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Etude des crédits du ministère
des
Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Marcoux): La commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières est
réunie pour poursuivre l'étude des crédits du
ministère.
Les membres de la commission sont MM. Beauséjour (Iberville),
Bisaillon (Sainte-Marie), Goulet (Bellechasse), Laberge (Jeanne-Mance), Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), Lefebvre (Viau), Paquette (Rosemont), Mme Payette
(Dorion), MM. Samson (Rouyn-Noranda), Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: MM. Fontaine (Nicolet-Yamaska), Gagnon
(Champlain), Giasson (Montmagny-L'Islet), Gosselin (Sherbrooke), Gravel
(Limoilou), Mme Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), MM. Perron (Duplessis),
Raynauld (Outremont).
Nous en étions rendus au programme 3.
Mme Payette: M. le Président, si les membres de cette
commission l'acceptaient, je voudrais proposer qu'on étudie, à la
suite de l'élément 1, l'élément 5, avant de passer
à l'élément 2.
L'élément 1 porte essentiellement sur les caisses
d'épargne et de crédit et l'élément 5, sur la
Régie de l'assurance-dépôt. Les deux ont des liens,
forcément, la Régie de l'assurance-dépôts a comme
clients les caisses d'épargne et de crédit. Dans ce sens, les
personnes-ressources qui sont ici seraient les mêmes et on pourrait les
libérer par la suite.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): On peut commencer.
Mme Payette: M. Armand est-il arrivé? Une Voix: II
est en route.
Le Président (M. Marcoux): On peut commencer tout de
même.
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui arrive là?
Le Président (M. Marcoux): On commence par les
éléments 1 et 5.
M. Saint-Germain: On a quorum? Le Président (M.
Marcoux): Oui.
M. Saint-Germain: D'accord. Vous n'avez rien à dire,
madame?
Contrôle, surveillance et développement
des institutions financières
Caisses d'épargne et de crédit
Mme Payette: M. le Président, j'ai fait une
déclaration d'ouverture, hier, dans laquelle j'ai dit que nous
étions présentement en consultation, depuis plus de trois mois,
avec les six fédérations et que nous travaillons
présentement sur la réforme de la Loi des caisses
d'épargne et de crédit. C'est un travail de longue haleine; notre
partie du travail au ministère, en ce qui nous concerne, est
complétée et nous attendons maintenant les réactions et
les propositions venant des six fédérations. Le travail se
poursuit sans difficulté, nous avons remarqué, de la part des
fédérations, un désir de collaboration et je pense pouvoir
affirmer que c'est la même chose en ce qui nous concerne.
C'était le principal de ma déclaration d'hier et
certainement la partie la plus importante de ce que nous entreprenons au cours
des mois qui viennent. (10 h 15)
M. Saint-Germain: M. le Président, nous avons,
l'année dernière adopté la loi 46 modifiant la Loi des
caisses d'épargne et de crédit. On nous a toujours soutenu qu'il
y avait eu unanimité, du moins qu'on avait consulté les
fédérations et qu'on avait créé un consensus
relativement aux modifications à apporter. Voilà qu'à la
dernière assemblée générale de la
Fédération des caisses populaires Desjardins, on a voté
une motion voulant qu'on demande, qu'on incite et qu'on fasse des
représentations au niveau du gouvernement pour modifier cette loi
puisqu'elle entraînait des difficultés administratives et qu'elle
semblait même, à certains points de vue, aller à l'encontre
des principes mêmes de la coopération parce qu'elle ne permettait
pas, cette loi, par la constitution de réserves, de distribuer les
profits d'opération au moyen de ristournes, comme les caisses populaires
le font traditionnellement. Personnellement, j'ai été surpris de
lire dans les journaux cette réaction de l'assemblée
générale, puisqu'on nous avait constamment affirmé, avant
le dépôt de cette loi, qu'il y avait eu de longues consultations
et qu'on était arrivé à un consensus. Est-ce qu'on
pourrait nous expliquer de quelle façon et les raisons qui ont
modifié, si vous voulez, la façon de voir des caisses?
Mme Payette: M. le Président, je vais répondre
à la première partie de la question et je vais demander à
M. Rioux, peut-être, de donner des explications plus techniques en ce qui
concerne ces réserves.
Je réaffirme ce matin, M. le Président, qu'après
des consultations, nous en étions arrivés à un consensus
avec les fédérations concernées. Je pense que le
député de Jacques-Cartier comprend que nos interlocuteurs sont
les fédérations
et non pas les caisses prises individuellement, une par une. Nous tenons
pour acquis que dans la structure démocratique du mouvement
coopératif, quand la fédération nous affirme qu'elle est
d'accord avec ce que nous proposons ou nous propose d'autres solutions, la
fédération s'est assurée de consulter sa base puisque
c'est son rôle de le faire et non pas le rôle du ministère
ou du ministre de consulter la base des fédérations.
A partir du moment où la fédération nous donne sa
parole qu'elle est d'accord c'est ce que nous appelons le consensus
qu'on s'entend sur les réformes à apporter, nous n'avons
pas, nous, à nous assurer que toutes les caisses, une par une, sont
d'accord avec cette décision, c'est le rôle de la
fédération. Quand il se produit ensuite ce qui s'est produit dans
une assemblée générale récemment, on peut penser
que, devant affronter sa base, il est bien possible que la direction de
certaines fédérations, se rendant compte d'un certain
mécontentement, préfère renvoyer la balle au
ministère et au ministre plutôt que d'assumer la
responsabilité d'avoir à répondre des décisions qui
ont été prises. Je pense que le ministre ne peut pas être
tenu responsable de cette situation, mais le ministre réaffirme ce matin
qu'il y a bel et bien eu consensus autour des amendements apportés par
la loi 46. Pour ce qui concerne les détails et les négociations
qui ont eu lieu, M. Rioux va compléter cette réponse.
Voici, M. le député. Comme le disait Mme le ministre, nous
avons eu antérieurement plusieurs rencontres avec les six
fédérations qui étaient intéressées dans la
modification que nous avons apportée par le projet de loi 46. Nous
avons, à l'occasion de ces diverses rencontres qui ont été
au nombre de trois, établi de façon unanime que les modifications
demandées dans le projet de loi 46 avaient bien véhiculé
les demandes qui avaient été formulées par les
fédérations.
Ce qui nous a également paru plus intéressant que de faire
une espèce de forme d'apologétique du contenu de notre projet de
loi 46 a été de démontrer ce que le projet de loi 46 ne
comprenait pas, qu'il n'était pas un refus strictement
discrétionnaire de la part du ministère de ne pas y
intégrer des caractères supplémentaires qu'on aurait
aimé y voir du côté des fédérations, en ce
sens qu'elles ont été convaincues que les aspects qui n'avaient
pas été traités étaient d'une importance telle
qu'ils nécessitaient une étude en profondeur débouchant
éventuellement sur la remise en question de principes coopératifs
fondamentaux et, là-dessus, on nous a assuré qu'il y avait eu,
à la suite de ces réunions, un consensus tel qu'elles se sont
empressées d'accepter de se réunir pour procéder à
une tentative de refonte de la Loi des caisses d'épargne et de
crédit avec le concours, sur invitation du ministère, afin que
nous soyons bien sûrs que ce qu'elles demandaient était
réellement véhiculé dans la loi, pour autant que le
ministère y trouve là quelque chose d'acceptable.
A l'occasion de ces réunions, il a été question de
principes fondamentaux; vous me permettrez de ne pas tous les
énumérer ici parce qu'ils n'ont peut-être pas justement
l'intérêt qu'on y verrait. On a parlé, notamment, du
capital social, du dépôt et des réserves.
C'est sur ces points particuliers que nous entendons clarifier des
situations qui sont demeurées confuses jusqu'à l'heure actuelle
et qui ont fait l'objet de déclarations publiques sur des normes qui
doivent être étudiées davantage, afin qu'on puisse y
accorder crédibilité. Parce qu'on a tendance à confondre
certaines fois des normes concernant strictement les réserves, des
normes de liquidité; on confond certaines exigences bancaires avec des
exigences des caisses d'épargne et de crédit. On parle de caisses
d'entraide économique et d'autre part de caisses qui ne sont pas des
caisses d'entraide économique, qui sont dans le réseau des
caisses d'économie ou des caisses populaires.
M. Saint-Germain: J'avoue que je suis un peu surpris de cette
situation. Premièrement, madame nous affirme qu'elle a tenu pour acquis
que les représentations de la Fédération des caisses
populaires Desjardins reflétaient les opinions de la base et les
façons de voir de la base. Elle nous affirme, si j'ai bien compris sa
déclaration, qu'il n'en est pas ainsi, d'autant plus...
Mme Payette: Je pense que je suis obligée de corriger. Je
n'ai pas affirmé qu'il n'en était pas ainsi. Il est arrivé
en assemblée générale que certaines caisses ont
soulevé le problème devant les dirigeants de la
fédération qui ont reculé par rapport à la position
qu'ils avaient eu auparavant et annoncé qu'ils demanderaient des
amendements, ce à quoi j'ai répondu que s'ils veulent
éventuellement faire amender la loi 46, nous sommes disposés
à les entendre. Ce qui ne veut pas dire que les
fédérations n'avaient pas donné leur accord avant
l'adoption de la loi 46.
M. Saint-Germain: Entendu. Je remercie le ministre de ces
éclaircissements, mais selon les rapports de presse, il semble que M. le
président M. Rouleau, en particulier, a lui aussi admis qu'il y avait
des difficultés dans l'application de la loi 46. Il a
déclaré c'est vrai que s'appuyer sur des articles de
journaux, c'est toujours assez difficile qu'il avait fait des pressions
sur le gouvernement depuis des années, bien avant même
l'élection de ce nouveau gouvernement et qu'il n'avait jamais pu obtenir
une modification complète, comme il le veut bien, de la Loi des caisses
d'épargne et de crédit.
Selon les rapports de presse, il a semblé blâmer le
gouvernement. C'est une situation qui me semble assez difficile. Je dois
prendre la parole du ministre, j'en conviens, mais il me semble que le
président des caisses populaires Desjardins, de par les
responsabilités qu'il a, devrait certainement être un homme
crédible et que s'il a fait une erreur de jugement, s'il a mal
apprécié les désirs de la base, il serait inadmissible
qu'il en blâme le gouvernement et qu'il ne prenne pas, devant cette
assemblée générale, ses responsabilités.
Si je dois prendre la parole du ministre, si les rapports des journaux
sont valables, M. Rouleau se trouve dans une situation très difficile.
Il sera difficile pour lui de se défendre.
Mme Payette: M. le Président, question de
règlement. Je n'ai, en aucune façon, laissé entendre que
M. Rouleau manquait de crédibilité ou d'honnêteté.
J'ai expliqué que dans une assemblée générale,
à la suite d'interventions de caisses individuelles, M. Rouleau a
laissé entendre que si certaines caisses rencontraient des
difficultés d'application de la loi 46, il était disposé
à intervenir à nouveau auprès du ministère pour
demander des amendements.
Je crois que ce qu'on doit comprendre, c'est qu'effectivement, les
fédérations représentent leurs membres et, à partir
du moment où la fédération, par la voie de ses
représentants, nous donne un accord de principe sur un projet de loi,
nous tenons pour acquis que l'ensemble des membres de cette
fédération est d'accord avec cette décision.
S'il s'avère, par la suite, qu'il y a des difficultés
d'application, qui sont attribuables essentiellement à une
incompréhension de l'application de la loi 46 dans bien des cas, nous
sommes disposés à retravailler avec les fédérations
et cela, je l'ai dit également et nous sommes
disposés à réentendre les fédérations, s'il
y a lieu.
Quand je vous dis qu'il y a une difficulté de
compréhension, beaucoup plus qu'une difficulté d'application,
c'est que certaines caisses n'ont pas compris, semble-t-il, que les
fédérations disposaient d'un temps presque illimité pour
en arriver aux réserves qui sont indiquées dans la loi 46. Et
certaines caisses ont l'impression que dès que la loi a
été adoptée, ces réserves doivent être
atteintes dans l'immédiat, alors que c'est la fédération
qui a la possibilité de déterminer le temps dont dispose une
caisse et qui doit, en plus, aider cette caisse, si cela est nécessaire,
à atteindre l'objectif qui est fixé dans la loi.
M. Saint-Germain: Si j'ai bien interprété les
paroles de Mme le ministre hier, lors de sa déclaration, ce matin, j'ai
interprété ses paroles comme si elle nous avait dit que certains
membres de la fédération avaient été heureux de se
décharger de leurs obligations et de relancer la balle à Mme le
ministre, elle qui, pourtant...
Mme Payette: M. le Président, je ne pense pas que le
député de Jacques-Cartier soit là pour interpréter.
Je reprends essentiellement ce que j'ai dit. Devant une assemblée
générale qui devenait houleuse, le président de la
Fédération des caisses populaires Desjardins s'est engagé
à faire des représentations auprès du ministre pour revoir
la loi 46 et l'amender, si les caisses trouvent l'application difficile, ce
à quoi le ministre a répondu qu'il était disposé
à entendre les représentations de la fédération.
C'est tout ce que j'ai dit, M. le Président.
M. Saint-Germain: Alors, vous n'avez pas dit que...
Mme Payette: II n'y a pas d'interprétation au-delà
de cela.
M. Saint-Germain: ... la Fédération des caisses
populaires Desjardins laissait peser sur vos épaules les critiques qui
ont été formulées à cette assemblée
générale?
Mme Payette: II s'agit là, M. le Président, d'une
interprétation du député. Ce que j'ai dit, c'est que la
fédération a parfaitement le droit, dans une assemblée
générale, d'accepter les représentations de ses caisses,
par la suite, et de s'engager à faire des représentations dans ce
sens. (10 h 30)
M. Saint-Germain: Chacun pourrait lire les déclarations du
ministre et les interpréter à sa façon.
Mme Payette: Oui, et surtout pas la vôtre.
M. Saint-Germain: J'avoue que je ne me chargerai pas
d'interpréter les déclarations du ministre, assurément. Ce
n'est pas mon rôle d'ailleurs, mais, si on parle la même langue, je
croyais bien que c'est ce que madame le ministre avait
déclaré.
Mme Payette: Une autre chose, M. le Président, que le
président de la Fédération du mouvement Desjardins a
déclarée...
M. Saint-Germain: Je suis heureux qu'elle recule...
Mme Payette:... c'est que le travail que nous entreprenons dans
la réforme des Caisses d'épargne et de crédit est un
travail de longue haleine. Il a été le premier, je pense,
à citer un chiffre en disant qu'il était convaincu que
c'était un travail qui prenait au moins deux ans.
M. Saint-Germain: Je crois, M. le Président, que Mme le
ministre devrait être heureuse que je lui aie donné la permission,
je veux dire l'occasion de redéfinir les déclarations qu'elle a
faites hier et aujourd'hui.
Je dois ajouter aussi que, si on avait eu, lors de l'étude de
cette loi, une commission parlementaire, il aurait été beaucoup
plus facile pour les représentants des diverses
fédérations de faire entendre leur point de vue là-dessus.
Malheureusement, nous avons été obligés de nous fier aux
déclarations du ministre.
Mme Payette: Question de règlement encore une fois, parce
que le député de Jacques-Cartier affirme des choses. Lors de
l'étude de cette loi à l'Assemblée nationale, j'avais en
main des télégrammes de toutes les fédérations qui
nous demandaient d'adopter cette loi le plus rapidement possible.
De mémoire, je ne me souviens pas si on m'a demandé de
déposer ces télégrammes, mais je me souviens d'avoir
affirmé que je les avais en main au moment où nous avons
entrepris la deuxième ou la troisième lecture de la loi 46.
M. Saint-Germain: II n'y a pas là question de
règlement, M. le Président, je dis simplement qu'on aurait
dû permettre à cette commission parlementaire d'écouter les
témoins. Nous aurions eu de vive voix les représentations des
diverses fédérations. Il n'est pas dit non plus, puisque la
fédération ne semblait pas refléter la base, qu'on
n'aurait pas eu aussi des représentations, soit de l'Union
régionale, soit des caisses en particulier qui auraient pu mieux nous
éclairer sur le sujet et mieux éclairer le gouvernement aussi.
Tout ceci n'aurait nécessairement par retardé l'adoption de la
loi 46. Quand bien même cette loi aurait retardé, puisqu'elle
semble ne pas être acceptée dans le milieu où elle
s'applique, il n'y aurait pas eu là d'inconvénients
sérieux.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci. Mme le ministre a parlé de
réactions et de propositions qu'elle attendait des
fédérations. Est-ce qu'il y a un échéancier qui a
été déterminé?
Mme Payette: A la suite des rencontres que nous avons eues
jusqu'à maintenant avec les différentes fédérations
nous avons échangé sur la loi 46 ainsi que sur les grands
principes qui devraient nous guider vers une refonte globale de la Loi des
caisses d'épargne et de crédit il a été
convenu que nous nous rencontrerions de nouveau. La prochaine rencontre a lieu
à la salle de conférence du ministère des Consommateurs;
si ma mémoire est bonne, c'est le 15 mai. Commencent à ce moment
ces premières rencontres avec les fédérations aux fins
d'établir, d'abord, quels sont les grands problèmes, quels sont
les points de divergence entre les fédérations et,
éventuellement, quelles sont les possibilités de concilier les
différents points de vue. Comme je l'ai dit tout à l'heure, parmi
ces grands points de vue sur lesquels il y a, non pas nécessairement des
divergences, mais peut-être des optiques différentes ou des
façons différentes d'aborder le problème, il y a celui
justement du capital, il y a celui du dépôt, il y a celui des
réserves, il y a celui de tout cet ensemble qui fait qu'à un
moment donné, il y a eu des interprétations qui ont pu être
apportées et sur lesquelles on veut d'abord avoir un consensus pour
savoir exactement ce dont on parle dans certaines circonstances, pour
éviter qu'il y ait justement des difficultés
d'interprétation.
M. Goulet: Ce ne sont pas toutes les fédérations.
Il y a des fédérations...
Mme Payette: II y a six fédérations qui sont les
six seules...
M. Goulet: ... je ne sais pas quel mot employer, non pas
dissidentes, mais qui voudraient vous faire des propositions, qui n'acceptent
pas telle quelle la loi. Ce ne sont pas toutes les fédérations,
si je ne me trompe pas... Il y en a deux, sauf erreur.
Mme Payette: Je m'excuse, ce n'est pas très clair. Est-ce
qu'on parle de la loi 46 ou est-ce qu'on parle de la réforme sur
laquelle on travaille?
M. Goulet: De la réforme dont vous parlez, mais sur
l'application. Tantôt, vous avez dit que vous attendiez des propositions
et des réactions. Vous avez même semblé dire: La loi 46,
à un moment donné, s'il faut l'amender, on l'amendera. C'est ce
que vous avez répondu au député de Jacques-Cartier quand
il vous parlait de M. Alfred Bouleau, le président des caisses
populaires. Vous avez dit: D'accord, il va y avoir des réactions, des
propositions qui vont venir. Si ce sont des propositions qui viennent de
quelqu'un, c'est parce que ces gens ne sont pas d'accord avec ce que vous
proposez.
Mme Payette: En ce qui concerne la loi 46, il y a eu quelques
caisses, semble-t-il, qui ont maintenu qu'elles avaient des difficultés
d'application. Je vous dis qu'il y a de l'incompréhension, parce que ces
caisses ont du temps devant elles pour arriver à atteindre ce qui est
fixé par la loi. C'est une première chose.
M. Goulet: S'il y a des petites chicanes entre la caisse et sa
fédération, ce n'est pas à nous à régler
cela ici.
Mme Payette: Voilà, c'est ma réponse! M. Goulet:
Je l'avais compris...
Mme Payette: Sauf que, si la fédération vient me
voir en disant: On voudrait que vous le régliez, à ce moment, je
leur dis: Je suis prête à vous entendre.
M. Goulet: C'est ce que je vous dis, mais, au niveau de ces
fédérations, il y en a eu deux qui ont eu des difficultés
avec leur caisse, ce ne sont pas toutes les fédérations.
Mme Payette: II y a eu une fédération qui nous a
fait parvenir, à ma connaissance, des représentations ou, du
moins, elle ne nous en a pas fait parvenir, mais elle a déclaré
publiquement que la réserve de 3,5%... Parce qu'à ma
connaissance, c'est le point principal qui a fait l'objet d'une contestation de
la loi actuelle. Maintenant, la contestation provient d'où? Elle ne
provient pas de la fédération, en ce sens qu'elle nous a
donné son accord avec des documents à l'appui. Rien
n'empêche que, lorsqu'une loi est votée, elle a des effets.
Il arrive que certaines caisses affiliées à la
fédération concernée ont réalisé que la mise
en
application de la loi provoque des effets qui leur causent des
difficultés. Est-ce que les difficultés causées aux
caisses comme telles sont des raisons suffisantes pour provoquer une
modification à ce que contient l'article 46? Il y a un autre pas
à faire, parce qu'il faut tenir compte de l'ensemble du secteur, de la
politique ministérielle en matière de la protection des
dépôts, ainsi que de l'intérêt général
du milieu des caisses d'épargne et de crédit. Parce que si cinq
fédérations sont d'accord sur une certaine façon de
procéder et qu'elles trouvent même bienvenu qu'une réserve
de 3 1/2% soit infligée aux caisses parce que ça leur donne
justement les bons arguments pour pouvoir éventuellement vendre
l'idée d'un pourcentage de 3 1/2% qui leur paraît minimal, il nous
paraît nécessaire d'en discuter avec les gens concernés. Le
fait de dire que certaines caisses ont des difficultés, si une caisse a
un déficit, c'est évident qu'elle n'est pas
intéressée qu'on lui dise: Vous allez avoir 3 1/2% demain matin.
Mais la loi ne l'a jamais dit. Une caisse qui n'a pas de réserve n'est
pas dans une situation qui nous porte à l'euphorie. Il peut fort bien
arriver qu'après toutes ces discussions le 3 1/2% soit
conservé.
M. Goulet: Je veux savoir ma question sera très
courte lorsque vous parlez de négocier avec les gens
concernés, si ce n'est pas avec les caisses. Ce sera toujours avec les
fédérations.
Mme Payette: Toujours avec les fédérations.
M. Goulet: S'il y a divergence d'opinions entre une caisse et sa
fédération...
Mme Payette: C'est son problème.
M. Goulet: ... elles s'arrangeront entre elles. Elles se
chicaneront entre elles.
Mme Payette: C'est ça.
M. Goulet: Mais, vous, lorsque vous parlez des gens
concernés, ce sont les fédérations.
Mme Payette: Les fédérations, exclusivement...
M. Goulet: Parfait! C'est ce que je veux savoir.
Mme Payette:... et des représentants habilités par
des résolutions du conseil d'administration de leur
fédération.
M. Goulet: Oui, le processus... Mais ce sont les
fédérations qui sont les gens concernés pour vous?
Mme Payette: Pour nous, oui.
M. Goulet: Les caisses n'ont pas d'affaire à venir vous
voir. S'il y a quelque chose qui ne marche pas avec leur
fédération, elles laveront leur linge sale en famille et elles
viendront vous voir.
Mme Payette: C'est pour cette raison que je parlais d'une
structure démocratique qui permet à ces caisses de faire leurs
représentations auprès de leur fédération.
M. Goulet: Parce que je ne voudrais pas que le ministère
aille s'ingérer dans une caisse au-delà de la
fédération. Cela ne se fait pas. Tantôt, c'est un peu ce
que...
Mme Payette: Ce n'est pas ce que j'ai laissé entendre.
M. Goulet: C'est un peu ce que j'ai entendu. Je voulais m'assurer
que ce n'était pas ça.
Mme Payette: Moi, je ne voudrais pas... M. Goulet: Je ne
dis pas de vous, monsieur.
Mme Payette: ... interpréter. Non, et mon intention n'est
pas d'interpréter les paroles de qui que ce soit. On est conscient que
les 3 1/2% causent des problèmes au niveau des caisses. On est conscient
également, parce qu'on sait lire les journaux, qu'il y a eu une
fédération, au moins parce qu'il y a peut-être des
coupures de journaux que je n'ai pas lues qui nous a fait part que
ça causait certains problèmes non pas à la
fédération, mais à certaines de ses caisses.
Maintenant, il s'agit de savoir jusqu'à quel point ce
problème est important, compte tenu du nombre de caisses qui sont
influencées par cette réserve qui paraît excessive, en
termes d'objectif, mais est-ce qu'elle est excessive en tant qu'assurance des
dépôts, comme telle? Cela, c'est une autre paire de manches, et
nous voulons discuter de ce problème avec les fédérations,
compte tenu des chiffres qu'on a entre les mains concernant chacune des caisses
et jamais court-circuiter les fédérations pour tenter d'accrocher
les caisses pour discuter de leurs problèmes directement. Ce n'est pas
le rôle du ministère. C'est ce que Mme le ministre a voulu dire
tout à l'heure, j'en suis certain.
M. Goulet: J'avais une question au niveau des dissolutions ou des
liquidations. A un moment donné, on voit la Fédération de
Québec des caisses populaires Desjardins. Il y a une liquidation en
cours qui, au niveau "terminé", on voit également la
Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins,
quatre au niveau liquidation et dissolution, et, au niveau fusion, je vois
encore exactement le même titre, la Fédération de
Québec des caisses populaires Desjardins. Qu'est-ce qui se passe, au
juste, à ce niveau? Est-ce qu'on parle des mêmes caisses? On voit
qu'il y a une fusion: la Fédération de Québec des caisses
populaires Desjardins. Dans liquidation, on voit cinq cas, toujours la
Fédération de Québec des caisses populaires
Desjardins.
Mme Payette: La Fédération des caisses
d'économie du Québec, c'est une fédération
distincte de la Fédération de Québec des caisses
populaires Desjardins. Dans le premier cas, il y a eu une fusion...
M. Goulet: Non, pas les caisses d'économie, je m'excuse,
la fédération... à moins qu'il n'y ait une erreur. Dans le
livre que Mme le ministre nous a donné, programme 3,
élément 1, à la page 2, il y a modification de territoire
et, ensuite, au niveau de la fusion, vous dites: La Fédération de
Québec des caisses populaires Desjardins, il y a eu une fusion.
Mme Payette: C'est exact.
M. Goulet: Dans liquidation ou dissolution, il y a encore la
Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins qui
est en cours, non terminée, et il y a quatre liquidations ou
dissolutions terminées, ce qui veut dire cinq, et il y a une fusion,
mais c'est toujours le même titre. Je veux simplement savoir ce qui se
passe. Est-ce que ce sont les mêmes caisses? Est-ce qu'il y en a qui sont
sorties de la fédération? Est-ce qu'il y en a qui sont
affiliées à la fédération?
Mme Payette: Voici ce qui arrive. Dans chacune des
fédérations, ce sont les caisses qui décident de fusionner
ensemble, dans le cas de fusion. Dans une fédération
donnée, si la caisse A veut fusionner avec la caisse Y, d'accord,
ça passe, elles fusionnent. Elles adoptent un nouveau nom ou elles
conservent un des deux noms. Cela, c'est une fusion de deux caisses à
l'intérieur de la même fédération. Dans le cas des
liquidations...
M. Goulet: Au niveau des dissolutions, c'est quoi? Quand il y en
a une qui fusionne... Est-ce que ça veut dire qu'il y a quatre
dissolutions qui vont donner une fusion?
Mme Payette: Non.
M. Goulet: Je ne comprends vraiment pas.
Mme Payette: Je vais vous l'expliquer. Dans le cas d'une fusion
de deux caisses, si elles adoptent un nouveau nom, les deux caisses
disparaissent automatiquement, elles sont dissoutes automatiquement à
cause de la fusion et une nouvelle caisse prend naissance. Dans le cas des
dissolutions, ce sont des caisses qui liquident et, après la
liquidation, c'est une deuxième étape, c'est la dissolution de la
caisse. Ce sont deux actes complètement distincts.
M. Goulet: II y a des caisses populaires, actuellement, qui
ferment leur porte. Quelle est la raison des quatre fermetures?
Mme Payette: La Fédération de Québec des
caisses populaires Desjardins, une liquidation... la raison principale,
ça peut être une caisse populaire qui ferme ses portes.
M. Goulet: II y a des caisses populaires qui ferment leur porte.
Est-ce que c'est parce que ce n'est pas rentable?
Mme Payette: Cela peut être...
M. Goulet: C'est parce qu'il y en a une qui ouvre sur l'autre
coin de rue qu'elle change de nom et qu'elle décide de fermer?
Mme Payette: Quand on parle d'une liquidation comme telle, ce
sont des caisses qui... dans le cas des caisses d'économie, ce sont des
caisses de groupe. Si une compagnie ferme ses portes, il faudra dissoudre la
caisse.
C'est une situation qu'on a connue dans le cas de Cadbury, par exemple,
où il y avait là une caisse. L'entreprise fermant ses portes, la
caisse a dû liquider et, nécessairement, a cessé d'exister.
(10 h 45)
M. Goulet: D'accord, ce sont des cas comme cela.
Mme Payette: Ce sont des cas comme cela effectivement.
M. Goulet: Pourquoi dites-vous aux niveaux terminaux au lieu de
dire caisses populaires de Québec, c'est au sein de la
Fédération si je comprends bien de Québec
des caisses populaires Desjardins, vous marquez quatre au bout. Cela veut dire
qu'à l'intérieur des membres du groupe de la
Fédération de Québec des caisses populaires Desjardins, il
y a quatre caisses qui ont fermé leur porte. C'est comme cela qu'il faut
l'interpréter?
Mme Payette: C'est exact.
M. Goulet: Quatre, cela peut être de très petites
caisses, par exemple à l'intérieur d'une école ou des
choses comme cela. Cela n'est pas...
Mme Payette: C'est possible, je pourrais donner des informations
additionnelles.
M. Goulet: Non, non, c'est parce que cela me surprend. Au niveau
des caisses populaires Desjardins, il me semble que cela va très bien.
Qu'il y ait cinq fermetures de caisses, ce sont peut-être des petites
caisses... je ne veux pas avoir de détails, mais, sans savoir les noms
par coeur, ce sont peut-être de petites caisses comme dans les
écoles, une petite industrie qui a sa caisse populaire, parfois un petit
bureau de caisse populaire. Mais, souvent, ces petits bureaux appartiennent
à d'autres caisses. Ce sont des succursales, non?
Mme Payette: II faudrait que je prenne les dossiers un par un. La
raison principale, c'est celle-là. C'est que ce sont des caisses qui ont
pu modifier également le territoire, c'est possible. Il y a une foule de
raisons. Mais principalement lorsqu'une caisse est liquidée, c'est
qu'elle abandonne les affaires et qu'elle n'a plus... elle peut
également je cherche une autre explication on sait
aujourd'hui qu'il y a des comptoirs, certaines caisses ouvrent des comptoirs,
et des caisses peuvent fermer parce que les membres ont changé de caisse
tout bonnement. Mais, principalement dans le cas que je vous mentionnais
spécifi-
quement, la Fédération de Québec des caisses
populaires Desjardins, ce sont des caisses qui ont abandonné les
affaires. Mais cela peut venir de loin aussi. Cela peut être des chartes
qui...
M. Goulet: Monsieur, ce que je voulais savoir, en tout cas, ce
que j'essaie de vous faire dire, c'est si ces caisses ont abandonné les
affaires, parce que cela n'était pas rentable ou parce qu'à un
moment donné elles n'ont plus de raison d'être. C'est rentable,
mais, comme madame le dit, Cadbury avait une caisse populaire à
l'intérieur de son usine...
Mme Payette: Vous avez le cas de Cadbury, vous avez...
M. Goulet: ... et l'usine ferme. Cela n'est pas parce que cela
n'était pas rentable pour la caisse, mais il y a une différence
entre fermer parce qu'il n'y a plus de marché le marché
coupe automatiquement et parce que cela n'est plus rentable, tout comme
quelqu'un peut liquider son commerce parce que cela n'est plus rentable.
Mme Payette: C'est un cas possible, je vais donner l'exemple
d'une ville minière où il peut y avoir une caisse populaire. Si
la mine ferme, automatiquement, la caisse liquidera ses affaires. S'il n'y a
aucune possibilité de réouverture de cette mine, on va la
liquider. Dans le moment, on le vit sur la Côte-Nord. On a deux caisses
dans le moment sur la Côte-Nord où les mines sont fermées,
et c'est une question de décision. Est-ce que les mines rouvriront ou
non? Sinon, il y aura liquidation de ces deux caisses.
M. Goulet: C'est comme Murdochville aussi, il doit sortir plus
d'argent de la caisse qu'il n'en entre actuellement. Si parfois vous aviez eu
des noms, j'aurais aimé les avoir, seulement pour-Mine Payette:
Je vais vous les fournir.
M. Goulet: Parce que cela me surprend énormément,
remarquez bien que cela ne nous empêchera pas de...
Mme Payette: Je ne pense pas d'ailleurs que cela prête
à conclure que les caisses populaires Desjardins ont des
problèmes.
M. Goulet: Non, ce n'est pas cela que je voulais
démontrer, je ne pense pas.
Mme Payette: Ce sont probablement des décisions qui sont
prises devant la réalité des faits...
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: Si, à un moment donné...
M. Goulet: Les explications que monsieur a données...
Mme Payette: C'est cela, s'il n'y a plus de
clientèle...
M. Goulet: Oui.
Mme Payette: ... une caisse populaire va fermer ses portes et
cela ne met en rien en danger la fédération.
M. Goulet: Je comprends très bien.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Champlain.
M. Goulet: Au niveau, oui...
M. Gagnon: Si on regarde le tableau au complet, vous avez les
modifications de territoire en haut, 8. Vous avez fusion, 1, vous avez
liquidation et dissolution non terminée, 1, et terminée, 4. Cela
veut dire que cela fait 6 d'un côté et, à modification de
territoire, vous en avez 8. Je présume que cela aussi peut s'expliquer
tout simplement. C'est un réaménagement du territoire à
l'intérieur des caisses de cette fédération, à mon
point de vue, cela peut aussi s'expliquer par cela.
Mme Payette: C'est possible également.
M. Goulet: Au niveau d'un principe, pour protéger les
sociétaires, est-ce que le ministère peut intervenir à un
moment donné au niveau je ne dirais pas de maraudage d'une
désaffiliation: une fédération qui s'affilie à une
autre; on a connu le cas à Sainte-Foy. Par exemple, une caisse qui est
membre de la Fédération des caisses d'économie, dira: Je
ne veux plus rien savoir de vous. Cela ne marche plus avec sa
fédération, elle veut s'affilier à une autre
fédération d'une autre caisse. Par exemple, une caisse
d'économie qui dirait: Je ne veux plus rien savoir de ma
fédération, et irait s'affilier à une autre
fédération telle que les caisses d'entraide ou toute autre
fédération, pour protéger les sociétaires. Est-ce
que le ministère peut intervenir pour savoir si c'est bon pour les
sociétaires ou si c'est moins bon pour les sociétaires,
intervenir et défendre une telle chose? Est-ce que vous pouvez
intervenir à un moment ou à un autre?
Mme Payette: Je crois, M. le Président, que la loi permet
à une caisse de réunir ses membres en assemblée
générale pour décider d'un changement d'affiliation. Ce
serait dans la démocratie et si les membres, en assemblée
générale, décident de changer d'affiliation, que la preuve
est faite au ministre qu'une nouvelle fédération les accepte,
tout se passe démocratiquement et on n'a pas à intervenir.
M. Goulet: Cela prend une preuve au ministre. Maintenant, c'est
quoi, consulter les membres, est-ce que c'est 51% des membres ou si c'est en
assemblée générale, 50% plus 1%? S'il y a dix membres qui
se présentent, vous allez dire que ce n'est pas votre faute. Est-ce que
la loi prévoit...
Mme Payette: M. le Président, c'est aux trois quarts des
membres présents.
M. Goulet: Des membres présents. Mme Payette:
Exact.
M. Goulet: Au niveau des invitations, est-ce que la loi
prévoit des délais au niveau de l'information à donner aux
membres qui ont à se prononcer sur un tel changement au niveau des
délais, ou si un simple petit communiqué dans un journal local ou
dans un bulletin paroissial dit: Ce soir ou lundi, réunion de la caisse;
à cette réunion, on avise nos membres qu'on veut se
désaffilier, on veut changer de fédération; il y a 20
personnes dans la salle, on leur paie un café et c'est normal. Est-ce
que ça peut se passer comme ça je ne vous dis pas que cela
s'est passé comme ça est-ce que ça peut se passer
comme ça?
Mme Payette: La loi prévoit que...
M. Goulet: Vous avez quelque chose au niveau de la surveillance
qui empêche ça ou, lorsqu'on fait la preuve au ministre, est-ce
que ce dossier est étudié de façon qu'on puisse
vérifier quel a été le procédé d'information
à donner aux sociétaires?
Mme Payette: C'est exact, M. le Président, la loi
prévoit la façon dont l'assemblée doit être
convoquée et, lorsque la preuve se fait au ministre, nous exigeons toute
la documentation certifiée prouvant que tout s'est déroulé
selon les règles, les dispositions de la loi.
M. Goulet: Ce que je veux dire, c'est que cela ne se passe pas
comme dans certaines réunions syndicales, quand on veut décider
quelque chose. Je n'ai pas besoin de faire de dessin à personne;
à un moment donné, sur 2000 personnes, il s'agit qu'on en ait 25
dans un coin et tout est légal. Au niveau légal, on ne peut rien
dire, mais au niveau de l'objectivité, on peut se poser de très
sérieuses questions. Si un président de caisse ou un conseil
d'administration de caisse, pour différentes raisons, décide de
s'en aller ailleurs, qu'il ne fasse pas ça dans un petit coin et qu'on
ne le sache pas trois semaines ou trois mois après.
Mme Payette: Je pourrais rassurer le député
là-dessus, parce que la loi a des exigences imperatives en ce qui
concerne les avis de convocation, les délais, les règlements
doivent prévoir le temps qu'il faut pour que les gens puissent
éventuellement se rendre à l'assemblée, les informations
nécessaires doivent être faites, les publications dans la Gazette
officielle doivent être faites et les avis demandés au ministre,
de sorte que le processus démocratique ne peut se prêter à
des abus, sinon en allant à l'encontre des règlements, ce qui
provoquerait des infractions à la loi aboutissant éventuellement
à des poursuites pénales.
A ce moment-là, comme on le disait tout à l'heure, c'est
évident que tout le processus démocratique doit non seulement
être conforme à la loi, mais le ministre pourrait exiger que, dans
certains cas spécifiques, une assurance lui soit donnée qu'il n'y
a pas eu, même dans le respect de la loi, des délais qui, dans
certaines circonstances, pourraient se révéler injustifiés
par rapport à l'importance de la demande.
M. Goulet: Au niveau des trois quarts des membres, ce sont ceux
qui sont présents.
Mme Payette: C'est comme dans toute assemblée
démocratique; que voulez-vous, si, à un moment
donné...
M. Goulet: S'il ne se présente que vingt personnes,
malheureusement, les gens ne se sont pas présentés...
Mme Payette: C'est-à-dire ayant quorum. Si le quorum
prévu par les règlements prévoit qu'il doit y avoir 40
membres pour former assemblée...
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette:... il doit y avoir les trois quarts des 40. Sinon,
le quorum aurait peut-être été fixé d'une
façon inacceptable, mais démocratiquement approuvé par
l'assemblée générale lors de l'approbation des
règlements généraux.
M. Goulet: Cela répond à ma question, M. le
Président, je vous remercie. Quant à ce programme, j'ai
terminé.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou commentaires aux programmes 1 et 5?
M. Saint-Germain: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous avez
terminé sur l'ensemble du programme ou seulement les
éléments 1 et 5?
M. Goulet: Sur l'élément 1, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Sur l'élément 1,
d'accord. Est-ce qu'il y a d'autres... M. le député de
Jacques-Cartier, sur l'élément 1.
M. Saint-Germain: Je voudrais revenir sur une déclaration
que j'ai faite précédemment. J'ai dit que si on avait eu une
commission parlementaire, on aurait peut-être eu le loisir d'entendre la
Fédération des caisses populaires, certaines caisses ou certaines
unions régionales nous faire des représentations. J'ai bien dit
ce que j'ai voulu dire, en ce sens que si les caisses populaires ou les unions
veulent déléguer à leur fédération la
responsabilité de venir, au nom de tous, nous faire des
représentations, ou faire des représentations au
ministère, c'est normal, c'est leur droit et c'est leur
responsabilité. Mais si nous avions eu une
commission parlementaire, il est possible qu'une union régionale
ou qu'une caisse populaire ait pu nous faire, elle aussi, des
représentations, soit que ces personnes aient été
déléguées par leur exécutif, ou, à la
rigueur, par l'assemblée générale de l'union
régionale ou des caisses populaires. Les directeurs de caisses sont
responsables, à leur assemblée générale, ils ne
sont pas responsables à la fédération et à l'union
régionale et il n'y a rien de scandaleux. C'est l'essence même de
la coopération, comme il n'y a rien de scandaleux à ce qu'un
ordre professionnel puisse venir nous faire des représentations, mais
qu'un professionnel en particulier appartenant à cet ordre puisse aussi
demander de se faire entendre. C'est le jeu démocratique. Je n'ai rien
à retirer de ce point de vue. J'aurais une autre question.
L'année dernière, Mme le ministre nous a déclaré
que quant à la Régie de l'assurance-dépôts, on
étudie présentement les modifications qu'il serait
nécessaire d'apporter à la définition de son rôle ou
à son mode de financement, compte tenu de la nouvelle approche du
problème. C'était à la suite de discussions où l'on
parlait de relation entre l'assurance-dépôts et les corporations
de fonds de sécurité. Où en est-on dans les études,
suite à cette déclaration?
Mme Payette: II y a, à l'heure actuelle, un processus qui
est en marche, dans le but d'établir une nouvelle loi concernant les
fonds de sécurité. Nous sommes également à formuler
des propositions concernant la Régie de l'assurance-dépôts,
son rôle, ainsi qu'éventuellement, les modifications qui
pourraient s'avérer nécessaires, compte tenu de
l'établissement de fonds de sécurité dont
l'expérience d'un an ou deux pourra peut-être nous être
bénéfique en ce qui concerne les modifications à apporter
à la Loi de l'assurance-dépôts.
Le processus n'est pas abandonné, au contraire. Il est même
assez vigoureux. Disons qu'il y a lieu de tenir, dans le processus de cette
législation, des représentations des diverses
fédérations. Il nous apparaît absolument nécessaire
d'avoir le point de vue de la clientèle de la régie, qui est
celui des membres des différentes caisses, exprimé
éventuellement par les organismes qui couronnent ces caisses, soit les
fédérations. Nous vous avons parlé, dans le programme
précédent, de la réserve. C'est évident que tous
ces problèmes de réserve qui se situent, soit au niveau des fonds
de sécurité, au niveau des caisses elles-mêmes, ou
même au niveau d'autres organismes comme éventuellement celui de
la régie, doivent être traités dans un ensemble, pour ne
pas faire de loi à la pièce, susceptible de provoquer des
représentations qui pourraient éventuellement être
reprochées au ministère.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on calcule, au niveau du
gouvernement, que les réserves actuelles que possède la
Fédération des caisses populaires Desjardins sont suffisantes
pour garantir l'é- pargne des déposants, surtout si on
additionne... Restons là pour la question donnée. (11 heures)
Mme Payette: Là, vous abordez un problème qui est
à la fois complexe et important. La clientèle de la régie,
ce sont les membres. Le rôle que la régie a vis-à-vis de
ses membres est un rôle d'assureur et son engagement est de garantir,
jusqu'à concurrence de $20 000, les différents
dépôts qui sont éventuellement versés auprès
des caisses.
La clientèle des fonds de sécurité est identique
à celle des fonds de sécurité déjà en
existence à travers les différentes provinces du Canada. Leur
rôle est d'assurer le passif des caisses et sa clientèle, ce sont
les caisses. Il y a donc un départage non seulement idéologique,
mais pratique, avec des conséquences énormes, entre le rôle
joué par la régie et le rôle joué par une
corporation de fonds de sécurité.
Nous n'avons pas l'intention de faire une loi susceptible, par une
imitation grossière de ce qui existe dans d'autres provinces, de faire
un amalgame incompréhensible entre les fonds de sécurité
qui existent dans les autres provinces et, prenons un exemple, le rôle
que joue la Société d'assurance-dépôt du Canada.
Nous confondrions les clientèles et, à ce moment-là, nous
risquerions de provoquer une certaine forme de concubinage entre deux
institutions en mélangeant les clientèles et nous pourrions
même court-circuiter jusqu'à un certain point le rôle de la
régie. Le rôle de la régie est en même temps aussi un
rôle de régulateur, à tel point que, si une caisse devient
solvable, on lui retire son permis.
S'il fallait qu'il s'établisse entre la régie et les fonds
de sécurité des relations économiques, financières,
d'une part, et des relations entre la régie et les caisses, d'autre
part, nous verrions la régie à ce moment-là se mettre dans
l'obligation d'avoir, vis-à-vis de deux types de clientèles, des
obligations qui pourraient être parallèles, sinon concurrentes. La
régie qui doit retirer son permis à une caisse qui est insolvable
se verrait dans l'obligation de donner des sommes au fonds de
sécurité pour s'assurer d'être remboursée de celles
qu'elle aurait versées à des déposants dont la
clientèle est justement ceux qui déposent aux caisses.
Disons que, dans notre esprit, quand on parle de garanties suffisantes,
il s'agit de savoir si on parle de ces garanties vis-à-vis des
déposants. C'est clair et net que la régie a une garantie
suffisante puisqu'elle s'adresse à $20 000 par dépôt de
chacun des déposants.
Si on s'adresse aux fonds de sécurité, il faut les
distinguer des fonds de sécurité non incorporés qui
existent à travers les différentes fédérations et
c'est la politique des différentes fédérations de voir
à ce que leur fonds de sécurité soit susceptible de
rencontrer le passif général des caisses qui sont
affiliées.
Si nous formons des corporations de fonds de sécurité,
à ce moment-là, il s'agira de savoir
jusqu'à quel point ces fonds de sécurité, qui
seront institués en corporations prendront la relève des fonds de
sécurité qui sont, à l'heure actuelle, à
l'intérieur des différentes fédérations ou unions
régionales, selon le cas, et le taux de réserve sera alors
établi par les fédérations conjointement avec leurs
propres fonds de sécurité.
Nous abordons un troisième type de protection. On a parlé
de la protection de la régie vis-à-vis de sa clientèle qui
est les membres. Nous avons parlé de la protection des fonds de
sécurité dont la clientèle est les caisses. Nous pouvons
parler maintenant de la protection qu'apporte la réserve incluse dans
chacune des caisses qui était de 3,5% du passif-dépôt. A ce
moment-là, c'est tout cet ensemble de ces réserves. Nous avons
les réserves de liquidité qui sont pour des fins de
solvabilité, qui sont plutôt le rôle des fonds de
sécurité. Nous avons ces réserves dont on a besoin pour
faire une relation suffisante pour qu'une réserve soit un coussin qui
nous assure qu'au moins, en général, il y a là le minimum
requis pour toute institution financière qui se respecte et nous avons
également cette couverture au niveau de la clientèle des
déposants qui est de $20 000 par dépôt.
Donc, si vous voulez une réponse claire sur chacun des trois
points, pour ce qui concerne les dépôts, c'est clair, $20 000,
c'est suffisant. Le fédéral considère cela comme
étant suffisant pour les institutions financières. L'Ontario a
fixé le montant à $20 000. Aux Etats-Unis, on l'a fixé
à $40 000 pour des raisons qui peuvent être différentes des
nôtres, parce que leur assiette de responsabilités n'est pas
nécessairement la même, le capital social jouant un rôle
passablement différent de celui qui est joué par les caisses
populaires chez nous.
Pour ce qui concerne cet autre type de protection qu'on apporte et qui
est basé sur les fonds de sécurité, il s'agit de demander
à chacune des fédérations si, d'après elles, les
fonds de sécurité qu'elles ont sont suffisants pour
répondre à des demandes de liquidité subite, au cas
où une caisse serait en difficulté. Quant à ces autres
types de réserves, que ce soit en matière de liquidité ou
qu'elles se situent à un autre niveau, comme les fonds de
sécurité incorporés, lorsqu'elles le seront, ce sera
exactement le même problème.
M. Saint-Germain: En ce qui a trait aux fonds de réserve,
si vous voulez, à l'intérieur de la fédération,
à l'intérieur des unions régionales, à
l'intérieur de chaque caisse et contrôlés par celle-ci,
est-ce que vous calculez qu'il y a là suffisamment de réserves
pour faire face, si vous voulez, à certaines pertes qui seraient
occasionnées par certaines caisses en perte de vitesse.
Mme Payette: Si on peut prendre un point de comparaison, en
Ontario ou aux Etats-Unis, où pour les caisses, les "Credit Unions", si
on veut, que ce soit d'origine étatique ou fédérale, il
existe des normes de réserves qui doivent être accumulées
à l'intérieur de chacune des caisses, nonobs- tant le fait qu'il
existe également des régimes d'assurance-dépôt qui
couvrent jusqu'à $40 000, ces taux de réserves sont,
d'après des statistiques qu'on a, au moins comparables aux exigences que
nous avons introduites dans nos lois de décembre. Si on compare ces
réserves à celles qui sont exigées à l'heure
actuelle par d'autres lois canadiennes, et j'entends par là des lois
fédérales ou d'autres provinces, il s'agit de savoir de quel type
de réserves on parle. Comparativement parlant, on peut dire qu'en
général, au Québec, le taux de réserve basé
sur les dépôts se situe dans les environs de 3,56%, ce qui nous
apparaît une réserve comparable à celle exigée
normalement par les autres types de "Credit Unions" à l'intérieur
du Canada. Maintenant, cette réserve est légèrement
supérieure, si on tente, malgré que ce n'est pas tout à
fait semblable... Quand on parle de parts sociales et qu'on parle de
dépôts et d'obligations dans une caisse populaire, il faut faire
une distinction lorsqu'on veut établir un ratio avec les banques
où on doit tenir compte du capital-actions qui n'est pas
rétractile des dépôts qu'elles reçoivent, ainsi que
leur possibilité, qu'il n'est pas permis aux caisses de pouvoir se
financer par obligations, parce que ce type d'institution financière
n'est pas de la même nature qu'une coopérative. Elles font de la
médiation financière interne. Un prêt d'une caisse a
toujours la vigueur du dépôt qu'il reçoit, tandis qu'une
institution financière, ce n'est pas nécessairement la même
chose. Le fait d'aller chercher des capitaux sur le marché
extérieur vient changer considérablement les facteurs qu'on doit
établir pour maintenir une liquidité et une solvabilité.
Donc, à ce moment, il y a toujours des possibilités de
distorsion. Lorsqu'on tente de faire des comparaisons dans les réserves
accumulées dans les caisses ou les réserves accumulées
dans les banques, il faut toujours tenir compte de ces modifications. Il y a
différentes relations qui existent en matière de liquidité
dans les banques, qui ne sont pas semblables à celles qui existent dans
les caisses. Il y a également aussi des facteurs d'emprunt qui ne sont
pas du tout semblables dans des institutions financières non
coopératives à ceux qui sont dans les coopératives. Vous
ne retrouverez pas dans une coopérative de crédit un ratio
d'emprunt, vingt pour un, comme vous le rencontrez dans les institutions
financières.
M. Saint-Germain: Quand vous parlez de ces 3,6% de
réserves, est-ce que vous parlez des 3,6% relativement aux six
fédérations ou aux 3,6% pour les caisses populaires en
particulier?
Mme Payette: Au Québec, les dernières statistiques
que nous avons et qui remontent à 1976, si on veut des statistiques
comparatives pour tout le réseau des caisses d'épargne et de
crédit par province, au Québec, nous avons un ratio de 3,57%,
c'est-à-dire les réserves comprenant les bénéfices
non répartis par rapport aux dépôts, au
passif-dépôt.
M. Saint-Germain: C'est 3,67%? Mme Payette: 3,57%.
M. Saint-Germain: 3,57% s'adressent à toutes les caisses
du Québec.
Mme Payette: A toutes les caisses du Québec.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez des statistiques pour les
différentes fédérations?
Mme Payette: Un instant! Nous en avons. Si nous les prenons par
fédération, si nous tenons compte des taux comme, par exemple,
ceux qui s'échelonnent entre 3% et 4%, c'est-à-dire... Nous avons
pris cet échelon de 3% et 4% parce que, dans ce cheminement entre 3% et
4%, la médiane est 3,50% et certaines ont 3,49% et 3,51% et en tenant
pour acquis qu'il s'agit là tout de même d'un
échantillonnage qui est acceptable pour la fédération de
Québec; ont 3% et plus, 66,59% des caisses affiliées. Entre 3% et
4%, 66,59% des caisses affiliées à la fédération
ont atteint ce ratio.
M. Saint-Germain: Oui. Mme Payette: Disons, pour...
M. Saint-Germain: Est-ce que vous tenez compte de certaines
réserves qui sont en commun? Si je ne m'abuse, il y a un fonds qui a
été créé...
Mme Payette: Non.
M. Saint-Germain: Vous ne tenez pas compte de cet...
Mme Payette: C'est-à-dire, excusez, un fonds en commun, il
faut s'entendre. Si on parle d'un fonds en commun auquel auraient accès
toutes les caisses du Québec, il n'y a pas de fonds commun.
M. Saint-Germain: Non, dans ce sens-là.
Mme Payette: Le joint se fait au niveau de la Régie de
l'assurance-dépôts, mais la clientèle est le
déposant et non pas les caisses affiliées aux
fédérations.
M. Saint-Germain: Quand vous parlez de cette réserve, vous
parlez exclusivement des réserves de chaque caisse, de chaque union ou
de chaque fédération.
Mme Payette: De chaque caisse. M. Saint-Germain: De chaque
caisse.
Mme Payette: De chaque caisse. Nous pourrons vous donner des
chiffres pertinents à chacune des unions régionales
affiliées à la fédération dont nous parlons.
Avant d'avoir des précisions supplémentaires, si on fait
exception des caisses d'entraide économique dont l'accumulation de
réserves est basée sur un facteur complètement
différent de celui des autres fédérations, à ce
moment-là, on peut dire que 61,4% des caisses de tout le Québec
ont une réserve qui est de 61,4%, c'est-à-dire une réserve
du passif-dépôts par rapport... C'est la réserve, y compris
les trop-perçus non répartis, par rapport au
passif-dépôts. C'est toujours un petit peu complexe et, en ce qui
concerne toutes les caisses, sauf les caisses d'entraide économique,
c'est 61,4% qui ont plus de 3%. On les écarte de façon
systématique parce que ce n'est pas tout à fait le même
système et je sais qu'il y a eu des allusions qui ont été
faites dans des déclarations publiques véhiculées par les
media électroniques. A ce moment-là, on a parlé de 1%,
mais il ne faut pas oublier que lorsqu'on parle de 1%, on parle d'un
passif-dépôts des caisses d'entraide économique; les parts
sociales jouent un rôle prépondérant dans les caisses
d'entraide économique. Le financement est de trois quarts en parts
sociales dans les caisses d'entraide économique, alors que c'est
l'inverse dans les autres types de caisse. Il y a donc, à ce
moment-là, une forme de surcapitalisation qui fait que, s'il y avait une
course au dépôt, vous avez un beau coussin des trois quarts du
total du passif dû aux membres incluant dépôts et parts
sociales, en autant qu'on considère des parts sociales comme
étant un passif, ce qui n'est pas nécessairement le cas, loin de
là; en tout cas, à notre point de vue.
D'autres fédérations qui ont 3% et plus; pour les autres
fédérations, c'est 41,18%, 27,03%, 48,81%, 65% et une autre,
7,69%.
M. Saint-Germain: Quelle est la dernière?
Mme Payette: Caisse d'établissement. Je peux vous donner
les noms afférents à chacune des autres aussi, mais...
M. Saint-Germain: Si vous voulez, oui.
Mme Payette: Fédération de Montréal, 41,18%;
Fédération des caisses d'économie, 27,03%; Ligue des
caisses d'économie, 48,81%; Fédération des caisses
d'entraide économique, 65%.
M. Saint-Germain: Pour ce qui regarde les caisses populaires
Desjardins en particulier, est-ce qu'à votre avis, les parts sociales
peuvent être considérées comme une certaine garantie au
dépôt? (11 h 15)
Mme Payette: Là, on tombe dans un débat qui
pourrait être extrêmement intéressant. C'est une question
qui a été soulevée à plusieurs reprises. Certaines
fédérations, pour éviter de les nommer
spécifiquement, ont pris l'habitude, depuis 1971, de
rémunérer le capital social et de passer cette
rémunération aux frais généraux, pour des fins
fiscales, entre autres, et également pour des fins d'accorder un boni
généreux sur les parts sociales. Vu le mécanisme
d'augmentation des réserves
de la loi avant les modifications récentes, il arrivait qu'on
dilapidait les réserves et qu'on s'en allait ni plus ni moins vers des
déficits qui allaient s'accumuler dangereusement pour celles qui en
avaient déjà et la disparition de réserves pour les
organisations marginales et la diminution de réserves pour celles qui en
avaient de bonnes.
Au lieu de procéder de cette façon, nous avons
modifié le système et nous nous sommes dit: Nous allons
plutôt tenter d'atteindre un objectif et non pas tenter de mettre de
côté des sommes qui peuvent être diminuées,
être même vidées de leur contenu par une
rémunération qui pouvait nous paraître excessive au niveau
du capital social. Le capital social, pour nous, est un capital de risque.
Quand je dis un capital de risque au niveau d'une caisse d'entraide
économique, je ne parle pas d'un capital risqué, j'emploie une
expression juridique, je dis: Un capital de risque, c'est un capital qui ne
représente pas entre celui qui le possède et l'organisme qui l'a
émis une relation de créancier-débiteur. Si j'ai un
dépôt auprès d'une caisse, j'ai un droit de créance
à exercer contre elle, peut-être avec un certain préavis
fort théorique mentionné dans notre livret, mais dans le cas des
parts sociales, il y a là une notion qui nous apparaît
différente; il n'existe pas un lien de créance.
C'est tout de même de l'épargne, on l'admet, mais
l'épargne, on trouve cela dans le capital-actions des compagnies, on
retrouve même cela dans les fonds mutuels, on peut retrouver cela dans
les actions qu'on investit dans les compagnies minières à
caractère spéculatif. Le fait que ce soit de l'épargne
n'exige pas nécessairement que ce soit traité de la même
façon. Pour nous, l'épargne-dépôt et
l'épargne capital social sont des épargnes qui se
différencient. Cela surtout en fonction d'un principe fondamental qui
est celui que l'activité coopérative doit être
rémunérée plutôt que le capital investi dans une
coopérative. A ce moment-là, le capital doit subir les
inconvénients de ne pas être rémunéré comme
une activité coopérative, c'est ce qui distingue la
coopérative de la coopération à capital-actions.
Nous avons toujours maintenu que la rémunération du
capital social devait passer après la rémunération du
dépôt et être en sous-ordre à toute autre forme de
lien créancier-débiteur institué entre un membre et sa
coopérative.
Nous avons donc, dans les modifications à la loi 46,
relégué à l'endroit où il était avant 1972
pour une fédération, non pas pour les cinq autres
qui nous paraissait convenir au capital social, la rémunération
de ce capital, c'est-à-dire après les excédents. Sans
cela, c'était favoriser la rémunération d'un capital
plutôt que son activité. On conçoit qu'à ce
moment-là, cela a provoqué certaines difficultés au niveau
de certaines caisses qui voient dans la concurrence avec les
établissements capitalistes une méthode de
rémunération qui est susceptible de transformer peut-être
les parts sociales en des dépôts à long terme. Ce n'est pas
parce qu'on a abusé des lois fiscales, vu qu'on a voulu, à ce
moment-là, conserver ou rémunérer d'une façon indue
du capital, qu'on doit laisser continuer un tel jeu dangereux pour
l'accumulation de réserves et empêcher, à ce
moment-là, de donner un tournant radical à la façon de
procéder.
C'était le but de la loi 46, et, certaines caisses s'en plaignent
pour des raisons concurrentielles. Mais, je dois vous dire également que
d'autres caisses qui n'avaient pas les 3 1/2% et qui ne sont pas à la
veille de l'avoir ont trouvé là l'argument de vente à
leurs clients en disant: II nous faut atteindre ces 3 1/2%, c'est un montant
minimal, c'est le seul type de réserves sérieux qu'on puisse
accumuler chez nous si on ne veut pas perdre toute crédibilité
comme institution financière en circuit fermé, parce que c'est
une coopérative, mais tout de même maintenir un minimum de
crédibilité en ce qui concerne le sérieux de nos
réserves. Elles étaient contentes de pouvoir dire à leurs
membres: Le législateur exige 3 1/2% et il faudra s'y plier. C'est une
volonté, non seulement du gouvernement, ça nous paraît
être un minimum décent pour des réserves
adéquates.
Si parce que certaines caisses ont des difficultés à se
sortir du trou, parce qu'elles sont en déficit, ou à se sortir
d'une réserve d'un demi pour cent parce qu'elles ne sont pas en
déficit pour atteindre les 3 1/2%, cela nous apparaîtrait un
raisonnement bizarre que d'accrocher une philosophie de législation sur
des difficultés financières qu'on doit continuer de couvrir, et
cela n'était pas le but de la loi que nous avions entre les mains.
C'est la raison pour laquelle nous avons établi ces 3,5%, quitte
à avoir des dispositions transitoires permettant aux
fédérations concernées de dire à leurs propres
caisses: On conçoit que dans votre milieu, vous avez en face de vous la
banque une telle ou peut-être même la caisse une telle, d'une autre
fédération. Vos concurrents sont en meilleure santé que
vous et cela ristourne mieux. On va vous donner la possibilité de
continuer de ristourner et c'est nous qui allons établir le montant que
vous allez pouvoir ristourner éventuellement, ainsi que le montant du
boni que vous allez pouvoir payer sur les parts sociales, la ristourne
étant réservée aux prêts et aux emprunts comme
étant un mal nécessaire d'une coopérative qui ne peut
appareiller à l'avance ses coûts à ses revenus.
C'était l'esprit des modifications de la loi 46 et c'est l'esprit dans
lequel nous avons l'intention de continuer nos discussions avec les
fédérations concernées. Cela n'est pas parce que certaines
caisses ont des difficultés qu'on doit sacrifier un principe qui nous
apparaît fondamental.
M. Saint-Germain: Je ne veux pas soutenir, absolument pas, qu'il
est d'intérêt public que les gens qui déposent aux
différentes caisses et qui croient être simplement des
déposants soient assurés de pouvoir retirer leurs
dépôts comme bon leur semble et que le gouvernement voit à
ce que ces dépôts soient là en toute
sécurité. Je crois qu'il y a là, d'ailleurs, certainement
une obligation du gouvernement. Ce que j'ai dit sur la loi 46 n'a rien à
voir avec ma façon de voir concernant la
sécurité de l'argent des déposants. J'exposais tout
simplement une situation de fait à une assemblée
générale donnée. Mais ce qui peut arriver c'est qu'avec la
réputation que les caisses Desjardins se sont faite, peut-être
certains citoyens voient-ils constamment toute coopérative de
crédit et de dépôt comme jouissant de la même
sécurité et fonctionnant avec les mêmes principes de base
ou les mêmes principes d'affaires. Mais, on sait pertinemment que dans
les faits, c'est différent. Je me demande jusqu'à quel point les
gens peuvent faire la différence, à un moment donné, entre
un dépôt et l'achat de parts sociales. Là, cela peut
créer certainement des difficultés assez sérieuses, parce
qu'on pourrait s'apercevoir un jour qu'acheter une part sociale d'une
coopérative et faire des dépôts, ce sont deux champs
d'activité et ce sont des risques qui sont bien différents. Nous
aurons, probablement, dans l'avenir l'occasion de discuter encore plus
spécifiquement de ces garanties.
Je vous remercie de vos explications, je crois qu'elles étaient
très à point et qu'elles auront permis à tous ceux qui
sont intéressés d'avoir un point de vue qui, à mon avis,
est valable.
M. Goulet: M. le Président, une très courte
question au sujet de l'assurance-dépôts. Si,
éventuellement, une caisse était en difficulté
financière, devenait insolvable, d'accord il y a les
fédérations qui protègent... je pense que dans l'ensemble,
les fédérations sont en bonne situation financière. Mais,
au sujet de la garantie de dépôt, c'est limité à $20
000 au Québec, c'est par dépôt ou par déposant?
Mme Payette: C'est par dépôt.
M. Goulet: C'est par dépôt. C'est-à-dire que
si quelqu'un avait $100 000, il serait préférable, pour dire
qu'on est protégé à 100%, de faire cinq
dépôts dans la même caisse, cela peut être dans la
même caisse, de $20 000 chacun plutôt que d'en faire un de $100
000. C'est ce que cela veut dire, non?
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'il faudrait
éviter de créer la panique chez ies gens qui pourront lire les
choses qu'on est en train de raconter.
M. Goulet: M. le Président...
Mme Payette: A partir du moment où il y a des
déposants qui sont en mesure de déposer $100 000, la caisse n'est
pas en danger.
M. Goulet: M. le Président, j'ai bien dit:
L'hypothèse, l'éventualité.
Mme Payette: Alors, c'est une question hypothétique.
M. Goulet: J'ai bien dit qu'il y avait un coussin, que les
fédérations étaient en bonne situation financière,
techniquement parlant, je ne veux pas entreprendre de débat
là-dessus, c'est le dépôt et non le déposant.
Mme Payette: Disons qu'en ce qui concerne la protection du
déposant, celui-ci a un recours direct contre la régie.
Dès qu'une caisse n'est pas en mesure de lui rembourser la somme
statutaire prévue, soit $20 000 par dépôt, si la caisse est
dans l'impossibilité de rembourser, évidemment, elle se retourne
vers la régie et demande d'être remboursée. Mais ceci est
l'aboutissement ultime de situations qui me paraissent théoriques. La
question que vous posez peut éventuellement se produire dans les faits,
mais d'une façon théorique, en ce sens qu'avant d'en arriver...
je ne me rappelle pas, à moins que ce soit une circonstance tout
à fait particulière et impliquant des montants tellement minimes
que c'était mieux de rembourser immédiatement un déposant,
je ne me rappelle pas que, dans l'histoire de la Régie de
l'assurance-dépôts, on ait eu à rembourser un seul
déposant, parce que la régie a également des pouvoirs
accessoires lui permettant, pour éviter une perte plus grande pour elle,
de faire des avances et d'aider une caisse en difficulté.
Donc, lorsqu'une caisse affiliée à une
fédération a épuisé sa propre réserve,
deuxièmement, a épuisé sa propre liquidité ou sa
réserve, il y a un jeu d'écriture en comptabilité, en
partie double, mais si elle a également épuisé la
liquidité secondaire ou primaire, y compris celle qu'elle a
versée auprès de sa propre caisse régionale ou
fédération, à ce moment-là, il y a toujours le
dernier recours, celui de s'adresser éventuellement à la
régie. A l'heure actuelle, la simple présence de la régie,
avec les fonds dont elle dispose ou peut disposer est un rempart psychologique
suffisamment important, et c'est probablement même son utilité
principale, pour éviter que des situations comme celles-ci puissent
même se produire.
M. Goulet: Vous dites que, de mémoire d'homme, la
régie n'a jamais remboursé, n'a jamais eu à
rembourser...
Mme Payette: Elle n'a jamais eu à rembourser, parce que
j'ai dit que sa seule présence était le facteur psychologique qui
aurait pu provoquer les situations dont vous parlez, n'eût
été sa présence. Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait jamais
eu de recours aux fonds de la régie, mais jamais pour des remboursements
au niveau des déposants.
M. Goulet: Des déposants.
Mme Payette: Mais de l'aide et des avances au niveau des
caisses.
M. Goulet: D'accord.
Mme Payette: Elément 1, élément 5, M. le
Président, complétés?
M. Goulet: Elément 5.
Le Président (M. Marcoux): Eléments 1 et 5,
adopté?
M. Saint-Germain: Ecoutez, on est à
l'élément 1, si je ne m'abuse?
Le Président (M. Marcoux): Si vous avez d'autres questions
à l'élément 5, on avait dit qu'on abordait les deux en
premier et en même temps. D'autres questions à
l'élément 1 et à l'élément 5? Non, alors,
l'élément 1...
M. Saint-Germain: D'accord, ça va.
Le Président (M. Marcoux): Elément 1...
M. Saint-Germain: Vous n'aviez pas dit...
Le Président (M. Marcoux): Au début de la
séance ce matin, Mme le ministre a proposé...
M. Saint-Germain: Une dernière question, ces modifications
que vous allez faire à l'assurance-dépôts, que vous
projetez de faire, quand croyez-vous qu'on va légiférer
là-dessus?
Mme Payette: Cela prend la forme d'un projet de loi qui est
déjà déposé au Conseil des ministres et qui recevra
éventuellement l'approbation du conseil.
M. Saint-Germain: C'est tout. Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Les éléments 1 et
5 du programme 3 sont adoptés. Est-ce qu'on discute
séparément des éléments 2, 3 et 4? Ce sont des
sujets vraiment distincts. Elément 2.
Mme Payette: Fiducie et finance.
Fiducie et finance
Le Président (M. Marcoux): Contrôle et surveillance
des compagnies de fiducie et de finance.
Mme Payette: Je dois rappeler, M. le Président, que le
rapport annuel de l'inspecteur des compagnies de fiducie a été
déposé au mois de décembre 1978 devant l'Assemblée
nationale, pour référence.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a des questions?
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Au niveau des compagnies de finance, la loi 72 n'est
pas en application, mais est-ce qu'après l'adoption de cette loi, vous
avez eu beaucoup de représentations des compagnies de finance concernant
l'application de cette loi? Parce qu'hier, vous disiez que vous discutiez avec
les commerçants, mais au niveau des compagnies de finance.
Mme Payette: Cela inclut également les
représentants des compagnies de finance, les représen- tants des
banques, il y a eu d'autres rencontres avec ces groupes...
M. Goulet: Est-ce que c'est pénible... Mme
Payette:... au niveau des règlements.
M. Goulet:... est-ce que cela amène beaucoup de
difficultés ou si... (11 h 30)
Mme Payette: Non. Je dois d'ailleurs dire que, parmi les
intervenants sur la loi 72, ce sont peut-être ceux avec lesquels la
collaboration a été la plus facile. Ils se rendent à
l'argumentation de la protection du consommateur et se disent tout à
fait disposés à mettre la loi en vigueur. Nous discutons avec eux
des prochains règlements et le travail se poursuit avec la même
collaboration que précédemment.
M. Goulet: Au niveau des 48 heures, il n'y a pas eu de critiques,
il n'y a pas de difficultés d'application au niveau de la
spéculation? Est-ce que vous avez eu des argumentations de ce
côté-là. Je parle après l'adoption.
Mme Payette: A ma connaissance, non. Nous en sommes à
discuter des règlements actuellement. Je ne suis pas informée
qu'il y ait des difficultés particulières.
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent poser des questions ou faire des commentaires
concernant l'élément 2?
M. Saint-Germain: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Adopté. Compagnies
d'assurances
Elément 3. Contrôle et surveillance des compagnies
d'assurances.
Mme Payette: M. le Président, en l'absence du Surintendant
des assurances, MM. Vallières et Mailloux M. Vallières
pour l'assurance-vie et M. Mailloux pour l'assurance générale
sont présents ce matin.
Le Président (M. Marcoux): Mme le ministre, est-ce que
vous avez des propos généraux?
Mme Payette: Non, M. le Président, sauf pour rappeler que
la loi 67 prévoit que le Surintendant des assurances doit faire rapport
au ministre qui doit déposer ce rapport à l'Assemblée
nationale, sur la situation dans le domaine des assurances, que ce rapport est
sur le point d'être prêt et que je serai probablement en mesure de
le déposer d'ici une quinzaine de jours, peut-être trois
semaines.
J'ai expliqué la raison pour laquelle il y a un délai,
même si j'avais parlé du mois de mars, à un moment
donné. Comme il s'agit de la première année où le
Surintendant des assurances doit faire ce rapport, c'est lui qui nous a... Non,
je n'ai sûrement pas parlé de février.
M. Goulet: Oui, mais en tout cas...
Mme Payette: Ce n'est pas possible, M. le Président. Mais
enfin, je ne veux pas en discuter. Le Surintendant des assurances nous a
demandé un délai pour faire les dernières
vérifications et pour être bien sûr que ce rapport, duquel
vont dépendre tous les autres rapports ensuite, chaque année,
soit aussi complet et aussi parfait que possible. Et c'est à sa demande
que nous avons accepté de retarder de quelques semaines la
réception de ce rapport et le dépôt à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: II me semble qu'on étudie ces
crédits un peu trop vite, n'ayant pas le rapport du Surintendant des
assurances. Nous n'avons pas le rapport non plus de la Régie de
l'assurance automobile. Mais enfin, de toute façon...
Lors de l'étude de cette loi de l'assurance automobile, Mme le
ministre avait mentionné, et elle avait même voulu, par
l'autorité de la loi, prévoir l'étatisation de certaines
compagnies privées d'assurance automobile dans le domaine des dommages
matériels, afin de faire une concurrence...
Mme Payette: Question de règlement. Le
député de Jacques-Cartier est en train d'affirmer une chose qui
n'a jamais été exacte. Tout le dossier de l'assurance automobile,
depuis le moment où nous avons commencé d'en parler, a toujours
été divisé en deux parties: Etatiser la partie des
blessures corporelles de l'assurance automobile, mais jamais nous n'avons
prétendu étatiser les compagnies d'assurances dans le domaine de
l'automobile.
M. Saint-Germain: M. le Président, dans la première
rédaction de la loi de l'assurance automobile, on voulait un secteur
témoin, en ce qui regarde...
Mme Payette: II avait été question, M. le
Président, non pas d'étatiser les compagnies privées, mais
de donner à la Régie de l'assurance automobile le pouvoir
éventuellement de devenir une régie qui pourrait également
faire de l'assurance dans le domaine matériel. Ce n'est pas du tout
l'étatisation des compagnies privées qui était
visée, mais c'était un pouvoir supplémentaire à la
régie qu'elle aurait pu exercer si elle le jugeait utile.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'au ministère, on poursuit les
études en vue de l'établissement de ce secteur témoin?
Mme Payette: La loi, telle qu'elle a été
adoptée, M. le Président, ne prévoit pas que la
régie puisse faire concurrence à l'entreprise privée dans
le domaine des dommages matériels. La régie ne fait donc pas
d'étude dans ce sens. Le ministre qui vous parle cependant continue
d'être convaincu que cela aurait été une bonne chose
d'inclure dans la loi à l'époque cette possibilité pour la
régie, mais, comme la décision de l'Assemblée nationale et
celle du président de la commission ont été autres, cette
situation n'existe donc pas.
M. Saint-Germain: Mais, le ministre qui nous parle se
propose-t-il de poursuivre les études...
Mme Payette: Le ministre qui vous parle espère...
M. Saint-Germain: ... ou espère-t-il simplement, sans
baser ses espérances sur une étude?
Mme Payette: Le ministre qui vous parle, M. le Président,
espère pouvoir un jour convaincre le gouvernement qu'il serait utile
d'amender la loi dans ce sens, mais il n'y a, pour l'instant, aucune entreprise
dans ce sens.
M. Saint-Germain: II n'y a aucune étude qui se fait dans
ce sens présentement?
Mme Payette: Dans ce sens, aucune.
M. Saint-Germain: Le ministre nous avait aussi
déclaré qu'il était possible que l'on étende la
juridiction de la Régie de l'assurance automobile pour lui permettre
d'assurer les préjudices corporels qui pourraient être
causés par d'autres accidents que les accidents d'automobile.
Mme Payette: C'est exact, M. le Président, et c'est
considéré comme une deuxième étape possible pour la
Régie de l'assurance automobile de prendre en charge l'indemnisation des
blessures corporelles découlant de toute autre sorte d'accident. Cela
fait donc partie du mandat de la régie. La régie,
éventuellement, aura à faire rapport sur les possibilités
pour elle de remplir ce mandat et les modalités selon lesquelles elle
pourrait éventuellement le faire.
M. Saint-Germain: Si je comprends bien ou si j'interprète
bien les déclarations du ministre, la régie, en plus d'en avoir
l'autorité, fait actuellement des études en vue d'élargir
son champ d'activité.
Mme Payette: Oui. Je ne peux pas affirmer que les études
sont très avancées dans ce sens. Il est probable que le rapport
que la régie nous fera nous en dira plus long. Je sais que cela fait
partie du mandat, mais le premier mandat de la régie est
d'abord d'appliquer la loi 67 et, tant que la régie n'estimera
pas que ce premier mandat est accompli et que le rodage est terminé,
j'imagine que la décision du conseil d'administration indiquerait de ne
pas entreprendre des études prématurées, mais le
gouvernement cependant souhaite que la régie se penche
éventuellement sur ce complément de mandat.
M. Saint-Germain: Pour ce qui regarde les centres
d'évaluation, on a appris par les journaux que le premier centre devrait
être établi bientôt. Est-ce que cette nouvelle était
fondée?
Mme Payette: En effet, M. le Président, le regroupement
des assureurs qui existe de par la loi 67 a poursuivi son travail depuis
l'entrée en vigueur de la loi et annonce que le premier centre
d'évaluation sera construit en juin et que d'autres centres assez
nombreux devraient suivre dans des délais très courts par la
suite, puisqu'on considère, du côté du regroupement des
assureurs, que ce premier centre est un centre "expérimental" et que,
quand il sera construit ou qu'il sera en marche, les autres, s'appuyant sur
cette première expérience, devraient aller plus vite.
Je dois vous dire que c'est une nouvelle qui me réjouit, parce
que j'ai trouvé le temps très long entre le moment où le
regroupement des assureurs a commencé à travailler sur ce dossier
et le moment où les résultats vont commencer à se faire
sentir. De là à dire que l'entreprise étatique a pu agir
plus rapidement que l'entreprise privée, il n'y aurait qu'un pas.
M. Saint-Germain: Maintenant que la compensation directe a
été établie, pourrait-on nous donner une esquisse du moins
des premiers résultats de l'application de cette technique de
compensation?
Mme Payette: Je vais pouvoir donner une première partie de
réponse et demander à M. Mail-loux s'il désire
compléter.
Nous savons déjà, à la suite des rencontres que
nous avons avec le regroupement des assureurs, puisqu'on sait que deux
représentants du gouvernement siègent à titre
d'observateurs à ces réunions et font rapport au ministre de
façon régulière après chaque réunion, que
l'entreprise privée, dans le domaine de l'assurance automobile, est
très heureuse des résultats de l'indemnisation directe. Cela a
d'abord été précédé d'une campagne de
publicité importante de la part de l'entreprise privée. Il semble
qu'il y ait un haut taux de satisfaction dans la population, quant à la
rapidité des indemnisations pour dommages matériels, que cela
réponde aux attentes de l'entreprise privée. Si on se fie, en ce
qui nous concerne, à ce que les gens nous disent quand on les rencontre,
il semble effectivement qu'on arrive à être indemnisé
dorénavant, en ce qui concerne les dommages matériels, à
l'intérieur d'un mois, puisqu'on est indemnisé directement par
son propre assureur. Ce serait à nouveau un hommage à rendre
à la loi 67, puisque c'est grâce à elle que les compagnies
ont fait de l'indemnisation directe.
M. Saint-Germain: II n'y a aucun doute que depuis des
années, les compagnies privées demandaient une nouvelle loi qui
leur permettrait d'établir cette compensation. Alors, il n'y a aucun
doute...
Mme Payette: Les compagnies auraient pu le faire si elles
l'avaient désiré. Il a fallu que la loi 67 le leur impose pour
qu'elles le fassent.
M. Saint-Germain: Voilà une déclaration qui est
tout à fait nouvelle, quant à moi, c'est la première fois
que je l'entends. Je sais pertinemment que le BAC demandait depuis plusieurs
années d'avoir, par une loi, le droit de procéder de cette
façon. C'est tout à fait nouveau pour moi d'entendre dire que,
légalement, les compagnies privées auraient pu le faire
antérieurement, parce qu'il existait un droit légal de
subrogation et que c'est la loi 67 qui a permis de faire disparaître ce
droit de subrogation.
Mme Payette: II n'y a pas de loi 67 en France, où les
compagnies d'assurances font de l'indemnisation directe depuis fort
longtemps.
M. Saint-Germain: Je ne suis pas légiste, mais je croyais
que ce que j'affirmais était clair et évident. Je n'ai pas...
M. Goulet: Un point de règlement! Je ne sais pas si je
suis sourd, mais j'aimerais comprendre ce que le député de
Jacques-Cartier dit pour ne pas avoir à poser les mêmes questions.
Honnêtement, je fais un effort, mais c'est extrêmement difficile.
Je ne sais pas si le député de Jacques-Cartier pourrait parler
plus fort.
Mme Payette: C'est la campagne électorale qui l'a
fatigué.
M. Goulet: La campagne électorale! Si vous voulez monter
le ressort un peu, de façon qu'il puisse parler plus fort et un peu plus
vite aussi, s'il y a moyen.
M. Saint-Germain: J'ai trop parlé et j'ai trop crié
la semaine dernière et la semaine précédente.
M. Goulet: Non, ce n'est pas un blâme. Je n'entends
pas!
M. Saint-Germain: Peut-être que d'une journée
à l'autre...
M. Goulet: Ce n'est pas l'écouteur, je suis collé
dessus.
Mme Payette: C'est un 78 tours qu'on passe en 33.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas devant moi d'avis légaux
pour soutenir la déclaration que je
viens de faire, mais, de toute façon, pendant ce long
débat qui a marqué l'étude...
M. Goulet: M. le député de Jacques-Cartier, je vous
comprends.
Mme Payette: Je vous entends.
M. Saint-Germain: Qui a marqué l'étude de la Loi de
l'assurance automobile...
M. Goulet: C'est parce que, tout à l'heure, il y avait
tellement de distance entre deux mots que je n'étais pas capable de
faire la liaison.
Mme Payette: Entre entendre et comprendre, il y a une
différence.
M. Goulet: C'est seulement pour taquiner.
Le Président (M. Marcoux): J'ai une seule question
concernant votre point de règlement: Comment se fait-il que le ministre
l'entende bien et que le député de Jacques-Cartier l'entende
mal?
Mme Payette: Ce doit être par habitude. Je l'entends, je ne
le comprends pas toujours, mais je l'entends.
M. Saint-Germain: Ce serait trop demander d'être toujours
compris, d'ailleurs. Je ne suis pas si exigeant que cela! Comme je le disais,
si on veut bien me laisser continuer, je n'ai pas d'avis juridique
actuellement...
Le Président (M. Marcoux): On vous a interrompu pour mieux
vous entendre!
M. Saint-Germain: ... pour soutenir ce que je viens d'affirmer
tout au long du débat, de ce long débat, c'est la première
fois que j'entends dire que les compagnies privées avaient le droit de
faire de la compensation directe.
Mme Payette: II y a beaucoup de choses que les compagnies
privées pourraient faire si elles le voulaient.
M. Saint-Germain: Oh! Vous savez!
Mme Payette: Elles pourraient réorganiser toute
l'évaluation des risques. Elles pourraient faire baisser les primes.
Elles pourraient réduire leurs frais d'administration. Ce sont toutes
des choses qu'on les encourage à faire.
M. Saint-Germain: Vous savez, les gouvernements aussi pourraient
toujours faire ce que la population attend d'eux. Ils ne le font pas
nécessairement et on a vu l'appréciation que la population a
faite concernant les services gouvernementaux et le gouvernement actuel. (11 h
45)
Mme Payette: Si on n'est pas satisfait d'un gouvernement, on peut
s'en défaire, mais si on n'est pas satisfait d'une compagnie
privée, c'est plus difficile.
M. Saint-Germain: Ah, ça! Vous avez tout à fait
raison. Avec une compagnie privée, c'est très facile. On n'a
qu'à ne pas être un de ses clients. C'est arrivé dans ma
vie tellement souvent que, lorsque j'étais mal servi quelque part, je
changeais simplement de fournisseur. De toute façon, on me dit que les
compagnies d'assurances sont actuellement très intéressées
à assurer les risques que comporte une auto qui date, car, vu cette
compensation directe et la perte du droit de subrogation, on est donc
limité aux dommages que subit cette vieille auto qui, au prix du
marché, a une valeur très basse. Est-ce que cette affirmation est
fondée?
Mme Payette: Si la voiture a une valeur très basse, M. le
Président, la prime à payer pour l'assurer devrait
refléter la valeur de l'automobile, ce qui veut dire que je ne vois pas
d'avantage, en ce qui concerne les compagnies privées d'assurance,
à rechercher à assurer seulement des véhicules qui ont une
moindre valeur.
M. Saint-Germain: C'est ce que certains agents d'assurance m'ont
affirmé.
Mme Payette: Ils affirment tellement de choses, M. le
Président.
M. Saint-Germain: Le ministre aussi affirme tellement de choses,
mais je remarque qu'elle est plus prudente, qu'elle en affirme moins qu'elle en
a affirmé dans le passé.
Alors, il arrive que si vous assurez, par exemple, une voiture de
valeur, nécessairement, pour la compagnie, les risques sont beaucoup
plus grands, car vous êtes toujours tenu de payer, si vous voulez, les
dommages que subit cette voiture de valeur. Il arrive aussi qu'une auto
d'occasion ou même en trop mauvais état pour être sur la
route peut endommager sérieusement une autre voiture impliquée
dans un accident et qui est une voiture qui a réellement de la valeur.
Comme il n'y a plus de droit de subrogation et que les dommages que subit la
vieille voiture comportent un risque très bas et que cette compagnie qui
assure cette vieille voiture n'est pas tenue de payer les dommages
occasionnés par la vieille voiture, il y aurait un intérêt
pour les compagnies à chercher à assurer ces vieilles voitures
que les compagnies essayaient d'éviter d'assurer dans le
passé.
Mme Payette: ...
Une Voix: Est-ce la campagne électorale aussi?
Mme Payette: C'est la mauvaise climatisation de l'édifice
qu'occupe ce ministère.
M. Saint-Germain: II y a beaucoup de fonctionnaires qui ont
voté la dernière fois, vous savez.
M. Goulet: C'est leur droit. M. Saint-Germain: Justement.
Une Voix: Ils l'ont fait valoir.
Mme Payette: Au niveau de la tarification, les véhicules
sont nécessairement classés par groupes. Ces groupes
correspondent à la valeur réelle des véhicules. On sait,
par ailleurs, qu'en indemnisation directe, la position d'adversaire est
éliminée. C'est dire due l'assuré se retrouve à
traiter avec son assureur au même titre, disons, qu'en assurant son
habitation, s'il y a un dommage à sa maison ou à ses meubles, il
va voir son assureur; il ne vas pas voir une tierce partie. Revenant à
l'automobile maintenant, c'est dire que l'assuré, le propriétaire
du véhicule, va se tourner vers son assureur et lui demander
d'être indemnisé pour les dommages subis. L'assureur connaissant
nécessairement l'âge du véhicule, la valeur du
véhicule, va exiger une prime qui correspond à ce groupement. Par
ailleurs, on peut dire que, globalement, sur le marché
présentement, la concurrence est reconnue comme étant
particulièrement vive. C'est donc dire que les assureurs, d'ordre
général, ont tendance à vouloir souscrire de plus grosses
primes ou le plus grand montant de primes possible.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. Moreau, du BAC, disait, avant l'adoption de la loi
67: "L'industrie des assurances est parfaitement capable d'offrir aux
Québécois tout ce que le gouvernement préconise et ce,
à un coût nettement inférieur." On nous l'a prouvé
avec l'indemnisation directe, on nous dit que plus de 90% des montants à
payer le sont en dedans de soixante jours; madame dit un mois.
Mme Payette: Je ne sais pas quelle est la moyenne, ce sont des
gens qui m'ont dit que ça avait été un mois.
M. Goulet: Dans un rapport, j'ai lu 91% en dedans de soixante
jours, ce qui est une nette amélioration, que ça dépende
de la loi 67 ou non.
Mme Payette: Ce n'est pas ou non, c'est oui.
M. Goulet: II faut le constater. Madame disait tout à
l'heure qu'il y a bien des choses que les compagnies privées sont
capables de faire, par exemple de baisser les primes. Une entreprise
étatique pourrait également baisser les primes, on en a
parlé hier. Avant de demander à l'entreprise privée de
baisser les primes, il faudrait voir, dans votre jardin, ce que vous pouvez
faire. Vous pourriez également baisser les primes.
Mme Payette: Me permettriez-vous de réagir
là-dessus?
M. Goulet: Certainement.
Mme Payette: La Régie de l'assurance automobile a un an et
quelques mois. Je pense qu'il serait raisonnable de se donner le temps de faire
une projection de ce qui se passe. Dans le cas des compagnies privées,
elles sont en affaires depuis de nombreuses années, elles
possèdent des statistiques que nous ne possédons pas en ce qui
concerne la Régie de l'assurance automobile.
M. Goulet: Je suis d'accord. Vous dites que, si on n'est pas
satisfait du régime proposé par un gouvernement, on peut s'en
défaire; l'entreprise privée, on ne peut pas s'en défaire.
Je réagis là-dessus, c'est tout à fait le contraire. On
n'a pas le choix, aujourd'hui, de prendre notre assurance du gouvernement ou de
la prendre d'une entreprise privée. Le client n'a pas le choix, il doit
prendre son assurance du gouvernement; par contre, dans l'entreprise
privée, il y a toujours une certaine concurrence et on peut choisir
notre assureur. Etant donné que l'entreprise privée nous dit
qu'elle est capable de fournir... Vous allez peut-être me répondre
que ces gens ne l'ont pas fait dans le passé, mais on nous affirme que,
depuis que la loi 67 est en vigueur, on est capable de donner les mêmes
services au Québécois et ce, à un coût nettement
inférieur.
Est-ce que le ministre a envisagé, éventuellement, de
permettre à l'entreprise privée de venir en concurrence loyale
avec le régime du gouvernement?
Mme Payette: Non, M. le Président.
M. Goulet: Si votre régime est si bon, pourquoi ne pas
permettre une concurrence loyale? Les Québécois, comme d'autres
citoyens, doivent être assez intelligents pour être capables de
choisir. Si c'est vrai que le régime d'assurance automobile
étatique est si bon, ils le choisiront à 100%. Moi le premier, si
je peux m'assurer à un meilleur taux et avoir plus d'avantages d'une
assurance qui vient du gouvernement du Québec, si ça va dans ma
poche, je vais faire comme tous les autres citoyens, je vais la prendre. Mais
si je peux avoir la même assurance à un taux plus avantageux de
l'entreprise privée, je vais y aller. Aujourd'hui, je n'ai plus le
choix.
Etant donné que l'entreprise privée nous a prouvé,
depuis un an, qu'elle est capable de faire les choses comme il faut quand elle
le veut, pourquoi ne pas lui permettre... pourquoi cette peur?
Mme Payette: M. le Président, le député fait
allusion au fait que l'entreprise a fait les choses correctement depuis un an;
c'est à la suite de l'adoption de la loi 67 que l'entreprise
privée a fait de l'indemnisation directe qui profite aux consom-
mateurs d'assurance automobile. La réponse à la
première partie de sa question, c'est non; il n'est pas question de
permettre à l'entreprise privée de reprendre en main
l'indemnisation des blessures corporelles; c'est une décision de
l'Assemblée nationale au moment du vote de la loi 67. Nous
considérons que ce qui concerne les blessures corporelles demeure une
mesure de justice sociale qui permet d'indemniser toutes les victimes
d'accidents d'automobile.
M. Goulet: M. le Président, je n'ai jamais parlé,
au grand jamais, d'abolir la loi 67. Il s'agirait d'un petit amendement
à la loi 67. Je pense qu'on doit faire plus confiance aux
Québécois. S'ils veulent le régime d'assurance automobile
proposé par le gouvernement qu'ils y adhèrent. Mais si, par
contre, ils pensent être mieux servis... Lorsque vous parlez de justice
sociale, ça ne tient pas. Je ne dis pas de l'abolir, mais de permettre
un choix aux Québécois.
Je pense que, là-dessus je vous le dis bien humblement
votre argumentation est faible. Je n'y crois pas. Je me demande pourquoi
ne pas le permettre. Si c'est vrai ce que vous dites, fiez-vous donc au bon
jugement des Québécois. Qu'un Québécois se trompe,
mais que six millions de Québécois se trompent en même
temps, je trouverais cela farfelu de le penser. Permettons-leur, si c'est vrai.
Je pense qu'on devrait avoir plus confiance...
Mme Payette: M. le Président, je pense que...
M. Goulet: Ce serait déjà une justice sociale que
d'avoir confiance dans l'ensemble d'un peuple, comme vous le dites.
Mme Payette: Je pense que le député ne
réalise pas que grâce à la loi 67, il y a six millions de
Québécois qui sont protégés contre les accidents
d'automobile. Si l'entreprise privée pouvait vendre de l'assurance
automobile aux piétons, on ne serait déjà plus dans le
domaine de l'assurance, ce serait tout autre chose. C'est dans ce sens que la
loi 67 a introduit un régime qui est une mesure sociale en faisant en
sorte que tous les citoyens soient protégés et non pas les
assurer auprès des entreprises privées. La réponse
à sa proposition de revenir en arrière est non.
M. Goulet: Non, non, écoutez, c'est vous qui avez le gros
bout du bâton, mais quand même je ne l'accepte pas.
Mme Payette: J'ai même tout le bâton.
M. Goulet: Vous avez tout le bâton et vous vous en
prévalez.
M. Saint-Germain: Cela n'est pas pour longtemps.
M. Goulet: Concernant l'intervention de l'Etat, le
ministre...
Mme Payette: Est-ce que le député de
Jacques-Cartier affirmerait que le parti libéral revenant au pouvoir
reverrait la loi 67 et y changerait quelque chose?
M. Goulet: Un instant! Le député...
M. Saint-Germain: J'ai simplement souligné...
M. Goulet:... de Jacques-Cartier a parlé assez
longtemps...
Mme Payette: Est-ce qu'on reviendrait à l'ancien temps
avec les compagnies privées?
M. Goulet: Je pense qu'on est réveillé, je ne veux
pas qu'il nous rendorme.
M. Saint-Germain: ... Parce que la population est fatiguée
de...
Mme Payette: Alors tenons pour acquis que vous avez le gros bout
du bâton, M. le député, est-ce que vous défaites ce
qui a été fait?
M. Saint-Germain: II y a certaines choses qui vont être
sûrement défaites.
Mme Payette: Je pense que les citoyens vont être contents
d'apprendre cela aussi.
M. Goulet: M. le Président...
M. Saint-Germain: II y a certaines choses qui vont être
défaites.
M. Goulet: Concernant l'intervention de l'Etat...
M. Saint-Germain: Non pas pour revenir au statu quo non plus.
M. Goulet: ... le ministre a déclaré à
plusieurs reprises...
M. Saint-Germain: ...
Mme Payette: Vous allez proposer une assurance
renouvelée?
M. Goulet: M. le Président, est-ce que vous m'aviez
donné la parole?
M. Saint-Germain: Sans bâton.
M. Goulet: M. le Président est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Cela ne paraît pas.
M. Saint-Germain: Là, il m'entend par exemple.
Mme Payette: Parle fort Québec!
M. Goulet: M. le Président, le ministre a... voyez-vous
quand le député de Bellechasse prend la parole, on se
réveille dans cette salle.
Mme Payette: Oui, oui.
M. Goulet: Cela faisait une heure qu'on était endormi. Le
ministre a déclaré à plusieurs reprises que la loi 67
visait à établir un contrôle sévère de
l'industrie privée. Vous avez dit cela à plusieurs reprises dans
vos interventions publiques, entre autres au Saguenay...
Mme Payette: Je n'ai pas parlé de contrôle, parce
que le surintendant n'a pas le pouvoir de contrôler l'entreprise
privée. Il a le pouvoir de surveiller l'entreprise privée. Cela
n'est pas le contrôle...
M. Goulet: D'accord, on s'entend.
Mme Payette: C'est pour cette raison que le surintendant doit
faire un rapport, c'est pour remplir cette partie de son mandat.
M. Goulet: On s'entend, le contrôle au niveau de la
surveillance et non pas directive; on s'entend sur les mots, d'accord.
J'aimerais savoir quelle mesure, à ce jour, le gouvernement a
adoptée en vue d'en arriver à encadrer sérieusement les
compagnies d'assurances, comme le disait le ministre?
Mme Payette: C'est de se rendre aux exigences de la loi 67, de
veiller à la formation du regroupement des assureurs qui existe depuis
que la loi a été adoptée, d'y déléguer des
représentants du gouvernement qui s'assurent que le cheminement du
travail de regroupement se fait correctement. C'est de demander à toutes
les compagnies d'assurances de remplir les exigences de la loi 67, de faire
rapport au surintendant des assurances et c'est de demander au surintendant des
assurances de faire ce qu'il va faire d'ici quelques semaines, soit de nous
déposer un rapport complet sur l'ensemble de la situation dans
l'entreprise privée. Ce qui n'était pas possible...
M. Goulet: Dans le rapport...
Mme Payette: ... avant la loi 67, puisque certaines compagnies
faisaient parvenir au surintendant, par exemple, leur livre de tarification,
d'autres ne le faisaient pas. Si bien que le surintendant n'était jamais
en mesure de tirer des conclusions de cette situation. Il n'avait jamais
l'ensemble du tableau.
M. Goulet: Est-ce que le surintendant, dans la préparation
de son rapport, avait comme mandat de proposer d'autres mesures que celles que
l'on connaît déjà ou tout simplement de faire le point sur
celles que l'on connaît déjà? Est-ce que vous, comme
ministre ou comme membre du gouvernement, avez donné un mandat de
chercher d'autres solutions ou d'autres mesures en plus de celles que l'on
connaît déjà?
Mme Payette: Le surintendant a des pouvoirs qui lui sont
donnés par la loi 67, il a aussi des pouvoirs comme surintendant des
assurances. Peut-être que M. Mailloux pourrait expliquer davantage le
rôle du surintendant auprès des compagnies. Mais il y a la loi 67
dans le domaine de l'automobile, il y a aussi les pouvoirs du surintendant et
ses responsabilités vis-à-vis des compagnies d'assurances.
Justement au niveau de la loi 67, il y a des pouvoirs qui ont
été consentis au surintendant des assurances qui touchent
spécifiquement la tarification et les statistiques automobiles. C'est de
ce rapport que le ministre fait état et qui sera déposé
à plus ou moins brève échéance. (12 heures)
M. Goulet: Quand je parlais de nouvelles mesures, j'aurais
aimé que M. Roy nous dise quel sens donner à ces interventions.
Par exemple, il est allé à un congrès dans l'Ouest l'an
passé...
Mme Payette: M. Roy a été le président du
groupe des surintendants pendant une année. C'est probablement à
ce congrès que vous faites allusion.
M. Goulet: De...
Mme Payette: Winnipeg.
M. Goulet: C'est ça, Winnipeg, au Manitoba. L'an
passé, à la fin de l'été, il disait: Je
suggère à l'entreprise privée de répondre avec plus
d'attention aux attentes du public que par le passé. C'était une
suggestion, mais une mise en garde. Lorsqu'on a dit le contrôle, au
niveau des suggestions, tout à l'heure...
Mme Payette: II y a une information que je peux donner sur ce
sujet, qui est une information intéressante, et vous allez voir que les
choses se recoupent. L'Association des consommateurs du Québec a fait
des représentations récemment auprès du surintendant des
assurances concernant l'assurance-vie. Le surintendant travaille
présentement avec cette association de consommateurs. Il a, de son
côté, fait appel à l'entreprise privée et à
des représentants de l'entreprise privée pour qu'on puisse mettre
ensemble un comité de consommateurs et de représentants de
l'entreprise privée dans le secteur de l'assurance-vie, parce que
c'était le secteur qui les intéressait, et de leur permettre de
faire part de leurs plaintes à l'entreprise privée et à
l'entreprise privée de se rendre aux demandes des consommateurs, en ce
qui concerne en particulier la rédaction d'un contrat, pour avoir un
contrat simple à lire.
Il y a également d'autres demandes de la part des consommateurs,
et c'est le surintendant qui joue le rôle d'intermédiaire entre
les entreprises privées et l'association des consommateurs.
M. Goulet: Je demandais s'il avait eu un mandat d'aller plus
loin, parce qu'à un moment donné, M. Roy affirmait que les
demandes des assurances n'étaient pas satisfaites. Plus loin, il
mentionne: "Si les questions et les plaintes qui arrivent à mes services
sont souvent inquiétantes et frustrantes", il continuait, "le sort des
assureurs privés dépend largement de ceux qui en tirent
subsistance, mais c'est le public qui a toujours le dernier mot". Est-ce que
ça veut dire qu'on est à la veille d'une nouvelle
nationalisation? Qu'est-ce qu'il voulait dire à ce moment-là.
Est-ce que vous en avez discuté avec lui? Est-ce qu'il vous a
expliqué ses propos?
Mme Payette: J'en ai discuté avec le surintendant des
assurances et j'ai pris connaissance de son texte également. Je pense
que ce que le surintendant vise essentiellement, c'est de faire prendre
conscience à l'entreprise privée qu'elle ne peut pas vivre dans
l'isolement, en ignorant les réclamations des consommateurs d'assurance.
Son rôle est un rôle incitatif dans les circonstances, et comme il
s'adressait à ces milieux d'assurance, il leur faisait savoir sa
préoccupation des insatisfactions qui sont véhiculées au
bureau des assurances du ministère ou ailleurs, puisqu'il s'adressait
à l'ensemble du Canada, dont trop souvent les compagnies privées
font fi et n'accusent même pas réception de ces plaintes.
Le surintendant attirait l'attention de l'entreprise privée sur
le fait que le public a finalement toujours raison, qu'on doit se
préoccuper de la protection du consommateur d'assurance, comme du
consommateur de n'importe quel autre service ou bien, et il soulignait qu'il
souhaitait largement la collaboration de l'entreprise privée. Ce que je
viens de vous dire, ce comité qui se forme présentement, de
consommateurs et de représentants de l'entreprise privée me
paraît être la réponse à cette préoccupation
du surintendant qu'il avait énoncée déjà à
Winnipeg.
M. Goulet: M. le Président, d'accord pour les propos du
surintendant des assurances, mais je voudrais revenir également à
certains propos qu'a tenus Mme le ministre. Ici, j'ai une note; cela se passait
les 2 et 3 avril, elle était à Québec dans le cadre de sa
tournée sur son livre bleu. Le 3 mai, à Jonquière, vous
avez déclaré que vous étiez d'accord que, à plus ou
moins brève échéance, "l'Etat prenne en charge la
couverture de tous les accidents corporels en formant une régie des
accidents". Vous avez même ajouté: "C'est la décision du
gouvernement du Québec d'en arriver là."
Mme Payette: C'est exactement ce que j'ai confirmé tout
à l'heure, c'est la deuxième étape de la Régie de
l'assurance automobile. On parle de blessures corporelles.
M. Goulet: Quand?
Mme Payette: Quand la régie et son conseil
d'administration estimeront que la période d'im- plantation du
régime d'assurance automobile sera complétée, que la
période de rodage sera terminée et que la régie, par la
voix de son président et de son conseil d'administration, fera part au
gouvernement du résultat de la préparation de cette
deuxième étape, et que le gouvernement prendra la décision
d'y donner suite.
M. Goulet: Mais, Mme le ministre, vous parlez au nom du
ministère, mais vous parlez également au nom du gouvernement.
Est-ce que vous pouvez affirmer ce matin que c'est encore la décision du
gouvernement, qu'il y a consensus au Conseil des ministres là-dessus,
sans dévoiler...
Mme Payette: Oui. M. Goulet: Oui?
Mme Payette: C'est exact. Le mandat a été
donné à la régie de faire en sorte qu'on considère
que c'est la deuxième étape qui est dévolue dans le
rôle de la régie.
M. Goulet: Et c'est la volonté du gouvernement?
Mme Payette: C'est exact.
M. Goulet: Ah bon! Vous me surprenez. On y reviendra,
peut-être même avant l'étude des prochains
crédits.
Vous disiez, dans votre tournée à Jonquière, qu'il
y avait d'autres étapes à venir dans le dossier de l'assurance
automobile et d'autres assurances. Vous vouliez parler de quoi à ce
moment-là? L'assurance automobile, dans les domaines corporel,
matériel, d'accord. Est-ce qu'il y aurait autre chose, par exemple,
l'assurance-habitation?
Mme Payette: L'assurance-incendie... M. Goulet: Ahbon!
Mme Payette: ... qui représente certaines
difficultés pour les consommateurs. Nous avons effectivement agi, dans
ce domaine, non pas par le biais d'une loi, mais par le biais d'un travail
constant avec le Bureau des assureurs du Canada. Depuis plusieurs mois, nous
sommes intervenus auprès du Bureau des assureurs du Canada pour tenter
de trouver une solution à la situation que vivaient certains citoyens,
particulièrement de régions défavorisées de
Montréal et de la ville de Québec, qui n'arrivaient pas à
trouver de l'assu-rance-incendie, à cause, disaient les assureurs
à l'époque, d'un risque trop grand, que nous avons tenté
de faire corriger en demandant que les compagnies privées, au moment de
refuser de l'assurance, indiquent au consommateur les raisons pour lesquelles
on refuse de l'assurance et que si ces raisons peuvent être
corrigées... Il s'agit parfois d'un hangar attenant à un
domicile, hangar qui représente, selon les assureurs, un danger trop
grand d'incendie. La situation peut être
corrigée par le locataire ou le propriétaire, selon les
cas, pour faire en sorte que ce logement comporte moins de risque et que
l'assurance devienne disponible.
Nous avons travaillé dans ce sens avec le résultat que, je
pense, la situation n'est peut-être pas parfaite, mais qu'elle est
largement améliorée sur ce qui existait auparavant.
M. Goulet: Au niveau de certains assurances de risque, comme
l'habitation, oui. Mais, au niveau de l'assurance corporelle, vous avez
mentionné également qu'éventuellement, cela prendrait un
régime de protection complète pour un citoyen, dans toutes les
étapes de sa vie, de sa naissance à sa mort. Vous aviez tenu
à peu près ces propos.
Au niveau de l'assurance automobile, du côté
matériel, vous avez employé les mots "achat" et "nationalisation"
pour qualifier l'action du gouvernement qui acquerrait une ou deux compagnies
d'assurances, afin d'entrer en concurrence loyale avec le secteur privé.
Vous en avez déjà parlé.
Mme Payette: C'est cela, c'est ce que je vous ai dit tout
à l'heure. C'était le voeu du gouvernement, à
l'époque, que la régie puisse faire concurrence à
l'entreprise privée. Cela pouvait se faire. Et vous souvenez-vous que
nous étions à l'époque de la discussion d'un document de
travail? Cela pouvait se faire, à l'époque, par l'achat
éventuel d'une compagnie d'assurances que la régie aurait pu
compléter. Cette possibilité a été refusée,
lors de l'adoption de la loi 67, si bien que ce projet a été
abandonné.
M. Goulet: Vous disiez: Si les assureurs refusent de se plier aux
règles que nous leur imposons... Est-ce que vous leur avez imposé
des règles, est-ce que vous avez discuté avec ces assureurs
privés, de façon qu'ils respectent certaines règles que
vous aimeriez leur suggérer? Est-ce qu'il y a eu des discussions
à ce niveau?
Mme Payette: La loi 67 a prévu qu'il y ait ces
discussions, puisque tous les assureurs appartiennent au regroupement des
assureurs, qui devient l'interlocuteur représentant tous les assureurs
privés. C'est avec ce regroupement que nous travaillons depuis
l'adoption de la loi 67.
M. Goulet: Et le projet de nationaliser une ou deux compagnies,
c'est abandonné?
Mme Payette: C'est abandonné de par la décision
même de l'Assemblée nationale, en rejetant cette proposition dans
la loi 67.
M. Goulet: Mais l'Assemblée nationale, écoutez, je
suis bien d'accord, c'est l'ensemble des députés. Mais
l'Assemblée nationale est formée...
Mme Payette: La régie s'est vu refuser le pouvoir de le
faire dans la loi 67. Donc, la régie n'a pas le pouvoir de le faire.
M. Goulet: Mais si le Conseil des ministres avait
décidé de le passer, vous avez 71 députés en
Chambre...
Mme Payette: Si le Conseil des ministres prenait la
décision de revenir...
M. Goulet: C'est parce qu'il n'était pas d'accord avec
cela.
Mme Payette: Non. M. Goulet: Ecoutez, là!
Mme Payette: Ecoutez, oui, mais alors n'insinuez pas des choses.
Je dois rappeler au député de Bellechasse...
M. Goulet: M. le Président...
Mme Payette: ... que c'est un amendement qui a été
apporté...
M. Goulet: M. le Président...
Mme Payette: ... au moment de l'étude...
M. Goulet: ... sur un point de règlement. Je m'excuse
d'interrompre Mme le ministre, mais il n'est pas question d'insinuation. A
l'Assemblée nationale, pour les gens qui peuvent nous lire ou nous
écouter éventuellement, il ne faudrait pas les mêler, il y
a des gens qui forment le gouvernement et ils sont en majorité. Vous
êtez 71 députés. Si vous décidez qu'une loi sera
adoptée à l'Assemblée nationale, il y a des étapes
à suivre. Mais c'est parce que la volonté du ministre ou ce que
vous pensiez, le Conseil des ministres l'a refusé carrément, il
n'est pas d'accord. C'est cela que j'aimerais que vous nous disiez ce
matin.
Mme Payette: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Laberge): Oui, Mme le ministre.
Mme Payette: ... je crois que le député comprend
mal ce que j'essaie de lui rappeler. Le gouvernement...
M. Goulet: Je vais vous écouter.
Mme Payette:... a apporté un amendement à la loi
67, au moment de l'étude article par article de ce projet de loi
à l'époque. Cet amendement a été refusé par
le président de la commission qui étudiait la loi 67. Devant ce
refus, le gouvernement n'a pas pu donner suite à cette intention. Cet
amendement a été refusé, il n'a donc pas pu être
inclus dans la loi 67.
M. Goulet: Ecoutez, c'est bien beau de dire qu'un
président a refusé un amendement, mais ce que je veux...
Mme Payette: La suite des événements: Je vous ai
dit tout à l'heure que le ministre...
M. Goulet: C'est que le gouvernement, à un moment
donné, a décidé de changer son optique, d'arrêter de
nationaliser dans ce domaine-là Cela faisait peur. Est-ce cela, oui ou
non?
Mme Payette: M. le Président, c'est faux, c'est non.
M. Goulet: Ecoutez, je ne veux pas reprendre...
Mme Payette: II s'est agi, M. le Président, d'une
situation technique...
M. Goulet: Ah! ah! ah!
Mme Payette: ... qui a fait en sorte qu'un amendement a
été refusé à cette commission même.
M. Goulet: Madame!
Mme Payette: Dans ce sens...
M. Goulet: Madame!
Mme Payette: ... je vous ai dit tout à l'heure: Le
ministre continue de penser que cela aurait été une bonne chose
que la régie ait ce pouvoir. Si le gouvernement décide que cela
vaut la peine de reprendre ces discussions, il y aura éventuellement un
amendement proposé à la loi 67 qui reprendra le cours normal de
ce genre de législation qui apporte un amendement à une loi. Je
vous ai dit que je continuerais de le recommander. Je ne peux pas vous affirmer
à ce moment-ci que le gouvernement reprendrait cette décision,
mais, au moment où l'amendement a été proposé,
quand nous étudions la loi 67 article par article, c'était
très évidemment avec l'accord du gouvernement.
M. Goulet: Je suis bien d'accord, mais, lorsque vous me dites:
amendement, etc., ce que je veux vous dire, c'est que, si le Conseil des
ministres, si le gouvernement décide d'amener une loi ou d'apporter un
amendement à une loi, il n'y a rien qui l'empêche de le faire. Il
y a des étapes à suivre selon le règlement, mais il
l'aurait adopté depuis un an. C'est parce qu'il ne veut pas, c'est parce
que vous n'avez pas un consensus au niveau du Conseil des ministres, les gens
sont contre cela.
Mme Payette: M. le Président, c'est une affirmation qui
est fausse.
M. Goulet: Amenez l'amendement, déposez l'amendement.
Mme Payette: Cela n'a jamais été rediscuté
au Conseil des ministres. Nous le rediscuterons si le ministre le propose au
Conseil des ministres.
M. Goulet: Ah! M. le Président, je conclus
là-dessus, je ne veux pas entreprendre de débat, mais je
défie le ministre de déposer son amendement. Il n'a pas le
consensus au Conseil des ministres.
Mme Payette: M. le Président...
M. Goulet: II le sait pertinemment. S'il l'avait, cela fait
longtemps qu'on aurait l'amendement, cela fait longtemps qu'on en aurait
parlé au président et qu'on aurait accepté
l'amendement.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse...
Mme Payette: ... je ne vois pas comment le député
peut affirmer une chose comme cela. Il ne siège pas au Conseil des
ministres.
M. Goulet: Je vous lance un défi, déposez
l'amendement!
Le Président (M. Laberge): Mme le ministre.
Mme Payette: Le ministre qui vous parle vous assure que cela n'a
pas été rediscuté au Conseil des ministres.
Le Président (M. Laberge): Mme le ministre...
M. Goulet: ... durant cette session. Parce qu'il n'y a pas
consensus, point final.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse...
M. Goulet: II va falloir que vous convainquiez vos
collègues du cabinet et, après cela, vous essaierez de convaincre
la population.
Mme Payette: M. le Président, cela n'a pas
été reproposé au Conseil des ministres.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse, de toute façon...
M. Goulet: Je me soumets.
Le Président (M. Laberge): ... quant à ce qui s'est
passé en commission parlementaire l'an dernier, il est possible de
retourner au journal des Débats textuellement pour savoir ce qui s'est
passé, je crois. En toute impartialité, je vous dis ici qu'il est
possible de relire le journal des Débats.
Quant à ce qui se passe à l'intérieur du Conseil
des ministres, je crois que cette commission n'a pas mandat d'en discuter les
intentions.
M. Goulet: Je vais demeurer dans le cadre de la juridiction de
cette commission.
Le Président (M. Laberge): Les intentions ne sont
pas...
M. Goulet: Pourquoi Mme le ministre n'a-t-elle pas cet
amendement? On ne parlera pas du Conseil
des ministres. A l'intérieur du cadre de cette commission,
pourquoi Mme le ministre n'amène pas...
Mme Payette: Parce que ce n'est pas ici que cela doit venir.
Le Président (M. Laberge): C'est ce que je
considère.
M. Goulet: Pourquoi n'avez-vous pas apporté l'amendement
en Chambre? (12h15)
Mme Payette: Parce qu'il faudrait d'abord l'apporter au Conseil
des ministres, ce que je n'ai pas fait.
M. Goulet: Pourquoi ne l'avez-vous pas apporté au Conseil
des ministres?
Mme Payette: Probablement parce que j'estime que je n'ai pas le
temps de rouvrir la loi 67, et que quand nous l'ouvrirons sur un amendement
comme celui-là, nous verrons s'il n'y a pas lieu d'apporter d'autres
amendements, après un certain temps de fonctionnement de la
régie. Jusqu'au moment où on se parle, la régie ne
m'indique pas qu'il y ait dans la loi des choses qui aient besoin d'être
changées. Si nous décidons un jour de rouvrir la loi, nous
verrons sur quel sujet nous voulons le faire.
M. Goulet: Si j'affirme que vous n'ouvrirez pas cette loi avant
le référendum, est-ce que j'ai raison?
Mme Payette: Non, vous n'avez pas raison. M. Goulet:
Ouvrez-la!
Mme Payette: Si nous avions des raisons de croire qu'il faut que
ce soit fait, nous le ferions.
M. Goulet: D'accord. Est-ce que vous me permettez une autre
question?
Le Président (M. Laberge): Si vous avez une autre
question, je crois comprendre qu'il y a un député du
côté de...
M. Goulet: Je n'ai aucune objection. J'aurais une ou deux autres
questions sur ce chapitre, mais allez-y!
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rimouski.
M. Marcoux: Simplement une question très brève.
Concernant la place ou la part des compagnies québécoises
d'assurance automobile sur le marché actuellement, une des craintes
s'était manifestée lors de la loi 67, à savoir
qu'après l'adoption de la loi 67, la part du marché occupé
par les compagnies québécoises d'assurance automobile
diminuerait. Des gens m'ont formulé à nouveau cette crainte.
Suite aux effets de l'assu- rance automobile, on sait que les compagnies
privées ont perdu $350 millions de revenus et qu'une féroce
concurrence a été livrée dans d'autres secteurs de
l'assurance, par exemple, l'assu-rance-feu, pour récupérer sur
d'autres marchés l'argent qu'elles avaient perdu dans le secteur de
l'assurance automobile. Des courtiers de la ville de Rimouski m'ont dit que la
conséquence nette de cela, c'est qu'ils prévoyaient que ce
seraient les compagnies de propriété étrangère qui
avaient des assises plus solides qui profiteraient finalement des effets de
l'assurance automobile.
Je voudrais savoir si vous avez des chiffres, des pourcentages du champ
d'occupation, qui vous permettent de dire si les compagnies
québécoises d'assurance automobile ont perdu plus à la
suite du régime d'assurance automobile ou moins que les compagnies
à propriété étrangère, non
québécoise.
Mme Payette: Pour être conscient réellement de la
situation sur le marché des primes d'assurance automobile, il faut quand
même être conscient que sur 212 assureurs qui détiennent le
permis pour faire de l'assurance automobile au Québec, on retrouve 72%
des primes à l'intérieur de 23 assureurs. C'est dire que les 190
assureurs qui restent ne souscrivent qu'à 38% de l'assurance automobile.
Parmi les 23 assureurs que font les 72%, le gros du gâteau, on retrouve
justement des entreprises de chez nous, des entreprises qui sont
installées ici, dont les noms nous sont tous connus et dont on voit les
messages publicitaires couramment.
Au service des assurances, nous avons l'impression qu'il n'y a pas eu
régression de la part des assureurs autochtones. Au contraire, le
surintendant, dans son rapport, fait état qu'à son avis, il y a
eu augmentation de la participation des assureurs autochtones.
M. Marcoux: Dans le rapport qui sera déposé d'ici
quelque temps, est-ce qu'il y aurait des informations...
Mme Payette: Non, le rapport du surintendant sur les services des
assurances a été déposé en décembre 1978
à l'Assemblée nationale.
M. Marcoux: C'est sur l'année 1977... Il va de quelle date
à quelle date?
Mme Payette: L'année 1977.
M. Marcoux: On peut difficilement voir les effets, parce que
c'était simplement sur les... Il s'appliquait à partir de
1978...
Mme Payette: II y a déjà des indices, parce
que...
M. Marcoux: C'est ça que je veux savoir.
Mme Payette:... il faut bien comprendre que, dès
l'adoption de la loi 67, le marché a commencé
à bouger et, déjà, les indices qu'on a dans ce
rapport du surintendant des assurances permettent de penser que c'est dans ce
sens que les choses allaient se passer.
M. Marcoux: D'accord, ça répond à ma
question. Merci.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. Parizeau, le
ministre des Finances, au mois de juillet 1977, admettait que le secteur
privé est mieux nanti sur le plan statistique que le secteur public, le
secteur gouvernemental. Est-ce que, depuis ce temps, le gouvernement et votre
ministère en particulier, vous avez pris des mesures pour corriger ces
lacunes sur ce chapitre? Si je pose cette question, c'est parce que, si on
admet avec M. Parizeau que l'appareil statistique gouvernemental est
déficient. Comment peut-on comparer, sur quoi on se base pour comparer
le coût du présent régime, comparativement au régime
privé ou à l'ancien régime?
Mme Payette: Vous parlez toujours d'assurance automobile?
M. Goulet: Bien oui, parce que...
Mme Payette: Ce n'était pas nécessairement...
M. Goulet: Non, mais, regardez, l'assurance automobile,
premièrement, et également ce qu'on veut faire plus tard. A un
moment donné, vous vous basez sur des chiffres...
Mme Payette: Bon! Dans l'assurance automobile, ce n'était
pas d'ailleurs nécessairement de l'assurance automobile que M. Parizeau
parlait à ce moment-là, parce qu'il a fait allusion à
cette situation au moment de la déclaration de la Sun Life de
déménager son siège social à Toronto. Il s'agissait
donc d'assurance-vie et non pas d'assurance automobile. Dans le domaine de
l'assurance automobile, la loi 67 corrige la situation en ce qui concerne les
statistiques, puisqu'elle oblige les compagnies à nous faire parvenir
leurs statistiques, leurs livres de tarification. Je vous ai dit
déjà que nous ne disposions pas auparavant de la
possibilité d'exiger ces informations des compagnies d'assurance.
En ce qui concerne l'assurance-vie, il y a eu, entre le surintendant et
les entreprises privées, des rencontres sur ce sujet et M. Mailloux peut
probablement vous dire où on en est. Pardon, M. Vallières.
D'accord. Disons que les rencontres ont eu lieu surtout avec
l'Association des compagnies d'assurance-vie du Canada et c'était
surtout sur le plan technique, à savoir la façon de distribuer
les placements entre provinces, à savoir quelles méthodes on
devrait utiliser, par exemple la régionalisation en fonction du nombre
d'employés, en fonction des succursales ou des choses comme ça,
d'une province à l'autre. C'était sur le plan strictement du
placement, de l'actif, si on veut, la distribution des actifs d'une province
à l'autre.
Au sujet de la distribution des passifs d'une province à l'autre,
la discussion a surtout porté au niveau des réserves, la
façon dont les réserves devraient être allouées
d'une province à l'autre, soit sur la base de la résidence au
moment de l'émission d'un contrat ou de la résidence actuelle. Il
y a eu aussi des discussions sur le plan de l'allocation des passifs en
matière d'assurance et de' rente collective, où c'est
peut-être un peu plus compliqué en raison de la distribution des
employés qui n'est pas nécessairement la même que la
distribution de l'employeur. L'employeur peut être localisé en
Ontario et avoir des employés un peu partout au Canada. C'est surtout le
genre de discussions qu'on a eues avec l'Association canadienne des compagnies
d'assurance-vie.
M. Goulet: Au niveau du pays. Quand vous dites canadienne, c'est
limité à l'intérieur du pays.
Mme Payette: Les membres de l'association canadienne.
M. Goulet: Oui.
J'ai une autre question concernant les placements des compagnies
d'assurance. Il y a eu un jugement de la Cour suprême parce qu'on voulait
que les compagnies d'assurance puissent investir des sommes d'argent à
l'intérieur des provinces. Le jugement de la Cour suprême disait
que ça regardait les provinces. A ce moment, le ministre des Finances a
dit: On va mettre notre monde au travail et on va regarder cela. Est-ce qu'il y
a eu du travail de fait à cet égard? C'est une question qui
devrait être adressée au ministre des Finances, mais, concernant
les placements des compagnies d'assurances, est-ce que votre collègue au
ministère des Finances en a discuté avec vous de façon que
les compagnies d'assurances qui viennent percevoir des primes au Québec
puissent investir un certain pourcentage au Québec?
Mme Payette: Je sais que le ministre des Finances
s'intéresse particulièrement à ce dossier ainsi que le
ministre au développement économique, puisque le ministre
responsable du développement économique a reçu mandat du
gouvernement de faire une étude sur l'épargne. Quand on parle
d'assurance-vie, on parle d'épargne des Québécois. Dans ce
sens, le ministère a collaboré avec le ministre des Finances et
le ministre responsable du développement économique pour fournir
le maximum d'information dont nous disposions. C'est surtout ce qui a
été notre part de collaboration. Je sais que le ministre
responsable du développement économique doit faire part à
l'Assemblée nationale, dans les semaines qui viennent, d'une politique
de développement, et j'imagine que c'est à l'intérieur de
cette politique d'ensemble qu'on retrouvera la participation du
ministère.
M. Goulet: Cela va. Concernant la recherche de l'information, il
doit y avoir eu collaboration
avec l'entreprise privée, comme le disait monsieur, parce que
c'est l'entreprise privée qui détient ces informations,
actuellement?
Mme Payette: C'est exact et, jusqu'à preuve du contraire,
il y a eu collaboration. Il y a même eu une rencontre entre des
représentants de l'Association des assureurs canadiens et le ministre
des Finances, le ministre d'Etat au développement économique, le
ministre d'Etat au développement culturel et le ministre des
Consommateurs.
M. Goulet: Cela répond à mes questions.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Est-ce que l'on ne croit pas que, comme toutes
les compagnies privées, la Régie de l'assurance automobile
devrait tomber sous la juridiction du Surintendant des assurances?
Mme Payette: II s'agit là d'une régie d'Etat. La
loi telle qu'elle a été adoptée par l'Assemblée
nationale a créé la régie et lui a donné les
pouvoirs dont elle dispose. Je ne crois pas que le surintendant ait des
pouvoirs à exercer sur la régie, quoiqu'il me semble
qu'au-delà de tout cela, s'il y avait abus de la part de la
régie, peut-être le surintendant en serait-il saisi, ce qui n'est
pas le cas. Mais...
M. Saint-Germain: Est-ce que...
Mme Payette: ... on ne parle pas du tout de la même chose,
on parle d'une régie autonome qui a été
créée par la loi 67.
M. Saint-Germain: C'est évident que, par la loi, la
régie ne tombe pas sous cette juridiction, comme les compagnies
privées.
Mme Payette: La régie doit des comptes à
l'Assemblée nationale et elle le fera par le biais de son rapport
annuel.
M. Saint-Germain: Rien n'empêche que cela ne serait pas
illogique, loin de là. Je crois que cela serait une
sécurité de plus pour les citoyens que de modifier la loi en vue
de mettre la Régie de l'assurance-maladie sur le même pied que les
compagnies privées.
Mme Payette: Vous avez dit la régie...
M. Saint-Germain: ... la Régie de l'assurance
automobile.
Mme Payette: Justement, votre lapsus est intéressant,
parce que la Régie de l'assurance automobile est l'équivalent de
la Régie de l'assurance-maladie. Est-ce qu'il faudrait mettre la
Régie de l'assurance-maladie sous la surveillance... Une régie
est une régie...
M. Saint-Germain: Je parle...
Mme Payette: ... c'est un organisme...
M. Saint-Germain: Je parle...
Mme Payette:... qui relève du gouvernement.
M. Saint-Germain: ... spécifiquement de l'assurance
automobile. Je dis cela: Quelles sont les obligations du Surintendant des
assurances? Son obligation est-elle de voir à ce que les contrats soient
rédigés convenablement, de façon claire, de façon
précise, à ce que les clients sachent bien quels sont leurs
droits et que les coûts de la prime soient en concordance avec les
risques encourus par les compagnies?
On s'est aperçu, avec les représentations du
président de la Régie de l'assurance automobile, qu'à
cause d'études qui ont été différentes,
études de projections des actuaires, en fait, les projections ne se sont
pas concrétisées, les réclamations ont diminué en
nombre important relativement aux prédictions. Ce qui fait
qu'aujourd'hui, on paie des montants plus élevés pour la prime
que les risques encourus par la régie et c'est exactement là,
vis-à-vis des compagnies privées, l'obligation et la
responsabilité du surintendant des assurances.
Je crois que, pour le public, il serait absolument intéressant
que le surintendant des assurances ait la même juridiction et qu'il
puisse faire à l'Assemblée nationale sa propre évaluation
du coût de l'assurance automobile actuellement. On aurait un avis non
politisé, on aurait un avis de personne compétente qui pourrait
éclairer la population énormément.
Mme Payette: M. le Président, je pense que la régie
est un organisme non politisé, dirigé par un président non
politisé, avec un conseil d'administration non politisé, qui fera
au gouvernement des recommandations sur la tarification.
M. Saint-Germain: Mais le gouvernement politise le débat,
c'est normal, ce n'est pas une critique que je fais, il serait anormal qu'il
n'en soit pas ainsi d'ailleurs.
Mme Payette: On a entendu le président de la régie
déclarer lui-même qu'il n'y avait jamais eu d'ingérence
politique dans son administration.
M. Saint-Germain: Ne nous faites pas rire. On sait que le
président de la Régie de l'assurance automobile est obligé
de faire rapport au ministre relativement aux tarifs et là, c'est une
décision politique. (12 h 30)
Mme Payette: II ne fait pas...
M. Saint-Germain: Si on avait, d'un autre côté, un
même rapport du surintendant des assurances qui ne serait pas
politisé, les politiciens pourraient en faire ce qu'ils veulent; mais
l'humble citoyen pourrait mieux juger parce qu'il aurait un
élément
tout à fait désintéressé pour appuyer son
jugement. C'est tout ce que je voulais dire. Il n'y a pas
d'incompatibilité, même si la Régie de l'assurance
automobile est une régie d'Etat; ce n'est absolument pas
incompatible.
Mme Payette: Le rôle de la régie, par le biais de
son conseil d'administration est d'analyser la situation à la
régie, de faire rapport à l'Assemblée nationale et de
faire, le moment venu et cela se situe en général vers
l'automne des recommandations au sujet de la tarification.
M. Saint-Germain: C'est juste. Et je suis assuré que si on
avait eu, au sujet de la tarification, un rapport du surintendant des
assurances, ça n'aurait pas été le même rapport.
Cela aurait été un rapport tout à fait
différent.
M. Gagnon: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Lorsque vous avez une
régie qui doit déposer un rapport ou qui doit rendre compte
devant l'Assemblée nationale, donc, devant la population du
Québec, tout le monde peut critiquer, tout le monde peut faire ses
recommandations sur un rapport comme celui-là. C'est un rapport qui est
public. Il n'y a personne d'exclu. Pourquoi mandater quelqu'un en particulier
pour faire une critique sur ce rapport?
Je trouve que c'est complètement déplacé. C'est
l'Assemblée nationale qui reçoit le rapport de la régie.
Ce n'est pas une entreprise privée qui peut garder pour elle ces
rapports, ces recommandations.
M. Saint-Germain: Je ne serais pas indifférent à
avoir un rapport, comme membre de l'Assemblée nationale, du surintendant
des assurances. Je serais bien aise de le recevoir.
M. Gagnon: II n'y a rien qui l'empêche de le faire.
M. Saint-Germain: Ils sont dans le milieu, ils ont le personnel
voulu pour le faire, ils ont les qualifications pour le faire, et la
compétence pour le faire.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'élément 3 sera adopté, afin qu'on revienne avec
l'élément 4? Adopté?
M. Saint-Germain: On va regarder cela cet après-midi.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 3, vous
êtes disposé tout de suite...
M. Saint-Germain: Ce ne sera pas plus long.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que je pourrais
souligner au député de Jacques-Cartier que cela permettrait, si
on l'adoptait, de ne pas ramener cet après-midi des fonctionnaires qui
devront être ici seulement pour quelques minutes cet
après-midi?
M. Saint-Germain: Je veux bien faire preuve de collaboration.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 3 est
adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Goulet: Quant à moi, étant donné qu'on
doit le faire tout de suite, je suis prêt à adopter le rapport,
mais je voudrais reprendre un petit bout de phrase que le député
de...
Le Président (M. Marcoux): Champlain.
M. Goulet: ... Champlain a dit: Les rapports des
sociétés d'Etat ou des régies, j'en conviens, c'est
déposé à l'Assemblée nationale, mais, dans bien des
cas, il y a eu l'exemple avec REXFOR, le rapport a été
déposé deux ans après. Si les rapports étaient
déposés dans un délai raisonnable...
Mme Payette: Le président de la régie a dit
lui-même fin mai.
M. Goulet: Pour le cas de la régie, c'est fin mai, mais il
ne faudrait pas que cela en vienne à deux ans, comme on l'a connu avec
REXFOR. A ce moment-là, le rapport n'a plus aucune raison
d'être.
Mme Payette: La loi 67 oblige la régie à faire
rapport au mois de mai.
M. Goulet: Parfait.
M. Gagnon: C'est là où est le travail politique,
c'est d'exiger que les rapports entrent à temps. Je suis
entièrement d'accord. Quant les rapports sont faits à la
population, tout le monde peut les critiquer.
M. Goulet: Une commission permanente de contrôle sur les
sociétés d'Etat on va tout régler cela tel
que formulé et recommandé par l'Union Nationale. Accepté,
M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'élément 3 est
adopté. La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 34
Reprise de la séance à 16 h 43
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! La commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières est
réunie pour poursuivre l'étude des crédits du
ministère. Les membres de la commission sont: M. Beauséjour
(Iberville) remplacé par M. Gagnon (Champlain), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Goulet (Bellechasse), M. Laber-ge (Jeanne-Mance), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette
(Dorion), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Les intervenants sont: M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Gravel (Limoilou), Mme
Leblanc-Bantey (Iles-de-la-Madeleine), M. Perron (Duplessis) et M. Raynauld
(Outremont).
Nous en étions au programme 3, élément 4:
Contrôle, surveillance et développement du commerce des valeurs
mobilières. Mme le ministre.
Commerce des valeurs mobilières
Mme Payette: M. le Président, le président de la
Commission des valeurs mobilières, M. Lacoste, est présent cet
après-midi. Je crois que la seule chose importante qu'il y a à
signaler en ce qui concerne la Commission des valeurs mobilières, c'est
que nous envisageons une révision complète de la Loi de la
Commission des valeurs mobilières. M. Lacoste et une équipe de
spécialistes y travaillent déjà depuis un certain
temps.
C'est un projet de loi que nous aurions souhaité présenter
déjà plus tôt, qui a représenté un certain
nombre de difficultés de rédaction, et nous aurons bientôt
un nouvel échéancier qui nous permettra de déterminer
à quel moment nous serons en mesure de présenter ce projet de loi
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: M. le Président, c'est justement le
sujet que je voulais aborder puisqu'on nous avait déclaré qu'on
envisageait d'apporter des modifications à la Loi de la Commission des
valeurs mobilières. Un délai avait été fixé
à la commission pour transmettre au ministère le projet de loi ou
les esquisses du projet de loi avant la fin du mois de novembre 1978. Est-ce
qu'on a eu à faire face à certaines difficultés dans les
études qui soutiennent cette nouvelle loi?
Mme Payette: Des difficultés particulières, je ne
crois pas, mais des difficultés dans le sens que la nouvelle loi de
l'Ontario sur les valeurs mobilières a été elle-même
adoptée au cours de la dernière session; la réglementation
n'est pas encore faite et la proclamation de cette nouvelle loi de l'Ontario
n'est pas encore faite également.
Nous avions mentionné d'ailleurs l'année dernière
à cette commission parlementaire que le but de notre nouvelle loi
était de maintenir une uniformité des règles par rapport
au commerce des valeurs mobilières à travers les
différentes provinces du Canada. Notre but n'était pas de
traduire une loi présentée dans d'autres provinces, mais de faire
une loi conçue en français, écrite dans un langage
français et clair, mais qui offre un système compatible avec
celui des autres provinces. Tels sont toujours nos objectifs. J'avais
également expliqué que certaines pertes de ressources humaines
nous avaient considérablement ralentis non pas la dernière
année, mais l'année précédente, entre autres, il y
a eu le décès d'un des commissaires à temps partiel de la
commission à l'époque à qui on avait attribué la
responsabilité de rédiger cette loi, le notaire Yves Caron, et la
perte de deux avocats professionnels de la commission qui travaillaient
à ce projet et qui nous ont quittés. Vous devez comprendre que
nous faisons ce projet de loi entièrement avec les ressources de la
commission contrairement à nos collègues des autres provinces
qui, dans le cas de l'Ontario, ont fait appel à des gens de
l'extérieur, bien que le plus gros du travail ait été fait
par la commission de l'Ontario. Dans le cas des autres provinces canadiennes,
on a tout simplement traduit la loi de l'Ontario.
Il y a également un autre point important en matière de
lois des valeurs mobilières. C'est que le professeur Louis Loss, de
l'Université Harvard, vient de terminer un travail de huit ans sur une
codification de toute la réglementation et de toute la jurisprudence en
matière de valeurs mobilières aux Etats-Unis. Il propose à
l'"American Law Institute" un code des valeurs mobilières en huit
volumes. C'est évidemment ce qu'il y a de plus moderne en matière
de réglementation et nous nous en inspirons fortement pour voir dans
quels secteurs nous pourrions innover et faciliter la réglementation de
ce commerce.
Il y a également le gouvernement fédéral qui
prépare des études avec des budgets de plusieurs millions de
dollars depuis quelques années. Certaines de ces études sont
faites à l'extérieur par les plus grandes universités et
les plus grandes écoles de droit et de finance au Canada. Je veux tout
simplement comparer cela avec le travail que nous faisons uniquement à
l'intérieur de la commission, ce qui explique que c'est très
long. Notre travail est suffisamment avancé pour vous dire qu'il y a un
premier avant-projet complet de présenté par le groupe de
travail. Il nous restera, au cours des mois de juin et juillet, à
l'étudier en groupes restreints de commissaires et nous avons
l'intention de présenter le projet comme un projet de la commission au
Conseil exécutif et au comité de législation. Le processus
est beaucoup plus long lorsqu'il s'agit d'un projet présenté par
une commission parce que vous connaissez le processus au sein de vos
propres commissions nous avons à obtenir le consensus de six
commissaires. C'est là que nous en sommes. On pense pouvoir terminer
tous les avant-projets d'ici à la fin de la présente
année.
M. Saint-Germain: N'y a-t-il pas un groupe de recherche qui a eu
pour mission aussi d'étudier le glissement des transactions
immobilières de
Montréal vers Toronto? On remarque, je crois bien, depuis un
certain nombre d'années qu'il y a un glissement déterminé
vers Toronto. Est-ce qu'on a étudié ou est-ce qu'on continue
à étudier les raisons de ce glissement des affaires, de
transactions, si vous voulez, vers Toronto?
Mme Payette: II n'y a pas de groupe de recherche au sein de la
commission qui ait pour mandat d'étudier spécifiquement la
question que vous avez formulée. Evidemment, c'est une observation que
la commission fait comme tous les gens qui s'intéressent au
marché financier. L'approche que nous avons face à ce
phénomène est plutôt la suivante: nous essayons de regarder
notre propre réglementation et notre propre législation pour
empêcher de créer des barrières par la
réglementation et la législation à la formation de
capitaux et aux transactions des titres sur le marché de la Bourse de
Montréal.
A cet effet, vous avez sans doute vu dans les journaux, au cours de la
dernière année, qu'il y a eu des auditions publiques de la
commission sur les conditions d'enregistrement de vendeurs de valeur
mobilières. On s'est posé la question: Est-ce que nos conditions
ne sont pas trop sévères? On a eu récemment et la
décision de la commission n'est pas connue une demande de la
Bourse de Montréal pour inscrire à sa cote des obligations de
compagnies en plus des actions, obligations qui se transigeraient à la
Bourse uniquement lorsqu'elles sont de $9000 et moins. Ce sont des projets que
nous soumet la Bourse de Montréal que nous devons approuver et nous
essayons d'étudier les conditions qui entourent ce
phénomène mais il n'y a pas d'étude spécifique qui
se fait pour savoir pourquoi.
Je peux vous répondre, par ma propre connaissance du
marché, que c'est un phénomène qui existe depuis 50
ans.
M. Saint-Germain: Maintenant, vous n'avez pas de mandat non plus
dans la loi qui vous régit; est-ce que vous avez un mandat pour faire
ces études ou s'il n'y a rien dans la loi?
Mme Payette: Le mandat de la commission est à l'article 2
de la loi. Nous sommes un organisme de surveillance et de contrôle du
commerce des valeurs mobilières. Nous avons toujours
interprété ce mandat en pensant que dans la mesure où nous
assurions un marché efficient des valeurs mobilières,
l'efficience de ce marché était en soi la meilleure protection
pour le public. En ce sens, on étudie le fonctionnement des
marchés.
M. Saint-Germain: Vous ambitionnez de modifier votre loi. Je
suppose que vous considérez qu'elle est vétuste ou du moins
qu'elle n'est pas adaptée au temps d'aujourd'hui et qu'elle
mérite une modification. Est-ce que vous croyez que l'état de la
loi qui vous régit actuellement peut expliquer au moins partiellement ce
déplacement de Montréal vers Toronto du moins pour certaines
transactions en particulier ou des choses comme cela?
Mme Payette: Je ne pense pas parce que la loi qui nous
régit actuellement est, dans son esprit et dans plusieurs de ses
parties, semblable à celle qui régissait les autres provinces
canadiennes jusqu'à maintenant, dirais-je, parce que les autres lois ne
sont pas encore proclamées. Là où notre loi avait du
retard en matière de concept, la commission, à cause des grands
pouvoirs discrétionnaires qui lui étaient donnés,
acceptait souvent les financements faits à travers le Canada à
des conditions qui n'étaient pas spécifiquement
mentionnées dans notre loi mais que la commission pouvait imposer
à cause de ses pouvoirs discrétionnaires. Il n'y a pas de
financements qui ne sont pas venus au Québec parce que notre loi
était tout simplement différente ou les empêchait.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous croyez que la modification de
votre loi est urgente au point qu'on devrait vous transmettre des sommes
d'argent qui vous permettraient de faire appel à des spécialistes
de l'extérieur de la commission?
Mme Payette: Là où nous en sommes, je ne pense pas.
Il s'agit maintenant, dans les deux prochains mois, d'une période de
réflexion par les commissaires sur le texte qui nous est proposé,
si, cependant, il arrivait dans les prochains six ou huit mois que certains
domaines ne réussissent pas à être acceptés ou si
sur une partie de la loi acceptée par les commissaires il y avait lieu
de retourner à une certaine rédaction, nous avons dans nos
budgets le pouvoir et certaines somme; prévues pour engager des
professionnels de l'extérieur. Vous comprendrez que dans un domaine
aussi spécialisé, le fait d'aller chercher des gens à
l'extérieur pour faire un travail pressant et urgent n'est pas toujours
rentable parce qu'il faut prendre le temps de former des gens, leur expliquer
ce qu'est la commission et à moins d'être des grands
spécialistes qui pratiquent quotidiennement avec la commission, on ne
trouve pas de ces gens.
M. Saint-Germain: On a souvent dit que, dans cette province, les
citoyens étaient peu instruits des transactions immobilières ou
étaient peu familiers avec les divers investissements qu'on pouvait
faire dans ce champ d'activité. Est-ce que de près ou de loin
vous... On a souvent parlé aussi de programme d'éducation du
public dans ce sens. Est-ce que dans votre...
Mme Payette: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait? Je pense qu'il a fait un lapsus qui
risquerait de créer de la confusion dans le journal des Débats.
Il a sûrement voulu dire des transactions mobilières et non pas
immobilières pour qu'il n'y ait pas d'erreur à la lecture.
M. Saint-Germain: Je vous remercie, vous avez tout à fait
raison. Est-ce que votre loi vous donne assez de liberté ou vous
donne-t-elle certai-
nes responsabilités à ce point de vue-là? Est-ce
que vous concourez à cette éducation vis-à-vis des
transactions mobilières?
Mme Payette: Nous n'avons pas de responsabilité comme
telle d'éducation financière du public. Notre mission d'ailleurs,
n'est pas de développer particulièrement un secteur de
l'économie. Par ailleurs, avec les ressources du ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, nous
essayons d'avoir une présence dans différents milieux financiers
et même dans différents milieux d'étudiants universitaires
ou autres. Dans les programmes de la commission et dans les directives
générales du personnel, il est bien entendu que tous les
professionnels et les cadres acceptent les invitations de CEGEP ou
d'universités pour aller prononcer des conférences et expliquer
le marché. J'en fais moi-même un certain nombre et nous essayons
d'avoir une présence pour sensibiliser les gens à ce
commerce-là.
Spécifiquement, nous n'avons pas de mission d'éducation,
bien qu'au cours des dernières années j'aie eu des contacts avec
le ministère de l'Education pour voir, donner des observations sur la
formulation de certains programmes en matière économique et
financière au niveau des CEGEP.
M. Saint-Germain: Je ne sais pas, M. le Président, si on
me permettrait de passer à un autre sujet aussi...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: J'aurais peut-être quelques questions. Vous
dites que le mandat de la commission est la surveillance et le contrôle,
mais, au niveau du développement, vous parliez tout à l'heure
d'information, quel est le pourcentage du budget qui va au développement
comme tel? Que faites-vous avec? Un exemple de développement, est-ce que
ce serait les SODEQ, par exemple? Non...
Mme Payette: Comme tel, on n'a pas de part du budget
consacrée au développement. On a cependant formé à
la commission depuis la dernière année un groupe de recherche de
trois professionnels qui consacrent totalement leur temps à
l'étude de dossiers qui débordent le cadre des opérations
de notre loi et qui appuient chacune des directions de la commission dans la
mesure où elles ont besoin d'hommes-ressources pour sans parler
de développement l'application de nos politiques à de
nouveaux phénomènes financiers, comme les SODEQ. Quant à
la question des SODEQ, la commission a été en contact avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce bien avant l'adoption même
de la loi sur les SODEQ. Nous sommes en communication constante. Chaque SODEQ
qui se forme doit passer par la commission et les promoteurs doivent s'inscrire
pour avoir un prospectus. Nous avons également récemment mis sur
pied un programme pour reformuler, s'il y a lieu, corriger nos normes
d'acceptation des prospectus des entreprises, petites ou moyennes. Le groupe de
recherche collabore avec la direction qui approuve les prospectus pour voir
quel genre de normes encore plus simples on pourrait avoir, sans,
évidemment, oublier notre mission première qui est d'avoir
suffisamment d'information pour que le public sache dans quoi il investit.
Moi-même, j'ai eu l'occasion au cours de la dernière
année d'aller rencontrer des associations de prospecteurs ou d'hommes
d'affaires et de leur expliquer notre réglementation. J'offre à
tous ces gens que je rencontre de venir à la commission rencontrer nos
professionnels et nos analystes qui peuvent leur expliquer, avant même de
s'engager dans un financement, ce que sont nos politiques, ce que ça
peut leur coûter, quel genre d'expert aller voir, de sorte que les hommes
d'affaires qui ne sont pas encore familiers avec les règles du
financement public ne tombent pas dans les ligues majeures trop vite,
c'est-à-dire les gros cabinets d'avocats, de comptables et de courtiers
qui leur demandent des prix absolument disproportionnés par rapport
à l'argent dont ils ont besoin.
M. Goulet: Ce que vous voulez souligner par vos propos, c'est que
le public ne se prévaut pas assez des services que vous pouvez donner.
Est-ce mal interpréter vos propos? Il pourrait s'en servir davantage. Au
niveau de l'éducation, au niveau des renseignements, comme vous le
dites, avant d'aller se jeter dans le député de Drummond
n'aimera pas ça, j'allais dire les pattes de gros bureaux
d'avocats et dépenser des sommes énormes... qu'on aille
consulter d'abord, cela veut dire que les gens ne se prévalent pas des
services que vous pouvez offrir à la population. (17 heures)
Mme Payette: Je pense qu'il y a une barrière psychologique
chez nombre d'hommes d'affaires qu'il est assez difficile de franchir, et je le
comprends. Passer d'une compagnie privée, où on n'a pas de
comptes à rendre à personne, et aller chercher l'argent du public
où on a des comptes à rendre à tout le monde, c'est
difficile. La première barrière, c'est l'aspect privé et
public. La deuxième barrière est: Cela a l'air compliqué,
il faut aller à une commission gouvernementale, il faut avoir un
prospectus. On essaie de démystifier tout cela. Tricofil est venu chez
nous pour faire un financement et cela n'a pas fait les manchettes; cela s'est
fait très simplement, très facilement.
Les SODEQ viennent chez nous, elles n'ont pas de problème, les
prospectus sortent, c'est clair, c'est simple. Il n'y a pas
nécessité d'avoir toujours un prospectus du style d'une grosse
compagnie de pétrole filiale américaine avec papier glacé,
etc. C'est dans ce sens qu'on essaie de s'approcher davantage des hommes
d'affaires, des entreprises petites et moyennes et on a eu cette année
un programme de publicité dans des revues économiques où
on expliquait et où on offrait à ces gens la possibilité
de leur fournir les services techniques de soutien pour les informer.
Est-ce
qu'il y a un manque? Je pourrais dire: Oui, il y a certainement un
manque d'éducation financière. Mais les portes sont ouvertes pour
cela et je pense qu'on a le personnel pour le faire.
M. Goulet: Si vous le voulez, je vais revenir au niveau des SODEQ
qu'on a touché il y a quelques instants. Au niveau des SODEQ, est-ce que
cela va mieux que prévu, moins bien que prévu, tel que
prévu?
Mme Payette: La commission comme telle n'a pas fait de
prédictions sur combien on devait en avoir chaque année. On
reçoit des demandes et on essaie d'y répondre le plus rapidement
possible. Il y en a trois déjà qui ont reçu la permission
de distribuer leur prospectus et je pense qu'il y en a deux qui sont en voie de
le faire.
M. Goulet: Trois ou quatre? Il y a la Beauce...
Mme Payette: Beauce-Appalaches, SODEQ, SODECOM, Nord-Ouest...
Une Voix: ...
Mme Payette: Est-ce qu'elle a obtenu sonprospectus?
Une Voix: Ils vendent actuellement...
Mme Payette: J'espère qu'ils l'ont obtenu. S'ils vendent,
il vaut mieux qu'ils l'aient obtenu.
M. Marcoux: Cela a été long, mais ils l'ont
obtenu.
M. Goulet: Vous n'avez pas fait de prévisions, mais est-ce
que cela va normalement?
Mme Payette: Vous pourriez référer au
ministère de l'Industrie et du Commerce, je pense qu'il y avait un
nombre prévu de SODEQ pour les deux premières années.
Ensuite, je ne sais pas quels sont les plans, si c'est d'ouvrir un tel nombre
de SODEQ ou non.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Je tiens à faire
remarquer, pour la postérité, que le député de
Rimouski a changé de siège avant d'intervenir.
M. Goulet: Oui. Mme le ministre a bien dit tout à l'heure
qu'on devait attendre le projet de loi pour l'automne étant donné
que l'avant-projet de loi est prêt. A la session d'automne, on devrait
pouvoir l'étudier.
Mme Payette: M. Lacoste vient de répondre à cette
question. Il vise, semble-t-il, la fin de l'année pour un projet de loi,
si j'ai bien compris.
M. Goulet: Bon, d'accord. Juste une question.
L'an passé, au niveau de l'exercice financier, vous aviez
entrepris sept procédures. Cette année, il y en a tout
près de 150. En tout cas, il y a une très grande
différence. Comment peut-on expliquer cette très grande
différence?
Un instant, je cherche. Bon. Procédures judiciaires
intentées pour infraction à la Loi des valeurs mobilières.
L'année 1977/78, vous aviez sept procédures judiciaires
d'intentées. L'an passé, pour seulement onze mois de
fonctionnement, vous en aviez 153. Est-ce parce que vous avez plus de
personnel? Est-ce parce que vous avez décidé de faire un
ménage là-dedans ou si les gens sont moins bons qu'ils
l'étaient? Qu'est-ce qui se passe?
Mme Payette: C'est l'effet de l'adoption du programme pour
l'année 1977 d'instituer des plaintes pénales contre tous les
émetteurs qui doivent transmettre à leurs actionnaires, à
leurs détenteurs de valeurs, des états financiers semi-annuels et
annuels et qui ne le font pas parce que ces investisseurs, ne recevant pas les
états financiers de leur émetteur, ne peuvent pas savoir quelle
est la valeur de leurs actions et prendre une décision
éclairée pour les garder, les vendre ou en acheter d'autres. On a
fait un programme systématique pour poursuivre les compagnies qui ne
font pas leur divulgation financière et on demande aux tribunaux en
même temps, si la compagnie ne paie pas, que les administrateurs soient
tenus personnellement de payer ces sommes.
C'est le résultat de ce programme qui a été mis en
vigueur et qui, je l'espère, fera réaliser à tous ceux qui
acceptent de devenir des administrateurs de compagnies publiques qu'ils ont une
responsabilité envers leurs actionnaires, et que la commission verra
à leur rappeler par des procédures sérieuses.
M. Goulet: Quel pourcentage de compagnies ne faisaient pas
parvenir? 153, cela peut représenter quel pourcentage? Est-ce minime?
Non? Sur le nombre de...
Mme Payette: Disons que si je vous disais le pourcentage de
toutes les compagnies sujettes à la divulgation financière,
c'est-à-dire toute compagnie qui a émis un prospectus au
Québec depuis 1955 ou qui était inscrite à la Bourse de
Montréal, ce n'est pas un gros pourcentage. Si on regarde le pourcentage
par rapport aux petites compagnies d'exploration, c'est souvent parce qu'on a
fait un financement pour de l'exploration. On n'a rien trouvé, on a tout
simplement arrêté de faire l'information financière
plutôt que de liquider la compagnie et dire aux actionnaires: Voici, on
sort du portrait, on liquide notre compagnie, on ne fait qu'abandonner. Il y a
un programme je ne sais pas s'il est en cours mais il sera sans
doute proposé de continuer systématiquement à essayer
d'annuler les chartes, au niveau du ministère, des compagnies qui ne
font plus leur rapport. Il y a des programmes pour les rapports annuels au
ministère et on demanderait un programme semblable pour la
commission.
M. Goulet: Mais il s'agit de petites compagnies?
Mme Payette: Pour la plupart, oui.
M. Goulet: Dans ces plaintes, ce sont toujours des petites.
Mme Payette: Pour la plupart, oui.
Le Président (M. Laberge): Cela va? M. le
député de Rimouski, avez-vous une question?
M. Marcoux: Oui. C'est à la suite un peu d'un thème
que vous avez commencé à aborder disant qu'il y a plusieurs
petites compagnies qui avaient de grandes hésitations avant de se lancer
sur le marché public du financement et avant de faire appel à
votre commission. Est-ce que c'est dans la suite de ce qui a été
annoncé par le ministre des Finances le 27 mars concernant le programme
d'épargne-action dont un des buts, en tout cas, était cela
a commencé par le ministre des Finances peut-être de
permettre le développement de compagnies qui se financeraient à
travers du capital de risque plutôt qu'à travers des emprunts.
Est-ce que depuis un mois et demi vous avez eu un accroissement des demandes
d'information ou des demandes d'émission de prospectus? Est-ce qu'il y a
eu des effets à votre niveau, actuellement, suite à cette annonce
ou si cela ne s'est pas encore fait sentir?
Mme Payette: Cela s'est fait sentir le lendemain matin du budget;
des courtiers téléphonaient constamment pour savoir ce que
c'était, si ça allait être en vigueur bientôt; des
investisseurs voulaient savoir s'ils pouvaient acheter de ces actions et des
hommes d'affaires s'ils pouvaient profiter de ce système.
Evidemment, le discours du budget que j'ai entendu et lu comme la
plupart des personnes ici n'est pas la Loi de l'impôt. Ce n'est que
lorsque la loi sera déposée qu'on pourra voir vraiment quelles
sont les caractéristiques essentielles pour que des actions soient
admissibles à ce régime. Pour l'instant, évidemment, la
commission donne son support technique aux ministères des Finances et du
Revenu pour la rédaction de la loi. Pour l'instant, on essaie
d'intégrer ce plan à nos opérations courantes. Le
principe, c'est d'essayer d'avoir le moins de distorsion possible par rapport
à nos opérations, par rapport à ce qui se fait. Mais il
est bien certain que pour des hommes d'affaires d'entreprises petites ou
moyennes, cela peut être l'occasion au moins de s'assurer d'une
réceptivité pour des actions de capital de risque Je pense que
certains en profiteront. Personnellement, j'ai eu des appels de gens qui ont
même hâte de voir le projet de loi pour pouvoir préparer des
financements et se servir...
Je crois qu'il y a cette même attente également du
côté des courtiers.
M. Marcoux: Face au texte de loi, vous voulez dire?
Mme Payette: Oui, une attente remplie d'espérance. Ils
semblent plutôt contents de cette proposition.
M. Marcoux: Mais actuellement, vous n'avez pas mesuré, en
chiffres, vous n'avez aucune donnée, c'est simplement en termes
d'impression ou de demande d'information ou d'accueil réceptif. Mais
vous n'avez aucune donnée qui permettrait de voir les effets possibles
actuellement?
Mme Payette: Les effets possibles, quant à la commission,
cela pourrait être et on le verra dans les statistiques
l'année prochaine le nombre d'émissions d'actions
inscrites dans ce régime. C'est le seul effet qu'on pourra mesurer.
Maintenant, si un homme d'affaires, sans ce projet, avait fait une
émission de $2 millions, de toute façon, et avec ce projet fait
une émission de $3 millions, on ne le saura pas. Mais chose certaine, on
pourra quantifier le nombre d'émissions admissibles à ce
plan-là...
M. Marcoux: Et la valeur également. Mme Payette: Et
la valeur également.
M. Marcoux: Vous avez mis les prospectus depuis le 27 mars?
Mme Payette: Oui, je pense qu'on en a accepté un
d'actions.
M. Marcoux: Est-ce qu'il était mentionné sur le
prospectus...
Mme Payette: Non.
M. Marcoux: ... qu'il était admissible au...
Mme Payette: Non, parce que la loi n'est pas
déposée.
M. Marcoux: Est-ce qu'il y a plusieurs prospectus que vous
n'émettez pas en attendant que la loi... Cela a dû geler
l'émission des prospectus à ce moment-là.
Mme Payette: Ecoutez! Concernant les émissions d'actions
ordinaires votantes de corporations québécoises, regardez nos
rapports et vous allez voir qu'il n'y a pas beaucoup d'émissions
d'actions ordinaires. Le financement par actions ordinaires recommence. Depuis
plusieurs années, ce qu'on voit, c'est du financement par des
obligations. Il y en a très peu. Je ne peux pas dire qu'il y en a qui
attendent à la porte avec des prospectus de sorte que cela va causer un
engouffrement, mais je sais qu'il y a plusieurs appels
téléphoniques de gens qui disent: Dès que la loi sera
déposée, on aimerait la voir pour pouvoir en discuter et voir si
on peut en profiter, personnellement pour des déductions fiscales et, au
nom de compagnies, pour un apport de capital. Il y a une compagnie qui a fait
une émission récemment et qui n'a pas attendu le
dépôt de la loi. Alors, les
actions ne seront pas admissibles. Pourquoi n'a-t-elle pas attendu le
dépôt de la loi? Peut-être parce qu'on a jugé que le
marché serait prêt quand même à fournir le capital
pour la demande qui était là.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Dans ce même ordre d'idée, M. le
Président. Lorsque la loi sera en vigueur, si une compagnie
décide, par exemple, d'émettre des actions nouvelles pour se
financer, il me semble évident qu'il y aura là une forte
motivation pour un investisseur à investir dans cette compagnie qui a
émis des nouvelles actions. La concurrence se ferait, si vous voulez,
tout de même. Pour vous donner un exemple pratique: si une action vaut
$10, cette action-là ne tombe pas sous la loi et par ailleurs si c'est
une nouvelle émission, si vous voulez, l'action aussi vaut $10, mais
elle est complètement déductible d'impôt. La somme de $10
est déductible de l'impôt du fournisseur. Il y aura là une
motivation dans le choix qui incitera l'investisseur à acheter celle qui
est déductible de son impôt. Peut-être que cela l'incitera
aussi à accepter à prendre certains risques même si parmi,
ces deux actions, il y en avait une qui offrait peut-être plus de
sécurité ou serait-il incité à investir dans
l'autre compagnie à cause de cette forte motivation. Croyez-vous que
cela peut faire des distorsions dans le marché à ce point de
vue?
Mme Payette: II est certain que toute incitation fiscale pour un
investissement en soi en crée une. Je pense que lorsque le gouvernement
décide de permettre de déduire totalement de son revenu les
investissements dans des films, il est certain que cela crée une
distorsion dans le sens que l'épargne qui est allouée pour ce
film-là ne serait peut-être pas allée à ce
film-là s'il n'y avait pas eu de déduction fiscale. Alors, je
pense que c'est la gestion des épargnes sur le plan gouvernemental et il
est bien clair qu'on veut créer une distorsion pour avoir un tel
effet.
Maintenant, ceci étant dit, je pense que les courtiers et les
investisseurs peuvent quand même calculer leur investissement et leur
risque en tenant compte de l'incitation fiscale. Il est bien certain que si une
personne veut s'acheter des valeurs sûres et qu'elle n'a pas les moyens
de perdre les $10, elle est mieux d'investir ses $10 dans une compagnie ou dans
une obligation du gouvernement qui n'est pas un titre admissible, plutôt
que d'aller prendre $10 d'une compagnie d'exploitation minière qui a un
risque très élevé, mais qui, d'autre part, pourrait avoir
un très bon rendement s'il y avait une découverte d'une mine d'or
ou quelque chose comme cela. Alors, le principe demeure toujours le même.
La personne, avant d'investir, doit prendre les informations, calculer le
rendement le rendement se calcule quand il y a une déduction
fiscale et décider: oui, c'est ce que je veux. (17 h 15)
II est bien certain que tous ceux qui achèteront des actions de
compagnies, sans se poser ces questions uniquement pour prendre des
déductions fiscales, au bout de deux ou trois ans, auront
peut-être des rendements qui ne seront pas ceux auxquels ils
s'attendaient. C'est parce qu'ils n'auront pas fait l'effort et pris la
précaution de se renseigner et de faire ces calculs. C'est pour cela que
le système est en grande majorité basé sur la Loi des
valeurs mobilières où il y a un prospectus. Le prospectus
décrira l'impact de la mesure fiscale sur l'acquisition de l'action et
comment traiter cette acquisition pour fins fiscales. Cela sera bien
expliqué au prospectus.
M. Saint-Germain: Si on poussait le raisonnement un peu plus
loin, on pourrait peut-être dire que tout de même ces risques
auront été subventionnés, si je peux dire, indirectement
par les fonds publics?
Mme Payette: Oui. D'ailleurs, c'est bien clair...
M. Saint-Germain: Parce que si... Excusez-moi, vous pouvez y
aller.
Mme Payette: ... que lorsque le discours du budget
réfère à cette mesure fiscale que le gouvernement, en
faisant cela, va, en fait, donner à l'investisseur une partie du
coût de l'acquisition de cette action.
M. Saint-Germain: S'il y a perte, le gouvernement perdra sa cote
aussi, si vous voulez?
Mme Payette: Le gouvernement donne sa cote de toute façon
au moment de l'acquisition.
M. Saint-Germain: II l'a donné mais si cette motivation
induisait les investisseurs en me servant du même exemple que tout
à l'heure dans une action de $10 et qu'on arrivait à ce
que cette action ne vale plus rien en suivant l'exemple que vous avez
donné au sujet des mines, il en reste qu'il y a tout de même $5 de
fonds publics dans cette action. En supposant que l'investisseur paie 50% en
impôt, il y aurait $5 qui seraient une perte pour les fonds publics, si
on veut pousser le raisonnement à la limite.
Mme Payette: Est-ce que vous voulez que je réponde? Vous
semblez...
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: La perte aux fonds publics, je ne sais pas comment
on la calcule, si c'est une perte.
M. Saint-Germain: Actuellement, si on garde le statu quo,
j'investis $10 dans une action; ce sont $10 sur lesquels...
Mme Payette: C'est une question d'opinion.
M. Saint-Germain: ... j'ai payé, selon la loi et les
règlements, mon impôt sur le revenu. Avec cette nouvelle loi, si
je paie jusqu'à 50% de mes revenus en impôt à cause de mes
revenus élevés, en fait, sur ces $10, il y a $5 que je devrais
remettre au gouvernement, la loi me permet maintenant d'acheter une action
commune, et si j'accuse une perte totale, les $5 que le gouvernement a bien
voulu me remettre pour investir dans une telle compagnie, indirectement c'est
une subvention.
Mme Payette: Qu'il y ait perte ou pas.
M. Clair: M. le Président, je ne voudrais pas être
désagréable à mon collègue de Jacques-Cartier et il
le sait mais il me semble qu'il entre là dans des questions d'opinion et
que cela peut être difficile pour la personne qui répond de donner
des réponses à cela. Je pense que le député peut
avoir raison de formuler les opinions qu'il formule mais il ne faudrait pas
qu'on en vienne, à la commission, lors de l'étude des
crédits, à débattre des opinions relativement à une
loi qui n'est pas encore adoptée.
M. Saint-Germain: Mais qui le sera. C'est une question
technique.
M. Clair: Je trouve cela délicat. Le député
est maître de ses questions mais...
Mme Payette: D'autant plus, M. le Président, que c'est une
mesure qui se veut une mesure d'encouragement et de relance d'investissements.
Dans ce sens, c'est une décision qui appartient au gouvernement
essentiellement.
M. Saint-Germain: Oui, mais je voulais simplement faire
ressortir, pour éclairer le public, que c'était tout de
même, en fait, $5 que je dois au gouvernement mais que,
dorénavant, le gouvernement me permet de faire un investissement avec
ces $5.
Mme Payette: Pour venir en aide aux petites et moyennes
entreprises du Québec.
M. Saint-Germain: Si vous voulez mais s'il y a perte, il y a
certainement distorsion technique du marché...
M. Clair: M. le Président.
M. Saint-Germain: ... et s'il y a perte, ce sont $5 perdus qui
auraient dû être versés au gouvernement avant l'adoption de
cette loi.
M. Laberge: M. le Président, je voudrais faire remarquer
que, s'il y a gain, le gouvernement a accepté d'avance aussi de subir la
perte des $5 en ne percevant pas l'impôt dessus, même s'il y a gain
de 100% chez l'investisseur. Alors, à ce moment-là, il n'est pas
question de dire que c'est une participation rattachée au gouvernement,
qu'il y ait gain ou perte, que le gouvernement gagne ou perde, le gouvernement
a décidé de se priver d'un revenu d'impôt, quel que soit le
résultat du placement de l'action par après. C'est-à-dire
que s'il y avait transaction par la suite, il y aurait peut-être gain de
capital après un certain nombre d'années. L'impôt sur le
gain de capital peut s'appliquer, mais il n'est pas question... Au
départ, on dit simplement que si le gouvernement se prive d'un revenu
d'impôt possible en permettant à des investisseurs un placement,
je ne verrais pas pourquoi on viendrait faire intervenir à ce
moment-là, le fait que c'est une participation du gouvernement...
M. Saint-Germain: Ecoutez... M. le Président, chacun peut
bien avoir ses opinions...
M. Laberge: Je n'ai pas compris votre raisonnement à ce
moment-ci. Il est tellement difficile à comprendre que je peux
même faire des déclarations...
M. Saint-Germain: Je ne dis pas non plus que c'est
nécessairement une législation négative, je voulais
simplement faire ressortir que ça occasionnera une certaine distorsion
du marché qui est peut-être assez positive, mais qu'en fait, le
gouvernement se prive d'un revenu pour inciter certains investisseurs à
prendre peut-être plus de risques à cause de ces sommes qu'ils ont
pu économiser.
Une Voix: M. le Président...
M. Saint-Germain: En partant de là, c'est un fait, et
chacun pourra bien en déduire le raisonnement qu'il voudra, mais c'est
un fait.
Le Président (M. Marcoux): ... Je crains que nous soyons
en train de faire la deuxième lecture d'un projet de loi qui sera
déposé bientôt.
M. Saint-Germain: Bien, passons à autre chose, M. le
Président.
M. Clair: Si vous permettez, juste un petit commentaire...
Le Président (M. Marcoux): On peut continuer la
deuxième lecture?
M. Clair: M. le Président, très brièvement,
juste pour dire que j'abonde finalement car je comprends le raisonnement
du député de Jacques-Cartier dans le même sens que
lui. Chaque fois que le gouvernement effectue des réductions de taxes,
retourne de l'argent aux contribuables, le contribuable est libre de
l'investir. Cette année, on a réduit les taxes pour plusieurs
centaines de millions. En conséquence, il pourrait bien se produire que
quelqu'un qui va s'acheter un habit aujourd'hui, qui ne paiera pas la taxe de
vente sur les vêtements, aille se payer une bouteille de scotch avec les
$10 de taxe qu'il va
épargner, et ainsi, qu'il investisse mal son argent. A ce
moment-là, c'est vrai, je suis le député dans son
raisonnement, on se trouve à avoir subventionné la consommation
de scotch.
M. Saint-Germain: Personnellement, j'ai très bien...
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Fin du débat.
Vous aviez d'autres questions sur un autre sujet?
M. Saint-Germain: Oui, mais avant de terminer, j'ai très
bien compris le raisonnement du député de Drummond, M. le
Président, et il est tout à fait à côté de la
"traque". Cela n'a aucune relation avec ce qu'on vient de discuter. Lorsque le
gouvernement baisse mon impôt sur le revenu, il le baisse sans condition
et je puis disposer de cette baisse d'impôt de la façon que je le
veux bien. Mais là, il baisse mon impôt en m'incitant à
poser un geste bien défini et bien réglementé par la loi.
C'est toute la différence du monde. Je voudrais parler de cette
faillite...
Mme Payette: M. le Président, juste un commentaire
à la suite...
Le Président (M. Marcoux): C'est le discours de
réplique?
Mme Payette: Le discours de réplique.
Le Président (M. Marcoux): D'ailleurs, aussi bref que le
discours de...
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Cela va probablement amener une autre
réplique.
Mme Payette: Je voudrais simplement dire après avoir dit
que toute mesure d'incitation fiscale amène une distorsion dans la
location de l'épargne. C'est dans ce sens-là que je le dis. Le
discours du budget, comme je l'ai lu et vous verrez le projet de loi qui doit
s'ensuivre, vise l'investissement dans toute corporation
québécoise à être définie dans la loi. Cela
ne comprend pas seulement les PME. Ce que je voulais dire tantôt c'est
que ça pourrait être une occasion particulière pour la PME
d'avoir accès au marché de capitaux, mais il y a sans doute des
émissions d'actions de compagnies bien établies où le
capital n'est pas en risque, qui pourront se qualifier là-dessus. Si on
pense aux banques dont les sièges sociaux sont à Montréal,
qui ont des bureaux de direction à Montréal. Certaines compagnies
de services publics qui ont leurs sièges sociaux au Québec
pourront émettre des actions. Il n'y a pas de risque.
C'est-à-dire qu'il y a un risque à tout investissement, mais ce
n'est pas une action qu'on appelle spéculative. Cela pourra couvrir
toutes sortes d'entreprises, à la condition que ce soit du capital frais
dans une compagnie québécoise. Ce sont les seuls critères
connus pour l'instant.
M. Saint-Germain: Vous n'avez rien ajouté à votre
première déclaration qui était très claire et je
crois que vous vous êtes très bien expliqué. Enfin, je ne
vous blâme pas...
Mme Payette: Le but...
M. Saint-Germain:... d'y avoir ajouté quelque chose,
ça peut éclaircir davantage.
Mme Payette: Quant au rôle de la commission dans
cela...
Le Président (M. Marcoux): C'est un discours de
réplique qui n'amène pas de réplique.
M. Saint-Germain: Non. Si le député de Drummond
avait eu un raisonnement aussi juste que celui de M. Lacoste, je ne serais pas
revenu sur la question.
Le Président (M. Marcoux): Avez-vous d'autres questions
sur un autre thème?
M. Goulet: II est allé demander conseil.
M. Saint-Germain: C'est cela. Je voudrais parler de cette
banqueroute de la compagnie Thibault et Associés qui aurait fait perdre,
du moins d'après les journaux et certaines déclarations qui ont
été faites en Chambre, au-delà de $1 000 000 à de
petits épargnants. Personnellement, malgré les questions qui ont
été posées et malgré les réponses qu'on a
eues, comme profane je suis un peu éberlué de voir qu'il a pu se
créer au niveau de cette compagnie une situation financière aussi
désastreuse, bien que la Commission des affaires mobilières ait
déjà pris, dans les années antérieures,
connaissance du dossier. Je me demande par quelle évolution des choses
on a pu en arriver à une telle situation. J'aimerais bien avoir des
explications là-dessus.
Mme Payette: J'ai rencontré, avec le ministre des
Consommateurs, un groupe de quelques inspecteurs de la faillite de Thibault, de
quelques créanciers de la faillite et je peux vous répéter
sommairement l'explication que j'ai donnée alors à ces gens. On a
vu dans les journaux qu'il s'agissait d'un courtier en valeurs
mobilières. Ce n'est pas exact, Thibault et Associés
n'était pas courtier en valeurs mobilières. Deuxièmement,
Thibault et Associés n'a jamais obtenu la permission de la commission de
distribuer les valeurs mobilières qu'elle distribuait. Ces valeurs
mobilières, ce ne sont pas des actions de compagnies, ce sont des
contrats de cautionnement de dette qu'on vendait à de petits
commerçants ou à des commerçants pour ne pas
qualifier nécessairement l'importance de leur commerce. On faisait de
l'épargne pendant tant de mois et on achetait une espèce de
police de cautionnement de dette future. En 1975...
M. Saint-Germain: Excusez-moi, j'aimerais avoir une explication.
Ces polices de cautionnement, comment les définissez-vous exactement?
Ces polices pouvaient appuyer un prêt futur?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Garantir un prêt futur?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Ce prêt pouvait être fait à
la banque ou fallait-il nécessairement qu'il soit fait...
Mme Payette: II y avait différents contrats qui
étaient faits avec chaque investisseur. C'est une valeur
mobilière selon la définition de la loi qui dit que tout contrat
de placement de fonds est une valeur mobilière. En 1975, lorsque les
activités de Thibault et Associés ont été
portées à la connaissance de la commission, il y a eu un
débat juridique avec les conseillers juridiques de la maison Thibault et
Associés pour enfin déterminer que c'en était une.
Là se posait la question les contrats avaient été
émis avant même que la commission n'intervienne dans le dossier
suivante: Est-ce que la compagnie continue à émettre de
tels contrats.
M. Saint-Germain: C'était en 1973.
Mme Payette: La question de savoir si on continuait, cela se
situe en 1975, au début de 1976. A l'époque, on a
décidé que si M. Thibault voulait continuer à vendre ses
contrats, il devait faire un prospectus et on lui a donné les normes
qu'il devait respecter; il n'a pas été capable de respecter ces
normes, donc, il n'a pas eu de prospectus. A partir du moment où la
commission est intervenue en disant que cela lui prenait un prospectus, il n'y
a pas eu de nouveau contrat. Ce dont on parle aujourd'hui, des
créanciers qui ont perdu de l'argent, ce sont ceux qui avaient des
contrats émis antérieurement à l'intervention ce la
commission.
En mars ou avril 1976, la question qui se posait était: Est-ce
qu'on liquide Thibault et Associés. Est-ce qu'on recommande au ministre
de nommer un administrateur et de voir s'il y a lieu de liquider la compagnie?
On a évidemment rencontré la compagnie et on lui a donné
l'occasion de faire valoir que son entreprise était viable. On a soumis
à la commission, à l'époque, des rapports de comptables et
d'actuaires établissant que, si des entrées de fonds se
faisaient, que la gestion des fonds était raisonnable et que
l'administration de la compagnie était normale, il était possible
que la compagnie respecte ses engagements envers tous ceux qui avaient souscrit
de tels contrats. (17 h 30)
A partir de cette époque, on a demandé à M.
Thibault de faire parvenir à la commission ses états financiers
pour qu'on puisse s'assurer que la compagnie était capable de rencontrer
ses obligations. Evidemment, on parle d'entrées de fonds pour des
paiements futurs; on parle beaucoup d'actuariat dans ce dossier.
En 1976, en 1977 je n'ai pas les chiffres, malheureusement,
devant moi la commission, suite à la réception des
états financiers, réalisait que la situation était
précaire. M. Thibault n'était pas, à la face même de
ses états financiers insolvable. Sa compagnie n'était pas
insolvable. D'après les rapports actuariels et financiers, il
était possible que la compagnie rencontre ses obligations. Alors, la
commission, même si on n'aimait pas particulièrement ce genre de
situation, n'avait pas à intervenir et dire à quelqu'un: Cesse de
faire affaires parce que c'était encore possible. Ce n'est que cette
année, c'est-à-dire à la fin de 1978, que les états
financiers vérifiés nous ont été remis et là
on a vu, avec les rapports financiers qui nous étaient fournis avec les
certificats d'actuaires et de comptables, qu'il nous semblait impossible
dorénavant que la compagnie puisse rencontrer ses obligations.
L'élément qui nous a frappés, c'est que les
entrées de fonds de gens qui étaient encore en souscription pour
acquérir ces cautionnements servaient à payer des dépenses
courantes et qu'il n'y avait plus la constitution de réserves
suffisantes, ni mathématiques, ni physiques, pour rencontrer les
échéances et que M. Thibault avait procédé à
l'annulation de gré à gré avec certains créanciers
des contrats moyennant le paiement, en fait, des rachats de contrats. On a
pensé qu'il serait plus sage, dans les circonstances, de recommander au
ministre de nommer un administrateur pour voir où la compagnie allait et
pour s'assurer que ceux qui détenaient encore des contrats soient
traités de façon juste, que les derniers n'arrivent pas avec la
chaudière vide.
Cela n'a pas été très long, lorsque le personnel de
la commission nous a apporté le dossier, en dedans de quelques jours
nous transmettions au ministre le dossier avec notre recommandation et dans les
quelques jours suivants, le ministre nommait un administrateur. C'est cet
administrateur qui, prenant connaissance des chiffres sur place, a
immédiatement déclaré faillite. Maintenant, les pertes, je
n'ai pas les chiffres devant moi mais il est certain que la façon de
présenter le bilan d'une compagnie qui n'est plus en activité est
différente d'une compagnie en activité. Les réserves
actuarielles et mathématiques sont diminuées de beaucoup. La
valeur des contrats futurs est diminuée de beaucoup.
La question qui se pose aujourd'hui, c'est: Où est passé
l'argent qu'on pouvait voir dans les états financiers de la
dernière année financière complète, et la
différence entre cette somme et la somme préparée par le
syndic à la faillite? Cet aspect, c'en est un d'enquête. Je sais
que les inspecteurs à la faillite qui représentent ces
créanciers ont demandé au ministère de la Justice de faire
une enquête; l'enquête est commencée, elle a commencé
dans les 48 heures de l'assemblée des créanciers. La commission a
offert son support au
syndic, au ministère de la Justice; on a offert aux
créanciers qui sont venus nous voir au ministère des
Consommateurs, il y a quelques semaines, de répondre à toutes
questions, de collaborer et je refais cette offre encore aujourd'hui.
Pour autant qu'on peut savoir aujourd'hui, ce n'est qu'à
l'automne dernier, à la fin de l'automne, qu'il était
évident pour la première fois que cette compagnie ne pouvait pas
rencontrer ses obligations. C'est ce qui a fait démarrer le processus
que je viens de décrire.
M. Saint-Germain: Le rapport annuel que vous receviez
était signé par des comptables agréés?
Mme Payette: Oui, par des comptables agréés.
M. Saint-Germain: Vu que le comportement de cette compagnie,
enfin sa situation financière vous donnait l'impression qu'il y avait
risque pour ses clients, n'aviez-vous pas dans la loi une certaine
autorité qui vous aurait permis d'aller plus loin et de
réellement enquêter afin de savoir si les actifs qui
apparaissaient au bilan de la compagnies existaient?
Mme Payette: De façon générale, lorsqu'on
administre la Loi des valeurs mobilières et qu'on voit un comptable
agréé indépendant de la compagnie membre de l'Ordre des
comptables agréés qui certifie qu'au meilleur de sa connaissance,
après les tests usuels de vérification, les actifs de la
compagnie sont bien ceux qui sont représentés, la commission ne
va pas plus loin.
Si quelqu'un vient nous voir et allègue qu'il y a fraude ou qu'il
y a lieu de croire qu'il y a fraude, on peut ordonner l'enquête. Mais,
dans le cas de Thibault, de telles allégations n'ont pas
été faites jusqu'au moment où le syndic a vu l'état
des actifs. Personne n'a mentionné ou dit à la commission: Faites
enquête, on pense qu'il y a fraude. Même encore aujourd'hui, cela
n'est pas démontré qu'il y a eu fraude. Les actifs ne sont pas
ceux qu'on pensait, mais il y a lieu de voir où ils sont. Est-ce que
cela a été tout simplement une dépréciation des
réserves mathématiques? Est-ce que cela a été une
mauvaise utilisation ou une mauvaise administration des fonds faite avec ou
sans mauvaise foi? Je l'ignore. C'est l'enquête du syndic, qui est le
premier responsable et qui a énormément de pouvoir dans une
faillite... L'enquête des enquêteurs du ministère de la
Justice déterminera si, oui ou non, il y a eu malversation ou mauvaise
utilisation de fonds qui appartiennent à d'autres.
M. Saint-Germain: Dans une réponse que faisait Mme le
ministre à une question qui était posée par le
député de Roberval, elle disait: "C'est en effet vrai depuis
1973." Le député de Roberval demandait, au sujet des faillites de
Thibault et Associés, si la Commission des valeurs mobilières
avait juridiction sur cette compagnie. "C'est en effet vrai depuis 1973".
Est-ce que cette compagnie a été fondée avant 1973?
Mme Payette: Je ne pourrais pas vous dire si elle a
été fondée avant 1973. Ce que je sais, c'est que,
lorsqu'on a porté à la connaissance de la commission, en 1973 ou
en 1974 je ne pourrais pas vous dire la date exacte il y avait
déjà eu des contrats d'émis. Donc, la compagnie
était formée avant, mais en quelle année, je l'ignore.
M. Saint-Germain: Mais elle avait été fondée
avant...
Mme Payette: Elle était en activité... M.
Saint-Germain: En activité.
Mme Payette: ... lorsqu'on est entré dans le paysage et
les contrats étaient déjà vendus.
M. Saint-Germain: A ce moment-là, est-ce que la compagnie
n'avait pas déjà dérogé à la loi?
Mme Payette: Certainement, la compagnie... Une fois qu'on en est
venu à la conclusion légale qu'il s'agissait d'une valeur
mobilière il a fallu un certain processus pour étudier si
ce type de contrat était un contrat de placement une fois qu'on a
affirmé que c'était une valeur mobilière, on en a conclu
qu'il y avait eu émission sans enregistrement, d'où infraction
à la Loi des valeurs mobilières.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez pris des procédures
judiciaires?
Mme Payette: Nous n'avons pas pris de procédures
judiciaires pour l'émission de ces contrats.
M. Saint-Germain: Parce que Mme le ministre nous a dit: "C'est en
effet vrai depuis 1973. La Commission des valeurs mobilières avait
reçu, à ce moment-là, un avis juridique de ses
conseillers. La commission était sous la présidence de M. Robert
Demers et les conseillers avaient effectivement confirmé que la maison
Thibault et Associés, à cause du genre de contrats qu'elle
émettait, tombait sous la juridiction de la Commission des valeurs
mobilières."
Je continue, si vous me le permettez, M. le Président.
"Cependant, la compagnie avisait la commission que les actionnaires avaient
décidé de cesser la vente de contrats de cautionnement." Alors,
après 1973, on a arrêté la vente de ces contrats de
cautionnement; après 1974, d'après la déclaration de Mme
le ministre. "Puisque la compagnie ne pouvait respecter l'énoncé
de politique no 25 et, notamment, le paragraphe 4d qui dit que les fonds
constituant la réserve doivent être confiés à la
garde d'un tiers, acceptable par la commission, pour assurer leur
complète ségrégation du patrimoine de
l'émetteur".
Puisque des contrats avaient été vendus, je suppose qu'il
était de votre responsabilité de protéger ces premiers
clients, ces premiers possesseurs de contrats, même si ces contrats
avaient été émis sans que vous en ayez pris connaissance.
Ai-je raison?
Mme Payette: Qu'il était de notre responsabilité de
protéger?
M. Saint-Germain: Qu'il était de votre
responsabilité?
Mme Payette: Notre responsabilité, c'est de voir à
ce que les gens obtiennent l'information...
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: ... et qu'on n'abuse pas d'eux par le commerce de
valeurs mobilières, mais, à l'époque, il était
terminé, le commerce.
M. Saint-Germain: II était terminé, mais, comme il
y avait eu commerce qui tombait sous votre juridiction, est-ce que, même
si on avait arrêté les transactions, la Commission des valeurs
mobilières n'avait pas une certaine responsabilité
vis-à-vis de ces contractants, parce que les contrats avaient
déjà été vendus?
Mme Payette: Une certaine responsabilité, oui, dans le
sens suivant: Nous avons demandé à la compagnie, à partir
de ce moment-là, de nous tenir informés de sa situation
financière.
M. Saint-Germain: Vous n'avez pas obligé la compagnie, si
je comprends bien, à voir à préserver des fonds
constituant une réserve?
Mme Payette: La réponse de la compagnie était: II
nous est impossible, de la façon que nous sommes structurés et
que nous marchons, de constituer cette réserve, quant au passé
impossible et quant au futur impossible. Avoir demandé de constituer une
réserve avec les sommes d'argent déjà recueillies,
c'était mettre la compagnie en faillite à l'époque,
décision qui n'a pas été prise. Au contraire, on a dit: Vu
que la compagnie peut passer à travers d'après les documents qui
étaient soumis, on a laissé la chance au coureur à
l'époque. Suivant les documents fournis par des professionnels membres
de corporations professionnelles, il apparaissait que c'était
possible.
M. Saint-Germain: II serait permis de croire que si vous aviez
mis à cette époque la compagnie en faillite, moins d'argent
aurait été perdu, je suppose bien.
Mme Payette: M. le Président, c'est comme décider
"d'opérer" un cancer cette année ou l'an prochain.
M. Saint-Germain: Ce n'est pas ce que je veux dire. Je me mets
dans les souliers de ceux...
Mme Payette: On ne sait pas si le patient va vivre.
M. Saint-Germain:... qui avaient transigé avec cette
compagnie. Cette compagnie a transigé illégalement.
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
M. Saint-Germain: Non, s'il vous plaît! J'ai la parole.
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Clair: En vertu de notre règlement à l'article
99, je vous lis l'article: "II est interdit à un député
qui a la parole de parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou devant
un organisme quasi judiciaire ou d'une affaire qui est sous enquête
lorsque, dans ce dernier cas, les paroles prononcées peuvent être
préjudiciables à une personne."
Quand le député de Jacques-Cartier, comme il vient tout
juste de le faire en prononçant le mot illégalement, je pense
qu'il risque de porter préjudice à des gens. L'affaire est sous
enquête et je ne pense pas que ce soit le lieu, en commission
parlementaire ici, pour rendre la justice, pour prononcer des jugements
à l'égard de qui que ce soit. On est tous sensibles à
l'affaire Thibault. Je pense que le député devrait respecter le
règlement. L'affaire est sous enquête. Le ministre l'a dit
tantôt et les paroles que vient de prononcer le député et
qu'il a prononcées à quelques reprises peuvent être
préjudiciables à une personne. Je pense qu'il devrait s'en
abstenir.
M. Saint-Germain: Sur cette même question de
règlement, M. le Président, une question a été
posée en Chambre le 22 mars. La situation de Thibault n'a pas
évolué depuis ce temps. Nous sommes dans la même situation
exactement. La question a été posée en Chambre; on a
donné une réponse et on n'a jamais évoqué le fait
que cette société était en procès ou quoi que ce
soit de semblable.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'il faut
reconnaître que quand la question a été posée, la
réunion des créanciers n'avait pas eu lieu; elle avait lieu le
lendemain et c'est à la suite de cette réunion que les
créanciers ont demandé que ce dossier soit porté devant le
ministère de la Justice, ce qui a été fait.
M. Saint-Germain: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Puisqu'on a soulevé une
question de règlement, disons que dans la mesure où c'est
présenté sous forme de question et d'information, je pense que le
député de Jacques-Cartier peut poser des questions. Dans la
mesure où elles seraient sous la forme d'affirmations ou de
commentaires, évidemment, je
l'inviterais à être plus prudent. Quant à la
responsabilité de la réponse, je pense que, comme l'affaire est
maintenant sous enquête, il faudrait évidemment juger dans quelle
mesure les réponses pourraient être préjudiciables aux
personnes concernées.
M. Saint-Germain: Oui, M. le Président. D'ailleurs, je
n'essaie pas de faire le procès de qui que ce soit, j'essaie simplement
de comprendre les responsabilités de la Commission des valeurs
mobilières dans ce dossier et d'éclaircir pour quelles raisons on
en est arrivé à cette situation qui sera d'ailleurs jugée
par les tribunaux très probablement.
J'en étais à dire que sans que la commission en soit au
courant, des transactions mobilières avaient été faites
d'une façon illégale, puisque vous n'étiez pas au courant,
sans enregistrement. (17 h 45)
On a arrêté à un moment donné la
commission a fait arrêter ces transactions. Entendu! On se comprend
jusque-là. Mais est-ce que la commission avait certaines
responsabilités vis-à-vis les gens qui avaient déjà
acquis ces contrats?
Mme Payette: Etant donné qu'il s'agissait d'une compagnie
qui n'avait pas fait l'objet d'un enregistrement, toute la partie de la Loi des
valeurs mobilières qui force une compagnie à envoyer à ses
détenteurs de valeurs mobilières ses rapports financiers, etc.,
ne s'applique pas. La loi s'applique aux compagnies qui sont publiques et qui
font l'objet d'une distribution publique, dont les titres font l'objet d'une
distribution publique. La seule question qui se posait à
l'époque, c'est: Est-ce qu'on liquide la compagnie ou si on la laisse
terminer ses contrats, respecter les engagements qu'elle a avec ses
créanciers et laisser les créanciers continuer à verser de
l'argent pour espérer pouvoir en tirer des bénéfices?
C'est la seule question qui se posait à l'époque et la
décision a été prise de laisser la compagnie continuer
pour les raisons que je vous ai expliquées plus tôt.
Lorsqu'on arrive trois ans après et que l'état de faillite
est prononcé, qu'on voit le bilan de la faillite, qu'on se pose la
question: Est-ce qu'il y aurait eu moins de pertes ou de pertes
équivalentes? Je ne peux pas répondre, il faudrait faire un
calcul et ressortir tous les contrats qu'il y avait là, plusieurs
avaient été annulés, il y a des gens qui en ont
profité, des gens pour qui ça été de bonnes
affaires, d'autres pour qui ça a été de moins bonnes. Ce
qui me préoccupe aujourd'hui et comme les créanciers d'ailleurs,
c'est de m'as-surer que l'argent que certaines personnes ont confié
à Thibault et Associés dans un but bien spécifique d'avoir
des cautionnements pour créances, que cet argent n'a pas
été détourné à des fins personnelles. C'est
l'enquête du ministère de la Justice qui le
déterminera.
M. Saint-Germain: M. le Président, très bien,
laissons...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jacques-Cartier, je vous inviterais à raccourcir les questions sur ce
sujet-là parce qu'il ne nous reste que dix minutes, la commission
risque... Il n'est pas prévu qu'elle soit rappelée à ma
connaissance et il y a peut-être certaines questions que vous aimeriez
poser concernant d'autres aspects du même programme de
l'élément 4 ou du programme 4 que nous n'avons pas abordé
jusqu'à maintenant.
M. Saint-Germain: D'accord. Je laisse tomber cette question
hypothétique de perte, je comprends très bien que je ne puis pas
avoir la réponse. Ce qui me surprend, c'est que cette compagnie qui a
transigé illégalement, qui a émis des contrats
illégalement sur le marché...
Mme Payette: M. le Président, question de
règlement. C'est fe député de Jacques-Cartier qui affirme
que c'est illégalement. Le président de la Commission des
valeurs...
M. Saint-Germain: Mais non, pas du tout.
Mme Payette: ... mobilières s'en est tenu à dire
que cette compagnie avait émis des contrats de valeurs mobilières
sans permis.
M. Saint-Germain: Alors, c'est ça
l'illégalité.
Mme Payette: Je pense, M. le Président, que le
député porte un jugement que nous ne voulons pas porter à
ce moment-ci.
M. Saint-Germain: Elle ne s'est pas soumise aux lois et aux
règlements de la commission mobilière.
Mme Payette: M. le Président, c'est peut-être...
M. Clair: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je m'indigne de voir un député qui régulièrement,
vient à l'Assemblée nationale pour casser les oreilles au nom des
droits et libertés individuelles, nous accuser de tout ce qu'on veut et
porter des jugements comme il le fait, de considérer cette commission et
de se considérer lui-même comme un tribunal.
M. Saint-Germain: Le député de Drummond part...
Mme Payette: On peut peut-être penser qu'il s'agissait
là d'ignorance, puisqu'au moment où la commission a fait valoir
qu'il fallait un prospectus, M. Thibault, à notre connaissance, a
collaboré par la suite avec la commission.
M. Saint-Germain: Mon Dieu, je ne fais que répéter
les paroles que madame nous a déjà dites en Chambre et je lis, en
date du 22 mars 1979: "Le député de Roberval demandait au sujet
de la faillite de Thibault et Associés si la Commission
des valeurs mobilières avait juridiction sur cette compagnie."
Elle dit: "C'est en effet vrai. Depuis 1973, la Commission des valeurs
mobilières avait reçu à ce moment-là un avis
juridique de ses conseillers. La commission était sous la
présidence de M. Robert Demers et les conseillers avaient effectivement
confirmé que la maison Thibault et Associés Incorporé,
à cause du genre de contrats qu'elle émettait, tombait sous la
juridiction de la Commission des valeurs mobilières."
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est madame. Cela tombe sous la
juridiction de la Commission des valeurs mobilières. Je veux savoir
simplement ce que la Commission des valeurs mobilières a fait de cette
responsabilité. Je veux dire à M. le Président que je suis
un peu surpris qu'on n'ait pas exigé de Thibault de se constituer une
réserve au moins pour les contrats qui avaient été
payés et émis. C'est tout. Il peut y avoir des raisons
très valables. Je n'ai pas de préjugé contre la Commission
des valeurs mobilières, mais j'ai le droit de savoir.
Mme Payette: La raison pour laquelle on n'a pas exigé ces
réserves à l'époque, c'est qu'exiger de constituer une
réserve aurait fait en sorte que la compagnie prenait un montant de X
dollars et ne pouvait plus s'en servir pour respecter ses obligations
courantes. Exiger cela, c'était l'équivalent de mettre la
compagnie en liquidation.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous avez, à ce
moment-là, notifié les possesseurs de contrats de
l'insécurité dans laquelle étaient leurs investissements?
Est-ce qu'ils étaient au courant de ces procédures, de cette
décision?
Mme Payette: Que je sache, on n'avise pas les détenteurs
de valeurs mobilières d'une compagnie chaque détenteur
des décisions qu'on prend par rapport à cette compagnie.
Toutes les décisions de la commission sont publiques, elles sont
publiées dans le bulletin de la Commission des valeurs mobilières
qui est remis à tous les journaux qui veulent bien s'en
prévaloir. Il est envoyé à tous les courtiers
enregistrés chez nous; il y a une diffusion publique des
décisions de la commission. Que je sache, on n'a pas écrit
spécifiquement à chaque actionnaire ou à chaque
détenteur de contrat pour le lui dire.
M. Saint-Germain: Vous affirmez que, lorsque vous avez pris
connaissance de la situation dans laquelle se trouvait la compagnie, il y a eu
un communiqué, que cela a été publié.
Mme Payette: Les décisions de la commission sont
publiées dans le bulletin de la commission.
M. Saint-Germain: Bon! Au sujet de Thibault, est-ce qu'il y a eu
une telle publication publique?
Mme Payette: Je devrai vérifier ce cas spécifique,
mais normalement toutes les décisions sont publiées dans notre
bulletin. Je pourrai vérifier.
M. Saint-Germain: Est-ce que Mme le ministre pourrait nous
promettre qu'on donnera suite à cette promesse et qu'on nous confirmera
ou qu'on infirmera le fait que la Commission des valeurs mobilières a
réellement diffusé la situation dans laquelle elle a
trouvé cette compagnie en 1974? Est-ce qu'on peut avoir cette
promesse?
Mme Payette: Si la vérification est faite, M. le
Président, je pourrai effectivement le confirmer. Je pense pouvoir
témoigner du fait que toutes les décisions de la Commission des
valeurs mobilières sont publiques.
M. Saint-Germain: Je pose une question bien spécifique
dans un cas bien déterminé.
Mme Payette: On fera la vérification.
M. Saint-Germain: Au sujet de Thibault, y a-t-il eu une
publication publique sur sa situation financière telle que l'a
trouvée la Commission des valeurs mobilières?
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, très brièvement
parce que je sais que nous sommes limités par le temps. Personnellement,
j'avais donné mon consentement...
M. Saint-Germain: Ai-je une affirmation sur cette question?
Mme Payette: Oui, il y avait déjà une affirmation
avant que vous répétiez la même question.
M. Goulet: ... pour que les travaux se terminent à 18
heures. La commission a pour mandat le contrôle et la surveillance du
commerce des valeurs mobilières. Je ne veux absolument pas m'embarquer
dans le procès de Thibault ou de qui que ce soit, mais, au niveau du
principe, lorsqu'on s'est aperçu, il y a deux ou trois ans, que cette
compagnie était vulnérable, y avait-il quelque chose, y avait-il
un article dans la loi qui vous permettait d'avoir le contrôle sans
divulguer la situation au public?
Je comprends que si on divulgue au public le fait qu'une compagnie est
en difficulté financière, on la ferme. Vous avez dit que dire
à une compagnie, en l'occurrence Thibault, ou à quelque compagnie
que ce soit, que cela lui prend un fonds de réserve, cela
équivaut à la mettre en faillite. Mais, entre mettre une
compagnie en faillite et la surveiller mensuellement ou trimestriellement, il y
a une différence. Si je comprends bien, vous vous êtes fiés
et vous vous fiez, dans des cas semblables, à ce que des membres d'une
corporation professionnelle, entre autres, un comptable agréé,
peuvent vous dire, mais vous ne vérifiez pas. Quand je dis "vous", je
veux dire que la commission n'a pas le pouvoir de vérifier, par exemple,
chaque mois ou chaque trimestre. Vous en avez le pouvoir, mais dans le cas de
Thibault ou
de tout autre cas semblable, vous ne l'avez pas fait.
Au lieu d'attendre un an, deux ans ou trois ans, vous auriez pu, vous
aviez le pouvoir, au bout de trois mois, voir où allaient ces fonds sans
attendre deux ou trois ans, ou attendre le rapport qui ne venait pas, avez-vous
dit, que vous avez été obligés d'exiger, je pense; je ne
sais trop.
Mme Payette: C'est-à-dire que la compagnie, n'étant
pas inscrite auprès de la commission, n'avait aucune obligation de nous
les envoyer. On les a exigés.
M. Goulet: La seule question, c'est que...
Mme Payette: On ne retournait pas à la compagnie faire une
vérification du rapport du vérificateur chaque fois que nous en
recevions un.
M. Goulet: Oui. Je ne parle pas d'une compagnie où cela va
très bien mais, pour que cela ne se reproduise pas, ne pensez-vous pas
qu'à ce moment-là ce serait le devoir de la commission, à
la minute où vous vous apercevez... Si vous aviez dit cet
après-midi: C'est une compagnie qui allait très, très,
très bien et, à un moment donné, boum! cela a
tombé. Vous nous dites: II y a trois ans, cette compagnie, on savait
qu'elle était vulnérable. En tout cas, on s'en doutait, parce
qu'on a commencé un genre d'enquête. De plus, le
vérificateur de cette compagnie nous disait, même s'il est membre
d'une corporation professionnelle, que cela allait très bien. A ce
moment-là, il me semble que, peut-être au niveau d'un semestre ou
d'un trimestre, la commission aurait dû vérifier
elle-même.
Je ne suis pas ici pour faire le procès de Thibault, mais je ne
veux pas non plus blâmer le président ou les membres de la
commission. Après avoir suivi ce dossier, je pense pourtant, en tout
cas, on peut le croire, qu'il y a eu de la part de la commission un manque de
surveillance; or, son mandat précis est de surveiller et de
contrôler. Est-ce que vous me répondez, dites non ou si
vous...?
Mme Payette: Bien, je peux vous...
M. Goulet: C'est peut-être dur, ce que je vous dis, parce
que vous êtes le président.
Mme Payette: Non, je comprends très bien. Je suis
moi-même très occupé quand je vois des situations comme
celle-là se produire. Il est certain qu'il y a une faille quelque part.
La première faille, c'est certainement l'administration de la compagnie.
Cela peut mal aller sans qu'il y ait de mauvaise foi, de fraude ou quoi que ce
soit. Ce sont des choses qui arrivent et on voit régulièrement
des compagnies qui font des faillites prévues au public.
Quant au rôle de la commission, je me dis: Dès qu'on exige
des documens, qu'on demande aux gens de s'enregistrer, on a une levée de
boucliers. Les gens disent: Cela coûte cher de faire affaires parce
que... tout cela. Dès que la commission en voit un comme
celui-là, Thibault, qui arrive, on dit: La commission aurait dû en
faire plus. Il s'agit de trouver le juste équilibre. Notre philosophie
c'est que, les gens qui sont en affaires, on présume que ces gens sont
de bonne foi. Tout le monde peut se tromper, mais quand tu te trompes avec
l'argent du public, c'est encore plus triste.
La deuxième faille ou la troisième faille possible, ce
sont les gens qui ont acheté ces contrats. On en a même
rencontré qui en ont acheté et qui en vendaient à d'autres
et qui prenaient des renseignements dans des régions et qui se faisaient
dire: Oui, c'est une compagnie en affaires, c'est possible, ce n'est pas
possible d'en acheter, ou c'est bon, c'est pas bon. C'est un peu comme tous les
principes de consommation: Informez-vous avant d'acheter.
Est-ce que la commission aurait pu, si on avait envoyé des
enquêteurs toutes les semaines, voir ce qui se passait? Je pense qu'on
n'aurait pas eu tellement de différence. On aurait toujours eu le
même dilemme, est-ce que oui ou non la compagnie pourra assumer ses
obligations? Il y a l'étude des états financiers, à moins
ce que je ne pense pas être le cas que les états
soient faux, et personne encore n'a avancé cette hypothèse. A
moins que les états soient faux, oui, la compagnie pouvait assumer ses
obligations. Ce sont seulement les derniers états financiers qui ont
montré une détérioration.
A la question, en 1975 et en 1976, toutes les études
financières démontraient que la compagnie pouvait les assumer. En
1977, je crois que c'est serré mais que c'est encore possible. En 1978,
on s'aperçoit que cela s'est détérioré encore plus
et on intervient. Si la commission était intervenue en 1976, on se
serait fait accuser de fermer une compagnie qui pouvait survivre et ce sont les
créanciers qui, aujourd'hui, disent: Vous auriez dû le faire, qui
seraient venus nous dire: Vous nous faites perdre de l'argent; donnez-leur une
chance, les chiffres montrent qu'elle est capable de se rendre au bout de ses
contrats. C'est toujours cet équilibre qui est difficile.
On voit des hommes d'affaires qui bâtissent des empires et qui les
perdent à cause de changements de la situation économique, de
mauvais conseils, de mauvaise stratégie de placements, etc. (18
heures)
M. Goulet: M. le Président, je termine en disant que je
n'accuse personne. Loin de moi de dire au président de la commission
qu'il y a eu un manque de la part de la commission, mais je serais tenté
de dire qu'il y a eu un excès de confiance. Entre intervenir toutes les
semaines et intervenir une fois par année, il y a une différence.
Les rapports comptables auraient pu être vérifiés sans
mettre de bois dans les roues de la compagnie, sans alerter l'opinion publique,
les clients de cette compagnie, etc. Allons-y peut-être pour un rapport
même semestriel ou trimestriel. Entre une vérification à
chaque semaine et annuellement... Je
vous demande s'il n'y a pas eu excès de confiance. Naturellement,
je ne vous demande pas de répondre mais je peux quand même le
penser et c'est là, peut-être, au niveau de la commission qui
aurait pu je dis bien surtout qu'on le savait entre un an et une
semaine, faire deux ou trois vérifications au cours de l'année,
prendre un comptable ou engager un bureau de comptables complètement en
dehors de la compagnie et dire: Va me vérifier cela si c'est
correct.
Mme Payette: M. le Président, je me demande cependant
quand c'est rendu à ce point, si on doit vérifier chaque semaine,
si cela ne devient pas une sorte d'administration superposée à
l'administration.
M. Goulet: M. le Président!
Mme Payette: Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui
protesteraient contre une action de la part de la Commission des valeurs
mobilières dans ce sens.
M. Goulet: M. le Président, je soulève une question
de règlement. J'ai bien dit, pour ne pas que mes propos soient mal
interprétés, qu'il y avait une très grande
différence entre ce que Mme le ministre vient de dire et monsieur, entre
une semaine et un an. On aurait peut-être pu avoir deux
vérifications au cours de l'année; c'est là la très
grande différence. Ce n'est pas à chaque semaine, je comprends,
mais par exemple, tous les trois mois, cela aurait été quelque
chose de logique surtout qu'on savait que cette compagnie avant quelque chose
de...
Mme Payette: Là-dessus, tout ce que je peux vous
répondre c'est que c'est une compagnie dont les activités
étaient tellement limitées; il s'agissait de percevoir les
entrées de fonds prévues par les contrats et de prêter au
besoin. Ce n'est pas une compagnie qui avait des changements d'une semaine
à l'autre ou d'un mois à l'autre. L'ensemble des dépenses
et des résiliations de contrats, ce n'est que sur une période
d'un an qu'on s'aperçoit de sa situation financière; y être
allé une semaine, on aurait vu quoi? Dix chèques entrés en
paiement de dix contrats, dix chèques sortis.
Il ne se vendait plus de contrats; ce n'était que
l'administration des contrats vendus auparavant. Il n'y avait donc pas une
activité folle dans cette compagnie. D'autre part, demander à M.
Thibault de nous fournir des états financiers à toutes les
semaines ou à toutes les deux semaines, il nous aurait dit: C'est
exagéré.
M. Goulet: M. le Président, je n'ai pas parlé de
semaines, j'ai parlé de deux fois par année; pas une semaine, une
fois à toutes les 25 semaines.
Mme Payette: M. le Président, je conclurai sur le sujet,
si on me permet, en disant que quand on connaît les résultats,
c'est toujours facile d'avoir les solutions qu'on aurait dû avoir avant.
Je pense que la commission qui a à ce niveau une réputation qui
n'est entachée d'aucune erreur, je crois, jamais on n'a porté
à mon attention des actions de la commission qui pourraient nous porter
à penser qu'un travail se fait mal par la commission et dans ce sens, je
pense que c'est évident qu'on regrette toujours quand cela arrive...
M. Goulet: Je comprends.
Mme Payette: ... et j'ai eu l'occasion de dire moi-même
à des créanciers de Thibault que je trouvais leur situation
pénible et c'est regrettable mais on ne peut pas savoir à
l'avance quelle va être la situation et on doit trouver des solutions au
fur et à mesure, ce que la commission a fait, je pense, au meilleur de
sa connaissance.
M. Goulet: Je comprends, M. le Président, mais je veux
quand même souligner, parce qu'on attache beaucoup d'importance au terme
ou aux mots "une semaine", chose que je n'ai jamais dite. Ce que je demande
c'est qu'on n'argumente pas en se cachant derrière une semaine
plutôt qu'un an. J'ai bien souligné peut-être un rapport
trimestriel ou semestriel et il y a là une très grande
différence. Je comprends, madame, ce que vous dites. Je sais qu'on
attend qu'un avion tombe et qu'il y ait une cinquantaine de morts avant de
faire enquête; je sais qu'on attend qu'il y ait un autobus qui plonge
dans un lac et que 40 personnes se noient avant de commander un rapport sur la
sécurité des autobus. Je ne veux blâmer personne mais je
demandais s'il y avait lieu, surtout lorsqu'on le sait comme cela, que la
commission qui a le mandat, le pouvoir de vérifier... Naturellement, je
n'irais pas jusqu'à demander de vérifier à chaque semaine
mais entre chaque semaine et peut-être deux ou trois fois par
année, je vois là une très grande différence.
M. le Président, c'est ce que je voulais dire sur ce sujet
précis.
M. Saint-Germain: II y a tout de même eu assez
d'activités au niveau de cette compagnie pour voir $1 million
disparaître en fin de compte. Qu'ils aient disparus, comme vous le dites,
parce qu'on a baissé les actifs à cause d'un arrêt
d'activités, c'est peut-être possible. Enfin, vous n'étiez
pas président dans le temps. Tout ce qui se dit n'est pas
préjudiciable à vous-même, absolument pas.
Mme Payette: Je ne prends pas cela comme cela. Même si on
parlait du président de l'époque, je pense que c'est aux
programmes de la commission qu'on fait référence plutôt
qu'aux individus...
M. Saint-Germain: Oui, mais...
Mme Payette: La question du million, j'espère qu'on aura
le plus tôt possible des chiffres sur lesquels se baser. Je ne suis pas
sûr que ce soit vraiment $1 000 000. Il y a peut-être des
calculs
statistiques de ce qu'ils font, ou de la disparition de certains actifs,
tout simplement en calculant sur une base de faillite par rapport à une
base d'opération. Dans ma tête, il n'y a pas un million qui est
disparu et il faut essayer de le trouver. Ce n'est pas de ça qu'il est
question.
M. Saint-Germain: Non, je comprends très bien.
M. Goulet: Pour autant que ce ne sera pas dans la caisse du Parti
libéral, il n'y a pas de problème.
Mme Payette: Pour répondre à votre
préoccupation...
M. Saint-Germain: On pourrait bien en faire, il n'y a pas
d'inquiétude.
Mme Payette: ... il est certain qu'un événement
comme celui de Thibault provoque chez tous les membres de la commission et ses
fonctionnaires de sérieuses réflexions. Je ne voudrais pas partir
d'ici sans vous dire que vos questions, on se les pose aussi. Qu'est-ce qu'on
peut faire pour que ces choses-là n'arrivent pas?
Je vous disais tantôt qu'on a une nouvelle loi qui s'en vient
où on va insister encore davantage pour que dans une compagnie,
lorsqu'un changement important se produit, les administrateurs divulguent ces
changements-là. On va avoir, je suis certain, beaucoup de critiques sur
les propositions qu'on fait en matière de divulgation, de transparence
pour les gens qui sont fiduciaires de l'argent du public. Ce sera très
difficile parce que les gens vont dire: quand vous faites ça, vous nous
empêchez de faire notre commerce. On va avoir l'occasion et on aura
sûrement une commission parlementaire je le souhaite
là-dessus...
M. Goulet: J'ai compris, madame, j'ai compris ce que vous voulez
dire...
Mme Payette: Je suis très heureuse que le président
de la Commission des valeurs mobilières ait terminé sur ce point
parce que c'est une situation avec laquelle je suis appelée à
vivre très souvent. On nous reproche de trop intervenir, on nous
reproche de trop protéger, on nous reproche d'avoir des lois qui sont
tatillonnes, on nous reproche d'avoir des exigences qui embêtent les gens
et au moment où il y a des catastrophes, on nous reproche de ne pas en
avoir fait assez. Je l'ai mentionné à l'Assemblée
nationale, c'est une situation difficile. Souvent, on se pose la question
à savoir si on doit intervenir à nouveau, si on doit aller plus
loin dans la protection des épargnes et c'est un souci de ne pas brimer
des gens qui voudraient entreprendre des choses et, en même temps, de
protéger les petits épargnants qui souvent, ne disposent que de
cet argent.
Trouver le juste milieu, c'est souvent difficile. Je compte sur l'appui
de l'Opposition quand nous intervenons dans des dossiers comme
ceux-là.
M. Saint-Germain: M. le Président, tout ce débat a
pour but le bien-être de tous finalement. M. le Président nous a
dit que cela créait des inquiétudes au niveau de la Commission
des valeurs mobilières. Cela crée des inquiétudes dans le
public aussi. Ces inquiétudes se reflètent sur la Commission des
valeurs mobilières et sur son comportement. On a assez de
maturité pour savoir que vous êtes régi par une loi. Est-ce
la loi qui est défectueuse, ou le comportement des hommes à
l'intérieur de la loi qui relève d'une faiblesse ou d'un mauvais
jugement? Ce peut-être aussi bien l'un que l'autre et je crois que
lorsqu'on est membre de la Commission des valeurs mobilières, on n'est
pas au-dessus de la critique, pas plus que les députés, que le
ministre ou que le premier ministre. Enfin, on est tous au service du public et
je crois qu'il est dans l'intérêt de tous que lorsque des choses
comme celles-ci arrivent, on puisse s'expliquer et que le public puisse savoir
réellement ce qui s'est passé. Je trouve que c'est tout à
fait normal, sans préjudice pour qui que ce soit à
l'intérieur de la commission actuellement.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que la commission
adoptera l'élément 4 du programmes?
M. Goulet: Adopté. Le Président (M. Marcoux):
Adopté.
Gestion interne et soutien
Est-ce que la commission adoptera les trois éléments du
programme 4: programme 1 direction et soutien administratif, soutien technique,
inspection et enquête?
M. Saint-Germain: J'aurais eu une question à poser. J'ai
remarqué que madame avait six secrétaires adjoints payés
$26 000 ou $27 000...
Mme Payette: Je ne comprends pas.
M. Saint-Germain: J'ai dit avoir remarquer que madame avait
à son emploi dans son cabinet six ou sept secrétaires, ça
m'a un peu surpris...
Mme Payette: Nous avons fourni la liste telle que
demandée. Je suis étonnée que le député en
soit surpris, quand on voit la complexité des dossiers que nous avons
étudiés au cours de cette commission, quand on constate
comme l'avait constaté le député de Bellechasse l'an
dernier qu'il s'agit d'un ministère à trois portefeuilles,
quand, en plus, je suis le ministre responsable du Conseil du statut de la
femme, ce qui nécessite un membre du cabinet à temps plein sur ce
dossier. Je suis sûre que le député est d'accord pour dire
que la condition féminine doit être améliorée; dans
ce sens, les dossiers sont complexes, ils sont extrêmement nombreux,
c'est un ministère qui est petit en termes d'administration, en nombre
de fonctionnaires, mais c'est un ministère qui joue un
grand rôle actuellement au Québec, c'est un
ministère où il y a eu des lois importantes au Québec, et
c'est un ministère où chacun des membres des cabinets rend
service à tous les députés, autant les
députés de l'Opposition que les députés
ministériels, chaque fois qu'on fait appel à lui.
M. Saint-Germain: Je ne doute pas des bonnes intentions de Mme le
ministre, mais je sais pertinemment qu'au cours des débats elle a
semblé admettre que beaucoup de ses responsabilités
étaient transmises à certaines commissions, comme la Commission
des valeurs mobilières, la Régie de l'assurance automobile et
tout le domaine des assurances, la Société de
développement coopératif, le Conseil des coopérateurs.
Mme Payette: La Commission des valeurs mobilières, comme
les autres organismes du même genre, fait son travail et le ministre en
assume la responsabilité.
M. Saint-Germain: J'espère que le résidu de ses
responsabilités nécessite tout ce personnel.
M. Goulet: M. le Président, avant d'adopter ce programme,
j'ai pris connaissance de la liste du personnel du cabinet de Mme le ministre
et j'ai un blâme à lui formuler: Elle se fait toujours accompagner
d'un personnel masculin. On n'a pas eu l'occasion, depuis trois ans, d'avoir
devant nous son personnel féminin.
Mme Payette: Encore une fois, c'est faux, puisque dans le dossier
des consommateurs c'était un secrétaire féminin qui
m'accompagnait.
M. Goulet: Quant à moi, je suis prêt à
accepter ce programme.
Mme Payette: Mon attachée de presse est
présentement en congé de maternité.
Le Président (M. Marcoux): Le programme 4,
éléments 1, 2, 3, est-il adopté?
M. Goulet: Adopté.
M. Saint-Germain: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
Le rapporteur de cette commission fera rapport à
l'Assemblée nationale que la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières a complété
l'étude des crédits et qu'elle les a adoptés tels que
proposés.
La commission ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 18 h 12