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Etude du projet de loi no 19
(Seize heures treize minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, madame,
messieurs!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières est réunie pour étudier le projet de loi no
19, Loi modifiant la Loi des associations coopératives.
Les membres de cette commission sont: M. Beauséjour (Iberville),
M. Bisaillon (Sainte-Marie); M. Goulet (Bellechasse) remplacé par M.
Dubois (Huntingdon); M. Laberge (Jeanne-Mance), M. La-londe
(Marguerite-Bourgeoys), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont), Mme Payette
(Dorion), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Saint-Germain (Jacques-Cartier).
Le rapporteur de cette commission est M. Charles Lefebvre (Viau). Mme le
ministre. Oui.
M. Saint-Germain: Est-ce que M. Lalonde est là-dessus?
Le Président (M. Jolivet): Oui. M. Saint-Germain:
Merci.
Taux des ristournes
Le Président (M. Jolivet): Mme le ministre. J'appelle
d'abord l'article 1.
Mme Payette: M. le Président, est-ce que vous voulez que
je fasse la lecture de l'article 1?
Le Président (M. Jolivet): Ce n'est pas nécessaire,
il est écrit, donnez-nous les explications.
Mme Payette: Oui, dans la mesure où je parle le moins
possible, cela m'arrange. Merci, M. le Président, vous êtes bien
bon pour moi.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des questions
sur l'article 1 ?
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui a porté les associations
coopératives à demander au gouvernement de changer...
Mme Payette: M. le Président, pourriez-vous demander au
député de parler dans son micro, même moi je ne l'entends
pas?
M. Saint-Germain: Qu'est-ce qui a motivé les associations
coopératives à demander au gouvernement que cet article 84 de la
Loi des associations coopératives soit modifié?
Vous êtes monsieur, excusez-moi?
Mme Payette: Ladouceur. (16 h 15)
M. Saint-Germain: M. Ladouceur.
Mme Payette: La diversification des biens vendus par les magasins
coopératifs, particulièrement dans ce qu'on appelle les
coopératives mixtes qui sont à la fois au service de la classe
agricole avec, par exemple, les moulées et toutes sortes d'autres choses
ou de la quincaillerie, plus spécialement orientée vers les
agriculteurs et aussi qui tiennent dans le même magasin coopératif
de l'épicerie.
M. Saint-Germain: Y a-t-il plusieurs de ces associations
coopératives dans la province?
Mme Payette: Plusieurs? Il y aurait 49 coopératives
classées mixtes, d'après les dernières statistiques qui
datent de 1975. Maintenant, il peut y en avoir un plus grand nombre, parce
qu'elles sont principalement orientées vers la classe agricole, mais
avec une petite proportion de leur vente en magasin de consommation, de
façon que la proportion étant tellement peu élevée,
on ne les compte pas comme des coopératives mixtes, mais essentiellement
des coopératives agricoles. S'il y en avait 60 au total, peut-être
une dizaine de plus...
M. Saint-Germain: Est-ce qu'elles sont attachées... Est-ce
qu'elles appartiennent à la Fédérée agricole, ces
coopératives, habituellement?
Mme Payette: Je ne pourrais pas vous dire si toutes appartiennent
à la Fédérée, mais une chose est certaine, c'est
que la grande majorité d'entre elles appartiennent, soit à la
Fédérée ou à la Fédération des
magasins Coop, mais ont des relations avec les deux, mais des relations d'ordre
différent évidemment, la Fédération des magasins
Coop servant d'approvisionnement pour les épiceries, si on veut, ou
magasins de consommation.
M. Saint-Germain: Est-ce que vous voulez dire qu'elles
appartiennent aux deux fédérations?
Mme Payette: Pas nécessairement. Il y en a peut-être
qui appartiennent aux deux fédérations ou ont des affiliations
d'affaires avec les deux fédérations. Par exemple, si on prend
une coopérative agricole qui va donner des services à ses
membres, en ce qui concerne les moulées ou les engrais ou l'essence ou
les produits pétroliers, elle va s'approvisionner depuis la
Fédérée pour ces produits et, en ce qui concerne les
produits de la consommation alimentaire, elle va s'approvisionner à la
Fédération des magasins Coop.
M. Saint-Germain: Maintenant, est-ce que vous pouvez me dire, M.
Ladouceur, si cette modification à l'article tient à
privilégier, si vous voulez, les marchandises qui sont achetées
habituellement par les cultivateurs ou si cela veut privilégier surtout
les marchandises qui feraient
partie du champ d'activités de distribution des
coopératives?
Mme Payette: Je ne pense pas qu'on puisse aborder la question en
termes de privilèges à accorder. Je pense qu'il faut plutôt
inscrire cette réponse que veut apporter l'article 84 tel
qu'amendé en essayant plutôt de rétablir une règle
d'équité. Par exemple, un cultivateur va acheter de la
moulée en volume et en montants d'argent beaucoup plus
considérables s'il a un troupeau laitier ou un élevage porcin ou
de la volaille que ce qu'il va avoir besoin en produits de consommation
alimentaire. C'est d'autant plus vrai que les marges
"bénéficiaires" parce qu'en langage coopératif, on
ne parle pas de bénéfice, mais de trop perçu comme
les techniques de mise en marché, en ce qui concerne la moulée,
cela peut arriver par je m'excuse d'utiliser le terme anglais
"drop shipment", depuis une coopérative centrale ou régionale,
mais passant, pour les fins de facturation, par la coopérative locale.
Donc, les marges "bénéficiaires" prises sur une ou sur l'autre
des familles de produits vendus par la coopérative ne sont pas les
mêmes, ne doivent pas être les mêmes. Cette même
règle, au nom de l'équité, doit également se
traduire dans la distribution du trop-perçu et c'est ce qu'on veut
essayer de corriger.
M. Saint-Germain: Je me suis servi du mot "privilégier".
Peut-être que c'est un... Je ne vous blâme pas pour votre
opposition à ce mot. Mais, parlons d'équité. C'est pour
que le coût de distribution soit équitable aux cultivateurs.
Est-ce que c'est ça, en somme? Je suppose que, dans ces
coopératives, c'est toujours l'agriculteur, qui, lui, achète en
grande quantité. Ce n'est pas nécessairement dans le domaine de
l'alimentation, puisque vous dites que ces coopératives, qui sont
mixtes, ce sont surtout des coopératives qui fournissent et les
agriculteurs et de l'alimentation pour les familles des agriculteurs, des
villages ou des villageois, si vous voulez. Est-ce que c'est ça?
Mme Payette: En principe, oui. M. Saint-Germain: Bon!
Mme Payette: Mais, en pratique, on peut avoir tout
l'éventail de la proportion soit en termes de dollars et de cents des
volumes d'affaires, mais il faut aussi tenir compte du service social
quasiment, du service communautaire que la coopérative est
appelée à rendre. Évidemment, on a vu, au cours des
dernières années, énormément de changements
démographiques dans l'aspect de nos villages et les besoins sont devenus
différents d'une région à l'autre et d'un village à
l'autre.
Tantôt, la coopérative, qui était essentiellement
agricole, a dû se départir, au nom de la régionalisation
des services de beurrerie ou de meunerie, de ces services qui étaient
rendus inadéquats et vraiment trop dispendieux, en termes de coût
de revient, pour l'agriculteur qui en avait be- soin. Par ailleurs à
cause de la concurrence ou de la facilité des communications de plus en
plus grande par suite de la construction de routes et, en fait, de l'entretien
d'hiver et tout ça, plus l'impression des journaux et les moyens de
publicité, les magasins généraux traditionnels des
villages ont dû fermer leurs portes et la coopérative est
arrivée à suppléer.
C'est toute une courbe et une évolution d'ordre politique,
démographique et sociale. Je pense qu'il serait difficile d'en tracer
une ligne directrice qui pourrait s'appliquer à toutes les
régions de la province, et même à l'intérieur d'une
même région, à deux villages semblables.
M. Saint-Germain: Vous pouvez m'assurer que vous n'avez pas eu
d'objection, ou si vous avez eu des objections relativement à la
modification de cet article, de certaines, au moins, ou d'une minorité,
si vous voulez, d'associations de coopératives?
Mme Payette: On n'a pas eu d'objection de la part de
coopératives, il y a eu approbation autant de la part du Conseil de la
coopération du Québec que de la part de la Coopérative
fédérée et aussi de la Fédération des
magasins Coop.
M. Saint-Germain: Alors, on a été unanime. Mme
Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Vous n'êtes pas nécessairement
entrés directement en contact avec certaines coopératives. Vous
êtes toujours entrés en contact avec...
Mme Payette: ... soit verbalement ou par le biais de la
Fédération des magasins Coop ou du CCQ nous demandant cela.
M. Saint-Germain: Vous êtes simplement entrés en
contact avec les représentants des diverses
fédérations.
Mme Payette: C'est cela
M. Saint-Germain: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je crois
qu'antérieurement seuls ceux qui avaient le statut de producteur
agricole pouvaient faire partie d'une coopérative agricole, si je ne me
trompe pas.
Mme Payette: C'est exact. Je pense que, dans cet article, on ne
parle pas des coopératives agricoles, on parle des associations
coopératives, strictement.
M. Dubois: D'accord, mais cela peut quand même inclure
certaines coopératives agricoles, j'imagine.
Mme Payette: Non. L'article 1 du projet de loi est un amendement
à la Loi des associations coopératives qui ne touche que les
associations coopératives régies par la Loi des associations
coopératives et non pas les coopératives agricoles. Or, il y a
des coopératives qui sont régies par cette Loi des associations
coopératives et qui oeuvrent même dans le domaine strictement
agricole.
M. Dubois: On les appelle coopératives agricoles, mais
elles ne sont pas régies par la Loi des coopératives
agricoles.
Mme Payette: C'est cela Ce sont des associations
coopératives qui oeuvrent en milieu agricole.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 2. Mme
le ministre, avez-vous quelque chose à dire?
Dissolution d'une association
coopérative
Mme Payette: L'article 2, M. le Président: "L'article 101a
de ladite loi, édicté par l'article 27 du chapitre 58 des lois de
1970 est modifié par l'addition, après le paragraphe a), du
suivant:
A-1) Si l'assemblée d'organisation n'est pas tenue dans
l'année qui suit la publication de l'avis prévu à
l'article 8."
C'est simplement la possibilité pour le ministre de
décréter la dissolution d'une association coopérative qui
n'a pas tenu son assemblée d'organisation dans l'année qui suit
la publication de l'avis de sa formation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier, avez-vous des questions?
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a plusieurs associations
coopératives qui sont dissoutes durant une année à cause
du paragraphe 101a où le ministre peut décréter la
dissolution d'une association? Il y a trois raisons: a), b) et c) et on en
ajoute simplement une quatrième. Est-ce que je peux demander s'il y a
plusieurs coopératives qui terminent leurs activités parce
qu'elles ne se sont pas soumises à l'article 101 ?
Mme Payette: II y en a très peu pour les trois raisons qui
sont énumérées à l'article 101a. Ce ne sont que des
cas de très grande exception. Si ma mémoire ne fait pas
défaut, j'ai eu connaissance depuis quatre ou cinq ans de deux cas. Je
ne suis même pas sûre du deuxième.
M. Saint-Germain: Est-ce que c'est arrivé assez souvent
dans le passé que des coopératives soient dissoutes maintenant en
ajoutant cette troisième raison pour mettre fin à leur
existence?
Mme Payette: Le problème est là et bien
présent actuellement. Ce qui est arrivé, c'est qu'il y a eu
je ne dirais pas un nombre phénoménal plusieurs
coopératives dont la formation a été approuvée soit
par des... qui émanaient quasiment en ligne directe des projets
d'initiatives locales ou de perspective jeunesse, de regroupements de citoyens
pour toute sorte de raison. Evidemment le mécanisme de la
procédure de formation prévu pour une coopérative sans
être indûment long, comporte quand même certains
délais. Le ministre, en vertu de la loi, doit obtenir avant d'autoriser
la formation d'une coopérative l'avis du Conseil de la
coopération du Québec. Il y a aussi la publication de cette
approbation, quand elle est donnée, dans la Gazette officielle. Ces deux
raisons de délai sont difficilement compressibles. On peut dire, en
termes généraux, que depuis le moment où le projet de
formation d'une coopérative nait dans l'esprit des promoteurs ou des
coopérants en puissance, jusqu'au moment où l'avis est
publié dans la Gazette officielle, il peut facilement s'écouler
six mois. Ce n'est pas une règle générale, cela peut
être moins. Evidemment selon le temps que le CCQ va mettre à
obtenir les renseignements nécessaires pour lui donner l'avis que le
ministre doit obtenir avant de se prononcer, parfois cela entraîne des
délais qui sont suffisamment longs pour réduire l'ardeur ou le
feu de paille bien souvent qui a germé et qui a donné naissance
au zèle des premiers promoteurs qui n'étaient peut-être pas
nécessairement bien préparés, mais tout de même, le
cheminement a eu lieu, l'avis de l'approbation apparaît dans la Gazette
officielle. C'est transmis au secrétaire provisoire. Mais là il y
a un manque absolu d'intérêt. Les douze membres signataires ou
plus de la déclaration de formation sont bien souvent
déménagés et cela fait une coopérative
mort-née.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y en aura plusieurs dans ce
cas-là?
Mme Payette: Actuellement, semble-t-il, il y en a au moins une
quarantaine. Ecoutez, ce ne sont pas celles qui sont nées au cours de la
dernière année, mais on peut dire...
M. Saint-Germain: Cela daterait, pour les plus vieilles, de
quand?
Mme Payette: Ecoutez, je pense que cela a été, avec
l'élan qu'a connu les projets d'initiatives locales, dans les cinq
dernières années. Cela vient par vague.
M. Lalonde: Je pense que c'est tout à fait
désirable que les membres se soient réunis au moins dans un an de
l'avis de formation, il n'y a aucun doute là-dessus. Je voudrais
seulement avoir la mesure du problème.
Mme Payette: Justement ce matin, j'avais connaissance d'un
dossier en Abitibi, à Preissac, où, en 1974, il y a eu une
déclaration de formation
qui nous a été envoyée, c'était pour la
formation d'une coopérative d'aqueduc. Au bout d'un certain temps, le
service des associations coopératives a correspondu avec le
secrétaire provisoire, disant: Est-ce que vous avez tenu votre
assemblée d'organisation? La seule réponse qu'on a eue a
été: Les gens semblent désintéressés et,
effectivement, quand on a convoqué l'assemblée d'organisation,
seulement quatre personnes sont venues. On ne l'a pas tenue.
M. Saint-Germain: Je pensais que vous alliez me dire que
l'aqueduc était terminé, installé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Est-ce que cette nouvelle disposition aurait pour
effet de diminuer le nombre de demandes de formation de nouvelles associations
coopératives, disons celles qui ne seraient pas sérieuses, sur
une longue échéance? (16 h 30)
Mme Payette: Non, parce qu'en fait, le sens de cette modification
présuppose que l'approbation de la formation de la coopérative a
été donnée, sauf que ce sont les promoteurs qui n'y ont
pas donné suite dans le délai d'un an. A ce moment-là,
c'est un problème d'ordre administratif, parce qu'on essaie, autant que
possible, de demander aux promoteurs de coopérative d'identifier, dans
le nom de leur coopérative, de donner un semblant d'identification quant
à la vocation qu'ils entendent donnera leur coopérative: Est-ce
que c'est une coopérative d'aqueduc, de forêt ou de consommation,
et aussi de la déterminer avec un élément
géographique: Coopérative d'aqueduc de Preissac.
Or, si au bout d'un certain temps, il y a un autre groupe, auquel on va
demander sensiblement les mêmes exigences, qui veut former aussi une
coopérative d'aqueduc, mais à Preissac, le nom est
déjà pris et on ne peut pas le bouger, on ne peut plus s'en
servir. Comment va-t-on l'appeler: la Coopérative de conduite d'eau d'un
autre village? C'est dans ce sens pour permettre aussi de fermer des dossiers
qui traînent inutilement.
Le Président (M. Jolivet): L'article 2 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Combien se passe-t-il de temps entre cette
assemblée provisoire, cette première assemblée, ou cette
première demande au ministère, en vue de la formation d'une
nouvelle coopérative, et la réponse du ministère, grosso
modo?
Mme Payette: C'est bien difficile d'établir une moyenne.
Admettons qu'il se passe deux mois entre la réception de la demande de
formation au ministère et la publication dans la Gazette officielle. Je
pense que c'est le mieux qu'on peut faire. Il y a cet avis qu'on doit
solliciter et obtenir du Conseil de la coopération. Ce n'est pas un avis
qui, par définition, doit être folichon, le Conseil de la
coopération n'est pas intéressé à tout simplement
signer une formule. Ils veulent tout de même...
M. Saint-Germain: Le conseil fait une enquête dans ce
cas-là.
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: Sur les lieux mêmes?
Mme Payette: Oui.
M. Saint-Germain: II rencontre les gens qui veulent former cette
coopérative, et prend les informations.
Mme Payette: Je crois comprendre que le Conseil de la
coopération met beaucoup à contribution la
pénétration des Caisses d'épargne et de crédit,
qui, en fait, ont un très grand réseau, à peu près
dans tous les recoins, et où on est en mesure de donner des
renseignements valables.
M. Saint-Germain: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 2, adopté.
L'article 3 étant de concordance avec l'article 2, est-ce qu'il est
adopté par le fait même?
M. Saint-Germain: Adopté.
M. Lalonde: La seule chose, c'est que si on connaît
l'adresse de celui qui est le responsable ou qui s'en est occupé, sans
s'en occuper assez pour faire une assemblée, cela peut être une
adresse autre que la dernière adresse du secrétaire provisoire. A
ce moment-là, je ne sais pas si...
M. Bisaillon: Si on la connaît, c'est la
dernière.
M. Lalonde: Le secrétaire provisoire, mais il y a le
président, peut-être, qui a eu des communications, la semaine
précédente, avec le ministère.
Mme Payette: Généralement, c'est parce qu'on n'a
pas eu d'autres communications.
M. Lalonde: Ah bon!
Mme Payette: Le député de Marguerite-Bourgeoys est
peut-être plus habitué en droit des compagnies...
M. Lalonde: J'ai déjà fait un petit tour à
votre ministère.
Mme Payette: J'ai souvenance.
Le Président (M. Jolivet): Article 3, adopté.
Mme Payette: On n'arrête pas de réparer les pots
cassés depuis ce temps.
Le Président (M. Jolivet): Article 4.
Paiement de ristournes
M. Lalonde: C'est méchant. Mme le député est
méchante. Je n'ai pas laissé un si mauvais souvenir que cela, je
pense.
Mme Payette: Et gratuit. C'est méchant et gratuit.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que Mme le ministre a
autre chose à ajouter?
Mme Payette: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des questions
sur l'article 4? M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Non?
Une Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Un instant, s'il vous plaît!
Une Voix: Le 4 est au bas de la page.
Mme Payette: L'article 4, en fait, c'est une modification qui a
pour objet de retrancher de la loi...
M. Lalonde: On retranche e). Mme Payette: C'est cela.
M. Lalonde: C'est pour permettre... Mme Payette: Une
ristourne.
M. Lalonde: ... une ristourne qui se fait autrement ou sous une
autre forme que la part sociale ou privilégiée.
M. Saint-Germain: On veut faire cette ristourne en argent ou en
marchandise?
Une Voix: En argent.
M. Saint-Germain: En argent.
Mme Payette: En fait, on donne la liberté, mais je pense
bien que, sur le plan pratique, cela va se traduire par une ristourne en
argent. En fait, ce dont on se plaint actuellement, c'est de la lourdeur et du
coût administratif de tout cela.
M. Saint-Germain: Oui.
Mme Payette: Je pense que le troc est dépassé.
M. Lalonde: La note explicative fait une référence
directe à la Fédération des magasins Coop alors que
l'article 106, où on retrouve le sous-paragraphe e) qu'on veut
retrancher, se réfère à toute association
coopérative qui a pour fin principale l'organisation des services ou la
distribution de marchandises à l'usage personnel de ses membres.
Mme Payette: Je m'excuse. Si vous lisez jusqu'à la fin le
paragraphe e) de l'article 106, vous allez voir: "Le paiement de ristourne ne
peut se faire que sous forme de part sociale ou privilégiée dans
le cas des associations membres de la fédération
mentionnée au paragraphe a)."
M. Lalonde: Ah oui! cela se réfère au paragraphe
a). Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Donc, adopté? M.
Lalonde: Adopté.
Formation du conseil d'administration
Le Président (M. Jolivet): L'article 5. Est-ce que Mme le
ministre a d'autres choses à ajouter?
Mme Payette: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Saint-Germain: L'article 5 se réfère à
l'article 106a.
M. Lalonde: Est-ce qu'il y a une demande pour cet article, pour
que différents groupes soient représentés au conseil? De
quels groupes?
Mme Payette: C'est la Fédération des magasins
Coop.
M. Lalonde: II y aurait seulement cela.
Le Président (M. Jolivet): L'article 5 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: Si je comprends bien ici, on divisera les
membres en groupes et cela peut être une division, si vous voulez, du
territoire, soit la paroisse, la ville, le village, et cela pourrait être
aussi une division de groupes. On dit: "Pour les fins du présent
article, un groupe peut être formé d'une coopérative ou
d'une fédération de coopératives constituée en
vertu d'une loi du Québec." Quelle est la motivation qui amène
les Coop à demander au gouvernement la modification de cet article?
Mme Payette: Le seul élément nouveau qui
apparaît là-dedans, c'est que la notion de division en territoire
n'est que la répétition de la règle générale
énoncée à l'article 54 de la loi, qui s'applique à
toutes sortes de coopératives. Là, on ajoute à cette
possibilité de division du territoire, strictement pour ce qui concerne
les coopératives de
consommation, la possibilité de créer, à
l'intérieur de leur "membership", différents groupes. Ce
groupe-là peut même être réduit à une seule
coopérative ou à une fédération de
coopératives.
Le problème soulevé est le suivant: C'est que,
principalement à cause de l'implantation des Coo-prix qui exigent des
mises de fonds très considérables, qui exigent aussi une
expertise assez grande sur le plan administratif, à cause justement de
la difficulté de cette implantation-là et des sommes
concernées, les caisses d'épargne et de crédit ou les
unions régionales, ou les fédérations de caisses de
même que la Fédération des magasins Coop peuvent être
appelées à disposer, à fournir des fonds pour aider
à l'implantation d'un Coo-prix, mais aussi à fournir de
l'expertise administrative et de marketing pour permettre un bon
démarrage à un Cooprix, principalement, parce que c'est là
que se présentent généralement les problèmes
à cause de la concurrence et de l'importance des mises de fonds
nécessaires.
M. Saint-Germain: II arrive tout de même qu'on
déroge, à un moment donné, du grand principe de la
coopération, en ce sens que vous permettez à un groupe d'avoir un
ou deux représentants dans un conseil d'administration d'une
coopérative donnée, sans que nécessairement, il soit
consommateur des produits distribués par cette coopérative.
Mme Payette: Vous savez...
M. Saint-Germain: Vous rentrez un tiers... Je puis comprendre
qu'il puisse y avoir là, que c'est très probablement en vue de
faciliter le financement de ces nouvelles coopératives, si je comprends
bien.
Mme Payette: D'une part, mais aussi de permettre aux caisses ou
à la Fédération des magasins Coop d'apporter un
élément de connaissance experte et d'expérience, soit dans
la gestion administrative du magasin ou encore dans le marketing. Nos Cooprix
sont maintenant installés principalement dans les milieux urbains
où ils doivent faire face à une concurrence positive et assez
dynamique de la part des chaînes qui sont actuellement en place. Ce n'est
pas une question de lutter, mais je pense qu'on doit quand même accepter,
si on entre dans ce jeu, les règles et c'est peut-être un peu de
la jungle. Je ne pense pas que les consommateurs, dans un quartier
donné, qui ont besoin eux aussi d'avoir les services d'un Cooprix,
soient peut-être en mesure, parce qu'ils font cela à temps perdu
et que leur travail quotidien n'est pas dans ce domaine du tout, qu'ils
puissent avoir recours, à titre assez gracieux et gratuit, à des
services experts pour leur permettre de se sortir. Je pense que c'est quelque
chose de...
M. Saint-Germain: Oui, je comprends bien. Il reste tout de
même que cet expert ou ce conseiller technique pourrait être
à l'emploi de la nouvelle coopérative, sans nécessairement
être membre du conseil d'administration.
Mme Payette: Oui. Mais prenons par exemple, un Cooprix X, mettons
sur l'île de Montréal, dans la périphérie, et que ce
Cooprix, pour le démarrage, obtient ou est en mesure d'obtenir des
services non seulement financiers, parce que je pense bien que les services
financiers ont été accordés même avant d'avoir
ça, mais qu'on puisse, au sein du conseil d'administration, avoir
peut-être les services d'un officier ou un fonctionnaire
élevé de l'Union régionale des caisses de Montréal
ou de la Fédération des magasins Coop, qui va faire ça
bénévolement, la coopérative va obtenir les mêmes
services, sans coût.
M. Saint-Germain: Mais, est-ce que vous admettriez, M. Ladouceur,
qu'il y a là tout de même une brèche dans le grand principe
des coopératives en ce sens que vous intégrez à
l'intérieur du conseil d'administration un groupe qui n'est pas un
client nécessairement, qui peut être un auxiliaire, un
financier... C'est vrai que vous limitez ces groupes à des
coopératives ou à des fédérations de
coopératives. J'en suis, mais il reste qu'il y a là une
brèche, ne croyez-vous pas? Surtout que, dans l'article, vous ne mettez
pas de limites. On peut voir ou on peut penser, à un moment
donné, qu'il y aurait une caisse d'épargne et de crédit,
disons, qui prêterait à une coopérative de distribution
d'aliments une somme assez considérable. C'est entendu que, pour elle,
c'est une sécurité de voir un homme en qui elle a confiance
siéger au sein du conseil d'administration comme conseiller technique et
aussi comme administrateur qualifié. Cela se comprend. Mais, il reste
que vous n'y mettez pas de limite. Si cette coopérative, pour une raison
ou pour une autre, avait certaines difficultés financières, on
peut réellement voir venir, par exemple, une situation telle que cette
coopérative pourrait facilement tomber sous la juridiction exclusive
d'une fédération d'un autre mouvement coopératif ou...
Lorsqu'on a la finance, il faut avouer tout de même qu'on a
quelque chose d'assez violent lorsqu'on est dans une...
Mme Payette: Ecoutez...
M. Saint-Germain: Lorsque l'emprunteur est dans une situation
financière difficile.
Mme Payette: D'une part, pour répondre à cette
dernière crainte que vous avez, je pense bien que la tradition
coopérative, en matière d'épargne et de crédit, au
Québec, depuis maintenant au-delà de 75 ans, a été
suffisamment établie au niveau de chacun des mouvements
coopératifs ou de chacune des fédérations de
coopératives d'épargne et de crédit. On n'a pas eu souvent
affaire à des requins. Le crédit populaire a été
accordé bien plus sur des valeurs morales et on s'est inspiré
bien plus souvent, sans vouloir reprendre la querelle qui a hanté le
mouvement dans le passé, de la charité chrétienne que des
règles financières de la rue Saint-Jacques. (16 h 45)
M. Saint-Germain: Ah oui! Cela, je l'admets facilement, mais,
vous savez...
Mme Payette: Bon! Deuxièmement...
M. Saint-Germain: ... aujourd'hui, chez les Caisses
d'épargne et de crédit, il y a certaines caisses qui sont
très volumineuses, très centralisées ou plus
centralisées qu'elles ne l'étaient antécédemment,
et pour bien des raisons...
Mme Payette: Mais, je ne sais pas si...
M. Saint-Germain:... et ça peut devenir, quelquefois un
peu plus anonyme et les grands principes que vous venez d'émettre, qui
étaient factuels anciennement, le sont peut-être moins
aujourd'hui, malheureusement, pas à cause des politiques des caisses
nécessairement, mais parce que, aujourd'hui, ce sont des mouvements
très considérables qui veulent atteindre une efficacité
aussi grande, au point de vue administratif comme au point de vue financier,
que l'entreprise privée et peut-être parfois aussi inhumaine.
Mme Payette: Aujourd'hui, si on examine le libellé de la
première phrase de l'article 106a, on dit: "Dans le cas d'une
association coopérative visée à l'article 106, le
règlement peut". Qui est maître du règlement? C'est
l'assemblée générale.
M. Saint-Germain: C'est juste. Mme Payette: Les
coopérateurs...
M. Saint-Germain: Vous avez raison, mais comme je vous le
dis...
Mme Payette: Ce sont eux qui vont avoir la main sur le...
M. Saint-Germain: Si l'assemblée générale
sent que la caisse ou la coopérative est dans une situation difficile au
point de vue financier et que le créancier est là et qu'il peut
faire ses conditions qui peuvent être acceptées par
l'assemblée générale, elle paraît presque
obligée d'accepter. On aurait le choix d'accepter le pont de vue du
créancier ou de disparaître, bien souvent.
Mme Payette: A ce moment-là, est-ce que...
M. Saint-Germain: C'est pour cela que je me demandais pour quelle
raison il n'y avait pas dans la loi une limite du nombre relatif des membres de
l'exécutif qui appartiendront ou qui représenteront des groupes,
de façon, du moins, à ce qu'une majorité des membres
reste.
Mme Payette: A ce moment-là, même si on mettait une
limite à un cinquième, par exemple, ou à un tiers, est-ce
que cela changerait la situation quand un Cooprix est en difficultés
financières, donc en défaut vis-à-vis de ses obligations
envers son créancier? Le créancier pourrait tout aussi bien
exiger le paiement de ce qui lui est dû en vertu de...
M. Saint-Germain: Oui, mais ce qui est difficile pour moi, dans
tout ceci, c'est que je n'ai pas pu entrer en communication avec les
représentants de ces caisses et avoir leur point de vue; à titre
de profane, je ne veux pas poser en expert, non plus, je n'ai pas le point de
vue des fédérations ou des Cooprix et c'est une question que je
me posais.
Le Président (M. Jolivet): L'article 5 est-il
adopté?
M. Saint-Germain: Adopté.
Sociétés régies par la Loi des
associations coopératives
Le Président (M. Jolivet): L'article 6. Est-ce que Mme le
ministre a des choses à ajouter?
Mme Payette: M. le Président, pour l'information du
député de Jacques-Cartier, je tiens à sa disposition des
lettres qui confirmeront que tous ceux qui étaient concernés par
ce projet de loi ont été consultés et y ont donné
leur accord.
M. Saint-Germain: Alors, est-ce qu'on va nous remettre ces
copies?
Mme Payette: Je pense qu'il n'y a pas de dépôt de
document, mais si vous voulez les consulter, ça me fera plaisir de vous
les faire connaître. J'avais d'ailleurs dit, lors du discours de
deuxième lecture, que nous aurions ces lettres en main au moment de
l'étude article par article.
M. Saint-Germain: Là, c'est malheureux qu'on n'ait
pas...
Mme Payette: Je les ferai parvenir au député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: C'est cela, merci.
Le Président (M. Jolivet): L'article 6, est-ce qu'il y a
des questions ou s'il est adopté?
M. Saint-Germain: Le tiers des ventes, c'est le critère
qu'on choisit, c'est à la demande des coopératives agricoles qui
seraient dans cette situation, où leur vente de produits qui ne sont pas
compris dans l'article 2 de la Loi des coopératives agricoles a
augmenté. Pourquoi a-t-on choisi le tiers comme critère? Cela
aurait pu être 50%.
Mme Payette: On a cru que 50% ne reflétaient
peut-être pas exactement la tendance véritable à la
diminution des activités essentiellement agricoles d'une
coopérative au bénéfice du secteur de la consommation.
Après avoir consulté tant la Coopérative
fédérée que la Fédération des magasins Coop,
on a convenu que 66 ou les deux tiers était un chiffre... d'autant plus
qu'il n'y a pas tellement de coopératives. Il y aurait au maximum
une
douzaine de coopératives au Québec qui seraient
visées par cela, actuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je pense que le tiers est bien justifiable. On
remarque quand même que, dans certains secteurs, les coopératives
vendent des produits pétroliers. Ils en vendent peut-être dix fois
plus au consommateur qui n'est pas un producteur agricole qu'au producteur
agricole même. Cela reflète quand même les activités
de plusieurs coopératives présentement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jacques-Cartier, vous avez quelque chose à ajouter?
M. Saint-Germain: Est-ce qu'il y a plusieurs coopératives
dans cette situation?
Mme Payette: II y en aurait à peu près, au maximum,
une douzaine.
M. Saint-Germain: Est-ce que la Fédérée a
fait des représentations?
Mme Payette: Elle a donné son accord. M. Saint-Germain:
Elle a donné son accord.
Le Président (M. Jolivet): L'article 6 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 7 étant un
article de concordance avec l'article 6 est adopté par le fait
même?
M. Lalonde: C'est la formule.
Le Président (M. Jolivet): L'article 8 étant
l'article terminal est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Donc la loi no 19, Loi
modifiant la Loi des associations coopératives, est adoptée sans
amendement. Merci de votre travail. La commission est ajournée sine
die.
Fin de la séance à 16 h 52