut-être bon de modifier
au moins temporairement la Loi des compagnies. Cette argumentation n'avait pas
semblé être retenue par le ministère. Mais voilà
qu'on nous annonce que, probablement, on arrivera cette année avec une
modification de cette loi, au moins une modification partielle pour essayer de
modifier, pour autant qu'il se peut, cette loi déjà très
ancienne. Mais nous en sommes toujours là, M. le Président, au
niveau des promesses. C'est ce que m'a fait penser cette déclaration du
ministre. Je suis toujours surpris qu'elle puisse, d'année en
année, nous faire des promesses, et nous constatons toujours que nous
sommes toujours au niveau des études.
C'est tout de même consolant de voir Mme le ministre le faire
comme si c'était la chose la plus naturelle, comme si on n'avait
absolument rien à se reprocher et comme si cette lenteur administrative
et législative découlait de facteurs très sérieux
ou de problèmes très sérieux. C'est une confiance, je
crois bien, que le reste de la population, que la population du Québec
ne partage pas vis-à-vis de t'administration de ce ministère.
M. Lalonde: Vous avez tout à fait raison.
M. Saint-Germain: C'est tout ce que j'avais à dire, M. le
Président.
Pour ce qui regarde l'étude de l'assurance automobile ce matin,
nous n'avons pas d'objection, si c'est convenable, qu'on la commence.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Très
brièvement, Mme le ministre, mes chers collègues,
personnellement, au nom de l'Union Nationale, j'assiste à la
troisième étude des crédits de ce ministère depuis
le changement de gouvernement. Il faut se rappeler que, par le passé,
les deux premières années, ces études n'avaient que peu
d'impact informatif dans la presse autant que dans le public. Cette
année, et cette année surtout, ces crédits
s'avèrent importants, car ils suivent l'adoption de la loi 72 et
également l'application d'une année complète du
régime d'assurance automobile.
Ces deux volets sont, pour nous comme pour le public, d'une importance
vitale pour l'avenir du consommateur et de l'automobiliste
québécois. Certaines études que j'ai effectuées en
compagnie de mes collègues révèlent des points majeurs
d'interrogation que j'avais soulevés ou que mon collègue de
Nicolet-Yamaska a soulevés à l'origine des deux projets de loi
qui ont aujourd'hui force légale.
Afin d'épargner du temps à cette commission, je ne les
énumérerai pas tous, sauf pour rappeler au gouvernement et au
public que l'application de ces deux lois fut, comme nous l'avions
prophétisé, probablement plus onéreuse et peut-être
moins efficace qu'on l'avait prétendu ou qu'on l'avait prévu.
La formation politique que je représente a toujours eu à
coeur les meilleurs intérêts du public et une saine gestion des
deniers publics. C'est pourquoi, M. le Président, je porterai, si vous
voulez, mes énergies dans ces deux voies au cours de l'étude des
crédits.
Quant à moi, je n'ai pas d'objection non plus à ce que,
dès ce matin, nous entreprenions le chapitre de l'assurance automobile.
Si c'est le désir de Mme le ministre, quant à moi, cela va.
Voilà, M. le Président, pour mes propos
préliminaires. (10 h 30)
Mme Payette: M. le Président, avant d'inviter M. De
Coster, puisque cela semble être le désir des membres de la
commission, j'aimerais quand même faire remarquer que, à la suite
de ce que le député de Jacques-Cartier a mentionné, ce que
je dois retenir pour ligne de conduite au cours de l'année qui vient,
c'est que, quand on fait des projets de loi, on les fait trop vite et, quand on
prend un peu de temps pour les travailler, on va trop lentement. Dans ce sens,
encore une fois, je m'interrogerai toujours sur la bonne foi de ceux qui
travaillent avec nous à cette commission.
Pour ce qui concerne la loi 46, il y a eu des allusions qui ont
été faites à mes déclarations et je pense pouvoir
redire ici et réaffirmer encore une fois que la loi 46 a
été déposée avec l'accord des six
fédérations concernées. Il n'appartient pas au
ministre, par la suite, de devoir peut-être donner du courage
à certains directeurs de fédérations qui, affrontant leurs
membres, préfèrent renvoyer au ministre la
responsabilité.
M. le Président, si vous le permettez, je demanderais à M.
De Coster de venir nous faire part des performances qui sont assez
extraordinaires de la Régie de l'assurance automobile.
M. Lalonde: M. le Président, pour laisser la chance
à M. De Coster de nous faire part de ce qu'il a à nous dire, je
vais suspendre les quelques remarques générales, les quelques
questions qu'on doit poser au début de l'étude des crédits
pour permettre au ministre de trouver les réponses, qui ne seraient
peut-être pas ici, que je poserai après l'étude de ce
programme.
Le Président (M. Marcoux): M. De Coster. Est-ce que vous
avez des propos généraux à tenir ou avez-vous des
questions? Cela dépend.
Mme Payette: M. le Président, en termes
généraux, comme je l'ai dit, rien ne nous oblige à
demander à M. De Coster d'être à cette commission. Nous le
faisons parce que nous pensons, effectivement, que les députés de
cette commission sont intéressés par ce qui se passe à la
Régie de l'assurance automobile. C'est un dossier qui nous a
donné un peu de mal au départ, mais qui s'est avéré
une décision juste et éclairée de la part du gouvernement.
Dans ce sens, je suis informée que la régie aura un rapport
complet à nous présenter vers la fin du mois de mai. Ce rapport
sera déposé à l'Assemblée nationale. Si,
entre-temps, M. De Coster peut répondre à des questions, c'est la
raison pour laquelle il est ici.
M. Saint-Germain: M. le Président, il est entendu que
personne ne peut obliger M. De Coster à être ici, mais il me
semble tout à fait normal d'avoir sa présence. Si quelqu'un peut
nous parler avec objectivité et connaissance de cause de ce qui se passe
en automobile, c'est bien M. De Coster. Cela me semble absolument
évident.
Mme Payette: L'étude des crédits ne nous y oblige
pas.
M. Saint-Germain: Je ne vois pas pour quelle raison Mme le
ministre nous fait part de cette obligation ou de cette non-obligation.
M. Lalonde: D'ailleurs, on est toujours heureux, nous de
l'Opposition, d'avoir les fonctionnaires qui peuvent nous donner les
réponses que le ministre ne peut pas nous donner. Cela éclaire
les membres de la commission.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Clair: On est toujours heureux de voir que le
député de Marguerite-Bourgeoys est là pour poser les
questions que son collègue de Jacques-Cartier ne peut pas poser.
Régie de l'assurance automobile
M. Saint-Germain: Ma première question serait simplement
de demander à M. De Coster de nous donner un aperçu des
difficultés auxquelles il a fait face et un aperçu aussi des bons
côtés de la loi, parce que nous savons très bien qu'il y a
aussi dans la loi de bons côtés. J'aimerais bien l'entendre nous
faire part de la situation actuelle de la régie à ce point de
vue, au point de vue de l'application de la loi.
Mme Payette: Comme le soulignait Mme le ministre, l'année
financière de la régie s'est terminée le 28 février
et nous aurons un rapport très complet, très
détaillé de tous les aspects du régime incluant, plus
particulièrement peut-être, ses aspects financiers pour
dépôt à l'Assemblée nationale comme requis à
la fin du mois de mai. A l'heure actuelle, nous terminons les analyses qui...
D'abord, les états financiers ont dû être
préparés. Nous n'avons pas encore reçu le rapport du
Vérificateur général et nous complétons les
analyses des données que nous révèle cette première
année de fonctionnement, tant sur le plan strictement financier que sur
le plan statistique. Alors, j'aurais aimé pouvoir donner beaucoup plus
de renseignements ce matin, mais soyez assurés que tous les
renseignements possibles seront contenus dans le rapport annuel.
Si on regarde, en rétrospective, ce qui s'est passé au
cours de l'année qui vient de se terminer, je pense qu'on a tout d'abord
constaté que l'appareil administratif était en marche au 1er mars
et que toutes les réclamations qui ont été reçues
à compter de cette date ont reçu une attention
particulière et ont été traitées avec le plus de
célérité possible, avec une performance qui est, à
notre avis, assez satisfaisante, bien que, la période de rodage
n'étant pas terminée, nous espérons pouvoir encore
améliorer de plus en plus cette performance.
Ce qui nous frappe peut-être plus particulièrement à
ce moment-ci comme, d'ailleurs, on l'a constaté au cours de
l'été, c'est le revirement du climat et l'acceptation graduelle
du régime par la population, au moins la diminution très
marquée des contestations et des critiques en ce qui a trait au
régime. Ceci, nous l'attribuons d'abord, je pense, à la plus
grande connaissance que le public a du régime, à la valeur que
nous croyons intrinsèque de ce régime et, aussi, au soin
très minutieux que nous avons, à la régie, porté au
traitement des victimes qui soumettaient des réclamations.
Les difficultés que nous avons connues ne sont pas majeures. Il y
a eu certaines difficultés de rodage d'un système qui s'est
avéré complexe, dans une certaine mesure, sur le plan
administratif.
M. Clair: M. le Président, je m'excuse d'interrompre M. De
Coster, mais, visiblement, le député de Jacques-Cartier baye aux
corneilles et l'autre, le député de Marguerite-Bourgeoys, a les
yeux perdus vers le ciel.
M. Saint-Germain: Non, je m'excuse, écoutez
là...
M. Clair: II ne faudrait pas que ça commence mal comme
ça.
M. Saint-Germain: ... si M. le député veut
bien...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. Saint-Germain: M. De Coster... Le Président (M.
Marcoux): A l'ordre!
M. Saint-Germain: ... fait une intervention. Vous pouvez passer
des remarques à mon collègue, que je ferai à la fin de
cette intervention et vos "bayages' de corneilles, je ne sais pas, ce matin,
où veut en venir le député...
M. Lalonde: ... le député de Drummond a-t-il
fêté hier soir?
M. Clair: Non, absolument pas.
M. Lalonde: Non, il n'avait pas de raison de fêter, de
toute façon.
M. Clair: Je surveillais simplement les propos de M. De Coster et
l'attitude des députés de l'Opposition. On sait que ce sont eux
qui vont poser des questions, M. le Président. Ils n'écoutent
même pas.
M. Saint-Germain: Cela...
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement!
Je comprends votre agressivité ce matin, après la
"dégelée" que vous avez eue hier soir dans Jean-Talon et dans
Argenteuil, mais il y a quand même une question... On est en train de
travailler sérieusement. Je suivais. C'est le seul rapport que j'ai de
la Régie de l'assurance automobile, celui de 1977/78; je ne peux pas
voir celui de 1978/79, je l'examine en même temps que M. De Coster fait
des remarques dont une rn'ap-paraît déplacée et je disais
à mon collègue de Jacques-Cartier qu'il faudra la relever. Cela
va venir. Ne vous inquiétez pas.
M. Clair: S'ils écoutent, M. le Président, j'en
suis fort heureux.
M. Lalonde: Et je pense que le député de Drummond
aurait d'autres contributions à faire que simplement des blagues ici, ce
matin. Peut-être aller dans son comté, quant à ça,
pour préparer sa défaite aux prochaines élections.
Le Président (M. Marcoux): M. De Coster.
Mme Payette: Les remarques que j'ai faites en ce qui a trait au
climat, je ne les ai faites d'aucune façon dans un esprit de
partisanerie, mais vous nous avez demandé ce qui a été
pour nous des faits marquants et je crois que cela en était un que j'ai
cru devoir souligner.
Deuxièmement, sur le plan des problèmes, il y a eu, c'est
évident, dans une opération aussi massive que celle-là et
aussi complexe, certaines difficultés de rodage, mais qui n'ont pas
été majeures. Le problème que je soulignerais,
peut-être le plus difficile à régler, était celui de
la résistance de certains médecins à nous produire les
rapports médicaux qui étaient essentiels au règlement des
réclamations.
Ce qui va paraître le plus surprenant, je pense, dans cette
première année de fonctionnement, à la lumière des
statistiques que nous allons produire, a été l'écart qu'il
y a eu entre le nombre de réclamations reçues et le nombre de
réclamations qui avaient été prévues à
l'origine. Nous avions prévu, à l'origine, 61 000
réclamations; à la fin de l'année courante, nous en avions
reçu environ 30 000 et les actuaires prévoient qu'il y aura
environ 37 000 réclamations qui résulteront d'accidents survenus
dans la période en cours. Consé-quemment, il y a un écart
assez substantiel entre le nombre de réclamations prévues et le
nombre de réclamations qui, en dernier ressort, ont été
reçues résultant de ces accidents survenus pendant la
période.
Il y a certaines explications à donner à cet écart;
je donnerai mes premières impressions, si on me les demande. Il faut par
ailleurs noter qu'en dépit de cet écart, à la
lumière des analyses, il y a des considérations importantes
comme, par exemple, il avait été prévu que, dans ces 61
000 réclamations, 50% étaient des réclamations
significatives, c'est-à-dire des réclamations qui devaient
entraîner des paiements de rente, d'indemnités de remplacement de
revenu, des indemnités de décès; les autres 50% devaient
plutôt refléter des demandes de remboursement de dépenses
qui étaient d'un ordre beaucoup moins important.
Il s'avère maintenant, aux premières statistiques, que cet
ordre, 50%-50%, est renversé. Le pourcentage est plus de l'ordre de
70%-30%, c'est-à-dire qu'environ 70% des réclamations
reçues ont trait à des indemnités de remplacement de
revenu et des indemnités de décès, ce qui veut dire que si
on applique 70% aux 37 000 réclamations, l'écart devient moins
grand en ce qui a trait aux indemnités réellement de nature
significative.
C'est certain que l'écart entre les demandes prévues et
les demandes reçues va entraîner une diminution significative dans
le coût du régime. Ce sont ces chiffres que nous
établissons maintenant, et c'est surtout sur ces chiffres que nous
sommes à compléter les analyses.
En contrepartie, il est intéressant aussi de noter que les
revenus subiront une baisse par le fait qu'il y a moins d'immatriculations
effectuées cette année qu'il avait été
prévu. Il avait été prévu une croissance dans le
nombre d'immatriculations d'environ 6% alors que nous avons constaté, au
contraire, une diminution du nombre des immatriculations d'à peu
près du même ordre, ce qui veut
dire qu'il y a un écart assez significatif entre le nombre
d'immatriculations prévues et le nombre d'immatriculations
réellement effectuées en cours de période.
Ce sont, je pense, à l'heure actuelle, les éléments
les plus significatifs de la situation et les éléments qui nous
amèneront à des analyses plus poussées et à des
constatations qui feront l'objet, comme je vous le signalais, du rapport annuel
de fin d'année.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, lorsque le
député de Drummond nous a interrompus, M. De Coster venait de
terminer sa déclaration relativement aux réactions de la
population à l'application de l'assurance automobile. Je reconnais
volontiers, M. le Président, et je le dis bien publiquement, que M. De
Coster, au niveau des responsabilités et du travail qu'on lui a
confiés, a été simplement efficace et merveilleux. Je
crois que la population, à ce point de vue, sera du même dire.
Seulement, il est obligé de travailler avec la loi qu'on lui a soumise.
(10 h 45)
Quant à son évaluation de l'acceptation de la loi par la
population, je ne crois pas que M. De Coster soit, sur ce point en particulier,
plus compétent que les hommes élus pour le faire. Je crois que
c'est là un problème politique qui devrait être volontiers
laissé aux hommes élus. D'ailleurs, la population saura, en temps
voulu, faire valoir son point de vue à ce sujet. On a vu hier que,
malgré bien des discours, bien des affirmations, bien des statistiques,
bien de ci et bien de ça, et bien du "pétage de broue" que,
lorsque la population a l'avantage de parler, elle parle durement et qu'elle
sait, malgré tout, faire valoir ses volontés. Je voudrais bien
que M. De Coster sache que, nous de l'Opposition officielle, nous ne le
suivrons pas sur ce terrain.
Ceci dit, M. De Coster nous a invités à lui poser une
question, à savoir pour quelle raison les réclamations qu'on
avait évaluées à 61 000 lors de l'application de la loi
ont tombé au chiffre de 37 000. Quelles sont les raisons qui peuvent
soutenir ce décalage qui me semble considérable?
Mme Payette: Je pense que la première raison a
été un degré d'ultra-prudence de la part des actuaires qui
ont projeté une situation sur la base d'un certain nombre
d'hypothèses dites hypothèses actuariales. Les actuaires se sont
basés sur la documentation qui était disponible aux bureaux
d'assurances du Canada, dans les compagnies d'assurance, au bureau des
véhicules automobiles et au ministère des Transports. Je pense
qu'on doit immédiatement conclure que la principale source de
l'écart a été la prudence ou l'ultraprudence des actuaires
et peut-être le manque de fiabilité des statistiques de base sur
lesquelles ils ont fait leurs projections. Les actuaires ont non seulement
projeté des hypothèses actuariales, ils ont aussi projeté
des hypothèses de comportement de la population qui ne se
révèlent pas nécessairement exactes à ce moment.
Les actuaires avaient, entre autres, projeté, en première
année du régime, étant donné qu'il s'agissait d'un
régime public, une certaine ruée vers la régie pour
l'indemnisation de toutes sortes de préjudices.
Je pense que les statistiques nous révèlent maintenant que
cela n'a pas eu lieu et que le public n'a pas réagi dans le sens que les
actuaires l'avaient prévu. Par exemple, je vous ai souligné
tantôt qu'on avait estimé à environ 50% des 61 000, soit 30
000 réclamations qui seraient pour des remboursements de frais. Il
s'avère maintenant qu'au lieu de 30 000, c'est plutôt un chiffre
de l'ordre de 10 000 réclamations qu'on a reçues. Par ailleurs,
on avait prévu environ 30 000 réclamations pour indemnité
de remplacement de revenu et indemnité de décès; c'est
plutôt maintenant 25 000 ou 26 000 qu'on a reçues. Alors,
l'écart de ce côté est moins considérable
qu'apparent. Je pense que, fondamentalement, c'est cela qui a été
la source de la différence. Les actuaires le reconnaissent maintenant
puisqu'ils ont eux-mêmes projeté, pour le passif actuariel, les 37
000 réclamations, ils ont reconnu qu'ils avaient été
ultra-conservateurs et que c'était là la cause, les motifs de
l'écart, les raisons de l'écart. Nous nous sommes demandé,
dès le mois de septembre et le mois d'octobre, quand il est devenu
apparent que le nombre de réclamations serait inférieur au nombre
de réclamations prévu, qu'est-ce qui, fondamentalement,
était la raison de cet écart. Nous avons essayé de
déceler cet écart par tous les moyens.
Nous nous sommes demandé si la population n'était pas
consciente ou n'était pas au courant de ses droits et,
conséquemment, nous avons essayé de déceler si ça
pouvait être possible. Par exemple, nous avons épluché les
rapports de police qui entraient pour déterminer, pour extirper tous les
cas où il y avait, indiqué dans les rapports de police,
décès ou blessure apparente. Nous avons monté le fichier
sur ordinateur et 60 jours après nous avons fait la corrélation
avec les demandes reçues et dans les cas où des demandes
n'avaient pas été reçues, suite à des accidents
constatés par des rapports de police, nous avons communiqué avec
les victimes pour leur demander ce qui était arrivé et pourquoi
elles ne faisaient pas de réclamations à la suite des accidents
subis.
Nous sommes allés jusqu'à ce point pour essayer de
déceler si, effectivement, notre publicité avait
été inadéquate, si les renseignements avaient
été inadéquats, si la procédure était trop
complexe, si les formulaires étaient trop complexes ou si c'était
simplement un désintéressement de la population. Nous nous sommes
vite rendu compte que ce n'était pas le cas, ce n'était pas un
manque d'information, ce n'était pas un désintéressement
et ce n'était pas une complexité.
Je pense qu'il faut conclure que les actuaires ont
surévalué tout simplement les demandes et les réclamations
à recevoir. Une des raisons qui nous
fait croire ou d'autres raisons qui nous font croire que ce ne sont pas
des réclamations qui auraient pu être faites et qui n'ont pas
été faites, c'est qu'on sait fort bien que les courtiers sont au
courant de la situation que, lorsqu'il y a dommage corporel, il y a
habituellement dommage matériel et que les courtiers incitent leurs
assurés à se diriger vers la régie pour faire les
réclamations. Le système, à la régie, est
extrêmement simple, il s'agit d'un contact téléphonique de
n'importe où dans la province sans frais virés, ce qui
déclenche le mécanisme de réclamations. Cela ne peut pas
être la complexité du système, je pense, qui puisse inciter
des personnes à ne pas faire les réclamations auxquelles elles
ont droit.
Les corps policiers ont aussi en main des documents qu'ils remettent aux
victimes d'accidents d'automobile, leur indiquant simplement la
procédure à suivre ou le numéro de téléphone
à composer, etc. Nous croyons que le système est très
simple et qu'il n'a pas à ce point découragé la population
à faire les réclamations auxquelles elle a droit. On conclut,
encore une fois, que c'est là une surévaluation faite par les
actuaires.
M. Saint-Germain: M. le Président, j'avoue qu'il peut
paraître simple pour un accidenté de communiquer avec la
régie, mais la loi elle-même est certainement complexe, surtout
pour un profane. Est-ce que M. De Coster peut nous assurer que la
majorité de la population est réellement au courant de tous ses
droits, même avec la complexité de la loi? Il me semble
évident que ceux qui souffrent ou qui subissent des préjudices
physiques, préjudices qui peuvent les handicaper temporairement ou d'une
façon très prolongée, mais pour autant que ces
préjudices ne rendent pas une personne invalide ou du moins permettent
à une personne de continuer à travailler... Cela peut arriver
très souvent. On peut, par exemple, avoir une blessure à la
colonne ou au cou, ou même à une main, selon le travail qu'on
fait, et continuer à travailler.
Comme la protection accordée au public dépend presque
exclusivement, excepté pour cette tranche de $20 000 qu'on peut verser
à une personne ou à un accidenté pour mutilation, en
principe, la loi dédommage les gens des revenus perdus. On peut
certainement subir des préjudices, même relativement graves, sans
nécessairement subir des pertes de revenu. Est-ce que ce n'est pas
là un facteur qui a fait baisser les réclamations, sachant
pertinemment que quelqu'un qui continue à travailler n'a droit à
presque aucune indemnité?
Mme Payette: Je suivrai votre conseil et je m'abstiendrai de
porter un jugement de valeur sur la loi. Ce que je peux vous dire, par
ailleurs, c'est que nous n'avons aucune indication à savoir que des
personnes se seraient abstenues de faire une demande à la régie
lorsqu'elles avaient subi un préjudice physique ou mental, même
dans les cas où le retour au travail leur aurait prévenu de subir
des pertes de revenu ou lorsque la période de carence était plus
grande que la période d'incapacité.
L'indemnité de remplacement de revenu est évidemment
l'indemnité de base du système, mais ce n'est pas la seule
indemnité du système. Nous constatons qu'il y a tout de
même des remboursements de dépenses, que ce soient des
remboursements de frais de déplacement par ambulance, que ce soient des
frais médicaux, que ce soient des frais de physiothérapie, que ce
soient des remboursements de vêtements déchirés, etc., qui
sont aussi d'une certaine importance pour la victime d'un accident
d'automobile.
Il y a aussi subséquemment l'évaluation du déficit
anatomophysiologique permanent qui peut entraîner une indemnité
substantielle. Et nous avons plutôt l'impression, à la
régie, que dans les cas de "whiplash", par exemple, de maux de cou, ou
des choses comme cela, les victimes ont eu tendance à faire valoir qu'en
dépit du fait qu'elles étaient retournées au travail,
elles avaient subi des dommages ou des désagréments de la vie qui
nécessitaient ou qui justifiaient une indemnisation.
Réellement, je n'ai pas le sentiment que cette
particularité de la loi qui relie l'indemnité de remplacement de
revenu à l'incapacité de travail ait à ce point
découragé les victimes de faire des réclamations pour les
indemnités auxquelles elles avaient droit. C'est un sentiment. Je n'ai
pas de sondages. Je dois vous dire que les sondages que nous avons faits
auprès de la population, particulièrement les sondages qui
résultaient de l'examen des rapports de police et je m'excuse de
revenir là-dessus pour essayer de déceler le degré
de satisfaction de la population, en regard du régime et en regard des
services rendus par la régie, ne nous ont réellement pas
décelé ce phénomène, M. le député
M. Saint-Germain: Vous savez que, dans l'application d'une telle
loi, il y a l'insatisfaction qui peut être une réaction au
coût, aux services rendus, etc. C'est une réaction qui se fait
valoir. Je ne veux pas nécessairement que vous commentiez ce que je
déclare, parce que je crois que c'est un peu politisé. Mais c'est
une question de fait. Quelles que soient les injustices que la loi peut faire
peser sur la population lorsqu'elle est en application, je crois que c'est
normal que les réactions soient plus violentes au début que dans
les mois ou les années subséquentes. Cela ne veut pas
nécessairement dire que la population accepte volontiers l'application
de la loi.
Mais, il y a une chose qui est beaucoup plus subtile et beaucoup plus
difficile à cerner, ce sont les injustices vis-à-vis les
accidentés. C'est entendu qu'après un an d'application, les
injustices à ces accidentés sont peu nombreuses par rapport
à tous les assurés. Ce n'est qu'avec les années ou avec le
temps que ces accidentés qui peuvent subir des préjudices
et je crois que par la teneur de la loi, ils en subiront avant que
ces
citoyens puissent s'assembler ou s'organiser pour sensibiliser le
gouvernement et le Parlement dans son entier à ces injustices. (11
heures)
Cela prend beaucoup plus de temps, parce que ces accidentés sont
dispersés dans toute la province. Ils ne sont pas formés en
association. Ils ne sont absolument pas organisés actuellement, mais
probablement que tout ceci, à la longue, percera, parce que, c'est
sûr, ceux qui subissent des préjudices quel est le terme
exact en assurance? physiques...
M. Lalonde: Des dommages...
M. Saint-Germain: ... des dommages partiels, mais permanents, si
vous voulez, ou des pertes de capacité physique partielle mais
permanente, ces gens-là ne sont pas dédommagés. Ils
doivent... Pour autant qu'ils puissent continuer à faire leur travail,
ils ne reçoivent pas de dédommagement. Je suis assuré que
si vous établissez des statistiques entre les montants qui ont
été perçus dans le passé, même avec une
politique ou une situation qu'on ne pouvait pas défendre, on n'a jamais
défendu, nous de l'Opposition officielle, le statu quo vis-à-vis
de l'assurance automobile, mais même avec l'ancien système, qui
était loin d'être juste, ceux qui subissaient des
incapacités partielles et permanentes étaient beaucoup mieux
rémunérés qu'avec le système actuel. En effet, il y
a beaucoup de gens qui peuvent continuer à oeuvrer, à gagner leur
vie, à occuper leur emploi et subir des préjudices très
sérieux à leur santé ou leur joie de vivre, si vous
voulez. C'est avec le temps que cela percera.
Mme Payette: Me permettez-vous un commentaire là-dessus,
M. le député?
M. Saint-Germain: Certainement.
Mme Payette: C'est plutôt une précision que je
voudrais apporter sur les déficits partiels permanents. Il y a tout de
même une disposition de la loi qui permet l'indemnisation, par le biais
d'un montant forfaitaire, pour une déficience anatomo-physiologique,
pour la perte de jouissance de la vie, pour des douleurs, etc., et le montant
forfaitaire peut aller jusqu'à $20 000.
Conséquemment, même si une personne ne subit pas de perte
de revenu par le fait d'une incapacité partielle permanente, elle est
susceptible d'être dédommagée ou indemnisée par le
biais d'un montant forfaitaire qui peut aller jusqu'à $20 000.
M. Saint-Germain: Oui, vous avez bien raison, mais il faut tout
de même admettre que, comme ces $20 000 sont un maximum, c'est bien peu
pour celui qui n'est pas tout à fait mutilé ou tout à fait
paralysé. Le type qui subit une paralysie complète ne peut pas
recevoir plus de $20 000. Imaginez que toute la...
Mme Payette: Si vous me permettez, s'il y a une paralysie
complète, l'indemnité de remplacement de revenu sera automatique.
C'est un montant qui s'ajoute à l'indemnité de remplacement de
revenu.
M. Saint-Germain: Vous avez bien raison, mais je veux dire que
ces $20 000, c'est très peu à mon avis. Enfin, c'est
peut-être une question d'opinion, mais, si vous avez des blessures
sérieuses, par exemple, qui font que vous avez de l'arthrite pour le
reste de vos jours et que vous entrez à l'intérieur de ces $20
000, je vous dis que vous vous dispenseriez facilement de cet argent pour
recouvrer votre bien-être et votre santé. C'est ce qui arrive bien
souvent.
De toute façon, je ne voudrais pas trop prolonger la discussion.
Je sais que mes collègues ont des questions. Mais, tout de même,
à quoi attribuez-vous cette baisse des assurés? Vous aviez
prévu 6% d'augmentation et voilà qu'on a une baisse du même
pourcentage, 6%.
Mme Payette: Des immatriculés. M. Saint-Germain:
Justement.
Mme Payette: Cela peut être dû à plusieurs
facteurs, c'est certainement dû à plusieurs facteurs. L'historique
démontrait qu'il était justifiable de prévoir une
augmentation des transactions d'immatriculations de l'ordre de 6%. Les
transactions d'immatriculations ne reflètent pas nécessairement
le parc automobile, mais c'est tout de même une indication, quand on
compare la situation d'année en année.
On projette, d'après les transactions d'immatriculations, un parc
automobile d'environ 3 500 000 voitures. On avait prévu une augmentation
d'environ 6%, ce qui voulait dire une augmentation d'environ 200 000
immatriculations, 200 000 voitures. Sur le plan du financement du
régime, on peut réaliser ce que cela veut dire. Au lieu d'avoir
cette augmentation, nous voyons maintenant une diminution de 6%, ce qui veut
dire qu'il y aurait environ une diminution de 200 000 immatriculations, soit un
écart de 400 000.
Pourquoi cet écart? On ne peut pas dire que les actuaires ont
été ultra-conservateurs, parce que c'est plutôt dans
l'autre sens. On s'est demandé ce qui s'était effectivement
passé. On a examiné, et le Bureau des véhicules
automobiles nous apportera ses analyses finales un peu plus tard... On a
décelé que le parc des motocyclettes avait diminué du
tiers. Cette diminution du tiers du parc des motocyclettes a été
confirmée par l'industrie qui a noté qu'il y a une diminution
d'environ un tiers des ventes, ce qui veut dire qu'il y a là une
diminution de l'ordre de 60 000 à 70 000 immatriculations, uniquement au
plan des motocyclettes. Il y a une diminution d'immatriculations assez
significative au plan des véhicules de plaisance. Pourquoi? Les
motocyclettes, peut-être que cela se comprend mieux, étant
donné que les motocy-
clistes sont maintenant tenus de s'assurer pour dommages
matériels et responsabilité civile, en plus de contribuer
à un régime pour dommages corporels. Il devait y avoir une
dépense additionnelle qui a pu décourager certains motocyclistes
de prendre la route.
On pourrait conclure que c'est la même chose du côté
des véhicules de plaisance. On a espéré que la diminution
du parc automobile des véhicules de plaisance se faisait surtout au
niveau des "minounes", au niveau des voitures qui étaient
génératrices d'accidents. Cela n'est pas encore
complètement démontré. Pour le reste, on retrouve partout
une certaine constance qui fait qu'il y a eu une diminution assez
significative, non seulement dans la prévision, mais aussi dans
l'immatriculation annuelle, d'une année à l'autre.
M. Saint-Germain: M. le Président, vous n'êtes pas
obligé de me répondre là-dessus, mais j'ai deux petites
questions encore. Est-ce que les explications que vous nous donnez, M. De
Coster, vous parviennent aussi des mêmes actuaires qui avaient
prévu une augmentation de 6%?
Mme Payette: Oui, c'est-à-dire que les actuaires nous
avaient prévu ce sont les mêmes actuaires que nous avons
encore cette année, parce que c'était bon que nous les ayons deux
années de suite, une année pour faire les prévisions et
ensuite une autre année pour faire les constatations cette
augmentation du parc d'environ 6%. Maintenant, ce sont des chiffres
réels que nous soumet le Bureau des véhicules automobiles qui
nous permettent ces constatations présentes.
M. Saint-Germain: Les actuaires ne vous ont pas fait part que la
situation économique actuelle de la province, que les départs de
la province, que la baisse de la population pouvaient avoir été
aussi l'un des facteurs qui a faussé leurs calculs.
Mme Payette: Je pense que c'est une question à laquelle je
m'abstiendrais plutôt de répondre, à votre suggestion, M.
le député.
M. Saint-Germain: J'entends ces... C'est une question. J'entends
que les actuaires, s'ils veulent être objectifs, sont bien obligés
de tenir compte...
Mme Payette: Si vous me demandez si les actuaires...
M. Saint-Germain: ... s'il y a un abaissement de la population;
il faut bien déduire qu'il va y avoir moins de voitures sur la
route.
M. Lalonde: Si l'économie va mal...
M. Saint-Germain: Si l'économie va mal, les gens...
M. Lalonde: Cela n'augmente pas les chauffeurs qui
achètent des autos.
Mme Payette: Si vous me demandez si les actuaires ont fait ces
constatations, je dirai non. Ils ne m'ont pas dit cela. J'arrête
là mes commentaires. Les actuaires ne m'ont pas dit que c'était
une cause.
M. Saint-Germain: Dernière question, est-ce que tout ceci
va amener une baisse dans les coûts des primes?
Mme Payette: Je ne peux pas m'engager, à ce moment,
à dire qu'il va y avoir une diminution dans le coût des primes. Ce
que je peux vous dire, c'est qu'il n'y a pas eu d'augmentation dans les primes
en 1979/80 et qu'il pourrait être vraisemblable qu'il n'y ait pas
d'augmentation dans les primes pour l'année qui suit, sans aucun
engagement de notre part et sans que les analyses actuarielles soient
absolument complétées. Vous n'êtes pas sans savoir que le
facteur inflation joue d'une façon significative dans le coût de
l'assurance automobile.
En ce qui a trait au régime public d'assurance automobile, le
facteur inflation aurait pu justifier, dans la deuxième année du
régime, une augmentation de l'ordre de 10%. Le facteur inflation joue
sur plusieurs tableaux. Le facteur inflation joue sur le pourcentage de
revalorisation ou d'indexation des rentes en voie de paiement. Le facteur
inflation joue sur la revalorisation du minimum des rentes. Le facteur
inflation joue sur le facteur du maximum du revenu utilisé aux fins de
détermination de la rente, par exemple, qui est passée de $18 000
à $20 000 cette année. Le facteur inflation joue surtout sur la
croissance des revenus sur lesquels les rentes sont calculées, rentes
découlant d'accidents qui vont venir au cours de l'année 1979/80
ou au cours de l'année concernée.
Tout ça mis ensemble, les actuaires nous ont dit: Le facteur
inflation joue pour un pourcentage de 10% de l'augmentation des coûts.
Nous n'avons pas augmenté, en dépit de ce facteur, la
tarification pour l'année 1979/80, et, selon le résultat final de
l'excédent qui pourrait être constaté, la décision
devra être prise par le conseil d'administration en ce qui a trait
à l'année 1980/81.
M. Saint-Germain: On avait tout de même prévu un
facteur inflationniste dans les projections.
Mme Payette: Oui, monsieur.
M. Saint-Germain: Quel était ce pourcentage?
Mme Payette: Les actuaires établissent l'écart
entre le facteur inflation et le facteur revenu des investissements et des
placements. Je crois qu'ils ont joué sur un facteur d'écart
d'environ 2% ou 2 1/4%.
M. Saint-Germain: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. On vient de nous dire
que le rapport de la régie serait rendu public au mois de mai. Je vous
avoue, M. le Président, que j'ai été un peu surpris
d'entendre ces propos, parce que Mme le ministre nous avait quasi promis, elle
nous avait dit que le rapport serait déposé raisonnablement
je pense que c'est le mot que vous aviez employé à ce
moment-là en février.
Vous comprenez, M. le Président, que nous sommes ici pour
étudier les crédits d'un nouveau système qui a une
année de fonctionnement. Le rapport étant connu au mois de mai,
il est extrêmement difficile pour nous... Il y a certainement plusieurs
questions que nous aurions à poser, que nous allons d'ailleurs poser,
mais dont nous trouverions probablement les réponses...
Mme Payette: En réponse au député de
Bellechasse, je pense qu'il y a peut-être une confusion au sujet de deux
rapports. Le seul sur lequel j'ai avancé, à un moment
donné, la possibilité d'une date ma mémoire me dit
que ce n'est pas février c'était le rapport du
surintendant des assurances sur la partie privée de l'assurance
automobile, qui viendra d'ici à quelques semaines maintenant, et la
raison pour laquelle il y a un retard parce qu'il y a effectivement un
retard c'est que c'est la première fois que le surintendant des
assurances a à faire un rapport sur l'entreprise privée. Il nous
a demandé un délai afin de bien s'assurer que ce rapport, qui va
être ensuite la base de tous ceux qui suivront chaque année, soit
absolument complet. Dans ce sens, j'attends de pouvoir le déposer d'ici
à une semaine ou deux. Mais pour celui de la Régie de l'assurance
automobile, mes informations venant de M. De Coster étaient dans le sens
qu'il indique aujourd'hui.
M. Goulet: M. le Président, je remercie Mme le ministre de
cette précision. Vous comprendrez quand même que, si on veut
étudier les crédits de la régie pour l'année de
fonctionnement une année complète, étant donné que
nous le faisons actuellement, si le rapport est connu en mai, cela veut dire
que nous allons... Lorsque nous prendrons connaissance de ce rapport, nous
aurons deux ans d'écoulés parce que nous reviendrons seulement
aux crédits de l'an prochain. Là, vous nous demandez d'accepter
des crédits. Il y a certainement beaucoup de questions, mais vous nous
demandez d'accepter des crédits pour lesquels on ne connaît
pas...
Mme Payette: M. le Président, nous n'avons pas à
approuver aujourd'hui des crédits concernant la régie. C'est la
raison pour laquelle je disais: Rien n'oblige cette commission à
demander à M. De Coster de venir se présenter devant nous. C'est
que je savais l'intérêt de cette commission pour la Régie
de l'assurance automobile, mais il n'y a pas aujourd'hui, dans nos
crédits, de crédits concernant la régie.
M. Goulet: Je comprends. Au niveau de votre ministère,
concernant la Régie de l'assurance automobile, M. le Président,
l'an passé, il y avait eu toutes sortes de questions, à savoir
combien ça coûterait à différents chapitres et nous
aurions aimé avoir les réponses cette année avant
l'étude des crédits de votre ministère. Je poserai, si
vous me permettez, certaines questions à M. De Coster. Non, je
comprends...
Mme Payette: Cela ne fait pas partie des crédits.
M. Goulet: ... certaines questions pertinentes concernant le
régime d'assurance automobile.
Mme Payette: C'est pour ça que M. De Coster est là.
(11 h 15)
M. Goulet: Je vais directement au but, M. le Président.
D'abord, je veux profiter de l'occasion pour féliciter M. De Coster.
Quand on appelle à son bureau... personnellement, je n'ai pas
appelé souvent, mais deux fois, M. De Coster m'a rappelé
lui-même, j'ai trouvé cela très bien de sa part. Au niveau
du traitement des plaintes, personnellement, quand j'ai eu affaire à son
bureau, je peux vous dire que j'ai été très bien servi. Je
n'ai pas de chiffres pour savoir s'il en est de même pour tous les
accidentés du Québec, mais lorsque mon bureau a eu affaire
à M. De Coster, il a été très bien servi.
J'aimerais savoir, au niveau du régime, dans son application pour
l'année complète du 1er mars 1978 au 1er mars 1979, le montant
total des primes qui ont été perçues. Tantôt, vous
avez mentionné les pourcentages, mais au niveau du montant total des
primes qui ont été perçues, est-ce que vous avez des
chiffres précis là-dessus, ce matin? Au niveau, également,
du coût de l'administration de la régie, est-ce que cela va dans
le sens de ce qu'on avait prévu? Au niveau des différentes
étapes, également... Même si nous n'avions pas les chiffres
ce matin, je comprendrais, mais j'aimerais qu'ils soient déposés
au cours de la journée ou lors de la prochaine séance de
l'étude des crédits. Au niveau, par exemple, du traitement des
plaintes, du traitement de la perception des permis, du traitement des
prestations aux assurés et ainsi de suite, est-ce qu'on va pouvoir avoir
des chiffres là-dessus lors de l'étude de ces crédits,
avant l'adoption de ces crédits?
Mme Payette: M. le Président, d'abord, il faut bien
réaliser que la première année de fonctionnement s'est
terminée le 28 février 1979. La fin de l'année
déclenche des travaux assez longs dont plusieurs sont assez complexes.
D'abord, l'établissement du passif actuariel, qui se fait par une firme
d'actuaires consultants, est un processus assez long et assez complexe et je
dois vous dire qu'on vient de recevoir des premières indications de ce
que contient ce rapport des actuaires.
Les états financiers suivent aussi un processus gouvernemental
qui fait que le Vérificateur
général doit les vérifier d'un bout à
l'autre. Nous n'avons pas encore reçu le rapport du Vérificateur
général.
Ce qui me fait hésiter à donner des chiffres qui ne sont
pas les derniers que nous pourrions déposer, c'est que, d'une
façon fragmentaire, ces chiffres peuvent porter à des analyses et
des conclusions qui pourraient être facilement erronées. C'est ce
qui me fait hésiter, à l'heure actuelle, à faire
état de chiffres isolés sans être capable de les situer
dans un contexte complet et de les accompagner d'analyses réellement
significatives et substantielles. C'est ce qui me fait hésiter,
réellement, à ce moment-ci. Moi aussi, je déplore le fait
que la commission parlementaire se tienne avant qu'on puisse réellement
étaler ces chiffres dans un rapport annuel, mais c'est la situation
telle qu'elle se présente et je pense que c'est une situation qu'il
était impossible d'éviter. La loi prévoit que le rapport
doit être déposé avant le 31 mai et ça prend
réellement les mois de mars, avril et mai pour être capable de
produire quelque chose de complet et de significatif.
M. Goulet: Mais, M. le Président...
M. Lalonde: J'ai une question de règlement à
soulever pour appuyer, en fait, la demande du député de
Bellechasse. Je ne veux pas être désagréable à
l'égard de M. De Coster. Nous sommes invités par le gouvernement
à étudier les crédits du ministère dont
relève l'organisme qu'il dirige. Je comprends ses hésitations
à nous donner des réponses partielles ou des chiffres qu'il
préférerait présenter dans un cadre plus complet.
Toutefois, c'est le gouvernement qui nous a invités, ce matin, à
étudier ces crédits.
D'autre part, l'exercice financier s'est terminé à la fin
de février. S'il veut être en mesure de produire un rapport
financier de la régie d'ici la fin du mois de mai nous sommes le
1er mai aujourd'hui il a sûrement déjà
communiqué au Vérificateur général toute une
série de chiffres, qui vont peut-être être modifiés
de façon pas tellement sensible, plutôt marginale, comme c'est
assez usuel de la part des vérificateurs. Je pense que et c'est
là ma question de règlement nous avons le droit de poser
les questions que l'on pose au ministre, qui veut bien y faire répondre
par M. De Coster, ici, même si c'est un chiffre que l'on veut savoir. Si
ce chiffre est entre les mains du gouvernement actuellement, le gouvernement
doit nous répondre. Je regrette, cela n'est pas une question de
discrétion de la part du gouvernement, s'il a le chiffre en main.
Autrement, on pourra peut-être faire une motion d'ajournement, pour
ajourner l'étude des crédits après la production du
rapport. Sinon, nous allons passer une autre année sans avoir l'occasion
de faire l'examen démocratique c'est à peu près la
seule utilité de cette commission des crédits et aussi
naturellement des opérations de la Régie de l'assurance
automobile.
M. Clair: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Marcoux): Sur la question de
règlement, M. le député de Drummond.
M. Clair: Sur la question de règlement, M. le
Président, j'aimerais simplement souligner au député de
Marguerite-Bourgeoys et à votre attention qu'à mon sens,
premièrement, il ne s'agit pas d'une question de règlement pour
les raisons suivantes. Premièrement, pour autant que la Régie de
l'assurance automobile respecte la loi quant à ses obligations pour un
rapport annuel, je ne vois pas de quelle façon le député
de Marguerite-Bourgeoys pourrait faire reproche, tant au ministre des
Consommateurs qu'au président de la régie de ne pas venir donner
ici des renseignements disponibles ce matin et qu'en n'est même pas tenu
par la loi de venir donner ici en commission parlementaire, ce matin. Je pense
que...
M. Lalonde: C'est faux.
M. Clair: ... le député de Marguerite-Bourgeoys
reconnaîtra...
M. Lalonde: Complètement faux.
M. Clair: Le député de Marguerite-Bourgeoys devrait
reconnaître...
M. Lalonde: Non.
M. Clair: ... qu'il s'agit d'un geste de transparence de la part
du gouvernement...
M. Lalonde: Pas du tout.
M. Clair: ... de se comporter comme on le fait ce matin...
M. Lalonde: Pas du tout.
M. Clair:... et que grand mal lui en soit, à mon sens,
alors que la régie respecte la loi quant à ses obligations,
qu'elle fait diligence pour la production...
M. Lalonde: Complètement faux.
M. Clair: ... de son rapport, de venir un peu reprocher que les
derniers détails ne soient pas prêts.
M. Lalonde: Ce ne sont pas des détails, ce sont des
questions extrêmement importantes qui sont posées par le
député de Bellechasse, je pense qu'il a le droit d'avoir des
réponses.
M. Clair: Je reconnais l'importance de la question du
député de Bellechasse. Mais ce que je dis, c'est que le
député de Marguerite-Bourgeoys, s'il a le droit d'émettre
les opinions politiques qu'il
voudra, n'a pas le droit d'en faire une question de règlement
comme il l'a fait. Si, par là, il voulait émettre un avis, c'est
son droit. Mais je pense que le faire par le biais d'une question de
règlement, cela n'en est absolument pas une, on devrait continuer les
travaux. S'il a des commentaires à émettre, il le fera.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Si vous permettez, je vais continuer dans le
même sens. Je ne voudrais pas appeler cela une question de
règlement. Je ne voulais pas avoir ce matin des chiffres précis,
par exemple $10 200 000 et ainsi de suite. Mais, au niveau des principes, si
vous voulez, l'an passé, Mme le ministre m'avait affirmé, en
Chambre qu'il y aurait un montant entre $6 millions et, honnêtement, je
ne me souviens pas du chiffre, mais c'est probablement $6 millions, c'est
peut-être $10 millions, qui n'était pas comptabilisé au
régime de l'assurance automobile, mais qui était quand même
payé par le Québec, soit au niveau du ministère des
Affaires sociales ou au niveau de l'assurance-maladie. Ce montant était
imputé auparavant, il était payé par l'entreprise
privée, lorsqu'un accidenté devait se prévaloir des
services de l'assurance-maladie. Egalement au niveau de la rente
d'invalidité, au niveau de la Commission des accidents de travail, il y
a toutes sortes de questions comme cela, sans avoir les chiffres
précis.
Je vous donne un exemple. Au niveau de la taxe d'un cent le gallon sur
le carburant, on avait prévu $21 millions à $22 millions,
maintenant que c'est changé en litres, est-ce que cela est vrai? On
entend dire que cela va augmenter, parce qu'on va contourner cela un peu, pour
aller chercher une fraction de cent. Mais, une fois cela comptabilisé,
à la fin de l'année, cela va donner plus. Donc, cela va
coûter plus cher aux Québécois. Sans savoir que cela va
coûter $3 200 000.99, je veux savoir si le principe est vrai que cela va
coûter plus cher aux contribuables. Il y a une autre question à
laquelle on aurait aimé avoir une réponse, parce que l'on va
être un an à se poser cette question, à moins de la poser
en Chambre. Or, vous savez qu'en Chambre à la période de
questions, les questions sont très limitées et qu'il est
extrêmement difficile de savoir quelque chose.
Là, je ne parle pas de la bonne ou de la mauvaise volonté
d'un ministre, il n'est pas tenu de répondre. Lorsque nous arrivons avec
des questions au feuilleton, ça prend une éternité et,
encore là, le ministre n'est pas obligé de répondre,
c'est-à-dire que ça peut prendre une éternité et
nous n'avons pas la réponse. Encore là, je ne veux pas accuser
qui que ce soit de mauvaise foi, mais on est pris dans ce système.
Je pose la question, au niveau des assistés sociaux: Est-ce que
c'est vrai qu'il y a des assistés sociaux, victimes d'accident, qui ont
demandé que leurs prestations d'assurance soient coupées parce
qu'en ayant ces prestations, ils voyaient leurs prestations d'assistés
sociaux coupées, ils ne pouvaient pas avoir deux revenus; est-ce que
c'est vrai? Est-ce qu'il y a un montant facturé au ministère des
Affaires sociales? Un assisté social, qui reçoit une prestation
chez vous, se voit couper sa prestation au niveau du ministère des
Affaires sociales. Il y a des assistés sociaux qui disent: On aime
autant ne pas l'avoir, parce qu'on va être coupé
là-bas.
Mme Payette: M. le Président, si je peux me
permettre...
M. Goulet: Oui, allez.
Mme Payette: Vous avez plusieurs questions. La première
chose...
M. Goulet: Probablement que les réponses vont être
dans le rapport, mais il va être trop tard lorsque nous allons...
Mme Payette: Je n'ai pas à interpréter le
règlement, je ne voudrais pas interpréter le règlement. Je
ne voudrais surtout pas aller à l'encontre des règles d'un
processus démocratique dont je ne connais pas toutes les
subtilités. Ce que j'exprimais, c'étaient certaines
hésitations à afficher des chiffres pour lesquels on n'a pas le
certificat final et qui pourraient être sujets à certaines
interprétations, lorsqu'on les étale froidement,
isolément. Le rapport annuel va faire état, en détail, de
toutes ces questions, avec analyse, etc.
Ceci dit, je ne me refuse pas à répondre à une
série de questions et, si vous voulez me les poser une après
l'autre, j'essaierai d'y donner réponse et, s'il y a des
réserves, j'essaierai de vous les exprimer.
M. Goulet: Je prends un exemple. Il y avait de prévu,
à la taxe sur les carburants, pour le régime d'assurance
automobile, $0.01 le gallon d'essence. Maintenant, ça va être
perçu en litres. Il y avait eu $21 500 000 prévus, est-ce que
c'est vrai que ce fait, étant donné que ça va être
perçu en litres au lieu d'être perçu en gallons, va donner
un montant supplémentaire au gouvernement?
Mme Payette: Ce que je vous dis, c'est qu'il y a eu une
légère augmentation, mais je ne suis pas en mesure de vous dire
si cette légère augmentation résulte d'une augmentation
d'essence vendue ou si ça résulte de la modification dans
l'unité de mesure. Je ne suis pas capable de vous le dire; c'est le
ministère du Revenu qui valide, en somme, ces données et il nous
fait parvenir les sommes qu'il perçoit. Nous ne recevons que $0.01 sur
$0.18 ou $0.19 le gallon, je ne sais pas combien il y a de taxe sur un gallon
d'essence; je devrais peut-être le savoir, mais je ne le sais pas. Nous
recevons l'équivalent de $0.01 du gallon qui se traduit par... Je ne me
rappelle pas exactement combien ça fait du litre.
Je vous réponds oui, nous avons eu une augmentation, une
légère augmentation dont je ne peux pas identifier la raison. Je
pense que c'est le ministère du Revenu qui va pouvoir vous la
donner.
M. Goulet: D'accord, M. le Président. Lorsque M. De Coster
nous dit une légère augmentation, si je dis que cette
augmentation varie entre 8% et 10%, est-ce que ce serait
exagéré?
Mme Payette: Non, je pense que ce n'est pas
exagéré.
M. Goulet: Ce n'est pas exagéré, c'est ce que je
voulais savoir, M. De Coster. Sans savoir, c'est 8,33%, entre 8% et 10%, ce
sont les chiffres que nous avons...
Mme Payette: Non, je pense qu'entre 8% et 10%, si ma
mémoire me sert bien...
M. Goulet: ... à la suite de nos recherches.
Mme Payette: ... cela ne devrait pas être
exagéré.
M. Goulet: Cela veut dire environ $2 millions à $3
millions supplémentaires.
Mme Payette: Je ne peux pas vous dire s'il y a une augmentation
de volume, du nombre de gallons d'essence.
M. Goulet: M. le Président, voilà le genre de
réponses qui me convient.
Au niveau des assistés sociaux, si mes collègues me le
permettent, est-ce que c'est vrai j'aimerais le vérifier
auprès du ministre que les assistés sociaux victimes
d'accident et sujets à recevoir des prestations de la régie se
font couper des montants d'indemnité, pour ne pas perdre leur
admissibilité à l'aide sociale du ministère des Affaires
sociales. Est-ce que vous avez connu des cas concrets? (11 h 30)
Mme Payette: Ce que je peux vous dire là-dessus, c'est
qu'il y a plusieurs assistés sociaux qui ont fait des
réclamations et dont la réclamation a été
examinée comme s'il s'agissait de travailleurs à temps plein,
d'occasionnels, de travailleurs à temps partiel ou de chômeurs.
Nous n'avons pas fait de distinction et nous ne pouvons pas faire de
distinction la loi ne nous le permet pas entre un assisté
social et un autre. C'est la première chose de tout.
La loi va plus loin. Les principes ou les dispositions de la
confidentialité ne nous permettent pas de communiquer au
ministère des Affaires sociales le montant de l'indemnité qu'on
paie à un assisté social.
Mais je crois qu'il est vraisemblable de conclure que, lorsque le
ministère des Affaires sociales apprend qu'un assisté social
reçoit d'autres sources de revenu qui sont de nature à remplacer
des revenus, il y a coupure. C'est vraisemblable. Mais personne ne nous a dit
à nous: Ne m'indemnisez pas parce que je vais me faire couper mes
prestations d'assisté social. On nous fait la réclamation et la
réclamation est traitée comme s'il s'agissait de n'importe
qui.
M. Goulet: Je comprends très bien. Mais le but de ma
question c'était que si cet assisté social recevait sa prestation
d'une compagnie privée... d'une part ou de l'autre, il la reçoit
du gouvernement. Je voulais savoir s'il y a vraiment une différence, si
vous avez comptabilisé des données pour nous dire: Oui, cela peut
représenter X millions qui, avant, venaient de l'entreprise
privée et là, si cela ne vient pas de la Régie de
l'assurance-maladie, cela va venir du ministère des Affaires sociales au
même titre, M. De Coster, parce que cela va dans le même sens. Une
des premières questions que je vous ai posées tout à
l'heure, dans mon préambule, concernait la Régie de
I'assurance-maladie. Avant cela, si quelqu'un était blessé et
qu'il allait à l'hôpital, c'est la compagnie privée qui
payait une partie de la chambre d'hôpital.
Aujourd'hui, c'est le ministère des Affaires sociales qui paie
cela, ce n'est pas comptabilisé dans le régime de l'assurance
automobile, mais, apparemment, cela peut aller jusqu'à $10 millions. Mme
le ministre nous a déjà dit: Oui, cela peut aller
jusque-là. Ce sont des montants, $3 millions à une place, $10
millions à une autre. On veut savoir combien cela coûte. Du
montant de $345 millions ou $380 millions qui était prévu au
chapitre de l'assurance automobile, si, à la fin de l'année, on
s'aperçoit que cela a coûté $450 millions, parce que $10
millions aux Affaires sociales, $10 millions à une autre place... C'est
ce qu'on veut savoir. Et lorsqu'on va pouvoir le dire objectivement, sans
vouloir mettre des bois dans les roues et chercher noise à qui que ce
soit, on va le savoir seulement dans un an, cela va aller aux prochains
crédits, l'an prochain à pareille date. C'est cela le
problème.
Mme Payette: Sur vos deux questions spécifiques, la
régie n'a aucun intérêt à savoir la prestation que
l'assisté social recevait avant et la régie ne s'enquiert pas de
cela. Peut-être qu'à des fins statistiques il serait
intéressant de le savoir, mais à des fins de réclamation,
c'est un élément qui ne joue pas. Un assisté social qui se
présente chez nous et qui ne travaille pas, ce que la régie est
tenue de faire, c'est de lui établir un profil d'emploi, de greffer
à ce profil d'emploi le revenu que la personne serait susceptible de
retirer de cet emploi et de l'indemniser sur cette base. Si le profil d'emploi
indique que la personne ne pouvait que recevoir le salaire minimum, on se base
sur le salaire minimum. Mais on n'a pas comptabilisé cet
élément. Je ne peux pas vous dire qu'on l'a fait, parce qu'il
n'est pas d'intérêt pour le régime lui-même.
En ce qui a trait aux dépenses payées par la Régie
de l'assurance-maladie, personnellement, je
me suis enquis auprès de la Régie de l'assurance-maladie
pour avoir un ordre de grandeur, un peu par curiosité, pour savoir ce
qui se passait. On m'a donné des chiffres qui me font constater que
l'année où la Régie de l'assurance-maladie a exercé
son droit subrogatoire le plus pleinement lui a rapporté $8 millions ou
$8 500 000, quelque chose comme cela. Cela a été la meilleure
année où la Régie de l'assurance-maladie a exercé
son droit subrogatoire.
Je vous donne ces chiffres sous toute réserve. Ce sont des
chiffres qui m'ont été donnés personnellement à des
fins de curiosité. Je dois vous dire qu'à la régie on ne
s'est pas arrêté à faire des comparaisons sur ce plan, en
ce qui a trait au coût du régime.
M. Goulet: M. le Président...
Mme Payette: Ce sont des éléments qui, je le
réalise, peuvent être d'intérêt pour faire le pendant
entre les deux régimes. Je pense que je dois, par ailleurs, vous
indiquer que certains des chiffres qui seront révélés dans
le rapport annuel vous donneront aussi certaines autres indications à
l'inverse, pour ce qui a trait au coût du régime.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: Je pense qu'on peut vous dire, d'ores et
déjà, que le coût du régime est inférieur, et
d'une façon assez significative, à ce qu'il avait
été prévu à l'origine.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous
permettez...
M. Clair: ... si le député de Bellechasse me
permet...
Le Président (M. Marcoux): Sur le même sujet?
M. Clair: Oui, c'est exactement sur le même sujet.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous permettez?
M. Goulet: Oui, M. le Président. J'aurais... Je ne veux
pas... Si le député...
M. Clair: Seulement relativement à l'assisté
social.
M. Goulet: Seulement une seconde, au niveau d'une directive, M.
le Président. Personnellement, j'ai une série de questions qu'on
avait préparées pour Mme le ministre ou M. De Coster. Je ne veux
pas les accaparer. Je veux bien que cela se fasse à l'amiable. Le Parti
libéral avait une série de questions. J'en aurais peut-être
une courte avant de revenir tout à l'heure à la question du
député de Drummond. C'est à vous, M. le Président,
à diriger les débats.
Le Président (M. Marcoux): Non, mais je vous demande si
vous êtes consentant à ce qu'il pose une question sur le
même sujet.
M. Goulet: Oui, absolument, mais je veux revenir pour une
très courte question.
Le Président (M. Marcoux): De toute façon, c'est
vous qui avez le droit de parole.
M. Clair: Seulement une minute pour répondre au
député de Bellechasse relativement au phénomène de
l'assisté social. Etant donné qu'on lui établit justement
un profil d'emploi, loin de pouvoir être intéressé à
se priver d'une réclamation à la régie pour demeurer
prestataire d'aide sociale, dans les cas que j'ai vus personnellement,
l'assisté social avait droit à plus, finalement, en retirant des
prestations de la régie qu'en retirant des prestations d'aide sociale.
Je voulais simplement souligner cela au député, les cas que j'ai
vus personnellement, en tout cas.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président. Etant donné qu'il
n'y a pas eu de réclamations, comme on avait prévu, il doit y
avoir un bon montant d'accumulé seulement au niveau des
indemnités à payer, un montant supplémentaire à ce
que vous aviez prévu. Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus
jusqu'à maintenant?
Mme Payette: C'est ce que je vous disais. Le coût du
régime, en raison de ce facteur-là, est projeté par les
actuaires qui ont pris, en somme, les réclamations que nous avions
reçues au 28 février et qui ont projeté le nombre de
réclamations qu'on était susceptible de recevoir à
l'avenir pour ces accidents qui sont arrivés pendant cette
période. Ils ont établi les obligations de la régie envers
ces réclamants-là, les réclamants actuels et les
réclamants éventuels, et c'est ainsi que les actuaires projettent
le coût du régime selon leur évaluation actuelle. Je peux
vous dire qu'entre la prévision initiale et la prévision
actuelle, il y a un écart très significatif qui fera que le
coût du régime sera réellement inférieur au
coût qui avait été projeté.
M. Lalonde: Si vous permettez...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... je veux enchaîner là-dessus, parce
qu'on a été favorisé par une réduction très
importante sur le nombre de réclamations, une réduction sur les
prévisions, disons. C'est autour de 60 000, le chiffre qui avait
été prévu. On arrive à peu près à la
moitié, environ 30 000, n'est-ce pas?
Mme Payette: Les prévisions des actuaires sont
plutôt de l'ordre de 37 000.
M. Lalonde: 37 000, bon, bravo! parce que ce sont nous et nos
concitoyens qui payons ce régime, mais je dois présumer et
vous me corrigerez M. De Coster, si je fais erreur que les actuaires,
même s'ils ont été extrêmement conservateurs dans un
sens ou généreux dans un autre, dans leur évaluation des
prévisions, ont quand même été assez justes dans
l'évaluation, dans rétablissement du coût, fondé sur
cette prévision d'environ 60 000. Est-ce que le coût a
été sous-évalué d'après vous?
Mme Payette: Le coût a été
surévalué et très substantiellement
surévalué.
M. Lalonde: Je parle sur la base de 60 000. Mme Payette:
Ah non!
M. Lalonde: Si vous aviez eu 60 000 réclamations, tel que
prévu, est-ce que les prévisions du coût auraient
été suffisantes?
Mme Payette: C'est-à-dire que les prévisions du
coût auraient été vraisemblablement... Là,
j'aimerais être capable de le faire avec des analyses
complètes...
M. Lalonde: C'est peut-être difficile, c'est pour
cela...
Mme Payette:... disons que je vous ai donné certaines
indications tout à l'heure, comme ces 60 000 réclamations. On en
prévoyait 30 000 pour des remboursements de frais et 30 000 pour des
indemnités de remplacement de revenu et des indemnités de
décès. Ce qui voulait dire 50%-50%. De fait, c'est qu'au lieu
d'avoir 50% ou 30 000 réclamations pour des indemnités de
remplacement de revenu et des indemnités de décès, le
pourcentage est plutôt de l'ordre de 65% à 70%.
M. Lalonde: Pour lequel des deux ordres?
Mme Payette: Pour les indemnités de remplacement de revenu
et les indemnités de décès. Ce qui
déséquilibre un peu les chiffres des actuaires en termes de
coût, mais, en prenant ces chiffres tout de même et il nous
reste à faire beaucoup d'analyses pour déterminer le coût
moyen par indemnité, etc. c'est que, même en projetant ces
nouveaux chiffres, ces nouveaux pourcentages, on en arrive, à l'heure
actuelle, à un coût du régime qui est substantiellement
inférieur à celui qui a été prévu à
l'origine, c'est-à-dire que les $345 millions dont on a fait état
initialement pour le régime comme étant le coût que devait
entraîner cette mutation de l'entreprise, cette mutation d'un
régime d'assurance automobile en un régime universel social, sont
un chiffre singulièrement inférieur à ce qui avait
été prévu. Si nous étions partis des
prévisions avec la ventilation qu'on nous donne à l'heure
actuelle, ce coût de $345 millions aurait été, de fait,
très inférieur à cela.
M. Lalonde: Les réserves que vous avez apportées
sont tout à fait de mise, étant donné que vous n'avez pas
les chiffres définitifs. On doit donc prendre cela et faire notre propre
interprétation. Tantôt, quand vous avez dit qu'il y avait une
légère augmentation du produit de la taxe sur l'essence et que le
député de Bellechasse a dit que cette légère
augmentation pourrait être entre 8% et 10%, vous avez acquiescé.
Maintenant, voilà qu'on a une substantielle diminution du coût, et
je suis tenté d'interpréter cela comme étant de l'ordre
d'au-delà de 15%, peut-être au-delà de 20%, et même
peut-être au-delà de 30%. Je ne veux pas vous commettre à
des chiffres immédiatement, jusqu'à ce que nous ayons votre
rapport au mois de mai.
On a effleuré tantôt la question qu'on doit se poser
actuellement. Le député de Jacques-Cartier vous a invité
à la commenter un peu. Vous vous êtes attaché surtout au
facteur de l'inflation pour ensuite justifier la non-augmentation des primes
pour 1979/80. Ma question est la suivante: Etant donné que vous dites
que l'évaluation qui avait été faite au départ sur
des prévisions de quelque 60 000 réclamations vous apparaît
juste, étant donné la substantielle diminution du coût pour
l'expérience de 1978/79 ma question ne s'adresse pas seulement
à vous, elle s'adresse au ministre quand allons-nous nous
suggérer une diminution des primes?
Mme Payette: Ce n'est certainement pas aujourd'hui. Il faut
d'abord attendre le rapport, l'étudier. Je pense que M. De Coster,
à cet égard, aura peut-être, en plus des recommandations
à faire, des recommandations de prudence. Si tel était le cas, je
crois qu'effectivement il faudrait écouter avec attention ces
recommandations, le moment venu.
M. Lalonde: Je ne doute pas que vous allez écouter les
recommandations de M. De Coster. Il faut écouter aussi les
réclamations des votants. La prudence joue des deux
côtés.
Mme Payette: C'est exact.
M. Lalonde: Si cela coûte moins cher, pourquoi ne pas en
faire profiter immédiatement la population?
Mme Payette: Parce qu'il y a une prévision dans la loi qui
dit que...
M. Lalonde: Je comprends.
Mme Payette: ... la régie doit s'autofinancer, que M. De
Coster sera en mesure de faire des projections, que les actuaires y travaillent
présentement et que nous verrons, s'il y a lieu, effectivement, de
rendre à la population éventuellement un trop-perçu ou,
s'il y a lieu, avec des projections
qui s'appuient sur un an ou deux ans il vaudrait peut-être
mieux, d'ailleurs, attendre deux ans si ces projections nous faisaient
prévoir des augmentations, de les prévoir maintenant. (11 h
45)
M. Lalonde: II me semble que...
Mme Payette: Ce sont des choses que nous pourrons discuter une
fois que le rapport sera connu et qu'il aura été
analysé.
M. Lalonde: En fait, j'annonce immédiatement au
gouvernement que nous allons être extrêmement vigilants
là-dessus. Nous allons le pousser...
Mme Payette: Je le souhaite, comme vous l'avez été
depuis le début.
M. Lalonde: ... à faire preuve de plus de rapidité
dans ce cas-ci que dans le cas d'autres dossiers qui sont à
l'étude, à l'étude, à l'étude et à
l'étude depuis deux ans et demi. Alors, la population...
Mme Payette: Lesquels?
M. Lalonde:... comprend mal que, si on a 50% seulement des
réclamations et une très substantielle diminution du coût
je n'ose pas dire 50% parce qu'on n'a pas les chiffres encore, mais
c'est de l'ordre de peut-être 20%, 25% ou 30% la population
comprend mal qu'on ait été obligé de payer davantage dans
plusieurs cas et, à ce moment-là, c'était peut-être
simplement un ajustement mécanique assez artificiel. Le ministre des
Finances ou le ministre du Revenu nous a donné comme explication en
Chambre, en réponse à une question il y a quelques semaines,
qu'on a été obligé de payer plus cher pour notre
immatriculation, pour les propriétaires d'automobile en 1979, et on
comprend fort mal que cela nous ait coûté plus cher que l'an
dernier, alors que les réclamations ont été
substantiellement moindres que celles qui étaient prévues.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys mêle deux choses. Il faut faire une nette
distinction entre le coût de l'immatriculation et le coût de
l'assurance qui, lui, n'a pas été augmenté, pas du
tout.
M. Lalonde: Le coût de l'assurance, non. Mais si vous avez
diminué de 50% les réclamations...
Mme Payette: Je pense, M. le Président, qu'on a, dans
l'intervention du député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: M. le Président...
Mme Payette:... l'exemple parfait de ce qu'on cherche à
éviter, c'est-à-dire lancer des chiffres qui donnent lieu
à toutes sortes d'interprétations fort
prématurées.
M. Lalonde: Mais si vous avez les réponses... Vous avez
les réponses, vous?
Mme Payette: Je ne les ai pas, moi, les réponses.
M. Lalonde: Donnez-les! Vous n'avez pas les réponses?
Mme Payette: Je n'ai pas les réponses... M. Lalonde:
On a 50%...
Mme Payette:... parce que moi, j'ai la sagesse d'attendre que le
rapport soit prêt.
M. Lalonde:... oui, mais pourquoi ne pas avoir eu la sagesse de
convoquer cette commission après que le rapport a été
prêt? C'est vous qui avez fait l'arrangement avec le leader du
gouvernement?
Mme Payette: M. le Président, nous sommes en train
d'étudier les...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai droit de parole.
Mme Payette: ... crédits du ministère. M.
Lalonde: J'ai droit de parole.
Mme Payette: La Régie de l'assurance automobile...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai droit de parole...
Mme Payette: ... ne fait pas partie de notre étude
aujourd'hui.
M. Lalonde: Est-ce que j'ai droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Lalonde: Pouvez-vous dire à Mme le ministre d'attendre
que j'aie terminé?
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Lalonde: Pourquoi ne pas avoir, à ce
moment-là...
Mme Payette: L'arrogance ne vous mènera nulle part.
M. Lalonde: Oui, on a eu assez d'exemples d'arrogance de la part
du gouvernement...
Mme Payette: Mais vous tombez dans le piège.
M. Lalonde:... vous pouvez être sûrs qu'on ne vous
suivra pas là-dessus.
Mme Payette: C'est déjà commencé.
M. Lalonde: Mais j'ai le droit de parole 'et je vais quand
même l'exercer. Votre habitude de nous interrompre, moi, je ne
l'accepterai pas. Je suis un simple député de l'Opposition. On
nous invite ici à étudier les crédits, surtout en ce qui
concerne... M. De Coster est pressé. Je le constate, je le
conçois. Ce n'est pas ça que je conteste. On a seulement la
matinée pour étudier ça, le 1er mai, et le ministre aurait
fort bien pu, comme on l'a fait... jusqu'en juin. On étudie les
crédits jusqu'en juin. On le sait, ça. Il aurait fort bien pu
s'arranger avec le leader du gouvernement, sachant que les crédits de
l'assurance automobile avaient une importance spéciale et, après
une année entière d'expérience, il aurait fort bien pu
convoquer... On peut peut-être, si vous voulez, faire une motion
d'ajournement et revenir au mois de juin, ou après la production du
rapport, si vous voulez en parler à ce moment-là.
Mais ce que je vous dis, par exemple, c'est que la population
n'acceptera pas qu'on étudie et qu'on étudie et, pour faire
preuve de prudence maintenant, qu'on ne réduise pas sensiblement les
coûts, qu'on ne réduise pas aussi les effectifs de la
régie. Est-ce que M. De Coster pourrait nous dire s'il a l'intention de
suggérer une réduction des effectifs de la Régie de
l'assurance automobile, vu le nombre beaucoup moins élevé de
réclamations qu'il a connu en 1975/79?
M. Clair: M. le Président, sur la question soulevée
par le député de Marguerite-Bourgeoys, selon laquelle les
crédits...
M. Lalonde: J'ai parlé au gouvernement, moi. M. Clair:
... sont étudiés à ce moment-ci...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! A l'ordre!
M. Clair: ... le député...
Le Président (M. Marcoux): Avant ça... Un
instant!
M. Clair: ... M. le Président, de
Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (M. Marcoux): Un instant! A l'ordre, M. le
député de Drummond!
M. Clair: ... devrait savoir...
Le Président (M. Marcoux):... A l'ordre, M. le
député de Drummond!
M. Clair: Pourquoi ne me donnez-vous pas la parole?
Le Président (M. Marcoux): Un instant! La question
était d'abord posée à Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Alors, je pourrai
compléter...
Mme Payette:... je me permettrai de répondre au
député de Marguerite-Bourgeoys que nous sommes réunis pour
étudier les crédits du ministère. Nous aurions même
pu ne pas inviter M. De Coster à cette commission et nous avons
volontairement offert aux députés de cette commission de
poser'des questions à M. De Coster.
Je pense que l'Opposition, si elle le désire, une fois que le
rapport aura été déposé, pourra
éventuellement réclamer ce qu'elle peut réclamer,
c'est-à-dire une commission après le dépôt du
rapport; c'est le rôle de l'Opposition de le faire et on verra à
ce moment-là.
M. Lalonde: Est-ce que Mme le ministre s'engage à tenir
cette commission parlementaire, si on la réclame?
Mme Payette: Absolument pas, je ne m'engage à rien. Je
vous suggère de jouer le rôle de l'Opposition.
M. Lalonde: On le joue, mais, généralement, on a
des réponses négatives quand on fait ces demandes. Il me semble
que c'est l'étude des crédits et le leader du gouvernement qui
vient de quitter la salle nous a répondu à plusieurs reprises, et
d'autres ministres, quand on pose des questions en Chambre pendant cette
période de l'année: Vous poserez ces questions lors de
l'étude des crédits.
Mme Payette: Quand cela est dans les crédits.
M. Lalonde: Je n'accepte pas ce que Mme le ministre vient de
dire. Elle dit qu'elle a invité M. De Coster proprio motu, et c'est
très bien. Au fond, M. De Coster est ici pour aider le gouvernement
à donner les réponses aux députés, que ce soient
les députés ministériels ou de l'Opposition. La
présence de M. De Coster ne change rien, au fond, et c'est quand
même symptomatique que, lorsque vous lirez le journal des Débats,
M. le Président, toutes les réponses de M. De Coster apparaissent
au nom de Mme le ministre. Nos questions s'adressent, en fait, au gouvernement,
au ministre qui est assis ici et les réponses de M. De Coster sont les
réponses du ministre. Qu'il soit entouré et assisté de M.
De Coster dans ce cas-ci et des sous-ministres, c'est parfait c'est la
seule façon d'avoir de bonnes réponses, de toute façon
mais qu'il ne vienne pas nous dire que c'est faire preuve de
générosité parce que, en fait, c'est le but de cette
commission que d'avoir des réponses du gouvernement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Je voudrais seulement souligner aux membres de cette
commission ce que tout le monde sait déjà relativement au
calendrier des travaux des commissions qui étudient les crédits
des ministères. L'Opposition a été consultée et
j'aurais aimé que le leader du gouvernement soit encore présent;
c'est un calendrier qui a été accepté de part et d'autre.
Si le député de Marguerite-Bourgeoys nous fait reproche du
calendrier aujourd'hui, je veux bien constater avec lui que cela aurait pu
être utile pour tout le monde que la commission siège plus tard.
Mais, une chose est certaine, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on n'a jamais
été consultés, cela a été établi d'un
commun accord.
M. Lalonde: Sur cette question de règlement, M. le
Président, c'est exact.
M. Clair: Ce n'est pas une question de règlement, c'est
une question de fait.
M. Lalonde: J'ai encore le droit de parole.
Le Président (M. Marcoux): Ce n'était pas une
question de règlement, c'était un commentaire.
M. Lalonde: Je vais vous dire ceci...
Le Président (M. Marcoux): M. le député.
M. Lalonde: On en fera une question de fond, si vous le voulez,
il reste que c'est une question importante. Tous les rapports des organismes du
gouvernement et il y en a plusieurs ne peuvent être
produits avant la tenue des séances des commissions parlementaires
étudiant les crédits, j'en conviens. Je pense que le
député de Drummond a assisté, ou peut-être
présidé la commission de la justice; on a eu quelques rapports
sur place, parce que la commission a été tenue en avril, la
majorité n'était pas là, on le déplore un peu. Nous
aussi on félicite le gouvernement ou les organismes lorsqu'ils
produisent les rapports, mais ici il s'agit de la Régie de l'assurance
automobile, c'est une nouvelle expérience, la première
année d'expérience, et il me semble que le ministre aurait
dû nous indiquer, lorsque les consultations ont eu lieu, qu'on n'aurait
pas le rapport de la Régie de l'assurance automobile pour l'étude
des crédits. A ce moment-là, on aurait probablement
insisté avec quel succès, je ne le sais pas pour
obtenir que cette commission parlementaire se présente un peu plus tard,
au moment où on aurait eu le rapport; à ce moment-là on
aurait été en mesure...
Je ne peux pas aller plus loin, M. le Président, on n'a pas le
rapport. Même si j'allais jusqu'à 12 h 30 pour le déplorer,
cela ne nous avancerait pas. Tout ce que je peux dire, c'est que oui, nous
allons faire une demande formelle au gouvernement de réduire les
coûts le plus tôt possible. On voit, par exemple, la
réduction... peut-être pas du parc automobile, M. De Coster a
été assez prudent, tantôt, en disant que la
réduction des immatriculations ne reflète pas
nécessairement la réduction du parc automobile. J'avoue
qu'à part l'explication des 70 000 motocyclettes, je pense, quant
à moi, que le profane est assez justifié de faire un
parallèle entre le nombre d'immatriculations et le nombre d'automobiles
qui se promènent, au moins.
Mme Payette: Si vous me le permettez, vous êtes pleinement
justifié. La seule note de prudence que j'ai voulu introduire ici, c'est
que les statistiques du Bureau des véhicules automobiles concernant le
nombre d'immatriculations ne sont pas des statistiques sur le parc automobile,
mais elles reflètent évidemment la situation du parc automobile,
surtout si on procède sur une base de comparaison.
M. Lalonde: Déjà, là, on voit un autre
élément de réduction possible dans l'évaluation
future ou pour les années qui viennent du coût de l'assurance
automobile. J'invite le ministre et le gouvernement à se pencher le plus
tôt possible là-dessus, aussitôt que les chiffres seront
prêts, et le gouvernement est parfaitement capable, actuellement, de
demander à la Régie de l'assurance automobile de lui faire
parvenir les chiffres actuels. On sait tous comment cela se passe. Si le
Vérificateur général est capable de signer son rapport
durant les quelques semaines qui viennent, je ne sais pas si M. De Coster a une
date plus précise à nous donner.
Mme Payette: Pour le rapport du vérificateur?
M. Lalonde: Oui.
Mme Payette: D'ici quelques jours.
M. Lalonde: D'ici quelques jours, cela veut dire que les chiffres
qui lui ont été communiqués par la régie
parce qu'il ne les invente pas ces chiffres il les prend, il les
étudie, il fait des tests et il fait un rapport à savoir que la
présentation des états financiers par la régie est faite
conformément aux normes etc. Mais, c'est le rapport de la régie,
cela n'est pas le rapport du vérificateur, les états financiers.
Le vérificateur, tout ce qu'il fait c'est un rapport sur les
états financiers. Ces chiffres sont parfaitement disponibles au ministre
actuellement et je n'accepte pas son attentisme voulant qu'on attende le
rapport de la régie. Si c'est pressé, elle peut facilement
obtenir communication de ces chiffres de la part de la Régie de
l'assurance automobile.
Mme Payette: Si M. le député me le permet ou M. le
Président me le permet, je vais simplement rectifier ou bien situer les
choses telles qu'elles sont. Il y a effectivement une diminution significative
dans le coût du régime, ce qui, de fait, a pour résultante,
à mon sens, de bonifier toute cette question de coût qui a fait
l'objet de débats. Si on ne les étale pas, cela n'est pas parce
qu'on a des cachettes, c'est parce qu'au contraire cela
viendrait bonifier la question. Par ailleurs, il y a une diminution du
parc automobile qui entraîne nécessairement une diminution
significative dans les recettes. On a prévu aller chercher par ce biais
les $345 millions qu'on avait fixés comme coût du régime.
Si le coût du régime descend en bas de $345 millions de
façon significative, il faut dire que les recettes aussi ont
baissé, ce qui fait que sans nous amener à un équilibre,
il n'y a pas eu un écart complet sur ce plan. Le conseil
d'administration qui fixe la structure de tarification et qui la soumet, pour
approbation, au gouvernement a conclu qu'en dépit du fait qu'une
augmentation de 10% sur le facteur inflation était justifiable pour
l'année 1979/80, il n'y aurait pas d'augmentation, ce qui
équivaut déjà à une diminution de 10% sur la
structure de tarification.
Cette structure de tarification, pour 1979/80, s'applique pour
l'année complète, alors il n'est pas question maintenant de
réduire la structure de tarification. Il faut attendre que
l'année soit complétée. Dès l'été,
les actuaires vont commencer la prévision actuarielle pour
l'année 1980/81, le conseil d'administration devra décider de sa
structure de tarification à ce moment, la soumettre au gouvernement pour
approbation et cette nouvelle structure de tarification ne peut entrer en
vigueur qu'à compter du 1er mars 1980. A ce moment, le conseil
d'administration devra prendre des décisions. Avec les chiffres qu'il
aura de l'année qui vient de se terminer, avec les prévisions
actuarielles qui auront été projetées par les actuaires,
le conseil d'administration devra déterminer si, d'une part, il doit
modifier sa structure de tarification à la hausse, la modifier à
la baisse ou prendre d'autres mesures qui pourraient être
suggérées ou envisagées.
Il faut aussi essayer de prévoir l'avenir, basé sur ce qui
se passe, parce que 1978/79 est une première expérience, on va
voir l'expérience de 1979/80 pour les six prochains mois et,
après cela, il faudra déterminer qu'est-ce qui va arriver en
1980/81, 1981/82 etc. Je pense qu'il a toujours été dans les
habitudes des compagnies d'assurance, et je pense que sur ce plan le
surintendant des assurances a lui-même ses exigences, qu'il faut
constituer des réserves qui ont pour but d'essayer d'amortir certains
coups durs ou stabiliser les primes inhérentes. Je pense bien que le
conseil d'administration devra aussi déterminer s'il doit y avoir des
réserves de constituées et l'envergure de ces réserves
à même les excédents qui sont créés. Cette
année, en 1979/80, il n'y a pas eu d'augmentation. Conséquemment,
pour nous, c'est l'équivalent d'une diminution de 10%. S'il n'y a pas
d'augmentation en 1980/81, ce qui est possible, cela équivaudra à
une autre diminution qui est significative. (12 heures)
Est-ce que cette diminution sera suffisante? Cela va dépendre de
l'expérience et des crédits ou des réserves
nécessaires.
Ce que M. De Coster veut dire, en d'autres mots, M. le Président,
c'est qu'il n'y a pas d'ingérence politique dans son administration et
que le conseil d'administration n'est pas un conseil d'administration
bidon.
M. Lalonde: M. le Président, vous me permettrez de
terminer là-dessus, M. De Coster a quand même bien reconnu que ce
sont des recommandations, des décisions du conseil d'administration qui
doivent être approuvées par le gouvernement.
Mme Payette: C'est exact.
M. Lalonde: Alors, nous sommes parfaitement en droit de poser des
questions au gouvernement et de lui en poser de très claires
là-dessus. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et
non pas se cacher derrière la régie.
Mme Payette: Comme d'habitude. Il prend ses
responsabilités.
M. Lalonde: Les décisions... Ne vous cachez pas
derrière la régie.
Mme Payette: Je ne me cache derrière personne et la
régie ne se cache pas derrière moi non plus.
M. Lalonde: Vous avez une responsabilité à
l'Assemblée nationale et à la population sur la tarification.
Mme Payette: C'est exact.
M. Lalonde: Mes questions sont donc parfaitement pertinentes. Ce
n'est pas de l'ingérence politique de la part du ministre de nous dire,
par exemple: Nous avons demandé à la régie
d'étudier la possibilité de diminuer, de faire payer par les
détenteurs d'immatriculation, les propriétaires d'automobile de
1985, l'expérience de 1985 et non pas de la faire payer par ceux de
1979/80. La question des réserves, c'est peut-être très
abstrait, mais, en fait, si vous faites des réserves actuellement pour
des coups durs qui sont à venir, à ce moment-là, vous avez
fait payer par les détenteurs d'immatriculation d'aujourd'hui ce qui
arrivera à d'autres plus tard.
L'assurance, ce n'est pas inacceptable. Politiquement, il faut
l'expliquer. C'est pour ça que ma question s'adresse au ministre. Est-ce
que la régie a reçu une demande du ministre ou du gouvernement de
diminuer les tarifs pour l'année qui s'en vient?
Mme Payette: Je n'ai eu absolument aucune demande du
gouvernement, dans un sens ou dans l'autre. Ce que le gouvernement fait, cela a
été d'approuver la structure de tarification que nous avons
déposée entre ses mains. Si j'interprète bien la loi, le
gouvernement a le droit de l'approuver ou de ne pas l'approuver, je pense que
c'est l'étendue de son... Je n'ai eu, je dois vous l'assurer, aucune
ingérence de ce côté.
En ce qui a trait à la diminution des primes de 1979/80 ou
1980/81, parce que c'est de cette
année-là qu'on peut prévoir une diminution de
primes, il va y avoir le résultat de cette année 1978/79 et le
résultat partiel fragmentaire de l'année 1979/80 qui va nous
donner une indication de ce qui va se passer et de ce que sera l'ampleur de
l'excédent total. C'est un chiffre pour l'été, septembre
vraisemblablement, au plus tard.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pour l'instant, il est trop tard. Oui, M. le
Président. Personnellement, j'informe Mme le ministre qu'en ce qui a
trait aux questions à M. De Coster, j'ai terminé. J'aurais
aimé, M. le Président, avoir plus de réponses. Je
comprends que, ce matin, nous étudions les crédits du
ministère...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que M. le
député de Bellechasse a encore des questions à poser
à M. De Coster?
M. Goulet: Si vous me permettez de finir mon intervention, je
disais que j'avais terminé, mais je déplore le fait qu'on ne
puisse avoir de réponses. Je comprends que, ce matin, nous
étudions les crédits administratifs du ministère et que la
régie n'est pas incluse dans ces crédits administratifs. Mais, M.
le Président, je profite de l'occasion pour souligner à nouveau
qu'il y a là une lacune grave. C'est pourquoi l'Union Nationale a
demandé et redemandé une commission parlementaire permanente des
régies d'Etat et des sociétés d'Etat. Nous avons ce matin
l'exemple d'un ministre parrain d'une régie. Le ministère a un
budget de $20 millions à peu près et il est le parrain d'une
société ou d'une régie d'Etat, si vous voulez, qui va
administrer $300 millions, $400 millions ou éventuellement $500
millions. Or, on ne peut à peu près pas poser de questions.
Ce n'est pas la faute de M. De Coster, mais vous voyez là la
lacune qu'on souligne et qu'on demande de régler par le biais d'une
commission parlementaire permanente au niveau des régies d'Etat.
Personnellement, je remercie M. De Coster des réponses ou des
éléments de réponse qu'il a bien voulu nous donner et nous
attendons le rapport. Je comprends que ce matin, pour lui, c'est difficile de
nous donner des chiffres. Le rapport n'est pas prêt. Mais je
déplore néanmoins un fait, M. le Président. Ce n'est pas
la faute du président de la régie, mais, quand même, nous
aurions aimé avoir plus de réponses au niveau du ministre et du
ministère, parrain de cette régie, savoir si le ministère
fait bien ou ne fait pas bien. Je pense que c'est le but que vise un
député de l'Opposition: savoir où s'en va le
ministère avec ces sociétés.
M. Lalonde: M. le Président, j'aurais une question de
règlement. Je n'aimerais pas que les propos du député de
Bellechasse soient mal interprétés. L'obligation du gouvernement
d'approuver la tarification de la régie entraîne sa
responsabilité de répondre aux questions de la population par les
députés ici à l'Assemblée nationale, que ce soient
les députés ministériels ou de l'Opposition. Nous sommes
parfaitement en droit de poser toutes sortes de questions au gouvernement, qui
a choisi de répondre par la voix du président de la régie,
dans une certaine mesure. Mais le fait qu'il y a une régie, cela ne
cache pas complètement, cela n'enlève pas du tout la
responsabilité du gouvernement de répondre à nos
questions. Le pouvoir d'approuver la tarification nous permet de poser des
questions, même sur l'administration de la régie, parce que la
tarification, naturellement, c'est le payeur. Je voulais rectifier cela.
Merci.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Sur une question de
règlement?
M. Clair: Non, pas sur une question de règlement; c'est
simplement pour dire que le député de l'Union Nationale ayant
fini de poser ses questions et les deux représentants du Parti
libéral ayant eu l'occasion de parler, je me demandais simplement si
j'avais le droit de poser des questions.
M. Saint-Germain: J'ai demandé la parole, M. le
Président. Je voudrais bien...
M. Clair: Je vous demande une question de directive, M. le
Président. Est-ce que les députés ministériels ont
le droit de poser des questions avant 12 h 30?
M. Lalonde: Qui a demandé la parole? M. Saint-Germain:
J'ai demandé la parole. M. Clair: Je la demande, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Vous venez de demander la
parole. J'avais d'abord, dans l'ordre, le député de
Jacques-Cartier.
M. Clair: Je croyais, M. le Président, qu'il était
de tradition d'effectuer un premier tour de table.
M. Lalonde: II faut demander la parole. M. Clair: Je
l'avais signifié.
M. Saint-Germain: M. le Président, je crois que tout ce
débat nous donne absolument raison. Nous avions toujours soutenu, lors
de l'étude de la loi, que les coûts étaient trop
élevés. Je crois qu'on en a aujourd'hui le résultat. C'est
entendu que le Parlement a voté cette loi en se basant sur les chiffres
qui nous ont été transmis par les actuaires. Ces études se
sont révélées fausses. Je ne veux pas blâmer les
actuaires, mais c'est une question de fait: les projections ne sont pas en
relation avec les faits.
C'est sur ces chiffres bien définis qu'on a voté la loi et
qu'a été établie la prime de l'assurance
automobile payable à la régie. Je suppose que cette prime
tenait aussi compte des fonds de réserve qu'on devait établir
pour payer les annuités à long terme, pour les invalides
constants.
Ces chiffres, comme je le disais, se sont révélés
faux, ce qui peut nous permettre de déduire... J'avoue que cette
augmentation de 70% des réclamations pour pertes de revenu a
certainement concouru à augmenter le coût. Cela a eu un effet
contraire. Mais il reste que, puisque vous nous l'avez affirmé, la prime
est trop élevée relativement aux risques auxquels la régie
est obligée de faire face.
Ceci dit, j'avoue que la régie peut se montrer très
prudente; ayant déjà basé le coût de la prime
actuelle sur des projections fausses, ou du moins qui ne se sont pas
réalisées, je comprends très bien qu'on soit prudent et
qu'on laisse écouler le temps, de façon à bien
établir les nouvelles projections. Très bien.
Mais il reste que, si ces primes sont exagérées, on a
là une taxe indirecte, on a là un moyen de taxer la population
pour un service dont le coût a été exagéré.
Et je crois qu'au moins, en principe, on devrait dire que si, dans l'avenir,
les projections ont permis d'établir une prime trop
élevée, on devrait, en principe, promettre de baisser le
coût de ces primes ou, si on ne le baisse pas, on devrait remédier
à mon avis aux injustices qu'il y a dans la loi. On devrait augmenter ce
minimum de $20 000 qu'on couvre actuellement et augmenter ainsi la couverture
des dommages encourus, des dommages physiques, surtout dans le contexte
actuel.
On sait pertinemment qu'il y a une multitude de gens qui gagnent
au-dessus de $20 000 aujourd'hui dans un temps d'inflation. On sait
pertinemment que les gens qui gagnent $35 000 et plus, et même $30 000,
paient plus d'impôt qu'en Ontario par exemple. On sait qu'il y a
là un inconvénient sérieux au développement
économique de la province. On sait que, par le biais de cette Loi sur
l'assurance automobile, on augmente encore les coûts de l'assurance
automobile pour les gens qui gagnent $20 000 et plus. Il y a là encore
un supplément pour ces 15% que vous venez de mentionner qui gagnent
au-delà de $20 000. Il y a aussi une injustice à mon avis
vis-à-vis des gens qui souffrent d'incapacité partielle et
permanente. Il y a là une injustice aussi dans ces $20 000 qui, à
mon avis, ne sont pas assez considérables.
Alors, soit qu'on baisse le coût de la prime, soit qu'on augmente
les services, à mon avis. Autrement, c'est une taxe indirecte absolument
inacceptable. Que par le jeu de fausses projections, on demande un coût
exagéré pour un service donné et qu'on se serve de cet
antécédent pour perpétuer, pour faire payer par les
contribuables d'aujourd'hui les services qu'on croit qui pourront être
donnés à une population future ou à des clients futurs, je
crois que c'est une injustice actuellement pour les gens qui ont à
défrayer ces primes.
J'avoue que l'inflation peut avoir été plus
considérable que la projection qui en a été faite, mais il
me semble aussi évident que la différence qu'il y a entre
l'inflation actuelle, le niveau de l'inflation actuel, et le niveau de
projection de l'inflation future par les actuaires n'est certainement pas un
décalage suffisant pour maintenir la prime actuelle.
Ensuite, il y a un autre point. C'est qu'assurément les bons
conducteurs aujourd'hui sont surtaxés relativement à ceux qui ont
des dossiers qui laissent à désirer comme conducteurs. Il y
aurait là peut-être aussi une façon, avec ces surplus que
vous avez, de diminuer le coût, du moins pour les chauffeurs qui ont un
bon dossier. Soit qu'on baisse le coût ou qu'on augmente les services. Je
ne crois pas qu'il y ait, en toute sincérité et en toute justice
pour la population, une autre façon de s'en sortir. Ceci dit, je
comprends très bien qu'on ait pu cette année maintenir la prime,
à cause de ce que je viens de dire et des expériences
passées, mais, au moins, en principe, on devrait promettre à la
population que, si ces surplus se maintenaient l'année prochaine, on
verrait sûrement à abaisser la prime d'assurance automobile.
Mme Payette: II faut faire bien attention pour distinguer les
termes, afin de bien situer la question elle-même. Quand nous parlons du
coût du régime, nous parlons du coût qu'entraîne
l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobiles pour dommages corporels.
Ce coût a été projeté par des actuaires à
quelque $345 millions. C'est à partir de ce coût qu'ont
été projetés les revenus qui étaient
nécessaires pour s'autofinancer. La loi nous oblige à le faire.
Nous avons prévu une structure de tarification qui nous rapporterait le
même montant que les coûts qui étaient encourus. (12 h
15)
Dans ces $345 millions, il y avait une réserve de stabilisation
de $3 500 000. Une réserve de stabilisation, ce n'est pas une
réserve pour l'inflation des 40 ou 50 années à venir. Les
actuaires prennent cela en considération dans la projection actuarielle
ou l'évaluation du passif actuariel. Le coût de $345 millions, il
s'avère inférieur à cela. Conséquemment, quand on
parle du coût du régime, on dit: Le coût du régime
est inférieur à ce qu'il avait été prévu.
Pour nous, c'est une source de bonification du régime. On pensait que
cela coûterait peut-être $345 millions, mais cela va nous
coûter d'une façon significative, moins que cela. C'est
évident que, quand on a projeté ces $345 millions, on a
projeté une structure de tarification. On n'est pas capable
d'arrêter la machine et de dire: On va en rentrer moins, l'argent entre.
C'est rentré moins fort que prévu aussi, pas mal moins fort que
prévu.
Il va rester un excédent qui est significatif. Cet
excédent, il s'agit de déterminer si on le retourne
immédiatement à la population, si, plus tard ou dans un avenir
immédiat, on baisse les primes ou si on en garde une partie pour couvrir
des coups durs qui pourraient se produire. La décision qui a
été prise, c'est qu'on commençait à retourner
à la population, dans une première année, une partie de
cet excédent qu'on anticipait. Quand on parle
d'un facteur d'inflation de 10%, on jouait avec $300 millions, cela
voulait dire qu'on prévoyait devoir additionner peut-être $30
millions à la prime ou à la contribution de 1979/80. Nous ne
l'avons pas augmentée. Cela répond, en somme, à une
attente que la population pouvait avoir. C'est un premier geste pour
réduire la prime ou au moins ne pas l'augmenter. Nous ne savions pas,
à ce moment, quelle était l'envergure du surplus, mais nous
considérions qu'il y aurait un surplus suffisant pour couvrir ces 10% et
nous en avons fait bénéficier immédiatement la population
par une structure de tarification non modifiée. Là-dessus, sur
les chiffres de cette année, il va nous falloir faire le même
exercice au mois de septembre et au mois d'octobre, en disant: Nous avons tant
d'excédent, le coût prévu du régime pour
l'année qui s'en vient est de tant, qu'est-ce que nous faisons comme
structure de tarification? Est-ce que nous diminuons la contribution? Est-ce
que nous la maintenons avec un facteur d'inflation, encore là, de 10%
qui vient gruger encore $30 millions dans l'excédent? Qu'est-ce qu'on
fait? C'est la décision qu'il va falloir prendre au mois de septembre et
au mois d'octobre. Cette décision va être basée sur
l'excédent dans l'année 1978/79 et les prévisions d'un
excédent, s'il en est, pour 1979/80, et nous allons nous poser
exactement les mêmes questions que vous vous êtes posées:
Qu'est-ce qu'on fait maintenant avec cet excédent à compter des
années de tarification 1980/81, 1981/82, 1982/83? Il n'y a rien à
faire avec 1979/80, c'est gelé dans le ciment. C'est cette
décision qu'il va nous falloir prendre au conseil d'administration et
qu'il va nous falloir ensuite faire approuver par le gouvernement.
Alors, est-ce que, s'il y a un excédent, il va falloir
déterminer quel est cet excédent... Quel est l'excédent
1978/79, quel est l'excédent probable 1979/80, s'il en est et là,
décider si on rembourse, si on diminue les primes, si on maintient les
primes? Cela sera décidé et étalé ouvertement
devant la population, qui portera son jugement sur la décision de la
régie.
M. Saint-Germain: Oui, mais, M. De Coster, si vous le permettez,
vous parlez de 10% d'inflation. C'est ce que vous prévoyez pour cette
année, je suppose. Ai-je raison?
Mme Payette: C'est ça.
M. Saint-Germain: Bon! Et vous parlez comme si ces 10% n'avaient
jamais été prévus, comme si les premières
études que vous avez faites ne tenaient absolument pas compte de
l'inflation. Je crois que le coût plus élevé de l'inflation
ne peut être que le coût basé sur la différence entre
l'inflation actuelle et l'inflation prévue. Quel était le taux
d'inflation prévu lorsque vous avez fait l'évaluation du
coût de $345 millions? Vous m'avez dit que c'était 6% ou 7%.
Mme Payette: J'ai parlé d'un décalage entre le
revenu et le facteur inflation. Les actuaires travaillent sur un écart
entre les deux.
M. Saint-Germain: Bon! Quel est cet écart, en fait?
Mme Payette: C'est un écart de 2% ou de 2 1/4%, quelque
chose comme ça.
M. Saint-Germain: Bon! Il faut parler de 2% et 2 1/4% de la somme
de $345 millions.
Mme Payette: Oui, cela a été pris en
considération...
M. Saint-Germain: II ne faut pas parler de $10 millions...
Mme Payette: Cela a été pris en
considération...
M. Saint-Germain: ...de 10%.
Mme Payette: Voici ce que les actuaires m'ont dit
l'actuariat est une profession que je respecte ou on dit au conseil
d'administration: Etant donné un coût prévisible pour
l'année 1979/80, si vous voulez en arriver à un équilibre,
il vous faudrait ajouter 10% à votre structure de tarification actuelle.
Ce sont les actuaires qui nous ont dit: Voici ce que vous devriez faire pour
maintenir en équilibre les revenus et le coût du régime en
l'année 1979/80. Nous avons dit, nous, nous avons porté, à
ce moment-là, un jugement, pour dire: II y aura un excédent
il devenait apparent, cet excédent il y aura un
excédent en 1979/80 qui viendra compenser cette augmentation.
M. Saint-Germain: Mais sur quoi les actuaires basaient-ils ces
10% d'augmentation du coût d'exploitation pour...
Mme Payette: M. le député, c'est ce que je peux
vous dire. Je n'ai pas vérifié individuellement chacune des
hypothèses et des analyses des actuaires, chacune de leurs
données, mais l'actuariat, comme vous le savez, est une science
mathématique, une science complexe et c'est le jugement que les
actuaires nous ont donné à ce moment, monsieur.
M. Saint-Germain: Alors, vous ne pouvez pas affirmer que les
actuaires ont basé exclusivement leur augmentation de 10% sur la
question de l'inflation. Il y a d'autres facteurs qui sont entrés en
ligne de compte puisqu'il y avait 2%, me dites-vous, approximativement, de
décalage entre l'inflation prévue et celle qu'on subit
actuellement.
Mme Payette: Excusez, ce n'est pas ce que j'ai dit. C'est une
méthodologie d'actuariat. Dans leurs calculs pour le coût des
régimes ou le coût des prochaines indemnités, les
actuaires, au lieu de calculer un facteur inflation X et un facteur revenu X,
travaillent avec un écart entre le facteur revenu et le facteur
inflation. C'est pour cela que je vous dis qu'il y a un décalage de 2%
ou de 2 1/4% dans leurs projections actuariales. Ce que
les actuaires m'ont dit et c'est tout ce que je peux vous dire
à ce moment-ci c'est que, pour pallier la stricte question
d'inflation, en 1979/80, pour rendre en équilibre les revenus et les
coûts pour l'année donnée, ils nous ont
suggéré: Vous devriez ajouter 10% à votre structure de
tarification.
M. Saint-Germain: Vous revenez avec cette question de 10%
d'inflation. Est-ce qu'on parle de la même inflation? Est-ce qu'on parle
de l'inflation à l'intérieur de la régie ou de l'inflation
qu'on subit au Canada? Cette augmentation de 10% peut être
occasionnée par le décalage qu'il y a dans l'inflation canadienne
réelle et l'inflation prévue dans vos données, lorsque
vous avez établi ce coût de $345 millions. Il peut y avoir,
à l'intérieur de ces 10%, la baisse du revenu, si vous voulez.
Vous dites que les revenus prévisibles ou projetés étaient
inférieurs; alors, les actuaires peuvent avoir tenu compte de cela. Mais
ce que je veux vous faire dire, tout simplement, c'est que ces 10%
projetés dans le coût d'augmentation de l'administration de la
régie par les actuaires ne sont certainement pas basés
exclusivement sur l'inflation.
Mme Payette: Le facteur inflation n'est pas celui que vous voyez
publié à tous les jours ou à tous les mois par le bureau
de la statistique. Le facteur inflation joue sur plusieurs tableaux. Il joue
sur les rentes qui sont payées à l'heure actuelle et on dit: Ces
rentes, on les a valorisées, cette année, de 9%. Toutes celles
qui sont payées sont revalorisées à 9%. Le minimum de la
rente de $80 est revalorisé de 9% pour toutes les rentes qui auront
été payées pendant la période qui vient. Le maximum
est valorisé de 9% et tous les revenus qui sont gagnés en 1979/80
sont sûrement supérieurs à ceux qui étaient
gagnés en 1978/79. Ils ont calculé cela pour dire que le
coût des indemnités sera augmenté sur chacun de ces
tableaux. C'est là-dessus.
M. Saint-Germain: Tout cela avait été prévu,
c'est même dans la loi, l'indexation.
Mme Payette: L'indexation des rentes a été
prévue.
M. Saint-Germain: Tout ce que vous venez de nommer était
prévu dans la loi.
Mme Payette: C'est évident que c'est prévu dans la
loi, mais il faut que ça se traduise par des chiffres, à un
moment donné.
M. Saint-Germain: C'est cela. L'augmentation étant
prévue, c'est simplement la différence qui fait si on avait
prévu une inflation de 7% ou de 8% et que c'est monté à
9%, c'est la différence de ces deux chiffres qui peut occasionner
l'augmentation, du moins en ce qui regarde l'inflation.
Mme Payette: Je pense que ce à quoi il faut faire
très attention...
M. Saint-Germain: Tout cela était dans les $345 millions
du début.
Mme Payette: Je suis complètement d'accord avec vous.
M. Saint-Germain: Bon!
Mme Payette: Tout cela a été prévu,
excepté que ce dont on parle, c'est de l'équilibre entre les
revenus et les coûts. Les coûts ont été
prévus, c'est vrai. Excepté que, quand on pense aux revenus, la
recette qu'on reçoit de l'automobiliste n'est pas basée sur un
revenu. Elle est basée sur un montant qui reste uniforme...
M. Saint-Germain: C'est cela.
Mme Payette: ... qui est $13 et $85. Celui-là est stable,
il est fixe, il est gelé dans le ciment et l'autre évolue selon
un facteur d'inflation.
M. Saint-Germain: C'est cela.
Mme Payette: C'est pour cela que les actuaires nous disent: Si
cela évolue selon un facteur d'inflation, votre structure de
tarification devrait évoluer selon un facteur d'inflation. Etant
donné que la régie a décidé de ne pas faire
évoluer la structure des tarifications selon le facteur d'inflation, on
en arrive à un écart que les actuaires disent de 10%. Est-ce que
cela va être cela en fin de compte? Je ne le sais pas. Mais ce que les
actuaires nous ont dit au mois d'octobre, c'est que cet écart va
être 10% de $300 millions, c'est-à-dire peut-être $30
millions qu'il aurait fallu ajouter à la structure des
tarifications.
M. Saint-Germain: Bon, alors je comprends mieux! Seulement une
dernière question, si vous le voulez bien.
Le Président (M. Marcoux): II ne reste que cinq minutes.
Le député de Drummond avait demandé la parole...
M. Saint-German: Alors, une très courte...
Le Président (M. Marcoux):... et cela fait plus de vingt
minutes que vous l'avez.
M. Saint-Germain: Une très courte question, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Un instant! M. le
député de Drummond avant parce qu'il ne reste que cinq
minutes.
M. Saint-Germain: On prolongera, si vous le voulez, de cinq
minutes. Je suis bien d'accord, si vous le voulez bien.
Le Président (M. Marcoux): Vous êtes d'accord pour
prolonger?
M. Saint-Germain: D'accord. Alors, par déduction de ce que
vous venez d'affirmer, M. De Coster, est-ce que vous voulez nous dire...
M. Goulet: M. le Président, je soulève une question
de règlement. Je ne suis pas d'accord qu'on prolonge la séance.
Nous avons un caucus et à 12 h 30 la période... Je ne veux pas
couper la parole à qui que ce soit, mais je ne suis pas d'accord pour
que nous prolongions.
M. Saint-Germain: En fait, c'est fait.
Le Président (M. Marcoux): Je donne la parole au
député de Drummond.
M. Clair: Merci, M. le Président. Ma question portait sur
la diminution du nombre d'immatriculations. Plusieurs courtiers avec qui j'en
ai discuté m'ont affirmé de leur côté que
l'hypothèse qu'ils retenaient, quant à eux, c'est que
c'était relatif à la diminution des autos en mauvais état
que les propriétaires auparavant, lorsqu'il suffisait d'une plaque
d'immatriculation pour circuler, mettaient sur la route. A cause du coût
de l'assurance automobile attaché à l'immatriculation et de
l'assurance obligatoire, bon nombre de ces gens-là n'ont pas
renouvelé leur plaque et une des conséquences visibles à
l'oeil nu c'est la diminution du nombre de "minounes", pour employer
l'expression communément employée dans le cas.
Est-ce qu'au niveau des statistiques qui seront publiées dans le
rapport ou des contacts que vous pouvez avoir avec la Sûreté du
Québec ou le ministère des Transports, cette hypothèse va
être vérifiée le moindrement ou s'il n'y a pas de
méthode statistique pour vérifier cette affirmation, cette
hypothèse?
Mme Payette: L'évaluation qu'on en fait a priori, les
chiffres qu'on a du Bureau des véhicules automobiles sont qu'il y a une
diminution d'un tiers du parc des motocyclettes. Je pense que ce sont les
premiers 60 à 70 mille. Il y a une diminution, comme je le disais
préalablement, dans les voitures de plaisance. On espère que,
dans les deux cas, ce sont des voitures plus ou moins désirables qui
sont sorties de la route et que ce sera un facteur, espérons-le, de
diminution des accidents.
Il ne sera pas possible pour nous, étant donné que c'est
le Bureau des véhicules automobiles qui contrôle
l'immatriculation, de faire cette distinction, mais j'espère bien que le
Bureau des véhicules automobiles pourra le faire à un moment
donné et étaler la situation. Une autre analyse qu'il va falloir
faire sur ce plan, c'est à savoir si la diminution apparente du parc
automobile se traduit par une diminution du nombre d'accidents sur les routes.
Même si on diminue le parc automobile, si les accidents demeurent les
mêmes, ça n'ajoute pas grand-chose à la situation, ce
serait même de nature, à mon sens, à l'empirer.
Ce sont des choses qui sont à établir à l'heure
actuelle. On va essayer de faire ressortir, autant que possible, les
statistiques sur l'immatriculation par le Bureau des véhicules
automobiles. En ce qui nous concerne, nous allons essayer de voir l'effet que
cela a pu avoir sur les accidents pendant la période donnée pour
nous guider dans nos décisions futures, particulièrement ce qui a
trait aux mesures de sécurité routière.
M. Clair: Une autre question rapidement. Est-ce qu'on a des
chiffres sur le nombre de demandes de révision d'une décision de
la régie et le nombre de demandes d'appel?
Mme Payette: II y a eu, au 28 février, 160 demandes de
révision sur les réclamations produites, 160 demandes de
révision. Il y en a six devant la Commission d'appel des affaires
sociales, six seulement produites devant la Commission des affaires sociales.
Sur les six, il y en a quelques-unes qui ont été entendues, mais
une a été déboutée parce qu'elle était
irrecevable.
De fait, il y avait, au 28 février, cinq demandes qui
paraissaient recevables devant la Commission des affaires sociales.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux sine die.
Suspension de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 15 h 47
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, madame,
messieurs.
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour poursuivre l'étude des
crédits du ministère.
Les membres de la commission sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Clair (Drummond); M. Goulet
(Bellechasse), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette (Dorion), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Gagnon
(Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou), Mme Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Perron
(Duplessis), M. Raynauld (Outremont).
Est-ce que je pourrais appeler le programme 1!
Mme Payette: Je pense qu'il serait peut-être utile que je
dise, avant que nous entreprenions l'étude du programme 1, que nous
avons fait parvenir à tous les députés de cette commission
le document de travail que nous avons en main sur les crédits du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Le Président (M. Marcoux): Ceci fait, nous pouvons aborder
maintenant, je crois, le programme 1. Madame le ministre. Mme "la" ministre, je
corrige.
Protection du public
Mme Payette: M. le Président, je suis accompagnée
cet après-midi du sous-ministre en titre par intérim du
ministère, M.' Rioux, et du nouveau président de l'Office de la
protection du consommateur, M. Pierre Meunier. Je n'ai rien de spécial
à déclarer que je n'ai déjà dit ce matin, M. le
Président, à l'ouverture de l'étude de ces crédits,
pour ce qui concerne la Loi sur la protection du consommateur qui a
été adoptée avant Noël, l'entrée en vigueur
des règlements que nous souhaitons au 1er novembre 1979 et
également peut-être éventuellement de nouvelles structures
du conseil d'administration de l'Office de la protection du consommateur,
puisqu'un certain nombre d'articles ont déjà été
promulgués pour permettre à cette structure d'être en
place.
M. Saint-Germain: M. le Président, pour ce qui regarde
cette Loi sur la protection du consommateur, no 67...
Mme Payette: 72, M. le Président.
M. Saint-Germain: ... 72, excusez-moi. Le projet de loi 67 m'a
frappé, cela a été une étape.
Mme Payette: Vous êtes encore éclopé
d'ailleurs.
M. Saint-Germain: Pour certains chapitres, est-ce que les
règlements ont été acceptés par le Conseil des
ministres, est-ce que la loi est en application actuellement ou est-ce que
l'étude de ces règlements a été remise à
l'automne, à cet automne?
Mme Payette: M. le Président, j'ai déjà dit
que certains articles sont déjà en vigueur. Ce sont les articles
qui concernent la constitution et l'administration de l'Office de la protection
du consommateur. La mise en vigueur de ces articles nous a permis des
nominations au conseil d'administration de l'organisme qui est maintenant
structuré.
M. Saint-Germain: En fait, aucun chapitre de cette nouvelle loi a
été mis en application jusqu'ici ou ne sera appliqué avant
l'automne?
Mme Payette: C'est-à-dire que non, puisque certains
articles sont en vigueur en ce qui concerne la réorganisation et les
structures nouvelles de l'office. Pour les autres articles, nous visons le 1er
novembre 1979 pour la promulgation.
M. Saint-Germain: L'ancienne loi reste en vigueur totalement
actuellement?
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: En ce qui regarde les subventions que l'office
doit accorder aux différentes associations privées formées
de consommateurs qui cherchent à collaborer avec le gouvernement afin
d'aider le gouvernement, si vous voulez, à atteindre les buts que la loi
s'est fixée, il me semble que, dans ces politiques de distribution des
subventions, il y a eu une réaction très négative de la
part de ces associations privées. On nous avait bien dit, lors de
l'étude de la loi, qu'on voulait régionaliser l'activité
de l'office. On avait bien dit que cette régionalisation devrait se
faire, que le travail devrait se faire en protégeant et en aidant ces
diverses associations privées ou en s'en faisant aider. Voilà
même qu'une association très importante, comme vous le savez, a
disparu et qu'on a semblé tout à fait unanime à critiquer
cette politique de subventions. Certaines ont retardé. Il me semble
qu'on a dû faire deux demandes, qu'entre la première et la
deuxième demande, que le règlement et la formulation des demandes
avaient été modifiés. J'aimerais bien avoir des
explications là-dessus, s'il vous plaît.
Mme Payette: J'ai déjà eu l'occasion de
répondre à une question semblable à l'Assemblée
nationale. Je pense que le fait d'avoir fait savoir aux organismes de
protection du consommateur que nous souhaitions leur existence et que nous
étions disposés à les aider, a fait en sorte de
créer le problème devant lequel nous nous sommes trouvés.
Le président pourra me corriger, parce que je n'ai pas les chiffres sous
les yeux au moment où je vous parle, je pense qu'un budget qui
était de l'ordre d'environ $80 000 de subventions, nous sommes
passés à plus de $400 000 de subventions, en l'espace de deux ans
et demi. Le nombre de demandes également, qui était de quatre ou
cinq au tout début, est passé à 50 demandes. Au même
moment où on se réjouit de l'existence de ces organismes de
protection du consommateur et où on a fait des efforts
considérables en termes de budget de subventions pour leur venir en
aide, il est évident qu'il nous faut faire à l'intérieur
de cette sélection des critères qui nous permettent d'être
justes envers tous et chacun.
Nous avons d'ailleurs publié les critères de subventions
à l'intérieur du magazine "Protégez-vous", dès la
première année. Nous les avons révisés par la suite
et, effectivement, nous sommes peut-être victimes du fait que la
protection du consommateur intéresse la population. Il nous paraît
difficile d'augmenter aussi rapidement les budgets de subventions que les
organismes semblent le souhaiter.
Au-delà de ça, M. le Président, je crois qu'il est
aussi important de comprendre que la protection du consommateur repose
essentiellement sur la liberté de ces organismes et qu'il me
paraît presque dangereux que les organismes de protection du consommateur
attendent toutes leurs subventions, dans leur entier, du gouvernement. Nous
sommes disposés à les aider, mais il faut que les organismes
puissent se donner des moyens, au
moins, de s'assurer le minimum vital, et il me paraîtrait
dangereux pour leur indépendance vis-à-vis du gouvernement qu'ils
reçoivent tout l'argent dont ils disposent chaque année de ce
même gouvernement.
Dans certains cas, d'ailleurs... M. le député a fait
allusion à un organisme de protection du consommateur qui est disparu,
on peut regretter cette disparition. Mais cette disparition n'est pas
causée exclusivement par un problème de subvention. Cet organisme
connaissait, depuis plusieurs années, des problèmes à
l'intérieur même de ses structures. Cet organisme s'était
partagé, d'ailleurs, en deux organismes différents et c'est
à la suite de toutes ces difficultés que cet organisme a
été appelé à disparaître. Je pense que ce
n'est pas non plus le rôle du gouvernement de maintenir en vie de
façon artificielle des organismes qui ont à faire face à
des difficultés à l'intérieur de leurs structures.
M. Saint-Germain: Ceci, je veux bien le comprendre, mais, d'un
autre côté, il ne faut tout de même pas se surprendre que le
nombre d'organismes formés en vue de la défense du consommateur
ait augmenté. D'ailleurs, les lois du gouvernement, les charges, les
obligations de l'office ont augmenté probablement au même rythme,
sinon plus. Puisque les champs d'activités où l'Office de la
protection du consommateur a juridiction ont énormément
augmenté et que la population est de plus en plus sensibilisée
à la protection du consommateur, les organismes qui se forment en vue de
cette protection sont plus nombreux; je crois que c'est normal, et je ne vois
pas pourquoi cette augmentation devrait nécessairement créer des
problèmes au gouvernement. Cela va de pair. Si on augmente les champs de
juridiction de l'office, il faut s'attendre nécessairement, si on ne
veut pas que la population joue un rôle passif, à la formation de
nouvelles associations.
Si les budgets votés et les sommes d'argent dont l'office peut
disposer ne sont pas assez considérables pour faire face à cette
augmentation, ce qui arrive, c'est qu'on fait une division de ces montants.
Bien souvent, des associations bien actives qui ont une longue
expérience et qui sont bien établies voient leur budget diminuer
mais leur responsabilité augmenter. Si la seule raison, c'est
l'augmentation des demandes ou l'augmentation des différentes
associations, ce n'est pas valable. Plus on se mettra le nez dans la protection
du consommateur, plus on devra essayer d'être assisté par le
milieu. C'est toujours cette assistance par le milieu qui est la moins
dispendieuse, c'est toujours lorsque le gouvernement donne plus de
responsabilités à l'office que le budget de l'office augmente
énormément; les employés de l'office augmentent en
conséquence, cela devient de plus en plus complexe et pour
empêcher que tout ceci ne devienne inopérant ou, du moins, peu
efficace, il faut nécessairement augmenter aussi le rôle des
consommateurs et du milieu.
Comment se fait-il que cette augmentation... Par quelle politique
peut-on arriver à justifier une baisse des subventions par le simple
fait que les demandes sont plus nombreuses? Il y a là un illogisme qu'on
peut difficilement soutenir.
Mme Payette: M. le Président, je crois que le
député fait fausse route parce qu'on ne peut pas parler de baisse
de budget de subventions à partir du moment où il y a une
augmentation de $80 000 à $507 000 pour l'année qui nous
intéresse présentement.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on pourrait tout de suite confirmer
que c'est cette augmentation, que ce sont les bons chiffres que madame nous
donne?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Alors, comment se fait-il que certaines
associations bien établies se plaignent du fait que les budgets ont
diminué, que leur subvention a diminué?
Mme Payette: Parce qu'il y a eu une redistribution de la somme
tenant compte en même temps de l'augmentation du nombre d'organismes qui
ont fait des demandes de subvention.
M. Saint-Germain: C'est là, il me semble, qu'on fait
fausse route.
M. Clair: M. le Président, le député
voudrait-il suggérer, par sa question, qu'il devrait y avoir des
organismes abonnés à longueur d'année, suivant les
décennies, accrochés au ministère des Consommateurs afin
de survivre? Cela me semble aller dans le sens que le souhaite le
député.
M. Saint-Germain: Ce n'est absolument pas ce que je veux dire. Je
comprends très bien que si un organisme veut être
indépendant, et que son budget lui est concédé par le
gouvernement à 100%, ce n'est plus un organisme privé, c'est un
organisme gouvernemental. Tout le monde admet cela.
M. Clair: D'accord.
M. Saint-Germain: Mais les organismes qui recevaient de ces
subventions considéraient ces subventions comme une aide, c'était
loin d'être leur budget total. Beaucoup d'organismes étant aussi
subventionnés par le fédéral, ils avaient des ressources
du milieu pour oeuvrer. Ces organismes voient leur responsabilité
augmenter. Au lieu de voir leur budget ou leurs subventions augmenter, ils les
voient diminuer. Les coûts augmentent et les subventions diminuent. C'est
là qu'est l'illogisme. C'est là que c'est illogique. On nous
donne pour raison que le nombre de demandes de subventions a augmenté,
est-ce qu'on devrait sacrifier une association fondée, bien
établie, efficace simplement en donnant comme raison: II faut
séparer avec de nouvelles demandes. (16 heures)
M. Clair: Regardez...
M. Saint-Germain: Je crois que, si c'est cela que les
règlements permettent, on fait fausse route.
M. Clair: Regardez, M. le Président, si le
député est d'accord pour dire que la subvention ne doit pas
être la seule source de financement, il est possible qu'un organisme de
protection du consommateur ait bénéficié, pendant un
certain nombre d'années, d'une subvention donnons un chiffre au
hasard de $25 000. Est-ce que cette subvention a eu un impact tel, une
efficacité telle qu'elle permette effectivement à cette
association de consommateurs de voler mieux de ses propres ailes, de moins
avoir à compter sur l'aide de l'Etat? Le rôle, à ce moment,
du gouvernement m'apparaît davantage être de favoriser la
multiplication, ce avec quoi je pense que le député ne sera pas
en désaccord, qu'il y ait de plus en plus d'associations
subventionnées.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député de Jacques-Cartier pourrait me donner le nom d'un
organisme qui a reçu une baisse de subvention?
M. Saint-Germain: Est-ce que les ACEF n'ont pas accusé une
baisse de subvention?
Mme Payette: Cela dépend comment on voit le
problème. Les ACEF, c'est un organisme qui s'est partagé en deux
à un moment donné. Si on fait le total des deux subventions qui
ont été accordées aux deux parties des ACEF, je crois
qu'on a une augmentation de la subvention.
M. Lalonde: II y a une partie qui a eu une diminution.
Mme Payette: Est-ce qu'on doit, à ce moment, juger des
décisions internes des ACEF et est-ce que l'on doit, par notre
subvention, porter un jugement sur la valeur d'une partie dissidente?
M. Saint-Germain: Je vois ici dans le Courrier du Sud, un
article: "Même si son budget a subi une baisse, l'ACEF compte intensifier
son action". "Subvention: Les ACEF protestent", le Devoir, mercredi le 17
janvier. "Protestation des ACEF contre Lise Payette", en date du mercredi 17
janvier. "Pourquoi couper les subventions aux ACEF?" le Devoir, jeudi le 15
février.
Mme Payette: Ma question est tout aussi valable. Pourquoi choisir
d'aider de façon plus importante les dissidents ou la structure restante
des affaires, et pourquoi, puisqu'on a décidé de partager en
deux, ne pas respecter leur décision et venir en aide aux deux
organismes dorénavant séparés?
M. Saint-Germain: Lorsqu'on veut tuer son chien, on peut trouver
toutes sortes de raisons. Je sais pertinemment que si un groupe est dissident
au niveau des ACEF, je ne discuterai pas de la régie interne des ACEF,
mais même s'il y a des dissidents dans un mouvement donné, le
mouvement demeure, et le gouvernement n'est certainement pas obligé de
séparer son budget en deux par le fait même qu'il y a une
séparation ou une division interne, si vous voulez.
Mme Payette: M. le Président, il s'agit cependant des
mêmes services très exactement, rendus par deux parties
d'organisme, deux organismes. L'évaluation des dossiers nous permet de
croire qu'il s'agit exactement du même service rendu au consommateur.
Dans ce sens, les ACEF, si on les réunit à nouveau, auraient
reçu une augmentation de leur subvention.
M. Saint-Germain: Enfin, je me demande bien comment une
organisation comme les ACEF peut continuer à faire un travail efficace,
premièrement, lorsque sa subvention diminue et, deuxièmement,
lorsque ses obligations augmentent, ne serait-ce que par la dernière loi
que nous venons de voter. C'est la situation pratique qui se
présente.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, l'an passé, il avait
été question des plaintes traitées par l'office,
comparativement aux plaintes traitées par des organismes à but
non lucratif, organismes bénévoles subventionnés à
un certain pourcentage par le ministère de Mme le ministre. M. Edmonston
soutient encore qu'une plainte traitée par l'office coûte environ
$18 comparativement à $3 pour une plainte traitée par un
organisme bénévole. L'an passé, vous nous l'aviez
expliqué, je saisis un peu la différence; apparemment, cela n'a
pas convaincu M. Edmonston, il est revenu à la charge et il soutient
encore ce qu'il disait.
Est-ce que Mme le ministre a quelque chose à ajouter
là-dessus ou si ces chiffres sont véridi-ques?
Mme Payette: On peut dire, des statistiques de M. Edmonston
qu'elles sont tirées d'une étude interne faite par le
gouvernement fédéral, commandée par le ministère de
la Consommation et des Corporations. Les bases de cette étude n'ont pas
été rendues publiques, comme telles, sauf pour les
résultats. Il semble enfin, d'après ce qu'on a pu savoir, que
c'était en comparant aux services probablement donnés par le
ministère fédéral de la Consommation et des Corporations.
Ces chiffres n'ont pas été rendus publics. On a eu juste le
résultat de l'étude disant que c'était tant de la plainte
par une association de consommateurs et tant de la plainte par un organisme
public.
M. Goulet: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, je pense que la revue Protégez-vous, c'est bien au
programme 1 qu'il faudrait en parler. J'aimerais savoir où cette revue
est comptabilisée.
On voit des expériences qui sont faites en laboratoire et qui
coûtent tant. On a vu cela dans le livre de crédits que Mme le
ministre nous a remis. J'aimerais savoir combien cela coûte pour un an
d'activité. Qui fait les tests? Sans connaître le nom de
l'entreprise, comment est sélectionnée l'entreprise, le bureau
d'ingénieurs ou les gens qui font les tests? Est-ce que ce sont toujours
les mêmes? Qui choisit les sujets qu'on va traiter? Est-ce que c'est le
ministère qui dit: Ce mois-ci, vous allez faire un test sur les
médicaments, les shampooings, etc.? Vous allez peut-être trouver
ma question sévère, mais, plus on avance, plus on entend de
plaintes au niveau de cette revue. Qui nous garantit l'objectivité de
ces tests?
Mme Payette: II y a plusieurs questions.
M. Goulet: Au niveau de la revue Protégez-vous au complet.
Je peux les reprendre une à une, si vous voulez.
Mme Payette: On peut peut-être commencer par les tests.
Pour ce qui est des tests, les tests qui ont été faits cette
année et qui ont été faits l'an passé ont
été financés à même le produit de la taxe de
2%, le programme de contrepublicité que vous connaissez.
Pour 1977/78, les tests ont coûté, au total, environ $35
000 et, pour 1978/79, $45 000. Quant au choix des laboratoires pour effectuer
ces tests, vous savez probablement qu'il existe, au Québec, un nombre
très restreint de laboratoires qui ont la capacité et toutes les
ressources nécessaires pour effectuer ces tests. C'est un
problème auquel sont confrontés tous les organismes, qu'ils
soient publics ou privés, qui font faire des tests, que ce soit
"Consommateur Plus", que ce soit "Market Place", que ce soient les Cooprix de
Montréal, que ce soit le Journal de Montréal ou le Journal de
Québec.
Dans la mesure du possible, et c'est le service ou la direction de la
recherche de l'office qui est chargée de la réalisation de ces
tests, le choix des laboratoires a été fait, en tenant compte des
spécialités de chacun de ces laboratoires, par la direction de la
recherche de l'office. Comme vous le savez, selon notre information, les
laboratoires qui effectuent des tests au Québec ne sont pas
répertoriés. Il n'y a pas encore de fichiers des laboratoires qui
effectuent des tests.
Cependant, pour assurer une plus grande objectivité dans le choix
des exécutants des tests, nous avons entrepris des discussions avec le
CRIQ, le Centre de recherche industrielle du Québec, qui a, je pense,
une bonne expertise en la matière, afin qu'à l'avenir cet
organisme puisse nous servir de consultant, premièrement, pour la
préparation des protocoles, les protocoles de recherche qu'on va
soumettre à un laboratoire et, deuxièmement, pour le choix du
meilleur laboratoire, du laboratoire le plus qualifié et le plus
compétent pour effectuer ces tests.
Quant au choix des sujets, des biens de consommation qui font l'objet de
tests, plusieurs critères sont utilisés pour en arriver à
déterminer ou à fixer une liste de ces biens:
premièrement, les plaintes que l'on reçoit à l'office;
deuxièmement, il y a une concertation qui existe depuis environ six
mois, c'est une assemblée informelle qui s'est constituée de la
majorité des organismes ou des publications qui faisaient faire des
tests et les diffusaient dans le public. Ces gens, dont l'office et, je pense,
certains media et les Cooprix de Montréal, se réunissent
périodiquement de façon à mettre en commun les tests
qu'ils veulent faire de façon à éviter toute duplication
inutile et à connaître ainsi un peu la programmation à
l'avenir et, puisque c'est extrêmement coûteux, de façon que
ces tests ne soient pas répétés par l'un ou l'autre des
partenaires, mettant ainsi en commun aussi les expériences que nous
avons au niveau des tests.
Voilà, M. le député de Bellechasse, pour les tests,
rapidement. Quant aux coûts de "Protégez-vous"...
M. Goulet: Les tests et la revue, l'impression globale, tout
cela.
Mme Payette: Oui, je vais vous donner cela, si vous me donnez...
Le montant total du coût de la revue est de $697 583. C'est pour 170 000
ou 172 000 revues par mois, en moyenne. Là, vous avez le coût
global. Je peux vous donner des détails si...
M. Goulet: Non, c'est le coût total que je voulais avoir.
Vous me dites que, là-dedans, il y a environ $45 000 pour les tests, $45
000 pour le travail de laboratoire. Le reste, c'est l'impression, les
recherchistes, la rédaction...
Mme Payette: La rédaction, la traduction, la composition
graphique, l'impression, la photographie et l'expédition.
M. Goulet: Est-ce que vous avez eu des plaintes concernant
l'objectivité de cette revue? Par exemple, je vais vous dire ce que j'ai
entendu à plusieurs reprises. On dit: Le ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, quand il
y a un produit là-dedans qui est identifié Cooprix, je ne sais
pas si c'est par pur hasard, mais il est toujours le premier. Alors, les gens
disent remarquez que je vous dis ce que j'ai entendu, ce n'est pas mon
impression personnelle, c'est ce que j'ai entendu que cela a l'air
organisé d'avance. A la minute où il y a un produit qui vient
d'un Cooprix, il est toujours le premier sur la liste. Est-ce que c'est
véritablement à la suite de tests de laboratoire ou si c'est
parce que c'est payé par le même ministère? C'est là
que les gens se posent la question.
Mme Payette: M. le député de Bellechasse...
M. Goulet: Ce n'est pas une affirmation, remarquez. C'est une
question que je pose.
Mme Payette: Je n'ai pas les exemplaires de Protégez-vous
devant moi et devant vous. Vous faites peut-être allusion, de
mémoire, à un test sur les détergents et j'essaie de. voir
d'autres projets qui peuvent être mis en marché par les
coopératives. Je dois vous dire, toujours de mémoire, qu'à
aucun moment, tout au moins dans les tests jusqu'à maintenant, les
produits Cooprix ne sont arrivés en première place. C'est un
hasard.
M. Goulet: Dans les premières.
Mme Payette: Cela varie suivant les tests. On peut retrouver une
PME québécoise en tête.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: On peut retrouver une multinationale en tête.
Le but, ce n'est pas de classifier le producteur, mais de classifier le
produit.
M. Goulet: En deux mots, vous soutenez que c'est objectif.
Mme Payette: C'est tout à fait objectif. Evidemment,
là-dessus, on ne pourra pas empêcher quiconque d'examiner les
tests et de tirer les conclusions qu'il veut en tirer. Je reviens
peut-être à un commentaire que vous avez fait avant, quand vous
parliez de l'objectivité en général du contenu de la
revue. Je pense que l'objectif de l'Office de la protection du consommateur,
c'est de protéger les consommateurs. Je pense que le ministre a
répété à plusieurs reprises qu'elle avait un parti
pris pour le consommateur. Cependant, cela n'implique pas que, pour cela, il ne
faille pas en tout temps avoir les standards les plus élevés
d'honnêteté et d'impartialité, enfin, d'objectivité
scientifique, dans la mesure où on fait des tests, et
d'honnêteté, dans la mesure où il y a des conseils qui sont
donnés aux consommateurs. Ce sont des objectifs que la revue
Protégez-vous et que l'Office de la protection du consommateur se sont
fixés et essaient d'atteindre. ((16 h 15)
M. Goulet: Je peux vous dire que, personnellement, s'il y a une
revue dont je prends connaissance régulièrement et avec une
très grande attention, c'est bien la revue Protégez-vous.
Personnellement, je n'ai absolument aucune plainte à faire à
l'endroit de cette revue. Je la pense très objective, mais, quand
même, je vous fais part de ce que j'ai entendu.
Une très courte question avant mon autre question toujours sur la
revue Protégez-vous. Est-ce que vous avez déjà des
poursuites concernant ces tests? Y a-t-il des poursuites en cour venant de
certaines compagnies? N'y a-t-il pas une poursuite? Aucune? Ah bon!
Mme Payette: II n'y a pas de poursuite en cour.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: II y a eu c'est de la vieille histoire
une poursuite d'intentée par l'Eglise de Scientologie, en 1976, je
pense, au printemps, et au Québec et en Ontario. L'Eglise s'est
désistée en Ontario et l'affaire est toujours pendante devant les
tribunaux au Québec.
Il y a une poursuite de prise contre l'office et contre le directeur
à cette époque, je pense, par un éleveur de perruches de
la Beauce, c'était l'automne dernier et lui aussi, il s'est
désisté.
Quant aux poursuites dont l'office...
M. Goulet: ... une compagnie américaine.
Mme Payette:... a pu être l'objet à la suite de
publications ou de mises en garde, à ma connaissance, ce sont les
seules.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: II y a peut-être d'autres personnes qui ont
dit ou qui vous ont dit qu'elles aimeraient bien le faire, mais ça ne
nous est pas parvenu encore.
M. Goulet: M. le Président, M. le directeur? je me trompe,
le titre a été changé, le président de l'office
vient de nous dire que l'objectif premier de la revue Protégez-vous,
c'est bien de renseigner objectivement le client dans le but de le
protéger. Je suis d'accord avec cette philosophie. En 1978, sauf erreur,
à la suite de plusieurs bulletins de nouvelles que nous avons entendus,
vous avez ou, en tout cas, vous vouliez intenter des poursuites contre un
marchand qui s'est servi de la revue Protégez-vous pour dire: Voici!
Moi, je suis dépositaire d'un produit. La revue Protégez-vous,
qui est objective, parce que parrainée par l'Office de la protection du
consommateur, il n'y a absolument rien de mal là-dedans, payée
avec l'argent du ministère, donc, des Québécois, vous avez
ou vous vouliez intenter une poursuite contre un marchand disant: Tu n'as pas
le droit de te servir de cette revue, parce que nous avons des droits d'auteur,
et ainsi de suite.
Ecoutez, distinguons avec une revue comme Sélection ou n'importe
quel autre journal qui peut avoir des droits d'auteur, parce qu'il appartient
à l'entreprise privée, et qu'on peut également en
contester l'objectivité. Mais lorsque ça vient du gouvernement et
surtout d'un organisme tel que l'Office de la protection du consommateur, qui
est là spécialement pour protéger le client, si vous
fournissez, à la suite de tests qui, vous l'avez encore soutenu tout
à l'heure, sont très objectifs, une liste de produits que le
consommateur devrait acheter ou, en tout cas, choisir plutôt que
d'autres, la compagnie ou le fournisseur, comme tel, lorsque son produit
apparaît au bas de la liste, peut subir certains préjudices. Je
n'ai absolument rien contre ça, parce que, si les tests sont bien
objectifs je ne les conteste pas le consommateur, étant
bien renseigné, choisit tel produit plutôt qu'un autre.
Mais, je reviens sur la discussion de l'an passé, pourquoi,
à un moment donné, un commerçant, un fabricant ou un
inventeur de quelque produit que ce soit, parce que son produit s'est
classé premier selon vos tests, pas selon lui, selon vos tests ce
type, je pense qu'on devrait lui accrocher une médaille d'or dans le cou
et dire: bravo; on devrait demander aux autres d'essayer d'en faire autant, de
se surpasser, d'atteindre le maximum pourquoi défend-on à
ce vendeur, à ce commerçant ou à cette compagnie de
renseigner son client par le biais de cette revue? Ce n'est pas de la fraude,
du mensonge, c'est quelque chose d'objectif. Si le commerçant disait:
Mon produit s'est classé deuxième selon les tests produits en
laboratoire et commandés par l'Office de la protection du consommateur
et qu'en réalité, son produit s'était classé
huitième, dixième ou douzième, là, on pourrait
l'accuser de fraude. Mais, si son produit s'est véritablement
classé premier selon vos tests, pourquoi ne devrait-on pas lui permettre
de le crier sur tous les toits? C'est cela que je ne comprends pas et c'est
cela que les gens ne comprennent pas, et c'est cela la plainte, à
Sainte-Foy, que les gens n'ont pas comprise.
Mme Payette: L'événement ou l'incident auquel vous
faites allusion...
M. Goulet: Je me sers de cela pour expliquer, mais c'est au
niveau du principe.
Mme Payette: Ce qui est arrivé, je pense, M. le
député de Bellechasse, c'est qu'une compagnie a reproduit dans un
bulletin interne le test de l'office et a dit à ses vendeurs: Vous
voyez, ce n'est pas faux ce qu'on vous disait depuis tout ce temps; voyez,
notre produit est bien le meilleur, servez-vous du test de l'office
auprès de vos acheteurs. On a discuté avec cette compagnie et on
a obtenu de cette dernière qu'elle ne se serve pas du test de l'office,
c'est-à-dire du test publié dans la revue
Protégez-vous.
Vous parlez de diffusion de ces tests. Il y a évidemment une
très forte diffusion de ces tests sans qu'on permette à un
manufacturier ou à un commerçant de les diffuser de
lui-même. D'abord, de par la revue Protégez-vous elle-même,
les tests de la revue sont très souvent repris par beaucoup de
média écrits, beaucoup de média électroniques, que
ce soit Consommateurs Plus ou Market Place; il y a finalement une diffusion
très abondante des résultats des tests de l'office.
Ce que l'on craint, c'est que, si on permet à un
commerçant de faire la diffusion des tests de l'office et d'indiquer,
sur les étagères: "Numéro un, recommandé par
l'Office de la protection du consommateur" j'exagère
peut-être un peu, mais c'est un peu le sens de votre question...
M. Goulet: Oui, cela peut aller jusque-là.
Mme Payette: Si on dit cela, dans le fond, on va permettre au
commerçant de "distorsionner", si vous me passez l'expression, les tests
de l'office parce que ces tests, premièrement, ne sont valables que pour
le moment et la période où ils ont été faits.
Deuxièmement, ces tests ne prétendent pas tester
l'universalité des biens disponibles sur le marché. Ce n'est
peut-être pas vrai de dire que c'est la meilleure de toutes les
pâtes dentifrices; c'est la meilleure de toutes les pâtes
dentifrices testées, mais pas nécessairement de toutes les
pâtes dentifrices sur le marché au Québec. Bien sûr,
en confectionnant ces tests, on essaie d'avoir l'éventail le plus
représentatif possible des produits disponibles, mais ce n'est pas
toujours possible de les avoir tous et, en fait, c'est rarement possible.
M. Goulet: Je vous pose une question, toujours au niveau du
principe, est-ce que d'après-vous c'est un peu les discussions
que nous avions cet été un manufacturier quelconque
pourrait faire paraître une publicité à la
télévision ou dans les journaux et dire ceci: Avant de choisir
votre détecteur de fumée ou votre pâte dentifrice, ou ce
que vous voulez, consultez la revue Protégez-vous. Ou encore sur son
comptoir, dans son magasin, on pourrait mettre une pile de 1000 revues
Protégez-vous et dire: Tenez, madame, avant de faire votre choix pour
votre détecteur de fumée, consultez donc la revue
Protégez-vous. Est-ce que si la revue n'était pas
photocopiée, ce serait correct? C'est selon...
Mme Payette: Laissez-moi répondre. M. Goulet:
Oui.
Mme Payette: En principe, je pense que si on faisait de la
publicité pour Protégez-vous en disant au consommateur: Consultez
Protégez-vous...
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: ... je vois difficilement qu'on puisse s'y opposer.
Je dois vous rappeler, cependant, que cela n'est pas unique à la revue
Protégez-vous comme telle, cela existe pour Consumers Report, je pense
que cela existe aussi pour 50 millions de consommateurs en France, pour la
revue "Which" en Angleterre et on peut en citer plusieurs. Quant à
mettre 1000 revues Protégez-vous sur un comptoir dans un centre
commercial, cela serait plus difficile parce que chaque détenteur de la
revue Protégez-vous doit faire une demande individuelle. Cela aurait pu
se faire dans le passé, il y a un an, mais cela ne se fait plus.
M. Goulet: Je termine là-dessus, M. le Président,
parce qu'il y a eu énormément de discussions surtout au mois de
juillet ou août, je m'en souviens très bien. Si le fabricant, le
manufacturier véhicule un message qui est vrai à 100%, que l'on
retrouve à l'intérieur de la revue Protégez-vous, s'il
véhicule un faux message, s'il fait de la distorsion ou
interprète un message... s'il véhicule le message tel qu'on le
retrouve, je ne vois absolument pas
de mal au niveau de ce principe. Je ne comprends pas pourquoi on ne
devrait pas le lui permettre. Dès qu'il y a distorsion, dès qu'il
y a interprétation d'un message, là, je comprends. Mais s'il
véhicule le vrai message... j'aimerais là-dessus que Mme le
ministre me donne son opinion.
Mme Payette: Je comprends que ce que vous cherchez à
atteindre, c'est l'utilisation d'une bonne nouvelle pour le consommateur.
M. Goulet: Voilà!
Mme Payette: Je crois cependant que ce que le président de
l'office vient de signaler en disant que si on retient, par exemple, dix
dentifrices on ne peut quand même pas faire le test sur cinquante
trois parmi ceux qui sont les plus vendus, trois parmi les moyens et
trois qui se vendent moins, on a déjà une idée de
l'échantillonnage disponible pour le consommateur. Là où
cela devient injuste, c'est de permettre à celui qui a été
choisi parmi dix produits comme étant le meilleur produit de s'en
vanter, s'il y en a vingt-cinq. Parce qu'il se peut bien que sur les quinze que
nous n'avons pas testés il y en ait un qui soit au moins l'égal
du premier. A ce moment, il faudrait de façon exhaustive que l'on teste
tout ce qui existe dans un domaine, ce qui n'est pas possible et ce qui n'est
pas possible ailleurs, puisque d'autres magazines ne le font pas non plus.
M. Goulet: Cela n'est pas ma question, Mme le ministre. A ce
moment, c'est de l'interprétation. S'il est dit: Le meilleur des
produits sur le marché, c'est faux. Si la revue dit, par exemple: Le
meilleur parmi les dix qui ont été testés et voici le nom
des dix qui ont été testés, c'est à cela que je
voulais en venir, parce que vous avez eu cet été vous vous
en souvenez, cela fait la manchette de la presse au niveau régional, et
des media électroniques... les gens, étant donné que j'ai
eu deux ou trois appels, ne comprenaient absolument pas pourquoi vous agissiez
ainsi.
Mme Payette: Si vous me permettez un dernier commentaire
là-dessus, c'est que l'office, finalement, a comme mission d'informer le
consommateur et si les commerçants pouvaient se servir ou se
réclamer des tests de l'office pour faire de la réclame sur les
biens, il y aurait peut-être là une certaine
incompatibilité des buts premiers de l'office. On pourrait douter de
l'impartialité de l'office que vous souhaitiez tout à
l'heure.
Une autre raison également, c'est que le président de
l'office a bien dit que le résultat du test est valable au moment
où le test est fait. On permettrait à un fabricant de se servir
du test pendant combien de temps? En changeant son produit sans qu'on le
sache... Il se peut que quelqu'un qui ait été
déclaré le moins bon améliore son produit et se voie
lésé dans ses droits par l'autre qui se sert de cette
possibilité d'une publicité supplémentaire. Par souci, je
crois, d'honnêteté, d'image d'honnêteté et
d'impartialité pour l'office, il est souhaitable que cela demeure comme
c'est maintenant. (16 h 30)
M. Goulet: Je ne sais pas s'il y en a d'autres qui ont des
questions, j'en aurais une courte, mais dans un autre domaine, au niveau de la
contre-publicité. Est-ce que vous êtes en mesure prochainement de
passer à l'action, pour la contre-publicité, au niveau sexiste?
Cela va peut-être faire rire mes collègues-, mais le Conseil du
statut de la femme l'a demandé à plusieurs reprises; à ce
niveau-là, est-ce que vous avez quelque chose de fait?
Mme Payette: II existe déjà un comité
formé de représentants de l'Office de la protection du
consommateur, du Conseil du statut de la femme et de la Commission des droits
et libertés de la personne. Peut-être que le président
pourrait nous décrire la situation dans ce comité qui est
déjà formé, qui a été formé avant
celui du gouvernement fédéral.
Ce comité a été formé, je pense, au tout
début de l'automne dernier et c'est un comité qui regroupe une
partie gouvernementale, dont Mme le ministre vient de parler, un certain nombre
d'associations des consommateurs et l'industrie de la publicité,
c'est-à-dire les annonceurs et les publicitaires eux-mêmes. Ce
groupe est en train de se préparer et de terminer la préparation
d'une grille d'analyse, à partir de laquelle il pourra évaluer la
publicité et établir ce qui est de la publicité sexiste et
ce qui n'en est pas pour pouvoir faire des recommandations aux annonceurs ou
aux publicitaires qui feront de la publicité sexiste ou continueront
d'en faire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Quelles sont les sommes dont vous disposez
cette année, dans le budget 1979/80, pour défrayer le coût
de ces tests que vous faites?
Mme Payette: Pour l'année 1979/80, le budget des tests n'a
pas encore été octroyé. C'est compris dans la somme totale
pour la contre-publicité; j'ai mentionné tout à l'heure
que ces tests, jusqu'à maintenant, avaient été
défrayés à l'intérieur du budget de la
contre-publicité. Il y a une enveloppe de base disponible pour la
contre-publicité de $2 745 000. Le comité ministériel
permanent du développement social n'a pas encore octroyé, bien
qu'il doive le faire bientôt, reçu ou autorisé les projets
dont il va permettre le financement par cette somme de $2 700 000.
Il faut se souvenir que, jusqu'à maintenant, le ministère,
par le biais de l'office, n'est que l'administrateur de ce budget. Les projets
venant de différents ministères sont acheminés au
comité de développement social et doivent répondre aux
critères de contre-publicité qui ont été
indiqués
par ce comité. Ce n'est qu'une fois ce tri fait par le
comité de développement social que l'office voit à
l'exécution de l'administration de cette contre-publicité.
M. Saint-Germain: Est-ce que l'office n'a aucune autorité
pour établir ses priorités à ce point de vue? Aucune?
Mme Payette: Pas en ce qui concerne l'ensemble de ce budget.
L'office, cependant, soumet, pour sa part, des projets puisque, on vous l'a
expliqué, les sommes pour les tests sont tirées de ce budget,
mais il y a également d'autres campagnes venant d'autres
ministères qui sont rattachées à ce programme de
contre-publicité.
M. Saint-Germain: En 1978/79, vous avez dépensé
combien, exactement? Le chiffre que j'ai ici est de $54 800, pour les
tests.
Mme Payette: Je pense que c'est le chiffre des sommes qui ont
été engagées.
Effectivement, M. le Président, le montant engagé est de
$54 800; dans le détail, il semble qu'il y ait une somme de $13 000 qui
a été effectivement payée, au moment où on se
parle.
M. Saint-Germain: M. le Président, il me semble que ces
tests, à la condition qu'ils soient faits par des gens
compétents, pour que l'office conserve sa crédibilité,
comportent une arme extrêmement puissante pour faire
réfléchir ceux qui veulent mentir au public et en soutirer des
sommes en profitant de sa naïveté, devant sa
réceptivité à l'annonce.
Vu que ces tests sont certainement faits d'une façon très
sérieuse, il me semble que c'est une somme minime, relativement aux
milliards qui se consomment dans la province de Québec. De toute cette
avalanche de produits qu'on nous annonce à gauche et à droite, je
suis assuré qu'il y en a là-dedans qui sont pratiquement
inutiles.
Je trouve dommage que l'office, qui est très sensibilisé
ou qui doit l'être, et qui l'est, on n'en doute pas, à la
protection du consommateur, se voie soumis à partager un budget qui est
fait contre la publicité. Il me semble qu'il y a tout de même un
décalage. On peut, à la rigueur, calculer que ces tests sont de
la contre-publicité. Mais je crois que c'est étirer un peu la
définition de contre-publicité, parce que ce n'est plus de la
publicité comme telle. Ce sont des résultats scientifiquement
approuvés. C'est très violent.
Mme Payette: M. le député de Jacques-Cartier, je
pense que c'est difficile de vous chercher querelle sur ce que vous venez de
dire. Ce qu'il faut peut-être comprendre, cependant, c'est que cette
nouvelle approche d'information sur les produits à la consommation, au
moyen de tests comparatifs, n'est pas nouvelle dans le monde occidental, bien
sûr. Les compagnies ou les producteurs commerciaux la font, testent les
produits des concurrents avant de les lancer sur le marché. C'est une
méthode bien connue.
Mais, pour ce qui est d'un organisme public de protection du
consommateur au Québec et je dirais même au Canada
c'est une première qu'il y ait des tests comparatifs faits sur des
produits de consommation. Evidemment "Consommateurs avertis" et "Consommateurs
Plus", par la suite, en font un peu. Mais ce n'est pas une industrie bien
développée. Il y a pénurie de laboratoires
compétents pour effectuer tous les tests qu'on voudrait faire. Il y a
difficulté, tout au moins pour le moment, de faire des tests conjoints
avec des organismes comme "Consumers' Report". Il y a déjà eu des
tentatives de faites, qu'on va renouveler. Il y a eu des tentatives, il y a
deux ou trois ans, pourfaire des projets conjoints, avec "Consumers' Report",
qui n'était pas disposé à ce moment-là, à
s'adjoindre qui que ce soit, ayant plein les bras des tests à faire pour
les Etats-Unis.
Donc, c'est un peu pour cela aussi que dans la réponse au
député de Bellechasse, j'ai mentionné le fait qu'on
voulait faire une entente avec le CRIQ pour essayer non pas uniquement
d'obtenir les meilleurs laboratoires pour faire les tests, mais peut-être
d'obtenir du CRIQ de faire ces tests alors qu'il n'existerait pas de
laboratoires compétents pour les faire.
Avec cette expérience que nous avons acquise et avec ce soutien
que nous allons avoir de l'extérieur, je pense que nous allons pouvoir
développer le programme et le budget des tests dans le sens que vous le
souhaitez.
M. Saint-Germain: En plus de cela, M. le Président, dans
la province de Québec, les laboratoires de recherche ou les laboratoires
scientifiques ne sont pas si nombreux, probablement pas assez nombreux pour
correspondre au nombre et à l'importance qu'ils ont dans la vie
moderne.
Vous avez là un moyen de faire d'une pierre deux coups, si les
budgets sont assez considérables. Ce serait loin d'être inutile
pour la protection du public. Les travaux peuvent être certainement
considérés comme des travaux extrêmement importants et qui
pourraient devenir à la longue une source de revenus pour ces
laboratoires.
De la contre-publicité, il en faut. Je ne dis pas que c'est
inefficace, mais les choix, des fois, bien souvent, ce sont des "mottos", cela
ne renseigne pas réellement le public. Cela crée plutôt une
atmosphère. Cela peut y faire penser, si vous voulez, mais, avec des
tests semblables... Si les recherches de l'Office de la protection du
consommateur étaient bien structurées, je ne crois pas qu'il y
aurait beaucoup de producteurs qui ne seraient pas sensibilisés à
cette situation, parce qu'il faut penser qu'il y a des producteurs qui mettent
des millions dans l'annonce, souvent pour annoncer des produits qui sont loin
d'être valables. Avec une épée de Damoclès suspendue
sur leur tête comme ceci; ils y penseraient deux fois avant de se lancer
dans l'aventure.
Pour changer de sujet, pour aller aux choses bien pratiques,
dernièrement, on nous a informés que les Coop avaient fait
certaines enquêtes sur les techniciens qui réparent les
téléviseurs. Les résultats de cette enquête ont
été assez surpre-
nants. Il a semblé, du moins si on se fie à cette
enquête, qu'il y a beaucoup de consommateurs qui se font exploiter par
les réparateurs de téléviseurs. Dans le concret, avec la
parution de ces résultats d'enquête, qu'est-ce que l'office a fait
de concret pour protéger ces consommateurs?
Mme Payette: Concrètement, M. le député de
Jacques-Cartier, je pense que vous savez que la meilleure arme que les
consommateurs auront pour faire face à la situation qui est
décrite dans le test des Cooprix, ce sera la mise en vigueur de la
nouvelle loi, la loi 72, et plus particulièrement à deux
chapitres, le chapitre ou la section sur les réparations d'appareils
domestiques et le chapitre ou la section sur les pratiques de commerce, plus
particulièrement sur la publicité.
Actuellement, en vertu de la loi 45 qui, comme vous le souligniez tout
à l'heure, est toujours en vigueur, nous n'avons pas juridiction pour
intervenir au niveau pénal. Bien entendu, les bureaux régionaux,
à l'occasion, lorsqu'ils font face à une demande d'information ou
à une plainte, peuvent donner des renseignements ou des recours qui
existent en vertu du droit commun, mais il n'existe pas de loi
spécifique comme celle qui existe maintenant, mais qui n'est pas encore
en vigueur, c'est-à-dire les articles 182 et suivants, 182 à 187,
sur la réparation d'appareils domestiques.
M. Saint-Germain: N'avez-vous tout de même pas, même
si vous n'avez pas d'autorité pour prendre des procédures au
point de vue pénal, une certaine responsabilité, celle de voir
à ce que le droit commun soit respecté? Si vous calculez qu'un
groupe de consommateurs est réellement exploité, n'avez-vous pas
la responsabilité d'en avertir le ministre ou d'en avertir le
ministère de la Justice? N'avez-vous pas une certaine
responsabilité à voir à ce qu'une enquête se
poursuive?
Mme Payette: Quand il y a des problèmes de consommation
qui donnent ouverture à une enquête de la section du crime
économique, de la justice, du ministère de la Justice ou à
une section spécialisée, par exemple celle des prêts
usuraires de la police de la Communauté urbaine de Montréal, nous
déférons, bien entendu, automatiquement ces dossiers aux
autorités policières compétentes.
Quand il s'agit de solutions à des problèmes civils,
là, nous allons avoir une possibilité d'intervention
mitigée dans la nouvelle loi, mais, en vertu de la loi actuelle, nous
n'avons pas de possibilités d'intervention autres que celle de dire au
consommateur ce que sont ses droits quand il se présente avec un
problème de réparation de téléviseur, d'une
réparation mal faite ou peut-être d'une réparation inutile,
par exemple.
A ce moment-là, nous lui disons quels sont ses droits, mais nous
ne sommes pas un service, en supposant que ce soient des gens admissibles,
d'aide juridique spécialisé dans le domaine de la protection du
consommateur. (16 h 45)
Une fois que nous avons donné les conseils pertinents au
consommateur, il doit aller, s'il veut le faire et s'il ne peut pas
régler son problème avec le commerçant, il doit se
présenter en Cour des petites créances, s'il s'agit d'un
problème inférieur à $500, ou aller requérir les
services d'un avocat, s'il s'agit d'un problème. Ce n'est pas valable
uniquement pour les problèmes de réparation d'appareils
domestiques, mais pour tous les problèmes civils découlant d'un
mauvais fonctionnement des biens. C'est vrai pour tous les problèmes des
consommateurs, les problèmes civils.
M. Saint-Germain: Est-ce que l'office est entré en
communication avec les Coop au sujet du résultat de ces tests pour
évaluer si les tests étaient bien faits? Par exemple, vous
n'auriez pas droit de subventionner les Coop si celles-ci voulaient persister
dans ces recherches et les approfondir.
Mme Payette: Nous subventionnons déjà les Coop. Les
subventions qui ont été données jusqu'à maintenant
aux Coop ont été en large partie pour effectuer des tests. Nous
sommes en relation constante avec les Coop quant à la fabrication des
tests. Vous vous souvenez peut-être de cette assemblée informelle
des gens qui font des tests au Québec, dont je parlais il y a quelques
instants. Les Coop, Cooprix de Montréal ou la Fédération
des magasins Coop en fait partie et assiste à cette assemblée
irrégulière des responsables de tests au Québec. Nous
échangeons, bien entendu, l'information. Nous avons établi aussi
des contacts avec la Corporation des électroniciens qui était
elle-même présente au moment de la conférence de presse qui
a rendu publics ces tests.
M. Saint-Germain: Je vous remercie.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais deux ou trois autres
petites questions.
Lorsque vous recevez une plainte à l'office... Je m'excuse, je ne
veux pas... Cela ne me dérange pas. Si vous voulez y aller tout de
suite... Vous voyez comme on est d'arrangement... Les Québécois
nous ont dit: Ne vous pressez pas, les gars, c'est 4%. Même si on n'est
pas ici, cela ne changera pas grand-chose.
M. Gosselin: Allez-y!
M. Goulet: Lorsque vous traitez une plainte à
l'office...
Mme Payette: Vous avez 6%, il faut se parler!
M. Goulet: 6%? Ah bon! Ne vous en faites pas, le Québec
peut fonctionner sans l'Union Nationale, la commission parlementaire aussi.
Lorsque vous recevez une plainte à l'office, c'est sur simple appel
téléphonique que vous entreprenez le processus pour dire à
un commerçant ou à une compagnie... C'est cela, sur simple appel
téléphonique?
Mme Payette: Pas nécessairement. M. Goulet: Pas
nécessairement.
Mme Payette: S'il y a une plainte qui nous arrive par la voie
d'un appel téléphonique et qu'elle apparaît être une
plainte au sujet de laquelle il faut faire une enquête, ou à
partir de laquelle on pourra déposer une plainte pénale,
évidemment, il va falloir que le consommateur ou la consommatrice envoie
un écrit à l'office ou résume ses prétentions et
envoie ses documents à l'office. On ne peut pas faire enquête
comme cela à partir d'un simple appel téléphonique. Il
peut y avoir des cas exceptionnels où, dans une journée, se
produit un problème très chaud si une compagnie fait faillite et
qu'il entre 50 appels. Là, on n'attendra pas d'avoir reçu la
communication écrite. D'habitude, s'il y a seulement une plainte
isolée, on va ordinairement demander d'avoir une preuve
écrite.
M. Goulet: Dans la région, on a connu un problème
à cause des fameux programmes PAREL, le programme d'amélioration
et de rénovation des édifices. Certains entrepreneurs ou vendeurs
itinérants, si vous voulez je ne sais pas le titre qu'on leur
donnait pouvaient aller voir un certain agriculteur et lui dire: Voici,
tu es admissible au programme PAREL. Tu viens de signer un contrat de $3500
pour un revêtement d'aluminium, et ainsi de suite. Tu pourras
bénéficier de ton programme. Lorsque dans l'espace d'une semaine
ou d'un mois il nous arrive 25 plaintes, est-ce que vous traitez la plainte
individuellement ou, comme le disait le député de
Jacques-Cartier, est-ce toujours la même chose qui se produit?
Est-ce qu'à ce moment-là, vous référez
ça, par exemple, au crime économique, en disant: L'argent
perçu, vous allez le remettre ou si... Souvent, il se passe tellement de
temps que les gens sont disparus avec un acompte et c'est difficile de les
retrouver; lorsque vous les retrouvez, ils sont en faillite, la plupart du
temps, et ils ont perçu des montants, je ne sais pas, peut-être de
$200, $500, $1000, même si les travaux ne sont pas faits. A part de
déplorer le fait, on ne peut pas faire grand-chose. Lorsque cela arrive
en série, comme ça, dans une région, comment
procédez-vous pour dire: On arrête ça immédiatement
et on protège vraiment le consommateur et non pas seulement
déplorer le fait?
Mme Payette: II y a différentes choses qu'on peut faire
et, selon le cas, on peut employer tous ces moyens ou certains d'entre eux. Par
exemple, il y a les recours aux services policiers dont je vous parlais. Il y a
des poursuites pénales qui peuvent être intentées
rapidement dans certains cas. Il y a aussi on le fait assez
fréquemment en région des mises en garde qui sont faites
soit par le président de l'office, soit par le responsable de l'office
de la région et je vous prie de me croire que, dans des cas comme ceux
que vous men- tionnez, c'est ordinairement assez efficace si on pense à
la région de la Gaspésie ou du Bas-Saint-Laurent, ça passe
à la télévision, ça passe dans les journaux.
Evidemment, là, ce sont souvent des hebdos, mais, tout de même,
c'est relativement efficace, radio, télévision. On peut aussi
et cela, on le fait de plus en plus et je pense que la loi va donner
ouverture à ce genre de démarche faire venir
immédiatement les représentants de la compagnie pour leur dire:
Ecoutez, on a 50 plaintes. Est-ce qu'on pourrait s'asseoir et discuter de ce
cas-là? Evidemment, s'il s'agit du type "fly-by-night" auquel vous
faites allusion, il y a fort à douter qu'on puisse les rejoindre pour
les convoquer à notre bureau. A ce moment-là, l'intervention la
plus appropriée, ce sera probablement, en plus des poursuites
pénales si on peut les faire, une mise en garde rapide aux
consommateurs. Mais, ce sont des choses à évaluer, des recours
à évaluer suivant les circonstances.
M. Goulet: C'est que souvent... Non, je retire le mot "souvent".
En tout cas, on a vu encore je vais mentionner le cas précis
une compagnie, par exemple, qui vendait des détecteurs de
fumée $150. A un moment donné, vous avez des plaintes. Le
même détecteur de fumée se vend $35 ou $20 dans un magasin.
Bon! Vous faites venir la compagnie, je présume. Vous dites: Voici! Nous
avons 50 plaintes, nous en avons 1000, je ne sais combien. Beaucoup de gens
n'ont pas fait de réclamation. A la minute où vous voulez
négocier avec ces gens-là, la compagnie fait faillite. Les gens
ne peuvent pas se faire rembourser. Non, mais ce que je veux dire... En tout
cas, vous avez un cas ici, à Sainte-Foy, c'est qu'au lieu de
négocier comme ça et de dire: Ecoute, tu vas le rembourser, il
faudrait peut-être prévoir autre chose, un mode de remboursement
ou peut-être dire à cette compagnie: On va nommer je ne
sais pas comment dire peut-être pas un tuteur, mais quelqu'un qui
va s'en occuper, de façon qu'on puisse récupérer, à
un moment donné, à petit et, au lieu de rembourser en bloc
à 1000 consommateurs, permettre, sur une période de trois ans ou
je ne sais pas quel nombre de mois, de rembourser le consommateur plutôt
que de faire faillite et, en faisant faillite, tout le monde perd. Vous autres,
vous avez découvert le pot aux roses, si vous voulez, mais, à un
moment donné, il est trop tard, la compagnie ferme et le consommateur
n'est pas protégé. Il a appris qu'il a payé beaucoup trop
cher, mais même...
Mme Payette: Ecoutez, les faillites, même si l'organisme
s'appelle l'Office de la protection du consommateur, vous savez comme moi que,
même avec les nouveaux pouvoirs, cet organisme ne pourra pas
prévoir, empêcher les faillites comme telles et, en
négociant avec une compagnie qui est sur le point d'être en
faillite, on pourrait possiblement être accusé d'entraver les
dispositions de la Loi de faillite. En tout cas, ça, c'est un autre
sujet et je pense que, dans des circonstances comme celle-là, il faut se
servir de son bon jugement.
Mais, puisque vous parlez de détecteurs de fumée et de
consommateurs qui ont perdu leur mise d'après le cas que vous relevez,
moi, je peux vous citer d'autres cas et, je pense, d'assez nombreux cas
où, à la suite de l'intervention de l'office, à la suite
de la publication des tests et des prix suggérés par les
fabricants, les consommateurs ont reçu les sommes d'argent qu'ils
avaient payées en trop. Je pense à un cas, d'ailleurs, qui a fait
l'objet de publicité par le commerçant même dans le
Soleil.
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: Et à un autre cas de vendeur itinérant
dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. La faillite, pour revenir à votre
question d'origine, on la déplore et, comme vous, on veut essayer
d'éviter que les consommateurs en subissent les répercussions,
mais...
M. Goulet: Non, que vous le déploriez... Ce que je voulais
dire...
Mme Payette: C'est comme la maladie.
M. Goulet: Vous ne pouvez pas l'éviter, mais qu'elle soit
occasionnée, à un moment donné, parce que l'office a
fait...
Mme Payette: Je pense que vous faites allusion à de
vieilles histoires d'avant les détecteurs de fumée.
M. Goulet: Non. Des vieilles... je vais reculer jusqu'à
"Economy Were" dans les années soixante, et je vais revenir à un
autre ici, à Sainte-Foy, dernièrement, au niveau des
détecteurs de fumée. Je ne veux pas faire de
particularité, mais les gens, lorsqu'ils voient cela, déclarent
faillite et déplorent le fait, et, à un moment donné, on
peut dire: On peut nommer je ne vous dis pas que cela se fait au niveau
de la Loi des compagnies, mais on le vit...
J'ai bien dit, tout à l'heure, que je retirais mon mot "souvent";
on en a vécu une de plus de $3 millions et on en vit une autre de je ne
sais pas combien, peut-être seulement $200 000, mais $200 000, c'est $200
000.
Mme Payette: Je pense que, dans le fond, avec les dispositions de
la nouvelle loi sur les cautionnements qui vont être exigés des
détenteurs de permis, probablement que même pour les faillites
qu'on ne pourra pas éviter, les cautionnements pourront servir à
rembourser les consommateurs.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais une question sur
l'application d'un article de la loi 72. Je ne sais pas si M. le
président de l'office voudrait que je la lui pose tout de suite,
étant donné que c'est un article qui protège le
consommateur. Malheureusement, je n'ai pas la loi ici et je ne connais pas
l'article par coeur, mais j'irais pour l'article 78 quelque chose comme
cela j'ai demandé un avis à Mme le ministre et j'ai
demandé un avis au conseiller juridique... je n'ai pas son nom, M.
Anderson, est-ce que c'est possible?
Mme Payette: C'est tout à fait possible.
M. Goulet: C'est cela? La loi dit, par exemple, pour un
commerçant itinérant, afin de protéger le consommateur,
qu'il n'a pas le droit de percevoir un cent tant et aussi longtemps que la
marchandise n'est pas livrée. Vous avez à peu près la
même application dans les articles 250 à 255 il y a trois
articles c'est la même chose pour les sommes d'argent mises en
fiducie. Au niveau de cet article, pour la taxe de vente, le ministère
du Revenu oblige le vendeur à rembourser la taxe de vente le 15 du mois
suivant, même si la marchandise n'est pas livrée, donc il n'a pas
reçu d'argent du consommateur. Est-ce que vous avez
négocié avec le ministère du Revenu à savoir si on
doit le percevoir du consommateur... Est-ce que vous avez pris connaissance de
ce petit problème, si problème il y a?
Mme Payette: Oui. C'est cela. Il s'agit de voir si
problème il y a. De toute façon, un avocat de l'office est
entré en communication avec le contentieux du ministère du Revenu
pour essayer de clarifier cette question. Je ne suis pas sûr que,
pratiquement, il y ait un problème, mais même s'il y en avait un,
théoriquement, il y a peut-être une contradiction apparente qu'il
serait bon d'éliminer. Je pense qu'il y a eu une conservation
téléphonique avec des gens du Revenu et qu'on doit se reparler
pour essayer de clarifier cette situation.
M. Goulet: M. le Président, si on a découvert les
problèmes, c'est parce qu'il y a eu je ne vous dis pas des
milliers de problèmes pas seulement théoriquement, il y en
a eu pratiquement. C'est pour cela qu'on a demandé un avis.
Mme Payette: M. le Président, cela va même plus loin
que cela. C'est à la suite d'une inquiétude du
député de Bellechasse qu'on a fait cette démarche
auprès du Revenu...
M. Goulet: Oui, cela peut parfois être utile, des
députés de l'Opposition.
Mme Payette: Mais certainement.
M. Goulet: Est-ce que c'est le temps de parler tout de suite des
contrats de publicité, M. le Président, ou bien voulez-vous
laisser parler le député de Sherbrooke, je pense?
Le Président (M. Marcoux): Avant de commencer un nouveau
thème, peut-être, non?
M. Goulet: Mais c'est à l'intérieur du programme
1.
Le Président (M. Marcoux): La publicité dans le
cadre...
M. Goulet: Du programme 1, l'Office de la protection du
consommateur, mais je ne veux pas...
Le Président (M. Marcoux):... M. le député
de Sherbrooke.
M. Gosselin: De fait, M. le Président, ce sont des
questions ouvertes que je me pose, quant à l'orientation de l'office et
quant au maintien dans le champ de la protection publique, en regard de la
protection du consommateur, du volet des services à la population, du
volet du contrôle auprès des fraudeurs et des dispositifs
contraignants pour épurer le marché et du volet de la prise en
charge de la population, du secteur de la protection du consommateur. S'il y a
un domaine où le public est vraiment en cause et où le champ de
la prise en charge au niveau de la modification des réflexes de
consommation et au niveau de l'élimination des pratiques frauduleuses,
c'est la sensibilité que les citoyens au Québec ont de plus en
plus et ce sont aussi les moyens qu'ils pourraient avoir d'être
organisés pour lutter efficacement contre toute forme de fraude ou toute
forme d'abus que les commerces pourraient leur imposer. (17 heures)
Or, et c'est une chose que je déplore un peu... En tout cas, je
suis d'un mouvement de protection du consommateur à l'époque
où il n'y avait pas d'office et on devait se débrouiller par les
moyens du bord. C'est heureux que le gouvernement du Québec, notamment,
se soit impliqué là-dedans. Cela a pris, en quelques
années, un essor très considérable et on s'est
équipé de bureaux au niveau de toutes les régions, etc.
Cela a correspondu aussi avec le déclin, pour un temps tout au moins,
des associations traditionnelles de protection du consommateur.
A ce moment-ci, je conviens qu'on fait un effort assez fantastique pour
réimpliquer le consommateur dans des formes d'organisation autonomes
qu'il pourrait se donner, à preuve l'augmentation de 500% des budgets de
l'année 1976/77 à l'année 1977/78, mais, si on regarde la
partie ressources strictement, la partie services à la clientèle,
au public, qui n'engendre pas nécessairement une prise de conscience
organisée de la part des citoyens qui vivent des situations,
comparativement à la part prise en charge, au soutien à des
organisations qui devraient être, à mon avis, partout, on devrait
avoir des embryons d'organisation de consommateurs dans toutes les
localités... C'est d'ailleurs comme cela qu'on pourra vraiment assurer
non seulement une forme d'autodiscipline dans chacun des milieux pour des
pratiques qui se développent malheureusement pendant plusieurs
années et qu'il faut, après plusieurs années, tenter
d'arrêter et aussi qu'il pourrait se développer des options dans
le champ de la consommation par cette sensibilité, dans le champ de
l'organisation des consommateurs qui peuvent s'appeler des syndicats de
consommateurs ou des groupes d'achat ou des formules comme cela.
Ce que je veux dire, c'est que tout le champ de l'organisation des
consommateurs est encore malheureusement très petit dans le financement
et dans le support que le gouvernement apporte, comparativement à
l'aspect de service. Quand on regarde la complexité de nos lois, c'est
évident que l'aspect service ne pourra que connaître, au cours des
prochaines années, une extension assez considérable des budgets,
parce qu'on va avoir de plus en plus besoin d'inspecteurs et de gens qui sont
en mesure d'appliquer correctement toute la surveillance qui s'impose dans ce
marché.
Pour l'avenir, il y aura peut-être un tournant à prendre
dans le champ de la protection du consommateur, un tournant dans le sens
je vais être un peu audacieux de geler les budgets affectés
aux équipements gouvernementaux, aux effectifs gouvernementaux qui sont
mis dans le circuit, au profit d'un décuplement des ressources pour le
public, pour favoriser des formes d'organisation de consommateurs et qui
pourraient équiper des groupes de consommateurs en vue d'entreprendre
des formes de poursuites, de recours collectifs, à travailler sur
d'autres volets comme la consultation budgétaire qui est un des volets
très importants de l'action auprès des consommateurs que quelques
organisations bénévoles au Québec font encore, mais qu'il
faudrait vraiment remettre en vigueur.
Il y a aussi tout le travail d'accompagnement, de suivi auprès
des consommateurs eux-mêmes qui ont souvent, quand ils subissent une
injustice, à faire des démarches judiciaires relativement
compliquées pour récupérer leurs dûs et qui ne
trouvent pas toujours les ressources d'appoint nécessaires.
Ce que je veux dire, c'est que l'appareil gouvernemental, même par
la Cour des petites créances, par les services juridiques, par l'aide
que le technicien de l'Office de la protection du consommateur peut apporter
aux consommateurs, ne pourra jamais remplacer les ressources qui pourraient
être au sein d'une association de consommateurs très active qui
pourrait mener de A à Z le travail de dépistage, d'ameutement de
l'opinion publique et d'accompagnement des individus qui ont des choses
à faire, des poursuites à engager, des regroupements à
l'occasion, des consommateurs concernés. Je voudrais juste...
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait de réagir à ce qu'il vient de
dire? Parce qu'il a énoncé toute une philosophie qui me
paraît intéressante.
Effectivement, nous sommes très soucieux depuis deux ans et demi,
je pense que j'ai eu l'occasion de le répéter à plusieurs
reprises, non pas de faire en sorte que l'office remplace des organismes de
protection mais au contraire que l'existence même de l'office fasse en
sorte que la population s'éveille à la protection du
consommateur, se prenne en main et qu'on voie se multiplier les organismes.
Vous avez parlé d'embryon, j'espère que cela ne restera pas
embryonnaire mais qu'il va y avoir des organismes véritablement forts,
puissants, venant du milieu même.
Dans un souci de voir se réaliser ce qu'on prépare depuis
deux ans et demi, je crois que la composition même du conseil
d'administration de l'office est une preuve de nos préoccupations dans
ce sens. Tout le conseil d'administration est essentiellement composé de
gens qui ont été liés à des organismes de
protection du consommateur, qui ont oeuvré pendant des années
dans ce secteur et, au fond, ce que nous faisons presque, c'est leur remettre
l'office pour en définir le rôle à venir. Nous avons donc
fait à ce point confiance à ceux qui sont à l'origine des
organismes de protection du consommateur que nous pensons pouvoir vivre en
harmonie au point de leur demander d'indiquer ce qu'ils souhaitent que l'office
devienne.
M. Gosselin: Oui, et je pense qu'on a fait des progrès
assez considérables dans ce sens. Justement, sur cet aspect, au niveau
des régions où il y a des offices, est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de concevoir un concept d'implication des consommateurs?
Mme Payette: C'est prévu par la loi même qui
prévoit qu'il y ait des conseils consultatifs régionaux de
l'Office de la protection du consommateur.
M. Gosselin: Je m'excuse.
Mme Payette: C'est dans la loi 72.
M. Gosselin: C'est dans la loi 72. Est-ce que ces conseils
consultatifs régionaux vont avoir des mandats autres que de surveiller
simplement l'application de la loi? Vont-ils avoir aussi le mandat de susciter
des organisations autonomes de l'office dans des régions où il
n'y en a pas?
Mme Payette: Nous pensons qu'un des premiers rôles du
conseil d'administration qui vient d'être formé il y a quelques
semaines est de donner les mandats aux conseils régionaux et
effectivement il m'apparaît raisonnable qu'un de ces mandats soit de
susciter ou alors de soutenir tout organisme qui veut prendre naissance dans
une région.
C'est sur les mots qu'on joue. Cela m'inquiète toujours quand on
compte sur l'office pour susciter ou sur l'office pour faire en sorte
qu'artificiellement ou pas il y ait quelque chose qui naisse quelque part. Je
pense que ce serait à l'inverse complètement de la philosophie de
la protection du consommateur. Il faut que le milieu lui-même manifeste
son désir, et le manifeste ouvertement, de s'occuper de la protection du
consommateur à la suite de quoi l'office peut venir en aide. Susciter,
l'office le fait par son existence, sur son magazine, par le fait qu'il y a un
bureau régional, par le fait qu'il y aura un conseil régional.
Au-delà de cela, je crois que si le milieu est mûr, l'office
n'aura pas besoin de susciter au-delà de cette information qu'elle met
à la disposition de la population.
M. Gosselin: Quant à la maturité du milieu dans
cette histoire-là, j'ai l'impression que même si les budgets ont
relativement évolué du côté du soutien aux
organismes volontaires dans le champ de la protection du consommateur,
finalement, ils restent quand même à ce point restreints qu'on ne
peut pas se permettre de faire une très grande publicité avec ces
budgets de peur de susciter une trop grande demande. C'est peut-être
seulement le flot des demandes qui sont déjà là et qui
portent des groupes traditionnels, qui formulent des demandes, qui fait que ces
groupes sont financés ou que certains groupes nouveaux
démarrent.
La question que je me pose est: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, dans
les prochaines années, de susciter carrément un
intérêt dans le public à créer des embryons
d'organisations de consommateurs pour lesquels il y aurait des garanties de
financement un peu plus larges. Parce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas eu
énormément de publicité sur le volet du financement aux
organismes volontaires.
Mme Payette: II n'y a pas eu beaucoup de publicité... Il
fut une époque où nous avons publié, dans le magazine
Protégez-vous et c'est tiré à 170 000 exemplaires
l'existence de subventions disponibles, en faisant connaître les
critères qu'on devait remplir pour être éventuellement
subventionné. Alors, 170 000 exemplaires, répandus auprès
de ceux qui sont les plus intéressés, parce que,
forcément, ceux qui demandent le magazine sont les plus
intéressés, cela m'apparaît un moyen qui est
déjà extrêmement important.
M. Gosselin: Je veux simplement terminer c'est une
intervention un petit peu à brûle-pourpoint en vous disant
tout mon intérêt pour que ce champ se développe et je suis
convaincu que c'est un objectif qu'on partage. Ce que je constate simplement,
c'est évidemment l'existence même de la surveillance d'un
marché qui a été trop longtemps soumis à
l'arbitraire, à la prétendue bonne foi des commerces
établis, du marché qu'on connaissait et qui a donné lieu
à toutes les formes d'abus qu'on a aujourd'hui à corriger.
S'il y avait eu cette pratique, cette vigilance active dans la
population, on n'aurait pas des situations et on n'aurait même pas besoin
d'avoir des législations aussi serrées et aussi vigoureuses,
probablement.
Mme Payette: Cependant, on aborde un champ juridique nouveau. A
ce niveau, on doit tous être conscients cela a été
dit pendant l'étude de la loi 72 que notre but n'est pas de nuire
aux commerces; notre but est au contraire de l'améliorer, ce commerce,
de faire en sorte que ses relations avec les consommateurs soient les
meilleures possibles. Dans ce sens, il faut aussi donner à cette loi le
temps de commencer à donner des résultats. Quand tous ces
articles seront en vigueur, on pourra voir, je pense, une évolution de
la société dans le domaine de la protection du consommateur qu'on
poura réévaluer par la suite.
Mais déjà, depuis deux ans et demi, j'ai l'impression
qu'on a créé la préoccupation de la protection du
consommateur et, si le ministre de l'environnement ne l'avait pas dit le
premier, à ce moment-ci, je dirais probablement qu'on devrait en
principe avoir six millions de consommateurs avertis. C'est ce qu'on vise.
M. Gosselin: Est-ce qu'on est en mesure, à ce moment...
C'est un peu en dehors de la commission, mais je pense que cela s'y rattache
directement aussi, parce qu'il y a la Loi sur le recours collectif qui vient
donner un nouvel instrument aux consommateurs pour régler leurs
problèmes eux-mêmes dans certains cas. Est-ce qu'on est en mesure,
à ce moment, de constater l'impact de cette loi?
Mme Payette: C'est bien difficile à faire à ce
moment. On pourra avoir certains éléments de réponses dans
les six premiers mois de la mise en application. Il y a certaines affirmations
qu'on peut faire ou auxquelles on peut penser dès maintenant, mais qui
vont peut-être être infirmées par la pratique. Par exemple,
une loi qui existe depuis un certain temps, cela devrait diminuer le nombre de
pratiques commerciales répréhensibles dans le secteur
contrôlé. C'était partiellement vrai, mais ce
n'était pas tout à fait vrai. Aux Etats-Unis, il existe plusieurs
lois qui ressemblent à celle qui va être mise en vigueur dans son
entier très bientôt et cela n'a pas fait, cela n'a pas
diminué ou éliminé complètement les pratiques
commerciales répréhensibles. Elles existent toujours, la nature
humaine étant ce qu'elle est. Les pratiques les plus crasses sont
probablement disparues. Mais penser que cela va les éliminer
complètement, ce serait rêver en couleur.
Par ailleurs, il y a des secteurs qui n'étaient pas régis
par la Loi de la protection du consommateur. On parlait tout à l'heure
des appareils domestiques. C'est sûr qu'il y aura plus d'ouvrage au
début, tout au moins, dans ces secteurs, et l'étude des Cooprix
de Montréal en est une certaine indication, que dans d'autres secteurs
qui sont déjà couverts par la Loi de la protection du
consommateur, la loi 45.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'avais, sur les contrats de
publicité de l'office...
M. Saint-Germain: C'est sur ce dernier sujet que je vais parler,
M. le Président. Nous avons appris que les règlements ne seront
pas en vigueur avant la fin de l'année. Je trouve que c'est
extrêmement regrettable. Je ne voudrais pas répéter ce que
j'ai dit au début des travaux. Mais il reste que la Loi de la protection
du consommateur qu'on a votée ne sera pas en application avant tard cet
automne et ce n'est même pas assuré que ce ne sera pas tout
simplement au début de l'année 1980. (17 h 15)
Même si on en a parlé de la protection du consommateur et
même si un projet de loi avait été déposé par
l'ancien gouvernement on avait déjà commencé
à étudier ce nouveau projet de loi sous l'ancien gouvernement
il est assez surprenant de constater que, après trois ans
d'autorité de la part du nouveau gouvernement, on n'est pas encore
à même d'appliquer une nouvelle législation relativement
à la protection du consommateur. De toute façon ma question est
celle-ci: L'office est bien prévenu de l'application de cette loi,
connaît bien cette loi, quelles ont été les
décisions prises en vue soit décisions administratives ou
autrement de l'application de la nouvelle loi lorsqu'elle sera en
vigueur?
Mme Payette: M. le Président, j'aimerais réagir aux
propos du député de Jacques-Cartier qui trouve qu'on tarde
à promulguer la Loi sur la protection du consommateur. Je voudrais lui
rappeler qu'il était entièrement d'accord avec certains
organismes qui se sont présentés en commission parlementaire,
nous demandant de reporter d'un an ou deux son entrée en vigueur. On ne
peut pas nous faire reproche à ce moment-ci de travailler avec le monde
du commerce pour que l'entrée en vigueur de la loi se fasse dans la
cohérence et, autant que possible, dans l'harmonie.
Je pense, au contraire, que c'est faire preuve de notre part de
sérieux quant à la mise en vigueur de cette loi, autant,
d'ailleurs, pour le consommateur que pour le monde du commerce. C'est à
un tel point que, sur la question des règlements seulement, nous avons
déjà consulté une vingtaine d'organismes du monde des
affaires. Dans certains cas, il y a eu plus qu'une rencontre, c'est allé
à deux ou trois rencontres et je ne pense pas qu'on puisse d'aucune
façon nous faire des reproches en termes de retard. Nous nous assurons
que l'entrée en vigueur va se faire dans l'harmonie avec tous les
groupes qui sont concernés.
M. Saint-Germain: Je veux bien croire madame lorsqu'elle nous
parle de consultation, mais ça fait bien longtemps qu'on consulte et
qu'il y ait un décalage si long entre la promulgation de la loi et son
adoption par l'Assemblée nationale, ça me semble absolument
inadmissible. Il me semble que, surtout avec un tel projet où les
règlements sont tellement importants, lorsqu'on légifère
et qu'on a accepté au niveau de l'Assemblée nationale la
rédaction d'une loi, on doive connaître les principes de base des
règlements. Autrement, les règlements ont tellement d'influence
sur la portée de la loi que c'est presque inconcevable qu'on ait mis sur
papier une législation sans connaître au moins les grands
principes des règlements.
Mme Payette: M. le Président, question de règlement
justement...
M. Saint-Germain: Je veux bien croire madame...
Mme Payette: ... non seulement le député de
Jacques-Cartier est en train d'induire cette com-
mission en erreur, mais je pense que nous avons peut-être
été la seule commission qui a pu prendre connaissance d'un projet
de règlement avant l'adoption de la loi, avant même l'étude
article par article. On vous les a fournis au fur et à mesure, à
l'époque; alors on ne peut pas nous taxer d'avoir retardé dans ce
sens-là. Le député de Jacques-Cartier, qui siège
à l'Assemblée nationale depuis plusieurs années, sait
parfaitement que quand un projet de loi a cette importance, qu'il comporte 350
articles, il est normal qu'on s'assure que l'harmonie va exister. Ce serait
carrément nous taxer de folie que de penser qu'on peut mettre en vigueur
un projet de loi comme celui-là parce qu'on en a envie en se levant un
matin. Il faut s'assurer que le monde des affaires est en mesure de se plier
à la loi au moment où elle sera promulguée, faire en sorte
aussi que le consommateur soit informé adéquatement de ses droits
dorénavant et, à partir de ce moment-là, nous serons en
mesure effectivement de promulguer, comme cela avait été
prévu d'ailleurs, au cours de l'année, la loi, le Code de
protection du consommateur.
L'engagement avait été que ce soit promulgué au
cours de l'année.
M. Saint-Germain: II n'y avait pas là de la part de madame
une question de règlement, mais enfin c'est une intervention qui,
à mon avis, ne fait que confirmer l'idée que je développe.
Il y avait déjà et c'est un fait une série
de règlements attachés à la loi lorsqu'on l'a
étudiée. Est-ce que la rédaction de ces règlements
était sérieuse ou non? Si c'était une rédaction
sérieuse, la majeure partie des règlements était
attachée à la loi. Comment peut-on admettre que cela prenne un an
pour définir, rédiger et faire accepter par le Conseil des
ministres des règlements qui, normalement, auraient dû être
étudiés avant d'être mis sur papier lors de l'étude
de la loi. Je comprends mal.
Mme Payette: M. le Président, nous ne pouvons pas
entreprendre de consultation sur un projet de règlement avant l'adoption
d'une loi. Cette loi a été adoptée la veille de Noël.
Les consultations sur les projets de règlement ont commencé
immédiatement après. Je me refuse à accepter que le
député de Jacques-Cartier dise que nous accusons du retard. Je ne
le crois pas.
M. Saint-Germain: De toute façon, comment peut-on
rédiger une loi comme cela, qui se réfère tellement aux
règlements? On a consulté les milieux intéressés
lors de l'étude de la loi. Il n'est pas concevable que ces consultations
n'aient pas débouché sur des modalités d'application. Cela
me semble inconcevable. De toute façon, c'est ma façon de voir
les choses et c'est la raison de ma question à l'office. Quelles ont
été les décisions administratives prises par l'office en
vue de l'application de cette nouvelle loi qu'on aura tard cette année
ou au début de l'année prochaine? Est-ce que vous avez
engagé plus de personnel? Est-ce que vous avez engagé des
inspecteurs? Est-ce qu'on vous a voté les sommes voulues pour que la loi
soit appliquée adéquatement?
Mme Payette: Nous avons présenté une demande
d'effectifs additionnels et de ressources additionnelles, et la réponse
que nous avons eue du Conseil du trésor à cet effet est pour le
présent exercice de 58 nouveaux postes permanents et 14 postes
d'occasionnels spécifiques, le tout avec certains autres projets qui ne
sont pas des effectifs, pour un montant, je pense, de $1 300 000. La
répartition de ces effectifs se fait dans chacune des directions de
l'office, les bureaux régionaux, évidemment, les enquêteurs
et les avocats. Je peux vous donner le détail de chacun des postes, si
vous voulez, mais, grosso modo, c'est la répartition qui est
prévue.
M. Saint-Germain: Mais, au moment où on se parle, est-ce
que certaines personnes ont été engagées? Actuellement,
est-ce qu'elles sont sur la liste de paie, si vous voulez, en vue de la loi
future?
Mme Payette: Cette décision du Conseil du trésor ne
nous a été communiquée que tout récemment et nous
sommes à traverser toutes les étapes du recrutement. J'oubliais
de vous mentionner aussi qu'il y aura vraisemblablement une somme de $700000
qui sera accordée pour faire l'information de la nouvelle Loi de la
protection du consommateur.
M. Saint-Germain: Combien d'employés ont été
engagés actuellement?
Mme Payette: II n'y a aucun nouvel employé à
même cette enveloppe qui a été engagé actuellement.
Tout le processus de recrutement est entamé. Vous savez qu'il y a,
depuis le 1er avril, un nouveau processus de recrutement en vertu de la loi 50,
la nouvelle Loi de la fonction publique, et nous sommes à traverser les
étapes nécessaires au recrutement de ce nouveau personnel. Nous
avons une équipe qui s'y emploie de façon quasi permanente parce
que, pour nous, c'est une question primordiale.
M. Saint-Germain: Alors, les examens pour les nouveaux candidats
ne sont pas passés encore.
Mme Payette: Non.
M. Saint-Germain: Vos candidats n'ont pas passé d'examen.
Est-ce que les concours ont au moins été rédigés en
vue des nouveaux engagements ou si les concours étaient
déjà rédigés avant?
Mme Payette: Avec la nouvelle Loi de la fonction publique, dont
je ne suis pas un spécialiste d'ailleurs, je dois vous dire que les
procédures ont été légèrement
modifiées et les descriptions de tâches que l'on doit faire pour
chacun de
ces nouveaux postes, les exigences quant aux descriptions de
tâches ont été modifiées. Nous avons à peu
près, je pense, terminé cette étape et nous nous
acheminons le plus rapidement possible vers l'étape de la publication
des concours, c'est-à-dire vers l'étape de la transmission des
avis officiels qu'il y a tant de postes disponibles à l'office, dans tel
secteur.
M. Saint-Germain: Nous sommes rendus au début de mai. Les
vacances d'été s'en viennent bientôt. Quand croyez-vous que
ces publications auront lieu?
Mme Payette: Quand? Je vais vous dire bien spontanément et
bien franchement: Le plus vite possible, en brûlant tous les
délais possibles. Plus que cela, vous me demandez de jouer aux
devinettes, parce qu'on fait l'expérience d'un nouveau mécanisme
ou de nouveaux procédés de la Loi de la fonction publique.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas vous obliger à faire des
devinettes ou à me donner des dates, quand je sais que vous n'êtes
pas maître de la situation. Je ne voudrais pas que vous preniez des
responsabilités qui, en fin de compte, ne vous appartiennent pas. Mais
je veux tout de même faire ressortir que, dans l'état actuel des
choses, il est loin d'être certain que l'office aura tout ce qu'il faut
pour appliquer la loi à la fin de l'année; c'est ce que je veux
faire ressortir. On sait pertinemment, avec le système gouvernemental,
comment les choses vont lentement. Vous venez un peu de confirmer que mes
doutes sont fondés et qu'on ne peut pas être assurés, vous
ne pouvez pas me donner la date à laquelle les demandes d'emploi seront
publiées. Je ne crois pas que vous puissiez m'affirmer que la loi sera
en application et que vous aurez, au point de vue administratif, tout le
personnel voulu pour que la loi soit appliquée efficacement à la
fin de l'année.
Mme Payette: Je pense qu'on pourrait en parler longtemps et, le
1er novembre, on pourrait en reparler et comparer les pronostics, mais, quant
à nous, suivant nos échéanciers, malgré la nouvelle
Loi de la fonction publique, nous allons avoir, parmi les nouveaux effectifs,
une bonne majorité des postes comblés, des candidats en place et
nous allons être prêts à fonctionner.
M. Saint-Germain: Je vous le souhaite dans l'intérêt
de tous, croyez-moi. Mais nous aurons l'occasion, à l'avenir, je pense
bien, d'en causer.
Mme Payette: La Régie de l'assurance automobile
était prête le 1er mars 1978.
M. Saint-Germain: On ne mélangera pas les choses, si vous
voulez bien.
Mme Payette: Non, mais cela me paraît bien augurer pour
l'office.
M. Saint-Germain: On a parlé ce matin de l'assurance
automobile et on a vu aussi que le tout n'était pas fondé sur les
études les plus solides. On voit que ces erreurs ont rendu le ministre
extrêmement prudent puisqu'il n'a pas voulu nous confirmer qu'il y aurait
une baisse des primes malgré les surplus accumulés.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau des contrats de publicité de
l'office, est-ce que ce sont toujours des contrats sur invitation?
Mme Payette: Les contrats de publicité de l'office ont
été octroyés en suivant la nouvelle procédure
établie par le ministère des Communications, c'est-à-dire
que, là aussi, de mémoire, je ne pourrais pas vous la
décrire de façon très précise, mais, à
partir d'un fichier, un certain nombre de maisons de publicité sont
choisies. De ce nombre, je pense qu'un nombre plus restreint est aussi choisi
qui doit faire des présentations à un groupe
interministériel où il y a des représentants du
ministère concerné, du ministère des Communications et, je
pense, d'un autre ministère. C'est comme cela que les agences de
publicité sont choisies. Vous comprendrez que je ne vous donne pas tous
les détails, mais c'est en respectant cette procédure que notre
agence de publicité a été choisie.
M. Goulet: Le président n'a rien à voir avec le
choix de telle ou telle firme.
Mme Payette: Non.
M. Goulet: Simplement, vous soumettez au ministère des
Communications... Vous dites: Nous avons besoin de...
Mme Payette: Nous soumettons le devis de notre campagne de
communication au ministère des Communications et, à partir de
cela, si vous me passez l'expression, cela passe dans la machine et on n'a
aucun contrôle sur le résultat final. (17 h 30)
Fort heureusement, dans ce où je pense qu'on a été
bien servi, on a eu des messages qui ont été bien conçus
par l'agence de publicité. Mais on ne pourrait pas, même si on le
voulait, s'en attribuer le crédit, enfin, quant au choix de l'agence de
publicité.
M. Goulet: La rumeur qu'il faut que ce soit un artiste
sympathique au gouvernement actuel, ce n'est pas fondé? C'est absolument
faux, il faut dénoncer cela?
Mme Payette: Toutes ces rumeurs, en ce qui concerne les artistes,
ne sont jamais fondées.
M. Goulet: Madame, vous pourriez nous en parler, vous, avec
connaissance de cause. Mais,
lorsque vous soumettez un devis, est-ce qu'il vous est arrivé
quelquefois de mentionner le nom de certains artistes, à
l'intérieur du devis? Vous dites: Nous avons telle promotion à
faire et nous aimerions y voir tel ou tel artiste. Est-ce que ce n'est jamais
arrivé?
Mme Payette: Puisque, pour ne pas le nommer, vous faites allusion
à Yvon Deschamps...
M. Goulet: Je n'ai nommé personne.
Mme Payette: Non, mais on se comprend tout de même. Il faut
peut-être faire un petit peu d'histoire et se rappeler qu'Yvon Deschamps
fait les campagnes de l'office depuis maintenant trois ans. C'est sa
troisième campagne. Dans le temps, on avait choisi Yvon Deschamps.
C'était la première campagne de l'office. C'était une
campagne faite en collaboration avec le mouvement des Caisses populaires
Desjardins. Suite au sondage de satisfaction sur ce qu'on a fait pour les deux
premières campagnes de l'office, il a été très
clair qu'il y avait une très grande satisfaction chez le public pour le
choix du porte-parole qu'était Yvon Deschamps, si bien qu'on l'a
maintenu l'an passé. Pour la campagne actuellement en cours, cela a
été suggéré aussi et retenu.
M. Goulet: Vous avez fait des études et les gens
semblaient satisfaits. Est-ce que les campagnes de publicité existent
encore conjointement avec, par exemple, des caisses? Cela n'existe plus, parce
que cela portait à critique. C'est-à-dire que cela amenait...
Mme Payette: Parce que cela...
M. Goulet: ... certaines critiques à savoir que telle
compagnie, par exemple, peut s'identifier à la protection du
consommateur. Est-ce la raison? Est-ce qu'il y avait d'autres raisons?
Mme Payette: Quant à nous, les raisons que vous formulez
m'apparaissent être des raisons qu'on pourrait invoquer pour un organisme
de protection du consommateur. Quant aux caisses populaires, le conseil
général a pris la décision quant à lui, de se
lancer dans un autre type de campagne et il ne m'appartient pas de commenter
cette décision.
M. Goulet: C'est ma dernière question, M. le
Président, à ce chapitre, au niveau des organismes que vous
subventionnez, je dis bien que vous subventionnez, car vous n'avez
peut-être pas la main haute pour les diriger. Est-ce qu'il y a des
directives qui se donnent ou des subventions conditionnelles, en disant que
vous devrez faire affaires avec ces seuls organismes? Je ne veux pas dire faire
parrainer telle revue, par exemple, moitié par l'office ou moitié
par... il n'y a pas de directives qui se donnent? Vous ne pensez pas que ce
serait valable?
Mme Payette: Une situation comme celle que vous énoncez
serait plutôt souhaitable dans le sens où je disais, au tout
début, que ce que nous souhaitons, c'est que les organismes de
protection du consommateur trouvent d'autres sources de revenus que seulement
le gouvernement.
M. Goulet: Cela dépend...
Mme Payette: Si un organisme est en mesure, par le biais d'une
association avec quelqu'un d'autre, de s'aider en termes de budget, il ne nous
viendrait pas à l'esprit de le commenter, cela existe, me dit-on...
M. Goulet: Mais je n'ai rien contre d'autres organismes; par
contre, si c'est un organisme commercial à but lucratif, il y a
là toute une différence. Si j'étais propriétaire
d'une entreprise, je serais intéressé, pour le même montant
de publicité, à subventionner une revue qui parle de protection
du consommateur, plutôt que la revue des policiers des pompiers et ces
choses-là. Vous comprenez ce que je veux dire. Au niveau
objectivité, ce n'est pas la même chose, parce qu'à ce
moment, on identifie un produit à la protection du consommateur. Si on
interdit au niveau objectivité dans votre revue Protégez-vous, de
s'en servir, je ne vois pas pourquoi une revue qui parle de protection du
consommateur pour un organisme reconnu comme s'occupant de protection du
consommateur, défendant les droits des consommateurs, aurait une
publicité de tel ou tel commerce, que ce soient les Chevaliers de
Colomb, les fermières, les Clubs Lions ou Rotary. Je n'ai aucune
objection. Mais que ce soit un commerce d'automobiles, par exemple, j'y vois
une très grande objection.
Mme Payette: Ce qu'on pourrait faire dans un cas comme
celui-là, c'est d'émettre un avis venant de l'office, disant
qu'on trouve regrettable qu'un organisme de la protection du consommateur se
mette dans la situation de perdre une certaine crédibilité
éventuellement, mais nous n'aurions pas de pouvoir pour empêcher
cet organisme de le faire, si l'organisme a pris la décision que
c'était une bonne chose. On pourrait très certainement le
conseiller, mais, au-delà de ça, chaque organisme est libre de
ses décisions.
M. Goulet: Une subvention ne pourrait pas être
conditionnelle?
Mme Payette: Si les critères de subvention étaient
changés, ça pourrait être évidemment conditionnel.
Cela dépend de l'esprit dans lequel c'est fait, mais les seuls cas qu'on
a en tête d'associations de consommateurs qui ont été
subventionnées par des organismes privés par opposition à
des organismes étatiques, ce sont les ACEF et peut-être l'IPIC qui
a été subventionné justement par le MCPD. C'est quand
même bien différent de la récupération d'un
organisme comme l'ACQ par exemple, qui a une revue qui
s'appelle le Consommateur canadien et qui serait subventionnée
par un grand détaillant, Eaton ou La Baie ou je ne sais trop, qui
prendrait la moitié des pages. C'est le genre de choses que vous
dénoncez probablement.
M. Goulet: Absolument. Au niveau de la crédibilité
de ces organismes-là, étant donné que c'est
subventionné en partie, à quel pourcentage...
Mme Payette: Mais je pense qu'on peut faire confiance. Cela
n'existe pas présentement et les seules associations qu'il y a eu, c'est
avec le Mouvement des Caisses populaires Desjardins pour certains organismes de
protection du consommateur. Cela n'existe plus maintenant et j'ai
l'impression... Ce que je sais actuellement des organismes de protection du
consommateur, c'est que je n'ai pas l'impression qu'il y a un organisme qui se
lierait avec un marchand ou un entrepreneur quelconque.
M. Saint-Germain: M. le Président, est-ce qu'on
doit...
Le Président (M. Marcoux): Non... M. Saint-Germain:
Ah bon!
M. Goulet: M. le Président, au niveau du programme 1,
élément 1, je n'ai pas d'autres questions. Je remercie le
président de l'office de ses réponses bien objectives et
concrètes et je tiens également à le féliciter du
travail de l'office. Ce que j'en retire, au niveau de la population en
général, c'est que le travail de ces gens-là semble bien
apprécié. Quant à la mise en application du projet de loi
72, sans vouloir être contre les propos qu'a tenus mon collègue de
Jacques-Cartier, je dirais que je suis, sur ce point précis, plus
près de la position du ministre. Prendre son temps et bien le faire. Au
niveau des commerces, quand on met une loi comme celle-là en
application, cela amène beaucoup de changements et il faut l'avoir
vécu pour savoir ce que ça peut amener comme dépenses, pas
seulement en énergie, mais du côté financier.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 1 du
programme 1 sera-t-il adopté?
M. Saint-Germain: M. le Président, je tiens à
remercier M. Meunier de sa collaboration qui a été très
positive. Quant aux dernières déclarations de mon
collègue, je n'en suis pas surpris.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 1 du
programme 1 sera adopté?
Une Voix: Adopté.
Contrôle et surveillance du courtage
immobilier
Le Président (M. Marcoux): Elément 2.
Contrôle et surveillance du courtage immobilier. Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je n'ai pas de
déclaration à faire. Je voudrais, au contraire, laisser tout le
temps maximum aux députés de cette commission pour poser des
questions, s'ils en ont.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas surpris que madame n'ait pas de
déclaration, elle en a tellement fait sur le courtage immobilier et nous
sommes encore à peu près vis-à-vis de rien. On nous avait
promis et pourtant, c'est un champ d'activités où,
assurément, le consommateur devrait être protégé; il
est absolument inutile d'énumérer tous les scandales qui ont pris
naissance dans ce champ d'activités...
Mme Payette: Ce n'est pas inutile, M. le Président. Si le
député connaît des scandales que nous ne connaissons pas,
ce serait une bonne idée de nous donner une liste.
M. Saint-Germain: Vous les connaissez tous, madame, et c'est la
raison pour laquelle vous avez multiplié les promesses d'un code des
consommateurs et vous l'avez fait encore l'année dernière.
Voilà qu'on a une loi qu'on appelle avec emphase un Code des
consommateurs et qui ne contient rien sur les transactions immobilières.
C'est là encore tout à fait inconcevable. On a même eu une
loi qui a été déposée à l'automne, qui a
tombé avec la fin de la session et qui n'apparaît pas encore au
feuilleton. Alors, que peut-on ajouter dans une telle situation?
Une question que je devrais poser: On s'est plaint que certains
commerçants, que certains vendeurs ou que certains représentants
de compagnie qui oeuvrent dans ce secteur achetaient les maisons de leurs
clients au lieu de les revendre et on avait vu là un conflit
d'intérêts. Est-ce que cette façon de procéder
existe encore?
Mme Payette: M. le Président, je voudrais rappeler que
plus tôt, au cours de cette journée, ce matin, j'ai
expliqué les raisons pour lesquelles la Loi du courtage immobilier
les amendements à la Loi du courtage immobilier qui avait
été déposée et qui portait le numéro 87 n'a
pas été rappelée. Il y a là, encore une fois, un
souci d'agir correctement sur le plan législatif, dans la mesure
où nous travaillons parallèlement, deux services composant le
ministère, il y avait un souci de cohérence entre les amendements
qui pouvaient être apportés à la Loi du courtage immobilier
et à la Loi de protection du consommateur, sur laquelle nous achevons
notre travail.
J'ai expliqué ce matin, M. le Président, que le document
de travail concernant la protection du consommateur dans le domaine immobilier
est un document qui est presque terminé maintenant et que nous nous
apprêtons à entreprendre une consultation auprès des
organismes concernés. Nous avons d'ailleurs travaillé en
collaboration déjà sur le document de travail avec des
représen-
tants des notaires, des représentants de l'Office de la
protection du consommateur, mais également des représentants des
gens qui, chaque jour, sont aux prises avec des difficultés dans ce
domaine.
Nous faisons cheminer parallèlement les amendements à la
Loi du courtage immobilier et le dossier de la protection du consommateur dans
le domaine de l'immobilier et il me paraît absolument logique d'agir
ainsi. Le surintendant du courtage immobilier, M. Martel, est ici. Il pourra
répondre à des questions spécifiques. Il y a une question
que pose le député de Jacques-Cartier, à savoir si
certaines pratiques frauduleuses ont cours dans ce domaine. Le surintendant a
essentiellement pour fonction de veiller à l'application de la Loi du
courtage immobilier, telle qu'elle existe présentement, et il pourra
vous donner des détails.
Effectivement, quelques cas ont été portés à
notre connaissance. Je ne sais pas si les déclarations des années
antérieures ont eu un impact, si cela a eu pour effet de prévenir
certaines situations de nature conflictuelle ou de quasi-conflit
d'intérêts. Tout de même, au cours de la dernière
année, au cours des douze derniers mois, quelques cas nous ont
été rapportés et dénoncés, sur lesquels le
ministère a enquêté. Certains cas ont même
été acheminés au ministère de la Justice, et ce
ministère a déjà pris action dans certains dossiers.
M. Saint-Germain: Quelles raisons font que cette nouvelle loi
retarde tellement?
Mme Payette: Est-ce qu'on parle des amendements à la Loi
du courtage immobilier ou du volet de la protection du consommateur?
M. Saint-Germain: On parle un peu des deux, puisque vous semblez
marier un peu les deux.
Mme Payette: La raison, essentiellement, c'est qu'il y a des
amendements à apporter à la Loi du courtage immobilier. Nous
avions fait ce premier travail. Au moment d'aborder le volet consacré
à l'immobilier dans la protection du consommateur, nous avons cru bon de
nous assurer, une fois les consultations faites, qu'il y avait cohérence
entre ces deux projets de loi. C'est pourquoi nous n'avons pas rappelé
la loi 87, nous proposant de la déposer en même temps que le
deuxième volet de la protection du consommateur, puisque cela touche
essentiellement les mêmes milieux, que nous avions besoin d'une
consultation sur le volet de la protection du consommateur et que nous pourrons
déposer les deux projets de loi en même temps pour que tous les
milieux concernés sachent que les amendements à la Loi du
courtage immobilier et le deuxième volet de la protection du
consommateur vont ensemble.
M. Saint-Germain: Quand croyez-vous que ces deux projets de loi
pourront être déposés?
Mme Payette: Si on pense qu'une consultation nécessitera
quelques semaines ce n'est pas exagéré de le croire
nous visons essentiellement un dépôt avant l'été ou
un dépôt au tout début de l'automne.
M. Saint-Germain: Où sont les difficultés? Est-ce
que les difficultés, si vous voulez, se présentent au niveau de
la protection du consommateur ou au niveau des changements qu'on doit apporter
à la Loi du courtage immobilier?
Mme Payette: Je ne suis pas sûre, M. le Président,
qu'on puisse répondre qu'on fait face à des difficultés.
C'est un secteur où la protection du consommateur était
inexistante comme telle, c'est-à-dire que c'était la Loi du
courtage immobilier qui assurait la partie protection du consommateur. Nous
allons compléter le cas de la protection du consommateur dans le domaine
de l'immobilier. (17 h 45)
Les difficultés que nous rencontrons ne sont pas insurmontables,
ce sont des difficultés de cohérence législative entre les
deux projets de loi et c'est surtout de bien s'assurer que nous avons
appréhendé correctement les problèmes auxquels font face
les courtiers en immeubles, les différentes agences qui s'occupent de ce
métier, les membres du Barreau, les notaires également qui ont
à traiter tout ce secteur. Ce ne sont pas des difficultés
insurmontables, ce sont des difficultés que nous rencontrons dans chacun
des projets de loi importants.
M. Saint-Germain: C'est dire que certaines de ces
difficultés ont été découvertes après le
dépôt de la loi l'automne dernier puisque vous aviez
déjà pris la décision de déposer la loi. Je suppose
que vous avez calculé que les études relatives à cette loi
étaient finalisées.
Mme Payette: Effectivement, je pense que nous aurions pu
probablement laisser le projet de loi 87 devant l'Assemblée nationale.
Nous aurions probablement pu faire adopter ce projet de loi, mais il nous
paraissait raisonnable, auprès des personnes qui vont avoir à
vivre avec les deux projets de loi, puisque cela touche exactement les
mêmes intervenants, de ne pas adopter d'amendement avant que l'autre
partie leur ait été proposée et que nous ayons eu leurs
réactions pour être bien sûr de ne pas être
obligés d'apporter d'autres amendements par la suite au projet de loi 87
et de faire deux fois le travail au lieu de le faire une fois.
M. Saint-Germain: C'est tout, M. le Président, pour le
moment.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, comment peut-on expliquer que,
dans les détenteurs de permis, vous ayez émis quasiment 30% de
nouveaux permis cette année? Par contre, il y a eu environ 10%
d'abandon. Est-ce que c'est régulier comme cela?
On reprend 20% chaque année ou est-ce, cette année, tout
à fait particulier?
Mme Payette: Ce sont à peu près les mêmes
tendances d'année en année, sauf que nous avons remarqué
qu'au cours de l'année 1978/79, le taux d'abandon a été
moindre que par les années antérieures.
M. Goulet: Est-ce que vous prévoyez, à un moment
donné, un contingentement à ce niveau-là? Non? Il y a
encore de la place pour une très grande quantité.
Mme Payette: J'administre la loi. Il n'y a aucun critère
semblable. Si on pense qu'il y a actuellement plus de $5 milliards de
transactions immobilières par vente réelle chaque année au
Québec, il y a à peine $2 milliards de transactions qui sont
transigées par des intermédiaires. Je crois qu'il serait
difficile pour le moment de fournir des détails sur cette question.
M. Goulet: Au niveau des plaintes que vous avez reçues, il
y en a encore un bon pourcentage, c'est dans l'ordre de 25% à 35%, je
pense, ce sont des gens qu font du courtage immobilier sans permis. Beaucoup de
plaintes viennent de... Cela veut dire qu'au niveau des milliards que vous
avez, est-ce que ce sont surtout des petits courtiers, au niveau des
résidences privées, ou si les 30% sont applicables aux $5
milliards que vous avez mentionnés?
Mme Payette: Non.
M. Goulet: Ce sont des petits.
Mme Payette: C'est tout simplement par rapport aux plaintes que
nous avons reçues. Près de 30% de ces plaintes
réfèrent à des cas de non-détenteurs de permis et
pour répondre plus spécifiquement à votre question, bien
souvent ce sont des transactions isolées qui ont été
dénoncées par des courtiers du milieu qui ont pris vent et qui
ont pris connaissance de ladite transaction.
M. Goulet: Au niveau du processus de suspension d'un permis ou
tout simplement une révocation de permis, est-ce qu'il y a un temps
limité ou si une fois qu'on s'est fait suspendre-Non, cela veut dire
qu'on nous le redonne, mais est-ce que c'est suspendu automatiquement pour six
mois, un an ou, au niveau de la révocation, est-ce qu'il y a d'autres
examens à passer ou si, une fois que quelqu'un s'est vu révoquer
son permis, c'est pour la vie? Comment cela fonctionne-t-il?
Mme Payette: La loi précise qu'un permis est émis
pour une année au maximum, sujet à renouvellement. Lorsqu'il y a
suspension ou révocation, il va de soi que c'est pour la durée du
permis. Il n'y a pas comme tel, ni dans la loi ni dans les règlements,
de disposition précisant qu'une personne ne peut acheminer ou adresser
une nouvel- le requête pour l'obtention d'un autre permis, après
sa révocation.
M. Goulet: Une dernière question, M. le Président,
sur ce sujet. Lorsqu'il y a poursuite pour fraude, est-ce que c'est le
ministère qui poursuit ou si cela peut être conjoint avec
quelqu'un qui a été victime de la fraude? Est-ce vous qui
décidez, à un moment donné: II y a eu fraude, on poursuit
ou est-ce que cela peut être conjoint ou est-ce celui qui a
été victime de la fraude qui poursuit?
Mme Payette: Je peux répondre par rapport à mon
secteur puisque c'est une question qui pourrait être posée
également à d'autres secteurs du ministère. Il va de soi
que le premier traitement, c'est au niveau de la loi du courtage immobilier,
mais si, dans le cadre de notre enquête l'enquête
effectuée par les enquêteurs du ministère nous
découvrons des faits qui excèdent notre juridiction et qui
pourraient être d'intérêt pour le Procureur
général, après diverses études avec nos conseillers
juridiques, nous les portons à la connaissance de la section des fraudes
et faillites du ministère de la Justice qui, bien souvent, exige un
complément d'enquête avant de porter plainte.
Dans le processus normal, nous prenons le dossier, nous le portons
à la connaissance du ministère de la Justice qui en dispose.
M. Goulet: Cela devait être une dernière question,
mais c'est ma dernière numéro b): Qu'est-ce que vous
répondez lorsqu'on entend dire que, pour être courtier en
immeuble, soit courtier ou vendeur pour un courtier, ça prend à
peu près les mêmes qualifications que celles pour être
député? Autrement dit, ça n'en prend pas en particulier.
Que répondez-vous à ça? Les gens disent: Ce n'est pas
sévère, ce n'est pas... Cela ne veut pas dire que les gens ne
sont pas qualifiés, mais on entend ça assez souvent. On veut dire
que n'importe qui peut être courtier en immeuble, n'importe qui peut
avoir un permis après avoir suivi un petit cours de quelques semaines.
Est-ce vrai ou si cette affirmation n'est pas fondée?
Mme Payette: J'espère, M. le Président, que le
député ne fais pas allusion à cette situation, parce qu'il
y a beaucoup de femmes dans ce métier...
M. Goulet: Je m'excuse, je n'ai pas compris le milieu de
l'intervention...
Mme Payette: J'espère que vous n'y faites pas allusion
parce qu'il y a beaucoup de femmes qui font ce métier.
M. Goulet: Non, honnêtement... Mais on entend ça
assez souvent; pour être courtier en immeuble, il s'agit de suivre un
cours quelques soirs par semaine et la plupart passent un petit examen, et on a
son permis. Est-ce vrai ou si c'est beaucoup plus que ça?
Mme Payette: Ecoutez! Nous tentons d'administrer cette loi le
plus justement et le plus adéquatement possible. La loi et les
règlements d'application prescrivent au surintendant de vérifier
les connaissances des requérants, tant par rapport à la Loi du
courtage immobilier et ses règlements d'application, par rapport aux
lois connexes et à la pratique du courtage immobilier.
Nous prenons toutes les dispositions, le ministère de la Justice,
par son contentieux des affaires civiles et pénales, et la direction des
affaires notariales nous apportent un support particulier pour que les examens
que nous faisons subir soient crédibles, valables et puissent cerner les
principaux actes que les futurs agents sont appelés à poser.
C'est ainsi que les questions d'examen se réfèrent non seulement
à la loi et aux règlements du courtage immobilier, mais aux
diverses dispositions du Code civil, à la conciliation entre locataires
et propriétaires et nous tentons de rendre ces examens les plus
pratiques possible.
M. Goulet: Au niveau du pourcentage des transactions, est-il vrai
qu'environ 75% des transactions sont faites par 25% des courtiers?
Mme Payette: C'est plus que ça. En fait, près de
60% des transactions immobilières dans la province de Québec sont
effectuées par sept entreprises québécoises.
M. Goulet: 60%...
Mme Payette: Près de 60%.
M. Goulet: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 2 du programme 1 sera adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
Contrôle et surveillance du développement
des entreprises
J'appelle le programme 2, contrôle et surveillance du
développement des entreprises. Globalement d'abord, avant d'appeler un
élément, Mme le ministre, à moins que vous ne
préfériez qu'on commence seulement à 20 heures.
M. Saint-Germain: II est 17 heures 58, faites ce que vous
voulez.
Mme Payette: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 55
Reprise de la séance à 20 h 2
Le Président (M. Marcoux): La commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières va
poursuivre l'étude des crédits du ministère. Nous en
étions au programme 2.
Mme Payette: Nous abordons, M. le Président, le programme
concernant les institutions financières, le fichier central des
entreprises, le service des compagnies et les associations coopératives.
J'ai eu l'occasion ce matin d'annoncer que nous déposerions, dans les
semaines qui viennent, à l'Assemblée nationale, des amendements
à la Loi des compagnies et également que nous avions entrepris,
depuis plus de trois mois maintenant, des consultations avec les six
fédérations des caisses d'épargne et de crédit en
vue de la refonte de la Loi des caisses d'épargne et de
crédit.
Je pense qu'il est inutile que je reprenne ce que j'ai
déjà dit ce matin, puisque cela m'a permis à ce
moment-là de faire le point sur l'ensemble des documents. Là
aussi je crois préférable qu'on puisse répondre à
des questions s'il y a lieu.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on l'étudié
élément par élément?
Le Président (M. Marcoux): De façon
générale, j'aime mieux qu'on procède de façon
générale au point de départ et après ça, on
abordera l'étude élément par élément. A
moins que ce soit trois éléments vraiment distincts qui n'ont pas
de liens directs...
Mme Payette: Le fichier central, M. le Président, est un
service sur lequel il y a peu de choses à dire, dans la mesure où
il y a eu peu de transformation. C'est un service exclusivement administratif.
Il n'y a rien de différent, dans ce que nous abordons cette
année, de ce que nous avons vu l'année dernière au moment
de l'étude des crédits.
Le Président (M. Marcoux): On peut appeler
l'élément 1. Est-ce qu'il y a des questions sur
l'élément 1 ?
M. Saint-Germain: Si je ne m'abuse, l'année
dernière, on nous avait fait part d'une politique où on devait
centraliser, au niveau du fichier central, au moins une copie de tous les
fichiers de certains ministères.
Est-ce qu'on pourrait nous faire rapport jusqu'à quel point ce
travail s'est poursuivi cette année et nous dire où nous en
sommes actuellement?
Mme Payette: Nous avons terminé l'appariement des
principaux fichiers gouvernementaux. On est à faire la dernière
phase avec le fichier de la Commission du salaire minimum qui est le dernier
fichier.
M. Saint-Germain: Quel est le dernier fichier?
Mme Payette: Commission du salaire minimum. Le même travail
a été fait avec la Commission des accidents du travail. Les
principaux fichiers ont été appariés.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'autre... C'est régulier,
j'entends, tout se passe normalement, sans difficultés...
Mme Payette: II n'y a jamais rien d'irrégulier au fichier
central.
M. Saint-Germain: ... sans changements de politique.
M. Goulet: J'aurais une question. Au niveau de la création
des entreprises, au niveau...
Le Président (M. Marcoux): On touche tout de suite
à l'élément 2. Est-ce qu'on peut adopter
l'élément 1 ?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Elément 1,
adopté.
M. Goulet: Si cela ne touche pas le programme, on me le dira. Au
niveau de la création des entreprises, lorsqu'il y a réservation
de noms...
Mme Payette: C'est l'autre élément tout de suite
après, le service des compagnies. C'est M. Gaudry, le directeur du
service, qui va se joindre à nous.
M. Goulet: C'est une très courte question. Le
Président (M. Marcoux): Allez-y.
M. Goulet: Lorsque les gens font enregistrer un nom, c'est par
district vous allez vous apercevoir que je n'ai pas de formation
légale...
Mme Payette: District judiciaire, oui.
M. Goulet: District judiciaire, pour un enregistrement de nom.
Quelqu'un peut enregistrer un nom et une autre personne peut enregistrer le
même nom, cinq milles plus loin, lorsqu'elle est juste sur la zone, le
tout dépendant si elle fait affaires avec le district de Québec
ou celui de la Beauce.
Il n'y a aucun contrôle pour que deux commerces je ne parle
pas des compagnies, mais des commerces, à propriétaire unique
ne se retrouvent avec un même nom enregistré. Je ne sais
pas si cela passe par votre bureau, pour ne pas avoir deux commerces qui
peuvent opérer, vendre les mêmes produits, donner les mêmes
services, et se retrouver avec un même nom enregistré. Il n'y a
aucun contrôle qui se fait, pour dire: II y en a déjà un un
peu plus loin. Est-ce que c'est chez vous que cela se passe, ou si cela ne vous
regarde pas du tout?
Mme Payette: Actuellement, l'enregistrement de la
déclaration de compagnies, d'entreprises à propriétaire
unique, ou encore de sociétés, se fait dans les districts
judiciaires, auprès des protonotaires, en vertu de la Loi des
déclarations des compagnies et sociétés. Cette loi est
administrée par le ministère de la Justice. Normalement,
évidemment, ce sont les protonotaires qui sont censés s'assurer
de l'unicité du nom.
Les questions qu'on pourrait peut-être qualifier de concurrence
déloyale, qui peuvent exister entre différentes entreprises, sont
réglées par les tribunaux. Il y a déjà eu de la
jurisprudence là-dessus, notamment la cause d'Achille Martel versus
Filion, dont je ne me rappelle plus le prénom. C'est allé en Cour
suprême. On a statué en Cour d'appel, en particulier, que
lorsqu'une personne possède un nom, elle en a la propriété
et, à ce moment-là, elle en a une propriété
exclusive.
Ce n'est pas l'enregistrement de la déclaration qui lui donne des
droits sur le nom, ses droits lui viennent plutôt d'une sorte de droit de
propriété. Il y a un juge qui disait que cela ressemble un peu
à un droit de propriété et c'est cela, au fond, qui lui
donne ses droits. D'un district judiciaire à l'autre, il n'y a rien
à ma connaissance en droit statutaire qui puisse faire que l'individu
possède un droit particulier là-dessus, cela relève
plutôt du droit civil.
M. Goulet: D'accord, mais au niveau du contrôle et de la
création des entreprises, cela ne vous touche pas du tout?
Mme Payette: II y a quand même ceci qu'il faut dire, c'est
qu'il y a un article de la loi des déclarations de compagnies et
sociétés qui prévoit que chaque déclaration qui est
enregistrée par un protonotaire doit être expédiée
au ministre des Institutions financières. En fait, actuellement, je
crois que ces déclarations-là sont acheminées au fichier
central. Le fichier central les entre dans sa mémoire et nous en tenons
compte lorsque nous créons des compagnies.
Par exemple, si vous me demandez de créer une compagnie, nous
allons voir si le nom est disponible.
M. Goulet: Cela, c'est bien.
Mme Payette: De cette façon-là, s'il y a une raison
sociale qui est identique, si vous voulez, au nom que vous demandez, on va le
refuser, pour ce qui est de la création des compagnies.
M. Goulet: C'est d'accord pour une compagnie mais, au niveau
d'une entreprise, je veux dire d'un commerce enregistré seulement, vous
n'avez aucun contrôle là-dessus?
Mme Payette: Cela ne relève pas de nous, cela
relève du ministère de la Justice.
M. Goulet: Sauf dans chaque district, oui. C'est-à-dire
que, légalement parlant, s'il y a X districts judiciaires, on peut
retrouver X commerces avec exactement le même nom et aucun lien entre
eux?
Mme Payette: Je crois d'ailleurs que cela existe. Je crois que
cela existe. Je me souviens j'empiète peut-être sur
l'élément de mon collègue du fichier central qu'il
y a un exemple qui a déjà été donné,
c'était celui d'Hôtel Central. Apparemment, il existe une
quarantaine d'hôtels portant le nom d'Hôtel Central dans la
province de Québec. Cela ne semble causer de problème à
personne. Ils sont tous de la même qualité d'ailleurs. Je ne les
ai pas tous visités.
M. Goulet: Cela termine, M. le Président, pour le
programme.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il d'autres questions, M.
le député de Jacques-Cartier, concernant la création et la
modification de personnes morales?
M. Saint-Germain: Dans le tableau que vous nous avez
distribué ici, le tableau I, pour ce qui concerne les demandes
d'incorporation, je vois qu'en 1966/67, il y en a eu 11 950; en 1977/78, 10426
et, en 1978/79, 9744. C'est un nombre qui est en régression
annuellement. Nous savons pertinemment que la situation économique dans
la province est assez difficile. Nous savons aussi qu'il y a des
déménagements, des sièges sociaux qui changent de place.
Il y a eu des faillites assez considérables dans le passé.
M. Gagnon: J'aimerais bien pouvoir entendre. Est-ce que vous
pouvez parler un peu plus fort?
Une Voix: Ce n'était pas important.
M. Saint-Germain: Je m'excuse. J'ai dit qu'on a remarqué
que le nombre de demandes d'incorporation était en régression; de
1976 à 1978 et 1979, 11 950, 10 426, 9744. Nous savons pertinemment que
la situation économique dans la province de Québec actuellement
est assez difficile. Est-ce que ces chiffres reflètent la situation
économique ou y a-t-il d'autres raisons qui expliquent cette
régression constante?
Mme Payette: M. le Président, nous pensons que les
chiffres n'ont peut-être même rien à voir avec une situation
économique. Ils ont beaucoup à voir, cependant, avec la
vétusté de la Loi des compagnies au Québec, et cela nous
en avons déjà discuté l'année dernière. A
partir du moment où il est rendu extrêmement facile d'obtenir une
incorporation au niveau du gouvernement fédéral, il est
évident que dans certains cas où certains administrateurs plus
pressés désirent une incorporation rapidement, ils seraient
tentés de s'adresser au fédéral pour obtenir cette
incorporation. Nous pensons qu'avec les amendements, que nous allons proposer
à la Loi des compagnies, en attendant la réforme qui, elle, sera
complète dans deux ans, nous allons peut-être arriver à
corriger cette tendance.
M. Saint-Germain: Quel est actuellement le pourcentage des
nouvelles compagnies qui demandent une incorporation, qui le font à
Ottawa au lieu de le faire dans la province de Québec?
Mme Payette: Si vous le demandez en termes de pourcentage,
malheureusement, j'aurai un peu de difficulté à vous
répondre parce qu'on ne tient pas de statistique là-dessus.
D'après certains renseignements que j'ai eus, qui ne sont pas officiels,
on me dit qu'il y aurait environ une dizaine de milliers de corporations
commerciales qui se seraient constituées à Ottawa l'année
dernière, à ce qu'on me dit; ce n'est pas officiel comme
chiffres, mais c'est autour de cela.
M. Saint-Germain: On nous dit de temps à autre que la
majorité des compagnies qui s'incorporent au niveau
fédéral sont du Québec, même en tenant compte de
toutes les autres provinces. Est-ce que c'est fondé?
Mme Payette: Les chiffres officiels, je ne les ai pas. Je ne peux
que me fier à ce que j'ai entendu dire. Il me semble que ce soit
fondé. Effectivement, la plupart des corporations qui sont
formées au gouvernement fédéral ont un siège social
enfin, c'est surtout à partir du siège social qu'on dit
ça ont un siège social dans la province de Québec.
Maintenant, il faut tout de suite dire une chose. Je ne sais pas, moi, il y a
quand même la possibilité que des Ontariens puissent former une
compagnie fédérale et avoir un siège social n'importe
où au Canada. Or, peut-être que pour différentes raisons,
elles peuvent établir leur siège social au Québec aussi.
Maintenant, je ne dis pas que ce soit dans tous les cas, mais ça peut se
produire. Or, comment décanter la part des Québécois et
des non-Québécois? Cela peut être un petit peu difficile.
Mais il reste quand même un fait, c'est qu'on a constaté que la
plupart des compagnies fédérales ont leur siège social
dans la province de Québec. (20 h 15)
M. Saint-Germain: L'année dernière, nous avions
fait ressortir cette situation et on nous avait répondu qu'on
étudiait actuellement ce projet de loi, très complexe, qui
voudrait changer du tout au tout la Loi des compagnies. On avait
suggéré, si je ne m'abuse, de la modifier au moins partiellement,
pour ce qu'il y a de plus urgent, constatant la situation qu'on vient de
décrire. Je vois qu'on nous a promis que ces modifications seraient
faites. Je crois qu'il est grandement temps. On est même un petit peu en
retard à ce sujet.
Mais, de toute façon, je passe maintenant à l'argent
dépensé à l'élément 2. En 1978/79, on a
dépensé $1 559 000. Cette année, on se propose de
dépenser $1 588 000. Il me semble que c'est une augmentation peu
considérable.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député pourrait nous indiquer de quel tableau il fait
état?
M. Saint-Germain: Elément 2.
Le Président (M. Marcoux): Elément 2 de la
synthèse, le chiffre pour 1978/79 par rapport à celui de 1979/80,
une augmentation de $29 000.
M. Saint-Germain: Cela me semble une augmentation assez minime,
considérant qu'il faut faire l'étude d'une nouvelle loi et voir
à son application. Est-ce qu'on peut me dire si, dans ces sommes, on a
prévu et une nouvlle loi et les frais d'application des modifications
qu'une nouvelle loi pourrait apporter?
Mme Payette: II y a des crédits qui sont prévus
dans le budget du service justement pour l'étude de la loi se rapportant
particulièrement à la Loi des compagnies. Evidemment, pour ce qui
est de l'application de la loi elle-même, il est d'usage que, lorsqu'un
nouveau projet de loi est présenté à la Chambre, s'il y a
des crédits additionnels qui sont nécessaires pour son
application, on en fasse la demande à ce moment-là. Le budget qui
a été adopté l'a surtout été en fonction des
opérations courantes du service; c'est cela que ça
reflète.
M. Saint-Germain: Disons que ces sommes représentent
simplement le maintien du statu quo. Il faudrait y ajouter les sommes d'argent
nécessaires pour l'application d'une nouvelle loi.
Mme Payette: Pour ce qui est de l'application d'une nouvelle loi,
vous avez raison; pour ce qui est de l'étude et de la préparation
d'une nouvelle loi, ça se trouve dans le budget, c'est
déjà dans le budget.
M. Saint-Germain: Cela n'a pas nécessité
d'augmentation des sommes qu'on voit, du moins c'est une augmentation
minime.
Mme Payette: Le travail est accompli par les personnes
engagées pour cette recherche sur la loi; on ne peut pas prévoir
tellement d'augmentation à ce poste parce qu'il y a un certain travail
qui se fait, il y a un certain nombre de personnes qui sont là et qui
donnent un certain volume de travail. Une augmentation signifierait quoi? Qu'on
ajoute du personnel ou qu'on augmente le temps qu'on va consacrer à
l'étude?
M. Saint-Germain: D'habitude...
Mme Payette: Actuellement, c'est un peu...
M. Saint-Germain: Sinon l'étude, du moins l'application
d'une nouvelle loi nécessite habituellement un surcroît de
personnel.
Mme Payette: Pour cela, je suis entièrement d'accord.
D'ailleurs, pour l'application, il y a des études qui sont
présentement en cours afin de faire des projections sans naturellement
anticiper de façon trop précise sur ce que sera la loi finale une
fois qu'elle aura été sanctionnée. On risque quand
même quelques projections sur ce que pourrait être le projet de loi
s'il était adopté dans l'état où il se trouve
actuellement. Les études sont faites et on est en train de se
préparer, de rédiger les projets de procédure et
d'évaluer les ressources que ça va prendre, etc, et tout cela
sera négocié au Conseil du trésor.
M. Saint-Germain: Au tableau 3, maintenant, je vois dans le
document que madame a bien voulu nous remettre, pour les revenus nets
perçus, si on fait la comparaison entre 1977/78 et 1978/79, il y a
là une augmentation marquée. Qu'est-ce qui explique cette
augmentation?
Mme Payette: C'est le résultat d'une décision
gouvernementale d'augmenter les frais encourus par les compagnies ou les
individus qui s'adressent au ministère pour obtenir soit des copies ou
des certificats quelconques. On a tout simplement fait l'ajustement du
coût véritable de ce que cela pouvait représenter pour le
gouvernement d'émettre des copies.
M. Saint-Germain: C'est exactement, M. le Président, ce
que j'avais cru. Il reste qu'on a augmenté les frais de $1 336 000 ou un
peu moins de $1 340 000.
Mme Payette: Là-dessus, je me permets quand même de
préciser une chose, surtout en ce qui concerne les honoraires pour la
constitution de la compagnie. Il y avait très longtemps que les
honoraires n'avaient pas été augmentés. On a pensé
que cela n'était pas exagéré, à ce moment-ci,
d'ajuster un peu, si vous voulez, à la hausse du coût de la vie,
les honoraires requis pour constituer une compagnie. Cela fait
déjà un certain temps que je suis au ministère et les
honoraires pour la constitution d'une compagnie n'avaient jamais
été augmentés. Cela faisait plusieurs années, de
très nombreuses années, qu'il n'y avait pas eu d'augmentation
à ce chapitre, en fait, je pense depuis 1964 au moins. Naturellement les
honoraires au gouvernement fédéral ont augmenté avec la
nouvelle loi. Les honoraires auparavant, sous l'ancienne loi, étaient
comparables à ceux du Québec, avant notre augmentation.
Même, je pense que le gouvernement fédéral avait d'ailleurs
des honoraires plus élevés que ceux du Québec. Avec leur
nouvelle loi, les honoraires ont augmenté de façon assez
spectaculaire. On a également enregistré une certaine
augmentation, mais qui nous laisse encore bien en-deçà des
honoraires du gouvernement fédéral.
M. Saint-Germain: Je ne dis pas que vous ne dites pas la
vérité. Je ne doute pas que, surtout s'il n'y a pas eu
d'augmentation de ces frais, augmentation aux compagnies, les frais ont tout de
même augmenté. Mais il reste qu'avec toutes les taxes
que nous payons au Québec, nous sommes la province la plus
taxée au pays, c'est une façon indirecte d'aller chercher de
l'entreprise un autre million, c'est bien passé. Ces choses qui font que
de plus en plus l'appareil gouvernemental est lourd et nécessite, oblige
de plus en plus le gouvernement à aller fouiller dans les poches des
contribuables. Quand ce n'est pas pour une raison, eh bien, c'est pour une
autre. Seulement, ce sont toujours les mêmes gens qui payent, surtout en
ce qui regarde les compagnies. Elles sont déjà bien taxées
au Québec et enfin, c'est une autre façon d'aller chercher $1 300
000 à peu près.
Mme Payette: M. le Président...
M. Saint-Germain: M. le Président, ce que je
voulais...
Mme Payette: ... on va chercher ce million auprès des gens
qui forment des compagnies, autrement, avec les augmentations de salaire des
fonctionnaires, ce serait l'ensemble des citoyens du Québec qui paierait
pour l'incorporation de ces compagnies, alors qu'il y a un travail qui est fait
au niveau du ministère pour lequel d'ailleurs même ce qu'il en
coûte maintenant n'est pas une somme très élevée.
Nous avons tout simplement ajusté, même pas de façon
réaliste, mais raisonnablement au coût de la vie, ce que cela
représentait comme dépense.
M. Saint-Germain: Je ne doute pas que madame dise la
vérité. Logiquement, elle a tout à fait raison. On a
changé le classement de la Commission des accidents du travail, on est
allé chercher encore quelques millions de plus chez les compagnies. Cela
se continue. Pourtant, la situation est difficile au Québec et on
aimerait bien voir la naissance de compagnies qui pourraient créer des
emplois.
Mme Payette: On a coupé la taxe de vente à la
place.
M. Saint-Germain: Vous avez coupé la taxe de vente, mais
les déficits ont augmenté. Alors, cela ne change pas grand-chose.
Les citoyens du Québec de demain paieront pour l'abaissement de la taxe
de vente que vous accordez aux citoyens d'aujourd'hui. Tout ceci se
reflète simplement par un déficit budgétaire.
Je voulais simplement faire ressortir que le gouvernement allait
chercher encore au-dessus d'un million dans diverses compagnies.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 2 sera adopté?
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Laberge: Au tableau 2 du cahier explicatif des crédits,
on parle des rapports annuels reçus. Pourriez-vous nous dire quel est le
pourcentage parce que je n'ai pas fait le calcul et ce serait
peut-être un peu compliqué des compagnies en exploitation,
c'est-à-dire des compagnies actives, qui produisent leur rapport annuel?
Je trouve que c'est un chiffre déjà très
élevé, au-delà de 100 000 compagnies qui produisent leur
rapport annuel. Cela représente combien, par rapport au nombre de
compagnies actives?
Mme Payette: Vous parlez sans doute de la colonne première
partie, troisième partie, 76 560 plus 12 714?
M. Laberge: C'est ça, ce qui fait 89 000, à peu
près.
Mme Payette: Ecoutez, là-dessus, je peux vous donner un
chiffre que je possède un peu par hasard, parce que j'ai eu à
demander cette information au fichier central. On m'a dit qu'en date du 3 mars
de cette année, il y avait au Québec environ 90 000 compagnies,
constituées en vertu de la première partie de la Loi des
compagnies, qui étaient actives. Si on compare ça au chiffre de
76 560, on peut calculer à peu près un pourcentage, si vous
voulez.
M. Laberge: D'accord. Mme Payette: Cela doit être
autour... M. Laberge: Cela dépasse 80%. Mme Payette: Oui,
je pense.
M. Laberge: C'est une réponse. Une autre curiosité,
en lisant vos notes explicatives. Je ne connais pas le chapitre 304 des Statuts
refondus de 1964 qui se lit ici: la Loi des évêques. On dit:
requête pour constitution en 1977/78, 3 et en 1978/79, 6. Pourriez-vous
m'expliquer de quoi il s'agit, ma curiosité est piquée?
Mme Payette: Voici. Ce ne sont peut-être pas les lois qu'on
administre le plus souvent dans le sens qu'on administre mais qu'on n'a pas
à intervenir tellement souvent. La Loi des évêques est une
loi qui prévoit la constitution de l'évêque en corporation,
en personne morale. Cela lui confère la personnalité morale de
sorte que pour les fins civiles, pour les fins statutaires, lorsqu'il s'agit de
signer des contrats aux fins civiles, lorsqu'il s'agit possiblement, en cas de
contestation devant les tribunaux, d'être représenté devant
les tribunaux, l'évêque constitue une corporation, une personne
morale. Sa responsabilité financière, sur le plan civil, va
être limitée, comme pour n'importe quelle personne morale. Et il a
la personnalité juridique.
M. Laberge: Je vous remercie beaucoup. C'était par rapport
aux autres lois dont le titre s'explique assez bien; celle-là, je ne
pouvais vraiment pas la comprendre sans avoir lu la loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur la loi de la main morte?
M. Laberge: Je n'ai pas envie de devenir évêque
demain.
Mme Payette: M. Rioux, dont l'érudition en matière
de droit des compagnies est inépuisable, me souffle à l'oreille
qu'en vertu d'un article de cette loi l'évêque a la
possibilité de constituer des corporations filiales à
défaut d'un autre terms, j'utiliserai celui-là pour donner
naissance à des oeuvres de charité et de bienfaisance, par
exemple.
M. Laberge: Sous l'empire de la Loi des évêques.
Mme Payette: Sous l'empire de cette loi.
M. Goulet:... évêques pour donner naissance, mais
là...
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 2 du
programme 2 est adopté.
Mme Payette: M. le Président, il nous reste à
aborder l'élément 3, les caisses d'épargne et de
crédit.
Le Président (M. Marcoux): Elément 3.
M. Goulet: Est-ce que M. le député de
Jacques-Cartier a des questions?
M. Saint-Germain: S'il vous plaît, oui! Associations
coopératives
Mme Payette: Excusez-moi, les associations coopératives.
J'avais sauté l'élément 3 du programme 2.
M. Saint-Germain: Contrôle, surveillance et
développement des associations coopératives. Nous en sommes
là.
Mme Payette: C'est exact.
M. Saint-Germain: Est-ce que l'étude de la
Société de développement coopératif est à
cet élément? (20 h 30)
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas
d'élément comme tel pour les sociétés
parapubliques. Normalement, il n'y a pas d'élément, mais je
suppose que le ministre acceptera des questions à cet
élément. Normalement, c'est comme pour la Régie de
l'assurance automobile.
Mme Payette: C'est exact, M. le Président, mais, suivant
les questions, il y a peut-être certaines questions auxquelles nous
pourrons répondre sans aucun problème. Si on entre dans le
détail des projets soumis à la Société de
développement coopératif, je dois vous dire que nous ne serons
probablement pas en mesure de répondre sur les projets qui sont
étudiés ou en cours. Mais sur le fonctionnement, je ne m'oppose
pas à ce qu'on réponde à des questions.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on aura l'avantage d'avoir parmi
nous, lors de l'étude de ces crédits, les représentants de
la Société de développement coopératif?
Mme Payette: M. le Président, cela n'a pas
été prévu, puisqu'il s'agit là non seulement d'une
société autonome, mais c'est en plus une société
dont le conseil d'administration est majoritairement composé de
représentants du mouvement coopératif. Je ne crois pas que la
commission des crédits puisse interroger ce conseil d'administration
dans le cadre des travaux qui sont en cours présentement. J'ai
annoncé, ce matin, cependant, que nous envisagions des amendements
à la Loi de la Société de développement
coopératif. Dans ce sens, nous serions en mesure de répondre aux
questions, s'il y en a.
M. Saint-Germain: Nous sommes appelés, à cette
commission, à étudier des crédits et une partie de ces
crédits seront versés à la Société de
développement coopératif.
M. Goulet: $400 000.
M. Saint-Germain: C'est un montant, me dit mon collègue,
de $400 000. A titre de députés, nous sommes dans l'obligation et
ce sont là nos responsabilités de voir à ce que ces $400
000 soient dépensés adéquatement et dans le meilleur
intérêt des contribuables. Je suis un peu surpris de l'attitude de
Mme le ministre, d'autant plus que, dès le début, elle nous a
avertis qu'elle ne pourrait pas répondre à toutes les questions.
Je me demande par quel raisonnement...
Mme Payette: Je pense qu'il y a une erreur
d'interprétation. Nous acceptons de répondre à toutes les
questions qui concernent le ministère dans ses rapports avec la
Société de développement coopératif. J'en ai
moi-même fait état ce matin à l'ouverture de cette
commission, en annonçant que nous envisagions donc des amendements
à la Loi de la Société de développement
coopératif dont nous sommes absolument disposés à parler.
Il s'agit là d'une société très particulière
qui n'est pas une société d'Etat, c'est une société
mixte où la majorité du conseil d'administration est
nommée par le mouvement coopératif. C'est peut-être,
à ma connaissance, la seule société qui se trouve dans
cette situation-là pour des raisons très particulières,
parce qu'au moment de l'étude de la Loi de la Société de
développement coopératif, nous avions choisi de donner la
responsabilité du développement au mouvement coopératif,
donc la majorité au conseil d'administration. Dans ce sens, on se
retrouve devant une société qui n'est pas une
société d'Etat, mais une société dans laquelle le
gouvernement, cependant, investit des fonds qui sont administrés,
majoritairement, par des représentants du mouvement
coopératif.
Le Président (M. Marcoux): Des questions...
M. Saint-Germain: Je sais pertinemment, M. le Président,
que la majorité des représentants de cette société
sont du mouvement coopératif. D'ailleurs, nous avions fait, nous de
l'Opposition, lors de l'étude de cette loi, un long débat
là-dessus. Mme le ministre avait bien voulu admettre que nos
représentations étaient fondées, parce qu'elle a eu la
courtoisie ou l'amabilité de modifier la loi en ce sens. Quel que soit
le statut de cette Société de développement et quelle que
soit la responsabilité du mouvement coopératif dans cette
société, il reste que, ce soir, nous sommes appelés
à voter des fonds en vue de la mise en force des politiques
établies par cette société et je crois qu'il est de notre
responsabilité de trouver des réponses à nos questions qui
nous permettront...
Mme Payette: M. le Président, je ne voudrais pas...
M. Saint-Germain:... de savoir si cette société a
établi des priorités valables, puisqu'elle nous demande l'argent
pour les établir, et si cet argent serait dépensé
adéquatement. C'est le but de cette commission, d'ailleurs.
Mme Payette: Je ne voudrais pas décevoir le
député de Jacques-Cartier, mais je suis presque obligé de
lui faire remarquer qu'il n'a pas le choix de voter ou de ne pas voter ces $400
000, puisque la Loi constituant la Société de
développement coopératif indique que nous devons verser à
cette société $400 000.
M. Saint-Germain: II nous appartient tout de même, madame,
et c'est la responsabilité de cette commission, de savoir comment vont
être dépensés ces fonds publics. Je me demande pour quelle
raison on voudrait nous priver de la présence des représentants
de cette société ce soir ou, si ce n'était pas ce soir,
cela pourrait être demain.
Mme Payette: Le député de Jacques-Cartier a
souligné tout à l'heure que l'Opposition avait fait des
représentations au moment de l'étude de la Loi de la
Société de développement coopératif pour s'assurer
que le gouvernement donne au mouvement coopératif la majorité au
conseil d'administration. C'est exact. C'est à la suite de la
représentation de l'Opposition que nous nous sommes rendus à ces
arguments et que nous avons concédé cela. Je me souviens que mon
débat, à ce moment, était de dire: Le gouvernement
investit de l'argent, le gouvernement en est responsable et le gouvernement
devra rendre des comptes. Nous nous sommes rendus aux demandes de l'Opposition,
qui exigeait que nous donnions la majorité du conseil d'administration
au mouvement coopératif. Le député voudrait reprendre ce
pouvoir maintenant et demander à ce mouvement coopératif de venir
justifier les sommes qui sont là. C'est absolument contradictoire par
rapport A ce que l'Opposition avait demandé et que nous avons reconnu
comme juste en adoptant la Loi de la Société de
développement coopératif.
M. Saint-Germain: Je me demande pour quelle raison Mme le
ministre veut tellement se cacher, en arrière de ses fonctionnaires, en
arrière des régies ou en arrière d'une
société comme la Société de développement
coopératif. Il me semble qu'il serait tellement plus simple
d'étaler réellement devant le public la situation telle qu'elle
se passe et de faire connaître au public de quelle façon les fonds
publics sont dépensés. Il me semble que c'est là la base
du parlementarisme. C'est là la raison même de la formation de
cette commission. Lorsque nous avons, à titre de membres de
l'Opposition, voulu que dans l'administration de cette corporation, les
représentants des coopératives soient en majorité, nous
n'avons jamais en même temps renié notre droit à
contrôler les fonds que notre gouvernement remet à cette
société. Cela n'a jamais été discuté.
Mme Payette: Le député de Jacques-Cartier, s'il
affirme ce qu'il affirme, dit qu'il ne s'est pas rendu compte, au moment
où il proposait que la majorité du conseil
d'administration...
M. Saint-Germain: Arrêtons donc de jouer sur les mots! Je
me suis rendu compte de tout, comme je me rends compte que madame ne veut pas
répondre à nos questions et qu'elle veut se cacher en
arrière des lois, en arrière des régies, en arrière
des fonctionnaires et en arrière de tout le monde. C'est la
situation!
Mme Payette: Est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Marcoux): Mme le ministre.
Mme Payette: Je continue, M. le Président. Je pense que le
député ne s'est pas rendu compte qu'il perdait, à ce
moment, le droit de discuter à la commission des crédits de cette
somme, à partir du moment où la majorité du conseil
d'administration vient du mouvement coopératif. Cette
société, cependant, est tenue, de par la loi, de déposer
son rapport annuel à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Saint-Germain: J'ai même l'impression que les
représentants de la société seraient bien aises
d'être devant nous ce soir. On sait qu'il y a là actuellement des
difficultés. On sait qu'il y a eu un changement dans la direction. On a
changé certains directeurs. Il y a eu des démissions.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Jacques-Cartier est en train d'induire cette commission en erreur. Il n'y a eu
aucun changement à la Société de développement
coopératif.
M. Saint-Germain: Vous m'affirmez qu'il n'y a pas eu de
démission?
Mme Payette: A l'exception du départ de M.
Tétreault, qui était le sous-ministre représentant le
ministère à cette société, et qui l'a
quittée, effectivement, mais il n'y a eu aucun autre changement.
M. Saint-Germain: En voilà un, toujours! Je n'avais pas
complètement tort!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président,
justement au niveau de la Société de développement
coopératif. C'est juste pour reculer au moment où la loi a
été adoptée. Est-ce que les $400 000 étaient
seulement un montant pour un budget de départ ou si c'est un montant qui
va revenir annuellement? C'était pour le budget de départ, si je
me souviens bien, n'est-ce pas?
Mme Payette: C'est dans ce sens que j'ai annoncé des
amendements...
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: ... éventuels à la Loi de la
Société de développement coopératif.
M. Goulet: Non, mais les $400 000 qu'on retrouve ici au chapitre
3, c'était pour le budget de départ, à la suite...
Mme Payette: Ce n'était pas mentionné que
c'était le budget de départ.
M. Goulet: Non?
Mme Payette: C'était le budget qui était
alloué par la loi à la Société de
développement coopératif. Nous songeons présentement
à amender la loi pour changer justement ces chiffres qui
s'avèrent trop peu, à partir de l'expérience vécue
par la société de développement depuis quelques mois.
M. Goulet: M. le Président, au chapitre 3, programme 2,
élément 3, au niveau du développement des associations
coopératives, est-ce que le ministère projette quelque chose de
nouveau au niveau des coopératives funéraires? Est-ce que vous
avez des budgets qui vont aller pour la je ne sais pas si je peux
appeler ça ainsi promotion, pour pousser ça, si vous
voulez...
Mme Payette: L'élargissement du champ d'action,
peut-être.
M. Goulet: ... l'élargissement du champ d'action des
coopératives funéraires, madame, vous avez trouvé le...
Non, mais pour la promotion à l'intérieur de petites
municipalités. Dans ma région, on entend parler de plus en plus
des coopératives funéraires. Ce sont les CLSC qui poussent
ça. Est-ce que les CLSC travaillent avec vous et est-ce qu'il y a un
budget versé à ça pour essayer non pas que chaque petite
municipalité, mais que chaque région puisse posséder sa
coop funéraire ou, simplement, ça vient des CLSC et le
ministère des Affaires sociales... Est-ce qu'il y a des montants
accordés aux CLSC pour ça? Non?
Mme Payette: En rapport avec le service des associations
coopératives, il n'y a pas eu de subventions qui ont été
accordées aux coopératives funéraires. Peut-être
que... Je ne voudrais pas parler pour le ministère des Affaires
sociales, mais, selon ce que je peux contrôler, je ne crois pas
également qu'il y ait eu d'aide financière. Cependant, au niveau
du service des coopératives, on suit de très près
l'évolution, le développement des coopératives
funéraires qui, présentement, sont au nombre de 28. Cependant,
elles ne se développent pas au niveau des paroisses. C'est sur ce plan
qu'on apporte une assistance, pour faire en sorte que chaque entreprise qui va
être formée soit une entreprise viable et, à partir de ce
moment-là, évidemment, même si ce sont des
coopératives funéraires, ça prend quand même un
certain volume, un certain potentiel pour qu'elles puissent être
efficaces sur le plan économique.
En ce qui a trait aux développements qui se font à l'heure
actuelle, il existe un comité permanent qui est formé de
représentants de notre service avec le Conseil de la coopération
du Québec et qui est en contact fréquent avec les
coopératives funéraires et, actuellement, un projet de
fédération de coopératives funéraires est à
l'étude et je crois que dans le cours de l'année 1979/80, ce sera
un secteur structuré.
M. Goulet: Actuellement, il n'y a pas de subventions qui ont
été versées pour...
Mme Payette: Non.
M. Goulet: D'accord. Dans un autre domaine, les
coopératives forestières, je prends un exemple que je connais, un
exemple pertinent qui touche mon comté.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une information supplémentaire?
M. Goulet: Certainement madame.
Mme Payette: II n'y a pas eu de subvention versée, mais il
n'y en a pas eu de demandée.
M. Goulet: A ce moment-là, si je peux employer le mot
"promotion", ça vient des CLSC. Pourquoi une telle...
Mme Payette: C'est une question qu'il faut poser aux CLSC.
M. Goulet: Non, je comprends. C'est ce que je voulais savoir de
monsieur. Alors, indirectement, j'ai eu la réponse.
Mme Payette: C'est une réponse spontanée. Je ne
trouve pas ça mauvais que les CLSC mettent
de l'avant des projets de ce genre, si ça peut être utile
aux citoyens.
M. Goulet: Oui. C'est parce que dans nos régions, les
comtés ruraux, à faible densité de population où il
n'y a pas de villes, lorsqu'on parle d'ouvrir une coopérative
funéraire, automatiquement on ferme une entreprise privée. C'est
très rare qu'il y ait de la place pour deux, comparativement à
des villes telles Québec ou Montréal. En tout cas, à deux
ou trois reprises, ce sont les propos que j'ai entendus souvent au bureau. (20
h 45)
Au niveau des coopératives forestières, la
Coopérative forestière de Sainte-Apolline, ça vous dit
quelque chose? Lors de la loi qui traitait de REXFOR, en deuxième
lecture, il y a eu une espèce de chicane; deux organismes, l'un
subventionné par le ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières et l'autre par le
ministère des Terres et Forêts, se chamaillaient avec l'argent du
public, à savoir qui avait raison et qui devait gérer la
forêt des Appalaches. Est-ce que vous êtes au courant de ce dossier
et est-ce qu'il y a d'autres dossiers semblables au Québec?
Mme Payette: D'abord, il faudrait préciser que la
Coopérative de gestion forestière des Appalaches c'est son
nouveau nom qui était autrefois la Coopérative de
Sainte-Apolline n'est pas subventionnée. Il y a eu une subvention la
première année, pour son départ, mais elle n'a pas
reçu de subvention de notre ministère pour l'année
1978/79. Je ne parlerai pas pour REXFOR parce que cela concerne un autre
ministère. Cependant, il est exact qu'il y a des problèmes qui se
situent dans le partage de la forêt domaniale parce que les syndicats qui
considèrent avoir des droits acquis et je ne veux pas discuter
non plus de ce point et qu'ils devraient maintenir avec REXFOR leur
quote-part de travail qu'ils avaient depuis nombre d'années. La
coopérative, évidemment, revendique également sa part. A
l'heure actuelle, c'est une question qui est en train d'être
tranchée parce que l'étude se fait avec trois parties: le
syndicat, REXFOR et la coopérative. Le service des coopératives a
été appelé à participer avec le ministère
des Terres et Forêts à la formation d'un groupe de travail dans
l'espoir d'en arriver à une entente.
Au moment où on se parle, l'entente n'est pas encore
définitive, mais il semble que ce soit en voie de règlement. La
coopérative va obtenir une part assez importante pour une période
de cinq ans et REXFOR aura, avec le syndicat, une autre part qui sera plus
importante que celle de la coopérative.
M. Goulet: M. Roy? M. Rioux. Vous dites que dans ce cas le
ministère n'a pas subventionné la coopérative cette
année. Lorsque la coopérative a vu le jour, il y a certainement
eu une subvention de votre ministère.
Mme Payette: En 1974.
M. Goulet: Justement, ma question est au niveau du principe.
Lorsqu'il y a, à l'intérieur d'une région, soit une
société d'Etat ou une entreprise gouvernementale
déjà subventionnée par les deniers des
Québécois, est-ce que c'est pratique courante ou est-ce un cas
isolé qu'un autre ministère vienne lui faire compétition?
Si on connaît le but pour lequel REXFOR a été fondé,
c'est parce que l'entreprise privée n'avait pas réussi à
être rentable dans cette région; REXFOR a été
fondée, et c'était son but premier. Avec l'argent du
ministère, donc l'argent du peuple, vous subventionnez une
coopérative dans la même région et souvent il y a de la
place seulement pour un organisme. Est-ce que c'est un cas isolé, la
Coopérative forestière des Appalaches, ou cela se produit-il
ailleurs? C'est cela que je veux savoir. Est-ce que vous avez d'autres
exemples...
Mme Payette: M. le Président, juste une information pour
le député. Là non plus il n'y a pas eu de demande de
subvention après la première année. C'est important de le
savoir, ce n'est pas qu'on n'en donne pas, c'est qu'à un moment
donné il n'y a pas de demande de subvention. En ce qui concerne la
situation particulière de ce secteur des coopératives au
ministère, je pense qu'il faut être conscient que ce qui s'appelle
coopérative n'est pas exclusif au ministère et que nous avons
à vivre en collaboration avec un certain nombre d'autres
ministères. Il est évident que notre préoccupation, qui
est la naissance d'une coopérative si le milieu en manifeste le
désir, qui est l'accompagnement de cette coopérative si elle a
des besoins techniques que nous pouvons lui fournir, ça n'a pas
l'envergure des préoccupations des ministères comme les Terres et
Forêts, les Affaires municipales dans certains cas, l'Agriculture dans
d'autres cas.
Nous travaillons de concert avec les autres ministères, mais
notre rôle n'est pas un rôle de développement de
coopératives; ce rôle est dévolu à la
Société de développement coopératif. Le CCQ pour sa
part a un autre rôle à jouer et le rôle du ministère
n'est pas un rôle de développeur. Notre rôle est de faire en
sorte, un peu comme au service des compagnies, qu'une coopérative puisse
naître, qu'elle remplisse les conditions qui sont imposées par la
loi qui régit les coopératives et nous accompagnons sur le plan
technique cette coopérative, en termes de conseils, si elle en a
besoin.
M. Goulet: Mme le ministre, c'est à deux reprises que vous
me soulignez qu'il n'y a pas eu de demandes. Est-ce que je dois conclure qu'au
niveau du Québec, si les groupements coopératifs faisaient des
demandes, il y aurait plus d'argent de disponible? Je ne parle pas de l'aide
technique, mais au niveau monétaire est-ce que je dois conclure qu'il y
aurait plus d'argent de disponible?
Mme Payette: Cela aurait probablement changé le rôle
du service des coopératives du ministère
si, à travers les années, il y avait eu des demandes
importantes. Il serait peut-être arrivé par la force des choses
je ne parle pas seulement des deux ans et demi qui sont derrière
nous, mais auparavant que le ministère se serait retrouvé
avec un rôle de développeur, alors qu'il nous apparaissait, depuis
plusieurs années, même sous l'ancien gouvernement, que ce
rôle devait être dévolu à une société,
qui est la Société de développement coopératif que
nous avons réalisée. Je continue de penser que le
ministère n'est pas un ministère de subventions des
coopératives, pas plus que c'est un ministère de subventions des
compagnies. Notre service est un service d'incorporation de compagnies et pour
les coopératives c'est un rôle semblable, avec une
définition qui est différente parce qu'il s'agit de
coopératives.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci M. le Président, je vois dans le nombre
de nouvelles coopératives qui ont été formées cette
année, dans les coopératives d'habitation, jusqu'au 31 du
3ième mois 1978, qu'on avait 65 coopératives d'habitation au
Québec et que cette année on en ajoute 44. Encore là,
votre rôle c'est un rôle technique, c'est un rôle pour aider
à la formation de coopératives d'habitation. Est-ce qu'on peut
savoir surtout à quels endroits ces coopératives ont
été formées? Est-ce que c'est dans Montréal,
Québec ou que c'est surtout en région?
Mme Payette: Ces coopératives ont été
formées en très grande majorité dans la région de
Montréal et dans la région de Québec.
M. Gagnon: Montréal et Québec, et vous n'avez pas
le nombre de logements que cela peut représenter?
Mme Payette: On ne contrôle pas de statistiques de
logements. Cependant, on est en communication régulière avec la
Société d'habitation du Québec qui elle, nous fournit ces
statistiques. Le dernier rapport qu'on a obtenu, c'est que pour l'année
en cours il se serait donné 690 logements.
M. Gagnon: Jusqu'en 1978, on avait 65 coopératives
d'habitation. La ventilation de 65, est-ce que c'était depuis le
début? Cela a commencé quand?
Mme Payette: En ce qui a trait aux coopératives
d'habitation, il y a une distinction à faire entre les
coopératives d'habitation que j'appellerai nouvelle vague qui sont les
coopératives d'habitation locatives et les coopératives qui
existaient l'an passé, qui étaient des coopératives dites
de construction. Or, les coopératives dites de construction sont des
coopératives qui naissaient, réalisaient leurs objectifs de
construction et ensuite demandaient leur dissolution, donc, ce qui voudrait
dire que la progression des coopératives à venir jusqu'au nouveau
système de coopératives locatives, ce n'était que des
coopératives de passage. Les coopératives sont devenues
permanentes avec les coopératives d'habitation. Les coopératives
d'habitation, on pourrait mentionner qu'il y a eu deux vagues de
coopératives d'habitation. Une première qui a été
avec le mouvement qu'on a appelé Fédération Coop Habitat
dans les années 1970 jusqu'en 1972, qui a connu des problèmes
financiers et qui a dû arrêter de faire du développement. Il
y a eu une relance ces deux premières années, notamment cette
année, avec une nouvelle politique incitative venant de la SHQ qui a
amené des résultats qui sont assez importants, parce qu'il y a eu
44 nouvelles coopératives cette année.
M. Gagnon: En voie de formation c'est-à-dire
inopérantes, vous en avez cinq. Ce qui veut dire que ce sont des
coopératives en voie de formation ou si elles ne sont pas tout
simplement en marche?
Mme Payette: Les coopératives inopérantes qui
apparaissent sont des coopératives de construction qui n'ont pas
demandé leur dissolution et qui espèrent, un jour, entreprendre
de nouveaux projets.
M. Gagnon: Une dernière question là-dessus. On
parle beaucoup de la transformation d'édifices, soit d'écoles
désaffectées ou d'autres genres d'édifices pour faire des
logements. Est-ce que c'est surtout dans ce domaine que se former t les
coopératives ou est-ce de la construction neuve? Etes-vous au
courant?
Mme Payette: Sur le nombre de coopératives, vous en avez
44, il n'y en a que deux qui ont fait de la construction nouvelle, une
coopérative à Hull qu'on désigne sous le nom de Reboul et
la coopérative de Chicoutimi. Toutes les autres coopératives sont
dans la rénovation.
M. Goulet: M. le Président, j'ai cru comprendre qu'on
réclame Mme le ministre à l'extérieur, est-ce que c'est
possible?
Le Président (M. Marcoux): Vous entendez des voix que je
n'entends pas.
M. Goulet: Avant, il y avait des gens qui allaient leur porter
des "haut-parleurs", mais qui a fourni "les haut-parleurs" cette
année?
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Ce serait intéressant de savoir ce qu'on
dit.
M. Goulet: Ils contestent peut-être l'élection de
Jean-Talon, on ne sait jamais. Non?
M. Saint-Germain: L'année dernière, combien de
logements ont été rénovés à cause des
activités des coopératives, en 1978/79?
Mme Payette: En 1978/79, 90 nouveaux logements.
M. Saint-Germain: Nouveaux logements rénovés.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que c'est fini? Les rénovations
sont-elles amorcées ou est-ce que ce sont des logements dont la
rénovation est terminée?
Mme Payette: Pour la Société d'habitation du
Québec, un projet rénové, c'est un projet en cours et pour
lequel elle a versé des subventions pour la rénovation. Cela veut
dire qu'il y en a beaucoup plus que ça qui sont en cours, mais ils n'ont
pas encore atteint les normes pour obtenir la subvention.
M. Saint-Germain: Et l'année précédente?
Mme Payette: L'année précédente, les
chiffres totaux sont de 880 logements à peu près, pour 1978/79,
mais ça a débuté en 1977, ce qui signifie environ 200
l'année précédente.
M. Saint-Germain: L'année précédente, 200;
cette année, au-delà de 600.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas, M. le Président, si
c'est la société de développement des coopératives
ou si c'est le ministère, mais Mme le ministre nous avait bien dit qu'en
ce qui regarde le développement coopératif, ce seraient les
coopératives d'habitation, les coopératives forestières et
les coopératives de consommation qui seraient prioritaires. Je ne sais
plus si c'est une décision de la société de
développement.
Mme Payette: M. le Président, justement, il s'agit
là d'un programme de la Société d'habitation du
Québec et du ministère des Affaires municipales.
M. Saint-Germain: Vous nous aviez dit, lors de l'étude, si
je ne m'abuse, de la société de développement des
coopératives, qu'on aurait en priorité le développement
des coopératives dans trois champs d'activité, soit celui de
l'habitation, du domaine forestier et du domaine de la consommation.
Je remarque tout de même dans ce tableau I, du moins en ce qui
regarde l'évolution du nombre de coopératives, que dans le
domaine de l'habitation il y a eu progrès, puisqu'on est passé de
65 coopératives à 104. C'est une augmentation du nombre du moins
et on vient de me confirmer qu'il y a eu aussi augmentation du nombre de
logements rénovés. Je suppose que c'est le résultat des
politiques établies par la société de développement
des coopératives. Est-ce que j'ai raison?
Mme Payette: Les logements dont on parle sont le résultat
d'un programme de la Société d'habitation du Québec et du
ministère des Affaires sociales auquel nous avons participé,
ainsi que le CCQ, mais c'est un programme qui relève du ministère
des Affaires municipales.
M. Saint-Germain: Est-ce que ce programme était inclus
dans les...
Mme Payette: Cela a d'ailleurs démarré avant la
mise sur pied de la Société de développement
coopératif, si mes souvenirs sont exacts.
M. Saint-Germain: Quel a été le travail de la
Société de développement coopératif dans ces champs
prioritaires jusqu'ici? Quel a été le résultat de son
activité? (21 heures)
Mme Payette: Je pense qu'il faudra attendre le rapport de la
Société de développement coopératif pour
connaître ses activités dans des champs spécifiques. Ce
dont nous étions assurés, c'était de l'accord de la
Société de développement coopératif pour endosser
ces trois secteurs qui étaient prioritaires pour le gouvernement et qui
avaient été identifiés comme prioritaires également
par le CCQ, donc, le mouvement coopératif. Et la Société
de développement coopératif était d'accord pour en faire
des secteurs prioritaires.
M. Saint-Germain: Quel a été le résultat
dans ces champs d'activités?
Mme Payette: M. le Président, je ne serais pas en mesure
de donner cette information, parce qu'il faudrait que je dispose de l'ensemble
des projets qui ont été soumis à la Société
de développement coopératif, des projets qui ont
été retenus, ce que je n'ai pas, jusqu'au moment où le
rapport de la Société de développement coopératif
sera connu.
M. Saint-Germain: Nous sommes dans la même situation
qu'avec l'assurance automobile.
Mme Payette: Ce n'est pas tout à fait la même
chose.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui domine dans ce ministère?
Est-ce que ce sont les sociétés? Est-ce que ce sont les
régies? Ou est-ce que...
Mme Payette: M. le Président, nous avions
rédigé un projet de loi créant la Société de
développement coopératif qui nous conservait le pouvoir de regard
sur le conseil d'administration. C'est un pouvoir que nous avons
cédé devant les revendications de l'Opposition. Nous ne le
regrettons pas, parce que nous pensons de plus en plus, effectivement, que le
conseil d'administration, tel
qu'il est composé actuellement, comporte toute l'expertise qui
existe dans le mouvement coopératif au Québec et nous faisons une
confiance, non pas illimitée, mais presque, à nos partenaires
dans la Société de développement coopératif.
M. Saint-Germain: Vous leur faites tellement confiance, que vous
ne savez même pas ce qui se passe à ce niveau. C'est l'ignorance
totale. Aucune information ne peut nous parvenir ce soir?
Mme Payette: Ce soir non, mais nous avons des
représentants du gouvernement qui siègent à la
Société de développement coopératif. Ils ne sont
pas là en majorité, mais j'imagine que s'il y avait des
difficultés, nous en serions informés. Jusqu'à ce que le
rapport annuel soit connu, je n'ai pas de détails sur les
activités spécifiques de la Société de
développement coopératif.
M. Saint-Germain: Et les hautes autorités du
ministère n'ont pas été intéressées à
en avoir non plus?
Mme Payette: C'est-à-dire que les représentants du
ministère qui siègent au conseil d'administration sont au courant
du fonctionnement de la Société de...
M. Saint-Germain: On ne vous a pas fait rapport et vous n'en avez
pas demandé non plus?
Mme Payette: Je n'ai pas senti le besoin de demander un rapport
de cet ordre. Nos relations avec la Société de
développement coopératif sont très bonnes et, au
contraire, nous nous apprêtons à amender la loi pour favoriser
encore davantage la Société de développement
coopératif.
M. Saint-Germain: Alors, vous nous faites des affirmations selon
lesquelles le gouvernement a établi trois champs d'activités, au
niveau du développement coopératif, trois champs prioritaires, et
une fois que ces affirmations sont faites, c'est fini. Il n'y a plus moyen pour
l'Opposition, lors de l'étude des crédits, de savoir où on
en est et jusqu'à quel point...
Mme Payette: Cela ne relève pas des crédits du
ministère.
M. Saint-Germain: ... vos affirmations étaient
fondées, jusqu'à quel point ces affirmations étaient-elles
sérieuses et qu'est-ce que ces affirmations ont fait, quel a
été le résultat concret des affirmations que vous avez
faites? On n'a plus moyen de savoir cela. La population non plus.
Mme Payette: Pas plus, M. le Président, que je pourrais
dire au député de Jacques-Cartier comment sera fait le sommet
coopératif, même si nous y participions.
M. Saint-Germain: Nous ne sommes pas dans le même sujet. Le
sommet coopératif, c'est une chose.
Mme Payette: Cela fait partie des projets du
ministère.
M. Saint-Germain: Lorsqu'on vote $400 000, pour un an seulement,
et que tout à l'heure, on votera d'autres sommes à une
société...
Mme Payette: Vous n'avez même pas à le voter, M. le
député, c'est dans la loi.
M. Saint-Germain: On l'a votée?
Mme Payette: La loi, oui. Donc, vous allez verser les $400
000.
M. Saint-Germain: Tout à l'heure, vous allez arriver avec
une autre loi...
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Et cela va être encore d'autres
sommes.
Mme Payette: On en discutera à ce moment-là.
M. Saint-Germain: On en discutera à ce moment-là,
mais il n'y aura plus de suivi avec cela. Cela va être fini. C'est cela
qu'on appelle un gouvernement transparent, un gouvernement qui n'a rien
à cacher, un gouvernement qui veut bien dire à toute la
population où vont les... Il me semble qu'à titre de
député, si vous êtes intéressée au
développement coopératif, vous devriez avoir autant
d'intérêt que moi à savoir comment cela se conduit, ce qui
arrive au niveau de cette société. Cela ne vous intéresse
pas?
M. Gagnon: Pas votre paquet d'inventions!
M. Saint-Germain: Cela ne vous intéresse pas. C'est
surprenant.
M. Gagnon: Cela m'intéresse. J'ai posé des
questions justement dans le secteur où on a mentionné que
cela...
M. Saint-Germain: II me semble que vous devriez être en
arrière de moi pour avoir ces réponses. Ce sont des
réponses qui sont directes, bien concrètes, et pour lesquelles on
devrait avoir une réponse.
Mme Payette: M. le Président, je pense que nous sommes
à l'encontre du règlement. Cela ne fait pas partie des
crédits du ministère.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez raison. Nous revenons
à l'élément 3: Contrôle, surveillance et
développement des associations coopératives. Est-ce que vous avez
des questions ou des commentaires concernant cet élément?
M. Saint-Germain: Je pose des questions, mais les réponses
sont très écourtées, M. le Président. Il suffit de
me dire que je suis hors d'ordre
quand j'ai bien conscience que je suis en plein dans le sujet. Enfin,
ceux qui nous écoutent ou ceux qui vont nous lire jugeront.
En 1978/79, au niveau des contrôles, à
l'élément 3 une somme de $1 932 000 a été
allouée. Malgré toutes les difficultés qu'on a,
voilà que cette somme a diminué. Surtout si on pense vouloir
changer les lois qui gèrent ces fédérations, il est
très important de voir à ce que l'argent du public soit bien
utilisé. Qu'est-ce qui explique que cette somme ait diminué?
Mme Payette: La diminution se retrouve principalement au niveau
des coopératives. Ce dont il s'agit, c'est que les chiffres qui sont
inscrits dans le budget de 1979/80 pour 1978/79 sont des chiffres
rajustés. En cours d'année, l'an dernier, on a eu un virement du
ministère des Richesses naturelles pour les coopératives
esquimaudes. On a eu $900 000 de virement et, cette année, ce
budget-là, pour une raison technique, a diminué de $300 000,
chose qui sera rajustée en cours de route. Si on compare les chiffres de
1979/80 avec ceux de 1978/79, ce ne sont pas les mêmes chiffres que l'on
retrouvait l'an dernier dans le livre des crédits, parce que ce sont des
chiffres qui ont été rajustés pour différents
ajustements mécaniques.
M. Saint-Germain: Comment se fait-il qu'on nous arrive toujours
avec des chiffres qu'on doit étudier, qu'on doit accepter et qu'ils
soient constamment modifiés d'une façon ou d'une autre? On peut
se poser des questions là-dessus.
Mme Payette: M. le Président, c'est une situation
particulière qui est liée essentiellement à la mise en
oeuvre de l'entente qui a été signée avec...
C'est qu'après l'adoption du budget il y a eu
démantèlement de la Direction générale du
Nouveau-Québec qui était rattachée au ministère des
Richesses naturelles. Ceci a amené un transfert de fonds de $900 000 au
service des associations coopératives. On a également
augmenté le service de deux postes pour répondre aux besoins des
coopératives Inuit. Ces $900 000, cette année, sont passés
à $600 000. C'est un budget de prêts pour les coopératives
du Nouveau-Québec, mais, comme on l'indiquait tout à l'heure, il
devra y avoir un réajustement de $300 000, ce qui voudra dire que le
budget sera sensiblement le même.
M. Saint-Germain: Oui. Je ne critique pas la réponse que
monsieur m'a donnée précédemment. Je crois que
c'était bien clair et bien précis, mais vous m'arrivez tout de
même en disant qu'il y aura un autre réajustement là. Cette
somme est passée de $900 000 à $600 000 et il y aura un
réajustement. C'est la raison pour laquelle je vous dis que ces
chiffres, en fin de compte, sont plus ou moins fondés. C'est
approximatif. Enfin, cela pourrait être modifié et ce sera
modifié.
Mme Payette: II faut noter que cette somme est affectée
à des prêts, à des constructions de coopératives,
d'entrepôts et aussi à des situations impondérables qui se
présentent souvent dans ce territoire du Nouveau-Québec qui sont,
par exemple, des incendies, comme il s'en est produit encore
dernièrement, ce qui fait que ces coopératives-là
démunies font des demandes et c'est à partir de ce
moment-là qu'on fait des réajustements.
D'ailleurs, cela semble avoir été la conduite de la
Direction générale du Nouveau-Québec. Les besoins, dans
l'immédiat, pour répondre aux demandes des coopératives du
Nouveau-Québec, sont de l'ordre de $600 000, pas tout à fait
même. Cependant, dans un nouveau budget prévu par la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, on
nous avise qu'il y aura, par rapport à des programmes qui sont en
développement, des demandes qui vont se faire, mais qui seront produites
avec les réajustements de budget à l'automne.
M. Saint-Germain: Je vous remercie de vos explications. Je ne dis
pas qu'elles ne sont pas valables. Si je pense à tous ces chiffres qui
sont souvent changés dans le budget... C'est la raison pour laquelle je
disais qu'on étudie toujours à partir de chiffres qui sont
très approximatifs. J'admets volontiers qu'il peut y avoir des raisons
particulières, comme vous venez de nous l'expliquer, qui font qu'on ne
peut mettre des chiffres autres qu'approximatifs à cause des
impondérables, mais cela arrive très souvent. Ce n'est pas un
reproche personnel que je vous fais, croyez-moi! Sur ce sujet particulier, j'ai
terminé.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Laberge: Pour compléter sur ce sujet, je me demandais
si j'avais bien compris lorsque je voyais, à ce tableau: Actif; $7
millions. Est-ce qu'il s'agit de l'actif consolidé des 14
coopératives, c'est-à-dire qui comprend les entrepôts,
etc., des 14 coopératives rassemblées, alors que le chiffre
d'affaires cumulatif est de $11 millions? Parfait, merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une dernière question à M. Rioux. Il y a
des domaines où le développement des coopératives est
beaucoup plus pénible. Cela va lentement avec une très grande
difficulté. Quels sont ces domaines? Dans l'habitation, c'est
extrêmement difficile. Cela ne réussit pas toujours. Ceux qui s'en
occupent ont extrêmement de difficulté. Les garages
coopératifs, on ne peut pas dire que c'est un succès. On l'a
essayé à différents endroits et cela ne semble pas
être un succès. Les coopératives d'alimentation
également, dans certaines régions, à Charlesbourg, par
exemple cela semble très pénible de concurrencer avec
l'entreprise privée. De quoi cela dépend-il en deux mots?
Qu'est-ce qui se passe?
Mme Payette: Ce qui se passe, si le député le
permet...
M. Goulet: Madame va me dire probablement que c'est au niveau de
la Société de développement coopératif.
Mme Payette: Non, ce que j'allais vous dire, c'est que c'est un
phénomène très particulier au Québec, dans le sens
qu'on se retrouve avec deux secteurs très développés.
C'est le cas des Caisses d'épargne et de crédit et c'est le cas
du secteur de l'agriculture. En dehors de cela, tous les autres secteurs
coopératifs sont fragiles. Ce sont des secteurs en voie de
développement. M. Rioux, qui oeuvre dans ce domaine depuis de nombreuses
années, connaît l'historique de cette situation. Il m'est
arrivé, à quelques reprises, de faire allusion à un manque
d'intercoopération. On a longtemps pensé que les secteurs
structurés allaient aider véritablement les secteurs non
structurés dans le domaine coopératif, mais cela s'avère
difficile. Les secteurs structurés nous ont toujours indiqué
qu'ils souhaitaient l'existence d'un instrument comme la Société
de développement coopératif pour permettre le
développement des coopératives dans les secteurs non
structurés. Je pense que c'est le reflet de la situation. Si on cherche
à savoir pourquoi, il faut reprendre des expériences
vécues, une par une, qui ont été des échecs dans
certains cas, d'autres qui ont vivoté péniblement pendant
d'autres périodes. Il y a, effectivement, peu de secteurs
véritablement développés en dehors des deux que je vous ai
indiqués.
M. Goulet: Vous vous souvenez, madame, je l'ai souligné ce
matin, c'est la troisième fois que je participe à l'étude
des crédits et, à deux reprises, j'ai posé la question
à M. Rioux. Je la pose à nouveau. Je sais qu'au niveau de la
philosophie de développement, M. Rioux avait une philosophie et vous
aviez une philosophie; vous ne partiez pas du même bout, vous vous
souvenez l'an passé. Ce n'est pas pour mettre M. Rioux en contradiction
avec Mme le ministre ou vice-versa. Est-ce que ce serait là le
problème? On parlait de former l'archaïque, je me souviens d'avoir
lu cela dans un rapport. Est-ce que ce serait là le problème?
Est-ce qu'on ne s'y prend pas de la bonne manière? Vous avez
répondu, madame, et je vous en remercie, mais j'aurais aimé que
M. Rioux réponde.
Mme Payette: Je prie M. Rioux de vous répondre parce
que... (21 h 15)
M. Goulet: Vous vous souvenez, l'an passé, il y avait une
contradiction, remarquez bien, vous m'aviez dit que vous vous étiez mis
d'accord, mais je veux savoir laquelle des formules est la meilleure.
Mme Payette: On a, je pense, toujours été
essentiellement d'accord. Il arrive à M. Rioux de me rappeler que, pour
que ce soit vraiment une coopérative, il faut remplir certaines
conditions.
Dans ma hâte de voir véritablement du développement
coopératif, je serais peut-être tentée d'escamoter les
conditions de temps en temps pour faire en sorte qu'elle vienne au monde et
qu'on voit ce qui va arriver. Mais je me range à l'opinion de M. Rioux,
qui a une bien plus grande expérience que moi.
M. Goulet: Non, écoutez, ça fait sourire... Ces
secteurs, c'est vraiment pénible, et, chaque fois que quelqu'un s'essaie
là-dedans, je ne dis pas que c'est un échec, mais, au niveau des
institutions financières, des prêts, des coopératives de
prêts et de crédit et au niveau des coopératives agricoles,
la plupart du temps, ce sont des succès. Mais, dans les autres, on ne
peut pas se vanter que ce soit un succès.
Est-ce qu'il faut réétudier la formule? Est-ce que la
Société de développement coopératif s'est
penchée là-dessus et a changé la formule, s'il y a
lieu?
Mme Payette: Je ne sais pas si je suis dans l'ordre en
répondant au point qu'il semble y avoir contradiction entre
l'orientation de Mme le ministre et l'orientation du directeur du service. Je
crois qu'en faisant référence à ce dont vous parliez l'an
dernier, l'an dernier aussi, il fallait dire que c'était en se
référant à l'année précédente, par
rapport à une confrontation de textes où... C'est-à-dire
que l'argumentation que l'on me prêtait, c'était simplement un
extrait d'un texte qu'on n'avait pas lu à la longueur. On se permettait
de dire que j'étais opposé à un développement qui
partait de la base, alors que, au contraire, je disais que le
développement devait partir de la base, mais cependant pas selon les
formules archaïques de laisser du monde se débrouiller seul, mais
en créant des conditions qui feront que cette base pourra se prendre
plus facilement en main et être responsable de son développement.
Voilà!
Par rapport à la question du développement des secteurs
qui sont difficiles, il est évident que le secteur de l'habitation est
un secteur difficile. Mais le secteur de l'habitation est difficile parce que,
actuellement, les coûts de construction sont très
élevés. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'on constate que le
développement se fait du côté de la rénovation. Mais
je crois que, du côté de la rénovation et par rapport
également à des besoins de rénovation particuliers au
Québec, notamment dans des villes comme Montréal et
Québec, il y a quand même, je pense, un champ d'activité
qui est très important et les coopératives semblent se
développer d'une façon très dynamique de ce
côté.
A présent, pour revenir aux coopératives de consommation,
je note que, cette année, il s'est formé 23 coopératives
de consommation, ce qui est assez appréciable, mais ce que les rapports
ne mentionnent pas, c'est qu'il y a un type de développement nouveau,
que les coopératives en place font en ouvrant des succursales, parce que
le mouvement coopératif de la consommation, je ne dirais pas qu'il s'en
vient "succursaliste"
comme la chaîne de magasins, mais, de toute façon, c'est
une tendance. Je pense que ça s'inscrit dans un développement
économique dynamique des grandes entreprises. Je noterai, par exemple,
que la Coopérative de Sainte-Foy exploite un nouveau point de vente
à Saint-David, que la Coopérative de Charlesbourg est
également en train d'ouvrir une nouvelle succursale, que Montréal
a ouvert un magasin de très grande surface à Longueuil, que
Rimouski a également ouvert un nouveau magasin cette année. Si
vous voulez, ce sont des développements assez intéressants qui
vont d'ailleurs se refléter dans le rapport qu'on a chaque année
du secteur de la consommation en général.
Parmi les autres secteurs, vous avez mentionné, le secteur des
garages; c'est un secteur très difficile, parce que, à mon avis,
il manque d'infrastructure et c'est évidemment très difficile
à ces petites coopératives de garages de se développer
à travers nos multinationales, parce qu'on les ferme quand on
décide de les fermer, tout simplement en refusant de leur vendre ou
d'accorder les escomptes qu'on accorde à l'entreprise privée. Je
m'excuse de voir à me porter à la défense de ces petites
entreprises, mais je crois qu'avec la société d'Etat, la
Société de développement coopératif, et
peut-être aussi grâce au nouveau sommet qui s'en vient, on trouvera
des formules pour aider d'une façon plus efficace ces petites
coopératives.
Quant à tous les autres secteurs qui connaissent des
difficultés, c'est toujours le problème des secteurs non
structurés; tant et aussi longtemps qu'ils n'ont pas réussi
à atteindre une certaine taille pour être capables de s'organiser
en fédérations, pour pouvoir se donner un ensemble de services,
les coopératives connaissent un développement qui est
plutôt lent.
M. Goulet: Lorsque vous affirmez que cela doit commencer par la
base, sauf que ça prend une aide, depuis que la Société de
développement coopératif a été formée,
est-ce qu'il y a une nette amélioration de ce
côté-là?
Mme Payette: Je ne voudrais pas répondre pour la
Société de développement coopératif;
évidemment, on est en relations étroites avec la
Société de développement coopératif, mais...
M. Goulet: Si vous permettez, c'est que, tout à l'heure,
vous faisiez référence à ce que j'avais dit l'an
passé, comparativement à il y a un an, vous disiez... On voulait
vous faire dire que ça partait par en haut plutôt que par en bas
et Mme le ministre disait le contraire, mais c'était plutôt pour
vous taquiner. Vous affirmez que ça doit partir de la base et vous avez
dit tout à l'heure que c'est parce qu'il n'y avait pas l'aide suffisante
et qu'on ne devait pas laisser ces gens seuls.
Est-ce que, depuis deux ans, il y a une amélioration? J'imagine
que la Société de développement coopératif...
Peut-être que cela pourrait même satisfaire mon collègue de
Jacques-Cartier.
Est-ce qu'il y a eu une amélioration de ce
côté-là depuis deux ans, sans...
Mme Payette: La société n'existe pas depuis deux
ans.
M. Goulet: Non, mais...
Mme Payette: Peut-être qu'on peut essayer de faire le point
depuis l'entrée en fonction de la Société de
développement coopératif.
M. Goulet: Si vous voulez. Depuis deux ans qu'on vient en
commission parlementaire pour l'étude des crédits, que ce soit
avec la Société de développement coopératif ou tout
autre moyen, est-ce qu'il y a eu amélioration, pas seulement avec la
Société de développement coopératif?
Mme Payette: A mon avis, il y a eu une nette amélioration.
Je peux vous dire je vous donnerai des chiffres que la
Société de développement coopératif a plus de 125
dossiers qui lui ont été confiés et qu'elle étudie,
qu'elle a commencé à faire certains prêts dans du capital
de risque et que beaucoup de projets sont en cours. Je crois que cette
société va contribuer au développement des secteurs
coopératifs non organisés au départ et, également,
pourra toucher aux secteurs plus organisés dans une deuxième
étape.
C'est depuis août 1978 que la société est en
activité.
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je voudrais souligner, lorsqu'on parle de
difficultés, qu'il y a tout de même une amélioration qui
est visible quand on parle du domaine de l'habitation, la question s'est
posée tantôt. Seulement cette année, il y a une
augmentation d'environ 70%. Dans le domaine de l'alimentation, je n'ai pas fait
les calculs exacts, mais c'est entre 18% et 20%. Cela m'apparaît
extrêmement intéressant. On peut dire qu'au niveau de nos
comtés, de plus en plus de gens, surtout dans le domaine de
l'habitation, s'y intéressent. J'écoutais, à un moment
donné, une émission à la radio où on se posait des
questions, à savoir comment il se faisait que les gens n'allaient pas
autant vers cette formule au Québec, dans le domaine de l'habitation,
que cela se fait, je présume, dans d'autres provinces.
On parle de services techniques. Si un groupe de citoyens voulaient
fonder une coopérative d'habitation, est-ce que vous pourriez fournir
les services techniques, les renseignements, rencontrer les gens? Est-ce que
vous avez ces services, pour leur donner l'information et les aider au
départ?
Mme Payette: On apporte une assistance à toutes ces
coopératives qui se forment. Cepen-
dant, on apporte une assistance qui est articulée avec la
Société d'habitation du Québec qui, en même temps
qu'elle a une politique incitative pour le développement des
coopératives, a également créé des
mécanismes d'aide et d'assistance qu'on appelle les GRT,
c'est-à-dire les groupes de ressources techniques. Les groupes de
ressources techniques, à l'heure actuelle, sont au nombre de 37 au
Québec. Ces groupes ont reçu des subventions allant
jusqu'à $50 000, ils sont formés précisément pour
apporter de l'aide dans les régions aux coopératives qui sont en
formation.
Concernant le service des coopératives, parce que nos effectifs
sont assez réduits, nous ne pourrions pas, avec cette augmentation,
faire un travail très efficace parce qu'on serait tout simplement
submergé. A l'heure actuelle, on se limite surtout à installer
des systèmes de comptabilité dans toutes ces nouvelles
coopératives qui sont en formation. On a une équipe
spécialisée là-dessus et, sur demande, on installe un
système de comptabilité adéquat, en conformité avec
ces entreprises. C'est surtout dans ce domaine qu'on apporte de l'assistance,
et également au moment où la formation se fait, mais, à
partir de ce moment-là, c'est une assistance qui est plus technique, une
assistance aussi au point de vue de l'administration de la
coopérative.
M. Gagnon: Est-ce que vous avez des chiffres? C'est la
société d'habitation probablement qui a des chiffres.
Quelle est la différence entre le coût du loyer d'une
coopérative d'habitation, disons pour les mêmes services, et d'une
construction de l'entreprise privée? La société
d'habitation devrait avoir ces chiffres, je présume, pour des loyers
comparables. Est-ce que vous en avez, vous?
Mme Payette: Non, nous n'avons pas ces chiffres. Je peux tout de
même vous donner une réponse mais elle ne sera peut-être pas
aussi précise que celle que vous donnerait la société
d'habitation. Une chose est certaine parce qu'on est toujours en
communication avec la société c'est que le coût du
loyer une fois la rénovation faite, est un coût qui est
légèrement inférieur à celui de l'entreprise
privée. Cependant, ce qu'on a d'acquis, c'est que, comme cette
propriété demeure toujours la propriété de la
coopérative, il n'y aura jamais revente, donc pas de spéculation.
C'est la continuation d'un coût qui demeure toujours bas.
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. Rioux, vous avez fait, je crois, une
comparaison tout à fait intéressante tout à l'heure. Vous
avez parlé des coopératives d'alimentation. On sent qu'il y a
tout de même un début de progrès et il y a là bien
des espoirs qui peuvent être permis. Mais lorsque vous pre- nez si
on étudie cela de façon bien terre à terre si vous
venez à bout d'établir une coopérative d'alimentation qui
a du succès, les bénéfices vont entrer. Ceux qui oeuvrent
au niveau de ce magasin, ou de ce système de distribution,
acquièrent de l'expérience et sont de plus en plus
motivés. Le succès amène l'ambition, motive à
travailler encore plus dur et laisse entrevoir des progrès futurs. On
décide d'ouvrir une succursale, réaction normale. A un moment
donné, on a le capital, soit qu'on ait un capital qui soit le
résultat de profits, ou qu'on ait acquis dans le milieu une
crédibilité qui nous permette d'emprunter. On a formé une
main-d'oeuvre qui est capable de prendre en charge le nouvel
établissement et les choses vont naturellement.
Lorsque vous tombez dans l'habitation, il me semble que c'est tout
à fait différent. Il y en a eu des coopératives au
Québec. On en a fait de la coopération en habitation bien avant
que les lois existent. Ces coopératives n'ont jamais été
établies sur papier ou soumises aux lois, en ce sens que, lorsqu'un
jeune homme voulait se bâtir, c'était la famille et ses amis qui
se réunissaient, qui l'aidaient à se construire, main-d'oeuvre
gratuite, et ainsi de suite. Combien de maisons se sont bâties au
Québec, non seulement dans les milieux ruraux, mais même dans les
grands centres! Je me souviens très bien à Lachine, en
particulier, qu'il y a beaucoup de personnes, les salaires dans le temps ayant
augmenté considérablement et les terrains restant peu
dispendieux, cela pouvait permettre à certains travailleurs de s'acheter
un terrain, de faire appel à leur famille et à leurs amis et de
se bâtir. C'était cela la coopération, dans le fond.
C'était une coopération de fait.
La construction, est-ce qu'il y a un domaine qui est plus
réglementé que cela? Ce sont des permis, premièrement,
pour les travailleurs de la construction. Si vous êtes plombier, vous
n'êtes plus capable de faire autre chose que de la plomberie,
exclusivement de la plomberie. Si vous êtes menuisier, vous avez un champ
d'activité qui est très bien défini. Les terrains sont
très dispendieux. Alors la coopérative, avec la Régie des
loyers en plus, oeuvre dans un milieu où il n'y a plus de liberté
d'action, plus de liberté d'adaptation, plus de mouvement. On n'est plus
capable de se mouvoir sans constamment faire face à des contraintes
pratiquement insurmontables.
Je faisais campagne dans le comté d'Argenteuil, j'ai fait du
porte-à-porte. On en apprend des choses à faire du
porte-à-porte. Les gens réagissent, par exemple, contre la loi
45. Je parle de cette loi en relation avec les difficultés que peut
apporter une telle loi à la coopérative d'habitation. Les gens
sont habiles dans ces milieux ruraux, les hommes ont gardé une grande
habileté manuelle. Ce sont des "jack of all trades", comme on le dit
communément, ils peuvent à peu près tout faire et ils le
font à part ça. (21 h 30)
II y avait, à un moment donné, un petit industriel qui
faisait des portes et châssis, à Morin-
Heights ou dans les environs. Un type qui se bâtit, comme je viens
de décrire, achète ses fenêtres de ce petit manufacturier.
Il a certaines difficultés à installer ces fenêtres. On se
connaît personnellement dans ce bout-là; Jean, je vais aller chez
toi telle journée avec mes fenêtres, je vais te les poser. Il les
a posées et cela lui a coûté $1000 d'amende. Cela lui a
coûté $1000 d'amende.
Lorsqu'on me parle de coopérative d'habitation, j'avoue qu'on
perdra un certain succès, comme vous venez de le décrire, dans la
rénovation, c'est très relatif. Quand les règlements sont
tellement rigides à tout point de vue, par exemple, vous dites... Il
faut que 50% des locataires d'un immeuble à logements multiples soient
résidents pour partir une coopérative. C'est bien beau,
ça. Vous avez un immeuble où 51% des locataires veulent former
une coopérative pour rénover, mais lorsqu'ils sont
installés, ils ne peuvent pas être locataires ailleurs. C'est
finalisé, leur projet, si vous voulez. Quelle est la motivation pour ces
gens d'aller 2 milles, 3 milles, 5 milles plus loin pour les aider à
former une autre coopérative? Je me demande comment vous pouvez, avec
toutes ces difficultés, essayer d'innover ou d'établir une
politique qui aura des suites, des résultats, comme vous l'avez
mentionné, dans le domaine de la distribution alimentaire.
J'aimerais avoir vos commentaires sur ma façon de voir les
choses.
Mme Payette: M. le Président, je ne crois pas que M. Rioux
puisse commenter les déclarations du député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Alors, je vais y aller un peu plus directement.
Est-ce que vous ne croyez pas que cette multitude de réglementations qui
régissent les ouvriers qui oeuvrent au niveau de la construction,
règlements municipaux, règlements de toutes sortes, est-ce que ce
n'est pas un sérieux handicap au développement des
coopératives d'habitation?
Mme Payette: M. le Président, je pense que je devrais de
nouveau refuser le commentaire, mais M. Rioux a une si vaste expérience
dans le domaine coopératif que je pense que je vais quand même
l'autoriser à faire le point.
M. Saint-Germain: Si M. Rioux... M. Goulet: On croirait au
bâillon. M. Saint-Germain: Vous pouvez me répondre.
M. Goulet: On croirait au bâillon, madame. De la
manière que vous avez fait votre réflexion, on serait
porté à croire...
Mme Payette: Ce sont des commentaires qui n'entraînent pas
d'autres commentaires.
Je ne ferai pas de commentaire par rapport aux contraintes que vous avez
soulignées. Concernant la motivation qui reste de former des
coopé- ratives, je crois qu'elle existe quand même, parce que,
dans la formation d'une coopérative, il y a un groupe de
coopérateurs qui sont propriétaires de leur immeuble et qui vont
administrer leur immeuble. Cette administration de l'immeuble, administrer
leurs propres affaires, c'est déjà quelque chose qui est
motivant, il y a un intérêt là-dedans et ils travaillent
à avoir une administration qui soit la plus efficace possible, la plus
économique possible et, souvent, ils vont s'entraider pour faire
certains travaux ou encore certains travaux d'entretien comme
l'enlèvement de la neige et ainsi de suite, le faire entre eux, toujours
pour diminuer les coûts, parce que cela se reflète dans le prix du
loyer.
Donc, vous avez, à ce niveau, des personnes qui sont fortement
intéressées. Par rapport à la collaboration qu'elles
peuvent apporter à la formation d'une nouvelle coopérative,
est-ce que c'est à cause de la foi coopérative, de cette croyance
à un mouvement qui peut être efficace pour des groupes? A tout
événement, je peux dire qu'on est assez motivé et qu'il y
a eu beaucoup de collaboration pour qu'une coopérative aille en aider
une autre. Cela se fait à Montréal, à Québec, on a
des exemples de ça d'une façon courante.
On peut regarder ici, à Québec, nos coopératives
Saint-Jean-Baptiste, Chez-nous, Coopérative du Faubourg, où tous
se sont entraidés pour faire le développement.
M. Saint-Germain: Je suis heureux de vous l'entendre dire, mais
il y a eu dans le passé, des coopératives qui avaient pour but la
construction de logements, de maisons unifamiliales, et certaines de ces
coopératives ont eu un certain succès. Pour quelles raisons
maintenant ces coopératives sont-elles pratiquement toutes disparues?
Pourquoi en être réduit à cette question de
rénovation exclusivement? Quels sont les facteurs qui ont
empêché la poursuite initiale de ces mouvements?
Mme Payette: Ces coopératives, à l'époque,
c'était de la construction unifarniliale. La construction unifamiliale a
commencé il y a déjà plusieurs années à se
ressentir de coûts tellement élevés que les personnes
à revenu modeste ne pouvaient pas vivre dans la maison unifamiliale.
Cela a motivé d'ailleurs le rapport d'étude qui a
été publié en 1968, sur tout le phénomène du
développement des coopératives d'habitation, qui a fait qu'on est
passé aux coopératives locatives, aux coopératives
permanentes. Ce rapport est bien explicite. Il dit qu'une maison unifamiliale,
c'est rendu que cela coûte trop cher. Voilà les raisons pour
lesquelles de moins en moins de personnes utilisent la formule
coopérative pour se construire, parce que la coopérative, ils ne
pourront pas vivre dedans.
C'est une des raisons fondamentales. A présent, la formule
locative, qui est peut-être une formule nouvelle pour le Québec,
n'est pas une formule nouvelle dans certains pays du monde. Cela a
peut-être été un peu long comme démarrage, parce
qu'on n'était pas habitué à cette formule
mais il me semble, comme je le mentionnais tout à l'heure, que la
barrière, les difficultés sont franchies, que cela s'inscrit dans
une tendance et que cela va se développer.
Il pourrait y avoir quand même des coopératives locatives
qui ne feraient pas simplement de la rénovation.
M. Saint-Germain: C'est cela.
Mme Payette: Cela va débloquer le jour où on pourra
obtenir des crédits qui permettront de faire de la construction
nouvelle. Actuellement, la construction nouvelle qui est faite au taux
d'intérêt régulier des prêteurs hypothécaires,
dans des maisons d'appartements construites de la façon la plus modeste,
lorsqu'on a terminé, coûte entre $350 et $400 par mois. Une
famille à revenu modeste ne peut pas vivre dans ces maisons. Cela veut
dire qu'il va falloir trouver des formules pour réduire les coûts
de construction et je pense bien que ce sera une deuxième étape
du développement des coopératives d'habitation.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 3 sera adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Saint-Germain: J'aurais une dernière question, si vous
le voulez bien. Dans ces rénovations, lorsque les coopérateurs
rénovent leur logement, est-ce que la loi leur permet de ne pas
être considérés comme employeurs, parce qu'en fin de
compte, on ne peut pas imaginer qu'on peut rénover en engageant des
peintres qui vont coûter $8 et $9 l'heure, des menuisiers qui vont en
coûter un peu plus, des plombiers à je ne sais pas combien? Est-ce
qu'ils sont soumis aux mêmes règlements, ces
coopérateurs?
Mme Payette: Je ne vous répondrai pas par rapport aux
difficultés que ces personnes ont pu avoir, parce que je n'ai pas de
preuve de difficultés dans le domaine de la rénovation. C'est
peut-être un cas particulier, mais je peux vous dire que le succès
de la rénovation dans la province de Québec est dû au fait
que le coopérateur apporte une part importante à
l'amélioration de son loyer. Evidemment, il fait des travaux en fonction
de ses connaissances. Il ne fera pas d'électricité, s'il n'est
pas électricien. Par contre, avec les échanges qui se font avec
les groupes de coopérateurs, une part très importante de la
rénovation est faite par le membre lui-même.
M. Saint-Germain: On fait sa propre peinture, si on a
l'habileté de le faire, on fait sa propre menuiserie, et c'est
légal de le faire?
Mme Payette: C'est cela, oui.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 2 sera-t-il
adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 2 est
adopté.
M. Saint-Germain: Excusez-moi.
Le Président (M. Marcoux): Sauf erreur, nous avons
étudié les trois éléments?
M. Saint-Germain: Pour la question des coopératives,
est-ce que c'est ici qu'on peut parler de la loi 46?
Mme Payette: J'imagine que ce serait à
l'élément suivant, à l'élément 1,
contrôle et surveillance des caisses d'épargne et de
crédit. Mais j'allais intervenir pour dire que nous ne pensions pas
aller aussi rapidement. Nous pourrions aborder le programme 3,
élément 5, si les députés de cette commission
étaient d'accord, ce soir, et commencer demain matin à
l'élément 1.
Le Président (M. Marcoux): Au programme 4, si vous
préférez.
M. Saint-Germain: Le programme 5?
Le Président (M. Marcoux): Non, l'élément 5,
du programme 3. Est-ce que vous seriez prêts pour le programme 4?
Mme Payette: A moins, M. le Président, qu'on tienne
à commencer par l'élément 1; on peut...
M. Saint-Germain: Non, je n'ai pas de...
Le Président (M. Marcoux): II n'y a pas de
problème.
M. Saint-Germain: On peut considérer le programme 2...
Le Président (M. Marcoux): Le programme 3,
élément 5.
M. Goulet: On peut même proposer une autre option, M. le
Président, celle d'ajourner les travaux.
Mme Payette: Si...
M. Goulet: II nous reste demain matin. Je dis cela et je suis
sérieux. Je pense que cela a bien été. Je pense, madame,
sans vouloir vous...
M. Saint-Germain: II faut faire attention.
M. Goulet: ... donner de fleurs plus que vous n'en
méritez, que je dois féliciter les gens du ministère pour
ce livre qu'on nous a fourni cette année. Je pense que, si cela va plus
vite dans nos travaux, c'est qu'il y a beaucoup de questions que nous n'avons
pas besoin de poser...
Mme Payette: Les réponses sont déjà
là.
M. Goulet:... parce que nous avons les réponses. A moins
de vouloir parler pour le plaisir de parler, les réponses sont
là. Quant à moi, c'est pour cela que cela a été
plus rapidement. Je n'ai pas d'objection à passer aux autres programmes.
Je peux même suggérer à la commission d'ajourner la
séance, je ne m'en cache pas. Je pense que tout le monde a fait une
très bonne journée.
Mme Payette: II reste seulement une quinzaine de minutes, M. le
Président. Si les députés sont d'accord, je n'ai pas
d'objection et je pense qu'on aura assez de temps demain effectivement pour
couvrir le reste des deux autres programmes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a
consentement...
M. Saint-Germain: Je ne comprends pas. Vous voulez qu'on
étudie le programme 3, élément 5.
M. Goulet: Qu'on ajourne les travaux. M. le
député...
Le Président (M. Marcoux): Oui, parce qu'il y avait
quelqu'un de disponible.
Mme Payette: Oui, je proposais qu'on passe à
l'élément 5, ce soir...
Une Voix: Parce que les autres personnes-ressources...
Mme Payette:... puisqu'il ne reste que quinze minutes et qu'on
recommence demain avec l'élément 1, qu'on y revienne demain.
M. Saint-Germain: Pourquoi l'élément 5, ce
soir?
Mme Payette: Parce qu'il y a une personne disponible ici qui
pourrait nous aider à passer à l'élément 5 dans les
quinze minutes qu'il nous reste.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): Mais il y a une autre
suggestion qui est d'ajourner nos débats à demain matin.
M. Goulet: M. le Président, je faisais la proposition
suivante... Je ne sais pas si je dois faire motion pour qu'on ajourne, M. le
Président, pour qu'on ajourne les travaux immédiatement.
Le Président (M. Marcoux): Je préférerais
que cela se fasse par consentement, s'il y a consentement.
Mme Payette: J'ai indiqué...
M. Goulet: Parce qu'il y a eu une journée très
difficile, une nuit très difficile et une soirée très
difficile hier.
Mme Payette: Je suis la plus mal placée, M. le
Président, mais si les députés estiment qu'ils ont assez
de temps dans la journée de demain, avec les informations dont ils
disposent déjà, pour voir le programme 3 et le programme 4 qui
est le plus facile, en fait le programme 4, en général, ne
pose aucun problème je n'ai pas d'objection à ce qu'on
ajourne la séance.
M. Goulet: J'ai des questions au niveau du programme 3,
élément 3. A part cela, cela va aller assez rapidement.
M. Saint-Germain: Nous siégeons demain matin...
Le Président (M. Marcoux): A 10 heures.
Mme Payette: A 10 heures, demain matin, jusqu'à 12
heures...
Le Président (M. Marcoux): Jusqu'à 13 heures.
Mme Payette: Jusqu'à 13 heures.
Le Président (M. Marcoux): Jusqu'à 12 h 30,
oui.
M. Goulet: Jusqu'à 12 h 30, M. le Président.
L'ordre de la Chambre est à 12 h 30.
M. Laberge: La seule question que je me pose, M. le
Président... Si on oblige la personne disponible pour étudier la
Régie de l'assurance-dépôts à des
déplacements additionnels en lui demandant de revenir à nouveau
demain... Est-elle sur place?
Mme Payette: Non, cette personne est disponible ce soir ou demain
matin.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il consentement?
M. Saint-Germain: On peut terminer la séance.
Le Président (M. Marcoux): La commission ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 21 h 43