Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
jeudi 23 mars 2023
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Vol. 47 N° 5
Mandat d’initiative portant sur les révélations de violence lors des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d’autres sports
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Intervenants par tranches d'heure
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Dionne, Amélie
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Asselin, Mario
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Asselin, Mario
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Dionne, Amélie
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Émond, Jean-Bernard
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Rivest, Mathieu
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Ciccone, Enrico
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Marissal, Vincent
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Dionne, Amélie
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Poulin, Samuel
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Émond, Jean-Bernard
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Rivest, Mathieu
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Ciccone, Enrico
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Ciccone, Enrico
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Dionne, Amélie
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Marissal, Vincent
14 h 30 (version révisée)
(Quatorze heures quarante-sept minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie aujourd'hui afin
de poursuivre les consultations particulières et des auditions publiques dans
le cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de violence lors
des initiations dans le milieu du hockey junior et la possible situation dans d'autres
sports.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: ...
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
nous entendrons cet après-midi Sport'Aide ainsi que M. Richard Létourneau,
qui est président du conseil d'administration des Saguenéens de Chicoutimi et
président de l'assemblée des membres de la LHJMQ.
Donc, je souhaite la bienvenue pour
commencer à Sport'Aide, représenté par M. Denis Servais, président, et M. Sylvain
Croteau, directeur général.
Donc, messieurs, je vous rappelle que vous
avez 10 minutes pour vous présenter. Donc, suite à cela, nous procéderons
à la période d'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous invite
à débuter votre exposé et nous faire part de votre présentation.
M. Servais (Denis) : Merci
beaucoup. Bonjour. Denis Servais, impliqué dans le monde du loisir, du sport et
de la vie communautaire depuis la fin des années 70, ou à titre de
professionnel à la ville de Québec, ou bénévole dans plusieurs organisations
sportives, accompagné de Sylvain Croteau, directeur général de Sport'Aide.
Merci beaucoup de nous donner la possibilité de nous exprimer dans cette
commission.
Actif depuis 2017, Sport'Aide a pour
mission d'assurer un leadership pour des environnements sportifs sains,
sécuritaires et harmonieux pour les sportifs du Québec ainsi que les parties
prenantes impliquées dans le sport, et ce, tant au niveau élite que récréatif.
Sport'Aide offre donc des services d'accompagnement, d'écoute et d'orientation
aux divers acteurs du monde sportif et aux victimes et aux témoins de tout type
de violence.
En parallèle, Sport'Aide fournit des
services-conseils aux différentes organisations relevant des milieux sportifs,
scolaires, municipaux et de loisir liées à la communauté sportive. Sport'Aide voit
donc au développement et à l'implantation et à l'optimisation d'outils, tels
que des politiques, des procédures, des codes, en plus d'activités d'éducation et
de sensibilisation.
Cela dit, pour le sujet qui nous
interpelle aujourd'hui et depuis quelques semaines, soit les initiations
sportives abusives, nous aimerions d'abord souligner que ces dernières sont
loin d'être l'apanage du hockey junior. Il s'agit d'un phénomène se retrouvant
dans l'ensemble des sports, qu'ils soient collectifs ou individuels. Une étude
nationale aux États-Unis rapportait d'ailleurs que 80 % des athlètes
collégiaux, tous sports et sexes confondus, avaient vécu des comportements
abusifs lors d'initiations.
Nous encourageons ainsi la présente
commission à considérer que ces pratiques ne sont pas seulement
caractéristiques de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, mais bien du
sport dans son entier.
• (14 h 50) •
Maintenant, au risque de mentionner une
évidence, nous déplorons naturellement les initiations abusives en contexte
sportif. Il s'agit d'activités humiliantes, dégradantes, abusives et/ou
dangereuses, qu'elles soient de nature sexuelle ou autre, qui brisent les
règles du consentement et qui ne contribuent d'aucune façon au développement
positif de l'athlète. Au contraire, ces activités ont plutôt de graves
conséquences sur le plan psychologique et social. Nous parlons ici notamment de
sentiment d'humiliation, de perte de confiance en soi et envers les autres, de
difficultés relationnelles, d'exclusion, de trouble du stress post-traumatique,
d'anxiété et de dépression. Ce genre de conséquences pourraient même perdurer
jusqu'à 36 ans après les événements.
Si ces conséquences sont si dommageables,
c'est probablement que les initiations abusives se manifestent entre les pairs.
La particularité de la violence entre les pairs est le fait qu'elle est répétée
et constante au lieu d'être sporadique. De cette manière, les conséquences de
cette violence s'ancrent dans la structure psychologique des victimes et y
laissent une marque quasi indélébile.
Pour appuyer ces propos, voici un premier
extrait d'un témoignage que nous vous partageons avec l'accord de la personne
concernée : «J'ai pratiqué plusieurs sports, mais le hockey a été celui
dans lequel j'excellais et sur lequel mes <parents...
M. Servais (Denis) :
«J'ai
pratiqué plusieurs sports, mais le hockey a été celui dans lequel j'excellais
et sur lequel mes >parents ont beaucoup investi. C'est connu et reconnu
depuis longtemps que le sport et la violence sont intimement liés, mais la
violence la plus destructrice et traumatisante est celle que j'ai subie, non
d'un entraîneur ou d'un adversaire mais de mes propres coéquipiers.»
M. Croteau (Sylvain) : Pour
ceux et celles qui seraient tentés de justifier les initiations abusives à leurs
soi-disant bénéfices sur le plan sportif, la recherche montre au contraire
qu'elles diminuent la cohésion d'équipe plutôt que de la favoriser, sans
oublier que la violence vécue, entre autres lors de ces activités, limite la
performance et pousse vers l'abandon sportif.
Quant à nous, chez Sport'Aide, les
témoignages que nous recevons pointent d'ailleurs en ce sens, et voici un
second extrait du témoignage de la personne citée précédemment :
«Finalement, je comprends aujourd'hui que cette saison cauchemardesque est
l'une des raisons pourquoi j'ai refusé par la suite toutes les invitations
reçues pour les camps de sélection d'équipes de la LHJMQ. Il n'était pas
question de revivre ce harcèlement, cette humiliation et cette peur déjà vécus.»
Cette citation souligne aussi une
composante importante des initiations abusives, soit l'omerta les entourant.
Cette omerta est fondée en partie sur le fait qu'il est difficile pour
l'athlète de comprendre et de réaliser les conséquences des initiations
abusives vécues. Ces conséquences variées proviennent d'actions, de
comportements et de paroles banalisées par les athlètes et par les adultes
responsables.
Une statistique frappante sur le sujet
rapporte que 12 % des athlètes disent avoir vécu une initiation abusive,
alors que 80 % décrivent avoir vécu, pendant leurs initiations, des
comportements pouvant être classés comme abusifs. La discrépance entre ces deux
statistiques s'explique notamment par la banalisation des comportements abusifs
lors des initiations en contexte sportif. De plus, il y a, bien sûr, la peur du
rejet et celle d'être perçu comme une personne faible, casseuse de party, un
«stool», nos plus jeunes diraient une «snitch», voire un traître par ses
coéquipiers et ses entraîneurs.
Pour ces raisons, 95 % des personnes
qui vivent une initiation abusive ne la signaleront pas. C'est seulement après
avoir quitté le milieu sportif que les athlètes réalisent ce qu'ils ont vécu, les
impacts que cela a engendrés sur eux et que certains trouveront alors la force
de briser le silence.
Devant ce triste constat, que faire? Il
pourrait être tentant de vouloir adopter une politique tolérance zéro en
interdisant simplement les initiations. Sport'Aide estime toutefois que cette
approche implique deux grandes limites. D'abord, elle ne fait pas la
distinction entre une initiation positive et une initiation abusive. La
première, respectant la dignité et l'intégrité des participants, peut avoir des
effets positifs sur la cohésion, le bien-être et les performances en se
centrant autour d'activités de «team building» favorisant notamment la sécurité
psychologique.
Par exemple, ces activités pourraient
prévoir d'accomplir du travail communautaire ou de participer à des activités
bénévoles en équipe, de planifier des activités sociales ludiques où l'on
favorise l'échange, la coopération, l'esprit d'équipe et le leadership, même
d'associer un vétéran comme mentor d'une recrue afin de l'accompagner dans son
développement sportif mais aussi dans son développement personnel. Vous
conviendrez qu'il serait contre-productif d'interdire ce genre d'initiation qui
pourrait être grandement bénéfique.
Ensuite, si les initiations abusives
doivent être sanctionnées, la recherche dans le milieu scolaire montre depuis
longtemps que les approches tolérance zéro ne sont pas efficaces dans la
prévention des comportements abusifs. L'American Psychological Association et
le Barreau américain se sont d'ailleurs exprimés contre ce genre d'approche,
déplorant leur inefficacité. La logique est simple, ces méthodes ne sont qu'une
façon de se mettre la tête dans le sable, de se donner l'impression de faire
quelque chose et de se débarrasser du problème.
Pour avoir été jeunes nous-mêmes,
croyons-nous vraiment que les jeunes qui désirent faire des initiations
abusives ne trouveraient tout simplement pas une façon de la faire autrement?
Il faut plutôt travailler en prévention, en responsabilisation pour changer la
culture nocive, qui a aussi... il faut le rappeler, est au cœur des événements
récents chez Hockey Canada impliquant une histoire de viol collectif et la
protection des accusés. Au même titre que la violence conjugale, il est
maintenant temps de briser cette chaîne de violence qui se transmet de
génération en génération.
Dans ce sens, revenons au contexte du
hockey junior et au nouveau commissaire de la LHJMQ qui, heureusement, dans ses
plus récentes apparitions médiatiques, a notamment parlé de mandat de société
et d'un changement de mentalité. Sport'Aide siégeant elle-même sur le comité
indépendant d'aide aux joueurs de la ligue depuis quelques années, il va sans
dire que nous souhaitons que ces bonnes intentions se traduiront en actions
concrètes.
Concernant des actions concrètes, nous
proposons d'adopter une vision comparable à celle qui nous guide chez Sport'Aide
depuis nos débuts, soit une approche globale, positive, durable et responsable.
Celle-ci nous a d'ailleurs permis de créer différentes initiatives prévenant
l'intimidation, favorisant la cohésion et le leadership positif, encourageant
l'inclusion des diversités en contexte sportif. Ces initiatives sont reconnues
par de nombreuses organisations et tendent à être reproduites à <l'international...
M. Croteau (Sylvain) :
Ces
initiatives sont reconnues par de nombreuses organisations et tendent à être
reproduites à >l'international.
Donc, pour les quatre éléments, le premier,
«globale», au sens qu'un changement social de cet ordre demande un engagement
de tous les acteurs des milieux fédérés et non fédérés, récréatifs et
compétitifs, ainsi que de différents ministères, l'Éducation et le Sport, mais
la Justice, la Sécurité publique, la Santé et les Services sociaux, la
Condition féminine et la Famille. Tous ces acteurs doivent travailler ensemble
et pour le bien-être de notre communauté sportive.
Le deuxième élément de notre approche, «positive»,
au sens qu'il est nécessaire de sanctionner les comportements abusifs, mais
qu'il est primordial de miser sur la prévention et l'encadrement. Cela comprend
notamment de se doter de politiques et de procédures claires, appliquées et
efficaces, de répondre de manière optimale aux réalités du milieu ainsi qu'aux
plaintes formulées, de gérer les écarts de conduite à l'aide de sanctions
éducatives et réparatrices, de viser le développement des habiletés de vie et
le bien-être général des sportifs, bref, miser sur l'éducation et la formation
de l'ensemble des acteurs du milieu.
Troisième élément, «durable», puisqu'une
culture ne se change pas en claquant des doigts. Pour ce faire, il est
essentiel que les milieux actuellement fortement mobilisés soient davantage
supportés en ressources humaines et financières. Il ne faut donc pas penser
révolutionner le monde avec... excusez, avec une activité de sensibilisation
ponctuelle simplement pour cocher des cases. Il faut plutôt que la panoplie
d'actions entreprises s'ancrent dans le quotidien de nos sportifs pour réellement
changer les choses. Il faut aussi faire preuve de patience puisque les effets
escomptés peuvent prendre des années avant de se manifester, comme le rappelle
d'ailleurs un proverbe chinois repris chez nous par le cinéaste et écrivain
québécois Pierre Falardeau : Le bœuf est lent, mais la terre est
patiente.
Quatrième élément, être...
La Présidente (Mme Dionne) : M. Croteau,
désolée, il vous reste 15 secondes.
M. Croteau (Sylvain) : Parfait.
Bien, en terminant, la relation étroite que nous entretenons avec le terrain...
bien, on est confiant face à ce désir de changement dans la communauté afin de
protéger cette population vulnérable. Pour opérer un réel changement, on fait
appel à l'effort collectif, à des actions concrètes et pérennes ainsi qu'à
l'audace et notre volonté réelle de changer les choses, allant même jusqu'à
revoir...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci. On doit malheureusement s'arrêter là, et je vais devoir céder
la... on... c'est très... le temps est très important, dans ces commissions-là.
Alors, je vais céder la parole, du côté du gouvernement, au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, à moins que vous ayez autre chose à ajouter, je ne veux
pas... trop sec, là, allez-y, là.
M. Croteau (Sylvain) : Vous
êtes vraiment gentil de me laisser ce 10 secondes, parce qu'il est
important.
M. Asselin : Oui, allez-y, allez-y.
M. Croteau (Sylvain) : Donc,
nous, on fait appel à l'effort collectif, des actions concrètes et pérennes
ainsi qu'à l'audace et notre volonté réelle de changer les choses, allant même
jusqu'à revoir l'efficacité des mécanismes actuels, dont la politique de
l'intégrité. La partie est peut-être commencée, elle est loin d'être terminée.
Mais je vais vous laisser sur cette question : Quel héritage voulons-nous
laisser?
M. Asselin : Effectivement,
c'est au centre de nos discussions, puis on a, dans cette deuxième vague
d'audiences, entendu quand même des choses intéressantes. Je vous remercie, M. Croteau
et M. Servais, de venir alimenter nos réflexions. Sport'Aide est un
intervenant qui est quand même jeune dans cet écosystème-là, mais déjà on voit
que vous voulez apporter des choses positives, puis je vous remercie. Je vous
félicite de votre travail, d'ailleurs, c'est intéressant de voir où vous vous
en allez.
Jusqu'à quel point est-ce que la présente
ambiance contribue à recueillir des témoignages, à briser le mur des silences?
Est-ce que vous avez quelques données que vous pouvez nous fournir qui
expliquent, disons, ce qui se passe, là, sur le terrain, là?
M. Croteau (Sylvain) : Merci
pour la question, M. le député. Pour y répondre plus précisément, pour ce qui
est des initiations, et ça illustre l'omerta qui entoure le phénomène des
initiations, nous, à chaque année, on reçoit quelques cas, quelques
informations de gens qui nous appellent sur des initiations.
M. Asselin : ...
• (15 heures) •
M. Croteau (Sylvain) : Ça
varie d'une année à l'autre, et évidemment que, dans la médiatisation récente,
bien, il y a des gens qui nous ont contactés, qui nous ont écrit, qui nous ont
partagé le commentaire...
M. Asselin : On parle de
deux, trois, ou 10, ou plus que cinquante?
M. Croteau (Sylvain) : C'est
moins d'une dizaine à chaque année.
M. Asselin : OK. Parfait.
M. Croteau (Sylvain) : Mais
c'est quand même trop, d'une part, et, d'autre part, bien, ça illustre le
fameux phénomène de l'omerta. Étant très présents sur le terrain, on entend, on
voit, on nous dit des choses et on sait très bien qu'il y a des choses qui ne
nous sont pas dites, justement parce que les gens ont peur de représailles, ont
des craintes.
Et le témoignage qui vous a été lu l'illustre
parfaitement, cette situation-là, la personne a plus de 50 ans et elle a
vraiment insisté sur l'anonymat de son témoignage. Elle acceptait de le
partager, mais elle a fortement insisté sur l'anonymat : crainte de
représailles, peur. Alors, ça, c'est un phénomène, là, qui... Et, quand on fait
référence aux 36 ans de conséquences qui suivent un individu qui a subi de
l'intimidation...
15 h (version révisée)
M. Croteau (Sylvain) : ...alors,
ça, c'est un phénomène, là, qui... Et, quand on fait référence aux 36 ans
de conséquences qui suivent un individu qui a subi de l'intimidation, c'est une
étude qui a été menée auprès d'adolescents, d'adolescentes, et les conséquences,
là, sont graves, là. C'est des idées suicidaires, des gens passent à l'acte, c'est
des symptômes post-traumatiques, c'est la dépression, c'est des troubles
alimentaires, c'est de la violence conjugale. Alors, c'est vraiment important
de prendre conscience de ça et de poser les gestes pour éduquer,
responsabiliser, prévenir et contrer.
M. Asselin : On a entendu, je
pense, le témoignage de M. Bernard, hier, qu'il y avait peut-être moyen de
profiter de l'opportunité qu'on vit actuellement pour essayer de baliser
positivement les initiations. Quels seraient les critères que vous pensez qu'on
devrait recommander, là, pour que l'utilisation ou, en tout cas, la
systématisation des initiations reste dans des balises constructives?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
moi, je pense qu'il faut faire appel à la responsabilisation puis à l'éducation.
Puis, dans cet esprit-là, bien, on pourrait penser, par exemple, que les
équipes ont un cadre de référence avec des suggestions d'activités acceptables
et d'autres qui ne le sont pas. Et, en lien avec ça, autour du leadership,
bien, se doter de valeurs pour notre groupe, notre équipe et s'assurer que les
activités que l'on va proposer en cours d'année... que ce soit initiations, ou
autres, que ces activités répondent aux valeurs que nous avons déterminées en
groupe.
Puis, bien, j'ajouterais aussi que ce
serait peut-être important de penser à avoir un ou des individus responsables
de ces activités, et, lorsqu'on aura déterminé des activités, bien, qu'on vienne
les valider avec l'intervenant, avec le coach pour s'assurer que tout ça répond
aux valeurs. Et, dans les cas où une activité ne répondrait pas aux valeurs,
bien là, je pense qu'il faudrait... on pourrait penser qu'il y a des sanctions
qui sont rattachées aux dérives.
M. Asselin : Oui. Je vais
laisser la parole à mes collègues, mais jusqu'à quel point est-ce que vous
croyez réellement à l'opportunité? Est-ce qu'il y a un climat qui va faire en
sorte qu'on peut espérer quelque chose de positif qui ressorte de la période qu'on
vit?
M. Croteau (Sylvain) : Oui,
bien, l'avertissement que nous avons mentionné à la fin de notre exposé :
il ne faut pas souhaiter de changement immédiat. C'est des changements de
société, c'est un changement de culture, c'est quelque chose qui est ancré dans
les pratiques. Et, quand on relit les témoignages qui ont été rapportés par M.
Leclerc, il y a quelques semaines, on s'aperçoit qu'il y a des gens en position
d'autorité qui ont eux-mêmes participé. Alors, ce que ça illustre, c'est que
ces gens-là l'ont probablement déjà subi et qu'ils adhèrent à ces pratiques.
Alors, il ne faut pas espérer des changements du jour au lendemain. C'est pour
ça qu'il faut faire appel à l'éducation, non pas à la répression, mais à l'éducation,
la responsabilisation et l'accompagnement.
M. Asselin : Il a été
abondamment question de ça dans nos audiences, et puis je vous garantis que
tout le monde ici cherche les meilleures solutions puis veut des
recommandations les plus musclées possibles, parce que tout le monde est ému
par ce qui se passe actuellement. Je vous remercie de votre témoignage et je
laisse la parole à mes collègues.
M. Croteau (Sylvain) : Merci
à vous.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Richelieu.
M. Émond : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. Servais, M. Croteau, merci de votre passage
pour éclairer, ajouter votre voix afin d'éclairer la lanterne des membres de la
commission. C'est apprécié.
Vous avez indiqué tantôt que les initiations
peuvent avoir des effets positifs, là. Vous n'êtes pas de ceux qui pensent qu'une
abolition pure et simple... plutôt que d'être bénéfique, ce serait plutôt
catastrophique. Parce que, vous avez raison, puis le collègue de Beauce-Sud l'a
déjà mentionné, interdire systématiquement les initiations, elles vont se
produire dans des endroits non contrôlés, avec un dérapage peut-être même
accéléré, bon.
Toutefois, dites-moi... puis vous en avez
un peu parlé avec mon collègue, là, voilà quelques secondes, mais il y a un
intervenant hier qui nous disait... qui faisait la proposition d'encadrer le
processus des initiations en balisant ce qui est permis, ce qui ne l'est pas.
Vous l'avez un peu mentionné. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée de l'intervenant
précédent, qui, lui, dit qu'il devrait y avoir un... Le comité organisateur,
souvent, c'est des vétérans, hein, ou des membres de l'équipe qui ont plus d'ancienneté,
ils devraient soumettre un plan précis de l'initiation à l'entraîneur, entre
autres, ou à une personne responsable de l'organisation pour validation afin de
voir si le processus initiatique cadre ou pas dans les valeurs de l'organisation.
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
nous sommes tout à fait d'accord, et c'est une des recommandations que l'on
fait. Bien, c'est l'explication que je donnais sur l'encadrement. Il ne faut
pas non plus que ce soit strict à l'extrême, mais il faut donner des balises,
et on doit les déterminer ensemble. Puis il y a une occasion là de travailler
sur la responsabilisation d'un groupe sur le leadership. Puis, comme
intervenants sportifs, on a un rôle éducatif avec nos jeunes. Alors, c'est une
fenêtre qui est ouverte pour nos <intervenants...
M. Croteau (Sylvain) :
...sur
le leadership. Puis, comme intervenants sportifs, on a un rôle éducatif avec
nos jeunes. Alors, c'est une fenêtre qui est ouverte pour nos >intervenants,
pour accompagner ces sportifs-là dans leur éducation. Parce que les qualités
humaines, les habiletés de vie qu'ils développent dans la pratique sportive, si
elles sont développées d'une manière positive, elles vont être incarnées
ailleurs, dans d'autres sphères de la vie de ces jeunes-là, puis ça va les
accompagner plus tard dans leur futur. Puis tantôt, quand on a fait référence à
ce qui est arrivé avec Hockey Canada, ce qui a fait les manchettes, bien, nos
jeunes garçons d'aujourd'hui, là, si on les accompagne maintenant dans
l'éducation, dans le respect, sur les habiletés de vie, il y a fort à parier
qu'on vient de diminuer le facteur de risque avec ces jeunes-là.
M. Émond : Je comprends très
bien. Dites-moi, vous avez remis en cause, en fin de témoignage, l'efficacité
du système actuel ou les mesures qui sont en place actuellement. Qu'est-ce que
vous avez à nous dire concernant... Parce que je veux... puis je ne veux pas
parler que de, mais il faut quand même aborder la Ligue de hockey junior majeur
du Québec. Lors de son passage en février dernier, le commissaire sortant nous
parlait du système de gestion des plaintes à l'interne. Et, comme membres de la
commission, là, on a été beaucoup à trouver un processus qui n'est peut-être
pas suffisamment convenable ou indépendant, puisque c'est... les plaintes sont
reçues directement par la directrice des services aux joueurs de la ligue.
Qu'est-ce que vous pensez de cet encadrement-là?
M. Croteau (Sylvain) : Je
vais être très transparent, et ce que je vais dire là, moi, je l'ai partagé à
la responsable puis à l'ancien commissaire. Je ne doute pas du tout du
professionnalisme de la personne qui s'occupe de ce service-là. Elle est
certainement très compétente, j'en suis assuré. Sauf qu'il faut se placer dans
la peau d'une victime trois minutes pour se demander s'il est facile, pour une
victime, de prendre le téléphone, de contacter quelqu'un pour demander de
l'aide, qui est une employée payée par la ligue. Encore une fois, je ne doute
pas de sa compétence, bien au contraire, je la connais personnellement,
Mme Llorens est extrêmement compétente, mais, quand je me mets dans la
peau d'une victime, c'est difficile de demander de l'aide. Chez nous, même, on
reçoit des gens qui nous appellent, qui nous contactent et qui nous le disent,
c'est difficile. Puis la deuxième question, c'est : Allez-vous contacter
mon club, mon entraîneur, mes parents? Il y a cette crainte, il y a cette peur
de ne pas être crue, crainte de représailles. Alors, pour un jeune, une jeune,
de contacter quelqu'un qui est employé par la ligue, ce n'est pas facile, ça.
M. Émond : Dans un contexte
comme ça, la peur d'être stigmatisé peut alimenter la culture du silence, hein,
plutôt que de... OK.
M. Croteau (Sylvain) : Absolument,
absolument. Ça prend vraiment un organisme indépendant pour recevoir les
signalements, les témoignages des gens qui ont ce besoin d'aide pour leur
offrir cette quiétude.
M. Émond : Juste avant de
passer la parole aux collègues pour la suite, le témoignage que vous avez
évoqué dans votre présentation s'ajoute aux témoignages troublants dont les
membres de la commission ont été témoins. Et vous avez cité, là, et je m'excuse
d'avoir manqué les... plusieurs statistiques intéressantes. Pouvez-vous me
donner un petit peu plus de détails, là? Vous parlez que 95 % des gens qui
ont signalé des abus lors des initiations ont indiqué ne pas avoir la volonté
de dénoncer.
M. Croteau (Sylvain) : Et la
preuve en est, là, le témoignage, et ces personnes-là qui nous... qui nous
contactent à l'âge de 50 ans et plus, bien, les gens ont peur. Les gens
ont peur parce que c'est peut-être signe de leur temps de jeu, c'est peut-être
leur place sur l'équipe, et c'est aussi surtout la crainte, la relation de
pouvoir vis-à-vis les pairs, les coéquipiers qui sont dans le vestiaire. Alors,
on ne veut pas être vu comme celui qui va semer le trouble, celui qui va... sur
qui on peut avoir des doutes. Alors, bien, on se rallie au groupe puis on
accepte, parce qu'on voit les autres accepter aussi. Puis on est dans une
dynamique où, bien, c'est comme ça depuis des années, c'est accepté, c'est
banalisé.
M. Émond : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Côte-du-Sud, il vous reste environ quatre minutes de temps de
parole.
• (15 h 10) •
M. Rivest : Merci à tous les
deux, M. Croteau, M. Servais. Pouvez-vous me dresser un petit
tableau, là, plus de chiffres ou de données en lien avec le pourcentage des
autres sports, le pourcentage relié au hockey et peut-être même le pourcentage
relié directement à la ligue, que vous pouvez recevoir comme appels?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
d'abord, de la ligue, on ne reçoit rien parce qu'ils ont un programme d'aide.
Quant au... et la question, je l'apprécie, quant à la proportion des sports.
J'ai entendu, dans les derniers jours, je ne me souviens pas qui, mettre
beaucoup l'emphase sur le fait que c'était normal que ce soit au hockey. Ce qui
est normal, c'est que... Que ce soient des initiations, ou tout type de
violence, on est au Québec, c'est normal, la force du nombre va aller vers le
hockey davantage que vers l'escrime. Il y a pas mal plus de joueurs puis de
joueuses de hockey, mais, si on était au Brésil, c'est sûr qu'il y aurait moins
de cas de hockey aussi. Ça fait qu'il faut prendre ça en compte, là. Moi,
j'entends ça souvent, les gens qui dépeignent le... puis je ne défends pas le
monde du hockey, ils peuvent se défendre eux-mêmes, là, mais il reste qu'il
faut être réaliste, c'est sûr que la force du nombre fait qu'il y aura plus de
cas au Québec en hockey, en soccer, en basketball, en <baseball...
M. Croteau (Sylvain) :
...qu'il
faut être réaliste, c'est sûr que la force du nombre fait qu'il y aura plus de
cas au Québec en hockey, en soccer, en basketball, en >baseball, c'est
nos quatre sports les plus pratiqués.
M. Rivest : Mais, si on
faisait une règle de trois bien simple, d'après vous, est-ce qu'on serait quand
même...
M. Croteau (Sylvain) : Il n'y
a pas de sports qui sont épargnés.
M. Rivest : D'accord.
M. Croteau (Sylvain) : Il n'y
en a pas, de sports qui sont épargnés par les... la violence en contexte
sportif.
M. Rivest : Est-ce que des
gens, des jeunes qui sont à la Ligue junior majeur pourraient faire appel...
appel à Sport'Aide, actuellement?
M. Croteau (Sylvain) : Absolument,
ils pourraient le faire. Et d'ailleurs le programme d'aide nous mentionne comme
un des services à leur disposition.
M. Rivest : Est-ce que vous
pensez que le fait de vivre la commission, actuellement, de se rassembler,
d'avoir eu tous ces éléments, bien qu'on sait que ça fait quand même plusieurs
années, là, qu'il se passe des éléments... Je vous dirais, est-ce que... est-ce
que vous pensez qu'on est en train de vivre un moment bascule en lien avec les
responsables, même en lien avec la ligue, de savoir qu'il y a quelque chose qui
se passe actuellement qui va nous mener à peut-être enrayer la problématique?
M. Croteau (Sylvain) : Absolument.
Puis,nous, depuis que nous existons... bon, ça fait seulement cinq ans, mais on
sent le changement. Nous le sentons déjà. Et moi, à chaque fois que nous avons
une opportunité d'en parler, bien que ce soit relié à des éléments, à des
événements négatifs, moi, je vois ça quand même comme une opportunité de faire
de l'éducation, de la sensibilisation. C'est très triste, ce que les victimes
vivent, mais, si ça nous donne une occasion d'en parler pour que les pratiques
changent, mais aussi pour faire réaliser à des personnes qui vivent des choses
que ce qu'ils vivent, finalement, aïe! ce n'est pas normal... La personne qui
nous a contactés, là, il nous a contactés au lendemain des révélations en
réalisant que ce qu'il avait vécu, il y a longtemps, bien, finalement, non, ce
n'est pas acceptable. Alors, c'est triste, les événements qui marquent
l'actualité, mais moi, je le vois comme une opportunité de faire de l'éducation
puis de sensibiliser les gens à la responsabilité qu'ils ont, l'imputabilité qui
repose sur nous tous de prendre les bonnes décisions et d'être proactifs.
Le Québec est vu comme un exemple à
l'étranger. Il n'y a rien qui est parfait sur ce que nous avons lancé au cours
des dernières années, mais le Québec est vu comme un exemple. Il faut demeurer
en avant, il ne faudrait pas se faire rattraper, ce serait très dommage.
M. Rivest : Je vous dirais, à
titre d'opportunité, je vous en offre une à titre de directeur et à titre de
président, je vous offre une baguette magique, et on vous donne tous les moyens
financiers nécessaires pour votre développement à vous, Sport'Aide. Vous faites
quoi, comme nouveau mandat?
M. Croteau (Sylvain) : Parfait.
Bien, moi, je mettrais sur pied un programme qui a fait ses preuves à
l'étranger, et nous allons l'avoir en projet pilote, grâce à une collaboration
avec le Canadien de Montréal et Hockey Québec, qui a été annoncé il y a
quelques semaines, un laboratoire où on va venir outiller le terrain. On va
avoir des gens sur le terrain, rémunérés, dont ce sera la responsabilité
unique, et non la tâche 28 comme bénévole, des gens qui auront été formés, qui
seront encadrés et qui seront accompagnés dans un programme d'éducation, de
sensibilisation, pour les rendre outillés pour être capables d'implanter,
développer, maintenir des environnements sportifs sains et sécuritaires dans
leurs organisations.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
complet, M. le député?
M. Rivest : Il reste quelques
secondes.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
une vingtaine de secondes.
M. Rivest : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
cède maintenant la parole à M. le député de Marquette, porte-parole de
l'opposition officielle.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente, M. Servais, M. Croteau,
bonjour, merci beaucoup d'être là aujourd'hui. Vous n'êtes pas sans savoir que
c'est un sujet qui m'interpelle énormément. J'ai été moi aussi... Vous parliez
d'un homme de 50 ans qui vous avait appelés, tu sais, je veux dire,
aujourd'hui, moi, ça fait cinq, six semaines, là, que je suis retourné à 17,
16, 17, quand je suis arrivé là. Puis, par la suite... puis là tu te dis :
Que c'est qui est arrivé? Puis c'est pour ça que, lors de la première séance,
on a eu vraiment une discussion, parce qu'on se disait : On ne peut pas
arrêter la commission, on ne peut pas arrêter la commission, parce que, si moi,
je me sens comme ça aujourd'hui puis je veux comprendre, parce que je veux être
capable de recommander, émettre un rapport exhaustif à la commission, bien, il
faut que ce soit payant, là.
Puis il y a une chose que je vais vous
remercier, c'est de l'amener plus large, également, parce que je me tue à le
dire, parce qu'on a tous des témoignages, là, puis ce n'est pas juste le hockey,
là. Parce que c'est notre sport national ici, on l'aime, puis, moi, c'est... c'est
ce que j'aime le plus au monde, le hockey. Pour moi, c'est le plus beau sport
au monde, puis là on utilise des mots comme «toxique», «harcèlement», «violent».
Écoutez, ça me fait mal, ça fait mal à mon sport, puis moi, je n'aime pas ça,
entendre ça, mais est-ce qu'on pourrait commencer par justement changer les
mots et utiliser les vrais mots? Parce que, tantôt, là, on parle d'initiation,
mais on peut-tu laisser le mot «initiation» de côté? Parce que, quand je
regarde la définition d'«initiation», là, dans Le petit Larousse, là, on
parle d'«action révélée ou de recevoir la connaissance de certaines pratiques».
Synonymes : apprentissage, découverte, formation, action de donner les
premiers... mon Dieu, j'ai perdu ma page, action de donner les premiers
rudiments d'une discipline, action, d'initier une réaction, un processus
physique ou chimique, cérémonie qui fait accéder un individu à un nouveau
groupe d'appartenance défini par le partage d'un savoir commun. Est-ce qu'on
peut commencer par <utiliser...
M. Ciccone :
...cérémonie qui fait accéder un individu à un
nouveau groupe d'appartenance défini par le partage d'un savoir commun. Est-ce
qu'on peut commencer par >utiliser le vrai mot, qui est le bizutage?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
le bizutage est relié à des initiations à caractère négatif.
M. Ciccone :Oui.
M. Croteau (Sylvain) : Mais
les initiations, le mot demeure le bon s'il est utilisé correctement. Le
bizutage fait directement référence à des initiations qui dérapent, des
initiations abusives. C'est une catégorie d'initiations.
M. Ciccone :Parce qu'on dirait toujours que... Parce qu'il y a des gens
comme vous, qui sont venus ici avant vous, puis ils ont dit : Bien, non,
les initiations, il ne faut pas les éliminer, là, parce que les initiations, ça
peut être bon, ça peut être...
M. Croteau (Sylvain) : ...
M. Ciccone :Tu sais, ça fait que c'est juste que je me dis : Bien,
si on veut commencer à changer les choses... Parce que, là, ce qu'on parle...
on parle de harcèlement, on parle d'abus, mais, tu sais, ce n'est pas des... Pour
moi, je veux dire, c'est dans la catégorie de bizutage, ça, là. Je comprends
que c'est une sous-catégorie des initiations, mais je voulais juste vous entendre
là- dessus.
Tantôt, vous avez parlé que des joueurs...
n'importe qui peut vous appeler. Quand on dit «n'importe qui», c'est-tu des
jeunes, c'est-tu des adultes? C'est-tu, par exemple quelqu'un qui fait
partie... Hier, on parlait, là, dans un club de Scrabble ou quelque chose
qui... Il faut-tu que ce soit fédéré? Il faut que ce soit vraiment un sport, ou
ça peut être...
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
depuis le mois d'octobre dernier, le secteur loisirs, plein air peut aussi
maintenant nous contacter.
M. Ciccone :OK
M. Croteau (Sylvain) : Et
quiconque est victime ou témoin... Donc, ça peut être un pratiquant, mais ça
peut être un coéquipier. Ça peut être un papa, une maman. Ça peut être un
grand-parent, qui sont de plus en plus présents dans la vie de nos jeunes, que
le petit-fils ou la petite-fille lui témoigne quelque chose. Ça peut être
quelqu'un qui, comme vous l'avez exprimé, a vécu des choses il y a 30 ans
puis qu'il a encore des conséquences de ça. Puis c'est arrivé qu'il nous
appelle parce qu'il a besoin d'en parler, parce qu'il est encore animé de cette
boule-là qui le mine. Ça peut être des entraîneurs, ça peut être des officiels,
ça peut être des bénévoles, des administrateurs de clubs, des gestionnaires,
donc, mais quiconque, n'importe qui peut nous appeler.
M. Ciccone :Quand on parle de génération en génération, quel est... Parce
que c'est là qu'il faut briser le cycle, là.
M. Croteau (Sylvain) : Oui.
M. Ciccone :Parce que, vous l'avez dit tantôt, ceux qui sont initiés,
bien, l'année d'après... Puis là on a vu, à un moment donné, que ça... ce qu'on
a lu dans l'article de Martin Leclerc, ça a dégénéré, là. C'est-à-dire ceux qui
ont été initiés sont revenus l'année d'après, oh! ils en ont fait un petit peu
plus. Là, c'est revenu, un petit peu plus, un petit peu plus, un petit plus,
puis là on parle de viol, là, puis d'abus sexuel, là. Ça fait que comment
est-ce qu'on fait pour arrêter ça? Parce que, même si on lance des recommandations,
une politique, un rapport, bien, comment est-ce qu'on fait pour arrêter ce
cycle-là?
Parce que moi, je lisais tantôt, dans
votre mémoire, des... puis là je vous cite, M. Croteau : «Des
initiations abusives...» Ça, c'est un article de La Presse, pardon, le
25 février : «Des initiations abusives, ça existe encore et ça ne
touche pas que le hockey — ça, vous l'avez dit — les
sports collectifs... ça ne touche pas que les sports, ça touche d'autres
sphères de la société.» Puis je vous cite, là, ça fait que ça arrive encore
aujourd'hui, là.
M. Croteau (Sylvain) : Ça
arrive encore, effectivement mais malheureusement, puis il faut y mettre un
terme, mais, je le répète, il ne faut pas espérer un changement du jour au
lendemain. Il faut vraiment faire appel à la responsabilisation, l'éducation.
Il faut outiller les intervenants, il faut les accompagner, puis ça commence en
bas âge, là. Et nous, chez Sport'Aide, là, on n'est pas meilleurs que d'autres,
mais de l'éducation avec des tout-petits, on en fait, on publie des bandes
dessinées. Il faut déjà s'adresser, parler aux plus jeunes pour les rendre
capables de reconnaître ce qui est acceptable ou non, de leur indiquer qu'il
n'est pas honteux de demander de l'aide, qu'il faut demander de l'aide puis qu'on
doit agir si on est témoin de quelque chose. Alors, c'est une éducation, un
accompagnement qui doit toucher l'ensemble des parties prenantes d'un
environnement, là.
• (15 h 20) •
M. Ciccone :On a parlé beaucoup de codes de vie. On a parlé beaucoup
de... Parce qu'on... ce qu'on entend des intervenants, souvent, des ligues, et
autres : Bien, on a un code de vie, on fait signer un code de vie. Les
parents vont signer des codes de bons comportements. On dirait qu'on veut
juste... On fait ça juste pour se... on fait ça juste pour se donner bonne
conscience, mais est-ce que ça fonctionne, ce genre de choses là?
M. Croteau (Sylvain) : ...il
n'y a pas d'outils en soi qui sont mauvais, mais un seul outil, ce n'est pas
suffisant. Construire une maison avec un marteau, ça ne fonctionne pas, ça prend
plusieurs outils. Puis là, bien, dans l'exemple que vous nous donnez, un code
de vie, un code de conduite, on en... on est pour ça, mais, si on se contente
de ça, on manque un paquet d'autres éléments. Puis, bon, bien, je vais me
répéter, mais l'éducation, ça fait partie de la sensibilisation. Il faut
outiller les organisations. Puis aussi il faut que nos administrateurs, nos
gestionnaires d'organisations sportives affichent un leadership et il faut
qu'ils le disent régulièrement, de différentes manières, que, pour eux,
l'expérience sportive de leurs jeunes est importante et qu'il n'y a pas de
passe-droit. Il faut que ce soit affiché partout, que ce soit dit
régulièrement, pour que... si quelqu'un dans un club, un petit Enrico ou une
petite Sylvie, vit quelque chose, bien, qu'il ait la sécurité psychologique, la
certitude qu'il va pouvoir aller voir M. le président, Mme la présidente ou le
responsable de l'éthique puis de l'intégrité dans son club pour lui <faire...
M. Croteau (Sylvain) :
...la
certitude qu'il va pouvoir aller voir M. le président, Mme la présidente ou le
responsable de l'éthique puis de l'intégrité dans son club pour lui >faire
part de ce qu'il vit, mais ça, c'est un ensemble de mesures. On a beau avoir un
code d'éthique pour cocher une case, ce n'est pas suffisant.
M. Ciccone :Quels sont vos pouvoirs? Vous entendez quelqu'un qui vous
appelle de façon anonyme, vous nous avez parlé d'un jeune homme qui vous a
appelé, il ne veut pas... Je ne sais pas s'il voulait se nommer ou il ne
voulait pas trop en dire. Est-ce que vous pouvez, vous... Quand c'est des
jeunes mineurs, j'imagine que vous appelez immédiatement la DPJ, vous faites un
signalement. Si c'est une personne majeure, quels sont vos pouvoirs là-dedans?
Êtes-vous capables d'appeler la police puis dire : Moi, je fais un
signalement parce que là... allez enquêter. Comment ça fonctionne?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
en fait, nous, d'abord, notre approche, c'est une approche psychosociale qui
permet... donc, qui est basée sur l' «empowerment» des gens. Donc, les
gens qui nous appellent, nous, on ne règle... on ne solutionne pas les
situations pour eux. On les écoute, on les accompagne. Et, partant de ce qu'ils
vivent, de leur besoin, de leur objectif, on les oriente vers les meilleures
solutions. Dans les cas les pires, un mineur qui vit de la violence sexuelle ou
physique, bien, on a tous l'obligation citoyenne de faire un signalement, et ça
touche Sport'Aide aussi. On va évidemment inciter la personne ou celle qui nous
fait part de cette information à le faire lui-même, parce que c'est un premier
pas vers la guérison, de pouvoir prendre action, mais il est arrivé, parfois,
que ce soit au-dessus des forces des gens de le faire. Alors, dans ce cas-là,
on va faire le signalement. Lorsque c'est une personne adulte qui vit de la
violence physique ou sexuelle, bien, c'est un peu la même chose. On va
l'inciter, on va lui faire voir les pistes de solution, mais, s'il devait
arriver que c'était au-dessus des forces de la personne de le faire, bien,
nous, on peut faire le signalement pour lui ou elle.
M. Ciccone :Quelqu'un appelle chez vous, il parle à qui? Il parle-tu à
un spécialiste dans le domaine? Il parle-tu à un psychologue? Il y a-tu un
suivi par la suite? Est-ce qu'il est entrepris? Est-ce que vous le... est-ce
que vous le... vous lui donnez toutes les ressources? Il y a un suivi jusqu'à
tant qu'il se sente bien, qu'il dise : OK, parfait, merci beaucoup des
services, comment ça fonctionne?
M. Croteau (Sylvain) : J'apprécie
beaucoup votre question, parce que ça va nous permettre, justement, de
présenter la manière, là, dont nous fonctionnons. Donc, les gens qui appellent
chez nous sont reçus par une équipe d'intervenants qui sont là en tout temps,
24/7, un service, là, qui est vraiment gratuit, confidentiel, bilingue, où on
écoute, accompagne, oriente. Et puis, là, j'oublie un élément de votre
question, je m'excuse. De quelle manière...
M. Ciccone :Oui, bien, pour le suivi par la suite.
M. Croteau (Sylvain) : Oui,
pour le suivi, parfait. Donc, oui, donc, chez nous, le bagage de notre équipe
est diversifié : psychologie, psychologie sportive, travail social,
criminologie, sexologie, mais, en dehors de notre équipe d'intervenants, nous,
on a tissé un réseau, un système de référencement qui fait en sorte que, sur
des problématiques plus pointues, on peut référer les gens qui nous contactent
vers des ressources externes. Donc, on a près de 400 organismes et intervenants
répertoriés sur le territoire québécois qui... sur des problématiques.
L'exemple que je donne toujours, quelqu'un qui a une problématique de trouble
alimentaire relié à sa pratique sportive, bien, nous, on n'a pas un spécialiste
en troubles alimentaires chez nous, on va donc référer la personne qui nous a
contactés vers les ressources appropriées.
M. Ciccone :J'ai pas mal posé cette question-là à tout le monde, parce
que, là, on a un mandat bien précis, puis on va remettre un rapport, là. Puis
là la commission, bien, tu sais, c'est culture et éducation, elle va passer sur
d'autres projets de loi puis elle va continuer, mais seriez-vous prêt... Parce
qu'on a entendu des intervenants dire : C'est bien beau donner des
recommandations, mais il faut toujours qu'il y ait un suivi, il faut qu'il y
ait une formation également. Seriez-vous d'accord à ce que, justement, à chaque
année, on rencontre... on réouvre la commission puis on rencontre certains
groupes pour voir... par exemple la Ligue de hockey junior majeur du Québec, à
venir nous parler, dire : Écoutez, vous avez mis des nouveaux programmes,
est-ce que vous suivez les recommandations?
Parce que c'est un peu notre rôle aussi
ici. Parce que, si on est ici aujourd'hui, là, ce n'est pas de gaieté de cœur,
là, c'est parce que, si, l'industrie, on s'est aperçu qu'il y a un problème
puis que les jeunes ne sont pas protégés à la pleine mesure, bien, c'est le
rôle du législateur de dire : Wo! Minute, on lève le drapeau puis on fait
quelque chose. Puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui tous ensemble. Seriez-vous
d'accord à ce que... pour un certain temps, là, pour s'assurer qu'il commence à
y avoir un changement de paradigme, un changement de philosophie, qu'on
rencontre annuellement certains groupes?
M. Croteau (Sylvain) : Sport'Aide
serait très favorable à ça, et ça rejoindrait la... une préoccupation
importante chez nous. C'est un sujet qui devrait être à l'agenda constamment,
parce que, les gens qui sont dans la pratique sportive, ça change rapidement.
Les gens suivent leurs enfants, puis, dans trois ans, les bénévoles qui sont là
aujourd'hui ne sont plus là. Alors, il faut répéter constamment, il faut
retaper sur le même clou. Alors, moi, je serais... Sport'Aide serait très
heureux que ce sujet-là soit à l'ordre du jour, pas seulement pour les trois
prochaines années, pour toujours. C'est... nos enfants qui font du sport, là,
c'est les adultes de demain, là. Et, si on veut que nos enfants d'aujourd'hui
fassent encore leur sport dans 30 ans... Tu sais, on se moque souvent des
ligues de bière, là, mais moi, je leur lève mon chapeau, parce que ça veut dire
que ces gens-là, ils aiment encore jouer au hockey, ils y sont encore. Alors,
la sécurité, l'intégrité et la protection de nos jeunes, là, c'est un sujet qui
devrait être à l'agenda pour <toujours...
M. Croteau (Sylvain) :
...ils
y sont encore. Alors, la sécurité, l'intégrité et la protection de nos jeunes,
là, c'est un sujet qui devrait être à l'agenda pour >toujours.
M. Ciccone :Merci beaucoup...
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste 10 secondes.
M. Ciccone :
10 secondes. Merci beaucoup, merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition.
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs d'être là. Merci pour le travail que vous faites.
Je vais y aller très, très rapidement, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
Pourriez-vous remettre à la commission, après votre passage ici, là, les
statistiques, là, combien de cas, combien vous traitez, dans la ventilation qui
est la vôtre, là? Parce que je n'ai pas le temps de le détailler avec vous ici
aujourd'hui. Avez-vous eu des cas récents qui vous ont appelés, qui vous ont
forcé... ou, en tout cas, qui vous ont forcé la main à appeler soit la DPJ,
soit la police?
M. Croteau (Sylvain) : Mon
Dieu! En fait, moi... il y a une séparation fonctionnelle entre mon rôle à moi
et les intervenants qui sont sur la ligne. Alors, dans les cas précis comme
ceux-là, probablement, je ne peux pas vous l'assurer avec certitude, mais fort
probablement, mais très honnêtement, je ne l'ai pas, l'information, parce que
ce n'est pas dans mon rôle de l'avoir.
M. Marissal : Est-ce que vous
pouvez faire la vérification...
M. Croteau (Sylvain) : Absolument,
oui, oui.
M. Marissal : ... et nous
revenir subséquemment, c'est le mot que je cherchais tantôt, auprès du
secrétariat de la commission qui recevra ça? Ça nous sera utile pour la suite,
de même que, si vous avez des recommandations, parce que je veux aller
ailleurs, là, mais, si vous avez des recommandations sur des changements qui
pourraient être apportés à votre fonctionnement, qui passent par l'Assemblée
nationale du Québec, donc par le législateur, vous seriez bien avisés puis vous
seriez bien servis, par vous-mêmes aussi, de nous le faire savoir. Ça pourrait
faire partie de nos recommandations.
Deux choses. Vous avez dit que vous
espérez que l'arrivée de M. Cecchini, en tout cas, nouveau commissaire, je ne
veux pas personnaliser, mais un nouveau commissaire à la LHJMQ vous permet, en
tout cas, d'espérer que ce sera positif. Ce n'était pas le cas avant, quoi?
M. Croteau (Sylvain) : J'ai
fait une distinction entre volonté et volonté réelle. Pour moi, c'est très
important.
M. Marissal : ...puis on a
tous bien compris que, là... mais qu'est-ce que....
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
une volonté.
M. Marissal : Qu'est-ce que
vous vivez, vous, à la LHJMQ, là, pour que vous ne trouviez pas ça réel comme
volonté?
M. Croteau (Sylvain) : Bien,
on a eu des discussions, au cours des trois dernières années, sur des actions à
mettre en place. Et, dans les dernières semaines, on a eu une rencontre de
notre comité, et moi, j'ai clairement indiqué que, s'il n'y avait pas des
gestes concrets qui étaient posés très bientôt, Sport'Aide allait se retirer du
comité.
M. Marissal : Carrément.
M. Croteau (Sylvain) : Absolument.
Et ça, pour nous, c'est très important. Puis, je le dis, je n'ai aucune gêne à
le dire, c'est la... les gens le savaient, et c'est pour ça que ça me réjouit
d'entendre les... les commentaires du nouveau commissaire.
M. Marissal : C'est bien
noté, on va garder ça en tête pour la suite. Dernier... dernier élément, là.
Entendez-moi bien, là, moi, je suis un petit gars né en 1966, j'ai grandi à
Granby, là. J'aime profondément le Canadien de Montréal. J'ai essayé de m'en
séparer, j'ai essayé de me sevrer. J'ai de la misère, mais j'ai un peu de...
j'ai un petit malaise d'ordre psychologique à vous voir vous associer
financièrement avec le Canadien de Montréal, en ce sens que le Canadien de Montréal
ne fait pas grand-chose pour mettre fin à la violence sur la glace. Le
capitaine récemment a dit : Non, non, non, il ne faut pas abolir. Puis,
Suzuki, ce n'est pas celui qui se bat le plus en partant, là. Le nouveau, là,
dont j'ignore le nom, là Xhekaj, ou je ne sais pas quoi, ça a l'air d'être le
nouveau Chris Nilan, là...
M. Croteau (Sylvain) : Xhekaj
M. Marissal : ...tout le
monde a l'air bien content qu'il se batte à toutes les parties. Je ne sais pas.
C'est une institution, là, sainte au Québec, mais, je ne sais pas, votre
association, avec cette organisation-là, c'est... j'ai l'impression qu'il se
donne une bonne conscience avec vous.
• (15 h 30) •
M. Croteau (Sylvain) : Non.
Je peux vous assurer que non. Et d'ailleurs, dès la première discussion que
nous avons eue ensemble, je leur ai... la réponse a été claire. Si le Canadien
de Montréal veut travailler avec Sport'Aide pour javelliser son image, vous
vous trompez d'adresse. Ça a été la réponse qu'ils ont eue, et on a travaillé
ensemble sur un programme d'accompagnement et d'éducation. Et on a débuté
dimanche dernier, on a rencontré 500 jeunes, leurs parents, leurs
entraîneurs puis on a travaillé avec eux sur les habiletés de vie. Alors, le
Canadien ne fait pas les choses pour les mauvaises raisons. Et, à L'époque, je
n'étais pas un partisan du Canadien, alors ce n'est pas le partisan qui parle.
M. Marissal : On ne vous
demandera pas pour qui, là, ça...
La Présidente (Mme Dionne) : Il
vous reste 14 secondes, M. le député.
M. Marissal : Je ne voudrais
pas vous mettre mal à l'aise. Bien, je vous remercie, en fait, il me reste
10 secondes pour vous remercier de votre passage.
M. Croteau (Sylvain) : Merci
à vous.
M. Marissal : Et puis on
attend vos documents ici avec impatience. Merci.
M. Croteau (Sylvain) : Parfait.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci pour les échanges et votre contribution à cette commission.
Pour l'instant, nous, on va suspendre les travaux quelques instants pour
accueillir notre deuxième groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
la commission reprend ses travaux.
Nous accueillons en deuxième groupe cet
après-midi M. Richard Létourneau, qui est président du conseil d'administration
des Saguenéens de Chicoutimi et aussi président de l'assemblée des membres de
la LHJMQ. Il sera accompagné aussi en visioconférence par Mme Joanne Leblanc,
conseillère pédagogique pour les Saguenéens de Chicoutimi.
Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes
pour vous présenter et nous faire votre exposé. Par la suite, nous procéderons
aux échanges avec les membres de la commission. À vous la parole.
M. Létourneau (Richard) : Merci.
Mme la Présidente de la commission, Mmes, MM. les députés, bonjour à tous. Je
suis heureux de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui dans le cadre du mandat d'initiative
qui vous occupe et qui s'intéresse à un enjeu de la plus grande importance pour
l'avenir du sport au Québec.
Comme vous le savez, j'ai le hockey junior
majeur tatoué sur le coeur et j'y suis fortement impliqué. Les différentes
fonctions que j'occupe m'amènent à avoir certaines perspectives différentes sur
la Ligue de hockey junior majeur du Québec que ce que j'ai parfois entendu dans
le cadre de vos travaux. Je profiterai donc des prochaines minutes pour vous
les exposer.
D'abord, je suis président des Saguenéens
de Chicoutimi. Dans ce cadre, je vous exposerai la réalité des équipes qui
constituent la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Ensuite, je préside également l'assemblée des membres.
Je reprendrai certains <éléments...
M. Létourneau (Richard) :
...la
Ligue de hockey junior majeur du Québec. Ensuite, je préside également
l'assemblée des membres.
Je reprendrai certains >éléments
entendus dans l'espace public au cours des derniers jours ou des dernières
semaines pour y apporter des nuances importantes.
Avant tout, j'aimerais vous dire que ma
plus grande fierté est de voir la transformation qui s'opère chez les quelque
400 joueurs qui constituent chaque année notre ligue. Ils y entrent à 16 ans,
les yeux pleins d'étoiles et des projets plein la tête, ils en ressortent à 20
ans, adultes. Si tous n'atteignent pas leur rêve de jouer dans la Ligue
nationale de hockey, notre objectif est qu'ils deviennent néanmoins des actifs
pour la société québécoise. Au-delà des victoires et des défaites, c'est ce qui
nous importe et c'est ce qui nous gouverne.
Imaginons un peu, Mme la Présidente, que
votre jeune de 15 ou 16 ans soit repêché par les Saguenéens de Chicoutimi.
Lorsqu'il descend de l'estrade et qu'il sera venu se vêtir du magnifique gilet
bleu des Saguenéens, il sera tout de suite reçu au kiosque de notre équipe.
Avec ses parents, il rencontre notre conseillère pédagogique, Mme Joanne
Leblanc, qui posera toutes les questions nécessaires pour déterminer
l'encadrement scolaire de votre jeune. Une fois rendu à Chicoutimi, la même
conseillère pédagogique le reverra chaque semaine pour son briefing scolaire.
Qu'il soit sur la route ou non, il saura exactement quelles sont les attentes
envers sa performance scolaire et à quoi s'en tenir. Si, malheureusement, ses
résultats ne sont pas au rendez-vous, l'équipe en sera tout de suite informée
par l'école, et nous pourrons lui offrir les ressources scolaires ou santé
mentale nécessaires à sa réussite. Mais encore nous l'outillerons, Mme la
Présidente. Il suivra des formations continues sur l'utilisation des réseaux
sociaux, sur les notions de consentement et de respect des autres. Il verra
défiler des policiers qui lui expliqueront comment se gouverner face à des
situations potentiellement dangereuses. En d'autres termes, le filet est, à
Chicoutimi comme pour les autres équipes, bien présent pour encadrer les
jeunes. Je ne vous dis pas que tout est parfait, il faut évoluer constamment.
Aucun milieu n'est exempt de comportements déplorables. Nous évoluons comme
vous et, lorsque nous devons resserrer les mailles du filet, nous le faisons.
Maintenant, Mme la Présidente, j'ai été
surpris d'entendre dans l'espace public ou dans le cadre des travaux de cette
commission que les équipes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec
généraient des profits importants pour leurs propriétaires. C'est, pour moi qui
préside l'assemblée des membres de la ligue et de mon équipe de manière
bénévole, une nouvelle, d'abord parce que cinq équipes sur 18 sont constituées
comme organismes à but non lucratif. Si nous excluons les équipes des
Maritimes, il reste 12 équipes pour le Québec. Nous savons tous qu'il y a deux
équipes qui sont détenues par une société publique, donc, pour les 10 équipes
restantes, cinq sont gérées par un organisme à but non lucratif.
Ensuite, comme un cas particulier comme le
nôtre, les Saguenéens de Chicoutimi, l'équipe est la propriété de ville
Saguenay. Cette dernière a délégué la gestion de l'équipe à une organisation à
but non lucratif, et c'est cette organisation que je préside. La recherche de
profits n'est donc pas l'objectif poursuivi par la ville en étant propriétaire
des Saguenéens. Par contre, pour une organisation comme la nôtre, d'être à but
non lucratif nous permet d'avoir accès à un marché de revenus et de commandites
plus diversifié.
• (15 h 40) •
Au-delà de tout ça, que les propriétaires
des équipes soient des entités privées ou publiques, c'est de bien mal les
connaître que de laisser sous-entendre qu'ils sont avides de profits. Plusieurs
marchés sont peu rentables. Certains propriétaires investissent des sommes
considérables seulement par passion pour le sport, pour redonner à leur
collectivité, sachant que leur équipe est une source de fierté locale.
L'autre élément qui m'a étonné, c'est
qu'on laisse sous-entendre que le commissaire de la Ligue de hockey junior
majeur du Québec, ou son bureau, manquerait d'indépendance face aux
propriétaires. Encore une fois, cette idée est très loin de la réalité. Les
pouvoirs du commissaire sont clairement établis par la constitution de la
ligue. L'assemblée des membres vote, c'est bien vrai, les orientations, mais il
revient au commissaire de voir à leur application et qu'elles soient en toutes
lettres respectées. Je peux m'exprimer au nom de mes confrères et consœurs
lorsque j'affirme que le commissaire par intérim et celui qui prendra ses
fonctions sous peu, MM. Lavallée et Cecchini, ont tout notre <appui...
M. Létourneau (Richard) :
...lorsque
j'affirme que le commissaire par intérim et celui qui prendra ses fonctions
sous peu, MM. Lavallée et Cecchini, ont tout notre >appui et jouiront de
tout l'espace requis pour jouer pleinement leur rôle.
D'ailleurs, Mme la Présidente, le
commissaire par intérim, M. Lavallée, a déclaré devant cette commission que des
allégations de comportements inappropriés et de nature sexuelle qui seraient
survenus dans les années 90 lui ont été acheminées en fin de semaine
dernière. Lorsqu'il en a pris connaissance, il a procédé à une cueillette
d'informations. Celle-ci l'a mené à déclencher une enquête indépendante. Cette
décision était la sienne et uniquement la sienne. Jamais il n'a eu à demander
la permission aux propriétaires ou au comité exécutif de la ligue pour
déclencher une telle enquête. Cela démontre toute son indépendance. Il a agi
comme il se doit dans de telles circonstances.
Personne ne gagne quand un joueur de la
Ligue de hockey junior majeur du Québec subit ou pose des actes dégradants :
ni la victime, ni ses parents, ni sa famille d'accueil, ni son équipe, ni son
entraîneur, ni son directeur général, ni son propriétaire et ni la ligue. Il
est alors de la responsabilité de l'ensemble de ceux que je viens de nommer, et
pas seulement du commissaire, de tout mettre en œuvre pour que de tels gestes
ne se produisent pas et que tous ceux qui se sont produits, que ce soit hier ou
il y a 30 ans, soient mis en lumière. Comme ligue, il est aussi de notre
responsabilité que les fautifs, qui qu'ils soient, soient punis. Je fais miens les
propos qui ont été tenus ici plus tôt cette semaine par MM. Lavallée et
Cecchini. Le message que nous envoyons est que c'est tolérance zéro pour les
comportements inappropriés et inacceptables.
À titre de président de l'assemblée des
membres de la ligue et à titre de président d'une équipe de hockey, je peux
vous assurer que je vais appuyer à 100 % le commissaire par intérim actuel
et notre futur commissaire dans la mise en place de tous les moyens nécessaires
qui feront en sorte que nos joueurs et tous les artisans de la Ligue de hockey
junior majeur du Québec puissent évoluer dans un environnement sain,
respectueux et exempt de violence de toutes sortes.
Je suis conscient de l'importance
qu'occupe le hockey dans la société québécoise. C'est notre sport national. Nos
joueurs sont des modèles, voire des héros pour plusieurs enfants au Québec.
Notre ligue se doit d'être exemplaire et d'évoluer au rythme de la société dans
laquelle elle est ancrée. Nous avons fait beaucoup de chemin au cours des
dernières années en ce sens, mais il en reste encore à faire. C'est pourquoi
nous travaillerons sans relâche pour que nous soyons à la hauteur des attentes
des Québécoises et des Québécois, pour que nous demeurions une source de
fierté.
Merci de m'avoir écouté. Je suis
maintenant prêt à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment pour cette présentation. Nous allons débuter les échanges
du côté du gouvernement avec le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, M. Létourneau. Bonjour, Mme Leblanc. M. Létourneau,
est-ce que vous avez recommandé le départ de Gilles Courteau?
M. Létourneau (Richard) : Non,
je n'ai pas recommandé le départ de M. Courteau.
M. Poulin : Comment
jugez-vous les derniers mois, les dernières années avec M. Courteau?
M. Létourneau (Richard) : Moi,
je suis... je suis... je représente les Saguenéens comme membre depuis... 2016.
J'ai toujours eu une très bonne communication avec M. Courteau. Je fais partie
du comité exécutif depuis 2018, président depuis 2020, et la communication et
ce que j'ai eu à faire comme entregent avec M. Courteau ont toujours été
exemplaires.
M. Poulin : Donc, le départ
de M. Courteau est vraiment sa décision à lui, ça n'a pas été à la suite d'une
pression des membres du conseil d'administration qui souhaitaient un changement
à l'intérieur de la ligue ou un changement de commissaire. Alors, vous, vous
auriez continué, là, avec M. Courteau, si je comprends bien?
M. Létourneau (Richard) : Je
peux vous dire que la décision provient de M. Courteau. Et, oui, nous aurions
continué encore avec M. Courteau.
M. Poulin : D'accord.
Pourquoi avoir fait le choix de M. Cecchini?
M. Létourneau (Richard) : M.
Cecchini... Bien, premièrement, comme vous savez, là, il y a eu un processus
qui a été mis... qui a été mis en place en début janvier, et nous avons eu sept
personnes qui ont été retenues pour une entrevue. Et M.
Cecchini s'est vraiment distingué... distingué par rapport aux autres, premièrement
parce que, pour lui, ce qui était important, c'était le joueur en <premier...
M. Létourneau (Richard) :
...Cecchini
s'est vraiment distingué... distingué par rapport aux autres, premièrement
parce que, pour lui, ce qui était important, c'était le joueur en >premier,
puis, pour nous, ça, c'était important. Puis, par la suite, bien, comme vous
connaissez M. Cecchini, bien, M. Cecchini a quand même une bonne expertise au
niveau de la commercialisation du sport puis il avait quand même une bonne
expertise aussi au niveau du sport de haut niveau.
M. Poulin : Vous croyez que
M. Cecchini est l'homme de la situation pour redorer le blason de la ligue?
M. Létourneau (Richard) : Je
crois et nous croyons que M. Cecchini est la personne qui va permettre à la
ligue de continuer son évolution et d'être à un autre niveau.
M. Poulin : On a... On est
évidemment ici pour parler, entre autres, là... parce qu'il y a plusieurs
éléments, mais tout ce qui concerne les initiations, et le bizutage, et
évidemment la pression qui peut avoir été mise sur des joueurs au cours des
dernières années. On a eu évidemment des allégations très troublantes, y
compris à l'intérieur de la Ligue de hockey junior majeur. Est-ce que vous, M.
Létourneau, vous avez un avis sur les initiations? Comment vous voyez ça?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, je vais vous parler par rapport aux Saguenéens de Chicoutimi. Comme je
vous disais, moi, je suis arrivé à Chicoutimi en 2016. Notre instructeur gérant
est là depuis 2015. Et, depuis que notre directeur-gérant instructeur est là,
les initiations sont interdites à l'intérieur des Saguenéens de Chicoutimi.
Pour nous, c'est drôlement important, parce qu'on s'est dit qu'il y avait une
autre façon à ce que les joueurs puissent faire connaissance ensemble puis
puissent s'intégrer. On préfère faire des activités d'intégration et non de...
Et, pour nous, c'est... c'est fondamental, c'est... au niveau des initiations,
c'est non.
M. Poulin : ...ces activités
d'intégration là?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je vais vous donner un exemple. Oh! il y a un écho, là. L'an... Pour cette
année, notre directeur-gérant instructeur a invité tous les joueurs à son
chalet pour faire une activité de volleyball de plage, avec un barbecue par la
suite, pour que les jeunes soient capables de s'intégrer puis de se sentir
vraiment inclus à l'intérieur de l'équipe.
M. Poulin : OK. Donc, une
activité davantage de sociabilisation, si je comprends.
M. Létourneau (Richard) : C'est
bien ça.
M. Poulin : Je terminerais,
avant de laisser la parole à mes collègues, là... On a eu bien des enjeux au
niveau des batailles, OK, au cours des dernières années. La ligue s'est enfin
conformée, mais, selon vous... ou, en tout cas, le souhaite, se conformer,
selon vous, est-ce que des batailles, ça donne un bon spectacle?
M. Létourneau (Richard) : Les
deux dernières fois que j'ai eu une mauvaise réaction, c'est quand j'ai vu des
bagarres au Centre Georges-Vézina. Pour moi, de voir un jeune de 16 ans être
aux prises pour se battre, pour moi, ce n'est pas... ça ne rentre pas dans mon
ADN.
M. Poulin : Avez-vous le
pouvoir, comme gouverneur, d'appeler... bien... oui, c'est ça, comme
gouverneur, d'appeler le commissaire et de lui dire : Là, ça n'a pas de
bon sens, les batailles, j'ai entendu parler d'initiations? Pouvez-vous
décrocher le téléphone puis mettre de la pression sur le commissaire? Parce que
vous nous parlez quand même qu'ils ont beaucoup de pouvoir, là, mais vous, vous
êtes... vous avez parlé un peu de finances tout à l'heure, mais, tout de même,
vous représentez des bailleurs de fonds, des gens... s'ils n'ont pas l'argent,
ils la trouvent pour pouvoir investir dans les équipes de hockey. Avez-vous le
pouvoir de les appeler puis de passer des commandes ou vous êtes des
spectateurs dans tout ça?
M. Létourneau (Richard) : Par
rapport au commissaire, vous dites?
M. Poulin : Oui, absolument,
sur les décisions de la ligue.
• (15 h 50) •
M. Létourneau (Richard) : Bien,
effectivement, le... quand on a à parler au commissaire, le commissaire est là.
Sauf que, pour ce qui est de l'exemple des bagarres ou d'un changement de
réglementation... Puis, effectivement, vous savez que, depuis le mois de
décembre... que l'assemblée des membres a voté... a voté l'interdiction des
bagarres. Pour faire le changement au niveau des règles de jeu, ça prend deux
tiers des membres qui votent en faveur. Donc, effectivement, oui, c'est vrai
qu'on peut faire des pressions, mais, si on est 11 sur 18 qui votent pour,
bien, ça ne passe pas. Mais, par contre, au mois de décembre, nous avons eu la
majorité qu'il fallait, et les bagarres maintenant sont interdites.
M. Poulin : D'accord. Je vous
remercie. Je vais céder la parole à mes collègues. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Richelieu.
M. Émond : Oui. Merci, Mme la
Présidente. M. Létourneau, bonjour, Mme Leblanc. Je vais faire un peu de pouce
sur les interventions précédentes de mon collègue. Vous avez dit que M. Cecchini
aura toute votre confiance. Est-ce que vous et les autres gouverneurs,
propriétaires allez laisser les coudées franches au nouveau commissaire qui va <bientôt...
M. Émond :
...Est-ce
que vous et les autres gouverneurs, propriétaires allez laisser les coudées
franches au nouveau commissaire qui va >bientôt arriver en poste pour
qu'il puisse, en toute indépendance, là, mettre fin aux dérives qu'on a
entendues? Parce qu'on a bien entendu, M. Létourneau, que... dans vos
commentaires, dans votre introduction, que vos collègues et vous êtes, en
quelque sorte, des philanthropes, là, mais il y a toujours bien quelqu'un qui
paie le salaire du commissaire. Donc, est-ce qu'il aura la possibilité d'agir
en toute indépendance pour mettre en place des mécanismes afin que les travaux
de la commission n'aient pas à se reproduire chaque année?
M. Létourneau (Richard) : Oui,
M. le commissaire va avoir tout mon support et le support des membres pour
qu'effectivement... qu'il soit capable de mettre en... sur pied ou en place la
différente réglementation pour qu'effectivement... que ce genre de choses là ne
se reproduise plus. Et, en plus, M. le député, à titre... à titre de membres, à
titre d'assemblée des membres, notre devoir de gouvernance va être de s'assurer
que les politiques qui vont être en place vont être suivies et de s'assurer que
ces politiques-là vont être suffisantes pour plus qu'il n'y ait ce genre de
gestes là.
M. Émond : Je vous entends
bien. Est-ce que vous entendez modifier le processus de plainte actuel au sein
de la ligue? Parce qu'il a été beaucoup question, là, de la non-transparence ou
d'une forme d'inefficacité, puisque les joueurs auraient tendance à cultiver la
culture du silence, puisque ça pourrait être intimidant de dénoncer à quelqu'un
qui est au sein même de l'organisation. Là, je ne remets pas en doute la
compétence de la dame qui s'occupe du processus actuellement, mais est-ce que
vous allez, encore une fois, laisser les coudées franches au prochain
commissaire pour une révision en profondeur du processus de plainte au sein de
votre ligue?
M. Létourneau (Richard) : Oui.
Je peux même vous dire qu'actuellement le processus est en fonction, et...
excusez, quand je dis qu'il est en fonction... on est en cours de le
développer. Le comité consultatif a déjà fait un rapport, et... un rapport
préliminaire, et on va s'organiser, pas tout faire en notre pouvoir, on va
s'organiser pour la prochaine saison, que le... qu'il va y avoir un processus
indépendant pour le dépôt de toute plainte provenant d'un joueur.
M. Émond : Bon, pendant que
vous allez mettre en place le processus indépendant, puis ça va venir vite,
hein, la prochaine saison, c'est à l'automne prochain, moi, je vous invite
peut-être à parler ou à écouter les travaux de la commission, puisque les gens
de la Santé publique nous ont interpelés à l'effet qu'ils désirent avoir un
processus de collecte de données standardisé. Alors, je vous invite à
collaborer avec eux dans ce sens-là.
Dites-moi, tantôt vous avez mentionné que
les initiations étaient interdites au sein des Saguenéens de Chicoutimi. Il y a
plus d'un intervenant qui nous ont dit que c'était une très mauvaise idée,
d'interdire de... les initiations, puisque... Vous ne pensez pas, M.
Létourneau, que... Votre activité de volleyball de plage, là, c'est gentil,
mais vous ne pensez pas que les joueurs ont pu, dans un contexte privé, caché,
secret, perpétuer de possibles processus d'initiation qui auraient pu... durant
lesquels il pourrait y avoir des dérives? Est-ce que vous avez eu... Là, vous
êtes en place depuis 2015-2016. Est-ce qu'il a été porté à votre attention des
dérives de ce genre, là, dans les dernières années?
M. Létourneau (Richard) : Aucune,
aucune, M. le député. Écoutez, c'est une... Maintenant, comme je vous dis,
depuis 2015... Vous savez qu'un joueur... Mettons qu'un joueur arrive à 16 ans,
le plus tard qu'il peut partir, c'est 20 ans, donc c'est... c'est cinq ans, OK?
Puis on a commencé ça en 2016 ou 2015, on est rendus en 2023, donc le cycle est
passé. Ça veut dire que, chez nous, tous les joueurs qui ont commencé à jouer
au hockey chez nous, OK, n'ont pas eu à subir ou à avoir à... à avoir la
problématique des initiations. Pour nous, notre contrôle, naturellement, part
des instructeurs, mais, en plus, les vétérans à l'intérieur de l'organisation,
nos leaders, que ça soit le capitaine, les assistants, sont là pour,
effectivement, voir à ce qu'il n'y ait pas d'initiation à l'intérieur du club.
M. Émond : Je comprends très
bien. Une dernière question, Mme la Présidente, avant de passer la parole à un
collègue. Dites-moi, est-ce que... Vous êtes en poste depuis 2015-2016, mais
vous avez quand même, assurément, mis le nez dans les livres. Est-ce qu'il y a
déjà eu des dédommagements financiers ou des ententes hors cour au sein des
Saguenéens, comme on a entendu auprès de ceux du... de Val-d'Or, par exemple?
M. Létourneau (Richard) : Non,
aucune.
M. Émond : De 2015 à
aujourd'hui, puis à votre connaissance, aucun dans les... dans les années <précédentes...
M. Émond :
...auprès
de ceux du... de
Val-d'Or, par exemple?
M. Létourneau (Richard) :
Non,
aucune.
M. Émond :
De 2015
à aujourd'hui, puis à votre connaissance, aucun dans les... dans les années
>précédentes?
M. Létourneau (Richard) : Les
années précédentes, M. le député, je ne peux pas me... je ne peux pas... je ne
peux vraiment pas... j'étais... j'étais seulement un fidèle partisan des
Saguenéens, je n'étais pas mêlé à l'administration, donc je ne peux pas... je
ne peux pas répondre à ça.
M. Émond : Merci pour votre
témoignage. J'ai terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
cède maintenant la parole. M. le député de Côte-du-Sud, il vous reste environ
quatre minutes.
M. Rivest : Merci. Écoutez,
je suis un petit peu étonné de me dire qu'on est assis ici, on doit être une
vingtaine, là, puis de savoir que, bon, OK, chez vous, vous nous dites n'avoir
jamais pris connaissance d'initiations problématiques, de bizutages ou
d'éléments violents ou... d'une façon qui était inadéquate au sein des
Saguenéens. Vous nous confirmez ça aujourd'hui?
M. Létourneau (Richard) : De
2016 à 2023.
M. Rivest : OK. Est-ce que
vous pouvez me dire, au sein de la ligue... vous devez vous parler entre
gouverneurs, est-ce qu'il y en a qui ont vécu ce type de problématiques là?
M. Létourneau (Richard) : Les
seules problématiques que j'ai eu vent sont celles-là qu'on a entendu parler en
2018 à Sherbrooke et la dernière en fin de semaine, là, qu'on a entendu...
qu'on a entendu parler. Bien, et naturellement, là, ce qui s'est passé, là, en
1986, là, avec l'affidavit... puis, je pense, c'est 1986, mais avec l'affidavit
de M. Quirk.
M. Rivest : Là, ce qu'on
parle...
M. Létourneau (Richard) : Mais,
si on parle...
M. Rivest : ...on parle de
1990 aussi, de... d'allégations qu'on aura certainement plus de détails dans
les prochaines semaines, j'imagine.
M. Létourneau (Richard) : C'est
ça, exactement.
M. Rivest : Puis, dites-moi,
est-ce que, dans les... On n'a pas eu la chance de rencontrer, là, des
gouverneurs comme vous puis de savoir, dans les hautes instances de la sphère
du hockey, est-ce que vous pensez que, si on est là aujourd'hui... Puis, bien,
d'abord, je vais vous poser la question : Ce qu'on parle, de code du
vestiaire ou bien donc de culture du silence, êtes-vous capable de me le
définir? Parce que, là, j'avoue, moi, être un peu étonné aujourd'hui de me dire
qu'on est rassemblés ici, on doit parler de ça, on parle de pourcentage élevé
de jeunes qui ne souhaitent peut-être même plus faire affaire avec la ligue
parce qu'ils ont, dans leur processus, vécu des éléments qu'ils ont gardés sous
silence pendant des années, là on apprend que, finalement, il n'y en a pas.
Pouvez-vous me dire la culture du silence, pour vous, c'est quoi? Comment qu'on
définit ça, à ce moment-là?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, je vais vous parler plus de la culture du vestiaire, le code du vestiaire
qu'on veut... qu'on veut mettre en application. Puis là-dessus, d'ailleurs,
M. Lavallée s'était exprimé à la sortie de presse, là, après sa première
intervention, le 22 février, puis on rejoint ce que Mme Sauvageau a
dit hier avec le code de vie, parce que le code du vestiaire, pour nous, c'est
comme le code de vie dans une école, c'est-à-dire que c'est une structure qui
va être organisée avec... et qui va chapeauter toute la réglementation qui va
être là pour la protection du joueur. Ça va être une fenêtre dans la porte
close, puis ça va être une fenêtre dans le mur opaque. Ce que l'on veut...
Parce qu'au lieu de l'appeler le code de vie, on l'a appelé le code du
vestiaire, mais ça va être... c'est... Et, à l'intérieur de ça, on va avoir le
processus de dépôt de plainte d'une façon indépendante, après ça la protection
au niveau de la réglementation... au niveau de la politique, plutôt, au niveau de...
du harcèlement, etc.
• (16 heures) •
M. Rivest : ...quel moment
vous pensez déposer ce code du vestiaire?
M. Létourneau (Richard) : Je
ne vous dis pas qu'il va être prêt à 100 % pour la prochaine saison...
pour le début de la prochaine saison, c'est sûr que ça va être quelque chose
qui va... qui va se faire en continuité, mais, comme j'ai dit à M. le député
avant vous, on va s'organiser pour que le processus de dépôt de plainte
indépendant soit en vigueur pour le début de saison 2023-2024.
M. Rivest : On a remis ici,
dans la commission, un peu en question l'indépendance puis le...
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le député.
M. Rivest : ...le volet de...
du processus de plainte actuel. Que pensez-vous des services de Sport'Aide?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
Sport'Aide...
M. Rivest : Au niveau...
M. Létourneau (Richard) : Excusez?
M. Rivest : Au niveau du
processus de plainte.
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je peux dire que Sport'Aide... On a le directeur général de Sport'Aide,
d'ailleurs, qui siège sur notre comité consultatif au niveau de la ligue junior
majeure du Québec, ça fait que ça montre qu'on a quand même des... une façon de
travailler ensemble. Puis, oui, ça va être quelque chose qu'il va falloir que
l'on... que l'on regarde.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au... M. le député de Marquette,
porte-parole de l'opposition officielle.
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M. Létourneau.
Bonjour, Mme Leblanc. Merci d'être là. Mme Leblanc, vous pouvez toujours entrer
dans la discussion...
16 h (version révisée)
M. Ciccone :...merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, M.
Létourneau. Bonjour, Mme Leblanc. Merci d'être là. Mme Leblanc, vous pouvez
toujours entrer dans la discussion, hein, on est... je sais que vous êtes une
personne qui est importante pour le développement et le soutien de nos jeunes
également, là. Gênez-vous pas. Je sais que M. Létourneau parle beaucoup, mais on
va vous laisser parler si vous voulez parler.
Ceci dit, M. Létourneau, je veux juste
vous parler... faire un peu de pouce sur ce que... Le député de Beauce-Sud a
parlé de bagarres, puis on voit qu'il va y avoir un changement de paradigme,
là. Je ne sais pas si la commission commence à porter fruit, parce qu'on vient
d'apprendre que Les Remparts de Québec et Patrick Roy a porté plainte à l'endroit
d'un entraîneur, Daniel Renaud, avec les Cataractes de Shawinigan, pour l'intimidation
pour un joueur qui s'est attaqué à un des siens. Trouvez-vous ça...
trouvez-vous que, justement, depuis les révélations qu'on vient d'entendre, ça
commence à bouger, même dans votre ligue et entre équipes? Puis ce n'est pas
mauvais non plus, là.
M. Létourneau (Richard) : Non.
Bien, effectivement, d'une façon ou d'une autre au niveau hockey, si,
effectivement, un instructeur veut porter plainte, bien, habituellement, le
processus est là, puis je suis bien à l'aise avec ça.
M. Ciccone :C'est parce qu'on ne voyait pas ça avant, on ne voyait pas
ça avant, puis je pense que c'est encourageant. Si on commence à voir...
M. Létourneau (Richard) : ...
M. Ciccone :Non, mais si on... Non, mais, vous comprenez, tu sais, M.
Létourneau?
M. Létourneau (Richard) :
Oui, oui, oui.
M. Ciccone :Je comprends votre réaction, parce que vous parlez à un gars de
hockey, là, qui est lui aussi, quand c'est dans sa ligue... tu ne veux pas
faire mal à ta ligue, tu veux protéger l'image, tu veux protéger le logo. On
est prêts à faire n'importe quoi, hein, pour protéger nos coéquipiers. Puis
moi, j'ai été élevé dans ce système-là, puis je comprenais que, tu sais, les
joueurs puis les entraîneurs ne veulent pas non plus écorcher leur ligue puis s'écorcher
entre homologues, mais, à un moment donné, quand ça fait, ça fait, puis il faut
dénoncer.
Vous faites... la réalité, dans votre
ligue, M. Létourneau, c'est que vous avez... vous faites affaire avec les
provinces des Maritimes, également. Est-ce que vous voyez... parce que je
connais bien les gens des Maritimes aussi, là, mais, au bureau des gouverneurs,
voyez-vous une différence de mentalité avec les gouverneurs des Maritimes et
ceux du Québec?
M. Létourneau (Richard) : Vous
posez une bonne question M. Ciccone, mais, en partant, je vais quand même
enlever le terme de «gouverneur». Maintenant, les gouverneurs, ça n'existe
plus. Vous saviez qu'avant il y avait des gouverneurs puis après ça il y avait
les membres.
M. Ciccone :Oui.
M. Létourneau (Richard) : On
a enlevé ce niveau-là, de gouverneurs, pour que ce soient vraiment les
propriétaires, et non des représentants des propriétaires, qui soient à la
table.
M. Ciccone :Parfait.
M. Létourneau (Richard) : OK?
Donc, c'est pour ça qu'on parle de membres, là. Écoutez, oui, il y a une
différence de... il y a une différence dans la façon de jouer au hockey dans
les Maritimes, versus le Québec, effectivement, oui, ce n'est pas la même...
M. Ciccone :Non, mais je ne parle pas de l'aspect technique puis je ne
parle pas de l'aspect hockey, là, je parle de l'aspect de mentalité. Parce que
vous n'êtes pas sans savoir que moi, Bobby Smith... c'était un de vos membres,
là, était propriétaire, était membre aussi. Bobby Smith, ça a été mon
cochambreur avec les North Stars du Minnesota. Puis ce n'était pas le gars le
plus brave sur la glace, M. Létourneau, OK? C'était un maudit bon joueur de
hockey, mais ce n'était pas le plus brave. Puis je sais très bien que c'est lui
qui était le plus grand lobby pour garder les bagarres dans le junior. Et là,
dans son équipe... quitte, prochaine réunion des membres, les bagarres sont
abolies.
Ça fait que voyez-vous où je veux en venir
avec ça, là? Dans... C'était beaucoup... Parce que je parlais beaucoup avec les
membres aussi de votre... puis des propriétaires, des entraîneurs, directeurs
générals que je suis très proche, là, aussi, puis ils me disaient tous :
Bien là, les bagarres, ça doit disparaître, mais ça ne passait jamais, à cause
de Bobby Smith, alors c'est pour ça... Puis je répète ma question, pas au
niveau hockey, mais au niveau de mentalité, avec les joueurs, également, avec
ceux qui viennent des Maritimes, versus ceux du Québec.
M. Létourneau (Richard) : Bien,
moi, comme je vous dis, bien, la mentalité, oui, c'est vrai qu'au niveau jeu,
ce n'est pas le même jeu qui se passe dans les Maritimes versus... versus...
Mais, au niveau, maintenant, des propriétaires, écoutez, M. Smith était encore
membre lorsque la décision d'abolir les bagarres a été prise en compte.
M. Ciccone :Mais tout le monde savait qu'il s'en allait, M. Létourneau.
On ne jouera pas avec les mots, mais tout le monde savait qu'il s'en allait.
M. Létourneau (Richard) : Non,
mais... mais, M. Ciccone, ce qui est important, OK, et je pense que c'est ça,
la base, c'est de dire que, maintenant, les bagarres sont interdites.
M. Ciccone :Bravo! Bravo, M. Létourneau!
M. Létourneau (Richard) : Merci.
M. Ciccone :Bravo! Je veux revenir aussi sur... un peu sur l'impression
aussi qu'on peut avoir de la ligue, parce qu'aujourd'hui... Puis je vous ai
écouté pendant votre exposé, tu sais, vous êtes là puis vous avez à coeur cette
ligue-là. Puis tous ceux qui entourent la ligue junior majeur du <Québec...
M. Ciccone :
...avez à coeur cette ligue-là. Puis tous ceux qui
entourent la ligue junior majeur du >Québec, c'est des gens qui ont...
qui sont vraiment là pour les bonnes raisons. Ce n'est pas parfait, parce qu'il
y a toujours place à amélioration.
Puis je tiens à vous réitérer... à
réitérer ce que j'ai dit, M. Létourneau : Vous avez fait des progrès à 1 000 %
puis 2 000 % depuis l'époque que j'étais, moi, dans la ligue junior
majeur du Québec, mais pourquoi, encore une fois, il y a cette impression-là
que les équipes veulent toujours protéger leur image à tout prix? Comment on
peut changer ça? Parce qu'on a l'impression de dire : Bien, ils vont tout
cacher au lieu d'être ultratransparents puis de dire : Voici la situation,
puis on va régler la problématique, puis on va s'assurer de mettre les
programmes en place. Un peu comme M. Cecchini nous a dit, que... c'était très,
très rafraîchissant, mais ce n'est pas un discours qu'on entendait à l'époque.
Comment est-ce qu'on fait pour changer ça?
M. Létourneau (Richard) : Bien,
je pense qu'en ayant un nouveau commissaire, déjà, en partant, il va... Il
arrive avec une nouvelle... sa façon de faire à lui, il va... Écoutez, je ne
vous mentirai pas non plus, là... que tout le brouhaha, présentement, là, avec
ce qui se passe actuellement, avec les interventions de la commission, tout ça,
bien, veux ou veux pas, ça porte à réfléchir, que ce soit pour juste... Parce
qu'au début on pensait que notre façon de processus des plaintes, c'était
correct, puis on s'est fait dire : Non, ça prend un comité indépendant.
Bien, on a dit : Oui, vous avez raison, puis là on est rendus avec un
comité indépendant.
Donc, à ce niveau-là, je veux dire, quand
moi, tantôt, j'ai pris l'engagement de dire que nous, ce qu'on va avoir à
faire, c'est de s'assurer que ce que le commissaire va mettre en marche, en
place, fonctionne, bien, c'est ça que je veux dire. Ce que je veux dire aussi,
là, c'est que, quand le code d'éthique... Oui, c'est vrai que le code
d'éthique, le jeune le signait en début de saison, mais, après ça, il n'en
entendait plus parler pendant la saison. Bien, il faut que ce soit un processus
qui est continu, pour que le jeune soit toujours prêt à toute éventualité, là.
M. Ciccone :Vous avez parlé des membres, tantôt, puis la commission.
Comment les membres, vos membres, vos homologues ont réagi, justement, quand
vous avez su qu'il était pour y avoir une commission en ce sens puis qu'on
était pour inviter la ligue junior majeur du Québec?
M. Létourneau (Richard) : Je
ne peux pas... Je peux vous dire qu'on s'est dit : Coudon, si la... si on
est convoqués, on va y aller, on va... C'est sûr que, comme le commissaire... quand
le commissaire a été invité, bien, effectivement... Bien, un, une fois l'esprit
de surprise... l'esprit de surprise passé, bien, effectivement, on fait comme
on doit se faire, c'est-à-dire qu'on se présente puis on fait... on fait de
notre mieux pour répondre le plus possible à vos questions, puis de démontrer
aussi tout ce que la ligue fait aussi pour les jeunes, là.
M. Ciccone :Vous avez parlé tantôt de constitution, vous avez parlé
également, vous avez défendu le rôle du commissaire à l'effet qu'il avait
beaucoup de pouvoirs, plus qu'on pensait. Êtes-vous capable de nous déposer
votre constitution pour qu'on soit capables de voir qui a les réels pouvoirs?
Parce que je sais, pour avoir travaillé, justement, au niveau du développement
avec la ligue junior majeur du Québec et M. Lavallée, à l'époque, avant mon
élection, je sais qu'il y a un comité hockey, je sais qu'il y a certains
éléments au niveau de la réglementation, ça passe par un vote aux deux tiers,
vous l'avez nommé, mais on ne sait pas c'est quoi, les réels pouvoirs du
commissaire. On ne sait pas, lui, il peut décider quoi sans vous en parler, et
arriver, à un moment donné, vous réunir puis dire : Moi, là, je prends la
décision, puis c'est comme ça que ça va fonctionner. On ne le sait pas, ça.
Est-ce que c'est possible que vous puissiez nous déposer, à la commission,
justement, votre constitution, pour savoir comment ça fonctionne chez vous?
• (16 h 10) •
M. Létourneau (Richard) : Oui.
Je ne verrais pas pourquoi est-ce que... Bien, je veux dire, à moins que... Je
vais commencer... Bien, est-ce que... Là, vous me pognez un peu au dépourvu,
c'est que... Est-ce que j'ai le droit de le faire, je pense que je vais
commencer par poser la question à mon aviseur légal. Si vous me dites que
l'Assemblée nationale a tous les droits, bien là... Bien, je ne le sais pas,
c'est ce que je vous dis. Moi, si vous me parlez de chiffres, si vous me parlez
de ce genre de choses là, je vais être capable de répondre, mais, là-dessus, je
ne peux pas répondre non plus pour l'ensemble des membres, là.
M. Ciccone :Je comprends, mais juste... On n'est pas un tribunal, ici,
là, c'est parce qu'on veut juste comprendre, puisque vous comprenez qu'on est
ici aujourd'hui... puis ce n'est pas de gaieté de cœur, qu'on est ici, on est
ici vraiment pour comprendre des choses parce qu'on doit émettre des
recommandations, on doit émettre un rapport. Puis on veut vraiment, là, je
regarde les collègues qui sont autour de la table, on est tous... C'est
transpartisan, là, il n'y a pas de parti, ici, puis on veut vraiment, vraiment
aider les jeunes pour ne plus que ces choses-là se reproduisent. Puis, s'il y a
une impression que ça pourrait peut-être arriver, bien, il faut toutes les
éliminer. Ça fait que c'est pour ça que plus d'information qu'on va avoir, plus
de <documents...
M. Ciccone :
...toutes les éliminer. Ça fait que c'est pour ça
que plus d'information qu'on va avoir, plus de >documents on va avoir...
on va être capables d'avancer puis de remettre un rapport qui va être
exhaustif.
Vous avez parlé tantôt du code du
vestiaire. Il y a... On a parlé, il y a à peu près cinq semaines, là, au Pr
Labeau, de McGill, qui nous avait... On avait vu leur politique de bizutage, puis,
vraiment, là, c'était exhaustif, ce qu'ils avaient mis sur papier.
Habituellement, ils disent : On n'a pas le droit de faire du bizutage,
mais la définition de bizutage, pour chaque individu, est peut-être différente,
on ne sait pas. Ce qu'ont fait McGill, c'est qu'ils ont mis noir sur blanc
qu'est-ce qu'ils n'avaient pas le droit de faire.
On en a parlé à M. Lavallée, lors de la
première rencontre, il nous a dit que c'était pour être en vigueur en 2023‑2024.
Moi, je lui ai demandé : Mais pourquoi que ce n'est pas en vigueur dans
les prochaines semaines? Si on est pour le faire, qu'on le fasse immédiatement.
Là, vous me dites que ce n'est pas sûr que ce soit en vigueur en 2023‑2024.
Est-ce que vous pouvez, encore une fois, nous envoyer, quand ça va être prêt,
votre code du vestiaire, envoyer les documents à la commission pour qu'on
puisse en prendre note, pour que ça puisse être... qu'on puisse l'avoir entre
les mains?
M. Létourneau (Richard) : Oui.
Le code du vestiaire, on va vous envoyer ça, on va vous envoyer ça, il n'y a
pas de problème.
M. Ciccone :Parfait. Puis là je vais vous faire plaisir, M. Létourneau,
vous savez que... Puis c'est vrai, là, que ce n'est pas toutes les équipes qui
font de l'argent, ça, je le sais, là, je le sais profondément, j'ai été là
assez longtemps puis je voyais 150 games par année, pendant 11 ans, au
niveau du développement des jeunes. Je sais qu'il y en a qui tirent de la
patte, mais avez-vous déjà considéré, justement, pour aider nos jeunes, pour
qu'ils aient des places pour jouer, un partage des revenus avec les gros clubs
des Maritimes, qui font énormément d'argent, pour certains? Puis ça, vous ne
pouvez pas me dire le contraire, là, puis il y a même un club, ici, proche de
chez nous, de l'Assemblée nationale, qui fait aussi des pas pires profits, qui
est... Le propriétaire est une multinationale. Est-ce que... Avez-vous déjà
pensé à un partage de revenus entre clubs?
M. Létourneau (Richard) : Moi,
je n'ai jamais entendu parler, là, d'une possibilité de partage de revenus.
M. Ciccone :Vous n'en avez jamais parlé?
M. Létourneau (Richard) : Je
n'en ai jamais entendu parler, donc, effectivement, je... Moi, depuis que je
suis là, je n'en ai pas entendu parler.
M. Ciccone :Oui. Bien, ce serait un beau sujet à proposer lors de la
prochaine rencontre, M. Létourneau. Je n'ai plus de temps, je vous laisse
là-dessus. Merci beaucoup.
M. Létourneau (Richard) : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont, porte-parole
du deuxième groupe d'opposition. Vous avez 4 min 20 s, M. le
député.
M. Marissal : Merci. M.
Létourneau, Mme Leblanc, merci d'être là. M. Létourneau, je comprends, je
comprends bien puis je respecte votre passion. Vous avez fait la démonstration,
dans votre introduction, que la meilleure défense, c'est souvent l'attaque, mais
dites-vous bien que si vous avez été apparemment froissé par des choses qui ont
été dites, ou lues, ou entendues, ou écrites sur le hockey junior... dites-vous
bien qu'il y a pas mal de Québécois puis de Québécoises qui ont été horrifiés
par les mêmes choses qu'ils ont lues, qu'ils ont entendues aussi. C'est pour ça
qu'on est là. On n'a pas fait le choix d'être là, c'est parce qu'il s'est passé
des choses qu'on doit clarifier.
Lors du vote de décembre sur... bien, je
n'ose pas dire l'interdiction des batailles, elles ne sont pas interdites,
elles sont durement sanctionnées ou, en tout cas, plus durement sanctionnées,
est-ce que vous aviez le droit de vote?
M. Létourneau (Richard) : Oui.
M. Marissal : Vous avez voté
comment, si ce n'est pas trop indiscret?
M. Létourneau (Richard) : Pour.
M. Marissal : Pour
l'interdiction?
M. Létourneau (Richard) : L'abolition,
oui. C'est... Oui. En passant, là, c'est que le texte dit que les bagarres sont
interdites.
M. Marissal : Bien, en fait,
on ne jouera pas sur les mots, je n'ai pas assez de temps pour ça, mais...
M. Létourneau (Richard) : Non,
non, bien, je le sais, mais c'est ça.
M. Marissal : Elles ne sont
pas interdites, on est suspendu un match.
M. Létourneau (Richard) : Bien...
M. Marissal : Puis, même à
ça, il y a des gens comme Patrick Roy qui trouvent que c'est trop sévère,
alors...
M. Létourneau (Richard) : Mais...
Oui, mais...
M. Marissal : Je comprends
qu'on ne peut pas attacher les mains dans le dos des joueurs, là, je comprends
ça, là, tu sais, mais ça aurait pu être plus sévère. Ça aurait pu être plus
sévère, c'est ce que je veux dire. Mais vous avez voté contre, puis moi aussi,
comme le député de Marquette, je veux vous féliciter pour ça, parce que, pour
avoir vu du junior, là, au début de ma carrière de journaliste, là, à l'époque
des Bisons de Granby, je peux vous dire que j'en ai gardé des souvenirs
traumatisants, puis pour ce que j'ai vu dans le hockey de la ligue américaine,
récemment, à Laval, je peux vous dire que ça ressemble pas mal plus à de la
boxe qu'à du hockey, à certains moments, là. Ça fait que, tant mieux, puis
bravo d'avoir fait ça fera... ça améliorera votre spectacle, quant à moi. C'est
ce que je pense.
Si ce n'est pas dans votre ADN puis, je
présume, dans l'ADN de bien du monde, pourquoi ça a été si long à abolir, les
batailles? Ça fait quand même des années qu'on parle de ça.
M. Létourneau (Richard) : Oui,
je suis d'accord, je suis d'accord avec vous. On n'était pas tous sur la même <page...
M. Marissal :
...de
ça.
M. Létourneau (Richard) :
Oui, je suis d'accord, je suis d'accord avec vous. On n'était pas
tous sur la même >page, puis là, bien, je pense que ce qui est
important, c'est que, maintenant, pour le futur, bien, c'est interdit, puis on
va par en avant. Je pense que c'est ça qui est important. Mais il y a eu quand
même beaucoup d'améliorations, mais, effectivement, quand on est rendu à 0,14
bagarre, bien, effectivement, ça peut être 0,14 de trop, puis... sauf que ça a
descendu beaucoup, puis, je veux dire, on va continuer à s'améliorer.
M. Marissal : Mettons
qu'un cas d'intimidation, là, est porté à votre attention, en ce moment, avec
les Saguenéens, là, soit entre deux joueurs, soit entre trois... trois joueurs
contre un joueur, soit entre un joueur et ses entraîneurs, c'est quoi, la
procédure, chez les Saguenéens en ce moment?
M. Létourneau (Richard) : La
procédure des Saguenéens, en ce moment, à ce niveau-là, c'est que, dès qu'on
est au courant d'une plainte, effectivement, la personne qui a à faire une
plainte va être rencontrée. On va lui donner le support qu'il faut s'il veut
parler avec quelqu'un à la ligue, on va lui demander s'il veut faire une
plainte officielle, et, sinon, bien, on va lui demander qu'est-ce qu'il faut
faire pour l'aider à régler le conflit qu'il a avec un autre individu, ou
quelque chose du genre.
M. Marissal : Mais, dans
tout ce que vous me dites, il n'y a rien d'externe et d'indépendant, là, c'est
toujours à l'intérieur de l'organisation des Saguenéens, là.
M. Létourneau (Richard) : Bien
là, bien, ça dépend, M. Marissal, du degré de... du degré proprement dit. C'est
ça que je vous ai dit tantôt. C'est que, un, si le joueur, en partant, se sent
lésé, bien, avec le comité indépendant, il va pouvoir faire une plainte
directement au comité indépendant. Si la personne juge mieux de parler avec
l'instructeur ou avec le gérant, bien, effectivement, là, c'est cette
personne-là qui va dire : Bien, écoute, tu veux-tu faire... veux-tu faire
une plainte officielle, veux-tu aller plus loin?, mais c'est sûr qu'en partant,
la place pour aller, c'est avec...
La Présidente (Mme Dionne) :
C'est malheureusement le temps qu'on avait pour cette commission. Mme
Létourneau... «Mme Létourneau», Mme Leblanc, M. Létourneau, merci
infiniment pour votre contribution. Merci aux membres.
Donc, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain, vendredi 24 mars, à 10 heures, où elle se
réunira pour entreprendre un nouveau mandat. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 19)