Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
43e législature, 2e session
(début : 30 septembre 2025)
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Le
mercredi 12 novembre 2025
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Vol. 48 N° 11
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 108, Loi modifiant la Loi sur la Société de développement des entreprises culturelles afin de moderniser son offre de services financiers et de reconnaître le domaine de la créativité numérique
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-six)
La Présidente (Mme Bogemans) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la
culture et de l'éducation ouverte. Donc, aujourd'hui, la Commission est réunie
afin de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques du projet
de loi n° 108, Loi modifiant la Loi sur la Société de développement des
entreprises culturelles afin de moderniser son offre de services financiers et
de reconnaître le domaine de la créativité numérique. M. le secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente, Mme Caron (La Pinière) remplace M. Fortin (Pontiac).
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci.
Ce matin, nous entendrons des personnes et des représentants des organismes
suivants, soit le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec et le
Bureau du cinéma et de la télévision du Québec. Je souhaite donc la bienvenue
au Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec qui sont ici avec nous
aujourd'hui. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire
votre présentation. Par la suite, il y aura un échange avec les membres de la
commission. Donc, vous pouvez commencer dès maintenant.
M. Lord (Éric) : Bonjour.
Merci. Donc, M. le ministre, Mme... les députés. Mon nom est Éric Lord je suis
directeur général du Réseau Culture 360, qui regroupe les conseils de la
culture du Québec.
Mme Martineau (Julie) : Bonjour,
je suis la coprésidente de ce Réseau Culture 360, donc, qui est notre nom
depuis un an, donc, et je suis également directrice générale de Culture
Outaouais.
Donc je vais commencer par... je vais
débuter en vous présentant qu'est ce qu'est notre réseau. Donc, je pense que c'est
important pour comprendre aussi nos recommandations, donc comprendre qui on
est. Donc, on l'a mentionné, on regroupe 15 conseils régionaux de la
culture du Québec depuis près de 50 ans, donc bientôt on va célébrer les
50 ans de nos conseils. Pour certains, on joue un rôle essentiel dans le
développement culturel des régions en agissant comme un interlocuteur
privilégié auprès des instances gouvernementales et locales. La mission de
notre réseau est donc de nous concerter tous les conseils de la culture, de
représenter et d'appuyer les CRC dans notre quotidien afin de favoriser la
vitalité artistique et culturelle sur l'ensemble du territoire québécois. Donc,
d'où le nom 360, donc on est tous secteurs et tout le territoire, donc partout,
la culture. En synergie avec ses membres, on agit comme acteur clé de l'écosystème
culturel, œuvrant pour une culture juste, durable et accessible. Le réseau, on
se distingue par notre capacité à mobiliser les milieux culturels et à s'adapter
aux enjeux régionaux et apporter une voix forte dans l'espace public. Au
quotidien, aussi, on soutient des initiatives structurantes comme l'entrepreneuriat
artistique, la découvrabilité des contenus francophones et le financement
culturel équitable, tout en renforçant la présence médiatique et la visibilité
des régions.
Dans le cadre du projet de loi, on
trouvait important de rappeler la mission de la SODEC et mettre l'accent sur
certains termes qu'on trouve importants. Donc, depuis 30 ans, donc, la
SODEC a comme mission de promouvoir et soutenir dans toutes les régions du
Québec, l'implantation et le développement des entreprises culturelles. Donc,
pour nous, c'est sûr que le mot, dans toutes les régions fait fait écho à nos
recommandations qu'on va vous présenter aujourd'hui, et aussi le mot
implantation qui est aussi important. Donc, oui, le développement, mais aussi
comment on peut travailler à l'implantation de ces entreprises-là. Donc, pour
nous, cette mission-là est encore...
Mme Martineau (Julie) : ...d'actualité,
puis on voit une occasion de la réaffirmer comme je disais avec ses mots :
dans toutes les régions et l'implantation.
M. Lord (Éric) : Merci
beaucoup, Julie. Donc, d'emblée, je voudrais vous mentionner qu'on accueille
favorablement les modifications au projet... à la loi sur la SODEC, notamment
avec l'intégration de la créativité numérique, un secteur dans lequel on a été
actif comme réseau, en supportant notamment une étude pour un regroupement pour
la créativité numérique qui était piloté par Culture Montréal, un de nos
membres. Puis, donc, puis on a été aussi impliqué dans le comité du ministre de
la Culture au niveau de la créativité numérique. Donc, on voit ça... que cette
adaptation aux changements de notre milieu, que ce qui se reflète maintenant
dans la loi, on voit ça d'un très bon œil.
• (11 h 40) •
La modernisation de la loi de la SODEC
nous amène, par contre, nous, tout à fait ailleurs, puis on a d'autres
préoccupations qu'on voudrait vous partager aujourd'hui. Vous savez, c'est bien
connu, la SODEC, il y a une polarisation importante des fonds de la SODEC sur
une région, celle de Montréal, donc actuellement on parle de 75 % des
montants de subvention de la SODEC qui converge vers cette région-là. Et c'est
une situation, nous, qu'on a... pour laquelle on a fait des représentations
depuis une quinzaine d'années. On a, au départ, on a rencontré la SODEC, il y a
15 ans, puis on nous a clairement fait savoir qu'il n'y avait pas d'intérêt de
la part de la SODEC à travailler à faire du développement régional, on a par la
suite travaillé avec Gilles Corbeil et Isabelle Melançon qui étaient les
dirigeants de la SODEC à l'époque, puis on les a invités à faire une tournée du
Québec pour voir les réalités des entreprises culturelles sur l'ensemble du
territoire, puis, au terme de cette tournée-là, la SODEC a intégré des données
sur ces investissements en région dans son rapport annuel et aussi s'est engagé
pour modifier ou adapter les programmes en fonction des réalités territoriales.
Par contre, cette réalité-là a été assez
éphémère, puis lorsque ces dirigeants-là ont quitté, bien il a fallu
recommencer. Ensuite, on a fait des représentations très actives dans le cadre
de l'actualisation de la politique culturelle du Québec. Puis, lorsque le
ministre Fortin s'est promené à travers le Québec, on a rappelé au ministre
qu'on avait un souhait que la SODEC soit plus présente dans les régions,
qu'elle vienne soutenir et implanter des entreprises culturelles sur l'ensemble
du territoire. Malgré toute cette bonne volonté là, on constate encore
aujourd'hui qu'il y a une polarisation importante des fonds sur la région de
Montréal. Puis, ce qui fait en sorte qu'il y a des régions comme le
Bas-Saint-Laurent qui se retrouvent avec 0,8 % de l'investissement de la
SODEC, la Côte-Nord à 0,37 %, les Îles de la Madeleine à 0,28 % et le
cas de l'Outaouais est quand même intéressant 0,32 %, malgré que
l'Assemblée nationale a fait une résolution unanime pour dénoncer le
sous-financement de la région de l'Outaouais.
Donc on constate qu'il y a une volonté de
corriger le tir, mais on constate aussi que dans la réalité, ça tarde à suivre.
Puis c'est pour ça que... pour nous, c'est important maintenant qu'au-delà de
la volonté des individus, on veut que ce soit inscrit dans la loi que la SODEC
ait des obligations ou des préoccupations à l'égard des régions. Cette bonne
volonté là, aussi, on l'a constaté dans la dernière planification stratégique
de la SODEC, dans laquelle, pour une première fois, il y avait des objectifs
d'intervention dans les régions. Dans la SODEC a établie à 33 % le nombre
d'intervention qu'elle voulait... le pourcentage d'interventions qu'elles
voulaient avoir dans les régions. Puis, pour une première fois l'an dernier,
cet objectif-là a été atteint. Donc on constate quand même une volonté, on
constate une progression, mais qui est quand même insuffisante par rapport à
l'écart historique. Cet écart-là, bien évidemment, fait en sorte qu'il y a des
régions qui ont moins de capacité d'avoir une vie culturelle riche et
dynamique.
Donc l'arrivée de la créativité numérique
nous fait craindre qu'il y ait une polarisation encore plus grande, par contre.
Donc, dans l'étude qu'on a menée en 2022 avec Habo et Culture Montréal, on
avait, l'étude démontrait qu'il y avait 82 % des entreprises en créativité
numérique qui étaient sur l'île de Montréal. Donc, c'est sûr que si on continue
dans cette logique-là, bien c'est sûr qu'il va y avoir une polarisation encore
plus grande des fonds publics sur l'île de Montréal. Puis, nous, ce qu'on veut,
évidemment, c'est d'avoir... ce n'est pas de déshabiller Montréal, mais c'est
d'avoir une vie culturelle riche et dynamique sur l'ensemble du territoire.
Puis on a cette vision-là que pour les citoyens du Québec, on a besoin d'avoir
des...
M. Lord (Éric) : ...entreprises
culturelles partout sur le territoire solide. Donc, voilà, je vais laisser
Julie vous présenter nos propositions.
Mme Martineau (Julie) : Donc,
face à ces constats-là, on constate, on vous l'a mentionné, on trouve qu'on est
aussi sur la bonne voie. Et dans cet esprit-là, bien, on souhaite des mesures
structurantes qui vont, dans l'enlignement, on veut réformer la gouvernance de
la SODEC tout en gardant l'indépendance de celle-ci.
Donc, plus précisément, on propose de
modifier l'article 5 pour nommer au moins un membre ou une membre du conseil
d'administration représentant les régions. Je lisais que l'UDA demandait des
artistes, donc peut-être qu'on pourrait même conjoindre nos intérêts ensemble.
Donc, hier, en commission, l'UDA demandait ceci, donc modifier l'article 24
pour permettre à la SODEC de conclure des ententes avec les instances
régionales, comme elle le fait à l'international. Donc, on voit, c'est déjà
quelque chose qui est présent, pourquoi ne pas le modifier pour qu'on le fasse
avec les instances régionales? On le voit avec le CALQ, c'est à peu près 4
millions annuellement, une vingtaine d'ententes de partenariat territorial avec
130 partenaires financiers. Donc, on voit que les ententes sont des leviers
financiers.
Puis je vous dirais que je sens qu'il y a
un appétit aussi. Donc, je vais vous donner l'exemple. Donc, je disais que je
suis l'Outaouais à Gatineau, dans sa politique culturelle. Il y a un axe... la
SODEC est nommée comme un partenaire, donc je me dis, bien, même au sein des
municipalités, il y a un appétit, donc pourquoi ne pas saisir cette
opportunité-là? Donc, avec l'article 24.
Aussi, modifier l'article 28, donc, pour
créer une commission dédiée aux régions. Donc, dans son rapport de gestion, son
dernier rapport, la SODEC, mentionnait son engagement pour maintenir et
stabiliser la présence d'entreprises fortes et dynamiques dans toutes les
régions du Québec. Et elle évoquait aussi qu'elle n'évolue pas au même rythme,
donc... et les besoins sont différents d'une région à l'autre. Donc, pour nous,
la création de la commission permet d'avoir un espace de réflexion pour
travailler de façon structurante, faire un réel diagnostic de tout ça et
d'adopter des pistes d'adaptation aux besoins de toutes les régions.
Donc, pour nous, cette ouverture-là, puis
aussi dans le dossier de la créativité numérique, bien, ça l'offre aussi de
réfléchir à cette complémentarité-là. Donc, est-ce que ça pourrait être à
travers la commission des régions? Donc, avec l'émergence, on pourrait
peut-être créer des pôles aussi dans certaines régions en...
Je termine en disant que, pour nous, ces
recommandations-là pour la modernisation de la loi de la SODEC représentent une
occasion unique à instaurer une approche plus équilibrée et inclusive,
favorisant, comme je vous disais, et ça rejoint notre mission, la vitalité
culturelle dans l'ensemble des régions du Québec. Merci.
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci beaucoup. Nous procédons maintenant à la période d'échange avec le
gouvernement. Vous disposez de 12 minutes 30.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous deux pour vous être déplacés. Mme la
Présidente, c'est toujours intéressant d'avoir des gens de l'Outaouais, de
Gatineau, en plus de ça, donc, qui viennent nous parler de notre réalité
régionale, donc où on a des défis, justement, en Outaouais. Donc, merci, merci
d'être là à tous les deux.
Je vais... je vais tout de suite rebondir
sur les investissements en région. Je serais curieux de vous entendre, parce
que vous nous dites : On doit investir davantage en région. Vous amenez
des données qui sont éloquentes, d'ailleurs, à cet effet-là. Puis d'ailleurs,
je pense aussi que dans les régions qui sont sous-représentées, il doit y avoir
un travail qui est fait, là, parce que parfois les organisations qui sont dans
les régions moins bien représentées manquent de moyens, ce manque de moyens là
fait que c'est plus difficile de déposer, de performer, d'avoir des bons
dossiers, donc il y a tout cet aspect-là.
Mais si j'y vais un petit peu plus, je
prends un peu plus de hauteur sur cette discussion-là, vous avez parlé du plan
stratégique de la SODEC où la cible a été atteinte quand même, là. On
dit : On veut qu'un tiers des investissements soit fait dans les régions,
33 %. L'année 2 du plan stratégique, ça a été atteint. Donc, j'aimerais
voir avec vous, quand on parle de religion, on parle hors Montréal, hors du
Grand Montréal en fait, donc, j'aimerais voir avec vous quelle est votre
lecture de ça, parce que là vous nous dites : On doit investir plus en
région, donc vous voulez qu'on augmente le 33 %? Quelle est votre lecture?
Quelle est votre proposition? Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Lord (Éric) : Bien, pour
nous, c'est comme une cible qui était minimale, là, donc, pour atteindre ce
33 % d'investissements-là, de nombre d'interventions, mais ce chiffre-là
de 33 %, il masque quand même la réalité qui fait que les projets soutenus
dans la région de Montréal polarisent beaucoup plus de ressources financières
que les projets soutenus dans les régions. Donc, je pourrais prendre un
exemple, le secteur des métiers d'art, tous les salons métiers d'art et les
boutiques métiers d'art à travers le Québec dans les régions, souffrent d'un
sous financement important et puis sont à l'étape, là, de...
M. Lord (Éric) : ...ces
organismes-là vivotent. Donc, nous, ce qu'on voit, c'est que, oui, il y a eu
une intervention pour le secteur métiers d'art dans une région X, Y. Mais cette
intervention-là n'était pas suffisante pour assurer une viabilité et une
compétitivité, puis donner une plateforme solide de commercialisation
collective, là, pour les artisans. Donc c'est ça, donc on constate la volonté
est là, le nombre d'interventions est là, mais maintenant il faudrait que ça
soit des interventions qui soient beaucoup plus costaudes pour permettre
justement le développement des entreprises et le rayonnement puis le
rayonnement de nos artisans dans le cas présent.
M. Lacombe : Mais, donc,
mais, concrètement, si vous étiez PDG de la SODEC, qu'est-ce que vous mettriez
comme indicateur, comme cible, pour que je comprenne bien?
• (11 h 50) •
M. Lord (Éric) : Bien, je
pense qu'on pourrait aussi avoir un indicateur non seulement d'intervention,
mais un indicateur d'investissement absolu, donc en termes d'argent. Donc, à ce
moment-là, on pourrait se donner, tu sais, comme là on disait, on est à
75 % à Montréal, 25 % sur le reste du Québec. Si on avait, mettons,
un 30 % ou un 35 % à l'extérieur de Montréal en termes d'argent, bien
là, c'est sûr qu'on ferait un pas en avant. Mais, évidemment, on est toujours
dans la logique, on ne veut pas déshabiller Montréal, non plus. Donc, c'est sûr
que ça prendrait des fonds publics, là, conséquents, mais on a constaté ce
déséquilibre-là qui est engendré par plusieurs facteurs. Donc, c'est sûr que
les programmes de la SODEC ont été beaucoup développés sur l'écosystème
culturel et artistique montréalais. Donc, c'est sûr que l'écosystème des
régions est moins adapté à la réalité montréalaise, puis la question de la
distance aussi, on a constaté que la distance ou la faible présence de la
SODEC, on a constaté que notre milieu connaissait mal les programmes de la
SODEC, n'étaient pas outillés pour faire des demandes. Puis, ensuite de ça,
lorsqu'on fait du développement économique, bien, ça prend des stratégies. Il
faut mettre en place des outils, des stratégies, des visions pour qu'on puisse
implanter des entreprises. Puis c'est cette vision-là qu'on a d'un Québec qui
se soucie de son développement économique, culturel partout sur le territoire
du Québec.
M. Lacombe : Partout, c'est
ça, j'allais dire partout sur le territoire. Donc, là, vous dites le nombre
d'interventions, vous ramenez ça en pourcentage, c'est un indicateur, mais il
faudrait peut-être y aller davantage avec les... en dollars réels. Mais
qu'est-ce que vous faites des données qui peuvent être un peu aberrantes dans
un cadre statistique comme ceux-là, c'est-à-dire la production d'un film?
Évidemment, bon, certainement que cette expertise-là, elle est... elle est
vraiment à Montréal. Produire un film, ça coûte, ça coûte très cher.
L'industrie cinématographique, elle n'est pas qu'à Montréal, mais, disons,
la... c'est très Montréalais, puis on comprend pourquoi, là. Donc, est-ce que
vous moduleriez ça?
M. Lord (Éric) : Bien, c'est
sûr que...
M. Lacombe : Parce que sinon,
on va tourner que des films à Montréal, puis on n'investira dans rien d'autre,
là, c'est... comprenez-vous ce que je veux dire? Bien c'est-à-dire, si on prend
le poids de tous les investissements, puis qu'on comptabilise là-dedans des
investissements en blocs importants comme les tournages de films, là, c'est un
peu. Puis, j'imagine que vous allez me dire qu'on pourrait tourner des films en
région.
Mme Martineau (Julie) : Bien,
oui, puis...
M. Lacombe : J'ai répondu
pour vous, vous voyez.
M. Lord (Éric) : C'est plus
l'idée d'avoir des stratégies aussi, puis d'implanter des entreprises dans les
régions, c'est ça, c'est ça, c'est sûr qu'à ce moment-là, on répartit l'effort.
C'est comme si on avait eu une instance de développement économique au Québec
qui oeuvrait seulement à Montréal. Ça fait que c'est sûr qu'on se retrouverait
avec beaucoup d'entreprises à Montréal, puis très peu... très peu ailleurs.
Puis nous, notre vision du Québec, c'est tout à fait différent. On veut
s'assurer qu'il y a vie, comme je disais, qu'il y a une vie riche et dynamique
partout sur le territoire au bénéfice de nos citoyens.
Mme Martineau (Julie) : Bien,
à moins que vous aviez... vous allez avoir une autre question, mais j'allais...
Tu sais, c'est pour ça qu'on était... Pour nous, les chiffres, c'est le
préambule, mais c'est pour ça qu'on en veut modifier pour la commission, parce
qu'on veut continuer à y réfléchir puis à avoir des pistes, aussi, donc avoir
cet espace-là de réflexion. Puis, et comme on le disait, là, l'arrivée de la
créativité numérique pour nous étant aussi... pourquoi on ne prendrait pas cet
exemple-là pour réfléchir à des propositions comme on disait? Donc, avoir des
pôles dans certaines régions, donc avoir ce souci-là de développement
économique, ou qu'il y a des fois des petites choses qui émergent et tout ça.
Donc dans cette vision-là de, peut être pas toutes les régions, mais dans
certaines régions, donc, tu sais, aujourd'hui, comme on dit, on accueille tout
ça, mais on voit des occasions, puis, et de sortir de... Et je suis d'accord
avec vous, ça prend des indicateurs, ça prend des chiffres, mais ça prend aussi
des stratégies, puis la commission peut être un espace pour avoir ces
stratégies-là.
M. Lacombe : Je comprends.
Bien, en fait, je vais y revenir, mais je pose, juste, peut-être, une question,
vous avez parlé dans votre mémoire en faisant la comparaison avec le CALQ que
vous... vous voudriez donc qu'on procède à des...
M. Lacombe : ...législative à
la loi constitutive de la SODEC pour que, sous la même forme que le CALQ, la
SODEC puisse signer des ententes avec les régions. Ce qu'on me dit après, après
vérification, c'est que les dispositions législatives sont les mêmes ou, en
fait, sont équivalentes, là, dans les deux lois et que ça n'empêche pas du
tout, en ce moment, la SODEC de procéder à des... à des ententes, comme celles,
par exemple, du CALQ. Est-ce que ça vous rassure? Est-ce que...
M. Lord (Éric) : Non, mais,
vous avez... vous avez tout à fait raison. Donc, on...le... ça n'empêche pas la
SODEC, actuellement, de signer des ententes avec les régions, elle le fait
d'ailleurs, notamment, avec la région de l'Outaouais. Mais on pense qu'au-delà
des volontés des individus, on pense qu'il faut que ce soit inscrit dans la
loi, dans le cas... dans le cas de la SODEC, parce qu'on a ce déséquilibre
historique là, puis on veut le corriger, puis on a constaté, avec nos
représentations, que le déséquilibre ne se corrige pas lorsqu'on... on
travaille avec la bonne volonté de nos interlocuteurs. Donc, on se dit :
si on l'inscrit dans la loi clairement, bien là, à ce moment-là, la SODEC, peu
importe le dirigeant qui sera là, bien, aura cette obligation-là de travailler
avec les régions et aura des préoccupations à l'égard des régions. Puis, c'est
juste pour rappeler ce que je vous ai mentionné tantôt, la première rencontre
qu'on a eue avec la SODEC, il y a 15 ans, on nous a clairement dit : Ça ne
nous intéresse pas de faire du développement régional. Donc...
M. Lacombe : ...peut-être
que... que les gens n'avaient pris leur café, là, pour répondre ça.
M. Lord (Éric) : Peut...
M. Lacombe : Ça, c'est il y a
15 ans. Mais... mais c'est intéressant que vous nous le rapportiez comme ça
mais... mais c'est intéressant ce que vous dites, tu sais, vous dites :
au-delà des... de la bonne volonté ou pas de certains individus, c'est comme si
ça n'arrive jamais vraiment à se matérialiser. Donc c'est parce que les
ministres changent, les PDG changent, les professionnels dans les dossiers
changent, les gens dans les directions régionales changent, puis là, vous devez
toujours prendre la discussion. Est-ce que c'est ce que je comprends?
M. Lord (Éric) :
Oui,
parce que pour nous, c'était un éternel recommencement, ces représentations-là,
puis c'est pour ça qu'on trouve que la solution de l'inscrire dans la loi, ça
ferait une bonne solution, puis, au bénéfice, aussi, des entreprises, au
bénéfice de la SODEC, aussi, si on prend la question des ententes régionales,
nous, on travaille avec le Conseil des arts et des lettres étroites depuis de
très nombreuses années. On a mobilisé des partenaires pour le CALQ à travers le
Québec, donc des partenaires municipaux. Donc, on a invité les villes et les
MRC partout à travers le Québec, de... à signer des ententes avec le CALQ, donc
c'est de l'argent qui vient du monde municipal, des fois du ministre des
Affaires municipales, aussi, qui sont orientés vers les clientèles du CALQ.
Donc, il y a vraiment des bénéfices tangibles à travailler de cette manière-là.
Puis on constate que, dans la loi de la SODEC, il y a une assise pour que la SODEC
signe des ententes internationales. Donc, nous, ça nous plaît à l'esprit que,
si on l'inscrit pour l'international, bien pourquoi ne pas l'inscrire pour le
régional, pour signer des ententes avec les instances régionales, je suis
donc... mais on... on pense vraiment...
M. Lacombe : Je comprends, je
comprends votre point, puis on a déjà des ententes, donc Outaouais,
Chaudière-Appalaches. Mais je... je comprends ce que vous me dites. Est-ce que
j'ai un collègue qui veut poser une question? J'ai l'impression que le député
de Côte-du-Sud, Mme la Présidente, a un intérêt certain pour la culture en
région.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait.
La parole est à vous. Il reste 1 min 50 s.
M. Rivest : Merci. Merci à vous,
merci d'abord. J'ai eu la chance d'avoir quelques discussions avec... avec
vous, donc vous savez mon intérêt pour ce qui est de la cause des régions du
Québec. J'aimerais, peut-être, vous entendre, parce que là, vous avez parlé du
CALQ, on a parlé d'ententes qui ont été signées à l'international, aussi, avec
la SODEC. Il y a tu d'autres secteurs d'activités que vous voyez, justement,
ces éléments-là, qui ont été faits avec une couleur régionale, avec des
éléments qui... qui viennent de nos régions. Puis, peut-être, une partie de la
réponse que je peux donner en vous posant la question, tu sais, on a vu quand
même plusieurs projets naître de la part de ces ententes-là, je pense au
Bas-Saint-Laurent, d'ailleurs, qui est très actif, aussi, au niveau du Conseil
régional de la culture, entre autres, puis... puis aussi plusieurs éléments où
est ce qu'il y a des initiatives de municipalités, de MRC, ont été prises et
qui sont nées de la volonté du milieu de faire... de faire ça. Est-ce que vous
voyez d'autres secteurs où, justement, les régions ont pris une place
importante, là, en dehors des projets, exemple, que la SODEC peut mettre sur
pied, là?
M. Lord (Éric) :
Bien...
en fait, si on parle de tous secteurs confondus, c'est sûr qu'il y a des
ententes qui ont été signées avec l'économie sociale, avec le tourisme, c'est
toujours au bénéfice de ces clientèles là. Nous, ce qu'on constate, c'est qu'il
y a un niveau d'intervention qui s'est... qui se prête bien au niveau régional,
donc, puis on pense que le développement d'entreprises culturelles, d'avoir des
stratégies sur une base régionale, ça pourrait être extrêmement structurant
pour... pour les différentes régions du Québec.
M. Rivest : On n'est
peut-être, actuellement, pas si bien outillés dans ce volet là de développement
numérique. Qu'est-ce que vous voyez comme exemples concrets qui pourraient
naître de nos...
M. Rivest : ...des régions du
Québec.
La Présidente (Mme Bogemans) : En
10 secondes.
M. Rivest : Oh.
Mme Martineau (Julie) :
Bien,
je dirais qu'il y a beaucoup de régions qui se développent aussi des stratégies
au niveau du développement économique, ça fait que ça pourrait aussi être une
porte d'entrée pour parler, aussi, au niveau des entreprises culturelles, puis,
bien, c'est ce que je disais tantôt, au niveau des... Bien, 10 secondes, c'est
comme...
La Présidente (Mme Bogemans) :
Merci. La parole est maintenant à la députée de La Pinière pour 12 min 30 s
également.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tout le monde et puis merci pour votre... votre mémoire
et votre présentation. Je vais, je vais vous demander, je vais vous laisser le
temps de finir de répondre aux collègues parce que c'est fort intéressant.
• (12 heures) •
Mme Martineau (Julie) :
Donc,
ce que je disais avec l'arrivée de la créativité numérique, bien, est-ce que
c'est une occasion, par exemple, de créer des pôles où qu'il y a déjà une
certaine synergie, où qu'il y a déjà des acteurs qui sont présents, par
exemple, donc... Ça fait qu'avec l'arrivée, ça fait qu'on prend créativité
numérique et région et stratégie régionale, au niveau développement économique,
je pense qu'il y a beaucoup de chemin qu'on pourrait faire, puis on pourrait...
Tu sais, ce qu'on dit, c'est qu'il y a aussi, peut-être, des acteurs, puis
ça... mentionnais avec la Ville de Gatineau tantôt. Il y a des... des fois, il
y a des municipalités qui lèvent, et puis ça, c'est une de nos priorités, ça
fait qu'il y a déjà des mains tendues, des mains levées sur les territoires,
puis qui accueillent favorablement ce... le secteur des entreprises
culturelles. Donc, pour nous, c'est une occasion, puis je pense qu'en ce
moment, bien... c'est une réelle occasion, là, on n'y travaille pas...donc...
donc.
Mme Caron : Et selon vous,
qui... qui est le mieux placé pour faire ce maillage-là entre... le financement
qui vient de la SODEC et les initiatives régionales, ou même locales, que ce
soit en créativité numérique ou autrement?
Mme Martineau (Julie) :
Bien,
on le mentionnait, donc tantôt, avec le CALQ, a des accords de coopération,
nous, les conseillers régionaux de la culture, donc...ça fait qu'on vient
compléter, nous, on met la table avec les municipalités, avec d'autres
partenaires, des fois, aussi, même, des fois, des partenaires du milieu privé.
Donc, on met la table à négocier, à sensibiliser, à promouvoir, aussi, tous les
projets qui sont issus. Donc on fait des vidéos, on fait des publications, on
rencontre les élus, donc on... on joue le rôle avec... avec... Donc, est-ce que
ça pourrait être quelque chose avec la SODEC, par exemple? Puis... ça pourrait
être une option, là, donc là, on pourrait en discuter dans un autre contexte.
Mme Caron : Et dans la loi,
bien, dans le... dans loi existante ou dans le projet de loi, est ce que vous
voyez des obstacles à la... à la réalisation de ce mariage là en lien avec la
SODEC, ou pour pouvoir faire des, des... Parce que vous avez trois
recommandations dans votre mémoire, mais la question que je me pose, en fait,
est ce que ces recommandations-là, si... si elles sont acceptées comme
amendements au projet de loi, est-ce qu'elles seront suffisantes pour atteindre
le but que vous recherchez, c'est-à-dire qu'il y ait une... un meilleur
financement ou une meilleure répartition du financement de la culture dans les
régions?
M. Lord (Éric) :
Bien,
c'est sûr que c'est... en fait, pour nous, c'est l'assise sur lequel on
voudrait... commencer à travailler, donc si c'était inscrit dans la loi, on...
on aurait l'assurance que la SODEC travaillerait... puis avoir, à développer
des stratégies pour augmenter ses investissements dans les régions. Donc nous,
on ne voit pas d'obstacles, là, mais on voit une opportunité de positionnement
des régions dans les préoccupations de la SODEC.
Mme Caron : Je comprends,
mais est-ce que ces trois recommandations qui sont dans le mémoire, entre
guillemets, «font... feraient la job», ou est ce qu'il y aurait d'autres,
d'autres amendements à apporter pour...
M. Lord (Éric) :
On
pense qu'avec ces amendements là, au niveau législatif, ça serait suffisant.
Par la suite, c'est un travail qu'on... qui devrait être amorcé avec la SODEC.
Mme Caron : Bien sûr, bien
sûr. Alors, merci pour cette réponse-là. Comme porte-parole de l'opposition
officielle pour la région de la Montérégie, je confirme que la très grande
région de la Montérégie est aussi, un peu, un parent pauvre de la culture,
alors qu'il y a vraiment un dynamisme économique qui s'exerce, là, dans
différentes régions de la Montérégie. Je pense que je vais prêcher pour ma
paroisse, le comté de La Pinière correspond à 95 % de la ville de
Brossard. Alors, il y a beaucoup de développement à Brossard, il y a beaucoup
d'activités culturelles, mais la Montérégie reste un lieu où le financement est
vraiment... est vraiment bas. Et c'est, en fait, c'est une étude qui a été
commandée par... commanditée par Culture Montérégie, L'étude de Daigle/Saire,
qui a été publiée en 2024, donc, évidemment, ne tient pas compte des derniers
résultats qu'on voit dans le rapport de gestion de la SODEC, mais ça met quand
même en lumière l'iniquité qui existe, parce que si on prend les... les quatre
régions, donc pas juste Montérégie mais aussi Laurentides, Lanaudière et Laval,
c'est... c'est 36 % de la population québécoise, mais les dépenses en
culture sont juste de 10 %, donc c'est quand même...
12 h (version non révisée)
Mme Caron : C'est sur qu'on ne
peut pas faire... toujours dire 36 % de la population, ça prend 36 %
du financement. Mais... mais ça, ça illustre ce que... le propos que vous
illustrez sur la... c'est-à-dire que vous soutenez sur le financement qui n'est...
qui n'est pas suffisant dans les régions.
M. Lord (Éric) :
Nous,
c'est sûr que ça fait partie de notre code génétique, tu sais, de travailler
pour avoir un financement équitable pour les régions. Puis ici, vous avez
raison, on ne peut pas faire de la corrélation, il y a 30 6 % de la
population, il y a 36 % du financement public en culture. C'est la vie
culturelle, elle est ce qu'elle est, puis il y a des régions qui sont plus
dynamiques, il y a des secteurs qui sont plus dynamiques, puis il faut quand
même reconnaître ce... ce dynamisme-là. Puis, comme on le reconnaît, le
leadership important et essentiel de la région de Montréal pour la vitalité
culturelle et artistique du Québec. Mais c'est des enjeux qu'on connaît,
évidemment... puis, il y a la Couronne de Montréal, évidemment, puis il y a aussi
l'Outaouais qui... qui a des problématiques très particulières par rapport au
financement public en culture.
Mme Caron : Et puis parce que
la SODEC a deux façons de... comme deux bras financiers, je dirais, par des
activités, plutôt, je vais dire de banque, je vais les appeler comme ça, et par
des programmes. Est-ce que, selon vous, il y a une... l'une des deux activités
qui... qui serait préférable pour les projets en région? Ou est-ce que l'un ni
l'autre...
M. Lord (Éric) :
En
tout cas, je me permets de vous donner une réponse, je pense que c'est tout le
coffre à outils de... d'outils de la SODEC, on en a a besoin dans les régions,
là, et c'est certain que le volet de soutien, surtout dans le cas de démarrage
d'entreprise, je pense que c'est plus approprié. Puis c'est sûr que notre
écosystème régional est plus basé sur des petites entreprises, les grandes
entreprises étant plus concentrées à Montréal. Donc c'est sûr que la question
de banque d'affaires est moins, nous dirons, déterminante, mais est quand même,
je pense, est quand même essentielle pour certaines entreprises.
Mme Caron : D'accord. Est-ce
que, bien, la... la SODEC, donc, le projet de loi mentionne, dans ses objectifs,
que la SODEC doit se... établir une politique d'investissement. Est-ce que,
selon vous, il y a... c'est un endroit où les... l'aspect du financement de la
culture en région pourrait être affirmé par... par la SODEC elle-même?
M. Lord (Éric) :
Bien,
assurément. Puis, si on regarde le volet banque d'affaires, peut-être que des
pistes de travail comme le microcrédit pourraient être explorées au bénéfice,
là, des entreprises culturelles pour les régions du Québec.
Mme Caron : Est-ce que je
vous ai entendu parler d'économie sociale, tout à l'heure? Ou est-ce que j'ai
mal compris?
M. Lord (Éric) : ...d'économie
sociale.
Mme Caron : Est ce que vous
pouvez... pourriez nous dire comment ça, ça s'inscrit dans les... dans la
culture?
M. Lord (Éric) :
Bien
en fait, beaucoup d'entreprises culturelles sont des entreprises ou des
organismes d'économie sociale, donc ils ont un volet, une finalité sociale,
évidemment, rendre accessible la culture aux concitoyens, avec un volet
marchand, donc en billetterie ou en vente d'objets, donc... donc il y a un bon
pourcentage de... des organisations qui se reconnaissent de l'économie sociale.
Mme Caron : D'accord, et qui,
évidemment, qui réinvestissent les... les profits dans... dans le milieu ou
dans les actifs.
M. Lord (Éric) :
Dans
notre milieu, en général, il y a... le bas de laine n'est pas très gros, donc
ça retourne beaucoup en activités culturelles et artistiques, oui.
Mme Caron : Parfait.
Maintenant, est-ce que... quand vous nous avez parlé, c'est l'essentiel de
votre propos, là, de la polarisation des fonds sur Montréal versus les régions,
vous avez mentionné qu'il y avait plusieurs facteurs. Est-ce qu'il y en a que
vous n'avez pas nommés dans votre... votre mémoire ou dans, dans les réponses?
M. Lord (Éric) :
Bien...
c'est ça, comme je vous le disais, le fait que la SODEC, bon, son équipe est à
Montréal, elle est moins présente dans les régions, donc la... ça entraîne la
méconnaissance des programmes de la part du milieu. Puis les gens en finissent
par ne pas croire que ça les concerne. Donc, ça fait que, il y a un enjeu, comme
on dirait, de mieux faire connaître les programmes de la SODEC et de faire
comprendre à notre milieu qu'ils sont accessibles pour eux. Ça fait que ça, c'est
un enjeu quand même important.
Mme Caron : Donc, cette
information-là ou cette sensibilisation à l'existence de la SODEC, de ses
programmes, de son financement, c'est quelque chose, ça peut se jouer à deux, c'est-à-dire
que, en région, ça peut... il peut y avoir un travail, là... du terrain pour
faire connaître, mais en même temps, il peut y avoir la SODEC...
Mme Caron : ...pourrait avoir,
ce que je comprends, un rôle à jouer là-dedans pour faire connaître davantage,
connaître.
M. Lord (Éric) : Connaître,
puis il y a peut-être, je vais peut-être faire un parallèle avec le Conseil des
arts et des lettres du Québec, dans... avec le Conseil des arts et des lettres
du Québec, on a créé des fonds pour chacune des régions. Ça fait que c'est
certain que les intervenants artistiques d'une région, lorsqu'ils savent qu'il
y a un fonds qui leur est dédié, bien ils sont beaucoup plus enclins de faire
appel à ce fonds-là. Donc, parce qu'ils savent que c'est possible, ils savent
qu'ils compétitionnent avec des intervenants de, tu sais, qui sont leurs pairs,
donc, puis ça, c'est un mécanisme de rééquilibrage qui a été mis en place par le
CALQ pas longtemps après sa création, parce que, comme à la SODEC, lorsque le
CALQ a été créé, il y a une polarisation des fonds publics sur Montréal, c'est
lorsqu'on laisse aller les forces de la nature dans notre milieu, c'est ce qui
se produit. Donc, il y a une polarisation des fonds publics. Puis, rapidement,
le CALQ a réagi à cette polarisation-là en se disant : non, non, on ne
peut pas soutenir des artistes sur un seul territoire, on veut soutenir des
artistes sur l'ensemble du territoire québécois et de l'écosystème artistique
sur l'ensemble du territoire québécois. Puis, donc, les fonds régionaux sont un
mécanisme de rééquilibrage de l'investissement public dans chacune des régions.
C'est sûr que dans notre vision, si on en arrivait avec des fonds disponibles
pour les entreprises culturelles dans chacune des régions du Québec, bien,
c'est sûr qu'on en obtiendrait des résultats qu'on n'obtient pas actuellement.
• (12 h 10) •
Mme Caron : Puis, ce que...
si j'ai bien compris tout à l'heure, vous avez dit essentiellement que vous ne
vouliez pas déshabiller Pierre pour habiller Paul, autant au niveau des fonds
pour la créativité numérique que pour le financement des régions versus
Montréal. Est-ce que vous avez fait une analyse des montants, par exemple, qui
serait nécessaire, du budget dont la SODEC devrait bénéficier pour pouvoir
créer... pas créer, mais financer les projets de créativité numérique partout
au Québec et aussi en encourager davantage, là, investir davantage en culture
dans les régions, sans toucher à ce qui se fait actuellement à Montréal.
M. Lord (Éric) : Malheureusement,
là, ce n'est pas un exercice qu'on a fait. Évidemment, ça, on... vous savez, on
est un petit organisme et notre capacité d'action est limitée, puis on est aussi,
on est préoccupés par des enjeux assez transversaux au Québec. Donc on se
préoccupe autant des musées que de l'accès des citoyens à la culture,
développement d'entreprise. Donc, c'est sûr qu'on n'a pas la capacité,
malheureusement, de documenter tous les enjeux qu'on souhaiterait.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux, ce fut très
intéressant. Je suspends les travaux quelques instants pour recevoir les
prochains invités en visioconférence.
(Suspension de la séance à 12 h 12)
(Reprise à 12 h 14)
La Présidente (Mme Bogemans) : Je
souhaite donc la bienvenue au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé. Par
la suite, il y aura un échange avec les membres de la commission. Donc, vous
pouvez maintenant y aller.
M. Cardin (Stéphane) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mesdames et Messieurs, membres de la commission.
Merci de nous recevoir dans le cadre des consultations sur le projet de loi n°
108. Je me présente, Stéphane Cardin, président-directeur général du Bureau du
cinéma et de la télévision du Québec, le BCTQ. Alors, on est un organisme à but
non lucratif qui rassemble...
M. Cardin (Stéphane) : ...aujourd'hui
plus de 125 membres et partenaires issus de l'ensemble de la chaîne de valeur
de l'industrie audiovisuelle, donc des sociétés de production, entreprises
d'animation et d'effets visuels, prestataires de services techniques, studios
et infrastructures de tournage, associations syndicales, institutions de
formation et instances publiques. En tant que grappe industrielle pour le
secteur de l'audiovisuel, nous animons une structure pérenne de concertation
qui réunit les parties prenantes autour d'une compréhension partagée des enjeux
sectoriels. Par la veille et l'analyse prospective, la mise en commun
d'expertise et la coconstruction de solutions collectives, la grappe permet de
dégager des priorités structurantes, de favoriser l'alignement des efforts et
de soutenir l'élaboration d'initiatives communes. Parallèlement, nos services
d'accueil et de promotion renforcent l'attractivité du Québec comme centre de
production de calibre mondial et accompagnent les productions étrangères dans
leurs démarches administratives, logistiques et financières afin de faciliter
et de soutenir la réalisation des tournages au Québec.
Donc, commençons d'emblée par dire que le
BCTQ accueille favorablement le projet de loi n° 108. Il arrive à un moment où
l'industrie audiovisuelle québécoise, bien qu'elle continue de connaître de
multiples succès sur nos écrans et de rayonner à l'international, évolue dans
un environnement de plus en plus complexe. En 2023-24, notre secteur a généré plus
de 53 000 emplois directs et dérivés et contribué plus de 3.2 milliards de
dollars au PIB du Québec. C'est donc un moteur économique important en plus
d'un vecteur identitaire incontournable.
Mais les dernières années ont aussi été
marquées par des facteurs de fragilisation. Au fédéral, l'incertitude entourant
l'évolution des politiques culturelles et notamment la réglementation devant
définir les obligations de contribution des plateformes étrangères à la
production et à la découvrabilité du contenu canadien a créé un climat de
prudence qui affecte la production québécoise. Et chez nous, le changement des
habitudes d'écoute et la baisse des revenus publicitaires ont accentué la
pression sur les diffuseurs, on a d'ailleurs vu une annonce du Groupe TVA ce
matin encore, et aussi sur les producteurs qui doivent composer avec des cycles
de projets plus serrés et des marges réduites.
À l'international, l'ajustement des
stratégies de contenu des studios américains et l'instauration de mesures
protectionnistes ont diminué la venue de productions étrangères au Québec, un
apport qui, historiquement, a contribué à soutenir notre écosystème. Dans ce
contexte, la capacité des entreprises à planifier, investir et innover devient
centrale. Et c'est précisément là que le projet de loi n° 108 intervient.
La modernisation de l'offre de services
financiers de la SODEC et la reconnaissance du domaine de la créativité
numérique reflètent la réalité actuelle. Aujourd'hui, création, animation,
effets visuels, production virtuelle et conception interactive se développent
souvent ensemble. Les entreprises évoluent dans des environnements hybrides où
expression artistique et maîtrise technologique sont indissociables. La SODEC
est un partenaire essentiel de cet écosystème par l'entremise de ses programmes
d'aide, son administration des mesures fiscales et les services de sa banque
d'affaires, elle accompagne les entreprises aux différents stades de leur
évolution et finance leurs projets à chaque étape de leur cycle, du développement
jusqu'à la mise en marché. Ces interventions ont ainsi un effet structurant sur
l'ensemble de la chaîne de valeur. L'élargissement de son mandat lui permettra
donc d'intervenir avec davantage d'agilité et de soutenir plus efficacement le
développement des entreprises, l'évolution des pratiques et l'innovation.
Voyons donc, dans ce projet de loi, une
évolution bénéfique pour nos membres et pour l'industrie audiovisuelle dans son
ensemble. Et pour en maximiser l'impact, nous souhaitons attirer votre
attention sur trois considérations clés.
Premièrement, les travaux de
concertation...
M. Cardin (Stéphane) : ...nous
menons au sein de la GRA montre clairement que les entreprises ont besoin de
mécanismes de financement qui leur permettent de planifier leur développement,
de soutenir la prise de risque et d'assurer la continuité de leurs activités
dans un contexte où les cycles de production sont moins prévisibles.
L'élargissement de l'offre de services financiers de la SODEC va dans ce sens.
L'octroi d'une plus grande latitude dans l'utilisation de ces instruments
financiers, incluant l'ajustement des seuils d'autorisation, lui permettra
d'intervenir au bon moment, avec la bonne intensité, en fonction des réalités
du terrain. C'est particulièrement important alors que les technologies
évoluent rapidement. L'intégration de l'intelligence artificielle exige que les
entreprises puissent expérimenter et adapter leurs méthodes de travail, sans
toutefois compromettre l'expertise créative qui fait la force du Québec. Le
financement privé peut jouer un rôle complémentaire, mais les leviers publics
demeurent structurants dans notre secteur où la valeur se construit sur le long
terme. L'enjeu n'est pas de substituer l'un à l'autre, mais de doter la SODEC
d'un portefeuille d'outils diversifiés et flexibles pour intervenir de manière
optimale.
• (12 h 20) •
Deuxièmement, le BCTQ appuie sans réserve
la capacité de la SODEC à soutenir les entreprises dans l'évolution de leurs
pratiques de production durables par des mesures d'accompagnement. Depuis 2021,
nous pilotons l'initiative On tourne vert qui offre aux sociétés de production
des outils, des formations, des ressources spécialisées et un accompagnement
opérationnel pour intégrer des démarches écoresponsables adaptées aux réalités
de tournage et de postproduction. Cette initiative est appuyée par le Programme
d'aide au développement entrepreneurial de la SODEC. Et le BCTQ considère
essentiel que le soutien public accordé à de telles mesures d'accompagnement demeure
stable et prévisible afin d'assurer la continuité de cet accompagnement et d'en
élargir progressivement la portée au sein de l'industrie en fonction de la
capacité des entreprises. Troisièmement, le BCTQ appuie la reconnaissance
explicite de la créativité numérique dans le mandat de la SODEC. Cette
reconnaissance reflète l'évolution des pratiques et est résolument positive.
Cependant, il est essentiel que les
leviers dédiés à l'audiovisuel soient maintenus et renforcés, car leur
pérennité et leur optimation... optimisation demeurent déterminantes pour la
vitalité et la croissance du secteur ainsi que le rayonnement de nos
productions.
En conclusion, le projet de loi
n° 108 représente une avancée majeure pour adapter les outils financiers
de la SODEC aux réalités contemporaines de la création, la production et la
mise en marché. Alors que notre écosystème traverse des transformations
économiques, technologiques et organisationnelles profondes. La modernisation
proposée permettra de soutenir la capacité d'adaptation des entreprises, de
consolider la vitalité de l'écosystème et de continuer à faire du Québec un
territoire où l'on peut créer, produire et innover avec ambition. Le BCTQ
réitère sa pleine collaboration à l'égard du gouvernement et des partenaires
institutionnels. Nous demeurons engagés dans notre rôle de concertation,
d'analyse stratégique et de mobilisation au service d'un développement
structurant et durable de l'industrie audiovisuelle du Québec. Je vous remercie
et je suis prêt à répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Bogemans) : Merci
beaucoup pour votre présentation. La parole est maintenant à M. le ministre,
pour 12 minutes 30 s.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci à vous pour cette présentation, merci de contribuer à
la réflexion entourant ce projet de loi. Je rebondirais peut-être sur un des
éléments que vous avez abordés vers la fin, c'est-à-dire les, puis corrigez-moi
si je me trompe, mais j'ai comme l'impression que vous nous dites : c'est
bien, c'est bien de reconnaître la créativité numérique comme domaine
d'affaires à part entière à la SODEC. Vous dites : on est d'accord avec
ça, mais ça ne doit pas, j'ai l'impression que c'est ce que vous me dites, se
faire au détriment des leviers, c'est le mot que vous utilisez là, qui sont
actuellement disponibles pour l'audiovisuel. Est-ce que c'est bien ça? Est-ce
que je comprends bien?
M. Cardin (Stéphane) : Tout à
fait. Alors nous, encore une fois, nous appuyons...
M. Cardin (Stéphane) : ...du
secteur de la créativité numérique. On travaille, je dirais, de façon
hebdomadaire, avec nos collègues de XN Québec et aussi, je dirais, incidemment,
de la Guilde du jeu vidéo du Québec, donc, pour faire avancer le Québec comme
pôle mondial en création numérique tout domaine confondu. Cela dit, évidemment,
il y a des besoins criants dans le domaine de l'audiovisuel. Le Groupe de
travail sur l'avenir de l'audiovisuel du Québec recommandait de bonifier les
enveloppes au secteur de l'audiovisuel et donc, pour nous, tout simplement,
s'assurer qu'il n'y aura pas de recul à ce niveau-là du fait de l'intégration
du secteur de façon plus formelle dans la gouvernance de la SODEC.
M. Lacombe : Je comprends
bien. Dans la gouvernance, vous dites?
M. Cardin (Stéphane) : Bien,
au niveau de... oui... de sa participation au conseil d'administration, de sa
reconnaissance comme domaine d'intervention à part entière de la SODEC. D'une
certaine façon, on n'est pas particulièrement préoccupé en ce sens qu'on sait qu'il
y a déjà un programme, programme d'expérience numérique qui existe à la SODEC
depuis quelques années. Mais évidemment, tous les domaines vont exprimer leurs
besoins en termes de ressources. Et c'est là où pour nous, compte tenu de
l'importance du secteur audiovisuel, de s'assurer qu'il y ait un maintien des
allocations financières actuelles.
M. Lacombe : D'accord, mais
vous m'avez fait douter, là. Donc, c'est bel et bien sur l'allocation des
ressources que se situe votre préoccupation? Ce n'est pas au niveau de la
gouvernance, là?
M. Cardin (Stéphane) : Uniquement
au niveau de l'allocation des ressources. Tout à fait.
M. Lacombe : Je comprends
bien. Mais je trouve que vous répondez peut-être vous-même très bien à votre
préoccupation en nous disant qu'il y a déjà un programme, par exemple, qui
existe puis qu'on vient peut-être officialiser davantage quelque chose qui a...
qui a déjà cours. Mais je comprends la préoccupation. Si j'étais à votre place,
je la soulèverais aussi, là, parce que bon, il ne faut pas déshabiller
quelqu'un pour habiller... pour habiller l'autre personne, donc ça, ça va.
J'aimerais peut-être vous entendre sur les
outils financiers de la banque d'affaires. Donc, j'aimerais savoir ce qu'on...
bien, il y a déjà, évidemment, la banque d'affaires de la SODEC, qui existe
depuis bien longtemps, là on vient moderniser la façon dont elle peut
travailler en lui donnant de nouveaux outils plus modernes. Comment vous pensez
que ça va aider ça, les entreprises qui sont dans votre secteur? Cette
modernisation-là, avec les nouveaux leviers qu'on donne à la SODEC, avec le
capital aussi, là, qui se voit bonifié, qu'est-ce que... qu'est-ce que vous
pensez que ça aura comme effet? Puis je ne sais pas si vous êtes capables de
nous donner des exemples fictifs, là, mais des exemples qui s'appliqueraient
peut-être, là, si les effets sont positifs à votre domaine?
M. Cardin (Stéphane) : Alors,
je dirais, c'est à trois niveaux. Bon, d'une part, il y a la question de la...
des sommes dont disposera la banque d'affaires de la SODEC en totalité à
transmettre via différents outils financiers, donc, essentiellement, quelle est
la dotation de la banque d'affaires? Ça, ça n'a pas rapport au projet de loi,
j'en conviens, mais c'est important, évidemment.
La deuxième, c'est justement la
diversification des outils. Et là, particulièrement, on a parlé dans notre
mémoire des mesures d'accompagnement. Il y a aussi la possibilité pour la SODEC
de prendre des participations dans le capital des entreprises. Donc, ça aussi,
un outil qui serait nouveau à la SODEC. On sait qu'on a déjà eu des expériences
dans le passé au Québec, entre autres, avec le fait que le Fonds capital
communications, bien, qui ont eu certains succès, certains défis. Mais je crois
que la SODEC, avec son expertise de 30 ans, dispose de l'expertise nécessaire
pour mettre à profit et offrir ces nouvelles possibilités aux entreprises
québécoises de l'audiovisuel. Donc, ça, c'est le deuxième niveau.
Et le troisième, c'est au niveau de lui
donner davantage d'agilité. Alors, davantage d'agilité veut dire lui permettre
d'augmenter ses niveaux d'autorisation où elle n'a pas besoin d'avoir recours à
des décrets gouvernementaux et peut-être d'être en mesure d'offrir des
financements plus conséquents sur des projets à plus grand déploiement. Alors,
je pense que c'est ces trois aspects qu'on...
M. Cardin (Stéphane) : ...et le
répète le premier, je conçois qu'il n'a pas rapport à, proprement, dit, au
projet de loi. Mais que la SODEC ait davantage d'outils qu'elle puisse mettre à
la disposition des entreprises, qu'elle puisse le faire de façon plus agile,
dans un... dans le contexte, et peut-être, dans certaines instances, en
partenariat avec le financement privé, je pense, va être très bénéfique pour le
secteur.
M. Lacombe : Effectivement.
Donc, c'est vrai que ça... ça ne fait pas partie du projet de loi, mais
évidemment, on a besoin... on a besoin de fonds à la banque d'affaires, donc
c'est un 200 millions qu'on ajoute aux 19 millions et demi qui étaient déjà à
sa disposition. Donc, on vient à la capitaliser, lui donner un pouvoir
d'investissement, donc il y a une envergure beaucoup, beaucoup plus grande
parce que les entreprises en ont besoin, puis... mais je serais curieux de savoir
dans...si vous... je ne veux pas vous prendre au dépourvu, peut-être que vous
n'avez pas de... d'exemples fictifs à nous donner, mais dans le secteur que
vous représentez, on peut, je ne sais pas, instinctivement penser, peut-être, à
des maisons de production qui, dans un univers où il y a beaucoup de
concurrence, voudraient consolider leurs activités, faire des acquisitions, des
entreprises qui... dont les fondateurs veulent passer la main mais qui ont de
la difficulté parce que le financement offert par les banques traditionnelles
est plus difficile à obtenir, parce que c'est un domaine qui est, disons, plus
risqué, même s'il est très important pour la culture. Est ce que... est ce que
mon analyse est juste? Est-ce que vous avez des exemples?
• (12 h 30) •
M. Cardin (Stéphane) :
Votre
analyse... votre analyse est tout à fait juste, effectivement, je pense que
dans un contexte de... consolidation, il peut y avoir un rôle pour la SODEC
dans des cas de repreneuriat, dans des cas de fusions, de consolidation
d'entreprises, il peut y en avoir dans le financement... d'infrastructures qui
pourraient être mutualisées pour plusieurs sociétés du secteur. Aussi... je
dirais, encore une fois, en fonction, et je reviens à la... c'est de pouvoir
intervenir à différentes étapes de croissance des entreprises, ce que la
clientèle de la SODEC va à des entreprises en quasi-démarrage jusqu'à des
entreprises très matures et... et qui œuvrent, tu sais, qui ont des
centaines... d'employés qui sont là dans le secteur depuis des décennies et
ensuite c'est de pouvoir les aider aussi. Ça, c'est plutôt parmi ces...
c'est... eux... ou plutôt, avec ces programmes d'aide, mais je pense, aussi,
qu'au niveau de la banque d'affaires, ça peut être vrai, c'est d'avoir une
approche qui est différente si on... reçoit des projets à l'étape de la
production, ou plutôt à l'étape des initiatives visant à la mise en marché, la
promotion. Je pense que tout ça sont des opportunités pour la SODEC, bien
entendu, principalement pour la production, mais pas uniquement. Je crois qu'il
peut y avoir, comme je le disais, des opportunités au niveau de
l'infrastructure, des infrastructures de tournage, infrastructure, disons de,
de diffusion. Je suis convaincu que les demandes vont se bousculer dès que le projet
de loi va être adopté et que la SODEC va être en mesure de répondre aux
demandes du milieu.
M. Lacombe : Puis je...
Écoutez, j'aurais pu dire exactement la même chose que vous quand vous parlez
de... d'être présent, que la SODEC soit présente, que la banque d'affaires de
la SODEC, précisément, soit présente à chaque étape de développement de...
d'une entreprise dans le secteur culturel, que ça devienne un peu le guichet
unique où tous les outils d'investissement dont ils ont besoin, tous les outils
financiers, plutôt, dont ils ont besoin, sont disponibles. Puis bon, avec une
banque qui a suffisamment, en tout cas, on verra la hauteur des demandes, mais
qui a, disons, suffisamment ou en tout cas, plus de liquidités disponibles pour
être capables... pour être capables d'intervenir. Peut être qu'en terminant, je
vous... je vous poserais une question sur la... la... je reviens à la
créativité numérique. On a des discussions intéressantes sur qu'est-ce que la
créativité numérique. Où se situe la frontière entre ce qui est un contenu,
disons, en créativité numérique et ce qui est du contenu, disons, plus
traditionnel. On a eu cette discussion-là avec nos amis de l'AQPM, entre
autres. Est-ce que vous avez une idée là dessus, par exemple, un film? Je leur
donnais l'exemple suivant : un film qui est produit pour être immersif,
puis qui est produit pour être diffusé dans...
12 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : ...une salle
comme la salle de la Société des arts technologiques, par exemple, c'est très
différent de Simple comme Sylvain que je voie derrière vous qui est un
film traditionnel, où est-ce que vous voyez cette frontière-là? Est-ce que c'est
la question de l'interactivité comme la AQPM l'a indiqué? Est-ce que vous avez
le même avis?
M. Cardin (Stéphane) : Bien...Le partage, tout à fait, je crois que c'est la distinction la plus nette.
Et, là-dessus, je vous dirais, de mon expérience, lorsque je vais au fond des
médias du Canada, qui a administré des programmes à la fois pour la production
télévisuelle et des projets interactifs donc ça incluait du jeu vidéo, ça
incluait des expériences immersives, je crois que le meilleur endroit pour
définir ça, à mon humble avis, ce n'est pas dans la loi constitutive de la
SODEC, mais dans les programmes de la SODEC. Je pense que ça va leur donner
beaucoup plus, encore une fois, d'agilité et de capacité à s'adapter aux
changements dans le milieu, rapidement, surtout avec l'aide de ses commissions
consultatives.
M. Lacombe : Tout à fait. Bien,
merci beaucoup pour... je pense que c'est à peu près tout le temps qu'on qu'on
avait. Il nous restait à peine 15 secondes à l'heure où on se parle donc merci
beaucoup, toujours un plaisir d'échanger sur l'industrie et son avenir avec
vous.
La Présidente (Mme Bogemans) : Super.
La parole est maintenant à l'opposition officielle pour 12 minutes 30 s.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, merci pour votre mémoire et la présentation que vous venez
d'en faire. Alors, j'avoue que j'avais des questions qui ressemblaient à
certaines des questions qui viennent de vous être posées par le ministre. Je
comprends que vous êtes... vous accueillez favorablement le projet de loi. La
question que j'avais pour ce qui concerne vos trois considérations à la fin,
est-ce que vous aviez regardé si dans le projet de loi, il y aurait des
amendements qui seraient nécessaires pour tenir compte de ces considérations-là?
Ou est-ce que c'est plus, comme vous avez dit tout à l'heure, dans les... dans
les programmes eux-mêmes, que vos demandes pourraient être répondues?
M. Cardin (Stéphane) : Oui,
exactement. Pour nous, il n'y a pas de recommandation de modification au projet
de loi. On l'appuie dans sa forme actuelle, sans réserve. C'est tout simplement
des considérations à tenir en tête pour la suite des choses, une fois le projet
de loi adopté, dans les opérations, je dirais, de la SODEC.
Mme Caron : Merci. En page deux
de votre mémoire, vous parlez de, bien, du climat de prudence qui affecte la
production locale. Est-ce que vous vous pouvez chiffrer cette... la différence
qu'il y a eu entre le climat qui régnait auparavant et ensuite le climat de
prudence qui s'est installé? Qu'est-ce que ça a... Comment ça a touché l'industrie?
M. Cardin (Stéphane) : Bien,
les derniers chiffres qu'on a de l'Observatoire de la culture et je crois que l'AQPM
est inclus dans leur mémoire, là, on parlait entre autres d'une diminution d'environ
11 % au niveau de la production nationale. Reste à voir justement lorsque
la prochaine édition de ce profil va paraître, si cette chute sera encore plus
marquée, comme je le disais, on a noté encore ce matin de la part du groupe Québecor
d'autres mise à pied chez TVA, je crois qu'il y a beaucoup d'attentes par
rapport aux décisions qui doivent être prises à Ottawa et ça crée un climat où
c'est plus difficile justement d'investir dans la production. Et je mentionnais
aussi dans notre mémoire la diminution des activités de tournages étrangers au
Québec. Ça peut peut-être sembler un peu loin du propos de cette commission,
mais, pour nous, compte tenu du la synergie entre le secteur de la production
nationale et celui de la production internationale, au niveau de l'emploi, au
niveau de la qualité de nos infrastructures de tournages comme les grands
studios Mels et Grandé à Montréal, bien, la diminution de cette activité-là
chez nous a un impact aussi sur l'ensemble de notre écosystème de production.
Donc, c'est en ce sens-là...
M. Cardin (Stéphane) :
...que
c'est cette combinaison des... des enjeux auxquels on fait face au niveau
international et au niveau de notre production nationale conjugués, créent un
contexte qui est... qui est difficile à l'heure actuelle. Et c'est pour ça,
d'ailleurs... L'ampleur des recommandations du Groupe de travail sur l'avenir
de l'audiovisuel du Québec a pris acte de ces difficultés et formulé de
nombreuses recommandations pour essayer d'y remédier.
Mme Caron : Merci. Puis quand
vous parlez de 11 % de baisse dans la production nationale, c'est autant...
c'est audiovisuel, télé, cinéma combiné, j'imagine?
M. Cardin (Stéphane) : Oui, je
n'ai pas les chiffres devant moi, je pourrais m'engager à vous les fournir,
mais je crois que c'était la production audiovisuelle québécoise dans son
ensemble.
• (12 h 40) •
Mme Caron : Merci. Vous
parlez, aussi, dans votre mémoire, vous faites référence à... On tourne vert.
Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu, davantage de ce... de ce
programme-là?
M. Cardin (Stéphane) :
Oui,
tout à fait. C'est un programme que BCTQ a mis en place en 2021, en partenariat
avec d'autres acteurs du milieu, qui vise vraiment à favoriser des pratiques
écoresponsables dans la production de films et de séries, aussi au niveau de la
postproduction et dans les maisons d'effets visuels et d'animation. En termes
de consommation d'énergie, en tant que... de récupération de matériel, ça va à
toutes sortes de niveaux et je crois que c'est même appelé à devenir de plus en
plus important. Je... c'est un secteur dans lequel... ou une avenue, je dirais,
où le Québec pourrait vraiment faire preuve de leadership avec tout l'accès
qu'on a, entre autres, à l'hydroélectricité. Faire de notre industrie du cinéma
et de la télévision l'une des plus vertes au monde, je pense que c'est un
objectif tout à fait atteignable. Alors, nous, ce qu'on fait de ce côté-là,
c'est qu'on offre des formations, d'une part, on crée... on fait des études, on
publie des guides pratiques et, aussi, on a un programme d'accréditation, donc
on accrédite des productions comme ayant utilisé des pratiques écoresponsables,
on a trois niveaux d'accréditation. Ce programme-là a d'ailleurs été reconnu
par des mises en nominations à des prix à l'international, et il y a de
l'intérêt d'autres juridictions pour utiliser nos critères d'attestations pour
favoriser ces mêmes pratiques-là dans leur territoire.
Mme Caron : C'est
effectivement une très belle carte de visite pour l'industrie québécoise que ce
programme-là. Dans les. ... dans votre recommandation numéro 3sur l'intégration
de la créativité numérique, bon, il en était question tout à l'heure, où vous
êtes parfaitement d'accord avec la reconnaissance de la créativité numérique.
Et en même temps, je comprends que vous ne voulez pas que ça vienne toucher les
fonds qui sont... qui sont attribués à votre industrie. Alors, comment vous
voyez... comment vous voyez la, le... l'arbitrage que devrait faire la SODEC,
ou alors injecter davantage de fonds pour que la SODEC en... puisse en distribuer
plus, ou, en tout cas, au moins, ne pas toucher ce que votre industrie reçoit,
puis en plus, encourager, soutenir la créativité numérique.
M. Cardin (Stéphane) : Bien,
c'est un arbitrage qui est complexe, mais que la SODEC est habituée à faire et,
encore une fois, en s'appuyant, je dirais, sur ses commissions consultatives,
il y a, évidemment, aussi, sans vouloir mettre quelque pression que ce soit sur
le gouvernement, aussi, la... des suites à donner au rapport du Groupe de
travail sur l'avenir de l'audiovisuel au Québec, qui recommande des
bonifications des enveloppes de la SODEC pour être en mesure de faire face aux
défis que j'évoquais précédemment. Mais certainement, je tiens à le réitérer,
au niveau de l'intégration du milieu de la créativité numérique...
M. Cardin (Stéphane) : ...au
sein des champs d'activité de la SODEC et sa présence au conseil
d'administration, nous sommes tout à fait en faveur, comme je le dis on
travaille en très étroite collaboration avec ces entreprises, on œuvre ensemble
sur des enjeux communs au niveau de la formation, au niveau de l'innovation
technologique et nos relations sont très productives de ce côté-là.
Mme Caron : Merci. Et puis,
je ne sais pas si vous avez entendu le groupe qui est venu présenter son mémoire
avant vous, qui avait des préoccupations assez importantes au sujet du
financement de la culture dans diverses régions. Est-ce que c'est quelque chose
qui touche aussi à votre industrie?
M. Cardin (Stéphane) : Oui.
En ce sens que, de façon globale et en moyenne, l'activité sur le territoire
montréalais et les régions qui l'entourent, donc je dirais la région
métropolitaine, c'est à peu près 85 % de l'activité totale de la
production audiovisuelle au Québec. Cela dit, encore une fois, ce n'est pas
nécessairement au niveau du projet de loi où il y a nécessité d'enchâsser des
engagements que la SODEC devrait prendre, je pense qu'encore une fois, c'est
davantage au niveau de ses programmes et il y a des mesures qui sont destinées
à favoriser la production en région. Il existe une bonification, par exemple,
au niveau des crédits d'impôt pour... lorsqu'on tourne en région. Je pense que
d'autres êtres avenus semblables peuvent être gardés pour, tu sais, à quelque
part aussi, permettre de mettre en valeur le territoire québécois. On... encore
une fois, je m'éloigne peut-être un peu du propos, mais je peux vous dire qu'on
accueillait des donneurs d'ordres étrangers au Québec il y a deux semaines et
on en a fait une présentation sur la diversité des lieux de tournage au Québec
et sur la beauté de notre territoire et d'être en mesure d'en tirer davantage
profit et de la mettre davantage de l'avant, je pense, rendrait nos productions
encore plus attrayantes.
Mme Caron : Merci. Puis,
comme dernière question, est-ce qu'il y a des... il y a des points qui n'ont
pas été... sur lesquels on ne vous a pas interrogé et que vous aimeriez faire
sortir davantage. Des points de votre ménage ou autres choses.
M. Cardin (Stéphane) : Je
vous remercie. Essentiellement, compte tenu qu'il y avait trois considérations.
Elles ont été évoquées dans les questions que vous avez posées et que le
ministre nous a posées précédemment. Donc...
Mme Caron : Merci beaucoup.
Merci à vous.
M. Cardin (Stéphane) : Merci à
vous.
La Présidente (Mme Bogemans) : Parfait!
Donc merci beaucoup pour votre présentation et pour votre participation aux
travaux. Je vous souhaite une bonne fin de journée. Avant de conclure les
auditions, je procède au dépôt des mémoires des personnes et des organismes qui
n'ont pas été entendus lors des présentes auditions publiques. Je vous remercie
à tous pour votre contribution. La commission ayant accompli son mandat, elle
ajourne ses travaux jusqu'à 15 h où elle entreprendra un second mandat. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 48)