(Onze
heures vingt-neuf minutes)
Le Président (M. Sainte-Croix) : Bonjour.
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Éducation primaire,
secondaire incluant formation professionnelle,
des crédits budgétaires du portefeuille Éducation pour l'exercice financier 2025‑2026.
Une enveloppe de cinq heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Asselin (Vanier-Les Rivières) est remplacé par M. Lamothe (Ungava); M. Poulin
(Beauce-Sud), par Mme Guillemette (Roberval); M. Fortin
(Pontiac), par Mme Setlakwe (Mont-Royal—Outremont);
Mme Garceau (Robert-Baldwin), par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis);
et Mme Gentilcore (Terrebonne), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Éducation primaire et secondaire incluant formation
professionnelle
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci, Mme la secrétaire. Nous allons procéder à une
discussion d'ordre général par blocs d'échange, incluant les questions et les
réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui
leur est alloué, soit ce soir, vers 18 h 30.
Discussion générale
Je suis maintenant
prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé, la parole est à vous. Vous disposez, grosso modo, d'une
vingtaine de minutes.
• (11 h 30) •
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, chers
collègues parlementaires. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à l'ensemble des membres du cabinet
ministériel ainsi que du ministère de l'Éducation. Je suis ravie d'être
avec vous aujourd'hui. M. le ministre, nous disposons de cinq heures.
Donc, je vous remercie de vous prêter à l'exercice, quoique vous n'avez pas beaucoup le choix, mais c'est un exercice de
reddition de comptes qui est absolument important pour notre démocratie.
Donc, j'ai bien hâte aux échanges auxquels nous aurons droit cet après-midi...
ce matin et cet après-midi.
Donc, je commence
dans le vif du sujet. Donc, le 4 avril dernier, vous vous souvenez, donc,
nous étions au salon rouge, je vous avais interpelé. Donc, l'objet de mon
interpellation à votre endroit portait sur les coupures, hein, donc, sur les
nombreuses coupures qui causent des dommages dans le milieu de l'éducation au
Québec.
En plein été, Plus
de 400 millions de dollars ont été retranchés à l'entretien des
écoles du Québec, donc, c'est ce que Le Devoir, donc, nous annonçait
le 10 juillet dernier, donc, sous la plume de Zacharie Goudreault.
Juste
avant Noël, le 13 décembre, le ministère de l'Éducation rencontrait les
directions des centres de services scolaires
pour annoncer de nouvelles cibles d'ici le 31 mars. On nous parlait de
coupures de 200 millions. Donc, l'article de Daphnée Dion-Viens du 18 décembre 2024 se
titrait «Commotion» dans le réseau scolaire : Québec impose des
compressions de 200 millions $.
Juste avant la relâche,
vendredi le 28 février, alors que les corps et les esprits ne sont pas
toujours tout à fait là, récupération de 70 millions de dollars du
plan de rattrapage. Donc, encore une fois, donc, Daphné Dion-Viens nous
titrait, dans Le Journal de Montréal, Un autre «effort budgétaire» — donc
les guillemets sont les siens et non les
miens — de
70 millions $ exigé en éducation : des services aux élèves
écopent. Des mesures d'aide aux élèves seront suspendues dans certaines
écoles. On parle ici de compressions qui touchent directement les services
aux élèves.
D'abord,
sur le type de coupures, donc, vous... Lorsque vous nous parliez, donc, des
efforts, donc, souvent, vous dites :
Non, non, non, on veut s'assurer qu'on ne touche pas aux services aux élèves.
Manifestement, dans ce qui nous a été titré par ces articles-là, c'est
le cas, mais ce sur quoi je veux vous diriger d'abord et avant tout,
aujourd'hui, M. le ministre, là, c'est que nous, évidemment, donc, on a
demandé, dans notre demande de renseignements particuliers, donc, vous voyez,
donc, les cartables qui sont avec nous aujourd'hui, donc, à la question 11
de nos renseignements particuliers, de l'opposition officielle, d'avoir, donc,
le total des compressions cette année, parce que ça, c'est ce qui était mentionné
publiquement.
Donc, lorsqu'on fait,
donc, le calcul mathématique, on parle de 670 millions de dollars de
compressions cette année, mais là, dans
notre demande de renseignements, parce qu'on se disait que c'est peut-être la
pointe de l'iceberg... Vous vous souviendrez, lors de l'interpellation,
c'est ce que je vous demandais aussi, puis on nous a répondu, en fait, qu'il y
a eu 122,7 millions de dollars d'efforts demandés au milieu de
l'éducation cette année. On sait que c'est au moins 670 millions, là, je
viens de le mentionner.
Donc, pourquoi est-ce qu'on nous ne
répond pas au moins 670 millions, dans leur demande de renseignements
particuliers, pour cet exercice d'étude des crédits budgétaires?
M.
Drainville : Bien, d'abord, merci beaucoup, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Je suis bien content de vous
retrouver, effectivement, puis oui, c'est vrai que je n'ai pas beaucoup le
choix, mais c'est quand même un plaisir de vous côtoyer pour les prochaines heures. C'est un exercice démocratique
très important. Il faut se rappeler, la révolte des Patriotes de 1837
visait notamment à établir le gouvernement responsable, et c'est exactement ce
que nous faisons aujourd'hui. C'est le gouvernement qui doit être imputable des
dépenses, dans ce cas-ci, des dépenses en éducation.
Je
salue évidemment les collègues des autres formations politiques. M. le
Président, vous êtes, bien entendu, salué. On est contents que vous soyez là. Je suis accompagné de mon équipe du
cabinet, qui est menée par M. Tremblay à ma gauche, Pierre Tremblay, et l'équipe des fonctionnaires, menée, à ma
droite, par la sous-ministre de l'Éducation, Mme Arav. Alors,
bienvenue à tous et merci beaucoup de nous accompagner.
Alors,
écoutez, Mme la Présidente... M. le Président, ça va prendre un petit peu de
temps avant de m'habituer. M. le Président, d'abord, je pense qu'il faut
partir avec le départ, le point de départ, l'augmentation des dépenses en
éducation. Vous voyez, depuis sept ans, là, c'est sept budgets, là, ça a
augmenté de 58 %, les dépenses en éducation. O.K.? C'est ça, l'augmentation
qu'on a connue depuis que la Coalition avenir Québec est au pouvoir. Regardez
l'année passée, là, le budget de
l'éducation, il a augmenté de 14,7 %. Cette année, oui, effectivement,
c'est 2,2 %, mais il faut regarder
sur l'ensemble des années depuis que nous sommes là, et là on parle d'une
augmentation de 58 % sur sept ans. Alors, vous admettrez avec moi que c'est considérable. On parle de quoi,
là, en moyenne? On n'est pas supposés diviser des pourcentages, là, mais, mettons, là, que c'est une
moyenne de 7 % à 8 %, par année, d'augmentation du budget en
éducation.
Alors, Mme la
Présidente... M. le Président, c'est vrai que nous avons demandé à nos centres
de services scolaires de livrer des économies, des économies de
200 millions au départ, et, par la suite, oui, on a demandé qu'ils
retournent 70 millions liés au plan de rattrapage, et c'est... ce sont les
économies qui ont été demandées, donc, au réseau scolaire, M. le Président. Et
pourquoi on les a demandées? Bien, écoutez, chacun doit faire son effort. Les
augmentations du budget de l'éducation ont été très importantes.
270 millions, ça représente à peu près 1 % du budget de l'éducation,
budget de l'éducation qui est à 23,5 milliards.
Et
donc, nous, on considère, M. le Président, qu'après une augmentation de
58 % du budget de l'éducation, qu'on demande au réseau des
économies qui équivalent à, à peu près, 1 % de tout le budget de
l'éducation, on pense que c'est raisonnable, on pense que c'est de la bonne
gestion. À un moment donné, oui, il faut consolider. C'est le mot que j'ai
utilisé, là, une année de consolidation. Bien oui, à un moment donné, il faut
consolider.
Qu'est-ce
que ça veut dire, consolider? Bien, ça veut dire prendre tous ces investissements,
hein, de plusieurs, plusieurs milliards, plus 58 %, et voir est-ce
qu'on peut mieux faire travailler cet argent, est-ce qu'on peut obtenir de
meilleurs résultats pour les élèves. Et nous, on a la conviction que, oui, il y
a moyen, effectivement, de générer des gains d'efficacité et de faire en sorte
qu'au terme de tous ces investissements, ces milliards et ces milliards de
dollars qui ont été investis en éducation, il y a moyen de consolider cet
investissement-là, et c'est ce que nous faisons.
Mme Cadet : O.K.
M. le ministre, donc, là, vous venez de me donner le chiffre de
270 milliards... millions. Donc, moi, avec ce que je vous ai mentionné...
Nous, ce qu'on calculait... parce qu'il y a l'article du Devoir de l'été
passé, là, Plus de 400 millions de
dollars retranchés à l'entretien des écoles du Québec. Donc, il y a cet
article-là aussi. Donc, cet effort budgétaire là, cette coupure a aussi
été demandée aux centres de services scolaires l'été passé dans le même
exercice financier. Donc, on parle de 670 millions, vous me
dites 270 millions.
Mais là, en plus, ce
que je vous... D'entrée de jeu, ce que je vous demandais... Nous, on a été
assez étonnés, dans notre demande... Et puis je l'ai ici, donc, la fiche des
crédits. Donc, à la fiche, donc, de la question 11, on vous a demandé...
donc, on a demandé à votre ministère : Depuis le 1er avril 2024,
veuillez nous fournir la liste des efforts budgétaires,
compressions demandées aux centres de services scolaires, commissions
scolaires, en indiquant le nombre, l'effort demandé d'ici le
31 mars 2025, la date, le total par région. On nous a dit : 70
centres de services scolaires ont contribué à l'effort budgétaire, ça, ça
va, mais l'effort demandé totalise 122,7 millions.
Déjà, vous êtes en
train de contredire l'information qui nous a été soumise. Pourquoi est-ce qu'on
nous a donné une information, disons, qui n'était pas factuelle? Parce que, là,
ce que vous me dites, ce n'est pas ce que nous avons obtenu comme
renseignements.
• (11 h 40) •
M. Drainville : M. le Président, il faut
faire la distinction entre le budget d'opération et le budget des
infrastructures. Il y a eu effectivement
des demandes qui ont été faites, de 200 millions, au départ, en économies,
et un autre 70 millions qui s'est ajouté. Bon, sur le
70 millions du plan de rattrapage, je pense que c'est important de
signaler qu'au mois de décembre dernier les
centres de services scolaires ont été informés, donc, qu'on allait procéder à
une récupération par rapport au plan de rattrapage, et ce chiffre de
70 millions, on ne l'a pas sorti d'un chapeau, c'étaient les projections
des centres de services scolaires.
Quand nous avons
demandé aux centres de services scolaires de nous dire combien ils comptaient
dépenser à même le plan de rattrapage, les chiffres qui nous sont revenus en
septembre dernier, c'était qu'ils allaient dépenser 150 millions du plan
de rattrapage de 220 millions qui leur avait été accordé. Dans le
rattrapage, je vous le rappelle, c'était
300 millions au total, mais 220 pour le réseau. Et là, au mois de
septembre, donc, les centres de services scolaires nous disent :
Écoutez, avec le plan de rattrapage, nous, on prévoit dépenser 150 des 220.
Alors, ce chiffre de 70, il est basé sur les projections que les centres de
services scolaires nous ont eux-mêmes transmises.
Alors, est-ce qu'il y a des centres de services
scolaires qui ont continué à dépenser l'argent qu'ils nous avaient dit qu'ils ne dépenseraient pas? C'est
possible. C'est possible, mais, en bout de ligne, M. le Président, je
pense qu'on fait preuve de bonne gestion que de dire aux
centres de services scolaires : Écoutez, vous vous êtes engagés sur un
certain montant, bien, nous avons respecté le montant que nous... que vous nous
avez transmis, l'information que vous nous avez transmise, et donc, à terme,
nous avons demandé une récupération de 70 millions.
Par rapport au PQI, M. le Président, c'est une
autre comptabilité, le PQI, là, et ce qui s'est passé, depuis cette année, c'est qu'effectivement on donne des cibles
aux centres de services scolaires. Puis, vous avez raison, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé, de souligner que
c'est un changement très important. C'est effectivement un changement très
important. Ça n'existait pas auparavant, et
là, depuis cette année, oui, on donne une cible, ce qu'on appelle une cible de
maintien et une cible de bonifs, pour
bonifications. Alors, le maintien, c'est les dépenses en maintien d'actifs.
Dans un PQI éducation de
23,5 milliards, c'est à peu près le trois quarts des sommes qui doivent
aller au maintien d'actifs, donc, à la rénovation, par exemple, des écoles, puis à peu près un quart
qui va en bonifs, donc, agrandissement puis construction de nouvelles
écoles.
Alors, oui, c'est vrai qu'on a transmis aux
centres de services scolaires des cibles puis, oui, c'est de la bonne gestion.
C'est normal qu'on dise aux centres de services scolaires : Écoutez, voici
le plafond que vous ne devez pas dépasser pour ce qui est des dépenses en
rénovation et voici le plafond que vous ne devez pas dépenser... dépasser,
dis-je bien, en matière d'agrandissement et de construction de nouvelles
infrastructures.
Mme Cadet : ...est-ce
que vous trouvez que c'était de la bonne gestion... parce que, là, vous nous
parlez, donc, de l'entretien
d'actifs, mais je reviens, de façon générale, à ma question, donc, sur les
différentes compressions. Est-ce que vous trouvez que c'est raisonnable,
puisque c'est le terme que vous avez employé tantôt, ou que c'est de la bonne gestion, le terme que vous venez d'employer, de
demander que ces efforts-là, donc, soient faits au cours du même
exercice financier? Parce que c'est une chose de dire : O.K., bien,
l'année prochaine, donc, voici vos cibles pour la prochaine année financière.
Mais c'est une autre chose de commencer l'année puis leur dire : Bien,
regardez, on vous a donné tellement
d'argent... Vous avez sorti avec beaucoup de fierté votre tableau tantôt :
Regardez, on investit chez vous, mais là, woup, woup, woup, on va
s'assurer de reprendre l'argent qu'on vous a donné cette année. Donc, aux
dates... avant le 31 mars 2025, vous devrez nous avoir retourné, donc,
400 millions ici, 200 millions juste avant Noël, 70 millions le 28 février, là. Le 28 février,
70 millions, et puis le 31 mars... Il n'y a pas beaucoup de temps
entre les deux, là, pour être capable de se revirer de bord. Est-ce que
vous trouvez que ça, c'est de la bonne gestion?
M.
Drainville : Écoutez, M. le Président, ce n'est pas de la
récupération. C'est un changement de règles comptables, mais ce n'est
pas de la récupération. Le 400 millions, c'était ce que les centres de
services scolaires prévoyaient investir dans leurs infrastructures. Ça faisait
partie de leur planification, mais c'étaient des sommes d'argent qui n'avaient pas
été accordées. Alors, cette année, on leur a effectivement donné une cible, et
là ils doivent respecter la cible. Madame... M. le Président, quand on augmente
de 160 % le PQI en sept budgets, là... On va dire en sept ans pour les
fins de la discussion. On est passés d'un PQI de 14,9 milliards...
Pardonnez-moi, de 9 milliards, 14,9, c'est le budget d'opération. On est
passés d'un PQI de 9 milliards à un PQI de 23,5 milliards en sept
années, une augmentation de 160 %.
M. le
Président, c'est bien la moindre des choses que de dire aux centres de services
scolaires : Au terme d'une pareille augmentation, est-ce qu'on peut
s'entendre pour fixer des plafonds que vous ne dépasserez pas en matière de
maintien et en matière de nouvelles infrastructures, si on veut les appeler
ainsi? Moi, je pense que c'est de la bonne gestion. Et je suis convaincu, M. le
Président, que ma très estimée collègue de Bourassa-Sauvé, si elle était dans
ma position, elle défendrait cette mesure-là parce que c'est normal. M. le
Président, on a augmenté le budget des infrastructures de 160 %. On
peut-tu dire, après cette augmentation-là historique : Savez-vous, on va
se gérer, là, on va s'entendre qu'année
après année on a un plafond pour les deux grandes enveloppes? Bien, voyons,
c'est sûr. C'est sûr.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Merci. Mme la députée, simplement vous informer qu'il reste un
petit peu plus de cinq minutes.
Mme Cadet : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Continuons
l'échange.
Mme
Cadet : Alors, je vais continuer l'échange. On va parler,
donc, de la lettre qui a été envoyée aux directions générales des centres de services scolaires en
décembre dernier parce que, là, tantôt, donc, en... donc, la question
qu'on se posait, donc, principalement...
elle portait principalement là-dessus. Donc, ça a été transmis par la Direction
générale de la planification et de l'expertise. Il est écrit :
Donc, si vous avez soumis des demandes en prévision du PQI 2024‑2034, y compris
celles pour l'acquisition de locaux modulaires pour la rentrée 2025‑2026, et
que vous n'avez pas reçu de réponse favorable de la part du ministère de
l'Éducation, ça signifie que les projets, donc, n'ont pas été retenus, de votre
organisme scolaire, ou certains d'entre eux n'ont malheureusement pas été
retenus. Deux raisons justifient généralement les décisions, soit un manque de
financement disponible ayant nécessité une priorisation des projets...
Est-ce que vous pouvez nous déposer la liste des
projets d'ajout d'espace qui ont été refusés en raison du manque de
financement? Vous n'avez pas la liste?
M. Drainville : M. le Président, on
a mis sur pause 99 projets, et cette liste-là, on peut très certainement
la déposer, mais je pense qu'elle est déjà connue pour qui veut la trouver.
Mais, M. le Président...
Mme Cadet : ...qui
sont mis sur pause ici, là. Je veux vraiment la liste des projets d'ajout
d'espace qui ont été refusés en raison du manque de financement. Ce n'est
pas la même chose que les projets sur pause.
M.
Drainville : Ah! écoutez, on reçoit combien de projets par année?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Si vous me le permettez, donc, je comprends que Mme la
députée désire que vous transmettiez la liste.
Mme Cadet : Oui,
tout à fait, exactement, si telle liste existe, M. le Président.
M.
Drainville : Oui, là, M. le Président, on va voir si on peut faire ça,
là. On va voir...
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Allez-y, M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, M. le Président, on va voir si on peut faire ça,
là, parce que là, là, il faut prendre un moment
pour expliquer aux gens comment ça fonctionne, là. Chaque centre de services
scolaire nous dépose, à chaque année,
les projets d'infrastructures qu'il souhaite pour leur organisme. Bon, à chaque
année, il y a des centaines de projets qui sont déposés par les centres
de services scolaires. Mme la sous-ministre, à ma droite, me souffle à
l'oreille que c'est 300 à 400 par année.
Une voix : ...
M.
Drainville : Plus de 300 projets par année. Une fois que ces
projets-là sont déposés, M. le Président... Alors, il y a 72 centres de
services scolaires au Québec. Ils déposent leurs projets. Il y en a au-dessus
de 300 et là, après, il faut regarder
l'argent qu'on a. Et là qu'est-ce qui se passe? Bien, d'abord, les
fonctionnaires qui sont spécialistes de
la question regardent les, mettons, 300 projets, utilisons ce chiffre-là,
et là ils évaluent : Est-ce qu'il y a un besoin pour les 300 projets? Et là il est déterminé,
parmi les 300, lesquels sont justifiés en termes de besoins. Une fois qu'on a
établi les besoins, on établit... ensuite, les fonctionnaires établissent une
liste de priorité parmi les projets pour lesquels on a reconnu les besoins.
Alors, M. le
Président, c'est normal qu'on y aille de cette façon-là, parce qu'à un moment
donné les projets qui sont priorisés, qui
sont retenus, doivent correspondre au montant d'argent que nous allons pouvoir
investir. Comme cette année, là, au
PQI, là, on a 3,8 milliards. 3,8 milliards, là, c'est ce qui est
prévu au plan des infrastructures. Bien oui, mais je ne peux pas arriver
puis dire : Je vais approuver pour 10 milliards de projets. À un
moment donné, les projets qui sont recommandés par les fonctionnaires et qui
sont, finalement, approuvés, c'est des projets qui correspondent au montant
d'argent que nous avons.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Pour notre bonne gouverne, ce n'est pas une obligation
de déposer la liste. Ce serait le bienvenu, mais ce n'est pas une obligation.
Continuez.
Mme Cadet : Merci.
Alors, en ce moment, est-ce que le ministre peut nous répondre... Il y a
combien de classes modulaires qui ont été refusées par manque de financement,
pas parce que le... il y avait un besoin d'espace non reconnu, là, ça, on
comprend bien ça, mais par manque de financement?
M. Drainville :
Écoutez, M. le Président, là, Mme
la sous-ministre me glisse à l'oreille que toutes les demandes de
modulaires ont été acceptées, bon, puis là vous amenez un point important.
Malheureusement, c'est... ça achève, notre échange, mais j'espère qu'on va
pouvoir reprendre là où on l'aura laissé la prochaine fois.
Là,
vous amenez la question de la hausse spectaculaire du nombre d'élèves dans les
écoles du Québec ces dernières années, là. Depuis 2018, là, c'est
100 000 nouveaux élèves qu'on a accueillis dans les écoles du Québec.
La moitié de ces 100 000 sont des élèves nés hors du Canada et l'autre
moitié sont des élèves québécois nés de parents...
Une voix :
...
M.
Drainville : Non, non, mais attendez un peu, là, la raison pour
laquelle il faut investir autant dans les modulaires, c'est parce qu'on fait
face à une très forte augmentation du nombre d'élèves à scolariser, et c'est
pour ça qu'on doit investir là-dedans, et
vous faites bien de poser la question, c'est très important. Actuellement, on
est rendus à 1 600 modulaires au Québec, M. le Président,
1 600 modulaires...
• (11 h 50) •
Mme Cadet : M.
le Président, ma question était courte. Alors, je vais en poser une autre parce
qu'il ne me reste pas beaucoup de temps.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : 50 secondes.
Mme Cadet : Les
ratios élèves-enseignants, donc, comment vous vous assurez que ceux-ci soient
respectés au niveau... donc, s'il y a des
projets d'ajouts d'espace qui ont été refusés en raison du manque de
financement? C'est quoi, le plan?
M. Drainville : Bien,
les ratios, ils sont... Ils sont déjà prévus aux conventions collectives, les
ratios.
Mme Cadet : Bien, normalement, ils
devraient déborder avec qu'est-ce que vous nous dites, là.
M. Drainville : Les ratios sont
prévus aux conventions collectives, bien oui.
Mme Cadet : Vous venez de
dire : On n'a pas le choix. Donc, si on reçoit plein de demandes puis on
ne peut pas y répondre...
M. Drainville : ...autant dans les
classes préfabriquées, c'est parce qu'on doit justement scolariser les élèves,
puis oui, effectivement, il faut respecter les ratios. Il y a un nombre maximum
d'élèves prévu par classe en vertu des conventions
collectives. On pourra parler des ratios, je les ai avec moi, si vous voulez,
mais c'est pour ça... On investit beaucoup dans les nouvelles écoles.
Le Président (M. Sainte-Croix) : En
terminant.
M. Drainville : 100 nouvelles
écoles, 200 agrandissements, 150 projets en cours, mais...
Le
Président (M. Sainte-Croix) :
Merci, M. le ministre. Merci. Merci, Mme la députée. Je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention du
deuxième groupe d'opposition, le député de Jean-Lesage. Vous disposez,
cher collègue, d'un petit peu plus de 14 minutes.
M. Zanetti : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci, M. le ministre, les sous-ministres, tout le monde du
ministère de l'Éducation, présent, tous les autres collègues également.
Ça ne doit pas être évident d'être ministre de
l'Éducation. J'ai beaucoup d'empathie pour les choix difficiles auxquels vous êtes confronté dans un contexte où
il y a un déficit énorme. Après, je ne vais pas entrer dans la
discussion de pourquoi il y a ce déficit-là, puis évidemment on aurait pu
l'éviter, puis on pourrait l'éviter aussi, mais, quand arrive le moment où le
ministre doit choisir quel projet d'agrandissement ou de nouvelle école il faut
prioriser, ça doit être tout un casse-tête et ça ne doit pas être évident.
Quand on regarde la liste des choses qui sont au
PQI, là, dans la section en réalisation ou en service, puis qu'on sort, par exemple, les codes postaux de ces
projets-là et qu'on regarde dans quelles circonscriptions ils se
trouvent, on arrive à des résultats qui sont
très étonnants, M. le Président. Nous avons fait l'exercice, et je vais vous
donner un peu ce que ça donne. Alors,
je ne présume pas des raisons pour lesquelles ça, c'est arrivé, mais, quand
même, ça amène des constats
particuliers. Si on regarde le nombre de dollars investis par enfant dans
chaque circonscription, là, on remarque que, dans les circonscriptions caquistes, il y a 4 189 $ par
enfant; dans les circonscriptions solidaires, 1 889 $ par
enfant; dans les circonscriptions libérales,
2 799 $, ce n'est pas pire, mais c'est moins que 4 189 $;
et, dans les circonscriptions péquistes, bien là, ça, c'est le pire,
1 045 $ par enfant.
Alors,
évidemment, on regarde ça puis on se dit : C'est étonnant. Les règlements
de l'Assemblée nationale nous empêchent
de prêter des intentions. Ça fait que ce n'est pas ça que je vais faire
aujourd'hui, mais, quand même, je me dis : Il faut qu'on comprenne
pourquoi. Il faut qu'on comprenne pourquoi, parce que, quand on regarde ça,
vite de même, ça pourrait avoir l'air de favoritisme, et, dans un contexte de
restrictions budgétaires, ce n'est surtout pas, j'imagine, l'image et
l'impression que veulent laisser le ministre et le gouvernement.
Alors, ma question est la suivante. Le ministre
pourrait-il, peut-être qu'il ne pourra pas le faire sur le champ, puis je le comprendrais très bien, bien, déposer à
la commission et rendre publics les critères sur lesquels le
gouvernement s'est appuyé pour prioriser les projets d'infrastructures en
éducation et rendre publique aussi la grille d'analyse pour chacun des projets,
acceptés ou refusés, pour qu'on puisse avoir l'assurance que ça a été fait
selon des règles claires, cohérentes, et qu'il n'y a eu aucune irrégularité
dans le processus?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M.
Drainville : M. le Président, d'abord, je suis très surpris
d'entendre ces chiffres-là. Ça laisse entendre toutes sortes de choses. Ça laisse entendre, en fait, que
la priorisation est faite pour des raisons politiques, ce qui est
totalement faux. Et, M. le Président, document
pour document, moi, je vais demander au député de Jean-Lesage... compte tenu
de la gravité des allégations qu'il formule, je vais lui demander qu'il dépose
à la commission ses calculs pour que nous puissions les vérifier. Mais, M. le
Président, je rejette fermement toute allégation, accusation ou autre
déclaration à l'effet que les projets
d'infrastructures sont déterminés par des critères partisans. C'est faux, et
c'est archifaux, et la raison est
simple, M. le Président, c'est que ce sont les... Pourquoi vous levez la main,
M. le Président? Qu'est-ce qui se passe?
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Excusez-moi.
M.
Drainville : Très bien. Alors, la raison est simple, c'est que
la priorisation, elle est faite par les fonctionnaires en fonction,
effectivement, de critères qui existent, qui sont des critères établis, et on
n'a pas changé ces critères-là. En tout cas, moi, je ne les ai pas changés puis
je n'ai pas demandé à ce qu'ils soient changés. Alors, ces critères-là, ils
existent, et on pourra effectivement les déposer à la commission, M. le
Président.
Maintenant, je réitère ma
demande. Compte tenu de la... du sérieux des allégations du député de
Jean-Lesage, j'espère qu'il aura la...
comment dire, qu'il aura la bonne volonté, je vais le dire comme ça, de nous
dire... de déposer ses calculs pour
qu'on voie comment il en est arrivé à ces conclusions-là, parce que ce n'est
pas comme ça que ça marche, M. le
Président. Ce n'est pas comme ça que ça marche. Puis je vais vous dire une
affaire, il y a beaucoup de comtés de Québec solidaire à Montréal, là,
on le sait, il y en a quelques-uns à Québec, le député de Jean-Lesage en fait
partie, très bien, mais la majorité des
comtés de Québec solidaire sont à Montréal. Bien, M. le Président, à Montréal,
là, on a livré, depuis 2018, 60 projets, puis il y en a 24 qui sont
en cours présentement. Alors, je ne sais pas quel pourcentage ça représente
parce que je ne l'ai fait pas, les pourcentages, moi.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Pour notre bonne gouverne, donc, je comprends que vous allez
déposer un document en bonne et due forme...
M. Drainville : Sur les critères.
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...sur
les critères et que notre collègue de Jean-Lesage déposera sa liste.
M.
Zanetti : Bien, moi, je m'engage, document pour document, là...
À partir du moment où vous nous donnez la liste des critères pour chaque
projet, qui explique selon quels critères il a été refusé, accepté, je vais,
avec grand plaisir, vous montrer les calculs qu'on a faits, qui ont été faits à
partir des données du PQI.
M. Drainville : Bon, là...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Un
dépôt en bonne et due forme ou transmettre une liste?
M. Drainville : Non, non, M. le Président.
L'engagement que j'ai pris, c'est de déposer les critères en vertu desquels les
projets sont priorisés. C'est ce que... C'est l'engagement que j'ai pris. Je
n'ai pas dit qu'on allait donner l'argumentaire pour chacun des projets, voyons
donc, là. On a autre chose à faire que de prendre les 300 ou 400 projets qui nous sont soumis puis
d'arriver avec... Voyons donc! Ça n'a pas de bon sens. Je réitère qu'on va
déposer les critères. Et là, M. le Président, il est en train de se défiler,
là. Moi, je veux qu'il me dise qu'il va déposer ces projets-là. Vous nous
accusez de faire des... Vous nous accusez...
M. Zanetti : Non, aïe, je m'excuse,
M. le Président...
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre...
M. Zanetti : Non, non, non, ça
suffit. Ça suffit, non, non, non.
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre, collègues, je vous appelle à la prudence. Vous êtes des parlementaires aguerris. Je vous appelle à la
prudence pour la suite des choses et puis j'aimerais qu'on réponde
clairement à ma question. Est-ce que vous allez vous engager à déposer la
liste, tout simplement?
M.
Zanetti : Je vais demander peut-être, pour le reste de
l'échange, qu'on passe par vous, M. le Président, incluant M. le ministre. Alors, M. le Président, vous
regarderez... Je vous invite... J'invite tout le monde à regarder le
verbatim de ce qui s'est passé jusqu'ici, là, il n'y a eu aucune accusation. Et
moi, je veux croire sur parole le ministre.
Ce que je
veux aussi... et je veux déposer mes calculs et lui montrer, mais je ne veux
pas le faire sans avoir, en contrepartie,
la seule chose qui pourrait nous assurer qu'il n'y a eu aucune irrégularité,
c'est-à-dire la liste des raisons, par projet,
qui ont entraîné le rejet ou l'acceptation pour qu'on puisse être sûrs, d'une
part, que les critères sont objectifs, ce dont je n'ai aucun doute, mais
aussi qu'ils ont été suivis sans interférence à chaque instant. Et savez-vous
pourquoi je le fais? Je le demande parce que la population du Québec, elle
mérite ça, et je le demande aussi parce que c'est tout à l'avantage du ministre
de nous les donner.
Alors, je
réitère, aucune accusation ici, je veux juste... Je fais une demande de
transparence, et moi, ça me fera plaisir
de donner les calculs à partir du moment où on ne va pas les donner en vain. On
veut aussi avoir ce qui va nous permettre
de croire sur parole le ministre, parce que je vais vous donner d'autres
statistiques, là. Par exemple, quand on analyse ça en profondeur, on voit que, parmi les circonscriptions ayant
reçu un investissement de plus de 100 millions en infrastructures scolaires, bien, il y en a
beaucoup qui sont caquistes. En fait, c'est neuf des 10 circonscriptions
qui ont reçu plus de
100 millions qui sont des circonscriptions caquistes. Et moi, je veux
vraiment croire que tout ça, c'est rigoureux, que tout ça, ça suit des critères, que ça a été suivi de façon
objective, sans interférence, mais je demande aussi la preuve, puis c'est mon rôle de demander ça. On est en
études de crédits. C'est à ça que ça sert. Alors, je demande de les
avoir.
Il y a aussi, parce qu'aussi... Puis le ministre
faisait référence aux données, à la quantité de projets qui ont été acceptés
sur l'île de Montréal, mais, moi aussi, je peux faire une liste de projets qui
n'ont pas été acceptés sur l'île de Montréal,
puis ce qui est intéressant, c'est de voir, disons, la perspective globale. Et
moi, là, je veux bien croire, là, qu'il n'y a aucune décision qui a été
prise par caquisme, O.K., puis qu'il n'y a aucune décision... personne, dans
les décisions, a agi de façon caquiste, mais
le résultat est comme caquiste. Ça fait qu'on dirait un peu du caquisme
systémique.
M. Drainville : ...ça?
C'est limite.
Le
Président (M. Sainte-Croix) : Je vous... un simple rappel, s'il vous plaît, un
échange cordial, respectueux, dans les objectifs de l'exercice. Il vous
reste un petit peu plus de cinq minutes. Donc, j'aimerais qu'on continue sur la
bonne voie, s'il vous plaît.
• (12 heures) •
M.
Zanetti : Oui. Bien, alors, je vais réitérer ma demande
simplement de pouvoir avoir, ventilées par projets, les raisons qui ont
amené au rejet et à la priorisation de tous les programmes en infrastructures,
parce qu'on est dans une période qui est particulièrement critique. Il faut
s'assurer... puis je pense que le ministre a tout intérêt à donner à tout le
monde la preuve inéluctable que tout a été fait dans les règles de l'art, ce
que je suis parfaitement disposé à croire.
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M.
Drainville : Oui. Alors, M. le Président, je réitère, la
manière avec laquelle les projets sont à la fois reconnus pour le besoin
et priorisés par la suite, ce sont des équipes du ministère qui font cette
priorisation-là. Le député de Jean-Lesage fait des allégations très graves et,
jusqu'à maintenant, il ne s'est pas engagé formellement à déposer ses calculs. Je lui ai demandé de le faire. Il se
garde bien de le faire, et je me demande bien pourquoi il se garde de le
faire. Est-ce qu'il craint qu'on découvre que ses calculs ne sont pas fondés?
Je le laisse à ses raisons.
Mais chose certaine, nous, M. le Président, on
n'est pas gênés de l'augmentation du PQI de 160 %. On l'a pris à 9 milliards, on est à
23,5 milliards. On a construit tout près de 100 nouvelles écoles. On
a agrandi 200 nouvelles... 200
écoles. On a 150 projets qui sont en cours. C'est vrai qu'on en a mis 99
sur pause. C'est vrai, ça, on ne va pas le cacher, là, mais c'est des projets qui restent inscrits au
PQI et qui vont se réaliser. C'est juste que ça... on va l'étaler dans le
temps parce qu'il faut, à un moment donné,
respecter les ressources puis il faut respecter la capacité de payer des
contribuables.
Mais les projets qu'on fait, ils sont faits en
fonction des besoins et en fonction d'une priorisation, priorisation qui prévoit ceci, qui se décide en vertu des
critères suivants : besoin d'espace, évidemment, évolution de l'effectif,
donc le nombre d'élèves que nous aurons à
scolariser, la proportion de la croissance, le développement immobilier.
Évidemment, s'il y a un tout nouveau
quartier qui voit le jour, ça se peut qu'à un moment donné on ait besoin d'une
école. D'ailleurs, on préférerait que la ville identifie le terrain de
l'école avant de laisser aller les promoteurs, hein, ce serait une très bonne
pratique, ça. Ça fait que ça, il faut le faire systématiquement dorénavant,
hein, on s'apprête à permettre du développement puis on identifie un terrain
pour l'école.
Bon, alors, nous, dans le calcul, nous étant le
ministère, dans le calcul, on prévoit donc d'évaluer quel sera le développement immobilier et finalement la location
nécessaire, l'emplacement nécessaire, c'est ce qu'on veut dire ici,
l'emplacement nécessaire pour subvenir aux besoins de scolarisation des élèves.
Voilà les critères, et on va déposer un document formel qui le prouve, qui
l'appuie. Voilà.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Il reste deux minutes pour votre échange.
M. Zanetti : Oui, merci. Dans le
fond, bien, je suis très content de l'ouverture du ministre à déposer quelque
chose. Il va falloir vraiment que ce quelque chose là, ce soit ce qu'on
demande, parce que ce qu'on demande, c'est ce qui est nécessaire à pouvoir
faire notre travail. Et moi, j'ai un engagement, là, c'est clair que je veux
lui montrer mes calculs et je vais lui montrer en même temps que lui va nous
montrer ses documents.
Et il y a une autre chose qui est claire aussi,
c'est que, si après avoir épluché tout ça, là, je constate ce que j'ai envie de
constater, que tout a été fait dans les règles de l'art de façon parfaitement
non partisane, là, je vais le dire publiquement et le féliciter. C'est un
engagement formel que je prends devant vous tous et toutes aujourd'hui.
Sur un autre sujet... là, il ne me reste pas
beaucoup de temps, hein, peut-être...
Le Président (M. Sainte-Croix) : 1 min 18 s.
M.
Zanetti : 1 min 18 s. Eh là là, je n'ai pas de
sujet aussi court, ça fait que je vais me reprendre à la prochaine
période.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Donc,
vous voulez qu'on termine l'échange ici?
M. Zanetti : Oui, ça me va.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci
beaucoup, M. le député. Je suis maintenant prêt...
M. Drainville : ...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Oui,
allez-y, M. le ministre.
M.
Drainville : Le ministère de l'Éducation ne priorise pas les
projets d'infrastructure en fonction des comtés, O.K.?
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...M.
le ministre, merci.
M. Drainville : Je
veux que ce soit bien clair, là.
Le Président (M. Sainte-Croix) : C'est
entendu.
M. Drainville : Si vous voulez, on
pourra donner la parole aux fonctionnaires. Ça ne me dérange pas, moi, là, là.
Je trouve ça grave, ce qu'il vient de dire, là.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Est-ce
que vous désirez céder la parole à un de vos fonctionnaires?
M. Drainville : Bien là, il ne nous
reste plus de temps, mais s'il veut me relancer là-dessus tout à l'heure, moi,
ça va me faire plaisir de céder la parole à Mme la sous-ministre ici, qui va
venir appuyer mes dires, là, à l'effet qu'on ne fait pas de politique avec le
choix des écoles, là. Voyons donc! On a 3 000 écoles au Québec...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Merci.
M. Drainville : ...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre, c'est entendu. Je suis maintenant prêt à reconnaître une
intervention du député indépendant, donc le député de Saint-Jérôme. Vous avez
très précisément 3 min 42 s.
M.
Chassin : Ça va vite, 3 min 42 s. Alors,
évidemment, merci, M. le Président. Merci, M. le ministre. Merci à tous. Je me suis dit que je n'allais peut-être pas
vous partir sur ce sujet-là, mais c'est sûr que je regardais dans un
livre récent écrit par Jean-François Lisée, à quel point, dans le temps, on
appelait les fonctions de patronage le fait que les députés distribuent comme ça des emplois, etc., puis qu'évidemment,
bien, ça a été supprimé depuis longtemps. Est-ce qu'il y a du rattrapage à faire dans certains endroits, parce que
d'autres gouvernements plus anciens, disons, n'avaient peut-être pas les
mêmes méthodes? Peut-être, mais, moi non plus, je n'irai pas dans les
allégations.
Et surtout,
comme j'ai très peu de temps, je voudrais d'abord saluer la présence, dans le
projet de loi n° 94, de l'évaluation annuelle des enseignants, un
sujet remarquable et très important. En même temps, ça soulève un peu la question aussi des ressources. Je ne sais pas à...
dans le fond, là, étant donné que, bon, le projet est encore tout frais,
là, mais est-ce qu'on pense à la disponibilité, par exemple, les directions
d'école, aux ressources que ça peut impliquer?
M. Drainville : Excellente question.
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...M.
le ministre.
M. Drainville : Deux minutes?
Le Président (M. Sainte-Croix) : Oui.
M. Chassin : Bien non, il y en a d'autres, questions, hein?
M. Drainville : Oui, oui, bien, la
réponse, c'est : le travail de l'évaluation fait déjà partie de la tâche
des directions d'école.
Alors, est-ce que ça se fait toujours comme ça
devrait? Est-ce que c'est toujours fait d'une manière qui est systématique?
Parfois oui, parfois non. Et donc le projet de loi va, comment dire, créer les
conditions pour faire en sorte que les
évaluations soient faites d'une manière systématique, M. le député de
Saint-Jérôme, que je vais aller visiter, soit dit en passant, la semaine
prochaine ou suivante. Je vais inaugurer deux écoles, l'école primaire
Bellefeuille et l'école primaire Lafontaine, dans le beau comté de Saint-Jérôme. Et mon collègue, avec qui j'ai
siégé, nous faisions partie de la
même famille. Maintenant, il a pris ses décisions, je respecte absolument ses
décisions, mais ça ne m'empêchera pas, madame... M. le Président,
d'aller dans son comté et d'être avec lui...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Allez-y, M. le député.
M. Chassin :
Exactement, hein, même si ce
n'est pas caquiste, il y a des belles écoles. Et, par ailleurs, j'aimerais
avoir... puis vraiment, vous me permettrez,
là, mais, dans l'ouvrage que le collègue de Chambly a écrit, il y avait
toute cette réflexion sur renverser le
rapport hiérarchique entre, dans le temps, les commissions scolaires et les
écoles. On parlait notamment du fait que les écoles privées, elles embauchent
les enseignants et puis les écoles publiques devraient pouvoir le faire aussi.
Ça n'a pas été le cas dans le projet de loi n° 40. Moi, je trouve que
c'est une piste intéressante.
M. Drainville : ...
M. Chassin : Voilà. Je trouve que c'est une piste intéressante de
pouvoir le faire, pas nécessairement systématiquement,
pas nécessairement dans toutes les régions du Québec. Est-ce que vous avez le
sentiment qu'entre les centres de
services scolaires et les établissements où on connaît les élèves par leur nom,
le rapport hiérarchique a été renversé?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Rapidement.
M. Drainville : M. le Président, les
écoles privées ont leur façon de fonctionner, les écoles publiques ont la leur.
Ils appartiennent à un centre de services scolaire.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci.
C'est le temps qu'il nous restait. Je suis maintenant prêt à revenir auprès de
l'opposition officielle. Donc, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est
à vous pour un deuxième bloc d'une vingtaine de minutes.
Mme Cadet : Merci, M. le Président.
Rebonjour, M. le ministre. Projets mis sur pause, donc vous avez répondu, et
j'apprécie la réponse courte. Donc, 99 projets ont été mis sur pause, donc
ça m'aide. J'avais... j'en avais pour trois pages, là, trois pages de projets,
là, mis sur pause ici, étayés dans l'ensemble des centres de services scolaires. Donc, c'est un travail fastidieux,
donc, ici, donc, qui a été fait. Et là je comprends que vous allez, donc,
nous déposer, donc, la liste. C'est ce que vous avez répondu au collègue un peu
plus tôt. J'avais...
• (12 h 10) •
M. Drainville : ...
Mme
Cadet : Oui, bien, oui, donc la liste des projets mis sur
pause, mais oui, effectivement, donc, je m'en allais sur la liste des
critères, parce que c'était ma prochaine question, à savoir, donc, comment
cette priorisation était faite. Parce que,
bon, effectivement, donc, on a constaté, donc, dans la lettre qui a été
transmise aux centres de services scolaires, le 13 décembre dernier, que, donc, on... donc, les fameuses cibles
dont on parlait, donc, dans cette lettre, estimant, donc, ces cibles de dépenses liées aux mesures
d'investissement pour 2024‑2025, à la fin, donc, d'un paragraphe, on pouvait lire : «Elles ne permettent pas d'autoriser
la poursuite de l'ensemble des projets en planification, selon les prévisions
de dépenses déclarées par les organismes
scolaires. Ainsi, une mise sur pause de certains projets, basée sur une
priorisation établie par le MEQ, s'est
avérée nécessaire.» Donc, on comprend que c'est tous des projets qui étaient
déjà en planification. Vous nous avez donné la liste des critères, donc
je les ai bien entendus, donc, oui, effectivement, vous vous êtes engagé à les
transmettre à la commission.
Maintenant,
ce que je veux savoir, donc, en plus de ces éléments-là, bien, d'abord, en
fait, nous dire quand est-ce que ces projets vont recommencer. Ce que...
Au collègue, vous avez répondu tantôt : On va l'étaler dans le temps. Ça veut
dire quoi, ça, on va l'étaler dans le temp? Quand est-ce que les projets vont
pouvoir recommencer?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : ...je suis
accompagné de personnes qui sont très importantes, très essentielles, qui font
un formidable travail pour notre réseau de l'éducation et pour nos élèves. Et,
parmi ces personnes, il y a celle qui m'accompagne depuis que je suis ministre
de l'Éducation, c'est Mme Carole Arav, la sous-ministre de
l'Éducation, et je vais lui céder la parole.
Le
Président (M. Sainte-Croix) : Nous avons besoin d'un consentement. Est-ce que
nous avons le consentement pour céder la parole à madame?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Consentement.
Nous vous écoutons, Mme la sous-ministre.
Mme Arav (Carole) : Alors, bonjour.
Carole Arav, sous-ministre de l'Éducation.
En fait, je veux juste vous dire, il y a deux
choses différentes, là. Tout à l'heure, on a donné les critères sur lesquels on se base pour accepter un projet puis
le partir, sur le nombre total de projets qu'on a, parce qu'on en a
beaucoup, de demandes, annuellement. Donc,
les équipes évaluent ça selon ces critères-là, et on prend les dossiers les
plus urgents en fonction des budgets qui sont disponibles.
Là, vous avez mentionné les 99 projets qui
sont sur pause. Ce n'est pas les mêmes critères qui ont servi à la
détermination des projets sur pause. Quand on a vu qu'on dépassait les cibles
annuelles, là, qui étaient autorisées en fonction
des changements des règles comptables... Il faut savoir que les règles
comptables ont changé. Ça fait qu'à partir du moment où les règles
comptables ont changé, maintenant on ne peut plus faire seulement que des
annonces de projets avec des budgets globaux
sur une période de temps importante. Il faut les faire vraiment par année,
année par année, puis c'est suivi
dans les rapports... dans les états financiers par le Vérificateur général. Ça,
ça a été changé l'année dernière, donc
il a fallu donner des cibles de dépenses aux centres de services, qui nous ont
amenés... pour respecter ces cibles-là, de mettre des projets sur pause.
Donc, l'évaluation qui a été faite, ça a été
d'abord de prioriser les dossiers qui étaient en réalisation. Donc, notre objectif était de dire : Avant de
laisser continuer des travaux de planification qui coûtent de l'argent et qui
grugent la cible, on a pris tous les
chantiers qui étaient en réalisation et on s'est assurés que tous les chantiers
qui étaient en réalisation, ils
continuaient. Et c'est là qu'on a tiré la ligne, parce que, là, après ça, on
tombait en planification, mais, en planification, bien, ils n'étaient pas... il n'y avait pas de
pelletée de terre de faite, il n'y avait pas de mur qui était monté. On ne
voulait pas laisser une école avec un mur qui était en construction puis qui
n'allait pas se terminer.
Donc, notre objectif,
c'était vraiment de, d'abord, terminer tout ce qui est en réalisation. Puis ce
qui est en planification, bien, c'est là qu'on a arrêté les travaux de
planification.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci.
Mme Cadet : Merci. Merci beaucoup,
Mme la sous-ministre. Je reviens à vous, M. le ministre. En fait, donc, je
comprends très bien, donc, la réponse très exhaustive et très claire qui vient
de m'être octroyée. Merci beaucoup. En fait,
si je reviens, donc, à la communication qui a été donnée aux centres de
services scolaires en décembre dernier, on le dit bien, donc, que... bon, en raison, donc, de ces cibles-là, qu'on
ne permet pas d'autoriser la poursuite de l'ensemble des projets en planification. Donc, bien évidemment
que les projets qui sont en réalisation, donc, ceux-ci, donc, ont été
poursuivis, mais l'objet de la communication de décembre ne parlait pas des
projets en réalisation, il parlait de ceux en planification, en disant :
Bien, on ne pourra pas poursuivre tous ceux qui sont en planification, et donc
il faudra une mise sur pause de certains de ces projets-là en planification,
donc, basée sur une priorisation établie par le MEQ.
Donc, je reviens vers vous au niveau des
critères. Donc, maintenant, c'est une chose... est-ce que vous êtes en train de
me dire que l'ensemble... en fait, que l'ensemble des projets qui étaient en
planification et qui n'étaient pas déjà en stade de réalisation, ils ont tous
été mis sur pause? Est-ce que c'est ça, les 99?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : Il y en a
effectivement un bon nombre qui l'ont été. Mais, M. le Président, juste pour
faire du pouce sur les propos de Mme la sous-ministre, tous les projets qui
étaient en réalisation, c'est-à-dire les projets pour lesquels un contrat avait
été signé...
Mme Cadet : ...compris, bien sûr.
M. Drainville : ...tous ces
projets-là, on les a poursuivis. Et donc, effectivement, parmi les... Alors,
dans les 99 projets qui ont été mis sur pause, c'étaient effectivement des
projets qui étaient en planification.
Mme
Cadet : Alors, quelle est la liste? Parce qu'on nous dit,
donc : Les projets en planification devront être mis sur pause, et, donc, la mise sur pause se fait
basée sur une priorisation établie par le MEQ. Donc, je reviens sur...
Pardon?
M.
Drainville : Chaque centre
de services scolaire a reçu la liste
des projets qu'il devait mettre sur pause, mais la liste des projets sur
pause, elle a d'abord été établie par les équipes du ministère. C'est en vertu
de la liste des projets qui étaient en planification... on a regardé l'argent
qui restait puis, à un moment donné, on a tiré une ligne. Alors, les projets
qui étaient en dessous de la ligne, bien, ces projets-là ont été mis sur pause,
pas retirés du PQI, mis sur pause.
Mme Cadet : Non, ça, c'est bien
clairement indiqué.
M.
Drainville : Et donc, dans les lettres qui ont été envoyées aux
différents centres de services scolaires, il y avait, pour chaque centre
de services scolaire, les noms des projets qui allaient être mis sur pause.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Vous
pouvez continuer, Mme la députée.
Mme
Cadet : Oui, merci. À ce moment-là, donc, je reviens à la
question initiale que j'ai posée et je comprends que vous avez peut-être des éléments d'information supplémentaires à
m'octroyer suite à la discussion avec la sous-ministre. En fait, donc, quand est-ce que les projets vont
pouvoir recommencer et dans quel ordre vont-ils être repriorisés? Vous
avez dit tantôt, donc : On va l'étaler
dans le temps. Donc, quand est-ce que les projets mis sur pause vont pouvoir
être réalisés?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : M. le Président, les
projets vont être repartis selon les disponibilités financières qui sont
annoncées au budget. Et, pour ce qui est de dans quel ordre, bien, ça va être
dans l'ordre où ils ont été arrêtés. Et puis là
ce qu'on va faire, c'est qu'on va prendre la liste des projets qui ont été
arrêtés, puis on va y aller avec les critères, et puis on va prioriser les nouveaux projets qui vont
être relancés. Ça va être en fonction des critères dont je vous ai parlé
tout à l'heure, qui sont des critères
objectifs qui existent depuis nombre d'années, y compris sous les gouvernements
du Parti libéral.
Mme Cadet : Merci. Est-ce que c'est
possible alors, M. le ministre, que certains de ces projets ne voient jamais le
jour?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : Pour ça, il faudrait
qu'ils soient retirés du PQI, et tous les projets qui sont inscrits au PQI
restent au PQI, et, s'ils restent au PQI, c'est donc qu'ils seront
éventuellement réalisés, dépendamment, encore une fois, des disponibilités
financières.
Mme
Cadet : Vous êtes en train de me dire qu'en théorie ce serait
possible... parce que, là, vous dites : On peut juste les mettre au PQI,
puis les redéplacer, puis continuer de les avoir au PQI en disant : Non,
non, on ne les enlève pas de l'inscription.
Parce qu'effectivement c'est bien mentionné dans la lettre que, si les projets
sont mis sur pause en attente de
disponibilités financières et que les sommes, donc, demeurent au PQI... ça, on
le voit bien, mais est-ce que c'est bien possible que tant... en fait,
que, sur papier, les projets demeurent mais qu'en réalité ils ne voient jamais
le jour?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : M. le ministre.
M.
Drainville : M. le Président, il n'y a aucune intention de notre part
de retirer les projets qui sont inscrits au
PQI. S'ils sont inscrits au PQI, c'est parce que la démonstration a été faite
de leur besoin et de la priorisation. Alors, on ne retirera pas de... En
tout cas, moi, ce n'est pas mon intention, là, puis je ne vois pas pourquoi on
retirerait des projets du PQI.
Parfois,
on va changer la portée du projet. Par exemple, avec le projet FACE, on a
changé la portée du projet. Bien là,
ça, c'est autre chose. Ça, c'est autre chose, mais l'argent, comme vous le
savez, qu'on va investir pour les deux nouvelles écoles qui viennent remplacer, si on peut dire, le projet de rénovation
de l'édifice FACE, bien, ça reste des investissements très
importants et puis ça reste de l'argent qu'on prend sur le PQI, sur le programme
québécois des infrastructures.
Mais la réponse
courte à la question de la députée de Bourassa-Sauvé, je ne sais pas où elle
veut en venir, là, mais moi, je... les
projets qui sont au PQI, M. le Président, ils restent au PQI. Je ne sais pas
comment le dire, là, ils sont au PQI, puis, si on les retire du PQI, il
va falloir avoir une bonne raison.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci, M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci. Comme il risque d'y avoir des dépassements
de coûts en raison des délais, est-ce que vous avez estimé combien de
plus cette pause... cette mise sur pause de certains projets coûtera aux
contribuables?
• (12 h 20) •
M. Drainville :
Écoutez, la députée de
Bourassa-Sauvé me demande de prédire l'évolution du marché immobilier
dans les prochaines années. Dieu seul le sait, M. le Président, puis même lui,
je ne suis pas sûr qu'il le sait non plus, tu sais. Je veux dire, à un moment
donné, ça va dépendre de l'économie, essentiellement, là.
Alors, avec ce qui se
passe au sud de nos frontières, présentement, qu'est-ce qui va arriver avec
l'économie québécoise? Est-ce que le marché
immobilier va se refroidir? Certains le prédisent, certains disent même que
c'est en train de... Moi, je vais
vous dire, j'ai assez approuvé de... comment est-ce qu'on appelle ça, là, les
bonifications financières, là, pour
des projets, là, qui devaient coûter x, puis j'ai été obligé d'approuver
des montants supplémentaires parce qu'on était en surchauffe. Je vais me
garder de faire des prédictions sur l'évolution du marché immobilier, mais,
chose certaine, on espère que le marché immobilier va effectivement se
refroidir puis que les appels d'offres pour les constructions d'école vont nous
revenir avec des prix beaucoup plus raisonnables que ce qu'on a obtenu jusqu'à
maintenant, ce qui nous permettrait de faire davantage de projets.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci, M. le ministre. Poursuivez, madame.
Mme Cadet : Donc,
on se croise les doigts, et Dieu seul le sait. C'est ça, l'analyse que vous
avez réalisée en disant : On met ces
projets-là sur pause, puis, un jour, ils vont être réalisés parce qu'on va les
garder au PQI, mais on ne sait pas combien ça va nous coûter. On ne
s'est pas posé cette question-là en déterminant les cibles de dépenses liées
aux mesures d'investissement pour 2024‑2025?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : M. le ministre.
M.
Drainville : Écoutez, M. le Président, je ne sais pas comment le dire,
mais les projets qui sont au PQI, ils sont évalués selon les besoins, en
fonction d'une priorisation qui est faite par les équipes. Du temps où le Parti
libéral était au pouvoir, il mettait 9 milliards dans le PQI pour les
écoles. 9 milliards sur 10 ans, ça représente en moyenne, donc, 900 millions par année. Nous autres, on
est à 23,5 milliards, ce qui veut dire 2,5 milliards par année, en
moyenne, sur 10 ans. Bon, on est passé de 900 millions à 2,3 milliards.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Mme Cadet : ...je
voudrais que vous me disiez...
M.
Drainville : Si vous trouvez que ce n'est pas assez, je veux dire,
vous le prenez où l'argent, vous, Mme la députée de Bourassa-Sauvé?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : ...M. le ministre.
Mme Cadet : Bien,
vous dites : Qu'est-ce que vous voudriez que je vous dise? Là, c'est qu'en
fait, nous, on les réalisait, les projets, là. Je veux dire, on les mettait au
PQI en disant : Bien, voici les sommes qui seront allouées, puis on les
réalisait, plutôt que de dire : Bien, on va mettre... on va annoncer
beaucoup, beaucoup de sommes puis on va mettre 99 projets sur pause parce
qu'on ne l'a pas, l'argent.
Je continue,
M. le ministre, dans la même thématique. Il y avait un autre article en octobre
dernier : Conjoncture budgétaire : des contrats résiliés
dans un centre de services scolaire. Donc, vous nous disiez tantôt, là,
évidemment, donc, je comprends, les projets de construction
en cours, donc en réalisation, ceux-ci, donc, ils ont été... ils ont été poursuivis. C'est normal, bien évidemment. Mais
pourquoi il y a des contrats qui ont été résiliés? Par exemple, ici,
donc, on parle, donc, de contrats qui
avaient été approuvés par un centre de services scolaire dans deux écoles de la
Rive-Sud, qui se sont fait annuler en raison de la conjoncture
budgétaire. Puis on parlait, donc, de travaux de ventilation sur le toit de
deux écoles, et que là, tout à coup, donc, ils ont dû être interrompus.
Donc, ici,
quel a été le critère pour dire : O.K., bien, nous, on choisit d'interrompre des
contrats qui étaient en cours, alors
que tout ce qui était en réalisation, de façon générale... Au niveau de la
construction, évidemment, mur porteur, on est à la même place que vous.
Mais comment ça se fait que cette analyse-là de réalisation ne s'appliquait pas
à ce type de contrats là qui étaient, eux aussi, en réalisation?
Le
Président (M. Sainte-Croix) : M. le ministre, je vous rappelle qu'on s'adresse à
la présidence, s'il vous plaît.
M. Drainville : M. le Président, je
viens d'entendre la députée de Bourassa-Sauvé dire : Nous autres, on les livrait, les projets. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé, en tout respect, la dernière école secondaire que vous avez
livrée, elle datait de 2009. Vous... Le Parti libéral n'a livré aucune école
secondaire de 2014 à 2018. Savez-vous combien la Coalition avenir Québec a
livré d'écoles secondaires? Elle en a livré... C'est 18?
Une voix : ...
M. Drainville : 16. 16 écoles
secondaires, c'est ça qu'on a livré, nous autres, là, en six ans. Puis le Parti
libéral n'en avait pas livré une dans son dernier mandat.
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Merci, M. le ministre. Merci.
M. Drainville : La dernière école
secondaire des libéraux, elle datait de 2009. Franchement! Franchement!
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Merci. Mme la députée, poursuivez.
Mme Cadet : Juste, parenthèse
là-dessus... Moi, juste, l'autre jour, je suis passée devant une école qui a
été inaugurée en 2017 par l'ancien ministre
de l'Éducation, Sébastien Proulx, école... Donc, je... d'abord, donc, c'est
inexact.
M. Drainville : ...
Mme Cadet : On pourrait la regarder,
mais vous avez mentionné les deux, M. le ministre.
M. Drainville : ...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Un
droit de parole à la fois, s'il vous plaît.
Mme Cadet : Ensuite, M. le ministre,
vous n'avez pas répondu à ma question pour les contrats en cours de
réalisation.
M. Drainville : M. le Président, si
je comprends bien, la députée de Bourassa-Sauvé soulève un cas d'une décision qui aurait été prise par un centre de
services scolaire. M. le Président, ce n'est pas compliqué, on envoie
dans les centres de services scolaires des budgets à la fois pour le maintien
d'actif, donc, si on se résume, les rénovations, et on envoie un budget pour
les constructions et agrandissements, donc ce qu'on appelle la bonif, la
bonification. Une fois qu'on a remis ces budgets, c'est au centre de services
scolaire de les gérer.
On ne va pas gérer les budgets des
72 centres de services scolaires à partir du 16e étage de
l'édifice G, là. Alors, il y a des choix que les centres de services
scolaires ont faits en fonction des budgets qui leur étaient attribués et des
cibles qu'ils doivent respecter. Ils sont imputables pour les décisions qu'ils
prennent.
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Merci, M. le ministre. Pour notre bonne gouverne, il reste un petit peu plus
que quatre minutes à notre échange.
Mme
Cadet : Merci, M. le
Président. Bien, en fait, donc, M. le ministre, donc, je comprends que vous
êtes en train de dire que vous êtes
en désaccord avec la décision qui a été prise, par ce centre de services
scolaire, d'interrompre des travaux.
M. Drainville : Non, j'ai dit que ça
leur appartenait. Ça leur appartient. Je n'ai pas à être en accord ou en
désaccord. On leur donne les budgets, après ça, ils se gèrent en fonction des
cibles qui sont les leurs, puis c'est eux qui prennent les décisions.
Mme
Cadet : Puis tantôt,
puisqu'on n'a jamais eu l'occasion, donc, d'y revenir, quand vous disiez qu'il
n'y a pas eu de récupération des
sommes, on le sait, là, pour... que, pour le plan de rattrapage, les montants,
là, de 70 millions, là, qui ont été demandés, c'était une récupération des sommes. On a,
donc, les vidéos, on en avait discuté le 4 avril dernier, d'une
D.G. de centre de services scolaire qui disait à quel point c'était difficile,
qu'il fallait se serrer les coudes parce qu'il fallait le récupérer... il
fallait récupérer ces sommes-là. L'article de Daphnée Dion-Viens aussi, du
28 février dernier, le mentionnait que
c'était une récupération des sommes. Vous n'êtes pas en train de nous dire que,
là, vous êtes... que vous leur laissez la... toute la discrétion pour
pouvoir gérer à leur convenance.
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : M. le Président, la
députée de Bourassa-Sauvé se promène du PQI au budget d'opération, du budget
d'opération au PQI.
Pour ce qui est du PQI, c'est aux centres de
services scolaires de décider en fonction des budgets qui sont les leurs, et c'est eux qui priorisent les projets à
l'intérieur des cibles qui sont les leurs. Pour ce qui est du 70 millions,
je le réitère, lorsque nous avons
demandé aux centres de services scolaires combien d'argent du plan de
rattrapage ils prévoyaient dépenser,
ce qui nous est revenu, c'était 150 millions, c'étaient les chiffres des
centres de services scolaires, sur un budget de 220, qui avait été
transféré aux centres de services scolaires. Alors, nous, on leur a dit :
Écoutez, on va récupérer la différence, et c'est ce que nous avons fait.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme Cadet : Je reviens, parce qu'il
reste peu de temps, M. le Président, les investissements prévus au PQI 2025‑2035, au cours des cinq prochaines années, le
gouvernement va investir, en maintien des actifs, 9,6 millions.
C'est ce qu'il faudrait investir cette année juste pour maintenir les actifs
les plus importants. Ici, comment le ministre va prioriser et sur quels
critères?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre, il vous reste deux minutes à l'échange.
M.
Drainville : Les prémisses
sont fausses. Comment le ministre va-t-il prioriser? Le ministre ne va pas
prioriser. Le ministère, les équipes du ministère vont prioriser en fonction
des projets déposés, en fonction de l'évaluation des besoins liés à ces projets. Et, par la suite, une fois qu'on a déterminé
s'il y a effectivement besoin, il y a une priorisation qui sera faite. C'est comme ça que ça se fait. Ça
se faisait sous votre gouvernement, sous vos gouvernements, puis ça se
fait sous notre gouvernement, puis c'est comme ça que ça doit se faire. C'est
normal, l'école existe pour les élèves, il faut faire les priorisations puis l'évaluation
des besoins...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Merci, M. le ministre. À vous, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci. Donc, lorsqu'on
regarde les investissements au PQI 2025‑2035, ce qu'on voit, donc, je parlais, donc, du maintien d'actifs, j'ai
mentionné, donc, le chiffre total, on voit une baisse en 2028‑2029.
Donc, on a, donc, des chiffres de l'ordre de 600, 700 millions, et
là on parle de 276 millions en maintien d'actifs juste cette année-là.
Qu'est-ce qui explique cette baisse-là? Je l'ai ici, si ça peut vous aider, là.
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : M. le Président, le
PQI ne cesse d'augmenter. Tu ne peux pas regarder juste une année du PQI. Le PQI, c'est 10 ans. Alors, si ton PQI
augmente beaucoup une année, c'est normal qu'il baisse... enfin, ça
pourrait être normal qu'il baisse l'année suivante. Ce qui est important, là,
puis j'en ai fait la démonstration tout à l'heure, là, quand on est arrivé, le PQI éducation était à 9 milliards,
aujourd'hui, il est à 23,5 milliards. Vous mettez ça sur
10 ans, M. le Président, 9 milliards
sur 10 ans, ça veut dire 900 millions, en moyenne, par année. 23,5
milliards sur 10 ans, ça veut dire 2,3 milliards par année en
moyenne. Bon.
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...Mme
la députée, poursuivez.
Mme
Cadet : Oui, bien sûr, donc, je ne suis pas en train de
vous prêter des intentions, je suis en train de vous dire qu'on a quand même des chiffres de près de
600 millions, 650, 750, 674 ici, puis, woups, ici, on a une baisse. Je
veux tout simplement obtenir les explications, parce qu'on a fait notre travail
de façon rigoureuse et minutieuse, donc on souhaite savoir pourquoi... Vous
devez manifestement le savoir. C'est indiqué au PQI 2025‑2035.
Le Président (M. Sainte-Croix) : 25 secondes,
M. le ministre.
M. Drainville : M. le Président, le
PQI, là, il est refait à chaque année. À chaque année, il y a une année qui
sort, il y a une... comment dire, un onglet, une réglette, merci, il y a une
réglette qui sort, hein, l'année présente, puis il y a une réglette qui s'ajoute. Alors là, elle nous donne le portrait
du PQI qui a été déposé cette année, dépendamment de ce qui sera déposé
l'année prochaine...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci.
Ça termine notre échange.
M. Drainville : ...les
colonnes vont...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci.
Ça termine notre échange. Je suis maintenant prêt à reconnaître la partie
gouvernementale, donc la députée de Hull, pour un bloc de
14 min 45 s. Allez-y, Mme la députée.
• (12 h 30) •
Mme Tremblay : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à mes collègues également. Alors, moi, je vais parler de valorisation puis à
différents niveaux. Donc, dans les dernières années, depuis qu'on est au
pouvoir, on a négocié deux conventions collectives. Et, quand je parle de
valorisation dans... depuis plusieurs années, parce que je viens du monde de
l'éducation, une chose qui était importante pour le personnel enseignant,
c'étaient les salaires, l'augmentation des
salaires. Et ça, plus particulièrement, il y avait deux... il y avait le
salaire d'entrée, parce qu'on voulait
garder nos jeunes enseignants et enseignantes. Après, bon, ils faisaient quand
même un bac de quatre ans, puis le salaire
d'entrée était un enjeu important. Et après, bon, on revendiquait aussi... bon,
il y avait beaucoup d'échelons, donc on est venus travailler également,
là, sur le nombre d'échelons.
Avant nous, là, avant que nous, on soit au
pouvoir, là, la dernière convention qui avait été signée, c'était à
46 000 $ qu'un enseignant rentrait, et il finissait à
82 000 $ sur 17 échelons. Donc, maintenant, on a travaillé,
hein? Ça a été... puis ça a même été... Les
différentes ententes ont été qualifiées d'historiques parce qu'on est vraiment
venu dire : Bien, c'est important, puis
c'est vrai que la valorisation du personnel enseignant passe par des
augmentations de salaire. C'est important aussi... Oui, ça valorise,
mais, en même temps, c'est un facteur d'attraction puis de rétention, parce qu'on veut que... ce n'est pas le seul, mais
ça fait partie des choses importantes que nous avons faites puis que...
des choix que notre parti a faits en éducation, puis ça passait par
l'augmentation des salaires.
Alors, moi,
j'aimerais ça, là, que vous nous parliez un peu de ces augmentations-là de
salaire que l'on a faites à travers
les différentes années. Maintenant, un enseignant qui est en début de carrière
à l'échelon 3... évidemment, parce qu'on sait, là, il y rentre... on sait qu'il y a 16 échelons
maintenant, mais qu'un enseignant débute qualifié à l'échelon 3.
Alors, peut-être vous entendre un petit peu, là, sur les augmentations
salariales des enseignants et des enseignantes, dont on est très fiers.
M.
Drainville : Bien oui, on en est très, très fiers en plus de
ça. Mautadit que c'est une belle question, ça, M. le Président. Écoutez,
c'est quand même quelque chose. C'est quand même quelque chose.
Je vais vous
raconter quelque chose. Quand on est arrivés, là, au pouvoir, là, la Coalition avenir Québec, le salaire annuel d'entrée pour la profession enseignante était de
46 000 $. Au moment de la négociation de 2021, on se rappelle,
on voulait augmenter davantage le salaire des enseignants pour les valoriser,
puis il y avait notamment nos gens de Québec solidaire qui étaient contre ça,
il faut que tout le monde, ce soit pareil, mur à mur, etc. On a tenu notre
bout, et le salaire d'entrée des enseignants, convention collective de 2021, il
est passé de 46 000 $ à 54 000 $. Deuxième négociation sous
le gouvernement de la Coalition avenir Québec, là, le salaire d'entrée, il est
passé, Mme la députée de Hull, de 54 000 $ à 65 000 $ d'ici
2027.
Donc, M. le Président, le salaire d'entrée des
enseignants, en sept ans, est passé, sous la Coalition avenir Québec,
de 46 000 $ à 65 000 $ par année. C'est 19 000 $
de plus, ça. Bien, 19 000 $ de plus sur 46 000 $, faites le
calcul, ça représente une augmentation de 41 %. 41 %. C'est ça,
l'augmentation du salaire d'entrée pour les enseignants, depuis que la CAQ est
là, en deux négociations. Vous voulez parler de valorisation de l'éducation,
là? Bien là, on en a un méchant bel exemple.
Puis je vais vous donner un autre chiffre, Mme
la députée de Hull, puis vous... elle connaît son affaire, parce que vous savez
qu'elle vient du milieu de l'enseignement. Je ne lui apprends pas grand-chose,
parce qu'elle le sait, Mme la députée de Hull, qu'on n'a pas juste
augmenté les salaires à l'entrée, on a augmenté également les salaires maximums. Alors, le salaire maximum pour les
enseignants, quand on a commencé la dernière convention collective, le
salaire maximum, il était, là, je dis ça de mémoire, il était, si je ne
m'abuse, de 92 000 $. C'était le plafond, 92 000 $. Quand on a signé la convention, le salaire maximum
est passé de 92 000 $ à 100 000 $. Si tu avais 13 ans
d'expérience puis tu avais ton brevet, ton
salaire passait de 92 000 $ à 100 000 $ au moment de la
signature. Puis, au terme de la présente convention collective, d'ici
2027, le salaire maximum, l'échelon supérieur, va passer de 100 000 $
à 109 000 $. Ça fait qu'en l'espace d'une négo le salaire maximum est
passé de 92 000 $ à 109 000 $. Qui dit mieux? Qui dit
mieux?
Alors, moi, nous, ce qu'on pense, M. le
Président, c'est qu'on a envoyé, de cette façon-là, un puissant signal de valorisation de l'éducation puis on a dit, en
particulier aux plus jeunes : Vous faites... Si vous choisissez
l'enseignement, là, bien, l'enseignement
fait dorénavant partie du groupe des personnes qui gagnent 100 000 $
et plus. Ça, ça veut dire : Tu sors à 24 ans avec ton brevet,
à 37 ans, tu vas faire 109 000 $ annuellement. Puis ça, c'est au
terme de la présente convention. Il va y en avoir d'autres après, là.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme
Tremblay : On parle de valorisation, mais il faut parler
aussi... valoriser l'expertise. Puis, ça aussi, je pense que c'est
quelque chose qu'on a très, très, très bien fait, M. le ministre. Je parle des
enseignants... des personnes qui pensaient à leur retraite, donc sortir du
milieu de l'éducation après une belle carrière, mais, dans le contexte actuel,
on a besoin de les garder dans le réseau, ces personnes-là. Ils ont
l'expertise, ils sont formés, ils sont passionnés.
Il faut savoir que, quand un enseignant quittait
puis qu'il revenait dans nos écoles travailler à la suppléance, par les
conventions passées, ils étaient payés au taux de la suppléance, ce qui était,
là, plus ou moins, un peu plus de 200 $.
Ce qu'on est venu faire, puis je pense que c'est important de le dire,
c'était... on est venus reconnaître l'expertise des personnes retraitées. On veut les garder dans
le réseau, donc, et on est venus dire : Bien, vous allez maintenant
être payés à votre échelon, à votre échelle,
donc ce qui a fait que les enseignants retraités, là, finalement, ça peut
aller, là... puis vous pourriez
confirmer les chiffres, là, maintenant, un retraité peut se faire payer jusqu'à
564 $ par jour qu'il travaille
en classe. Ça, c'est majeur, là.
C'est une augmentation qui est extrêmement significative et qui fait en sorte
qu'on est venus, une fois de plus,
valoriser l'éducation, valoriser nos enseignants, valoriser l'expertise qu'ils
ont. Puis c'est important, parce
qu'ils viennent soutenir aussi les jeunes qui entrent dans la profession, donc
ça crée un équilibre dans nos écoles.
Et moi, je pense que c'est un autre... c'est vraiment important, ce qu'on est
venus faire ici, avec nos enseignants retraités, puis qu'ils en sont,
là, extrêmement reconnaissants parce qu'ils viennent dans le réseau puis ils
continuent d'y contribuer.
Alors, moi,
j'aimerais ça, vous entendre : Est-ce que vous avez une idée, peut-être,
des chiffres ou du personnel qui sont maintenant actifs, au niveau des
personnes retraitées, qui viennent soutenir nos écoles, M. le ministre?
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : Bon, alors, elle a
le bon chiffre, c'est bien 560 $. Ce que ça veut dire, ça, M. le
Président, là, ça veut dire qu'un enseignant ou une enseignante retraitée qui
revient nous prêter main forte pour une journée de suppléance, par exemple, va gagner 560 $, sans pénalité à son
régime de retraite, très important de le dire, et sans obligation de cotiser au régime de retraite. Et ce n'est pas
pour rien, M. le Président, que ce sont littéralement des milliers d'enseignants retraités qui, l'année passée, et on
verra les chiffres pour cette année, mais je n'ai aucune raison de
penser que ce ne sera pas le cas.... en 2023‑2024, nombre d'enseignants
retraités ayant fait un retour dans le réseau de l'éducation : 6 072, 6 072 enseignants qui ont fait le
choix de revenir pour donner un coup de main. Puis on les remercie parce
qu'on en a besoin. Mais ils sont revenus aussi parce que, oui, il faut le dire,
les conditions sont attrayantes : 560 $ par jour, pas de pénalité à
ton régime de retraite, pas d'obligation à cotiser à ton régime de retraite.
Puis là on pourrait parler des aides à la
classe. Je ne sais pas si on va avoir l'occasion d'en parler, mais les aides à
la classe, ça, c'est une avancée exceptionnelle.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme Tremblay : Bien, écoutez, M. le
ministre, effectivement, 2022, projet pilote, de nouvelles conventions
collectives de signées, projet pilote aides à la classe. Donc, j'ai participé à
la mise en place de ça dans les centres de services
scolaires à ce moment-là, et c'était une demande des profs : On veut de
l'aide, on veut du support. Mais c'est une autre façon qui est venue valoriser l'éducation puis valoriser les
éducateurs et les éducatrices, qui, on le sait, avaient des chiffres entrecoupés, pas beaucoup d'heures, des
débuts, des fins de journée, des dîners. Et là... puis on avait, d'un
autre côté, des enseignants qui nous disaient : Nous, ce qu'on veut, c'est
de l'aide. Puis on avait la possibilité, dans nos écoles, de par la structure,
de dire : Bien, on pourrait mieux utiliser le personnel. Puis les
éducateurs, les éducatrices, ils ont une force, celle de connaître aussi les
élèves qui sont dans l'école.
Donc, moi, je
pense que c'est un projet pilote qu'on a pris puis qu'on a décidé, en fait,
maintenant, de l'élargir à la grandeur
du Québec. C'est un énorme succès. Ça répond à un besoin qui est énorme. On
sait qu'on a des enfants, des jeunes en
difficulté. Donc, quand on permet d'alléger la tâche des
enseignants... qu'il peut se concentrer sur son enseignement de par le
travail que ces personnes-là font auprès d'eux en classe.
Moi, j'aimerais ça, vous entendre, là, sur... si
vous avez des chiffres à nous donner. Je le sais que... Bon, on parle d'une classe sur deux. Ça touche combien de
personnes, combien d'éducateurs et d'éducatrices? Donc, la parole serait
à vous, M. le ministre, en lien avec cette question.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre, la parole est à vous.
M. Drainville : Bien, moi, je le
dis, là, puis... Bon, là, on va dire : On sait bien, tu sais, il prêche
pour son clocher, etc. Moi, je vous le prédis, là, M. le Président, là,
dans quelques années de ça, là, on dira, là : Les aides à la classe, là, ça a été une avancée qui a vraiment
fait la différence dans la vie des élèves, dans la vie de nos enseignants,
dans la vie de nos éducatrices. On a une
aide à la classe dans, grosso modo, une classe du primaire sur deux, au Québec,
depuis la rentrée scolaire. C'est un investissement d'au-delà de
100 millions par année. Je répète, c'est un investissement d'au-delà de
100 millions par année. Ce sont des éducatrices qui étaient déjà dans les
écoles, mais qui avaient des trous dans
leurs horaires, travaillaient le matin, travaillaient le midi, travaillaient en
fin de journée, mais, entre le matin puis le midi, entre le midi puis la
fin de journée, il y avait des trous, il y avait des disponibilités.
Dans un contexte où il nous manque de
main-d'oeuvre, vous comprenez que moi, là, ça n'a pas été long, là. Quand j'ai fait... commencé à faire mes tournées
d'écoles, là, comme nouveau ministre de l'Éducation, tout de suite, j'ai
vu ça, là. Puis les éducatrices me disaient : M. Drainville, on a des
heures à donner, on pourrait donner... on pourrait prêter main-forte, vous
pourriez nous faire travailler davantage. Puis il y avait, comme l'a dit si
bien la députée de Hull, ce projet pilote,
qui avait été commencé sous mon prédécesseur, qui démontrait que c'était
incroyablement apprécié et par les enseignants et par les éducatrices.
Alors, qu'est-ce qu'on a fait lors de la
dernière négociation? On a investi dans les aides à la classe, on a bonifié le nombre d'heures des éducatrices, et
donc leur rémunération, et on a fait en sorte qu'il y ait deux adultes
par classe dans beaucoup, beaucoup de
classes primaires du Québec, à peu près une sur deux, dans les classes, en
particulier où il y a beaucoup d'enfants à besoins particuliers, dans les
classes de francisation également. On y va selon les besoins, puis c'est
évidemment la direction d'école, avec l'équipe-école, qui identifie les
besoins.
Mais ça, c'est une avancée
extraordinaire, les aides à la classe, là. Et je vais vous le dire, là, puis
là je ne fais pas de politique, là, je
mets... j'invite tous mes collègues autour de la table : Allez dans les
écoles où il y en a, des aides à la
classe, puis parlez aux enseignantes qui en profitent, qui profitent de cet
appui, parlez aux éducatrices, demandez-leur comment ça va, le projet
des aides à la classe, le déploiement, même. Ce n'est plus un projet, c'est une
réalité, le déploiement des aides à la classe. C'est extraordinaire. Puis ça,
là, on devrait au moins s'entendre là-dessus, M. le Président. Au-delà des familles partisanes, là, on devrait tous
s'entendre pour dire : Ça a été une fichue belle idée puis ça fait
une vraie différence dans la vie des élèves.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Il
vous reste 1 min 30 s.
Mme
Tremblay : Bien, vous avez tout à fait raison, M. le ministre.
Moi, j'ai eu la chance de me promener avec vous sur le terrain, mais aussi dans les différentes écoles, et de voir
l'importance que ça a... puis que ça a... l'effet que ça a sur les
jeunes aussi, d'avoir ces aides à la classe là. Vraiment, ça va avoir un impact
qui est majeur. C'est une avancée, et je pense que le système avait besoin
d'une solution comme celle-là.
M. Drainville : ...je ne sais pas si
on va revenir, parce qu'habituellement, malheureusement, on ne parle pas des choses qui vont bien, puis c'est correct, j'ai
déjà fait ce travail-là dans l'opposition, mais il y a d'autres appuis
qui sont donnés, là. L'argent qu'on donne,
là, pour les tuteurs, là, le tutorat aux élèves, ça aussi, c'est un formidable
investissement. Les investissements qu'on fait pour le mentorat, on n'en parle
jamais, du mentorat. Si je ne m'abuse, c'est au-dessus de 50 millions qu'on donne par année pour permettre à des
enseignants, dans certains cas des enseignants expérimentés, de venir
prêter main-forte aux jeunes enseignants, aux jeunes enseignantes qui
commencent.
Mme Tremblay : ...assurément
après-midi, M. le ministre...
M. Drainville : On pourra. Oui,
bien, vous me relancerez...
Mme Tremblay : ...mais
effectivement, c'est un autre volet important.
M.
Drainville : Puis c'est 3 000... presque
4 000 personnes. Vous posiez la question, Mme la députée de
Hull, c'est 4 000 ETC. C'est presque 13 000 personnes qui
agissent comme aides à la classe, presque 13 000.
Mme Tremblay : ...significatif.
Merci.
M. Drainville : Très significatif.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci.
Ça complète l'échange?Oui? Excellent.
M. Drainville : ...mais c'est un
gros facteur de rétention aussi, je veux juste dire ça, là.
Le Président (M. Sainte-Croix) : C'est
noté. Je comprends.
M. Drainville : Je pense qu'il
restait du temps. Il restait du temps?
Le Président (M. Sainte-Croix) : Il
vous reste 10 secondes.
M.
Drainville : Bien, c'est ça, c'est un gros facteur de rétention
aussi, les aides à la classe, parce que tu donnes plus d'heures... font
un meilleur salaire, donc les chances que tu les gardes dans l'école sont bien
meilleures.
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je...
Mme Tremblay : ...
Le Président (M. Sainte-Croix) :
Merci. C'est terminé.
Je suis prêt
à reconnaître maintenant un membre indépendant, le député de Matane-Matapédia. Vous disposez de 14 min 27 s, très précisément au
cadran.
M. Bérubé : Merci. Plus
qu'indépendant, même indépendantiste, M. le Président.
L'enjeu, avec l'étude des crédits, qui est un
exercice qui est important, en fait, c'est, avec les ressources à la
disposition du ministre, quels sont les choix qu'il fait, quelles sont les
priorisations, puis c'est là-dessus qu'on peut débattre. Donc, quel est le cadre financier qu'il a, quels choix
budgétaires il fait, ce qui traduit des priorités ou des valeurs d'un gouvernement. Puis je trouve ça intéressant
de poser des questions sur cette priorisation ou l'évolution d'un
budget.
Le premier élément que je veux porter à
l'attention du ministre, c'est celui du coût d'augmentation... l'augmentation des coûts de construction des
écoles. Je regarde les déficits d'entretien dans plusieurs centres de
services scolaires, c'est vraiment
gigantesque. Je prends un exemple, là, sur la Côte-Nord, là, de l'Estuaire,
c'est 271 millions. C'est beaucoup d'argent. J'ai vu qu'il a annoncé une bonne nouvelle dans
les Laurentides, une nouvelle école secondaire à Prévost, mais c'est
226 millions. J'ai accroché sur le chiffre. Est-ce que c'est un peu la
nouvelle norme pour une école secondaire?
Jeanne-Le Ber, c'étaient 220 millions. Est-ce que c'est inhabituel?
Si oui, est-ce qu'il va falloir s'habituer à avoir des écoles qui
coûtent un quart de milliard de dollars?
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le député. À vous la parole, M. le ministre.
M.
Drainville : La réponse courte à la question, M. le Président,
c'est oui, malheureusement. Oui, mais on espère, comme je l'ai dit tout
à l'heure, peut-être que le député n'était pas arrivé encore... j'ai dit :
Peut-être qu'il y aura un refroidissement du
marché immobilier qui nous permettra d'obtenir des meilleurs prix. Mais malheureusement,
actuellement, M. le député de Matane-Matapédia, c'est la réalité avec laquelle
nous devons composer.
M. Bérubé : Si c'est possible et que
le ministre y consent, j'aimerais avoir... pour toutes les écoles qu'il indique
avoir inaugurées ou annoncé la construction, de voir les prix, on en est où.
Comme ça, ça nous permet de suivre
l'évolution des coûts. Dans d'autres domaines, par exemple, dans les maisons
des aînés, on parlait de 1 million par porte, là, on est rendus avec des écoles à un quart de milliard. C'est
beaucoup d'argent. Donc, il va falloir prioriser aussi, dans les différents milieux, quelle école on fait
en premier, compte tenu de la vétusté puis compte tenu de la demande.
Il y a des endroits, par exemple, où on a
énormément de demandes. J'ai un cas en tête, Saint-Apollinaire, par exemple,
qui attend son école. Le maire n'arrête pas de plaider ça auprès de sa députée
puis auprès des autorités. C'est une des municipalités qui monte le plus vite
au Québec. Donc, ils sont en attente de ça.
Donc, ma
question pour le ministre : Est-ce qu'il peut me fournir le tableau...
depuis qu'il est en poste, là, ou voire même son collègue précédent, c'est quoi, les coûts pour chacune des
écoles, les coûts de construction, pour nous donner une idée? Moi, par exemple, dans ma circonscription,
on va prendre deux écoles, qui vont être probablement détruites, et on
va en faire une. Bien là, le choix qu'il aura à faire, c'est... Est-ce qu'il a
l'argent pour la construire? Et c'est ça qui m'inquiète dans ce cas-ci.
Le Président (M. Sainte-Croix) : La
parole est à vous, M. le ministre.
M. Drainville : M. le Président, on
n'a pas ces chiffres-là, là, sous la main, donc il va falloir... Il faudrait,
là, pour répondre à la demande du député, il faudrait sortir, si je comprends
bien, le budget qui était prévu initialement puis combien, finalement, l'école
a coûté. Si c'est ça qu'il demande, moi...
M. Bérubé : Ah! c'est plus simple
que ça.
M. Drainville : Ah! c'est plus
simple que ça?
M.
Bérubé : Chacun des communiqués. J'ai celui-là,
226 millions. Vous l'avez dit, M. le ministre... Le ministre l'a
dit lors de l'annonce...
M. Drainville : Ça, c'est le budget
final, ça. Ça, c'est le coût final.
M.
Bérubé : Oui, c'est
le coût final qui m'intéresse, à la rigueur.
M. Drainville : Ah! vous voulez le
coût final?
M. Bérubé : Oui.
M. Drainville : Bien, le coût final,
pour les presque 100 nouvelles écoles qu'on a livrées, M. le Président...
M. Bérubé : Par école.
M. Drainville : Bien, oui, pour les
presque 100 nouvelles écoles qu'on a livrées, on peut lui envoyer.
M.
Bérubé : Très bien.
M. Drainville : Mais ça va... Il
faut prendre le temps de le faire, là...
M. Bérubé : Bon, il y a un
resserrement parce que...
M. Drainville : ...mais on va
l'envoyer à la commission, là.
M.
Bérubé : D'accord. J'ai entendu les ministres qui
disent : Il n'y a jamais eu autant d'argent, et tout ça, mais,
quand même, comment expliquer les phénomènes suivants? J'en ai pris
quelques-uns en note : les achats non urgents et tâches non urgentes
reportées; remplacements et départs non remplacés; partage de la tâche entre le
personnel restant; les
services de garde qui ne peuvent plus rien acheter, papier,
crayons, colle, cartons; beaucoup de nouveaux projets qui étaient prévus
sont annulés, embellissement, agrandissement, construction, cours d'école;
plusieurs postes non pourvus ont contribué à
l'atteinte de l'effort budgétaire; formation du personnel coupée; des projets
qui n'ont pas de lien avec le projet
éducatif sont coupés; sorties culturelles sportives impactées; refus
d'achats d'outils pédagogiques; pas de renouvellement de portables
désuets; retrait des sommes pour la valorisation du personnel; retrait d'une
grande partie de l'aide alimentaire — j'ai
presque fini, mais il y en a d'autres sur d'autres pages; l'achat de matériel
pour les élèves refusé; utilisation du papier pour impression contrôlée;
ressources matérielles et informatiques.
Là où je veux en venir... Le ministre dit :
Il n'y a jamais eu autant d'argent, mais, bien sûr, il y a aussi les coûts de
système, ça augmente. C'est-tu que l'argent est retenu dans le bureau des
directions des centres de services scolaires puis il ne se rend pas? Comment
expliquer tous ces signalements faits par des enseignants et enseignantes de
bonne volonté, et des directions, et du personnel de soutien qui nous
disent : On n'a pas l'argent pour faire tout ce qu'on aimerait faire avec
les enfants, avec les élèves?
• (12 h 50) •
Le Président (M. Sainte-Croix) : M.
le ministre.
M. Drainville : M. le Président, les
centres de services scolaires ont obtenu de très fortes augmentations du
financement qui leur est versé. Je l'ai dit tout à l'heure, on a augmenté le
financement du budget de l'éducation de 58 % en six ans, en sept budgets.
Alors, une fois qu'on a versé l'argent aux centres de services scolaires, c'est
aux centres de services scolaires de se gouverner en fonction des sommes
d'argent qui leur sont transférées. Mais, chose certaine, M. le député de Matane-Matapédia, ils ont obtenu, effectivement, de très fortes
hausses de leur financement. Après ça, les centres de services scolaires
doivent se gérer, là. C'est eux qui sont responsables de leur budget, là.
M. Bérubé : O.K. Ce n'est toujours
bien pas des élus. Je veux dire, les directions des centres de services
scolaires, nommées par le ministre, c'est le cas dans un centre de services
scolaire de mon comté...
M. Drainville : Bien, nommées...
M. Bérubé : ...c'est le ministre qui
les choisit et c'est le ministre qui a le pouvoir, maintenant, d'intervenir
pour renverser des décisions. Je ne sais pas s'il l'a fait souvent, mais, s'il
advenait, par exemple, que, dans un centre de
services scolaire, on réalise que la gestion des ressources n'est pas optimale
ou opportune, est-ce qu'il aurait... est-ce qu'il exercerait le droit qu'il s'est autodonné par une loi d'intervenir
en disant : L'argent ne se rend pas au bon endroit?
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le député. La parole est à vous, M. le ministre.
M.
Drainville : M. le Président, d'abord, il y a un comité de
répartition des ressources qui existe dans chaque centre de services
scolaire, je tiens à le noter. Donc, ce n'est pas juste le D.G. ou la D.G. qui
décide ça dans son bureau, là, de la répartition.
Mais par
ailleurs, M. le Président, j'entends... ça m'arrive d'entendre le député de
Matane-Matapédia... Je l'écoute, le
député de Matane-Matapédia, là. Tu sais, je veux dire, on a déjà été collègues,
puis c'est un homme que je respecte. Des fois, je l'écoute parler puis
j'ai l'impression qu'il pense que je suis omnipotent, là, tu sais. M. le
Président, les directions de centres de services scolaires, là, à moins, là,
vraiment, là, qu'il y ait une faute grave, là, je veux dire, là, je pourrais
exercer certains des pouvoirs qui me sont donnés, là, mais, de façon générale,
M. le Président, je les laisse travailler. Je les trouve plutôt bons, puis ils
sont responsables de leurs affaires, ils sont responsables de leur sphère de compétence. Ce n'est pas à moi de commencer à me
mêler de tout ce qui se passe dans les centres de services scolaires. À
moins qu'on me rapporte quelque chose de très grave qui justifierait que
j'intervienne ou même pire encore, mais, s'il y a un cas que le député souhaite
me soumettre, je vais l'écouter, mais ce n'est pas dans... Chacun ses...
Le Président (M. Sainte-Croix) : Merci,
M. le ministre. Merci. Allez-y, M. le député.
M.
Bérubé : Entendons-nous bien, ce n'est pas des pouvoirs
dont il a hérité, c'est des pouvoirs qu'il a réclamés et obtenus à travers
une loi votée majoritairement par sa formation politique.
M. Drainville : ...jusqu'à
maintenant.
M. Bérubé : Non, mais qui...
M. Drainville : Peut-être que ce
sera le député de Matane-Matapédia...
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...droit
de parole, s'il vous plaît.
M. Drainville : ...ministre de
l'Éducation qui l'exercera en premier. On ne le sait pas, ça.
M. Bérubé : M.
le Président, ce que je veux dire, c'est que le ministre a toujours bien fait
le choix législatif de s'accorder des pouvoirs exceptionnels, j'en conviens,
qu'il pourrait éventuellement exercer dans le cas où il y a de la mauvaise gestion. Je soupçonne que ça va arriver un jour.
Alors, il faudra voir quel est son étalon d'indignation sur la gestion des
ressources ou des mauvaises décisions.
D'ailleurs, il est
intervenu dans au moins un cas, si je ne me trompe pas, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Il a intervenu pour une décision qui ne lui plaisait pas, avec laquelle on
était plutôt en accord, la décision du ministre. Donc, ça peut arriver.
Une fois que j'ai
donné, là, la liste des choses, là, qui existaient qui n'existent plus, qui
sont payées par les enseignants,
enseignantes, le ministre, est-ce qu'il reconnaît que ça a un impact sur les élèves,
ça, toutes ces mesures-là? Je vais les déposer, là.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : La parole est à vous, M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, M. le Président, on a augmenté les budgets
d'opération de 58 % — tableau,
s'il vous plaît, tableau — 58 %.
Ça, c'est très certainement... Ça ressemble pas mal à ce que les centres de
services scolaires ont eu, là hein? Ça ressemble pas mal... La
croissance, là, ça ressemble pas mal à ce qu'ils ont eu.
Maintenant, M. le
Président, oui, on a demandé des mesures d'économies, qui représentent à peu
près 1 %, on va dire, si on arrondit, du budget de l'éducation, et moi,
l'orientation que j'ai donnée, M. le Président, c'est que les décisions qui devaient être prises pour
produire ces économies ne devaient pas affecter les services aux élèves.
M. le Président, on augmente de 58 % le budget, on demande, grosso modo,
1 % d'économies. Moi, je pense qu'il y a moyen de trouver 1 %
d'économies dans les budgets des centres de services scolaires sans toucher aux
services aux élèves. Ça, c'est ma conviction profonde, M. le Président.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci. Merci, M. le ministre. Continuez, M. le député.
M. Bérubé : Le
tout respectueusement soumis, à partir du moment où on arrête l'achat de
matériel pour les élèves, qu'il n'y a pas de renouvellement de portables
désuets, qu'il y a un refus d'achat d'outils pédagogiques, à sa face même,
quand j'indique ça au ministre, est-ce qu'il considère que ça a un impact? Pas
besoin d'un tableau pour ça. Juste là-dessus.
M.
Drainville : M. le Président, les décisions des centres de services
scolaires appartiennent aux centres de services scolaires. C'est à eux d'être
redevables de leurs décisions. Alors, qu'ils soient redevables de leurs
décisions.
Mais
moi, c'était très clair, je leur ai dit : Écoutez, vous avez obtenu de
très fortes augmentations au chapitre de votre financement ces dernières années. D'ailleurs, c'est malheureux,
jusqu'à maintenant, on n'en a pas parlé. J'espère que, cet après-midi,
on va en parler, mais les augmentations de financement dépassent largement les
augmentations d'effectifs à scolariser, même
si cette augmentation d'effectifs a été très importante. Mais bref, ils ont eu
des augmentations de financement, des augmentations de budget qui
dépassaient le taux de croissance du nombre d'élèves à scolariser.
Donc, à mon sens à
moi, de prendre une année de consolidation, M. le député de Matane-Matapédia,
puis de chercher, comme gestionnaires d'un centre de services, la façon ou les
façons d'être plus efficaces dans notre gestion, il me semble que c'est normal.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci. M. le ministre, merci.
M.
Drainville : ...
Le Président (M.
Sainte-Croix) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. Bérubé : J'accepte
la...
Le Président (M.
Sainte-Croix) : M. le député, s'il vous plaît. Vous dire, pour notre
bonne gouverne, qu'il reste trois minutes à l'échange.
M. Bérubé : Ça
m'apparaît une bonne gouverne.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Et j'aimerais qu'on respecte le droit de parole, s'il
vous plaît.
M. Bérubé : Oui,
mais je pense avoir été relativement correct. Ça ne répond pas à ma question,
mais je n'aurai pas l'aveu que ça a un impact. Le Parti québécois reconnaît
qu'il y a un impact quand on fait ça auprès des jeunes. C'est une différence
entre sa formation politique et la mienne.
Les
enseignants, enseignantes, le personnel de soutien, c'est les personnes les
plus importantes dans les écoles. Alors,
oui, il y a des départs. Alors, je demande tout de suite, j'ai peu de
temps : Combien de personnes ont quitté depuis son arrivée comme
ministre en 2022? Combien d'enseignants ont quitté? Combien de membres du
personnel de soutien? Il n'a pas à me donner
le chiffre maintenant, j'accepterais de l'avoir un peu plus tard. S'il y
consent, je veux avoir le chiffre. Son prédécesseur a déjà dit que sa
seule présence avait un impact sur l'inscription dans les universités. J'ai
trouvé ça assez audacieux de sa part, mais ce n'est pas la première fois que je
disais ça.
Le Président (M. Sainte-Croix) : ...M.
le ministre.
M.
Bérubé : Alors, est-ce qu'il s'engage à me remettre ces chiffres-là,
le nombre de départs, enseignants et personnel de soutien?
M.
Drainville : Bien, M. le Président, il faut... Non, je ne m'engage
pas, parce qu'il faudrait voir si on est capables de faire cette recension.
M. Bérubé : Ah
oui?
M.
Drainville : Parce que, là, il va falloir aller chercher ça dans
chacun des centres de services scolaires, là. À un moment donné, il faut aussi
gérer le réseau, là. Mais ce que je peux vous dire, M. le Président, là, ce que
je peux vous dire, là, c'est que le nombre d'enseignants dans le réseau scolaire
n'a jamais été aussi élevé. Il n'a jamais été aussi élevé de toute l'histoire
du Québec.
M. Bérubé : ...
Le Président (M.
Sainte-Croix) : O.K. S'il vous plaît! S'il vous plaît! On va laisser
M. le ministre terminer.
M. Drainville :
Et le taux de recension, malgré ce qu'on entend, n'a jamais été aussi bon
également.
Et je termine en
disant qu'on met en place des entrevues de sortie, des entrevues pour les
personnes qui quittent. Ça, je suis certain que le député de Matane-Matapédia
va s'en...
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci. C'est noté. Merci. À vous, M. le député.
M. Bérubé : Comment il peut le savoir, s'il n'a pas les
chiffres? Donc, il ne s'engage pas à me donner les chiffres. On ne saura
pas combien de personnes quittent depuis qu'il est ministre. Je me permets de
lui dire que ça n'a aucun sens. C'est sûr
qu'il a les chiffres. S'il le demande aux centres de services scolaires, ils
vont lui donner. On va additionner ça, on va avoir un chiffre. On l'a
fait pour son prédécesseur. Donc, il en manque combien?
La
question des entrevues, je lui avais demandé dans une interpellation, je suis
heureux que ça existe maintenant.
M.
Drainville : ...
M. Bérubé : Bon,
le ministre a besoin qu'à l'occasion je le valorise positivement, alors je le
fais. Bon, je le connais depuis longtemps. Mais, sur les chiffres, c'est sûr
qu'il a ça. C'est sûr qu'il a accès à ça, combien il y a eu de départs.
Peut-être qu'on peut demander ça aujourd'hui, là. Il y a des centres de
services scolaires qui nous écoutent. Est-ce qu'il s'engage à nous donner les
chiffres?
Le Président (M.
Sainte-Croix) : M. le ministre, la parole est à vous. Il reste
38 secondes à l'échange.
M. Drainville :
M. le Président, on va les
chercher. Si on les a, on va les déposer. Je prends cet engagement
auprès du député de Matane-Matapédia. Et, M. le Président, bien, oui, on a les chiffres, on a les chiffres
globaux pour le Québec. Oui, l'augmentation du nombre d'enseignants, là,
si vous allez, je pense, sur le tableau de bord, si je ne m'abuse, vous avez
une croissance, là, du nombre d'enseignants selon les années. Bien oui, je
pense que ça existe.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : ...M. le ministre, une dernière.
M. Bérubé : Les
départs, c'est un enseignant qui est là depuis 15 ans, par exemple, puis
qui émet sa lettre de démission : Je m'en vais parce que je n'en peux
plus. C'est à lui que je pense.
Le Président (M.
Sainte-Croix) : Merci, M. le député. Merci beaucoup.
Compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures. Merci et bon
appétit.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 02)
La Présidente (Mme
Dionne) : Nous reprenons nos travaux.
Donc,
je vous rappelle que la commission est réunie, cet après-midi, afin de
poursuivre l'étude du volet Éducation primaire et secondaire, incluant
formation professionnelle, des crédits budgétaires du portefeuille Éducation
pour l'exercice financier de 2025‑2026.
Est-ce qu'il y a
consentement pour dépasser de l'heure prévue, soit de trois minutes?
Des voix :
Consentement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci beaucoup. Donc, nous avons... nous en sommes
maintenant à un bloc d'intervention de
l'opposition officielle. Donc, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est
à vous pour 17 minutes.
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Rebonjour, M. le
ministre. Donc, en ce début d'après-midi, je m'étais dit qu'on pouvait
peut-être recommencer avec un sujet un petit peu plus léger que les
infrastructures et que les coupures, ce matin.
M. Drainville : ...
Mme
Cadet : Oui. Bien oui, bien, c'est pour ça. Donc, je me
suis dit que, cet après-midi, on pourrait... en fait, je pourrais
m'adjoindre d'un assistant pour pouvoir vous poser des questions. Je ne sais
pas si j'ai le consentement, là, si j'ai besoin d'obtenir le consentement de la
commission pour demander à ChatGPT à m'assister dans les questions que je vous
pose aujourd'hui. Est-ce que j'ai votre consentement, M. le ministre?
La Présidente (Mme Dionne) : Ne me
regardez pas.
Mme Cadet : Je vais prendre ça pour
un oui...
M. Drainville : Avant... Non, mais
attendez un peu, là. Expliquez-nous votre raisonnement, votre rationnel, parce
que donner mon consentement à un député qui n'existe pas puis qui est un robot,
en quelque part, un robot... Bien, j'aimerais comprendre. Je ne dis pas non
d'emblée, mais expliquez-nous ce que vous essayez d'atteindre.
Mme
Cadet : Bien, en fait, j'aimerais demander à ChatGPT de
vous poser quelques questions sur l'impact de l'intelligence artificielle dans les milieux scolaires. Et je trouvais,
donc, très approprié de l'entendre. En fait, j'ai même formulé une
première question pour nous aider à démarrer un peu plus vite. Donc, j'ai
demandé à ChatGPT...
M.
Drainville : O.K. Alors, vous présumez de mon consentement.
Bien, je vais le donner, Mme la Présidente, mais je le donne pour une
question, pour commencer, puis on va voir pour la suite.
Mme
Cadet : Merci. Parfait. Merci, M. le ministre. Donc,
bonjour, ChatGPT. Je suis présentement à l'Assemblée nationale, en
commission parlementaire, avec le ministre de l'Éducation du Québec. J'ai
l'opportunité de lui poser des questions et
j'aimerais aborder avec lui la question de l'impact de l'arrivée de
l'intelligence artificielle dans le réseau de l'éducation. J'aimerais
des questions dynamiques à son image. Que me suggères-tu comme question?
On dit... ah! : «Allô. Vu le contexte
formel mais stratégique d'une commission parlementaire et connaissant le style
franc, énergique et orienté vers l'action du ministre de l'Éducation du Québec,
voici quelques questions dynamiques, bien calibrées pour ce moment d'échanges
directs.»
Donc, M. le
ministre, la première question que me propose ChatGPT, donc : «On le sait,
l'intelligence artificielle est déjà dans nos classes. Est-ce que le
ministère a l'intention d'en faire un levier d'innovation ou va-t-on rester en
mode réaction face à une transformation qui nous dépasse déjà?»
M.
Drainville : Bien, madame... Oui, là, c'est madame, ça va me...
C'est toujours une adaptation, mais là j'étais correct. Alors, non, nous
ne sommes pas en réaction, nous sommes même, je dirais, en mode initiative, en
mode prenons le leadership. On est déjà en train de travailler avec
l'intelligence artificielle pour développer des solutions qui nous permettront,
par exemple, de mieux identifier, de mieux dépister les élèves qui sont à
risque de décrochage. Il y a déjà des travaux qui se déroulent présentement au
sein du ministère là-dessus. Le sous-ministre responsable du Numérique,
qui nous accompagne, M. Lehoux, je le préviens d'emblée qu'il doit se préparer
à prendre la parole très bientôt, s'il y a consentement.
Mais je dois vous dire que, Mme la députée,
d'abord, je suis très content que vous posiez cette question-là. C'est une
question très importante, pas juste pour l'éducation, mais pour la société en
général, mais, sur la question de
l'éducation, c'est effectivement un enjeu très important. Les conseillers
politiques qui m'accompagnent, je pourrais me retirer et ils pourraient
vous témoigner du fait qu'assez régulièrement j'interviens pour dire : Il
faut travailler sur l'intelligence artificielle, il faut s'assurer que
l'intelligence artificielle soit au service de la réussite des élèves. Il ne
faut pas y voir seulement que des désavantages, il faut trouver comment
l'intelligence artificielle pourrait nous aider, par exemple, avec le personnel
scolaire, avec les enseignants.
Par exemple, j'ai déjà rencontré un collège de
Lachine qui utilise l'intelligence artificielle, qui utilise un programme pour
aider les enseignants avec la correction. Puis on sait que nos enseignants,
très souvent, se désolent du temps qu'ils doivent investir dans la correction.
C'est très, très lourd. Et il y a ce programme, donc, qui a été développé, dont
M. Lehoux va vous parler dans un instant, et c'est un exemple de ce qui a
commencé à se faire dans le réseau scolaire.
Et là ce que je trouve intéressant, c'est que ce
collège privé, donc, à Lachine, collège Sainte-Anne, si je ne m'abuse,
travaille maintenant avec des écoles du public, du réseau public. J'ai fait une
tournée du Saguenay—Lac-Saint-Jean, il y a deux semaines de ça, et puis j'ai rencontré... je ne me souviens
plus c'était quel centre de services scolaire qui m'ont dit qu'ils
étaient en lien... je pense que c'est le Bas-Saguenay, qui m'ont dit qu'ils
étaient en lien avec le collège de Lachine, justement, pour travailler sur des
solutions qui mettent à profit l'intelligence artificielle, pour le bénéfice de nos élèves et donc pour le bénéfice aussi de nos
enseignants, de notre personnel scolaire. Et donc on est déjà en action
là-dessus.
Puis je vais vous
dire, Mme la députée, juste avant de céder la parole avec monsieur... à M. le
sous-ministre, s'il y a consentement, je
dois vous dire que, quand on a fait adopter le projet de loi n° 23, on
s'est donné une infrastructure très
solide, en matière de transmission des données, qui assure justement un
équilibre entre la transmission des données et l'utilisation des données, par exemple, pour prévenir le décrochage et
aussi la sécurité des données. C'est très important de trouver l'équilibre entre les deux. Et donc on
avait déjà pensé... on est déjà en réflexion là-dessus depuis un certain
temps.
Alors, si vous êtes
d'accord, messieurs, madame... madame, de donner votre consentement, j'aimerais
vous présenter M. Stéphane Lehoux, qui est le sous-ministre responsable du
Numérique.
La Présidente (Mme
Dionne) : Mme la députée, bien, c'est votre...
Mme Cadet : Oui,
oui, oui. En fait, j'aurais peut-être une question de relance, M. le ministre,
puis ensuite avec grand plaisir, donc, on vous écoutera, M. Lehoux.
C'est
qu'en fait, donc, vous nous avez affirmé... Donc, j'ai demandé, donc, à
ChatGPT : «Le ministre affirme qu'il travaille actuellement à
développer des solutions, notamment, pour mieux dépister les élèves — donc,
c'est ainsi que vous avez commencé votre
réponse — avec
des défis d'apprentissage. Donc, ChatGPT — nous avons demandé — est-ce suffisant?» Et il nous répond :
«Non, ce n'est pas suffisant. Développer des outils de dépistage avec
l'intelligence artificielle, c'est un
premier pas, mais c'est loin de couvrir l'ampleur de l'impact de l'intelligence
artificielle sur l'ensemble du réseau de l'éducation.»
Donc,
je comprends que, M. Lehoux, vous allez peut-être nous aider à faire en sorte
que ChatGPT soit satisfait des réponses que nous offre le ministre.
Alors, à ce moment-ci, j'offrirais mon consentement pour vous entendre.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a consentement pour permettre au
sous-ministre de prendre la parole?
M.
Drainville : Oui, consentement. On m'indique que c'est le centre de
services scolaire de Jonquière qui serait en lien, donc, avec le collège
Sainte-Anne de Lachine.
La Présidente (Mme
Dionne) : Parfait, M. le ministre. Merci. M. le sous-ministre, vous
avez la parole. Je vous demande de vous présenter, en entrée de jeu.
• (15 h 10) •
M. Lehoux
(Stéphane) : Bonjour. Mon nom est Stéphane Lehoux, sous-ministre
adjoint au numérique et à l'information au ministère de l'Éducation.
Alors, effectivement,
l'intelligence artificielle, c'est un levier intéressant pour soutenir la
réussite éducative. Actuellement, les
essais... ou le développement qu'on utilise, actuellement, c'est la mise à
l'essai et le déploiement de la solution
pour la prévention du décrochage scolaire. Donc, c'est un premier pas à
l'intérieur d'un plan d'action en intelligence artificielle que le
ministère a développé. Cette solution-là, actuellement, permet... est à
l'essai... est en développement... est en
déploiement, c'est-à-dire, dans plus de 33 centres de services scolaires,
avec un objectif inscrit au plan d'action de l'Éducation, qu'il soit
déployé dans l'ensemble des centres des services scolaires d'ici la fin de
l'année scolaire.
Mme Cadet : Et
là, ça, c'est pour le soutien aux élèves ou aux enseignants? Je n'ai pas bien
saisi.
M. Lehoux (Stéphane) :
Excusez-moi, j'ai mal entendu.
Mme Cadet : Oui, je demandais... Donc, ça, c'est pour le
soutien, donc, ce qui est déployé dans les 33 centres de services
scolaires, c'est pour le soutien aux élèves ou aux enseignants?
M. Lehoux (Stéphane) :
Aux enseignants.
Mme
Cadet : O.K. Donc, c'est
donc aux enseignants, ici. Mais évidemment, donc, le... donc, l'outils
d'intelligence artificielle, donc, nous dit, donc : Développer les outils
de dépistage avec l'IA — donc,
ce que le ministre... ce dont le ministre
nous parlait un peu plus tôt — c'est
une avancée, mais on ne... est-ce qu'on ne passe pas à côté de
l'essentiel, si on ne réfléchit pas aussi à l'impact global de l'intelligence
artificielle sur la pédagogie, l'évaluation, la formation des enseignants et
les inégalités d'accès?
Donc,
je vous relance ce que le... ChatGPT, donc, nous demande ici. Donc, quand vous
disiez que ces outils-là, donc, aident les enseignants, est-ce qu'ils
couvrent, donc, tous les aspects, ici, qui nous sont proposés?
M. Lehoux
(Stéphane) : Effectivement, l'intelligence artificielle ouvre
plusieurs opportunités. Je pense qu'il est prudent d'avancer un pas à la fois
dans l'utilisation de cette nouvelle technologie en s'assurant que chaque pas qu'on fasse respecte le volet éthique, le volet de
transparence, le volet d'acceptabilité sociale. Donc, ce sont des
éléments qu'on doit prendre en compte à chaque avancée qu'on fait dans
l'utilisation de l'intelligence artificielle.
Mme
Cadet : Merci. Donc, je reviens au ministre. Merci
beaucoup, donc, pour ces réponses à mes questions. Maintenant, M. le
ministre, donc, je comprends, donc, que ces outils-là, donc, sont en
développement. Donc, est-ce qu'il y a,
évidemment, donc, des formations qui seront développées ou qui sont en
développement en ce moment pour permettre aux enseignants de pouvoir
bénéficier des différents outils qui seront à leur portée?
M.
Drainville : Bien, d'abord, je vais vous dire... Merci. Merci,
M. le sous-ministre Lehoux. Je dois vous dire que le programme dont je
vous parlais tout à l'heure ou le projet, c'est le projet Emilia, donc, du
collège Sainte-Anne de Lachine. Donc, ça,
c'est un exemple, hein, Mme la députée, là, je ne suis pas en train de dire que
c'est, comment dire, le seul... la seule initiative, là. C'est un
exemple d'initiative. Il y en a d'autres.
Je dois ajouter ceci. Le ministère de l'Éducation
a mis en place ce qui s'appelle le Centre d'expertise en intelligence
artificielle en éducation. Ça, c'est le ministère qui l'a mis en place. Il est
composé du ministère, il est composé de
Mila, que vous connaissez, évidemment, de l'Institut de valorisation des
données, IVADO, l'Observatoire international
sur les impacts sociétaux de l'intelligence artificielle et du numérique,
OBVIA, le CTREQ est là, la GRICS est
là également, le groupe de recherche interuniversitaire sur l'intégration
pédagogique des technologies de l'information et de la communication.
Bref, on est très conscients des défis que nous pose l'intelligence
artificielle en matière d'éducation et on ne
veut pas être à la traîne. On veut être parmi les meneurs et donc on prend les
moyens pour y arriver.
Je dois vous
dire aussi, Mme la députée, puis là je m'étire le cou un petit peu, là,
peut-être qu'on va m'en faire le reproche, mais, vous savez, au mois de
juin, il y a des représentants du milieu de l'éducation de la francophonie qui vont... qui ont rendez-vous à Québec, parce que
c'est le Québec qui préside cet organisme-là, et j'ai déjà eu une
discussion avec la ministre de l'Éducation
de la France, l'ancienne première ministre, et je lui ai dit : Si jamais
vous pouvez venir à Québec... parce que vous connaissez les aléas de la
politique française, des fois, ils prévoient des déplacements puis ils sont
obligés d'annuler. Mais je lui ai dit : Si jamais vous pouvez venir,
j'aimerais ça qu'on puisse discuter, vous, et moi, et les autres participants,
de l'impact de l'intelligence artificielle sur le milieu de l'éducation.
Donc, je veux vraiment que vous sachiez qu'on
est en réflexion sur les meilleures façons de faire bénéficier l'éducation des
avancées en matière d'intelligence artificielle, tout en étant conscients des
défis, sinon des dangers, notamment en matière d'éthique, comme l'a mentionné
M. Lehoux. Parce que c'est un véritable risque, la question de la... enfin, le cadre éthique, la question de
la sécurité des données, la question de la sécurité des données
personnelles, en particulier. Donc, il faut trouver le juste équilibre pour
faire en sorte qu'on sorte gagnants.
Mme
Cadet : Tout à fait. Puis là vous venez, donc, de voir,
donc, l'exercice, que j'espère ludique, qu'on vient de compléter avec l'outil d'intelligence artificielle,
ici. Mais évidemment, donc, on a parlé des aspects éthiques de
l'encadrement, donc, s'assurer que le ministère ne soit pas à la traîne du côté
des outils à offrir aux enseignants sur le plan pédagogique et sur le plan
éthique. Mais évidemment, donc, l'objectif, c'est aussi de s'assurer que les
élèves ne fassent pas ce que moi, je viens de faire ici, en commission, et que
ce soit ChatGPT qui réponde aux questions.
Donc, je ne suis pas certaine d'avoir bien saisi
comment est-ce qu'on se prépare pour être en mesure, donc, de contrer aussi,
donc, ce phénomène-là sur le plan de la possible tricherie de la part des
élèves, de pouvoir, donc, s'appuyer sur des outils sans le dévoiler, comme moi,
je l'ai fait d'emblée.
M. Drainville : Bien, écoutez, ça,
c'est un très, très grand enjeu. Dans le fond, si on veut aller direct au but, c'est l'enjeu, notamment, de la tricherie. Il faut
que vous sachiez qu'on a déjà transmis au réseau, puis, ça aussi, j'en
suis très fier parce que ça démontre qu'on est en action, on a transmis déjà au
réseau le guide sur l'utilisation éthique de l'intelligence
artificielle. Ça, c'est un guide destiné à l'intention des enseignants. Il a
été mis en ligne en novembre sur quebec.ca. Donc, vous pourriez le
trouver, si vous le désirez.
Je veux juste vous dire également, parce que je
suis assez fier de ça, vous savez que, dans notre stratégie pour valoriser le
français puis améliorer la maîtrise du français, nous avons annoncé un Alloprof
du français, hein, il y a quelques mois de
ça, 54 millions, quand même, c'est un gros investissement. Et ce
programme... pas ce programme, ce projet d'Allofrançais, parce que c'est
comme ça qu'il est... qu'on l'a baptisé, qu'on l'a nommé, Allofrançais, il se
décline en trois étapes. La première étape, alors, l'argent va servir à
Alloprof pour développer une première étape, c'est-à-dire
des contenus qui vont aider les élèves à mieux maîtriser le français. Dans une
deuxième étape, il y aura un accompagnement virtuel des élèves, qui va
avoir recours à l'intelligence artificielle pour les aider à mieux maîtriser le
français. Et si, dans une troisième étape, ils ont toujours un enjeu, une
difficulté particulière à surmonter, là, ils vont pouvoir parler avec un vrai
enseignant d'Alloprof, comme on le fait.
Mais je
voulais juste vous donner... c'était un autre exemple, ça. On investit dans une
plateforme pour aider les élèves avec
le français, et cette plateforme-là, à un moment donné, va utiliser l'intelligence
artificielle, dans ce cas-ci, pour enseigner le français.
La Présidente (Mme Dionne) : Il vous
reste deux minutes, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente...
M. Drainville : ...quand on
additionne toutes les initiatives, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Bien, c'est intéressant que vous disiez ça, M. le
ministre, parce que, bon, hier soir, bien évidemment, on a posé quelques
questions à ChatGPT, en amont, donc je ne peux pas m'empêcher de vous dire que,
bon... On dit donc : En novembre 2024, le ministre a
lancé un guide intitulé L'utilisation pédagogique et éthique de
l'intelligence artificielle générative, destinée au personnel enseignant,
ce dont vous venez de parler...
M. Drainville : ...
Mme
Cadet : Bien, ChatGPT nous a donné ça, oui. Et là, donc,
nous avons demandé à ChatGPT : Est-ce que vous croyez qu'un guide,
c'est suffisant? Et ChatGPT a répondu : Franchement, non. Un guide, c'est
un bon premier pas, mais c'est loin d'être suffisant. C'est comme donner une
boussole sans vraiment tracer la carte. Qu'est-ce que vous répondez à ChatGPT?
M. Drainville : ...à un moment donné,
se présente aux élections, on verra bien ce qu'il en pense. Mais bref, on est
en train de développer aussi une trousse d'outils pour... d'outils, dis-je
bien, pour guider les centres de services scolaires
dans le développement et l'utilisation éthique de solutions en intelligence
artificielle en éducation afin d'assurer le respect des principes
éthiques. Dans ces démarches de développement de solutions en intelligence
artificielle, le ministère applique les
principes éthiques établis par la communauté de chercheurs concernant la
robustesse et la sécurité de l'information, le respect de la vie privée,
la protection des renseignements personnels ainsi que les principes
d'explicabilité et de transparence des modèles d'intelligence artificielle
développés.
Et je dois
dire aussi, par rapport à Alloprof, ils travaillent présentement avec les
élèves et les enseignants pour développer, justement, le niveau 2
de formation dont je vous ai parlé tout à l'heure, celui qui va faire usage
d'une application virtuelle qui repose sur l'utilisation de l'intelligence
artificielle.
Mme Cadet : Donc, on sait, les
réalités du terrain sont très inégales. L'intelligence artificielle évolue
vite. En ce moment...
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, Mme la députée.
Mme Cadet : Ah! merci. Donc, il n'y
a pas nécessairement, donc, de cadre légal très fort. On parle beaucoup d'encadrer les enseignants et les élèves dans tout
ça. Je veux peut-être, donc, vous entendre. Puis, sur l'enjeu de la
tricherie, vous avez énoncé ça comme un enjeu du siècle, mais je vous ai
peut-être moins entendu sur comment est-ce que vous comptez vous y attaquer.
La Présidente (Mme Dionne) : 10 secondes,
M. le ministre.
M.
Drainville : Il va falloir être très vigilant. Il va falloir
être très vigilant. Visiblement, vous l'utilisez, ChatGPT. Moi, c'est
mes enfants qui m'ont initié à ChatGPT, donc je l'utilise parfois...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci. C'est tout le temps qu'on a pour cet échange.
M. Drainville : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
c'est terminé, c'est ça, il restait 10 secondes. C'est très, très rapide,
oui, effectivement. Je cède maintenant la parole à M. le député de Jean-Lesage
pour 17 minutes.
M.
Zanetti : Merci, Mme la Présidente. Merci, tout le monde. Je
voudrais parler au ministre de la... du tableau de bord de l'éducation,
des données qui sont disponibles pour évaluer, par exemple, la réussite
scolaire ou les taux de décrochage, en lien avec l'enjeu de l'école à trois
vitesses.
L'année
dernière, en crédits, ma collègue la députée de Mercier, qui, à ce moment-là,
portait le dossier éducation, avait
posé la question au ministre, à savoir s'il était possible d'avoir les taux de
décrochage au public, mais ventilés selon si les élèves appartiennent à
un programme régulier ou à un programme particulier, dit sélectif, et le
ministre avait dit que, bon, ces données-là n'existaient pas, mais... pour
l'instant, mais qu'il allait vérifier, qu'il allait voir s'il était possible
d'avoir ces données-là.
Alors, je voudrais savoir si, un an plus tard,
le ministre s'est intéressé à cette question-là et s'il était possible d'avoir des données ventilées sur les taux de
décrochage, qui, au sein du public, sont différents entre, on le
présume... entre les élèves qui sont en programme régulier et les élèves en
programme particulier sélectif.
M.
Drainville : Alors, j'ai d'excellentes nouvelles, Mme la
Présidente. Je suis vraiment content que la question me soit posée, car
cela me permet de dévoiler une information exclusive. Donc, je la dévoile pour
la première fois publiquement, ça me fait plaisir de le faire en réponse à une
question de mon collègue.
Alors, effectivement, on a reçu les résultats
des analyses. Donc, on a analysé les résultats scolaires des élèves inscrits en projet particulier, et regardez ce que
ça donne. On prend ici une donnée décrochage scolaire, donc, d'une année
à l'autre. Donc, c'est la cohorte de 2022‑2023 qui est suivie jusqu'en 2023‑2024.
Donc, décrochage scolaire ou on l'appelle
parfois, dans le jargon, le taux de sortie sans diplôme ni qualification,
alors, pour l'ensemble du réseau public, actuellement, c'est 16,9 %, évidemment, beaucoup trop élevé, mais
c'est la donnée. Donc, on a, grosso modo, 17 élèves sur 100 qui
sont sortis sans diplôme ou qualification après l'année 2022‑2023.
Regardez le résultat pour
les élèves qui étaient inscrits à un projet particulier, M. le député de
Jean-Lesage. Pour les élèves qui étaient
dans un programme... un projet particulier avec sélection, c'est seulement
6,1 % de ces élèves qui ont décroché. Puis, si on regarde les
élèves qui étaient dans un projet particulier, donc sports, arts, technologies,
entrepreneuriat, sciences, et tout le reste, alors pas de sélection, PPP sans
critère de sélection, taux d'abandon, 7,8 %, alors que la moyenne
québécoise pour l'ensemble du réseau public, c'est 17 %.
M. Zanetti : 7,8 %...
M. Drainville : Ces données, ce sont
des résultats préliminaires, je tiens à le préciser. Ce sont des résultats
préliminaires tirés, donc, des données du système Charlemagne, des données,
donc, qui datent du mois d'août 2024. Et donc ce que ça nous dit, c'est que
l'objectif que nous nous sommes donné, en encourageant la création de projets
particuliers, vous vous rappelez que ça fait partie des sept priorités que j'ai
annoncées lorsque je suis devenu ministre de
l'Éducation, ce que ça démontre, c'est qu'effectivement les projets
particuliers sont une source de motivation pour les élèves, et, quand les élèves sont motivés, il y a
moins de risques qu'ils décrochent et il y a plus de chances qu'ils
obtiennent un diplôme ou une qualification.
Moi, la formule que j'utilise très souvent, puis
je suis certain que vous êtes d'accord avec moi, M. le député de Jean-Lesage, parce que je sais que vous êtes
attaché aux projets particuliers, ça fait aimer l'école, les projets
particuliers. Ça fait aimer l'école. Je ne sais pas, vous, comment vous étiez à
l'école, mais moi, je vais vous dire, les sports m'ont beaucoup fait aimer
l'école, puis, par moments, j'aimais plus l'école pour les sports que pour la
matière qui était enseignée. Je soupçonne que, si on faisait un tour de table,
ici, il y aurait beaucoup de nos collègues qui seraient dans la même situation.
Donc, il faut continuer à investir dans des
projets particuliers. C'est pour ça qu'on a haussé le montant de la gratuité,
là, quand on s'inscrit à un projet particulier dans une école publique du
Québec. On a haussé le montant de la gratuité de 200 $ à 300 $, donc
les premiers 300 $ sont gratuits. Je vous rappelle que, dans le
budget 2023‑2024, on prévoyait un investissement de presque
100 millions, jusqu'en 2026‑2027, pour payer, justement, ces 300 $.
Puis je vous rappelle aussi que des budgets qui sont prévus pour l'achat
d'équipements, par exemple, un...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci, merci. Allez, poursuivez, M. le député.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. O.K., je comprends bien. Ça, c'est des bonnes nouvelles pour tous les élèves qui sont en projet particulier. Moi, je
partage l'analyse du ministre, les projets particuliers, c'est
formidable, ça donne de la motivation, etc.
Par contre, j'aimerais... il y a un chiffre qui manque, qui est dans celui...
dans ce qu'a donné le ministre, puis
je veux juste avoir... Dans le fond, juste, s'il pouvait me répéter, je pense
que sélectif, projet particulier, c'était 6,1 %; projet
particulier, mais pas de sélection, c'était sept point quelque chose.
M. Drainville : 7,8 %.
M. Zanetti : 7,8 %.
M. Drainville : Et la moyenne
nationale, 16,9 %.
M.
Zanetti : Ça, ça veut dire, probablement, que les élèves au
public régulier, qui sont, mettons, à peu près la moitié, ils sont...
leur taux de décrochage est donc beaucoup plus élevé que 16,9 %?
M. Drainville : Qu'est-ce que vous
voulez dire, qu'ils sont à peu près la moitié?
M. Zanetti : Bien, si la moyenne
de... du public régulier et des PPP, là, qui sont à 6 %, si la moyenne de
ça, c'est 16 %, mettons... Là, je ne
veux pas compter devant vous, faire cette règle de trois, parce que je vais me
tromper, puis... mais ça doit être au-delà de 16 %. On doit être autour de
20 %, là.
M. Drainville : Ah! Oui, O.K., je
comprends ce que vous voulez dire. Mais rappelez-vous, là, il y a...
Actuellement, là, je dis ça de mémoire, là, mais je vais pouvoir vous donner un
chiffre à peu près précis, regardez, là, en 2024-2025, le taux de participation
des élèves, au secondaire, à un PPP, est de 50,9 % dans le public. Donc,
c'est à peu près la moitié des élèves du secondaire, parce qu'on s'entend que
les projets particuliers, c'est, d'abord et avant tout, pour les élèves du
secondaire, quoiqu'il y en a aussi au primaire. Mais c'est à peu près la moitié
des élèves du public, secondaire public, qui sont inscrits dans un projet
particulier, M. le député.
M. Zanetti : Mais donc le taux de
décrochage des élèves au public, programme régulier, c'est quoi?
M. Drainville : Pour l'ensemble,
primaire et secondaire, dites-vous?
M. Zanetti : Oui, public régulier,
primaire et secondaire.
M. Drainville : Bien, ça, c'est...
M.
Zanetti : Mais, si vous l'avez isolé, tant mieux.
M.
Drainville : Ça, ça l'est, pour l'ensemble du réseau public. C'est
16,9 %, le taux.
M. Zanetti : Mais
ça inclut programme régulier et PPP sélectif et non sélectif? Moi, ce que je
veux, c'est l'autre donnée, la donnée de... au public, programme régulier
uniquement.
M.
Drainville : On me dit que, pour ce qui est des élèves qui ne sont pas
inscrits en PPP, ce serait autour de 24 %. Mais là je ne suis pas sûr de
ça, madame...
Une voix :
...
M.
Drainville : Bon, c'est un chiffre qu'on va vérifier parce que ce
n'est pas un chiffre dont on est à 100 % certains. Si vous me permettez,
M. le député, on va juste contre-vérifier ce chiffre-là.
M. Zanetti : O.K.,
on va le vérifier. Mais mettons qu'à l'oeil, comme ça, ça a du bon sens, là?
M.
Drainville : ...où c'est à peu près la moitié qui sont inscrits dans
un PPP, ça fait que... Dans le fond, ce que
vous dites, c'est ceux qui ne sont pas inscrits dans un... C'est sûr que c'est
plus que 16,9 %, on s'entend là-dessus.
M. Zanetti : C'est
ça, exactement. C'est ça que je... c'est là que je voulais en venir.
M.
Drainville : Alors, est-ce que c'est 23,8 %? À confirmer, O.K., à
confirmer.
M. Zanetti : Parfait, à confirmer. Mais, de toute façon, moi,
entre 22 % puis 26 %, pour moi, ça... il en découle la même
analyse, là, puis la même analyse que... L'analyse qui en découle puis que je
veux vous partager, c'est que la ségrégation scolaire amène des grosses
différences dans les taux de décrochage, aux différents niveaux, et que, bien, il y a des études à l'international qui disent
que, justement, évidemment, quand on laisse les étudiants qui... parce
que, là, il y a comme de la sélection, pour les PPU puis au privé, bien, qui
ont... qui sont, au départ, les moins performants ensemble puis qu'il y a, comme, moins d'élèves performants avec eux, ça
diminue leur réussite scolaire. Et la mixité, le fait d'avoir, dans des classes dans lesquelles il y a à
la fois des élèves qui, au départ, performaient moins et à la fois des
élèves qui au départ performaient plus, ça
ne ralentit pas, ça ne baisse pas la performance des élèves déjà performants,
mais ça augmente beaucoup la motivation scolaire et la performance des
élèves qui, au début, ne performaient pas beaucoup.
Alors là, j'ai dit
beaucoup «performer», là, j'espère que je n'ai pas perdu tout le monde, mais je
pense que vous me suivez. Et c'est pour ça qu'on a déposé un projet de loi pour
le réseau commun, c'est-à-dire de créer un réseau
dans lequel il y aurait des projets particuliers accessibles à tout le monde,
sur le modèle de la cinquième période, sans sélection, mais que les gens
iraient, au fond, à leur école de quartier, et ça amènerait... ça ramènerait
une mixité qu'on a perdue dans le milieu scolaire, qui favoriserait la réussite
générale des élèves.
Donc,
c'est... je pense que, là, la donnée que vous avez sortie, je suis très content
que vous l'ayez donnée, bien, à mon avis, elle amène à une réflexion sur
comment est-ce qu'on pourrait faire pour augmenter le taux de réussite des élèves au public régulier, et, à mon sens, la
question de la mixité scolaire est absolument centrale dans ces éléments
de réponse là, là. Je ne sais pas si c'est une réflexion que... à laquelle vous
êtes ouvert, là.
• (15 h 30) •
M. Drainville :
Bien, je vais vous dire, M. le
député, d'abord, vous posez des questions très pertinentes. Moi, je vais vous dire... puis on a une vision différente,
vous et moi, sur cette question là, mais ultimement, je pense qu'on vise
la même chose. Ce que l'on vise, je pense,
c'est que le maximum d'élèves possible au Québec soient inscrits dans un
projet particulier, au secondaire, et c'est
la raison pour laquelle nous avons mis en place le 300 $. C'est la raison
pour laquelle nous avons des budgets
pour permettre aux centres de services scolaires et aux écoles de se procurer
l'équipement qui vient avec le projet particulier.
Moi, je veux que vous
sachiez qu'entre 2022‑2023 et 2023‑2024 on a connu une augmentation de
9 %, 9 % du nombre de PPP, au Québec, dans les écoles publiques du
Québec, dans les écoles secondaires publiques, 200 PPP de plus, M. le député. Puis, écoutez ça, entre les
années 2023‑2024 et 2024‑2025, on a connu une croissance de 8 %
pour le nombre d'élèves qui participent à des PPP. On est passés de
175 000 élèves à 190 000 élèves. Et on se retrouve dans une
situation où il y a même des écoles, M. le député, qui se sont donné pour
objectif d'offrir un PPP à tous les élèves,
y compris même les élèves à besoins particuliers. Il y a de ces écoles,
notamment, au centre de services scolaire des Chênes, là, dans la région
de... la région, dis-je, de Drummondville.
Alors,
moi, je pense qu'il faut continuer à encourager le milieu scolaire, les équipes-écoles
à créer de nouveaux projets particuliers. Il faut encourager les
directions d'école, les directions de centres de services scolaires à le faire.
Il y en a qui répondent à l'appel, visiblement. Et puis moi, je... Honnêtement,
moi, je trouve qu'une croissance de 9 % du nombre de PPP puis de 8 %
du nombre d'élèves... Je pense que ce sont des résultats qui sont très
encourageants puis moi, je pense qu'il faut continuer. Il ne faut pas s'arrêter
en si bon chemin, là.
M. Zanetti :
Je suis d'accord avec vous. C'est une très bonne chose, l'augmentation de
9 %. Félicitations au réseau scolaire puis à l'initiative, justement, de
ces écoles-là qui décident de vraiment donner une couleur spéciale à leur école
puis accentuer la mobilisation. Ça, c'est formidable. Là, je veux...
M. Drainville :
...qui vont ultimement approuver ces projets particuliers, parce qu'il faut
aller... faire de la place à ces projets
dans la grille-matières, puis ça, c'est les conseils d'établissement qui
doivent prendre ces décisions-là. Et donc
il faut féliciter les parents qui siègent sur ces conseils d'établissement. Ils
ont un rôle à jouer pour s'assurer que ces projets s'installent. Et il
faut féliciter les équipes-écoles qui participent à la création de ces projets
particuliers, parce que ce n'est pas simple, mettre en place un projet
particulier.
M. Zanetti : Oui, oui, oui,
tout à fait. Tout à fait, tout à fait.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Laissez le député
poursuivre sa... Allez-y, M. le député.
M. Zanetti : Oui, oui, je
félicite tout le monde. Tout le monde est félicité, les parents, tout le monde
sur les conseils d'établissement, merci.
Maintenant,
la question... En fait, le problème, ce n'est pas... Les programmes
particuliers font partie de la solution, c'est clair, mais le problème,
c'est la sélection, parce qu'à partir du moment où on accepte la sélection,
c'est là qu'on crée de la ségrégation
scolaire. Oui, plus on va augmenter les PPP sélectifs, en fait, bien, plus on
va accentuer probablement la ségrégation scolaire, et on va voir les
taux de réussite des élèves qui sont, au moment de la sélection, moins
performants potentiellement décliner.
Puis c'est une question de réussite scolaire,
mais c'est une question de... La question de la mixité, aussi, sociale dans les écoles, c'est une question aussi
d'unité nationale, parce qu'après ça c'est l'identité qui se forme en
commun. Tu sais, on a avantage à ce que les
Québécoises et les Québécois de toutes les classes sociales, de toutes les
origines se rencontrent à l'école
dans leurs parcours scolaires puis aillent aux mêmes écoles. Trop souvent, dans
des écoles, bien, la ségrégation de classe liée au fait que certains ont
les moyens d'avoir des écoles privées, d'autres ont les moyens ou performatifs
ou financiers d'aller dans les programmes... projets particuliers publics
sélectifs, puis que, là, bien, ceux qui n'ont pas ces moyens-là se retrouvent
ensemble. Ça fait une ségrégation dans la société québécoise puis ça fait
que... ça fait, je pense, une identité collective et nationale fragmentée.
Alors, c'est un argument de plus, ça, je pense,
qui pourrait aussi peut-être toucher le ministre, parce que je pense qu'on
partage cet intérêt-là de dire : Il faut que les Québécoises et les
Québécois soient unis puis qu'on ait une belle unité nationale et un beau
sentiment d'appartenance à une même culture, là. Donc, c'est pour ça que je
porte son attention sur la question des projets particuliers pédagogiques
sélectifs.
M. Drainville : Il nous reste
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) : Il
vous reste deux minutes, M. le ministre.
M. Drainville : Deux minutes?
Bien, écoutez, l'idée d'avoir une école qui est... une école québécoise qui est
rassembleuse puis qui est créatrice d'un fort sens d'identité, moi, je suis
tout à fait d'accord avec vous, M. le député, là-dessus. Maintenant, là où nous
n'endossons pas la même vision, vous et moi, c'est sur le rôle de l'école
privée, puis moi, je... Bon, je sais que vous allez me dire que ce n'est pas
tout à fait ça, votre position, mais ma lecture de votre position, c'est
essentiellement de faire disparaître l'école privée ou de la transformer, etc.,
mais je pense qu'on peut résumer en disant vous souhaiteriez seulement une
école publique puis pas d'école privée. Moi, je suis en désaccord là-dessus.
Moi, je pense que le fait qu'on ait un système scolaire mixte, je pense que ça
a été bon pour le Québec. Je pense que ça a créé, dans certains cas, une saine
émulation entre les réseaux privés et publics sur, notamment, les projets
particuliers, parce que les écoles privées ont été parmi les premières à créer
ce type de projet particulier puis les écoles publiques ont pu s'en inspirer.
Je pense que le fait que des parents du Québec
investissent des sous dans l'éducation de leurs enfants, c'est un plus. Ça
ajoute de l'argent dans le réseau. Je pense aussi que de préserver la liberté
de choix aux parents, je pense que c'est une bonne chose. Et puis il faut
toujours rappeler, Mme la Présidente, que c'est 10 % des élèves au Québec,
et seulement 10 %, qui vont dans les écoles privées. Par moments, j'ai
l'impression, dans le discours de ceux et celles qui sont contre l'école
privée, que, si on abolissait l'école privée, on réglerait le problème du
90 % restant. Là, je pense que c'est une façon, comment dire, exagérée, de
présenter les choses.
La Présidente (Mme Dionne) : En
10 secondes, M. le député.
M. Zanetti : Ah! bon, bien, je
vais prendre le temps de préciser... Effectivement, notre position n'est pas
celle que vous décrivez, mais je vais prendre le temps de le préciser dans mon
prochain bloc d'intervention. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci beaucoup. Alors, je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé pour 17 minutes.
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Donc, M. le ministre,
donc, on revient aux choses un peu plus sérieuses, déficit de maintien
d'actifs. Dans notre demande, donc, de renseignements particuliers dans le
cadre de cette étude de crédits budgétaires,
on a demandé d'abord la ventilation par centre de services scolaire de l'état
du parc immobilier et du déficit de maintien des actifs pour
l'année 2025‑2026.
L'an dernier, donc, ce
qu'on constate, c'est que 44 % des bâtiments étaient jugés en bon état.
Cette année, curieusement, donc, c'est
47 % des bâtiments qui sont jugés en bon état, mais, quand on regarde,
donc, le tableau que... Mme la
Présidente, donc, le tableau ci-présent, on voit bien que le déficit de
maintien d'actifs était, donc, pour l'an dernier, en 2023‑2024, de
8,5 milliards, mais cette année, donc, en 2024‑2025, donc l'année pour
laquelle on a obtenu des renseignements, le déficit est plutôt de
9,6 milliards. Et ces montants, donc, on comprend, donc, sont ceux qui
ne... ceux-là ne correspondent pas nécessairement à la somme de tous les
travaux réalisés, mais bien de ceux qui ne sont pas en bon état, donc, les
bâtiments qui sont jugés D et E.
Vous
comprendrez, M. le ministre, qu'on trouve ça curieux, donc, que le nombre de
bâtiments, le pourcentage de bâtiments
jugés en bon état se soit, selon les données présentées, amélioré, alors qu'on
a un déficit de maintien d'actifs qui,
lui, continue à croître. On le sait... Je vais donner certains des exemples...
J'ai dit qu'on a fait une demande de renseignements
particuliers, là, que vous pouvez retrouver dans les cahiers de crédits que
vous avez en main. Je donne quelques exemples pour que ce soit assez
clair.
Par exemple,
dans le Bas-Saint-Laurent, on a deux exemples. Le centre de services
scolaire des Monts-et-Marées, entre 2019 puis 2020, donc, c'est ce que
les crédits nous répondaient à ce moment-là, donc, pour cette année-là, c'était 113 millions de dollars, donc, de
déficit de maintien d'actifs. Aujourd'hui, il est de 347 millions, donc,
113 millions à 347 millions. On peut penser à... le centre de
services scolaire Kamouraska-Témiscouata, pour lequel, en 2019‑2020, le déficit
était de 3,8 millions, et aujourd'hui, il est de 144 millions.
Vous comprendrez... Vous conviendrez avec moi
que ces chiffres sont quand même assez exorbitants. Ils ont changé énormément au cours des cinq dernières
années. Et je pourrais faire le même exercice pour des dizaines de
centres de services scolaires, là. Le constat est à peu près le même partout
sur tout le territoire québécois. Donc, si vous dites, M. le ministre, que l'état des infrastructures s'est amélioré,
comment est-ce que vous expliquez que les déficits ont explosé dans la
presque totalité des centres de services scolaires?
• (15 h 40) •
M. Drainville : Bien, d'abord, Mme la Présidente, je pense que
c'est important de dire, de rappeler que, lorsque nous sommes arrivés aux affaires, le parc scolaire
souffrait d'un terrible sous-investissement. Je le répète, là, mais
c'est très important, là, le PQI, sur 10
ans, au moment où la Coalition avenir Québec arrive au pouvoir, là, le PQI,
donc, l'argent qu'on investit pour
les infrastructures, là, pour les écoles, construire, agrandir, rénover, il
était de 9 milliards. Aujourd'hui, il est de 23,5 milliards,
une augmentation de 160 %. Je l'ai dit tout à l'heure, le 9 milliards
sur 10 ans, ça veut dire en moyenne un
investissement de 900 000 $ par année. Quand on dit 23,5 milliards
aujourd'hui, ça veut dire en moyenne un investissement de
2,3 milliards par année. Donc, on passe de 900 000 $ en moyenne
à 2,3 milliards en moyenne par année pour les infrastructures. C'est
considérable.
Bon, maintenant, parlons-en, là, des fameuses
cotes. Alors, en 2022‑2023, le nombre d'écoles qui étaient considérées A, B ou
C, donc, en bon ou en très bon état, ce chiffre était de 39 %. En 2023‑2024,
c'est passé à 44 %. En 2024‑2025, c'est 47 %. Donc, on est passés de
39 % à 47 %, et l'objectif, c'est d'arriver à un taux d'école en bon état à 60 % d'ici le tournant des
années 2030. Bon, pourquoi cette progression? Alors, oui, évidemment, à
force d'investir, ça finit par faire
une différence, mais l'autre chose qu'il faut dire, puis, en ce sens, il faut
être tout à fait transparent avec les gens
qui nous écoutent, il y a quand même eu des changements majeurs dans notre
façon d'évaluer la vétusté des édifices.
D'abord,
lorsque la Coalition avenir Québec est arrivée au pouvoir, on a changé la façon
d'inspecter les écoles. Le régime d'inspection des écoles était mauvais,
on va le dire comme ça, là, absolument pas... Il n'avait absolument pas la
précision voulue pour bien évaluer le taux de vétusté. Et donc on a changé la
façon d'inspecter pour s'assurer d'avoir une méthode d'inspection beaucoup plus
rigoureuse, beaucoup plus complète, beaucoup plus juste de l'état réel du
bâtiment. Ça, c'est la première chose.
La deuxième chose qui a été faite, c'est qu'on
a... on s'est donné une méthode pour calculer le taux de remplacement, qu'il soit beaucoup plus... qu'il
reflète beaucoup mieux la réalité de l'état réel du bâtiment, parce
qu'il faut savoir... Quand on dit, là, que
la cote est de A, une école a une cote de A, ça, ça veut dire que son taux de
vétusté, son indice de vétusté physique est
de 0 % à 5 %, tandis qu'une école E, c'est un taux de vétusté de
30 % et plus. Alors, A, c'est 0 %-5 %; B, c'est 5 %
à 10 %; C, c'est 10 % à 15 %; D, c'est 15 % à 30 %; et
E, c'est 30 % et plus.
Ce qui se passait... Pour calculer le taux de
vétusté, c'est très simple, vous prenez la valeur des travaux qui doivent être faits sur l'école, ça devient votre
numérateur, donc, les travaux de maintien d'actifs, et vous placez ce
chiffre... Mettons, ça coûte... Mettons qu'il y a
pour 5 millions de travaux à faire sur l'école, vous placez ce chiffre sur
la valeur de remplacement de l'école, et on s'est rendu compte que notre
façon de calculer la valeur de remplacement de l'école n'était pas suffisamment
précise. Et donc on a beaucoup raffiné notre façon de calculer la valeur de
remplacement de l'école, si bien qu'on s'est retrouvés, dans le fond, avec un
parc qui était un peu mieux, en un peu meilleur état, si je peux dire, qu'avec
l'ancienne méthode.
Donc, on
devrait tous se réjouir, Mme la Présidente, du fait que, notre parc-école, le
taux de vétusté s'améliore. On devrait tous s'en réjouir parce que ça
veut dire que nos investissements profitent puis ça veut dire qu'on est
beaucoup meilleurs pour bien évaluer la vétusté des édifices.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme
Cadet : Merci. Merci, Mme la Présidente. En fait, la
question demeure entière, M. le ministre. Donc, vous l'avez mentionné,
donc, effectivement, donc, vous avez changé la méthode de calcul entre 2023‑2024
et 2024‑2025, donc, l'année où est-ce qu'on
est passés de 44 % de taux d'écoles en bon état à 47 %. Donc, nous
avons, donc, les mêmes chiffres ici, mais on comprend bien que cette
méthode de calcul là biaise le tout.
Moi, ce que je vous ai aussi... Ce que
je vous ai demandé, c'est que... Quand on regarde ça, là, c'est comme si
vous êtes en train de nous dire :
Regardez, woups, ça descend, ça descend, ça descend, en 2019‑2020
à 2023‑2024. Donc, on
voit bien, l'évolution de l'état du parc des infrastructures en éducation
baisse pendant ces années-là, et là, quand vous changez la méthode, tout à coup, il augmente, alors que, lorsqu'on
regarde les chiffres que je vous ai donnés, d'entretien, là, de déficit
de maintien des actifs, bien, on comprend bien qu'il y a un sous-investissement
notoire. On comprend bien que, les chiffres, ils ont explosé considérablement.
Alors,
comment est-ce qu'on arrive à un tableau comme celui-ci, où, miraculeusement,
l'état des infrastructures s'améliore, au même moment où, dans un centre
de services scolaires comme celui de Kamouraska-Témiscouata, on passe de
3,8 millions de déficit de maintien d'actifs, en 2019‑2020, à
144 millions? C'est comme ça dans presque l'ensemble des centres de services scolaires. C'est ça, la question.
Merci d'avoir répondu sur comment est-ce qu'on le calcule. J'aurais aimé... C'est bien une question
que... à laquelle, donc, je pense que les Québécois... C'est une
question que les Québécois se posent, mais
là les Québécois se demandent aussi comment ça se fait qu'on ait un tel déficit
de maintien d'actifs. Et là, ça,
c'est juste les travaux qui doivent être réalisés sur les D et E, parce que,
plus on attend, là, ceux qui sont en C,
bien, ils vont tomber à D. Donc, c'est impossible que ça... on arrive à un
résultat où nos écoles s'améliorent véritablement.
M. Drainville :
Bien, Mme la Présidente, d'abord,
juste pour compléter la réponse que j'ai donnée tout à l'heure, le
premier changement qu'on a fait, c'est de mettre en place ce qu'on appelle le
GIEES, là. Donc, ça, ça nous a aidés à connaître les véritables problèmes qu'il
y avait dans nos édifices.
Puis la deuxième
étape, ça a été de changer la méthode de calcul. Là, on a raffiné notre façon
de calculer. On ne prenait pas juste le mètre carré, on regardait les
composantes de l'école. De regarder juste un mètre carré, ça ne fait pas la distinction entre une partie de
l'école, qui est plus complexe, qui va coûter plus cher à remplacer... Donc,
ça, on l'a raffiné, et c'est comme ça qu'on arrive avec des chiffres beaucoup
plus précis. Mais, je vais vous dire, Mme la députée,
on a construit près de 100 nouvelles écoles depuis qu'on est là, on en a
agrandi 200 et on a 150 projets qui sont en cours présentement. Si
vous regardez le nombre d'élèves qu'on a accueillis, là... Vous allez voir, je
vais répondre à votre question, mais c'est très important. On a accueilli
100 000 élèves de plus, grosso modo, depuis 2018, O.K., 100 000
élèves.
Mme Cadet : J'attends
la réponse à ma question.
M.
Drainville : 100 000 élèves, là, ce que ça veut dire, Mme la
Présidente, là, c'est qu'on travaille très fort. On construit, on agrandit, on
rénove, mais on a tellement de nouveaux élèves à accueillir que, finalement, on
investit beaucoup pour rester au même endroit ou, en tout cas, pour s'améliorer
un peu, selon les chiffres, mais il ne faut pas perdre de vue... Mme la députée
de Bourassa-Sauvé, vous ne... on ne peut pas parler de PQI puis
d'investissement en infrastructures sans
parler du fait qu'il a fallu scolariser 100 000 élèves de plus. Ça,
100 000 élèves de plus, là, à 500 élèves par école primaire,
c'est l'équivalent de 200 écoles primaires de plus. Vous comprenez?
La Présidente (Mme
Dionne) : ...Mme la députée.
Mme Cadet : Je vous entends, M. le ministre. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je reviens à mon tableau ici. Puis je vous entends, là, parler de mètres carrés puis de calculs, là,
puis c'est important, c'est pertinent, mais il y a des enseignants qui nous regardent, qui nous écoutent
puis qui veulent savoir... Le ministre de l'Éducation, là, est-ce qu'il pense vraiment que l'état de nos infrastructures
scolaires... Dans la vraie vie, dans les écoles dans lesquelles ils
enseignent jour après jour, est-ce que le ministre de l'Éducation pense
vraiment que l'état de nos infrastructures scolaires s'est amélioré en cinq
ans? Puis à ce moment-là...
M.
Drainville : Bien, attention, non, mais là il faut... laissez-moi
juste donner un peu de nuances.
Mme Cadet : Dans
la vraie vie... calculs, là, mais je veux savoir...
M.
Drainville : C'est évident, Mme la Présidente, c'est évident que, dans
certaines écoles, ça ne s'est pas suffisamment
amélioré. On a 3 000 écoles au Québec, Mme la Présidente, qui ont souffert
d'un grave sous-financement. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On investit
comme jamais, augmentation de 160 % des sommes investies au PQ, puis effectivement on priorise les écoles qui ont de...
qui ont des besoins plus urgents. C'est là qu'on met l'argent, en
maintien d'actifs. Puis on construit également des écoles neuves parce qu'il y
a des nouveaux quartiers qui sont nés à gauche puis à droite, puis il y a
certaines écoles qui sont complètement vétustes. Il faut les remplacer.
Alors...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Je vais laisser poursuivre la
députée.
Mme Cadet : Alors, dans ce cas-ci, M. le ministre, ça, ce sont
des photos dans une école secondaire de Montréal où est-ce qu'on a des enseignants qui ont, dans leur
tout autre tâche connexe, là, manifestement, la responsabilité de devoir
attraper des souris, de devoir... d'attraper
des rongeurs. On a une autre école en Outaouais, vous avez vu ça passer
plus tôt cette année, où est-ce qu'on a
retrouvé, donc, des coquerelles. Dans cette école-là aussi, là, donc, ce sont
des enseignants qui m'ont envoyé ces photos. Ça fait que ce sont des
vraies photos.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
m'excuse...
Mme
Cadet : Ah! vous l'avez... Ah! excusez.
La Présidente (Mme
Dionne) : ...votre tableau, c'est ça, c'est des photos, ça fait que ce
n'est pas...
Mme Cadet : Ah!
O.K., merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, vous pouvez montrer le tableau didactique, mais pas
lui. Merci.
Mme Cadet : Donc, ce sont des vraies
photos, M. le ministre. Qu'est-ce que vous répondez à ces enseignants-là?
• (15 h 50) •
M. Drainville :
Les budgets que l'on transmet,
que l'on transfère à nos centres de services scolaires comptent, pour une forte proportion, être utilisés pour ce
qu'on appelle du maintien d'actifs. Comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, là, le PQI actuel,
23,5 milliards, c'est à peu près, aux trois quarts, du maintien d'actifs.
Alors, on transfère des sommes d'argent
qui sont importantes, qui ont beaucoup augmenté ces dernières années, à nos
centres de services scolaires pour s'assurer
qu'ils fassent le maintien d'actifs, et donc qu'ils procèdent aux travaux, aux
rénovations qui sont nécessaires.
Les histoires que
vous soulevez, je les connais, puis c'est sûr qu'on ne peut pas se réjouir de
ça, évidemment. Mais qu'est-ce que vous
voulez? La date de construction moyenne d'une école au Québec, c'est 1967.
C'est l'année de l'Expo. Bon, ça, ça
veut dire que vous avez des écoles, là, qui sont... qui ont été construites
dans les années 40, 30, puis il y a même des écoles centenaires au
Québec, là. Bon, alors, c'est certain qu'on a un gros, gros rattrapage à faire.
Et puis je vous
souligne, je vous soumets bien humblement, Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
qu'il y a une bonne part du rattrapage que
nous devons faire présentement en maintien d'actifs qui est imputable à
l'incurie des gouvernements qui nous ont précédés. Pendant 50 ans,
le Parti libéral et le Parti québécois ont gouverné le Québec, et
malheureusement nos écoles ont manqué d'amour, pendant tout ce temps-là, là, de
1976 jusqu'à 2018, 50 ans. 50 ans,
puis, dans le fond, vous avez trop peu investi dans l'entretien des écoles, et
on récolte les fruits pourris de cette politique de sous-investissement.
La Présidente (Mme
Dionne) : Faites attention à...
M. Drainville :
Alors, depuis 2018, nous, on essaie de...
La Présidente (Mme
Dionne) : M. le ministre, faites attention à vos mots. «Pourris»,
c'est... Oui, merci. Poursuivez, Mme la députée.
Mme Cadet : Exactement.
Merci, Mme la Présidente. Il ne nous reste pas beaucoup de temps. Juste sur ce point-ci, vous m'avez déjà entendue là-dessus, M.
le ministre, là, on le sait très bien, dans le PQI 2022‑2032,
c'est bien indiqué, et je le répète
parce que vous le rementionnez aujourd'hui, le portrait actuel démontre qu'une
part importante, soit 59 %, du parc d'infrastructures du réseau de
l'éducation est en mauvais ou en très mauvais état, donc D ou E. Cette situation s'explique principalement par une
période de sous-investissement des années 90 et au début des
années 2000, quand l'actuel premier ministre était ministre de
l'Éducation. Je tenais à le souligner.
Bien, maintenant,
donc, je vous parle, donc, des enseignants qui voient l'état de leurs
infrastructures, qui ont à attraper des souris, qui vont avoir des coquerelles
dans leur tasse à café puis qui sont tannés. Plus tôt, vous avez été interpelé sur la question des profs qui
démissionnent. Ici, on en a, là, des chiffres, là, des profs, nombre
d'enseignants qui ont démissionné en 2021‑2022, 2022‑2023, 2023‑2024. Est-ce
que vous êtes préoccupé par ces démissions-là, M. le ministre? Nous, on les a, là, les chiffres. Ici, donc, on parle de
2 306 enseignants qui ont démissionné. Quand on compare, on
voit, là, qu'il y a une progression du nombre de démissions puis on se
demande : Est-ce que c'est ça, la nouvelle réalité du réseau?
M. Drainville :
Bien, écoutez, il faudra voir...
il faudrait voir, là, quand on parle de démissions, on parle de quoi exactement, là. Moi, ce que je sais, c'est que le
nombre d'enseignants dans le réseau scolaire a beaucoup augmenté ces dernières années. Alors, peut-être qu'en
proportion du nombre d'enseignants... peut-être qu'il n'y a pas
d'augmentation. Il faudrait voir, là. Il faudrait prendre le chiffre puis le
calculer sur la totalité des enseignants.
Mme Cadet :
...par le ministère de l'Éducation.
M.
Drainville : Ceci dit, évidemment que l'on souhaite garder nos
enseignants le plus longtemps possible, et c'est pour ça qu'on a valorisé
l'éducation comme jamais au cours des dernières années. C'est pour ça qu'on
investit dans l'augmentation des budgets en éducation. C'est pour ça qu'on
investit dans l'augmentation des budgets en infrastructures.
C'est pour ça qu'on investit pour moderniser le programme de français. C'est
pour ça qu'on investit pour moderniser la formation professionnelle.
C'est pour ça qu'on a investi dans la rémunération. C'est pour ça qu'on leur
donne des aides à la classe. C'est pour ça qu'on réduit la précarité en créant
5 400 nouvelles permanences en vertu de la dernière... Alors, on
prend les moyens...
Mme Cadet :
Mais c'est...
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, merci, un à la fois, s'il vous plaît, parce qu'on
s'adresse à la présidente. Il vous reste 30 secondes, Mme la députée.
Mme Cadet : O.K. Alors,
30 secondes, je n'ai pas le temps de faire mon prochain sujet. Vous avez parlé
de la rémunération. Hier, votre collègue, il a dit qu'au niveau de la
rémunération des stages en enseignement vous avez ouvert la porte l'automne passé. Est-ce que vous êtes d'accord avec
cette décision-là de ne pas rémunérer les stagiaires en enseignement?
M.
Drainville : Moi, ce que je dis depuis le départ, et je n'ai
jamais changé d'idée, c'est que nous travaillons, nous, sur une formule trois plus un, c'est-à-dire,
puis ça se fait déjà, par exemple, avec la Faculté d'éducation de
l'Université de Sherbrooke, ta quatrième année, ton stage de quatrième année,
tu es en classe, tu as ta classe et tu es payé, tu as un salaire d'enseignant, d'enseignante. Je pense que
c'est une voie très intéressante, et on encourage les facultés
d'éducation et les centres de services à travailler là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci. C'est tout le temps qu'on a pour cet échange. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Matane-Matapédia pour 17 minutes.
M. Bérubé : Mme la Présidente,
j'écoutais l'échange avec ma collègue. Je trouve que le ministre est dur sur les administrations précédentes, comme si son
unique arrivée allait contribuer à régler un certain nombre de dossiers.
Son propre premier ministre a été ministre de l'Éducation plus de trois ans. Il
a participé à un gouvernement avec moi, où il semblait plutôt fier des actions
en éducation. C'est le souvenir que je conserve de ça. Je ne l'ai jamais
entendu dire de telles choses lorsqu'il siégeait au Conseil des ministres du
gouvernement Marois.
Ceci étant dit, est-ce qu'il a des chiffres à me
donner sur les départs des enseignants, parce que je les ai demandés tout à
l'heure, probablement qu'on lui a fournis depuis ce temps-là, depuis 2018?
M. Drainville : Mme la Présidente,
la sous-ministre, Mme Carole Arav, souhaiterait répondre à la question.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a consentement pour permettre à la sous-ministre de prendre la parole?
Oui? Merci. Veuillez vous présenter d'entrée de jeu puis nous faire part de
votre intervention.
Mme Arav (Carole) : Alors, Carole
Arav, sous-ministre du ministère de l'Éducation.
En fait, on n'a pas le nombre de départs du
réseau scolaire. Ce qu'on a, c'est des chiffres de départs par centre de services
scolaire, mais quelqu'un qui a démissionné dans un centre de services scolaire,
ça ne veut pas dire qu'il n'a pas été engagé dans un autre centre de services
scolaire. On n'a pas, au moment où on se parle, la capacité de tracer les
enseignants d'un centre de services scolaire à un autre. Donc, ce qu'on a,
c'est les départs par centre de services
scolaire où, globalement, on a le nombre de départs global du réseau, mais ça
tient compte aussi des retraites. On n'a pas spécifiquement les
démissions.
M. Bérubé : D'accord. Si je suggère
au ministre et à la sous-ministre que le chiffre de 2 306 uniquement pour
l'année dernière, est-ce que ça lui semble réaliste?
M. Drainville : Comment vous dites?
M. Bérubé : 2 306 uniquement
pour l'année 2023‑2024.
M. Drainville : Allez-y, Mme Arav.
Mme Arav (Carole) : En fait, c'est
le nombre de démissions additionnées d'un centre de services scolaire à
l'autre, mais ça ne veut pas dire que ces gens-là n'ont pas été engagés dans le
centre de services scolaire à côté. Je n'ai
pas la traçabilité d'un enseignant d'un centre de services scolaire à l'autre.
Alors, il peut avoir été engagé le lendemain à l'intérieur d'un autre
centre de services scolaire.
M.
Bérubé : Alors, ma proposition, c'est de trouver ces
données-là, des personnes qui quittent définitivement le réseau, pour avoir des chiffres exacts, pour le
bénéfice des membres de la commission et du ministre, combien de
personnes quittent et ne reviennent plus
dans une école du Québec. Alors, ce chiffre-là m'apparaît pertinent. J'en fais
une demande au ministre. Il en va de
même pour le personnel de soutien, parce qu'un calcul qu'on a fait avec
d'autres partenaires nous permet
d'arriver, de 2018‑2019, l'arrivée de la CAQ, à 2023‑2024,
en mars, à 37 428 démissions du personnel de soutien scolaire.
C'est beaucoup de monde. C'est presque la population de Sorel-Tracy.
M. Drainville : J'ai des bonnes
nouvelles pour le député de Matane-Matapédia. On va avoir, à l'automne, le
système informatique qui va nous permettre de suivre, dans le fond, les
enseignants, et donc de connaître ceux et celles qui quittent vraiment le
réseau de ceux et celles qui, par exemple, se déplacent dans un autre centre de
services scolaire. Donc, on va l'avoir pour
la rentrée prochaine. Donc, on va avoir la traçabilité, pour utiliser le terme
de Mme Arav, et on va l'avoir aussi pour le personnel de soutien, M. le
député de Matane-Matapédia. Alors...
M. Bérubé : Très
bien. Ce sera pour les crédits de l'an prochain.
M. Drainville : C'est cela.
M.
Bérubé : Le ministre a indiqué tout à l'heure, en fin
d'intervention, qu'il y avait maintenant des entrevues pour connaître les raisons des départs. Déjà, dans
les raisons des départs, les gens, ils vous le disent, c'est-à-dire
que : Je quitte pour de bon. Ils ne
disent pas : Je vais dans la commission scolaire voisine. Donc, déjà, on a
une bonne indication, mais est-ce qu'on peut avoir une copie de ce
formulaire qu'on leur demande ou ce plan d'entrevue qui... qu'on utilise dans
ces circonstances?
M. Drainville : Alors, oui, bien,
enfin, je ne sais pas si ça vous satisfera, mais c'est un canevas, tiens, que
vous pourrez trouver, que je pourrai, si vous le voulez aussi, déposer devant
cette commission. Alors, c'est... On a écrit... En fait, j'ai écrit, moi, aux
centres de services scolaires pour leur rappeler que je souhaitais qu'ils
mettent en place des entrevues de départ. Et donc nous avons développé, avec la
Fédération des centres de services scolaires du Québec, un canevas avec les questions, par exemple : les raisons de
votre départ, les facteurs qui l'ont influencé, quelles étaient vos relations avec les collègues, est-ce
que vous avez des suggestions d'amélioration, est-ce que vous avez des commentaires à faire sur le style de gestion,
quel... vous allez quitter pour un autre emploi, oui, bien, pour lequel? Tu
sais, donc, des informations sur le prochain
emploi, donc, les... Oui, oui. Non, mais c'est très complet. On pourra le
dépasser... on pourra...
• (16 heures) •
La Présidente (Mme Dionne) : Vous
allez déposer le canevas, M. le ministre?
M. Bérubé : ...déposer? Très bien.
La Présidente (Mme Dionne) : Parfait.
Merci. Poursuivez, M. le député.
M. Bérubé : Merci. Il sera déposé.
Évidemment, il va falloir compiler et colliger ces données. On n'a pas besoin
de nominatif pour des raisons évidentes, mais faire des catégories de départ
parce que ça peut varier. Ça peut être des raisons de santé, ça peut être que
quelqu'un se part une entreprise. Il y a toutes sortes de raisons. Alors,
juste, ne serait-ce pour la recherche, d'être capable d'en savoir plus, ce
serait une indication, parce qu'évidemment, si on recrute des enseignants,
c'est parce qu'il en manque, puis les... ceux qui sont déjà là, bien, si on
peut les retenir, mais pour qu'ils soient heureux, pas juste pour les retenir,
c'est très souhaitable.
O.K.,
les écoles religieuses, vous savez, là, la fameuse question qu'on lui a posée à
Tout le monde en parle, là, sa réponse ne m'a pas convaincu.
Alors, je vais la reposer.
M. Drainville : ...ne vous a pas
convaincu. Ce n'est pas la première fois que je ne vous donne pas la réponse
que vous souhaiteriez obtenir, mon cher monsieur.
M. Bérubé : Bien, il y a bien des questions
que j'aimerais lui poser, mais ça vaudrait mieux en privé.
M. Drainville : Quand vous voudrez.
M. Bérubé : Très bien. Alors, à bon
entendeur, salut. Dans les questions de l'opposition officielle, on pose la
question... par exemple, on veut la liste des écoles à vocation religieuse
subventionnées, d'accord, la liste des écoles à vocation religieuse non subventionnées
et le montant total, ventilé par école, de la subvention versée aux écoles
religieuses. Ça, c'est les trois questions qui ont été abordées.
Réponse :
le ministère ne détient pas cette information. Alors là, je suis étonné.
Comment se fait-il que le ministère ne
sait pas quelles écoles sont religieuses, quelles écoles sont subventionnées,
quelles écoles sont non subventionnées, mais que l'argent continue d'être envoyé? On fonctionne comment, par
tirage? Je veux dire, on ne peut pas... Je suis pas mal sûr que c'est
une erreur. Je vais mettre ça sur le dos que c'est une erreur, là, mais le
ministère, là, le ministre, la sous-ministre ne savent pas ça...
M. Drainville : Bien, c'est-à-dire
que ce n'est pas une question qui est facile à répondre, M. le député.
Qu'est-ce que c'est qu'une école religieuse dans votre esprit? Comment vous la
définissez, vous, l'école religieuse?
M. Bérubé : Si je peux donner un
élément, une école où il y a de l'enseignement religieux et des pratiques explicites. C'est la définition, en principe, de
votre ministère. Il y en a une dans votre comté, d'ailleurs, qui est
catholique. Vous la connaissez.
M. Drainville :
Alors, ce qu'on a dit sur les
écoles privées... D'abord, je prends bonne note de votre définition.
L'enjeu, évidemment, c'est que votre définition n'est pas nécessairement la
définition. Alors, pour pouvoir établir exactement
combien d'écoles religieuses il y a, il faut d'abord s'entendre sur une
définition de ce que c'est qu'une école religieuse. Est-ce qu'une école,
par exemple, qui a un héritage religieux, est-ce que c'est une école
religieuse? Est-ce qu'une école privée qui comporte des signes religieux, des
anciennes sculptures du temps où c'étaient les frères ou les
soeurs qui dirigeaient, est-ce que ça, c'est une école religieuse? S'il y a une
référence aux valeurs... à des valeurs chrétiennes,
par exemple, dans les documents qui créent l'école, est-ce que ça, c'est...
est-ce que ça en fait une école religieuse?
La définition d'une
école religieuse n'est pas nécessairement la même pour chaque personne. Et ce
que nous avons dit, nous, Mme la Présidente,
c'est que nous allions renforcer la laïcité dans les écoles publiques qui
accueillent, je vous le rappelle, 90 % de tous les élèves au Québec et
que, dans un deuxième temps, nous allions effectivement travailler sur la place
du religieux dans les écoles privées, y compris les écoles privées religieuses,
et donc on aura l'occasion, Mme la Présidente, de se reparler de ce dossier-là.
On va d'abord
adopter, on l'espère, le projet de loi n° 94. Là-dessus, je pense qu'on
peut compter sur l'appui du député de Matane-Matapédia. Ce qui ne veut pas dire qu'il est d'accord avec tout, mais je pense
que, sur le principe, il est en appui, ce qui n'est malheureusement pas
le cas pour Québec solidaire et le Parti libéral. Mais on espère quand même
que, même s'ils sont contre, qu'ils ne vont pas nous bloquer, puis on va
pouvoir cheminer, puis renforcer la laïcité puis l'égalité hommes-femmes dans
nos écoles, puis éviter que d'autres Bedford se produisent.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Merci.
M.
Drainville : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, restons sur le sujet.
M.
Drainville : ...dans un deuxième temps, les écoles privées, y compris
religieuses.
M. Bérubé : Parce
que tant qu'à aborder les questions de laïcité, comme on le fait présentement
avec l'école, on le fait même par législation. Pourtant, il y a plein de gestes
que le ministre peut faire de lui-même. Il a envoyé une consigne à toutes les
écoles pour mettre fin aux lieux de prière, et je l'ai félicité pour ça, il n'a
pas eu besoin de légiférer. Il y a plein de choses qu'il peut faire sans
légiférer.
La question des
écoles religieuses m'apparaît anachronique. Ça m'apparaît anachronique de ne
pas se pencher là-dessus, si on fait tout le
reste. Et ces écoles, elles sont de toutes confessions, elles sont catholiques,
elles sont juives, elles sont
musulmanes, elles sont orthodoxes. Il y en a pour tout le monde. Certaines
écoles ont un héritage, bien sûr, le bâtiment,
par exemple, mais il y a des écoles où il y a de la prière. Il y a des écoles
où on utilise des manuels scolaires orientés
sur des théories assez fumeuses. J'en ai une devant moi, là, dans Chaudière-Appalaches, là, que je lui fournirai, qui
s'appelle ACE, Accelerated Christian Education, là. Elle n'est pas financée,
mais on accepte ce programme-là. Église-École Alpha Oméga, je ne sais
pas s'il la connaît, mais nous, on la connaît. Donc, c'est un exemple.
Donc, ma proposition,
je suis surpris qu'il n'y ait pas de définition des écoles religieuses,
j'invite le ministère à s'en donner une. Ensuite, je l'invite à retrouver les
écoles qu'il finance qui sont religieuses, parce qu'il y en a plusieurs. Puis ils sont visités par des députés,
régulièrement, qui participent à des activités, à des visites éducatives,
et tout ça. Je suis assez convaincu que ça
existe quelque part. Et enfin, j'invite le ministre à porter un regard sur
comment on peut s'assurer d'une plus grande laïcité de notre école, ce qui est
l'objectif que le ministre poursuit, avec ces écoles qui ne sont pas si privées que ça, dans bien des cas. Si c'était privé,
ce serait 100 % de financement du privé. Or, ce n'est pas le cas. Moi, je n'ai pas d'école privée sur
mon territoire. Si j'avais des enfants qui y allaient, on financerait
doublement. Mais là tout le monde finance les écoles privées, puis il n'y en a
pas partout, ce n'est pas un choix pour tout le monde. Donc, il me semble qu'il
y a un manque, là. Est-il d'accord avec ça qu'il faudrait regarder ça?
M.
Drainville : Bien, ce avec quoi je suis d'accord, Mme la Présidente,
c'est que ce débat-là est légitime. Les questions que pose le député sont tout
à fait légitimes. Et... pardonnez-moi, le ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de plein d'autres responsabilités, et moi-même, nous nous
sommes vu confier un mandat, par le premier
ministre, de regarder la place du religieux dans le système scolaire. On a
décidé de commencer, comme il se doit, par le système public, le système
privé suivra.
Je rappelle, Mme la
Présidente, que toutes les écoles privées doivent respecter le régime
pédagogique, le Programme de formation de l'école québécoise. Donc, les
contenus qui sont enseignés dans ces écoles-là doivent respecter le contenu
prévu par le ministère de l'Éducation.
Maintenant,
il y a de véritables enjeux, et on a l'intention de se pencher là-dessus. Et je
vois bien, je l'ai constaté déjà depuis un certain temps, que le député
de Matane-Matapédia souhaitera faire sa contribution lorsque nous allons
aborder cette question des écoles privées.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Merci. Poursuivez, M. le député.
M. Bérubé : Vous
pouvez... Le ministre peut compter sur nous. C'est un enjeu de cohérence. On ne
peut pas être seulement laïque dans certaines postures et pas pour tout le
monde. C'est une cohérence que nous, on a et qu'on souhaite partager avec le
ministre.
Le ministre a parlé
des classes d'accueil tout à l'heure. Alors, les classes d'accueil, elles sont
nécessaires. Notre capacité d'accueillir
convenablement les enfants, les élèves qui viennent chez nous, c'est une
obligation, et on le fait avec professionnalisme. Ceci étant dit, c'est
une pression sur le réseau pour les enseignants, enseignantes, pour la capacité
d'accueillir dans les écoles. Il y a un coût. Je demande régulièrement au
ministre de me donner un chiffre à jour.
C'est lié notamment au fait, et le ministre en conviendra, que le Québec ne
contrôle pas 100 % de son immigration. On ne contrôle pas
100 % de notre immigration.
M.
Drainville : Ça, c'est factuel.
M. Bérubé : Il
y a une façon d'y arriver, mais il y a renoncé. On est rendu à combien de
classes en date, à peu près, là, de ce
mois-ci, puis c'est quoi, les frais? Parce que je sais, par exemple, que, pour
les maternelles quatre ans, ça a eu un impact. Il a fallu qu'ils
freinent, parce qu'il y a une question d'espace puis de ressources. Donc, ça
n'a pas besoin d'être très long. Est-ce qu'on a le nombre de classes puis le
montant?
M. Drainville :
Bien, vous posez une excellente
question, puis effectivement on a les chiffres. Alors,
2 000 classes dans les écoles
primaires. D'abord, je rappelle le chiffre, là, on a augmenté le nombre
d'élèves. Entre le 30 septembre 2018 et le 30 septembre 2024,
hausse nette d'élèves inscrits, c'est 109 292, c'est facile à retenir,
100 000. La moitié sont nés hors du Canada, l'autre moitié, ce sont des élèves
qui sont nés ici, au Québec, donc ce sont des petits Québécois, mais dont l'un ou l'autre des parents était né
hors Canada. Bon, très bien, puis d'ailleurs, même ceux qui ne sont pas
nés au Canada, dans mon esprit, ce sont des petits Québécois aussi, je tiens à
le dire.
Maintenant,
sur... alors, 100 000. Voyons maintenant combien de classes on a ouvertes,
parce que c'est ça, votre question. Alors, si on prend, là, les chiffres
bruts, là, vous voulez que j'y aille avec des chiffres arrondis...
• (16 h 10) •
M. Bérubé : Bien,
c'est juste une question...
M. Drainville :
...on a ouvert
2 000 classes dans les écoles primaires puis on a ouvert
700 classes préfabriquées, O.K.?
Donc, ça, là, ça correspond à 41 900 élèves, 41 900 places.
Et on a ouvert 46 000... il ne faut pas que je me mélange, on a
ouvert 28 500 places dans les écoles secondaires et
24 650 places dans les classes préfabriquées du secondaire...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Merci. Il reste moins d'une minute.
M.
Drainville : ...donc 116 400 au total.
M. Bérubé : Il
me reste une question. Merci. Puis c'est apprécié, donc...
La Présidente (Mme
Dionne) : Il vous reste moins d'une minute, M. le député.
M. Bérubé : O.K.
Des parents m'ont demandé de vous poser... de poser la question au ministre,
des enfants de l'école Centennial, et leurs parents sont inquiets. J'ai appris
qu'une aide d'urgence de 900 000 $ a été versée ce matin. Je ne sais pas si l'information est juste.
Est-ce qu'un financement leur permettra de poursuivre leurs activités à partir de cet automne? Une école montréalaise qui
s'appelle Centennial, c'est des parents de cette école qui m'ont
interpelé.
M.
Drainville : Alors, c'est 900 000 $ que nous avons accordés
en aide financière d'urgence.
M. Bérubé : D'urgence.
M. Drainville :
Votre information est bonne.
Cette aide financière est accordée avec la condition suivante : il
faut que l'administration de l'école nous
présente un plan de redressement pour rétablir la santé financière de
l'établissement. Et donc ils doivent nous revenir avec un plan de redressement
ainsi que des mesures d'économie.
M. Bérubé : Il n'y a pas une question aussi d'équité entre le
secteur anglophone et francophone qui permettrait en partie de régler
cette question-là?
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, M. le député. C'est malheureusement tout le temps que nous
avons. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
pour 17 minutes.
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Ça tombe bien, M. le ministre,
c'est sur le même sujet que Centennial.
Comme vous le savez, c'est 300 élèves avec des besoins particuliers qui
n'ont pas de plan B, si le gouvernement ne vient pas à la rescousse
pour leur aider, pour sauver l'école. Ça fait que, oui, le 900 000 $
qui a été accordé ce matin... Mais
honnêtement, c'est... ça pose des dilemmes, parce que le 630 000 $,
c'est bien, c'est le premier versement, mais pour avoir le deuxième versement, le 270 000 $, ils
doivent vous fournir le plan de redressement d'ici le 15 mai. C'est
très peu de temps. Puis j'ajoute à ça, c'est écrit «sans soutien financier
additionnel».
Est-ce que ça, ça
veut dire que vous écartez la seule option pour eux de sauver le côté
francophone de leur école, et cela, c'est d'extensionner l'agrément?
M.
Drainville : Sans soutien financier additionnel, ça, c'est pour l'an
prochain.
Mme
Maccarone : Oui, mais sans soutien financier, est-ce que ça, ça veut
dire que l'agrément, on ne prend pas ça en considération? Parce qu'on se
comprend, avec un agrément, ça veut dire que le gouvernement va quand même
financer une portion des études.
M.
Drainville : Il n'y a pas d'agrément pour le secteur francophone
présentement. Il n'y a pas eu de nouvel agrément pour des écoles privées au
Québec depuis 2008, et ce n'est pas dans notre intention d'en accorder de
nouveaux, que ce soit francophone ou anglophone.
Mme Maccarone :
Mais ils ne vous demandent pas un
nouveau. Eux, ce qu'ils demandent, c'est une extension de l'agrément qui est présentement en place pour
le secteur anglophone pour aider les élèves francophones qui font partie
de l'autre 50 % de l'école. C'est la même direction d'école, c'est les
mêmes professeurs, c'est les mêmes espaces communs,
c'est le même bâtiment. Alors, nous, ce qu'on vous demande, c'est de faire une
extension. Il y a plein de parents de Centennial qui sont avec nous
aujourd'hui, qui sont derrière vous, entre autres, qui souhaitent avoir une
réponse à la positive, parce qu'encore une fois, je répète, on n'a pas de
plan B pour ces enfants avec des besoins particuliers. Vous le savez sans doute, le changement, pour eux,
représente un énorme stress, non seulement pour les enfants, mais aussi
pour les familles. De les déraciner, ça veut dire que leur réussite scolaire
est à risque. Puis c'est une école, entre autres, qui a une réussite scolaire,
encore une fois, pour les élèves avec des besoins particuliers, de 85 %.
C'est une école à reproduire, pas à détruire. Alors, est-ce que vous allez
faire une extension de l'agrément pour sauver l'école?
M. Drainville :
Écoutez, Mme la Présidente,
d'abord, je salue les parents, là. J'imagine qu'ils sont juste derrière
moi. Je les salue. Je les ai déjà rencontrés, en tout cas, pour certains
d'entre eux. J'imagine que c'est leur deuxième visite, et puis la première s'était très bien passée, puis il y avait
des enfants également qui accompagnaient les parents lors de la première visite. Et Mme la députée,
d'ailleurs, était là, Mme la députée qui fait très bien son travail dans ce
dossier-là.
Maintenant, Mme la
Présidente, on est en discussion avec Centennial. Je pense qu'il faut d'abord
se réjouir du fait que cette aide d'urgence
a été accordée. Je pense que, là-dessus, la députée est sans doute heureuse. Ça
va... Cette aide d'urgence va
permettre à l'école, donc, de terminer son année scolaire sans s'inquiéter pour
les enfants. Donc, ça, c'est pour... c'est pour les enfants que l'école
existe, cette école et toutes les autres, donc je pense qu'il faut penser à
eux. C'est à eux que j'ai pensé quand j'ai pris la décision de donner cette
aide d'urgence.
Maintenant, Mme la
Présidente, pour la suite des choses, nous sommes en discussion avec la
direction de l'école Centennial. Le bilan
financier, la santé financière de cette institution est très fragile, et ce que
nous demandons à l'école, c'est de nous revenir avec un plan de
redressement. Et, si c'est... si ce n'est pas trop demander à la députée de Westmount—Saint-Louis, j'aimerais me limiter dans mes commentaires. Je ne veux pas, compte
tenu du fait que c'est... on est en
discussion, compte tenu du fait que ça reste fragile, j'aimerais qu'on se
limite un petit peu dans nos commentaires publics sur ce dossier-là par
respect, justement, pour les enfants et pour les parents qui sont dans ce
dossier-là.
Mme Maccarone :
J'accepte. Et je sais que le ministre est sensible à ce dossier. Je sais qu'on
partage les mêmes préoccupations, puis c'est de protéger les enfants avec des
besoins particuliers. Cela étant dit, c'est sûr, le 630 000 $, ce n'est pas assez pour terminer l'année
scolaire. Ils ont besoin de 900 000 $ pour terminer l'année scolaire. Ça fait
que, si vous n'approuvez pas le plan de redressement qu'ils vont vous fournir
sans faute le 15 mai, ils vont tout faire pour rejoindre vos critères, si
vous n'approuvez pas ce plan, bien, c'est clair, ils vont être en manque de 270 000 $
pour terminer l'année.
Alors, je vous
entends. Moi, je garde l'espoir que, dans les négociations puis les
conversations que vous aurez avec l'école,
que vous prenez en considération que l'agrément, l'extension de l'agrément,
c'est vraiment la seule et unique chose que nous pouvons faire pour
sauver l'école, encore une fois, on répète, comme mon collègue a dit, pour le
côté francophone, pour avoir une équité pour la communauté francophone. Sinon,
vous savez qu'est-ce qu'ils vont faire, ils vont tous demander des dérogations
pour aller dans l'école anglophone, qui n'est pas la francisation de... ce que
nous souhaitons. C'est des élèves, encore une fois, je répète, ils n'ont pas de
plan B parce que...
Je ne sais pas si
vous, vous avez un plan. Si, mettons, l'école ferme, vous savez qu'ils vont
retourner dans l'école publique. Ce n'est pas des familles qui ont des grands
moyens, ils font tout pour envoyer leurs enfants là-bas, puis ça coûte, à notre
réseau public, un minimum de 20 000 $ par élève. Alors, d'accorder
l'extension de l'agrément, dans le fond, ça représente une épargne. Alors,
merci, M. le ministre. J'espère que nous pourrions continuer.
Pour
l'école FACE, M. le ministre, je sais que nous avons déjà discuté de ceci
aussi. Moi, je souhaite savoir... parce que le déménagement permanent de
FACE, honnêtement, sans le consentement des parents, c'est vraiment une rupture
de confiance pour cette communauté. C'est une école qui est un autre modèle à
reproduire, avec un taux de réussite, encore une fois, exemplaire. Scinder
l'école, c'est vraiment l'équivalent de mettre fin à leur mission.
Alors, moi, je
souhaite savoir si vous êtes prêt à réviser votre décision et collaborer avec
l'école afin de trouver une solution pour qu'elle puisse demeurer intacte dans
son bâtiment actuel.
M. Drainville :
Bon, alors, Mme la Présidente, d'abord, l'école FACE, on le sait, c'est
une école à laquelle sont attachés beaucoup, beaucoup d'enfants qui l'ont
fréquentée et qui sont devenus aujourd'hui des adultes, dans certains cas, des
parents qui envoient eux-mêmes leurs enfants à l'école FACE, tellement ils
ont été marqués par l'éducation qu'ils ont reçue dans cette école qui, je le
rappelle, a pour vocation de faire en sorte que les enfants baignent dans les beaux-arts. Les enfants qui vont
là, là, ils apprennent à chanter, à danser, et ils le font dans un
milieu qui est, je vais le dire comme ça,
mais bilinguistique. Je ne dis pas bilingue, parce que les élèves qui
apprennent en français ont leur enseignement en français, et les élèves
qui sont anglophones vont dans une classe en anglais.
Donc, c'est une école
d'où nous arrivent des élèves à la fois du centre scolaire... centre de
services scolaire de Montréal et du English Montreal School Board. Et ça aussi,
ça contribue à la richesse de l'univers FACE. Donc, ça
veut dire que dans la cour d'école, par exemple, il y a des petits anglophones
puis des petits francophones qui se côtoient, puis ça aussi, ça participe de la
grande richesse de FACE.
Ce qui s'est passé avec FACE...
• (16 h 20) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci.
M. Drainville : Il me reste...
La Présidente (Mme Dionne) : Je
vais laisser poursuivre Mme la députée.
M. Drainville : Bien non, mais
je suis en train de donner la réponse.
Mme Maccarone : Non, mais c'est parce que c'est très long, mais
j'ai très peu de temps, M. le ministre. Alors, je veux juste savoir...
M. Drainville : ...
La
Présidente (Mme Dionne) :
Un instant. Oui, c'est juste que les questions et les réponses sont importantes. On
essaie d'être... d'avoir le même ratio de temps. Merci. Poursuivez, Mme la
députée.
Mme Maccarone : Je veux juste savoir si vous êtes ouvert à avoir
une autre discussion pour sauver le bâtiment, parce que sinon ça va devenir une autre académie Bourget sur la rue de
la Montagne, qui est un autre bâtiment centenaire abandonné. Ce n'est
pas bon pour le quartier de Milton Park, ce n'est pas bon pour la
communauté de FACE. Ils souhaitent rester... le bâtiment. Ce que vous soulevez,
oui, c'est vrai, c'est un bijou, c'est à reproduire, mais de les scinder, ça...
vraiment, ça va tout écarter la mission de l'école. Ça fait qu'eux, ils
souhaitent avoir une autre solution, un plan B pour eux.
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, je vais aller direct au but, puisque c'est ce qu'on me demande. Le
coût de rénover FACE est devenu hors de prix. On est rendus à un projet de
600 millions, si on inclut les deux écoles transitoires. Et donc, la décision responsable, je pense, que nous avons
prise, c'est de faire en sorte que les deux écoles, qui devaient être
des écoles transitoires, deviennent des écoles permanentes, l'une pour les
élèves de FACE primaire, l'autre pour les
élèves de FACE secondaire. C'est des écoles qui vont être entièrement rénovées.
Le caractère bilingue ou biculturel de l'école sera préservé sur les
deux campus, et donc on préserve l'essentiel de la mission de FACE. Enfin, on préserve l'essence même de FACE,
mais dans deux nouveaux édifices qui vont quand même, pour l'un d'entre
eux, être rénové au coût de 55 millions, et l'autre au coût de presque
150 millions.
Ce n'est pas comme si on laissait tomber les
élèves de FACE. Ce n'est pas comme si on laissait tomber les familles de FACE.
On va procéder à des investissements très importants, mais, oui, ça va nous
coûter 200 millions pour deux écoles
complètement rénovées, plutôt que 600 millions, au total, si on inclut le
375 millions, là, de FACE... de l'édifice FACE.
Mme Maccarone : Leur demande, c'est
de prendre le 200 millions puis l'investir dans le bâtiment, sur leur
université, parce que, pour vrai, je comprends ce que vous dites, mais...
M. Drainville : ...comment on
regarde ça, Mme la députée, on était à 600 millions et on a jugé...
Écoutez, il y a tellement, là... depuis ce matin, là, on me questionne sur le
fait qu'on n'en met pas assez, là, puis qu'on n'investit pas suffisamment, puis
qu'il y a des écoles qui sont mal en point. Bien, à un moment donné, il faut
partager les sommes que nous avons, les
ressources limitées que nous avons, faire en sorte qu'on prenne les meilleurs
choix possibles pour que le maximum
d'élèves en profitent. Et on a décidé que, plutôt que de mettre
600 millions dans l'école FACE, on allait mettre 200 millions dans deux écoles fraîchement rénovées,
puis l'argent qu'on ne mettra pas dans ce projet, bien, on pourra le
partager avec d'autres projets et pour d'autres projets d'école. C'est la
responsabilité de gouverner, ça, Mme la députée.
Mme Maccarone : Comme une école au
centre-ville de Montréal, publique, francophone, parce qu'on n'a aucune école
primaire ou secondaire au centre-ville de Montréal.
M. Drainville : Je suis conscient de
ça, Mme la Présidente.
Mme Maccarone : Merci. C'est beau,
Mme la Présidente. Je cède la parole à ma collègue.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont,
vous pouvez poursuivre.
Mme
Setlakwe : Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous tous. Bonjour, M.
le ministre. À mon tour de faire un
plaidoyer, porter ma voix, ajouter ma voix à celle des élus locaux, municipaux
à Montréal, dont la mairesse de Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, Gracia Kasoki Katahwa. On
attend une école dans Mont-Royal—Outremont, qui inclut aussi le secteur
Côte-des-Neiges. Le secteur Le Triangle, qui est près de Mountain Sights,
est un nouveau secteur, un microquartier qui est développé. Il y a des... il y
a 1 000 ménages qui se sont établis depuis une douzaine d'années.
C'est un... ça suit la vision de... ville de Montréal de densifier ce secteur.
Ils ont réussi, le secteur a été revitalisé, développé. Les familles sont là.
Ils attendent une école, M. le ministre. L'école est prévue au PQI depuis, bon,
2020‑2030. L'école devait être construite pour 2026, il y a eu un report pour
2027, et là on a appris, en début d'année, que l'école est mise sur pause. Il
n'y a aucune prévisibilité.
Écoutez,
ces familles habitent... l'emplacement de l'école est tout près des familles,
et, en ce moment, les familles, les écoles... doivent se déplacer vers
l'école de référence, l'école des Nations, où ils doivent traverser Jean-Talon,
artère avec six voies, il y a deux passages piétons. Ce n'est pas sécuritaire,
à tel point que les familles ne sont pas à l'aise
d'envoyer leurs enfants à pied. Ça, c'est ce qu'on veut au Québec, hein, dans
les quartiers, avoir un accès facile à l'école de quartier. Là, ils
prennent la voiture, ce qui n'est pas souhaitable, ou c'est le service
d'autobus qui engendre des frais importants. Et, pire encore, M. le ministre,
il y a des familles qui choisissent d'envoyer leur enfant au privé.
Là, on parle d'un
nouveau secteur à Montréal, dans le... dans ma circonscription, Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce...
l'arrondissement de Montréal, c'est l'arrondissement Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce
à Montréal, dans ma circonscription de Mont-Royal—Outremont, qui inclut aussi le secteur Côte-des-Neiges, densément peuplé,
riche de sa diversité, toutes ces nouvelles familles, beaucoup de nouveaux
arrivants.
Permettez-moi, en
rafale, là, d'ajouter des éléments à mon plaidoyer. J'ai parlé du fait que
c'était difficile, pas sécuritaire pour les enfants de s'y rendre.
L'emplacement qui est prévu, donc, qui est à proximité immédiate des familles, en particulier celles à faibles revenus
de l'avenue Mountain Sights... Toutes les étapes préalables à la
réalisation du projet ont été complétées.
L'acquisition du terrain par la ville, c'est fait, démolition du cégep,
décontamination du site, transfert du terrain au centre de services
scolaire de Montréal. Les plans architecturaux pour la nouvelle école sont prêts. D'ailleurs, au PQI, on avait prévu
24 classes. Ça a été augmenté depuis à 26 classes, pour vous montrer
à quel point les besoins sont
importants, les besoins sont là. Il faut leur offrir, à ces familles, une
éducation gratuite, de proximité et accessible.
C'est vraiment devenu une priorité. Plus on retarde, plus ça va coûter cher.
L'école de référence, l'école des Nations déborde. Comme je vous dis,
les enfants doivent se déplacer trop longuement, ce n'est pas sécuritaire pour
eux. Et, s'ils s'en vont vers le privé, là, c'est un échec de société. Les
familles vont même quitter possiblement le quartier. C'est ce qui a été
mentionné à la mairesse.
Alors, voilà,
j'aimerais vous entendre réagir à mon plaidoyer. Encore une fois, l'école des
Nations, qui est l'école de référence, déborde, 530 élèves, pleine
capacité. On parle d'une hausse, pour la prochaine année scolaire, de
61 élèves, qui est prévue. Il y a deux classes régulières supplémentaires,
donc, qui sont nécessaires, ce qui va impliquer qu'on va manquer d'espace. Il y
a déjà des classes modulaires sur le site.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il vous reste deux minutes, M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, vous plaidez très bien, Mme la députée.
Mme Setlakwe :
...entendu ce matin, dans
l'échange avec le député de Jean-Lesage, vous mentionniez les critères qui étaient
utilisés pour la priorisation des dossiers.
M.
Drainville : Vous trouvez que votre école rencontre tous les critères,
c'est ça?
Mme
Setlakwe : Je pense qu'on rencontre tous les critères.
M.
Drainville : Oui. Alors, écoutez, votre école, si je peux l'appeler
ainsi, est effectivement sur pause, fait partie
des écoles qui ont été mises sur pause, vous avez raison. Et tout ce que je
peux vous dire, Mme la députée, c'est que votre école reste inscrite au
PQI, donc les besoins sont toujours reconnus, la priorisation est toujours là,
et, dès qu'on aura les disponibilités
budgétaires pour pouvoir le faire, on va pouvoir réactiver certains de ces
projets en fonction des critères
objectifs dont on a parlé ce matin. Et, à ce moment-là, dépendamment de l'évaluation
qui serait faite, en fonction des
critères objectifs dont je vous parle, bien, à ce moment-là, éventuellement,
les travaux pourront se faire à votre école. Mais je ne suis pas en mesure de vous dire, Mme la députée, quand ce
sera possible de réactiver les travaux pour l'école. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le projet
est au PQI, donc les besoins sont reconnus, et on attend les
disponibilités financières pour être capable de réactiver les projets d'école
comme celui de votre comté, de votre circonscription.
La Présidente (Mme
Dionne) : Il vous reste 30 secondes, Mme la députée.
Mme Setlakwe :
Merci. Bien, écoutez, je regarde
les critères qui ont été mentionnés : l'espace, l'évolution de l'effectif, on le rencontre, croissance de la
population, développement immobilier, ça a été fait. Vous savez, quand
on veut réussir un nouveau quartier, on
parle de densifier, il faut que ça se fasse de façon intelligente. Je suis une
ancienne élue municipale. On ne peut
pas juste construire des logements et que ça ne vienne pas avec les services
qui sont nécessaires pour les familles, pour les nouveaux résidents. Et
une école, bien, ça fait partie, forcément, des services qui sont nécessaires
quand on développe un nouveau quartier.
M. Drainville : C'est pour ça qu'on
demande aux municipalités, avant de permettre le développement immobilier,
assurez-vous de garder un terrain pour l'école.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Merci. Alors, c'est tout... c'est
ce qui complète cet échange. Je cède maintenant la parole à M. le député de Côte-du-Sud,
donc, pour 17 minutes.
• (16 h 30) •
M.
Rivest : Merci. Merci, Mme la Présidente. M. le ministre, à
l'ensemble de votre équipe, merci. Tout un travail, ce travail sur les
crédits. Vous savez, on commence à se connaître davantage, vous et moi, et vous
savez comment il est important pour moi, oui, de parler de réussite scolaire,
mais de parler d'un de ces piliers-là, non seulement de la réussite scolaire,
mais aussi de notre identité collective. Je parle de la maîtrise du français.
Donc, j'aimerais ça pouvoir échanger avec vous
ou connaître davantage les investissements, par exemple, des dernières semaines, des derniers mois, je vous
dirais, les investissements plus récents qui ont été mis sur pied, qui
sont aussi en cohérence avec l'ensemble par... entre autres le projet de loi
n° 94 et l'ensemble des éléments qu'on met sur pied actuellement pour
valoriser la langue française, d'en prendre soin et s'assurer qu'elle serve à
tous au Québec.
Donc,
pouvez-vous me donner quelques exemples des investissements des derniers mois,
peut-être même de la dernière année, en lien avec ce qui est apporté à
nos écoles sur la maîtrise du français?
M.
Drainville : Bien, ça va me faire plaisir de répondre à votre
question. Là, je veux juste m'assurer, Mme la Présidente, puis je
m'adresse en particulier au député de Matane-Matapédia, tout à l'heure, j'ai
donné des chiffres, mais je veux vraiment m'assurer de lui avoir donné les bons
chiffres.
Donc, au primaire, là, au primaire, nous avons
créé 63 250 places. Ça, c'est 2 000 classes dans les écoles
primaires et 700 classes préfabriquées.
Donc, 2 700 classes... 2 750 classes, multipliées par
23 élèves par classe en moyenne, ça fait 63 250 places au
primaire. Et nous avons créé 53 150 places au secondaire... ça, c'est
les écoles secondaires, 28 500 places dans les écoles secondaires et
24 650 places, au secondaire, dans des classes préfabriquées. Donc, 53 150 plus 63 250, ça fait bien
116 400 nouvelles places que nous avons créées. Et, pour l'essentiel,
ce sont des élèves soit de première ou de deuxième génération, des
petits Québécois de première ou de deuxième génération. Je voulais juste être
sûr que j'avais donné les bons chiffres.
M. le député de Côte-du-Sud... D'abord, Mme la
Présidente, oui, M. le député de Côte-du-Sud et moi-même avons passé des beaux
moments ensemble. On est allés notamment célébrer une fête qui n'est presque
plus célébrée au Québec, à L'Isle-aux-Grues...
Une voix : ...
M.
Drainville : Absolument, le paradis de Riopelle. On a eu
l'occasion d'aller voir où Riopelle a peint ce grand symbole de notre culture québécoise. Et donc le
député de Côte-du-Sud, c'est un amant de la culture québécoise, et donc je ne suis pas du tout surpris qu'il me pose une
question sur le français et l'avenir du français. D'abord, je pense
qu'on partage la même préoccupation, vous et
moi, M. le député, sur le fait que le taux de réussite à l'épreuve
ministérielle du français, cinquième
secondaire... malheureusement, le taux de réussite est à la baisse, c'est
extrêmement inquiétant. Puis je vais
vous dire franchement, c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait du
français l'une de mes priorités, quand je suis arrivé comme ministre de l'Éducation, donc la maîtrise du français,
l'apprentissage du français, l'enseignement du français. Et l'une des
premières décisions que nous avons prises, dans le dossier du français, ça a
été de décider de réformer, de moderniser le cours de français langue
d'enseignement.
Ça fait 25 ans que le cours de français,
dans nos écoles québécoises primaires, secondaires, ce cours-là n'a pas été
modernisé. Et donc l'une des premières décisions que nous avons pris comme
gouvernement, ça a été... l'une des premières décisions que nous avons prises,
dis-je bien, ça a été de moderniser le cours de français. Et donc les personnes
sont à pied d'oeuvre, présentement, les spécialistes sont à pied d'oeuvre. Ils
nous ont fait une présentation, la semaine dernière,
d'ailleurs, et donc on les rencontre assez régulièrement. Et donc on est
optimistes que nous allons être en
mesure, Mme la Présidente... nous allons être en mesure de donner un nouveau
cours de français, d'enseigner un nouveau cours de français de façon
facultative, lors de la prochaine rentrée scolaire, et de façon obligatoire
pour la rentrée scolaire 2026, donc, un
cours de français mis à jour, qui puise dans les connaissances les plus
récentes, dans la science de l'éducation la plus moderne possible pour
faire en sorte, justement, qu'on ait un enseignement du français qui soit le
plus efficace possible.
Puis une des
orientations que j'ai données, puis ça, je pense, ça va vous intéresser, M. le
député de Côte-du-Sud, une des orientations que j'ai données aux
experts, donc, qui se penchent sur la réécriture, si on peut dire, du cours de
français, ça a été de dire : S'il vous plaît, puisez dans la culture
québécoise pour enseigner la langue, puisez dans la chanson québécoise, puisez
dans la littérature québécoise, dans la littérature jeunesse, dans les séries
télévisées, dans le cinéma québécois, bref dans notre âme culturelle, pour
enseigner la langue française.
Et donc, ce faisant, on fait d'une pierre deux
coups : on enseigne la langue et ses règles et aussi on expose nos
enfants, nos élèves à la beauté de notre culture. Puis on le sait, vous avez
des enfants, j'en ai, ils sont très souvent sur
les plateformes anglophones. Ce n'est pas toujours évident de les exposer à la
culture québécoise. Et moi, je disais... je trouvais que c'était une
bonne idée de prendre ce chemin-là. Et puis effectivement la construction qui
est en train de se faire va nous permettre, tout en enseignant le français avec
ses règles de grammaire, de syntaxe, et tout le reste, d'exposer également les
élèves à la culture québécoise. C'est le programme qui est en construction
présentement.
Par ailleurs, on
avait pris un engagement, comme formation politique, de donner une aide
financière aux enseignants du primaire pour qu'ils puissent, à chaque année,
obtenir des livres neufs dans leurs classes, et on a tenu parole. Dès la première année de ce deuxième
gouvernement, on a décidé d'aller de l'avant avec notre engagement. Et
donc c'est 300 $ par enseignant titulaire qui est accordé pour l'achat de
livres de lecture dans les classes du primaire public au Québec. Puis on le sait, la lecture,
c'est le premier déterminant de la réussite scolaire. Si tu maîtrises la
lecture tôt, tes chances de réussir à
l'école sont beaucoup plus élevées que si tu ne maîtrises pas la lecture. Ça,
là-dessus, la science est absolument formelle. Et donc cet achat de
livres est non seulement bon pour la langue, mais c'est bon pour la réussite
scolaire de façon générale.
Puis je tiens à
attirer votre attention sur le fait qu'il y a des statistiques qui sont
sorties. Le plus récent bilan Gaspard de
2024 démontre une hausse des ventes de plus de 11 % de livres
jeunesse au Québec. Puis l'une des raisons de cette augmentation du nombre de livres jeunesse vendus, c'est notre
mesure à 300 $, parce qu'on leur a dit : Le 300 $, il
doit servir à acheter d'abord et avant tout des livres québécois, francophones
aussi, des livres jeunesse.
Ensuite de ça, j'en
ai parlé tout à l'heure, on a quand même investi 54 millions pour créer le
Alloprof du français, Allofrançais. Alors, ils travaillent présentement sur une
plateforme qui va venir en aide aux enfants puis aux parents aussi qui veulent
aider l'enfant dans l'apprentissage du français. Puis on sait que ce n'est pas
toujours évident. Donc, Alloprof travaille sur une plateforme, Allofrançais,
qui va nous aider avec l'apprentissage du français pour le bénéfice de nos
élèves.
Alors, quand on met
tout ça bout à bout, M. le député, je pense qu'on peut dire qu'on prend les
moyens pour aider notre langue française. Je pense qu'on prend les moyens pour
améliorer l'enseignement, pour améliorer l'apprentissage du français. Je ne
sais pas ce que vous en pensez, là. Trouvez-vous ça intéressant, vous,
d'utiliser la culture pour enseigner la langue?
M. Rivest : Bien, bien sûr. Puis justement, je me rappelle
d'ailleurs de cette visite à L'Isle-aux-Grues et je peux vous dire qu'il
y a plein d'endroits, dans la Côte-du-Sud, qui permettent de développer sa
créativité. C'était lors de l'événement de la Mi-Carême. Puis je pense que,
lorsqu'on parle, justement, de lecture, de créativité, de développer des
éléments autant pour les jeunes que même pour les grands adultes comme nous, de
vivre ces moments-là et de le partager... on parle de notre patrimoine, on
parle...
M.
Drainville : ...
M. Rivest : Avec
un coeur de jeunesse, évidemment. Bien, je me réjouis d'abord que, dans mon
comté, il y a ce type d'événement là et je me réjouis d'entendre ce que vous
dites. Puis évidemment, vous pourrez trouver en moi un fort défenseur de mettre
notre culture québécoise dans tous les volets que vous avez dit, que ce soit la
musique, le théâtre, le chant, etc., de le mettre au coeur de la réussite
scolaire et de parler de la maîtrise de la langue française, évidemment. Je
trouve ça exceptionnel d'entendre ça. Vous avez parlé de 2024, le dernier
rapport, de voir qu'il y a des livres québécois...
M.
Drainville : ...notre périple, non?
M. Rivest : Bien,
je peux, si vous le souhaitez, mon cher...
M.
Drainville : Mais on s'est déguisés!
M. Rivest : Bien
oui, nous avons vécu une expérience extraordinaire.
• (16 h 40) •
M. Drainville : Mme la députée, on ne va pas... Mme la Présidente, on ne va pas
commencer à publier des photos de
cette soirée mémorable, mais cette fête à L'Isle-aux-Grues... il y a seulement
trois endroits au Québec qui fêtent encore ce qui était, dans le temps, une fête religieuse, mais qui est devenue
maintenant une fête de la joie, où les gens du village se déguisent et
se promènent de maison en maison. Et là les gens te voient arriver puis ils
essaient de deviner qui est la personne
déguisée. Vous comprenez bien que le député de Côte-du-Sud et moi-même, qui
n'habitions pas L'Isle-aux-Grues, on avait un petit avantage, quand
même. Alors, on a fêté ça, c'était formidable, on a eu un accueil
extraordinaire.
Puis je vous le donne
en mille, Mme la Présidente, je suis sûr que vous êtes très curieuse de
connaître la réponse à cette question : Quels sont les deux autres
endroits au Québec où on fait encore la Mi-Carême? Eh bien, la paroisse de Fatima, aux Îles-de-la-Madeleine, et
la municipalité, le village de Natashquan sur la Côte-Nord. Puis il y a
L'Isle-aux-Grues. C'est tout, c'est complètement disparu à part ça au Québec.
Ça
fait que... comprenez que, quand il m'a invité, moi, je suis ministre de Chaudière-Appalaches, j'avais besoin de changer
d'air un petit peu, il dit : On va s'installer à L'Isle-aux-Grues puis on
va faire... on va se promener de maison en maison, déguisés. Alors, mon
cher collègue nous a trouvé des costumes, il a apporté sa trompette, parce que
c'est un joueur de trompette émérite, n'est-ce pas, il a enseigné la musique,
et tout le reste, et puis on a participé à la fête de... la fête au village, si
on peut dire, à L'Isle-aux-Grues, dans le paradis de Riopelle. Parlons de
culture, Mme la Présidente, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Merci pour cette belle tranche d'histoire
intéressante.
M. Rivest : Est-ce
qu'il me reste quelque temps?
La Présidente (Mme
Dionne) : Revenons-en sur le sujet du jour. Oui, il vous reste cinq
minutes.
M. Rivest : Oui,
bien, c'est quand même un sujet fort appréciable. Et vous me permettrez, M. le
ministre, de faire une invitation aux gens
qui nous écoutent de venir participer à la Mi-Carême de L'Isle-aux-Grues et
venir nous visiter, d'ailleurs. Parce que vous savez que d'être
insulaire, c'est toute une particularité, de faire ce voyage-là. Et d'ailleurs
je salue les outils de communication de la ville de Montmagny et de la MRC de
Montmagny, qui utilisent, justement, le fait que certains étudiants de
L'Isle-aux-Grues sortent, pour aller participer à leur école, en avion, M. le
ministre. Donc, c'est assez incroyable de voir tout le travail qui est fait
partout sur tous les...
M.
Drainville : Les enfants de L'Isle-aux-Grues, mesdames et
messieurs, vont à l'école en avion. Le saviez-vous, ça?
M. Rivest : C'est incroyable.
M.
Drainville : Moi, je les ai rencontrés, ces enfants-là, là.À
tous les matins, ils montent dans un avion. Bien, on a embarqué dans l'avion, nous autres, pas le
choix, là, pour aller à L'Isle-aux-Grues, il faut... Bien, l'été, tu peux
voyager en traversier, mais bon...
M. Rivest : Mais, vous savez, ce
qu'on est en train de faire là puis de partager qu'on fait là, ça ressemble un
peu à du mentorat. Bien, j'aimerais ça sauter sur l'occasion, parce que, ce
matin, on en a glissé un mot, puis j'ai cru comprendre qu'il pourrait être
intéressant de pouvoir parler de cette mesure qui est là, en place, qui
permet... puis je pense que ça s'adresse
aussi tant au primaire, au secondaire, voire même à la formation
professionnelle, de voir quels sont... le
type d'accompagnement qui a pu être donné en lien avec le mentorat qui est
offert depuis quelque temps, finalement.
M. Drainville : Alors, ça, là, c'est
une des mesures dont on ne parle pas suffisamment. Puis je l'ai mentionné ce
matin, on parle souvent de... D'abord, on a parlé de la hausse de la
rémunération, dans le cadre de la dernière convention collective, là, je vous
le rappelle, là, la rémunération qui a connu un bond fantastique, puis on
espère, évidemment, que ça va contribuer à
valoriser l'éducation auprès des jeunes qui se demandent un peu quoi faire de
leur vie. On espère que ces conditions
salariales qui ont été améliorées vont peut-être en amener certains à se
dire : Bien, écoute, en tout
cas, ça a l'air important au Québec, l'enseignement, là, le gouvernement a
envoyé un signal très positif, et puis j'ai le goût de travailler avec
les enfants, je me sens l'âme d'une enseignante, d'un enseignant. Alors, la
rémunération, évidemment, fait partie de cette valorisation.
Mais vous avez raison de dire... le mentorat. On
investit 47 millions par année en mentorat, pour plus de 10 000 enseignants en insertion
professionnelle. Ça, c'est 10 000 enseignants qui sont en début de
carrière, pour certains d'entre eux, d'entre elles, et qui, pendant un
certain nombre d'années, vont obtenir l'aide d'une enseignante, d'un enseignant qui a de l'expérience. Alors, de la
façon que ça fonctionne, Mme la Présidente, c'est qu'on va demander, par
exemple, à une enseignante d'enseigner quatre
jours semaine, puis, la cinquième journée, elle est rémunérée pour
accompagner, comme mentor, une jeune enseignante qui vient de sortir de
l'université, pour l'aider, justement, par exemple, avec la gestion de classe,
qui n'est pas toujours évidente. Dans certains cas, le budget du mentorat va
aider également pour les enseignants non légalement qualifiés, donc les
enseignants qui n'ont pas de brevet.
Donc, c'est
un excellent programme sur lequel on ne met pas suffisamment l'emphase, par
moment. Et je suis bien content de pouvoir dire qu'on... Mais écoutez,
là, 47 millions par année en mentorat, c'est quand même un très bel investissement, puis ça s'ajoute, évidemment,
aux autres investissements qu'on a faits pour les aides à la classe,
pour transformer des contrats, des contrats
en enseignement en permanence. Donc, on a créé une nouvelle classe
d'enseignants, les E2, comme ça qu'ils les appellent dans les conventions
collectives, mais on prend des enseignants qui avaient des contrats, et on
cumule les contrats pour leur faire une tâche à temps plein, et on leur donne
une permanence. C'est une autre mesure, puis il y a le tutorat, également, dans
lequel on investit beaucoup. Ce sont des exemples, Mme la Présidente,
d'investissements que nous faisons pour valoriser l'éducation.
La Présidente (Mme Dionne) : ...M.
le ministre. Il reste une minute.
M. Rivest : Pour une question
courte, je vais laisser la parole à ma collègue de Hull.
Mme Tremblay : Alors, M. le
ministre, moi, je vais... mais, en fait, ce ne sera pas... C'est juste pour
vous remercier, M. le ministre. Je voulais vous dire merci, parce qu'il y a un
volet qu'on n'a pas parlé aujourd'hui, mais c'est quand même important, ce qui
a été fait, là, puis là je parle de la violence dans nos écoles. On le sait,
dans les dernières années, on a vu les cas de violence augmenter, on a vu des
situations qui nous ont tous et toutes interpelés, et vous avez agi, donc vous avez posé plusieurs mesures. Je parle du
projet de loi, là, n° 47, là, qui est venu... parce que je sais à
quel point c'était important pour vous, vous l'avez entendu, de rendre nos
écoles toujours plus sécuritaires, autant pour les élèves puis les enseignants.
Puis c'est ça qui était important, hein, vous l'avez fait pour l'ensemble du
personnel, puis ça, je pense que c'était important aujourd'hui de le souligner
et...
M. Drainville : ...mais je veux vous
dire, Mme la députée, j'aimerais ça... on va avoir un dernier bloc, là, gouvernemental, à la fin, j'aimerais ça qu'on en
parle, de violence et d'intimidation. J'aimerais ça qu'on prenne le
relais, là, de cette mise en matière, là.
Mme Tremblay : Parfait, M. le
ministre.
M. Drainville : Parce
qu'on a fait... on a vraiment posé beaucoup de gestes. Puis on s'entend que,
vous avez été enseignante, si nos enfants arrivent à l'école puis ils ne se
sentent pas en sécurité, ça ne crée pas les conditions de l'apprentissage puis
de la réussite. Puis on a posé beaucoup de gestes.
Mme Tremblay : C'est la première
chose à faire... en place. Merci beaucoup.
M. Drainville : Exact. On va en
reparler, O.K.?
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Alors, à suivre. Ça complète le bloc
d'échange. Donc, je cède maintenant la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme
Prass : Bonjour, M. le ministre. Je suis... en tant que
maman d'un petit garçon qui a des besoins particuliers, je suis venue,
au nom de toutes ces familles-là, vous poser des questions à propos des bris de
service.
M. Drainville : ...
Mme Prass : Des bris de services
scolaires. Les bris de services scolaires.
Oui, alors,
premièrement, pour un petit peu mettre la table, donc, en 2021‑2022,
il y avait 1 481 élèves qui avaient subi un bris de services.
En 2022‑2023, monté... et ça, c'est seulement entre le 2 février et le
3 mars, on était à 2 562 élèves.
En cette année, pour 2024‑2025, nous sommes à 3 417. Donc, je vais vous
montrer l'évolution au cours des quatre
dernières années, et ce chiffre de 3 417 ne comprend pas les données comme
ceux du centre scolaire de Montréal, celui
qui représente le plus grand nombre d'élèves, et d'autres centres scolaires qui
ne sont pas compris dans ces chiffres-là.
Comme vous le savez... et justement, je siège
sur le projet de loi n° 89 de votre collègue ministre du Travail, le
projet de loi visant à considérer les besoins de la population en cas de grève
ou de lockout...
M. Drainville : ...très éloquent,
Mme la députée. J'en ai lu un extrait.
Mme
Prass : Merci. Très apprécié. Et justement, quand votre
collègue évoque ce raisonnement que, par exemple, durant la grève des
enseignants, les jeunes qui avaient des besoins particuliers, qui devaient
rester à la maison pendant des semaines, il
y a eu une certaine régression au propos des acquis qu'ils ont pu... qu'ils ont
pu apprendre à l'école, parce que,
comme on le sait, pour les enfants avec des besoins particuliers, ce n'est pas
juste une question de recevoir des services éducatifs à l'école, mais
également de l'orthophonie, de l'ergothérapie, dépendamment de leurs besoins.
Et comme j'ai dit, le ministre du Travail
évoque souvent le fait que vous étiez très inquiet, lors de la grève des
professeurs.
M. Drainville : ...
Mme Prass : Vous étiez très inquiet
pour ces jeunes, justement, lors de la grève des professeurs, qu'ils ne recevaient pas ce... la routine est très
importante pour ces jeunes-là, et qu'ils ne recevaient pas ce renforcement. Et
votre collègue nous a dit que tout bris de services scolaires est répréhensible
et qu'il ne faut pas qu'il y en ait.
Alors là, je
viens de vous dire que, dans la dernière année... et ce n'est pas le portrait
global, parce qu'il y a des commissions scolaires qui n'ont pas fourni
leurs données, mais nous sommes rendus à 3 417 élèves. Et ce n'est
pas juste pour ces jeunes élèves là qu'il y a des conséquences, mais, comme vous
le savez, pour leurs parents également, parents qui doivent souvent soit
quitter, s'absenter du travail pour être à la maison à temps plein et qui n'ont
pas la formation ni les connaissances pour
remplacer ceux d'un éducateur pour, justement, remplir ce rôle d'éducation.
Comme vous le savez également, au Québec,
c'est un droit acquis que tout jeune... tout élève a un droit à recevoir une
éducation.
Donc, premièrement, est-ce que vous êtes à
l'aise avec le fait que, juste entre l'année passée et cette année, entre 2023‑2024,
2025‑2026... excusez, 2024‑2025, il y a une augmentation de plus de
1 000 élèves qui ont dû subir un bris de services? Et, je vous
rappelle, pas toutes les commissions scolaires ont fait partie de ces données
qui ont été récoltées. Donc, est-ce que... Premièrement, quel est votre constat
sur cette augmentation assez fulgurante et ces milliers d'élèves qui doivent
rester à la maison sans avoir les ressources en éducation auxquelles ils ont
droit?
• (16 h 50) •
M. Drainville : Oui, bien, d'abord,
je veux vous remercier sincèrement pour votre question. Je ne sais pas si les gens le réalisent, là, à la maison, là, mais,
si on prend l'ensemble des élèves qui sont inscrits en formation
générale des jeunes, donc, qui sont inscrits
soit au préscolaire, au primaire ou au secondaire public, c'est un élève sur
quatre au Québec, Mme la Présidente,
24,2 %, en fait, de tous les élèves, qui ont un handicap ou une difficulté
d'adaptation et d'apprentissage, donc
qui ont, notamment, un plan d'intervention. Puis il faut savoir, Mme la
Présidente, qu'on essaie d'aider ces élèves-là le plus possible. On
investit beaucoup dans l'aide à ces élèves qui ont des besoins. On parle d'à
peu près 4 milliards par année qui est investi pour nos élèves handicapés
ou nos élèves qui ont des difficultés, nos élèves HDAA.
Alors, oui,
il y a des bris de service, la députée a raison de le dire, c'est autour de
3 400 enfants, donc, qui ont eu un bris de service. Il faut quand même... puis je ne veux absolument pas
diminuer l'importance de ces bris de service, mais il faut quand même rappeler, Mme la Présidente, qu'on parle de
3 400 enfants sur à peu près 1 million d'enfants dans le
réseau public. Donc, c'est 3 400 sur 1 million d'élèves. Je le
répète, 3 400, c'est encore trop, mais je veux quand même qu'on mette les choses en perspective. Puis
il faut savoir aussi qu'à peu près 75 %, Mme la Présidente, de ces
élèves HDAA sont dans des classes régulières. Ils sont intégrés dans des
classes régulières parce qu'on a choisi, au Québec, le modèle de l'inclusion. Maintenant, ces
élèves-là, ils ont besoin d'aide, Mme la Présidente, puis c'est pour ça qu'il
faut continuer d'investir dans les ressources.
Si on
regarde, là, on a... ces dernières années, là, le nombre de personnes qui sont
ce qu'on appelle le personnel de soutien, là, le pourcentage de
personnes qui travaillent comme personnel de soutien, là, il a augmenté de
24 %, Mme la Présidente, il a augmenté de 24 % depuis 2024‑2025. Ça,
c'est surtout des TES, techniciennes en éducation spécialisée, et des préposés
aux personnes handicapées. 24 % d'augmentation. On a augmenté également,
en six ans, de 15 % les professionnels,
surtout des psychoéducateurs et des orthopédagogues. Il y a d'autres catégories
également, mais ce sont les deux catégories
pour lesquelles on a connu la plus forte augmentation. Donc, en six ans, on a
augmenté de 24 % le personnel de
soutien. Les TES sont très importants... très importantes. Quand on parle
d'élèves HDAA, elles sont souvent aux côtés des élèves HDAA, 15 %
d'augmentation pour nos professionnels. Donc, Mme la Présidente, on est
conscients des besoins de ces élèves et on essaie de les soutenir le mieux
possible.
L'autre chose qu'il faut dire, Mme la
Présidente, c'est qu'on a créé des classes spéciales. Je vous ai dit tout à l'heure, il y a à peu près 75 % des élèves
HDAA qui sont intégrés dans des classes du régulier. Mais, à un moment
donné, ce n'est plus possible. Les enfants
ont de trop grands besoins pour les garder dans une école... dans une classe
régulière. Et donc on a créé, Mme la
Présidente, des classes spéciales. Il y avait autour de 4 000 classes
spéciales, donc, surtout des classes
d'adaptation scolaire, en 2019‑2020, on est aujourd'hui à 5 500, Mme la
Présidente. On a augmenté le nombre de classes spéciales de 1 500
en six ans pour justement subvenir aux besoins d'enfants qui ont des besoins.
Donc, Mme la Présidente, en réponse à la
question de la députée, on fait tout ce qu'on peut pour les aider. Peut-être
que ce n'est pas encore assez, mais on en fait beaucoup, et notre intention,
c'est de continuer à en faire beaucoup pour ne pas les laisser tomber, ces
enfants-là.
Mme Prass : Parce que, justement, il
y a une obligation, de la part du gouvernement, que la loi précise que...
M. Drainville : ...
Mme Prass : Exactement. Et, juste
pour revenir à ce que vous avez dit pour les techniciens en éducation spécialisée, j'ai un tableau ici qui date de
cette... d'il y a quelques semaines, qui montre qu'en septembre 2024 il y
avait près de 1 200 techniciens en éducation spécialisée. En janvier
2025, on est à moins de... on est à moins 1 000. Donc, il y a eu une
diminution, dans la dernière année, quand même assez forte, de plus de
200 techniciens en éducation. Mais ça, comme j'ai dit, ça date d'il y a
quelques semaines.
M. Drainville : ...sur le tableau de
bord, ça?
Mme Prass : Non, c'est Le Devoir.
M. Drainville : C'est Le Devoir?
Mme Prass : Oui.
M.
Drainville : Bien, écoutez, je respecte Le Devoir, là,
mais on va quand même contre-vérifier, parce que ça, ça me surprend, ce
chiffre-là.
Mme Prass : Oui, je vous le
remettrai.
M.
Drainville : Moi, comme je vous ai dit, en six ans, le nombre
de personnes... personnel de soutien, a augmenté de 24 % en six
ans, et c'est surtout des TES et des préposés aux personnes handicapées. Donc,
je serais très étonné que le nombre de TES ait diminué. Je cherche des
chiffres, on va sans doute en apporter bientôt, mais je pense que le nombre de
TES, au contraire, il a beaucoup augmenté ces dernières années, là. On va
vérifier cette information-là. Continuez,
Mme la députée de D'Arcy-McGee, avec vos autres questions, puis je vais vous
revenir avec les chiffres TES.
Mme Prass : Oui, d'accord.
Toujours dans le cas des bris de service, ma collègue députée de Westmount—Saint-Louis,
justement, a déposé un projet de loi, en 2023, Loi modifiant la Loi sur
l'instruction publique afin de consacrer le
droit des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage de
recevoir des services éducatifs équivalents
à ceux dispensés par l'école. C'est un projet de loi avec deux articles qui
vient renforcer ce droit à l'éducation pour tous les jeunes du Québec.
Est-ce que le gouvernement a l'intention d'appeler ce projet de loi ou de
proposer un projet de loi similaire qui ferait en sorte de protéger le droit de
ces jeunes à recevoir une éducation?
M. Drainville : D'abord, si
vous me permettez, Mme la députée, parce que je veux vraiment m'assurer que les
gens qui nous écoutent aient les bonnes données, là, il y a effectivement eu
une augmentation très importante des techniciens
en éducation spécialisée. En 2019‑2020, en individus, en personnes, il y en avait
20 079. On note aujourd'hui... bien,
les dernières données disponibles, 2023‑2024, 29 000. On est passé de 20 000 à
29 000 personnes qui exercent la profession de TES. Et, en termes d'équivalents temps plein, on est passé
de 9 061 à 11 307. Un équivalent temps plein, c'est l'équivalent d'une personne qui travaille à temps
plein, là, sans entrer trop dans le détail. Donc, il y a eu une très
forte augmentation du nombre de TES. Ça fait que je...
Mme Prass :
C'est en 2024, que vous parlez?
M. Drainville : Oui, 2023‑2024.
Mme Prass : 2023‑2024. Parce
que ça, c'est... le chiffre, c'est janvier 2025.
M. Drainville : Bien, on va le
vérifier, mais je serais étonné qu'au net on n'ait pas encore une très forte
augmentation, quand même, depuis les cinq ou six dernières années.
Par ailleurs, je veux juste vous dire, parce que
Mme la sous-ministre porte cela à mon attention, on essaie d'intégrer nos élèves HDAA dans les classes du
régulier. Quand ça ne fonctionne pas, on va essayer de les aider dans
une classe d'adaptation scolaire. Comme je vous ai dit, on a créé
1 500 classes spéciales, surtout des classes d'adaptation scolaire, depuis que nous sommes là. Et, quand ça
ne fonctionne toujours pas, parce que les besoins sont trop grands, dans
certains cas, on va les diriger vers des écoles spécialisées, des écoles
suprarégionales.
J'en ai visité une, notamment, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
là. C'est des écoles équipées avec toutes sortes d'équipements, mais c'est pour des élèves à très, très, très grands
besoins, par exemple, des élèves qu'on doit gaver, par exemple, des élèves à qui on doit... qu'on doit
nettoyer, qu'on doit... à qui on doit changer les vêtements lorsqu'ils
sont souillés, là. Je vous parle vraiment
de... bon, et, dans ces cas-là, il y a aussi la possibilité de collaborer avec
le ministère de la Santé. Et donc on
a actuellement des projets avec le ministère de la Santé pour la mise en oeuvre
de 31 projets, donc, de partenariat pour des élèves qui ont des
besoins multiples. C'est un investissement de près de 3 millions,
2,8 millions.
Donc, encore
une fois, Mme la Présidente, je ne suis pas en train de dire qu'on en fait
assez, je suis en train de dire qu'on a fait beaucoup et qu'on souhaite
continuer à en faire beaucoup pour aider nos élèves à grands besoins.
Puis je ne
sais pas, Mme la Présidente, si la députée de D'Arcy-McGee serait à l'aise
pour que je cite sa citation dont
j'ai parlé ou si elle préfère que je ne revienne pas là-dessus. Mais je l'ai...
je vous ai trouvé très éloquente, Mme la députée, quand vous avez pris
la parole sur le projet de loi de mon collègue. Est-ce que vous avez...
Mme Prass : Allez-y, allez-y.
• (17 heures) •
M. Drainville : Alors, on est dans un contexte, Mme la
Présidente, où la députée de D'Arcy-McGee commente le projet de loi du
collègue ministre du Travail, qui vise, dans le fond, à nous assurer que, quand
il y a un conflit de travail, quand il y a
une grève... que les besoins des personnes soient pris en compte, donc
maintenir un équilibre entre le droit de grève, d'un côté, et le droit
des personnes à recevoir des services.
Et Mme la députée de D'Arcy-McGee, donc, prend
la parole à ce moment-là et elle dit ceci. Là, je... c'est peut-être un résumé, là, mais je pense que c'est
factuel. Elle dit : Comme mère d'un fils autiste, je confirme le fait
que la grève a été difficile pour les
parents d'enfants à besoins particuliers. Mme la députée, vous avez dit :
Je suis chanceuse d'avoir été dans
une école où les enseignants n'étaient pas en grève. Mais vous avez témoigné,
vous avez tenu à témoigner pour des parents qui ont constaté que,
pendant la grève, il y avait eu des reculs au niveau des acquis, et vous avez
fait un lien avec la pandémie. Vous avez dit : J'ai vu, pendant la
pandémie, une perte des atouts que mon fils avait pris des mois et des années à
acquérir, et ce, dans l'espace de quelques semaines, et, je vous dirais même,
avez-vous dit, il y a de ces acquis et de ces atouts qui ne sont jamais
revenus. On a essayé de travailler là-dessus, mais il y a des acquis qui sont
perdus.
Mme Prass : Bien, si je peux me
permettre, justement, pour tous ces parents qui vivent des bris de service, ce
qu'on a vécu pendant quelques semaines, durant la grève ou durant les mois de
la pandémie, eux, ils vont le vivre toute l'année.
M. Drainville : ...
Mme Prass : Oui, j'ai dit,
justement, pour tous les parents qui vivent des bris de service, ce que vous
avez mentionné là, moi, je l'ai vécu pendant
quelques semaines ou quelques mois durant la pandémie, mais eux, ils
doivent le vivre au long de l'année. Donc,
justement, ce que vous avez évoqué, et merci de l'avoir... Bien, moi, je
parlais au nom de tous ces
parents-là. Vous avez repris mes paroles, mais donc vous comprenez, justement,
l'effet négatif que les bris de service peuvent avoir sur tous ces
enfants, parce que ce que j'ai décrit, c'était quelque chose qui a été... qui
s'est passé en quelques semaines, quelques
mois, mais, pour des jeunes qui ont des bris de service pendant des mois ou
des années, c'est encore pire, ce qu'ils vont vivre.
M. Drainville : Vous avez absolument
raison de le porter à notre attention, puis je ne peux faire autrement, Mme la députée, que de vous réitérer notre volonté
de continuer à faire le maximum pour aider ces élèves-là, en particulier
les élèves qui ont de grands besoins. Alors,
je vous ai parlé des différentes étapes, mais je réitère le fait qu'à la fin il
est possible que... En dépit de toute l'aide que nous avons apportée, il est
possible que nous soyons dans l'obligation de travailler avec le ministère de
la Santé parce que les besoins, à ce moment-là, sont tout simplement trop
grands pour le ministre... pour le réseau de l'éducation.
Mme
Prass : Et, juste pour terminer, ma collègue de Westmount—Saint-Louis a amené un projet de loi, en
2023, justement pour consacrer... une loi sur l'instruction publique afin de
consacrer le droit des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage de
recevoir des services éducatifs équivalents à ceux dispensés par l'école,
donc, à tout le moins, quand il y a un bris
de service puis l'enfant est renvoyé à la maison, qu'il y ait des services
éducatifs qui leur soient livrés. Est-ce que vous êtes prêt à appeler ce
projet de loi ou à légiférer dans ce sens?
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le ministre.
M. Drainville : Écoutez, Mme la
Présidente, l'enseignement à la maison, c'est un choix qui est légitime. Là aussi, on met des ressources. Là aussi, on essaie
d'aider. Là aussi, les centres de services scolaires essaient
d'accompagner les parents qui font ce choix de l'enseignement à la maison. Mais
encore une fois, Mme la Présidente, on offre le maximum de services possibles, et on donne des ressources qui sont très
importantes, et on essaie de répondre aux besoins de ces enfants, et répondre aux besoins, par le
fait même, de leurs parents, et on le fait, je pense, avec beaucoup d'humanité.
Mme
Prass : Juste pour terminer, je ne parlais pas de parents
qui choisissent de garder leurs enfants à la maison pour faire
l'éducation à la maison. C'est ceux qui sont obligés d'être à la maison parce
qu'il y a un bris de service et l'école ne les accepte plus. Donc, je
comprends, l'école n'a pas nécessairement la capacité de pouvoir leur donner...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée.
Mme Prass : D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'on a pour cet échange. Je cède maintenant la parole au
député de Jean-Lesage pour 17 minutes.
M.
Zanetti : Merci. Bien, je vais continuer sur le même sujet,
les bris de scolarisation. Dans les sept dernières années, il y a eu... j'ai eu beaucoup, moi, de cas
de parents qui sont venus me voir en disant : Mon enfant est
scolarisé dans une école qui a un mandat
régional parce que, bon, il a un problème d'apprentissage quelconque ou une
déficience...
M. Drainville : ...
M.
Zanetti : Dans une école qui a un mandat régional, par
exemple. Là, je ne donne pas un cas précis, mais... que j'ai eu plusieurs cas. Yu sais, c'est quelque
chose qui arrive souvent, que certains enfants... Disons, l'école se
trouve dans l'état, disons, on peut dire, de
son financement... à un moment donné, ils disent : Bien là, on n'a plus
les moyens de garder l'enfant. Donc,
ils appellent les parents, puis il retourne à la maison. Donc, souvent, il y a
des enfants qui sont, de façon chronique ou très, très régulière,
scolarisés deux heures par jour uniquement, et les écoles, c'est comme...
ils disent : Bien, c'est parce que, là,
on n'a pas... on ne peut pas faire plus que ça, mais... et c'est une situation
qui devient comme un peu normalisée,
hein? C'est comme si on disait : Bien, c'est normal que les écoles ne
puissent pas en faire plus que ça.
Dans la réalité, je veux dire, avec les
ressources, on pourrait s'adapter... on pourrait adapter les écoles aux enfants. C'est ce qui serait souhaitable pour leur
droit à la scolarisation. Même le Protecteur
national de l'élève a dit à un
moment donné, bon : «Peu importe l'âge de l'élève — là,
je le cite — ou
la réalité avec laquelle il compose, chaque situation de bris de service ou de
scolarisation le prive de son droit au service d'enseignement prévu à la LIP.
Tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la
scolarisation des élèves.»
Alors, ma question... puis des fois aussi c'est
que, dans différentes démarches que j'ai faites pour des cas de citoyens, de parents d'enfants qui vivaient des
bris de scolarisation à cause de leurs besoins particuliers, l'école
disait : Bien là, ça, rendu là, c'est dans la cour des services sociaux,
par exemple, ou de la santé, mais, en même temps, la santé disait : Bien
là, c'est... les responsables sont au ministère de l'Éducation.
Ça fait que moi, ma question est la
suivante : Est-ce que le ministre reconnaît que ça doit être dans... de la
responsabilité du ministère de l'Éducation
d'éviter tous les bris de service, tous les bris de scolarisation pour les
enfants qui ont des grands besoins particuliers?
M. Drainville : Oui, bien,
d'abord, merci de poursuivre cette discussion parce qu'elle est très
importante, là. Voyez-vous, ce matin, il y avait justement un texte, dans un...
sur le site de Radio-Canada, intitulé Un enfant autiste renvoyé à la maison, les parents se sentent
abandonnés, et j'ai lu évidemment
ce texte-là. L'enfant est autiste, il a une déficience intellectuelle
grave, il peut devenir violent. Ça, c'est son père qui le confirme : «Ça
peut arriver — dit
le papa — qu'il va tirer des cheveux, taper en cas de refus
ou de maintien d'exigence.» Et donc les parents se sentent délaissés. Ils souhaiteraient que l'école en fasse davantage
pour le scolariser. Le centre de services scolaire, de l'autre côté,
explique que la fréquence et l'intensité des réactions de l'élève posent des
enjeux de sécurité pour les autres élèves et pour leur personnel.
Alors, je ne suis pas en train de... C'est un
article, donc, dans le journal, là, que je cite, là. Pourquoi je cite cet
exemple-là, Mme la Présidente, c'est parce que, parfois, puis il faut avoir la
franchise de le reconnaître, parfois, ces élèves à grands besoins ont beaucoup,
beaucoup... Ils ont besoin d'aide. Ils ont besoin de beaucoup, beaucoup d'aide.
Ils ont besoin d'un encadrement. Ils ont
besoin qu'on s'occupe d'eux. Et parfois... puis c'est normal. C'est normal
qu'on le fasse, et parfois, malheureusement,
leur comportement met à risque la sécurité des enseignants ou du membre...
des membres du personnel scolaire, et ça peut arriver, dans certains cas, que
l'école est malheureusement obligée de mettre fin à la scolarisation de
l'enfant.
Et donc, tu sais, c'est pour ça qu'à
un moment donné on tombe dans la... je dirais, dans l'univers de la santé
et des services sociaux. Quand ce n'est plus possible, pour une école, de
scolariser un enfant parce que le personnel est à risque de se faire blesser ou encore a subi des blessures, vous
comprendrez, M. le député, qu'à un moment donné on a beau essayer, on a
beau offrir les services, on a beau donner de l'encadrement, parfois ce n'est
tout simplement plus possible de garder
l'enfant à l'école, parce qu'il pose un risque pour sa propre sécurité et il
pose un risque pour la sécurité des
autres enfants ou pour le personnel scolaire. Et je vous dirais que ce sont des
enjeux, des histoires qui sont franchement dramatiques, c'est
dramatique. Moi, j'ai trois enfants, moi là, là, puis j'imagine ce que les
parents vivent, là, puis c'est... je les
comprends, moi, les parents, de dire : Écoutez, aidez-moi, là, puis vous
avez le mandat de scolariser l'enfant.
• (17 h 10) •
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le ministre. Poursuivez, M. le député.
M. Zanetti :
Oui, je comprends très, très, très bien. Je vais inviter le ministre à une
réflexion par rapport à ça puis, après ça, étant donné le temps que j'ai, aller sur un autre sujet, mais moi, j'invite le
ministre à réfléchir à la chose suivante.
Je pense que... Je comprends la position qu'il exprime. Je pense que c'est un
enjeu, et c'est l'avis aussi de plusieurs parents que c'est un enjeu,
d'adaptation et de moyens qu'ont les écoles. Je pense que les écoles font
probablement tout ce qu'elles peuvent, mais,
à mon avis, j'ai cette intuition puis cet espoir qu'on pourrait trouver des
experts, là, qui pourraient nous dire : Bien, si vous faites ça,
ça, ça puis ça avec les moyens qui vont ensemble, il n'y en aura pas, de problème, la scolarisation va se faire, parce
qu'après ça on les retourne à la maison, et la maison n'a pas plus de
ressources que l'école, là. Tu sais, les problèmes qui sont à l'école, ils sont
à la maison aussi.
Donc,
moi, je ne peux pas croire... Moi, ce que j'inviterais, en fait, le ministre à
faire, c'est de se dire : Ne prenons pas pour acquis que c'est
normal puis essayons de voir... consultons les experts pour voir, dans un monde
idéal où il n'y aurait pas de limite de
moyens, là... mettons, juste pour savoir : Il y aurait-tu moyen de donner
à ces enfants-là tout ce à quoi ils ont droit? Puis, après ça, bien, ils
pourront évaluer avec ce que ça coûte si, politiquement, ils sont prêts à aller
là, mais j'invite à ce... le ministre à cette réflexion.
Et je veux aller sur
un autre sujet parce que, là, j'ai peur de ne pas avoir le temps de tout faire.
Tout à l'heure, le tableau que le ministre a montré par rapport au taux de
décrochage scolaire dans les projets particuliers sélectifs et non sélectifs au
public, j'aimerais beaucoup s'il pouvait être déposé.
M.
Drainville : ...le revoir?
M. Zanetti : Oui,
bien, qu'il soit déposé pour consultation future.
M.
Drainville : Ah! on va le déposer.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce que vous acceptez de le déposer à la commission, M.
le ministre?
M.
Drainville : Oui, oui, on va le déposer, on va vous l'envoyer. On va
l'envoyer.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci.
M. Zanetti : C'est
très gentil. Autre chose, le chiffre, là, qui... de 24 % pour les élèves
au public régulier, j'aimerais bien, en tout cas, quand vous pourrez me
confirmer l'exactitude, qu'il soit ou déposé ici ou que vous me l'envoyez par courriel, un des deux, moi, ça me
convient. Et, si vous aviez aussi la ventilation de... pour les garçons
et pour les filles aussi, ce serait
intéressant. D'habitude, dans ces statistiques-là, on a ça. Alors, je vous le
demande en vrac.
Ensuite
de ça, pour ce qui est de... Je vais déposer un document moi-même, là, en
commission, pour consultation future,
et ce document s'appelle, pour avoir le titre exact... Bon, où est-ce que je
l'ai mis? Je m'excuse. C'est le document, en fait, de L'École ensemble, l'étude. O.K., alors, voilà, le titre du
document est le suivant : Plan pour un réseau scolaire commun : levez la main pour un
meilleur système d'éducation.
Alors, je le dépose parce que j'invite le ministre à le consulter. C'est un document duquel on s'est
inspirés, là, à Québec solidaire, pour déposer un projet de loi pour
mettre fin à la ségrégation scolaire et pour
un réseau commun. L'intérêt que porte le ministre aux projets particuliers
pédagogiques dans les... dans le secteur public, moi, me fait penser qu'il
trouverait ça très intéressant puis qu'il verrait là que la question de la
mixité, là, scolaire, qui est abordée, elle amènerait des solutions à très
faible coût, voire aucun coût, et peut-être
même des économies, si l'ensemble du projet est adopté, qui permettraient
d'augmenter grandement la réussite scolaire et la motivation scolaire à
l'école.
Alors,
j'invite vraiment, là, ou le ministre ou, s'il n'a pas le temps, au moins
quelqu'un de l'équipe... Peut-être que vous l'avez déjà consulté, mais,
si jamais ce n'est pas le cas, là, parce que, bon...
M.
Drainville : ...j'ai même rencontré... oui, oui.
Document déposé
La Présidente (Mme Dionne) : Et je
dépose officiellement le document de M. le député de Jean-Lesage à la
commission.
M. Zanetti : O.K., parfait.
M. Drainville : Très
bien. Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Oui, bien oui, non seulement on
l'a consulté, mais on a... Moi, j'ai rencontré École ensemble, là. Ça
fait que c'est des citoyens exemplaires, École ensemble. On ne partage vraiment
pas la même conception, on va dire ça, de la contribution de l'école privée au
réseau scolaire, même si on s'entend, eux et
nous, sur le fait que c'est l'école publique qui doit être priorisée, puis
c'est ce qu'on démontre avec les investissements records que nous
faisons. Donc, on a des désaccords, mais ce sont des gens qui sont sincères et
qui veulent vraiment faire leur part pour améliorer le réseau scolaire. Donc,
je les salue. D'ailleurs, je soupçonne qu'ils doivent nous écouter en ce
moment.
M. Zanetti : Merci. Je vais vous parler maintenant du centre
communautaire Ahuntsic à Montréal. Il y a quelques années, donc, des
organismes communautaires ont été expulsés du centre William-Hingston, dans
Parc-Extension, pour faire place à des travaux et à des cours de francisation.
Or, deux ans plus tard, ces travaux n'ont toujours pas commencé. On comprend maintenant que ces organismes auraient pu
bénéficier d'un sursis de la commission scolaire de Montréal, mais aujourd'hui l'histoire se répète. Le
centre de services — j'ai
dit «commission scolaire», je voulais dire «centre de services scolaire de Montréal» — prévoit maintenant évincer les organismes du
centre communautaire Ahuntsic, dont la principale banque alimentaire du
quartier et, ironie du sort, un organisme de francisation, afin d'y relocaliser
les classes du centre William-Hingston.
Pourtant,
le centre communautaire Ahuntsic a lui aussi besoin de travaux majeurs, et,
dans ce cas-ci, une solution durable existe. Un nouveau centre
communautaire est prévu d'ici trois ans pour accueillir les organismes. D'ici
là, ceux-ci se disent prêts à faire un compromis, à libérer des locaux pour les
cours du centre de services scolaire de Montréal
et même à offrir leurs services aux étudiants. 25 000 personnes ont besoin
des services du centre chaque année. Et
ma question est la suivante : Est-ce que le ministre... Comment le
ministre peut-il justifier qu'on mette 13 organismes à la porte de
ce centre sans solution transitoire, alors qu'ils sont prêts à collaborer et
qu'ils donnent des services aussi essentiels pour la communauté?
M. Drainville :
Oui. Alors, écoutez, Mme la
Présidente, l'enjeu des organismes communautaires à Montréal qui logent
dans des locaux du centre de services scolaire de Montréal, c'est un enjeu qui
est très sérieux. Les organismes communautaires
font un travail qui est très bénéfique pour la communauté. Ils font un travail
important. Alors, certains d'entre
eux, donc, sont logés... sont logés, dis-je, dans les locaux du centre de
services scolaire de Montréal. Dans ce cas-ci, donc, on parle de
Solidarité Ahuntsic, là, qui comprend 13 organismes communautaires qui
logent dans les locaux excédentaires du CSSDM, sur la rue Laverdure à Ahuntsic.
Il faut savoir, Mme la Présidente, l'organisme n'a pas de bail depuis plusieurs années. Il paie présentement
4 $ le pied carré, alors que les organismes communautaires qui
logent dans d'autres locaux du CSSDM paient 16 $ le pied carré. L'organisme
Solidarité Ahuntsic a accumulé une dette de 800 000 $ vis-à-vis le
centre de services scolaire de Montréal. Ça, c'est la situation actuelle.
Alors là, il y a eu
des discussions avec le CSSDM pour que l'organisme régularise son bail à
16 $ du pied carré. Selon les dernières informations que j'ai, ça ne s'est
pas conclu par une entente, et puis là il y a eu d'autres discussions. Il y a eu une proposition qui a été
faite par Solidarité Ahuntsic, un compromis, dans leur esprit, qui
aurait impliqué que le centre communautaire
aurait offert 6 000 pieds carrés pour y aménager des classes et le
centre communautaire aurait maintenu ses activités dans le reste de
l'immeuble. Alors, selon les informations que j'ai, ça aurait permis au centre de services scolaire de Montréal d'aménager
six classes de francisation, sauf que le problème, c'est que, dans ce
territoire de Montréal, le déficit actuel, c'est 25 classes. Il nous
manque 25 classes dans ce secteur de Montréal, puis la proposition de
Solidarité Ahuntsic aurait libéré six classes.
Alors,
vous comprenez qu'il y a un déficit important de 19 classes, et donc, dans
ces conditions-là, le CSSDM n'a pas
d'autre choix que de récupérer le bâtiment. Pourquoi? Bien, parce que la
mission première du CSSDM, Mme la Présidente, c'est de veiller à
l'éducation des enfants sur le territoire. Si on pouvait trouver une façon de
concilier les besoins en espace du centre de services scolaire et les besoins
en espace des organismes communautaires, comme on a réussi à le faire, tant
bien que mal, ces dernières années, ce serait la solution idéale.
Malheureusement, on
est dans une situation, Mme la Présidente, où le nombre d'enfants à scolariser
a tellement augmenté que le centre de services scolaire de Montréal n'a d'autre
choix que de récupérer ses locaux pour scolariser
les enfants, pour s'acquitter de sa mission première, puis la mission première
d'un centre de services scolaire, M.
le député, vous le savez bien, c'est d'accueillir les enfants pour les
scolariser. Alors, c'est là qu'on en est, et je trouve ça très dommage,
mais, devant la situation... face à la situation devant laquelle nous sommes
placés, M. le député, je pense que le CSSDM prend la bonne décision.
M. Zanetti : Merci,
M. le ministre. J'ai un autre sujet à aborder avec vous, les centres
d'éducation populaire de Montréal. Alors, les centres d'éducation populaire
sont subventionnés par le ministère de l'Éducation via le SAP et le PACTE et localisés dans les locaux du centre
de services scolaire de Montréal. Depuis 2017‑2018, ils sont
devenus locataires payants avec un bail imposé par les gouvernements. Les CEP
sont responsables de l'entretien et de la rénovation des locaux. Les loyers
coûtent cher.
En
2022, le SAP est devenu normé et plus difficile d'accès. Le financement est non
récurrent. Ils doivent faire... refaire des demandes à chaque année. Il
y a un manque à gagner de 436 000 $ pour 2024‑2025. Ils ne veulent
pas utiliser le financement du PACTE pour payer le bail car ils estiment qu'ils
devraient couper leurs services de 20 %, et,
chaque année, les CEP choisissent, donc, entre payer leur loyer et/ou ne pas
payer leur loyer, faire une grève de loyer, faire les améliorations
locatives nécessaires à leurs bâtiments. Le CSSDM veut judiciariser la
situation à cause des loyers en retard chaque année et qui sont payés, dans la
majorité, quand le financement est reçu, et pour les quelques CEP qui
entreprennent des grèves de loyer.
Ma question est la
suivante : Concernant les fonds disponibles au programme de soutien aux
partenaires, le SAP, est-ce que le ministre
de l'Éducation s'engage à pérenniser le financement des six centres d'éducation
populaire afin qu'ils puissent honorer toutes les clauses de leur bail,
incluant le loyer et l'entretien des bâtiments, jusqu'à échéance de leur bail
et qu'il assurera le maintien de ces organismes dans leurs locaux au-delà de
cette échéance?
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Dionne) : En
30 secondes, M. le ministre.
M.
Drainville : Bien, c'est le même enjeu, Mme la Présidente.
C'est le même enjeu, et donc on essaie d'aider les centres d'éducation
populaire, qui, encore une fois, font de l'excellent travail. On essaie de les
aider. On les aide, par le PACTE, à la mission. On les aide, par le SAP, pour
ce qui est du loyer. On a donné des aides d'urgence pour le loyer depuis plusieurs années, et je l'ai fait à
nouveau l'an dernier. Et, Mme la Présidente, on fait le mieux possible
avec les ressources financières limitées qui sont les nôtres, mais je les ai
rencontrés, et je suis conscient du travail qu'ils font, et on essaie encore
une fois de concilier tous les objectifs de tous et chacun.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Merci beaucoup. C'est tout le temps qu'on a pour cet échange. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé pour 17 minutes.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Je vais prendre la balle au bond sur le sujet des centres
d'éducation populaire. Vous dites, donc, que
vous les avez rencontrés. Je pense que c'était à l'automne 2023 de mémoire.
Donc, vous comprenez, donc, leur
mission, leur mission qui est essentielle, en fait, vous la reconnaissez, vous
le dites. Donc, vous les soutenez à
travers le PACTE, donc, à la mission, depuis plusieurs années. Donc, vous
connaissez que ce sont des milieux de vie
qui, depuis plus de 50 ans, donc, sont logés dans des bâtiments excédentaires
du centre de services scolaire de Montréal.
Vous disiez
un peu plus tôt, donc, qu'il s'agit de la même situation. Ici, ce n'est pas
tout à fait... On ne fait pas tout à
fait face au même enjeu. Donc, évidemment, donc, les organismes ici, je pense
que vous avez, donc, saisi, donc, la problématique, donc, ils sont logés
dans ces bâtiments excédentaires, mais leur loyer... parce qu'ici ils sont...
Ils ont un loyer, ils l'ont jusqu'à l'année
2032, de mémoire, mais, à l'intérieur de leurs obligations, donc, non
seulement, donc, ils doivent, donc, payer ce loyer, mais ils doivent
aussi s'occuper de tout ce qui relève de la rénovation et de l'entretien.
Donc, vous
comprenez qu'à travers l'enveloppe à leur mission, ça, ça leur permet, donc, de
payer leurs différents personnels,
les membres de leur personnel, mais ils ont besoin, donc, de ce soutien-là pour...
de ce soutien supplémentaire que vous
leur octroyez, là, par programmes, de façon ponctuelle. Vous appelez ça une
aide d'urgence, mais c'est quand même une obligation qu'ils ont, à
travers leur loyer, leur bail, de payer ce loyer-là et de s'occuper eux-mêmes
des rénovations puis de l'entretien de leurs bâtiments. Donc, c'est les
obligations qu'ils ont envers le centre de services scolaire, et ils ont besoin
de ces sommes-là de la part du ministère de l'Éducation.
Donc, je veux savoir qu'est-ce que vous leur
répondez, aux centres d'éducation populaire, parce que, si eux ne s'occupent
pas de la rénovation et de l'entretien de ces bâtiments-là, ça va devenir
beaucoup plus coûteux pour le centre de services scolaire de s'en acquitter
lui-même.
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, juste pour qu'on s'entende bien, là, quand on regarde les centres d'éducation populaire, là, on parle du pavillon
d'éducation communautaire d'Hochelaga-Maisonneuve, le Comité social Centre-Sud, le Comité d'éducation aux adultes de
la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri, le Carrefour d'éducation
populaire de Pointe-Saint-Charles, Ateliers
d'éducation populaire du Plateau et le Centre éducatif communautaire René-Goupil.
Alors, ce qu'on verse... Ça c'est les chiffres
de 2024‑2025. Ce qu'on verse au PACTE, donc, à la mission, c'est autour de 2 millions par année. Ça,
c'est pour l'ensemble des six organismes, et, en plus de ça, en 2024‑2025,
on a versé 1,1 million en aide, donc, pour les frais de loyer
essentiellement, les frais d'occupation et les frais de loyer.
Mme Cadet : ...M. le ministre, parce
que vous dites, en 2024‑2025, que vous avez versé 1,1 million. À quel
moment ce versement-là a été effectué dans l'année, là? Parce que 2024‑2025, on
parle de l'année du 1er avril 2024 au 31 mars 2025.
M. Drainville : Je ne saurais...
Écoutez, je ne sais pas... On donne du PACTE à je ne sais pas combien d'organismes
puis on donne du SAP à je ne sais pas combien d'organismes. Donc, c'est certain
que je ne peux pas retenir la date de
versement de tous les organismes à qui on donne des sous, là, mais ce que je
veux dire, par contre, c'est que
c'est évident, Mme la Présidente, que, dans un contexte où on a de grands
besoins de maintien d'actifs dans les écoles du Québec, et en
particulier dans les écoles de Montréal, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'écoles à Montréal qui sont très, très,
très vieillissantes, là... C'est évident, Mme la Présidente, que, si on doit
investir des sous pour faire des travaux sur les édifices, on va
commencer par faire des travaux sur les édifices qui accueillent les élèves et
qui servent à scolariser les élèves. On n'a pas le choix, là, que de prioriser
la mission éducation et la mission scolarisation. Alors, c'est ça, la situation
dans laquelle on se trouve, Mme la Présidente.
Mme Cadet : Je vous entends
là-dessus, M. le ministre, mais je vous posais cette question-là : Est-ce
que... L'information que moi, j'ai, c'est
que le versement pour l'année 2024‑2025, donc, aurait été réalisé en décembre
2024. Vous comprenez que, pendant ce temps-là, il y a des obligations que,
donc, les centres d'éducation populaire, donc... auxquelles ils sont confrontés, mais ils ne sont pas en mesure, donc, de
pouvoir répondre à ces obligations-là envers le centre de services scolaire, parce que le financement, effectivement, de
1,1 million, là, c'est le même chiffre que je détiens, est versé très tard.
Donc, ça crée énormément d'incertitude pour l'organisme et, année après année,
il se demande : Bien, pourquoi... quelle est la logique qui
sous-tend le fait qu'on me donne une obligation qui s'étend jusqu'à l'année — je disais tantôt, donc, 2032 ou à peu près — 2034,
mais, dans la même foulée, l'aide que je reçois pour pouvoir répondre à
cette obligation-là, elle est intermittente, elle est ponctuelle, elle est
considérée comme urgente? On essaie donc de... On nous dit qu'on nous
accommode, mais on ne le fait même pas dans les délais. Vous comprenez la
situation dans laquelle se trouvent ces six organismes-là qui composent la
coalition InterCep?
M. Drainville : Mme la Présidente,
ce n'est peut-être pas ce que la députée de Bourassa-Sauvé souhaite entendre, mais je vais quand même le dire. Les
loyers ne sont pas admissibles au programme SAP. Les loyers ne sont pas admissibles au programme du soutien aux
partenaires selon les règles formelles, et pourtant, Mme la Présidente,
année après année, nous avons décidé de les appuyer financièrement pour les
loyers. Alors, on a fait le choix de les aider parce qu'ils font du bon travail, et nous reconnaissons la valeur du
travail qu'ils font comme organismes communautaires en éducation populaire. Mais je me dois d'être
franc et d'être transparent. Si je prenais les règles strictes du soutien
aux partenaires, la demande d'aide au loyer ne serait pas admissible. Puis je
ne vous cacherai pas, Mme la Présidente, des demandes au SAP, là, des projets
qui nous sont soumis pour financement, là, on en a, là, jusqu'au plafond.
Mme Cadet : On parle...
M.
Drainville : Puis, encore une fois, les besoins ou, en tout
cas, les projets dépassent largement les ressources disponibles, et on a
quand même fait le choix de les aider financièrement pour les loyers. Donc, je
comprends que, dans leur esprit, ce n'est
pas suffisant, mais je tiens à vous dire, Mme la députée, que ce n'est
peut-être pas suffisant de leur point
de vue, mais, je vous le dis, de notre point de vue, de notre côté, on consent
à une aide financière pour les loyers alors
que les critères du programme, les critères formels, là, parce qu'à un moment
donné il y a des zones grises, puis il faut
s'ajuster aux besoins, puis il faut juger... Il faut gérer avec un petit peu de
jugement, parfois, là, tu sais, là. Alors, si on appliquait les règles
strictes, là, bien, on serait obligés de dire non aux demandes de financement
pour les loyers. C'est ça, la réalité.
Mme Cadet : Est-ce que vous avez
déjà visité l'un des centres d'éducation populaire, l'un de ces six-là?
M. Drainville : Peut-être pas ceux
de l'île de Montréal, mais moi, je... dans mon ancienne vie, comme vous le
savez, j'ai été député à Longueuil, et le milieu communautaire était très, très
présent à Longueuil. Donc, j'ai visité plusieurs
organismes communautaires. J'étais très proche de mes organismes
communautaires. Et, à Lévis, j'en ai aussi, et je les visite, et je les
appuie. Ce n'est pas tout à fait la même philosophie, là, mais j'ai l'École du
milieu à Lévis qui fait un travail extraordinaire auprès de jeunes décrocheurs.
• (17 h 30) •
Mme Cadet : Je vous le conseille.
Moi, je suis allée visiter le Centre éducatif communautaire René-Goupil de
Saint-Michel, et c'est absolument édifiant, là, le travail, donc, qui est fait
dans ces centres d'éducation populaire là, qui reconnaissent, donc, l'éducation
tout au long de la vie.
Vous me disiez tantôt... Donc, je comprends ce
que vous dites, donc, au niveau, donc, du programme qui ne comprend pas, donc,
le soutien au loyer. Bien, en fait, eux, en mars dernier, il y a à peu près...
en fait, il y a presque exactement un mois, ils nous ont soumis une solution en
disant, bien : La solution pour la sauvegarde des six centres
d'éducation populaire dans leurs bâtiments est pourtant peu coûteuse pour le gouvernement.
En effet, sur un budget ministériel de plus
de 23 milliards, InterCep réclame au gouvernement de créer une subvention
de moins de 2 millions de dollars par année.
Donc, on ne parle pas du SAP en tant que tel,
là. On comprend que ce programme-là non... bien, en fait, qui techniquement, donc, est non récurrent, ponctuel,
donc, ce programme-là, donc, ne permet pas de comprendre le montant du
loyer, mais il y a possibilité de les aider autrement. Considérant qu'on parle
d'organismes qui sont là depuis plus de
50 ans, il y a quelque chose de patrimonial dans la mission qu'ils
remplissent. Et, on s'entend, ils sont situés dans des bâtiments excédentaires pour lesquels il serait
très coûteux, là, pour le centre de services scolaire, donc, de les
enlever, donc, de ces bâtiments-là parce
qu'il y aurait... Les centres de services scolaires auraient eux-mêmes à faire,
donc, toute la rénovation et l'entretien. Ils ne seraient pas nécessairement
prêts à accueillir des écoles, là. Ce n'est pas l'ensemble des CEP qui ressemblent
à des écoles, d'abord, là. Celui qui ressemble le plus à une école, c'est celui
que j'ai visité. Celui d'Hochelaga-Maisonneuve, par exemple, lui, a dû être
déplacé, et, jusqu'à présent, ce qu'on comprend, c'est que le bâtiment, il est vide, donc il n'est pas repris pour être
capable, donc, de refaire des classes et de remplir la mission que vous
évoquiez un peu plus tôt. Donc, il y a une question...
M.
Drainville : ...vous comprenez, du centre de services scolaire
de Montréal, là. Le centre de services scolaire de Montréal, ils font
face à une très forte augmentation de la clientèle à scolariser, une clientèle
immigrante pour une bonne part. Et puis on ne blâme pas les enfants puis on ne
blâme pas les parents, mais c'est factuel, l'augmentation des effectifs au
Québec ces dernières années. Alors, il y a un besoin d'espace.
Mme Cadet : Bien, je vous entends, M. le ministre, mais ce que
je veux dire, c'est que ces bâtiments-là ne sont pas nécessairement toujours convertibles, donc, en classes puis en
écoles. Celui d'Hochelaga-Maisonneuve, pour lequel il y a eu un
déménagement, en ce moment, le bâtiment, il est vide. Donc, c'est un bâtiment
excédentaire qui n'est pas utilisé puis qui n'est pas non
plus entretenu parce que le CEP qui était présent dans ce bâtiment-là n'est...
n'occupe plus ces locaux. Donc, je le comprends, cet objectif-là, mais...
M.
Drainville : ...à la direction du centre de services scolaire de
Montréal puis à leur service des ressources matérielles pour voir ce qu'ils ont
en tête. Mais, chose certaine, on en a parlé plutôt aujourd'hui, on est serrés
au niveau du PQI. Peut-être qu'ils n'ont pas fait de travaux dans cet
édifice-là jusqu'à maintenant, mais peut-être qu'ils ont l'intention d'en faire
dans les... dans un avenir plus ou moins rapproché. Et évidemment, faire des
travaux de rénovation puis aménager des classes dans un édifice existant, ça
prend pas mal moins de temps que d'être obligé de construire une nouvelle
école. Alors, c'est peut-être... Je présume, là, que c'est peut-être ça, leur
intention, mais il faudrait vérifier auprès de la direction du centre de
services.
Mme Cadet : Et
la subvention de 2 millions qui est demandée, que je vous ai... Je vous ai
rapporté un peu la demande qui a été formulée le 28 mars dernier.
M.
Drainville : Oui. Bien, comme je vous dis, on a beaucoup, beaucoup de
demandes au soutien à l'action populaire, au SAP, et je ne suis pas en mesure
de... J'ai mélangé l'acronyme, le Soutien aux partenaires en éducation, pardonnez-moi. Donc, on a beaucoup de demandes
pour le SAP, donc Soutien aux partenaires en éducation, et donc je ne suis pas en mesure, Mme la députée, de vous dire
qu'est-ce qu'il adviendra de cette demande-là. On va l'analyser comme on
analyse toutes les demandes et on va l'analyser en fonction, évidemment, des
besoins.
Mme Cadet : Est-ce que vous vous engagez à les rencontrer? Pas
les rencontrer comme vous l'avez fait, mais, en fait, d'aller visiter
l'un des centres d'éducation populaire.
M. Drainville :
Bien, écoutez, Mme la députée, si
ça adonne, oui, mais il y a... Je pense que, peut-être pas tous les députés, mais beaucoup, beaucoup de députés de
l'Assemblée nationale souhaiteraient que j'aille visiter un organisme ou
une école de leur comté. Le député de Matane-Matapédia m'a invité à de
multiples reprises, notamment le député de Matane-Matapédia, et donc j'essaie d'être le plus présent possible
sur le terrain. J'ai visité... j'ai vu les derniers chiffres, là, je pense que je suis rendu à une centaine
d'écoles, y compris, évidemment, les inaugurations. J'essaie d'être le
plus présent possible sur le terrain. Si
c'est possible d'aller les visiter, ça va me faire plaisir d'aller les visiter,
Mme la députée.
Mme Cadet : Merci.
Sur un autre sujet, un peu plus tôt, je vous entendais vous enorgueillir de
votre bilan en matière de langue française,
parce qu'effectivement ça faisait partie de l'une de vos sept priorités. Vous
avez répondu au collègue, donc, qu'il
est important de puiser dans la culture québécoise pour enseigner la langue,
et, là-dessus, je souscris parfaitement à cet énoncé-là. J'y souscris
tellement, M. le ministre, qu'en fait... que j'aimerais porter votre attention
sur une lettre ouverte qui a été publiée dans Le Journal de Montréal,
donc ce lundi 28 avril 2025, s'intitulant Pour la langue française : l'importance de bâtir des ponts entre les écoles
du Québec. Vous connaissez
probablement le programme de Correspondance scolaire, qui...
M.
Drainville : ...
Mme Cadet : Le
programme de Correspondance scolaire.
M.
Drainville : ...
Mme Cadet : Oui,
c'est ça. Donc, je pense que...
M.
Drainville : ...
Mme Cadet : Exactement. Le 18 mars dernier, vous avez
rencontré Mme Isabelle Bergeron, qui est enseignante, donc elle-même
ainsi qu'une centaine de signataires, quand même.Elle est...
effectivement, elle a fait une demande au SAP récemment, mais vous
comprendrez... vous comprenez que son programme, ici...
Donc,
elle nous dit, elle nous parle, donc, de... en fait, l'ensemble des signataires
nous parlent de la... l'importance d'une langue française incarnée et
nous disent que, dans ces lettres, un peu comme vous le souligniez un peu plus
tôt, donc, les élèves discutent du film, de la musique ou du livre
québécois le plus récemment apprécié. Toute la culture d'ici est mise en valeur
par le titulaire, transmetteur de savoirs et de culture. Ce sont près de
50 000 écoliers qui, depuis six ans, ont pu bénéficier de ce programme
de correspondance scolaire là.
On le sait, jumeler
des écoles de milieux différents chaque année du primaire et du secondaire pour
réaliser des activités collaboratives de
découvertes culturelles, c'est une recommandation du Commissaire à la langue française. Vous le savez, je suis aussi porte-parole en
matière de langue française. Donc, c'est un document dont j'ai pu
prendre connaissance à l'automne dernier,
effectivement, donc ça fait partie de l'une de ces recommandations-là, mais là,
ce qu'on comprend, c'est que,
d'abord, la recommandation n'est pas retenue par le gouvernement, pour le
moment, mais que le programme de
correspondance scolaire qui est existant, donc, qui est gratuit, donc, pour les
enfants des classes participantes, ne sera plus financé pour l'année 2025‑2026.
Donc, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous répondez publiquement.
M. Drainville : ...
Mme Cadet : Bien,
par le ministère de l'Éducation pour l'année 2025‑2026.
M. Drainville : À ma connaissance,
on ne le finançait pas, cet organisme-là. Il faudrait s'en assurer. Vous êtes
certaine que c'était le ministère de l'Éducation?
Mme Cadet : C'est sûr que c'est
votre ministère, ici. Ça ne peut pas être un... Ce ne sera pas celui...
M. Drainville : Ce qu'on m'indique,
c'est que c'est son centre de services scolaire...
Mme Cadet : C'est le centre de
services scolaire, directement, O.K. O.K.
M. Drainville : ...O.K., qui
finançait, mais ce n'est pas par l'entremise du SAP ou par un autre programme,
là. On ne parle pas de la même chose.
Alors, écoutez, comme je vous ai dit, d'abord,
je ne connais pas la situation de son financement, là, dans le détail, là. Vous
comprenez, là, qu'il y a des centaines d'organismes qui s'adressent à nous, là,
ça fait que...
Mais j'essaie
de rester branché sur le terrain. Alors, j'ai rencontré la dame avec le député
de Nicolet-Bécancour, son député, et elle m'a bien plaidé sa cause, elle
m'a sensibilisé au travail qu'elle fait. Puis je trouve ça très
intéressant, honnêtement, cette espèce d'échange entre les élèves des villes et
les élèves des régions du Québec. Donc, c'est très louable. Et donc elle a
déposé sa demande, puis on va l'analyser comme les autres, mais je ne peux pas
commencer à rendre des décisions comme celle-là. De toute façon, il faut que...
Les projets, ils sont analysés par les équipes, là, ils sont analysés par les
fonctionnaires. Les fonctionnaires font une analyse des projets qui sont
déposés, puis ils nous font des recommandations par la suite.
Mme Cadet : Est-ce que cette analyse
est aussi en fonction de vos propres objectifs? Parce qu'on a parlé de langue française un peu plus tôt parce que ça
faisait partie, donc, de vos sept priorités en éducation quand vous êtes
arrivé en poste il y a maintenant plus de deux ans. Donc, on est à mi-mandat.
Donc, est-ce que, donc, ces sept objectifs que vous avez dans le milieu de
l'éducation, donc, font partie des critères de priorisation du programme de
soutien aux partenaires? Parce qu'ici, là, on a vraiment quelque chose qui
répond parfaitement, qui est parfaitement aligné avec votre objectif en matière
de langue française.
M. Drainville : Bien, écoutez, les
fonctionnaires appliquent des critères et nous font des recommandations. Encore
une fois, Mme la députée, je ne suis pas en mesure de vous dire quelle est
l'analyse qui a été faite de la demande.
Est-ce que l'analyse est complétée, d'abord? Je n'en sais rien. On aura
éventuellement une recommandation qui nous sera faite, avec une
priorisation des projets qui sont déposés pour le SAP.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
C'est malheureusement tout le temps qu'on a pour cet échange. Donc, je cède
maintenant la parole à M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Et je saisis la balle au bond et réitère au ministre mon invitation
à ce qu'il puisse venir visiter des écoles de ma circonscription. Alors, au
menu...
M. Drainville : Je sais que je
serais bien accueilli.
M. Bérubé : Oui. Le dernier ministre
qui est venu, c'est Yves Bolduc. Et je lui ferais visiter le centre de
formation professionnelle Mont-Joli-Mitis, dans le domaine agricole, qu'il
a bien failli visiter lorsqu'il est venu voir le Lab-école à Rimouski. Et on
irait à Matane pour la nouvelle école qui est en projet, qui a été déposé en
septembre à son ministère.
M. Drainville : ...c'est un projet.
M. Bérubé : Oui, projet... Depuis
septembre, il a ça. C'est un projet.
M. Drainville : C'est un projet,
oui. C'est ça.
M. Bérubé : C'est un projet, et même
chose à Amqui. Alors, si d'aventure, il venait, c'est de ça que je lui
parlerais. Je ne sais pas quels sont les critères qui le guident dans sa visite
des écoles, mais je soumets humblement ma candidature et...
• (17 h 40) •
M. Drainville : Oui, oui. Ce que je
veux vous dire, M. le député, j'ai fait l'Abitibi-Témiscamingue. Il y a deux
semaines de ça, j'ai fait tout le Saguenay—Lac-Saint-Jean avec Mme Amélie,
juste ici, là, on a fait... toute une équipe, je vous le garantis. On a fait
les cinq comtés. Puis évidemment, bien, on est allés en Estrie, en Montérégie,
à Montréal, à Québec. On essaie de couvrir tout le territoire.
M. Bérubé : Et
peut-être parfois...
M. Drainville : Je suis allé jusqu'à
Rivière-du-Loup...
M.
Bérubé : Oui, oui,
je sais ça.
M. Drainville : ...dans
le comté de Mme la députée... présidente. Et là je vous dirais, là, Bas-Saint-Laurent—Gaspésie, là, c'est pas mal dans les
destinations prioritaires, là.
M. Bérubé : Très bien, parce qu'il
faut aussi visiter des comtés détenus par des députés de l'opposition.
M. Drainville : Bien oui.
M. Bérubé : Il n'y en a pas
beaucoup.
M. Drainville : Mais, quand on va à
Montréal, je peux vous dire, c'est... quand on va à Montréal...
M. Bérubé : Je continue. Je continue.
La Présidente (Mme Dionne) : Bon,
allez-y, M. le député. Allez-y.
M. Bérubé : Je continue puis...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Oui.
M.
Bérubé : Je vous regarde, Mme la Présidente, tout en
pensant à votre action parlementaire, et je me tourne vers le ministre... votre action parlementaire, et
je dis que la commission sur les écrans, l'impact des écrans, a déposé
une première proposition qui est maintenant publique. Le ministre en a pris
connaissance. Est-ce qu'il est prêt à nous dire qu'il va l'appliquer? Parce que
la rentrée scolaire, c'est septembre 2025.
M.
Drainville : Vous avez raison. Alors, j'ai dit que nous allions
analyser le rapport et que nous allions rendre une décision le plus
rapidement possible. Et je maintiens, Mme la Présidente, que nous allons rendre
une décision le plus rapidement possible.
M. Bérubé : O.K. Donc, ce n'est pas
maintenant. Juste rappeler que c'est à la faveur d'une étude de crédits que
j'avais, le premier, posé la question sur le cellulaire en classe. Il a pris la
décision ensuite de l'appliquer. Ça s'est bien fait. Alors...
M. Drainville : Ah! bien, merci.
M.
Bérubé : Oui, c'est bien fait. Il a fallu avoir une
pétition, il a fallu le rappeler souvent, mais on l'a convaincu, et c'est pour le bénéfice de tout le monde. Alors, je
l'invite à faire preuve de la même mansuétude sur cette question-là...
M. Drainville : «Mansuétude», c'est
un beau mot de la langue française.
M.
Bérubé : ...oui, c'est magnifique, et de prendre une... le
plus tôt sera le mieux. Puis le travail a tellement été bien fait dans la commission que c'est limpide. Et
je suis convaincu que le ministre pourra appliquer cette recommandation,
s'il le souhaite.
M. Drainville : D'ailleurs, il y a
quelques membres de cette commission qui siègent ici aujourd'hui.
M.
Bérubé : Oui, et qui sont drôlement attentifs, mais pas que
les membres, les parents, toutes sortes de monde.
O.K. Dans le domaine... On change de sujet, là,
les cas de violence répertoriés. Bon, le ministre se souvient certainement que, dans un article du 17 mars
2025, on nous indiquait que Québec refuse toujours de rendre publiques
ces données, qui ont été réclamées sans succès. Alors, je ne sais pas pourquoi.
Quelle explication il pourrait me donner pour me satisfaire?
M. Drainville : Quelle explication
je pourrais vous donner pour quoi?
M. Bérubé : Qui justifie qu'on ne
donne pas les données en matière de violence. Où réside l'intérêt de ne pas le
faire?
M. Drainville : Ah! ce n'est pas une
question d'intérêt. Si vous me permettez, Mme la Présidente, je vais céder la
parole à ma sous-ministre, Mme Arav, qui est juste à mes côtés.
M. Bérubé : O.K.,
mais pas trop.
M. Drainville : Je dis «ma», Mme
«la» sous-ministre, s'il y a consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Ah oui!
Allez-y, madame. Oui, bien, c'est correct, M. le député?
M. Bérubé : Oui, mais pas trop long.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
allez-y, Mme la sous-ministre.
Mme Arav
(Carole) : Alors, c'est récemment qu'on a commencé à récolter
ces données-là. Vous savez, avant, elles
n'étaient pas colligées. Et la première chose qu'on constate quand on collige
des données, c'est que ça prend une question de qualité de la donnée.
Puis, quand je parle de qualité de la donnée, c'est que le même mot veuille
dire la même chose.
Donc, avec
les données qu'on est en train de colliger, on se rend compte qu'on arrive à
des résultats très disparates. Alors,
il faut s'assurer d'arriver à se donner des règles d'affaires qui vont faire
que les 72 centres de services scolaires et commissions scolaires
vont être capables de nous donner des données qu'on va pouvoir comparer,
publier et, évidemment, qui vont refléter ce qui se passe sur le terrain.
M. Bérubé : D'accord. Pour le
bénéfice de la commission, la Fédération du personnel de soutien scolaire a commencé à colliger des données pour la violence
physique uniquement. 2018-2019, 1 682 cas, 1 682; 2023-2024,
8 417. Malheureusement, ça augmente de façon considérable. J'ai participé
à un forum que le ministre a organisé, je crois que c'est en juin l'an dernier
ou l'autre avant.
Une voix : ...
M.
Bérubé : ...oui, mai. Ça prend des suites, un plan d'action,
un plan de lutte qui est attendu. Ça ne serait pas prématuré de le
mettre en place. Je le rappelle au ministre. J'imagine qu'il planche là-dessus.
La violence n'attendra pas son plan pour se manifester, tristement, alors je
fais ce rappel.
M. Drainville : Si je peux me
permettre, Mme la Présidente...
M. Bérubé : Permettez-vous.
M. Drainville : ...le plan de lutte,
nous l'avons déposé. Il y a un certain nombre de mesures, d'ailleurs, qui ont
été mises en place. Puis je rappelle, Mme la Présidente, qu'on a quand même eu
récemment une semaine sur la prévention de la violence et de l'intimidation
dans les écoles, avec un temps d'arrêt national pour la première fois dans
l'histoire du réseau scolaire. Et il y a eu, évidemment, des gorges chaudes qui
se sont exprimées sur le sujet.
Mais je vais vous dire une chose, Mme la
Présidente, on a reçu des chiffres sur la... le bilan de cette semaine violence, là, puis il y a eu une participation
dans les classes qui a été phénoménale, là. On parle de plusieurs
centaines de milliers d'élèves qui ont été
exposés aux vidéos qui invitaient à la réflexion, qui invitaient à la
discussion. Les publicités, Mme la Présidente, la publicité où on voit
les parents, là, et le message, c'est : «Ce qu'ils entendent à la maison,
ils l'amènent à l'école», ça a été... ça a connu un succès exceptionnel, même
chose pour la publicité sur l'intimidation.
Je veux juste
dire que la semaine de prévention sur la violence et l'intimidation, incluant
le temps d'arrêt, ça a été une belle avancée, malgré les critiques, là.
Puis moi, je peux vivre avec les critiques, là, mais je vais vous dire une
chose, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Ça a été une très belle
avancée, puis on va continuer, Mme la Présidente. Puis notre intention, c'est
d'avoir une autre semaine sur la violence et l'intimidation l'an prochain. Pour
les vidéos, on verra.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci, M. le ministre...
M. Drainville : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
continuons. Merci. M. le député, je vous laisse poursuivre.
M.
Bérubé : Entre les deux semaines, là, des gestes plus
concrets pour les enseignants, pour le personnel scolaire, ça ne serait
pas prématuré, c'est demandé. Quant à la vidéo, c'est... le ministre conviendra
qu'il n'y a jamais eu des cotes d'écoute aussi élevées.
M. Drainville : Vous ne l'avez pas
aimé?
M. Bérubé : Non, je dis qu'il n'y a
jamais eu de cotes d'écoute aussi élevées.
M. Drainville : Je n'ai jamais eu
des cotes d'écoute aussi élevées?
M.
Bérubé : Oui.
M.
Drainville : Donc, vous reconnaissez qu'elle a été écoutée.
M. Bérubé : Non,
100 % des écoles étaient obligées de l'écouter.
M.
Drainville : Ah! bien là, ça, c'est... comme vous le savez, c'était
l'objectif.
M.
Bérubé :
Oui, c'est atteint.
M.
Drainville : Malheureusement, dans certaines écoles, ça n'a pas été
écouté, reconnaissons-le.
M.
Bérubé :
Ça, je ne savais pas.
M. Drainville : Mais je vais vous dire... Écoutez, M. le député de Matane-Matapédia, vous êtes capables de le prendre. On se connaît assez pour ça.
On est rentrés au Parlement en même temps. La semaine passée ou la semaine
d'avant, quand j'étais dans les écoles du Saguenay—Lac-Saint-Jean...
M.
Bérubé :
Oui. Je n'aurai pas le temps pour l'anecdote.
M.
Drainville : ...les jeunes du primaire, M. le député, je rentre dans
la classe, plusieurs classes, il y a des témoins :
Aïe! Vous êtes le monsieur de la vidéo. Ils ne connaissaient ni mon nom ni mon
titre, mais ils m'ont dit : Oh! vous
êtes le monsieur de la vidéo. Non, mais je vous dis juste qu'il y a des
enfants, au Québec, qui l'ont vu. Puis il y en a qui m'ont dit :
M. Drainville, parce qu'il y en a qui se souvenaient de mon nom, puis ils
ont dit... Je leur ai demandé : Est-ce
que vous avez... Pourquoi vous avez trouvé ça intéressant? Puis là les enfants
ont commencé à lever la main pour dire : Bien, il faut être poli,
il faut être gentil, il faut se respecter. Non, mais il faut voir le positif,
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Bien, pour le ministre, il y a certainement... il
l'évoque lui-même, ça augmente son taux de notoriété comme ministre de
l'Éducation.
M.
Drainville : ...
M.
Bérubé :
Un peu. Un petit peu quand même.
La Présidente (Mme
Dionne) : O.K. Un à la foi, messieurs. Sinon, on s'adresse à la
présidence. C'est cacophonique pour les gens qui nous écoutent. Merci.
M. Bérubé : Vous
avez toujours été un homme de causes, j'en conviens, M. le ministre.
Une école qui est en
attente, pas tellement loin de la circonscription du ministre, c'est
Saint-Apollinaire, dans la région de Chaudière-Appalaches. C'est une des
municipalités qui a l'augmentation démographique la plus élevée au Québec et au Canada. L'augmentation est
incroyable, des jeunes familles. Le maire, Jonathan Moreau, fait des
demandes régulièrement pour savoir qu'est-ce qui va arriver avec cette école.
J'ai lu la lettre de refus du ministre. Qu'est-ce qu'on peut dire à la
communauté de Saint-Apollinaire? Dans ce cas-ci, c'est vraiment, là, une
augmentation vraiment importante. On ne sait plus comment bien accueillir les
enfants dans cette localité. Alors, je fais le message pour eux.
M.
Drainville : Bien, c'est bien que vous soyez la voix de cette
communauté. Écoutez, M. le député, oui, j'ai entendu
le maire. Je l'ai d'ailleurs rencontré à quelques reprises dans le cadre de mes
fonctions de ministre de la Chaudière-Appalaches. Des projets de
nouvelles écoles, il y en a beaucoup au Québec, M. le député, et on essaie de
répondre aux besoins avec le maximum de projets possibles. Jusqu'à maintenant,
le projet de Saint-Apollinaire n'a pas été retenu, mais je les invite à
continuer à le soumettre à l'attention du ministère, parce que c'est arrivé que
des projets ne soient pas retenus une
première fois, une deuxième fois, puis éventuellement ils l'ont été, ils ont
été financés, puis aujourd'hui l'école a été construite ou l'école a été
agrandie, peu importe le projet.
M. le député, on
reçoit des centaines de projets chaque année, des centaines de projets d'école
chaque année, et malheureusement on ne peut pas tous les faire. Il faut les
étaler dans le temps. Et donc un jour ce sera possible pour celui de Saint-Apollinaire.
Mais je ne peux pas... Je ne vais pas commencer à m'engager sur un projet, ce
serait irresponsable de ma part. Puis je ne veux pas faire ça, parce que, si tu
commences à le faire pour un, il faut que tu le fasses pour tous les autres.
Puis, des projets, on en a comme ça, là.
• (17 h 50) •
M. Bérubé : Je
leur transmettrai votre réponse.
Les
maternelles quatre ans, je me souviens que le premier ministre y tenait
beaucoup, puis il avait même indiqué dans un débat des chefs qu'il
serait prêt à mettre son siège en jeu avec cette promesse. Je ne sais pas s'il
en est autant du ministre de l'Éducation, s'il y tient autant que le premier
ministre, mais l'information qu'on a, en tout cas, c'est qu'il y en a de moins
en moins de disponibles. C'est une formule qui s'essouffle. On a le réseau des
CPE qui remplit une bonne partie de ce rôle-là. On a vidé parfois de...
certaines ressources qui pouvaient venir aider davantage.
Alors, il en est où, là, sur les
maternelles quatre ans? Est-ce qu'à terme il aimerait reprendre le
développement des maternelles quatre ans?
Est-ce que la pression exercée par la pénurie de personnel puis l'augmentation
des classes d'accueil, par exemple, fait en sorte qu'on va devoir, à
terme, abandonner le réseau? Si oui, il en est où?
M. Drainville :
Bien, écoutez, on en est où? En
2018, il y avait moins de 400 classes de maternelle quatre ans au Québec, et très exactement 394, puis aujourd'hui
on est... on en est à 1 691, c'est-à-dire quatre fois plus. On est
passés, là, si on arrondit, de 400 à
1 700 classes de maternelles quatre ans en l'espace de sept ans cette
année. Est-ce qu'on souhaiterait en créer davantage? La réponse, c'est
oui.
Maintenant,
on continue d'augmenter leur nombre. Je pense que c'est important de le noter.
D'année en année, ça augmente, mais
ça augmente de moins en moins rapidement, je vous l'accorde, M. le député. Et
donc les enjeux de locaux et les enjeux de pénurie de personnel
enseignant nous causent des casse-tête, et c'est la situation devant laquelle
nous sommes, à laquelle nous sommes confrontés.
Alors,
est-ce qu'on souhaiterait... est-ce qu'on souhaite continuer, d'abord, à créer
des maternelles quatre ans? La réponse,
c'est oui. Est-ce qu'on souhaiterait en créer à un rythme plus rapide? La
réponse, c'est oui également. Est-ce qu'on est capables de le faire? La
réponse, c'est non parce qu'on n'a malheureusement pas les espaces et surtout
on n'a malheureusement pas les effectifs enseignants, alors on est obligés de
prioriser. Puis, comme vous le savez, la maternelle
quatre ans, c'est facultatif, alors qu'à partir de la maternelle cinq ans, il
faut offrir le service. Même si ce n'est pas obligatoire pour les
parents, il faut l'offrir. Et les autres niveaux, évidemment, jusqu'à
16 ans, c'est fréquentation scolaire obligatoire. Donc, il faut donner le
service.
La Présidente (Mme
Dionne) : ...M. le député.
M. Bérubé : Clic
École, les commentaires que le ministre reçoit, c'est-tu bon? Parce que moi, si
j'en entends parler, c'est qu'il y a des gens qui trouvent qu'on dédouble, qui
se posent la question sur l'opportunité. Peut-être que le ministre peut me
parler des coûts aussi. Ça vient d'où, ça? Qui c'est qui a demandé ça, Clic
École, à part une firme informatique qui était disponible, là?
M.
Drainville : Bien, l'objectif de Clic École, Mme la Présidente... puis
le député a raison de dire que ça n'a pas été accueilli avec le même
enthousiasme partout...
M. Bérubé : C'est
une façon de le dire, oui.
M.
Drainville : ...mais foncièrement, c'est une application qui sera
disponible sur le cellulaire, le cellulaire des parents, puisque ça s'adresse
d'abord et avant tout aux parents et ça vise à faciliter la vie des parents. Et
alors là, là, certaines des critiques que nous avons entendues étaient à
l'effet qu'on allait remplacer Clic École... qu'on allait remplacer Mozaïk par
Clic École. Ce n'est pas ça, Mme la Présidente. Mozaïk, ça fonctionne bien
actuellement, et nous allons conserver Mozaïk, sauf que Mozaïk, présentement,
pour y avoir accès, il faut aller sur un ordinateur. Et là ce qu'on va faire,
c'est qu'on va permettre aux parents d'avoir accès à Mozaïk à partir de leur
cellulaire grâce à une application performante. Et Clic École va...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Merci. M. le député, il vous reste
1 min 30 s.
M. Bérubé : Combien
ça coûte?Vous savez, ça coûte cher, là, ces programmes informatiques
là, là.
M.
Drainville : Écoutez, bien, moi, le chiffre que j'ai, c'est 4 millions.
M. Bérubé : 4 millions
pour la mise en...
M.
Drainville : 4 millions, oui.
M.
Bérubé :
...le développement, la mise en place, et tout ça?
M.
Drainville : 4 millions, oui, exactement, pour faciliter la vie
des parents. Alors, ça ne remplacera pas le Portail
Mozaïk et Le Portail Parents. La nouvelle application Clic École s'appuiera sur
les infrastructures de Mozaïk-Portail. Les informations relatives aux
élèves, agenda de son enfant, devoirs, évaluations pourront être rendues
accessibles par les équipes-écoles via Mozaïk et consultées par le parent via
Clic École.
M. Bérubé : O.K.
Est-ce que le ministre accepte de déposer le coût, les projections pour le
développement, la mise en place, et tout, de Clic École?
M. Drainville :
Bien, c'est 4 millions. Je vous le dis, moi, c'est 4 millions.
M. Bérubé : Je
veux un document.
M. Drainville : Bien, on va regarder
si on a un document.
M. Bérubé :
Mais le ministre a lu ça à quelque part, le 4 millions.
M. Drainville : Je ne sais pas. On
va vérifier, puis, s'il y en a un, on va...
M.
Bérubé : Je pense
que oui... qu'il l'a lu à quelque part.
M. Drainville : ...s'il y en a un,
ça nous fera plaisir de le déposer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
vous allez vérifier, M. le ministre, et déposer, si possible?
M. Drainville : Non, non, mais, s'il
y en a un, on va le déposer, mais je vous dis que c'est 4 millions.
M. Bérubé : Et quelle est la source
du 4 millions?
M. Drainville : Il est sur le
tableau de bord, le chiffre.
M. Bérubé : O.K. Vraiment? J'ai
vérifié, je ne l'ai pas vu.
M. Drainville : Du ministère de la
Cybersécurité et du Numérique. Sur le MCN, vous avez ça, M. le député.
M. Bérubé : Me voilà rassuré.
M. Drainville : Et voilà. Bien, je
suis content de vous rassurer.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
merci.
M.
Bérubé : Je remercie le ministre et je l'invite à nouveau à
m'accompagner dans une visite dans la circonscription de Matane-Matapédia.
M. Drainville : Que j'ai déjà
fréquentée à ses côtés, d'ailleurs.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Alors, c'est tout le temps qu'on...
M. Bérubé : Je m'en souviens, j'en
garde des souvenirs en tout genre.
La Présidente (Mme Dionne) : Bon.
Alors, sur ces beaux souvenirs, c'est tout le temps qu'on...
M. Drainville : ...
La
Présidente (Mme Dionne) :
Encore des photos. Bon, revenons à nos moutons. Mme la députée de Bourassa-Sauvé...
Des voix : ...
La
Présidente (Mme Dionne) : Alors, désolée pour les gens à la maison. C'est
l'heure... Alors, voilà. Mme la députée, à vous la parole.
Mme Cadet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je veux certainement que ces photos-là soient déposées à la
commission, là.
Juste pour
revenir très rapidement, donc, sur le programme de Correspondance scolaire,
donc, le programme était financé par
la mesure 15.0.53, Soutien à l'intégration et la réussite des élèves immigrants
et à l'éducation interculturelle, une
mesure qui disparaîtra. Donc, c'est une mesure, donc, de la Direction de
l'intégration linguistique et de l'éducation interculturelle du
ministère de l'Éducation du Québec. C'est un non-renouvellement de soutien de
40 000 $. Donc, juste que vous ayez l'information précise, M. le
ministre, sur notre conversation de tantôt.
Mais je vais poursuivre. Ce que vous... On vient
de parler, donc, du plan de prévention de la violence et de l'intimidation en
milieu scolaire. Vous l'avez dévoilé en octobre 2023, un plan sur cinq
ans. Nous avions demandé...
M. Drainville : ...sur cinq ans de
quoi?
Mme
Cadet : Le plan de prévention de la violence et de
l'intimidation. Nous avons demandé combien d'argent était prévu pour le plan en 2024‑2025.
Réponse : 5,5 millions. On a demandé si les montants ont réellement
été investis cette année, et la
réponse a été, donc, de 1,4 million. Donc, c'est 25 % des
investissements prévus pour l'année qui ont été investis,
selon les demandes de renseignements particuliers que nous avons faites dans le
cadre de l'étude des crédits budgétaires. Pourquoi les sommes n'ont pas été
investies cette année pour lutter contre la violence dans les écoles?
M.
Drainville : Bien, Mme la Présidente, il faut faire attention
ici, là. Vous avez raison, d'abord, de dire que, quand on regarde les
documents qui ont été rendus disponibles pour cette étude des crédits... la
députée a raison de dire qu'on avait prévu un budget et qu'il n'a pas été
investi dans sa totalité.
Maintenant,
la raison pour laquelle je souhaite apporter des nuances, Mme la Présidente,
c'est que, quand vous regardez le
document, là, puis vous prenez les lignes, là... par exemple, la ligne
Formation du personnel, alors, on regarde, là, la somme réellement investie, 86 436 $, sauf que cette
somme-là, Mme la Présidente, ça n'inclut pas tout le travail qui a été fait par les équipes qui sont spécialisées
dans ces questions, qui ont développé des contenus qui ont été, par la
suite, partagés dans les écoles, les
contenus des balados, par exemple, pendant la semaine de prévention à la
lutte... la semaine de prévention, dis-je bien, à la violence et à
l'intimidation.
Regardez, là,
la ligne Formation des élèves, là... alors Formation du personnel, je me suis
trompé, c'est 36 193 $.
Mme Cadet : Merci. C'est ça,
exactement, 36 000 $. Merci.
M. Drainville : Oui, vous avez
raison. Formation des élèves, 86 436 $.
Mme Cadet : C'est ça.
M.
Drainville : Alors, ça n'inclut pas, Mme la Présidente, tout le
travail qui a été fait par les équipes du ministère, qui ont contribué à développer ces contenus de
formation pour le personnel, ces contenus de formation pour les élèves.
Alors, il y a eu beaucoup de travail...
Mme Cadet : Oui. Alors, juste
pour... parce que le temps est limité, parce qu'effectivement, donc, moi, je constatais, donc, 36 000 $ pour former
le personnel, mais vous aviez prévu 100 000 $; 86 000 $
pour former les élèves, et vous aviez
prévu 225 000 $. Vous aviez prévu 2,3 millions, cette année,
pour des équipes d'intervention, il y a zéro dollar qui ont été
investis... réellement investis dans cette ligne-là. Donc...
M. Drainville : Oui, vous avez
raison, mais, Mme la Présidente, on a travaillé sur les équipes d'intervention.
Et ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'argent qui est, comment dire, confirmé
comme sommes réellement investies qu'il n'y a pas eu du travail très sérieux et
très constant, travail qui a une réelle valeur monétaire, Mme la Présidente.
Alors, ça
n'apparaît pas dans la feuille des crédits, mais je peux vous dire une
affaire : il y a des fonctionnaires... je le sais parce que je les
ai rencontrés puis j'ai eu des discussions avec eux sur cette question,
plusieurs discussions, plusieurs... Alors, je veux juste...
• (18 heures) •
Mme Cadet : Est-ce que les sommes
vont être investies l'année prochaine?
M.
Drainville : ...je veux vous rassurer. Je veux vous rassurer,
les équipes d'intervention vont aller de l'avant, Mme la députée, et ce
sera annoncé en temps et lieu.
Mme Cadet : O.K. Merci.
M. Drainville : Mais je veux juste
vous rassurer, il y a du vrai travail qui a été fait là-dessus. Même s'il n'y a
pas de valeur monétaire officielle, je peux
vous dire une affaire : il y a de la valeur humaine, il y a du vrai
travail d'humains qui a été fait au
sein du ministère de l'Éducation pour préparer, notamment, ces équipes
d'intervention et pour continuer à travailler sur le plan de lutte à la
violence et à l'intimidation.
Mme
Cadet : Parfait. Temps d'arrêt dans les écoles, donc, ils
nous en ont parlé. Lorsque je vous ai questionné là-dessus le 4 avril dernier, vous nous disiez : On a eu
suffisamment de témoignages positifs pour envisager de refaire
l'exercice l'année prochaine. Est-ce que c'est toujours votre avis?
M. Drainville : De quoi on parle?
Mme Cadet : La semaine, le temps
d'arrêt dans les écoles.
M. Drainville : Comme je l'ai dit il
y a un instant, l'objectif, c'est de répéter la semaine, d'abord, d'avoir une
semaine de lutte à la violence et à l'intimidation dans les écoles.
Mme Cadet : Est-ce qu'il va y avoir
un autre temps d'arrêt?
M.
Drainville : Et je souhaiterais qu'il y ait un temps d'arrêt. Il n'y a
pas de décision encore formelle, officielle qui a été prise, mais je pense que
c'est une excellente chose qu'à un moment donné, dans toutes les écoles du Québec, on s'arrête tout le monde ensemble pendant
un moment pour prendre acte du fait que ce n'est pas acceptable, la violence, ce n'est pas acceptable, l'intimidation. Puis,
si on veut que nos élèves soient bien à l'école, il faut leur donner un milieu
sain et sécuritaire, puis, si on veut que notre personnel scolaire soit bien à
l'école, il faut s'assurer qu'ils ont un environnement de travail où ils se
sentent en sécurité.
Mme Cadet : Merci,
M. le ministre.
M. Drainville :
Et donc, c'est l'objectif. Quelle
forme ça prendra? J'insiste là-dessus, ne prenez pas pour acquis que ce
sera exactement la même formule, mais, sur le principe d'une semaine et sur le
principe d'un temps d'arrêt, la réponse, c'est notre intention, notre...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre. Poursuivez, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Question 187 de nos
demandes de renseignements particuliers, nous avions demandé : «Concernant le temps d'arrêt national du
17 mars 2025 demandé par le ministre de l'Éducation, veuillez nous dire...» donc, de nous donner le bilan de la
journée. En termes de bilan, ce qu'on comprend, c'est... En fait, tout
ce qu'on nous a donné, c'est
78 000 clics et 584 «j'aime» sur les capsules YouTube. Donc, c'est
ça, votre bilan de la journée, le bilan du temps d'arrêt?
M.
Drainville : C'est un document qui vous a été remis, ça, pour les
crédits?
Mme Cadet : C'est dans notre... oui, pour les crédits, donc,
dans nos renseignements particuliers de l'opposition officielle, la demande 187, bilan de la
journée. Donc, on avait fait quatre... cinq demandes, là, a, b, c, d, e. Donc,
la b, c'est le bilan de la journée. À
la suite de la semaine annuelle, donc, on nous dit, donc, un total, donc, il
est... ici, donc, il est décliné, là,
selon le cycle, selon le préscolaire, le primaire et le secondaire, mais, au
total, on comprend que ce qu'on nous dit,
c'est que ça a été un succès parce qu'on a eu 78 000 clics sur
YouTube et qu'il y a eu 584 mentions «j'aime» liées au temps
d'arrêt sur YouTube. Je ne sais pas si, pour vous, ça, c'est votre étalon de
mesure de succès du temps d'arrêt.
M.
Drainville : Écoutez, Mme la Présidente, la collecte d'information
n'est pas terminée. Ce que l'on peut vous
dire, c'est que, oui, certaines des manifestations très concrètes de cette
semaine ont remporté une adhésion notable. Vous avez donné des exemples. On a eu des témoignages de divers centres
de services scolaires, là. Ils ne font pas partie de votre recension,
là, mais on a reçu...
Mme Cadet : C'est
la réponse du ministère, là. Vous comprenez, là, que...
M.
Drainville : Oui, oui. Non, mais ce n'est pas un reproche que je vous
fais, là, mais, tu sais, je vous donne des exemples, là, par exemple, le centre
de services scolaire Kamouraska—Rivière-du-Loup
qui nous a informés qu'ils avaient reçu de
bons commentaires, accueil positif, le visionnement de la capsule vidéo et les
questions ont suscité l'intérêt des
jeunes; Eastern Shores, succès sur toute la ligne, 90 % des écoles ont
pris part à l'heure dite, les autres un peu plus tard pour des raisons hors de leur contrôle, plusieurs activités
prévues tout au long de la semaine dans les écoles du centre... de la
commission scolaire Eastern Shores; commission scolaire New Frontiers, bon
déroulement en fonction des commentaires reçus.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le ministre.
M.
Drainville : Il y a eu beaucoup de commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, merci. Je vais laisser poursuivre la députée.
Mme Cadet : Merci. Dans un autre registre, M. le ministre, on
se souvient tous de l'histoire tragique du jeune Mathis Boivin,
15 ans, décédé d'une surdose en décembre 2023. Le coroner a dévoilé son
rapport en janvier dernier. Il dénonce le déploiement à géométrie variable des
efforts de sensibilisation aux surdoses dans les écoles du Québec. Et le rapport,
donc, a été transmis pour fins d'information, de réflexion et de prévention au
ministère de l'Éducation. Donc, la coroner,
donc... et vous a probablement été signifié. D'abord, est-ce que vous avez pris
connaissance du rapport? Et ensuite est-ce que vous avez étudié la
possibilité de doter les écoles du Québec de trousses de naloxone?
M.
Drainville : Écoutez, Mme la Présidente, les centres de services
scolaires peuvent décider de se doter d'une
telle trousse. C'est possible. Est-ce qu'on pense à faire un programme national
mur à mur? La réponse, c'est non. Mais
est-ce que les centres de services scolaires pourraient se prévaloir des
ressources financières qu'on leur transfère pour porter... se porter acquéreurs d'une telle trousse? C'est tout à fait
possible. C'est à... Il faut laisser, à un moment donné, aux centres des services scolaires, Mme la Présidente,
l'occasion d'exercer leur autonomie, là. Encore une fois, ce n'est
pas au ministre de gérer les 72 centres de services puis les 3 000
écoles à partir du 16e étage de l'édifice G à Québec, là.
Mme Cadet : Merci. Les centres d'injection supervisée près des
écoles, ma collègue de Saint-Laurent a déposé
un projet de loi, le projet de loi n° 892, donc, le
27 novembre dernier. D'abord, est-ce que vous l'avez vu? Qu'est-ce que
vous en pensez? Puis est-ce que vous allez appeler ce projet de loi là?
M.
Drainville : Bien, d'abord, est-ce que je l'ai vu? La réponse,
c'est oui. Est-ce que je l'ai... Est-ce que j'en ai pris connaissance? La réponse, c'est oui
également. On la salue, d'ailleurs, la députée de Saint-Laurent. Je pense
qu'elle est une habituée de ces travaux.
Donc, c'est possible qu'elle soit en train de nous regarder. On salue Abraham
également.
Alors, Mme la Présidente, c'est une suggestion
constructive qu'elle a faite, la députée de Saint-Laurent, par le truchement de son projet de loi. Je pense que
ce n'est pas une surprise que de vous dire que notre ministre
responsable des Services sociaux a été
évidemment saisi de cet enjeu, et c'est un... ça relève de sa responsabilité,
et je sais qu'il est très sensible à cette question, et je ne me
permettrai pas d'en dire davantage puisque ça relève de ses responsabilités.
Mme Cadet : Merci. Roi de la
montagne, en septembre dernier, vous avez réagi à un reportage de La Presse
sur la multiplication des activités interdites dans les cours d'école. Vous
avez dit : «Ça fait déjà depuis un petit bout que je me dis qu'il faut
ramener les buttes de neige, notamment parce qu'on aimait jouer au roi de la
montagne. Il y a un risque qu'un enfant éventuellement se fasse un petit bobo.
Moi aussi, ça m'est arrivé en tombant sur la glace, et je ne suis pas mort.»
Donc, je vous cite, M. le ministre. Donc, on est rendus où avec ça?
M. Drainville : Bien, justement,
quelle heureuse idée, n'est-ce pas? Alors, il y a eu plusieurs interventions auprès du réseau. D'abord, on en a parlé dans un
forum des centres de services scolaires, des directeurs généraux. Ça a été suivi d'une communication de la part de Mme
Arav ici présente dans le bulletin de la sous-ministre. On invitait
alors les centres de services scolaires à profiter, si je peux dire, saisir
l'occasion des appels d'offres pour s'assurer que les déneigeurs des cours d'école puissent fabriquer et construire des
monticules de neige, des montagnes de neige pour que les élèves puissent jouer notamment au roi ou à la
reine de la montagne. Et il y a un rappel récent qui a été fait parce
que c'est le temps de négocier les contrats,
là, avec les déneigeurs. Là, en tout cas, il y a certains centres de services
qui le font.
Et donc on leur a rappelé que ce serait une
excellente idée de permettre aux enfants de pouvoir s'amuser sur des buttes de neige dans les cours d'école, là où,
évidemment c'est possible, parce que, parfois, les cours d'école sont
trop exiguës, mais là où c'est possible, on réitère, avec l'appui, j'espère, de
la députée de Bourassa-Ssauvé, que ce serait une excellente idée, dans un
contexte sécuritaire, mais pas hypersécuritaire, pas trop sécuritaire, mais, tu
sais, là, encourager les buttes de neige,
là. Puis oui, ça arrive parfois qu'on se fait un petit bobo, mais arrêtons, là,
de viser la... comment dire, le risque zéro. Ça n'existe pas, le risque
zéro. La vie n'est pas un risque zéro. Et donc, que nous permettions à nos
élèves de s'amuser sur les buttes de neige, oui, s'il vous plaît...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Vous pouvez poursuivre, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci.
Est-ce que ça veut dire que, donc, les équipes du ministère, donc, travaillent
à l'élaboration d'une politique, d'un guide? C'est-tu ça que vous êtes
en train de nous dire?
• (18 h 10) •
M.
Drainville : ...pas besoin d'un guide ou d'une politique, là.
On peut-tu juste se servir de notre jugeote puis de notre... comment dire, de notre bon sens puis, au
niveau des centres de services scolaires, là, discuter avec les
déneigeurs puis dire : Comment est-ce
que tu pourrais m'organiser ça, là, pour que les enfants aient des belles
montagnes de neige? Puis, après ça, on met en place les règles pour
s'assurer que ça se fasse de façon sécuritaire. Alors, oui, il y a un petit
sentier pour monter, puis il y en a un autre pour descendre, puis un petit peu,
évidemment, de surveillance autour de ça, mais arrêtons, s'il vous plaît,
arrêtons d'éteindre, d'étouffer le risque. Ça arrive qu'on se...
Mme Cadet : Est-ce que vous
pouvez...
M. Drainville : ...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le ministre. Merci, merci. Il vous reste moins de trois minutes, Mme la
députée.
Mme
Cadet : Merci. Est-ce que vous pouvez déposer ce que vous
avez transmis aux centres de services scolaires?
M. Drainville : ...dire, c'est
connu.
Mme Cadet : Merci beaucoup, parfait.
M. Drainville : C'est connu. C'est
le bulletin de la sous-ministre. Dites-moi pas que vous ne lisez pas le
bulletin de la sous-ministre?
Mme Cadet : Je vais continuer, je
vais poursuivre, M. le ministre.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
juste pour être claire, le bulletin de la sous-ministre sera déposé en
commission, sur le roi ou la reine de la montagne. Parfait, merci. Poursuivez,
Mme la députée.
Mme Cadet : Merci. Culture du
civisme, le premier ministre vous a chargé de déposer un plan pour instaurer
plus de respect, plus de civisme et plus de discipline dans nos écoles.
Qu'est-ce qui se passe avec ça?
M. Drainville : Ah!
Mme la Présidente, on continue de travailler sur le dossier et on produira des
résultats dans les plus brefs délais. L'objectif, c'est aussi rapidement que
possible.
Mme Cadet : Genre demain?
M. Drainville : Pourquoi?
Mme Cadet : ...qu'on comprend, il y
a une conférence de presse concernant des mesures pour renforcer le civisme et
le respect dans les écoles du Québec. Ça vient de rentrer, là, pendant qu'on se
parle. Quel adon!
M. Drainville : Écoutez, vous
m'enlevez les mots de la bouche, et je ne confirme rien. Je vous dis juste que demain, effectivement, je... Là, je suis mal placé
pour le nier. Demain, j'aurai une communication publique à faire et je
vous invite à l'écouter avec attention, Mme la députée, et, si vous y adhérez,
à l'appuyer publiquement.
Mme Cadet : On regardera ça avec
attention demain.
M. Drainville : Bien sûr.
Mme Cadet : Dans un autre sujet
complètement, marché parallèle des écoles de préposés aux bénéficiaires, en
septembre... en novembre, pardon, 2023, il y avait un article de Radio-Canada
qui nous indiquait qu'au Québec n'importe qui peut ouvrir une école privée pour
préposés aux bénéficiaires, et donc l'inscription ne nécessite pas de permis
d'étude... de travail. Plusieurs omettent de dire que leurs diplômes n'ont
aucune valeur aux yeux du ministère de l'Éducation. Vous aviez été interrogé.
On nous disait, donc : Ni le ministre de l'Éducation — vous-même — ni la
ministre déléguée aux aînés n'ont voulu nous accorder une entrevue à ce sujet.
Tout ce qui concerne la formation
professionnelle, ça fait partie de vos priorités. Donc, je veux savoir, vous,
qu'est-ce que vous en pensez. Est-ce que vous avez réagi à ça depuis novembre
2023?
M. Drainville : Si vous permettez,
Mme la Présidente, je vais céder la parole à Mme la sous-ministre.
La Présidente (Mme Dionne) : Ça va,
Mme la députée?
Mme Cadet : Oui.
La Présidente (Mme Dionne) :
Allez-y, Mme la sous-ministre.
Mme Arav (Carole) : Alors, oui, on a
fait des vérifications dans les écoles. Il y en avait 17 qu'on est allés vérifier parce qu'on avait eu des dénonciations.
Il y en avait plusieurs qui étaient correctes à ce moment-là ou qui se
sont rendues correctes et qui ont fait des
demandes pour avoir des permis d'école, là, pour bien répondre... Il reste
quelques dossiers qu'on suit et qu'on est en train de documenter pour nous
assurer que toute la situation va être revenue... et qui va suivre... la
situation va suivre les règles dans les prochaines semaines, prochains mois.
Mme Cadet : ...ce soit régularisé,
que les personnes qui s'inscrivent dans ces écoles-là...
Mme Arav (Carole) : Tout à fait. On
travaille là-dessus.
La Présidente (Mme Dionne) : En
10 secondes, Mme la députée.
Mme
Cadet : En 10 secondes?
On nous a souvent répondu, aux questions qu'on a posées, qu'il y avait...
qu'on n'avait pas de réponse, mais c'est des
questions pour lesquelles on avait des réponses dans les cahiers de crédits
précédents. Vous, comme journaliste, comment est-ce que vous prenez ça, comme
ancien journaliste?
La Présidente (Mme Dionne) : Je suis
désolée, je dois...
M. Drainville : C'est dommage.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
pour ce dernier bloc, je cède la parole au député de Saint-Jean pour
17 minutes.
M. Lemieux : C'est lui qui va
s'occuper du temps, mais c'est moi qui va vous parler.
La Présidente (Mme Dionne) : Ah oui!
d'accord.
M.
Lemieux : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. Pas
pour excuser, mais expliquer mon arrivée tardive, je suis un nouveau
membre permanent. Je suis redevenu membre permanent de la CCE et je ne voulais
pas manquer
l'opportunité des crédits du ministre de l'Éducation. Alors, je sors à
l'instant des crédits du premier ministre en CI et me voilà avec vous,
M. le ministre.
Je trouvais que c'était une très bonne question
que je viens d'entendre, mais je ne suis pas sûr qu'on a assez de temps pour
s'en aller là. Alors, je vais vous amener là où je voulais aller, les projets
pédagogiques particuliers en éducation, les
PPP. Évidemment, à chaque fois qu'on a... C'est parce que je voudrais qu'on
prenne le temps, pas juste de réexpliquer,
pour ceux qui ont, comme moi, plus d'enfants à l'école, comment ça se passe, parce
que ça fait très longtemps que je
n'ai pas mis les pieds dans une école avec ma propre fille, même si, grâce à
mon travail de député, j'ai l'occasion de visiter plus que moins des
écoles à mon âge, mais les projets pédagogiques particuliers, on en entend
énormément de bien par rapport à ce que ça
fait aux jeunes, particulièrement ceux qui sont dans un centre de services
scolaire où il y a une école qui propose le programme dont ils rêvaient
quand ils étaient plus jeunes, puis ils sont capables de s'y rendre. Mais on
s'y perd, si on n'a pas d'enfant à l'école et on s'en inquiète probablement ou,
en tout cas, on s'y intéresse davantage si on a des enfants à l'école.
Est-ce qu'on a des données? Est-ce qu'on peut
suivre le progrès qu'on a fait? Parce que j'ai cru entendre, avec votre prose
proverbiale, en réponse à la période des questions, que vous êtes
particulièrement fier de votre bilan à ce sujet-là. Est-ce qu'avec les données
qu'on a on sent qu'on est sur la bonne voie, que c'est ça, la bonne solution?
Et je dis «solution» parce que, pour moi, il y avait un problème
d'accessibilité. À partir du moment où on a un accès à ces PPP là, on a un
choix. Si on n'a pas le choix, bien là, on fait partie de ceux qui sont laissés
pour compte, entre guillemets, si c'est si
bon que ça. Alors, c'était ma question, M. le ministre. Je voudrais vous
entendre nous résumer ce que c'est, comment ça fonctionne, mais surtout
les données probantes pour être certains qu'on est dans la bonne voie et dans
la bonne direction.
M.
Drainville : Bien, merci pour la question. On a effectivement
abordé ce sujet-là un peu plus tôt, mais vous avez raison de dire que
c'est un sujet qui est très important, parce que, comme je le disais tout à
l'heure, moi, les projets particuliers, là, ma conception des projets
particuliers, c'est qu'ils font aimer l'école, qu'ils sont source de
persévérance scolaire.
Et donc, quand le premier ministre a décidé de
me confier la responsabilité du ministère de l'Éducation, il a fallu évidemment s'entendre, réfléchir un peu,
discuter, et tout ça, et en arriver à une série de priorités qu'on
souhaitait mettre de l'avant pendant tout le
mandat, et nous avons décidé... Comme équipe et comme ministère, nous avons
décidé... Parmi les sept priorités que nous
avons identifiées au départ, il y en a une huitième qui s'est ajoutée,
c'est-à-dire violence et intimidation. Elle s'est ajoutée par le...
comment dire, la force des choses, mais, dans les sept premières que nous avons
identifiées, il y avait effectivement les projets particuliers.
Et pourquoi
avons-nous décidé de prioriser les projets particuliers? C'est parce qu'on
voyait bien qu'ils étaient source de motivation, ils étaient source de
persévérance et, nous en avions l'intuition, source de réussite scolaire. Et c'est pour ça que j'étais très fier, tout à
l'heure, de montrer ce tableau sur le décrochage scolaire. Et là on voit, là,
pour l'ensemble du réseau public, il y a à
peu près 17 % des élèves qui décrochent, on parle d'élèves du secondaire,
réseau public, qui décrochent d'une année à
l'autre, alors que les élèves qui sont inscrits dans un projet particulier, là
où il y a... Attendez un petit peu
que je regarde comme il faut. Alors, les PPP pour lesquels il n'y a pas de
sélection, le décrochage n'est que de
7,8 %, et ceux pour lesquels il y a une sélection, ça baisse à 6,1 %.
Et donc ces chiffres-là, qui sont issus, donc, d'une analyse sérieuse et
crédible, démontrent qu'effectivement nous avions raison de penser que les
projets particuliers étaient source de réussite scolaire.
Et donc on souhaite... M. le député de
Saint-Jean, on souhaite que les écoles continuent à en développer, que les centres de services scolaires continuent de
faire preuve de leadership en amenant, en encourageant, en soutenant les
conseils d'établissement des écoles à créer
de nouveaux projets particuliers. Je rappelle que, de 2022‑2023
à 2023‑2024, il s'est créé
9 % plus de projets particuliers. Donc, 200 projets particuliers de plus,
ça correspond au chiffre de 9 %, et, en termes d'élèves, c'est à peu près
15 000 élèves de plus qui se sont... qui ont participé à des projets
particuliers. On est passés de 175 000 élèves du secondaire public à
190 000.
Donc, ça progresse bien, et c'est notamment, M.
le député de Saint-Jean, le résultat de notre volonté de les démocratiser. Puis
rappelez-vous, vous étiez là, vous, dans le temps, moi, je n'étais pas là, mais
vous, vous étiez là, on avait décidé, comme
équipe gouvernementale — je
n'étais pas là, mais vous, vous étiez là — de donner les premiers 200 $, de
subventionner les premiers 200 $. Et, dans ce deuxième mandat, on a décidé
d'augmenter cette aide financière aux parents à...
• (18 h 20) •
Une voix : ...
M.
Drainville : Bingo! 300 $.
Et donc ce que ça permet, ça, ça permet d'assurer la gratuité des projets
particuliers pour une proportion quand même intéressante des élèves. Là, je
cherche les chiffres, là, mais, si je ne m'abuse... Mme la Présidente, si je ne
m'abuse, c'est... Attendez, je l'ai, je l'ai, je l'ai, c'est une proportion...
C'est au-dessus de 50 % de tous les
élèves inscrits... Ah! voilà, je l'ai, tiens, en 2022‑2023, il y avait
75 000 élèves qui participaient à un PPP gratuit et il y avait 97,
presque 100...
Alors, en 2023‑2024, c'est près de 100 000
élèves qui participaient à un PPP gratuit. Et, si on ajoute à ça les élèves pour lesquels les frais étaient de
300 $ et moins, on se retrouve avec une majorité des élèves inscrits dans
un PPP qui ne paient pas de frais de participation.
Alors, moi, je trouve ça franchement formidable.
Je trouve ça franchement formidable qu'on ait, grâce à cette mesure de
300 $, fait en sorte... Alors, c'est ça, là, regardez ça, en 2023‑2024,
12 % des élèves participaient à un PPP sans frais et 46 %, 76 000 élèves,
pour qui c'était gratuit grâce à notre allocation de 300 $. Alors, si vous
additionnez ça, c'est 46 % plus
12 %, 58 % de tous les élèves qui participent à un PPP ne paient pas
un sou. C'est presque deux sur trois, ça.
Alors, il faut continuer à démocratiser les
projets particuliers parce qu'ils font aimer l'école et puis aussi, Mme la
Présidente, parce qu'on n'aime pas ça entendre, dans nos tournées d'écoles, des
élèves qui disent : Moi, je ne suis
inscrit en rien. Moi, là, ça, ça m'a fait vraiment mal au coeur. Je vous le
dis, là, une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de... oui, j'ai et
on, on a décidé de prioriser les projets particuliers, c'est qu'on ne voulait
plus, justement... en fait, on voulait entendre de moins en moins, du moins,
des élèves qui disaient : Moi, je ne suis en rien.
Alors, c'est
ça, c'est ça qui nous a motivés, puis ça fonctionne plutôt bien. On
souhaiterait évidemment qu'il y en ait
plus, mais, M. le député de Saint-Jean, 100 000 élèves de plus à scolariser au cours des six, sept dernières
années, alors tu as beau augmenter le nombre de projets particuliers, tu
as beau augmenter le nombre d'élèves qui y participent, le nombre d'élèves, le bassin d'élèves ne cesse
d'augmenter, ça fait qu'à un moment donné ton pourcentage n'augmente pas
aussi vite que tu le souhaiterais parce que,
qu'est-ce que tu veux, ton dénominateur, le nombre d'élèves sur lesquels
ça s'applique, ne cesse de croître lui aussi, mais on continue. L'aide
financière est là. Elle est budgétée pour plusieurs années encore.
Et donc notre
volonté est ferme. Puis j'invite les parents, encore une fois, qui siègent sur
les conseils d'établissement :
amenez la discussion au conseil d'établissement, soulevez la question,
parlez-en à la direction d'école, que
les équipes-école également continuent de réfléchir aux projets particuliers
qu'ils pourraient mettre en place dans leurs écoles respectives, parce
que c'est exigeant, pour une équipe-école, de mettre en place un projet
particulier parce qu'il faut adapter la grille-matières, mais ça donne des
résultats vraiment, vraiment formidables.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M. le
ministre. Juste pour entendre votre petite anecdote au sujet de je ne suis
inscrit en rien... continuez. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : ...le
député de Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le ministre, bonjour. Je salue...
M. Drainville : M. le député de
Richelieu, enchanté.
M. Émond : C'est un plaisir. Je
salue également vos équipes que j'aperçois, que je sais épuisées de tout ce
temps de préparation que demande la préparation de l'étude des crédits. C'est
un gros travail, ils et elles le font très bien, pour vous accompagner.
M.
Drainville : D'ailleurs, vous voyez tous les gens ici autour,
là, il y en a qui... Je veux dire, on travaille fort, à l'éducation, là,
hein, parce qu'on met beaucoup de changements en marche, puis il y a des gens à
l'arrière, là. Voyez-vous les gens à
l'arrière, là, qui sont près des gros cartables, là? Eux autres aussi font
partie des équipes qui ont préparé ces crédits. Alors, je vous remercie
de prendre du temps pour le dire, M. le député de Richelieu. C'est très
apprécié.
M.
Émond : C'est un plaisir, M. le ministre. Et je m'en
voudrais de... pour les dernières minutes qui nous restent ensemble, à
ne pas aborder une de vos sept priorités qui, je sais, vous tient à coeur, tout
comme moi.
M. Drainville : Je sais laquelle
vous allez nommer.
M. Émond : Je parle de formation professionnelle.
Je ne vous surprends pas, M. le ministre, puis je pense que c'est important
d'en parler parce que, lorsque vous avez énoncé, dans vos sept priorités, que
l'A.F.P. en faisait partie, je l'ai déjà dit, mais je le réitère, ça a eu une
résonance particulière dans le milieu.
Moi, j'ai des antennes dans ce secteur-là depuis
plusieurs années, puis vous n'avez pas idée, M. le ministre, combien les gens se sont réjouis de votre volonté
de valoriser la formation professionnelle, une volonté que je pense, que
je soupçonne, qui vient de vos origines, que
l'on partage un peu. Puis je n'apprends rien à personne en disant que
moi, je suis un petit gars de Sorel, des îles de Sorel, en fait, puis que, tout
juste en face, au nord, juste l'autre bord du fleuve, bien, est votre lieu d'origine, à l'île Dupas,
La-Visitation-de-l'Île-Dupas, si je ne m'abuse, le nom exact. On n'a pas
eu le bonheur de se côtoyer à ce moment-là.
Moi, je dirais... Tu sais, quand j'étais plus jeune, Mme la Présidente, on les
trouvait bizarres, les gens du Nord, de l'autre bord du fleuve, mais, à force
de les côtoyer, bien, on les apprivoise puis on trouve qu'ils sont
sympathiques, mais, blague à part, M. le ministre...
M. Drainville : Vous avez la
gentillesse de ne pas dévoiler le surnom des gens du Nord en question...
M. Émond : Non, je ne dirai pas ça...
M. Drainville : ...mais moi, ça ne
me gêne pas.
M. Émond : Non, mais jamais je
n'oserais, en pleins travaux parlementaires...
M. Drainville : Ah non! Bien, moi,
ça ne me gêne pas. On nous appelle les barbottes.
M.
Émond : ...de vous appeler la barbotte du nord, M. le ministre.
M.
Drainville : Et les gens de Sorel, on les appelait les tire-bouchons.
M. Émond : Oui,
ça, c'était une autre histoire.
La Présidente (Mme
Dionne) : Ceci étant, continuez, M. le député.
M. Émond : Oui,
oui, revenons à la formation professionnelle, puis peut-être pour mentionner
que ce qui a eu beaucoup de résonance aussi, M. le ministre, c'est quand vous
avez dit que chaque diplôme... chaque diplôme compte, pardon. Oui, c'est très
important. C'est une voie éducative qu'il faut valoriser. Vous le faites très
bien avec vos équipes. Puis je sais qu'on a besoin de beaucoup de ces hommes et
de ces femmes qui choisissent la voie de la formation professionnelle, qui vont
pratiquer des métiers techniques, plus manuels.
Quand je disais qu'on
partageait un peu ça dans nos origines... parce que vous avez eu, et j'ai eu de
mon côté, des oncles, des cousins qui ont
travaillé dans... au chantier naval de Marine Industries à Sorel-Tracy, entre
autres, dans les usines d'acier qui sont très présentes dans notre... dans ce
coin-là, et puis ça permet à ces hommes et ces femmes d'exercer des métiers qui
leur permettent de très bien gagner leur vie, de faire vivre leur famille et de
contribuer à la société québécoise.
Je
veux vous laisser un peu de temps parce que je sais que, dans les derniers
mois, dernières années, vous avez visité beaucoup de centres de
formation professionnelle. Je l'ai fait dans ce mandat-ci, mais, dans le
dernier, à Sorel, à Sherbrooke, à Verdun, Québec, à Rivière-du-Loup, puis
j'aimerais connaître les constats que vous tirez de ces visites-là, M. le
ministre.
M.
Drainville : Bien, très bonne question, puis je suis très content de
finir avec ce thème. Vous avez raison de
dire que ça me touche, puis, oui, ça tient beaucoup à mes origines parce que
j'ai vu des familles ouvrières gagner leur vie avec les métiers. Et donc moi, je pense qu'il faut valoriser les
métiers, parce que, vous l'avez si bien dit, on va être bien rémunéré,
on va être utile socialement et surtout on va être heureux. On va être heureux.
Puis moi, là, je le dis, là, la semaine...
il y a deux semaines, j'étais dans le Saguenay—Lac-Saint-Jean, j'ai visité quatre centres de formation professionnelle, pas un, pas deux, pas trois, quatre, parce que,
justement, on investit dans la modernisation de la formation
professionnelle.
Il y a des très beaux
projets de modernisation des équipements, puis on a mis des budgets justement
pour ça, pour faire en sorte que les métiers
soient attrayants pour nos jeunes et, je vais le dire, Mme la Présidente, oui,
pour nos filles, parce qu'il faut
leur donner accès aux métiers non traditionnels, mais aussi pour nos garçons,
Mme la Présidente. On a un immense enjeu avec la diplomation de nos
garçons. Nos garçons ont un taux de diplomation de 10 points de moins, 10 % de moins que nos filles. C'est un
drame, ça, Mme la Présidente, et moi, je suis convaincu qu'une des
façons de raccrocher nos garçons à l'école, c'est par les métiers, mais, pour
ça, il faut les valoriser puis il faut leur dire : Vas-y, laisse-toi pas
regarder de haut, laisse faire le regard des autres, ceux qui regardent le
métier de haut, là, puis qui le jugent moins
important que le... Ceux qui jugent que le diplôme en formation professionnelle
a moins de valeur que les autres
diplômes, laisse-les faire. Le diplôme en formation professionnelle, c'est un
beau diplôme. C'est un diplôme qui a
une immense valeur plus que jamais, dans notre société, puis il faut encourager
nos jeunes à y aller. Puis, je parle aux parents en particulier, si
votre jeune vous dit : J'aimerais ça aller dans un métier, appuyez-le,
laissez faire ceux qui pensent que ce n'est pas aussi... que ça n'a pas une
aussi belle valeur que d'autres types de diplômes. Encouragez votre jeune à y
aller, puis il va être heureux là-dedans, elle va être heureuse là-dedans.
Et donc, oui, ça fait
partie de nos priorités, puis on va continuer à investir dans la formation
professionnelle parce que c'est une très belle voie. Puis, oui, c'est vrai que
chaque diplôme compte. Ça fait que c'est ça, l'affaire. Puis, tu sais, moi, là, à Lévis, là, on construit, là... on va
construire des brise-glace, là, puis on a besoin d'ouvriers spécialisés.
On va avoir besoin de... On va avoir besoin de monteurs d'acier, puis on va
avoir besoin de plombiers, puis on va besoin
d'électriciens, puis de peintres, puis on va avoir besoin de... tu sais, on va
besoin d'ouvriers spécialisés, là, des gens, là, qui ont une
intelligence, là, technique, là. Bien, c'est une belle intelligence, ça, puis
il faut la valoriser, comme société, puis on va continuer à le faire, Mme la
Présidente.
Et puis, il me reste
quoi, 30 secondes pour remercier...
• (18 h 30) •
La Présidente (Mme
Dionne) : Il vous reste 30 secondes, M. le ministre.
M. Drainville :
...les membres de cette
commission. On a eu des très beaux échanges. Vous êtes très
respectueuse, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, puis je vous encourage à
continuer. Vous êtes une excellente parlementaire. Je remercie tous mes
collègues. Vous faites un formidable travail, notamment sur la commission sur
les écrans, et le reste du travail que vous faites auprès de vos commettants
dans vos comtés, et tout le reste. C'est très apprécié. Vous m'appuyez aussi à l'éducation, plusieurs d'entre
vous, vous êtes proches de moi par rapport à l'.ducation, je vous
remercie. J'apprécie votre soutien. Et je remercie ma superéquipe du cabinet et
la superéquipe du ministère. Sans cette équipe, Mme la Présidente, on ne
réussirait pas à relever tous les défis qu'on relève présentement à
l'Éducation. La grande opération redressement, la grande opération
modernisation du réseau que nous menons, c'est grâce aux gens qui sont autour
de nous. Je veux leur dire merci, et merci à vous, Mme la Présidente.
Document
déposé
La Présidente (Mme Dionne) : Merci à
tous. Merci de votre contribution. Donc, avant la mise aux voix des études, j'aimerais
déposer un document reçu par M. le ministre. Donc, je le dépose officiellement.
Adoption des crédits
Donc, le temps alloué à l'étude du volet
Éducation primaire, secondaire incluant formation professionnelle des crédits
budgétaires du portefeuille Éducation étant presque écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 1, intitulé Administration, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Adopté,
sur division.
Le programme 2, intitulé Soutien aux organismes,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division.
Le programme 3, intitulé Taxe
scolaire-Subvention d'équilibre fiscal, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division.
Le programme 4, intitulé Éducation préscolaire
et enseignement primaire et secondaire, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division.
Le programme 6, intitulé Régimes de retraite,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Éducation pour l'exercice 2025‑2026
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Présidente (Mme Dionne) : Sur
division.
Documents déposés
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes des renseignements des oppositions.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux au jeudi 1er mai, à
14 heures, où elle entreprendra l'étude des crédits budgétaires du
portefeuille Culture et Communications. Alors, merci infiniment à tous pour
votre contribution. Je vous souhaite une belle soirée.
(Fin de la séance à 18 h 33)