(Neuf heures cinquante et une
minutes)
La Présidente (Mme Tremblay) :
Alors, bonjour, tout le monde. Donc, comme nous avons constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
Donc, le projet... la commission est réunie afin
de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 23, donc la loi
édifiant principalement la Loi de l'instruction publique et édictant la Loi sur
l'Institut national d'excellence en éducation.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Dionne (Rivière-du-Loup—Témiscouata) est remplacée par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac); M. Fortin
(Pontiac), par M. Kelley (Jacques-Cartier); Mme Rizqy
(Saint-Laurent), par Mme Garceau (Robert-Baldwin).
Étude détaillée (suite)
La Présidente (Mme Tremblay) :
Parfait. Merci. Alors, je poursuis, oui, ou je...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Tremblay) :
Parfait. Donc, je vous rappelle que nous étudions le projet de loi n° 23
par sujets, que présentement on est au sujet 4, donc l'Institut national
en éducation.
De façon plus précise, un rappel pour tous puis
pour ceux qui nous écoutent, lors de l'ajournement des travaux, jeudi dernier,
on en était à l'article 14 de la Loi sur l'Institut national d'excellence
en éducation édicté par l'article 57 du projet de loi. Je vous rappelle
aussi que l'article 8 était suspendu.
Alors, avant de poursuivre les travaux, donc,
comme je dois m'adresser à la commission, je ne peux le faire à titre de présidente de séance. Donc, nous allons
suspendre quelques instants, le temps de faire un échange de présidente
de séance, et je vous reviendrai plus tard.
Donc, on va suspendre les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 9 h 53)
(Reprise à 9 h 54)
Le Président (M. Émond) : Nous
reprenons donc les travaux. M. le ministre, je vous céderais la parole.
M.
Drainville : Bonjour, M. le Président. Content de vous voir et
content de vous voir tous et toutes. Effectivement, je salue les équipes
qui nous accompagnent. Bonjour, les collègues.
Alors, quand on s'est laissés, jeudi dernier,
notre collègue députée de Hull... enfin, j'ai annoncé, peut-être en la surprenant un petit peu aussi, que je voyais en
elle une intervenante très qualifiée et très compétente pour nous parler
un petit peu, justement, de cette dynamique autour des formations courtes,
autour des maîtrises qualifiantes, autour de
ces enseignants, enseignantes qui, jusqu'au début des années 90, pouvaient
avoir un bac dans une matière et faire un certificat en pédagogie de 30 crédits. Certains, certaines de ces
enseignantes-là sont toujours dans notre réseau scolaire.
Et je savais, pour en avoir déjà discuté avec la
députée de Hull, qui est aussi une adjointe gouvernementale en éducation, j'en
avais discuté avec elle, et elle m'avait confié qu'il y avait encore, dans les
écoles de sa région, de l'Outaouais, donc,
des enseignants, enseignantes qui sont passés par ce parcours, donc qui ont
quand même plusieurs années d'expérience.
Parce qu'on se rappelle que c'était au début des années 90 que le bac de
quatre ans a fait son apparition, mais avant ça, c'était possible de
faire un bac en éducation de trois ans ou encore de faire un... d'avoir un bac disciplinaire de trois ans puis faire un
certificat en pédagogie de 30 crédits et donc d'obtenir, de cette
manière-là, le brevet, ce qui ressemble un peu à la voie que nous avons
introduite avec les formations courtes de 30 crédits offertes notamment par la TELUQ, par l'UQAT, d'une manière
différente, mais quand même offertes aussi par l'Université de Sherbrooke, qui offre sa propre formation courte
pour répondre à d'autres besoins, mais la formation courte fait son chemin
également à l'Université de Sherbrooke, à l'UQAM également.
Et donc je souhaiterais, Mme la Présidente... M.
le Président, pardonnez-moi, je souhaiterais donc que nous reprenions le fil là où on l'avait laissé la
dernière fois et que... donc, je cède la parole à la députée de Hull pour
qu'elle puisse nous éclairer, justement, sur ces différents éléments.
Le
Président (M. Émond) : Très
bien. Merci, M. le ministre. Mme la députée de Hull, je vous cède la parole.
Mme
Tremblay : Bonjour. Bonjour, tout le monde. Bonjour,
collègues, chers collègues. Donc, oui, effectivement, après... je suis dans le milieu de l'enseignement
depuis le début des années 2000. Donc, j'ai eu mon... j'ai obtenu mon bac
de quatre ans, dans mon cas, parce que c'était le début. On était, là...
j'étais dans les premières cohortes finissantes, là, du bac de quatre
ans. J'étais la deuxième, peut-être la troisième, là, donc, mais j'ai côtoyé,
effectivement, là, les gens qui avaient, là... parce qu'à ce moment-là, dans
les écoles, la majorité des personnes n'étaient pas passées par le bac de
quatre ans puisqu'on était les premières cohortes, nous, M. le Président, qui
avaient le bac de quatre ans.
Donc, évidemment que ça fonctionnait. C'était un
modèle différent, puis après on en est venu à ce modèle-là. Mais ces gens-là,
je veux dire, écoutez, ils ont été des modèles pour nous. C'est eux qui nous
accueillaient dans ces écoles-là, qui étaient nos superviseurs de stage à ce
moment-là, donc, des gens qui étaient passés par un modèle différent, mais qui
étaient tout à fait, là, qualifiés, donc, et là on en est venu à un autre
modèle. Donc, oui, puis il y en a encore quelques-uns dans nos écoles qui ont
passé par cette qualification-là qui... à l'époque, on avait un... soit un
baccalauréat en anglais, en mathématiques ou dans une autre discipline et on
venait dans le milieu de l'éducation d'une autre façon. Donc...
M. Drainville : Donc, ils avaient un
bac de trois ans.
Mme Tremblay : Ils avaient un bac, oui,
de trois ans, effectivement, dans une certaine discipline. Et après, bon, là,
nous, on est arrivés avec, bon, les cohortes de bac quatre ans, qui est un
modèle qui est différent mais qui... tu sais, je veux dire, est-ce que les gens
dans les écoles... la discussion, là, je veux dire, l'arrimage s'est très, très
bien fait, là, entre les deux modèles, donc, mais il faut savoir que, de part
et d'autre, les forces étaient là.
Et après ça, là, l'autre enjeu qu'on a à l'heure
actuelle, puis on le voit, c'est l'arrivée des gens qui sont non légalement
qualifiés. La majorité des personnes qui arrivent, puis ça, je pense que c'est
important de le dire... puis il faut rassurer les gens, là, les personnes qui
sont non légalement qualifiées... puis je tiens aussi à vous le dire, là, la forte majorité, là, ont déjà un baccalauréat à
l'université. Donc, ceux qui vont obtenir, là, des contrats ou, bon, certains
types de remplacement, parce qu'il y a plusieurs types de remplacement, une
bonne majorité possède un bac dans une discipline, un bac universitaire,
que ce soit... bon, ma collègue, la semaine passée, avait nommé mathématiques, anglais, et ils se retrouvent dans notre système
après avoir fait un baccalauréat, puis on va les appeler les non légalement
qualifiés.
• (10 heures) •
Il y a des... de ces personnes-là qui sont là
depuis de nombreuses années. Il y en a que ça... bon, il y en a plusieurs qui
arrivent parce qu'il y a une pénurie. Ce n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau,
c'est le nombre, parce que la proportion change, parce qu'on connaît une
pénurie. Mais ils ont été là, et moi, je les ai côtoyés beaucoup, à titre d'enseignants puis d'enseignantes, mais
aussi parce que ces gens-là se... j'ai été, il faut se rappeler, présidente du Syndicat
de l'enseignement de l'Outaouais pendant six ans, et ces gens-là aussi
portaient des revendications parce qu'ils aiment l'éducation. Une forte
majorité, là, sont là parce que c'est leur choix, puis ils ont découvert une
passion pour les jeunes, pour l'éducation,
et ils souhaitent, parce qu'ils le savent, qu'ils sont non légalement
qualifiés, ils souhaitent des chemins possibles. Et ils faisaient appel
à nous, comme syndicat, évidemment, parce qu'ils souhaitaient qu'on ait des
revendications en ce sens-là, qu'on réfléchisse à ça aussi parce qu'ils veulent
rester dans le système. Mais ils veulent le faire en devenant, justement,
légalement qualifiés.
Donc, parce que ces gens-là, la majorité ont...
sont de bons enseignants, évidemment qu'ils ont besoin d'être soutenus. Évidemment qu'il y a des enjeux, là,
donc, parce que... ils ont un bac disciplinaire, il y a tout le côté pédagogie
qu'ils n'ont pas puis qu'ils sont intéressés à aller chercher. Ça, ils s'en...
ils le souhaitent.
Puis d'ailleurs, dans la tournée des écoles que
j'ai faite, que le ministre a faite, que mes collègues ici ont faite également
puis... c'est quelque chose qu'on nous a répété quand même fréquemment, donc,
on veut rester dans le milieu de
l'éducation, on veut contribuer, on apprécie les jeunes et on veut avoir une
voie, des façons autres que la maîtrise qualifiante pour répondre à nos
besoins. Parce que la maîtrise qualifiante ne répondait pas à tous les besoins,
ne permettait pas à tous les enseignants,
les enseignantes, nécessairement, de se qualifier. Puis les délais étaient
importants, d'où le gouvernement, on le sait, dans les... on a annoncé,
là, des programmes de formation qui sont un petit peu... qui sont plus courts pour répondre à cette
demande-là, répondre à ce besoin-là qui vient du milieu. Puis nous, notre
besoin à nous, c'est qu'on ait des gens qui soient qualifiés dans le
monde de l'enseignement.
Donc, c'est important de... je pense, de le
dire, puis je le réitère aujourd'hui, là, les personnes qui sont dans les
classes, pour la forte majorité, il y en a qui ont des bacs en psychoéducation,
en anglais, en musique, dans différents domaines, qui malheureusement ne sont
pas... n'ont pas accès à suffisamment d'espace pour aller chercher le brevet,
finalement, avoir accès au brevet qui permet, bon, finalement, de devenir
légalement qualifié.
Et le gouvernement, dans les réflexions qu'il a,
c'est vraiment des formations... puis il veut avoir, avec le système puis le
réseau des formations qui permettent à ces gens-là qui ont acquis pour la
majorité... Il y en a que j'ai côtoyés... un ingénieur, par exemple, je l'ai
côtoyé pendant sept ou huit ans, un excellent enseignant, il a... bon, il a...
à travers son parcours, il est allé chercher certaines formations, parce que
les centres de services scolaires offrent des formations, souhaitait se
qualifier, mais c'était difficilement accessible. Parfois, c'est une question
aussi... puis là la TELUQ l'offre, mais des fois l'espace, même en région,
c'était difficile d'aller chercher les qualifications, même dans certaines
régions, donc de venir... qualifications, parce que l'offre était différente ou
pas nécessairement accessible.
Ça fait que je pense que
c'est important qu'on ait les réflexions parce que ces gens-là sont dans le
système. Certains sont là depuis de nombreuses années, ont déjà acquis les
compétences nécessaires. Il faut leur... il faut les garder, c'est ça qui est
important, parce qu'ils ont développé, dans plusieurs situations, des belles
aptitudes. Il y a encore... il faut qu'ils aillent chercher le brevet. Je suis
d'accord avec... quand on dit que, ces gens-là, il faut parfaire leur formation
pour justement aller chercher le côté en pédagogie au niveau des élèves à
besoins particuliers, donc comment ça fonctionne dans le système scolaire. Il
faut les aider, il faut les outiller. Mais vous dire que, même si les chemins
sont... on doit se questionner sur les différentes avenues.
Moi, je pense que ces gens-là ont déjà acquis de
l'expérience. On ne veut pas qu'ils quittent le réseau scolaire, M. le
ministre, mes chers collègues également, puis que la majorité qui restent puis
qui font le choix, les non légalement qualifiés, de rester, c'est parce qu'ils
ont développé des aptitudes... la majorité sont excellents même, mais les aider.
Puis ça, je pense que c'est important, en terminant, d'aider ces gens-là non
légalement qualifiés à aller chercher ce qui leur manque au niveau de la
pédagogie. Ça sera aussi de soutenir les autres enseignants et enseignantes qui, dans le réseau, présentement,
des fois, vont être les premiers à appeler à soutenir ces enseignants-là, et
ça devient difficile pour eux.
Ça fait que
moi, je pense que c'est une avenue qui va être, à long terme, la meilleure, en
ayant des programmes de formation, parce que ça va aider l'ensemble du réseau,
les non légalement qualifiés et l'ensemble des enseignants et des
enseignantes, parce qu'ils vont avoir des collègues qui vont avoir de
meilleures aptitudes en pédagogie. Merci.
Le Président (M. Émond) : Merci beaucoup,
Mme la députée. Est-ce que, M. le ministre, vous auriez des commentaires? Ou
sinon, je vais suspendre les travaux momentanément afin de permettre à Mme la
présidente de regagner son siège.
(Suspension de la séance à 10 h 05)
(Reprise à 10 h 06)
Le Président (M. Émond) : Nous
reprenons nos travaux. Et je céderais la parole à la collègue la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci. Merci beaucoup.
Bon matin à tous, et merci, M. le ministre, pour l'invitation de pouvoir
poser quelques questions. Compte tenu de... que la députée de Hull a une grande
expérience dans le domaine de l'enseignement, c'est quand même très, très
important... Et j'ai bien apprécié votre témoignage à ce sujet, et pour voir aussi, peut-être, ensemble les pistes, les
voies vers l'avenir concernant la pénurie de main-d'oeuvre, évidemment, dans notre système d'éducation. Donc, je voulais
voir... je voulais comprendre un peu, compte tenu de votre parcours,
qu'est-ce que vous avez remarqué entre les différences entre le bac de quatre
ans et de trois ans.
Mme
Tremblay : Écoutez, ce que je suis venue dire tantôt, là,
c'est que... c'est justement ça, c'est que la différence, pratiquement, là...
Je veux dire, à partir... c'étaient des modèles différents, mais deux bons
modèles. Ça fait que c'est difficile de dire... Moi, les enseignants qui
nous ont reçus dans les écoles à l'époque... parce que moi, j'étais dans les premières cohortes, puis là ça remontait à eux,
quand même... puis il y en a qui avait presque mon âge parce qu'ils avaient
fini, mais il n'y avait pas une différence
qui était marquée. Je ne suis pas capable de dire qu'il y avait nécessairement
une différence. Ils nous ont bien soutenus, ils arrivaient d'un modèle
qui était différent. Donc, les différences, moi, je ne peux pas... Au niveau de
la pédagogie, je ne les ai pas vues.
Au niveau de la discipline... parfois, dans leur
discipline, par exemple, en mathématiques, peut-être que, là, ils ont... Au
niveau disciplinaire, eux, ils ont fait un bac au complet dans une discipline,
peut-être que, là, ils ont eu des cours différents à ce niveau-là, au niveau
disciplinaire. Mais sinon, je veux dire, les deux modèles... pour moi, je n'ai pas vu de différence entre les enseignants
qui avaient l'ancien puis le nouveau modèle. Les stages étaient répartis
de façon différente dans l'autre... le
nouveau modèle, mais pour moi, dans l'école, ça faisait des enseignants...
Honnêtement, il n'y avait pas de différence marquée.
Mme Garceau : Donc, évidemment, la
prochaine question, c'est : Mais pourquoi un quatre ans? S'il y avait un modèle qui fonctionnait, pourquoi est-ce qu'il
y a eu un modèle de trois ans, on l'a modifié de trois ans à quatre ans?
Mme Tremblay : Là, ce n'est pas
nécessairement moi qui pourrais répondre à cette question-là, parce que moi,
j'étais, bien, une enseignante qui a fait face à la modification. Mais
pourquoi, voilà 20 quelques années, là, parce
qu'en 1996 on a fait ces changements-là, c'est plus peut-être M. le ministre ou
d'autres personnes qui pourraient répondre à cette question-là.
• (10 h 10) •
M. Drainville : Oui. En fait, ça
fait plus de... bien, enfin, pas loin de 30 ans, là, quand on y pense.
Écoutez, honnêtement, M. le Président, je n'ai pas nécessairement toutes les
réponses à cette question-là. Des personnes qui étaient là à ce moment-là, puis je pense avoir eu l'occasion déjà de
vous le dire, m'ont indiqué que l'une des raisons, pas nécessairement la
première, mais l'une des raisons, c'était qu'on baignait, à ce moment-là, dans
un environnement où il y avait de très, très
grands surplus d'enseignants et d'enseignantes. Il y a des enseignantes, là, ou
des enseignants qui pouvaient prendre beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'années avant d'avoir finalement un poste, et c'était compliqué
d'avoir des parties de tâches, et quand tu en avais, c'étaient souvent des
parties de tâches réparties dans plusieurs écoles.
On voit ça encore aujourd'hui, mais on voit ça beaucoup moins qu'auparavant à
cause de la pénurie, bien entendu.
Alors, je pense qu'il
y avait... puis il y a sans doute eu une réflexion. Il ne faut pas la
minimiser. Il y a sans doute eu aussi, dans cette réflexion-là qui a mené à la
création du bac de quatre ans, une préoccupation pour la qualité de
l'enseignement. Ça, je n'en doute absolument pas. L'idée de dire : des
enseignants, des enseignantes qui auront
fait quatre ans au lieu de trois seront davantage outillés pour bien faire le
travail dans la carrière de l'enseignement, je ne doute aucunement que
ça a fait partie également des raisons qui ont mené à la création de ce bac de
quatre ans.
Maintenant, M. le
Président, les circonstances ont changé. Nous avons évidemment... Nous faisons
face à une pénurie. Nous avons des témoignages comme celui de la députée de
Hull, mais beaucoup, beaucoup d'autres témoignages
également d'enseignants, d'enseignantes qui nous disent : Écoutez, ça
fonctionnait bien. Ça fonctionnait bien avant qu'on mette ça... avant qu'on
crée le bac de quatre ans, ça fonctionnait bien. Pourquoi ne pas revenir
à un bac de trois ans, quitte à rajouter une
quatrième année qui serait une sorte de résidence? Ça, c'est une option que
nous évaluons. On l'a déjà signalé publiquement. Et puis il y a aussi cette
idée de la formation de 30 crédits qui ressemble... en fait, qui
est calquée sur le certificat en pédagogie qui existait jusqu'au début des
années 90 également.
Donc, je suis
conscient, M. le Président, de ne pas répondre pleinement à la question posée.
Je pense qu'on pourrait sans doute faire des recherches. Il y a des gens qui
nous écoutent qui étaient peut-être là à ce moment-là, qui pourraient sans
doute donner une réponse beaucoup plus complète que celle que je viens de vous
soumettre. Mais je préfère dire, M. le Président, que je n'ai pas la réponse
plutôt que d'essayer d'en créer une qui ne serait pas conforme aux faits.
Le Président (M.
Émond) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Garceau :
Oui. Évidemment, une de nos grandes préoccupations est celle, évidemment,
des parents... c'est avec la pénurie
d'enseignants, d'enseignantes dans le réseau. Il y a des enseignants ou ceux
qui ne sont pas qualifiés... parce que vous avez parlé de ceux qui sont
qualifiés, mais parlons de ceux qui ne sont pas qualifiés. Vous n'êtes
pas préoccupés par ça?
Mme
Tremblay : On l'est. Ils sont déjà dans les classes, puis, pour
certains, depuis déjà plusieurs années. Puis évidemment, ils ne sont pas là...
Ils ont de l'aide, là, il faut le dire. Il y a des conseillers pédagogiques
encore dans les centres de services
scolaires qui les soutiennent, qui offrent des formations. Là, on le voit avec
l'institut national, qu'on va offrir aussi des formations, et c'est pour
ça que le gouvernement, à l'heure actuelle, explore notamment... bon, il y a un
modèle de formations courtes, mais est-ce que c'est... est-ce qu'on veut le
plus de monde possible qui sont légalement
qualifiés? Tout à fait. Il faut savoir aussi que, dans le contrat de travail,
il y a des enseignants qui sont libérés aussi pour superviser ceux qui
arrivent en enseignement, donc, bon, principalement, les enseignants mentors. Donc, il y a différents modèles dans les écoles
pour soutenir les enseignants, justement... bien, les jeunes qui arrivent,
mais aussi ceux qui sont non légalement qualifiés. Donc, il ne faut pas...
Mais c'est sûr que,
par le nombre, il y a des enjeux, et c'est pour ça qu'il faut répondre à cela
puis que le gouvernement a des formations, justement... pense à... mais il
faut... La majorité, là, il y en a qui sont déjà là depuis longtemps. Ce n'est
pas nouveau, on en parle plus par le nombre à l'heure actuelle. Et, pour
rassurer les parents, bon, on les soutient, il y a des conseillers
pédagogiques, il y a des structures qui sont mises en place dans plusieurs
centres de services scolaires. Il faut réfléchir après ça comment mieux les
soutenir par des programmes de formation, par l'institut qu'on souhaite mettre
en place. Mais oui, c'est sûr qu'il reste que ces gens-là... Mais la majorité,
puis il faut le répéter, puis moi, je tiens à le dire, là, arrive quand même
avec un baccalauréat dans nos écoles.
Mme Garceau :
Parce qu'on a l'impression qu'il y a une distinction à faire entre ceux qui
ont un bac, qui ont une formation dans un certain domaine, et ceux qui ne sont
pas qualifiés. Et là je veux juste comprendre. Est-ce que ça veut dire...
M.
Drainville : Quand vous dites : Ceux qui ne sont pas qualifiés,
vous voulez dire ceux et celles qui n'ont même pas de bac, c'est ça?
Mme Garceau :
Exactement. Exactement.
M.
Drainville : Oui. Oui, il faut toujours...
Mme Garceau :
Donc, la formation ne peut pas être la même.
M.
Drainville : Oui, mais il faut toujours rappeler, Mme la Présidente,
si on regarde, là... puis là je n'ai pas les chiffres sous la main, là, mais la
majorité des enseignants, enseignantes qui sont non légalement qualifiés et qui
bénéficient d'une tolérance d'engagement, là, ils sont autour de 6 000,
là. Je vous le rappelle, M. le Président, la majorité ont soit un bac, soit une
maîtrise. Ça, c'est important de le dire. On parle d'un très, très, très petit
nombre qui n'ont pas de D.E.C., bac ou maîtrise. Oui, c'est ça, c'est...
Des voix : ...
M. Drainville : Pour
2022‑2023, c'était 5 921 tolérances d'engagement, là, puis,
voyez-vous, il y en avait 2 683 qui avaient un baccalauréat, plus un
autre 552 qui avaient une maîtrise. Donc, on est à, quoi, 3 200, à
peu près, donc, 3 200 sur un petit peu moins que 6 000. Donc, vous
avez plus de 50 %, puis vous avez un autre 1 000 qui avaient un
D.E.C., puis vous en avez à peu près 500 qui avaient un D.E.P. Donc, la vaste
majorité avait un diplôme, et la majorité
avait soit un bac, soit une maîtrise. Donc, on souhaiterait évidemment qu'ils
aient tous au moins un bac, mais, encore une fois, il faut composer avec
la pénurie à laquelle nous devons faire face.
Mme
Garceau : Bien, M. le ministre, je vais demander... parce que
nous, on a un tableau, là, qui est l'année 2021‑2022. Est-ce qu'on
pourrait recevoir par Greffier le tableau dont vous référez? Peut-être qu'on
pourrait suspendre quelques instants pour que je puisse...
M. Drainville : ...M. le Président,
à moins que la députée ait une objection, mais on peut vous... on peut continuer la discussion et vous faire suivre le
tableau. C'est un tableau, de toute façon, qui a déjà été... il a déjà été
évoqué dans des articles de presse, et puis moi, ces chiffres-là, je les ai
déjà utilisés aussi. Je pense que je les ai utilisés aux crédits ou, je
ne me souviens plus, peut-être dans une interpellation. C'est des chiffres du
ministère.
Une voix : ...
M. Drainville : Oui, c'est ça. Il y
a un article, c'est de Daphnée... Daphnée Viens, ça? Oui, c'est ça. On va
l'envoyer tout de suite à la commission, et vous pourrez le...
Mme
Garceau : Non, parce que mon premier commentaire,
c'est : 6 000, c'est quand même beaucoup. Donc, c'est pour ça
que je voulais voir. C'est quand même beaucoup, M. le ministre, là.
• (10 h 20) •
M. Drainville : Ah! bien oui, c'est
sûr que c'est beaucoup, et, encore une fois, ce n'est pas par choix. Ce n'est
pas notre premier choix. Notre premier choix, c'est d'embaucher, dans nos
écoles, des enseignantes et des enseignants qui ont un brevet en bonne et due
forme, mais malheureusement, il nous manque d'enseignants qualifiés
présentement.
Je vous rappelle, un des grands défis que
nous... Nous avons deux grands défis, M. le Président. Le premier, c'est le nombre d'inscriptions dans les facultés
d'éducation. Il faut travailler pour augmenter le nombre d'inscriptions,
et donc, pour ça, il faut continuer à
valoriser la profession pour que des jeunes aient le goût de s'inscrire en
éducation.
Le deuxième grand défi, M. le Président, c'est
le fait qu'entre le moment où ces jeunes-là s'inscrivent en faculté et le
moment où ils graduent on en perd à peu près 40 %. Là, je fais des
chiffres ronds, encore une fois, là, mais c'est grosso modo
5 000 inscriptions que nous avons chaque année, et, pour une cohorte
de 5 000, il y en a 3 000 qui vont
diplômer à la fin du quatre ans. Donc, il faut également trouver une façon de
les retenir, pas juste de favoriser leur inscription.
Et, par ailleurs, si j'allais... Je vous ai
parlé de deux grands défis, M. le Président, mais je pourrais ajouter un
troisième grand défi, c'est-à-dire qu'on a évidemment un nombre grandissant
d'enseignants, d'enseignantes qui part à la retraite évidemment, hein? Donc,
c'est pour ça qu'on met en place des mesures pour essayer soit de les retenir,
pour ne pas qu'ils partent à la retraite, puis il y en a quelques-uns qui,
effectivement, acceptent notre proposition, et on met aussi en place des
mesures pour les nouveaux retraités, les nouveaux enseignants retraités, pour
qu'ils reviennent nous prêter main-forte, pour faire, par exemple, de la
suppléance. Et ça, ça fonctionne très, très bien, là.
On n'a pas les derniers chiffres pour cette
année, mais l'année passée, c'était tout près de 3 000, si je me rappelle
bien, 3 000 enseignants et enseignantes retraités qui étaient revenus
faire notamment de la suppléance pour profiter,
entre autres, des conditions financières très avantageuses. Là, on parle de...
au lieu d'une journée de suppléance payée à 230 $, c'est une
journée de suppléance payée à 460 $. Tu n'es pas obligé de cotiser à ton
régime de retraite et tu ne subis aucune pénalité aussi sur tes prestations de
retraite. Donc, ça, on a eu quand même plusieurs milliers d'enseignantes et
d'enseignants retraités qui ont... qui se sont prévalus de cette possibilité.
L'autre chose
aussi, M. le Président, qu'on ne mentionne pas suffisamment, là, les effectifs
scolaires augmentent. Ça, on n'en parle jamais. Mais, M. le Président, le
nombre d'élèves que nous devons scolariser est en augmentation, et ça aussi, ça fait partie de la donne, là. Si tu as
plus d'élèves à éduquer avec un nombre d'enseignants qui diminue, bien là,
à un moment donné, veux veux pas, tu as une pression, là. Et c'est là
qu'arrivent les enseignants et les enseignantes non légalement qualifiés. Bien,
j'ai des classes, j'ai des élèves dans les classes, il faut que je trouve une
enseignante, un enseignant pour venir leur faire la classe.
Alors, il y a tous ces défis qui... auxquels
nous devons faire face, avec lesquels nous devons composer. Et l'une des
manières de répondre à cette pénurie de main-d'oeuvre, M. le Président, c'est
justement en qualifiant des enseignants, des enseignantes qui n'ont pas de
brevet, donc qui n'ont pas d'autorisation d'enseigner. Parce que, quand on dit
«non légalement qualifiés», là, ce n'est pas juste le brevet, là. Non
légalement qualifiés, ça veut dire qu'ils n'ont ni brevet, ni autorisation provisoire,
ni permis probatoire. Ça, c'est les trois grandes catégories qui font de toi un
enseignant ou une enseignante qualifiée. Soit tu as un brevet, soit tu as un
permis probatoire, soit tu as une autorisation provisoire d'enseigner. Les
permis probatoires, par exemple, ça peut être un enseignant qui a été formé à
l'étranger. Dans certains cas, ils vont avoir un permis probatoire le temps
qu'ils aillent chercher les formations qui vont
leur permettre éventuellement d'obtenir l'ensemble des formations pour
lesquelles ils pourront éventuellement obtenir le brevet. C'est un exemple. Le permis probatoire va servir, par
exemple, à des enseignants qui nous arrivent d'autres pays.
Ça fait que c'est ça, la
situation, M. le Président. Ce n'est pas une situation idéale. Je n'ai jamais
prétendu que ça l'était. Mon premier choix, notre premier choix, c'est d'avoir
le plus grand nombre possible d'enseignants avec brevet dans nos salles de
classe, idéalement au terme de cette formation initiale, mais si on ne peut pas,
parce qu'on n'en a pas assez, à ce moment-là, utiliser des enseignants qui ont
déjà un bac, les inscrire dans une formation courte, qui va leur permettre à
terme de devenir légalement qualifiés en obtenant le brevet.
19323
17857
Le Président (M.
Émond) : Merci, M. le ministre. Simplement informer les membres de la
commission qu'à votre demande, Mme la députée, le document contenant les
statistiques disponibles est maintenant disponible sur Greffier. Est-ce qu'un
autre membre de la commission... Vous avez une intervention?
Mme Garceau : ...je vais le regarder
dans quelques instants. Très intéressant, M. le ministre, au niveau de... le sommaire, votre sommaire de la situation, qui
est réelle et, évidemment, qui contient plusieurs défis, qui préoccupent
non seulement, c'est sûr et certain, les enseignants et les enseignantes, mais
aussi les parents. Et je me demande... Compte tenu que vous avez mentionné le
6 000 non qualifiés, vous avez un nombre d'élèves qui augmente, et
aussi, dans les universités, un manque d'inscriptions, ça fait que la pénurie
non seulement va probablement continuer, mais va être plus élevée avec le
temps.
Compte tenu de ces facteurs, compte tenu de
cette situation et donc... quel est le plan du ministre dans la prochaine
année? Les formations, c'est une chose, mais, compte tenu... C'est quand même
de grands défis, et qui sont importants, et de voir quel est le plan d'action.
Parce que, surtout, si vous avez 5 000 qui sont inscrits puis ils tombent
à 3 000 après quatre ans, ça fait en sorte qu'ils ne s'en vont pas dans
des classes enseigner par la suite.
Valoriser la profession, on l'entend souvent,
c'est exceptionnellement important, que ce soit dans le domaine des services de garde, nos tout-petits, les
enseignantes au primaire et au secondaire, les conditions de travail, et tout
ça. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais nous savons très bien
que c'est au coeur en ce moment... et c'est dans les préoccupations des
parents. Donc, je voulais vous entendre à ce sujet.
M. Drainville : Oui. Mme la
Présidente... excusez-moi, M. le Président, le plan de match, c'est plusieurs
mesures. Le plan de match, c'est la valorisation. Alors, la valorisation, ça
passe par les salaires, on l'a fait lors de la dernière négociation, ça passe
par la mise en place du programme de tutorat, qui vise à aider les élèves qui
sont... qui ont des besoins particuliers,
qui ont des difficultés dans certaines matières, et donc ça vient soulager
l'enseignante, parce que l'élève ou des élèves de sa classe ont droit à un
tuteur ou à une tutrice. Dans certains cas, d'ailleurs, ce sont des enseignants retraités qui font du tutorat. Ça
passe, bien entendu, M. le Président, par les aides à la classe. Les aides à la
classe, nous, c'est une façon de venir en aide à nos enseignants, et donc de
valoriser la profession.
C'est certain, M. le Président... là, on jase,
là, mais le jour où on signe une nouvelle convention collective qui prévoit, là, mettons, le déploiement de
15 000 aides à la classe à travers le Québec, dans les écoles
primaires du Québec, puis on verra comment ça va se déployer, si on finit par
obtenir une convention collective signée par toutes les parties, c'est sûr que ça va être une très belle mesure à
mettre de l'avant, ça, auprès des plus jeunes, là, pour leur dire : Oui,
c'est exigeant, enseigner, mais, vous voyez, le gouvernement met de
l'avant un certain nombre de solutions pour valoriser la profession, pour aider les enseignantes et les enseignants. Puis
évidemment, l'objectif, ça va être de promouvoir ces mesures-là, encore
une fois, pour attirer davantage d'inscriptions dans les facultés d'éducation,
donc valorisation de la profession.
C'est sûr que, M. le Président, les formations
courtes, elles ne font que débuter, là, mais elles sont appelées à se
multiplier, et donc nous avons espoir qu'un nombre grandissant de personnes
ayant un bac vont s'inscrire de plus en plus nombreux, nombreuses dans ces
formations courtes, et donc ça, ça va nous permettre d'aller chercher des
nouveaux enseignants légalement qualifiés. Alors, ça aussi, ça fait partie de
la solution.
Et l'autre solution, M. le Président, c'est de
recruter davantage à l'international. Et là-dessus, bien, il y a des discussions très soutenues avec le ministère de
l'Immigration pour que nous puissions recruter davantage, à l'international,
des nouveaux enseignants et de nouvelles enseignantes. Puis je vous ai parlé
tout à l'heure des mesures pour retenir peut-être un an, deux ans de plus, la
personne qui souhaite partir à la retraite, qui a le droit de partir à la
retraite, mais qui a encore la passion, qui
a encore l'énergie. Moi, j'en rencontre dans mes tournées d'école, M. le
Président, ça m'arrive d'en rencontrer.
J'en ai rencontré un, il y a quelques semaines
de ça, et il était très fier de me dire : Moi, M. Drainville, là, je
fais partie de ceux, là, qui ont accepté de continuer, là. Moi, j'ai la
passion, là, puis j'ai entendu votre appel, puis j'ai décidé de faire encore un an, puis peut-être que je vais être bon pour
en faire deux autres années. Si je me rappelle bien, c'était un prof
d'éducation physique, là, puis il est encore en superforme, là. Et puis je
connais également quelqu'un d'autre, là, qui enseigne les sciences du côté de
Chaudière-Appalaches, là, il s'appelle Yvan et il m'a dit : Bernard, je pourrais partir, mais j'ai décidé de rester. Puis
honnêtement, il ne reste pas pour l'argent, il me l'a dit, puis regarde, là, il
reste parce qu'il se sent utile, parce qu'il a la passion de l'éducation, il
aime les jeunes, il veut... c'est un professeur de sciences. Et donc il y en a
des profs comme ça, là, tu sais, qui... puis il y en a qui reviennent nous
prêter main-forte, comme je vous l'ai dit.
• (10 h 30) •
Alors, la réponse, là, elle est... comment dire,
elle a plusieurs visages, elle est multidimensionnelle. Les solutions... Il n'y
a pas une solution unique. Il y a plusieurs solutions qui, en s'additionnant,
vont nous permettre, nous le croyons, de
renverser la tendance puis, éventuellement, d'être capables de dire : Bon,
bien, le nombre de légalement qualifiés diminue progressivement. Et
éventuellement, bien, on espère évidemment... l'objectif, M. le Président,
c'est d'avoir le moins de non qualifiés possible. Il y en
a toujours eu, M. le Président, soit dit en passant, des enseignants non
légalement qualifiés. Il y en a toujours eu dans le réseau, mais c'était
davantage des suppléants, des personnes qui faisaient de la suppléance.
Il y en avait en
musique notamment, me souffle à l'oreille la députée de Hull, parce que c'était
parfois difficile de trouver des enseignants qui étaient formés en musique.
Alors, il y avait des personnes qui étaient des bons musiciens, des bonnes
musiciennes, on en avait, hein, au Québec, puis on en a encore, mais, je veux
dire, il fut un temps où il y avait des groupes qui se créaient, puis il y
avait les boîtes à chansons, puis il y avait... tu sais, tout le monde grattait
la guitare, on se faisait un feu de camp, puis, enfin, je ne veux pas tomber
dans la nostalgie, là, mais, bref. Alors, tu avais là-dedans des excellents
musiciens, là, tu avais des personnes, là, tu sais, qui aimaient beaucoup la
musique et qui pouvaient, à un moment donné, se retrouver dans une classe comme
professeur suppléant pour enseigner la musique. Ça arrivait.
Alors donc, il y en a
toujours eu des non légalement qualifiés. Là, je prends l'exemple de la
musique, mais là, c'est ça, c'est que leur nombre a beaucoup augmenté parce
qu'effectivement il nous manque des enseignants non légalement qualifiés en
nombre... enfin, il nous manque de plus en plus d'enseignants, et donc on est
obligés de recourir de plus en plus à des enseignants non légalement qualifiés.
Mme Garceau :
Donc, je poursuis sur cette
dernière... ce dernier élément concernant les non qualifiés. Est-ce que vous avez, M. le ministre, des statistiques?
Parce que vous avez mentionné que c'est en train de... les non qualifiés,
il y a une baisse progressive. Avez-vous les statistiques?
M.
Drainville : Non, ce que je vous ai dit, c'est l'objectif, c'est qu'il
baisse.
Mme Garceau :
Ah! l'objectif, O.K.
M.
Drainville : L'objectif, c'est qu'il baisse. Non, non, ils augmentent,
là, d'année... Ces dernières années, le
nombre de non légalement qualifiés a augmenté et le nombre de personnes
bénéficiant d'une tolérance d'engagement augmente également.
Mme Garceau :
Et donc les non qualifiés, en ce moment, vous aviez mentionné 6 000,
est-ce que c'est plus que 6 000?
M. Drainville :
Non, ce que je vous ai dit, c'est
6 000 personnes qui bénéficient d'une tolérance d'engagement. Puis ce n'est pas tous les
enseignants non légalement qualifiés qui bénéficient d'une tolérance
d'engagement. Vous avez des non légalement qualifiés, par exemple, qui
sont des enseignants à la leçon, qui sont des enseignants à taux horaire. Vous
avez des remplaçants qui sont également des personnes non légalement
qualifiées, mais il faut toujours se rappeler, dans certains de ces cas-là, par
exemple, pour les suppléants, la loi n'oblige pas la qualification légale. Tu
peux être suppléant et tu n'as pas besoin d'une autorisation d'enseigner.
La raison pour
laquelle il faut suivre en particulier la catégorie Tolérance d'engagement,
c'est que les personnes qui bénéficient d'une
tolérance d'engagement... de façon générale, il faut toujours se garder, là, de
dire que c'est le cas pour tout le monde, mais les personnes qui
bénéficient d'une tolérance d'engagement, il y en a un bon nombre qui font du
temps plein ou qui vont faire, mettons, du quatre jours-semaine ou du trois
jours-semaine, là, ils ont... Ce n'est pas juste une journée de temps en temps,
là, où ils viennent faire de la suppléance, là. C'est des personnes qui vont, dans les faits, se voir
confier une classe ou se voir confier un groupe avec contrat pour l'année, là. Ils
vont avoir un contrat, soit un contrat à temps partiel... mais, dans certains
cas, ils vont avoir un contrat à temps plein. On leur donne... on les signe
pour l'année, pour s'occuper d'une classe en particulier.
Et c'est pour ça
qu'on dit : C'est toujours un peu bizarre de voir ça, là, mais, des fois,
on voit ça, là, des... On dit : Il y a
une catégorie... Comment ça s'appelle? C'est l'enseignant à temps partiel avec
100 % de la tâche, là? Alors, c'est un peu... quand vous y pensez,
c'est un peu contradictoire, là, mais ils ont effectivement une classe.
Mettons, une classe, ils vont faire quatre
jours-semaine dans une classe puis ils vont faire une journée dans une autre
classe, alors, quatre plus un, ça finit par faire 100 % de la
tâche.
Mme Garceau :
Est-ce que vous pourriez, parce que... Pour ceux qui nous écoutent et pour
moi, pour mon éducation, «tolérance d'engagement» veut dire quoi, exactement?
M.
Drainville : La tolérance d'engagement, dans le fond, c'est le
ministre qui autorise le centre de services scolaire à embaucher un non
légalement qualifié. Et donc ça, ça... Je permets au centre de services
scolaire, dans le fond, de signer un contrat
avec un enseignant ou une enseignante qui n'a pas de qualification légale. Et
la qualification légale, comme je
vous l'ai dit tout à l'heure, c'est trois choses, soit un brevet, soit une
autorisation provisoire, soit un permis probatoire. Donc, je permets au
centre de services scolaire, dans le fond, d'embaucher quelqu'un qui n'a aucune
de ces trois qualifications-là parce qu'il y a un besoin à combler.
Le
Président (M. Émond) :
Merci, M. le ministre. Si vous permettez, Mme la députée, j'ai la députée de
Mercier qui souhaite intervenir. La parole est à vous, Mme la députée.
Mme
Ghazal : Oui, bien, merci. Merci, M. le Président. Bonjour, tout le
monde... Mon Dieu! J'ai comme un chat dans la gorge. On est toujours à
l'article 14, hein, de façon générale? Oui. Bien, je voulais revenir
là-dessus, mais, juste avant, je voulais
aussi saluer les profs et toutes les personnes qui travaillent dans les
services publics qui étaient dans une première journée de grève hier.
Moi, j'étais,
personnellement, à Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
c'était déjà prévu, ça fait longtemps, là, en Abitibi-Témiscamingue, cette fin
de semaine, puis j'ai pu aller, en solidarité avec... Il y avait des profs
devant une école secondaire à Rouyn, un
hôpital, un cégep, toutes les personnes qui travaillent là. Puis c'est
extrêmement important, ils m'ont dit : Si tu vois le ministre, il
faut que tu lui dises que ce n'est pas juste les syndiqués qui parlent, ce
n'est pas le syndicat, c'est des gens qui,
eux-mêmes, travaillent dans les services publics, dont le travail est très,
très important. Il y avait même...
j'avais rencontré même aussi un parent qui disait : C'est vrai que c'est
une journée un peu plus difficile pour nous, cette journée-là, mais je
préfère avoir de la misère, peut-être une journée, là, à essayer de demander
aux grands-parents de garder les enfants, plutôt que de manquer, de façon
permanente, des services professionnels pour mon
enfant qui a des besoins de services professionnels, notamment
d'orthopédagogues. Puis on en manque beaucoup. Ça, c'est à l'année
longue, c'est constamment le cas.
Et là on est ici en
train d'étudier le projet de loi n° 23. Donc, je pense aux profs, je pense
au personnel de soutien, je pense aux
professionnels, toutes les personnes qui tiennent à bout de bras nos écoles
publiques. C'est important de le mentionner, parce que, des fois, quand
on est ici, puis on passe des heures, et des heures, et des heures en
commission parlementaire, on peut, sans s'en rendre compte, nous déconnecter de
ce qui se passe sur le terrain. Même si je
sais que le ministre fait beaucoup de tournées d'écoles, je ne sais pas avec
qui il parle, qu'est-ce qu'on lui dit, mais je tenais quand même ici à
le souligner.
Par rapport à
l'article 14, sur ce qu'on est en train de discuter, le comité consultatifsur
les programmes de formation, je ne sais pas, j'ai peut-être manqué le début, je
ne sais pas si la députée de Hull nous avait parlé de sa situation personnelle
et... en tout cas, il fallait qu'elle...
Une voix :
...
Mme Ghazal :
Oui, elle l'avait fait? Ça fait que je n'étais pas ici, je le regrette. Je vais
aller réécouter l'expérience de la députée
de Hull, mais, par rapport au comité consultatif, je voulais savoir si le
ministre avait eu l'occasion de lire le mémoire de la Fédération
québécoise des professeures et professeurs d'université, dans lequel on parle
d'un élément très, très important, qui est très cher au gouvernement de la CAQ,
c'est-à-dire la liberté académique.
• (10 h 40) •
Dans le mémoire, ce
qu'ils mentionnent, c'est qu'avec notamment cette disposition-là,
l'article 14 et d'autres de la loi... du projet de loi n° 23...
la liberté académique et l'autonomie du milieu universitaire est mise à mal par
ce projet-là. Ils parlent de l'autonomie
universitaire. Normalement, il y a une relation entre les universités et les
professeurs, les institutions
externes, et ça, c'est une relation qui est très, très importante, qui avait
même été définie par l'UNESCO à la
fin des années 90. Et l'objectif de ça, c'est de s'assurer que le
politique ne s'immisce pas dans le travail universitaire. Et avant,
l'agrément, tout ce qui concernait les cours, ou les formations, ou le cursus
qui était suivi par les étudiants qui voulaient enseigner... il y a un comité
d'agrément qui existait, le CAPFE, qui va être aboli, puis ça va être le comité
consultatif qui va prendre les décisions à sa place.
Puis
je voulais savoir si le ministre partageait ou, en tout cas, s'il avait une réponse
à la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université sur le
fait que peut-être que son projet de loi va à l'encontre de la loi sur
la liberté académique dans le milieu universitaire.
M.
Drainville : Bien non, M. le Président, il n'y a pas de... je n'ai pas
d'inquiétude à ce niveau-là. La liberté académique est pleinement respectée.
Mme Ghazal : Puis elle ne l'était pas dans le système qui
existait avant que le comité consultatif que vous voulez mettre sur pied
soit là, la façon qu'on procédait avant?
M. Drainville :
Oui, oui, la liberté académique,
c'est... comment dire, c'est un des piliers de, je dirais, du monde universitaire,
et c'était respecté avant, et ça le sera toujours.
Mme Ghazal : Comment?
M.
Drainville : Bien, ce sont les facultés d'éducation qui vont
déterminer le contenu des formations initiales à partir d'un référentiel qui
existe et qui continuera d'exister. Donc, vous avez le référentiel des
compétences. J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer un peu comment ça
fonctionnait. Vous avez le référentiel des compétences, vous avez les facultés
d'éducation qui développent les formations initiales pour former les
enseignants, et le comité consultatif sur les programmes de formation va se pencher
sur ces formations initiales développées par les facultés d'éducation, et il y
aura un avis qui sera émis par le comité consultatif sur les programmes de
formation.
Mme Ghazal : Envoyé
au ministre?
M. Drainville : Exactement. Et
ultimement, c'est le ministre qui reconnaîtra la formation. Mais c'était déjà
le ministre qui reconnaissait la formation, il ne faut jamais l'oublier, ça.
Mme Ghazal : Mais
dans les faits, bien, si c'était la même chose aujourd'hui et avant, pourquoi
avoir aboli le CAPFE, dans ce cas-là?
M.
Drainville : Bien, le comité consultatif sur les programmes de
formation en enseignement vient, dans les faits, occuper les fonctions
qui étaient celles du CAPFE auparavant. Donc, l'évaluation des programmes de formation
sera faite dorénavant par le comité
consultatif qui siégera et qui relèvera donc de... qui fera partie du nouvel
Institut national d'excellence en éducation.
Mme Ghazal : Quand, à la fin,
je pense que c'est... un, deux, trois, quatre, cinq, six, le sixième, là, le
dernier paragraphe : «Le ministre peut
déterminer les modalités que le comité doit respecter dans le cadre de la
formulation de ses avis sur les programmes de formation à
l'enseignement», est-ce que c'était le cas avant avec le CAPFE? C'est le
ministre qui déterminait les modalités que le comité doit respecter?
M. Drainville : Si vous
regardez la loi actuelle, M. le Président, si vous regardez
l'article 477.15, quand on parle du
CAPFE, on regarde au deuxième paragraphe, le CAPFE recommande au ministre les
programmes de formation à l'enseignement aux fins de l'obtention d'une
autorisation d'enseigner. Le CAPFE n'était pas décisionnel, là, c'est... et le
CAPFE... si vous regardez le troisième paragraphe : «Le CAPFE donne son avis
au ministre sur la définition des compétences
attendues des enseignants à l'éducation préscolaire ou à l'enseignement
primaire ou secondaire», puis ce sera la même chose. Si vous regardez le
premier paragraphe de 14 ou... le premier alinéa de 14, devrais-je dire :
«Le comité consultatif sur les programmes de
formation à l'enseignement a pour mandat de formuler, à la demande du ministre,
un avis sur la définition des compétences attendues des enseignants. Il donne
aussi son avis sur les programmes de formation à l'enseignement en application
des paragraphes 6° et 7° de l'article 5.» Alors, si vous regardez, vous
avez, à l'article...
Mme Ghazal : Je
n'ai pas la... je n'ai pas devant moi l'article du CAPFE, mais je voulais
savoir, est-ce que, dans le CAPFE, à l'époque, est-ce que le ministre...
pas «à l'époque», maintenant, le ministre détermine les modalités que le comité
doit respecter? Parce que, là, on n'a pas l'ancien...
M. Drainville : Répétez-moi
votre question.
Mme Ghazal : Dans le... À
l'article 14 du présent projet de loi, c'est écrit, dans le dernier
paragraphe : «Le ministre peut déterminer les modalités que le comité doit
respecter dans le cadre de la formulation de ses avis sur les programmes de formation à l'enseignement», etc.
Est-ce que le CAPFE faisait... Est-ce que le ministre pouvait faire ça, déterminer
aussi les modalités que le CAPFE devait respecter?
M. Drainville : Je ne crois
pas. Je ne crois pas, mais je pense que c'est une bonne chose que le ministre détermine les modalités que doit respecter le
comité, notamment, M. le Président, parce qu'on veut améliorer les délais. On
veut améliorer les délais, M. le Président.
Mme Ghazal : Je comprends pour les
délais, mais je voudrais revenir à ma question précédente. Est-ce que le
ministre a lu le mémoire de la Fédération québécoise des professeures et
professeurs d'université qui dit : Examen de l'impact de certaines
dispositions du projet de loi n° 23 modifiant
principalement la Loi sur l'instruction publique et édictant l'INEE sur la Loi
sur la liberté académique dans le milieu universitaire? Eux, ce qu'ils disent,
c'est que ça remet en question cette sacro-sainte liberté académique dans le
milieu universitaire, le fait que le ministre dépasse la ligne rouge qui lui
permet de s'immiscer beaucoup plus qu'avant dans l'établissement des programmes
de formation à l'enseignement.
J'aimerais qu'il ait une réponse à ces
universitaires qui lui disent : Attention, M. le ministre, vous êtes en
train de remettre en question puis de dépasser une ligne rouge qui vient à
l'encontre de votre propre loi, la Loi sur la liberté académique dans le milieu
universitaire, qui était extrêmement importante pour le gouvernement et qui
avait été édictée par le gouvernement de la CAQ, alors que là, ici, on va à
l'encontre de cette liberté-là. J'aimerais que le ministre réponde, par la voix de cette commission, au mémoire qui a été
déposé par la fédération québécoise des profs d'université et sur le
fait que ce comité-là n'est pas indépendant comme le CAPFE l'était.
M. Drainville : M. le Président, le
comité dont on parle ici va faire partie de l'INEE, qui sera un organisme indépendant, tout aussi indépendant que peuvent
l'être d'autres organismes du même type, comme l'INESSS, par exemple.
Par ailleurs, M. le Président, j'ai la
définition de la liberté académique ici, sous les yeux, là, qui est tirée de la
loi que cite la députée : «Le droit à
la liberté académique universitaire est le droit de toute personne d'exercer
librement et sans contrainte
doctrinale, idéologique ou morale, telle la censure institutionnelle, une
activité par laquelle elle contribue à l'accomplissement de la mission
d'un établissement d'enseignement.»
Alors : «Ce droit comprend la
liberté :
«1° d'enseignement et de discussion;
«2° de recherche, de création et de publication;
«3°
d'exprimer son opinion sur la société et sur une institution, y compris
l'établissement duquel la personne relève ainsi que sur toute doctrine,
tout dogme ou toute opinion;
«4°
de participer librement aux activités d'organisations professionnelles ou
d'organisations académiques.
«Il doit s'exercer en
conformité avec les normes d'éthique et de rigueur scientifique généralement
reconnues par le milieu universitaire et en tenant compte des droits des autres
membres de la communauté universitaire.»
Je
ne vois pas, dans ce projet de loi, Mme la Présidente... je ne vois rien qui
puisse porter... porter atteinte, dis-je, à la définition que je viens
de lire, là.
• (10 h 50) •
Mme Ghazal : C'est
parce que le CAPFE, à l'époque, c'était composé majoritairement d'enseignants,
alors que, là, c'est juste une minorité, avec le projet de loi, si on regarde
l'article 5, là, qu'on avait...
M. Drainville : C'est à parité. Si vous regardez le quatrième alinéa : «Le comité
doit être formé à parts égales de personnes provenant des domaines de
l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire et secondaire, ainsi que
de personnes du milieu de l'enseignement de niveau universitaire.» Là, on l'a
modifié avec l'amendement...
Mme Ghazal : Oui.
C'était quoi, déjà, l'amendement?
M.
Drainville : ...mais cette partie-là, je crois, est restée la même,
là. On a remplacé «préscolaire, primaire et secondaire», par «éducation»,
mais... par «milieu de l'éducation», mais ça ne change rien au fond de
l'affaire.
Mme Ghazal : Ça,
c'est le comité, mais il y a...
M.
Drainville : C'est le comité, le comité sur la formation initiale, là,
notamment.
Mme Ghazal :
Mais qui relève de l'INEE.
M.
Drainville : C'est bien ça.
Mme Ghazal : Alors
qu'avant le CAPFE, c'était vraiment, vraiment indépendant. Il n'était pas en
dessous d'un conseil d'administration, parce
qu'il y a le comité, les membres, puis il y a aussi le conseil
d'administration, alors qu'avant le CAPFE, c'était... il n'y avait pas
un conseil d'administration au-dessus qui venait décider ou, en tout cas,
donner des orientations, parce que le comité était réellement indépendant. Et
la pratique, avant que ce soit brisé, cette tradition-là,
par la CAQ, la pratique était que, de façon automatique, le ministre approuvait
ce que le CAPFE amenait.
M.
Drainville : Oui, bien, M. le Président, là, restons factuel, là. Les
membres du CAPFE étaient tous nommés par le ministre, là, ou, en tout cas,
plusieurs l'étaient, le président... là, je vous cite la loi, là, «le président
est nommé par le ministre». Les membres visés
aux paragraphes 2° et 3°, donc, ça, c'est quatre membres qui proviennent de
l'éducation préscolaire, primaire ou secondaire et un membre du personnel
professionnel, ces membres-là étaient nommés par le ministre, le
ministre de l'Éducation. Ensuite de ça, le ministre peut nommer deux membres
adjoints. Les membres visés aux paragraphes
4° et 5°, c'est-à-dire les trois qui proviennent du niveau universitaire et un
quatrième qui provient du milieu
universitaire mais qui a une expérience du préscolaire, primaire ou secondaire,
étaient nommés par le ministre de l'Enseignement supérieur. Donc,
honnêtement, M. le Président, oui, on change la structure, là, mais le principe
est préservé, là. Le principe de l'indépendance est préservé, là.
Mme Ghazal : C'est
parce que, là... je sais qu'on l'a passé, là, mais juste pour la compréhension,
là, on parle du comité consultatif sur les programmes, puis ça nous dit c'est
quoi, leur rôle, puis comment ils vont le faire, qui est différent de ce que le
CAPFE faisait. Mais, à l'article 5, c'est l'institut qui peut aussi formuler,
lorsque le ministre lui demande un avis sur les programmes de formation à
l'enseignement... et aussi un avis sur les définitions des compétences
attendues des enseignants. Donc, il y a l'institut aussi qui peut s'immiscer
là-dedans, ce n'est pas... Et l'institut,
avec son conseil d'administration, il n'y a pas juste des enseignants qui sont
là, il y a toutes sortes de personnes.
Ça fait que, là,
avant, c'était le CAPFE qui pouvait le faire puis c'étaient tous des gens qui
venaient du milieu universitaire. Là, on ajoute toutes sortes d'autres
personnes. En plus du comité consultatif, il y a aussi... qui vient remplacer
le CAPFE, il y a aussi les gens de l'institut qui peuvent aussi by-passer ce
comité-là... excusez-moi l'anglicisme, contourner le comité et donner un avis
aussi au ministre, ce qui est totalement différent puis ce qui fait en sorte
que ce n'est plus uniquement les universitaires qui, de façon autonome,
déterminent les programmes, mais toutes autres personnes qui sont dans
l'institut.
Et c'est là que
l'autonomie du milieu universitaire est mise à mal, puis moi, j'aimerais que le
ministre réponde à cette question-là. Il dit que non, ça ne le fait pas, ça ne
fait pas de... il ne vient pas... son projet de loi ne vient pas toucher à la
liberté académique dans le milieu universitaire, mais on a ici des gens du
milieu universitaire qui lui disent que ce
n'est pas le cas, et je viens de mentionner pourquoi : parce qu'il y a
d'autres sortes de personnes, qui ne
sont pas uniquement du milieu universitaire, qui viennent s'immiscer dans la
définition des programmes, qui ont peut-être d'autres intérêts que
seulement de provenir du milieu universitaire.
Le Président (M.
Émond) : M. le ministre.
M.
Drainville : M. le Président, alors, si on regarde l'article 5
auquel fait référence la députée : «Formuler, lorsque le ministre
lui en fait la demande, un avis sur la définition des compétences attendues des
enseignants à l'éducation préscolaire, à l'enseignement primaire ou secondaire aux fins d'obtenir
une autorisation d'enseigner», et le paragraphe 7° : «Formuler, lorsque le ministre lui en fait la
demande, un avis sur les programmes de formation à l'enseignement touchant
l'éducation préscolaire et l'enseignement primaire et secondaire», bien oui, il
y a un avis.
Une voix : ...
M.
Drainville : Ah! ça a été retiré, ça?
Une voix : ...
M. Drainville :
Ah! bon, bien, «lorsque le
ministre en fait la demande», ça a été... il y a eu un amendement, me
dit-on, on a...
Mme Ghazal : L'article
5, quel paragraphe?
M.
Drainville : Donc, c'est... Bien oui, effectivement. Excusez-moi, là,
on a tellement eu d'amendements. Alors,
«formuler un avis», là, la disposition, après amendement, se lit :
«Formuler un avis sur la définition des compétences attendues des enseignants, formuler un avis sur
les programmes de formation à l'enseignement». Donc, il n'y a même plus
d'intervention du ministre, ils vont formuler... l'INEE va formuler...
Mme Ghazal : L'INEE
va le faire.
M. Drainville :
...un avis sur les compétences
attendues et sur les formations initiales. Mais c'est ce que le CAPFE faisait,
M. le Président. Le CAPFE faisait ça, l'INEE va le faire. C'est la même chose.
Mme Ghazal : Mais
là c'est l'INEE, où ce ne sont pas uniquement des gens du milieu universitaire,
de l'enseignement qui y sont. C'est ça, l'idée.
M.
Drainville : Bien oui, mais, M. le Président, est-ce que la députée de
Mercier est en train de me dire que c'est une mauvaise idée d'avoir, sur le
comité qui va regarder les compétences et les formations initiales, d'avoir, pour la moitié, des universitaires et avoir, pour
l'autre moitié, des représentants du monde de l'enseignement, qui sont ceux et celles qui vivent avec les enfants, qui
enseignent aux enfants, qui vont mettre en oeuvre les nouvelles formations?
J'ai de la difficulté à suivre la logique, ici, là.
Je pense que c'est...
elle devrait, au contraire, il me semble, M. le Président, en tout respect, se
réjouir du fait que, dorénavant, le comité
qui va se pencher sur, à la fois les compétences attendues des enseignants et
sur les contenus des formations initiales... Ça devrait être une très
bonne idée, me semble-t-il, ça devrait être salué, me semble-t-il, que de dire : La moitié de ce comité-là sera
constituée d'universitaires, et l'autre moitié sera constituée de personnes qui
proviennent du monde de l'éducation. C'est une très bonne chose, ça, M.
le Président.
Vous savez, M. le
Président, la députée fait siennes les critiques qui ont été adressées par
certains groupes à l'égard de la création de l'Institut national d'excellence
en éducation. M. le Président, c'est dans l'ordre des choses que de vivre avec
la critique quand on veut changer quelque chose, et là, oui, on change beaucoup
de choses, avec la création de l'Institut national d'excellence en éducation. Notre prétention, M. le Président, c'est que c'est
un instrument, un outil qui va nous
aider à faire avancer la science de l'éducation, la promotion des meilleures
pratiques pédagogiques, le partage de
ces pratiques, et nous l'espérons, nous en avons la conviction, à terme, une
réussite scolaire encore plus forte, encore plus grande, parce que c'est
pour ça qu'on est là.
Alors, si, comment
dire, la logique argumentaire de notre collègue de Mercier, c'est d'attendre
l'unanimité de tous les groupes impliqués en matière d'éducation face à la
création d'un institut comme celui-là, M. le Président, si c'est ça, il n'y en aura pas, d'institut, on va... Puis non seulement
il n'y aura pas d'institut, savez-vous quoi, il n'y aura pas de projet de loi,
parce que d'essayer de changer quelque chose, que ce soit en éducation ou dans
un autre domaine, c'est certain, M. le Président, que ça suscite des
résistances. Le changement, par définition, suscite la résistance.
La question, ce n'est
pas de savoir s'il suscite la résistance, la question, c'est de savoir :
Est-ce qu'il améliore l'état de situation
dans laquelle nous vivons? Est-ce que la création de l'institut va nous
permettre d'être meilleurs, va nous rendre meilleurs? Est-ce qu'elle
crée... est-ce qu'il crée, cet institut, les conditions pour que nos enseignants
soient encore plus performants qu'ils ne le sont déjà? Et ils le sont,
performants, mais l'utilisation, le recours aux pratiques pédagogiques éprouvées, aux données probantes, oui, va nous
rendre meilleurs, bon. Et donc les enfants vont éventuellement en
bénéficier, et donc la réussite scolaire va éventuellement en bénéficier.
• (11 heures) •
Alors, moi... M. le
Président, c'est sûr qu'il y a des groupes qui sont contre la création de
l'INEE. Ce n'est pas une nouvelle, ça, là.
Moi, je donne des réponses qui sont fondées sur les faits, sur ce que l'on fait
réellement, pas sur des craintes qui pourraient exister ou qui existent par
rapport à des réalités qui ne se reflètent pas dans la création du projet
de loi, M. le Président. On peut me dire : J'ai peur, je crains, j'ai des
inquiétudes. Oui, je sais, je respecte ces inquiétudes,
M. le Président, c'est normal qu'il y ait des inquiétudes, mais, quand on
regarde les faits, quand on regarde les
dispositions de la loi telle qu'elle a été rédigée, tel qu'elle a été présentée
à l'Assemblée nationale et tel qu'elle est étudiée présentement, article par article, ces craintes-là, à mon avis,
M. le Président, ne sont pas... comment dire, ne sont pas fondées.
Je
les respecte, je respecte ceux et celles qui les ont, mais je veux les
rassurer, l'objectif, en créant l'INEE, M.
le Président, c'est de mettre au service du monde de l'enseignement un outil
qui va nous rendre meilleurs, qui va rendre notre monde de l'éducation
meilleur, le monde étant entendu ici au sens de réseau, au sens de tous ceux et
celles qui y travaillent, les professionnels, les enseignants, les gens qui
vont pouvoir bénéficier, justement, du savoir qui sera reconnu par l'INEE.
Puis,
si on veut parler d'indépendance, là, M. le Président, si on veut aller
vraiment dans le fin détail, actuellement, selon la loi actuelle, les membres
du CAPFE sont nommés par le ministre. Dans le cas du comité qui nous
concerne, que l'on crée par l'article 14, les
membres du comité seront... le comité, en fait, sera formé par l'INEE, par le
conseil d'administration de l'INEE.
Et je tiens à le souligner, M. le Président, les avis du comité seront transmis
intégralement au conseil d'administration de l'INEE. Il n'y a pas
d'intervention politique, là.
Le comité produit des
avis. Ces avis-là sont transmis au conseil d'administration de l'INEE, et
l'INEE... ça, c'est l'article 14, là, on en
revient à l'article 14, donc : «Le comité dépose au conseil
d'administration ses avis destinés au
ministre. Le conseil peut alors formuler des commentaires sur ces avis. Le
conseil transmet par la suite au ministre les avis du comité, accompagnés par ses commentaires, le cas échéant.»
Et on a travaillé longuement, la semaine dernière, M. le Président, sur la composition du conseil
d'administration pour, justement, s'assurer qu'il reflète la plus grande diversité
possible et la plus... comment dire, l'expertise la plus probante
possible, justement.
Alors,
moi, je tiens à rassurer... M. le Président, je tiens à rassurer la députée de
Mercier. Je ne suis pas sûr que je vais la convaincre, mais je vais
quand même essayer.
M. le Président,
l'objectif, en créant l'INEE, c'est de servir l'éducation, c'est de servir la
réussite scolaire. C'est ça, l'objectif de
l'INEE, c'est de servir les pratiques dont on a prouvé qu'elles fonctionnaient,
qu'elles étaient efficaces, qu'elles pouvaient produire le résultat
voulu. C'est ça que ça veut dire, données probantes, données avec preuves. Et
si la donnée ne prouve pas que la méthode est efficace, bien, à ce moment-là,
on le sait et on la retire, on dit : Non, cette méthode-là, cette approche-là ne fonctionne pas, et on le dit, et,
à ce moment-là, on cesse de l'appliquer dans les classes. Par contre, si on découvre qu'il y a une façon de faire qui
fonctionne, qui produit les résultats voulus, eh bien, là, on a intérêt,
M. le Président, à le dire, et à le reconnaître, et à en faire la diffusion.
Et ce que les
sciences de l'éducation disent, M. le Président, c'est que l'enseignement qui
s'appuie sur l'efficacité, sur la capacité à produire des résultats, cet
enseignement-là est bon pour l'élève, bien entendu, puisque le résultat ici,
c'est la réussite scolaire, mais il est bon également pour le personnel enseignant.
Le personnel enseignant vit une plus grande... vit un plus grand sentiment
d'accomplissement, vit un plus grand sentiment de compétence. Et, dans certains
cas, M. le Président, il y a certaines études qui concluent que ce sentiment
d'accomplissement puis ce sentiment de
compétence font en sorte que l'enseignant est moins épuisé aussi. Puis c'est un
peu normal quand on y pense. Quand tu
vis une plus grande satisfaction au travail, c'est normal qu'à la fin de la
semaine tu sortes avec plus d'énergie que si tu as passé ta semaine à
avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur. Puis je ne généralise pas, mais
je sais qu'il y a certains de nos
enseignants qui vivent ça. Je le sais parce qu'ils m'en parlent. Puis c'est
pour les aider, justement. L'INEE vise
à les aider, vise à aider nos enseignantes et nos enseignants en leur
disant : À la suite de recherches rigoureuses, les conclusions sont
à l'effet que, si on utilise telle ou telle méthode pédagogique, on va obtenir
un meilleur résultat auprès des élèves, et
vous allez vivre, comme enseignant, une plus grande satisfaction dans
l'exercice de votre profession, et ce, dans le respect de votre
autonomie. C'est ça l'INEE. C'est ça l'INEE.
Alors,
les questions sont tout à fait légitimes, M. le Président, je ne le redirai
jamais assez, mais il faut surmonter, à un moment donné, nos inquiétudes. Il
faut surmonter notre réaction normale de dire : Le changement, c'est l'inconnu.
Non, à un moment donné, M. le Président, d'autres pays s'en sont donné des
INEE, s'en sont donné des instituts comme
l'INEE. On s'en est même donné une ici, au Québec, dans le domaine de la santé.
M. le Président, est-ce que vous avez entendu beaucoup d'interventions,
ces derniers mois ou ces dernières années, sur le fait que l'INESSS n'avait pas son utilité, que l'INESSS avait mené à des
dérives? Bien non, bien non. L'INESSS fait son travail dans le domaine
de la santé. On propose de créer l'INEE dans le domaine de l'éducation.
Le
Président (M. Émond) : Merci,
M. le président. Mme la députée de Mercier, si vous permettez, gardez votre propos.
Je suggère...
Mme Ghazal : ...
Le Président (M.
Émond) : Les témoignages concernant... Le témoignage de la députée de
Hull semble complété. Je suggère que nous puissions suspendre nos travaux
quelques instants afin que la collègue de Hull puisse regagner son siège de
présidente.
Alors, on va
suspendre nos travaux quelques instants puis on revient à vous tout de suite.
Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 08)
(Reprise à 11 h 09)
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous reprenons les travaux de la commission. Nous
en sommes toujours à l'article 14, et je redonne la parole à la députée de
Mercier.
Mme Ghazal : Merci
beaucoup. Quand je lis le dernier paragraphe de l'article 14, où ça
dit : «Le ministre peut déterminer les modalités que le comité doit
respecter dans le cadre de la formulation de ses avis sur les programmes de formation à l'enseignement, y compris les
délais à l'intérieur desquels les avis du comité, accompagnés, le cas échéant,
des commentaires du conseil d'administration, doivent être lui être transmis.»
Moi, j'ai entendu le
ministre dire : Bien, ça va être plus efficace en termes de délais, parce
que le CAPFE, peut-être que c'était beaucoup trop long, puis c'est ce qui
faisait que peut-être que le gouvernement ou le ministre actuel et son prédécesseur disaient : Bien,
nous, on ne va pas... je ne sais pas, il y a eu un imbroglio, là, entre les
deux, et que le gouvernement, face à
la pénurie de main-d'oeuvre, bien, il veut aller vite. Il veut trouver des
solutions face à la situation qui se
passe dans nos écoles à cause de la pénurie et d'avoir des formations plus
courtes, ce que le CAPFE n'était pas en accord avec ça.
Donc, est-ce que la
raison, dans le fond, derrière ça, derrière cette nouvelle façon de fonctionner...
puis ça peut être une raison valable. J'aimerais juste que le ministre le dise
en toute honnêteté : La vraie raison, c'est parce qu'on ne veut plus qu'il
y ait de délais puis on veut pouvoir former vite, rapidement, comme on l'a
fait, par exemple, dans d'autres métiers, que ce soit la construction ou
d'autres, parce qu'on a besoin de monde pour travailler dans nos écoles. On ne
peut pas attendre après les universitaires, puis quitte à aller par-dessus ou
contourner leur autonomie, l'autonomie du milieu universitaire, ce n'est pas
grave. On est dans une situation d'urgence qui est la pénurie.
Puis
moi, je suis d'accord qu'il y a une situation d'urgence. J'ai moi-même déposé
un plan dans lequel il n'était aucunement question d'éliminer le CAPFE,
mais avec d'autres solutions, notamment les conditions de travail des profs,
les conditions de travail du personnel scolaire, notamment la lourdeur de la
tâche tellement il y a des élèves en difficulté en grand nombre dans les
classes régulières. J'ai plein de mesures que j'ai déjà déposées ici, dans
cette commission, pour régler la situation. Peut-être que le ministre, lui, il
en a d'autres. Et parmi celles-là, pour régler le problème de la pénurie, on a
aboli le CAPFE, ça n'allait pas assez vite. Et le ministre peut donc déterminer
les modalités avec lesquelles ce nouveau
comité consultatif sur les programmes de formation à l'enseignement peut agir
sans... tout en ne tenant pas compte de cette autonomie qui était
importante auparavant. Ça peut être ça, la raison.
J'aimerais
que le ministre me le confirme que c'est pour raccourcir les délais, pour aussi
régler, d'une certaine façon, en
partie la pénurie de main-d'oeuvre qu'il met... qu'il institue ce comité
consultatif. Comme ça, bien, on ne parle pas juste dans les généralités,
on est dans les vraies choses. On met les choses autour de la table. Il y a un
éléphant dans la pièce, il y a urgence d'agir, et, pour le ministre, ce serait
ça, la solution face à la pénurie, puis ce serait dit.
M.
Drainville : Mais non, mais ce n'est pas ça, la raison. Il n'y a pas
de raison. Il n'y a pas de lien entre la pénurie
et notre... comment dire, la structure que nous avons choisi de proposer par
rapport au fonctionnement de l'INEE, et donc par rapport aux avis sur
les compétences, et sur le contenu des formations initiales. C'est une
recherche d'efficacité, Mme la Présidente. C'est une recherche d'efficacité, ça
n'a rien à voir avec la pénurie. On a...
Mme Ghazal : ...l'efficacité,
à cause des délais?
M. Drainville :
Notamment à cause des délais,
oui, notamment à cause des délais, absolument. Et ce que l'on crée, on crée un
institut à l'intérieur duquel il va y avoir de la cohérence, parce que là
votre... le comité consultatif va, à la fois, se pencher sur les
compétences et se pencher également sur les contenus de... des formations
initiales offertes par les facultés d'éducation.
Et évidemment, Mme la
Présidente, vous avez un institut qui va, comment dire, faire l'état, dresser
l'état des connaissances dans l'ensemble du monde de l'éducation et qui va
pouvoir identifier les pratiques les plus efficaces, en matière d'éducation,
dans le monde de l'éducation. Et c'est évident, à ce moment-là, Mme la
Présidente, que les constatations ou les
conclusions auxquelles en arrivera l'INEE, et en particulier son comité
consultatif, vont informer le dialogue que ce comité consultatif aura
avec les facultés d'éducation qui mettent au monde les formations initiales. Il
y a une cohérence là-dedans, Mme la Présidente.
Alors,
on a un référentiel de compétences. L'INEE va être impliqué là-dedans, va être
engagé là-dedans, avec son comité consultatif. Les facultés d'éducation
développent, en toute liberté académique, ou, en tout cas, toute liberté
institutionnelle, ces formations initiales, les soumettent au comité
consultatif sur les programmes de formation à l'enseignement.
Et là il y a un... il y aura un dialogue entre les facultés d'éducation et le
comité consultatif de l'INEE, qui a
pour mandat de formuler un avis sur les contenus en question. Au terme de ce
dialogue, au terme de cet exercice-là, il y aura un avis qui sera
produit par le comité, cet avis-là s'en va au conseil d'administration, qui
pourra y ajouter ses propres observations, et le tout sera acheminé par la
suite au ministre.
Mme la Présidente,
moi, je reçois les avis, là, mais je n'ai pas parlé du ministre, là. Avez-vous
remarqué, là, je n'ai pas parlé du ministre, là? Jusqu'à la fin, là, jusqu'au
moment où je reçois l'avis, le ministre, il n'est pas là, là. Il y a des avis, il y a du travail qui est fait
par les facultés d'éducation, par le comité consultatif. Alors, il y a des
références, je devrais dire, ou des compétences, compétences
référentielles ou référentiel de compétences, bon, il y a le travail qui se fait, il y a l'avis qui est produit, la
recommandation qui est faite, à la fin, au ministre, mais ça, c'était déjà
comme ça, Mme la Présidente. C'était déjà
comme ça, le CAPFE me faisait des recommandations. C'était ça, la réalité, le
CAPFE faisait des recommandations. C'est comme ça que ça fonctionnait et
c'est encore comme ça que ça va fonctionner, le comité consultatif va faire des
recommandations.
Mme Ghazal : ...le
CAPFE, il y avait des délais?
M.
Drainville : ...Mme la Présidente. Bien là, il faudrait demander aux
membres du CAPFE, là.
Mme
Ghazal : Puis qu'est-ce qui nous garantit...
Une voix : ...
Mme Ghazal : Oui,
c'est ça, ils ne sont plus là. Ils ont tous démissionné.
M.
Drainville : C'est leur décision, là.
Mme Ghazal : Puis
qu'est-ce qui fait que, cette fois-là, ça va être plus rapide, alors que même
le C.A... ils pourraient envoyer tout ça au C.A.? Il y a comme une étape de
plus.
M. Drainville :
Bien, écoutez, comme vous pouvez
le lire — un,
deux, trois, quatre, cinq, six — au
sixième alinéa : «Le ministre
peut déterminer les modalités que le comité doit respecter dans le cadre de la
formulation de ses avis sur les
programmes de formation à l'enseignement, y compris les délais à l'intérieur
desquels les avis du comité, accompagnés, le cas échéant, des
commentaires du conseil d'administration, doivent lui être transmis.»
Donc, oui, c'est
vrai, Mme la Présidente, c'est vrai, on ne va pas se le cacher, en vertu de 14,
c'est vrai que je pourrais exiger qu'on me fasse parvenir tel ou tel avis à
l'intérieur d'un délai. Bien oui. Bien oui, Mme la Présidente, c'est vrai, c'est écrit noir sur blanc. Puis
savez-vous quoi? Je pense que c'est normal, parce qu'à un moment donné, si le
ministre ne fait pas son travail, la députée de Mercier, la députée de Robert-Baldwin,
la députée de Saint-Laurent, n'importe
laquelle députée pourra se lever puis dire : M. le ministre, vous ne
faites pas votre job. Comment ça se fait que ça tamponne? Pourquoi ça
brette autant? Bien, qu'est-ce que vous voulez?
Alors, à un moment
donné, moi, je suis redevable. Je suis redevable au Parlement, je suis
redevable à la population, alors il faut que le processus soit suivi. Et puis,
Mme la Présidente, le processus doit être suivi puis il doit être respecté,
parce qu'on veut qu'à la fin les avis qui sont produits soient des avis qui
s'appuient sur un travail rigoureux et sur les données probantes qui démontrent
que cette façon de faire fonctionne bien auprès des élèves.
Bon, alors, il faut
donner le temps au temps, Mme la Présidente. Il n'est pas question de bousculer
le processus, mais je pense qu'on peut
trouver un équilibre entre la nécessaire rigueur du processus et une certaine
durée dans le temps qui est raisonnable et qui permet à l'institut de faire son
travail et au comité, en particulier, de faire son travail, tout en
permettant au ministre de faire le sien. Je pense qu'on peut trouver un
équilibre entre les deux, mais je pense que,
dans le contexte actuel, on doit justement trouver cette efficacité puis
trouver cet équilibre-là. Puis je pense qu'on est capable de le trouver,
Mme la Présidente.
• (11 h 20) •
La Présidente
(Mme Tremblay) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Ghazal :
Moi, par rapport au CAPFE, avec cet article-là puis où est-ce qu'on est
rendus, je n'ai plus d'espoir ni de convaincre le ministre ni de le faire
changer d'idée, mais, je ne sais pas pourquoi, je garde toujours espoir pour le
Conseil supérieur de l'éducation. J'ai comme un... Je me dis... parce qu'il y
a... tu sais, je veux dire, on peut garder
le Conseil supérieur de l'éducation puis garder l'INEE aussi, là. Ce n'est pas un
contre l'autre. Ça fait que, même si
on est en train de voter la création de l'INEE, le fait qu'il y a ce comité-là
pour la formation à l'enseignement, etc., ça ne va pas à l'encontre du Conseil
supérieur de l'éducation puis ça ne l'abolit pas, c'est-à-dire ça ne change pas
sa mission. Ces articles-là ne le touchent pas.
Et,
vous savez, c'est toujours des moments extrêmement attendus, Mme la Présidente,
les rapports du Conseil supérieur de l'éducation quand ils sont publiés. C'est très étudié, très
regardé par les acteurs du milieu de l'éducation, même si, dans les très... dernières années,
c'était toujours malheureusement tabletté par les ministres et les
gouvernements.
Est-ce que... Oui?
Est-ce que je devrais garder espoir? Parce que je trouverais ça dommage que les
rapports qui sont produits par le Conseil supérieur de l'éducation... mais qu'il n'y en ait plus, il n'y en aura
plus, ce n'est pas... ce ne sera pas la mission de l'INEE puis ce n'est
pas le même fonctionnement, ce n'est pas le même mandat.
M. Drainville :
Oui, mais, Mme la Présidente, comme je l'ai déjà dit à cette même question
posée par ma très estimée collègue de
Mercier, question, donc, à laquelle j'ai répondu il y a quelques semaines de
ça, deux semaines peut-être, ce que
j'ai dit à ce moment-là et que je redis aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est
que les dispositions prévues au projet de loi sont maintenues. Il n'y a
pas de changement.
Mme Ghazal :
C'est quel article, là, où est-ce qu'on va parler du mandat du CSE?
M. Drainville : ...bonne question. On va
parler... C'est plutôt vers la fin, je pense. Si on regarde l'article 43, Mme
la Présidente, là, ça va être l'occasion d'en parler.
Des voix :
...
M.
Drainville : On m'a dit 43 à 52. Alors là, on est à 14...
Mme Ghazal :
...une loi qui est... une nouvelle loi.
M. Drainville : Mais
de 43 à 52, effectivement, ce n'est pas dans le bloc INEE, c'est dans le...
c'est les articles qui concernent le projet de loi. Vous avez raison.
Mme Ghazal :
Puis est-ce qu'avant qu'on arrive à cet article-là puis qu'on change le
mandat, est-ce que ça va être possible
d'avoir le rapport sur l'éducation... sur l'état de l'éducation du Conseil supérieur de l'éducation, qui est publié à tous les deux ans?
La Présidente (Mme
Tremblay) : M. le ministre, juste avant votre réponse...
Mme Ghazal : ...qui
doit déjà avoir été publié?
La
Présidente (Mme Tremblay) :
...je veux informer la députée de Mercier qu'il vous reste moins de trois
minutes pour vos interventions dans le cadre de cet article-là. M. le
ministre.
M.
Drainville : ...ledit rapport, Mme la Présidente.
Mme Ghazal : Est-ce
que le ministre s'engage, quand il va le recevoir, qu'il va le rendre public?
M. Drainville :
...si je ne m'abuse, Mme la
Présidente, ledit rapport doit être déposé à l'Assemblée nationale. Ça va
de soi, là.
Mme Ghazal : C'est
ça, ça ne passe pas par les mains du ministre, comme ce que le projet de loi va
faire.
M.
Drainville : Bien, je pense... j'espère qu'on va m'en envoyer une
copie, là.
Mme Ghazal : Oui,
d'où son indépendance, et tout ça.
M.
Drainville : Oui, c'est ça.
Mme Ghazal : C'est
pour ça que je dis qu'on va s'ennuyer de ça.Ça fait qu'on va pouvoir
vivre ça une dernière fois.
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, je... comme on l'a vu dans les
semaines qui ont précédé, il y a de multiples rapports qui seront déposés, de
toutes... déposés, rendus publics. Je ne pense pas, Mme la Présidente, que...
On ne manquera pas de rapports, là. On va avoir des documents qui seront
produits à la suite de l'adoption du projet de loi n° 23, Mme la
Présidente, il va y en avoir comme il se doit. Il va y en avoir un bon nombre,
et puis l'INEE va devoir déposer également ses rapports, puis ce sera...
Là, je n'ai pas la
disposition sous les yeux, mais, si je ne m'abuse, de la même manière que je
dois déposer le rapport du Conseil supérieur de l'éducation, je devrai sans
doute déposer le rapport de l'INEE également, là.
Mme Ghazal : ...c'est
parce qu'on ne veut pas juste des rapports pour faire de la décoration dans nos
bureaux, là. Ce n'est pas ça, l'objectif, c'est aussi le contenu de ces
rapports-là.
C'est parce que
j'aimerais savoir quand est-ce que ce sera déposé, parce qu'il y a peut-être
des dispositions ou des articles qu'on est en train de regarder, notamment la
formation initiale, puis, bien, on ne pourra plus en débattre à la lumière de
ce que ce rapport-là va nous avoir dit, si on ne l'a pas avec nous puis qu'on
continue à passer article par article. Ce serait important de l'avoir avant. Est-ce
que le ministre peut nous dire quand est-ce que ce sera déposé?
M.
Drainville : ...cette information-là, Mme la Présidente.
Mme Ghazal : Est-ce
que son équipe l'a?
M.
Drainville : Non, on ne l'a pas.
Mme Ghazal : Mais
qui l'a?
M.
Drainville : Mais on peut vérifier si le Conseil supérieur de
l'éducation nous autorise... bien, d'abord, s'ils ont une réponse à la
question, premièrement, et si, deuxièmement, ils nous autorisent à la
transmettre, parce que, Mme la Présidente, la dernière chose que la députée de
Mercier souhaiterait sans aucun doute, c'est qu'on s'immisce dans les affaires du Conseil supérieur de l'éducation, n'est-ce pas? Il faut respecter l'indépendance
du Conseil supérieur de
l'éducation.
Alors là, on peut
demander au Conseil supérieur de l'éducation à quel moment est-ce qu'ils ont
l'intention de déposer ce rapport-là. Et l'engagement que je prends, Mme la
Présidente, c'est que, si on nous donne une réponse et qu'on nous autorise à vous la transmettre, on la transmettra avec grand
plaisir à la commission. Il n'y a pas d'enjeu, mais je n'ai pas la
réponse.
Mme Ghazal : C'est
parce que le contenu de ce rapport-là peut nous aider aussi sur les articles
qu'on est en train d'adopter un à la suite de l'autre, par exemple, sur la
formation initiale. Ça fait partie des éléments sur lesquels le Conseil
supérieur de l'éducation se penche et
publie un rapport aux deux ans. Donc, si on termine vite puis le rapport
n'est pas déposé...
Je ne sais pas c'est quoi, la procédure. Ce
n'est pas... Le Conseil supérieur de l'éducation ne vient pas au salon bleu le déposer, il est remis au ministre
puis, à un moment donné, le ministre le dépose. Il faut voir les délais, là,
qui existent. Je ne veux juste pas que le
ministre... Je ne veux pas prêter de mauvaises intentions à personne, mais que
le hasard de la vie fasse en sorte qu'il soit déposé après que plein d'articles
soient adoptés, c'est ça, mon inquiétude.
M. Drainville : Mme la Présidente,
le rapport sur l'état du système d'éducation et les besoins... peut-être qu'il
y aura un lien avec l'INEE ou avec le projet de loi n° 23, je n'en sais
rien. Mais ce que je sais, par contre, c'est que le Conseil supérieur de
l'éducation a pris position sur le projet de loi n° 23, là. Ils ont
présenté un mémoire, là. La présidente du Conseil supérieur a fait connaître sa
position sur 23.
Mme Ghazal : ... pas, comme
100 % de tous les intervenants, sauf peut-être un qui était l'exception.
M. Drainville : Ce qu'elle a dit,
c'est qu'elle souhaitait la création de l'INEE et elle s'était déjà prononcée sur la création de l'INEE. Je parle de la
présidente, Mme Brodeur. Elle s'était déjà prononcée sur la création de
l'INEE, et vous avez raison de dire qu'elle a souhaité que cette
création de l'INEE se fasse parallèlement au maintien du Conseil supérieur de l'éducation. C'est exact. Mais de laisser entendre que le
rapport qui va venir, un rapport biennal, n'est-ce pas, le rapport
biennal et non pas bisannuel, mais biennal, donc aux deux ans...
Une voix : ...
M. Drainville : ...on s'en souvient,
que ce rapport-là ait un rapport, un lien avec 23 ou pas, la députée de Mercier
l'affirme, moi, je n'ai pas d'information là-dessus, là. Je ne sais pas ce que
ce rapport-là va contenir. Je trouve ça...
Enfin, je ne vais pas me hasarder à faire de
prédictions sur le contenu du rapport. Je ne connais pas le contenu de ce
rapport, mais ce que je sais, c'est que le Conseil supérieur de l'éducation a
fait connaître sa position sur le projet de loi n° 23.
Mme Ghazal : ...sur le projet
de loi n° 23 de façon générale. L'idée aussi, c'est que le contenu peut
nous aider. Si, par exemple, il parle de la formation initiale des enseignants,
puis là on est en train de travailler comment ça va être institué, puis qu'eux,
par exemple, ils nous disent, je ne sais pas, là, la façon de le faire, il faut
respecter la liberté académique, bien, ce serait intéressant de les entendre.
• (11 h 30) •
M. Drainville : Mme la
Présidente, j'ai pris un engagement. Nous allons vérifier, mais je ne vais pas
intervenir auprès du Conseil supérieur de l'éducation pour leur dire de... pour
leur donner des instructions sur la manière avec laquelle ils doivent gérer ce
rapport-là. Si je le faisais, on m'accuserait de m'ingérer dans l'autonomie du
conseil.
Là, je vous dis, le conseil a son autonomie de
la même manière que l'INEE aura son autonomie puis ce n'est pas à moi de
commencer à s'ingérer dans le fonctionnement du Conseil supérieur de
l'éducation.
Alors, on va, à la demande de la députée,
s'enquérir, et, s'il y a réponse à la question, on la transmettra, mais c'est
le plus loin que je vais aller, Mme la Présidente. Je ne suis pas là pour faire
pression sur le Conseil supérieur de l'éducation. Ce n'est pas ma job puis ce n'est pas... Non
seulement ce n'est pas ma job, ce n'est pas indiqué, ce n'est pas une bonne idée. Le ministre de l'Éducation ne
commencera pas à faire pression sur le Conseil
supérieur de l'éducation pour qu'il produise un rapport ou un autre
rapport, là.
Mme Ghazal : ...le Conseil
supérieur de l'éducation, il doit faire ce rapport-là sur l'état de l'éducation
aux deux ans. Donc, il fait rapport au ministre sur l'état et les besoins de
l'éducation. Puis on en a besoin, de voir ces... les besoins de l'éducation. Puis le ministre de l'Éducation dépose le
rapport 30 jours sur la réception... sur réception, puis je comprends que
le ministre ne l'a pas entre les mains en ce moment. Ça, il me le confirme
qu'il ne l'a pas entre les mains.
La
Présidente (Mme Tremblay) :
...il ne vous reste plus de temps
pour intervenir sur le présent article. M. le ministre, est-ce que vous
avez une réponse à donner? Parce que j'ai aussi Mme la députée de Robert-Baldwin
qui souhaite intervenir dans le cadre du présent article.
M. Drainville : Bien, je
confirme que je n'ai pas reçu le rapport, Mme la Présidente. Je ne sais pas
comment je peux le dire, là, je n'ai pas reçu le rapport. Et donc je ne suis
pas en mesure ni d'en confirmer l'existence ni de vous dire dans quel délai je recevrai, encore moins quand je le
déposerai, parce qu'effectivement, ce que la loi dit, c'est que le conseil doit, au moins à tous les deux ans,
faire rapport au ministre sur l'état et les besoins de l'éducation. Donc,
ça appartient au conseil de le faire, et le
ministre dépose le rapport sur l'état et les besoins de l'éducation devant
l'Assemblée nationale dans les 30 jours de sa réception ou, si elle ne
siège pas, dans les 30 jours de la reprise de ses travaux. Je confirme ne
pas avoir reçu le rapport.
La
Présidente (Mme Tremblay) : Ça va, M. le ministre? Donc, la
parole est maintenant à la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Donc, on va poursuive la discussion, parce que j'avais également sous les
yeux l'article 9 de la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation. Et
j'attire l'attention du ministre, parce qu'évidemment le dernier rapport sur
l'état des besoins, Revenir à la normale? Surmonter les vulnérabilités du
système éducatif face à la pandémie de COVID-19 : Rapport sur l'état et
les besoins de l'éducation 2020‑2021, le rapport a été déposé,
M. le ministre, en novembre 2021. C'est pour ça, peut-être, qu'on
questionne en ce moment. Vous ne l'avez pas reçu, mais il me semble, compte
tenu qu'on est en commission parlementaire et on est dans le coeur du sujet au
niveau de l'état du système, les besoins, et
suite... parce que ça date depuis deux ans, et là on fait face à une pénurie de
main-d'oeuvre. On est dans un... la
création d'une nouvelle entité, d'une nouvelle structure, on va abolir le
conseil. Il me semble que ce serait
important, compte tenu des circonstances et cette réforme, parce que c'est une
nouvelle entité avec de nouvelles dispositions législatives, qu'il y ait aussi
un volet de formation en ce qui a trait aux enseignants, les enseignantes.
Ça serait fort pertinent pour nous
d'avoir... pour nous tous collectivement, de recevoir ce rapport et d'en
prendre connaissance afin de voir
l'état des besoins du système d'éducation en ce moment, parce que, là, on va
avoir évidemment ce qui s'est passé depuis les deux dernières années et
est-ce qu'il va y avoir des recommandations concernant... parce que la pénurie de main-d'oeuvre, les formations
nécessaires compte tenu de... du manque d'inscriptions aux universités pour
un bac en enseignement, et tout, et là on
est... Parce que moi, je suis préoccupée, et, nous le savons, il y en a
plusieurs et des milliers de parents
qui sont préoccupés par la pénurie de main-d'oeuvre et les gens qui sont en
train d'enseigner à leurs enfants, qui
ne sont pas qualifiés ou qui ont obtenu une autorisation du ministre concernant
une tolérance d'engagement.
On a des gens qui
sont en train d'enseigner à nos enfants, les années très importantes au niveau
de leur développement et tout, de leurs
connaissances. Le primaire... parce que ces gens-là n'enseignent pas juste une
matière, ils enseignent
mathématiques, histoire, géographie. Ils enseignent plusieurs et ils ne sont
pas qualifiés. Ils ont peut-être... ils
sont diplômés du secondaire, c'est préoccupant, et il me semble... Moi, en tout
cas, j'aimerais bien voir, lire et prendre connaissance du rapport du
Conseil supérieur de l'éducation. Peut-être qu'il pourrait venir nous donner
des pistes de solution concernant peut-être des ajouts qu'on devrait mettre
dans les dispositions législatives, en ce moment, concernant l'INEE et d'autres voies, d'autres possibilités que nous
pourrions, là, intégrer dans ce projet de loi qui émane de recommandations et
aussi de ce qui s'est passé depuis les deux dernières années, et je ne le sais
pas, là, au niveau de leurs recommandations pour les prochaines années.
Donc...
M. Drainville :
Mme la Présidente, moi aussi,
j'ai hâte de le lire, le rapport, là. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? Je...
Mme Ghazal : On
va suspendre...
M. Drainville :
Non, mais là, Mme la Présidente,
j'invite mes distinguées collègues à faire leurs représentations auprès
du Conseil supérieur de l'éducation, si elles ne sont pas satisfaites des
délais ou si elles ont des questions. Moi, je
me suis engagé à transmettre mes questions et à en informer la commission, le
cas échéant, mais il n'y a rien qui empêche les... mes distinguées collègues de
s'adresser directement au Conseil supérieur de l'éducation, si elles ont des
questions pour le conseil. Il n'y a pas
juste le ministre qui peut poser des questions au Conseil supérieur de
l'éducation, là.
Mme Garceau :
Mme la Présidente, je vais poser
une question à M. le ministre en termes de... c'est important pour nous tous
d'en prendre connaissance. Est-ce que nous pourrions suspendre l'étude de
l'article 11 pour voir si peut-être M. le ministre pourrait faire des vérifications concernant si... si on parle
que le rapport va être déposé cette semaine versus au début du mois de
décembre, là. Il y a quand même une différence.
La Présidente (Mme
Tremblay) : ...nommé 11, mais est-ce que vous lui parlez plutôt de 14?
Mme Garceau :
14, je m'excuse, 14.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Puisque 11 a déjà été adopté amendé.
Mme Garceau :
Oui, oui, oui, 14, désolée.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Parfait.
Mme Garceau :
Oui, 14, merci.
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, lorsque le rapport sera connu,
nous en prendrons connaissance, mais il n'y a pas de lien entre le rapport et
l'étude du projet de loi, Mme la Présidente. Si le Conseil supérieur de l'éducation ne s'était pas fait entendre sur le
projet de loi n° 23, bien honnêtement, je ne suis pas certain qu'il y
aurait un lien, quand même, là, avec
le rapport sur l'état du système puis les besoins. Mais quoi qu'il en soit, le
Conseil supérieur de l'éducation s'est fait entendre sur 23, on connaît sa position, Mme
la Présidente. Donc, je ne vois pas en quoi est-ce que la suspension
du... de l'étude de l'article serait pertinente à ce stade. Je ne comprends
pas. Pourquoi?
• (11 h 40) •
Mme
Garceau : Bien, c'est parce que c'est deux choses
différentes, là. Le témoignage devant la commission, c'est une chose. Le rapport, c'est une autre
chose, parce que, là, c'est le rapport sur l'état et les besoins de l'éducation
pendant les deux dernières années. Il me semble qu'au niveau du volet, à
l'article 14, concernant tout ce que vous avez mentionné cet avant-midi, M. le ministre, avec grand respect, là,
au niveau d'une pénurie de main-d'oeuvre, on a quand même un nombre
assez important en termes de... les enseignants non qualifiés, ceux qui ont une
tolérance d'engagement et... et on parle de formation. Et il me semble que,
lorsqu'on est dans le volet de formation, au niveau de l'INEE et les nouvelles
dispositions, il y a quand même un lien à faire entre un rapport qui va fort
probablement en discuter, des lacunes dans
le système, et peut-être même dans les formations, parce que la situation, dans
les prochaines... dans un futur, si je peux dire, rapproché, peut-être
les prochaines années, parce qu'un bac, ça prend quatre ans.
Donc, la pénurie continue, l'augmentation
d'élèves continue, les besoins vont être encore plus grands et donc... parce
que ça veut dire qu'il va y avoir un lien entre, maintenant, les... la nature
des formations qui vont être données à ceux qui ne sont pas qualifiés et qui
ont été autorisés, qu'il y a eu une tolérance d'engagement, parce qu'il me
semble que ça, c'est une formation très différente versus ceux qui ont bac en
enseignement de quatre ans. Donc, il me
semble, c'est très pertinent, au niveau du volet de l'article 14, parce
qu'on est dans cet aspect de formation, et de détermination de formation, et qu'est-ce qui va être nécessaire, et de
la nature, et tout. Donc, pour moi, c'est très pertinent.
M. Drainville : Oui, je comprends
l'argumentaire de la députée de Robert-Baldwin, Mme la Présidente, mais, à ce
rythme-là, ce n'est pas juste l'article 14 qu'il faudrait suspendre, c'est
la totalité du projet de loi. Si on suit la logique de l'opposition, on ne
devrait plus rien faire en matière d'éducation tant qu'on n'a pas eu le rapport
du Conseil supérieur de l'éducation. Mme la
Présidente, encore une fois, les députées d'opposition seraient les premières
à nous reprocher de ne pas agir puis de ne pas s'attaquer aux problèmes bien
réels auxquels nous faisons face.
Donc, Mme la Présidente, on va prendre
connaissance du rapport du Conseil supérieur de l'éducation lorsqu'il sera
rendu public, mais, entre-temps, l'étude du projet de loi doit se poursuivre
puisque le projet de loi vise à répondre
justement à... aux besoins, à certains des besoins et à l'état actuel de notre
système d'éducation. Le Conseil supérieur de l'éducation nous fournira son
analyse, ses avis, sa réflexion. On en tiendra compte, le cas échéant,
mais le Conseil supérieur de l'éducation ne
remplace pas le gouvernement, Mme la Présidente. Le gouvernement doit continuer
à prendre les mesures et les moyens qui vont, à terme, nous permettre
d'atteindre nos objectifs, la réussite scolaire, une... un contexte d'éducation amélioré par les différentes dispositions
qui sont contenues dans le projet de loi, notamment par la création de
l'INEE. Alors, il faut continuer à avancer, Mme la Présidente.
Mme
Garceau : M. le ministre, je comprends l'explication. Moi,
comme vous savez, ce n'était pas de suspendre le tout, c'était particulièrement l'article 14, compte tenu... surtout
le premier paragraphe, que «le comité consultatif sur les programmes de formation à l'enseignement a pour
mandat de formuler un avis sur la définition des compétences attendues
des enseignants. Il donne aussi son avis sur les programmes de formation à
l'enseignement.»
Donc, pour moi... le rapport a été déposé en
novembre 2021. On est le 6 novembre aujourd'hui. Je présume qu'ils sont en train de le rédiger. Peut-être
qu'il y a déjà un projet qui a été finalisé. C'était juste une question de
faire une vérification, peut-être sur
l'heure du midi, pour voir : Est-ce que vous allez le recevoir demain,
dans les prochains jours ou est-ce
que ça va aller dans quelques semaines? C'était une suspension pour faire la
vérification, premièrement. C'était ça, ma question.
M. Drainville : Je comprends, Mme la
Présidente, mais, encore une fois, le projet de loi, et en particulier le
projet de créer l'INEE... comment dire, on crée un organisme qui aura un mandat
général d'identifier les meilleures pratiques
et d'en faire la promotion au sein du corps enseignant et dans les écoles, dans
notre réseau scolaire. Alors, on crée un moyen qui, nous le croyons, va
nous rendre meilleurs.
Maintenant, Mme la Présidente, le Conseil
supérieur de l'éducation nous informera, le cas échéant, de son analyse sur
l'état des besoins par rapport au système d'éducation, puis je ne vois pas en
quoi l'un empêche l'autre. On peut très bien créer l'INEE, puis avancer dans
nos travaux, puis prendre connaissance du rapport du Conseil supérieur de
l'éducation lorsqu'il sera produit et rendu public. Je ne vois pas... je ne
comprends pas pourquoi...
Je ne
voudrais pas prêter des intentions à ma collègue, Mme la Présidente. Bien
entendu, on ne fait pas ça, mais j'ai
comme une petite impression, là, ici, là, qu'on veut durer un petit peu, là,
l'étude, là. Ça se peut-tu, ça, qu'on veut juste...
Mme Garceau : Non.
M. Drainville : Non? L'objectif, ce
n'est pas de ralentir les travaux, non?
Mme
Garceau : Non. C'était vraiment la demande, comme on dit, c'était
juste de faire une vérification de quand est-ce que le rapport va être
déposé, parc que je présume que ça s'en vient bientôt.
M.
Drainville : Mais comme je l'ai dit, il y a, je dirais, à vue
de nez, une demi-heure de ça : Je vais demander à mon équipe de vérifier cette information, et
nous... dès que nous aurons une réponse, nous pourrons en informer la
commission.
Mme Garceau : Plus
tard cet après-midi.
M. Drainville : Dès que j'ai la
réponse, Mme la Présidente, dès que j'ai la réponse.
Mme Ghazal : On a hâte.
M. Drainville : La députée de
Mercier est très de bonne humeur, et je pense, l'Abitibi-Témiscamingue... le
vent de l'Abitibi-Témiscamingue est...
Mme Ghazal : ...
M. Drainville : Oui, enivrant. C'est
très bien. C'est très bien. Moi, je suis d'accord que le vent de
l'Abitibi-Témiscamingue est enivrant pour y être allé à de multiples reprises,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Tremblay) : Et
rafraîchissant.
M. Drainville : Oui, enivrant,
rafraîchissant. Tout à fait.
La Présidente (Mme Tremblay) :
Alors,
est-ce que vous avez d'autres commentaires de votre côté, Mme la députée de Robert-Baldwin?
Mme Garceau : Oui. Je reviens,
premier paragraphe de l'article 14. Compte tenu de la façon que l'article
a été rédigé et considérant les explications du ministre cet avant-midi au
niveau de la pénurie de main-d'oeuvre et les défis,
je vais dire les défis, dont vous faites face au niveau du réseau scolaire,
concernant, là, le manque d'inscriptions dans les universités et le nombre d'élèves qui augmente et qui fait en
sorte que, compte tenu de la pénurie de main-d'oeuvre, il y a de plus en plus de personnes non qualifiées
qui enseignent à nos étudiants, à nos élèves, à nos enfants et aussi le nombre
de tolérances d'engagement... et je voulais voir avec vous, dans le cadre du
premier paragraphe de l'article 14, parce qu'on parle de formation
à l'enseignement, qu'est-ce qui est attendu des enseignants. Est-ce que ça
implique aussi... Est-ce qu'il va y avoir des règles ou des formations
particulières concernant les gens qui sont non qualifiés et ceux qui ont obtenu
une autorisation de tolérance d'engagement de l'INEE?
• (11 h 50) •
M. Drainville : Alors, attendez là.
Les formations courtes ont été développées par les facultés d'éducation ou par la TELUQ. Est-ce que, le cas échéant,
lorsque l'INEE sera créé — on
réfléchit à voix haute ici, là, ce n'est jamais une bonne idée quand on
est en politique — est-ce
que, le cas échéant, Mme la Présidente, est-ce que ça pourrait être
envisageable que l'INEE évalue dans quelle mesure les formations offertes dans
ces programmes courts se sont suffisamment
appuyées sur des données probantes et jusqu'à quel point est-ce que certaines
de ces formations pourraient être améliorées pour s'appuyer davantage sur des
données probantes? J'imagine que ça pourrait être possible, là, ça.
Mais là, Mme la Présidente, encore une fois, il
ne faut pas présumer non plus de ce que l'INEE se donnera comme mandat, parce
que l'INEE pourra se donner des mandats d'étudier tel ou tel aspect, telle ou
telle recherche, telle ou telle dimension.
Alors, le ministre pourra également leur demander de se pencher sur... Alors,
est-ce que je pourrais le faire? Très théoriquement, très
hypothétiquement, peut-être, peut-être, peut-être.
Mme Garceau : Mais ce n'est pas si
hypothétique que ça...
M. Drainville : Mais c'est-à-dire...
Mme Garceau : ...compte tenu des
circonstances actuelles, M. le ministre, et les prochaines années.
M. Drainville : Oui, mais c'est ça
et c'est... et là ça nous ramène à la discussion qu'on a eue plus tôt ce matin puis qu'on a eue la semaine dernière
également, c'est-à-dire ça a déjà existé, un certificat pédagogique de
30 crédits, et les personnes avec qui j'en discute, qui ont pris
cette voie, semblent me dire, puis c'est un... ce n'est pas un sondage scientifique, c'est très... c'est une accumulation
de témoignages, mais je pense que ça correspond quand même à ce que vous
avez entendu vous-même, Mme la Présidente. Puis je ne veux pas vous ramener
dans un rôle d'intervenante, là, mais ce que j'entends au fil des discussions
ou ce que j'ai entendu au fil de mes conversations, c'est que ce certificat
pédagogique... En tout cas, chose certaine, il y a beaucoup d'enseignants et
d'enseignantes qui se sont prévalus de ce certificat
et il semble que ceux et celles qui l'ont... qui ont suivi cette voie se soient
sentis bien outillés, bien équipés, et puis les personnes qui les ont
côtoyés au quotidien ne semblent pas s'être plaintes de leur manque de
formation.
Donc, alors, chaque cas est unique, bon,
attention aux généralisations, mais, à ma connaissance, là, il n'y a pas personne, là, qui est arrivé là puis qui a
fait une démonstration que ces formations de 30 crédits étaient
inefficaces. Alors, on peut
s'appuyer, je pense, quand même un petit peu sur cet héritage qui ne date quand
même pas de... tu sais, ça ne fait pas un siècle, là. Là, on parle d'une
vingtaine d'années, là, 25 ans, là, un peu plus.
Bon, il y a
ça et puis il y a le besoin, Mme la Présidente. Encore une fois, je le répète,
là, mais ces personnes-là qui suivent les formations de 30 crédits,
elles sont déjà dans les classes. Elles sont déjà dans les classes. On propose d'améliorer leur formation. Là, Mme la Présidente,
qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? On propose d'améliorer leur formation en leur disant : Si tu prends cette
formation, tu pourrais, à terme, si tu rencontres les exigences du programme,
obtenir ton brevet.
Mais
là, Mme la Présidente, est-ce que nous sommes d'accord sur le principe qu'il
faut améliorer la formation? Il me semble que oui. Il n'y a pas personne
qui est contre ça. Est-ce que c'est une bonne idée qu'on ait davantage d'enseignantes et d'enseignants
légalement qualifiés? La réponse, c'est oui. Est-ce que les formations courtes
nous permettent d'obtenir, à terme, une qualification légale, c'est-à-dire un
brevet? La réponse, c'est oui.
Donc, il me semble,
Mme la Présidente, qu'au terme de cet exercice on puisse conclure qu'il est
souhaitable d'aller de l'avant avec ces
formations de 30 crédits pour toutes les raisons qu'on vient de donner.
Est-ce que c'est idéal? Est-ce qu'on souhaiterait que tout le monde
passe par le 120 crédits, le bac de quatre ans? Dans un monde idéal, Mme
la Présidente, la réponse, c'est oui. Mais est-ce qu'on vit dans un monde
idéal? La réponse, c'est non. Dans les circonstances, je pense que c'est un
très bon... une très belle voie de solution.
Mme Garceau :
Donc, qui évalue en termes de...
le certificat de 30 crédits pour ceux qui ne sont pas qualifiés, puis ils font de la formation, là, pour obtenir
leur certificat? Est-ce qu'il y a une évaluation de performance qui est faite par
la suite?
M.
Drainville : Bien là, c'est récent quand même. Ce sont les facultés
d'éducation, Mme la Présidente, qui... ou la
TELUQ. Mais, tu sais, j'ai parlé de la TELUQ, de l'UQAT, de l'Université de
Sherbrooke, de l'UQAM, ce sont les universités qui ont développé ce
30 crédits.
Mme Garceau :
Mais là c'est les universités, mais là l'aspect... la mission de l'INEE ne
serait pas ça, ne serait pas de la création de certaines formations très
particulières liée aux gens qui ne sont pas qualifiés et qui ont, là, obtenu
l'autorisation de tolérance d'engagement.
M.
Drainville : Bien, oui. Mme la Présidente, si je peux me permettre, si
l'INEE avait existé, l'INEE se serait penché sur le contenu de ces formations
de 30 crédits, bien sûr. Ça aurait fait partie de son travail dans le
rôle... Évidemment, ce n'est pas l'INEE, mais très précisément le comité
consultatif sur les programmes de formation à l'enseignement qui se serait
penché là-dessus. C'est pour ça que la question que vous posiez tout à l'heure,
Mme la députée de Robert-Baldwin...
Mme Garceau :
Elle était pertinente.
M.
Drainville : Bien sûr, elle... mais vous êtes rarement impertinente.
Mme Garceau :
Ah! merci beaucoup.
M.
Drainville : Non pertinente, je devrais dire.
Mme Garceau :
J'espère.
M.
Drainville : Non, ce n'est pas la même chose impertinente et non
pertinente.
Mme Garceau :
Non, et pertinente.
M. Drainville :
Non, mais très sérieusement, Mme la Présidente...
Mme Garceau :
Sérieusement, oui.
M.
Drainville : ...c'est une avenue qui est tout à fait possible. Lorsque
l'INEE existera, est-ce que l'INEE pourrait
se pencher d'elle-même, ou à la demande du ministre, sur une sorte de bilan de
ses programmes de formation courte toujours à la lumière de son mandat?
La réponse, c'est oui, ça pourrait.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Est ce qu'il y a d'autres interventions pour l'article 14?
Mme Garceau :
Non, pas de mon côté. Merci.
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
on va procéder à l'adoption de l'article 14. Donc, est-ce que
l'article 14 est adopté, amendé?
M.
Drainville : Adopté tel qu'amendé?
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
c'est ça, parce qu'on l'avait amendé, là. L'amendement avait déjà été adopté.
Mme
Garceau : Je voulais juste... Je m'excuse, désolée, parce
que j'ai manqué, je crois, le bout, puis je voulais juste m'assurer. Je crois que la députée de
Saint-Laurent avait une question concernant les avis, les avis finaux. Est-ce qu'ils
étaient pour être publiés sur le site de l'INEE? Pouvez-vous juste... je
m'excuse, là, juste de me rappeler quelle a été la décision à cet égard.
Une voix : ...
Mme Garceau : Oui.
M. Drainville : La réponse, c'est la
réponse qui avait été donnée. Je pense qu'on avait répondu à cette question-là,
mais ce n'est pas grave, ça ne me dérange pas du tout de la réitérer.
En vertu de
l'article 38 de la loi d'accès, il n'y a pas de publication tant que le
ministre n'a pas pris sa décision et une fois qu'il y a prise de décision par
le ministre et qu'il y a une demande d'accès, à ce moment-là, les avis sont
rendus publics, puis comme ce sont des avis qui emportent une décision, à ce
moment-là, il faut respecter l'article 38 de la loi d'accès, donc :
«Un organisme
public peut refuser de communiquer un avis ou une recommandation que lui a fait
un organisme qui en relève [et] qu'il a fait à un autre organisme, jusqu'à ce
que la décision finale sur la matière faisant l'objet de l'avis ou de la
recommandation ait été rendue publique par l'autorité compétente.
«Il en est de même pour un ministre en ce qui
concerne un avis ou une recommandation que lui a fait un organisme qui relève
de son autorité.»
Donc, c'est bien le deuxième alinéa ici qui
s'applique. Donc, l'avis ou la recommandation n'est pas rendu public jusqu'à ce que le ministre prenne sa
décision. Une fois qu'il a pris sa décision, il y a publication, s'il y a
demande d'accès.
• (12 heures) •
Mme Garceau : Oui, c'est... mais je
me...
La Présidente (Mme Tremblay) : Il
vous reste moins de trois minutes, là, pour vos interventions dans le cadre du présent
article.
Mme Garceau : O.K. Je vais juste
terminer sur cet aspect parce que, je me souviens, ma collègue avait fait part
au ministre concernant les demandes d'accès qui sont souvent refusées et ne
voulait pas passer via l'accès, surtout compte
tenu des... si les décisions sont finales, il y a des avis finaux, est-ce qu'il
n'y aurait pas possibilité qu'ils soient inscrits, là, au site pour
éviter tout cet aspect d'accès à l'information où on reçoit des pages, là, on
vous l'avait démontré, là, puis ça continue,
les pages grises sans information de quelque nature. Donc, c'était ça, je me
souviens, là, cette question-là qui avait été soulevée par la députée de
Saint-Laurent.
M. Drainville : Ce que les légistes
me... Ce dont les légistes m'informent à l'instant, Mme la Présidente, c'est
qu'une fois que la décision est prise, l'organisme pourrait de lui-même rendre
public l'avis. Par contre, s'il y a une
demande d'accès, à ce moment-là, il y a obligation de le rendre public, l'avis.
C'est la petite nuance que je souhaitais ajouter, là.
Mme Garceau : ...petite nuance
aussi, c'est «pourrait», l'organisme... ce n'est pas «doit».
M. Drainville : Doit, s'il y a
demande d'accès.
Mme Garceau : Oui, mais avant,
première...
M. Drainville : Pourrait, s'il n'y a
pas de demandes d'accès.
Mme Garceau : Pourrait.
M. Drainville : Oui, oui, pourrait
de son propre chef, exact, mais il faut qu'il y ait d'abord une décision
ministérielle, puis c'est normal.
Mme Garceau : Est-ce qu'on peut
juste suspendre, juste pour une minute, s'il vous plaît?
M. Drainville : ...
Mme Garceau : Merci.
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui.
Donc, nous allons suspendre les travaux pour quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 02)
(Reprise
à 12 h 07)
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous poursuivons les travaux de la commission. Nous
en sommes toujours à l'article 14. Donc, la parole est à vous, Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Pour les fins de cohérence et de
transparence, parce que j'ai... je comprends
que des mémoires sont remis aux ministres, dans différents domaines. Ils
passent au Conseil des
ministres, et il y a, automatiquement, publication d'une certaine partie, là,
d'un mémoire sur le site du gouvernement, la partie qui est publique, là, et
donc en tant que... Et je reviens sur la cohérence et transparence. Donc, la
décision finale que le ministre pourrait prendre concernant les avis liés à
l'INEE... qu'une fois que la décision finale est prise, pourrait, évidemment,
faire partie... pourrait être affichée sur le site de l'INEE.
M.
Drainville : Je ne suis pas sûr de comprendre.
Mme Garceau :
Bien, regardez, le Conseil des ministres, il y a des mémoires qui sont
déposés et il y a des publications automatiques
concernant la partie publique, de mémoires, sur le site, là, du gouvernement.
Donc, pourquoi est-ce qu'on ne fait
pas la même chose concernant les décisions finales liées aux avis concernant
l'INEE, que ce serait publié de façon automatique sur... les décisions
finales, là.
M.
Drainville : Vous voulez dire, rendre publiques les décisions
ministérielles suite aux avis reçus, c'est ça?
Mme Garceau :
...les avis comme en fonction de l'article 14.
M.
Drainville : Bien, les... comme je vous dis...
La Présidente (Mme
Tremblay) : ...il reste moins d'une minute pour vos interventions.
M. Drainville :
Mais, comme je l'ai dit tout à
l'heure, Mme la Présidente, la loi sur l'accès prévoit que les avis sont
rendus publics une fois que la décision est prise. Ils peuvent être rendus
publics d'emblée par l'organisme ou ils peuvent
l'être à la suite d'une demande d'accès, une fois que la décision est prise.
Mais il faut laisser au ministre le soin de prendre la décision. C'est
normal.
Mme Garceau :
...c'est ça, je ne dis pas que... Ce ne serait pas avant, c'est suite à la
prise finale. Mais je vais proposer... Mme la Présidente, on va préparer un
amendement à ce sujet. Donc, on veut suspendre juste quelques...
La Présidente (Mme
Tremblay) : Vous demandez la suspension des travaux pour vous
préparer?
Mme Garceau :
Oui, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Parfait.
Donc, on va suspendre
les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 10
)
(Reprise à 12 h 21)
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
nous sommes toujours à l'article 14 du projet de loi sur l'institut
national en éducation. Donc, il vous reste 25 secondes, Mme la
députée de Robert-Baldwin, pour déposer votre amendement.
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Donc :
L'article 14
de la Loi sur l'Institut national d'excellence en éducation, proposé par
l'article 57 du projet de loi, est modifié par l'ajout, à la fin du
cinquième alinéa, de la phrase suivante :
«L'institut dépose
sur son site Internet les avis dans les 30 jours suivant sa transmission
au ministre.»
La Présidente (Mme
Tremblay) : Merci.
Mme Garceau :
Est-ce que...
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
parfait, vous pouvez y aller avec l'explication. On est maintenant dans
l'amendement que vous venez de déposer.
Mme Garceau :
Merveilleux. Donc, j'ai un petit peu plus que 25 secondes.
Tel que mentionné, question de transparence ici,
M. le ministre, parce que c'est sûr et certain que, si les avis ne sont pas
publiés sur le site de l'INEE, c'est très difficile de faire une demande
d'accès d'information, parce qu'on ne sera pas... on ne
va pas le savoir qu'un avis a été formulé ou déposé. Et donc la meilleure façon
pour... en termes d'efficacité, c'est que les
avis, suite... Évidemment, il y a un processus. C'est le comité qui dépose, au
conseil d'administration, ses avis
destinés au ministre. Suite à ça, le conseil d'administration peut alors
formuler des commentaires sur ces avis. Le conseil d'administration
transmet, par la suite, au ministre les avis du comité, accompagnés de ses
commentaires, le cas échéant.
Donc, une fois que le
tout sera fait, que... et moi, je le considère comme étant un avis final, que
ça, ça devrait être publié sur le site de l'INEE, et donc, question de
transparence, les gens vont pouvoir le consulter et... afin d'éviter tous les
délais liés à, évidemment, des demandes d'accès à l'information. Et on sait
très bien qu'il y en a plusieurs qui sont refusées. Et ce serait très difficile
pour les gens, même, de faire une demande, ne sachant pas qu'un avis aurait été
déposé. Et on avait déjà, là... ma collègue la députée de Saint-Laurent, la
semaine dernière, suite à une demande
d'accès à l'information concernant Val-des-Cerfs, avait obtenu, puis elle vous
l'avait montré... C'est ça, l'accès à
l'information. Ce n'est pas très, très utile. Donc, c'est pour ça que je demande,
pour des fins de transparence et aussi de cohérence, que l'amendement
soit adopté.
M.
Drainville : ...prendre un instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Parfait.
Nous allons suspendre
les travaux de la commission quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 24)
(Reprise à 12 h 29
)
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous sommes toujours à l'article 14.
Cependant, compte
tenu de l'heure, je vais devoir suspendre les travaux de la commission jusqu'à
16 h 45. Donc, bon dîner à tous et à toutes.
(Suspension de la séance à 12
h 30)
(Reprise à 16 h 46)
La Présidente (Mme Tremblay) : Alors,
bonjour, tout le monde. La Commission
de la culture et de l'éducation reprend ses travaux.
Nous
poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 23, Loi modifiant principalement la Loi de l'instruction
publique et édictant la Loi sur l'Institut d'excellence en éducation.
Donc, lors de la
suspension de nos travaux, cet avant-midi, nous en étions à l'étude de
l'amendement proposé par la députée de Robert-Baldwin à l'article 14 de la Loi sur l'Institut national d'excellence en
éducation. M. le ministre, la parole serait à vous.
M.
Drainville : Oui. Écoutez, Mme la Présidente, l'amendement qui est
déposé ne nous convient pas. Et je suis
convaincu, Mme la Présidente, que Sébastien Proulx serait à ma place, que
Michelle Courchesne serait à ma place, que Line Beauchamp serait à ma
place, enfin, que les anciens ministres libéraux de l'Éducation seraient à ma
place, qu'ils ne seraient pas d'accord non plus pour l'appuyer pour la simple
et bonne raison, Mme la Présidente, qu'il faut laisser au ministre le temps d'apprécier
l'avis et de prendre le temps de bien mesurer les implications de sa décision.
Et donc d'obliger, comme le fait l'amendement, d'obliger l'institut à déposer
sur son site les avis dans les 30 jours suivant
sa transmission au ministre, ce n'est pas une bonne idée. Et donc nous allons
voter contre. C'est aussi simple que ça.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Parfait.
Mme Garceau : ...M. le ministre, si c'est une question de temps, puis moi,
j'avais... avant la pause, j'avais mentionné que, s'il y a un autre
libellé, si vous voulez changer certains termes... mais là, si vous voulez
changer un 30 jours pour un 60 jours, je ne serai pas contre. Ce
n'est pas ça, l'idée.
L'idée, c'est la
question de transparence et qu'il soit publié. Et aussi, compte tenu que l'INEE
va être une institution, comme on a... comme vous avez expliqué, indépendante,
on veut aussi valoriser la profession, et il me semble que les avis liés à la
formation, liés à les compétences attendues des enseignants, ça peut rejoindre
aussi cet objectif-là. Je le vois d'un bon... d'une bonne façon, pas...
M.
Drainville : ...Mme la Présidente, ça va pouvoir être publié soit par
l'organisme, une fois que la décision du
ministre a été prise... ou de la ministre a été prise, soit à la suite d'une
demande d'accès. Il n'est pas question de cacher les avis ad vitam
aeternam, mais il n'est pas question non plus, Mme la Présidente, d'emprisonner
le ministre, peu importe qui il est, qui
elle est, dans un calendrier de publication des avis. Dans certains cas, Mme la
Présidente, l'avis, on le reçoit, et la décision n'est pas prise avant
plusieurs mois. Ça peut arriver que ça prenne plusieurs mois. Ça peut arriver
qu'on suspende la décision pour des raisons x, y, z et qu'on y revienne plus
tard.
Donc,
d'imposer de... comment dire, d'encarcaner le ministre dans un calendrier de
publication des avis, ce n'est pas une bonne
idée, Mme la Présidente. Ce n'est pas de la bonne gestion, ce n'est pas une
bonne manière de gérer ce ministère, ce n'est pas une bonne idée. Peu
importe le ministre ou la ministre, peu importe sa couleur, laissons le temps
au ministre de considérer les avis et de prendre ultérieurement les décisions
qui s'imposent, et, une fois que la décision est prise, l'avis sera publié,
mais il n'y aura pas de... Mme la Présidente, il n'y aura pas de calendrier par
rapport à la publication des avis. Ça n'arrivera pas. Ce n'est pas une bonne
idée.
Il
y a déjà suffisamment de contrôles, puis c'est très bien ainsi. On est en
démocratie, Mme la Présidente, il y a déjà suffisamment de contrôles,
d'exercices de reddition de comptes. Et, à un moment donné, il faut aussi
permettre à nos responsables ministériels
d'exercer leur jugement puis de leur permettre de travailler sans être
constamment sous la contrainte du temps, de contraintes temporelles qui
ne sont pas utiles, Mme la Présidente. Surtout sur des questions comme celles-là, je pense qu'il faut prendre le
temps de bien réfléchir. On parle d'intégrer des nouveaux programmes. On parle de modifier les formations initiales. On
parle d'envisager ce qui serait les compétences de base d'un enseignant, d'une
enseignante, là, le référentiel des compétences, là. C'est là-dessus que ce
comité-là va se pencher.
Puis,
Mme la Présidente, je vais vous soumettre un autre scénario. Si les membres de
ce comité-là, là, arrivent avec une recommandation qui risque d'être
controversée et qu'ils savent que cette recommandation-là sera rendue publique
30 jours après qu'ils l'aient transmise, la recommandation au ministre, on
peut très bien s'imaginer une situation où les membres du comité vont s'empêcher de faire telle ou telle
recommandation parce qu'ils vont craindre, justement, le... ils vont
craindre la réaction que pourraient avoir certains groupes de pression. Par
exemple, ça peut être des syndicats, ça peut
être des représentants des facultés, ça peut être... peu importe, des acteurs
du monde de l'éducation. Ils vont se
dire : Bon, bien, si on lui envoie cet avis-là, 30 jours plus tard,
il est obligé de rendre public l'avis ou l'institut est obligé de rendre
public l'avis, et là on va se retrouver dans une tempête médiatique puis,
sais-tu quoi, on n'a pas le goût de ça, ça
fait qu'on ne le fera pas, l'avis, ou on ne donnera pas notre véritable avis.
On va donner un avis qui risque de faire moins de bruit, qui risque de
ne pas déclencher de tempête médiatique ou de controverse. Alors, on va se
retrouver, Mme la Présidente, avec un comité consultatif qui ne fera pas le
travail.
Or, moi, je veux un
comité consultatif qui fait le travail, qui me dit carrément : Ce
programme-là, c'est une bonne idée, la faculté d'éducation X a eu une très
bonne idée de mettre ça en place ou encore ce programme-là, cet amendement, ce
changement à la formation initiale, ce n'est pas une bonne idée, bon, parce que
ça nuit à la formation des maîtres, parce que ça va nuire éventuellement à la
réussite scolaire, et donc, non, M. le ministre, on ne trouve pas que c'est une bonne idée. Puis, s'ils savent que ça va être
rendu public 30 jours après puis que ça va mettre le feu au... vous
savez où, de la faculté qui a proposé ledit programme, là, tu te dis :
O.K., est-ce qu'on a le goût, là, de... Vous voyez le... Ce n'est pas compliqué
à imaginer, là.
Alors, on... C'est
une mesure qui risque de rendre... de neutraliser l'efficacité du comité, qui
risque de le paralyser. Bien, non, Mme la
Présidente, ça n'arrivera pas, ce n'est pas possible. Puis je conçois
difficilement, Mme la Présidente,
puis je le dis en tout respect parce que je respecte mes collègues, mais je...
j'ai de la... je pense qu'ils n'ont pas mesuré où ça nous menait,
quelles conséquences ça allait avoir.
Et
là, Mme la Présidente, si je peux me permettre, là, on est rendus à je ne sais
pas combien d'heures sur 14, là, si on inclut les heures qu'on a
investies sur 14 la semaine dernière. On doit être rendus à, je ne sais pas,
là, quoi, cinq heures, six heures,
je ne sais pas combien. Là, Mme la Présidente, on peut discuter, là, mais, à un
moment donné, la question qui se
pose, c'est : Est-ce que nos amis de l'opposition officielle veulent qu'on
avance sur l'INEE, là? Est-ce qu'ils sont... ou est-ce que c'est des...
ils ont décidé de changer de position sur l'INEE, là? Non?
Mme Garceau :
On avance, c'est des...
M.
Drainville : Bien, on n'avance pas vite, là. On n'avance pas vite, Mme
la Présidente, là. Je trouve que... moi, je
veux bien discuter, je n'ai aucun enjeu avec ça, mais, à un moment donné, il
faut avancer. Il faut trouver, encore une fois, le juste équilibre.
Alors, je pense que 14, on a fait le tour. On a bien expliqué. On a, je pense,
répondu à toutes les questions. Ça n'a pas
nécessairement convaincu nos collègues. Je le respecte tout à fait, mais, à un
moment donné, bon, il faut s'entendre pour ne pas s'entendre, je pense.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Garceau :
Regardez, je comprends l'explication du ministre. Je ne suis pas vraiment en
accord avec l'explication, parce qu'à un moment donné il me semble que c'est ça
la... l'objectif aussi de l'INEE, c'est d'éduquer, c'est de rendre l'information publique. Je peux comprendre qu'il
pourrait avoir un certain temps avant de rendre l'avis public, mais là
on est en train de mettre ça dans les mains au niveau de l'accès à
l'information. Et moi, je ne sais pas comment
ça va marcher dans la vraie vie, là, mais je ne sais pas comment les gens vont
savoir qu'un avis concernant les compétences attendues des enseignants
ou concernant une formation en particulier, comment les gens vont le savoir. Donc là, il va falloir que, quoi, on envoie des
demandes à l'accès à l'information, puis pendant combien de mois? Parce qu'à chaque fois on va se voir refuser
l'information, parce que peut-être ça n'existe pas encore, parce que ça n'a pas
été déposé.
Donc, moi, il me
semble, c'était une question... si c'était une question de temps, parce qu'il y
a le temps de réflexion, et tout ça, c'est une chose. Mais en termes de
transparence et aussi compte tenu de l'objectif de la mission de l'INEE, ce serait important que ces avis... et
les avis, c'est suite à... consultations avec... des échanges avec le conseil
d'administration, le comité, le ministre, et
tout, là. Il y a quand même une finalité à ça au niveau d'un avis concernant...
surtout en termes de la formation, qui serait très, très pertinent.
La
Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Kelley :
Bonjour, Mme la Présidente. Puis c'est un plaisir de prendre la parole aujourd'hui,
pour la première fois, dans ce projet de loi, le projet de loi n° 23.
Je veux juste commencer à remercier le ministre parce que le miel qu'il a donné
à la députée de Saint-Laurent... La semaine dernière, j'étais malade, puis une
des seules choses que j'étais capable de
boire, c'était un petit peu de thé ou de tisane, puis le miel du ministre a
aidé beaucoup à soulager le ventre.
Alors, merci beaucoup, M. le ministre. Je ne sais pas quel type de fleurs, et
tout ça, qui sont dedans, mais bref, c'était...
M.
Drainville : ...Mme la Présidente. Je veux voir la lumière rouge
s'allumer pour que je puisse regarder la caméra et dire que je me réjouis, Mme
la Présidente, je me réjouis que le député de Jacques-Cartier ait pu non
seulement goûter au miel, mais que sa santé ait pu en bénéficier, qu'il ait pu
le conserver en lui et que ça a pu le soulager
de ses maux. Je trouve ça formidable, Mme la Présidente, et je le remercie de
faire savoir son contentement et sa grande satisfaction.
M. Kelley :
Exactement. Merci beaucoup, M. le ministre. Et moi, je lance dans cette
discussion sur l'amendement de ma
collègue de Robert-Baldwin... puis je sais que, oui, je connais que mes deux
collègues puis le ministre ont été ici, en commission, pour plusieurs
heures, juste à date, pour étudier un projet de loi qui est très, très
important pour notre société. On est tous d'accord.
Moi, j'ai vu, en
passant, là, les différents mémoires qui étaient déposés, les débats en
Chambre. J'ai fait une révision rapide des tableaux, des commentaires, des
critiques, des groupes sur le terrain. Alors, juste rapidement, parce que je
pense, c'est important de rappeler au ministre qu'on n'a pas une horloge sur
nous, un «deadline», là. On est ici pour étudier un projet de loi. Il n'a pas
prêté des intentions exactement, mais nous, on va prendre le temps d'étudier ce projet de loi, et de faire des
propositions, et prendre notre temps, parce que c'est important, parce qu'on
sait, sur le terrain, que les
citoyens ont des questions, mais, quand même, les gens de le réseau ont
plusieurs questions aussi.
Puis le ministre
parle de la démocratie, il a bien cité ça. Bien, l'ami de la démocratie, c'est
la transparence, Mme la Présidente. Alors,
quand moi, je regarde ça, j'arrive dans un projet de loi puis je vois, il y a
une suggestion des collègues de s'assurer que les décisions qui sont
prises par l'institut sont mises devant le public en 30 jours, si je comprends bien, je dis : Bien, c'est
exactement qu'est-ce qu'on veut dans notre société. Parce que ma collègue a
raison, en opposition, on prend beaucoup, beaucoup de temps, en passant,
de faire des demandes d'accès à l'information. Et je sais que le ministre est
bien au courant de ça, parce qu'il a pris beaucoup de temps dans l'opposition
lui-même, j'imagine, de faire des demandes d'accès à l'information pour avoir
plus d'informations sur qu'est-ce qui se passe au sein du gouvernement.
• (17 heures) •
Alors, nous, ici, on
fait une proposition pour rendre les choses plus démocratiques, que des
citoyens peuvent avoir l'accès à l'information, comme qui est fait un petit peu
avec le Conseil des ministres. Des fois, des choses sont publiées, les
documents, en 20 jours, là. Alors, ce n'est pas une question de la
capacité du gouvernement de produire ces
documents-là, c'est juste une question... et je comprends que le ministre... On
ne veut pas que, dans les médias, il y a des mauvaises nouvelles... puis, des fois, ça peut prendre plus de
temps, mais un ministre est toujours capable de bien expliquer qu'est-ce qui se passe pour justifier
peut-être que... si jamais il y a un délai, il y a... l'information n'est pas
là, je ne sais pas. Mais, quand je regarde ça, au minimum, il dit non à
30 jours, mais est-ce qu'on peut avoir 60 jours? Je trouve que ça, c'est un grand deux mois qui laisse
des fonctionnaires à faire des enquêtes, faire... de poser des questions.
Alors, je trouve que, quand même, le 30 jours, c'est très, très
raisonnable.
Mme la Présidente,
j'ai siégé sur plusieurs différents projets de loi où on a eu une discussion
qui était pas mal similaire. Quand on met des règlements en place, on passe des
articles, puis il y a des documents qui ne sont pas nécessairement mis publics.
Il n'y a pas comme un échéancier, et tout ça, puis on a travaillé ensemble pour
dire : Non, non, c'est important, pour
la transparence, de mettre un 30 jours, un délai de 30 jours,
60 jours ou quelque chose comme ça. Alors, ça, c'est...
Encore, j'ai entendu
le ministre, mais je pense qu'il est capable de réviser ça. Il a quand même eu
toute une longue fin de semaine de regarder
ça puis il arrive avec une réponse que je sais a rendu ma collègue un petit peu
déçue, parce que c'est une excellente suggestion.
Alors,
c'est sûr, sur notre côté, on va voter en faveur et on va continuer de presser
sur ce sujet-là. Mais ça, c'est mes arguments, quand même, quelqu'un qui arrive
pour la première fois, je trouve ça une bonne façon d'avancer le projet de loi, parce que le ministre veut que les
choses avancent. Bien, M. le ministre, si vous voulez avancer, acceptez notre
proposition. Ça fait du gros bon sens, selon moi.
Alors, merci beaucoup,
Mme la Présidente. J'ai hâte de continuer notre discussion ensemble.
La Présidente (Mme
Tremblay) : M. le ministre, est-ce que vous avez d'autres
commentaires?
M. Drainville :
Bien, écoutez, Mme la Présidente,
ce n'est pas une mauvaise plaidoirie que vient de nous faire le député
de Jacques-Cartier pour un...
Une voix : ...
M.
Drainville : C'est le miel, c'est... exactement, c'est le miel, c'est
le miel, mais je ne suis pas convaincu, Mme la Présidente. Je sais que la
députée de Robert-Baldwin est très déçue, je vois ça dans son visage, là, très
déçue, mais je... Non, non. J'ai déjà donné
les raisons pour lesquelles je ne souhaitais pas, Mme la Présidente, que nous
soyons limités par un espace-temps comme celui-là.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Est-ce qu'on serait prêts à la mise aux voix pour cet
amendement à l'article 14 ou vous avez d'autres commentaires?
Mme Garceau :
Une chose, M. le ministre. Je comprends l'explication. Cependant, est-ce
que vous êtes d'accord avec l'idée de la transparence, l'idée de la démocratie,
que ce soit... parce que, Conseil des ministres, on le fait. C'est là où j'ai des problèmes, j'ai de la difficulté à comprendre
un petit peu le raisonnement ou le refus, à part de, si... suite à la transmission, donc, au lieu d'avoir
dans les 30 jours de la transmission, je ne sais pas si on peut utiliser
un autre terme qui ferait en sorte que vous seriez plus confortable.
Mais l'objectif, c'est de rendre l'information publique, pas vous causer des
problèmes ou que les médias, suite à les sorties, et tout ça, là, posent toutes
sortes de questions. C'est vraiment à titre de transparence, d'information. Il
y a une fin, à un moment donné, à l'avis qui a été étudié, et tout ça, que ce
soit rendu public. Donc, peut-être, c'est dans le... dans la question du temps.
Ce n'est peut-être pas dans les 30 jours de la transmission au ministre,
mais peut-être... il faudrait que j'y pense peut-être deux minutes pour
voir, peut-être, une autre suggestion
concernant la formulation de cet aspect-là, compte tenu des explications de M.
le ministre.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous allons...
Mme Garceau :
Avec mon collègue.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
17 h 05)
(Reprise à 17 h 12)
La Présidente (Mme
Tremblay) : Alors, nous allons poursuivre les travaux de la
commission. Donc, nous sommes toujours à l'amendement de l'article 14.
Donc, Mme la députée de Robert-Baldwin, la parole est à vous.
Mme Garceau :
Merci, Mme la Présidente. Suite à
un échange avec mon collègue, je vais lui céder la parole.
M. Kelley : Merci, Mme la Présidente. Question pour le
ministre, c'est en lien avec notre amendement, et avant que je,
peut-être, travaille puis dépose un autre pour répondre à certaines craintes du
ministre.
Si
je comprends, un avis est déposé. Est-ce que c'est possible que ça peut être,
comme, bloqué avant que ça arrive au
ministère? Une suggestion est faite sur la formation. C'est une très bonne
idée, mais certains gens disent : Bien, ce n'est peut-être pas en lien nécessairement avec le
politique présentement, ou il y a un désaccord, peut-être, avec la proposition,
puis ça n'arrive jamais dans les mains du ministre. Mais, un jour, cet
avis ou cette idée sort dans les médias puis le ministre est pris dans une position que lui, il n'était pas au courant
de ça, parce que ça n'a jamais acheminé, tous les états.
Alors, c'est de
comprendre un petit peu le processus. Est-ce que toute l'information, toutes
les suggestions qui sont faites,
recommandations, et tout ça, vont être déposées au ministère ou est-ce que
c'est possible que certaines choses vont rester à l'interne de
l'institut?
M.
Drainville : Bien, écoutez, Mme la Présidente, la loi, la disposition
que nous avons sous les yeux dit : «Le comité dépose au conseil
d'administration ses avis destinés au ministre. Le conseil d'administration
peut alors formuler des commentaires sur ces
avis. Le conseil d'administration transmet par la suite au ministre les avis du
comité.»
Donc,
il y a un caractère d'obligation ici dans la manière avec laquelle c'est
formulé. Donc, de ne pas le transmettre, ce serait contrevenir à la loi. Donc,
je dois présumer que les membres du comité et les membres du conseil
d'administration vont respecter la loi, Mme la Présidente.
M. Kelley : M.
le ministre, est-ce qu'il y a des différentes classes, des avis... les avis
destinés au ministre puis les autres types d'avis, ou est-ce que... C'est quoi,
exactement, le sens de ce mot-là? Je veux juste... parce qu'encore je ne veux pas que quelque chose est
laissé sur le plancher, une idée est tombée dans le vide. Puis, encore, je suis d'accord avec le ministre, il gère une grosse
machine, puis, des fois, des choses sortent, puis il n'est pas au courant de...
Alors, je suis d'accord
avec lui, je veux éviter cette situation. Alors, c'est juste de comprendre
encore quel... c'est quoi, exactement, cette
idée des avis destinés au ministre. Est-ce qu'il y a un autre type d'avis qui
ne sont pas en discussion?
M. Drainville :
Non, je ne crois pas. En tout
cas, la loi ne prévoit pas d'autres types d'avis, Mme la Présidente. Et je vous rappelle, là, qu'en vertu de l'amendement,
on a retiré du premier alinéa... on a retiré «à la demande du ministre».
«Le comité consultatif
sur les programmes de formation à l'enseignement a pour mandat de formuler un
avis sur la définition des compétences attendues», etc.
Donc, il donne son avis.
Le comité conseille aussi le ou la ministre de l'Enseignement supérieur
relativement aux questions de financement. Avant d'émettre un avis sur un
programme de formation, le comité consulte le comité administratif du ministère
de l'Enseignement, parce qu'il y a des enjeux de financement, alors c'est la
raison pour laquelle on s'en réfère au comité administratif, parce qu'il ne
s'agit pas juste de... mettons, de créer un nouveau programme, il faut s'assurer qu'il soit bien évidemment financé. Ensuite
de ça, bien, la composition du comité, 50-50. Le comité dépose au comité d'administration ses avis destinés au ministre.
Le conseil d'administration peut alors formuler des commentaires sur ces
avis et le conseil transmet par la suite les avis au ministre, avec ou sans
commentaire.
Donc, cette disposition-là, Mme la Présidente,
ne prévoit pas différentes catégories d'avis. Elle ne prévoit qu'un avis, et
cet avis-là finit par être transmis au ministre.
M. Kelley : Parfait. Merci pour
l'explication. Pour moi, ça soulève une... pas un enjeu, mais ça, pour moi...
Je souligne la deuxième phrase, que «le conseil d'administration peut alors
formuler des commentaires sur ces avis». C'est
quoi, l'objectif de faire des commentaires? Est-ce que ça va être attaché à des
avis ou est-ce que le commentaire, c'est fait pour les gens du comité,
de peut-être réviser qu'est-ce qu'ils ont écrit? Est-ce que le... Le
commentaire sert à quoi exactement? S'ils ne
sont pas d'accord avec les recommandations... excusez-moi, avec l'avis qui
vient du comité, est-ce que c'est
juste d'être noté? Est-ce que toute cette information... Je veux juste
comprendre, c'est comme... c'est quoi, l'objectif des commentaires, si
ça ne change pas la nature de l'avis? Vous comprenez, Mme la Présidente?
M. Drainville : Bien, écoutez, Mme
la Présidente, la réponse que je peux donner à ça, c'est que... Le député de Jacques-Cartier
est nouveau parmi nous. Puis ce n'est pas du tout un reproche que je lui fais,
je suis même content qu'il soit là, Mme la
Présidente, mais je l'informe tout simplement que nous avons quand même passé
beaucoup, beaucoup de temps de
commission à, je dirais, bonifier la composition du comité... enfin, du conseil
d'administration, plutôt. Donc, c'est un conseil d'administration qui est très
représentatif, dont... auquel nous avons ajouté plusieurs nouveaux membres,
des membres votants, mais également des
membres observateurs. Et donc c'est un comité sur lequel siégeront des experts de
plusieurs horizons. Et donc, moi, je ne vois pas du tout une opposition entre
le travail du comité et les éventuelles observations que le conseil d'administration
pourrait faire. Je vois leur rôle comme un rôle complémentaire.
M. Kelley : O.K. Et c'est
vrai, Mme la Présidente, que je n'étais pas ici avant. Je sais qu'on ne peut
pas vous dire si un collègue est là ou non,
mais je parle... Oui, c'est vrai, je n'ai pas siégé sur ce projet de loi, alors
c'est sûr que j'arrive puis j'ai des questions. Moi, je regarde juste ce
paragraphe ici...
M. Drainville : Mais je pensais, Mme
la Présidente... Si vous me permettez, je pensais que le député allait nous...
était sur le point de nous annoncer : Je n'étais pas présent, mais j'ai
suivi...
Une voix : Attentivement.
M.
Drainville : ...très
attentivement, en berçant mon bébé Gabriel, les formidables échanges de cette
commission. Tellement excitants ces échanges que mon bébé s'endormait
systématiquement en écoutant la commission. Ça, ça aurait été toute une
révélation. Malheureusement, ce n'est pas ça qu'il a dit.
• (17 h 20) •
M. Kelley : Malheureusement, M. le
ministre. Je sais que vous êtes occupé ici, en Chambre... excusez-moi, en
commission, aussi en préparation pour la période des questions, puis, après ça,
je sais que vous avez des rencontres à votre
cabinet pour tous les dossiers qui se passent. Moi, dans l'opposition, je suis
responsable pour le dossier de l'énergie, pour la lutte contre la
pauvreté, pour les relations avec expression des communautés anglaises.
Alors, moi aussi, je n'étais pas capable de
suivre la commission toute la journée, malheureusement. J'étais quand même
occupé avec le bébé dans mes bras, mais aussi avec mes autres responsabilités,
comme un député puis une critique. Alors, je comprends, mais quand même, on a
écouté ça, Gabriel puis moi. On a trouvé les échanges entre le ministre puis
mes collègues très constructifs jusqu'à date, là, alors...
Mais c'était juste une question, M. le ministre,
pour comprendre, comme, la nature de... la raison... le conseil
d'administration peut formuler des commentaires. Ça sert à quoi de faire des
commentaires, si ça va juste laisser à côté? Ou est-ce que ça change la nature
de l'avis? Est-ce qu'il y a comme un processus? Les commentaires sont faits,
puis le comité retravaille, des fois, certains avis avant qu'ils soient envoyés
au ministère?
M. Drainville : Non, non, c'est une
bonne question, madame...
M. Kelley : Oui, c'est juste de comprendre, M. le ministre,
le processus pour encore, peut-être, mieux préparer un amendement ou
éviter un autre amendement.
M. Drainville : Oui, oui, oui.
Alors, oui, c'est ça, on va... Si on peut éviter ça, Mme la Présidente...
Alors,
d'abord, si vous regardez la formulation de la manière que c'est écrit, Mme la
Présidente, le comité, donc, transmet ses avis. Le conseil
d'administration transmet par la suite au ministre les avis du comité,
accompagnés de ses commentaires, le cas
échéant. Il n'est pas question que les avis, le contenu des avis soit modifié
par le conseil d'administration, M. le député de Jacques-Cartier. Les avis
seront transmis de façon intégrale au ministre, mais, oui, le conseil
d'administration pourrait, à la suite de ses délibérations, ajouter des
commentaires. Par exemple, ça pourrait être dans le... je
ne sais pas, moi, le courriel qui va accompagner l'avis. Bon, bien, le
président du conseil d'administration pourrait dire : M. le ministre, on
vous fait suivre l'avis du comité consultatif, tatati, tatata. Suite à nos
délibérations, nous attirons votre attention sur x, y, z. Bien, alors, ça
pourrait être par exemple...
Le conseil d'administration, il a une vue
globale, il a une vue horizontale de tous les travaux qui sont menés par
l'institut. Alors, on peut penser... Là, je réfléchis à voix haute encore une
fois, Mme la Présidente, mais on peut s'imaginer que le conseil
d'administration, connaissant les travaux qui se déroulent sur d'autres enjeux,
pourrait signifier au ministre : On vous transmet l'avis sur tel sujet.
Nous attirons votre attention que, par ailleurs, des travaux sont menés sur un
autre sujet qui pourrait être, dans certains cas, connexe et qui pourrait être
complémentaire. Ça pourrait être le genre de
commentaire qui pourrait accompagner un avis, mais l'avis dans son intégralité
sera transmis au ministre.
Donc, ce
n'est pas parce que ça passe par le conseil que le conseil va commencer à
modifier l'avis. L'avis, lui, il s'en
vient au ministre, le ministre va en prendre connaissance dans son intégralité.
Mais, si le conseil d'administration souhaite ajouter des observations,
il aura tout le loisir de le faire.
M.
Kelley : Merci, M. le ministre. C'est sans raison... parce
que j'ai posé des questions. C'était exactement comme dans la
formulation des trois phrases. C'est comme... Je comprends qu'il y a,
comme, des commentaires transmis après, mais c'est juste... C'était quoi, le processus,
exactement, dans la formulation des avis? Quand un commentaire est fait, est-ce
que l'avis change? Bien, je pense que le ministre, au minimum, a clarifié que
toute l'information va être transmise au ministère, qui est importante, qui
revient un petit peu à l'idée d'avoir cette information déposée dans
30 jours sur le site Web de l'institut. Encore, ça va rendre toute
l'information disponible pour ce monde-là. On va avoir... comme, des fois,
peut-être, les gens qui siègent sur le conseil d'administration vont avoir des
différentes idées que le ministère. Mais
bref, c'est... je pense, ça, c'est important. On parle de l'excellence. Alors,
pour moi, ça fait... ça ajoute à des arguments de mettre ces avis sur le
site Web.
Mais juste... Je reviens un petit peu sur notre
amendement, M. le ministre, encore. Pour vous, c'est comme... Je comprends, il
y a un petit peu de... une crainte que vous n'ayez pas l'information nécessaire
quand même après 30 jours, ça peut prendre 60 jours. Alors, si on ajoute
peut-être — encore,
je travaille un petit peu sur l'amendement, peut-être, qui s'en vient — que
le 30, c'est le... le délai, c'est 30 jours après que vous avez pris
connaissance, est-ce que ça, c'est plus intéressant pour vous? Alors, vous
n'êtes jamais pris dans une situation où vous êtes un petit peu «blindsided»
par un article qui sort, et vous demandez à vos fonctionnaires : Aïe!
C'est quoi, ça, là? Pourquoi je n'ai pas vu ça? On a reçu ça, ça fait comme
60 jours.
Alors, peut-être, ça, c'est aussi une façon de
s'assurer que vous ayez toute l'information avant que ce soit rendu public pour
prendre connaissance de ça. Est-ce que ça, c'est peut-être une solution à votre
inquiétude pour notre amendement... concernant notre amendement?
M. Drainville : Non, j'ai le malheur
d'indiquer à mon collègue que ça n'est pas une solution, pour la raison que j'ai donnée tout à l'heure, Mme la Présidente.
Les contraintes, les obligations, les responsabilités, les rendez-vous
de tout genre auxquels le ministre ou la ministre de l'Éducation doit se
soumettre sont nombreux, et c'est très bien ainsi.
Il y a... Il doit y avoir de la reddition de comptes, mais, dans le cas qui
nous concerne, Mme la Présidente, je veux vraiment que le titulaire de l'Éducation, pour le moment c'est
moi, un jour ce sera quelqu'un d'autre, puisse bénéficier de tout le temps dont il
a besoin, dont elle a besoin pour bien réfléchir, qu'il n'y ait pas de
contrainte de temps avant sa prise de décision.
Après, je le répète, là, parce que, là, les
gens qui nous écoutent pourraient penser que l'avis ne sera jamais rendu public, là, une fois que la décision est
prise, Mme la Présidente, l'avis peut être rendu public soit par l'organisme
soit par le ministère en vertu d'une demande d'accès à l'information. Donc, il
va être rendu public, l'avis. L'idée, ce n'est
pas de cacher l'avis. L'idée, c'est de préserver l'espace de réflexion
nécessaire à une bonne décision, et, dans ce cas-ci, il y a déjà
suffisamment de moments où le ministre doit ou la ministre doit se justifier
d'avoir agi ou de ne pas avoir agi, doit réagir à des nouvelles rapportées par
les médias, doit répondre aux questions des oppositions ou des journalistes, peu importe, doit répondre ou réagir
aux sorties des multiples groupes de pression qui existent dans le monde
de l'éducation.
Sur cette question-là, Mme la Présidente,
c'est-à-dire les programmes qui servent à former nos maîtres, nos enseignantes et nos enseignants, sur la question
des programmes... pas des programmes, mais des référentiels de compétences, je ne veux pas, Mme la Présidente,
que le premier responsable de l'Éducation soit soumis à une contrainte de
temps. Il n'y en aura pas, de contrainte de temps, Mme la Présidente. Je suis
désolé, je... on a un désaccord. We agree to disagree, maybe. C'est peut-être ça, mais je veux juste... Je n'ai
pas le goût que le député de Jacques-Cartier... Je ne veux pas laisser
un faux espoir à mon collègue de Jacques-Cartier, Mme la Présidente.
M. Kelley : Jamais, Mme la
Présidente, un faux espoir. Et une chose que j'ai entendue du ministre, où je
trouve que je ne suis vraiment pas d'accord, c'est quand... c'est peut-être les
avis... «peut être», comme le «peut». Peut-être ils vont devenir publics,
peut-être, mais on veut que les avis soient publics pour tout le monde.
Et, Mme la Présidente, si je peux faire une
parenthèse, parce qu'on parle de l'accès à l'information, ils sont déjà
débordés avec les demandes présentement. On a vu des reportages, des critiques,
quand même, envers, je dis, le gouvernement qui est en manque d'effectifs pour
s'assurer que les avis de l'accès... excusez-moi, les demandes de l'accès à l'information sont traitées dans un
délai raisonnable, et ça, c'est un défi pour la démocratie, Mme la Présidente,
parce que ça empêche des gens à faire leur travail.
Alors,
présentement, j'ai un ministre qui dit : Certains avis vont être mis...
vont être rendus... on va rendre ça public, mais peut-être, les autres, la
réponse, c'est non. Ça va prendre une demande d'accès à l'information, et, dans
l'optique de la transparence, l'idée, c'est d'éviter ça. Je ne veux pas qu'il y
ait un gouvernement qui ne veut pas rendre
quelque chose public parce que, peut-être, il y a quelque chose qu'il ne veut
pas que le public sache ça, là. Ça, c'est une façon d'interpréter
qu'est-ce qu'on discute ici présentement.
• (17 h 30) •
Et je sais que le
ministre ne veut pas ça. Il veut que des gens soient... Il a parlé, il a fait
l'exposition, de parler de la transparence, et tout ça, mais de suggérer à...
les députés ou les citoyens de passer par la voie de l'accès... à une demande
d'accès à l'information n'est pas très, très transparent non plus. Parce que,
comme je dis, ça peut prendre beaucoup de temps, ou, quand même, on sait que
des fonctionnaires peuvent utiliser la loi pour garder certains éléments. Je ne pense pas que ça va arriver dans
ce cas ici, mais ça, c'est la réalité des journalistes, des députés, des gens de
la recherche. Ils connaissent cette histoire, Mme la Présidente, c'est juste la
réalité.
Alors,
encore sur notre amendement, on donne au ministre une opportunité de s'assurer
que toute l'information est rendue publique et pas d'avoir ce mot-là,
«peut-être». On peut rendre toute l'information publique, mais pas
nécessairement toute l'information va être rendue publique. Ça, c'est où je ne
suis pas d'accord avec le ministre. Puis, comme je dis, on peut regarder la
liste de tous les différents projets de loi où on a une discussion très
similaire sur cet enjeu-là, puis je sais que
le gouvernement a été flexible dans certains cas. Je vais faire mes recherches,
mais je me souviens où... quand c'était fait, de dire : Oui, on
peut rendre cette information publique puis éviter ce processus... une demande d'accès à une information. Ou, quand
même, un journaliste qui mettrait ses mains sur un document qui n'est pas rendu public, que le ministère a eu dans leurs
mains pour un an ou plus, et ça, ça fait mal à un gouvernement aussi.
Et, si le ministre dit : Mais moi, je n'étais pas au courant, mais la
machine a eu l'information pour un an, on n'a pas vraiment avancé dans
l'exercice démocratique, ni de rassurer le public qu'on est transparents avec
eux autres.
Alors,
ça, c'est un autre argument, Mme la Présidente, pourquoi je crois que notre
amendement est formidable, puis j'espère que le ministre est convaincu,
puis il va réfléchir de peut-être voter en faveur de notre suggestion.
La Présidente (Mme
Tremblay) : M. le ministre, est-ce que vous souhaitez intervenir?
M.
Drainville : Non. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Tremblay) : D'autres interventions de votre côté ou vous seriez prêt à
la mise aux voix de l'amendement?
Mme Garceau :
Moi, je voulais juste, Mme la Présidente... C'est un petit peu préoccupant,
M. le ministre, cette question de peut-être, peut-être que les avis seront
publics. Donc, qu'est-ce qui se passe dans le cas où il y a un avis qui a été
transmis au ministre, si vous décidez de ne pas... Admettons, c'est un
programme en formation, vous ne croyez pas que c'est une bonne idée, donc vous
n'allez pas mettre en oeuvre ce programme. Est-ce que ça veut dire que cet
avis, il ne va pas se rendre? On ne pourra pas avoir accès, via l'accès à
l'information, à cet avis? Parce que, finalement, il va y avoir un refus de
mettre en oeuvre un programme lié à cet avis. Je tente juste de comprendre un
peu. Ça veut dire qu'il y a certaines choses qui ne seront pas publiques et on
ne pourra pas y avoir accès non plus via l'accès à l'information parce qu'on va
avoir refusé d'y donner suite.
M.
Drainville : Ça peut être à la fois une décision positive ou une
décision négative.
Mme Garceau :
...souligner que, si c'est une décision positive, on va pouvoir avoir accès
via l'accès à l'information. C'est juste qu'évidemment il va y avoir une
question... évidemment, une question de délais. Et aussi, pour la personne qui fait la demande, on ne sait
jamais si l'avis va être disponible. Mais là je regarde l'article 38 de la
loi sur l'accès à l'information : «Un organisme public peut refuser de
communiquer un avis ou une recommandation que lui a fait un organisme
qui en relève ou qu'il a fait à un autre organisme public, jusqu'à ce que la
décision finale sur la matière faisant l'objet de l'avis ou de la recommandation
ait été rendue publique par l'autorité compétente.
«Il en est de même
pour un ministre en ce qui concerne un avis ou une recommandation que lui a
fait un organisme qui relève de son autorité». 39 aussi.
La Présidente
(Mme Tremblay) : M. le ministre.
M. Drainville :
Bien, je regarde 38, là. «Un organisme public peut refuser de communiquer
un avis ou une recommandation que lui a fait
un organisme qui en relève ou qu'il a fait à un autre organisme public, jusqu'à
ce que la décision finale sur la matière faisant l'objet de l'avis ou de
la recommandation ait été rendue publique par l'autorité compétente.
«Il
en est de même pour un ministre en ce qui concerne un avis ou une
recommandation que lui a fait un organisme qui relève de son autorité».
La Présidente
(Mme Tremblay) : Commentaires? M. le ministre, est-ce que vous
souhaitez suspendre les travaux ou ce n'est pas nécessaire? Non. Est-ce que
vous avez d'autres réponses à soumettre?
M. Drainville : Non.
La
Présidente (Mme Tremblay) : Donc, je comprends que vous avez
terminé de répondre aux questions de la députée de Robert-Baldwin. Donc, est-ce
que, de votre côté, vous avez d'autres commentaires?
Mme Garceau :
Non, je pense qu'on peut passer au vote pour l'amendement.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Alors, parfait. Donc, comme il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Donc, est-ce que
l'amendement à l'article 14 est adopté?
Une voix :
...
La Présidente (Mme Tremblay) :
Donc, par appel nominal. Parfait.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau :
Pour.
La
Secrétaire : M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley :
Pour.
La
Secrétaire : M. Drainville (Lévis)?
M. Drainville :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Contre.
La
Secrétaire : M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin :
Contre.
La
Secrétaire : M. Émond (Richelieu)?
M. Émond :
Contre.
La
Secrétaire : Mme Tremblay (Hull)?
La Présidente
(Mme Tremblay) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté à
l'article 14.
Donc,
on pourrait maintenant procéder à l'adoption de l'article 14. Donc, est-ce
que l'article 14 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix :
Sur division.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Adopté, sur division. Parfait. Excellent. Ça
nous amènerait maintenant à l'article 15. M. le ministre, je vais vous
donner la parole afin d'en faire la lecture.
M. Drainville :
Très bien, Mme la Présidente.
«15. Dans
l'élaboration de ses recommandations, l'institut tient compte de leurs
conséquences prévisibles sur les ressources du système d'éducation et ses
acteurs ainsi que des délais nécessaires pour leur mise en oeuvre.»
Commentaire.
Cet article détermine les éléments que l'institut doit considérer dans
l'élaboration de ses recommandations.
La Présidente
(Mme Tremblay) : Est-ce qu'il y a des questions, des commentaires
sur l'article 15?
Mme Garceau : Oui, Mme la Présidente.
J'ai trouvé cet article intéressant parce qu'on parle «dans l'élaboration
de ses recommandations ». Donc, l'institut... et c'est l'institut qui
doit tenir compte de leurs «conséquences prévisibles
sur les ressources du système d'éducation». Comment se fait-il que c'est
l'institut et non pas le ministre qui va tenir compte des conséquences
prévisibles?
• (17 h 40) •
M. Drainville : Parce
que c'est l'institut, et en particulier le comité de l'institut, qui va faire
la recommandation, Mme la Présidente.
Puis il est normal que lorsqu'ils font une recommandation, qu'ils tiennent
compte des conséquences qui pourraient
découler d'un éventuel changement au programme. Une recommandation pourrait,
par exemple, requérir des changements législatifs, par exemple, à la Loi
sur l'instruction publique, pourrait impliquer des changements réglementaires, et donc, par exemple, un
changement réglementaire au régime pédagogique. Puis ça pourrait impliquer
dans certains cas, également, l'ajout de certaines ressources. Donc, c'est
normal, Mme la Présidente, que lorsque l'institut,
et en particulier les comités, en fait, qui formulent des avis ou qui formulent
des recommandations, lorsqu'ils le font,
qu'ils le fassent en tenant compte de ces réalités dont je viens de vous parler
et qu'ils tiennent compte aussi du fait que, dans certains cas, ça
pourrait nécessiter l'octroi de nouveaux crédits.
On me signale, Mme la
Présidente, que l'INESSS doit respecter les mêmes paramètres. L'INESSS, si on
regarde la Loi sur l'INESSS, là, l'Institut national d'excellence en santé et
services sociaux, pour l'élaboration de ses recommandations et guides,
l'institut prend en compte notamment les facteurs suivants : le niveau de
besoins des personnes visées par ces recommandations et guides, le rapport
entre les avantages pour ces personnes et les coûts pour le système de santé et de services sociaux, et, troisième
paragraphe, les conséquences prévisibles de ces recommandations et
guides sur les ressources du système de santé et de services sociaux. Pour
cette prise en compte, l'institut s'appuie
notamment sur une revue systématique des données de la recherche, sur des
évaluations économiques, sur des
données cliniques ainsi que sur l'analyse des données québécoises disponibles
sur les besoins, les ressources, les services et les médicaments.
Bon, c'est de la
bonne gestion, Mme la Présidente. Je ne peux pas, comment dire, n'avoir qu'une
vision très étroite du... de la proposition que tu vas faire. Il faut qu'après,
une fois que tu as réfléchi à la proposition, il faut que tu poses la
question : O.K., si on la met en oeuvre, qu'est-ce que ça va impliquer comme
modifications législatives, réglementaires? Qu'est-ce que ça va impliquer comme
investissements publics?
Mme Garceau : Mais ça, ce n'est pas...
Ça n'émane pas de la compétence du ministère de faire ce travail-là, ce n'est
pas l'INEE qui va avoir ces connaissances au niveau de modifications
législatives, réglementaires concernant de budget, et tout ça.
M. Drainville : Bien, moi, je vous
dirais, Mme la Présidente, c'est complémentaire. Le comité, puis éventuellement
le conseil d'administration, qui va transmettre les avis ou les
recommandations, devra tenir compte des réalités qui découlent, donc, de
l'adoption de cette mesure ou de ce changement. Et puis moi, évidemment, Mme la
Présidente, dans les différents facteurs que je vais devoir évaluer pour
décider de la mise en oeuvre ou pas de ladite recommandation ou dudit avis,
bien, c'est évident que la question des ressources, Mme la Présidente, elle se
pose. C'est comme ça, ça a toujours été
comme ça, puis ça va continuer à être comme ça, c'est sûr. Mais il n'y a pas
juste la question des ressources, il y a... Tu sais, le ministre, il met
de l'avant un certain nombre de mesures et puis il va faire l'évaluation de
l'avis ou de la recommandation à la lumière également des autres mesures qui
ont été mises de l'avant. C'est normal, Mme la présidence, on... Mme la
Présidente, dis-je, on... Vous imaginez un ministre qui dirait : Oui, moi,
je vais adopter toutes les recommandations qui me sont faites, je vais mettre
en oeuvre tous les avis, le prix, ce n'est pas grave. Ça ne marche pas comme
ça, là.
Mme Garceau :
...distinction, M. le ministre. Je comprends ce que vous dites, entre les
responsabilités, en termes de
recommandations, là... parce que, dans l'élaboration d'une recommandation qui
est faite, admettons, sur une question de formation, l'INEE est là pour
formuler la recommandation, mais au niveau de la mise en oeuvre et des
conséquences, ce n'est pas l'INEE qui va avoir à sa disposition toutes les
données nécessaires pour évaluer les conséquences
prévisibles sur les ressources du système d'éducation. Ça, c'est au ministère
de faire cette... Avec respect, il me semble, c'est au ministère. Il
faut pouvoir distinguer les responsabilités.
Puis
j'attire à votre attention, parce que j'ai trouvé ça très important comme
commentaire — un
instant — dans
le mémoire de l'Association des doyens,
doyennes, directeurs, directrices pour l'étude et la recherche en éducation au
Québec, concernant l'article 15 en particulier : «L'INEE se voit
confier...», puis je vais citer cette association, «L'INEE se voit confier le mandat de faire des recommandations au
ministre sur divers objets. L'article 15 du chapitre III
indique que "dans l'élaboration de ses recommandations au ministre, l'institut
tient compte de leurs conséquences prévisibles sur les ressources du système
d'éducation et ses acteurs ainsi que les délais nécessaires pour leur mise en oeuvre." Ainsi, le législateur exprime le
souhait, d'une part, d'obtenir des états de connaissances scientifiques solides,
rigoureuses, mais il souhaite qu'au moment de traduire ce savoir scientifique
en recommandations, celui-ci soit nuancé en
fonction de variables comme les coûts et les délais, etc. Il y a donc ici une
attente de changement de posture attendue
de la part de l'INEE. Cela questionne les intentions qui régissent toute cette
stratégie de création de l'INEE.»
Donc, que
répondez-vous à l'association concernant leurs préoccupations et cette réserve?
M. Drainville :
Excusez-moi. Le document que vous citiez, c'est quoi?
Mme Garceau :
C'est l'association des... ADEREQ.
M. Drainville :
Oui, l'association des facultés d'éducation.
Mme Garceau :
Oui. C'est dans leur mémoire, M. le ministre. L'article... Est-ce qu'on a
une page? C'est l'article 15... par rapport à l'article 15. Juste un
instant...
M. Drainville : Bien,
Mme la Présidente, j'en reviens toujours au point premier, là. Le travail qui
se fait et qui se fera par l'INEE ne sera pas désincarné de la réalité dans
laquelle le système d'éducation évolue. Mme la Présidente, honnêtement,
c'est affirmer ce qui est évident, mais bon, il faut parfois... Comme disait
Talleyrand, cela va sans dire, mais ça ira
mieux si on le dit. Je paraphrase, là, mais, en gros, c'est ce qu'il disait. Ça
va de soi, Mme la Présidente, ça va sans dire ou cela va sans dire que,
lorsqu'on recommande des changements qui impliquent des coûts, qui impliquent
une dépense publique ou un investissement public, cela va sans dire qu'on doit
le... qu'on doit en tenir compte.
Alors, ce que l'on dit dans cet article-là,
c'est que l'institut, dans le cadre de ses travaux, dans le cadre de ses
recommandations, doit tenir compte des conséquences qui découlent de ses
recommandations. Alors, c'est normal. Et évidemment le ministre également devra
se livrer à cet exercice-là. Ça fait partie de ses fonctions.
Mme Garceau : Je
comprends, M. le ministre, mais il y a quand même une préoccupation assez
importante, là. C'est à la page 14 du mémoire. Il me semble qu'ils
méritent une réponse.
La Présidente (Mme Tremblay) : M.
le ministre, est-ce que...
M. Drainville : Oui. Bien, je
vois, là, c'est la référence au mécanisme d'indépendance, là, c'est ça,
vis-à-vis du ministre.
Mme Garceau : Page 14.
• (17 h 50) •
M. Drainville : Le
législateur exprime le souhait, d'une part, d'obtenir des états de
connaissances scientifiques solides et rigoureuses, mais souhaite qu'au
moment de traduire ce savoir scientifique en recommandations, celui-ci soit
nuancé en fonction de variables comme les coûts et les délais. Il y a donc une
attente de changement de posture attendue de la part de l'INEE, et ça
questionne les intentions qui régissent... Bien, non, il n'y a pas de
changement de posture, Mme la Présidente.
Quand les facultés d'éducation s'interrogent sur des changements qu'ils doivent
apporter, croyez-vous, Mme la
Présidente, que les facultés d'éducation ne tiennent pas compte des coûts, ne
tiennent pas compte des délais? Bien,
oui, évidemment. J'espère, Mme la Présidente, j'espère que les doyens des
facultés d'éducation tiennent compte de toutes ces variables. Alors, le
ministre n'est pas différent, puis l'INEE n'est pas différent non plus. C'est
juste de la bonne gestion, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires?
Mme Garceau : C'est parce que
le rôle, en tout cas, la responsabilité de l'INEE, l'objectif, le rôle, c'est
de recommander, mais lorsqu'on parle des coûts et qu'est-ce qui est prévisible
et pas prévisible...
M. Drainville : Je vais vous
donner un exemple, Mme la Présidente. On l'a évoqué déjà publiquement, là, si
on décide, au terme de travaux qui sont menés présentement, de mettre en place
le bac trois plus un, donc un bac de trois ans, l'essentiel de l'enseignement
théorique se donne sur trois ans, la quatrième année se donne... Dans les
faits, ça devient une sorte de stage
rémunéré pour l'enseignante ou l'enseignant, donc, qui a... qui aurait... Comme
c'est le cas avec l'Université de
Sherbrooke, là, ils ont commencé à faire ça cette année, donc la quatrième
année du bac de l'enseignement pour une... je pense qu'ils sont une
vingtaine d'élèves en enseignement, qui ont une classe pour la quatrième année,
puis ce sont surtout des femmes enseignantes, donc elles ont leurs propres
classes.
Bon, bien, Mme la Présidente, si on décide
d'étendre ce modèle, il y aura des conséquences à évaluer sur, notamment, le
programme. Le programme qui se donne sur quatre ans présentement, bien, il se
donnera sur trois ans puisque la quatrième année sera essentiellement une année
de stage. Alors, qui s'assure de la supervision? Qui paie les superviseurs? Comment on change l'enseignement
qui se donnait sur quatre ans, on le donne sur trois dorénavant? Bon,
bien, tous ces aspects très concrets de la mise en oeuvre d'une nouvelle façon
de faire, ces aspects très concrets doivent être évalués par les personnes qui
le... qui vont nous... qui vont éventuellement l'analyser ou qui vont
éventuellement nous le recommander.
C'est un exemple, Mme la Présidente, mais c'est
un exemple très concret. Alors, tu ne peux pas juste arriver puis dire :
O.K., on va prendre un bac de quatre ans, puis dorénavant, ça va être un bac
trois plus un, puis la dernière année, ça va être l'équivalent d'une résidence
dans le milieu scolaire. Bien oui, mais comment tu mets ça en place? Puis est-ce que tu y vas d'un coup, est-ce que tu
y vas par étapes? Est-ce que tu commences par un projet pilote? Qui paie
pour le projet pilote? Qui paie pour les salaires? C'est-tu les centres de
services scolaires qui paient? C'est-tu sous la forme d'une bourse? C'est-tu sous la forme d'un salaire? Si c'est sous
la forme d'un salaire, est-ce que c'est les centres de services scolaires qui... Bien oui, mais c'est
ça. Alors, tu proposes un changement dans un programme, dans une façon
de faire les choses, c'est bien normal, Mme la Présidente, qu'on tienne compte
des conséquences prévisibles sur les ressources du système d'éducation et ses
acteurs ainsi que les délais nécessaires pour leur mise en oeuvre.
Mme Garceau : ...il
va avoir une fonction ou des responsabilités du ministre de l'Éducation,
ministre des Finances et peut-être d'autres, parce que dans la mise en
oeuvre, la façon dont vous parlez, c'est assez...
M. Drainville : Il doit tenir
compte, c'est tout ce qu'on dit. «L'institut tient compte de leurs conséquences
prévisibles». C'est normal. C'est le contraire, honnêtement, qui ne serait pas
normal.
Mme Garceau : Bien,
l'INEE est là pour faire de la recherche, voir, en termes de meilleures
pratiques, comment bonifier le système d'éducation, va faire des
recommandations...
M. Drainville : En matière de
formation initiale des maîtres.
Mme Garceau : Comme
vous... Oui, oui, puis programmes de formation et tout ça. Donc, à titre
d'exemple, comme vous avez mentionné, le bac trois plus un... bon, le
bac trois plus un, donc, on a fait des recherches, oui, c'est...
M. Drainville : J'ai donné cet
exemple-là, ça pourrait être un autre exemple...
Mme Garceau : Ça
pourrait être un autre exemple, mais l'INEE, admettons, si on prend ça à titre
d'exemple, et vous fait la recommandation, parce que ça fonctionne
dans... je ne sais pas, dans différents pays ou peut-être aux États-Unis. Donc,
pour le Québec, oui...
M. Drainville : Comment ça
pourrait être adapté, exactement.
Mme Garceau : Ça
pourrait être adapté, oui, exactement. Mais après ça, ils font la
recommandation parce que c'est une bonne idée, liée aux pratiques
ailleurs.
M. Drainville : Exact. Tout à
fait.
Mme Garceau : Mais là vous
demandez tout un autre volet de responsabilités dans...
M. Drainville : L'élaboration.
Mme Garceau : ...l'élaboration
des recommandations qu'il me semble émanent de... je ne veux pas dire la
juridiction, là, c'est l'avocat en moi, la juridiction, mais de la responsabilité
du ministère de l'Éducation, avec les fonctionnaires,
avec les membres de votre équipe, pour déterminer le comment on va le mettre en
place au Québec, et les coûts liés à
ça. Parce que là, vous allez parler à votre collègue en Finances pour voir est-ce
qu'on a un budget pour mettre en oeuvre... Ce n'est pas l'INEE qui va
faire ça.
M. Drainville : Bien, l'INEE
peut donner une... peut inclure, dans sa réflexion, des considérations comme
celles-là. Mais c'est sûr, Mme la Pésidente, qu'ultimement, si c'est une
initiative, un changement qui nous oblige à obtenir
des crédits supplémentaires, bien, c'est sûr que ça va faire partie des
discussions avec le ministère des Finances au moment du budget.
Et ça aussi,
ça fait partie, Mme la Présidente, de la réflexion, là. Il ne s'agit pas juste,
encore une fois, de réfléchir dans l'abstrait. Il faut... Une fois qu'on
a conceptualisé, il faut, après ça, se demander : O.K., mais comment
est-ce que ça va atterrir, ça, là, là? Dans le calendrier scolaire, par exemple,
là, où est-ce que ça atterrit? Est-ce qu'on peut l'introduire pour septembre prochain ou est-ce qu'on va être obligés
d'attendre 18 mois? Ça, c'est des considérations, Mme la
Présidente, très terre-à-terre. Et honnêtement, je m'attends à ce que les experts
qui vont travailler sur ces propositions se
posent la question : Comment on traduit ça dans la réalité par la suite?
Ça fait partie du travail, bien sûr. Et évidemment, moi, quand je vais recevoir
les recommandations, bien, je vais également les analyser à la lumière des contraintes
qui sont les nôtres.
La Présidente (Mme Tremblay) :
D'autres commentaires?
Mme Garceau : C'est
parce que je regarde... Je comparais, M. le ministre,
l'article 15 et la mission de l'INEE à l'article 5. Il me
semble qu'on va... C'est des responsabilités. On va un peu au-delà de la
mission de l'institut, lorsque je regarde
les différents... les différentes fonctions ou responsabilités dont l'INEE va
avoir le devoir d'exécuter, ce volet de conséquences prévisibles, de
tenir compte sur les ressources du système d'éducation et ses acteurs. Donc, qu'est-ce que vous vouliez dire par ces acteurs?
Il me semble que ça dépasse... On dépasse... je ne veux pas dire largement,
mais on dépasse, il me semble, l'objectif
premier de l'INEE, qui est détaillé. Puis l'objectif et ses responsabilités
sont détaillés à l'article 5 au niveau de la mission.
M. Drainville : Bien,
ce n'est pas le cas, Mme la Présidente. J'assure la députée de Robert-Baldwin
que ce n'est pas le cas.
La Présidente (Mme Tremblay) :
D'autres commentaires?
Mme Garceau : Non, je n'ai pas
d'autre commentaire.
• (18 heures) •
M. Kelley : Mme la Présidente,
moi, je trouve qu'un projet de loi, c'est un petit peu comme un livre, un roman, comme on suit d'un article à l'autre. C'est
une histoire, ça explique un objectif du gouvernement. Mais qu'est-ce que je
comprends de cet article-ci et de faire le lien avec notre amendement que nous
avons fait pour rendre les documents publics... je
peux comprendre parce qu'ici on attache à l'institut que c'est nécessaire, que
leurs conséquences sont prévisibles sur les
ressources du système de l'éducation. Alors, si l'institut arrive avec un avis
qui attache une recommandation avec des conséquences significatives aux
ressources des budgets du ministère de l'Éducation, et c'est une très bonne idée, c'est quelque chose qui est nécessaire et
c'est bien chiffré, bien, peut-être c'est quelque chose que le
gouvernement ne veut pas être rendu public, particulièrement dans une période
où on doit resserrer un petit peu les finances de l'État.
Alors, pour moi, ça explique un petit peu
l'article 15. C'est O.K., «fine», l'INESSS doit chiffrer des choses,
peut-être chiffrer certaines recommandations pour s'assurer qu'elles sont
raisonnables, puis que le gouvernement est capable
de livrer la marchandise ou, à l'inverse, une excellente recommandation va être
déposée, puis le gouvernement ne va faire absolument rien avec. Alors,
ça, c'est une chose. Ce n'est pas nécessairement une suite avec la discussion
que ma collègue a eue avec le ministre, et moi, je vois ça, c'est une bonne
chose, mais c'est triste qu'on ne va pas avoir
accès à toutes les recommandations et avis qui sont déposés, et ça va être
peut-être nécessaire pour les gens de faire des demandes d'accès à
l'information. C'est un petit peu... Je trouve ça un peu triste parce que
l'amendement que ma collègue a déposé à la... au dernier article, je pense, ça,
c'est une situation qui se trouve à... On se trouve un petit peu piégés avec le
fait que le gouvernement n'est pas nécessairement obligé de rendre toute
l'information publique.
Et est-ce que le ministre a des craintes que
certaines recommandations vont être déposées avec des choses qui sont
prévisibles mais difficiles à accomplir comme si on prend, comme un exemple, la
maternelle quatre ans? Si jamais il y a une
recommandation qui était livrée contre cette idée-là, le gouvernement fait
quoi? C'est quoi, l'obligation? Ou est-ce qu'une recommandation est
juste une recommandation? C'est quoi, les obligations du ministère de suivre qu'est-ce qui est déposé? Et maintenant, si les
choses sont bien chiffrées, qu'est-ce qui arrive si le ministère dit :
Bien, on n'est pas d'accord avec les chiffres qui étaient faits par
l'institut? Qui a raison entre les deux?
La Présidente (Mme Tremblay) :
M. le ministre.
M. Drainville : Mme la
Présidente, l'INEE va faire une évaluation des ressources qui sont nécessaires
pour assurer la mise en oeuvre et l'implantation réussie des pratiques qui sont
validées par la recherche. C'est normal. Tu en
viens à la conclusion que telle ou telle pratique augmente l'efficacité de ton
corps enseignant ou augmente la réussite scolaire dans les classes,
mais, après ça, tu dois te poser la question : O.K., mais, si on va de
l'avant avec cette mesure-là, si on va de
l'avant avec cette pratique-là, est-ce qu'elle comporte un investissement supplémentaire
pour l'État?
Par exemple, encore une fois, j'essaie d'être le
plus concret possible, Mme la Présidente, le déploiement des aides à la classe,
donc deuxième adulte dans la classe. Bon, alors, on jase, mettons qu'on aurait
effectivement des recherches qui
concluraient que la présence d'une deuxième adulte dans la classe favorise
l'apprentissage de l'élève, favorise la réussite scolaire, diminue le
taux d'épuisement au sein du corps enseignant, etc. C'est ce que démontrent, en
partie du moins, les projets pilotes en cette matière.
Mais faisons abstraction des projets pilotes,
pour les fins de la discussion. Bon, alors donc, la recherche, dans ce cas-ci, on parle d'une hypothèse, la recherche
démontre qu'une deuxième adulte dans la classe a un effet exceptionnel. Bon,
très bien. Maintenant, c'est le travail de l'INEE, c'est le travail des experts
qui recommanderaient, par exemple, un déploiement d'aides à la classe
dans l'ensemble des classes primaires du Québec d'évaluer le coût lié à cette
mesure. C'est normal.
Alors, est-ce que l'évaluation qu'ils feront,
pour répondre au député de Jacques-Cartier, sera la même que celle que moi, je ferai? Peut-être que l'INEE va
évaluer que le déploiement d'aides à la classe dans l'ensemble des écoles
primaires du Québec représente un investissement de x centaines de millions ou
encore de x milliards de dollars. Et évidemment,
moi, je reçois cette recommandation, je fais comme : Wow! c'est très
intéressant, ça, les données probantes démontrent que les aides à la classe
ont un effet exceptionnel.
Maintenant, pour déployer des aides à la classe
dans l'ensemble des écoles primaires du Québec, on parle de... alors, si on parle d'un deuxième adulte dans
l'ensemble des classes du primaire, bien, voilà combien d'aides à la classe
cela implique. Et donc est-ce que je les ai?
Est-ce que je peux les trouver? Si je les trouve, est-ce que je peux les payer?
Si je les paie, je les paie combien?, etc. Ces données très pratico-pratiques,
Mme la Présidente, sont évidemment du ressort
de l'évaluation qui sera faite en bout de ligne par le responsable ministériel,
le ou la ministre de l'Éducation, mais ça
n'empêche pas l'INEE, Mme la Présidente, de procéder à sa propre évaluation au
moment où elle fait la recommandation. C'est normal, on ne fonctionne
pas, encore une fois, dans un univers abstrait. On fonctionne dans un univers
où des ressources comportent habituellement, à tout le moins, un investissement
de la part de l'État, et donc c'est...
Puis, dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre, bien, je m'attends, évidemment, à ce
qu'une recommandation comme celle-là tienne compte de... et me propose
peut-être des façons de contourner la difficulté. Les cerveaux qui vont travailler sur ces recommandations, Mme la
Présidente, c'est des gens qui... ils ne vivent pas sur la planète Mars, ils
vivent sur... au sein de la société québécoise, et je m'attends, moi, à ce que
leurs travaux soient incarnés. Sinon, ça sert à quoi, Mme la Présidente? Ça
sert à quoi, pour un institut, de faire des recommandations sur les pratiques
probantes qui sont inapplicables dans les salles de classe de la société
concernée? Voyons donc! Alors, c'est normal, Mme la Présidente, que, dans ces
travaux-là, il y ait effectivement une réflexion sur les conditions de mise en
oeuvre et les conditions de réussite.
M.
Kelley : Je pense que, Mme la Présidente, l'importance de
la discussion ici, c'est de juste bien comprendre la capacité de l'institut de
fournir certains chiffres. Le ministre veut que les choses sont chiffrées, mais
l'institut n'a pas toutes les
ressources du gouvernement. Oui, le ministère de l'Éducation peut chiffrer les
choses, mais on sait, Mme la Présidente, les gens qui font vraiment tous les
chiffres pour les dépenses du gouvernement... oui, le ministère des Finances,
après qu'ils ont eu des discussions avec le
Conseil du trésor. Ça, c'est comment ça marche. Ça, c'est où on trouve tout
l'argent de l'État, et ça, c'est où...
Je
pense... je cherche plus, comme, encore, de comprendre, mais aussi de s'assurer
que l'institut n'arrive pas avec des
chiffres... parce qu'eux autres n'ont pas toutes les ressources nécessaires,
puis le gouvernement dit : C'est complètement irréaliste, qu'est-ce qui
est déposé par l'institut. C'est d'éviter ça. Je ne veux pas que le travail
puis les travaux de l'institut sont, des fois, attaqués quand même par
le gouvernement. Parce que c'est un déséquilibre qui est réel et c'est juste un
enjeu que je vois dans l'avenir avec...
Et c'est correct, là,
des fois, les instituts proposent des choses, le gouvernement dit non, mais
c'est juste, encore, qui... Est-ce que
l'institut va avoir toutes les ressources nécessaires? Est-ce qu'ils vont voir
l'accès à l'information du Conseil du
trésor? Est-ce qu'ils vont avoir l'accès à l'information du ministère des
Finances? On sait que la réponse est
probablement non. On sait aussi que, les prévisions budgétaires, les choses
peuvent changer. Le ministre a un budget pour les cinq prochaines
années, qui était mis dans le dernier budget, là, tout était chiffré, mais ça
peut changer, là. Juste parce que quelque
chose était mis pour l'année 2024‑2025, est écrit dans un budget... ça peut changer dans
le budget de l'année prochaine, c'est très possible.
Alors, encore, c'est
juste que l'institut n'a pas ces capacités-là, alors comment le ministre va
éviter cette problématique que je soulève
présentement? Et lui, comme ministre, quand il prend cette information... O.K.,
l'exemple qu'il donne d'un deuxième adulte dans une classe, on a un chiffre de
l'institut, mais lui a les données qui disent différent...
• (18 h 10) •
M.
Drainville : ...un exemple, Mme la Présidente. J'ai ici, là, un
extrait de l'avis du Conseil supérieur de l'éducation sur la mise en place du
nouveau cours de culture et citoyenneté, et, dans un des encadrés, on lit
ceci : «Le conseil — donc,
le Conseil supérieur de l'éducation — est
d'avis qu'un échéancier réaliste est une condition essentielle à tous
les éléments de mise en oeuvre décrits précédemment. Évidemment, des choix
restent à faire quant à la nature des
changements qui seront apportés au programme actuel. Un changement de cap
important nécessitera des efforts en conséquence,
efforts qui devraient nécessairement s'inscrire dans un horizon plus éloigné. À
la lumière de l'information dont il dispose et en s'appuyant sur les
propos et l'expérience des différentes personnes consultées, le conseil est d'avis que l'échéancier annoncé est trop serré.
Pour s'assurer de la qualité du nouveau programme et le succès de sa mise
en oeuvre, il serait avantageux de reporter
l'échéance», etc. C'est ce genre de considérations, Mme la Présidente, que l'on
pourrait éventuellement retrouver dans un avis ou une recommandation de
l'INEE.
Et je tiens à dire,
Mme la Présidente, je ne demande pas à l'INEE de faire le travail à ma place.
Ce que je dis, c'est : «L'institut tient compte des conséquences
prévisibles sur les ressources du système d'éducation et ses acteurs ainsi que les
délais nécessaires pour leur mise en oeuvre.» Alors, il y a des travaux qui
seront faits. Je leur demande de tenir en compte ces différentes dimensions à
la lumière des informations qui sont disponibles, mais, Mme la Présidente, je
ne demande pas à l'INEE de faire la job à ma place.
M. Kelley : ...et je suis d'accord avec le ministre. Je trouve
que l'exemple qu'il a donné concernant, comme, un délai d'un programme qui va être mis en place, il
faut peut-être juste retarder ça, le système n'est pas prêt, les enseignants
ont besoin de plus de temps d'être formés. Ça, je comprends ça et je comprends
que ça, c'est une conséquence prévisible. Mais c'est pourquoi j'ai... allé
directement sur un cas ou une situation où un chiffre est mis de l'avant, comme... Je trouve, ça, c'est où, peut-être, le
ministre peut avoir un enjeu. L'institut peut mettre quelque chose de l'avant
et le ministre peut dire que...
Et je ne dis pas que
l'institut va faire le travail en place du ministre. C'est juste, encore, on veut
que ça marche bien, on veut que les recommandations... Je comprends que,
peut-être, chaque recommandation, on n'est pas capables de mettre en place à
100 %, mais au minimum, s'il y a un chiffre qui est inclus dans une
recommandation, comment on va donner suite
si l'institut dit : C'est ça, mais le ministère arrive et dit : Non,
non, c'est moins que ça puis... ou, quand même, on n'a pas des moyens?
C'est juste, encore,
je veux que l'institut marche bien puis je ne veux pas que ça devienne un
conflit, de temps en temps, entre les deux
ou qu'on lance toute une discussion dans l'espace public, que le gouvernement
n'est pas d'accord avec l'institut, puis on... Je veux éviter des
questions, pour le ministre, de l'opposition officielle. Ça, c'est qu'est-ce
que j'ai essayé de faire, Mme la ministre... Mme la Présidente.
Alors, encore, je comprends les arguments du
ministre, mais je vois un petit peu une... c'est une contradiction ou
juste un manque de clarté sur, comme, le... pas le rôle, nécessairement, de chacun,
mais sur la capacité de l'institut de bien fournir certains chiffres, si jamais
quelque chose doit être chiffré. C'est tout.
La Présidente (Mme
Tremblay) : M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Drainville : Ça va bien.
La Présidente (Mme Tremblay) : Ça
va bien? Est-ce que vous, vous avez d'autres commentaires de votre côté?
Mme Garceau :
Oui, Mme la Présidente, j'ai un commentaire, juste pour voir... parce que
je trouve encore, c'est une... bien, ce n'est même pas défini, là, «leurs
conséquences prévisibles», là. Ça, ça peut être très vaste, on se comprend,
comme concept, des conséquences prévisibles, «ainsi que des délais
nécessaires».
Parlons de maternelle quatre ans. Si c'était une
recommandation de l'INEE, admettons, là — il n'y en a pas, de
maternelle quatre ans, là, on s'en va un peu en arrière, là — il y
avait l'INEE en place, et là, idée, maternelles quatre ans, parce qu'ils ont fait des recherches,
et tout ça, oui, ce serait une bonne idée, quelles... Parce qu'on
comprend les conséquences de ce programme-là, aujourd'hui, avec la pénurie de
main-d'oeuvre et qu'est-ce qui s'est passé aussi avec les services de garde, et
les conséquences pour le personnel des services de garde, et le manque de
locaux, le manque de professeurs, et tout ça.
Donc, si on retourne
en arrière, et là c'était dans les mains de l'INEE, quelles seraient vos
attentes au niveau des conséquences
prévisibles sur les réseaux du système d'éducation, que l'INEE aurait eu le
devoir de vous informer dans l'élaboration de ses recommandations
concernant les maternelles quatre ans?
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, la raison pour laquelle le
gouvernement est allé de l'avant avec les maternelles quatre ans, c'est qu'il
était démontré que les maternelles quatre ans ont un effet positif sur la
réussite scolaire. Alors, je présume, Mme la Présidente, là, puis je suis pas
mal sûr, que la science de l'éducation, telle que prise en considération par
l'INEE, aurait conclu la même chose que des experts comme Égide Royer, par
exemple, qui ont appuyé fortement la mise en place des maternelles quatre ans
en s'appuyant sur la science. Donc, je...
Mais la question que
pose la députée, je pense, Mme la Présidente, si je peux me permettre d'y
répondre de cette manière... je pense que la question qu'elle pose,
c'est : Avant de mettre de l'avant une réforme aussi importante que les
maternelles quatre ans, est-ce que le réflexe du gouvernement, ce serait de
demander l'avis de l'INEE, de demander de faire une évaluation des résultats
obtenus dans des systèmes scolaires qui ont mis en place une telle initiative?
Et je pense qu'il serait normal, effectivement, que le gouvernement, peu
importe la couleur, demande à l'INEE de regarder ça à la vue, justement, des données
probantes, est-ce que les données probantes démontrent que les maternelles
quatre ans ont un impact positif sur la réussite scolaire.
Mais moi, je dirais,
Mme la Présidente, plus encore, je pense que, dans certains cas, les partis
politiques, que ce soit le Parti libéral, que ce soit Québec solidaire, que ce
soit la Coalition avenir Québec, peu importe le parti, le Parti québécois, je
pense que dorénavant, quand l'INEE aura été créé et que l'INEE fera le portrait
des pratiques les plus efficaces, je pense que ce sont ses travaux qui vont
inspirer les partis politiques à faire des propositions en matière d'éducation.
Dans certains cas, les partis vont souhaiter que l'INEE se prononce, mais, dans
certains cas, ce seront les recommandations de l'INEE, les travaux de l'INEE
qui vont amener les partis politiques à proposer certains changements, parce
que l'INEE nous aura éclairés sur telle ou telle pratique probante qui
fonctionne bien et donc qu'on devrait mettre en place. Et donc, ce sera, à ce
moment-là, aux partis politiques d'en faire la proposition et, éventuellement,
de les mettre en oeuvre.
Mme Garceau :
Donc, d'après vous... Mais là je ne parlais pas que ce soit l'idée du
gouvernement, mais que ce soit une recommandation de l'INEE. C'est que l'INEE
recommande maternelles... le programme de maternelles quatre ans. Et donc je ne
sais pas, à ce moment-là, parce que, là, on retourne en arrière quelques
années, que l'INEE aurait même recommandé le programme de maternelle quatre
ans, je ne sais pas si on était pour leur dire également : Vous devez
tenir compte de leurs conséquences prévisibles sur les ressources du système
d'éducation, d'avoir tenu conséquence de tout sur les ressources au niveau du
système d'éducation.
M.
Drainville : Bien oui.
Mme Garceau :
Puis on le savait, là, qu'il y avait manque de professeurs, manque de
locaux, et là on est allés chercher des enseignantes du service...
• (18 h 20) •
M.
Drainville : De garde.
Mme Garceau :
...de garde pour aller...
M.
Drainville : Oui, ça aurait fait partie, je pense...
Mme Garceau :
Tu sais, on déshabille...
M. Drainville :
Oui, je pense, ça aurait fait
partie de l'évaluation. Bien, enfin, c'est très présomptueux, Mme la Présidente,
d'essayer d'imaginer ce qu'aurait pu être la recommandation à ce moment-là.
L'INEE n'existe pas, alors on ne peut pas
présumer de ça. Mais je trouve que c'est un exemple de changement important qui
a un impact structurel profond et je pense que l'INEE... si l'INEE
s'était penché sur les maternelles quatre ans, je pense que l'INEE aurait, bien
sûr, évalué, à la lumière des données probantes, à la lumière des résultats
d'écoles qui l'ont essayé ou de sociétés qui
l'ont mise en place, est-ce que ça a fonctionné, est-ce que c'est positif,
est-ce que ça donne les résultats prévus, et évidemment, si la réponse,
c'est oui, bien, l'étape suivante, c'est de dire : O.K., bon, bien, ça
fonctionne, les données probantes sont là pour le démontrer.
Maintenant, qu'est-ce
que ça impliquerait comme changements dans la façon d'opérer le réseau
scolaire? Bien là, il y a différentes
considérations, et, à ce moment-là, je pense qu'il serait normal que, dans ces
recommandations, on aborde ces aspects-là, qu'on en tienne compte, comme
dit la disposition. La disposition ne dit pas : L'institut doit dresser un
budget précis de toutes les considérations financières, et matérielles, et
logistiques impliquant chacune... Ce n'est
pas ça que ça dit, ça dit : «L'institut tient compte des conséquences
prévisibles sur les ressources du système et ses acteurs.» Bien, Mme la
Présidente, je dis, et re-redis, et re-re-redis que c'est dans la normalité des
choses. On veut une INEE qui travaille dans la réalité, hein, ce n'est pas...
Mme Garceau : ...je
m'excuse, mais ce n'est pas évident non plus, là, parce que des conséquences
prévisibles, comme j'ai mentionné, c'est quand même très vaste, et les
composantes... parce que là vous aviez mentionné que oui, il faut considérer les coûts associés à ça. Ça fait qu'ils vont
devoir considérer, donc... parce qu'il n'y a pas de définition de
«conséquences prévisibles», donc ça va être à l'INEE de déterminer quelles
seront les conséquences prévisibles.
M.
Drainville : Selon sa vision. À l'impossible, nul n'est tenu, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Tremblay) : ...commentaires? Vous pouvez poursuivre.
M. Kelley : Oui,
juste une autre question pour le ministre, de bien comprendre l'article. «Ses
acteurs», est-ce qu'il y a une définition? Parce que le mot «acteur», c'est pas
mal général. Alors, quand... bien, dans l'article, quand ça dit : «des conséquences prévisibles sur
les ressources des systèmes d'éducation», je peux comprendre ça un peu, mais
comment l'institut va en prendre en considération ses acteurs?
M.
Drainville : Bien, les acteurs, Mme la Présidente, c'est les
professeurs, c'est les centres de services, c'est, dans le cas des maternelles
quatre ans, l'impact que ça pourrait avoir sur les services de garde, etc.
M. Kelley : ...j'imagine,
les parents, puis tout ça, là?
M.
Drainville : Oui, exactement.
M. Kelley : Parfait.
Merci.
La
Présidente (Mme Tremblay) :
D'autres interventions? Bon, donc, est-ce que vous seriez prêts à procéder à la
mise aux voix de l'article 15?Parfait. Donc, est-ce que cet
article est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix :
Sur division.
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
parfait. Ça nous amènerait maintenant à l'article 16. M. le ministre, je
vais vous inviter à en faire la lecture.
M. Drainville :
Oui. Alors,
article 16 : «L'institut peut conclure des ententes avec tout groupe
ou organisme en mesure de lui fournir les renseignements nécessaires à
l'élaboration de ses recommandations.
«Il peut aussi
conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du Québec, l'un de
ses ministères, une organisation internationale ou un organisme de ce
gouvernement ou de cette organisation.»
Commentaires. Cet
article propose de permettre à l'institut de conclure des ententes en vue
d'obtenir des renseignements nécessaires à
l'accomplissement de ses fonctions. Il propose aussi de permettre la conclusion
de telles ententes avec des gouvernements et des entités hors Québec.
Donc, on parle, par
exemple, d'ententes de partenariat, Mme la Présidente, c'est une disposition
qui existe pour l'INESSS. L'INESSS a, dans
sa loi constitutive, ce pouvoir de conclure des ententes. On peut penser à des
ententes avec des organismes comme l'Institut de la statistique du Québec, les fonds de recherche, ça peut être des
gouvernements, le gouvernement ontarien, par exemple.
Voyez-vous, le
gouvernement ontarien, ils ont ce qui s'appelle OQRE, Education Quality and
Accountability Office. «L'agence se consacre
à améliorer la qualité et la responsabilité du système éducatif en Ontario et à
travailler avec la communauté éducative. Cet objectif sera atteint grâce
à des évaluations des élèves qui produisent des informations objectives et
fiables, à la diffusion publique de ces informations et à l'établissement du
profil de la valeur et de l'utilisation de
ces données de l'OQRE dans toute la province.» O.K. «OQRE», je pense, c'est
l'acronyme en français, en fait,
hein? En anglais, c'est Education Quality and Accountability Office, c'est
l'Office de la qualité et de la responsabilité en éducation.
Excusez-moi.
Alors
donc, c'est un exemple. On peut ici imaginer que l'INEE pourrait développer des
partenariats avec différents organismes comme celui dont je viens de vous
parler. Encore une fois, Mme la Présidente, c'est une bonne idée.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Des questions et commentaires sur l'article 16?
Mme Garceau :
Oui. Bien, je voulais savoir, est-ce que l'inverse pourrait fonctionner
également, dans le sens que c'est un autre groupe? L'Ontario pourrait conclure
avec l'institut pour que l'institut fournisse à l'Ontario, admettons, des
renseignements? Ça peut être l'inverse également?
M. Drainville :
Bien, dans la mesure où loi est
respectée, dans la mesure où la loi le permet, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Tremblay) : Mme la députée... ou, M. le député, vous pouvez y aller.
M.
Kelley : Oui. M. le ministre, est-ce que ces ententes
sont... est-ce qu'il faut préciser qu'elles sont assujetties aux fameuses M-30
du secrétariat des relations canadiennes? Pour s'assurer que l'institut signe une
entente, il faut respecter, il y a certains guides déjà...
Des voix : ...
M. Kelley : Bien, il est en train de
consulter sur ma question, Mme la Présidente.
M. Drainville : La réponse, c'est
oui.
M. Kelley : O.K. Pas nécessaire de
préciser que...
La Présidente (Mme Tremblay) : Donc,
est-ce que vous avez d'autres questions?
M. Kelley : Non, c'est parfait.
La
Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce que vous avez d'autres interventions?Est-ce
que vous avez besoin...
Mme Garceau : ...suspendre un peu,
s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Tremblay) : Suspendre
les travaux?
Donc, nous allons suspendre les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise à 18 h 32)
La Présidente (Mme Tremblay) :
Alors, nous reprenons les travaux de la commission. Nous sommes à
l'article 16. La parole est à vous, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le ministre, pour l'institut, de conclure une entente avec un
autre groupe, ou organisme, ou, quand même, un gouvernement, un autre
gouvernement ou une organisation internationale,
est-ce que ça prend votre approbation ou est-ce que l'institut est indépendant
d'aller essayer de conclure les ententes eux-mêmes?
M. Drainville : Mme la Présidente,
comme vous le savez, il y aura des moments où l'institut et moi-même... les
dirigeants de l'institut et moi-même aurons des échanges. Est-ce que, dans
certains de ces échanges-là, il sera question d'éventuels partenariats? C'est
possible. Mais, Mme la Présidente, si, pour la réalisation de ses travaux,
l'institut juge nécessaire de développer de tels partenariats ou de conclure de
tels partenariats pour lui permettre, notamment, d'obtenir les données
probantes sur telle ou telle pratique, l'institut sera tout à fait habilité à
conclure ses propres partenariats. Ils n'ont pas de permission à me demander,
Mme la Présidente, si c'est ça, la question, là. Ils n'ont pas de permission à
me demander.
M. Kelley : C'est juste parce que,
si on... l'institut cherche à obtenir certains renseignements d'un autre gouvernement, une organisation internationale,
j'imagine, dans l'entente, ils vont demander à nous de fournir l'information.
Alors, c'est juste de s'assurer qu'il y a un
«checks et balances» un petit peu, puis aussi, pour le ministre, de
s'assurer... Si l'institut commence à partager l'information du Québec
sans la connaissance de le ou la ministre, ça soulève des questions, et je pense que ce type d'entente doit
passer, j'imagine, par le Conseil des ministres. Je ne sais pas si, dans les autres
cas, on laisse des instituts conclure des ententes sans l'approbation du
gouvernement.
M. Drainville : Pour les ententes
avec d'autres gouvernements, Mme la Présidente, il faut effectivement que ce soit approuvé par le gouvernement et être signé
par le ministre. Quand on parle d'ententes avec d'autres gouvernements,
alors le ministre responsable, donc, dans ce cas-ci, le ministre de
l'Éducation, peut... alors, ça, c'est la Loi sur le ministère du Conseil
exécutif : «Le ministre peut autoriser, par écrit, toute personne à signer
en son nom une entente intergouvernementale canadienne et cette signature a le
même effet que la sienne. Cette autorisation peut porter sur une entente
spécifique ou sur une catégorie d'ententes. Malgré toutes autres dispositions
législatives, les ententes intergouvernementales canadiennes doivent, pour être
valides, être approuvées par le gouvernement et être signées par le ministre.»
Ça, c'est
pour ce qui est des ententes intergouvernementales canadiennes, puis la même
disposition s'applique pour les ententes internationales, et ça, c'est
la Loi sur le ministère des Relations internationales.
M.
Kelley : Ça inclut aussi, M. le ministre, des organisations
internationales et des organismes d'un gouvernement ou c'est strictement
pour les autres gouvernements?
Puis
juste une question, parce que vous êtes en train de jaser avec votre
fonctionnaire : Est-ce que l'institut a des données personnelles ou
l'accès à des données personnelles des Québécois ou c'est vraiment des autres
données? Alors, si jamais on veut partager
l'information, est-ce que, dans une entente, c'est possible qu'on est obligés
de fournir les données spécifiques concernant les citoyens du Québec ou, quand
même, les élèves ou les étudiants du Québec?
M.
Drainville : Bien, moi, ce que je lis ici, Mme la Présidente,
là : «Malgré toute disposition législative, les ententes internationales
doivent, pour être valides, être signées par le ministre et entérinées par le
gouvernement. Le ministre peut autoriser par écrit une personne à signer en son
nom une entente internationale.» Et ce qu'on me dit, c'est que les ententes
avec les organismes internationaux sont couvertes par cette disposition, donc
il doit y avoir approbation gouvernementale
pour en venir à une telle entente internationale, y compris avec un organisme
international.
La Présidente (Mme
Tremblay) : D'autres questions?
M. Kelley : ...comme,
exemple, l'institut veut échanger une information avec l'institut de santé
publique du Canada, par exemple. Ça doit être approuvé par vous, je pense que
c'est clair. Puis aussi, désolé si j'ai manqué ça, mais sur la question des renseignements plus personnels, l'institut n'a
pas l'accès à des données personnelles des élèves, des étudiants, des écoles? Je pense plus à... les
cas de l'accès à... pas l'accès à l'information, mais les données personnelles,
la protection de ces données-là.
M. Drainville :
Alors, ce qu'on m'indique, M. le député, c'est qu'en vertu de 67 c'est
possible, pour... Je retrouve 67... 64,
pardonnez-moi. Alors, en vertu de 64... alors : «Nul ne peut, au nom d'un
organisme public, recueillir un renseignement personnel si ce n'est pas
nécessaire à l'exercice de ses attributions...» enfin, «à l'exercice des
attributions de cet organisme ou à la mise en oeuvre d'un programme dont il a
la gestion. Un organisme public peut toutefois recueillir un renseignement
personnel si cela est nécessaire à l'exercice des attributions ou à la mise en oeuvre d'un programme de l'organisme public avec
lequel il collabore pour la prestation de services ou pour la réalisation
d'une mission commune.»
Et là on rentre
toujours dans le même processus, là, le principe de nécessité va s'appliquer.
Alors : «La collecte visée au deuxième
alinéa doit être précédée d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie
privée», etc., ce dont on a déjà discuté, en long et en large, quand on
a discuté du régime des données.
M. Kelley : Parfait.
Alors, juste de bien comprendre, parce que je n'étais pas là pour ces
discussions-là, les données personnelles sont un peu protégées par le
gouvernement, si jamais l'institut essayait de signer une entente avec un autre gouvernement, groupe ou organisme,
comme... Il y a une place que quelqu'un va vérifier ou, au minimum,
informer certains citoyens que leurs données sont échangées avec un autre
gouvernement, groupe, etc.?
• (18 h 40) •
M.
Drainville : Pour ce qui est de l'éventuelle entente :
«Un organisme public
peut, sans le consentement de la personne concernée, communiquer un
renseignement personnel :
«1° à un
organisme public ou à un organisme d'un autre gouvernement lorsque cette
communication est nécessaire à l'exercice
des attributions de l'organisme receveur ou à la mise en oeuvre d'un programme
dont cet organisme a la gestion;
«1.1° à
un organisme public ou à un organisme d'un autre gouvernement lorsque la
communication est manifestement au bénéfice de la personne concernée;
«2° à une
personne ou à un organisme lorsque des circonstances exceptionnelles le
justifient;
«3° à une
personne ou à un organisme si cette communication est nécessaire dans le cadre
de la prestation d'un service à rendre à la personne concernée par un organisme
public, notamment aux fins de l'identification de cette personne.
«La communication
peut s'effectuer si une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée
conclut que :
«1° l'objectif
visé ne peut être atteint que si le renseignement est communiqué sous une forme
permettant d'identifier la personne concernée;
«2° il est
déraisonnable d'exiger l'obtention du consentement de la personne concernée;
«3° l'objectif
pour lequel la communication est requise l'emporte, eu égard à l'intérêt
public, sur l'impact de la communication et de l'utilisation du renseignement
sur la vie privée de la personne concernée;
«4° le
renseignement personnel est utilisé de manière à en assurer la confidentialité.
«Cette communication
s'effectue dans le cadre d'une entente écrite qui indique :
«1° l'identification
de l'organisme public qui communique le renseignement et celle de la personne
ou de l'organisme qui le recueille;
«2° les fins
pour lesquelles le renseignement est communiqué;
«3° la nature du
renseignement à communiquer;
«4° le mode de
communication utilisé;
«5° les mesures
de sécurité propres à assurer la protection du renseignement personnel;
«6° la
périodicité de la communication;
«7° la durée de
l'entente.
Et
finalement : «L'entente est transmise à la commission — à
la Commission d'accès à
l'information — et entre en vigueur 30 jours après sa
réception par celle-ci», donc par ladite commission, dis-je bien.
Donc, il doit y avoir
trois... oui, voilà, trois critères, trois filtres qui doivent être mis en
place. D'abord, il faut démontrer la nécessité; deuxièmement, il faut faire
l'évaluation que ça aura sur la vie privée; et troisièmement, il faut que cette
entente-là soit écrite. Et cette entente-là doit, par la suite, être transmise
à la commission d'accès.
M.
Kelley : Alors, oui, à ma question... mais merci pour la
réponse, M. le ministre. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose
qu'on partage les renseignements, C'était juste de bien s'assurer que c'était
encadré. Puis tous les éléments que vous venez juste de lire, c'est dans
l'article 67, c'est bien ça?
M. Drainville : J'ai lu 64 et j'ai
lu 68.
M. Kelley : O.K., c'est ça. O.K.,
parfait. Je n'ai pas plus de questions pour l'instant. Merci beaucoup.
La
Présidente (Mme Tremblay) : ...merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions
concernant l'article 16? La parole est à vous, Mme la députée.
Mme Garceau : Merci, Mme la
Présidente. Ça me préoccupe pas mal, cet aspect de... merci pour... à mon
collègue de l'avoir soulevé... question de déformation personnelle, surtout si
c'est l'INEE, c'est le Québec qui va transmettre à l'extérieur, à un autre
organisme, que ce soit gouvernement ou autres, pas nécessairement liés à un
gouvernement, des renseignements personnels concernant les élèves du Québec. Ça
se peut que ce soit fait via...
M. Drainville : ...
Mme Garceau : C'est possible.
La Présidente (Mme Tremblay) : ...d'autres
commentaires? Donc, on pourrait procéder à la mise aux voix de l'article 16.
Donc, est-ce que l'article 16 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Tremblay) : Sur
division. Parfait. Alors, ça nous amène à l'article 17. M. le ministre, la
parole est à vous... la lecture.
M. Drainville : Merci, Mme la
Présidente.
«Les membres
du personnel de l'institut sont nommés selon le plan d'effectifs et les normes établis
par règlement de l'institut.
«Sous réserve des dispositions d'une convention
collective, l'institut détermine, par règlement, les normes et barèmes de
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de travail des
membres de son personnel conformément aux conditions définies par le
gouvernement.»
Commentaire. Cet article propose de confier à
l'institut le rôle d'établir un plan d'effectifs. Il permet également à l'institut de déterminer, par
règlement, les conditions de travail de son personnel, sous réserve des
dispositions des conventions collectives applicables.
La Présidente (Mme Tremblay) : Des
questions?
Mme
Garceau : ...merci beaucoup. Je présume, M. le ministre,
lorsque cet article a été rédigé, on a déjà parlé... il y a eu des
discussions concernant un budget de fonctionnement pour l'INEE.
M. Drainville : Je n'en ai pas la
moindre idée, Mme la Présidente. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a des
discussions à chaque année lorsqu'arrive le budget, alors ces discussions-là,
habituellement, commencent avant Noël et se
poursuivent au retour des fêtes. Donc, il y aura, effectivement, des... une
planification qui sera faite, il y aura des... comment on... on appelle
ça des ETC, Mme la Présidente, des équivalents temps complet, qui seront,
évidemment, soumis au ministère des Finances pour financer le fonctionnement de
l'institut.
Mme Garceau : ...il me semble, M. le
ministre, avant d'avoir... avant la préparation ou... avant la préparation même
du projet de loi, il n'y a pas eu une évaluation... (panne de son) ...non
seulement le budget de fonctionnement, parce que c'est quand même... c'est
gros, là, parce qu'on est en train d'abolir d'autres... le Conseil supérieur en
éducation et d'autres organismes qui sont là depuis plusieurs années. Là, on
veut mettre ça dans un institut. Ça va être
quand même tout un organisme, et on n'a pas évalué le budget de fonctionnement,
membres de personnel, et autres? On va faire ça après? C'est ça, ce que
je comprends du ministre?
M. Drainville : Je vous dirais, Mme
la Présidente, que, comme la députée le sait, les échanges que nous avons sur
le budget sont éminemment confidentiels. Donc, le secret budgétaire nous
empêche de dévoiler le détail de ces échanges. La structure qui sera proposée, en termes d'équivalents
temps complet, va s'inspirer notamment, Mme la Présidente, du rapport du
groupe de travail qui a proposé la création de cet institut, donc toujours le
même rapport, Mme la Présidente, là, qui a
été commandé par le ministre Sébastien Proulx. Mais donc il y a une structure
organisationnelle qui est proposée dans ce rapport, et puis vous avez, à
la page 28, une esquisse d'organigramme ou une proposition d'organigramme
assez, comment dire... bien, qui donne une idée, là, des différentes cases
qu'il va falloir combler. Mais, Mme la Présidente, on n'est pas en mesure
d'être beaucoup plus précis que ça à ce stade-ci, là.
La Présidente (Mme
Tremblay) : ...d'autres interventions de votre côté?
Mme Garceau :
...compte tenu de l'explication, M. le ministre... parce que ce rapport, il
date, je crois, de 2018, et je crois qu'on
avait chiffré, à ce moment-là, un 7 millions par année... c'est ça, par
année. Là, on parle de 2018. Est-ce qu'on n'a pas actualisé, on n'a pas
fait réviser cet aspect-là du rapport pour... compte tenu que, là, on veut légiférer puis on veut le créer, cet institut,
qu'on le fait en bonne connaissance de cause, comme on peut dire, concernant
les éléments financiers budgétaires que ça va nécessiter?
• (18 h 50) •
M. Drainville :
Dans la partie publique, là, du
mémoire au Conseil des ministres, Mme la Présidente, le chiffre de 7 millions
est repris. Mais ce qui est écrit dans le mémoire, là, c'est : «Cette
estimation apparaît toujours plausible au regard du modèle législatif
proposé.» Donc, je vais m'en tenir à ça, Mme la Présidente, pour le moment, là.
Je ne suis pas en mesure d'aller plus loin, là. Les discussions d'ordre
budgétaire doivent rester confidentielles.
La Présidente (Mme
Tremblay) : D'autres interventions?
Mme Garceau :
...je suis un petit peu étonnée, je dois vous dire, au niveau de la réponse
du ministre, compte tenu de l'importance qu'il attribue à la création... On
sait qu'il y tient mordicus, là, à la création de cet institut. On est en train
d'échanger, là, sur tous les aspects de la création, les responsabilités, la
mission, et autres, et on n'a aucune idée aujourd'hui, lors de l'étude
détaillée de ce projet de loi, de combien ça va coûter par année pour rouler la
machine, comme mon collègue a dit. Je trouve ça un peu étonnant, M. le
ministre.
M.
Drainville : Mme la Présidente, les échanges ne sont pas finalisés. Et
donc je comprends la curiosité fort légitime de notre collègue de
Robert-Baldwin, mais je ne suis pas en mesure, Mme la Présidente, d'aller plus
loin que ce qui est déjà dévoilé publiquement dans le mémoire au Conseil des
ministres.
Mme Garceau :
...a approuvé quoi concernant la création de l'institut? Et, en termes du
budget, qu'est-ce que ça va comprendre comme finances publiques, compte tenu de
tout ce qui se passe en ce moment puis le climat économique? C'est bien beau,
là, l'institut, mais ça va coûter de l'argent. Donc, il me semble que tout le
monde aimerait savoir aujourd'hui, et ceux qui nous écoutent, on attribue
combien, en ce moment, en termes de budget, pour
la création. Parce que, là, vous voulez remplacer le conseil, et d'autres, des institutions
qui fonctionnent, à ce que je sache, très bien.
On aurait pu... comme
ma collègue de Mercier, la députée avait mentionné, les responsabilités... on
aurait pu mettre les responsabilités de l'INEE dans le conseil, mais on a
décidé : non, on va abolir le conseil, là, on va créer une nouvelle structure. Il me semble que ça aurait
coûté beaucoup moins cher de faire l'inverse, mais non, on a décidé :
on veut créer cette nouvelle structure. J'ai
beaucoup de difficulté, là, à croire... Je suis vraiment étonnée, là, M. le
ministre, qu'en ce moment on est en train de faire cet exercice et qu'on
n'a pas fait vraiment une mise à jour en termes de combien ça va coûter par
année, en termes de budget de fonctionnement.
Donc, il y a quelque
chose qui a été approuvé au Conseil des ministres, puis, si c'est le
7 millions, là, je ne pense pas que ça va être... ça va coûter, avec
respect, 7 millions lorsque ça va être finalement créé, puis ça va être en
place, quoi, en 2025, admettons, dans une autre année.
M.
Drainville : ...le mémoire au Conseil des ministres dit ceci, je le
cite, là, c'est public, ça, là, là : «La
création de l'Institut exigerait de nouveaux investissements publics. Dans le
cadre du rapport publié en 2018, les coûts avaient été estimés par le groupe de
travail à 7 millions par année lorsque l'organisme serait pleinement fonctionnel, 2024‑2025; cette estimation
apparaît toujours plausible aujourd'hui au regard du modèle législatif proposé.
L'incidence budgétaire pourrait être moindre
dans la perspective où des mesures d'optimisation d'activités analogues, actuellement
financées par l'État, étaient mises en place.» Et là, Mme la Présidente, c'est
le seul paragraphe qui concerne le financement de l'institut.
Alors, il y a eu et
il y a encore des échanges actuellement, Mme la Présidente. Maintenant, les
échanges ne sont pas conclus, et, s'ils l'étaient, je ne serais pas en mesure
de le dévoiler publiquement. Mais je peux vous dire qu'il y a encore des
échanges, puis c'est normal, c'est comme ça que ça fonctionne. Tu as un nouvel
organisme que tu crées, alors la structure
administrative définitive n'est pas encore arrêtée, Mme la Présidente. Mais
c'est sûr qu'il y aura des crédits de rattachés à la mise en place de ce
nouvel organisme qu'est l'INEE. Donc, il y aura des crédits qui vont être destinés à la création de l'INEE dans le
budget 2024‑2025, et il y a, sur cela, comme il y a, ou il y aura,
sur... en fait, sur tous les aspects, toutes les missions du ministère
de l'Éducation, des échanges avec Finances, tu sais, c'est sûr.
Mme Garceau : ...avec respect, M. le
ministre, l'état... la situation concernant le Conseil du trésor. Donc,
aujourd'hui, avec qu'est-ce qui se passe avec les négociations... donc, lorsque
je lis, dans le mémoire, «la création de l'Institut
exigerait de nouveaux investissements publics», donc, de combien... les
nouveaux, on chiffre ça à combien? Parce que, là, on est en train de dire quoi?
Là, on va adopter ce projet de loi avec la création de l'INEE puis on le sait qu'il y a eu beaucoup d'objections en termes de la
création, la raison d'être, et tout, compte tenu de qu'est-ce que nous
avons aujourd'hui.
Mais là,
compte tenu qu'on n'a pas une idée globale des coûts, des estimés pour un
budget de fonctionnement... Là, on
est en train de dire : Bien, regardez, on va l'adopter puis, après ça,
bien, on verra. C'est un petit peu ça, on verra si on peut la financer.
Parce que, peut-être, on ne pourra pas la financer, peut-être qu'on n'aura pas
les moyens pour la financer. Il me semble qu'on aurait dû déterminer avant,
avec respect, là, avant tout ça, là, d'avoir intégré... et aussi, compte tenu
des commentaires, des objections des gens dans le domaine, à la création, qu'on
aurait dû faire cet exercice avant pour être certains que, oui, financièrement
parlant...
Vous parlez... vous avez la disposition, là,
concernant les conséquences prévisibles que vous voulez que l'INEE, dans l'élaboration de ses recommandations,
va être tenu à faire. Bien, même chose pour vous, M. le ministre, en termes de conséquences prévisibles, question
des coûts, là, il me semble qu'avant de venir avec la recommandation ou
la création de l'INEE il aurait fallu faire l'exercice de déterminer est-ce que
le Québec a les moyens de financer, en ce moment ou dans la prochaine année,
une nouvelle structure.
M. Drainville : Mme la Présidente,
l'exercice a été fait. J'ai lu l'extrait du conseil... du mémoire déposé au
Conseil des ministres. Une fois que le mémoire est déposé, Mme la Présidente,
c'est le Conseil des ministres qui décide, en solidarité, de créer l'INEE.
Alors, le gouvernement a décidé d'aller de l'avant avec la création de l'INEE, et pour ce qui est du budget précis de l'INEE, il
fait l'objet des discussions. C'est normal, c'est comme ça tout le temps,
Mme la Présidente. C'est comme si elle me demandait : Quel argent vous
allez mettre dans les projets particuliers l'an
prochain? Bien, je ne le sais pas, Mme la Présidente, il y aura des discussions
là-dessus. Combien d'argent vous allez mettre
pour financer... est-ce que vous allez rajouter des sous pour l'achat des
livres scolaires? Bien, Mme la Présidente, il va y avoir des discussions
avec Finances là-dessus.
Alors, combien d'argent vous allez mettre dans
le budget de l'INEE? Bien, Mme la Présidente, il y aura des discussions sur le
budget en question. Puis il faut... pour chacune des mesures, Mme la
Présidente, les ministres doivent faire leurs représentations, puis il faut...
on discute, puis on priorise, puis, à un moment donné, on nous dit : Bien, regarde, voici le budget qu'on te propose.
Non, je ne suis pas d'accord, je pense que... O.K., bon, est-ce qu'on peut... Bien
oui, on s'entend, on trouve une voie mitoyenne, etc.
• (19 heures) •
C'est le processus budgétaire, Mme la Présidente.
C'est comme si la députée me demandait de dévoiler d'avance le résultat du processus budgétaire, Mme la Présidente. Ça ne
marche pas de même, là. Le processus budgétaire, il est en cours, là,
et, plus on s'approche du budget, plus il s'accélère, puis, à un moment donné,
on ferme le budget, puis là le budget est fermé, il s'en va à l'imprimerie,
puis il est lu en Chambre, puis ça devient le budget, avec les crédits qui
viennent avec. Il n'y a pas un processus budgétaire différent pour l'INEE, là.
Mme Garceau : ...vous demandez...
vous avez une disposition, l'article 15, là, où l'INEE doit prévoir les coûts liés à ses recommandations. Donc, je ne peux
pas croire que, lorsque vous avez soumis, au Conseil des ministres,
cette recommandation de créer l'INEE, qu'il n'y a pas eu des détails au niveau
de la nécessité de... surtout en termes des
nouveaux... en termes d'investissements publics... qu'est-ce que ça exigerait
d'ajouter en termes d'investissements publics, l'argent du gouvernement,
du public ajouté au 7 millions par année. Je ne peux pas croire que...
qu'il n'y a pas eu un estimé ou qu'il n'y a pas eu quelconque donnée. Ou est-ce
que vous êtes en train de nous dire que, non, on est allés avec ça, puis le
Conseil des ministres a décidé de la création... d'adopter la création de
l'INEE basée sur les coûts... ou l'estimé de 2018?
M. Drainville : ...je ne sais pas...
peut-être que je me fais mal comprendre, là, mais l'estimé, il a été fait, il a
été déposé au Conseil des ministres. Les
coûts avaient été estimés à 7 millions par le groupe de travail. «Cette
estimation apparaît toujours
plausible aujourd'hui au regard du modèle législatif proposé.» Bien, je ne sais
pas quoi rajouter de plus, là.
Mme Garceau : Mais, dans le même
article, au début, on parle que l'institut... la création va exiger de nouveaux
investissements publics. Ou est-ce que vous êtes en train de dire que, non,
dans le 7 millions, on inclut les nouveaux investissements publics?
M. Drainville : Bien oui, c'est ça.
La création de l'institut va exiger de nouveaux investissements publics dans le cadre du rapport publié. Ces nouveaux
investissements publics étaient estimés à 7 millions. Les investissements
publics, c'est le 7 millions. C'est la même chose, Mme la Présidente. Il
n'existe pas, l'INEE. Alors, on dit, dans la première phrase : En le
créant, ça va prendre des nouveaux investissements publics. Dans la deuxième
phrase, on dit : Le chiffre de 7 millions est encore plausible.
La Présidente (Mme Tremblay) :
...oui, vous pouvez y aller, M. le député de Jacques-Cartier.
M.
Kelley : Oui, parce que nous avons lancé la discussion sur
le 7 millions de dollars, alors ça inclut le budget de
fonctionnement. Est-ce que vous avez une idée... L'institut va être ici, à
Québec, à Montréal, dans un édifice du gouvernement du Québec, ou est-ce qu'ils
vont être obligés de louer un bureau?
M.
Drainville : ...l'article 1, l'INEE va être basé à Québec, Mme la Présidente, article 2... non, non, attendez, attendez... voilà :
«L'institut a son siège sur le territoire de la ville de Québec. Un avis de l'adresse du
siège est publié à la Gazette officielle du Québec. Il en est de
même de tout déplacement dont il est l'objet.»
M.
Kelley : O.K. Parfait. Puis c'est juste parce que je sais
que, le 7 millions, on a pris ça en considération en 2018.
«Anyway», c'est juste des... Les choses ont changé aussi. On veut s'assurer que
l'institut a aussi le budget nécessaire de faire leur travail correctement.
Puis je vois ce chiffre-là, puis le moment qu'on ajoute certaines dépenses,
puis c'est sûr, ajouter des effectifs, des
gens qui travaillent au sein de l'institut... encore, on revient sur ce débat
qu'avec les recommandations tout doit être prévisible, puis des fois
certaines recommandations chiffrées, c'est juste... Je ne sais pas si, quand même, l'institut va avoir besoin de
plus d'argent. Je comprends que le ministre dit qu'on arrive avec un autre
budget puis on verra, mais...
M. Drainville : ...vous permettez?
M. Kelley : Oui, j'écoute. J'écoute,
M. le ministre.
M. Drainville : Merci, M. le député
de Jacques-Cartier. Non, il y a eu une évaluation qui a été faite.
M. Kelley : Pour l'amélioration de
2018?
M.
Drainville : Bien, si on a déposé 7 millions dans le
mémoire au Conseil des ministres, c'est qu'on considère, Mme la Présidente,
qu'avec 7 millions l'INEE pourra s'acquitter de sa mission.
M.
Kelley : Parfait. Puis ça va être, en termes des effectifs,
des gens qui travaillent au sein de l'institut. Est-ce que vous avez une
idée est-ce que ça va être 10 personnes, 20 personnes,
30 personnes?
M. Drainville : Pas d'idée, Mme la
Présidente. On n'est pas rendus là.
M. Kelley : Alors, ça va prendre le
plan des effectifs qui s'en vient. Alors...
M. Drainville : C'est ça.
M.
Kelley : O.K. On va laisser l'institut faire une évaluation
de leurs besoins. Et après, si l'institut fait l'évaluation qu'ils ont
7 millions de dollars, mais ils ne sont pas capables de livrer leur
mission, est-ce qu'il y a de la flexibilité d'ajouter
plus d'argent au sein du financement de la mission de l'institut? Je comprends
que c'est 7 millions de dollars par année, mais encore, je sais qu'il
y a toujours des façons, pour le Conseil
du trésor, de trouver des surplus
d'argent, si nécessaire. Mais... Ils sont créatifs de temps en temps, le
Conseil du trésor.
M. Drainville : ...du processus, M.
le député de Jacques-Cartier.
Non, mais,
Mme la Présidente, les discussions que nous avons avec Finances nous amèneront,
en bout de ligne, à un chiffre, et ce
seront les crédits qui seront affectés aux postes budgétaires INEE, et, avec
cet argent-là, l'INEE devra procéder à la mise en place de son plan
d'effectifs.
M. Kelley : Non, je comprends, puis
on a une discussion théorique ici. Je comprends, mais c'est juste... encore,
moi, je reviens sur le point que j'espère que l'institut a tous les budgets
nécessaires pour bien fonctionner, parce
que, comme ma collègue a souligné, on est en train de créer quelque chose qu'il
y a eu des autres comités, des groupes qui existaient avant, qui
marchaient bien, mais on veut créer cet institut-là.
Alors, ce n'est pas une mauvaise idée. C'est
juste de s'assurer qu'il y a tous les... le budget nécessaire pour bien fonctionner. Si jamais il y a un manque des
ressources, je sais que le ministre peut toujours acheter, peut-être, un
petit peu plus d'argent avec des pots de miel pour la ministre qui est
responsable de le Conseil du trésor, parce que c'est l'or... c'est un autre
type de l'or, M. le ministre.
M.
Drainville : L'or onctueux, Mme la Présidente. C'est une
excellente suggestion. Je n'ai pas essayé, encore, ça.
M. Kelley : Oui, voilà.
M.
Drainville : Un pot de miel, Mme la Présidente, combien de
crédits? Combien de crédits pour un pot de miel, Mme la... Ça dépend de
la qualité.
La
Présidente (Mme Tremblay) : Bien, à l'ouvrage que ça donne, M. le ministre,
c'est sûrement quand même...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Tremblay) : Oui,
je dirais.
M. Drainville : ...l'ouvrage
que ça donne, Mme la Présidente, mais l'excellent produit et la qualité...
La Présidente (Mme Tremblay) : L'excellent
résultat qu'on obtient.
M. Drainville : ...écoute, là, ça,
ça vaut cher, je suis d'accord.
La Présidente (Mme Tremblay) : Ça
vaut très, très cher.
M. Drainville : Très bonne
suggestion, M. le député Jacques-Cartier.
La Présidente (Mme Tremblay) : Est-ce
que c'est la conclusion ou vous avez d'autres questions en lien avec l'article?
Mme
Garceau : ...oui, parce qu'on se comprend, M. le ministre,
que 7 millions en 2018 ne vaut pas 7 millions aujourd'hui, en 2023.
Ça ne va pas valoir 7 millions non plus, je ne pense pas, en 2024‑2025.
Ça va en prendre, je pense, plusieurs pots de miel pour aller chercher
le manque à gagner, n'est-ce pas?
M. Drainville : ...Mme la
Présidente, ne présumons pas qu'il y a manque. On s'est inspirés de la
structure proposée dans le rapport, mais voyons ce que les discussions avec
Finances donneront, Mme la Présidente. Mais il est trop tôt pour conclure.
Mais, chose
certaine, l'évaluation qui a été faite au moment où le projet de loi a été
déposé au Conseil des ministres évaluait qu'un budget de 7 millions
permettrait à l'institut de s'acquitter de sa mission. Pour le moment, c'est le
chiffre qui est le seul à être public, puis on doit s'en tenir là pour
le moment, Mme la Présidente.
• (19 h 10) •
La Présidente (Mme Tremblay) : Merci.
D'autres commentaires? Oui, allez-y, M. le député.
M.
Kelley : ...M. le ministère, l'échéancier, pour les membres
de personnel de l'institut, de mettre en place leur plan d'effectifs,
c'est quoi? J'imagine, l'institut va être en fonction dans un an?
M. Drainville : Bien, Mme la
Présidente, on va d'abord voter le projet de loi, n'est-ce pas?
M.
Kelley : Bien sûr, mais après le moment que le projet de
loi, j'imagine, va être adopté par le gouvernement... et je pense que
vous avez plus des votes que l'opposition, mais...
Des voix : ...
M. Drainville : Il y a un 17 ici.
Alors : «Les membres du personnel de l'institut sont nommés selon le plan
d'effectifs et les normes établis par règlement de l'institut.» Alors, il va
d'abord falloir procéder, Mme la Présidente, à la nomination d'une personne qui
dirigera l'institut. Et il y aura, bien entendu, Mme la Présidente, nomination
également des membres du conseil d'administration, n'est-ce pas, et les travaux
vont s'enclencher progressivement. Mais je ne suis pas en mesure, M. le député
de Jacques-Cartier, de vous donner un échéancier précis à ce stade-ci.
M.
Kelley : Bien, merci. C'est quelque chose on va suivre
attentivement, parce que c'est sûr qu'il y a des délais, et ça ne va pas
arriver demain. Mais merci, merci, M. le ministre, pour la réponse.
M. Drainville : Merci, M. le député.
La Présidente (Mme Tremblay) : Parfait.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions pour l'article 17? Donc...
Mme Garceau : ...je voulais juste
revenir sur le 7 millions parce que, dans l'estimé, et compte tenu que
vous vous êtes fié sur le rapport de 2018, je présume qu'on a fait des coupures
en quelque part pour arriver avec le 7 millions devant le Conseil des
ministres.
La Présidente (Mme Tremblay) : M. le
ministre.
M. Drainville : Il n'y a pas de
coupure, Mme la Présidente. C'est un budget qui, d'après les évaluations qui ont été faites, est suffisant à 7 millions,
et donc il faut procéder avec ce chiffre-là. Je n'ai pas d'autres chiffres, Mme
la Présidente. Il y a des évaluations qui ont été faites. Ces évaluations...
ces évaluations-là, dis-je bien, Mme la Présidente, ont été réalisées à
l'intérieur du ministère, et donc c'est éclairés de ces évaluations-là que nous
avons soumis le chiffre de 7 millions au Conseil des ministres. Et puis
là, bien, on va voir maintenant, dans le cadre des discussions qu'on aura avec
Finances, quel sera le chiffre final, mais, le chiffre final, on va le découvrir
au moment du dépôt des crédits.
La Présidente (Mme Tremblay) : Mme
la députée.
Mme Garceau : ...il
y a eu quand même plusieurs comparaisons avec l'INESSS, et donc, je regarde,
l'INESSS rend des comptes au ministre de la Santé et des Services sociaux. Pour
accomplir sa mission, il disposait, au
31 mars, et là on parle de 2021, d'un budget de 27 millions de
dollars ainsi que d'un effectif de 237 personnes occupant un poste
régulier ou occasionnel. Est-ce qu'on s'en va dans la même voie, compte tenu de
vos comparaisons avec l'INESSS?
M. Drainville : Bien, il y a juste
un petit ajout à faire aux propos de la députée de Robert-Baldwin, c'est qu'on a eu une pandémie, Mme la Présidente, qui a
duré deux ans. Alors, je pense, sans avoir nécessairement toutes les
informations, mais je pense qu'il y a probablement eu certaines dépenses de
l'INESSS qui ont été liées à la pandémie.
Mme Garceau : ...M. le ministre,
parce que c'est quand même 237 personnes. On ne parle pas de 10, 20, là.
Et donc, avec un budget de 7 millions, je ne suis pas sûre. J'ai des
doutes. J'ai des doutes.
M. Drainville : 7 millions, Mme
la Présidente. Vous avez le droit... Vous avez le droit, Mme la députée de Robert-Baldwin,
de douter. C'est permis en démocratie.
La Présidente (Mme Tremblay) : ...commentaires?
Est-ce qu'on pourrait procéder à la mise aux
voix? Donc, est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Présidente (Mme Tremblay) : Excellent.
Donc, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Alors, je vous souhaite, à tous et à toutes, une
excellente soirée.
(Fin de la séance à 19 h 15)