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Version préliminaire

43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)

Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.

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Le mardi 11 novembre 2025 - Vol. 48 N° 9

Interpellation du député de Matane-Matapédia à la ministre de l’Éducation sur le sujet suivant : L’éducation : quelles priorités du gouvernement caquiste avant la fin de son mandat


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Journal des débats

8 h 30 (version non révisée)

(Huit heures quarante-cinq minutes)

La Présidente (Mme Bogemans) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.

 La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation...

(Interruption)

La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait. La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Matane-Matapédia à la ministre de l'Éducation sur le sujet suivant : L'éducation : quelles priorités du gouvernement caquiste avant la fin de son mandat?

Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?

La Secrétaire : Oui,Mme la Présidente. M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Lachance (Bellechasse); M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac); M. Zanetti (Jean-Lesage) est remplacé par M. Nadeau-Dubois (Gouin); Mme Gentilcore (Terrebonne) est remplacée par M. Bérubé (Matane-Matapédia).

La Présidente (Mme Bogemans) : Conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, l'opposition officielle interviendra lors de la deuxième, de la quatrième et de la sixième série d'interventions, et le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série d'interventions.

Sur ce, M. le député de Matane-Matapédia, vous avez la parole pour 10 minutes.

M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente. Je veux saluer la ministre, les collègues, son équipe et souligner d'entrée de jeu que cette interpellation est particulièrement matanaise. La ministre et moi sommes originaires de la ville de Matane. Et petit clin d'œil lié à l'éducation, nos pères ont été des collègues de classe au séminaire de Rimouski. Alors, je voulais le souligner. On a eu l'occasion déjà d'échanger là-dessus.

Aujourd'hui, je veux qu'on ait un échange sur l'éducation, qui est un enjeu qui préoccupe l'ensemble des parlementaires. Le gouvernement indique que c'est sa priorité. Ce que je veux valider aujourd'hui : Quelles sont les priorités de la ministre pour le reste du mandat? Le ministre précédent avait identifié sept priorités. Quelles sont celles de la ministre? Déjà, on a vu un dégel d'embauche, donc elle a corrigé une décision qui avait été prise par le ministre précédent. Pourquoi la ministre est là? Bien, parce que le premier ministre n'a pas cru bon reconduire le ministre précédent. Il a reconduit le ministre des Finances, il a reconduit le ministre de la Santé, mais pas le ministre de l'Éducation. Alors, il souhaitait des changements, et je pense que c'était partagé par le réseau aussi. Ceci étant dit, elle a été bien accueillie. Nous la connaissons, nous savons qu'elle est rigoureuse, nous savons qu'elle est capable de travailler avec les oppositions. Et c'est dans ce sens-là qu'aujourd'hui je le vois comme un échange sur un enjeu qui nous préoccupe tous, et je vais évoquer un certain nombre d'enjeux qui sont importants pour le Parti québécois, des suivis également sur des enjeux qui sont déjà dans l'espace public, je vais y aller de quelques propositions également, et j'espère que ça sera éclairant pour toutes ces personnes qui nous écoutent, qui sont interpelées par cet enjeu important.

Donc, si l'éducation est une priorité, il faut y mettre les moyens. Avant l'arrivée de la ministre, le gouvernement a décidé, après la fermeture de la Chambre, après la fermeture des écoles, de couper 570 millions de dollars, c'est considérable, et personne ne s'attendait à ça. Comment une telle chose a pu survenir, alors que le gouvernement dit que c'est une priorité? 570 millions de dollars, c'est un demi-milliard dans le réseau de l'éducation. Et je me souviens que le ministre disait : Je ne peux pas garantir que tout le monde aura ses services à l'automne 2025. On lui a demandé : Est-ce qu'il y a du gras dans le réseau? Non. Et une première, moi, en 18 ans de vie parlementaire, des directions d'école qui me contactent en me disant : Je ne sais pas comment on va y arriver, où on va pouvoir trouver cet argent-là. Donc, s'est suivie une mobilisation très importante, notamment à travers une pétition que j'ai parrainée au nom du Parti québécois, une pétition qui demande essentiellement au gouvernement de ne pas couper des ressources importantes pour les enfants en difficulté, les élèves en difficulté, pétition qui a été signée en plein été et qui est la deuxième la plus signée de l'histoire de l'Assemblée nationale depuis qu'il y a des pétitions électroniques : 160 000 pétitionnaires. C'est à la fois des membres du personnel, c'est des parents, c'est des citoyens, c'est des grands-parents, c'est des gens qui se sont mobilisés pour l'éducation. C'est la plus grande mobilisation en faveur de l'éducation depuis le printemps érable, et ça s'est fait à travers une pétition en plein été. Et c'est aussi en plein été que le gouvernement a reculé. Il a décidé, et là, dépendamment de... des communications du gouvernement, on réinvestit un montant. Non, vous ne réinvestissez pas, vous remettez l'argent qui était là, puis, au total, il manque à peu près 30 millions de dollars, et il y a des conditions.

• (8 h 50) •

Alors, pourquoi on a fait ça? D'abord, je ne vois pas où sont les marges de manœuvre dans le réseau. À peu près...

M. Bérubé : ...unanimement, les professionnels de l'éducation nous disent : Il va falloir qu'il y ait des coupures dans des services qui sont vraiment importants pour les enfants en difficulté. Uniquement dans mon centre de services scolaire Monts-et-Marées, c'est des dizaines de postes destinés au soutien des enfants en difficulté qui ont été coupés, uniquement dans un centre de service scolaire. Mais la mobilisation a permis au gouvernement de reculer. Donc, on va parler aujourd'hui des ressources financières importantes, on n'est plus dans la négociation, ça, c'est signé, les ressources financières pour s'assurer que chaque enfant ait un accès à la réussite, qu'on ait les ressources pour bien épauler les enseignants et les enseignantes, qu'on ait des écoles convenables, parce qu'il y a encore beaucoup d'écoles vétustes. Et d'ailleurs je questionnerai la ministre sur les critères. Je me souviens que le premier ministre doutait de la vétusté des écoles. Il l'a dit et son prédécesseur disait que, lui, à l'œil, quand il se promenait dans les écoles, il était capable d'évaluer la vétusté des écoles. Alors, c'est un enjeu important, celui du financement.

Il y a aussi la question de notre système. On est un des systèmes les plus discriminatoires au monde. Et il y a maintenant des études qui sont conduites, notamment en Australie, qui arrivent à la conclusion que le système à trois vitesses qu'on a discrimine. On a des écoles privées, on a des écoles publiques avec des projets spéciaux puis on a des écoles publiques. Et, Guy Rocher, s'il y a une chose à retenir de sa vie, c'est celui de mettre fin à cette discrimination, d'avoir un modèle plus égalitaire. Parce que l'école privée, ce n'est pas un choix. C'est un choix si vous avez l'argent et c'est un choix si, géographiquement, vous y avez accès, donc ce n'est pas un choix tant que ça. Il y a encore des écoles financées par l'État. Et d'ailleurs, quand on dit «écoles privées», c'est écoles semi-privées parce que l'État y met pas mal d'argent. Les écoles qui discriminent à l'inscription des enfants. Mais là il existe présentement toutes sortes de modèles intéressants, École ensemble entre autres. Il y a un ouvrage qui vient de sortir aussi que le ministre a... que la ministre a probablement reçu à son cabinet, dont je parlerai plus tard, qui indique qu'on peut faire mieux pour s'assurer qu'on offre des chances égales aux enfants de réussir. S'il y a une chose à retenir de nos échanges en éducation, c'est toujours la même chose, comment favoriser la réussite des enfants, des élèves, comment s'assurer que les enseignants, les professionnels de l'éducation, les équipes-écoles, les parents puissent être des partenaires pour la réussite des élèves scolaires, mais aussi pour en faire des citoyens et des citoyennes engagés dans leur communauté, et c'est l'importance de l'éducation, qui est un des ministères les plus importants, il va sans dire. Donc, on va parler du système à trois vitesses. La ministre ne le remet pas en question, nous le remettons en question. Nous sommes convaincus qu'il faut faire un pas supplémentaire pour assurer l'égalité des chances pour tous et toutes.

J'aimerais parler de la violence à l'école, la violence entre les élèves, la violence entre les élèves et les membres du personnel, la violence entre les membres du personnel, toutes ces formes de violence, comment on lutte contre des environnements qui sont toxiques, des environnements qui ne sont pas propices à l'apprentissage et, je dirais, à la pleine émancipation de tous et de toutes. C'est vraiment un fléau. Quelle est la réponse que le gouvernement a accordée à l'enjeu de la violence? Il y a eu un colloque, auquel j'ai participé, c'était à un hôtel près d'ici. Ensuite, il y a eu un message vidéo que le ministre a obligé chacune des écoles à diffuser au même moment. Alors, ça a été... ça a été vraiment, là, une demande du ministre : Je veux apparaître sur les écrans de toutes les classes et toutes les écoles en même temps. Puis après il y a eu aussi... Bien, la réponse, c'est le vouvoiement, par exemple, et d'autres mesures. Et ça, c'était la réponse à la violence à l'école. Et aussi, je passe rapidement, qu'une des choses qui nous a étonnées, où le ministre a mis beaucoup d'énergie, c'est de réinstaurer le roi de la montagne. Ça, je ne l'avais pas vu venir, Mme la Présidente. Le roi de la montagne. C'est de retour. Et ça, c'est dans le legs du ministre de l'Éducation, je lui accorde.

La violence à l'école, c'est un enjeu qui est encore important. Quand on parle des enseignants qui décrochent, et on se souviendra que, dans une interpellation précédente avec le ministre précédent, j'avais demandé au ministre de nous indiquer quelles sont les raisons pour lesquelles les enseignants et enseignantes décrochent ou les professionnels de l'éducation, il m'indique dit qu'on ne le sait pas. Posez-leur la question, ayons un formulaire, une rencontre, un échange : Pourquoi les gens décrochent? Dans bien des cas, c'est à cause de la violence, de la charge mentale, de l'environnement qui n'est pas approprié, et, bien sûr, il n'y a pas que ça. Et j'aimerais bien avoir les chiffres exacts du départ du réseau scolaire. Quand on a questionné la ministre, elle a dit : Oui, mais il y a aussi des...

M. Bérubé : ...enseignants et enseignantes qui passent de centre de services scolaire à d'autres. Oui, mais ça n'explique pas tout. Alors, combien on a eu de départs dans les dernières années? Est-ce qu'on a vraiment passé ces entrevues? Est-ce qu'on a vraiment fait en sorte de comprendre ce qui s'est passé?

Évidemment, la maternelle quatre ans, l'enjeu pour lequel le premier ministre aurait pu démissionner. Et, en terminant, j'annonce qu'on a des propositions. J'en ferai part dans un autre bloc. Un gouvernement du Parti québécois tiendra des États généraux sur l'éducation sous la formule s'apparentant au rapport Parent. Et il le fera pour faire en sorte de tenir compte de l'ensemble du réseau, l'égalité pour tous de la réussite scolaire, des nouveaux phénomènes, c'est un engagement formel du Parti québécois. Il y aura ces états généraux et ce ne sera pas prématuré 30 ans après. Merci, Mme la Présidente. J'ai encore quelques secondes. La ministre voit bien dans... quel est mon état d'esprit, d'échange sur l'enjeu de l'éducation. Il reste peu de temps à ce gouvernement pour poser des gestes significatifs qui favorisent la réussite scolaire. Elle peut compter sur ma contribution. L'enjeu du cellulaire à l'école, c'est le Parti québécois qui l'a amené. J'ai été le premier à poser la question dans l'étude des crédits. Le chef du Parti québécois en a fait un combat aussi. Ça a donné un succès qu'on peut vérifier présentement. Il y a d'autres chantiers. On interviendra certainement avec le gouvernement pour s'assurer de faire ça pour les enfants.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci, monsieur. Je cède maintenant la parole à la ministre pour une période de 10 minutes.

Mme LeBel : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est ma première interpellation à titre de ministre de l'Éducation. Alors, je vais... d'abord de remercier tous ceux qui sont présents, qui d'ailleurs... les personnes présentes, les collègues de l'Assemblée nationale, Mme la Présidente, ceux qui vous accompagnent à la table, les équipes, naturellement du ministère qui m'accompagnent aussi, qui m'ont préparé, depuis les 60 jours de mon arrivée, à apprendre à connaître ce réseau qui est fort important, mais qui est quand même assez complexe. Pas dans sa mission, mais dans sa structure qu'il faut respecter. Donc, je vais également saluer mes collègues de l'opposition. Tout d'abord, le député de Matane-Matapédia. Effectivement, on a... on a le privilège de venir d'une région qui est exceptionnelle, je dois le dire de façon un peu chauvine, mais j'ai appris à connaître d'autres belles régions du Québec depuis ce temps-là qui sont tout aussi exceptionnelles. Alors, je salue tout le monde. Et donc, c'est l'interpellation aujourd'hui, donc très heureuse d'être ici pour parler d'éducation. Le... les autres porte-parole, mes collègues de l'opposition, que ce soit le député de Gouin ou de... la députée de Bourassa-Sauvé.

On a eu l'occasion... Mme la Présidente, à mon arrivée, j'ai dû plonger très rapidement dans un dossier qui était le projet de loi n° 94, qui était déjà en cours d'étude détaillée, et on a démontré, lors de l'étude du projet de loi n° 94, qu'il est possible de travailler ensemble, ensemble dans un dialogue qui est respectueux, sans renier nos différences. On a des points de vue différents, des façons potentiellement d'y arriver différentes, Mme la Présidente, mais je suis sincèrement convaincue qu'on partage tous le même objectif, c'est-à-dire la réussite éducative de nos jeunes, le bien-être de nos enfants au Québec. Et pour ça, je pense que c'est important qu'on apprenne et qu'on continue. On l'a fait dans le projet de loi n° 94, de travailler ensemble, parce que, là, quand on fait des efforts pour le faire ensemble, que ce soient les partenaires du réseau ou les collègues de l'opposition, bien, on obtient de vrais résultats. Et moi, je souhaite donc, Mme la Présidente, que cette interpellation s'inscrive dans le même état d'esprit qu'on a eu dans le... lors de l'étude du projet de loi n° 94. C'est, à tout le moins, la façon dont je vais l'aborder, c'est certain.

Assumer la responsabilité de ministre de l'Éducation, pour moi, bien, ce n'est pas un dossier parmi d'autres. C'est l'une des missions, mon collègue l'a dit, qui est la plus importante du gouvernement du Québec, de l'État. Mais ce n'est pas la mission qui appartient au gouvernement. C'est une mission qui appartient à toute la société. Donc, oui, le gouvernement a son rôle à jouer, mais toute la société a son rôle à jouer en matière d'éducation pour nos enfants. On va le voir dans différents dossiers comme la violence à l'école, c'est primordial que la communauté aussi s'implique, que les parents s'impliquent, mais oui, je suis très heureuse d'avoir ce privilège-là.

• (9 heures) •

C'est aussi un engagement qui est profondément personnel, Mme la Présidente. Je viens d'une famille d'enseignants. Mon collègue de Matane-Matapédia a eu l'occasion de le dire. Mon père est enseignant, ma mère est enseignante, ma sœur est enseignante. Donc, pour moi, j'ai toujours dit que j'étais, comme avocate, un peu le mouton noir de la famille. Mais je viens d'un milieu où l'éducation est une valeur fondamentale. J'ai grandi, moi, dans l'idée qu'avec de l'éducation, quand on avait l'occasion de pouvoir aller à l'école, s'éduquer, faire des études, on avait une foule de possibilités comme individu, comme société qui s'ouvrait devant nous. Alors, pour moi, cette idée-là que l'éducation est une valeur fondamentale qui peut transformer la société, bien...


 
 

9 h (version non révisée)

Mme LeBel : ...est là depuis que je suis toute petite, parce que je viens d'une famille d'éducateurs.

Donc, je crois aussi à la valeur intrinsèque de l'école publique. Oui, c'est vrai que je ne pense pas qu'il faut mettre de côté l'école privée, on pourra peut-être en discuter, mais je ne... je crois par contre à la valeur intrinsèque de l'école publique. J'ai fait toutes mes études à l'école publique. Mes parents sont des enseignants de l'école publique. Ma sœur aussi a enseigné toute sa vie à l'école publique. Donc, pour moi, c'est important de renforcer cette école-là pour que chaque jeune ait les moyens de s'émanciper de son avenir, et c'est ça qui va guider mon action dans les prochains mois qui sont devant moi.

Ça fait maintenant 60 jours... des fois j'ai l'impression que ça fait plus longtemps que ça, mais ça ne fait que 60 jours que j'ai accepté cette fonction et je connais la responsabilité qui vient avec chaque décision, Mme la Présidente. Il me reste peu de temps avant la fin du mandat, ça fait que je ne me raconte pas d'histoires. Oui, il y a beaucoup de grands chantiers qu'on pourrait aborder, mais, pour moi, je sais que je ne pourrais pas régler tous les enjeux en 330 quelques jours qu'il reste. Donc, on va faire ce qu'on doit faire. On va faire pour le mieux en gardant en tête que c'est pour la réussite de nos enfants. Mais on devra faire des choix cohérents. On va pouvoir poser des gestes qui améliorent la vie des élèves maintenant dans leur classe, avec les ressources que nous avons.

Mme la Présidente, moi, je suis une personne qui est très rationnelle. Les gens ont appris à me connaître dans plusieurs différentes fonctions, que ce soit la Justice, au Trésor, maintenant l'Éducation. Donc, moi, je préfère promettre moins, livrer plus. Souvent, c'est une belle surprise. Donc, je vais continuer à le faire de cette façon-là, ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas moins préoccupée par les enjeux que les autres, mais j'aime bien être capable d'agir et d'être capable... de m'assurer d'être capable d'agir avant d'énoncer des actions haut et fort.

Donc, je n'ai pas l'intention de réformer le réseau de fond en comble, le réseau n'est pas brisé. Le réseau n'a pas besoin d'une révolution, il a besoin qu'on en prenne soin, il a besoin de stabilité, de prévisibilité, d'apaisement, et c'est ça la direction principale que je compte donner aux 330 jours, à peu près, que j'ai devant moi et c'est ça que j'ai fait dans les 60 premiers jours. J'ai écouté, j'ai rencontré les gens, j'ai écouté. Il y avait un enjeu, oui, avec les ETC. Pour les gens qui nous écoutent, ça peut paraître futile, bon, un enjeu d'ETC, budgétaires, mais c'était important pour le réseau, ça faisait en sorte que les sommes disponibles n'étaient pas... les gens sur le terrain n'avaient pas la capacité de les dépenser pour le bien-être des enfants, c'était un bloquant et il fallait le... il fallait agir. Donc, qu'est-ce que j'ai fait? J'ai écouté, j'ai constaté et nous avons agi. C'est ce qu'il faut faire et c'est ce que je veux faire dans les 330 prochains jours.

Donc, est-ce que j'ai des grandes choses à annoncer, des grandes priorités à annoncer? Non, je veux... Je suis une personne, comme je le disais, qui est très rationnelle. J'ai déjà mené des négociations complexes, difficiles. Donc, je pense que ma force, c'est justement d'écouter, de rassembler les partenaires, de les amener à travailler ensemble dans la même direction et d'essayer de trouver la façon de, ce que je disais souvent, vous m'avez souvent entendu dire, comme présidente de Conseil du trésor, trouver des voies de passage. Et c'est ça que je veux faire dans les prochains jours.

Donc, je le disais, je n'ai pas passé mes 60 premiers jours à annoncer, mais plutôt à écouter et à agir. Pour moi, la rigueur, le respect de la capacité de payer, l'importance des compromis qui apaisent plutôt que diviser, ce sont les trois principes qui vont me guider et je veux travailler sur trois grands axes, Mme la Présidente. Le premier axe, c'est celui d'apaiser, effectivement. Ça a l'air d'un mot comme ça, lancé dans les airs, mais ce n'est pas un mot lancé dans les airs. Il y a eu plusieurs transformations dans les dernières années. On en... mon collègue en a fait mention de quelques-unes. J'en parlais, on a quand même négocié des grosses, costaudes conventions collectives, autant pour reprendre de la souplesse dans le réseau que pour donner des meilleurs moyens aux enseignants, que ce soient financiers ou avec les aides à la classe. On a travaillé sur le projet n° 94 pour la laïcité dans nos écoles. On a travaillé sur des enjeux de sécurité avec le plan d'intervention en violences. On a... bon, il y a l'interdiction des cellulaires. Il y a le civisme dans les écoles. Maintenant, il faut être capables de faire atterrir tout ça le mieux possible, et les gens ont besoin qu'on les accompagne, qu'on les aide, qu'on les écoute et qu'on soit capables de faire atterrir tout ça le mieux possible dans le réseau. Il y a le nouveau programme de français qu'on a lancé, qui est maintenant en projet pilote dans une cinquantaine d'écoles, qu'on devrait déployer d'ici la prochaine année scolaire, à la prochaine année scolaire. Donc, pour moi, il faut qu'on soit capables d'être à l'écoute de ces irritants-là.

Je veux rappeler les bons coups de notre gouvernement depuis 2018, parce que c'est quand même important de bâtir sur des assises solides. Je parlais des budgets de fonctionnement qui ont été considérablement, quand même, augmentés depuis 2018. Oui, les besoins sont incroyablement immenses dans le réseau d'éducation, mais on a quand même...

Mme LeBel : ...mis beaucoup d'argent sur la table et maintenant il faut s'assurer qu'elle est utilisée au maximum. On a lancé le plus important chantier d'infrastructure de l'histoire du Québec. Encore une fois, oui, les besoins sont importants. Mais il fallait faire au moins ce geste-là de mettre beaucoup d'argent sur la table. Maintenant, il faut voir comment le faire atterrir.

Là, on a augmenté dans les conventions collectives, je l'ai dit, je pourrai y revenir pendant l'interpellation, j'aurais d'autres... d'autres blocs pour parler plus avant de chacun de ces sujets-là. Mais je ne veux pas me cacher de la réalité. On a des... des résultats concrets, mesurables, on doit nous... s'appuyer dessus. Mais le contexte financier, budgétaire québécois est difficile, il est difficile pour tous. L'éducation, bien qu'on ait une grande part du budget de la province avec la santé, bien, on doit gérer quand même plus de 100 000 élèves supplémentaires depuis 2018. Et on doit vivre dans un contexte budgétaire dans lequel tous les Québécois doivent apprendre à vivre, peu importe la mission. Donc, ce n'est pas un frein pour moi, c'est une condition d'avancer.

Je veux travailler, donc, je le disais sur apaiser une rigueur puis une équité accrues dans l'allocation des ressources. Travailler avec les gens sur le terrain dont c'est la responsabilité. Et le plus fondamental, agir directement pour la réussite de nos élèves. Vous allez trouver devant vous, chers collègues, Mme la Présidente, je me permets la petite régression pour leur dire : Vous avez trouvé devant vous, chers collègues, une ministre disposée à travailler avec tout le monde pour le bien et la réussite de nos enfants.

La Présidente (Mme Bogemans) : ...la première série d'interventions avec M. le député de Matane-Matapédia pour cinq minutes.

M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente, le titre de cette interpellation, c'est : Quelles sont les priorités du gouvernement d'ici la fin du mandat? La ministre ne répond pas totalement à cette question-là. Le ministre précédent l'a fait. Il a établi sept priorités. La ministre nous indique qu'elle est consciente des enjeux et je n'en doute pas. Mais pour tout observateur ou observatrice, c'est plus dur de déceler quels sont les actes qui vont être posés. Alors, on va les découvrir au fur et à mesure. Bien sûr, il y a des contraintes quant aux ressources financières. Et la ministre est bien placée pour le savoir. Elle était au Conseil du trésor. Mais se pose la question des choix.

Au débat des chefs de 2018, l'animateur demande au chef de la Coalition avenir Québec, qui n'était pas encore premier ministre : Pour quelles promesses pourriez-vous démissionner? Sans aucune hésitation, le premier ministre dit : Les maternelles quatre ans. Surprise générale. Ah oui! Donc, création d'un réseau, d'un nouveau réseau partout au Québec. À l'époque, on misait sur les CPE et dans les milieux défavorisés, les maternelles quatre ans. Alors, il dit ça. Le réseau est maintenant pas mal abandonné. Le premier ministre est toujours en poste. 120 000 $, le coût d'une classe de maternelle quatre ans, à l'époque, révisé à la hausse à 800 000 $ à peu près en 2019. C'est combien aujourd'hui? Et j'aimerais que la ministre, si elle n'a pas la réponse, elle puisse me dire plus tard on est à combien maintenant par classe de maternelle quatre ans. Donc, il y a une question de choix. Quelles sont les priorités?

Et c'est pour ça que l'interpellation porte sur les priorités du gouvernement de la CAQ, des trois ministres qui sont passés. Député de Chambly, député de Lévis, et la députée qui est actuellement ministre, députée de Champlain. La question des ressources, c'est aussi des choix qu'on fait en haut lieu. Pourquoi on a coupé 570 millions de dollars une fois que les classes étaient fermées, puis une fois que la Chambre était fermée? Qui a décidé de ça? Est-ce que c'est la présidente du Conseil du trésor qui a demandé au ministère de l'Éducation : Voici votre part? J'aimerais avoir une réponse là-dessus.

Le gel des ETC, les temps complet, est-ce que c'est aussi une commande du Conseil du trésor? Donc, est-ce qu'on a une ministre qui doit rattraper les commandes que le Conseil du trésor a lui-même envoyées au ministère de l'Éducation? Moi, c'est un enjeu qui m'interpelle, c'est très clair. Donc, quel est... Quels sont les choix qu'on fait avec les ressources qu'on a? Puis, quand on connaît les priorités, ça permet de valider ça.

• (9 h 10) •

Je vous ai parlé de propositions tout à l'heure qu'on a faites. Il y a celle des états généraux sur l'éducation, il y a celle des stages. La première formation politique ici, à l'Assemblée nationale, a demandé la rémunération des stages, tous les stages, mais notamment les stages en enseignement, c'est le Parti québécois. Et à notre surprise et à notre ravissement, ça a été adopté à l'unanimité. C'était la ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, qui est à l'Emploi, maintenant, je crois. Donc, on a des attentes importantes. Je pense aux stages qu'on appelle les stages longs ou les stages d'observation en enseignement. Est-ce que la ministre ne pourrait-elle pas les financer, d'autant plus qu'on manque d'enseignants? Alors, tout travail doit être rémunéré. Le travail de prise en charge de la classe par les enseignants et les enseignantes à même les fonds du ministère de l'Éducation, on est capable de les payer. Est-ce que ça peut être les premiers stages qu'on est capables de régler rapidement, les stages en enseignement? J'en ai fait personnellement quatre dans mon bac en enseignement au secondaire. Le dernier, c'est une prise en charge totale de la classe. C'est toute la session... toute la session...

M. Bérubé : ...universitaire. Je me souviens, d'ailleurs, je l'ai fait dans une école montréalaise qui s'appelle Georges-Vanier, dans Villeray. On avait totalement la classe. Et c'est comme ça que c'est fait.

Alors, la ministre a les fonds au ministère de l'Éducation, parce que, quand il manque d'enseignants, bien, on va payer ceux qui viennent combler les postes. On peut faire la même chose. C'est une proposition du Parti québécois.

Donc, les états généraux, rémunérer les stages, cellulaires à l'école, il y a un rapport maintenant, et c'est appliqué, c'est la première année d'application, puis on pourra faire un bilan. Les lieux de prière à l'école, ça s'est fait avec un mémo du ministre. Alors, c'est des propositions que nous mettons en jeu.

Et, évidemment, j'aimerais que la ministre nous indique si elle a une ouverture à revoir ce système, qui est inégalitaire. Il l'est. C'est dit par Guy Rocher, c'est dit par un ensemble d'études. Si on garde le statu quo, on fait le choix que les enfants n'ont pas une chance égale de réussir. Et il y a des formules qui existent. J'ai parlé d'École ensemble. J'ai parlé de différentes analyses qui ont été faites. J'aimerais que le gouvernement s'ouvre à ça. Ça n'arrive pas souvent qu'on a une occasion fondamentale de changer les bases de notre réseau. Et je pense que, si ce gouvernement ne le fait pas, un gouvernement du Parti québécois, à travers une réflexion puis des états généraux, pourra arriver à une école renouvelée qui est là pour tout le monde et qui lui permet d'atteindre des résultats qui sont la réussite scolaire et la formation de citoyens, citoyennes engagés dans leur communauté. Merci.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq minutes.

Mme LeBel : Merci. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mon collègue aborde plusieurs sujets, là, dans son... dans son cinq minutes d'interpellation, plusieurs sujets qui sont importants. Je vais me permettre peut-être d'aborder quelques-uns et de répondre à quelques-uns puis peut-être de compléter, là, sur d'autres sujets.

Effectivement, comme... comme ancienne présidente du Conseil du trésor, bien, je ne suis comme pas déconnectée du budget global de la province, ça aurait été difficile de dire le contraire, compte tenu qu'en cinq ans, deux mois et 21 jours, je me plais à le dire, c'est quand même... ça a quand même été un grand privilège pour moi de travailler aux côtés du ministre des Finances comme présidente du Conseil du trésor. Mais, vous savez, la capacité des Québécois de payer est une chose bien réelle. Est-ce qu'on voudrait, comme société, pouvoir doubler, quadrupler, tripler les budgets dans les missions importantes de l'État, comme la santé, l'éducation? En théorie, la réponse, c'est oui. Je veux dire, on pourrait... on voudrait pouvoir le faire, mais on doit se rappeler que l'éducation, qui est une mission prioritaire de l'État, la santé également, ont quand même une très grande part du budget de la province, et l'État doit aussi intervenir ailleurs. Maintenant, la capacité des Québécois n'est pas illimitée dans un contexte très inflationniste. Dans le contexte... et soyez rassurés, je n'irai pas sur l'économie de façon entière, mais il faut placer le contexte budgétaire dans lequel on vit présentement, et on a fait le choix de ne pas augmenter les impôts. Donc, on doit travailler avec l'argent qu'on a.

Malgré cela, on a augmenté les budgets de l'éducation, depuis notre arrivée en poste, de façon assez énorme. On a donné plus de 50 % d'augmentation dans les budgets, on a presque triplé la capacité des infrastructures, on est passés de 9 milliards à 23 milliards. Est-ce qu'on aurait besoin de plus? Est-ce que les besoins sont grands? La réponse, c'est oui. Je le disais tantôt, on a... on a plus de 100 000 étudiants qui n'étaient pas prévus dans nos prévisions démographiques, qui viennent, malheureusement... quand je dis «malheureusement»... pas parce que... ce n'est pas leur provenance, mais «malheureusement» parce qu'il faut le dire, et ce n'est pas parce que je veux les blâmer, mais viennent quand même d'une immigration massive. Et c'est important, l'immigration, pour une société comme le Québec, mais la capacité d'intégrer ces gens-là est aussi une réalité qu'il faut nommer, sur nos infrastructures, on doit les scolariser, et il faut être capable de les accepter.      Donc, on a fait des efforts et, oui, on a fait... on a... on a débloqué des choses cet été, on a rajouté de l'argent, on a réinvesti, parce qu'on voyait très bien que les efforts budgétaires qui devaient être faits pouvaient venir nuire ou, à tout le moins, bloquer la réussite éducative. Et notre gouvernement a toujours été très clair, Mme la Présidente : Malgré que le réseau de l'éducation, et là je parle directement aux directeurs généraux des centres de services scolaires, devra travailler avec la capacité budgétaire du gouvernement du Québec, parce que cet argent-là n'appartient pas au gouvernement, elle n'appartient pas aux oppositions, elle n'appartient pas aux groupes de pression, elle appartient aux citoyens, et c'est leurs dollars... devra trouver des moyens pour maximiser, mais c'est la réussite éducative avant tout. Et c'est pour ça qu'on a travaillé sur la question des ETC. Ça demeure une cible importante. La...

Mme LeBel : ...la rigueur budgétaire va demeurer un enjeu fort important, mais on va travailler avec les centres de services scolaires pour être capables de s'assurer que la réussite éducative des enfants est la priorité dans l'investissement de chaque dollar. C'est pour ça que, quand j'étais au Trésor, bien, il n'y a pas eu de gel d'embauche sur les enseignants et les gens qui sont directement dans les services à l'élève, et il y a une possibilité de demander des exemptions dans l'administratif quand il y a un impact sur les services à l'élève.

Mais on doit s'assurer, Mme la Présidente... et là ce sera probablement ma seule intervention à titre de lien entre mon ancien rôle et mon nouveau, et je ne peux pas me... je ne me dénaturerai pas de ça, mais je vais travailler quotidiennement avec le ministère et les centres de services scolaires pour trouver des solutions. Plusieurs, plusieurs, plusieurs sont extraordinaires sur le terrain. J'ai eu l'occasion de les rencontrer. Ils ont des solutions innovantes. Ils sont capables de travailler avec le contexte budgétaire actuel. Ils sont capables de trouver des enjeux de mutualisation pour sauver de l'argent. Ils ont des façons innovantes de mieux travailler avec une donnée en temps réel et je sais qu'ils vont être capables de montrer la façon de faire. Ça leur appartient, ils connaissent les besoins du terrain, et c'est pour ça qu'un de mes priorités... une de mes priorités, c'est de leur donner encore plus de souplesse dans la prochaine année dans la façon de gérer les budgets, parce que c'est la clé et l'objectif est toujours la réussite de nos enfants.

La Présidente (Mme Bogemans) : Je cède maintenant la parole à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq minutes.

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Donc, j'aimerais saluer les collègues. Et, bien, on est ici pour parler des priorités du gouvernement, le collègue de Matane nous avait interpelé sur cette question-là. Tout à l'heure, le collègue de Matane avait dit que la réponse contre la violence... la réponse du gouvernement contre la violence avait été d'amener le concept de civisme. Je trouve ça un petit peu réducteur parce que moi, j'ai travaillé beaucoup sur ce plan-là. Depuis le deuxième... le début du deuxième mandat, j'ai fait beaucoup de visites d'écoles, plus de 40. J'ai rencontré aussi plusieurs chercheurs, puis, bien, c'est ça, le plan a été déposé puis a été bien accueilli par les parents puis aussi par les écoles. Donc, le plan, le plan de violence s'est intégré au plan d'intimidation et, bien, on se rappelle, là, on n'avait pas de données à savoir c'était quoi, la violence et non plus une définition commune.

Donc, on a... on s'est... on a travaillé là-dessus, on a... Les différents moyens qui ont été mis en place graduellement, qui vont être mis en place graduellement d'ici 2025, c'est de documenter les événements de violence et d'intimidation dans les milieux scolaires parce qu'on n'avait pas de données ni de définition commune. On va aussi former les élèves pour qu'ils développent plus de compétences personnelles, sociales puis émotionnelles, et on va aussi former les enseignants et le personnel scolaire pour qu'ils disposent des outils et des ressources nécessaires pour le soutien et le développement des élèves. Puis on va déployer aussi une campagne de publicité qui vise la prévention et la violence à... et l'intimidation pour sensibiliser la population du Québec, incluant les parents.

• (9 h 20) •

Il y a une semaine aussi annuelle qui est organisée pour la prévention de la violence puis la promotion du bien-être à l'école. Puis on va aussi bonifier... on a bonifié le programme de prévention de la délinquance par le sport, les arts et la culture. Il faut absolument que nos jeunes soient occupés, et puis qu'ils découvrent aussi leurs passions. On a aussi bonifié la ligne Renfort du ministère de la Sécurité publique. C'est un service téléphonique qui est offert aux familles puis aux intervenants scolaires pour répondre aux préoccupations en lien avec la violence armée et d'offrir des ressources dans le besoin. On va aussi former puis déployer des équipes d'intervention pour les... dans les établissements scolaires à risques élevés de violences pour bien soutenir et accompagner les équipes-écoles...

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : ...les équipes-écoles. On met aussi en place dans chaque centre de services scolaire ainsi que dans le réseau privé une ressource professionnelle responsable de la coordination de la mise en œuvre des actions du Plan de prévention de la violence et de l'intimidation puis on déploie aussi un modèle de plan de lutte contre l'intimidation et la violence pour que... pour s'assurer que tous les éléments qui sont inscrits dans la loi soient inclus pour répondre adéquatement et plus rapidement aux différents besoins des écoles. Puis, ensuite, on exige qu'un protocole d'urgence soit prévu dans chaque établissement scolaire en cas d'événements majeurs de nature violente.

Et, bien, ce n'est plus optionnel maintenant d'avoir un plan contre l'intimidation et la violence, toutes les écoles doivent en avoir un. Et ce qui change, c'est que, bien, il faut prendre en charge les victimes, mais aussi les auteurs de violence pour que cette violence-là cesse, parce que ces jeunes-là, le comportement, ils ont des raisons pour lesquelles ils agissent comme ça puis il faut travailler là-dessus pour que la violence cesse. Donc, j'ai peu de temps encore pour changer de sujet, mais je vais revenir à la prochaine intervention.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci, Mme la députée. Tout d'abord, je comprends qu'il y a eu un consentement pour l'échange du bloc d'intervention de l'opposition officielle avec le deuxième groupe d'opposition. Donc, M. le député de Gouin, la parole est à vous pour cinq minutes.

M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde.

«J'ai subi plusieurs agressions physiques et psychologiques d'élèves en désorganisation depuis septembre dernier. Coup de poing, morsures, claques au visage, coups de pied, insultes. Ce sont des élèves qui ont de grands besoins, mais qui ne sont malheureusement pas comblés compte tenu du manque de ressources.

«J'ai demandé du soutien à plusieurs reprises à la direction. J'ai verbalisé mon état de surcharge, de stress intense, d'hypervigilance constante. Moi, j'ai craqué. Je suis en arrêt de travail depuis la fin octobre. Stress post-traumatique dû aux agressions.

«Depuis 2009, je suis un employé de soutien et je n'ai jamais été aussi malheureuse au travail. J'ai vraiment des grandes inquiétudes pour la sécurité et la santé de mes collègues et des enfants dans les conditions actuelles de mon milieu de travail qui est en crise. Je suis éducatrice en service de garde scolaire.»

Des histoires comme ça, Mme la Présidente, Je pourrais en lire à la ministre pendant des heures. Je suis responsable en matière d'éducation pour la deuxième opposition depuis quelques semaines, comme la ministre, et, des témoignages comme ça, j'en ai reçu des centaines. Je pourrais en lire d'autres. Je pourrais parler à la ministre de la TES qui m'a écrit et qui est seule pour s'occuper de 350 élèves dans une école en Montérégie. Je pourrais lui parler du surveillant en service de garde que j'ai rencontré. Ils sont rendus juste deux dans une polyvalente à Victoriaville pour s'occuper de 1 200 élèves. Je pourrais parler à la ministre de la psychologue que j'ai rencontrée et qui m'a dit être la seule psychologue pour neuf écoles dans l'est du Québec. Ce qui se passe dans les écoles du Québec en ce moment, c'est extrêmement inquiétant. Le climat d'apprentissage des enfants, qui est aussi le climat de travail des femmes en majorité et des hommes qui travaillent dans nos écoles, est en dégradation rapide.

Je disais que je pouvais lire des histoires comme ça à la ministre pendant des heures et ce ne serait pas des anecdotes. Il y a des statistiques qui viennent montrer l'ampleur de la crise. Dans les trois dernières années, il y a une augmentation de 77 % des réclamations acceptées...

M. Nadeau-Dubois : ...par la CNESST liée à la violence en milieu scolaire. Dans quel milieu de travail on accepterait que la violence explose comme ça, sans que ce soit l'objet d'un scandale national? Entre mai et septembre 2025, là, entre mai et septembre, c'est plus de la moitié, 52 % du personnel de soutien qui a été victime de violence physique directe. La violence physique directe, là, ce n'est pas dire : Tu es conne, madame, là. On parle de violence physique directe. Plus de la moitié depuis le mois de mai. Et là je ne parle pas des 1 300 démissions de profs l'an passé, je ne parle pas des congés de maladie qui se multiplient à un rythme affolant au sein du personnel de soutien et des professionnels de l'éducation. Pendant ce temps là, la prédécesseure... le prédécesseur de la ministre a procédé à deux reprises à des coupes budgétaires en éducation en plus, en plus d'imposer un plafond d'embauche. Le résultat des courses, c'est qu'en septembre dernier il y avait 1 350 techniciennes en éducation spécialisée de moins. 1 350 postes de moins dans nos écoles publiques, alors que, comme je viens de le démontrer, il y a une explosion, une explosion historique de la violence.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.

M. Nadeau-Dubois : C'est très bien.

La Présidente (Mme Bogemans) : Je cède maintenant la parole à Mme la ministre pour cinq minutes.

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Je ne veux pas... Je... J'ai fait, je pense, dans mon premier cinq minutes d'intervention, le portrait, à tout le moins le plus exact possible dans le temps imparti. La situation budgétaire de l'éducation, la situation budgétaire du Québec. Ça fait que je ne veux pas entrer dans une bataille avec mon collègue de l'opposition, de Gouin, sur est ce que c'est des coupes? Ce n'est pas des coupes. Bon, il y a eu... Il y avait un enjeu et on a agi. Et maintenant, je le dis, l'éducation vit dans un contexte budgétaire québécois qui est serré, et on doit travailler avec ce contexte-là. Ceci étant dit, il n'y a pas un moment, une minute, un jour où je ne suis pas... où je suis insensible aux propos que rapportent mes collègues, mon collègue et mes collègues. Je viens du milieu de l'éducation. J'en entends parler. Je sais comment ça se passe dans les écoles, pas dans toutes les écoles. Je n'ai pas la science infuse, mais je ne suis pas déconnectée complètement et je sais qu'il y a des difficultés. La violence est de plus en plus présente malheureusement. Je viens... Aussi, j'ai été procureure de la couronne toute ma vie, j'ai combattu la violence dans la société, et c'est pour moi, si on veut parler de nos priorités, c'en est une priorité, de s'assurer le plus possible de voir comment on peut... Pas y mettre... Oui, y mettre fin, mais de trouver des moyens d'y mettre fin.

Donc, je suis très sensible aux exemples que mon collègue donne. Mais s'il y avait une baguette magique, Mme la Présidente, que je pouvais acheter aujourd'hui, ici, maintenant pour mettre fin à ça, je le ferais. Maintenant, on doit travailler avec les outils qu'on a. Je le disais tantôt, l'éducation n'est pas la seule responsabilité de l'État, ou ce n'est pas... L'État n'est pas la seule responsable de l'éducation, le seul responsable de l'éducation. C'est une question de communauté. Alors qu'est ce qu'on peut faire? On a quand même augmenté les budgets, on a quand même plus de professionnels, plus de personnel de soutien, plus d'enseignants. On a développé, Mme la Présidente, des outils en collaboration avec les syndicats, en particulier la CSQ, sur un guide pratique pour accompagner le personnel de soutien dans le milieu scolaire pour la violence. On a... Oui, il y a beaucoup... La violence, Mme la Présidente, c'est une question de manque de mots, de manque de capacité d'expression aussi. Donc, je suis... Ça fait partie de ça, les règles de civisme, M. le député de Matane-Matapédia, pour contrer la violence. Ce n'est pas le seul outil. Non, absolument pas. Mais pourquoi est-ce qu'on a, comme dans cette salle-ci, Mme la Présidente, des règles de décorum? C'est pour être capables de se parler d'enjeux qui sont parfois difficiles dans nos échanges. Donc, pour moi, ça fait partie de ça.

• (9 h 30) •

Mais vous savez, on doit avoir un milieu sécuritaire pour mieux apprendre. On doit avoir un milieu sécuritaire pour que nos intervenants soient... se sentent bien d'y travailler. On doit leur apporter plus de soutien. On le fait avec les aides à la classe. On est présents, Mme la Présidente, et pour moi, dans...


 
 

9 h 30 (version non révisée)

Mme LeBel : ...dans les prochains jours, 330 quelques jours qui me restent comme ministre de l'Éducation jusqu'aux prochaines élections, jusqu'au, peut-être, prochain mandat, qui sait, bien, c'est ça que je veux faire, c'est être capable de trouver des solutions. Tu sais, on a posé des gestes, on a fait le créateur... la création du Protecteur national de l'élève, on a déposé un plan d'action sur la lutte à la violence, on a augmenté les budgets, il y a plus de professionnels, on a travaillé. Ce n'est pas parfait, il y aura une prochaine discussion dans une prochaine convention collective, mais on a fait des pas pour améliorer la composition de la classe. On fait des pas dans la bonne direction, Mme la Présidente, et je veux continuer à faire des pas dans la bonne direction. Je ne suis pas complètement détachée des sept priorités de mon collègue. D'ailleurs, ce sont les priorités du gouvernement qu'il a exprimé. Je fais partie de ce gouvernement-là et je veux continuer à travailler dans le sens de ces priorités-là. Je ne suis pas là pour, les prochains 330 jours, dénoncer de grands changements, de grands bouleversements. Il faut travailler sur nos infrastructures. Il faut travailler sur la violence dans nos écoles. Il faut travailler sur le soutien à nos enseignants et au personnel de soutien qui fait partie de l'équipe-école.

Donc, on a eu le projet de loi n° 47, qui a renforcé... Je pourrais continuer à vous énumérer ce qu'on a fait, Mme la Présidente, mais je pense que je l'ai démontré dans mes premiers 60 jours, je me suis assise, j'ai écouté, j'ai agi dans la capacité du gouvernement d'agir. Et il y a aussi, je vais le redire, parce que, pour moi, c'est très important, l'imputabilité des gens sur le terrain. Il y a des directeurs généraux qui sont extraordinaires, des directeurs d'école qui sont là pour soutenir nos enseignants, notre personnel de soutien. C'est leur responsabilité. On va travailler avec eux pour faire avancer les choses. Et nous, comme gouvernement, comme ministère de l'Éducation, notre rôle est de leur donner les outils pour le faire et de les aider dans cette direction-là, et vous allez avoir ma pleine attention.

La Présidente (Mme Bogemans) : ...la Parole est maintenant à Mme la députée de Bellechasse pour cinq minutes.

Mme Lachance : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi d'abord de saluer les collègues qui sont ici ce matin. C'est, ce matin, ma première prise de parole. Je salue aussi les équipes du ministère qui sont là et qui entourent notre ministre pour cette discussion sur l'éducation, un sujet qui est extrêmement important, probablement un des plus importants, sinon le plus important.

Et j'en profiterai peut-être pour rappeler ou pour énoncer à ceux qui ne le savent pas que, dans une... dans une époque pas si lointaine, avant d'être députée et avant d'être entrepreneure, j'ai oeuvré dans les écoles à l'implantation de la dernière réforme en éducation, et cette réforme faisait suite aux états généraux, évidemment, qui avaient eu lieu dans les années 1995, 1997, et c'était la réforme de 2001 qui a été implantée jusqu'en 2010. Il faut le rappeler, cette réforme-là s'est implantée dans le désordre et dans le chaos parce que, pour plusieurs raisons, entre autres, probablement, rapidement et faute de moyens pour la supporter. Donc, j'étais là et ce n'était pas une... bien que la volonté derrière cette réforme-là était tout à fait adéquate, il faut comprendre que des états généraux ne règlent pas tout. Derrière les états généraux, la volonté était bonne, mais ça prenait des moyens, des moyens qui n'avaient pas été mis en place, avec... pour résultat une période de chaos assez longue.

Donc, vous comprendrez aussi, Mme la Présidente, que, par ce fait-là, c'est un sujet, l'éducation, qui me passionne de par le vécu d'une dizaine d'années en collaboration avec nos conseillers pédagogiques, nos enseignants du primaire au secondaire. Il faut regarder l'école d'aujourd'hui avec ce qu'elle est et avec aussi un regard positif parce qu'il y a des bonnes choses qui se sont faites en éducation et qui continuent de se faire. On souhaite tous donner à nos jeunes les moyens de croire en eux, de se dépasser et c'est un objectif clair qu'on s'est donné, atteindre 90 % de diplomation d'ici 2030.

C'est un objectif qui est ambitieux, on le sait. Il y a 10 ans, on avait un taux de diplomation de 79 %. L'an dernier, on était à près de 83 % puis la tendance, elle est à la hausse. Donc, il faut continuer à travailler puis il faut agir sur plusieurs fronts pour soutenir nos jeunes dès le primaire et jusqu'au secondaire, dans toutes les...

Mme Lachance : ...régions du Québec. Et la réussite scolaire, ça commence bien avant l'école. Ça commence par avoir envie d'apprendre, par croire en soi, par sentir qu'on est capable d'y arriver. C'est toute la société qui est mise à contribution et particulièrement, évidemment, les personnes signifiantes de nos enfants. On parle ici des familles, familles parfois élargies. Donc, favoriser la réussite des élèves, c'est au cœur de nos priorités et on y travaille très fort depuis le début. Et ce sera ainsi, comme notre ministre vient de le mentionner, jusqu'à la toute fin de ce mandat-ci.

Donc, les projets, on a mis en place plusieurs choses. On a travaillé à mettre en place des moyens pour les élèves à besoins particuliers, parce qu'au Québec, on a fait le choix, celle que tous les élèves soient ensemble. Donc, au Québec, on a pris la décision collective de favoriser l'inclusion et l'intégration des enfants à besoins particuliers. Plus de 75 % des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation sont dans des classes régulières. Cette... cette inclusion est bénéfique pour les chances de tous, mais nécessite aussi des moyens qui ont été mis en place, comme le mentionnait ma collègue il y a quelques minutes. Donc, on travaille vers un objectif commun, celui de la réussite et la réussite de tous les élèves. Et c'est extrêmement important de pouvoir motiver nos jeunes, qu'ils se sentent inclus, qu'ils se sentent interpelés puis qu'ils aient le goût d'apprendre. C'est aussi de cette manière-là qu'on a mis en place les projets pédagogiques particuliers pour favoriser la réussite des élèves puis leur permettre de faire des choix, des choix qui peuvent être bénéfiques et qui peuvent leur ressembler et les porter bien au-delà de l'éducation. Donc, évidemment, je vois le temps qui file, je m'arrête.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. La parole est maintenant pour la troisième série d'interventions, M. le député de Matane-Matapédia.

M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente. C'est une question de choix, effectivement, couper 400 millions dans l'entretien des écoles publiques en juillet 2024, c'est un choix. Choisir de couper 570 millions, une fois que les écoles sont fermées et que la chambre est fermée, c'est aussi un choix. Décider de financer un réseau complet de maternelles quatre ans, où le prix explose et on ne se pose pas la question des ressources pour accueillir les enfants, c'est aussi un choix. Et ce n'est pas sans raison que je ramène ça.

Qu'est-ce qui s'est passé en juin dernier? Qui a décidé qu'il fallait couper 570 millions à ce moment-là? Ce qui est venu déstabiliser l'ensemble des écoles, on se demandait : On va couper où? Dans le parascolaire, dans l'aide aux enfants, dans... dans quoi? En fait, je ne le trouve même pas. C'était une mauvaise décision qui a été prise. Alors, soit que la commande venait du Conseil du trésor, soit que le ministre s'est auto... auto indiqué pour... pour donner un coup de main à l'équilibre budgétaire. Mais c'est un choix et ce n'est pas pour rien que je veux savoir, et je veux vraiment que la ministre m'indique quel est le coût en 2025. Et là, la sous-ministre, juste à côté d'elle, ça coûte combien, une classe de maternelle quatre en 2025? Je suis sûr que la réponse, quelqu'un l'a à côté d'elle, ça, je veux la réponse de ça, question de choix qui a été fait par ce gouvernement.

Quant aux priorités, je comprends que la ministre va poursuivre les sept priorités du ministre, donc, je n'y reviendrai pas. La question des ressources, c'est aussi comment on s'assure d'aider les enseignants, les enseignantes, avec une composition de la classe qui est complexe. Et j'ai entendu beaucoup le ministre précédent parler de l'aide à la classe, le deuxième adulte dans la classe. Parlez aux enseignants de ce que ça donne. Oui, mais il y a des limites. Ce n'est pas des professionnels de l'enseignement. Et on a besoin de professionnels pour intervenir rapidement auprès des enfants, pour assurer leur apprentissage, assurer leur réussite. Cessons d'indiquer que l'aide à la classe, c'est la grande réussite du ministère de l'Éducation. Ça ne suffit pas. Comme pour la violence, je ne suis pas contre les mesures qui ont été annoncées. Puis le vidéo du ministre, c'était bien correct, d'ailleurs, je sais qu'au ministère, ils disaient : Vous voulez vraiment faire ça? Oui, il y a de toutes sortes de façons de passer à l'histoire. Lui, il a fait un vidéo. Ça ne suffit pas. Les enseignants vont vous le dire aussi, puis les enseignantes aussi, ça ne suffit pas. Puis le personnel de soutien, qui ont fait un sondage, nous l'a l'indiqué, c'est épouvantable comment il y a de la violence. Alors, ça ne s'est pas terminé avec le plan d'action du gouvernement.

• (9 h 40) •

 La question des choix, c'est aussi... puis là j'aimerais avoir une réponse là-dessus, les stages en enseignement, à tout le moins le dernier qui est plus long pour...

M. Bérubé : ...pourquoi, pourquoi on ne finance pas ça? Tout travail mérite rémunération. Vous prenez en charge une classe, vous êtes payés. Moi, je n'ai pas eu ça quand j'ai fait mon stage long, mais j'aimerais que ceux qui vont passer à partir de maintenant puissent avoir ça. C'est la moindre des choses. Dans le privé, là, dans certains corps de métier, dont le droit, dans bien des cas, ils se pitchent pour aller chercher les finissants puis les payer, les financer. Bien, l'éducation, j'aimerais ça que le gouvernement soit... réponde aussi à l'appel et paie les stages. Le gouvernement dit oui à notre motion, hein, de rémunération des stages; j'attends le suivi. Ça aussi, c'est un choix.

Tout à l'heure, j'ai parlé aussi des choix qu'on fait. Financer des écoles religieuses, c'est un choix ça aussi. Le gouvernement continue de financer des écoles religieuses de toutes confessions, catholique, protestante, juive, musulmane, orthodoxe, il y en a pour tout le monde. Pourquoi on finance ça, des écoles où il y a des gestes religieux explicites? J'ai entendu le ministre précédant dire à Tout le monde en parle que c'était comme une entente historique. Moi, je n'ai vu ça nulle part, cette entente-là. Dans la réalité moderne, si on est vraiment sérieux avec la laïcité, bien, on va arrêter de financer les écoles religieuses. Puis là il n'y a personne qui va nous accuser de quoi que ce soit, il y en a de toutes confessions.

D'ailleurs je vais donner un exemple actuel. Est-ce qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, il y a des enfants qui sont à l'intérieur d'un bâtiment qui est opéré par la Mission de l'Esprit-Saint dans Lanaudière et qui offre des classes? Est-ce que la ministre peut me garantir qu'il n'y a pas de cours qui se donnent présentement de façon illégale pour des enfants qui sont réputés avoir l'enseignement à la maison, mais qui font partie d'une organisation religieuse rétrograde qui considère que les planètes, ça n'existe pas puis de se marier à l'âge de 14 ou 15 ans, c'est bien correct? Ça, j'aimerais ça savoir quelle est la responsabilité du gouvernement. Moi, je n'aimerais pas savoir que quelqu'un passe à côté de ce bâtiment-là et voit des enfants se cacher pour entrer dans l'école. Si on est sérieux avec la laïcité, on fait ça aussi.

Donc, c'est une question de choix. Les nôtres seront très différents. Et il m'arrive parfois de compter les 330 jours qui restent.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre.

Mme LeBel : Oui, Mme la Présidente. Encore beaucoup de sujets abordés dans l'allocution, la déclaration et les multiples questions de mon collègue de l'opposition. Plusieurs sujets fort importants, plusieurs sujets sur lesquels on travaille tous, certains dont il est plus délicat pour des raisons qu'il comprendra de... dont... de parler publiquement, dont la Mission de l'Esprit-Saint... pas Saint-Esprit, l'Esprit-Saint, des fois j'inverse. Mais j'ai déjà eu l'occasion de faire une déclaration publique là-dessus et ce sera les... moi, je limiterai mes propos sur cette question-là compte tenu de la délicatesse de l'enjeu et des interventions potentielles dans ce dossier-là. Donc, beaucoup de choses.

Je vais juste boucler la boucle du budget parce que c'est important. Je ne veux pas entrer encore dans un débat, mais il n'y a pas de coupures en éducation, Mme la Présidente. Depuis 2018, on a augmenté les budgets de 58 %. Dans les dernières années, 2022, 2023, 2024 et même 2025, c'est une moyenne de 8 % par année. On a fait du 5 %, du 12 %, du 3 %, du... du 17 %, du 14 %, presque 15 % et, cette année, dans le dernier budget, on a augmenté de 2 % le budget de l'année. Donc, il y a... Je ne peux pas appeler ça une coupure, mais il y a, oui, au moment où on se parle, un besoin de stabiliser, de rationaliser et d'utiliser au maximum ces ressources importantes qui ont été mises à la disposition du réseau.

Je vais peut-être parler, peut-être plus, des élèves à besoins particuliers. Ma mère était enseignante à l'époque qu'est-ce qu'on appelait en enfance inadaptée. C'est des termes d'une autre époque, à l'époque où l'intégration dans les classes n'était pas la règle cardinale que le ministère et le réseau d'éducation s'étaient donnés. Ma mère enseignait, elle avait la quatrième, cinquième, sixième année, enseignait toutes les matières du primaire. Un de ses... Bon, des enfants, je vais reprendre les termes de l'époque, en enfance inadaptée étaient des enfants avec toutes sortes de besoins. C'étaient des fois des enjeux qui étaient propres à eux. Maintenant, on les connaît mieux, ces enjeux-là pour les HDAA, mais il y avait aussi des enjeux de contexte familial, de contexte social. Une des grandes préoccupations de ma mère et de tous les enseignants aujourd'hui qui sont avec ces enfants-là, qu'ils soient intégrés dans les classes ou qu'ils soient dans des classes spécialisées, c'est de pouvoir donner à ces enfants-là la possibilité de développer leur plein potentiel.

J'avais déjà demandé à ma mère à l'époque si j'allais avoir le privilège d'être dans sa classe. Naturellement, elle avait souri et elle m'avait dit que non, potentiellement, mais que, pour elle, c'étaient des enfants qui étaient importants...

Mme LeBel : ...que, si j'étais dans sa classe, bien, c'était parce que j'allais être importante comme eux. Donc, je ne comprenais pas, on se comprend, j'étais en troisième année, là, à l'époque, quelle était la difficulté de ces enfants-là et quelle était ma chance à moi de ne pas avoir ces difficultés-là, ni d'apprentissage, ni de contexte social, malgré que maintenant je me rends compte que j'étais peut-être un TDAH non diagnostiqué, puis ça explique beaucoup d'enjeux de mes parents à mon égard, mais... et de mes enseignants, que j'ai subis par la suite avec mon... mon fils, donc... Mais je veux en parler.

Tu sais, au Québec, on a pris la décision collective de favoriser l'inclusion des élèves à besoins particuliers. Je pense que c'est une excellente décision. Plus de 75 % des enfants sont dans des classes régulières. Mais l'inclusion dans les classes régulières, ce n'est pas la panacée. Il y a encore des enfants qui ont besoin d'avoir des classes particulières. Et l'inclusion dans les classes régulières, ça comporte des défis aussi pour nos enseignants, des défis pour les enfants qui sont... qui ont moins de besoins particuliers et des défis pour nos enfants qui en ont et les enseignants.

Il n'y a pas de réponse unique à ces enjeux-là. S'il y avait une réponse unique, on le saurait, vous l'auriez su alors que vous étiez au pouvoir, cher collègue, mais on le saurait. Je ne veux pas qu'on dénigre les aides à la classe, c'est un enjeu qui est fort important, et ça a beaucoup aidé. Mais est-ce que c'est la réponse unique? La réponse, c'est non. Il faut renforcer. Donc, on a... on renforcit, on donne de la formation à ces enseignants-là, on leur donne de l'aide. On a créé plus de classes, et je pourrais en parler, là. On a... 77 % des élèves sont... sont intégrés. Il y a beaucoup de choses à dire que je ne peux pas dire en cinq minutes, mais sachez qu'on continue à travailler sur ces enjeux-là. On continue à travailler dans l'objectif d'intégrer ces enfants-là parce que ça a fait ses preuves, mais il y a aussi des enfants qui ont besoin d'avoir des classes particulières, comme ma mère le faisait à l'époque. Et on va continuer à créer ces classes-là, là où les besoins sont nombreux.

J'ai plein de statistiques à vous donner. Je ne vous les donnerai pas parce que je n'ai plus de temps pour le faire, mais sachez que ça demeure une préoccupation, et j'ai une très grande sensibilité. On va continuer à appuyer les enseignants, à travailler pour avoir plus de soutien, dont les aides à la classe, et à avoir des classes quand il le faut.

La Présidente (Mme Bogemans) : Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse pour cinq minutes.

Mme Lachance : ...j'ai terminé la dernière... le dernier bloc, justement, en parlant des élèves à besoins particuliers, mais je pense que Mme la ministre vient, de manière éloquente, de présenter les priorités. Et ce que je retiens, c'est : pas de réponse unique, pas de réponse unique, pas de besoin unique.        Donc, ça m'amène, tout à l'heure, aussi à vous parler des projets pédagogiques particuliers, mais aussi, aussi, puis ça, c'est extrêmement important, de la formation professionnelle.

Dans nos écoles, on offre des cheminements qui sont diversifiés pour répondre à des besoins qui sont aussi tout à fait diversifiés. La formation professionnelle est une étape. Elle est considérée au même titre que toutes les formations. Et, actuellement, avec la rareté de main-d'œuvre dans certains domaines... Et là, évidemment, c'est la députée de Bellechasse qui vous parle, dans Chaudière-Appalaches la rareté de main-d'oeuvre est omniprésente. Donc, on a des métiers qui sont extrêmement bien rémunérés et qui ont des besoins concrets, et ça répond à des demandes puis à des désirs de nos jeunes de pouvoir se former.

• (9 h 50) •

En 2023, notre gouvernement annonçait des investissements de 400 millions, 400 millions, Mme la Présidente, pour donner un souffle nouveau à la formation professionnelle. On a été particulièrement actifs pour les programmes en construction. On a d'ailleurs confirmé en dernier budget que nous continuons à investir dans la formation professionnelle pour le milieu de la construction. Le Québec a besoin de ces jeunes-là qui iront dans le domaine de la construction, et nos jeunes ont besoin de ces formations-là qui leur permettent de pouvoir aller se former dans la... dans leurs grands intérêts ou enfin de maintenir leur attrait pour l'école dans certains milieux. Et c'est là tout le sens d'une offensive de la formation en construction. Donc, notre objectif est simple : former 10 000 nouveaux travailleurs dans les métiers les plus en demande, dont on parle ici de montage de lignes électriques, électricité, charpenterie-menuiserie, conduite de grue, réfrigération, plomberie, chauffage, arpentage et topographie, forage et dynamitage, donc tous des métiers qui ont une...

Mme Lachance : ...donc d'être des métiers davantage physiques et dont les besoins sont très grands. Je discute évidemment avec plusieurs entrepreneurs de ma circonscription, puis on me rappelle souvent à quel point notre jeunesse a changé. Elle a évolué, elle est beaucoup plus technique et beaucoup moins physique dans certains milieux. On a aussi des besoins particuliers dans la formation très, très précis, puis on s'y est penché. Et on a répondu à cette demande là de nos jeunes de pouvoir évoluer dans des milieux qui leur sont connus et qui leur... qui les stimule.

C'est la même chose pour les projets particuliers. Favoriser la réussite, c'est d'abord une question de motivation et d'engagement, est-ce que j'ai besoin de le rappeler? Parce que c'est la clé du succès, la motivation. Les projets pédagogiques particuliers sont un levier reconnu pour soutenir la réussite. Ils permettent de développer des talents et un sentiment particulier d'appartenance à l'école. Pas besoin de dire que c'est la manière de favoriser la motivation scolaire et ultimement d'influencer positivement la réussite scolaire. On a rendu des parcours accessibles. Et pour ça, on offre 300 $ par élève pour éliminer ou diminuer les frais qui sont chargés aux parents. L'effet de 300 $ par élève fait en sorte que 60 % des jeunes inscrits à un programme particulier n'ont aucun frais à payer. L'an dernier, c'est 200 000 élèves du secondaire qui étaient dans ces parcours particuliers, soit un élève sur deux. Et c'est par choix que les élèves se sont dirigés vers ces programmes-là. Rappelons que le Conseil des établissements, qui décide d'implanter des projets particuliers, les parents et le personnel scolaire sont au cœur des choix qui sont faits par les établissements et évidemment, ces établissements-là répondre à des besoins ou des désirs de la population dans leur milieu. Donc, Mme la Présidente, en terminant, je vous dirais, on voit très clairement qu'il y a un travail qui s'est fait pour répondre aux besoins de nos jeunes en éducation.

La Présidente (Mme Bogemans) : Nous allons maintenant débuter la quatrième série d'interventions. Je cède la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour cinq minutes.

Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, chers collègues. Nous sommes ici pour vous entendre, Mme la ministre, sur vos priorités. Et, de mon côté, j'aimerais vous entendre sur vos priorités sur le plan budgétaire. On le sait, cette rentrée scolaire, là, celle que nous venons de passer, bien, ça a été une rentrée scolaire excessivement difficile pour l'ensemble du réseau, tant pour les équipes-écoles que pour les élèves. Plusieurs ont parlé d'une des pires rentrées scolaires des 15 dernières années. Donc, ça vous donne une idée d'à quel point, pour bien des gens dans le réseau, bien, ça a été excessivement difficile. J'entendais la ministre un peu plus tôt qui nous a dit : Il n'y en a pas de coupures en éducation. Je vous avouerais que j'étais un petit peu estomaquée parce que pas juste lorsqu'on lit les grands titres, là, mais lorsqu'on est sur le terrain, lorsqu'on se promène dans les écoles, et moi, j'ai eu l'occasion de visiter certaines écoles, de parler avec des enseignants, avec les représentants, donc, du personnel de soutien scolaire, des représentants du personnel professionnel aussi, et tout le monde nous a parlé de l'impact des différentes compressions qui ont eu lieu tout au long de la dernière année, parce qu'on s'entend, donc, qu'on a eu des compressions importantes au cours de la dernière année, donc, la ministre nous dit qu'il n'y en a pas eu, j'aimerais peut-être qu'elle se mette... qu'elle nous précise un peu sa pensée parce que lors de la dernière étude des crédits, bien, son prédécesseur nous confirmait, il admettait des compressions de l'ordre de 670 millions.

Donc, il y a un discours un peu contradictoire avec celui de son prédécesseur, mais je poursuis ma lancée. Donc, si on se ramène, donc, à ces compressions, à ces dernières compressions dans le réseau de l'éducation du mois de juin dernier qui sont arrivées avec le... ce que j'appelle, donc, ce que je mets souvent, donc, entre guillemets, donc le réinvestissement, ce que le gouvernement a appelé le réinvestissement, mais si... mais essentiellement, donc les... on a eu de la difficulté, donc, à en voir les effets dans le réseau, bien, on le sait, ça a créé une rentrée scolaire excessivement chaotique, une rentrée scolaire excessivement difficile. Vous n'êtes pas sans savoir, Mme la ministre que, bien, pour bien des enfants, et je sous-entendais, donc, dans l'intervention précédente nous parler des jeunes avec des besoins particuliers. Mais justement, on le sait, on se rappelle du fils de Mme Lantier, donc, de sa maman, qui nous faisait un cri du cœur dans les médias, qui disait à quel point son fils n'avait pas pu bénéficier des mêmes services que l'an dernier. Et publiquement, donc, elle nous a... Elle a mis, donc, le doigt sur... sur les compressions surprises de cette année qui ont privé son enfant des besoins... des...

Mme Cadet : ...mon enfant a besoin des services dont il avait besoin. On pense, Mme la ministre, donc, au matériel dans les écoles. Je pense qu'il y a la FAE qui est présente. Et je les... qui est présente ici, dans les tribunes avec nous, puis je les salue d'ailleurs, qui nous indiquait, donc, dans une sortie, donc à laquelle j'ai pris part, qui avait fait le tour de ses enseignants, le tour de son réseau pour leur demander : Bien, pour eux, qu'est-ce que ça... pour eux... pour vous, qu'est-ce que ça signifie, les coupures dans votre milieu? Puis il y a eu des situations absolument effarantes qui nous ont été communiquées de la part de ces profs-à, comme le fait que, par exemple, dans une école, pour... dite hôpital, donc avec des élèves lourdement handicapés, que l'achat de débarbouillettes de bavoirs, d'antibactérien était limité, qu'on devait donc se procurer du papier toilette de bas de gamme. Donc, on n'est pas... On n'était pas en mesure, donc, de vraiment pouvoir répondre aux besoins de ces élèves-là.

Les activités parascolaires, dans ma circonscription, Mme la Présidente... Mme la Présidente, oui, mais, Mme la ministre, j'ai la présidente de mon conseil d'établissement qui m'avait écrit personnellement pour dire : Mon Dieu! ça n'a pas d'allure, que nos enfants s'étaient préparés pour la course de cross-country, ils n'étaient pas en mesure de pouvoir y prendre part parce que les compressions ne permettaient pas à l'école d'offrir ce type d'activité là à nos élèves. On n'arrête pas de parler de l'importance de raccrocher nos élèves à l'école, de s'assurer de leur donner des activités qui leur donnent le goût de se présenter dans les milieux. On le sait que nos enseignants, on sait que le personnel, on sait que les équipes-écoles font tout ce qui est en leur pouvoir pour pouvoir offrir ce milieu de vie là à nos enfants, puis à nos jeunes, puis quand, en catastrophe, ils se disent : Bien là, nous, on a mis tous ces efforts-là, mais qu'en bout de ligne, on n'est pas capables de répondre à cette demande puis qu'on est obligés, à contrecœur, de leur dire : Bien, malheureusement, l'activité à laquelle vous vous étiez préparés, ce qui vous animait, ce qui vous donnait l'énergie de vous rendre à l'école, bien, on n'a pas le choix, à cause des compressions, on est obligé de l'annuler. Bien, je ne sais pas comment ça s'appelle, Mme la ministre, si vous n'appelez pas ça vous-même des coupures.

Donc, vous comprenez que les... la dernière rentrée scolaire a été excessivement difficile, puis je pourrais m'en aller donc sur toutes sortes d'exemples ici. Puis la Question que j'ai pour vous, c'est : Est-ce que c'est... Est-ce que ces compressions seront présentes l'an prochain? Est-ce que le réseau va devoir s'attendre à des...

La Présidente (Mme Bogemans) : La parole est maintenant à Mme la ministre.

Mme LeBel : Bien, merci, Mme la Présidente. Merci à ma collègue pour ce cinq minutes d'interpellation. On a eu beaucoup d'échanges ensemble dans le cadre du projet de loi n° 94. J'ai eu l'occasion de le mentionner en discours d'ouverture, donc, je le répète, ici, on est capable d'échanger, puis on est capables de trouver des solutions. Et je l'ai dit, même si des fois on a des visions fort différentes de la façon d'y arriver, je demeure intrinsèquement convaincue qu'on partage, moi et elle, le même objectif, c'est-à-dire la réussite et un meilleur réseau scolaire public pour la réussite de nos élèves.

J'ai eu l'occasion aussi de le mentionner, j'ai fait presque un premier cinq minutes sur le budgétaire tantôt, il n'y a aucun... il n'y a aucun monde, Mme la Présidente, dans laquelle j'évolue où 58 % d'augmentation d'un budget depuis 2018 va être qualifié de coupure. Est-ce que les besoins sont grands? La réponse est oui. Est-ce qu'on pourrait, comme je le disais tantôt, théoriquement sur papier, si la capacité de payer des Québécois était illimitée, ce qu'elle n'est pas, pourrions-nous en ajouter toujours plus, toujours plus? La réponse, c'est probablement oui. Mais on vit dans un contexte budgétaire qui est fort réel, dans lequel tous les Québécois doivent vivre, dans lequel le gouvernement a plus qu'une seule mission, même si la santé, l'éducation, pour moi, ce sont des priorités du gouvernement. Et ça se reflète d'ailleurs dans la part du budget qui est alloué à ces priorités-là. Et donc on doit travailler.

Je dois répéter que pour moi, les directeurs généraux des centres de services scolaires sont responsables et imputables de la gestion de leur budget. Ce sont des gestionnaires qui sont mis en place justement pour s'assurer que ces budgets-là sont maximisés. C'est à eux de faire des choix. Il y en a qui réussissent, il y en a qui y parviennent très bien, dans le contexte actuel, Mme la Présidente, où les budgets ont été augmentés, mais les besoins aussi ont augmenté de façon plus... très grande. Donc, on doit travailler dans ce contexte-là et on va continuer à travailler.

• (10 heures) •

Qu'est-ce que j'ai fait dans les 60 premiers jours, Mme la Présidente? J'ai écouté et j'ai agi. C'est pour ça que c'est une de mes priorités. Oui, pour moi, écouter et agir, ça peut être une priorité. Aider le réseau à se stabiliser, à travailler dans le contexte, à pouvoir s'assurer que chaque dollar est investi pour le bien des enfants, c'est une priorité. Les accompagner, c'est une priorité pour moi et ils sont responsables de leurs choix en fonction de leur milieu. Donc, leur donner plus de souplesse, comme on l'a fait, dans la décision qu'on a prise...


 
 

10 h (version non révisée)

Mme LeBel : ...que j'ai prises et qui me... que j'ai prises avec les gens du ministère dans mes premiers jours, c'est-à-dire de revoir la façon dont on ciblait... la cible d'ETC, qui ne devait pas être un plafond, mais être une cible, c'est agir et donner plus d'air, voir comment on pourra, dans les règles budgétaires, dans les prochains mois, leur donner plus d'agilité pour utiliser mieux l'argent. C'est une priorité, Mme la Présidente, et ça va leur permettre de faire des choix adaptés aux milieux dans lesquels ils évoluent. Et c'est à eux et aux directeurs d'école de faire ces choix-là pour la réussite éducative. Le gouvernement est là pour les accompagner, le ministère est là pour les accompagner, mais ce sont les meilleurs connaisseurs de leurs réalités et ils doivent s'assurer que chaque dollar est bien investi.

Je vais en profiter pour parler un peu des infrastructures. Je n'en ai pas beaucoup parlé jusqu'à présent, mais nos écoles, Mme la Présidente, arrivent malheureusement au même âge en même temps. Bon, c'est un peu mon âge à moi aussi, là, la cinquantaine, donc, et la plupart de nos écoles ont été construites à la fin des années 60. Ils ont eu un déficit de maintien flagrant dans les dernières années et on a dû augmenter le PQI de 9 milliards à 23 milliards. Ça ne dit pas grand-chose aux gens à la maison, 9 milliards, 23 milliards, c'est un peu intangible, mais c'est trois fois plus que ce qui avait été accordé dans les dernières années. Mais les besoins sont immenses, Mme la Présidente. On a aussi scolarisé plus de 100 000 élèves nouveaux qui n'étaient pas dans les prévisions démographiques, qui viennent de la grande partie de l'immigration et qui n'étaient pas prévus, mais qu'on doit scolariser, par rapport à 2018, depuis notre arrivée. Donc, c'était la première chose à faire, c'est d'augmenter drastiquement chaque enjeu.

Maintenant, on va regarder comment on peut investir au mieux chaque dollar. Je l'ai dit dans mes premières choses et ça fait partie de mes priorités, qui est la même priorité : Comment faire atterrir tout ça pour maximiser chaque dollar pour le bien des enfants? Moi, ce que je veux, c'est des classes pour les enfants qui ont besoin de classe. Donc, est-ce que le cahier de charges est trop lourd? Est-ce qu'il est ambitieux? Dans le contexte dans lequel on vit, peut-être, il faut revoir le cahier de charges. Est-ce qu'on utilise le plein potentiel des nouvelles méthodes de construction par modulaires? J'en ai, des modulaires dans mon comté, les enseignants aiment les modulaires, ce sont des belles classes. On a une notion, j'allais dire, à l'opposé du romantisme, du modulaire, mais ce n'est pas des cabanes, alors ce n'est pas des cabanes de construction pour des chantiers, ce sont de belles classes climatisées. Peut-on économiser et livrer plus rapidement en revoyant nos modes de gestion de projets? Oui.

La Présidente (Mme Bogemans) : Maintenant, la parole est à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq minutes.

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Bien, moi, je vais revenir sur l'insécurité puis je vais vous parler de la commission sur les écrans. On l'a dit, protéger nos jeunes, c'est une priorité aujourd'hui puis ça va le rester tout le reste du mandat. Les 15 dernières années, la technologie a évolué à une vitesse incroyable, avec des téléphones portables, des réseaux sociaux accessibles partout, en tout temps. Ces avancées ont apporté beaucoup d'avantages : communications rapides, accès à l'information nouvelle, mais elles ont aussi eu des effets négatifs sur la santé mentale, la santé physique des jeunes et plus particulièrement le bien-être et leur réussite à l'école.

Un enjeu particulièrement préoccupant est la cyberintimidation, un phénomène qui n'est pas nouveau mais qui a également muté en parallèle aux progrès technologiques. Beaucoup de cas de cyberintimidation sont initiés sur les terrains de l'école en raison de conflits entre les jeunes et se poursuivent en ligne en dehors des heures d'école. Ces chiffres sont parlants. En 2024, le SPVM a reçu plus de 2 000 dossiers d'intimidation en ligne. Les victimes sont de plus en plus jeunes. Le partage d'images intimes entre les jeunes, dont l'autoexploitation, l'autoexploitation qui implique le partage de leurs propres images intimes. La cyberexploitation, la sextorsion sont également des enjeux importants. En 2019, il y avait 76 dossiers qui ont été analysés, puis, en 2024, c'étaient 141. Bref, on voit l'impact que cela peut avoir sur les jeunes et c'est très préoccupant, et c'est pourquoi notre gouvernement a choisi d'agir rapidement.

Le rapport final de la commission spéciale a été déposé le 29 mai 2025 et contenait 56 recommandations, dont une trentaine pour le ministère de l'Éducation. Les constats tirés lors de la commission sont clairs : les écrans sont trop souvent l'élément déclencheur...

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : ...encore de situations d'intimidation dans les écoles et plusieurs gestes de violence prennent naissance durant les heures de classe. La cyberintimidation, le SPVM l'indique, parmi les cas de cyberintimidation, de menace et de diffusion d'images intimes que le SPVM traite, plusieurs prennent naissance dans les établissements scolaires durant les heures de classe. La commission s'est dite rassurée par les témoignages de jeunes dans les écoles où l'interdiction du cellulaire est déjà en place partout dans les... dans l'école. À leur grand étonnement, la majorité des jeunes qui... qui ont été rencontrés dans ces écoles, ont indiqué apprécier l'interdiction d'utilisation du cellulaire à l'école. Ils mentionnent que cette mesure favorise la socialisation, car les élèves n'ont plus le réflexe d'utiliser leur cellulaire dès qu'ils ont un instant de libre. Dans le rapport de la commission, on retrouve un équilibre qui doit guider nos actions pour le réseau scolaire, limiter les effets néfastes des écrans sur la concentration des élèves ou encore la cyberintimidation, mais aussi les préparer à vivre dans un monde de plus en plus numérique. C'est une très bonne chose qu'on ait rapidement pour interdire les cellulaires dans les classes puis dans toutes les... dans toute l'école. La réaction a été positive. Les élèves jouent aux cartes, maintenant, ou au ping-pong et socialisent davantage. Déjà, parmi les élèves qui étaient les plus réfractaires au changement, on rapporte qu'il y a des changements d'attitude qui s'est faite rapidement. Les élèves se sont adaptés à la nouvelle réalité.

Nous pouvons aussi préparer nos jeunes à vivre dans un monde numérique. Le programme de culture et citoyenneté québécoise intègre déjà des contenus pour développer les compétences numériques. Dans le programme, au primaire, les thèmes médias et vie numérique portent notamment sur l'utilisation des réseaux sociaux. Et en secondaire IV, le thème technologies et défis d'avenir traite de cyberdépendance, d'intelligence artificielle et de désinformation. On peut aussi bonifier le contenu. C'est ce que la commission nous recommande, et c'est ce sur quoi on travaille. En résumé, protéger nos... nos jeunes, favoriser leur socialisation et les préparer au monde numérique, c'est une...

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci, Mme la députée. Nous allons maintenant commencer la cinquième série d'interventions. Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour cinq minutes.

Mme Cadet : Mme la Présidente, je note que la ministre n'a pas répondu à ma question, pourtant limpide. Est-ce que, oui ou non, le réseau de l'éducation devra s'attendre à des compressions dans le dernier budget de la CAQ avant les élections? La ministre nous dit : Non, non, il n'y en a pas eu de compressions. Mais, je m'excuse, d'abord, ce n'est pas ce que son prédécesseur a dit, mais certainement ce n'est pas ce que les gens ressentent sur le terrain. C'est très clair. La ministre nous parle aussi du contexte budgétaire. J'en suis très conscient du contexte budgétaire, Mme la Présidente, mais c'est le gouvernement de la CAQ qui nous a lui-même plongés dans ce marasme budgétaire là. C'est en raison des décisions du gouvernement actuel qu'on a un contexte budgétaire plus serré. Est-ce que ce sont les enfants? Est-ce que c'est le réseau d'éducation qui devrait écoper parce que notre moyenne au bâton n'est pas assez élevée, alors qu'on cherche à aller chercher des revenus supplémentaires ailleurs? Donc ça, c'est les questions que j'ai pour la ministre. Mais puisque notre bloc, notre temps d'échange est assez serré, j'aimerais poser, donc, une autre question à la ministre de l'Éducation. Il reste 328 jours avant la fin de ce mandat. Donc, la ministre, a au pied levé, donc, a pris la relève du dossier de l'éducation, après les soubresauts causés, donc, par ses prédécesseurs dans le réseau de l'éducation. Aujourd'hui, on le sait, on a un défi de pénurie d'enseignants, mais surtout un défi de rétention d'enseignants. On n'a pas juste un défi de rétention, donc, de nos profs, mais ils ont aussi un défi de rétention de l'ensemble du personnel scolaire. C'est excessivement difficile puis c'est l'enjeu numéro 1 qui est noté, donc, par l'ensemble des acteurs. On peut aussi penser, donc, à d'autres enjeux dans le réseau de l'éducation, comme celui du rôle de l'école. Les directions d'école nous disent : Non seulement c'est excessivement difficile en raison du poids qui est mis sur leurs épaules de pouvoir jouer leur rôle de leader pédagogique, mais en ce moment, là, l'école est un petit, donc, une école fourre tout. On demande aux écoles d'enseigner aux enfants comment brosser leurs dents, là, tu sais. Ça vous donne une idée. Puis ça, c'est un exemple qui m'a été nommé plusieurs fois, Mme la Présidente...

Mme Cadet : ...Est-ce que la ministre de l'Éducation va se pencher aussi sur la question du rôle de l'école?

• (10 h 10) •

La réussite éducative de nos garçons. Ma collègue, notre cheffe de l'opposition, la députée de Saint-Laurent, a sorti un documentaire. Donc, tout le monde nous... nous parle de cet enjeu-là, de la sous-scolarisation des garçons. Donc, on le sait, que c'est un enjeu qui fait consensus, c'est un documentaire qui était non partisan. Je veux entendre la ministre sur ces... sur cet élément-ci et notamment sur comment mieux cibler le soutien en matière de littératie.

L'encadrement de l'intelligence artificielle. Je vous en nomme, donc, des défis, là, dans notre réseau d'éducation. Là, il est aux prises avec de nombreux défis, bien, ça aussi, ça, c'est un enjeu qui nous parvient du milieu et qui nous dit : Ça, il faut que le gouvernement du Québec se penche sur ces questions-là.

La gouvernance et la démocratie scolaire. On le sait, le gouvernement caquiste, au cours du dernier mandat, a transformé nos commissions scolaires en centres de services scolaires. On a plusieurs parents... puis la ministre, donc, vient d'évoquer le projet de loi n° 94 puis les échanges qu'on a eus à cet égard, donc on l'a vu à quel point... Donc, plusieurs parents se disent : Nous, on se sent beaucoup plus loin du décisionnel que nous l'étions et, à certains égards, on se sent... on se sent muselés. On a travaillé. On est capable de se parler, puis tant mieux si le ministre nous arrive avec certains éléments ici, on est capable de se parler pour être en mesure de donner plus de pouvoir au réseau, plus de pouvoir au milieu.

Je veux aussi questionner la ministre sur la rémunération des stages. On le sait, lundi, c'était la Journée internationale des stagiaires. Donc, dans le réseau public québécois, nos stagiaires ne sont toujours pas rémunérés. J'ai déposé une motion à cet égard l'année dernière et le gouvernement y avait adhéré, j'aimerais ça que nos stagiaires sont... soient rémunérés, alors qu'on se pose toujours cette question aujourd'hui.

J'aimerais aussi entendre la ministre sur l'enseignement hors établissement, sur la mise à jour de la politique d'alphabétisation des adultes. Comment ça se fait... Bien, en fait, il y a une mise à jour, bien, en fait, qui s'en vient. Quand on parle, donc, de notre réseau d'éducation, bien, ça les comprend aussi. Quelle est la priorisation du côté de la ministre de l'Éducation de la part de... à l'égard de l'enseignement hors établissement?

Donc, je le disais, Mme la ministre, il vous reste 326 jours à votre mandat, votre... votre seule dernière année de mandat comme ministre de l'Éducation. Est-ce que vous allez régler au moins un de ces enjeux et énumérer lequel de ces enjeux allez-vous régler au cours de la prochaine année?

La Présidente (Mme Bogemans) : La parole est maintenant à Mme la ministre.

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Je vais quand même juste boucler un des sujets. Ma collègue a assez d'expérience pour savoir qu'on ne commentera pas le budget avant que le budget soit déposé, donc on fera ce qu'on a à faire. Donc, ce n'est pas une absence de réponse de ma part, mais ce n'est pas... puis j'ai eu l'occasion de parler beaucoup du budget dans ma première... dans mon premier cinq minutes et dans les autres blocs qu'on a faits sur l'état actuel. Ça fait que je vais me permettre peut-être d'aller sur les autres sujets qu'elle mentionne, parce qu'elle en a mentionné beaucoup, tous des sujets importants.

Pénurie de... Pénurie de main-d'œuvre d'enseignants. On travaille là-dessus. J'ai eu l'occasion de négocier des conventions collectives qui sont quand même costaudes, où on a mis la priorité sur les enseignants dans les deux dernières rondes de négociation, le personnel de soutien également, qui est fort important pour les équipes-écoles. Si on parle simplement des salaires, ce sont... ce sont les métiers qui ont eu le plus d'augmentation depuis 2018 dans la rémunération globale, là, je sais que, bon, on parle salaire, rémunération globale, mais je vais le dire, plus d'argent dans leur poche au final, mais l'argent ne règle pas tout. Et, au lendemain de tout ça, il faut quand même adresser les autres enjeux : Comment on retient nos jeunes enseignants 0-5 ans, comment on leur donne de l'aide, du support, comment on les recrute avec nos formations qui sont accélérées, comment on s'assure que notre réseau demeure un réseau professionnel, la formation continue? Elle sait qu'on agit sur ces sujets-là. On agit, mais je ne veux pas prendre mon cinq minutes à parler de ce sujet-là.

Elle a parlé aussi du rôle de l'école. Effectivement, pour moi, j'ai trois grands axes, hein? J'ai eu l'occasion de le dire, je pourrais le répéter dans l'allocution de fermeture, mais, pour moi, apaiser, stabiliser, pour moi, c'est bon, et recentrer le rôle de l'école. Au moment où on se parle, il y a un comité, justement, sur le rôle des écoles avec les différents partenaires qui est en place et qui discute, je veux que les partenaires se parlent, ce sont les mieux placés pour nous... pour discuter de ce sujet-là, et il y a un comité qui est en place particulièrement. J'ai parlé de rigueur, d'équité d'allocation des ressources, j'ai eu l'occasion d'en parler beaucoup, mais agir pour la réussite des élèves. Et je veux prendre un des...

Mme LeBel : ...pour moi, qu'elle a mentionnés, pas parce que les autres ne sont pas importants, prévention de la violence est fort importante pour moi, j'ai eu l'occasion d'en parler, mais le français, l'apprentissage de français, et l'écart avec nos garçons. Pour moi, renforcer le français dans les écoles est fort important, la culture, apprendre à lire, la lecture. J'ai eu, je l'ai dit, l'occasion d'avoir des parents pour qui l'éducation... mais la lecture était fort importante. J'ai... J'ai lu, depuis mon plus jeune âge, plusieurs types de bandes dessinées, d'articles et je sais fort bien qu'on ne peut pas parler de mes priorités sans parler de la priorité du français, à laquelle je suis très sensible. C'est un déterminant incontournable pour l'apprentissage de nos... de nos jeunes et la réussite éducative, particulièrement la lecture, la capacité de lecture. On a parlé dans le documentaire du décodage, mais c'est quelque chose qui... pour lequel j'étais déjà sensibilisée de par mon parcours personnel. J'ai incité mes enfants à lire dès leur... et quand... plus jeune âge, et, quand on les apprend à lire et à écrire, ils se donnent toutes les chances pour avoir un parcours réussi. Et on le voit, quand on met l'accent sur la lecture dès les premières années du primaire, bien, plus tard, dans la réussite en secondaire trois, en secondaire quatre, en secondaire cinq, ça se voit. Et, quand on met l'accent là-dessus, ça se voit.

Il y a une différence, en 2025, dans le taux d'épreuve ministérielle de français en secondaire cinq, entre les filles et les garçons, qui est quand même encore importante, même si on a réussi à agir sur cette différence-là. Et on observe que, malheureusement, les enfants sont peut-être moins accrochés, de par les méthodes actuelles, par la lecture dès leur plus jeune âge, et ça crée un écart qui se reflète dans le taux de diplomation. Notre collègue commune a eu l'occasion d'en parler dans le documentaire, et j'en suis. Et, pour moi, c'est important. Le nouveau de... programme de français qui est mis présentement à l'épreuve, je peux le dire, dans 55 écoles, est fort important. On a mis en place aussi, dès la première année du primaire, la question du dépistage. On veut travailler après ça sur la deuxième année du primaire. J'ai vu des écoles extraordinaires en Outaouais où on travaille sur... bon, j'oublie l'acronyme des CAP, aidez-moi...

Des voix : ...

Mme LeBel : ...les communautés... de pratiques, en tout cas, les enseignants se mettent ensemble pour travailler à tous les niveaux pour... avec des intervenants pour s'assurer que chaque élève qui progresse progresse avec les bons... les bonnes compétences, particulièrement en lecture, en écriture, parce qu'on voit que, quand on fait ce qu'on appelait le déboulage, ce qu'on veut cesser de faire et ce qu'on commence à cesser de faire comme pratique dans nos écoles, c'est-à-dire faire passer les enfants qui n'ont pas cette compétence-là, on ne les aide pas à court terme, on leur nuit.   Donc, oui, si on veut parler de priorité, pour moi, quand on parle d'agir sur l'axe de la réussite éducative, de voir à cette priorité-là et de mettre les balises pour qu'on aille dans la bonne direction dans la prochaine année, j'en suis.

La Présidente (Mme Bogemans) : La parole est maintenant à la députée de Lotbinière-Frontenac pour cinq minutes.

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Donc, avec tout ce qu'on a réalisé en éducation depuis 2018, la prochaine année s'annonce dans la continuité de tout ce que... de tout ce qu'on a entrepris depuis 2018, comme la ministre l'a dit. Il est donc pertinent de faire le tour de ce que nous avons fait en éducation.

Nous l'avons dit à maintes reprises, la sécurité de nos enfants est une priorité absolue, et c'est au cœur de toutes nos décisions. C'est pourquoi notre gouvernement a posé des gestes concrets pour répondre aux préoccupations exprimées par les élèves, les parents et le personnel scolaire.

Juste pour rappeler les faits, le 21 mars 2023, un mandat d'enquête général a été déclenché afin de faire toute la lumière sur les mécanismes de protection en milieu scolaire. Quelques mois plus tard, le 7 août, le rapport était déposé, puis, dès le 1er septembre 2023, notre gouvernement annonçait publiquement son intention de donner suite à chaque recommandation formulée. On n'a pas attendu. Dès ce moment-là, le ministre de l'Éducation s'est engagé à corriger les lacunes identifiées et à déposer rapidement un projet de loi. Après des consultations particulières, des auditions publiques tenues le 31... le 30 et 31 janvier 2024, le projet de loi n° 47 a été adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale le 9 avril 2024. Les premières dispositions sont entrées en vigueur dès le 1er septembre 2024, à temps pour la rentrée scolaire.

• (10 h 20) •

Ce projet de loi constitue un jalon majeur pour renforcer la sécurité de nos élèves dans toutes les écoles du Québec. Il crée un cadre plus clair, plus rigoureux et plus... et surtout plus humain. Les élèves victimes de violences à caractère sexuel...

Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) : ...au début dispose maintenant de recours accessibles, rapides et adaptés à leur réalité. Le projet de loi a prévu de nombreuses mesures pour contrer les représailles envers les personnes qui portent plainte ou qui signalent une inconduite. C'était crucial pour que chaque personne se sente confortable de dénoncer des actes qu'ils ont subis. Le projet de loi a également créé un comité d'enquête permanent et donne la possibilité au ministre de le saisir de toute situation.

Puis nous avons élargi les mesures de protection qui s'appliquent aux élèves handicapés et aux élèves mineurs. Ça nous... Ça nous permet de mieux protéger les membres les plus vulnérables de notre système d'éducation. Le ministre, à l'époque, avait dit, par rapport au P.L. 47 : « La priorité des priorités, c'est la sécurité de nos enfants. Avec cette loi, on fait le choix d'ajouter des mesures préventives musclées pour mieux les protéger. »

Notre gouvernement a aussi mis en place le Protecteur national de l'élève, un ombudsman centralisé et indépendant, qui assure un processus uniforme, transparent, efficace à travers le Québec, tant dans le réseau public que dans le réseau... privé. C'était une de nos promesses électorales et nous l'avons tenue. Le protecteur de l'élève... national de l'élève, c'est un moyen d'assurer le respect des droits des élèves, préscolaire, primaire, secondaire, dans les réseaux publics et privés, sans oublier les élèves qui reçoivent une formation à la maison. Le mot d'ordre, c'est : aucun enfant ne doit être laissé derrière.

Pour les élèves victimes de violence ou de gestes à caractère sexuel, une ligne d'aide 24 h sur 24, sept jours sur sept est désormais disponible. Les plaintes urgentes sont traitées sans délai et les élèves ne sont plus laissés à eux-mêmes. Enfin, nous accompagnons le réseau éducatif dans cette transition. Depuis janvier 2024, une formation spécifique sur la prévention et l'intervention en matière de violence, y compris les violences à caractère sexuel, est offerte à tout le personnel scolaire. À la rentrée 2024, une formation interactive sur les nouvelles obligations liées à la Loi sur le protecteur de l'élève a également été rendue disponible dans l'ensemble du réseau.

Nous avons agi avec détermination et responsabilité et le P.L. 47, ce n'est pas seulement une loi, c'est une promesse tenue envers les familles du Québec. C'est notre preuve que, lorsque la sécurité et le bien-être des élèves sont en jeu, notre gouvernement ne reste pas les bras croisés. Merci, Mme la Présidente.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. Nous allons maintenant débuter la sixième série d'interventions avec la députée de Bourassa-Sauvé pour une minute, 50.

Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente. Je viens d'entendre la députée nous dire qu'essentiellement, donc, dans la prochaine année, bien, on va être dans la continuité. Continuons, qu'ils disaient comme le slogan de la dernière campagne électorale. Bien, je pense qu'il y a bien des gens dans le réseau qui se disent : Nous, on n'est pas sûrs qu'on veut continuer dans cette même direction là. Est-ce qu'on va vraiment aller dans la continuité des compressions qu'on a vues au cours de la dernière année, celle de 670 millions qui ont eu lieu tout au long de la dernière année scolaire, mais aussi celles qu'on a vues, surprise, au cours du mois de juin? Est-ce qu'on va être dans la continuité du départ massif d'enseignants dans les cinq premières années, alors que le personnel est surchargé, alors que 52 % du personnel de soutien disent avoir vécu de la violence, alors qu'on vit avec de la... des enjeux de santé mentale et de détresse du personnel en ce moment? Est-ce que c'est dans cette continuité-là qu'on veut aller? Est-ce qu'on veut aller dans la continuité des projets qui sont mis sur pause? En ce moment, il y a 99 projets d'écoles qui sont dans le PQI, auxquels on a dit : OK, on vous a dit oui, mais là on est en train de vous dire non, inquiétez-vous pas, vous êtes toujours inscrits au PQI, mais vous ne saurez pas ni quand ni comment on vous donnera le feu vert pour vos projets.

Est-ce que, Mme la Présidente, on va être dans la continuité de l'improvisation budgétaire, dans la continuité de la non-rémunération des stages, dans la continuité de tout ce qu'on a vu, des défis avec le déficit d'entretien des infrastructures? On vient de vivre la pire rentrée scolaire des 15 dernières années. On ne peut pas blâmer la ministre de l'Éducation, elle vient d'arriver. Mais là, la prochaine rentrée scolaire, ce sera la vôtre, Mme la ministre. Qu'est-ce que vous allez faire pour vous assurer qu'on ne revivra pas la même rentrée scolaire?

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. Nous en sommes maintenant aux interventions de conclusion. Donc, Mme la ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.

Mme LeBel : Merci, Mme la Présidente. Donc, c'est...

Mme LeBel : ...ce sont mes conclusions. Je vais commencer par remercier mes collègues, là, pour cette occasion d'échanges sur l'éducation qui est, je le répète, là, puis je le réitère, de façon consensuelle, une priorité puis quelque chose qui tient à cœur de tout le monde. Moi, je veux revenir par contre à l'essentiel de ce que nous faisons. Ce que nous faisons, nous le faisons pour les élèves, pour leur avenir, pour leur réussite. Les échanges d'aujourd'hui démontrent à quel point les défis sont multiples. Chacun de mes collègues m'a interpelé dans son cinq minutes sur une liste de sujets qui sont tous aussi importants les uns que les autres, que ce soit, bon, la pression démographique qu'on a sur nos... notre réseau, la pénurie, la violence, la question de littératie, l'équité d'accès pour nos jeunes, l'école publique, la diplomation ou l'intégrité du cursus scolaire. Pour moi, c'est... ça démontre aussi, bien, que le Québec a avancé, qu'il progresse, mais ça démontre qu'il y a beaucoup de sujets fort importants dans lesquels il faut continuer de travailler. Donc, ce sont toutes des priorités, Mme la Présidente.

On a discuté aussi de la maîtrise du français. Les écarts entre les garçons et les filles ne sont pas nouveaux, mais ils ne se résorbent pas non plus en un seul geste. Mais il faut, il faut adresser cette question. On a posé les bases d'une transformation qui est durable, là, avec un nouveau programme de français, Mme la Présidente, des outils de pistage, j'ai eu l'occasion de le mentionner, du financement pour les livres et du soutien pédagogique dans la nouvelle programme... pas la nouvelle, le nouveau programme de français. Peut-être que je devrais revenir moi-même à mes bases. Le nouveau programme de français prône la lecture au quotidien. Ça va non seulement aider tous les élèves, mais ça va bénéficier aux garçons, Mme la Présidente. Du soutien pédagogique, des partenariats solides pour accompagner les élèves individuellement avec nos organismes communautaires, le tutorat à titre d'exemple. Aider nos parents aussi, parce que c'est l'affaire d'une communauté. Et les résultats ne seront pas instantanés, mais ils seront durables, on l'espère, parce qu'on travaille sur la racine du problème, pas juste sur les symptômes. Et pour moi, la lecture n'est pas un accessoire, c'est le moteur de la diplomation. J'ai eu la chance d'avoir des parents qui ont poussé la lecture. J'ai poussé la lecture chez mes enfants et je dois dire que ça s'est répercuté dans leurs résultats, et dans nos résultats, et dans leurs résultats.

On a aussi parlé de la violence. Malheureusement, c'est un sujet qui est très présent, dont on parle beaucoup trop. On en parle beaucoup trop, pas parce qu'il faut... Pas parce que je suis tanné d'en parler, mais parce qu'il est trop présent. Et j'aimerais qu'on cesse d'en parler parce qu'il est moins présent. Mais c'est un sujet qui me touche beaucoup, très profondément. Ça aussi, c'est une priorité pour moi, travailler sur cet aspect. Quand un jeune ne se sent pas en sécurité, Mme la Présidente, ce n'est pas un... Ce n'est pas seulement son apprentissage qui en souffre, c'est sa confiance, son identité par rapport aux autres. Et quand un membre du personnel également, on en a parlé, est victime de violence, c'est l'ensemble de la communauté éducative qui vacille. On en est fort conscient. Mais on a les outils. Il faut continuer à les faire déployer, les faire atterrir de façon adéquate, continuer à écouter pour les transformer, les adapter. On a mis la loi n° 47, les plans obligatoires, le protocole, les équipes d'intervention, les investissements massifs dans le service aux élèves. Il faut continuer à faire atterrir ça, Mme la Présidente. Les outils sont là, mais il faut comme... Il faut les peaufiner. Je crois beaucoup à la prévention. Il faut travailler sur la prévention. Je veux que ce soit très clair, je ne tolérerai jamais que la violence soit banalisée ou relativisée dans nos écoles. On va continuer à améliorer les mécanismes. Il faut travailler sur ces mécanismes-là.

La pénurie demeure également un défi. Je veux en parler. Je n'ai pas eu l'occasion d'en parler aussi abondamment que je le voudrais, parce qu'il y a beaucoup de sujets, je l'ai dit. Ça paraît long, deux heures, mais c'est très court, une interpellation, et c'est difficile de s'étendre sur un sujet en particulier, même si j'aurais eu envie de le faire. Et des fois, j'ai envie de répondre à tout en même temps, ce qui n'est pas pour essayer de le faire. Donc, ce n'est pas parce que je n'ai pas abordé le sujet, Mme la Présidente, dans l'interpellation qui a été soulevée par mes collègues, que ce sujet-là ne me préoccupe pas, je veux le dire haut et fort, mais la pénurie demeure un défi. On a fait des gains importants, on a augmenté les salaires, on a mis des programmes accélérés, on a fait du recrutement international, du mentorat renforcé, de la formation continue, le guichet brevet. On a mis des plans d'action en développement avec les syndicats et les directions générales. Ce ce chantier demande de la constance, et on va maintenir cette constance-là. On a aussi, je le disais, le comité sur le rôle de l'école qui va pouvoir indirectement aider sur ce sujet-là. On en parle beaucoup et on le fait avec les syndicats, avec tous les partenaires du réseau.

• (10 h 30) •

Donc, ce n'est pas un enjeu unique. Ce n'est pas un enjeu avec une solution unique. Aucun des enjeux de l'éducation n'ont une solution unique, que ce soit le français, la lecture, la pénurie de main-d'œuvre, la... voyons, la violence dans les écoles. Aucun des enjeux n'a une solution unique. Il faut maintenant travailler là-dessus. On a discuté un peu moins dans ce débat, mon collègue de Matane-Matapédia y a fait référence, peut-être les autres...


 
 

10 h 30 (version non révisée)

Mme LeBel : ...je m'excuse si ça se... ça se mêle dans mon esprit. Mais on a parlé d'école à trois... à plusieurs vitesses. Moi, pour moi, le réseau est diversifié. Puis, pour moi, c'est un choix collectif qu'on doit maintenir, mais ce qui ne veut pas dire... il faut... et ce qui ne veut pas dire que la priorité, pour moi, est de travailler... n'est pas de travailler sur l'école publique, renforcer l'école publique. On a un réseau qu'on a choisi collectivement. Les gouvernements précédents, au fil des années, ont choisi collectivement de maintenir, et incluant le gouvernement du Parti québécois. Je le comprends, pourquoi, parce que moi, je pense qu'on doit le maintenir, mais il ne doit pas se faire au détriment de l'école publique, et c'est là-dessus qu'il faut travailler. C'est pour ça qu'on a travaillé sur des projets particuliers, mais il faut qu'ils soient inclusifs, ces projets particuliers là. C'est au milieu, encore là, aux directions générales, aux directions d'écoles, de choisir ce qui est le mieux adapté pour leur réseau. Et ça fonctionne, Mme la Présidente, mais, oui, s'il y a des effets peut-être non désirés sur ces projets particuliers là, c'est là-dessus qu'on doit être... qu'on doit travailler. Je vais reprendre un vieux... une vieille.. un vieux dicton. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est-à-dire que, oui, s'il y a des difficultés, on est là pour ça, aider les différents centres de services scolaires. Mais, pour moi, c'est important, ces projets particuliers là. Il ne faut pas tout jeter non plus l'école privée. Il faut travailler sur ça, et, pour moi, c'est complémentaire.

Nos écoles ont besoin de stabilité, Mme la Présidente, de prévisibilité, de cohérence. On doit écouter les partenaires. C'est pour ça que, dans mes premiers 60 jours, bien, moi, j'ai passé beaucoup de temps à faire le tour des centres de services scolaires. J'en ai rencontré plusieurs, j'ai rencontré des centres de services scolaires innovants, performants qui... Même dans le contexte budgétaire actuel, et, quand je parle du contexte budgétaire actuel, je parle du fait que, malgré le fait que le gouvernement a augmenté de plus de 58 %... de près de 60 %, pardon, 58 % les budgets des écoles et presque triplé le budget des infrastructures dans les dernières années, les besoins ont augmenté de façon majeure : 100 000 élèves de plus à scolariser qui n'étaient pas prévus dans nos résultats démographiques. Et ce contexte budgétaire là, c'est celui-là, Mme la Présidente, auquel je fais référence. Bien, j'ai rencontré plusieurs... Et il y a des gens innovants, des gens qui sont engagés sur le terrain partout dans nos centres de services scolaires, et c'est ces gens-là avec lesquels il faut travailler, et c'est ces gens-là avec qui je veux travailler dans la même direction.

C'est pour ça, moi, que j'ai... quand je dis que je n'ai pas... je n'ai... ce n'est pas que je n'ai pas de priorité, c'est que les priorités qui ont été mises de l'avant par notre gouvernement, c'est maintenant le temps de les faire atterrir, Mme la Présidente. Et c'est ça ma priorité : travailler avec les gens du milieu, travailler à aplanir les irritants et faire atterrir ce que nous avons mis de l'avant. Parce que notre gouvernement a fait beaucoup de choses dans les dernières années, depuis 2018, et moi, ma tâche et ma priorité, c'est de faire en sorte que tout ça atterrisse pour le bien de notre réussite éducative, les conventions collectives, le plus grand PQI, les investissements dans nos écoles. C'est important.

On a posé des jalons solides : une meilleure maîtrise du français, une lutte résolue contre la violence, Mme la Présidente, un parcours scolaire cohérent, des équipes-écoles mieux soutenues, qu'on veut continuer à soutenir, un réseau plus équitable, diversifié, une diplomation qui reflète des apprentissages réels. Je ne veux pas réinventer la roue. Les solutions, on les connaît, le terrain nous les donne et nous les met de l'avant. La solution facile qu'on met de l'avant, c'est toujours plus d'argent, plus d'argent. On a mis plus d'argent. Maintenant, il faut travailler à faire en sorte que ces dollars-là sont efficaces. Et, je m'excuse, il y a encore de l'espace avec nos centres de services scolaires, malgré que j'ai rencontré, je vous disais, dans mes rencontres, des gens extraordinaires, et c'est à eux de faire les choix. C'est pour ça que je vous parlais de mes trois axes, Mme la Présidente, et... donc : apaiser, aplanir, écouter, travailler pour la réussite éducative, pousser le programme de français.

On m'a parlé beaucoup de l'évaluation sur le terrain, on parlait des trois bulletins. C'est important pour les parents d'avoir une meilleure évaluation, de connaître la progression de leurs enfants. Les enseignants me parlent de la lourdeur de ces évaluations-là, du fait qu'on peut peut-être le faire autrement. Je dois tenir compte des deux réalités, et je veux qu'on en discute, qu'on regarde comment on peut avancer.

Moi, je veux remercier tout le monde pour cet échange-là dans le peu de temps qu'il me reste, Mme la Présidente. Et je réaffirme mon engagement à continuer à faire ce travail-là avec tous les partenaires, y compris mes partenaires de l'opposition, pour faire avancer le réseau. Parce qu'au bout du compte l'éducation, ce n'est pas un... ce n'est pas juste un service public, Mme la Présidente, c'est le fondement de notre avenir collectif, et on doit le faire pour nos enfants et pour toute la société ensemble.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci, Mme la ministre. La parole est maintenant au député de Matane-Matapédia...

La Présidente (Mme Bogemans) : ...pour 10 minutes.

M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente. Que retenir de nos échanges? La question que le Parti québécois adresse au gouvernement, c'est quelles sont les priorités de la CAQ pour le reste du mandat? C'était la question. C'est le choix qu'on a fait d'interpeler le gouvernement sur l'éducation. Force est de constater que la ministre fait siennes les priorités de son prédécesseur. Donc, lorsque viendra le temps d'évaluer la Coalition avenir Québec, en termes d'éducation, ça sera un tout qui inclura ses deux prédécesseurs et l'ensemble de l'oeuvre.

La ministre fait quand même à deux reprises une admission étonnante ou préoccupante, c'est selon, elle indique qu'elle doit, et je cite, « stabiliser et apaiser le réseau de l'éducation ». Qu'est-ce qui fait en sorte que le réseau doit être apaisé et stabilisé? Est-ce l'état du réseau que lui laisse son prédécesseur? Ce n'est pas rien. Est-ce pour cette raison que le premier ministre a choisi de changer le ministre de l'Éducation, alors qu'il conserve le ministre de la Santé puis le ministre de l'Économie? Je connais le député de Lévis depuis un certain nombre d'années. Je suis assez convaincu que ce n'est pas lui qui a demandé d'aller en Environnement, OK? Quoique je peux me tromper, j'ai déjà pensé qu'il était indépendantiste sincère aussi. Je peux me tromper. Ceci étant dit, il a changé d'étage au 16e, mais la CAQ sera marquée et tous ceux qui auront contribué pendant huit ans aux résultats.

La ministre nous indique : Il faut faire atterrir les chantiers. Ce n'est pas prématuré. C'est la huitième année. Donc, je prends note de tout ça. Que retenir de nos échanges? Je reviens sur les thèmes qui ont été évoqués. D'abord, le financement. Juillet 2024, coupures de 400 millions dans les écoles publiques pour les travaux, 570 millions en juin 2025. Je cherche toujours la réponse. Mais pourquoi c'est arrivé? Ça a déstabilisé le réseau. Et je vais poser une question très simple à la ministre, et elle aura d'autres occasions d'y répondre. Aujourd'hui, s'il n'y a pas eu de coupures, au minimum, il manque 30 millions. Puis il y a des conditions. Est-ce qu'il y a plus d'enfants en difficulté qui ont des ressources, autant d'enfants ou moins d'enfants? Et, si c'est moins, écrivez-moi, je vais diffuser vos histoires. Moi, je pense que c'est moins. Donc, si ça n'a pas d'impact, on va être capable de le mesurer. Moi, je pense qu'il y a moins d'enfants en difficulté qui ont des ressources en septembre 2025 qu'il y en avait en juin 2025.

Au-delà des débats des chiffres, ce qui importe, c'est : Est-ce que les gens qui ont besoin de services en ont? Ça, c'est qualitatif et c'est important de faire cette analyse-là. Les priorités, j'en ai parlé tout à l'heure. Moi, j'analyse la CAQ sur huit ans. Leur priorité, celle du premier ministre, il était prêt à démissionner là-dessus. Tu sais, quand il sort de son texte, on en apprend des bonnes, maternelles quatre ans. C'est quoi, le coût? Je l'ai demandé trois fois aujourd'hui. J'espère qu'on me dira c'est combien la classe. C'est passé de 120 000 $, la prévision de la CAQ à 800 00 $, 900 000 $, c'est combien en 2025? J'attends la réponse.

Les priorités. On pourrait parler de la taxe scolaire. C'est un choix qu'ils ont fait de se libérer un espace de financement pour l'éducation. Au moins, la seule chose positive avec l'opération de juin dernier, ratée, c'est la mobilisation, 160 000 pétitionnaires en plein été qui disent : Non, non, non, ne touchez pas à l'éducation. On a bien compris ce que vous faites, c'est non. Je suis assez fier de ça et je remercie l'ensemble des pétitionnaires et des gens qui ont à cœur l'éducation.

La question du système d'éducation, qui est inéquitable, on a un comité de sages au Parti québécois qui remettra ses travaux incessamment. On a un comité d'affinité qui réfléchit à ces questions-là avec des gens de toute expérience en éducation. On arrive tous à la même conclusion : les plus pauvres, ils n'en ont pas, de choix, ils n'ont pas le même accès à la réussite que les autres. Et là on est dans une période de salon du livre, vous me permettrez d'en montrer un. Le livre Séparés, mais égaux de Christophe Allaire Sévigny, la ministre l'a reçu à son cabinet. Dans Séparés, mais égaux, Christophe Allaire Sévigny enquête sur un système d'éducation, qui, sous couvert de la liberté de choix, a glissé vers une forme moderne de ségrégation sociale. Les élèves québécois font aujourd'hui l'expérience d'une école à trois vitesses qui les discriminent en fonction des moyens économiques et du bagage culturel de leurs parents. L'école pour tous a disparu. Mêmes propos que Guy Rocher. Tout le monde se fendait d'un hommage à Guy Rocher, au gouvernement, quand il est décédé. Comment lui rendre hommage? Honorer sa pensée, ses réflexions, ses solutions. Ça, c'est une belle façon de rendre hommage à quelqu'un.

• (10 h 40) •

Nous tiendrons, si la population nous fait confiance, les états généraux sur l'éducation, dignes des travaux de la commission Parent, je l'espère, pour réfléchir à toutes ces questions et surtout agir. La violence à l'école, c'est manifestement...

M. Bérubé : ...pas assez. Je les ai rencontrés, les représentants du personnel de soutien, je les ai, les témoignages des gens dans ma circonscription, ce n'est pas assez, et je pense qu'il y a un lien avec les nombreux départs de la profession. Au prédécesseur de la ministre, j'ai posé la question : Faites-vous des entretiens lorsque les gens quittent? La réponse : Non. Allez-vous en faire? Oui. C'est quoi, les... c'est quoi, les raisons? Est-ce qu'on a des statistiques? Je ne veux pas de noms, je veux les raisons. Est-ce que la violence en fait partie, quelle qu'elle soit, la violence verbale, la violence physique? Moi, j'aimerais ça le savoir parce qu'on collecte des données, mais ça donne quoi? Je pense qu'il faudrait communiquer ça aux parlementaires. Je suis assez convaincu de ça. Et c'est quoi, l'état de... du nombre d'enseignants et d'enseignantes qui quittent le réseau et le professionnel?

Je veux dire, il y a un certain nombre d'années, le premier ministre de l'Éducation de la CAQ, le député de Chambly, disait : Les... l'augmentation des inscriptions en faculté d'enseignement augmente, c'est grâce à moi. Je ne sais pas qui va prendre le blâme sur le fait que les gens sortent à pleine porte, là, mais il va falloir que quelqu'un réponde à la même exigence. Les gens quittent, ils ne sont pas rassurés de la dernière négo tant que ça, là, qu'il y allait avoir de l'aide à la classe puis ça... Non, ils quittent. C'est la pire des... la pire des décisions, mais les gens ne sont plus capables puis je les comprends. Alors comment on fait pour les retenir, pour encadrer, pour aider, pour faire face à la composition de la classe qui est si complexe? J'espère avoir des statistiques là-dessus.

La vétusté des écoles, il va falloir y faire face. Il y a eu des compressions. Le parc immobilier dépérit. C'est quoi, notre plan pour faire face à des écoles qui ont 70, 75 ans dans bien des cas, des écoles préfabriquées, là où il y a de la demande? D'ailleurs, j'aimerais avoir la statistique à jour sur combien d'écoles supplémentaires on a besoin pour faire face aux défis que représente l'immigration. C'est un défi. Le ministre précédent avait indiqué : C'est tant d'écoles. On est à combien aujourd'hui? J'aimerais ça le savoir. Moi, il y a des groupes communautaires qui me disent : Moi, je n'ai pas de ressources pour aider davantage puis j'aimerais ça qu'un parti nous entende. On est là.

La question des maternelles, quatre ans, quel est l'état du réseau? Est-ce que tout est arrêté? Est-ce qu'on veut continuer? Est-ce qu'on va aller dans certains milieux, comme c'était prévu à l'origine, dans les milieux défavorisés? Je ne sais pas, mais j'aimerais le savoir.

Les stages, troisième fois que j'en parle, les stages en enseignement, stages longs, pourquoi on ne rémunère pas ça au ministère? On a de l'argent pour enseigner les profs qu'il manque. Bien, on a la même argent pour engager... en fait, pour rémunérer les stagiaires en enseignement au secondaire, au primaire ou en adaptation scolaire et sociale. Je veux dire, faisons ça. La CAQ a voté une motion du Parti québécois en disant : On est d'accord avec le concept. Faisons ça. Moi, je pense que c'est important de le faire.

Ensuite... J'aurais tellement d'autres sujets. J'ai parlé des écoles religieuses tout à l'heure et j'espère que la ministre loge à un autre endroit que son prédécesseur, qui s'accommodait bien de ça, tout comme l'école privée, d'ailleurs, il n'a pas de problème avec ça. L'école religieuse, c'est un enjeu dans une société laïque. Si on est sérieux, puis je sais que le gouvernement veut revenir avec d'autres mesures en matière de laïcité, je suggère à la ministre de proposer une mesure manquante, qui est celle du financement des écoles religieuses. On est capables de les définir. Et si le projet religieux et des actes religieux explicites sont au cœur du projet éducatif, pourquoi on financerait ça? La foi, ça s'exerce où? Dans les lieux de culte, les centres communautaires réservés à cette fin, sa résidence puis intérieurement. C'est là que ça se vit, la foi. La liberté de conscience, c'est pour tout le monde. Si vous voulez avoir une école dite religieuse puis même si vous ne le dites pas, elle en a toute l'apparence, vous allez financer l'affaire. On n'a pas à payer pour ça. Ça s'appelle la liberté de conscience et je pense que c'est ça, la véritable laïcité.

Je continuerais en disant que le style est évidemment différent, de la ministre et de son prédécesseur, on en conviendra, et ses équipes me regardent d'un air en voulant dire : On le sait bien. Nous aussi. J'ai confiance que la ministre va aller à l'essentiel. Et j'aimerais qu'elle... à l'occasion, qu'elle puisse échanger avec nous en disant : Je m'enligne là-dessus. Avez-vous envie d'embarquer? On l'a bien fait avec la commission sur les écrans. C'est une belle réussite. Moi, je suis heureux d'avoir contribué à ça. Une question que j'ai posée au crédit, un vidéo du chef du Parti québécois, un grand débat lancé, c'est réglé. Tout ça en un an. On peut-tu prendre un autre chantier? Moi, je suis prêt à contribuer. Pour le temps qu'il nous reste, on est capables d'avancer pas mal, le temps qu'il nous reste pour cette interpellation et le temps qu'il reste à ce gouvernement, et je souhaite ce qu'il y a de mieux pour les enfants. Donc, d'ici la fin du mandat, ce que je souhaite, c'est des réussites pour les enfants, c'est mon engagement au nom du Parti québécois. Merci.

La Présidente (Mme Bogemans) : Merci. Compte tenu de l'heure, je lève la séance. La commission ayant... pardon, accompli son mandat, je suspends les travaux jusqu'à 11 heures, où elle entreprendra un nouveau mandat. Merci.

(Fin de la séance à 10 h 45)


 
 

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