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Etude des projets de loi privés nos 208, 187,
261 et 231
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières entreprend ses travaux aux fins d'étudier quatre
projets de loi privés, soit les nos 208, 187, 261 et 231.
Les membres de la commission, pour la séance de ce matin, sont:
M. Gagnon (Champlain), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Goulet (Bellechasse),
M. Joron (Mille-Iles), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Lavigne (Beauharnois), M.
Michaud (Laprairie), M. Paquette (Rosemont), M. Saint-Germain
(Jacques-Cartier), M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Giasson: M. Saint-Germain est remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys).
Le Président (M. Bordeleau): M. Saint-Germain est
remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
Les intervenants sont: M. Baril (Arthabaska); M. Bisaillon
(Sainte-Marie) remplacé par M. Godin (Mercier); M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) qui devient membre.
M. Lalonde: II est remplacé par M. Hermann Mathieu
(Beauce-Sud).
Le Président (M. Bordeleau): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys) remplacé par M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Lefebvre
(Viau) remplacé par M. Laplante (Bourassa); M. Martel (Richelieu). A ce
moment-ci, cela me prendrait une suggestion d'un membre de la commission pour
avoir un rapporteur.
M. Lalonde: M. Blank.
M. Blank: Je dois aller à la commission de la justice
après.
M. Gagnon: Je propose le député de Laprairie.
Le Président (M. Bordeleau): II y a une proposition pour
le député de Laprairie. Cela va? Le rapporteur de la commission
sera donc M. Michaud, député de Laprairie.
J'ai eu quelques suggestions quant à l'ordre de la
présentation des projets de loi. S'il y a consentement de la part des
membres, s'il y a une entente entre les membres afin de faire attendre le moins
de monde possible, ce serait d'entreprendre immédiatement le projet de
loi no 208, subsé-quemment le no 187, suivi du no 261, pour terminer
avec le no 231. Est-ce que cela peut aller?
M. Lalonde: Parfait. A moins qu'il n'y ait des
représentations de la salle.
Projet de loi no 208
Le Président (M. Bordeleau): Nous entreprendrons donc
immédiatement le projet de loi no 208, qui est la Loi abrogeant la Loi
relative au Collège Saint-Paul.
M. le député de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, le Collège Saint-Paul
n'existe plus depuis 1969. Ils ont vendu tous leurs actifs au Collège
Bois-de-Boulogne, le CEGEP, en 1970. Et, depuis ce temps, on nous informe aussi
que le Collège Saint-Paul n'a plus ni d'actif ni de passif. C'est
pourquoi on veut abroger le chapitre 163 des lois de 1960-1961.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: Quant à lui, le ministère n'a aucun
commentaire à ajouter.
M. Lalonde: Ce qui peut confirmer les propositions. Ce n'est pas
que nous ne croyons pas sur parole le député de Bourassa, vous le
savez. Il ne parle pas souvent, mais on peut le croire. Les experts du
ministère ont-ils vérifié les...
M. Joron: Qu'il n'y a ni actif, ni passif? Exactement.
Une Voix: C'est l'information que l'on me transmet, M. le
Président. On ne sait pas ce qu'ils ont fait avec l'argent, par
contre.
M. Laplante: Le silence peut être d'or, parfois aussi.
M. Giasson: Est-ce que vraiment ils ont touché de l'argent
au moment de la transmission des actifs et du passif?
M. Blank: Qu'en est-il de l'argent? M. Laplante: Me
Mailhot est là.
Le Président (M. Bordeleau): Justement, étant
donné qu'il y a des gens qui viennent devant la commission, il faudrait
peut-être d'abord les présenter pour le journal des Débats.
C'est préférable que vous demeuriez assis.
Mme Mailhot (Louise): La question était au sujet des
actifs?
M. Giasson: Présentez vos collègues.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, s'il vous
plaît!
Mme Mailhot: Louise Mailhot, avocate. Je représente le
Collège Saint-Paul presque défunt.
C'est un collège qui a pris naissance de par une loi en 1961; en
1969, il a cessé de dispenser de l'enseignement pour préparer le
CEGEP Bois-de-Boulogne. En novembre 1970, l'immeuble et tous les terrains qui
appartenaient au Collège Saint-Paul ont été
cédés au CEGEP Bois-de-Boulogne et, depuis ce temps, il ne se
passe rien. Actuellement, il n'y a plus d'actif ni passif. On a remis aux
autorités du ministère les états financiers, le rapport
des vérificateurs. Il restait un solde de $11 000 qui a
été transféré au fonds de dotation du CADRE. Je ne
sais pas si vous connaissez le CADRE, c'est le Centre d'animation, de
développement et de recherche en éducation. C'est un organisme
qui chapeaute la Fédération des CEGEP, l'Association des
institutions d'enseignement secondaire et l'Association des collèges,
plus les niveaux élémentaire et
préélémentaire, et qui gère aussi la Centrale des
bibliothèques. C'est un superorganisme et c'est lui qui a maintenant les
$11 000 à charge de verser une rente annuelle à un chanoine qui
aurait prêté à fonds perdus, à 6% l'an, sa vie
durant un certain montant au Collège Saint-Paul. Donc, $240 par
année doivent être donnés à ce chanoine; c'est ce
qui explique le solde de $11 000. Voilà.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je présume que le
conseil d'administration ou l'organisme qui était habilité
à administrer le collège est d'accord pour adopter les
résolutions...
Mme Mailhot: Oui, une résolution en bonne et due forme a
d'ailleurs été transmise aux autorités du
ministère.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 1 sera
adopté?
M. Lalonde: Cela dépend; les honoraires, je ne sais pas
s'ils sont payés.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 2,
adopté? Adopté.
Le projet de loi no 208, Loi abrogeant la Loi relative au Collège
Saint-Paul, avec ses deux articles et son titre, est donc adopté.
On vous remercie, Mme Mailhot, ainsi que les personnes qui vous
accompagnaient.
Mme Mailhot: Ah non! J'étais seule.
Le Président (M. Bordeleau): Ah! Vous étiez seule,
excusez-moi.
M. Mailhot: Moi, je suis l'apéritif.
Projet de loi no 187
Le Président (M. Bordeleau): Nous passons
immédiatement au projet de loi suivant, soit le projet de loi no 187,
Loi concernant BNP Canada Inc. Est-ce que le parrain du projet de loi aurait
quelques commentaires préliminaires? M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Très brièvement. C'est simplement, M.
le Président, pour souhaiter la bienvenue aux représentants de la
BNP, la Banque nationale de Paris, qui a son siège social ici à
Montréal. La BNP est à construire la tour BNP au centre-ville de
Montréal, au coin de Président-Kennedy et boulevard Maisonneuve;
son représentant est M. Ba-chand, du comté de Saint-Louis, un des
beaux comtés du Québec, M. Jean-Claude Bachand et son
procureur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je présume que les représentants de BNP
vont être appelés à expliquer le projet de loi, à
moins que le député ne préfère donner des
détails.
M. Michaud: Je pourrais vous donner tous les détails ici,
M. le député, mais plutôt que d'y aller avec deux
séries de questions, on pourra le faire d'une façon
unilatérale avec M. Bachand.
M. Lalonde: Très bien et, si on n'est pas satisfait, on
pourra poser des questions.
M. Michaud: Avec plaisir, à M. le ministre aussi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: Le vice-président et directeur
général adjoint de BNP Canada pourra sûrement
répondre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais que nos visiteurs
se présentent aux membres de la commission... Vous êtes seul
également.
M. Bachand (Jean-Claude): Je suis seul également. En deux
mots, la BNP Canada Inc., est la filiale de la Banque nationale de Paris qui
est une des plus importantes institutions financières au monde. Nous
sommes établis ici à titre de filiale de cette institution
financière depuis 1961 avec des succursales à Montréal,
Québec et maintenant Toronto, Edmonton et Vancouver. (11 h 45)
Depuis la création de la Régie de
l'assurance-dépôts, nous sommes inscrits à cet organisme
et, comme vous le savez, depuis trois ans on discute d'un nouveau projet de loi
fédéral révisant, comme cela se fait à tous les dix
ans, la Loi des banques fédérale. Cette année, pour la
première fois, ce projet de loi comprendra des interdictions pour les
banques étrangères qui ont des institutions financières
d'exercer leurs activités financières si elles ne sont pas
banques à charte. Nous sommes donc obligés pour continuer les
activités financières
que nous opérons depuis maintenant seize ans, d'apporter une
transformation dans le cadre de la nouvelle loi fédérale. Le
projet de loi que vous avez entre vos mains est très important pour
nous, en ce sens qu'il va nous simplifier énormément la vie.
Comme vous le savez, il n'y a pas, dans la Loi sur les compagnies, d'article
autorisant la prorogation d'une société sous charte provinciale
en société sous charte fédérale. La nouvelle loi
des banques facilitera beaucoup la transformation des institutions
financières existantes en banques à charte pour les institutions
financières déjà constituées en vertu de lois
provinciales ou fédérales autorisant, en fait automatiquement,
cette prorogation.
Je dois vous dire que la BNP a déjà fait beaucoup de
représentations, depuis deux ans, auprès de l'inspecteur
général des banques et il est, en fait, avisé que,
dès que nous serons autorisés à le faire, on
présentera une demande de transformation en banque à charte. Il y
a environ, d'après les dernières statistiques, une cinquantaine
d'institutions financières filiales de banques étrangères
qui, un jour ou l'autre, dans les trois ans qui viennent, voudront devenir pour
les raisons que j'ai énoncées banques à charte.
Cependant, la BNP étant ici depuis seize ans, étant bien
établie ici, étant ici depuis beaucoup plus longtemps que
l'ensemble de ces institutions, voudrait certainement devenir l'une des
premières, pour toute une série de raisons bien explicables,
à recevoir sa charte en vertu de cette nouvelle loi des banques. Le
projet de loi, que vous avez devant vous, nous facilitera infiniment la vie
dans cette optique.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Ba-chand. D'autres
questions, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Mes questions s'adresseraient davantage au ministre
qu'à M. Bachand. Je pense que la raison pour laquelle on recherche, par
une loi spéciale, la possibilité de passer d'une juridiction
à l'autre vient du fait que nos lois en vigueur, la Loi sur les
compagnies, ne contiennent pas de telles dispositions permettant à une
société de prolonger son existence sous une autre juridiction,
comme cela existe entre le fédéral et un certain nombre d'autres
provinces, sinon toutes. Je n'ai pas vérifié pour toutes les
autres provinces. Dans les autres provinces, par une simple formalité en
vertu de la loi, il est possible de passer d'une juridiction provinciale
à la juridiction fédérale sans liquider les biens, sans
conséquences fiscales. Ici, on ne peut pas le faire. Je suis
parfaitement d'accord, en principe, que ce projet de loi le permette à
la BNP, mais je me demande si le ministre ne pourrait pas profiter de cette
occasion pour nous informer à savoir s'il ne devrait pas songer à
introduire dans la Loi sur les compagnies une disposition qui permettrait aussi
à d'autres de le faire. On sait que la BNP est une filiale d'une
société énorme, en fait, qui entoure le globe, mais
d'autres sociétés, peut-être moins capables, ne songeraient
pas ou trouveraient peut-être des difficultés plus grandes
à venir ici, à chaque fois, pour demander la permission de le
faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: Oui, c'est tout à fait juste, ce que dit le
député de Marguerite-Bourgeoys. Remarquez que la seule demande en
ce sens que nous avons eue jusqu'à maintenant, c'est celle de la BNP. On
n'a pas eu à accepter celle-ci, à en refuser d'autres, si bien
que, à cause du fait aussi que cela a été la seule demande
jusqu'à maintenant, cela ne nous a pas incités à nous
pencher, immédiatement en tout cas, sur la proposition que vous faites
d'étudier dans un contexte plus large la question des mutations d'une
juridiction à l'autre. Non. On ne l'a pas fait. Peut-être ce
problème a-t-il été étudié dans certains
départements du ministère; il n'a pas été
porté à ma connaissance. Ce n'était pas mon intention d'en
faire au moment où on se parle, en tout cas, ou à cette
saison-ci une priorité du ministère.
Par contre, je retiens la suggestion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Au moment où peut-être faudrait-il à
nouveau retoucher notre Loi sr les compagnies, on pourrait se pencher sur ce
problème et, s'il y a lieu, apporter des amendements à nos lois.
Pour répondre immédiatement à la question: Non, ce
n'était pas dans les priorités courantes, ça pourrait le
devenir plus tard cet automne.
J'avais indiqué, la semaine dernière et vos
collègues les députés de Beauce-Sud, Bellechasse et de
Montmagny-L'Islet étaient présents lors de l'étude des
crédits du ministère que la chose qui va nous occuper
principalement, à l'automne, c'est surtout la Loi sur les valeurs
mobilières; ce qui n'exclut pas qu'il y ait d'autres domaines où
il pourrait y avoir de la législation, mais ce n'était pas en
tête de liste des priorités.
M. Lalonde: M. le ministre a donné sa réponse, mais
j'aimerais savoir... Là, on sait que ce n'est pas une priorité,
qu'il y a seulement une demande de cette nature. Ma question est la suivante:
Est-ce qu'il est d'accord, en principe, pour que les sociétés
puissent avoir cette flexibilité, les sociétés
constituées au Québec?
M. Joron: J'en vois la commodité. Je peux comprendre que,
dans certains cas, comme celui que nous étudions aujourd'hui, ça
semble aller de soi que le législateur accorde ce qui est demandé
par ce projet de loi privé; mais, quant à vous répondre et
à me prononcer dès aujourd'hui sur le principe
général de l'habilitation automatique des sociétés,
je ne serais pas prêt à le faire avant d'avoir
réfléchi plus longuement que les quelques instants que vous
m'avez accordés depuis que vous avez posé la question.
Je ne veux pas du tout me couler dans le ciment sur ce principe, mais
j'accepte votre invitation à me pencher sur la question et je vous
ferai
savoir comment je vois ce principe plus tard, quand j'aurai eu le temps
d'y penser et d'en discuter avec mes collègues, peut-être ici
même, en commission parlementaire, à une autre occasion.
M. Lalonde: M. le Président, je m'étonne que le
ministre vienne d'avouer qu'il vient à peine de commencer à
réfléchir à cette question, parce que c'est une question
de mobilité et même avant le référendum, par
exemple... Là, on sait que, par la décision très
majoritaire de la population du Québec, les Québécois
veulent vivre au Canada. Alors, cette espèce d'ensemble
économique, qui a été choisi par la population, exige des
législateurs et des gouvernements qu'ils donnent le moyen d'assurer
cette mobilité. On ne l'a pas, ici, en ce qui concerne nos
sociétés. Même en vertu de la
souveraineté-association, dont on ne parle plus, sauf au conseil
national du Parti québécois, il y aurait eu lieu, de toute
façon, d'assurer cette mobilité, paraît-il, si cela avait
été viable. Mais de toute façon, cela est hors de question
actuellement. Il me semble qu'un nouveau fédéraliste comme le
ministre, un fédéraliste recyclable, devrait maintenant accorder
beaucoup de temps et réfléchir sur ces instruments qui vont
assurer la mobilité non seulement des biens de capital, des marchandises
et des produits, mais aussi des instruments de production que sont les
sociétés, les instruments d'activité économique
comme dans le cas qui nous concerne. C'est une question de vie ou de mort, si
je comprends bien, à cause d'une loi qui va être amendée.
Ils ne pourront plus continuer les opérations qu'ils font actuellement,
s'ils ne changent pas de juridiction.
Mais quand le ministre dit qu'il y a seulement une demande, je suis
d'accord, je prends sa parole, mais je sais, et d'autres savent, que plusieurs
y songent, mais savent d'avance que c'est impossible en vertu de la loi
actuelle. Toutes les sociétés ne sont pas mises devant cette
situation fatale où la BNP Canada se trouve. D'autres y trouveraient des
avantages. Une société québécoise, par exemple, qui
a été constituée ici et qui commence à avoir des
activités à l'extérieur, qui grandit, qui a
commencé par être une petite entreprise, est devenue une moyenne
entreprise, mais peut devenir une grande entreprise en termes
d'activités et aussi d'unités de production à
l'extérieur de la province, pourrait trouver avantageux de transformer
son lieu de constitution du Québec au Canada. A ce moment, il me semble
que c'est la responsabilité du ministre d'accorder d'avance dans la loi,
sans qu'elles soient obligées de venir ici parader devant la commission
pour demander la permission à chaque fois, à toutes les
sociétés la même mobilité, la même
flexibilité.
J'invite le ministre à songer, dans cette nouvelle vocation qu'il
a adoptée à partir du 21 mai de renouveler le
fédéralisme, à donner à nos hommes d'affaires,
à nos Québécois, cette flexibilité-là.
M. Joron: Maintenant, M. le Président, j'ajouterai aux
propos du député de Marguerite-Bour- geoys que, visiblement, il a
un petit peu le goût de s'amuser ce matin, même s'il le fait...
M. Lalonde: Je suis sérieux.
M. Joron: Je vous connais comme un pince-sans-rire; alors, je ne
me laisse pas prendre à votre attitude, à l'expression de votre
visage. Je ne pense pas que ce soit l'intention, non plus, du
député de Marguerite-Bourgeoys de retarder les gens qui, dans
l'auditoire ici, attendent que l'on discute leur projet de loi en s'amusant
à discuter les résultats du référendum. Ce n'est
pas du tout mon intention ce matin. Je relèverai seulement deux choses
qu'il a dites.
D'une part, pour la loi qui est devant nous concernant BNP Canada, ce
n'est pas une question, comme vous l'avez dit, de vie ou de mort ou une
question fatale pour BNP, parce qu'il y aurait eu moyen de procéder
autrement pour eux. Ils auraient pu tout simplement demander une incorporation
fédérale, renoncer à leur charte québécoise,
etc. Tout ce que cela aurait fait, ça aurait été plus
long, plus coûteux et plus onéreux pour eux. Alors, on ne voit pas
pourquoi on leur aurait causé ces embarras-là quand il est si
simple de légiférer, de faire un projet de loi privé comme
on le fait ce matin.
Maintenant, pour le reste, je ne veux pas relancer le débat dans
lequel m'invitait le député de Marguerite-Bourgeoys, mais je lui
dirai que, d'une part, si on regarde aller le premier ministre du Canada et ses
propositions constitutionnelles à l'heure actuelle, je dirais que vous
avez peut-être plus de chances de devenir souverainiste plus rapidement
que moi de devenir fédéraliste.
M. Lalonde: Alors, M. le Président, j'ai simplement
insisté sur le fait que c'est très sérieux, ce que je
suggère au ministre, de penser, très sérieusement et le
plus rapidement possible, à changer la Loi sur les compagnies pour
éviter ces lois spéciales et d'offrir à toutes les
sociétés québécoises cette même
possibilité, cette même facilité qu'on offre à la
BNP.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Est-ce que
l'article 1 du projet de loi 187 sera adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 2?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 3?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Alors, le
projet de loi 187, Loi concernant BNP Canada Inc., est donc adopté.
Merci M. Bachand.
M. Bachand: Merci.
Projet de loi no 261
Le Président (M. Bordeleau: Alors, nous procédons
immédiatement au projet de loi suivant qui est le projet de loi no 261,
soit la Loi modifiant la charte du Crédit foncier franco-canadien.
J'inviterais donc les représentants à venir s'asseoir à la
table et, peut-être, immédiatement, à se présenter
aux membres de la commission.
M. Paquin (Jacques): Mon nom est Jacques Paquin, je suis avocat
procureur de la société et je suis accompagné de M. Robert
Gratton, président et chef de la direction du Crédit foncier.
Le but du projet de loi 261 est de permettre à la
société Crédit foncier franco-canadien dont le nom a
été changé en celui de Crédit foncier par l'article
2 du chapitre 105 des Lois de 1979, lequel changement entrera en vigueur le 1er
juillet prochain, de s'identifier légalement sous un nom autre que sa
dénomination sociale et aussi de modifier une disposition concernant les
objets de la société.
Alors, l'article 1 du projet de loi no 261 permettrait à la
société d'être légalement désignée
sous le nom "Credit Foncier" sans faire usage d'un accent aigu sur la lettre
"e" du mot crédit, et permettrait également à la
société d'être légalement désignée,
pour ses activités à l'étranger, sous le nom de "Credit
Foncier (Canada) avec ou sans accent aigu sur le "e" du mot
"crédit".
Le but de cette modification est d'éviter un risque de confusion
avec d'autres sociétés existant à l'étranger,
notamment en Europe, et portant un nom presque identique à celui de la
société, telle, par exemple: Crédit foncier de France ou
Crédit foncier Monaco. L'usage du nom Credit Foncier (Canada) serait,
entre autres, utile dans la documentation de la société relative
à ses émissions de valeurs mobilières en euro-dollars. (12
heures)
Quant à l'article 2 du projet de loi, il a pour but de
conférer à la société le pouvoir d'acheter,
souscrire, détenir et revendre des actions, bons ou obligations de toute
compagnie de fiducie sans restriction et de retrancher la disposition
spéciale concernant l'achat d'actions de toute société ou
compagnie constituée en vue de faire des opérations
complémentaires à celles de la société, lequel
achat nécessitait l'approbation préalable du ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
Quant à l'article 3, il a pour but de conférer un effet
rétroactif à l'article 2 du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. Paquin. Est-ce que
M. le député de Laprairie, comme parrain du projet de loi, aurait
quelque chose à ajouter?
M. Michaud: Non. On a donné l'explication qu'il fallait,
M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? D'autres
questions?
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer les
difficultés qui ont amené la société du
Crédit foncier à demander ce changement à la loi qui a
été adoptée il y a quelques mois seulement, en fait un an
et demi? Est-ce que vous avez rencontré des difficultés
particulières dans les faits parce que lors du débat
peut-être que le ministre a pu vérifier dans le journal des
Débats du 20 décembre 1978 on avait apporté
beaucoup d'objections justement à cet article qui, semble-t-il, pourrait
créer des problèmes dans les faits?
M. Joron: De quel article parlez-vous?
M. Lalonde: L'article 2. L'article 1, naturellement, nous sommes
très heureux que vous ajoutiez le mot Canada! Est-ce qu'il y a des
députés du Parti québécois qui peuvent... Le
député de Laprairie est d'accord avec cela?
M. Baril: Cela ne prend pas grand-chose pour vous satisfaire!
M. Lalonde: Très bien. Il me fait plaisir de voir que le
député de Laprairie a compris le sens du
référendum.
M. Charron: Le projet de loi a été imprimé
à temps.
M. Lalonde: Vous allez voter contre? Vous allez voter pour,
j'imagine.
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, s'il vous
plaît! J'aimerais que vous reveniez à l'ordre. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je voudrais savoir pourquoi vous amendez cette loi
rétroactivement, pour une partie.
M. Paquin: Le but de l'effet rétroactif est le suivant:
l'an dernier, lorsque nous nous sommes adressés à
l'Assemblée nationale pour modifier la charte de la
société par le projet de loi no 237, qui est devenu le chapitre
105 des Lois de 1979, avait été mis en marche, au sein de la
société, un processus de souscription additionnelle au
capital-actions de sa filiale à part entière qui est la
société Fiducie du Crédit foncier. Il s'agissait d'une
souscription additionnelle de $5 000 000. Le processus requérait
l'approbation préalable du surintendant des assurances, ainsi que
l'obtention de lettres patentes supplémentaires pour augmenter le
capital autorisé de la filiale Fiducie du Crédit foncier. Les
différentes étapes ont été franchies, à
toutes fins utiles, concurremment avec la présentation et la discussion
du projet de loi 237, sauf que la conclusion formelle de la souscription
d'actions est survenue dans la semaine qui a suivi
la sanction du projet de loi 237 et par inadvertance personne n'a
pensé qu'avec l'adoption du projet de loi en question l'approbation
préalable du ministre aurait été requise, puisque la
Fiducie était une société ayant des activités
complémentaires à celles de la société, ce qui nous
plaçait dans une position où on pouvait questionner la
validité même de cette souscription d'actions comme étant
probablement ultra vires des pouvoirs de la société tels qu'ils
apparaissaient dans le projet de loi 237. Le but de donner un effet
rétroactif à l'article 2, c'est de régulariser notre
situation face à cet investissement additionnel dans notre filiale de
façon à nous assurer que personne ne puisse questionner la
validité de cette soucription qui est intervenue, encore une fois, dans
les jours qui ont suivi la sanction du projet de loi 237.
M. Laplante: Cela a dû apporter, évidemment, des
problèmes?
M. Paquin: Pardon?
M. Laplante: Est-ce que cela vous a apporté des
problèmes au point de vue d'être questionné sur la
légalité?
M. Paquin: Jusqu'à maintenant, non. Pas formellement. Le
seul problème que cela nous pose à l'heure actuelle, c'est
lorsque la société fait des émissions de valeurs
immobilières et que les conseillers juridiques, soit canadiens ou
étrangers, sont appelés à émettre des opinions sur
le statut de la société. Le problème pourrait très
nettement se soulever à ce moment-là. Les conséquences
pourraient être désastreuses si quelqu'un, à tort ou
à raison, prétend que cette souscription n'est pas valide. Cela
peut remettre en question bien des choses, probablement un financement que la
société serait en voie de réaliser. C'est une mesure un
peu préventive qu'on essaie d'exercer. Il n'y a personne jusqu'à
aujourd'hui, évidemment, qui a contesté la validité de
notre souscription, certainement pas au niveau de nos actionnaires, il va de
soi, ni au niveau de notre filiale. Mais c'est plutôt pour éviter
le risque que des gens de l'extérieur éventuellement ne la
contestent.
M. Laplante: C'est drôle! Revenir avec cela après un
an pour essayer de légaliser sur autant de millions.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Bourassa?
M. Laplante: Non.
M. Lalonde: ... répondu au député de
Laprairie pour avoir des explications là-dessus.
M. Laplante: Posez les vôtres, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, aussi intelligentes que vous pouvez les poser et,
après, on essaiera de répondre.
M. Lalonde: Vous êtes bien nerveux!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je veux simplement dire que nous sommes d'accord avec
le changement; cela enlève les tracasseries administratives. Je remercie
le ministre d'avoir reconnu un peu tard mais il n'est jamais trop tard
le bien-fondé des modestes objections que nous avions
posées lors de l'étude du projet de loi no 124 lorsqu'il a
été étudié, tard dans la nuit, au mois de
décembre 1978. Nous sommes prêts à voter sur cet
article.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 1 sera
adopté?
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
2?
M. Giasson: Egalement.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
3?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
4?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Le projet de
loi no 261, Loi modifiant la charte du Crédit foncier franco-canadien,
est donc adopté avec ses articles et son titre. Je remercie M. Paquin,
ainsi que M. Gratton.
Projet de loi no 231
J'appelle maintenant le projet de loi no 231, Loi concernant la
communauté hellénique de Montréal. J'aimerais d'abord que
nos invités se présentent aux membres de la commission, s'il vous
plaît.
M. Denis (André): André Denis, avocat chez Viau,
Bélanger, à Montréal. Je représente la
communauté hellénique de Montréal. Je suis
accompagné de Me Basile Papachristou, qui est président du
conseil d'administration de la communauté. Me Papachristou est à
ma gauche.
M. Bey (Georges): Je suis Georges Bey, avocat de
Montréal.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez
répéter?
M. Bey: Georges Bey, je représente
l'archevêché des Amériques du Nord et du Sud. J'ai avec moi
l'évêque Sotirios, qui est l'évêque du Canada
de l'Eglise grecque orthodoxe. Avec lui, nous avons quatre autres
prêtres de ta communauté hellénique de Montréal qui
sont ici en opposition avec le projet de loi.
M. Denis: Je dois souligner, à la suite de M. Bey qui
représente l'opposition, qu'il y a aussi des membres de la
communauté grecque de Montréal qui sont ici et je comprends
qu'ils sont favorables au projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais d'abord vous
souhaiter la bienvenue à notre commission. Pour continuer, M. le
ministre ou le parrain du projet de loi, M. le député de Mercier,
pourrait faire un commentaire général avant d'entreprendre
l'étude article par article.
M. Godin: Oui, d'accord. D'abord, je veux saluer le
président de la communauté hellénique, ainsi que
l'évêque Sotirios et ses collègues prêtres et leurs
deux procureurs. Je dois dire que le cheminement de ce projet de loi fut
relativement lent puisqu'il figure depuis 1975 dans les documents officiels de
l'Assemblée nationale. Nous le présentons enfin à la suite
de longues discussions avec les administrateurs de la communauté
hellénique et à la suite, surtout, d'une assemblée
générale des membres convoquée par la communauté et
qui a réuni le plus grand nombre de membres de la communauté
qu'il fut jamais donné de voir lors d'une assemblée de cette
communauté, ce qui indique bien l'importance que la communauté
grecque de Montréal attache à ce projet de loi.
Je passe maintenant la parole au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: Je voudrais juste, à mon tour, souhaiter la
bienvenue aux représentants de la communauté hellénique de
Montréal et profiter de cette occasion pour leur dire le plaisir que
nous avons aujourd'hui de légiférer selon ce qui semble
être le voeu de la communauté. C'est notre souhait de permettre
à la communauté d'être en mesure d'apporter la contribution
la plus valable et la plus grande possible à la vie
québécoise. Je profite de l'occasion pour souligner l'apport
culturel important que, depuis quelques décennies maintenant, la
communauté grecque a fourni à la société
québécoise.
Si, indirectement peut-être, ce projet de loi peut contribuer
davantage à atteindre cet objectif, vous voyez en ma personne, M. le
Président, quelqu'un qui s'en réjouit. Sur un plan plus technique
je ne sais pas si c'est le moment de le faire est-ce qu'on a
distribué copie des amendements?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que oui. Est-ce que
tous les membres de la commission en ont vraiment reçu une?
M. Joron: Globalement, je voudrais simplement dire que ces
amendements sont le résultat de discussions récentes entre les
représentants de l'archidiocèse grec des Amériques du Nord
et du Sud, dont le siège est à New York, ceux de la
communauté hellénique de Montréal et les gens du
ministère et que nous sommes tombés d'accord tous trois; les
trois parties sont tombées d'accord pour soumettre les amendements que
vous voyez devant vous.
M. Bey: Je dois interrompre, mais je ne crois pas que
l'archidiocèse des Amériques du Nord et du Sud ait accepté
ou ait même pris part à ces discussions. Effectivement, c'est pour
cela que nous sommes ici, M. le ministre, parce que justement nous
étions exclus de toute négociation.
M. Joron: Vous me voyez confus, c'étaient les
renseignements qu'on m'avait transmis. Je m'en excuse, mais on va faire cela
ici même ce matin, dans ce cas. Peut-être y aurait-il lieu, avant
d'entreprendre l'étude article par article, de demander au
président de la communauté hellénique ou à son
procureur d'expliquer peut-être le sens général du projet
de loi privé qui est devant nous. Pourquoi ce projet de loi? Quelle est
globalement sa portée? Je suis sûr que cela pourrait être
utile aux membres de la commission.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, tout en demeurant
dans un ordre général, M. Denis.
M. Denis: Merci, M. le Président. La communauté
hellénique de Montréal regroupe tous les Grecs d'origine et son
seul but, dans le fond, c'est de préserver la culture et la tradition
grecque et de regrouper effectivement les Grecs, en participant à
certaines activités et en créant différents organismes
à cette fin.
Ce qu'on fait n'est pas tout à fait nouveau, la loi créant
la communauté grecque a été adoptée par cette
Législature en 1926, c'était le chapitre 99, et a
été amendée déjà à deux reprises, en
1956 et 1959, pour donner différents pouvoirs généraux
à la communauté grecque.
Ce qu'on amène ici, aujourd'hui... Et vous me voyez
extrêmement déçu de l'opposition qui existe;
personnellement, je n'étais pas au courant. Je pense que tout ça
est basé sur un malentendu. Si vous lisez la loi, c'est une loi qui tout
simplement rafraichît la charte de la communauté, qui n'avait pas
été substantiellement amendée depuis 1926. Il y a eu des
amendements qui n'étaient pas mineurs, mais qui n'étaient quand
même pas majeurs, en 1956 et 1959, et tout ce qu'on demande ici à
l'Assemblée, particulièrement à cette commission, c'est de
nous permettre de mieux fonctionner dans un cadre qui ne date plus en 1980.
Effectivement, ce projet est latent, il existe depuis 1975; il avait même
eu comme parrain, à l'époque, M. Blank. Ce fut remis pour
différentes raisons, justement pour qu'on permette à tout le
monde de s'exprimer.
Le nouveau projet de loi a été adopté, en
assemblée générale des Grecs de Montréal,
à
l'unanimité et à l'unanimité de son conseil
d'administration.
Je m'étonne énormément que ce soit devant cette
Assemblée que, aujourd'hui, on ait de l'opposition, alors que
l'assemblée et M. le député a souligné
combien il y avait de monde, comment ça a été important
pour les Grecs de Montréal l'a adopté à
l'unanimité, M. le Président. Alors, je m'étonne.
Ce sont simplement les pouvoirs généraux; vous pouvez le
constater, ça rafraîchit la loi. On dit quels sont les buts
généraux de la communauté. Vous avez: "préserver et
promouvoir la langue grecque; mettre sur pied des oeuvres de charité,"
etc. Vous avez l'ensemble des pouvoirs que nous voulons avoir; nous voulons
augmenter notre capitalisation également, c'est-à-dire notre
possibilité d'avoir des immeubles, parce que ça ne
représente plus les actifs que nous avons; le nombre de membres du
conseil d'administration, comme le souligne M. Papachristou. Notre conseil
d'administration ne suffisait plus. On a aussi aboli le bureau des gouverneurs;
il y avait une espèce d'autorité bicéphale à la
communauté; ça ne fonctionnait plus, c'était difficile de
fonctionner. Je pense que ce n'est pas remis en question par les opposants, on
veut avoir un conseil d'administration formé du nombre de membres qui
est indiqué ici; ça va nous permettre tout simplement de
fonctionner. On a même prévu un comité-conseil qui va
conseiller le conseil d'administration. Je m'étonne, je vous l'avoue, de
l'opposition.
Cela résume, je crois, en gros. On pourra peut-être passer
à l'étude article par article, mais c'est un projet de loi tout
à fait simple et je m'explique encore ditricilement comment on a pu
mettre cinq ans à venir devant vous.
M. Bey: En rapport... (12 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): M. Bey, s'il vous
plaît.
M. Bey: ... avec les membres de ce comité, je dois
apporter certaines clarifications aux paroles de mon confrère. Le projet
n'a pas été adopté à l'unanimité,
premièrement. Deuxièmement, ce n'était pas la plus grande
foule qu'ait jamais eue les Grecs de Montréal. Il y avait à peine
471 personnes qui ont été convoquées.
M. Godin: M. le Président, je voudrais corriger ce que dit
le procureur.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mercier, s'il vous plaît.
M. Godin: Non, mais je n'ai jamais dit... M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, est-ce que vous pourriez me
laisser m'exprimer, s'il vous plaît, en tant que parlementaire dans cette
assemblée?
M. Lalonde: Vous avez interrompu le témoin et c'est tout
à fait impoli.
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, messieurs.
M. Godin: Oui, à dessein, parce que je n'ai jamais dit que
c'était la plus grosse assemblée de Grecs dans l'histoire de
l'humanité. Je dis que, dans l'histoire de la communauté,
c'était la principale assemblée.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mercier.
M. Bey: Même pas de la communauté, M. Godin.
Le Président (M. Bordeleau): Vous pouvez continuer M.
Bey.
M. Bey: Je crois que les procès-verbaux vont indiquer que
l'assemblée a été convoquée pour 15 heures un
dimanche après-midi, le 10 février. Il y a eu 471 membres qui ont
été inscrits et l'assemblée a continué et s'est
terminée à 2 h 30 le matin du 11 février. A ce
moment-là, il y avait 155 personnes qui ont voté pour et 25
personnes qui ont voté contre. A 2 h 30 le matin. Effectivement, les
seules personnes qui étaient là, à ce moment,
étaient celles qui appuyaient ce projet. Tous les autres gens, les
fidèles de cette communauté, ont été
malheureusement obligés de retourner à leur domicile pour
commencer leur travail le lundi matin. Alors, je ne peux comprendre comment
vous pouvez dire que cette réunion a été une
réunion démocratique qui avait l'appui de toute la
communauté grecque. Je peux vous dire en plus que le projet que vous
avez devant vous n'a jamais circulé parmi la foule de la
communauté grecque. Simplement ceux qui étaient présents
lors de l'assemblée ont pu prendre connaissance de ce projet.
Donc, le projet n'a jamais circulé, les gens de cette
communauté n'ont jamais eu connaissance... Il y a eu beaucoup de
discussions, mais le projet comme tel n'a jamais circulé parmi la
communauté grecque. Je veux dire simplement encore une autre chose.
Quand on parle de la communauté grecque, on ne parle pas de tous les
Grecs de Montréal. On parle simplement de ceux qui sont membres de cette
corporation.
M. Lalonde: Combien sont membres?
M. Bey: II y a à peu près 4000 personnes
aujourd'hui. Parce qu'il va y avoir des élections bientôt; alors,
tous ces messieurs ont essayé d'amener des membres pour voter pour eux.
Mais, lors de cette réunion, il y avait à peine 2000
personnes.
M. Lalonde: II y en avait 2000 qui étaient membres
à ce moment-là?
M. Bey: 2000 qui étaient membres à ce
moment-là. Alors, ce n'est pas un projet qui est
vraiment le voeu de la population grecque de Montréal; c'est
simplement ceux qui sont les membres de cette organisation. Ils ont quatre
églises, ils ont une école et ils veulent demeurer une
corporation ecclésiastique. Ils veulent avoir leur église, leurs
prêtres, ils ne veulent pas se séculariser. C'est exactement le
problème que nous avons avec ce projet de loi. Après l'avoir lu,
vous pourrez voir que la foi, la question de l'orthodoxie de cette corporation
devient une question secondaire et on veut que ce soit une corporation
politique. Nous sommes contre, l'évê-que est contre,
l'archevêché est contre. Nous voulons que cela demeure, tout
simplement, une corporation ecclésiastique, pure et simple.
Si ces messieurs veulent en faire leur politique, il y a d'autres
forums, il y a d'autres moyens qu'ils peuvent prendre pour devenir des
politiciens. Ils peuvent traverser et s'asseoir de l'autre côté,
mais, en ce qui concerne l'église, on veut garder la foi pure.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez quelque chose
à ajouter, M. le député de Mercier?
M. Godin: Oui, certainement que j'ai quelque chose à
ajouter. Nous avons devant nous un point où, effectivement, le procureur
de l'opposition touche à la question de fond. Il s'agit effectivement
d'une sécularisation partielle de la communauté hellénique
de Montréal, premièrement. Mais le reste ressemble beaucoup plus
à des insinuations, à des imputations de motifs, à des
accusations même d'avoir manipulé des assemblées
démocratiques. Et moi, pour avoir participé, Me Bey,
depuis...
M. Bey: Je ne dis pas que vous avez participé, M.
Godin.
M. Godin: Pour avoir participé, Me Bey, depuis trois ans
et demi, au cheminement de ce projet de loi, pour avoir participé
à plusieurs assemblées de la communauté hellénique
de Montréal, la direction était réunie en assemblée
toutes les deux semaines...
M. Bey: A laquelle aucune fois...
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît, M. Bey! Je dois vous demander de laisser aussi parler M. le
député de Mercier, quitte à revenir après. Allez-y,
M. le député de Mercier.
M. Godin: Pour avoir participé à de nombreuses
assemblées à titre de personne-ressource, les directeurs de la
communauté hellénique voulant savoir comment procéder pour
que ce projet de loi chemine, je dois dire que c'est sur mes conseils, qui me
viennent d'ailleurs, des procureurs du ministère, que nous avons
demandé que le projet de loi amendé soit resoumis à
l'assemblée générale complète, conformément
aux règlements que s'est donnés cette communauté
hellénique depuis 1926. En ce qui me concerne et en ce qui concerne les
procureurs du ministère, le tout s'est déroulé à la
satisfaction totale du ministère.
Nous avons, face à nous, des insinuations sans preuve. Nous avons
des accusations que l'assemblée ne fut pas démocratique, que le
vote fut pris à une heure et demie du matin. Jusqu'à preuve du
contraire je dis bien jusqu'à preuve du contraire toutes
ces assemblées du conseil d'administration de la communauté
hellénique se sont déroulées, autant que j'ai pu le
constater, puisque les membres élus étaient présents, de
façon très démocratique. Le cheminement de ce projet de
loi au sein de la communauté s'est fait de façon très
démocratique. Depuis quatre ans, la communauté se bat pour que
cela passe et, face au résultat des consultations, je dois m'incliner
devant la démocratie. Le gouvernement ne pourrait même pas violer
le droit démocratique de la communauté hellénique de
Montréal de se donner les règlements qu'elle veut tant et aussi
longtemps que ces modifications sont faites conformément aux
règlements qui existent et qui régissent les modifications.
Jusqu'à preuve du contraire, vous ne m'avez pas convaincu que ces
règlements ou que ces amendements à la loi ont été
adoptés par des moyens qui n'étaient pas démocratiques et
qui ne respectent pas les règles, un, de la démocratie en
général et, deux, que se sont données, en 1926, les
membres de la communauté hellénique de Montréal.
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, j'avais reconnu M.
Papachristou.
M. Papachristou (Basile): Seulement quelques mots, M. le
Président, et MM. les membres de cette commission. Ce projet fut
adopté à la presque unanimité des membres qui assistaient
et les Grecs assistent aux assemblées qui sont longues. Ce ne sont pas
les rapports de l'extérieur de la communauté des 70 000 Grecs ou
d'origine grecque qui sont à Montréal, ce n'est pas même le
rapport des 4000 qui seront inscrits ou des quelques 1500 qui vont voter
dimanche prochain. Dans le passé, il fallait un quorum de 25. On a
amendé cela. Je le dis parce que j'étais secrétaire en
1973-1974, puis président, dans l'opposition et, maintenant, depuis deux
ans, président; je connais donc les choses par coeur, parce que je les
vis, je les sens. Ce nombre a été monté jusqu'à
200, 250, mais jamais, dans cette histoire des 70 ans de la communauté,
il n'y avait eu une telle assemblée et une telle majorité,
presque l'unanimité. Il n'y a pas de question, il a été
discuté et cela a traîné devant cette Assemblée
depuis 1975. A l'assemblée de 1970, il y avait un maximum de 100 membres
qui ont contesté et on nous a demandé de convoquer à
nouveau l'assemblée. L'assemblée convoquée a
exprimé sa volonté et c'est la volonté, si je peux
m'exprimer ainsi, du peuple grec à Montréal.
Quant à la publicité qu'on a donnée au projet,
c'est moi-même qui ai fait la traduction, pas seulement de ce projet,
mais aussi des règlements qui
gouvernent la communauté depuis 1975, dans des journaux grecs. Il
y a trois journaux dont un ou même deux sont lus par plusieurs milliers
de Grecs. Les textes y étaient d'un bout à l'autre, même
les modifications proposées par l'archevêché qui ont
été rejetées lors de l'assemblée. C'est surtout, si
je peux en venir au coeur du problème, à cette assemblée
de 250 personnes, pas de 150 à deux heures du matin, c'était
à huit heures le soir, qu'à l'unanimité la
résolution est devant cette commission on a
démontré que ce n'était pas acceptable, puisque cette
charte prévoit que le conseil de la communauté a le pouvoir
d'engager, c'est-à-dire de proposer l'engagement et de démettre
le prêtre. Cette fois-ci, on nous a dit: Faites ce que vous voulez, mais,
quant au clergé et au curé, on doit avoir le pouvoir absolu. On
fait ce qu'on veut.
La communauté, dans son histoire, n'a jamais abusé de ses
pouvoirs. Il n'y a jamais eu un prêtre qui est parti ou sorti par la
porte ou la fenêtre de la communauté. On a un respect. Il y avait
aussi, et c'est le problème, la question des finances. Qui a les
finances de la communauté? C'est le conseil d'administration ou c'est
l'église appelée paroisse, église dénommée
communauté d'après ce qui est en vigueur aux Etats-Unis?
Il y a un autre règlement, une charte ou une loi, c'est la loi
qui concerne le patriarcat, l'archevêché,
l'évêché qui régit tous les Etats-Unis et qui essaie
d'englober le Canada et, en ce qui me concerne, Montréal. C'est
là où se trouve la dispute, pas ailleurs. En ce qui concerne
l'orthodoxie, ce n'est pas un point secondaire. On commence et vous allez voir
qu'un des principaux buts, c'est exactement la promotion de l'Eglise orthodoxe
grecque.
Un détail et je termine. M. le ministre Jacques-Yvan Morin me
disait il y a trois ans: Cette école, l'Ecole Socrate où l'on a
600 élèves, doit être séparée d'une
façon ou d'une autre de la communauté, en d'autres termes, avoir
un budget séparé, une administration séparée. A ce
moment-là, parce qu'on a fait une convention, une entente avec la
Commission des écoles catholiques de Montréal, on nous a dit:
Cela reste jusqu'à ce que votre nouvelle charte, la présente loi
no 231, soit adoptée et, à ce moment, vous aurez cette
possibilité ou ce pouvoir. C'est un article qui dit que la
communauté peut avoir d'autres personnes juridiques. Notre intention,
c'est de faire exactement ça, de donner une autonomie à
l'école, de donner même une certaine autonomie aux églises
et aux paroisses.
On ne veut pas se séparer, on ne veut pas devenir laïcs,
passer dans la sécularisation et oublier... Nous croyons, nous, les
membres du conseil, que ce sont les Grecs qui habitent Montréal, si vous
voulez les Grecs âgés ou les femmes plutôt que les jeunes
garçons qui sont dans l'église. On ne les voit pas seulement deux
fois par année, on les voit chaque dimanche. C'est pour ça que
nous avons acheté des églises pour un demi-million, avec une
assemblée de 50 personnes et pas de 250 personnes. C'est nous qui avons
le prêtre ici, c'est nous qui collaborons avec eux et nous leur demandons
leur coopération. C'est tout, rien d'autre. Ce n'est pas la division. Ce
qu'on exclut, c'est le despotisme, l'absolutisme. Rien d'autre. Merci.
Le Présidant (M. Bordeleau): Merci monsieur. M. Denis,
peut-être rapidement pour compléter.
M. Denis: Je veux simplement souligner une chose pour
répondre à Me Bey. Les Grecs de Montréal ont pris un
avocat qui ne partage même pas leur foi, qui est d'une autre Eglise, je
tiens à le souligner. Mais cela n'a jamais fait de doute dans les
demandes que j'ai eues que ces gens sont respectueux de la foi qui est la leur.
Je vous réfère simplement à l'article 4c) du projet de
loi: "De conserver et de perpétuer la foi grecque orthodoxe et la
tradition promulguée par l'autorité du Patriarcat
Oecuménique de Constantinople..." qui est l'équivalent, dans la
religion que je professe, du Vatican. Je ne vois pas, vraiment pas... (12 h
30)
Vous voyez un peu plus loin à un autre article du projet de loi
que nous avons présenté c'est l'article 13, 2e
alinéa qu'aucune résolution qui pourrait viser à
changer cette affiliation de la communauté grecque au Patriarcat
Oecuménique de Constantinople ne pourra être faite sans
l'approbation de 90% de la communauté. Cela ne se voit nulle part dans
un projet de loi. Même les conseillers juridiques du ministère des
Institutions financières nous ont demandé d'enlever les 90%. Ils
ont dit: C'est de l'aberration. On ne voit jamais cela. Mettez les 2/3, comme
partout ailleurs. Et on a tenu aux 90%. Ces gens ne sont pas
intéressés à rejeter l'autorité religieuse. Je
pense qu'il y a un malentendu quelque part.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Mercier, mais il y a d'autres membres de la commission
qui m'ont déjà demandé la parole.
M. Godin: Juste un détail. C'est pour souligner la
présence, aux côtés de M. Papachristou, de trois autres
membres du conseil d'administration de la communauté, M. Kires, qui a
d'ailleurs démissionné la semaine dernière, M. Rokakis et
M. Petrogiannis, qui sont tous les trois membres du conseil d'administration de
la communauté hellénique. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, votre message est
passé, M. le député de Mercier. Je m'excuse, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, mais M. le député
de Bellechasse m'avait déjà demandé la parole
auparavant.
M. Goulet: Très rapidement.
Le Président (M. Bordeleau): Si c'est possible, oui, de
faire cela assez rapidement.
M. Goulet: Oui, certainement. J'aimerais savoir combien de
personnes sont touchées. Lorsqu'on parle de cette fameuse
assemblée où on a
pris des décisions, combien de personnes avaient
été invitées? Les critères et les modalités
de l'invitation, est-ce qu'on peut savoir cela rapidement? De quelle
façon ces gens ont-ils été invités?
On soutient que ce projet de loi ne répond pas à la
volonté de la majorité, j'aimerais qu'on précise. Est-ce
la majorité des membres, des gens convoqués, des gens
présents ou des gens touchés par ce projet de loi? Il y a quatre
majorités que l'on pourrait déceler. Est-ce la majorité
des membres dont vous parlez? La majorité des gens convoqués?
Est-ce qu'on met en doute, justement, la façon dont cette réunion
a été convoquée et la façon dont le vote a
été pris, ainsi de suite? Ou, alors, la majorité des gens
présents? Je voudrais qu'on apporte plus de précisions
là-dessus.
J'aimerais qu'on me dise aussi en quoi les changements qu'on veut
apporter seraient néfastes, par exemple, à votre Eglise. Je me
demande enfin si on ne demande pas à l'Assemblée nationale de
régler un problème de régie interne. C'est une
constatation que j'apporte. Mais, lorsque vous mettez en doute, quand vous
parlez de la volonté de la majorité, de quelle majorité
parlez-vous? Je pense que c'est monsieur, ici, à ma gauche, qui a
parlé de cela.
M. Bey: Premièrement, avant de répondre, je me
demande si je peux céder la parole à l'évêque
Sotirios afin qu'il vous adresse quelques mots, avant que je réponde
à des modalités. C'est pour qu'on puisse rester sur un plan
général pour le moment.
M. Sotirios: Oui, merci, M. le Président. Je suis
l'évêque Sotirios de l'Eglise grecque orthodoxe. Malheureusement,
maintenant, je demeure à Toronto. Avant d'être à Toronto,
j'étais ici. C'est un peu difficile pour moi de m'exprimer en
français, mais, en tout cas, je vais essayer.
Pourquoi avons-nous un diocèse au Canada, ici au pays? Parce que
nous avons seulement 46 paroisses et environ 220 000 personnes. A
Montréal, nous avons la communauté hellénique de
l'île de Montréal et nous avons quatre autres paroisses. Les gens
qui fréquentent nos quatre églises de la communauté
hellénique de l'île de Montréal représentent plus de
30 000 personnes, peut-être 40 000 personnes.
Mais nous, nous sommes une Eglise hiérarchique, à peu
près comme l'Eglise catholique romaine. L'Eglise est universelle. Nous
sommes ici un diocèse. Nous avons un archidiocèse en
Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Comme quelques personnes
l'ont mentionné, nous avons un Patriarcat Oecuménique à
Constantinople ou Istanbul, comme le Vatican.
Même si nous sommes une Eglise hiérarchique, je ne peux pas
accepter ce que le président de la communauté hellénique
de Montréal a dit, à savoir que nous sommes despotiques. Nous
voulons toujours suivre quelques principes. Le premier principe, c'est celui de
la liberté. Nous avons donné aux membres de l'Eglise le droit de
s'organiser comme paroisse. Nous suivons le principe de la démocratie;
c'est pourquoi nous avons accepté, dans notre paroisse, la tenue
d'élections pour élire le conseil de paroisse. Mais nous croyons
en un autre principe aussi, celui de la séparation de l'Eglise et de
l'Etat. Je pense que la province de Québec croit au même principe.
C'est pourquoi nous ne voulons pas qu'une organisation ecclésiastique se
mêle à une organisation civile ou politique.
Je suis ici aujourd'hui parce que j'ai été demandé
par le Patriarcat Oecuménique de Constantinople et
l'archevêché des Amériques du Nord et du Sud pour vous dire
que nous voulons continuer à être une organisation
ecclésiastique. Nous aussi voulons avoir des changements aux lois
privées de 1926 et de 1959, mais nous devons suivre le principe de la
démocratie. M. Bey vous a dit que la communauté a tenu une
réunion et que cette réunion a débuté à 15
heures et quelques personnes ont reçu l'invitation après la
convocation de la réunion. Le nombre de personnes qui participaient
à cette réunion est de 417. A 2 h 30 du matin, le lendemain,
seulement 125 personnes votaient. Nous avons beaucoup de problèmes et
beaucoup de plaintes de la part du peuple. C'est pourquoi je suis ici. En
même temps je veux vous dire, M. le Président et je termine
ici que nous voulons aussi l'adoption de cette loi privée, mais
nous ne voulons pas avoir de problèmes après cela.
Je vous donnerai seulement un exemple, avant de terminer. Lundi matin,
j'ai reçu une lettre du secrétaire de la communauté
hellénique et l'île de Montréal, M. Moschopoulos, qui m'a
avisé que le conseil de la communauté hellénique de
Montréal a pris une décision pour punir un de mes prêtres.
Si nous commençons à faire cela, je me demande quelle est la
position de l'évêque dans une église hiérarchique et
qu'est-ce que nous allons faire avec cette loi privée maintenant qui
change une organisation ecclésiastique en une organisation civile.
Je pense que je prends beaucoup de temps, mais, avec votre permission,
je voudrais vous donner un autre exemple. La communauté
hellénique de Toronto, en 1965, a fait la même chose. On a pris
une loi privée civile, le peuple, même les laïcs ont
commencé un litige qui s'est terminé l'an dernier et nous avons
eu des problèmes pendant quatorze ans; beaucoup de l'argent de l'Eglise
a été versé aux avocats. Nous ne pouvions continuer ainsi
et la communauté de Toronto a maintenant changé la loi
privée et a fait une loi ecclésiastique. Si nous voulons avoir
une organisation civile, nous n'avons pas d'objection, mais les églises
doivent être sous la juridiction d'une organisation
ecclésiastique. Je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Me Bey n'a pas répondu à certaines
questions, il a passé la parole à M. l'évêque.
Pourrait-il avoir l'occasion de répondre à ces questions?
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais simplement vous
souligner qu'il faudrait peut-être accélérer les questions
et les réponses, à moins que les membres ne décident de
filer indéfiniment avec la commission, ce à quoi je devrai me
plier. Mais je dois simplement vous rappeler que le but de la commission, c'est
tout d'abord d'étudier le projet de loi. Il faudrait revenir à
l'étude article par article le plus rapidement possible, quand on aura
déblayé le terrain général. Allez-y, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Moi, j'ai formulé ma question; ma question
précise, c'était: Quand on dit que ça ne répond pas
à la volonté, est-ce qu'on met en doute les modalités
d'invitation, les critères d'invitation? Et, lorsqu'on parle de
majorité, je voudrais savoir quelle majorité. La majorité
des gens qui ont été convoqués, des gens qui sont
allés à l'assemblée, la majorité des membres? C'est
ce que je voudrais savoir.
M. Bey: C'est un peu difficile, M. le député; c'est
pour ça que nous sommes ici et que nous nous opposons.
L'avis qui a été envoyé était un avis en
date du 29 janvier 1980, pour une assemblée qui a eu lieu le 10
février 1980 à 15 heures. Au programme, vous avez les
éléments suivants et c'est simplement sur une feuille... A
l'élément 5a, on lit: "Reading discussion and decision on the
proposed and submitted amendments to the charter, Bill 231 of the Hellenic
Community of the Island of Montreal by the Archdiocese lawyer to the Parliament
of Quebec. 5b. Reading discussion and approval of the amended charter, Bill
231, as unanimously adopted by the Board of trustess entre
parenthèses, on lit: (the two thirds of the vote of the present
members are required; quorum 100)"
Cet avis a été envoyé apparemment à
peut-être 2000 membres. Ils nous disent: II y a beaucoup de membres qui
l'ont reçu après cette assemblée. Alors, on ne sait pas si
tous les membres ont été dûment convoqués. On doit
donner un avis de dix jours avant qu'une assemblée soit tenue; l'avis a
été envoyé et date' du 29 janvier. On prétend que
c'étaient les bureaux de poste de Montréal qui étaient en
faute de ne pas avoir fait parvenir les avis en temps et lieu. Alors, je me
demande comment il se fait que ça prend plus de dix jours, même
avec tous les problèmes qui existent aux bureaux de poste de
Montréal, comme nous le savons.
Durant la réunion elle-même, on dit: "The proposed and
submitted amendments to the new charter, Bill 231,
présentés par l'avocat de l'archevêché et ensuite on
dit the amended charter, Bill 231." Les gens ne savaient pas de quoi il
s'agissait; quand on parle de ces deux "bills", ils n'avaient eu connaissance
ni de notre proposition d'amendement, qui a été envoyée
je vous en avise au mois d'avril l'an dernier et pour laquelle
nous n'avons eu aucune réponse du conseil d'administration, ni de
l'amendement qui était présenté "the amended charter". (12
h 45)
Encore là, personne n'a eu un avis l'avisant que la charte
était amendée. Alors, quand les gens se sont
présentés, la plupart d'entre eux, les 417 personnes
étaient présentes lors de la réunion et, après
cela, ont commencé des discussions qui s'éternisaient.
Quand M. Papachristou a dit qu'il a pris la charte qui était
proposée et qu'il l'a traduite, vous pouvez comprendre comment de temps
cela a pris, et je me demande si on peut se fier à sa traduction, mais
quand même... Il y a eu des discussions qui ont duré
jusqu'à 1 h 30 du matin avant qu'un vote soit pris. Je ne sais pas si
vous lisez le grec; ici, c'est indiqué que l'assemblée a fini
à 2 h 30 le matin. Ce n'est pas l'Assemblée nationale où
les gens ont dès responsabilités seulement vis-à-vis du
peuple et doivent rester jusqu'à ce que le travail de la Chambre soit
terminé. On parle ici d'une corporation ecclésiastique, une
église. On se demande combien de personnes peuvent assister à une
assemblée de 15 h jusqu'à 2 h 30 le lendemain matin.
Effectivement, vous demandez à ces gens d'être présents
pendant onze heures et demie. Ce qui est arrivé, c'est que les gens qui
appuyaient le projet de loi sont restés parce qu'ils y avaient un
intérêt. Les autres étaient obligés de quitter.
M. Goulet: M. le Président, très rapidement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: D'après les descriptions qu'on nous fait de la
réunion, cela me fait penser à certaines réunions
syndicales. Mais, lorsque vous parlez du 29 janvier au 10 février, c'est
cette année?
M. Bey: Oui.
M. Goulet: Bon, à qui cette lettre a-t-elle
été envoyée? Vous dites apparemment 2000; cela veut dire
que vous n'avez pas de certitude. Sur combien? Combien auraient dû la
recevoir, être dûment convoqués?
M. Bey: J'ai dit qu'il y avait à peu près 2000
membres à cette époque. Maintenant, je ne sais pas. Nous n'avons
aucun moyen de vérifier si l'avis a été envoyé
à tous les gens. M. Godin va dire que je n'ai pas de preuve, mais je
peux vous dire que moi-même, je n'ai pas reçu d'avis. Il y avait
d'autres personnes qui l'ont reçu après. Maintenant, est-ce que
cela était fait parce qu'ils savaient qu'on s'opposerait au projet de
loi? Je ne sais pas. Je dis simplement que, jusqu'à maintenant, je n'ai
jamais reçu d'avis.
M. Goulet: Si je comprends bien, vous dites que les principes
démocratiques...
M. Bey: Ils n'ont jamais été suivis.
M. Goulet: ... concernant cette réunion...
M. Bey: Jamais, nullement.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais savoir ce que M...
Ecoutez, il y en a un qui dit blanc et l'autre dit noir.
M. Joron: Je suggérerais, M. le Président, puisque
la question s'adresse à l'organisme qui a envoyé l'avis, qu'on
permette au président de l'organisme qui a envoyé l'avis de
répondre, et pas seulement au...
M. Goulet: C'est exactement ce que je demandais, M. le ministre,
au moment où vous avez formulé votre question.
Le Président (M. Bordeleau): On y arrive.
M. Papachristou: Ayant ici le règlement de la
communauté, comment pouvait-on et quel intérêt y avait-t-il
à envoyer l'avis après? Notre intérêt était
d'avoir autant de gens que possible. Je parlais tout à l'heure du
rapport aux gens qui venaient aux assemblées et pas aux gens qui sont
même inscrits. Parce qu'ils sont inscrits. On a un service bien
organisé. On a l'ordinatrice, une jeune fille qui s'occupe de cela et on
avait cinq autres dames, les secrétaires de quatre églises avec
l'autre personnel qui a envoyé la lettre. Cela a été au
bureau central, dans des boîtes. Donc, 3600 lettres ont été
expédiées onze jours avant l'assemblée. Il n'y a pas de
problème parce qu'il y avait eu déjà un problème
semblable à une assemblée et on a toujours pris garde qu'il ne se
renouvelle pas. Donc, l'assemblée était bel et bien
convoquée, bien tenue et bien décidée. Si Me Bey insiste
et dit que c'était à 2 h du matin, moi, j'insiste et je dis que
la proposition principale était rejetée en totalité le
soir. Donc, il n'y a pas à entrer dans les détails.
C'était le principe démocratique.
Si Me Bey pense à une autre démocratie, et cela c'est la
hiérarchie et l'Eglise, alors ça change. Moi, je parle au nom de
la communauté hellénique de Montréal qui a les
églises, qui a l'école et les cours l'après-midi dans 42
écoles. Il y aura une école d'artisanat et d'autres choses,
même des services sociaux. Donc, on ne parle pas d'une paroisse, si on
est à Montréal. Si on veut, maintenant, en 1980, faire une
paroisse de Montréal et conduire Montréal à Toronto
où on a réussi à avoir des procès, des centaines de
dollars, pardon, plus de $120 000 de frais, alors cela ne doit pas se passer
à Montréal.
L'évêque grec ne peut pas et, d'après moi, n'a pas
le droit moral de venir à Montréal et créer une autre
paroisse, comme il y a quelques jours dans le coeur de la communauté
hellénique, simplement pour diviser ce peuple qui est puni à cet
instant. Si on ne veut pas l'adoption de ce projet de loi aujourd'hui, nous
sommes prêts à retourner à Montréal. Je n'ai que 230
signatures obtenues ce jour-là de l'assemblée, car on ne savait
pas. Si on avait su que Me Bey serait ici pour parler de démocratie
aujourd'hui, on aurait été plus nombreux.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
Président. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Pour compléter ce sera ma
dernière question est-ce que j'ai bien compris que, sur 3600
lettres, il y a 180 personnes qui ont voté? Est-ce que ce sont bien les
chiffres que vous avez donnés?
M. Papachristou: C'est le nombre de gens qui assistent aux
assemblées, c'est cela.
M. Goulet: Non, mais il y a 3600 lettres qui ont
été envoyées.
Le Président (M. Bordeleau): M. Denis va tenter de
répondre.
M. Denis: II y avait d'abord eu un projet de
l'archevêché pour amender c'est le lapsus que j'ai fait
tout à l'heure et ont voté pour rejeter les amendements de
l'archevêché: 205 pour, contre 0 et une abstention. Ensuite, on a
passé au projet de loi, on propose que le projet de loi 231 soit
adopté par l'assemblée: 125 pour, 25 contre et aucune abstention.
Le lapsus que j'ai fait tout à l'heure, c'est que les amendements
proposés par l'évêque ont été rejetés
à l'unanimité et la loi a par la suite été
adoptée à 155 contre 25. Il y avait quelque 400 personnes au
début et, effectivement, à la fin, il y en a qui ont
décidé de partir; c'est un fait. Le quorum est de 100.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il est de tradition, dans
l'étude d'un projet de loi privé qui n'est pas
présenté par le gouvernement, mais par un député,
que ce soit un parrain d'occasion ou un parrain plus engagé cela
dépend de l'individu à chaque fois que le gouvernement ne
prenne pas position sur le fond du projet de loi privé. C'est la raison
pour laquelle on appelle cela un projet de loi privé parce que, si c'est
un projet de loi du gouvernement, c'est présenté par un ministre
à l'Assemblée nationale.
De tradition, aussi, dans ces projets de loi, il n'y a pas de ligne de
parti, il n'y a pas de politique dans le sens partisan du mot. Chacun de nous,
membre de la commission, est appelé à essayer de voir quelle est
la volonté, l'intention et les aspirations de ceux qui viennent nous
demander un amendement à la loi. Dans les quelques réunions
auxquelles j'ai participé dans le passé, surtout depuis trois
ans, on a retrouvé tous les députés aussi conscients et
aussi désireux les uns que les autres, quel que soit le
côté de la table où ils se trouvaient, de rechercher quelle
était l'intention véritable et l'intérêt de la
partie qui demandait. Lorsqu'il y a oppositions d'ailleurs, les
règle-
merits de l'Assemblée nationale exigent qu'il y ait publication,
par exemple, lorsqu'il s'agit de régler une succession, au cas où
il y aurait des intérêts ou une propriété
immobilière dont le titre n'est pas clair, etc on exige, de
façon générale et constante, que ces oppositions soient
bien circonscrites, qu'on puisse en mesurer tous les tenants et aboutissants
pour être bien sûr qu'on ne viole aucun droit.
Le cas qui nous est présenté actuellement, M. le
Président, me remplit d'appréhension. On ne trouve sûrement
pas, de par les circonstances, qui ont amené ce projet de loi à
être étudié... Naturellement, je ne porte pas de jugement.
Les bribes d'information qu'on a ici nous empêchent de porter un jugement
à savoir si l'assemblée a été tenue
régulièrement; on présume que oui. Je suis, quand
même, frappé par le petit nombre de personnes qui ont voté,
à un moment donné, sur le nombre total des membres
convoqués. Je suis surtout perplexe, à la suite de l'opposition
qui est exprimée, par le caractère de l'opposition je ne
parle pas de la qualité qui vient des autorités
ecclésiastiques. J'ai parcouru rapidement la loi. La loi qui a
été adoptée en 1926, de toute évidence, de par non
seulement le préambule, mais les principaux pouvoirs accordés
à la communauté hellénique, même le préambule
amendé par une loi subséquente, a un caractère
ecclésiastique, un caractère religieux sans aucun doute, à
mon avis. Voilà que les autorités ecclésiastiques,
religieuses, posent des objections à amender ce projet de loi.
Je sais que le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières et j'aimerais attirer son attention
là-dessus est responsable de l'application d'un certain nombre de
lois à caractère ecclésiastique, comme la Loi des
évêques catholiques romains. Si c'est encore la
responsabilité du ministre, et il me semble que oui, je me demande s'il
s'est penché sur le problème soulevé par l'amendement
à une loi à caractère évidemment religieux. Je lis
le préambule de la loi de 1926: "Attendu que il y a une
série de personnes tous des cité et district de
Montréal, marchands, ont, par leur pétition,
représenté qu'ils appartiennent à la religion grecque et
que, pour des fins de culte et d'enseignement religieux, suivant les principes
de la religion grecque, il est à propos, etc." On retrouve cela dans un
autre préambule parce que ce projet de loi a été
amendé par une loi subséquente. Je me demande si le ministre
s'est penché, à moins que ce ne soit une surprise, ce matin, que
les autorités ecclésiastiques elles-mêmes fassent
opposition, sur le problème soulevé que, moi, en tout cas, je me
sens incapable de trancher.
Le ministre a dans ses services, je pense, les connaissances suffisantes
pour mesurer l'implication de ce projet de loi. C'est un problème
beaucoup plus sérieux qu'il ne semble. Prima facie je ne pose pas
de jugement de valeur, ni d'un côté ni de l'autre
d'après ce que nous dit l'opposition, c'est le caractère
ecclésiastique, c'est l'autorité ecclésiastique qu'on veut
modifier. On ne peut peut-être pas l'enlever je n'ai pas pu voir
le but de la loi mais on veut la modifier de toute façon.
L'opposition dit qu'on veut l'enlever et la demanderesse dit: De toute
façon, c'est un pouvoir despotique. J'imagine qu'ils veulent l'enlever,
eux aussi. C'est simplement par inférence; je ne porte pas de jugement
de valeur. Je me demande jusqu'à quel point la commission à ce
stade-ci est en mesure de trancher. Si le ministre pouvait nous rendre un
service, c'est sans ajouner sine die, on pourrait peut-être
ajourner à cet été; on va avoir d'ici quelques semaines
sûrement le loisir de se réunir à Québec de
faire préparer une étude sur l'impact et sur le caractère
ecclésiastique de cette communauté hellénique et sur les
conséquences du projet de loi.
M. Joron: M. le Président, nous sommes dans un domaine
délicat, il faut l'admettre, où des intérêts civils
et des considérations religieuses s'entremêlent sans qu'on puisse
très bien les départager. Tout le monde comprendra qu'il ne
m'appartient pas je ne parle pas en tant que ministre des Institutions
financières, mais en tant que simple membre de la commission, comme tout
le monde, qui a à légiférer sur un projet de loi
privé de sonder les reins et les coeurs. Est-ce que l'opposition
que certains ont manifestée ici ce matin est basée sur des
arguments religieux ou si, derrière ces arguments religieux, il y a
d'autres sortes d'intérêts que j'ignore ou que je ne connais pas?
Je ne suis pas en mesure de le dire et je ne pense pas qu'il nous appartienne
de faire ce travail.
Je vais vous dire comment je le vois, moi. Le législateur,
l'Assemblée nationale du Québec a, en 1926, adopté une loi
qui régit les pouvoirs et les activités de la communauté
hellénique de Montréal. Cette même communauté
demande au législateur d'amender sa loi. Je ne pense pas que cela
relève, d'une part, de l'autorité de quelque autre
Législature et je ne pense pas, non plus, bien qu'indirectement d'autres
personnes puissent être concernées, que d'autres que les membres
de cette communauté soient impliqués dans ce débat. Je
suis obligé de prendre telles quelles les représentations qui
nous sont faites.
Quelles sont-elles? On me dit qu'il y a divergence d'opinions entre les
Grecs de Montréal, ceux de Toronto et ceux de New York. C'est bien
possible, mais on parle de ceux de Montréal. (13 heures)
Qu'est-ce qu'on me dit? On me dit que dans une assemblée, une
proposition a été faite de changer la loi de 1926, mais dans le
sens que l'aurait souhaité l'évêque de Toronto.
L'assemblée a rejeté cela, 205 à 0. Cela me semble assez
clair. Je ne veux pas spéculer sur le fait que le nombre de membres
présents à l'assemblée était suffisant ou non. La
loi dit qu'il y avait quorum. On est obligé de prendre cela à sa
face même.
Alors, 205 à 0, cela me semble assez clair. Ensuite, on a
demandé à l'assemblée de se prononcer sur le projet de loi
no 231 tel qu'amendé. Alors, elle l'a voté 155 à 25.
Ensuite, fort de ces votes, à une réunion tenue le 23 janvier,
préala-
blement à cette assemblée, le conseil d'administration de
la communauté hellénique de Montréal a voté sur
deux choses: premièrement, rejeter les propositions d'amendement de
l'évêque de Toronto; deuxièmement, accepter le projet de
loi no 231, tel que vous le voyez devant vous, par une décision de 14
pour et 0 contre.
Je dis que le conseil d'administration de l'organisme qui est
régi par cette loi privée est unanime. L'assemblée l'a
adopté avec quorum, à une très forte majorité. Le
législateur est bien obligé de prendre cela à sa face
même et de considérer que la communauté hellénique
de Montréal, la seule sur laquelle nous ayons juridiction, parce que
nous avons comme législateurs le pouvoir d'amender sa loi, nous demande
cela me semble assez unanime dans cette communauté
d'amender sa loi. Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse d'autre que
d'accéder à cette demande? C'est comme ça que je le vois,
même si cela ne fait pas plaisir à d'autres de
l'extérieur.
M. Lalonde: Mais le ministre n'est pas... M. Joron: Non,
non, allez-y.
M. Lalonde: Mais le ministre n'est pas impressionné par le
fait qu'un si petit nombre de personnes ait voté?
M. Joron: Vous savez, j'étais aussi impressionné
par le fait que seulement 11% des gens ont voté aux élections
scolaires de Montréal.
M. Lalonde: Oui, mais vous les mettez en tutelle rapidement et
facilement, de toute façon.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, est-ce que cela
répond à votre question, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Cela ne satisfait pas mes curiosités, mes
appréhensions. Maintenant, il est treize heures, M. le
Président.
M. Joron: Oui, je pense qu'on devrait reprendre...
Le Président (M. Bordeleau): A moins que je n'aie le
consentement, on doit suspendre la séance jusqu'à 15 heures.
M. Joron: C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Maintenant, j'ai des gens,
parmi nos invités, qui me demandent la parole. Je voudrais simplement
leur souligner, avant de suspendre la séance, que le but de la
commission est de statuer, d'étudier le projet de loi. Les gens qui
viennent ici faire des représentations, évidemment, ont le droit
de parole, mais à condition de répondre à des questions
posées par les membres de la commission.
J'ai laissé au départ les gens s'exprimer, tous les
membres autour de la table, même ceux du bout de la table, mais il
faudrait que cela réponde aux questions des membres de la commission.
C'est le mandat de la commission.
Bon! M. Bey semble insister, peut-être un petit mot rapide, si
c'est une question.
M. Bey: Je voudrais simplement dire, M. le ministre, que la loi
du Québec donne droit à l'établissement d'une Eglise.
L'Eglise n'est pas simplement une Eglise du Québec, mais une Eglise
universelle. Elle donne foi au fait qu'il y a certains membres de cette
religion qui veulent s'incorporer afin de pouvoir détenir des immeubles
et avoir des registres d'état civil.
Le but et le caractère de cette comparution est
ecclésiastique. Quand les membres mêmes de cette Eglise viennent
devant vous et vous disent qu'ils n'acceptent pas ce projet de loi, je me
demande comment ce gouvernement pourrait l'appuyer. Ce n'est pas un simple...
Vous avez eu auparavant des institutions financières; ici, vous avez une
corporation ecclésiastique. L'évêque, qui est le
représentant ecclésiastique au Canada de tous ces gens, dit: Je
ne peux pas fonctionner avec ce projet de loi. Nous, nous avons nos
règlements, nos façons de procéder dans notre Eglise et ce
qui est demandé par ces gens ne peut pas être accepté par
la hiérarchie ecclésiastique.
Le Président (M. Bordeleau): M. Bey, d'accord. La
commission suspend ses travaux à cet après-midi, quinze
heures.
M. Goulet: Un instant, M. le Président, je vous demande
une directive.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Goulet: C'est important parce que l'ordre de la Chambre est
jusqu'à une heure. Vous lirez l'ordre de la Chambre; à trois
heures, c'est la commission du revenu qui siège. On avait pensé
que les travaux seraient terminés. Je ne veux pas être
désagréable, mais il vaut mieux prévenir que
guérir.
M. Joron: Ecoutez, on s'est informé tout à l'heure
auprès du leader; c'est ce qu'on nous a suggéré. La
commission du revenu attendra.
Le Président (M. Bordeleau): II semble qu'il n'y ait pas
de problème du côté du bureau du leader à retarder
l'autre commission.
M. Goulet: Pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Cela ne change rien, deux
heures trente ou trois heures. Suspension jusqu'à...
M. Joron: Aimeriez-vous mieux revenir à deux heures
trente?
M. Goulet: Si vous me dites que le bureau du leader... C'est
parce que, selon l'ordre de la Cham-
bre, si je me souviens bien, à trois heures, c'était la
commission du revenu.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, suspendu
jusqu'à trois heures.
Suspension de la séance à 13 h 6
Reprise de la séance à 15 h 18
Le Président (M. Bordeleau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Tel qu'entendu à la suspension de nos travaux tantôt, la
commission reprend ses travaux. Je voudrais immédiatement demander au
leader parlementaire du gouvernement étant donné qu'il y a
un petit problème au niveau des heures de la commission, du mandat de la
commission comme telle de s'adresser aux membres de la commission.
M. Charron: Oui, M. le Président, il y a un
problème dans le sens que je l'ai peut-être créé
moi-même par l'avis que j'ai donné ce matin, lequel était
plus catégorique que mon intention elle-même, en disant que
dès 15 heures, dans cette salle, succéderait le travail de la
commission du revenu sur les projets de loi qui lui ont été
déférés. Si j'ai été aussi
catégorique, c'est que j'avais l'impression qu'à 13 heures,
effectivement, le travail de la précédente commission serait
terminé. Voilà qu'il y a embouteillage. A ce moment-ci,
après consultation de mon vis-à-vis de l'Opposition officielle
qui laisse, quant à lui, m'a-t-il dit, les députés
de son parti membres de cette commission, libres de décider ce qu'ils
voudront je veux demander à la commission des consommateurs,
à laquelle je m'adresse actuellement, d'accepter unanimement de
poursuivre son travail pendant, me dit-on, une demi-heure ou trois quarts
d'heure au gros maximum, afin que l'étude article par article du projet
de loi soit terminée. Par la suite, j'inviterais les gens du revenu qui
sont déjà disponibles à leur succéder pour entamer
leur travail, qui doit aller au besoin jusqu'à 24 heures ce soir.
Autrement, M. le Président, je le dis non pas comme une menace,
mais comme un avertissement on me demande toujours l'hypothèse
contraire dans les circonstances, je devrai demander aux invités
du projet de loi en discussion encore devant la commission des consommateurs de
bien vouloir accepter de rester à Québec une journée de
plus et d'être appelés demain, après la période des
questions. Je crois que, par un consentement unanime, on pourrait éviter
cela en acceptant de prolonger d'une demi-heure ou trois quarts d'heure le
travail déjà entamé sérieusement par la commission
ce matin.
M. Giasson: M. le Président, si l'unanimité ne se
fait pas autour de la table de la commission, il est évident qu'on ne
peut pas siéger à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières cet après-midi.
Par contre, le leader du gouvernement nous indique de façon assez nette
que, advenant cette hypothèse de refus, de l'absence d'unanimité,
demain, il convoque à nouveau la commission parlementaire. Cela signifie
que, effectivement, notre objection à fonctionner au cours de
l'après-midi oblige ces gens à demeurer à Québec
une nuit et une journée de plus.
Je voudrais signaler qu'à la suite de tous les propos que j'ai
entendus au cours de la matinée j'avoue, je reconnais que je ne me sens
pas suffisamment éclairé. Il reste encore des zones obscures
derrière tout cela, compte tenu des témoignages et de
l'information qui a été donnée par les deux parties
intervenantes, mais, au-delà de cela, puisque le gouvernement a pris sa
décision de faire adopter ce projet de loi, pour autant que je suis
concerné, du côté de mon groupe politique, je ne mettrai
pas d'objection à ce que les travaux se poursuivent au cours de
l'après-midi.
M. Goulet: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Chaque fois que, personnellement, j'ai voté sur
un projet de loi, j'ai essayé de le faire le plus objectivement
possible. Je pense que c'est la façon d'agir de tous les membres de la
commission. Cette fois-ci, non pas que j'aie peur de prendre une
décision, ce n'est pas vrai, mais je ne me sens pas prêt à
donner ou à refuser mon consentement. On ne m'a pas
démontré l'urgence de ce projet de loi, honnêtement.
On en parlait avec le leader tout à l'heure. Les lois
privées sont plus souvent qu'autrement des formalités qu'on nous
amène à la dernière minute. Je n'ai rien contre cela,
mais, quant à celle-ci, on nous laisse vraiment avec des interrogations
très profondes. Je n'ai aucune gêne à le dire publiquement,
mais je voudrais beaucoup plus d'informations. Quand on tente de limiter les
travaux de la commission à une demi-heure, trois quarts d'heure, je
comprends ce qui arrive. Cela ne me dérange pas du tout, mais, si
j'avais à voter immédiatement là-dessus, il me manque
énormément d'informations. Si quelqu'un veut absolument se
prononcer d'ici vingt minutes ou une demi-heure, on verra, à ce
moment-là; je réserve mon vote, à savoir si on aura plus
d'éclaircissements dans une demi-heure. Mais si on devait appeler le
vote dans une demi-heure, alors on verra. On nous demande de régler un
problème qui, normalement, aurait dû se régler avant
d'arriver en commission parlementaire. C'est cela, l'idée.
M. Charron: M. le Président, je voudrais ajouter aux
propos du député de Bellechasse que ce
que j'ai proposé à l'instant n'est pas de mettre fin aux
représentations que la commission entend et d'entamer tout de suite
l'étude article par article. Ce n'est pas de mes affaires. Je n'ai pas
été témoin des travaux de la commission depuis le
début de la matinée. Si la commission choisissait de donner une
dernière occasion avant d'entamer l'étude article par article
à laquelle elle est appelée à travailler, en fin de
compte, elle peut faire ce qu'elle veut en ces circonstances et, ensuite,
prendre ses décisions. Je laisse au ministre responsable le soin de
prendre ces décisions. Ce que je voulais obtenir, c'est que la
commission puisse continuer son travail.
M. Goulet: Ce que je voulais dire au leader, M. le
Président, étant donné qu'il est ici, c'est qu'il y a un
vieux dicton qui dit: Quand ça presse, c'est le temps de prendre son
temps. Vous savez ce que je veux dire par là. Bon. C'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre des
Consommateurs.
M. Joron: M. le Président, je veux simplement dire ceci.
Je comprends les interrogations du député de Bellechasse comme
celles du député de Montmagny-L'Islet, parce que la discussion de
ce matin, à un certain moment, a semblé mêler deux plans de
discussion, disons, qu'on pourrait appeler des affaires civiles et des affaires
religieuses. Et il est extrêmement délicat et embêtant de
faire le partage entre ces deux zones-là.
Ce qui a fait que moi, un peu plus tôt, je relisais à
nouveau le projet de loi et je pense qu'il y a un seul point de vue auquel les
législateurs, les membres de cette commission doivent se placer et c'est
celui-ci: ce projet de loi, à sa lecture même, modifie, si vous
voulez, les affaires civiles d'une corporation constituée en vertu des
lois du Québec, qui est la communauté hellénique de
Montréal. Cette communauté, selon ses règlements, selon
nos lois et les règles qui la régissent, nous demande, demande au
législateur de modifier sa charte et le projet de loi ne modifie, dans
cette charte, que des choses qui touchent ce qu'on pourrait appeler les
matières civiles. Si je relis attentivement le paragraphe c) de
l'article 4 du projet de loi, on donne, parmi les objectifs de l'organisme, "de
conserver et de perpétuer la foi grecque orthodoxe et la tradition
promulguée par l'autorité du Patriarcat Oecuménique de
Constantinople, suivant la doctrine et la foi proclamées et
appliquées par l'Eglise grecque orthodoxe et selon l'autorité
ecclésiastique et les règles religieuses désignées
par ce patriarcat", il me semble très bien que le projet de loi dit
clairement, à cet endroit-là: Les choses religieuses, cela ne
nous regarde pas, on ne légifère pas là-dessus; cela
relève de l'Eglise hiérarchique grecque orthodoxe. Cela ne nous
regarde pas. Ce sur quoi nous légiférons, ce sont les choses
civiles qui relèvent de la compétence exclusive de cette
Assemblée nationale. Je ne vois pas pourquoi nous refuserions à
un organisme qui nous demande de modifier sa charte ce que nous accordons
à tous les autres organismes qui font de même. Je pense que, quand
bien même on retournerait la question sur toutes sortes de dimensions, on
se retrouverait demain matin, on se retrouverait dans six mois, on se
retrouverait dans six ans devant exactement le même problème.
Mon interprétation personnelle et je pense qu'elle est
partagée par les membres, en tout cas, de ce côté-ci de la
table de la commission c'est que c'est notre devoir de
législateurs de répondre à la demande faite par la
communauté hellénique de Montréal, puisqu'elle est faite
dans les formes, dans le respect de nos lois et de nos règlements.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre.
M. Joron: C'est la raison pour laquelle je suis prêt
à procéder.
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais quand même
obtenir d'une façon tout à fait claire le consentement des
membres de la commission pour qu'on puisse continuer nos travaux. Est-ce que
ça va?
M. Goulet: Oui, c'est fait.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le leader.
M. Laplante: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante:... une chose que je peux regretter, à cette
reprise des travaux, c'est que le député de Saint-Louis ne soit
pas ici. Lui aurait pu nous éclairer énormément quant
à ce projet de loi parce que la communauté grecque fait partie de
son comté. Ce matin, il a été silencieux et, cet
après-midi, il n'est même pas ici.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Bourassa, votre commentaire est fait. Est-ce qu'on
pourrait commencer à procéder article par article? Est-ce que les
membres de la commission se sentent suffisamment éclairés?
M. Goulet: On en est encore au niveau des principes, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, je vous demandais
simplement si on était prêt à procéder article par
article. Si vous me dites non, M. le député de Bellechasse...
M. Goulet: J'aurais peut-être, si vous me le permettez, une
ou deux questions...
Le Président (M. Bordeleau):... d'ordre
général. D'accord, M. le député de Bellechasse,
allez-y.
M. Goulet: M. le Président, ce qui me laisse songeur,
c'est qu'après avoir formulé 3600 invitations on en soit
arrivé à un vote majoritaire de 155 personnes, sauf erreur, et 25
contre, ce qui est à peu près un calcul rapide 3,5%
à 4%. Il y a une façon de convoquer une assemblée
générale. Est-ce que cette assemblée a été
dûment convoquée? Est-ce que cette assemblée s'est
déroulée d'une façon démocratique? Je n'en doute
pas, mais je formule les questions parce qu'on ne me l'a pas
démontré clairement. Cela semble extrêmement urgent. On va
nous dire: Bien sûr, la fin de la session, c'est demain. Je comprends
cela, on s'est même fait dire que, justement, dans ces organismes, il y
aurait des élections au conseil d'administration en fin de semaine
prochaine ou la suivante. Je voudrais qu'on nous donne quelques renseignements
là-dessus. Comment se fait-il qu'on arrive à une participation de
3% à 4% à une réunion qui semble aussi importante? Est-ce
que c'est toujours ainsi, vos réunions? Il n'y a jamais plus de
participation que cela?
M. Denis: Avant que M. Papachristou vous parle, je veux
simplement dire que je suis avocat d'une trentaine de CLSC et de
différents hôpitaux au Québec. Le gros problème
qu'on voit, alors que des milliers de personnes sont membres au sens de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, c'est celui d'avoir
quorum, c'est-à-dire 100 membres. (15 h 30)
Je pense que les députés savent que, dans ce cas-ci, on a
réussi à avoir 450 personnes. Même si, finalement, il y en
a qui sont parties, moi, je trouve cela extraordinaire. Quant aux
technicités, à l'avis comme tel, M. Papachristou est plus en
mesure que moi de vous le lire.
Le Président (M. Bordeleau): M. Papachristou.
M. Papachristou: L'avis a été conformément
donné, il n'y avait pas d'assemblée, par le passé, qui
avait rassemblé autant de membres. Ceci peut être confirmé
par l'opposant aujourd'hui. Il n'y aura pas, dimanche prochain, 3600 membres
qui vont voter. On en attend seulement 800 à 1200. Quand on parle d'une
communauté organisée, on l'entend de cette façon.
Je vous ai expliqué tout à l'heure qu'il y avait un quorum
de 25 personnes, on l'a porté à 100. Donc, si on a atteint ce
nombre de 100, nous étions satisfaits. C'est cette situation qui semble
être naturelle dans la communauté hellénique.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Pour compter quelques milliers de Grecs, dans mon
comté, avec lesquels j'ai des contacts suivis, et pour lire en versions
française ou anglaise, évidemment, les journaux grecs de
Montréal, je peux dire qu'il existe un large consensus dans la
communauté grecque à l'égard de ce projet de loi.
Très large consensus.
Vous avez cité, tout à l'heure, un proverbe que je
respecte: C'est quand ça presse qu'il faut aller lentement; c'est depuis
1975 que ce projet de loi, à peu de choses près, figure au
feuilleton de la Chambre et ce n'est que maintenant qu'il va peut-être
aboutir. Donc, je pense que nous nous sommes hâtés très
lentement, comme gouvernement, ainsi que nos prédécesseurs, et
c'est ce qui explique un peu l'impatience de la communauté grecque de
Montréal qui attend ce projet de loi, qui a convoqué des
assemblées générales deux fois pour étudier ledit
projet de loi. La première a été nulle et non avenue parce
qu'elle n'a jamais abouti au projet de loi; c'est la deuxième, celle qui
était convoquée au mois de février dernier, qui, elle,
enfin, trouve au gouvernement un débouché, si vous voulez, ou une
conclusion. C'est dans ce sens que je vous dis que nous nous sommes
hâtés très lentement comme institution et qu'il est temps
que cela aboutisse.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Une courte question, M. le Président. Ceux
qui s'opposent au projet de loi actuellement, est-ce que vous avez fait une
réunion semblable afin de savoir combien, dans la communauté,
pouvaient s'opposer à cette réglementation?
M. Bey: M. le député, si je peux répondre...
Des Voix: Oui, oui.
M. Bey: C'est justement sur ce point-là que nous sommes
ici, pour nous opposer à ce projet de loi. C'est parce que justement le
conseil d'administration, qui prétend avoir agi d'une façon
démocratique...
M. Laplante: Ce n'est pas ce que je vous demande, monsieur.
M. Bey: ... n'a jamais...
M. Laplante: On ne veut pas faire le procès... Ecoutez-moi
bien. J'aimerais bien, vu que le temps passe, que vous répondiez
à mes questions. Je vous demande si vous avez fait des réunions
publiques avec la communauté grecque pour vous opposer à ce
projet de loi qui est là depuis cinq ans. Si oui, dites-nous quel a
été le résultat. C'est ça que je veux savoir.
M. Bey: II n'y a pas eu de... Comme prêtres, nous n'avons
pas l'autorité de convoquer des assemblées.
M. Laplante: Merci. C'est tout ce que je voulais savoir.
Le Président (M. Bordeleau): Bon! Alors, est-ce que les
membres de la commission sont prêts à procéder article par
article?
J'appelle l'article 1, M. le ministre.
M. Joron: A l'article 1, M. le Président, je voudrais
proposer un amendement qui a déjà été
distribué, à savoir que l'article 1 soit modifié par le
retranchement du deuxième alinéa. Alors, ne subsisterait que le
premier paragraphe.
Le Président (M. Bordeleau): Des questions?
Je m'excuse auprès de nos visiteurs. Maintenant, étant
donné qu'on procède article par article, je vais, vous demander
de répondre aux questions qui seront posées par les membres de la
commission, mais je ne permettrai pas qu'on interrompe n'importe quand les gens
de la commission. S'ils se sentent suffisamment éclairés pour
l'adopter, on va l'adopter ou le refuser, article par article.
Alors, est-ce que l'article 1 sera adopté?
M. Giasson: Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté tel
qu'amendé sur division.
J'appelle l'article 2. Est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Giasson: Adopté sur division également.
Le Président (M. Bordeleau): Article 2, adopté sur
division. J'appelle l'article 3. D'accord, M. le député de
Bellechasse, je ne vous avais pas reconnu. Sur l'article 2 ou 3?
M. Goulet: A l'article 2, on dit: "La communauté est une
corporation au sens du Code civil; elle est investie des pouvoirs
généraux d'une telle corporation et des pouvoirs particuliers que
la présente loi lui confère." Lorsqu'on dit qu'"elle est investie
des pouvoirs généraux d'une telle corporation", j'aimerais savoir
si une corporation au sens civil dans ce cas-là va avoir les pouvoirs
que justement l'Eglise ne lui donne pas ou si un va avec l'autre. Je ne sais
pas qui pourrait me répondre là-dessus.
M. Denis: Ce sont des pouvoirs qui existaient déjà
dans les chartes antérieures. Ce sont des pouvoirs qui existaient, on ne
crée rien. On remanie notre charte. C'était une corporation
civile, mais sans doute... Cela ne change rien à ce qui existait.
M. Goulet: Mais, lorsqu'on parle "des pouvoirs particuliers que
la présente loi lui confère", j'imagine que vous ne les aviez
pas, ces pouvoirs, en 1926 et j'aimerais savoir quels sont ces pouvoirs
particuliers. M. le Président, je ne sais pas si le monsieur ici
pourrait répondre.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, si vous avez besoin
d'informations. Si vous lui posez une question, je vais lui permettre de
répondre.
M. Goulet: Les pouvoirs généraux...
M. Joron: M. le Président, juste une petite seconde.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît; il faudrait s'entendre. M. le ministre.
M. Joron: Je voudrais vous signaler que M. Gilles Roy du service
des compagnies du ministère est présent aussi. Vous pouvez lui
poser des questions également.
M. Goulet: Ma question sera très simple, M. le
Président. Au niveau des pouvoirs généraux, on me dit
qu'ils y étaient depuis 1926, mais "les pouvoirs particuliers que la
présente loi lui confère?"
M. Denis: C'est sujet à ce qui suit, le conseil
d'administration etc. Il n'y a pas de pouvoirs particuliers autres que ceux qui
sont inscrits là. Me Roy pourra me corriger. Ce sont les pouvoirs qu'on
va voter article par article, que vous allez voter, et on les verra au fur et
à mesure.
M. Bey: Nous avons une objection. Le Président (M.
Bordeleau): M. Bey.
M. Bey: Quand on parle d'une "corporation au sens du Code civil",
on parle effectivement d'une corporation civile. Nous avons une crainte parce
que nous avons une corporation ecclésiastique qui avait le droit de
recevoir des dons qui étaient déductibles d'impôt. Quand on
parle simplement d'une corporation au sens du Code civil, est-ce que cela donne
à cette corporation le droit de recevoir des dons charitables, d'en
donner des reçus et de pouvoir déduire ces dons de l'impôt?
De la façon dont c'est rédigé, nous avons de
sérieuses objections.
M. Godin: Vous avez des objections parce que les lois du Revenu
seraient ainsi violées?
M. Bey: Oui.
M. Godin: Ce n'est pas votre problème! Je pense que c'est
le problème du ministre du Revenu beaucoup plus que le vôtre
à ce moment-là.
M. Bey: C'est parce que vous créez ce problème, M.
Godin. Autrefois, il n'y avait pas de problème, c'était une
corporation ecclésiastique.
M. Godin: Nous avons nos propres conseillers juridiques qui nous
conseillent et...
M. Bey: C'est une chose sur laquelle nous voulons être
très clairs. Ici, on modifie la charte de la communauté grecque
qui, autrefois, était une corporation religieuse qui avait le droit de
donner des reçus d'impôt pour des dons et aujourd'hui, vous dites
que c'est une corporation au sens du Code civil sans donner le pouvoir à
cette corporation de recevoir des dons et d'en donner des reçus. Si vous
allez plus loin, vous allez voir que la corporation a pour but "de
préserver et de promouvoir la langue grecque". Alors, je ne crois
pas
qu'on peut donner des reçus ce n'est pas un but charitable.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mercier.
M. Godin: ... une commission parlementaire n'est pas le lieu d'un
débat juridique entre les procureurs des parties. C'est le lieu
où la Chambre s'informe et elle décide elle-même sur quel
point elle veut s'informer. On peut bien trouver que les commentaires sont
lumineux, mais je ferai remarquer à Me Bey que l'article 7, justement,
ne parle pas du tout du pouvoir pour ladite corporation de faire des campagnes
de charité qui seraient déductibles d'impôt d'une
façon ou d'une autre. Je l'invite à lire cet article, qu'il
connaît sûrement très bien, et vous verrez que la
réponse à votre objection est déjà là. Je
rappelle que vous êtes ici pour répondre aux questions des
parlementaires et non pas pour faire un débat d'un procureur à
l'autre sur une interprétation éventuelle.
M. Bey: Je dis tout simplement que...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Alors, un instant,
s'il vous plaît, M. Bey également! Vous avez raison, M. le
député de Mercier, la commission doit se pencher sur
l'étude article par article. C'est simplement pour éclairer les
membres de la commission que les invités, les procureurs et les
personnes qui sont invitées à la table peuvent répondre,
s'il y a des questions des parlementaires, des membres de la commission. Alors,
je demanderais qu'à l'avenir les questions soient bien
identifiées et qu'elles s'adressent à des personnes bien
identifiées aussi pour que ce soit ces personnes-là qui
répondent et, ensuite, je céderai la parole aux gens qui posent
des questions pour éclairer la commission, ce qui est l'objectif de
cette étude en commission parlementaire.
Est-ce que c'est un commentaire ou...
M. Bey: C'est pour...
Le Président (M. Bordeleau): Je n'ai pas entendu de
questions posées à votre intention jusqu'à maintenant.
M. Sotirios: Est-ce que je peux poser une question, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): Normalement pas.
M. Sotirios: Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Normalement pas. Je veux dire
que les membres de la commission sont ici pour s'éclairer mutuellement
en se posant des questions ou en posant des questions...
M. Sotirios: Que va être le rôle de la
hiérarchie sur une organisation civile? Comment pouvons-nous administrer
comme une Eglise une corporation civile?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez poser
une question à quelqu'un en particulier?
M. Sotirios: A M. le ministre, par exemple. Comment pouvons-nous
l'administrer comme une hiérarchie? Est-ce que nous ne devons pas suivre
les règles et règlements de l'Eglise dans notre paroisse? Comment
pouvons-nous administrer? Comment pouvons-nous intervenir dans une corporation
civile? Il y a un problème ici, je pense. Un autre jour, on va nous dire
que nous n'avons rien fait avec cette corporation. Qu'est-ce que nous allons
faire avec la foi, avec les règles; avec les canons de l'Eglise?
Sont-ils applicables ici ou pas?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, avez-vous
quelque chose à répondre à cela?
M. Joron: Moi, je pense que c'est un peu plus loin, au paragraphe
c) de l'article 4, que la question de monseigneur trouve sa réponse.
Pour ce qui est des pouvoirs normaux qui sont ceux d'une corporation,
donnés à une corporation au sens du Code civil, ce n'est pas dans
le Code civil qu'on peut trouver la réponse à cette question.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse. On va revenir
à l'étude article par article, parce que, franchement, il ne
faudrait pas étendre la procédure à ce point. Alors,
est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Godin: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division? Alors,
adopté sur division. Article 3?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Goulet: Je vous demande une directive.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Très rapidement, on ne peut jamais se prononcer
sur le principe d'un projet de loi privé, c'est article par article et,
à la fin, de la façon qu'on a voté chaque article, on
accepte le principe ou pas.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Goulet: C'est toujours comme cela que ça se passe, un
projet de loi privé?
M. Joron: Je pense qu'en réalité...
Le Président (M. Bordeleau): A ma connaissance, oui, je
dirais.
M. Joron: Sur cette question de directive, M. le
Président, si vous me le permettez...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Goulet: Je veux dire que, si un membre n'accepte pas le
principe du projet de loi, il se prononce quand même sur chaque article
ou il enregistre son vote immédiatement?
Le Président (M. Bordeleau): Ah, il peut voter contre. Le
vote se fait article par article et globalement sur le projet de loi à
la fin.
M. Goulet: II me semble que c'est curieux, ce qu'on fait.
M. Joron: Oui, mais...
M. Giasson: M. le Président, si vous le permettez, il n'y
a pas de modification à la procédure habituelle de l'adoption
d'un projet de loi, qu'il soit public ou privé, en commission
parlementaire. Ou on accepte le contenu des articles ou on ne l'accepte pas et
on manifeste notre division.
M. Joron: Bien, voilà.
M. Giasson: Et lors de l'appel définitif...
Le Président (M. Bordeleau): ... du projet de loi
complet.
M. Giasson: ... s'il doit être adopté sur division,
il sera adopté globalement sur division. C'est la règle de
procédure.
Le Président (M. Bordeleau): C'est exactement cela.
M. Joron: Je voulais ajouter un peu dans le même sens, pour
aller un peu plus loin, que je pense qu'on s'enferre dans un faux débat.
On n'a pas à se demander autour de cette table ce que nous autres on
pense, à sonder les reins et les coeurs, comme je le disais ce matin, On
n'a pas à se demander si c'est bien que ce soit comme cela ou si ce
n'est pas bien. Ce qu'on a à se demander, c'est: Est-ce que c'est bien
ce que désire le requérant? C'est cela qu'on a à se
demander. Le requérant veut faire amender sa charte. Nous, on a à
vérifier, d'abord, si c'est contraire à nos lois. Et,
deuxièmement, si c'est bien ce que veut le requérant. Si c'est
cela qu'il veut, cela ne nous regarde plus. On n'a qu'à vérifier
que c'est bien cela, la demande faite par la partie privée qui nous
demande de modifier sa charte.
M. Giasson: C'est un peu ce qu'on a fait, M. le ministre.
M. Joron: Et que ce soit en conformité avec nos lois. (15
h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'est ce qu'on a fait ce matin, M. le ministre, lors
des préliminaires. On a entendu une partie qui était la
requérante, qui a manifesté ses désirs. Par contre, une
autre partie est devant nous...
M. Joron: C'est ce qui était inhabituel. M. Giasson:
... qui émet des objections.
M. Joron: C'est ce qui était inhabituel, en fait. Le
débat qui s'est élevé entre deux procureurs, ici ce matin,
ne devait...
M. Giasson: Oui. C'est un élément nouveau depuis
que je siège ici.
M. Joron:... pas avoir lieu dans cette salle des commissions,
mais aurait dû avoir lieu à l'extérieur.
M. Giasson: C'est cela.
M. Joron: Ce débat embarrasse les parlementaires.
M. Giasson: Exactement!
Le Président (M. Bordeleau): Je vais appeler l'article 3.
Est-ce que l'article 3 sera adopté?
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 4?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division? M. Giasson:
Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Article 5? M. Giasson:
Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? Adopté
sur division.
Je m'excuse, M. Bey, mais je ne pourrai plus vous donner le droit de
parole, sauf pour répondre aux questions des parlementaires.
M. Joron: M. le Président, l'article 6, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
M. Goulet: Vous allez vite! Vous allez vite, vous autres!
Le Président (M. Bordeleau): Non. Je l'avais
déjà appelé, M. le député de Bellechasse,
mais je n'ai pas eu de réponse.
M. Goulet: A 4c, j'aurais aimé parler.
Le Président (M. Bordeleau): Ah! bon. A l'article 4, vous
avez dit adopté.
M. Goulet: Pour faire suite aux propos du ministre et à
ceux du député de Mercier, qu'est-ce que l'article 4c) vient
faire dans une loi devant les parlementaires, quand on parle "de conserver et
de perpétuer la foi grecque orthodoxe et la tradition promulguée
par l'autorité du Patriarcat Oecuménique de Constantinople
suivant la doctrine..."? Si on s'en tient à vos propos de tout à
l'heure, je formule la question: Qu'est-ce que cela vient faire dans un projet
de loi?
M. Joron: Le requérant nous demande de l'inclure parmi les
objectifs de la corporation.
M. Godin: Si une communauté catholique, M. le
député de Bellechasse, disait: Je veux que, dans ma charte,
figure le principe suivant: Je vais respecter l'enseignement de l'Eglise de
Rome, on n'aurait pas le loisir de l'en empêcher. Il en est ainsi de
cette communauté qui veut inscrire cela dans sa charte. Est-ce que cela
répond à votre question?
Le Président (M. Bordeleau): M. Bey.
M. Bey: Je comprends très bien, mais je veux simplement
faire une intervention parce que nous sommes ici simplement parce que l'Eglise
trouve que cet article n'est pas en conformité avec l'autorité
ecclésiastique patriarcale. C'est justement sur ce point que nous sommes
ici et nous voulons vous expliquer qu'il y a une différence entre ce qui
est écrit ici et ce qu'est l'Eglise orthodoxe. Vous ne voulez pas
l'entendre!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Ce n'est pas le lieu pour faire un procès
je le répète il y a des règles de procédure
ici. Le procureur en question a d'autres lieux pour faire valoir ses
opinions.
Le Président (M. Bordeleau): Vous avez raison, ce n'est
pas dans le mandat de la commission. Je me dois d'appeler l'article 4. Oui, M.
le député de Bellechasse.
M. Goulet: Je trouve cet article important. Si vous le permettez,
on parle de c) et on parle aussi de d). M. le député de Mercier
me répond comme argument: Si, dans la volonté de l'organisme qui
nous demande cette loi, on veut mettre sur pied des oeuvres de charité,
de bien-être et d'éducation au profit de la population d'origine
grecque... S'il m'arrive quelqu'un, par exemple, qui vient me demander une
charte pour recueillir des fonds pour une aréna et je sais que ce n'est
pas vrai, ou ce n'est pas cela et on me dit que ce n'est pas tout à fait
cela... Je pense que c'est le devoir des membres de la commission de dire,
justement: Est-ce que cela, vous allez vraiment le faire, est-ce que c'est
logique et ainsi de suite? Comprenez-vous? Qu'est-ce que l'ancienne loi disait
là-dessus? A un moment donné, on mêle...
M. Godin: Posez la question au procureur de la communauté.
Il va vous répondre.
M. Goulet: Je vous pose la question, M. le Président. S'il
vous arrive un autre groupe, demain matin, avec un autre projet de loi
privé qui dit: Je veux faire le contraire de cela ou je veux faire, moi
aussi, la même chose, on va ainsi adopter des lois privées en
quantité.
M. Godin: Celle-ci est amendée, elle existe...
M. Goulet: Que chacun veuille recueillir des fonds... M. le
Président, regardez ma question. C'est que, dans le principe du projet
de loi, on lui permet de recueillir des fonds pour des oeuvres de
charité au profit de la population d'origine grecque. S'il arrive 150
groupes demain et que les 150 demandent une loi privée pour recueillir
des fonds, est-ce que vous ne trouvez pas que cela va être l'anarchie? Je
veux dire si vous en passez comme ça...
M. Laplante: Pourquoi pas?
M. Goulet: Pourquoi pas? D'accord, si vous partez de ce principe,
aucun problème.
M. Laplante: C'est ça.
M. Godin: Ce n'est pas à nous d'empêcher les gens de
s'organiser comme ils veulent, M. le député.
M. Laplante: Ce n'est pas à nous.
M. Godin: Nous, la seule question qu'on a à se poser,
c'est si cela est conforme aux lois dont nous avons la responsabilité
comme législateurs. Si la réponse est oui, si les
règlements sont adoptés conformément aux règles que
se sont données les communautés en question, nous n'avons
même pas le choix de leur refuser, en fait.
M. Goulet: Incroyable!
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: Ah! Cela ne m'a pas éclairé trop trop,
M. le Président. Mais continuez. Incroyable!
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 4 sera
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Alors,
j'appelle l'article 5. Article 5, adopté? Toujours sur division, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Non, pas à l'article 5.
Le Président (M. Bordeleau): Pour l'article 4,
c'était le cas?
M. Giasson: Oui, l'article 4b).
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Alors, article 5
adopté. Article 6?
M. Joron: M. le Président, j'ai un amendement à
apporter à l'article 6.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Joron: Celui de remplacer l'article 6 par le suivant qui se
lirait ainsi, tel que vous en avez copie: "La communauté peut,
conformément à la loi, établir des paroisses, des
écoles ou institutions d'enseignement, des centres communautaires
athlétiques, culturels et de loisirs, des centres hospitaliers
privés et des centres d'accueil privés".
C'est une reformulation, si vous voulez, du premier paragraphe. Les deux
paragraphes suivants tombent parce que ces cas sont prévus par une loi
plus générale qui est la Loi sur les corporations religieuses.
Alors, cela simplifierait l'article 6 à celui que je viens de proposer
par amendement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Est-ce que le
nouvel article 6 sera adopté?
M. Laplante: Juste une question, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Est-ce que je pourrais m'adresser au procureur?
Est-ce que cet article était contenu dans la loi de 1926? Ou
l'amendement de 1956 ou 1959?
Le Président (M. Bordeleau): Vous posez votre question
à M. Denis, M. le député de Bourassa?
M. Laplante: Oui, s'il vous plaît.
M. Denis: Non, c'est nouveau ça. Ce n'était pas
formulé ainsi. Il y avait des pouvoirs généraux, mais pas
nécessairement formulés comme cela. Je n'ai pas la
référence exacte.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le nouvel article 6
adopté tel quel?
Des Voix: Adopté.
M. Goulet: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 6?
M. Goulet: Non, c'est parce que...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: ... lorsque le député a posé une
question, on a dit un oui à peu près. J'ai vu des gens qui ont
fait signe que non. Est-ce qu'on va être en contradiction tout le temps?
Je voudrais savoir de monsieur, ici, ce qui n'était pas correct dans les
propos qu'a tenus l'autre monsieur, avant d'adopter l'article 6?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse, pour répondre à votre question, j'ai laissé
le député de Bourassa poser sa question. Si, lui, semble
satisfait de la réponse, je n'ai rien à ajouter comme tel.
M. Goulet: Parfait! Avant l'adoption de l'article 6, je formule
la question.
M. Joron: Si je peux me permettre, M. le Président, je ne
sais pas si cela répond à la question...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: ... du député de Bellechasse, mais j'ai
devant moi l'article 4 de la loi actuelle qui se lit comme ceci: "Ladite
corporation pourra établir, construire et maintenir des institutions
charitables et de bienfaisance pour assister et secourir les vieillards, les
malades, les pauvres et les orphelins de nationalité grecque". C'est le
texte de la loi actuelle qui est remplacé par l'article 6.
M. Goulet: Est-ce que je peux connaître la réponse
de l'autre monsieur qui est à la table, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Voulez-vous dire quel
monsieur? Pourriez-vous l'identifier? Je ne voudrais pas me
mélanger.
M. Goulet: M. Bey.
M. Bey: La différence, messieurs, entre l'article 6
proposé et l'ancien article 4, c'est qu'aujourd'hui on demande à
la communauté d'avoir le pouvoir d'établir des paroisses. C'est
un pouvoir ecclésiastique. Ce n'est pas un pouvoir civil. On essaie de
vous dire la distinction et vous ne voulez pas comprendre. Ce n'est pas
l'état civil qui peut établir la paroisse; ce sont les
différentes autorités ecclésiastiques qui ont le pouvoir
de dire: Ici, on va établir une autre église et nous allons lui
conférer un prêtre.
Ce n'est pas la communauté elle-même qui peut dire: C'est
à nous d'établir si nous voulons avoir une paroisse ou non.
L'Eglise romaine ne fonctionne pas de cette façon. C'est elle qui a le
pouvoir d'établir les paroisses; ce n'est pas le pouvoir
législatif, ce n'est pas un pouvoir civil et c'est cela qu'on essaie de
vous faire comprendre. A la façon dont c'est rédigé, on ne
pense pas à l'aspect ecclésiastique. Je ne sais pas comment on
peut s'exprimer plus fortement qu'en vous disant que, de la façon dont
vous avez établi cette loi, malheureusement, cela ne peut pas être
adapté à la religion que vous voulez appuyer, la religion grecque
orthodoxe. Ce n'est pas ainsi que ça fonctionne et vous insistez pour
adopter un projet de loi qui ne peut pas fonctionner dans ce cadre.
C'est simplement cela qu'on essaie de vous dire et nous ne pouvons pas
nous faire comprendre. Nous n'avons aucune objection à ce que la
communauté établisse des écoles, des institutions et tout
le reste, mais la question des paroisses, la question de la nomination des
prêtres, c'est quelque chose qui émane de l'autorité
ecclésiastique et non pas de la communauté elle-même, ici
à Montréal.
Le Président (M. Bordeleau): II semble y avoir un
complément de réponse de la part de M. Denis. Est-ce que vous
aimeriez l'entendre, M. le député de Bellechasse?
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Vous pourrez revenir
après, M. le député de Mercier.
M. Denis: Ce pouvoir existait déjà à
l'article 2. On disait à l'époque: "Ladite corporation aura et
exercera tous les droits appartenant aux corporations ecclésiastiques
ce qui était une facette de sa charte et pourra
posséder et maintenir des résidences pour les prêtres ou
ministres les desservant, et posséder et maintenir des églises
pour le culte divin." Il est bien évident que des églises ont
été fondées. Si on n'avait pas l'assentiment du Patriarcat
Oecuménique de Constantinople ou de son représentant des
Amériques du Nord et du Sud ou des prêtres d'ici au Québec
ou de Toronto, comment voudriez-vous qu'on établisse une église?
On fonderait une nouvelle religion. On avait ce pouvoir, il n'y a rien de
nouveau; on l'avait dans l'article 4, mais on l'a refondu dans quelque chose de
plus sobre. C'est cela qu'on veut faire. Cela existe à l'article 2 de la
charte; je pense, M. le député de Bellchasse, que vous avez la
réponse. On l'a fait et on le fait encore dans la stricte observance de
la religion grecque orthodoxe.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Si on me le permet, dans l'ancien article que je n'ai
pas devant moi, on parlait de suivre les archevêchés et ainsi de
suite; là, vous parlez seulement de la doctrine et du Patriarcat
Oecuménique de Constantinople. Si je ramène cela à la
religion catholique que je connais mieux personnellement, c'est comme si je
disais: On va prendre ce qui vient de Rome, mais ce qui vient de
l'évêque ou de l'archevêque, on ne touche pas à cela.
Quand vous m'amenez comme exemple l'article 4, je me demande ce qui se
passe.
M. Denis: Dans la loi initiale, M. le député de
Bellechasse, il n'y avait aucune référence à
l'archevêché des Amériques du Nord et du Sud; cela a
été un amendement subséquent. Dans notre esprit, supposons
qu'on dise qu'on est relié à la religion catholique à
Rome, ça va de soi qu'on est relié à l'autorité
déléguée des différents diocèses et
archidiocèses.
M. Bey: On peut le mettre dans la loi.
M. Denis: Est-ce que je peux terminer, Me Bey?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. Denis, vous pouvez
terminer.
M. Denis: De la même façon qu'à
Montréal l'évêque relève de l'archidiocèse de
Québec parce qu'il y a un seul archevêque au Québec, c'est
la même chose. On a dit qu'on respectait la religion grecque orthodoxe et
on continue à le faire. Cela existait dans la charte et cela demeure. On
veut faire un combat religieux-civil qui n'existe pas.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mercier, vous aviez demandé la parole.
M. Godin: Non, cela va; le procureur de la communauté a
dit ce que j'allais dire.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson:... quand je vous ai signalé tout à
l'heure que nous n'étions pas parfaitement éclairés, c'est
parce qu'on se pose encore des questions, en dépit de tous les
témoignages qui ont été apportés ce matin. Pourquoi
n'était-il pas possible de laisser la corporation ecclésiastique
qui est une entité qui existe depuis longtemps et qu'on n'aurait pas
créé une nouvelle corporation civile pour lui donner à peu
près tous les pouvoirs décrits dans la loi qui est devant nous,
sauf celui de créer des paroisses? Une nouvelle corporation civile
formée par les membres de la communauté grecque aurait pu
atteindre les objectifs recherchés, ou une bonne partie, par les
changements que vous apportez à la loi constituante. C'est ce bout que
je ne comprends pas.
M. Denis: Pour continuer à être respectueux,
justement, de l'autorité ecclésiale; on n'a rien contre cela.
M. Giasson: Vous auriez été respectueux en lui
laissant sa loi telle qu'elle existait et vous pouviez poursuivre la plupart
des objectifs que vous recherchez dans les changements à
côté. C'est ce bout-là...
M. Denis: La communauté n'aurait pas accepté...
M. Giasson: ... qui demeure confus dans l'esprit du monde. Je
pense que c'est le cas pour le député de Bellechasse et c'est mon
cas, je l'avoue. (16 heures)
M. Denis: M. le député, on aurait la même
objection. Nos membres nous auraient dit: C'est ça, on balance l'Eglise
et les Grecs de Montréal, étant religieux, ne veulent pas le
faire. Ils veulent qu'on continue à avoir une communauté qui est
mixte, et c'est comme ça que ça continue. Evidemment, il y a des
pouvoirs qui sont plus accentués du côté civil, mais
ça reste une communauté qui est respectueuse du Patriarcat
Oecuménique de Constantinople. C'est inscrit dans ça
textuellement. Demain matin, si l'archidiocèse des Amériques du
Nord et du Sud, qui est stationné actuellement à New York, se
trouve à Toronto, il faudra amender la loi encore une fois. C'est pour
ça qu'on a mis ça. En tout cas, c'est comme ça que je le
comprends. Je ne doute pas de la sincérité de mes clients. Pour
la communauté, on aurait créé encore une plus grande
division si on avait fondé une corporation civile à
côté d'une corporation religieuse. On se serait fait dire: C'est
ça, on met l'Eglise dehors, et ils ne veulent pas le faire. On l'a fait
ici au Québec...
M. Giasson: Pourquoi dites-vous qu'on met l'Eglise dehors? Les
catholiques en bâtissent des corporations civiles et ils ne mettent pas
l'Eglise dehors pour autant. S'ils veulent appartenir à l'Eglise, s'ils
veulent en sortir, c'est leur choix.
M. Denis: Si vous vous référez, M. le
député aux années soixante, quand on s'est mis à
laïciser les écoles je n'ai rien contre ça il
y a des gens, particulièrement chez les plus âgés de la
communauté catholique, ici, qui ont dit qu'on avait balancé les
frères par-dessus bord et qu'on s'était débarrassé
de tout le monde. Dans la communauté grecque, on ne veut pas avoir
l'impression de faire ça. C'est pour ça qu'on a fait ça.
Il y a des gens ici au Québec qui l'ont peut-être pensé et
il y a des gens ici qui n'ont pas aimé la façon dont la
distinction Etat-Eglise s'est faite. Ces gens-là ne veulent pas le
faire, peut-être à cause de l'expérience
québécoise. Ils ne veulent pas faire ça comme ça.
Je respecte ça. Je ne suis pas de la foi grecque orthodoxe, mais je
respecte la façon dont mes clients le font.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Joron: M. le Président, j'aimerais entendre ce que
monseigneur a à dire sur ce point-là.
Le Président (M. Bordeleau): Monseigneur.
M. Sotirios: M. le Président, j'ai posé une
question à M. le ministre. Il m'a répondu qu'il va
répondre à ma question à l'article 4. L'article 4 est
adopté et je n'ai pas la réponse à la question que j'ai
posée. Maintenant, je veux savoir ce qu'est l'autorité
ecclésiastique du Patriarcat Oecuménique. Si vous voyez l'article
2 de l'ancien texte, vous pouvez voir qu'ici il dit: Les usages, les
ordonnances, les règlements de l'Eglise orientale orthodoxe qui
dépendent spirituellement et ca-noniquementdu Patriarcat
Oecuménique de l'Eglise orthodoxe orientale de Constantinople et de
l'autorité ecclésiastique de l'archidiocèse grec des
Amériques du Nord et du Sud, à New York, dans l'Etat de New York,
un des Etats-Unis d'Amérique.
Maintenant, je pose la question, M. le Président. Qu'est-ce que
l'autorité de notre diocèse? Comment pouvons-nous travailler si
les canons de l'Eglise ne sont pas respectés? Si nous disons
académiquement, que nous sommes sous l'autorité du Patriarcat
Oecuménique de Constantinople et qu'en même temps nous ne
respectons pas les règles, les règlements et les canons de
l'Eglise, comment est-ce que nous pouvons vivre comme Grecs orthodoxes ici
à Montréal et à Québec?
Je vous expliquais ce matin que nous avons seulement un diocèse
pour le Canada parce qu'au Québec nous avons seulement neuf paroisses.
Ce n'est pas possible pour nous d'avoir un autre diocèse à
Montréal, au Québec. Peut-être qu'après dix ans nous
pourrons faire ça. Même maintenant je peux donner cette
information. Le Patriarcat Oecuménique nous a dit que dans trois ans
nous aurons un diocèse ici au Canada qui sera directement sous la
juridiction du Patriarcat Oecuménique et pas de
l'archevêché des Amériques du Nord et du Sud. Mais, si vous
adoptez cette loi privée ici pour la communauté hellénique
de Montréal, je peux vous dire que ce ne sera pas possible pour
l'autorité ecclésiastique de fonctionner. Nous ne respectons pas
Nous avons une façon selon laquelle nous pouvons changer tout
ça. Je vous ai dit ce matin que moi-même je veux que cette loi
privée soit changée. Mais nous devons suivre, je pense, les
canons et les règlements ecclésiastiques de l'Eglise grecque
orthodoxe. Comment est-ce que nous pouvons vivre ici si on ne suit pas les
règles et les canons de l'Eglise grecque orthodoxe? C'est tout.
M. Joron: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre. Il y a
également M. le président de la communauté. D'accord, M.
Papachristou.
M. Papachristou: M. le Président, je voudrais bien
demander s'il y a eu un projet du docteur Moutra au cours des années
soixante-dix et si cela a été promis par l'évêque
qui est présent ici. Dans ce temps-là, il ne l'était pas
encore. Quelle était sa position après, c'est-à-dire
est-ce sa propre initiative ou si c'est la mienne de créer les paroisses
et les églises afin de donner plus de pouvoirs d'élec-
tion aux conseils des églises? Je comprends que c'est dans ce
sens et on ne change rien, sauf la demande d'avoir ces pouvoirs
d'établir une paroisse. Ce n'est pas nous, c'est la communauté
et, quand on dit la communauté, on revient à l'article 4c),
où on parle du patriarcat et de l'autorité
déléguée. Cela a été
l'archevêché à New York et maintenant c'est
l'évêché à Toronto et peut-être, plus tard, un
diocèse ici, à Montréal. Il aura toujours ces pouvoirs, ce
côté religieux. On ne fait rien, on ne fait pas de mal.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Joron: M. le Président, je voudrais revenir à la
question qui est à l'origine de ce mini-débat, qui était
celle du député de Montmagny-L'Islet qui s'interrogeait sur cette
possibilité. On dit que "la communauté peut établir des
paroisses". Elle ne peut pas le faire n'importe comment parce qu'elle peut le
faire seulement, comme le dit l'article 4c), après avoir dit de
conserver et de perpétuer la foi, etc., "suivant la doctrine et la foi
proclamées et appliquées par l'Eglise grecque orthodoxe et selon
l'autorité ecclésiastique et les règles religieuses
désignées par ce patriarcat". Je veux savoir ceci de la part du
procureur. Si cela dit bien ce que je comprends, cela donne, bien sûr,
à la corporation le droit d'établir des paroisses comme cela se
fait, je pense je ne suis pas un spécialiste du droit
quand une paroisse catholique romaine est établie selon la Loi sur les
fabriques. Mais cela ne peut pas se faire n'importe comment. La loi ici dit que
cela doit se faire en suivant l'autorité ecclésiastique et les
règles religieuses désignées par le patriarcat de
Constantinople. Ce dont nous devons nous assurer, c'est qu'il y ait
effectivement cette interrelation entre ces deux articles, mais ce n'est pas
à nous, si vous me passez l'expression, d'excommunier à l'avance
la corporation qui aurait érigé des paroisses contrairement aux
règles de l'Eglise grecque orthodoxe. C'est comme cela que je le
comprends.
M. Denis: Exactement. De la même façon que, si un
groupe de marguilliers ici voulaient faire une paroisse catholique, s'ils n'ont
pas l'approbation de la hiérarchie catholique, il n'y en aura pas ou ce
serait schismatique, cela n'aurait rien à voir avec l'Eglise catholique.
C'est la même chose. Je pense que le ministre a très bien
compris.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Monseigneur l'archevêque n'est pas d'accord avec
les propos du ministre. Je voudrais savoir sur quel point.
Le Président (M. Bordeleau): Très rapidement,
monseigneur, si vous voulez répondre.
M. Sotirios: Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Bordeleau): II s'agirait plutôt de
répondre à ce que le ministre a posé comme interrogation
ou de corriger son interprétation.
M. Sotirios: Es-ce que nous pouvons ajouter dans cet article que
les paroisses suivront toujours les règlements et les canons du
diocèse du Canada? Si le représentant de la communauté
pense que c'est correct, pourquoi ne pouvons-nous pas ajouter dans ce projet de
loi privé cette phrase, parce que, autrement, comment pourrons-nous
travailler?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Joron: La question ne s'adresse pas au législateur,
mais au requérant. Pourquoi le requérant n'a-t-il pas voulu
inclure cela dans sa loi? C'est comme s'il y avait deux requérants
à la fois, mais il n'y en a qu'un devant nous. La question de
monseigneur est peut-être bien fondée, ce n'est pas à moi
de le juger. Tout ce que je constate, c'est que le requérant ne me l'a
pas demandé. S'il veut nous dire pourquoi...
M. Denis: Cela fait cinq ans qu'on corrige ce texte-là. Si
on le corrige encore, il faudra retourner en assemblée. Il est
évident que nous sommes d'accord avec l'esprit de ce que monseigneur
vient de dire, mes clients aussi, mais pourquoi est-ce qu'on ne nous l'a pas
dit avant? On ne savait même pas qu'il venait aujourd'hui. Je
répète que le débat ne se fait pas au bon endroit.
M. Joron: Cela m'apparaît évident.
M. Denis: C'est dans cet esprit-là qu'on a fait le projet
de loi.
Le Président (M. Bordeieau): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je peux vous laisser plus de temps pour le
compléter.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant. M. le
député de Bellechasse, en vous adressant à la
présidence, si vous voulez, parce que je vais vous perdre. Vous avez
d'autres questions sur le même article, sur l'article 6?
M. Goulet: Non, mais là, c'est parce qu'on a
discuté longtemps du paragraphe 4), M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, on est revenu à
4) à l'occasion, mais...
M. Goulet: La dernière intervention...
Le Président (M. Bordeleau):... je vous souligne que 4) a
déjà été adopté tantôt. Il peut y
avoir un lien entre les deux, mais...
M. Goulet: Non, mais, compte tenu de ce que M. le ministre vient
de dire, est-il possible que, justement, les directives venant du
diocèse et les directives venant du patriarcat ou de Constantinople ne
soient pas les mêmes? Parce que, justement, comme M. le ministre a dit:
Si on en revient à une autre religion, on se sert d'exemples, la Loi sur
les fabriques, j'imagine que les directives du diocèse devaient
être à peu près dans le même sens que les directives
de Rome. Est-ce qu'il arrive souvent ou est-ce qu'il se peut que les directives
du diocèse de New York ou de l'archidiocèse ne soient pas les
mêmes que les directives de Constantinople? Est-ce possible? Est-ce pour
cela que vous ne l'avez pas mis là-dedans? Ou la façon
d'interpréter les directives que vous autres vous puissiez dire...
M. Papachristou: M. le député de Bellechasse. Le
Président (M. Bordeleau): M. le président.
M. Papachristou: Ce n'est plus la hiérarchie, c'est le
patriarcat, c'est l'autorité déléguée de New York,
c'est l'autorité déléguée de Toronto. Alors, cela
va en descendant. Il n'y a pas d'autonomie et on ne peut pas faire ce que l'on
veut.
M. Godin: Parce que Dieu est indivisible, M. le
député de Bellechasse.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va pour
l'article 6)?
M. Joron: En tout cas, on va prendre du temps pour se rendre au
ciel, comme on est parti là.
M. Goulet: Non, mais j'ai formulé une question, M. le
Président à monseigneur...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais il y a eu une
réponse.
M. Goulet: Non, ce n'est pas à lui que je posais la
question, c'était à monseigneur, ici.
Le Président (M. Bordeleau): Ah bon. Alors, là, il
faudrait identifier comme il faut les personnes, moi, j'ai compris...
M. Goulet: Bien, je vais essayer d'apprendre les noms par coeur,
M. le Président. C'est assez difficile, vous ne m'en voudrez pas. Voici,
face à vous, M. le Président, le deuxième à votre
gauche.
M. Sotirios: Est-ce ainsi que les paroisses sont toujours
organisées selon le canon, les règles et les règlements de
l'Eglise? Je peux vous assurer que le canon, les règles et les
règlements de l'Eglise orthodoxe sont les mêmes au niveau du
Patriarcat Oecuménique, au niveau des archevêchés des
Amériques du Nord et du Sud et au niveau du diocèse du Canada.
Mais à cet article-ci, c'est rendre seulement un respect
académique à l'autorité du Patriarcat Oecuménique.
Si nous voulons être honnêtes, et je pense que nous tous le
voulons, ce n'est pas difficile d'adopter la phrase disant que les paroisses
sont organisées et administrées pas les autres affaires de
la communauté, je comprends cela selon les canons, les
règles et les règlements du diocèse.
M. Denis: C'est écrit cela.
M. Sotirios: Non, ce n'est pas écrit.
M. Bey: Justement, ce n'est pas écrit.
M. Denis: Monseigneur vient de dire que le droit canon est le
même pour le Patriarcat Oecuménique de Constantinople que celui
des Amériques du Nord et du Sud à New York, celui de Toronto et
le diocèse de Montréal qui est en formation. Si c'est le
même et si, dans nos articles de loi, on dit qu'on respecte le Patriarcat
Oecuménique, je pense que deux égalités égalent
à une même troisième sont égales entre elles. C'est
un vieux principe de droit. Alors, je ne vois pas pourquoi on ne le
respecterait pas.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va pour
vous, M. le député de Bellechasse?
M. Goulet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous m'avez demandé la parole tantôt. Si vous
la voulez toujours...
M. Giasson: C'était un complément d'information que
j'aurais aimé...
Le Président (M. Bordeleau): Que vous avez eu entre-temps,
non?
M. Giasson: Mais, si vous me le permettez, je vais poser la
question.
Le Président (M. Bordeleau): Allez-y.
M. Giasson: En matinée, lorsque vous nous aviez dit qu'il
y avait eu un vote de pris et que, sur une proposition d'amendement
déposée par Toronto, l'évêque du diocèse, ici
au Canada, le résultat du vote avait été tout un bloc sur
un côté, zéro de l'autre côté. Quelles
étaient ces propositions, ces amendements déposés?
M. Denis: Ce n'est pas devant moi.
M. Bey: J'ai les copies ici, si vous voulez les lire.
M. Giasson: En résumé.
M. Bey: En résumé, tout ce qu'on disait, c'est que
ce qui est civil demeure civil et ce qui est ecclésiastique demeure
ecclésiastique. On voulait faire le partage entre toutes les autres
institutions qu'ils veulent avoir, soit les écoles, les institutions
d'enseignement, les services sociaux, tout cela. Nous voulions que ce
soit sous le régime de la communauté et que les paroisses
demeurent toujours sous la juridiction et sous l'autorité de
l'archevêché de New York et, maintenant, le diocèse de
Toronto du Canada. C'est simplement cela qu'on voulait. (16 h 15)
M. Giasson: C'était votre demande et tous les Grecs
présents, tous les membres de la communauté ont dit non à
votre demande.
M. Bey: Je dois vous dire que, d'après les explications
données de vive voix par M. le président, ici, personne n'a bien
compris de quoi il s'agissait.
Des Voix: Ah!
M. Bey: Ecoutez, c'est bien simple! Il prétend que le vote
a été pris à 20 heures, mais à l'assemblée,
c'était le dernier point à l'ordre du jour, l'assemblée
s'est terminée à 2 h 30 le matin. Alors, il y avait certainement
autre chose à discuter. Mais c'est parce qu'il y avait un cheminement
qui a commencé, qui s'est déroulé et, après cela,
on ne savait pas où on allait. C'est exactement cela qui est
arrivé à cette assemblée.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va, M le
député?
M. Bey: Tout ce qu'on veut, effectivement, c'est, quand on parle
de paroisses, qu'on puisse avoir une clause qui dise que c'est sous
l'autorité du diocèse du Canada. Je ne pense pas que ce soit
quelque chose contre ce que le ministre veut faire, pour avoir quelque chose de
rentable, qui peut être...
Ecoutez, nous allons quitter cette salle. Après cela, nous allons
retourner à Montréal. Nous essayons de gérer quatre
églises, une école et je ne sais combien d'autres institutions et
services que nous avons là-bas. Alors, au moins, donnez-nous ce qu'on
demande ici, afin de pouvoir avoir les autorités.
M. Joron: Encore une fois...
M. Bey: On vous dit simplement que cela ne peut pas marcher. Le
projet de loi qui a été préparé, malheureusement, a
été préparé sans avoir, sans tenir compte de toute
l'organisation grecque orthodoxe.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, vous avez
répondu, je pense, à la question du député de
Montmagny-L' Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'aurais une autre
question.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Giasson: Est-il possible de penser qu'à assez
brève échéance le patriarcat de Constantinople
décide d'ériger un diocèse ou un archidio-cèse, peu
importe le terme, ici à Montréal?
M. Bey: En trois ans.
M. Parachristou: L'an dernier, l'archevêque était
ici à Montréal et on était en train même d'avoir
cette institution. Il y avait seulement la question de financement au montant
de $50 000, parce qu'on n'était pas prêt à ce moment, on
l'a suspendu. Maintenant, il y a des projets ou des promesses, en tout cas, de
faire quelque chose dans les années qui viennent.
En ce qui concerne l'autre point de vue, on demande des pouvoirs, ce qui
veut dire l'isolation, la division, parce que, lorsqu'on parle de
règlement, ce n'est plus le patriarcat et la religion, c'est le
règlement administratif, c'est-à-dire la gestion,
l'administration, pas seulement de l'église, parce qu'ici on n'a pas une
paroisse, on a une communauté et cela depuis 1926 et par la suite. Donc,
on ne peut pas parler de paroisse à Montréal. C'est une
communauté qui a des églises et on parle maintenant de
créer des paroisses. Donc, si on crée des paroisses, on sera en
mesure, l'église à ce chapitre, de voir ce qui va régler
la vie interne. Mais si on dit, dès le début et en
général, vous avez les règlements uniformes, alors c'est
le prêtre qui est le président de ce conseil, c'est le
prêtre qui aura l'argent, c'est le prêtre qui peut en disposer.
Quelle communauté civile, avec quoi... On n'a pas de pouvoir financier,
économique...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, est-ce que
vous voulez ajouter quelque chose?
M. Joron: Non, M. le Président. Il n'y a pas d'autre
question.
Est-ce que l'article 6 sera adopté?
M. Giasson: Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Le nouvel article 6, tel qu'amendé, sur division.
Article 7? Adopté. Article 8?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 9?
M. Giasson: Pourquoi $25 000 000, au lieu d'un autre chiffre?
Cela aurait pu être $20 000 000 ou $50 000 000.
Le Président (M. Bordeleau): On peut peut-être poser
la première question au président.
M. Parachristou: C'est plus proche de la
réalité.
M. Denis: On a commencé avec $150 000, c'est passé
à $3 000 000 au dernier amendement,
en 1955 ou 1959, et c'est plus près de la réalité,
étant donné que le coût des immeubles augmente. C'est le
"boom" de...
M. Giasson: Si vous aviez mis $50 000 000, ça n'aurait pas
eu de conséquence.
M. Denis: On avait demandé $50 000 000, mais les
conseillers juridiques nous ont rappelés à quelque chose de plus
modeste.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 9 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 10,
adopté?
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
11?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article
12?
M. Giasson: M. le Président, à l'article 12: "Le
conseil d'administration de la communauté établit un bureau
consultatif", quel est l'objectif réel recherché derrière
tout cela?
M. Parachristou: Si vous me le permettez, on avait un bureau de
gouverneur avec un pouvoir décisionnel concernant les immeubles, les
hypothèques, les prêts, etc., les choses les plus importantes dans
la vie de la communauté. Donc, on a pensé qu'il serait sage,
avant que l'assemblée, sans aucune opinion d'expert, décide quoi
que ce soit, de créer un bureau consultatif.
M. Giasson: Ces décisions rendues par le bureau
consultatif devront être absolument acceptées et
entérinées par le conseil d'administration. Ce sera
obligatoire.
M. Denis: C'est l'assemblée générale.
M. Parachristou: L'assemblée a l'obligation d'attendre un
délai raisonnable et, s'il n'y a aucune réaction, elle peut
poursuivre son but, mais elle aura à attendre l'opinion. S'il s'agit
d'une opinion sage d'un bureau de quinze personnes établies dans des
universités, dans des professions ou des métiers d'origine
grecque à Montréal, pourquoi les autres doivent-ils
déroger à cette opinion qui doit être raisonnable? On le
tient pour acquis.
M. Godin: Le bureau consultatif, M. Parachristou...
M. Parachristou: Le bureau consultatif, oui.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Cela va.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 12 est-il
adopté? Adopté. L'article 13?
M. Joron: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Joron: ... il y a un amendement à l'article 13; il
s'agit de le remplacer par le suivant: "Aucun règlement visant à
demander la modification de l'affiliation de la communauté avec le
Patriarcat Oecuménique de Constantinople n'est valide à moins
qu'un avis de convocation à cet effet n'ait été
dûment donné aux membres de la communauté et à moins
que ce règlement ne soit adopté par 90% des membres
présents à une assemblée générale
spéciale à laquelle il y a quorum."
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je voudrais savoir du procureur pourquoi 90%.
M. Denis: Les membres de la communauté grecque avaient
demandé 100%, ils voulaient que ce soit unanime et on a
suggéré au contentieux les deux tiers; à
l'assemblée générale, les membres ont insisté pour
obtenir 90%.
M. Laplante: Dans quel esprit avez-vous...
M. Denis: On voudrait qu'une décision comme
celle-là soit presque unanime; 90%, cela équivaut à
l'unanimité parce que la communauté se tient et elle veut
continuer à se tenir ainsi. Vous avez vu les votes, d'ailleurs, presque
à zéro.
M. Laplante: D'accord, merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Le nouvel article 13
sera-t-il adopté?
M. Giasson: II s'agit bien de 90% des membres
présents.
M. Laplante: Avec convocation aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Le nouvel article 13 est
adopté. L'article 14? M. le ministre.
M. Joron: Je voudrais proposer également que l'article 14
soit remplacé par le suivant, qui se lirait ainsi: "Au cas de
dissolution de la communauté approuvée par les deux tiers des
membres présents à une assemblée générale
spéciale convoquée à cette fin et à laquelle il y a
quorum, ses biens, après paiement de ses dettes et exécution de
ses obligations, sont transférés en fiducie à un
comité de trois fiduciaires, l'un désigné par le
Patriarcat Oecuménique de Constantinople et les deux autres par une
assemblée générale spéciale de la communauté
convoquée aux fins de cette dissolution. Ce comité doit
transporter ces biens à une institution au service de personnes
d'origine grecque dans la région de Montréal et poursuivant des
fins similaires à celles de la communauté."
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? L'article 14 est-il
adopté?
M. Giasson: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Le nouvel article 14,
adopté. Article 15?
M. Joron: M. le Président, je voudrais proposer en
amendement que l'article 15 soit remplacé par le suivant qui se lirait
ainsi: "La communauté doit, chaque fois qu'elle en est requise, remettre
au ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières un état détaillé de ses immeubles, une
copie de ses règlements et les noms de ses officiers", au lieu d'en
faire une obligation annuelle comme c'était dans le projet de loi tel
que rédigé.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 15 sera
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article
16?
M. Joron: Article 16, je proposerais un amendement, de remplacer
l'article 16 par le suivant: La Loi concernant la communauté canadienne,
(1958-1959) chapitre 174, est abrogée.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, l'article 16 sera
adopté?
M. Giasson: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Joron: Peut-être que je pourrais lire l'amendement
à l'article 17 qui suit.
M. Giasson: Oui, quelle est l'idée d'avoir modifié
l'article 16 tel qu'il avait été présenté dans le
projet de loi?
M. Joron: On rajoute un article. L'article 17, qui est toujours
le dernier article, deviendrait l'article 18. Le nouvel article 17 se lirait
ainsi: "La présente loi remplace les articles 2 à 7, 9, 11
à 18 du chapitre 99 des lois de 1926". Alors, ce que vous retrouvez
à l'article 16 serait dans l'article 17 et le nouvel article 16 serait
celui que j'ai lu précédemment.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le nouvel article 16
adopté?
M. Joron: L'article 16 tel qu'amendé. Je
répète que l'article 17 tel qu'on le lit dans l'actuel projet de
loi serait remplacé par le suivant: "La présente loi remplace les
articles 2 à 7, 9, 11 à 18 du chapitre 99 des lois de 1926". Cela
deviendrait l'article 17.
Le Président (M. Bordeleau): Le nouvel article 17
adopté tel qu'amendé.
M. Joron: C'est que finalement l'article 17 devient l'article
18.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, le nouvel article 18
adopté.
M. Joron: M. le Président, puis-je, à la fin de ces
travaux...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, M. le ministre,
je voudrais d'abord adopter le titre et le numéro. Le projet no 231, Loi
concernant la communauté hellénique de Montréal, sera
adopté tel qu'amendé?
M. Giasson: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division. Alors,
adopté tel qu'amendé sur division. Oui, M. le ministre, pour un
commentaire final.
M. Joron: Je voulais dire que si parfois nos discussions ont pu
peut-être, pour certains non-initiés, paraître byzantines
c'est le cas de le dire je pense qu'elles étaient
néanmoins importantes. Je voudrais tout simplement dire que si, à
un moment, lorsqu'on discutait de l'article 4, et quant au rôle du
diocèse du Canada dans cette loi, je pense que le fait de n'avoir
mentionné que le Patriarcat Oecuménique de Constantinople est
peut-être, en somme, prudent parce que, si nous avions inclus dans
l'actuelle loi la mention du diocèse du Canada, qui nous dit que dans
l'avenir Constantinople n'aurait pas, par exemple, décidé de
modifier la composition des diocèses en Amérique du Nord? Si on
l'avait mis dans la loi, on aurait été obligé de l'amender
à nouveau. En prenant le plus large, il me semble que ça contient
le plus étroit ou en prenant le plus grand, ça contient le plus
petit.
Si, au cours des discussions, il apparaissait des risques de division ou
de confrontation, je pense que dans les faits ça ne devrait pas se
produire. De toute façon, j'estime que nous avons rempli notre
rôle de législateurs qui était de répondre à
la demande d'un requérant en s'assu-rant, évidemment, que cette
demande était conforme à la volonté du requérant et
conforme aux pouvoirs de cette assemblée. Je pense que, remplissant ces
deux critères, nous avons fait notre devoir, mais je veux que toutes les
parties pré-
sentes ici sachent très bien que nous n'avons pas voulu par
là nous substituer à qui que ce soit dans les affaires internes
de l'Eglise grecque orthodoxe.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mercier.
M. Godin: ... en terminant, je voudrais remercier nos
collègues de l'Opposition qui ont fait leur devoir, ainsi que nos
invités, les porte-parole de l'archevêque Yakoros et
l'évêque Sotirios et les porte-parole de la communauté
hellénique de Montréal. Depuis le temps qu'ils attendent, ils
sont patients autant que nous, mais tout vient à point à qui sait
attendre. Je voudrais remercier aussi mes collègues de ce
côté-ci de l'assemblée qui ont fait leur travail aussi. Je
souhaite que, malgré les inquiétudes manifestées par mon
ami l'évêque Sotirios, il n'y ait aucune raison de
s'inquiéter quant à l'avenir de la communauté
hellénique de Montréal et surtout à sa
fidélité aux principes sacrés de l'Eglise orthodoxe de
Constantinople.
Je consentirais à vous poser une question, ce qui vous
permettrait peut-être de conclure, M. l'évêque Sotirios.
Brièvement, quelle conclusion tirez-vous de l'adoption de cette loi?
M. Sotirios: M. le Président, je pense que ce projet de
loi privé a été adopté sans prendre en
considération les canons et les règlements de l'Eglise grecque
orthodoxe parce que nous avons une façon de procéder selon que
nous changeons les lois de l'Eglise et les lois de nos paroisses. Que ce projet
de loi ait été adopté par le gouvernement du Québec
suite à une demande de la communauté hellénique de
Montréal qui représente plus de 30 000 personnes dont seulement
555 ont voté pour, je crois cela odieux. Je pense que, même avec
cette difficulté, l'Eglise va survivre et que nous allons travailler
ensemble.
Je vais toujours travailler avec la communauté hellénique
de Montréal avec l'amour de Dieu, mais les problèmes seront plus
difficiles dès maintenant suite à l'adoption de ce projet de loi
privé. Encore une fois, je pense que Dieu est grand et bon, et nous
allons survivre.
M. Godin: En vertu du même principe, le président de
la communauté hellénique qui attend cette loi avec impatience
depuis des lunes et des lunes.
Le Président (M. Bordeleau): M. le président.
M. Papachristou: Merci beaucoup à vous tous et, à
cette occasion, je dis une fois de plus que les problèmes, même
les plus difficiles sont pour les hommes, soit le clergé ou les
laïcs; nous sommes ici pour les résoudre et la communauté
des laïcs sera aux côtés de l'Eglise si l'Eglise reste comme
elle est et poursuit ses buts. Merci encore une fois. Efharisto poly.
Le Président (M. Bordeleau): Je remercie les membres de la
commission pour leurs travaux. Je demanderai au rapporteur de la commission de
faire rapport à l'Assemblée nationale. Cette commission ajourne
ses travaux sine die.
Fin de la séance à 16 h 35