Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mardi 11 novembre 2025
-
Vol. 48 N° 9
Interpellation du député de Matane-Matapédia à la ministre de l’Éducation
sur le sujet suivant : L’éducation : quelles priorités du gouvernement
caquiste avant la fin de son mandat
Aller directement au contenu du Journal des débats
8 h 30 (version non révisée)
(Huit heures quarante-cinq minutes)
La Présidente (Mme Bogemans) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation...
(Interruption)
La Présidente (Mme Bogemans) :
Parfait. La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député
de Matane-Matapédia à la ministre de l'Éducation sur le sujet suivant : L'éducation :
quelles priorités du gouvernement caquiste avant la fin de son mandat?
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui,Mme
la Présidente. M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Lachance
(Bellechasse); M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Nadeau-Dubois
(Gouin); Mme Gentilcore (Terrebonne) est remplacée par M. Bérubé
(Matane-Matapédia).
La Présidente (Mme Bogemans) : Conformément
à l'entente prévue pour la 43e législature, l'opposition officielle interviendra
lors de la deuxième, de la quatrième et de la sixième série d'interventions, et
le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série d'interventions.
Sur ce, M. le député de Matane-Matapédia,
vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Je veux saluer la ministre, les collègues, son équipe et souligner
d'entrée de jeu que cette interpellation est particulièrement matanaise. La
ministre et moi sommes originaires de la ville de Matane. Et petit clin d'œil lié
à l'éducation, nos pères ont été des collègues de classe au séminaire de
Rimouski. Alors, je voulais le souligner. On a eu l'occasion déjà d'échanger là-dessus.
Aujourd'hui, je veux qu'on ait un échange
sur l'éducation, qui est un enjeu qui préoccupe l'ensemble des parlementaires.
Le gouvernement indique que c'est sa priorité. Ce que je veux valider aujourd'hui :
Quelles sont les priorités de la ministre pour le reste du mandat? Le ministre
précédent avait identifié sept priorités. Quelles sont celles de la ministre?
Déjà, on a vu un dégel d'embauche, donc elle a corrigé une décision qui avait
été prise par le ministre précédent. Pourquoi la ministre est là? Bien, parce
que le premier ministre n'a pas cru bon reconduire le ministre précédent. Il a
reconduit le ministre des Finances, il a reconduit le ministre de la Santé,
mais pas le ministre de l'Éducation. Alors, il souhaitait des changements, et
je pense que c'était partagé par le réseau aussi. Ceci étant dit, elle a été
bien accueillie. Nous la connaissons, nous savons qu'elle est rigoureuse, nous
savons qu'elle est capable de travailler avec les oppositions. Et c'est dans ce
sens-là qu'aujourd'hui je le vois comme un échange sur un enjeu qui nous
préoccupe tous, et je vais évoquer un certain nombre d'enjeux qui sont
importants pour le Parti québécois, des suivis également sur des enjeux qui
sont déjà dans l'espace public, je vais y aller de quelques propositions
également, et j'espère que ça sera éclairant pour toutes ces personnes qui nous
écoutent, qui sont interpelées par cet enjeu important.
Donc, si l'éducation est une priorité, il
faut y mettre les moyens. Avant l'arrivée de la ministre, le gouvernement a
décidé, après la fermeture de la Chambre, après la fermeture des écoles, de
couper 570 millions de dollars, c'est considérable, et personne ne s'attendait
à ça. Comment une telle chose a pu survenir, alors que le gouvernement dit que
c'est une priorité? 570 millions de dollars, c'est un demi-milliard dans
le réseau de l'éducation. Et je me souviens que le ministre disait : Je ne
peux pas garantir que tout le monde aura ses services à l'automne 2025. On lui
a demandé : Est-ce qu'il y a du gras dans le réseau? Non. Et une première,
moi, en 18 ans de vie parlementaire, des directions d'école qui me contactent
en me disant : Je ne sais pas comment on va y arriver, où on va pouvoir
trouver cet argent-là. Donc, s'est suivie une mobilisation très importante,
notamment à travers une pétition que j'ai parrainée au nom du Parti québécois,
une pétition qui demande essentiellement au gouvernement de ne pas couper des
ressources importantes pour les enfants en difficulté, les élèves en difficulté,
pétition qui a été signée en plein été et qui est la deuxième la plus signée de
l'histoire de l'Assemblée nationale depuis qu'il y a des pétitions
électroniques : 160 000 pétitionnaires. C'est à la fois des membres
du personnel, c'est des parents, c'est des citoyens, c'est des grands-parents,
c'est des gens qui se sont mobilisés pour l'éducation. C'est la plus grande
mobilisation en faveur de l'éducation depuis le printemps érable, et ça s'est
fait à travers une pétition en plein été. Et c'est aussi en plein été que le gouvernement
a reculé. Il a décidé, et là, dépendamment de... des communications du
gouvernement, on réinvestit un montant. Non, vous ne réinvestissez pas, vous
remettez l'argent qui était là, puis, au total, il manque à peu près 30
millions de dollars, et il y a des conditions.
• (8 h 50) •
Alors, pourquoi on a fait ça? D'abord, je
ne vois pas où sont les marges de manœuvre dans le réseau. À peu près...
M. Bérubé : ...unanimement,
les professionnels de l'éducation nous disent : Il va falloir qu'il y ait
des coupures dans des services qui sont vraiment importants pour les enfants en
difficulté. Uniquement dans mon centre de services scolaire Monts-et-Marées,
c'est des dizaines de postes destinés au soutien des enfants en difficulté qui
ont été coupés, uniquement dans un centre de service scolaire. Mais la
mobilisation a permis au gouvernement de reculer. Donc, on va parler
aujourd'hui des ressources financières importantes, on n'est plus dans la
négociation, ça, c'est signé, les ressources financières pour s'assurer que
chaque enfant ait un accès à la réussite, qu'on ait les ressources pour bien
épauler les enseignants et les enseignantes, qu'on ait des écoles convenables,
parce qu'il y a encore beaucoup d'écoles vétustes. Et d'ailleurs je questionnerai
la ministre sur les critères. Je me souviens que le premier ministre doutait de
la vétusté des écoles. Il l'a dit et son prédécesseur disait que, lui, à l'œil,
quand il se promenait dans les écoles, il était capable d'évaluer la vétusté
des écoles. Alors, c'est un enjeu important, celui du financement.
Il y a aussi la question de notre système.
On est un des systèmes les plus discriminatoires au monde. Et il y a maintenant
des études qui sont conduites, notamment en Australie, qui arrivent à la conclusion
que le système à trois vitesses qu'on a discrimine. On a des écoles privées, on
a des écoles publiques avec des projets spéciaux puis on a des écoles
publiques. Et, Guy Rocher, s'il y a une chose à retenir de sa vie, c'est celui
de mettre fin à cette discrimination, d'avoir un modèle plus égalitaire. Parce
que l'école privée, ce n'est pas un choix. C'est un choix si vous avez l'argent
et c'est un choix si, géographiquement, vous y avez accès, donc ce n'est pas un
choix tant que ça. Il y a encore des écoles financées par l'État. Et
d'ailleurs, quand on dit «écoles privées», c'est écoles semi-privées parce que
l'État y met pas mal d'argent. Les écoles qui discriminent à l'inscription des
enfants. Mais là il existe présentement toutes sortes de modèles intéressants,
École ensemble entre autres. Il y a un ouvrage qui vient de sortir aussi que le
ministre a... que la ministre a probablement reçu à son cabinet, dont je
parlerai plus tard, qui indique qu'on peut faire mieux pour s'assurer qu'on
offre des chances égales aux enfants de réussir. S'il y a une chose à retenir
de nos échanges en éducation, c'est toujours la même chose, comment favoriser
la réussite des enfants, des élèves, comment s'assurer que les enseignants, les
professionnels de l'éducation, les équipes-écoles, les parents puissent être
des partenaires pour la réussite des élèves scolaires, mais aussi pour en faire
des citoyens et des citoyennes engagés dans leur communauté, et c'est
l'importance de l'éducation, qui est un des ministères les plus importants, il
va sans dire. Donc, on va parler du système à trois vitesses. La ministre ne le
remet pas en question, nous le remettons en question. Nous sommes convaincus
qu'il faut faire un pas supplémentaire pour assurer l'égalité des chances pour
tous et toutes.
J'aimerais parler de la violence à
l'école, la violence entre les élèves, la violence entre les élèves et les
membres du personnel, la violence entre les membres du personnel, toutes ces
formes de violence, comment on lutte contre des environnements qui sont
toxiques, des environnements qui ne sont pas propices à l'apprentissage et, je
dirais, à la pleine émancipation de tous et de toutes. C'est vraiment un fléau.
Quelle est la réponse que le gouvernement a accordée à l'enjeu de la violence?
Il y a eu un colloque, auquel j'ai participé, c'était à un hôtel près d'ici.
Ensuite, il y a eu un message vidéo que le ministre a obligé chacune des écoles
à diffuser au même moment. Alors, ça a été... ça a été vraiment, là, une
demande du ministre : Je veux apparaître sur les écrans de toutes les
classes et toutes les écoles en même temps. Puis après il y a eu aussi... Bien,
la réponse, c'est le vouvoiement, par exemple, et d'autres mesures. Et ça,
c'était la réponse à la violence à l'école. Et aussi, je passe rapidement,
qu'une des choses qui nous a étonnées, où le ministre a mis beaucoup d'énergie,
c'est de réinstaurer le roi de la montagne. Ça, je ne l'avais pas vu venir, Mme
la Présidente. Le roi de la montagne. C'est de retour. Et ça, c'est dans le legs
du ministre de l'Éducation, je lui accorde.
La violence à l'école, c'est un enjeu qui
est encore important. Quand on parle des enseignants qui décrochent, et on se
souviendra que, dans une interpellation précédente avec le ministre précédent,
j'avais demandé au ministre de nous indiquer quelles sont les raisons pour
lesquelles les enseignants et enseignantes décrochent ou les professionnels de
l'éducation, il m'indique dit qu'on ne le sait pas. Posez-leur la question,
ayons un formulaire, une rencontre, un échange : Pourquoi les gens
décrochent? Dans bien des cas, c'est à cause de la violence, de la charge
mentale, de l'environnement qui n'est pas approprié, et, bien sûr, il n'y a pas
que ça. Et j'aimerais bien avoir les chiffres exacts du départ du réseau
scolaire. Quand on a questionné la ministre, elle a dit : Oui, mais il y a
aussi des...
M.
Bérubé
:
...enseignants et enseignantes qui passent de centre de services scolaire à
d'autres. Oui, mais ça n'explique pas tout. Alors, combien on a eu de départs
dans les dernières années? Est-ce qu'on a vraiment passé ces entrevues? Est-ce
qu'on a vraiment fait en sorte de comprendre ce qui s'est passé?
Évidemment, la maternelle quatre ans,
l'enjeu pour lequel le premier ministre aurait pu démissionner. Et, en
terminant, j'annonce qu'on a des propositions. J'en ferai part dans un autre
bloc. Un gouvernement du Parti québécois tiendra des États généraux sur
l'éducation sous la formule s'apparentant au rapport Parent. Et il le fera pour
faire en sorte de tenir compte de l'ensemble du réseau, l'égalité pour tous de
la réussite scolaire, des nouveaux phénomènes, c'est un engagement formel du
Parti québécois. Il y aura ces états généraux et ce ne sera pas prématuré
30 ans après. Merci, Mme la Présidente. J'ai encore quelques secondes. La
ministre voit bien dans... quel est mon état d'esprit, d'échange sur l'enjeu de
l'éducation. Il reste peu de temps à ce gouvernement pour poser des gestes
significatifs qui favorisent la réussite scolaire. Elle peut compter sur ma
contribution. L'enjeu du cellulaire à l'école, c'est le Parti québécois qui l'a
amené. J'ai été le premier à poser la question dans l'étude des crédits. Le
chef du Parti québécois en a fait un combat aussi. Ça a donné un succès qu'on
peut vérifier présentement. Il y a d'autres chantiers. On interviendra
certainement avec le gouvernement pour s'assurer de faire ça pour les enfants.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci, monsieur. Je cède maintenant la parole à la ministre pour une période de
10 minutes.
Mme LeBel : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est ma première interpellation à titre de ministre de
l'Éducation. Alors, je vais... d'abord de remercier tous ceux qui sont
présents, qui d'ailleurs... les personnes présentes, les collègues de
l'Assemblée nationale, Mme la Présidente, ceux qui vous accompagnent à la
table, les équipes, naturellement du ministère qui m'accompagnent aussi, qui
m'ont préparé, depuis les 60 jours de mon arrivée, à apprendre à connaître
ce réseau qui est fort important, mais qui est quand même assez complexe. Pas
dans sa mission, mais dans sa structure qu'il faut respecter. Donc, je vais
également saluer mes collègues de l'opposition. Tout d'abord, le député de
Matane-Matapédia. Effectivement, on a... on a le privilège de venir d'une
région qui est exceptionnelle, je dois le dire de façon un peu chauvine, mais
j'ai appris à connaître d'autres belles régions du Québec depuis ce temps-là
qui sont tout aussi exceptionnelles. Alors, je salue tout le monde. Et donc, c'est
l'interpellation aujourd'hui, donc très heureuse d'être ici pour parler
d'éducation. Le... les autres porte-parole, mes collègues de l'opposition, que
ce soit le député de Gouin ou de... la députée de Bourassa-Sauvé.
On a eu l'occasion... Mme la Présidente, à
mon arrivée, j'ai dû plonger très rapidement dans un dossier qui était le
projet de loi n° 94, qui était déjà en cours d'étude détaillée, et on a
démontré, lors de l'étude du projet de loi n° 94, qu'il est possible de
travailler ensemble, ensemble dans un dialogue qui est respectueux, sans renier
nos différences. On a des points de vue différents, des façons potentiellement
d'y arriver différentes, Mme la Présidente, mais je suis sincèrement convaincue
qu'on partage tous le même objectif, c'est-à-dire la réussite éducative de nos
jeunes, le bien-être de nos enfants au Québec. Et pour ça, je pense que c'est
important qu'on apprenne et qu'on continue. On l'a fait dans le projet de loi
n° 94, de travailler ensemble, parce que, là, quand on fait des efforts
pour le faire ensemble, que ce soient les partenaires du réseau ou les
collègues de l'opposition, bien, on obtient de vrais résultats. Et moi, je
souhaite donc, Mme la Présidente, que cette interpellation s'inscrive dans le
même état d'esprit qu'on a eu dans le... lors de l'étude du projet de loi
n° 94. C'est, à tout le moins, la façon dont je vais l'aborder, c'est
certain.
Assumer la responsabilité de ministre de
l'Éducation, pour moi, bien, ce n'est pas un dossier parmi d'autres. C'est
l'une des missions, mon collègue l'a dit, qui est la plus importante du
gouvernement du Québec, de l'État. Mais ce n'est pas la mission qui appartient
au gouvernement. C'est une mission qui appartient à toute la société. Donc,
oui, le gouvernement a son rôle à jouer, mais toute la société a son rôle à
jouer en matière d'éducation pour nos enfants. On va le voir dans différents
dossiers comme la violence à l'école, c'est primordial que la communauté aussi
s'implique, que les parents s'impliquent, mais oui, je suis très heureuse
d'avoir ce privilège-là.
• (9 heures) •
C'est aussi un engagement qui est
profondément personnel, Mme la Présidente. Je viens d'une famille
d'enseignants. Mon collègue de Matane-Matapédia a eu l'occasion de le dire. Mon
père est enseignant, ma mère est enseignante, ma sœur est enseignante. Donc,
pour moi, j'ai toujours dit que j'étais, comme avocate, un peu le mouton noir
de la famille. Mais je viens d'un milieu où l'éducation est une valeur
fondamentale. J'ai grandi, moi, dans l'idée qu'avec de l'éducation, quand on
avait l'occasion de pouvoir aller à l'école, s'éduquer, faire des études, on
avait une foule de possibilités comme individu, comme société qui s'ouvrait
devant nous. Alors, pour moi, cette idée-là que l'éducation est une valeur fondamentale
qui peut transformer la société, bien...
9 h (version non révisée)
Mme LeBel : ...est là depuis
que je suis toute petite, parce que je viens d'une famille d'éducateurs.
Donc, je crois aussi à la valeur
intrinsèque de l'école publique. Oui, c'est vrai que je ne pense pas qu'il faut
mettre de côté l'école privée, on pourra peut-être en discuter, mais je ne... je
crois par contre à la valeur intrinsèque de l'école publique. J'ai fait toutes
mes études à l'école publique. Mes parents sont des enseignants de l'école
publique. Ma sœur aussi a enseigné toute sa vie à l'école publique. Donc, pour
moi, c'est important de renforcer cette école-là pour que chaque jeune ait les
moyens de s'émanciper de son avenir, et c'est ça qui va guider mon action dans
les prochains mois qui sont devant moi.
Ça fait maintenant 60 jours... des
fois j'ai l'impression que ça fait plus longtemps que ça, mais ça ne fait que
60 jours que j'ai accepté cette fonction et je connais la responsabilité
qui vient avec chaque décision, Mme la Présidente. Il me reste peu de temps
avant la fin du mandat, ça fait que je ne me raconte pas d'histoires. Oui, il y
a beaucoup de grands chantiers qu'on pourrait aborder, mais, pour moi, je sais
que je ne pourrais pas régler tous les enjeux en 330 quelques jours qu'il reste.
Donc, on va faire ce qu'on doit faire. On va faire pour le mieux en gardant en
tête que c'est pour la réussite de nos enfants. Mais on devra faire des choix
cohérents. On va pouvoir poser des gestes qui améliorent la vie des élèves
maintenant dans leur classe, avec les ressources que nous avons.
Mme la Présidente, moi, je suis une
personne qui est très rationnelle. Les gens ont appris à me connaître dans
plusieurs différentes fonctions, que ce soit la Justice, au Trésor, maintenant
l'Éducation. Donc, moi, je préfère promettre moins, livrer plus. Souvent, c'est
une belle surprise. Donc, je vais continuer à le faire de cette façon-là, ce
qui ne veut pas dire que je ne suis pas moins préoccupée par les enjeux que les
autres, mais j'aime bien être capable d'agir et d'être capable... de m'assurer
d'être capable d'agir avant d'énoncer des actions haut et fort.
Donc, je n'ai pas l'intention de réformer
le réseau de fond en comble, le réseau n'est pas brisé. Le réseau n'a pas
besoin d'une révolution, il a besoin qu'on en prenne soin, il a besoin de stabilité,
de prévisibilité, d'apaisement, et c'est ça la direction principale que je
compte donner aux 330 jours, à peu près, que j'ai devant moi et c'est ça
que j'ai fait dans les 60 premiers jours. J'ai écouté, j'ai rencontré les
gens, j'ai écouté. Il y avait un enjeu, oui, avec les ETC. Pour les gens qui
nous écoutent, ça peut paraître futile, bon, un enjeu d'ETC, budgétaires, mais
c'était important pour le réseau, ça faisait en sorte que les sommes
disponibles n'étaient pas... les gens sur le terrain n'avaient pas la capacité
de les dépenser pour le bien-être des enfants, c'était un bloquant et il
fallait le... il fallait agir. Donc, qu'est-ce que j'ai fait? J'ai écouté, j'ai
constaté et nous avons agi. C'est ce qu'il faut faire et c'est ce que je veux faire
dans les 330 prochains jours.
Donc, est-ce que j'ai des grandes choses à
annoncer, des grandes priorités à annoncer? Non, je veux... Je suis une
personne, comme je le disais, qui est très rationnelle. J'ai déjà mené des
négociations complexes, difficiles. Donc, je pense que ma force, c'est
justement d'écouter, de rassembler les partenaires, de les amener à travailler
ensemble dans la même direction et d'essayer de trouver la façon de, ce que je
disais souvent, vous m'avez souvent entendu dire, comme présidente de Conseil
du trésor, trouver des voies de passage. Et c'est ça que je veux faire dans les
prochains jours.
Donc, je le disais, je n'ai pas passé mes
60 premiers jours à annoncer, mais plutôt à écouter et à agir. Pour moi,
la rigueur, le respect de la capacité de payer, l'importance des compromis qui
apaisent plutôt que diviser, ce sont les trois principes qui vont me guider et
je veux travailler sur trois grands axes, Mme la Présidente. Le premier axe, c'est
celui d'apaiser, effectivement. Ça a l'air d'un mot comme ça, lancé dans les
airs, mais ce n'est pas un mot lancé dans les airs. Il y a eu plusieurs
transformations dans les dernières années. On en... mon collègue en a fait
mention de quelques-unes. J'en parlais, on a quand même négocié des grosses,
costaudes conventions collectives, autant pour reprendre de la souplesse dans
le réseau que pour donner des meilleurs moyens aux enseignants, que ce soient
financiers ou avec les aides à la classe. On a travaillé sur le projet n° 94 pour la laïcité dans nos écoles. On a travaillé sur
des enjeux de sécurité avec le plan d'intervention en violences. On a... bon,
il y a l'interdiction des cellulaires. Il y a le civisme dans les écoles.
Maintenant, il faut être capables de faire atterrir tout ça le mieux possible,
et les gens ont besoin qu'on les accompagne, qu'on les aide, qu'on les écoute
et qu'on soit capables de faire atterrir tout ça le mieux possible dans le
réseau. Il y a le nouveau programme de français qu'on a lancé, qui est
maintenant en projet pilote dans une cinquantaine d'écoles, qu'on devrait
déployer d'ici la prochaine année scolaire, à la prochaine année scolaire.
Donc, pour moi, il faut qu'on soit capables d'être à l'écoute de ces irritants-là.
Je veux rappeler les bons coups de notre
gouvernement depuis 2018, parce que c'est quand même important de bâtir sur des
assises solides. Je parlais des budgets de fonctionnement qui ont été
considérablement, quand même, augmentés depuis 2018. Oui, les besoins sont
incroyablement immenses dans le réseau d'éducation, mais on a quand même...
Mme LeBel : ...mis beaucoup
d'argent sur la table et maintenant il faut s'assurer qu'elle est utilisée au
maximum. On a lancé le plus important chantier d'infrastructure de l'histoire
du Québec. Encore une fois, oui, les besoins sont importants. Mais il fallait
faire au moins ce geste-là de mettre beaucoup d'argent sur la table.
Maintenant, il faut voir comment le faire atterrir.
Là, on a augmenté dans les conventions
collectives, je l'ai dit, je pourrai y revenir pendant l'interpellation,
j'aurais d'autres... d'autres blocs pour parler plus avant de chacun de ces
sujets-là. Mais je ne veux pas me cacher de la réalité. On a des... des
résultats concrets, mesurables, on doit nous... s'appuyer dessus. Mais le
contexte financier, budgétaire québécois est difficile, il est difficile pour
tous. L'éducation, bien qu'on ait une grande part du budget de la province avec
la santé, bien, on doit gérer quand même plus de 100 000 élèves
supplémentaires depuis 2018. Et on doit vivre dans un contexte budgétaire dans
lequel tous les Québécois doivent apprendre à vivre, peu importe la mission.
Donc, ce n'est pas un frein pour moi, c'est une condition d'avancer.
Je veux travailler, donc, je le disais sur
apaiser une rigueur puis une équité accrues dans l'allocation des ressources.
Travailler avec les gens sur le terrain dont c'est la responsabilité. Et le
plus fondamental, agir directement pour la réussite de nos élèves. Vous allez
trouver devant vous, chers collègues, Mme la Présidente, je me permets la
petite régression pour leur dire : Vous avez trouvé devant vous, chers
collègues, une ministre disposée à travailler avec tout le monde pour le bien
et la réussite de nos enfants.
La Présidente (Mme Bogemans) :
...la première série d'interventions avec M. le député de Matane-Matapédia pour
cinq minutes.
M.
Bérubé
:
Merci, Mme la Présidente, le titre de cette interpellation, c'est : Quelles
sont les priorités du gouvernement d'ici la fin du mandat? La ministre ne
répond pas totalement à cette question-là. Le ministre précédent l'a fait. Il a
établi sept priorités. La ministre nous indique qu'elle est consciente des
enjeux et je n'en doute pas. Mais pour tout observateur ou observatrice, c'est
plus dur de déceler quels sont les actes qui vont être posés. Alors, on va les
découvrir au fur et à mesure. Bien sûr, il y a des contraintes quant aux
ressources financières. Et la ministre est bien placée pour le savoir. Elle
était au Conseil du trésor. Mais se pose la question des choix.
Au débat des chefs de 2018, l'animateur
demande au chef de la Coalition avenir Québec, qui n'était pas encore premier
ministre : Pour quelles promesses pourriez-vous démissionner? Sans aucune
hésitation, le premier ministre dit : Les maternelles quatre ans. Surprise
générale. Ah oui! Donc, création d'un réseau, d'un nouveau réseau partout au
Québec. À l'époque, on misait sur les CPE et dans les milieux défavorisés, les
maternelles quatre ans. Alors, il dit ça. Le réseau est maintenant pas mal
abandonné. Le premier ministre est toujours en poste. 120 000 $, le
coût d'une classe de maternelle quatre ans, à l'époque, révisé à la hausse à
800 000 $ à peu près en 2019. C'est combien aujourd'hui? Et
j'aimerais que la ministre, si elle n'a pas la réponse, elle puisse me dire
plus tard on est à combien maintenant par classe de maternelle quatre ans.
Donc, il y a une question de choix. Quelles sont les priorités?
Et c'est pour ça que l'interpellation
porte sur les priorités du gouvernement de la CAQ, des trois ministres qui sont
passés. Député de Chambly, député de Lévis, et la députée qui est actuellement
ministre, députée de Champlain. La question des ressources, c'est aussi des
choix qu'on fait en haut lieu. Pourquoi on a coupé 570 millions de
dollars une fois que les classes étaient fermées, puis une fois que la Chambre
était fermée? Qui a décidé de ça? Est-ce que c'est la présidente du Conseil du
trésor qui a demandé au ministère de l'Éducation : Voici votre part?
J'aimerais avoir une réponse là-dessus.
Le gel des ETC, les temps complet, est-ce
que c'est aussi une commande du Conseil du trésor? Donc, est-ce qu'on a une
ministre qui doit rattraper les commandes que le Conseil du trésor a lui-même
envoyées au ministère de l'Éducation? Moi, c'est un enjeu qui m'interpelle,
c'est très clair. Donc, quel est... Quels sont les choix qu'on fait avec les
ressources qu'on a? Puis, quand on connaît les priorités, ça permet de valider
ça.
• (9 h 10) •
Je vous ai parlé de propositions tout à l'heure
qu'on a faites. Il y a celle des états généraux sur l'éducation, il y a celle
des stages. La première formation politique ici, à l'Assemblée nationale, a
demandé la rémunération des stages, tous les stages, mais notamment les stages
en enseignement, c'est le Parti québécois. Et à notre surprise et à notre
ravissement, ça a été adopté à l'unanimité. C'était la ministre de
l'Enseignement supérieur de l'époque, qui est à l'Emploi, maintenant, je crois.
Donc, on a des attentes importantes. Je pense aux stages qu'on appelle les
stages longs ou les stages d'observation en enseignement. Est-ce que la
ministre ne pourrait-elle pas les financer, d'autant plus qu'on manque
d'enseignants? Alors, tout travail doit être rémunéré. Le travail de prise en
charge de la classe par les enseignants et les enseignantes à même les fonds du
ministère de l'Éducation, on est capable de les payer. Est-ce que ça peut être
les premiers stages qu'on est capables de régler rapidement, les stages en
enseignement? J'en ai fait personnellement quatre dans mon bac en enseignement
au secondaire. Le dernier, c'est une prise en charge totale de la classe. C'est
toute la session... toute la session...
M. Bérubé : ...universitaire.
Je me souviens, d'ailleurs, je l'ai fait dans une école montréalaise qui
s'appelle Georges-Vanier, dans Villeray. On avait totalement la classe. Et
c'est comme ça que c'est fait.
Alors, la ministre a les fonds au
ministère de l'Éducation, parce que, quand il manque d'enseignants, bien, on va
payer ceux qui viennent combler les postes. On peut faire la même chose. C'est
une proposition du Parti québécois.
Donc, les états généraux, rémunérer les
stages, cellulaires à l'école, il y a un rapport maintenant, et c'est appliqué,
c'est la première année d'application, puis on pourra faire un bilan. Les lieux
de prière à l'école, ça s'est fait avec un mémo du ministre. Alors, c'est des
propositions que nous mettons en jeu.
Et, évidemment, j'aimerais que la ministre
nous indique si elle a une ouverture à revoir ce système, qui est inégalitaire.
Il l'est. C'est dit par Guy Rocher, c'est dit par un ensemble d'études. Si on
garde le statu quo, on fait le choix que les enfants n'ont pas une chance égale
de réussir. Et il y a des formules qui existent. J'ai parlé d'École ensemble.
J'ai parlé de différentes analyses qui ont été faites. J'aimerais que le
gouvernement s'ouvre à ça. Ça n'arrive pas souvent qu'on a une occasion
fondamentale de changer les bases de notre réseau. Et je pense que, si ce
gouvernement ne le fait pas, un gouvernement du Parti québécois, à travers une
réflexion puis des états généraux, pourra arriver à une école renouvelée qui
est là pour tout le monde et qui lui permet d'atteindre des résultats qui sont
la réussite scolaire et la formation de citoyens, citoyennes engagés dans leur
communauté. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq minutes.
Mme LeBel : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Mon collègue aborde plusieurs sujets, là, dans
son... dans son cinq minutes d'interpellation, plusieurs sujets qui sont
importants. Je vais me permettre peut-être d'aborder quelques-uns et de
répondre à quelques-uns puis peut-être de compléter, là, sur d'autres sujets.
Effectivement, comme... comme ancienne
présidente du Conseil du trésor, bien, je ne suis comme pas déconnectée du
budget global de la province, ça aurait été difficile de dire le contraire,
compte tenu qu'en cinq ans, deux mois et 21 jours, je me plais à le dire, c'est
quand même... ça a quand même été un grand privilège pour moi de travailler aux
côtés du ministre des Finances comme présidente du Conseil du trésor. Mais,
vous savez, la capacité des Québécois de payer est une chose bien réelle.
Est-ce qu'on voudrait, comme société, pouvoir doubler, quadrupler, tripler les
budgets dans les missions importantes de l'État, comme la santé, l'éducation?
En théorie, la réponse, c'est oui. Je veux dire, on pourrait... on voudrait
pouvoir le faire, mais on doit se rappeler que l'éducation, qui est une mission
prioritaire de l'État, la santé également, ont quand même une très grande part
du budget de la province, et l'État doit aussi intervenir ailleurs. Maintenant,
la capacité des Québécois n'est pas illimitée dans un contexte très
inflationniste. Dans le contexte... et soyez rassurés, je n'irai pas sur
l'économie de façon entière, mais il faut placer le contexte budgétaire dans
lequel on vit présentement, et on a fait le choix de ne pas augmenter les
impôts. Donc, on doit travailler avec l'argent qu'on a.
Malgré cela, on a augmenté les budgets de
l'éducation, depuis notre arrivée en poste, de façon assez énorme. On a donné
plus de 50 % d'augmentation dans les budgets, on a presque triplé la capacité
des infrastructures, on est passés de 9 milliards à 23 milliards. Est-ce qu'on
aurait besoin de plus? Est-ce que les besoins sont grands? La réponse, c'est
oui. Je le disais tantôt, on a... on a plus de 100 000 étudiants qui
n'étaient pas prévus dans nos prévisions démographiques, qui viennent,
malheureusement... quand je dis «malheureusement»... pas parce que... ce n'est
pas leur provenance, mais «malheureusement» parce qu'il faut le dire, et ce
n'est pas parce que je veux les blâmer, mais viennent quand même d'une
immigration massive. Et c'est important, l'immigration, pour une société comme
le Québec, mais la capacité d'intégrer ces gens-là est aussi une réalité qu'il
faut nommer, sur nos infrastructures, on doit les scolariser, et il faut être capable
de les accepter. Donc, on a fait des efforts et, oui, on a fait... on a...
on a débloqué des choses cet été, on a rajouté de l'argent, on a réinvesti,
parce qu'on voyait très bien que les efforts budgétaires qui devaient être
faits pouvaient venir nuire ou, à tout le moins, bloquer la réussite éducative.
Et notre gouvernement a toujours été très clair, Mme la Présidente :
Malgré que le réseau de l'éducation, et là je parle directement aux directeurs
généraux des centres de services scolaires, devra travailler avec la capacité
budgétaire du gouvernement du Québec, parce que cet argent-là n'appartient pas
au gouvernement, elle n'appartient pas aux oppositions, elle n'appartient pas
aux groupes de pression, elle appartient aux citoyens, et c'est leurs dollars...
devra trouver des moyens pour maximiser, mais c'est la réussite éducative avant
tout. Et c'est pour ça qu'on a travaillé sur la question des ETC. Ça demeure
une cible importante. La...
Mme LeBel : ...la rigueur
budgétaire va demeurer un enjeu fort important, mais on va travailler avec les
centres de services scolaires pour être capables de s'assurer que la réussite
éducative des enfants est la priorité dans l'investissement de chaque dollar.
C'est pour ça que, quand j'étais au Trésor, bien, il n'y a pas eu de gel
d'embauche sur les enseignants et les gens qui sont directement dans les
services à l'élève, et il y a une possibilité de demander des exemptions dans
l'administratif quand il y a un impact sur les services à l'élève.
Mais on doit s'assurer, Mme la
Présidente... et là ce sera probablement ma seule intervention à titre de lien
entre mon ancien rôle et mon nouveau, et je ne peux pas me... je ne me
dénaturerai pas de ça, mais je vais travailler quotidiennement avec le
ministère et les centres de services scolaires pour trouver des solutions.
Plusieurs, plusieurs, plusieurs sont extraordinaires sur le terrain. J'ai eu
l'occasion de les rencontrer. Ils ont des solutions innovantes. Ils sont
capables de travailler avec le contexte budgétaire actuel. Ils sont capables de
trouver des enjeux de mutualisation pour sauver de l'argent. Ils ont des façons
innovantes de mieux travailler avec une donnée en temps réel et je sais qu'ils
vont être capables de montrer la façon de faire. Ça leur appartient, ils
connaissent les besoins du terrain, et c'est pour ça qu'un de mes priorités...
une de mes priorités, c'est de leur donner encore plus de souplesse dans la
prochaine année dans la façon de gérer les budgets, parce que c'est la clé et
l'objectif est toujours la réussite de nos enfants.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Je cède maintenant la parole à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq
minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Donc, j'aimerais saluer
les collègues. Et, bien, on est ici pour parler des priorités du gouvernement,
le collègue de Matane nous avait interpelé sur cette question-là. Tout à
l'heure, le collègue de Matane avait dit que la réponse contre la violence...
la réponse du gouvernement contre la violence avait été d'amener le concept de
civisme. Je trouve ça un petit peu réducteur parce que moi, j'ai travaillé
beaucoup sur ce plan-là. Depuis le deuxième... le début du deuxième mandat,
j'ai fait beaucoup de visites d'écoles, plus de 40. J'ai rencontré aussi
plusieurs chercheurs, puis, bien, c'est ça, le plan a été déposé puis a été
bien accueilli par les parents puis aussi par les écoles. Donc, le plan, le
plan de violence s'est intégré au plan d'intimidation et, bien, on se rappelle,
là, on n'avait pas de données à savoir c'était quoi, la violence et non plus
une définition commune.
Donc, on a... on s'est... on a travaillé
là-dessus, on a... Les différents moyens qui ont été mis en place
graduellement, qui vont être mis en place graduellement d'ici 2025, c'est de
documenter les événements de violence et d'intimidation dans les milieux
scolaires parce qu'on n'avait pas de données ni de définition commune. On va
aussi former les élèves pour qu'ils développent plus de compétences personnelles,
sociales puis émotionnelles, et on va aussi former les enseignants et le
personnel scolaire pour qu'ils disposent des outils et des ressources
nécessaires pour le soutien et le développement des élèves. Puis on va déployer
aussi une campagne de publicité qui vise la prévention et la violence à... et
l'intimidation pour sensibiliser la population du Québec, incluant les parents.
• (9 h 20) •
Il y a une semaine aussi annuelle qui est
organisée pour la prévention de la violence puis la promotion du bien-être à
l'école. Puis on va aussi bonifier... on a bonifié le programme de prévention
de la délinquance par le sport, les arts et la culture. Il faut absolument que
nos jeunes soient occupés, et puis qu'ils découvrent aussi leurs passions. On a
aussi bonifié la ligne Renfort du ministère de la Sécurité publique. C'est un
service téléphonique qui est offert aux familles puis aux intervenants
scolaires pour répondre aux préoccupations en lien avec la violence armée et
d'offrir des ressources dans le besoin. On va aussi former puis déployer des
équipes d'intervention pour les... dans les établissements scolaires à risques
élevés de violences pour bien soutenir et accompagner les équipes-écoles...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...les équipes-écoles. On met aussi en place
dans chaque centre de services scolaire ainsi que dans le réseau privé une
ressource professionnelle responsable de la coordination de la mise en œuvre
des actions du Plan de prévention de la violence et de l'intimidation puis on
déploie aussi un modèle de plan de lutte contre l'intimidation et la violence
pour que... pour s'assurer que tous les éléments qui sont inscrits dans la loi
soient inclus pour répondre adéquatement et plus rapidement aux différents
besoins des écoles. Puis, ensuite, on exige qu'un protocole d'urgence soit
prévu dans chaque établissement scolaire en cas d'événements majeurs de nature
violente.
Et, bien, ce n'est plus optionnel
maintenant d'avoir un plan contre l'intimidation et la violence, toutes les
écoles doivent en avoir un. Et ce qui change, c'est que, bien, il faut prendre
en charge les victimes, mais aussi les auteurs de violence pour que cette
violence-là cesse, parce que ces jeunes-là, le comportement, ils ont des
raisons pour lesquelles ils agissent comme ça puis il faut travailler là-dessus
pour que la violence cesse. Donc, j'ai peu de temps encore pour changer de
sujet, mais je vais revenir à la prochaine intervention.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci,
Mme la députée. Tout d'abord, je comprends qu'il y a eu un consentement pour
l'échange du bloc d'intervention de l'opposition officielle avec le deuxième
groupe d'opposition. Donc, M. le député de Gouin, la parole est à vous pour
cinq minutes.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, tout le monde.
«J'ai subi plusieurs agressions physiques
et psychologiques d'élèves en désorganisation depuis septembre dernier. Coup de
poing, morsures, claques au visage, coups de pied, insultes. Ce sont des élèves
qui ont de grands besoins, mais qui ne sont malheureusement pas comblés compte
tenu du manque de ressources.
«J'ai demandé du soutien à plusieurs
reprises à la direction. J'ai verbalisé mon état de surcharge, de stress
intense, d'hypervigilance constante. Moi, j'ai craqué. Je suis en arrêt de
travail depuis la fin octobre. Stress post-traumatique dû aux agressions.
«Depuis 2009, je suis un employé de
soutien et je n'ai jamais été aussi malheureuse au travail. J'ai vraiment des
grandes inquiétudes pour la sécurité et la santé de mes collègues et des
enfants dans les conditions actuelles de mon milieu de travail qui est en
crise. Je suis éducatrice en service de garde scolaire.»
Des histoires comme ça, Mme la Présidente,
Je pourrais en lire à la ministre pendant des heures. Je suis responsable en
matière d'éducation pour la deuxième opposition depuis quelques semaines, comme
la ministre, et, des témoignages comme ça, j'en ai reçu des centaines. Je
pourrais en lire d'autres. Je pourrais parler à la ministre de la TES qui m'a
écrit et qui est seule pour s'occuper de 350 élèves dans une école en
Montérégie. Je pourrais lui parler du surveillant en service de garde que j'ai
rencontré. Ils sont rendus juste deux dans une polyvalente à Victoriaville pour
s'occuper de 1 200 élèves. Je pourrais parler à la ministre de la
psychologue que j'ai rencontrée et qui m'a dit être la seule psychologue pour
neuf écoles dans l'est du Québec. Ce qui se passe dans les écoles du Québec en
ce moment, c'est extrêmement inquiétant. Le climat d'apprentissage des enfants,
qui est aussi le climat de travail des femmes en majorité et des hommes qui
travaillent dans nos écoles, est en dégradation rapide.
Je disais que je pouvais lire des
histoires comme ça à la ministre pendant des heures et ce ne serait pas des
anecdotes. Il y a des statistiques qui viennent montrer l'ampleur de la crise.
Dans les trois dernières années, il y a une augmentation de 77 % des
réclamations acceptées...
M. Nadeau-Dubois : ...par
la CNESST liée à la violence en milieu scolaire. Dans quel milieu de travail on
accepterait que la violence explose comme ça, sans que ce soit l'objet d'un
scandale national? Entre mai et septembre 2025, là, entre mai et septembre,
c'est plus de la moitié, 52 % du personnel de soutien qui a été victime de
violence physique directe. La violence physique directe, là, ce n'est pas
dire : Tu es conne, madame, là. On parle de violence physique directe.
Plus de la moitié depuis le mois de mai. Et là je ne parle pas des 1 300 démissions
de profs l'an passé, je ne parle pas des congés de maladie qui se multiplient à
un rythme affolant au sein du personnel de soutien et des professionnels de
l'éducation. Pendant ce temps là, la prédécesseure... le prédécesseur de la
ministre a procédé à deux reprises à des coupes budgétaires en éducation en
plus, en plus d'imposer un plafond d'embauche. Le résultat des courses, c'est
qu'en septembre dernier il y avait 1 350 techniciennes en éducation
spécialisée de moins. 1 350 postes de moins dans nos écoles publiques,
alors que, comme je viens de le démontrer, il y a une explosion, une explosion
historique de la violence.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci.
M. Nadeau-Dubois : C'est
très bien.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq minutes.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Je ne veux pas... Je... J'ai fait, je pense, dans mon premier cinq
minutes d'intervention, le portrait, à tout le moins le plus exact possible
dans le temps imparti. La situation budgétaire de l'éducation, la situation
budgétaire du Québec. Ça fait que je ne veux pas entrer dans une bataille avec
mon collègue de l'opposition, de Gouin, sur est ce que c'est des coupes? Ce
n'est pas des coupes. Bon, il y a eu... Il y avait un enjeu et on a agi. Et
maintenant, je le dis, l'éducation vit dans un contexte budgétaire québécois
qui est serré, et on doit travailler avec ce contexte-là. Ceci étant dit, il
n'y a pas un moment, une minute, un jour où je ne suis pas... où je suis
insensible aux propos que rapportent mes collègues, mon collègue et mes
collègues. Je viens du milieu de l'éducation. J'en entends parler. Je sais
comment ça se passe dans les écoles, pas dans toutes les écoles. Je n'ai pas la
science infuse, mais je ne suis pas déconnectée complètement et je sais qu'il y
a des difficultés. La violence est de plus en plus présente malheureusement. Je
viens... Aussi, j'ai été procureure de la couronne toute ma vie, j'ai combattu
la violence dans la société, et c'est pour moi, si on veut parler de nos
priorités, c'en est une priorité, de s'assurer le plus possible de voir comment
on peut... Pas y mettre... Oui, y mettre fin, mais de trouver des moyens d'y
mettre fin.
Donc, je suis très sensible aux exemples
que mon collègue donne. Mais s'il y avait une baguette magique, Mme la
Présidente, que je pouvais acheter aujourd'hui, ici, maintenant pour mettre fin
à ça, je le ferais. Maintenant, on doit travailler avec les outils qu'on a. Je
le disais tantôt, l'éducation n'est pas la seule responsabilité de l'État, ou
ce n'est pas... L'État n'est pas la seule responsable de l'éducation, le seul
responsable de l'éducation. C'est une question de communauté. Alors qu'est ce
qu'on peut faire? On a quand même augmenté les budgets, on a quand même plus de
professionnels, plus de personnel de soutien, plus d'enseignants. On a
développé, Mme la Présidente, des outils en collaboration avec les syndicats,
en particulier la CSQ, sur un guide pratique pour accompagner le personnel de
soutien dans le milieu scolaire pour la violence. On a... Oui, il y a
beaucoup... La violence, Mme la Présidente, c'est une question de manque de
mots, de manque de capacité d'expression aussi. Donc, je suis... Ça fait partie
de ça, les règles de civisme, M. le député de Matane-Matapédia, pour contrer la
violence. Ce n'est pas le seul outil. Non, absolument pas. Mais pourquoi est-ce
qu'on a, comme dans cette salle-ci, Mme la Présidente, des règles de décorum?
C'est pour être capables de se parler d'enjeux qui sont parfois difficiles dans
nos échanges. Donc, pour moi, ça fait partie de ça.
• (9 h 30) •
Mais vous savez, on doit avoir un milieu
sécuritaire pour mieux apprendre. On doit avoir un milieu sécuritaire pour que
nos intervenants soient... se sentent bien d'y travailler. On doit leur
apporter plus de soutien. On le fait avec les aides à la classe. On est
présents, Mme la Présidente, et pour moi, dans...
9 h 30 (version non révisée)
Mme LeBel : ...dans les
prochains jours, 330 quelques jours qui me restent comme ministre de
l'Éducation jusqu'aux prochaines élections, jusqu'au, peut-être, prochain
mandat, qui sait, bien, c'est ça que je veux faire, c'est être capable de
trouver des solutions. Tu sais, on a posé des gestes, on a fait le créateur... la
création du Protecteur national de l'élève, on a déposé un plan d'action sur la
lutte à la violence, on a augmenté les budgets, il y a plus de professionnels,
on a travaillé. Ce n'est pas parfait, il y aura une prochaine discussion dans
une prochaine convention collective, mais on a fait des pas pour améliorer la
composition de la classe. On fait des pas dans la bonne direction, Mme la
Présidente, et je veux continuer à faire des pas dans la bonne direction. Je ne
suis pas complètement détachée des sept priorités de mon collègue. D'ailleurs,
ce sont les priorités du gouvernement qu'il a exprimé. Je fais partie de ce
gouvernement-là et je veux continuer à travailler dans le sens de ces priorités-là.
Je ne suis pas là pour, les prochains 330 jours, dénoncer de grands
changements, de grands bouleversements. Il faut travailler sur nos
infrastructures. Il faut travailler sur la violence dans nos écoles. Il faut travailler
sur le soutien à nos enseignants et au personnel de soutien qui fait partie de
l'équipe-école.
Donc, on a eu le projet de loi n° 47, qui a renforcé... Je pourrais continuer à vous
énumérer ce qu'on a fait, Mme la Présidente, mais je pense que je l'ai démontré
dans mes premiers 60 jours, je me suis assise, j'ai écouté, j'ai agi dans la
capacité du gouvernement d'agir. Et il y a aussi, je vais le redire, parce que,
pour moi, c'est très important, l'imputabilité des gens sur le terrain. Il y a
des directeurs généraux qui sont extraordinaires, des directeurs d'école qui
sont là pour soutenir nos enseignants, notre personnel de soutien. C'est leur
responsabilité. On va travailler avec eux pour faire avancer les choses. Et
nous, comme gouvernement, comme ministère de l'Éducation, notre rôle est de
leur donner les outils pour le faire et de les aider dans cette direction-là, et
vous allez avoir ma pleine attention.
La Présidente (Mme Bogemans) : ...la
Parole est maintenant à Mme la députée de Bellechasse pour cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi d'abord de saluer les collègues qui sont ici ce
matin. C'est, ce matin, ma première prise de parole. Je salue aussi les équipes
du ministère qui sont là et qui entourent notre ministre pour cette discussion
sur l'éducation, un sujet qui est extrêmement important, probablement un des
plus importants, sinon le plus important.
Et j'en profiterai peut-être pour rappeler
ou pour énoncer à ceux qui ne le savent pas que, dans une... dans une époque
pas si lointaine, avant d'être députée et avant d'être entrepreneure, j'ai
oeuvré dans les écoles à l'implantation de la dernière réforme en éducation, et
cette réforme faisait suite aux états généraux, évidemment, qui avaient eu lieu
dans les années 1995, 1997, et c'était la réforme de 2001 qui a été
implantée jusqu'en 2010. Il faut le rappeler, cette réforme-là s'est implantée
dans le désordre et dans le chaos parce que, pour plusieurs raisons, entre
autres, probablement, rapidement et faute de moyens pour la supporter. Donc,
j'étais là et ce n'était pas une... bien que la volonté derrière cette réforme-là
était tout à fait adéquate, il faut comprendre que des états généraux ne
règlent pas tout. Derrière les états généraux, la volonté était bonne, mais ça
prenait des moyens, des moyens qui n'avaient pas été mis en place, avec... pour
résultat une période de chaos assez longue.
Donc, vous comprendrez aussi, Mme la
Présidente, que, par ce fait-là, c'est un sujet, l'éducation, qui me passionne
de par le vécu d'une dizaine d'années en collaboration avec nos conseillers
pédagogiques, nos enseignants du primaire au secondaire. Il faut regarder
l'école d'aujourd'hui avec ce qu'elle est et avec aussi un regard positif parce
qu'il y a des bonnes choses qui se sont faites en éducation et qui continuent
de se faire. On souhaite tous donner à nos jeunes les moyens de croire en eux,
de se dépasser et c'est un objectif clair qu'on s'est donné, atteindre
90 % de diplomation d'ici 2030.
C'est un objectif qui est ambitieux, on le
sait. Il y a 10 ans, on avait un taux de diplomation de 79 %. L'an
dernier, on était à près de 83 % puis la tendance, elle est à la hausse.
Donc, il faut continuer à travailler puis il faut agir sur plusieurs fronts
pour soutenir nos jeunes dès le primaire et jusqu'au secondaire, dans toutes
les...
Mme Lachance : ...régions du
Québec. Et la réussite scolaire, ça commence bien avant l'école. Ça commence
par avoir envie d'apprendre, par croire en soi, par sentir qu'on est capable
d'y arriver. C'est toute la société qui est mise à contribution et
particulièrement, évidemment, les personnes signifiantes de nos enfants. On
parle ici des familles, familles parfois élargies. Donc, favoriser la réussite
des élèves, c'est au cœur de nos priorités et on y travaille très fort depuis
le début. Et ce sera ainsi, comme notre ministre vient de le mentionner,
jusqu'à la toute fin de ce mandat-ci.
Donc, les projets, on a mis en place
plusieurs choses. On a travaillé à mettre en place des moyens pour les élèves à
besoins particuliers, parce qu'au Québec, on a fait le choix, celle que tous
les élèves soient ensemble. Donc, au Québec, on a pris la décision collective
de favoriser l'inclusion et l'intégration des enfants à besoins particuliers.
Plus de 75 % des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation sont dans
des classes régulières. Cette... cette inclusion est bénéfique pour les chances
de tous, mais nécessite aussi des moyens qui ont été mis en place, comme le
mentionnait ma collègue il y a quelques minutes. Donc, on travaille vers un
objectif commun, celui de la réussite et la réussite de tous les élèves. Et
c'est extrêmement important de pouvoir motiver nos jeunes, qu'ils se sentent inclus,
qu'ils se sentent interpelés puis qu'ils aient le goût d'apprendre. C'est aussi
de cette manière-là qu'on a mis en place les projets pédagogiques particuliers
pour favoriser la réussite des élèves puis leur permettre de faire des choix,
des choix qui peuvent être bénéfiques et qui peuvent leur ressembler et les
porter bien au-delà de l'éducation. Donc, évidemment, je vois le temps qui
file, je m'arrête.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci. La parole est maintenant pour la troisième série d'interventions, M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé
:
Merci, Mme la Présidente. C'est une question de choix, effectivement, couper
400 millions dans l'entretien des écoles publiques en juillet 2024, c'est
un choix. Choisir de couper 570 millions, une fois que les écoles sont
fermées et que la chambre est fermée, c'est aussi un choix. Décider de financer
un réseau complet de maternelles quatre ans, où le prix explose et on ne se
pose pas la question des ressources pour accueillir les enfants, c'est aussi un
choix. Et ce n'est pas sans raison que je ramène ça.
Qu'est-ce qui s'est passé en juin dernier?
Qui a décidé qu'il fallait couper 570 millions à ce moment-là? Ce qui est
venu déstabiliser l'ensemble des écoles, on se demandait : On va couper où?
Dans le parascolaire, dans l'aide aux enfants, dans... dans quoi? En fait, je
ne le trouve même pas. C'était une mauvaise décision qui a été prise. Alors,
soit que la commande venait du Conseil du trésor, soit que le ministre s'est
auto... auto indiqué pour... pour donner un coup de main à l'équilibre
budgétaire. Mais c'est un choix et ce n'est pas pour rien que je veux savoir,
et je veux vraiment que la ministre m'indique quel est le coût en 2025. Et là,
la sous-ministre, juste à côté d'elle, ça coûte combien, une classe de
maternelle quatre en 2025? Je suis sûr que la réponse, quelqu'un l'a à côté
d'elle, ça, je veux la réponse de ça, question de choix qui a été fait par ce
gouvernement.
Quant aux priorités, je comprends que la
ministre va poursuivre les sept priorités du ministre, donc, je n'y reviendrai
pas. La question des ressources, c'est aussi comment on s'assure d'aider les
enseignants, les enseignantes, avec une composition de la classe qui est
complexe. Et j'ai entendu beaucoup le ministre précédent parler de l'aide à la
classe, le deuxième adulte dans la classe. Parlez aux enseignants de ce que ça
donne. Oui, mais il y a des limites. Ce n'est pas des professionnels de
l'enseignement. Et on a besoin de professionnels pour intervenir rapidement
auprès des enfants, pour assurer leur apprentissage, assurer leur réussite.
Cessons d'indiquer que l'aide à la classe, c'est la grande réussite du
ministère de l'Éducation. Ça ne suffit pas. Comme pour la violence, je ne suis
pas contre les mesures qui ont été annoncées. Puis le vidéo du ministre,
c'était bien correct, d'ailleurs, je sais qu'au ministère, ils disaient :
Vous voulez vraiment faire ça? Oui, il y a de toutes sortes de façons de passer
à l'histoire. Lui, il a fait un vidéo. Ça ne suffit pas. Les enseignants vont
vous le dire aussi, puis les enseignantes aussi, ça ne suffit pas. Puis le
personnel de soutien, qui ont fait un sondage, nous l'a l'indiqué, c'est
épouvantable comment il y a de la violence. Alors, ça ne s'est pas terminé avec
le plan d'action du gouvernement.
• (9 h 40) •
La question des choix, c'est aussi...
puis là j'aimerais avoir une réponse là-dessus, les stages en enseignement, à
tout le moins le dernier qui est plus long pour...
M. Bérubé : ...pourquoi,
pourquoi on ne finance pas ça? Tout travail mérite rémunération. Vous prenez en
charge une classe, vous êtes payés. Moi, je n'ai pas eu ça quand j'ai fait mon
stage long, mais j'aimerais que ceux qui vont passer à partir de maintenant
puissent avoir ça. C'est la moindre des choses. Dans le privé, là, dans
certains corps de métier, dont le droit, dans bien des cas, ils se pitchent
pour aller chercher les finissants puis les payer, les financer. Bien,
l'éducation, j'aimerais ça que le gouvernement soit... réponde aussi à l'appel
et paie les stages. Le gouvernement dit oui à notre motion, hein, de
rémunération des stages; j'attends le suivi. Ça aussi, c'est un choix.
Tout à l'heure, j'ai parlé aussi des choix
qu'on fait. Financer des écoles religieuses, c'est un choix ça aussi. Le
gouvernement continue de financer des écoles religieuses de toutes confessions,
catholique, protestante, juive, musulmane, orthodoxe, il y en a pour tout le
monde. Pourquoi on finance ça, des écoles où il y a des gestes religieux
explicites? J'ai entendu le ministre précédant dire à Tout le monde en parle
que c'était comme une entente historique. Moi, je n'ai vu ça nulle part,
cette entente-là. Dans la réalité moderne, si on est vraiment sérieux avec la
laïcité, bien, on va arrêter de financer les écoles religieuses. Puis là il n'y
a personne qui va nous accuser de quoi que ce soit, il y en a de toutes
confessions.
D'ailleurs je vais donner un exemple
actuel. Est-ce qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, il y a des enfants qui
sont à l'intérieur d'un bâtiment qui est opéré par la Mission de l'Esprit-Saint
dans Lanaudière et qui offre des classes? Est-ce que la ministre peut me
garantir qu'il n'y a pas de cours qui se donnent présentement de façon illégale
pour des enfants qui sont réputés avoir l'enseignement à la maison, mais qui
font partie d'une organisation religieuse rétrograde qui considère que les
planètes, ça n'existe pas puis de se marier à l'âge de 14 ou 15 ans, c'est
bien correct? Ça, j'aimerais ça savoir quelle est la responsabilité du
gouvernement. Moi, je n'aimerais pas savoir que quelqu'un passe à côté de ce
bâtiment-là et voit des enfants se cacher pour entrer dans l'école. Si on est
sérieux avec la laïcité, on fait ça aussi.
Donc, c'est une question de choix. Les
nôtres seront très différents. Et il m'arrive parfois de compter les
330 jours qui restent.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.
Mme LeBel : Oui, Mme la
Présidente. Encore beaucoup de sujets abordés dans l'allocution, la déclaration
et les multiples questions de mon collègue de l'opposition. Plusieurs sujets
fort importants, plusieurs sujets sur lesquels on travaille tous, certains dont
il est plus délicat pour des raisons qu'il comprendra de... dont... de parler
publiquement, dont la Mission de l'Esprit-Saint... pas Saint-Esprit,
l'Esprit-Saint, des fois j'inverse. Mais j'ai déjà eu l'occasion de faire une
déclaration publique là-dessus et ce sera les... moi, je limiterai mes propos
sur cette question-là compte tenu de la délicatesse de l'enjeu et des
interventions potentielles dans ce dossier-là. Donc, beaucoup de choses.
Je vais juste boucler la boucle du budget
parce que c'est important. Je ne veux pas entrer encore dans un débat, mais il n'y
a pas de coupures en éducation, Mme la Présidente. Depuis 2018, on a augmenté
les budgets de 58 %. Dans les dernières années, 2022, 2023, 2024 et même
2025, c'est une moyenne de 8 % par année. On a fait du 5 %, du
12 %, du 3 %, du... du 17 %, du 14 %, presque 15 % et,
cette année, dans le dernier budget, on a augmenté de 2 % le budget de
l'année. Donc, il y a... Je ne peux pas appeler ça une coupure, mais il y a,
oui, au moment où on se parle, un besoin de stabiliser, de rationaliser et d'utiliser
au maximum ces ressources importantes qui ont été mises à la disposition du
réseau.
Je vais peut-être parler, peut-être plus,
des élèves à besoins particuliers. Ma mère était enseignante à l'époque
qu'est-ce qu'on appelait en enfance inadaptée. C'est des termes d'une autre
époque, à l'époque où l'intégration dans les classes n'était pas la règle
cardinale que le ministère et le réseau d'éducation s'étaient donnés. Ma mère
enseignait, elle avait la quatrième, cinquième, sixième année, enseignait
toutes les matières du primaire. Un de ses... Bon, des enfants, je vais
reprendre les termes de l'époque, en enfance inadaptée étaient des enfants avec
toutes sortes de besoins. C'étaient des fois des enjeux qui étaient propres à
eux. Maintenant, on les connaît mieux, ces enjeux-là pour les HDAA, mais il y
avait aussi des enjeux de contexte familial, de contexte social. Une des
grandes préoccupations de ma mère et de tous les enseignants aujourd'hui qui
sont avec ces enfants-là, qu'ils soient intégrés dans les classes ou qu'ils
soient dans des classes spécialisées, c'est de pouvoir donner à ces enfants-là
la possibilité de développer leur plein potentiel.
J'avais déjà demandé à ma mère à l'époque
si j'allais avoir le privilège d'être dans sa classe. Naturellement, elle avait
souri et elle m'avait dit que non, potentiellement, mais que, pour elle,
c'étaient des enfants qui étaient importants...
Mme LeBel : ...que, si
j'étais dans sa classe, bien, c'était parce que j'allais être importante comme
eux. Donc, je ne comprenais pas, on se comprend, j'étais en troisième année,
là, à l'époque, quelle était la difficulté de ces enfants-là et quelle était ma
chance à moi de ne pas avoir ces difficultés-là, ni d'apprentissage, ni de
contexte social, malgré que maintenant je me rends compte que j'étais peut-être
un TDAH non diagnostiqué, puis ça explique beaucoup d'enjeux de mes parents à
mon égard, mais... et de mes enseignants, que j'ai subis par la suite avec
mon... mon fils, donc... Mais je veux en parler.
Tu sais, au Québec, on a pris la décision
collective de favoriser l'inclusion des élèves à besoins particuliers. Je pense
que c'est une excellente décision. Plus de 75 % des enfants sont dans des
classes régulières. Mais l'inclusion dans les classes régulières, ce n'est pas
la panacée. Il y a encore des enfants qui ont besoin d'avoir des classes
particulières. Et l'inclusion dans les classes régulières, ça comporte des
défis aussi pour nos enseignants, des défis pour les enfants qui sont... qui
ont moins de besoins particuliers et des défis pour nos enfants qui en ont et
les enseignants.
Il n'y a pas de réponse unique à ces
enjeux-là. S'il y avait une réponse unique, on le saurait, vous l'auriez su
alors que vous étiez au pouvoir, cher collègue, mais on le saurait. Je ne veux
pas qu'on dénigre les aides à la classe, c'est un enjeu qui est fort important,
et ça a beaucoup aidé. Mais est-ce que c'est la réponse unique? La réponse,
c'est non. Il faut renforcer. Donc, on a... on renforcit, on donne de la
formation à ces enseignants-là, on leur donne de l'aide. On a créé plus de
classes, et je pourrais en parler, là. On a... 77 % des élèves sont...
sont intégrés. Il y a beaucoup de choses à dire que je ne peux pas dire en cinq
minutes, mais sachez qu'on continue à travailler sur ces enjeux-là. On continue
à travailler dans l'objectif d'intégrer ces enfants-là parce que ça a fait ses
preuves, mais il y a aussi des enfants qui ont besoin d'avoir des classes
particulières, comme ma mère le faisait à l'époque. Et on va continuer à créer
ces classes-là, là où les besoins sont nombreux.
J'ai plein de statistiques à vous donner.
Je ne vous les donnerai pas parce que je n'ai plus de temps pour le faire, mais
sachez que ça demeure une préoccupation, et j'ai une très grande sensibilité. On
va continuer à appuyer les enseignants, à travailler pour avoir plus de
soutien, dont les aides à la classe, et à avoir des classes quand il le faut.
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse pour cinq minutes.
Mme Lachance : ...j'ai terminé
la dernière... le dernier bloc, justement, en parlant des élèves à besoins
particuliers, mais je pense que Mme la ministre vient, de manière éloquente, de
présenter les priorités. Et ce que je retiens, c'est : pas de réponse
unique, pas de réponse unique, pas de besoin unique. Donc, ça m'amène,
tout à l'heure, aussi à vous parler des projets pédagogiques particuliers, mais
aussi, aussi, puis ça, c'est extrêmement important, de la formation
professionnelle.
Dans nos écoles, on offre des cheminements
qui sont diversifiés pour répondre à des besoins qui sont aussi tout à fait
diversifiés. La formation professionnelle est une étape. Elle est considérée au
même titre que toutes les formations. Et, actuellement, avec la rareté de
main-d'œuvre dans certains domaines... Et là, évidemment, c'est la députée de
Bellechasse qui vous parle, dans Chaudière-Appalaches la rareté de
main-d'oeuvre est omniprésente. Donc, on a des métiers qui sont extrêmement
bien rémunérés et qui ont des besoins concrets, et ça répond à des demandes
puis à des désirs de nos jeunes de pouvoir se former.
• (9 h 50) •
En 2023, notre gouvernement annonçait des
investissements de 400 millions, 400 millions, Mme la Présidente, pour donner
un souffle nouveau à la formation professionnelle. On a été particulièrement
actifs pour les programmes en construction. On a d'ailleurs confirmé en dernier
budget que nous continuons à investir dans la formation professionnelle pour le
milieu de la construction. Le Québec a besoin de ces jeunes-là qui iront dans
le domaine de la construction, et nos jeunes ont besoin de ces formations-là
qui leur permettent de pouvoir aller se former dans la... dans leurs grands
intérêts ou enfin de maintenir leur attrait pour l'école dans certains milieux.
Et c'est là tout le sens d'une offensive de la formation en construction. Donc,
notre objectif est simple : former 10 000 nouveaux travailleurs dans
les métiers les plus en demande, dont on parle ici de montage de lignes électriques,
électricité, charpenterie-menuiserie, conduite de grue, réfrigération,
plomberie, chauffage, arpentage et topographie, forage et dynamitage, donc tous
des métiers qui ont une...
Mme Lachance : ...donc
d'être des métiers davantage physiques et dont les besoins sont très grands. Je
discute évidemment avec plusieurs entrepreneurs de ma circonscription, puis on
me rappelle souvent à quel point notre jeunesse a changé. Elle a évolué, elle
est beaucoup plus technique et beaucoup moins physique dans certains milieux.
On a aussi des besoins particuliers dans la formation très, très précis, puis
on s'y est penché. Et on a répondu à cette demande là de nos jeunes de pouvoir
évoluer dans des milieux qui leur sont connus et qui leur... qui les stimule.
C'est la même chose pour les projets
particuliers. Favoriser la réussite, c'est d'abord une question de motivation
et d'engagement, est-ce que j'ai besoin de le rappeler? Parce que c'est la clé
du succès, la motivation. Les projets pédagogiques particuliers sont un levier
reconnu pour soutenir la réussite. Ils permettent de développer des talents et
un sentiment particulier d'appartenance à l'école. Pas besoin de dire que c'est
la manière de favoriser la motivation scolaire et ultimement d'influencer
positivement la réussite scolaire. On a rendu des parcours accessibles. Et pour
ça, on offre 300 $ par élève pour éliminer ou diminuer les frais qui sont
chargés aux parents. L'effet de 300 $ par élève fait en sorte que
60 % des jeunes inscrits à un programme particulier n'ont aucun frais à
payer. L'an dernier, c'est 200 000 élèves du secondaire qui étaient
dans ces parcours particuliers, soit un élève sur deux. Et c'est par choix que
les élèves se sont dirigés vers ces programmes-là. Rappelons que le Conseil des
établissements, qui décide d'implanter des projets particuliers, les parents et
le personnel scolaire sont au cœur des choix qui sont faits par les
établissements et évidemment, ces établissements-là répondre à des besoins ou
des désirs de la population dans leur milieu. Donc, Mme la Présidente, en
terminant, je vous dirais, on voit très clairement qu'il y a un travail qui
s'est fait pour répondre aux besoins de nos jeunes en éducation.
La Présidente
(Mme Bogemans) : Nous allons maintenant débuter la quatrième
série d'interventions. Je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour
cinq minutes.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, chers collègues. Nous sommes ici
pour vous entendre, Mme la ministre, sur vos priorités. Et, de mon côté,
j'aimerais vous entendre sur vos priorités sur le plan budgétaire. On le sait,
cette rentrée scolaire, là, celle que nous venons de passer, bien, ça a été une
rentrée scolaire excessivement difficile pour l'ensemble du réseau, tant pour
les équipes-écoles que pour les élèves. Plusieurs ont parlé d'une des pires
rentrées scolaires des 15 dernières années. Donc, ça vous donne une idée
d'à quel point, pour bien des gens dans le réseau, bien, ça a été excessivement
difficile. J'entendais la ministre un peu plus tôt qui nous a dit : Il n'y
en a pas de coupures en éducation. Je vous avouerais que j'étais un petit peu
estomaquée parce que pas juste lorsqu'on lit les grands titres, là, mais
lorsqu'on est sur le terrain, lorsqu'on se promène dans les écoles, et moi,
j'ai eu l'occasion de visiter certaines écoles, de parler avec des enseignants,
avec les représentants, donc, du personnel de soutien scolaire, des
représentants du personnel professionnel aussi, et tout le monde nous a parlé
de l'impact des différentes compressions qui ont eu lieu tout au long de la
dernière année, parce qu'on s'entend, donc, qu'on a eu des compressions
importantes au cours de la dernière année, donc, la ministre nous dit qu'il n'y
en a pas eu, j'aimerais peut-être qu'elle se mette... qu'elle nous précise un
peu sa pensée parce que lors de la dernière étude des crédits, bien, son
prédécesseur nous confirmait, il admettait des compressions de l'ordre de
670 millions.
Donc, il y a un discours un peu
contradictoire avec celui de son prédécesseur, mais je poursuis ma lancée.
Donc, si on se ramène, donc, à ces compressions, à ces dernières compressions
dans le réseau de l'éducation du mois de juin dernier qui sont arrivées avec
le... ce que j'appelle, donc, ce que je mets souvent, donc, entre guillemets,
donc le réinvestissement, ce que le gouvernement a appelé le réinvestissement,
mais si... mais essentiellement, donc les... on a eu de la difficulté, donc, à
en voir les effets dans le réseau, bien, on le sait, ça a créé une rentrée
scolaire excessivement chaotique, une rentrée scolaire excessivement difficile.
Vous n'êtes pas sans savoir, Mme la ministre que, bien, pour bien des enfants,
et je sous-entendais, donc, dans l'intervention précédente nous parler des
jeunes avec des besoins particuliers. Mais justement, on le sait, on se
rappelle du fils de Mme Lantier, donc, de sa maman, qui nous faisait un
cri du cœur dans les médias, qui disait à quel point son fils n'avait pas pu
bénéficier des mêmes services que l'an dernier. Et publiquement, donc, elle
nous a... Elle a mis, donc, le doigt sur... sur les compressions surprises de
cette année qui ont privé son enfant des besoins... des...
Mme Cadet : ...mon enfant a
besoin des services dont il avait besoin. On pense, Mme la ministre, donc, au
matériel dans les écoles. Je pense qu'il y a la FAE qui est présente. Et je
les... qui est présente ici, dans les tribunes avec nous, puis je les salue
d'ailleurs, qui nous indiquait, donc, dans une sortie, donc à laquelle j'ai
pris part, qui avait fait le tour de ses enseignants, le tour de son réseau
pour leur demander : Bien, pour eux, qu'est-ce que ça... pour eux... pour
vous, qu'est-ce que ça signifie, les coupures dans votre milieu? Puis il y a eu
des situations absolument effarantes qui nous ont été communiquées de la part
de ces profs-à, comme le fait que, par exemple, dans une école, pour... dite
hôpital, donc avec des élèves lourdement handicapés, que l'achat de
débarbouillettes de bavoirs, d'antibactérien était limité, qu'on devait donc se
procurer du papier toilette de bas de gamme. Donc, on n'est pas... On n'était
pas en mesure, donc, de vraiment pouvoir répondre aux besoins de ces élèves-là.
Les activités parascolaires, dans ma
circonscription, Mme la Présidente... Mme la Présidente, oui, mais, Mme la
ministre, j'ai la présidente de mon conseil d'établissement qui m'avait écrit
personnellement pour dire : Mon Dieu! ça n'a pas d'allure, que nos enfants
s'étaient préparés pour la course de cross-country, ils n'étaient pas en mesure
de pouvoir y prendre part parce que les compressions ne permettaient pas à
l'école d'offrir ce type d'activité là à nos élèves. On n'arrête pas de parler
de l'importance de raccrocher nos élèves à l'école, de s'assurer de leur donner
des activités qui leur donnent le goût de se présenter dans les milieux. On le
sait que nos enseignants, on sait que le personnel, on sait que les
équipes-écoles font tout ce qui est en leur pouvoir pour pouvoir offrir ce
milieu de vie là à nos enfants, puis à nos jeunes, puis quand, en catastrophe,
ils se disent : Bien là, nous, on a mis tous ces efforts-là, mais qu'en
bout de ligne, on n'est pas capables de répondre à cette demande puis qu'on est
obligés, à contrecœur, de leur dire : Bien, malheureusement, l'activité à
laquelle vous vous étiez préparés, ce qui vous animait, ce qui vous donnait
l'énergie de vous rendre à l'école, bien, on n'a pas le choix, à cause des
compressions, on est obligé de l'annuler. Bien, je ne sais pas comment ça s'appelle,
Mme la ministre, si vous n'appelez pas ça vous-même des coupures.
Donc, vous comprenez que les... la
dernière rentrée scolaire a été excessivement difficile, puis je pourrais m'en
aller donc sur toutes sortes d'exemples ici. Puis la Question que j'ai pour
vous, c'est : Est-ce que c'est... Est-ce que ces compressions seront
présentes l'an prochain? Est-ce que le réseau va devoir s'attendre à des...
La Présidente (Mme Bogemans) :
La parole est maintenant à Mme la ministre.
Mme LeBel : Bien, merci, Mme
la Présidente. Merci à ma collègue pour ce cinq minutes d'interpellation. On a
eu beaucoup d'échanges ensemble dans le cadre du projet de loi n° 94. J'ai
eu l'occasion de le mentionner en discours d'ouverture, donc, je le répète, ici,
on est capable d'échanger, puis on est capables de trouver des solutions. Et je
l'ai dit, même si des fois on a des visions fort différentes de la façon d'y
arriver, je demeure intrinsèquement convaincue qu'on partage, moi et elle, le
même objectif, c'est-à-dire la réussite et un meilleur réseau scolaire public
pour la réussite de nos élèves.
J'ai eu l'occasion aussi de le mentionner,
j'ai fait presque un premier cinq minutes sur le budgétaire tantôt, il n'y a
aucun... il n'y a aucun monde, Mme la Présidente, dans laquelle j'évolue où
58 % d'augmentation d'un budget depuis 2018 va être qualifié de coupure.
Est-ce que les besoins sont grands? La réponse est oui. Est-ce qu'on pourrait,
comme je le disais tantôt, théoriquement sur papier, si la capacité de payer
des Québécois était illimitée, ce qu'elle n'est pas, pourrions-nous en ajouter
toujours plus, toujours plus? La réponse, c'est probablement oui. Mais on vit
dans un contexte budgétaire qui est fort réel, dans lequel tous les Québécois
doivent vivre, dans lequel le gouvernement a plus qu'une seule mission, même si
la santé, l'éducation, pour moi, ce sont des priorités du gouvernement. Et ça
se reflète d'ailleurs dans la part du budget qui est alloué à ces priorités-là.
Et donc on doit travailler.
Je dois répéter que pour moi, les
directeurs généraux des centres de services scolaires sont responsables et
imputables de la gestion de leur budget. Ce sont des gestionnaires qui sont mis
en place justement pour s'assurer que ces budgets-là sont maximisés. C'est à
eux de faire des choix. Il y en a qui réussissent, il y en a qui y parviennent
très bien, dans le contexte actuel, Mme la Présidente, où les budgets ont été
augmentés, mais les besoins aussi ont augmenté de façon plus... très grande.
Donc, on doit travailler dans ce contexte-là et on va continuer à travailler.
• (10 heures) •
Qu'est-ce que j'ai fait dans les
60 premiers jours, Mme la Présidente? J'ai écouté et j'ai agi. C'est pour
ça que c'est une de mes priorités. Oui, pour moi, écouter et agir, ça peut être
une priorité. Aider le réseau à se stabiliser, à travailler dans le contexte, à
pouvoir s'assurer que chaque dollar est investi pour le bien des enfants, c'est
une priorité. Les accompagner, c'est une priorité pour moi et ils sont responsables
de leurs choix en fonction de leur milieu. Donc, leur donner plus de souplesse,
comme on l'a fait, dans la décision qu'on a prise...
10 h (version non révisée)
Mme LeBel : ...que j'ai prises
et qui me... que j'ai prises avec les gens du ministère dans mes premiers
jours, c'est-à-dire de revoir la façon dont on ciblait... la cible d'ETC, qui
ne devait pas être un plafond, mais être une cible, c'est agir et donner plus d'air,
voir comment on pourra, dans les règles budgétaires, dans les prochains mois,
leur donner plus d'agilité pour utiliser mieux l'argent. C'est une priorité, Mme
la Présidente, et ça va leur permettre de faire des choix adaptés aux milieux
dans lesquels ils évoluent. Et c'est à eux et aux directeurs d'école de faire
ces choix-là pour la réussite éducative. Le gouvernement est là pour les
accompagner, le ministère est là pour les accompagner, mais ce sont les
meilleurs connaisseurs de leurs réalités et ils doivent s'assurer que chaque
dollar est bien investi.
Je vais en profiter pour parler un peu des
infrastructures. Je n'en ai pas beaucoup parlé jusqu'à présent, mais nos
écoles, Mme la Présidente, arrivent malheureusement au même âge en même temps.
Bon, c'est un peu mon âge à moi aussi, là, la cinquantaine, donc, et la plupart
de nos écoles ont été construites à la fin des années 60. Ils ont eu un
déficit de maintien flagrant dans les dernières années et on a dû augmenter le
PQI de 9 milliards à 23 milliards. Ça ne dit pas grand-chose aux gens
à la maison, 9 milliards, 23 milliards, c'est un peu intangible, mais
c'est trois fois plus que ce qui avait été accordé dans les dernières années.
Mais les besoins sont immenses, Mme la Présidente. On a aussi scolarisé plus de
100 000 élèves nouveaux qui n'étaient pas dans les prévisions
démographiques, qui viennent de la grande partie de l'immigration et qui n'étaient
pas prévus, mais qu'on doit scolariser, par rapport à 2018, depuis notre
arrivée. Donc, c'était la première chose à faire, c'est d'augmenter
drastiquement chaque enjeu.
Maintenant, on va regarder comment on peut
investir au mieux chaque dollar. Je l'ai dit dans mes premières choses et ça
fait partie de mes priorités, qui est la même priorité : Comment faire
atterrir tout ça pour maximiser chaque dollar pour le bien des enfants? Moi, ce
que je veux, c'est des classes pour les enfants qui ont besoin de classe. Donc,
est-ce que le cahier de charges est trop lourd? Est-ce qu'il est ambitieux? Dans
le contexte dans lequel on vit, peut-être, il faut revoir le cahier de charges.
Est-ce qu'on utilise le plein potentiel des nouvelles méthodes de construction
par modulaires? J'en ai, des modulaires dans mon comté, les enseignants aiment
les modulaires, ce sont des belles classes. On a une notion, j'allais dire, à l'opposé
du romantisme, du modulaire, mais ce n'est pas des cabanes, alors ce n'est pas
des cabanes de construction pour des chantiers, ce sont de belles classes
climatisées. Peut-on économiser et livrer plus rapidement en revoyant nos modes
de gestion de projets? Oui.
La Présidente (Mme Bogemans) : Maintenant,
la parole est à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq minutes.
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Merci, Mme la Présidente. Bien, moi, je vais revenir sur l'insécurité puis je
vais vous parler de la commission sur les écrans. On l'a dit, protéger nos
jeunes, c'est une priorité aujourd'hui puis ça va le rester tout le reste du mandat.
Les 15 dernières années, la technologie a évolué à une vitesse incroyable,
avec des téléphones portables, des réseaux sociaux accessibles partout, en tout
temps. Ces avancées ont apporté beaucoup d'avantages : communications
rapides, accès à l'information nouvelle, mais elles ont aussi eu des effets
négatifs sur la santé mentale, la santé physique des jeunes et plus
particulièrement le bien-être et leur réussite à l'école.
Un enjeu particulièrement préoccupant est
la cyberintimidation, un phénomène qui n'est pas nouveau mais qui a également
muté en parallèle aux progrès technologiques. Beaucoup de cas de
cyberintimidation sont initiés sur les terrains de l'école en raison de
conflits entre les jeunes et se poursuivent en ligne en dehors des heures d'école.
Ces chiffres sont parlants. En 2024, le SPVM a reçu plus de 2 000 dossiers
d'intimidation en ligne. Les victimes sont de plus en plus jeunes. Le partage d'images
intimes entre les jeunes, dont l'autoexploitation, l'autoexploitation qui
implique le partage de leurs propres images intimes. La cyberexploitation, la sextorsion
sont également des enjeux importants. En 2019, il y avait 76 dossiers qui
ont été analysés, puis, en 2024, c'étaient 141. Bref, on voit l'impact que cela
peut avoir sur les jeunes et c'est très préoccupant, et c'est pourquoi notre
gouvernement a choisi d'agir rapidement.
Le rapport final de la commission spéciale
a été déposé le 29 mai 2025 et contenait 56 recommandations, dont une
trentaine pour le ministère de l'Éducation. Les constats tirés lors de la
commission sont clairs : les écrans sont trop souvent l'élément déclencheur...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...encore de situations d'intimidation dans
les écoles et plusieurs gestes de violence prennent naissance durant les heures
de classe. La cyberintimidation, le SPVM l'indique, parmi les cas de
cyberintimidation, de menace et de diffusion d'images intimes que le SPVM
traite, plusieurs prennent naissance dans les établissements scolaires durant
les heures de classe. La commission s'est dite rassurée par les témoignages de
jeunes dans les écoles où l'interdiction du cellulaire est déjà en place
partout dans les... dans l'école. À leur grand étonnement, la majorité des
jeunes qui... qui ont été rencontrés dans ces écoles, ont indiqué apprécier
l'interdiction d'utilisation du cellulaire à l'école. Ils mentionnent que cette
mesure favorise la socialisation, car les élèves n'ont plus le réflexe
d'utiliser leur cellulaire dès qu'ils ont un instant de libre. Dans le rapport
de la commission, on retrouve un équilibre qui doit guider nos actions pour le
réseau scolaire, limiter les effets néfastes des écrans sur la concentration
des élèves ou encore la cyberintimidation, mais aussi les préparer à vivre dans
un monde de plus en plus numérique. C'est une très bonne chose qu'on ait
rapidement pour interdire les cellulaires dans les classes puis dans toutes
les... dans toute l'école. La réaction a été positive. Les élèves jouent aux
cartes, maintenant, ou au ping-pong et socialisent davantage. Déjà, parmi les
élèves qui étaient les plus réfractaires au changement, on rapporte qu'il y a
des changements d'attitude qui s'est faite rapidement. Les élèves se sont
adaptés à la nouvelle réalité.
Nous pouvons aussi préparer nos jeunes à
vivre dans un monde numérique. Le programme de culture et citoyenneté
québécoise intègre déjà des contenus pour développer les compétences
numériques. Dans le programme, au primaire, les thèmes médias et vie numérique
portent notamment sur l'utilisation des réseaux sociaux. Et en
secondaire IV, le thème technologies et défis d'avenir traite de
cyberdépendance, d'intelligence artificielle et de désinformation. On peut
aussi bonifier le contenu. C'est ce que la commission nous recommande, et c'est
ce sur quoi on travaille. En résumé, protéger nos... nos jeunes, favoriser leur
socialisation et les préparer au monde numérique, c'est une...
La Présidente
(Mme Bogemans) : Merci, Mme la députée. Nous allons maintenant commencer
la cinquième série d'interventions. Je cède maintenant la parole à la députée
de Bourassa-Sauvé pour cinq minutes.
Mme Cadet : Mme la
Présidente, je note que la ministre n'a pas répondu à ma question, pourtant
limpide. Est-ce que, oui ou non, le réseau de l'éducation devra s'attendre à
des compressions dans le dernier budget de la CAQ avant les élections? La
ministre nous dit : Non, non, il n'y en a pas eu de compressions. Mais, je
m'excuse, d'abord, ce n'est pas ce que son prédécesseur a dit, mais
certainement ce n'est pas ce que les gens ressentent sur le terrain. C'est très
clair. La ministre nous parle aussi du contexte budgétaire. J'en suis très
conscient du contexte budgétaire, Mme la Présidente, mais c'est le gouvernement
de la CAQ qui nous a lui-même plongés dans ce marasme budgétaire là. C'est en
raison des décisions du gouvernement actuel qu'on a un contexte budgétaire plus
serré. Est-ce que ce sont les enfants? Est-ce que c'est le réseau d'éducation
qui devrait écoper parce que notre moyenne au bâton n'est pas assez élevée,
alors qu'on cherche à aller chercher des revenus supplémentaires ailleurs? Donc
ça, c'est les questions que j'ai pour la ministre. Mais puisque notre bloc,
notre temps d'échange est assez serré, j'aimerais poser, donc, une autre
question à la ministre de l'Éducation. Il reste 328 jours avant la fin de
ce mandat. Donc, la ministre, a au pied levé, donc, a pris la relève du dossier
de l'éducation, après les soubresauts causés, donc, par ses prédécesseurs dans
le réseau de l'éducation. Aujourd'hui, on le sait, on a un défi de pénurie
d'enseignants, mais surtout un défi de rétention d'enseignants. On n'a pas
juste un défi de rétention, donc, de nos profs, mais ils ont aussi un défi de
rétention de l'ensemble du personnel scolaire. C'est excessivement difficile
puis c'est l'enjeu numéro 1 qui est noté, donc, par l'ensemble des
acteurs. On peut aussi penser, donc, à d'autres enjeux dans le réseau de
l'éducation, comme celui du rôle de l'école. Les directions d'école nous
disent : Non seulement c'est excessivement difficile en raison du poids
qui est mis sur leurs épaules de pouvoir jouer leur rôle de leader pédagogique,
mais en ce moment, là, l'école est un petit, donc, une école fourre tout. On
demande aux écoles d'enseigner aux enfants comment brosser leurs dents, là, tu
sais. Ça vous donne une idée. Puis ça, c'est un exemple qui m'a été nommé
plusieurs fois, Mme la Présidente...
Mme Cadet : ...Est-ce que la
ministre de l'Éducation va se pencher aussi sur la question du rôle de l'école?
• (10 h 10) •
La réussite éducative de nos garçons. Ma
collègue, notre cheffe de l'opposition, la députée de Saint-Laurent, a sorti un
documentaire. Donc, tout le monde nous... nous parle de cet enjeu-là, de la
sous-scolarisation des garçons. Donc, on le sait, que c'est un enjeu qui fait
consensus, c'est un documentaire qui était non partisan. Je veux entendre la
ministre sur ces... sur cet élément-ci et notamment sur comment mieux cibler le
soutien en matière de littératie.
L'encadrement de l'intelligence
artificielle. Je vous en nomme, donc, des défis, là, dans notre réseau
d'éducation. Là, il est aux prises avec de nombreux défis, bien, ça aussi, ça,
c'est un enjeu qui nous parvient du milieu et qui nous dit : Ça, il faut que
le gouvernement du Québec se penche sur ces questions-là.
La gouvernance et la démocratie scolaire.
On le sait, le gouvernement caquiste, au cours du dernier mandat, a transformé
nos commissions scolaires en centres de services scolaires. On a plusieurs
parents... puis la ministre, donc, vient d'évoquer le projet de loi n° 94
puis les échanges qu'on a eus à cet égard, donc on l'a vu à quel point... Donc,
plusieurs parents se disent : Nous, on se sent beaucoup plus loin du
décisionnel que nous l'étions et, à certains égards, on se sent... on se sent
muselés. On a travaillé. On est capable de se parler, puis tant mieux si le
ministre nous arrive avec certains éléments ici, on est capable de se parler
pour être en mesure de donner plus de pouvoir au réseau, plus de pouvoir au
milieu.
Je veux aussi questionner la ministre sur
la rémunération des stages. On le sait, lundi, c'était la Journée
internationale des stagiaires. Donc, dans le réseau public québécois, nos
stagiaires ne sont toujours pas rémunérés. J'ai déposé une motion à cet égard
l'année dernière et le gouvernement y avait adhéré, j'aimerais ça que nos
stagiaires sont... soient rémunérés, alors qu'on se pose toujours cette
question aujourd'hui.
J'aimerais aussi entendre la ministre sur
l'enseignement hors établissement, sur la mise à jour de la politique
d'alphabétisation des adultes. Comment ça se fait... Bien, en fait, il y a une
mise à jour, bien, en fait, qui s'en vient. Quand on parle, donc, de notre
réseau d'éducation, bien, ça les comprend aussi. Quelle est la priorisation du
côté de la ministre de l'Éducation de la part de... à l'égard de l'enseignement
hors établissement?
Donc, je le disais, Mme la ministre, il
vous reste 326 jours à votre mandat, votre... votre seule dernière année
de mandat comme ministre de l'Éducation. Est-ce que vous allez régler au moins
un de ces enjeux et énumérer lequel de ces enjeux allez-vous régler au cours de
la prochaine année?
La Présidente (Mme Bogemans) : La
parole est maintenant à Mme la ministre.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Je vais quand même juste boucler un des sujets. Ma collègue a assez
d'expérience pour savoir qu'on ne commentera pas le budget avant que le budget
soit déposé, donc on fera ce qu'on a à faire. Donc, ce n'est pas une absence de
réponse de ma part, mais ce n'est pas... puis j'ai eu l'occasion de parler
beaucoup du budget dans ma première... dans mon premier cinq minutes et dans
les autres blocs qu'on a faits sur l'état actuel. Ça fait que je vais me permettre
peut-être d'aller sur les autres sujets qu'elle mentionne, parce qu'elle en a
mentionné beaucoup, tous des sujets importants.
Pénurie de... Pénurie de main-d'œuvre
d'enseignants. On travaille là-dessus. J'ai eu l'occasion de négocier des
conventions collectives qui sont quand même costaudes, où on a mis la priorité
sur les enseignants dans les deux dernières rondes de négociation, le personnel
de soutien également, qui est fort important pour les équipes-écoles. Si on
parle simplement des salaires, ce sont... ce sont les métiers qui ont eu le
plus d'augmentation depuis 2018 dans la rémunération globale, là, je sais que,
bon, on parle salaire, rémunération globale, mais je vais le dire, plus
d'argent dans leur poche au final, mais l'argent ne règle pas tout. Et, au
lendemain de tout ça, il faut quand même adresser les autres enjeux :
Comment on retient nos jeunes enseignants 0-5 ans, comment on leur donne
de l'aide, du support, comment on les recrute avec nos formations qui sont
accélérées, comment on s'assure que notre réseau demeure un réseau
professionnel, la formation continue? Elle sait qu'on agit sur ces sujets-là.
On agit, mais je ne veux pas prendre mon cinq minutes à parler de ce sujet-là.
Elle a parlé aussi du rôle de l'école.
Effectivement, pour moi, j'ai trois grands axes, hein? J'ai eu l'occasion de le
dire, je pourrais le répéter dans l'allocution de fermeture, mais, pour moi,
apaiser, stabiliser, pour moi, c'est bon, et recentrer le rôle de l'école. Au
moment où on se parle, il y a un comité, justement, sur le rôle des écoles avec
les différents partenaires qui est en place et qui discute, je veux que les
partenaires se parlent, ce sont les mieux placés pour nous... pour discuter de
ce sujet-là, et il y a un comité qui est en place particulièrement. J'ai parlé
de rigueur, d'équité d'allocation des ressources, j'ai eu l'occasion d'en
parler beaucoup, mais agir pour la réussite des élèves. Et je veux prendre un
des...
Mme LeBel : ...pour moi,
qu'elle a mentionnés, pas parce que les autres ne sont pas importants,
prévention de la violence est fort importante pour moi, j'ai eu l'occasion d'en
parler, mais le français, l'apprentissage de français, et l'écart avec nos
garçons. Pour moi, renforcer le français dans les écoles est fort important, la
culture, apprendre à lire, la lecture. J'ai eu, je l'ai dit, l'occasion d'avoir
des parents pour qui l'éducation... mais la lecture était fort importante.
J'ai... J'ai lu, depuis mon plus jeune âge, plusieurs types de bandes
dessinées, d'articles et je sais fort bien qu'on ne peut pas parler de mes
priorités sans parler de la priorité du français, à laquelle je suis très
sensible. C'est un déterminant incontournable pour l'apprentissage de nos... de
nos jeunes et la réussite éducative, particulièrement la lecture, la capacité
de lecture. On a parlé dans le documentaire du décodage, mais c'est quelque
chose qui... pour lequel j'étais déjà sensibilisée de par mon parcours
personnel. J'ai incité mes enfants à lire dès leur... et quand... plus jeune
âge, et, quand on les apprend à lire et à écrire, ils se donnent toutes les
chances pour avoir un parcours réussi. Et on le voit, quand on met l'accent sur
la lecture dès les premières années du primaire, bien, plus tard, dans la
réussite en secondaire trois, en secondaire quatre, en secondaire cinq, ça se
voit. Et, quand on met l'accent là-dessus, ça se voit.
Il y a une différence, en 2025, dans le
taux d'épreuve ministérielle de français en secondaire cinq, entre les filles
et les garçons, qui est quand même encore importante, même si on a réussi à
agir sur cette différence-là. Et on observe que, malheureusement, les enfants
sont peut-être moins accrochés, de par les méthodes actuelles, par la lecture
dès leur plus jeune âge, et ça crée un écart qui se reflète dans le taux de
diplomation. Notre collègue commune a eu l'occasion d'en parler dans le
documentaire, et j'en suis. Et, pour moi, c'est important. Le nouveau de...
programme de français qui est mis présentement à l'épreuve, je peux le dire,
dans 55 écoles, est fort important. On a mis en place aussi, dès la première
année du primaire, la question du dépistage. On veut travailler après ça sur la
deuxième année du primaire. J'ai vu des écoles extraordinaires en Outaouais où
on travaille sur... bon, j'oublie l'acronyme des CAP, aidez-moi...
Des voix : ...
Mme LeBel : ...les
communautés... de pratiques, en tout cas, les enseignants se mettent ensemble
pour travailler à tous les niveaux pour... avec des intervenants pour s'assurer
que chaque élève qui progresse progresse avec les bons... les bonnes
compétences, particulièrement en lecture, en écriture, parce qu'on voit que,
quand on fait ce qu'on appelait le déboulage, ce qu'on veut cesser de faire et
ce qu'on commence à cesser de faire comme pratique dans nos écoles,
c'est-à-dire faire passer les enfants qui n'ont pas cette compétence-là, on ne
les aide pas à court terme, on leur nuit. Donc, oui, si on veut parler de
priorité, pour moi, quand on parle d'agir sur l'axe de la réussite éducative, de
voir à cette priorité-là et de mettre les balises pour qu'on aille dans la
bonne direction dans la prochaine année, j'en suis.
La Présidente (Mme Bogemans) :
La parole est maintenant à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq
minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Donc, avec tout ce
qu'on a réalisé en éducation depuis 2018, la prochaine année s'annonce dans la
continuité de tout ce que... de tout ce qu'on a entrepris depuis 2018, comme la
ministre l'a dit. Il est donc pertinent de faire le tour de ce que nous avons
fait en éducation.
Nous l'avons dit à maintes reprises, la
sécurité de nos enfants est une priorité absolue, et c'est au cœur de toutes
nos décisions. C'est pourquoi notre gouvernement a posé des gestes concrets
pour répondre aux préoccupations exprimées par les élèves, les parents et le
personnel scolaire.
Juste pour rappeler les faits, le 21 mars
2023, un mandat d'enquête général a été déclenché afin de faire toute la
lumière sur les mécanismes de protection en milieu scolaire. Quelques mois plus
tard, le 7 août, le rapport était déposé, puis, dès le 1er septembre 2023,
notre gouvernement annonçait publiquement son intention de donner suite à
chaque recommandation formulée. On n'a pas attendu. Dès ce moment-là, le
ministre de l'Éducation s'est engagé à corriger les lacunes identifiées et à
déposer rapidement un projet de loi. Après des consultations particulières, des
auditions publiques tenues le 31... le 30 et 31 janvier 2024, le projet de loi
n° 47 a été adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale le 9 avril 2024. Les
premières dispositions sont entrées en vigueur dès le 1er septembre 2024, à
temps pour la rentrée scolaire.
• (10 h 20) •
Ce projet de loi constitue un jalon majeur
pour renforcer la sécurité de nos élèves dans toutes les écoles du Québec. Il
crée un cadre plus clair, plus rigoureux et plus... et surtout plus humain. Les
élèves victimes de violences à caractère sexuel...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...au début dispose maintenant de recours
accessibles, rapides et adaptés à leur réalité. Le projet de loi a prévu de
nombreuses mesures pour contrer les représailles envers les personnes qui
portent plainte ou qui signalent une inconduite. C'était crucial pour que
chaque personne se sente confortable de dénoncer des actes qu'ils ont subis. Le
projet de loi a également créé un comité d'enquête permanent et donne la
possibilité au ministre de le saisir de toute situation.
Puis nous avons élargi les mesures de
protection qui s'appliquent aux élèves handicapés et aux élèves mineurs. Ça nous...
Ça nous permet de mieux protéger les membres les plus vulnérables de notre
système d'éducation. Le ministre, à l'époque, avait dit, par rapport au
P.L. 47 : « La priorité des priorités, c'est la sécurité de nos
enfants. Avec cette loi, on fait le choix d'ajouter des mesures préventives
musclées pour mieux les protéger. »
Notre gouvernement a aussi mis en place le
Protecteur national de l'élève, un ombudsman centralisé et indépendant, qui
assure un processus uniforme, transparent, efficace à travers le Québec, tant
dans le réseau public que dans le réseau... privé. C'était une de nos promesses
électorales et nous l'avons tenue. Le protecteur de l'élève... national de
l'élève, c'est un moyen d'assurer le respect des droits des élèves,
préscolaire, primaire, secondaire, dans les réseaux publics et privés, sans
oublier les élèves qui reçoivent une formation à la maison. Le mot d'ordre,
c'est : aucun enfant ne doit être laissé derrière.
Pour les élèves victimes de violence ou de
gestes à caractère sexuel, une ligne d'aide 24 h sur 24, sept jours sur
sept est désormais disponible. Les plaintes urgentes sont traitées sans délai
et les élèves ne sont plus laissés à eux-mêmes. Enfin, nous accompagnons le
réseau éducatif dans cette transition. Depuis janvier 2024, une formation
spécifique sur la prévention et l'intervention en matière de violence, y
compris les violences à caractère sexuel, est offerte à tout le personnel
scolaire. À la rentrée 2024, une formation interactive sur les nouvelles
obligations liées à la Loi sur le protecteur de l'élève a également été rendue
disponible dans l'ensemble du réseau.
Nous avons agi avec détermination et
responsabilité et le P.L. 47, ce n'est pas seulement une loi, c'est une
promesse tenue envers les familles du Québec. C'est notre preuve que, lorsque
la sécurité et le bien-être des élèves sont en jeu, notre gouvernement ne reste
pas les bras croisés. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci. Nous allons maintenant débuter la sixième série d'interventions avec la
députée de Bourassa-Sauvé pour une minute, 50.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Je viens d'entendre la députée nous dire qu'essentiellement, donc,
dans la prochaine année, bien, on va être dans la continuité. Continuons,
qu'ils disaient comme le slogan de la dernière campagne électorale. Bien, je
pense qu'il y a bien des gens dans le réseau qui se disent : Nous, on
n'est pas sûrs qu'on veut continuer dans cette même direction là. Est-ce qu'on
va vraiment aller dans la continuité des compressions qu'on a vues au cours de
la dernière année, celle de 670 millions qui ont eu lieu tout au long de
la dernière année scolaire, mais aussi celles qu'on a vues, surprise, au cours
du mois de juin? Est-ce qu'on va être dans la continuité du départ massif
d'enseignants dans les cinq premières années, alors que le personnel est
surchargé, alors que 52 % du personnel de soutien disent avoir vécu de la
violence, alors qu'on vit avec de la... des enjeux de santé mentale et de détresse
du personnel en ce moment? Est-ce que c'est dans cette continuité-là qu'on veut
aller? Est-ce qu'on veut aller dans la continuité des projets qui sont mis sur
pause? En ce moment, il y a 99 projets d'écoles qui sont dans le PQI,
auxquels on a dit : OK, on vous a dit oui, mais là on est en train de vous
dire non, inquiétez-vous pas, vous êtes toujours inscrits au PQI, mais vous ne
saurez pas ni quand ni comment on vous donnera le feu vert pour vos projets.
Est-ce que, Mme la Présidente, on va être
dans la continuité de l'improvisation budgétaire, dans la continuité de la
non-rémunération des stages, dans la continuité de tout ce qu'on a vu, des
défis avec le déficit d'entretien des infrastructures? On vient de vivre la
pire rentrée scolaire des 15 dernières années. On ne peut pas blâmer la
ministre de l'Éducation, elle vient d'arriver. Mais là, la prochaine rentrée
scolaire, ce sera la vôtre, Mme la ministre. Qu'est-ce que vous allez faire
pour vous assurer qu'on ne revivra pas la même rentrée scolaire?
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci. Nous en sommes maintenant aux interventions de conclusion. Donc, Mme la
ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
Mme LeBel : Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est...
Mme LeBel : ...ce sont mes
conclusions. Je vais commencer par remercier mes collègues, là, pour cette
occasion d'échanges sur l'éducation qui est, je le répète, là, puis je le
réitère, de façon consensuelle, une priorité puis quelque chose qui tient à
cœur de tout le monde. Moi, je veux revenir par contre à l'essentiel de ce que
nous faisons. Ce que nous faisons, nous le faisons pour les élèves, pour leur
avenir, pour leur réussite. Les échanges d'aujourd'hui démontrent à quel point
les défis sont multiples. Chacun de mes collègues m'a interpelé dans son cinq
minutes sur une liste de sujets qui sont tous aussi importants les uns que les
autres, que ce soit, bon, la pression démographique qu'on a sur nos... notre
réseau, la pénurie, la violence, la question de littératie, l'équité d'accès
pour nos jeunes, l'école publique, la diplomation ou l'intégrité du cursus
scolaire. Pour moi, c'est... ça démontre aussi, bien, que le Québec a avancé,
qu'il progresse, mais ça démontre qu'il y a beaucoup de sujets fort importants
dans lesquels il faut continuer de travailler. Donc, ce sont toutes des
priorités, Mme la Présidente.
On a discuté aussi de la maîtrise du
français. Les écarts entre les garçons et les filles ne sont pas nouveaux, mais
ils ne se résorbent pas non plus en un seul geste. Mais il faut, il faut
adresser cette question. On a posé les bases d'une transformation qui est
durable, là, avec un nouveau programme de français, Mme la Présidente, des
outils de pistage, j'ai eu l'occasion de le mentionner, du financement pour les
livres et du soutien pédagogique dans la nouvelle programme... pas la nouvelle,
le nouveau programme de français. Peut-être que je devrais revenir moi-même à
mes bases. Le nouveau programme de français prône la lecture au quotidien. Ça
va non seulement aider tous les élèves, mais ça va bénéficier aux garçons, Mme
la Présidente. Du soutien pédagogique, des partenariats solides pour
accompagner les élèves individuellement avec nos organismes communautaires, le
tutorat à titre d'exemple. Aider nos parents aussi, parce que c'est l'affaire
d'une communauté. Et les résultats ne seront pas instantanés, mais ils seront
durables, on l'espère, parce qu'on travaille sur la racine du problème, pas
juste sur les symptômes. Et pour moi, la lecture n'est pas un accessoire, c'est
le moteur de la diplomation. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont
poussé la lecture. J'ai poussé la lecture chez mes enfants et je dois dire que
ça s'est répercuté dans leurs résultats, et dans nos résultats, et dans leurs
résultats.
On a aussi parlé de la violence.
Malheureusement, c'est un sujet qui est très présent, dont on parle beaucoup
trop. On en parle beaucoup trop, pas parce qu'il faut... Pas parce que je suis
tanné d'en parler, mais parce qu'il est trop présent. Et j'aimerais qu'on cesse
d'en parler parce qu'il est moins présent. Mais c'est un sujet qui me touche
beaucoup, très profondément. Ça aussi, c'est une priorité pour moi, travailler
sur cet aspect. Quand un jeune ne se sent pas en sécurité, Mme la Présidente,
ce n'est pas un... Ce n'est pas seulement son apprentissage qui en souffre,
c'est sa confiance, son identité par rapport aux autres. Et quand un membre du
personnel également, on en a parlé, est victime de violence, c'est l'ensemble
de la communauté éducative qui vacille. On en est fort conscient. Mais on a les
outils. Il faut continuer à les faire déployer, les faire atterrir de façon
adéquate, continuer à écouter pour les transformer, les adapter. On a mis la loi
n° 47, les plans obligatoires, le protocole, les équipes d'intervention,
les investissements massifs dans le service aux élèves. Il faut continuer à
faire atterrir ça, Mme la Présidente. Les outils sont là, mais il faut comme...
Il faut les peaufiner. Je crois beaucoup à la prévention. Il faut travailler
sur la prévention. Je veux que ce soit très clair, je ne tolérerai jamais que
la violence soit banalisée ou relativisée dans nos écoles. On va continuer à
améliorer les mécanismes. Il faut travailler sur ces mécanismes-là.
La pénurie demeure également un défi. Je
veux en parler. Je n'ai pas eu l'occasion d'en parler aussi abondamment que je
le voudrais, parce qu'il y a beaucoup de sujets, je l'ai dit. Ça paraît long,
deux heures, mais c'est très court, une interpellation, et c'est difficile de
s'étendre sur un sujet en particulier, même si j'aurais eu envie de le faire.
Et des fois, j'ai envie de répondre à tout en même temps, ce qui n'est pas pour
essayer de le faire. Donc, ce n'est pas parce que je n'ai pas abordé le sujet,
Mme la Présidente, dans l'interpellation qui a été soulevée par mes collègues,
que ce sujet-là ne me préoccupe pas, je veux le dire haut et fort, mais la
pénurie demeure un défi. On a fait des gains importants, on a augmenté les
salaires, on a mis des programmes accélérés, on a fait du recrutement international,
du mentorat renforcé, de la formation continue, le guichet brevet. On a mis des
plans d'action en développement avec les syndicats et les directions générales.
Ce ce chantier demande de la constance, et on va maintenir cette constance-là.
On a aussi, je le disais, le comité sur le rôle de l'école qui va pouvoir
indirectement aider sur ce sujet-là. On en parle beaucoup et on le fait avec
les syndicats, avec tous les partenaires du réseau.
• (10 h 30) •
Donc, ce n'est pas un enjeu unique. Ce n'est
pas un enjeu avec une solution unique. Aucun des enjeux de l'éducation n'ont
une solution unique, que ce soit le français, la lecture, la pénurie de
main-d'œuvre, la... voyons, la violence dans les écoles. Aucun des enjeux n'a
une solution unique. Il faut maintenant travailler là-dessus. On a discuté un
peu moins dans ce débat, mon collègue de Matane-Matapédia y a fait référence,
peut-être les autres...
10 h 30 (version non révisée)
Mme LeBel : ...je m'excuse si
ça se... ça se mêle dans mon esprit. Mais on a parlé d'école à trois... à
plusieurs vitesses. Moi, pour moi, le réseau est diversifié. Puis, pour moi, c'est
un choix collectif qu'on doit maintenir, mais ce qui ne veut pas dire... il
faut... et ce qui ne veut pas dire que la priorité, pour moi, est de
travailler... n'est pas de travailler sur l'école publique, renforcer l'école
publique. On a un réseau qu'on a choisi collectivement. Les gouvernements
précédents, au fil des années, ont choisi collectivement de maintenir, et
incluant le gouvernement du Parti québécois. Je le comprends, pourquoi, parce
que moi, je pense qu'on doit le maintenir, mais il ne doit pas se faire au
détriment de l'école publique, et c'est là-dessus qu'il faut travailler. C'est
pour ça qu'on a travaillé sur des projets particuliers, mais il faut qu'ils
soient inclusifs, ces projets particuliers là. C'est au milieu, encore là, aux
directions générales, aux directions d'écoles, de choisir ce qui est le mieux
adapté pour leur réseau. Et ça fonctionne, Mme la Présidente, mais, oui, s'il y
a des effets peut-être non désirés sur ces projets particuliers là, c'est
là-dessus qu'on doit être... qu'on doit travailler. Je vais reprendre un
vieux... une vieille.. un vieux dicton. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau
du bain. C'est-à-dire que, oui, s'il y a des difficultés, on est là pour ça,
aider les différents centres de services scolaires. Mais, pour moi, c'est
important, ces projets particuliers là. Il ne faut pas tout jeter non plus l'école
privée. Il faut travailler sur ça, et, pour moi, c'est complémentaire.
Nos écoles ont besoin de stabilité, Mme la
Présidente, de prévisibilité, de cohérence. On doit écouter les partenaires. C'est
pour ça que, dans mes premiers 60 jours, bien, moi, j'ai passé beaucoup de
temps à faire le tour des centres de services scolaires. J'en ai rencontré
plusieurs, j'ai rencontré des centres de services scolaires innovants,
performants qui... Même dans le contexte budgétaire actuel, et, quand je parle
du contexte budgétaire actuel, je parle du fait que, malgré le fait que le
gouvernement a augmenté de plus de 58 %... de près de 60 %, pardon,
58 % les budgets des écoles et presque triplé le budget des
infrastructures dans les dernières années, les besoins ont augmenté de façon
majeure : 100 000 élèves de plus à scolariser qui n'étaient pas prévus
dans nos résultats démographiques. Et ce contexte budgétaire là, c'est
celui-là, Mme la Présidente, auquel je fais référence. Bien, j'ai rencontré
plusieurs... Et il y a des gens innovants, des gens qui sont engagés sur le
terrain partout dans nos centres de services scolaires, et c'est ces gens-là
avec lesquels il faut travailler, et c'est ces gens-là avec qui je veux
travailler dans la même direction.
C'est pour ça, moi, que j'ai... quand je
dis que je n'ai pas... je n'ai... ce n'est pas que je n'ai pas de priorité, c'est
que les priorités qui ont été mises de l'avant par notre gouvernement, c'est
maintenant le temps de les faire atterrir, Mme la Présidente. Et c'est ça ma
priorité : travailler avec les gens du milieu, travailler à aplanir les
irritants et faire atterrir ce que nous avons mis de l'avant. Parce que notre
gouvernement a fait beaucoup de choses dans les dernières années, depuis 2018,
et moi, ma tâche et ma priorité, c'est de faire en sorte que tout ça atterrisse
pour le bien de notre réussite éducative, les conventions collectives, le plus
grand PQI, les investissements dans nos écoles. C'est important.
On a posé des jalons solides : une
meilleure maîtrise du français, une lutte résolue contre la violence, Mme la
Présidente, un parcours scolaire cohérent, des équipes-écoles mieux soutenues,
qu'on veut continuer à soutenir, un réseau plus équitable, diversifié, une
diplomation qui reflète des apprentissages réels. Je ne veux pas réinventer la
roue. Les solutions, on les connaît, le terrain nous les donne et nous les met
de l'avant. La solution facile qu'on met de l'avant, c'est toujours plus d'argent,
plus d'argent. On a mis plus d'argent. Maintenant, il faut travailler à faire
en sorte que ces dollars-là sont efficaces. Et, je m'excuse, il y a encore de l'espace
avec nos centres de services scolaires, malgré que j'ai rencontré, je vous
disais, dans mes rencontres, des gens extraordinaires, et c'est à eux de faire
les choix. C'est pour ça que je vous parlais de mes trois axes, Mme la
Présidente, et... donc : apaiser, aplanir, écouter, travailler pour la
réussite éducative, pousser le programme de français.
On m'a parlé beaucoup de l'évaluation sur
le terrain, on parlait des trois bulletins. C'est important pour les parents d'avoir
une meilleure évaluation, de connaître la progression de leurs enfants. Les
enseignants me parlent de la lourdeur de ces évaluations-là, du fait qu'on peut
peut-être le faire autrement. Je dois tenir compte des deux réalités, et je
veux qu'on en discute, qu'on regarde comment on peut avancer.
Moi, je veux remercier tout le monde pour
cet échange-là dans le peu de temps qu'il me reste, Mme la Présidente. Et je
réaffirme mon engagement à continuer à faire ce travail-là avec tous les
partenaires, y compris mes partenaires de l'opposition, pour faire avancer le
réseau. Parce qu'au bout du compte l'éducation, ce n'est pas un... ce n'est pas
juste un service public, Mme la Présidente, c'est le fondement de notre avenir
collectif, et on doit le faire pour nos enfants et pour toute la société
ensemble.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci,
Mme la ministre. La parole est maintenant au député de Matane-Matapédia...
La Présidente (Mme Bogemans) :
...pour 10 minutes.
M.
Bérubé
:
Merci, Mme la Présidente. Que retenir de nos échanges? La question que le Parti
québécois adresse au gouvernement, c'est quelles sont les priorités de la CAQ
pour le reste du mandat? C'était la question. C'est le choix qu'on a fait
d'interpeler le gouvernement sur l'éducation. Force est de constater que la
ministre fait siennes les priorités de son prédécesseur. Donc, lorsque viendra
le temps d'évaluer la Coalition avenir Québec, en termes d'éducation, ça sera
un tout qui inclura ses deux prédécesseurs et l'ensemble de l'oeuvre.
La ministre fait quand même à deux
reprises une admission étonnante ou préoccupante, c'est selon, elle indique
qu'elle doit, et je cite, « stabiliser et apaiser le réseau de
l'éducation ». Qu'est-ce qui fait en sorte que le réseau doit être apaisé
et stabilisé? Est-ce l'état du réseau que lui laisse son prédécesseur? Ce n'est
pas rien. Est-ce pour cette raison que le premier ministre a choisi de changer
le ministre de l'Éducation, alors qu'il conserve le ministre de la Santé puis
le ministre de l'Économie? Je connais le député de Lévis depuis un certain
nombre d'années. Je suis assez convaincu que ce n'est pas lui qui a demandé
d'aller en Environnement, OK? Quoique je peux me tromper, j'ai déjà pensé qu'il
était indépendantiste sincère aussi. Je peux me tromper. Ceci étant dit, il a
changé d'étage au 16e, mais la CAQ sera marquée et tous ceux qui auront
contribué pendant huit ans aux résultats.
La ministre nous indique : Il faut
faire atterrir les chantiers. Ce n'est pas prématuré. C'est la huitième année.
Donc, je prends note de tout ça. Que retenir de nos échanges? Je reviens sur
les thèmes qui ont été évoqués. D'abord, le financement. Juillet 2024, coupures
de 400 millions dans les écoles publiques pour les
travaux, 570 millions en juin 2025. Je cherche toujours la réponse.
Mais pourquoi c'est arrivé? Ça a déstabilisé le réseau. Et je vais poser une
question très simple à la ministre, et elle aura d'autres occasions d'y
répondre. Aujourd'hui, s'il n'y a pas eu de coupures, au minimum, il manque
30 millions. Puis il y a des conditions. Est-ce qu'il y a plus d'enfants
en difficulté qui ont des ressources, autant d'enfants ou moins d'enfants? Et,
si c'est moins, écrivez-moi, je vais diffuser vos histoires. Moi, je pense que
c'est moins. Donc, si ça n'a pas d'impact, on va être capable de le mesurer.
Moi, je pense qu'il y a moins d'enfants en difficulté qui ont des ressources en
septembre 2025 qu'il y en avait en juin 2025.
Au-delà des débats des chiffres, ce qui
importe, c'est : Est-ce que les gens qui ont besoin de services en ont?
Ça, c'est qualitatif et c'est important de faire cette analyse-là. Les
priorités, j'en ai parlé tout à l'heure. Moi, j'analyse la CAQ sur huit ans.
Leur priorité, celle du premier ministre, il était prêt à démissionner
là-dessus. Tu sais, quand il sort de son texte, on en apprend des bonnes,
maternelles quatre ans. C'est quoi, le coût? Je l'ai demandé trois fois
aujourd'hui. J'espère qu'on me dira c'est combien la classe. C'est passé de
120 000 $, la prévision de la CAQ à 800 00 $,
900 000 $, c'est combien en 2025? J'attends la réponse.
Les priorités. On pourrait parler de la
taxe scolaire. C'est un choix qu'ils ont fait de se libérer un espace de
financement pour l'éducation. Au moins, la seule chose positive avec
l'opération de juin dernier, ratée, c'est la mobilisation,
160 000 pétitionnaires en plein été qui disent : Non, non, non, ne
touchez pas à l'éducation. On a bien compris ce que vous faites, c'est non. Je
suis assez fier de ça et je remercie l'ensemble des pétitionnaires et des gens
qui ont à cœur l'éducation.
La question du système d'éducation, qui
est inéquitable, on a un comité de sages au Parti québécois qui remettra ses
travaux incessamment. On a un comité d'affinité qui réfléchit à ces
questions-là avec des gens de toute expérience en éducation. On arrive tous à
la même conclusion : les plus pauvres, ils n'en ont pas, de choix, ils
n'ont pas le même accès à la réussite que les autres. Et là on est dans une
période de salon du livre, vous me permettrez d'en montrer un. Le livre Séparés,
mais égaux de Christophe Allaire Sévigny, la ministre l'a reçu à son cabinet.
Dans Séparés, mais égaux, Christophe Allaire Sévigny enquête sur un
système d'éducation, qui, sous couvert de la liberté de choix, a glissé vers
une forme moderne de ségrégation sociale. Les élèves québécois font aujourd'hui
l'expérience d'une école à trois vitesses qui les discriminent en fonction des
moyens économiques et du bagage culturel de leurs parents. L'école pour tous a
disparu. Mêmes propos que Guy Rocher. Tout le monde se fendait d'un hommage à
Guy Rocher, au gouvernement, quand il est décédé. Comment lui rendre hommage?
Honorer sa pensée, ses réflexions, ses solutions. Ça, c'est une belle façon de
rendre hommage à quelqu'un.
• (10 h 40) •
Nous tiendrons, si la population nous fait
confiance, les états généraux sur l'éducation, dignes des travaux de la
commission Parent, je l'espère, pour réfléchir à toutes ces questions et
surtout agir. La violence à l'école, c'est manifestement...
M.
Bérubé
:
...pas assez. Je les ai rencontrés, les représentants du personnel de soutien,
je les ai, les témoignages des gens dans ma circonscription, ce n'est pas
assez, et je pense qu'il y a un lien avec les nombreux départs de la
profession. Au prédécesseur de la ministre, j'ai posé la question :
Faites-vous des entretiens lorsque les gens quittent? La réponse : Non.
Allez-vous en faire? Oui. C'est quoi, les... c'est quoi, les raisons? Est-ce
qu'on a des statistiques? Je ne veux pas de noms, je veux les raisons. Est-ce
que la violence en fait partie, quelle qu'elle soit, la violence verbale, la
violence physique? Moi, j'aimerais ça le savoir parce qu'on collecte des
données, mais ça donne quoi? Je pense qu'il faudrait communiquer ça aux
parlementaires. Je suis assez convaincu de ça. Et c'est quoi, l'état de... du
nombre d'enseignants et d'enseignantes qui quittent le réseau et le
professionnel?
Je veux dire, il y a un certain nombre
d'années, le premier ministre de l'Éducation de la CAQ, le député de Chambly,
disait : Les... l'augmentation des inscriptions en faculté d'enseignement
augmente, c'est grâce à moi. Je ne sais pas qui va prendre le blâme sur le fait
que les gens sortent à pleine porte, là, mais il va falloir que quelqu'un
réponde à la même exigence. Les gens quittent, ils ne sont pas rassurés de la
dernière négo tant que ça, là, qu'il y allait avoir de l'aide à la classe puis
ça... Non, ils quittent. C'est la pire des... la pire des décisions, mais les
gens ne sont plus capables puis je les comprends. Alors comment on fait pour
les retenir, pour encadrer, pour aider, pour faire face à la composition de la
classe qui est si complexe? J'espère avoir des statistiques là-dessus.
La vétusté des écoles, il va falloir y
faire face. Il y a eu des compressions. Le parc immobilier dépérit. C'est quoi,
notre plan pour faire face à des écoles qui ont 70, 75 ans dans bien des
cas, des écoles préfabriquées, là où il y a de la demande? D'ailleurs,
j'aimerais avoir la statistique à jour sur combien d'écoles supplémentaires on
a besoin pour faire face aux défis que représente l'immigration. C'est un défi.
Le ministre précédent avait indiqué : C'est tant d'écoles. On est à
combien aujourd'hui? J'aimerais ça le savoir. Moi, il y a des groupes
communautaires qui me disent : Moi, je n'ai pas de ressources pour aider
davantage puis j'aimerais ça qu'un parti nous entende. On est là.
La question des maternelles, quatre ans,
quel est l'état du réseau? Est-ce que tout est arrêté? Est-ce qu'on veut
continuer? Est-ce qu'on va aller dans certains milieux, comme c'était prévu à
l'origine, dans les milieux défavorisés? Je ne sais pas, mais j'aimerais le
savoir.
Les stages, troisième fois que j'en parle,
les stages en enseignement, stages longs, pourquoi on ne rémunère pas ça au
ministère? On a de l'argent pour enseigner les profs qu'il manque. Bien, on a
la même argent pour engager... en fait, pour rémunérer les stagiaires en
enseignement au secondaire, au primaire ou en adaptation scolaire et sociale.
Je veux dire, faisons ça. La CAQ a voté une motion du Parti québécois en
disant : On est d'accord avec le concept. Faisons ça. Moi, je pense que
c'est important de le faire.
Ensuite... J'aurais tellement d'autres
sujets. J'ai parlé des écoles religieuses tout à l'heure et j'espère que la
ministre loge à un autre endroit que son prédécesseur, qui s'accommodait bien
de ça, tout comme l'école privée, d'ailleurs, il n'a pas de problème avec ça.
L'école religieuse, c'est un enjeu dans une société laïque. Si on est sérieux,
puis je sais que le gouvernement veut revenir avec d'autres mesures en matière
de laïcité, je suggère à la ministre de proposer une mesure manquante, qui est
celle du financement des écoles religieuses. On est capables de les définir. Et
si le projet religieux et des actes religieux explicites sont au cœur du projet
éducatif, pourquoi on financerait ça? La foi, ça s'exerce où? Dans les lieux de
culte, les centres communautaires réservés à cette fin, sa résidence puis
intérieurement. C'est là que ça se vit, la foi. La liberté de conscience, c'est
pour tout le monde. Si vous voulez avoir une école dite religieuse puis même si
vous ne le dites pas, elle en a toute l'apparence, vous allez financer
l'affaire. On n'a pas à payer pour ça. Ça s'appelle la liberté de conscience et
je pense que c'est ça, la véritable laïcité.
Je continuerais en disant que le style est
évidemment différent, de la ministre et de son prédécesseur, on en conviendra,
et ses équipes me regardent d'un air en voulant dire : On le sait bien.
Nous aussi. J'ai confiance que la ministre va aller à l'essentiel. Et j'aimerais
qu'elle... à l'occasion, qu'elle puisse échanger avec nous en disant : Je
m'enligne là-dessus. Avez-vous envie d'embarquer? On l'a bien fait avec la
commission sur les écrans. C'est une belle réussite. Moi, je suis heureux
d'avoir contribué à ça. Une question que j'ai posée au crédit, un vidéo du chef
du Parti québécois, un grand débat lancé, c'est réglé. Tout ça en un an. On
peut-tu prendre un autre chantier? Moi, je suis prêt à contribuer. Pour le
temps qu'il nous reste, on est capables d'avancer pas mal, le temps qu'il nous
reste pour cette interpellation et le temps qu'il reste à ce gouvernement, et
je souhaite ce qu'il y a de mieux pour les enfants. Donc, d'ici la fin du
mandat, ce que je souhaite, c'est des réussites pour les enfants, c'est mon engagement
au nom du Parti québécois. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance. La commission ayant... pardon,
accompli son mandat, je suspends les travaux jusqu'à 11 heures, où elle
entreprendra un nouveau mandat. Merci.
(Fin de la séance à 10 h 45)